LIBRARY OF
1685- IQ56
DICTIONNAIRE
DES
SCIENCES NATURELLES,
DANS LEQUEL
OW TRAITE MÉTHODIQUEMENT DES DIFFEREIfS ETRES D F. LA NATURE,
CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MEMES, d'aprÈs tV. iAT ACTUEL^ DE
KOS CON.NOISSA.-VCES, SOIT RELATIVEMENT A l'ltILITÉ Qu'en
PEUVENT RETIRER LA MEDECINE, l'agr IC ULTURE , LE COMMERCE
ET LES ARTS.
SUIVI D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES
NATURALISTES.
Plusieurs Professeurs du JarJia du Roi, et des principales
Ecoles de Paris.
TOME DIX-SEP TIÈJIF.
FIL-FYS.
F. G. LEvrvATJLT, Editeur, à STRASBOURG,
et rue des Fossés M. h Prince, b.° 33, à PARIS
Le "NoRMANT, rue de Seine, N." 8, à PARIS.
1820.
mm
DICTIONNAIRE
DES
SCIENCES NATURELLES.
rOME XV IL
FIL = FYS.
Le nomhre et exemplaires prescrit par la loi a été
déposé. Tous les exemplaires sont re^'étus de la signature
de Véditeur,
DICTIONNAIRE
DES
SCIENCES NATURELLES,
DANS LEQUEL
ON TRAITE MÉTHODIQUEMENT DES DIFFÉREN3 ÊTRES DE LA NATURE,
CONSIDÉRÉS SOIT EX EUX-MÊMES, d'aPRÈS l'ÉTAT ACTUEL DE
NOS CONNOISSANCES , SOIT RELATIVEMENT A l' UTILITÉ Qu'eN
PEUVENT RETIRER LA MÉDECINE, l'aGRICULTURE , LE COMMERCE
ET LES ARTS.
SUm D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES
NATURALISTES.
Ouvrage destiné aux médecins, aux agriculteurs, aux commerçans,
aux artistes, aux manufacturiers, et à tous ceux qui ontiotérêtk
connoître les productions de la nature, leurs caractères génériques
et spécifiques, leur lieu natal, leurs propriétés et leurs usages.
PAR
Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi , et des principales
Écoles de Paris.
TOME DIX-SEPTIÈME.
F. G. Levkault, Editeur, à STRASBOURG,
et rue des Fossés M. le Prince, N.'' 33, à PARIS.
Le NonwANT, rue de Seine, N.° 8, à PARIS.
1820.
Liste des Auteurs par ordre de Matières.
Physique générale.
M. LACROIX, membre de l'Académie des
Sciences et professenr au CuIUge de
Trance. ( L. )
Chimie.
M. CHEVREUL, professeur au Collège
rojal de Cbarlemague. (Cb.)
Minéralogie et Géologie.
M. BRONGNIART, membre de l'Académie
des Sciences, professeur à la Facullê des
Sciences. ( B. )
M. BROCHA\T DE VILLIERS, membre
de l'Académie des Sciences. ( B. de V, )
M. DEFRANCE, membre de plusieurs
Sociétés savantes. ( D. F.)
Botanique.
M. DESFONTAINES, membre de l'.Académie
des Sciences. (Desf. )
M. DE JUSSIEU, membre de l'Académie
des Sciences, prof, au Jardin du Roi. (J.)
M. MIRBEL, membre de l'Acmlémie des
Sciences, professeur à la Faculté des
Sciences. (B. M.)
M. HENRI CASSINI, membre de la Société
pliilomalique de Paris. (H. Ciss. )
M. LEMAN , membre de la Socit'lé pliilo-
matique de Paris. (Lem.)
M. LOISELEUR DESLONGCIIAMPS,
Docteur CD médecine, membre de plusieurs
Sociétés savantes. ( L. D. )
>!. MASSEY. (Mass.)
M. POIRET, membre de plusieurs Sociétés
savantes et littéraires, continuateur de
PEncyclopédie botanique. (Poir.)
M. DE TUS S A G, membre de plnsieuts
Sociétés savantes, auteur de la Flore des
Antilles. (De T.)
Zoologie générale, Anatomie et
Physiologie.
M. G. CL'V'IER , membre et secrétaire per-
pétuel de l'Académie des Sciences, prof. ao
Jardin du Roi , etc. ( G. G. ou CV. ou G.)
Mammifères.
M. GEOFFROY, membre de l'Académie des
Sciences , professeur au Jardin duRoi. ( G. )
Oiseaux.
M. DUMONT, membre de plusieurs Sociétés
savantes. ( Ch. U.)
Reptiles et Poissons.
M. DELACÉPÈDE, membre de l'Académie
dès Sciences, professeur au Jardin du
Roi. (L. L.)
M. DUMERIL, membre de l'Académie des
Sciences, professeur ii l'Ecole de méde-
cine. (C. D.)
M. CLOQUET, Docteur en médecine. (H.C)
Insectes.
M. DUMERIL , membre de l'Académie des
Sciences, professeur à l'Ecole de médecine.
(. C, D. )
Crustacés.
M. W, E. LEACH, membre de la Société
royale de Londres, Correspondant du Mu-
séum d'histoire naturelle de France,
(W. E. L.)
Mollusques, Fers et Zoophytes.
M. DE BLAIKVILLE, professeur à la Faculté
des iiciences. ( De B.)
M.
TURPIN, naturaliste, est chargé de
ition dos dessins et de la direction de
MM. DÉ liUMBOLDT
R.VMOND donneront quelques
dans leurs voyages , ou sur les
'ticles sur les ebjcti
jj'ets dont ils se sont
plus particulièrement occupes.
M. F. CUVIER est cbargé de la d
articles généraux de zoologie et n riiis!..
générale de l'ouvrage, et il coopérera
des mammifères. (F. C, )
DICTIONNAIRE
DES
SCIENCES NATURELLES.
FIL
JlIL (ErpétoL), nom spécifique d'une couleuvre. (H. G.)
FIL D'ARAIGNÉE {Bot.) , nom vulgaire d'une espèce de
joubarbe, sempervi\>um aracnoideum , Llnn. (L. D. )
FIL D'EAU ou DE SERPENT {Entom.), nom donné quel-
quefois au dragonneau, à cause de sa ressemblance avec ua
fil, d'où le nom générique Pilaire. Voyez ce mot. (De B.)
FIL-NOTRE-DAME ou FILET DE LA VIERGE. [Entom.)
On voit souvent en automne , à l'époque des premiers
brouillards, des filamens très-blancs et très-légers, transportés
par Fair, et qu'on regarde N^omme des fils d'araignées ; on
les attribue à de petites espèces de sirons, que Hermann fils
nommoit Irombidiutn Leiarium , dont Linnseus faisoitun acarus,
et MM. Latreille et Fabricius un gamase. M. Cuvier pense
que ces fils sont produits par de très-jeunes araignées, qui
écloscnt avant Fhiver, et qui filent ces corps blancs qui vol-
tigent dans Farrière-saison. (Règne animal, tom. III , p. 78.)
(CD.)
FIL Y AGULLA. {Bot.) Dans le royaume de Valence, on
donne, suivant Clusius , ce nom espagnol, qui signifie fil
17. .1
FIL
et aiguille, à Taloès plttc , agave, dont les feuilles donnent
une espèce de fil , et ont des épines qui peuvent servir d'ai-
guilles. (J.)
FILx\COTONA. (Orniih.) L'oiseau auquel Gesner et Aldro-
vande donnent ce nom, est le ganga, telrao alchata, Linn.
(Ch. D.)
FILAGE, Filago. {Bot.) [ Corfmhifùrcs , Juss. — Sjngénesie
poljgamie nécessaire, Linn.] Ce genre de plantes, de la fa-
mille des synanthérées. appartient à notre tribu naturelle
des inulées, et à la section des gnaphaliées, dans laquelle
nous le plaçons auprès du micropus , dont il diffère prin-
cipalement en ce que la couronne est plurisérlée ^ différence
qui est la source de presque toutes les autres. Voici les ca-
ractères «rénériqucs que nous avons observés, dans 1 herbier
de M. de Jussieu, sur l'espèce qui est le vrai type du
genre.
Lacalathideest oblongue , discoïde, composée d'un disque
paucillore, régulariflore, masculiflore , et d'une couronne
plurisérlée, midtiflorc, tubullflorc , fémlnlilore ; le péri-
cllne , supérieur aux fleurs, est formé de squames subuni^
sériées, appliquées, ovales, larges, concaves, scarleuses,
coriaces , membraneuses sur les bords , et surmontées d'un
appendice subulé. Le clinanthc est oblong, inappendiculé
au sommet, qui est occupé par le disque, et garni du
reste de squamelles analogues aux squames du pérlcllne
et supérieures aux fleurs, mais d'autant plus petites qu'elles
sont plus intérieures. Les ovaires de la couronne sont ob-
comprimés, obovales , glabres., inaigrettés; les faux-ovaires
du disque sont grêles, glabres, inaigrettés; les corolles de
la couronne sont tubuleuses. grêles.
Les calathides sont immédiatement rapprochées en capi-
tule terminalglobuleux , sur un calathlphore nu, et entouré
d'un involucre : elles sont peu nombreuses, et la calathidc
centrale est plus grande que les latérales.
Jï'iLAGE NAINE : Filogo pjgiïiœu , l.um. , Spec. ; Filago acaiilis,
Linn., Sjrst. ; Emx umbcllata, Gœrtn. C'est une très-petite
plante herbacée, annuelle, dont la racine produit une ou
plusieurs tiges simples, à peine longues d'un pouce dans
l'état sauvage, mais qui acquièrent par la culture jusqu'à
FIL S
fîeux pouces et demi ; ces tiges sont menues , inclinées ou
couchées, et garnies de feuilles alternes, petites, ovales-
obtuses, comme spatulées , un peu cotonneuses; les cala-
thides , composées de fleurs jaunâtres, sont réunies en un
capitule terminal , sessile , arrondi , involucré ; son invo-
lucre est formé ^e bractées nombreuses, inégales, plus
gi'andes que les feuilles, ovales, obtuses, cotonneuses, blan-
châtres, et disposées en une belle rosette, qui déborde beau-
coup le capitule, et est couchée sur la terre. Cette jolie
petite plante habite les lieux maritimes et les étangs dessé-
chés de l'Europe méridionale et du Levant.
Linnœus a composé son genre Fiiago de sept espèces ^
qu'il a nommées pjgmœa , germanica , pjraniidata, montana,
gallica , arvcnsis , leontopodium. La première espèce [Fiiago
pvgmœa) est la seule qui présente exactement tous les ca-
ractères assignés a ce genre par Linnoeus : il est donc indu-
bitable que c'est sur cette seule espèce que Linnseus a dé-
crit les caractères du genre Fiiago; que c'est pour cela
qu il a eu soin de la placer à la tête du genre, et qu'il
n a rapporté au même genre les six autres espèces que
d'après leurs ressemblances extérieures avec la première,
et sans vérifier leurs caractères génériques. Ainsi le fiiago,
pygmœa est le véritable type du genre Fiiago; d'où il suit
que le genre Evax de Gaertner ne peut être adopté. En
effet, Vevax est absolument le même genre que le Jilago ,
proposé long-temps auparavant par Linnaeus; car ïevax a
pour objet l'espèce même qui sert de type au fiiago, et
les caractères assignés par Gasrtner à son e^'ax ne diffèrent
en rien des caractères attribués au fiiago par Linnaeus. Nous
avons publié, dans le Bulletin de la Société philomatique ,
de Septembre i8ig, un examen analytique du genre Fiiago
de Linnaeus; nous y avons démontré que les espèces dif-
fèrent tellement les unes des autres par les caractères gé-
nériques , que presque toutes peuvent être considérées
comme des genres ou des sous-genres aussi distincts que
beaucoup d'autres admis sans difficulté par tous les bota-
nistes. ( H. Cass. )
FILAGINOiDES , Filaginoidca. (Bot.) Linnaeus a donné
ce nom à l'une des trois sections de son genre Cncphalium,
4 FIL
Cette section corrcsponrl à peu prés au véritable genre
GnaphaUitm, tel qu'il convient de le définir et de le res-
treindre . en se conformant aux indications de M. R. Brown.
(H. Cass.)
FILAGRANE {Bot.) , un des noms vulgaires de la jacinthe
monstrueuse. ( L. D.)
PILAIRE, Filaria. (Enlozoair.) Dénomination imaginée
par Muller pour désigner un genre de vers intestinaux ^
dont la forme du corps rappelle assez bien celle d'un fil ,
et que Zeder avoit nommé Capsulaire, Capsularia , a cause
de la manière dont la plupart de ces vers s'insinuent dans
le péritoine, dont ils se forment une espèce de capsule.
Les caractères de ce genre, qui a été adopté par la très-
grande partie des zoologistes, et entre autres par M. Ru-
dolphi, sont : Corps arrondi, très-alongé, presque cylin-
drique, ou décroissant très-peu vers les extrémités, qui
sont obtuses; bouche orbiculaire , très-petite, terminale^
ainsi que très-probablement l'anus; organe mâle court,
presque arrondi , et sortant avant la pointe de la queue.
On connoit très-peu l'organisation de oes animaux; on sait
seulement que le canal intestinal est bien distinct et étendu
dans toute la longueur du corps , ce qui fait présumer qu'il
y a un Aéritable anus, et qu'il est terminal; la bouche est
orbiculaire, le plus souvent très-petite et extrêmement
simple , quelquefois cependant entourée de quelques papilles.
Quoiqu'on n'ait pas vu les organes de la génération de la
plus grande partie des espèces de ce genre, M. Rudolphi,
ayant observé, dans son. ^/aria papii/osa, un petit aiguillon
simple avant la terminaison du corps, admet, par analogie,
que c'est l'organe mâle excitateur, et que les sexes sont sé-
parés sur des individus différens. Les iilaires se trouvent,
le plus souvent, dans le tissu cellulaire des animaux de
toutes les classes, quelquefois sous le péritoine, dans les
cavités splanchniques; il paroit même qu'ils pénètrent le tissu
des parties et peuvent sortir à l'extérieur.
M. Rudolphi place dans ce genre, qui diffère des ha-
mulaires, parce que la bouche n'est pas armée de deux
tî'rochets, des trichocéphales, parce qu'elle n'est pas terminée
par un fil, etc., quarante-trois espèces, dont trente-ui'.e
FIL - 5
sont douteuses , c'est-à-dire ne sont presque désignées que
par Tespèce d'animal dans lequel elles ont été trouvées.
En général, on conçoit aisément combien il est difilcile
de caractériser autrement des animaux qui n'oftVent aucun
appendice, qui tous ont la même couleur blanchâtre, et
dont la proportion des deux diamètres Avarie peut-être
beaucoup avec l'âge.
1.° Le F. DE Médine : F. medinensis , Gmel. ; Gordius medi-
nensis, Linn. ; le Dragoxneau , le Ver de Médine, dont
Grundler a donné, dans son traité de verme medinensi , une
figure originale, qui a été copiée presque partout, et
entre autres dans TEncycl. méth. , t. 29,fig. 3. Cette espèce,
la plus célèbre de toutes, est très-longue; les bords de la
louche sont renflés, et la pointe de la queue est infléchie.
Elle est de la grosseur d'une petite corde , et presque par-
tout du même diamètre; sa tête, d'après Grundler, est
pourvue d'une sorte de suçoir formé par le renflement de
la lèvre qui entoure la bouche, dont l'orifice est très-
petit. La queue est terminée par une sorte de crochet in-
fléchi ; la couleur est celle de la très-grande partie des vers
qui vivent dans les animaux , c'est-à-dire d'un blanc sale ,
passant au' jaune dans l'alcool. Quant à la longueur de ce
ver, il paroîtroit qu'elle varie beaucoup : en effet, Kaemp-
fer parle d'un pied , d'une coudée , et plus ; Grundler
décrit celui qu'il a vu comme ayant trohi pieds et demi ,
mesure du Rhin; Kunsemuller lui donne souvent plus de
deux aunes; Gallandat , de huit à douze pieds; et, enfin,
Fermin porte sa longueur jusqu'à huit aunes, ce qui com-
mence à devenir fort peu probable. Quoi qu'il en soit,
cette espèce de ver paroit, jusqu'ici, n'avoir été trouvée
que sur l'espèce humaine , dans le tissu cellulaire de dif-
férentes parties, et surtout dans celui des jambes, vers les
malléoles. 11 paroît aussi qu'elle est endémique dans les ré-
gions brûlantes de l'ancien et du nouveau continent. Le
nom de ver de Médine, de ver de Guinée, lui a été donné des
lieux où elle a d'abord été observée. 11 y a, parmi les obser-
vateurs, de grandes dissentions sur l'origine de ce ver. Les
uns pensent qu'il est extérieur; que c'est un véritable
gordius, qui s'insinue dans la peau des personnes qui raar-
6 ^ FIL
chent nu-pieds; qu'il y dépose ses œufs, y croit, s'y déve-
ioppe , et détermine , par sa présence , des symptômes
assez douloureux pour qu'on l'ait désigné sous le nom de furie
infernale ; on a, en eflet, des preuves qu'il peut exister ainsi
pendant un temps assez long. D'autres auteurs croient que
c'est un ver tout-à-fait intérieur , et ils apportent pour
preuve de leur opinion , qu'on ne l'a jamais trouvé hors
du corps de l'homme; qu'il est tout-à-fait semblable aux
autres espèces, et surtout au lilaire du singe, et qu'il est plus
que probable qu'il nait dans l'intérieur des parties ; qu'il peut
y exister des mois et même des années entières sans déterminer
d'accidcns sensibles; et que ce n'est que lorsqu'il approche de
la peau, qu'il la perce, que les accidens deviennent asse?
graves pour déterminer des douleurs atroces , etc. .- c'est à
peu près l'opinion de M. Rudolphi, et celle qui me semble la
plus probable. Cependant, des personnes plus versées dans
l'art de la chirurgie que dans la zoologie , et entraînées
sans doute par Texisteuce d'une espèce de furoncle ou de tu-
meur inflammatoire que détermine à la peau la présence du
ver, ont émis, dans ces derniers temps, des doutes sur son
existence réelle, pensant que ce n'étoit que du tissu cellulaire
frappé de mort , qui se moule pour ainsi dire erl ver , dans
sa traversée de l'épaisseur de la peau. M. Delorme, dans
une lettre insérée dans le tome 87 du Journal de phys. , a
montré, par des faits, combien cette opinion est erronée;
il a confirmé ce qu'on savoit sur les symptômes et même
sur le traitement de l'affection qui suit l'apparition du ver
à la peau. Les symptômes sont une tumeur, avec rougeur,
et une violente douleur ; bientôt apparoit un petit orifice
par lequel le ver sort une petite partie de son corps. Le
traitement consiste à saisir cette partie, '""et à l'enrouler
avec beaucoup de précaution autour d'un petit bàlon ,
qu'on tourne fort doucement chaque jour, de crainte de
casser le corps de l*animal, ce qui en rendroit l'extraction
beaucoup plus difficile, outre que la présence de la partie
restée, en se putréfiant, pourroit déterminer des accidens
encore plus funestes. On a fait l'observation que les per-
sonnes qui marchent nu-pieds , comme les nègres de nos co-
lonies, en sont plus fréquemment affectées que ks autres,
FIL 7
et que c'est ver^los malléoles que raflTection a lieu : ce qui
est assez difficile à expliquer, dans l'hypothèse que ces ani-
maux sortiroient des cavités splanchniques ; car on ne voit
pas trop pourquoi ils tendroient à sortir à peu près tous
par le même endroit. Le ver de Médine peut donc encore
être le sujet d'observations intéressantes.
2." Le f. GRÊLE ; F. gracilis , Rudolphi,.Ertfoz., tab. i , fig. i.
Très-long, un peu atténué aux deux extrémités; la tcte ob-
tuse; la pointe de la queue aiguë et fléchie : grosseur d'un
fil fin ; longueur, plus d'onze pouces : la queue est courte,
très-grêle, déprimée. Trouvé dans la cavité abdominale du
simia capucina par M. Albers, 11 paroi t que les singes sont
assez sujets aux filaires.
5." Le F. ATTÉNUÉ : F. altenuata , Rud.; F. cornicis , Gmel,
Obtus aux deux extrémités, la postérieure atténuée : espèce
d'un pouce et demi à six pouces de long, un peu épaisse,
obtuse aux deux bouts. Dans la cavité abdominale des cor-
neilles.
4.° Le F. obtus; F. ohLusa, Rud. La tète un peu aiguë,
la queue obtuse; le corps de deux pouces et demi de long,
assez épais et très-élastique. Dans cette espèce, dont M.
Rudolphi n'a trouvé qu'un seul individu dans la cavité
abdominale de l'hirondelle rustique, il a pu voir le canal
intestinal et les ovaires placés autour.
5.° Le F. TRONQUÉ; F, troncata, Rud. La tête tronquée;
la queue plus épaisse, obtuse, terminée par une pointe
très-courte , presque papillaire : cinq pouces de long. Dans
la larve du litiea padella,
6." Le F, OVALE : F. ovala, Zeder; Gordius piscium , Enc.
méth. , tab, 29, fig. 6,7, d'après Gœze , Naturgesch.,
pag. 126, tab. 8, fig. i-5. Le corps de trois ou quatre pouces
de long, atténué en avant; la tête ovale; la queue ronde.
Trouvé par Gœze autour du foie du cyprinus gobio,
7.° Le F. CAPsuLAiRE ; F. capsularia, Rud.; Ascaris halecis,
Gmel.; Capsularia kalecis , Zeder, Naturgesch., pag. 56,
tab. 1, fig. 7. Ver d'un demi-pouce à un pouce de long,
de la grosseur d'un fil médiocre ; la bouche comme bordée
par un bourrelet; la queue obtuse , avec une pointe courte,
papilliforme. Zeder, dans deux individus mâles, a ob-
é FIL
serve une épine courte avant la pointe caiiclale , un canal
intestinal renflé, et une sorte d'estomac; les femelles sont
plus gonflées". Cette espèce est commune sous le péritoine
des harengs, quelquefois agglomérée en plus ou moins
grand nombre. Elle a la vie tenace , puisque Rudolphi dit
en avoir conservé vivaus pendant huit jours dans un lieu
froid, et que des individus trouvés dans des harengs glacés
peuvent revenir à la vie. C'est de cette espèce que Zeder
a fait son genre Capsulaire , sur des caractères qui se
trouvent évidemment dans beaucoup de filaires.
8." Le F. PAPiLLAiRE : F. papillosa, Rud. ; F. eqtii , Gmel. ;
Gordius equinus , Abilg. , ZooL Dan., vol. 3, p. Ag , tab. 109»
fig. 12, a-c. De deux à sept pouces de long sur un tiers
de ligne de diamètre; couleur cendrée ou brunâtre; la tête
un peu obtuse: la bouche orbiculaire et le cou garni de
papilles; la queue courbée. Commun dans la cavité abdomi-
nale du cheval, quelquefois au-dessous, et même dans le
canal intestinal, entre les deux méninges du cerveau.
g.° Le F. couronné : F. coronata, Rudolphi; Asc. coracœ ,
Gmel.; Asc. acu , Gœze, Naturg., pag. 90, tab. 2, fig. 3;
copié dans l'Encycl. méth., tab. 3o , fig. 12-14. La tête , ob-
tuse, est couronnée de trois tubercules ou papilles; le corps,
presque égal, obtus aux deux extrémités, a deux ou trois
pouces de long , et est de la grosseur d'un fil médiocre.
Le mâle a une épine courte, cylindrique, avant la pointe
de la queue, et la femelle est plus grosse. La vie de ces
vers, que tous les auteurs avoient rapportés au genre As-
caride 5 paroît être extrêmement fugace. Sous la peau du
cou du roUier.
10.' Le F. ACUMiNÉ : F. acumjnata, RucL ; F. lepidopterorum
Gmel. , Gœze , Naturgesch. , pag. 127, tab. 8, fig. 4-6; copié
dans l'Enc. méth., tab. 29, fig. 10-12. Ver de deux à trois
pouces, obtus aux deux extrémités; la tête pourvue de quatre
tubercules; la queue obtuse , avec une pointe droite. Trouvé
par Gœze dans la larve de la noctuelle fiancée.
1 1.° Le F. PUSSE : F. plicala, Rudolphi ; F. attenuata, Zed.
La tête atténuée; la lèvre de la bouche plissée ; la queue
obtuse. Zeder n'en dit pas davantage; il se contente d'ajouter
qu'il l'a trouvé dans les chenilles.
FIL 9
1.2.° Le F. AILÉ; F. alata, Rud. Corps d'un pouce de long,
grcle, un peu plus gros en avant; la tête rétrécie ; la
queue aiguë, recourbée, ailée sur les bords. Dans les parois
de l'estomac du simia maimon. Cette espèce appartient-elle
bien à ce genre?
J,es espèces douteuses n'ont été, pour ainsi dire, qu'in-
diquées par les auteurs; nous allons seulement en rapporter
les noms tirés de Taninial dans lequel elles ont été trouvées,
afin d'exciter l'attention des observateurs ; ce sont:
i5.° F. vulpis de Camper (Malad. des anim.). 14.'' F. leonis ,
Redi, Anim. viv. , tab. 9, fig. 2. i5.° F. musLelarum , du même,
tab. g, fig. 3. 16.° F. leporis , Pallas et Gmel. 17." F. aquiîa,
Redi et Gmel. 18.° F.falconum, Redi et Gmel. 19.° F. strigis,
Redi et Gmel. 20.° F. coUurionis de Rossa. 21.° F. cjgni ,
Redi et Gmel. 22." F. anatis de Paullinus. 20.° F. ciconia,
Red. et Gmel. 'ih,." F. ardeœ einerœ de Braun et Rudolphi.
2 5.° F. alaudœ de Velsch. 26.° F. sturni de Pallas. 27/ F. car-
duelis , Velsch, de Ven. med. , .p. 107, fig. c. 28.° F. co-
luhri , Bosc. 29.° F. piscium, L'inn. ; gordius marinus des au-
teurs. Zo." F. coleopterorum , Lister, etc. 3i.° F. sylpha,
Gmel. 32.° F. Chrysomelœ tanaeeti , Frœlich. 33.° F. chrjso-
melœ alui, Holten. , Dansh. selk. slcrist. , 4 , 1 , p. 16, t. 3 , fig.
1 , 2. 34.° F. buprestis, Boucher. 35.° F. forfculœ, Rud. 56.°
F. loeustœ , Frisch , Mise. Berol. , t. 4, p. 394 ; F. grylli, Gmel.
37.° F. eercopidis, Rœsel. 38.° F. du faucheur, F. phalangii ,
I-amck. et Rudolphi. 09.° F. araneœ , Rud. 40.° F. monoculi,
Gmel. 41.° F. erucarum , Rud.; F. lepidopterorum , Gmel.
42.° F. phrjganeœ, Gmel., d'après Degéer. 43.° F. Lenthredinis ,
Gmelin. ( D. B. )
FILAMENTEUSES [Plantes] , (Bo/.) , ayant l'aspect de fila-
mens: les conferves sont dans ce cas. (Mass.)
FILANDER. (Afflmm.) C'est ainsi que LeBruyn et Valentin
écrivent le nom d'une espèce de didelphe des Indes orien-
tales , didelphis Brunii , Gmel. Voyez Kanguroo. (F. C.)
FILAO. [Bot.) Voyez Casuarina. (Poir.)
FILAPJA,P/iï7Zj>'rea, L. (BoL) Genre de plantes de la famille
àes jasminées , Juss., et de la diandrie monogjnie de Linnîtus.
dont les principaux caractères sont les suivans : Calice petit,
à quatre dents; corolle monopétaie , courte , à quatre lobes;
2G piL
deux examines ; un ovaire supérieur, arrondi, chargé d'un
style simple, terminé par un stigmate épais et entier; une
baie globuleuse ou presque globuleuse , à deux loges mo-
nospermes ; une de ces loges est sujette à avorter.
Les filarias sont des arbrisseaux à feuilles opposées, glabres,
persistantes, et à fleurs petites, groupées plusieurs ensemble
dans lès aisselles des feuilles. Les espèces de ce genre ne
sont pas nombreuses : la plupart des botanistes en distin-
guent trois; quelques-uns en ont désigné cinq; d'autres
n'en reconnoissent que deux, regardant comme des variétés
«;ausées par la nature du sol et du climat ce que les autres
prennent pour des espèces distinctes. Tous les filarias crois-
sent naturellement dans le midi de la France , en Espagne ,
en Italie, etc. Ils sont communs sur le penchant des mon-
tagnes , dans les lieux pierreux , et aux expositions sèches
et chaudes; leurs fleurs sont d'un blanc jaunâtre, et pa-
roissent au printemps.
FiLARiA A FEUILLES LARGES : PhilljTea latifoUa, lÀnn.,Spec.,
ïo; Phillyrea prima , CIus., Hist., 5i, et Philiyrea secunda ,
Clus. , Hist., 62. Cette espèce est un grand arbrisseau qui,
dans son pays natal, s'élève à quinze ou vingt pieds de hau-
teur ; ses feuilles sont ovales-lancéolées , un peu en cœur à
leur base; ses fruits n'ont le plus souvent qu'une seule
loge. Alton, d'après les formes assez différentes qu'on peut
observer dans les feuilles de cette espèce, Ta partagée en
trois, sous les noms de Phillyrea lœvis , Phjllirea spinosa,
et Philljyrea obliqua, qu'il nous paroit plus convenable de
ne regarder que comme trois variétés, parce que souvent
elles sont très-peu tranchées et se confondent insensible-
ment les unes dans les autres. Quoi qu'il en soit, la pre-
mière variété se distingue à ses feuilles ovales-lancéolées, en-
tières ou peu dentées; la seconde à ses feuilles plus larges,
bordées de dents aiguës- et la troisième, à ce qu'elles sont
de même dentées, mais plus alongées et plus étroites.
FjLApaA MOYEN : PhUljrea média, Linn. , Spec, 10; Phil-
lyrea tertia, Clus., Hist. , Sa, Cet arbrisseau s'élève un peu
moins que le précédent ; ses feuilles sont ovales-lancéolées ,
entières, ou rarement dentées; ses baies ont ordinairement
deux loges.
FIL li
FiLARiA .\ FEUILLES ÉTROITES: PhilljTea angustifolia, Linn. ,
Spec, 10; Phillyrea quarta et quinta , Clus. , Hist., 62. Cette
espèce ne diffère de la précédente que pai-ce que ses feuilles
sont une fois plus étroites, constamment entières; mais,
comme on trouve des échantillons intermédiaires, il devient
souvent difficile de déterminer à laquelle des deux plantes
ceux-ci apparlicnnent.
Dans le nord de la France , on plante les différentes es-
pèces de filaria dans les jardins paysagers, comme arbris-
seaux d'ornement; leur feuillage luisant, toujours vert, y
jette de la variété. Autrefois on les tailloit en pyramide,
en boule ; mais aujourd'hui on les laisse croître naturelle-
ment. On les emploie aussi quelquefois à faire des haies
ou des palissades , et alors on les soumet à la taille. La
dernière espèce est la plus propre à servir de cette manière,
parce qu'elle pousse beaucoup de rameaux qui, en s'en-
trelaçant les uns dans les autres, rendent les haies et les
palissades très-serrées.
Les filarias se multiplient facilement de semences et de
marcottes. Leurs graines, qu'il faut faire venir de Provence
ou de Languedoc, parce qu'il est rare d'en récoller sur
les pieds cultivés dans les jardins du Nord, se sèment, en
yutomne , dans une terre légère et à une exposition chaude ,
et mieux dans des pots ou des terrines, afin de pouvoir
les rentrer dans l'orangerie pendant le premier et le se-
cond hiver. Dans le premier cas , on préserve les semis des
gelées, en les couvrant avec des paillassons ou de la grande
litière , lorsque les froids deviennent un peu rigoureux.
Les marcottes se font aussi en automne , et il leur faut
une année pour prendre racine. Quand elles ont repris,
on peut les séparer et les mettre en pépinière, ainsi que les
jeunes plants de semis qui sont assez forts : on les y laisse
trois à quatre ans, jusqu'à ce qu'en veuille les mettre en
place à demeure.
Dans le climat de Paris, les filarias résistent bien aux
gelées ordinaires ; mais les grands froids les font souvent
périr, non pas entièrement à la vérité, car dans ce cas
il n'y a que les tiges qui meurent, et, en les coupant rez
terre , les racines reproduisent de nouvelles pousses, qui ont
bientôt reparé la perte des anciens pieds.
î2 FIL
Le bois des filarias est dur, compacte, blanchâtre, sus-
ceptible de prendre un beau poli : il pourroit servir à faire
des ouvrages de marqueterie ou des manches d'outils; mais,
comme il n'acquiert jamais de grandes dimensions (on en
trouve rarement des troncs de cinq à six pouces de dia-
mètre), on n'en fait que très-peu d'usage, et on ne l'em-
ploie guère qu'à brûler, ( L. D. )
FILASSE (Bot.), nom vulgaire du chanvre dans les cam-
pagnes. (L. D.)
FILASSE DE MONTAGNE. {Min.) On a quelquefois donné
ce nom à l'amianthe. Voyez Aseeste. (B. )
FILASSIER. (Ornith.) Dans le département des deux
Sèvres on nomme ainsi la marouette ou petit râle d'eau ,
rallus porzana, Linn. (Ch. D.)
FILASSO. (Bot.) La guimauve de Narbonne porte ce
nom en Languedoc. (L. D.)
FILDRA (Ornith.), nom qui, suivant les voyageurs Olafsen
et Povelsen , est donné en Islande au chevalier aux pieds
rouges, scolopax calidris , Linn. (Ch. D.)
FILET. {Bot.) On distingue trois parties dans les élamines:
le pollen, l'anthère, et l'androphore ou le support de l'an-
thère. L'androphore , qui manque dans certaines plantes,
porte, dans d'autres, plusieurs anthères. Lorsqu'il ne porte
qu'une seule anthère , il est généralement désigné sous le
nom de filet. On le nomme aussi filament.
Dans la plupart des plantes les filets sont cylindriques..
Ils sont déliés comme un cheveu dans le seigle , le plantaire,
etc. ; ils sont larges, minces et semblables à des pétales, dans
îe kœmpferia.
Ceux du sparmannia sont renflés de dislance en distance ;
ceux du mahernia sont plies en genou ; ceux du hirtella sont
contournés en tire-bourre. Dans la bourrache ils portent une
espèce d'appendice.
Ils ont une très-large base dans la campanule ; ils ont le
sommet fourchu dans la brunelle ; ils l'ont terminé par trois
pointes dans quelques espèces d'ail. Dans le paris quadrifolia,
ils se prolongent au-dessus de l'anthère.
Ceux du bouillon blanc, de Vanagallis , etc., sont chargés
de poils; ceux de la fraxinelle , etc. j sont garnis de glandes.
FIL i3
Dans l'ortie, la pariétaire, le mûrier, etc., les filets
courbés dans la fleur, avant l'épajiouissement , se redressent
avec force comme un ressort que Ton relâche tout-à-coup,
lorsqu'ils ne sont plus retenus par l'enveloppe florale.
Dans répine-vinette , la rue, le parnassia. le ciste hélian-
théme, etc., ils exécutent, au temps de la fécondation, des
mouvemens qu'on ne peut attribuer à une force mécanique
connue. Voyez Fécondation. (Mass.)
FILETS. {Chasse.) Quoique Fart connu sous le nom dVujcep-
tologie ne forme pas une véritable branche des études ornitho-
logiques, la connoissance des artifices imaginés pour prendre
les oiseaux met à portée de mieux s'instruire de leurs habi-
tudes; et l'amusement que cet exercice procure , est un autre
motif pour déterminer à donner ici quelques notions sur
la construction et l'emploi des principales sortes de filets.
Les plus simples sont les lacets et les collets. Le premier
piège consiste à lier une ficelle d'un bout à une branche ou
à quelque chose de solide , en laissant un nœud coulant dans
l'endroit où Fon présume qu'il peut se présenter une occasion
de prendre un oiseau par la patte ; on s'éloigne avec Fautre
bout à la distance de vingt ou trente pas, et Fon s'y tient
caché, en attendant, pour tirer la corde, que Foiseau se
soit rendu au lieu où le nœud est préparé. C'est, en général,
sur un nid et pendant Fincubation que se tend le lacet; mais
il arrive le plus souvent que Foiseau est pris par le cou : oa
attrappe même en général plus de femelles que de mâles, et
toujours la nichée périt. La force du lacet se proportionne
à celle de Foiseau , et lorsqu'il ne s'agit que de fauvettes et
autres becs-fins, le nœud peut être formé avec un simple fil,
ou avec un ci-in de cheval quand le nid tendu est celui
d'un merle ou d'un geai.
C'est surtout pendant Fhiver qu'on fait usage des collets,
qui sont particulièrement le fléau des grives et des merles.
On doane différens noms aux collets, suivant la manière dont
on les tend. Ceux qu'on attache à des piquets fichés en terre,
s'appellent collets piqués ou à piquet. Pour faire un collet, ou
prend quatre crins blancs d'environ un pied et demi de long,
et on met les extrémités supérieures de deux de ces crins
avec les inférieures des deux autres, qu'on noue dans le
ï4 FIL
milieu d'un noeud simple. Ces crins doivent être tordus en
manière de corde, afin qu'après la confection du nœud ils
ne se détordent plus. Les piquets se font avec des baguettes
de noisetiers ou d'autres bois verts, d'un pied de hauteur,
auxquelles on fait une entaille qu'on tient entrouverte
jusqu'à ce que le nœud y soit passé : l'autre extrémité s'ai-
guise en pointe, afin de pouvoir l'enfoncer aisément en terre
jusqu'à ce que le collet ne soit plus qu'à deux travers de
doigt du sol. Les piquets se placent de quinze en quinze pas
de distance, en ayant soin de garnir l'intervalle de petites
branches formant vme haie , pour empêcher les oiseaux de
passer à cAté du collet; mais, si ce sont des grives qu'on veut
prendre, il est bon de semer, au bas de chacun , quelques
baies de genièvre pour les amorcer. On peut ajuster deux
collets au même piquet, et ces collets doubles se tendent
plutôt pour les perdrix et les bécasses : on les dispose dans
les sentiers les plus larges.
Le collet pendu est celui qui n'est pas tenu dans une fente
à un piquet, mais attaché à une baguette de bois vert, à
laquelle on a fait des crans. Ce collet peut être employé
dans la saison où les groseilles, les merises, les raisins et
autres fruits dont les merles , les grives, ainsi que de plus
petits oiseaux font leur nourriture , commencent à devenir
rares. On en attache , avec des baguettes, à la cime des
buissons, en les amorçant avec ces fruits, et l'on en met
aussi le long des sentiers. A défaut de fruits réels, et spécia-
lement des baies du néflier pyracanthe ou buisson ardent,
on peut en composer des grappes factices, en collant à des
fils de petites boulettes de cire blanche, auxfjuelles on donne
une couleur rouge par leur immersion dans deux onces de
cire fondue avec trois gros de vermillon.
On a^Tpelle collets trainnns , ceux qui s'attachent à une ficelle
qui traîne à terre, et qu'on emploie surtout pour prendre
des alouettes. On ajuste, à cet effet, de deux en deux
pouces, sur une ficelle longue de vingt à trente pieds,
des collets faits de deux crins de cheval, et l'on étend cette
ficelle sur les raies d'un champ où il se fait de bons passages
d'alouettes : on sème sur plusieurs raies ainsi tendues quelques
grains de blé ou d'orge , et les alouettes s'y prcnnejit par les
FIL i5
pieds ou parle cou; mais, pour qu'elles ne puissent entraîner
les ficelles, on a eu soin de les assujettir par de petits cro-
chets de bois enfoncés de deux en deux pieds. Cette chasse
se fait dans les mois de Mars et d'Avril, et quelquefois
dans le mois de Novembre.
On emploie aussi des collets pour faire aux canards une
chasse qui se nomme glanée. On perce, à cet effet, au centre
de plusieurs tuiles, un trou propre à y passer quatre fils
de fer de moyenne grosseur, et longs d'un pied; après les
avoir tordus, on en courbe les quatre extrémités, à chacune
desquelles on attache un collet de sept à huit crins formant
anneau , et l'on traverse d'une corde l'anneau que ces fils
forment sous le trou. On garnit ensuite le dessus de la tuile
de terre-glaise, sur laquelle on sème du blé cuit dans de
l'eau commune. Les tuiles doivent être recouvertes d'environ
quatre pouces d'eau, et se placer dans des endroits où les
plumes , l'abondance de la fiente et d'autres signes présentent
des indices de lieux fréquentés, et que l'on a eu soin d'amor-
cer pendant quelques jours. Les collets surnageant horizon-
talement, et les canards plongeant à plusieurs reprises pour
satisfaire leur avidité, ne manquent guère de se prendre,
pendant la nuit, à l'un d'eux : pour empêcher qu'ils n'em-
portent la tuile dans un endroit profond où ils se noieroient
et seroient perdus, on en attache au même cordeau plu-
sieurs,,qui se placent de distance en distance. 11 arrive aussi
que le lendemain on trouve pris au même picge des poules
d'eau, des foulques ou raorelles , des plongeons, etc.
Les filets proprement dits sont l'araigne , le hallicr, la
nappe, la panthière, le rafle, le rejet, le rets saillant, la
ridée, la tirasse, la tonnelle, le traîneau , le tramall. Les
toiles extérieures des filets se nomment aumées , et celle du
centre s'appelle toile ou nappe.
Varaigne est un filet composé de mailles à losanges larges
de deux ou trois pouces; il se fait avec du fil délié et
retors en deux brins : ses proportions doivent être de deux
toises de largeur sur trois de hauteur; s'il étoit plus ample
on auroit trop de mal k le tendre sur l'arbre, où on l'em-
ploie à la chasse des oiseaux de fauconnerie avec le duc.
Ce filet est garni de bouclettes, ou bien l'on passe dans
i6 FIL
toutes les mailles du rang le plus élevé une ficelle unie de
la grosseur d'un luyau de plume , de sorte que les mailles
puissent librement aller et venir sur la ficelle comme sur
la verge d"un rideau de lit : ces filets se teignent en brun
ou en vert. On fait aussi des araignespour prendre des merles;
mais les mailles ne doivent avoir qu'un pouce de largeur,
et le filet n"a pas plus de sept à huit pieds de hauteur sur
neuf ou dix de largeur. Lorsqu'on sait qu'il y a des merles
dans une haie, on tend son filet dans ic milieu; la perche
en soutient un côté, tandis qu'une branche de haie soutient
l'autre. Si'la haie n'étoit pas assez haute, on y planteroit
une seconde perche égale à la première. Le filet, pour être
iien tendu, doit tomber à la première secousse; afin d"y
amener les merles, on doit battre la haie de l'autre côté.
Cette chasse, qui a lieu sur la fin de Mars et pendant le mois
d'Avril, doit se faire dans un temps humide et couvert,
parce qu'alors le merle vole bas le long des haies.
Le hallier est un filet auquel on adapte, à pins ou moins
de dislance, des piquets, que l'on enfonce en terre comme
les chaînes des arpenteurs, et qui forment, ainsi placés, une
sorte de haie. Il y a des halliers différeiis pour les diverses
chasses auxquelles on se propose de les employer; mais ils
ne varient que par leur longueur, leur hauteur et la lar-
geur des mailles. On fait des halliers pour prendre les
cailles, les perdrix, les faisans, les ràlcs , les poules d'eau,
les canards, les plongeons, etc.
Les halliers pour les cailles ont environ dix pieds de
long sur dix pouces de hauteur; on les fait en soie d'un
vert pâle. Les piquets doivent, être longs de quatorze ou
quinze pouces, et attachés à deux pieds de distance. On
chasse aux cailles avec le hallier depuis leur arrivée jusqu'à
ce qu'elles soient appariées, et depuis le mois d'Août jusqu'à
leur départ. A la première époque, ces cailles s'appellent
'vertes. Pour les attirer, on se sert de V appeau , instrument
qui consiste en une bourse plate, à andouille ou en spirale.
La première sorte, qui se nomme courcalllet , et dont on
fait le plus communément usage, a un sifflet composé d'un
os de la cuisse d'un lièvre ou de l'aile d'une oie, dont l'ex-
trémité , coupée en coulisse, est accommodée avec delà
FIL 17
cire : ce sifflet s'adapte avec un fil ciré à une bourse faite
avec la pp«" J'""<= taupe, ou autre, cousue à points très-
e-xics, et médiocrement remplie de crin bouilli. En étendant
la bourse sur la paume de la main gauche , on frappe avec
le côté du pouce de la main droite , de manière à imiter
le cri de la caille femelle , qui ressemble à celui du grillon.
Lorsque, dans un champ ou dans un pré, l'on entend le
cri d'une caille mâle, on s'empresse de tendre le hallier,
et, se plaçant à peu de distance , on répond à l'appel pour
l'attirer dans le filet.
La manière de prendre les cailles aux mois d'Août et de
Septembre, est différente de celle qui se pratique aux mois
de Mai et de Juin : on la nomme alors bourrée , parce que le
but est de contraindre les cailles et les râles à se jeter dans
les halliers que , vers la fin de la moisson , on tend sur
les sillons peu nombreux qui restent à récolter, et l'on
traque à pas lents du côté opposé. Lorsque les cailles sont
grasses , elles ne se déterminent qu'à la dernière extrémité
à s'envoler ; et le râle , encore plus disposé à la course ,
échappe rarement aux embûciies. On peut aussi entourer
avec succès de halliers des portions de marais dont les herbes
sont assez élevées, et que l'on fait battre avec des chiens,
au moyen desquels on réussit souvent à prendre des râles
ou des poules d'eau.
Il y a des appeaux différens pour diverses espèces d'oiseaux :
un des plus anciens qu'on ait employés pour les alouettes se
faisoit avec un noyau de pêche usé sur une meule, percé
des deux côtés d'un trou égal en grandeur, et vidé ensuite.
On en a fait depuis en plomb, en fer-blanc, en cuivre, en
argent, etc., et on les a rendus propres à appeler d'autres
petits oiseaux , ainsi que des perdrix, des coucous, des tour-
terelles, des pluviers, etc. On fait aussi des appeaux avec
la feuille du chiendent; mais ils servent surtout à la pipée ,
et l'on en parlera sous ce mot.
Les halliers à, perdrix ont de grandes mailles carrées de
quatre à cinq pouces de largeur,- leur hauteur ne doit être
que de trois ou quatre mailles, et leur longueur d'environ
quarante pieds. On fait cette chasse dans le mois d'Avril,
avec des appeaux particuliers, ou avec des chanterelles, qui
17. li
^3 FIL
sont des femelles qu'on nourrit et qu'on transporte en
cage, ou plutôt sous une calotte de cKai7ca« aHarhée à une
planche et percée supérieurement d'un trou par ie4=.^j
l'oiseau passe la tête. A la fin des moissons, on chasse les
perdrix à la bourrée, comme les caiiles.
Le fond des halliers à faisans est le même; la hauteur en
est de trois grandes mailles , et la longueur à discrétion.
Les piquets s'attachent à deux pieds et demi de distance,
et le fil du hallier doit être retors avec soin; car le faisan
pourroit, en se débattant, rompre le tilet'et s'échapper,
■ Le filet à alouettes , auquel on donne assez improprement le
nom de nappes, sert à prendre ces oiseaux, attirés par un
iniroir à facettes qu"on fait tourner avec une corde. Les
deux nappes sont des filets formés de mailles en losange de
neuf lignes de largeur, qui ont ordinairement huit toises
de longueur et huit pieds de hauteur; ils s'ajustent, par
chaque bout, à un liteau de bois de sapin refendu, qui
s'appelle quenouille , et un cordeau passé par la dernière
maille dans toute sa longueur s'attache à l'extrémité de ces
liteaux. Les côtés intérieurs des mêmes liteaux sont garnis
d'une douille et d'une traverse en fer qui y joue facilement;
il y a aussi à chaque extrémité un anneau par où passe un
piquet de quinze pouces de diamètre sur dix-huit pouces
de longueur, lequel se fiche en terre assez profondément
pour maintenir les quenouilles en place, lors même que le
filet est tendu avec la plus grande force. A chaque côté
extérieur des deux quenouilles est attaché un cordeau qui
s'adapte à un piquet, et du côté le plus près de l'oiseleur
un autre cordeau, plus long et attaché à la même place,
forme une bifurcation peu avant l'endroit où les deux
branches se réunissent dans sa main. Pour tendre le filet, on
commence par choisir un endroit uni , où l'on puisse le
faire aisément jouer, et Ton creuse, à une certaine distance,
un trou, dans lequel l'oiseleur s'assoiera et se cramponnera
les pieds. Les mesures ainsi prises, on couche parallèlement
les deux nappes à une distance double de leur largeur res-
pective, et l'on fiche d'abord en terre les douilles qui gar-
nissent les quatre côtés intérieurs; ensuite on plante diago-
nalcment, et sur la même ligne qiie les piquets des douilles,
FIL â9
les autres piquets auxquels sont attachés les quatre cordeaux
destinés à maintenir les cadres des nappes, lorsque l'oiseleur,
qui lient les deux autres cordes un peu plus loin que l'en-
droit où elles se réunissent, fait un effort suffisant pour que
les nappes se relèvent en face Tune de l'autre et retombent
surl'aireoù il estparvenu à attirer les oiseaux, tantau moyen
du miroir placé environ au tiers de la longueur des nappes
et qu'il agite sans cesse , qu'à l'aide de moquettes , c'est-à-
dire d'alouettes et autres petiîs oiseaux retenus par Us pattes
à de légères baguettes. Quand l'oiseleur a retiré sa capture
de dessous le filet, il le tend de nouveau et reprend son
poste.
I,a saison la plus favorable pour cette chasse est l'époque
des premières gelées blanches, et elle se fait avec succès
jusqu'à ce que les alouettes attroupées cessent de badiner
dans les airs. Beaucoup de petits oiseaux se mirent comme
les alouettes, et se prennent dans les mêmes filets, si les
■mailles en sont assez étroites; et c'est surtout dans les pre-
mières neiges que les pinçons, les verdiers, les chardon-
nerets, les linottes, etc., s'y précipitent, lorsque, pour les
attirer , on a eu soin d'avoir, des moquettes de plusieurs
espèces. On peut aussi prendre des buses et d'autres plus
petits oiseaux de proie dans ces nappes qui , lorsqu'elles
sont construites avec du fil bien retors, résistent d'autant
mieux aux efforts de ces rapaces, que leur surprise, dans
les premiers momens , affolblit beaucoup leurs moyens de
défense ; mais, pour réussir à les envelopper quand ils
s'acharnent trop sur la moquette , il faut que l'oiseleur soit
très-prompt à tirer le filet. D'un autre côté, quand un ra-
pace se montre dans les airs , la chance n'est pas favorable
pour une nombreuse capture de petits oiseaux, qui n'osent
alors approcher.
Au commencement du printemps et sur la fin de Tété, on
prend aussi des ortolans, avec les mêmes nappes, dans les
contrées où ils abondent; et c'est après la moisson, époque
où ils sont plus gras, que cette chasse se fait avec le plus
de succès.
Pendant l'hiver, quand les alouettes ne volent qu'à quel-
ques pieds de terre, on leur fait une autre sorte de chasse.
FIL
qui se nomme ridée , avec les deux nappes du filet dont îl
vient d'être question, qu'on réunit par leurs extrémités, et
que l'on tend avec trois guides. Le filet ainsi disposé, plu-
sieurs personnes vont chasser les alouettes et les amenei*
près du piège, que l'oiseleur fait tourner au moment où il
le juge nécessaire.
Les nappes à canard ont des mailles cà losanges de trois
pouces de largeur : on éloigne de six pouces celles qui se
font de côté avec des ficelles, pour y passer des cordes
câblées et bouclées. Ces nappes, teintes en brun, sont en-
suite trempées dans l'huile, pour mieux résister à l'humidité.
Le traineau est un filet long de huit ou dix toises, et
large de quinze ou dix-huit pieds, dont les mailles sont à
losanges et proportionnées à l'espèce de gibier qu'on veut
chasser. A chaque extrémité s'attache une perche d'une
longueur égale à la largeur du filet. De toutes les chasses
qui se font au traineau, celle des alouettes est la plus ré-
créative. Lorsqu'on se prépare à la faire, on doit, vers le
coucher du soleil, aller s'assurer où les alouettes se can-
tonnent, et l'on y plante une baguette portant un papier
blanc à son extrémité, pour reconnoitre les endroits la nuit,
et poser plus sûrement le traineau sur les dormeuses. Les
deux chasseurs qui le tiennent font bien, pour ne pas jeter
l'épouvante, de convenir d'avance de signes, comme d'un ou
de plusieurs coups de sifflet , pour bander le filet , l'abattre , ou
le relever afin de le porter plus loin. La saison la plus propre
à cette chasse est la fin d'Octobre ou le commencement de
Novembre, et l'on peut encore l'essayer au retour du prin-
temps, avant que les alouettes ne s'accouplent. Quand on
n'a pas connoissance de remises, et qu'on soupçonne seule-
ment qu'il y a des alouettes dans un champ , chaque porteur
de ti'aineau marche en tenant sa perche obliquement, de
façon qu'un bout est levé de six a sept pieds, tandis que
l'autre, auquel sont attachés des bouchons de paille, n'est
qu'a un ou deux pieds de terre : le bruit de la paille qui
traîne fait lever les alouettes, sur lesquelles on laisse aus-
sitôt tomber le filet. On chasse de la même manière aux:
perdrix et aux cailles dont on ne sait pas la remise , et
dans les. passages de bécassines on peut également en
FIL
prendre, même pendant des journées nébuleuses, dans les
endroits marécageux où les herbes sont grandes.
La tonnelle murée, filet avec lequel on prend aussi beau-
coup d'alouettes , est composée d'une grande bourse maillée,
terminée en pointe, et dont l'ouverture ou entrée a au moins
dix-huit pieds de haut; on en attache la pointe à un piquet
planté au fond d'une raie de terre labourée. Cette bourse
est portée par deux oiseleurs, qui l'alongent en ligne droite
et en fixent l'entrée par deux piquets qui servent à la tendre;
et on y ajoute de chaque càté des tilets de la même hau-
teur, tendus de biais et en demi-cercle. Après cela, les
chasseurs se rendent, par d'assez longs détours, au devant
œenVi'^""^ ^^ ' ^* ' "^^ï'c^ia"* courbés, ils y poussent douce-
ils les y précYpuf* ' i"*^"'^ ce que, se trouvant très-prés,
les filets des ailes su^Jj'i^"*. "" chapeau, et rp^>-
La tirasse sert à chasser les caiifi^J'^. les perdrix ; mais il faut
pour cela avoir un bon chien couchauv Ce filet, long de
quarante ou cinquante pieds, a des mailles tn losange d'un
pouce et demi de largeur : lorsque le chien est en arrêt dans
des pièces de grains ou dans des chanvres, les deux chasseurs
qui tiennent le cordeau de la tirasse la traînent en avançant
sur lui, et font lever le gibier, qui s'engage dans le filet;
mais il faut que le chien soit assez bien instruit pour se laisser
couvrir et ne pas briser la tirasse en se jetant à la pour-^
suite du gibier au moment où il part,
La rajle est un filet contre - maillé , et large de douze ou
quinze pieds sur dix de hauteur. On attache de chaque côté
deux perches fort légères et longues de douze ou treize pieds.
C'est en hiver, lorsqu'il fait peu de vent, et pendant les
nuits les plus obscures, qu'on emploie ce filet le long des
haies où l'on sait que beaucoup d'oiseaux ont l'habitude de
passer la nuit. Il faut être au moins quatre personnes pour
faire cette chasse -. trois se tiennent d'un côté de la haie ou
des buissons, et une de l'autre; des trois premières, l'une
porte une torche allumée, et les deux autres tiennent le
filet tendu pendant que le traqueur bat la haie avec une
gaule pour amener à la rafle les oiseaux, qui dirigent leurA ol
du côté de la lumière, et sur lesquels on abat le filet, Afin
FIL
de pouvoir même faire tomber les oiseaux qui s"écartent du
lieu où ce filef. est maintenu , deux autres chasseurs peuvent
accouipagner les personnes qui le tiennent, eu portant des
branches bien garnies de feuilles. Une attention qu'on doit
avoir, est de placer, autant qu'on le peut, la rafle du cote
du vent, pour peu qu'il en fasse dans le buisson ou la haie;
car l'oiseau ne dort jamais que la tête au vent.
On se sert, pour prendre les bécasses, de filets composes
de nappes, et dont le mobile est un poids; on les nomme
pantln^res , et on les fait de trois espèces , savoir , simples, contre-
mailides, ou à houclettes. Quand les bécasses arrivent, elles se
jettent dans les taillis près des hautes futaies, et il est alors
difiirile de les prendre; mais, lorsqu'elles repassent^à^U-
tom.ie, elles suivent les vallons et les clairières m^-^'^ °_^,^^^
creihrvs et.si , dans un bois de haute fujî'^^^j^.j^^j^ distance
une ferre glaise et fa n^" ---5*^0 est un endroit convenable
pour les passages «'«^s bécasses et pour la chasse aux pan-
thières- Un fejnps calme et sombre, une légère pluie tombée
'le matin, sont aussi d'un favorable augure {)our les oise-
leurs.
Il seroit difficile d'exposer sans figure la manière d'établir
les panthières ; mais le rejet ou corde à pied, qu'on emploie'
également pour les bécasses, est plus simple, et l'on s'en sert
aussi pour faire des tendues à d'autres petits oiseaux, sur
les inares où ils viennent se désaltérer pendant les chaleurs
de l'été. Le mobile de ce piège est une branche élastique
d'environ trois pieds, qui se fiche en terre parle gros bout
aminci, et a rexliémité supérieure de laquelle s'attache un
fil qui doit être assez fort pour résister à l'élasticité du rejet.
Cette machine a une petite marchette, qui est suspendue
à la détente par un léger étau ; et l'oiseau, en passant sur
cette marchette, est pris au collet, que le rejet a tiré avec
force. Ou reconnoit les endroits ou les bécasses , sortant du
bois, vont ordinairement se promener dans les champs pen-
dan't la nuit, a leur fiente claire et blanche, qui se nomme
miroir; et c'est dans les raies des terres labourées que les
oiseleurs tendent leurs rejets de douze en douze pas. Lorsque
h lîéaassc suit une de ces raies, elle met le pied sur la mar-
FIL 23
chette, qui n'est qu'à environ deux pouces de terre , et se
trouve prise.
La raquette, un des plus anciens pièges à ressort, se
nomme aussi repeneUe , sauterelle, etc.: elle consiste en une
marchette tendue par un nœud coulant, dans lequel l'oiseau
se trouve pris lorsqu'il se pose dessus. Les raquettes se
tendent aux abreuvoirs, dans les chemins, sur les arbres,
les buissons, dans les vignes, et Ton y attrappe beaucoup de
petits oiseaux.
Le trébuchet œdonologique , imaginé par M. Arnault de
Nobleville , se fabrique avec deux demi-ccrclcs de fer de
huit pouces de diamètre, dont un, beaucoup plus fort que
l'autre, sert de ressort, et le second de battant. Ce piège
s'emploie surtout pour prendre des rossignols, et ion y
met pour appât des vers de farine attachés avec des épingles.
Les belles matinées d'Avril sont l'époque à laquelle on fait
usage de ce trébuchet, et c'est depuis le lever du soleil
jusqu'à dix heures du matin qu'on est le plus sûr d'attirer
le rossignol.
On parlera d'antres pièges pour lesquels s'emploie la glu ,
au mot Pipée, et l'on va terminer cet article en donnant une
idée du trébuchet sans fm, qui a l'avantage de se retendre lui-
m^me lorsqu'il a été détendu, et avec lequel on peut prendre
en toutes saisons , et sans que l'oiseleur soit obligé d'y mettre
la main , des tarins, des chardonnerets, des" pinçons , des
moineaux et beaucoup d'autres petits oiseaux. Ce piège
consiste en une cage partagée en trois : la partie supérieure
sert de trébuchet battant; Tinférieure a deux comparlimens,
dans l'un desquels loge l'appelant , et dont l'autre est destiné
aux oiseaux qui se prennent successivement par une bascule,
sans qu'il puisse s'en échapper un seul.
Ceux qui voudront avoir plus de détails sur les chasses
aux filets et sur les divers pièges qu'on tend aux oiseaux ,
pourront consulter les Amusemenj de la. campagne et la
}rIaison rustique, par Liger, le Dictionnaire de chasse et de
pèche de Delisle de Sales, copié presque littéralement di'ns le
Dictionnaire de chasse et de pêche de l'Encyclopédie nié-
thodique; et surtout l'ouvrage de Builiard , en un volume
in-12, ayant pour titre : Ayiceptologie française , ou traité
24 FIL
général des ruses dont on peut se servir pour prendre les
oiseaux qui se trouvent en France; avec figures. (Ch. D. )
PILEUSE ou FILIERE ( Qonchjl.) , nom marchand d'une
espèce de cône, comis Jigulinus , Linn. , maintenant une
espèce de volute. (De B.)
PILEUSES. (Entom.) On le dit d'une section des araignées
qui tendent des iilets, tissent des toiles, ou se filent des
cordages, pour se transporter et se soutenir, ou pour se
procurer, dans ces sortes de pièges, les insectes dont elles
se nourrissent. Voyez Araignée. ( C. D.)
FILFEL. {Bot.) Voyez Faofel. (J.)
FILFIL. (Bot.) Les médecins arabes nomment ainsi Je
poivre rond , suivant Clusius et Linscot , cités par C. Bauhin.
C'est aussi le fulful d'Avicenne , au rapport de Clusius. Le
poivre long est nommé darfulful par le même, et fulfel par
Sérapion. On ne le confondra pas avec le filfel , qui est le
palmier arec. (J.)
PILFRESS, FIELFRASS, FIELDFROSS , etc. (Mamm.):
noms du glouton dans les langues dérivées de Fallemand
(Vielfrass) , et qui ont la même signification que celui que
nous employons pour désigner ce même animal. Voyez
Glouton. (F. C. )
FILICASTRUM. (Bot.) J. Amman, auteur d'un ouvrage
sur les plantes qui croissent en Russie, publié, en 1709,
donne ce nom à ïosmunda strufhiopteris , Linn., très- belle
fougère, qui croit dans le nord de l'Europe, et dont Will-
denow fait un genre particulier , Struthiopteris. Voyez
ce mot. (Lem.)
FILICEÏTA (Ornilh.)., nom par lequel, suivant Aldro-
vande, les Bolonais désignent le vanneau commun, tringa
vanellus , Linn. ( Ch. D. )
FILICITE. (Fos5.) Ce nom a été donné par les anciens
oryctographes aux empreintes de feuilles de fougère que
l'on trouve le plus souvent dans les mines de houille. Voyez
Végétaux iossiles. (De F.)
FILICLA [BoL], un des noms du calananche, cité par
Adanson. (H. Cass. )
FILICORNES ou NÉMATOCÈRES. (Enlom.) Nous avons
désigné sous ces noms, et particulièrement par le dernier,
FIL 25
les lépidoptères à antennes en fil ou de même grosseur dans
toute leur largeur, comme les hépiales , les hombyces et les
cossus. Voyez Nématocères. ( C. D. )
FILICULA (Bot.), c'est-à-dire, petite fougère, en latin.
Ce nom a été donné à quelques petites espèces de fougères
des genres Poljpodium , Asplenium , Acrostichum , Pteris et
Trichomanes, Linn. , et de plusieurs genres faits aux dépens
de ces derniers, nommés Mohria , Aspidium , Da^'alia et
tJj-menoplijllum.
Maintenant le nom de filicula ne désigne plus de genre
en botanique.
Filicula candida. Cette fougère, décrite par Gesner,
est sans doute le poljpodium calcareum , Smith.
Filicula digitata de Plumier. C'est Vhymenophjllum hir-
siitiim, W.
Filicula fontana. Tabernaemontanus, Gerhard etC. Bauhin
nomment ainsi quelques espèces de polypodes : P. fontanum
et rhœticum, Linn., et Vasplenium marinuin , Linn.
Filicula maritima. C. Bauhin donne ce nom à Vasplenium
marinum, Linn.
Filicula petr^a. Tabernaemontanus et Gerhard ont désigné
sous cette dénomination quelques petites espèces de fougères,
entre autres le polypodium filix femina, Linn., et ïacios-
tichum marantœ , Linn.
Filicula sii^e Polyi'odium, de J. Camerarius ( Epi/. , 990 ).
C'est le polypode commun (P. vulgare, Linn.)
Filicula saxatilis. J. Camerarius paroît donner sous ce nom
la figure du poljpodium fragile , Linn.; chez Tragus, c'est
le nom de V acrostichum septentrionale, et dans d'autres au-
teurs c'est celui Ae Vosmunda crispa, Linn. (Lem.)
FILICULE. (Bot.) Nom donné autrefois aux petites espèces
de foTigères employées dans les pharmacies, et particulière-
ment kVasplenium ruta muraria , Linn., ou sauve-vie, et même
au poljpodium vulgare, ou polypode des boutiques. (Lem.)
FILIERE. [Entom.) On nomme ainsi les pores par lesquels
les araignées et les chenilles font sortir la matière soyeuse dont
les premières composent leurs toiles, et les secondes leurs
cocons. Réaumur a décrit les glandes et les mamelons dos
filières chez les araignées dans les Mémoires de lAcadémic
'^ FIL
des sciences pour Tannée 17 i3, p. 218. ■X'oycz, dans ce Dic-
tionnaire, p. 324 et suivantes du tome II , et pour les filières
des chenilles, voyez à l'artirle Bombyce, tome V, p. ]3i:
consullez en outre les articles Chenille et Lépidoptères. (CD.)
FILIFORME (Bot.), Déiié comme un fil. La racine du
letvna , la tige du vaccinium oxjcoceus , le pédoncule du
fuchsia coccinea, Fépi de la verveine officinale , les stigmates
du maïs, les funicules du magnolia grandijlora, etc., sont
Jiliformes. ( Mass. )
FILINGEN. (Ornith.) L'oiseau qu'on nomme ainsi en
Islande est rapporté par Muller, Zool. Dan. prodr., n.° 143 ,
au pétrel puftin, procellana pujjinus, Linn., et par Othon
Fabricius, Faun. Groenland. . n.°55, au fulmar ou mallemucke ,
procellaria glacirdis, Linn. (Ch. D.)
FILIPENDULE. (Bot.) On donne ce nom à àes plantes
dont les racines, renflées de distance en distance, présen-
tent la forme de petits tubercules tenant à la base de la
tige par des fils auxquels ils paroissent suspendus : telle est
la filipendule proprement dite , filipendu!a de Malthiole et
de Tournefort, réunie par Liimaeus au genre Spirœa, dans
les rosacées. Telles sont encore quelques espèces du genre
Œnanthe, dans les ombellifères, que l'on nomme filipendulss
aquatiques, et deux pcdiculaires qui sont, pour Dodoëns et
G. Bauhin, des Jilipendules de montagne. (J.)
FILIPENDULE AQUATIQUE {Bot.), nom vulgaire d'une
espèce d'ŒKANTHE. \'oyez ce mot. (L. D.)
FILÎPENDULEE [Racine], {Bot.) On nomme ainsi les
racines de la pomme de terre, du spirœa filipendula, etc.,
qui sont fornjées de tubercules attachés à des ramifications
très -menues. (Mass.)
FILIPODE {Bot.), nom donné autrefois aux polj podium
flix femina ctjilix mas, Linn. Voyez Polypodicm , Asp'Îdium
et Athvrilm. (Lem.)
FILIUS-ANTE-PATREM {le fis ayant le père). {Bot.)
On donnoit anciennement ce nom au tussilage, vulgaire-
ment pas-d'àne, dont les fleurs paroissent avant les feuilles.
On désignoit aussi sous le même nom Tcpilobe , dont le fruit
est déjà très-visible avant que la fleur ne soit ouverte. (L. D.)
FILIX. {Bot.) Les fougères décrites par Pline sous ce nom
\
FIL '7
sont les mêUs que celles désignées par celui de Tteris dans
Dioscoridc:\ious y reviendrons à cet article.
FiLix a étéHong-temps parmi les botanistes un nom collec-
tif emoloyé p^ur désigner toutes les espèces de fougères, jus-
qu'à L'inneeus;\ui l'a banni de la botanique. Les auteurs s en
sont servis poui désigner un très-grand nombre de fougères
indigènes ou exoViques , qui rentrent dans les genres Danœa ,
Aertensia, Todea\ Osmunda , Hydroglossum , Acrostichum .
R^miGnitis,Meniscihn, Cjrathea , Dicksonia ,Polypodiiim, Athj-
r{u,r, Aspidium, Adknthum, Diplaziiim, Lomaria et Pteris.
C.^auhin, et les botanistes du même temps, comprenoienf
sous 1- nom de filix, les espèces d'athvrium et d'aspida
d'Europe placées par Linnaeus dans son genre Poljyodium,]^
munda regalis, Vacrostichum septentrionale et le pteris «^/"'j^*
C'est parmi ces esptocs que les auteurs croient retrovy
Jilix .,.xi„ ot femelle de7>linc, ou pieris de Théopbras^-
Dioscoride, et ils citent à te sujet les cispiduim fdi
filix femina, ainsi que le pteris aquilina, Linn.
Le poljpodium viilgare ne fait point partie des'/""^
Bauhin , ni du genre Filix de Tournefort; cel"^ ^^
réunion de Vcspidium de Swartz et d'une part' P ^'^'^'
Adanson donne au genre Pteris, Linn., le «^^ ^^ *'^^^'P'
teris, et divise le genre Poljpodium, Liïin. ." ^"""^^ S^nres,
chez lesquels la fructification est disposée -^ ^'^"^ ra^Z^ et
en petits paquets ronds sous chaque divi*^" de a lo
il nomme Jilix, \e genre chez lequel Fen-^OPP^ «" ^"'^"''""'
des paquets fructifères est univalve. '^"e enveloppe est
soutenue parle milieu dans son ge,e Tfryoptens. Enfin,
dans lepo/rpodn/m, les capsules on'"« anneau élastique.
D'après ces caractères, le filix d'^ans»» «^^°^^ Vathyrmm
de Roth ; le drjopteris^V aspidium dt^^v^^tz ; et le poljpodium ,
le genre, du même nom, des br^"'^**^^ actuels.
Haller et Scopoli ont chercK à introduire de nouveau
en botanique le nom dejilix,en le substituant a celui de
pteris pour désigner ce genre^e Linnseus.
Filix. Césalpin donne ce 'om , sans aucune épithète , au
pteris aquilina, Linn., et Bfin^clsms au poljpodium filix mas ,
Linn.
Flux ACULFATA. C Ba-ihin désigne ainsi le poljpodium
28
FIL
aculeatum , Linn. , qui rentre dans le genre Aspidium de
S\vart7.
FiLix A^L'ATicA €t Fiux PALUsTRis. Dodonéc 6/ Daléchamps
donnent ce nom à Vosmunda regalis, Linn.
riLix BAcciFERA. Comuti a fait connoître le premier , sous
ce nom. le polypodium bulbiferum, qui croît nans l'Amérique
septentrionale. Voyez Nephkodiijm.
FiLix FEMiNA. On a donné ce nom au ptens aquilina , Linn,
yVnguillara , Gesner et Césalpin lappliqi.-ent au poljpodiu/i
^hxmas, Linn. Thallius et Tabernaemontanus l'ont également
Wiqué à quelques autres espèces de polypodium (P. di^'op-
S, Linn., calcareum, Smith, et flix femina , Linn.
ux LATiFOLiA dc V. Cordus. C'est ïosmunda regalis^ Linn.
'yX MAS et FiLix MAscuLA. C'cst le poljpodhim Jjiix mas,
\maintenant placé dans le genre Aspidium (voyez ce
'"o J tf OLYi'ODiuM. Gesner donne ce 'lom au pteris ns"'^^'"-'^>
t^^ra. a -Vosmunda regalis ^ l-inn.
. ^^"'"^f^'^X RAMosA. C. Baul^xn forme sous cette dénomina-
tion un gt^pç particulier des polf podium flix mas , filix
femina, calt^^^ ^ j-^,^^^^ . jjg l'acrosticlium septentrionale ,
Linn., et ^e V^^gg autres fougères du même genre.
Filix nud.. 6^,^^^^ saxatilis. Tragus désigne ainsi Yacro-
sfic?2.«m5epfe,itnV;^ Linn.
Filix PALUSTais^royez Filix aquatica , Linn.
Filix petr^a d^g,„-^g^„3^ c'est Vacrostichum septentrio-
nale, Linn.
Filix pumila. Varrt^^,^ fougères que Clusius désigne par
flixpumila saxatilis, V^^ \t polypodium calcareum, Smith,
et Yaspidium fragile,
Filix ramosa. Le plerh,juilina et Vosmunda regalis, Linn.,
forment le groupe des fïj.a,nosa de C. Bauhin ; les autres
espèces de flix sont subd^es en flix non ramosa, flicula
saxatilis et flicula fontana. {^oyez ces articles.)
Fu[x svLVEsrRis de Brunfè^ius. C'est le pleris aquilina^
Linn.
Filix vulgaîiis de Tragus. Ce^epolypodiumflix mas, Linn.
(Lem.)
FILLE DELA TERRE. (Bot.) V^yez Nostoc. (Lem.)
FILON. (Min.) Nous entendons rjar ce nom toute masse
FIL 29
pierreuse ou métaiique, dont l'étendue en hauteur et lon-
gueur est beaucoup plus grande qu'en épaisseur, et qui tra-
verse, au moins dan; une partie de son étendue, un terrain
ou une masse de rocl^ quelconque.
Ces masses, d'une firme à peu prés tabulaire, sont sou-
vent d'une nature difféi'îiite de celle des terrains qu'elles tra-
versent : quelquefois ausu elles sont de même nature ; mais elles
en diffèrent nécessairemeit par la structure. Elles traversent
les terrains non stratifiés, -^omme les terrains stratifiés. Dans
ce dernier cas, qui est auss. le plus ordinaire, elles coupent
plus ou moins obliquement les assises ou couches. Si quel-
quefois elles suivent les fissures de stratification, elles ne
peuvent être parailèles et parfa-tement confcordantes que dans
une partie de leur cours; car, d'après l'idée que nous atta-
chons aux filons, les gîtes de miiéraux ne peuvent pas être
exactement et constamment parallèles à la stratification,
puisque, dans ce dernier cas, ce ne seroit plus pour nous
un filon, mais un lit , banc ou couche, de minerai ou de pierre,
interposé entre les assises du terrain stratifié. Enfin, pour
compléter l'idée qu'on doit prendre des filons, nous ajou-
terons que, dans un grand nombre de cas, ils se présentent
comme des matières qui seroient venues remplir une fente
ouverte dans une roche postérieurement à sa formation.
Ce que nous regardons comme filon étant sufîisamment dé-
terminé par la définition précédente, nous devons examiner
les diverses parties et les différentes manières dont se pré-
sente ce gîte de minerai. Nous ferons abstraction , dans cet
examen, de toute idée théorique, nous bornant à considérer
les faits et à rapprocher ceux qui paroissent avoir entre
eux quelques rapports.
§. 1." Terminologie et manière d'élre desjilons.
Nous étudierons dans un filon :
\° Ses parties et ses ramifications;
2.° Sa position par rapport à l'horizon ;
5.° Ses rapports de position avec le terrain qu'il traverse.
1.° Un filou pouvant être considéré comme une masse ta-
bulaire , ou grande plaque , traversant un terrain plus ou
5o FIL
moins obliquement, on y reconnoît deux /aces, qu'on nomme
salhandes: la face supérieure se nomme cid ou toit (hangcndes),
et la face inférieure chevet, lit ou mur/Jiegendes) ; les parois
ou surfaces de la roche sur lesquelles s'appliquent les sal-
handes, se nomment épontts ou pontej; la partie du filon qui
s'approche de la surface du sol, s'apj;«lle affleurement , tète ou
chapeau. /
La plaque qu'un filon nous repré;cnte , a rarement ses deux
surfaces parfaitement unies: tant/'t elle offre des renflemens
et des rétrécissemens fort remjfquables; tantôt elle offre
des expansions qui, vues par une coupe perpendiculaire
aux salbandes, présenleroient comme des ramifications du
filon principal. On appelle o^s rameaux ^j/ons du toit ou du
mur, suivant qu'ils partent de l'une ou de l'autre de ces
parties; mais, lorsque ces/ameaux, après avoir accompagné
le filon principal dans une certaine étendue , semblent y
rentrer et former comme des anses, on les nomme brfinchcs.
On distingue ordinairement dans un filon, surtout quand
on le considère sous le point de vue du minéral qu'il con-
tient, deux substances, le minerai et la roche pierreuse
qui le renferme : on a donné improprement, en françois ,
le nom de gangue (Gangart) à cette dernière, par fausse
application du mot gang, qui veut dire filon. Le minerai
métallique , ou même toute autre substance pierreuse , est
diversement disposé dans cette gangue : tantf)t il y est dissé-
miné en grains, taches, nodules, ou même sphéroïdes; tantôt
il y est disposé en zones à peu près parallèles; tantôt, enfin, il
y court en petits filons auxquels on donne souvent le nom
de veines, quoique ce nom soit aussi appliqué à un gîte mi-
néral très-différent de celui qui nous occupe.
En nous figurant un filon dégagé du terrain qu'il traverse,
il se présenteroit généralement comme une plaque sinueuse
à parois rarement parallèles et qui, se rejoignant à diverses
distances du bord supérieur de cette plaque, lui donneroient
la forme d'un coin dont le tranchant seroit sinueux , et tantôt
simple, tantôt bifurqué, ou même ramifié.
L'épaisseur et l'étendue des filons varient beaucoup : l'épais-
seur, qu'on mesure perpendiculairement aux salbandes, et
qu'on nomme puissance, n'est quelquefois que de quelques
FIL 3i
millimètres; dans d'autres cas, elle atteint plusieurs mètre*-
Le filon le plus célèbre par sa puissance et son étendue
est le filon argentifère de Guanaxuato au Mexique, nommé
veta madré; il a, d'après M, de Humboldt, ho " "ï^ ^uetres
de puissance, et est exploité sur une étendue de 5 14 mètres
"^ P'-J'ondeur et de 12700 mètres en longueur, depuis
Santa-Isabelra ^ San-Bruno jusquà Buena-Vista.
Les filons dim.-Queni généralement de puissance en s'ap-
profondissant; mais il est .,^ exceptions assez nombreuses à
cette règle. Ainsi, le filon de galène a.g«„tifère deKuhschacht
près de Freyberg, les filons de fer s«i^-„^ ^t arsenical auri-
fère de Goldcronacht en Franconie, vont ens'élargia^w.^» ^nr>s
la profondeur.
2." L'inclinaison et la direction d'un filon sont une considé-
ration également importante pour la géognosie et pour Fart
des mines; mais encore plus peut-être pour celui-ci, puis-
qu'elles déterminent la position d'un filon et la route qu'il
faut tenir pour le suivre ou le retrouver.
La direction se détermine par l'angle que fait avec le
méridien ou par le point de Fhorizon vers lequel se dirige
une ligne horizontale menée sur la salbande la plus plane
du filon.
L'inclinaison est l'angle que fait, avec la verticale, une
ligne également menée sur la même salbande , et perpendi-
culairement sur la ligne horizontale de direction.
Il faut toujours désigner vers quel point de Thorizon se
dirige la ligne d'inclinaison d'un filon ; cette précaution
prise, on sent que la connoissance de son inclinaison donne
sa direction. Par conséquent, dans un filon vertical, il n'y
a que la direction à considérer j dans un filon horizontal,
s'il y en avolt réellement de cette sorte, il n'y auroit point
de direction. Un filon dont la pente déterminée, en suivant
la règle que nous venons d'indiquer, est vers le nord-est ou
le sud-ouest, se dirige nécessairement du sud-est au nord-
cucst : un filon qui se dirige du nord au sud, et qui n'est
pas vertical, penche nécessairement ou vers Fest ou yçvs
l'ouest. Enfin, un filon qui penche vers Fest-nord-est , se di-
rige nécessairement du sud-sud-est au nord-nord-ouest. Nous
avons pris pour exemple des points de Fhorizon dénommés;
32 FIL
on juge qu'on détermine, par lïndicaiion des degrés du
cercle, toutes les directions intermédiaires.
II ne faut pas croire qu'un filon présente toujours, ni
une IiVtip de direction bien déterminée et constante, ni des
plans d'inclinaison réguliers et constans : non-seulement f "'
lignes et plans sont souvent ondulés par des sinuo--"^'''
flemens ou rétrécissemens; mais quelaup*'"''' "" '
son cours, change de direction .. li'incHnaison. Dans le
premier cas, on prend la directio-' ^^"^*^"f^^«" moyennes,
«f A.,^c 1^ ^ Al ue la marche d un filon, qu on
et dans le second , ]oi«<i" ' ^
appelle son aW»- ^-"^ ^ changer, on doit soigneusement
5." Nous venons de considérer les filons dans leur position
par rapport à l'horizon ; mais ils ont aussi des positions dif-
férentes , eu égard aux roches qu'ils traversent.
Lorsque les filons se présentent dans des montagnes stra-
tifiées, ils coupent plus ou moins obliquement les assises: c'est
le cas le plus ordinaire. Mais quelquefois, après avoir ainsi
coupé la stratification , ils lui deviennent parallèles dans
une étendue plus ou moins considérable , pour la couper
de nouveau en s'enfonçant dans les assises. Ce cas est fort
rare, du moins avec la régularité que nous lui supposons,
et il est très-difficile à bien observer ; il nous conduit à
l'examen d'une disposition encore plus embarrassante, et
que nous avons déjà indiquée dans le développement de la
définition de ce qu'on entend par filon.
On trouve quelquefois des gîtes de minerais qui ont d'ail-
leurs tous les caractères de structure des filons; qui repré-
sentent, comme eux , de grandes plaques; mais qui sont
parallèles à la stratification des roches qu'ils traversent, et
qui échappent ainsi à la définition généralement reçue de
ce gîte. On donne comme exemple de cette disposition, le
grand filon de Guanaxuato , que nous avons déjà cité, et
qui est renfermé entre les couches ou strates du phyllade
qui constitue le terrain ; celui de Viilefort, dans la Lozère,
qui a pour lit du granité, et pour toit du micaschiste.
On observe encore cette disposition à la mine de fer de
Rothenbcrg, près de Schwarzenberg en Saxe. Un filon puis-
sant de fer oxidé brun et rouge, situé entre le gneiss et
FIL 33
le granité , suit d'abord la stratification de ces deux roches,
et pénètre ensuite dans le granité.
Dans le vallon de la Mulda, à une lieue de Freyberg , à
l'embouchure du canal par où s'écoulent les eaux de la
mine d''Alt-Isaac, le filon appelé Hasirwcbierspaf/i, après avoir
coupé les couches de gneiss, devient parallèle à la stratifi-
cation de cette roche, puis la coupe de nouveau en s' ap-
profondissant. (Werner, Th.desjUons.)
Il est quelquefois très-difficile de distinguer dans ce cas un
vrai filon , c'est-à-dire un gîte de minerai d'une formation
différente de celle de la roche qui le renferme; de le dis-
tinguer, dis-je, d'un lit ou dépôt minéral formé par sédi-
ment ou cristallisation confuse lors de la formation géné-
rale du terrain stratifié. Ou a cependant, pour reconnoitre
la diflerence de ces deux gîtes, quelqvies caractères tirés
de leur rapport respectif et de la structure propre aux
filons , tels que nous allons bientôt les faire connoitre.
En général , les filons qu'on a nommés souvent//ûrz5-coi/cJtes,
se distinguent des lits métallifères, parce qu'ils offrent tous
les caractères d'une formation postérieure à celle des couches
inférieures et supérieures entre lesquelles ils sont situés.
Ces caractères consistent en une structure généralement
différente de celle des roches stratifiées, dans la présence
de cavités qui seroient incompatibles avec une formation
par dépôt, et faite par conséquent primitivement dans une
position horizontale ou presque horizontale , en fragmens
de la roche supérieure enveloppés dans les filons, en veines
des filons pénétrant dans des fissures de la roche supérieure.
Enfin, si ce gîte douteux , après avoir été parallèle à la stra-
tification d'un terrain, se continue dans un autre terrain
supérieur ou inférieur, en coupant ses assises, on ne peut
douter que ce gîte ne soit d'une formation postérieure
au terrain, et, par conséquent, qu'il n'appartienne à la
classe des filons.
La continuité des couches d'une montagne n'est pas seu-
lement interrompue par le filon qui les coupe ; mais elle est
souvent dérangée : cela se remarque d'une manière évidente
lorsque les couches qui se succèdent sont de difllérente na-
ture , la même couche se présentant dans une position plus
17. 5
34' FIL
basse ou plus élevée sur le toit ou sur le mur d'un filon.
Ces dérangemens suivent quelques règles, qu'il est surtout
important de connoitre lorsqu'on exploite une couche dé-
rangée par des filons, ou même par de simples tissures. C'est
le cas des couches de houilles dérangées par ces fentes ou
filons stériles, c'est-à-dire, composés uniquement de matière
pierreuse, qu'on nomme crain ou Faille (voyez ce dernier
mot). On remarque , en général, que le dérangement des
couches en abaissertient a lieu presque toujours sur le toit
du lilon. On connoît de nombreux exemples de cette dis-
position dans les mines de Riegeldorf, en H esse , où des
filons cobaltifères traversent des couches de sédimens de na-
ture très-variée.
Nous parlerons, à l'article Houille, des faits particuliers
aux failles ou filons qui dérangent les couches de ce com-
bustible minéral, et des principes d'exploitation qui doivent
résulter de la connoissance de ces faits.
Les filons offrent, dans leurs rapports entre eux, d'autres
considérations.
Il est rare que dans un terrain ou dans un canton on
ne trouve qu'un filon : il y en a presque toujours plusieurs,
qui sont tantôt d'une même nature, tantôt de nature diffé-
rente, dans le même terrain, et tantôt de nature différente
et dans des terrains différons.
On remarque , en général, que plusieurs filons dans une
même contrée sont a peu près parallèles: si on examine les
circonstances qui accompagnent ce parallélisme , on voit
qu'elles tiennent plus à la nature du filon , c'est-à-dire des
substances qui le composent, qu'à celle des terrains qu'il
traverse. Ainsi, dans une même contrée, tous les filons prin-
cipaux de plomb sulfuré auront à peu près la môme direction
et la même inclinaison, quelles que soient les roches qu'ils
traversent; tandis que, s'il s'y présente aussi des filons conte-
nant des minéraux d'une toute autre espèce, ceux-ci n'au-
ront ordinairement avec les précédens aucun rapport de
direction et d'inclinaison , quoique traversant les mêmes
terrains.
L'observation de cette disposition est de la plus grande an-
cienneté. Pline dit , en parlant des filons d'argent , que toutes
FIL 35
les fois qu'on découvre une veine de ce métal, on est sûr
qu'une autre n'est pas loin , et que ceci est commun à presque
tous les métaux. Il paroît, ajoute-t-il, que c'est à cause de
cette propriété que les Grecs les ont nommés métaUines.
Il arrive très-souvent que des filons en croisent d'autres,
et, d'après ce que nous venons de dire, il doit être rare
que ces deux sortes de filons soient remplis d'une même subs-
tance. Quelle que soit l'opinion qu'on adopte sur la formation
des filons, on sera obligé d'admettre que celui qui coupe
l'autre est d'une formation plus nouvelle que lui, et on
aura, par cette seule observation , un moyen de juger l'an-
cienneté relative de formation des substances qui composent
ces filons, et, par la, l'ancienneté relative de tous les mé-
taux ou substances qui remplissent les filons, si on peut
déterminer quelles sont les substances dont les filons coupent
constamment les autres.
Les filons, en se coupant, sont souvent dérangés de leur
direction ou de leur inclinaison, comme ceux-ci dérangent
les couches en les traversant. Cette considération est de
la plus grande importance dans l'art des mines. De sim-
ples fissures produisent le même effe^, et dérangent plu-
sieurs fois, et dans des sens souvent opposés, Vallure d'un
filon. La manière dont les filons coupés sont dérangés de
leur marche par les filons coupant étant en général à peu
près la même dans une même contrée, il suffit de lavoii'
bien observée pour se servir ensuite de cette connoissance,
quand il s'agit de retrouver, au-delà du filon coupant, la
suite du filon qu'on exploitoit et qui a été dérangé par ce
nouveau filon.
Il est encore, dans les rapports de position des filons
entre eux , des phénomènes fort remarquables.
Il arrive quelquefois qu'un filon d'une nature renferme,
soit dans son milieu, soit, ce qui est plus extraordinaire,
sur l'une de ses salbandes, un filon de nature différente,
qui l'accompagne constamment dans le même encaissement.
On cite depuis long-temps dans la veine de Marcus Rœhling,
au nord-nord-ouest d'Annaberg en Saxe, un petit filon de
quarz, d'argile lithomarge, de chaux carbonatée brunissante,
de chaux fluatée renfermant du minerai d'argent et du cobalt
se FIL
arsenical, qui est encaissé dans un puissant et véritable filoa
de vakite."
Enfin , il arrive quelquefois qu'un filon coupant se con-
tinue pendant un certain espace dans le filon coupé, et le
quitte ensuite pour suivre dans la roche sa première di-
rection.
§. 2. Des JiloTis considérés relalÎK'ement aux matières
qu'ils renferment et a la nature des roches qu'ils
traversent.
Un grand nombre de substances minérales se trouvent en
filons ou dans les filons; ils les constituent en tout ou en
partie. Toutes celles qui se présentent en masse , c'est-à-dire
qu'on a trouvées autrement que disséminées en cristaux dans
les roches , peuvent aussi former la masse des filons, et plu-
sieurs minéraux qu'on ne connoît point en masse , mais
simplement implantés , remplissent quelquefois des filons.
Les exemples que nous allons donner, feront connoître les
règles que la nature semble avoir suivies à cet égard, sinon
constamment, du moins ordinairement, dans les trois cas
suivans.
j." Substances minérales qui remplissent entièrement les jilans , et
qu'on désigne généralement sous le nom de gangues.
A. Minéraux qui ne se présentent jamais en masse ou
roches.
Arragonite. — Chaux fluatée spathique. — Baryte sul-
fatée spathique. — Baryte carbonatée ? — Strontiane sul-
fatée. ■ — Qùarz hyalin; quarz sinople. — Agathe. — Felspath
commun; felspath adulaire. — Asbeste. — Bitume élastique.
— Graphite ? — Soufre. — Schéelin ferruginé. — Manganèse
1 Ce fait est admis par tous les géologues et mineurs allemands,
et je n'élève aucun doute sur son exactitude : mais il a fallu , pour s'en
assurer, suivre pendant long- temps ce gîte de rainerai, l'étudier à
plusieurs reprises pour en prendre une juste idée ; car il est trop peu
distinct pour qu'à une première visite , faite rapidement , telle que
celle que j'ai faite dans cette mine, on puisse voir clairement celle
singulière disposition.
FIL 57
métalloïde ; manganèse lithoïde. — Cobalt arsenical. — An-
timoine sulfuré. — Zinc calamine ; zinc carbonate ; zinc
sulfuré. — Fer arsenical ; fer spathique. — Etain oxidé. —
Plomb sulfuré. — Nickel arsenical. — Cuivre natif P cuivre
sulfuré ; cuivre pyriteux ; cuivre gris ; cuivre malachite. —
Mercure sulfuré. — Argent natif? argent sulfuré; argent
rouge ?
B. Roches simples et mélangées.
Soude muriatée. — Chaux sulfatée ; chaux anhydrosul-
fatée; chaux carbonatée spathique; chaux saccharoide ; chaux
carbonatée dolomie ; chaux brunissante. — Quarz grenu. —
Silex corné. — Jaspe commun; jaspe schisfoïde, — Pétrosilex.
— Basalte. — Amphibole hornblende. — Serpentine. — Stéa-
tite. — Argile lithomarge. — Ocre ? — Vake et vakite. —
Cornéenne trapp. — Houille ? — Anthracite. — Manganèse
terne. — Fer sulfuré ; fer oxidulé ; fer oligiste ; fer oxidé
rouge ; fer oxidé brun. — Granité. — Pegmatite. — Diabase ?
— Gneiss ? — Amphibolite. — Melaphyre ? — Porphyre. —
Eurite. — Psammitc micacé. — Poudingue de toutes sortes.
— Brèches de toutes sortes.
2." Substances minérales qui sont disséminées ou implantées dans
les filons , mais qu'on n'a pas encore vues former entièrement
des fions.
Ces minéraux sont tellement nombreux que nous ne
citerons que les plus remarquables, et uniquement comme
exemple :
Chaux phosphatée apatite. — Stronliane carbonatée. —
Laumonite. — Chabasie. — Harmotome. — Axiaite. — Gre-
nat? — Tourmaline. — Épidute. — Béi-il. — Topaze. —
Corindon. — Pyroxène diopside. — Mica, — Cobalt gris. —
Bismuth natif. — Fer phosphaté. — Plomb carbonate; plomb
phosphaté; plomL chrômaté. — Cuivre azuré. — Mercure
argental. — Or natif.
5." Substances minérales qu'on n'a encore vues ni enflons ni dans
les fions.
Nous n'indiquerons encore ici que les plus remarquables,
et que celles qui nous paroissent rentrer le plus certaintmeut
dans ce genre de considérations.
38 FIL
Magnésie horatée. — Zircon ? — Amphigêne. — Staurotide
( les deux variétés). — Disthène P — Spinelle. — Péridot ? —
Macle. — Pinite ? — Diamant! — Platine natif; et proba-
blement toutes les roches que nous n'avons pas citées au pre-
mier article.
La n>anière dont se présentent les matières minérales qui
constituent ou remplissent les filons, offre, dans certains cas,
des règles ou au moins des sujets particuliers d'observation.
Dans le plus grand nombre des filons , et surtout dans ceux
qui traversent les terrains primordiaux , les matières miné-
rales se présentent à l'état de cristallisation , soit régulière ,
soit confuse, et ce dernier cas est le plus ordinaire. La
structure des minéraux en filons est donc presque toujours
lamellaire, et elle est souvent laminaire. Cette disposition,
qui est très-générale dans les filons des roches primordiales,
qui sont elles-mêmes presque toutes formées par voie de
cristallisation , se remarque jusque dans les filons des ter-
rains secondaires les plus nouveaux , et composés de roches
de sédîmens à parties snuvent grossières et foiblement agré-
gées. Nous reviendrons plus bas sur ce sujet.
Les matières minérales a structure lamellaire remplissent
quelquefois sans ordre la capacité du filon ; mais dans d'autres
circonstances elles y sont disposées avec une sorte de régula-
rité et de symétrie, de manière, par exemple, que le mi-
néral pierreux qui est appli<iué en lits d'une certaine épais-
seur sur l'éponte gauche, se présente de la même manière
et à peu près avec la même épaisseur sur l'éponte droite. Si
un lit métallique , suivi d'un autre lit pierreux, succède à
gauche au premier lit pierreux, la même succession se re-
marque à droite ; le filon présente dans la coupe des bande-
lettes disposées comme les zones coloriées d'un ruban. Enfin,
Je milieu est souvent rempli de matières d'une tout autre na-
ture, cristallisées encore plus nettement, et laisse voir des ca-
vités dont les parois sont tapissées de cristaux nets, quelquefois
très- volumineux et implantés dans ces cavités, tantôt comme
au hasard, tantôt dans une dirccîion ou dans une position
à peu près constante. Ainsi les cristaux quelquefois réunis
en sphéroïdes irréguliers auront leurs axes généralement diri-
gés vers la surface du sol ; dans d'autres cas les cristaux de
FIL 39
ces houppes ou sphéroïdes auront leurs axes dirigés vers la
partie inférieure des filons, comme si la matière qui les
compose , arrivant en vapeur de l'intérieur de la terre,
s'étoit condensée sur les faces inférieures des parties qui
étoient en saillie dans la fente. Cette disposition, à laquelle
on n'a encore fait que peu d'attention , doit être examinée
avec soin , comme pouvant servir de preuve ou d'objection
à l'égard de certaines théories des filons.
Quelquefois aussi les filons sont composés de minéraux
cristallisés , de minéraux formés par voie de sédimens, et de
fragmens de minéraux mêlés ensemble.
Dans certains cas les minéraux cristallisés sont enveloppés
de la matière sédimentaire , lorsqu'elle s'est déposée dans
la cavité du milieu des filons , ou bien ils sont appuyés et
comme implantés sur elle , lorsqu'elle s'est déposée sur les
épontes, ou entre les épontcs et les salbandes. Cette ma-
tière est ordinairement une variété particulière d'argile ,
qu'on nomme lithomarge. On donne le nom spécial de Besteg
à l'argile, quelquefois plastique, qui est entre les salbandes
et les épontes. Lorsque ce dépôt argileux est le môme sur
les deux côtés, qu'il n'est interrompu par aucune adhérence
immédiate des salbandes aux épontes, il permet au filon de
glisser dans son encaissement, et à ses parties d'éprouver des
dérangemens ou des chutes précipitées, qui se font avec une
sorte d'explosion quelquefois dangereuse pour les mineurs.
Dans d'autres cas ce glissement paroît avoir eu lieu à une
époque voisine de celle de la formation du filon , et être
en partie la cause de ces surfaces unies, simplement mar-
quées de stries parallèles, et quelquefois même presque
polies , qu'on a remarquées sur plusieurs épontes et salbandes
de filons au Saint-Gothard , dans le Derbyshire, etc.
Tels sont les cas où la matière minérale sédimentaire ac-
compagne ou enveloppe les minéraux cristallisés; mais le
contraire s'observe aussi assez souvent. Des parties déroches,
de nature et souvent d'origine très-dilïérentes, sont enve-
loppées et réunies par la masse minérale cristallisée qui
constitue principalement le filon.
Enfin, il paroît que certains filons sont entièrement rem-
plis tantôt de roches compactes ou sédimenteuses (et c"est
^o FIL
peut-être le cas le plus rare) , tantôt même de fragmens an-
guleux ou arrondis, ou de matières sablonneuses et terreuses;
ils n'offrent alors aucune apparence cristalline. La ]*lupart
des grands filons de basalte et de cornéenne qu'on nomme
djkes en Ecosse, appartiennent au premier cas. Les failles ou
crains des terrains houillers appartiennent au second. Dans
les failles les matières sédimentaires sablonneuses ou de trans-
port sont accumulées sans ordre; dans les filons de basalte,
oii la matière est plus dense et plus homogène, on remarque
souvent de nombreuses fissures à peu près perpendiculaires
aux épontes, qui divisent la masse en petits prismes couchés.
Nous en avons parlé à l'article Basalte (voyez ce mot).
§. 3. Des terrains et roches dans lesquels se trouvent
les filons ^ et de leurs rapports avec eux.
En prenant l'expression de filon dans toute l'étendue que
nous lui avons donnée au commencement de cet article ,
on peut dire qu'on trouve des fiions dans tous les terrains
et dans toutes les roches; mais les dispositions de roches ou
de minéraux qu'on peut rapporter à cette définition, et qui
se voient dans les terrains tertiaires, ne sont généralement
que des fentes remplies, en tout ou en partie, soit par les
débris qui viennent d'en haut, soit par des infiltrations cal-
caires. Nous n'en dirons que peu de mots.
On voit sans aucun doute ceiie sorte de filons dans les
bancs de gypse à ossemens : elles sont remplies de marne ou de
calcaire concrétionné. On en voit dans le calcaire grossier :
elles sont remplies de terre végétale, de calcaire concrétionné
et quelquefois de calcaire farineux. Les environs de Paris
offrent de nombreux exemples de cette sorte de faux filons.
Enfin on voit aussi dans la craie de ces filons, qui, comme
dans les terrains à filons proprement dits, sont quelquefois
entièreuîent vides; qui, dans d'autres cas ; sont remplis ou
d'argile plastique pure, ou d"argile et de cailloux roulés ;
ou de sable (cette disposition est très- remarquable dans les
masses de craie- tufau de la montagne de S. Pierre près
Maestricht ; M. Bory-S.-Vincent en a donné une figure très-
exacte ; enfin de fragmens anguleux de silex liés par un ciment
FIL 4î
de sîlex à peu près pur, ou de craie pénétrée de silex. Nous
avons observé cette dernière disposition , d'une manière très-
frappante , dans la masse de craie qui forme , à l'est de Rouen,
la colline escarpée qu'on nomme la côte S.'-Catherine. De
grandes fissures verticales dans la craie étoient remplies par
une brèche dure composée de fragmens de silex et de craie
siliceuse.
Les roches qui renferment les filons les mieux caractérisés
appartiennent à l'ordre des terrains primordiaux , à celui
des terrains de transition, et même à celui des terrains de
sédimens inférieurs.
Les filons y sont nombreux, souvent puissans , ramifiés;
les matières qu'ils renferment sont presque toujours cristal-
lisées en tout ou en partie : ces matières sont ou entièrement
métalliques, ou pierreuses et accompagnées de minéral mé-
tallique; mais dans les terrains de sédimens moyens, les ma-
tières métalliques deviennent rares ou même tout- à -fait
nulles, et les filons ne sont plus remplis que de minéraux
pierreux et presque uniquement même de calcaire spathique.
Ils diminuent considérablement en nombre, en puissance,
en étendue.
Dans les terrains primordiaTix et de transition , et même
dans quelques terrains de sédimens inférieurs, il n'y a aucun
rapport constant de nature entre le filon et la roche qu'il
traverse. La ressemblance dans la nature de ces deux choses
est plutôt une exception qu'une règle ; il y en a davantage
dans la structure, quoiqu'elle soit loin d'être constante:
mais, en général, les filons des roches primordiales les plus
anciennes, comme le granité, le gneiss, le micaschiste, les
eurites porphyroïdes , etc. , sont de structure cristalline
comme ces roches; les filons conservent même encore cette
structure après que les roches l'ont perdue. Ainsi , dans
les terrains de transition composés de roches sublamellaires,
ou de roches de sédimens, comme le sont les calcaires et
les phyllades de ces terrains, ou même de roches d'agréga-
tion, comme le sont les psammites micacés, les psephites, les
mimophyres, et surtout les brèches et les pouddingues de
ces terrains, les filons, même au milieu de ces derniers ter-
grains, présentent encore la structure éminemment cristal-
4= FIL
lisée, sans participer en aucune manière de la nature ni de
la structure de la roche qu'ils traversent.
Enfin, dans les roches de calcaire compacte qui compo-
sent les terrains de sédiment inférieur, la masse des filons,
semblable par sa nature à celle de la roche , en diffère con-
sidérablement parla structure cristalline; car presque tous
ces filons stériles, c'est-à-dire qui ne renferment aucun
minerai métallique, sont composés de calcaire lamellaire
et même laminaire.
Ces considérations générales, qui donnent une idée de la
disposition des filons, depuis les terrains les plus anciens
jusqu'aux plus modernes, font voir que les diflcrences qu'on
remarque dans la structure et la nature de la matière des
filons, tiennent bien plus aux époques auxquelles ils se sont
formés qu'à la nature des terrains qu'ils traversent. Il existe
cependant, comme nous allons le faire voir, quelques rap-
ports entre les filons et les roches; rapports très-imporlans à
considérer tant pour l'art des mines que pour la théorie.
Nous avons dit qu'on trouvoit souvent dans les filons à
structure cristallisée des portions de roches étrangères aux
filons : on a très-souvent cru que ces roches, qui ont quel-
quefois une forme grossièrement sphéro/dale , venoient de
la surface du sol dans lequel le filon s'étoit ouvert, et on a
pris souvent aussi ces morceaux de roches pour des cailloux
roulés.
La présence des cailloux roulés dans les filons est vraie
dans quelques cas; mais, dans un bien plus grand nombre,
ces prétendus cailloux roulés sont des nodules quarzeux ou
calcaires, formés par voie de cristallisation confuse, comme
on en reconnoit sans aucun doute au milieu de plusieurs
roches, et notamment des schistes lioduleux. Dans le cas
où ces morceaux adventices sont anguleux, on les reconnoît
presque toujours pour des fragmens des rochers que traverse
le filon , et qui se sont détachés de ses épontcs. Ces fragmens
sont quelquefois si volumineux qu'ils semblent entièrement
déranger le filon , et faire naître ces Famifications rentrantes
qu'on avoit tant de difficulté à concevoir avant qu'on eût
fait l'observation que nous rapportons.
Dans beaucoup de terrains primordiaux et dans les roches
FIL 45
les plus anciennes de ces terrains, il est bien constaté que
beaucoup de filons ont avec la roche une adhérence remar-
quable ; que lesépontes et salbandes y sont <à peine distinctes,
et que dans quelques parties le filon et la roche semblent se
fondre entre eux , quoiqu'il n'y ait entre eux dans d'autres
parties aucun rapport de nature.
La même liaison se remarque dans des terrains beaucoup
plus nouveaux . dans les roches de calcaire compacte, et dans
celles de quarz grenu et même de grès, lorsque les filons sont
de même nature que la roche , c'est-à-dire de calcaire spa-
thique ou lamellaire dans le premier cas, et de quarz hyalin
dans le second.
Il est une autre influence de la roche siir les filons, et de
ceux-ci les uns sur les autres , bien plus singulière , mais
qu'on ne peut se refuser à admettre , parce qu'il paroît
qu'elle a été constatée par des observations certaines et mul-
tipliées : nous voulons parler du changement de nature ou
de proportion dans l'un de ses principes que paroît éprouver
un filon lorsqu'il passe d'une roche dans une autre , ou
lorsqu'il est en contact avec un autre filon qui le traverse
sans s'y réunir.
§. 4. Théorie des filons.
Après avoir exposé, de la manière la plus indépendante
de toute hypothèse , les faits qui composent l'histoire natu-
relle des filons , nous devons parler des théories qu'on a
successivement proposées, soit pour expliquer, soit simple-
ment pour lier les faits entre eux.
Nous omettrons les anciennes théories rapportées dans tous
les ouvrages de géognosie, de géographie physique et de
l'art des mines, et qui ne sont plus admises par aucun na-
(ui-aliste, telles que celles de Lehmann, qui rcgardoit les
liions comme les rameaux d'un grand tronc métallique qui
occupoit le centre de la terre; de Bêcher, Henkel , etc.,
qui pensoient que les filons se formoient ou s'étoient formés
par l'altération de la i^che qu'ils traversent : nous omettrons
même les théories beaucoup plus raisonnables d'Agricola ,
de Gerhard, de Lasius, qui regardoient les filons comnic
des fentes remplies par les matières cristallisées ou scdi-
44 FIL
menteuses que les eaux courantes et pluviales avoient en-
traînées ou dissoutes , soit à la surface du sol , soit dans le
sein de la terre.
Si les faits que nous venons de rapporter ont été lus avec
assez d'attention pour être encore présens à l'esprit, ils suf-
fisent pour réfuter ces théories, en opposition d'ailleurs
avec l'état actuel de nos connoissances en chimie et en phy-
sique. Nous nous bornerons donc a présenter ici les princi-
pales théories des filons, celles qui paroissent satisfaire à
l'explication d'un nombre de faits plus considérables que
ceux qu'on pourroit leur opposer.
Dans ces hypothèses ou théories on admet généralement
que les filons sont des fissures ou fentes produites dans la
roche pendant ou après sa formation, et qui se sont rem-
plies de matières minérales d'une nature ou au moins d'une
structure différente de celle de la roche; mais on diffère
sur l'époque de formation des fentes et sur le mode de
remplissage des filons.
1.° On suppose que les fissures se sont faites pour ainsi
dire dans le même moment oîi s'opéra, soit la cristallisation
confuse de la roche , soit son dépôt sédimenteux , et qu'elles
ont été remplies d'une matière qui étoit tenue en dissolution
dans le même véhicule, mais qui a été connue sécrétée
plus particulièrement dans ces fissures. Tel paroit être le cas
des minerais d'étain et de fer arsenical , dans les granités , les
eurites, les pegmatites et les autres roches cristallisées; ces
minerais se sont agrégés en même temps ou presque en même
temps que ces roches cristallisoient , et ils se sont réunis dans
des espaces qu'ils écartoient et ouvroient sous forme de fentes.
Tel paroit être encore, pour les roches de sédiment, le cas
des veines nombreuses de calcaire spathique qu'on remarque
dans le marbre, et, d'une manière encore plus évidente, des
veines ou petits filons, soit de gypse strié, soit d'anhydrite,
soit de sel marin, qu'on voit, se croisant dans tous les sens,
au milieu des roches argileuses ou marneuses qui forment
souvent la masse principale de terrains salifères près de
Salzbourg et dans d'autres lieux.
C'est dans le cas d'une semblable formation que la roche
environnante est souvent pénétrée de la matière même du
FIL 45
filon , et qu'elle la présente en grains disséminés ou en vei-
nules et filets imperceptibles. C'est encore dans le même
cas que la matière d'un filon et la roche se fondent , dans
certaines parties, l'une dans l'autre, d'une manière insensible,
et offrent entre elles une adhérence difficile à vaincre. Dans
cette circonstance , enfin , les filons sont petits dans toutes
leurs dimensions, n'offrent aucune allure régulière, se
croisent dans toutes sortes de sens, et forment quelque-
fois, mais non toujours, ces plexus , réseaux ou amas entre-
lacés, auxquels les mineurs allemands donnent le nom de
Stockwerk.
Mais, si l'on veut étendre cette théorie à la formation de
tous les filons , les faits que nous avons rapportés font voir
qu'elle ne peut recevoir cette généralité; si, d'autre part,
on veut la rejeter entièrement, d'autres faits, parmi les-
quels on doit placer les exemples que nous venons de citer,
la réclament: en effet, ces derniers, qui ne peuvent guère
s'expliquer que par cette supposition , n'ont aucun rapport
avec la seconde théorie générale que nous allons présenter.
2." Dans cette théorie, dont les applications sont bien
plus nombreuses et encore bien plus évidentes que celles de
la première, on suppose que les roches de toutes natures,
depuis les plus anciennes jusqu'aux plus nouvelles, ont
éprouvé , après leur consolidation , des fentes plus ou moins
puissantes, dont il n'est pas difficile de trouver les causes
dans le dessèchement des masses, leur affaissement, leur
ébranlement, leur chute ou leur dérangement quelconque,
et que ces fentes ont été remplies par les matières diverses
tenues en dissolution, ou même seulement en suspension,
dans le liquide où ces terrains étoient encore plongés.
Les observations faites avec soin dans toutes les parties
du globe oîi on exploite des mines, ne peuvent laisser aucun
doute sur cette cause de la production du plus grand
nombre des filons; il suffit de jeter un coup d'œil attentif
sur les faits que nous avons rapportés plus haut, pour voir
qu'ils tendent presque tous à faire envisager les filons comme
des fentes ouvertes et remplies postérieurement à la formation
des roches qu'elles traversent. Toutes les objections apportées
contre cette théorie tombent facilement au plus léger examen.
46 FIL
Le parallélisme approché des filons remplis a peu prèj;
des mêmes minéraux; le croisement constant dans un même
canton d'une sorte de filon par une autre sorte; le glisse-
ment ou abaissement presque aussi constant de la roche quî
est au toit sur celle qui forme le mur, et le dérangement
de niveau des mêmes couches, qui en résulte, sont une suite
presque nécessaire de ce mode de formation. L'évasement
des filons par en haut dans un grand nombre de cas ; les
ramifications des filons, leur inclinaison plus ou moins
grande par rapport aux assises de la roche qu'ils coupent;
la vacuité des filons dans plusieurs de leurs parties; les frag-
mens de rochers, soit étrangers, soit de leur toit, qu'on
y rencontre si souvent; les cailloux roulés, les matières
limoneuses ou sablonneuses, les débris de corps organisés,
qu'on y trouve quelquefois, offrent une suite remarquable
de preuves en faveur de cette théorie.
Il est facile de détruire, par un examen attentif, soit
des parties constituantes des filons, soit des circonstances
qui les accompagnent, les objections qu'on peut faire contre
cette hypothèse. Ainsi, la puissance de certains filons, qui
nous paroît si considérable dans quelques lieux, n'est presque
rien quand on la compare à la masse des montagnes ou
des terrains qu'ils traversent. Les étranglemens et évasemens
qu'on y observe peuvent être dus à deux causes : tantôt
parce qu'en raison de la nature du terrain la fente a été
plus ouverte dans certaines roches que dans d'autres ;
tantôt, et c'est probablement le cas le plus commun, parce
que, la fente ayant été faite dans une direction sinueuse,
la masse supérieure, en glissant sur la masse inférieure, a
présenté les saillies et les dépressions du toit vis-à-vis les
saillies et les dépressions du mur. Enfin il arrive quelquefois
que des filons, en se croisant, laissent entre eux un prisme
de rocher qui sembleroit n'aroir eu aucun soutien dans le
moment où on suppose que les fentes se trouvoient encore
vides ; mais il suffit de se rappeler qu'il est prouvé, par de
nombreuses observations , que les filons se sont formés à
plusieurs époques et à des époques très-éloignées les unes
des autres, pour trouver une explication aussi facile que
satisfaisante de cette disposition.
FIL A7
11 paroît donc aussi bien prouvé qu'une chose de cette
nature puisse l'être, i.° que tous les filons des terrains de
sédiniens composés de matières non entièrement cristallisées,
ont été produits par des fentes ouvertes et remplies après
la consolidation de ces terrains; tels sont surtout les crains
ou failles des terrains houillers : 2.° que beaucoup de filons
des terrains de cristallisation , et surtout ceux qui sont puis-
sans, bien réglés dans leur allure, et dont les salbandes et
les épontes sont facilement séparables, sont dans le même
cas que les précédens.
Il s'agit maintenant de se rendre compte de la manière
dont les filons, considérés comme des fentes, ont été remplis-
Trois hypothèses se présentent: dans la première, on admet
que les matières des filons s'y sont introduites constamment
par leur ouverture supérieure, soit par voie de transport
mécanique et de sédiment, soit par voie de cristallisation;
dans la seconde, que les minéraux cristallisés y ont été in-
troduits par transsudation latérale de ces matières dissoutes,
en filtrant à travers la roche, à la manière de l'eau qui dé-
pose les stalactites au sommet des voûtes des cavernes; dans
la troisième, enfin, que les matières cristallisées, et même
les minéraux à texture compacte , ont été introduits par en
bas, venant des parties internes de la terre, tantôt à l'état
de vapeurs qui se sont condensées dans les fentes , tantôt
à l'état de liquéfaction soit ignée soit aqueuse.
Nous pensons encore ici, comme à l'occasion de la théorie
de la formation des filons , qu'aucune de ces hypothèses ne
peut, sans les plus grandes difficultés, sans être sujette aux
objections les plus puissantes, être admise pour tous les cas
des filons, et que chacune de ces causes peut avoir con-
couru, suivant les circonstances, au remplissage de diverses
sortes défilons. Nous allons, dans ce but, reprendre suc-
cessivement l'examen de ces trois hypothèses; nous nous
contenterons d'indiquer nos motifs, de présenter succinc-
tement nos raisons, sans entrer dans des développemens
qui seroient hors de proportion avec le reste de cet
article.
1." 11 n'y a pas de doute que des filons qui renferment
des débris des rochers constituant les assises supérieures des
48 FIL
terrains qu'ils traversent, des pierres roulées, des sables et
limons argileux; des débris, enfin, de corps organisés, soit
végétaux, soit animaux, soit terrestres, soit marins, n'aient
été remplis par leur ouverture supérieure .- cette même cause
s'applique également, quoique avec moins d'évidence, aux
filons remplis de minerais métalliques ou pierreux , à struc-
ture cristalline, qui se présentent en couches ou en amas
dans les terrains supérieurs.
2.° Mais ce mode de formation est bien éloigné d'avoir la
même évidence pour les filons dont les salbandes et les épontes
sont tellement liées ensemble qu'on n'en voit pas ou qu'on
n'en opère qu'avec la plus grande difficulté la séparation. Ici,
la formation de la roche, celle du filon et son remplissage
paroissent être presque contemporains , et ce dernier ne
paroit pas avoir été opéré par la partie supérieure du filon,
mais plutôt par tous ses points. On peut considérer le filon
comme une fente ouverte au milieu d'un magma cristal-
lin , pénétré encore de la dissolution en état de précipi-
tation , et déposant dans cet espace moins saturé ou , pour
mieux dire , moins épais, des parties dune structure et d'une
nature un peu différentes de celles du reste de la roche.
Les rognons de granités à petits grains qu'on voit au milieu
des granités à gros grains ; les amas de granités à gros cristaux
qu'on voit au milieu des granités à petits cristaux ; les amas
cristallisés d'amphibole, de tourmaline, de quarz, de pyrite,
de galène, etc., qu'on voit au milieu des roches cristal-
lisées, enveloppés de toutes parts par ces roches de manière
à ce qu'on ne puisse dire qu'ils se soient introduits dans les
cavités qu'ils remplissent, ni par en haut, ni par en bas,
peuvent nous donner non-seulement une idée, mais une
preuve évidente de ce mode de séparation d'une matière
minérale entièrement différente de toute la masse au milieu
de laquelle elle a cristallisé.
3.° Le remplissage des filons dont les épontes sont tapis-
sées de matières siliceuses, calcaires ou métalliques, dis-
posées par lits onduleux et parallèles entre eux et aux sal-
bandes, à la manière des lits de calcédoine qui tapissent les
géodes d'agate , ne peut guère s'expliquer non plus par une
dissolution quelconque arrivant par en haut dans le filon,
FIL /,?
et déposant, avec cette régularité, des couches épaisses d'une
matière aussi peu dissoluble par les agens que nous con-
noissons. Une cause encore inconnue, mais probablement
du même ordre que celle qui a rempli les géodes d'agate ,
de quarz , de calcaire spathique , qu'on voit au milieu des
terrains de cornéenne , cause bien différente de celle qui a
pu, dans le premier cas, opérer le remplissage des filons
par en haut , a pu contribuer également au remplissage de
ces filons.
4.° Une troisième sorte de filons paroît avoir aussi été
remplie, sinon en totalité, au moins en grande partie,
d'une manière tout-cà-fait différente : ce sont ceux qui ren-
ferment des sulfures métalliques de toutes sortes, déposés
en houppes cristallines sur toutes les parties du filon qui
sont en saillie, et surtout ceux qui renferment des corps
décomposables dans toute dissolution aqueuse, tels que les
sulfures et les arseniurcs métalliques, substances cependant
si abondantes dans les filons. S'il n'est pas possii)le d'admettre
encore que ces filons aient été remplis par en bas et par
voie de sublimation, parce qu'aucun fait direct ne le
prouve, il n'est pas non plus convenable de rejeter en-
tièrement cette hypothèse, puisque nous n'avons aucune
idée ni de ce qui se passe à quelques milliers de mètres au-
dessous de la croûte du globe, ni de ce qui s'est passé à
sa surface, lorsque les filons s'y sont ouverts, et que les ma-
tières minérales pierreuses et métalliques qui les remplissent
s'y sont formées.
Mais, dans ces derniers temps, on a été plus loin; et ce
sont principalement les Anglois qui ont avancé cette opi-
nion. Ils regardent les grands filons de basalte et de cor-
néenne , nommés winstone , qui traversent des terrains de
toutes les époques, depuis les granités jusqu'à la craie, comme
des fentes ouvertes par le gonflement et l'éruption d'une
matière pierreuse à l'état de fusion, qui, en sortant par ces
fentes pour se répandre à la surface du sol, les a laissées
pleines de cette même matière. Ce sont des filons ouverts
par soulèvement et remplis de bas en haut d'une matière
qui a été détruite et enlevée de la surface du sol, paice
qu'elle s'y est altérée et désagrégée plus facilement, mais
17. 4
5o FIL
qui est restée intacte dans les filons, et qui forme même ces
longs murs et saillies qu'on nomme djkes, murs si communs en
Ecosse, et que nous avons décrits au mot Basalte. Noussoaimes
d'autant plus disposés à admettre cette opinion, que nous
lavions déjà avant qu'elle eût été publiée par ces géologues,
et nous sommes portés, comme eux, à l'appliquer au rem-
plissage de plusieurs filons, soit pierreux, soit même mé-
talliques, qui présentent une disposition, une forme, une
structure et des phénomènes qui ne peuvent guère se conci-
lier avec l'hypothèse du remplissage par en haut.
On voit qu'il est très-probable , pour ne pas dire cer-
tain, premièrement, que tous les gîtes de minerais ou de
matières minérales qu'on nomme filons, n'ont pas été produits
par une cause unique et générale; secondement, qu'on ne
peut non plus attribuer à une seule cause le remplissage des
filons , quelle que soit leur nature; troisièmement, que, dans
toute hypothèse , les filons peuvent être considérés comme
une fente remplie. Cette considération mène, i.° à des
connoissances générales de géognosie qui augmentent le
domaine de cette science d'une manière positive; 2.° à des
règles présuuiables, et même presque certaines, propres
à diriger les recherches et les travaux du mineur.
Les filons, quel que soit leur mode réel de formation,
pouvant être considérés comme des fentes, il s'en suit que
les nions coupans doivent nécessairement être plus nouveaux
que les filons coupés; et qu'on peut, par une suite nom-
breuse d'observations bien faites, établir à peu près l'ordre
de formation des filons, et celui des différentes substances
pierreuses et métalliques qui se trouvent dans les filons.
Ayant ainsi un moy^ certain de déterminer Tàge relatif
des filons, on pourra arriver à déterminer les autres carac-
tères des filons anciens comparés aux nouveaux, et à les
reconnoitre, lors même qu'on n'aura pas le* moyen com-
paratif d'où on sera parti.
Ainsi, ou remarque que les filons les plus anciens, dé-
terminés par le moyen précédent, ou, ce qui est la même
chose, que les filons qui sont le plus ordinairement coupés
par d'autres filons , se trouvent aussi dans les terrains pri-
mordiaux regardés comme les plus anciens, tels que les
FIL 5i
granités, les pegmatites, les hyalomictes, les gneiss, les»ini-
caschistes, leseiuitesporphyroïdes, quelques porphyres, etc.;
que, dans ces filons, non-seulement la guangue et le mine-
rai même adhèrent fortement à la roche, mais que le pre-
mier participe souvent de la nattire de la roche , et que
le second se trouve souvent disséminé dans la roche mcme,
aux approches du filon , ou dans les fissures de stratifica-
tion qui divisent la roche lorsqu'elle est stratifiée. On re-
marque que ces filons sont généralement peu puissans,
rameux , mal réglés dans «leur direction; qu'ils ont peu
d'étendue;' qu'ils présentent moins de druses , moins de mi-
nerai massif, et cependant aussi moins de cristaux implantés
que les autres.
Les filons moins anciens, qui traversent les schistes luisans,
les phj-^llades satinées et tuberculées, les pliylladcs pailletées,
les calcaires sublatnellaires noirâtres, dits de transition, les
psammites schistoides , et même les psammitcs micacés et
les calcaires compactes, sont plus puissans, plus étendus,
mieux réglés dans leur allure; ils renferajent de grandes
cavités ; enfin, ils présentent tous les caractéi'es opposés à
ceux des filons atciens.
Si Ton veut chercher à déterminer 1 ;^ge de formation des
substances pierreuses et métalliques au moyen de l'ordre
dans lequel elles se présentent successivement dans ces filons
de différens âges, on a , d'après Wtrner, à peu près la série
suiA'ante, susceptible d'être perfectionnée par des observa-
tions plus multipliées, et faites dans des lieux plus variés et
plus éloignés du siège habituel des observations de ce père
de la vraie géogirosie.
Les minéraux pierreux qui remplissent les filons les plus
anciens, soit seuls, soit avec des métaux, sont le felspath,
le quarz, le mica, l'amphibole; ceux qui remplissent sou-
vent seuls les filons les plus anciens, sont la topaze, le béril-
aigue-marine , le mica gris ou A'erdàtre, la chlorite, la chaux
fluatée , la chaux phosphatée : ils sont presque toujours accom-
pagnés de sid)stances métalliques.
Les minéraux pierreux qui remplissent seuls, ou accom-
pagnés de métaux , les filons plus modernes, sont , à peu près
rfans l'ordre d'ancienneté, le calcaire spathique , la barytf
5^ FIL
sulfatée, la baryte carbonatée, l'argile lithomarge, l'agate,
le talc, la vake.
Les minerais métalliques paroissent s'être formés dans la
croûte du globe dans l'ordre suivant.
Dans les terrains primordiaux les plus anciens: l'étain , le
schéelin ferruginé et calcaire, le molybdène, le graphite,
l'urane , le bismuth, le fer oxidulé, le cobalt gris, le fer
arsenical , l'or , l'argent rouge.
Dans les terrains primordiaux très-stratifiés, tels que les
gneiss, micaschistes, les schistes luisans , etc. : l'antimoine
sulfuré , la manganèse métalloïde , le fer carbonate spathique ,
le cobalt arsenical, le nickel sulfuré, l'argent gris, l'argent
rouge, l'argent natif, le mercure sulfuré, le cuivre oxidulé
et natif , le cuivre sulfuré, le cuivre gris, le cuivre pyriteux,
le fer oligiste , le fer oxidé rouge, le fer oxidé brun, le
fer pyriteux.
Dans les terrains de transition, et dans les terrains de sé-
dimens ou secondaires inférieurs : le fer oxidé compacte ,
le mercure sulfuré , le plomb sulfuré , le zinc sulfuré , le
manganèse oxidé compacte, le zinc carbonate, le cuivre ma-
lachite et azuré, le zinc calamine.
Cette liste n'offre qu'un aperçu des principales substances,
et de l'ordre le plus général dans lequel elles paroissent
s'être formées ou déposées dans les Jilons de l'écorce du
globe. Nous ne pourrions, sans alonger considérablement
cet article, les donner avec plus de détails, en faisant dis-
tinguer, 1." les métaux qui ne se présentent que. dans cer-
tains filons, et qu'on ne voit plus dans les filons plus nou-
veaux, tels que l'étain; :2.° ceux qui, après s'être présentés
dans des filons anciens, se représentent encore dans les
Jilons du moyen âge , tels que le fer carbonate spathique , etc. ;
3.° ceux qui ne se présentent que dans les filons du moyen
âge et dans les filons postérieurs, mais point dans les anté-
rieurs, tels que le zinc carbonate, etc.; et d'ailleurs nous
n'aurions peut-être pas les moyens suffisans pour présenter
cette nouvelle série avec les développemens et la certitude
désirables.
Nous avons cité peu de faits à l'appui des principes que
nous avons posés, parce que , n'en ayant pas qui nous soient
FIL 55
particuliers, nous n'avons pas a'OuIu répéter pour la vingtièrffe
fois ce qu'on trouve dans tons les ouvrages de géognosie et
de Tart des mines publiés jusqu'à ce jour. (B.)
FILOU, Epihtilus. (Ichthj'ol.) M. Cuvier a fait sous ce nom
un sous-genre dans le grand genre des labres. Le corps et la tête
sont recouverts de grandes écailles, dont le dernier rang em-
piète même sur la nageoire de l'anus et sur celle de la queue.
Il y a deux dents coniques plus longues au-devant de chaque
mâchoire, et ensuite de petites dents mousses. On n'en con-
noît qu'une espèce de la mer des Indes; c'est le sparus insi-
dialor de Pallas. Cet animal , par l'extrême extension qu'il
peut donner à sa bouche , dont il fait subitement une espèce
de tube, saisit au passage les petits poissons qui nagent k
portée de ce singulier instrument. (H. C. )
FILTRATION. (Chim.) Opération par laquelle on sépare
une matière solide qui est mêlée à un liquide , en faisant
passer ce liquide au travers d'un papier non collé, ou encore
au travers d'une étoffe de laine, de coton, de lin ou de
chanvre , ou enfin au travers d'une colonne de sable ou
de verre pilé. Les particules du liquide s'écoulent par les
interstices du papier, de la toile ou du sable, et les parti-
cules du solide , plus volumineuses , restent sur le papier ,
sur l'étoffe ou entre les grains de sable. (Ch.)
FILTRE. (Chim.) C'est fintermède qui sert à la filtration.
Les filtres sont de papier non collé, d'étoffe de laine, de
coton, de, lin ou de chanvre, ou bien encore de sable ou
de verre pilé. Ils ne doivent exercer aucune action chimique
sur les mélanges que l'on veut filtrer.
Les filtres de papier se font avec du papier Joseph ou du
papier gris. Lorsqu'on opère sur de petites quantités de
liquides, et qu'on veut recueillir sans perte tout le liquide
et toute la matière solide, on fait usage des filtres de papier
Joseph , auxquels on donne la forme d'un cône et qu'on
place ensuite dans un entonnoir de verre. Dans les expé-
riences délicates, ces filtres doivent être lavés avec de l'acide
hydrochlorique, parce qu'ils contiennent un peu de carbonate
de chaux et de peroxide de fer. Les filtres de papier gris
sont employés en général pour filtrer de grandes quantités
de liquides ; souvent, au lieu de leur donner la forme d'un
54 FIM
cftne et de les mettre dans un entonnoir de verre , on les
place sur une toile peu tendue, qui est fixée aux quatre coins
sur un châssis de bois.
Les filtres d'étoHes de laine, qui ont la forme d'un cône,
sont appelés chausses; on s'en sert dans les pharmacies et les
offices pour filtrer les sirops et les ratafias.
Les filtres de sable ou de verre pilé s'emploient pour filtrer
de l'eau , et quelquefois des liquides acides qui corroderoient
les filtres de papier ou de toile. (Ch. )
FIMA (J5of. ), nom japonois du ricin ordinaire, suivant
Kaempfer et Thunberg. (J. )
FIMBAR-MINGANANG (Bot,), nom malais, suivant Bur-
mann , de son pufjpodiiim scolopendi-ia , qui est le daun-sam~
hang des Javanois, différent du daun sombong , espèce d'eu-
patoire mentionné par Rumph.. (J.)
FIMBRILLAIRE, Fimbrillaria. {BoL)[Corj!nbijcres,3uss. —
-Sjyngénésie polygamie nécessaire, Linn.] Ce genre de plantes,
que nous avoiis établi dans la famille des synanthérées (Bull.
de la soc. philom. , Février 1818), appartient à notre tribu
naturelle des Astérées , dans laquelle nous le plaçons entre
le dimorphantlies, dont il diffère par le clinanthe fîmbrillé,
et le baccharis , dont il diffère par le même caractère, et
de plus en ce que chaque calathide réunit les deux sexes.
La calathide est discoïde, subglobuleu?e , composée d'un
disque pluridore , réfjulariflore , masculiflore ou quelque-
lois androgyniflore , et d'une couronne multisériée , mul(i-
fîore, fubulifîore, féminillore, Lepéricline, inférieur aux
fieurs, est arrondi, et formé de squames irrégulièrement
imbriquées, appliquées, oblongues-linéaires, coriaces- fo-
liacées. Le clinanthe est plane, et garni de très-longues fim-
brilles charnues, irréguiières , inégales et dissemblables,
entregreffées inférieurement. Les ovaires sont comprimés,
obovalcs, hispides, munis d'un bourrelet apicilaire; leur
aigrette est composée de squamellules filiformes , barbellulées.
FiMEatLLAiRE BACCHAROiDE: Fimbrillariabacclioroides , H. Cass. ;
^accharis ivœfolia„ Linn. C'est un arbuste d'Amérique, haut
d'environ quatre pieds. Sa tige est épaisse et revêtue d'une
écorce crevassée; ses branches sont droites, cylindriques,
pleines de moelle, striées, pubescentcs
FIM 55
celles-ci sont alternes, éparses, à pétiole long de si\ lignes,
à limbe long d'un pouce et demi, large de dix lignes,
ovale-lancéolé, grossièrement denté en scie sur les bords
de sa partie supérieure seulement ; les deux faces de la
feuille sont un peu Iiispidules , et II y a trois nervures
principales saillantes en-dessous ; les calathides, composées
de fleurs jaunâtres, sont petites, nombreuses et disposées en
cor) mbcs terminaux irréguliers. Nous avons observé les ca-
ractères génériques et spécifiques de cet arbuste au Jardin
du Roi.
F1MBRII.LAIRE A TCYAUx : FJnihrUlcria tubifera , H. Cass., Bul!.
de la soc. philom. , Octob. 181g. C'est une plante probablement
herbacée, dont la tige est simple et haute d'un pied, dans
l'échantillon sec et incomplet que nous décrivons ; cette tige
est épaisse , pleine de moelle, cylindrique, striée, un peu
anguleuse, un peu pubesceute. Les feuilles, qui sont al-
ternes et nombreuses, ont un pétiole long d'environ un
pouce et demi, dilaté à la base, et un limbe long de six
pouces, large de trois pouces, lancéolé, très-entier sur les
bords, un peu tomenteux sur les deux faces, un peu épais,
nervé. Les calathides, très-nombreuses et composées de fleurs
à corolle jaune, sont rapprochées en gîomérules inégaux
sur les ramifications de l'inflorescence, dont l'ensemble forme,
au sommet de la tige, une grande panicule corymbée ; elles
sont discoïdes, composées d'un disque multifîore , régulari-
flore , masculiflore, et d'une couronne plnrisériée, iiiulti-
llore, tubuliflore, féminiflore ; leur péricline est inférieur
aux fleurs, irrégulier, formé de squames irrégulièrement
bisériées, un peu inégales, appliquées, elliptiques, subco-
riaces, un peu membraneuse^ sur les bords. Le ciinanlhe est
plane , hérissé de firabrilles inégales , irrégulières , entre-
grelTées à la base; les ovaires sont hispidules, et ont une
aigrette de squamelluies nombreuses, inégales, filiformes,
à peine barbellulées ; les fleurs de la couronne, au moins
aussi longues que celles du disque, ont une corolle en
forme de long tube grêle, coloré, arqué en dedans et
denticulé au sommet; les fleurs du disque ont une corolle
à cinq divisions, et un faux-ovaire avorté, pourvu d'une
aigrette semblable à celles de la couronne.
56 FIM
Nous avons observé cette nouvelle espèce de fimbrlUaire
dans un herbier des îles de France et de Bourbon, reçu au
Muséum d'histoire naturelle de Paris, en Janvier loig. Elle
diffère beaucoup de l'espèce originaire, et elle est remar-
quable par sa couronne de tubes longs, colorés et irès-appa-
rens en dehors, ce qui est rare dans une calathide discoïde,
et ce qui donne à celle-ci l'aspect d'une calathide radiée
dont la couronne ne seroit pas encore épanduie. Nous dou-
tons si celte plante est une herbe ou un arbrisseau, et ce
que nous avons décrit comme étant la partie supérieure de
la tige n'est peut-être qu'une branche. (H. Cass.)
FIMBRILLES. {Bot.) Le clinanthe de la calathide des sy-
nanthérées est souvent garni d'appendices , dont nous avons
distingué plusieurs sortes, mal à propos confondues par les
botanistes. Nous avons donné le nom de fimbrillcs [fimhrillœ)
à ceux qui sont en forme de filets membraneux, laminés,
linéaires ou subiilés, inégaux, irréguliers, souvent entre-
greffes inférieurement , et toujours beaucoup plus nombreux
que les fleurs. Les fimbrilles ne sont point de vraies bractées ,
comme les squamelles; mais ce sont de simples saillies du
clinanthe. Quelques botanistes, tels que M. De Candoile,
supposent que les fimbrillcs sont des squamelles découpées,
longitudinalement jusqu'à la base , en lanières sétiformes.
Cette opinion n'a aucun fondement, et sa fausseté nous est
démontrée par une foule d'observations qu'il seroit trop
long de rapporter ici. D'autres botanistes, tels que M. Ri-
chard, croient que les fimbrilles sont exclusivement propres
aux cynarocéphales, et ne se retrouvent point chez les co-
rymbifères : cette assertion est démentie par Vandromachia,
,1e coteosanthus , le culcitium , le charieis , le fimbrillaria ,
Vedmondia , Vahsinthiiim , le clomenocoma, Veriocline, le tricho-
cline , le tessaria, Yisonema, le gLjphia , le tarchonanthus ,
Yarctotis, le gjmnostyles , le g ai Hardi a , et par beaucoup
d'autres corymbifères. Pour avoir une idée juste de la
distinction des fimbrilles et des squamelles, on peut com-
parer le clinanthe timbrillifère du chardon avec le clinanthe
squamellifère de Phélianthc. Notre genre Cladanthus offre
l'exemple remarquable d'un clinanthe tout à la fois squa-
jnclUfère et fimbrillifère , ce qui est un cas très-rare. Voyez
FIM 57
l'article CoiMPOsÉts ou SvNANTHBHÉf,s , tome X , page 146.
(H. Cass.)
FIMBRISTYLIS.(Bof.) Genre de plantes monocofylédones,
à fleurs glumacées, de la famille des cypéracées , très -voisin
des scirpes, dont il faisoit d'abord partie. Il appartient à la
trifindrie monogjnie de Linnaeiis , et se distingue par des épis
composés d'écailles en paillettes, imbriquées dans tous les
sens, rarement stériles; trois étamines; un style comprimé,
caduc, articulé avec l'ovaire, souvent cilié et bulbeux à sa
base; deux stigmates, rarement trois; point de soies sur le
réceptacle ; une seule semence.
Ce genre diffère essentiellement des scirpes par le style
articulé avec l'ovaire, par le réceptacle dépourvu de soies.
Il se compose d'espèces toutes exotiques. Les tiges n'ont
point de nœuds; elles sont munies à leur base de gaines ou
de feuilles étroites, souvent canaliculées , légèrement denti-
culées à leur base : les épis solitaires ou en ombelles ; un
involucre assez semblable aux feuilles, plus court, quelque-
fois scarieux. Parmi les nombreuses espèces de ce genre on
peut distinguer :
* Fleurs en cpis simples.
FiMBRiSTYLis TENCHÉE : Fimbristylis nu tans , Vahl ; Scirpus
nu tans , Retz., Obs. , 4, pag. 12. On trouve cette plante à
Malacca , dans les lieux marécageux. Ses racines sont fibreu-
ses ; ses tiges filiformes, hautes de six à sept pouces, nues,
comprimées, presque tétragones, munies à leur base de
quelques écailles courtes, brunes, et enveloppées par une
ou deux gaines longues d'un pouce. Les fleurs sont disposées
en un épi nu, solitaire, ovale, incliné, composé d'écai,lles
brunes, imbriquées.
Fimbristylis dentelée; Fimbristylis serrulata , Vahl, Enum. ,
2, pag. 285. Ses tiges sont filiformes, anguleuses, longues
d'environ trois pouces, munies à leur base de deux feuilles
un peu obtuses, rudes à leurs bords, et de deux gaines ferru-
gineuses; Fépi est un peu plus gros qu'un grain de millet,
accompagné de deux folioles linéaires , inégales ; les écailles
ovales, acuminées, finement striées. Cette plante croit dans
l'Amérique méridionale.
58 FIM
FiMBRisTVLis HÉRISSÉE; Fimbristylis hirteUa , Vahl, Lc.,28{).
Cette espèce a des tiges sétacées, haiitcs fie trois ou quatre
pouces, trigones vers leur sommet; deux ftuilles capillaires ,
pileuses; leur gaine ferrugineuse: l'involurre composé de
deux folioles pileuses; deux épis, l'un scssile, l'autre pédon-
cule, garnis décailles glabres, ovales, médiocrement nui-
cronées; les semences d'un blanc de neige, striées dans leur
longueur. Elle est originaire de l'Amérique méridionale.
** Fleurs en épis disposés en ombelle.
Fimbristylis tomenteuse; Fimbristylis tomentosa , Vahl, /. c,
pag. 290. Fiante des Indes orientales, couverte de poils
Llanchàtres sur toutes ses parties. Ses tiges sont grêles ,
comprimées, hautes d'un pied et plus, munies de deux ou
trois feuilles linéaires ; une ombelle à sept rayons , trois
ou quatre aux ombellules , soutenant de petits épis ovales,
acuminés; les iiivolucres composés de cinq folioles très-
pileuses; les écailles brunes, ovales, acumiuées, pileuses
dans leur jeunesse , puis glabres et luisantes.
FiMB.asTYUs pileuse; Fimbris'jlis pilosa, Vahl, Z. c. , p. 290.
Plante de l'Isle-de-France, remarquable par sa belle couleur
glauque, et dont les tiges sont grêles . hautes de deux pieds,
munies de deux ou trois feuilles étroites, ciliées; leur gaine
est pileuse, ferrugineuse; linvolucre cilié, à deux folioles
courtes ; les ombelles composées de six rayons ; les ombellules
terminées par des épis ovales, un peu obtus, de la grosseur
d'un pois; les écailles brunes, ovales, un peu mucronées ;
les semences un peu pédicellées , onuulccs et striées dans
leur longueur-
Fimbristylis lâche; Fimbristy^lis laxa , Vahl, /. c. , p. 292.
Ses tiges et ses feuilles sont filiformes : ses épis petits, glabres .
ovales; Finvolucre à deux folioles plus courtes que l'ombelle ;
\ine seule étamine; les semences jaunes, arrondies, striées
dans leur longueur. Cette espèce croit dans l'Amérique mé-
ridionale.
Fimbristylis mdcroné*:; Fimbristylis miicrGnata , Vahl, l. c,
p. ^igS. Cette espèce a des rapports avec le scirpus lacusfris.
Ses tiges sont trigones, spongieuses : son involucre se com-
FIN 59
pose du proiongernent de la tige et d'une écaille qui lui est
opposée, ovale, aiguë, d'un brun ferrugineux. L'ombelle
est simple, à. deux on quatre rajons comprimés, rudes sur
leurs bords; les épis d'un brun clair, luisans, à peine longs
de trois lignes; les écailles blanchâtres, mucronées. Elle croit
à l'île Mahon.
FiMBRXSTYLis CYLINDRIQUE; Finihrisfj'Us cylîndrica . Yalil , l.
c, p. 295. Plante de la Caroline, dont les tiges sont grêles,
hautes de deux pieds: les feuilles roulées, filiformes, un peu
glauques, d'un brun noirâtre sur leur gaine; une ombelle
simple, à cinq ra3'ons sétacés; les épis cylindriques, très-
obtus, presque longs de six lignes; les écailles d'un jaune
clair, un peu arrondies; deux folioles séfacécs à chaque
épillet ; les pédoncules très-longs; les semences lisses, com-
primées , arrondies.
M. Robert Brown cite environ une trer.laine d'espèces
(le fimbristjlis , toutes recueillies sur les côtes de la Nouvelle-
Hollande, parmi lesquelles on distingue le Finibrislflis pauci-
Jlora, à un seul épi nu, subulé, peu garni; le style bifide,
les semences un peu rudes; une seule éfamine dans chaque
fleur; les tiges sétacées. Fùnbristjiis te^ragona, dont les tiges
sont tétragones , engainées à leur base , terminées par un seul
épi droit, nu, ovale, obtus; les styles trifid es, frangés dans
leur longueur; les écailles ovales, très-obtusts. Fimbristylis
Iristachia , a trois épis obloDgs, aigus; les écailles ovales, mu-
cronées; les semences lisses: les tiges rudes, anguleux. (Poir.)
FIME-FAGI, ONSI. (Bot.) Noms japonois du polj-gala
commun, suivant M. Thunberg. La fime-juri est le lis pom-
ponien. Le campanula marginata de M. Thunberg a le nom
de fime-lihjo , qui signifie violette oes vierges. (J.)
FIMORO (Bot.), nom Japonois, suivant Ka-mpfer, d'un
genévrier, qui est le cupressiis pendula de M. Thunberg. (J. )
FIMPI. (Bot.) Arbre de Madagascar, mentionné par Fia-
court , qui ajoute que c'est le costus indicus. Il a la forme
d'un olivier, Pécorce blanche, l'odeur de musc, le goût
plus piquant que celui du poivre, et il laisse suinter une
résine noire et très-odorante. Ces diverses indications font
croire que c'est la cannelle blanche, canella. (J. )
' FINANGO (Bot.), voyez Feo. (J.)
6o pi]>^
FIN-FISCH , FINNE- FISKE , FINN - FISK ( Mawm. ).-
noms, chez les peuples du Nord de race gothique , de la ba-
Jeinegibbar; ilssignificnt proprement poisson à boulons. (F.C.)
FINGAN-SAKURU (Bol.), arbre du Japon, qui est,
suivant M. ïhunberg, son prunus incisa. (J.)
FIJNGOSAKF (Bot.), nom japonois de la fumcterre ordi-
naire, suivant M. 'J'hunberg. (J.)
FIJNGRIGO. (Bot.) L'arbre de la Jamaïque désigné sous
ce nom par Sloane et par Flukenet , paroit être le pisonia
acuUaia. ( J. )
FINGUEIŒ. [Bf.) Rochon cite sous ce nom un figuier
sauvage de Madagascar, dont on retire, par incision, un
suc laiteux qui, en se coagulant, devient une résine élas-
tique propre ta être employée comme celle du caoutchouc.
Rochon dit que les Malgaches en font des torches qui brûlent
sans mèche, et éclairent très-bien dans la nuit. (J. )
FIN-HOULLY (Bot.), nom vulgaire du trèfle rampant
dans quelques cantons. (L. D. )
FINNE, Fina. (Ewoz.) Mot dérivé de Tallemand, et si-
gnifiant la ladrerie des cochons, que quelques zoologistes
allemands, et entre autres Werner {Bre^. expos, cont. , 2,
p. 2 , tab. 1 , fig. 8- 1 ), emploient pour désigner un genre de
vers intestinaux hj'^datifonnes , créé pour une espèce d'hyda-
tide , ou mieux de cysticerque , qui se trouve en grande abon-
dance dans le tissu cellulaire du cochon (auquel elle occa-
sionne la maladie connue sous le nom de ladrerie) , et qui dif-
fère un peu des autres, parce qu'elle a une sorte de double
sac extérieur; mais, comme il est évident que ce sac ne lui
appartient pas, mais bien à l'animal dans lequel cette hy-
datide se développe, cette circonstance ne peut être suffi-
sante pour l'établissement d'un genre. Voyez Cysticerque.
(DeB.)
FINOCHIO (Bot.), nom italien du fenouil; le finochietta
est le meum des pharmaciens, œthusa mtum de Linnœus. (J. )
FINO-KI {Bot.), nom japonois du thuya. (J.)
FIN -OR D'ÉTÉ et FIN- OR DE SEITEMBRE. {Bot.) On
donne ces noms à deux variétés de poire. ( L. D. )
FIOFURl. {Bot.) Nom japonois du lamicr rouge, lamium
purpureum. Le fiotari est une courge, cucurhita hispida de
FIR 61
Thunberg: le y?oogi est le morœa chinensis du même; ]o fioo
est la rose tremière , alcea rosea. (J. )
FIOLSTER {Ornith.), nom noruégien de l'ortolan ou
bruant de neige, emberiza nivalis, Linn. (Ch. D.)
FIONOUTS. {Bol.) Herbe de Madagascar, à fleurs jaunes ^
en bouquets et à feuilles grasses. Flacourt dit qu'on la brûle
pour en retirer des cendres qui sont employées dans les
lessives et dans quelques teintures. Ces indications peuvent
s'appliquera quelques espèces du genre Cotj lédon : mais. dans
le catalogue de Iherbier de V^aillant, la plante ainsi nommée
est placée parmi les conyses. (J.)
FIOR CAPUCCIO. (Bot.) Nom toscan du pied-d'alouette
des jardius , dclphinum ajacis, selon Césaljùn ; c'est celui sur
les pétales duquel on croit voir des lettres tracées qui rap-
pellent une des métamorphoses décrites par Ovide. (J. ) ^
FIOR RANCIO. (Ornitli.) L'oiseau ainsi nommé dans
Olina est le roitelet, mofacilla regulus, Linn. (Ch. D.)
FIORALIA. {Bot.), nom italien du bluet, suivant Adan-
son. (H. Cass.)
FIORITE {Min.), nom donné par Thomson à une variété
de quarz concrétionné qu'on trouve au mont Fiora , en
Toscane. Voyez Quarz hvalite concrétionné. (B. )
FIORNA. {Ornith.) C'est, en Ostrobothnie, le petit grèbe
cornu, coljmhus auritus , Linn. (Ch. D.)
FIOU. {Bot.) La plante de Madagascar citée sous ce nom
par Flacourt est une espèce d'asperge, selon Vaillant. (J. )
FIR. {Bot.) Nom japonois du poireau ordinaire. Le ca-
randas , carissa , est nommé fira etjirasi; le liseron du Janon,
conyoU'ulus japonicus , est le firagano ; le houx est le frasol
de Kœmpfer. Un varec , fucus saccharinus , est le Jirome du
même. Il dit que le firumusiro est un potamogelon à feuilles
de muguet. (J.)
FIRENZIA. {Bot.) Necker érige en genre, sous ce nom,
un sebestier, cordia flavescens d'Aublet, parce qu'il a six di-
visions à la corolle et six étamines au lieu de cinq , et que
son fruit ne contient qu'une graine, probablement par suite
de l'avortement des autres. (J.)
FIR-MIANA. {Bot.) Marsigli, dans les Actes de Padoue,
nommoit ainsi le sterculia platanifolia , qui étoit aussi le
62 FIR
culhamia de Forskal , cl qui. avant de fleurir dans le jar--
din de Trianon , y a subsisté long-temps sous le nom de
richardia. (J.)
FIROLE, Pterotrachea. (Mahicoz.) Genre de molhisques
établi par Forskal, Faun. arah., p. i 17, sons la dénomination
de Pierotrachea , changée, on ne sait trop pourquoi, en
celle de Firola , Firolc, par Bruguiércs et tous les zoolo-
gistes François. Ses caractères, tels que nous les avons ex-
posés dans notre Mémoire sur Tordre des mollusques pté-
ropodos, inséré dans le Bulletin de la Société philomatique,
peuvent ctre exprimés ainsi: Corps alongé , plus ou moins
conique en avant comme en arrière, ou atractosomc , sy-
métrique, comme gélatineux, poîirvu en-dessous d'une na-
geoire arrondie, comprimée, bordée d'un petit suçoir pré-
hensile, et oflrant en-dessus et en arrière du milieu du dos
une sorte de nucléus nu, formé des principaux viscères, et
entre autres du cœur et des branchies symétriques com-
posées par deux groupes de longs filaraens ; deux yeux ; des
tentacules presque rudimentaires ; la bouche à Fextrémité
d'une sorte de trompe rctractilc, et pourvue de mâchoires j
la queue terminée par des appendices natatoires et souvent
prolongée en un long iilet moniliforme. D'après cela , il
est aisé de voir que ces mollusques sont extrêmement voi-
sins des carinaires . dont ils ne diffèrent peut-être que
parce que le nucléus est nu et n'est pas recouvert par une
coquille (voyez Carinaire) ; aussi les avons-nous placés,
dans notre Système de classiâcatîon des maîacozoaires, avec
ce genre , dans un petit ordre distinct . que nous avons
nommé Kucléohranches. Avant le Mémoire de MM. Pérou
et Le Sueur, sur l'ordre des ptérobranches, aucun zoolo-
giste n'avoit essaye de classer ces animaux. Ces auteurs ,
M. Meckel, etc. . sur la simple observation que les tiroles se
meuvent au moyen d'appendices natatoires, en firent un
genre de l'ordre que M. Cuvier venoit d'établir sous le nom
de Ptéropodes , mais en n'envisageant la chose que d'une ma-
nière superllcielle : car tous les rapports les rapprochent évi-
demment des mollusques gastéropodes, parmi lesquels M.
Cuvier les a en effet rangés depuis dans son Piègne animal.
M. de Lamarck en a fait, comme nous, un ordre distinct.
FIR 65
qu'il nomme Hétéropodes, et qu'il place tout à la fin des
ino!hjS(jue.s céphalés. Mais, avant les travaux de ces deux der-
niers zoologistes, nous avions montré, dans le Mémoire cité
plus haut, que c'étoit a tort que MM. Péron et Le Sueur en
faj.'.oient des ptéropodes, et qu'en outre c'étoit encore plus à
tort qu'ils avoient décrit , dessiné et défini ces animaux comme
ayant la nageoire comprimée sur le dos, et le nucléus ou
les branchies sous le ventre : c'est ce que nous croyons avoir
démontré d'une manière peu douteuse par voie d'analogie
avec tous les autres mollusques , et par voie d'observation,
puisque Forskal, qui est évidemment cciui qui les a observés,
le premier vivaus dans l'eau de la mer, quoique Téron ait dit
le contraire, les décrit, comme nous les avons définis. Mais,
comme MM. Péron et Le Sueur ont également vu ces animaux
nageant au milieu des eaux, il faut en conclure que les
firoles ont la faculté de nager le pied ou le ventre en haut,
comme le font un assez grand nombre de mollusques, et
entre autres les janthines , les glaucus , leslymnées, pla-
norbcs , etc. Malgré nos observations, M. Le Sueur, depuis
la mort de son ami, n'a pas moins cru devoir persister dans
sa première opinion , comme on pourra le voir dans le
Mémoire qu'il a publié sur ce genre, avec des figures, dans le
n." 1 ." du Journal de l'Académie des sciences de Philadelphie,
en 1017.
Le corps des firoles est , comme il a été dit plus haut ,
généralement fort alongé , renflé au milieu et plus ou moins
appoinli vers ses deux extrémités, l'antérieure étant conique
et la postérieure plus ou moins comprimée. La peau qui le
revêt est comme gélatineuse , mais un peu consistante, et
assez transparente pour laisser voir a travers le trajet du
canal intestinal : elle est en outre chargée ou hérissée d'un
assez grand nombre de tubercules irréguliers dans leur
forme et leur position. Forskal et MM. Péron et Le Sueur
sont d'accord pour admettre chez les firoles des yeux assez
grands, situés à la jonction du tronc et de la trompe, for-
jnant de chaque côté une tache ovale, transverse, noire
au devant et près de laquelle est une petite bulle hyaline
entourée d'un cercle noir; M. Le Sueur ajoute qu'ils sont
supportés par un petit pédoncule. Ce dernier observateur
64 FIR
dit positivement qu'il ii"y a pas de tentacules. Mais ne peut-
on pas , jusqu'à un certain point, rcgai'der comme analogue*
les tubercules qui se trouvent en avant des yeux et sur la
partie antérieure de la ttte P Les organes de la locomotion
consistent d'abord en une sorte de pied ou de masse charnue,
musculaire, Irès-comprimée , arrondie, et qui est attachée
par un assez large pédoncule au milieu de la face abdomi-
nale : on voit aisément à droite et à gauche les fibres muscu-
laires qui, de l'enveloppe générale, se portent sur les côtés
de cet organe ; et, en examinant avec attention, on trouve
vers le milieu du bord inférieur de cette nageoire une petite
T'entouse ou capsule musculaire, qui n'est autre chose, sui-
vant nous, qu'un moyen pour l'animal de se fixer aux corps
sous-marins dans l'état de repos. Cet organe , qui paroît avoir
échappé à MM. Péron et Le Sueur, avoit été parfaitement
indiqué par Forskal. Enfin, l'extrémité postérieure du corps,
ou la queue, séparée du tronc par le nucléus, est terminée
par une sorte d'aplatissement ou de nageoire bifurquée , d'où
sort très-probablement, dans tous les individus bien entiers,
un long filament renflé, d'espace en espace, en espèces de
tubercules, et dont l'usage est inconnu. Nous avons déjà fait
observer que la bouche ou l'orifice du canal intestinal est
à l'extrémité élargie d'une sorte de trompe conique , qui
semble être une continuation du tronc. MM. Péron et Le
Sueur disent qu'elle est armée de deux mâchoires rétractiles.
opposées, à ce «ju'il paroît, latéralement, ce dont il nous
seroit possible de douter un peu par analogie , et garnie
chacune d'une série de pointes courbes cornées, rangées
comme les dents d'un peigne, avec un autre rang de plus
petites intermédiaires : mais, ce qui est plus remarquable,
c'est que plus en arrière et à Pintérieur, suivant M. Le Sueur,
se trouvent deux appendices palpiformes , composés de deux
articulations , dont le premier est très -court et oblique,
et le second alongé et recourbé , organes qu'il regarde comme
des espèces de palpes inférieurs. A la suite de cette cavité
buccale, dans le corps proprement dit, part un large canal
cylindrique, plus ou moins dilaté, traversant une sorte de
membrane diaphragmatique qui sépare la tête du tronc, et
qui, se prolongeant dans l'intérieur du coi'ps, remonte vers
FÎR 65
le nucléus , qu'il embrasse dans sa partie inférieure , et avec
lequel il communique par deux ouvertures, l'une simple et
l'autre double. Ce nucléus , que nous avons dit être situé
dans une espèce de sillon ou d'éti'anglement qui sépare le
tronc de la queue, est oblong, pyriforme: il paroît qu'il est
revêtu d'une sorte de membrane gélatineuse, irisée, qui, à
quelques pieds sous l'eau , devient resplendissante. Ce nucléus
nous paroît contenir, au milieu du foie, l'estomac, vers le-
quel arrive un intestin filiforme , flexueux , qui est sorti de
la cavité buccale. Quant à la terminaison de celui-là, il
paroît qu'elle se fait par un orilice situé au côté droit de la
cavité branchiale. Cette cavité est située à la partie anté-
rieure et supérieure du nucléus , et les branchies, bien symé-
triques, sont formées par une série de douze à seize fila-
mens. Le cœur est placé au milieu ; on en voit aisément les
battemens dans les individus vivans : il en naît une artère prin-
cipale qui se porte en avant jusque vers les mâchoires; une
branche en naît intérieurement pour aller se porter dans
la nageoire abdominale, où elle forme, par un grand nombre
d'anastomoses, un réseau A^asculaire. Quant aux organes de
la génération , ils sont encore assez mal connus. Ainsi M. Le
Sueur ne parle ni des ovaires ni -des testicules ; il paroît
cependant que les deux sexes ne sont pas portés sur le même
individu. Il regarde, très-probablement avec raison , comme
l'organe excitateur mâle, un appendice vermiforme attaché
au côté droit du corps et composé de trois parties, dont la
première, placée au-dessus, paroit devoir protéger les deux
autres, et la troisième, alongée , vermiculaire , est attachée'
à la base de la seconde, qui est courte et cylindrique; et il
trouve dans les individus qu'il pense être femelles, un ovi-
ducte filiforme , contenant de petits globules éloignés, et qui
se termine au côté gauche de la cavité branchiale, c'est-à-
dire, dans une position contraire à celle de l'organe mâle.
Enfin, M. Le Sueur a aussi étudié le système nerveux des
firoles : il est composé d'un ganglion quadrilobé situé entre
les yeux et l'œsophage ; outre les nerfs optiques, ils en ont
quatre autres principaux , dont deux vont dans les mâ-
choires, et les deux autres se dirigent en ariùère ; mais, ar-
rivés à la base de la nageoire , ils se terminent dans un
17. 6
66 FIR
double ganglion oblong, qui fournit les lilets des différentes
parties du corps, et surtout , sans doute, ceux de la nageoire.
On connoit peu les mœurs et les habitudes des firoles ;
elles se trouvent, à ce qu'il paroît, assez communément dans
toutes les mers des pays chauds, et même dans la Méditer-
ranée, où elles nagent avec beaucoup d'élégance, au moyen
de leur nageoire et de la queue. 11 arrive souvent qu'elles
sont mutilées, et il semble qu'iin assez grand nombre des
individus observés par Forskal étoient dans ce cas, du moins
suivant l'observation, peut-être un peu trop généralisée, de
M. Pérou. M. Le Sueur, ayant remarqué des différences dans
l'existence des filamens de la queue et de la capsule du bord
de la nageoire , s"en est servi pour distinguer les espèces
qu'il croit devoir établir dans ce genre. Nous allons en
donner les caractères, quoiqu'il se pourroit qu'elles fussent
réellement un peu multipliées, et que l'absence du filament
delà queue, par exemple, fût due à une mutilation, ou,
peut-être encore mieux, que ce filament ne fût composé
que des œufs sortis de l'oviducte. Je doute également un
peu que la capsule de la nageoire manque jamais complè-
tement.
1.° La FiROLE TRONQUÉE; P. mutica , Le Sueur, J. des se.
nat. de Phil. , pi. i , fig. i. Point de ventouse à la nageoire,
ni de filament caudal; six pointes gélatineuses dispysécs par
paires au front.
M. Le Sueur ajoute à ces caractères spécifiques l'absence
de l'organe vermiforme ; mais, en admettant que les sexes
soient séparés, et qu'il appartienne au sexe mâle, on ne peut
en tirer un caractère d'espèce.
2.° La F. GiBBEusE; P. gibbosu , Le Sueur, loc. cit., fig. 2.
Le corps est gibbeux au-dessous du nucléus, et le< pointes
gélatineuses du front sont disposées en demi-cercle ; du reste,
ni ventouse ni appendice filiforme.
L'existence de l'organe vermiforme, que M. Le Sueur donne
pour caractériser cette espèce, ne peut pas plus servir ici
que son absence pour l'espèce précédente. 11 en est de même
des suivantes.
0." La F. DE Forskal ; P. Forskalia , Le Sueur, loc. cit. ,
fig. 5. Une ventouse à la nageoire , pas d'appendice eau-
FIR 67
dal ; les pointes tuberculeuses, comme dans la première
espèce.
4.° La F. DE Ccvier; P. Cuviera, Le Sueur, loc. cit. , fig. 4,
et Ann. du Mus. d'hist. nat. , tom. 14? p- 218, et tom. i5,
p. 67, pi. 2, tig. 8. Nageoire sans ventouse; la queue avec
un appendice; les tubercules frontaux au nombre de huit:
quatre dans, une seule ligne transversale , et les quatre
autres eu deux.
5." La F. DE Frédéric; P. Frederica, Le Sueur, loc. cit.,
fig. 5. Une ventouse et un appendice caudal : du reste ex-
trêmement semblable à la précédente.
6." La F. DE Péron; P. Peronia, Le Sueur, loc. cit., tig. G.
Pas de pointes gélatineuses, une ventouse et un appendice
caudal. Le corps est en outre presque lisse et sans les tu-
bercules qui se trouvent dans les autres espèces. (De B.)
FIROLOÏDE, Firoloida, (Malacoz.) Nouveau genre de
malacozoaires, dont le nom indique l'affinité avec les tiroles,
et qui a été établi par M. Le Sueur, p. 57 du i.*"' vol. du
Journ. des se. nat. de Philad., 1817 , pour quelques animaux
qui ne diffèrent réellenieiit des firoles que parce qne la
queue de celles-ci ou la partie du corps qui se trouve après
le nucléus, est nulle, ou mieux, extrêmement petite : ainsi
les caractères génériques seront absolument les mêmes, avec
cette différence que le nucléus est à rcxtrémité postérieure
du corps,' et que la queue n'est formée que par une pointe
très-courte sans nageoire. Du reste, c'est tout-à-fait la même
organisation et les mêmes mœurs ; mais une oi;$ervation
faite par M. Le Sueur, que dans deux individus de ce
nouveau genre il a vu partir de l'extrémité postérieure du
corps un appendice filiforme fort alongé , rempli de petits
globules semblables à des œufs , et qu'il regarde , selon
nous, à tort comme des oviductes , parce qu"il est évident
qu'ils ne sont très -probablement que des cordons d'œufs ,
nous porte à croire qu'il faut aussi admettre comme ana-
logue l'appendice filiforme de la queue des vraies firoles,
et alors il sera encore plus impossible de s'en servir comme
caractère d'espèces. Quoi qu'il en soit, voici les espèces que
M. Le Sueur range dans ce nouveau genre , et qu'il a obser-
vées dans l'océan atlantique^ en 1S16.
68 Fip,
1." La F. deDesmarest; h\ DesmareUia , Le Sueur, loc.cit,,
pL 1 1' , fig. 1. Le corps long, glabre, l))-alin , pointu aux
deux extrémités : sans pointes gélatineuses : deux pouces de
long.
2° La F. DE Blaik VILLE ; F. Blainvilliana , Le Sueur, /oc,
cit., pi. 2 , fig. 2. Le corps court,, glabre, plus épais en ar-
rière et comme tronqué; la nageoire médiocre. Un à deux
pouces de long.
5." La F. aiguillonnée; F. aculeata , Le Sueur, loc. cit.,
lig. 5. Corps presque cylindrique , glabre, hyalin; des rides
au-dessous des yeux; nageoire médiocre.
Ces trois espèces viennent des mers de la Martinique.
(De B.)
FIROME. [Bot.) Voyez Fir et Laminaria. (Lem.)
FIS (Bot.), nom japonois de la macre , trapa. (J.)
FJSAH KLAB. (Bot.) Suivant M. Delile, ce nom arabe,
qui signifie pet de chien, est donné à l'anserine blanche,
chenopodium album, et à l'ortie romaine, uvtica pilulifera. (J. )
FISAKAKI, OBAMMl (Bot.), noms japonois, suivant
M. Thunberg , de son genre Eurya, qui n'est pas encore
rapporté aune famille connue. ( J. )
FIS/VÎNELLE. (Ornith.) On nomme ainsi, à Venise, le
grèbe proprement dit, BuIT. , colymbus urinator , Linn. (Ch. D.)
FISCAL. (Ornith.) La pie-grièche du cap de Bonne-Espé-
rance à laquelle M. Levaillant a donné ce nom , est le lanius
collaris , Linn. '' Ch. D. )
FISCH. (Ornith.) Ce terme, avec l'addition d'adler ou de
ahr , désigne, en allemand, le balbuzard, falco haliœtus ,
Linn.; et le Fischgejer de Frisch est la harpaie, falco rufus ,
Linn. (Ch. D.)
FISCHERA (Bot.) -. Sprengel , Prodr. umhell., 27. fig. i .
Sprengel réunit sous ce nom générique les espèces à'azorella
de Cavanilles et de Labillardière , et soupçonne qu'on doit
également y rapporter le fragosa de la Flore du Pérou.
Il le caractérisî' par une ombelle très-simple ; un involucre
à plusieurs folioles : le fruit OA'ale, solide, un peu rude,
relevé en côtes sur le dos. Voyez Azcrelle. (Poir.)
FISCHÉRIE, rischeria. {Bot.) Genre de plantes dicotylé-
dones, à fleurs complètes, monopétalées , de la famille des
FIS , 69
apocinées, de la pentandrie digjnie de Linnaeus, offrant pour
caractère essentiel : Un calice à cinq divisions profondes;
une corolle en roue, à cinq divisions ondulées et crispées;
la couronne des cinq étamines monophylle , charnue , tron-
quée, point lobée, entourée à sa base d'un anneau necta-
rifère; le sommet de l'anthère simple, crochu, replié en
dedans ; les masses du pollen insérées latéralement vers le
milieu , tombant sur un stigmate pentagone. Le fruit con-
siste en deux follicules.
FiscHÉRiE GRIMPANTE; Fischerici scandens^ Decand., Catal.
Hort. Monsp., 112. Arbrisseau toujours vert, de l'Amérique
méridionale, cultivé au Jardin de botanique de Montpellier,
qui offre quelques rapports avec le cinanchum crispijlorum
de Swartz. Ses tiges sont grimpantes ; il en découle un suc
laiteux : ses rameaux longs, cylindriques , couverts, ainsi que
les feuilles dans leur jeunesse, d"uu duvet très-fin, mou et
velouté. Les feuilles sont pétiolées, opposées, ovales-oblon-
gues, aiguës, échancrées en cœur à leur base; l'échancrure
étroite, fermée par des poils bruns, droits, en forme d"é-
cailles; les pédoncules axillaires , chargés de petites ombelles;
les pédicellcs uniflores; les fleurs d'un jaune verdàtre ; leurs
divisions crépues, ondulées. (Poik.)
FISCHERINE. {Min.) Nom donné par M. John à une
variété de sphène ou titanite spathique de Norwége qu'il
a analysée et dans laquelle il a reconnu les principes suivans;
Silice 66
Fer oxidé 65.5
Chaux 25.25
Alumine 10
Titane oxidé 18.10
Manganèse oxidé C.5o
Zircone 2
Les minéraux unis ici au titane modifient les caractères
du sphène, et lui donnent une plus grande dureté, une cou-
leur brun de cheveux, une pesanteur spécifique de 5,86,
etc. (B.)
FISCHERLIN. (Omith.) L'oiseau qu'on appelle ainsi, dans
les environs de Strasbourg, est la petite hirondelle de liier,
sLerna minuta, Linn. (Ch. D.)
7" FIS
nSCHIOSOMA. (Entom.) Brera, dans ses Lcçor.s pratiques
sur les princij-aux vers vis ans dans le corps humain et sur les
maladies verniineuses, a établi , sous ce nom, un genre par-
ticulier pour les animaux que l'on connoit ordinairement
sous le nom dliydatide ou de cysticerque. (De B. )
FISCH-OTTER ou OTl'ER {Mamm.), nom allemand de
la loutre. ( F. C. )
FISHTÀLL. {Mamm.) Espèce de ruminant de Barbarie,
dont Shavv ( tom. \", p. 5i3) donne une description trop
imparfaite pour qu'on puisse reconnoîlre les caractères de
cet animal, qui paroît cependant se rapprocher du genre
Gazelle plus que de tout autre. (F. C.)
FISKAND [OrniCa.) , nom norwégien du harle vulgaire ,
mcrgus merganszr , Linn. (Ch. D.)
FlSKA'FfE. {Mamm.) C'est ainsi , dit Kalm, que les Sué-
dois établis en Amérique nomment une espèce de mou-
fette. ( F. C. )
FISKE-GIOE. (Ornith.) On donne, en Norwége, ce nom
et celui dejislejou , suivant Mullcr , Zool. Dan. prodr. , n." 66,
au hdlbimrd, falco haliœtus , Linn. (Ch. D.)
FISKE-HEYES {Ornith.), nom norwégien de la variété
du héron commun, ardea cinerea , Linn. (Ch. D.)
FISKEREN. {Ornith.) Suivant Othon Muller, n." 147,
l'oiseau ainsi nommé en Norwége est le proceliaria gracidus.
(Ck.D.)
FISKLITA. (Ornith.) L'oiseau qu'on nomme ainsi en
Ukraine est le phalarope à festons dentelés, tringa lohala ,
Linn. (Ch. D.)
FISSIDENS, Pendule et Fissident. (Bol.) Ce genre, de la
famille des mousses, établi par Hedwig sur des plantes que
Linnanis comprenoit dans le genre Hypnum, est très-voisin
du genre Dicranum d'Hedv.ig , et en diflère essentiellement
par ses fleurs , qui sont monoïques au lieu d'être dioïqucs.
Le péristome est simple et formé de seize dents fléchies en
dedans, chacune fendue jusqu'au milieu, à divisions presque
égales et divergentes. Les rosettes, qu'Hedwig regarde comme
les fleurs niàles , sont axillaires. Les autres caractères sont
communs avec le dicranum.
Jiridel est l'auteur qui a donné la monographie la plus
FIS 7»
récente des espèces de ce genre : le nombre s"en élève à
vingt- trois, sans y comprendre, i .° le fissidens semi-com-
pletus, Schwaegr,, type du genre Octodiccras , Brid., Harh-
sona, Adans.; 2." les Fissidens païens , Wahlenb. , Pulvinatus ,
Funk {Dicranum pidvinatitm , Dec.), qui rentrent dans le
genre Campjlopus, Brid. (voyez Toupier); 3.° les Fissidcn,
slrivnifer cl poîrcarpus, Walilenb. , qui sont des espèces de
dicranum; 4.° le Fissidens sciuroidcs, Schultz et AVahlenb. ,
qui est le dicranum sciuroides , Decand. , et le type du genre
Leucodon, Schvva>gr. M. Bachelot de la Pilaye, qui a donné
une monographie de ce genre, le nomme shytophrllum , et
en décrit vingt -une espèces, parmi lesquelles se trouvent
deux espèces nouvelles que ses recherches lui ont fait dé-
couvrir en France. Cette monographie est insérée dans le
Journal de botanique, vol. 4, pag. 5o et i/,5 , et accom-
pagnée de planches qui représentent toutes les espèces dé-
crites par l'auteur.
Plusieurs botanistes , parmi lesquels sont Smith, Swarfz ,
•Wcber,Mohr etDe Candolle,, ne séparent point le genre
Fissidens du Dicranum , lequel a également les dents du pé-
ristome bifides.
Les espèces de fssidens ont un port particulier, qui les
fait distinguer aisément des dicranum : elles sont simples ou
rameuses, et leurs feuilles sont disposées sur un même plan ,
comme celles des jongermannes. M. Bachelot de la Pilaye a re-
marqué que leurs feuilles sont minces . transparentes, munies
d'une nervure délicate, laquelle , située d'abord au milieu ,
quitte ensuite cette direction pour se rapprocher à la base
du bord inférieur des feuilles. Celles-ci présentent, dans
cette partie et du côté qui fait face au sommet de la tige ,
une fente ou dédoublement dans leur épaisseur, qui descend
jusqu'cà la nervure et se prolonge même quelquefois au-delà
du milieu de la longueur. Les feuilles embrassent la t.ge
par cette fente, et sont par conséquent amplexicaules. Cette
structure des feuilles explique pourquoi elles sont situées
sur le même plan , et elle donne au genre Fissidens un
caractère facile à reconnoître, même lorsque la fructification
manque.
Les bourgeons, qu'Hedwig prend pour les fleurs mâles,
72 FIS
sont situés dans la fente des feuilles. Les urnes ou les fleurs
femelles sont portées sur des pédicelles axillaires et munies
de coiifes fendues sur le c6té.
Les espèces croissent dans les lieux frais et ombragés , les
bois , les haies , les vergers , et le plus souvent à terre ,
quelquefois cependant aussi sur les écorces des arbres. On
en trouve en Europe, en Amérique et à la Nouvelle - Hol-
lande ; quelques espèces ont été observées en Afrique et
dans les îles adjacentes. Nous citerons les suivantes.
^' Tige simple^ pédicelle terminal.
FissiDENs FLUET (F'issidens exilis , Hed\v. , Aï use. , tab. 58,
fig* 7 5 8 , cj ; Excl. sjii. , Linn. : Dicranum vividulum, Smith ;
SkitophjdLum exile, Delap., Journ. bot., 4, pag. 146, pi.
38, lig. 1 ). Petite mousse de deux à trois lignes de hauteur;
à tige nue à la base, munie de feuilles ovales -lancéolées,
imbriquées ; terminée par un pédicelle flexueux portant
une urne oblique. Cette petite mousse, d'un vert gai, se
plaît dans les lieux frais et ombragés, sur la terre nue. Elle
croît en France et dans les dilférentes parties de l'Europe.
Bridel en possède des échantillons recueillis à l'Ile-de-France.
FissiDENs BRYoÏDE [FissidcHS bryoides , Hedw. , Musc, tab.
2^; Bryum viridulum , Linn.; Dicranum viriduluin , Decand.,
FI. Fr. ; Skituphjllum Irjoides , Delap., I.C., fig. 4; ^^aill. , Par.,
tab. 24, fig. i3). Cette espèce est deux à trois fois plus
grande que la précédente; elle forme de petits gazons com-
posés de tiges simples, garnies de feuilles écartées, lancéolées
et jamais imbriquées à leur base; les pédicelles pprtent des
urnes droites. Cette espèce est plus commune que la pré-
cédente et se rencontre dans les mêmes circonstances. On
l'observe partout en Europe. Elle existe aux environs de
Constantinople et d'Alger.
Le genre Fascina de Schranck a cette mousse pour type
et rentre dans le genre Luida (voyez ce mot) d'Adanson.
** Tige rameuse, pédicelle terminal.
FissiDENs ASPLÉNioÏDE i^Fissidtns asplenioidcs , Hedw.., Musc,
frond. , tab. 28 ; Brid. , Musc, suppl. , 4 , pag. 190 ; Skitophjlluin
FIS 73
asylenioides , Delap., 1. c. , fig. 8 et 9). Cette mousse est
simple ou peu rameuse ; longue d'un à deux pouces . et garnie
dans toute la longueur de sa tige de feuilles lancéolées , éta-
lées, et dont le sommet se tortille souvent. Le pédicelle,
qui dans les espèces précédentes fait la moitié de la longueur
de la plante , est ici fort court, n'ayant que trois à quatre
lignes. L'urne est un peu oblongue. Cette jolie mousse croît
sur les rochers humides à la Jamaïque. Bridcl pense que
les mousses observées en Afrique et en Europe, et qu'on
rapporte à cette espèce, doivent constituer des espèces
diiîercntes.
000 T/'gc rameuse^ pédicelle latéral.
FissiDENs ADiANTHOÏDF. {Fissidcns adianthoidcs , Hed^v. , St.
cr. , 3, tab. ■26; Skitoph-ylLum adianthoides , Delap., 1. c. , pi.
09 , fig. i5; Uypniim adianthoides , Linn., Vaill., Par., tab. 28 ,
fig. 5 ). Cette espèce est une des plus grandes; elle a deux,
trois et quatre pouces de longueur : sa tige ou fronde est
rameuse et garnie de feuilles nombreuses, lancéolées, imbri-
quées, dentées à l'extrémité : les pédicelles sont rougeàtres,
et partent du milieu des tiges, ou près de la base, ou vers
son sommet, ou sur ses rameaux; ils ont un pouce et plus
de longueur : les urnes sont ovoïdes et pas tout-à-fait droites.
Cette mousse, d'un vert foncé, croît dans les bois humides
et tourbeux. Elle fleurit et fructifie au printemps. Elle est
commune en Europe, et se retrouve dans l'Amérique sep-
tentrionale. On la trouve rarement avec ses urnes.
**** Tige simple, pédicelle latéral.
FissiDENs A FEUILLES d'if ( Fissidcns taxifolium , Hedw. , 5p.
musc, tab. 09, fig. 1 et 5 : Hjpnum taxifolium, Linn.; Dill.,
Musc, tab, 34, fig. ] ; Vaill., Bot., tab. 24 , fig. 11). Cette
mousse ressemble au fissidens hyoïde; mais elle est plus
grande , plus feuillée , et ses pédicelles partent de la racine
et non pas du sommet de la tige : sa tige est un peu couchée ;
ses feuilles sont ovales - lancéolées , aiguës, imbriquées, un
peu dentelées à l'extrémité; les jiédicelles sont deux fois
plus longs que la plante, et portent les urnes penchées,
74 FIS
ovales- oblongues , munies d'opercules, terminées chacune
par une loiigue pointe. Cette mousse se rencontre frcqucui-
incnt à terre dans les bois humides. (Lem*)
nSSILIER, /"isiiii'a. {Bot.: Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs complètes, monopéralees, de la famille des ardi-
siacées , de la Lriandrie monogynie de Linnasus, offrant pour
caractère essentiel : Un calice entier, urcéolé, persistant;
«ne corolle tubulée , régulière, fendue profondément en
trois parti.'s, dont deux biHdes ; trois étamines; cinq fila-
mens stériles; un ovaire supérieur; un style; un stigmate
obtus; une noix en forme de gland , enveloppée en grande
partie par le calice alongé, prenant la forme d'une cupule,
3ie contenant qu'une seule semence.
Il paroit que ce genre diffère si peu de ï'olax , qu'il
pourroit bien y être réuni, ainsi qu'il l'a été par "Vahl. 11
est probable qu'il faudroit également y joindre le pseiidalira
de M. du Çetit-Thouars. Il ne renferme qu'une seule espèce.
Fissii.iER. DES PERROQUETS : FissiUa psittacorum, Lamk. ; III.
gen. , tab. 28; Olax psittacorum , Vahl, Enuin., 2, pag. 83;
vulgairement Bois de perroquet. Arbre d'un beau port,
dont les feuilles restent toujours vertes, et ressemblent à
celles d'un laurier. Ses rameaux sont glabres, alternes ,
cylindriques, garnis de feuilles à peine pétiolées , alternes,
lancéolées, entières, un peu aiguës, glabres à leurs deux
faces ; les fleurs sont axillaircs, pédonculées; les pédoncules
solitaires, simples ou légèrement ramifiés en une petite
grappe à peine plus longue que les feuilles. Le fruit est
une noix ovale , de la grosseur d'une petite olive, ayant la
forme d'un gland. Cet arbre croît à l'île de Boui'bon. Les
perroquets sont très-friands de ses fruits. (Poin.)
FISSIPÈDES. {Ornith.) On appelle ainsi les oiseaux dont
les pieds sont séparés et sans membranes. (Ck. D.)
FISSIIIOSTKES. {Ornith.) M. Cuvier donne ce nom à une
famille d'oiseaux dont le bec, court, large, aplati horizon-
talement, légèrement crochu, mais sanséchancrure, est fendu
très-pror<)[K!ément , en sorte que l'ouverture de leur bouche
est très-large, tt qu'ils engloutissent aisément les insectes
qu'ils prennent au vol. Les oiseaux que comprend cette
famille se divisent en diui'nes et nocturnes. Les preniiers
IIS 75
sont les martinets et les hirondelles; les seconds, les en-
goulevents et les podarges. (Ch. D.)
FISSIJLE, Fissula. (Entoz.) Genre de vers intestinaux,
jusqu'cà un certain point pressenti, quoique mal établi, par
Bruguières, dans rEncyclopédie méthodique, sous le nom
de proboscidea, établi de nouveau, par Fischer, sous celui
de cystidiccla; nommé ophiostoma par MM. Rudolphi, Zeder,
Ocken, et que M. de Lamarck paroit avoir le premier ca-
ractérisé, dans ses leçons, sous le nom de Fissule , pour
Voscaris hifida, en quoi il a été suivi par M. Bosc. Les ca-
ractères de ce genre, quelle que soit la dénomination qu'on
lui assigne, sont : Corps aîongé, cylindrique, un peu atténué
postérieurement; bouche terminale, à deux lèvres distinctes,
une supérieure et l'autre inférieure ; anus près de la pointe
de la queue : organes de la génération mâles, consistant en
une soie grêle, sortant près de lanus ; femelles, en un ori-
fice situé au tiei*s antérieur de la partie inférieure du corps.
D'après cela, il est aisé de voir que ces animaux ont les
plus grands rapports avec les ascarides : aussi leur canal
intestinal , les ovaires et Futcrus ont-ils la même forme , et
ils n'en diffèrent guère que par Forilice antérieur du canal
alimentaire. Ils vivent également librement dans les intes-
tins des mammifères et dans ccu>: des poissons. On n'en connoit
encore que quatre espèces : 1
1.° La F. MUCRONÉE ; F', mucronata, Pvudolphi, Entoz., 2,
pag. 1 17 ,tab. 3,fig. i3 , 14. Petits vers d'un pouce et plus de
long, dont les bords de la peau sont comme crénelés; la tête
obtuse; les deux lèvres de la bouche égales, et la queue
obtuse, terminée par une petite pointe subulée. M. Ru-
dolphi dit avoir observé les fœtus vivans dans les œufs dont
les oviductes étoient remplis. Cette espèce se trouve dans
les intestins de la chauve-souris oreillarde ; aussi M. de La-
marck la nomme-t-ii la fissule de la chauve-souris.
■2." La F. DU phoque: F. dispar , Lamck. ; Oph. dispar , Rud.;
Asc. phoccc, Gmel. ; Mull. , Zoot. Dan., vol. 2, pag. 46, lab. 74,
iîg. 1 ; Enc. méth. , tab. 02, fig. 8. Dans cette espèce, qui
diffère essentiellement de la précédente, parce que les deux
lèvres de la bouche sont inégales, la supérieure étant la
plus longue , la femelle , plus grosse que le mâle , a le
I
76 FIS
plus souvent trois pouces de long , quelquefois huit sur
une ligne de diamètre , et la queue est oLtuse , tandis que
celle du niàle est terminée par une pointe longue et re-
courbée. Elle se trouve fréqueniinenl , d'après Fahricius,
dans les intestins des phoques du Groenland et fétide. Cet
observateur dit avoir trouvé le cœur d'un phoque vivant de
cette dernière espèce, qui avoit été blessé par un harpon,
presque entièrement détruit par cette tissule.
5.° La F. Lei'ture : F. leptura, Rudolphi , Entoz., tab. 7,
fig. 1 , 2. Ver de trois pouces de long et de deux tiers de
ligne de large au milieu, dont la tête, plus épaisse à sa
base, se prolonge et se divise en deux; lèvres, dont l'infé-
rieure est double de la supérieure, et dont l'extrémilé
postérieure est capillaire , presque comme dans les trichiures.
Cette espèce, trouvée par M. Tilesius dans les intestins de
la corjphena hippurus , appartient-elle à ce genre ?
4*° La F. CYsriDicoLE : 1\ cystidicola , Rudolphi; Fischer,
de Cystidicola. Corps arrondi, plus épais antérieurement,
filiforme et atténué en arrière ; les lèvres de la bouche égales
et un peu aiguës; la queue subélargie, déprimée, terminée
par une pointe subulée.
C'est cette espèce dont M. Fischer avoit fait son genre
Cystidicola, parce qu'il l'avoit trouvée dans la vessie nata-
toire d'une truite. (De 13.)
FISSURELLE, f'issure/ia. (Malacoz.) Genre de mollusques
conchylileres , établi par M. de Lamarck pour les animaux
dont la coquille, percée vers le sommet, formoit, dans Lin-
naeus et la plupart des conchyliologistes anciens, la subdivi-
sion tranchée des patelles à sommet percé, mais qui diffé-
rent réellement beaucoup des véritables Patelles (voyez ce
mot). Les caractères de ce genre sont : Corps ovalaire ,
presque circulaire , conique , pourvu inférieurement d'un
large pied, débordé de toutes parts par un manteau garni de
filamens tentaculaires , et percé à sa partie supérieure d'un
trou ovalaire communiquant dans la cavité branchiale ;
branchies formées de deux peignes branchiaux bien symé-
triques, et situés à la partie antérieure et supérieure du dos;
tête distincte ; deux tentacules coniques , rétractiles ; les
yeux à leur base externe. Coquille simple, conique, bien
FIS 77
K_ymétrique , souvent presque circulaire , à bord horizontal,
et percée vers son sommet, toujours antérieur, d'un orifice
ovalaire correspondant à celui du manteau. Les fissurclles,
du reste, ont un assez grand nombre de rapports avec les
véritables patelles, mais surtout avec les émarginules; elles
vivent également presque fixées sur les rochers qui bordent
les mers et surtout celles des pays chauds. Adanson ( Sénég. ,
p. 35, pi. 2) nous a donné quelques détails sur la fssurella
nimbosa, à laquelle il donne le nom de dasan. L'espèce la
plus commune dans la Méditerranée, la fissurelle grecque,
sert quelquefois de nourriture aux liabifans de Marseille,
qui la nomment Oreille de S. Pierre. Tournefort, dans son
Voyage au Levant, dit que l'animal seringue de l'eau par
l'orifice de sa coquille.
Ce genre fait partie de notre ordre des Cervicobrakches
et de celui des Scutibranches de M. Cuvier. Il comprend un
assez grand nombre d'espèces, mais qui sont bien loin, pour
la plupart, d'avoir été suffisamment examinées. Nous allons
en faire connoître les principales , que l'on peut diviser
d'après la position de l'orifice de la coquille, qui est ou
immédiatement percé dans le sommet, ou plus ou moins en
avant, de manière à former un passage vers les émarginules.
La FissuRiLLE GRECQUE : Fissurellu grœca, Gmel. ; le Gival,
Adans. , Sénég. , 1, tab. 2, fig. 7. Coquille ovale, assez
convexe, plus large en arriére, crénelée à son bord interne,
avec des stries cancellées en -dessus; couleur blanchâtre et
souvent tachetée. Mers Méditerranée et Atlantique.
La Fissurelle Dasan : Fissurella nimbosa , Gmel.; le Dasan,
Adans., Sénég., tab. 2 , fig. 6. Coquille quelquefois de deux
pouces de long, ovale, striée , rugueuse, blanchâtre et sou-
vent radiée ou nuancée irrégulièrenicnt de violet. Le trou
du sommet fort alongé. Des mêmes mers que la précédente.
La Fissurelle peinte: Fissurella pic la , Gmel.; Martini,
Conch., 1, tab. 11, fig. go. Coquille de trois à quatre pouces
de long, ovale, épaisse, blanche, nuancée de verdàtre ,
avec des rayons obliques alternativement violets et blancs.
L'orifice du sommet rond. Détroit de Magellan.
La Fissurelle des Baubades ; Fissurella barbadensis , Gmel.;
List., Conch., tab. 528, fig. 7. Oblongue, les bords crénelés,
7« FIS
striés inégalement en-dessus ; couleur grisâtre tachetée fré-
quemment de jaune verdàtre. I.e trou du sommet circulaire
et entoure d'un anneau fauve. Des îles IJarbades.
La FissL'RELLE CAFRE: Fissurella cajj'ra, Gmcl. : Martini,
Conch.. 1 , tab. 71 , fig. ()5. Ovale, comprimée, très-fine-
ment striée, blanchâtre, radiée de noir. L'orifice presque
central. Du cap de Bonne-Espérance.
La Fissi:rf.li.e a bandes pourprées : Fissurella jyoflijrozonias ,
'Gniel. ; Martini, Conchjl. , 1, tab. 12, fig. 102 , io5. Ob-
longue , comprimée , inégalement striée ; de couleur blanche ,
avec cinq bandes pourprées interrompues; le trou du sommet
petit et orbiculaire. Amérique septentrionale.
La FissuRELLE masque; Fissurella persvnaLa , Grael.; Martin.,
UmV. conchyl. , 2 , tab. 64. Coquille convexe ; des stries
fines croisées dans les deux sens et des rayons noirs. Des îles
Falkland.
Parmi les espèces dont l'orifice est en avant du sommet,
nous citerons :
La FissuKELLE PUSTULE; Fissurella pusîula, Gmcl.; List.,
Conclu, tab. 628, fig. 5. Coquille ovale, gibbeuse, convexe,
réticulée par des stries inégales qui se croisent à angles
droits, et de couleur blanche. 11 paroit qu'elle se trouve
dans les mers Méditerranée, Atlantique, du Sud et de llnde.
Je le répète, le nombre des espèces de ce genre est beau-
coup plus considérable , comme il sera aisé de s'en assurer
dans Gmelin , qui en caractérise, d'après Schrœfer, au moins
quarante dans sa quatrième et dernière division des patelles,
dont il faut cependant retrancher les deux premières, qui
sont des émarginules. Il me paroit en outre certain qu'il en
existe plusieurs espèces non décrites dans les collections. (_DeB.)
FISSURELLE, {Foss.) Les espèces de ce genre ne se sont
encore présentées à Fétat fossile que dans les couches les
plus nouvelles du globe. Voici celles que je connois et qui
se trouvent dans ma collection.
FissuREixE LABIÉE; Fissurclla lahlata . Lamk. , vélins du
Mus. d'hist. nat. , n.° 1 , fig. 19 et 20. Coquille ovale, en cône
déprimé, couverte de stries ccailleuses rayonnantes, ayant
à son sommet un trou oblong , bordé intérieureme7it d'un
côté par une petite lèvre. Longueur, un pouce.
FIS 79
Les individus très-jeunes ont le bord supérieur du trou
terminé par une pointe en spirale; mais il est très-probable
qu'il en est ainsi des jeunes individus de toutes les espèces.
On trouve celle-ci à Gn'gnon près de Versailles, à Haute-
ville, département de la Manche, et dans les couches du
calcaire marin grossier des environs de Paris.
On trouve aussi avec cette espèce une variété ou une
autre espèce qui est beaucoup plus écaillcuse.
FissuRELLK DR LA TouRAiNE ; FissurellûL tiiToniensis , Def,
Cette espèce est beaucoup plus conique que la px'écédente;
elle est couverte de stries rayonnaiites, qui sont coupées par
d'aulres stries circulaires. Longueur, huit à neuf lignes.
On peut la regarder comme l'analogue de la patella Jissura
de Linn.neus. On la trouve dans les faluns de la Touraine.
FissuREr.LE d'Italie ; Fissurella italica , Def. Cette espèce
est plus grande que les précédentes. Elle est chargée de
fortes stries rayonnantes , coupées vers le sommet par des
stries circulaires; ses bords sont dentelés et abaissés aux:
deux bouts. Longueur quinze à seize lignes. On la trouve
dans le Plaisantin.
FissuRELLE CONIQUE; F/ssurf //a conica , Def. Coquille mince ,
suborbiculaire , cà sommet élevé et à bords unis. Langueur,
neuf lignes. On la trouve dans la falunière deHautevilie. (D. F.)
FIST DE PROVENCE. (Ornith.) L'oiseau qui est tiguré
sous ce nom dans la planche enluminée de BufTon. 65,4,
n.° 1 , et qui, ressemblant aux alouettes, n'a pas Fongle du
pouce long comme le leur, est rapporté au pipi des arbres,
antlius arl'oreus, Bechst. (Ch. D.)
FISTICL {Bot.) Voyez Fistuc. (J.)
FISTUC, FISLUC. {Bol.) Les Maures nomment ainsi le
pistachier de Malte , pistacia vera. C'est, selon Dodoëns, le
Jistici des boutiques, le Jisticos ou albocigos des Espagnols-,
selon M. Delile le festog des Arabes. Il ne faut pas le con-
fondre avec lefostuk, qui est, suivant ForskaJ, le lentisque.
Dans Daléchamps, il est sous les noms de festich et pustech:
c'est probablement de ce dernier que dérive celui de pis-
tache en France, et de pistacln en Italie. (J. )
FïSTULA. {Spong.) M. Ocken, ayant divisé les éponges en
uû certain nombre de pellles coupes génériques, dési::^ne.
8° FIS
sous le nom de Jislula, les espèces dont le lissu est feutré ,
et qui sont creuses ou en forme de tuyau. Les espèces qu'il
range dans ce genre sont les Sp. pilosa, qu'il nomme F. acu-
leata , pertasa, rigida, et fulva, qu'il appelle F. cancellata.
Voyez Ei'ONGE et Spongiaires. (De B.)
FISTULE. (Bot.) Ce nom, chez les anciens, étoit donné
à des tiges creuses de végétaux propres à faire des flûtes,
des pipeaux, des plumes à écrire, ou aux végétaux eux-
mtines qui les fournissoient. Ainsi, le fisfula on syringa de
Lobel est le syringes ou Jistularis de Dioscoride , que C. Bauhin
et Tournefort nomment arundo scripiorla. Le Jistula pastoris ,
cité par Cordus , dans ses Commentaires sur Dioscoride ,
est le plantain d'eau , alisma plantago; un autre fistula pas-
toris, cité par Césalpin , d'après Avicenne, est la digitale
jaune, digitalis lutea. (J.)
FISTULAIRE, Fislularia. {Echinod.) Petite subdivision
générique , établie par M. de Lamarck, dans la nouvelle édi-
tion de ses Animaux sans vertèbres, pour quelques espèces
dliolothuria de Linnœus, qui ont, en général, le corps beau-
coup plus alongé, plus tuberculeux ; dont les tentacules
qui entourent la bouche sont dilatés en plateau à l'extré-
mité, et dont le plateau est divisé ou denté. C'est évidem-
ment le genre auquel M. Ocken a conservé le nom d'Ho-
lothurie. Il paroit, du reste, que c'est la même organisation
et les mêmes mœurs que dans les véritables Holothuries.
(Voyez ce mot.) M. de Lamarck range dans ce genre :
1." La F. élégante: F. elegans , Lamck. ; H. eUgans , Gmel. ;
Mull., Zool. Dan., t. 1 , fig. 1-3, et Encycl. méth., pi. 86,
lig. 9, 10. Corps papilleux, long d'une palme et épais de
deux à trois lignes, terminé en avant par vingt tenta-
cules courts et divisés à leur extrémité, qui est peltée.
Des mers de Norwége.
2.° La F. TUBULEusE : F. tubulosa , Lamck.; Hol. tremula,
Gmel.: Soland. et Ellis , t. 8; Enc. méth., pi. 86, fig. 2,
et Forskal , ïcon. œgypt. , t. 89, fig. A. Corps assez alongé,
couvert de papilles en-dessus et de tubules rétractiles en-
dessous; la bouche entourée, comme dans la précédente,
de vingt tentacules dilatés en plateau, divisés à l'extrémité.
De la mer Kouge.
FIS 8i
5." La F. IMPATIENTE : F. impatiens , Forsk., Faun. Arab.y
pag. 121; Icon., tab. 39,fig. i/. , copiée dans TEnc. méth. ,
pi. 86, fig. 11. Corps roide, verruqueux ; les plateaux des
tentacules divisés en cinq lobes denticulés. Mer Rouge.
^►° La F. LIMACE : F. maxima, Forsk., loc. cit., pag. lai ,
et t. 38, fig. B 4. Corps rigide, convexe en-dessus, plane
et bordé en dessous ; les tentacules filiformes , élargis et laci-
niés au sommet. Des mêmes mers.
5.° La F. DiGiTÉE : F. digitata , Lamck. ; H. digitata^ Act.
Soc. Li'nre. , vol. 11, pag. 22 , tab. 4, fig. 6 -, an Hol. inharens ,
MuU. , Zoll. Dan. , tom. 5i, fig. 1-4? Corps cylindracé,
presque nu ; papilles petites, en forme de pointe -, tenta-
cules au nombre de douze , digités et dentelés au sommet.
(DeB.)
FISTULAIRE , Fistularia. (Ichthjol.) M. de Lacépède a
donné ce nom à un genre de poissons fort singulier. Dans
les fistulaires proprement dites, de M. Cuvier, qui sont les
mêmes que celles de M. de Lacépède, il n'y a qu'une nageoire
dorsale. Les os intermaxillaires et la mâchoire inférieure sont
armés de petites dents. D'entre les deux lobes de leur nageoire
caudale sort un filament quelquefois aussi long que le corps.
Le tube du museau est très-long et déprimé ; la vessie nata-
toire paroît excessivement petite; les écailles sont invisibles.
Le genre Fistularia entre, avec ceux de Vaulostome et du
solénoslome , dans la première famille des poissons holo-
branches abdominaux , que M. Duméril nomme les Svjpho-
KOSTOMES.
On en trouve dans les mers chaudes des deux hémisphères.
Le FiSTULAiRE PETiMBE : Fistularia petimba ; Fistularia laba-
caria , Linn. C'est la seule espèce assez bien connue. Elle
parvient à la longueur de plus de trois pieds. L'ouverture
de la gueule est située à l'extrémité d'un tuyau formé par
les mâchoires. Les catopcs sont très-écartés l'un de l'autre;
les nageoires dorsale et anale sont ovales et semblables l'une
à l'autre. Le filament de la queue est de la longueur du
corps ; il est roide et articulé ; il ressemble à un brin de
fanon de baleine , dont* il a la couleur et un peu l'appa-
rence.
Commerson a observé ce poisson dans les détroits de la
n. Q
82 FIS
Nouvelle-Bretagne. Bloch l'a figuré, 387, 1. On le trouve
aussi dans la mer des Antilles et au milieu des eaux du grand
Océan équinoxial. Il paroît vivre de petits animaux marins.
Sa chair est maigre et peu sapide. (H. C.)
FISTULANE, Fistulana. {Malacoz.) Genre de mollusquesu
de la famille des Pyioainés, Blainv. , des Enfermés de
M. Cuvier, des Tedeicolés de M. de Lamarck, indiqué par
Adanson , à son article Ropan, Sénég. , p. 267, pi. 19, établi
par MM. Bruguières et de Lamarck. , et adopté depuis par
tous les auteurs systématiques. Les caractères qu'on peut
lui assigner sont les suivans : Corps alongé , arrondi, et plus ou
moins renflé en massue à sa partie antérieure ou céphalique ,
terminé en arrière par deux longs tubes réunis^ contenu, en
plus ou moins grande partie, dans une coquille équivalve,
oblique, très-inéquilatérale, très -bâillante, et beaucoup plus
large à une des extrémités qu'à l'autre, sans charnière ni liga-
ment : le tout renfermé dans un tube ou fourreau calcaire ,
plus ou moins épais, fermé et renflé à une de ses extrémités,
et se terminant à l'autre, toujours plus grêle , par une ou
deux ouvertures.
D'après cette définition , il est évident que c'est ua genre
voisin des tarets, et surtout des clavagelles : aussi M. Le
Sueur, qui a observé une espèce de fi.stulane, quoique in-
complètement , nous apprend-il que l'animal fait sortir, par
l'orifice de son tube, deux longs appendices filiformes, fi'S-
tuleux, calcaires, terminés chacun par cinq à huit godet»
infundibuliformes, semi-cornés ou calcaires, empilés les uns
au-dessus des autres, de manière à faire paroître la partie
supérieure de cet organe comme verticillée. C'est évidem-
ment l'analogue des deux palmules observées par M. Cuvier
dans une espèce de taret. M. de Lamarck pense que ce»
organes ne peuvent être que les supports des branchies, et
non des organes analogues des appendices des cirripèdes, ni
même des deux palettes des tarets ; mais c'est ce que noua.
n'oserions assurer, la description que nousavons de ces organe»
étant bien loin d'être suffisante pour se décider par analogie.
Quoi qu'il en soit, les fistulanes vivent, à peu près comme
les tarets, dans le sable, le bois, les pierres, et même dan»
le têt de quelques mollusques. Il paroît que quelquefois elles
FIS 8f
tie forment pa$ de fourreau ou de tube calcaire, ou qu'il e*t
extrêmement mince, ce qui a également lieu pour les tarets.
Les espèces vivantes et connues de ce genre sont au nombre
de quatre.
1." La F. massde; F. clava, Lamck. , Enc. méth., pi, 167,
fig. 17- 22. Valves alongées, dont les extrémités sont un peu
recourbées ; tube droit , arrondi , en massue. Océan de$
grandes Indes.
2." La F. coHNiFORME ; F. corniformis , Lamck., Enc. méth.,
pi. 167, fig. 16. Tube droit, en massue, un peu tortueux,
ayant son ouverture divisée intérieurement en deux tubuleç
inclus. Océan des grandes Indes.
Il paroît que c'est cette espèce qu'a observée M. Le Sueur.
3." La F. EN rAQCEï; F. gregaria, Lamck., Enc. méth.,
pi. 167, fig. 6-14. Valves étroites, arquées, onguiculées,
dentelées ; tubes en massue , agglomérés les uns avec les
autres. Patrie ?
4.° La F. LAGÉNULE ; F. lagenula, Lamck., Enc. méth. ,
pi. 167 , fig. 2 3. Très-petite espèce, dont le tube , fixé à l'ex-
térieur des corps, est en forme de petite poire, et comme
articulé par des segmens transverses. Patrie P
5." La F. ROPAN ; F. ropan , Adans. , Séoég. , pi. 19. Valves
ovales, terminées en pointe sans un tube bien évident; vivant
dans les coquilles des glands de mer, sur la côte du SénégaL
(DeB.)
FISTULANE. (Fo5s.) Dans cet article je vais présenter
plusieurs espèces de coquilles qui avoient été réunies dans le
genre Fistulane par M. de Lamarck, mais dont il a été formé,
depuis, le genre Clavagelle et peut-être aussi celui de Ga?-
trochène.
Fistulane ampulaire : Fistulana ampullaria , Lamcjt. ; Fistu-
lane....... Faujas , Essais de Géologie, tom. i.*"", pag. 90 ,
pi. 2. Tube testacé , ayant la forme d'une poire alongée ou
d'une bouteille, auquel il adhère quelquefois du sable cal-
caire et même des coquilles univalves. A son extrémité
étroite , où se trouve l'ouverture , on voit deux carènes
intérieures opposées, qui formeroient une cloison longitu-
dinale, si elles se touchoient, en sorte que cette ouverture
est comme composée de deux trous qui viendroient se réuftir
«4 FIS
par leur rapprochement. Dans ce tube on trouve une coquille
libre, bivalve, équivalve , sans dents à la charnière et très-
bâillante. Longueur du tube , neuf lignes : longueur de la
coquille , quatre à cinq lignes.
J'ai l'exemple qu'un des mollusques de ce genre a formé
son ouverture avec une portion de cérite qu'il a attachée à
son tube , et qu'il a percée dans le sens de sa longueur.
Il n'est pas aisé de concevoir comment ces tubes, ou petites
bouteilles , dont quelques uns paroissent avoir été isolés dans
leur formation, ont pu prendre de l'accroissement. J'en pos-
sède dont le volume extérieur et le vide intérieur sont de
moitié plus considérables que d'autres tubes , en sorte que
Certaines de ces petites bouteilles pourroient être contenues
dans le vide des plus grandes. L'on ne peut concevoir l'ex-
tension de ces tubes et de leur cavité , qu'en admettant que
l'animal qui les formoit , avoit la faculté de dissoudre Tin-
térieur, en même temps qu'il portoit de la matière calcaire
à l'extérieur pour l'agrandir; car ils sont presque tous de la
même épaisseur.
Il paroît que les mollusques qui formoient ces tubes ,
pouvoient aussi se loger dans les corps solides; car je pos-
sède un petit polypier fossile où il se trouve un vide qui
a servi de demeure à l'un d'eux. Ce vide est tapissé de ma-
tière calcaire très-lisse , comme l'intérieur des tubes. On trouve
cette espèce à Beynes , près de Grignon , département de
Seine et Oise.
Il n'est pas rare de trouver, tant à l'état fossile qu'à l'état
frais, des polypiers ou des coquilles sur lesquelles on ren-^
contre des trous dont l'ouverture ressemble à celle de la fis-
tulane ampullaire, et dans lesquels on trouve deux petites
valves qui paroissent avoir été rangées par M. Cuoer dans
le genre Gastrochène.
FisTULANE HÉRISSÉE j Fhtulatia echinata , Lamk., Ann. du
mus. d'hist. nat. , tom. 12, pi. 43, fig. 9. Cette espèce, que
M. de Lamarck a rangée, d'après son nouveau Système des
animaux sans vertèbres , dans le genre Clavagelle , offre
beaucoup de choses singulières dans sa conformation. Son
fourreau est renflé ou ventru à sa base, et présente la forme
d'une massue. Il est minae , testacé , tubuleux du côté de
FIS 83
l'ouverture. La partie ventrue est héi-issëe , d'un côté, de
pointes tubuleuses , disposées sans ordre sur une face dont la
circonférence offre une frange épineuse ; cette face est sépa-
rée, par un petit espace lisse, des restes d'une autre face,
aussi bordée d'une frange épineuse. L'autre côté du fourreau
n'offre aucune pointe épineuse , mais présente à découvert
une des deux valves de la coquille qui se trouve enchâssée
dans ce côté du fourreau et en fait pa'rtie. Cette valve est
hérissée de petits points écailleux disposés" par séries qui se
dirigent vers les crochets ; l'autre valve est intérieure, libre ,
semblable à celle qui est dans le côté du fourreau. Il paroît
qu'elle a une petite dent à la charnière. Longueur du four-
reau , douze lignes et demie. Cette coquille a été trouvée à
Grignon, dans l'intérieur d'une crassatelle {crassatellatumida)^
qui étoit remplie de sable calcaire. Elle se trouve dans le
cabinet de M. de Roissy.
Je n'ai pu vérifier si cette coquille étoit adhérente dans
la crassatelie où elle a été trouvée ; mais j'ai les plus grandes
raisons de le croire, car je possède une valve de crassatelie
où se trouvent encore adhérer des portions de pointes tubu-
leuses d'une pareille coquille. Je possède aussi des portions
de cette coquille que j'ai trouvées dans le sable de Grignon,
et qui très -certainement ont été attachées contre un corps
lisse et concave, comme l'intérieur d'une crassatelie , en sorte
que l'on peut croire que cette espèce , dont le têt est fra-
gile, se trouvoit protégée dans l'intérieur des coquilles vides ,
et peut-être exclusivement dans les crassatelles, où elle s'atta-
choit par ses pointes tubuleuses.
M. Brocchi a trouvé dans le Plaisantin des coquilles fossiles
qui ont les plus grands rapports avec la clavagelle hérissée,
et il en a donné la figure dans sa Conchyliologie subapennine,
pi. i5, fig. 1. A l'égard des coquilles de genre différent, et
de celles que cet auteur a trouvées libres dans l'intérieur du
fourreau, il y a lieu de penser qu'elles étoient venues s'em-
parer de cette demeure , comme on en a l'exemple dans
celles dépendantes du genre Clotho , qui ont été trouvées dans
les trous formés par des cardites ou pétricoles. (Voyez au mot
Clotho.)
FisTULANE TiBiALB ; Fistulanu tibialis ., Lamk., l. c. , pi. 4^5
^ FIS
fig. 8 ; Clavagelle tibiale , Lamk. Tube calcaire, en cylindre
Comprimé, dilaté à sa base, où l'on aperçoit d'un côté l'une
des deux valves de la coquille enchâssée et faisant partie
du tube. Cette coquille est bivalve équivalve. Toute sa sur-
face extérieure offre des stries transverses et inégales, occa-
sionées par ses accroissemens successifs. Vers le dos de la
coquille libre Ton voit à la loupe de légères stries longitu-
dinales. La charrjièr'é n'a point de dents. J'ai trouvé celte
espèce à Grignon; mais le tube n'en est pas entier. La lon-
gueur de la valve enchâssée et de la portion de tube qui en
dépend, est dé dix-huit lignée; celle de la coquille libre est
de treize lignes.
M. Brocchi, dans Son ouvrage ci -dessus cité, a donné
(pi. i5,fig. 6) la figure d'une coquille à tuyau, qu'il a nom-
mée teredo hacillum, et que M. de Lamarck a placée dans le
genre TéréJine ; mais je suis porté à croire qu'elle a plus de
rapports avecla clavagelle tibiale qu'avec toute autre espèce.
(De F.)
FISTULARIA. (Bot.) Dodoëns nommoit ainsi une pédicu-
iaire, pedicularis sjd^atica, parce qu'elle passoitpour être très-
utile dans le traitement des fistules et des ulcères sinueux. (J.)
FISTULARIA. (Bot.) Genre de plantes cryptogames, delà
famille des algues, qui a été fondé par Stackhouse , et au-
quel il rapporte les fucus nodosus , Linn. ; Jibrosus , Linn., et
machœi, Stackh. Ce genre est caractérisé par sa fronde car-
tilagineuse , épaisse , très-glabre , rameuse , à rameaux dis-
tiques •, par des vésicules contenues dans la substance de la
fronde, et dont celles des tiges sont les plus grosses; et par
ses séminules muqueuses, ovales, situées sur les côtés de la
fronde ou à ses extrémités.
Ce genre est le même que le no dularia de Roussel, l'auteur
de la Flore du Calvados. Lyngbye le réunit à l'halydris de
Stackhouse. (Lem.)
FISTULEUX (Bot.), ayant une cavité longitudinale con-
tinue ou coupée par des diaphragmes. Le chaume du roseau ,
du seigle, etc., la tige de Vœnanthe Jistulosa , etc. ; la hampe
de l'oignon commun, du pissenlit, etc. : les feuilles de la
ciboule , du lohelia dortmannia , etc. ; le spadix de Yarum
àracunculus, etc., sont fistuleux. (Mass.)
FIS 91
FISTULINE, Fistulina. (Bot.) Bulliard donne ce nom à un
genre de la famille des champignons, très-voisin des bolels ,
et qui en diffère par ses tubes libres et non soudés entre eux.
Ce genre ne comprend qu'une seule espèce.
La FisTULiNE BUGi.ossoïDE ( FistuUnu buglossoides , Bull. ,
Champ., tab. 74, 464 et 497; Boletus buglossum, FI. Dan.,
tab. loôg-, Bolelus hepaticus, Schaeff., Fung., tab. 116 — 120;
Fers., Decand. , FI. Fr. , n.° 397; Hjpodrjs , Solenander;
Agaric langue ou foie de bœuf, Paulet, Traité champ., 2 ,
pag. 98 , tab. 1 2 , fig. 1 , 2 , 3, 4 , J )• Ce champignon est très-
facile à reconnoitre à sa couleur rouge -sanguine ou rouge-
brune , et à sa forme de langue ou de foie. Il est connu
vulgairement sous les noms de langue de hauf, foie de hœuf
glu de chêne, etc. Il est sessile, ou à peine stipité, et fixé
par le côté et horizontalement sur les troncs des arbres. Il
a une consistance de chair; sa chair est lourde, juteuse,
fibreuse et zonée de bandes rouges plus ou moins foncées.
Sa forme est d'abord celle d'une langue; mais, en se déve-
loppant, il s'arrondit et devient quelquefois lobé. Dans sa
jeunesse, sa surface présente de petites protubérances qui.,
examinées au travers d'une loupe, sont des rosettes pédicel-
lées. Après la chute de ces protubérances , la surface du
champignon devient lisse. La partie inférieure est garnie de
tubes serrés, courts, distincts et inégaux, d'abord blancs,
puis rougeàtres ou jaunâtres, et un peu frangés à leur orifice-
La fistuline croît sur les troncs des gros arbres , et ordinai-
rement à rez-terre , et principalement sur les troncs des chênes
et des châtaigniers ; ce qui fait que les Italiens le nomment
langue du châtaignier [lingua di castagne).
Ce champignon acquiert un développement de plus d'un
pied de diamètre, et pèse jusqu'à deux ou trois livres. Il
paroît en automne. Cette plante, selon Paulet, offre un
aliment agréable et une ressource au besoin, un seul indi-
vidu pouvant fournir amplement de quoi faire un bon repas.
On recherche, pour l'usage, les pieds qui sont encore en
forme de langues, c'est-à-dire, les plus jeunes-, lorsqu'ils sont
trop avancés, leur surface est trop visqueuse, et leur chair
ferme tend à l'état ligneux ; ils le deviennent même entiè-
rement par vétusté.
88 FIT
Il y a deux principales manières de manger ce champi-
gnon, soit cuit sous la cendre et ensuite coupé par tranches
avec une liaison; soit en façon de fricassée de poulet, c'est-
à-dire qu'après l'avoir lavé, épluché et bieii essuyé, on le
fait revenir à l'eau bouillante, on le fait cuire dans le
beurre avec un peu de persil , de ciboule , du poivre , du
sel, etc., et on fait une liaison de Jaune d'oeuf: l'assaison-
nement un peu piquant est toujours nécessaire , à cause de
sa viscosité , lorsqu'il est un peu avancé. On a reconnu que
le vinaigre ne se marie pas avec ce champignon , et qu'il gâte
la sauce.
La fistuline a une légère saveur de truffe; elle altère, et
même échauffe un peu lorsqu'on en mange trop, mais ne
nuit jamais. Elle ne produit point cet effet lorsqu'on la cueille
naissante.
Solenander, médecin qui vivoit à la .fin du seizième siècle,
nommoit ce champignon hjpodrjs, parce qu'il croît sur le
chêne. Il lui reconnoissoit la propriété d'apaiser les douleurs
de goutte, étant appliqué sur les parties malades. Pour cela
on le coupoit par tranches, et on le mettoit avec du sel
dans un pot couvert qu'on enterroit. C'est de la saumure
qui en résultoit que l'on se servoit pour frotter les parties
douloureuses. (Lem.)
FITATSI , TUSU-KAKI. (Bot.) M.Thunberg cite ces noms
japonois pour son genre Dorœna, non rapporté à une famille
connue. (J.)
FITCHEL (Mamm.) , nom anglois du putois. (F. C.)
FITERT. {Ornith.) Ce traquet de Madagascar est le molacilla
sihylla, Linn. (Ch.D.)
FITIS. (Ornith.) M. Vieillot a donné ce nom à un pouillot,
sjiviafitis, Meyer. (Ch.D.)
FITOMOSI , SOO ( Bot. ) , noms japonois de l'oignon
ordinaire , allium cepa , suivant Kaempfer et M. Thunberg.
(J.)
FITORNAS. (Ornith.) C'est, dans Gesner, la huppe com-
mune, upupa epops , Linn. (Ch. D.)
FITOSAI (Bot.), nom japonois, cité par M. Thunberg, de
son perdicium lomentosum, genre de plante composée. (J.)
FITZMA, Sl-K\JA(Bot.) , noms japonois, suivant Kaemp*
FL.4 89
fer, d'une espèce de concombre à fruit alongé, strié et re-
plié, qui est peut-être le cucumis Jlexuosus. (J. )
FIWA (Bot.), nom japonois , suivant M. Thunberg, de
son genre Tomex, que nous avons réuni au litsea , dans la
famille des laurinécs. Gmelin , conservant le genre, et ob-
servant qu'il y avoit un autre tomex établi par Forskaèl ,
nomxne Jiwa celui de Thunberg. (J.)
FIXITÉ. (Chim.) Ce mot, pris dans un sens absolu, signifie
la faculté qu'a un corps de ne pas se volatiliser par Faction
de la chaleur; pris dans un sens relatif, il signifie qu'un
corps ne se volatilise pas à un certain degré où un autre
corps, que Ton compare au premier, se volatilise : c'est ainsi
que la potasse et la soude ont été appelées des alcalis fixes ,
quoiqu'ils soient susceptibles de se réduire en vapeur ; mais,
quand on les compare sous ce rapport avec l'ammoniaque
liquide, qui évapore avec la plus grande facilité, on trouve
vne différence si considérable qu'elle justifie suffisamment
la distinction de ces corps en alcalis fixes et en alcali volatil.
(Ch.)
FIZ-FA. {Bot.) Voyez Koto-fiz. (J.)
FLABELLA , Flabellum ( Zoop/^)'^ ) : nom générique sous
lequel Rumph désigne les espèces de gorgones dont les branches
s'anastomosent et forment une sorte de large feuille, comme
lesG.ventilabnim, reticulum, etc. Voyez Gorgone. (DeB.)
FLABELLAIRE , Flabellaria. (Bot.) Genre de plantes dico-
tylédones , de la famille des malpighiacées , de la décandrie
trigjnie de Linnaeus ; rapproché des hirœa, offrant pour ca-
ractère essentiel : Un calice très-petit, à cinq divisions; une
corolle nulle ou point connue ; dix filamens monadelphes
à leur base ; trois ovaires fort petits , connivens , dont deux
avortent ordinairement; trois styles surmontés d'autant de
stigmates globuleux. Le fruit consiste en une seule capsule,
très-rarement trois , relevée en carène , environnée d'une
grande aile orbiculaire , en éventail, profondément échan-
crée en cœur à son sommet, renfermant une semence ovale.
Fi.ACELLAinE PANicuLBB : Flabellaria paniculata , Cavan., Diss.
Bot., c), pag. 454, tab. 264; Hirma pinnata, Willd., Spec, 2,
pag, 743. Ses rameaux sont ligneux, garnis de feuilles oppo-
sées , ailées avec «ne impaire , composées de cinq folioles
alternes, coriaces, ovales, entières, veinées, réticulées,
glabres à leurs deux faces , amincies à leur sommet ; les
supérieures beaucoup plus grandes. Les fleurs sont blan-
chAtrts, disposées en panicules axillaires, terminales , étalées,
tomenteuses ; leurs ramifications opposées en croix, munies
à leur base de bractées lancéolées , aiguës ; les pédicelles courts
et tomenteux ; le calice, d'une seule pièce, fort petit , à cinq
découpures persistantes et réfléchies à la maturité des fruits.
Les filamens sont capillaires, réunis en un seul corps à leur
iase, insérés sur le calice ; les anthères jaunes, linéaires, sil-
lonnées ; la capsule roussâtre , transparente , monosperme.
(POIR.)
FLABELLAIRE , FlabeUaria. (Polyp.?) Dénomination im-
posée par M. de Lamarck, Ann, du Mus,, tom. 20, p. 299, et
Anim, sans vert. , 3.* édit. , t. 3 , pag. 342 , à un petit groupe de
corps organisés, de la famille des corallines, genre dont ils
faisoient partie dans Linnaeus , Ellis , Esper. etc. , et que M. La-
mouroux, dès l'année 1812, avoit établi sous le nom d'hali-
mède. Les caractères que M. de Lamarck assigne à ce genre
sont : Polypier caulescent, flabelliforme , encroûté, souvent
divisé; à expansions aplaties, subarticuîées, prolifères; tige
courte, cylindrique; tissu composé de fibres entrelacées; arti-
culations subréniformes , plus larges que longues, à bord,
arrondi, onde, subulé. C'est pour lui un genre de la famille
des polypiers empâtés, qu'il place entre les genres Pinceau et
Eponge : il en compte sept espèces qu'il divise d'après la réu-
îiion ou la distinction des articulations. Voyez, pour plus de
détails, Halimède. (De B.)
FLABELLAIRE. (Foss,) Quoique les flabellaires soient
assez communes dans les mers actuelles, il est très-rare d'en
trouver à l'état fossile. La destruction de leur partie fibreuse
qui n'a pu se conserver, et le peu de solidité de celle qui est
calcaire, empêchent qu'on n'en retrouve dans les lieux où elles
étoient peut-être communes autrefois. Il en est sans doute
ainsi pour les corallines et autres polypiers corticifères , dont, à
l'exception des isis, on ne retrouve point de vestiges. L'espèce
de flabellaire que j'ai trouvée à Grignon près de Versailles,
étoit composée d'articulations distinctes et comprimée; , qui se
rapprochent de la forme de celles de la flabellaire raquette,
FLA 91
mais qui sont plus alongées. l'on voit à leur partie supé-
rieure les petits trous qui servoient de passage aux fibres qui
tenoient ces articulations rapprochées les unes au-dessus des
autres. Longueur des articulations, 3 lignes environ. J'ai donné
à cette espèce le nom de flabellaire antique ,Jlabellaria an-
tiqua.
Avec ces articulations comprimées, j'en ai rencontré qui
sont d'une forme alongée et subcylindrique ; j'ai pensé
qu'elles avoient pu faire partie de la tige de l'espèce ci-dessus,
qui paroît ne se rapporter à aucune espèce connue. (D. F. )
FLABELLARIA. ( Bot.) Genre de la famille des algues, établi
par M. Lamouroux pour placer le conferva Jlahelliforrnis que
M. Desfontaines a décrit dans sa Flore atlantique, et qui est
Vulva Jlabelliformis de Roth, que Decandolle met avec doute
dans le genre Conferva,
L'organisation de cette plante la place entre les algues et les
conferves. Sa fronde semble formée pardesfilamens analogues
à ceux des conferves, soudés ensemble, et produisant un
réseau à mailles très-petites, superposées et entremêlées.
Le flabellaria varie beaucoup dans sa forme, mais jamais
dans sa couleur qui est le vert d'herbe foncé. Il offre une tige
cylindrique d'où s'élève une fronde étalée en forme d'éven-
tail ou de spatule d'un à deux pouces environ de hauteur. Le
bord supérieur est toujours frangé et lacéré et plus mince que
le reste de la plante. Plusieurs tiges ou frondes semblables
partent d'une racine commune , rampante et entrelacée.
« L'organisation , dit M. Lamouroux, est évidemment réti-
culée: les mailles sont très-petites, entrelacées et comme feu-
trées. Les fibres longitudinales, appliquées presque les unes
contre les autres, paroissent articulées et transparentes ; les
fil)res transversales sont à peine visibles. On trouve souvent sur
les feuilles des stries transversales et concentriques dans les-
quelles la substance est plus mince , ou des zones d'une couleur
plus foncée et presque opaque, mais se dégradant et se fondant
dans la substance de la plante inférieurement ou supérieure-
ment. *
M. Lamouroux présume, par analogie avec ce qui s'observe
dans les dictyotées, que ces zones sont produites par les fructi-
fications de cette plante, qui n'ont pas encore été observées.
9^ FLA
Le Jlahellaria Desfontanii , nom que M- Lamouroux donne à
cette plante, croît sur les bords de la Méditerranée. On le
trouve à Marseille , Nice, etc. Il est figuré tab. 6, fig. 4 de
l'Essai sur lesgenres de la famille des thalassioph ytes de l'au teur
cité, dans Marsigli , Hist. , tab. 6, fig 27, et dans Ginanirii ,
Adriat. tab. 26, n" 56. Ce genre fait partie de l'ordre des
dictyotées dans la Méthode de M. Lamouroux. (Lem.)
FLABELLIPEDES. {Ornilh.) Les oiseaux auxquels on donne
ce nom, qui exprime des doigts en éventail, sont ceux dont
les quatre doigts, dirigés en avant , sont réunis dans une même
membrane, comme chez le fou, le pélican, etc. (Ch. D. )
FLACHS-FINK. (Ornith.) On nomme ainsi en allemand
la linotte commune , fringilla linota, Linn. (Ch. D. )
FLACKIG-HOITTING {Ichthyol.) , nom suédois du chaar-
cin double-mouche de M. de Lacépèdc . lequel sera décrit à
l'article Pjabuque. (H. C. )
FLACON DES PÈLERINS (Bot.), un des noms vulgaires
d'une espèce de courge , cucurbita Lagenaria , Linn. ( L. D.)
FLAGELLARIA. {Bot.) Stackhouse, en établissant ce genre
dans la famille des algues, le caractérise ainsi: Fronde cylin-
drique, reine, cartilagineuse, torse, renflée dans son milieu,
remplie d une matièremuqueuse cellulaire ; fructification cons-
tituée par des tubercules très-petils, nus et enfoncés dans la
substance de la fronde , et à son extrémité. •
Stackhouse ramène à ce genre les fucus filum, thrix, flageU
liformis et longissimus de sa Néréide britannique et des auteurs,
ce qui le place dans le genre Chordaria de Link adopté par
Agardh, Lyngbye, etc. et y ramène le chorda , Lamx., fondé
sur le fucus Jilum seulement. (Lem.)
FLAGELLEE (Bot.), nom que les jardiniers donnent à
une variété de la laitue cultivée. (L. D.)
FLAG-SPAET ( Ornith. ) , nom danois de l'épeiche ou pic
varié, à tête rouge , pici/s medrus , Linn. ( Ch. D.)
FLAMANT. [Entom.) Barrère désigne ainsi dans son Hist.
nat. de la France équinoxiale, pag. 197, une espèce de fourmi
des bois dont la piqûre donne la fièvre pendant vingt-quatre
heures. (CD.)
FLAMANT. (Ornith.) L'oiseau auquel on donne ce nom,
qui, dans certains auteurs, est écrit flamand, Jlamhant.^Jlam-
FLA 93
heau, est le phénicoptère ou oiseau aux ailes de flamme. La
couleur éclatante de l'ibis rouge a aussi fait appliquer à cet
oiseau la dénomination de flambe ou flamant, qui s'est même
étendue aux ibis brun et des bois. Voyez Flammant. (Ch.D.)
FLAMBANT. {Ornith.) Voyez Flamant. (Ch. D.)
FLAMBE. {Bot. ) L'iris est souvent désigné sous ce nom Fran-
çois. (J.)
FLAMBE BATARDE. (Cof. ) C'est l'iris faux-acorus. (L. D.)
FLAMBÉ. (Entom.) C'est le nom donné par Geoffroy au
papillon chevalier grec nommé PodaLirius. ( C. D.)
F£,AMBEAU {Ichthjol.) , un des noms vulgaires de la cépole
taenia. Voyez Cépole. (H. C. )
FLAMBEAU DU PEROU. {Bot) C'est le cierge du Pérou,
cactus peruvianus. (J.)
FLAMBERGENT. (Ornith.) On appelle ainsi Fhuîtrier ou
pie de mer, hcematopus ostralegus , Linn. Il paroît même que
cette dénomination s'étend au courlis commun. (Ch. D.)
FLAMBO. {IchthyoL) Voyez Flambeau. (H. C. )
FLAMBOISIER. {Bot.) C'est le framboisier dans quelques
cantons. (L. D.)
FLAMENCO {Ornith.), nom espagnol du flammant, qui
s'écrit en portugais, en anglois et en allemand, flamiugo.
Dampier, Nouv. Voy. autour du Monde , Rouen , 17 1 5 , t. r,
p. 94, dit avoir vu une très-grande quantité de ces oiseaux
dans une île vis-à-vis de Curaçao, appelée par les pirates
l'île de Flamingo. (Ch. D.)
FLAMINGO. {Ornith.) Voyez Flamenco. (Ch.D.)
FLAMMA, FLAMMULA.(5of.)Les anciens donnoientces noms
à des plantes caustiques capables d'enflammer les parties d'un
corps vivant avec lesquelles on les met en contact. Telles sont
diverses espèces de renoncules, et surtout la petite douve.
ranuncuius Jlammula ; les diverses clématites , et principale-
ment le clematis recta; la dentelaire, p/umtago. Gesner nomraoit
aussi Jlamma ou Jlammula Jovis, la coquelourde des jardiniers.
agrostemma coronaria, peut-être à cause de la belle couleur
rouge de ses fleurs ; et, pour le même motif, Rumpli donne à
l'fxora coccmea le nom de Jîam ma syli/arum. (J.)
FLAMMANT. {Ornith.) Les Grecs ont donné à cet oiseau le
nom de phénicoptère, c'est-à-dire d'oiseau à l'aile de flamme..
94 FLA
qui convenoit surtout aux individus âgés de deux ans, dont
les ailes seules sont d'un bel incarnat, et dont le cou et le
corps sont encore revêtus de plumes blanches.
On est surpris de ne pas trouver dans Aristote une dé-
nomination qu'on lit dans Aristophane , et qui a paru si
expressive aux Latins, que Pline, Appius , Juvénal, Suétone,
n'ont pas hésité à l'adopter. Ce terme, traduit en François
pur Jlambant , Jlamboyant , Jlammant , a perdu parmi nous ce
qu'il avoit d'énergie et de grâce dans le langage des Grecs ,
et, en l'écrivant, par oubli de l'étymologie, ^aman-d onjla-
mant , on a fait d'un oiseau de couleur de flamme un oiseau
de Flandre, pays où il n'existe pas.
Le même oiseau a reçu en France un autre nom tout-à-
fait étranger à la couleur du plumage, et tiré d'une partie
plus essentielle , du bec , qui doit plutôt servir de type aux
noms génériques : comme la forme de celui du phénicop-
tère a du rapport avec un manche de charrue, on l'a appelé
hécharu. Mais , quoique MM. de l'Académie des Sciences en
aient donné, tom. 3, part. 3 de l'Histoire de cette Académie ,
une description anatomique sous ce nom, que Vahnont de
Bomarea adopté, il n'est pas très-sonore et n'a pas fait fortune.
A Cayenne on appelle le même oiseau tococo.
Le flammant réunit aux caractères de l'échassier, dans des
proportions excessives, ceux des palmipèdes, puisque ses
jambes, situées hors de l'abdomen et dégarnies de plumes,
sont très-hautes, et qu'il a les trois doigts antérieurs engagés
dans des membranes qui, quoique échancrées à leur centre,
s'étendent jusqu'aux ongles, tandis que le doigt de derrière,
fort court , est seul libre. Le cou , également long et très-grêle ,
est surmonté d'une tête petite, et le bec, lamelleux et plus
haut que large , a les bords dentelés. La mandibule supé-
rieure , droite et voûtée à sa base, se fléchit tout à coup et
presque à angle droit, vers le milieu, s'aplatit, se rétrécit et
s'incline encore à sa pointe sur la mandibule inférieure, qui
est plus épaisse et plus large, circonstance d'après laquelle on
a supposé la première seule mobile sur l'autre. Les najîines,
percées longitudinalement dans un sillon près de l'arête supé-
rieure du bec , sont bordées d'une membrane extensible et
à l'aide de laquelle l'oiseau peut les couvrir entièrement. La
FLA 95
langue, épaisse et charnue , est garnie de glandes à son ori-
gine, et couverte à sa surface de papilles recourbées en
arrière.
Le genre Flammant n'a long-temps été composé qued'une seule
espèce , dont plusieurs auteurs ont cru ensuite devoir séparer les
flammants observés au Chili par l'abbé Molina ; et, depuis,
M. Geoffroy - Saint- Hilaire en a décrit, dans le Bulletin des
Sciences, publié par la Sociétéphilomathique, en germinal an vr
(mars 1798), une troisième , sur laquelle il a remarqué des par-
ticularités plus relatives aux caractères génériques qu'à ceux
qui servent à distinguer les espèces, puisqu'elles ont rapport à
la forme du bec. La face interne de la mandibule supérieure ,
qui, dans le phénicoptère des anciens, est partagée en deux
vers le milieu par une arête étroite et haute de trois milli-
mètres, consiste dans le flammant du Sénégal, dont la taille
est d'ailleurs plus petite, en une lame verticale, haute.de
quinze millimètres, au.ssi large à sa base que le demi-bec lui-
même, et dont le bord libre se termine en un tranchant très-
acéré. Cette lame descend profondément et est reçue dans la
mandibule inférieure, disposée à cet effet ; car les prolongemens
rentrans qui, dans le phénicoptère des anciens, dépassent
presque à angle droit, de trois millimètres au plus, les bords
de la mandibule inférieure , sont remplacés dans la nou-
velle espèce par une lame de quinze millimètres , laquelle
fait un angle aigu avec les bords de la mandibule , circonstance
qui, suivant l'auteur, doit influer sur la foi'me de la langue
tt le mode de nourriture. M. Geoffroy a accompagné sa notice
de figures des becs comparés-, et M. Vieillot , partant de cette
observation, a divisé le genre Phénicoptère en deux sections
énoncées, la première en ces termes ; « Surface interne de
la mandibule supérieure partagée en deux, vers son milieu,
par une arête assez mince; bords internes de la mandibule
inférieure étroits ; >^ et la seconde, ainsi qu'il suit : « Surface
interne de la mandibule supérieure verticale , très-haute .
aussi large à sa base que le demi-bec lui-même, et dont le
bord se termine en tranchant très-acéré; bords internes de la
mandibule inférieure très-larges. >^
Si l'on regarde les observations de M. Geoffroy comme suf-
fisantes pour opérer la division du genre, et si les différence-*
9^ FLA
de plumage remarquées par Molina, dans son Essai sur l'his-
toire naturelle du Chili, p. 223 de la traduction Françoise de
Gruvel , sont jugées de nature à constater aussi l'existence
d'une espèce particulière, il en résultera trois espèces, que
M. Geoffroy désigne ainsi :
Phénicoptère des anciens ; Phœnicopterus major, ayant les
pennes des ailes noires et le bec en partie jaune.
Petit Phéxicoptère ; Phœnicopterus minor (Sénégal), dont
les pennes alaires et le bec sont noirs.
Phénicoptère du Chili; Phanicopterus Chilensis , Gmel., le-
quel a les pennes alaires blanches.
Mais M. d'Azara, qui a décrit des flammants tués dans les
lagunes de la rivière de la Plata et à Buenos- Ayres, leur a
trouvé les pennes alaires noires, comme au phénicoptère des
anciens; et Molina, qui avoue que ces pennes sont également
noires chez les flammants des autres parties de l'Amérique ,
est le seul qui parle de pennes blanches pour ceux du Chili.
D'un autre côté , il a vu des individus de différentes tailles; et
Mauduyt, à qui les flammants d'Afrique et du Chili étoient
aussi connus, dit positivement, au mot Phénicoptère de l'En-
cyclopédie méthodique, que « ceux d'Amérique et ceux de
l'ancien continent, les phénicoptères de la plus haute taille et
ceux qui sont les moins grands, sont tous certainement de la
même espèce. ^^ Peut-être conyiendroit-il , en conséquence,
de suspendre encore Tadoption absolue de trois espèces dif-
férentes, jusqu'à ce qu'on ait soumis à un nouvel examen les
circonstances relatives aux variations dans le bec du flammant
du Sénégal, qu'on ait été à portée d'en mieux apprécier la
valeur réelle par des observations anatomiques renouvelées
sur un assez grand nombre d'individus; et que, par rapport
au flammant du Chili, on ait pu s'assurer si les faits observés
par Molina , relativement à la blancheur des pennes alaires
et de plusieurs autres parties du plumage dans les âges divers ,
ainsi qu'à une sorte de houppe sur la tête , sont aussi cons-
tatis, aussi généraux qu'il l'annonce , et s'ils ne tenoient pas
au sexe et à d^autres circonstances locales.
On se bornera, d'après ces considérations, à donner ici
la description et l'histoire du flammant ou phénicoptère drs
anciens, phœnicopLerus ruher. Linn.
FLA 07
Il résulte des observations anatomiques de MM. de l'Aca-
démie des Sciences, que la langue très-grosse de l'individu
par eux disséqué étoit contenue dans la cavité formée par la
mandibule inférieure ; que de chaque côté elle étoit recou-
verte, dans un espace de plus de six lignes, par les rebords
de cette mandibule, et qu'elle étoit garnie, depuis sa racine
jusqu'à la moitié de sa longueur, de deux rangs de longues
pointes charnues ,. tournées vers le gosier. Quant à la cou-
leur, les jeunes , avant la mue , ont tout le plumage cendré ,
et beaucoup de noir sur les pennes secondaires des ailes
et sur celles de la queue. A l'âge d'un an ils sont d'un blanc
sale ; les pennes secondaires des ailes sont d'un brun noi-
râtre, avec une bordure blanche; les couvertures, à leur
origine , d'un blanc nuancé de rose et terminées de noir, et
les pennes blanches de la queue tachetées de brun noirâtre :
leur longueur n'est alors que d'environ trois pieds. Lorsqu'ils
ont atteint deux ans , le rose prend plus d'éclat sur les ailes ;
mais le cou est encore blanc, ainsi que les autres parties du
corps. Les vieux mâles, âgés de quatre ans, ont la tête, le
cou , les ailes , la queue qui est très-courte , et les parties infé-
rieures, d'un beau rouge, moins foncé toutefois sur le dos et
les scapulaires, et davantage sur les ailes, dont les pennes
secondaires dépassent de plusieurs pouces les rémiges, qui
sont d'un beau noir. Le tour des yeux et la base du bec sont
blanchâtres; depuis cette base jusqu'à sa courbure, le bec est
d'un rouge de sang, et le reste, vers la pointe , est iioir : les
pieds sont rouges. Sa longueur, depuis le bout du bec jusqu'à
celui de la queue, est alor« de quatre pieds quatre pouces,
et jusqu'à celui des ongles de six pieds. Les vieilles femelles,
âgées de plus de quatre ans, ont aussi tout le plumage rouge ;
mais la teinte en est plus pâle, et leurs dimensions sont moins
îortes.
Le flammant paroît répandu sur tout le globe , au-dessous
de 40 à 46 degrés; mais cet oiseau, qui ne visite pas les ré»
gions du Nord , est voyageur dans les climats chauds et tem-
pérés des deux continens : seulement de passage sur les côtes
^néridionales de l'Europe, on ne le rencontre qu'accidentelle-
ment sur les fleuves dans l'intérieur des terres. Les flammants
vivent de coquillages, de frai de poissons et d'insectes, pour
98 FLA
se saisir de leur nourriture, ils appuient la partie plate de la
mandibule supérieure sur la terre, et remuent en même temps
les pieds afin de porter dans leur bec, avec le limon , la proie
que la dentelure de ce bec sert à y retenir. Toujours en
troupes, ils se forment eu file pour pêcher, et ce goût de
s'aligner leur reste même lorsque, placés l'un contre l'autre,
ils se reposent sur la plage. Ils ont l'habitude d'établir des
sentinelles pour la sûreté commune; et, soit qu'ils se reposent
ou qu'ils pèchent, l'un d'eux est toujours en vedette, la tété
haute. Si quelque chose alarriie celui-ci , il jette un cri bruyant
qui s'entend de très-loin , et qui resscinble au son d'une trom-
pette. Aussitôt la troupe part, et observe dans son vol un
ordre semblable à celui des grues. Il y a néanmoins des voya-
geurs qui prétendent que lorsqu'on parvient à surprendre les
flammants , leurépouvante les rend en quelque sorte stupides ,
et qu'ils laissent au chasseur le temps de les abattre presque
jusqu'au dernier.
Ces oiseaux nichent, en général, sur les plages noyét-s , et
sur les îles basses; et comme ils ne pourroient, vu l'extrême
longueur de leurs jambes, se tenir accroupis dans leur nid,
ils le construisent au bord des eaux , avec la fange des marais,
en forme d'un cône tronqué par le haut , d'environ vingt
pouces, et ils se placent dessus, les jambes pendantes de chaque
côté et appuyées sur la terre. L'endroit destiné à recevoir les
œufs, qui sont blancs, au nombre de deux ou trois, gros
comme ceux de l'oie et un peu plus alongés, est concave;
mais tandis que, suivant Labaf et autres, ces œufs sont posés
à nu , l'enfoncement du cône étoit, dans ceux qu'a observés
Molina, tapisséd'un duvet très-tin. Les jeunes, qui nepeuvent
voler que lorsqu'ils sont revêtus de toutes leurs plumes ,
courent , même avec vitesse, peu de jours après leur naissance.
Les anciens faisoient grand cas de la chair du flammant.
Philostrate la compte entre les délices des festins, etlalangue,
fort grasse , en étoit surtout recherchée comme un excellent
morceau; mais les modernes qui ont eu occasion de manger
de ces oiseaux, en ont trouvé la chair huileuse et presque
toujours d'une odeur de marais fort désagréable. M. Geoffroy
dit qu'on en tue en Egypte des quantités assez grandes pour en
«mplir des bateaux , et qu'on les y vend sans les langues, qui
FLA 99
sont garnies d'une multitude de glandes dont l'huile , expri-
mée entre des ais , est conservée pour assaisonner des mets
divers.
Oil a essayé d'élever des flammants en domesticité , et l'on
est parvenu à apprivoiser des individus qui avoient été pris
jeunes; mais cet oiseau languit et vit peu dans nos climats, où
il a été impossible d'en obtenir la reproduction. Peiresc a
remarqué qu'il trempoit dans l'eau le pain qu'on lui présen-
toit ; qu'il mangeoit plus la nuit que le jour; que, très -sen-
sible au froid, il s'approchoil du feu jusqu'à se brûler les
pieds ; que , lorsqu'il dormoit , il refiroit une de ses jambes sous
le ventre , et que , privé de l'usage d'une jambe , il marchoit
avec l'autre , en s'aidant du bec, et l'appuyant à terre comme
une béquille.
La peau du flammant est garnie d'un bon duvet, et l'on
s'en sert aux mêmes usages que de celle du cygne. Les Indiens
font, avec ses plumes, des colliers, des bonnets ou fours de
tête, des ceintures et d'autres atours. Suivant Cetti, gU Uc-
celli di Sardegna, p. 297, les Sardes fabriquent avec l'os de sa
jambe une flûte, qu'ils appellent lionedde, et dont ils tirent
un son très-doux. (Ch.D.)
FLAMME. ( Bot. ) Les fleuristes donnent ce nom à une
variété de l'œillet commun. ( L. D.)
FLAMME et FEU. ( CKim. )
Définitions. Le mot feu a été employé suivant deux accep-
tions difl'érentes : il l'a été, premièrement, pour désigner le
phénomène par lequel de la chaleur et de la lumière se
manifestent simultanément à nos sens-, en second lieu, pour
désigner la cause même de ce phénomène.
Le moi Jlamme est particulièrement appliqué au feu qu'on
observe dans l'action mutuelle de deux gaz, ou lorsque des
corps solides ou liquides passent à l'état aériforme. La flamme
n'est donc qu'une circonstance particulière de la manifestation
du feu ; cependant nous ferons remarquer que le ttCû des
Grecs , que nous traduisons par feu , s'appliquoit certaine-
ment à la flamme, puisqu'ils avoient fait dériver 7rvpsi./ji.}ç ,
pyramide, de vru^, à cause de sa forme , qui a quelque ressem-
blance avec celle de la flamme.
Les phénomènes que le feu présente, soit qu'on les con-
7-
too FLA
sidère en eux-mêmes, soit qu'on les considère relativement
aux actions chimiques qui accompagnent la production de
ces phénomènes , étant du plus haut intérêt , nous allons
examiner le feu :
1.** Par rapport aux circonstances dans lesquelles il se ma-
nifeste ;
a." Par rapport aux phénomènes qu'il présente lorsqu'il est
à l'état de flamme ;
3." Par rapport à la manière dont on en a envisagé la
nature.
Ces sections nous permettront d'exposer à la fois les belles
découvertes que l'on a faites sur le feu , et les hypothèses in-
génieuses dont il a été l'objet. Tout ce qui va suivre ne devra
s'entendre que du feu que nous pouvons développer, et
nullement de celui du soleil.
I.'' SECTION.
Circonstances dans lesquelles le feu apparaît.
A. Feu qui apparaît par simple communication.
Lorsque des corps solides ou liquides, fixes au feu, sont
en contact avec des substances incandescentes, ou placées dans
des atmosphères dont la température est au moins de 667 d. ,
et que ces corps ne peuvent d'ailleurs éprouver aucune action
chimique, ils répandent de la lumière et de la chaleur. Ce
phénomène est une conséquence de l'équilibre de la chaleur,
et de ce que les corps solides et liquides ne peuvent être
échauffés au-dessus de bè-j à. sans devenir lumineux.
Les corps gazeux sont sans doute susceptibles de devenir
lumineux par communication, mais ce n'est qu'aune tempéra-
ture de beaucoup supérieure à 667 d. Plusieurs expériences
le démontrent : la première qui ait constaté ce fait est due à
T.Wedgewood. Ce savant, ayant dirigé un courant d'air dans
un tube de verre chauffé au rouge, observa que l'air, à la
sortie du tube , n'émettoit pas de lumière , et que cependant il
étoit assez chaud pour qu'un fil mince d'or qu'ony plongeoit y
devînt lumineux très-promptement.
Quant à la température que l'on peut donner à un corps
par communication, elle ne peut jamais aller au-dessus de
celle du foyer.
\
FLA loi
B. Feu produit par la percussion ou lefrottement.
En percutant les corps, ou "en les frottant, on en élève la
température, comme tout le monde sait . il est donc tout
simple qu'en percutant rapidement un morceau defersurune
enclume, on le rende lumineux; qu'en frottant vivement deux
morceaux de bois sec l'un contre l'autre , on en élève assez la
température pour qu'ils prennent feu. C'est aussi en dévelop-
pant de la chaleur que la compression rend quelques gaz
lumineux, et qu'elle détermine l'inflammation de plusieurs
mélanges aériformes.
C. Feu produit pendant fade de la combinaison.
Au mot Attraction moléculaire , nous avons dit qu'un phé-
nomène très-commun dans la combinaison chimique est une
élévation dans la température des corps qui s'unissent, éléva-
tion qui est d'autant plus grande , que les corps ont une
affinité mutuelle plus énergique. Nous en avons conclu que ,
de ce fait, on pouvoit déduire la manifestation du feu ou
de la flamme par l'action chimique ; que, pour la concevoir,
il falloit admettre un dégagement de chaleur capable de
porter les corps à la température où ils deviennent lumineux.
Lorsque des solides ou liquides, en se combinant entre eux,
ou avec un gaz, forment des composés solides ou liquides,
il suffit, pour qu'il y ait incandescence , que la chaleur mise
en liberté porte leur température à 667 deg.; lorsque des
solides ou liquides se combinent à un gaz et forment un
composé gazeux, ou bien lorsque deux gaz s'unissent en-
semble, et que, dans les deux cas', il y a assez de chaleur
dégagée pour rendre les gaz lumineux, il y a injlammation .-
d'où il suit que la Jlamme n'est qu''une substance gazeuse dont
la température est assez élevée pour être lumineuse ; et , d'après
les expériences exposées plus haut, il est évident que cette
température doit être supérieure à celle qui porte les corps
solides au rouge blanc.
D. Feu produit par plusieurs composés qui sont exposés à la
chaleur.
Plusieurs antimonites et antimoniates, l'oxide de chrome,
d'après les expériences de M. Berzelius ; la zircone , d'après
celles deM.Davy-, le peroxide de titane, d'après les miennes ,
exposés à une chaleur d'un rouge obscur, éprouvent tout à
'^^ FLA
coup un phénomène d'incandescence très - remarquable.
M. Berzelius, qui Va observé le premier, l'attribue à un de-
gré de combinaison plus intime qui s'établit entre les élémens
des composés qui présentent ce phénomène.
E. Feu produit par une simple séparation d'élémens auparavant
combinés.
Le chlorure d'azote, l'iodure d'azote , qui se décomposent,
soit par une légère percussion , soit par une légère élévation de
température, donnent lieu à un vif dégagement de feu.
F. Feu produit par la réunion des deux électricités.
Lorsque des quantités suffisantes des deux électricités se
réunissent, il se produit une élévation de température et une
lumière très-sensible. L'expérience la plus propre à démontrer
ce résultat, est celle de M. H. Davy. Cet illustre chimiste ayant
établi, au moyen d'un charbon, dans une cloche vide d'air,
la communication entre les deux pôles d'une pile voitaïque , a
observé que le charbon devenoit resplendissant de lumière
comme s'il eût brûlé dans Toxigène; et, ce qui est bien remar-
quable , c'est qu'après l'avoir tenu pendant deux heures dans
cet état, il a vu qu'il n'avoit pas changé de poids. M. H. Davy
pense que ce moyen est celui qui peut donner la température
la plus élevée.
IL' SECTION.
Des phénomènes que présente la flamme.
§. I.*'
Des Jlammes considérées sous le rapport de leur durée.
Nous avons défini plus haut ce que c'est que la flamme, et
les circonstances dans lesquelles elle est produite; établissons
maintenant \ts rapports qui existent entre la flamme persis-
tante d'un gaz combustible que l'on a allumé à l'orifice d'un
tuyau par lequel se dégage, dans un milieu comburent, la
flamme également persitante d'une bou'gie , d'une chan-
delle , etc. , et les flammes instantanées que présentent les
mélanges d'un gaz inflammable (t d'un gaz comburent, lors-
que ces gaz passent à l'état de combinaison.
A. Flammes persistantes.
Lorsque du gaz , ou une vapeur susceptible d'être enflammée
dans une atmosphère comburente, arrive dans cette atmo-
FL.\ io3
Spîière par l'orifice d'un tuyau, orifice que nous supposons
circulaire; si on en approche un corps suffisamment chaud,
l'inflauimation a lieu et se continue tant qu'il se dégage du
gaz combustible, en supposant qu'il y ait un excès de corps
comburent. Dans ce cas, la flamme a une forme conique, plus
ou moins régulière; elle donne plus ou moins de lumière, et
plus ou moins de chaleur, suivant la nature de la substance
enflammée.
La température nécessaire pour allumer un gaz inflammable
varie suivant sa nature ; c'est ce que nous dirons plus particu-
lièrement dans la suite. La durée de la flamme s'explique
facilement : en eff'et, dès que les premières particules se sont
enflammées, elles dégagent de la chaleur qui échauffe assez
les particules qui les suivent pour mettre celles-ci en état de
se combiner au gaz comburent. On conçoit donc que s'il n'y a
pas d'interruption dans l'écoulement du gaz, la flamme devra
se continuer. Sa forme conique dépend, i". de ce que la
quantité de gaz combustible contenue dans chaque tranche
horizontale va en diminuant à mesure que les portions de
ce gaz se combinent successivement au gaz comburent qui
l'environne, de sorte que la flamme se termine en pointe
lorsque tout le gaz combustible est consumé; 2° de ce que,
la température étant plus élevée à la partie inférieure de la
flamme (1), et allant en diminuant jusques au sommet, l'es-
pace occupé par le gaz combustible doit aussi diminuer de la
base au sommet ; 5.° de l'accélération delà vitesse avec laquelle
le gaz combustible doit s'élever dans une atmosphère toujours
plus lourde que lui, ne fût-ce qu'à cause de la haute tempé-
rature du premier.
Les flammes-d'une bougie, d'une chandelle , d'une lampe,
ont beaucoup d'analogie avec celles dont nous venons de
parler; mais elles présentent cependant quelques circons-
tances qui leur sont particulières : c'est ce qui nous engage à
en parler. Lorsqu'on allume, pour la première fois, une
bougie , une chandelle, il faut d'abord liquéfier la couche de
cire, de suif , qui est immédiatement au-dessous de la portion
de mèche qui se trouve à découvert , afin que le combustible
(e) Non pas à la base même de la flamme , mais ua peu au-dessus.
Ï04 FLA
liquéfié s'élève, au moyen des interstices capillaires de la
mèche Jusqu'à son sommet. Il faut, en second lieu, chauffer
assez fortement le combustible qui est parvenu au sommet
delà mèche, pour que son carbone et son hydrogène s'u-
nissent à l'oxigène de l'atmosphère. Une fois que l'inflammation
a commencé, elle se continue jusqu'à ce que tout le combus-
tible soit consumé, parce que la chaleur du foyer fond le
combustible placé au-dessous, et que celui-ci s'élève incessam-
ment dans la mèche pour remplacer celui qui vient de brûler.
La flamme d'une bougie ou d'une chandelle est creuse in-
térieurement; la partie lumineuse est très-mince; ellese com-
pose de deux couches: la plus extérieure , à peine visible, est
bleuâtre ; la seconde , d'un éclat plus vif, est d'un blanc roux.
La manière de se convaincre que la partie lumineuse n'est
qu'une enveloppe très-mince , consiste à couper horizontale-
ment la flamme par une toile métallique suffisamment serrée
et froide : alors la partie de la flamme située au-dessus de la
toile s'éteint, et est remplacée par une vapeur combustible.
La partie inférieure conserve sa forme première de coupe;
et en regardant l'intérieur de cette coupe au travers de la toile,
on voit que le bord est un anneau étroit et lumineux , et que la
cavité de la coupe, au milieu de laquelle se trouve la mèche,
est tout-à-fait obscure. Si l'on approche un corps en ignition de
l'espace où se trouvoit la partie supérieure de la flamme , on
allumera la vapeur combustible qui sort au travers de la toile
métallique, et on reproduira une flamme semblable à ce qu'elle
étoit avant l'interposition de la toile. Il y aura cependant cette
différence, que la partie supérieure ne sera pas contiguë à ia
partie inférieure, qu'il y aura même un espace, entre la toile et
la partie lumineuse supérieure , qui permettra de voir que cette
partie creuse est obscure à l'intérieur et limitée extérieurement
par une enveloppe lumineuse dont l'épaisseur va en augmentant
de la base au sommet. Cette jolie expérience est de M. Sym ;
mais nous devons dire que Carradori , long - temps avant
M. Sym, avoit envisagé la flamme d'une bougie comme une
bulle obscure au centre et lumineuse à l'extérieur. Nous expli-
querons plus bas la manière dont agit le tissu métallique, ainsi
que les expériences de M. H. Davy, qui ont conduit M. Porret
à faire , sur la flamme d'une chandelle , plusieurs observations
FLA. io5
que nous allons rapporter. M. Perret pense que la couche
extérieure de cette flamme est la seule qui brûle ; qu'elle
(Idnne lieu à la manifestation de la chaleu^, et que c'est la
couche intérieure qui donne lieu surtout à la manifestation de
la lumière. Dans celle-ci il y a un dépôt de charbon , qui est
porté à l'incandescence. Ce dépôt a lieu par la chaleur de
la couche extérieure ; il ne se produit que dans une très-
légère épaisseur : le centre obscur de la flamme est occupé
par des gaz et des vapeurs inflammables que la mèche laisse
échapper. M. Porret a fait deux expériences pour prouver
que le dépôt du cliarbou se fait dans la seconde couche, et
non au centre de la flamme. Il a pris un tube de verre de deux
pouces de longueur, ouvert à ses deux extrémités, dont le
diamètre total étoit moindre que celui de la flamme, et le
diamètre intérieur étoit à peu près égal à celui de la mèche.
Il a placé ce tube sur la mèche d'une chandelle qui venoit
d'être mouchée : par l'orifice supérieur, il est sorti un gaz
qu'on a enflammé ; et ce qu'il y a de remarquable , c'est qu'au
bout de quelques secondes le tube n'étoit pas , ou presque
pas , noirci intérieurement , tandis qu'il étoit recouvert exté-
rieurement d'une couche de charbon. Si on répète l'expé-
rience avec un tube coudé à angle droit, dont la branche
horizontale est fort longue, il y aura des vapeurs inflammables
qui se condenseront en des substances dont l'une est fusible à
loo d. , et l'autre à Sa d.
La flamme d'une lampe présente des résultats analogues
aux précédens, si ce n'est que l'huile, à cause de son état
liquide , n'a pas besoin d'être préalablement échaufi'ée pour
s'élever dans la mèche par l'action capillaire de ses interstices.
Le phosphore allumé continue de brûler jusqu'à la fin , parce
que la chaleur dégagée parla combustion est suffisante pour
vaporiser et déterminer la combustion rapide du pliosphore
qui n'a point encore brûlé. Le soufre se comporte d'une ma-
nière analogue au phosphore ; cependant il peut s'éteindre
si sa masse est trop considérable pour être portée à la tem-
pérature nécessaire à sa vaporisation par la chaleur de la
flamme.
Le zinc, chauffé dans un creuset, s'enflamme facilement ;
mais, si on relire le creuset du feu , il pourra s'éteindre, parce
io6 FLA
que le produit de la combustion est un corps fixe, qui, en
s'attachant à la surface du métal, préservera celui-ci du con-
tact ultérieur de l'oxigène. L'arsenic est plus facile à brûler
complètement que le zinc, parce que, le produit de la com-
bustion étant volatil , la surface du métal est continuellement
en contact avec l'atmosphère. Mais, dans tous les corps qui
sont volatiles , et dont le produit de la combustion l'est aussi ,
il faut observer que, si la chaleur dégagée par l'inflamma-
tion n'est pas considérable , la combustion cessera , à cause
du refroidissement occasioné par la production des vapeurs.
B. Flammes instantanées.
Lorsqu'on plonge un corps , suffisamment chaud, dans un
mélange de gaz combustible et de gaz comburent, il y a tout
à coup une inflammation qui est si rapide, au moins dans les
volumes de mélanges sur lesquels nous opérons, qu'elle paroit
instantanée-, mais, dans la réalité, elle ne l'est point. Les par-
ticules qui touchent le corps chaud, s'enflamment d'abord;
puis la chaleur qu'elles dégagent par l'acte de leur combi-
naison, détermine l'inflammation des particules voisines,
et ainsi de suite. C'est donc parce que l'action chimique se
propage avec rapidité, que l'inflammation des mélanges gazeux
nous paroît instantanée : c'est donc par la rapidité seule que
les flammes des mélanges gazeux diffèrent des flammes per
sistantes.
La détonation qui accompagne les inflammations instan-
tanées, et qu'on n'observe pas dans les flammes persistantes,
tst une suite de la rapidité avec laquelle l'inflammation se
propage dans un mélange gazeux. Dans ce cas, les particules
du gaz comburent étant intimement mêlées avec celles du gaz
combustible , la combustion se fait dans un grand nombre de
points à la fois : dès lors, la chaleur dégagée dans un instant
étant toujours plus ou moins considérable, le produit de la
combustion en éprouve une expansion subite , telle qu'il frappe
l'air ambiant avec assez de force pour le mettre en vibra-
tions sonores. I<es flammes persistantes étant produites par
un courant de gaz ou de vapeur inflammable, dont la surface
seulement se combine à un gaz comburent qui l'environne de
ïQutes parts, on voit pourquoi il n'y a pas de détonation.
FLA. 107
§. II.
De plusieurs propriétés desjlammes.
Transparence de lajlamme.
La flamme est traTispareiile ; si on ne peut voir un corps non
lumineux au travers de la flamme d'une bougie ou d'une
chandelle, cela tient au trop grand éclat de la flamme com-
paré à celui des corps placés derrière elle , et non à son opacité ,
comme M. Sym l'a prétendu en 1816. Des expériences de
Rumford, décrites en 1794, et plusieurs autres faites en 1817
par M. Porret, démontrent sans réplique la transparence de
la flamme. M. de Rumford a observé que la lumière de deux
chandelles placées de front, avoit le même éclat que dans le
cas où l'une étoit placée devant l'autre sur la même ligne; et,
en outre, que la flamme d'une chandelle , placée à midi entre
l'oeil etle soleil, étoit tout à-fait invisible, tandis que la mèche
et le suif dans lequel elle étoit implantée, étoient parfaitement
visibles à cause de leur opacité. M. Porret a fait plusieurs
expériences pour prouver le même résultat : la plus simple
est celle-ci .- On allume deux chandelles: on les laisse brûler
jusqu'à ce que leurs mèches soient devenues fort longues. On
mouche Tune d'elles, afin d'avoir une flamme brillante et une
flamme terne. En regardant ensuite la flamme brillante au
travers de la flamme terne, on l'aperçoit très-bien, tandis
qu'on ne peut distinguer la flamme terne lorsque celle-ci est
placée derrière la flamme brillante.
Eclat des flammes.
Il existe une très-grande différence dans l'éclat des flammes.
Le phosphore, le zinc, brûlant dans l'oxigèn'e ; le potassium,
brûlant dans le chlore, répandent une vive lumière , tandis
que l'hydrogène, le soufre, brûlant dans l'oxigène ; le phos-
phore, brûlant dans le chlore, n'en répandent qu'une plus ou
moins pâle.
M. H. Davy pense que, dans les flammes brillantes, il se
trouve une substance solide*qui est la cause de leur éclat , par
l'état d'ignition que lui donne la chaleur de la combustion.
Cette substance , pour les flammes que nous avons citées en
premier lieu, est l'acide phosphorique, l'oxide de zinc, le chlo-
rure de potassium. Dans la flamme des hydrogènes carbures ,
io8 FLÂ.
des huiles , de la cire, des graisses, c'est du carbone préci-
pité à l'état solide qui entre en ignition , puis en combus-
tion ; et ce qu'il y a de remarquable , c'est que M. Davy a
donné de l'éclat aux flammes pâles dont nous avons parlé , en
y projetant de l'oxide de zinc , ou en y plaçant un fil d'amiante
ou de platine.
Température desjlammes.
Les températures des diverses flammes paroissent être fort
diff"ércntes ; mais, ce qui est digne d'être observé, c'est que
l'élévatièn de la température n'est point en rapport avec
l'intensité de l'éclat. Ainsi , le mélange d'hydrogène et d'oxi-
gène, enflammé à l'orifice du chalumeau de Newman , émet
une lumière qu'on a peine à voir à la clarté du jour 5 et
cependant sa température est si élevée, que la plupart des
corps réfractaires qu'on y expose se fondent, et que tous y
répandent une lumière extrêmement vive.
M. H. Davy pense que , dans le cas où des gaz mêlés
entrent en combinaison sans qu'il y ait changement de vo-
lume , comme cela a lieu pour le mélange de volumes égaux
de chlore et d'hydrogène , pour celui de 1 de cyanogène et de
3 d'oxigène, l'expansion qu'ils éprouvent pendant leur réac-
tion , peut indiquer, par approximation , la température pro-
duite. Cet illustre chimiste, ayant fait détoner le second de ces
mélanges dans un tube recourbé, de | de pouce de diamètre,
qui contenoit de l'eau , a estimé l'expansion par la quantité
de ce liquide chassée hors du tube. Il l'a évaluée à quinze
fois le volume du mélange; ce qui indiqueroit une tempéra-
ture de 2760 deg. Mais il n'est pas douteux que ce nombre
est plutôt au-desSous du véritable qu'au-dessus, caria matière
du tube et l'eau ont dû nécessairement absorber de la cha-
leur. Le carbone du cyanogène, en brûlant dans l'air, paroît
donner plus de chaleur que l'hydrogène -, car M. H. Davy a
fondu , dans la flamme du premier, un fil de platine qui avoit
résisté à la flamme de l'hydrogène.
Coloration desjlammes.
On sait que lastrontiane et la chaux colorent la flamme des
substances hydro-carburées en rouge ; que l'acide borique les
colore eu vert, ainsi que l'oxide de cuivre. M. H. Davy pense
que ces substances sont décomposées dans les flammes qu'elles
FLA. log
colorent ; que leur radical combustible , d'abord séparé de
l'oxigène par le carbone et l'hydrogène, entre ensuite ea
ignition , puis en combustion ; mais nous croyons que cette
opinion estloin d'être démontrée, et qu'il est plus probable de
considérer la couleur comme appartenant au corps brûlé lui-
même qu'à l'acte même de la combustion de son radical.
§. in.
De Vinjluence de la température sur la production et Ventrelieti
desjlammes, et des combustions lentes.
C'est surtout avec les mélanges gazeux inflammables quel'on
peut s'assurer de cette vérité, qu'ils diffèrent beaucoup, sui-
vant les espèces de gaz qui les constituent, sous le rapport de
la température qui est nécessaire pour déterminer l'inflamma-
tion de chacun d'eux.
Le gaz hydrogène phosphuré, à la température ordinaire,
ne peut être mis en contact avec l'air ou avec le chlore sans
qu'il y ait une inflammation subite. Il est le seul gaz connu
qui soit susceptible de s'enflammer à une température aussi
basse.
Le mélange de 7 parties d'hydrogène perearburé, et de
100 parties d'air, est enflammé par le fer et Je charbon
chauffés au rouge foible. Le gaz hydrosulfurique , le gaz hydro-
gène, mêlés à l'air, s'enflamment à peu près à la même tem-
pérature. Il en est encore de même du mélange de 1 partie
d'oxide de carbone avec 2 parties d'air.
Le mélange de gaz hydrogène protocarburé et d'air, fait
dans les proportions les plus favorables à l'inflammation , ne
s'allume pas parle charbon qui brûle sans flamme, ni par le
fer chauffé au rouge blanc : il faut, pour qu'il détone, la
flamme d'une bougie, ou celle de l'oxide de carbone, de
l'hydrogène perearburé ; il détone encore quand on y plonge
un fer qui est en combustion.
On voit donc que l'hydrogène protocarburé est bien éloigné
de l'hydrogène phosphuré, par le degré de chaleur qu'il exige
pour être enflammé.
M. H.Davy,à qui nous devons les observations que nous
venons de rapporter, a essayé de mesurer la chaleur dégagée
pendant la combustion de quantités égales des gaz préeédens.
"« FLA
Le gaz qui devoit être brûlé , étoit contenu dans un gazomètre
à mercure, auquel ou avoit adapté un système de robinets
terminés par un fort tube de platine ayant une petite ouver-
ture ; un vase de cuivre, plein d'huile, à loo deg. , dans
laquelle plongeoit un thermomètre , étoit placé au-dessus de
cette ouverture : tous les gaz sortirent sous une même pres-
sion, et tous furent consumés à peu près dans le même
temps.
La flamme du gaz hydrogène percarburé éleva le ther-
momètre à l32°,2
hydrogène, à ii4";4
hydrosulfurique, à , iii", i
du charbon de terre , à i i5°j3
oxide de carbone , à loB^jS
M. H. Davy dit que les quantités d'oxigène consqmées (en
prenant pour unité celle qui est absorbée par l'hydrogène )
seroient , en supposant la combustion parfaite, 6 pour le gaz
hydrogène percarburé, 3 pour lacide hydrosulfurique , i pour
l'oxide de carbone. Le gaz du charbon de terre ne contenoit
qu'une très-petite proportion de gaz hydrogène percarburé: en
le regardant comme de l'hydrogène protocarburébieu pur, il
auroit consumé 4 d'oxigène. Si l'on prend les élévations de tem-
pérature et les quantités d'oxigène pour données , les rapports
de la chaleur produite par la combustion des difTérens gaz
seroient, pour l'hydrogène, 14,44; pour le gaz hydrogène
percarburé, 6,57 ;. pour l'acide hydrosulfurique, 0,7, et pour
l'oxide de carbone , 5,55. M. Davy ajoute qu'il ne faut pas rai-
sonner sur ces rapports comme s'ils étoient exacts, parce que,
pendant la combustion, les gaz hydrogènes carbures dépo-
sèrent du charbon, et l'acide hydrosulfurique beaucoup de
soufre ; et, en second lieu, qu'il y a grande raison de croire
que les capacités des gaz pour le caloi'ique croissent avec leur
température (1).
Nous avons vu que la durée d'une flamme se perpétuoit
dans le cas où les particules inllammables aériformes se su' -
cédoient dans une atmosphère comburenle, et que l'inflam-
mation se propageoit très-rapidement de couche en couche
(1) C'est ce que TVOT. Duloug et Petit ont démoatré.
FLA ttt
dans un mélange combustible par la chaleur résultante de la
combustion. On comprendra sans peine maintenant comment
la présence d'un corps solide,, mis en contact avec la flamme,
peut J'affoiblir et même l'éteindre, en absorbant la chaleur
nécessaire à sa durée ou à sa propagation : c'est ainsi,
1.° Qu'un fil métallique, placé horizontalement dans la
flamme d'une bougie ou d"une chandelle, en affoiblit l'éclat,
et d'autant plus qu'il a plus de masse et qu'il est meilleur
conducteur :
2." Qu'une boule de métal de la grosseur d'une balle de
fusil, introduite dans l'intérieur de la flamme d'une chandelle,
en aflfoiblil tellement l'éclat, qu'elle n'émet plus qu'une pâle
lumière bleue (i) ;
0.° Que le mélange d'hydrogène protocarburé et d'hydro-
gène ne détone point dans des canaux métalliques, lorsque le
diamètrede cesderniers est moindrequ'un septième de pouce,
et leur longueur considérable en raison de leur diamètre (2) ,
4.° Qu'une toile mélallique en laiton, épaisse de 7^- de
pouce, et dont les interstices ont 7^^ de pouce, façonnée en
vase, et placée dans un mélange détonant d'hydrogène pro-
tocarburé et d'air, occasionne un refroidissement assez grand
à la flamme de la portion de mélange que l'on enflamme dans
l'intérieur du vase, pour que l'inflammation ne se propage
pas au dehors -,
5.° C'est ainsi que cette même toile agit lorsqu'on la place
horizontalement au milieu de la flamme d'une bougie, etc.
Des faits précédens il ne faut pas conclure que les mélanges
inflammables iie peuvent entrer en combinaison que dans le
cas seulement où ils sont exposés à une chaleur capable de
les enflammer, il existe, au contraire, une autre circonstance
extrêmement remarquable , où ils se combinent lentement
sans donner lieu à aucune lumière sensible: quoique cette cir-
constance paroisse, au premier aspect, étrangère à la nature
de la flamme, qui fait l'objet de cette section, ce que nous
dirons plus tard fera voir qu'elle s'y rattache par plusieurs
points.
(1) M. Porret.
(2) M. H. Davy
112 FLA
].• 1 V. de chlore, i v. d'hydrogène, exposés à la lumière
diffuse, se combinent lentement sans qu'il y ait de lumière.
2." Un grand nombre de métaux qui, à une température
élevée, dégagent beaucoup de lumière, peuvent brûler sans
en dégager à une température plus basse.
3.° La même chose arrive au charbon qu'on expose à une
température un peu supérieure à 56o d. ; ce combustible se
convertit assez rapidement en acide carbonique.
4.° Au rouge obscur l'oxigène brûle l'hydrogène percar-
buré, sans explosion.
5.° 1 d'oxigène et 2 d'hydrogène, échauffés dans un tube , à
un degré qui se trouve entre 36o d. et la plus grande tempé-
rature que l'on peut donner au verre sans le rendre visible dans
l'obscurité, se combinent lentement sans dégager de lumière.
G° L'oxide de carbone, le cyanogène, mêlés à l'air, sont
susceptibles d'éprouver la même combustion.
7." 11 en est encore de même des vapeurs d'alcool , d'éther,
d'essence de térébenthine et de naphte.
M. H. Davy, à qui nous devons la connoissance des cinq
derniers faits, a prouvé, d'une manière extrêmement ingé-
nieuse , que . dans l'acte des combinaisons lentes des substances
gazeuses , il se dégage une quantité de chaleur qui est insuffi-
sante pour rendre les gaz lumineux, mais qui est capable de porter
les fils de platine et de palladium à un état d'ignition voisin, de La
chaleur blanche. Nous allons décrire la manière de faire cette
expérience.
Dans des mélanges d'oxigène et d'hydrogène, d'air et de
gaz hydrogène percarburé, d'air et de cyanogène, d'air et
d'oxide de carbone, on plonge le fil métallique, qu'on a préala-
blement chauffé au degré de température où les gaz que l'on
veut unît" sont susceptibles de se combiner lentement; le fil
détermine la combinaison des parties qui le touchent, et la
chal( ur dégagée le rend lumineux. En employant des fils de
même épaisseur, on observe quel'ignition est plus grande dans
le mélange d'oxigène et d'hydrogène que dans le mélange
d'hydrogène percarburé, plus grande dans celui-ci que dans
le mélange d'oxide decarhone. L'ignition du platine est foible
dans un mélange de 2 p. d'air et de 1 de gaz du charbon de
terre; elle est forte , au contraire, dans un mélange de 3 d'air
FLA 1,5
et de 1 de gaz inflammable. M. Davy a observe qu'un fil de ^"j-
de pouce de diamètre, plongé dans les mélanges très-combus-
tibles, s'échauffoit assez pour les faire détoner, tandis que ce
uiéiue fil ne devenoit que rouge-cerise ou rouge obscur dans les
mélanges moins combustibles.
Pour faire Texpérience avec l'alcool et l'éther, on met une
goutte d'élher dans un verre froid, ou une goutte d'alcool
dans un verre chaud : on chauffe, à la flamme d'une bougie ,
un fil de platine de^ày^^de pouce de diamètre, roulé en
spirale , j usqu'au rouge ; on le retire de la flamme ; on le laisse
refroidir jusqu'à ce qu'il ne soit plus lumineux; puis on le
plonge dans l'intérieur du verre , très-promptement : il
devient rouge-cerise, et même rouge blanc dans quelques
parties. Le même phénomène s'observe en mettant le fil de
platine dans la mèche d'une lampe à alcool, de manière
qu'il ne la touche pas, mais qu'il puisse être plongé dans
la vapeur qui s'en exhale ; si ou allume la lampe , puis
qu'on l'éteigne quand le fil sera suffisamment échauffe, ce-
lui-ci deviendra lumineux, et il le sera tant qu'il s'évaporera
de l'alcool. I.a combustion leute de l'éther produit un acide'
volatil qui a paru d'une nature particulière à M. Faraday qui
l'a examiné.
Les lames, les feuilles de platine sont susceptibles de rougir,
comme les fils. M. Davy n'a pu faire ces expériences qu'avec
le platine et le palladium, parce que, vraisemblablement, ces
métaux sont moins conducteurs de la chaleur et ont n;oinsde
capacité pour elle que les autres métaux , et , d'un autre côté ,
qu'ils ont un foible pouvoir rayonnant. Ce qui prouve cette
dernière assertion, c'est qu'une couche mince de charbon sur
le platine, une couche mince de sulfure sur le palladium ,
empêchent l'expérience de réussir.
§• IV.
Influence de plusieurs causes qui tendent à ajfoihlir la propagation
de l'inflammation , en écartant les particules des mélanges
combustibles.
L'écartement plus ou moins grand des particules des mé-
langes gazeux étant une des causes qui doivent influer sur
l'intensité de leur combustion , nous allons examiner successi-
17-
114 FLA
vement l'influence de l'ëcartcment produit par une diminution
de pression; l'influence de l'écartement produit par une élé-
vation de température; enfin , celle qui résuite de Técartement
produit par Tinterposition d'un gaz qui ne prend point part à
la combustion. Nous prendrons pour guide l'excellent travail
de M. H. Davy sur la flamthe.
Art. 1." Effets qu'exerce sur lajlamine l'écartement des particules
des gaz, produit par une diminution de pression.
M. H.Davy pense que la raréfaction desgaz, produite par une
moindre pression, n'augmente ni ne diminue la température
nécessaire à l'inflammation d'un gaz, et que , si la flamme d'un
combustible s'éteint dans un air raréfié, cela tient à ce que la
chaleur de cette flamme n'a plus l'intensité nécessaire pour
entretenir la combustion.
C'est en partant de cette hypothèse qu'il explique les fait*
suivans ;
1." Les combustibles qui demandent le moins de chaleur
pour leur inflammation , brûlent dans un air raréfié où
s'éteignent les combustibles qui exigent pour leur inflamma-
tion une température plus élevée.
2.° Les combustibles qui développent beaucoup de chaleur
en brûlant, doivent, si toutes les autres circonstances restent
les mêmes, brûler dans un air raréfié où s'éteignent des com-
bustibles qui développent moins de chaleur.
On observe , en effet , que
1." L'hydrogène phosphuré brûle dans l'air le plus raréfié :
car si l'on en introduit dans le vide fait au moyen d'une excel-
lente machine pneumatique , il produit un éclair.
■2° Le phosphore brûle dans un air raréfié soixante fois.
3." Le soufre, qui s'enflamme à une température assez basse,
mais cependant beaucoup plus élevée que celle qui fait brûler
le phosphore, s'éteint dans un air raréfié vingt fois.
4.° L'hydrogène cesse de brûler dans une atmosphère raré-
fiée sept à huit fois.
6.° Il en est à peu près de même de l'hydrogène percar^
buré , qui est aussi inflammable que l'hydrogène.
6." L'acide hydrosulfurique est bien inflammable ; mai*
comme la chaleur est enlevée par le soufre qui se sépare
FLA Ti5
d'abord de l'hydrogène et qui se vaporise ensuite, il cesse
de brûler dans une atmosphère raréfiée sept fois (i).
7.° L'oxide de carbone produit peu de chaleur en brûlant;
mais comme il s'enflamme aussi facilement que l'hydrogène,
il brûle dans une atmosphère raréfiée six fois (1).
8." L'alcool et la cire, qui exigent plus de chaleur que les
coujbustibles précédeus, parce qu'ils en absorbent une assez
grande quantité pour se vaporiser et se décomposer, cessent
de brûler dans une atmosphère raréfiée cinq à six fois.
9.° L'hydrogène protocarburé , qui demande une tempéra-
ture plus élevée que les gaz précédens , s'éteint dans un air
raréfié quatre fois (i).
En comparant la chaleur dégagée pendant la combustion
de l'hydrogène percarburé, de l'hydrogène, de l'acide hydro-
su Ifurique, de l'hydrogène protocarburé et de l'oxide de car-
bone, avec les résultats que nous venons de donner, on verra
que la deuxième conséquence que nous avons déduite de l'opi-
nion énoncée au commencement de cet article , est , ainsi que
la première, d'accord avec l'-expérience.
Le mélange de chlore et d'hydrogène, qui brûle à une tem-
pérature inférieure à celle qui faitbrûler le mélange d'oxigène
et d'hydrogène, s'enflamme par l'électricité lorsqu'il est vingt-
quatre fois plus rare que sous la pression ordinaire , tandis que
le second mélange cesse de s'enflammer lorsqu'il est raréfié
dix-huit fois.
Un fait très-remarquable, et qui est parfaitement d'accord
avec cette théorie , c'est que , si l'on met en contact avec un gaz
inflammable un corps solide qui puisse s'échaufier jusqu'à un
certain point par la combustion d'une partie de ce gitz, la
combustion de l'autre partie pourra avoir lieu dans une at-
mosphère plus raréfiée que celle où elle auroit cessé si le corps
solide n'y eût pas été. C'est ainsi qu'en plaçant un fil de pla-
tine mince , 1." dans l'hydrogène, celui-ci ne cesse de brûler
que quand l'atmosphère est raréfiée treize fois; 2.° dans l'hy-
drogène percarburé , celui-ci ne s'éteint que quand la pression
(i) Dans cette expérience, la combustion du gaz étoit facilitée par un fil
de platine roulé en spirale, cjui se trouvoit à Torifice du tube de verifc oit
linflanimatioa avgit lieu,
S.
ii6 FLA
est dix à onze fois moindre; 3." dans la mèclie d une lampe
à alcool, d'une bougie, celles-ci brûlent dans une atmosphère
raréfiée sept à huit fois.
On observe encore que le naphte , qui s'éteint dans une at-
mosphère raréfiée six fois, brûle dans une atmosphère raréfiée
trente fois, lorsqu'on y a placé un fer rouge de feu-, qu'un mé-
lange d'oxigène et d'hydrogène, contenu dans un tube de
▼erie dont l'extrémité est échauffée jusqu'à le ramollir ,
raréfié dix-huit fois, s'enflamme par l'étincelle électrique dans
les seules parties qui sont échauffées.
Art. Jï. Effets que produit, relativement à V inflammation , l'éearte-
meiit des particules des gaz déterminé par la chaleur.
La raréfaction occasionée par la chaleur ne diminue pas la
combustibilité des gaz ; elle la facilite plutôt : car tel mélange
qui est dilaté par la chaleur, exige pour s'enflammer une
température moins élevée que celle qu'il auroit demandée, si
on l'eût enflammé en le prenant à la température ordinaire,
et en y plongeant un corps chaud.
M. H. I>avy a fait plusieurs expériences qui prouvent cette
assertion; mais, avant de les exposer, il faut savoir que ce
chimiste a observé que de l'air, chauffe dans un tubedeverre
contenant du métal fusible, jusqu'à ce que celui-ci commence
à être visible dans l'obscurité , occupe un espace qui est à
celui qu'il occupoit à loo d. comme 2,26 est à 1 , et qu'à la
•température rouge-cerise le même volume d'air en occupe uii
qui n'excède pas 2,5o.
1.° Un mélange de 1 partie oxigène et 2 parties hydrogène,
chauffé dans un tube de verre avec une lampe à alcool jusqu'à
ce que le volume du mélange tût devenu 2,6, a brûlé lors-
qu'on a dirigé sur l'extrémité du tube, au moyen d'un chalu-
meau, la flamme d'une autre lampe à alcool.
2.° Un mélange semblable au précédent, contenu dans untf
vessie à robinet, introduit lentement dans un tube de verre
épais , de 3 pieds de longueur et de j- de pouce de diamètre .
placé au milieu d'un feu de charbon , a détoné à une tempéra-
ture où le tube n'étoit pas rouge. Or, il faut, à la tempéra-
ture ordinaire , un corps rouge pour enflammer ce mélange.
3.°Unmélange dei volume d'hydrog.èneprotocarburé et B vo-
FLA 117
lûmes d air, ont été mis dans une vessie armée d'un tube ca-
pillaire; ce tube a été exposé à une chaleur suffisante pour le
ramollir; ensuite on a pressé la vessie de manière à faire
passer lentement le gaz dans le tube , et on a présenté à l'ori-
fice la flamme d'une lampe à alcool : le mélange s'est enflammé
et a continué de brûler, après qu'on a eu retiré la lampe ,
quoique l'extrémité du tube fût chauffée au rouge blanc.
M. Davy s'est aussi assuré que les combustions lentes étoient
tout-à-fait indépendantes de l'état de dilatation dans lequel
on pourroit supposer les gaz; car ce genre de combinaison
s'effectue lorsque les gaz exposés à la chaleur ne sont pas libres
de s'étendre.
Art. III. Effets que produit , relativement à l'inflammation, la pré-
sence de divers gaz qui ne prennent point part à Vinjlammalion-
dans an mélange gazeux combustible.
Si, à 1 volume d'oxigéne et 2 volumes d'hydrogène, ou
ajoute des gaz qui ne peuvent s'emparer de l'oxigène à l'exclu-
sion de l'hydrogène , jusqu'à ce que l'inflammation de l'hydro-
gène n'ait plus lieu, on observe qu'il faudra des proportions
très-différentes de ces gaz, suivant Fespèce de chacun d'eux.
M. H. Davy a trouvé que l'inflammation (i) d'une partie de
ce mélange étoit empêchée par
8 d'hydrogène environ ;
9 d'oxigéne ;
11 de protoxide d'azote;
1 d'hydrogène protocarburé;
2 d'acide hydrosulfurique ;
^ d'hydrogène percarburé;
2 de gaz hydrochlorique ;
l de gaz phtorosilicique^
L'inflammation a eu lieu lorsque les mélanges contenoient
6 d'Jiydrogènc;
7 d'oxigéne ;
10 de protoxide d'azote ;
(1) Les gaz étoient soumis à une forte étincelle électrique tirée d'unr
bouteille de Lejde.
»^8 FLA
I d'hydrogène protocarburé;
l" d'hydrogène percarburé ;
1 ^ d'acide hydrosulfurique ;
1 7 de gaz hydrochlorique;
I de gaz phtorosilicique.
Il est bien certain que , quand ces gaz empêchent Tinflam-
inaiion, cela tient surfout à la faculté qu'ont leurs particules
d'enlever, plus ou moins rapidement, la chaleur aux parti-
cules des mélanges inflammables qui leur sont contiguës. Il est
probable que ce pouvoir refroidissant qu'ils exercent dépend ,
1.° de la rapidité plus ou moins grande avec laquelle ils
absorbent la chaleur qui en élève la température; 2° de leur
capacité, ou de la plus ou moins grande quantité de chaleur
qni est nécessaire pour élever une unité de poids de chacun
d'eux au même degré de température. Cependant, si l'on ap-
plique, auxrésiiltatsdeM. H.Davy, les densités et les capacités
des gaz déterminées par MM. Delaroche et Berard . on obser-
vera qu'ils ne s'accordent point : car, 1.° le protoxide d'azote,
dont la densité est environ un tiers plus grande que celle de
l'oxigène, et dontla capacitéestà celle de ce dernier: : i,55o3 :
0,9766 en volume, oppose moins d'obstacle que lui à l'inflam-
mation; 2." l'hydrogène , beaucoup plus léger que l'oxigène,
et ayant, à volume égal, une capacité plus petite , exerce plus
de pouvoir refroidissant que ce dernier-. 5." enfin, le gaz hy-
drogène percarburé a un pouvoir refroidissant beaucoup plus
élevé que ne l'indiquent sa densité et sa capacité.
Si la cause de la faculté refroidissante des gaz, pour em-
pêcherrintlammation,n'estpas encore démontrée, l'expérience
prouve, i.°qu^ils agissent de la même manière dans les différentes
espèces de combustion ; 2.° que les mélanges ou les corps inflam-
mables qui exigent le moins de chaleur pour brûler, exigent de
plus grandes quantités de gaz différens pour ne pas être enflammés,
et réciproquement : c'est ce que M. H. Davy a démontré de
la manière la plus satisfaisante.
(a) On introduit une bougie allumée dans une bouteille
alongée dont le col est étroit; on l'y laisse brûler jusqu'à ce
qu'elle s'éteigne, puis on la retire ; on bouche le vase, et
quand il est refroidi, on y plonge une seconde bougie allumée»
qui s'éteint avant d'être arrivée à la base du col.
FLA iig
(h) On met du zinc et de l'acide sulfurique à lo d, dans un
petit tube de verre-, quand l'hydrogène s'en dégage, on l'en-
ilamme ; puis on plonge le petit tube dans la bouteille : le gaz
continue d'y brûler dans toutes les parties où on le met , mais
il finit par s'éteindre.
(c) Quand il est éteint, on plonge du soufre allumé dans la
bouteille ; ce combustible brûle quelques insians.
(d) Si, après qu'il est éteint, on met du phosphore dans la
bouteille, ce combustible paroîtra aussi lumineux que dans
l'air.
On voit, parées expériences, que l'hydrogène, plus facile-
ment inflammable que labougie, brûle dansune atmosphère où
celle-ci s'est éteinte ; que le soufre , plus inflammable t}ue Thy-
drogéne , brûle dans l'air où l'hydrogène ne brûle plus ; enfin ,
que le phosphore, plus combustible que le soufre, brûle dans
un air où ce dernier a cessé de brûler.
Lorsqu'un mélange exige peu de chaleurpour s'enflammer,
l'interposition d'un gaz qui en empêche l'inflammation, n'em-
pêche point les élémens de ce mélange de se combiner sans
dégager de lumière. En effet, si l'on met i volume de chlore ,
1 volume d'hydrogène avec 2 volumes de gaz hydrogène per-
carburé, et qu'on fasse éclater une étincelle électrique dans
les gaz, il se forme de l'acide hydrochlorique ; il se dégage
de la chaleur qui dilate les gaz, et qui est si promptement
absorbée par l'hydrogène percarburé , qu'il n'y a point de
lumière. Bientôt après l'expansion, les gaz reviennent à leur
premier volume.
Il est très-vraisemblable que , quand le phosphore brûle
dans des mélanges où l'oxigène est peu abondant, la lumière
se trouve seulement sur les particules de l'acide phosphorique,
et que quand l'hydrogène phosphuré brûle dans un air très-
rare , le phosphore seul est consumé.
Il est évident que la condensation doit augmenter et la ra-
réfaction diminuer le pouvoir refroidissant des gaz, tandis
que la quantité de matière qui brûle dans des espaces donnés,
augmente ou diminue dans le même rapport.
M. H. Davy a observé, i." que la chaleur dégagée dam l'air ra-
réfié pendant une combustion, diminue très-lentement par la raré-
faction , parce que probablement le pouvoir refroidissant de Vazote
FLA
diminue plus rapidement que la chaleur dégagée par Les corps qui
trâlenL; 2." que, dans le cas où iljy a condensation, le pouvoir refroi'
dissant de l'azote croit moins vite que la chaleur dégagée n'est aug-
mentée par l'accroissement de la quantité des corps qui brûlent:
mais cette augmentation de chaleur n'est pas considérable;
car lesfldmmes d'une bougie , du soufre et de l'hydrogène, brû-
lant dans un air quatre fois plus dense que l'atmosphère, ne
reçoivent pas un accroissement de combustibilité plus grand
que si l'on eût ajouté ^ d'oxigènc à l'air ordinaire.
M. H. Davy tire cette conclusion que , dans les limites d'élé-
vation ou de profondeur où nous pouvons nous trouver dans
l'atmosphère , celle-ci possède le pouvoir comburent à des
degrés très-rapprochcs.
Puisque les gaz qui ne prennent point part à la combustion
d'un mélange combustible avec lequel ils se trouvent en con-
tact, agissent en refroidissajit , il est évident qu'à de haute»
températures l'inlluence de ces gaz pour empêcher la com-
bustion, devra être moindre qu'à la température ordinaire. Il
est encore évident qu'il en sera de même des vapeurs , qui
exigent beaucoup de chaleur pour leur formation.
§. V.
Applications.
Dans ce paragraphe nous donnerons quelques développe-
mens à plusieurs points de l'histoire des flammes persistantes,
et ensuite nous parierons de la lampe de sûreté de H. Davy,
qui est une de.s plus utiles et des plus belles applications que
l'on ait faites des connoissanccs physiques et chimiqoes au
bien de l'humanité.
En traitant des flammes persistantes, nous avons expliqué la
manière dont la combustion d'une bougie, d'une chandelle,
dune lampe, continue après qu'on Ta déterminée par une
chaleur étrangère. Nous avons passé sous silence plusieurs
développemcns, qui exigent, pour être bien entendus, l'en-
semble des faits qui ont été exposés dans les paragraphes pré-
céiens.
Si une matière grasse, employée à l'éclairage, donne lieu à
une production de noir de fumée et à une odeur plus ou
moits dcsagré.'ible , cela tient à ce que la combustion du car-
FLA
bone et de l'hydrogène des élémens de la matière grasse n'est
point complète ; car, si elle 1 etoit, il ne se formeroit que de
l'eau et de l'acide carbonique , et la lumière que l'on obtien-
droit dans ce cas seroit plus éclatante que celle qui est pro-
duite dans le cas contraire. C'est pour atteindre ce but que
l'ingénieux Argant a imaginé les lampes qui portent son nom ,
et auxquelles on donne plus communément celui dequlnquets.
On sait que. dans ces lampes, une mèche circulaire est placée
dans l'intervalle de deux cylindres dont l'un enveloppe l'autre;
que cet intervalle, fermé au fond , communique avec un réser-
voir d'huile. On sait encore que le cylindre inscrit est creux et
ouvert aux deux extrémités; de sorte que, quand la mèche est
allumée, il se produit deux courans d'air ascendans , un qui
enveloppe la mèche extérieurement, un autre qui passe dans
l'intérieur du cylindre, et qui touche la surface intérieure de la
mèche. Par cette disposition , le corps combustible se présente
par une plus grande surface à l'oxigène atmosphérique, que
dans les lampes ordinaires: par conséquent il est placé dans des
circonstances plus favorables à la combustion ; mais si la mèche
n'étoit pas enveloppée d'une cheminée de verre, la lampe
d'Argant seroit loin d'être parfaite. En effet, c'est cette che-
minée qui détermine, tantà l'intérieur qu'à l'extérieur, des cou-
rans d'air suffisans pour brûler toutes les parties combustibles
de l'huile; c'est elle qui, en mettant obstacle à la dispersion
de la chaleur, concentre celle prcfduite par la combustion
dans le foyer de la lampe, et complète par là les conditions
absolument nécessaires à la parfaite combustion de l'huile.
L'on sait que, quand la mèche d'une bougie ou d'une chan-
delle allumée n'a pas été mouchée, l'éclat de la lumière est
diminué. Rumford prétend que celte circonstance diminue de
moitié l'éclat d'une bougie ; et que l'éclat d'une chandelle . qui
étoit exprimé par loo quand on venoit de la moucher, étoit
déjà réduit à Sg après sept minutes, à 25 huit minutes plus
tard , à 1 C après dix minutes. Mais , ce qui mérite encore d'être
remarqué, c'est qu'une chandelle non mouchée fait une déper-
^dition de suif plus considérable que celle qui l'a été. M. Porret
explique ces deux effets, la diminution de l'éclat et la consom-
mation plus grande du suif, par l'opacité et la couleur noire de
la mèche, qui intercepte et absorbe la lumière d'une partie de
FLA
la flamme , et par Ja faculté conductrice de cette mèche, qui^
transmettant de haut en bas , une grande quantité de la chaleur
de la flamme, détermine par là une grande volatilisation de
suif. Ce dernier effet, joint au rayonnement de la mèche, con-
tribue aussi à diminuer l'éclat de la flamme , parce qu'il la re-
froidit, et que ce refroidissement s'oppose à ce qu'il y ait
autant de charbon déposé qu'il y en auroit eu dans le cas où la
mèche auroit été mouchée. Si on se rappelle que M. H. Davy
attribue à ce dépôt de charbon l'éclat de la flamme des hydro-
gènes carbures et des corps gras, on concevra sans peine
pourquoi la lumière devient moins éclatante lorsque ce dépôt
diminue.
Lampe de sûreté.
Dans les galeries des mines de charbon de terre, il se déve-
loppe souvent du gaz hydrogène protocarburé , que l'approche
d'un corps enflammé fait détoner après qu'il s'est mêlé à l'air.
Si le volume du gaz inflammable est considérable, la détona-
tion peut avoir les suites les plus dangereuses pour les ouvriers
qui s'y trouvent exposés. M. H. Davy, consulté sur les moyens
d'empêcher ces efi"ets, a imaginé ces ingénieux appareils, qu'il
a appelés lanternes ou lampes de sûreté. Le mineur qui en fait
usage n'a plus à craindre désormais que la lumière qui le guide
dans l'obscurité des galeries qu'il a creusées , lui devienne
funeste en allumant le gaz inflammable qui peut s'y trouver,
M. H. Davy a construit trois sortes de lampes de sûreté.
hampe delà première sorte. C'est une lampe à huile, dont le
réservoir circulaire est placé dans lebas d'une lanterne de fer-
blanc, garnie de quatre vitres-, l'air arrive à la mèche par
plusieurs tubes métalliques, de ^ de pouce et de i pouce '- de
hauteur, qui sont rangés autour d'elle. Une cheminée, formée
de deux cônes ouverts, ayant une base commune percée de
plusieurs petits trous, est adaptée au haut de la lanterne;
les orifices inférieur et supérieur de la cheminée ont 5 de
pouce de diamètre.
Cette lampe a l'inconvénient de s'éteindre quand elle est
agitée fortement.
Lampe de la seconde sorte. Elle ressemble à la précédente , si
ce n'est que l'air arrive à la mèche par des canaux de sûreté, an
FLA 123
lieu d'y arriver par des tubes. Ces canaux, aunombrede trois,
sont formes par des cylindres de divers diamètres , placés l'un
dans l'autre, de manière qu'ils forment des conduits de i ^de
pouce de longueur, et depuis f^ jusqu'à-^ de pouce de largeur.
La cheminée contient quatre canaux semblables, dont le plus
petit a deux pouces de circonférence; elle est surmontée d'un
cylindre creux, garni d'un chapiteau, dont l'usage est d'em-
pêcher la poussière de pénétrer dans la cheminée.
Lampe de sûreté de la troisième sorte. Elle est plus simple et
meilleure que les deux précédentes; elle se compose d'une
lampe ordinaire , dont la partie supérieure sert de base à un
cylindre creux de toile métallique en laiton, épaisse de 7^- de
pouce, et dont les interstices ont —^ de poi'.ce. Cette lampe
est plus portative que les autres; l'air y circule plus librement,
et la flexibilité de la toile la rend plus propre à résister aux
chocs qu'elle peut éprouver.
Lorsque l'hydrogène protocarburé est mêlé à l'air dans une
proportion suffisante pour le rendre détonant, la lumière de
la lampe s'agrandit (1) ,. puis s'éteint. Ce phénomène avertit
les mineurs de se retirer, parce qu'il est nécessaire de renou-
veler l'air de la galerie. Mais comment se guideront-ils P Par
\in moyen très-simple, que nous devons encore au génie de
Davy. On se rappelle qu'un fil, qu'une feuille de platine ou
de palladium, deviennent rouges de feu lorsqu'ils sont placés
dans un mélange gazeux susceptible d'éprouver une combus-
tion lente : hé bien, qu'on dispose au-dessus de la mèche de la
lampe de sûreté une petite cage de fils de platine d'une épais-
seur de 7j de pouce, ou une petite feuille de ce métal ou de
palladium ; à la combustion rapide et lumineuse succédera
une combustion lente, qui sera déterminée parla température
que la flamme de la lampe aura communiquée au métal placé
au-dessus d'elle, et qui le mettra en ignition. Tant que Tigni-
tion du métal aura lieu , le mineur peut être assuré qu'il ne
court pas le risque d'être asphyxié.
•yi) Dans cette proportion l'air est encore rcspirable.
ï^4 FLA
III.* SECTION.
De la manière dont les Chimistes ont envisagé le feu , relativement
à sa nature.
Les anciens regardèrent le feu comme un élément. Stahl ,
adoptant cette idée , distingua, sous le nom de phlogistique,
le feu combiné, du feu libre de toute combinaison. Stahl attri-
huoit la manifestation du feuqui a lieu dans l'action chimique;
au phlogistique qui étoit mis en liberté.
Après que Lavoisier eut démontré que cette explication
n'étoit pas fondée, on pensa assez généralement que la cha-
leur n'étoit qu'un effet produit sur nos organes par un corps
impondérable, que l'on désigna parle nom de calorique; et
l'on admit que ce corps pénétroit toutes les substances pon-
dérables , qu'il en tenoit les particules à distance, et que,
suivant la proportion dans laquelle il s'y trouvoit , les corps
étoient ou solides, ou liquides, ou gazeux. Les chimistes,
pour qui le calorique et la lumière étoient deux corps impon-
dérables distincts, pensoient que, dans les fluides aériformes,
et spécialement dans l'oxigène , ces corps étoient unis à une
hase pondérable.
L'explication que Lavoisier donna du feu qui apparoît dans
la combustion, ou plutôt des changemens de température
qu'on remarque dans l'action chimique, étoit principalement
basée sur la capacité des corps pour le calorique. Y avoit-il
élévation de température ? le composé produit avoit une
capacité moindre que ses élémens. Y avoit-il refroidissement?
le composé avoit une plus grande capacité que ses élémens.
Enfin, quand les capacités des élémens et celle du composé
étoient les mêmes, il n'y avoit aucune variation de tempéra-
ture. Quelques chimistes, sans admettre explicitement la
capacité pour le calorique, expliquèrent les changemens de
température parle seul principe de Tallinité élective; et, pour
nous borner à citer un seul exemple , celui de la combustion
d'un corps inflammable par l'oxigène, ils disoient que, dans
cette circonstance , l'affinité du combustible pour l'oxigène
l'emportant sur celle de ce corps pour le calorique et la lu-
snière , qui le cônstituoicnt à l'état gazeux, ces corps impon-
FLA i2ft
dérabics , mis en liberté, nous devenoient sensibles sous la
forme de feu.
Ces explications, étant sujettes à beaucoup d'objections,
reçurent d'autant plus de modifications, que Lavoisier, dans
sa Théorie de la combustion par la fixation de l'oxigène ,
n'avoit point arrêté d'une manière bien positive quelle étoit
l'origine du feu. Enfin , il arriva une époque où elles parurent
si peu d'accord avec les faits électro-chimiques récemment
observés, que plusieurs savans cherchèrent à les renverser.
Parmi eux on doit distinguer Ritter, M. Berzelius, M. Ocrsted.
Ces deux derniers savans ont cité beaucoup d'exemples de
composés dont la capacité pour le calorique est égale , ou
plus grande que celle de leurs élémens, quoique ceux-ci, en
se combinant, donnent lieu au phénomène du feu.
M. Berzelius pense que le feu produit dans l'action chi-
mique, ainsi que celui qui est produit dans la décharge élec-
trique, résulte de l'union des deux électricités.
Il se fonde, i.° sur ce que la décharge électrique produit
de la lumière en même temps qu'elle échauffe, qu'elle fond,
qu'elle volatilise, qu'elle porte à l'incandescence les corps par
rintcrmèdc desquels elle s'opère ; 2." sur ce que, suivant les
observations de M. H. Davy , les corps que l'on met en contact
développent d'autant plus d'électricité qu'ils ont plus d'affinité
mutuelle: que cette électricité et cette affinité vont en crois-
î^ant à mesure qu'on élève la température de ces corps; qu'au
moment où ils se combinent, il y a , comme dans la décharge
électrique , production de feu et neutralisation des électr'-
cités ; enfin , sur ce que les corps qui se sont unis , se séparent
de nouveau lorsqu'ils sont soumis à une décharge suffisante
pour les rétablir dans leur premier état électrique.
Ces vues de M. Berzelius ont reçu un nouveau degré de
j)''obabilité par l'assentiment que leur ont donné deux savans
français du plus grand mérite, MM. Dulong et Petit. (Ch.)
FLAMME BLANCHE (Bot,), nom vulgaire d'une espèce
d'iris. (L.D.)
FLAMME DE JUPITER. {Bot.) On donnoit autrefois ce nom
à la clématite droite. (L. D.)
FLAMME DE MER ( Ichthfol. ) , nom vulgaire de la cépole
bandelette. Voyez Cépole. ( H. C. )
\(>
126 FLA
FLAMME FÉTIDE. (Bot.) C'est Fins fétide. (L. D.)
FLAMMETTE, Flammule (Bot.), nbm vulgaire de la renon-
cule petite-douve et de quelques espèces de clématites. (L.D.)
FLAMO. {Ichthjol.) SuivantM. RissOjà Nice, on donne ce
nom au ruban de mer, cepola tcenia. Voyez Cépole. (H. C.)
FLASCO-PSARO (Ichthjol.), nom que les Grecs modernes
donnent au tetraodon Lineatus de Linnaeus , lequel est le fahaca
des x\rabes , et habite le Nil. Voyez Tetraodon. (H. C. )
FLAT BROOK TURTLE. (Erpét.) En Pensylvanie , on
appelle ainsi l'éuiyde peinte, suivant Schgeffer. Voyez Emyde.
(H.C.) ^
" FLATEYFlata. (Entom.) M. Fabricius a désigné sous ce nom
de genre un groupe de petites cigales, la plupart des pays
chauds, qui ressemblent à des pyrales par leurs ailes disposées
en toit, beaucoup plus longues que Fabdomen qu'elles re-
couvrent en se dilatant, et se portent beaucoup en arrière -, ce
qui avoit déjà fourni à M.'Latreille l'idée du nom ae poekilop-
tère, tiré des mots grecs ttoiki^oç, singulières {di^ersi geneiis),et
TrJ.Bpcv, aile. L'étyraologie du nom dejlata, s'il en a une, nous
est inconnue.
Les insectes de ce genre appartiennent à la famille des
insectes hémiptères coUirostres, ou auchénorinques, dont le
bec paroft naître du cou , qui ont les ailes d'égale consistance ,
trois articles à tous les tarses, et les antennes très-courtes.
Nous avons fait figurer une espèce de ce genre dans l'Atlas
de ce Dictionnaire, sous 1 en" 1 delà planche des auchénorinques;
c'est lajlate blanche de l'Ile-de-France.
Les liâtes ressemblent beaucoup anxfulgores et auxcercopes.
Comme ces hémiptères, elles ont les antennes insérées au-des-
sous des yeux, et non dans Forbite des yeux même, comme
chez les delphaces ou asiraques de M. Latreille , ni entre les
yeux, comme dans les cigales, les cicaddles ou les memhraces .
Ces an tennessont courtes en soie ; leur tête est comme tronquée, '
et les yeux globuleux. La largeur et la dilatation des ailes le*
éloignent des cercopes , et leur tête comme tronquée les sépare
des fulgores dont le front toujours prolongé est souvent sin-
gulièrement dilaté.
Ainsi que nous l'avons dit , la plupart des espèces de ce genre
sont étrangères à FEurope. Fabricius eu a décrit cinquante,
FLA 127
parmi lesquelles cinq ou six seulement se trouvent en France,
encore ce sont de très-petites espèces. Telle est
LaFi.ATE NERVEUSE, Flata nervosa, décrite sous le nom géné-
rique de cicada par Linnseus et par Geoffroy, 1. 1.", p. 415,
sous le n.° 1 , <i ailes transparentes , en remarquant le rapport
qui existe entre cette espèce et les vraies cigales de Provence.
Les autres espèces indiquées sont très-petites. On en trouve
une sur le chardon des champs dont elle porte le nom. C'est la
flata serratuhv, qui est jaune, à élytres pâles, blanchâtres avec
un point et deux lignes noires. (CD.)
FLAT-EEL (IchlhyoL) , nom anglois du plotose anguille.
Voyez Plotose. (H. C.)
FLAVE-FLIT {Ornith.), nom islandois du petit grèbe cornu,
eolynihus auritus , Linn. (Ch. D. )
FLAVÉOLE. (Omi7Ji.) Buffon a appliqué à un bruant étran-
ger cette dénomination tirée del'épithète donnée par Linnœus
à son emheriza Jlaveola . épithète également employée par le
même auteur pour désigner un de ses certhia , sucrier de
Lufïbn ; et par M. Vieillot, pour indiquer l'une de ses fau-
vettes. (Ch. D.)
FLAVERIE , Ftayeria. (Bot.) [Corymbifères , Juss. — Sj'ngénésie
polygamie superflue , Linn.j Ce genre de plantes, établi par M. de
Jussieu, dans la famille des synanthérées , appartient à notre
tribu naturelle des héliantliées, et à la section des liélianthées-
millériées, dans laquelle nous le plaçons auprès des navenhur-
gia, milleria, riencurtia; It est surtout très-voisin du navenbur-
gia, dont il ne difl'ère presque point. Voici ses caractères, que
nous décrivons d'après Cavanilles, et dont nous ne garantissons
pas l'exactitude , parce que nous ne les avons pas vérifiés.
La calathide est semi-radiée , composée d'un disque uni-
quinquéflore, régulariflore , androgynillore , et d'une demi-
couronne uniflore, liguliflore , féminiflore (rarement nulle).
Le péricline est formé de deux à quatre squames égales, uni-
sériées, appliquées, ovales ;, concaves, foliacées; le clinanthe
est punctiforme, inappendiculé ; les ovaires sont oblongs , sil-
lonnés longitudinalement , très-glabres, inaigrettés.
Flavérie contre-poison : Flaveria contrajerba y Pers. ; MHleria
conlrayerba, Cav. , Icon.. ; Vermifuga corjmbosa , Ruiz et Pav.
C'est une plante herbacée , annuelle . haute de trois pieds, à
3 28 FLE
lige sillonnée, rougeàlre, divisée en rameaux opposés, croi-
sés, étalés, un peu velus : les leuillcs sont opposées, amplexi-
cauies, lancéolées, dentées en scie, glabres, glauques en
dessous, munies de trois nervures saillantes sur la face infé-
rieure ; les calathides sont terminales, agglomérées et corym-
bées ; leur péricline est souvent accompagné à sa base de deux
bractées'; leurs eorolles sont jaunes, velues à la base ; la lan-
guette de la fleur femelle est dressée, concave, éehancrée.
Cette plante habite le Pérou et le Chili, où on l'emploie à
teindre en jaune. ( H. Cass.)
FLAVERT (Ornjlh.) , nom donné par BufTon à un gros-bec
du Canada, loxia Canadensis , Linn. (Ch. D. )
FLEAU. (Bot.) C'est la fléole des prés. ( L. D.)
FLÉAU DU CHIEN. {Entom. ) Aristote , Hist. des Animaux,
Jiv. V, chap. 3 1 , désigne sous ce nom traduit du grec {Kvuopa.i/1»)
la tique des chiens. Voyez Tique. (CD.)
FLÈCHE ( IchfhYol. ) , nom spécifique d'un poisson du genre
Callionyme. (H.C.)
FLÈCHE D'EAU {Bot.), nom vulgaire de la flèchière. ( L. D. )
FLÈCHE-EN-QUEUE. (Ornjili.) C'est la version du mot pjl-
slaart, dans la traduction faite par Demeunier du Voyage de
Forrest aux Moluques et à la Nouvelle-Guinée, p. i55; et,
quoiqueBrisson,t.VI, p. 2 53, rapporte le pylstaart ou pjlstert
au harle étoile, rnergus minutus, Linn., il ne paroît pas dou-
teux queroiseau dont il est ici question ne soitle paille-en-queue,
ou oiseau du tropique, phaeton œthereu s, Linn. (Ch. D.)
FLÈCHIÈRE {Bot.); Sagittaria, Linn. Genre de plantes
monocotylédones, delà famille des alismacées, Juss., et de la
monoécie polyandrie , Linn., dont les fleurs sont monoïques, et
dont les principaux caractères sont ceux qui suivent : Fleurs
mâles situées dans la partie supérieure de la plante, formées
d'un calice de trois folioles ovales, persistantes; d'une corolle
de trois pétales arrondis, plus grands que le calice, et de vingt
étaminesou plus. Fleurs femelles situées a>!-dessous des mâles,
ayant un calice et une corolle de la même forme, et des ovaires
nombreux, supérieurs, ramassés sur un réceptacle commun,
globuleux, terminés chacun par un style court, à stigmate
simple. Chaque ovaire devient une capsule moaosperme et
indéhiscente.
FLE 129
Les fléchières sont des plantes herbacées , à racines vivaccs,
à feuilles radicales, et à fleurs disposées par verticilles sur une
tige nue. Elles croissent dans les eaux sur les bords des rivières,
des lacs et des étangs, dans les quatre parties du Monde. Une
seule espèce est indigène de l'Europe.
Fléchière sagittée, vulgairement Sagittaire, Flèche-d'eau,
Queue d'arondelle : Sagitlaria sagittifolia , Linn., Spec. , 1410 ;
F/. Dan,, t. 172. Sa racine , composée de fibres nombreuses,
donne naissance à des tiges droites, ordinairement simples,
striées, élevées d'un pied, ou environ, au-dessus de la sur-
face de l'eau, et à plusieurs feuilles pétiolées, glabres, ayant
la forme d'un fer de flèche, plus ou moins larges, ou plus ou
moins étroites, selon les variétés, et s'élevant à peu près à la
hauteur des tiges. Celles-ci se terminent par trois ou quatre
verticilles de fleurs blanches, pédonculées, larges de dix à
douze lignes, et d'un aspect agréable. Cette plante est com-
mune en Europe; elle fleurit en juin et juillet.
La flèche-d'eau a passé autrefois pour être rafraîchissante et
astringente; aujourd'hui elle n'est plus employée en médecine.
L'intérieur de ses tiges et des pétioles de ses feuilles est rempli
d'une moelle douce et savoureuse, dont les cochons sont très-
friands, et qui fait rechercher cette plante par ces animaux,
une fois qu'ils en ont mangé. Les chevaux en sont aussi très-
avides.
On cultive en Chine une esp éce de fléchière dont les racines
sont tubéreuses et bonnes à manger; et, sur la côte ouest de
FAmérique septentrionale, à l'embouchure delà Colombia, les
naturels du pays emploient aussi comme aliment, soit la même
espèce de la Chine , soit une autre plante du même genre dont
les racines sont également tubéreuses.
Par la forme singulière de ses feuilles , et par ses jolies
fleurs , notre fléchière commune fait un effet agréable dans les
eaux des petites rivières et des bassins placés dans les grands
jardins paysagers , où il faut la planter dans un terrain argi-
leux, qui est celui qu'elle préfère. Dans les lieux où elle se
trouve naturellement, elle est très-propre à produire de là
tourbe, et à fixer les terrains d'alluvion, qu'elle transforme
promptement en terres bonnesà cultiver. En la faisant arracher
dans des endroits où elle est commune, et en emportant la bou»
17. y
1 5o F L E
attachée àses longues racines, les cultivateurs peuvent en faire
un engrais dont ils se serviront utilement pour fertiliser leurs
terres sablonneuses et trop maigres.
Sagittaire a feuilles larges ; Sagiitaria latifolia, Willd.,
Spec, 4, p. 409. Cette espèce diffère de la précédente par ses
feuilles plus larges, dont les pétioles sont lisses, demi-cylin
driques et non cannelés. Elle croit dans l'Amérique septen-
trionale, depuis la Caroline jusqu'en Canada.
SAcriTAiRE OBTUSE ; Sagiitaria oOtusa, VVilld,, Spec, 4 , p. 409.
Cette plante est très-petite ; ses feuilles n'ont qu'un pouce et
demi de long; leur lobe principal est ovale, arrondi et obtus,
et les lobes latéraux sont alongés, droits, non divergens; la tige
est simple. Elle se trouve dans l'Amérique septentrionale.
Flbchièke A FEUILLES OBTUSES ; Sugittaria obtusifolia, Linn.,
Spec, 1410. C'est moins dans la forme obtuse de ses feuilles
qu'ilfaut chercherles caractères qui dislinguentcette espèce de
la fléchière commune, que dans la ramification de sa tige , dont
le verticille inférieur a ses rayons munis eux-mêmes de deux
autres verticilles. M. de Lamarck dit aussi que ses capsules sont
à trois loges , dont deux constamment vides. Cette plante croît
naturellement dans les Indes orientales.
Fléchière u ageaste : Sagittaria natans , YViUd. , Spec, 4,
p. 410. Ses feuilles sont longues d'un pouce à un pouce et
demi, elliptiques, lancéolées, obtuses, rétrécies à leur base,
ou légèrement en cœur; ses ileurs ressemblent à ceiles de la
fléchière commune, mais elles sont un peu phis petites. Cette
plante a été trouvée en Caroline par Michaux.
Fléchière alpine; Sagiitaria alpina, Willd., Spec, 4, p. 4 10.
Ses feuilles, longues de deux pouces et plus, sont lancéolées,
aiguës, rétrécies à leur base, ou légèrement échancrées en
cœur. Ses fleurs ressemblent, pour l'aspect et la grandeur, à
celles de l'espèce commune. Cette plante habite dans les lacs
des montagnes alpines de la Sibérie.
Fléchière a feuilles lancéolées; Sagittaria lancijolia. Linn.,
Spec, 1411. Sa racine est grosse, comme tubéreuse , fongueuse
intérieurement, odorante; elle produit des tiges hautes de
trois à quatre pieds, et des feuilles longues de-deux, y com-
pris leur pétiole, ovales-lanccolées, rétrécies » leurs dtux
extrémités. Ses fleurs sont blanches, grandes et belles, à calice
FLE i3i
tougPc^tre, et (disposées dansia partie supérieure des tiges éhsiié
verJiciiles ou plus, à rayons ternes et uniflores, excepté c,e<i*
du verîicillc inférieur qui sont ramifiés. Cette pldnte croît à la
Jamaïque et en Caroline.
Fi.ÉCHiÈRE GR\Mit^uOKME; Sagittaria graminea,yS'ilUh , Spec,
/, , p. 411. Dans cette espèce, qui croît en Canada, les feuilles
tout lancéolées-linéaires, presque semblables à celles des gra-
minées , et les pistils des fleurs femelles forment une très-
petite tête.
Fi.iÉGtiiÈRE A FEUILLES MCVEs ;Sagitta7-ia acutifolia, lAnn.ySup.^
419. Ses feuilles sont en alêne: elles diminuent insensiblement
de la base à leur sommet, sans offrir dans leur longueur au-
cune dilatation à la manière du limbe des -feuilles des autres
espèces. Celle-ci croît dans l'Amérique méridionnale, aux. en-
virons de Surinanl.
FLÉcrti'èR'E A tiiois FEUïi-r.ES ; Sagittaria Irifolia, Linn-., Spec.^
I7fi3. Cette espèce, qui croit naturellement à la Chine, ditrère
de toutes les précédentes par ses feuilles composées de trois
folioles alotigées. ( L. D. )
FLECHTMUNO (Bot.), nom allemand donné par Briddati
genre de mousse qu'il désigrte par sjntrichia , îoiidté &\it le
brvùm stibatatiim, Lhi'rt. Voyez ÏOrtola. (Lem.)
FLEDERMAUS [Élamm.), Flittermousse, Fladermos, Fla^-
GERMUUS, VLEDERMÙys, cfé., signifient chauve-souris dans lés
langues d'ôrigirté germanique. (F. C.)
FLEGME. [Chim.) Les anciens chiftiislcs, qui regardoient
ï'eau comme Un élément, donnoient le nom de flegme à celle
qu'ils retiroient des corps, soit que ces corps la coritTnssérît
toute formée, soit qu'ils en continssent seulement les prï&-
cipes. Déflegmer un acide ou de l'alcool, cétôii en séparer
l'eau, ou au moins une certaine quantité. Ce mot n'est plus
usité. ( Ch. )
FLÉMINCE , F/cmnigm. (Bot.) Genre de plantes dicoty-
lédones, à fleurs papillonacées , de la famille des légumi-
neuses, de la diadelphie décandrie de Linnasus. Très-rapproché
des sainfoins (hedjsarum) , dont il a été séparé par Roxburg ,
il offre pour caractère essentiel : Un calice à cinq divisions ;
une coiolle papillonacée ; l'étendard strié ; dix étamines
i52 FLE
diadelphes ; une gousse sessile , ovale . renflée, à deux valves,
contenant deux semences sphériqucs.
Les principales espèces rapportées à ce genre, sont :
Fli^mingea grandes bractées: Flemingia strobilifcra, Roxb.,
Corom., 3-, Hedysarum strobiliferum , Linn. ; Loj/rea, Jaum. ,
Saint-Hil. , Bullet. philom.; Moghania, id., Journ. de Bot.
nat. ; Ostrj'odium , Desv. , Journ. de Bot. Cette plante, née
dans les Indes orientales, est très-remarquable par la gran-
deur de ses bractées et la longueur de ses épis. Ses tiges sont
ligneuses; ses rameaux un peu pubescens; les feuilles amples,
alternes, pétiolées, simples, glabres, ovales, longues d'en-
viron trois pouces, sur un pouce et demi de large , vertes,
pâles en dessous ; les nervures régulières et saillantes ; les
veines ondulées, pubescentes. Les fleurs sont disposées en
longs épis simples, axillaires et terminaux, garnis, dans
toute leur longueur, de grandes et larges bractées renflées ,
arrondies, presque en cœur, aiguës, un peu velues, mar-
quées déveines en réseau, d'un brun-clair, couvrant entiè-
rement les fleurs et les gousses.
Fléminge rayée : Flemingia lineata., B.oxh,j Corom., 5 -, Hedy-
sarum lineatum , Linn.; Burm. , FI. Ind., tab. 55, fîg. i. Sous-
arbrisseau à tige droite, glabre, cylindrique, purpurine ou
rougeàtre •. les rameaux garnis de feuilles alternes, pétiolées,
ternées; les folioles alongées, presque lancéolées, glabres à
leurs deux faces, un peu pubescentes en dessous dans leur
jeunesse, longues d'environ deux pouces, marquées de ner-
vures saillantes, quelques unes prolongées en lignes droites
dans toute la longueur des folioles ; les stipules membra-
neuses, striées, alongées, aiguës. Les fleurs sont disposées en
grappes presque simples ou en épis axillaires, de la longueur
des feuilles; les pédicelles courts, capillaires, recourbés;
le calice oblong , pubescent, à cinq découpures lancéolées,
aiguës. Les gousses n'ont qu'une seule articulation de forme
pyramidale , et ne renferment qu'une semence. Cette plante
croît dans l'île de Ceilan.
Flbmingeroide : Flemingia slricta, Roxb. , Cor., 3, tab. 248 ;
Ait., Hort. Kew. Ed. nov., 4 , pag. 349. Ses tiges sont roides ,
presijue simples; ses feuilles glabres, ternées, les folioles ellip-
tiques 5 les pétioles ailés; les fleurs disposées en grappe*
FLE i33
axîllaires, solitaires, delà longueur des pétioles. Cette plante,
ainsi que les suivantes , croit dans les Indes orientales. Le
Jlemingia semialata, Roxb., Corotn., 3, tab. 249, est un.
arbrisseau à tige dressée et rameuse; les feuilles glabres, les
folioles elliptiques; les pétioles à demi-ailés ; les fleurs dispo-
sées en grappes paniculées , axillaires et terminales.
Flémingb naine : Flemingia nana , Roxb., Corom. , n;" 3;
Ait., Hort., 1, c. Petit arbuste, médiocrement rameux , à
feuilles ternées ; les folioles en ovale renversé; les pétioles
ailés ; les fleurs réunies en grappes épaisses ; les gousses glan-
duleuses et visqueuses. Le Jlemingia congesta , Roxb., I. c.,
est un autre arbuste à tige dressée , dont les folioles sont
élargies , lancéolées: les fleurs disposées en grappes axillaires
et touffues. (PoiR. )
FLÉO LE (-BoL), Phleum, Linn. Genre de plantes monocoty-
lédones, de la famille des graminées, Juss., et de la triandrie
digynie, Linn., dont les principaux caractères 5ont les suivansî
Calice uniflore, à deux glumes égales, creusées en nacelle,
chargées, sur leur dos, d'une côte cartilagineuse; corolle à
deux balles plus courtes que le calice ; trois étamines ; un ovaire
supérieur siwmonté de deux styles à stigmates plumeux; une
graine enveloppée par la balle florale.
Les fléoles sont des plantes herbacées, à feuilles alternes,
linéaires , et à fleurs disposées en panicule resserrée , ayant la
forme d'un épi. Toutes les espèces connues jusqu'à présent
croissent naturellement en France et dans plusieurs autres
parties de l'Europe.
* Glumes non ciliées sur leur dos.
Flbole grêle ; Phleum tenue\ Schrad., FI. Germ., 1, p. 191,
Sa lige est droite, grêle, haute de six pouces à un pied, tewninée
par un épi cylindrique, formé de fleurs blanchâtres, rayées de
vert, dont les glumes sont semi- elliptiques, à peine aiguës.
Cette plante est annuelle ; on la trouve dans les champs du
midi de la France, en Autriche, en Italie.
Elle fleurit en mai et juin.
Fléolb rude ; Phleum asperum , Jacq., le. rar., 1, t. 14. Sa
racine , qui est fibreuse et annuelle , produit plusieurs chaumes
qui croissent réunis en touffe, à la hauteur de six pouces à un
1^4 FLE
pied, et$ont terminés par un épi alongé , cylindrique, com-
posé d'un grand nombre de fleurs verdàtres, dont les glumes
sont cunéiformes, mucronées à leur sommet. Cette espèce
fleurit en juin et juillet; elle se trouve sur les collines, dans le
midi de la France et de l'Europe.
"*"* Glumes ciliées sur le dos.
Ft.f,OJ.E DES sables; Plileum arenarium, Linn., Spec, 88. Dans
cette espèce, une racine fibreuse, annuelle , produit plusieurs
chaumes rameux: à leur base, coudés, redressés, hauts de trois
à six pouces, terminés par un épi ovale, composé de fleurs
})}anchàtres, panachées de vert, dont les glumes sont lancéo-
lées, aiguës. Cette fléole fleurit en mai et juin, et croit dans les
sables des bords de l'Océan et de la Méditerranée.
Flbole de MicHÉLi; Phleum M ichelii , AU. , F l. Ped. , n. 21 38. Sa
racine est vivace; elle produit une lige redressée, ordinaire-
pient simple, haute d'un pied et plus, portant à son sommet
Vn f pi alongé, cylindrique, à fleurs verdàtres, dont les glumes
5pnt lancéolées, très-aiguës et acuininées. Cette plante croit
dans les prairies des Alpes, ''où elle fleurit en juin et juillet.
FiÉoi.E DE BoHBMER : Phlcum BoJiemeri , Schrad., FI. Germ., 1,
p. 186 ; Phalaris phleoides , Linn., Spec, 80. Ses racines sont
Vivaces ; elles produisent plusieurs chaumes redressés, hauts
d'un pied à un pied et demi, terminés par un épi alongé, cy-
lindrique , à fleurs verdàtres ou quelquefois un peu rou-
geàtres, à glumes lancéoJ^es, très-légèrement ciliées sur le dos,
obtuses à leur sommet, terminées sur le côté par une pointe
particulière, un peu divergente. Cette plante est commune
dans les bois et les prés secs, où elle fleurit de mai en juillet.
Fléole DES prés ; Phleum pratense , Linn., Spec, 87. Sa tige est
droite, haute de deux à trois pieds, portant à son sommet un
épi cylindrique, long de deux à six pouces, formé de fleurs
blanchâtres, panachées de vert, dont les glumes sont oblon-
gues , tronquées au sommet , chargées d'une poin te assez longue.
Celte plante est vivace et commune dans les prëls, sur les
bords des champs, où elle fleurit pendant une grande partie
de l'été.
La fléole des prés forme un très-bon fourrage que les chç-
yaux préfèrent à toute autre espèce de graminées, mais qui nf
FLE i55
fournit pas beaucoup de foin, quoiqu'on puisse en retirer
jusqu'à trois coupes lorsqu'on a la facilité (le l'arroser.
Fléole nouelse; Phleuni nodosum, LÏHU., Spec. , 88. Cette
plante cJitière de la précédente , parce que sa tige est beaucoup
plus sensiblement renOée en bulbe à sa base, parce qu'elle
s'élève moins, et que ses premières articulations sont coudées
«t couchées-, ses fleurs forment un épi plus court, long seule-
ment d'un à deux pouces. Elle croit sur les bords des champs,
et fleurit en été.
La fléole noueuse est recherchée des bestiaux comme la
précédente, dont elle n'est peut-être qu'une variété ; mais
comme ses tiges sont en grande partie couchées , elles ne
sont pas bonnes à faucher , et ne peuvent qu'être broutées sur
place. Les cochons sont très-friands des petits tubercules que
forment les racines ; ils savent fort bien les trouver à la fin
de Vêlé, lorsque la plante a perdu ses tiges, et on les voit
souvent courir, pour les chercher, A-^ers les lieux où ces
racines sont communes.
Fléole D ES Ai.PES; Phleum alpinum, Linn., Spec, 88. Cette plante
ressemble à l'espèce précédente; mais elle en diffère par son
épi ovale ou ovale -oblong, dont les fleurs sont plus grandes ,
plus longuement ciliées, souvent d'un vert rougeàtre, et dont
la pointe delà nervure dorsale estplus alongée. Elle croît dans
les prés des Alpes, des Pyrénées et des hautes montagnes.
Fléole DE Gérard: Phleum Gerardi, A\l.,Flor.Ped., n.aiSS;
Jacq«, Icon. rar., 2, t. 3oi. Sa racine est vivace , horizontale,
un peu ligneuse; elle produit une tige droite, haute de quatre
à huit pouces, dont la feuille supérieure a sa gaîne lâche et
renflée; cette tige est terminée par un épi ovale, à fleurs blan-
châtres ou d'un rouge violet, dont les giumes sont lancéolées,
acuminées, velues, et dont la balle extérieure est chargée
d'une petite arête sur son dos. Cette plante se trouve dans les
prairies des Alpes, des Pyrénées, etc. (L. D.)
FLESSERA*. (Bot.) Adar.son a séparé du genre IVepe/a, sous
ce nom, lenepetatuherosa, distinct, selon lui, parla lèvre supé-
rieure de la corolle entière et les fleurs rassemblées eu épis
serrés, accompagnées de bractées larges et colorées. (J.)
FLET {IchthjoL) , un des noms vulgaires du plettronectes
Jlesus. Voyez Plie. (H. C. )
i5(î FLE
FLETAN. (Ichthyol.) M. Cuviera donné ce nom à iJn sous-
genre dans le grand genre des pleuronectes des ichthyologistes.
Il lui assigne pour caractères d'avoir les nageoires et la forme
des plies, les mâchoires et le pharynx armés de dents aiguës ou
en velours. La forme des flétans est généralement plus oblongue,
La mer du Nord en produit un qui devient énorme; c'est
le flétan qui a les yeux à droite. On le sèche , et on le vend,
par morceaux dans tout le Nord.
Il y en a de plus petits dans la Méditerranée , dont la plu-
part ont les yeux à gauche. (H. C. )
FLÉTELET. {Ichthjol. ) Voyez Flet. (H. C.)
FLÉTON. (Ichthjol. ) Voyez Flet. (H. C.)
FE>EUR , Flos. (Bot.) La fleur est cette partie locale et transi-
toire du végétal, existant par la présence et la jeunesse d'un
ou de plusieurs organes mâles, ou bien d'un ou de plusieurs
organes femelles , ou encore des organes mâles et femelles rap-
prochés et groupés, nus, ou accompagnés d'enveloppes par-
ticulières.
Un organe mâle ou femelle peut donc à lui seul constituer
une fleur; mais celte fleur est incomplète. Pour qu'une fleur
soit complète, elle doit offrir les organes des deux sexes, en-
vironnés d'une double enveloppe.
La rose, l'œillet, sont des fleurs complètes: c'est ce qu'on
reconnoît facilement si on examine les parties qui les com-
posent. Prenons l'œillet pour exemple : ce qui attire d'abord
les regards, ce sont cinq lames délicates et colorées, ou, si l'on
veut, cinq pétales disposés en rosace ,et qui sortent d'un tube
vert. Les cinq pétales constituent la corolle ; le tube vert est le
calice ; le calice et la corolle forment le périanthe double , c'est-
à-dire la double enveloppe de la fleur.
Deux filets incolores, divergens et courbés, sortent du
milieu de la corolle. En détachant le calice et la corolle, vous
verrez que les deux filets surmontent un corps oblong placé
au centre de la fleur. Si vous examinez, à l'aide d'une loupe,
les deux filets, vous apercevrez des papilles très-délicates,
placées sur une ligne longitudinale, d'un seul coté des tilets.
Le corps oblong est l'ovaire; les tilets sont les styles; les
papilles indiquent la place des stigmates : l'ovaire, les styles et
les stigmates composent le pistil , ou l'organe femelle.
FLE i37
Avant que vous eussiez détaché le double périanthe, vous
avez dû remarquer dix petites masses membraneuses et colo-
rées, placées avec symétrie autour des styles : après lasupres-
sion du périanthe, vous voyez clairement que ces dix petites
masses sont attachées au sommet de dix supports grêles ; que
cinq des dix supportssont fixés sous l'ovaire; que les cinq autres
sont fixés à l'extrémité inférieure des pétales.
Si la fleur est un peu avancée, une quantité innombrable de
corpuscules jaunâtres, semblables à une poussière très-fine,
s'échappent des dix petites masses par des fentes qui s'ouvrent
d'elles-mêmes. Les corpuscules sont le pollen; les dix masses,
ou , pour mieux dire , les dix petits sacs membraneux qui con-
tiennent le pollen , sont les anthères ; les supports des anthères
sont les filets, que j'appellerai, en employant une expression
plus générale, les androphores. Le pollen, les anthères et les
androphores composent les étamines, qui sont les organes
mâles.
Cet examen rapide et superficiel de la fleur de l'œillet
nous suffit pour juger qu'elle est complète , et , par cous équent ,
hermaphrodite.
La fleur du lis est moins complète que celle de l'œillet. Elle
offre à la vérité les deux sexes réunis : le pistil se compose d'un
ovaire , d'un style et d'un stigmate ; les étamines , au nombre de
six, offrent chacune un androphore ou filet, surmonté d'une
anthère remplie de pollen : ainsi, nul doute que la fleur du
lis ne soit hermaphrodite, comme celle de l'œillet; mais le
périanthe de l'œillet , composé d'un calice et d'une corolle , est
double, tandis que celui du lis, formé d'une seule enveloppe,
est simple.
La fleur du saururus est plus incomplète encore: elle n'a pas
de périanthe, car on ne sauroit reconnoitre cet organe dans
la foliole à la base de laquelle elle est attachée. Un pistil à
quatre stigmates roulés en dehors, six étamines à filets grêles
et à anthères dressées sont les seules parties qui la constituent.
A plus forte raison devons-nous estimer qu'une fleur est
incomplète quand elle est mâle ou femelle, c'est-à-dire,
quand elle ne présente qu'un des deux sexes, les étamines ou
le pistil (chanvre, houblon, platane, etc.).
La partie d'où naissent médiatement ou immédiatement les
i38 FLE
organes sexuels et la corolle, est le réceptacle de la fleur.
Lorsqu'une fleur n'a pas de périanthe, le point de la plante-
mère sur lequel elle repose est le réceptacle; lorsqu'une ileur
n'a pas de périanthe simple, le fond de ce périanthe est le
réceptacle; lorsqu'une fleur a un périanthe double, le fond
du calice est le réceptacle. Nulle fleur n'est privée de récep-
tacle , puisqu'il faut bien que les organes qui la composent soient
attachés en quelque endroit.
On distingue les fleurs en régulières et irrégulières.
Pour qu'une fleur soit parfaitement régulière, il faut que les
pièces de même nature qui composent chacun de ses systèmes
organiques soient absolument semblables entre elles et placées
$ur un plan régulier, à égale distance les unes des autres, et
que les pièces de natures diverses qui appartienuent aux dif-
férens systèmes organiques de cette même fleur, affectent entre
elles une ordonnance symétrique; mais il suffit que cet état de
choses existe dans le périanthe, pour que l'on considère la
fleur comme régulière-, et, par opposition, on nomme fleur
irrégulière celle dont les divisions ou les segmens du périanthe
diffèrent entre eux par la grandeur, la forme et la position.
Une seule de ces différences entraîne l'irrégularité de la fleur,
et la plus grande irrégularité possible résulte du concours de
toutes ces différences.
Il y a des espèces qui portent habituellement des fleurs
régulières (liseron, œillet, rosier, etc.), et d'autres des fleurs
irrégulières (linaire, labiées ,etc. ). Les espèces à fleurs régu-
lières produisent quelquefois, par accident, des fleurs irrégu-
lières (reine-marguerite, œillet d'Inde, etc., à fleurs doubles);
et les espèces à fleurs irrégulières, des fleurs régulières {teu-
crium campanulatum , linaria officinalis, etc.). Dans les deux
cas, ces fleurs sont sensées des monstres, c'est-à-dire, des êtres
dont l'organisation s'écarte du type primitif de l'espèce.
La dégradation du type primitif a lieu par surabondance,
par défaut , par difformité. Un organe peut prendre un accrois-
sement excessif, ou bien rester plus petit qu'il n'a coutume
d'être ; le nombre des pièces peut augmenter ou diminuer; les
formes peuvent même éprouver des altérations manifestes.
L'extrême simplicité du tissu végétal se prête à toutes ces mo-
difications: c'est comme une pâte molle, à laquelle on donne
FLE ï3.9
toutes les figures possibles, sa?is faire éprouver le moindre
changement à sa substance. Il n'en est pas de même dans les
animaux, parce que la forme extérieure des parties y est
combinée de telle sprte avec la structure interne, qu'un chan-
gement marqué dans l'une produiroit un dérangement total
dans l'autre.
L'antJière et le stigmate ne conservent pas long-temps leur
fraîcheur; dès qu'ils sont fanés, ce qu'on nommoit Jleur
n'existe plus. C'est pourquoi Linnaeus a dit, dans son style
concis et dogmatique, que l'anthère et le stigmate font l'es-
sence de la Ueur : Essenlia /loris in anthera et stigmate consistit,
PhiL Bot.; Mirb., Elém. de Phys. vég. et de Bot. (Mass.)
FLEUR. {Ornith.) Camus, ne sachant à quel oiseau d'evoit
être rapporté lejlorus des Grecs modernes et des Latins, cor-
respondant à Vanthos de$ anciens Grecs dont Aristote parle au
liv. 8, chap. 3, et au liv. 9> chap. i de son Histoire des Ani-
maux, a employé le mol fleur dans sa traduction. Aristote,
après avoir comparé la taille de cet oiseau à celle du pinson,
dit qu'il habite près des rivières et des marais, que sa couleur
est belle, et il le met au rang des oiseaux qui se nourrissent
de vers. Belon, p. 566, croit qu'il s'agit ici du bruant, embe-
riza citrinella, Linn. Gesner, Scaliger, le P. Hardouin, etc.,
ont adopté cette opinion , et Brisson s en est peu écarté en
rapprochant ï'ant^l^s ou flor us du verdier, loxia chlori$, Linn.
Mais Camus, qui , dans ses Notes sur Aristote , t. 2 , p. 332 ,
attribue, par erreur, au dernier de ces auteurs l'ouvrage in-
titulé, Système naturel du règne animal, lequel est, pour l'or-
nithologie, une traduction de l'Ordo avium de Klein par la
Chesnaye des Bois, donne la préférence au rapprochement
qu'on y fait An Jlorus et de la bergeronnette de printemps,
rnotàcillajlava, Linn.; et le genre de nourriture paroît être le
principal motif de cette opinion, quoiqu'aux termes même
de la traduction, t. 1, p. 469 , Aristote désigne le pinson, le
passereau, le verdier, etc., comme se nourrissant de vers, ex-
pression qui, dans sa généralité , ne distinguoitpas ceux-ci des
insectes proprement dits , lesquels font partie de la nourriture
du verdier, etc. Il résulte donc du sentiment presque unanime
des ornithologistes, quele florus seroitle bruant ou le verdier.
Cependant, on a vu au mot Anthus , dans le Supplément au
140 FLE
1." volume de ce Dictionnaire, que Bechstein a fait de ce
terme la dénomination générique des farlouses. (Ch.D.)
FLEUR ADONIS. (Bot.) C'est le Jlos Adonis de Clusius,
rapporté par C. Bauhin au genre HeUeborus, par Tournefort
au Ranunculus , maintenant rétabli avec raison par Linnœus
comme genre distinct sous le nom d'Adonis vernalis. (J.)
• FLEUR AIGLANTINE ou Colombine (Bot.) , un des noms
vulgaires de l'ancolie commune. ( L, D. )
FLEUR AILEE (Bot.), nom vulgaire donné à plusieurs
espèces d'ophrydes, dont le labelle paroît ressembler à une
mouche, à un insecte volant. (L. D.)
FLEUR D'AFRIQUE, Fleur d'Inde. (Bot.) Suivant Dodoens,
ces noms sont donnés au tagetes, plus connu dans les jardins
sous celui d'œillet d'Inde, qui paroît cependant originaire du
Mexique, et dont Hernandez cite plusieurs variétés. C. Bauhin
le nomme pour cette raison tanacelum, seu Jlos mexicanus. (J.)
FLEUR AMBERVALE. (Bot.) Dodoens donnoit au polygale
ordinaire le nom de Jlos amhervalis. ( J. )
FLEUR DE L'AMOUR [Bot,), nom donné dans la Provence
à la dauphinelle ou pied d'alouette sauvage, delphinium sege-
tum, suivant Garidel. Il est aussi donné en Allemagne, suivant
Dalechamps , à quelques amarantes rapportées maintenant au
genre Celosia,(J.)
FLEUR D'ARAIGNÉE (Bo^), un des noms vulgaires de la
nigelle de Damas. (L. D.)
FLEUR D'ARMÉNIE. ( Bot. ) C'est un des noms donnés
autrefois à l'œillet de poëte. (L. D. )
FLEUR CARDINALE. (Bot.) Ce nom est donné au quamo-
clit , ipomœa quamoclit, suivant Rumph , soit parce que ses
fleurs sont d'une belle couleur rouge, soit parce qu'il a été
introduit dans l'Italie par un cardinal. (J. )
FLEUR DE CARÊME. (Bot.) On donne ce nom à une
variété de renoncule dont la fleur paroît à cette époque de
l'année. ( L. D. )
FLEUR EN CASQUE {Bot.) , nom vulgaire de l'aconit napel.
(L.D.)
FLEUR DE CHA ou DE THÉ. (Bot.) Pomet, dans son His-
toire des Drogues, dit que le thé de première qualité est ainsi
nommé dans la Chine. (J.)
FLE 141
FLEUR DE CHAIR. (Bot.) On donne vulgairement ce nom
à trois plantes, le mélampyre des champs, la lyclinide fleur
de coucou, et le trèfle incarnat. (L. D.)
FLEUR DES CHAMPS (Bot.), nom vulgaire commun au
liseron des champs et à la potentille anserine. (L. D.)
FLEUR EN CLOCHETTE {Bot.), nom vulgaire donné aux
campanules et aux ancoiies. (L. D.)
FLEUR DE CONSTANTINOPLE. (Bot.) C'est le fychnîs
chalcedonica des botanistes, nommé aussi Jleur de Jérusalem,
Jleur d'écarlate et croix de Malle. ( J.)
FLEUR DE COUCOU. {Bot.) C'est une espèce de lychnide,
ÎYchnis flos cuculi. Le même nom est donné dans quelques
provinces méridionales à la primevère ordinaire ; selon
Dalechamps, au cresson des prés , cardamine pratcnsis , et selon
Tragus, au buplevrum odontites. (J.)
FLEUR DE CRAPAUD. {Bot.) On a donné ce nom au sfa-
pelia variegata de la famille des apocynées,dont la fleur a des
couleurs livides, et déplus une odeur très-désagréable. (J.)
FLEUR AUX DAMES {Bot.) , un des noms vulgaires de
l'anémone pulsatile. (L. D.)
FLEUR DES DAMES. {Bot.) L'héliotrope du Pérou est
quelquefois désigné sous ce nom.(Ii. D.)
FLEUR DU DIABLE {Bot.), nom vulgaire de l'iris de Suze.
(L.D.)
FLEUR DORÉE. {Bot.) C'est le nom françois du chrjsan-
ihemitm, dont il est la traduction. (J. )
FLEUR D'EAU {Bot.) , nom donné par Linnœus à une subs-
tance surnageant sur Feau , qu'il plaçoit parmi les byssus, sous
celui de bjssus flos aqucc. Weiss affirme que ce n'es! point une
plante , mais une réunion de détrimens de plusieurs végétaux
aquatiques. (J.)
FLEUR D'ECARLATE. (£of.)V. Fleur deCokstantinople. (J.)
FLEUR D'ECREVISSE. {Bot.) Dalechamps dit que quelques
personnes nomment le balisier^os cancri, parce que ses fleurs,
avant leur épanouissement complet, présentent la forme de
pâtes d'écrevisse. (J.)
FLEUR ÉPERONNIÈRE. (Bof.) Trois plantes ont été dési^
gnées sous ce nom, la capucine, la linaire et le pied d'alouette,
ou dauphinelle. (L. D.)
u^ FLE
FLËURD'ESQUINANT. {Bot.) C'esde nom donné, suivant
Pomet, à la fleur très-odorante du schenailte, andropogon
schœnanthus. (J. )
FLÈUR-FÉUILLÉ {Bot.) , nom vulgaire de la sauge-ormin.
(L.D.)
FLEUR DES GRAINES ( Bot. ) , un des noms vulgaires du
blupt, centaurea cjanus, Linn. (H. Cass. )
FLEUR DU GRAND-SEIGNEUR. {Bot.) Quelques personnes
nomment ainsi l'aitibretfe ou centaurée musquée , centaurea
moschafa. ( J. )
FLEUR DE GUIGNES {Bot.) , nom d'une variété de poire.
(L.D.)
FLEUR HÉPATIQUE. {Bot.) On doniioit autrefois ce nom
à la parnassie des marais. (L. D.)
FLEUR D'UNE HEURE {Bot.), nom vulgaire de la ketmie
changeante , dont les fleurs sont de très-courte durée. (L.D.)
FLEUR D'HIVER (fiof.), nom vulgaire de l'hellébore d'hi-
ver. (L. D.)
FLEUR HORAIRE. (Bot.) Ce nom , qui signifie fleurmarquant
les heures, est donné, suivant Rumph, à Vhibiscus mutahilis ,
nommé aussi rose de Chine, dont les fleurs, blanches le matin ,
passent insensiblement à la couleur rouge dans le cours de
la journée. (J.)
FLEUR IMPIE. {Bot.) Chez les Malais, on donne, suivant
Rumph , le nom de bonga-harain-tsjada , ou fleur profane,
flos impius , au pentapetes pluvnicea de Linnœus, dont la fleur,
disent les Malais , semble affecter de ne jamais regarder le
ciel. (J.)
FLEUR D'INDE. (Bof.) Voyez Fleur d'Afrique. (J.)
FLEUR DE JALOUSIE. {Bot.) Ce nom, donné à l'amarante
tricolore, paroît provenir du nom gelosia sous lequel Tragus,
auteur ancien, le désigne. C'est le même qui est le sjmphonia
et gomphena de Pline et de Dalechamps, Vherbadelamaraviglia,
ou herbe des merveilles, chez les Toscans, le papagalli des
Flamands. Cette plante est remarquable surtout par ses feuilles
qui sont variées de toutes couleurs , et qui font un des
ornemens des jardins. Le nom gelosia de Tragus est cité par
C. Bauhin sous celui de celosia, adopté ensuite par Linn;eus
pour uu autre genre voisin de l'amararitc. Celui de gomphena,
FLE 145
changé en gomphrena , a été appliqué par le même à un autre
genre amarantacé. (J.)
FLEUR DE JÉRUSALEM {Bot.), nom vulgaire du Ijchnis
chalcedonica. (L. D.)
FLEURDEJUVITER. (Bot.) Ccst\'agrosteTtiaJlosJovis.{L.'D.)
FLEUR DE LIS. (Bot.) On donne ce nom au lis blanc et à
deux espèces de phalangère , phalangium liUastrum et liliago.
(L.D.)
FLEUR DE MALLET. (Bot.) Dans quelques parties du midi
de la France on donne ce nom à la pivoine oflicinale. (L.D.)
FLEUR DE MANILLE. {Bot.) On trouve dans Rumpli , sous
le nom dejlos maniUianus , le nyclanLhes acuminala de Burmann ,
quiavoitélé transporté de Manille à Amboine. ( J.)
FLEUR DE MANORA. (Bot.) Le samh'dc, mogorium sambacy
est nommé par les Malais bonga-manoor, ce que Rumph a tra-
duit pur Jlos maiiorœ. C'est le inogori d'autres lieux de l'Inde,
d'où est tiré son nom générique actuel. (J.)
FLEUR DU MEXIQUE. (Bot.) Voyez Fleur n'A frique. (J.)
FLEUR DE MIDI {Bot,), nom d'une espèce de ficoïde,
mesembrjanthemum promeridianum , dont les fleurs s'ouvrent
plusieurs jours de suite après midi , et se referment après
minuit. (L. D.)
FLEUR DE LA MISTELA. {Bot.) Dans le Chili on donne ce
nom au talinum umbeUatum de la Flore du Pérou , dont la fleur
est employée dans le pays pour colorer la mistela, qui est une
boisson composée d'esprit de vin , d'eau et de sucre ; les femmes
s'en servent aussi comme de fard. (J.)
FLEUR A MOUCHE (iîof.), nom vulgaire de l'asclépiade de
Syrie , et de quelques espèces d'ophrydes dont les fleurs oÉfrent
une certaine ressemblance avec une mouche ou un autre in-
secte. (L. D.)
FLEUR MUSQUÉE. (Bot.) C'estFabelmosch, hibiscus abelmo-
schus, que Sibille Mérian nomme ainsi parce que ses graines
ont une odeur de musc très-marquée dont les parfumeurs
tirent parti. (J.)
FLEUR DE NOËL. {Bot.) C'est l'hellébore noir. (L. D.)
FLEUR DE NUIT {Bot.), nom donné à quelques plantes qui
fleurissent le soir, taies que la beile-d»>nuit, nyctago, le siien^^
noctijlora, etc. (.1.)
'44 FLE
FLEUR D'ONZE HEURES (Bot.), un des noms vulgairesde
l'ornithogale à ombelle. (L. D.)
FLEUR D'OREJEVALLA. {Bot.) Blegny, dans un de ses ou-
vrages, dit qu'une fleur de ce nom entre dans la composition
du chocolat; mais il n'a jamais pu l'indiquer ou la faire con-
noître à Pomet, qui vouloit en faire mention dans son Traité
des Drogues .• d'où celui-ci conclut que cette fleur n'existe
pas. (J.)
FLEUR DE PAQUES ou Liane rude. (Bot.) Je trouve dans
mon herbier, sous ce nom, le petrœa volubilis, genre des ver-
benacées. C'est aussi un des noms delà pâquerette vivace. (J.)
FLEURDEPARADIS.(jBof.) Suivant Jacquin,lapoincillade,
poinciana pulcherrima , est ainsi nommée dans les Antilles. A
Surinam, suivant Sibile Mérian , elle porte le nom de fleur
de paon , Jlos pavonis, et ailleurs , suivant Breynius, celui de
crête de paon. (J.)
FLEUR DE PARFAIT AMOUR {Bot.) , un des noms vulgaires
de l'ancolie commune. (L, D.)
FLEUR DU PARNASSE. {Bot.) La plante que Dioscoride
citoit comme croissant sur le mont Parnasse , qui étoit nommée
par tous les anciens gramen Parnassi , et par quelques uns Jlos
Parnassi , est celle qui maintenant est généralement connue
sous le nom de parnassia. Voyez Parnassie. (J.)
FLEUR DE LA PASSION {Bot.), nom vulgaire de lagrena-
dille, granadilla de Tournefort, dont les diverses parties de la
fleur offrent une ressemblance un peu éloignée avec quelques
instrumens de la Passion. Comme le nom adopté par Tour-
nefort est un diminutif du mot espagnol granada, Linnaeus,
rejetant les noms diminutifs, a substitué à celui-ci le nom de
passijlora. (J.)j
FLEUR PLEURÉTIQUE. {Bot.) Le pavot des champs, ou
coquelicot, a été quelquefois désigné sous ce nom. (L". D.)
FLEUR DEPLUME. {Bot.) C'est sous ce nom que l'on cultive
dans quelques jardins la polemoine ou valériane grecque, po-
lemonium cœruleum, suivant M. Decandolle. (J.)
FLEUR DU PRINCE. {Bot.) On donnoit jadis ce nom au
liseron tricolore. ( L. D.)
FLEUR DE PRINTEMPS. {Bot.) C'est encore un des noms
des primevères. (L» D.)
FLE 145
FLEUR PRINTANIÈRE(£û^), nom commun à la pâque-
rette et à la primevère. (L. D.)
FLEUR ROYALE. {Bot.) Dodoens donne ce nom à la dau-
phinelle ou pied d'alouette des jardins, delphinium yljacis. (J).
FLEUR SAINTE-CATHERINE. (Bot.) C'est la nigelle. (L.D.)
FLEUR DU SAINT-ESPRIT, Flor del espiritu santo {Bot.), nom
espagnol de l'areg-u/oa de la Flore du Pérou, genre de la famille
des orchidées. (J.)
FLEUR DE SAINT-JACQUES. {Bot.) Dalechampa cite sous
ce nom la jacobée, senecio jacobœa. (J.)
FLEUR SAINT-JEAN {Bot.), nom vulgaire du caille-lait
jaune. (L. D.)
FLEUR DE SAINT-JOSEPH. {Bot.) Le laurier-rose étoit
autrefois ainsi appelé. (L. D. )
FLEUR DE SAINT-LOUIS. {Bot.) Suivant Commerson , ce
nom est donné , dans l'île de Bourbon, à un arbrisseau de la
famille des malvacées, dont il faisoit un genre sous celui de
Cremontia , mais qui n'est qu'une espèce de ketmie, hibiscus
liliflorus de Cavanilles. (J.)
FLEUR DE SAINT-THOMAS. {Bot.) A Pondichéry, suivant un
catalogue et un herbier communiqués à Commerson, ce nom est
donné au guettarda speciosa, genre de rubiacées déjà cité ici sous
celui de cadambaet fleur de Saint-Thomé. Hermann, dans son
Paradisu&Batavus , nomme Thomaa arbor,Jlos SanctiThomœ le
lauhinia acuminata , ainsi inscrit dans Fherbier de Vaillant. (J.)
FLEUR DE SANG. {Bot.) On trouve dans plusieurs livres
anciens la capucine, tropœolum , sous le nom àejlos sanguineus.
Ce nom est donné aussi à la tulipe du Cap , hcemanthus. (J.)
FLEURDE SCORPION.(iBo£.) C'est la traduction du nom/oz/Zf-
lacra^ donné par les Portugais à une plante orchidée dont la fleur
a, selon eux,lafigured'unscorpion. Kœmpferl'a décrite et figu-
rée sous celui de katong-ging des Javanois, et Linnaeus Favoit
nommée epidendrumjlos aeris. Plus récemment, Swartz en fait
son genre Acrides, auquel il a ajouté quelques espèces. L'ori-
gine du mot /Zos aerJ5 n'est point indiquée. Burmann , dans son
i'iora Indica, dit seulement que cette plante est aussi nommée
à Java angrec-cambaug , c'est-à-dire fleur d'araignée, parce
que sa fleur a quelque ressemblance avec cet insecte. (J.)
FLEUR DU SOLEIL. {Bot.) Ou donne ce nom à dts plantes
17. 10
»4(> FLE
dont les fleurs se tournent du côté du soleil: telles sont ïe
tournesol, croton linctorium, et rhélianthème , lielianLhemum
vulgare, ainsi que plusieurs de ses congénères. On le donne
aussi à celles dont la forme de la fieur représente le soleil,
surtout aux divers hélianthes , helianthus , que Tournefort
nouimoit pour cette raison corona solis, et particulièrement à
Vhelianthus annitus , qui est le grand soleil des jardins. (J.)
FLEUR DE SOUCI. {Ornith.) Traduction , faite par Salerne ,
Crnithol., p. 240, du fior rancio des Toscans, qui est le roi-
telet, motacilla regulus , Linn., d'après la couleur des plumes
dont sa fête est ornée. (Ch. D.)
FLEUR DE SUSANNE. {Bot.) Rumph , dans son Herb.Amb.,
donne le nom de Jlos Susannœ à un orchis, orchis Susannœ,
pour conserver la mémoire d'une amie qui l'avoit aidé dans
«es recherches , et à laquelle il devoit particulièrement la
première connoissance de cet orchis. (J.)
FLEUR DE TAN ou DE LA TANNÉE (J3of. ) , nom vulgaire
d'une espèce de moisissure qui croît sur le tan pouri; c'est le
mucor septicus, Linn., ou fuli go vaporaria, Persoon , ou reticula-
ria hortensisy Bull. Voyez Fiiligo. (Lbm.)
FLEUR A TEINDRE (Bot.), nom vulgaire du genêt des
leinturiers. (L. D.)
FLEUR DES TEINTURIERS. (Bot.) Brunsfels et Fuchsius
donnent ce nom à la genestrole ou genêt des teinturiers,
genista linclorin , et Tragus à Yerigeron acre. (J.)
FLEUR DU TIGRE ou Fleur tigrée. {Bot] Dodoens, Dale-
champs et Hernandez citent et figurent sous ce nom une plante
de la famille des iridées, dont nous avons fait le genre Tigri-
dia,et que Linnaeusfils a voulu réunir au Ferraria, genre voisin,
dont cependant il diffère suffisamment. (J.)
FLEUR DE TOUS LES MOIS. ( Bot.) On désigne quelque-
fois sous ce nom le souci des jardins. (L. D.)
FLEUR DE TOUTE L'ANNÉE, Flor de todo el anno (Bot.),
nom espagnol d'un an^rec, epidendrum cor} mbosuin , de la Flore
du Pérou, qui fleurit toute l'année. (J.)
FLEUR DES TREILLES. {Bot.) C'est la traduction du nom
Jlos pergulanus, donné par Rumph à l'arbrisseau nommé pos-
térieurement pergularia, faisant partie de la famille des apo-
cynées, employéà Java pour former des treilles ombragées. (J.)
F LE rtijf7
FLEUR DE LA TRINITÉ. (Bot.) Ce nom, dans ÏHorlus Eys-
letensis , est donné à la pensée des iardins, viola tricolor. (J.)
FLEURDU VENT. (Bof.) C'est, suivant Dalechamps, l'ané-
mone , qui est la même que ]eJlos Adoneiiis , cité par Ovide ,
qui étoit très-agité parle vent. (J.)
FLEUR DES VEUVES. {Bot.) Une espèce de scabieuse,
scabiosa atropurpurea, Linn., porte vulgairement ce nom. (L. D.)
FLEURS. (Ckim.) Les anciens chimistes ont , en général ,
appelé fleurs des matières réduites en poudre, soit que la na-
ture nous les présentât dans cet état, soit qu'elles y eussent
été amenées par quelque opération de l'art. Ils ont particu-
lièrement appliqué ce nom aux sublimés dont les parties
étoient très-divisées , ou bien encore à des sublimés cristallisés
et en aiguilles déliées. (Ch.)
FLEURS ARGENTINES DE RÉGULE D'ANTIMOINE.
(Chim.) C'est l'acide antimonieux sublimé, sous forme de
longues aiguilles blanches qui ont un reflet brillant. Les
anciens chimistes le préparoient avec l'antimoine pur, tandis
qu'ils préparoient les fleurs d'antimoine avec le sulfure de
ce métal. (Ch.)
FLEURS D'ANTIMOINE. ( Chim.) C'est l'acide antimonieux,
préparé par sublimation. (Ch.)
FLEURS DARSENIC. (Min.) On a quelquefois donné ce
nom à l'arsenic oxide pulvérulent ou capillaire.
FLEURS D'ARSENIC. {Chim.} C'est l'acide arsénieux su-,
blimé , dont les parties sont sous la forme de poussière. (Ch.)
FLEURS D'ASIE. {Min.) On dit que c'est une terre ma-
gnésienne, qui vient d'Orient. C'est, selon Bomare, le natron
ou soude carbonatée. (jB.)
FLEURS DE BENJOIN {Chim.), ancien nom de l'acide
benzoïque obtenu par sublimation. (Ch.)
FLEURS DE BISMUTH. {Min.) On a nommé ainsi l'oxidie
de bismuth et efflorescent , ordinairement grisâtre, sur les
minerais qui renferment en même temps ce métal natif. (B.)
FLEURS DE CHAUX. {Min.) On assure qu'on a donné Cf:
nom au calcaire farineux. (B.)
FLEURS DU CIEL. {Bot.) Voyez Nostoc. (Lem,)
FLEURS DE COBALT, Rome de Lisle. {Min.) C'est le
cobalt arséniaté pulvérulent. ( B.)
i 10.
U8 FLI
FLEURS DE CUIVRE. (Min.) C'est le cuivre oxide rouge
capillaire. (B.)
FLEURS DE FER. {Min.) C'est la traduction inusitée de/05-
ferri. (B.)
FLEURS DE NICKEL, Flos niccoli , de Vallerius. {Min.)
C'est le nickel oxidé. (B. )
FLEURS DE SEL AMMONIAC. {Chim.) C'est l'hydroclilo-
rure d'ammoniaque qui a été sublimé, et dont les parties ne se
sont point assez rapprochées pour former une matière com-
pacte. (Ch.)
FLEURS DE SOUFRE. {Min.) C'est, comme on sait, le
soufre sublimé. On le trouve ordinairement en cet état dans
les fissures des montagnes volcaniques. (B.)
FLEURS DE SOUFRE. {Chim.) C'est le soufre sublimé,
sous forme de cristaux extrêmement petits : dans cet état , il
est presque toujoursmêlé avec de l'eau et des acides sulfureux
ou sulfuriques. (Ch.)
FLEURS DE ZINC. {Chim.) C'est l'oxide de zinc, que l'on
obtient en faisant brûler dans l'air le zinc qui a été chaufie
au rouge. Cet oxide est fixe, ^'oyez Zinc. ( Ch. )
FLEURIEU. {Ichthyol.) M. de Lacépèfle a décrit, sous le
nom d'ostorhinque fleurieu, un poisson que M. Cuvier rap-
porte au genre Apogon. Voyez Ostorhinque. (H. C.)
FLEURONÉE. {Bot.) Voyez Flosculecse. (Mass.)
FLEUVE ( Mire.) , et en général cours d'eau. Voyez Eau.
(B.)
FLEZ '.{IchthjoL), nom vulgaire d'un pleuronecte. Voyez
PtiÉ.(H.C.)
FLIEGEN-ENTE ( Ornith.) , nom allemand du canard sou-
chet, anas clfpeata, Linn. (Ch. D.)
FLIEGENSCHNAPPER {Ornith.) , nom allemand du gobe-
mouches à collier , muscicapa atricapilla, Linn. (Ch.D.)
FLIN. {Min.) C'est sous ce nom qu'on désigne dans le com-
merce une substance minérale , qu'on nomme aussi marcassite,
qui est, dit-on , de couleur grise ou brune , et dont on se sert
pour fourbir les lames d'épées. Esf-ce bien une pyrite ou fer
sulfure P ou plutôt ne seroit-ce pas une hématite? (B. )
FLINDER {Ichlhyol.) , un des noms prussiens du flez,p/e(/-
ronectcsjlesus. Voyez Pue. (H. C. )
FLT 149
FLINDERSIA. [Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à
fleurs complètes, polypétalées , régulières, très-rapproché de
la famille des méliacées, de la décandrie monogynie de Lin-
naeus, qui a des rapports avec les cedrela et les calodendrum.
Son caractère essentiel consiste dans un calice à cinq divi-
sions ; cinq pétales insérés à la base d'un disque staminifère;
dix étamines , dont einq alternes , stériles; un style pentagone.
Le fruit consiste en une capsule h cinq loges, hérissée de
pointes coniques; deux semences ailées dans chaque loge.
Flindeusia australe : Flindersia australis , Brow., Remark,
lot. of ter. auslr., pag. 63 , tab. i5 ; Radulier , Poir. , Encycl.
etIH. Gen. Suppl. , cent. 10, Icon. Arbre assez élevé de la
Nouvelle-Hollande, mais d'une grosseur médiocre, terminé
par une cime irrégulière, composée de branches étalées, et
de rameaux cylindriques; les plus jeunes rapprochés presque
en ombelle. Les feuilles sont alternes, pétiolées , réunies en
touffes vers le sommet des rameaux; les unes ternées, les
autres à deux ou à quatre paires de folioles avec une im-
paire,- glabres, pédicellées, très-entières, elliptiques ou lan-
céolées, parsemées de points transparens, longues de deux,
ou trois pouces sur un pouce et plus de largeur; point de
stipules ; les bourgeons gommeux.
Les fleurs sont petites , blanchâtres, légèrement odorantes,
disposées en panicules terminales et touffues, un peu pubes-
centes, accompagnées de petites bractées subulées. Le calice
est persistant, court, pubescent : la corolle composée de cinq
pétales planes, ovales, obtus, légèrement pubescens, attachés
à la base d'un disque staminifère ; dix étamines insérées un
peu au-dessous du sommet d'un disque hypogyne, plus courtes
que les pétales; cinq filamens stériles opposés aux pétales ,
les autres alternes; les anthères conniventes, en cœur, acu-
minées ; le disque à dix plis ou crénelures ; un ovaire libre,
globuleux, chargé de nombreux tubercules ; le style simple ;
le stigmate pelté , à cinq lobes. Le fruit est une capsule li-
gneuse, ovale, longue de trois pouces, couverte de pointes
coniques très-nombreuses. Elle se divise, à l'époque de la
maturité , en cinq loges profondes , naviculaires ; chaque
loge à demi bifide au sommet : un placenta central, à cinq
lobes 5 formant autant de cloisons dans les loges, contenant
i5o FLO
de chaque côté deux semences planes, convexes, surmontées
d'une aile membraneuse ; point de périsperme ; les cotylé-
dons épais, foliacés ; la radicule placée vers le milieu du
bord intérieur de la semence.
Flindersia d'Amboine : Flindersia Amhoinensis ; Radulier ,
Poir., Encycl., Suppl. ; Arbor radulifera, Rumph, Amboin. y
vol. 5 , tab. 1 29. Il est très-probable que cette plante , quoique
imparfaitement connue, appartient à ce genre, et qu'elle
en est une espèce distincte. Rumph en parle comme d'un
grand arbre des Indes , chargé de feuilles ailées avec une
impaire; les folioles pédicellées, presque opposées, lancéo-
lées, aiguës, glabres, entières, longues de trois à quatre
pouces sur deux de large. Les fleurs sont odorantes , pen-
dantes en longues grappes : il leur succède des fruits ovales,
oblongs, à cinq laces, couverts de tubercules courts , aigus ,
divisés intérieurement en cinq loges , s"ouvrant en cinq
valves. Cet arbre, assez rare, croît à l'ile d'Amboine. On
construit des palissades avec son bois • Técorce de ses fruits
est employée pour râper les racines tendres de certaines
plantes dont on fait usage, soit comme alimens , soit comme
remède ou assaisonnement. (Poir.)
FLINT. ( Min.) C'est le nom anglais du silex pyromaque,
employé quelquefois, sans être traduit, dans des relations de
voyage ou de géographie physique. ( B.)
FLIRUS. {Mamm.) On trouve dans Jonston, pi. 25, sous le
nom de flirns, la figure d'un animal ayant tous les caractères
d'une espèce de chèvre, mais pourvu à la fois d'organes mâles
et d'organes femelles, ce qui ne peut être qu'une monstruosité
de la nature, ou une erreur de Jonston. (F. C.)
FLOCONNEE, Floccosl. {Bot.) Qualrième série du deuxième
ordre, les gastromjciens , de la famille des champignons, dans
la méthode de Link. Son caractère consiste dans les peri-
dium situés sur une base floconneuse. Il comprend deux
genres, Trichoderma et MjrotJiecium. (Lem.)
FLOERKEA {Bot.), WiUd., Act. Soc. Nat. Cur. , Berol. ,
vol. 3,ann. 1801 j Floerkea palustris , Nuttal, Amer. 1, pag. 229.
Genre jusqu'à présent peu connu , établi par Willdenow
pour une plante qui croît dans les marais et dans les lacs
de la Pe«syivanie, caractérisée par un calice à trois folioles,
"'fLO iSi
par une corolle à trois pétales , renfermant six étamines , un
style bifide. Le fruit se présente sous la forme d'un utricule
à deux coques. (Poir. )
FLOENDER SLAETER {Ichthjol.) , un des noms norwé-
giens de la plie, plturonectcs platessa. Voyez Pub. (H. C.)
FLONDER (Ichthyol.) , un des noms prussiens du flez, pieu-
ronectesflesus. y oyez Plie. (H. C. )
FLONDREDE RIVIÈRE. {Ichthjol.) M.Noël dit que l'on
nomme ainsi , dans les environs du Pont-de-l'Arche , les fiez
que l'on pêche dans la Seine. Voyez Pue. ( H. C )
FLOQUET (Ornith.) , nom que , suivant 5alerne, on donne
vulgairement, en Sologne, au tarier, motacilla ruhetra, Linn.
( Ch.D.)
FLORAISON, Florescentia. (Bot.) L'apparition des organes
sexuels, par suite de la dilatation et de l'écartement naturel
des enveloppes florales immédiates ou accessoires , est ce qu'on
nommePépanouissement de la fleur. L'épanouissement successif
et simultané des fleurs d'un végétal marque le temps de sa flo-
raison. Quand toutes les fleurs sont passées, et qu'il n'en paroît
pas de nouvelles, la floraison est terminée.
Les fleurs des salviniées n'ont pas d'épanouissement; l'enve-
loppe dans laquelle elles sont renfermées reste toujours close.
Les plantes annuelles fleurissent peu de temps après la
germination ; leurs fleurs sont quelquefois accompagnées de
bractées, d'involucres, despathes, etc., mais jamais de pérules
ëcailleuses, semblables à celles des boutons à fleurs des arbres
et des arbrisseaux. Les pérules écailleuses sont des rudimens
de feuilles arrêtées dans leur croissance par suite des vicissi-
tudes des saisons. Or, les herbes ne vivent pas assez long-temps ,
et elles se développent dans des circonstances trop favorables
pour que leurs feuilles ne prennent pas d'abord toute la crois-
sance dont elles sont susceptibles.
L'intensité et la durée de la chaleur ont une influence mar-
quée sur la floraison des différens végétaux , selon leurs natures
diverses, et déterminent visiblement les époques auxquelles
elle s'effectue.
De là vient que l'on hâte ou retarde la floraison des plantes
annuelles, en les semant plus tôt ou plus tard; que certaines
plantes bisannuelles des climats tempérés deviennent annuelles
i5. PLO
si nous les cultivons en serre chaude , en sorte qu'avant Tannée
révolue elles germent, fleurissent, fructifient et meurent ;
qu'au contraire, certaines atlantes annuelles des tropiques,
portées dans les régions plus voisines des pôles, y demeurent
bisannuelles, et, par conséquent, ne fleurissent que la seconde
année: que, sous les mêmes parallèles, aux mêmes expositions
et hauteurs, la floraison des individus d'une espèce quelconque
s'opère, en général, dans un espace de temps compris entre
des limites très-rapprochées , ce qui fait que les saisons, les
mois, et je dirois presque les jours, ont en chaque pays leur
floraison particulière : et que Tépanouissement des fleurs peut
servir, aussi bien que le développement des boutons, à com-
poser un calendrier de Flore.
Le tableau suivant, que M. de Lamarck a publié, de la flo-
raison annuelle de quelques végétaux indigènes ou exotiques
qui croissent aux environs de Paris, offre un exemple de cette
sorte de calendrier.
Janvier: L'hellébore noir.
Février : L'aune, le saule marceau, le noisetier, le daphne
mezereum, le galanthus nii'alis.
Mahs : Le cournouiller mâle, l'anémone hépatique, la sol-
danelle, le buis, le thuya, l'if, Varabis alpiiui, la renoncule
ficaire, l'hellébore d'hiver, l'amandier, le pêcher, Fabricotier,
le groseillier épineux, le tussilago petasites , le tussilago far/ara,
le ranunculus auricomus , la giroflée jaune, la primevère, la
fumeterre bulbeuse, le narcissus pseudo-narcissus, Vanemone
ranunculoides, le safran prinlanier, le saxifraga crassifolia ,
l'alaterne , etc.
Avril: Le prunier épineux, le rhodora du Canada, la
tulipe, le draha aizoides, ledrabaverna, le saxifraga granulata ,
le saxifraga tridactylites , le cardamine pratensis, Vasarum euro-
pœum, le paris quadrifolia, le pissenlit, la jacinthe, le lamium
album, les pruniers, Vanemone Jiemorosa, Forobeprintanier, la
petite pervenche, le frêne commun, le charme, le bouleau,
l'orne, la fritillaire impériale, le lierre terrestre, le juncus
syivaticus , le juncus campestris , le cerastium arvense, les érables ,
le prunier mahaleb, les poiriers, etc.
Mai : Les pommiers, le lilas , le marronier, le cercis ou
bois de Judée, le merisier à grappes, le cerisier, le frêne à
FLO i55
fleurs, le faux ébenier, le spirœa filipendula , la pivoine, Verf-
simum alliaria, la coriandre, la bugie, l'aspérule odorante, la
brione, le muguet, l'épine-vinette, la bourrache, le fraisier,
l'argentine, le chêne, les iris, et le plus grand nombre de
plantes.
Juin : Les sauges, l'allcekenge, le coquelicot, le leonurus
cardiaca, la ciguë, le tilleul, la vigne, les nigelles, Vheracleuin
sphondylium , les nénuphars, la bruuelle, le lin, le cresson de
fontaine, le seigle, l'avoine, l'orge, le froment, les digitales,
les pieds -d'alouette, les hjpericum, le bluet, l'amorpha, le
melia azedarach , etc.
Juillet: L'hysope, les menthes, l'origan, la carotte, la
tanaisie, les œillets, le gentiana centaurium , le monotropa hj'po-
pilhfs, les laitues, plusieurs inules, la salicaire, la chicorée
sauvage, le solidago virga aurea, le bignonia catalpa, le ceplia-
lanthus, le houblon, le chanvre, etc.
Août : Le scahiosa succisa, le parnassia, la gratiole, la bal-
samine des jardins, reuphraj,',e jaune, plusieurs actéiis, le
viburnum tinus , les coreopsis , les rudhechia, les siLphium, etc.
Septembre : Le ruscus racemosus , Varalia spinosa, le lierre,
le cyclamen, l'amaryllis lutea, le colchique, le safran.
Octobre : V aster grandijlorus , Vhelianthus tuberosus , ïaster
miser, Vanthemis grandijlora, etc.
L'art d'orner les jardins est fondé en partie sur la connois-
sance des époques de la floraison. La succession non interrom-
pue de fleurs diff'érentes par leurs couleurs, leurs formes et
leurs odeurs, ajoute beaucoup, comme on sait, à l'agrément
des parterres et des bosquets. Que ceux donc qui nient obsti-
nément, et contre toute évidence, que l'étude du règne
végétal a une utilité directes conviennent du moins qu'elle
peut contribuer à nos jouissances.
Si la chaleur seule agissoit sur les plantes, et que la force
vitale n'eût aucune influence dans les résultats, il est évident
que, sans aucune exception, tous les individus de la même
espèce, dans des circonstances semblables, devroient fleurir en
même temps. Mais les plantes ne sont pas des corps bruts, et
une multitude de causes, dont la plupart nous échappent,
concourent à avancer ou retarder les époques de leurs déve-
loppemeris.
»54 FLO
En général, il semble qu'une grande vigueur dans les indi-
vidus nuise à la production des organes de la génération, et
que, pour que les fleurs se forment, il est nécessaire que la
sève circule avec lenteur. Les arbres ne fleurissent pas dans
leur première jeunesse -, ils donnent souvent alors des jets d'une
longueur considérable ; et leur sève, s'élevant dans une tige
droite, élancée, dépourvue de branches, court avec d'autant
plus de vitesse , qu'elle suit des canaux plus directs pour se
porter vers les feuilles. Par des raisons contraires, les vieux
arbres sont plus précoces , et donnent quelquefois plus de
fleurs que les autres.
L'excès de nourriture est un obstacle à la floraison des végé-
taux ligneux, et, par conséquent, nuit à leur fécondité.
Qu'un arbre fatigué par un voyage de long cours, qu'une
bouture nouvelle fleurissent dans la première année, il ne
faut pas s'y méprendre , c'est symptôme de foiblesse, non de
vigueur.
Trop de foiblesse néanmoins peut devenir contraire à la
floraison.
Il arrive quelquefois que, dans une avenue, des arbres de
même espèce, et placés dans des circonstances tout-à-fait
semblables en apparence, fleurissent à des époques très-éloi-
gnées. La raison peut en être dans des causes extérieures que
nous ne sommes pas encore parvenus à découvrir, et aussi dans
des différences individuelles de nature à échapper toujours aux
recherches des observateurs.
Les fleurs sont déjà toutes formées dans le bouton. Ecartez,
en automne, les écailles d'un bouton de lilas ou demarronier
d'Inde, vous trouverez au centre le thyrse qui se seroit déve-
loppé le printemps suivant.
Les fleurs sont quelquefois visibles pour le botaniste plu-
sieurs années avant l'époque marquée pour la floraison. C'est
ce que M. du Petit -Thouars remarque relativement aux
palmiers ; Mirbel , Elémens de Physisique et de Botanique,
(Mass.)
FLORALE [Fkuille]. {Bot.) Feuille placée à la base des fleurs
{lonicera caprifolium, etc.). Les feuilles florales prennent
le nom de bractées lorsqu'elles diffèrent des autres feuilles
^melampyrum cristatum, monarda didyma, etc.).
FLO '55
FLORx\LE [Glande]. Les glandes qui se trouvent sur les
fleurs sont nommées glandes florales. On les distingue en
épisépales , c'est-à-dire , naissant sur les sépales du calice {malpi-
ghia, etc.); en épipétales, c'est-à-dire, naissant sur les pétales
{delphinium, herberis, etc.); en épistaminales , ou naissant sur
les étamines {geraniunt, dictamnus , etc.). Les glandes florales
prennent pour la plupart le nom de nectaire.
FLORALE [Bulbille]. Certaines espèces d'ail, et d'autres
plantes, portent des petites bulbes à la place des fleurs. Dans
le crinum aswhcum, Linn., elles se trouvent dans le péricarpe
à la place des graines; dans le lis bulbifère, etc., elles sont
placées aux aisselles des feuilles. Celles qui se trouvent à la
place des fleurs sont des bulbilles/îora/es. (Mass.)
FLORENTITE. ( Min.) M. De la Métherie a cru devoir faire
une espèce particulière du calcaire marbre , dit marbre de
Florence, et lui a donné ce nom. C'est une sorte de marne
calcaire, dont les fissures, presque rectangulaires, sont rem-
plies de filtrations argilo-ferrugineuses dures. (B.)
FLORESTINE,F/ore5fina. {Bot.) [Corjrmhifères , Juss. — Syn-
génésie polygamie égale, Linn. ] Ce genre ou sous-genre, que
nous avons établi dans la famille des synanthérées (Bull. Soc.
philom. , octobre 181 5 et janvier 1817), appartient à notre
tribu naturelle des hélianthées, et à la section des hélianthées-
héléniées, dans laquelle nous le plaçons entre Vhymenopappus
et le schkuhria.
La calathide est subglobuleuse , incouronnée , équaliflore ,
pluriflore, régulariflore, androgyniflore ; le péricline , infé-
rieur aux fleurs, est formé d'environ huit squames utiisériées,
à peu près égales, appliquées, oblongues , arrondies au som-
met, foliacées, pourvues d'une bordure membraneuse, fran-
gée. Le clinanthe est très-petit, plane et inappendiculé; les
ovaires sont oblongs, subtétragones, hispidules, munis de plu-
sieurs côtes longitudinales; leur aigrette est très-courte, et
composée d'environ dix ou douze squamellules unisériées, pa-
léiformes, orbiculaires, denticulées, membraneuses, portées
chacune sur une base linéaire, épaisse, charnue, verte; les
corolles ont le tube extrêmement court, et le limbe divisé par
des incisions profondes et inégales en lanières hérissées de pa-
pilles sur les bords ; les étamines ont l'anthère noirâtre et le
'^^ FLO
pollen blane. Le style a ses deux branches terminées chacune
par un appendice subulé, hispide au sommet.
Florestine pédalée : Florestina pedata, H. Cass., Atlas du Dict.
des Se. nat. , 5* cahier, pi. 8 ;. Steviapedata, Cav., Icon. ; Willd. j
Fers. ; Hjmenopappus pedatus , Cav., Herb.; Lag. , Gen. et Sp. pi. ;
Kunth,Noi^. Gen.; Ageratum pedatum ^ Ori.^Dec. Cette plïinte,
originaire du Mexique et de File de Cuba, est herbacée , an-
nuelle, presque glabriuscule; sa tige , haute d'environ deux
pieds, est dressée, rameuse , légèrement striée'; ses feuilles,
alternes supérieurement et le plus souvent opposées inférieu-
rement, sont pétiolées, longues de trois pouces, pédalées, à
trois folioles, dont la moyenne estpéliolée, indivise, oblongue-
elliptique , obtuse, et dont les deux latérales sont sessiles, et
partagées chacune en trois divisions inégales , oblongues ,
obtuses; les calathides , composées d'une douzaine de fleurs
à corolle blanche, sont irrégulièrement corymbées ou pani-
culées au sommet des rameaux.
Dans nos deux premiers Mémoires, sur le style et sur les
étamines des synanthérées , nous avions remarqué que le ste-
viapedata, étant une hélianthée, ne pouvoit pas être congé-
nère des vrais stevia , qui sont des eupatoriées; c'est pourquoi,
dans notre troisième Mémoire, sur la corolle, nous avons pro-
posé d'en l'aire un genre , sous le nom de Jlorestina ( Journ.
de Phys. , t. 82, p. 145). Depuis cette époque, M. Lagasca a
publié Tin petit ouvrage , où il nomme cette plante hjnieno-
pappus pedatus , à l'exemple de Cavanilles qui l'avoit étiquetée
ainsi dans son herbier, Enbn M. Kunlh rapporte aussi notre
florestine au genre Hjmenopappus de L'héritier, et il la nomme
comme M. Lagasca. La réunion ou la séparation des genres
immédiatement voisins étant une chose tout-à-fait arbitraire,
on peut sans doute, si.l'on veut, confondre ensemble Vliyme-
nopappus et le Jlorestina ; mais on peut aussi les distinguer,
parce que les squames du péricline sont disposées sur plusieurs
rangs dans ï'Iijmenopappus , tandis qu'elles sont sur un seul rang
dans le Jlorestina. Au reste, le Jlorestina n'est ni plus ni moins
analogue à l'hyinenopappus qu'au schkuhria ; car celui-ci ne
difière de notre genre qu'en ce qu'une des fleurs de sa cala-
thide est femelle et à corolle ligulée , et en ce que les squa-.
inellules de l'aigrette sont lancéolées. ( H. Cass. )
FLO i57
FLORICAN. (Ornith.) C'est Je nom que, suivant Robert
Percival, Voyage à Ceilan , t. 2 , p. 89 , on donne à une espèce
de grue de cette île. ^Ch. D.)
Ff-ORICEPS. {Entoz.) M. Cuvier, Règ. anim. , tom. iv,
p. 45, établit , comme une division des tœnias , une petite sec-
tio»qui a pour caractère quatre petites trompes ou tentacules
armés d'épines recourbées, par le moyen desquels ces vers
s'enConcent dans les viscères. L'espèce qui lui sert de type,
est le hothryocephalus corollatus de M. Rudolphi; elle a quelques
pouces de long ; la tête est laciniée comme certaines fleurs. On
Ja trouve communément dans les raies.
M. Rudolphi , qui a adopté ce petit genre , le nomme antho-
cephalc , qui n'est que la traduction grecque du nom proposé
par M. Cuvier. Les caractères qu'il lui assigne sont les suivans :
Corps alongé , se terminant en arrière par une vessie caudale
élargie; la tête semblable à celle des tétrarliynques , pourvue
de quatre trompes garnies de crochets et de deux ou quatre
fossettes. Ces animaux sont, en outre, contenus dans une
vessie mince, entourée elle-même d'une autre enveloppe plus
dure et élastique.
M. Rudolphi, dans son Synopsis Entozoorum, 18 iq, énu-
mère cinq espèces de floriceps, et qui toutes ont été trouvées
dans kl cavité abdominale de poissons : l'une est le Floriceps
Ai.OîiGk,anthocep}ialus c/oRgafus , dont il vient d'être parlé, et
les quatre autres , anthocephalus gracilis , granulum , macourus ,
et interruptus, sont nouvelles; mais M. Rudolphi paroit n'être
pas trop certain qu'elles appartiennent définitivement à ce
genre. (De 13.)
FLORIDÉES. (Bot.) C'est le nom du second ordre de la
famille des thalasslophytes non articulés de M.Lamouroux, qui
comprend toutes les plantes de la famille des algues qui ne sont
point articulées. Les floridées se font remarquer parleur couleur
pourpre ou rougeàtre , souvent avec une légère teinte de vert i
c'est par leur exposition à l'air que leur couleur se développe ,
et acquiert un éclat brillant dont elle est dépourvue pendant
la vie de ces végétaux.
Les floridées diffèrent des fucacées, autre ordre de la même
famille des thahissiophytes non articulées, par l'absence d'ua
canal médullaire. La substance de ces plantes se développe en
i5s FLO
frondes tan-tôt planes ou subcylindriques. La tige est formée
d'un épidémie qui recouvre un tissu cellulaire à cellules très-
petites et égales qui entourent un second tissu cellulaire, plus
abondant, à cellules très-grandes et tellement alongées qu'elles
ressemblent à des lacunes. Dans le centre de la tige on trouve
quelquefois une lacune qui se prolonge dans toute sa 4on-
gueur. La fronde ne présente point de tissu cellulaireà grandes
mailles, ou de lacune centrale, si ce n'est lorsqu'elle offre des
nervures.
Deux sortes de fructifications s'observent dans les floridées.
La première est formée par des tubercules capsulifères, le
plus souvent très-saillans. I<a seconde, beaucoup plus rare ,
se développe sur le même pied ou sur des pieds différens;
elle consiste en des capsules situées sous l'épiderme, et qui
occupent un espace plus grand. Ces capsules forment peu à
peu une petite élévation qui se déchire pour les laisser échap-
per-, elles se divisent en trois parties. Les fructifications sont
éparsesdans les floridées à frondes sans nervures j mais, dans
celles qui en sont pourvues, les fructifications sont situées
dessus ou à leur extrémité.
Les floridées paroissent devoir leurs belles couleurs , compa-
rées par M. Lamouroux à celle des fleurs pour l'éclat à l'oxi-
gène dont elles laissent dégager une moindre quantité que
les autres thalassiophy tes non articulées; elles sont divisées
ainsi qu'il suit :
§. 1." Floridées à frondes planes.
Genres: Claudea^Delesseria, Chondrus.
§. 2. Floridées à frondes non planes , subcylindriques , ou
comprimées, ou linéaires.
Genres : Gelidium, Laurenlia, Hjpnea, Acanthophora , Du-
montia, Gigartina, Plocamium, Champia.Voy. ces divers noms.
Agardh, en conservant l'ordre des floridées, n'y place que
les genres suivans : Lamourouxia (claudea, Lmx.), Delesneria,
Sphceroccus, Chondria, Champia, Ptilota, et Halymenia. (Lbm.)
FLORIFÈRE (Bot.), portant les fleurs. Dans les chatons du
peuplier, du noisetier, du saule, etc., les bractées sont flori-
fères. Les feuilles du lemna, du xyiophylla falcata, etc., sont
également florifères. Les boutons des arbres sont florifères ,
lorsqu'ils ne produisent que des ûenrs; folii/ères , lorsqu'ils ne
FLO ,55
produisent que des bourgeons à feuilles; mixtes^ lorsqu'ils
produisent des feuilles et des fleurs. (Mass.)
FLORILEGES ou ANTHOPHILES. (Entom.) Nous avons
ainsi nommé (Voyez Anthopiiiles) une famille d'hyménop-
tères voisine de celle des abeilles , qui comprend les scolies , les
frelons ou crabrons , les philanthes. Cemot est emprunté d'Ovide ,
Métamorphoses: Florilegœ nascuntur apes, (CD.)
FLORILIE, Florilus. \Conchjl.) Genre de coquilles multilo-
culaires , établi par M. Denys de Montfort , pour une coquille
microscopique , décrite et figurée sous le nom de nautilus
asterizans , par Von Fichtel et Von MoU, tab. 3 , fig. e h de leur
Testac. microscop. : elle est plane et ombiliquée d'un côté,
avec un sommet mamelonné de l'autre. L'ouverture est trian-
gulaire ; mais elle est presque complètement fermée par un
diaphragme, si ce n'est contre le retour de la spire. Les cloisons
sont unies; le syphon est inconnu. L'espèce qui sert de type
au genre est turbinée, nacrée, diaphane, d'une demi-ligne de
large, et son sommet offre un mamelon criblé de petits trous
au milieu d'une sorte d'étoile. Aussi M. Denys de Montfort la
nomme-t-il florilie étoilée ,Jlorilus stellatus. ( De B. )
FLORIPONDIO {Bot.), nom espagnol donné dans le Pérou
au datura arborea , arbrisseau dont les fleurs sont très-grandes,
en entonnoir, et pendantes, à cause de leur poids. (J.)
FLORISPERSI. {Bot.) Micheli et Lancisi nomment ainsi les
agarics et les bolets dont le chapeau est saupoudré de flocons
semblables à des étamines. ( Lem.)
FLORISUGA. {Ornh]i.) L'oiseau auquel celte dénomina-
tion est donnée par Séba , t. 3 , p. 42 , est le trochitus mellisu-
gus , Linn. , oiseau-mouche de Cayenne ou vert-doré de Buffon.
(Ch. D.)
FLORUM FASCICULUS. {Bol.) Sterbeeck donne ce nom à
une espèce de boletus très-voisine des boletus frondosus , Pers. ,
et ramosissimus , Jacq. Gomme eux il est volumineux , et formé
par la réunion d'une multitude de chapeaux imbriqués l'un
sur l'autre, à la manière des coquilles. Aussi Paulet le classe-
t-il dans le groupe qu'il désigne par poly pores coquilliers, et
prétend que c'est le galUnaccia de Porta, C'est peut-être aussi
celui que, dans les Vosges, on nomme pouU de bois et cou-
veuse. ( Le.m.)
i6o FLO
FLORUS. {Ornith.) Voy. Flkuh. (Ch.D.)
FLOS AFRICANUS. (Bot.) Dodorns nommoit ainsi le tagetes
patula, Linn. (H. Cass.)
FLOSCOPE, Ftoscopa. (Bol.) Genre de plantes dont les
rapports naturels ne sont pas encore déterminés, établi par
Loureiro pour un arbrisseau des Indes orientales, de 17ie.ran-
drie monogjnie de Linnœus , et dont le caractère essentiel
consiste dans un calice inférieur, pileux, à trois divisions
profondes ; trois pétales ovales ; six étauiines ; un style ; une
capsule à deux loges monospermes.
Floscope grimpant -, Floscopa scandens , Lour. , FI. Coch., i,
pag. 238. Ses tiges sont simples, grimpantes, ligneuses, cylin-
driques; ses feuilles alternes, lancéolées, ciliées , très-en-
tières, rudes en dessus, lisses en dessous, nerveuses, vagi-
nales à leur base. Les fleurs sont petites, pédicellées, d'un
violet clair\ réunies en épis grêles, roides, fascicules; le
calice coloré: ses découpures ovales, réfléchies en dehors ; la
corolle composée de trois pétales droits, ovales, de la lon-
gueur du calice; les étamines plus longues que la corolle: les
filamens subulés-, les anthères à deux lobes arrondis; l'ovaire
ovale, comprimé , à deux lobes; le style subulé, plus long
que les étamines, le stigmate épais. Le fruit est une capsule
presque ovale, à deux lobes, à deux loges; chaque loge ren-
ferme une semence ovale, aplatie, cornée. Cette plante croît
à la Cochinchine, sur les montagnes. (Poir.)
FLOSCULEUSE[Calathide], (Bot.), n'ayant que des fleurons
(chardon, artichaut, centaurée, etc.) (Mass.)
FLOSCULEUSES. {Bot.) Tournefort a divisé les synan-
thérées en trois classes, sous les titres de Jlosculeuses , semi-
Jlosculeuses et radiées. Cette classification, adoptée par M. Des-
fontaines dans la distribution de l'école de botanique du Jardin
du Roi , est à la vérité très-simple et très-commode , et elle sé-
duit infailliblement au premier coup d'œil; mais elle n'est pas
sans difficulté dans son application, et surtout elle est fort peu
conforme à l'ordre naturel, qui ne reconnoît que le groupe
des semi-flosculeuses, fondé sur la structure de la fleur pro-
prement dite, et correspondant à notre tribu des lactucées.
Le groupe artificiel des flosculeuses , fondé sur la composi-
tion de la calathide, comprend toutes les synanthérées à ca-
latliide dite flosculeuse. Les botanistes confondent sous celte
dénomination de calathide flosculeuse , deux sortes de com-
positions bien distinctes: i°. celle qui constitue ce que nous
nommons la calathide incouronnée, équaliflore , comme dans
le chardon , l'eupatoire ; 2". celle qui constitue ce que nous
nommons la calathide discoïde, comme dans Vartemlsia, le
carpesium. La plupart des botanistes assimilent aussi à leur'ca-
lathide flosculeuse, la calathide vraiment radiée du bluet et
de beaucoup d'autres centauriées. Enfin la calathide radiati-
forme des nassauviées , quoique tout-à-fait analogue à la cala-
thide dite semi-flosculeuse des lactucées,est rapportée parles
uns à la calathide flosculeuse, et par les autres à la calathide
radiée. Ce sont là les principaux motifs qui nous ont empêché
de conserver, dans notre nouvelle terminologie, la dénomi-
nation de calathide flosculeuse, qui est d'ailleurs insignifiante
dans le sens distinctif qu'on lui attribue , puisqu'elle exprime
une calathide composée de petites Jieurs , ce qui s'applique à
toutes les calathides quelconques. Si le mot de flosculeuse est
entendu par opposition à celui de semU flosculeuse, i[ est très
impropre: car il se réfère alors à la distinction des fleurons
et d'es demi-fleurons, qui est inadmissible pour tout botaniste
jaloux de conformer le langage de la science à la nature des
choses. Les calathides ne sont composées ni de fleurons ni de
demi-fleurons, mais de petites fleurs, dont la corolle LfTecte
des formes diverses. Le nom de demi-fleurons doit surtout être
repoussé, parce qu'il confond deux natures de fleurs très-dif
ferentes : en effet, si ce nom est tolérable jusqu'à un certain
point quand on ne l'applique qu'aux fleurs extérieures des
calathides radiées, dont la corolle* est ligulée, c'est-à-dire
avortée d'un côté et luxuriante du côté opposé, il est tout-
a-fait intolérable quand on l'applique aux fleurs des lactu-
cees ou chicoracées, dont la corolle est fendue, mais très
complète et dans un état naturel. Le nom de fleurons con-
fond aussi tres-mal à propos les fleurs à corolle régulière et
es fleurs a corolle tubuleuse, demi-avortée, qui composant
la couronne des calathides discoïdes, et qui mériteroient peut,
être, mieux que toute autre, le nom de demi-fleurons. Vov
notre article Composées ou Svnanthérées. ( H. Cass. )
fLOSFERRf. {Min.) Nous avons placé cette variété de
' " il
,6, ILO
calcaiï;e concrétîonné parmi celles qui appartiennent à la
chaux carbonatée rhoniboiclale -, mais il paroit, d'après fie
nouvelles observations, que les minéralogistes s'accordent à
la considérer comme appartenant à la chaux carbonatée
octaédrique ou arragonile. On a constamment désigné cette
variété sous son nom latin dans les ouvrages de minéra-
logie de presque toutes les langues. Voyez son histoire , à
l'article delà C\iaux carbonatée rhornboïdale , 6/ variété, Ca;.-
CAiRE coRALLOÏDE. On doit la désigner maintenant par le nom
à'arragonile coratloïde. ( B. )
FLOS SOLIS. (Bot.) Ce nom a été appliqué, par plusieurs
anciens botanistes, à diverses plantes, telles que les helian-
thus tuberosus et anguslijolius , Vinuia hetenium, le cistus he-
lianlhemum. ( H. Cass. )
FLOT. (Ph-ys.) C'est lamarée montante. Voyez Marée. (L. C.)
FLOT. (Entorn.) C'est le nom donné par Geoffroy à une
Boctuellequ'ila figurée tom. II, fig. 12 ,n.°IV, et décrite n.° 86,
yag. i53.(C.D.)
FLOTTANTES [Plantes]. (Bot.) Parmi les -plantes aqua-
tiques, les unes nagent à la surface de l'eau sans tenir au sol
(pistia slratiotes, lemna, salvinia, etc.). Lesautres sont fixées au
fond de l'eau, et flottent au gré du courant [potainogelon lu-
sens, etc.). (Mass.)
FLOTWI [Ichtliyol.) , nom russe de la rosse, leuciscus ruti-
ius.Voy.ABLE, dans le Supplément du premier volume. (H.C.)
FLOUNDER BULET FLUKE [IchlhyoL.) , nom anglois du
flételet. Voyez Flet. (H. C.)
FLOUSSADO. {Ickthyol.) A Nice, suivant M. Risso , on
donne ce nom à la raie bâtis. Voyez Raie. (H. C. )
FLOUVE {Bot.)-. Anthoxanthum , Linn. Genre de plantes de
la famille des graminées , Juss. , et de la diandrie digynie , Linn. ,
dont les caractères principaux sont les suivans : Calice uni-
ilore, à deux glumes inégales, aiguës; corolle double : l'exté-
rieure composée de deux balles velues, égales, dont l'une est
aristée sur son dos, et l'autre à sa base-, l'intérieure formée de
deux petites balles mutiques ; deux étamines; un ovaire supé-
rieur, chargé de deux styles filil'ormes, un peu velus, astigmates
simples et divergens ; une graine oblongue , acuminée aux deux
bouts , enveloppée par la balle florale.
FLU iG5
LesÛouves sont des plantes herbacées, vivaces, dontles tiges
sont articulées, garnies de feuilles alternes, linéaires, et les
fleurs disposées en panicule contractée en épi. Les botanistes
en comptent six espèces : mais parmi celles-ci nous ne décri-
rons que les deux qui croissent naturellement en Europe, les
quatre autres n'ayant pas encore été suffisamment observées
et devant peut-être se rapporter à des genres <iifFérens.
Flouve ODORANTE : Anthoxatithuvi odoratum , Linn., Spec, 40 ;
FI. Dan., t. 666. Ses chaumes sont droits, hauts d'un ou deux
pieds: ils naissent ordinairement plusieurs ensemble, disposés
en touffe, et sont garnis de feuilles légèrement pubescentes.
Ses fleurs sont verdâtres, réunies cinq à six ensemble par
petits épillets serrés les uns contre les autres, formant dans
leur ensemble un épi cylindrique. Les glumes calicinalessoiit
ordinairement glabres , quelquefois pubescentes. Cette espèce
est commune dans Its prés et les bois ; elle fleurit en mai et
juin.
Cette plante, surtout quand elle est sèche, répand une
odeur agréable, qui devient plus pénétrante dans les prairies
des montagnes élevées. C'est en partie elle qui donne un si
doux parfum au foin des Alpicoles; mais elle fournit peu de
fourrage , parce qu'étant précoce , elle est sèche avant la matu-
rité des autres plantes. Les bestiaux en sont très-friands. Quel-
ques agronomes ont essayé de la cultiver seule: elle peut de
cette manière fournir trois coupes. Elle n'est pas difficile sur
la nature du terrain.
Flouve amijre; Anihoxanthum amarum, Brot., Phjt. Lusit.,
yasc, j. Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente j
mais elle en diffère constamment par ses tiges et ses feuilles
rudes; par son épi plus alongé, composé d'épillets plus gros,
■d'un blanc cendré; par ses glumes toujours pubescentes, et
par ses balles plus fortement velues. Elle croit naturellement
en Portugal. (L. D.)
FLOYERA. {Bot.) C'est sous ce nom générique que Necker
veut séparer de l'exacur/i deux espèces d'Aublet, exacum guia-
nense et tenuifolium , parce que le tube de leur corolle est évasé
parle haut et non rétréci. Ce genre n'a pas été adopté. (J.)
FLUATE DE CHAUX (Chim.) , ancien nom du phtorure
ie calcium. (Ch.)
^64 FLU
FLUATES. (Chiin.) Ancienne dénomination des hydro-
phtorates. (Ch.)
FLUDER. iOrnilh.) L'oiseau que Gesner et Aldrovande disent
être ainsi nommé sur le lac de Constance, est le grand plongeon,
oolymbus immer, Linn. (Ch. D.)
FLUEVOGEL(Omf£/i,) , dénomination allemande de la fau-
vette des Alpes ou pégot, uwlacilla alpina , Gnïel. (Ch.D.)
FLUGELBLATT (Bot.) , nom allemand donné par Bridel au
genre Pterj gophjllum, de la famille des mousses, qui est le
cjathopliorum deBeauvois, et 17ioofceriade Smith. (Lem.)
FLUGGEE, Fluggea. [Bol.) Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs dioïques, de la dioécie pentandrie de Linnœus, qui me
paroit tenir le milieu entre les rhamnées et les euphorbiacées ,
et dont !e caractère essentiel consiste dans des fleurs dioïques.
Les mâles offrent un calice à cinq folioles; point de corolle;
cinq étamines avec le rudiment d'un ovaire ; dans les fleurs
femelles, un style bifide; deux stigmates bifides, recourbés j
une baie à quatre semences pourvues d'une arille.
Ce genre, borné à une seule espèce, a été établi par
Wiildenow. Avant lui M. Richard (Schrad., Nouv. Journ. ,
pag. 8, tab. 2,fig. a) avoit emplo^'é le nom de fluggea pour
la convallaria japonica , que M. Desfontaines a conservée parmi
les convallaria dans la réforme qu'il a présentée sur ce genre :
cette espèce est un ophiopogon, dans le Bot. Magaz. , tab. io65 ;
un slaLeria, Desv. , Journ. Bot., i, pag. 245. Grâces soient
rendues à nos réformateurs de noms : en voilà déjà trois pour
un genre dont l'existence pourroit bien être contestée !
Fluggée a fruits blancs ; Fluggea leucopyrus , Willd. ,
Sjjec, 4, pag.ySy. Arbrisseau des Indes orientales, pourvu de
rameaux cylindriques ou médiocrement anguleux, glabres,
cendrés, terminés par une pointe épineuse, armés d'un grand
nombre d'autres épines très-fortes, longues de trois pouces,
souvent feuillées : ce sont déjeunes rameaux non développés.
Les feuilles sont petites, alternes , pétiolées, presque orbi-
culaires, longues de quatre lignes , glabres, entières, échan-
crées au sommet; les tleurs petites, axillaires , pédonculées ;
le caiice divisé en cinq folioles ovales, concaves, obtuses,
membraneuses, un peu déchiquetées à leurs bords; point de
corolle 5 les filamens subulés, une fois plus longsquelc calice;
FLU i65
les anthères ovales, sillonnées ; dans les fleurs femelles, un
ovaire ovale ; le style très-court, bifide -. les stigmates à deux
découpures réfléchies en dehors. Le fruit est une baie globu-
leuse , d'un blanc de neige , à quatre semences trigones ,
recouvertes d'une arille. On distingue, dans les fleurs mâles ,
le rudiment de deux corps bifides et recourbés. ( Pom.)
FLUIDES. (P/i/s.) Ce sont des corps dont toutes les parties,
cédant à la plus petite pression , peuvent se mouvoir indépen-
damment les unes des autres , ce qui n'a pas lieu pour les solides
tant que leurs molécules ne sont pas désunies. Au reste , la divi-
sion des corps en solides et en/luides n'est pas plus tranchée que
toutes celles qu'on a tenté de faire dans les productions natu-
relles. Entre les fluides parfaits et les solides, se trouvent les
liquides visqueux, les poussières et les corps mous, qui par-
tagent plus ou moins les propriétés de chacune des deux espèces
de corps.
Parmi les fluides, Veau, et tous ceux qui sont perceptibles
à la vue, ont été les premiers remarqués. On les a regardés
comme incompressibles, et, par conséquent, non élastiques,
L'Académie dei Cimento (c'est-à-dire, de l'expérience), ayant
renfermé de l'eau dans une sphère d'or, métal très-peu élas-
tique, soumit ce fluide à une très-forte pression, et le vit
suinter à travers les pores du métal , au lieu de rentrer sur lui-
même. Malgré cette expérience, on ne peut concevoir que
l'eau soit absolument dépourvue de compressibilité et d'élas-
ticité, puisqu'elle transmet les sons.
Sa grande fluidité est prouvée par le niveau exact qu'afi'ecte
sa surface lorsqu'elle est en repos. Par ce mot on entend la
perpendicularité de la surface à la direction de la pesanteur.
Le fait est constaté par une immensité d'épreuves journalières,
et il résulte de l'extrême mobilité des molécules fluides; car
elles ne peuvent demeurer en équilibre à la surface , qu'autant
que celle-ci est perpendiculaire à l'action de la force qui les
sollicite, parce qu'alors il n'y a pas de raison pour qu'elles se
meuvent dans une direction plutôt que dans toute autre.
Au contraire, la surface des fluides visqueux, et surtout
celle des poussières, peuvent rester en repos sur une obli-
quité plus ou moins grande. îl faut observer cependant, par
rapport à l'eau et aux fluides parfaits, que le niveau exact de
ïCfi FLU
leur surface n'a lieu que lorsqu'elle est d'une certaine étendue,
car on voit sur les bords une courbure qui tient à l'attraction,
et dont il sera parléà l'article Tubes Capillaires.
La propriété qui caractérise particulièrement les fluides, et
qui est la base de leur théorie mathématique, consiste en ce
que toute pression, exercée dans un point quelconque d'une masse
Jluide se répand également dans tous les sens. En voici un effet
qui expliquera suffisamment l'énoncé ci-dessus. Si, à la paroi
d'un vase rempli d'eau, par exemple, on fait deux ouvertures
égales ensuperficie et placées à la même profondeur au-dessous
de la surface , afin qu'elles soient chargées de la même quan-
tité de fluide, et qu'on les bouche par des pistons ; qu'on
applique ensuite à l'un de ces pistons telle force qu'on voudra ,
il faudra, pour empêcher le fluide de s'écouler par l'autre
ouverture, y appliquer la même pression qu'à la première.
Ici les forces égales se détruisent dans toutes les directions,
tandis que celles qui agissent sur les solides doivent être
directement opposées, et n'exercent aucun efTet dans le sens
latéral. Si les ouvertures n'étoientpas toutes deux à la même
profondeur au-dessous de la surface, celle qui en seroitleplus
éloignée supporteroit, outre la pression appliquée à l'autre,
l'effort qui résulferoit du poids de la portion correspondante
du fluide compris entre leurs niveaux respectifs. Mais, en
faisant abstraction de la pesanteur, on peut dire que, quelle
que soit la situation dts deux ouvertures, dès qu'ellesont une
égale superficie, il y faut appliquer une égale pression-, etque,
si elles n'ont pas la même étendue, les forces nécessaires pour
maintenir les bouchons qu'on y voudroit mettre, doivent être
dans le rapport de leurs superficies.
C'est ainsi qu'en ajustant au-dessus du fond supérieur d'un
tonneau un tuyau très-étroit, et le remplissant de fluide, on
augmente la pression qu'éprouve l'autre fond, du poids d'un
volume de fluide ayant pour base ce fond et une hauteur
égale à celle du tuyau ajouté. Cet accroissement de pression
est le fondement de la machine nommée pre.«e hjiîroslatiquc ,
imaginée par Pascal. C'est par la même raison que, si deux
plans de même étendue servent de base à deux vases de même
hauteur, ils éprouveront la même pression, quoique l'un de
ces vases s'élargisse par le haut, et que l'autre se resserre. C'est
FLU 167
encore par le même principe que lorsqu'un fluide est en
équilibre dans xin siphon ou tuyau à deux branches, la cour-
bure étant tournée paren-bas, quelles que soient la forme et la
capacité de ces branches, la hauteur verticale du fluide au-
dessus du point le plus inférieur est la même dans l'une et
l'autre branche, pourvu toutefois que l'une des deux ne soit
pas un tube capillaire. On voit ainsi comment les eaux qui
coulent dans des canaux souterrains tendent a remonter à une
hauteur égale à celle d'où elles sont parties; et telle est l'ex-
plication des sources jaillissantes et des puits, dont il est parlé
à l'article Eau, t. xiv, pag. 5o.
Si les fluides contenus dans. les branches du siphon étoient
de natures différentes, et nepouvoient passe mêler, alors leurs
hauteurs seroient en raison inverse de leurs densités, afin
que le poids de chacune des branches fluides fût le même :
c'est ce qui arrive dans le BAROMiVrnE (voyez ce mot) entre
l'air et le mercure.
Nous ferons observer à ce sujet que si des fluides hétérogénej
sont en équilibre les uns au-dessus des autres, les surfaces par
lesquelles ils se touchent sont perpeudiculaires partout à la
direction de la pesanteur; elles sont ce qu'on appelle des
couclies de niveau.
Lorsque le siphon est placé dans une situation inverse df
la précédente, c'est-à-dire, ayant sa courbure tournée par en-
liaut, comme quand on l'emploie à faire passer un fluide d'un
vase dans un autre, le fluide s'écoule par la branche la plus
longue , c'est-à-dire, dont l'ouverture est libre et placée plus
lias que la surface du fluide dans lequel l'autre est plongée.
Vour se rendre raison de ce phénomène , il sufîit de comparer
les pressions qui s'exercent dans chaque branche , lorsque par
la succion, ou autrement, on en a retiré l'air. Le fluide intro-
duit dans la branche la plus courte, se comportant comme le
mercure dans le baromètre, éprouve au sommet du siphon
une pression égale à l'excès du poids de l'air sur celui de la
colonne môaie de fluide, pression qui n'est balancée dans
l'autre colonne que par l'excès du poids de l'air sur celui du
fluide contenu dans celte dernière colonne. Le poids de l'air
pouvant être regardé comme le même dans chaque colonne ,
lorsque la différence des niveaux est très-pe(i(e, il est visibie
ib3 pjU
que, si la seconde colonne est plus longue que la première, la
pression y sera plus foible que dans celle-ci , et que par consé-
quent le fluide s'écoulera.
Les corps plongés dans un fluide y perdent une quantité de
poids égale à celle du volume de fluide qu'ils déplacent, puis-
qu'ils éprouvent, de la part du Quide environnant, toutes les
pressions qu'il exerçoit sur la masse dont ils occupent le lieu.
C'est là ce qui fait surnager les corps plus légers qu'un pareil
volume de fluide, et diminue le poids des autres lorsqu'ils
sont submergés.
Lesfluides en mouvement exercent contre lessurfaces rigides
en repos, une impulsion, et celles-ci, lorsqu'elles se meuvent
dans les autres, éprouvent une résistance dont leslois sont encore
bien peu connues. On a trouvé, par expérience, que dans les
mouvemens un peu rapides ces pressions sont, toutes choses
d'ailleurs égales , proportionnelles au carré de la vitesse rela-
tive du fluide et de la surface choquée , et seulement à la simple
vitesse quand les mouvemens sont très-lents : ce qui veut dire
que l'expression rigoureuse de cette loi est complexe, et que
l'une de sesparties prévaut dans les mouvemens lents , et l'autre
dans les mouvemens rapides. 11 est d'ailleurs évident que cette
pression diminue à mesure que les surfaces qui la reçoivent s'y
présentent plus obliquement: mais c'est un phénomène très-
compliqué, qui n'a pas encore été analysé d'une manière assez
détaillée, pour parvenir jusqu'aux effets élémentaires dont se
compose l'effet total, lequel, par conséquent, n'a pu être
soumis au calcul. (Voyez le Bulletin des Sciences, par la So-
ciété philomathique, tom. III, pag. 161.)
On n'est pas plus avancé par rapport à la théorie des mou-
vemens des fluides. L'un des cas les plus simples, l'écoule-
ment d'un fluide par un orifice percé dans la paroi d'un vase,
n'a été traité jusqu'ici qu'à l'aide d'une hypothèse qui rend
les résultats du calcul très-inexacts, en sorte qu'il faut tou-
jours recourir à l'expérience. On sent bien d'ailleurs que
lorsqu'un fluide s'écoule par un orifice inférieur, il faut avoir
égard à la charge, c'est-à-dire, à la hauteur de ce fluide au-
dessus de l'orifice, et dont la pression contribue à chasser celfji
qui sort du vase. Quand les fluides sont contenus dans des
4uyauxtrès-étroits,Ieur écoulement offre des phénomènes donl
FLU 160
il sera question à l'article des tubes capillaires. Une des cir-
constances les plus singulières que présente l'écoulement des
fluides, est la contraction que la teirae ouïe jet fluide éprouve
en sortant d'un vase par un orifice percé dans la paroi de ce
vase , lorsqu'elle est assez mince. Au lieu de remplir la capacité
de l'orifice, ce jet éprouve un étranglement considérable, et
paroît se tordre sur lui-même à plusieurs reprises, effet qui
est dû à la convergence des directions par lesquelles les molé-
cules du fluide contenu dans le vase tendent vers l'orifice , et
semblent ensuite s'entrelacer comme les brins dont se compose
une corde. Il est visible que cette contraction diminue beau-
coup l'écoulement des fluides ; mais on n'a encore pu en
apprécier l'effet que par l'expérience.
Les fluides élastiques, et par conséquent compressibles,
ont, outre les propriétés que nous venons d'indiquer sommai-
rement, celle de tendre sans cesse à occuper un plus grand
espace, en vertu de la force intérieure qui constitue leur
élasticité. Il suit de là que , renfermés dans des vases, et abs-
traction faite de la pesanteur, ils exercent contre les parois de
ces vases une pression qui n'auroit pas lieu de la part de fluides
non élastiques. Cette pression dépend de la nature propre du
fluide, de sa densité et de sa température. On voit aussi qu'un
fluide élastique pesant doit se comprimer lui-même, c'est-à-
dire que les couches inférieures, chargées du poids des couches
supérieures, doivent être plus denses que celles-ci. On a rap-
porté à l'article Air les diverses expériences par lesquelles Ic-
îasticité de ce fluide a été reconnue-, nous ajouteronsseulement
ici qu'entre des limites assez resserrées , l'expérience a montré
que les volumes occupés par la même masse d'air étoienf en
raison inverse des poids comprimans. Il suit delà que, lors-
qu'on renferme de l'air ou un gaz quelconque dans un vase,
quand le baromètre est élevé, le poids de cet air, ou sa
masse , est plus considérable que celle de l'air qu'on y auroit
fait entrer si le baromètre eût été plus bas , et par conséquent
la pression intérieure moindre , la température étant d'ail-
leurs la même.
C'est en opérant la dilatation de l'air au moyen du vide
formé dans le corps de pompe de la machine pneumatique,
qu'on parvient à porter à un très-haut degré la raréfaction de
»79 FLU
l'air dans le récipient ; mais il est aisé de voir qu'on ne sauroî i
de cette manière arriver à l'épuisement total de l'air, quand
même la machine seroit parfaite.
MM. Dalton et Gay-Lussac ont procédé, par des expériences
très-exactes , à la recherche des lois de la dilatation des fluides
élastiques par la chaleur. ( Voyez l'article Gaz. )
Les changemens de densité que peuvent éprouver les
fluides élastiques, suffisent pour les mettre en mouvement;
car leurs molécules se portent toujours de l'endroit où elles
sont le plus comprimées , vers ceux où la pression est
moindre. C'est ainsi que l'air froid, étant plus dense, s'intro-
duit dans les lieux chauds , où il est raréfié , et que l'air chaud
gagne le haut des appartemens , parce qu'il est, à volume
égal, plus léger que l'air froid : de là naissent les divers
courans qu'on observe dans une chambre, et qui ont leurs
analogues dans notre atmosphère.
Je n'ai voulu que rappeler ici les propriétés physiques des
fluides citée» le plus souvent dans les articles de ce Diction-
naire, établies pour la première fois dans;le Traité de l'Equi-
libie des liqueurs, par Pascal, et formant aujourd'hui la base
de ïhj'drostatique, ou science de l'équilibre des fluides, et de
Vhydrodynarnique , ou science de leur mouvement. Ce n'est
que beaucoup plus tard qu'on s'est formé des notions exactes
sur la cause même de la fluidité ; elle est indiquée à l'article
Corps (t. x, p. 619, art. 5).
Il faut bien observer que tout ce qui* précède ne se rap-
porte qu'aux fluides coercibles et pondérables : quant au ca
lorique, aux ûuides électrique et magnétique, il faut chercher à
leurs articles respectifs ce que les expériences ont appris sur
les lois de leur mouvement et de leur équilibre; car, s'ils
existent, ils paroissent dififérer trop des autres fluides, pour
ne pas avoir leur théorie à part. Au reste, il faut remarquer
que toutes les fois qu'on sort de la classe des corps palpables,
un acquiert une grande liberté pour expliquer les phéno-
mènes : aussi a-t-on souvent supposé des fluides doués des plus
merveilleuses propriétés, sans que leur existence fût constatée
autrement que par la commodité qu'on y trouvoit pour ne pas
rester court dans l'exposition des faits les plus extraordinaires.
(L. C.)
FLU 17»
FLUIDES. (Chim.) C'est un nom collectif qui comprend les
liquides et les gaz : il a été souvent employé comme synonyme
de liquides. (Ch. )
FLUIDES AÉRIFORMES ou ÉLASTIQUES ( Chim.) , nom
générique qui comprend les gaz et les vapeurs. (Ch.)
FLUIDITÉ. {Chim.) C'est l'état d'agrégation dans lequel se
trouvent les corps liquides. ( Ch. )
FLULUTOIRE. (Omifh.) Voy. Fluteur. (Ch. D.)
FLUNDRA {Ichthyol.) , un des noms suédois du fiez, pleu-
ronectesjlesus. Voyez Pi.ie. (H. C. )
FLUOR. (C/um.) Autrefois ce nom a été employé, i." comme
adjectif, pour désigner l'état liquide de certains corps; par
exemple, on a appelé alcali volatil fluor l'alcali volatil dissous
dans l'eau; acides Jluors , les acides qui sont ordinairement
liquides.
2.° Comme substantif, pour désigner plusieurs substances
minérales, incombustibles, fusibles, particulièrement le phto-
rure de calcium.
Dans ces derniers temps, quelques personnes ont donné le
nom de fluor au corps simple qui produit, avec l'hydrogène,
l'acide fluorique, ou plutôt hydrophtorique; mais, pour éviter
toute erreur dans la nomenclature, nous avons préféré, au
nom de fluor, celui de phtore , qui n'a pas l'inconvénient
d'avoir été appliqué à une autre substance qu'à celle qu'il
désigne. (Ch.
FLUOR FARNIEUX (Min.), Fluor farniosus , Bibl. Bank.
On a réuni sous cette dénomination générale, et par oppo-
sition avec la'jluor sputhosus, chaux flualée , les variétés ter-
reuses de la Chaux phosphatée. Voy. ce mot, t. viii, p. 32 2. (B.)
FLUORIQUE [Acide.] {Chim.) C'est l'acide hydrophtorique.
(Ch.)
FLUSHER. {Ornith.) Les habitans de la province d'Yorck,
en Angleterre, nomment ainsi Fécorcheur, lanius collurio ,
Linn. (Ch. D.)
FLUSTRE, Flustra. {Pofyp.) Genre de polypes et de polypiers
établi depuis fort long-temps par Pall.ns, sous le nom d'eschara ,
adopté sous cette dénomination par Bruguières , quoique Lin-
naeus , on ne sait trop pourquoi, l'ait changée en celle de
flustre , que MM. de Lamarck, Bosc. I,amouroiix ont successî-
FLU
vemcnt admise. Les caractères de ce genre peuvent être ainsi
définis: Polypes pourvus autour de la bouche de douze tenta-
cules simples, et dont le corps, fort court, est contenu dans
des cellules peu profondes, à ouverture subterminale, souvent
dentée, se réunissant les unes contre les autres dans un ordre
symétrique, S'irun ou deux plans adossés, et dont la réunion
forme un po'ypier corné, ou presque membraneux, fixé eu
forme de croûte ou de lobes frondescens à la surface des corps
sous-marins.
C'est à Spallanzani que nous devons les observations les plus
exactes sur ces animaux , quoique la découverte en soit réelle-
ment due à Peyssonell, Jussieu, Lœffling, Ellis. On trouve, en
effet, dans son Voyage dans les Deux-Siciles, pag. i83, tom. 4
de la traduction françoise, quelques faits fort curieux, non pas
seulement sur leur forme, mais encore sur la manière dont ils
croissent ; ce qui tendroit à faire croire que ce qu'on nomme le
polype ou la cellule fait réellement partie de l'animal. Celui-ci
ne peukt mieux être comparé, pour la forme générale, qu'à
«ne sorte de petit calice porté sur un assez long pédicule beau-
coup plus étroit, adhérent par son extrémité au fond de la
loge qui renferme l'animal. L'espèce de calice qui forme ce
corps a son bord entouré de douze tentacules bien symétrique-
ment disposés et simples, c'est-à-dire, non pinnés. C'est au
milieu que se trouve l'orifice buccal. Il paroît que le canal in-
testinal se prolonge dans le pédicule ^ car Spallanzani parle
d'une sorte de vaisseau qui le traverse, et dans lequel on voit
ïin mouvement continuel, et alternativement montant et des-
cendant, d'un fluide qui le remplit. L'animal peutsortir presque
tout entier de sa cellule, lorsqu'il se trouve dans des circons-
tances favorables, surtout pour saisir les corps qui doivent
lui servir de nourriture. Quoiqu'il y ait adhérence organique
de l'extrémité postérieure du polype avec la loge qui le con-
tient, il ne paroît cependant pas qu'il y ait réellement com-
munauté de vie entre les individus du polypier, comme cela
a lieu dans les véritables zoophytes ; aussi , ce qu'on nomme le
polypier dans les flustres ne semble-t-il n'être qu'un plus ou
moins grand nombre de cellules calcareo - membraneuses ,
appliquées ou collées les unes contre les autres, et disposées
suivant un ordre qui paroît ccnsiaîtt. Quelquefois les petites
FLU ,75
loges ne forment qu'une seule couche qui s'applique en forme
de croûte sur les corps sous-marins; d'autres lois il se forme,
pour ainsi dire, une sorte de pli ou de pincement à la surface
de cette couche, et il en résulte une expansion plus ou moins
élevée, quelquefois lobée, branchue ou divisée, mais toujours
aplatie, qui est formée de deux couches de cellules appli-
quées dos à dos. Ce que les cellules des flustres offrent de
remarquable, c'est que leur orifice n'est pas au milieu, mais
le plus souvent près d'une extrémité , qu'elle est comme
oblique, et quelquefois comme bilabiée. Il paroît égalcmeut
certain que quelques espèces offrent deux ouvertures; ce qui
pourroit faire croire que le canal intestinal de l'animal en a
autant, et que, par conséquent, il doit être placé plus haut que
les véritables polypes, et peut être rapproché des animaux
qu'on a nommés alcyons à double ouverture, c'est-à-dire des
ascidies, ce qui est encore au moins fort hasardé. Nous devons
encore à Spallanzani l'observation de la multiplication de Cis
petits animaux : elle est tellement prompte, qu'on peut voir
en assez peu de temps une suite nombreuse de générations.
C'est seulement sur les bords ou à la circonférence du poly-
pier que se fait l'accroissement. On voit, dit Spallanzani,
comme pousser de ce bord de petites vésicules d'abord entière-
ment closes, et rejetées très-probablement par l'animal voisin;
elles s'accroissent peu à peu, se gonflent, prennent l'aspect
d'une cellule-, et enfin on voit se former un orifice d'où sort le
polype qui existoit préalablement dans la cellule, et dont on
pouvoit voir aisément les mouvemensà travers sa paroi presque
transparente. Au bout depeu de temps , c'est-à-dire de quelques
heures seulement, les polypes développés produisent de nou-
veaux œufs, et ainsi successivement, en sorte que lesgénératioiis
semblent se hâter de se succéder sous les yeux même de l'obser-
vateur. D'après cela, il paroît que dans un polypier de llustre
il n'y a d'individus vivans que ceux qui approchent des bords,
et que les autres ne sont que réduits à la cellule sans véritable
habitant. 11 semble réellement que ces petits animaux ne sont
que des œufs qui conservent toute leur vie leur enveloppe, soit
fermée, soit ouverte.
On trouve des flustres dans toutes les mers et à toutes les
profondeurs, encroûtant les corps sous-marins de toute nature,
'74 FLU
mais surtout les thalassiophyles, ou s'éievantà une hauteur qui
excède rarement dix centimètres. Il paroît qu'il en existoit
aussi dans les mers qui ont anciennement couvert nos conti-
nens , puisqu'on en trouve plusieurs à l'état fossile dans les
terrains antérieurs à la craie, et dans celle-ci môme.
On ne connoit aucun usage aux flustres. Olafsen etPolvesen
disent bien, dans leur Voyage en Islande, que les habitans de
cette île se servent d'une espèce d'eschare,pourc/if^uer, en place
de tabac ; mais il est fort douteux que ce soit une véritable
«schare.
Les espèces de flustres sont au nombre detrente-cinqsuivant
M. Lamouroux-, M. de Lamarck n'en compte que onze, regar-
dant, à ce qu'il paroît, comme douteuses celles que M. Desma-
rets et Lesueur ont décrites à l'état fossile.
A. Espèces relevées et foliacées à deux couches de cellules.
1 . La Fr.usTRE foliacée : Fluslra foliacea , Linn. ; EUis , Corail. ,
t. 2 9,fig. a, A, B, c, F. Espèce grande , frondescente : les expan-
sions divisées à l'extrémité en lobes cunéiformes, arrondis au
sommet; bords des cellules pourvus de quatre ou cinq épines
courtes.
Cette espèce, qui se trouve très-communément dans toutes
les mers d'Europe, est celle dont on a le mieux observé les
animaux.
2 . La Flustretronquée : Fluslratruncata, Linn. ; Ellis , Corail.,
t. 28, fig. a, A, B. Plus petite et à divisions des expansions plus
étroites et plus tronquées que la précédente, dont elle est du
reste fort rapprochée. Elle vient des mêmes mers. Ses cellules
sont très-longues.
3. La Flustre pyriforme : Flustra pyriformis, Lmx. , Polyp.
flex.jpl. 1, fig. h, a, B. Foliacée: dichotome; àsommets tronqués;
cellules pyri formes, très-aiguës inférieurement. Mers dcTAus-
tralasie, d'où elle a été rapportée par MM. Peron et Lesueur.
4. La Flustre céranoïde: Flustra ceranoides, Lmx. Florides-
cente ; dichotome; à sommets bifides et obtus à l'extrémité :
cellules alongées, à orifice presque linéaire, à rebord con-
tourné.
5. La Flûstre cartonkière : Fluslra chartacea , Ellis etSoland. ,
pi. B, II; h.; Flustra papjracea. Gmel. Foliacée j les digitations
FLU 173
tronquées au sommet en forme de hache-, cellules courtes.
Côtes de France et d'Angleterre.
B. Espèces relevées et foliacées à une seule couche de cellules.
6. La Flustre bombycine ; Flustra bombycina, Guiel., d'après
Ellis et Soland. Frondescente; les expansions obtuses, dichu-
tomes, Irichotomes, serrées, formant une sorte de touffe, et
composées d'une seule couche de cellules qui sont mutiques
et à orifice étroit en croissant. Des mers d'Europe et de celle»
des Indes orientales et occidentales.
7. La Flustre carbasséb : Flustra carbasea, Gmel.; Ellis et
Soland., p. 14, t. 6 , fig. 6-7.Très-rapprochée de la précédente
dont elle ne diffère guère que parce que les cellules sont
oblongues-ovales, les orifices très-petits, non en croissant.
Mers du Nord, M. de Laioarck donne à cette espèce le nom
françois d« Fldstre voile.
8. La Flustre A lobes étroits -.Flustra angustilola , Lmk.; Ellis,
Corail., tab. 38, fig. 7. Petite espèce très-délicate, dichotome,
à découpures très-étroites et linéaires , ne portant que d'un seul
côté des cellules granifères. Des mers d'Europe.
g. La Flustre pierreuse : Flustra folia petrea, Lmx. Foliacée,
flabelliforme, prolifère, à sommets arrondis; cellules alternes,
couvertes de papilles situées sur deux lignes, et opposées. 5ur
les thalassiophytes de l'Australasie.
10. La Flustre frondiculeuse : Flustra frondiculosa, Gmel.;
Séba, Thés., 111, tab. 9C, fig. 6. Arborescente, à divisions
obtuses, trichotomes, ramassées; cellules les unes au-dessus des
autres, et d'un seul côté. Océan indien.
C. Espèces arborescentes et spongieuses.
11. La Flustre HISPIDE: Flustra hispida, Pall. Arborescente,
spongieuse; à divisions rameuses, hérissées et entourées de
poils.
Cette espèce, de la Méditerranée , paroît être fort rare, et
n'être connue que par ce qu'en dit Pallas.
12. La Flustre spongiforme : Flustra spongiformis , Lmck. ;
Flustra frondosa? Esp. , Suppl. , 2, tab. 8. Espèce rameuse,
spongieuse , à lobes aplatis , cunéiformes , obtus; cellules oblon-
gues, couvertes d'une croûte poreuse, percées au sommet.
^76 FLU
Cette espèce, fort singulière , de quatre à cinq centimètres
de haut, se trouve dans la collection de M. de Lamarck, et il
eu ignore la patrie. Diffère-t-elle beaucoup de la précédente ?
D. Espèces suhfrondescentes.
i3. La Flustre a^elue: Frustra pilosa, Gmel.; EUis, Corail.,
p. 88, tab. 3i , fig. a, A, b. Espèce souvent encroûtante, et
quelquefois un peu subfrondescente, et subdivisée d'une ma-
nière variable; l'ouverture des cellules dentée, et pourvue à
son bord inférieur d'une ou plusieurs dents sétacées, ce qui
rend cette espèce très-velue et comme tomenteuse.
Très-commune dans les mers d'Europe, où elle recouvre ordi-
nairement les thalassiophyles, mais sans y adhérer réellement.
Moll en décrit trois variétés d'après le nombre des dents de
l'ouverture.
14. La Flustre verticillée : Flustra verticillata , Soland. et Ellis,
p. 1 5 , t. 4 , fig. a. Adhérente , souvent frondescente ; les frondes
linéaires subcomprimées; cellules tLirbinées, ciliées, dentées
à leur bord , et disposées par anneaux. Commune dansles mers
d'Europe, et voisine de la jQustre velue.
i5. La FiusTRE PAPYRACÉB : Flustru papjTacea, Gmel.; Moll,
Esch., fig. VIII, A, B, C. Espèce crustacée frondescente, à divi-
sions cunéiformes multifides, composée d'une seule couche de
cellules rhomboïdes oblongues , en forme de masque au sommet.
Méditerranée.
16. La Flustre dentée: Flustra dentala, Gmel.; Ellis, Corail. ,
p. 8g , tab. 29 , fig. C, D, D, 1. Encroûtante, quelquefois sub-
foliacée, lapidescente; à cellules presque ovales, luisantes et
multidentées sur leur boi-d qui est ovale et rarement pilifère.
Mers d'Europe; enveloppant la tige des fucus.
E. Espèces encroûtantes et ern'eloppantes,
17. La Flustre TOMENTEUSE; FZus/ra fomefxiosa, Gmel.; Mull.,
Zool. Dan., p. 24, tab. 96, fig. 1-2. Tomenteuse , molle, velue,
à cellules à peine visibles, formant des croûtes plus ou moins
étendues à la surface des thalassiophytes et dessertulariées. Des
mers d'Europe.
18. La Flustre linéaire: Flustra lineata, Gmel.; Esper. ,
Zooph., tab. 6, fig. 1-2. Encroûtante : cellules situées sur des
lignes transversales et obliques. Mers d'Europe.
FLU 177
53. La Flustre membraneuse : Flustra memlranacea, Lînn.-
MuU,, Zool. Dan.^ p. 63, tab. 117, fig. 1-2. Encroûtante, et
formant comme une toile mince, composée d'un réseau fin à
mailles ou cellules oblongucs, quadrangulaires, à ouverture
presque nue; à la surface des fucus. Mers d'Europe.
Il est extrêmement probable qu'il faut rapporter à cette
espèce la flustre toile-de-mer, Jlustra telacea de M. de La-
marck.
20. La Flustre perlée : Flustra haccata, Lmx. Encroûtante; à
cellules alongées, gibbeuses, dont l'ouverture est très-petite.
Elle recouvre qiielquefois la surface inférieure tout entière
des padinas. De l'Australasie et des Antilles.
21. La Flustre concentrique: Flustra concenfrica , Lmx.
Encroûtante et formée.de cellules disposées en lignes coiirbcs,
concentriques , dont l'ouverture est petite , irrégulière ,
arrondie.
Fucus de l'Australasie.
2j. La Flustre TUBULEUSE : F/ws/ra tuhulosa, Bose, p. 118,
fab. 3o, fig. 2. Encroûtante; cellules simples, ovales-oblonguçs
cisaillantes; ouverture marginée et presque pentagone.
Sur le fucus natans.
20. La Flustre dents épaisses: Flustra crassidentala, Lrack. Es-
pèce crustacée, lapidescente, glabre; les cellules ovales , dont
le bord épais est muni de deux ou quatre dents courtes ,
épaisses et obtuses.
Mer de la Guiane, sur des fucus.
24. La Flustre carrée : Flustra cjuadrata, Desm. et Lesueur.
Encroûtante; cellules formant un carré long, régulier, abords
unis.
Sur le fucus pyriferus, Linn. MM. Desmarets et Lesueur ont
trouvé cette espèce fossile dans les environs de Paris,
2 5. La Flustre triacanthe: Flustra triacantha , Lmx. Encroû-
tante; cellules rondes-ovales, avec deux épines latérales dans
la partie supérieure, et une à l'inférieure.
ïhalassiophyt(s de l'Australasie.
26. La Flustre a plusieurs dents : Flustra multidenta, Lmx.
Encroûtante; cellules larges, presque rondes; ouverture garnie
de plusieurs dents longues et inégales.
Des mPmes mers,
i-j. 12
,73 FLU
27. La FLi;iTR£ ériophore : Flustra eriophora, Lmx., pi. 1 .
fi"'. 5, a, B. Encroûtante; cellules très-petites, alternes, arron-
dies au sommet , et couvertes rie poils inégaux et nombreux.
Des mêmes mers.
28. La Flustre mamiu-aire: Flustra mamillaris , Lmx., pi. 1 ,
fiff. 6,a, B. Cellules presque planes, avec deux mamelons obtus
aux côtés de l'ouverture ; de couleur brune.
Sur ]ezosteraaustralis de l'Australasie.
2<). La Flustre hérissée: Flustra hirta, Fab. ; Flustra hispida ,
Gmel. Encroûtante, coriace, plane; cellules écartées, resser-
rées et ciliées.
Mers du Groenland.
5o. La Flustre a une seule dent : Flustra unidentafa, Lmx. En-
croûtante; cellules cylindriques, longues, larges, disposées par
séries transversales ou longitudinales; ouverture aussi grande
que la cellule, avec une large dent sur un côté de la buse.
De l'Australasie.
3i.La Flustre d'Italie: Flustra italica, Lmx.; Spallanz.,
Voyag. , t. 4, p. i85, tig. 9. Encroûtante, membraneuse-, cel-
lules ovales, presque comprimées ;ouverture très-petite, située
au semmet.
Détroit de Messine.
02. LaFLUSïRE ARBNACÉE:F/i/5fra arenacea, Gmel. ;E11., Cor.,
p. 89, tab. 25, fig. e. Crustacée, friable, jaunâtre; cellules
simples, presque en échiquier.
Cette singulière espèce , que l'on trouve dans toutes les mers
d'Europe, et qui consiste en un certain nombre de cellules
assez mal formées, a la surface d'une couche de sable, est-elle
bien réellement une espèce de flustre P C'est ce qui est fort
douteux; aussi M. Boys, Trans. Linn., tom. 5, p. 200, tab. 10,
pense-t-il que ce n'est autre chose que les nids de quelque
animal marin, ou des ovaires.
53. La Flustre déprimée: F/u5tra deprewa, MoU, Esch., p. C9 ,
fig. 8 1 , A, B. Crustacée , lapidescente , à cellules ovales , alternes,
horizontales, finement ponctuées, planes, divisées également,
transversalement; ouverture semi-lunaire, fermée par une
petite valve roussàtre.
De la mer Adriatique.
34. La Flustre paiellaire; Flustra patellaria, Moll , Esch.,
F LU J79
p.'GS, fig. xx.Crustacée, lapidescerite; à cellules ovales, planes
antérieureiçcnt, convexes postérieurement, presque isolées,
ne se touchant en partie que par le bord, horizon taies, presque
alternes, à orifice fermé par une petite membrane plus que
Sfnii-ciroulaire.
De la Méditerranée.
35. La Fli^stre aplatie : Flustra planata, Moll, Esch., p. 67,
fig. XIX. Crustacée, lapidescente ; à cellules ovales, alternes,
planes, éloignées les unes des autres, bordées et fermée'i par
une petite membrane 5 une sorte de petit casque lisse au som-
met des cellules.
Même mer. •
Sur ces deux espèces M. Laraouroux fait l'observation que,
les cellules étant presque pédicellées, on devra en former un
petit genre que l'on pourroit, dit-il, nommer Mo/Zia, du nom
de l'auteur qui les a fait connoître. Mais ne pourroit-on pas
encore, avec plus de raison, les regarder comme des œufs de
mollusques? Leur séparation plus ou moins complète, le pédi-
cule qui les porte , ne sembleroient-ils pas le faire croire? En
.général , il nous paroît fort probable qu'un assez grand nombre
des espèces établies par M. Lamouroux sur des corps rapportés
des mers de l'Austraiasie par MM. Peron et Lesueur, ne sont
que des œufs de mollusques : aussi M. de Lamarck, qui a été
cependant sans doute à portée de les observer, n'en dit-il
absolument rien. (De B.)
FLUSTRE. {Foss.) Les flustres à expansions foliacées, non
encroûtantes, étant souvent flexibles, et peu ou point pier-
reuses, se montrent rarement à l'état fossile. Il n'en est pas de
même de celles qui ont la faculté de s'étendre et de s'attacher
sur les corps, en ne formant des cellules que sur un seul plan.
On les trouve assez communément sur les fossiles dépendant
des différentes couches , et surtout des moins anciennes.
Voici quelques unes des espèces qui ont été remarquées.
Fx-usTRE A CELLULES CARRÉES 5 Flustra quadruta, Desm. et Le-
sueur, Bulletin des Se, 1814, pi. 2 , fig. 10. Polypier incrus-
tant, formant des expansions régulièrement radiées, à cel-
lulesparallélogrammiques. Cette flustre a été fixé' sur un moule
intérieur de coquille bivalve, dont on ignore la localité, et
qui fait partie de la collection de M. de Drée. La dispositiou
12.
iSo FLU
des cellules, dont on ne voit que le dessous, est tellement
remarquable qu'elle suflit pour distinguer celte espèce.
FiUSTRE A RÉSEAU ; Tluslra reticulala , Desm. et Lesueur, loc.
cit., f]g. 4. Polypier frondescent, un peu épais, portant sur
deux plans des cellules ovales-alongées , à cloisons tressail-
lantes, ayant une ouverture transversale. Cette espèce a été
trouvée aux environs de Valognes, département de la Manche,
avec des baculites et des bélemnitcs.
Flustre bifurquée; FlusLra bifurcata, Desm. et Lesueur, loc.
cit., fig. 6. Polypier libre, à expansions dichotomes , bifur-
quées aux extrémités, et garni de cellules hexagonales sur les
deux faces. Il est voisin de la /lustra truncata dEllis. On le
trouve à Grignon dans un banc calcaire tendre, appartenant
aux couches moyennes de la formation du calcaire à cérites.
Fllistre mosaïque; Flustra tessellata, Desm. et Lesueur, /oc.
cit., iig. 2. Polypier incrustant , à cloisons arrondies antérieu-
rement; ouverture en avant , petite, presque ronde; surface
plane. On le trouve sur les oursins et sur les bélemnites de la
couche de craie de Meiidon près de Paris.
Flustrè épaisse-, Flustra crassa, Desm. et Lesueur, loc. cit.,
fig. 1. Polypier incrustant, épais, à cellules très-courtes, à
ouverture large et en croissant. On le trouve à Grignon.
Flustke crétacée; Flustra cretacea , Desm. et Lesueur, loc.
cit., fig. 5. Polypier épais, incrustant, à loges ovales-alongées,
sans doute pourvues d'un tympan membraneux dans Pétatde
vie , mais qui en sont dépourvues à l'élut fossile. Celte espèce
«e trouve sur une coquille fossile du Plaisantin, analogue au
murex tritonis de nos mers.
Flustre de Gerville; Flustra Gervilii , Def. Polypier incrus-
tant, à cellules rhomboïdalcs ; ouverture très-petite, portée
sur une petite éminence à l'un des bouts de chaque cellule.
Il recouvre en grande partie une huître fossile, de Haute-
ville, département de la Manche, et il est parfaitement con-
servé.
Flustre ancienne ; Flustra antiqua , Def. Polypier incrustant,
à cellules oblongues, et fixe sur le moule intérieur d'une co-
quille bivalve , trouvée dans le Jura. Il est assez remarquable
que la coquille qui a servi à former ce moule intérieur a dis-
paru , et que la flustre qui tapissoit son intérieur n'a point
FLU 181
été dissoute, en sorte que les cellules présentent leur partie in-
férieure , et qu'où ne peut connoître leur ouverture ni leur
forme supérieure.
Flustre a petite ouverture; Flustra microstoma, Desm. et
Lesueur, loc. cit. fig. g. Polypier peu épais, incrustant, à cellules
ovales, légèrement bombées, avec une ouverture ronde , très-
petite au milieu. Il se montre presque toujours dépourvu de
la partie supérieure des cellules , dont il ne reste que les cloi-
sons. On le trouve sur les grandes huîtres fossiles de Sceaux
et des environs de Paris, qtii appartiennent à la formation
marine supérieure à celle des gypses de ces environs.
Les six dernières espèces se trouvent dans ma collection.
(D.F.)
FLUSTRÉES, Flustreœ (Polyp.). Nom d'ordre employé par
M. Lamouroux, dans son ouvrage sur les polypiers flexibles,
pour désigner les polypiers membrano-calcaires, phytoïdes ou
formant des expansions plus ou moins étendues, couvertes de
cellules sans communications entre elles, et dont l'ouverture,
quelquefois double, est au sommet ou près du sommet : les
polypes sont, par conséquent, isolés. Cette section ne com-
prend , pour M. Lamouroux, que deux genres : les Cellépores
et les Flustrës. Voyez ces mots. (De B.)
FLUTE {Icluhyol.) , un des noms vulgaires de la murène
hclène. Voyez Murène. (H. C.)
FLUTE DU SOLEIL. {Ornith.) Traduction françoise de la
dénomination espagnole Jlau ta del sol, qui correspond aux
termes curahi-remembi, par lesquels les Guaranis désignent
l'espèce de héron dont M. d'Azara donne la description, sous
le n.° 356, dans son Ornithologie du Paraguay. Cet oiseau pa-
roît être le même que le héron à tête bleue , de Molina, Hist.
nat. du Chili , p. 2 14, ardea cyanocephala, Lath. (Ch. D. )
FLUTEAU {Bot.), Alisma, Linn. Genre de plantes monoco-
tylédones, de la famille des alismacées, Juss. , et de Vhexandrie
polygjnie, Linn., dont les principaux caractères sont les sui-
Vans : Un calice de trois folioles ovales, persistantes; trois
pétales arrondis, planes, et plus grands que le calice; six éta-
mines , et quelquefois plus ; plusieurs ovaires supérieurs , à
style simple et à stigmate obtus ; plusieurs capsules mono-
spermes, indéhiscentes, ramassées en tête.
i«2 FLU
Les fluteaux sont des herbes aquatiques, à feuilles simples,
souvent toutes radicales: à fleurs le plus ordinairement verti-
cillées , formant une ombelle , ou une panicule. On en compte
neuf espèces, dont cinq croissent naturellement en France.
Fluteau plantaginé, vulgairement Plantain d'eau, Plantain
aquatique; Alisma plantago , Linn., Spec, 486; Plantago aqiia-
:iica, Fuchs. , Hist. , 42. Ses racines sont vivaces, formées de
fibres nombreuses : elles donnent naissance à «ne tige cylin-
drique, glabre comme toute la plante, .simple dans sa partie
inférieure, rameuse dans la supérieure, haule de deux à trois
pieds, entourée à sa base par un faisceau de feuilles cordi-
formes, aiguës, longues de quatre à six pouces, larges de trois
à quatre, d'un vert gai, et portées sur des pétioles de près
d'un pied de longueur, engaînans à leur base. -Les fleurs sont
blanches, ou légèrement purpurines, larges de trois à quatre
lignes, portées sur des pédoncules inégaux, grêles , etdisposées
par verticilles sur les divisions de la partie supérieure de la
tige , qui se ramifie deux à trois fois.
Cette plante se trouve communément en Europe, sur les
bords des étangs et des ruisseaux, où elle fleurit en juin,
ijuillet et août. Elle a une variété qui se distingue facilement
à ses tiges et à ses feuilles moitié plus petites, et à ce que
ces dernières sont lancéolées, larges seulement de neuf àdouze
lignes, sur trois à quatre pouces de longueur.
Le fluteau plantaginé passe pour avoir beaucoup d'à-
crelé, et pour être capable de faire périr les bestiaux qui le
broutent. Il y a deux ans que plusieurs journaux françois ont
répété une note extraite des journaux de Saint-Pétersbourg,
d'après laquelle ou présentoit la racine de cette plante comme
.un spécifique contre la rage. Selon l'auteur de cette note,
depuis vingt-cinq ans qu'on en fait usage dans le gouvernement
deTula, soit pour les hommes, soit pour les animaux, on ne l'a
jamais vue manquer de produire d'heureux elfets. La manière
d'administrer cette racine est fort simple; elle consiste a. la
donner lorsqu'elle est sèche et /éduife en poudre, en en sau-
poudrant uiie tartine de pain et de beurre qu'on fait manger
aux malades. D'après le même , il ne faut le plus ordinairement
que réitérer deux à trois fois la même chose pour guérir l'hy-
drophebie déjà déclarée. Mais, avant d'aionfer loi à celli?
FLU i83
propriété du plnntain d'eau, qui serolt si précieuse, il faut
que des expériences positives, faites avec discernement et
impartialité, nous mettent à même de juger de la valeur de ce
nouveau remède-, car combien d'autres moyens préconisés
pendant quelque temps comme ayant de semblables vertus,
retombés dans l'oubli dès qu'on les a soumis à des observations
exactes et rigoureuses qui ont bientôt démontré leur nullité
absolue?
Fldteau renonculoïde : Alisma ranitnciiloides , Linn., Spec,
/i8j;Flor.Dan., t. 1 22. Les tiges de cette espèce sont redressées
ou inclinées, longues de quatre ou six pouces: elles se terminent
par quatre à dix fleurs d'un pourpre très-clair, pédonculécs,
larges d'environ sixlignes, disposées en une ombelle simple , ou
qui est quelquefois surmontée d'une seconde. Les feuilles sont
radicales, étroites, lancéolées, pétiolées, nn peu pins courtes
que les tiges. Les capsules sont très-nombreuses et ramassées en
tête arrondie. Cette plante croitsur les bords des étangs etdans
les lieux marécageux, où on la trouve en fleurs pendant une
grande partie de l'été.
Fldteau ramïwst: ; A lismarepens , Lamk., Dict.Enc. , 2, p. 5i 5.
Cette espère a de si grands rapports avec la précédente, qu'on
pourroit croire qu'elle n'en est qu'une variété; cependant elle
en diffère, parce qu'elle est vivace et non annuelle, parce
qu'elle est moitié plus petite dans toutes ses parties, excepté
dans ses fleurs, qui sont au contraire plus grandes, et qui ne
sont que deux à trois ensemble. Elle croit dans les lieux où
l'eau a séjourné l'hiver, dans le midi de la Finance et en Bar-
barie.
Fluteau sVBVi.É; Alisma suhulata, Linn., Spcc, 487. Espèce
encore peu connue , naturelle à la Virginie, et qui cet carac-
térisée par sa petitesse et par ses feuilles en alêue.
Fluteau a feuilles de parnassie-, Aliswa parnassifolia, Linn.,
Mant., 571. Cette plante aie port du fluteau plantaginé, mais
elle s'en distingue parce qu'elle est plus petite, parce que ses
ftMiilles cordiformes, larges d'un pouce au plus, munies de cinq
à sept nervures convergentes, sont portées sur des pétioles
articulés, ctparce queses capsules ont àleurcôté interne un
prolongement en forme d'arétc. Elle croit en Dauphiné, sur
le bord des étants et dans les mi'.rais.
i84 FLU
Fr-UTEAU A FEUILLES EN CŒUK ; AUsma cordifolia, Linn. , Spec.^
487. La tige de cette espèce s'élève à peu près à I;i même hau-
teur, et se ramifie de la même manière que celle du fluteau
plantaginé ; mais ses feuillessont en cœur, obtuses à leursommet,
et les Heurs ont douze étamines. Cette plants croît en Amérique.
Fluteau a fleurs jaunfs; Alismajlava , Linn., Spec, 486. Ses
feuilles sont ovales, longues d'environ six pouces, molles,
glabres, d'un beau vert, portées sur des pétioles beaucoup
plus longs qu'elles, épais, anguleux à leur partie antérieure.
Lts tiges sont nues, simples, hautes d'environ deux pieds, ter-
minées par plusieurs Heurs jaunes, larges de plus d'un pouce,
portées sur des pédoncules épaissis à leur sommet, et disposées
en une ombelle simple; leurs étamines sont nombreuses, mais ,
par exception au caractère du genre, l'ovaire est unique, et
il se change en une capsule globuleuse, divisée en dix loges,
renfermant des graines réniformes , roussàtres et velues.
Cette plante croît à Saint-Domingue le long des ruisseaux.
Fluïeau a feuilles sagittkes ; AUsma sagittifolia , Willd.,
Spec, 2 , pag. 277. Ses feuilles sont ovales, prolongées à leur
base en deux lobes aigus, ce qui leur donne un peu la forme
d'un fer de flèche. La tige , plus courte que les feuilles , porte
à son extrémité des fleurs verticillées, accompagnées de brac-
tées lancéolées. Cette plante croît en Guinée.
Fluteau nageant-, AUsma natans , Linn., Spec, /i^j. Cette
espèce est bien caractérisée par ses feuilles radicales, nom-
breuses, linéaires, très-longues y graminiformes; par ses tiges
filiformes, flottantes dans l'eau, ou, lorsqu'elles touchent la
terre, prenant racine à leurs nœuds supérieurs qui sont munis
de feuilles alternes, pétiolées, nageantes à la surface de l'eau.
Les fleurs sont blanches, larges de six à sept lignes, portées
sur des pédoncules grêles . solitaires , ou deux à trois ensemble
dans les aisselles des feuilles caulinaires. Ce fluteau croît dans
les étangs, où il fleurit en juin et juillet. Il est annuel. (L. D.)
FLUTEUR. (Ornith.) Ce nom vulgaire de l'alouette cuje'ier
ou lu!u , alauda arborea et n^emorosa, Linn. et Gmel., se donne
également au bouvreuil, à un gros-bec , à un merle d'Afrique.
On appelle aussi l'alouette cu}e\ier JluUitoire. (Ch. D.)
FLUTEUSE {Erpétol.)*, nom vulgaire d'une espèce de
Raine. Voyez ce mot, (H. C.)
FLY i85
FLUVIALES. (Bot.) Quelques auteurs modernes donnent ce
nom à la famille de plantes antérieurement désignée sous
celui de naïades. (J.)
FLUVIALIS. (Bot.) La plante que Vaillaut et Micheli nom-
moient ainsi , est maintenant le naias de Linnœus. (J.)
FLUVIATILES [Plantes]. (Bot.) Les plantes aquatiques ne
croissent pas indifféremment dans toutes les eaux. Les mers,
les lacs, les marécages, les fontaines, les rivières ont leurs
plantes particulières. On nomme fluviatiies celles qui croissent
dans les eaux courantes [potamogeton lucens, ranunciilus aqua-
lilis, etc.). (Mass.)
FLUX. ( Phys. ) C'est la marée montante. Voyez Marées,
(L.C.)
FLUX BLANC. (Chirn.) C'est un mélange de parties égales
de nitrate de potasse et de lartre , que l'on a fait détoner. Dans
celte détonation Toxigène de l'acide nitrique se porte sur le
carbone et l'hydrogène de l'acide tartarique, et une portion
d'acide carbonique forme un sous- carbonate avec la potasse
qui étoit unie aux acides tartarique et nitrique. Il arrive
presque toujours que ce sous-carbonate retient un peu de ni-
trate ou de nitrite. Le flux blanc est employé pour faciliter la
fusion de plusieurs mines dans les essais docimastiques. (Ch.)
FLUX CRU. (Chim.) On donne ce nom à tout mélange
de tartre et de nitre , tant qu'on ne l'a pas fait détoner pour
en faire un flux. (Ch.)
FLUX NOIR ou RÉDUCTIF. (Chim.) C'est le résultat de la
détonation d'un mélange de 2 parties de tartre et d'une partie
de nitrate de potasse. 11 ne diff'ère du flux blanc qu'en ce qu'il
contient du charbon. Il agit par son alcali dans les essais doci-
mastiques , en facilitant la fusion, et par son charbon, en
prévenant l'oxidation de certains métaux, ou bien en leur
enlevant l'oxigène auquel ils pourroient être unis. (Ch.)
FLY-CATCHER. (Ornith.) Ce mot anglois, qui correspond
à gobe-mouches, est appliqué par Edwards et par Castesby,
avec diverses épithètes, à des oiseaux de plusieurs genres,
tels que ceux qui, dans Buffon , portent les dénominations
de moucherolle de Virginie à huppe verte , de gobe-mouches
olive ^ dt Jiguier vert et jaune, de guit-guit vert et bleu à gor^e
blanche, detodierde l'Amérique rruéridionale ou tic-tic, (Ch.D.)
3 86 POE
FLYDRA (IchtliYoL), nom islandois du IYétan. Voyez ce
mot. (H.C.)
FLYGANDE FISK (Ichtlifol.) , nom que l'on donne en
Suède au dactyloptère pirapèbe. Voyez Dactyloptère. (H.C.)
FLYGFISK {Ichthj'ol.) , nom que Ton donne en Suède à
l'exocet volant, exocœtus volitans. Voyez Exocet. (H..C.)
FLYNDRE (Ichthyol.) , nom vulgaire d'un pleuronecte ,
pleuronectes platessoides. Voyez Plie. ( H. C.)
FLYVFLSKEN (Ichtlijol.) ^ nom parlequel, enDanemarck ,
on désigne l'exocet volant. Voyez Exocet. (H. C.)
FNEMP (Bot.), un des noms japonois de l'oranger, cités par
M. Thunberg. (J.)
FOCA. {Bot.) Clusius dit que ce nom est donné chez les
Arabes à la ileur de Vadhar, qui est ]e jiincus odoratus de Pline
et d'autres anciens, plus connu maintenant sous le nom de
schénante, andropogon schœnanthiis. (J.)
FOCKE. (Ornith.) L'oiseau auquel ce nom et celui àefooker
sont donnés en Silésie , est, suivant Schwenckfeld, le biho-
reau, ardea nycticorax , Linn. (Ch. D.)
FOCKII-FOCKII. {Bot.) La plante de Flnde citée sous ce
nomparBontiu , et rapportée par Rheede à son nila-barudena ,
est, selon M. de Lamarck, le solanuin insanum dcLinnaeus. (J.)
FOCOT-GUEBIT. {Bot.) Ce nom, qui signifie bois désiré, est
cité par Fragosus et C. Bauhin comme un arbre résineux de
l'Amérique, ressemblant au peuplier. Sa résine , plus blanche
que l'encens, est employée aux mêmes usages par les naturels
du pays, qui fabriquent leurs idoles avec son bois. Clusius le
nomme locot-guehit ou bois du désir, et répète ce qu'a dit Fra-
gosus. Il y a probablement une erreur d'orthographe dans un
des deux noms. (J.)
FŒDENLEIN {Ornith.), nom sous lequel est connu, en Alle-
magne, le cini ou serin vert, fringilla scrintis, Linn. ( Ch.D. )
FOENE, Foenus. {Entom.) M. Fabricius a ainsi nommé un
genre d'insectes hyménoptères, de la famille des cntomotilles
ou insectirodes, voisin des ichneumons, avec lesquels on le -
avoit confondus avant que M. Latreille les en séparât sous 1
nom de gastéruption, qu'il a abandonné depuis comme mai
sonore, pour adopter ceIuide/oc«e, qui n'est ni grec ni latin.
Nous avons fait figurer une espèce de ce genre, sous le n." 2
FOH ï^
de la planche des entomotilles; comme le dessin en est grossi
et très-exact, le lecteur y reconnoitra facilement les carac-
tères que nous allons indiquer.
Hyménoptères à antennes longues, en fi! , non brisées, dres-
sées et dirigées en avant , à tête comme portée sur un cou , à
ventre comprimé en massue, terminé par une longue tarière
dans les femelles, à pâtes postérieures très-grandes.
Les foenes diffèrcnlfi^ainsi ries évanies qui ont aussi les an-
tennes en fil, parce q1i#*dans celles-ci la tête est sessile et
l'abdomen excessivement court; des ichneumons, ophions et
tanches, qui ont les antennes en soie.
On ne connoit pas encore bien les mœurs des foenes ; il
paroît qu'ils déposent leurs larves, ou plutôt leurs œufs, dans
les trous que se pratiquent lesmellites dans l'argile et le vieux
bois, et que ces larves s'y développent en parasites, comme
celles des ichneumons. On trouve souvent ces insectes sur les
fleurs, dans leur état parfait. Fabricius n'en a décrit que trois
espèces, dont on trouve deux à Paris; ce sont :
Le FoENE LANCIER, Focnus jaculator. C'est richneumon tout
noir, à pâtes postérieures très-longues et grosses, de Geoffroy,
tom. 2 , pag. 328 , D.° 16, et dont nous avons fait figurer la
femelle. Le premier article des tarses postérieurs est blanc ;
il y a aussi un petit anneau blanc à la base des jambes.
Le FoENE AFFECTATEUR, Focnus ajf'ectator. Il est figuré par
M. Jurine, dans son ouvrage sur les hyménoptères. GeoffVoy
(ouvrage cité) l'a nommé ichneumon noir, à pâtes posté-
rieures grosses, et à milieu du ventre fauve. Il est de moitié
plus petit que le précédent. (C. D.)
FŒNICLÎLUM. {Bot.) Voyez Aneth. (L. D.)
FŒNUM-GRtECUM. [Bot.) Voyez Trigonelle. (L. D.)
lŒTELA ( Ichthjol. ) , nom d'une variété de Vholocentre
gcterin, de M. de Lacépède. Forskal et Linnaeus en avoicnt
fait une espèce de sciène, sous le nom de sciœna fœlela , et
i'avoient distinguée delà sciana sofat et de la sciœna abou mga-
terim , ou gaterina, qui ne diifèrent que sous le rapport de
l'âge. Voyez Holocentre. ( H. C. )
FOETTA (Mamm.) , nom italien du putois, viœna putorius^
lînn. (F. C.)
FOHONELO (Ornitli.), un des noms italiens de la UnoUt
i88 POJ
commnneyfringilla linota, Linn. , qu'on appelle aussi /ane/Io.
(Ch.D.)
FOIE D'ANTIMOINE. { Chim.) Suivant M. Proust, le foie
d'antimoine des anciens est un composé de protoxide d'anti-
moine et de sulfure d'antimoine. Ces deux corps peuvent
s'unir en des proportions indéfinies. (Ch.)
FOIE D'ARSENIC. (Chim.) Macquer a donné ce nom à la
solution de l'acide arscnieux dans une lessive concentrée de
potasse, c'est-à-dire, à une forte solution d'arsenite de potasse :
ce qui engagea Macquer a lui donner ce nom, c'est que les
anciens noaimoient foie de soufre la combinaison du soufre
avec la potasse. (Ch.)
FOIE-DE-BŒUF (Bot.), nom vulgaire d'un champignon
placé long-lemps parmi les bolets de Linnœus, et qui main-
tenant constitue un genre particulier nommé Fistulina par
Bulliurd, et adopté par DecandoUe, Persoon, Link, Fries,etc.
Voyez FisïunNA. (Lem.)
FOIE DES ANIMAUX. {Chim.) Tous les travaux chimiques
que l'on a entrepris sur le foie se bornent à deux analyses : la
première, du foie de raie, faite en 1791 par M. Vauquelin -,
la second.-, du foie de bœuf, faite en i8iy par M. Braconnot.
Nous allons présenter un extrait de ces analyses.
§. I.*' Foie de hceuf.
123 " , 36, pris dans le milieu du grand lobe du foie, broyés
dans un mortier de marbre, se sont réduits en une bouillie
demi - liquide qui a été délayée dans l'eau tiède: le tout,
passé dans un tamis de soie très-fin , a laissé dedans 23 ^\ 56
d'un tissu vasculaire blanchâtre et de membrane du péritoine.
Par conséquent il y a eu 100 grammes de parenchyme du foie
qui ont passé au travers du tamis, dissous ou délayés dans l'eau.
Ce liquide étoit coloré en rougeàtre par un peu de sang; il
avoit un aspect très-légèrement laiteux : exposé à la chaleur,
il s'est coagulé ; le coagulé, égoutté et séché, pesoit 24 ^% 65.
A. Examen du coagulé.
Ce coagulé étoit principalement formé d'albumine et d'une
matière huileuse. M. Braconnot a isolé ces matières, en les
traitant par l'huile volatile de térébenthine, qui a dissous
Fhuile, et a laissé l'albumine.
FOI ,Sg
Albumine. Cette substance avoit l'aspect d'une matière ter-
reuse, d'un blanc un peu fauve; elle pesoit^o^', 66; la com-
bustion apprit qu'elle étoit formée d'albumine pure, 20'', ig,
et de phosphate de chaux ferrugineux, o ^', 47.
Matière huileuse. Cette matière, séparée de l'huile de téré-
benthine, pesoit 3 ^\ 89; elle avoit la consistance de l'huile
d'olive à moitié figée; elle étoit d'un rouge brun, et elle ne se
combinoit'pointimmédiatementaveclcsalcalis; mais , chauffée
quelque temps avec la soude, elle formoit un savon brna
solide. Elle étoit soluble à froid, en toutes proportions, dans
l'alcool à 55 degrés. Elle ne rougissoit pas le tournesol, et
on ne pouvoit y découvrir la présence d'aucun phosphate;
cependant, en la brûlant, elle iaissoit un charbon dont la
combustion fournissoit de l'acide phosphorique: quand on le
traitoit par l'acide nitrique, il se produisoit de l'acide phos-
phorique et une matière cireuse. M. Braconnot conclut que
cette matière huileuse est analogue à celle que M. Vauquelin
a découverte dans le cerveau ; cependant je ferai observer
que l'huile du cerveau ne se saponifie point, ou qu'avec la plus
grande difficulté et d'une manière incomplète.
B. Liquide d'où le coagulé s'était produit.
11 étoit opalin, acide au papier de tournesol; il a fourni un
extrait qui pesoit 6 =',.81 , dont la saveur rappeloit celle de
l'extrait de la chair musculaire, mais il n'en avoit point le
goût piquant et salé. L'extrait de foie contenoit o^"^, 64 de
chlorure de potassium, sans mélange de chlorure de sodium,
o^', 10 d'un sel insoluble dans l'alcool formé de potasse et d'un
acide organique; et enfin, 6^"^, 07 d'une matière peu azotée
soluble dans l'eau et peu soluble dansFalcpol.
Le foie de bœuf est donc composé :
Tissu vasculaire, 20,56.
S Eau .T 68,64
Albumine séchée 20,19
Huile phosphorée 3,89
Matière peu azotée 6,07
j. , Sur sel organique o,io
100. j Chlorure de potassium 0,64
I Phosphate de chaux lèrrvi-
1 gineux Oi47
; 00.00
iyo FOÎ
§. II. Foie de raie.
Il est ordinairement d'un gris légèrement rosé lorsqu'il est
frais; sa saveur est huileuse et salée-, son odeur estcelle qui se
répand dans les poissonneries de poissons de mer.
Il se délaye dans l'eau avec facilité quand on le triture avec
ce liquide dans un mortier de marbre. Au moyen d'un tamis
de soie on sépare la membrane de péritoine qui enveloppoit
le foie : le liquide a l'aspect d'une émulsion; en l'abandon-
nant quelques heures à lui-même , il s'en sépare à la surface
une couche d'huile. Quatre onces de foie recouvert de sa
membrane, écrasées et chauffé, s doucement, se sont coagu-
lées en grumeaux, desquels suintoit beaucoup d'une huile
légèrement jaune. En pressant ces grumeaux dans un linge ,
iiprès les avoir séehés avec précaution, M. Vauquelin a
obtenu 4 gros 56 grains de grumeaux qui conlenoient beau-
coup d'huile, et 8 grains de phosphate de chaux; 1 gros
7 grains d'huile : il s'étoit volatilisé 2 onces 5 gros 56 grains
d'eau.
§. III.
Fourcroy, ayant examiné un foie humain qui avoit été
exposé pendant dix ans à l'air libre, observa qu'il étoit presque
entièrement changé en gras, c'est-à-dire, en une matière
analogue à celle qu'on trouva en 1786, en si grande abon-
dance , dans le cimetière des Innoceiis.
Fourcroycrut que cette matière étoit de la cétine. Les expé-
riences que j'ai faites ayant prouvé que le gras des cadavres
étoit principalement formé d'acide margarique , et que cette
substance différoit, sous tous les rapports, de la cétine, il
s'ensuit qne, si l'gjiglogie établie i)ar Fourcroy existoit réelle-
ment entre la mâSre grasse du foie et celle des cadavres, la
première devoit être principalement formée d'acide marga-
rique , et non de cétine. ( Cn. )
FOIE DE SOUFRE. (Chim.) Les anciens chimistes ont
appelé foie de soufre , 1.° le sulfure de potasse, fait en chauf-
fant dans un creuset parties égales de soufre et de sous-carbo-
nate de potasse; 2.°le sulfure hydrogéné dépotasse, obtenu en
faisant bouillir du soufre dans une lessive de cet alcali. (Ch.)
FOIN. (Bot.) C'est l'herbe des prairies lorsqu'elle est fauchée
FOL 191
et séchée. Ce mot, lorsqu'il est joint à un autre , désigne plus
spécialement quelques plantes particulières. Le gros foin ou
foin de Bourgogne est le sain -foin, ainsi nommé parce qu'il
croit naturellement dans la Bourgogne. Dans plusieurs pro-
vinces il est aussi nommé bourgogne, sans préposition. Lobel
et Dalechamps donnent mal à propos ce nom à la luzerne,
medica. Quelques varecssont aussi nommées/oin de mer. Le fe-
nu-grec.yrtTit/ni grœcum de Tournefort , frigoneZ/a de Linnatius ,
peut ici être également cité. (J.)
FOINA ou Fouina (Mamm.), nom italien de notre Fouine.
Voyez ce mot. (F. C.)
FOIN DE BOURGOGNE (Bot.). Voy. Foin. (L.D.)
FOIN MARIN (Zoophyt.), Fœnum marinum. Rumph a désigné
ainsi, Amh., vi , p. 208 , pl. 8t), fig. 3 , une espèce d'antipathe,
dont les rameaux, extrêmement nombreux, sont sétacés ou
très-fins : c'est Yantipatha fceniculata de Pallas et de Gmelin.
(De B.)
FOIRANDE, ou Foirolle {Bot.) , noms vulgaires de la mer-
curiale annuelle, plante purgative. (L.D.)
FOIREUSE ( Ornith.), dénomination sous laquelle on désigne
vulgairement, dans le département de la Somme, le rouge-
gorge, motacilla rubecula, Linn. (Ch.D.)
FOIROLLE. {Bot.) Voyez Foirande. (L. D.)
FOLA. (Ornif/i.) L'oiseau auquel ce nom et ceux defolaga,
folega^follata, sont donnés en Italie et en Catalogne, est le
i'oulque .fulica atra, Linn. (Ch.D.)
FOLE. (Mamm.) D'anciens voyageurs, dit Sonnini , ap-
pellent ainsi un animal de forme humaine, velu, dont les bras
sont très-longs , et qui dévore l'espèce humaine en riant. II
s'agit, sans doute, de quelque singe dont on a défiguré l'his-
toire. (F. C.)
FOLIACES [ CoTYi.ÉnoNs]. {Bot. ) Les cotylédons des végé-
taux qui ont peu ou qui n'ont point depérisperme, sont épais
et d'un tissu succulent ; la substance dont ils sont remplis sert, à
défaut du périsperme , à la nourriture de l'embryon dans les
premiers temps de la germination. Les cotylédons qui sont
accompagnés d'un périsperme, sont au contraire minces et
souvent relevés de nervures à la manière des feuilles : on les
dit foliacés (belle-de-nuit; tilleul, etc.).
Ï92 FOL
Les stipules qui accompagnent les feuilles, sont tantôt mem-
braneuses , tantôt scarieiiscs, tantôt spinescentes : lorsqu'elles
ont la couleur et la consistance des feuilles, on les dit folia-
cées (latli^rus aphaca, lotus corniculatus . etc.).
Les involucrcs, également, sont dits /o//ace's , lorsque les
bractées qui les composent sont minces et vertes à la manière
de la plupart des feuilles (cartliamus lîhclorius, etc.).
La spathe, tantôt molle et colorée à la manière des pétales
{calla, etc. ), tantôt membraneuse ( ail , etc. ) , tantôt ligneuse
(dattier, etc.), est foliacée dans le glaïeul commun et beau-
coup d'autres plantes. (Mass.)
FOLIAIRE. {Bot.) Naissant sur les feuilles. Le pinguicula,
Vamjgdalus , etc.. ont des gland es yb/i'a/rei; le solanum melon-
gena, le carduus marianus , etc., ont des épines foliaires ; le
xylophylla , le ruscus ont les fleurs foliaires. ( Mass. )
FOLIATION ou Feuillaison, Foliatio. (Bot.) On indique par
ce mot le moment où les boutons commencent à bourgeon-
ner et à développer leurs feuilles. Ce moment varie suivant
la latitude, et sous la même latitude il varie encore suivant
les espèces. La table suivante dressée par Adanson , d'après
dix années d'observations sur un certain nombre d'arbres,
marque le terme moyen de l'époque de la foliation de ces
arbres sous le climat de Paris.
Sureau, chèvrefeuille 16 février.
Groseillier épineux , lilas , aubépine 1 mars.
Groseillier, fusain, troène, rosier 5 mars.
Saule, aune, aubier, coudrier, pommier 7 mars.
Tilleul, marronier, charme 10 mars.
Poirier, prunier, pêcher 20 mars.
Nerprun, bourgène, prunelier 1 avril.
Charme , orme , vigne , figuier, noyer, frêne . 20 avril.
Chêne 1 mai.
Non seulement l'époque de la foliation des arbres varie
d'espèce à espèce, mais elle varie encore dans la même es-
pèce d'individu à individu. Les cultivateurs savent tirer parti
de cette observation pour se procurer des variétés précoces
ou tardivivs.
Toutes choses égales, la foliation dans une espèce donnée a
lieu en raison de l'intensité de la chaleur et du temps durant
FOL ,g5
lequel cette chaleur agit. Si la température est très-basse
l'année sera tardive, parce qu'il faudra que la chaleur soit
plus long-temps prolongée pour produire un effet marqué j
mais, si la tem])érature est très-élevée, par la raison inverse
l'année sera hâtive.
En général , la foliation commence par l'extréniifé des
branches, parce que la sève se porte par la route la plus
directe; mais quand l'année est tardive, il arrive quelque-
fois que les feuilles des boutons latéraux se développent avant
les autres, parce que la sève, lente à s'élever, pénètre les par-
ties inférieures avant de gagner la cime. (Mass. )
FOLIIFÈRE [Bouton ]. ( Bot. ) On nomme/or//ère le bouton
à fleurs -j/o/iz/ère le bouton qui produit un bourgeon à feuilles;
mixte, le bouton qui produit des feuilles et des fleurs. (Mass.)
FO-LIM. (So/.)SeIon Jacques Breyne,botanistedeDautàck,
qui écrivoit en i<^73 , les Chinois donnent ce nom, qui si<^nifie
lait de tigre, à un champignon semblable à une grosse truffe , et
d'où sort un champignon stipité avec un chapeau en parasol.
On trouve cette plante dans les terrains sablonneux de la
Chine, et son nom lui vient sans doute de l'opinion où Ton est
qu'il doit sa naissance à du lait de tigresse qui s'est coai,'ulé,
ou bien parce que l'on présumé que les tigres s'en régalent.
Selon Breyne et Kircher, les Chinois emploient ce champignon
comme un puissant remède contre différensmaux, et particu-
lièrement contre les fièvres ardentes inflammatoires, la petite
vérole, etc. On prescrit ceremède, comme la racine de ginseng
en poudre , à la dose de trois gra^s dans un verre d'eau ; lors-
qu'il agit efficacement, il provoque les sueurs. Mais on peut
croire, d'après des expériences faites à Vienne avec ce bolet,
qu'on doit beaucoup rabattre de ses vertus. Faulet croit que
ce champignon peut être celui qu'il nomme la truffe ou la
pierre à champignon, espèce de la famille des cèpes polypores ,
et le holeius tuberaster, Pers., Sjnops., maintenant placée danâ
le genre Polyporus. Voyez ce mot. (Lem.)
FOLIO. ( Ichthj'ol.) Rondelet a décrit sous ce nom une es-
pèce de pleuronecte , qui nous paroit appartenir au sous-genre
des flétans, et être le KvBxpcç des anciens Grecs. Le mot folio
est employé à Rome. Voyez Flétan. (H. C. )
FOLIOLÉE [ FEoiLtEJ. {Bot. ) Feuille formée de feuilles par-
i7- j3
»o4 FOL
tielles attachées à un pétiole commun. Le trèfle, le haricot,
le pois, etc. ont des feuilles foliolées. ( Mass. )
FOLIOLÉENNE [Epine]. (Bot. ) Devant son origine à une
foliole métamorphosée. Les feuilles du chamœrops en offrent
un exemple. Il y a des épines qui doivent leur origine à des
stipules ( berberis , etc. ) , à des pétioles ( mimosa verlicil-
lata, etc.), à des rameaux {elœagnus angustifolia , prunus spi-
nosa , etc. ). (Mass.)
FOLIOLES. [Bot. ) Feuilles partielles qui , par leur réunion
sur un pétiole commun , forment la feuille composée. Lu
feuille du trèlle a trois folioles; celle delà vigne vierge en a
cinq; celle du marronier en a neuf. Lorsque les folioles sont
disposées des deux côtés d'un pétiole commun , la feuille
composée est pennée , et les folioles prennent le nom de
pinnules.
On nomme aussi , mais improprement , folioles , les pièces
d'un calice polyphylle. On commence à les désigner par le
nom de sépales. ( Mass. )
FOLLA-MALLEGA (Bot.) , nom javanois de la pervenche
de l'Inde, v'inca rosea, suivant Burmann. (J.)
FOLLADO- {Bot.) Voyez Dcrillo. (J.)
FOLLATA. (Ornith.) Voy. Fola. (Ch.D.)
FOLLE-AAROS. {BoL.) A Java,suivantBurmann, on nomme
ainsi une espèce de mogori , qui est le njctanthes undulala de
Linnaeiis. (J).
FOLLE- AVOINE ( Bot.) , nom vulgaire d'une espèce
d'avoine. ( L. D.) ^
FOLLE- FEMELLE. (BotT) On trouve quelquefois Torchis
bouffon désigné sous ce nom. (L. D.)
FOLLERA. {Ornith.) La fauvette des Alpes, motacilla Al-
pma, GmeL, est ainsi nommée à Lanao en Piémont. (Ch. D.)
FOLLETE. (Bot.) Ce nom et celui de bonne -dame sont
donnés à l'arroche cultivée, atriplex hortensis , plante pota-
gère employée comme la poirée. (J.)
FOLLICULE. ( Bot. ) Péricarpe partiel du fruit composé,
auquel M.Mirbel a donné le nom de double follicule. Le fol-
licule est formé par une valve pliée dans sa longueur, et sou-
dée par ses bords ; les graines sont fixées le long de la suture
sur un placentaire qui se détache dans la maturité. La per-
FON 195
vcnche, le laurler-rosc , l'apocyn , etc., ont le fruit composé
de deux follicules. ( Mass. )
FOLLICULIFORME [Capsule]. {Bot. ) Formée d'une seule
valve soudée par les bords comme dans le follicule. ( at^icc-
nia, etc. ). (Mass.)
FOLLICULINE, FolUculina. (?o/>p.) Genre d'animalcules
assez mal connus , établi par M. de Lamarck. pour quelques
esj)èces de vorticelles de Muller, qui paroissent être contenues
dans une sorte de fourreau transparent. Les caractères que le
premier assigne à cette petite coupe, sont: Corps contractile,
oblong, renfermé dans un fourreau transparent; bouche ter-
minale ample , munie d'organes ciliés et rotatoires. C'est à
Muller seul que nous devons le peu que nous savons sur ces
corps organisés , qui sont, suivant M. de Lamarck , aux urcéo-
laires , ce que les vaginicoles sont aux trichocerques et aux
triciiodes; ils sont assez rarement fixés sur des corps étrangers ,
et se trouvent dans les eaux de la mer. M. de Lamarck en carac-
térise trois espèces :
1." La Folliculine ampoule ; FolUculina avipulla, Mull., In/I,
t.4o,fig. 47, et Encycl.méth., pi. 21, fig. 5, 8. La têtebilobée :
le fourreau en forme d'ampoule et transparent. Des eaux delà
mer.
2.° La Folliculine engagée ;Fo//ic(///rea«ag-mafa, Mull. Jw/I, 44,
lig. 1 2 , i3 , et Enc. méth., pi. 25, f. 52. Animalcule court, ter-
miné en arrière par une sorte de queue, tronqué en avant,
et contenu dans une gaîne subcylindrique, assez longue et
hyaline. Eaux de la mer.
3.° La Folliculine adhérente; FolUculina folliculata, Brug.
Animalcule oblong, contenu dans une gaîne cylindracée,
hyaline, adhérente.
Cette espèce a été trouvée attachée à la queue d'un cyclope
pygmée. (De B.)
FOL OISEAU. (Orraif/i.) Suivant Salerne, on nomme ainsi,
dans les environs d'Orléans , le hobereau ,falco suhbuteo , Linn.
(Ch.D.)
FOLUN D'AQUA. (Ornith.) On nomme ainsi, sur le lac
Majeur, le merle d'eau ou cincle, sturnus cinclus, Linu.^ et
■turdus cinclus, Lath. (Ch.D.)
FON (Bot.), nom japonois, signifiant légitime, préposé à
j3.
igS FON
d'autres noms de plantes. Le fon-mahi est un if, faxus macro-
phflla, de Thunberg. Le fon-gomi est un chalef, elœagnus
macrophylla, du même. Lefon-tsta est le lierre, hederahelix.
On ne peut déterminer le genre des fon-utsugi et fon-kuroji
cités par Kaempfcr. (J.)
FONDANT. (Chim.) Le nom de fondant se donne, en chi-
mie, à toutes les substances qui sont susceptibles d'en faire
entrer d'autres en fusion, (Ch.)
FONDANT DE ROTROU. (Chim.) C'est l'antimoine dia-
phorétique, non lavé, qui est employé en médecine pour
résoudre les obstructions. (Ch.)
FONDANTE DE BREST. {Bol.) C'est le nom d'une variété
de poire. (L. D.)
FONDANTE MUSQUÉE. (Bot.) C'est une autre variété de
poire. (L. D.)
FONET. ( Conchjl.) C'est une espèce de moule , décrite et
figurée sous ce nom par Adanson , Sénégal, p. 21 a, pi. i5;
mjtilus ungulatus , Linn. (De B. )
FONGE, Fungus. (Bot.) Nous traiterons ici du genre nommé
Agaricus par Linnaeus et par Ja presque totalité des bota-
nistes ses successeurs, et non pas du genre Boletus de Linnaeus,
comme on l'a fait dans ce Dictionnaire à l'article Agaric,
L'on pense assez généralement que Théophraste, Diosco-
rlde, Pline, ont désigné par agarikon des champignons po-
reux de consistance ligneuse, et qui croissent sur les mélèzes,
les chênes ou autres arbres. Jusqu'à Linnaeus, les botanistes
ont eu la même opinion, et cependant ils étendirent ce nom
à tous les champignons poreux en dessous, et même à des
champignons qui n'offroient pas ce caractère. Tournefort lui-
même est dans ce cas. Linnaeus, trouvant une sorte de confusion
et d'inexactitude dans l'application de ce nom, en précisant
les caractères de ses genres de champignons, se trouve avoir
donné le nom d'agaric à d'autres cham|,ignons que ceux pré-
sumés être les agarics des anciens, ce qui est sans doute une
faute; mais sa méthode descriptive, les espèces présentées
avec exactitude, la synonymie établie, avoient de si grands
avantages, qu'ils tirent bientôt oublier les travaux des prédé-
cesseurs de Linnaeus, et il fut suivi par tous les naturalistes. Son
genre Agaricus, compris dans Its fungus des anciens botanistes,
FON J97
prévalut, malgré Adanson, qui fit remarquer le premier que
Vagarikon et le mison des anciens n'étoient pas des agarics de
Linnaeus. mais ses bolctus, autre nom queLinnasusavoit ôtéaux
morilles pour leur donner celui de phallus. A présent que Ton
coimoit sous le nom d'agancMS plus de 65o espèces décrites et
figurées, et sous celui de boletus plus de i5o espèces; que les
travaux des ciassificiitions des anciens sont à peu près oubliés ,
il est très-utile de s'en tenir aux genres de Linnaeus. Il est bien
plus facile , en effet , de se rappeler que Vagarikon de Diosco-
ride est un bolet de Linnaeus , que de se charger la mémoire
de mille à douze cents changemens de noms.
Le genre Agaric, Jgaric//5, Linn., l'un des genres déplantes
cryptogames les plus nombreux en espèces, comprend les cham-
pignons qui ont un chapeau garni en dessous de lames ou feuillets
rayonnans , rarement anastomosés, et qui portent les séminules (gon-
gyles ou sporules) . Ce genre de la division des champignons
gymnocarpes, c'est-à-dire à fruits nus, est très-voisin des bo-
lets. Quelques espèces rapportées soit à l'un soit à l'autre genre
forment le D.edalea de Persoon (voyez ce mot), que nous n'avons
point conservé, à l'imitation de M. Decandolle. Adanson avoit
nommé voU-a un genre dans lequel il rapportoit les agarics
munis d'un volva. M. Persoon l'a conservé, mais en changeant
son nom en celui (ïamanita (voyez Dict. , t. 2 , p. i o , et Supp.),
créé par Haller pour désigner le genre Agaricus tout entier,
et qu'Adanson avoit laissé aux seules espèces d'agarics qui
ont, 1 ° le chapeau hémisphérique ou turbiné, doublé en dessous
de lames simples et parallèles, et 2.° le pédicule central. Enfin,
les espèces munies d'un collier ou anneau, forment le genre
Fungus d'Adanson. Il ne sera question , dans cet article , que du
groupe des agarics sansvolva, c'est-à-dire du genre Agaricus
de M. Persoon,
L^s agarics sont des champignons charnus ou membraneux,
ordinairement fragiles, rarement spongieux, coriaces ou tube-
reux, communément semblables à un parasol. Il en est d'extrê-
mement petits et délicats, et d'extrêmement grands, leur cha-
peau ayant jusqu'à un pied de diamètre; mais cette dimension
est rare. Leurs couleurs sont très-variées, luisantes et vives
dans le jeune àgc. Rien n'est plus variable que la durée de la
vie dans ces champignons: certaines espèces ont parcouru en
igB FON
quelques heures toute la période de leur existence ; la vie est
plus longue dans les autres espèces, mais généralement an-
nuelle. Les bois onribragës, les arbres, les prés, les endroits
humides, les fumiers , les murailles, les caves et souterrains,
sont autant de localités où croît et prospère une multitude de
ces champignons. En naissant ils ressemblent à une moisissure
qui se gonfle bientôt : le chapeaii s'élève et prend de l'ampleur.
Quelques espèces imitent alors des échaudés ou des œufs. L;i
dilatation du chapeau met à jour les nombreuses lames qui le
garnissent en dessous, et qui sont ordinairement de couleur
différente. Cette époque est le bel âge du champignon. Les
lames finissent par se couvrir d'une poussière très-fine, com-
posée de séminules solitaires ou géminées, qui contiennent
les graines. La surface du chapeau est tantôt gluante ou vis-
queuse, tantôt sèche et pelucheuse. Après rémission des sémi-
nules, les agarics coriaces se dessèchent, et les membraneux
se détruisent promptement ou se fondent en utie liqueur fétide
et nauséabonde. Cette rapide décompositioa est due à des
substances animales que l'analyse chimique a fait reconnoître
dans les champignons: et à ce propos nous rappelleronsqu'elle
a trouvé que ces champignons étoient composés d'une substance
propre nommée fongine, d'adypocire, de corps graisseux, de
sucre; de matières animales, de gélatine, dalhumine, d'osma-
zone-. de muriates. phosphates et sulfates dépotasse ; de divers
acides nouveaux, notamment d'acicîcs fongiques, hydniques et
Lolétiques ; de bassorine, de chaux, de gomme, de résine et
d'eau. Cette multiplicité de principes a lieu, sans doute, d'é-
tonner, dans des végétaux que l'on se plail à regarder comme
les plus si-mpks, et dont la vie est quelquefois si courte. La
fongine est la partie nourrissante du champignon ; elle est
composée de carbone, d'azote, d'hydrogène, d"oxigène et même
de soufre, se putréfie comme les matières animaks, et paroit
moins animalisée que le gluten.
Les agarics croissent solitaires , ou par bouquets, ou bien
en société et dans des places circonscrites. Leur apparition
subite étonne ; elle a fait croire à quelques naturalistes qup
le véritable champignon étoit souterrain et rampant, et qu'il
donnoit naissance à l'agaric, qu'on pourroit alors regarder
comme lu partie fructifère de la piaule : c'est une erreur,
FON 199
car il suffit d'arracher des agarics pour se convaincre que les
pieds sont isolés et n'ont aucune relation entre eux. Pourroit-on
Tadmettre pour les agarics et pour les bolefs qui croissent au
sommet des arbres P Cette opinion a été principalement sug-
gérée par quelques espèces (agaric échaudé, n" Sa) qui vivent
en famille et par cantonnemens circulaires, comme si on ne
pouvoit pas supposer qu'un pied primitif leur avoit donné
naissance en lançant ses graines autour de lui.
Les espèces de ce genre sont extrêmement nombreuses ;
beaucoup d'entre elles servent d'alimens dans quelques con-
trées : il est impossible de concevoir, à moins que de l'avoir
vu, la prodigieuse consommation que Ton en fait en Italie, à
Turin, Florence, Naples, etc. Dans les marchés de ces villes,
on vend les champignons en tas ou dans des paniers de trois
pieds de hauteur. Malgré l'extrême abondance de ces cham-
pignons en Italie, c'est encore un objet de spéculation que de
chercher à les multiplier. Tout le monde connoît les couches
à champignons, et ce qu'on nomme à Florence la pierre à
champignons , pietra fungaia , sorte de pierre poreuse de
l'Apennin, sur laquelle on jette une première fois du blanc
de champignon .- la pierre, mise dans la cave, se couvre au
bout de quelques jours de beaux champignon», qu'on enlève
en ratissant la pierre, et il en reste assez pour qu'il se repro-
duise de nouveaux champignons au bout de quelque temps.
Les gourmets de champignons ontsoin de se munir d'une pierre
aussi précieuse. II paroît que les anciens en étoient encore
plus friands, car ils ont laissé des recettes assez bizarres pour
faire naître et pour multiplier les bonnes espèces. Ce que nous
disons ici des agarics peut s'appliquer aussi aux bolefs , aux
amanites.
Cependant c'est dans ce genre qu'on trouve aussi les végétaux
les plus pernicieux: plusieurs agarics ont acquis un nom célèbre
par leurs redoutables effets. Ces champignons sont d'autant plu s
terribles, qu'ils sont difficiles àreconnoitre d'espèces voisines
très-innocentes. Il faut généralement se méfier des espèces qui
ont un suc laiteux que la moindre déchirure fait extravaser.
On doit faire remarquer que le principe délétère est très-vo-
latil, puisqu'on peut manger impunément des champignons
vénéneux après les avoir fait griller : il pareil aussi résider daas
200 P0]y
un suc soliible, dans l'eau chaude ou dans le vinaigre , puisque
presque tous ces agarics ne sont plus ou presque plus nuisibles
lorsqu'on les a fait bouillir dans de l'eau ou épuiser dans du
vinaigre. Les agarics vénéneux agissent comme poison acro-
narcolique, et en général quelques heures après qu'on en a
mangé. Les plus meurtriers n'occasionent la mort que vingt-
quatre heures après, ou plus tôt, selon la quantité que l'individu
en a mangé. Les réiablissemens sont longs. L'autopsie cada-
vérique ne montre point de lésion de partie. Lorsque des
symptômes d'empoisonnement occasionés par ces végétaux se
manifestent, les meilleurs remèdes sont d'abord les évacuans
et l'émétique, puis les adoucissans.
Les agarics vénéneux sont dévorés par une multitude de
larves d'insectes coléoptères et diptères; ils servent aussi de
nourriture à quelques animaux : BuUiard cite de asgarics rongés
par les lièvres.
Linnaeiis n'a connu et signalé qu'un très -petit nombre
d'espèces d'agarics, bien que l'ouvrage de Micheli eût été pu-
blié. Batsch, Schaeffer, BuUiard, Sowerby, et plusieurs autres
botanistes en ont décrit et figuré un très-grand nombre d'es-
pèces , qui se trouvent portées, dans le Synopsis fungorum de
Persoon, à quatre cent quarante, sans y comprendre seize
espèces d'amanites. Depuis, ce nombre s'est encore consi-
dérablement accru par les découvertes de M. Persoon lui-
même, de Lamarck, Paulet, Willdenow , Decandolle, Vahl,
Hornmann (dans le Flora Danica), Pries, Nées, etc. de sorte que
l'on en compte actuellement plus de 65o espèces, toutes d'Eu-
rope, et desquelles 3oo croissent en France. On ne connoît
presque pas les espèces qui croissent en Amérique, en Afrique
et dans l'Asie, et qui paroissent devoir être très-nombreuses.
Ln classification de ces espèces a donné naissance à des groupes
qu'on peut regarder comme autant de sous-genres, fondés sur
la nature, la présence ou l'absence de certaines parties. Ces
coupes ont été étaldlcs par M. Persoon, et nous al'ons les faire
connoître dais l'ordre adopté par M. Decandolle, en même
temps que nous s'gnalcrons les rspèces les plus remarquables
dans chacune. Nous devons ''aire remarquer que la plupart de
ces divisions ont été considérées comme autant de genres par
plusieurs botanistes. Voyez les divers noms de ces divisions
FON 201
dans ce Dictionnaire, et l'exposé du travail de Paulet sur ce
genre , à la fin de cet article. M. Otto a proposé dernièrement
une classification des agarics d'après la forme et la disposition
des lames ou feuillets du chapeau ; mais elle ne paroît pas
admissible.
I/* Section. Pleurope; Fleuropus, Pers.
Stîpe nul, latéral ou excentrique.
Obs. Espèces en général coriaces et sessiles. A cette section
appartiennent quelques dœdalea, Pers., et les genres Striglia,
Sesia , Serda, Gelona, Pelrona et Kuema d'Adanson, et les
Agarics labyrinthes et plaqués de Paulet.
1. L'Agaric du chêne : Agaricus quercinus, Linn.; Decand.,
FI. Fr., n.° 353 ; Agaricus labyrinthijformis , Bull., Herb. , t. 352
et t. 442, f. 1 ; Dœdalea quercina, Pers. ; Striglia, Adans. ; vul-
gairement le Labyrinthe, l'Etrille. Scssile, roux, subéreux,
appliqué contre le bois par toute sa surface supérieure, l'in-
férieure externe, garnie de porcs larges, sinueux, anastomosés.
Commun dans toutes les saisons sur les troncs d'arbres et les
vieilles solives, il varie beaucoup de grandeur. Cet agaric est
employé comme brosse pour décrasser le dessus de la tète.
Césalpin dit que les baigneurs, en Italie, l'emploient à cet
effet; d'autres s'en servent comme d'une étrille pour les che-
vaux. Les gens de la campagne le nomment peigne de loup,
2. Agaric de i,'aune : Agaricus alneus , Linn. ; Bull., Herb.,
t. 546 et 681 ; Vaill., Bot. , t. 10, f. 7. Presque sessile, un peu
coriace; chapeau hémisphérique , lobé , recouvert d'un duvet
blanc- grisâtre; feuillets rougeàtres, épais , en gouttière. Petit
et joli agaric, commun, en hiver, sur les troncs de l'aune et
quelques autres arbres. Ce champignon est le type du genre
Schizophjllus de Pries.
3. Agaric STYPTiQUE ; Agaricus stypticus , Bull., Herb., 1. 140 et
t. 557, f. 1. Champignonde couleur de cannelle, ou fauve claire,
à stipe plein, nu, un peu comprimé, dilaté au sommet et
continu avec le chapeau; celui-ci hémisphérique, un peu co-
riace, émarginé; feuillets entiers, se séparant du chapeau et
se terminant tous à une ligne circulaire commune. Il se trouve ,
en automne, en hiver et quelquefois au printemps, sur les troncs
d'arbres en touffes épaisses. Il a d'abord une saveur douce et
202 PO^^
fade, puis acre , styptiquc, et cause des sentimens d'astrictîn»
au gosier; donné aux animaux, il les purge, les inconimode
beaucoup , mais ne les tue pas.
4- Agaric transparent ; Agaricus trnnshicens , Dec. , FI. Fr. ,
Suppl., 11,° 355. Stipe nul, ou très-court et latéral ; feuillets
inégaux et libres ; d'abord pâle, puislilas, puis roussàtre; cha-
■peau arrondi, irrégulier, très-mince et transparent, d'un blanc
roussàtre. 11 croit aux environs de Montpellier, sur les vieux
troncs de saule ; les pauvres gens le mangent, confondu avec
beaucoup d'autres champignons, sous le nom de pivoulade de
.saule.
5. Agaric de l'olia'ier : Agaricus olearius, Decand. . FI. Fr. ,
Suppl., n.^SGiS ; vulgairement Champignon de l'olivier, l'O-
reille ou l'Œil de l'olivier, Paul. D'un roux doré très-vif, un
peu brun en dessous; stipe central, ou excentrique, ou latéral,
plein, filandreux, haut d'un à trois pouces; feuillets inégaux,
décurrens; chapeau très-variable. Ce champignon croît dans
le midi de la France, solitaire ou en touffe, sur l'olivier, le
charme , le lilas , le laurier-rose , l'yeuse. Il est vénéneux. Lors-
qu'il se gâte, il jette, dit-on, une lumière phosphorique.
IL* Section. Russule; Russula, Pers. , Link.
Stipe central; feuillets égaux entre eux et point terminés
sur un bourrelet annulaire.
Obs. Les espèces sont toutes vénéneuses.
6. Agaric fétide -. Agaricus fœtens , Pers., Sj'n.^ p. 443;- ^gc--
ricus piperafus, Bull., Herb. , t. 292. D'un jaune fauve ; stipe
nu , plein, très-gros, de plus de deux pouces; chapeau déprimé ,
de neuf à dix pouces de diamètre, siriué sur les bords, et mar-
qué , tout du long de son contour, de cannelures articulées,
gluant et ayant peu de chair; feuillets libres, rares, épais, sou-
vent fourchus. Ce champignon se trouve en automne, après les
grandes pluies, au milieu des gazons des bois. On le trouve
rarement entier, l'intérieur du stipe étant presque toujours
rongé par les limaçons qui sont très-friands de ce champi-
gnon. Il a une odeur de brûlé assez sensible. Sa saveur est acre
et trcs-poivrée. Il est vénéneux.
7. Agaric rouge: Agaricus ruher\ Decand., FI. Fr. , n.°572;
Jgaricus sanguineus, Bull., Herb., t. 42. Stipe blanc, strié
FON 2o5
de noir ou de rose, d'abord plein , puis creux, nu, long ne
deux pouces environ; chapeau d'un rouge sanguin, large de
trois pouces el demi j feuillets blancs, continus sur le stipe,
divisés en deux ou trois. En été, dans les bois. U est acre,
caustique et très-vénéneux. La cliair du chapeau est souvent
rongée par les vers.
III.* Section. Lactaires : Lactijluus et Laclarius, Fers,:
vulgairement Champignons laitiers ou meurtriers.
Stipe central; feuillets très-inégaux ; suc laiteux blanc,
quelquefois jaune ou rouge.
8. Agaric acre : Agaricus acris, Bull., Herb.. t. 538 et 200 ;
Agaricus amarus,Schasfr.,t. 83; le Laiteux poivré blanc , Paul.
Feuillets quelquefois jaunâtres ou roussàtres, frès-nombreux ,
souvent fourchus; stipe long d'un pouce: chapeau à bords
sinueux et onduleux, charnu, large de trois pouces et demi.
Ce champignon croît dans les forêts; il abonde d'un suc laiteux,
douceâtre dans la plante jeune, et fort acre et très-vénéneux
(ians les individus adultes. Selon Paulet, on le mange en Russie,
en Allemagne et même en France. Darislcs Vosges on le nomme
Aubuzon et Vache blanche. On corrige son àcreté avec du
sel, de l'huile, du beurre et du poivre.
9. Agaric zoî^è: Agaricus 2onarfu5, Dccand.. FI. Fr., n.° 07 5;
Agaricus lactijluus zonarius , Bull., Herb., t. :o4; Vaill., Bot.,
t. 1 2 , f. 7. Stipe et feuillets blancs ; chapeau velu , large de trois
pouces et demi, d'un jaune ter-te, marqué de zones concen-
triques plus foncées , sinueuses couîmelebord du chapeau. La
plante entière abonde à'\in .suc très-âcre et caustique. Elle
croît dans les bois, en été et en automne.
10. Agaric déiicieux : Agaricus deliciosus , Linn. : Schaeff. ,
Fung., 1. 11. Stipe jaune, ferme , long de deux pouces et demi;
chapeau orbiculaire, large de deux à quatre pouces, jauae
dan/sajeunesse, puis fauveou rouge de brique, uni ou zone de
jaunâtre ; feuillets plus pâles, inégaux , recouverts d'une pous-
sière séminale verdàtre. Cette espèce, au rapport deLinnaeus.
se trouve dans les bois montueux et stériles. M. Persoon ajoute
qu'elle croît en automne danslesbois de pins, en famille, dans
des espaces circulaires. Tl doute que ce soit le véritable aga-
ricus deliciosus de Linnaeus. Lorsnu'ou blesse cette plante, pHp
ao4 FON
laisse transsufler une liqueur laiteuse , jaunâtre selon Linnaeus,
acre et couleur de safran selon Di'Ien et Micheli (qui donne
ce champignon comme pernicieux), orangée stjlon M. Persoon ;
enfin douce et d'un rouge prononcé, d'après MM. de Lamarck.
et Decandolle. II est probable que plusieurs espèces sont con-
fondues sous le nom d'agaricus deliclosus , et que l'espèce qu'on
donne pour un mets délicieux n'y est pas comprise.
1 1 . Agaric meurtîiier : Agaricus necator, Bull; , Herb. , t. 5 2g ,
f. 2 et t. 14; Decand., FI. Fr. , n."38o; vulgairement le Morfon.
D'un rouge tirant sur le jaune; stipe cylindrique épais, long
de trois pouces et demi; chapeau large de trois pouces environ,
couvert de peluchures plus foncées qui disparoissentavec l'âge,
marqué de zones concentriques ocracées, à bords repliés et
velus; feuillets inégaux, blancs. Dans une variété de ce cham-
pignon {Vagaricus necator, Fers.), Je chapeau est olive-foncé,
et les feuillets sont roses. Cette espèce croît dans les bois et
dans les champs, dans les lieux gazonneux ; elle paroit à la fin
de Tété et durant l'automne. Elle est gorgée d'un suc laiteux ,
acre et caustique. Une très-petite quantité de ce champignon
produit les effets les plus funestes : le remède le plus usité est
l'huile, prise en lavemens et en boisson.
IV.^ Section. Les Coprins ; Coprinus , Fers. , Link; vulgairement
les Encriers.
Stipe central, nu ou muni d'un collier; feuillets inégaux,
se fondant en une eau noire dans leur vieillesse; chapeau
membraneux, généralement coniqvie ou campaniforme.
12. Agaric drapé : Agaricus tomentosus , Boit., Fung., t. i56;
Bull., Herb., t. i38. Stipe blanchâtre cylindrique, atténué
aux deux bouts, nu, fistuleux, un peu cotonneux, long de
deux pouces; chapeau d'abord cylindrique, puis conique et
acéré, haut d'un pouce sur autant de diamètre, à surface
peluchée et cotonneuse, qui, en se détruisant, met à nu les
feuillets; ceux-ci très-nombreux, blancs, formés chacun par
une double lame. Cette espèce croit dans les jardins, les bois,
sur le terreau ; elle vit deux ou trois jours , et se résout en une
î'iqueur noire ou brune.
i3. Agaric encrier : Agaricus atramentarîus , Bull.. Herb. ,
t.j64; Vaill.jBot., t. 12, f. 10-11. Stipe blane, nu, cjlin-
FON 2q5
drique, lisse, long de six pouces; chapeau mînce, d'abord
globuleux, puis en cloche alongée , large de deux pouces et
demi environ, siiiueuxsur le bord, à surlace humide jaunâtre,
striée vers le bord, marquée au sommet de taches rousses;
feuillets inégaux, formés d'une lame repliée sur elle-même,
d'abord blancs, et ensuite couleur de bistre. Il se fond en une
eau noire, arec laquelle BuUiard a fait de l'encre pour le lavis.
Ce champignon paroit en automne dans les lieux humides, et
en touffes composées d'un grand nombre d'individus : on en h
compté jusqu'à quarante sur la même souche.
i4- Agaric éphémère -.Agaricus ephemerus , Decand., FI. Fr.,
n." 394 ; Agaricus ephemerus , Bull., Herb. , t. 642 , f. 1 , et Aga-
ricus monlanus ^ id., 1. 128. Stipe grêle , blanchâtre, fistulcMix,
long de trois pouces sur une ligne de diamètre; chapeau lisse
ovoïde ou en cloche, puis ouvert et dZ-chiré en cinq ou six
parties rayonnantes, qui finissent par s'enrouler en dessus;
disque roux, bord jaunâtre à stries noirâtres; feuillets libres,
blancs, inégaux, étroits. Ce champignon vit à peine un jour.
On le trouve sur les fumiers; il est d'une consistance molle ;
à sa mort il se réduit en une eau noirâtre.
V.* Section. Los Phatelles; Pratella, Fers.
Stipe central, nu ou muni d'un collier; chapeau charnu ;
feuillets noircissant, sans se fondre, dans leur vieillesse.
i5. Agaric amer : Agaricus amarus , Bull. Heib. , t. 3o et
t. 562; Agaricus auratus , FI. Dan., t. 820. Stipe nu, cylin-
drique, tortueux, long de deux pouces et demi, jaune, avec
des peluchures noires; chapeau d'abord hi'misphérique, jaune,
plus foncé au centre, peu charnu, à surface sèche, large d'un
pouce et demi; feuillets gris -verdàtre, inégaux, distincts;
collier fugace, noirâtre. Ce champignon exhale une odeur
agréable, mais sa saveur est fort amére. Il croit dans les bois,
en touflFes, sur les vieux troncs d'arbres.
16. Agaric azuré -.Agaricus cydneus, Bull., Herb., t. 170 et
63o , f. 1 ; Berjllus, Batsch, Fung., f. 2i3. Stipe glatineux,
bleuâtre; chapeau d'abord globuleux, puis convexe, azuré,
ensuite jaunissant au sommet, puis totalement, à surface gluti-
neuse; feuillets d'un jaune roux, inégaux, recouverts d'une
membrane dans leur jeunesse. Cette belle espèce n"a pas deux
2o6 FOX
poucesdc liaiitcur; elle croil solilaire sur les troncs, dans les
bois. On la trouve eu automne.
17. Agaric comestibles At^aricux edulis , Bull., Herh., f. 5i4
el i34: Dec, FI. Fr., n."4i8; vulgairement Champignons de
eouche. Boule de neige et Chanipignons de Bruyère, Paul.;
i'tataiolo des Italiens. Stipe ferme, plein, charnu, quel-
quefois tubéreux à la base, long d'un à deux pouces, très-
épais; chapeau blancou d'un jaunepàle et terne, ayant jusqu'à
trois pouces et demi de diamètre, à chair ferme et cassante;
feuillets d'abord blancs ou rougeâtres . puis bruns ou noi-
râtres, iufgaux, distincts du stipe, recouverts à leur nais-
siiDce d'une membrane blanche, qui, en se déchirant, laisse
des lambeaux aux bords du chapeau et autour du pédicule,
eo forme de collier. Dans une A'^ariété {X'agaricus campesiris ,
Linn., Sehaeff., t. 55, cliampignon de couche franc, Paul.),
le chapeau cstécailleux, blanc moucheté de jaune, elles lames
sont brunes.
Cette espèce est fort commune partout, en automne , dans
les bois, les prés, les champs, les jardins et parcs, les cours
où il y a du fumier, etc. On la trouve cependant plus fréquem-
ment dans les endroits découverts; elle a un goût et une odeur
agréables, qui la font rechercher comme aliment, et l'on sait
quelle consommation Ton en fait. Cette espèce est cultivée
dans toute l'Europe, et plus dans les pays du Kord que dans
le Midi; on la cultive sur des couches ou des meules entière-
ment faites de iumier de cheval, le seul de tous les fumiers
qui paroisse convenir à son développement. Voyez Couches
A CHAMPIGNONS.
Vl.^Section. Les Rotules ou Anprosaces; Rotula, Vers.
Stipe central; feuillets égaux, terminés sur un bourrelet
annulaire qui entoure le stipe.
18. Agaric e\ roue : Agaricus rotula . Pers. , Syn. , t. 167 :
Sowerb., Fung. Brit. , t. <ji ; Agaricus androsaceus , Bull., Herb..
t. 64. Champignon blanc , à stipe violet-foncé à la base, grêle,
luisant, long d'un pouce; chaj)eau ombiliqué, strié, plus ou
moins convexe, mince et ondulé, ou crénelé sur le bord , large
de quatre à cinq lignes; quinze à vingt feuillets saillans. Dans
iine variété le chapeau est couleur d'ocre. Se trouve en été et
,FON 207
en automne sur les feuilles morlts et le bois pourri; il naît eu
toutfe-.
VII.' Section. Les Mycènes ; Afjcena, Pers.
Point de collier; stipe central fistuleux ; feuillets ne noir-
cissant point en vieillissant; chapeau non oinbiliqué.
ig. Agaric a pied noir ; Agaricus nigripes, Decand. Cham-
pignon gris, moucheté de fauve ou de hruu; stipe noiràti e
à sa base, velouté, long de trois pouces; chapeau sinueux, un
peu charnu, large de deux pouces, à surface gluante; feuillets
libres, inégaux, jaunâtres. Ce champignon est d'une saveur
gommeuse. On le trouve dans les temps froids, en automne et
en hiver. Il croît solitaire, ou en touffe de dix à douze pieds.
20. Agaric ci.00 .- Agaricus cluvus , Linn. ; Bull., Hcrb., t. 669 ,
f. 1 et t. i48;Vaill. , Bot., t. 2 1, f. 19-20; vulgairement le Clou.
Champignon roussâtre ou fauve, long d'un pouce et demi ;
jtipe grêle, plein 5 chapeau arrondi, souvent goudronné,
presque plane, un peu charnu et translucide; feuillets peu
nombreux, blancs , entiers, ou coupés en deux demi-feuillefs.
On le trouve, au commencement de l'automne, sur les feuilles
mortes, les mousses, le bois pourri , la terre , etc. Scion Wulfen ,
aux environs de Vienne, en Autriche, il paroît en avril, et
on le porte alors au marché. Il est fade , et demande à être
assaisonné.
21. Agaric alliacé : Agaricus alliaceus, Bull., Herb. , 1. 158
et 524, f. 1 ; vulgairement l'AilIier des bois. Champignon haut
de trois à quatre pouces, roussâtre ou d'un blanc jaunâtre ;
stipe un peu velu à la base, aminci au sommet; chapeau long
d'un pouce et demi, plane, ou convexe, ou bossu dans le
centre ; feuillets libres , roussàtres , terminés en pointes du côté
du stipe. Il croit dans les bois humides, et exhale l'odeuç
d'ail. On le trouve , en automne, sur les feuilles mortes, le
terreau , etc.
VIII.* Section. Les Omphalies ; Omphalia , Pers.
Point de collier ; stipe central, fistuleux ou plein; chapeau
ombiliqué ; feuilletspresque toujours décurrens , ne noircissant
point en vieillissant.
22. Agakicviroiî^al: Agaricus virgineus,Jacq., Mise, 2, t. 1 5 ,
£ 1 3 Agaricus ericeus , Bull. , Herb. , t. 1 8 8 et t. 5 5 1 , f. 1 . Cham-
2o8 FON
pignon blanc déneige ou légèrement roux, haut d'un pouce;
stipenu,- cylindrique et creux; chapeau d'un pouce et demi de
diamètre, d'abord convexe, puis plane ou convexe, avec les
bords rabattus, quelquefois transparens; feuillets rares, entiers,
et entremêlés de demi-feuillets prolongés sur le stipe. Cette
espèce vient, pendant tout l'automne, en groupes, dans les
bruyères, les prés secs, les collines gazonnées et les friches. On
le mange sous le nom de Mousseron. Son goût est agréable.
23. Agaric tigré : Agaricus tigrinus , Bull., Herb., t. 70.
Champignon blanc, avec de petites peluchurcs brunes, haut
d'un pouce au plus; stipe nu, plein, tortueux; chapeau
large d'un pouce et demi à deux pouces; feuillets inégaux,
nombreux, prolongés sur le stipe et y adhérens. On mange
aussi ce champignon, agréable au goût et à l'odorat; il croît
solitaire ou par groupe, dans les bois, sur les troncs d'arbres,
tandis que le précédent y est fort rare.
24. Agaric améthyste: Agaricus ainelliysteiis, Bull., Herb.,
t. 198 et 670, f. 1; vulgairement l'Améthyste des bois. Champi-
gnon d'abord d'un beau violet améthyste , puis grisâtre dans la
vieillesse, haut de deux à trois pouces ; stipe long, plein,
filandreux, garni, par le bas, de fibrilles radicales; chapeau
large d'un pouce et demi à deux ; d'abord hémisphérique , puis
sinueux, à surface presque veloutée; feuillels peu nombreux,
rarement entiers. Ce joli agaric se trouve, lui commencement
de l'automne, dans les bois couverts, çà et là , solitaire ou
groupé, sur les vieux troues d'arbres ou sur le terreau qui les
entoure.
IX.^ Section. Les Gvmnopes; Gjinnopus, Pers.
Stipe plein; chapeau charnu; feuillets ne noircissant pas
dans la vieillesse j collier nul.
Obs. Cette section est la plus nombreuse en espèces, dont
beaucoup sont bonnes à manger.
1 .■"* Division. Feuillets décurrens sur le stipe.
25. Agaric vineux; Agaricus vinosus , Bull., Herb., t. 64.
Champignon haut de deux pouces et demi , d'un roux brun ;
stipe presque cylindrique; chapeau large de deux pouces
au plus, d'abord arrondi , puis sinueux , lobé et recouvert d'un
duvet très-fin -. feuillets nombreux et roux. 11 croît en automne.
FON 209
dans les bois sablonneux; il a un goût salé et comme vineux;
il n'est point dangereux.
:ib. Agaric odorant : Agaricus odorus , Bull. , Herb,, t. 17G,
et t. 556 , f. 3 : As;aricus anisatus , Pers. Champignon blanc , ver-
clàtre ou bleuâtre, haut de deux pouces; stipe flexuenx ;
chapeau large de plus de trois pouces , charnu, lisse; feuillets
écartés, blancs. Il croît dans les forêts de chênes, parmi les
feu'lles mortes ; il exhale une forte odeur de musc; dans une
variété, qui croit dans les bois de pins, cette odeur approche
de celle de la giroflée ou de l'anis.
27. Agaric oheillette : Agaricus Lauricula, Dub. , FI. d'Orl. ,
p. i58 ; vulgairement Oreillette et Escoubarde. Champignon
d'un gris plus ou moins foncé; stipe court; chapeau arrondi,
un peu roulé en ses bords; feuillets blancs. lise trouve en au-
tomne, sur les pelouses, aux environs d'Orléans. On le mange:
il a, dit-on, bon goût.
28. Agaric mousseron : Agaricus mousseron, Bull., Herb. ,
t .^l^2•, Agaricus alhellus, SchœS'., Fung., t. j8 ; Mousseron gris
Paul. Champignon d'un blanc jaunâtre, à surface sèche , sem-
blable à de la peau ; stipe nu ,1e plus souvent renflé à la base,
et velu, long d'un à deux pouces; chapeau large d'un pouce
et demi au plus, sphérique ou bien en forme de cloche , très-
charnu , replié en dessous ; feuillets très-nombreux , inégaux,
aigus aux deux bouts. Le mousseron croit abondamment, au
printemps et dans une partie de l'été , dans les bois découverts ,
les friches, les prés secs, etc. C'est un des meilleurs champi-
gnons qui se mangent : on le recueille avec soin pour le con-
server. Sa chair est d'une saveur agréable, surtout dans les
jeunes individus, et lorsque le champignon est frais. Il sert
principalement comme assaisonnement. Lorsqu'on veut le con-
server, onl'enfilepar le pied, et on le laisse dessécher ainsi. Il
s'est refusé jusqu'à présent à la culture.
Obs. A celte division appartiennent l'agaric social, agaricus
socialis, Dec, FI. Fr. , Suppl. , n." 47 3, et l'agaric de l'yeuse , aga-
ricus ilicinus, Dec. , 1. c. ,n.°475, que l'on mange à Montpellier
sous les noms de pivoulade d'éouse et de frigoule.
2.* Division, Feuillets adhérens au stipe.
39. Agaric des devins : Agaricus hariolorum, Bull. , Herb.,
17. 14
210 rois
t. 56 et t. 585 , f. 2 -. Aguricus sagarum , Pers. , Syn. , 35 1 . Cham-
pignon d'un jaune pâle , haut d'un pouce et demi; stipe
velu ou lisse; chapeau large d'un pouce et demi, presque
plane , lisse , glabre ; feuillets inégaux , nombreux et tortueux.
On le trouve durant Tété, en touffes, parmi les feuilles mortes,
dans les bois. Selon Bulliard, dans quelques endroits, les ha-
bitans superstitieux n'osent pas fouler aux pieds ce champi-
gnon. Son goût est agréable.
. So.AcARic PARASITE ;Jgaricus parasj7/c«5,Bull.,Herb.,t. 574.
Champignon blanc, haut d'un à trois pouces ; stipe courbe,
poilu à la base; chapeau campanule, sinueux, large de huit à
neuf lignes; feuillets écartés, épais et rougeàtres. Il croît par
touffes sur liis agarics et les bolets à moitié pourris.
3.* Division. Feuillets non adhérens au stipe.
01. Agaric rampant; Agaricus repens , Bull., Herb. , t. 90,
Champignon rampant, à souche rougeàtre , poussant de nom-
breux stipes simples ou rameux, ioags de trois pouces et
demi; chapeau orbiculaire , puis sinueux, jaunâtre, large de
neuf lignes; feuillets nombreux, jaunes, inégaux, plus larges
vers le centre. Cette espèce croit sous les feuilles pourries,
dans les bois, en automne.
32. Agaric échavbè : Agaricus crustuliniformis ,B\û\. , Herb.,
t. 3o.8 et t. 5/|6 ; Agaricus fastibilts , Pers. , Sjn, , p. 3a6. Cham-
pignonsemblable,parsa forme et par sa couleur, à un échaudé,
haut de deux pouces; stipe nu, glabre, taché de noir; cha-
peau convexe, bosselé et sinueux, jaunâtre, lisse, gluant dans
les temps humides, large d'un à trois pouces ; feuillets roux,
inégaux. Ce singulier champignon croit en société dans les bois
et les prés, où il forme des ronds très-réguliers, de huit à dix
pieds de diamètre, ou bien des bandes serpentantes de deux
à trois pieds de largeur sur trois cents de longueur. On le trouve
en automne. M.Persoon en décrit six variétés.
33. Agaric faux-mousseron -.Agaricus tortitis, Dec, FI. Fr. ,
n." S25 ; Agaricuspseudo-mousseron , Bull. ^Heth. , t. 144 et t. 628,
f. 2 ; Mousseron godaille ou de Dieppe, Paul.; vulgairement
faux Mousseron, Mousseron d'automne, Mousseron pied dur.
Il ressemble beaucoup au véritable mousseron ci-dessus, n.^aS.
Champignon d'un blanc roux ou fauve , haut d'un pouce et
demi: slipe nu, se tortillant parla dcèsiccation; chapeau un
peu charnu, liémisphérique , puis conique, large d'un pouce
et demi; feuillets lilires, inégaux, nombreux , plus colorés sur
la tranche. Il croît en automne, dans les prés et les bois décou-
verts. On le mange .sa chair est molle et se déchire avec peine,
comme celle du mousseron, dont elle a un peu la saveur,
quoique moins délicate.
54. Agaric palo.met: Agaricus palometus, Thor. , Chl, Land. .
477 ' vulgairement Palomette eiBlavet, Crussagen. Il ressemble
tiu mousseron. Chapeau mince, fragile, irréguliér, arrondi ,
blanc sur les bords, d'un vert-œillet au centre, changeant en
roux; feuillets blancs ; stipe renflé à la base. Ce champi-
gnon croit en Gascogne; il vient à terre, et est ordinairemeilt
solitaire; il se pèle assez facilement; son odeur est des pîtis
agréables et des plus flatteuses, sans être pénétrante. Son goût
est exquis; il est généralement servi sur toutes les tables. Selon
M. Decandolle , le verdone de Micheli , p. 162 {V agaricus virens
de Scopoli), qu'on mange en Toscane, ne paroit différer dV
palomet que par son chapeau d'un vert' plus décidé. " ' '
X.* Section. Les Cortînaires ; Corf /reana, Pers. , ■;■
Stipe central; feuillets ne noircissant pas en tiéillissaiït,
recouverts dans leur jeunesse d'une membrane incomplèté'j
qui laisse sur le stipe un collier lilamenteux. ''•
55. Agaric aranreux : Agaricus araneosus , Dec. , FI. Fr.,
n.° 654; Bul!., Herb. , t. 96 et t. 260. Champignon polymoi^-
phe, violet, couleur de marron, jaunâtre ou noirâtre; bords
du chapeau recourbé en dedans, uni au stipe par une mem-
brane lâche , semblable à une toile d'araignée étendue sur les
feuillets ; feuillets d'abord blancs , puis couleur de cannelle ;
stipe plein, un peu renflé à la base. M. Decandolle indiqué
huit variétés de cet agaric, toutes figurées dansBulliard : elles
croissent en automne dans les bois.
56. Agaric A PETIT RÉSEAU ; Agaricus cortineltus , Dec, Fl.Fr. ,
Suppl. , n.° 541. Champignon haut d'un pouce ; stipe blanc et
creux, poilu à la base; chapeau ovoïde , puis convexe, jaune-
paille ou gris ; feuillets recouverts , dans la jeunesse, par un
voile en réseau et blanc, qui adhère pendant quelque temps au
chapeau sous forme de franges; feuillets d'abord blancs, puis
212 PO]>f
roux, vineux ou lilas. On mange ce champignon à Montpellier,
avec beaucoup d'autres, sous le nom àe pivoulade. Il croit sur
le bois des vieux saules, ou à leur pied.
XI.* Section. Les Lépiotes ; Lepiofa , Pers.
Stîpe central; feuillets ou lames ne noircisisant pas en
vieillissant, recouverts dans leur jeunesse par une membrane
qui se déchire ordinairement, et qui laisse un collier ou an-
neau sur le stipe.
■ Zj. Agaric annulaire : Agaricus annularius, Bull., Herb. ,
U^pyj, 340? f- 3 et 543 ; Agaricus polymjces y Pers.; Tête de
Méduse, Paul. Champignon fauve ou de couleur rousse, haut
de trois à quatre pouces; stipe charnu, muni d'un collier
entier, épanoui en forme de godet, vert cendré; chapeau con-
vexe, glabre ou tacheté de petites écailles noirâtres, à bords
entiers ou sinueux non étalés,' feuillets blancs ou jaunâtres,
inégaux, se prolongeant un peu sur le pédicule. Cette espèce
croît dans les bois, en automne, et par groupes, sur les vieux
troncs d'arbres ou à leur pied.
38. Agaric navet; Agaricus radicosus , Bull. , Herb., t. 160.
Champignon compacte, dur , semblable, dans la jeunesse, à
un œuf, haut de deux à trois pouces et plus ; racine forte , per-
pendiculaire, garnie de longues fibres produisant de nouveaux
individus; stipe plus épais à la base, écailleux ; chapeau un
peu convexe, large de quatre à cinq pouces , blanc jaunâtre,
moucheté de roux ; feuilles roussâtres. Il a une saveur agréable ,
et croît dans les bois.
39. Agaric élevé : Agaricus procerus , Pers. ; Schaeff. , Fung. ,
t. 2 2-2 3; Agaricus colubrinus, Bull., t. 78 et t. 588; Grande
Coulemelle , Paul. Champignon haut de douze à quinze pouces ;
stipe grêle, creux, cylindrique, tubéreux à la base, taché
en travers de gris, ou de brun, ou de blanc ; chapeau d'abord
ovoïde , puis convexe , et finissant par se relever par le bord ,
large de trois pouces et demi, blanc grisâtre, ou gris panaché
de brun ou de roussâtre, à peau se soulevant par lambeaux;
feuillets inégaux, blanchâtres, couverts, dans leur jeunesse,
d'une membrane qui , en se détachant, forme souvent un col-
liermobileautourdu pédicule. Ce champignon élégant est com-
mun en France et dans le nord de l'Europe. On le mange par-
FON 5i5
tout. Il se dessèche facilement. On le trouve, dans les bois sa-
blonneux et les moissons, à la fin de l'été et en automne. En
France on lui donne les noms de grisette , couleuvrée, couleuvrettc,
coulemelle, grande coulemelle, cormelle, goimelle , parasol , butarot,
poturon, coulsé, vertet, etc.
Obs. L'agaric cylindrique et l'agaric atténué de M. Decan-
dolle (FI. Fr., Suppl., n."' 647 et 648), qu'on mange aux en-
virons de Montpellier, et qu'on nomme encore pivoulade,
appartiennent à cette onzième section.
Nous terminerons cet article par l'indication des familles
établies par Paulet dans le genre Agaricus. On trouvera dans
ce Dictionnaire, à chacune de ces indications, les noms des
espèces que Paulet a observées, et dont il a reconnu les proprié-
tés par des expériences multipliées. Nous avons cru d'autant
plus nécessaire d'extraire le travail de ce médecin philan-
thrope, que presque toutes les espèces qu'il a décrites croissent
en Finance, et qu'il leur donne des noms qui peuvent les faire
reconnoître sur-le-champ.
Agaric labyrinthe. Voyez Labyrinthe.
Bassets creux ou en creusets. Voyez Bassbt , quatrième vol.
Suppl.
Bassets à crochets. Voyez Pain-de-vache.
Bonnet perché ou de la liberté. Voyez Perché en bonnets.
Bossilons bulbuleux. Voyez Semi-bulbuleux.
Calotins des arbres ou de couleur. Voyez Calotins.
— de terre ou des bois. Voyez Téterons.
Champignons de couche.
Champignons d'épice.
Champignons d'ivoire.
Cheville en clou. Voyez Cheville.
Cheville en coin. Voyez Cheville.
Clous de charrette ou les gros clous.
Clous (petits) dorés.
Collets en famille.
Collets solitaires.
Coquilles (petites) pétoncles.
Cotonneux tors, ou les perchés pivotans. Voyez Cotonneux.
Coulemelle ou Couamelles de terre. Voyez Coulemelle.
Coulemelle àt& arbres. Voyez Coulemelle.
-2^4 FON
Demi-champignons feuilletés des arbres. Voyez Oreilles des
ARBftES.
Demi-champignons feuilletés de terre.
Dentelés.
Encriers farineux.
Encriers à pleurs, ou bouteilles à l'encre.
Encriers secs, ou champignons de couche.
Entonnoirs fernies.
Entonnoirs mous.
Escudardes bistres, ou d'Allemagne en partie»
Eteignoirs d'eau ou hydrophores.
Eteignoirs secs.
Feuillets faucilleurs.
Girandets, ou girolles, ou chanterelles.
Glaireux.
Jambiers.
Jumeaux.
Mamelles de chair.
Mamelons carnés de Vaillant.
Mamelonnés de couleur.
Mamelonnés foncé.
Mamelonnés gris.
Mtimelonnés pâle.
Mamelons plateaux.
Mousserons d'eau , ou les petits chapeaux,
godailles des prés ou des friches.
des bois, ou faux mousserons-godaillci^.
tête-ronde.
Oreilles des buissons, ou grandes girolles.
Peauciers parasols.
Peauciers quenouilles.
Peaux douces.
Pieds-bots.
Pigeonniers.
Plateaux queue torse.
Plateaux tige unie.
Poivrés laiteux.
Poivrés secs ou sans laiL
Retroussés.
FON ^'5
Rougeoles juteuses.
Sauvage nivelleur.
Serpentins en famille.
Serpentins solitaires.
Soucoupe peau douce ou de liége.
Soyeux tors.
Tête d'épingle. (Lem.)
FONCES ou CÈi>ES A TIGE EN FUSÊAtJ. ( »o^) Paulct donne ce
nom à une petite famille qu'il forme sur deux espèces de bolet
remarquables par leur couleur orangée ou marron, parleur
stipe long ou ovale-alongé, et par leur chapeau qui a peu
d'étendue. Ces champignons s'appellent fonges dans quelques
campagnes: il yen a deux espèces: lefonge orangé et le fonge
cuve.
FoNGE ORANGÉ, PauI, , t. 2 , p. 583, pi. lyP), fig. 1, 2. Cîiampi-
gnons hauts de quatre pouces «environ; stipe ovale-alongé.
blanc avec des élevures brunes ou noires: cliapeau de trois à
quatre pouces d'étendue, de couleur d'or, ou orangée, ou de
marron , clair en dessus, blanchâtre, ou gris de lin, ou cou-
leur de chair pâle en dessous. 11 est commun dar.s les bois anx
environs de Paris. Les habitans de la campagne le mangent
sans inconvéniens.
Fonce cave, Paul., I.c, p. 3o4, pi. 178 , fig. 3. Champignon
de même hauteur que le précédent; stipe fusiforme, blan-
châtre, moelleux, puis presque creux; chapeau en forme de
soucoupe, de couleur fauve ou marron en dessus, d'un blanc
citronné en dessous; tubes très-6ns.Il se trouve à Vincennes,
et n'est point suspect. (Lem.)
FONCIE , Fongia. {Polyp.) Genre de polypiers établi par
M. rie Lamarck pour quelques espô'ces de madrépores simples
de Linnœus, qui ne consistent qu'en une seule grande cellule ,
formant unemasse pierreuse, simple, orbiculaire o)i oblongiie ,
concave et raboteuse en dessous, convexe en dessus, etoffraiit
au centre un enfoncement oblong d'où partent en rayonnant
des lames dentées ou hérissées latéralement : d'où il est aisé de
voir que c'est un genre fort voisin des turbiuolies et des cyclo-
lites, etsurtoutde.ee dernier genre dont il rte diffère guère que
parce que, dans celui-ci, la partie inférieure offre des lignest.
saillantes et concentriques, au lieu d'être concave et raba-
2iG FON
teuse. Du reste, on ne conçoit en aucune manière l'animal
qui produit les fonglcs.Il est cependant Tort probable quïl est
f rès-rapproché de celui des autres madrépores étoiles , et entre
autres des CARyorHvtLiES (voyez ce mot), et qu'il vit à d'assez
petites profondeurs dans les mers des pays chauds. M. de
Lamarck caractérise huit espèces de fongies à l'état vivant; ce
sont :
1 ."LaFoNGiE COMPRIMÉE ; Fongia compressa, Lmk. Cunéiforme,
comprimée sur les côtés, lisse, papilleuse inférieurement ;
lames inégales, dentelées, échinulées sur les faces, et formant
une étoile alongée, étroite, partagée par un sillon. Hauteur,
29 millim. Océan indien.
2° LaToNGiE cYCLOLiTE;. Fongia cjclolitcs, Lmk. Très-petite
espèce orbiculaire, subelliptique, légèrement concave et
striée en dessous, très- convexe en dessus: les lamelles iné-
gales, crénelées et rudes sur les côtés, formant une étoile
élevée, ayant au sommet un sinus oblong. Rapportée des mers
australes par MM. Peron et Lesueur.
3.° La FoNGiE PAïELLAiRE : Fougia patellaris, Lmk ; Madrepora
patellaris, Soland. et Eli., p. 148 , t. 28, fig. 1 h. Orbiculaire,
mutique, étrécie en rayons, et quelquefois subpédiculée en
dessous; les lamelles inégales, hérissées sur les côtés. Mers de
rinde et Méditerranée.
4.° La FoNGiE AGARiciFORME : Fongia agariciformis, Lmk. ; Ma-
drepora fungites, Linn. ; Soland. et EU., p. 1495 tab. 28, fig. 6,6.
Orbiculaire , scabre en dessous; lamelles inégales , denticulées,
la plus grande de la longueur du rayon , formant une étoile
convexe. Mer Rouge et de l'Inde.
6 " La FoNGiE BOUCLIER : Fongia scutaria , Lmk. ; Rumph ,
Amh.,6 ,t.8li, fig. 4. Elliptique, obIongue,un peu aplatie en
dessus; lamelles presque entières, inégales, ondulées, la plus
grande de la longueur des rayons. Océan indien.
G.° La FoNGiE LIMACE : Fongia limacina, Lmk. ; Madrepora pileux,
Linn.; Soland. et Eli., p. 169, t. 40 ; vulgairement la Limace de
mer. Oblongue, convexe, concave et hérissée en dessous ; la-
melles inégales, formant une étoile alongée.
Cette espèce commune dans les collections vient de l'océan
des Indes orientales.
7." La FoNGiE TAUfE : Fongia lalpa, Lmk,: Seba, Thés., 3,
FON 217
t. 1 1 1 , 6g. 6 , et t. 1 1 2 , fig. 3 1 ; vulgairement la Taupe de mer.
Assez rapprochée pour la forme de la précédente, mais plus
petite; les lamelles subsériales, très-courtes et scabres.-' Indes
orientales.
8.° La FoNGiE BONNET : Fongia pileus , Lmk. ; Mitra poîonicay
Rumph.^mt., 6 , t. 88, fig.3 ; vulgairement le Bonnet deNep-
tune. Conique , hémisphérique en dessus , concave en dessous ;
des lames amoncelées par places, et formant des étoiles
nombreuses, imparfaites et éparses, et par conséquent point
de sillon.
Cette espèce, qui vient de l'océan des Grandes-Indes,
s'éloigne déjà un peu du genre tel qu'il a été défini plus haut,
et fait une sorte de passage auxPAVONiES. Voyez ce mot. (De B.)
FONGIE ou FoNGiTE. (Foss. ] Sous cette dernière dénomi-
nation on avoit rangé autrefois non seulement les polypiers
fossiles que M. Lamarck a placés dans le genre Fongie, mais
encore les alcyons , les turbinolies, les caryophyllies, certaines
espèces d'astrées , et même des explanaires. On leur avoit
donné le nom de fongipores, bonnet de Neptune, champi-
gnons de mer pétrifiés, fungites , fungoides , alcyonium agari-
cum ^ Jicoides , Ijcoperdites, carjophylloides , et autres.
Les fongies proprement dites se sont présentées rarement
à l'état fossile, et on n'en connoit qu'un très petit nombre
d'espèces à cet état.
FoNGiE croissante; Fungia semilunata (Lamk. ), Anim. sans
vert., tom. 2 , pag. 235. Polypier en forme de croissant, à
côtes comprimées, strié en dessus, à bords arrondis, à étoile
alongée , et à pédicule court. Ce joli polypier est dans la
Collection du Mus. d'Hist. naL de Paris, et on ignore où il a
été trouvé.
Fongie aplatie; Fungia complanata, Def. Polypier hémi-
sphérique, à lames très-fines, à étoile oblongue, et à dessous
concave. Largeur, six lignes. On en voit une' figure dans l'ou-
vrage de Knorr sur les Fossiles, vol. 3, part. 2, tab. E 3,
fig. G et 7.
Fongie hétéroclite; Fungia heleroclita , Def. Cette espèce ne
diffère de la précédente que parce que les lames , au lieu de
se terminer au bord, se continuent jusqu'au centre inférieur,
qui u'est pas concave.
2x3 FON
Ces trois dernières espèces se trouvent dans ma collection.
Il paroît qu'elles proviennent des couches aucicnnea : mais
j'ignore où elles ont été trouvées. (D. F.)
FONGIVORES, ou Mvcétopies. {Entom.) Nous avons ainsi
nommé (voyez ce dernier mot) une famille de coléoptères
hétéromérés, dont les espèces font leur principale nourriture
de champignons, tels'que les diapèrcs, bolétophages, tétra-
tomes, etc. (CD.)
FONGO et FUNGO. (Bot.) Synonymes de champignon en
italien. Parmi les/uragi ou champignons que Micheli décrit, il
faut noter ceux que les Italiens nomment
l'ongo appasionato , ou le Passionné. Voyez Bistre blanc.
Bovsara d'imperato. C'est le clatlirus cancellatus , Linn.
Bozzolo. C'est Vagaricus ovatus , SchaelF.
Canapone. Voyez Mamelles jbrdnes.
Carbonajo, Voyez Poi.ypore brun.
Chiodo. C'est une espèce d'agaricus , voisine de Vagaricus
Jlavus, Linn.
Cor^'o. Voyez PoLYPORE brun.
Di Fungo morto. Voyez Foncoides en pomme , à l'article Fon-
goïdes.
Di Oretarao. Voyez PoLYPORE de l'aune.
Di Pietra d'Irnperaio. C'est la pierre à champignon [holetus
tuheraster , Linn.).
Dormiente. C'est Vagaricus jacobinus de Scopoli. Voyez
Jacobin.
Furfuraro d'Imperaïo. C'estVagaricus quercinus , Linn., type
du genre DœdaLea, Pers.
Giallone di ontano. Voyez Tout-jaune.
Greco. Voyez Bistre a crochet.
Joszoio. Voyez Mousserons blancs (grands).
Mazzuolo. Voyez Fungo dormilme.
Mugnajo. Voy'ez Meunier.
Olivo dorato. Voyez Oreille jaune de l'olivier.
Vedovo. C'est Vagaricus vioUiceus . Linn.
Verdino. C'est l'éteignoir vert doré de PauleL ( Lem.)
FONGOIDE uni de VAILLANT, ou Coccigrue en cham-
pignon. (/îof.)Paulet donne ce nom à Fhelvella gélatineuse de la
Flore françoise, par MM. de Lcim:!rck et Decandolle . qui est
FON 5i'j
figurée pi. i5,n°'7, 8 et 9 du Botanicon parisiense de Vaillant.
Selon l'observation de Paulet, ce champignon, donné à poi-
gnées aux animaux, ne les incommorle point du tout. Toute la
plante a un goût fade, semblable à celui d'une gelée insipide.
Voyez CocciGRL'E. (Lem.)
FONGOIDES ou FuNcoinEs. (Bot.) La plupart des groupes
de champignon^ que Paulet désigne sous cçs noms avec une
épithète particulière, contiennent des espèces de peziza. Ces
groupes sont les suivans;
FuNGOÏDEs EN coDi'K , cspcce de pezize en forme de coupe sli-
pitée, d'une couleur rouge de feu en dedans ei blanchâtre en
dehors ; c'est le fungoides pyxidatum , Mich., tab. 86 , f. 5.
FiiNGOÏDES CRECx : uom générlquc sous lequel Paulet classe
presque toutes les espèces de pezizes, et il en porte le nombre
à une soixantaine.
FuNGOÏDES EN DISQUE, Comprenant, Mielvella clavus^Schœ^.,
tab. 279, espèce blanche; ïhelvella sepulchraLis.Batsch , espèce
brune ou noire ; et\es peziza sulfurea, hircedo et carpini^ Batsch,
.espèce jaune.
FuNGOÏDES €Ni OU GÉLATINEUX dc Vaillant. C'est Vlieliiella gela-
tinosa de DecandoUe.
FuNGOiDES EN FORME DE LRNTiixE. Cc sont de très-pctites
espèces de peziza, abords ciliés, comme les fungoïdes, n.°22,
tab. 86, fig. 19, et n.°26, de Miclieli, ou à bords ciliés, comme
les peziza minima, Murray, et /lava, Willd.
Fungoïdes a nervures. C'est Vagaricus cornu copiai des de
Bulliard.
Fungoïdes en* pomme. Paulet en distingue deux avec Michel).
Le premier est Xçfungo di fungo morto des Italiens , parce qu'it
croit sur les champignons morts; c'est lefungoidaster, que Mi-
cheli a figuré pi. 82 , f. 1 de son Gênera • le second est le fim-
goides, tab. 86 , f. 3 de l'ouvrage de Micheli , qui est marqué
de côtes ou raies, et àstipe long. Ces plantes paroissent être
des espèces d'helvelles.
Fungoïdes tète de maure. Paulet nomme ainsi deux espèce;?
de champignons figurés par Cimel, et dont les dessins fonf
partie des vélins de la bibliothèque du Jardin du Roi. Cimeî
Je nomme hel.'ella paviœ et helvellafusca.
FoNGOÏPeSEN FORME DE VERRE A BOIRE OU d'eNTONNOIR. Paulef
220 FON
y ramène les peziza infundibulum et tenella, Batsch , et les fun-
goides, n.°^ 2 et 5 de Micheli. (Lem.)
FONGOSITÉS A QUILLES. (Bot.) Les champignons que
Pauletnommeainsisoiit très-petits et au nombre de trois: l'un
est le Lycoperdonvesparium de Batsch, et le trichia rubiformis ,
Pers. ; le second est le stemonitis ferruginosa, Batsch, ou tubii-
lina fragiformis , Fers.; et le troisième, lefungoides de Rai,Syn.,
3, tabl. 3 , f. 4, qui paroît une espèce voisine. (Lem^)
FONGOSITÉS DURES ou CRUSTACÉES. (Bot.), Panlet
établit, sous ce nom et sous celui dlïjpoxjlon, un genre qui
répond au sphœria d'Haller , adopté par les botanistes, mais
qui ne fait plus partie de la famille des champignons. Voyez
Hypoxylées. (Lem.)
FONKES. (Mamm.) Ludolphe, dans son Histoire d'Ethiopie ,
désigne par ce nom une espèce de quadrumane, qu'il n'est
pas possible de reconnoître parmi ceux que nous possédons,
d'après la description qu'il en donne; et c'est à tort que les
éditeurs de cet ouvrage ont donné comme sujet de cette des-
cription la figure d'un ouistiti. Cet animal ne se trouve point
en Ethiopie. (F. G.)
FONNA. (Bot.) Adanson nomme ainsi le genre qui étoit le
lychnidea de Dillenius, et qui est maintenant le phlox de Lin-
iiaeus , généralement adopté. (J.)
FO-NO-Kl. {Bot.) M. Thunberg cite sous ce nom japonois
une variété du magnolia glauca , désignée aussi par lui et par
Kaempfer sous celui de mokivurèn. (J.)
FONOS. (Bot.) C'est, suivant Adanson, l'un des anciens
noms du carthamus lanatus , Linn. , cités dans le livre de Théo-
phraste. ( H. Cass. )
FONTAINE. (P/1J5.) Voyez Source. (L. C.)
FONTAINE DES OISEAUX. {Bot.) On donne ce nom à
plusieurs plantes dont les feuilles, connées à leur base, con-
servent l'eau des pluies comme un petit bassin; la cardère à
foulon, ou chardon à bonnetier, est dans ce cas. (L. D.)
FONTANESIA. {Bot.) Genre déplantes dicotylédones, à
fleurs complètes, polypétalées, régulières, de la famille des
jasminées , de la diandrie monogynie de Linnaeus, qui a des
rapports avec les chionanthus , et caractérisé par un calice à
quatre divisions profondes ; deux pétales bifides ; deujc éta*
FON 2 = 1
jtnîncs; un style. Le^ fruit est une capsule supérieure, mem-
braneuse, indéhiscente, à deux loges monosperraes.
Ce genre a été établi par M. Delabillardiére , pour un ar-
brisseau qu'il a découvert en Syrie , et que l'on cullive au
Jardin du Roi depuis 1788. L'amitié l'a consacré à M. Des-
fontaines : ses nombreux élèves ont applaudi avec reconiiois-
sance à un hommage si bien mérité. Cet arbrisseau est au-
jourd'hui très-commun dans les jardins de l'Europe. Ses fleurs
se montrent au mois de mai : il entre dans les bosquets de
printemps, et y forme des buissons assez agréables. Il ne craint
pas le froid, et vient avec facilité à toute exposition, dans
.»ous les terrains, pour peu qu'ils soient légers sans être hu-
mides. On le multiplie de boutures ou de marcottes, et d'éclats
séparés en automne, ou de graines semées au printemps.
M. Desfontaines assure, d'après Michaux, que dans l'Orient
ses feuilles étoient employées à la teinture.
FoNTANESiA A FEUILLES DE FiLARiA : Foutanesia phUljreoides ,
Labill. , le, Syr, fasc. , 1 p. 9, tab. i; Lamk,, III. gen. , tab. 22.
Cet arbrisseau s'élève à la hauteur de huit à dix pieds: il se
divise, dès sa base, en rameaux glabres, opposés, un peu cen-
drés, presque tétragonesdans leur jeunesse, grêles, nombreux
et flexibles. Les feuilles sont opposées, pétiolées, glabres,
ovales, lancéolées, très-entières, longues d'un pouce au plus,
aiguës il leur base, mucronées à leur sommet, persistantes dans
leur pays natal, les pétioles courts, géniculés; les fleurs petites,
nombreuses, d'un blanc jaunâtre, disposées en petites grappes
dans les aisselles des feuilles supérieures; le calice persistant,
à quatre divisions obtuses et profondes; la corolle plus longue
que le calice, composée de deux pétales à deux divisioi;8
oblongues, concaves; les étamines un peu plus longues que
la corolle , insérées à la base des pétales; les anthères oblon-
gues, à deux sillons; l'ovaire supérieur, ovale; le style plus
court que les étamines ; deux stigmates aigus, courbés en dedans.
Le fruit est une capsule comprimée, membraneuse, un peu
ovale, obtuse à ses deux extrémités, échancrée, à deux loges
ailées, quelquefois trois. Chaque loge renferme une semence
oblongue, presque cylindrique. (Poir.)
FONTE DE FER. {Chim,) On donne ce nom à la substance
fondue que l'on obtient en premier lieu d'une mire de fer
:... FON
réduite dans les hauts fourneaux , ;iu moyeu du cliarbdn. Nous
allons en décrire les propriétés, et donner en même temps
quelques détails théoriques sur Ja manière dont on l'obtient,
et sur l'opération au moyen de laquelle on la convertit en fer
malléable.
1." Grillage.
Le grillage qu'on fait subir à plusieurs minesde fer en roche
qui contiennent du soufre ou de l'arsenic, a pour objet d'en
séparer ces substances. On fait aussi subir la même opéra-
tion aux mines spathiques, afin de les rendre propres à
éprouver, delà part de l'atmosphère à laquelle on les expose
ensuite, une action qui en rend la réduction plus facile. Eu
grillant ces mines, on en dégage de l'acide carbonique, de l'eau
de cristallisation: l'oxide de fer qui s'y trouve absorbe en même
temps l'oxigène , et elles perdent leur compacité. Si elles
conlieunent à la fois du soufre à l'état de pyrite et de la ma-
gnésie, il se produit du sulfate de cette base. Descotils prétend
querexposition de ces mines à l'atmosphère, après le grillage,
a pour ob)ct d'en séparer la magnésie: que celle-ci est entraî-
née par les eaux pluviales, soit à l'état de sulfate, soit à l'état
dé carbonate, et qu'en perdant cette base, elles perdent leur
propriété réfractaire.
2." Fondage.
A. Lorsqu'on traite par la méthode catalane une mine qui ne
contient que de l'oxide de fer, celui-ci cède son oxigène au
carbone du charbon que Ion a mêlé à la mine ; il en résulte de
l'acide carbonique, de l'oxide de carbone et du fer métal-
lique.
B. Lorsqu'une mine contient, outre l'oxide de fer, de la
silice, de l'alumine et de la chaux, on la traite dans les hauts
fourneaux, afin de réduire l'oxide de fer, et de séparer les
autres substances à l'état de laitier. Pour que ce but soit
atteint, il faut que ces dernières soient dans une proportion
telle qu'elles puissent se vitrifier. Coaséquemment, si la mine
contient trop d'alumine, on y ajoute du sous-carbonate de
chaux (castine) ; si elle est trop calcaire, on y ajoute de l'ar-
gile (erbue), c'est-à-dire, de la silice et de l'alumine.
La mine de fer introduite par le gueulard dans un fourneau
d'e i5 mètres de haut, met de 60 à 71- heures pour descendre
dans le creuset. Presque jusqu'uu uîomcnt où elle arrive vis-n-
A'is delà luyèredu fourneau, elle se trouve précisément diinsle
même cas que si elle étoit chauffée dans une cornue ; car, l'oxi-
pène de l'air qui sort de la tuyère se portant sur le carbone .
l'air se trouve bientôt changé en un mélange d'acide carbo-
nique, d'oxide de carbone et d'azote, qui ne peut exercer au-
cune action comburente sur le fer: conséquemment, la réduc-
îion de l'oxide de fer, et, suivant M.Berzélius, celle d'un peu de
silice, doivent avoir lieu comme dans un appareil clos. Lorsque
la matière arrive devant la tuyère, elle présente un mélange
de laitier et de fer, dont une partie est à l'état de carbure et
d'oxide Jioir. Ces matières, ne restant qu'un instant exposées au
vent du soufflet, ne peuvent guère éprouver l'action de l'oxi-
gène, d'autant plus qu'il y a toujours un grand excès de char-
bon ; alors elles se déposent dans le creuset; le laitier /i) ,
plus léger que le fer réduit, le surnage pour la plus grande
parlie ! cependant le fer en relient toujours une portion.
Quand les mines de fer, outre la silice , l'alumine , la chaux ,
contiennnent de la magnésie, de l'oxidede manganèse, desacides
phosphorique et chromique, ainsi que cela a lieu le plus sou-
vent dans les mines terreuses, suivant l'observation de M.Vau-
quelin, ou trouve dans la fonte une certaine quantité de ces
matières à l'état de laitier, ainsi que du phosphore, et proba-
blement du manganèse et du chrome, qui ont été désoxigénés
en même temps que le fer.
C'est la présence de ces matières dans le fer qui lui donne
la propriété de casser, soit à chaud , soit à froid, La conversion
delà fonte en fer malléable, ou Vaffmage.a doncpour but d'eu
isoler ce métal. Mais, avant de parler de l'affinage, nous
exposerons les observations chimiques auxquelles la fonte a
donné lieu.
On a distingué les fontes enfantes Hanches , enfantes noires ,
en fautes grises, et enfantes traitées.
Fontes blanches.
Les fontes blanches peuvent avoir trois origines : ou elles
CO Formé de silice, d'alumine, de cliaux et d'une eertaine quantité
d'oïide de fer.
224 FON
proviennent de mines qui contiennent du soufre, du phos-
phore, de Tarsenie, du chrome, en un mot, des substances
qui donnent de la fusibilité à la mine ; ou elles proviennent de
mines de fer carbonate , ou des fontes grises.
Fontes blanches de laprernièreorigine.EUessoïittrès-àuTes, très-
cassantes, plus fusibles que les autres fontes-, elles contiennent
peu de carbone, beaucoup de laitier, beaucoup dephosphure
et d'oxide de fer qui a échappé à l'action du charbon.
L'existence de cet oxide dans la fonte, et le peu de car-
bone qui s'y trouve , sont les conséquences de la fusibilité que
les corps étrangers donnent à la mine ; car celle-ci , se fondant
promptcment, ne reste pas assez de temps en contact avec le
charbon pour que tout l'oxide de fer perde son oxigène, et
pour que le fer réduit se combine à du carbone.
Pour traiter avantageusement les rnines qui donnent ces
fontes blanches , il faut les mêler à des substances qui en dimi-
nuent la fusibilité. La chaux en excès peut être employée avec
succès; elle s'empare de l'acide phosphorique , et en rend la
désoxigénation par le charbon très-difficile.
Fonte blanche de la seconde origine. Elle provient des mines
de fer spathique. De toutes les fontes , c'est celle qui donne
Vacier naturel de meilleure qualité. Sa conversion en fer doux
est difficile.
Fonte blanche de la troisième origine. Lorsqu'on fait refroidir
brusquement la fonte grise , celle-ci prend la couleur, la dureté
de la fonte blanche.
Fontes noires.
Elles sont moins dures, moins fusibles, que les fontes
blanches ; elles se liment très-bien ; elles sont presque tou-
jours ductiles; elles contiennent beaucoup plus de carbone
que les fontes blanches, moins de laitier, moins d'oxide de fer
et moins de phosphore et de chrome. Il est évident que, moins
une mine sera fusible, plus de temps l'oxide de fer sera ex-
posé au contact du carbone; par conséquent, plus il y en aura
de réduit, plu» les circonstances seront favorables pour que
le fer absorbe du carbone , et pour que le laitier se forme et se
sépare d'avec la fonte.
Fontes grises.
Elles se rapprochent beaucoup des fontes noires; elles
FON ,33
en<Ii[rérent en .jf^néral par ur«.> moindre quantité de carbone,
11 y a de la fonte grise aigre, il y en a de douce.
Fontes truitées.
Elles résultent d'une agrégation de fonte blanche et de
fonte grise on noire, dont les parties de chacune d'elles sont
assei: considérables pour être distinguées à la vue simple. Il est
probable qu'il existe beaucoup de fontes grises qui ne sont
qu'un mélange intime de fonte blanche et de fonte noire.
Passons au moyen qu'on peut employer pour analyser les
fontes, et supposons qu'il s'agisse d'y recounoître la pré-
sence du fer, du carbone, du phosphore, du chrome, du manga-
nèse, de Voxigène et du laitier, formé principalement de silice,
d'' alumine et de chaux.
Analyse des fontes.
On met dans un ballon lo grammes de fonte; on le ferme
avec un bouchon percé de deux trous: dans Tun on adapte un
tube en S, afin de porter dans le ballon l'acide qui doit atta-
quer la fonte; dans l'autre un tube qui se rend dans un flacon
plein d'eau.
Quand tout est ainsi disposé, on verse dans le ballon une
quantité d'acide sulfurique à 20 d. (1) , suffisante pour enlever
à la fonte tout ce qu'elle contient de soluble dans cet acide.
Après que l'acide a agi, on a trois produits : 1.* une poudre
noire insoluble dans V acide sulfurique, 2." la dissolution suif u-
rique, 5." un gaz.
i." Poudre noire.
Lorsqu'on a séparé la poudre noire de la dissolution sul-
furique , qu'on l'a lavée avec soin et séchée, ou la traite par
lalcool. On filtre et on laisse évaporer spontanément la liqueur
filtrée; il reste une huile claire, légèrement citrine, ayant
une saveur acre et un peu piquante. C'est à M. Proust que nous
devons la découverte de cette huile. Elle se produit par
l'hydrogène provenant de la décomposition de Peau, qui ren-
contre à l'état naissant du carbone très-divisé. Il est probable
que cette combinaison fixe un peu d'eau. Toute cette huile
ne se trouve pas dans le résidu : il y en a une portion qui s'est
déposée dans le tube i gaz. La matière indissoute dans l'alcool
^ Celui qui résulte d'un mélange d'une partie d'acide avec 3 partie» d eau
^7- i5
^26 \o^
est formée dp carbone, Je phosphore de fer, de chrome, dont
une partie au moins p;iroit a l'état métallique, et de silict- ,
d'alumine de chaux, d'oxlde de mangauèse , et peut-être
doxide de chrome. Ces six substances étoient probablement
dans la fonte à l'état de laitier.
En faisant détoner ce résidu, avec trois parties de nitraie
de potasse, dans un creuset d'argeut, on obtient du sous-car-
honate, du phosphate, du chromate, du silicate, de l'alumi-
natede potasse-, on ajoute deux parties de potasse à la matière
qui a détoné, et on fait chauffer jusqu'à la fusion; puis on
fait bouillir le tout dans l'eau , et on filtre.
Résidu. Il est principalement formé d'oxidcs de fer et de
manganèse, de chaux, et peut-être de silice, d'alumine et
d"oxide de chrome. On dissout dans l'acide hydrochlorique;
on fait évaporer àsiccité, et on reprend par Teau : ce qui n'est
pas dissous est la silice qui peut retenir de l'oxidc de chrome, ce
qu'on reconnoit à la couleur verte qu'elle communique au bo-
rax aveclequel on la fond. On précipite la chaux par la quantité
f'roxalate d'ammoninque strictement nécessaire: on précipite
les oxides de fer et de manganèse par la potasse caustique en
excès, qui dissout l'alumine. On sépare celle-ci de la potasse
au moyen de l'hydrochlorate d'ammoniaque. Enfin on redissout
les oxides de fer et de manganèse dans l'acide hydrochlorique,
et onpiTécipite le premier par lesuccinate d'ammoniaque.
Solution. On la neutralise par un excès de nitrate d'ammo-
niaque; on fait chauffer légèrement: la silice et l'alumine sont
précipitées-, on filtre. On précipite l'acide phosphorique de la
liqueur filtrée par l'eau de chaux ou le nitrate de chaux: on
filtre le liquide ; on neutralise par l'acide nitrique l'excès
de chaux , si l'on a employé cette base pure : en y ajoutant
préensuite du nitrate de protoxide de mercure, on obtient un
cipité qui, étant calciné, laisse de l'oxide de chrome.
2." Dissolution sulfurique.
En saturant l'excès d'acide de cette liqueur par le carbonate
de potasse, on en précipite du phosphate de fer tenant un peu
de chTomate. Le phosphate provient de ce qu'une portion du
phosphure de fer de la fonte s'est dissoute en s'oxigénant aux
dépens de l'eau -, mais cette portion est très-petite comparati-
vement à celle qui reste dans la poudre noire.
FON 2.7
La dissolution séparée du phosphate de fer peut contenir
avec le sulfate de fer, du sulfate de manganèse. Pour s'en,
assurer, il faut en prendre une portion ; la faire bouillir avec
de l'acide nitrique, afin de suroxider lefer; faire disparoitre
l'excès d'acide; précipiter celui-ci par le succinate de po-
tasse, et rechercher dans la liqueur la présence du manga-
nèse. Il est nécessaire aussi d'y rechercher la présence de la
chaux, de la magnésie et de l'alumine.
5.' Gaz.
11 est très-odorant; il brûle en bleu , et produit alors beau-
coup d'eau et un peu d'acides carbonique et pliosphorique :
il doit son odeur à du phosphore et à un peu d'huile. Si on
le fait passer dans de 1'» au de chlore , le phosphore est
converti en acide phosphorique, l'huile est décomposée,
et le gaz, après cette opération, n'a plus d'odeur: il brûle
en blanc rougeàtre, en produisant cependnrjt encore un
peu d'acide carbonique. En mesurant le volume du gaz hy-
drogène, on connoit la quantité d'eau qui a été décompo-
sée, par conséquent la quantilé d'oxigène qui s'est fixée au
fer, au manganèse et au phosphore qui ont été dissous : en
déterminant la proportion de l'acide phosphorique , de l'oxide
de fer et de l'oxide de manganèse ( la quantité de ce dernier
est touiours très-foible) , on voit s'ils contiennent plus d'oxi-
gène que l'eau qui a éié décomposée. Dana ce cas, l'excès
d'oxigène fait conr.oître la quantilé de fer qui étoit dans la
fonte à l'état d'oxide.
Pour apprécier la proportion du carbone delà fonte d'une
manière rigoureuse , il faut la dissoudre par l'acide sulfu-
reux. Le résidu noir pouvant retenir du soufre , il est bon de
le faire bouillir dans l'eau de potasse.
Ajjlnage. Amener à l'état métallique l'oxide de fer qui se
trouve dans la fonte, séparer du ferles corps qui en altèrent
la ductilité ; tel est, ainsi que nous Pavons déjà dit, l'objet
de l'affinage.
Les substances qu'on sépare du fer par l'affinage, sont à
l'état de laitier, crasses ou scories, et à celui de sublimé.
La fonte est, comme on sait, chauffée dans un fourneau
appelé ouvras,t , renardière^ tic. ^ jusqu'à ce qu'elle soit liqué-
fiée. En la tenant quelque temps fondue, il s'en sépare des
2 5.
.2i; rOJN
toories, qui ne sont que du laitier mêlé de plus eu moins de
fer métallique ;. en même temps, la plus grande partie du char-
bon contenu dans la fonte réduit l'oxide de fer : à mesure que
le laitier, le charbon et l'oxigène abandonnent le métal, la
fonte perd de sa fluidité-, elle se réduit en grumeaux, que l'crM
réunit en une masse poreuse appelée loupe .- en battant la
loupe sous le martincl, on en expulse presque fout le laitier
qui y restoit, et en même temps les parties métalliques se rap-
prochent et se soudent.
Les scories varient suivant la nature des mines. Dans celles
qui contiennent le plus de substances étrangères , comme les
mines terreuses de Drambon , examinées par M. Vauquelin.
on trouve beaucoup de fer métallique, de l'oxide de man-
ganèse, de la silice, de l'alumine, de la chaux, de l'acide phos-
phorique , et du chrome à l'état d'oxide ou d'acide. On trouve
à peu près les mêmes watières que celles des scories dans le
fer plus ou moins oxidé, qui se condense dans les cheminées
du fourneau d'afîinage. Il est vraisemblable que la plus grande
partie de ces matières est plutôt entraînée mécaniquement
3)ar le courant d'air, que réduite à l'état gazeux par la force
expansive de la chaleur. L'opinion émise dans la plupart des
ouvrages qui parlent del'afiinage du fer, qu'une partie du char-
Ion de la fonte est hrûlée par Pair atmosphérique que les souf-
flets portent sur la surface de la fonte , ne nous paroît pas suf-
fisamment prouvée; car, à cette haute température, le fer
brûlant très-facilement et le carbone ne se trouvant dans la
fonte que dans une foible proportion , n"arrive-t-il pas qu'il
doit y avoir plus de fer brûlé que de carbone,- qu'en consé-
quence l'air ne doit pas contribuer à diminuer la proportion
du carbone par rapport au fer ?
Les fers contiennent toujours, ou presque toujours, de pe-
tites quantités de carbone, de silice ou de laitier, et quelque-
fois du phosphure de fer. On peut les analyser comme les fontes.
Nous terminerons cet article en présentant plusieurs ré-
sultats d'expériences analytiques de Bergman, sur les fontes,
les aciers et le fer.
joo grains (i) des matières suivantes ont été dissous dans
l'acide sulfurique d'une densité de 1,129, et ont donné :
(»} Poids etmesHres de Paris.
FON 229
Gaz hjdrogèiie.
Pouces cubes (i). Durée en niinuiei
de ladissolulion.
Fonte noire de Lewfstad. .. 66,9 4^
grise........... 5 1,6 4^
Fer de Lewfstad 66,1 1^
Fonte d'UUefors &4,2 4^
Fer 66, 1 1 5
Fonte d'Akcrby 5o,2 5o
Ferd'Akerby 65,5 1 ^^
Fonte de Formark 52, 9 55
Acier de Formark
recuit ou trempé 63, S lO'
Fer de Formark 67,6 i5
Fonte d'Halk fors
bien réduite », 63,5 i5
Fonte d'Husaby 63,5 3o
Acier aimanté d'Husaby . . 58,2 25
Ferd'Husaby 66,i 6
Acier angloisrefondu .. .. 69,6 12
Résidu noir obtenu par l'acide snlfurique , d'une densité de 1,129.
de i 00 parties des substances suivantes :
Fonte noire de Lewfstad 4
Fonte grise de Lewfstad 3,3
Fer battu provenant de cette fonte ►. o,3
Fonte d'Ullefors ......,.._.... 2,0
Ferbattu d'Ullefors o,î
Fonte d'Akerby 2,6
Ferbattu d'Akerby, o,&
Fonte de Formark , 3,o
Acier de Formark o,5
Fer de Formark 0,1
Fonte d'Hallefors bien réduite 5,3
Fonte d'Hallefors mal réduite 4, 5'
Acier d'Husaby 1,7
Fer forgé d'Husaby 0,6
Acier anglois 0,4
(1) Poids et mesures de Paiii.
23o TON • -
Ces rôsulns noirs calcinés, brûlés sous une moiino , ne
pprck-nt jam.iis plus de la moitié de leur poids de charbon,
L(? résidu {ixe esl de la silice blanche.
Des parties constiluaiites de roo grains ds fer clans ses divers
ctals . d 'après Bergman.
E.XTr.f.MI KXTRtlI»
en moins en plus.
Ma/ièrcs contenues dans la fonte.
Silice i,io 3,40 2,25
(-harbon ou p!oiub.if;ine i,to 3,3o 2,20
Manganèse o,5o 3u,oo i5,25
Fer 97, 3o 63,3o 80, 3o
Total 100 100 100
Pouces cubes J'air inflamnïable 5o,2 63,>.> 56,85
Pesanteur spécifique moyenne 7>76o
Matières contenues dans r mit r.
Silice 0;3 0.90 0,60
('.iiarl)on ou plombagine 0,2 0,80 o,5o
T*<n'iganèse o,5 3o,oo i5,25
Fer c|q,o 6S,3o 83,65
Total 100 100 100
Pouces cubes d'air inflammable 58,2 63, .5o 6o,85
Pesanteur spécifique moyenne 7,720
Matières contenues dans le fer.
Fer ductile.
Siiice o,o5 o,3o 0,175
Charbon ou plombagine o,o5 0,20 o,i25
Manganèse o,5o 3o,oo i5,25
Fer 09,4*5 69,50 84,4^
ToT,..L 100 100 100
Pouces cubes il'air inflammal)le 65,5 67,5 66,5
Pesanteur spécifique moyenne 7j782
FOJN 23i
«Il moins. en plus. muycii.
Fer cassant à chaud.
«Siiice 0,3
(>'(iarbon ou plonibai^iiip 0,7
Manganèse o,5
Fur 98.0
Total. ». 100
Pouces cuhes d'nir inflammaMc 63,5 63,5
Pesanteur spécifique moyenne 7>753
Fer cassant à froid.
Silice o,o5 o,3o OjiyS
Cfia'rbon on plombagine o,o5 o,3o 0,175
IvTrtnganèse o,5o 2.00 a.sSo
Fer 99-4o 97,40 97,400
ToTAt 100 iOO 100
Pouces cubes fl'nirin{lammalile. 66, i G8,8 67,45
Pesanteur spécifique moyenne ,- r^,-g
M. Vauquelin , ayant examiné plusieurs sortes de fonte et
(le fer, y a trouvé du manganèse, mais clans nne proportion
très-foible. Il est généralement reconnu aujourd'lnii que la
proportion de 60 de manganèse, pour 100 de fonte, d'acier
et de fer, donnée dans la table précédente, est beaucoup
irop forle.
Densités de plusieurs sortes de fonte ^ fer et acier, par Bergman.
!S<" I. nj'.inclie , p.auvre , 6,6or
2. Fonte \ grise , riche 6850
3- (noire, supcrsal urée -r^aGa
4. Al-Husaby ''42
5- HeM.Qmsl 7,643
^- Acier ;an.2;Iois rj^rjrjS
7- ' ' \ de Formark r -707
8. d'Ostcrby ^:^8^
9- U*^ même, trempe'.. 7,693
ïO. ( de Lrwf.tad 7,754
; •• Fer ductile { ^ S''''fc '"'"''" ''""''^ '^^^H
12. l c\f Braiitfors -,798
ï3. ( d'OsItrl.y 7,827
14. Fer cassant à chaud de Norrberli 7,753
\l- Fer cassant à froid \ l\?"f 7^792
^''- i à Husaby 7,791
( C"- )
S.Z2 FON
FONTENELLE, d'Adanson {Bot. ). Voyez Fontinale. (Lem.)
FONTILAPATHUM. (Bot.) C. Bauhin dit que Burser lui
avoit envoyé d'Autriche, sous ce nom, le potamogeton pecti'
natum. (J.)
FONTINALE, Fontinalis. (Bot.) Genre de plantes de la
famille des mousses , qui tire son cararfère essentiel de la
structure de son péristome qui est double : l'extérieur a seize
dents droites, un peu élargies; l'intérieur est membraneux,
conique et réticulé.
Les lontinalts sont des mousses qui . comme l'exprime leur
nom, vivent dans les eaux des iontaineset des ruisseaux. Elles
y prennent un grand développement; et, comme presque toutes
les mousses qui croissent dans l'eau, on les trouve rarement
avec leur fructification , la nature opérant leur multiplication
par les nombreux bourgeons dont elles sont garnies, et qui
se développent avec rapidité, au point que l'espèce la plus
commune forme , en grande partie , les masses tourbeuses qui
se forment de nos jours dans certains marais. Les fontinales
ont une tige très-rameuse , qui s'élève à la surface de l'eau , et
s'alonge beaucoup lorsque l'eau est courante. Cette tige et
ses ramifications sont garnies dans toute leur longueur de
feuilles petites, disposées sur deux ou trois rangées, ou même
éparses, et presque touiours imbriquées.
Les fontinales sont monoïques et quelquefois dioiques. Les
gemmules, qu'Hedwig regarde comme les fleurs mâles, sont
axillaires, ainsi que les flenrs femelles ou les urnes. Celles-ci
sont presque sessiles et presque entièrement cachées par les
folioles de la collerette ou périchœtium, qui l'entourent à la
base , en forme de godet. La coiffe qui recouvre l'urne est
lisse.
La floraison de ces plantes s'opère à la surface de l'eau j
alors les rameaux élèvent leurs sommités.
Le nombre des espèces n'est pas très-considérable ; Bridel
le porte à cinq , et peut-être faudra-t-il y ajouter une sixième
espèce, le fontinalis juliana, deSavi(ou skitophyilumfontantim,
Bach. delaPyl.,Journ. Bot. 1814, 2, p. 1 58, tab.o.f. 2); mousse
qu'on n'a pas encore trouvée en fleurs, qui a le port des
fontinales, et qui, comme elles, croît et flotte dans les eaux
des fontaines et des ruisseaux. M. Gratcloup l'a trouvée à
rois ^^5
Dax ; M. Hecfot, à Nantes -, M. Duvau. à Rennes ,' à Laval ,
à Porithiyy . M Bachelôt, à Angers; etM.Savi, dans les fossés
des eaux thermales de Saint-Julien.
Les botanistes ont éliminé de ce genre le fontinalis minor
de Dillen et de Linnaeus, qui, d'après ïurner, n'est autre
chose que le trickostomum foatinaloides d'Hedwig, comme il
s"en est assuré par la comparaison des échantillons conservés
dans l'Herbier de Linnaeus avec ceux de la mousse d'Hedwig.
C'est aussi le fontinalis alpina de Dickson ou cicclidotas de
M. Palisot - Beauvois ; mais cette plante , que Bridel place
dans son genre Racomitrum, et qui constitue le genre Sekra
d'Adanson, n'est point le fontinalis minor de Villars et de la plu-
part des auteurs, lequel est une véritable espèce defontinale,
déjà décrite par Linnaeus sous le nom de /bn.iinaZis squammosa.
Il y a encore le fontinalis pennata , Linn. , qui n'appartient
pas à ce genre ; cette mousse est le nechera pennata^, Hedw»
C'est aussi au genre Necfcera qu'on rapporte les fontinalis crispa
et dislicha de Swartz. Voyez Harrisona , et Pilotrichum. Ce
dernier genre , établi par Beauvois , renferme aussi les fon-
tinalis flicina et filiformis , Sw. Enfin, le fontinalis albicans ^
Gmel, est placé dans le genre Hedv^igia, par M. Beauvois.
Voici les espèces qui composent le genre Fontinale.
La Fontinale incombustible ; Fontinalis antipyretica , Linn. y
Hedw. , Lamk. , Illust. , tab. 873 ; Sowerb. , English Bot.,.
tab. 33g ; Fontinalis , Dillen. , Musc. , tom. 33 , f. 1 ; Muscus ,
Vaill. , FI. Par. , tab. 33 , f. 5. Tige très-rameuse, ayant jusqu'à
un pied et demi de longueur; feuilles disposées sur trois rangs,
lâchement imbriquées, ovales -lancéolées , pointues, pliées
et courbées en forme de triangle caréné , légèrement dentelées
sur le bord, se divisant en deux parties dans leur vieillesse
seulement; urnes presque sessiles, subcylindriques; opercule
conique, obtus, quelquefois alongé; péristome externe rouge ,
à dents élégamment striées et réticulées ; péristome interne
rougeàtre, membraneux, conique, réticulé. Cette mousse se
trouve presque partout dans l'hémisphère septentrional ,
depuis la Propontide jusqu'en Laponie ; elle aime les eaux
pures et courantes , et flotte à leur surface ; elle est verte ;
mais, par la dessiccation, elle noircit. Ses rameaux florifères
se redressent hors de l'eau , lors de la floraison , puis ils s'en-
^^^^ FON
foncent de nouveau. Elle croit quelquefois, en immense
quantité, dans les marais et sur le bord des rivières; sur les
roues des moulins, même celles en activité, ainsi que ncTus
l'avons vu sur les rouages de la machine de Marly. Cette mousse
n'a aucun usage important ; cependant Linnaeus rapporte que
les Lapons en revêtissent leurs cheminées de bois pour em-
pêcher que le feu n'y prenne. Voilà pourquoi Linnfcus lui
a donné le nom spécifique (Vantipjretica. Ce n'est pas toutefois
que cette mousse soit incombustible, car elle est aussi com-
bustible que toute autre mousse; mais, comme elle conserve
beaucoup d^humidité, et long-temps, elle peut empêcher la
communication du feu.
Lefontinalis erecta de Villars n'en est qu'une variété droite ,
selon Decandolle.
La FoNTlNALE ÉCATLLF.tiSB : Fonfinalis squammosa , Lînn.,
Hedw., St.Ojpt., 0, tabl. 12 : Dill. , t. 33, f . 3 ; Fontinalis
minor, Villars et Auctor. , non Linnaeus. Tig'e grêle , rameuse
à Texlrémité ; feuilles disposées sur trois rangs , lancéolées en
alêne: urnes presque sessiles, axillaires , cylindriques; oper-
cule conique , obtus , court. Cette espèce se trouve dans les
ruisseaux et les torrens des montagnes alpines ou avoisi-
nantes , dans toute l'Europe septentrionale, et même dans
l'Amérique boréale, si l'on en croit Schwsegriehen. Adanson
place cette mousse dans son genre Harrisona.
La FoNTiNALE FALCiFORME ; Fontiiialis falcata , Kedw., Musc,
/rond., V, m, p. 67 , tab. 24, Bridel. Tige un peu rameuse ;
feuilles disposées sur trois rangs, mais toutes rejetées du même
côté , en manière de faux, carénées, à une seule nervure;
feuilles du périchœtium engainantes, lancéolées, terminées
en pointes alongées ; urnes ovales-oblongues, portées sur des
pédicelles saillans. Cette mousse n'a pas encore été trouvée
ailleurs qu'en Laponie , en Suèdp et en Frise, dans les ruis-
seaux et les rivières, attachée aux pierres.
La FoNTiNALE capillaCée ; Fontinalis capillacœa , Smith, FI.
Brit. Tige rameuse ; feuilles éparses, linéaires, sétacées, caré-
nées et falciformes; feuilles du périchœtium aiguës , réu-
nies en une pointe piquante; urnes droites, presque cylin-
driques, à opercule conique, subulé , très-pointu. Cetle
mousse est indiquée dans les ruisseaux des montagnes de la
FOR 05
Suède et dans les eaux de la Pensylvanie aux Etats-Unis.
Bridel se demande si ce n'est pas une espèce du genre
Anectangium,
La FoNTiNALE SUBULÉE : FouHnalis sululata , Pal. Beauv. ; Brid.
Tige flottante , très-rameuse , à rameaux étalés; les supérieurs
recourbés en dedans; feuilles imbriquées sur deux rangs, éta-^
lées. lancéolées-subulées, carénées, a nervures continues,
feuilles du péricliœtium formant une espèce de gaine qui
enveloppe l'urne. Cette espèce a été observée par M. Palisot-
Beauvois, dans les eaux pures de l'Amérique septentrionale,
en Géorgie. ( Lem.)
FONTINALIS. [Bot.) J. Bauhin est un des premiers botanistes
qui aient fait usage de ce nom pour désigner la fontinale
incombustible, espèce de mousse décrite au genre Fontinale.
Dillen et, après lui, presque tous les botanistes, ont nommé
fontinalis le genre qui comprend cette mousse, et auquel les
botanistes ne rapportent pas tous les mêmes espèces. (Voyez
Fontinale.) Anciennement le nom de fontinalis a été appli-
qué à diverses plantes aquatiques. (Lem.)
FONTON. (Ornith.) L'oiseau de Guinée qui porte ce nom,
et dont il est fait mention dans la Description de l'Afrique
par Dapper, p. 268 , et dans la relatian de la même partie du
monde, par de la Croix, t. 2, p. 52 5, est vraisemblablement
le coucou indicateur, cuculus indicator,hev. (Cii. D.)
FONTSI, Ontsi. (Bot.) Une variété de bananier, distincte
par ses fruits gros et longs comme le bras, est ainsi nommée à
Madagascar, suivant Flacourt. (J.)
FOO, Moo , Itzingo (Bot.) : noms Japonois d'une ronce , rubus
cœsius, suivant Kaempfer etThunberg. Celui defoosen est donné
à deux roses, rosa canina et indica, ainsi qu'à la belle de nuit,
nyctago; ceux de/00-sfci et foo-dsuki à un coqneTet , phfsalis
angulata; celui àe fooki^gusa à une anserine , chenopodium scO'
parium. (J.)
FOOAHA (Bot.), nom arabe de la garance, suivant Shav/,
M. Delile l'indique sous celui defouah (J.)
FOORAHA. {Bot.) Voyez Fouraha. (J.)
FORA-0 (Mamm.), nom du furet en Portugal -. de Ikfora-o
de Scythia est le nom de la martre-zibeline dans la même con-
trée. (V. C.)
^^-^> FOR
FORAS-L'BON (Mamm.), noui de l'hippopotame, dans lar-
Basse-Egypte, suivant Zerenghi. (F.C. )
FORBESfNx\(J5o/,), nom italien donné dans les environs de
Bologne, suivant Gesner, cité par C. Bauhin, au bidens tripar-
lita: Césalpin le nomme verhesina- Dodoens, hepaturium aqua-
êile et pseudo-hepatorium. (J.)
FORBICINE, Forbicina {Entom.) , nom d'un genre d'in-
sectes aptères à mâchoires, de la famille des séticaudes ou
nématoures , à corps aplati , à six pâtes, à antennes longue*
en soie, et à ventre ou abdomen distinct du corselet, ter-
miné par des soies alongées.
Ce nom de forbicine se trouve dans Aldrovande, de In-
sectis, lib. r, cap. Î5. D'après la figure , il convient a l'insecte
qui fait l'objet de cet article : aussi Geoffroy, qui a carac-
térisé le genre, a-t-il adopté le nom d'Aldrovandc , qui l'avoit
appelé ainsi pour indiquer ses rapports avec le perce-
oreille, en laun forficula. Quoique les forbicines soient ap-
tères, elles ne paroissent cependant pas éloignées, par l'or-
ganisation, les mœurs et les habitudes, des insectes de ce
dernier genre, ou plutôt des blattes et autres orthoptères.
Fabricius a donné aux forbicines de Geoffroy le nom de
lepisma.Ce nom indique l'une des particularités de ce genre,
donttoutes les espèces sonten effet couvertes de petites écailles
brillantes, comme celles des poissons, du mot grec Xivrtç,
écaille.
Les forbicines sont des insectes qui fuient la lumière, comme
les blattes; qui se retirent dans les lieux secs et obscurs, et
qui courent, pendant la nuit et dans le danger, avec une
grande vivacité. Cette célérité dans la fuite, et les écailles
nacrées dont la plupart des espèces sont couvertes , les ont fait
désigner sous le nom de petits poissons de terre par les enfans;
et , comme on les rencontre souvent dans les armoires où l'on
conserve le linge, les vcteaiens, les provisions, on leur a
aussi donné le nom de lingères.
Comme le remarque Geoffroy, ces insectes ont trois carac-,
tères essentiels, dont un seul suffiroit pour les distinguer de
tous les autres genres. Le premier de ces caractères consiste
dans la forme des pâtes qui sont larges et aplaties, surtout
a leur origine, et qui, de plus, à cet endrort de leur nais-
FOR .5;
sance dont elles s'écartent à angle droit , comme dans les
lézards, sont recouvertes de grandes etlargesplaquesminccs,
semblables à de grandes écailles, comme dans les biaties de
cuisines; une partie de la cuisse de l'insecte est cachée sous
ces écailles; et lorsqu'il replie les articulations de ses pâtes .
en les ramenant sous le corps, il peut les tenir presque en-
tièrement à couvert. Le second caractère des forbicines cou-'
siste dans les deux palpes alongés et très -mobiles, qui gar-
niv'^scnt la bouche de ces insectes. Enfin , le troisième et
dernier caractère dépend de la conformation de la queue ,
qui est garnie de trois longs filets , dont l'un, qui est celui
du milieu , est droit et dans la même direction que le corps.
Les deux latéraux peuvent rester et restent presque cons-
tamment dans une direction différente, et forment, avec le
corps et le filet du milieu , un angle presque droit. Outre
ces trois grands filets , les parties latérales du ventre de la
forbicine sont encore garnies d'une rangée de petits appen-
dices soyeux, articulés à leur base; l'animal s'en sert pour
s'appuyer sur le sol et courir plus rapidement.
On ne connoît pas encore le mode de réunion des sexes, et
on n'a pas observé les différences qu'ils présentent. Les œufs
passent probablement l'hiver; car on voit au printemps de
petits individus qui ne paroissent pas éprouver de véritable
métamorphose , mais seulement une mue , comme cela arrive
à la blatte des cuisines, qui ne prend jamais d'ailes.
Les espèces de ce genre sont les suivantes :
FoRBiciNB LiNGÈRE OU DU SUCRE ; Lepismu saccharina.
Aplatie, alongée, d'un gris argenté. Geoffroy, Insectes des
environs de Paris , tom. ii, pl. 20, fig. 3.
L'insecte est demi-cylindrique, d'un gris argenté, bleuâtre
ou blanchâtre, Linnfeus dit que cet insecte est originaire de
l'Amérique; qr.'on le trouve dans les habitations, dans les
meubles, et surtout avec le sucre; qu'il est venu en Europe
avec cette denrée, et qu'il s'y est propagé; qu'en 1770 à peine
avoit-il pénétré en Suède. De Villers croit que cet insecte ne
fait pas tort aux livres ; qu'au contraire il fait sa nourriture
principale des cirons, qui se développent dans la matière
amylacée cuite, et qu'on comme des psoques ou des poux da
3)ois,
^38 FOU
FoRBiciNE RL'BANNjéÈ ; Lcpisma vittata.
Grisâtre, à points noirs, très-irréguliers , et a cinq lignes Zon-
gitudinales blanches.
Cette espèce est devenue très-commune à Paris : on la trouve
le soir sur les murs élevés, exposés au midi ou au levant; elle
se retire de jour dans les fentes des murailles et dans les boi-
series qui garnissent et formentles croisées : elle atteintquatre
fois la longueur de la vulgaire.
FoaBiciNE rayée: Forbicina lineata.
Brune, avec deux lignes blanclies longitudinales, blanche en-
dessous.
De Villers l'a observée en Suisse.
M. Latreillea désigné, sous le nom de Machile (voyez ce
mot), des espèces de forbicines, entre au 1res la polypode, celle
que Geoffroy a nommée la sauteuse, parce qu'elle a le corps
cylindrique, et qu'elle saute à l'aide d'une sorte de fourche
qui se replie sous le ventre, à peu près comme da&s les po-
dures. Nous en avions fait le genre Lépisme, dans le tableau"
analytique de la famille des séticaudes , de la Zoologie analy-
tique. Pour éviter la confusion, nous adopterons le nom de
machile. (CD.)
FORELLE , FoHRE ( Ichlhjol.) , deux des noms allemands
de la truite. (H. C.)
FORELKRA ( Ichthyol. ) , un des noms norwégiens de la
truite. (H.C.)
FORESTIÈRE, Forestiera. {Bot.) Genre de plantes dicoty-
lédones, à fleurs incomplètes, dioiques-, de la famille des jas-
minées, de la dioécie diandrie de Liiinaeus , qui présente pour
caractère essentiel : Des fleurs dioïques: dans les fleurs mâles ,
un calice à quatre folioles lancéolées; point de coro.le; deux
ou trois étamines: dans les fleurs femelles, un calice à quiilre
folioles, deux opposées plus grandes; un ovaire supérieur,
pédicellé, contenant deux ovules; un style ; un stigmate en
tête, à deux lobes : le fruit est une baie drupacée , ordinai-
rement monosperme.
Ce genre a été établi par Michaux sousle nom d'flcZeZia; Will-
denow y a substitué celui de borja -. mais ces deux noms ayant
été déjà employés, le premier par Linnœus , le second par
M. de Labiilardière (voyez Adklie et Vincerole ; Borya) ,
FO R 2:-.c,
Torn. V, Suppl.) , j"al été forcé d'eu adopter un autre, que
j'ai consacré à la mémoire de mon estimable ami Forestier,
dont j'ai à regretter la perte presque récente. Il exerçoit la
médecine à Saint-Quentin-, il aimoit beaucoup la botanique,
et s'est toujours fait un plaisir d'en inspirer le goût et d'en
faciliter l'étude à ceux qui s'y livroient : c'est de lui que j'en
ai reçu les premières leçons, et je lui dois les momens bien
agréables employés à l'étude de cette aimable science. Ce
genre comprend des arbrisseaux à feuilles opposées, dont les
tlenrs sont fort petites, axillaires, agglomérées.
Forestière ACUMiNÉE: Forestiera acuminata , Poir. ,Encycl.Sup.
et m. Gen. Sup.Icon.; Adelia acuminata, Mich., Amer. ,2, tab. /,8 ;
Borja acuminata , Willd., Spec. Arbrisseau glabre sur toutes
ses parties, dont les tiges se divisent en rameaux étalés, par-
semés de points blancs , garnis de feuilles opposées, pétiolées ,
ovales -lancéolées, à peine denticulées, longues de deux ou
trois pouces : souvent de l'aisselle des feuilles sortent sous la
forme d'une longue épine, de petits rameaux nus ou feuilles.
Les fleurs sont dioïques-, les fleurs mâles sessiles; les femelles
longuement pédonculées , droites, réunies par fascicules dans
l'aisselle des feuilles. Il leur succède une baie ou plutôt un
drupe alongé, un peu arqué, terminé en forme de bec, ren-
fermant une semence oblongue, rétrécie à ses deux extrémités.
L'embryon est renfermé dans une substance épaisse, charnue,
un peu cornée. Cette plante croît sur les bords des rivières,
à la Caroline, et dans la Géorgie.
Forestière A feuilles de troène : Forestiera ligustrina, P»ir.,
Encycl. Sup.; AdelicuUgustrina, Mich. , 1. c. : Borja, "\Villd. , Spec,
Arbuste d'un aspect élégant, qui ressemble au troène par ses
feuilles et son port. Ses rameaux sont glabres, garnis de feuilles
glabres, opposées, pétiolées, un peu membraneuses, oblon-
gues-lancéolées, très- entières, aiguës au sommet , rétrécies à
leur base; les pétioles très-courts. Les fleurs sont axillaires,
fasciculées, accompagnées à leur base de quelques petites
écailles en forme de bractées. Les fruits sont courts et ovales.
Cet arbuste croît parmi les broussailles, au pays des Illinois
et à Tennassée.
Forestière poreuse : Forestiera porulosa , Poir., Encycl. Sup.;
J.deliaporulosa.Mich., I.c.;ifor^a., Willd. j5pec,Arbrisseaugarui
=4o FOR
de feuilles sessiles, coriaces, opposées, oblongu es -lancéolées
ou un peu ovales , glabres à leurs deux faces , obtuses au
sommet, réirécies vers leur base , vertes en dessus, presque
couleur de rouille en dessous, un peu roulées à leurs bords,
parsemées de pores transparens. Cette plante croît dans la
tioride , sur les bords de la mer.
Forestière A FEUILLES de cassine : Forestiera cassinoides , Poir.,
Encycl.Sup.; AàeliafoUis ovatis, etc.,Brown, Jam., 36 1, tab.56,
lig. 5; Lamk., III. gen. , tab. 83 1 , fig. i. Cette plante croît aux
Antilles. Elle a le port d'un cassine; ses rameaux sont glabres
et cendrés; ses feuilles opposées, pétiolées, coriaces, en ovale
alongé, entières, obtuses, roulées à leurs bords, glabres à leurs
deux faces, veinées et réticulées en dessous. Les fleurs sont
petites, dioïques, réunies dans l'aisselle des feuilles en petits
paquets pédoncules. (Poir.)
FORESTIERS. (Ornith,) Ce terme qui, dans la traduction
donnée par Sonnini de la seconde partie des Voyages de
M. d'x\zara dans l'Amérique méridionale , correspond aux
monteses de Fauteur espagnol, tom. i , p. 429 de son Orni-
thologie du Paraguay, ne saureit caractériser avec précision
aucune famille particulière; et M. d'Azara ne Fa employé
qu'à défaut d'une dénomination plus convenable, pour dési-
gner des oiseaux qui habitent constamment les bois épais et
fourrés, sans même se poser sur les branches sèches. Il leur
a trouvé des rapports avec les becs-en-poinçon ; mais leur bec
est plus pyramidal, comprimé sur les côtés et un peu courbé,
par où ils diffèrent surtout des derniers, qui Font tout-à-fait
droit. Les narines sont placées dans un enfoncement, et la
langue, dont la forme n'est indiquée que pour la première
espèce, est un peu grosse et étroite. L'auteur espagnol fait aussi
Fénuméretion d'autres particularités par lui observées ,■ et
qui, quoique d'une importance secondaire, lui paroissent
propres à mieux établir la séparation entre les becs-en-
poinçon et les forestiers. Ceux-ci ont le corps plus gros,
ainsi que la tête, dont le sommet , comme le dos, est moins
garni de plumes j les douze pennes caudales sont plus foibles,
plus longues, et ont Fextrémité un peu pointue; l'aile, éga-
lement pointue, est plus courte et moins forte; la plus longue
de ses dix-huit pennes est la quatrième} la janïbe, le tarse et
FOR
les doigts sont un peu plus longs; les mouvemens n'ont pas
autant de vivacité, et l'instinct paroît être doué de moins de
finesse. Ces oiseaux sédentaires ne se rassemblent que par
jjaires, et même peut-être point pendant l'année entière.
Ces caractères rapprochent les forestiers desfnngiUes; mais,
celles-ci ayant le bec droit, tandis qu'il est courbé chez les
autres, cette circonstance est suffisante pour les en séparer.
M. Vieillot leur a aussi trouvé de grands rapports avec ses
némosies ; mais ces derniers oiseaux ont, à l'extrémité de la
mandibule supérieure, une petite échancrure dont M. d'Azara
ne parle point, et ilseroit nécessaire d'avoir des détails plus
étendus pour former des forestiers un genre distinct. On se
bornera donc provisoirement à indiquer ici les cinq espèces
que M. d'Azara a décrites sous ce mot.
Le Forestier a tête dorée, Az. , n." i i3, est long de cinq
pouces et demi; sa queue est étagée -, il a la tête d'un beau
jaune, qui jette des reflets d'or jusqu'aux yeux; la gor<'e,
les côtés du corps et les plumes anales , sont d'un blanc doré;
le reste des parties inférieures est blanc, et les parties su-
périeures sont brunes. Le bec, d'un brun clair en dessus , est
d'un bleu de ciel en dessous ; l'iris est brun, et les tarses sont
plombés. Le naturaliste espagnol regarde comme la femelle
un individu dont les ailes avoient moins d'envergure, dont la
tête étoit d'un roux doré avec quelques taches plus vives, et
dont les autres parties étoient d'un brun jaunâtre, plus clair
en dessous. Ces oiseaux sautillent presque sans cesse à la
moitié des arbres touffus.
Le Forestier a tête écarlate , Az. , n." 1 1 4 , qui est très-rare
au Paraguay, et qui, suivant Sonnini, seroit le même que
l'oiseau figuré dans la Zoologie danoise , pi. 04 , n.° 284 , sous
le nom de mésange grise, couronnée d'écariate, parus griseus,
Gmel. et Lath. , n"a que cinq pouces deux lignes de longueur :
son bec , noirâtre en dessus et d'un bleu terreux eu dessous^
tst, ainsi que les yeux, entouré de noir; le reste de la tête e^t
d'un rouge écarlate. Les couvertures supérieures des ailes sont
noires, et les couvertures inférieures blanches. Leurs peniies
sont noirâtres, et le plumage est, sur les autres parties du
corps , d'un bleu d'ardoise plus clair en dessous.
Le Forestier vert a tètjï rousse, Az., h." 1^, est long de
1". iC
M2 FOR
six pouces. La penne exiérieurede la queue , de chaque c6té,
est de deux lignes et demieplus courte que les intermédiaires-,
1« bec, brun en dessus et blanchâtre en dessous, est presque
droit. Le sommet de la tête est roux; les côtés sont cendrés,
et le derrière du cou est verdàtre, ainsi que le dos; le devant
du cou , les ceuverturi-s des ailes et le bord des pennes sont
jaunes; la poitrine et le ventre sont d'un blanc roussàtre , et
les plumes anales offrent une teinte mélangée dejaune , de vert
et de blanc.
LeFonEsriER rouge et noirâtre, Az. , n.° 116, dont le ra-
mage est agréable, a cinq pouces et demi de longueur, et la
penne extérieure de la queue , de chaque côté , est plus
courte que les autres de quatre lignes. Le dessus de la tête,
ses côtés et le haut du cou, sont d'un noir bleuâtre; il y a
an-deftsus des yeux un trait blanchâtre ; un autre , de la même
coulèar, part du coin de la bouche, et un troisième, au-
dessous , est d'une teinie noirâtre; le bas du cou et la moitié
du dos sont d'un roux brun , et l'autre moitié est rougeàtre ,
ainsi que le croupion; les couvertures des ailes sont plombées,
■et les pennes alaires et caudales sont noirâtres , avec une bor-
dure rousse; l'extérieure de ces dernières pennes est terminée
par une tache blanche. La gorge et le devant du cou sont
d'un brun clair; le ventre est blanchâtre, et les plumes anales
sont d'un noirâtre brillant.
Le Forestier dohé et noirâtre, Az., n.° 1 17 , est de laméme
taille que le précédent. Le bec , noirâtre en dessus et blan-
châtre en dessous, est jaune à sa base, et la même couleur
s'étend sur les côtés de la tête €t les parties inférieures; une
portion de l'aile est de couleur d'or. L'oiseau a le dessus du
corps d'un vert sombre, raison pour laquelle, sans doute ,
M. Vieillot a substitué, à Tépithète de noirâtre, celle de ver-
dàtre, qui paroît en effet lui mieux convenir. M. d'Azarafait
mention d'un autre individu , moins long de trois lignes et
demie, dont le bec n'étoit pas comprimé, etdontles couleurs
présentoient quelque différence.
Trois chipius de l'auteur espagnol ont été réunis par
M. Vieillot aux forestiers , quoiqu'ils ne pénètrent point dans
les bois, dont ceux-ci ne quittent jamais les parties les plus
épaisses. Ce sont les chipius noir et rougeàtre , brun et roux,
FOR .43
noir et blanc, n.'" 142 , i45 et 144 des Oiseaux du Paraguay^
qui sont décrits sous le mot Chipiu , pag. 691 du tom. via" d^
ce Dictionnaire. (Ch. D.)
FORET {Conchyl.) , nom marchand d'une espèce de coquille
du genre Vis, le murex slrigillatus de Linnéeus. (DeB.)
FORFICULE, ou Perce-oreili.e, Forficula. {Entomol.) Lin-
naeus a désigné ainsi un genre d'insectes orthoptères, déjà
décrits par Mouffet sous ce nom latin et sous celui d'auricu-
laria, et qui paroît correspondre aux orsodacnes {opffoS'otx.v» ,
prêts à mordre) d'Aristote.
Ce genre est réellement tout-à-fait anomal ; aussi en avons-
nous formé une famille disfincte parmi les orthoptères, sous
ce même nom françois de perce-oreilles, ou labidoures, des
mots grecs XstCiç tS"oc, tenaille, et de oupa, queue. Il nous
paroît que le nom de perce-oreilles tient à la conformation
de l'extrémité du ventre, qui ressemble à une sorte de te-
nailles ou de petites pinces courbées dont se servoient
autrefois les orfèvres pour percer le lobe inférieur de l'oreille
et y introduire l'anneau des boucles d'oreilles. On nommoit ,
•en vieux françois, les forficules, aureilliez-perceaureiltes , oreil-
lières , auriculaires , et ce nom leur est resté; mais il a donné
lieu à beaucoup de préjugés. On a supposé que l'insecte, qui
fuit la lumière, et qui cherche les cavités étroites , s'intro-
duisoit pendant le sommeil dans le conduit auditif; qu'il y
perçoit le tympan , et qu'il pénétroit même jusqu'au cerveau ;
et le peuple en est encore persuadé. Linnaeus a dit de cet
insecte : Aures dormientium interdum intrans , spiritu frumenti
pelleada. De sorte qu'une proscription générale est étendue
sur cette race d'insectes, soit en raison des torts réels qu'elle
fait dans nos jardins, soit à cause de ceux dont on l'accuse
bien faussement.
Les perce-oreilles ont , pour la forme générale , quelques
rapports avec les staphylins : comme eux, ils sont alongés ,
avec la tête, le corselet et l'abdomen à peu près de même
largeur. Sous l'état parfait leurs élytrcs sont courtes , peu
«paisses et flexibles: mais elles sont voûtées, et elles re-
couvrent des ailes membraneuses presque aussi longues que
l'abdomen , qui se plient et se plissent admirablement, et qui
s'étendent rapidement, comme par un mouvement de ressort,
244 FOR
lorsque l'insecte fait agir les muscles, dont les tendons sont
logés dans une coulisse pratiquée au-dessous des nervures
^principales qui soutiennent une membrane d'une ténuité telle
que la lumière s'irise en la traversant. Ces ailes suffisent
cependant pour transporter l'insecte dans les airs. Les ner-
vures, au nombre de dix-huit, dont neuf plus courtes , repré-
sentent les touches des éventails; mais elles peuvent se couder,
sans perdre de la solidité dont elles ont besoin pour s'ap-
puyer sur l'air, et elles donnent ainsi à l'insecte la faculté de
voler ou plutôt d'être transporté par l'air k de grandes dis-
tances. La manière dont ces ailes membraneuses sont pliées
en travers, mais en présentant trois articulations , les rapproche
des coléoptères, qui n'ont qu'un coude, et les éloigne des
orthoptères, qui, comme ce nom l'indique, n'ont pas les
ailes coudées : cependant ce sont de véritables orthoptères,
par les métamorphuses qui sont incomplètes et qui ont leurs
nymphes motiles, ainsi que les larves qui, en apparence,
sont semblables à Tinsecte parfait, sauf les élytres.
La tête des forficuks est, en général, aplatie un peu
en cœur; mais la partie qui est en arrière , n'est pas échan-
crée i on n'y voit pas de stemmates : les antennes sont en
til , composées de treize articles, dont le premier est le
plus long , et le second le plus court; elles sont insérées laté-
ralement au-dessous des yeux, qui sontarrondis et à surlace
chagrinée. La bouche est composée d'une lèvre supérieure,
arrondie, appliquée sur des mandibules saillantes, pointues
et comme fourchues à leur extrémité libre. Les mâchoires
sont garnies en dehors d'une gaiète , comme dans tous les
orthoptères , avec un palpe de cinq articles alongés-, la lèvre
inférieure est divisée en deux, et ses palpes n'ont que trois
articulations. Le corselet est un peu plus étroit que la tête et
la poitrine; il est tronqué en avant, arrondi sur les côtés et
derrière; il ne supporte pas d'écusson, et il semble s'appli-
quer sur les élytres , comme dans les lampyres. Les pâtes sont
courtes , aplaties, à hanches arrondies : elles sont terminées
par trois articles, dont le premier est beaucoup plus long
que le second, qui offre deux petits lobes en dessous; le troi-
sième supporte deux crochets.
L'abdomen se termin« constamment par deux crochets ou
FOR 2.',=i
Lranches dans les deux sexes; ces crochets forment une pince
qui offre, dans la plupart des espèces, des différences chez
le mâle, où elles sont plus développées, autrement courbées,
et quelquefois conformées d'une manière toute particulière.
On trouve les forficules , sous leurs trois états, dans les jar-
dins et les potagers, où elles font de très-grands ravages, en
rongeant pendant la nuit les jeunes pousses, les fleui's et les
fruits des végétaux. Elles attaquent principalement les fruits
à noyaux et à pulpe molle et sucrée : elles sont la peste des
fleuristes, dont elles détruisent toutes les jouissances; les
œillets en sont particulièrement attaqués. On n'a trouvé
d'autres moyens jusqu'ici pour se débarrasser de ces fâcheux
insectes, que de leur procurer des retraites obscures et
sèches, dans lesquelles l'animal se retire pendant les heures
du jour pour s'abriter de la lumière et de la pluie. On se
sert pour cela de coquilles d'escargot et de sabot des pieds de
mouton et de cochon , dont on garnit l'extrémité libre des
tuteurs, ou de baguettes que Ton place au milieu des touffes
de plantes que les forficules attaquent. Ces insectes s'y re-
firent, et chaque matin on enlève ces retraites, on les jette
protnptement dans l'eau, et tous les animaux qu'elles recèliMit
ne tardent pas à périr submergés. C'est le meilleur moyen que
connoisscnt encore les jardiniers.
Mais, si les perce-oreilles sont nuisibles aux amateurs de
jardins, en cherchant à subvenir à leur existence, elles four-
nissent aux naturalistes des particularités de mœurs fort inté-
ressantes.
Degéer a observé leur reproduction. Il a vu que , dans la
réunion des sexes, qui dure des journées entières, les deux
individus se trouvoient opposés et sur une même ligne, les
pinces placées respectivement sur leur abdomen , celle de la
femelle entre celle du mâle. La femelle pond ses œufs dans les
lieux humides et obscurs, par tas, au-dessus desquels on la
voit constamment se tenir comme une poule sur ses œufs; et
si on les dérange, ou s'ils se trouvent dispersés, la mère les
recueille, en les soulevant et les transportant délicatement
avec les mandibules. Les petits qui en proviennent, vers le
mois de mai, sont d'abord blancs, mous, presque transpa-
rens. Les antennes sont beaucoup plus courtes , proportioiir-
=4«5 FOR
nément ; elles n'ont même alors que sept à huit articles. Elles
changent souvent de peau : aussi frouve-t-on , autour et dans
la retraite où elles vivent en famille, un gi-and nombre de dé-
pouilles hlanches transparentes; la mère ne quitte les larves
que quand elles peuvent subvenir complètement a leurs besoins.
Le genre des forficules est peu nombreux en espèces ; les
principales sont les suivantes :
FoRFicuLE GÉANTE, Forficula gigantea. Elle a près d'un pouce
de longueur. On a compté vingt-neuf articles cà ses antennes.
Sa couleur est d'un jaune pâle: les pinces sont presque droites,
denticulécs, noires à l'extrémité, et portant une dent obtuse
vers leur milieu interne. On la trouve dans le midi de l'Eu-
rope, en Italie.
FoRFicuLE OREiLLÈRE, Forficulu auriculariu. Ccst l'espèce la
plus commune, figurée par Degéer, tom. m, pi. 26 , f.° 16.
Elle n'a guère que six lignes de long : elle est brun-jaunàtre^
avec les pâtes pâles , les pinces arquées , simples et sans den-
telures, excepté à la base. C'est celle dont le développement
a été suivi avec le plus de soin.
FoRFicuLE BIPONCTUÉE, Forficiila hipunctata. Chaque élytre
porte d€ux taches plus pàks.
FoRFiCDLA PERALLÈLE, Forficulu parallela.'Nous avoxis fait figu-
rer cette espèce dans l'Atlas, dais la planche des orthoptères,
.'ivec les anomides : les élytres sont mal enluminées; elles ne
sont pas vertes, mais d'un jaune pâle.
FoRFicuLE NAINE, Forficula /nnzor. C'est une très-petite espèce
qui n'atteint guère que trois lignes. Elle est brune , plus for-
cée en avant : le dessous et les pafes sont pâles ; les pinces
sont droit{s, ou non arquées. Elle vole le soir, surtout sur
les bords des routes. Elle vient souvent se brûler Tété , en se
jetant la nuit autour des lumières de nos appartemens. (CD.)
FORGAA, Frœkohl [Bol.), noms égyptiens du jussiœa dif-
fusa de Forskal, qui est, selon Vahl, le jussicea. erecta de Lin-
naeus. (J.)
FORGERON. (Ichtliyol. ) On a donné ce nom à deux pois-
sons de genres différens. Voyez Dorée et Ephippus. ( H. C. )
FORGERON. [Ornith.) Turpin dit, dans son Histoire de
Siam, t. 1, p. 338, que les hal)itans de ce royaume donnent
ce nom à un oiseau qui se fait entendre la nuit, et dont Je
FOR 247
cri a du rapport a^c le bruit du fer battu sur l'enclume par
un forgeron. (Ch. D.)
FORGESIA (fiof.) Voyez Desforge et Defforgia. (Poitu)
FORKEERT {Ornith.) , un des noms danois de l'avocette ,
Teciirvirostra avoceltay Linn. (Ch. D.)
FORMEON. (Bot.) Adanson nomme ainsi Vandryala de
Linnaeus, genre de la famille des ehicoracées. (J.)
FORMIATES (Chim.) , combinaisons de l'acide formique
avec les bases salifiables. Voyez Formique [ Acide]. (Ch.)
FORMICA. (Entom.) C'est le nom latin du genre des four-
mis. (CD.)
FORMICA rCHNEUMQN.( Erafom.) If paroît que l'insecte
décrit sous le nom de fourmi rouge, à la Louisiane et à
Cayenne , et que Valmont de Bomare , d'après le docteur
Mauduyt, avoit cru se rapporter aux termites ou poux des
bois, est une espèce de mutille. (C. D.)
FORMICAIRES (Entom.) , l'un des noms sous lesquels nous
avons désigné la famille des hyménoptères, à ventre non sessile,
à antennes en fil et brisées, qui comprend les fourmis y- les
doryles et les mutilles. Voyez Myrmèges. (C. D.)
FORMICA-LEO. (Entom.) C'est le nom latin du fourmi-lion
(voyez Myrméléon), doat la larve dresse des embûches aux
fourmis , dont elle se nourrit, ( C. Di)
FORMICA -VULPES, se« Vermileo , Ver-Lion. { Entom.)
On a donné ce nom à la larve d'une espèce de rhagion . in-
secte diptère. Elle creuse un entonnoir dans le sable, comme
celle du fourmi-lion. (C. D.)
FORMICULA.- (Orn.i//i.) Les Napolitains nomment ainsi le
torcol , yunx torquilla , Linn. (Ch. D.)
FORMIGUE. lOrnith.) Le guêpier que, suivant Barrère,
Ornilhologiœ Spécimen, p.-47, les Catalans nomment ainsi, est
•ionmerops cinereus, correspondant au merops congener de Jonston
et de Linnaeus, et au guêpier à tête jaune de Brisson. (Ch.D.)
FORMIQUE [Acide], {chim.) Acide qui existe dans la
fourmi rouge.
Composi/iort,. d'après l'analyse de M. Berselius :
Oxigène 64,76
Carbone 62,40
Hydrogène. 2,84.
24» FOR
Préparation. On fait infuser les fourmis rouges dans trois
fois leur poids d'eau ; on distille l'infusion dans un alambic
d'argent ou dans une cornue de verre, et on arrête l'opéra-
tion dès qu'il se manifeste une odeur empyreumatique. Le
produit est de l'acide formique étendu dans beaucoup d'eau :
on le neutralise par l'eau de baryte ; on fait évaporer presque
à siccité. On verse le résidu dans une petite cornue de verre ,
tabulée à l'émeri, où il y a assez d'acide phosphorique étendu
pour dissoudre toute la baryte; on adapte un récipient à la
cornue, et on distille ensuite, à une douce chaleur : le pro-
duit est de l'acide formique.
Gehlen l'a préparé en neutralisant le produit de l'infusion
des fourmis par le sous-carbonate de cuivre -, faisant cristalliser
leformiate de cuivre-, endistillant 400 grammes de cristaux de
eeselavec environ 260 grammes d'acide sulfurique concentré,
il a obtenu 212 grammes d'acide formique pur.
Propriétés. Il est à l'état liquide ; on n'a pu le faire cristal-
liser, même en l'exposant à un froid artificiel : en cela il
diffère de l'acide acétique.
A 20 deg. sa densité est de 1,1168; celle de l'acide acétique
le plus concentré est de i,o3. Il a une saveur aigre.
Lorsqu'on le distille avec de l'alcool, il se produit un éther
qui a l'odeur des fleurs de pêcher.
Suersen a vu que des poids égaux d'acide formique et d'a-
fide acétique, ramenés tous deux à la densité de i,o525, neu-
iralisoient des quantités de
Arid. form. Acid.acét»
Sous-carbonate de potasse 336,8 465,1
chaux iG6,o 201
magnésie j 5o,o 2i5
Gehlen a observé que les formialcs de soude et de cuivre
étoient absolument différens des acétates des mêmes bases ;
le formiate de cuivre cristallise en prismes à six pans, d'un
vert bleuâtre. La densité de ces cristaux est de i,8i5; ce qui
diffère beaucoup de 1*914, qni e&t celle des cristaux d'acétate
de cuivre. Le formiate de cuivre pst plus soluble dans l'eau ,
et moins soluble dans l'alcool, que Tacétate.
Suivant M. Berzelius, le formiate de plomb contient, poiir
:co d'acide, •J'jS.i de base
FOU 3/,9
Nous avons puisé dans Thomson ce que nous venons de dire
de l'acide formiquc , et nous extrayons du même auteurce qu'il
dit des travaux auxquels cet acide a donné lieu. En 167 1 , Ray
publia des observations et des expériences de Nalse et Fisher
sur la liqueur acide des fourmis. En 1749, Margraff publia
un procédé pour extraire l'acide de la fourmi rouge. Les con-
clusions de Margraff furent confirmées en 1782, par Avridson
et Œhrn. Hersbstat, en 1784, dit avoir trouvé dans les fourmis
de l'acide malique avec l'acide formique. En 1795 , Richter
publia de nouvelles expériences, et donna un procédé pour
obtenir cet acide concentré. M. Deyeux fit observer que l'a-
cide formique avoit de l'analogie avec l'acide acétique. En
1802, MM. Fourcroy et Vauquelln prétendirent que l'acide
formique étoit un mélange d'acide acétique et d'acide malique.
Suersen, en i8o5, Gehlen, en 1812, réfutèrent l'expérience
des deux chimistes françois , par de nouvelles expériences
qui ne laissent aucun doute sur la nature différente des acides
formique et acétique. (Ch.)
FORNEUM. ( Bot. ) Adanson appelle ainsi le genre nommé
Eriophorus par Vaillant, etAndrjala par Linnaeus et tous les
botanistes modernes. ( H. Cass. )
FORNICION, Fornicium. (Bot.) [ Cinarocéphales , Juss.; Syn-
génésie polygamie égale, Linn.] Ce nouveau genre de plantes,
que nous avons établi dans la famille dessynanthérées, appar-
tient à notre tribu naturelle des carduinées.
Lacalathideest.incouronnée, équaliflore, multiflore , obrin-
gentiflore, androgyniflore : lepéricline, inférieur aux fleurs
et ovoïde, est formé de squames nombreuses, régulièrement
imbriquées, appliquées, oblongues, coriaces, surmontées d'un
appendice inappliqué , scarieux, roux, uninervé, très-entier,
cilié, à partie inférieure ovale-lancéolée, concave et infléchie,
à partie supérieure subulée, plane et réfléchie. Le clinanthe
est large, épais, charnu , planiuscule, garni de fimbrilles nom-
breuses , longues, inégales, libres, filiformes-laminées j les
ovaires sont oblongs,un peu comprimés, glabres et lisses j
leuraigrette est longue, composée de squamellules nombreuses,
inégales, plurisériées, libres, filiformes, un peu laminées, hé-
fisséesde barbes capillaires, médiocrement inégales, longues,
et irrégulièrement disposées. Les corollessont peu obringenlcs ^
mais ti'ès-urquées en delicrs ; les étamines ont le filet garni , sii
3 5(> Fon
lieu de poils, de très-petites papilles ; l'appendice apicilaire
de l'anthère est oblong, obtus au sommet ; les appendices-
basilaires courts 5 le style a ses branches libres en leur partie
supérieure.
FoRNiciON rhaponticoïde; Fornicium rkaponlicoides , H.Cass.,
Bull. Soc. philom. Juin iSig.C'est une plante herbacée, dont la
tige très-simple, haute de deux pieds, dressée, épaisse, cy-
lindrique, striée , pubescentc, est garnie de feuilles inférieu-
remenf , et presque nue supérieurement. Les feuilles sont d'une
substance ferme, munies de grosses nervures eu dessous, et
pulvérulentes sur les deux faces: les radicales ou primordiales
sont longuement pétiolées, elliptiques- aiguës , crénelées; les
caiilinaires sont alternes, et presque toutes sessiles^ semi-am-
plexicaules, à base un peu décurrente sur la tige ; les infé-
rieures longues de cinq pouces, comme pétiolées, à limbe
ovale-lancéolé, pinnatitide inlerieurement; les intermédiaires
sessiles, oblongues, aiguës au sommet, ui> peu étrécies en leur
partie moyenne, presque corJiformesàla base, qui est denti-
oulée ; les supérieures d'autant plus courtes qu'elles sont si-
tuées plus haut, sessiles, ovales-lancéolces-acuininées , un peu
denticulées inférieurement. Il n'y a qu'une seule calathide ,
qui est très-grosse, située sur le sommet dilaté de la tige, et
composée de fleurs à corolle purpurine.
Nous avons observé cette belle plante au Jardin du Roi, où
elle est cultivée depuis îong^temps sous le faux nom de cen-
taurea rhapontica , et où elle fleurit au mois de mai. Elle cons-
titue un genre immédiatement voisin du Rhaponticum et sur-
tout du Leuzea, mais bien distinct du premier par le péricline
et par l'aigrette, et suffisamment distinct du second par le pé-
ricline. ( H. Cass.)
FORRESTIA. (Bot.) Le genre publié sous ce nom par
Schweack, paroît congénère du ceanothus, dont il ne diffère
que par un style divisé plus profondément en trois. (J.)
FORREYCH {Bot.), un d«s noms égyptiens de Yheliotropium
lineatum deYahl, que M. Delile a trouvé en abondance autour
des Pyramides. On le nomme aussi ragkleh et netech, ou, suivant
Forskal. roç^hlœ et nœtœfi. (J.)
FORSKALE . Juss. ; Forskatea , Linn. ( Bot. ) Genre de
plantes dicotylédones, à fleurs incompîè(rs , monoïques j de
FOR ^5i.
la famille des iirticées, de la monoécie monandrte de Linnœus,
offrant pour caractère essentiel: Un involucre lanugineux, à
cinq ou six folioles, renfermant plusieurs fleurs entourées de
laine, environ sept à dix fleurs mâles à la circonférence,
trois à cinq femelles dans le centre. Dans les fleurs mâles,
un calice tubulé , en forme d'écaillé , le limbe entier ou denté ,
garni d'un tissu laineux qui en joint les bords-, point de co-
rolle: une étamine insérée au fond du calice; le filament et
l'anthère élastiques : dans les fleurs femelles, une laine car-
dée, qui tient lieu de calice et environne le pistil; un ovaire
supérieur, surmonté d'un style simple et d'un stigmate la-
nugineux comprimé. Le fruit consiste en une semence ovale,
laineuse; l'embryon droit, dépourvu de périsperme.
Ce genre comprend des herbes à feuilles simples, rudes, un
peu piquantes et alternes, à fleurs fort petites et axillaires,
remarquables par la quantité de poils roides qui rendent
toutes leurs parties rudes , hispides, très-accrochantes.
FoRSKALE A URGES FEUILLES : Forskalca tetiacissima , Linn.;
Lamk., III. gen. , tab. 388 , fig. i ; Jacq. , Hort. , tab. 48 ; Pluk.,
^/mflg-.,tab.2 7 5, fig.6; Caidbeia adhœrens , Forsk., jEgjpt., 88.
Cette plante croît en larges touffes , hautes d'un à deux pieds.
Ses tiges sont rougeâtres, diffuses, hispides, très-rameuses j
les feuilles nombreuses, alternes, pétiolées , presque pvales,
dentées en scie à leur partie supérieure, hispides en dessus ^
un peu cotonneuses et blanchâtres en dessous. Les fleurs sont
axillaires, réunies en paquets sessiles, lanugineux. Cette plante
croit dans l'Arabie, la Numidie. Le forskalea candida du cap
de Bonne-Espérance ne paroît différer de la précédente que
par sa tige un peu ligneuse à sa partie inférieure. Ses feuilles
sont ovales-lancéolées, bordées de quatre à six dents : les fleurs
semblables à celles de la première espèce, mais plus petites j
les divisions du calice ovales , obtuses.
l'oRSKAi.E A FEUILLES ÉTROITES : Forskalca augustifoUa , Linn.;
Murrai, Comm. Gcttt. , 1784, Icon. ; Lamk. , lU.gen., tab.388y
fig. 2. Plante herbacée, à tige droite, rougeâtre , un peu
grêle, haute d'un pied et plus, chargée de poils blancs très-
courts. Les feuilles sont étroites, lancéolées, distantes, vertes
et un peu rudes tant en dessus qu'en dessous, hispides et ci-
liées en leurs bords et sur les pétioles, bordées de chaque côté
^i2 ror^
de quatre à cinq dents ; les paquets de fleurs axîUaîres , tres"-
Jaineux. Cette plante croît dans l'Afrique. (Poir.)
FORSTERA. (Bot.) Trois genres ont reçu ce nom qui rappelle
la mémoire des deux Forster, botanistes, compagnons du cé-
lèbre Cook dans son second voyage , et surtout du fils, auteur
de l'ouvrage sur les genres et espèces recueillis dans le cours
de cette navigation. Linnaeus fils donna le premier à un de»
genres de cette collection, le nom de forstera, qui a dû lui
rester. Scopoli voulut le substituer à celui de hrejnia, donné
par Forster lui-même à un autre de ses genres ; et Gaertner,
par inadvertance, l'a gravé sur la planche, où il a repré-
senté un fruit qu'il nomme athecia dans le texte. (J.)
FORSTÈRE, Fors tem. (Bot.) Genre déplantes dicotylédones ,
à fleurs complètes , monopétalées, régulières, dont la famille
naturelle n'est pas encore déterminée, appartenant à la g-/nan-
drie diandrie de Linnaeus, offrant pour caractère essentiel: Un
calice double, l'extérieur infère, à trois folioles latérales;
l'intérieur supère, d'une seule pièce, à six divisions; une
corolle monopétale, supère, campanulée, tubu[ée;le tube
de la longueur du calice, le limbe à six découpures égales :
deux écailles pétaliformes, attachées sur le style au-dessous du
stigmate; deux étamines;les filamens très-courts, insérés sur
le style; les anthères opposées, placées sous le stigmate; un
ovaire infère; le style cylindrique, terminé par deux stig-
mates un peu barbus. Le fruit est une capsule ovale, aune
loge , contenant des semences nombreuses , fort petites, atta-
chées à un réceptacle central.
FoRSTKRE A FEUILLES d'orpin : Forsteva sedifolia, Forst. , Act.
Vps.f vol. 3 , pag. 184, tab. 9; Linn. fils, Suppl. , 407. Petite
plante à tige herbacée , couchée à sa partie inférieure , puis
ascendante, un peu rameuse, haute de quatre à cinq pouces,
garnie de feuilles nombreuses , petites, presque imbriquées,
surtout les supérieures , ovales, sessiles , un peu aiguës , lisses ,
charnues, entières, un peu réfléchies à leur sommet; les
inférieures moins rapprochées. Les fleurs terminales , soli-
taires-, les pédoncules rougeàtres , alongés , filiformes, uni-
ilores, rarement biflores ; le calice double-, la corolle blanche
ffu couleur de chair , rouge en dedans . longue d'environ neuf
lignes; le tube de la longueur du c.ilice ; le limbe parfaire en
FOR 2^0
SIX découpures oblongues, égales, obtuses, ouvertes à leur
sommet. Cette plante croît dans la Nouvelle-Zélande , sur le
sommet des hautes montagnes.
FoasTÈRE A FEUILLES DE BîOussE : Forsteru musoifoLia, "Willd.,
Spec. } Phj'llachne uliginosa, Forst. , Gen. , tab. 58; Lamk. , lU.
gen. , tab. 741 ; Swartz, in Schrad. Diar. Bot., 1799, pag. 27J,
tab. 1. Cette petite plante, d'un aspect fort agréable, croit
en touffes gazonneuses, et présente le port d'une mousse,
particuliérementdu polytric commun. Ses racinessontcourtes,
fibreuses; elles produisent un grand nombre de tiges prolifères,
très-serrées, un peu rameuses, couvertes de feuilles nom-
breuses , imbriquées , sessiles , subulées , cartilagineuses et un
peu crénelées à leurs bords. Les fleurs sont fort petites, ses-
siles, terminales, monoïques; leur calice composé de trois
folioles droites, subulées; la corolle monopétale; le tube
élargi à son orifice , étalé en un limbe à cinq ou six divi-
sions presque lancéolées , obtuses , de la longueur du
tube. Dans les fleurs femelles , l'ovaire inférieur, turbine,
surmonté d'un style de la longueur de l'étamine , muni d'un
stigmate tétragone , à quatre tubercules : il lui succède une
capsule uniloculaire , polysperme ; les semences très-petites.
Cette plante croît à la Terre de Feu. (Poir.)
FORSTU-SVALE ( Ornith.), nom danois de l'hirondelle de
cheminée, hirundo rustica, Linn. (Ch. D.)
FORSYTHIA. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à
fleurs complètes, monopétalées, de la famille des jasminées ,
de la diandrie monogynie de Linnasus, offrant pour caractère
essentiel : Un calice à quatre découpures; une corolle cam-
panulée, à quatre divisions profondes; le tube presque nul;
deux étamifies ; un ovaire supérieur; un style; un stigmate ea
tête, à deux lobes : fruit inconnu.
Ce genre avoit d'abord été rapporté aux lilas (sjringaj
Linn.) par Thunberg : la forme de sa corolle paroissoit de-
voir l'exclure de ce genre, quoique le fruit n'ait point été
observé. Cette réforme a été établie par Vahl. Waltherius,
dans sa Flore de la Caroline, avoit présenté sous le même
nom, et comme genre nouveau, une plante qui appartient
évidemment au decumaria de Linnasus.
Forsythia bu Japon : Forsythia perpen$aj Vahl, Enum.j 1 j
254 FUS
pag. 3o9 j Sjringa suspensa, Thunb. , F/. Jap., 19, tab, 3 ; Ken-
gio, Kasmpf. , ^m^re e-iof. , pag. 907. Petit arbuste rameux ,
courbé à son sommet, hérissé de petits tubercules épars. Ses
rameaux sont distans , opposés , divergens , glabres , tétragones ,
garnis de feuilles pétiolées, ovales, dentées, les unes simples,
les autres composées de trois folioles sortant plusieurs en-
semble du même bourgeon. Les fleurs sont jaunes, pédon-
culées, disposées en grappes très-làches, simples et pendantes.
Leur calice est petit, à quatre découpures-, la corolle campa-
nulée, presque sans tube; son limbe partagé au-delà de la
moitié en quatre découpures ovales, obtuses; deux étamines
plus courtes que la corolle ; un ovaire supérieur, glabre ,
ovale; le style de la longueur du calice, surmonté d'un stig-
mate en tête et à deux lobes. Les fleurs s'épanouissent avant ie
développement des feuilles. Cette plante croit au Japon. (Poia.)
FORTALITIA. {Foss.) Klein a donné ce nom aux pointes
d'oursins fossiles, droites et cylindriques, qui présentent une
petite cavité à leur base. (D. F. )
FORTERESSE (ConchjL), nom vulgaire de \a patella gra-
nalina , Linn. (De B. )
FORTKAIL. ( Ichthj'ol. ) En Ecosse , on donne ce nom aux
saumons de quatre ans. ( H. C. )
FORZANA. {Ornith.) On donne, à Venise, ce nom et celui
de porzana au râle d'eau, rallus aquaticus, Linn. La marouette
ou petit râle d'eau, à laquelle cette dénomination sembleroit
plus applicable, puisque c'est le rallus porzana des auteurs,
est le porzana minore des Italiens, qui paroissent au surplus
confondre, sous la dénomination générale de porzana, les
râles et les poules d'eau. (Ch. D.)
FOSEI, FuDsiNA {Bot.), noms japonois du pissenlit, taraxa-
cum officinale. (J.)
FOSO {Bot.), nom japonois, suivant M. Thunberg , de son
erigeron japonicum. (J.)
FOSS A ou FossANE {Mamm.) , nom donné à Madagascar à
iine espèce du genre Genette , viverra fossa , Gmel. Voyez
Genette. (F. C.)
FOSSAR {Concliyl.), dénomination donnée par Adanson à
une espèce de natice ; c'est F^ic/jj: amiigua de Gmelin. (De B.)
•! FOSSEFALD. {Ornith.) X^'oisejiu que, suivant Pontoppidan,
FOS 255
t. 2, p. 73, on appelle ainsi en Norvvége, est la lavandière j
motacilla alba,Linn.; et Muller, Zoologice. danicœ Prodromus^
n.° 256 , dit que dans le même pays fosse -kold est un des
noms du cincle, sturnas cinclus, Linn., et turdus cinclus ^ Lath.
(Ch. D.)
FOSSELINIA. (Bof.) Allioni nomme ainsi le jonthlaspi c]e
Touruefort et Adanson , cljpeola jonthlaspi de Linnaeus , dil-
férant du clypeola maritima par ses fleurs jaunes et par ses
deux courtes étamines, appendiculées à leur base. Mais, si
Arduini et M. de Lamarck ont raison de rétablir, avec Tour-
nefort, les clypeola maritima et tomentosa dansle ^enre Alfssum^
le nom d'Allioni pourroit être adopté pour ie jonthlas[)i. (J.)
FOSSET. {Mamm.) Flacourt rapporte ce nom madécasse ,
comme étant celui d'un marsouin. (F. C.)
FOSSEITTE (Avicept.), piège destiné à prendre les merles
et les griv^es, et qui consiste à pratiquer une petite fosse, large
de cinq pouces et longue de huit, dont le fond se garnit de
baies ou de vers de terre attachés ensemble, et que l'on re-
couvre d'une tuile soulevée par un petit bâton, de manière
que l'oiseau ne puisse parvenir à l'appât sans la faire tomber
sur le trou, dans lequel il se trouve enfermé. (Ch.D.)
FOSSILE {Ichthyol.) , nom d'un poisson du genre RTis-
cuRNE. Voyez ce mot. (H. C. )
FOSSILES. (Foss.) Quoiqu'on ait quelquefois désigné sous
ce nom toutes les substances qui se trouvent dans le sein
de la terre, il ne sera question dans cet article que des corps
qui ont appartenu à des êtres qui ozit vécu à différentes épo-
ques tellement éloignées, que nous n'avons aucunes données
pour en connoître l'ancienneté ; mais tout porte à croire
qu'elles sont antérieures à l'existence du genre humain.
L'on voit, par l'inspection des différentes couches qui ren-
ferment des fossiles, qu'elles se présentent en général dans
«n ordre constant, et que la mer dont toute la terre paroit
avoir été couverte, après avoir séjourné dans les lieux où
elle a eu la faculté, pendant un temps, de rassembler cer-
taines substances, et d'entretenir la vie de certains genres et
de certaines espèces d'animaux , a été remplacée par une
autre mer, qui a rassemblé d'autres substances et nourri
(^'autres animaux.
L'on pourroit croire que les terrains primitifs, où l'on ne
rencontre aucuns corps organisés , ont été formés tous en-
semble-, mais l'étude des fossiles a démontré clairement que
dans la formation du terrain qui les recouvre, il y a eu des
<^poques différentes, pendant chacune desquelles il a existé des
animaux différens de ceux qui existoient à d'autres époques ,
<'t presque de tous ceux qui existent aujourd'hui, ou du moins
de tous ceux qui sont connus.
Les causes qui ont produit les montagnes, ont pu déranger
Tordre établi dans les couches des pays qui en sont voisins;
mais dans les pays unis on voit qu'elles se sont formées par un
long séjour de la mer, et sans bouleversement , comme se
forment aujourd'hui les dépôts qui tapissent le fond des mers.
On trouve quelquefois des végétaux, ou d'autres corps fos-
siles, à trois ou quatre mille pieds de profondeur, et même
au-dessous de la mer, comme dans les houi'léres de White-
Haven, dans lesquelles Franklin est descendu. On rencontre
dans toutes les parties du monde des produits de la mer à
l'état fossile; on en trouve à de très-grandes hauteurs sur des
montagnes qui en sont très-éloignées. Ils sont si nombreux
dans certains endroits, qu'ils constituent à eux seuls la masse
du sol dans de très-grandes étendues. L'ignorance avoit sou-
tenu autrefois que ces restes de corps organisés étoient de simples
jeux de la nature, conçus dans le sein de la terre par ses
forces créatrices; mais l'examen approfondi de leurs formes,
de leur composition, a démontré qu'il n"y a aucune différence
de contexture entre ces corps et ceux que la mer nourrit au-
jourd'hui.
Les genres des corps marins que l'on trouve dans les plus
anciennes couches, ne paroissent pas être aussi nombreux
que dans les couches plus nouvelles ; et l'on a remarqué que
-îes corps organisés fossiles de toute espèce diffèrent d'autant
plus de ceux qui existent vivans aujourd'hui, que les couches
où on les trouve sont plus anciennes. Celles-ci, auxquelles on
a donné le nom de terrains de transition , reposent sur le gra-
nité ou sur les autres substances primitives dans lesquelles on
ne rencontre jamais de corps organisés. Elles présentent les
grandes orthocératites, les crustacés si singuliers auxquels on
a donné les noms de tribolites. de calymènes, d'ogygies 5 les
FOS .57
encrinites, les espèces si multipliées Je cornes d'ammon de
térébratules ; les bélemiiites, les trigonies, quelques espèces
d'oursins, lesgryphiles et d'autres genres dont un grand nombre
ne se retrouve plus dans les couches moins anciennes. Les té-
rébratules se trouvent dans les couches anciennes, dans les
craies qui sont au-dessus , dans le calcaire coquillier qui les
recouvre, .et à l'état vivant; mais j'ai cru remarquer que le
nombre des espèces et même des individus de ce genre, di-
minuoit en raison inverse de l'ancienneté du temps où elles
vivoient.
Les couches à cornes d'ammon ne se présentent pas dans
les environs de Paris; si elles s'y trouvent, elles sont cou-
vertes par un banc de craie si puissant qu'on n'a pu aller
au-delà. En s'éloignant du département de la Seine, on ne
commence à apercevoir ces anciennes couches que dans ceux
de l'Eure, d'Eure-et-Loir, de la Seine-Inférieure, des Ar-
dennes, de la Meuse, de la Haute-Marne et de l'Yonne.
L'étude des corps marins fossiles n'étant suivie attentive-
ment que depuis peu de temps, et cette étude présentant des
difficultés beaucoup plus grandes que celle de ces mêmes corps
à l'état frais , on est loin d'avoir découvert une aussi grande
quantité des premiers que des autres; mais je soupçonne que
le nombre des espèces anciennes qui ont pu se conserver
dans la terre, pourra égaler celui d'espèces à peu près ana-
logues qui vivent aujourd'hui. Il pourra peut-être le surpas-
ser, attendu que ces dernières n'appartiennent qu'à l'époque
où nous nous trouvons, tandis que les fossiles dépendent de
plusieurs époques qui ont fourni des êtres différens.
Il est rare que Ton rencontre à l'état fossile des espèces qui
aient des analogues parfaitement semblables, à l'état vivant,
et, comme il a été dit dans cet ouvrage, à l'article Coquilles
rossiLES, on ne connoît presque d'exception à cet égard que
pour les fossiles que l'on rencontre dans les collines basses
de l'Apennin , dont on retrouve un assez grand nombre à
l'état vivant dans la Méditerranée qui en est voisine; mais il
est très-remarquable que dans cette mer il existe un grand
ïiombre de mollusques et de polypiers, dont quelques uns,
comme le corail, sont très-communs, et qu'on' ne retrouve
point à l'état fossile 5 comme aussi on trouve dans l'Apenni»
17. ir
258 FOS
des espèces fossiles qu'on ne rencontre point à l'état vivant.
On ne doit cependant pas être étonné de rencontrer si ra-
rement des analogues parfaitement semblables, quand on voit
fort souvent que dans les mêmes couches ou dans la mer, les
mêmes espèces ne sont pas parfaitement semblables lorsqu'elles
ont vécu dans des contrées différentes.
Les dépouilles des mollusques et des zoophytes sont incom-
parablement plus multipliées que les autres fossiles ; les couches
où on les trouve sont quelquefois changées en pierre calcaire.
On les rencontre dans le falun , dans les marnes, dans les
glaises et dans les grès. Des coquilles à peu près semblables à
celles de nos marais et de nos ruisseaux se trouvent dans les
couches les plus nouvelles.
Entre les couches qui sont composées de corps marins fos-
siles, on en rencontre qui contiennent des productions ter-
restres animales ou végétales, et qui prouvent le séjour et le
retour, à plusieurs époques, des eaux de la mer et des eaux
douces, et même , entre ces époques, l'absence , pendant un
temps, des unes et des autres, puisque certaines espèces
d'animaux terrestres , dont on retrouve les débris , paroissent
y avoir vécu.
La présence, dans les glaces du Nord, des cadavres d'élé-
phans et de rhinocéros avec leur chair et leur poil, prouve-
roit que la retraite des eaux, à l'époque de leur destruc-
tion , auroit été prompte. Elle suppose aussi un changement
subit dans la température de ces contrées; car ces cadavres
se sont trouvés déposés dans des lieux où ils ne pourroient
être introduits aujourd'hui, puisqu'ils sont glacés, et qu'il
fallut plusieurs années pour approcher de l'éléphant qui fut
découvert en lygg.parunTungus, dans un morceau de glace.
Si les eaux se fussent retirées lentement, toute la surface
de la terre que la mer a abandonnée auroit été rivage ; tout
porteroit la trace des eaux, comme aujourd'hui sur les bords
de la mer ; on trouveroit d'anciennes falaises partout où il
y a des élévations; les coquilles fossiles abandonnées seroient
frustes, comme celles que l'on trouve sur les rivages : et on
ne remarque rien de tout cela. On trouve beaucoup de co-
quilles fossiles qui sont brisées , mais non usées; leurs angles
ne sont point émoussés ; et je ne trouve d'exception à cet égard,.
FOS 25^
pour celles de la France , de l'Italie, de l'Angleterre et de
l'Amérique septentrionale, que j'ai eu occasion d'examiner,
que les faluns de la Touraine , qui ressemblent en tout au
sable coquillier des rivages de la mer. Les coquilles qu'on y
trouve sont presque toutes brisées; leurs angles sont émoussés,
et les univalves ont souvent, dans leur ouverture, des pierres
ou d'autres coquilles qu'on en retire difficilement, comme il
arrive seulement à celles que l'on ramasse sur les bords de la
mer. On y trouve même des hélices terrestres d'une espèce
inconnue dans le pays , qui sont remplies de débris de poly-
piers et de coquilles marines. Il y a tout lieu de croire que le
terrain de la Touraine où l'on trouve le falun, étoit exposé à
être battu par les vagues de la mer qui couvroit les lieux de
la France où l'on trouve la couche du calcaire coquillier gros-
sier, avec lequel le falun de la Touraine a les plus grands
rapports.
On rencontre des poissons fossiles dans les couches marines
anciennes , ainsi que dans les nouvelles. Il en est de même
des crustacés qui les accompagnent souvent. Il y a lieu de
croire qu'une révolution prompte , comme celle occasionée
par un volcan , aura saisi ceux qu'on trouve en grande abon-
dance dans certaines localités On rencontre souvent des dé-
bris de poissons osseux ; mais on ne retrouve , du squelette
des poissons 'Cartilagineux, que des vertèbres et des dents de
squales. Le calcaire coquillier grossier, ainsi que les couches
plus nouvelles, contiennent une grande quantité de débris
de pinces de crustacés , et des os de l'oreille de différentes
espèces de poissons.
Les débris d'animaux terrestres que Ton trouve à l'état fos-
sile, mais rarement pétrifiés, consistent en ossemens, en bois
appartenant à des espèces du genre du cerf, et en dents ;
mais on ne trouve point de cornes de sabots, de becs, ni
d'ongles.
Les quadrupèdes ovipares, tels que les crocodiles de Hon-
fleur et d'Angleterre , les monitors de Thuringe, se sont
trouvés dans de très-anciennes couches. Les sauriens et les
tortues de Maestricht se sont rencontrés dans la formatioa
crayeuse qui est plus nouvelle ; on trouve des os de lamentina
et de phoques dans un calcaire coquillier grossier, qui paroî^
*7«
2^0 FOS
être analogue à celui qui recouvre la craie dans les environs
de Paris; mais, d'après les observations de M. Cuvier, auquel
on doit tant de belles découvertes sur les ossemens fossiles,
jusque-là on ne rencontre aucuns os de mammifères terrestres.
C'est à partir de cette époque, et dans des temps moins an-
ciens, que, dans les terrains qui sont déposés au-dessus de
cette formation, on en a trouvé. Ce savant a observé qu'il y
a une succession très-remarquable entre les espèces. Les débris
des genres inconnus aujourd'hui , d'anoplotheriums,depalœo-
theriums trouvés dans le terrain de formation d'eau douce ,
se présentent les premiers au-dessus du calcaire coquillier. On
trouve aussi avec eux quelques espèces perdues de genres
connus, des quadrupèdes ovipares et des poissons. Les lits où
on les trouve sont recouverts par des lits remplis de produc-
tions marines fossiles.
Les éiéphaiis, les rhinocéros, les hippopotames et les mas-
todontes fossiles ne se trouvent point avec ces genres plus
anciens. On ne les trouve jamais que dans les terrains de
transport, tantôt avec des productions marines, tantôt avec
des •coquilles d'eau douce, mais jamais dans des bancs pier-
reux réguliers. Les espèces de ces animaux, comme tout ce
qui se trouve avec elles, sont inconnues aujourd'hui, ou au
moins douteuses, et ce n'est que dans les derniers dépôts d'al-
luvion qui' l'on rencontre les ossemens d'espèces qui paroisseut
semblables à celles qui existent aujourd'hui.
Parmi les choses étonnantes que présente l'étude des fos-
siles, on doit ranger les brèches osseuses , qui, quoique éloi-
gnées de plusieurs centaines de lieues les unes des autres,
présentent des particularités analogues entre elles. Des rochers
épars. formés de la même pierre, sont fendus en différens
sens ; leurs tissures sont remplies d'une concrétion calcaire
d'un rouge de rouille à cassure terreuse, fort dure, renfer-
mant (les os mêlés avec des coquilles de limaçons terrestres.
Ces os, qui ne sont pas pétrifiés, ont été presque tous brisés
avant d'être incrustés. On trouve des brèches osseuses dans le
rocher de Gibraltar, à Cette, à Nice, à Antibes , en Corse,
en Dalmatie et dans l'île de Cérigo ; des dépôts à peu près
semblables se trouvent à Concud, près deTerruel en Aragon,
dans le Vicentiu et dans le Véronnois,
FOS s6i
Dans le rocher de Gibraltar on trouve les os d'un ruminant ,
que M. Cuvier a cru devoir appartenir au genre des anti-
lopes, et des dents d'une espèce du genre des lièvres.
On trouve dans le dépôt de Cette des ossemens de lapins de
la taille et de la forme de ceux d'aujourd'hui ,- d'autres , du
même genre , d'un tiers plus petits ; de rongeurs semblables au
campagnol ; d'oiseaux de la taille de la bergeronnette, et de
couleuvres.
Dans les brèches osseuses de Nice et d'Antibes , on trouve
des os de chevaux ou de ruminans , et des dents de ces der-
niers , d'espèces de la taille du cerf.
Les brèches de Corse renferment des débris de lagomys ,
qui ne vit que dans la Sibérie et d'ossemens d'un rongeur
qui ressemble parfaitement au rat d'eau , excepté qu'il est
plus petit.
On trouve dans celles de Dalmatie des os de ruminans de
la taille du daim.
Dans l'ile de Cérigo on trouve des os parmi lesquels Spaï-
lanzani avoit cru reconnoître des os humains , mêlés avec des
os de quadrupèdes dont il n'a pu reconnoître le genre ; mais , .
d'après ce qu'en dit lui-même ce savant, rien n'est moins
prouvé que l'existence d'ossemens humains dans ce dépôt.
Dans celui de Concud, on a trouvé des os d'ânes et de bœufs
semblables à ceux d'aujourd'hui, et de moutons de très-petite
taille.
Dans le Vicentin et dans le Véronnoîs , on a trouvé des bois
et des ossemens de cerfs, de bœufs et d'éléphans. Une défense
de ces derniers devoit avoiraumoins douze pieds delongueur.
Les carrières à plâtre des environs de Paris présentent des
squelettes de^ genres inconnus à l'état vivant d'anoplothe-
riums, de palœothcriums, des ossemens d'un animal voisia
des sarigues, de quatre espèces de carnassiers et d'oiseaux,
des débris de tbrtu*es et de poissons.
Les terrains meubles présentent des ossemens, des dents et
des défenses d'éléphans mêlés avec des os de chevaux dans
presque tous les pays, de mastodontes dans l'Amérique , dans
la petite Tartarie , en Sibérie, en France, en Italie; de rhi-
nocéros en France, en Angleterre, en Italie, en Allemagne
et en SiJ>érie ; d'hippopotames, près de Montpellier et e«
a62 FOS
Italie ; d'une petite espèce de cerf à bois grêle , près d'E-
tampes; d'un animal ressemblant au tapir, dans le midi de
la France ; d'une espèce d'élan, dont le bois a plus de neuf
pieds d'envergure, en Irlande, en Angleterre; de bœufs
musqués qui vivent aux Indes, dans la Sibérie ; de daims
d'une espèce inconnue, en Scanie; d'hyènes, près d'Eichstadt;
de baleines dans le Plaisantin, et du très -grand animal du
genre des paresseux, auquel on a donné le nom de megathe-
rium , et dont l'espèce n'est point connue à l'état vivant, près
de Buenos-Ayres.
Dans les tourbières du département de la Somme , on a
trouvé des débris d'aurochs, de bœufs qui surpassent beau-
coup en grandeur celle de nos bœufs domestiques , de castors,
de cerfs, dont les espèces sont inconnues; de chevaux, de
chevreuils et de sangliers.
Les cavernes d'Allemagne et de Hongrie présentent un
phénomène bien étonnant par les débris d'animaux fossiles
qu'on y trouve , et par la ressemblance qu'elles ont entre
elles. La plus anciennement célèbre est celle de Bauman ,
près de la ville de Brunswick. Nous en donnerons la des-
cription , d'après l'ouvrage de M. Cuvier sur les Ossemens
fossiles , tome 4, quatrième partie, premier Mémoire , pag. 2.
« L'entrée regarde le nord, mais la direction totale est
«d'orient en occident. Elle est fort étroite, quoique percée
« sous une voûte naturelle assez ample. On n'y pénètre qu'en
« rampant. La première grotte est la plus grande : de là,
« dans la seconde, il faut descendre dans un nouveau cou-
« loir, d'abord en rampant, et ensuite avec une échelle. La
« différence de niveau est de trente pieds, La seconde grotte
« est la plus riche en stalactites de toutes les formes. Le pas-
« sage à la troisième grotte est d'abord le plus pénible de
« tous; il faut y grimper avec les pieds et les mains ; mais il
-< s'élargit ensuite, et les stalactites de ses parois sont celles
« où l'imagination des curieux a prétendu voir les figures les
« plus caractérisées. Il a deux dilatations latérales, dont la
<f carte des Acta Erud. fait la troisième et la quatrième grotte.
« A son extrémité on trouve encore à remonter pour arriver
« à l'entrée de la troisième grotte qui forme une espèce de
« portail. Behreus dit, dans son Hercjnia curiosa, qu'on n'y
FOS 265
« pénètre point, parce quM faudroit descendre plus de
« soixante pieds ; mais la carte ci-dessus, et la description
« de Van der Hardt, qui l'accompagne, décrivent cette trei-
ze sième grotte sous le nom de cinquième , et placent encore
« au-delà un couloir terminé par deux petits antres. Enfin,
« Silbcrschlag, dans sa Géogénie, ajoute que l'un d'eux con-
« duit dans un dernier couloir qui , descendant beaucoup,
« mène sous les autres grottes, et se termine par un endroit
« rempli d'eau. Il y a encore beaucoup d'ossemens dans cette
« partie reculée et peu visitée. »
On trouve d'autres cavernes, à peu près semblables, dans
la chaîne du Hart-:. On en trouve en Hongrie , sur les pentes
méridionales des monts Krapach ; mais la plus célèbre de
toutes est celle de Gayknreuth , sur la rive gauche de la
Visent. Elle est composée de six grottes, qui forment une
étendue de plus de deux cents pieds. Ces cavernes sont jon-
chées d'ossemens, gi'ands et petits, qui sont les mêmes dans
toutes sur une étendue de pins de deux cents lieues. Les trois
quarts de ces ossemens, et davantage, appartiennent à des
ours grands comme nos chevaux, dont l'espèce ne se trouve
plus à l'état vivant. La moitié , ou les deux tiers du quart
restant, vient d'une espèce d'hyène de la taille de nos ours.
Un plus petit nombre appartient à une espèce du genre du
tigre ou du lion , et à une autre du genre du loup ou du chien.
Quelques uns viennent de petits carnassiers, comme le re-
nard, le putois, ou d'espèces très -voisines. M. Cuvier pense
que ces os proviennent de débris d'animaux qui habitoient
CCS demeures, et qui y mouroient paisiblement, et que l'éîa-
blissement de ces animaux dans ces cavernes est bien posté-
rieur à l'époque où ont été formées les couches pierreuses
étendues, et peut-être même à celle de la formation des tei--
rains d'alluvion. « Quelétoit donc le temps, dit ce savant, où
des éléphans et des hyènes du Cap, de la taille de nos ours,
vivoient ensemble dans notre climat, et étoient ombragés de
forêts de palmiers, ou se réfugioienf dans des grottes avec
des ours grands comme nos chevaux? ^>
On a encore trouvé dans une caverne, du côté de Grecn-
Briar, dans l'ouest de la Virginie, les débris fossiles d'un
animal du genre des paresseux, auquel on a donMé le nom
264 FOS
de megalonix , et dont Tespèce n'est pas connue à l'état
vivant.
On trouve à l'état- fossile des débris d'oiseaux, dont les
genres sont difficiles à déterminer : il en a été traité à l'ar-
ticle Oiseaux fossiles.
Les reptiles fossiles présentent des genres bien caracté-
risés, tels que les tortues, les crocodiles ou sauriens, les
monitors, les salamandres, les protées, les grenouilles, et
un lézard à ailes de chauve-souris, auquel on a donné le
nom de ptéro-dactyle, desquels il a été fait des articles par-
ticuliers.
Les insectes se présentent à l'état fossile dans des pierres
calcaires feuilletées et dans l'ambre jaune ou succin , où ils se
sont conservés sans aucune altération. Ces insectes sont étran-
gers au climat de la Prusse , où l'on trouve le plus souvent
cette sorte de résine fossile.
On trouve des débris de végétaux fossiles dans les couches
anciennes, ainsi que dans les nouvelles; mais il semble qu'ils
sont plus communs dans ces dernières, et même à la surface
de la terre. Ils consistent en troncs ligneux , qui sont presque
toujours changés en silex, en noyaux, en semences et en
empreintes de feuilles disposées entre les feuillets de pierres
fissiles. Celles que l'on trouve dans les mines de houille appar-
tiennent, le plus souvent, à des plantes de la famille des
fougères , à celles des bambous , des casuarinas , et d'autres
étrangères au climat où on les trouve. Ces mines , qui se
trouvent placées entre les schistes granitiques ou porphy-
riques, sont très-anciennes, et ne renferment pas de co-
quilles marines. Il n'en est pas de même des mines qui se
trouvent dans le calcaire ; il paroît qu'elles ne sont pas aussi
anciennes; et, au lieu d"y rencontrer des empreintes de fou-
gères, on voit dans quelques unes, comme dans celles des
environs de Saint-Paulet , département du Gard, du succin
et des coquilles du genre Ampullaire , qui paroissent appar-
tenir aux dépôts marins. On a rencontré des bois de palmiers
fossiles aux environs de Paris , auprès de Soissons et dans
beaucoup d'autres endroits de la France. On a découvert,
auprès de Canstadt, dans le duché de Wirtemberg , une
forêt entière dj palmiers couchés , de deux pieds de diamètre.
FOS 26S
Dans le pays de Cologne, depuis Bruhl, Liblar, Kierdorf,
Bruggen, Balkausen, jusqu'à Watterberg , on trouve, sur
plusieurs lieues d'étendue , des dépôts immenses de bois
presque entièrement changés en terreau, et recouverts d'une
couche de cailloux roulés de dix à vingt pieds de hauteur.
Ce dépôt, dont l'épaisseur excède cinquante pieds, sans le
moindre mélange de matières étrangères, contient aussi des
troncs d'arbres et des noix qui ont beaucoup de rapport avec
celles du palmier areca, qui croît dans l'Inde. Dans les déserts
de l'Afrique, on trouve, au milieu des sables quarzeux les
plus arides, et sur un sol frappé à présent de stérilité, des
quantités considérables de troncs d'arbres changés en silex. On
a aussi trouvé ensevelis dans la tourbe , sur une montagne du
département de l'Isère, des bois fossiles à huit cent cin-
quante mètres au-dessus de la ligne la plus élevée où des
arbres puissent croître aujourd'hui.
Comme on a pu le voir, on trouve à l'état fossile des qua-
drupèdes de dilFérens genres, des cétacés, des oiseaux, des
reptiles, des poissons, des insectes, des mollusques et des
végétaux; mais jusqu'à présent on n'a rencontré aucuns débris
de corps humains, ni aucuns ouvrages des hommes dans les
couches ou dans les terrains où l'on a trouvé ces différens
corps organisés fossiles. Plusieurs auteurs ont parlé de débris
de l'espèce humaine, ainsi que de leurs ouvrages trouvés à
l'état fossile ; mais les faits sur lesquels ils avoient fondé leur
assertion , examinés avec soin , ont prouvé qu'ils s'étoient
trompés. On remarque cependant que les os humains se con-
servent dans les champs de bataille, aussi bien que ceux des
chevaux.
Tout porte à croire que l'espèce humaine n'existoit pas à
l'époque où vivoient les êtres dont on trouve les débris fos-
siles ; car il n'y a aucune raison pour que ses restes ne se
retrouvassent pas aujourd'hui comme ceux des autres ani-
maux. Si Fhomme existoit à ces époques , il pouvoit habiter
quelque petite contrée d'où il a repeuplé la terre, après les
événemens qui ont fait disparoître les eaux des lieux qu'il
habite aujourd'hui : dans ce cas, on n'a point encore décou-
vert cette contrée.
Nous terminerons cet article par le tableau de gisseraent
des différens corps fossiles que Ion trouve dans les terrains
des environs de Paris.
La craie , qui est la plus ancienne couche visible de ces
environs, présente des corps marins en petite quantité, parmi
lesquels on remarque une seule espèce de telemnite , qui
diffère de celles que l'on trouve dans les couches à cornes
d'amrnon -, quelques espèces de téréhratules -, de petites es-
pèces de coquilles cloisonnées j des débris fortcommuns d'une
grande coquille bivalve, à laquelle on a donné en Angleterre
le nom d^inoceramus, et que mal à propos on avoit regardée
comme une pinnite ; des cranies ; des ananchistes -. des poly-
piers 5 des vertèbres, et des dents de squales, et quelques
autres corps qu'on ne retrouve pas dans les couches qui sont
au dessus. On trouve ces fossiles à Meudon , à Bougival , à
Neauphle, à Mantes, et dans d'autres endroits. Il est très-
remarquable qu'on ne trouve point dans cette craie de co-
quilles univalves , à spire simple, comme des fuseaux et des
cérites, qui sont si nombreux dans les couches supérieures.
Au-dessus de la craie on trouve d'abord un banc d'argile,
vin autre de sable sans coquilles, ensuite le calcaire coquillier
grossier, dans lequel on rencontre plus de mille espèces de
coquilles ou autres corps marins de toutes les grandeurs , de-
puis celle du cérite géant, qui a quelquefois dix-huit à vingt
pouces de longueur, jusqu'à celle de certaines espèces de
miliolites, dont nous avons fait entrer quatre-vingt-quatorze
coquilles dans une mesure d'une ligne cube. Ce calcaire se
présente dans toutes les carrières des environs de Paris , et
ibrme les pierres dont cette ville est bâtie. On le trouve à
Grignon , à Courtagnon , à Mantes, à Château-Thierry, à
Epernay, Montmirail, et dans beaucoup d'autres endroits,
sur une grande étendue. Dans quelques localités, comme à
Grignon , les corps marins, ainsi que les débris des mêmes
corps dont ils soat environnés, n'adhèrent presque point
ensemble, et dans quelques endroits, comme à Hauteville
(département de la Manche) et en Touraine, Ton se sert de
te sable marin fossile pour fertiliser les terres.
Cette couche de corps marins est surmontée par la forma-
lion gypseuse, qui a quelquefois jusqu'à vingt mètres d'épais-
seur. Ce dépôt, dans lequel se trouvent des couches de marne,
FOS =C7
renferme deslymnées et autres coquilles univalvcs d'eau douce ,
des troncs de palmiers changés en silex, et d'un volume con-
sidérable; des ossemens de quatorze espèces de quadrupèdes,
dont quelques genres n'existent plus à l'état vivant ; des débris
d'oiseaux, de tortues et de poissons. On trouve cette forma-
tion à Montmartre, à Mesnil-Montant , à Antony, à Triel, et
dans d'autres lieux.
Au-dessus de ce terrain d'eau douce, on trouve d'abord un
banc de cyfhérées, et d'autres coquilles; ensuite deux bancs
d'huîtres, dont le plus inférieur est composé de grandes huîtres
très-épaisses, différentes de celles que nous connoissonsà l'état
vivant. Ce banc couvre les environs de Paris, dans une assez
grande étendue, et nous l'avons suivi jusqu'à Pontchartrain,
à huit lieues à l'ouest de Paris. Dans quelques endroits on
trouve, au-dessus de ces huîtres, des grès ou des sables qaar-
zeux, qui contiennent, à leur partie supérieure seulement,
des coquilles marines à peu près semblables à celles du cal-
caire coquillier, mais en moindre quantité ; des palais et des
queues de raies, et des débris de poissons. Souvent ces sables
sont sans coquilles, soit qu'ils n'en aient jamais contenu, ou
qu'elles y aient disparu sans y laisser de. trace, à cause de la
mobilité du sable, comme dans certains grès, où elles n'ont
laissé que leur moule. On trouve de ces sables et grès coquil-
liers à Romainville , à Montmartre , à Nanteuil-le-Haudouin.
Ces huîtres et ces sables coquilliers sont recouverts par un
terrain de formation d'eau douce, qui contient des coquilles
terrestres, des coquilles fluviatiles univalves, presque tout-à-
fait semblables à celles que nous trouvons dans nos marais;
des bois pétrifiés, des graines et des tiges de plantes. Ces ter-
rains se présentent dans la plaine de Trappes, près de Ver-
sailles; dans celle de Gonesse, dans toute laBeauce, dans la
forêt de Montmorency, et sur le sommet des collines dans
beaucoup d'autres endroits aux environs de Paris.
Enfin, au-dessus de ce terrain on trouve une formation qui
paroît encore appartenir à l'eau douce, à laquelle MM. Bron-
gniart et Cuvier ont donné, dans leur bel ouvrage sur la
géographie minéralogique des environs de Paris , le nom de
limon d'atterrissement, et dans laquelle on a trouvé des troncs
darbres, des ossemens d'élans, d'éléphans, et d'autres grands
2C8 ^ FOS
quadrupèdes , mêlés avec des cailloux roulés : ces cailloux
sont des morceaux de granité de différentes sortes, des pou-
dingues pesant quelquefois plusieurs milliers, des silex et des
coquilles des craies changées en cette substance, des bois
fossiles, des coquilles usées par le frottement dépendant des
couches du calcaire coquillier, et étrangères aux couche*
voisines du lieu où on les trouve; des pierres calcaires coquil-
lières, des nummilites et des grès. On aperçoit ce terrain
dans le bois de Boulogne, dans la plaine de Nanterre , dans
la forêt de Saint-Germain , dans la plaine de Montrouge , et
à Sevran.
Quelles réflexions ne fait pas naître l'examen de ces diffé-
rentes couches, et des corps qu'elles contiennent, dont une
partie des genres n'existe plus à l'état vivant, et dont l'autre
est étrangère au climat que nous habitons !
« En reprenant ces couches , depuis la craie , disent
MM. Brongniart et Cuvier, on se représente d'abord une mer
qui dépose sur sou fond une masse immense de craie et des
mollusques d'espèces particulières. Cette précipitation de
craie et des coquilles qui l'accompagnent cesse tout à coup j
des couches d'une tout autre nature lui succèdent, et il ne
se dépose d'abord que de l'argile et du sable : mais bient6t
une autre mer, ou la même, produisant de nouveaux habi-
tans, nourrit une prodigieuse quantité de mollusques testacés,
tous dififérens de ceux de la craie-, elle forme sur son fond
des bancs puissans , composés , en grande partie , des en-
veloppes testacées de ces mollusques. Peu à peu cette pro-
duction de coquilles diminue et cesse aussi tout-à-fait ; la
mer se retire, et le sol se couvre d'eau douce; il se forme
des couches alternatives de gypse et de marne, qui enve-
loppent et les débris des animaux que nourrissoient ces lacs,
et les ossemens de ceux qui vivoient sur leurs bords.
« La mer revient; elle nourrit d'abord quelques espèces
de coquilles bivalves et de coquilles turbinées : ces coquilles
disparoissent, et sont remplacées par des huîtres. Il se passe
ensuite un intervalle de temps, pendant lequel il se dépose
une grande masse de sable. On doit croire, ou qu'il ne vivoit
encore aucuns corps organisés dans cette mer, ou que leurs
flépouilles ont été complètement détruites ; car on n'en voit
FOS 2C9
aucuns débris dans ce sable. Mais les productions variées de
la seconde mer inférieure reparoissent , et on retrouve, au
sommet de Montmartre , à Romainville et à Nanteuil-le-
Haudouin, et dans d'autres endroits, les mêmes coquilles
qu'on a trouvées dans les couches moyennes du calcaire
grossier.
« Enfin, la mer se retire entièrement pour la seconde
fois; des lacs ou des mares d'eau douce la remplacent, et
couvrent des débris de leurs habitans presque tous les som-
mets des coteaux, et les surfaces même de quelques unes des
plaines qui les séparent. >' (1)
Tout, jusque-là, paroft avoir été déposé dans des eaux tran-
quilles; mais nous ajouterons qu'après tous ces dépôts alter-
natifs de la mer et de l'eau douce , il y a eu une inondation
ou une débâcle qui a couvert de cailloux roulés tout le ter-
rain depuis Montrouge jusqu'aux hauteurs de Sanois et de
certaines parties de la forêt de Saint-Germain ; cette débâcle
à laquelle on doit peut-être la formation du limon d'atter-
rissement des environs de Paris, a enlevé des débris à toutes
les formations, et a transporté jusque .dans la plaine de
Grenelle des morceaux de granité rouge , qui paroissent
appartenir à la Bourgogne.
C'est aux fossiles seuls qu'est due la naissance de la
théorie de la terre ; sans eux l'on n'auroit peut-être jamais
songé qu'il y ait eu, dans la formation du globe, des époques
successives et une série d'opérations différentes. Eux seuls,
en effet , donnent la certitude que le- globe n'a pas toujours
eu la même enveloppe, par la certitude où l'on est qu'ils ont
dû vivre à la surface avant d'être ainsi ensevelis dans la pro-
fondeur. Ce n'est que par analogie que l'on a étendu aux
terrains primitifs la conclusion que les fossiles fournissent
directement pour les terrains secondaires ; et s'il n'y avoit que
des terrains sans fossiles, personne ne pourroit soutenir que
ces terrains n'ont pas été formés tous ensemble.
C'est encore par les fossiles, toute légère qu'est restée leur
CO Discours préliminaire de l'ouvrage de MM. Brongniart et CuTier,
déjà cité.
2^o FOT
connoissance, que nous avons reconnu le peu que nous savons
sur la nature des révolutions du globe. Ils nous ont appris que
les couches , au moins celles qui les récèlent, ont été déposées
paisiblement dans un liquide ; que leurs variations ont corres-
pondu à celles du liquide ; que leur mise à nu a été ocea-
sionée par le transport de ce liquide; que cette mise à nu a
eu lieu plus d'une fois : rien de tout cela neseroit certain sans
les fossiles. (D.)
FOSSOYEUR, Scarabée. (Entom.) C'est le nom d'un né-
crophore , qu'on nomme aussi l'enterreur, necrophorus vespillo.
(CD.)
FOSTUK. (Bot.) Suivant Forskal, le lentisque , pisfacia len-
tiscus, est ainsi nommé dans l'Egypte, où l'on apporte seS
fruits cueillis aux environs d'Alep. M. Delile indique la même
origine pour la pistacia vera , qu'il nomme Jestoq. (J.)
FOTEI-SO. (Bot.) Le cjpripediumjaponicum. de Thunherg ,
est ainsi nommé au Japon. (J.)
FOTERNE(Bof.), nom ancien de l'aristoloche, aux environs
de Narbonne, cité par Dalechamps. (J.)
FOTERSBÉ. {Bot.) Voyez Fotert. (J.)
FOTERT ou Foutra. (Bot.) A Madagascar, un hutonica est
nommé grand fotert, et un stravaàium petit fotert ou foutra,
suivant des indications trouvées dans un herbier de M. Poivre.
C'est un des deux qui est cité par Rochon sous le nom de
fotersbé , et l'autre sous celui de voua-foutra, qui est peut-être
le même que le mafoutra ou vouafoutra cité par Flacourt. (J.)
FOTETENIS. (Ornith.) Kaempfer se borne à dire que cet
oiseau nocturne du Japon est d'un goût exquis, et qu'on ne
le sert qu'aux tables des grands et dans des occasions extraor-
dinaires. (Ch.D.)
FOÏGE (Oraith.) , nom catalan de la foulque, /u/ica û/ra,
Linn. ( Ch. D.)
FOTHERGILLA. {'Bot.) Genre de plante,-» dicotylédones, à
fleurs incomplètes, de la famille des amentacées, de la polyan-
drie digjnie de Linnaeus , caractérisé par des fleurs disposées
en chatons ; un calice d'une seule pièce, à cinq ou six petites
dents inégales; point de corolle; les étamines nombreuses et
saillantes; un ovaire supère , bifide, chargé de deux styles
longs, en massue. Le fruit est une capsule à deux lobes, à
FOU 271
deux loges inonospermes , s'ouvrant à leur sommet en quatre
valves ; les semences osseuses.
FoTHERGiLLA A FEUILLES d'aune : FothergHla alnifolia , Linn.
fils., SuppL, 267; Jacq., Icon. rar. , lab. 1005 Lamk. , III. gen.^
lab. 480; Bot.magaz., tab. i34i, etVar., tab. 1642 ;Fothcrgilla,
gardent , Linn. , Sjst. veg. , 418 ; FothergHla latifolia , Buch'oz ,
Icon., tab. 17 ; Miller, Op. nov., tab. 1. Arbrisseau d'un port
assez agréable, touffu, rameux, haut d'environ deux ou trois
pieds , dont le feuillage ressemble assez bien à celui de l'aune.
Les rameaux sont alternes, glabres, cylindriques; les feuilles
pétiolées, ovales, cunéiformes, la plupart émoussées, quel-
quefois lancéolées , dentées vers leursommet , vertes en dessus ,
blanchâtres en dessous , un peu cotonneuses dans leur jeu-
nesse , longues d'environ deux pouces et demi ; les pétioles
courts, tomenteux, ferrugineux; les stipules opposées.
Les fleurs se montrent au commencement du printemps ,
avant le développement des feuilles -. elles sont blanches, dis-
posées en petites grappes, verticales, au sommet des rameaux,
longues d'un pouce et plus ; chaque fleur située dans l'aisselle
d'une écaille concave, tomenteuse et ferrugineuse. Le calice
est presque tronqué, très-court, velu, persistant; les étamincs
environ au nombre de quinze ; les filamens beaucoup plus longs
que le calice, rangés comme en éventail, portant de petites
anthères jaunâtres; l'ovaire court, ovale, velu ; les styles de la
longueur des étamines : les capsules velues, à deux lobes co-
niques , à deux loges ; une semence osseuse dans chaque loge.
Cette plante croît à la Caroline : on la cultive au Jardin du
Roi. Elle aime l'ombre et le frais. On la multiplie de marcottes
et de graines dans le terreau de bruyère.
Le Fortkergilla mirahilis, mention'né par Aubîet , dans ses
Plantes de la Guiane , appartient au Mélastomes. Voyez ce
genre. (Poir. )
FOTO, Jebi , BuDO {Bot.), noms japonois de la vigne ordi-
naire. Le lierre est nommé fotogi-tsia. Vuvularia hirta de
Thunberg est le jamma-fotogis. (J.)
FOU. {Ornith.) On a déjà exposé sous le mot Cormoran,
que Linnœus avoit compris dans son genre Pelecanus , non seu-
lement les pélicans proprement dits, mais encore les cormo-
rans, !es frégates, les fous, et Ton a mis eu opposition les
272 FOU
signes auxquels on peut les distinguer les uns des autres. Ceux
qui caractérisent particulièrement les fous , sont : un bec
fendu jusque derrière les yeux, un peu plus long que la
tête, droit, C])ais à sa base, arrondi en dessus, comprimé
vers la pointe, qui est foiblement courbée; les deux bords
des mandibules finement incisés , et dont les dents sont dirigées
en arrière ; les narines linéaires, oblitérées et se prolongeant
de chaque côté du bec en un sillon qui semble diviser la man-
dibule supérieure en trois parties ; la langue ovale et très-
couverte : le tour des yeux nu ainsi que la gorge , qui est peu
extensible; les pieds courts et soutenant le corps presque en
équilibre ; les quatre doigts engagés dans la même membrane ,
et celui du milieu pectine intérieurement; les deux premières
rémiges les plus longues, et la queue conique et composée de
douze pennes.
Ces oiseaux sont appelés en anglois hoohy, d'où l'on a fait
l>oubie, en portugais bobos, dans l'iJe de Ferroë sula, et en
françois fous ; mais les qualités morales de ces êtres indo-
lens étant tout-à-fait opposées à la pétulance et à l'extrava-
gauce, attributs ordinaires de la folie, ils auroient été plus
convenablement désignés par un terme exprimant la stupi-
dité , l'imbécillité. On est bien éloigné toutefois de proposer
un changement de nomenclature; et même, quoiqu'ils aient
reçu assez récemment, en latin, les noms de djsporus, lUig.,
et morus , Vieill. , on croit devoir préférer, avec Brisson, la
dénomination plus ancienne de 5u/a. Au reste, si les oiseaux
dont il s'agit paroissent avoir les organes très-peu développés ,
s'ils montrent une inertie presque incroyable à la vue des
dangers les plus imminens, et si cette sorte d'abandon de
^oi-même a fait douter qu'ils fussent doués de l'instinct
de la conservation, n'y a-t-il pas d'autres considérations
propres à expliquer, jusqu'à un certain point, comment ils
se laissent tuer à coups de bâton sur les lies et les côtes où
ils ont rarement l'occasion de se trouver en présence de
l'homme, qu'ils ne soupçonnent pas être leur plus dangereux
ennemi, et comment ils se laissent prendre sur les vergues
di's bàtimens qu'ils rencontrent en mer ? Fait-on assez d'atten-
tion, dans le premier cas, à la difficulté qu'ils ont pour
s'élever, d'après la longueur de leurs ailes et la brièveté de
FOU ' a73
leurs jambes , et flans le second , à l'ignorance assez na-
turelle du péril qu'ils courent sur ces vais:jeaux, dont la ren-
contre n'est que i)assagère? Quant à la facilité avec lacjuoUe
on leur reproche de rendre gorge à lu frégate , dont ils
semhlent destinés à être le» pourvoyeurs, il y a d'autres oi-
seaux, dans la famille même des rapaces , qui se trouvent
également obligés de céder le fruit de leur pêche à de plus
fortes espèces ; et ., lorsque la frégate, témoin de la capture
qu'ils viennent de faire des poissons nageant à la surface de
l'eau, fond sur eux d'un vol bien plus rapide, et les attaque
à coups redoublés de ses puissantes ailes et de son bec vi-
goureux, leurs cris témoignent assez la peine qu'ils ressentent
de se voir contraints d'abandonner la proie dont celle-ci a
l'adresse de s'eniparer dans sa chute. Plusieurs marins parlent
d'ailleurs de la longue résistance qui souvent précède l'issue
inévitable d'un combat aussi inégal; et si les choses se pas-
soient de la manière dont les raconte Catesby, qui a été à
portée de voir plusieurs de ces combats pendant un loiigséjour
à la Caroline, la défense opposée parle fou seroit encore bien
plus rema;-quable. L'auteur anglois prétend qu'au moment où
la frégate se précipite sur lui , il ploege sous l'eau, où elle
ne peut le suivre; que celle-ci , le retrouvant à sa sortie , re-
nouvelle ses attaques jusqu'à ce qu'il perde haleine. Mais
une circonstance qui sembleroit infirmer ce récit, est que
les fous, qui nagent rarement, n'ont pas l'habitude ni peut-
être la faculté de se submerger.
On a rencontré de ces oiseaux sur toutes les mers et dans
toutes les parties du globe. Ils volent le cou tendu , la queue
étalée et les ailes presque immobiles. Leui's cris participent
de ceux de l'oie et du corbeau. Lorsqu'ils aperçoivent des
poissons à la surface de l'eau, ils se précipitent dessus pour
les siisir. lis s'éloignent beaucoup moins des terres que les
frégates, et l'on pense généralement qu'ils se retirent sur les
îlots déserts et les rochei-s couverts d'un peu de terre , pour
y passer la nuit ; cependant , d'après les circonstances rap-
l)ortées par divers navigateurs, on ne peut tirer de leur pré-
sence des inductions bien positives sur le voisinage des côtey.
M. Vieillot, ayant observé, dans ses voyages en Amérique ,
,^ne lc8 foi:s éf(»ieiit. eu lever du solcW. à peu près dans Ici
274 FOU
mêmes parages qu'à la chute du jour, et ne pouvant se figurct
qu'ils eussent couché à terre, et en fussent revenus dans l'in-
tervalle d'un crépuscule à l'autre, pense qu'ils se reposent sur
la mer pendant les nuits, durant lesquelles il les entendoit
souvent crier.
Dans plusieurs contrées ces oiseaux se perchent sur les
arbres , et , suivant Dampier , Nouveau Voyage autour du
Monde, Rouen, 1716 , t. i, p. 66 , c'est aussi sur eux qu'ils
nichent dans l'île d'Aves; mais leur ponte se fait le plus sou-
vent dans des îles solitaires, sur les rochers et sur les falaises
qui bordent la mer : elle ne consiste qu'en un ou deux œufs
également pointus des deux bouts, à surface rude et blanche.
Quoiqu'ils préfèrent, pour y nicher , les îles situées entre les
tropiques, on en voit aux Hébrides, en Ecosse, en Norwège,
et jusqu'au Kamtschatka ; mais ils n'y reetent que l'été ; et
quand l'hiver approche, ils retournent au sud avec leurs
petits. Ceux-ci restent long-temps couverts d'un duvet fort
doux, et, en général, très-blanc.
M. Temminck dit que la peau du cou n'est point adhérente
aux muscles, mais qu'elle tient seulement au corps par un
tissu cellulaire très-làche, c'est-à-dire d'un tissu composé de
quelques fibres placées à des distances inégales, et qu'elle est
susceptible de beaucoup d'extension. Il ajoute que , dans les
deux sexes , la trachée cartilagineuse a son tube vers la glotte ,
et se dilate en forme d'entonnoir comme dans le cormoran ;
mais que le larynx est garni, de chaque côté, d'une membrane
iympaniforme.
Plusieurs auteurs reconnoissent, dans le genre Fou, diverses
espèces, qu'ils nomment fou proprement dit, ou fou com-
mun , pelecanus sula, Gmel. et Lath.; fou de Bassan, pelecanus
hassanuSj id.j pi. enl. de Buff'on , n.° 278 ; fou hlanc , pelecanus
piscator , id.; petit fou, pelecanus parvus , id. j pi. enl. , 973.
Buffon et Brisson font aussi une espèce particulière du grand
fou, que Latham regarde comme une simple variété du fou
de Bassan. D'un autre côté, l'on a reconnu que le fou tacheté
n'étoit qu'une variété d'âge du même, malgréla circonstance ,
remarquée par Mauduyt, qu'il est représenté dans la planche
enluminée de Buffon, n.° 386 , comme ayant la queue bien
plus courte que les autres j ce qui provient, selon M. Tem-
FOU ^75
mînck , de ce que l'individu , but lequel la figure a été faite ,
ctoit en mue , et que les rémiges n'avoient pas leur longueur
ordinaire. On a aussi vérifié que le petit fou brun, pi. enl.,
974, pelecanus Jiber , Gme]. etLath., étoit un jeune de l'espèce
du cormoran nigaud. Enfin, l'on trouve, pi. 18 du Voyage
autour du Monde du capitaine Krusenstern , la figure d'un
individu portant la dénomination de Fou du Brésil, et ayant
le dessus du corps brun , des reflets bleus sur le dos, les parties
inférieures blanches, le bec et les pieds bleuâtres; mais il
paroît n'être qu'une variété d'âge du petit fou, ou fou de
Cayenne, dont le corps a un pied et demi de longueur, et
dont le plumage est noirâtre , à l'exception des parties infé-
rieures qui sont blanches.
II résulte de ces circonstances que la seule espèce de fou qui
soit bien déterminée est le fou de Bassan, ainsi nommé parce
qu'on a trouvé les individus sur lesquels la description en a été
faite dans l'ile de Bass ou Bassan , au golfe d'Edimbourg, où ii
passe la belle saison , et niche dans les trous des rochers , pour
en repartir à l'automne. C'est cette espèce que Meyer nomme
sula alba, fou blanc , et qui est décrite par M. Temminck,
dans son Manuel d'Ornithologie, pag. ôgS et suiv. , avec des
détails propres à faire remarquer les variations du plumage
depuis la sortie de l'œuf.
Au bout de quelques jours , ces oiseaux sont couverts d'un,
duvet blanc et lustré. Pendant la première année le dessus du
corps est d'un brun noirâtre , sans taches ; les parties infé-
rieures sont d'un brun varié de cendré ; le bec , les parties nues
et l'iris sont bruns, et la queue est arrondie. A la seconde
mue, ou à l'âge d'un an, la tête, le cou et la poitrine sont
d'un brun cendré, avec de petites taches blanches très-rap-
prochées et en forme de fer de lance ; les plumes du dos, du
croupion et des ailes sont du même brun , et portent des
taches blanches plus distantes; les parties inférieures sont d'un,
blanc varié de brun cendré; les rémiges sont brunes , ainsi que
la queue , qui est conique , et dont les baguettes sont blanches ,
le bec est d'un cendré brun, et l'iris jaunâtre ; les tarses et le
dessus des doigts sont d'un brun verdâtre ; les membranes d'un
brun cendré, et les ongles bruns. A l'âge de deux ans, et
pendant l'époque de la mue , on trouve des individus dont le
276 FOU
plumage est blanc sur plusieurs parties, tandis que d'autre*
sont brunes et tachetées de blanc. Ce sont vraisemblablement
des fous de l'âge d'un et de deux ans, qui ont été décrits
comme espèces sons les noms latins de suia major, Criss., et
pelecanus maciilatus , Gmel., et sous les noms François de grand
feu et fou tacheté, Bufl". , pi. enl. , 072 et 58G.
Les individus des deux sexes, à l'âge de trois ans, sont longs
de deux pieds sept à huit pouces; ils ont la queue en cône
alongé; le sommet de la tête et l'occiput sont d'un jaune d'ocre
clair, et le reste du plumage est d'un beau blanc, à l'exception
des rémiges et de l'aile bâtarde, qui sont noires. Le bec, d'un
bleu cendré à sa base, est blanc à la pointe ; la peau nue qui
entoure les yeux est d'un bleu clair, et celle qui s'étend du bec
jusqu'au milieu de la gorge, est d'un bleu noirâtre; l'iris est
jaune; les tarses et les doigts sont d'un vert clair: les mem-
branes sont noirâtres elles ongles blancs. La femelle est d'une
taille moins forte que celle du mâle.
Tel est le fou de Bassan ; et, quoique dans la synonymie,
qui paroît avoir été établie par M. Temminck. d'après l'exa-
men d'un grand nombre d'individus de tout âge , cet orni-
thologiste ne parle point précisément du fou commun, les
auteurs comparant sa taille, et celle du fou de Bassan et du
grand fou , à la tailîe de l'oie , on est d'autant plus fondé à le
regarder comme n'étant pas d'une espèce difiérente, qu'on
les trouve tous dans les mêmes régions de l'ancien et du nou-
veau monde. A l'égard du petit fou de Cayennc , les auteurs le
décrivent comme n'ayant qu'environ un pied et demi de lon-
gueur; et s'ils donnent au fou blanc, pelecanus piicator ,
Gmel. et Lath. , une aussi forte taille qu'aux autres, ils le pré-
sentent comme ayant la peau nue dont les yeux sont en-
tourés, et le bec , ainsi que les pieds, rouges ; mais les mêmes
parties so?ît jaunâtres dans le fou tacheté, et ces nuances ne
paroissent pas suffire pour écarter les motifs qui, d'ailleurs ,
font naturellement pencher vers Videnlité. Le genre Fou a
donc besoin d'un examen plus particulier pour en déterminer
Its espèces avec quelque certitude. (Ch. D.)
FOUAH. (Co/.) Voyez FooAHA. (J.)
FOUAi^lE {Bot.) , nom ancien donné à la paille quand on
tn a séparé le blé. Ou lit dans les F'sîais sur Paris, de Saint-
FOU 277
Toix, qu'ancienne-menl les élèves en inéfîccine ou autres qui
fréquentoient les écoles voisines de la place Maubtrt, se ras-
sembloient en partie dans une rue qui porte le nom de rue
du Fouarre, parce que l'on y apportoit des fouarres ou bottes
de paille pour asseoir les éludians. Il paroît que le nom de
feurre, donné à la paille dans quelques lieux, a la même
origine, ainsi que les termes de far etfarrago, qui sont aussi
des parties de plantes céréales. (J.)
FOUCAULT. (Ornlth.) Ce nom, qui s'écrit uus^'i foiicaud,
est donné par les chasseurs à la petite bécassine, qu'an appelle
encore sourde, scolopax galLinula^ Linn. (Cit. D.)
FOUCHE, FouTciu (Bot.), noms indiens du figuier. (J.)
FOUCQUE. (Ornith.) Ancienne orthographe du mot_/"oM/(j(/e,
désignant l'oiseau autrement appelé morel!e,/'«/(ca afra, Linn. ,
qu'on nomme aussi vulgairement/oH^cre. (Ch. D.)
FOUDI. (Ornith.) Ce nom désigne, 1.° un oiseau de Mada-
gascar, qui est le Icxia madagascariensis , Linn. ; n." Je gros-bee
orix, loxia orix , Linn. On nomme aussi foudi-jata un rossignol
de Madagascar, sjl^iamadagascariensis , Lath. (Ch.D.)
FOUDONNE. (liot.) La plante qui nous a été envoyée du
Sénégal sous ce nom, et dont les Maures se servent pour rougir
leurs ongles, est le henné ou alkanna , lawsoaia inerniis. (J.)
FOUDRE ( Conchfl.) , nom marchand du volitta versperlilio ,
Linn., ainsi nommé à cause des lignes rouges flexueuscs dont
il est orné.
Foudre alongée, ]
, Foudre a tubercules en bec de pehroouet, f ''^'''' ^^ *; ^
Foudre fascée , '""^'^'^ ^^P^^'^
Foudre rouge, ) de volute.
Voyez Fulgur. (De B.)
FOUÉNE. [Bot.) Voyez Faine. (J.)
FOUET DE L'AILE. {Urnitli.) On nomme ainsi la troisième
partie, ou la plus extérieure , de l'aile des oiseaux. (Cir. D.)
FOUET EPINEUX. (Bot.) Espèce d'hydnum trouvée par
Paulet dans la forêt de S.Miard. Elle forme de petits bouquets
composés de plusieurs individus à tige blanche, mince, a!ou-
gée: le reste du champignon est de couleur de noisette pâle
avec des papilles blanches. Le fouet épineux fait partie de la
famille des chevrettes ou chevrots nés, de Paulet. Il n'est point
fc7S FOU
malfaisant 5 et rien n'annonce en lui de mauvaise qualité.
(Lem.)
FOUETTE-QUEUE. (Erpétol.) M. Cuvier a donné ce nom
aux stellions bâtards, de Daudin. Voyez Stellion. (H.C.)
FOUETTEUX. {Omith) L'oiseau auquel on donne ce nom
vulgaire et celui àe fouette merle, est l'émerillon ,falco Œsalon^
Linn. , parce qu'il chasse ou fouette les merles. (Ch.D.)
FOUGERE MUSQUEE (Bot.), nom vulgaire du cerfeuil
musqué. (L. D.)
FOUGERES. (Foss.) On trouve dans les mines de houille
des empreintes d'une très-grande quantité d'espèces de ce genre.
Voyez au mot Végétaux fossiles. (D. F. )
FOUGÈRES. (Bot.) Cette famille de plantes, très- natu-
relle , avoit été examinée assez superficiellement par les au-
teurs anciens, et même par plusieurs modernes. Cependant
tous les ont laissées réunies dans leurs diverses méthodes de
distribution des végétaux. Tournefort en forme la première
section de sa seizième classe, composée de dix genres, ety ren-
ferme la série nombreuse des fougères des Antilles, publiées
par Plumier dans un ouvrage spécial. La première section de
la cryptogamie de Linnaeus est aussi consacrée aux fougères,
dont il décrit environ deux cents espèces reportées dans douze
genres différens de ceux de Tournefort ;ineur en adjoint quatre
au tresformant maintenant d'autres familles. Nous avions adopté
en 1789 la distribution de Linnaeus , et fait à peu près les
mêmes additions dans des sections distinctes, devenues plus
récemment des familles détachées, mais toujours voisines.
M. Smith, en Angleterre, a reconnu le premier, en 17...,
que les caractères génériques adoptés jusqu'alors étoient in-
suffisans, et qu'on devoit y ajouter la considération de l'an-
neau élastique unissant les valves des capsules dans beaucoup
d'espèces, ainsi que de la structure et de la déhiscence delà
membrane qui, dans un grand nombre, recouvre les organes
reproducteurs ; et il a publié plusieurs genres fondés sur ces par-
ties. Swartz, auteur suédois dont la mort récente nous laisse
des regrets, a travaillé sur le même plan, et publié en 1806
une monographie des vraies fougères, distribuée en trente-
huit genres, contenant environ sept cents espèces caractéri-
sées, sans compter un grand nombre d'autres seul'^ment rap-
FOU 579
pelées à la suite. "Willdenow, que la science a aussi perdu
trop tôt, et qui avoit entrepris une grande édition des Spe-
cies de Linnaeus, a donné en 1810 le premier volume de la
cryptogamie, contenant les seules fougères, avec Vequisetum
qui ne doit plus leur rester associé. Il a adopté les genres de
S wartz, auxquels il en ajoute quatre nouveaux, en élevant le
nombre des espèces à plus de mille. Ce nombre a été augmenté
plus récemment par MM. Schkuhr, R. Brown , Humboldt et
Kunth , Mirbel, Bory Saint-Vincent, Desvaux, etc., qui ont
ajouté à cette série dix nouveaux genres. C'est avec ces addi-
tions de caractères et de genres que nous devons aujour-
d'hui présenter la famille des fougères, dégagée des genres
accessoires, en exposant d'abord son caractère général.
Comme sa fructification est peu connue , on l'avoit primi-
tivement placée parmi les acotylédones; mais de nouvelles
observations sur les corps regardés comme graines, et sur leur
développement dans la germination, les feront peut-être trans-
porter parmi les monocotylédones.
Les organes de la fructification , nommés sporanges par
Hedwig, capsules par le plus grand nombre, sont des folli-
cules très -petits, ordinairement uniloculaires (rarement
multiloculaires ) , s'ouvrant très-souvent dans une direction
transversale en deux valves unies le plus souvent par un
anneau élastique ( annulas de M. de Beauvois , gjrus de
Swartz., sjmplokium de Hedwig), lequel manque dans plu-
sieurs genres. Ces capsules remplies chacune de graines me-
nues , nommées spores , sont ordinairement adhérentes à la
surface inférieure de quelques parties du feuillage , quel-
quefois distinctes , plus souvent rassemblées en paquets ou
sores , sori , de forme arrondie, ou plus ou moins alongée ,
ou quelquefois semblables à de simples lignes. Ces sores sont
nus dans quelques genres; dans un plus grand nombre ils sont
cachés sous une membrane ( indusium de la plupart , involu-
crum de Swartz , tegumentum de Cavanilles , perisporangium.
de Hedwig), laquelle, pour mettre les capsules à découvert,
s'ouvre de différentes manières qui aident à désigner des
genres. Elle se fend tantôt au côté extérieur, dirigé vers les
bords du feuillage, ou au côté intérieur opposé; tantôt dans
tout son contour, restant adhérente par le milieu j quelque-
ig« FOU
fois elle se diWse dans sa longiieur en deux valveS; (Quelque-
fois, ouverte au sommet, elle prend la forme d'un petit vase
contenant les capsules. La structure intérieure des spores ou
graines n'est pas déterminée. On a seulement observé que ,
mises en terre, elles s'étendent en divers sens, se prolorgent
en quelques appendices, et deviennent de nouveaux indivi-
dus semblables à ceux dont elles ont été tirées. On ne con-
noît point les organes mâles, ce qui peut laisser quelques
doutes sur leur existence j et par suite sur la nature des or-
ganes reproducteurs de cette famille.
Les fougères sont herbacées, ou quelquefois ligneuses , et
même arborescentes dans les pays chauds. Les tiges simples
ou rameuses se rapprochent de celles des monocotylédones
par leur structure intérieure. Le feuillage est simple, ou di-
versement partagé en lobes et en folioles palmées, ou plus
souvent pennées. Ce feuillage, avant son développement, est
roulé en spirale intérieure de la pointe à la base : les cap-
sules, isolées ou réunies ensorcs, sont placées ordinairement
surla surface inférieure des feuilles ; plus rarement elles sont
portées sur une tige distincte» Pour la distribution des genres
iious avons adopté le,s divisions tracées par Swartz , et fondées
sur la présence ou l'absence , soit de Tanneau élastique des
capsules, soit des membranes qui les recouvrent.
Les genres qui ont cet anneau très-marqué, peuvent être
répartis dans deux sous-divisions. La première, caractérisée
par les sores nus , renferme les genres Poljbotria de M. Kuuth ,
Acrosliclium , Meniscium Hemionitis , Cjiirnogramrna de M. .Des-
vaux, Grammilis., CcLerach , Nolholann .de M. R. Broun ^ Cy-r
cloph or u s c]c M. Desvaux, Pj-rrhosia de M. Mirbcl , Tccnitis ,
Polypodium,
Dans rautre sous-division, plus nombreuse . dont les sorcs
sont cachés sous une membrane , indusium, doivent être rap-
portés les genres , PLeopeltis de M. Kunth , Aspidium . Aspleniijm,
Ccenopteris^Scolopendr'U'.m, Diplaziurn,, Lonahitis^Pteris, VitLaria,
Monogramma de M. Desvaux , Onoclea , homaria , Blechnam ,
JVoodwardia , Doodia de M. Brov/n , Lindsca, Adiantiim, Cliei-
lanlhcs, DavalUa ^ D'ulymoclilana. de M. Desvaux, DicboTim,
Cyathea^l'P'oodsiaàa M.Brown, Trlcliomancs ^ l-lymenophjUum^
A une scc&ndc Section, dans hiqu elle les capsules, privécÉ
Ï^OÛ 281
<rahneaiix élastiques remplacés par de simples stries, s'ou-
vrent seulement par une fente denii-circulaire, on rattache
les genres , Schizea , Lygoditim , Mohria^ Anémia, Osmunda ,
Todea , Mertensia et Gleichenia peut-être congénères, An-
giopterisi
La troisième Section , qui contient les genres Marattia, Da-
ncea, Botrjchiiim , Ophioglossiiïii , est absolument dépourvue
d'anneau élastique, oli de ce qui peut en tenir lieu*
A cette famille, maintenant circonscrite, nousavions ajouté
en 1789, dans trois sections distinctes, des genres déjà rap-
prochés en partie par Linnaeus, différens cependant des fou-
gères par plusieurs caractère? iniportans. mais ayant avec
elles plus d'affinité qu'avec d'autres séries : tel est Veqiiisetum ,
qui forme seul maintenant la famille des équisétacées, men-
tionnée précédemment ; tels sont l'isoefes , le salvinia , le mar^
silea ou lemma, et le piiularia dont on a fait la familie des
rhizospermesousalviniées, qui sera décrite sous uii de ces noms.
Une de ces sections, caractérisée par des fleurs diclines,
des anthères portées sur des écailles réunies en cône, et des
ovaires visibles , contenoit l'es genres Crra5 et Zamm. rappro-
chés des fougères, parce que leurs jeunes feuilles sont de
même roulées en spirale, et que leurs anthères sont confor-
mées comme les capsules des fougères, prises auparavantponr
des anthères. Postérieurement MM. Persoon et R. Brown ont
fait avec raison de cette section Ja famille des c^'cadées, dont
on a oublié de faire mention dans ce Dictionnaire, lorsqu'il a
été question du cjcas, qui avoit été indiqué comme apparte-
nant à la famille des palmiers, parce qu'il en a le port. Nous
réparons aujourd'hui cette omission , en présentant ici le cr.-
l'actère général des cycadées, formé de la réunion de ceu>:
qui sont communs aux deux genres; avec l'addition de ceu*:
qui ont été observés sur l'embryon par MM. R. Brov/n et
Mirbcl.
I,cs CrcADÉEs ont des fîci.'rs mâles et des femelles, portées
sur des pieds différens, disposées les unes et les autres en
cônes ou chatons composés d'écaiîles qiii silpportent et re-
couvrent les organes sexuels. Les écailles des cônes mâles sont
couvertes d'anthères plus ou moins nombreuses, unilocu-
laires, s'ouvraut en deux vahcs d'un côté. Les écailles d*''!
25. FOU
cônes femelles , diversement conforinées , supportent des
ovaires diitincls, munis chacun d'un style et d'un stigmate
très-courls. Ils deviennent des brous minces et secs, recou-
vrant une noix monosperme assez grosse. La graine contient
un périspcrme charnu et volumineux, au centie duquel est
l'embryon. Celui-ci est renversé à radicule montante, divisé
inférieurement en deux lobes un peu inégaux , qui restent
unis supérieurement près de la radicule dans le tiers de leur
longueur; on aperçoit la plumule descendante entre ces deux
lobes entrouverts. La tige est ligneuse, cylindrique , confor-
mée intérieurement comme cel!e des monocotylédones , et
particulièrement des palmiers. Elle est simple, terminée su-
périeurement par une touffe de feuilles pennées, au milieu
desquelles s'élèvent les cônes de fleurs. Ces feuilles , avant
leur développement, sont roulées en spirale de la pointe à la
base, comme dans les fougères.
Cette famille, qui ne renferme que le zamia et le cjcas ,
a le port des palmiers, dont elle se rapproche aussi par la
structure intérieure de ses tiges , et par ses graines périsper-
mées; mais elle en diffère par ses fleurs et par son embryon,
que plusieurs auteurs regardent comme dicotylédone ; et
M. Richard, se fondant sur cette organisation, sur la dispo-
sition et conformation des fleurs, ainsi que sur d'autres ca-
ractères, place les cyeadées près des conifères. Cependant, si
l'on rappelle la structure des tiges, et si l'on observe avec
M. R. Brown que les deux lobes de l'embryon ne sont pas
séparés jusqu'à la base, on sera peut-être disposé à n'admettre
ici qu'un cotylédon singulièrement conformé, ou un viiellus
semblable à celui du nelumbo sur la nature duquel les bota-
nistes ont été partagés, mais qui paroît définitivement appar-
tenir aux monocotylédones. ( J. )
FOUGÈRE , Filix. [Bot.) En France on désigne par ce nom
le fteris aquilina, la plus grande des espèces de fougères
d'Europe. On lui donne aussi les noms de fougère impériale
et de fougère femelle. Elle partage ce dernier avec une autre
espèce, le polypodiumjilix fœmina , Linn. (Voyez Atyrium.) La
fougère mâle est une espèce différente de cette dernière ; c'est
le polypodiumfilix famina , Linn. (Voy. Polystichum.)
L'on nomme : Fougère aquatique. Fougère fleurie. Fougère.
FOU 285
TE MARAIS, Fougère royale, Vosmunda regalis, Linn. , la plus
belle des fougères d'Europe ;
Fougères grimpantes et Fougères rameuses, diverses espèces
volubles de fougères, placées par Linnaeus dans son genre
Osmunda, et rapportées actuellement au genre Hydroglossum.
L'espèce la plusremarquablc est l'Jydrogios5«m,<icanden.s,Wilid.;
Fougères en arbre : les fougères dont le stipe s'élève à la
manière de celui des palmiers , et forme un petit arbre ;
Plumier et Rumphius en donnent de belles figures; l'espèce
la plus remarquable est le poljpodium arboreum, Linn. ;
Fougère cornue , Vacrostichum septentrionale , Linn., petite
fougère d'Europe, dont la fructification forme de petites
languettes pointues. Voyez Filix et Filicula. (Lem.)
FOUGERIE, Fougeria. (Bot.) [ Corymbifères , Juss. — Syngé-:-
nésie polygamie nécessaire , Linn. ] Ce genre déplantes, établi
par Mœnch dans la famille des synanthérées , appartient à
notre tribu naturelle des hélianthées, et à la section des hé-
lianthées-rudbeckiées , dans laquelle nousle plaçons auprès du
laltimora , dont il diffère très-peu. Voici ses caractères, que
nous décrivons d'après Mœnch , car nous n'avons point vu la
plante qui constitue ce genre.
La calathide est très-courtement radiée : composée d'un
disque quinquéflore , régulariflore , mascuiiflore, et d'une
couronne unisériée, quinquéflore, liguliflore, féminiflore. Le
péricJine est formé de sept squames bisériées, égales, ovales,
lancéolées, foliacées, les extérieures au nombre de deux, les
intérieures au nombre de cinq; le clinanthe est plane et garni
de squamelles égales aux fleurs , linéaires , dentées, colorées.
Les ovaires sont subtriquètres , obcordiforines , nus ; leur
aigrette est coroniforme , et figure un rebord. Les corolles de
la couronne ont la languette ovale ,. large , bi-tridentée.
FovGERiBiÉT:R\GOSE,Fougeriatetragona, Mœnch, Suppl. C'est
une plante herbacée, annuelle, dont la tige est dressée, ra-
meuse , sillonnée, scabre, tétragone, à angles obtus ; les feuilles
sont opposées, pétiolées, ovales, larges, aiguës, dentées eu
scie, poilues, scabres, trinervées en dessous; les calathides
sont portées sur des pédoncules simples, nus , cylindriques,
scabres , rassemblés au nombre de trois dans Faisselle des
feuilles , et dont Fintermédiaire est beaucoup plus long que
s 84 rou
les deiix autres; le péricHne est garni de poils; les cdrolleâ
sont jaunes.
Mœnch n'indique point la patrie de celte plante, qu'il a
dédiée à la mémoire de Fougeroux, botaniste François, au-
teur du genre Gaillarda , ou Galardia. (H. Cass. )
FOUGEROLE,F(/icM/a. (Bot.) On donne ce nom aux petites
espèces de fougères, et particulièrement au po(}-podi(/m/rao^(7c,
Linn. Voyez Aspidium. (Lem.)
FOUILLE-MERDE. {Entom.) C'est le nom vulgaire des
bousiers, des scarabées, des hannetons. (C. D.)
FOUILLET (Ornilh.), nom vulgaire du pouillot ou chantre,
motacilla trochilus , Linn. ( Ch. D. )
FOUIiSE (Mamm,) , nom François d'une espèce de martes^
mustella foina , Linn. Voyez Marte. (F. C.)
FOUISSEURS, ou Oryctères. [Entom.) Nous avons désigné
sous ces deux noms, mais particulièrement sous le dernier,
une famille d'insectes hyménoptères, comprenant les sphèges
fentre autres, et réunissant des espèces qui, outre l'habitude
qu'elles ont de creuser le sable pour y déposer leurs œufs , ou
pour y enterrer deslarves, se trouvent i"approchées entre elles,
et séparées de tous les autres genres par d'autres caractères.
Voye?. Oryctères. (CD.)
FOUL, Fut {Bot.), nom arabe et égyptien de la fève de
inarais, cité par Forskal et M. Delile. (J.)
FOULCRE. (Ormf/î.)' Voyez Foucque. (Ch. D.)
FOULE -CRAPAUD. ( Ômith. ) Traduction faite par Sa-
lerne du mot calcahotto, qui désigne en Italie Fengoulevent,
caprimnUius europrcus , Linn. (Cn. D. )
FOULEHAIO ( Ornilh. ) , nom que porte, à Tongotabo , une
desîlcsdesAmis, le grimpereau caroncule, certhia carunculata,
Lath.-, ou creadion musicus , Vieil. ( Ch. D.)
FOULI-LACRA. {Bot.) Ce nom portugais, qui signifie fleur
de scorpion, a été donné dans le Japon, suivant Ka^mpfer,
à un angrec, epidendrum Jlos aeris de Linnasus, à cause de sa
forme , qui a, dit-il, quelque rapport avec un scorpion. Plus
récemment Swartz, dans sa réforme des orchidées, en a fait
un nouveau genre sous le nom d'aerides , en lui réunissant
plusieurs autres espèces. C'est la même plante qui est nommée
katonf^.ging a Java. (J.)
FOU 28S
FOULIMÈNE. {Ornifli.) Flacourt,qui parle de cet oiseau,
pag. i65 de son Histoire de l'ile de Madagascar, où il le nomme
aussi oiseau de feu , se bonie à dire que son plumage est d'un
rouge éoarlatc; qu'il a vainement tenté d'en élever en hiver,
et que les individus de la même espèce se batlent continuelle-
Kient les uns les autres. (Cn. D. )
FOULING {Bol.) C'est une racine très- employée dans la
Chine comme sudorifique, et propre à purifier le sang. Il est
dit dans le Recueil des Voyages , que la plante qui la fournit
croît particulièrement dans la province de Su-Chuen. (J.)
FOULON. {Entom.) On nomme ainsi une très-grosse espèce
de hanneton ou de inélolontlie , qui se trouve dans les sables
des dunes. (C. D.)
FOULON. (Ornith.) Camus traduit, par ce mot, le nom
d'un oiseau dont Aristote parle au chan. 6 du g.' livre deson
Histoire des Animaux , et qu'il dit avoir une bonne voix, une
belle couleur, et être industrieux. (Ch.D.)
FOULQUE. (Ornith.) Les pouîes d'eau ou galiinulcs, les
poules sultanes ou talèves, et les foulques ou tnoreUes, ont
toutes les pieds très-longs, et une plaque lisse et colorée qui
s'étend, plus ou moins, en forme de bouclier, sur le front.
Linnaeus les a réunies daiis son genre Fulica; mais, tandis que
la membrane , dont les doigts sont bordés, est à peine sensible
chez les talèves, porphjrio , plus apparente et unie chez les
poules d'eau, gallinula, elle est festonnée chez les foulques ,
qui, comme les phalaropes, sont pinnatipèdes. Les foulques
oiit, d'ailleurs, des caractèrels particuliers, qui con'-istent dans
un bec épais à la base, plus court que la tête, comprimé laté-
ralement, dont la mandibule supérieure offre un sillon large
et. concave, et s'incline à son extrémité sur Finférieure. qui
est un peu renflée vers la pointe. Lvs narines, pLicées d;ins le
sillon et vers le milieu du bec, qu'elles traversent de part en
part, sont longitudinales, oblongues, et couvertes dune mem-
brane-, la langue est comprimée et entière; les pieds, assez
longs, sont nus au-dessus du genou ; les trois doigts nnlérieurs
sont garnis d'une membrane part."g?e en deux lobes sur le
doigt interne, en trois sur celui du milieu, et eu quatre
moins profondément découpés sur l'externe; le pouce, qui
pose sur l;t terre, n'a de membrane qu'à In partie infériture ;
28G FOU
les ongles sont courts et aigus; les ailes sont concaves et arron-
dies, et lesdeuxième et troisième rémiges sontlespluslongues;
la queue est composée de douze ou de quatorze pennes, qui,
depuis les deux du milieu, diminuent de longueur.
Quoique ces oiseaux n'aient pas les pieds entièrement pal-
més, ils nagent et plongent avec une facilité extrême; ils pré-
fèrent les eaux douces et stagnantes aux rivières, et ils ne
quittent celles-là que pour passer d'un étang à l'autre : ils se
plaisent même si peu à terre, qu'ils font souvent la traversée
au vol , dont l'action se soutient par la force des muscles , qui
supplée au désavantage de leurs très-courtes ailes. Comme ils
ont la vue foible, ce n'est que le soir qu'ils entreprennent ces
petits voyages. Pendant le jour on ne parvient qu'avec peine
à leur faire abandonner les roseaux dans lesquels ils s'en-
ioncent, et où ils construisent leur nid. Des insectes aqua-
tiques, de petits poissons, des sangsues, sont la base de leur
nourriture; mais ils recueillent aussi les graines et les sommités
des joncs.
Les foulques se trouvent dans toute l'Europe, depuis l'Italie
jusqu'au Groenland; en Asie, en Amérique; et, malgré les
légères différences que présentent les individus observés, sur-
tout dans nos climats, elles ne forment pas des espèces bien
distinctes.
La Foulque ou Morelle, Fulica atra, Linn., pi. enlum. de
Buffon, n.° 197, est, à peu près, de la grosseur d'une poule.
Sa longueur , depuis le bout du bec jusqu'à celui de la queue,
est d'environ quatorze pouces et de dix-huit jusqu'à celui des
ongles. La plaque du front, ordinairement blanche, est rouge
dans la saison des amours; le bec est d'un blanc rayé, l'iris
d'un rouge cramoisi; le bas de la jambe, dégarni de plumes,
est entouré d'un cercle qui est rendu sensible dans la figure
qu'en a donnée J. Graves, tom. I.^' de son Ornithologie bri-
tannique; les tarses, les doigts et leurs membranes, sont d'un
cendré verdàtre. La tête et le cou sont noirs; les parties supé-
rieures d'un noir d'ai'doise , à l'exception des pennes moyennes
de l'aile , dont la bordure estbl?nche, et les inférieures d'un
cendré bleuâtre. Les vieux mâles ont le plumage d'un noir
plus profond, la plaque frontale plus large, ainsi que ks
liiembranes digitales, et le bec plus long ; on les a long-temps
POU .87
regardés comme une espèce particulière, qui a été Hési-^née
en François par le nom de macroule, et en latin parrépiihèttî
d'aterrima , Llnn. et Lath.
Sparrman a figuré, pi. i3, du Muséum carlsonianum, une
jeune foulque avant la mue, époque à laquelle la plaque fron-
tale, peu apparente, est, ainsi que le bec et les pieds, d'un
cendré bleuâtre, et où les parties inférieures sont d'un gris
nuancé de blanc. Le naturalistesuédois ayant présenté ce jeune
âge comme une espèce distincte ,sous le iiomdeyu/;ca «.'hiopî,
Gmelin l'a adoptée sans un assez mûr examen. Il eu est de même
d'une variété accidentelle que Sparrman a aussi fait figurer,
^)1. 12 du même ouvrage, sous le nom de fulica Ir.ucoryx y
quoique ce ne soit qu'une variété accidentelle, aux ailes en-
tièrement blanches, et dont on n'a trouvé qu'un seul individu.
Latham cite encore, mais comme simples variétés , deux indi-
vidus,yù/ica alba etfulicafusca, dont le premier avoitlecor;>s
blanc, et des taches éparses sur la tête et les ailes, et dont le
second avoit des taches brunes, de forme ovale , sur la gorge;
des taches blanches sur la tête, les plumes anales de la mê^ne
couleur, et le reste du corps brun.
On trouve plus de foulques dans les marais, sur les lacs et
les golfes de France, de Hollande et d'Angleterre, que dans
ceux d'Allemagne et de Suisse. Cctti , dans ses UccelU di Sar-
degna , pag. 28? , dit que ces oiseaMX sont si nombreux sur les
étangs de cette île, qu'on ne sème pas de blé dans leur voisi-
nage , où, sortant de l'eau pendant la nuit, ils couperolent
tout ce qui seroit à leur portée; mais qu'on remplace ce végé-
tal par du lin auquel ils ne touchent pas. Elles n'abandonnent
guère les contrées qui les ont vues naître , mais elles fréquentent
en été les étangs moins vastes, et les quittent à l'automne pour
ae réunir en grandes troupes sur ceux qui ont plus d'étendue,
et sont moins sujets à geler. Quand les frimas et le manque
d'eau les en chassent, elles se répandent même dans les plaines
où la température est plus douce. Elles s'apparient au mois
de février, et choisissent , pour y former leur nid, des en-
droits couverts de roseaux secs , sur lesquels elles en entassent
d'autres; lorsque la touffe est élevée au-dessus de l'eau, elles
en garnissent l'intérieur de petites herbes sèches , et il résulte
du tout une assez forte masse qu'on aperçoit de loin. Les fe-
288 FOU
melles pondent, suivant les uns, dix-huitàvingtœufs, etselort
d'autres seulement six ou sept; ce qui pourrojt, jusqu'à uu
certain point, se concilier en supposant que ceux-ci n'ont vu
que deseeondes couvées, moins considérables que les premières.
Cependant M. Temminck assure que le nombre u'excàde jamais
douze à quatorze. Les œufs, qui sont représentés dans [esOva
q.vium de Klein, pi. 12, n.° 5 , ont la forme d'une poire, et
sont presque aussi gros que ceux de la poule domestique;
leur couleur est un blanc sale et teint de brun, avec des
taches de rouille : on les vend dans les marchés en Hollande,
où ils sont aussi estimés que ceux de canards. L'incubation
dure vingt-deux à vingt-trois jours; et dès que les petits sont
éclos , ils sautent hors du nid pour n'y plus rentrer. La mère
les conduit à l'eau , où ils nagent et plongent très-bien ; la nuit
ils couchent autour d'elle sous les joncs. Ces petiîs sont cou-
verts d'un duvet noir enfumé, et paroissent très-laids ; on ne
voit alors sur ieur front que l'indice de la plaque blanche
qui doit lorner. Les busards, qui mangent souvent les œufs
dps foulques, et enlèvent quelquefois la mère, font aussi une
chasse cruelle aux petits, et détruisent des couvées entières. Il
y a alors une seconde ponte , et les vieilles foulques, que
plusieurs pertes de la même nature ont instruites , choisissent,
pour y établir leur nid , des endroits où il est mieux caché
par les glaïeuls; elles tâchent de retenir leurs petits dans les
grandes herbes, et c'est ainsi qu'elles parviennent à préserver
l'espèce d'une dépopulation générale.
La foulque a, dans l'état de liberté, deux cris différens ,
dont l'un est traînant, et l'autre coupé. BuHbn pense que c'est
le premier qu'a voulu désigner Aratus , en parlant du présage
qu'on en tiroit , et que Pline a entendu parler du second lors-
qu'au livre 8 , chap. 35 de son Histoire naturelle, il a dit quïl
annonçoit la tempête j mais , en captivité, cet oiseau est ab-
solument muet,
La chair des foulques est noire , et a un goût de marais fort
dés.igriable. Cependant on leur l'ait la chasse en hiver, lors-
qu'elles se sont rassemblées sur les grands étangs ; et pourcc^
effet des personnes réunies dans plusieurs nacelles, les poussent
du centre vers les joncs qui bordent une des rivcs; etlesforceujt
à se lever et à passer sur leurttte pour se rendre à uneautre;,
FOU 289
Cette traversée ne peut s'exécuter sans que les morelles ne
soient exposées à une décharge de fusils, et, la même ma-
nœuvre se renouvelant à l'autre extrémité, il s'en fait une
grande destruction. C'est ainsi qu'on en tue plusieurs centaines
dans les étangs de Tiaucourt et de l'Indre. Malgré le bruit des
armes et la mort de leurs compagnons, ces oiseaux ne se déter-
minent à quitter des lieux aussi funestes que la nuit suivante.
On prend aussi les foulques au tramail et à la pince d'Elvaski,
dont il est parlé au mot Filets.
M. d'Azara a trouvé au Paraguay deux oiseaux qu'il a dé-
crits, sont les n."' 447 et 448, comme étant des espèces dis-
tinctes de fouUjTies, et queSonnini a rapportés à la morelle et
à la macroule d'Europe , c'est-à-dire aux individus de divers
âge», qu'on a long-temps considérés comme formant, sinon
des espèces, au moins des races particulières. Le premier de
ces oheaux, fil lica leucoptera^ Vieill. , avoit environ treize
pouces de longueur; la queue étoit composée de douze
pennes pointues; le tarse étoit très-comprimé, et la plaque
frontale presque à demi circulaire ; les couvertures infé-
rieures de la queue, l'extrémité des pennes de l'aile les plus
rapprochées du corps étoient blanches; les pennes de l'aile en
dessous, et les grandes couvertures inférieures argentées; les
parties nues de la jambe d'un vert jaunâtre, l'iris d'un rouge
de saiig. Le second ,/(//ica rtrmi7/ttte, Vieill. , avoit environ
quinze pouces et demi de longueur; sa queue, non terminéeen
pointe, étoit composée de quatorze pennes; le tarse n'étoit
pas très-comprimé, et la base du bec n'étoit pas circulaire à
son insertion dans la tête; les pennes des ailes les plus rappro-
chées du corps n'avoient pas de blanc à leur extrémité, et la
j.inib'° avoit des jarretières d'un orangé vif.
M. Descourtilz a aussi vu à Saint-Domingue des foulques
qu'il a décrites, tom.a de ses Voyages , pag. 262 , comme ayant
le dessous delà queue d'un blanc éblouissant, l'œil d'un rouge
vif, le bec marqué, presque à l'extrémité de ch;ique mand:-
bule, deux taches brunes, tandis que la pointe étoit d'un bleu
turquoise, et le bas de la jambe ceint d'une zone membra-
neuse rouge-vermillon.
Il paroit résulter de ces différentes descriptions, comme
de celles des foulques d'Europe . que ces oiseaux , qui se res»
29° FOU
semblent en général , éprouvent dans la couleur et la taille „
à leurs âges divers et suivant les saisons, des difiFérences qu'on
a reconnu , pour nos morelles et nos macroules , ne pas cons-
tituer des espèces distinctes, et qui vraisemblablement n'ea
Ibrment pas de plus réelles en Amérique. On se bornera, sur
ce point , à faire observer que la blancheur des pennes alaires
qui a motivé la dénomination de la foulque leucoptère, ne
lui est point particulière, puisque la même couleur existe sur
une plus ou moins grande partie des ailes chez les morelles et
les macroules.
Plus anciennement les auteurs avoient aussi placé au rang
des espèces du genre Foulque, appartenant à l'Amérique ,
1.° LefuUca mexicuna, Br., Lath. et Gmel., correspondant
à Vyoalcoachillin de Fernandez , Hist. Nov. Hisp. , p.3o , cap. 74,
dont la membrane frontale est décrite comme fort épaisse et
d'un beau rouge-, la tête, la gorge, le cou, la poitrine, le
rentre, le haut des jambes, les couvertures du dessous de
la queue , et les côtés comme étant de couleur pourpre, et
les parties supérieures variées de bleu et de fauve, à l'excep-
tion des pennes alaires et caudales, annoncées comme étant
d'un vert pâle. Cet oiseau , à peu près de la taille de la ma-
croule, est rangé par M. Vieillot parmi ses porphyrions.
2° LefuUca americana, ou foulque cendrée , queLatham a
décrit d'après un individu de la collection de sir Lever, dont
tout le plumage étoit cendré, à l'exception de la gorge et du
milieu du ventre, lesquels étoient blanchâtres , et qui avoit
le bec d'un vert pâle et les pieds bleuâtres.
Outre ces espèces, fort douteuses, l'auteur angloîs qu'on
vient de citer en a décrit, sous le nom de foulque de Mada-
gascar ,/uh'ca cri&tatay une autre qui sembleroit mériter une
attention particulière, et qui se trouve aussi à la Chine, où
elle porte le nom de Izing kje. Cet oiseau , figuré dans le Sj-
nopsis de Latham, tom. 3 , part, i, pi. go, et dans les planches
enluminées de Bufifon , n.° 797, a le plumage d'un bleu noi-
râtre et la plaque du front charnue, relevée et détachée en
deux lambeaux formant une crête rouge. Bufibn met en ques-
tion si cette foulque, plus grande que la macroule , neseroit
pas au fond la même que celle d'Europe, agrandie et déve-
loppée par l'influence d'un climat plus actif et plus chaud.
FOU . .91
On a enfin donné improprement le nom de foulque à des
oiseaux étrangers à ce genre. C'est ainsi que la foulque à ai-
grette, à cornes ou à oreilles d'Edwards, est le grèbe cornu,
aolymbus cornutus , Gmel. ; que la foulque noire et blanche dii
même auteur est le petit grèbe, coljnibus minor , et que la
fouHque à bec varié de Catesby est le grèbe à bec cerclé,
colymbus podiceps , Gmcl. (Ch. D. )
FOUMA. (Bot.) Dans l'herbier de Vaillant on trouve sous
ce nom un solanum. des Antilles, qui paroît être le solanum
tr(s/e de Jacquin. (J.)
FOIJMART ou FuMMAR. (Mamm.) C'est, dit-on , dans
quelques endroits de l'Angleterre, le nom de notre belette.
mustella vulgaris , Linn. Voyez Martes. (F. C.)
FOUNINGO. (Ornith.) On trouve a Madagascar des pigeons
Tamiers, connus dans cette île sous ce nom, avec l'additioa
de ména-rabou pour Pun d'eux, et de maïtsou pour l'autre. Ce
sont les 36.* et Sy." espèces deBrisson,qui les a figurés, tom. i,
pi. 14 de son Ornithologie, avec les dénominations depige<wi
ramier bleu et pigeon ramier vert de Madagascar. Ils sont aussi
représentés dans les planches enluminées de Buffon, n.""!! et
m , et cet auteur n'ayant trouvé entre eux d'autre dijfférence
que celle de la couleur, et peut-être de iàge, Linnœus les ^
u compris l'un et l'autre sous la dénomination commune de
columbok madagascariensis ; mais M. Temminck les a placés dans
deux sections distinctes. Le founingo-ména-rabou, ou sim-
plement founingo , a tous les cai'actères propres aux co-
lombes, et il se fait remarquer par la peau nue dans laquelle
ses yeux sont placés; c'est le coLumba madagascariensis de
Latham , ou ramier founingo de Levaillant , pi. 266. Le
founingo-maïtsou, columba australis , Lath., ou columbar maït-
sou de Temminck, a le bec en pince solide et racornie, les
doigts larges et réunis à leur origine, et la plante des pieds
épatée comme dans les calaos; de sorte que le seul caractère
par lequel ces espèces se ressemblent est d'avoir chacune iç
tarse couvert de plumes jusqu'à l'origine des doigts. (Ch. D.)
FOUQUE (Ornith.), orthographe du mol foulque , dans
certains ouvrages. (Ch. D.)
FOUQUET. (Ornith.) Ce nom, suivant le vicomte de Quer-
koent, est donné, dans l'Isie-de France , à deux oiseaux dç
/»3»
292 . FOU
la grosseur d'un petit canard, qui ont le bec recourbé et les
pieds palmés, et dont un est tout noir, et l'autre a le ventre
et le dessous des ailes blancs. Ces oiseaux, qui ne sortent que"
la nuit des rochers par eux habités pour aller pêcher à la
mer, paroissent être de la même espèce que ceux dont on a
parlé au mot Diable, tom. i3, pag. 1:29 de ce Dictionnaire.
Celui que Sonnerat a bguré, p>. 86 de son Voyage à la Nou-
velle-Guinée, sèus le nom de petit fouquet des Philippines ,
est une hirondelle de mer, sterna philippina , Lath.; et la
même dénomination, qui n'est peut-être pas spécifique, est
appliquée par les marins au goéland brun , ou poule du port
Egmont des Anglois. (Ch.D.)
FOURAHA. {Bot.) Arbre de Madagascar et de quelques
autres lieux de l'Inde, duquel découle un baume vert très-
estimé pour les plaies et contusions, connu sous le nom de
baume vert ou baume de Marie. Cet arbre est le calophjllum
ca'aha. Flacourt le nomme /oora/ia. (J.).
FOURANG-DRA. (Bot.) Liane de Madagascar, citée par
Rochon, qui dit qu'elle a les feuilles de persil et le fruit à
trois angles. C'est peut-être une espèce de serjania dans la
famille des sapindées. (J.)
, FOURBISSON. {Ornith.) Ce nom, qui s'écrit aussi /our-
luisson, est vulgairement donné au troglodyte d'Europe,
motacilla troglodytes , Linn., à cause de son habitude de se
fourrer dans les buissons. (Ch. D.)
FOURCHU (Ornitli.) , dénomination par laquelle on dé-
signe le canard à longue queue ou pilet , anas acuta, Linn.
(Ch.D.)
FOURCROY. ( Ichthyol. ) M. de Lacépède a dédié au cé-
lèbre chimiste de ce nom une espèce de poisson qu'il â ran-
gée parmi les perches sous l'appellation de perça Fourcroi.
(H.C.)
FOURDINIER. {Bot.) Dans la Picardie et le Boulonois, on
donne ce nom au prunier épineux. (L. D.)
FOURDRAINES. [Bot.) On donne ce nom , en Picardie , aux
prunelles, ou fruits du prunier épineux. (L. D.)
FOURMEIROU. (Ornith.) Ce ternie, qui est cité, ainsi
que celui de foumeirou , aux articles de l'Hîstoire des Oiseaux
oîi Buffon parle du rossignol de muraille et du traquet, est
FOU , 293
écrit dans le premier avec un u terminal , et avec une n dans
le second. Mais, comme c'est, d'après M. Guys, une dénomi-
nation provençale, il y a Heu de penser que la première
terniinaison est la véritable. D'un autre côté, on ajoute au
mot foitrneirou ceux de cheminée, qui contribuent à jeter du
doute sur l'oiseau désigné. En effet, si les fourmis peuvent
être considérées comme faisant partie de la nourriture des
deux espèces, également insectivores, il n'en est pas de même
de l'habitude de se poser au-dessus des tuyaux de cheminée,
qui ne peut appartenir au traquet, lequel n'approche pas des
maisons. (Cir. D.)
FOURMI , Formica (Entom.), nom d'un genre d'insectes hy-
ménoptères, de la famille des myrmèges.
Ce nom de fourmi , qu'on écrivoit autrefois/broa ou /burm/i,
vient évidemment du mot latin /orm/ca, qu'on trouve dans
Plante, Térence , Cicéron, Sénèque, etc. Aristote désignoit
ces insectes sons le nom de ^Jp^t»^. Linnœus les avoit rappro-
chés sous ce nom de fourmi; mais, dans ces derniers temps,
MM. Latreille, Jurine . Fabricius les ont distribués dans plu-
sieurs autres genres, ainsi que nous l'indiquerons par la suite
de cet article et au mot Myrmèges , auquel nous renvoyons le
lecteur.
Le genre Fourmi, tel que nous l'étudions ici, comprend tous
les hyménoptères à abdomen pédicule arrondi, dont le premier
anneau est noueux ou écailleux; à antennes à peu près Jili/ormes ,
à premier article très-long, commebrisées ; à lè\>re inférieure courte.
Tous ces caractères éloignent ces insectes des autres familles
des hyménoptères, dont les uns ont le ventre sossile, les autres
la lèvre inférieure plus longue que les mandibules, quelques
uns l'abdomen concave en dessous, et enfin de ceux qui n'ont
pas les antennes brisées. Les seuls ptérodiples, comme les
guêpes, se rapprocheroient des fourmis; mais ceUes-ci , quand
elles ont des ailes, ne les ont jamais comme doublées sur leur
longueur, ainsi que les premiers, mais éfalées.
Les fourmis composent un genre dont les espèces sont fort
difficiles à réunir, car la plupart présentent trois modifica-
tions de forme, de grosseur, et quelquefois de couleur,
déterminées par le sexe, beaucoup plus différentes entre elles
que ne le sont les abeilles à miel. En effet, il y a parmi les
«94 FOU
fourmis des femelles , des neutres et des rnâles. Ces derniers
sont en général plus petits; ils vivent pendant moins de temps.
Les femelles sont plus grosses et en assez grand nombre: elles
ont des ailes , au moins pendant une certaine époque de
leur vie, tandis que les neutres sont constamment dépourvus
"d'ailes : particularité qui rapproche les fourmis des termites,
et qui les éloigne des abeilles et des guêpes, parmi lesquelles
il se trouve aussi des neutres.
Tout le monde connoît les fourmis, ces insectes qui vivent
en familles, en sociétés nombreuses, que l'on nomme/ourmi-
lières- qui tan lot se creusent des trous souterrains dans un sol
ferme et solide , au bas des murs exposés au midi , au pied des
arbres ou dans les souches que les bûcherons laissent dans nos
taillis; et qui tantôt réunissent en commun une masse énorme
de brins de bois , de feuilles desséchées ou de matières recueil-
lies sur les végétaux, pour se construire une sorte de ville , où
sont pratiqués des routes, des rues, des sentiers qui mènent
à des places. Ici, les unes se réunissent et déposent la nourri-
ture; là, les œufs pondus parles femelles sont gardés à vue et
protégés, jusqu'au moment où ils produisent des larves sans
pâtes, que les neutres se chargent de nourrir et de surveiller
jusqu'à leur complet développement. Mais n'anticipons pas
sur les faits que l'histoire des fourmis va nous faire exposer.
jVous emprunterons à l'ouvrage (i) de M. Pierre Huber, de
Genève , fils de l'observateur célèbre qui a si bien fait con-
noître les abeilles, les faits principaux que nous allons indi-
quer. Nous analyserons également le travail publié en 1802
par M. Latreille, sous le titre d'Histoire naturelle des Fourmis,
et l'excellent article qu'il a composé, en 1817, pour le dou-
zième volume du nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle.
Il nous étoit impossible de puiser à de meilleures sources.
Les fourmis, ainsi qu'on le verra au mot Myrmèges, ont
beaucoup de ressemblance avec les mutilles et les doiyles , et
même avec les tiphies^ qui ont aussi les antennes entil, et non
brisées. Mais, dans les doryles, le ventre est presque sessile ,
et dans les mutilles, le pétiole de l'abdomen est court, sans
nœud ni écailles. C'est en effet le pédicule alongé du ventre,
■'1') RECHERCHES STR Lrs ForRMis iNDiGr>'rs. Genève, 1812; in-S.**
FOU .95
tantôt offrant des renflemens , tantôt tme sorte d'écaille
concave ou dressée, qui caractérise les fourmis.
Les fourmis des trois sortes, neutres ou ouvrières, femelles
fécondes, et mâles, présentent quelques variétés de fonnes dans
les diverses parties du corps, comme nous allons l'indiquer
en considérant sucessivement leur conformation.
Dans les femelles, la tête est à peu près de la même largeur
que le corselet ; dans les mâles elle est plus étroite sensible-
ment , et surtout beaucoup plus arrondie presque dans tous les
sens, tandis que généralement, dans les neutres, la tête, surtout
en arrière, est plus large que le corselet, plus alongée en
avant, pour supporter les longues mandibules, ce qui lui donne
une forme ovale ou triangulaire. Les antennes des ouvrières ,
ou des femelles infécondes, sont semblables à celles de véri-
tables mères, composées presque constamment de douze arti-
culations, dont la première est à elle seule de la moitié de la
longueur totale de l'antenne ; les articles qui viennent ensuite
sont à peu près d'égales grosseur et longueur. Chez les mâles,
il y a un article de plus aux antennes, qui sont en outre beau-
coup plus longues relativement à la tête. Ces antennes sont
constamment insérées entre les yeux, vers le milieu du front.
Comme dans la plupart des insectes, dont les mâles sont
difFérensdes femelles, les yeux des mâles sont plus gros et plus
saillans. Les stemmates sont apparens dans les sexes féconds j
ils sont disposés en triangle •.' sur le sommet delà tête : mais,
chez la plupart des neutres, on ne peut pas les distinguer ; ce
qui devient un moyen à peu près assuré de discerner les fe-
melles, qui sont souvent dépourvues d'ailes, d'avec les indivi-
fVus neutres.
Les parties dont la bouche se compose dans les fourmis ,
offrent les dispositions suivantes .- Dans les mulets ou ouvrières ,
les mandibules sont solides, presque aussi longues que la tête ,
pointues à rextrémifé, et un peu dentelées du côté intérieur.
Chez les femelles, ces parties sont de même forme, mais moins
développées; dans les mâles, les mandibules, beaucoup plus
courtes , n'offrent plus de dentelures intérieures. Les mâchoires
sont petites, et ofirent à leur extrémité libre une languette
mince, élargie, dont la forme varie. Les palpes ou barbillons
que ces mâchoires supportent, sont composés de six article;^
^9*> FOU
en fil ou en soie. La lèvre inférieure représente une sorte de
langue, reçue dans une coulisse cornée, qui se termine par
une sorte de cuiller arrondie. Elle supporte latéralement des
palpes courts en fil ,de quatre articles chacun. Toute la bouche
est recouverte par une grande lèvre supérieure, presque car-
rée , qui s'appuie sur les mandibules.
Le corselet est, en général, comprimé dans les trois sortes
d'individus; plus étroit en arrière et comme tronqué dans les
neutres, offrant de chaque côté deux stigmates ou ouvertures
de trachées, propres à la respiration , et vers la partie dorsale
et postérieure, dans un très-grand nombre d'espèces, des épines
ou pointes cornées , qui servent probablement de moyens
de défense. Les mâles et les femelles ont le corselet petit en
proportion.
Les ailes des fourmis ne s'observent que dans les individus
féconds; les supérieures sont souvent plus longues que l'abdo-
men. D'après la figure qu'en adonnéeM. Jurine , on voit qu'elles
ont une cellule radiale alongée, étroite; deux grandes cellules
cubitales, dont la seconde atteint l'extrémité libre de l'aile:
le plus souvent il n'y a pas de cellules récurrentes. Les ailes
adhèrent très-peu au corselet; elles s'en détachent au moindre
effort, et souvent les femelles les perdent après la fécondation,
lorsqu'elles ne sont plus utiles à l'insecte, qui n'en a besoin
qu'à l'époque de l'accouplement qui paroît s'opérer dans les
airs.
Le ventre ou l'abdomen des mâles est composé de sept an-
neaux, c'est-à-dire d'un article de plus que dans les deux autres
sortes d'indiAàdus. Le premier article forme la base où le pé-
dicule s'applique sur le corselet; il a le plus souvent la forme
d'une écaille ovale ou arrondie, quelquefois carrée, dont les
dimensions sont plus grandes chez les femelles. Il paroît que
les individus neutres et les femelles sécrètent une liqueur acide
qui sort par l'extrémité de l'abdomen, et dont l'odeur est ex-
trêmement pénétrante; c'est cette liqueur qu'on avoit d'abord
regardée comme un acide animal particulier, mais que l'on
considère aujourd'hui comme analogue à celui que les chi-
mistes nomment acétique. C'est aussi à l'extrémité du ventre
qu'on peut apercevoir, en y exerçant une légère pression, les
organes propres à la reproduction.
FOU 297
Les pâtes des fourmis sont alongées à peu près <1e même
étendue que le corps; les cuisses et les jambes sont compri-
mées. Les tarses, composés chacun de cinq articles, se termi-
nent par deux ongles, entre lesquels ou remarque une sorte
de disquevelouté, qui adhère fortement aux corps les plus lisses.
Les fourmis proviennent de petits œufs blancs, tantôt cylin-
driques, petits et opaques, tantôt transparens, plus gros, et
arqués sur leur longueur. On distingué, sous la peau coriace
<{ui les enveloppe, une matière liquide, plus ou moins blan-
châtre, dont la disposition varie. Il paroit que la matière
I)lanche est le germe ou même la peau de la petite larve. Les
femelles pondent ces œufs comme au hasard, en changeant ae
place dans l'intérieur des galeries souterraines : les neutres les
recueillent avec beaucoup de soin; elles les saisissent délicate-
ment avec leurs mandibules, les tournent et retournent comme
en les léchant, et les disposent Comme par tas dans certains
espaces préparésKravance. La chaleur fait éclore ces œufs, soit
que la larve ait pris plus de volume ou de force pour briser
sa coque; soit que l'enveloppe elle-même, s'étant desséchée, se
fende dans un sens pour ainsi dire déterminé d'avance. M. Hu-
ber a fait la remarque que les œufs nouvellement pondus sont
plus blancs ou moins transparens, et même d'un moindre
volume; il pense que ces œufs prennent de l'accroissement-
qu'ils changent de forme, parce que les neutres les abreuvenf
d'une humeur nécessaire. Il a constaté, par des expériences
réitérées, que la plupart de ces œufs périssent et se dessèchent
quand on les enlève de la fourmilière, ou quand on les
soustrait aux soins que semblent en prendre constamment les
individus delà race des neutres.
Dans notre climat, l'espèce d'incubation dont les œufs ont
besoin, est d'une quinzaine de jours environ. I-es petils vers
ou les larves qui en proviennent, sont alongées; leur corps est
translucide. A peine donnent-elles quelques signes de mou-
vement et de vie, que des neutres s'empressent de leur pro-
diguer les soins les plus assidus, soit pour les proléger de toute
espèce de contact, soit pour les maintenir dans un isolement
et \ine propreté très-soignée. Si la chaleur extérieure , et sur-
tout si la lumière du soleil pénètre sur la fourmilière, les
gardes ou sentinelles extérieures viennent en donner la nou-
^■?S FOU
velle aux fourmis neutres, auxquelles l'éducation des larves
est confiée; elles les entraînent, et les obligent à transporter
ces larves dans les galeries supérieures , qui reçoivent une
influence plus active de la température élevée de l'atmo-
sphère.
Ces larves sont apodes , comme la plupart de celles des hy-
ménoptères , les uropristes exceptés. On distingue à l'extré-
mité antérieure de leur corps une sorte de tête écailleuse, où
l'on voit deux petits crochets qui correspondent probablement
aux mandibules, et des rudimens à peine ébauchés des mâ-
choires et des palpes, au centre desquels est un mamelon
<"ontractile , souvent ouvert, qui est la bouche par laquelle
l'animal absorbe la matière alimentaire que les neutres lui
apportent, et à l'approche de laquelle ce mamelon semble se
dresser et se diriger vers la bouche de l'individu , qui vient la
dégorger: de manière que cet aliment paroît avoir subi une
sorte de digestion stomacale préparatoire dans l'individu
neutre, qui auroit ainsi en quelque sorte la faculté de ruminer.
La plupart des larves des fourmis, lorsqu'elles ont acquis
à peu près l'accroissementdéterminé par la nature pour chaque
•espèce, et lorsqu'elles doivent et qu'elles sentent qu'elles vont
se transformer en nymphes, se filent une sorte de cocon très-
léger, d'une soie dont les fils, excessivement déliés, se collent
cependant les uns aux autres , de manière à constituer une
sorte de tissu tellement lisse et serré, qu'il ressemble tout-à-
fait à une membrane ou à une couche très-mince d'un vernis
ou d'une gomme formant une coque alongée, pâle, jaunâtre
ou grisâtre, selon les espèces. On distingue, à travers cette sorte
de peau ou de coque, la métamorphose que subit la larve. D'a-
bord elle se vide du résidu de sesalimens, et cette matière , des-
séchée et noirâtre occupe, ordinairement l'extrémité de la coque
opposée à celle où l'on voit, par la suite, la tête de l'animal.
La peau de la larve quitte l'animal, qui présente alors abso-
lument à nu toutes les parties de la fourmi future, mais dans
un état de mollesse et de transparence extrême ; il semble
que l'animal soit encore tout liquide ou même gélatineux.
Cependant tous les membres, toutes les articulations, tous les
organes sont distincts, quoique renfermés dans une sorte de
gaîned'une ténuité telle que la lumière se décompose ou s'irise
FOU 299
«n les traversant. Peu à peu , et vers l'époque de l'éclosion de
l'insecte parfait, les parties deviennent de plus en plus colo-
rées, suivant que l'animal doit l'être lui-même davantage.
Il paroît, d'après les observations réitérées de M. Huber,
que le plus souvent les fourmis neutres hâtent l'époque natu-
relle de la sortie des individus delà coque qui les renfermoit.
Elles déchirent la coque extérieure, enlèvent délicatement
les débris de la gaîne translucide qui enveloppe leurs membres,
en alongent les parties, et surtout étendent avec soin la mem-
brane qui doit former l'aile par son dessèchement ; et aussitôt
que l'animal est assez consolidé pour se soutenir sur les pâtes,
on s'empresse de lui apporter une nourriture qui paroît des-
tinée à le corroborer.
Les fourmis neutres, les mâles et les femelles éclosent à peu
près en même temps. Toutes restent pendant quelques jours
dans l'intérieur de l'habitation, soignées, surveillées, proté-
gées, instruites et nourries par les anciens neutres, qui les
suivent et semblent les diriger dans tous leurs mouvemens.
L'émigration n'a lieu que pour les mâles et les femelles. L'é-
poque en est déterminée et fixée , pour chaque espèce , à quel-
ques jours de distance dans les diverses saisons, mais surtout
en été et en automne ; car il faut que l'atmosphère soit élevée
en température à seize degrés à peu près du thermomètre de
Réaumur, pour que les essaims se forment. C'est ordinaire-
ment vers la chute du jour, dans les belles soirées , que s'opère
cette émigration. Nous allons emprunter à M. Huber les
détails qu'il a donnés sur ce grand événement , qu'il a
observé dans la race de l'espèce de fourmi dite des gazons
( cespilitm ).
« Les mâles des fourmis sortent par centaines de leurs sou-
terrains, et promènent leurs ailes argentées et transparentes.
Les femelles, en plus petit nombre, traînent au milieu d'eux
leur large ventre bronzé, et déploient aussi leurs ailes , dont
l'éclat changeant et irisé ajoute encore à l'effet agréable que
produit le mouvement d'une si grande masse d'individus. Un
nombreux cortège d'ouvrières les accompagne sur soutes les
plantes qu'ils parcourent; déjà le désordre et l'agitation régnent
sur la fourmilière. L'effei*vescence augmente à chaque instant:
les individus ailés montent et grimpent avec vivacité le long
3oo FOU
des brins d'herbes , et les ouvrières les y suivent , courent d'un
mâle à un autre, les touchent àe leurs antennes, et semblent
leur offrir encore de la nourriture. liCS mâles quittent enfin
le toit de la famille ; ils s'élèvent dans les airs, comme par une
impulsion générale, et les femelles ne tardent pas a les suivre.
La troupe ailée a disparu, et les ouA'^rières retournent encore
sur les traces de ces êtres favorisés, qu'elles ont soignes avec
tant de persévérance, et qu'elles ne reverront jamais.
« Parvenues dans les airs, les fourmis ailées se réunissent et
s'accouplent. Les femelles semblent rester immobiles et planer,
tandis que les maires, plus légers, viennent se placer sur leur
dos ; et bientôt ces insectes réunis tombent, soutenus par leurs
ailes, comme sur un parachute: la terre, les plantes en sont
jonchées. L'accouplement dure une ou plusieurs heures. Les
femelles restent le plus souvent immobiles, et lorsqu'elles
cheminent, elles se séparent des mâles. Toutes les femelles et
quelques mâles vont à quelque distance se réunir en un essaim,
comme une peuplade naissante.
« Au reste, toutes les races de fourmis ne se séparent pas
ainsi. 11 en est qui restent fécondées dans les airs , où elles for-
ment des sortes de nuées et de tourbillons que les vents en-
traînent à des hauteurs considérables dans l'athmosphère, d'où
elles se précipitent ensuite sur la terre, souvent à de très-
grandes distances des lieux qui les ont vues naître.
<!c Lorsque les fourmis femelles sont fécondées, il semble que
leurs ailes sont devenues pour elles des organes tout-à-fait
inutiles ; elles ne cherchent qu'à s'en débarrasser. Oii les voit
en effet les saisir avec les mandibules, les tirailler avec les
pâtes , et surtout , au moindre danger, il semble qu'elles
s'empressent de les arracher, pour s'échapper plus facilement
par la fuite.
« Il y a des races de fourmis qui ne sont pas fécondées dans
l'air. I,es sexes se rapprochent dans la demeure commune ou
dans les environs, et les neutres semblent s'opposer à leur
émigration. Le grand but de la nature étant rempli, les ou-
vrières saisissent les ailes des femelles fécondées, les leur arra-
chent, et les forcent de rentrer dans les galeries souterraines,
où elles les gardent à vue, les nourrissent et les soignent. Bientôt
ces mères, dont l'abdomen a pris bea,ucoup d'étendue par le
FOU 5oi
développement des œufs, sentent le besoin de les déposer; et
les neutres, comme nous l'avonsdit plusluiTit, reçoivent chacun
d'eux, se les transmettent, et les amoncèlent dans des espaces
où leur éclosion ne tarde pas à s'opérer. C'est surtout dans
la race des fourmis fuligineuses que ces particularités ont été
observées. ^
Les fourmis , comme nous l'avons déjà annoncé , se réu-
nissent et vivent en sociétés nombreuses. Nous emprunterons
à leur célèbre historien , M. Huber, les détails qui vont
suivre.
On trouve dans les fourmilières des réunions d'individus des
trois sortes de la même espèce : c'est le cas le plus ordinaire ;
mais il en est d'autres qui sont composées en outre d'un très-
grand nombre d'individus ouvriers , d'une ou de deux races
ou espèces tout-à-fait distinctes. C'est sous ce rapport que
M. Huber a considéré les fourmilières.
La grande fourmi des bois , qui paroit être la fourmi rousse
ou fauve de Linnaeus, est celle dont notre auteur a étudié les
mœurs avec le plus de soin. Il en distingue deux variétés: l'une,
dont la partie supérieure du corselet est noire ou de même
couleur que le ventre , que l'on rencontre le long des haies et
dans les prairies; Tautre, dont le corselet est roux en dessous,
qui se plaît plus particulièrement dans les taillis, et dont les
larves et les nymphes, que l'on appelle assez improprement
des œufs de fourmis , sont principalement recueillies par les
gens de la campagne pour servir à la" nourriture des dindon-
neaux, des faisans et des perdrix qu'on élève en domesticité.
Cette race de fourmi rassemble, comme nous l'avons dit, des
tas considérables de débris, de végétaux, et d'autres corps
organisés bien secs. Le tout est disposé de manière à composer
une sorte de voûte ou de dôme, dont la forme varie suivant
que l'édifice est adossé ou non contre une souche ; une pierre ,
ou fout autre corps solide.
Quand on examine avec attention cette sorte de construc-
tion, on voit que son architecture est disposée suivant toutes
les règles qu'exigeoit l'hygiène la mieux raisonnée. En effet,
toutes les eaux pluviales seront déversées et recueillies de
manière à préserver l'habitation de toute humidité ; les ave-
nues ne seront abordables que pour la population, et inter-
0O2 FOC
dites à tous ses ennemis ; les habitations intérieures seront dis-
posées de manière à recueillir et à conserver une température
élevée et à peu près constante.
Ordinairement ces fourmis, après avoir choisi le lieu con-
venable à l'établissement de leurs peuplades, où elles ont
probablement découvert une cavité plus ou moins spacieuse ,
semblent s'entendre entre elles pour travailler en commun à
cette construction. Les unes travaillent en mineuses, transpor-
tent isolément, ou en se réunissant par groupes de trois nu
quatre individus, les parcelles de terre ou d'autres fragmens
du sol qu'elles se creusent; elles les disposent de manière à
consolider les matériaux venus du dehors, soit en les gâchant
avec une sorte de bave qu'elles rejettent par la bouche , soit
en les entassant dans les espaces libres que laissent entre eux
les fragmens de broussailles que d'autres individus ont été re-
cueillir dans les lieux circonvoisins. Si , pendant cette époque ,
il survient des pluies , qui semblent avoir été prévues , la
peuplade profite de cette circonstance pour travailler avec
plus d'ardeur aux travaux intérieurs et profonds. La terre est
pétrie avec le liquide; elle devient une sorte de pisé ou de
mortier, qui va être transporté dans les parties basses de l'édi-
fice , et celui-ci se trouve bientôt divisé en galeries et voûtes
souterraines , destinées à conduire dans des chambres spa-
cieuses,. dans des salles communes, où la famille dépose et
conserve les alimens, les provisions et l'espoir d'une génération
nouvelle. Plus ou moins rapprochés de la surface, des espaces
vides, où viennent aboutir des galeries horizontales, sont
destinés à recevoir les œufs, les larves ou les nymphes, suivant
que sous ces divers états la famille encore au berceau a besoin,
pour son développement ultérieur, d'une température plus
ou moins élevée.
Des orifices extérieurs servent, pour ainsi dire, de portes à
des villes, et mènent de la surface de l'édifice à ses divisions
profondes. Leur forme apparente est celle d'un cône irrégulier
ou d'un entonnoir, dont la base est plus ou moins large; il
n'y en a souvent qu'une seule principale, située au centre ou
sur le sommet du monticule, avec un grand nombre de pas-
sages plus étroits, ou de.poternes, qui ne livrent d'issue qu'à
deux ou trois individus à la foii. Souvent même, vers le décUa
FOU 3o5
du jour, toutes ces portes sont barricadées, de manière à ne
laisser pénétrer que des êtres pour ainsi dire du même calibre
et dont des sentinelles mises en vedettes à l'entrée de ces ori-
fices semblent venir explorer les desseins. Dès les premiers
rayons du jour les entrées sont débarrassées de toutes ces en-
traves, à moins que l'état du ciel ne s'oppose à la sortie des
travailleuses, qui paroissent alors occupées aux constructions
intérieures.
D'autres espèces de fourmis , que M. Huber appelle maçonnes ,
se construisent, uniquement avec de la terre, des habitations
plus ou moins solides.
C'est ainsi que l'espèce que M. Latreille appelle brune {for-
mica fusca), bâtit, sans aucun mélange de matériaux, une
demeure composée d'un grand nombre d'étages superposés,
chacun de quatre à cinq ligues d'élévation, dont les cloisons
horizontales, qui servent par conséquent de planchers et de
plafonds, sont formés d'une sorte de mortier qui, lorsqu'il
est desséché, présente une pâte d'un grain fin homogène, dont
l'épaisseur atteint au plus une ligne. M. Huber a suivi le
travail de ces insectes, qui ne s'opère guère que lorsque la
terre a été humectée, soit par la pluie, soit par la rosée du
matin, et il nous a fourni les détails suivans.
L'insecte creuse la terre, où il travaille en ratissant et mor-
dant le terrain avec ses mandibules ; il en détache ainsi quel-
ques parcelles pulvérulentes, qu'il mouille d'une sorte de bave
pour en former une petite pelotte, qu'il saisit et qu'il trans-
porte vers le point où le travail commun exige quil soit ap-
pliqué, pour former une cloison soit horizontale, soit verticale.
Les pâtes, les antennes et les palpes sont continuellement en
action pendant ce travail. Les premières pétrissent, étendent
et affermissent le mortier dans tous les vides, et sur une sur-
face que les autres organes semblent palper, pour en affermir
la surface et en diriger l'épaisseur. Ce sont des cloisons, des
piliers, des colonnes, des arcs-boutans, des murs de refend,
des voûtes qui se forment et se solidifient à vue d'œil. Un étage
complet a été construit sous les yeux de notre observateur,
dans un espace de sept à huit heures.
Une autre espèce de fourmi maçonne, la noire cendrée^
emploie des matériaux plus grossiers dans ses conslructions.
3o4 FOU
Il paroît, d'après les recherches curieuses de notre observa-
teur, que chaque fouruii de cette race agit indépendamment
de ses compagnes. Cliacune travaille isolément; mais à peine
un plan a-t-il un commencement d'exécution sur la moindre
esquisse, que d'autres individus viennent aider le premier dans
son travail. L'eau fournit le ciment dont elles ont besoin; la
chaleur de l'air et du soleil vient donner la solidité à la matière
df leurs édifices : elles n'ont d'autres ciseaux que leurs man-
dibules, d'autres compas que leurs antennes, d'autres truelles
que leurs pâtes de devant, dont ellesse servent d'une manière
admirable pour mélanger , pétrir et consolider leur terre
mouillée. Elles savent toutes ébaucher, construire, polir et
retrancher leur ouvrage selon l'occasion. Des brins d'herbes,
de chevelu de racines, qu'elles rencontrent dans leurs nids,
sont employés habilement pour lier entre elles et consolider
les loges et les autres parties de leur modeste édifice.
■Les fourmis menuisières ou sculpteuses, comme celles que
l'on nomme fuligineuse , éthiopienne , hercule, établissent leur
république dans le tronc même de vieux arbres, des chênes
vermoulus, des châtaigniers, des saules. Elles y travaillent de
manière à y construire des chambres disposées par étages ho-
rizontaux, et séparées entre elles, soit sur les côtés par des
espèces de murs verticaux , soit en dessus et en dessous par
des plafonds et des planchers, dont l'épaisseur est à peu près
celle d'une carte à jouer. Quelquefois ces cloisons sont percées à
jour, et représentent une sorte de colonnade; mais toutes ces
cloisons sont imprégnées d'une bave noirâtre, qui leur donne
beaucoup de solidité. Les couches du bois, qui sont plus ou
moins régulièrement concentriques, donnent à l'ensemble de
ce travail une très-grande réguiarilé, quand on en examine
séparément quelques débris. Voici comme M. Hubert décrit
cette sorte d'habitation.
Des galeries horizontales , cachées en grande partie par
leurs parois, suivent la forme circulaire des couches ligneuses.
Ces galeries parallèles, séparées par des cloisons très-minces,
n'ont de communication que par quelques trous ovales pra-
tiques de distance en distance. Telle est r«bauche de ces
ouvrages si délicats et si légers. Ailleurs ces avenues ouvertes
latéralement conservent encore entre elles des fragmeus de
FOU 3o5
paroi qui n'ont pas encore été abattus, et l'on remarque que
les fourmis ont aussi ménagé ça et là des cloisons transversales,
dans l'intérieur même des galeries, pour y former des cases
par leur rencontre avec d'autres. Quand le travail est plus
avancé, on voit toujours des trous ronds, encadrés par deux
piliers pris dans la même paroi. Avec le temps ces trous de-
viennent carrés, et les piliers, d'abord arqués à leur extré-
mité, se changent en colonnes droites parle ciseau de nos
sculpteuses : c'est le second degré de l'art. Peut-être une partie
de l'édifice doit-elle rester dans cet état.
Mais voici des fragmens tout autrement ouvragés, dans
lesquels ces mêmes parois, percées de toute part, maintenant
soutiennent les étages, et laissent cependant une communica-
tion parfaitement libre dans toute leur étendue. On conçoit
aisément que des galeries parallèles, creusées sur le mêuieplan,
et dont on abat les parois en ne laissant , de distance en dis-
tance, que ce qu'il faut pour soutenir leurs plafonds, doivent
former ensemble un seul étage ; mais, comme chacune a été
percée séparément, leur parquet ne peut pas être très -plan ,
tfès-bien nivelé. Au contraire, il est creusé fort inégalement,
avantage d'ailleurs précieux pour nos fourmis, puisque les
•sillons les rendent plus propres à retenir les larves qu'elles y
déposent.
Quand le travail est creusé dans de grosses racines, il est
moins régulier, mais dune construction plus légère et plus
délicate^ les cloisons prennent alors la ténuité d'une feuille
de papier, et forment des cases de huit à dix pouces d'éten-
due carrée, subdivisées elles-mêmes en d'autres petites cases
intérieures. Il paroit que ces fourmis recueillent les fragmens
du bois qu'elles ont divisé, qu'elles les collent avec une bave
visqueuse, qui se consolide en se séchant, et qu'elles s'en
servent ainsi pour calfeutrer les cases et pour boucher les
ouvertures inutiles ou nuisibles.
Les fourmis , à quelques races qu'elles appartiennent ,
offrent encore de» létails de mœurs et d'habitudes extrê-
mement curieux à connoître, et dont nous allons indiquer
quelques uns.
D'abord elles paroissent avoir une sorte de langage muet
ou de geste ^our exprimer leurs besoins mutuels, et pour en
3o6 FOU
transmettre la connoissance à ceux des individus de la famille
qui peuvent y avoir quelque intérêt. C'est ainsi que , quand on
attaque des fourmis à l'entrée de leur habitation, quelques
unes d'entre el'Cs se portent en dedans de la fourmilière, sem-
blent y sonner l'alarme , pendant que celles qui ont été d'abord
attaquées cherchent à se défendre vaillamment, comme pour
donner le temps aux habitans de la ville assiégée de faire leurs
arrangemens intérieurs, de transporter plus profondément ,
et dans les caves de sûreté, les œufs et les larves qui avoient
été déposés dans les parties supérieures de l'édifice pour y
recevoir l'influence vivifiante de la chaleur atmosphérique.
L'alarme devient bientôt générale ; les fourmis quittent leur
retraite, vont et viennent, et semblent courir tumultueuse-
ment. Elles laissent échapper un acide très-fort, dout l'odeur,
plus ou moins musquée ou aromatique , afifecte vivement
l'odorat, comme le vinaigre distillé.
Si ces insultes, ces ravages se répètent plusieurs fois, les
fourmis quittent leur habitation pour aller l'établir ailleurs.
C'est une sorte d'émigration générale, qui cependant est pri-
mitivement déterminée par la volonté de quelques unes. Dans
sesRecherchessurles Mœurs des Fourmis, M. Huber s'explique
ainsi, en parlant des migrations des fourmis fauves.
Les fourmis sont quelquefois exposées à changer de domi-
cile. Une habitation trop ombragée , trop humide , exposée aux
insultes des passans ou voisine d'une fourmilière ennemie ,
cesse-t-elle de leur convenir , elles vont ailleurs porter Us
fondemens d'une nouvelle patrie. C'est ce que j'ai cru, dit-il ,
devoir appeler du nom de migration, celui de colonie n'of-
frant pas une idée aussi juste dans ce cas, puisqu'il ne s'agit
pas ici d'une portion de la métropole, mais de la nation en-
tière qui se transporte dans une nouvelle cité.
M. Huber, ayant un jour dérangé l'habitation d'une peu-
plade de fourmis fauves, s'aperçut qu'elles changeoient de
domicile. Il vit à dix pas de leur nid une nouvelle fourmilière
qui communiquoit avec l'ancienne par un sentier battu dans
l'herbe, et le long duquel les fourmis passoient et repassoient
en grand nombre. Il remarqua que toutes celles qui alloicnt
du côté du nouvel établissement étoient chargées de leurs
coinpagnes, taudis que celles qui se dirigeoient dans le sens
FOU 3o7
contraire, revenoient une à une : celles-ci alloient sans coûte
dans l'ancien nid chercher des habitans pour le nouveau.
Il falloit voir, dit-il, arriver les recruteuses sur la fourmi-
lière natale, pour juger avec quelle ardeur elles s'occupoicnt
de leur colonie : elles s'approchoient à la hâte de plusieurs indi-
vidus , les flattoient tour à tour de leurs antennes , les tiroient
avec leurs mandibules, et sembloieot en vérité leur proposer
le voyage. Si l'invitée acceptoit le voyage, la porteuse se retour-
noitpour enlever celle qu'elle avoit gagnée; celle-ci se suspen-
doit et se rouloit autour de son corselet: tout cela se passoit
ordinairement de la manière la plus amicale. Quelquefois
cependant celles qui vouloient établir la désertion saisissoicnt
les autres fourmis par surprise, et les entraînoient de force
hors de la fourmilière, sans leur laisser le temps de résister.
Ce n'est que quand la nouvelle habitation est préparée ,
quand les cases , les voûtes , les avenues y sont pratiquées , que
les nymphes et les larves y sont apportées, puis les mâles et les
femelles. Dès lors l'ancienne habitation est pour toujours aban-
donnée.
Quand la nouvelle fourmilière est fort éloignée de l'an-
cienne, M. Huber a vu des relais établis sur la route : ce sont
des cavités percées dans la terre, et composées de plusieurs
cases assez spacieuses, où les larves, les femelles et les mâles
sont déposés momentanément.
L'un des faits les plus curieux de l'histoire des fourmis, c'est
l'art avec lequel ces insectes tirent des pucerons leur princi-
pale nourriture. Réaumur avoit déjà fait connoître quelques
uns de ces détails, et c'est d'après lui que Linnseus avoit dit
des pucerons : Ce sont les vaches des fourmis {hœformicarum
«accœ). Mais M. Huber, dans le chapitre qu'il a intitulé Liaisons
des Fourmis avec les Pucerons , nous en a plus appris que tous
les naturalistes qui avoient jusqu'alors obs ivé ces insectes.
Nous allons en extraire les idées principales.
On sait que les pucerons se fixent sur les plantes pour les
sucer, en insinuant dans leur tissu l'extrémité de leur trompe.
On sait aussi que la plupart des espèces, différentes pour chaque
genre de plante, portent en arrière deux sortes de cornes,
qui sont des sortes de conduits par lesquels l'animal laisse
suinter une humeur plus ou moins sucrée et traosparente , qui
3o8 FOU
souvent est lancée à une distance assez considérable, et qui.
en se desséchant sur les feuilles, y forme une espèce de vernis
que Ton nomme la miellée, et qu'on a cru long- temps être
sécrétée par la plante elle-même. (Voyez Poceron.) M. Bois-
sier de Sauvages avoit déjà observé que les fourmis attendoient
le moment où les pucerons faisoient sortir de leur ventre cette
manne précieuse, et qu'elles savoient la saisir aussitôt. M. Hu-
ber a découvert que c'étoit là leur moindre talent, et qu'elles
savoient encore se faire servir à volonté j et il a ainsi fait con-
noître leur secret.
Une branche de chardon étolt couverte de fourmis brunes
et de pucerons. M. Huber observa quelque temps ces derniers ,
pour saisir, s'il étoit possible, l'instant où ils faisoient sortir
■de leur corps cette matière; mais il remarqua qu'elle ne sor-
toit que très-rarement d'elle-même, et que les pucerons,
éloignés des fourmis, la lançoient au loin. Comment se faisoit-il
donc queles fourmis, errantes sur les rameaux, eussent presque
toutes des ventres remarquables par leur volume, et remplis
évidemment d'une liqueur? Une seule fourmi, observée avec
soin , lui expliqua ce mystère. Il la suivit dans sa marche : elle
passoit, sans s'arrêter, sur quelques pucerons, que cet attouche-
ment ne dérangeoit pas. Bientôt la fourmi s'arrêta auprès d'un
des plus petits pucerons; elle sembioit le flatter avec ses an-
tennes, en touchant alternativement de l'une et de l'autre
l'extrémité de son ventre, avec un mouvemement très-vif.
Notre observateur vit avec surprise la liqueur paroître hors
du corps du puceron , et la fourmi saisir aussitôt la gouttelette ,
qu'elle faisoit passer dans sa bouche. Un autre puceron, ca-
ressé de la même manière, fit sortir le fluide nourricier en
plus grande dose, parce qu'il étoit plus gros. La fourmi passa
ensuite à un troisième, et même à un cinquième. Rassasiée,
sans doute , la fourmi redescendit sur la tige du chardon , pour
rejoindre sa demeure.
M. Huber a vu mille et mille fois , et nous avons répété nous-
même cette observation. 11 est constant que les fourmissavent
obtenir à volonté des pucerons cette liqueur, que l'animal sait
aussi recueillir quand elle a été lancée sous forme de miellée.
La fourmi brune est une des plus habiles à se procurer sa
subsistance par ce moyen j mais toutes les espèces ont ce talent.
FOU 3o9
et M. Huber termine ce chapitre en disant : Je ne connois pas
de fourmis qui n'aient l'art d'obtenir des pucero 'S le soutien
de leur vie ; on diroit qu'ils ont été créés pour elles.
Les cochenilles femelles ou les gallinsectes fournissent aussi
des sucs nourriciers aux fourmis. M. Huber lésa observéessur
les pêchers, la vigne, l'oranger et le mûrier. Mais ce qu'il y a
de plus étonnant dans cette particularité de l'histoire des
fourmis, ce sont les faits suivans, qui en sont pour ainsi dire
la conséquence, et que M. Huber a décrits comme le résultat
d'une industrie presque humaine.
11 y a des fourmis qui ne sortent presque jamais de leurs de-
meures; on ne les voit aller ni sur les arbres, ni sur les fruits.-
elles ne se livrent même pas à la chasse d'autres insectes. Ce-
pendant elles sont extrêmement multipliées dans nos prés et
dans nos vergers. Elles n'ont pas deux lignes de long ; leur
corps est d'un jaune pâle , un peu transparent , et comme légè-
rement velu. Ce sont les fourmis jaunes , qui auroient mieux
mérité le nom de souterraines.
M. Huber, désirant savoir comment ces fourmis, qui ne
quittent guère leur demeure, pouvoient se sustenter, prit
le parti de remuer la terre où il savoit qu'étoit leur nid : il fut
fort étonné d'en tirer des pucerons, et, en examinant avec
plus de soin, il reconnut que les racines des graminées qui pous-
soient au-dessus de la fourmilière , étoient couvertes de pu-
cerons de différentes espèces. Il y en avoit d'étiolés, de blan-
châtres ou couleur de chair, de verts, de violets, de rayés
de noir et de vert.
Cette découverte expliquoit fort bien pourquoi les fourmis
de cette espèce ne s'éloignoient pas de leur demeure, puis-
qu'elles y trouvoient tous les besoins de la vie. En effet, ces
fourmis étoient fort soigneuses de leurs pucerons : elles les
prenoient souvent à la bouche pour les emporter au fond du
nid ; elles les suivoient avec sollicitude.
M. Huber a vu les fourmis de deux habitations voisines se
disputer leurs pucerons. Quand celles d'un nid pouvoient en-
trer dans l'autre, elles les déroboientaux premiers possesseurs,
et souvent ceux-ci se les disputoient et s'en emparoient à leur
tour-, car les fourmis connoissent tout le prix de ces petits
animaux : c'est leur trésor, leurseule possession. Une fourini-
Sio FOU
liére est plus ou moins riche, suivant qu'elle a plus ou moins
de pucerons: c'est leur bétail, ce sont leurs vaches et leurs
chèvres. On n'eût pas deviné, ajoute- t-il, que les fourmis
vécussent comme les peuples pasteurs.
Il paroît que ce sont les fourmis elles-mêmes qui trans-
portent ainsi les pucerons, pour les nourrir dans cet état de
domesticité , comme dans des étables. M. Huber a observé que
ces mœurs sont communes à quatre ou cinq races de fouripis;
mais les jaunes sont beaucoup plus prévoyantes: elles ont cons-
tamment des pucerons dans leur nid : elles ne les mangent pas :
elles paroissent au contraire les réunir, afin de jouir plus
commodément de la liqueur qu'ils en obtiennent.
Les fourmis ont un si grand intérêt à la conservation de
leurs pucerons, que les œufssnêmede ces insectes deviennent
l'objet de leurs sollicitudes. Un jour du mois de novembre,
M. Huber, curieux de savoir si les fourmis jaunes commen-
çoient à s'enfoncer dans leurs souterrains, démolissoit avec
précaution leur domicile case par case. Il n'étoit pas bien
avant dans son exécution, lorsqu'il découvrit une loge conte-
nant un amas de petits œufs, la plupart de couleur noire
foncée. Ils étoient environnés de plusieurs fourmis qui parois-
soient en prendre soin, et qui cherchèrent aussitôt à les em-
porter. Les fourmis n'abandonnèrent pas cette loge, dont notre
observateur s'étoit emparé pour les examiner à loisir. Pendant
le transport, ces fourmis "disposèrent les œufs autrement,
comme pour les soustraire aux recherches. Ces œufs étoient
évidemment des œufs de pucerons : M. Huber a eu souvent
occasion d'en voir sortir l'insecte sous l'état parfait.
En suivant toujours pour guide, dans cette histoire des
fourmis , le patient et habile observateur dont nous avons déjà
emprunté tant de faits curieux, il nous reste à faire connoître
les populations des fourmis dans lesquelles on trouve réunies
des espèces différentes, qui semblent ainsi composer des so-
ciétés mixtes, c'est-à-dire, où l'on observe en même temps
des individus neutres qui appartiennent évidemment à des
paces différentes. Ces fourmis, ouvrières différentes, ont été
enlevées de vive force, dans leur premier âge , à la république
où elles étoient nées. Elles sont devenues esclaves; elles sont
iiniquement chargées des travaux, des soins domestiques, de
FOU 3ii
l'éducation des larves, tant de la famille de leurs ravisseurs
que de celles de leur propre race, qui, comme elles, seront
enlevées à leur famille par les individus auxquels elles sont
maintenant subordonnées. Ce sont ces espèces ravisseuses que
M. Huber a fait connoître , dans sou Histoire des Fourmis
indigènes, sous le nom de guerrières , d'amazones ou de légion-
naires.
On reconnoit ces fourmis amazones à leurs longues mandi-
bules arquées, étroites, sans dentelures, très-peu propres à
l'arrangement et au transport des matériaux qui composent
leur habitation. Ces instrumens sont devenus des armes et non
des outils, comme chez les individus travailleurs. Aussi ces
fourmis ne respirent-elles que les combats. M. Huber a décrit
avec soin plusieurs de ces assauts dont il a été le témoin.
Lorsque, dans un beau jour serein , la chaleur de l'atmo-
sphère commence à diminuer, et régulièrement à la même
heure et pendant plusieurs jours consécutifs, qui sont proba-
hlement marqués par l'instinct, les fourmis amazones quittent
leurs habitations ; elles s'avancent en colonnes serrées , et se
dirigent, comme un corps d'armée, vers la fourmilière dans
laquelle elles veulent s'introduire, et dont elles ont probable-
ment reconnu d'avance les distributions intérieures et la dispo-
sition. Malgré la vive opposition et la résistance opiniâtre des
habitans, les guerrières y pénètrent, et leur seul but est de
s'emparer des larves et des nymphes qui doivent produire des
ouvrières, pour les transporter, dans le plus grand ordre,
vers leur habitation. C'est une véritable traite de nègres, ou
plutôt de négrillons, que font là les fourmis amazones. Aussi
M. Huber, en décrivant ce manège, fait-il remarquer que
ces insectes n'ont qu'un seul objet dans leurs excursions , celui
d'enlever des fourmis ouvrières encore pour ainsi dire an
maillot, et de s'en faire des ilotes qui travaillent pour eux ,
qui élèvent leurs petits, et qui leur fournissent des vivres.
C'est pour cela qu'ils ne s'emparent jamais que des larves on
des nymphes, individus neutres, c'est-à-dire , des travailleuses ;
les mâles et les femelles ne leur seroient bons à rien.
Ces détails, que nous venons d'extraire des recherches de
M. Huber, sont relatifs aux fourmis roussâtres, qui mettent
ainsi en esclavage les neutres de l'espèce qu'on a nommée
3i2 FOU
noire cendrëe (fusca Linnœi) ; mais une autre race , celle des
fourmis sanguines, offre un autre exemple de sociétés mixtes,
danslesqueiîes on trouve encore des esclaves faits sur l'espèce
des noires ceiidrées, d'outrés dans les familles des fourmis
mineuses. Il faut lire, dans l'ouvrage même, les détails inté-
ressans que M. Hubsr a donnés dans son chap. xi.
Op est loin de counoitre aussi bien l'histoire des fourmis
étrangères que celles de notre Europe ; cependant il en est
plusieurs dont les .formes bizarres, la grosseur de la tête, l'a-
loi'getnent el les courbures variées des mandibules, les épines
plus ou moins aiguës du corselet, la disposition des pâtes et
des ailes, doivent être la conséquence de mœurs et d'habi-
tudes très-variées. Il est en Amérique et eu Asie des fourmis
qui occasionnent les plus grands dégâts, en particulier dans
les sucreries et dans les campagnes où l'on cultive les cannes.
Nous allons donner la description de quelques espèces de
fourmis, principalement de celles de France. Mais ces descrip-
tions seront longues, car elles exigent des détails pour faire
connoître les trois individus qui composent chaque race.
Fourmi ronge-bois, perce-bois ou Hercule 5 /brmica Hercu-
lanea , Linn.
Ouvrière ou neutre. Noire ; à corselet, base de l'abdomen,
cuisses d'un rouge de sang.
Femelle. Noire ; à côté du corselet, écaille, base de l'abdomen ,
d'un rouge bai -, ailes supérieures totalement enfumées.
Mâle. Très-noir; écaille épaisse , échancrée ; tarses et genoux
ferrugineux.
On trouve ceite espèce dans les troncs d'arbres. C'est la plus
grande du pays, elle atteint quelquefois près d'un demi-pouce
de longueur. On ne la trouve guère que dans les bois, jamais
dans les champs.
Fourmi éthiopienne -, formica crthiops, Latreille.
Ouirière. Alongée, très -noire, luisante; abdomen velu;
mandibules et jambes d'un brun noirâtre.
l'emeZ/e. Très-noire, luisante ; écaille presque en cœur; ailes
blanches, les supérieures avec an poil sur le bord; abdomen
cave, ové, poileux.
Mâle. Très -noir; abdomen pubescent ; écaille tronquée,
échancrée ; ailes comme dans la femelic.
FOU
Fourmi enfumée ou fuligineuse, /bmica/iii/g^in.osa.
Ouvrière. Courte, très -noire, luisante; antennes depuis
l'angle, genoux et tarses d'un brun noir-, tête grosse, échan-
crée en arrière; écaille petite, abdomen globuleux : longueur
une ligne et demie.
FerneWe. Très-noire, courte; mandibules, antennes et pâtes
roussàtres : ailes et écaille comme dans le mâle.
Mâle. Couleur de l'ouvrière; écaille entière presque ovée,
ailes antérieures obscures à leur base.
Cette espèce se trouve sur les arbres; elle construit dans le
bois des labyrinthes admirables.
Fourmi jAUNE;yôrmica lutea.
Ouvrière. D'un jaune rougeàtre; yeux noirs ; écaille petite,
presque carrée et entière; le corps un peu pubescent.
Femelle. Testacée, obscure, luisante ; antennes et pâtes pâles ;
écaille échancrée, carrée, veiue ; abdomen à anneaux jau-
nâtres, plus luisans sur les bords ; ailes inférieures un peu
obscures à la base.
Mâle. Noirâtre, luisant; antennes et pâtes pâles; écaille
légèrement échancrée; abdomen paroissant foiblement duveté;
ailes transparentes.
La fourmi jaune construit des murailles de terre-, elle élève
des pucerons en domesticité. Elle est très-commune dans les
Alpes, où son habitation sert de boussole aux montagnards,
parce que la direction de la fourmilière -est constamment
dirigée de Test à l'ouest, et que son sommet et la pente la
plus rapide sont tournés au levant d'hiver, tandis qu'elles vont
en talus du côté opposé.
Fourmi fauve; formica rufa, Linn.
Ouvrière. Noirâtre, avec une grande partie delà tête, le
corselet et l'écaillé fauves.
Femelle. Semblable à l'ouvrière par la tête ; corselet ovalaire,
d'un fauve vif, avec le dos noir; écaille grande, ovée; abdo-
men court, d'un noir un peu bronzé, avec le devant fauve;
ailes enfumées ; pâtes noirâtres , à cuisses rouges.
Mâle. Plus étroit, noir, à tête petite; écaille épaisse, presque
carrée; abdomen et pâtes roussàtres; ailes obscures, à ner-
vures jaunes.
C'est l'espèce la plus commune dans nos bois, où elle ra-
FOU
■nioïse des fas considérables de débris de bois, de feuilles, de
tiges de graininée>., en une sorte de dôme de deux ou trois
pieds d'élévation. Elle fournit beaucoup d'acide.
I-es autres espèces sont la fourmi mineuse (cunicularia) ,
des gazons ( cespitum ), roussàtre [fusca) , sanguine (sangui-
nea).
Voyez Myrmègës, et surtout consultez l'ouvrage de M. Hu-
ber, déjà indiqué, et dont voici le titre exact : Recherches
sur les Mœurs des Fourmis indigènes. Paris et Genève, 1812 ;
un vol. in-8° de 328 pag., avec 2 pi. ( C. D.)
FOURMI BLANCHE. (Entom.) C'est le nom vulgaire des
termites. (CD.)
FOURMILIER. ( Ornith.) On a expaçé, dans le Supplément
du tome v."^ de ce Dictionnaire, les motifs qui ont empêché
fi'adopter d'une manière absolue, avec un grand naturaliste,
la réunion en un seul genre des brèves de l'ancien continent et
des fourmiliers d'Amérique; et l'on a décrit, sous le mot brèwe,
les espèces des grandes Indes, dont les habitudes ne sont pas
encore connues, en réservant la dénomination de fourmiliers
pour les autres, dont on sait que les fourmis sont la principale
et presque la seule nourriture. Ces divers oiseaux se recon-
noissent tous à leurs jambes hautes et à leur queue courte ;
mais le bec n'olfre pas des formes aussi constantes : toujours
cependant il est plus haut que large à la base. La mandibule
supérieure est échancrée et arquée vers le bout, qui déborde
la mandibule inférieure, laquelle est entaillée et retroussée à
la pointe: mais, chez les uns, le bec est plus fort; chez d'autres
plus droit, et chez plusieurs il est grêle et aiguisé; tantôt aussi
il est garni à sa base de petites soies qu'on ne trouve pas dans
l^lusieurs espèces. Les narines, ovales, ont leur partie posté-
rieure close par une membrane ou par des poils, et la partie
antérieure découverte. La langue est courte, et en général
terminée par de petits filets cartilagineux et charnus. Les
jambes, presque toujours emplumées jusqu'au tarse, sont
quelquefois nues au-dessus du genou. L'intermédiaire des
doigfs antérieurs est joint à l'externe, presque jusqu'au mi-
lieu , et seulement par la base au doigt interne, qui est plus
court que le pouce , dont l'ongle est plus alongé et plus crochu
que celui des autres. La première rémige est la plus courte,.
FOU 3i5
et les quatrième et cinquième sont les plus longues. Les fe-
melles sont, chez ces oiseaux, plus fortes que les mâles.
Les fourmiliers, rangés parmi les turdus de Linnaeus et de
Latham, ont reçu, à cause de leïir principale nourriture, les
noms de myrmecophaga par M. de Lacépède, de mjiothera par
lUiger , et de myrmothera par M. Vieillot. La seconde de ces
dénominations a été adoptée pour les fourmiliers et les brèves
réunis , en supprimant la troisième lettre du mot , par
M. Cuvier, qui d'ailleurs a établi parmi les fourmiliers plu-
sieurs sections, en plaçant le roi des fourmiliers et le gi-and
béfroi dans la première, qu'il caractérise par un bec fort et
arqué; le petit béfroi, le palikour et le colma, non séparé
spécifiquement du tétéma , dans la deuxième, dont les espèces,
à bec plus droit mais encore assez fort, se rapprochent de
certaines piegrièchesj le bambla et l'arada dans la troisième,
laquelle comprend les espèces qui ont le bec grêle et aiguisé,
et ressemblent à notre troglodyte par leur queue striée.
Le même naturaliste pense, en outre, qu'on doit renvoyer
aux merles plusieurs espèces que Buffon a accolées aux four-
miliers, d'après quelques rapports de couleurs, et nommé-
ment le carillonneur, turdus tintinnabulatus, Gmel. ; le merle a
cravate , turdus cinnamomeus , id. ; et le tanjpus , décrit par
M. Oppel, dans les Mémoires de l'Académie de Bavière pour
1 8 1 1 et 1 8 1 2 , pi. 8 , ce dernier oiseau ne différant des merles
que par les jambes, un peu plus hautes.
Illiger, en avouant que son genre Mjiothera ne repose pas
encore sur des bases bien fixes, déclare qu'outre les fourmi-
liers de Buffon, il y comprend aussi presque toutes les pie-
grièches étrangères dont les foibles mandibules ne sont point
armées de dents saillantes; et M. Vieillot, qui a formé, sous le
nom de grallarie, un genre séparé pour le roi des fourmiliers,
a placé les fourmiliers tacheté et à oreilles blanches parmi
ses conopophages , et les fourmiliers rossignols, c'est-à-dire le
coraya et l'alapi , ainsi que le fourmilier huppé , avec les
bataras.
Les ailes des fourmiliers étant peu propres au vol, on ne
les voit jajJiais prendre leur essor dans les airs ; mais ils n en
sont pas moins agiles, et sans cesse ils courent ou sautent légè-
rement sur des branches peu élevées. Ils vivent en troupes
3;/î FOU
iians les bois épais, loin des lieux habités, et on les y pen-
contre presque toujours sur les grandes fourmilières, si com-
munes dans l'intérieur de la Guiane , où elles ont plus de vingt
pieds de diamètre. Comme on remarque souvent des diffé-
rences entre les individus, qui, par beaucoup de rapports,
annoncent toutefois être de la même espèce, Mauduyt pense
qu'on peut en attribuer la cause à des mélanges résultant de
l'union plus intime des individus habitués à vivre ainsi dans
une société perpétuelle. Quoique la voix ne soit pas semblable
dans les espèces différentes, elle est , en général , forte et sin-
gulière. Leurs nids, construits avec des herbes sèches , et assez
grossièrement entrelacés, sont hémisphériques, et ont de deux
à quatre pouces de diamètre. Les femelles déposent trois ou
quatre œufs, presque ronds, dans ces nids, attachés ou sus-
pendus, par les deux côtés, sur des arbrisseaux, à deux ou ^
trois pieds de terre.
Si le climat chaud et humide de l'Amérique méridionale
devoit la peupler de myriades d'insectes propres à y détruire
toutes les productions végétales, on peut remarquer aussi
que la nature a pris des moyens pour en diminuer le nombre ,
en plaçant à côté d'eux les fourmiliers et les mammifères du
même nom, qui ne vivent tous que de cette sorte d'alimens.
On se doute bien que leur chair en refient une odeur et un
goût huileux fort désagréables ; cependant celle du roi des
foul'miliers et du grand béfroi peut se manger.
Les colons de la Guiane donnent aux fourmiliers le nom
de petites perdrix , et les naturels celui de palikours.
La plus grande espèce est le Rot des Fourmiliers, turdus rex ,.
Gmel. , dont , comme on l'a déjà observé, M. Vieillot a fait un
genre , et qui , en la laissant parmi les fourmiliers, seroit le
niyothera grallaria , est représentée dans la planche enluminée
de Bufton, n.° 702. L'oiseau , long de sept à huit pouces,
est plus haut monté que les autres ; son bec , fort , a quatorze
lignes de longueur et cinq d'épaisseur à sa base ; la mandibule
supérieure est convexe et échancrée, et il y a une zone assez
étroite, dégarnie de plumes, au bas des jambes. Ses ailes,
dans Tétat de repos, aboutissent à l'extrémité de la queue.
Sa taille est celle d'une caille, et son plumage est assez agréa-
blement bigarré. Les partie»; supérieures ont , sur un fond
FOU 5,7
d'un roux brun , des nuances noirâtres et d'un brun clair -. la
gorge et Je devant du cou sont d'un brun sombre ; deux bandes
blanches descendent des coins du hec sur les côtés du cou , et
la poitrine présente une plaque de la même couleur ; les
plumes abdominales et anales sont d'un roux blancUàtre ; le
bec et les pieds sont bruns : mais les dimensions et les couleurs
sont sujettes à varier chez les divers individus.
Le nom de roi a été donné à cet oiseau de Cayenhe, parce
qu'il semble dominer, à raison de sa taille, les autres four-
miliers. Du reste, si sa nourriture est la même, et si, par
conséquent, on le rencontre dans les mêmes lieux, toujours
isolé et rarement par paires, il est loin d'avoir les habitudes
sociales des autres, et il est beaucoup moins vif qu'eux. Son
nid, construit dans des buissons, ne renferme que deux ou
trois œufs : c'est Je plus rare de tous les fourmiliers.
Le Fourmilier grand Béfroi : Mjothera tinniens , D. ;. pî.
enl. de Buffon , 706, fig. i; Turdus tinniens , Gmel. et Lath. ,
a six pouces et demi de grandeur moyenne , et sa queue . qui
n'a que seize lignes, dépasse les ailes de six. La mandibule
supérieure, un peu échancrée et crochue, n'est pas plus longue
que l'inférieure. Tout le dessus du corps est d'un brun pâle ,
et le dessous blanc ; cependant les plumes de la poitrine sont
bordées de gris. Les tarses et les doigts sont de couleur plom-
bée, et le bec, noir en dessus, est blanchâtre en dessous.
Chez les jeunes individus, les côtés de la têie sont rayes
longitudinalement de noirâtre et de gris; les ailes sont tache-
tées de roux; la gorge «st d'un blanc pur, la poitrine mou-
chetée de noir, les flancs sont roux,- le devant du cou, le
ventre et l'anus, sont bruns, avec des lignes rousses, étroites.
Cet oiseau fait entendre, le matin et le soir, pendant en-
viron une heure, dans les déserfs montueux et boisés de la
Guiane, une voix très-forte qui retentit au loin comme les
sons précipités d'une cloche d'alarme.
Le Fourmiiier petit Béfroi : Mjothera lineata , D.; Turdus
lineatus , Gmel. et Lath., représenté dans les pi. enl. de
Buffon , n." 823 , fig. I, a cinq pouces et demi de longueur, et
la queue dépasse les ailes de dix lignes. Le dessus de son corps
est d'une couleur olivâtre , moins foncée sur le croupion ; les
jpennes alaires et caudales sont brunes, la gorge est blanche.
3)8 FOU
la poitrine et le ventre sont taclietés debruni'oussâtre sur un
fond gris. Le nom donné à cet oiseau, d'après des rapports
de conformation avec le grand béfroi , pourroit induire en
erreur , vu qu'on ignore si sa voix a le même son que celle du
premier.
Le Fourmilier palikour, ou, proprement dit, de BufTon,
pi. eul. , n.° 700, fig. I ; Mjothera formicivora , D. , est le
turdus formicivorus de Gmelin et de Latham ; et c'est pour ne
pas introduire d'innovations dans la nomenclature que l'on
conserve ici des épithètes qui ne présentent aucun caractère
distinctif, puisque le mot palikour a une acception générale
en Guiane, et que les fourmis ne sont pas un aliment parti-
culier à l'espèce. Cet oiseau a environ six poucesde longueur.
Les plumes qui couvrent la tête et le dessus du corps sont d'un
gris brun avec une bordure roussâtre, à l'exception du milieu
du dos, où se trouve une tache noire, oblongue ; le pli de
l'aile est blanc-, les moyennes couvertures sont brunes et en-
tourées de roussâtre ; les grandes sont noires , et leur bordure,
d'un jaune roussâtre , forme sur l'aile une bande transversale
de cette couleur; la queue, roussâtre, est terminée de noi-
râtre; la gorge, le devant du cou et le haut de la poitrine
sont couverts d'une plaque noire, entourée d'une bordure
blanche, tachetée de noir, laquelle remonte des deux côtés
du cou en s'élargissant, et ceint les joues. Le bec et les pieds
sont noirâtres, et les yeux, rougeâtres, sont entourés d'une
peau d'un bleu céleste. La gorge est rousse chez les jeunes.
Quoique, en général, les habitudes de cette espèce soient
les mêmes que celles des autres fourmiliers , Sonnini , qui a
trouvé ceux-ci dans les forêts humides de la Guiane , a observé
qu'ils ne volent pas plus que les autres en plein air , mais
qu'ils grimpent sur les arbrisseaux à la manière des pics, et
en étendant les pennes caudales. Le fredonnement qu'ils font
entendre est coupé par un petit cri aigu et bref. Leur nid,
mieux tissu que ceux de leurs congénères , est revêtu à l'exté-
rieur d'une couche de mousse, et la femelle y pond des œufs
bruns et parsemés de taches plus foncées, qui sont de la
grosseur de ceux du moineau.
Buffou regarde comme de simples variétés de cette espèce
ie me^le à cravate, pi. enl. ;56o, fig. 2;. le merle roux de
FOU 310
Cayenne, pi. 644, f . i , et le peiit merle brun, à gorge
rousse, de Cayenne, pi. enl. , 644, f. 2 ; mais on a déjà vu que
M. Cuvier n'est pas de cet avis.
Le Fourmilier, colma; Mjothera colma , D.; Turdus colma ,
Gmel. et Lath., pi. enl., 7o5 , f . i , dont le nom est rormé, par
contraction, de collum maculatum , a cause des taches de gi'is-
brun qu'on voit sur la gorge blanche de plusieurs individus,
a six à sept pouces de longueur. Le dessus du corps est brun ,
et cette couleur est mélangée en dessous d'un gris cendré; il
y a, de plus, une tache blanche entre !e bec et l'œil, et der-
rière le cou une espèce de demi-collier roux. Le tétéma,
pi. enl., 821 , qui , comme le précédent , se trouve à Cayenne,
a tant de rapports avec lui, que Cuffon , Latham et Gmeliii
n'en font qu'une variété. Le premier pense même qu'ils
n'offrent qu'une différence de sexe, et que le dernier, qui n'a
pas la gorge tachetée , et dont le plumage est , en général ,
plus foncé, est le mâle de l'autre.
On range au nombre des espèces de fourmiliers, dans le
nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle, 1.° un individu à
calotte brune , qui a les joues elles côtés du cou roux, le man-
teau , les ailes et la queue d'un bleu d'ardoise foncé; la gorge
noire -, le dessous du corps d'un noir bleuâtre , et mélangé de
blanc sur le ventre, dont le bas est totalement de cette cou-
leur: 2° un autre à tète noire^ dont le plumage est, en gé-
néral, d'un gris bleuâtre, et dont la tête, la gorge et le cou
sont noirs, ainsi que les petites couvertures des ailes, qui
sont terminées par un croissant blanc. Mais l'auteur lui-même
avoue que ces oiseaux, qui se trouvent dans les mêmes lieux
que le tétéma , sont de sa taille , et ne paroissent présenter que
d^ simples variétés d'âge.
Le Fourmilier CARiLLONNEUR ; Turdus tintinnabulatus , Gmel.,
el turdus campanella, Lath., pi. enl. , 700 , lig. 2 , que M. Cuvier
regarde comme un merle, n'a que quatre pouces et demi de
longueur-, son plumage est d'un gris brun sur le dos, d'un brun
roux sur le croupion et le ventre; les petites couvertures des
ailes sont brunes et terminées de blanc ; les pennes alaires et
caudales sont brunes et bordées extérieurement de roussâtre ;
le dessus de la tête, la gorge, le cou et la poitrine , sont variés
de taches noires, oblongues, sur un fond blanc j^ Il y a ; ^ux
iV FOU
deux côtes de la tête, un Irait noir qui passe au-dessus des
yeux.
Quoique les carillonneurs se nourrissent de fourmis, et
habitent , comme les autres fourmiliers . les forêts de l'inté-
rieur de la Guiane, où ces insectes sont le plus abondanSjils
ne se mêlent pas avec eux, et vivent en petites compagnies
de quatre ou six. Leur voix, bien plus foible que celle du
grand béfroi, quoiqu'elle soit très forte pour leur taille, ne
s'entend distinctement qu'à cinquante pas ; mais elle formé j
pendant des heures entières, un petit carillon semblable à
celui de trois cloches d'un ton différent : on ne s'est pas en-
core assuré si chacun d'eux rend successivement les troii
tons.
Le FoDRMiLiER bambla; Myothera bamhla, D.; Turdus bamblaf
Gmel., pi. enl. , n.'yoSjfig. 2 , a environ quatre pouces de
longueur. Buffon a tiré son nom, par syncope, d'une bande
blanche qui lui traverse l'aile, dont les petites couvertures
sont, comme les autres parties supérieures, d'un brun rous-
sâtre , et les grandes, ainsi que les pennes, noires; le dessous
du corps et la queue sont d'un gris blanchâtre.
Le Fourmilier arada; Turdus cantans, Gmel., représenté,
dans les planches enluminées de Buffon , n.° 106 , f. 2 , sous la
dénomination de musicien de Cayenne, est de la même taille
que le précédent : il a le dessus de la tête et du cou d'un brun
foncé avec des nuances rousses ; le dos et les couvertures des
ailes sont d'un brun sans mélange ; les pennes alaires sont
rayées transversalement de roux brun et de noirâtre, comme
la queue , qui les dépasse de sept lignes-, la gorge , le devaul
du cou et le haut de la poitrine sont roux ; les côtés du cou
sont noirs et tachetés de blanc.
M. Vieillot a rangé cet oiseau parmi les troglodytes ; et il
s'en rapproche en effet , en même temps qu'il n'a pas les habi-
tudes des fourmiliers. Toujours solitaire, il se perche sur les
arbres, et ne descend à terre que pour y prendre les fouraiis
et autres insectes dont il se nourrit. D'un autre côté , au lieu
des sons sans modulation que les fourmiliers font entendre ,
il a le ramage le plus brillant, et prélude, par les sept notes
de l'octave, à des airs modulés sur des tons différens , plus
graves que ceux du rossignol . mais plus flûtes et plus tendres.
FOU 5m
Son chant lient néanmoins du genre de voix dés fourmiliers
par un coup de sifflet ressemblant à celui d'un homme qui en
appelle un autre, et dont la parfaite imitation a contribué à
égarer dés voyageurs , par l'habitude qu'a l'oiseau de s'éloignet
peu à peu en le répétant de temps en temps.
Les fourmiliers tacheté et à oreilles blanches, pipra nœvia,
et titrdus auritus ,■ hath., pi. enl. 820, fig. 2, et 822, f. 1,
dont M. Vieillot a formé le genre Conopophage , et que
M. Cuvicr a placés avec ses moucherolles , se trouvent à la
Guiane, et se distinguent spécifiquement : le premier, par
une taille de quatre pouces; le dessus du corps et les ailes
bruns, ainsi que la queue ; deux bandes blanches sur les ailes,
et les pennes caudales terminées par une bordure de lamême
couleur; la gorge noire, la poitrine blanche, et les plumes
abdominales et anales orangées : le second , par une taille de
quatre pouces neuf lignes, une queue longue de quinze
lignes ; le dessus de la tête brun , les côtés et la gorge noirs ;
le dessus du corps mélangé d'olive et de roussàtre , et le
dessous de roux et de gris ; et surtout par les plumes blanches
qui, de l'angle postérieur de l'œil, descendent jusqfu'au bas de
la tête.
Les Fourmiliers huppé, coraya et alapi ; Turdus cirrhalus ^
coraya et alapi, Gmel. et Latham , que M. Vieillot a rangés
parmi les Bataras , ont déjà été décrits sous ce mot, page 36
du Supplément au tome iv." de ce Dictionnaire. Ce dernier
auteur fait, de plus, mention des sept autres fourmiliers,
qu'il considère comme espèces; savoir : 1.° le fourmilier ar-
doisé, mjrmothera cœrulescens , qui est long de quatre pouces
et demi, et dont tout le plumage est d'un gris d'ardoise, à
Texception des ailes et de la queue, qui sont noires et tache-
tées de blanc; 2.° le fourmilier à flancs blancs, mjrmothera
ax i llari s, Vie'ûL, qui n'a que trois pouces et demi de lon-
gueur, dont le plumage , d'un gris bleuâtre sur le corps , est
^oir sur le devant du cou, la poitrine , les grandes pennes des
ailes et les pennes latéraleis de la queue, lesquelles sont ter-
minées par une petite tache blanche , et dont les flancs
portent des plumes d'un beau blanc, qui sont longues, effilées
et.très-fouffues ; 3.° le fourmilier longipède, mjrmolhera lon-
gipes, Vieiil. , dont la taille est celle de l'alouette, mais plus
TJ. 21
3.:., FOU
déliée, ùoniles pieds sont très-longs et ia queue fort courte;
qui a le dessus de la tête , le cou , le dos et les ailes d'un gris rous-
sàtre; le front, les sourcils, la gorge, le ventre et l'anus blancs :
la poitrine, la queue, le bec e't les tarses noirs; 4.° le fourmi-
lier roux , mjrmothera ru/a , Vieill., de trois pouces et demi de
longueur, lequel a les plumes du capistrum noir, et le resle
du corps d'un roux plus foncé en dessus et plus clair en dessous-,
S." le fourmilier noir et blanc , mjrmothera melanoleucos ,
Vieill. , de trois pouces et demi de longueur, dont les parties
supérieures sont noires et frangées de blanc , et les inférieure»
blanches, avec des taches longitudinales noires; 6." le four-
milier à sourcils blancs , mjrmothera leiicoplirjs , Vieill. , un peu
plus petit q»ie le bambla , dont la gorge, les côtés du cou , le
milieu du ventre et les ailes sont noii's, ainsi que la queue,
blanche à son extrémité; les côtés du ventre et les sourcil»
blancs, et le reste des parties supérieures d'un gris terne-,
•j." enfin, le fourmilier à tête noire, mjrmolhera atricapilla ^
Vieill. , de la même taille que le précédent, et ayant le bec , la
tête, la gorge et les petites couvertures des ailes noirs, et le
surplus d'un gris bleuâtre.
Tous cçs oiseaux, que l'on se borne à indiquer dans le Nou-
veau Dictionnaire d'Histoire naturelle, comme se trouvant à
la Guiane, et sans donner à leur égard aucun autre rensei-
gnement , appartiennent à une famille dans laquelle le plu-
mage des individus est sujet à beaucoup de variations, et ion
est très-éloigné de les présenter ici comme autant d'espèces
différentes. (Ch. D.)
FOURMILIER (Mamm,.) ; Mj-rmecophaga , Linn. Ce nom
a été donné à des animaux d'une organisation très-singulière,
qui se nourrissent principalement de fourmis, et dont on a
formé un genre particulier, dans le groupe assez peu naturel
qui constitue l'ordre des Edektés. (Voyez ce mot.)
Ces animaux sont tous d'Amérique ; et, jusqu'à présent, ils
sont assez imparfaitement connus pour que les naturalistes
ne Soient pas d'accord sur le nombre d'espèces qu'on doit
ndiiieltre; et ceux, que l'on a eu occasion de bien observer tt
de bien décrire, diffèrent assez entre eux par leur organisation
( t pu- leur genre de vie, pour (|u'on soit autorisé à en former
■ÀcuK groupes distincts, deux sous-genres peut-êfre. En effet,
FOU 325
les uns ont une queue prenante, qu'ils emploient comme un
cinquième organe du mouvement; tandis que les autres , au
contraire , ont une queue lâche, qui ne peut leur être d'au-
cune utilité pour se mouvoir ; et ils diflerent tous les uns
des autres par le wombre des doigts.
Quoi qu'il en soit, les Fourmiliers sont des animaux d'une
taille moyeiine, dont les formes sont épaisses, les allures très-
lentes, et les facultés de l'intelligence très-bornées-, et leur
museau extrêmement alongé, leur bouche, qui ne consiste
que dans une ouverture de quelques lignes, leurs petits yeux
donnent à leur physionomie un air si particulier, qu'où les
distingue d'abord de tous les autres mammifères.
Ils sont tous couverts de poils épais, et ils sont privés de
dents ; aussi leur mâchoire est dépourvue de la faculté de se
mouvoir. lisse nourrissent par lemo} en de leur langue étroite,
gluante et trés-alongée , qu'ils dirigent sur les insectes dont
ils veulent se saisir, et au moyen de laquelle ils les ramènent
dans leur bouche. Leurs doigts, surtout ceux de devant, sont
armés d'ongles très-forts et propres à déchirer; mais ils ne les
emploient pas pour marcher .- habituellement ils sont reployés
et appuyés sur une large callosité du poignet. Ces animaux
marchent en posant à terre le côté externe du pied. Leurs
sens et leurs organes de la génération sont peu connus. Ce sont
des animaux ({ui ont essentiellement besoin d'être examinés
de nouveau , autant pour bien établir feurs rapports entre
eux, que ceux qu'ils ont avec les autres édentés.
Le plus grand et le plus remarquable des fourmiliers est le
Tam AKOifi, Myrmecophagajubata, Linn.,- Buffon, t.X, pi. 21),
et Suppl. , U III, p. 55. C'est un animal grand comme un
fort chien, et dont la tête fait le tiers de la longueur de son
corps. Il a quatre pieds du bout du museau à lorigine de la
queue, qui en a trois ; son museau est presque cylindrique,
et sa bouche, d'un coin à l'autre, n'a que quatorze lignes; ses
narines ont la figure d'un C ; sa langue est douce, pointue,
flexible, plus large qu'épaisse, et l'anijnal peut la faire
sortir de près d'un pied et demi; ses oreilles sont petites et
arrondies, et sou œil est petit et sans cils aux paupières. U h
quatre doigts aux pieds de devant; l'interne est petit, et n'a
qu'un ongle assez foible: mais les trois autres sont très-forts et
^^=4 FOU
armés d'ongles plus forJs encore à proportion. Les doigls de
derrière sont an nombre de cinq , et n'ont rien de remarquable ;
ils ont les proportions qui s'observent ordinairement, et ce sont
les trois moyens qui sont les plus grands. La queue est extraor-
diiiairement épaisse à sa base , et aplatie sur les côtés ; l'animal
la porte horizontalement. De chaque côté de la poitrine il a
«ne mamelle. La vulve de la femelle n'a rien de particulier;
et M. d'Azara parle d'un jeune mâle qui n'avoit point de
scrotum.
Cet animal est couvert d'un poil grossier, plat à son extré-
mité, et sec comme celui du cerf commun, très-court sur
toute la tête, et devenant de plus en plus long, des parties
antérieures aux parties postérieures; le long du dos, il forme
une espèce de crinière, et à la queue un grand panache. Sa
couleur générale est d'un gris brun, plus foncé sur la tête
qu'aux autres parties , et une bande noire bordée de blanc ,
qui naît sur sa poitrine, se dirige en arrière, et se termine
aux lombes. Les pieds de devant sont blancliâtres , et ceux
de derrière presque noirs. Chaque poil a des anneaux blancs,
noirs et jaunes-sale.
La principale nourriture du fourmilier, comme nous
l'avons dit, sont les fourmis; mais tous les insectes lui con-
viennent-, et l'on assure qu'on peut le nourrir en esclavage,
avec de la mie de pain, de petits morceaux de viande ou de
la farine délayée dans de l'eau, et que c'est ainsi qu'on est
parvenu à en amener en Europe.
Cet animal vit toujours seul, et ne se réunit à sa femelle
qu'an temps des amours. Tous ses moyens de défense paroissent
être dans la force de ses ongles et dans les muscles vigoureux
de ses jambes de devant. Lorsqu'il est attaqué, il s'assied sur
son train de derrière, et embrasse son ennemi, qu'il serre
jusqu'à ce que l'un ou l'autre périsse. Lorsqu'un homme le
rencontre, il peut le chasser devant lui comme une bête de
somme, sans que cet animal montre de colère; mais, dès
qu'on le presse, son humeur se manifeste par les violens
mouvemens de sa queue. Enfin, on peut l'assommera coups
de bâton en toute sécurité, et sans qu'il puisse, par aucun
moyen , se soustraire à la mort.
Il paroîl que la femelle ne fait habituellement qu'un seul
FOU 325
petit , qui s'attache à sa mère, et se fait ainsi porter partout
avec elle.
D'Azara nous apprend que les Guaranis nomment cet animal
gnouroumi et foqoui, qu'il habite les lieux humides, et ne
monte jamais sur les arbi-es.
LcTamandua : Mjrmecophaga telradactyla et tridactjla,Llnn.;
Schreber, pi. 66. Cette espèce se distingue d'abord de la pré-
cédente par sa queue prenante et entièrement nue à soa
extrémité, et par sa taille, qui est de moitié plus petite : il a deux
pieds du nez à la queue , et celle-ci a seize pouces. Du reste , il
a toute la physionomie et les proportions du tamanoir ; et la
description que nous avons donnée des organes de celui-ci,
convient entièrement au tamandua. Il est revêtu de poils
courts, laineux et luisans , généralement d'un gris jaunâtre,
avec une bande plus foncée sur l'épaule. On voit de chaque
côté du museau une ligne brune qui entoure les yeux. Mais
il parojt que, dans cette espèce, les couleurs varient, soit
par Tàge , soit par le sexe : on en trouve de fauves à
bande noire ; de fauves à ventre , croupe et bande noirs, et
de presque entièrement noirs. 11 pourroit cependant arriver
que ces différences fussent spécifiques, et c'est ce qu'a pensé
M. Geoffroy-Sainl-Hilaire, qui a décrit ces variétés sous des
noms d'espèces. L'une est son Fourmilier noir ; l'autre soa
Fourmilier a deux bandes, etc.
Le tamandua se trouve au Brésil, et vit , comme le tama-
noir, de fourmis et d'autres insectes, et peut-être aussi de
miel. Il se fient sur les arbres, et se suspend aux branches par
sa queue ^ on le voit s'y balancer, et ses petits s'attachent
aussi par leur queue à leur mère. Le nom qn.'il a reçu des
naturalistes, est celui qu'il porte en Amérique,- et dAzara
nous apprend qu'au Paraguay on le nomme caaiguaré ou ca-
guaré, qui signifie habitant des bois et des lieux infects.
Le Fourmillier a deux doigts : Mjrmecophaga diiactyla^
Linn. ; BufTon, t. X, pi. 3o. Cette espèce est très-petite ; sa
taille ne surpasse guère celle du rat, et elle a la queue de la
longueur du corps. Sa physionomie diffère beaucoup de celle
des espèces précédentes. Ce fourmilier aie museau bien moins
alongé , proportionnément à sa taille ; mais il a la queue prenante
comme le tamandua, et nuC; mais eti dessous seulement : ses
32$ FOU
pieds de devant ont deux doigJs armés d'ongles foris et cro-
chus, surtout l'interne; les pieds de derrière ont quatre doigts
à peu prés égaux et de moyenne grosseur, ainsi que leurs
ongles. 11 est revêtu d'un poil court et laineux, généralement
fauve blond, et une ligne roussàtre s'étend le long du dos
chez la plupart des individus ; car quelques uns en sont privés.
Cette espèce se dislingue encore des deux autres par uii
caractère anatomiqtie assez important; ce sont deux petits
cœcums, dont le tamanoir et le tamandua sont dépourvus.
Ce petit fourmilier se trouve h. la Guiane. Il vit sur les
arbres, auxquels il se suspend au moyen de sa queue. On
dit que la femelle ne met au monde qu'un seul petit, qu'elle
dépose dans le creux des arbres, sur un nid de feuilles. Son
nom, à la Guiane, est ouafiriouaou.
FouRMiLUsa PETIT. L'cspèce que nous venons de décrire a
quelquefois été désignée par ce nom.
Fourmilier a longues oaEiLLES. Brisson a nommé ainsi le
tamandua, d'après une figure de cet animal donnée par Seba.
Fourmilier STRIÉ, Buffon, t. III, pi. 56. C'est un nom donné
par erreur à un coati défiguré par l'empaillage et par la mau-
vaise foi, et que Buffon avoit pris pour un fourmilier.
Nous pensons que l'animal représenté dans le Voyage de
Krusenstern , sous le nom de
Fourmilier a queue variée, n'est aussi qu'un coati.
Fourmilier ÉPINEUX. C'estréchidné.VoyezMoNOTREMF». (F.C.)
FOURMILIÈRF. {Entom.) On nomme airisi les habitations
des fourmis. (CD.)
FOURMILION , Mjrmcieon. (Entom.) La plupart des au-
teurs avoient employé ce nom François pour désigner un genre
d'insectes névroptères dont les larves creusent dans le sable
des fosses coniques, au fond desquelles elles restent cachées
pour y saisir les insectes, et en particulier les fourmis, dont
elles sucent les humeurs. Linnœus ayant donné à ces insectes
ïe nom grec de myrmeleon , on l'a adopté comme pouvant être
employé dans toutes les langues. Voyez Myrmeleox. (CD.)
FOURMILIONS , M^rmeZeomdes. [Entom.) M. Latreille dé-
signe sous ce nom un groupe, ou, comme il le nomme, une
tribu d'insectes névroptères, correspondant aux genres -^sca-
laphe et Mjrméléon que nous avons rangés parmi les tectipennes
FOU 3.7
ou sf(^goptèpes. Ce sont fies névroptèrcs à bouche découverte ,
dontlt'S parties sont très-distinctes, qui ont cinq articles à tous
les tarses et les antennes renflées. Voyez Stégoptères et Mvr-
MÉLÉOM. ( C. D.)
FOURMILLET. {Ornith.) Suivant Salerne, pag. loS de son
Ornithologie, on nomme ainsi , en Provence, le torcol, >un,x
torquiUa, Linn. ( Ch. D.)
FOURMILLON. {Ornith.) On trouve dans Salerne, p. 119,
le mot afourmilliou , indiqué comme un des noms vulgaires du
grimpereau d'Europe, certhiafamiliaris, Linn. Ce mot, écrit
fourmiLlou dans les notes de Buffon sur la nomenclature du
grimpereau, tom. v, in-4.°, pag. 4iS2, et dans la table géné-
rale fourmilion, a reçu, chez d'autres auteurs, la dernière
orthogra|)he , et il est devenu doublement fautif , puisque les
termes fourmillou ou fourmilion n'existent pas plus l'un que
l'autre, et qu'il n'est question que du mot afourmilliou, qui se
trouve, mais mal à propos, avec une n terminale, au t. I.*',
p. 274, de ce Dictionnaire. (Ch. D.)
FOURNEAUX. (C/um.)Ce sontdes vaisseaux dans lesquels on
opère la combustion d'une matière ligneuse ou charbonneuse,
afin de se procurer la température , plus ou moins élevée , qui est
nécessaire, soit pour liquéfier ou vaporiser un corps, soit pour
réduire un composé à ses élémens, soit enfin pour mettre des
corps dans une circonstance favorable à leur action mutuelle.
Les fourneaux sont presque toujours en terre cuite, ou en
jriques, plus rarement en fonte ou en tôle. On en distingue
le plusieurs sortes, suivant les usages auxquels ils sont desti-
îés. Nous ne parlerons, dans cet article, que des principaux
tui se trouvent dans les laboratoires de chimie ; nous n'en
parlerons que très-succinctement, parce qu'une description
létaillée exigeroitdes figures que la nature de cet ouvrage ne
comporte point.
FourneaH 5tmpZe. Il est essentiellement composé de deux capa-
cités, qui sont séparées par une grille horizontale en terre ou
enfer. La capacité supérieure, dans laquelle on met le combus-
tible , est \t foyer; la capacité inférieure , dans laquelle tombent
h s cendres résultantes delà combustion, est le cendrier -. l'air y
pénètre par une large ouverture ou par plusieurs trous.
Les fourneaux simples , quon a nommés éy'aporatoires , sont , ea
3=» FOU
général, cylindriques, ou presque cylindriques. A pareil" de ïa
base jusqu'à la grille , et delà jusqu'en haut, ils vont en «'élar-
gissant. Les plus grands, qui sont destinés à recevoir des
alambics, des bains de sable ou des bains-marie, ont toujours
deux ouvertures qu'on fernie à volonté avec des portes. Ces
.ouvertures sont pratiquées l'une au-dessus de l'autre ; la partie
inférieure de l'une est de niveau avec le plan du cendrier, et
la partie inférieure de la seconde est de niveau avec le plan du
foyer. C'est parcelle du foyer qu'on introduit le combustible^
c'est par celle du cendrier qu'on enlève les cendres. La pre-^
mière est toujours fermée, unefoisquele fourneau est chargét
la seconde est libre pour donner passage à l'air nécessaire à la
combustion ; mais, si Ton veut ralentir la combustion , ou la
diminue plus ou moins, en plaçant sa porte devant elle, et plus
ou moins près de l'ouverture. Les fourneaux simples, qui re-!
çoivent des alambics, sont en général en briques ; ils ont une'
cheminée dans leur foyer: on les chauffe presque toujours avec]
du bois. Les fourneaux àbains desable ou à bain-marie, portent,
quatre échancrures ou rainures dans la partie supérieure du
foyer, afin que le produit delà combustion puisse s'échappcri
du foyer lorsque les bains se trouvent dessus. Ces fourneauxi
sont en terre, d'une seule pièce: pour les remuer plus facile-
ment, ils portent, aux deux tiers environ de leur hauteur,
deux appendices ou anses : on les chauffe avec du charbon.
Ils servent principalement à faire des évaporations.
Les petits fourneaux simples n'ont point d'ouverture à leur
foyer; ordinairement on place dessus une grille ou un triangle
en fer, sur lequel on met des fioles ou des capsules. On in-
troduit le charbon au travers de la grille.
Il y a des fourneaux simples quadrangulaires , tels que ceu;
des cuisines, qui sont pratiqués dans une maçoojieric e
briques; il y en a qui ont la forme d'unparallélipipède alongé,
Ceux-ci sont très-bons lorsqu'on veut faire réagir des corps'
dans des tubes de verre , à une température qui ne passe point
le rouge obscur. Pour atteindre à ce but , il faut fermer toutes
les ouvertures de la grille et celles qui sont pratiquées dans les
parois du foyer.
Les fourneaux simples peuvent encore être employés pour
les fusions, les décompositions, les combinaisons qui n'exigent
FOU 239
pas une température plus élevée que le rouge-ceiise. Ou met
alors ces corps dans des creusets d'or, d'argent , de platine, ou
de terre, que Ton place sur uu petit cylindre de terre, appelé
fromage, au milieu des charbons.
Fourneau de réverbère ou à réverbère. Ce fourneau est compose ,
1 .° d'un cendrier, j." d'un foyer, 3." d'un laboratoire , 4.° d'un
dôme, 5.° d'une cheminée.
Le cendrier et le foyer, disposés comme dans le fourneau
simple, avec cette difïérence que l'ouverture du cendrier est?
beaucoup plus grande, sont cylindriques; le laboratoire estuu
cylindre ouvert aux deux bouts, d'un diamètre égal à celui,
du foycF sur lequel il se place. Le dôme, cylindrique dans sa
partie inférieure, qui se met sur le laboratoire, est terminé
envoûte dans sa partie supérieure; cette voûte est ouverte,
atin de donner passage à l'air qui a servi à la combustion ; elle
porte un cylindre de quelques pouces, sur lequel on place
un ou plusieurs tuyaux en terre ou en tôle, qui font l'office
d'une cheminée. Le laboratoire a une échancrure demi-circu-
laire dans la partie supérieure, laquelle correspond à une
échancrure demi-circulaire pratiquée à la partie inférieure
du dôme. Cette ouverture est destinée à laisser passer le col
de la cornue que Ion veut chauffer dans ce fourneau. La cor-
nue est soutenue par deux barres de fer mobiles, horizontales,
dont les extrémités sont reçues dans des échancrures ménagées
dans la paroi du foyer. Quelquefois la cornue, au lieu de
s'appuyer immédiatement sur les barres de fer, est reçue dans
une petite capsule de fer ou de terre qui est remplie de sable.
On chauffe, dans le fourneau de réverbère , des cornues de
verre ou degrés, qu'on recouvre ordinairementd'unechemise
d'argile , afin qu'elles ne soient pas exposées à l'action immé-
diate du feu.
Le dôme du fourneau est destiné à réfléchir le calorique
rayonnant sur la partie supérieure de la cornue, afin d'em-
pêcher que le produit qui s'en volatilise ne s'y condense et
n'obstrue le col de la cornue , si ce produit est susceptible de
se condenser en solide, ou né retombe dans la cornue , si ce
produit est liquide. C'est de la propriété qu'a le dôme de ré-
fléchir le calorique rayonnant qu'est dérive le nom de fourneau
de réverbère ou à réverbère^
33o FOU
Fourneau de coupelle , ou fourneau d'essai. C'est un véritable
fourneau de réverbère ; mais la matière que l'on veut 3-^ ex-
poser à l'action de la chaleur, doit recevoir en même temps
l'action comburente de l'oxigène atmosphérique. Le labora*
toire a une ouverture demi-circulaire ou demi-elliptique,
par laquelle on introduit dans le fourneau une espèce de
petit four appelé moufle. (Voyez Essais, tom. xv , pag. 365.)
Fourneau de fusion. Ce fourneau , ainsi nommé de l'usage
qu'on en fait pour chauffer les corps que l'on veut fondre,
est composé d'un cendrier, d'un foyer, d'un dôme et d'une
cheminée. Pour en augmenter Feifet , on ne laisse au cendrier
qu'une ouverture suffisante pour recevoir le bout du tuyau
d'un soufflet de forge.
Fourneau de fusion de La^oisier. Il paroît être préférable à
fous ceux de son espèce , lorsqu'on veut exposer les corps aux
températures les plus élevées des fourneaux. Il a la forme d'un
sphéroïde elliptique, dont les deux extrémités sont coupées
par un plan qui passeroit par chacun des foyers perpendicu-
laires au grand axe. Ce sphéroïde comprend essentiellement
le foyer et le dôme. Le creuset se place dans le foyer, au
milieu des charbons; il a deux ouvertures demi-circulaires ,
placées Tune au-dessus de l'autre. Le foyer est entièrement
ouvert en dessous-, cette ouverture est garnie d'une grille à
claire-voie et en fer méplat, dont les barreaux posent sur le
côté le plus étroit, afin qu'ils présentent moins de résistance
à l'air qui pénètre dans le foyer. Ce fourneau est soutenu sur
un trépied. Sa cheminée a dix-huit pieds de hauteur; elle est
en terre, et son diamètre intérieur est presque de moitié de
celui du fourneau.
Nous ne saurions trop recommander aux personnes qui vou-
droient prendre une idée de ce qu'on a écrit de mieux sur les
principes que l'on doit suivre dans la construction des four-
neaux de chimie, et particulièrement dans celle du fourneau
de fusion, ce que Lavoisier en a dit dans ses Elémens de
Chimie.
Fourneau de forge, ou forge. Ce fourneau est un cylindre
creux, dont les parois sont en briques Irès-réfractaires, sur
lesquelles on a étendu une couche d'argile également très-
réfractaire. Il se compose d'un foyer et d'un cendrier. L'élé-
FOU 33i
vafion de température y est au moins aussi grnndc que dans le
Iburncau de fusion de Lavoisier. Les corps que 1 on soumet à
1 expérience se mettent dans des creusets de terre réfrac-
•laire, qui sont fixés avec de l'argile sur un fromage qui est
lui-même fixé, par le même moyen , sur la grille qui sépare
les deux parties du fourneau. On porte l'air dans le fourneau
au moyen d'un vaste soufilet à deux vents, auquel est adapté
un long tuyau dont l'ouverture se trouve dans la partie infé-
rieure du cendrier. La grille est percée de trous, disposés
symétriquement, afin que l'air se répande également dans
toutes les parties du foyer.
Le tuyau porte un registre qui sert à modérer la rapidité
du courant d'air qu'on dirige dans lo fourneau.
Quand on commence une opération à la forge , on place
quelques charbons ardens autour du creuset; on remplit le
foyer de charbon noir, et on laisse le charbon s'allumer. Si on
souffle a/ors, ce n'est que pour empêcher l'extinction. Quand
tout le charbon est allumé, on commence à souffler, et l'on a
.soin de ménager le vent du soufflet, en tenant le registre en
partie fermé : ce n'est qu'à la fin de l'opération qu'on l'ouvre
toul-à-fait.
Les anciens employoient plusieurs fourneaux dont nous ne
parlerons pas, parce qu'ils ont disparu des laboratoires-, tels
sont le fourneau (Valhanor ou des paresseux , le fourneau de di-
gestion, le fourneau pol^creste, etc. (Ch.)
FOURNEIROU. (Omi7/i.) Voyez Fouhmeirou. ( Ch. D.)
FOURNIE. ( Ichthjol.) A Nice, d'après M. Risso, on donne
ce nom au crénilabre melops , qu'il range parmi les lutjans.
Voyez Crénilabre. (H. C. )
FOURNIER. (Ornith.) L'oiseau de Buenos-Ayres , ainsi
nommé primitivement par Commerson , qui eu faisoit un
merle , turdus , a paru à Gueneau de Montbeillard former un
passage entre la famille des proraérops et celle des guêpiers.
L'opinion de ce dernier naturaliste étoit fondée sur ce que la
queue du fournier est plus courte, que ses doigts sont plus
longs que ceux des proniérops, et que son doigt extérieur n'est
pas, comme chez les guêpiers, soudé avec celui du milieu
dans presque toute sa longueur. Néanmoins Gmelin et La-
tham ont rangé l'oiseau dont il s'agit avec les guêpiers ; me-
332 FOU
rops; et M. d'Azara, qui l'a trouvé darts les mêmes contrées
que Commerson , a av^ué qu'il ignoroit à quelle famille on
devoit l'associer. M. Cuvier en a fait une section de ses su-
criers , ncctarinia , lilig. , en y ajoutant un guit-guit, un pro-
mérops et plusieurs héoro-taires. Enfin M. Vieillot a, d'après
les caractères assignés par M. d'Azara, formé un genre parti-
culier du fournier, sous le nom latin furnarius , et il s'est
borné à y joindre, comme espèces, deux annumbis de l'au-
teur espagnol.
Ce genre a pour caractères un bec aussi épais que large,
entier, de longueur médiocre , arqué , pointu et comprimé la-
téralement ; des narines longitudinales, une langue médiocre ,
étroite, usée à la pointe; des ailes foibles, à penne bâtarde
courte, et, en général , les deuxième , troisième et quatrième
rémiges les plus longues; quatre doigts, dont trois devant et
un derrière.
Le genre Fournier fait partie des épopsîdes de M. Vieillot,
tous insectivores, et cette famille, qui comprend les promérops,
les huppes et les polochîons , est bien distincte de celle des an-
thomj'ses , dont la langue est extensible et fibreuse , et dont le
miel est lu principale nourriture. Cette dernière renferme le&
guit-guits, les foui-mangas, les colibris et les héoro-taires. La
différence dans la nourriture , qui en entraîne de considé-
rables dans les mœurs et les habitudes, semble devoir rendre
très-circonspect pour admettre parmi les fourniers des oiseaux
qui ne présenteroient que certains rapports extérieurs avec
eux ; et, comme on ne connoît guère que les dépouilles de
ceux qui sont relatés dans une simple note de M. Cuvier, sous
le mot Fournier, tom. i'\ p. 4 iode son Règne Animal , ce ne sera
qu'avec réserve qu'on les indiquera à la suite des trois espèces
décrites par M. d'Azara, dans son Ornithologie du Paraguay y.
les seules dont le genre de M. Vieillot est composé.
Le Fournier proprement dit, Azara , n.° zui , pi. 709 de
Buffon , est le tardas fulvus de Commerson, le merops rufus,
Gmel. etLath., et le furnarius rufus ,VieiU. De la taille d'une
rousserole ; sa queue est , suivant Commerson , d'un peu moins
Je trois pouces, et elle dépasse les ailes d'environ un pouce;
ses douze pennes, plus fortes que celles des ailes, sont éta-
gées et coupées carrément: Les dimensions indiquées pai*
FOtr 535
M. d'Azara sont un peu moindres. Quant au plumage , les
côtés et le dessus de la tête, la partie supérieure du cou, le
dos et les ailes sont d'un roux plus foncé au verlex et à la
J)artie extérieure de l'aile, qui est traversée par une bande
de roux foible ; la couleur de la queue est celle du tabac
d'Espagne, et les parties inférieures sont blanches.
Ces oiseaux, qui portent à la rivière de la Plata le nom de
7iorr<,ero , et au Tucuman celui de casero (ménagère), sont ap-
pelés , au Paraguay, alonzo garda. Ils ne sont ni voyageurs ni
farouches; ils approchent des habitations, et ne pénètrent
point dans les grands bois. Constamment éloignés des endroits
élevés, ils se tiennent ordinairement dans les buissons. On les
rencontre toujours par paires, et jamais en familles, ni en.
troupes. La foiblesse de leurs ailes ne leur permet pas de
beaucoup prolonger leur vol. Les deux sexes font entendre
pendant toute l'année une voix qui consiste dans la répétition
de la syllabe chi , prononcée d'abord par intervalles, et en-
suite assez vivement pour ne plus former qu'un fredon qili
s'entend à un demi-mille. Lorsque l'oiseau chante, il avance
le corps , alonge le cou , et bat des ailes.
Le nid des fourniers est hémisphérique ; il est construit
avec delà terre, et a la forme d'un four à cuire du pain. Ces
oiseaux le placent dans un endroit apparent, sur une grosse
branche dégarnie de feuilles, sur des croix ou des poteaux
de plusieurs pieds de hauteur, sur les palissades des cours,
sur les fenêtres des maisons, et quelquefois même dans leur
intérieur. Le màle et la femelle y travaillent de concert; ils
apportent et arrangent alternativement des boulettes d'ar-
gile, grosses comme de petites noix, et souvent deux jours
suffisent pour achever l'ouvrage. Le nid a six pouces et demi
de diamètre et un pouce d'épaisseur : l'ouverture, du double
plus haute que large, est pratiquée sur le côté, et l'intérieur
est divisé en deux parties par une cloison qui commence dès
l'entrée, et se termine circulairement à la partie intérieure,
en laissant une ouverture pour pénétrer dans une sorte de
chambre où sont déposés, sur une couche d'herbe , quatre
œufs un peu pointus à un bout , piquetés de roux sur un fond
blanc, et dont les diamètres sont de dix et neuf lignes.
M. d'Azara ajoute à ces détails que les hirondelles brunes,
354 FOU
les chopis (espèce de troupiale), les perruches et d'aulrts
oiseaux , se servent , pour y faire leur nichée , des vieux nids
de fourriiers , que les pluies ne détruisent qu'au bout d'uu
certain temps-, mais que ceux-ci, qui ne se donnent pas la
peine de taire chaque année de nouveaux nids, chassent les
usurpateurs lorsqu'ils ont besoin des anciens.
Le FouRMER ANNUMP-i, Furn,arju5 annumbi, Vieilh, ou sim-
■plement Annumbi de M. d'Azara, n." 221, n'excède que de
quelques lignes la longueur du fournier proprement dit : il
a les dix pennes caudales étagées ; le front est d'un rouge qui
s'affoiblit en avançant sur la tête, et n'est plus à la nuque que
d'un brun clair; cette dernière couleur est celle du cou, des
plumes uropygiales , de quelques unes des pennes alaires et
de leurs petites couvertures, ainsi que des deux pennes du
milieu de la queue : les piumes dorsales ont des taches noi-
râtres; les grandes couvertures des ailes et plusieurs de leurs
pennes sont un peu lavées de rouge, et les pennes des côtés
de la queue sont noirâtres, avec une bordure brune et uin
tache blanche à leur extrémité ; les côtés de la tête , presrjue
blancs, ont un trait brun derrière l'œil ; une ligne variée de
blanc et de noir, qui part des coins de la bouche, entoure la
gorge , dont le centre est blanc; le reste des parties inférieures
est varié de blanchâtre et de brun; les ailes sont argentées
en dessous, avec une nuance de rouge; l'iris est roussàtre ,
le bec d'un brun rougeàtre, et le tarse d'un olive peu foncé.
Cet oiseau , que M. d'Azara soupçonne mal à propos être le
même que le guira-guainumbi de Marcgrave , rapporté gé-
néralement au momot, n'est pas rare. Il aie vol court, bas
et horizontal, et les insectes forment sa principale nourri-
ture ;. mais l'auteur espagnol pense qu'il mange aussi de pe-
tites graines. Il fréquente les plaines découvertes, ainsi que
les halliers épais, et niche dans les endroits les moins cachés,
comme le précédent, en donnant la préférence à un opuntia,
ou à quelque autre arbre isolé dans la campagne et dépouillé
de ses feuilles ; souvent l'on voit appuyés l'un contre l'autr:,' ,
sur le même arbre , deux et jusqu'à six de ces nids , qui sont
travaillés avec des rameaux épineux, surmontés d'une asse.':
grande couverture, et qui ont deux pieds de hauteur et un pied
et demi de largeur. La femellt', dont le plumage est le mèiw^
FOU 335
qiie celui du mâle, et qui l'accompagne toujours, pond au
fond du nid, surune couche de feuilles et de bourre, quatre
auCs blancs, plus pointus à l'un des bouts , et qui ont onze et
huit lignes de diamètre.
Le FouRMBa rouge , Furnarius ruber. Vieil!., ou Annumhi
rouge de M. d'Azara, n.° 220, est long de huit pouces. Il aies
douze pennes caudales étagées, etles dix-neuf pennes alaires
foiblcs et concaves. Les plumes de la tête et du haut du cou
sont rKdes, parce que leurs liges dépassent les barbes, et le
cou paroît fort gros à cause de ses plumes nombreuses et peu
couchées. Le dessus de la têle et la queue sont d'une belle
couleur de carmin, ainsi que les ailes, dont les pennes ont la
pointe noirâtre. Les côtés de la tête et du cou, le dessus du
cou et du corps, et les plumes anales sont d'un brun rouge;
les partieS^inférieures sout blanchâtres ; le bec , un peu courbé
dans toute sa longueur, est noirâtre en dessus, blanchâtre en
dessous; l'iris est d'un beau jaune, et les tarses sont d'un
bleu argenté.
M. d'Azara observe que ces oiseaux se rapprochent des ba-
(aras par leur genre de vie dans les halliers épais, par la
forme de leurs ailes et de leur queue, par le vol court, par
l'habitude d'être seuls ou par paires ; mais il résulte de l'ex-
position des caractères génériques , et des autres circons-
fances par lui rapportées, que l'analogie est encore plus
grande avec les fourniers , auxquels M. Vieillot a été fondé à
les réunir. Leur nid volumineux est construit de la même
manière et des mêmes matériaux ;. il est placé le long des
t hemins, à peu de hauteur, sur de petites branches épineuses ,
tiexibles , et, vu son poids, il est toujours balancé par les
vents : la femelle y pond quatre oeufs blancs, de la forme
et de la grosseur de ceux des fourniers proprement dits.
On remarque dans son contour plusieurs trous ou entrées
qui renferment des débris de végétaux , en apparence des-
tinés à servir de lit pour les œufs et les petits; mais ceux-
ci sont dans un endroit ^us caché, ce qui a fait penser à
quelques uns que les aiirres ouvertures éloient pratiquées
itfin de soustraira la progéniture aux recherches des curieux,
tjudis que plus vraisemblablement ces oiseaux ne fabriquent
d«s nids aussi spacieux que pour faciliter aux petits l«s moyens
r^s FOtJ
»îe sautiller, et de faire les exercices cixqucls ils aiment à se
livrer dès qn'ils ont leurs premières plumes. Ces petits sont
lie la même couleur que les père et mère.
Les espèces que M. Cuvier trouve susceptibles d'être réu-
nies au même genre , sont :
ii° Le promérops olivâtre de M. Vieillot, pi. 5 de l'Histoire
naturelle des huppes et des promérops, tom. i.^'des Oiseaux
dorés, et actuellement son polochion olivâtre, merops olU'a-
beus, Sh., qui offre en effet de très-grands rapports aveo le
fournier. Cet oiseau est long de sept pouces, et a la presque
totalité du plumage olivâtre; il a été apporté des îles de la
mer Pacifiqne.
2.° Vhéoro-taire neghoharra de M. Vieillot, pi. 64 de ses
Grimpereaux, lequel est le certhia sannio de Gmelin et de La-
tham , et a la queue fourchae. Le plumage de cet oiseau, très-
nombreux aux environs du canal de la Reine-Charlotte, dans
la Nouvelle-Zélande, est d'un vert- olive, qui prend une
nuance jaune sur les parties inférieures. Il a un chant très-
varié.
3." Vhéoro-tairc vert-olive, pi. 67 et 68 de M. Vieillot, cer-
thia virens , Gmel. , qu'où trouve aux îles Sandwich.
^° Vhéoro - taire à collier blanc, pi. 66 de M. Vieillot, qui
habite aussi les terres australes.
5." Le sucrier de Buffon , ou guit-guit sucrier de M. Vieillot .
pi. 5i; certhia Jlaveola, Linn.
6.° Enfin le grimpereau varié, pi. 74 de M. Vieillot , ou
figuier varié de Buffon, motacilla varia, Linn. (Ch. D.)
FOURRAGE DE DISETTE. (Bot.) C'est la spargoutte des
champs. ( L. D.)
FOURREAU. {Ornith.) L'oiseau auquel on donne, dans la
Sologne (Loir-et-Cher), ce nom et celui de gueule-de-four,
est la mésange à longue queue, parus caudatus, Linn. (Ch. D.)
FOURREAU DE PISTOLET. (Conchyl.) On trouve quel-
quefois ce nom employé pour désigner quelque espèce de
jambonneau ou de pinne-marine. /De B. )
FOURRE-BUISSON. {Ornith.) C'est le troglodyte, mota-
cilla troglodytes. Voy. Fourbisson. ( Ch. D. )
FOUTCHI (Bot.), nom donné à quelques figaiers dans l'île
de jlidagîîscar. selon Poivre. (J.)
FOV ZZf
FOUTEAU. Voyez Fayard. (J.I
FOUTERLO {Bot.), nom de l'aristoloche ordinaire, aris-
tolochia clematis, dans quelques lieux de la Provence, suivant
Garidel. M. Gouan dit que dans le Languedoc les diverses
espèces de ce genre sont nommées faouterna. (J.)
FOUTIVENTO. (Ornith.) Un des noms que, suivant Be-
Jon , delà Nature des Oiseaux, pag. 126 , on donne en Italie
à la cresserelle , /aico tinnunculus , Linn. (Ch. D.)
FOUTON ( Ornith.), nom vulgaire qui, suivant Selon,
pag. 217, est donné , sur les rives de l'Océan , à la petite bé-
cassine ou sourde, scolopax gallinula.hinn. ( Ch. D.)
FOUTRA. {Bot.) Voyez Fotbrt. (J.)
FOVEOLARIA. {Bot.) Dans la Flore du Pérou on trouve sous
ce nom un genre qui est le même que le strigilia de Cavanilles ,
genre de la famille des méliacées, qui a cependant beaucoup
d'afllnifé avec le styrax, surtout avec le styrax glabrum de
Vahl, ce qui peut faire présumer que le stjrax , mieux exa-
miné, pourroit être ramené dans la même famille. (J.)
FOVÉOLIE , FoveoUa. {Arachnod.) Genre de la famille des
méduses, établi par MM. Perron et Lesueur, et fort voisin des
équorées des mêmes auteurs , dont en effet il ne diffère que parce
que l'ombrelle est pourvue de petites fossettes à son pourtour-, du
reste l'estomac estsimple, avec une seule ouverture oubouche,
et il n'y a ni pédoncules, ni bras, mais seulement des ten-
tacules; les mœurs, les habitudes et l'organisation sont tout-
à-fait celles des Méduses. (Voyez ce mot.)
Les espèces de cette division sont au nombre de cinq:
1.° La FovÉOLiE piLÉAiRE : Foveolia pilearis , Per., Les.; Me^
dusa pilearis , Linn. Ombrelle orbiculaire surmontée d'une
espèce de bonnet : huit cavités à la circonférence du rebord j
estomac cilié à son pourtour. Haute mer.
2.° La FovÉOLiE BUNOGASTRE : FoveoUa bunogaster, Fer., Les.
Hyaline; ombrelle bossue à sa partie centrale et supérieure ;
une grosse tubérosité saillante au fond de Festomac; neuf fos-
settes autour de Fombrelle ; neuf tentacules : 2 et 3 centira.
Côtes de Nice.
3.° La FovÉOLiE mollicine : Foiieolia moUicina, Per., Les'^.;
Médusa mollicina, Forsk. , Faun. Arab., p. 10g ; Icon. anim. ,
t, 33, fig. C. Ombrelle orbiculaire sans renflement au sommet j
17. 22
S53 FRA
seize bandeleUes au pourtour de l'estomac ; douze petites
fossettes ovales; dix tentacules très-courts; couleur hyaline :
4 centim. Méditerranée.
Zj." La FovÉOLiE diadème; Foveolia diadema, Per. et Les.
Espèce, de 5 centim.. dont l'ombrelle bleu hyaline , subcanipa-
niforme , est pourvue d'un estomac simple, très-pointu , avec
six petites fossettes et seize tentacules, formant une espèce de
diadème à sa base. Océan atlantique austral.
.5°. La FovÉOLiE linéolée ; Foveolia Uneolata, Per. et Les.
Ombrelle hyaline, cérulescente, subhémisphérique, déprimée
au sommet, resserrée sur le milieu de son pourtour: dix-sejjt
fossettes : dix-sept tentacules et autant de lignes subombrel-
laires intérieures : 3, 4 centim. Nice. (De B.)
FOX {Mamm.), nom anglois du renard commun, canis
vulpes, Linn. Voyez Chien. (F. C.)
FOYER. {Chim.) C'est en général un lieu plus ou moins cir-
conscrit, où l'on a produit une température plus ou moins
élevée. Ainsi, le foyer d'un fourneai^est la cavité dans la-
quelle s'opère la combustion; le foyer d'une lentille, le foyer
d'un miroir sont les points oii se réunissent les rayons du soleil
réfracté parla première ou refléchi par le second. (Ch.)
FKACASTORA. {Bot.) Adanson désigne sous ce nom le
slachys palastina, qu'il distingue par son calice plus longue-
ment tubulé et à dix angles, sa corolle à lèvre supérieure
entière , ses fleurs plus rares dans chaque rameau, et accom-
pagnées de deux soies à leur base. (J.)
FR.î:KAHL. (Bot.) Voyez Forgaa. (J.)
FRAGA. (Bot.) Voyez Comaroides. (J.)
FRx\GA et Fragl'm. (Bot.) Les Latins donnoient ces noms à
la fraise. La Peyrouse (Histoire abrégée des Plantes des Pyré-
nées , pag. 287) a adopté le premier de ces noms pour un
genre particulier qu'il a formé avec le fragaria sterilis , Linn.,
que la plupart des botanistes placent maintenant dans.le genre
Potenlille. (L. D.)
FRAGARIA {Bot.), nom latin du fraisier. (L.D.)
FRAGILAR1A. {Bot.) Genre de plantes cryptogames, de la
famille des algues, voisin des diafoma, et établi par Lyngbye
dans son Tentamen hjdrophjtologiœ danicœ . pour placer quel-
ques espèces de conférées, dont les filamens articulés, plans,
"FRA 339
«impies, frès- fragiles, offrent des articulations qui, en se
détachant, ne se tiennent point par un angle, comme dans
les diatoma.
M. Lyngbye place dans ce genre les huit espêcessuivantes ,
qu'il a observées sur les côtes du Danemarck ou de Norwège,
attachées aux plantes marines et aux rochers.
Fragilariafascié ; Fragilariafasciata, Lyngb., Tent. hydrop.,
p. 182, pi. 6-2. Transparent; articulations d'un mtme diamètre,
marquées dans le milieu d'une bande rougeàtre, se détachant
alternativement après la fécondation. Celte espèce se trouve
en hiver sur les ceramium, dans le golfe d'Othinie.
pRAGir.ARiA LATRDNCULATRE ; FragHariti latruncuhiria , Lyngb.,
1. c. Transparent ; articulations deux fois pins longues que
larges, marquées dans le milieu d'tni point carré, se détachant
après la fécondation. Cette plante se trouve en hiver, <?cmme
Ja précédente , dans le même golfe.
Fragilaria vt^ifO'scrvÉ; Fragilaria unipiinclata , Lyngb. , 1. c,
p. i83- pi. 62. Filamens convexes, cristallins, très-fraî:iles; ar-
ticulations aussi longues que larges, marquées d'il n point rouge.
Cette espèce se trouve en été sur les plantes marines , dans le
golfe d'Oxetiord en Norwège. Lorsqu'elle est desséchée, elle
ressemble à une croûte blanche cristalline.
Fragii-aria striatulé : Fragilaria sfriatula, Lynrb. , 1. c. ,
fig. 63 ; Conferva striatula, Dilhv. , English Bot., tah. 1928?
Filamens bruns ou jaunâtres; articulations très-courtes, striées
en travers , se détachant çà et là. Cette espèce se trouve en été
sur les côtes de Féroë, adhérente aux rochers et aux plantes
marines, sur lesquelles elle forme des touifes d'une à six ligneS
de diamètre.
Fragilaria rayé : Fragilaria lineata , l,yngb. , 1. c. , pag. 1 84 ,
tab. 63; Conferva lineata, Dilhv.; Conf. moniliformis , MuU. ;
Conf, ivjlexa, Roth. Filamens très-fins; articulations presque
deux fois plus longues que larges; marque d'une ou d-eux raies
transverses. Cette espèce forme au printemps des touffes jau-
nâtres, épaisses, et de deux à trois pouces d"étendue, sur les
rivages et dans les fossés et étangs remplis d'eau de mer.
Fragilaria nummuloïde : Fragilaria nummuloides , Lyngb, ,
1. c. , l^ib. 63 ; Conferva nummuloides , Dillw. , Intr. Sup, , tab. B.
Filamens très-fins; articulations presque aussi longues que
§4® PRA
larges , contenant des globules hexagones ou elliptiques rap-
prochés en forme de chapelet. Cette espèce croît en hiver et
au printemps dans les fossés et les mares près de la mer.
Fragilaria pectine: Fragilaria pectinalis , Lyngb., pag. 184,
labl. 63 ; Conferva pectinalis , Mull. ; Conferva bronchialis , Roth ;
Diatêma pectinalis, Agardh. Filamens roides , grêles, très-fra-
giles, atténués à l'extrémité; articulations trois fois plus larges
que longues, brillantes dans le milieu, se détachant çà et là.
On rencontre cette espèce sur les plantes aquatiques et sur le»
roues des moulins; elle paroît au printemps et à l'automne.
Elle forme des touffes d'un vert jaunâtre, qui deviennent gri-
sâtres par la dessiccation ; ses filamens ont six lignes environ
de longueur.
Fragilaria d'hiver ; Fragilaria hfemalis , Lyngb. ,1. c. ,
pag. ]85, lab. 63. Filamens mucilagineux, très-fragiles ; arti-
culations un peu moins longues que larges, de couleur d'or,
se détachant çà et là. Cette plante est la même que le conferva,
hyemalis de Roth -. elle croît dans les ruisseaux des montagnes
alpines, en touffes longues de 3 à 4 pouces, attachées aux
pierres. Lyngbye Ta observée en été dans les îles Féroë , etc.
(Lem.)
FRAGMOSA [Bot,), un des anciens noms de la conyze,
cités dans le livre de Dioscoride. (H. Cass.)
FRAGO. {Bot.) Suivant Garidel, les Provençaux nomment
ainsi la quinte-feuille ordinaire, potentilla reptans. (J.)
FRAGOLINO. (Ichthyol.) Voyez Francolino. (H. C.)
FRAGON {Bot.), Ruscus, Linn. Genre de plantes mono-
cotylédones, de la famille des asparaginées, Juss. , et de la
dioécîe monadelphie , Linn. , dont les fleurs sont hermaphro-
dites dans quelques espèces, et dloïques dans plusieurs autres.
Leur calice est composé de six folioles, ordinairement ou-
vertes en étoiles. Les filamens des étamines sont réunis en un
tube ou godet, nu dans les fleurs femelles, et portant trois à
six anthères en son bord dans celles qui sont mâles ou her-
maphrodites. L'ovaire est supérieur, renfermé dans le tube,
et surmonté par trois stigmates. Le fruit est une capsule bac-
ciforme, globuleuse, à trois loges, contenant chacune une
ou deux graines, et souvent uniloculaire par l'avorteraent
des deux autres loges.
FRA 541
Les fragons sont des arbustes à feuilles simples et alternes ,
munies à leur base de stipules membraneuses, et dont les
fleurs naissent sur les feuilles mêmes, eu disposées en grappes
terminales. On en connoît aujourd'hui sept espèces :
Fragon PIQUANT; Vulgairement Houx frelon, HouSson, Petit-
Houx, Buis piquant, Myrte épineux: Ruscus aculeatas , Linn.,
Spec, 1474; Bull., Herb., t. 243. Sa racine est horizontale,
vivace , blanchâtre , munie de plusieurs grosses fibres qui s'en-
foncent perpendiculairement ; elle produit une ou plusieurs
tiges cylindriques, glabres, hautes d'un pied à un pied et
demi, nues dans leur partie inférieure, divisées, dans la su-
périeure, en rameaux garnis de feuilles nombreuses, sessiles,
ovales-lancéolées, d'un vert luisant, aiguës et piquantes à
leur sommet. Ses fleurs sont dioïques , très-petites, d'un blanc
verdàtre , mélangées de violet paie , portées sur un court
pédoncule qui nait sur la partie inférieure des feuilles. Les
fruits, d'un rouge éclatant, ont la forme et la grosseur d'une
petite cerise. Cette plante , dont les tiges durent deux ans ,
fleurit en mai ; elle croît en France et dans une grande partie
de l'Europe , dans les bois à l'ombre.
Les fleurs du fragon piquant sont très-petites et très-peu
remarquables; mais ses fruits, d'un rouge vif, et qui restent
sur les tiges pendant tout l'automne et l'hiver, font un joli
effet par le contraste qu'ils forment avec le vert foncé des
feuilles : cela rend cette plante propre à être employée
pour la décoration de certaines parties des jardins paysagers ,
où on peut la placer sous les grands arbres. Comme ses graines
sont un an à lever, et qu'on trouve trop long ce moyeu de
propagation, on préfère en général la multiplier en divisant
en éclats les racines des vieux pieds.
La racine du fragon piquant est un- peu acre et amère; on
s'en sert fréquemment en médecine comme diurétique , et
on la compte au nombre des cinq racines dites apéritives ma-
jeures. On l'emploie en décoction , à la dose d'une demi-once
à une once pour une pinte d'eau. Ses jeunes pousses peuvent
se manger cuites comme celles des asperges , et on en fait usage
ainsi dans plusieurs cantons.
Il y a quelques années, lorsque les denrées coloniales s'é-
toient élevées à un très-haut prix, on a essayé de substituer
34» FRA
ses graines au café, en les faisant lorréfier comme celui-ci -,61
des personnes qui en ont fait usage, nous ont assuré que,
de toutes les différentes substances indigènes avec lesquelles
on avoit voulu remplacer la fève arabique , les graines du petit-
houx étoicnt réellement celles qui s'en rapprochoient le plus.
Fragon HYPropHYLLE. ; Vulgairement Laurier alexandrin:
Ruscus hjppoph-yliuiii, Lmii. , Spec. , 1474; liuscus latifolius ,
fructu inmediofoliorum exLrapendente; Dill. , EUh., ^33 , t. 25i,
f. 323. Ses tiges sont simples, anguleuses, hautes d'un pied
et demi , garnies de feuilles ovales-lancéolées, pointues, d'un
vert gai , un peu pétiolées , la plupart alternes. Ses fleurs sont
dioïq^ues, pédicellées, d'un vert blanchâtre, violettes dans
leur centre , disposées deux à cinq ensemble sur un petit
tubercule écailleux, et au milieu de la surface inférieure des
feuilles. Cette espèce croit naturellement sur les collines en
Italie. Quelques auteurs ont cru que c'étoitle laurier dont on
couronnoit, dans l'antiquité, les vainqueurs et les poètes.
FaAGON hyvoglosse: Ruscus hjpoglossum .L'inn., Spec, 1474;
Laurus alexandrina, Clus., Hist,, 278. Cette CvSpèce ressemble
beaucoup à la précédente ; mais elle en diffère par ses feuilles
plus alongées , moins larges , et surfout parce qu'elles portent ,
vers le milieu de leur surface supérieure, une languette dans
l'aisselle de laquelle naissent les fleurs. Cette plante croit
naturellement clans les lieux ombragés des moatagnes, en
Italie , en Hongrie, etc.
Fragon androgyn : Ruscus androgynus , Linn., Spec, 1474 ;
Ruscus latifolius e foliorum sinu Jlorifer et haccifer , DIU. ,
Elth. , 352 , t. 235 , f. 322. Ses tiges sont sarmenteuses , hautes
de cinq à six pieds, divisées en rameaux garnis de deux rangs
de feuilles alternes , ovales, pointues, luisantes , d'un vert
gai, portées sur un pétiole très-court et un peu contourné.
Les fleurs sont androgynes ou monoïques, blanchâtres ou
jaunâtres, pédicellées et disposées six à douze ensemble dans
les crénelures latérales des feuilles. Cet arbrisseau est origi-
naire des îles Canaries, et il est cultivé dans les jardins de
botanique. On le rentre dans l'orangerie pendant l'hiver.
Fragon a grappfs : Ruscus raceinosus , Linn., Spec, 1474;
Jjiurus alexandrina angustifolia ramosà, fructu ad extremum
racemoso , Moris. j Hisl. 5 , p. 64 1 , sect. 1 3 , t. 5 , f. 4 . Ses tiges
FRA 343
sont grêles, flexibles, frès-ramcuses , liantes de trois à quatre
pieds, oarnies de feuilles alternes, lancéolées, luisantes,
presque sessiles. Ses fleurs sont petites, globuleuses, herma-
phrodites, vcrdàtres ou blanchâtres, et disposées au sommet
des rameaux eu grappes peu garni'.-s. Cette espèce croit
naturellement dans les ilcs de l'Archipel.
Les deux autres espèces de fragonsoiit encore peu connues;
elles ont été trouvées au cap de Boane-Espérance par Thun-
berg, qui les a désignées sous les noms deruscus reticulalus et
de ruscus volubilis. ( L. D.)
FRAGOSA. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs
complètes , polypélalées, de la famille des ombellifères , de la
pentandrie di^j'nie de Linna^us , très-voisin des azorella , auquel
il conviendroit peut-être de le réunir. Il ofifre pour caractère
essentiel un involucre à cinq ou huit folioles; un calice à cinq
dents aiguës , persistantes ; cinq pétales inégaux , réfléchis ; deu^c
styles. Le fruit est composé de deux semences ovalesj planes ,
comprimées, marquées de trois stries.
Ce <^enre comprend les espèces suivantes découvertes au
.Pérou, sur les hautes montagnes des Andes.
Fragosa A coRYMBES ; Fnigosa corjmbosa, Ruiz et Pav. ,
.Flor.Per., 3, pag. 27, tab. 260. Cette espèce a le port d'un
lYcopodiiim. Ses racines sont fusiformes; ses tiges hautes de
deux pouces, dichotomes; les rameaux réunis en forme de
corymbe; les feuilles imbriquées, triûdes , cunéiformes, pi-
leuses à leurs deux faces; les terminales ouvertes en étoile.,
renfermant daris leur centre des tleurs sessiles, en ombelle,
au nombre de deux ou quatre ; la corolle d un blanc jaunâtre.
Fragosa épineux : Fragosa spinosa , Fl.Per., 1. c. Ses tiges
sont couchées, nombreuses, réunies en touftes gazooneuses,,
rameuses, cylindriques, garnies de feuilles sessiles , cunéi-
formes, à trois, quelquefois à cinq ou sept pointes en forme
d'épines. Los fleurs sont disposées en une ombelle simple,
presque sessile ; Tinvolucre composé de huit folioles subulées
et ciliées. Quelques fleurs stériles se trouvent parmi les fleurs
fertiles, de la longueur de l'iiivolucre. Cette plante croît au
Chili, aux lieux arides et parmi les buissons.
Fragosa découpé ; Fragosa multijîda, FI. Pcr.,l. c. , tab. 249,
fig. a. Ses racines perpendiculaires et profondes produisent
344 FRA
une tige courte, rampante, presque dichotome; les rameaux
cylindriques , produisant de petites racines capillaires. Les
feuilles sont longues de trois lignes, nombreuses, ovales, cu-
néiformes , profondément incisées, parsemées en dessus de
longs poils blancs , glabres en dessous ; les pétioles comprimés
et ciliés ; l'ombelle simple , peu garnie ; les folioles de l'invo-
lucre subulées ; les pédicelles très-courts , un peu compri-
més ; les corolles blanches ; les semences ovales, d'un jaune
obscur.
Fragosa a feuilles crénelées ; Fragosa crenata , FI. Per. ,
1. c. , tab, 2/49 , fig. c. Cette espèce a des tiges courtes, pi-
leuses, divisées en rameaux étalés, munis de petites racines
fibreuses; les feuilles sont nombreuses, pétiolées, presque
rondes, cunéiformes , pileuses à leurs deux faces, ciliées, à
crénelures aiguës : les pétioles au moins de la longueur des
feuilles, élargis à leur base. Un pédoncule unique supporte
une ombelle simple , composée d'environ quatorze fleurs pédi-
cellées ; Tinvolucre à huit découpures linéaires-lancéolées; les
corolles blanches ; les semences purpurines.
Fragosa a racines rameuses ; Fragosa cladorhiza , FL Per. ,
I. c. , tab. 260, fig. b. Ses tiges sont très-courtes , rameuses,
munies de racines épaisses, très-ramifiécs; les feuilles imbri-
quées, pétiolées, cunéiformes, crénelées, obtuses, un peu
mucronées , longues de six lignes , luisantes en dessus ; les
pétioles, comprimés , ailés à leur base, très-pileux ; l'ombelle
simple, terminale, presque sessile ; l'involucre composé de
plusieurs folioleslancéolées, pileuses, ciliées; toutes les fleurs
fertiles; le fruit orbiculaire, un peu comprimé.
Fragosa a feuilles en rein ; Fragosa reniformis , FI, Per. , 1. c.
tab. 249 , f. b. Ses racines sont épaisses , fusiformes , un peu ra-
meuses; les feuilles remarquables par leur grandeur e4 leur
forme ; elles sont toutes radicales , longuement pétiolées , ré-
niformes, presque orbiculaires , crénelées à leur contour, pi-
leuses, ciliées , longues d'environ un pouce et demi; il n'y a
point de tige. Du milieu des feuilles s'élève un pédoncule court,
terminé par une ombelle simple, à fleurs blanches, toutes fer-
tiles ; l'involucre composé de plusieurs folioles linéaires, pres-
que aussi longues que l'ombelle; les semences brunes, ovales,
comprimées, striées. (Poir.)
FRA 345
FRAGOUSTA, Frambouesa (Bot.), noms vulgaires du fram-
boisier, dans le Languedoc, selon M. Gouan. (J.)
PRAGUE (Bot.), ancien nom françois de la fraise. (L. D.)
FRAGUM. (Bot.) Voyez Fraga. (L.D.)
FRAI ou Fray. (Bot.) On donne vulgairement ce nom au
frêne dans quelques cantons. (L.D.)
FRAI DES GRENOUILLES, DES CRAPAUDS. {Erpétol.)
On appelle ainsi les œufs de ces reptiles batraciens. Voyez
Batraciens, Crapaud, Grenouille. (H. C.)
FRAI DES POISSONS. [Ichthyol.) On appelle ainsi les œufs
des poissons. Voyez Poisson. (H. C.)
FRAIÈRE. {Bût.) La fraise portoit anciennement ce nom.
(L.D.)
FRAILECITOS. ( Ornith. ) Les Espagnols de Saint-Do-
mingue, voyant le pluvier à collier, charaârius hiaticulay
Linn. , habillé de noir et de blanc , comme leurs moines , lui
ont donné cette dénomination. (Ch. D.)
FRAILILLOS. (Bot.) Ce nom espagnol, qui signifie /rafer-
culus, petit- frère, a été donné à l'arum arisarum, probable-
ment, selon Dalechamps, parce que la spathe qui entoure ses
fleurs présente la forme d'un petit capuchon de moine. (J.)
FRAISE. (Bot.) C'est le fruit du fraisier. (L. D.)
FRAISE ( Con,c/y'/.), nom marchand de deux espèces de
cardium, le cardium fragarium et le eardium unedo , à cause
des petits tubercules rouges dont elles sont ornées. (De B.)
FRAISE (Ornith.) , nom donné à' une caille de la Chine,
telrao sinensis, Linn., et perdix sinensis, Lath. , à cause d'une
fraise blanche qu'elle a sous la gorge. Cet oiseau est figuré
dans les planches enluminées de Buffon , sous le nom de
caille des Philippines. ( Ch. D. )
FRAISE ANTIQUE. (Entom.) C'est le nom que GeoEFroy a
donné à une petite espèce de punaise qui vit en société suc
les feuilles de poirier. C^est Facanthie du poirier, décrite
pag. 104, n." 12, dans le premier volume de ce Dictionnaire.
(CD.)
FRAISÉE (J5of.) , nom vulgaire du diotis deM.Desfontaîncs.
(H.Cass.)
FRAISÉES. (Bot.) Dans un mémoire de Guettard, faisant
partie du Recueil de l'Académie des Sciences, année i74S>
546 FRA
on trouve, p. 417, ce nom Trançois donné au gnaphalium de
Linnaeus. (J.)
FRAISERAT. {Bot.) On donne ce nom, dans le midi de la
France, nu fragaria sterilis de Linnaeus, rapporté maintenant
au genre Potenlillf. (L. D.)
FRAISETTE. (Concliyl.) Dénomination assez rarement em-
ployée pour désigner le turbo delpliinus de Linn.; type du
genre Dacphinule. Voyez ce mot. (De B.)
FRAISIER ( Bof. ), fVûtgaria , Linn. Genre de plantes di-
cotylédones, de la famille des rosacées, Juss. , et de la polyan-
drie poiygynie , Linn., dont les principaux caractères sont les
suiA^ans : Calice monophylle , persistant, à dix découpures al-
ternativement plus grandes et plus petites; cinq pétales ovales
ou arrondis, ouverts, insérés sur le calice-, vingt étamiues ou
plus , ayant leurs filamens plus courts que les pétales , et atta-
chés comme eux sur le calice ; ovaires très-nombreux, rassem-
blés en tête sur un réceptacle convexe, et munis chacun d'un
style latéral, à stigmate tronqué; graines portées sur le récep-
tacle qui devient succulent , bacciforme, coloré , et qui tombe
à la maturité des fruits.
Les fraisiers sont des plantes herbacées , vivaces, à tige très-
basse, dont les feuilles sont presque toutes radicales , compo-
sées le plus souvent de trois folioles, portées sur un pétiole
assez long et muni de deux stipules adnées de chaque côté de
sa base, et dont les fleurs sont disposées en bouquet terminal ,
sur des pédoncules souvent divises.
Les botanistes ne son^ pas d'accord sur le nombre des es-
pèces contenues dans ce genre. Linnaeus en avoit établi trois ;
Willdenow en porta depuis le nombre à huit ; mais M. de
Lamarck et la plupart des auteurs françois , d'après M. Du-
chesne qui a fait une élude particulière des fraisiers, les ont
en général réduits à deux espèces seulement , en rapportant,
il est vrai , \c fragaria sterilis de Linnasus aux potentiiles, et
en subdivisant leurs deux espèces en de nombreuses variétés.
Ne trouvant pas de meilleur guide que le travail de M. Du-
chesne, nous allons en donner ici l'abrégé, d'après l'Encyclo-
pédie méthodique et le Dictionnaire d'Agriculture.
Fraisier commun : Fragaria vesca , Linn. ,Spec., 708 -, Fragaria,
Jjîackw-, Herb.^t. 77. Sa racine est une petite souche demi-
FRA 'Hi
ligneuse, d'un brun roiigeàtre , divisée inférieurement en
plusieurs fibres menues et nombreuses ; elle produit une toulTe
de feuilles longuement pétiolées, composées de trois folioles
ovales, fortement dentées, d'un vert gai en dessus, soyeuses
et blanchâtres en dessous. Le collet de la racine donne nais-
sance à plusieurs jets grêles, fort longs, rampans, prenant
racine et poussant des feuilles de distance en distance , ce qui
par la suite forme autant de nouveaux pieds qui multiplient
la plante. Du milieu des fe\iilles naissent une, deux ou trois
tiges simples, grêles, soyeuses, hautes de quatre à six pouces,
portant, à leur sommet, quatre à six fleurs ou plus , blanches,
pédonculées et disposées en une sorte de corymbe. Après la
floraison, le réceptacle prend de l'accroissement, acquiert
une consistance pulpeu#et succulente, et devient une sorte
de fruit orrlinairement d'un rouge vermeil , connu sous le
nom de fraise. Cette plante crpit naturellement dans les bois
taillis et les buissons ; elle fleurit eu avril et mai; ses fruits sont
mûrs en juin et juillet.
La substance de la fraise est une pulpe très-odorante , lé-
gère, poreuse, fondante, et cependant peu aqueuse. L'in-
fluence du sol et du climat se fait très-peu «entir sur cette
espèce , qui se trouve la même dans toute l'Europe , et est en-
core, au jugement des sens, intrinsèquement la même, mal-
gré les différences que l'obseuvateur s'étonne de trouver entre
quelques unes de ses races. L'inconstance est au contraire un
des caractères des fraisiers de la seconde espèce.
Les variétés reconnues par M. Duchesne dans le fraisier
commun , sont les suivantes :
Fraisier des Alpes, ou de tous les mois , ou de toute saison.
La vivacité de la végétation est en quelque sorte la seule chose
qui distingue ce friKsier de celui de nos bois-, il est en fleur
et en fruit dans les Alpes pendant toute la belle saison. Ap-
porté du Mont-Cenis en France, en 1764, il y a produit
quelques sous-variétés, tant pour la couleur blanche ou rouge
pâle du fruit, que pour sa forme. Cultivé dans les jardins , il
donne des fleurs même en hiver, et ne cesse de porter des
fruits que pendant les gelées. Les jeunes pieds produits par
les courans fleurissent souvent avant d'avoir pris racine ,
et ils peuvent servir à multiplier la plante ; mais ce fraisier a
548 FRA
toujours bien plus de vigueur lorsqu'on l'élève de graines. En
le semant sur couches tt sous châssis à la fin de Janvier, il
produit abondamment dèsl'ajitomne , et recommence au prin-
temps suivant jusqu'à la fin de l'été.
M. Villemorin, dans le Suplément au Bon Jardinier pour
l'année actuelle (i 820) , vient de faire connoître une nouvelle
variété provenant du fraisier des x^Vlpes, et obtenue de se-
mences. Cette nouvelle variété, à laquelle il donne le nom de
fraisier des Alpes, sans filets, forme des touffes arrondies,
comme la variété anciennement connue sous le nom de frai-
sier-buisson, recherchée jusqu'ici par cette seule qualité, qui
la rendoit propre aux bordures, quoiqu'elle fût d'ailleurs
médiocre en fruits . et peu productive. La nouvelle variété sera
plus précieuse, puisqu'au mérite du ||aisier buisson elle joint
toutes les qualités de la fraise des Alpes.
Fraisier des bois. Cette race croît naturellement dans toute
l'Europe, et surtout dans les régions septentrionales; elle se
plaît particulièrement dans les bois taillis. Le parfum de la
fraise des bois égale celui de la fraise des Alpes , et surpasse
celui de toutes les autres variétés; mais on lui reproche de
n'avoir pas assez d'eau , surtout lorsqu'elle est sauvage. Cul-
tivée , elle devient plus grosse , quelquefois anguleuse , et alors
creuse et un peu moins parfumée. Ce fraisier, élevé de graines,
ne fleurit que laseconde année, ainsi que la plupart des autres
fraisiers. Il a une variété à fruit blanc, qui a un peu moins de
parfum.
Ï'raisier d'Angleterre, ou Fraisier à châssis. Cette variété
réussit mieux que les autres sous les châssis, parce qu'elle est
plus basse. Son fruit est bien arrondi, très-parfumé et d'une
couleur foncée. Sa sous-variété blanche est la plus estimée;
son fruit, qui a une nuance ambrée, est en outre très-luisant
et d'un goût fin.
Fraisier pressant, ou Fraisier de Montreuil. Cette variété
est l'opposé de la précédente. Plus haute , plus forte que le
fraisier des bois , son feuillage est plus blond , et ses fruits sont
plus pâles, alongés ; les plus gros aplatis, anguleux et comme
cornus. 11 s'en trouve aussi à fruit blanc, et on en distingue
encore une autre sous-variété qui produit moins, mais dont
îa fraise est haute en couleur, très-anguleuse, et se nomme la
FRA 549
grosse noire. On lui donne par erreur, à Paris, le nom de ca-
peron, et on l'estime peu, parce qu'elle est creuse et fade.
Le fraisier fressant est presque le seul dont les fruits se trouvent
dans les marchés de Paris. On en fait des pépinières en plein
champ dans plusieurs villages voisins de Montlhéri, et dans les
bonnes terres de Montreuil , Bagnolet , Romain ville , et autres
lieux voisins.
Fraisier buisson, Fraisier sans coulans. Celui-ci forme des
touffes très-fortes, sans produire des coulans ou rejets ram.-
pans, à la manière de toutes les antres variétés. U paroît être
originaire du Maine ; son fruit est alongé , médiocrement
gros, assez bon, mais rarement abondant. On en a obtenu
une sous-variété à fruits blancs.
Fraisier a feuilles simples, ou Fraisier de Versailles; Fraga-
ria monophjlla. Linn. , Sjst., i3 , p. 34g. La race de ce fraisier
s'est formée à Versailles, en 1761 , par un premier individu
né dans un semis de fraisier des bois, et elle s'est depuis propa-
gée constamment par ses filets ; elle s'est même reproduite par
ses graines, mais en donnant aussi naissance à quelques indi-
vidus remontés à l'espèce primitive. Au reste, ce fraisier est
foible dans toutes ses parties, et ne produit communément
que des feuilles simples. Il est plus propre qu'un autre à for-
mer une tige, en supprimant ses feuilles inférieures avant
le temps où elles périroient. Cette culture lui donne même
de la vigueur, et lui fait produire beaucoup de fruits, mais
qui sont alongés, quelquefois anguleux et toujours petits. Ou
en a obtenu une sous-variété à fraises blanches.
Fraisier double. Ses fleurs ont vingt-cinq à trente pétales
disposés sur cinq à six rangs , et seulement cinq à six étamines.
Il arrive à quelques fleurs de produire, entre les divisions
du calice, d'autres fleurs sessiles ou pédiculées., incomplètes,
mais qui nouent cependant, et forment par leur réunion des
fruits monstrueux en couronne ou en trochet. Les Bauhin
n'ont point connu le fraisier à fleurs doubles; Simon Paulli
l'a annoncé en 1640, comme nouveau , à Copenhague.
Fraisier de Plymouth, ou Fraisier-arbrisseau à fleur verte et
fruit épineux. Cette variété monstrueuse, trouvée à Plymouth,
par Tradescant, vers 1620, a été cultivée pendant soixante à
quatre-vingts ans dans les jardins de botanique de l'Europe,
350 FRA
où l'on a fini par la négliger et la perdre. Ses feuilles étoieni
velues, ses tiges fortes, et elles ne portoient que desfleurssans
pétales, dont les dents du calice, devenues foliacées, for-
moient toute la fleur, à laquelle succédoit un fruit difforme ,
acerbe , ayant à peine le goût de fraise.
Plusieurs des variétés du fraisier commun se multiplient
d'une manière assez constante parleurs graines, pour qu'on
puisse employer ce moyen de propagation , qui produit tou-
jours des individus d'une végélation plus vigoureuse. Le frai-
sier des Alpes est celui dont les cultivateurs et les jardiniers
font le plus habituellement des semis; mais le fraisier fressant
est constamment propagé pàrses courans dans les pépinières.
Tous peuvent se diviser en ailletons comme le fraisier- buis-
son , qu'on ne peut multiplier d'une manière assurée que par
ce moyen. Pour se procurer le fraisier des bois, on se con-
tente le plus souvent d'en faire arracher du jeune plant, au
printemps ou à l'automne, dans les endroils où il croît na-
turellement, et dans les cantons qui passent pour produire
les fraises les plus parfumées.
On cultive les fraisiers en planches ou en bordures, et
sous châssis. La culture en planches est principalement celle
des cultivateurs en grand , qui destinent leurs fruits à être
vendus dans les marchés des villes, et surtout dans ceux de
la capitale. On donne de préférence aux planches des frai-
siers l'exposition du levant, et on les met à l'abri du midi
par un mur ou par des paillassons.
Dans les petits jardins, on plante le plus souvent les fra'i-
siers en bordures; celles-ci exigent beaucoup desoins, parce
que, sans cela, les coulans, qui sortent de chaque pied,
couvriroient en peu de temps toutes les plates-bandes voi-
sines. 11 faut donc supprimer soigneusement tous ces rejets
rampans plusieurs fois dans le courant de chaque été, et en
multipliant les binages et les arrosemens, ces bordures don-
neront de bonnes récoltes.
C'est le fraisier d'Angleterre qu'on cultive pour avoir des
fruits pendant l'hiver, et des primeurs. Il se plante en pot
plus tôt ou plus tard, suivant l'époque à laquelle on veut le
placer sur couche. Les pieds qu'on y destine pour l'hiver, se
plantent au printemps , deux: à trois ensemble dans le même
FRA 35i
pot, et les vases dans lesquels on les a placés, s'enterrent à
l'ombre et au nord jusqu'au moment où l'on veut les chauffer.
On a soin en outre de ne leur donner que peu d'eau , et
de supprimer toutes les fleurs qui voudroient paroitre. A
l'autoaine on les dépote ; on retranche une portion de leurs
vieilles racines, et on renouvelle en partie leur terre; aiirès
quoi on les place sous châssis et sur une couche tempérée.
Four avoir des primeurs on ne plante ces Irai.siers en pot qu'à
lautomue , et on les tient dans une oraiigi-rie, ou enferrés en
pleine terre, mais en ayant soin de les couvrir pendant les
gelées, jusqu'à ce que ce soit le tem^^s de les placer sur
couche el sous chàisis.
Une saveur exquise, un parfum agrrable rendent la fraise
un des meilleurs fruits de nos climats. C'est peut-être en
cueillant les fraises une à une sur leur tige, et en les man-
geant de même, qu'on goûte le mieux la finesse de leur par-
fum ; celles surtout qu'on trouve sauvages au milieu des bois,
quoique plus petites que celles des jardins, l'emportent, pour
beaucoup de personnes, sur ces dernières, par l'excellence
de leur goût et de leur odeur. Dans les villes et chez les gens
aisés, les fraises se servent au dessert , et on les mange s;iupou-
diées de sucre et arrosées d'un p^u de vin. Ainsi assaisonnées,
elles sont plus faciles à digérer; car, naturellement froides,
elles donnent quelquefois des coliques aux personnes qui en
mangent en trop grande quantité.
Le suc exprimé des fraises, auquel on ajoute de l'eau et
du sucre, fait une boisson agréable et très- rafraîchissante ,
propre à apaiser la soif, et qu'on peut employer avec avan-
tage dans les maladies inflammatoires. Les limonadiers , les
distillateurs , les confiseurs préparent avec les fraises , ou avec
leur suc, des glaces, des liqueurs, des pastilles, etc. Ce suc
acquiert, ])ar la fermentation, une saveur vineuse; mais il ne
se conserve pas et passe facilement à l'état d'acide, et l'on
peut en faire alors une sorte de vinaigre. Dans le premier état
on en obtient de l'alcool par la distillation.
Les fraises sont peu employées comme médicament, quoi'
qu'on puisse, comme nous l'avons dit plus haut, faire avec
leur suc une tisane très-rafraîchissante , et quoiqu'on leur ait
attribué plusieurs autres propriétés. Ainsi le célèbre Linneeus
S52 FRA
assure être parvenu, parTusage des fraises , à se guérir d'une
goutte qui lui avoit fait éprouver de violentes douleurs pen-
dant plusieurs années; et Gesner, ainsi queBoerhaave, n'a pas
craint d'avancerqu'elles peuvent être employées avec avantage
contre les calculs de la vessie.
Les feuilles et surtout les racines de fraisier sont plus sou-
vent employées en médecine que les fruits; elles sont diuré-
tiques et apéritives.
Les chèvres et les moutons mangent assez volontiers le?
feuilles du fraisier ; mais les vaches s'en accommodent diffici-
lement, et les chevaux n'en veulent point du tout.
Fraisier cATEKOfiiER; Fragaria polymorpha, Duch. Cette se-
conde espèce diffère du fraisier commun , par ses étamines
plus longues , par ses ovaires plus gros et plus rares ; par son
fruit adhérent au calice, dont la peau est moins colorée que
les graines, et dont la pulpe, plus solide, plus juteuse, ne se
dessèche pas complètement. M. Duchesne divise toutes ses
variétés en quatre races principales , sous les noms de ma-
jaufes, breslinges , caperoniers et quoimios.
Les majaufes semblent faire la nuance entre les fraisiers
proprement dits et les breslinges. La couleur des feuilles,
leur substance, la petitesse des fruits, leur pulpe tendre et
fondante , et leur couleur d'un rouge foncé les rapprochent des
fraisiers : mais ils tiennent des breslinges par leurs rameaux
grêles et alongés-, parla multiplicité et par la disposition des
coulans; par Palongement des pointes du calice, qui s'ouvrent
moins et se resserrent sur le fruit; par l'eau abondante dont
est remplie la pulpe.
On connoît deux variétés dans les majaufes : nous n'en don-
nerons ici que les noms, ainsi que des autres variétés du ca-
peronier, parce que leur description nous entraîneroit trop
loin j ces variétés des majaufes sont : i". le majaufe de Cham-
pagne , ou la fraise vineuse de Châlons; 2°. le majaufe de
Provence, ou le ffaisier de Bargemont, ou la fraise à étoile.
La culture des majaufes ne diffère pas de celle des
fraises.
Les breslinges , qui forment la seconde division dans la
deuxième espèce , ont le feuillage d'un vert foncé, ferme; les
conrans très-abondans: les fleurs sujettes à .couler; les fruits
FRA 55i
d'une couleur obscure ; les graines rares , très-grosses ; la pulpe
ferme , mais juteuse et bien parfumée.
On distingue sept variétés dans les breçlinges ; savoir :i.' le
breslinge borgne, ou le fraisier coucou, ou le fraisier aveugle
des Angloisj 2." le breslinge de Versailles, ou la fraise mi-
gnonne ; 3." le breslinge noir ou d'Allemagne, ou fraisier à
cinq feuilles ; 4." le breslinge de Bourgogne, ou la fraise-mar-
teau ; 5." le breslinge de Longchamp, ou fraisier du bois de
Boulogne ; 6.° le^breslinge d'Ecosse, ou fraisier vert d'Angle-
terre ; 7." le breslinge de Suède, ou fraise-brugnon.
Les trois premières variétés ne méritent point d'être cul-
tivées-, les trois autres peuvent l'être, mais il faut une sur-
veillance continuelle pour la destruction de leurs couraas.
Le breslinge de Suède ne se trouve plus dans les jardins.
Les caperoniers proprement dits, qui forment la troisième
division, font des touffes très-fortes, dont les tiges sont plus
longues que les feuilles ; leurs fleurs sont ordinairement
dioïques , à calices courts, évasés, se recourbant sur les pé-
dicules-, leurs fruits sont très-gros, à pulpe peu ferme.
Les .variétés de cette division sont les suivantes : 1." le
caperonier commun, le caperon, le fraisier haut -bois des
Anglois j 2.° le caperonier-abricot , le caperonier abricoté ,
la fraise abricotée -, 3.' le caperonier- framboise , la fraise-
framboise ; 4.° le caperonier parfait.
La dernière variété est la plus commode à cultiver, parce
qu'elle est hermaphrodite comme les autres fraisiers ; mais le
caperonier-framboise, quoique son fruit soit moins gros que
celui du caperonier parfait, est plus ordinairement préféré,
parce qu'il est plus fondant et plus parfumé. Le boursoufle-
ment de la pulpe entre les graines le rend difficile à trans-
porter sans le flétrir. Il se passe du màle de sa propre variété,
quand on le place dans le voisinage du caperonier parfait.
Les pieds des caperoniers doivent être espacés beaucoup plus
que ceux des autres fraisiers , et ils ont besoin qu'on sou-
tienne leurs fruits.
La quatrième division du fraisier-caperonier comprend six
variétés désignées par M. Duchesne , sous le nom général de
quoimios, et chacune en particulier sous les noms suivans;
1.° le quoimio de Virginie; la fraise écarl ie de Virginie ou
}7' 23
354 FRA
de Canada, le caperon ; 2." le frutiller, la fraise tlti Chili;
3.° le quoimio de Harlem, la fraise-ananas ; 4.° le quoimio-
Cerise, la fraise de Caroline, la fraise-ananas de Paris, la
fraise - bi «carreau ; 6." le quoimio de Cantorbéry , la fraise-
quoiinio ; 6." le quoimio de Bath , la fraise de Bath , l'écarlale
double, l'écarlate de Batli.
Les quoimios en général ont pour caractère commun de
grandes dimensions dans presque toutes leurs parties; des
feuilles non plissécs, de substance ferme, et d'une couleur
verte bleuâtre ; des fleurs à six divisions, ou souvent plus ;
un ca'ice grand, peu évasé, se refermant sur le fruit , dont
la pulpe est légère et juteuse. Ces plantes sont originaires
de rAmérique.
Tons les quoimios ont besoin d'être espacés comme les ca~
peroniers , excepté cependant le frutiller, qui est moins grand ,
quoique ses fruits soient plus gros. ( L. D. )
FRAISIER EN ARBRE (Bot.) , nom vulgaire de l'arbou-
sier une lo. (L. D. )
FRAISIER DE L'INDE. {Bot. ) Voyez Duchesnea fraisier,
vol. i5 , V,. 5^5. (L. D. )
FRAISIER DE MONTAGNE. (Bo^) Les Provençaux donnent
ce nom à l'arbousxer unédo. (L. D.)
FRAISIER STÉRILE. {Bot.) Voyez Potentille fraisier.
(L.D.)
FRAISSE ou Fraysse. (Bot.) En Languedoc on donne ce
nom au frêne, et on appelle fraissine un terrain planté en
frênes. (L. D.)
FRAISSINETO. {Bot.) La pimprenelle porte ce nom en
Languedoc. ( L. D.)
FRAMBOISE. {Bot.) C'est le fruit du framboisier. (L.D. )
FRAMBOISIER {Bot.), nom vulgaire d'une espèce de
ronce, rubus idceus , Linn. Voyez Ronce. ( L. D.)
FRAMBOUELA. {Bot.) Voyez Fr^golsta. (J.)
FRANCA. {Bot.) Le genre que Micheli avoit établi sous ce
nom, en mémoire du botaniste Francus de Frankenau, a été
ensuite nommé /ranfcenm parLinnseus. (J.)
FRANCBASIN {Bot.), nom vulgaire d'une espèce de basilic,
Qcimum. (J.)
FRANCELLO ( Ornith.), nom donné par les EspHgnols.
FRA 355
suivant Gesner et AWrovande, au mâle de l'épervier com-
nmn , falco nisus , Linn. ( Ch. D. )
FRANC-RÉAL. (Bot.) C'est une vari'étp de ï^oire. (L.D.)
FRANCHE- BARBOTTE {IchthjoL), nom vulgaire d'un
poisson de nos ruisseaux, lequel est décrit à l'article Cûbite,
genre auquel il appartient. (H. C.)
FRANCHIPANE. {Chim.) Ce n'est, à proprement parler,
que l'extrait de lait obtenu en faisant évaporer ce liquide au
bain-marie. (Ch.)
FRANCHIPANE ( Bot. ) , nom d'une variété de poire.
(L.D.)
FRANCHIPANIER , Plumeria. {Bof.) Genre de plantes dico-
tylédones, à fleurs complètes, monopétalécs , régulières, de-
là famille des apoc^aiées , de la pentandrie moiiogjnie de
Linna'us, offrant pour caractère essentiel : V,u calice très-j)etit,
à cinq divisions peu profondes ; une corolle infuiidibuliforine^
le tube grêle, alongé, l'orifice nu; le liuihe aaipie, contourné,
à cinq divisions obliques, étalées; cinq étamincs; les anthères
conniventes ; un ovaire supérieur, bifide, entouré à sa base
d'un anneau charnu: le style bifide. Le fruit est composé de
deux longs follicules, un peu ventrus, étalés horizontalement,
uniîoculaires , s'ouvrarit d'un seiil' côté , contenant des se-
mences nombreuses , côinprimées, membraneuses à un de
leurs côtés, imbriquées sur un placenta libre.
Ce genre , très - rapproché des cameraria et des nerium ,
comprend des arbres et arbrisseaux laiteux , remarquables
par leurs belles et grandes fleurs réunies en corymbes ter-
minaux, la plupart exhalant une odeur très-agréable; les
feuilles sont grandes, alternes, entières, éparses, ou ra-
massées au sommet des rameaux. Quelqtîes espèces sont cul-
tivées, comme plantes d'agrément , dans les jardins de bota-
nique. Elles exigent la serre-chaude, et se multiplient assez
facilement de boutures, vers la fin du printemps, dans des
pots mis sur couche et sous châssis: Elles veulent une terre lé-
gère, plutôt sèche qu'humide ; des arrosemens peu fréquens :
elles donnent des fleurs au bout de cinq à six aiTs , lorsqu'on Its
tient constamment dans la tannét-, La liqueur laiteuse qui
sort des plaies lorsqu'on les coupe , est trés-corrosive. On
distingue les espèces suivantes :
23.
3 56 FRA
pRANCHiPAMEa ROUGE : Plumeria rubra , Lînn. ; Lamk. , lU.
gen, , tab. 175, fig. 1 ; Jacq. , Amer., 55, et Icon. pict. , 23;
Catesb., Car., 2, lab. 92; Ehret , Pict. , tab. 10; Trew ;
Ehret , tab. 41. Arbre de quinze à vingt pieds, dont le bois
est amer et jaunâtre; la cime ample, médiocrement rameuse ;
les rameaux tortueux , couverts de cicatrices ; les feuilles
éparses, rapprochées en touffes ou en rosettes, pétiolées, ovales-
oblongues, planes, glabres, très-entières, longues de huit à
neuf pouces sur trois de large ; les pétioles longs de deux. Les
fleurs sont grandes, fort belles, rouges ou couleur de chair,
et répandent une odeur très -agréable ; l'entrée de leur tube
est couleur de safran, pileuse en dedans : les fruits composés
de deux follicules longs d'un demi-pied , presque de l'épaisseur
d'un pouce dans leur partie moyenne , et parsemés de tuber-
cules qui rendent leur superficie raboteuse. Cet arbre croît
dans l'Amérique méridionale : on le cultive aux Antilles, dans
les jardins , à cause de la beauté de ses fleurs ; il y fleurit
pendant presque toute l'année. Il est également cultivé au
Jardin du Roi, ainsi que le suivant.
Franchipanier blanc ! Plumeria alba , Linn.; Jacq., \Amer.,
tab. 174, fig. 12, et Icon. pict., tab. 38; Burm., Amer. ,Uih.
'sSi; Commel. , Hori. , 2, tab. 24. [Arbre d'environ quarante
pieds, dont le bois est blanc, moelleux; l'écorce cendrée et
laiteuse-, les rameaux nus, terminés par une touffe de feuilles
ovales-lancéolées, médiocrement acuminées, très-étroites à
leur base , longues de douze à quinze pouces , larges de quatre ,
glabres et vertes en dessus, nerveuses et blanchâtres en des-
sous , pubescentes sur leurs nervures. Les fleurs sont termi-
nales , disposées en épis paniculés; le tube de la corolle long
de neuf à dix lignes , ventru à sa base , jaune et pileux en
dedans à son orifice; les filamens très-courts et pileux; les
follicules longs de six pouces , d'un demi-pouce d'épaisseur,
coriaces , noirâtres , lisses à leur superficie. Cet arbre croît
aux lieux pierreux et maritimes de la Martinique. D'après le
P. Nicolson , son suc laiteux est blanc , très-abondant , tache
et brûle tout ce qu'il touche. On l'emploie pour la guérison
des verrues, des dartres, des malingres ulcérés, et même pour
celle des pians. Sa racine, prise eu tisane , passe pour apé-
ritive.
FRA 357
Fhanchipanier a paniculbs : Plumeria obtma, Linn.; Lamk.,
m. gen., tab. 173 , fig. 2 ; Burm., Amer., tab. aSa ; Catesb. ,
CaroL, 2, tab. gS. Arbre d'une médiocre grandeur, dont les
feuilles sont pétiolées, éparses et rapprochées au sommet de»
rameaux , lancéolées, obtuses, un peu acuminées; les pédon-
cules terminaux, divisés en un panicule corymbiforme ;
leurs ramifications tuberculeuses. Cette plante croît dans
l'Amérique méridionale. Lejlos convolulus de Rumph , Amh., 4 ,
tab. 38 , qu'on avoit d'abord rapporté à cette plante, ne doit
pasy être réuni. C'est \e plumeria acuminata , Ait. , Hort. Kew.y
td. ROf . , 1 , pag. 70 ; plumeria oblusa , Lour. , non Linn. Ses
feuilles sont aiguës ; ses fleurs réunies en un corymbe presque
ombelle. Cette espèce croît dans les Indes orientales.
Franchipanibr a feuilles iAiOLLES : Plumeria mollis , Kunth,
m Humb. et Bon pi. iVof. Gen., 3, pag. aSo. On pourroit
peut-être considérer cette espèce comme une variété du plu-
meria alla. Ses tiges sont rampantes ou couchées, rarement
redressées; ses feuilles planes, pétiolées, en ovale renversé,
aiguës, entières, cunéiformes à leur base, veinées, réticulées^
vertes et glabres en dessus, plus pâles en dessous, et cou-
vertes d'un duvet mou, longues de six pouces et plus, larges
de trois. La corolle est blanche, assez semblable à celle du
plumeria alba. Cette plante croît dans l'île de Panumana.
;M. de Lamarck cite , dans l'Encyclopédie , deux autres
espèces de franchipanier : i ." le p/umeria retusa, rapporté par
M. Sonnerai , de l'ile de Madagascar. Ses feuilles sont oppo-
sées , ovales-cunéiformes , nerveuses , obtuses , presque ses-
siles; les fleurs disposées en corymbes rameux. Cette plante
paroit être la même que le lois- de -lait de l'Ile-de-France ,
Vantafara de Poivre ; 2." plumeria longifolia, arbre découvert
par Commerson , à l'île de Madagascar, très-voisin du pré-
cédent, dont il diffère par ses feuilles oblongues, étroites,
aiguës, presque longues d'un pied, sans nervures apparentes;
les fleurs sont disposées en un corymbe panieulé, terminal.
On remarque , sous chaque ramification du corymbe, deux:
petites écailles opposées, concaves.
Les auteurs de la Flore du Pérou ont mentionné plusieurs
autres espèces; mais comme la plupart sont cultivées dans les
jardins du pays, il est à présumer que quelques unes ne sont
358 YRK
que âe& variétés, n'offrant d'ailleurs de différence essentielle
que aans la couleur de leurs fleurs. On doit néanmoins distin-
guer le plumeria purpurea , FI. Per. , 2 , tab. 1 37 , dont les fleurs
sont purpurines , très-odorantes , bordées à leur orifice d'un
liséré un peu jaunâtre, d'ailleurs plus petites que celles des
autres espèces. Les feuilles sont ohlongues , ovales, un peu
roulées à leurs bords. Duns le plumeria incarnafa, FI. Per., 2,
tab. i38, les fleurs sont de couleur incarnate , jaunâtres dans
leur disque, disposées en une cime presque ombellée -, les
feuilles sont aiguës, plutôt ovales que longues. Le plumeria
carinata , FI. Per. , l. c. , a des feuilles oblongues, ovales,
acurainées , relevées en carène dans leur milieu , planes et
souvent rougeàtres à leurs bords. La corolle est jaune en de-
dans vers son centre, blanche en dehors, rougeâtre à ses
bords. Outre ces espèces on cultive encore au Pérou le plu-
meria tricolor , FI. Per., 2, tab. 139, très-belle espèce dont
la corolle est rouge à son tube , d'un blanc lavé de rose à son
limbe. Les feuilles sont oblongues, aiguës, veinées, planes à
leurs bords. ( PorR.)
FRANCISCAIN {ConchjL) , nom vulgaire françoisdu conus
franciscarius , Linn. (De B.)
FRANCK ( Ornith. ), un des noms allemands du grand-duc,
strix buho , Linn. (Ch. D.)
FRANCKLINITE. (Min.) M. Berthier a donné ce nom à
un minéral composé d'oxide de fer, d'oxide de manganèse et
d'oxide de zinc, qui a été trouvé près du lieu nommé Francklin ,
dans les Etats-Unis d'Amérique. On reviendra sur ce minéral
à l'article Zinc Voyez ce mot. (B.)
FRANCOA. ( Bot. ) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs
complètes, polypétalées , régulières, de Voctandrie tétragjnie
de Linnœus, dont le caractère essentiel est d'avoir : Un calice
persistant, à quatre divisions profondes-, quatre pétales, huit
étamines ; un ovaire libre, à quatre sillons; point de style;
quatre stigmates courts ;. autant de capsules conniventes à leur
base , relevées en carène ; des semences nombreuses , attachées
aux sutures des carènes-
FRAîico \ ArvBNDicvLÉ : Francoa appendiculata, Cav. , Icon.
rar, , 6 , pag. 77, tab. 696. Cette plante a des racines dures,
ligueuses , perpendiculaires, de la grosseur du petit doigt,
FRA 359
ratneuses et flexueuses : elles produisent plusieurs feuilles
étiilées sur la terre, molles, (omcnteuscs , ovaks en creur ,
lobéts , longues d'environ quatre pouces sur trois de large ;
les lobes obtus, deiiticults; les pétioles charnus, presque ai-
lés, munis de chaque côté de deux ou trois petites folicles
opposées, ovales, sesslles, denticuléef. De leur centre s'élève
une tige, ou plutôt une hampe nue, longue d'un pied, rou-
geàtre. velue, terminée par une ou deux grappes de fleurs
pédicellées ; les pédioeltes courts, velus, accompagnés d'une
bractée suLuléc. Le calice est velu; ses découpures lancéolées,
aiguës ; la coroUe d'un rouge clair; les pétales trois fois plus
longs que le calice , ovales, aigus, rétrécis en onglet; les fila-
mens rougeâtres, plus courts que la corolle , insérés sur le
réceptacle ; les anthères droites, à deux loges ovales; à la base
des filamens, et entre chacun d'eux, on distingue un corpus-
cule court et ovale. L'ovaire est libre , ovale : les stigmates
sessiles , courts, planes, ovaJes, étalés. Le fruit est tétragone ,
à quatre sillons profonds, couronné par les stigmates, com-
posé de quatre capsules conniventes , comprimées, navicu-
laires , à une seule loge , s'ouvrant en deux valves au sommet
et sur leur carène , contenant des semences nombreuses, fort
petites, brunes, ridées, attachées le long de la suture des
carènes. Cette plante croît dans l'île de Saint-Charles , au
Chili.
11 paroît que la plante nommée par le P. Feuillée , llaupanke
awpUssiino sonchifolio , Observ. phys., 2 , pag. 742, tab. 3i ,
doit appartenir à ce genre, comme espèce distinguée de la
précédente par ses feuilles sessiles, plus amples, les unes
radicales, d'autres caulinaires, pubescentes , un peu blan-
châtres, longues d'environ un pied, lobées, semées et denti-
culées à ieur contour. 5es tiges sont feuillées, hautes de trois
pieds, terminées par un épi de fleurs d'un rouge cramoisi ,
les unes a quatre, d'autres à six pétales, autant d'éfamines et
de divisions au calice. Cette plante croit dans les montagnes
du Chili. Willdenow l'a réunie au genre Panke de Molina.
(PoiR. )
FRANÇOISE. {Entom.) Geoffroy a nommé ainsi une espèce
de demoiselle à quatre taches sur les ailes, libellula quadri-
macuLata. (C. D.)
56o FRA
FRANCOLIN. ( Ornith. ) Linnaeus a rëuni , sous la déno-
tnination de tetrao , un grand nombre de gallinacés que des
caractères particuliers permettoient de diviser en plusieurs
genres ; et Latham , d'après Brisson , en a séparé les perdrix,
perdix. M. Temminck a encore subdivisé les perdrix de La-
tham en trois genres, savoir : ] ." les cailles, coturnix , dont
les pieds sont tétradaclyles, et qui n'ont pas d'éperons; 2.°les
crypfonix, également tétradactylcs , mais qui n'ont pas d'ongle
au doigt postérieur ; 3.° les tridactyles de M. de Lacépède , qui
manquent de pouce, et auxquels M. Temminck donne, d'a-
près Reinwardt , le nom d'hemipodius. A l'égard des franco-
lins , quoique leur bec soit plus long que celui des perdrix
proprement dites, et que les éperons, qui n'existent que chez
les mâles, soient plus forts, ces différences relatives n'ont
point paru suffisantes pour les séparer génériquement des per-
drix. La forme recourbée de la mandibule supérieure, qui ,
taillée en pioche, facilite aux francolins les moyens de dé-
terrer les plantes bulbeuses , leur principal aliment, se re-
trouve d'ailleurs chez les perdrix africaines, qui n'en sont
pas moins de véritables perdrix; et l'absence des éperons chez
les francolins femelles est une circonstance qui se rencontre
également chez les femelles des perdrix. Malgré des diffé-
rences frappantes dans les mœurs et les habitudes des per-
drix proprement dites , qui vivent dans les champs , sans
jamais se percher, et dans celles des francolins qui se plaisent
<lans les lieux humides , et passent sur les arbres les nuits
entières et une partie du jour, on ne peut donc les isoler
jusqu'à ce que Ton ait trouvé des signes extérieurs plus
frappans et plus exclusifs , qui sont indispensables d'après
les principes sur lesquels nos méthodes sont établies. Ces
oiseaux formeront ainsi une des sections du genre Perdrix.
La dénomination de francolin a été donnée à des oiseaux
étrangers à ce genre. Le francolin à poitrine rouge, d'Ed-
wards, est la barge fédoa , scolopax fedoa , Linn. Son fran-
colin blanc de la baie d'Hudson , est la barge blanche, que
Linnaeus et Latham, ne considérant que lajforme de son bee
un peu recourbé en haut, ont regardée comme une avocette,
et nommée recurvirostra. alha , quoiqu'elle n'ait point les
pieds palmés. Des voyageurs ont encore donné le nom de
FRA 5ffi
francolm duSpilzlerg à nn oiseau de la grosseur d'une alouette >
qui se nourrit de vers gris et de chevrettes , et qui est vrai-
semblablement un chevalier ou une alouette de mer. C'est le
même qu'on appelle aussi coureur de rivage dans l'Histoire
générale des Voyages, tom. i5 in-4% p. 226. (Ch. D.)
FRANCOLINO. {Ichthyol.) A Rome, on appelle ainsi le
pagel, sparus erj'thrînus, Linn. Voyez Pagre. (H. C.)
FRANC -OSIER. (Bot.) Espèce de Saule. Voyez ce mot.
(J.)
FRANCOULO. (Ornith. ) Voy. Grandodle. ( Ch. D.)
FRANCOURLIS. ( Ornith. ) L'oiseau qui est ainsi nommé
dans Rabelais , est le courlis d'Europe, ou grand courlis,
scolopax areuata , Linn. (Ch. D.)
FRANC-PICARD. (Bot.) Dans le nord de la France, on
donne ce nom à une variété du peuplier blanc. (L. D.)
FRANGÉ. (Ichthyol.) On a donné cette épithète, comme
nom spécifique, à un poisson, qui est le cjprinus Jimhriatus de
Bloch, pi. CCCCIX, et que M. Cuvier fait rentrer dans son
sous-genre Labi^on. Voyez ce mot. (H. C.)
FRANGE BIGARRÉE , POURPRÉE. (Entom. ) Ce sont les
noms que GeofiFroy a donnés à deux espèces de son genre
Phalène ; l'une e&t la Jimhriata , et l'autre la tesselata. (CD.)
FRANGÉE. (Ichthyol.) M. de Lacépède à donné le nom de
frangée, raja Jimhriata, à une raie dont le dessin a été trouvé
dans les papiers de M. de Montéclair, officier supérieur de la
marine Françoise. Ce dessin avoit été fait sur un individu pris
dans les mers d'Amérique , en 1 782 , et qui étoit long d'environ
dix-sept pieds depuis le bout du museau jusqu'à l'extrémité de
la queue , et large d'à peu près dix-huit pieds, de la pointe
d'une nageoire pectorale à l'autre. Cette raie gigantesque a
deux appendices particuliers sur le devant de la tête, ce qui
doit la faire rentrer dans le genre Céphaloptère ; sa queue est
très-déliée, et excède le tiers de la longueur totale; l'extré-
mité latérale de chaque nageoire pectorale se termine en une
pointe mobile à la volonté de l'animal. La partie supérieure
du poisson est d'un brun noiràtrej Bartram paroit en avoir
parlé sous le noiîi de grande raie noire, et dit que c'est un
vrai fléau pour les pêcheurs de la côte de Géorgie. Voyeî
CÉPHALOPTiEBE. (H, C.)
362 FRA
, FRANGOEL. (Ornith.) On donne, en Piémont, ce nom et
ceux de frangoui et fringuel au pinson ordinaire , fringilla
calebs. Linn. (Ch. D.)
FRANGUELLO. ( Ornith. ) Ce nom, qui s'écrit aussi fren-
guello , est donné en Italie au pinson ordinaire ,//Jngif/a cœ-
lebs , Linn. ; et les dénominations de fringuel del re tt fringuel
montano désignent particulièrement , dans le même pays ,
le gros'bec, loxia coccothraustes , Linn. Le terme de fringuel ,
avec l'addition d'in^'emengk, est aussi employé, dans les Alpes ,
comme dénomination du bouvreuil , loxia pjrrhula , Linn.
(Ch. D. )
FRANGULA (Bot.), nom lafin de la bourgène ou aulne
noir, que Tournefort distinguoit du nerprun, mais qui lui a
été réuni par Linnœus sous celui de rhamnus frangula. On
trouve encore dans Dalechamps un camerisier ( lonicera
alpigena), cité sous les noms d'idcea feus et frangula. Ce
dernier nom a aussi été donné au cassine maurocenia , par
Dillen. (J.)
FRANKÉNIE ou Franquenne (BoL); Frankenia.L'mn. Genre
de plantes dicotylédones de l'hexandrie monogynie , Linn., et
que M. de Jussieu regarde comme ayant de l'affinité avec la
famille descaryophyllées. Ses principauxcafflctèreshontfravoir
un calice monophylle , presque cylindrique, persistant, à cinq
divisions ; une corolle de cinq pétales ovales-arrondis , à onglels
canaliculés; cinq ou six étamines, plus courtes que les pétales-,
un ovaire supérieur, surmonté d'un style à deux ou trois stig-
mates; une capsule ovale, à trois valves, à une seule loge,
contenant plusieurs graines très-menues.
Les frankénies sont de petites pliintes herbacées et ligneuses,
à tiges diffuses, à feuilles opposées, et à fleurs axillaires ou
terminales. Elles ne présentent aucun intérêt, ce qui fait que
sur neuf espèces connues nous n'indiquerons que les trois sui-
vantes, qui croissent naturellement sur les bords de la mer,
dans les parties méridionales de la France et de l'Europe. Des
six autres, deux ont été trouvées au cap de Bonne-Espérance,
deux en Barbarie, une dans l'Amérique méridionale, et la
dernière dans la Nouvelle-Hollande.
Frankénik lisse : Fran\enia lœvis, Linn., Spec, 473; Franca
maritima , supiiia, aaxatilis , glauca , ericoides, sempervirens , etc.,
FRA 3(;5
Mich., Gen., s5, t. 32,flg. i. S;i tige est menue, longue de
quatre à six pouces, ordinairement couchée, très-r;imeuse ,
garnie de feuilles petites, nombreuses, linéaires, vertes, un
peu ciliées à leur base. Ses Heurs sont axillaires et presque
sessiles, ordinairement d'un ronge violet, quelquefoisblanches.
Cette espèce est vivace ainsi que la suivante.
Frankénie HÛB.issûF. : F ranlcenia hir su ta, Linn., Spec, 470;
Franco, maritima , supina , multijlora , candida , etc. , Mich. , Gen. ,
93, t. 22, Kg. 2. Ses tiges rameuses et diffuses, comme dans
l'espèce précédente, sont chargées de poils courts; la base de
ses feuilles, et surfont les calices, sont hérissés de poils blancs;
ses fleurs sont violettes, réunies deux à quatre ensemble au
sommet des rameaux.
Frankénie pulvérulente : Franhenia pulverulenta, Linn. , Spec,
iijé^;AuthyLlis valenfina , Clus. , Hist. , CLXXXVJ, Ses tiges son(t
longues de trois à six pouces, étalées, très-rameuses, garnies
de feuilles petites, ovales, pétiolées , d'un vert blanchâtre, et
comme chargées de poussière en dessous -, ses fleurs sont ses-
siles, axillaires, petites et d'un pourprq clair. Cette plante est
annuelle. (L.D.)
FRANKLANDIE, Franklandia. (Bot.) Genre de plantes di-
cotylédones , à fleurs incomplètes, de la famille desprotéacées,
de la tétandrie monogjnie de Linna^us , offrant pour caractère
essentiel : Point de calice ; une corolle hypocratériforme ;
le limbe divisé eji quatre découpures profondes, planes,
caduques ; quatre étamines non saillantes; des écailles réunies
en gaine autour du pistil ; une noix pédicellée , fusiforme,
dilatée et aigrettée à son sommet.
Franklandie a feuilles de varec : Franlclandiafucifolia., Rob.
Brown, Nov. Holl., 1, p. 370 ; et Rem. , ofTerr. Austr. , p. 72,
tab. 6. Arbrisseau de la Nouvelle-Hollande, glabre sur toutes
ses parties, parsemé de glandes en forme de pustules et d'un
jaune orangé. Ses rameaux sont garnis de feuilles alternes,
glabres, entières, dichotomes, filiformes, semblablesà celles
de certaines espèces àcfucus. La fructification est disposée en
épis simples, axillaires, point ramifiés, chargés de fleurs
alternes, d'un jaune-sale, munies d'une bractée. La corolle est
plane, tubulée, hypocratériforme à son limbe, à quatre di-
visions profbndes ; elle renferme quatre étamines plus courtes
3^4 FRA
que la corolle; le pollen des anthères est sphérique ; le pî«tîl
entouré d^écallles réunies en gaine : il lui succède une noix
fusiforme, pédicellée , élargie et surmontée d'une aigrette à
son sommet. Les cotylédons sont très-courts. (Poir.)
FRANKLINIA. (Bot.) Genre établi par Marschall pour un
arbrisseau de l'Amérique, que L'héritier a réuni au genre
Gordoreia. Voyez Gordon. (PoiR.)
FRANQUENNE. (Bot.) Voyez FRANKéNiE. (L.D.)
FRANQUISE. (Ichthjol.) Suivant M.Noël, on donne, à
Caen , ce nom à une variété de la Plie. Voyez ce mot.
(H. G.)
FRANSÉRIE, Franseria. (Bot.) [Corfmhifères, Juss.? Mo-
noécie pentandrie , Linn.] Ce genre de plantes, établi par Ca-
vanilles, dans la famille des synanthérées, appartient à notre
tribu naturelle des ambrosiées, dans laquelle nous le plaçons
entre l'amirosia et le xanthium. Voici les caractères que nous
avons observés , au Jardin du Roi , sur le franseria artemi-
sioides.
Les calathides sont unisexuelles. La calathide mâle est orbi-
culaire, subglobuleuse, incouronnée, équaliflore, multiflore,
régulariflore, masculiflore. Le péricline, égal aux fleurs, orbi-
eulaire, subhémisphérique , plécolépide , est formé de plusieu rs
squames unisériées, égales, cntre-greffées , libres au sommet,
oblongues, foliacées. Le clinanthe est convexe, et garni de
squamelles longues, très-étroites, linéaires ou filiformes-lami-
Tiées, membraneuses. Les faux-ovaires sont presque entière-
ment avortés et inaigrettés. Les corolles sont verdâtres et à
cinq divisions. Les étamines ont les anthères libres, et les
filets ordinairement plus ou moins entre-greffes. Le style est
simple, tronqué au sommet, qui est bprdé de collecteurs fili-
formes très-longs. La calathide femelle est incouronnée, uni-
flore , apétaliflore , féminiflore. Le péricline supérieur à
Tovaire , mais inférieur au style, est plécolépide, formé de
plusieurs squames paucisériées, inégales, imbriquées et entre-
greffées , à l'exception de leur partie supérieure, qui est
libre, corniforme, spinescente, crochue au sommet. Le cli-
nanthe est ponctiforme, inappendiculé. L'ovaire est ovoïde-
oblong, glabre, lisse, inaigretté. La corolle est nulle. Le style,,
articulé par sa base sur le sommet de l'ovaire , est formé d'une-
FRA 56Î
tîge très-courte et de deux ou trois branches très-longues. Les
calathides femelles sont réunies en capitules: chaque capitule
est composé ordinairement de deux, quelquefois de trois cala-
thides, lesquelles sont confondues en un seul corps, au moyen
de leurs përicllnes qui sont entre-greffes depuis la base jusqu'au
sommet; la partie des périclines par laquelle ils sont entre-
greffes est tellement oblitérée qu'elle se trouve réduite à une
lame mince, qui même s'évanouit tout-à-fait avant d'atteindre
le sommet. Chaque individu porte des calathides mâles et de*
capitules de calathides femelles. Les calathides mâles sont dis-
posées en épis terminaux, simples et nus; elles sont pédoncu-
lécs,et ne sont accompagnées d'aucune bractée. Les capitules
de calathides femelles sont situés au bas de l'épi des calathides
mâles ; ils sont sessiles , accompagnés de bractées , et rap-
prochés en un ou plusieurs groupes irréguliers.
Fransbrie fadsse- armoise : Franseria artemisioides ,yVilld. ,
Pers. ; Ambrosia arboresccns , Lamk. , Eue. -, Xanthium fruticosum
Linn. fils. C'est un arbuste du Pérou , haut de cinq à six pieds ,
à tige cylindrique, sillonnée, pubescente ; les feuilles sont
alternes^ un peu pubescentes en dessus, blanchâtres et t©-
menteuses en dessous; leur pétiole est long de deux pouces; le
limbe, long de sept pouces et large de cinq, est bipinnatifide,
ù pinnules lancéolées, acuminées, dentées; les calathides mâles
sont dispesées en épis terminaux ; leurs corolles sontverdâtres-
les capitules femelles sont en groupes au bas de l'épi mâle, et
chaque groupe est situé dans l'aisselle d'une bractée linéaire-
aiguë.
Fransérie FACSSB-AMBROSiE : Fraiiscria amhrosioides , Cav. ,
Icon.; Willd.; Pers. Sa tige, haute de quatre pieds et plus, est
cylindrique, scabre, peu rameuse ; ses feuilles sont alternes,
oblongues, acuminées, inégalement dentées en scie, scabres,
un peu glutineuses ; leur pétiole est long d'un pouce, cylin-
drique, et porte deux pinnules ovales; le limbe des feuilles
inférieures est sinué et presque pinnatifide ; celui des feuilles
supérieures est indivis ; les calathides mâles sont disposées en
un épi terminal long d'un demi-pied ; leurs corolles sont d'un
jaune blanchâtre ; les capitules femelles sont disposés en épis
plus courts, situés plus-iras, et axillaires : chaque capitule est
composé de quatre calathides confondues en un seul coras au
36d FRA
moyen de leurs périclines entre-greffes d'un bout à l'autre,
Cet arbuste, qui habite le Mexique, ne nous est connu que
par la description et la figure de Cavanilles.
Le genre Franseria, exactement intermédiaire entre Vam-
hrosiaet le xanthium, participe de l'un et de l'autre, et se dis-
tingue de chacun d'eux par plusieurs caractères. Dans Vani'
brosia, les calathides mâles ont le clinanthe dépourvu de
squamelles ; les calathides femelles ont le péricline formé de
squames à sommet non crochu m spinescent, et ces calathides
sont parfaitement libres, distinctes, non entre-greffées. Dans
le xanthium, les calathides mâles ont le clinanthe cylindracé
et garni de squamelles beaucoup plus manifestes que dans le
franseria; leur péricline est formé de squames entièrement
libres; les capitules de calathides femelles sont constamment
composés de deux calathides ; leurs périclines entre-greffes
sont libres au sommet, et la partie de ces périclines sur la-
quelle la greffe s'opère, ne s'évanouit pas supérieurement,
mais subsiste d'un bout à l'autre.
Les caractères génériques que nous avons exposés, d'après
nos observations sur le franseria artemisioides, semblent au
premier coup d'œil n'avoir pas la moindre analogie avec les
caractères donnés par l'auteur du genre, qui les avoit observés
sur le franseria ambrosioides. Cependant la seule différence
réelle consiste en ce que, dans l'espèce observée par nous,
chaque capitule femelle n'est composé ordinairement que de
deux ou quelquefois trois calathides entre- greffées , tandis
que, dans l'espèce observée par Cavanilles, chaque capitule
est, suivant lui, constamment composé de quatre calathides
entre-greffées. Toutes les autres différences entre les deux des-
criptions ne sont qu'apparentes, et résultent de ce que nos
idées sur la structure des ambrosiécs sont loin de s'accorder
avec celles de Cavanilles. Nous ne pouvons pas nous dissijnuler
que notre système sur les ambrosiées doit paroître aussi para-
doxal que notre système sur Vechinops. Cependant nous per-
sistons avec quelque confiance dans notre manière de voir,
même après avoir lu dansle quatrième volume (encore inédit)
des Noya Gênera et Species Plantarum , les descriptions des xan-
thium et ambrosia, où M. Kunth a présenté un système abso-
lument opposé au nôtre, et que nous avons fait connoîtfe dans
FRA 367
une Analjse critique et raisonnée , insérée au Journal de
Physique, juillet 1819.
Adawson avoit très-judicieusement formé, dans la famille
des syiianthérécs , une section des ambrosles, composée des
deux genres Ambrosia et Xanthium. M. de Jussieu , en Us
admettant parmi ses corymbifères, mais dans une section
distincte, et sous le titre de corymbifères anomales, a énonce
l'opinion que ces plantes étoient peut-être des urticées voi-
sines du chanvre. Cette conjecture a été trop légèrement
regardée comme une chose prouvée par MM. Ventenat , Des-
fontaiues, DecandoUe , Lamarck. M. Richard , au contraire, a
fort bien jugé que les amhrosia et xanthium n'étoient point
des urticées ; mais il a cru que ces deux genres dévoient former,
près des synanlhérées, une famille distincte. Dans nos Mé-
moires sur les organes floraux des synanthérées, nous avons
pleinement démontré que les ambrosia, franseria, xanthium.^
étoientde véritables synanthérées, etnousavons pensé, comme
Adanson , que ces genres constituoient, dans la famille dont il
s'agit, une tribu naturelle, que nous avons nommée ambro-
siées, et que nous avons placée entre les hélianthées et les an-
thcuîidécs. Cette tribu n'est point adoptée par M. Kunth, qui
range les xanthium et ambrosia parmi les hélianthées. (Voyez
notre article Amerosiacées , tom. II , Supplém. , pag. 9. )
(H.Cass.)
FRAOUCO ( Ornith.) , nom provençal de la poule d'eau ,
suivant le nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle. (Ch. D.)
FRAOUME. (Bot.) L'arroche portulacoide porte vulgaire-
ment ce nom en Provence. (L. D.)
FRASERE, Frasera. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs complètes, monopétalées , qui se rapproche delà fa-
mille des gentianées, appartenant à la tétrandie mono gj nie dii
Linnaeus , offrant pour caractère essentiel : Un calice à quatre
divisions profondes; une corolle monopétale, à quatre divi^
sions, munies dans leur milieu d'une glande barbue; quatn
étamines; un ovaire supérieur; un style. Le fruit consiste eu
une capsule uniloculaire , polysperme , s'ouvraiit en deux
valves à sou bord.
M. de Jussieu fait observer que ce genre de Walther, auteur
de la Flore de la Caroline, pourroit être réuni au swertia ,
368 FRA
dont il ne diffère que par l-e retranchement d'une cinquième
partie dans la fructification, par une glande velue élevée au
dedans de chaque lobe de la corolle, et par des graines mem-
Jjraneuses dans leur contour.
Frasère de Walther : Frasera FTallheri , Mich. , Amer., i ,
pag. 97; Gœrtn., F., lab. 224. Plante herbacée, très -haute,
à tige droite , garnie de feuilles opposées ou verticillées ,
ovales, oblongues. Les divisions du calice sont profondes,
lancéolées, aiguës* la corolle beaucoup plus grande que le
calice ; ses divisions étalées , ovales , un peu acuminées ; une
glande orbiculaire et barbue, placée vers le milieu de cha-
cune des divisions de la corolle ; les étamines plus courtes
que la corolle , alternes avec chacune de ses divisions ; les
anthères ovales, oblongues, à demi bifides à leur partie in-
férieure ; l'ovaire ovale , oblong , comprimé ; le style terminé
par deux stigmates divergens, épais, glanduleux; la capsule
assei: grande, ovale, très-comprimée, un peu cartilagineuse,
légèrement échancrée à son bord , mucronée par la base du
style , à une seule loge, à deux valves, contenant huit à
douze semences planes , elliptiques, comprimées. Cette plante
croît aux lieux marécageux dans la Caroline. ( Poir. )
FRASIUN [Bot.), nom égyptien d'un marrube, qui est le
marrubium plicatum de Forskal. Le même, écrit frasjoun , est
donné au marruhium alysson, suivant M. Delille. (J.)
FRASSINELLA. {Bot) C'est ainsi que le sceau de Salomon,
polj'gonatum , est nommé dans la Toscane , suivant Césalpin.
(J.)
FRATERCULA. (Orniih.) Ce nom, donné par Gesner au
macareux , aica arciica , Linn. , a été employé comme terme
générique parBrisson, tom. 6, p. 81 de son Ornithologie.
(Ch. D.)
FRATINO. {Ornith.) On nomme ainsi à Bologne la mé-
sange bleue , Y-arus cœruleus, Linn. (Ch. D.)
FRAUDIUS AVIS. {Ornith.) Albert-le-Grand désigne par
cette dénomination la sittelle ou torchepot, sitta europea,
Linn. ( Ch. D. )
FRAUENÏAUBLING et SCHAFTAUBLING (Bo/.),noms
que l'on donne en Autriche et en Barière à l'ag-aric verdoyant ,
a^arieus virsscens , SchaiGF, ( Lem. )
FRE 3(?o
FRAXINELLA. (Bol.) Conlus, Dalechamps , Clusîus , d
après euxTouruefort, noninioient ainsi la fraxiuelle. Tragw.s ,
Brunsfels, Gesner. C. Bauiiiii lui donnoient le nom ("e diclatn-
nus, qui a été adopté par Linnaius. Voyez Dictame. (J.)
FRAXINUS (Bot. ) , nom latin du genre Frêne. ( L. D.)
FRAYE {Ornith. ), nom vulgaire de la grive draine, turdi.s
viscii'orus, Linn. (Ch. D.)
FRAYEUSE {Ornith.), un des noms vulgaires du rougc-
gorge, m o/aci7/a rubecuUi, Lijin., qu'on appelle aussi frilleusi^
et fuireuse. (Ch. D.)
FRAYLETES. {Ornith.) Don UUoa dit, dans ses Mémoires
philosophiques sur FAuiérique, lom. i , p. igS de la tradur-
tion de M. Lefcbre de Viliebrune, qu'on trouve à la Loui-
siane, dans Ils contnées humides, des oiseaux assez resseni-
blans aux vanneaux , qui portent ce nom et celui de griladores ,
su crieurs , lesquels s'envolent en jetant des cris aigus qui
avertissent les autres de l'approche des chasseurs. Cetta
remarque n'est pas suffisante pour mettre à portée d'eu
reconnoître l'espèce. ( Ch. D.)
FRAYONNE. ( Ornith.) Voyez Freux. ( Ch. D. )
FRÉDÉRIC {Ichthjol.) , nom spécifique d'un characin de
Bloch et de M. de Lacépède, characinus Friderici, lequel ap-
partient au sous-genre des Curimates. Voyez ce mot. (H. C.)
FREDOCHE. {Bot.) Voyez Bois d'ortie. (J.)
FRÉGATE. ( Ornith. ) Cet oiseau fait partie de la famille
des stéganopodes d'IUiger, ou syndactyles de M. Vieillot ,
dont les quatre doigts sont réunis dans la même membrane,
et qui comprend les pélicans , les cormorans, les fous, les
pailles-en-queue et les anhingas. Les frégates sont plus rap-
prochées des cormorans qui ont les tarses totalement em-
plumés, que des autres dont les jambes sont en partie nues ;
et le caractère qui les distingue plus spécialement des pre-
miers, est la courbure égale des deux mandibules, très-cro-
chues l'une et l'autre chez les frégates, tandis que l'inférieure
est tronquée chez les cormorans. Brisson avoit joint la frégate
aux fous, sula , en donnant toutefois à celle-ci le nom de
fregata. lUiger a réuni, sous la dénomination générique d'ha-
lieus , les frégates et les cormorans , qu'il n'a distingués que
par la forme de la queue , arrondie d»ns ceux-ci et fourchue
17' 24
Syo ' FRE
dans les autres. M. Cuvier a aussi rangé les frégates à la suite
des cormorans, en observant d'ailleurs que les pieds courts
des premières ont les membranes profondément échancrées ,
et que leurs ailes ont une excessive envergure. Les autres ca-
ractères des frégates sont d'avoir le bec plus long que la tête ,
robuste , suturé, et. dont le croc semble former une pièce dé-
tachée: les narinespeu apparentes et placées dans une rainure;
les orbites nues, la bouche très-ample, la langue courte et
lancéolée, la gorge expansible , les quatre doigts dirigés en
avant, les ongles aigus, et les deux premières rémiges les plus
longues.
Les frégates ont le vol extrêmement rapide , et si puissant
qu'il leur permet de se porter au large à plus de quatre cents
lieues de toute terre , de braver les tempêtes en s'élançant au-
dessus des orages, et de rester dans les airs, où elles se sou-
tiennent sans mouvemens sensibles, la nuit comme le jour, jus-
qu'à ce qu'elles rencontrent des pointes de rochers, ou des iloîs
boisés, sur lesquels seuls il leur est possible de se reposer,
puisque la longueur de leurs ailes ne leur permettroit pas de
reprendre leur essor, si elles se laissoient abattre sur les Ilots
ou même sur la terre. Leur vue doit aussi être très-perçante,
pour leur faire remarquer, lors même qu'elles se trouvent à
des distances telles qu'elles échappentà nos yeux, les endroits
où passent des colonnes d'exocets ou poissons volans. C'est
néanmoins de distances aussi grandes qu'elles fondent quel-
quefois avec la rapidité d'un trait , et que , parvenues près de
la surface de la mer, elles ont la force de s'arrêter et de chari-
ger la direction de leurs mouvemens de manière à raser l'eau
pour enlever ces poissons , soit avec le bec, soit avec les serres,
ou même avec les deux à la fois. Au lieu de se précipiter lu
tête la première , comme les oiseaux qui ont la faculté de
plonger, la frégate tient les pâtes et le cou danis une si-
tuation horizontale; elle frappe la colonne supérieure de
l'air avec ses ailes, puis, les. relevant et les fixant l'une contre
l'autre au-dessus du dos , elle se lance sur sa proie avec tant
d'adresse et de vélocité, que rarement celle-ci lui échappe,
et les exocets qui ont voulu se soustraire à la poursuite des
thons, des bonites et des dorades , trouvent ainsi la mort
dans l'élément où i-^s croyoient l'éviter.
FRE 371
Ce n'est qu'entre les tropiques, ou un peu au-delà, qu'on
rencontre les frégates dans les rners des deux Mondes, où ces
oiseaux joignent au produit de leurs propres captures celui
des pêches fuites par les fous, qu'ils contraignent, en les
frappant de l'aile ou les pinçant de leur bec , à dégorger le
poisson dont ils se saisissent dans sa chute. Les frégates
que les navigateurs ont surnommées guerrières , ont une telle
confiance dans la force de leurs armes, qu'elle les rend té-
méraires au point de braver l'homme même. Le vicomte de
Querhoënt rapporte , en effet , que l'une d'elles s'est assez
approchée de lui au moment où il tenoit un poisson à la
main, qu'il l'a terrassée d'un coup de canne, et que d'autres
voloient à quelques pieds d'une chaudière où Ton en faisoit
cuire, quoiqu'une partie de l'équipage; fût à Tentour. Ces
oiseaux si hardis se laissent néanmoins assommer comme les
fous, loisqu'on les surprend dans un lieu où ils n'ont pas la
faculté d'étendre leurs ailes, et cette circonstance est propre
à appuyer If s observations faites dans ce Dictionnaire, eu
parlant de ces derniers.
Les frégates placent leur nid sur les arbres, dans les lieux
solitaires et voisins de la mer. Leur ponte consiste en un ou
deux œufs d'un blanc teint de couleur de chair, avec de-
petits points d'un rouge cramoisi.
Les insulaires de la mer du Sud se font des bonnets avec
les plumes assez longues que les frégates portent sur le cou.
La graisse de ces oiseaux passoit aussi dans les Antilles, au
rapport de Dutertre, pour un médicament utile dans la
goutte sciatique et dans les affections rhumatismales. Les
flibustiers faisoient même une branche de commerce de cette
graisse , extraite par l'ébuliition dans des chaudières, et
qu'on appeloit huile de frégate.
On ne connoît proprement qu'une espèce de frégate, le
pelecanus aquiius , Linn. etLath., ou tachjpetes aquila, Vieill.,
pi. enl. de Buffon, n." 961 , dont le corps n'est pas plus gros
que celui d'une poule, mais qui a huit, dix et même jusque
quatorze pieds d'envergure , suivant M. Poivre. Son cou est
d'une longueur médiocre, sa tête est petite, et son bec , de
couleur noire , ainsi que les pied^i et leurs membranes, est
long de six a sept pouces. Tout le plumage du mâle est de la
3-2 FRE
même couleur ; et lorsqu'il est vieux, deux lueiiiltranes «har-
nues, d'un rouge vif, lui pendent sous la gorge. La femelle
diffère du luàle en ce qu'elle a le ventre blanc-, les petits,
dans leur premier âge, sont couverts d\m duvet gris blanc;
leurs pieds sont de la même couleur, et leur bec est presque
blanc, mais il devient ensuite rouge et noir, ou bleuâtre
dans son milieu , et il en est de même de la couleur des doigts.
On trouve des individus qui ont la tête et le ventre blancs,
et le dessus du corps d'un brun foncé.
Latham a décrit, sous le nom de pelecanus minor , une fré-
gate moins grosse que la précédente, et qui a été figurée par
Edwards, GlanuTes, pi. 309; elle n'avoit que deux pieds dix
pouces de longueur, et cinq pieds sept pouces et demi d'en-
vergure. Les parties supérieures étoient d"ua brun ferrugi-
neux , et les inférieures blanches. Les narines étoient plus
apparentes, et placées plus près de la tête. M. Cuvier pense
qu'on a trop légèrement considéré cet oiseau comme une es-
pèce particulière, et qu'il en est de même des pelecanus Icu-
cocepluilus et palmerstoni de Gmelin et de Latham. ( Ch. D. )
FREGGIA. {Ichthjol.) Dans quelques unes de nos provinces
méridionales , on donne ce nom au ruban de mer, cepola
titnia. Voyez Cépole. (H. C.)
FREGILUS ( Ornidi.), nom latin donné par M. Cuvier aux
craves , formant, dans soa Règne animal, une division des
huppes. ( Ch. D.)
FREINO {Bot.), nom portugais du frêne , selon Grisley.
(J.)
FRELON (Bot.), un des noms vulgaires du fragon piquant.
(L.D.)
FRELON, Fucus. {Entom.) Ce nom a été donné par le
▼ulgaire à deux insectes hyménoptères de genres très-dilfé-
rens.
Ilparoit qu'anciennement onappeloit/re/07i5, en lutin fuci,
les abeilles mâles qui ne font pas de miel. Voici le passage
de Pline, livre XI, chapitre xi : « Fuci sunt sineaculeo, velut
imperfectœ apes , noifissimaque àfessis et jam emeritis inclioata,
serolinus fœtus , et quasi servitia verarum apum : quamobrem im-
perant Us, primosque in opéra expellunt , tardantes sine clementia
puniunt. » Et Virgile, dans ses Bucoliques, livre IV, ver* 242,
FRE ."75
en parlant (Tes animaux qui font tort aux ruches, cite It»
léïards, les blattes, les frelons et les crabrons.
Nam saepè favos ignotus adedit
StcHio, lucifugis congcsta cubilia blattis ;
Immunitque scdens aliéna ad paliula fucus.
Au» asper crabro iinparibus se iraïuiscujt armi?.
Ce qui a donné lieu à l'idée que les mâles des abeilles, qui
en tffct diffèrent beaucoup des femelles et desneutres , étoient
des espèces absolument parasites , c'est l'observatioa que l'on a
fiiite de la guerre à mort que livrent à certaines époques les
«beilles neutres aux mâles, que l'on appelle aussi les freloiu.
{Voyez tom. I, pag. 69 et 60.) Mouffet décrit très-bien cette
particularité. lii autem neque mel coLtlgunt, nequeeeies eriguntr
neque quiequam taboris mutui cum apihus suscipiunt :qua de causa
custodes habcnt, qui diuturno tempore defessas noctu observant et
afuribus tutas faciunt et securas; qui sifurem vidèrent ingressum ,
aggrediuntur et verherant, et pro foribus exanimem aut semiani-
mum rclinquunt.
C'est donc à tort que Geoffroy a donné le nom de frelon
ou de freslou, en latin crabro, aux hyménoptères uroprisles
du genre Cimbece d'Olivier ou Tenthrède de Linnaeus,
On a aussi donné le nom de frelon aux guêpes; Geoffroy a
traduit ainsi le nom spécifique de la vespa crabro de Linuœus,
guêpe frelon.
Enfin les espèces du genre Crabron ont encore reçu le nom
de frelon. C'est en effet ainsi que Mouffet dit qu'on tradnisoit
en France le nom latin de crabro , freslons, froilons ou fou-
lons ; et les figures qu'il en donne paroissent être celle* de
grosses guêpes ou de scolies.
Ainsi, tantôt le nom de frelo-n est pris comme celui du
mâle des abeilles à miel, en latin /«eus ; tantôt comme le mot
françois correspondant au nom latin crabro. Four éviter la
confusion, nous avons décrit ce dernier genre sous le nom iîe-
Crabron. Voyez ce mol, et ceux d'AeEiLLs a iMibl , de Guèi'e.
(CD.)
FRELOT. (Ornith.) On donne, daiîs la Sologne, Ciisant
partie du département de Loir et Cher, ce nom et celui de
/relotte, au pou*illot ou chanJre , motaciÛa. trorchilus^ Lion.
(Ch.D.)
374 FRE
FREMIUM. (Bot.) Cluslus nous apprend que Gaza nommoit
ainsi l'anémone, qui étoit le phenion de Pline. (J.)
FRENCH-PIE. {Ornilh.) Cette dénomination anginisc de la
pie-grièche grise, lanius excubitor , suivant Montagu , a été
appliquée, par Brisson et BufTon, au pic varié , f>ic«s rnedius ^
Linn. (Ch. D.)
FRÊNE {Bot.) , Fraxinus, Linn. Genre de plantes dicoty-
lédones, delà famille des jasminées de Jussicu, et de la po/y-
gamie dioécie de Linmsus , dont les fleurs sont polygames; les
unes hermaphrodites sur certains individus, les autres seu-
lement femelles , par l'avortement des étamines , et placées
sur des pierls différens. Les principaux caractères de ce
genre sont les suivans : Calice le plus souvent nul, ou fort
petit, et à quatre divisions ; corolle ordinairement nulle, plus
rarement composée de quatre pétales; deux étamines à fila-
mens opposés, terminés par des anthères droites; un ovaire
supérieur, ovale-oblong, surmonté d'un style droit, terminé
par un stigmate bifide; une capsule plane, ovale-oblongue ,
surmontée d'une aile membraneuse, et à une loge mono-
sperme, indéhiscente.
Les frênes sont, en général, de grands arbres dont les
feuilles sont opposées, presque toujours ailées avec impaire,
et dont les fleurs sont disposées en panicules terminaux ou
latéraux. Ils habitent les climats tempérés du nord de l'ancien
et du nouveau continent. Willdenow , dans le quatrième
volume de son Species Plantarum , ne fait mention que de
quinze espèces de frênes, si on n'y comprend pas le fraxinus
ornus , dont plusieurs botanistes font maintenant un genre
particulier sous le nom d^ ornus • d'autres auteurs , au con-
traire , les ont beaucoup plus multipliées. M. Bosc, par
exemple, en compte au-delà de trente; mais, comme dans
la plupart de ces nouvelles espèces les fleurs et les fruits
n'ont point encore été observés, nous ne cro)rons pas que la
forme des feuilles, qu'on sait être assez variable, puisse suffire
pour bien caractériser ces plantes ; et, d'après cela, nous ne
parlerons ici que de celles qui sont les plus connues.
Frêne élevé : Fraxinus excelsior, Linn., Spec. , i5og ; Lamk.,
Jlliist., t. 858, f. 1. Arbre de futaie, dont la tige droite
^"élève à nne grande hauteur, en se terminant par une tête
FRE Ô75
iàche, mëdiocre, dont les rameaux sont lisses, d'un vert
cendré. Ses feuilles sont ailées avec impaire, composées de
onze à treize folioles ovales, pointues, dentées, légèrement
pédicellées , glabres et d'un vert foncé. Les fleurs , qui paroissent
en avril, n'ont ni calice ni corolle, et elles viennent en grappes
lâches et opposées, sur les rameaux de l'année précédente. Les
fruits sont des capsules ovales-oblongues , comprimées, ter-
minées par une aile membraneuse , linéaire-lancéolée. Cet
arbre croit spontanément dans les forêts des pays tempérés
de l'Europe. Une longue culture lui a fait produire plusieurs
variétés, parmi lesquelles on distingue les suivantes :
Frêne argenté. Ses feuilles sont d'un gris cendré, comme
argenté.
Frêne graveledx. L'écorce de ses rameaux est rude et ra-
boteuse ; celle des plus jeunes est lisse et striée de blanc.
Frêne a bois jaspé. Son écorce , surtout celle des jeunes
branches , est rayée de jaune.
Frêne doré. Son écorce est d'un jaune assez foncé.
Frêne horizontal. Ses branches, au lieu de se redresser
plus ou moins verticalement, s'étendent horizontalement.
Frêne parasol ou pleureur. Ses branches se recourbent vers
la terre, et sont pendantes.
Frêne a feuilles déchirées. Les folioles de ses feuilles sont
profondément et irrégulièrement dentées, comme si elles
avoient été déchirées en leurs bords.
Frêne a feuilles panachées de blanc.
On a encore, depuis quelque temps , le frêne horizontal et
le frêne parasol à bois doré. Toutes ces variétés se greffent sur
le frêne commun, et on les plante comme arbres d'ornement
dans les parcs et les grands jardins paysagers.
Le bois de frêne est estimé pour beaucoup d'usages; il est
blanc, veiné longitadinalement , assez dur, fort uni, liant
et très-élastique tant qu'il conserve un peu de sève. On l'em-
ploie de préférence pour les grandes pièces de charronnage ,
qui ont besoin d'avoir du ressort et de la courbure, comme
brancards , limons et timons de voitures de dififérentes sortes.
Les tourneurs s'en servent pour faire des échelles, des chaises ,
des queues de billard, des manches d'outils. On en fabrique
des cercles pour cuves , tonneaux ou autres vaisseaux de ce<tle
5-6 FKE
espèce. Le bois des frênes venus dans les terrains montagneux
«Il pierreux, de même que celui de ceux qui ont été souvent
èinondés, est sujet à être chargé de gros nœuds, qui, en
dérangeant l'ordre des fibres, occasionnent une plus grande
dureté et des nuances différentes dans la couleur et les veines
<\u bois. Les ébénistes et les tabletiers recherchent ces sortes
d'arbres , pour en faire différens meubles , comme bois de lit ,
commodes, secrétaires, fûts de fauteuils, boites, cofTrets, etc. ;
depuis quelques années même, ces ouvriers sont parvenus à
fabriquer, avec ce bois indigène, des ouvrages qui peuvent
rivaliser avec les plus beaux bois exotiques.
Quoique Je frêne devienne assez gros pour qu'on puisse s'en
servir pour la charpente , ce n'est cependant que fort rare-
ment qu'on l'emploie à cet usage, parce qu'il est sujet à la
vermoulure quand il a perdu toute sa sève. Son aubier est
assez épais. Nouvellement coupé, il brûle mieux que la plu-
part des autres bois qui seroient dans le même cas-, il donne
beaucoup de chaleur, et fournit de bon charbon.
Les divers avantages qu'on relire du frêne le font cultiver
dans beaucoup d'endroits, soit en avenue, soit dans les haies.
Le terrain qui lui convient le mieux est une terre légère et
limoneuse, mêlée de sable et traversée par des eaux courantes.
C'est dans cette situation qu'il acquiert rapidement toute l'élé-
vation qu'il est susceptibicdeprendre.il peut d'ailleurscroître
dans la plupart des expositions, depuis le fond des vallées
jusqu'au sommet des montagnes, pourvu qu'il y ait de l'hu-
midité. Les terres trop argileuses , et celles qui sont crayeuses,
ne lui conviennent pas. Quoique ses racines pivotent natu-
rellement, cependant elles ont la faculté de s'étendre au loin
à la superficie du sol, et l'arbre peut se contenter d'un ter-
rain peu profond. On le voit quelquefois réussir dans les terres
caillouteuses et graveleuses, même dans les fentes des rochers.
Le frêne pousse assez souvent des rejetons de ses racines; Il
reprend aussi facilement de marcottes : mais on néglige ces
moyens de multiplication; on préfère employer la voie des
semis, qui fournissent toujours des arbres plus vigoureux. On
sème les graines de frêne en automne ou à la fin de l'hiver ,
dans un terrain bien labouré , et un peu ombragé autant qu'il
est possib'e. Le jeune plrfnt peut être relevé à un an, pour
FRE 377
être mis en pëpiniérr; mais il vaut mieux ne faire cette opé-
ration qu'au bout de la dcjixième année. Les soins nécessaires
à ces semis sont de les débarrasser des mauvaises herbes par
deux à trois sarclages dans le courant de chaque été, s'ils ont
été faits à la volée , ou par autant de binages s'ils ont été faiis-
en rayons. Lorsque le plant a deux ans, comme nous venons
de le dire , on arrache les jeunes frênes pour les replanter eu
pépinière , à deux ou trois pieds de distance les uns des autres ,
et on les y laisse en continuant de leur donner les soins con-
venables, jusqu'à ce qu'ils aient acquis assez de force pour
être plantés à demeure , en avenue ou autrement, ce qui n'ar-
rive guère avant la sixième année . ou lorsqu'ils ont par le bas
environ cinq à six pouces de tour. On ne doit jamais couper
la tête des frênes en les plantant; car, une fois que ces arbres
ont perdu leur bourgeon terminal , il est rare qu'ils puissent
se redresser complètement , et leur végétation en est toujours
retardée.
Le dégouttement du frêne paSse pour endommager tous les
A'égétaux qui en sont atteints, ce qui a fait dire que^son ombre
étoit dangereuse. Il n'en est pas de même à son égard ; il ne
craint d'être surmonté par aucune autre espèce d'arbres ; lewr
égout ne lui cause aucun préjudice : aussi le frêne réussit-il à
l'ombre et dans les lieux resserrés , et l'on peut s'en servir à
la place des autres arbres qui refusent d'y venir.
Le frêne, sous beaucoup de rapports, mériteroit d'être
employé comme arbre d'ornement dans les jardins paysagers:
il s'élève bien droit sur sa tige : sa tête est régulière ; son
feuillage léger, qui est d'un vert brun et luisant, contraste
agréablement avec la verdure des autres arbres : mais il est
sujet à un si grand inconvénient, qu'on est obligé de Técarter
de tous les lieux d'agrément, ou de ne l'y placer que rare-
ment. Les cantharides, qui se nourrissent particulièrement
de ses feuilles, le dépouillent presque tous les ans de sa ver-
dure vers le milieu de juin, et ces insectes exhalent en même
temps une odeur très-désagréabîe , et à laquelle il pourroit
même devenir dangereux de rester exposé pendant quelque
temps. Les frênes repoussent, à la vérité, de nouvelles feuilles
qui subsistent jusqu'aux gelées-, mais il «st désagréable devoir
des arbres dépouillés comme çn hiver, d'ins la plusbelle saisor»
^78 FRE
tle l'année , lorsque toutes les autres productions de la terre
sont dans leur plus grande beauté.
D'après les expériences de MM. Coste et Willemet, les
feuilles du frêne commun sont purgatives, à la dose de trois
à six gros , en décoction.
Avant qu'on eût découvert le quinquina, on employoit
assez fréquemment en médecine lécorce du frêne comme
fébrifuge; mais elle a été bientôt abandonnée, une fois qu'on
eut reconnu combien l'écorce du Pérou lui étoit supérieure.
Quelques médecins ont inutilement tenté , il y a quelques
années, de rappeler la première dans la pratique.
En Angleterre, les gens du peuple sont dans l'usage défaire
confire , dans le vinaigre et le sel , les fruits du frêne avant
leur maturité, pour les employer comme assaisonnement dans
la cuisine.
Les bestiaux et les chevaux broutent les feuilles du frêne
avec assez d'avidité, et plusieurs agronomes conseillent d'eu
récolter pendant l'été et d'en faire sécher à l'ombre, pour les
faire servir à la nourriture de ces animaux pendant l'hiver,
et surtout à celle des bœufs et des moutons. Miller dit que
cette espèce de fourrage donne un mauvais goût au lait et au
beurre ; mais Rozier et M. Bosc , qui ont vécu dans des cantons
9Ù on l'emploie , assurent ne s'être pas aperçus de ce mauvais
goût.
Frêne A FEUILLES SIMPLES •,Fi-ax/?i/;s5f/nphc{/ôZia,"Willd.,Spec.,Z|,
p. 1 098. Cet arbre a le même bois , les mêmes bourgeons , que le
frêne commun, et ses fleurs sont également dépourvu es de calice
et de corolle: ce qui l'a fait considérer par plusieurs auteurs
comme n'en étant qu'unesimple variété : maisd'autresontpensé
qu'il doit être regardé comme une espèce distincte , parce qu'il
se reproduit constamment le même par ses graines. Ce qui le
caractérise, c'est la forme particulière de ses feuilles. Ordinai-
rement celles-ci sont simples, ovales ou ovales-lancéolées,
pétiolées, longues de quatre à cinq pouces, et larges de deux
à trois, profondément dentées en scie; quelquefois cependant,
sur certains individus, le même pétiole porte trois et même
jusqu'à cinq folioles : dans ce cas, la foliole terminale est tou-
jours beaucoup plus grande que les autres. Cet arbre estcultivé
dans les jardins 3 l'on ignore de quel pays il est originaire.
FPiE 379
fftÊNG A FEUILLES DE LENTiSQUE : Fraxinus lentiscifolia,'\'Vi]\à. ,
Si»ec. ,4, p. iioi ; Fraxinus parvifolia, Lamk. ,Dint. encycl.,.},
pag, 646. Cette espèce s'élève beaucoup moins que le frêne
commun-, ses rameaux sont courts, rapprochés , comprimés à
leur partie supérieure et d'un pourpre brun, garnis de (euilles
composées de onze ou de treize folioles ovales , denrées en
scie, sessiles ou presque sessiles, rétrécies à leurs deux extré-
mités, glabres des deux côtés. Ses Qeurs se développent avant
les feuilles ; elles sont très-pelifes , d'ua ])ourpre foncé ou
noirâtre, dépourvues de calice et de corolle, et disposées en
grappes latérales. Les capsules sont étroites, terminées par
une aile très-obtuse et légèrement échancrée. Cet arbre est
originaire d'Alep en Syrie, et cultivé depuis assez long-temps
on France, en Angleterre et en Allemagne. Son feuillage,
plus léger que celui du frêne commun , fait qu'il produit un
ellet plus agréable.
FnÈNE A FEUILLES RONDES ; Fraxinus rolundifolia , Lamk. ,
Dict. encycl., 2 , p. 646. Ses feuilles sont composées de neuf
ou de onze folioles ovoïdes ou ovales-arrondies, pétiolées,
dentelées, inégales à leur base, d'un vert foncé, presque
noirâtres en dessus, d'une couleur beaucoup plus claire en
dessous. Cet arbre croît naturellement en Italie , d'où il a
été apporté à Duhamel, sous le nom de frêne de Palerme.
Aujourd'hui il est cultivé au Jardin du Roi et dans plusieurs
autres jardins.
C'est principalement cette espèce qui fournit la manne, subs-
tance dont on fait beaucoup d'usage en médecine. En Sicile et
en Calabre, pendant les mois de juin ou de juillet, il découle
du tronc et des branches de ce frêne, soit naturellement, soit
par des incisions qu'on y pratique , un suc clair qui s'épaissif ,
à l'air et par l'impression de la chaleur, en grumeaux blan-
châtres et roussâtres; c'est la manne qu'on ramasse en la déta-
chant avec des couteaux de bois, et qu'on expose au solei!
pour achever de la sécher. Un brouillard humide, ou une
petite pluie , survenus pendant la nuit ou le matin, sufliscn»;
pour faire perdre la récolte ce jour-là. On distingue , dans les
pharmacies, trois espèces de manne, d'après le degré de pu-
reté et la couleur plus ou moins foncée de cette substance,
lesquelles dépendent des procédés qu'on a employés et du plus
36^0 FPxE
•u moins de soin qu'on a mis pour en faire la réeolte. La pre-
mière, nommée manne en larmes , est blanche, figée enlbruie
de stalactites ; c'est la plus belle, mais la plus foible quant à
sonaction : la seconde est d'un blanc jaunâtre ou un peu rous-
sâtre ; on la nomme manne en sorte , et c'est celle dont Tusage
est le plus multiplié : la troisième , dont la couleur est d'un
roux brunâtre, et qui est souvent chargée d'ordures, est la
moins estimée; on l'appelle manne grasse, et on ne s'en sert
guère que pour les lavemens. La manne a une saveur fade ,
douceâtre et nauséeuse-, c'est un doux purgatif qui convient
principalement aux enfans , aux femmes enceintes et aux
vieillards ; on la donné selon l'âge et le tempérament , depuis
une demi-once jusqu'à trois onces.
Frêne a feuilles de sureau , ou Frêne noir : Fraxinus sam-
hucifoUa , Lamk. , Dict. encycl. , 2, p. 54g; Mich. , Arb.
Amer. , vol. 3 , p. 122 , t. 12. Dans son pays natal et dans les
bons terrains , ce frêne s'élève à soixante ou soixante-dix
pieds de haut, sur environ deux pieds de diamètre; mais il
ne paroît pas, jusqu'à présent, avoir atteint en France plus
de trente-six à quarante pieds. Ses bourgeons sont d'un bleu
très-foncé, et ses jeunes pousses d'un beau vert. Ses feuilles
sont longues de dix à quinze pouces , composées de sept ou
neuf folioles sessiles , ovales ou ovales-lancéolées, dentées,,
glabres, ridées et d'un vert foncé en dessus, plus pâles en
dessous, où leurs principales nervures sont couvertes d'un
duvet roux : ces feuilles ont une odeur de sureau lorsqu'on
les froisse entre les doigts. Ses fleurs n'ont ni calice ni corolle ;
elles sont disposées en grappes presque paniculées et laté-
rales. Les capsules sont aplaties, à peu près aussi larges à leur
base qu'à leur sommet. Cet arbre croît dans le nord de l'Amé-
rique septentrionale, depuis la Pensylvanie jusqu'en Canada,
principalement dans les lieux humides.
Le bais du frêne noir est de couleur brune , et il a le grain
assez {in. Il a beaucoup de ténacité, et est très-élastique; mais
il dure moins long-temps que le frêne blanc, dont nous par-
lerons plus bas , lorsqu'il est exposé aux alternatives de la
sécheresse et de l'humidité: ce qui fait que, dans les pa3s où
il croît naturellement , ses usages sont assez limités. Il es( plus
siijet qu'aucune autre espèce de ce genre à se charger de
nodosUês o\i de loupes, qui sont quelquefois très-grosses, et
qui, (l;ms leur coupe, présentent, par le tortillement de
leurs libres ligneuses, des accidens fort singuliers. Divisées en
lames ircs-niinces et bien polies, ces parties du bois de frêne
noir pourroient être employées à faire de beaux meubles.
Fkêne ruBESCÊNTOuFrêue rouge -. Fraxinus pubescens , Lamk. ,
Dict. encycl. , 2 , p. 648; Fraxinus tomentosa, Mich. , Arb.
Amer. , 5, p. 112 , t. 9. Dans les marais et les terrains sub-
mergés de la Pensylvanie , du Maryland et de la Virginie , 011
cette espèce croit spontanément, elle s'élève à cinquante ou
soixante pieds de hauteur. Ses rameaux ïontcouverts, surtout
dans leur jeunesse , d'un duvet cotonneux, cendré et doux au
toucher. Ses feuilles sont composées de sept ou neuf folioles
pédicellées , ovales-lancéolées, pubescentes en dessus, blan-
châtres et légèrement cotonneuses en dessous, plus ou moins
dentées en leurs bonis. Ses fleurs sont petites, dépourvues de
corolle, mais munies d'un calice et disposées latéralement eu
g^rappes rameuses, paniculécs, opposées, pubescentes, accom-
pagnées de bractées oblongues, roussâtres, membraneuses et
velues. Les capsules sont cylindriques dans leur tiers inférieur,
surmontées d'une aile obtuse et souvent échancrée. Cet arbre
est cnliivé au Jardin du Roi et dans plusieurs jardins par-
ticuliers.
L'ccorce du tronc de ce frêne est d'une couleur très-rem-
brunie , et le cœtir du bois a une teinte rougeâtre. Ce bois est
très-estimé dans les parties des Etats-Unis d'Amérique où il
croît 5 il est employé pour beaucoup d'ouvrages, et les usages
multipliés qu'on en a fait sont à peu près les mêmes que ceux
auxquels on fait servir l'espèce suivante.
Frêne d'Amérique, ou Frêne blanc: Fraxinus americana y
Willd. ,5pec., 4, p. 1102 ;Mich., Arb. Amer. , 3 ,p. 106, t. 8.
Cette espèce est très-commune dans les parties septentrionales
de l'Amérique, depuis la Pensylvanie jusqu'en Canada; elle
croît principalement sur les bords des rivières et des marais,
ou même sur le penchant des coteaux qui les îivoisinent, et
elle y acquiert quelquefois quatre-vingts pieds d'élévation sur
un diamètre de trois pieds. Sa tige est parfaitement droite ,
et ses rameaux sont glabres, d'un gris cendré tirant un peu
sur le bleu clair. Ses feuilles sont très-grandes, composées
582 FRE
de cinq ou de sept folioles pédicellées, ovales-oblongues ou
lancéolées, peu ou point du tout dtntées , légèrement pubes-
centes dans leur jeunesse, glabres dans l'âge adulte, blan-
châtres et presque glauqu»s en dessous, i^es fleurs, qui forment
des panicules courts, touffus et latéraux, n'ont point de
corolle , mais elles sont pourvues d'un petit calice à quatre
folioles courtes. Les fruits sont cylindriques dans leur partie
inférieure, et élargis ensuite en une languette souvent échan-
crée à son extrémité.
Dans les parties des Etats-Unis d'Amérique où le frêne blanc
se trouve fréquemment, son bois est employé à une multi-
tude d'usages, comme le frêne commun l'est en Europe. De
même que celui-ci , il réunit la force , la souplesse et l'élasticilé.
On en fait les brancards et les jantes des roues de cabriolets et
de carrosses; on en fabrique des rames, des barriques, des
chaises, des manches pour différens outils, de ces espèces de
vases nommés sébilles , des cercles et différentes choses de bois-
sellerie, des poulies, etc. Dans les gros arbres, le cœur, oa le
vrai bois, est rougeàtre ; l'aubier est très-blanc.
Le frêne blanc , cultivé depuis assez long-temps en France,
en Angleterre et en Allemagne , y réussit très-bien, surfout
dans les lieux humides. On a remarqué qu'ilétoit moins sujet
que les autres espèces du même genre à être attaqué par les
cantharides; ce qui est un avantage pour le placer dans les
parcs et les grands jardins.
Frêxe de Caroline; Fraxinus caroliniana, WiHd. , Spec, /) ,
p. i]o3. Ses rameaux sont glabres, d'une couleur cendrée,
garnis de feuilles composées de sept folioles lancéolées, acu-
minées , bordées de dents nombreuses et très-aiguës, glabres
des deux côtés, luisantes en dessus. Les fleurs, disposées
en un panicule latéral et lâche, ont un calice campanule à
quatre divisions courtes et aiguës. Cet arbre croît naturelle-
ment dans la Caroline. On le cultive au Jardin du Roi. Ses
fleurs paroissent en mai, en même temps que les feuilles. Il
craint le froid plus que la ])Iupart des autres espèces, et les
fortes gelées l'endommagent quelquefois.
Frêne A feuilles de noyer ; Fraxinus juglandifolia, "WiHd.,
Spec, 4 , p. 1 104 ; Duham., Arb. , nouv. édit. , vol. 4, p. 63 ,
1. 16. Cet arbre est d'une hauteur médiocre ; ses rameaux sont
FRE 583
glabres, d'une couleur cendrée, garnis de feuilles composées
de cinq ou de sept folioles ovales-lancéolées , pédicellées ,
vertes et glabres en dessus, blanchàti-es et un peu glauques en
dessous, légèrement pubescentes , principalement sur leurs
nervures. Ses Heurs , disposées en panicule latéral et pen-
dant, sont munies d'un calice à quatre dents, et ordinaire-
ment dépourvues de corolle. La capsule est surmontée d'une
aile cunéiforme, obtuse à son sommet. Cette espèce est ori-
ginaire de l'Amérique septentrionale. On la cultive au Jardin
du Roi , et chez quelques particuliers.
Frêne vert ; Fraxinus viridis , Mich. , Arb. Amer. , 3 , p. 1 1 5 ,
t. 1 G. Cet arbre n'a guère plus de vin*t à vingt-cinq pieds ; on
1 e reconnoît facilement à la belle couleur verte et luisante dt-
ses jeunes pousses et de ses feuilles, dont la teinte diffère
très-peu dans les deux surfaces. Ces feuilles sont composées de
sept à onze folioles pétiolées, ovales-acuminées , très-sensible-
ment dentées. Les capsules sont arrondies dans leur tiers in
férieur, aplaties dans le reste de leur étendue, légèrement
échancrées à leur extrémité. Ce frêne croîtnaturellementdans
plusieurs parties de la Pensylvanie, du Maryland et de la Vir-
ginie. Il y a trente et quelques années qu'il est cultivé en
France, de graines envoyées par Michaux père. Il supporte
bien les froids de nos hivers dans le climat de Paris. La teinte
particulière de son feuillage forme un contraste agréable avec
les autres arbres près desquels il est planté.
Frêne QUADUANGULAiRE , ou Frêne bleu : Fraxinus quadrangu-
lala , Mich., Flor.Bor.Amer., 2 , p. 2 56 ; Mich., Arb. Amer., 3,
p. 118, t. II. Dans son pays natal, les contrées des États-
Unis situées à Pouest des monts AUéghanis, cet arbre s'élève
souvent à soixante et soixante-dix pieds. Il est très-facile à
distinguer des autres espèces par ses branches et ses rameaux
quadrangulaires , à angles légèrement ailés. Ses feuilles sont
composées de cinq ou de sept folioles pédicellées, ovales ou
ovales-lancéolées, sensiblement dentelées, d'un vert sombre
en dessus , plus pâles et pubescentes en dessous. Les cap.
suies sont aplaties dans toute leur longueur, et un peu plus
étroites vers leur base.
On doit la connoissance de cette espèce à Michaux pèrp.
Les individus qti'on cultive au Jardin du Roi proviennent dts
3«A Fllli
graines qu'il y a envoyées , et qui , ayant lrè3-l)it;n réussi, ont
permis de rppandre cet arbre tant en France ijue chez les
difFérens amateurs et cultivateurs de l'Europe.
Le bois du frêne bleu réunit la solidité et la force à l'élas-
ticité ; dans les parties des Etats- Unis où il est répandu , il sert
à peu près aux mêmes usages que le frêne blanc dans les pays
où celui-ci est commun.
Frêne a FRurr large : Fraxinus plaficarpa, Mich. ,Flor.Bor.
Amer, y 2 , p. 266 ; WiHd., Spec, 4 , p. 1 io3. ; Mich. , Arb.
Amer., 5 , p. 128 , t. 1 3. La plus grande élévation à laquelle
cet arbre puisse atteindre, paroît être celle de trente pieds.
Ses jeunes pousses et ses feuilles, dans leur premier âge , sont
blanchiltres et couvertes en dessous d'un duvet assez épais,
mais qui disparoît entièrement à mesure qu'on avance vers
i'été. Ces feuilles sont rarement composées de plus de cinq
folioles pédicellées, ovales , dentées en scie , rétrécies à leurs
deux extrémités. Ses fleurs sont très -petites, disposées en
grappes courtes, presque simples. Les fruits sont ovales, com-
primés, obtus, beaucoup plus larges que dans aucune autre
espèce. Ce frêne croît naturellement sur les bords marécageux
des rivières dans les deux Carolines. Il est cultivé au Jardin
du Roi et chez quelques particuliers.
Frêne vert-noir ; Fraxinus atrovirent , Desf. , Hort. Par.
Cet arbre, qui ne paroît devoir s'élever qu'à une hauteur
médiocre, est remarquable parla couleur d'un vert sombre de
ses feuilles. Celles-ci sont composées de onze folioles pédicel-
lées, ovales - obtuses , glabres, d'un vert très-foncé en dessus,
plus pâles en dessous, légèrement pubescentes , surtout en
leurs nervures, irrégulièrement crépues et dentées en leurs
bords. Cette espèce est cultivée au Jardin du Roi, et elle passe
pour être originaire de l'Amérique septentrionale.
Frêne nain ; Fraxinus nana, Desf., Hort. Par. Cette espèce
n'est qu'un arbrisseau , dont la tige est divisée en rameaux
nombreux, glabres, d'un bleu noirâtre, garnis de feuilles
composées de neuf à onze petites folioles, ovales, aiguës,
presque sessiles, glabres, à peine dentées en leurs bords. Elle
est cultivée au Jardin du Roi , sans que l'on connoisse son lieu
natal.
Tous les frênes exotiques se cultivent de la même manière
FRE 335
que le frêne commun. On multiplie par les semences toutes
les espèces qui en produisent; mais celles qui en donnent eu
France nesont encore qu'eu petitnombre. Toutes cellesdonton
ne peut se procurer des graines , de même que les variétés que
les semences ne reproduiroientpas, se multiplient en les gref-
fant sur le frêne commun , soit en fente , soit en écusson.
(L.D.)
FRENEAU. (Ornilh.) C'est, en vieux françois, le nom de
l'orfraie, ^/co ossifragus, Linn. (Ch. D.)
FRESACO {Ornitli.) , nom donné, dans l'ancienne province
de Guyenne, à la chouette effraie ou fresaie , strix Jlammea ,
Linn. (Ch. D.)
FRESAIE. {Ornilh.) Ce nom, suivant Ménage, dans son
Dictionnaire étymologique de la langue françoise, vient du
latin prœsaga, et il a été donné à la chouette effraie, strix
Jldmmea, Linn., parce que cet oiseau est regardé comme de
mauvais augure. D'autres le tirent de ce que les plumes de
son cou présentent la forme d'une fraise. Salerne dit que l'en-
goulevent, caprimulgus europeus , Linn., est aussi appelé/resai«
à Loudun et dans l'ancienne province de Saintonge. (Ch.D.)
FRESH WATER HERRING. {Ichthjol.) En Ecosse, ces
mots , qui signifient hareng d'eau douce , servent à désigner
le corégone clupéoïde du lac Lochlomond. Voyez Corégone.
(H. C.)
FRESNE ÉflNEUX. (Bot.) C'est le clavalier, zanthoxjum
clava Herciilis , qui est ainsi nommé. (J.)
FRESNO. (Bot.) Dans les Andes du Pérou, ce nom est
donné au teeoma azalœfolia de la Flore équinoxiale de MM. de
Humboldt et Kunth. (J.)
FRESRAN. {Bot.) Voyez Caracher. (J.)
FRET, Frett, Frettel, Friti, Frettchbn {Mamm.) , noms
du furet, dans les langues germaniques. (F. C.)
FRETADOUS. (Bof.) Voyez- Coussoudos. (J.)
FRETILLET. (Bot.) Ce nom est donné, dans les campagnes
de la Bourgogne, au pouliot. (J.)
FRETILLET ( Ornitli.) , nom donné par les Champenois au
pouillotou chantre, motacilla trochilus , Linn. (Ch. D.)
FRETIN. (Ichthjol.) Les pêcheurs donnent ce nom à tout
poisson trop petit pour être mangé autrement qu'en friture,
17. 25
585 FRE
ou pour élTC cmploj'ë à autre chose qu'à servir d'appât
pour la pêche des poissons voraces. Il diffère de l'alvin, qui
n'est composé que de poissons propres aux étangs. Voyez
Poisson. (H. C.)
FRETT BAR , Frett bor {Mamm.), nom que quelques auteurs
allemands donnent au coati, et qui signifie propremenl/uref-
ours, (F. C.)
FREUX. {Ornilh.) Celte espèce de corbeau , qu'on nomme
aussi /rajon.fie, est le corvus frugilegus , Linn. (Ch. D.)
FREYERA. (Bot.) Scopoli donne ce nom au mayepea d'Au-
blct, genre que Vahl a supprimé et réuni au chionanthus de
la famille des jasminées, mais à tort, puisqu'il a quatre pétales
et surtout quatre étamines, non alternes avec les pétales, mais
placées au-devant de chacun ; d'où il résulte que ce genre doit
être conservé, et rester dans la famille des rhamnées. Il faut
ne pas confondre avec lema-yepea le genre Ceranthus deSchre-
ber, qui doit être réuni au chionanthe. (J.)
FRÉZIÈRE, Fresiera. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des ternstro-
miées, de Ici polj-andrie monogjnie de Linnœus, offrant pour
caractère essentiel : Un calice à cinq folioles; cinq pétales ;
environ trente étamines insérées sur un disque au fond du ca-
lice; un ovaire supérieur; un style à trois ou cinq divisions;
une baie à trois ou cinq loges polyspermes.
Ce genre avoit d'abord été établi par Swartz sous le nom
d'eroieum ■ il y a substitué, depuis, celui de freziera , plus
généralement adopté. II comprend des arbres de diverse
grandeur, de l'Amérique méridionale, à feuilles alternes ,
coriaces; les fleurs sont axillaires, quelquefois solitaires et
sessiles. On remarque les espèces suivantes.
FRiiziÈRE FAUX-THÉ : Frcziera iheoides , Swartz, Fl.Ind. occid.^
2 , pag. 972 ; Eroleum , Prodr. , 85. Arbre des hautes mon-
tagnes de la Jamaïque, qui s'tlève à la hauteur de vingt à
quarante pieds. Ses rameaux sont glabres, cylindriques, gar-
nis de feuilles alternes, pétiolées , glabres, ovales -lancéolées,
luisantes en dessus, à dentelures obtuses. Les fleurs sont blan-
châtres, solitaires, axillaires, pendantes, pédonculées; les
divisions du calice profondes, ovales, membraneuses: deux
plus petites ; les pétales ovales, arrondis, un peu ondulés à
FRE S87
leurs bords, ciliés, étant vus à la loupe; l'ovaire puhescent;
le fruit est une baie arrondie , à trois loges, de couleur fer-
rugineuse, et de la grosseur d'un pois.
Fréziere a feuilles ondulées : Freziera undulata, Swartz
Flor. Ind. occid., 2, pag. 974-, Eroteum , Svvarlh , Prodr., 85-
Vahl , Symb.,z,^a§. 61. Arbre élégant qui croit sur les hautes
snontJignes de l'Amérique méridionale, et s'élève jusqu'à la
Jiauleur de cinquante pieds. Ses rameaux sont bruns, parse-
més de points blancs; ses feuilles pétiolécs, elliptiques, lan-
céolées, acuminées, dentées et ondulées à leurs bords, longues
-de quatre pouces, glabres à leurs deux faces. Les lleurs sont
réunies en petites ombelles axillaires; les divisions du calice
rarroiidies , iégèremeiit ciliées, accompagnées de deux petites
Lractées ovales, concaves; les pétales blancs, oblongs ; les
fruits presque ronds, un peu coniques, glabres ,^à trois
J-oges, de la grosseur d'un pois; les semences anguleuses et
ponctuées.
Frézière réticulée : Freziera reticulata , Hunib. et Bonpl.
PL ^quin. , 1 , pag. 22 , tab. 5 ; Poir. , III. Gen. , Suppl. , cent,
jo. Arbre de dix-huit pieds, dont les rameaux sont couverts
d'un duvet tomeuteux, parsemés de petits tubercules ovales
presque charnus ; les feuilles j)étiolées , coriaces, ovaies-lan-
céolées , tomenteuses en dessous; les veines réticulées: les
fleurs blanches, axillaires, au nombre de trois ou cinq; les
pédoncules uiùflores, tomenteux , munis d'une petite écaille
à leur base; le calice tomenteux, pourvu de deux bractées
orbiculaires. Le fruit est une baie longue d'un demi-pouce
à quatre loges poîyspernies. Cet arbre croit au Pérou dans la
grande chaîne des Andes.
Frézière blanchâtre; Freziera canescens , PL jEquin., n. 25
lab. 6. Cet arbre , haut de dix-huit pieds , aie tronc lisse, le
bois flexible, peu poreux, susceptible de prendre un beau
poli , employé avec avantage par les layetiers. Ses rameaux
sdnl g'abres, étalés, pubescens vers leur sommet dans leur
jeunesse; les feuilles coriaces, lancéolées, luisantes en dessus
légèrement dentées, revêtues en dessous d'un duvetd'iin blanc
sale: les pétioles très-courtsj les feuilles presque solitaires .
axillaires; le calice tomenteux; ses découpures concaves
orbiculaires; la corolle blanche; les pétales. ovales , parsemés
^S8 FRE
de poils en dehors; les baies très-grosses, ovales, à trois loges
polyspermes. Cet arbre croît dans les Andes, au Pérou.
FftÉziÈRB A FEUILLES d'or ; Frczicra chrfsophjila, PL jEquin.y
p. 27, tab. 7. Arbre de quinze à dix-lmit pieds, chargé de ra-
meaux distans, couverts, dans leur jeunesse, de poils d'un
jaune d'or; les feuilles sont à peine pétiolées , étalées, ellip-
tiques, entières, très-aiguës, glabres et d'un vert foncé en
dessus, tomenteuses et d'une belle couleur d'or en dessous,
longues de quatre pouces. Les fleurs sont axillaires, pédicel-
lées, réunies deux ou trois, accompagnées de deux petites
bractées ovales , tomenteuses; les divisions du calice orbicu-
laires-, cinq pétales lancéolés ; une baie petite, ovale, soyeuse,
acuminée, à quatre loges; les semences très-petites, en rein,
d'un jaune-cannelle. Cette espèce croit dans les environs de la
ville oe Popayan , au Pérou.
Fréziere soyeuse; Frezierasericea, PL Mquin., p. 29 , tab. 8.
Arbre de trente pieds de haut, dont les rameaux sont glabres,
à angles peu saillans, garnis de feuilles étalées, lancéolées,
aiguës, légèrement dentées, glabres en dessus, couvertes en
dessous de poils blancs et soyeux. Les fleurs sont axillaires,
réunies deux ou trois, munies de deux petites bractées; le
calice glabre ; les découpures orbiculaires ; la corolle blanche ;
les pétales ovales , obtus ; le fruit ovale , de la grosseur d'un
pois, glabre, à trois loges; les semences brunes, ovales, lui-
santes. Cet arbre croît au Pérou.
Fréziere nerveuse; Freziera nen'osa , PL /Equin., p. 3i,
tab. 9. Le tronc de cet arbre s'élève à plus de trente pieds ; il
s'emploie au 'Pérou pour la construction des maisons: on le
trouve sur les hautes montagnes de la province de Pasto, dans
les Andes. Ses rameaux sont droits, tortueux, et presque
glabres dans leur jeunesse; les feuilles alternes, lancéolées,
aiguës, étalées , membraneuses, quelquefois un peu pileuses
en dessous. Les fleurs sont axillaires , fasciculées; les pédon-
cules tomenteux, munis de deux petites bractées ovales; la
corolle blanche; les pétales ovales, obtus; Povaire glabre; le
style trifide; les stigmates aigus. (Poir.)
FREZILLON {BoL) , nom vulgaire du troëne dans quelques
cantons (L. D.)
FREZOS {BoL), nom vulgaire des fèves en Languedoc. (L. D.)
FRl 33g
FRIAND. (Entom.) Goëdaert a nommé ainsi une espèce de
bombyce voisine delà méticuleuse. (CD.)
FRICATOR [qui frotte], (Mamm.) , surnom donné par Lin-
Baeus au chien doguin. (F. C.)
FRICHLING {Mamm.), nom que l'on donne au marcassin
en Allemagne. (F. C.)
FRICON. (Bot.) Le fragon piquant porte ce nom en Bour-
gogne. (L. D.)
FRIDATUTAH. (Ornith.) L'oiseau auquel on donne, au
Bengale, ce nom qui s'écrit aussi fridjtutah , et qu'Albin a
décrit et figuré , tom. 3 , pag. 7 , et pi. 14, est le psittaca ben-'
galensis de Brisson , tom. 4, p. 348, et la petite perruche à
tête couleur de rose et à longs brins, de Buffon , var. B du
psitlacus erythrocephalus de Gmelin et de Latham- C'étet du
même oiseau qu'il est question dans le Dictionnaire des Ani-
maux de la Chesnaye-des-Bois, sous le nom de fridatulari.
(Ch. D.)
FRIEZLAND. (Ornith.) Suivant Marsden , tom. i , pag. 188
de son HistQire de Sumatra, traduction Françoise, l'oiseau
qu'on appelle ainsi dans cette île est la poule nègre. (Ch.D.)
FRIGANE ou Phrygane , Phrjganea. [Entomol.) Genre
d'insectes névroptères, de la famille des agnathes, près dc&
éphémères, dont ils se rapprochent par les mœurs et la dispo-
sition des parties de la bouche. En effet, comme le nom de
la famille l'indique, les mâchoires et les mandibules sont à
peine développées, l'insecte ne prenant pas ou presque pas
de nourriture sous l'état parfait. Ces deux genres diffèrent
l'un de l'autre par la disposition des ailes , qui sont disposées
en toit sur l'abdomen dans les friganes, et étalées ou redres-
sées dans les éphémères; et par les antennes, qui sont plus
courtes que la tête dans ces dernières , tandis qu'elles sont
longues, en soie, et souvent plus étendues que le corps, dans
les friganes.
Ce nom, emprunté du grec parLinnœus, Çûvya.viov,s\gmùs
un petit fagot ; il indique une particularité des larves d'où
proviennent plusieurs espèces de ce genre, qui collent au
fourreau, qu'elles se filent au milieu des eaux, des brins dic
jonc et d'autres fragmens de plantes aquatiques , dont l'en-
semble représente ainsi une petite hourvce -. (^pvyan^ofxah vir-
gulta arida eolligo, je ramasse de petits boîs secs. Aussi quel-
ques auteurs, comme Kéaumur, ont- ils nommé ces larves
des teignes aquatiques. Ce célèbre observateur a consacré
plusieurs planches de son bel ouvrage à représenter ces four-
reaux des friganes. ( Mémoires pour servif à l'Histoire des
Insectes , tom. m , pag. 204 , pi. 1 2 , i 3 et 1 4. ) Nous avons fait
figurer iious-même l'un de ces fo\irreaux. Voyez planches de
l'Atlas, Névropières agnathes , n.'S, et un autre, sous le n.°2 ,
recouvert de particules de sable agglutinées. D'après cette
ëtymologie, c'est donc à tort que Geoffroy, qui a traduit le
mot phi jganea deLinnseus, l'a écrit en françois/r/gane, et non
phrjgane. Nous avons même été indécis si nous ne renverrions
pas le mot à son rang alphabétique, et nous écrirons inditfé-
renimciit ce nom des deux manières , comme nous l'avons
déjà fait dans plusieurs mots de renvois : Charée, Caset.
Les phryganes, sous l'état parfait, ressemblent de prime
abord à de petites noctuelles ou à des pjrales , ce qui a fait
nommer ces insectes mouches papilionacées. Leur corps est
alongé, étroit et velu ; leur .tête est petite, à ye^ux saillans ;
leur front, quoique poilu, laisse cependant apercevoir chez
quelques espèces deux stemmates ou petits yeux lisses; les
antennes en soie sont très-longues, portées en avant dans le
repos le plus ordinairement, et très-mobiles ; la bouche ne
porte pas de trompe, mais des palpes aîongés , que l'insecte
meut avec activité. Les mandibules et les mâchoires sont
membraneuses, à peine distinctes. Leur corselet est formé de
trois parties : la première , qui ne paroit presque pas en
dessus, supporte la paire des pâtes antérieures; la seconde
pièce reçoit à la fois la paire de pâtes intermédiaires et les
ailes supérieures; enfin c'est sur la troisième pièce du cor-
seletqiie les ailes inférieures et la paire de pâtes postérieures
sont articulées. Ces pâtes sont grêles, alongées, surtout les
dernières. Toutes ont les jambes épineuses ou garnies d'épe-
rons, et leurs tarses sont composés chacun de cinq articles.
Les ailes supérieures sont triangulaires, à grosses nervures
longitudinales, le plus souvent poilues, velues ou écailleuses,
quelquefois colorées ou tachetées.
On observe les phryganes dans les lieux humides, aux envi-
rons des rivières ou des étangs, où leurs larves se développent.
FRÎ 391
Elles ne volent guère que le soir; i)endant le jour, elles restent
fixées et immobiles comme les noctuelles : elles présentent
cette particularité que y quand elles se sont ainsi tapies, elles
portent directement en avant leurs longues antennes, dans
Taxe du corps et parallèles 5 au moindre mouvement, à la
moindre crainte qu'on leur inspire , ces antennes s'écartent
l'une de l'autre , s'agitent vivement , et semblent vibrer. Alors
l'insecte se meut avec rapidité, et bientôt il s'envole. Comme
tous les insectes nocturnes, les friganes sont attirées par la
kimière: aussi, dans les soirées d'été, viennent-elles, comme
les éphémères et les phalènes , se jeter sur les bougies allu-
mées, et nous avons vu plusieurs fois les glaces des réver-
bères des ponts placés sur la Seine , couvertes entièrement
de ces insectes.
Nous avons déjà dit que les friganes provenoient des larve»
aquatiques, qui vivent dans des fourreaux; c'est ce qui a
fait sans doute que Charleton , dans ses Exercitationes physico-
med/cfc, a cru devoir rapportera ces larves ce qu'a dit Aristote
des insectes qu'il nomme ^yAo^ôo'pof , xylophtoron , qu'il regarde
comme les -phrj ganians de Belon, que les pêcheurs appellent
vulgairement les charrées ou casets. C'est principalement sous
celte forîne de larves, en effet, que ces insectes offrent beau-
coup d'intérêt aux naturalistes.
Ces larves ou ces chenilles aquatiques sont alongées, ordi-
nairement de couleur blanche, parce qu'elles sont étiolées
par la privation de la lumière, leur corps étant constamment
renfermé dans un fourreau. Elles n'ont que six pâtes articu-
lées, placées près de la fête, et qui servent au mouvement ;
mais leur corps se termine en arrière par deux crochet»
ëcailleux , forts et courbés en manière dp crampons, dont
l'insecte se sert pour se fixer solidement dans l'intérieur de
son fourreau , quand on fait quelques efforts pour l'en tirer.
La tête de ces larves est écailleuse comme celle des che-
nilles; leur bouche estmuniededeux mandibules tranchantes,
dont l'insecte se sert pour couper les particules des végétaux
qui servent à sa nourriture, et pour disposer convenablement
les matériaux qui doivent être façonnés, afin d'entrer dans la
construction de leur domicile transportable. On y voit en ou de
les filières dont la larve fait sortir les filamens déliés qui
3<j» FRI
doivent former le tissu de soie intérieur qui sert de base à leur
fourreau.
Les trois premiers anneaux qui viennent après la tête,
supportent chacun une paire de pâtes qui vont successive-
ment en augmentant de longueur, la première paire étant la
plus coyrte. Ces pâtes sont bien articulées; on y distingue
■une sorte de cuisse, une jambe et un tarse. Quand l'insecte
change de place , ces trois premiers anneaux sortent du
fourreau.
Neuf autres anneaux forment le reste du corps, qui est
toujours blanchâtre. On voit sur le premier de ceux-là, e»
dessus ou du côté du dos, trois tubercules charnus, plus ou
moins saillans, dont l'insecte paroît se servir pour s'appuyer
dans l'intérieur de son fourreau et pour y cheminer, comme
les larves des cicindèles dans les tuyaux qu'elles se creusent
pour s'y tenir en embuscade. Les anneaux qui viennent en-
suite sont chacun , à l'exception du dernier, garnis en dessus
d'un grand nombre de filamens blanchâtres , disposés par
faisceaux doubles, susceptibles de se dresser. Ces filamens
paroissent être de véritables branchies. On voit en effet que
l'insecte, renfermé dans son fourreau, y fait entrer de feau ,
qui en sort brusquement quelque temps après. Réaumur, qui
les avoit observés, dit qu'il seroit tenté de croire qu'ils ont
quelque analogie avec les branchies de poissons. Ils ont en
effet le plus grand rapport avec les panaches des larves d'éphé-
mères, si bien observées par Swammerdam. C'est à tort que
Vallisnieri a cru ces filamens propres à faire adhérer la larve
à son fourreau.
Réaumur, qui a décrit parfaitement ces larves , a reconnu
que,lorqu'on les retire brusquement de leur fourreau, comme
le font les pécheurs à la ligne, lorsqu'ils veulent s'en servir
pour amorcer leurs hameçons, ces larves, placées de nouveau
près de leur fourreau, y rentrent d'elles-mêmes, la tête la
première, quoique ce fourreau soit fermé par l'extrémité
opposée : heureusement qu'il est en général assez large pour
que l'insecte puisse se retourner dedans.
Mais, dit cet auteur, si ces larves rentrent volontiers dans
leurs fourreaux, ce n'est pas qu'elles soient paresseuses à s'en
faire de neufs, mais il leur est plus commode de se servir de
FRI 595
«elui qui est tout fait, que de commencer à travailler sur
nouveaux frais. Cependant, voulant les voir à l'ouvrage, il en
a mis plusieurs dans cette nécessité , et il décrit avec beaucoup
d'intérêt les procédés qu'il leur a vu mettre en usage en cette
occasion, soit pour se faire, comme il le dit, des habits neufs,
soit pour alonger les leurs, y ajouter des pièces, les alléger
ou les lester, suivant les cas, comme nous le dirons.
Ces tuyaux varient beaucoup pour la forme et la disposi-
tion extérieure; il paroit que chaque espèce offre des parti-
cularités dans l'art avec lequel elle construit sa demeure, et
que la nature des eaux dans lesquelles la larve est appelée a
se développer, exige des précautions et des arrangemens
différens.
Ces fourreaux, qui sont en général un peu coniques, en
dedans au moins, sont ouverts par le bout qui donne issue
a la tête et aux pâtes; ils sont fermés par l'autre. Les uns ,
et ce sont ceux des larves qui habitent des eaux courantes,
sont couverts en dehors de graines, de petites pierres et de
particul'es de coquilles , que l'insecte agglutine et colle exac-
tement au dehors: souvent, et c'est encore une observation
de Réaumur qu'il est facile de vérifier, on en trouve qui sont
entièrement recouverts de planorbes, de bulimes, de petites
tellines, quelquefois d'une même espèce, et dans chacune de
ces coquilles se trouvent les mollusques vivans ; et ces coquilles
y sont si bien attachées, qu'il n'est pas possible au véritable
propriétaire de se séparer de l'enveloppe dont il fait partie.
Aussi l'auteur auquel nous empruntons ces détails fait-il cette
réflexion, en parlant des fourreaux ainsi construits : « Ces
« sortes d'habits sont fort jolis, mais ils sont de plus très-sin-
« guliers. Un sauvage qui , au lieu d'être couvert de fourrures,
4f le seroit de rats musqués, de taupes et d'autres animaux
« vivans, auroit un habillement bien extraordinaire : tel est
« en quelque sorte celui de nos larves. ^^
Parmi les larves, celles qui se développent dans les étangs,
dans les mares et dans toutes les eaux stagnantes, garnissent
leurs fourreaux de parcelles de roseaux, de brins d'herbes
ajustés avec un art admirable. Le cylindre de soie intérieur
est inscrit dans un pentagone, un hexagone, un heptagone
ou tout autre polygone, de manière que chacun des brins se
594 FRI
pmlongpant, se croise de part et d'autre avec un des brins
qui touchent le même tuyau. Il résulte de là des fourreaux
extrêuieinent hérissés, qui ont jusqu'à douze fois le diamètre
du cylindre extérieur. C'est à ces sortes de fourreaux que con-
viendroit plus particulièrement le nom de ph.r}-gariion., puis-
qu'il ressemble véritablement à une petite bourrée.
D'autres découpent en spirale des lames de feuilles de pota-
mogëtons, de nymphsea ou d'autres plantes aquatiques; quel-
ques unes ajustent les folioles des lemnas, des callitrichcs,
qui restent long-temps vivantes, quoique submergées, et dé-
guisent ainsi la présence des insectes aux poissons , qui en sont
fort avides.
Nous en avons fait nous-même travailler plusieurs dans des
circonstances obligées, où nous ne leur livrions que des sables
colorés, du verre, du cobalt, du mica, du grès à grains régu-
liers cubiques, et il résultoit de leur travail une sorte de
mosaïque dont nous avons conservé quelques échantillons.
Au reste , ce n'est pas la seule industrie de nos larves ; elles
en manifestent une autre, non moins admirable, par la pré-
caution et l'espèce de prévoyance qu'elles emploient avant
de se changer en nymphes, ou dans cet état de chrysalide qui
ne leur permettroit plus de se défendre contre les animaux
même les plus foibles , qui voudroient en faire leur pâture.
Sous cet état de sommeil apparent la nymphe respire encore,
et pour permettre à l'eau un libre accès par les deux extrémi-
tés du fourreau qui la renferme, elle avoit besoin d'y construire
une sorte de grillage ou de diaphragme qui, semblable à un
tamis grossier, permettroit à l'eau de pénétrer par l'une des
extrémités pour sortir par l'autre. Réaumur compare cette
cloison à une porte grillée qui, cependant, est assez mobile
pour devenir concave d'un cAté quand l'animal semble y atti-
rer l'eau pour inspirer, et pour paroitre convexe à l'extré-
mité opposée, lorsque l'eau la traverse dans l'expiration. La
plupart de ces larves ont aussi prévu qu'il valoit mieux , pen-
dant cet état de sommeil , que leur fourreau fût assujetti pour
ne pas être entraîné par le liquide ; c'est ce qui fait qu'elles
le fixent à quelque corps solide avant de l'obturer à ses
extrémités.
Les nymphes des friganes ressemblent à peu près à celles
' FRI 3ç)5
des hémérobes et des fourmilions; cependant ce mode de séjour
dans l'eau sous cet état a nécessité des particularités fort cu-
rieuses a connoitre.
D'iibord,etquoiqu'on puisse distinguer au dehors, surtout cî
une époque un peu éloignée de la transformation en nymphe,
tous les rudimens des membres nouveaux que doit prendre
l'insecte en passant de l'état de larve ou de chenille à celui
d'une frigane ailée, avec de longues antennes en soie, de
très-longues pales et une tête, et surtout avec une bouche tout-
à-fait différentes de celle qui se remarquoit dans la larve , il
y a sur le dos de cesfilamens blancs, de ces panaches qui sont
de véritables branchies, les ailes, encore en moignon ,j sont
placées sur le ventre; l'extrémité de l'abdomen se termine
par deux crochets dont la n3'mphe peut encore se servir pour
se cramponner dans son fourreau quand on veut l'en extraire
de force .- mais on n'aperçoit pas du côté de la tête ce qui
pourra servir à l'animal pour percer le grillage qu'il s'est f51é,
avant sa métamorphose, à celle des extrémités de son tuyau
par laquelle il doit sortir , puisqu'il correspond à la tête.
Vallisnieri et Réaumur ont appris qu'il en étoit de ces larves
comme des petits poulets renfermés dans la coquille , qui
portent sur la pointe de leur bec une matière solide, à l'aide
de laquelle ils incisent la coque en dedans pour faire sauter
la voûte qui les a protégés avant et pendant l'incubation. De
même aussi ils ont sur le sommet de leur tête une aigrette ,
une sorte de huppe formée par une touffe de poiis roides ,
qui recouvrent deux crochets dont les pointes réunies forment
une sorte de bec qui ne sert à l'animal que pour cette cir-
constance où il percera son grillage. En effet, ces nymphes
sont mobiles vers l'époque où elles sont appelées à devenir
insectes parfaits. Nous en avons observé plusieurs fois , et nous
allons même donner des détails que nous n'avons pas trouvés
indiqués dans les auteurs: le hasard seul nous les a appris;
mais nous avons reproduit volontairement les mêmes cir-
constances, qui nous ont fait assister à un spectacle des plus
merveilleux.
Comme nous l'indiquions tout à l'heure, nous avons élevé
des larves de friganes d'espèces diverses, et nous les avions
obligées de construire devant nous leurs fourreaux avec des
3^6 FRI •
matériaux donnés. Le bocal qui les renfermoit conteiloit de-
puis plus de quinie jours toutes ces nymphes dans l'immobi-
lité la plus grande , lorsqu'un matin , à notre grande surprise ,
nous aperçûmes dans Teau un grand nombre d'insectes qui y
nageoient par bonds et avec vélocité; nous ne tardâmes pas à
reconnoitre que c'étoient des nymphes de friganes. Après les
avoir examinées avec quelque soin , nous prîmes , à l'aide d'une
large barbe de plume, une de ces nymphes agiles , et nous
l'examinions depuis quelques minutes, lorsque tout à coup et
sous nos yeux , il survint à l'animal , qui étoit en repos , et qui
paroissoit souifrir, une sorte de gonflement emphysémateux;
il se boursoufla comme une vessie remplie d'air; sa peau des-
séchée se creva du côté du dos; il se forma là une déchirure
alongée par laquelle nous vîmes bientôt saillir le corselet de
l'insecte ; les ailes se dégagèrent, s'alongèrent, s'étendirent;
l'abdomen sortit de son fourreau, les antennes se déroulèrent
comme par un ressort; bientôt les pâtes elles-mêmes se dé-
gainèrent d'un:étuitrès-mince , etl'insecte s'éloignade quelques
pas.
Nous avions été témoin de cette sorte d'accouchement,
qui s'opéra en moins d'une minute. Nous répétâmes l'expé-
rience sur un autre individu, péché de la même manière à
l'aide de la barbe de plume, et la métamorphose réussit aussi
bien. Tendant deux ou trois jours nous eûmes cette année-là
le même spectacle produit à volonté, et nous nous sommes
assuré, l'année suivante, que ces larves pouvoient ainsi
rester jusqu'à huit jours dans l'eau sans y périrj que la cir-
constance qui s'opposoit à leur métamorphose étoit l'impossi-
bilité dans laquelle nous avions placé ces larves de s'accrocher
sur quelque corps solide pour changer d'élément. C'est un fait
très-curieux, et que nous sommes bien aise d'avoir occasion
de consigner ici.
Les entomologistes qui ne s'occupent que de la classification
drs insectes, sont forcés d'éloigner beaucoup dans leurs sys-
tèmes les friganes sous l'état parfait, des espèces de névroptères
à bouche garnie de mâchoires, telles que les perles et les sem-
blides. Cependant la forme de ces larves et leurs habiturles
sont à peu près semblables, surtout dans les espèces du pre-
mier genre.
FRI 3,j7
Nous avons décrit les caractères des frîgancs; mais les voici
d'une manière plusabrégée : névrop tères buccellés, ou agnathes,
ou à bouche très-petite, distincte seulement par les palpes; à
antennes plus longues que la tête -, à ailes en toit , plus longues
que l'abdomen , qui ne se termine pas par des soies. Ces carac-
tères suffisent pour distinguer les friganes de tous les autres
névroptères.
Les espèces principales de ce genre sont les suivantes :
Frigane strij^.e , Phrjganea striata.
C'est la frigane couleur fauve figurée par Geoffroy, tom. Il,
pi. xiiijfig. v;et par Réaumur, tom. III, pi. xiij, fig. 8,
9 et n.
Elle a le port d'une phalène noctuelle alongée; sa couleur
est fauve , avec les yeux bruns ; les ailes sont d'un gris jaunâtre,
avec des veines saillantes d'un roux brun et une tache blanche
à l'extrémité ; ses pâtes sont longues et épineuses. On la
trouve sur les bords de l'eau, mais elle ne vole que le soir;
dans le jour elle se tapit sur les murailles ou contre les arbres.
Frigane grise, Phrjganea grisea.
Degéer l'a figurée, tome II, pi. i3, fig. 18 à 21. Elle est
grise , avec les ailes supérieures nébuleuses , et une tache
marginale noire.
Frigane grande , Phryganea grandis.
Ses ailes sont cendrées, avec deux lignes longitudinales
noires et un point blanc.
Frigane rhombe, Phryganea rhombica.
C'est la frigane panachée de Geoffroy. Réaumur en a donné
une figure , tom. III, pi. 14 , sous le n.° 5. Ses aiks sont d'un
Jaune brun, avec une large tache blanche rhomboïde.
Frigane DEUX-TACHES, Phiyganea bimaculata.
Degéer en donne la figure tom. II, pi. xv, n.° 1,10. Ailes
brunes, arec deux taches lunulées jaunes au-devant l'une
de l'autre.
Frigane noihe , Phrjganea nigra.
C'est la frigane mouche-en-deuil de Geoffroy. Elle est toute
noire, et ses antennes sont deux fois plus longues que son
corps.
On connoît près de cent espèces de ce genre; Devillers ea
a décrit soixante-six, en y comprenant les perles.
398 FRI
FaiGANE FAUSSE. Dcgécr nomme ainsi les perles de Geoffroy.
(CD.)
FRIGANITES. (Entom.) M. Latreille a désigné sous ce nom
la tribu des insectes uévroptères qui comprend les phryganes.
Il les a aussi nomuiés plicipennes , parce que leurs ailes infé-
rieures , plus larges que les supérieures, sont plissécs en
long. (CD.)
FRIGOULE. (Bot.) Le thym commun porte ce nom en
Languedoc. (L.D.)
FKILLEUSE (Omith.), un des noms vulgaires du rouge-
gorge, inotacilla rubecula, Linn. (Ch. D.)
FRIÎNGEGO. {Bot.) On lit dans la nouvelle Encyclopédie,
que le pisonia aeuleata est ainsi nommé dans plusieurs lieux de
l'Amérique. (J.)
FRINGILL^ ADFINIS. ( Ornith.) L'oiseau désigné par
cette dénomination dans le Gênera avium de Mœhring, n.° 101 ,
est le cotinga ouette , ampelis carnifex , Linn. ( Ch. D. )
FRINGILLAGO. {Ornith.) La mésange charbonnière, paru*
major, Linn., est désignée par ce terme dans Belon et dans
Gesner. (Ch. D.)
FRINGILLE. ( Ornith. ) L'oiseau originairement appelé
fringilla étoit le pinson ; mais Linnaeus a donné à ce nom
une acception bien plus générale, et, l'appliquant à tous les
oiseaux qui ont un bec conique, droit, acuminé, et qui se
nourrissent presque exclusivement de grains, outre les pin-
sons, il a compris dans cette grande famille les moineaux,
les linottes, les chardonnerets, les serins, les tarins, les
bengalis , etc. Les -mêmes oiseaux éloient distribués par
Brisson dans ses 3a.' et 35.* genres , ayant , pour caractères
communs, le bec en cône raccourci j les mandibules droites
et entières; quatre doigts dénués de membranes, dont trois
devant et un derrière, tous séparés environ jusqu'à leur ori-
gine, et les jambes couvertes de plumes jusqu'au talon. Les deux
genres se distinguoient l'un de l'autre en ce que, dans le Sa.*,
celui du chardonneret, carduelis , la pointe du bec étoit grêle
et alongée, et que, dans le 53.', celui du moineau, passer,
la pointe du cône étoit grosse et courte : ce genre se trouvoil ,
d'ailleurs, àéparé du 54.', les gros - becs , coccothrausles , en
ce que la base du bec des premiers étoit beaucoup moins large
FPtl 099
que la tête, tandis que chez ceux-ci la base étolt presque
aussi large que Ja lêle elle-même. Le ou.' genre de Brissou
comprenoit, avec les cliardonnerets, les tarins, sous le nom
particulier de ligurinas , et dans le 55.' Brissoii avoit réuni
aux moineaux, passer: 1.° les cardinaux, cardinalis ; 2." les
veuves, vidua; 5." les linottes, linaria; 4.° les pinsons, /rin-
giUa; 5." les serins, serinus; 6." les verdiers, chloris • 7." les
hengalis, hengalus; 8." les sénégalis, seaegalus • 5." les maias,
tnaia ; 10." les grenadins , granatinus.
Plusieurs auteurs ont essayé ensuite d'introduire d'autres
coupures dans le genre trop nombreux des fringilles, dont
M. Meyer a ainsi déterminé les caractères généraux : Bec co-
nique, droit, pointu , moins épais, mais plus alongé que chez
les gros-becs ou loxies ; mandibules égales, sans échancrure ;
narines un peu ovales, couvertes; langue charnue, arrondie,
à pointe cornée et un peu fendue ; corps moins ramassé et
plus étendu que chez les gros-becs. Le même auteur a sous-
divisé ce genre, qui est son 19.", en quatre sections, caracté-
risées, la première , par un bec arrondi dans les divers sens ,
droit, épais, à pointe un peu émoussée; elle comprend les
pinsons communs, de montagne, de neige, le moineau : la
deuxième, par un bec également arrondi , mais moins alongé,
et dont la pointe est courte; elle renferme les linottes : la troi-
sième, par un bec plus grêle, un peu comprimé sur les côtés,
à pointe longue et aiguisée , dans laquelle se trouvent le char-
donneret , le tarin , le serin : et la quatrième , par un bec droit,
un peu semblable à celui du bruant, à pointe aiguisée, dont
les mandibules ont les bords rentrans , et dont le doigt posté-
rieur est plus long et a l'ongle pareil à celui de l'alouette.
L'auteur cite, comme espèces appartenant à cette section, les
friugilla calcarata, Pall., et fringilla lapponica, Gmel.
Illiger, ne trouvant pas de caractères assez tranchés dans
les sous-divisions de* fringilles , n'a pas cru devoir lesadopter,
et noîi seulement il n"a pas séparé les moineaux, les pinsons,
les verdiers, etc., mais il leur a réuni les gros -becs et les
bouvreuils.
M. Temminck, après avoir comparé plusieurs espèces exo-»
tiques de bouvreuils , de gros-becs, de moineaux, de pinsons
et de tarins, avoue aussi qu'il n'a trouvé de différences asses
Zloo Fi>i
constantes qu'entre les bouvreuils et les tarins; mîiis que les
gros-becs, les moineaux et les pinsons ne lui en ont point
offert qui fussent stables et faciles à saisir. Il s'est, en con-
séquence, borné à séparer les oiseaux compris dans son genre
Gros-bec, qui correspond aux fringilla d'illiger, en cinq divi-
sions, sous les dénominations ci -dessus indiquées, et à leur
donner des bases plus ou moins fixes, qui consistent, pour
la première (bouvreuils), en des mandibules convexes, dont
la supérieure est courbée à la pointe , et en des narines le plus
souvent cachées par les plumes du front; pour la seconde
(gros-becs et verdiers), en un bec conique, droit et presque
aussi large, ou même plus large que la tête à son origine ,
avec une arête plate qui s'avance en angle sur le front ; pour
la troisième (moineaux et linottes) , en un bec moins large
que la tête , ayant la mandibule supérieure foiblement cour-
bée , et l'arête qui s'avance sur le front, plus ou moins
exhaussée-, pour la quatrième (pinsons), en un bec conico-
cylindrique, dont les mandibules sont droites et terminées en
pointes aiguës; et pour la cinquième (tarins, chardonnerets,
sizerins), en un bec droit, conique, alongé et comprimé,
dont les mandibules ont les pointes très-aiguè's, et dont les
narines sont le plus souvent cachées parles plumes du front.
M. Vieillot a divisé ses fringilles en sept sections, et il a
assigné à chacune d'elles les caractères suivans:
1."^" Pointe du bec comprimée latéralement, plus ou moins
alongée , grêle et très-aiguë : ce sont les chardonnerets , les
tarins , etc.
a." Bec à pointe courte et peu aiguë, paroissant, lorsqu'on
le regarde en dessus, dilaté et un peu aplati près du capis-
trum. Les bengalis et les sénégalis.
3.' Bec un peu ovale , à pointe courte et un peu obtuse. Les
serins.
/j.* Bec à pointe un peu épaisse, légèrement inclinée et
obtuse. Les moineaux.
6.^ Bec parfaitement conique , à pointe un p'eu comprimée
et un peu aiguë. Les linottes.
6.* Bec plus fort que celui des linottes, plus ou moins
alongé, à pointe sans compression et un peu aiguë. Les
veuves et les pinsons.
FRI 401
y.'Bec presque aussi épaisque la tête, etsimplement pointu.
Les verdiers , ett;.
Quoique M. Vieillot ait écarté de ces sectionsles bouvreuils ,
les gros-becs et les chipius de M. d'Azara, il s'en faut de beau-
coup qu'il ait trouvé des données suffisantes pour y distribuer
tous les oiseaux de la nombreuse famille des fringilles, dont la
plupart portent , dans les divers ouvrages sur l'ornithologie , les
noms de moineaux, de pinsons, de linottes, de tarins, de sé-
rias, de bengalis, etc. Presque tous ces oiseaux ont été décrits
avec trop peu d'exactitude pour mettre à portée de recon-
noître chez eux l'existence ou l'absence des caractères parti-
culiers de chaque section, et l'auteur s'est contenté de le»
placer, sans ordre méthodique, à la suite de la septième.
M. Cuvier, en conservant la dénomination générale de
fringilla à sa famille des moineaux , a assigné pour caractères
communs aux oiseaux qui la composent , un bec conique plus
ou moins gros à sa base , et dont la commissure n'est pas angu-
leuse : il l'a ensuite subdivisée en tisserins , moineaux pro-
prement dits, pinsons, linottes et chardonnerets, veuves,
gros-becs, bouvreuils; et ces sous -genres sont caractérisés
ainsi qu'il suit :
Les tisserins, ploceus , Cuv. , ont le bec assez grand pour le»
avoir fait en partie classer parmi les cassiques ; mais sa com-
missure droite les en distingue , et d'ailleurs la mandibule
supérieure est légèrement bombée.
Les moineauxproprement dits, pjrg-ifa, Cuv., ont le bec un
peu plus court, conique, et légèrement bombé vers la pointe.
Les pinsons, auxquels le nom générique /n'n.gt7/a est con-
sacré dans son acception restreinte , ont le bec un peu moins
arqué que les moineaux , et un peu plus fort et plus long que
les linottes.
Les chardonnerets et les linottes , réunis sous le nom de
earduelis, BrJss. , ont le bec exactement conique, sans être
bombé en aucun point; mais il est plus court et plus obtus
chez les espèces que Bechstein a désignées plus particulière-
ment sous la dénomination de linaria, M. Cuvier réunit encore
à ce sous-genre les serins et les tarins.
Les veuves , vidua, Briss. , qui ont le bec des linottes , quel-
quefois un peu plus renflé à sa base, ne s'y distinguent d'aile
17. 26
402 FRI
leurs que par l'alongcment excessif de plusieurs des plumes
de la queue dans les mâles ; et cette circonstance , qui ne peut
être considérée comme un caractère générique, adonné lieu à
M. Vieillot d'observer, contre l'opinion de divers naturalistes,
que les longues plumes dont il s'agit ne font partie des cou-
vertures de la queue que chez la veuve à épauk ttes , et sont ,
chez les autres, les pennes caudales intermédiaires.
Les grof<-hecs , coccothraustes , Briss. , ont aussi un bec exac-
tement conique, qui, après un passage graduel et sans inter-
valle assignable, ne diffère proprement de celui des linottes que
par son extrême grosseur. JM.Cuvier distingue des gros-becs,
sous la dénomination de piljius , quatre espèces étrangères-,
savoir : les Icxia grossa, canadensis , erjthromelas , et portori-
censis , dont le bec, aussi gros, est un peu comprimé, arqué
en dessus, et a quelquefois un angle saillant au milieu du bord
de la mâchoire supérieure.
Enfin, les bouvreuils, pyrrhuln, Briss., ont le bec arrondi,
renflé et bombé en tout sens.
On conçoit aisément qu'après tant de variations et d'incer-
titudes dans les tentatives essayées pour régulariser les cou-
pures du grand genre Fringilla , ce n'est pas le lieu d'en pro-
poser de nouvelles dans un ouvrage plutôt destiné à faire con-
noitre l'état actuel de la science qu'à y introduire des idées
systématiques, qui exigeroient un traité ex professa; et le
parti le plus convenable que l'on croie devoir adopter, dans
cette circonstance, à l'égard des fringilles, c'est de faire des
articles séparés de la plupart des divisions de M. Cuvier, en
renvoyant pour les bouvreuils au mot Gros-kec, au lieu de
loxie , et pour les chardonnerets au mot Linotte. (Ch.D.)
FRUNGUEL. (Ornith.) Ce terme, avec l'addition de mon-
tano , vernengo ou vernino, désigne , en italien, îe bouvreuil
ordinaire , loxia pyrrliula, Linn. (Ch. D.)
FRINGUELLO (Ornith.) , nom italien du pinson commun,
fringilla cœlebs, Linn. ( Ch. D.)
FRINSONE. ( Ornith.) Voyez Frisone. (Ch. D.)
FRIPIER , Phorus. {Conchjl.) M. Denys de Montfort a cru
devoir établir sous ce nom un petit genre particulier avec la
fripière ou le trochus conchyliophorus de M. de Roissy. Ses
caractères sont peu saillans. comparativement avec les toupies ,
FRT :4q^
rt consistent essentiellement en ce que la coquille est plus
écrasée ou déprimée, la spire carénée fortement à sa base, et
assez peu ombiliquée, si ce n'est dans le jeune âge, et surtout
parce qu'elle offre dans toute sa partie sapérieure des tracées
de l'agglutination des corps étrangers qu'elle s'atlache on ne
sait trop comment; l'ouverture est aussi fort transverse. La
singulière coquille qui sert de type à ce genre , et que
M. Denys de Montfort nomme le fripier agglutinant, trochus
agglutinans , est plus connue sous les noms marchands de
fripière, de maçonne, etc., à cause de la grande quantité de
petites pierres, de coquilles ou de morceaux de coquille
dont elle se recouvre, en les fixant à son têt d'une manière,
à ce qu'il paroît, assez solide. Elle est figurée dans de Born,
Mus. Vind., tab. 12, fig. 21, 22, et vient des mers d'Amé-
rique. La couleur de son têt est blanche, flambée de stries
brunes. Jamais, dit-on, elle n'offre la nacre qu'on trouve
dans toutes les espèces de cette petite famille. L'ombilic est
très-ouvert dans le jeune âge. C'est dans la pyrtie supérieure
et médiane de chaque tour de spire que sont attachés les corps
étrangers dont elle se recouvre , et qui sont , jusqu'à un certain
point, proportionnés à la largeur de la partie du tour. Quand
on les enlève , ceque l'on fait, à ce qu'il paroft, avec peine, on
voit une empreinte ordinairement assez peu profonde, par où
le corps étranger adhéroit. Il paroît que la nature de ces corps
étrangers varie suivant les localités où se trouve l'animal, et
ne détermine pas des espèces différentes. Ainsi, il y en a qui
ne prennent que de petits gàllets plus ou moins arrondis»
d'autres, des morceaux de coraux; d'autres, de petites co-
quilles entières, univalves ou bivalves; et d'autres enfin, des
morceaux de coquille seulement. Dans les individus que j'ai
vus, il m'a semblé que c'étoit toujours la même espèce de
corps; mais je ne voudrois pas trop généraliser cette obser-
vation. Je répète qu'on ignore an juste <?omment se fait cette
agglutination; mais il est probable qu'elle n'a lieu que lorsque
la substance delà coquille contient encore une grande quan-
tité de matière animale, et peut-être celle-ci est-elle plus
visqueuse que dans les autres animaux de ce groupe. Voyea
ToL'PiF.. (De B.)
FUIPIERE {Conchjl.) , nom donné par les niarclumds à'oh-
.6.
Ao4 FRI
Jets d'histoire naturelle à quelques coquilles du genre Toupie,
qui ont la faculté d'agglutiner autour de leur spire des corps
étrangers, comme de petites pierres, des fragmens de madré-
pores , des coquilles bivalves ou univalves. C'est le trochus
conchjiiopliorus. M. Denys de Montfort en a fait son genre
Fripier. Voyez ce mot. (De B.)
FRIQUET. (Ornith.) Espèce de moineau, fringilla mon"
tana, Linn. fCn. D.)
FRISCH. {Entom.) Linnaeus a donné ce nom d'un entomo-
logiste de Berlin à deux espèces d'insectes : la méiolonthe de
Frisch , qui est une espèce de petit hanneton à élytres pâles et
à tête et corselet noirs ; et la teigne, ou plutôt Valucite, que
jious avons indiquée tom. I , pag. 538 , sous le n.° 9. (C. D.)
FRISEUR D'EAU. (Ortiith.) On trouve , dans les Voyage»
deDampier , édit. de Rouen, 17 i3 , tom.iv, p. 85, au nombre
des oiseaux qu'il a vus aux Terres australes, cette dénomina-
tion , qui paroît s'appliquer à une espèce de pétrels, impro-
prement appelés pintados , et qui, volant en troupes, semblent
en quelque sorte balayer Teau. ( Ch. D.)
FRISONE. ( Ornith.) L'oiseau qui, suivant Olina, Uccellaria,
p. 37 , porte en Italie ce nom et celui defrosone, est le gros-
bec, loxia coccothraustes , Linn. On l'appelle, dans le Piémont,
frisoun- et le nom àefrinsone est rapporté par Bufifon au ver-
dier, loxia chloris , Linn. (Ch. D.)
FRITAN ou Friton. (Ichthjol.) Rondelet dit que de son
temps on nommoit ainsi à Lyon un petit poisson de rivière,
dont la chair est d'une fort bonne saveur j mais il donne très-
peu de détails à son sujet. (H. C.)
FRITILLAIRE (Bot.), Fritillaria, Linn. Genre de plantes^
monocotylédones , de la famille des liliacées , Juss. , et de
Ybexandrie wonogjnie ^ Linn., qui a pour caractères: Une
corolle campanulée , dépourvue de calice, et formée de six
pétales ovales - oblongs , creusés à leur base interne d'une
fossette nectérifère; six étamines à filamens ordinairement
plus courts que le style, et portant des anthères oblongues ; un
ovaire supérieur, oblong, trigoue, surmonté d'un style trifide ,
et terminé par trois stigmates obtus ; une capsule à trois ou
six angles , à trois valves , à trois loges contenait chacune des
graines aplaties, disposées sur deux rangs.
FRI 40^
Le nom de ce genre vient de la comparaison qui a été faite
de la forme de ses fleurs avec celles d'un cornet à jouer aux
dés, en latin fritillus.
Les fritillairessont des plantes herbacées, à feuilles simples ,
alternes, quelquefois paroissant opposées ou même verticillées ,
et à fleurs terminales, pendantes, d'un joli aspect. On cit
connoît une douzaine d'espèces, qui sont, les unes indigènes
de l'Europe, les autres originaires de la Perse, du Levant, ou
des montagnes du Caucase.
Fritillaire impériale : vulgairement Couronne impériale j
Fritillaria imperialis , Linn. , Spec. , 435 ; Tusai, sii'e Liliumpevsi-
cum, dus., Hist., 127,128. Sa racine est une bulbe arrondie ,
quelquefois de la grosseur du poing , laquelle donne naissance
à une tige droite , simple , haute de deux pieds ou enviroii ,
garnie, dans sa partie inférieure et moyenne, de feuilles li-
néaires-lancéolées, nombreuses, d'un beau vert, éparses,mais
rapprochées par cinq à six les unes des autres, de manière à
paroître former plusieurs verticilles. Ses fleurs sont grandes,
le plus souvent d'un rouge safrané, quelquefois jaunes, ou de
diverses nuances entre ces deux couleurs, pendantes, pédon-
culées, disposées en couronne, au nombre de quatre à dix ,
au-dessous d'une touffe de feuilles qui termine la tige. Cette
plante est originaire de la Perse , selon les uns, et de la Thrace ,
selon d'autres ; elle a été transportée de Constantinople à
Vienne en Autriche, où Clusius paroît l'avoir cultivée le pre-
mier, vers 1 670. Depuis cette époque, la beauté de ses fleura
l'a fait multiplier et répandre dans tous les jardins de l'Europe^
où elle a donné par les semis beaucoup de variétés. Elle fleurit
de bonne heure, à la fin de mars ou au commencement d'avril;
elle fait alors pendant quinze jours un magnifique effet dans
les parterres; mais c'est dommage qu'elle exhale une odeur
vireuse et fétide qui ne permet pas de la placer ailleurs qu'au
milieu d'un jardin ; et encore ne faut-il pas qu'elle y soit trop
multipliée, car elle infecte Pair d'une manière désagréable,
et peut-être dangereuse. Ses bulbes , qui ont une odeur
analogue à celle des fleurs, ont beaucoup d'àcreté, et sont
très-malfaisantes. Dans les expériences que M. le docteur
Orfila a faites avec elles sur des chiens ^ il a donné la mort
à ces animaux en leur en faisant avaler»
4<'5 FRÎ
La couronne impériale est depuis long- temps acclimatée
rians nos jardins, où elle croit en pleine terre, sans exiger de
soins particuliers. 11 est bon de la laisser en place plusieurs
années de suite , parce qu'elle n'aime pas à êti*e remuée.
Lorsqu'on la relève pour séparer ses caïeux, il faut que ce
soit seulement tons les trois à quatre ans, au mois de juillet,
lorsque sa tige estentièrement desséchée, et il faut la replanter
le plus tôt possible, parce que, lorsqu'on la tient long-temps
hors de terre, elle est sujette à ne pas fleurir au printemps
suivant; ses bulbes peuvent cependant rester trois à quatre
mois hors de terre sans que cela leur fasse d'autre tort.
. l-'aiTiiXAiRE DE PEasE : Filtillaria persica , Linn., Spec, 406 ;
Lilium susianum, dus. ,Hisl.,, 1 3o. Sa racine est une bulbe
arrondie, presque solide ; elle produit une tige droite, haute
d'un pied et demi à deux pieds, garnie de feuilles linéaires-
lancéolées, d'un vert glauque, obliques, nombreuses, et rap-
prochées les unes des autres. Cette tige est terminée par une
longue grappe de fleurs assez petites, et d'un violet obscur.
Cette espèce passe pour être originaire de la Perse; et c'est
dcSuze, selon Clusius, qu'elle fut d'abord transportée àCons-
tantinople , et par la suite envoyée de cette ville à Vienne , où
ce botaniste commença à la cultiver en même temps que la,
couronne impériale. Depuis ce temps, elle s'est répandue,
comme celle-ci, dans les divers jardins de l'Europe ; mais,
comme ses fleurs sont sans éclat, elle y est beaucoup moins
commune. Elle fleurit en avril, et se cultive d'ailleurs comme
la précédente.
Fritillaire des Pyrénées ; Fritillaria pjrenaica , Linn. , Spec,
456. Sa bulbe est petite, un peu comprimée ; elle produit une
tige simple, haute de six à dix pouces, garnie de quelques
feuilles linéaires, dont les inférieures sont opposées ; cette tige
est terminée par deux à quatre fleurs pendantes, mêlées de'
violet, de verdàtre et de brun. Cette plante croît naturelle-
ment dans les Pyrénées, dans les Alpes et en Russie. On la
cultive dans quelques jardins ; elle exige les mêmes soins que
la suivante.
Fritillaire méléagre , ou Fritillaire damier : Fritillaria melea-
gris, Linn., Spec, 436 ; Herb. de l'Amat., vol. i , pi. , 65. Ses
feuilles sont toutes alternes, et ses tiges ne portent le plus
FRI 407
souventqu'uneffeur, quelquefois deux, dont les pétales, dans
Ja plante sauvage, sont d'un violet brun, panachées de petites
taches blanchâtres, distribuées par petits carreaux en forme
d'échiquier ou de damier. Cette espèce n'est pas rare dans les
pâturages humides delà France et de l'Europe. Ses jolies lleurs
l'ont fait depuis long-temps transporter dans les jardins, où
les fleuristes en ont obtenu plusieurs variétés. Elle deuritàla
fin de mars ou au commencement d'avril. Il tant la planter
dans un terrain gras et frais, et ne pas la remuer souvent.
Quand on la déplante à la lin de juin ou dans le. courant
de juillet, on ne doit pas tarder à la remettre en terre, parce
que ses bulbes se dessèchent quand elles restent trop long-
temps exposées à l'air.
Fritillaire involucrbe ; Fritillaria inf olucrata , All. , Auct^
ad FI. Ped. ,34. Cette espèce diffère de la précédente en ce que
ses trois feuilles supérieures sont rapprochées de manière à
former une sorte d'involucre autour de la fleur, qui est d'un
vert brunâtre. Elle croit dans les montagnes du Piémont.
Fritillaire verticillée; Fritillaria verticillata, Willd., Spec,
2, p. 91. Ses feuilles sont linéaires-lancéolées, sessiles, dispo-
sées quatre à cinq ensemble par verticilles. Ses fleurs res-
semblent à celles de la fritillaire méléagre , et terminent la
tige au nombre de deux à six. Cette plante croit en Sibérie et
sur le mont'Caucase.
Fritillaire flvetib; Fritillaria tenella, Marsch., Flor.Caucas.,
1, p. 269. Sa tige est grêle, chargée d'environ six feuilles
linéaires, dont les deux supérieures sont opposées, et elle est
terminée par une seule fleur panachée , moitié plus petite que
celle de la fritillaire méléagre. Cette espèce a été trouvée sur
le Caucase par M. Marschall.
Fritillaire a feuilles larges; Fritillaria latifolia, Marsch.,
Flor.Caucas., 1, p.aGg. Sa tige, haute d'un pied au plus, est
nue dans sa moitié inférieure, ensuite chargée de cinq à six
feuilles rapprochées, dont les inférieures sont lancéolées, et
les supérieures linéaires -lancéolées, opposées; cette tige est
terminée par une fleur assez grande et- panachée. Cette plante
croit sur les hautes mont;igaes du Caucase.
Fritillaire jaune; Fritillaria lulea, Marsch., Flor. Caucas.^
1 , p. 1^69. Celle-ci a le port et presque la grandeur de la pré-
408 FKOE
cédente; mais ses feuilles sont plus étroites, les supérieures
moins longues, toutes alternes, et plus courtes que la fleur,
qui est terminale , solitaire, de couleur jaune. Elle croit dan*
les mêmes lieux.
Fritillaire a feuilles de tulipe ; Frilillaxia tulipifolia , Marsch. ,
Flor. Gaucas., i, p. 270. Toute cette plante est glauqire; ses
feuilles sont lancéolées, alternes, écartées ; sa tige est nue
dans sa partie supérieure , et terminée par uneseule fleur d'un
pourpre tirant sur le jaune, sans aucune panachure. Elle croit
sur le Caucase.
Fritillaire kera'euse; Fritillaria nervosa, Willd., Enum.y 2 ,
p. 5C4. Sa tige, haute d'un pied et demi, est garnie de feuilles
linéaires, alternes, d'un vert foncé, chai-gées d'une forte
nervure , et elle est terminée par une seule fleur d'un pourpre
très-foncé.
Fritillaire a feuilles pe plantain ; Fritillaria plantaginifolia ^
Lamk.jDict. enc, 2, p. 55o. Dans cette espèce, les feuilles radi-
cales sont pétiolées , ovales, ou ovales-arrondies, à nervures
parallèles et convergentes ; celles de la tige sont lancéolées,
alternes, sessiles ou semi-amplexicaules ; la tige est simple,
haute d'environ un pied, et terminée par une seule fleur.
Cette plante a été trouvée dans le Levant par Tournefort.
(L.D.)
FRITTE. (Chim.) Mélange des matières employées à faire
le verre ou le cristal, qui a été exposé h une température
insuffisante pour opérer la vitrification , mais suffisante pour
opérer un commencement d'action chimique entre les corps
du mélange. L'opération de fritter, ou lefrittage, étoit plus
fréquemment pratiquée autrefois qu'aujourd'hui. Elle avoit
pour objet de brûler les corps organiques qui pouvoient se
trouver dans le mélange, et de produire un commencement
de combinaison. (Ch.)
FRIZOLES. (Bot.) Dans quelques cantons de l'Espagne, au
rapport de C. Bauhin , on nomme ainsi quelques espèces de
haricot, phaseolus. Césalpia dit qu'ils sont nommés phasilus
dans la Toscane. (J.)
FRŒLICHIA. {Bot.) Wulf nommoit ainsi un genre de
plantes cypéracées, qui est Veylna de Schrader, le kohresia
de "Willdenow. La majorité des botanistes ne s'est pas encoïc
FROE 409
déterminée sur le choix de l'un de ces deux derniers noms.
Celui de Willdenow est écrit cobresia par Persoon. On trouve
dans les ouvrages de Moench un auttefrœlicliia de la famille
desamarantacées, qui est le gomphrenainterrupta, remarquable
par son calice tubulé, et non à cinq divisions profondes,
comme dans les autres gomphrena. Un troisième fralichia
établi par Vahl, adopté par "VVilldenow et par Persoon, et
décrit ci-après , appartient à la famille des rubiacées , et vient
à la suite de l'ixora. (J.)
FRŒLICHIA. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, k
fleurs complètes, monopétalées, régulières, de la famille
des rubiacées, de la tétrandrie moreogjj'nie de Linnœus, offrant
pour caractère essentiel : Un calice supérieur à quatre dents ;
une corolle tubulée ; quatre étaraines; un style surmonté de
deux stigmates; une baie sèche, monosperme; les semences
arillées.
Ce genre avoit été d'abord établi par Vahl sous le nom de
lillardiera , qui a été appliqué par M. Smith à un autre genre.
(Voy. BiLLARDiERA.) Willdenow y a substitué celui de frceli-
chia, employé par Wulf, et pour une des divisions du genre
Carex , qui porte aujourd'hui le nom de cobresia. Il ne com-
prend qu'une seule espèce.
Frœlichia paniculée : Frœlichiapan'iculata , "WiHd. , Spec, 1 ,
pag. 607 ; Billardiera p articulât a, Vahl, EgL, 1, p. i3, tab. 10.
Arbrisseau peu élevé, dont les rameaux sont glabres, tétra-
gones, comprimés à leur sommet, revêtus d'une écorce cen-
drée. Les feuilles sont opposées, pétiolées, glabres, elliptiques,
alongées, veinées, longuement acuminées , longues de cinq
à six pouces; les pétioles longs d'un pouce, munis de deux
stipules très-courtes, caduques, arrondies , acuminées. Les
fleurs soiit disposées en un panicule terminal ; les pédon-
cules solitaires, quelquefois ternes, longs de trois à quatre
pouces, de couleur purpurine ; les ramifications opposées,
trichotomes, chargées de trois à cinq fleurs médiocrement
pédicellées. Le calice est persistant ; la corolle épaisse , longue
de six lignes; son limbe partagé en quatre découpures linéaires-
lancéolées , étalées, unpeu recoîirbées ; l'ovaire inférieur; le
style surmonté de deux stigmates un peu épais. Le fruit con-
siste en une baie presque sèche, dure, subcreuse, un pou
4TO FRO
cornprimëe , longue d'un demi -pouce, renfermant une se-
mence arillée. Cet arbrisseau a été découvert dans Tilc de la
Trinité. ( Poir. )
FROGLO. (Bot.) On lit dans le Recueil des Voyages, que
c'est l'arbre de ce nom, commun daus la région de Sierra-
Leona , en Afrique, qui donne le fruit nommé cola, men-
tionné dans le dixième volume de ce Dictionnaire. M. de
Beauvois nous a appris qu'il appartenoit au genre Sterculia.
Voyez Cola. (J.)
FROID. (Chim.) C'est le terme corrélatif de chaud. Toute
température qui est inférieure à une autre, est le froid par
rripporf à celle-ci. (Ch.)
FROID ARTIFICIEL. (Chim.) Lorsqu'un solide se liquéfie,
ou qu'un liquide se réduit en vapeur, ou observe en général
qu'une quantité notable de chaleur se fixe dans le curps qui
change d'état, sans en élever la température. C'est ce que Klack
a démontré le premier. Lorsqu'on met en contact un solide
avec un liquide, ou deux solides ensemble, il peut arriver,
dans le cas oîi les corps ont une grande action mutuelle, qu'il
y ait liquéfaction, et même production d'un fluide élastique,
avec an dégagement notable' de chaleur. Mais, si Ton mêle
avec un liquide, deux solides ou un solide qui, n'étant pas
doués de cette grande énergie, ont cependant assez d'action
mutuelle pour produire rapidement un composé liquide, alors
le phénomène observé par Clack dans la liquéfaction a lieu,
et il est possible , en mêlant des corps qui sont dans le cas dont
nous parlons, de donner lieu à un abaissement de tempéra-
ture qui n'est limité qu'au degré où le composé liquide est sus-
ceptible de se congeler. De pareils mélanges ont été appelés
frigorifiques. D'un autre côté, si un liquide s'évapore rapide-
ment, il y aura un abaissement de température dans les corps
quiseront en contactavec lui , et dans la masse même du liquide
qui ne sera point évaporé. C'est l'abaissement de température
produit par des mélanges frigorifiques , ou par l'évaporation
d'un liquide, qu'on a appelé /roid artificiel. On peut encore
regarder comme tel l'abaissement de température produit par
l'expansion d'un gaz qui, coercé dans un espace, vient à
éprouver plus ou moins subitement une grande augmentatioa
de volume.
FRO 4ït
A. Froid produit par des mélanges frigorifiques .
Nous allons présenter trois tables dé mélanges frigorifiques
qui se trouvent dans l'ouvrage de Thomson, et qui sont par-
ticulièrement formées d'après les expériences de Walker et
de Lovvilz.
TABLE I."
Mélanges fri§onfiijucs sans glace.
Panlcs
Abaissement
du llierraomètre, Degré'»
échelle centigrade, du froid produit
de -\- lo'
de + 10°
de + io°
de + lo'^
de 4-
de +
1 6° 26
— i6»
[QO à 19**.
— 23°.
Hydrocliloraled'ammoniaque. 5
ISitrate de potasse 5
tau ï6
Hydrochlorated'ammoniaque. 5
IS'ilrale de potasse 5
Sulfate de soude 8
Eau 16
Nitrate d'ammoniaque
Eau
Nitrate d'ammoniaque
Carbonate de soude
Eau
Sulfate de soude 3
Acide nitrique étendu 2
Sulfate de soude G
Hydrochlorate d'ammoniaque. 4
Nitrate de potasse 2
Acide nitrique étendu 4
Sulfate de soude 6
Nitrate d'ammoniatiue 5
Acide nitrique étendu 4
Phosphate de soude 9
Acide nitrique étendu 4
Phosphate de soude 9
Nitrate d'ammonia(|ue b
Acide nitrique étendu 4
Sulfate de soude 8
Acide iiydrochloritiue 5
Sulfate de soude 5
Aride sulfurique étendu 4
N. B. Si les substances éloicnt mêlées ensemble à une température
plus élevée que celle exprimée dans cette fable ^ l'effet seroit propor-
tionnellement plus grand. Si, par exemple , le plus puissant de ces
mélanges avoit lieu à -f- So*^ cenlig., le thermomètre s'abaisseroit
à — 170 cent.
de
+
10°
à
—
26"
de
+
10°
à
-
24°
de
+
100
à
-
290
de
+
IQO
à
-
180
de
-U
lO"
à
160
25
3a
29
33
36
39
28
26.
^'^ FKO
TABLE II.
Mélanges frigorifiques avec glace.
Abaissement
Mélange». Part.es. échelle centigrade, dn fru.d produit.
Neige OU glace pile'e 2. )
Chlorure de sodium i i £ ^ — ^°° *>
Neige ou glace pilée 5 1 |
Chlorure de sodium 2 > l, à -^ 2''*'
Hydrochicrate d'ammoniaque, i S t. ~*
Neige ou glace pile'e 24
Chlorure de sodium ïo v 5
Hydrochlorate d'ammoniaque. 5 i ^ ^ — ^
Nitrate de potasse 5
Neige ou glace pile'e 12 ) s
Chlorure de sodium 5 l S, j, 3^0
Nitrate d'ammoniaque 5 j '" "
Neige 3 ^
Acide sulfurique e'tendu.. . '. . ! 2 ( de o à — So» 3o
Neige S/j
Acide hydrochlorique étendu. 5 \ de o a -• SS» 33
Neige 1 } A
Acide nitrique étendu 4 ( de o à — 34° 3^
Hydrochlorate de chaux!.' .*.'.*.* 5 j «^e o à — 400 ^q
Neige.... 2 )
Hydrochlorate de chaux....'.'.' 3 j 'le o à — 45° 45
Neige 3 \
Potasse ." .* /^ \ de o à — 46° 46
TABLE III.
Combinaisons de mélanges frigorifques.
Abaissement
„„ du iberinoraiître, Tifrii
Mélange,. Parties. écLelle centigrade! du froid^roAiit.
Phosphate de soude 5 )
Nitrate d'ammoniaque. 3 } de — 32° à — 36° L
Acide nitrique étendu 4 • * ^
Phosphate de soude 3
Nitrate d'ammoniaque 2 Wîe — 36° à — 46°
Acides méJangés étendus.
^eige 3 <
Acide nitrique étendu 2 \ "e — 02 3—43° ic
^^îf ••.••.■ 8 )
Ac,de nitrique étendu 3 I g l de - aa» à - Go». . . . 37
Acide sulfurique étendu.. 3 j (
Y KO 4'3
Ncîge. ..... . ' ( de - 70 à - 5.O.... 44
Acide suliunque étendu i ) ' ^^
ïï''f • V." -Va"1 l\ ^^- 7° à - 44°- • • • 37
H}droc.hlorate de chaux 6 ) ' ^' '
i/T' "ùf "V'À"i / ! de - 120 à - 4S°. ... 36
li^drochlorate de chaux 4 '
PsVise. ? ! de - 9oà-55^...46
llydrochlorate de chaux 6 \ "^ ^
^''■>Se 1 ^ lie _ 320 à — 5 ;° 22
Hydrochlorate de chaux 2 \ t ' '
Neige.. I ( de — 4«° à - 58°.... i3
(drochlorale de chaux o ' ^
N(
Iljdrochlorale de chaux 3 \
... ,>•••■■••■;•■»• ^ ! de - 550 à _ 64°. . . . i3
iVnde sulfmi!]ue ctendii 10 \ ^
B. Froid produit par fèvaporatlon d''un liquide.
Plus l'évaporafion est rapide, plus le corps qui s'évapore
absorbe de chaleur dans un même temps, et plus la tempé-
rature à laquelle la vapeur s'est formée est basse ; plus le froid
produit est grand.
Comme la rapidité avec laquelle un liquide s'évapore
dépend de sa tension , toutes choses égales d'ailleurs , l'on
devra choisir, pour se procurer du froid par évaporalion ,
les liquides qui auront le plus de tension à la température
ordinaire ; l'on devra faire l'évaporation dans l'espace le plus
étendu possible, parce que ^a quantité de vapeur formée est
en raison de l'espace pour un même liquide pris à la même
température; et plus cet espace approchera du vide, plus
l'évaporation sera rapide, parce qu'on sait que des particules
gazeuses s'opposent mécaniquement à l'émission de la vapeur.
Faisons l'application de ces vues à la production du froid
par l'évaporation d'un liquide.
On placera sous le récipient d'une bonne machine pneuma-
tique une capsule contenant une trentaine de grammes d'eau ;
on placera au-dessus d'elle une autre capsule très-évasée,
contenant 5oo ^' d'acide sulfurique d'une densité de 1 , 85 :
on fera le vide. L'eau contenue dans la première capsule
entrera en ébullition , et, quelques minutes après, elle se
congèlera.
Il est évident que le froid résulte de ce que dans un court
espace de temps il y a beaucoup de vapeur d'eau formée, et
4i4 FRO
que la rapidité avec laquelle l'évaporation d'une assez grande
quantifé de liquide s'est faite dans un espace très-limité ,
dépend, i.° du vide ; :^.'' de l'action de l'acide sulfurique qui ,
absorbant continuellement la vapeur d'eau qui le touche,
occasionne une émission continuelle de vapeur. Les causes
qui tendent à affoiblir cette évaporation , sont, i.° le refroi-
dissement de la portion d'eau non évaporée; 2. "la combinaison
de l'acide sulfurique avec l'eau.
On peut, au lieu d'acide sulfurique , faire usage d'un corps
solide , poreux , bien sec , qui ait une grande disposition à
absorber la vapeur d'eau, tels sont le trapp porphyrique en
décomposition, pulvérisé et bien sec; la terre des jardins,
tamisée et séchée au four.
Si on fait congeler successivement plusieurs couches d'eau
sur la boule d'un thermomètre, et si on le place ensuite dans
le vide desséché par l'acide sulfurique, on observera que le
mercure descendra jusqu'à 40 degrés, à cause de l'évaporation
de la glace.
En exposant à l'action simple du vide un thermomètre à
mercure d'une petite masse, et dont la boule aura été couverte
de sulfure de carljone dont la tension à 4G degrés égale celle
de l'eau à 100 degrés, le froid sera assez grand pour congeler
le mercure.
C. Froid produit par la dilatation des gwz.
M. Gay-Lussac est le premier physicien qui, à notre con-
noissance, ait porté son attention sur le froid qu'on peut pro-
duire en réduisant subitement à la simple pression de l'atmos-
phère un gaz doué d'une grande capacité pour le ealorique,
dont le volume auroit été préalablement comprimé par vingtr
cinq, cinquante, cent atmosphères.
M. Gay-Lussac a imaginé de démontrer dans ses cours la
production du froid par la dilatation des gaz, au moyen d'une
expérience qui est imitée de celle qu'on fait dans les mines de
Schemnilz. M. Gay-Lussac introduit dans un vase en cuivre de
trois litres environ de capacité, une quantité d'air dont le res-
sort est celui qu'il auroit s'il étoit soumis à la pression de deux
ou trois atmosphères ; il laisse ensuite échapper l'air par'un
tube très-court, armé d'un robinet 5 il expose au courant du
FRO 4i5
gaza 7 centimètre de l'orifice du (ube, une boule de verre
très-mince : au bout de quatre à cinq second<îs , il y a un
mamelon de glace dans l'endroit qui a été frappé par le
courant d'air. Rien de plus facile à expliquer que la for-
mation de la glace : l'air qui sort du vase de cuivre est saturé
de vapeur d'eau ; dès qu'il est hors de ce vase , il se dilate ; en
se dilatant, il SG- refroidit assez pour que la vapeur d'eau qu'il
contient se congèle.
M. Gay-Lussac pense que le froid produit par la dilatation
des gaz est tout-à-fait illimité. (Ch.)
FROLE {Bot.), nom vulgaire du chèvre -feuille desAlpe»
dans quelques cantons. ( L. D.)
FROMAGE. (Chim.) Cylindre court , en argile cuite , qui sert
de support aux creusets que l'on met dans des fourneaux. (Ch.)
FROMx\GE FUR ou Caseum. (Chim.) Principe immédiat
du lait , qui fait la base des fromages.
Il est composé, suivant MM. Gay-Lussac etThénard:
Oxigèue 1 1,409.
Azote 2i,58i.
Carbone 59,781.
Hydrogène 7j^'^S'
Extraction. Le procédé que l'on suit généralement pour se
procurer du fromage, consiste à exposer du lait dans un lieu
dont la température est d'environ i5 degrés; à enlever la
crème qui se sépare à sa surface j ensuite à abandonner le lait
écrémé à lui-même, jusqu'à ce que le fromage soit coagulé;
eniin à laver le caillé avec de l'eau distilée. Nous ne pensons
point que ce procédé donne le fromage pur : il est probable que
le fromage retient de l'acide lactique, et même de la matière
butireuse.
Quelques auteurs ont indiqué le procédé suivant pour se
procurer le fromage à l'état de pureté :
On met dans du lait écrémé, non caillé, un peu d'un acide
minéral, ou d'un acide végétal; on fait chauffer: le fromage
se coagule. On en obtient moins avec un acide minéral que
dans le cas où l'on a employé un acide végétal, parce que,
suivant Schèele, le fromage est soluble dans les acides miné-
raux ctendiis , tandis qu'il ne Test pas. ou presque pas dans
les acides végétaux.
/îi(i F'RO
Propriétés. Il est opaque et bhinc quand il contient de l'eau
interposée; il est demi-transparent et d'un jaune léger, quand
il a été séché à l'air. 11 est plus dense que l'eau. Il n'a ni odeur
ni saveur bien sensibles.
Le fromage coagulé par un acide minéral, a une acidité
sensible aux réactifs colorés. Il est insoluble dans l'alcool. Il
ne cède presque rien à l'eau bouillante ; ce qui prouve qu'il
est dans un état différent de celui où il étoit dans le lait.
Schéele a observé qu'une partie de fromage récemment
précipitée et non sèche, mise avec huit parties d'eau acidulée
par un acide minéral, est dissoute à la température où le
liquide mixte entre en ébullition : cette dissolution est pré-
cipitée par les acides minéraux concentrés, par la potasse et
l'eau de chaux -, mais un excès de ces alcalis redissout le
précipité.
Les acides végétaux ne dissolvent pas ou presque pas le
fromage, ainsi que nous l'avons dit. '
Les eaux de potasse, de soude, d'ammoniaque et de chaux
même , suivant Schèele , dissolvent le fromage. Ces dissolutions
sont précipitées quand on neutralise l'alcali par un acide. La
précipitation est accompagnée d'un dégagement d'odeur sul-
fureuse très-marquée.
Les substances astringentes précipitent le fromage du lait,
» en s'y combinant: plusieurs sels, la gomme, le sucre, le pré-
cipitent également; mais il paroît que c'est en s'emparant de
l'eau de dissolution.
Le fromage distillé se fond , pétille, se boursoufle, noircit,
et donne lieu à un dégagement d'acide carbonique, d'hydro-
gène carburé , d'oxide de carbone ; à de l'azote ; à de
l'hydrocyanate , à de l'hydrosulfate et à du sous-carbonate
d'ammoniaque ; à de l'eau ; à des huiles jaunes et brunes ; à
de l'acide acétique qui s'unit à de l'ammoniaque ; à un char-
bon très -difficile à incinérer, qui contient une quantité
notable de phosphate de chaux.
Nous parlerons , à l'article Lait, de l'espèce de fermentation
qu'éprouve le caillé du lait.
Siège. Le fromage n'a jusqu'ici été trouvé que dans le lait; et
une fois il a été indiqué par Cabal dans l'urine d'un malade.
Vsage.ll est un des principes lesplus nourrissans du lait. (Ch.)
FRO 417
FROMAGEON (Bot.) , nom vulgaire de la mauve sauvage.
{L.D.)
FROMAGER, Bombax. ( Bot,) Genre de plantes dicotylé-
dones, à fleurs complètes, monopétalées, régulières , de la
famille des malvacées , de la monadelphie poljandrie de Lin-
îiaeus , offrant pour caractère essentiel : Un calice campanule ,
à cinq lobes 5 une corolle polypétale, quelquefois monopé-
tale, à cinq divisions très^profondes ; étamines en nombre
indéfini ( cinq et plus) ; les filamens réunis en anneau à leur
base; un ovaire supérieur; un style; le stigmate en tête, à
cinq lobes très-courts. Le fruit consiste en une capsule assez
grande, à cinq loges, à cinq valves presque ligneuses; les
semences nombreuses, enveloppées d'un duvet lanugineux,
attachées à un placenta central.
Le caractère le plus saillant de ce genre consiste dans un.
calice simple , dans le fruit à cinq loges , et surtout dans les
semences enveloppées d'un duvet plus ou moins long. On en
a retranché le bombax pjramidale , Cavan. , qui est muni d'un
double calice (voyez Ociiroma) ; le bombax grandiflorum ^
Cavan., dont les filamens. sont rameux. Le fruit a une seule
loge, que Willdcnow, sous le nom de carolinea , a réuni au
genre Pachira d'Aublet. ( Voyez ce mot.)
Les fromagers sont remarquables par la grandeur et la
beauté de leurs fleurs, par la grosseur de leurs fruits. Ils
renferment des arbres dont le tronc est revêtu d'une écorce
lisse ou épineuse, quelquefois subéreuse ; les feuilles sont
alternes , digitées ou lobées; les fleurs la plupart axillaires,
fasciculées, ou en grappes terminales. On ne cultive dans les
jardins de botanique , à Paris au Jardin du Roi , qu'une seule
espèce de fromager, bombax ceiba- ce n'est, dans nos serres
chaudes, qu'un chétif arbrisseau, que l'on multiplie de bou-
tures faites dans des pots sur couche et sous châssis , ou de
graines venues de leur pays nafal.
Les principales espèces de ce genre sont :
Fromager îentandre : Bvmbax pentandrum , Lian. , Spec. ; Ca-
v^n. , Diss., 5, pag. 293 , tab. i5i ; Lamk., III. géra., tab. 687 ;
Jacq. , Amer., tab. 176, fig. 70 : Eriophoros javana, Rumph ,
Amb., j, tab. 80; Fania paniala , Rhéed. , M alab., 3, tab. 49 ,
5«, 5i ? Arbre de trente à quatre-vingts pieds, dont le bois
17. 27
4iS FRO
est léger, très-cassant ; les branches pendantes ;récorce ver-
dàtre, facile à séparer , souvent parsemée de gros tubercules
coniques, épineux. Les feuilles sont digitées, composées de
sept à neuf folioles lancéolées, entières ou dentées en scie ,
aiguës, d'un vert gai en dessus, cendrées en dessous ; les pé-
tioles 4rès-longs; les fleurs axillaires, fasciculées; la corolle
blanche; ses divisions longues d'un pouce, veloutées en de-
hors , d'un rose tendre , et concaves en dedans ; cinq fila-
niens soutenant chacun deux ou trois anthères arquées et en-
tortillées entre elles. Le fruit est long d'un demi-pied, pré-
sentant la forme d'un concombre très-rétréci vers sa base ; les
semences de la grosseur d'un pois, ovales-aiguës^ envelop-
pées d'une grande quantité de duvet semblable à du coton.
D'après Jacquin , on voit des épines énormes dans la partie
supérieure des vieux troncs.
Cet arbre croît dans les deux Indes, et particulièrement
à l'île de Java, où il est très-commun. Rumph rapporte que
les habitans de cette ile forment, avec le duvet cotonneux qui
enveloppe les semences, dts coussins et autres meubles,
presque aussi mous que ceux faits avec des plumes; que ce
duvet s'entasse bien moins que le coton , quand il a été bien
battu , mais qu'il est trop court pour être filé. Le même au-
teur ajoute que beaucoup de personnes en recherchent les
semences , et les mangent crues , ou un peu torréfiées ; qu'elles
fournissent un assez bon alimeut dune saveur agréable, mais
dont l'excès occasionne la dyssenterie; que les femmes em-
ploient les jeunes feuilles de cet arbre pour donner plus de
souplesse à leurs cheveux, qu'elles nourrissent et font pousser
en plus grande abondance. Le bois sert à faire des pieux, des
palissades pour séparer les habitations, et même des haies
bientôt formées par la rapide végétation de cet arbre.
Fromager à fleurs laineuses; Bomhax erianlhos ^ Cavan. ,
Diss., 5, pag. 294, tab. i52, fig. 1. Cette espèce, très-rap-
prochée par ses feuilles de la précédente, en diffère essen-
tiellement p^r les organes sexuels. Son tronc est très - épi-
neux ; ses feuilles très-glabres, à sept digitations, terminé^
par un filet particulier. Le calice est court, très-large; la
corolle blanche , longue de trois pouces, couverte en dehors
d'une laine courte, épaisse; les découpures profÉ>ndes. cou-
FRO 419
caves, arrondies à leur extrémité ; le tube des filamens,long
d'un pouce, en forme de bouteille, divisé ensuite en cinq
filamens, sou,tenant chacun une anthère longue, linéaire, à
deux sillons, accolée dans toute sa longueur à la partie su-
périeure des filamens. Cet arbre croît au Brésil.
Fkomager à SEPT FEUiLLiiS : Bombux heptuphjUum , Linn. ; Ca-
vau. , Diss., 6 , pag. 296 ; Pluken., Almag. , tah, i88,fig. 4;
Moulelavou , Rhéed., Malab. , 3, tab. 52. Cet arbre croît éga-
lement dans les deux Indes : il s'élève à la hauteur de cin-
quante pieds, ayant quelquefois jusqu'à six pieds de dia-
mètre à sa base. Son bois est mou , fragile et léger ; son
écorce épaisse , cendrée , munie d'épines caduques ; les feuilles
digitécs , ordinairement composées de sept folioles; les fleurs
sont grandes, nombreuses, très-belles, odorantes, à cinq di-
visions épaisses, très-profondes, alongées , tomenteuses en
dehors; le tube des étamines très-court, partagé en cinq
corps qui donnent naissance à un nombre prodigieux de fila-
mens rougeàtres , plus courts que la corolle, soutenant des
anthères mobiles et réniformes. Le fruit est alongé, de la
forme d'un concombre.
Je soupçonne que c'est de cet arbre, et non du suivant,
que parle Adanson : il porte au Sénégal le nom de henten ,
et aussi celui de ceïba. Il croît depuis le Sénégal jusqu'au
Congo : on fait avec son tronc des pyrogues de huit à douze
pieds de large, sur cinquante à soixante pieds de long, ca-
pables déporter deux cents hommes, et du port ordiuaire
de vingt-cinq tonneaux ou cinquante mille pesant.
FrOxMager ceïba: Bombax ceiba, Linn. ,Spec.; Cav. , Diss., 5,
pag. 2C)(S , tab. 162 , fig. 2 : Bombax quinalum . Jacq., Amer. ,
192 , tab. 176 , fig. 71 ; vulgairement Ceïba. Le tronc de cet
arbre est très-épineux ; ses feuilles sont digitées, composées
de cinq folioles entières, ou légèrement deiiticulées, lancéo-
lées, un peu aiguës. Le calice est fort petit, campanule, ter-
miné par cinq petites dents ; la corolle monopétaie ; le tube
des étamines deux fois plus grand que le calice, en enton-
noir, partagé en ciuq lanières très-longues, concaves, ob-
tuses; les filamens très-nombreux ; les anthères oblonguts ,
mobiles ; l'ovaire à cinq angles. Le fruit est une grande cap-
sule oblongue. rétrécie à sa base, plus grosse et concave à
ii2o FRO
son extrërnilé, à cinq valves ligneuses, à cinq loges; les se-
mences arrondies, couverfes de duvet. Cet arbre croît dans
l'Amérique méridionale, aux environs de Carthagène.
Fromager, a fruits ronds : Bombax glohosum, Aubl., Guian.^
pag. 701, tab.281 ; Cav. , Biss., 6, pag. 2 97,tab. i55, etD/s5.,6,
pag. 555. Arbre d'environ trente pieds, d'à peu près un pied
et demi de diamètre , dont le bois est blanc, peu compacte ;
récorce lisse, cendrée ; les feuilles palmées, composées de
cinq folioles d'inégale grandeur , lisses , vertes , ovales-ob-
tuses, légèrement échancrées à leur sommet, la plus grande
longue de trois pouces, large d'un pouce et demi , ainsi que
le pétiole; deux stipules longues, aiguës et caduques; les
fleurs axillaires, terminales. Le fruit consiste en une capsule
roussâtre , sphérique, de la grosseur d'une petite pomme,
à cinq ou six loges, s'ouvrant par autant de valves coriaces,
épaisses , remplies d'un duvet fin , serré, cotonneux, qui en-
veloppe des semences brunes, ovoïdes. Cet arbre croît à la
Guiane. 11 est commun dans les environs de Loyola.
Fromager cotonnier : Bombax gossYpium , Linn. , Spec. ;
Cavan. , Diss. , 5, pag. ayy, tab. i56; Sonner. , Itin. , 2 ,
pag. 255,tab. 1 55 ; vulgairement Bois-fléau P Cet arbre a beau-
coup de rapports avec les cotonniers par la forme de ses
feuilles. Il est grand; son bois est léger, facile à casser; son
écorce verte, presque lisse; les feuilles alternes, longuement
pétiolées, divisées jusqu'à leur moitié en cinq lobes cunéi-
formes et pointus, vertes en dessus, cotonneuses et cunéi-
formes en dessous , souvent repliées sur leur pétiole. Les
fleurs sont belles, grandes, disposées en panicules simples
sur des pédoncules cotonneux. Leur calice se divise en cinq
folioles inégales, ovales-oblongues , obtuses à leur sommet ,
pubescentes extérieurement; la- corolle de couleur jaune,
une fois plus grande que le calice; ses divisions profondes,
très-ouvertes .- les filamens très-nombreux , médiocrement
réunis parleur base , en anneau, autour de l'ovaire ; une fois
plus courts que la corolle ; terminés par des anthères
oblongues, courbées en cornes. Le fruit est une capsule ovale,
obtuse, à cinq loges polyspermes , à cinq valves; les se-
mences petites, rénîformes, portant sur leur dos un duvet
blanc. Cet arbre croît sur la côte du Coromandel; d'après
FRO /,2i
Sonnerai, ses semences donnent, lorsqu'on les écrase avant
là maturité , une belle couleur jaune , comme la gomme-
gutte. On soupçonne que cet arbre pourroit bien être le
même que celui qui, dans l'Amérique méridionale, porte le
nom de Bois-flbau. ( Voyez ce mot. )
Willdenow ajoute à ce genre le bomhax vitifolium , Enum.,
2 , pag.720, arbredu Brésil, distingué par ses feuilles glabres,
à cinq lobes, acuminées , dentées en scie , assez semblables à
celles de la vigne; les fleurs renferment des étamines nom-
breuses. On trouve encore une autre espèce mentionnée par
M. de Beauvois ( Flore d'Oware et de Bénin , vol. 2 , pag. 42 ,
tab. 85, fig. 1) , sous le nom de bombax huonopozense y grand,
et bel arbre des environs de Buonopozo en Afrique , dont
les feuilles n'ont point été observées. Il produit des fleurs
nombreuses, d'un très-beau rouge 5 leur calice est en coupe,
petit, zone à son bord, velu en dedans; les étamines d'abord
réunies à leur base, puiaidivisées en cinq paquets; le st^le
terminé par cinq stigmates courts. ( Poir. )
FROMENT (Bot.) , Triticum, Linn. Genre de plantes mo-
nocotylédones , de la famille des graminées, Juss. , et de la
triandrie dfgynie , Linn. , dont les principaux caractères sont
les suivans : Epillets solitaires sur chaque dent de l'axe; un
calice de deux glurncs presque égales, contenant plusieurs
fleurettes ; une corolle de deux balles lancéolées, mutiques
ou aristées à leur sommet ; trois étamines ; un ovaire supé-
rieur, surmonté de deux styles plumeux ; une graine ovale ,
convexe d'un côté , marquée d'un sillon de l'autre.
Les fromens sont des plantes herbacées , annuelles ou vi-
vaces, à tiges ordinairement fistuleuses, noueuses d'espace en
espace , garnies à chaque articulation d'une feuille alterne,
linéaire, engainante par sa base, et dont les fleurs sont dis-
posées en un épi composé d'cpillets sessiles, ou presque scs-
siles , sur un axe denté alternativement dans sa longueur. On
connoît aujourd'hui une trentaine d'espèces de frojiiens,
parmi lesquelles on compte quelques plantes qui sont du plus
grand intérêt à cause de leurs propriétés alimentaires; nous
parlerons particulièrement de celles-ci, et nous passerons
ensuite rapidement sur les autres.
4" FRO
§. I," Fromens annuels.
Froment cultivé : vulgairement le Froment, le Blé ou Bled ;
Triticum satiwum , Lamk. , Dict. enc. , 2 , p. 534; Triticum
Iiybernum , Triticum œstivum et Triticum turgidum , Linn. ,
Spec, 126. A l'exemple de M. de Lamarck, nous réunissons
ici trois espèces de Linnaeus , qui ne sont bien évidemment
que des variétés l'une de l'autre , et qui toutes peuvent
être comprises dans la description suivante. Tiges hautes
de trois à quatre pieds , garnies de quatre à cinq feuilles,
et terminées par un épi long de trois à quatre pouces ou
plus, épais, composé de quinze à vingt-quatre épilletsses-
siles , ventrus, imbriqués, glabres ou velus, selon les va-
riétés, mutiques ou garnis de barbes-, leur calice renferme
communément quatre fleurs fertiles , et une cinquième qui
ne se développe qu'imparfaitement, et qui avorte. Le fruit
qui succède à chaque fleur fertile est une graine ovale, plus
grosse que dans la plupart des autres graminées, convexe
d'un côté, et creusée de l'autre d'un sillon longilndinal. Cette
graine est remplie d'une substance blanche, friable, fari-
neuse, formée en grande partie de fécule et d'une propor-
tion de gluten, telle qu'elle peut facilement être convertie
en pain , et faire l'aliment le plus ordinaire des hommes dans
une grande partie du monde, et principalement en Europe.
Sous ce rapport, le blé est dans cette partie du globe l'objet
d'un très-grand commerce et d'une consommation prodigieuse ;
et, d'après ces considérations , cette plante mérite que nous
présentions son histoire concernant les divers points sous les-
quels sa culture, ses propriétés ou ses usages peuvent ofifrir
quelque intérêt.
Le froment, par ses qualités précieuses, mérite sans con-
tredit d'être regardé comme la première de ces plantes cé-
réales qui , dans tout le monde civilisé , font la principale
nourriture des hommes.
C'està la culture des céréales que beaucoup d'écrivains an-
ciens et modernes ont attribué la civilisation ; et , en effet , les
hommes n'ont pu se livrer aux travaux de l'agriculture, qui
exigent des soins continuels , qu'en se formant en sociétés
FRO 425
régulières, qu'en partageant les terres, et en en assurant la
propriété à ceux qui les mettoient en valeur.
Les Egyptiens mirent au rang des dieux Osiris qui leur
avoit enseigné l'agriculture. Les Grecs attribuoient lïnven-
tion de l'art de cultiver la terre à Triptolème , et particuliè-
rement à Cérès. Avant que cette déesse eût appris aux hommes
à labourer les champs pour y semer le blé, ils se nourris-
soient de glands ; c'est à quoi Virgile fait allusion dans les
■vers suivans :
. . . .Aima Ceres, vestro si munere tellus
Chaoniaui piiigui glandem niutavit arista.
Georc. I, V. 7.
Et un peu plus loin , vers 147 :
Prima Ceres ferro niortales vertere terrani
Inslituit, cum jam glandes atque arbuta sacrae
Defieerent silvae, et victuin Dodcna negaret.
On doit croire que ce fut l'augmentation de la popula-
tion, et surtout la disette des fruits des bois, très-sujets à
manquer par suite de l'inclémence ou de rirrégularité des
saisons ( comme le dit Virgile dans les vers que nous venons
de citer ) , qui forcèrent les hommes à chercher dans les
plantes céréales une nourriture plus assurée que celle, si pré-
caire, qu'ils avoient jusque-là trouvée naturellement dansles-
glands et autres fruits des forêts.
Dans toutes les contrées de la terre , l'agriculture a produit
les mêmes résultats; et les peuples les plus anciennement
policés , sont ceux qui se sont livrés les premiers à la culture
des champs. En Orient, c'est dans la Babylonie, où, selon
Hérodote et Diodore de Sicile , le blé croissoit naturellement ,
qu'il paroît qu'on doit placer le berceau de la civilisation,
et c'est à l'agriculture que les Chinois doivent leur existence
comme peuple depuis quatre mille ans.
Aujourd'hui un petit nombre d'hommes se nourrissent uni-
quement des fruits des arbres , comparativement à la quantité
innombrable de ceux qui cultivent les céréales pour en re-
tirer leur principale nourriture. Ce n'est guère que dans les
climats extraordinairement favorisés de la nature , dans les-
quels régnent un printemps et un été continuels qui font
produire aux arbres des fruits en abondance et sans inter-
'424 FRO
ruption, que quelques peuples sauvages ou à demi sauvages
ont continué à se nourrir des fruits ou des substances tirées
immédiatement des arbres. Ainsi le cocotier, dans certaines
parties des Indes, suffit aux besoins peu nombreux des homme»
* de ces contrées ; les naturels des îles de la mer du Sud se nour-
rissent presque uniquement des fruits du jaquier découpé,
vulgairement arbre à pain (^artocarpus incisa, Lamk.) ; les ha-
bitans desMoluques et iles voisines, outre l'arbre à pain, se
nourrissent aussi de sagou (sagus farinifera) ; quelques peu-
plades d'Afrique vivent toujours des fruits du ziz-^ylus lotus ,
comme les anciens lotophages, doutparle Homère. Si d'ailleurs
les dattes et les figues font encore une grande partie de la
nourriture des Persans, des Egyptiens et des habitans de la
Morée, de l'Archipel grec et de la Barbarie , c'est seulement
dans les classes pauvres , et le blé est cultivé dans tous ces
pays pour servir d'aliment principal ; et si dans certaines par-
ties des côtes septentrionales de l'Afrique, et dans quelques
provinces méridionales de l'Espagne et du Portugal , on mange
encore les glands doux de quelques espèces de chênes, et
principalement du querciis halLota, Desf. , cette nourriture ,
de même que celle des châtaignes dans certaines parties mon-
tagneuses de la France, comme dans les Cévennes , le Limou-
sin , et en Italie dans les Apennins, est uniquement celle des
habilans des campagnes , ou des gens du peuple et des pauvres
dans les villes ; car, dans tous ces pays, les classes aisées font
usage du pain.
Les graines céréales ont donc remplacé , dans la plus grande
partie du monde, Pusage des fruits des arbres. Ces masses gi-
gantesques qui élèvent dans les airs leurs têtes superbes, et
qui, pendant des siècles, bravent les rigueurs des hivers et
le soleil brûlant des étés, ont cédé à d'humbles plantes que
la même année voit naître et périr. Aujourd'hui le blé couvre
de ses moissons dorées la plus grande partie de l'Europe,
dans les contrées tempérées de l'Asie; on le trouve en Orient
comme en Occident; car le froment est cultivé indistincte-
ment dans toutes les provinces de la Chine (plus seulement
dans celles du Nord , ou en général dans celles qui sont monta-
gneuses), de même que dans la Natolie, laSyric, la Perse, etc.
Les côtes septentrionales de l'Afrique pro:luiî>ent toujours
FRO 425
du blé comme du temps des Romains , mais en moindre
quantité, à cause de la barbarie qui afflige aujourd'hui ces
beaj^x pays; et il a été transporté à l'autre extrémité de cette
partie du monde, au cap de Bonne-Espérance, où il a très-
bien réussi. Enfin, porté dans les Etats-Unis d'Amérique, il a
prospéré dans cet autre hémisphère, et à mesure que la civi-
lisation et la population s'accroîtront dans cette vaste portion
du monde, la culture du blé s'étendra probablement aussi.
Après le blé , les principales céréales les plus cultivées pour
la nouri'iture des hommes, sont le riz, que toutes les nations
indiennes de l'Asie préfèrent au pain ; le maïs , que nous
devons à l'Amérique méridionale , et qui est cultivé assez
abondamment dans les pays du midi de l'Europe ; plusieurs
millets, appartenant aux genres Holcus et Panicum, qui font
la nourriture presque unique de tous les peuples noirs de
l'Afrique; le seigle et l'orge, enfin, qui remplacent le froment
dans les parties de l'Europe où , soit à cause de la rigueur
du froid, soit à cause de la qualité inférieure des terres, le
blé ne peut réussir.
L'utilité dont est le froment pourla nourriture de l'homme,
l'ayant fait cultiver, depuis un temps immémorial, dans des
contrées, des climats et des terrains d'une nature fort diffé-
rente, cette graminée a produit beaucoup de variétés, que
probablement nous ne connoissons pas encore toutes , mais
seulement celles qui se trouvent en France et dans quelques
uns des pays voisins. M. Tessier, membre de l'Académie des
Sciences, s'étant occupé, d'une manière particulière, de
l'étude des variétés du froment , c'est dans le travail de ce
savant agronome que nous puiserons les connoissances néces-
saires pour donner une liste exacte et raisonaée des diffé-
rentes variétés connues du froment.
''" Epis glabres ; balles dépourvues de barbes.
Froment coimmun a épis blancs. Tige creuse ; balles blanches,
peu serrées ; grains jaunesmoyeus. Ce froment e&t celui qu'oa
sème dans les parties les mieux cultivées de la France, où la
terre n'est pas compacte, et où elle a peu de fond.
Froment commun a épis korbs. Tige creuse; balles rousses et
peu serrées ; grains jaunes moyens. Ce froment ne paroît être
42G FRO
qu'une sous-variété du précédent; ses grains sont plus gros et
rf un jaune plus roux. Il est cultivé dans les mêmes cantons ,
et principalement dans la Picardie. Dans les pays où le temps
delà moisson est souvent pluvieux, on donne la préterence à
ce blé, parce qu'il germe plus diilicilement, et qu'il est moins
sujet à s'altérer quand les tiges sont en javelles ou étendues
sur les champs.
Froment a grains de rtz. Tige creuse; balles blanches, peu
serrées ; grains petits et blancs. Ce blé ne diffère de la pre-
mière variété que parce que sa paille et ses balles sont un
peu plus blanches , et ses grains blancs, courts, presque ronds.
On le cultive dans le nord et dans le midi de la France.
Froment touzelle. Il diffère du précédent par ses grains
longs et un peu transparens. On le cultive dans les dépar-
temens du Midi.
Froment trémois sans barbes. Son épi est roux, et ressemble
beaucoup à celui de la seconde variété-, mais il est un peu
moins grand et moins gros, par suite de ce qu'on ne le sème
qu'au printemps.
Froment d'Alsace. Tige creuse; épi roux , court et carrée
grains petits. On cultive ce blé en Alsace, et on ne le sème
ordinairement qu'au printemps ; cependant M. Tessier l'a
semé en automne pendant plusieurs années.
Froment de Phalsbourg. Tige creuse, grêle ; épi roux ; grains
de grosseur moyenne. On cultive ce blé à Phalsbourg, mêlé
avec le précédent , et on l'y sème au printemps. M. Tessier
l'a semé, pendant deux ans, en automne , et avec succès.
'^'^ Epis glabres et garnis de barhes.
Fromeni roux a babbfs caduques. Tige presque pleine; épi
roux, perdant ses barbes vers l'époque delà moisson; balles
quelquefois glauques; grains assez gros. Cultivé particulière-
mentdansla vallée d'Anjou , il ne vient que dans les terres qui
ont beaucoup de fond. Il a une sous-variété blanche.
Froment a gros épis, ou Blé de Providence. Tige pleine ;
épi blanc , long, carré; barbes blanches ; gros grains , de cou-
leur ordinaire. Ce blé, qui se cultive dans différens pays, esl
d'un grand produit; il perd en partie ses barbes au temps de
la maturité. Il convient dans les terres qui ont du fond.
FRO 437
Fhoment A BARBES DIVERGENTES. Tige crcusc ; épi TOUX, large ,
à barbes rousses ou blanches, et divergentes ; balles peu ser-
rées ; grains moyens. On le trouve quelquefois à épi velu. Il
est cultivé dans presque toutes les parties de la France. On
le sème en automne, et quelquefois au printemps.
Froment A BARBES serrées. Epi rouge ; balles et barbes rouges,
rapprochées et serrées ; gros grains ternes. Cultivé dans le
département de Vaucluse.
Froment A grains ronds. Tige demi,creuse; épi blanc, serré;
barbes noires ; grains blancs, bombés. Ce blé est cultivé dans
les environs d'Avignon; il perd un peu ses barbes à l'époque
de sa maturité.
Froment d'Italie. Tige grêle, pleine; épi blanc, étroit;
barbes noires; grains ternes. On le cultive dans les environs
d'Avignon.
Froment de Sicile. Tige grêle ; creuse ; épi petit , blanc ;
balles un peu luisantes, à barbes noires.
*** Epis velus , dépourvus de barbes.
Froment grisâtre. Tige creuse ; épi velouté et grisâtre ;
grains moyens, dorés, velus k l'un de leurs bouts. Cultivé en
Normandie , dans le pays d'Auge.
**'^'* Epis velus et garnis de barbes.
Froment gris de souris. Tige pleine, épi étroit, velu et
gris-bleuàtre ; grains gros, bombés; barbes noires, grises ou
cendrées , tombant quelquefois à l'époque de la maturité.
Il est cultivé en Anjou , et ne vient bien que dans les terres
qui ont beaucoup de fond.
Froment renflé. Gros blé ou Pétianelle roux. Tige pleine;
épi roux, court, presque carré; barbes rousses; gros grains
ternes, bombés, demi -cornés, médiocrement farineux. Il
perd ses barbes, en totalité ou en partie, à l'époque de sa
maturité. On le cultive en Gascogne.
Blé d'abondance , Pétianelle blanc. Diffère du précédent par
la couleur blanche ou blanchâtre de son épi ou de ses barbes.
Sa tige est pleine ; son épi gros , comme renflé; ses balles sont
entassées, ou presque amoncelées irrégulièrement , ses grains
sont un peu cornés. Cultivé dans les environs d'Avignon.
4=8 FRO
Froment de Barbarie. Tiges élevées, pleines; épis épais,
assez longs, grisâtres; balles renflées , à barbes fort longues;
grains assez gros, oblongs, un peu pointus aux extrémités ,
dorés, durs, à substance presque entièrement cornée, très-peu
farineuse. Ce blé a été rapporté de Barbarie par M. Desfon-
taines , et il se trouve mentionné dans son Flora Atlantica ,
sous le nom de Triticum durum.
Tous les cultivateurs sont dans l'usage de faire la distinc-
tion des fromens d'automne et des fromens de mars, selon
qu'ils sont destinés à être semés dans l'une ou l'autre de ces
saisons ; mais M. Tessier, que nous avons déjà cité, et qui
a fait à ce sujet, comme sur les autres parties de la cul-
ture de la précieuse céréale qui nous occupe , des expé-
riences très-exactes ; M. Tessier, disons-nous, pense que cette
distinction est chimérique, et que les blés d'automne peuvent
facilement passer à l'état de blés de mars , et , par opposition ,
ces derniers à celui de blés d'automne , en semant par degrés
les premiers plus tard et les seconds plus tôt, de manière à
les accoutumer à ce changement de saison.
C'est aussi un préjugé, parmi la plupart des cultivateurs ,
de croire qu'il faut de temps en temps changer ses blés , et
même tous les ans, et que, si l'on n'a pas cette attention, le
froment récolté et semé un certain nombre de fois dans les
terres d'un même canton s'altère et dégénère. M. Tessier a
encore fait à ce sujet des expériences suivies pendant dix an-
nées de suite , depuis 1779 jusqu'à 1789 , lesquelles prouvent
que le blé desemenee ne dégénère pas semé pendant dix an-
nées de suite , et il cite de plus un cultivateur des environs
de Fécamp,en Normandie, qui, pendant trente années, a
semé constamment le blé qu'il récoltoit, sans qu'il soit sur-
venu la moindre dégénération dans ses fromens.
De ses expériences et des faits qui sont à sa connoissance,
M. Tessier croit pouvoir conclure que la dégénération du
froment, considérée physiquement , ne peut avoir lieu, sur-
tout en aussi peu d'années qu'on se l'imagine; et que, si ce
grain éprouve quelquefois des altérations, il y a lieu de
croire qu'elles ne sont point dues à la nature du froment
même, mais à des causes différentes , telles que la négligence
à le purifier des mauvaises graines, !f peu de soin qu'on en a
FRO 429
pendant la végétation, la récolte faite par des temps con-
traires , les accidens et maladies auxquels il est exposé eu
tout temps.
On peut donc assurer que le blé , en quelque sol qu'il soit ,
conserve sa faculté germinative , s'il n'est pas altéré d'ailleurs
par la fermentation , les insectes , ou autrement , et qu'on peut
le semer dans le même canton où il a crû ; et ce n'est que
dans certaines circonstances particulières qu'il peut êtra
avantageux, et même nécessaire d'acheter de la semence plu-
tôt que de la prendre dans sa propre récolte. Ainsi , lors-
qu'une grêle, ou une grande sécheresse, ou des pluies ont
tout altéré ou détruit dans un pays, il faut bien qu'on se
pourvoie de semence dans un autre. Lorsque les terres d'un,
pays sont trop maigres, et que les grains qu'elles produisent
s'en ressentent; lorsque les récoltes, soit par négligence ou
toute autre cause, sont infestées de mauvaises herbes, il est
encore avantageux d'aller ailleurs chercher des grains mieux
nourris et plus purs.
On préfère ordinairement semer le froment de la dernière
récolle ; mais des expériences positives prouvent quïl conserve
sa faculté germinative pendant huit à dix ans. Le germe de
ce grain résiste d'ailleurs au plus grand froid , et une chaleur
de plus de soixante degrés ( thermomètre de Réaumur ) ne
l'empêche pas de se développer.
Les terres destinées à être ensemencées en froment doivent,
avant qu'on leur confie la semence, être convenablement
préparées par plusieurs labours , et amendées par des engrais.
Les fumiers des basses-cours sont l'engrais qu'on emploie
le plus communément pour améliorer les terres, et ils pro-
duisent toujours un très-bon effet, lorsqu'on ne les met que
dans celles qui en exigent ; car toutes sortes de fumiers ne
conviennent pas à toutes les terres. Le fumier des bergeries,
la fiente de pigeon font mieux dansles terrains humides, froids
et argileux que dans tout autre sol. Les fumiers de vaches
et de chevaux conviennent aux terres chaudes et à celles où
il se trouve des cailloux , ou de la marne ou du sable. Les
autres engrais, capables de remplacer avec avantage les fu-
miers des basses-cours , sont les marnes de différentes espèces,
les diverses terres neuves , les gazons des chemins et des friches ;
43o FRO
mais le meilleur de tous les engrais est le parcage. On cor-
rige un terrain calcaire avec des marnes argileuses, et une
terre argileuse avec des marnes calcaires.
La quantité des labours peut varier selon la nature des
terres : celles qui sont légères n'exigent pas autant de façons
que celles qui sont fortes ; mais en général, en supposant
qu'un champ dût rester en jachère avant de l'ensemencer en
froment, il faut lui donner au moins quatre labours avant d'y
répandre les semences.
La bêche , le hoyau, la fourche et la charrue sont les ins-
trumens ordinairement employés pour le labourage; mais le
dernier étant le plus expéditif , est le seul qui soit employé
dans les exploitations en grand : les autres ne sont en usage
que dans les localités qui ne permettent pas l'emploi de la
charrue , ou chez les petits cultivateurs qui n'ont que des
terres de peu d'étendue.
Le premier labour, dans le cas qui vient d'être dit , doit se
faire aussitôt ou au moins peu de temps après la moisson ;
le second, avant lequel il faut avoir soin de faire charrier et
répandre les fumiers, afin qu'ils puissent être enterrés par ce
travail, doit être fait vers la fin de l'automne, s'il est pos-
sible , ou au plus tard, au commencement de l'hiver. Le troi-
sième labour se donne au printemps , et le quatrième en
septembre ou octobre, au moment de l'ensemencement.
Aussitôt que le dernier labour est terminé, on l'ait les se-
mailles, qu'on enterre à la herse, après avoir auparavant pré-
paré le froment par ce que l'on appelle le chaulage. Cette
préparation préliminaire consiste à verser sur la semence mise
en tas une dissolution de chaux dans de Veau simple, ou dans
laquelle on a délayé auparavant des crottes de mouton, des
fientes de pigeon et de poule ou autres, ou dans laquelle on
a encore fait infuser des plantes acres. Aussitôt après avoir
versé cette préparation sur le tas de blé destiné à être ense-
mencé, on le remue tout de suite avec des pelles, de manière
à ce que tous les grains soient empreints de la liqueur. Le
froment, ainsi chaulé, est semé dès le lendemain ;mais, si l'on
différoit plus long-temps, et qu'il y eût quelque humidité, il
faudroit avoir le soin de le remuer tous les jours. Cette pré- '
paration a l'avantage de préserver le blé de la carie, de la
FRO 43 1
rouille, et dans les années sèches elle le garantit des mulots et
des insectes.
Plusieurs agrq/iomes modernes, pour que le froment soit
plus exactement chaulé, prescrivent de faire le chaulage de
la manière suivante. On fait d'abord éteindre de la chaux vive
dans une quantité proportionnée d'eau , et on l'élend ensuite
ditns un plus grand volume, et dans la proportion de trente
livres d'eau pour un selier de blé. Quand on a préparé suffi-
sante quantité d'eau de rhaux. on verse son grain par por-
tions dans un cuvier rempli de cette eau , de manière à
ce qu'elle baigne bien tout le grain, qti'on remue pendant
quelques instans -, après quoi on le laisse infuser durant un
quart d'heure, et pendant ce temps on enlève les grains qui
surnagent. On retire ensuite son blé pour le mettre à égoutter
dans des corbeilles, et lorsqu'il Test suffisamment, on l'étend
sur faire de la grange pour qu'il sèche. Dans cet état il est
bon à semer le lendemain; mais on peut différer de le faire
pendant quelques jours; dans ce cas il faut seulement avoir
la précaution de le remuer , afin qu'il ne s'échauffe pas.
Selon les climats , les localités , et selon les variétés , le
froment se sème en France à différentes époques. Celui dit
d'automne se sème avant l'hiver ; mais il y a des pays où les
semailles commencent au mois d'août , tandis que dans d'autres
elles ne se font qu'en décembre. Dans le plus grand nombre
elles ont lieu en septembre, octobre et novembre; mais en
règle générale, les semailles précoces donnent toujours de
plus riches moissons, parce que les blés semés de bonne heure
poussent un plus grand nombre de racines, et par suite des
tiges plus vigoureuses et plus nombreuses.
Quant aux fromens dits de mars, les premiers se sèment en
février, et les derniers en avril; on en cultive même depuis
quelques années en Belgique une variété qu'on y désigne sous
le nom de blé de mai, parce qu'on peut tarder Jusqu'en mai
à la mettre en terre. Ce froment , qui a été apporté du Ben-
gale et d'Egypte, où il est cultivé, et où il donne deux ré^
coltrs par an sur le même terrain, peut, dans le nôtre, être
récolté environ cent jours après son ensemencement. L'in-
troduction des blés de mars en France ne remonte qu'à 1709;
avant cette époque, ils n'étoient connus et cultivés qut^ dans
i>2a FRO
les contrées du Midi, et surtout en Espagne. I,ouis XIV en
fit venir pour les semer après ce cruel hiver qui avoit été si
fatal aux fromens d'automne. ^
Il n'est pas possible de déterminer d'une manière fixe la
quantité de semence nécessaire pour un espace donné. Les
terres maigres et légères en exigent davantage que les bons
fonds, parce que, dans les premières, chaque pied poussant
moins de tiges et moins de feuilles , ces terres se trouveroient
trop découvertes si on n'y répandoit pas plus de semences;
et, les tiges n'y étant pas assez serrées, le hàle pourroit agir
sur elles et les dessécher, ainsi que les racines, avant l'époque
de la maturité.
Lesseniailles faites en automne et au printemps demandent
aussi des proportions différentes. Ainsi il faut moins de se-
mence pour les premières qui tallent beaucoup , que pour les
secondes qui produisent toujours moins de tiges sur le même
pied. Mais, en général, les agronomes instruits regardent
comme une chose constante . que la plus grande partie des cul-
tivateurs n'économisent pas les semences autant qu'ils pour-
roient le faire. Par exemple, d'après les expériences rappor-
tées par M. Tessier à ce sujet, il s'ensuit qu'en ensemençant
un arpent de cent perches à vingt -deux pieds avec cent
quatre-vingts livres de froment, au lieu de deux cent vingt-
cinq qu'on est dans l'usage d'employer, on peut récolter quatre
cent quarante-une livres de froment de plus , et, d'après son
expérience propre, ce savant agronome a encore obtenu des
résultats plussatisfaisans; car, en ensemençant un arpent avec
cent livres seulement, au lieu de deux cent vingt-cinq livres,
il s'est assuré qu'on pouvoit récolter quatre cent quatre-vingt-
quinze livres de plus dans une terre même médiocre.
Il y a trois manières d'ensemencer le blé : la première à la
volée , la seconde au semoir, et la troisième au plantoir. Les
deux dernières étant en général très-peu usitées, nous nous
abstiendrons d'entrer dans des détails à leur sujet-, nous ren-
verrons aux ouvrages qui traitent plus particulièrement de
l'agriculture, et nous mentionnerons seulement ici les résultats
qu'on a obtenus dans les expériences qui ont été faites sur 1»
troisième méthode, celle par le plantoir.
C'est M. le duc de La Ro-jhefoucauld -Liancourt qui i
FRO 455
fait connoître en France cette méthode usitée dans plusieurs
cantons de l'Angleterre, et par laquelle on économise uiie
grande quantité de semence, sans que le produit soit moir.s
considérable; car, d'après les expériences de M.de Liahcourt,
celui des terres ainsi ensemencées a été dans le rapport de
quatre-vingts à cent, et jusqu'à cent trente pour un. M. Tes-
sier, qu'il faut toujours citer dès qu'il est question d'expé-
riences qui peuvent tourner au profit de l'agriculture, a vé-
rifié avec le plus grand soin celles de M. de Liancourt, et il
n tiré de ses propres observations les conséquences suivantes.
1." Quand on emploie la méthode de l'ensemencement au
plantoir, il suffit de mettre deux grains dans chaque trou, en
espaçant les trous à quatre pouces les uns des autres.
2." Cette pratique convient au particulier possesseur de
quelques champs seulement, qui, ense chargeant lui-même ,
avec sa famille, de les ensemencer, se rend indépendant du
laboureur.
5." Il y faut renoncer pour les terres fortes et pour les terres
légères , à moins que par des amendemens convenables à leuc
nature, on ne les ait disposées à cette sorte de culture.
4.° L'ensemencement au plantoir a de l'avantage sur celui
à la volée , lorsque le blé est cher, et dans les pays où les bras
sont nombreux et les salaires à bon marché.
Quanta l'ensemencement à la volée , qui jusqu'à présent
a été et est encore presque le seul exclusivement en usage
dans les campagnes, il se fait ordinairement, dans chaque
exploitation , par le principal charretier de la ferme ou de la
métairie , et assez souvent le fermier ou le métayer remplit
lui-même cette fonction. Le semeur a besoin tout à la fois
d'intelligence et de force. Il faut qu'il calcule la distance'*oà
sa main peut lancer le blé; qu'il n'en prenne à chaque poi-
gnée que ce qui est nécessaire , et qu'il règle ses pas de ma-,
nière à ce que tout le champ ait partout une quantité de se-
naence aussi également espacée que possible. Le semeur doit
être fort, parce qu'il faut qu'il porte une certaine quantité
de blé dans une espèce de long tablier en toile , qui est passé
entre ses bras, et dont il retient l'extrémité en l'entortillant
autour de son bras gauche, et parce qu'il lui faut pendant
trois semaiaes à un mois, tous les jours , du matin jusqu'au
17. a 3
434 FRO
soir, excepté les heures des repas, parcourir ainsi les guérets,
chargé d'un poids considérable qu'il appuie sur son ventre ou
sur son côté et sur un de ses bras, tandis qu'il est obligé
d'imprimer sans cesse à l'autre un violent mouvement d'ex-
tension, à chaque poignée de semence qu'il répand.
Le plus communément le blé se recouvre avec la herse, et
cette opération se fait aussitôt que la semence est répandue.
Souvent même , lorsque la pièce à semer a une certaine éten-
due , on herse les parties du champ ensemencées pendant que
le semeur continue son travail Sur le reste. On n'emploie ordi-
nairement que des femmes ou des jeunes garçons pour con-
duire les chevaux qui traînent les herses. Dans quelques can-
tons on recouvre le blé semé à la charrue ; alors le semeur
doit précéder le laboureur dans les champs, et ce dernier
n'enfonce pas le fer à une si grande profondeur que dans les
labours précédens, afin que la semence ne soit pas trop en-
terrée.
Si la terre est humectée avant , ou s'il vient à pleuvoir après
renseméncement , le froment ne tarde pas à lever, à "moins
qu'il ne survienne de la gelée ou de la neige , ainsi que cela
arriva dans l'hiver de 1788 a 1789; les gelées ayant commencé
vers le 1 5 de novembre et ayant duré pendant près de deux
mois, ce ne fut qu'à la fin de janvier que les fromens semés
dans les premiers jouri de novembre commencèrent à sortir
de ferre.
Les blés résistent à la rigueur des plus grands froids , lorsque
cfs froids sont secs, et surtout lorsque la terre est couverte
de neige. Ce ne fut point l'excès du froid qui fit périr les
i)lés en 1709 , mais parce que celui qui prit à cette époque
àésasîrense , survint tout de suite après un dégel.
Lorsque les blessent trop forts en hiver, et que l'on craint
qTi'ils ne- s'épuisent en pure perte, et que par suite ils ne
donnent des tiges trop grêles, on y met des vaches ou des
brebis qui , en broutant ce luxe superflu de la végétation , lui
donnent une nouvelle vigueur. Cela se pratiquoit en Italie du
temps de Virgile :
,, Ne gravidis procumbat culnius aristis ,
• _ , Lusurieni segetum tcnera depascit in îierba.
"" GeoRc. lib.I, y. 111,
FRO 435
Dans quelques pays on fait au printemps passer de gros rou-
leaux sur les blés, afin de briser les mottes et d'affaisser la
terre soulevée par l'elTet des pluies et des gelées. Le tassement
que ^-ela opèfe rechausse utilement les racines. L'emploi du
rouleau convient principalement dans les terres légères; mais
il ne faut pas s'en servir lorsque les terres sont trop humides,
ni dans celles qui sont fortes.
Au printemps la végétation se ranime, les fromens vont
bientôt élever leurs liges, d'où l'enverra, en mai et juin, sortit*
les épis : mais , avant qu'ils en soient là, les mauvaises herbes les
infestent souvent, et les étoufferoient bientôt si le cultivateur
n'avoit le soin de les faire arracher: c'est l'opération du sar-
clage. Lorsqu'il y a beaucoup d'herbes rampantes et difliciles
à arracher, on se sert de herses de fer qu'on fait traîner sur le
champ. Mais le plus souvent on sarcle à la main, et dans beau-
coup de cantons les femmes qui se livrent à ce travail, le font
sans qu'on leur donne de salaire -, elles se contentent de l'herbe
qu'elles arrachent pour nourrir leurs vaches. En Normandie,
on se sert , pour nettoyer les blés, d'une longue tenaille de boiS
avec laquelle on saisit les plantes à longues racines , qu'on tire
facilement hors de terre sans les casser, quand on prend un
temps favorable, où la terre soit assez molle , comme après les
pluies.
Tous les bestiaux aiment beaucoup le froment en vert; il
faut avoir le soin de les en écarter, ce qui n'est pas difîicile:
mais il n'est pas aussi facile de- le préserver des bêtes fauves,
qui, comme les cerfs, les daims, les chevreuils, les sangliers,
en sont très-avides. Autrefois, dans le voisinage des grandes
forêts , les dégâts faits par ces animaux étoient énormes, et les
cultivateurs dont les terres se trouvoient trop près de ces
bois, préféroient souvent les laisser en friche, à les ensemen-
cer pour voir dévorer les fruits de leurs travaux sans pouvoir
les préserver par aucun moyen. Les lièvres et les lapins aiment
aussi beaucoup le blé; et lorsque ces petits qu.idrupèdes sont
trop multipliés sur une terre, ils font beaucoup de tort aux
cultivateurs. Les autres animaux nuisibles au froment sont
les corbeaux, les corneilles, les pigeons, les moineaux, les
mulots, les campagnols, les sauterelles, le» vers blancs, hs
hanuetoos , etc.
4^5 FRO
Le froment est sujet à plusieurs altérations qui nuisent à sa
qualité et à son produit; les principales sont la carie, le char-
bon , la rouille, l'ergot. La carie, que l'on nomme encore,
selon les pays, cloque, noir, pourriture , est unf plante para-
site, une espèce de champignon (u7-edo cûnVi , Decand. ), pla-
cée entre les balles. Cette altération est celle qui nuit le plus
au produit et à la qualité du blé. La poussière produite par
la carie, quand on bat le blé, s'attache actlui qui est sain, le
salit , et en cet état on lui donne le nom de blé mouclieté. Cette
poussière incommode les batteurs; elle provoque la toux,
picote les yeux, et est malfaisante. Le pain fait avec la farine
de blé moucheté a une teinte violette, une sorte d'àcreté,
et il peut être nuisible à la santé. Le meilleur moyen de pré-
server lesfromens de la carie est un bon chaulage. Le charbon
se distingue de la carie, parce qu'il n'est point, comme
celle-ci, renfermé dans les balles-, c'est une poussière char-
bonneuse qui paroît formée par la destruction des balles elles-
mêmes et du grain. Cette poussière fine , sèche et légère, que
le vent emporte, en ne laissant que le squelette de l'épi , est,
comme la carie , un champignon , nommé par M. Decandolle ,
uredo carho. Le charbon est moins nuisible que la carie, parce
qu'il se dissipe avant la moisson. La rouille, qui attaque le
blé et plusieurs autres graminées , est, comme la carie et le
charbon , une pbmte cryptogame {uredo rubigo vera , Decand.)
qui naît sous l'épiderme des feuilles et des chaumes du blé, et
qui, lorsqu'elle est abondante, épuise et empêche de croître
les pieds qu'elle attaque, au point de diminuer la récolte
d'une manière marquée. Plusieurs botanistes ont regardé l'er-
got comme une autre cryptogame, que M. Decandolle range
dans le genre Sclerotiiim ; mais d'autres croient que c'est une
sorte d'altération ou maladie du grain , et non une végé-
tation. L'ergot est d'ailleurs beaucoup plus commun sur le
seigle que sur le froment, et il est surtout abondant dans les
étés humides. (Voyez Ergot, vol. i 5 , p. iG5.)
Si une sécheresse trop prolongée n'a pas arrêté les progrès
du froment, et n'a pas empêché la formation des grains dans
l'épi; si des pluies trop abondantes pendant la floraison n'ont
pas dissipé la poussière fécondante qui doit vivifier les germes
et les convertir en grains ; si des orages ou des vents violens
FRO A37
n'ont pas renversé les blés , ne les ont pas couchés sur une
terre humide où les mauvaises herbes les étouffent, et où les
grains se corrompent et germent ; si, enfin, des grêles désas-
treuses n'ont pas détruit la totalité ou partie des récoltes-,
après neuf à dix mois de peines, de soins assidus, d'inquié-
tudes de toute espèce, le cultivateur va se voir enfin récom-
pensé de tous ses travaux : le moment de faire la moisson est
arrivé.
Lorsque le blé est à sa parfaite maturité, ce qui varie beau-
coup pour l'époque, selon les localités (car, dans les parties
les plus méridionales de la France , on commence à moisson-
ner dans les premiers )ours de juin, tandis que dans le Nord
ce n'est que vers le milieu de juillet , ou même en août) , c'est
à la couleur des pailles et des épis , et à la consistance du
grain, que l'on reconnoît que le froment est mùr, et qu'il
faut y mettre les ouvriers.
Ce travail se commence maintenant sans aucune cérémo-
monie; chez les anciens, des fêtes et des danses précédoient
le comrmencement de la moisson. Les laboureurs, au temps
de Virgile, alloient, en chantant des hymnes et en dansant,
promener trois fois autour de leurs champs la victime qu'ils
immoloient ensuite à Gérés. Tous portoient à cette £ête des
couronnes de chêne, en mémoire du gland qui avoit nourri les
hommes avant qu'ils connussent l'usage du Mé.
Terque novas circura felix eât liostia fruges,
Ouinis quani chorus et socii comitentiir ovantes;
Et Cererem ctamore vocent in técta : neque ante
Falcem maturis quisquam supponat aristis,
Quam Cereri, torta redimitus tempora quercu,
Det motus incompositos, et carmina dicat.
Georg. lib. 1, V. 345.
Le célèbre Delille cite sur ce passage un commentateur
anglois ( Holsworth) , qui dit avoir vu des paysans florentins
célébrer au mois de juillet , par des danses et des clianfs, et la
tête couronnée de feuilles de chêne, une fête qui n'est pro-
bablement qu'une continuation de celle dont parle Virgile.
Mais, quelles que fussent les fêtes des anciens en l'honneur
de l'agriculture, aucune ne peut être comparée à celle qui se
pratique tous les ans à la Chine depuis un temps immémorial
43Ô FRO
Cette fête est celle dans laquelle l'empereur de ce vaste em-
pire, environné des princes de son sang, des grands de sa cour,
des laboureurs les plus recommandables , et de toute la pompe
d'ungrand souverain, ouvre et laboure lui-même la terre, et
sème les cinq espèces de grains regardés comme les plus né-
cessairesà l'homme, savoir, le froment, le riz, les fèves etdeux
sortes de millet. Cette cérémonie du labourage paroît avoir
été établie non seulement comme institution politique, pour
encourager l'agriculture, mais, ce qui la rend encore plus im-
posante, c'est qu'elle est consacrée par la religion : car l'em-
pereur s'y prépare par trois jours de jeûne , et il la commence
par un sacrifice solennel. Cette fête est célébrée tous les ans
à Pékin au retour du printemps , et elle est solennisée le
même jour, dans tout le reste de l'empire , par les vice-rois et
les gouverneurs des provinces, qui , accompagnés des princi-
paux mandarins de leurs départemens, pratiquent, dans un
champ consacré à cet usage , les mêmes cérémonies que l'em-
pereur.
Dans cette même contrée , la profession de laboureur est
plus honorable que celle de marchand; et, parmi plusieurs
préceptes que tout mandarin ou gouverneur, soit de ville ou
de province, est obligé d'enseigner deux fois par mois au
peuple rassemblé autour de lui , on distingue celui-ci : que la
profession des laBoureurs jouisse de l'estime publique, on ne
manquera jamais de grains pour se nourrir.
Nous pourrions encore, au sujet des honneurs rendus à
l'agriculture, parler de ces consuls, de ces dictateurs tirés de
la charrue pour être misa la tête de la république romaine :
mais cela nous entraineroit trop loin : revenons à. la manière
dont on pratique maintenant la moisson.
C'est à la faucille que le blé se coupe le plus ordinairement ;
cependant quelques agronomes conseillent d'employer de pré-
férence la faux armée de pleyons : ils assurent que cet instru-
ment est beaucoup plus expédilif; qu'il couche, arrange et
étend mieux les tiges sur le sol; qu'il égrène moins l'épi ; qu'il
coupe les pailles plus près de la terre.
Lorsqu'il survient des pluies abondantes et multipliées au
momentdela récolte, surlouttorsque les blés sont déjà coupés
isans être ramassés, cela peut leur causer de grands dooioiages
FRO 439
en leur communiquant une humulité surabondante , cl çn
les faisant quelquefois germer. Les cultivateurs doivent alors
multiplier les soins et les précautions pour sécher leurs
grains le mieux possible avant de les serrer ; car autrement , ils
risqueroient d'en perdre une partie, ou même la totalité, en
peu de temps.
Le blé germé ne se conserve qu'avec beaucoup de difliculté,
à cause de la disposition qu'il a à s'échaufler et à fermenter.
Abandonné à lui-même, il prend bientôt une couleur terne.,
une odeur désagréable , et une saveur piquante qu'il commu-
nique à la farine et au pain. Il peut même se gâter à un tel
point, et devenir si mauvais, que les bestiaux n'en veulent
point. Pour prévenir la plus grande détérioration ou même
la perte totale du blé germé, il faut le battre sur-le-champ s'il
est possible , et sécher le grain battu en l'exposant à la chaleur
au-dessus du four, ou dans le four même , après que le pain en
est retiré , ou dans une étuve chautTée exprès, en le remuant
souvent.
Mais, comme heureusement le temps est le plus souvent
favorable, quand le froment est coupé, on le laisse sur le
champ un ou deux jours, ou même plus, suivant son degré
de maturité , et suivant qu'il est plus ou moins mêlé d'herbes,
afin que celles-ci perdent leur humidité ; ensuite on Je lie en
gerbes avec des liens faits de paille de seigle ou de blé même,
battue à l'avance. On réunit ensuite un certain nombre de
gerbes en tas, jusqu'à ce qu'on vienne les charger sur des voi-
tures pour les emporter à la maison, où, lorsqu'elles sont
arrivées, on les entasse dans des granges; et si celles-ci sont
insuffisantes dans les années d'abondance, on eu construit des
moies ou meules, dans lesquelles , quand elles sont bien faites ,
le froment peut se conserver un an ou deux sans être battu.
On donne à ces meules une forme pyramidale; on a soin d'é-
lever leur base au-dessus du sol par le moyen de pierres ou
de fagots, et on les recouvre d'une sorte de toit en paille
longue, pour que la pluie puisse couler dessus sans pénétrer
dans l'intérieur.
Dans le midi de l'Europe , et en France dans nos provinces
méridionales, comme en Gascogne, en Languedoc, en Pro-
vence, enDauphiné, etc. , on ne conserve point le blé dans
4^1" FRO
3es granges, ni en meules. Dans tous ces pays, aussilAt
après la moisson , les gerbes sont transportées dans l'aire
située près de l'habitation, mais à découvert; elles y sont
disposées en rond et par couches. Un homme se place dans
Je centre, tenant d'une main un fouet, de l'autre une longe,
avec laquelle il dirige les bQsufs, chevaux ou mulets, qu'il
fait marcher ou trotter autour de lui. D'autres ouvriers
sont occupés à retourner la paille , et à la repousser sous
ÎÇs pieds des animaux jusqu'à ce qu'elle soit brisée, et que
le grain se soit séparé de l'épi. Alors, avec des fourches et
des râteaux de bois, on secoue la paille , et on la retire pour
en faire tomber le blé , afin que celui-ci reste seul sur l'aire ,
où l'on achève de le nettoyer en le vannant; ou encore, lors-
qu'il fait assez de vent, on en profite pour jeter le blé en
l'air par pelletées, et il retombe sur les parties du sol qu'on a
eu soin de balayer auparavant , tandis que le vent transporte
à quelque distance les brins de paille, les balles et la pous-
sière qui y étoient mêlés.
Dans la plus grande partie de la France , le battage ne
s'exécute qu'au fléau, en étalant sur i'aire pratiquée au milieu
de la granse une certaine quantité de gei'bes, et l'on ne bat
le plus ordinairement qu'au fur et à mesure des besoins, ex-
cepté lorsqu'il faut vider la grange, afin de la disposer pour
ime nouvelle récolte.
Après que les gerbes sonlbattucs, il reste ànettoyerle grain
des'menues pailles, des balles, de la poussière et des graines
de mauvaises herbes qui peuvent y être mêlées; cette der-
nière opération se fait au moyen du van et du crible. Les
cribles, tels que ceux qui sont actuellement en usage, et
qu'on fait agir au moyen d'une manivelle, peuvent nettoyer
environ six cents livres de grain par heure.
Lorsque le blé est battu , vanné et criblé , il est propre à
être réduit en farine, ou il s'agit de le conserver pour ne l'em-
ployer qu'au besoin. Les anciens conservoient le blé dans de
grands vases de ferre cuite, ou dans des souterrains, espèces
de greniers inaccessibles à l'impression de l'air. Les agro-
nomes modernes ont proposé divers moyens afin de pouvoir
garderie blé pendant long-temps. Une chose essentielle p.our
que le froment puisse se conrerver plus ou moins long-temps»
FRO 441
c'est qu'il soit bien sec et bien nef. A cet effet , tous le*
quinze jours pendant les six premiers mois , après l'avoir
bien passé au crible, on le remue avec des pelles de bois, et
ensuite tous les mois seulement. Au bout de deux ans il n'est
plus sujet cà s'échauffer, et il peut se garder parfaitement
sain pendant une longue suite d'années , par un moyen
fort simple. On le met en tas aussi gros que possible 5 on le
recouvre d'une couche de chaux vive de trois pouces d'épais-
seur; ensuite on humecte avec des arrosoirs la surface de la
chaux, qui ne tarde pas à se prendre, avec les grains de la
superficie qui germent, en une croûte très- dure, impéné-
trable à l'air et pour les animaux et les insectes. On a
l'exemple d'une grande provision de blé ainsi parfaitement
conservée dans un magasin de la citadelle de Sedan , 011 elle
étoit restée pendant cent dix ans. On en fit du pain qui fut
trouvé bon.
En Russie on fait , pour garder le blé , des greniers souter-
rains , espèces de puits profonds , larges dans le fond et
ëlroits à l'embouchure, ayant la forme d'un pain de sucre.
Les parois sont enduites de plâtre, et on en ferme exacte-
ment l'ouverture avec des pierres détaille. On a soin de n'y
renfermer que du blé parfaitement sec. Les Arabes conservent
les blés dans de pareils souterrains, auxquels ils donnent le
nom de mattamore.
Mais, de tous les moyens de conserver le froment, le moins
coûteux et le plus simple consiste, d'après Parmentier, à le
mettre en sacs isolés, après qu'il est parfaitement sec. Commu-
nément, dans les campagnes, les laboureurs le tiennent dans
de grands greniers , et ils ont le soin de le remuer souvent.
Il çsi rare d'ailleurs qu'ils en gardent fort long-temps-, c'est
beaucoup quand on trouve chez des cultivateurs le blé de
deux récoltes l'une sur l'autre.
Les blés, dans les greniers ou magasins, doivent être sur-
veillés pour n'être pas la proie des rais, souris, ou autres
rongeurs, et surtout pour être préservés des charançons. Ces
petits insectes dévorent , pendant qu'ils sont à l'état de larve,
toute la substance farineuse des grains, et ils n'en laisent exac-
tement que l'enveloppe. Quand ils sont très-multipliés , ils
peuvent faire un dommage immense. On a imaginé beaucoup
442 FRO
de moyens pour les détruire-, mais presque tous ces moyen»
ont eu si peu de succès qu'on peut les regarder couinie inu-
tiles. Le plus simple et le meilleur paroit être le suivant. Lors-
qu'on voit, au retour du printemps , que les monceaux de blé
qui ont passé Ihiver dans les greniers , sont infestés de cha-
rançons, on fait (à part , dans un coin de ces greniers, un petit
tas de blé auquel on ne touche plus, tandis qu'au contraire
on remue fréquemment à la pelle tous les autres tas. Les
charançons, qui aiment la tranquillité, cherchent à se réfu-
gier dans le tas de blé qu'on laisse sacs le remuer. Pendant
qu'ils prennent la fuite, on les ramasse avec un balai, et
on écrase tout ce qu'où peut avec les pieds: et lorsqu'au bout
de quelques jours il ne sort plus de charançons des tas de
blé remués, on fait périr, avec de l'eau bouillante répanrlue
sur celui auquel on n'a point touché , tous les insectes qui
s'y sont réfugiés.
La fécondité du froment est quelquefois étonnante, et même
presque incroyable. Pline ( lib. i8, cap. lo) rapporte que le
receveur des revenus de l'empereur Auguste lui envoya de
Byzacium en Afrique, terroir renommé pour la fertilité de
ses blés , un pied de froment d'où sortoient quatre cents tiges ,
etque Néron reçutaussi delaméme contrée trois cent soixante
tiges de cette plante , provenues également d'un seul grain. En
France, quelle que soit la fertilité de certains cantons, les
faits analogues sont assez éloignés de ce que rapporte Pline:
ainsi, en 1B17, un grain de froment semé dans un jardin aux
environs de Brest donna naissance à un groupe de cent cin-
quante-cinq épis; et, d'après le témoignage des auteurs d'agri-
culture, le plus qu'on eût vu auparavant sortir d'une seule
touffe de froment, avoit été cent dix-sept tiges, et un grain de
blé de miracle, venu dans un jardin, avoit donné quatre-vingt-
douze épis et treize mille huit cents grains. M.Tessier dit aussi
avoir trouvé lui-même, dans la Beance, soixante épis sur un
seul pied de froment, et soixante-trois sur l'autre.
Oa se feroit d'ailleurs une bien fausse idée des produits du
blé, si l'on jugeoit de la récolte d'un champ entier par ces
exemples d'abondance extraordinaire; il s'en faut de beau-
coup que ce qu'un laboureur recueille ordinairement , en
approche même. Les épis de Blé les plus gros et les mieux
FRO 443
noarris produisent communéajent cinquante à soixante grains;
les plus maigres n'en donnent que dix, un peu plus, ou un pea
moins. Il faut aussi observer que tous les grains qu'on sème
ne lèvent pas: les uns, parce qu'ils sont trop enfoncés ou re-
couverts de mottes ou de pierres; les autres, parce qu'ils sont
mangés par les animaux. Quant aux grains qui lèvent, il y
en a qui sont étouffés par les mauvaises herbes ; d'autres qui
ne prennent pas assez d'accroissement pour porter des épis,
les plus forts et les plus vigoureux attirant toute la sévc à
eux. En général les terres les plus fertiles ne rapportent que
trente quintaux de blé par arpent ; et si l'on en retranche deux
pour la semence, on voit que le produit est de quinze pour
un. Mais ces sortes de terres sont très-rares en France ; à peine
peut-on en compter de cette nature un centième. Les bonnes
terres ordinaires rendent dix pour un , et les moins fertiles
quatre à cinq.
La différente nature des terrains produit des blés de qualités
différentes. Les meilleurs ffomens sont ceux qui s«nt venus
dans une bonne terre substantielle , quoiqu'un peu sèche et
pierreuse; ils ont le grain d'une grosseur moyenne, mais dur,
ferme, d'une belle couleur. Ces blés se consei-vent bien; ils
sont très-propres au commerce d'exportation ; ils produisent
comparativement une plus grande quantité de farine, à la
mesure et au poids, et ils font de très-bon pain. Les blés qui
ont crû dans des terres, fortes et argileuses, de plaines ou de
coteaux, ne sont que de seconde qualité ; ils sont moins
fermes, plus légers, et d'un jaune pâle. Ceux venus dans les
bas-fonds, dans les lieux humides ou les terres grasses qui re-
tiennent l'eau , paroissent les plus gros et les mieux nourris ;
mais ils ne sont pas secs dans le cœur : ils ont moins de corps,
et ne valent jamais ceux des plaines et des coteaux.
Le grain de froment, réduit en farine dans des moulins
propres à cet usage, donne le meilleur pain , celui qui est le
plus usité dans les villes, et qui est une des substances les plus
propres à l'alimentation des hommes. Ce pain doit ses bonnes
qualités aux proportions de fécule (voyez Fécules) et de gluleu
(voyez Glutdx) , qui entrent comme parties constituantes dans
la farine de froment, proportions qui varient, pour le gluten,
selon la nature et les variétés de celte espèce , depuis un hui-
^44 FRO
tième jusqu'à près d'un tiers. Les autres céréales, dont la fa-
rine est toute delà fécule ou de la fécule presque pure, sont
toutes incapables de former du pain à elles seules, ou elles
n'en font que de très-mauvais. Ainsi, les pains de riz, de
millet, de maïs, ne valent rien; ce ne sont que des masses
frialles, des espèces de gâteaux ou de galettes. Le seigle et
l'orge sont, après le froment et l'épeautre , les céréales les plus
propres à faire du pain; et encore, comme ils contiennent
beaucoup moins de gluten, leurs farines ne sont pas suscep-
tibles de fermenter et de lever de même, et ne donnent qu'un
pain lourd , compacte et difficile à digérer pour les personnes
accoutumées à celui de froment. Il n'y a encore que ce dernier
grain avec la farine duquel on puisse faire de bon biscuit,
susceptible de se bien conserver dans les voyages sur mer.
Ce n'est qu'avec le temps que l'art de faire le pain s'est per-
fecîionnéau point où nous le voyons maintenant. Les premiers
Romains ignoroient les procédés de sa fabrication; et. pendant
plus de (ïinq cents ans, ils ne vécurent, au lieu de pain, que
d'une sorte de bouillie ou de galettes sans levain. Les soldats
romains portoient dans un petit sac de la farine qu'ils dé-
layoient dans de l'eau pour se nourrir. Il paroit qu'on faisoit
alors griller le blé avant de le moudre :
Kuac torrete igni fruges, nunc frangite saxo.
ViRG. Ceorg. I, V. 267.
Cette torréfaction qu'on faisoit subir au grain , lui donnoit un
goût qui corrigeoit sa saveur naturellement insipide. Ce ne
fut , selon Pline ( Ub. 1 8 , cap. 2 ) , que l'an 58o de la fondation
de la ville, qu'il y eut des boulangers à Rome, et qu'on y
connut les procédés pour faire de bon pain.
La manière de fabriquer du pain en mêlant du levain à la
pâte, afin de lui faire subir une certaine fermentation, a été
connue beaucoup plus anciennement dans l'Orient, et le
Egyptiens savoient déjà faire du pain , en y employant le le-
vain, du temps de Moïse , puisque ce législateur des Hébreux
dit que, lorsque les Israélites quittèrent l'Egypte, ils furent
forcés de partir si promptement qu'ils n'eurent pas le temps
de mettre le levain dans la pâte (E.rod. , cap. xii , v. 59). De
l'Egypte l'art de faire le pain passa chez les Grecs j et de
FRO 445
ceux-ci chez les Romains, après leur victoire sur Persée
roi de Macédoine. (Pline, 1. c.)
On ne doit pas, en général , employer des blés trop nou-
vellement récoltés pour faire du pain, sans avoir la précau-
tion de les exposer au soleil ou sur un four, ou dans une étuve ,
pour en opérer la dessiccation parfaite; car, •quelque secs qu'ils
paroissent à l'époque de la récolte, ils contiennent encore
une eau de végétation qui rend dangereux d'en faire usage
trop promptement. On a attribué à cette cause les maladies
qui se déclarèrent dans l'armée prussienne qui entra dans la
Champagne en septembre 1792, et qui lui firent perdre ua
grand nombre de soldats.
La farine de froment est la base des pâtisseries de foute
espèce ; avec aucune autre on n'en sauroit faire d'aussi excel-
lentes et d'aussi délicates. Elle sert à faire les vermicelles ,
les macaronis, les semoules. C'est avec elle qu'on prépare la
bouillie pour les enfans. A ce sujet le chimiste Rouelle a fait
observer qu'il faudroit, pour rendre cette nourriture plus
saine, employer à sa préparation le malt de froment, tel
qu'il entre dans la composition de la bière , c'est-à-dire le grain
germé , parce qu'il a subi une fermentation équivalente à celle
qu'éprouve la pâte dont on fait le pain. On peut y suppléer,
en faisant rôtir la farine au four.
Le froment que l'on a fait germer d'une certaine manière ,
a reçu le nom de malt, ainsi qu'il vient d'être dit, et il est
employé, mais beaucoup plus rarement que l'orge, à cause
de son prix plus élevé , pour la fabrication de la bière. Lorsque
la fermentation qu'on lui fait subir dans cet état est portée
jusqu'à un certain degré, il est susceptible de fournir del'eau-
de-vie par la distillation ; mais la même raison qui fait qu'on
lui préfère l'orge pour la fabrication de la bière, fait aussi que
ce n'est guère que de cette dernière qu'on retire l'eau-de-vie
connue sous le nom d'eau-de-vie de grain.
La farine de froment, préparée avec de l'eau , et cuite en
une espèce de bouillie, peut servir extérieurement comme
cataplasme émollient ; mais on n'en fait que peu ou point
d'usage, et seulement au défaut d'autres moyens. Le son , ou
l'écorce du froment, séparée de la farine parle bluteau, sert
quelquefois en décoction pour préparer des lavemens adou-
446 FRO
cissans et laxatifs. Ce mtme son est plus souvent employé pour
engraisser les volailles et pour nourrir les animaux de basse-
cour. Le son sert encore pour emballer les belles faïences, les
porcelaines , les émaux, etc. Les amidoniers savent en retirer
l'amidon pour en faire l'empois et la poudre à poudrer les
cheveux; cette dernière, presque tombée en désuétude aujour-
d'hui, mais qui faisoit autrefois la parure essentielle de la tète ,
si l'on peut appeler parure ce ridicule usage, qui obligeoit
l'adolescent à couvrir ses cheveux d'une substance qui l'assi-
miloit à la couleur de la vieillesse.
La colle blanche ordinaire, dont les usages sont si variés
dans différens arts et métiers, est faite avec la farine de fro-
ment. La mie de pain sert aux dessinateurs pour effacer de
dessus le papier les coups de crayon mal donnés.
Tous les bestiaux, comme nous l'avons déjà dit, sont friands
des liges et des feuilles du froment. Dans certains cantons où
les fourrages sont rares et chers, on en cultive exprés pour
le couper en vert, et le donner à ces animaux. Cette nourri-
ture convient bien aux chevaux qu'on a trop fatigués ; elle
les refait promptcmcnt. Les vaches et les brebis auxquelles
on en donne , ont plus de lait. Ce n'est pas qu'à l'état de
verdure que les tiges du froment sont mangées par ces ani-
maux. La paille sèche est aussi employée pour la nourriture
des chevaux et autres bestiaux ; on leur en fait de la litière,
et cette litière, imprégnée de leur urine, et mêlée à leurs
excrémens, forme la masse des fumiers qui servent à en-
graisser les champs sur lesquels croîtront de noiivelles mois-
sons.
La paille de froment, ainsi que celle de seigle, a encore
divers usages. On en couvre les toits rustiques; on s'en sert
pour faire les sièges des chaises -, souvent elle est le seul lit du
pauvre. On en fait ou recouvre certains menus ouvrages ,
comme paniers, corbeilles , boîtes, étuis, etc., dont on varie
îa couleur, parce que la paille prend facilement toutes les
teintes qu'on veut lui donner. On en fait encore des chapeaux
légers, très-utiles dans l'été, et surtout dans les pays chauds,
pour préserver des rayons d'un soleil trop ardent. Dans le midi
de l'Europe, et dans certaines parties de la France, toutes
les femmes de la campagne , et même beaucoup d'hommes ,
FRO 447
portent de ces cjiapeaux. Nous avons vu plusieurs fois , dans
les campagnes du Midi, les bergères tresser elles-mêmes les
pailles qui dévoient servir à ombrager leur front. Elles em-
ploient, presque sans préparation, les chaumes des blés ou
des seigles qui les nourrissent, et les ouvrages sortis de leurs
mains sont, comme on peut croire, très-grossiers. Mais cette
coiffure des simples villageoises étant aussi nécessaire aux
dames, l'art, à force de soins, a trouvé moyen de travailler
cette paille qui nous paroit si grossière et si vile, de manière
à la rendre assez fine et assez unie pour qu'on soit parvenu à
en faire une parure recherchée, un objet de luxe envié par
les belles les plus élégantes.
C'est en Italie que se fabriquent les beaux chapeaux de
paille. Dans les cantons oîi l'on se livre à ce genre d'indus-
trie , ou ne se contente pas de choisir les plus belles pailles
du blé que l'on cultive ordinairement pour en avoir le grain.
On fait mieux; on cultive tout exprès une variété particulière
de cette plante. On choisit un terrain pierreux où le blé
lève avec difficulté, et non pas un terrain gras et fertile. On
préfère un site montagneux , et qui ne soit ombragé par aucun
iirbre. On divise le champ en petits sillons, qu'on couvre de
fumier de pigeon, de brebis ou de -vers ci soie. Lorsque l'hiver
amène un peu de neige , la récolte en est meilleure. En juin ,
lorsque l'épi commence à fleurir, mais avant que la floraison
soit complète, il faut couper toutes les tiges rez terre. On
les place ensuite en longues files pour les faire sécher au
soleil, puis on les expose à la rosée pour les attendrir. Si on
prévoit de la pluie, il faut les rentrer avec soin; et, quand
on les expose de nouveau au soleil, on évite de les placer sur
un terrain en végétation.
Ces préparations s'appliquent à la fabrication des chapeaux
communs, tels que ceuxde Bologne; maisà Signa, petitviilage
près de Florence, où se fabriquent les plus beaux, on prend
bien d'autres soins. On cueille les tiges une à une , afin de pou-
voir les choisir. Apre» la première dessiccation, on les serre
dans un grenier , où le jour n'entre d'aucune part ; on y range
les pailles sur des planches , comme des livres dans une biblio^
thèque; on place, au milieu de la pièce, un réchaud avec
des charbons ardcns , sur lesquels ou brûle une grande quan-
448 FRO
tité de soufre; on fait sécher de nouveau les tuyaux au soleil-,
enfin, on les réunit en petites liasses, et on les coupe aux
deux extrémités, de manière qu'ils soient tous exactement
de la même longueur.
La matière ainsi préparée , le travail commence ; on ne le
confie qu'à des femmes , dont la main est plus douce et plus
délicate. Les unes font les tresses-, les autres les cousent. Il faut
des talens différens pour ces différentes opérations. L'ouvrière
qui a entrepris un tissu d'une certaine finesse , ne doit être
distraite par aucun plaisir, aucune passion : si elle est occu-
pée d'un sentiment trop vif de joie ou d'inquiétude, sa main
n'obéit plus comme auparavant; le tissu devient inégal, in-
correct, et Pouvrage perd la plus grande partie de sa valeur.
Plusieurs mois d'une laborieuse assiduité sont nécessaires
pour achever ce travail élégant. Il y a quelques années que ,
surpassant encore tout ce qu'on avoit fait jusque-là de plus
beau à Signa, on est parvenu à y exécuter une sorte de chef-
d'œuvre en ce genre: c'étoit un chapeau qui avoit quarante-
neuf tours, dix de plus que les plus beaux, qui en ont trente-
neuf. Ce chapeau merveilleux est fin comme une batiste , et
moelleux comme une étoffe de soie.
Une plante aussi précieuse que le froment, qui fait la prin-
cipale nourriture d'une grande partie des hommes civilisés ,
méritoit que nous la présentassions sous tous les rapports
d'intérêt dont elle est susceptible, et encore avons-nous été
forcés d'abréger beaucoup ce que nous avions à en dire , la
nature de ce Dictionnaire ne nous permettant pas d'entrer
dans tous les détails. Revenons maintenant aux autres espèces
du même genre.
Froment a û?i rameux , vulgairement Blé de miracle ou de
Smyrne; Triticum compositum , Linn. fils, SuppL, ii3. Le
caractère d'après lequel les auteurs distinguent cette espèce
de la première, quoique très-faciles à saisir, ne nous pa-
roissent cependant pas d'une grande valeur , et nous ne croyons
pas que cette plante soit autre chose qu'une variété r.^mar-
quable du froment commun, parce que, soit dans sesglumes,
soit dans ses balles, soit dans ses grains, elle ne présente
réellement aucune différence qui la sépare de ce dernier.
Quoi qu'il en soit , ses tiges s'élèvent à la hauteur de quatre à
FRO 449
cinq pieds, et sont terminées par de gros et grands épis, dont
la partie inférieure est chargée de quatre à sept épis courts,
sessiJes, serrés à la base de l'épi principal. Leurs épillets sont
ordinairement triflores, et les balles sont velues, munies de
longues barbes. Ce froment passe pour être originaire de
l'Egypte: on le cultive dans quelques cantons, principalement
en Picardie et en Dauphiné-, mais jusqu'à présent il ne paroît
être répandu abondamment nulle part, et on le sème plutôt
par curiosité qu'autrement. Pline [Lib. 18, cap. 10) paroît
désigner le blé de miracle par ces mots : Fertilissima tritici
gênera, ramosum , aut quod centigranum vocant. Cette espèce
offre des variétés et des sous-variétés qui diffèrent les unes des
autres par la couleur, plus ou moins rousse, et quelquefois
blanchâtre, des épis. Il y en a aussi une dont l'épi est glabre :
les grains sont gros, bombés, presque ronds, d'un blanc jau-
nâtre; ils font de très-bon pain.
Froment de Pologne : Triticum polonicum ,\Linn., Spec, 127 •
Triticum majus , longiore grano, etc.,Moris,, Hist,, 3, p. 175
Suppl. , 8 , t. 1, f. 8. Ce froment est une espèce très-distincte-
ses tiges s'élèvent à quatre ou cinq pieds; elles sont terminées
par un épi de 4 à 7 pouces de longueur, formé de i5 à 20 épil-
lets ou plus, imbriqués, longs de i3 à 18 lignes, et d'une
couleur glauque ; les glumes de leur calice sont étroites-lan-
céolées, striées , glabres dans une variété, pubescentes dans
l'autre, renfermant ordinairement deux fleurs fertiles et une
autre qui avorte. Dans les premières , la balle extérieure se
termine par une longue barbe. Les grains sont alongés presque
comme des grains d'avoine. Le lieu natal de cette plante n^est
pas connu d'une manière positive; le nom spécifique qu'elle
porte , paroîtroit faire croire qu'elle nous est venue de la
Pologne. On ne la cultive guère que dans les jardins de bo-
tanique.
Fkoment-épeautre, vulgairement Grande Epeautre : Tri-
ticum spelta , Linn. > Spec. , 127 ; Zea dicoccos vel major , Moris.
Hist., 3, p. 204, Suppl., 8, t. 6 , f. i.Ses tiges, hautes de
deux à trois pieds , portent à leur sommet un épi un peu com-
primé, long de trois pouces ou environ, glabre, glauque,
composé d'épillels distiques, dont'les glumes, coriaces, tron-
quées à leur sommet avec une petite pointe, renfermeçt deux
17. . 29
45o FRO
fleurs fertiles , ordinairement munies de barbes , et en outrt?
une ou deux fleurs mutiqucs et stériles. Les graines sont pe-
tites, et elles adhérent aux balles de manière qu'il est assez
difiicile de les en séparer. Cette plante croît naturellement en
Perse, ainsi que Michaux père et Olivier Tont découvert l'un
et l'autre. Avant le voyage du premier dans cette contrée , les
botanistes ignoroient quelétoit son pays natal. Cultivée depuis
long-temps en Europe, elle .1 produit plusieurs variétés.
M. Tessier distingue les suivantes :
a. Epeautre barbue, à épi blanc, barbes blanches, balles
écartées , grains longs ;
h. Epeautre barbue, à épi rouge, barbes rouges, balles
écartées, grains longs ;
c. Epeautre sans barbes , à épi blanc , balles écartées, grains
longs ; .
d. Epeautre sans barbes, à épi rouge, balles écartées,
grains longs ;
e. Epeautre barbue, à épi étroit, blanc et plat; balles et
barbes rapprochées, grains longs.-
On cultivoit autrefois Tépeautre beaucoup plus que main-
tenant, et le nombre des champs ensemencés de cette grami-
née diminue tous les jours. On n'en voit pas aujourd'hui
en France le quart de ce qu'il y en avoit il y a trente ans;
presque partout où l'on a pu lui substituer le froment on l'a
fait, parce qu'on a trouvé la culture de ce dernier plus avan-
tageuse. Dans quelques parties de lAllemagne , et surtout en
Souabe, on estime encore beaucoup l'épeautre , parce qu'elle
ne gèle jamais. On en recueille aussi dans quelques cantons
de l'Italie, en Suisse, et dans les pays montagneux en France,
comme tes Cévennes, le Limousin, les Vosges, le Dauphiné.
L'épeautre vient dans les plus mauvaises terres, et princi-
palement sur les montagnes froides : elle craint l'eau : mais
elle peut rester, sans inconvénient, pendant quatre mois
sous la neige. Comme elle est beaucoup de temps à mûrir , on
la sème tout de suite après la moisson, et avec son enve-
loppe, ce qui fait qu'il en faut le double de ce qui seroit
nécessaire si elle étoit égrugée. Sa culture est d'ailleurs la
même que celle du froment.
Le grain de l'épeautre se conserve bien dan» ses balles,
rno 45i
satis craindre les charançons et autres ennemis du froment-,
mais il a besoin d'en être débarrassé pour être réduit enfariné,
et c'est une opération préparatoire qu'on lui fait subir dans
des moulins construits exprès , et dont les meules sont écartées
de manière <à froisser seulement Tenveloppe sans endtîmmagcr
le grain,
La farine d'ëpeautre , moins abondante que celle de fro-
ment, est composée des mêmes élémens ; fnais, comme les pro-
portions n'en sont pas tout-à-fait les mêmes, il faut, pour en
faire un pain qui ne soit pas lourd et fade, apporter quelques
soins particuliers dans sa fabrication, employer de l'eau plus
chaude, une plus grande quantité de levain, et surtout un
peu de sel. Si , avec ces soins , la farine a été bien débarrassée
de tout le son, le pain d'épeautre est blanc, léger, savon-
feux, et se conserve frais pendant quelques jours. Si, dans
les pays de montagnes , on trouve chez les paysans de ce pain
qui soît noir, grossier et difficile à digérer, c'est parce que
ceux-ci y ont laissé tout le son , et ont négligé les autres soins
nécessaires à la confection d'un pain de bonne qualité. La
bouillie faite avec la farine d'épeautre est excellente, selon
M. Bosc. On peut, avec le grain, faire de très-bon gruau, et
préparer une bière également fort bonne.
La paille d'épeautre est plus tendre que celle de froment,
et les bestiaux la mangent plus volontiers ; en Allemagne , on
la leur donne comme fourrage. Les balles , mêlées avec un peu
d'avoine, sont une bonne nourriture pour les chevaux.
Froment lOcular , vulgairement Petite Epeautre : Trilicum
monococcum , Linn. , Spec. , 127 ; Zea briza dicta, seu monococ-
cos germanica , Moris. , Hist., 3, Suppl., 8, t. 6, f. 2. Cette
espèce diffère de la précédente, parce qu'elle est plus petite;
parce que ses épis sont plus grêles, plus courts, |plus compri-
més, et parce que chaque ëpillet ne contient que deux ou
trois fleurs, dont une seule est fertile et munie de barbes. On
en connoît deux variétés : dans l'une l'épi est blanc et lisse,
dans l'autre Tépi est roux et pubescent. Le froment locular est
cultivé dans quelques cantons montagneux du midi de la
France, dans la Suisse, la Sicile , etc. Commme l'épeantre, il
réussit dans les pays montueux, et peut venir dans les terrains
maigres et presque arides ;. sa culture est la même. Ses grains,
452 FRO
qui sont petits , un peu rougeàtres , servent aussi à faire de la
bière ou du gruau ; et , pour les convertir en farine et en pain ,
il faut les mêmes précautions et les mêmes soins que pour
l'épeautre.
Froment loliaçb : Triticum loliaceum, Smith, FI. Brit., i ,
p. iSg ; Triticum rottbolla, Decand., FI. Fr. , n.° 1669. Tiges
longues de deux à quatre pouces, étalées, simples, ou plus
rarement un peu rameuses , glabres ; terminées , dans leur
moitié supérieure, par un épi composé de six à douze épillets
oblongs, alternes, disposés d'un seul côté, et renfermant cha-
cun six à dix , et même jusqu'à douze fleurs mutiques. Cette
petite plante est commune dans les terrains sablonneux, sur
les bords de l'Océan et de laM éditcrranée.
Froment DÉr.iCAT : Triticum tenellum , Linn. , Spec. , 127;
Triticum'poa, Decand., Fl.Fr. , n.° 1668. Tiges hautes de trois
à huit pouces, et jusqu'à un pied, droites, grêles, d'un vert
tendre , et quelquefois teintes de violet ainsi que toute la
plante, garnies de deux à trois feuilles très-étroites ; épi ter-
minal, formé de cinq à huit, et jusqu'à quinze épillets al-
ternes, composés de quatre à six fleurs oblongues, obtuses.
Cette plante croît dans les champs, en France, en Italie , etc.
Froment menu-, Triticum tenuiculum, Lois., Not. ,27. Cette
espèce a beaucoup d'affinité avec la précédente ; elle en a tout
le port : ses épillets sont seulement moins nombreux, et ses
balles sont aristées. Elle croît dans les champs , en Bretagne ,
en Anjou, dans le pays de Gènes, etc.
Froment faux-nard ; Triticum nardus , Decand., Fl.Fr.,
n.° 1671. Petite espèce comme les trois précédentes, dont les
tiges viennent en touffe , et sont terminées par des jépis uni-
latéraux, composés de dix à vingt épillets, dont les balles sont
aristées , glabres dans une variété , pubescentes dans Fautre.
Elle est commune dans les champs secs et arides.
Froment unilatéral ; Triticum uniterale, Linn., Mant. , 35.
Ce petit froment diffère du précédent par ses tiges étalées,
presque entièrement couchées, et par ses balles qui sont dé-
pourvues de barbes. Il croît dans les champs du midi de la
France.
§. II. Fromens vi^>aces.
Froment jonciforme : Triticum junceum^ Linn., Spec, ia8 ;
FRO 455
Triticum farctum , Viv. , Fiat, Ital. , fragm. i , p. 28 , t. 26 , f. i .
Ses racinessont' rampantes^ ellesclonnentnaîssance à plusieurs
tiges roides , hautes d'un à deux pieds , garnies dans leur par-
tie inférieure de plusieurs feuilles étroites, glauques comme
toute la plante , et roulées en leurs bords ; les tiges sont ter-
minées par un épi long de quatre à dix pouces, composé
d'épillets écartés , alternes , portés sur un axe lisse , comprimés ,
contenant chacun trois à six fleurs à balles striées, mutiques
et un peu tronquées.. Cette plante croit dans les sables des
bords de la Méditerranée.
FiiOMENT ROiDE : TriticuTTi rigidiim , Schrad., FL. Germ. , 1 ,
p. 392 ; Triticum elongafum , Host., Gram., 2 , p. 18, t. 18.
Cette espèce difTère de la précédente par ses épillets plus
nombreux, quelquefois presque imbriqués, portés sur un axe
denté, composés de six à dix fleurs, dont les glumes sont
marquées de sept nervures. Elle croît sur les bords de la mer
en Languedoc, en Provence; elle a aussi été trouvée en
Allemagne, en Suisse.
Froment des haies : Triticum sepium , Lamk. , Dict. enc. , 2,
p. 563-, Elymus caninus , Linn.,Spec., 12/). Ses racines sont
fibreuses; elles produisent des tiges droites, feuillées , hautes
de deux à trois pieds ou plus , et terminées par un épi un peu
incliné, composé d'épillets rapprochés, contenant chacun
quatre à cinq fleurs , dont les balles et les glumes sont aristées.
Cette plante est commune dans les bois, dans les buissons et
dans les haies.
Froment rampant : Triticum repens , Linn., Spec. , 128;
Host., Gram., 2 , p. 17 , t. 21. Ses racines sont grêles, articu-
lées, rampantes; elles produisent çà et Là des tiges droites ,
feuillées, hautes de deux à trois pieds, terminées par un épi
long de trois à six pouces, formé d'épillets assez rapprochés,
contenant chacun quatre à huit fleurs , dont les glumes et les
balles sont aiguës, et quelquefois munies de barbes. Cette
espèce est commune dans les lieux cultivés et sur le bord des
champs.
Les racines de froment rampant, vulgairement connues sous
le nom de chiendent, ont une saveur douceâtre et un peii
sucrée. Elles sont diurétiques, apéritives et rafraîchissantes:
sous ces divers rapports , ou en fait un usage fréquent en mé-
454 FRO
decine , et elles entrent dans la plup.irt des tisanes comnmncs.
On les prescrit en décoction, à la dose d'une demi-once à une
once pour deux livres d'eau. Cette décoction , édulcorée avec
un peu de sucre ou de mie), est une boisson assez agréable,
qui convient dans beaucoup de maladies où la médecine doit
être peu active.
Les racines de chiendent, bien nettoyées, séchées et ré-
duites en poudre, sont susceptibles dedonner de l'amidon ; et,
dans les temps de disette, on pourroit en mêler une certaine
quantité à la farine pour en faire du pain. Elles peuventaussi
servir à la nourriture des bestiaux pendant l'hiver. Comme
elles se multiplient avec la plus grande facilité, et qu'elles
infestent souvent les cultures , parce que la plus petite portion,
laissée en terre, suffit pour en reproduire promptement un
grand nombre de pieds, la meilleure manière de s'en débar-
rasser est d^ les arracher avec soin , de les laisser sécl.er sur
le terrain , et d'en faire ensuite des tas auxquels on met le
feu : les cendres qu'on en obtient par ce moyen , servent à
féconder les champs.
Le nom de chiendent donné à ce froment lui vient de ce
que les chiens, lorsqu'ils se sentent malades , en avalent les
feuilles pour se faire vomir. (L. D.)
FROMENT BARBU (Bot.), nom vulgaire d'une espèce
d'orge, hordeum zeocrithon. ( L. D.)
FROMENT DES INDES {Bot.), un des noms vulgaires du
maïs. (L. D.)
FROMENT DE VACHE. (Bot.) Le mélampyre des champs
porte vulgairement ce nom. (L. D.)
FROMENT AIRE ou Frumentaike, Lapjs/rumentorit/s. (Foss.)
Scheuchzer et d'autres anciens oryctographes ont donné ces
noms à des pierres composées presque en totalité de nummu-
lites. Ces pierres, étant brisées ou sciées, laissent voir ces fos-
siles , souvent placés du même sens et coupés de champ , qui
présentent dans ce cas la forme de grains de blé, ou d'orge,
ou de semences de melon, d'anis, de fenouil ou de cumin,
suivant la grandeur de l'espèce de nummulite qui compose la
pierre. On voit une figure d'une de ces pierres, où sont assez
bien représentés des grains d'orge , dans les Mémoires de
Fortis pour servir à riiistoire naturelle d'Italie, vol. a, pi. xv.
. FRO 455
fig. 1 ; elle a été trouvée en Suisse. On en a trouvé de pareilles
sur le uiont Zopica, dans le Véronnais. (D. F. )
FROMENTAL, ou Fromentel {Bot.), nom vulgaire de
l'avoine élevée, qui fournit dans les prairies uu des meilleurs
fourrages. (L.D.)
FROMENTEAUX. (Bot.) Ce sont, suivant Olivier de Serres,
les fruits de la ronce des buissons, nommés aussi mûres sau-
vages. (J.)
FROMENTONE. (Bot.) Césalpin dit que dans la Toscane on
nomme ainsi le sari'asin grimpant, poljgonum convolvultis y
ainsi que le sarrasin ordinaire, poljgonum fagopjrum. (J.)
VRONDICULINE, Frondiculina. (Zooph.) Dénomination gé-
nérique sous laquelle M. deLamarck (Extr. du C. deZoolog.,
pag. 25) comprenoit les mêmes espèces de polypiers que
M. Laniouroux avait nommées Ad£One (voyez ce mot), déno-
mination que le premier a depuis adoptée dans la deuxième
édition de ses Animaux sans vertèbres , quoiqu'il place ce
genre différemment, c'est-à-dire, près des eschares, et non
parmi les isidées, comme M. Lamouroux. (De B.)
FRONDIPORE. (Polj'p.) On trouve quelquefois ce nom em-
ployé pour indiquer quelques espèces de raillépores dePailas,
élargies en forme de feuilles, et dont les pores sont très-
visibles. Ce sont des rétépores pour les zoologistes modernes,
(De B.)
FRONDIPORE. (Foss.) C'est un des noms que l'on a donné
autrefois aux madrépores fossiles. (D. F.)
FRONT. (Eatom.) Onnomme ainsi dans les insectes la partie
antérieure et supérieure de la tête, comprise entre la bouclie,
les antennes , les yeux et l'occiput. Cette partie présente
d'assez bons caractères ; elle supporte les yeux lisses ou steiu-
niates dans les hyménoptères et les orthoptères. Sa partie !a
plus avancée, qui supporte la lèvre supérieure dans les i;i-
sectes màclieurs , prend quelquefois le nom de chaperoii ,
comme dans les hannetons. Quelques espèces d'insectes ont
cette partie prolongée, comme les fulgores ; d'autres y offrant
une ou plusieurs cornes, comme plusieurs scai-abées, bousiers,
trox. (CD.)
FRONTIROSTRES ou Rhinostomes. {Entomot.) C'est le
Bora sous lequel nous avons désigné , dans la Zoologie aualy-
456 FRU
tique, une famille d'insectes hémiptères ou à ailes supérieures
croisées, à demi coriaces; à antennes longues, en fil ou en
masse, et non en soie, comme dans les zoadelges. Cette fa-
mille des frontirostres comprend les punaises des plantes,
comme les pentatomes , cordes, logées, etc. Voyez l'article Rhi-
NOSTOMÉS. (C. D. )
FROSCHWELS {Ichtli-Yol.) , noin allemand du macroptéro-
note grenouiller, macropteronotus batrachus. Voyez M ackoîjè-
RONOTE. (H. C.)
FROUER (Chasse), action par laquelle on contrefait, à
l'aide d'une feuille .de lierre, le cri des geais, des merles et
d'autres oiseaux, pour les attirer dans des pièges. (Ch. D.)
FROUFROU. (Ornith.) On a désigné par ce nom, les oiseaux-
mouches , à cause du bruit qui accompagne le mouvement
rapide de leurs ailes. (Ch.D.)
FROUMENTÉE {Bot.), nom ancien donné à la semoule,
suivant Dalechamps. (J.)
FRUCTIFICATION. {Bot.) Le mot fructification peut se
prendre dans plusieurs sens : tantôt il indique les diverses
parties dont l'ensemble compose le fruit; tantôt l'ensemble des
fruits eux-mêmes sur un végétal quelconque; tantôt lest chan-
ge mens successifs qui font passer l'ovaire à l'état de fruit
parfait.
Développement des ovules et des ovaires. Le fœtus des animaux
vivipares e^t renfermé dans deux sacs membraneux , le cho-
rion et Famuios : Famnios est recouvert par le chorion , et il
contient une liqueur où nage le fœtus, Malpighi, trop pressé
de marquerlesrapports des organesdes animaux et des plantes,
crut recounoître dans le tegmen (enveloppe immédiate de
l'amande ) , dans la lorique (enveloppeséminale qui recouvre
le tegmen) , et dans le périsperme (substance qui accompagne
l'embryon , et sert à le nourrir lors de la germination), des
parties analogues au chorion , à Famnios et à sa liqueur; mais
la ressemblance n'est rien moins qu'évidente. Négligeons donc
ces analogies, et cherchons la lumière dans l'examen des
faits.
Avant que la fleur s'épanouisse, quand le pistil commence
à se développer, l'ovaire est rempli d'un tissu cellulaire très-
délicat, qui semble être, dans tous ses points, d'une nature
FRU 457
parfaitement homogène, et dont les cellules transparentes
sont infiltrées par une liqueur limpide. A cette époque les
ovules ne paroissentpas encore. Peu après ils se dessinent dans
le .tissu cellulaire. Ordinairement ce tissu se dessèche et se
détruit, et les ovules s'isolent les uns des autres. Ils tiennent
tous au placentaire, tantôt immédiatement, tantôt par l'inter-
médiaire du cordon ombilical ou funicule, et ils reçoivent,
au point du hile, l'extrémité des vaisseaux conducteurs et
nourriciers. On trouve souvent alors beaucoup plus d'ovules
dans l'ovaire qu'on ne trouvera de graines dans le fruit,
parce qu'il arrive fréquemment que quelques uns d'entre eux,
s'emparant de toute la nourriture, en privent les autres et les
font avorter ( frêne, chêne , maronnier d'Inde , etc.). La subs-
tance des ovules est formée d'un tissu cellulaire continu : la
partie superficielle de ce tissu est opaque, ferme et serrée; la
partie intérieure est foible, humide et diaphane. Avant, et
même quelque temps après la fécondation, les jeunes graines
n'offrent rien de nouveau, si ce n'est que leur volume aug-
mente. Quand la fleur est passée, c'est-à-dire quand les éta-
mines et les stigmates sont flétris, il survient des changemens
plus notables. Des Unéamens vasculaires, premier indice non
équivoque de l'existence de l'embryon, se développent dans le
tissu de chaque ovule. Les cellules qui avoisinent les linéa-
mens vasculaires se remplissent d'une substance opaque, blan-
châtre ou verdàtre. Cette substance, aussi bien que les vais-
seaux, gagne de proche en proche, tantôt de la circonférence
au centre , tantôt du centre à la circonférence. Le tissu qu^elle
pénètre et qu'elle colore est, en quelque façon, un canevas
organisé sur lequel la nature travaille à l'ébauche du végétal.
La croissance de l'embryon est comparable à celle des os des
animaux. Les os sont d'abord cartilagineux : des centres d'ossifi-
cation y paroissent ; ils envoient des rayons dans tous les sens ,
et donnent peu à peu, aux différentes parties du squelette,
cette solidité et cette opacité qui caractérisent les os parfaits.
Si tout le tissu de l'ovule entre dans la structure de l'em-
bryon, l'embryon, à lui seul, constitue toute la graine , et,
par conséquent, il n'y a point de périsperme , point de teg-
men, point de lorique ; la paroi de Tovaire devient l'enve-
loppe séminale immédiate {ayicenia, etc.).
4^8 FRU
Cette paroi devient encore l'enveloppe immédiate , lor»
même que l'embryon n'envahit pas la totalité du tissu de
l'ovule , si la portion de ce tissu qui reste en deiiors , pénétrée
par des sucs prompts à se concréter, se change tout entière
en périspcrme (conifères, belle-de-nuit, etc.).
Mais il arrive souvent que le tissu extérieur de l'ovule forme
une ou plusieurs tuniques séminales, bien distinctes de la
paroi Je l'ovaire, ce qui n'empêche pas qu'une portion du
tissu de l'ovule ne se métamorphose en périsperme, et alors
Ja graiue est aussi composée qu'elle puisse l'être (ricin, etc.).
Deux exemples particuliers feront mieux concevoir encore
les circonstances les plus remarquables du développement de
la graine :
Dans l'intérieur de l'ovule de l'acanthe , on ne distingue
d'abord qu'un tissu humide et délicat, dont il a été parlé plus
haut : ensuite on voit paroltre un petit corps blanchâtre au
centre de ce tissu. Ce corps est l'embryon, qui commence à
se développer. Les cotylédons se montrent sous la forme de
deux lames arrondies, appliquées l'une contre l'autre, et la
radicule qui leur sert de point d'union , sous celle d'un ma-
melon charnu. De ce mamelon partent des linéamens vascu-
laires qui pénètrent les cotylédons, et s'étendent , en diver-
geant, jusqu'à leur bord : ce sont les vaisseaux mammaires. En
y faisant attention, on reconnoît qne le tissu de l'embryon
est continu avec letissu diaphane qui l'environne. Cependant
les vaisseaux mammaires se développent , et les cotylédons
grandissent dans tous les sens, jusqu'à ce qu'il ne reste plus
qu'une légère couche de tissu cellulaire àleur superficie. Alors
l'embryon est arriyé au terme de sa croissance , et il se détache
du tissu superficiel, qui devient une enveloppe séminale im-
médiate, c'esf-à-dire un tegmen. Ainsi, dans l'acanthe, tout
le tissu cellulaire de l'ovule entre comme partie constituante
du tegmen et de l'embryon ; d'où il suit que l'acanthe ne peut
avoir de périsperme.
. Les choses se passent d'une tout autre manière dans la
belle-de-nuit : un ovule remplit entièrement la cavilé de
l'ovaire; l'embryon forme la partie la plus extérieure de cet
ovule 5 les cotylédons, larges, minces, rejetés à la circonfé-
rence , laissent subsister au centre une masse épaisse de tissu
FRU ASç
cellulaire; les cellules de ce tissu se remplissent d'une liqueur
émulsive qui se change insensiblement en une substance ami-
, lacée , sèche et pulvérulente. Ici donc tout le tissu de l'ovule
constitue la base organique de l'embryon et du périsperme:
la graine est dénuée de tuniques propres, et la paroi de
l'ovaire devient son seul tégument.
On n'eût peut-être pas avancé tant d'idées systématiques
sur la nature et l'importance du périsperme et des tuniques
séminales, si l'on eût bien étudié cette suite de phénomènes.
Effet de la fécondation sur Vovaire. La fécondation est aussi
indispensable au développement de l'ovaire qu'à celui des
ovules. L'ovaire d'une fleur dont le stigmate n'a point reçu la
poussière fécondante , se flétritsans prendre d'accroissement.
Au contraire, si la fécondation s'est opérée, l'ovaire s'accroît,
ses pariétaux produisent de nombreuses ramilications , et il
acquiert des dimensions et une forme souvent très-différentes
de celles qu'il avoit d'abord.
Le cultivateur peut marier des variétés , ou même d(;s espèces
voisines, en répandant le pollen des unes sur les fleurs des
autres. Parmi les nouvelles variétés qui naîtront de ces croise-
mens, il s'en trouve dont les fruits sont préférables à ceux
qu'on possédoit déjà. Par ce procédé, M. Knight a obtenu, il
y a quelques années, une très-grosse variété de pois.
Les croisemens s'opèrent d'eux-mêmes entre les différentes
variétés qui s'opèrentsur le même terrain-, il suint donc, pour
qu'ils aient lieu , que le cultivateur sème ensemble les graines
de plusieurs variétés. Les pollens, emportés par les mouve-
mens de l'air, se mêlent et fécondent indifféremment \.e& pis-
tils dont ils touchent les stigmates. M. Knight nous apprend
que, dans les années 1796 et 179S, où la récolte du blé ne
donna, dan? toute l'Angleterre, que des graines sans farine,
les variétés obtenues par les croisemens échappèrent toutes à
ce fléau, quoiqu'elles eussent été semées à des expositions et
dans des terrains très-différei\s.
Ces observations ne sont pas moins importantes pour les
progrès de l'agriculture que pour ceux de la physiologie végé-
tale. Mais est-il vrai, comme le prétendent plusieurs cultiva-
teurs, que les fécondations adullériues nioditient immédiate-
luent l'organe fécondé, déserte que soa développement a'e&t
46o FJIU
pas tel qu'il eût été si les choses se fussent passées selon la
règle ordinaire de la nature? Faut-il admettre que les melons
qui croissent au voisinage des courges doivent, à l'influence
du pollen de ces dernières, leur saveur peu agréable; et que
les oranges chiffonnées, digitées, bigarrées, que celles qui
contiennentunesecondeorangesousunepremièreécorce , etc.,
offrent cette structure bizarre, parce que les stigmates des
pistils dont elles proviennent, ont reçu un pollen étranger?
Je n'ose décider cette question. Si l'on considère ce qui se
passe dans les animaux, et qu'on veuille raisonner par analo-
gie, on penchera sans doute pour la négative ;. car il est bien
certain que les accouplemens, hors de la loi commune, ne
chafigentrien à la structure de l'organe femelle : mais, comme
la nature procède souvent par des voies très-différentes dans
l'un et l'autre règne , et que les plus graves erreurs en physio-
logie végétale sont nées de l'abus qu'on a fait de l'analogie, je
pense que, pour porter un jugement définitif sur cette matière
délicate, de nouvelles lumières, fruits de l'expérience et de
l'observation , sont indispensables.
Effets de la culture sur Vovaire. La culture a une grande in-
fluence sur le développement des ovaires. Comparez les fruits
des sauvageons à ceux des arbres des mêmes espèces qui
croissent dans nos vergers : les premiers sont peu nombreux,
très-petits, sans parfum et d'un goût acerbe ; les autres sont
nombreux, gros, parfumés, savoureux.Lasaveur et le parfum
sont dus au hasard, etnon à la culture: seulement le jardinier
propage les variétés que la nature lui offre ; mais la multipli-
cation des fruits et leur beauté sont la juste récompense de son
travail et de son industrie.
La taille des branches, opérée avant que la sève se porte
sur les boutons à fruits, assure de plus belles récoltes. L'en-
lèvement d'un anneau d'écorce , ou les ligatures au-dessous
des fruits déjà formés , peuvent quelquefois hâter la maturité
et accroître le volume des fruits. Dans le cas de la taille, la
sève, qui se seroit dissipée parles feuilles , se dirige vers les
boutons; dans le cas des ligatures ou des décortications annu-
laires, les sucs élaborés qui descendent par l'écorce , rencon-
trant un obstacle, s'amassent au-dessus, et fournissent aux fruit»
Tplus de sucs nutritifs.
FRU 461
Fonctions de l'ovaire. Les fonctions de l'ovaire ne se bornent
pas à garantir les jeunes graines de l'action immédiate des
agens extérieurs qui pourroient leur nuire. L'ovaire est une
espèce de corps glanduleux ; il prépare , dans son tissu , les sucs
nutritifs nécessaires au développement des ovules. L'illustre
Haies a fait voir que les fruits ont une transpiration marquée,
quoique moins abondante que celle des feuilles. La chimie
moderne prouve que les fruits verts respirent à la manière
des autres parties vertes, et que, par conséquent, ils décom-
posent le gaz acide carbonique, et retiennent le carbone.
Duhamel rapporte qu'ayant cueilli des noix à l'époque où
l'amande n'est encore qu'un tissu transparent et mucilagineux,
et Ifs ayant abandonnées à elles-mêmes , l'amande se forma
presque aussi bien que si les noix eussent mûri sur l'arbre.
Quand les fruits étoient tenus dans un lieu sec, l'amande étoit
plus petite qu'elle n'a coutume de l'être; mais elle acquéroit
sa grosseur ordinaire dans un lieu humide, tel qu'une cave.
Les fruits succulens cèdent quelquefois leur humidité aux
parties voisines. Ce phénomène paroît surtout dans les pays
chauds , où il arrive souvent que les fruits de la saison précé-
dente sont encore suspendusauxbranchesquand l'arbre pousse
de nouveaux Jets. Ces fruits sont comme des réservoirs que la
nature auroit disposés sur le végétal pour lui procurer au
besoin un aliment déjà tout préparé. Les botanistes qui ont
habité le midi de l'Europe , savent qu'au mois de juin, en même
temps que les bourgeons et les fleurs de l'oranger se déve-
loppent, les oranges restées sur l'arbre perdent leurs sucs,
mais qu'elles en reçoivent de nouveaux au mois de juillet,
époque où la végétation devient moins active. [ Mirbel ,
Elémens, etc.] (Mass.)
FRUGILEGA {Ornitli.) , nom latin du freux dans plusieurs
ouvrages. (Ch. D. )
FRUGIVORES. (Ornith.) Ce terme est employé, dans divers
ouvrages systématiques, pour désigner des animaux dont les
fruits sont la principale nourriture. C'est, par exemple, dans
la Méthode de M. Vieillot, une famille d'oiseaux composée
des genres Tourqco et Musophage. (Ch.D.)
FRUIT , Fruotus. (Bot.) Le pistil fécondé , en parvenant à
son dernier degré de développement, constitue le fruit. Il est
tomposé de deux parties distinctes , la graine , et le péricarpcj
qui est l'ovaire accru et modifié par l'âge.
« Nous pouvons dire en théorie qu'une tleur quelconque n'a
jamais plus d'un ovaire, et que les petites boîtes distinctes ,
fixées sur un même réceptacle, qui se montrent dans une
foule d'espèces, ne sont que des portions d'un réceptacle
ujiique. L'anatomie comparée des ovaires et des fruits, dans
une même famille , et l'analogie vraiment admirable qui existe
presque toujours entre les fruits formés de plusieurs boites
séparées et ceux qui sont tout d'une pièce , donnent le plus
grand poids à cette assertion. Mais, dans la pratique, nous
admettons autant de péricarpes que de boîtes distinctes, dès
l'instant que l'organe femelle paroît à la lumière ; à moins
que, par l'effet des développemens ultérieurs, les différentes
boites, en s'entre-grefFant , ne forment plus qu'une masse,
comme on le voit dans la framboise.
« Les points d'attache des styles et des stigmates, soit que
ces parties subsistent ou se détruisent, marquent les sommets
organiques des fruits. Quand un fruit n'a qu'un sommet orga-
nique, il est monocéphale (pêche, cerise, etc.): quand il en a
plusieurs*, il est polycéphale (sida ahutilon, etc.).
« Nous devons distinguer dans les péricarpes les différens
appendices extérieurs, tels que les ailes, la couronne, l'ai-
grette, etc., et de plus les valves , les cloisons, le placentaire,
les funicules ou cordons ombilicaux, etc.
« Les Ailes sont des crêtes minces, des lames membra-
neuses, qui se développent à la superficie des péricarpes. Le
péricarpe du frêne se prolonge , à son sommet , en une aile
étroite qui a la forme d'une langue d'oiseau; celui de l'orme
s'étend latéralement en deux ailes minces et arrondies.
« La Couronne appartient aux fruits qui proviennent d'o-
vaires soudés au calice. Elle est formée par les bords dessé-
chés de cet organe. La pomme, la poire, la grenade, etc.,
sont des fruits couronnés.
« V Aigrette a la même origine que la couronne , c'est-à-dire
que ce n'est autre chose qiie \e limbe du calice-, mais ce limbe
est formé de filets grêles", alongés , nombreux . qui ressemblent
à un faisceau de poils. Beaucoup de synanthérées , telles que
le pissenlit, le chardon, etc., ont des aigrettes.
FPtU 465
«ç Les Valves sont les panneaux dont la reunion compose la
plupart des péricarpes. On reconnoit qu'un péricarpe a de
véritables valves quand il offre à sa superficie des sutures,
lignes rentrantes ou saillantes, plus ou moins marquées, dis-
tribuées avec symétrie, qui indiquent la soudure de plusieurs
panneaux distincts. Presque toujours les'valves de ces péri-
carpes se séparent nettement à l'époque de la maturité. Ce
phénomène est connu sous le nom Ae âéhiscence.
« Pour ne pts s'engager dans des discussions délicates , on est
convenu que tout fruit seroit ceftsé n'avoir pas plus de valves
que de panneaux libres après la déhiscence,- mais néanmoins
le nombre et la disposition des sutures prouvent que chaque
panneau est composé très-souvent de deux valves soudées, qui
ne se séparent jamais.
« Les Cloisons sont des diaphragmes qui partagent la cavité
intérieure du péricarpe en plusieurs loges." Si l'on considère
la forme du péricarpe , la distribution des rameaux vasculaires
qui le parcourent, Pagencement des valves qui le ferment, la
continuité ou Pinterruption de la surface de ces valves, leur
union ou leur séparation au moment de la déhiscence, on re-
connoîtra que les cloisons n'ont pas toujours la même origine.
Beaucoup sont produites par les valves dont les bords rentrent
dans la cavité du péricarpe {rhododendrum , ombellifères, etc.) >
d'autres par un simple élargissement du placentaire ( plantain ,
crucifères , etc.) ; d'autres, enfin, par de simples lames de tissu
cellulaire (casse, etc.).
« Lorsquelescloisonssontforraéespar des valves rentrantes,
chaque loge est circonscrite par une ou par deux valves. Dans
le premier cas, la valve est pliée dans sa longueur, et ses deux
bords vont gagner Paxe du fruit (ombellifères, etc.). Dans le
second cas, les deux valves de la loge, placées vis-à-vis l'une
de l'autre, et soudées antérieurement par l'un de leurs bords,
enfoncent leur autre bord jusqu'à Paxe (digitale, etiphorbe,
hura crcpitans, etc.). •.
« .Quand ce dernier mode d'organisation a lieu , ce qui arrive
fréquemment, les valves des loges contiguës sont presque
toujours soudées par leur partie rentrante, en sorte que
chaque cloison est composée de deux lames accolées Pune à
l'autre (lis, hœlreuteria, etc.).
464 FRU
« A l'époque de la maturité, les loges des péricarpes à valves
rentrantes se séparent souvent les unes des autres, et forment
autant de Coques, lesquelles s'ouvrent ou restent closes.
« Le Placentaire est la partie de la paroi interne du péricarpe
où sont fixées les graines. Les vaisseaux conducteurs et nour-
riciers constituent essentiellement le placentaire. lisse distri-
buent en filets, que j'ai désignés sous le nom de nervules. Les
nervulessont quelquefois réunies par une masse de tissu cel-
lulaire ; d'autres fois elles sont séparées, et forment plusieurs
branches distinctes, appliquées contre la paroi du péricarpe
ou contre les cloisons; d'autres fois encore, elles traversent sa
cavité en cordons grêles , fixés seulement par leurs extrémités.
« Le Funicule ou cordon ombilical est une portion de la
susbtance même du placentaire , qui se prolonge en un filet
plus ou moins long et délié, à l'extrémité duquel la graine est
attachée.
(f Quand les fruits du magnolia grandijlora et tripetala se sont
ouverts par l'effet de la maturité, leurs graines, d'un rouge de
corail, pendent au dehors, attachées à l'extrémité d'un funi-
cule qui a plus de deux centimètres de longueur; mais, dans
une multitude de plantes, ce cordon est très-court (haricot,
genêt , ricin , etc.) ; ou même souvent il n'existe pas , et alors
les graines sont fixées immédiatement sur le placentaire (pri-
mulacées, pavot, etc.).
« La situation de la graine dans le péricarpe est toujours un
excellent caractère de famille. Il n'y a pas d'ombellifère dont
la graine ne soit renversée, point de synanthérée dont la
graine ne soit dressée, point de liliacée dont les graines ne
soient attachées à l'axe central du péricarpe, point d'orchidée
dont les graines ne soient attachées le long de la ligne médiane
des valves.
« Il existe peu de péricarpes dont la substance soit sem-
blable à elle-même dans toute son épaisseur. On y distingue
fréquemment deux parties , l'une extérieure , l'autre inté-
rieure, de nature très-différente. La première, qui forme
i'écorce du fruit, est la pannexterne; l'autre, qui circonscrit
la cavité péricarpienne est la panninterne.
« Quelquefois la pannexterne est ligneuse ou coriace ,
tandis que la panninterne est charnue et pulpeuse (melon,
FRU 465
coloquinte, cacao, etc.); d'autres fois, c'est la panncxterne
qui est succulente et molle, tandis que la pantiinienie est
sèche et solide (pêche, prune, cerise, etc.). Quand celte der-
nière l'ait corps avec l'autre, eine s'en détache point, même
après la nialurité, on y fait peu d'attention ; mais, quand liie
î>'en sépare facilement, et qu'elle continue à recouvrir les
graines jusqu'à l'évolution de la plantule, ce qui ne i)cut avoir
lieu que si elle est d'une substance ligneuse , crustacee ou
coriace, elle fournit des caractères qu'il importe d'indiquer
dans l'histoire naturelle des espèces.
« On donne à cette boîte solide, sorte d'enveloppe auxi-
liaire de beaucoup de graines, le nom de novau ou de nucule.
« La différence entre le noyau et la nucule consiste uni-
quement en ce que le premier est toujours solitaire dans le
Iruit, et qu'au contraire l'autre n'y est jamais seule.
« Les nucules sont plus ou moins obliquts.: elles sont dis-
pesées comme des rayons autour de l'axe du fruit j elles n'ont
d'ordinaire qu'une loge (nèfle, etc.).
« Le noyau est souvent conformé comme une nucule
(abricot, cerise, pêche, etc.); mais souvent aussi il offre une
structure régulière et des loges rayonnantes, de façon qu'il
semble être produit par le rapprochement et la soudure de
plusieurs nucules (azédarac, etc.).
« Dans quelques fruits suturés, et notamment dans le sivze^e»
nia mahogoni , la panninterne, avant la déhiscence, s'isole de
la pannexterne, et se partage en plusieurs valves élastiques
qui, pressant la pannexterne comme autant de ressorts, con-
tribuent à en désunir les panneaux.
« Une élasticité semblable dans les deux valves qui com-
posent la paroi interne de chaque coque du hura crepitans ,
occasionne la rupture soudaine et violente de ce fruit à l'é-
poque de sa maturité.
« Les péricarpes distincts, provenant d'une seule fleur, et
fixés sur un même réceptacle, sont irréguliers; mais il est aisé
de voir que. s'ils étoient unis les uns aux autres par la partie
correspondante à l'axe du fruit, ils formeroient un seul pé-
ricarpe irrégulier. Ces péricarpesT prennent les noms de
camares, de follicules et d'érèmes , selon leur organisation.
« La Camare est une boite péricarpienne souvent comprimée
ij. Zo
ifS^ FlUI
sur les côtés, et dont le protil a plus ou moins la forme d*un 0
romain, ou de deux SS italiques réunies, ou encore d'un arc
tendu. Elle est composée de deux valves jointes par deux su-
tures marginales. C'est dans l'épaisseur de l'une des sutures
que se prolongent les vaisseaux conducteurs et nourriciers,
c'est-à-dire ceux qui servent à la fécondation et ceux qui
portent les sucs nutritifs aux ovules; par conséquent c'est là
qu'est située la nervule du placentaire, et que sont attachées
les graines. Cette suture est tournée constamment vers l'axe
idéal du fruit; en sorte que, dans la supposition où les diffé-
rentes camares provenant de la même fleur viendroient à se
rapprocher et à se souder, la boîte régulière qu'elles compose-
roient seroit divisée en plusieurs loges par des cloisons rayon-
nantes, et porteroit les graines le long de son axe central,
lequel seroit formé par la réunion des nervulcs. Cette combi-
naison si facile à concevoir, la nature la réalise dans tous les
péricarpes à valves rentrantes; car leurs loges, leurs coques,
leurs nucuîes, sont évidemment des camares groupées.
« Il est rare que la camare s'ouvre lorsqu'elle ne contient
qu'une graine (renoncule, clématite , etc.), et plus rare
qu'elle reste close quand elle en contient plusieurs ( pied d'a-
louette, aconit, pivoine, etc. ). Si elle s'ouvre par la suture
postérieure, c'est-à-dire par la suture tournée vers l'axe idéal
du fruit, le placentaire se fend dans sa longueur, et se par-
tage entre les deux bords désunis, emportant les graines d'un
et d'autre côté (pivoine, aconit, pied d'alouette, etc.). Toute
camare libre est distincte et surmontée d'un style.
« Le Follicule est une espèce de camare formée par une
seule valve pliée dans sa longueur, et soudée par ses bords.
Souvent le placentaire du follicule, au lieu de faire corps
avec la valve , est simplement adhérent le long de la suture ,
et s'en détache quand celle-ci vient à se rompre (beaucoup
d'apocynées).
c< VErème est encore, si l'on veut, une sorte de camare
formée par une seule valve; mais il n'a ni valves ni sutures
apparentes : et comme ij provient d'un ovaire qui ne por-
toit point de style , il est clair qu'il n'en offre aucune trace
(labiées, olacinées).
« Certains fruits ont un seul péricarpe qui ne diffère point
F RU 4<^7
d'une camare ( actea , légumineuses , etc. ) , d'un follicule {cn>i-
cenia , etc. ), ou d'un érèrac. Quelques botanisles ont pensé
que cette boîte péricarpienne n'étoit solitaire que par suite
de l'avortement d'une ou de plusieurs boîtes correspondantes,
lis s'appuient sur cette supposition, qu'il est dans l'ordre des
choses que la puissance végétative s'exerce en rayonnant et
avec une force égale dans toutes les directions, d'où il doit
résulter, à leur sens, le développement de parties similaires
et symétriques. Mais comment pouvons-nous prendre une idée
juste de l'ordre des choses, si ce n'est par l'examen des chose.^
elles-mêmes? Et quand nous voyons que plusieurs êtres orga-
nisés sont construits constamment sur un plan qui manque
de symétrie, de quel droit dirions-nous que la structure de
ces êtres doit être symétrique ?
« Le péricarpe est masqué quelquefois par des organes
essentiels ou accessoires de la fleur, qui subsistent après 1%
maturité, et semblent faire partie du fruit lui- même. Ces
faux péricarpes, produits parles périanthes simples dans le
biitum, etc.; par les calices, dans les rosiers, etc.; par les
cupules , dans ïephedra, l'if, etc.^ ont fait naître souvent
des idées peu exactes sur la structure des fruits de ces
végétaux.
« La méthode la plus savante et la plus naturelle pour classer
les fruits, seroit de les distribuer et de les nommer, en con-
sidérant d'abord la structure vasculaire des péricarpes et des
graines, et en n'employant que comme caractères secondaires
la succulence et la sécheresse du tissu, et la dékiscence ou
rmde/iiscerace des péricarpes, c'est-à-dire la propriété qu'ils
ont de s'ouvrir ou de rester clos. L'élève reconnoîtroit alors,
avec une singulière satisfaction, que les fruits dans une même
famille sont le plus souvent dessinés sur le même modèle, qui
peut bien éprouver des modifications extérieures, mais qui
conserve sans altération ses caractères essentiels de structure
interne. Malheureusement l'état actuel de la science ne per-
met guère encore de distribuer les fruits d'après de telles
considérations ; et peut-être quand on aura plus approfondi
cette matière, trouvera-t-on qu'une classification fondée sur
des caractères si importans, mais si délicats, très-bonne sans
doute pour éclairer l'aniitomie et la physiologie végétales, ne
3o.
46S FRU
sauroit être employée avec succès dans la botanique descrip-
tive. » ( Mirbel, EIcmens, etc. )
M, Mirbel a décrit et figuré dans ses EIcmens de Botanique,
d'après une classification artificielle, vingt-un genres de fruits.
Voici l'exposé abrégé de cette classification.
I. Fruits découverts. Aucun organe étranger ne les couvre
et n'en altère la forme.
Les Carcérulaires. Fruits simples qui restent clos.
La Cypsèle ( Cfpsela , Mirb. ; Achœna , Neck. ; Acenium ,
Rich.). Fruit carcérulaire, adhérent, contenant une graine
sans perisperme, dressée, dont la radicule regarde le hile.
Le sommet du fruit est ordinairement terminé par une ai-
grette ( chardon , etc. ) , par des paillettes ( centaurée, etc. ),
par des soies ( bardane, etc.), qui paroissent n'être que le
limbe avorté du calice. La cypsèle est le fruit de la grande
famille des composées ou synanthérées. Linnaeus désiguoit ce
fruit par le nom de graine nue.
Le Cérion (Cer;o , Mirb.; Carjopsis, Rich.). Fruit carcéru-
laire , contenant une graine périspermée dont l'embryon est
rejeté sur le côté. Le péricarpe est mince et collé pour l'or-
dinaire sur le tegmen, qui lui-même adhère à un grand pe-
risperme farineux. Ce fruit est celui des céréales et de toutes
les autres graminées.
La Carcérule {Carcerula, Mirb.). Fruit carcérulaire, très-
variable, mais différent des deux précédens. On a des exemples
de carcérule dans les plantes suivantes : Punica granatum • ana-
cardium occidentale • poljgonum ; rumex ; rheum ; halesia ■ fraxi-
nus ; ulmus ; casuarina; paliurus ; combretum • trapa ■ salsola
tragus ; circaa ; ternstromia , etc.
Les Capsulaires. Fruits simples qui s'ouvrent à la maturité.
Le Légume (Legumen). P'ruit capsulaire, irrégulier, bivalve,
portant les graines sur un placentaire latéral, attaché à l'une
des deux sutures. Le légume ne diffère point de la caniare
par ses caractères essentiels. Ce fruit appartient et a donné
son nom à la grande famille des légumineuses ( pois , haricot ,
vesce , rohinia pseudo-acacia , etc.).
La Silique (Siliqua). Fruit capsulaire, régulier, bivalve,
portant les graines des deux côtés d'un placentaire dilaté eu
une cloison longitudinale. La silique caractérise la famille de^
FRU 4«9
crucifères. Quand la silique est courte, et qu'elle aune largeur
notable, eu égard à sa longueur, on la nomme silicule. On a
des exemples de silique dans le chou, la giroflée, Verjsimum.
On a des exemples de silicule dans le thlaspi, le draba, le
pastel , etc.
La Pyxide {Pjxis, Mirb.; Pyxidium , Ehrh. ; Capsula circum-
cissa ,Linn.). Fruit capsulaire , bivalve, s'ouvrant en travers
comme nne boîte à savonnette. La valve fixe prend le nom
d'amphore ; la valve mobile, celui d'opercule. On a des exemples
de ce fruit dans les plantes suivantes : Anagallis; centunculus ;
gomphrena ; planta go ; hyosciamus ; lecytliis , etc.
La Capsule {Capsula). Fruit capsulaire, très-variable, diffé-
rent de la pyxide, de la silique et du légume. On a des exemples
de capsule dans les plantes suivantes : Lis , tulipe, fritillaire ,
iris, chélidoine, marronier, liseron, véronique, fusain, buis,
violette, pavO't , campanule , rliododendrum , etc. Dans quelques
capsules, dans le rliododendrum , par exemple, les loges for-
mées par les valves rentrantes 9«- partagent, à la maturité,
en plusieurs boites, qui ne diffèrent des coques des diérésilles
qu'en ce qu'elles ne se séparent pas complètement après la
déhiscence.
Les DiÉRÉsiLTENS. Fruits simples qui se divisent en plusieurs
coques à la maturité.
Le Crémocarpe {Cremocarpium , Mirb.; Polachena, Rich.).
Fruit diérésilien, adhérent au calice, et divisible en deux
coques indéhiscentes, contenant chacune une graine renver-
sée, périspermée , adhérente à la paroi interne de la coque.
Le crémocarpe est peut-être de tous les fruits celui dont le
type est le moins altérable ; il ne se montre que dans la fa-
mille des ombellifères (carotte, cerfeuil, angélique, panais,
persil , etc.).
Le Regmate {Regma, Mirb. ; Elaterium , Rich.). Fruit diérési-
lien , se dépouillant ordinairement de sa pannexterne (par-
tie extérieure ) à la maturité , et se divisant en plusieurs
coques à deux valves, qui s'ouvrent par un mouvement élas-
tique. Ce fruit caractérise la plupart des rubiacées , et il se
rencontre aussi dans plusieurs espèces appartenant à d'autres
fiimilles { euphorbia ; ricinus ; mercurialis ; phylica ; diotaniuus ^
hura crepitans).
'47^ FRU
La Diérësille (Dieresilis, Mirb.)- Fruit diërésilien , très-va-
riable, ue pouvant être confondu avec le crémocarpe et le
regmate. On a des exemples de ce fruit dans les plantes sui-
vantes: Galium ;acer;tropœolum; géranium; althaa; trihulus , etc.
Les Etairionnaires. Fruits composés, provenant d'ovaires por-
tant le stj'le.
La Double Follicule {Bifolliculus ,M.iTh.). Fruit composé de
oeux follicules, boites péricarpiennes, formées chacune d'une
valve pliéedans sa longueur, et soudée par ses bords. Ce fruit
n a été observé que dans la famille des apocynées [apocjnum ;
asclepias; nerium; vinca , etc.).
L'Etairion (Etario , Mirb.). Fruit composé de plusieurs
camares , boîtes péricarpiennes bivalves organisées comme le
légume. On a des exemples de ce fruit dans les plantes sui-
vantes : Renoncule ; anémone ; aconit ; pied d'alouette ; cléma-
tite ; magnolia; tulipier; sedum ; geum ; spiraa; rubus ; anona;
rosa, efc. L'étairiondu rosier est induvié, c'est-à-dire renfermé
dans le calice persistant; ceux du rubus, de Vanona, ont les
oamares succulentes et entre-greffées.
Les Cénobionnaires. Fruits composés provenant d'ovaires qui
ne portent point le style.
Le Cénobion {Canobium, Mirb.). Fruit composé de plusieurs
érèmes , boites péricarpiennes sans valves ni sutures, prove-
nant d'ovaires qui ne portent pas le style. Dans ces fruits, le
style , au lieu de reposer sur le péricarpe , s'implante au
centre du réceptacle. On a des exemples de cénobion dans les
plantes suivantes : Salvia, scutellaria, et autres labiées; bour-
rache, cerinthe , sjmphitum , et quelques autres borraginées ;
gomphia, etc.
Les Drupacés. Fruits simples, succulens, renfermant un,
noyau'.
Le Drupe (Drupa). Le péricarpe des drupes est composé
d'une panninterne ligneuse ou osseuse, connue sous le nom de
noyau, et d'une pannexterne quelquefois sèche et filandreuse,
mais plus souvent charnue et pulpeuse. Les drupes succulens
dont le volume ne dépasse pas la grosseur d'un pois (rivinia,
daphne mesereum) , sont des drupéoles. Les drupes très-petits
dont la pannexterne forme autour du noyau un sac membra-
neux {alriplex , etc.), sont des ufrlcules. On a des exemples
FRU 47i
de drupe dans les végétaux suivans : Prunier ; cerisier ; aman-
dier ; pêcher; noyer; dattier; cocotier ; jujubier ; cornouiller ;
olivier, etc.
Les Bacciens. Fruits simples, succuiens , contenant plusieurs
graines séparées , ou des nucules.
Le Pyridion [Pjridunn, Mirb.; Pommum, Linn.)« Fruit bac-
cien, couronné par le limbe du calice avec lequel l'ovaire étoit
soudé, et contenant plusieurs graines dans des loges dispo-
sées en verticille autour de Taxe central. La paroi des loges
est tantôt élastique et mince (poirier; pommier); tantôt
épaisse et ligneuse (néflier, etc.). Dans ce dernier cas, chaque
loge forme une nucule. Le p) ridion prend vulgairement le uoni
de poire dans le poirier, de pomme dans le pommier, de coin
dans le cognassier, de nèfle dans le néflier, d'azérolle dans
PazéroUier, de corme dans le cormier. On n'a observé de
pyridion que dans les rosacées.
Le Pépon {Pepo , Gœrtn.). Fruit baccien , à pannexterne so-
lide et élastique, à panninterne pulpeuse; divisé en plusieurs
loges par un placentaire rayonnant qui porte les graines vers
la circonférence. Le centre du fruit se détruit souvent à la
maturité, et alors il n'offre plus qu'une seule loge. Les vraies
cucurbitacées produisent des pépons (courge ; potiron; me-
lon, etc.).
La Baie (Bacca). Fruit baccien, très-variable, contenant
plusieurs noyaux ou graines distinctes, et différant du pyri-
dion et du pépon. On a des exemples de baie dans les végé-
taux suivans : Vigne; groseillier; berheris; sureau; solanum ;
vaccinium; arhutus ; asperge; troène; musa.
II. Fruits couverts. Des enveloppes étrangères les couvrent
ou en altèrent la forme.
LeCalybion (Ca/^iio, Mirb. ). Fruit formé d'un ou plusieurs
carcérules contenues dans une cupule. Les carcérules des
calybions prennent le nom parti,culier de glands. On a des
exemples de calybions dans le chêne, le coudrier, le châtai-
gnier, le hêtre, Pif, etc.
Le Strobile {Strobilus). Formé par le rapprochement et la
réunion en une seule masse de bractées ou de pédoncules
considérablement accrus, entre lesquels sont cachées de
simples carcérules (bouleau, etc.) , ou des calybions (pin, etc.).
472 FRU
Le pin, le sapin, le cèdre, le mélèze', le cyprès, le genévrier,
le thuya, le bouleau, etc.. ont pour fruit un strobile.
La Sycone (Sjconus, Mirb.). Composé de carcénrles ou de
drupéoks placés sur un clinanthe qui tapisse toute la paroi
interne d'un invoîucre. Cet involucre, d'une seule pièce et
de consistance variable, a la forme d'un plateau dans le dor-
stenia, d'une coupe ou d'une urne dans Vambora, d'une poire
dans la figue cultivée, etr.
Le Sorose (Sorosus, Mirb.; Sjncarpa, Rioii.). Composé de
plusieurs petits fruits réunis en un seul corps par l'intermé-
diaire des enveloppes florales succulentes etentre-greffécs. Le
mûrier, l'ananas, Vartocarpus ^ etc., en offrent des exemples.
Voyez pour les fruits des plantes cryptogames au mot Cryp-
togames. (Mass.)
FRUIT A PAIN. (Bot.) On nomme ainsi le rima artocarpus,
très-cultivé dans l'île d'Otahiti et autres îles voisines, parce
que dans ces lieux son fruit y tient lieu de pain , dont sa pulpe
a u!i peu le goût. (J.)
FRUITS. ( Foss. ) Les fruits fossiles auxquels on a donné le
nom de Carpolites , ne sont pas très-rares; mais on a souvent
regar lé comme tels des corps qui n'avoient que les formes de
certair's fruits, ou de ces derniers qui n'étoient qu'incrustés,
comme les raisins et autres fruits mous que l'on fait séjourner
dans des eaux qui ont la faculté de déposer dessus des molé-
cules terreuses qui en prennent les formes.
Les anciens oryctographes, qui, en général, n'observoient
pas avec autant d'attention que l'on fait aujourd'hui, ont an-
noncé que l'on a trouvé à l'état fossile des pois, des raisins,
des lentilles, des siliques, des grains de millet, des fèves,
des noisettes, des glands, des châtaignes, des noix-de-galle ;
des fruits de pins, de sapins, d'if, d'orme, d'ahovaï ; des mus-
cades, des olives, des poires, des figues, des oranges et autres.
Les fruits ligneux paroissant seuls propres à se conserver
avec leurs formes et à passer à l'état fossile , on est fondé à
croire jusqu'à présent qu'on a pris pour des pois les pisolites;
pour des fèves ou des haricots, des dents de poisson qui en
ont la forme : pour des lentilles, des nummulites ou des lenti-
culites ; pour des grains de millet, des oolites ou des milio-
lites ; pour des olives, certaines pointes d'oursins; et pour
FRU 473
ries poires, des figues et des orange? , certains alcyons fossiles
qui ont la forme de ces fruits.
Scheuchzer, Mylius et Luid ont décrit et figuré des épis de
«seigle et d'orge à l'état fossile; mais on a bien des raisons de
douter que ces corps aient appartenu réellement à la famille
des céréales. Celui que l'on voit figuré dans l'ouvrage de
Scheuchzer , Herb. Diluv. , tab. i , tig. i , et que cet auteur pré-
sente comme étant un épi de blé qui a été trouvé sur le mont
Blatlenberg, pourroit être une tête d'encrinite, d'après les
articulations dont il paroît formé dans toutes ses parties , même
dans ses barbes.
Certaines empreintes que l'on trouve à Ilmenau , paroissent
être des épis ; mais on ne reconnoît pas à quel genre de plantes
ils ont pu appartenir.
On trouve dans les Mémoires de Guettard , vol. 4, pi. 16,
fig. 2 et 3 , la figure d'un corps organisé passé à l'état d'a-
gate, qui est des plus curieux et de la plus belle conserva-
tion. Il est de forme hémisphérique et de la grosseur d'une
pomme moyenne. Sasurface extérieure estcouverte d'un com-
partiment régulier d'hexagones contigus les uns aux autres , et
diminuant de grandeur à mesure qu'ils approchent du som-
met. La coupe transversale présente treize loges ou cellules
disposées circulairement autour d'un œil formé de plusieurs
zones concentriques auxquelles elles aboutissent. La place qui
reste depuis l'extrémité des cellults jusqu'à la circonférence ,
est coupée par une autre suite de cellules plus petites, dispo-
sées toutes d'une manière trop symétrique pour qu'il soit per-
mis de douter que ce beau morceau n'ait été unfruif. Ce corps
a été présenté dans le catalogue de Davila comme un ananas
fossile; et quoique Guettard l'ait regardé comme une produc-
tion marine de la classe des coraux, il lui a donné le nom
ù''anatite.
Ce fossile ne peut provenir de l'espèce d'ananas à couronne
que nous connoissons, qui n'a pas extérieurement des hexa-
gones, mais des écailles circulaires qui se terminent en pointe,
et dont le dessous ne fait pas voir d'hexagones. Il y auroit beau-
coup plus de rapports entre l'intérieur du fossile et celui de
l'ananas, qui a également treize loges oblongues ; mais la na-
ture de ce fruit pulpeux ne permet pas de croire qu'il ait pu
474 FRU
se conserver et se pétrifier. Il provient très-probablement
d'un cône d'arbre vert, ou d'une espèce d'ananas différente
de celles que l'on connoît. On ignore où ce fossile a été
trouvé. Il est aujourdhui , dit M. de lilaiuvile , dans la colleo-^
tien de M. le baron Roger.
On voit, dans la planche déjà citée du quatrième volume
des Mémoires de Guettard , la figure d'un corps fossile qui a
été trouvé dans les montagnes du Piémont, et qui ressemble
à un cône alongé d'un arbre vert, dont les écailles paroissent
être bien conservées.
Je possède un morceau très-singulier qui a été trouvé dans
la couche du calcaire marin coquiliier <à Arcueil ^ près de
Paris, Dans une pierre qui contient des miliolites etdes moules
intérieurs de petites corbules, et autres coquilles dont le fét
9. disparu, se trouve un vide de six pouces et demi de lon-
gueur sur six lignes de diamètre , autour duquel on voit en-
viron cent vingt enfoncemens , tels qu'auroient pu en laisser
les écailles d'un cône de l'espèce de pin à laquelle on a donné
le nom de pin du lord Weymouth. A celui des bouts de ce vide,
que Pon peut supposer avoir été I:i base du cône, on voit qu'il
a dû se trouver un petit enfoncement, parce qu'une petite
portion de la gangue s'est moulée en relief en cet endroit.
Le vide ne se dirige pas en ligne droite : au tiers environ
de sa base, il est courbé, et il décrit un angle de quarante-
cinq degrés environ. Le corps qui l'a formé a disparu ; mais la
gangue qui avoit pénétré entre toutes les pièces de ce corps,
et qui s'étoit cristallisée avant la disparition de ce dernier, s'est
parfaitement conservée dans toutes ses parties, qui en repré-
sentent exactement les formes extérieures. Quelques savans
botanistes auxquels j'ai fait voir ce morceau , ont cru qu'il
avoit été rempli par un cône de quelque arbre vert , mais dont
ils n'ont reconnu ni l'espèce ni le genre.
La couche coquillière où ce moule extérieur a été trouvé,
renfermant quelquefois dts morceaux de bois dégradés, et
dont il n'est resté que les parties passées à l'état siliceux,
a pu renfermer également le cône d'un arbre vert qui, n'é-
tant point passé à cet état, aura disparu après la cristallisa-
tion ou la pétrification de la matière qui l'entouroit.
On a trouvé près Lods le-Saunier, à la profondeur de ccut
FRU 475
cinquante pîeds , dans une mine de sel abandonnée depuis
plus de cent cinquante ans, des noix qui ont cela de remar-
quable, qu'il n'y a que l'amande qui soit pétritiée , la coque
setant conservée dans sa consistance naturelle. Ces amandes,
dont je possède plusieurs morceaux, ne paroissent pas dévoie
être regardées comme de véritables fossiles.
On a annoncé qu'on a trouvé dans les mines de houille
d'Angleterre des noisettes et des glands qui tenoient encore
à leurs rameaux; et que, dans celles de Rute en Suisse , ainsi
qu'aux environs de Vienne et dans le Piémont, on avoit
trouvé des cônes de pin à l'état fossile.
Scheuchzer annonce que dans les tourbières près de Zurich ,
il a été trouvé des cônes qui ressembloient à ceux du sapin.
Scheuchzer, Herb. Diluv. , pag. 97, n.° 4o3.
Dans la mine de tourbe dite de terre-d'ombre, des environs
de Bruhl et de Liblar, près de Cologne, on trouve des noix
d'une sorte de palmier qui paroit se rapprocher de l'arec.
Cette mine, dans laquelle on rencontre des troncs d'arbres
qui ont quelquefois plus de deux pieds de diamètre sur huit
et dix pieds de longueur, a plusieurs lieues d'étendue sur une
épaisseur de plus de cinquante pieds, et est recouverte d'une
couche de'cailloux roulés qui a depuis dix jusqu'à vingt pieds
de hauteur. On voit des figures de ces fruits dans les Annales
du Muséum d'Histoire naturelle , tom. 1 , pi. 29.
On a trouvé dans les houillères du Forez deux sortes de
fruits fossiles : l'un a la forme et la grosseur d'un grain de
café, mais il est quelquefois entouré d'une aile membra-
neuse ; l'autre , dont le diamètre est d'un pouce environ , est
orbiculaire, aplati , avec une élévation dans le milieu. On ne
sait à quels genres de plantes rapporteur ces fruits, dont oa
voit des figures dans l'Histoire naturelle des Minéraux, par
Patrin,toni. 5, pag. 236.
On rencontre encore dans ces mines des corps orbiculaires,
un peu aplatis, qui ont près de deux pouces de diamètre. Ils
sont recouverts d'empreintes de feuilles; mais onn'y reconnoît
aucune organisation.
On trouve sur les hauteurs , dans les silex opaques de Vil-
liers, près de Pontchartrain, de Lonjumeau, de Palaiseau ,
de Villejus , département de Seine et Oise , et de la Cha-
47fi FRU
pelle-Milon , près deChevreuse, des corps cylindriques can-
nelés, de trois à quatre lignes de longueur et de la grosseur
d'un grain de blé, que l'on doit regarder comme des graines
fossiles. A l'un des bouts on voit une sorte de stigmate, qui
indique l'endroit par où elles ont dû adhérer à la plante qui
les a produites. Souvent l'enveloppe reste attachée à la pierre ,
quand on veut enlever la graine, et Ton obtient seulement
un plus petit corps lisse passé <à l'état siliceux, qui porte une
carène longitudinale d'un côté, et qui paroitêtre l'amande de
cette graine, dont on voit la figure dans les Annales du Mus.,
tom. i5, pi. 23, fig. 17. Elles sont accompagnées d'empreintes
de feuilles étroites et longues, de lymnées, de planorbes, de
pupa, de potamides, et de débris de bois fossiles dans lesquels
elles ne pénètrent jamais,
Fortis et Fabricius avoient pensé que ces corps étoient des
larves ou des insectes fossiles ; mais leur forme ne pern>et pas
de croire qu'ils puissent avoir été autre chose que des graines.
M. Bosc croit qu'on pourroit les rapporter à celles de la plante
aquatique qui porte le nom de cornifle, ceralophjilurn.
Avec ces graines on rencontre à Villiers et à Loujumeau des
ceps siliceux , qui ressemblent beaucoup à des noyaux de me-
rise s, ou à ceux de l'arbre de Sainte-Lucie. On peut croire
que ces noyaux proviennent des arbres dont on trouve des
débris fossiles aux mêmes endroits. Ils sont beaucoup plus rares
que les graines ci-dessus. On en voit une figure dansla planche
des Annales ci-dessus citée, fig. 16.
On trouve à Chanau , près de Bois-le-Roy , dans les envi-
rons de Nemours, des corps en forme de dattes, avec des can-
nelures sinueuses sur la partie qui pourroit être regardée
comme la réunion de deux cotylédons , si ces corps étoient des
semences analogues aux noix. On les trouve , avec de petits
lymnées, dans un calcaire d'eau douce gris, criblé d'une mul-
titude de petites cavités. On en voit une figure dans la même
planche, fig. 1 8.
Les gyrogonifes, que l'on avoit d'abord rangées parmi le*
mollusques , paroissent devoir être considérées comme des
fruits, et entrer dans cet article. Ce singulier fossile est d'au-
tant plus remarquable , qu'il offre des détails assez nombreux
et des formas élégantes. M. LamarckTavoit d'abord décrit dan»
FRU 477
sen Système des Animaux sans vertèbres (1801) comme un
des gejires incomplètement connus, et les caractères qu'il en
a donnés à cette époquepvouvent qu'il n'en connoissoit que le
noyau intérieur. Depuis, il l'a décrit avec plus Je détail,
d'après des échantillons plus entiers qui provenoient de la
plaine de Trappes , que j'ai mis sous ses yeux, (Annales du
Mus. d'His. nat., toni. 5, pag. 555, et tom. y, pag, :i4o ,
pi. 17, tig. 7.) Il dit que la coquille est formée de pièces
linéaires, courbes, un peu canaliculées sur les côtés, jointes
ensemble par ces mêmes côtés, et dont les deux extrémités
vont aboutir aux deux pôles.
Ce fossile est de la grosseur d'une tête d'épingle de moyenne
force: sa, forme est sphéroïdale, et présente deux pôles aux-
quels viennent aboutir cinq côtes bombées, tournant de droite
à gauche , se touchant immédiatement par leurs côtés , et
formant environ un four et demi de révolution.
L'un de ces pôles est fermé tout-à-fait par la réunion des
cotes, et se prolonge quelquefois en forme de bec, comme
on le remarque dans nu échantillon qui se trouve dans la col-
lection de M. Giilet-Laumont : l'autre paroit porter une pièce
qui pourroit s'enlever; car quelques uns sont ouverts à l'un
des pôles, et ne paroissent pas avoir été brisés. Cette pièce se
trouveroit soudée sur chaque côte, à l'endroit où il se trouve
un étranglement transversiil , près de son extrémité, et seroit
composée des cinq petits tubercules qu'on y remarque. Tous
ceux de ces fossiles que j'ai vus ouverts ou brisés, ne m'ont
montré qu'une seule loge sphérique ; mais M. Desmarest a pu
remarquer que l'intervalle , ou plutôt l'épaisseur, comprise
entre la surface extérieure et les parois de cette cavité in-
terne, présente cinq loges vides formant l'intérieur des cinq
côtes, et se contournant comme elles. (Journal des Mines,
n." 191, novembre 1812 , vol. 3 2 , pl.bjlig. 1. Nouveau Bulletin
des Sciences, tom. 2 , n." 44, pi. 2 , fig. 3 , a. b. c.)
Ceux de ces corps qui se trouvent dans la marne ou glaise
de la plaine de Trappes, peuvent se briser aisément, et,
avec quelque précaution , on parvient quelquefois à détacher
chacune des côtes séparément.
Il arrive souvent que, dans les pierres siliceuses oii l'on
trouve beaucoup de gyrogouites, leur substance a disparu , et
AyS FRU
on ne rencontre que le moule intérieur qui remplissoit là
cavité , et l'empreinte extérieure qui tient à la pierre.
Tous ceux qui avoicnt écrit sur les gyrogonites , avoient
cru que ee corps organisé avoit appartenu à un animal; mais
MM.Desmarest et Léman ont cru être assurés qu'il appartenoit
au règne végétal , et ils ont trouvé une très-grande analogie
entre lui et le fruit du cliara vulgaris ou charagne , que l'on
trouve dans les eaux dont le cours est peu rapide. En effet,
il est très-difficile de ne pas voir une très-grande ressemblance
de forme et de grosseur entre la gyrogonite et le fruit de cette
plante, dont on voit une figure dans la planche du Journal
des Mines déjà citée , fig. 3 , et dans leslllustrations deLamk.,
pi. 762 , fig. 1 , e. La charagne croît dans les eaux où se
trouvent avec elle des lymnées et des planorbes, et on ne
rencontre les gyrogonites que dans des terrains d'eau douce,
accompagnées de pareilles coquilles.'
Quand tous les rapprocheniens de ce fossile avec le fruit
de la charagne manqueroient , on pourroit bien difficilement
le ranger parmi les coquilles, attendu qu'on n'en connoît
aucune qui ait quelque analogie avec lui, surtout par la réu-
nion des cinq côtes ou bandelettes qui le composent, et qui
peuvent se séparer.
On trouve abondamment les gyrogonites dans les terrains
de formation d'eau douce , aux environs de Paris, à Montmo-
rency, Saint-Leu-Taverny, Moulignon, Saint -Prix, Belair
au-dessus d'Andilly et Daumoiit. On les rencontre également
à Sanois, à Meudon, à Cormeille, à Triel, à Dammartin, à
Lonjumeau , à Palaiseau, à Mennecy, au-dessus d'Essone ,
à Lagny , à Meaux, à Villers-Cotterets, dans la plaine de
Trappes au - dessus de Versailles, en Franche-Comté, aux en-
virons du Mans, dans un silex noir du Cantal , etc. Elles sont
toujours accompagnées de lymnées, de planorbes, de débris
de plantes et de petits corps cylindriques articulés et creux ,
difficiles à définir.
Les localités ci-dessus paroissent dépendre de la plus nou-
velle formation d'eau douce ; mais celles qu'on a trouvées à
Sevran, près de Bondy, paroissent dépendre de la première
formation d'eau douce, au-dessus de laquelle il se trouve un.
terrain de formation marine.
FUC 479
Je possède certains corps fossiles, remarquables par leur
forme et par leur grosseur, dont j'ignore la véritable place
pour leur description: n'étant pas assuré s'ils appartiennent au
règne végétal ou au règne animal, il en est l'ait un article
au mot Pétrification. (D. F.)
FRUSO. (Ornith.) Ce nom, et celui deyi'w^one, sont donnés,
suivant Aldrovande, Jonston et Willughby, au gros-bec de
Virginie, ou cardinal huppé, loxia cardinalis , Linn. (Ch. D.)
FRUTILLA DE MONTE (Bot.), nom espagnol du fragosa
reniformis de la Flore du Pérou, plante herbacée très-b;isse,
qui croît auprès de Tarma. Ce genre d'ombellifère a beaucoup
de rapport avec Vazorella, dont il diffère seulement par son
ombelle , dont toutes les fleurs sont fertiles, et par son invo-
lucre à cinq feuilles. (J.)
FRUTir.LIER (Bot.), nom que l'on donne au fraisier du
Chili, qui produit la plus grosse fraise, d'un goût fort agréable,
différent cependant de celui de notre fraise des.bois. II étoit
déjà connu de C. Bauhin, qui le nomme frutiUa. Le frutillier
est dioïque, et l'on n'a apporté de son pays natal que des
individus femelles , ce qui fait qu'en France il ne se niuhiplie
que par les filets ou tiges traçantes. On le fait féconder par le
fraisier capron mâle; alors sa fraise parvient à maturité; mais
lès graines qu'elle produit ont donné naissance à une autre
race de fraisiers. (J.)
FSITSIKUSA (Bot.), nom japonois du laitron, sonchus,
suivant M. Thunberg. (J.)
FïOTSBA [Bot.) , un des noms japonois, suivant M. Thun-
berg, de son acrostichum lingua. (J.)
FUA ( Bot, ) , nom arabe de la garence , suivant Forskal.
(J.)
FUCACÉES. (Bot.) Deuxième section de notre famille des
algues, qui comprend les deux ordres des fucacées et des flori-
dées de la méthode adoptée par Lamouroux. Les fucacées for-
ment le premier ordre des thalassiophytes non articulés, de
Lamouroux; mais cet ordre ne comprend que les genres Fucus,
Laminaria, Osmundaria, Desmarestia , Furcellaria et Chorda.
Les autres genres que nous avons cités à l'article Algues, ren-
trent dans l'ordre des floridées. Mais les plantes de ces deux
ordresformentlegenreFucusdeLinnasus, LamarckjPovet, etc.
48o FUC
Agardh, dans son Sjnopsis algarum Scandinaviœ, adopte les
deux ordres établis par Lamouroux, et les nomme fucoïdées
{fucoideœ), etfloridées.Les genres de fucoïdées qu'il admet soQt
ceux ci : Fucus, Osmundaria,Lichina[pfgmeœ, Stackh.),5poro-
ehnus, Fuscellaria, Chordaria ei Laminaria. Ces genres sont les
mêmes que ceux reconnus par Lamouroux , excepté que le
sporochnus n'est pas exactement le même que le desmareslia,
comme nous le démontrerons à l'article Sporochnus.
Lyngbye , dans son Tentamen hj'drophjto graphiœ danicœ
(1820), a introduit dans les fucacées les nouveaux genres
Odontalia et Himanihalia (Lorca, Stackh,)- Quelques autres
botanistes ont encore désigné parles noms de fucacées ^fucées,
fucoïdées , des réunions particulières, ou même la réunion eu
un seul groupe de toutes ces plantes marines, mais qui ren-
trent dans les classifications précédentes, ou dans celle que
nous avons exposée à l'article Algues. En considérant comme
xraiesfucacées ou fucoïdées les seules espèces que Lamouroux
et Agardh réunissent sous ces dénominations, on pourra les
caractériser de la manière suivante : Algues à racines entières ,
étendues ou fibreuses; à tiges dures, cornées, se ramifiant
en frondes cartilagineuses ou coriaces, planes ou aplaties,
rarement filiformes, ou privées de frondes proprement dites;
garnies le plus souvent de vésicules aérifères ; noircissant
par leur exposition à l'air, en perdant ainsi leuri couleurs
naturellement olivâtres ou brunâtres ; à tissus fibreux ; à fibres
longitudinales entrelacées.
Les espèces de fucacées varient beaucoup dans leur ma-
nière d'être. Les unes forment de grandes membranes ou lames:
d'autres sont très-rameuses et flottantes, ou s'élèvent en forme
d'arbrisseau; mais, dans ce dernier cas, leur organisation n'est
pas ligneuse, seulement le tissu de leur tige est extrêmement
serré et solide. M. DecandoUe a remarqué qu'eu plongeant
à demi dans de l'eau un fucus desséché , la partie de la
plante plongée dans l'eau reprend seule son état naturel ,
tandis que l'autre demeure sèche. Cette expérience semble
démontrer que l'organisation des fucacées est très- différente
de celle des plantes terrestres, dont il suffit de mouiller le
pied pour les conserver avec leur fraîcheur. La fructificatioû
des fucacées variç dans sa position. Elle consiste en des tuber-
FUC 481
cules capsuliformes qui contiennent des corpuscules ou sémi-
nules. Ces tubercules sont perces d'un trou qui aboutit à la
surfijce de la plante -, ils sont tantôt épars, tantôt agglomérés
ou accumulés à l'extrémité des branches, où ils forment de
gros renflemens, à surface raboteuse, poreuse, et qui sont
inucilagineux à ^intérieur. On peut voir, aux articles Algues
et Fucus, les autres différences et les autres caractères de
l'ordre des fucacées. (Lem.)
FUCÉES. (Bot.) Voyez Fucacées. (Lem.)
FUCHS ( Mamm. ) , nom allemand du renard comman.
(F. C.)
FUCHS-AFF (A/t/nini.) , nom allemand, qui signifie singe-
renard, et qu'on donne quelquefois aux sarigues. (F. C.)
FUCHS^L-M^NNCHEN. ( Mamm. ) On a donné ce nom
allemand au maki inococo. (F. C. )
FUCHS-GANS (Ornith.) , nom allemand du tadorne , anas
tadorna , Linn. (Ch. D.)
FUCHSIE, Fuchsia. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones ,
à fleurs complètes, polypétalées, régulières, de la famille des
oiiagraircs , de ïoctandrie monogjnie de Linna^us , offrant
pour caractère essentiel ; Un calice coloré, infundibuliforme;
son limbe a quatre découpures caduques ; quatre pétales in-
sérés à Forifice du calice, ainsi que les huit étamines ; un
ovaire inférieur; un style ; un stigmate en tête. Le fruit est
une baie polysperme, à quatre loges.
Ce genre , remarquable par ses fleurs élégantes , a été
établi et découvert par Plumier dans l'Amérique méridionale.
Il le dédia a Léonard Fuchs, célèbre botaniste allemand du
seizième siècle. On li'en connoissoit d'abord que deux ou trois
espèces; les auteurs de la Flore du Pérou en ont ajouté beau-
coup d'autres , découvertes tant au Chili qu'au Pérou. Ce
sont, la plupart, des arbrisseaux élégans , presque tous à
fleurs d'un beau rouge écarlate, à feuilles simples , opposées
ou veriicillées, rarement alternes ; les fleurs sont axillaires
ou disposées en grappes terminales. On en cultive , comme
fleurs d'ornement, une ou deux espèces dans les jardins, par-
ticulièrement la suivante.
FucHSiE A FLEURS ÉCARLATES : Fuchsia coccinea, Wiîld., Spcc-
et in IJster. Annal., 5 Stiick. , pag. 67, tabl. 6 ; Duham., Arh,
17. 3i
i»82 FUC
éd. nos>,, i, tab. i3; Fuclisia mageUanica, Lamk., Encycl. , et
m. gen. , tab. i;82 , fig. a ; Andr. , Bot. Repos., tcib. loa ; Bot.
Ma^az. , tab. gy : Dor^^allia eucliaris , Comiuers. ; Fuchsia macro-
£tema,FLPer.. 5, (ab. 024 , fig. B. Très-joli arbrisseau , originaire
de l'Amérique méridionale, introduit cii Europe eu 1788, au-
jourd'hui très-commun dans tous lesjardius.il exige une terre
fraîche et légère, et l'orangerie pendant l'hiver: autrement,
le froid fait périr les branches ; mais les racines et la tige se
conservent, étant abritées convenablement. On le multiplie
de drageons et de marcottes avec des arrosemens assez fréquens
en été. Ses fleurs se succèdent pendant toute la belle saison ,
depuis le printemps jusqu'en automne.
Ses racines tracent beaucoup ; ses tiges s'élèvent de deux à
quatre pieds : elles sont chargées de rameaux nombreux et
diffus, et de feuilles opposées et ternées, rarement alternes,
médiocrement pétiolées, ovales-lancéolées, aiguës, d'une gran-
deur médiocre , solitaires, axillaires ; les pédoncules uniflores ;
le tube du calice un peu globuleux à sa base, puis cylindri-
que : les découpures du limbe lancéolées , ouvertes; les pétales
trois fois plus petits que les découpures du calice ; l'ovaire
oblong ; le stigmate globuleux et tubercule; le fruit partagé
en quatre loges polyspermes. La fuchsia inultijlora, Linn., de
l'Amérique méridionale, se distingue facilement des espèces
précédentes par ses pédoncules chargés de plusieurs fleurs.
FucHSiE A FEUILLES DE LVCiUM : Fuchsia Ij'cioidcs , WïHd. ,
Enum., 1 , pag. 412 ; Andr., Rep., tab. 120 ; Bot. Magaz, tab.
1024. Arbre des Antilles; espèce que l'on cultive dans plusieurs
jardins de curieux, et particulièrement dans celui du Koi ,
mais bien moins commune que la fuchsie à fleurs écarlates,
à laquelle elle est inférieure en beauté. Ses feuilles sont op-
posées, ovales-lancéolées, très-entières; les pédoncules axil-
laires, uniflores, solitaires; les quatre découpures du calice
réfléchies ; les pétales plus courts que le calice.
Fuchsie a feuilles en scie ; Fuchsia serratifolia , Ruiz et Pav. ,
FI. Fer., 3, pag. 86, tab. 02 5. Arbrisseau du Pérou, dont les
tiges sont droites, médiocrement rameuses, hautes de quatre
à cinq pieds; les rameaux striés-, les feuilles pétiolées, ternées
ou quaternées, dentées en scie, un peu pubescentes en dessous,
longues de trois pouces et plus; les nervures rougeàtres ou
FUC 4^5
purpurines; de petites stipules caduques, lancéolées; les pé-
doncules axillaires , pendans, solitaires, uniflores ; le calice
rouge, un peu velu , long de deux pouces; ses découpures
verdàtres vers leur sommet; les pétales ovales-oblongs ; luiit
glandes conniventcs et verdà très ; les lilameus et lovaire rouges ;
une baie pendante, purpurine, longue d'un pouce.
FucHSiEDENTicuLÉK ; Fucksid denliciiliita , FI. Per., I. c. , tab.
3a5, tig. A. Bel arbrisseau du Pérou, très-rameux, haut de
douze pieds. Les rameaux sont trigones, étalés, de couleur
purpurine; les feuilles ternées , oblongues, lancéolées, denti-
culées, un peu veines en dessous, longues de six pouces; les
stipules aiguës ; les fleurs écarlatcs, grandes, solitaires, incli-
nées; le calice ventru, velu en dedans; une baie purpurine,
très-glabre; les semences rougeàtres, eunéiformes. Dans le
fuchsia ovata^ Flor. Fer., 1. c. , tab. 324, fig-A, les fleurs sont
disposées en grappes pendantes ; les rameaux pubescens dans
leur jeunesse, tétragoncs, garnis de feuilles fort amples, op-
posées ou ternées, pubescentes, luisantes en dessus, aiguës à
leurs deux extrémités; les grappes axillaires, pubescentes,
flexueuses; les fleurs écarlates; les baies oblongues, d'un beau
rouge pourpre ; les semences jaunâtres.
FucHSiE A coRYMBES ; Fuchsid corjmbiflora , Flor. Per.,}. c. ,
tab. 32 5, fig. A. Cet arbrisseau a des tiges cendrées, médio-
crement rameuses, hautes de six pieds ; les feuilles opposées,
denticulées, très-légèrement ciliées à leurs bords et sur leurs
nervures inférieures. Les fleurs sont pendantes, nombreuses,
axillaires; les pédoncules filiformes, très-longs, solitaires ou
géminés, uniflores; le calice tubulé, d'un rouge écarlate,
presque long d'un pouce et demi, renflé vers son sommet,
divisé à son limbe en quatre découpures lancéolées, très-
aiguës; les pétales d'un beau violet, ovales-arrondis, beau-
coup plus courts que le calice ; les étamines presque saillantes ,
quatre plus courtes; les filamens rouges. Le fruit est une baie
ovoïde, d'un rouge noirâtre, remplie d'un suc rouge et
sucré.
Le thilco de Feuillée ne diffère de cet arbrisseau que par
ses fleurs divisées en cinq parties, cinq pétales, dix étamines;
les feuilles, quoique d'un beau vert, sont parsemées d'uu
petit duvet qui les rend comme veloutées. Les Indiens se
3i,
484 FUC
servent de cet arbrisseau pour teindre leurs éteffes en noîr.
Il croit sur les montagnes, depuis le Chili jusqu'au détroit de
Magellan. '
FuciisiE A GRAPPES : Fuchsia racemosa, Lam., Encycl. et IlL
gen.^tiib.202,fig.i: Plum., Gea. 14; Burm. ,Jmcr., tab. i55,f. u
Les racines de cette plante sont ligneuses, mais sa tige est her-
bacée , droite , très-simple , d'un vert rougeàtre , haute de deux
pieds, garnie de feuilles lancéolées, entières, d'un vert pâle,
coriaces , sessiles , disposées trois par trois. Les pédoncules sont
épars, uniflores, formant parleurensemble une grappe étroite
et terminale. Les fleurssont grandes, belles, d'un rouge écarlate
éclatant; leur calice en entonnoir , renflé en massue vers son
sommet, à quatre découpures ovales-aiguës. Le fruit est une
baie ovale, un peu plus grosse qu'une olive , molle , charnue,
d'un noir rougeàtre. un ptu pubescente, d'un goût agréable,
à quatre loges : les semences brunes , menues, ovales. Cette
plante croît à Saint-Domingue, et depuis Carthagène jusque
dans la Nouvelle-Espagne.
FucHSiE DE LA Nouvel[.e-Zélande : Fucksia excorticata . Linn. ,
Supp., 217: Skinnera ex cortical a, Forst,, Gère. , pag. ôy, tab. 29;
Qj/e/us.-a? Vandell., Bres. Cet arbre, découvert par Forster à
la Nouvelle-Zélande, a des feuilles alternes, ovales, blan-
châtres en dessous, bordées de très-petites dentelures, et
portées sur de très-longs pétioles. Les fleurs sont pendantes,
oblongues- lancéolées, molles, puhescentes, un peu denticu-
lées, longues de deux ou trois pouces ; les fleurs disposées en
cor3fmbes axillaires, feuilles, pendans; le calice long de deux
pouces, rétréci à sa base, renflé à son orifice, d'un rouge
pourpre -, les pétales oblongs , lancéolés. Les fruits sont ovales,
oblongs, tétragones, longs de quatre lignes, de couleur écar-
late. Cette plante croit dans le Pérou, aux lieux ombragés.
FucHsiE croisée; Fuchsia decussata, F/or. Per. , 1. c, tab. 52 5,
fig. B. Ses tiges sont hautes de trois pieds ; ses rameaux oppo-
sés en croix, quelquefois ternes, lanugineux, un peu pulvé-
rulens dans leur jeunesse; les feuilles ternées, inégales, pu-
hescentes, oblongues -lancéolées , denticulées, longues d'un
pouce et demi; les fleurs écarlates, petites et pendantes ; les
baies rouges, oblongues ; les semences jaunâtres, en forme de
coin. Cette espèce croît dans les lieux ombragés , au Pérou.
FUC 4^9
Fi;CHSiE A TIGE SIMPLE ; Fuchsio, simplicicaulis , Flor. Per., I. c,
tab. 022 , fig. A. Espèce distinguée par ses tiges simples, ligneu-
ses, filiformes et pendantes, longues de quatre pieds. Les
feuillessont quaternées, distantes, linéaires lancéolées, obscu-
rément dentées, longues de deux ou trois pouces ; les sti-
pules subulées; les pédoncules uniflores, très-courts, réunis
quatre ensemble avec une sorte d'involucre formé par quatre
feuilles oblongues , concaves, légèrement pubescentes. Les
fleurs sont pendantes , d'un ronge écarlatc ; le calice pxi-
bescent, renflé à sa partie supérieure; les baies tétragones ,
oblongues, pubescentes. Cette plante croit au Pérou dans les
forêts. Le fuchsia rosea , Flor. Per., 1. c, est distingué par ses
fleurs roses, par ses pétales en cœur renversé, par ses baies
tétragones. Ses tiges sont hautes de dix pieds; ses feuilles
inégales , rapprochées huit ensemble , glabres , lancéolées , très-
entières ; les supérieures alternes; les pédoncules solitaires,
axillaires. Il croit au Chili.
FucHSiE APÉTALÉE ; Fuchsia apetata , Flor. Per. , 1. c. , tab. 322,
fig. A. Cette espèce est ligneuse, velue, enracinée sur le tronc
des arbres; ses tiges médiocrement rameuses, cylindriques; les
rameaux pendans, verruqueux, courts et tortueux dans leur
jeunesse; les feuilles éparses, rapprochées, molles, très-en~
tières, purpurines en dessous, ovales, acuminées -, les pétioles
très -velus; les fleurs rouges, axillaires, presque terminales,
portées sur des pédoncules réunis en corymbes, presque en
ombelles; le calice en massue, presque long de trois pouces,
pubescent en dehors; ses découpures courtes, ovales, d'un
jaune clair; il n'y a point de corolle. Le fruit consiste en une
baie rouge, oblongue , tétragone. Cette plante croît dans les
forêts, au Pérou.
he fuchsia involucrata deSwartz a été réuni au genre Schra-
DERA par Willdeno\v. Voyez ce mot. (Poir. )
FUCOIDEtE ( Bot. ) , nom de la première section de la fa-
mille des algues , dans la Méthode d'Agardh. Cette section
est la même que celle que nous avons appelée \ts fucacées.
Agardh y ramène les genres suivans : Fucus, Lamx.; Osmun-
daria , Lamx. ; hi china , Agardh ; Sporochnus , Agardh ; Fur-
cellaria , Lamx. ; Chordaria , Link. ; et Laminaria ^ Lamx.-
( Lbji» )
4S6 FUC
FUCOIDÉES. (Bot.) Voyez Fucacées. (Lem.)
FUCOIDES. {Zoophyt.) Ray avoit séparé, sous ce nom,
quelques espèces de sertulaires , entre autres la sertulaire
lendigere du genre Anathia de M. Lamouroux. (De B.)
FUCUS (Bot.); vulgairement Varec ou Varech , Gouèmons.
Linnaeus a compris sous cette dénomination toutes les plantes
marines , inarticulées , de la famille des algues , qui présentent
pour /ructification des tubercules composés par la réunion dç
petites capsules ou séminules disposées en paquets ou éparses.
Cette définition ramenoit dans le genre Fucus toutes les algues
de notre première section, les Fucaches. Il en étoit de même
pour le genre Fucus de Tourneiort. Donati, et puis Adanson
crurent devoir former plusieurs genres sur les fucus de Lin-
naeus , et ils leur assignèrent même des caractères ; mais , ces
eaiactères étant fondés uniquement sur une hypothèse, ces
genres dévoient être nécessairement très-défectueux. Cette
hypothèse est celle de l'existence des fleurs mâles et des fleurs
femelles dans les fucus. Cependant, il n'est pas du tout prouvé
que les organes que l'on a pris pour des fleurs en exercent
les fonctions. Ce qu'il y a de plus évident dans tout ceci ,
c'est Fexislence d'organes particuliers dont les fonctions nous
sont inconnues. (Voyez à l'article Algues.)
Adanson partage les fucus en trois genres:
1." Fucus, fondé sur le ///eus acinarius, caractérisé ainsi:
Fleurs mâles au-dessous des femelles; vessies (étamines) lenti-
culaires, percées d'un trou par où passent des filets. Fruit :
capsules sphériqucs, surmontées par un faisceau de filets;
graines sphériques fermées, disposées par. rayons dans la sub-
stance charnue àes capsules.
2." ViasoN , étcbli sur le fucus vesiculosus , Linn. Il a ses fleurs
disposées comme dessus ; des cavités coniques , d'où sortent des
faisreaux de filets piirsemés de globules : pour fruits, des cavi-
tés sphériqucs percées d'un trou d'où sort un faisceau de filets,
et cics graines attachées à un placenta central.
3.' Baix-louviana ( de Grisel, Epist. ic.) , fondé sur le fucus
laillouviana . Gmel. , FHc.,p. 1 65 , qui présente des fleurs mâles
et femelles diofques -. les premières constituées par des vessies
ovoïdes percées d'un trou d'où sort un faisceau de filets, et les
secondes par des fruits ou vessies ovoïdes terminées par un
FUC 4«r
cylindre contenant des graines fixées à nn placenta central.
Les deux premiers genres sont empruntés de Donati {aci-
naria et virsoid^s) , des observations duquel Adanson a profité.
Le troisième, pris à Grisel , n'a pas été adopté, sans doute,
parce que ses caractères génériques sont plus que suspects.
Les divisions de Donati et celles d'Adanson ont été oubliées;
et les botanistes ont continué à considérer, jusqu'à ces derniers
temps, le genre Fucus tel que Linnœus l'avoit établi ; et c'est
encore la marche adoptée par M. D. Turner, quoique plu-
sieurs cryptogamistes instruits aient prouvé la nécessité de
diviser et aient divisé ce genre. M. DecandoUe paroît avoir
été l'un des premiers à démontrer, il y a quinze ans , la néces-
sité de modifier le genre Fucus. Il rapporta au genre Vi^'a
toutes les espèces de fucus membraneuses ou foliacées, et
dont la fructification n'est pas constituée par des tubercules,
comme Linnaeus la défînissoit. Cette modification reudoit le
genre Fucus plus facile à étudier. Aussi les botanistes qui sont
pour le partage des espèces du genre Fucus en plusieurs
groupes, ont-ils adopté les changemens proposés par M. De-
candoUe, excepté, cependant, qu'au lieu de porteries plantes
retranchées dans les ulves, ils en ont fait plusieurs nouveaux
genres.
Roussel, en 1806 (Flore du Calvados), ne balança point à
diviser les/uc«s, Linn., en plusieurs genres dont voici les noms:
Dendroides , FurcelLarius , Scorpioides , Globulifer , Spinularia ,
Granularius , Tendinarius , Funicularius , Scutarius , Tubercula-
rius , Nidularia, Baccifer, Acinarius , Siliquarius, Vesicularius,
Laminarius. Mais les caractères mal saisis de la plupart de ces
genres , et peut-être , plus que tout cela, leur insertion dans
un ouvrage très-peu répandu, sont cause, sans doute, que le
travail de Roussel n'est pas cité, et que l'on voit les mêmes
genres rétablis par d'autres auteurs et sous d'autres noms.
En i8i3, a paru l'Essai sur les genres de la famille des tha-
lassiophjtes non articulées, par M. Lamouroux. Dans cet ou-
vrage, l'auteur divise les fucus de Linnasus en deux ordres ,
les fucacées et les floridées , et en dix-sept genres. Ceux-ci
forment autant de groupes aussi naturels qu'il se peut, et se
trouvent caractérisés parla disposition de la fructification.
M. Stackhouse, dans la deuxième édition de sa Néréide
488 FUC
britannique, a divisé les fucus en un Irés-grand nombre àc
genres (voyez à la fin de l'article Algues, Supp.) , dont les
noms mal choisis ont pu faire croire à quelques personnes
que Tauteur avoit cherché , dans l'établissement de ces
genres, moins l'intérêt de la science qu'à ridiculiser les tra-
vaux des botanistes qui, les premiers, établirent un nouvel
ordre parmi les fucus.
Stackhouse n'est pas le dernier auteuf qui se soit annoncé
comme l'un des réformateurs du genre Fucus : Linck, aidé de
ses observations et de celles de Roth , de Weber et Morh , etc.,
et plusieurs autres botanistes, ont adopté quelques uns des
genres de Stackhouse ou de Lamouroux , ou bien en ont établi
d'autres. Agardh, en 1817, et Lyngbye en 1820, ont publié
chacun ( le premier dans son Sj'nopsis algarum Scandinaviœ ,
et le second dans son Tentamen hjdrophj'tographiœ daniccc) ,
une nouvelle classification des algues dans laquelle le genre
Fucus, Linn. , est subdivisé en beaucoup de genres qui rentrent
dans ceux établis par Stackhouse et par Lamouroux, et dont
l'ordre est, à peu de différences près, le même que celui exposé
par nous au mot Algues. Enfin M. Palisot de Beauvois, que les
sciences viennent de perdre, compîoit publier un travail par-
ticulier sur Us fucus, qui auroit jeté un grand jour sur la par-
tie phj^siologique de ces plantes.
Ainsi doiic, de l'aveu des botanistes qui se sont le plus
occupés des algues, la division des fucus en plusieurs genres
est absolument nécessaire. Mais que doit-on comprendre dans
le genre Fucus proprement dit? C'est sur quoi ils ne sont pas
tout-à-faii d'accord. Nous nous bornerons ici à présenter ce
genre tel que M. Lamouroux le définit, et tel qu'il le consi-
dère.
Les caractères génériques de ce genre sont, d'après cet
a\jteur : Fructification fornïée par des tubercules réunis en
grand nombre dans un conceptacle cylindrique , plane ou
comprimé , simple ou divisé ; racine à empâtement entier et
étendu.
Selon Agardh, ce genre est très-bien caractérisé par ses
conceptacUs tuberculeux, composés de tubercules percés à
un bout, et contenant de petites capsules groupées et entre-
mêlées avec des filets articulés.
FUC 4«9
Les séminules sont enveloppées d'un liquide visqueux,
ainsi que les tubercules , liquide qui sert à les fixer sans doute
après leur chute.
Nous devons faire remarquer ici que Lamouroux et Agardh
nomment conceptacle ou réceptacle la partie du fucus qui
contient les tubercules, partie que d'autres botanistes ont
appelée gousse, vésicule et bouton : dénominations peut-être
impropres, mais qui ne donnent pas une fausse idée de cette
partie, comme les noms de conceptacle et de réceptacle , qui
ne doivent désigner, en cryptogamie, que les organes qui con-
tiennent ce qu'on peut considérer comme les graines. Ces
organes sont ici les tubercules : les vrais conceptacles ou capsules
des fucus sont donc les tubercules; les corpuscules ou élytres
qu'ils renferment sont les séminules, puisqu'elles propagent
la plante (voyez ci -après), soit qu'on les considère comme
des bourgeons, ou comme des corps composés.
Le genre Fucws , ainsi restreint, est encore très-nombreux
en espèces, lesquelless'élèvent à plus de cent cinquante, dont
une centaine habitent les mers européennes. Ces espèces
varient extrêmement dans leurs formes : les unes sont très-
rameuses, garnies de frondes en forme de feuille; d'autres
forment de petits arbrisseaux; plusieurs sont capillacées; quel-
quefois encore, leurs ramifications sont planes et frondes-
centes avec une nervure au milieu. Mais, ce que les fucus
seulement présentent, ce sont des vésicules creuses qui se
développent dans l'épaisseur de la fronde, ou qui lui sont
adhérentes, et dont les fonctions et l'origine sont encore à
deviner. L'on a successivement avancé qu'elles étoient des
frondes avortées; des cavités qui avoient contenu autrefois
des graines -, des corps aérifères destinés à soutenir les plantes
dans l'eau, ce qu'on peut croire par suite de leur structure;
des fleurs mâles-, enfin, des organes respiratoires particuliers
à ces végétaux, opinion qui nous paroît bien aventurée.
(Voyez ci-après, n." 12.) Toutes choses égales d'ailleurs, la
présence des vésicules fournit un bon caractère pour diviser
ce genre et caractériser beaucoup d'espèces, et il est bon de
faire remarquer que nombre àe fucus en sont privés.
Les frondes de plusieurs fucus offrent sur une de leurs
surfaces , ou sur leurs deux surfaces , de petites houppes d»
490 FUC
poils blancs articulés, sur lesquels nous reviendrons à l'article
du fucus vésiculeux , n.° ii, que plusieurs auteurs ont pris
pour des organes mâles, et dont les fonctions ne sont pas
connues. Ces poils ne paroissent que dans certaines saisons; ils
ne soi.î point permanens, se dessèchent, et tombent en laissant
«ur les feuilles de petits points.
Les lucus n'ont point de couleurs brillantes : dans l'état frais,
ils sont d'un brun verdàtre ou d'un vert brunâtre et translu-
cide, quelquefois d'un brun noir. Ils noircissent en se dessé-
chant, et deviennent durs, quelquefois même fragiles. Ils ne
prennent de la souplesse que dans les temps très-humides,
surtout lorsque par des lavages réitérés dans l'eau fraîche on
ne les a pas débarrassés de tous les sels marins qui les re-
couvrent.
Les fucus tiennent plus particulièrement aux rochers et
aux pierres. Très-peu sont parasites , et même on peut dire
qu'il n'y en a pas. On trouve au contraire beaucoup de po-
lypiers et de plantes de la famille des algues qui s'attachent
sur les fucus. La durée de la vie, dans les fucus, n'est pas
encore très-bien déterminée -, mais ils sont le plus souvent
vivaces. Sur les côtes de France, on en coupe plusieurs fois
l'an , pour fumer les terres ou fabriquer de la soude.
Les fucus tiennent aux rochers par un empâtement dis-
coïde, et ils se développent de la même manière que les
fucus vésiculeux et courroie , ainsi décrit ci- après, n." is
et 16.
Les usages les plus ordinaires des fucus sont de servir à
l'engrais des terres, et d'être brûlés avec les autres plantes
marines pour la fabrication de la soude.
La soude qui en provient est appelée soude de varec, parce
que, sur les côtes de France baignées par l'Océan, on nomme
varcc ou varech toutes les plantes marines rejetées par les flots ;
et comme les fucacées en forment la plus grande partie, les
bofanistcs françois ont donné au genre Fucas de Linnaeus le
nom de vurec.
Les fucus, répandus sur les terres, ne commencent à les
bonifier qu'au bout de quelques années. Ce n'est pas dans
ce genre qu'on doit chercher un grand nombre d'espèces
comestibles : elles sont, en général, trop coriaces pour être
bonnes à manger. Cependant l'on dit que quelqfues unes
servent d'aliment, après avoir été préparées, soit dans du
vinaigre, soit de toute autre manière. Dans le Nord, on en
donne quelquefois aux bestiaux, probablement dans le cas
de disette. (Voyez les articles Delesseria, Gelidium, Laminaria
et Varec.)
Voici l'indication des principales espèces de ce genre ai
de ses divisions, qui, comme on le verra, sont autant de
genres distincts pour plusieurs botanistes.
§. I."
Aeinariay Imp. , Donat. ; Fucus , Adans.; Acinarius, Rouss.
Des vésicules aérifères, pédicellées ; froudulcs ou feuilles
distinctes, sessiles ou pétiolées.
1. Fucus NAGEANT : Fucus Tiatans , Linn. ; Fucus sargasso y
Gmel. , Fuc.y 96; Lobel, le, 2, t. 266, fig. 2 j vulgairement ,
Raisin des tropiques, Raisin de mer, Sargazo ou Sargasso des
Portugais. Tige cylindrique, nue àla base, grêle, très-rameuse ,
garnie de frondules ou feuilles d'un vert foncé, éparses,
alternes , pétiolées , étroites, linéaires ou lancéolées, mem-
braneuses, traversées dans le milieu par une nervure, munies
sur les bords de dentelures sétacées ; vésicules aérifères, de
la grosseur d'un grain de poivre, sphériques, pédicellées,
quelquefois terminées par une petite pointe ou par un petit
fil, solitaires ou géminées, persistantes.
Ce fucus, l'un des plus jolis peut-être de ce genre, croît
dans presque toutes les mers comprises entre les tropiques,
et même dans les zones tempérées, si toutefois l'on n'a pas
confondu plusieurs espèces sous le même nom. C'est surtout
entre les tropiques et dans l'Océan , et particulièrement entre
l'Afrique et l'Amérique qu'est sa véritable patrie. Il s'y mul-
tiplie prodigieusement, au point de couvrir des parties très-
étendues de l'Océan, et de former des bancs llottiins qui
peuvent ralentir le cours des navires. Les naturalistes ont
pensé que ce fucus étoit arraché par les flots de dessus les
rochers auxquels il adhère; mais Thunberg s'est assuré, à son
retour du Japon, qu'il végète très-librement, quoique détaché
des rochers. « Nous voguions alors, dit- il, sur celte portion
de l'Océan qu'on nomme kross sjou, et qui abo.ide tellement
en varec [fucus natans), que la surface de l'eau en semble
49* • FUC
toute couverte. Dans un temps calme, on croit traverser une
immense prairie. Quelquefois ces plantes forment des îles
flottantes que le vent disperse et détruit quand il souffle avec
véhémence. On voit aisément que ce fucus prend de l'accrois-
sement et pousse de nouvelles branches en flottant ainsi sur
les eaux; ces branches acquièrent même une certaine grosseur.
En examinant de plus près cette plante marine, je vis qu'elle
servoit d'asile et de nourriture à différens animaux, tels que
la scyllée {scjllœapelagica),\€ crabe nain [cancer minutus), etc. ,^
Thunberg, vol. 4, p. 439 de la Trad. franc.
Il est fait mention de ces vastes tapis de fucus nageons
dans les relations des anciens voyageurs. Ils effrayèrent les
compagnons de Christophe Colomb voguant à la découverte
d'un nouveau monde. C'est probablement cette partie de
l'Océan qui est la mer herbeuse, terme des voyages des an-
ciens navigateurs phéniciens, au rapport d'Aristote.
Les marins nomment cette plante raisin de mer, raisin des
tropiques, à cause de son habitation et de la disposition de ses
vésicules, qui lui donnent l'apparence de grappes feuillues.
Plusieurs auteurs attribuent des Acrtus médicinales au fucus
nageant. Rumph , Amb., 6, pag. 188, pi. 76, fig. 1, qui le
nomme sargassum pelagicum, avance que ses feuilles dessé-
chées s'emploient àAmboine, dans les Indes oi'ientales, avec
avantage, contre la néphrétique. Selon Kaimius, les Améri-
cains s'en servoient pour guérir de la fièvre, et pour exciter
l'accouchement , en l'administrant en poudre. Selon Pison, il
est très-utile contre les douleurs et contre les suppress^ns
d'urines.
L'ofi dit que dans quelques parties de l'Espagne , on le confit
au vinaigre, et qu'on le mange avec les viandes.
Ce fucus croit dans la Méditerranée, mais n'y est pas assez
abondant pour nager en masse sur les eaux, comme entre les
tropiques , vers les îles Canaries et au cap Vert , d'où ses
eouches flottantes opposent de la résistance à la fureur des
flots dans les tempêtes. Ses feuilles présentent à certaines
époques des tubercules qui, en se détruisant, laissent souvent
de petites cavités.
2. Fucus RAISIN : Fucus acinarius, Poir. , Encyclop. méth.j
Esper., Hist., tabl. é5, 66; Acinaria ,lmTperaLti , Donat. , Adr.^
FUC 495
pag. 5, tabl. 4; Ginan. , Op, post., 1, p. 18, tab. i6, 17, 18,
19. Tige filiforme , rameuse ; frondes linéaires, très-entières;
vésicules aérifères, petites, sphériques, quelquefois surmon-
tées d'un petit filet.
Cette espèce, dont nous avons donné la description à l'ar-
ticie AciNARius (Supp.), croit dans la Méditerranée et dans
l'Océan. Elle paroit être le lenticula marina de Sérapion ; Vuve
marina de quelques anciens auteurs; la vigne de mer de Théo-
phraste, etc. Mais ces diverses citations pourroient aussi se
rapporter aux fucus natans , Linn., salicifolius , Poir., layandulcs-
folius, Delil. , tinifolius, Turn., qui croissent dans la Méditer-
ranée. Ces espèces appartiennent aussi à cette première sec-
tion du genre Fucus qui, selon Lamouroux, coutiendroit
environ cinquante espèces , et , selon Agardh , une soixantaine.
§. II.
Vésicules stipitées , aérifères, pédicellées , munies à leur
sommet d'une membrane foliacée.
3. Fucus TURBINÉ : Fucus turbinatus , Linn.; Gmel, Fuc,
tab. 75 , fig. 1 ;Turn., His^Fuc., pi. 2 4. Tiges réunies plusieurs
ensemble, droites, roides, longues d'un a six pieds; divisées en
petits rameaux épars, alternes, supportant chacun une vessie,
en forme de petits entonnoirs fermés, triangulaires , s'épa-
nouissant au sommet en un limbe foliacé, entier, ou crénelé
ou découpé, et trilobé ou inégal.
Ce fucus a de deux à six pieds de hauteur; ses vessies ont un
demi-pouce de longueur : elles offrent quelquefois une cou-
ronne d'épine et de fort petits tubercules épars, qui paroissent
situés sous l'épiderme, et aboutir à des ouvertures externes.
Les tubercules fructifères forment de petites grappes au bas
des vessies. Il croit sur les rochers, dans les Indes orientales, au
cap de Bonne-Espérance , et même sur les côtes d'Amérique.
§. IIL
Vésicules anguleuses , ayant leurs angles munis d'une mem-
brane foliacée.
4. Fucus TRIANGULAIRE : Fucus triqueter , Linn.; Turn., Hist.
JF'ac.,pl. 34. Tige d'un pied de long environ, un peu cartilagi-
neuse, fortement et irrégulièrement rameuse, garnie dans
toute son étendue de trois membranes longitudinales dentéts ,
494 FUC
qui offrent de petites ampoules ou vésicules oblongues. Cette
espèce croit au cap de Bonne-Espérance; ses membranes n'ont
guère qu'une ligne de largeur : elle est brune étant sèche.
§. IV.
Siliquarius , Rouss. ; Siliquaria , Staekh. ; Halidrjs , Lyngb.
Vésicules pédicellées, alongées en forme de siliques.
5. Fucus siLiyuEUX : Fucus siliquosus, Linn.; Oed., Dan. ^
lab. 106; Staekh., JSer., tab. 5; Turn., Hist., tab. 169 ; Esp.,
Fuc. , tab. 8; Halidrjs siliquosa , Lyngb., Tentam. liydroph.,
tab. 8. Biise arrondie en forme de scutelle , donnant naissance à
plusieurs tiges droites, épaisses, coriaces, rameuses, compri-
mées; rameaux distiques, alternes ou dichotomes, garnis de
branches latérales, filiformes, terminées par une sorte de sili-
ques ou de gousses renflées, comprimées, linéaires, lancéolées,
presque articulées, divisées en cloisons transversales, surmon-
tées d'une pointe plus ou moins longue et obtuse; conceptacles
terminaux linéaires-lancéolés , finement tuberculeux, à tu-
bercules perces d'un pore.
Cette plante, commune dans l'Océan, est fréquemment
rejetée sur la côte-, elle a depuis un jusqu'à quatre pieds de
longueur. Lorsqu'elle est parfaitement conservée, ce qui est
fort rare, elle est garnie, d'après l'observation d'Agardh, de
petites feuilles lancéolées, linéaires, pointues, longues d'un
pouce. Sa couleur naturelle est la couleur olivâtre; mais, par
la dessiccation, elle se change en noire. Les vésicules et les
conceptacles ont un pouce et plus de longueur, et se res-
semblent beaucoup, de sorte qu'il faut de l'attention pour les
distinguer. Les séminules sont mélangées avec des fibres ra-
meuses, qui leur servoient sans doute de placentaires. Ce
fucus est , parmi toutes les plantes de l'ordre des fucacées ,
celle qui fournit le plus de cette substance sucrée, si remar-
quable dansles_/«cws digitatus et saccharinus , Linn., maintenant
placés dans le genre Laminaria. On en retire une quantité
considérable. Elle se forme en efflorescence blanche à la
surface de la plante, à mesure qu'on l'enlève; on la dissout
ensuite dans l'eau , et puis on la fait cristalliser après avoir
concentré la dissolution. On la purifie en la faisant dissoudre
€t cristalliser plusieurs fois de suite.
FUC 49^
Le fucus siliculosus de Gmelin paroît êfre une variété du
fucus siliquosus , dont elle se distingue en ce qu'elle est plus
petite de muitié dans toutes ses parties.
Ou doit rapporter à cette section les fucus sisj-mhrjiodes et
horneri de ïurner.
§.V.
Phryganella , Stackh.
Vésicules formées par le renflement des rameaux ; feuilles
distinctes.
6. Fucus DÉPAREILLÉ : Fucus diicors , Linn. ; Stackh., IVer.
Sritann., tah\. 17 ;Esp., Fi/c, tab. :j7. Tige cylindrique , droite,
roide , renflée à sa base , garnie d'aspérités produites par
des rameaux avortés ou détruits, très-ramifiés ; ramifications
inférieures en forme de feuilks alternes ou opposées ,
linéaires , lancéolées , dentées en scie, alternativement ailées ,
munies d'une nervure longitudinaJe; dernières ramifications
de la tige et des rameaux finement découpées et déchique-
tées -, les dernières découpures renflées en vésiculc's ovales,
remplies d'un mucus visqueux, dans lequel sont de petits
jrains épars.
Ce fucus, de couleur rousse , tient aux rochers par sa base
renflée. Il croit dans la Méditerranée et dans l'Océan, sur les
côtes de Norvvége, de Suède, d'Angleterre, etc.
7. Fucus BARBU : Fucus burhatus, Turn. , Trans. Linn.;
Stackh., iVer.jtab. ily,Fucusfœniculaceus, Linn.; Gmel., F//c.,
86, tabl. 2 , A. , f. 2. Filamenteux, coriace, brun; tige cylin-
drique, épaisse dans le bas, très- rameuse ; dernières ramifi-
cations renflées en vésicules oblongues rousses, placées deux,
trois à la suite l'une de l'autre, rempliesde graines opaques ; la
dernière terminée par une foliole pointue ordinairement
simple. Cette espèce, qui atteint près d'un pied de longueur,
croît dans l'Océan et dans la Méditerranée.
8. Fucus eiBREUx : Fucus Jihrosus, Stackh., Ner., tab. 145
Fucus alrotanoides , Gmel.,Fi/c.,p. 89 ; Esp.,F//c., 65, tab. 29, A.
Adhérant au sol par une base arrondie, molle et spongieuse}
tige ligneuse, cylindrique, divi.sée en rameaux épars, grêles,
comprimés, garnis de ramifications dentifornies, évasés çà et
là près de leur base enyessies ovoïdes, moniliformes, aérifèresj
A^c. FUC
rameaux terminés par des vésicules muqueuses, séminifères.
Cette plante est coriace, et d'un brun obscur; elle croît dans
la profondeur de l'Océan, d'où elle est détachée dans les
fortes tempêtes, et jetée sur les côtes.
g. Fucus-bruyère: Fucus ericoides , Trans.Linn.Lond.; Fucus
tamariscifolius , Stackh., ISer. Brit., p. 44 et xxxv , tab. 2;
Fucus ahies marina, Gme\., Fuc. , p. 83 , tab. 2 A.; Fucus selagi'
noides, Esp., Fuc, t. 5i j vulgairement Bruyère de mer. Tige
épaisse, noueuse, inégalement cylindrique, divisée supérieu-
rement en un grand nombre de rameaux grêles , aplatis ou an-
guleux, sillonnés, garnis sur leurs bords ou angles de feuilles
élargies à la base, pointues, courtes, dirigées vers le sommet;
branches supérieures renflées en vésicules souvent monili-
formes, offi'ant des ponctuations cratériformes, ciliées sur les'
bords, qui sont les orifices d'autant de oapsules.
Ce fucus est naturellement verdâtre 5 mais il noircit par la
dessiccation.Lesfeuillesinférieuresdesesrameauxsedétruisent
promptemént. II varie beaucoup pour son port ; ses rameaux
sont tantôt simples, tantôt rameux , très- aplatis ou angu-
leux, etc.: il croît dans l'Océan et dans la Méditerranée.
10. Fucus A FEUILLES D^AURONE : Fucus alrotanifoUus , Linn. ;
Stackh., A^er. Brit., ta.h. 14. Adhérant aux rochers par une base"
aplatie; tiges filiformes, comprimées, très-rameuses ; rameaux
alternes, fort grêles, très- comprimés, divisés en d'autres
rameaux plus courts , fort rapprochés , renflés en vésicules
rousses, oblongues, pleines de graines, donnant naissance à
de petites folioles déchiquetées ou divisées en deux branches.
Ce fucus croît dans l'Océan et dans la Méditerranée : il est
brunâtre et coriace. Sa longueur ordinaire est de quatre à
huit pouces. Les rameaux du milieu ressemblent un peu, par
leurs découpures, aux feuilles d'aurone.
11. Fucus FAUX SEDUM : Fucus scdoides , Desf. , Atlanl. , 2,
p. 423, tab. 260. Tige cylindrique, simple ou divisée en deux
ou trois branches, garnies d'un fort grand nombre de petits
rameaux cylindriques alongés, revêtus dans toute leur lon-
gueur de plus petits rameaux géminés, cylindriques, poin-
tus, un peu courbés au sommet , appliqués contre les rameaux ,
munis à leur base d'une cavité glanduleuse, qui aboutit pro-
bablement à l'organe fructifère.
FUC ^97
Ce fucus est brun, coriace, long d'un pied environ, ou
plus court. 11 croît sur les côtes de la Méditerranée, principa-
lement sur celles de France et d'Afrique.
Tous les fucus précédens se trouvent sur les côtes de France 5
on y trouve encore les fucus selaginoides , Lina.; mucronatus,
Tiirn., qui sont de la même section, une des plus riches en
espèces, surfout exotiques.
§. VI.
yirsoideSf Donaf.;. Virson , Adans.; Vesicularius Rouss. ;
Halidrjs, Stackh.
Fructifications au sommet de frondes planes, rameuses,
ordinairement vésiculeuses, presque toujours munies d'une
nervure médiane.
12. Fucus vÉsicuLEUx : Fucus vesiculosus, Linn.; Stackh.,
Ner. BriL, tab. 2-6 ; Esp., Fuc, tab. 11-1 3; Martius, Not/. acf.
phjs. med. nat. cur., vol, 9, p. 21 5, tab. 4; Lyngb. , Hydroph,
Dan., tab. 1 : Virsoidcs , Donat. , Adr. , tab. 3. Fronde plusieurs
fois dichotome, très-entière sur les bords; des vésicules axil-
laires ou disposées sur les côtés de la nervure médiane ; de
petits faisceaux de poils épars à la surface de la fronde; fruc-
tifications consistant en de petits tubercules, réunis à chaque
extrémité des rameaux en un gros bouton ou espèce de gousse
simple ou bifurquée.
Ce fucus est coriace, d'un vert brun, long de deux pieds
environ. La fronde et ses découpures, lesquelles ressemblent
à des lanières, ont trois à quatre lignes de largeur. Il abonde
sur les rochers, dans l'Océan et dans la Méditerranée. Ou
larrache pour fumer les terres, et pour en retirer de la soude
et de la potasse par l'incinération. Il répand une odeur désa-
gréable, et rougit quelquefois, mais accidentellement, les
eaux dans lesquelles il croît. En Suède, les pauvres habitans
des bords de la mer en couvrent les toits de leur^ maisons .- dans
les régions du Nord, on en donne aux bestiaux, mêlé avec
leur fourrage; ils en mangent volontiers à cause de sa saveur
salée. Il paroît qu'en Angleterre, dans le Nortland, on en
mêle avec la farine destinée à faire le pain.
Plusieurs médecins ont employé cette plante. Gmelin, l'au-
teur de l'histoire àe&Fucus, rapporte que Gaubius et plusieurs
j;. 32
49» FUC
autres médecins l'annonçoient comme propre à résoudre lea
engorgemens des parties et leur squirre ; que Russel se servoit
de sa décoction pour frictionner les tumeurs scrofuleuses et
squirreuses: et que le même médecin composoit un elhiops vé-
gétal avec la poudre desséchée de cette plante, qu'il adminis-
troitavec avantage dans lesscrofules.Baster en formoit unepré-
paration dont il faisoit usage dans Tengorgement des glandes.
Ce fucus est un de ceux que les botanistes ont le plus exa-
minés ; il a fait le sujet des observations de Donati , et a donné
naissance à l'idée de l'existence des fleurs unisexuelles dans les
fucus. Il vient tout récemment de faire le sujet d'une lettre
de M. Martius à M. Nées, dans laquelle on explique comment
naît cette plante, et comment elle se développe.
Donati nommoit fleurs mâles les petites cavités ou pores
épars sous l'épiderme des frondes, et qui ont au dehors une
ouverture bordée de filets ou poils blanchâtres, transparens,
articulés et rameux , sur lesquels il a observé des corpus-
cules ronds, qu'il présumoit être des anthères. Ces mêmes
fleurs contiennent un fluide mucilagineux, enveloppant un
grand nombre de corpuscules de diverses formes, mais ordi-
nairement presque ronds, jaunâtres ou vert-pàle, qui, selon
Donati, formoient une espèce de pollen. Il considère comme
fleurs femelles les petites capsules pleines de séminules , accu-
mulées à l'extrémité des rameaux. Lyngbye, dans les figures
anatomiques qu'il vient de donner de ces capsules , représente
les séminules entremêlées avec des filamens articulés. Il est
donc probable que ces filamens servent d'attaches aux sémi-
nules, et même on pourroit peut-être penser que les préten-
dues fleurs femelles de Donati ne diffèrent qu'en ce que par
leur accumulation elles n'ont pas pu prendre tout leur dévelop-
pement, comme ont pu l'acquérir les prétendues fleurs mâles.
Cette plante, qui offre beaucoup de variétés, ne présente
pas toujours des vésicules. Tel est Téchantillou figuré par Do-
nati; mais ce cas ne se présente guère que dans de jeunes
individus. Ces vésicules sont creuses, pleines d'air, garnies
intérieurement de quelques poils très-fins, presque articulés;
et blanchâtres, que Linnseus supposoit être des étamines, et
que les botanistes prennent actuellement pour des organes
excréteurs. Ne seroit-il pas plus probable que ces vésicules
FUC 499
sont produites par ravortcment de quelques capsules fruc-
tifères P
Ce fucus, lorsqu'il vient de naître, et du moment qu'on peut
le voir H l'œil nu, n'a tout au plus que le quart d'une ligue de
hauteur; il prend la forme d'une massue soutenue par un
pédicelle plus ou moins court. Examinée à la loupe, cette
massue est, tantôt parfaitement entière, tantôt un peu com-
primée , ou bien en godet . ou même en forme de coupe. Cette
massue est entourée à sa base par une masse muqueuse trés-
mince , en forme de disque plus ou moins dilaté. Au milieu
de cette masse sor.t des filets couchés ,rampans, et d'autres qui
se redressent et fc^nent les godets que nous venons de décrire.
Ceux-ci se déforment en grossissant, et passent insensiblement
à la forme plane. Ils sont le plus souvent d'abord simples,
rarement géminés, et se divisent ensuite en deux, puis se
ramifient. Ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'ils olircnt quel-
quefois les pores garnis de tilets articulés dont il a été ques-
tion plus haut, avant que de commencer à se diviser. La
matière muqueuse qui leur sert de base s'épaissit avec l'âge,
devient coriace, et forme un empâtement qui iixe fortement
cetteplante après les rochers. Ce quenousvenons de rapporter
est extrait du travail de Martius. Cet auteur a encore examiné
ce qu'il nomme gongyles , et que nous appelons capsules.
Il fait observer que ces gongyles sont composés de corpus-
cules claviformes ou cunéiformes, obscurs, presque cloisonnés
à l'intérieur, entièremeatsemblablesaux petits propagules du
bourgeon que Ton observe dans le fucus naissant, attachés
aux plus petites ramifications de filamens, tellement serrés
entre eux qu'ils semblerit ne former qu'une seule masse. Ces
corpuscules sont plongés dans un suc mucilaginenx; et M. Mar-
tius ne doute point que ce ne soit ceux qui donnent naissance
à ce fucus, a])rès avoir été chassés de la plante. Oh voit par
là qu'il ne doute pas non plus que ce ne soit le moyen que
la nature emploie pour propager celte espèce. Mais, par des
considérations qu'il seroit trop long de rapporter ici, on voit
aussi qu'il ne considère pas ces corpuscules comme des graines,
mais comme de simples bourgeons ou propagules.
On croit que cette plante est le quercus marina des anciens,
qui croissoit dans le fond de la mer Méditerranée, qui avoit
52.
5oo FtJC
une coudée de hauteur, dont les rameaux s'attachoient àtix
coquilles, et qu'on employoit pour teindre la laine. Pline
rapporte que le quercus marina est excellent contre la goutte
des articulations, et contre les tumeurs inflammatoires»
(Voyez PiiucDS.)
Stackhouse rapporte une analyse faite des cendres provenant
de cette plante, après qu'elle a été brûlée. Elle indique, sur
cinq cents parties :
Eau i58
Ammoniaque ...... 90
Ciiarbon 86
Huile empyreumatîque. . è^
Soude. , 18,5
Magnésie. 14
Silice. . 1,5
Fer. .. o ...... . G 5
Acide muriatique. .... 6,5
Acide sulfurique 4,5
Soufre 4? 5
Gaz acide carbonique. = . Go
Gaz oxigène i3
Gaz hydrogène carbonné , 2
Azote gaz azote 3
Perte 4, a
Total. . . . 5oo
A cette longue liste il faut encore joindre l'iode , dont
Texistence à l'état salin, dans les fucus, a été constatée par
M. Gautier de Claubry.
i3. Fucus DENTELÉ : iFucus scrratus , Linn. ; Réaum. , Mém.
Acad. Par. , 1772 , tab. 3, fig. 1 , 2 , 3, 4 , 6 , 7, 5 ; Stackh.,
JNfer. Brit., tab. 1 ; Lyngb. , Hjdroph. Dan., tab. 8. (Voyez les
cahiers qui accompagnent ce Dictionnaire.) Fronde plane,
découpée en lanières larges, plusieurs fois dichotomes, forte-
ment dentées en scie sur les bords ; extrémités des dernières
divisions obtuses, garnies sous l'épiderme de tubercules nom-
breux, petits, presque sphériques, munis d'un orifice externe.
Cette plante, très-commune dans l'Océan, croît sur les ro-
chers découverts par la marée ; elle y tient par un empâtement
FU C 5<«
arrondi. Elle acquiert jusqu'à trois pieds de longueur. Le bas
de la fronde est nu, cylindrique. Quelquefois les ramifica-
tions semblent pétiolées par l'effet de la destruction de la
fronde dans leur partie inférienre. Les découpures ont la
largeur du doigt; elles offrent encore, plus fréquemment que
l'espèce précédente, des tubercules épars à droite et à gauche
de la nervure, dont les orifices sont garnis de longs poiJs
blanchâtres.
Sur nos côtes, on coupe ce fucus deux fois par an, pour
en fumer les terres, ou pour faire de la soude.
On trouve encore, sur nos côtes baignées par l'Océan, ou
sur celles de la Méditerranée , les fucus spiralis, ceranoides y
lonoifructus et distichuSf qui appartiennent à cette section.
§. VU.
Nodularia, Rouss. ; Fistularia, Stackh.; Halidrys ,L,yngh^
Vésicules produites parle renflement de la plante; fruc-
tifications pédouculées.
1 4. Fucus NOUEUX : Fucus nodosus , Linn.; Gmel., Fwc, tab. 1 ^
B. 1; Stackh. , iVer. , tabl. 10; Fior. Dan. , tab. 146; Réauni. ,
Mém. Acad. Par., 1712, tab. 2, f . 3 , Halidrys nodosa,
Lyngb., Hjdroph. Dan., tab. 8. Adhérant aux rochers par uu
disque arrondi, d'où s'élèvent plusieurs tiges brunes, coriaces,
cylindriques à leur base , puis comprimées, et «'élargissant,
rameuses, simples ou bifurquées, renflées d'espace en espace,
en vésicules ovoïdes, pleines d'air-, garnies de pédoncules qui
portent une gousse arrondie, comprimée, tuberculeuse, con-
tenant les capsules dans lesquelles sont renfermées les graines
enveloppées d'un fluide muqueux.
Ce fucus, très-remarquable par la forme de ses vésicules et
leur disposition, atteint un pied et demi de longueur. Il cr.oît
dans l'Océan, et n'est pas rare sur nos côtes.
§. VIII.
Point de feuilles; vésicules en chapelet, et couvertes de
points fructifères.
1 5. Fucus EN COLLIER : Fucus moniUformis , Labill. , Noi>. HolL ,
pi. 262; Fucus Banksii, Turn., Hist., pi. 1. Tige ou fronde fili-
forme, dichatome, longue d'un à deux pieds, renflée, à de
5o2 FUC
très-peti(es distances, en de grosses vessies presque contiguës
Tune à l'autre, ovales, oblongues et disposées en façon de
grains de collier.
Ce fucus, ajjssi abondant sur les côtes de la Nouvelle-Hol-
lande, que les fucus vésiculeux , denté et noueux sur nos
côtes, est très-remarquable par sa forme. Selon Labillardière ,
les vessies sont couvertes de petits tubercules, probablement
fructifères.
§. IX.
Funicularius, Rouss. ; Lorea, Stackh. ; Himanthalia, Lyngb.
Point de vésicules, fronde comprimée , égale;, fructifications
éparses.
16.F0CUS-COORROIE; Fucus loreus ,L\nn., Flor.Dan., tabl.710;
Réaurn^ , Mém. Acad. Par., 1712, tab, 24, fig. 2, et 1772,
lab. 2 , fig. 14 , Y: Stackh., Ner. Brif. , tabl. 10. Base en forme
de disque arrondi, ou de coupe évasée, à bord entier; du
centre naissent deux ou trois frondes semblables à des cour-
roies, bifurquées à de longues distances, étroites, de même
largeur en haut qu'en bas, brunes, visqueuses, coriaces, tu-
buleuse.s : partie intérieure du tube garnie , sous l'épiderme , de
vésicules nombreuses, ovales ou presque en forme de poire ,
éparses dans une mucosité visqueuse, s'ouvrant au dehors par
un pore arrondi.
Ce fucus, qui s'écarte beaucoup des autres espèces par sa
forme, atteint dix pieds de longueur; ses ramifications ont
trois lignes de largeur. Il croît dans l'Océan, et se trouve
communément sur nos côtes. Il offre une variété caractérisée
par l'inégalité de la largeur de ses ramifications. Turner en
fait une espèce distincte.
Cette plante , lorsqu'elle naît, forme un simple petit grain
ovoïde, muqueux, qui grossit jusqu'au moment où il a un
pouce de diamètre; alors c'est une coupe concave, entière en
ses bords. Quelques botanistes pensent que cette coupe est la
vraie fronde de la plante, et que les autres parties qui s'élèvent
de son centre ne sont que les réceptacles des fructifications;
ruais alors il en faudroit dire autant des fucus vesiculosus ,
ssrralus et leurs congénères, qui se développent de la même
manière, excepté que la coupe est infiniment plus petite.
FUC ■ 5o5
Lorsque le fucus loreus a pris de l'accroissement, la coupe de
la base s'aplatit et ressemble à une rondelle-, elle tient aux
rochersparunc racine centrale. Guniieravoit pris cettecoupe,
non encore développée , pour une espèce d'ulve , et lui avoit
donné le nom (V ul^'aprunif or mi s , Gun., n, p .89 , tab. 2, lig. 2,7,
et tabl. 9, fig. 4, 5.
§. X.
Halidrjs , Stackh.
Point de vésicule , fronde comprimée , à rameaux canali-
culés-, fructifications à l'extrémité des rameaux.
17. Fucus EN GOUTTIÈRE : Fucus canaliculatus , Linn. , FI.
Dan., tab. 244; Stackh., Ner. Brit., App. , tab. E, n. 4;
Gmel., Fuc, 1. 1 , A, t. 2.
Frondes en touffe , brunes, coriaces, étroites, sans nervures
au milieu , plusieurs fois bifurquées , très-entières , repliées , en
forme de gouttière, par leurs bords; dernières bifurcations,
renflées à leur extrémité, composées de tubercules placés
ordinairement sur deux rangs.
Cette espèce tient aux rochers , ou bien au sol , par un disque
arrondi: ses frondes ont à peine deux lignes de largeur-, elles
forment des touffes étalées, hautes de trois à quatre pouces.
Stackhouse a semé et a vu germer les tubercules contenus
dans les renflemens terminaux des dernières branches. A cet
effet , il les avoit semées dans de l'eau de mer , qu'il avoit soin
de renouveler toutes les douze heures. Au bout de huit jours ,
ces tubercules se changèrent en petites coupes, semblables,
pour la forme seulement , à celles qui produisent le fucus-
courroie , n." i5.
Ce fucus croît , en Europe , sur les côtes de l'Océan et de la
Méditerranée.
§. XL
Point de vésicules: toutes les ramifications cylindriques.
18. Fucus piFURQUK : Ficus bifurcatus , With., Brit. y 4,
tab. 17 , f. 1 ; Fucus tuberculatus , Turn. ; Stackh. , Ner. , App.,
tab. A, n.° 1. Coriace; tige cylindrique, divisée au sommet
en plusieurs bifurcations, à aisselles arrondies: dernières ra-
mifications , les unes stériles, courtes et obtuses; les autres
5o4 FUI
fructifères, alongées , renflées en vésicules cylindriques,
pleines de capsules ou tubercules, aboutissant à l'extérieur
par des pores.
Ce fucus croit dans l'Océan : il est naturellement verdàtre,
mais il devient brun en se desséchant. Sa longueur est de cincj
à huit pouces, et le diamètre de ses tiges d'une ligne envi-,
ron. (Lem.)
FUDSl,Fosii (Bot.), nom d'un dolic, dolichos polj'stachyos ^
dans le Japon, suivant Kaempfer et Thunberg. Le fudsi ha-
Icama e'st un eupatoire, eupatorium chinense. Un autre, eupatO'
rium album, est nommé fusi-bakana. (J.)
FUDSINA. (Bot.) Voyez Fosei. (J.)
FUFEL. (Bot.) Voyez Faufel. (J.)
FUGACE [Calice]. (Bot.) On nomme fugace, ou caduc, le
Galice qui tombe dès que la Heur commence à s'ouvrir (pavot,
cpiniediurli). On applique la même épithète à la corolle qui
tombe au moment de l'entier épanouissement de la fleur, ou
même avant (papaver, angemone, ihalictrum , etc.) ;. à la spathe
qui se détache après s'être ouverte (aitium, porrum, etc. ) ;
aux feuilles qui disparoissent peu de temps après leur appa-
rition (cactus, opuntia, etc.); aux stipules, qui ne durent pas
autant que les feuilles ( tilleul , figuier, etc,). (Mass.)
FUGA DJEMONUM. (Bot.) On trouve, dans quelques
anciens auteurs , le millepertuis oflicinal (hjpericum perfo-
ratum , Linn.) désigné sous ce nom. (L. D. )
FUGEIROU. (Bot.) Le gouet maculé, ou pied de veau, porte
ce nom en Provence. (L. D.)
FUGEL. (Bot.) Voyez Fidjel. (J.)
FUGET. (Conchjl.) Bruguières désigne sous ce nom une
petite espèce de turbot, qu'il nomme trochus sanguineus. Je
suppose que c'est du Fujet d'Adanson qu'il veut parler ; et
cependant Gmelin a donné le nom de trochus corallinus à
celui-ci. (De B.)
FUGLA (Bot.) , nom hébreu du raifort, suivant Mentzel. (J.)
FUGLE-KOlSiGE (Ornith.) , nom danois du roitelet, mota-
tilla regulus , Linn. (Ch. D.)
FUGOSIA. (Bot.) Voyez Cienfuégose. (Poin.)
FUINA (Mamm.), nom espagnol delà fouine. (F. C.)
FUIP\.E]XE, Fuj'rena. (Bot.) Genre de plantes monocotylé-*-
FUI ^^^
dones, à fleurs glumacécs, de la ftimille des cypéroides, de
la triandrie monogynie de Linnœus, offrant pour caractère
essentiel : Des paillettes mucronées , imbriquées de toute
part, formant un épi; chaque fleur composée d'un calice a
trois valves égales, pétaliformes, en cœur, aristées; trois éta-
mines ; un style bifide à son sommet; deux sligmates, une
semence trigone ; point de soies.
Ce genre, très-rapproché desscirpes, en diffère par les
trois écailles pétaliformes, calicinales, qui accompagnent les
organes sexuels. M. Persoon en a séparé quelques espèces,
dont il a formé son genre Vaginaria, distingué par trois soies
alternes, avec les valves calicinales. (Voyez Vaginaria.)
FiiRÈNEVANicuLÉE : Fuircna paniculatu , Linn.fils, Supp., io5,
et Diss, Gravi., 26, Icon.; Lamk. , lU. gen., tab. 3y ; Fuirenu
umbellata, Rottb., Descr., 70, tab, ig, pag. 3; Vahl, Enum.^
■2, pag. 383 ; Rob.Brow., ISov.Holl., 220. Ses tiges sont lisses,
tétragones, munies de gaines anguleuses, garnies de feuilles
alternes , glabres , lancéolées , glauques , profondément striées ,
à gaines sèches, chargées de poilscourts; les pédoncules axil-
laires et terminaux, disposés en panicules ombelliformes ,
soutenant des épillets cylindriques, scabres , un peu courts ,
noirâtres; les écailles ovales, cunéiformes, terminées par une
petite barbe droite; les valves du calice planes, échancrées
en cœur au sommet, aristées dans l'cchancrure. Cette plante
croît aux environs de Surinam et à la Nouvelle- Hollande.
FuiRÈNE BLANCHATRE; Fuivena canescens , V iihl , Enum., 2,
pag. 385. Plante du Sénégal, toute couverte d'un duvet velu
et blanchâtre. Ses tiges sont triangulaires; ses feuilles longues
de deux pouces; ses fleurs réunies en une petite tête, divisée
en quatre autres médiocrement pédicellécs , accompagnées
d'une bractée plus courte que les fleurs; les épillets sont fort
petits; les valves calicinales oblongues, à trois nervures , sur-
montées d'une pointe roide et droite.
FuiRÈNE RABOTEUSE ; Fujrena squdrrosa ^ Mich. , F lor. Amer. ^ ly
pag. 57. Cette espèce a des tiges glabres, hautes d'un pied et
demi, anguleuses, pileuses vers leur sommet; munies à leur
base de gaines brunes, très-pileuses. Les feuilles sont planes,
longues de deux à cinq pouces, glabres, ciliées vers leur base.
Pe la gaine supérieure sortent deux pédoncules inégaux ; ua
5o6 FUI
involucre à peine long d'un pouce; l'ombelle composée de
deux rayons velui, soutenant chacun trois ou quatre épillets
sessiles, ovales, obtus, longs de trois lignes; plusieurs autres
sessiles dans le centre de l'ombelle; les écailles calicinales ob-
longues, très-obtuses, membraneuses, purpurines, légèrement
ciliées, vertes sur le dos, terminées par une longue arête re-
courbée. Cette plante croît aux Jieux marécageux , dans la
Caroline et la Géorgie.
FuiRÈNE GLOMÉaULÉE : Fuirenu glomerata, Lamk. , I/L , i,
pag. i5o; Vahl, Enum. , i , pag. 386; Brown , JVov. Ho/f., i,
pag. 220 ; Scirpus ciliaris , Linn. , Mant. , 182. Plante des Indes
orientales , dont les tiges sont longues d'un pied ; les feuilles de
trois à six pouces, planes, ciliées; les supérieures pileuses;
les gaines glabres, longues d'un pouce; les pédoncules velus,
souvent géminés ; un involucre à deux folioles pileuses sous
l'ombelle du plus long pédoncule; il n'y en a point sous l'om-
belle du plus court, qui est composée de trois à six épillets
agglomérés en fête, obtus, longs de trois lignes; les écailles
d'un brun verdàtre , à trois nervures,- terminées par une
pointe de la longueur des écailles; les valves du calice pur-
purines, un peu arrondies, tridentées, à trois nervures.
FuiRÈNE HÉRISSÉE : FuircTia hirta, Vahl, Enum, 1. c; Scirpus
hoUentotus, Linn., Mant.. i82;Rottb., Gram., 64, tab. 16,
fig. 4. Cette plante croît au cap de Bonne-Espérance , sur le
bord des ruisseaux et aux lieux marécageux. Ses tiges sont
roides, triangulaires, hautes d'un pied, garnies de trois feuilles
alternes, distantes, lisses, plus courtes que les tiges, qu'elles
embrassent par une gaîne cylindrique. Les fleurs sont réunies
en un paquet globuleux, composé d'épillets sessiles, très-
serrés; les écailles lancéolées, velues, mucronées -, les invo-
lucres à trois folioles inégales, à peine plus longues que les
fleurs.
FuiRÈNE DES SABLES ; Fuireua arenosa , Rob. BroAvn , A^o»'.
HolL, 1, pag. 220. Ses tiges sont glabres, garnies de feuilles
également glabres, alternes; les fleurs disposées en ombelles
axillaires et terminales , composées d'épillets solitaires , pileux,
oblongs; les écailles terminées par une arête de moitié plu»
courte que ces écailles. Cette espèce croît sur les côtes de la
Nouvelle-Hollande. (PoiR.)
FUL 5o7
FUJET (Conchyl.) , nom donné par Adanson au tmchus co~
rallinus. Linn., espèce du genre Toupie ou Troque. (De B.)
FUJOO, KiBATSisso {Bot.), noms jiiponois de ïliibiscus mula-
lilis, cités par Kœmpfer et Thunberg. (J.)
FLJKI (Bot.), nom japonois du pétasite, tussilago petasiles ,
selon M. Thnnbcrg. (J.)
FUKOS {Bot,), un des anciens noms de la conyze, cités
dans la table d' Adanson. ( H. Cass.)
FUKU. {Bot.) Celte plante graminée du Japon , citée par
Kaimpfer, est un saccharum de M. Thunberg, et M. de Beau-
vois en fait son erianthus japonicus. (J.)
FUL. {Bot.) Voyez Foul. (J.)
FULD KOPPE. {Ornith.) L'oiseau qui porte, à l'île de
Ferroë; ce nom, qui s'écrit aussi fuL-kop, Muller, n." 142 , est
le petit guilleniiot, coljmhus min or , Linn. (Cn.D.)
FULFUL {Bot.), nom arabe du poivre ordinaire, suivant
Avicenne, cité par Ciusius, qui ajoute que le poivre long est
nommé darfulful et fulfel. Ce dernier nom approche beau-
coup de celui de l'arec , en Arabie. (Voyez Faufel,) Le poivre
est encore désigné à Guzarate, sous le nom de mendie; à
Malaca , sons celui de lada; sous celui de morois au Bengale,
où le poivre ^ong est nommé pimpilin. (J.)
FULGORÊ. F'u/i^ora. {Entom.) Linnœus a emprunté ce
nom du mot latin fulgor, qui signifie éclat , lueur, pour dési-
gner un genre d'insectes hémiptères, delà famille des cigales
ou collirostres, dont plusieurs espèces, au rapport des voya-
geurs, répandent pendant la nuit une lumière phosphorique.
Les fulgores, comme tous les Auchénorinques (voyez ce
mot, tom. III, pag. 3o3), ont les ailes de consistance égale,
non croisées, mais disposées en toit sur le ventre, qu'elles
dépassent; trois articles à tous les tarses; un bec alongé,
couché le long du corps, en dessous, entre les pâtes, dans
l'état de repos, et paroissant naître du col; les antennes très-
courtes.
En outre, ces antennes ne sont pas insérées entre les yeux,
comme dans les cigales, cicadelles et les membraces, ni dans
les yeux, comme chez les delphaces, mais au-dessous. Les
cercopes et les //«/es sont dans le même cas; mais ces dernières
ont ies ailes très-grandes, dilatées et pendantes, comme cer-
i"^'/'
5o8 FUL
taines espèces âe pjvalei ou de chapp^s ; et les premières n'ont
pas le front prolongé ni bizarrement enflé, comme certaines
espèces de fulgores.
Le genre FuJgore comprend des espèces frès-remarquables
pour les formes et les couleurs. La plupart sont originaires
des pays éloignés, de Cayenne, des Indes, de l'Afrique, de
l'Australasie : nous n'en avons que quelques petites espèces
de la partie méridionale de l'Europe.
L'espèce la plus anciennement connue est de l'Amérique
Aiéridionale ; c'est:
1." La FULGORE LANTERNIÈRE , OU PORÏE-LANTERNE ; FulgOra
laternaria, Linn.
Mademoiselle Mérian l'a figurée dansses Insectes de Surinam,
pi. 49 ; et Réaumur, t. V de ses Mémoires, pi. 20, n" 6, 7.
C'est un insecte de près de quatre pouces de longueur,
dont la tête, excessivement renflée, fait à elle seule près de la
moitié du corps. Cette tête est vésiculeuse , arrondie à son
extrémité libre. La couleur générale est d'un jaune pâle et
sale: la partie vésiculeuse, dans laquelle on croit que la
matière phosphorescente est contenue, estd'un vert sale, avec
quclqnes lignes rougeàtres. Les élytres ou ailes supérieures
sont grises, avec des traits en long et en travers, d'une teinte
brunâtre. Les inférieures sont grises également; mais elles
portent, vers leur extrémité libre, une grande tache œillée ,
Jjriine, avec deux autres taches ou prunelles olivâtres ou d'un
brun verdàtre.
On nomme, à Cayenne et à la Guadeloupe, ces fulgores ,
des mouches à feu, et des mouches luisantes. Mademoiselle
Mérian dit qu'elle s'est servie de ces insectes pour lire la Gazette
de Lcydc, journal qui, à cette époque, étoit imprimé avec
des caractères d'un œil très-petit; mais d'autres naturalistes
n'ont pas remarqué cette propriété. Il pourroit se faire que
cette lumière phosphorescente dépendit de quelque circons-
tance, comme cela arrive à nos femelles de lampyre ou de
ver-luisant, qui ne brillent la nuit qu'à l'époque de la fécon-
dation, et dont la lueur disparoit presque aussitôt que le but
de la nature est rempli.
2." La FuLGORE CHAi
eanileluria. Nous l'avons fait figurer dans l'Atlas, Ordre des
- FtJL 5t)9
hémiptères, famille des auchénorinques, sons le n." 4. On
l'apporte de la Chine, et on la voit souvent peinte sur les
papiers et les étoffes de tenture de ce pays. Elle est d'un tiers
plus petite que l'espèce précédente. Elle est facile à recon-
jioître par ses élytres ou ailes supérieures vertes, à nervures
blanchâtres, avec des taches de rouille bordées de blanc, la
plupart transversales. Le corselet et la tête sont jaunes, avec
un front prolongé , arrondi , recourbé en dessus. Les ailes
inférieures sont jaunes, avec une large bande noire à la
ptiinte. On dit qu'elle brille aussi pendant la nuit.
Fabricius a décrit dix-huit autres espèces étrangères. La
seule qu'on trouve en France est très-petite; c'est:
^ 5.° La Fui.GORE d'Europe ;"F«/o'ora europea. Elle n'a pas en
tout un demi-pouce de longueur. Elle est verte-, ses ailes sont
transparentes, excepté les nervures; son front prolongé est
strié par cinq lignes longitudinales, «lont deux sont en dessus.
On la trouve sur les arbres. Nous en avons recueilli deux fois
sur des noyers.
Il est probable que les mœurs des fulgores sont les mêmes
que celles des cigales. (C D.)
' FULGORELLE. {Entom.) ivL Latreille a désigné sous ce
n^m la tribu de la famille qu'il nomme cicadaires, dont le
genre Fulgore est le type, et qui comprend en outre l^cer-
eopes et \esjlatcs, qui ont les antennes insérées sous les yeux.
Voyez Auchénorinques. (C. D.)
FULGUR, Carreau. {Conchjl.) Genre de coquilles univalves
de la famille des murex de Liiinœus, établi par My Denys de
Montfort , pour une assez grosse coquille qui . outre sa singula-
rité de n'être presque connue^lans les collections qu'à l'état
gauche, offre un/acies intermédiaire aux pyrules, aux fascio-
laires et aux turbinelles. Il peut être défini : Coquille pyri-
forme , à spire assez aplatie, armée de pointes; le dernier
tour très -grand; ouverture très -longue, à bords presque
parallèles, et terminée par un canal droit; un seul pli à la
columelle. L'espèce que M. Denys de Montfort donne comme
type de ce genre, et qu'il nomme le Carreau fovdre, fulgur
elicians, murex perversus , Linn., est figurée dans la Conchylio-
logie de Lister, tab. 907, fig. 17. C'est I'Unique , le Buccin
•NiyvE , la Tb.omfette»e rragon des marchands françois. C'est
5io FUL
une coquille de quatre pouces de long, de couleur blanche ,
striée ou tlambée de brun, et dont l'ouverture est d'un beau
blanc. Elle est finement ridée et quadrillée, surtout en avant.
Elle vient Hes mers d'Amérique, et est assez rare dans les col-
lections. Ellis a représenté, Corail., t. 38, fig. a et b, un
groupe d'œufs de cette espèce , qui sont assez singuliers.
(DeB.)
FUL-HENDI {Bot.), nom arabe, signifiant /èi'e de l'Inde,
d'un haricot ou dolic, dolichosfaba indica de Forskal. (J.)
FULICA. {Ornith.) Ce nom générique de la foulque est
appliqué , dans Gesner, à une espèce de mouette. (Ch. D.)
FULICARIA. (Ornith.) L'espèce du genre Trin»a qui, dans
Linnœus, est désignée par ce terme, est le phalarope rouge,
phalaropus rufus , Bechst. et Meyer. (Ch. D. )
FULIGINOSITÉ. (Chim.) C'est la substance noire, charbon-
neuse, très-divisée , qui se manifeste lorsqu'on brûle à l'air
libre des matières huileuses et résineuses. Cette substance n'est
que du charbon retenant très-peu de matière huileuse empi-
reumatique, qu'on peut en séparer par l'alcool bouillant, ou
la calcination, qui la réduit en charbon. (Cii.)
FULIGO. {Bot.) Genre de plantes cryptogames, de la fa-
milières champignons, établi par Haller, et adopté par Per-
soon.TTCS espèces qui le composent sont d'abord pulpeuses, le
plus souvent étalées , de forme différente selon l'espèce, ve-
lues à Fextérieur, ou garnies de fibrilles roides : elles ont une
hase membraneuse; leur intérieur est cellulaire, fibreux ou
poilu. Elles finissent par s'évanouir en poussière.
Le mucor septicus , Linn. , vulgairement nommé Jleitr du
tan ou delà tannée, est le typ»de ce genre, qui est le même
que Vœthaliuni de Link. Ce genre est aussi le même que le
reticularia de BuUiard , quoique plusieurs des espèces de re-
ticularia de cet auteur ne doivent pas y être rapportées ,
étant mieux placées dans les genres Phjsarum, Spumaria, Lj-
cogala et Diderma. ( Lem.)
FULIGULA. {Ornith.) Ce terme qui, seul, désigne dans
Gesner le morillon, a été employé par Linnœus comme épi-
thète pour cette espèce de canard dont il a fait anas fuli-
gula. (Ch. d.)
FULL-BOTTOM (Mamn-.), nom que Fennant donne à un
FUM 5i,
singe d'Afrique à longue queue , qu'il dit privé de pouce aux
mains. Voyez Guenons a camail. (F. C.)
FULLEN (Mt/mm.) , nom du poulain en allemand. (F.C.)
FULLO. {Ornilh.) Le jaseur, ampelis garrulus, Linn., est
désigné par ce terme dans divers auteurs. (Ch. D. )
FULLONICA. {Ichthjol.) Quelques auteurs latins ont
décrit, sous ce nom, la raie-chardon, raja fullouica. Voyez
Raie. (H. C.)
FULMAR. (Ornith.) Ce nom est donné, dans l'ile de Saint-
Kilda, au pétrel gris-blanc , procellaria glacialis , Linn. et
Latham. (Ch. D. )
FULMINAIRE. (Foss.) On a donné le nom de pierre ful-
minaire , ou pierre de foudre, aux bélemnites et aux oursins
fossiles, parce que l'on a cru anciennement que ces corps
tomboient du ciel. (D. F.)
FULMINATION. {Chim.) C'est une détonation excessive-
ment violente, et dont les effets sont comparables à ceux de
la foudre. Telles sont les détonations du mercure fulminant,
de l'or fulminant, des deux argens fulminans, du chlorure
d'azote. Voyez Détonation. (Ch.)
FULOUN. (Ornith.) Ce nom désigne, dans le Piémont, le
chevalier gambette, Iringa gambetta , Linn. ( Ch.D.)
FULVIE (ErpétoL), nom spécifique d'une Couleuvre.
Voyez ce mot. (H. C.)
FUMA {Ichthjol.), nom que, suivant M. Risso, on donne, à
Nice, à la raie museau -pointu de M. de Lacépède. Voyez
Raie. (H. C.)
FUMA. (Ornith.) On pomme ainsi, en langage provençal,
le grèbe huppé, colymbus cristatas et urinator , Gmel. (Ch. D.)
FUMAGO. ( Bot. ) M. Persoon propose de donner ce nom
générique à une matière noire, semblable à de la fumée ou
à de la suie , qui couvre, à la fin de l'été , surtout après une
longue sécheresse, les feuilles du tilleul, de Forme et de
l'érable , et, dans le Midi, celles du citronnier. « Cette ma-
tière, dit-il, vue au microscope , présente une croûte mince,
entremêlée de quelques fibrilles. » Il est encore douteux
que cette production appartienne au règne végétal. M. Per-
soon place provisoirement ce genre près de ïerineum et du
torula, dans la famille des mucédinées. ( Lem. )
i"-* ï l J>î
FUMARIA ( Bot.), nom latin du genre Fnmclerre. (L.D.)
lUMAROLE. {Min.) C"est le nom donné aux ouvertures
d'une foible dimension qu'on rencontre souvent dans les vol-
cans et dans les autres terrains pyrogènes, et par lesquelles
sortent des vapeurs de différentes natures. (B.)
FUMAT. {Ichthjol.) Voyez Fuma. (H. C.)
FUMEE. [Chim.) On appelle fumée toute matière non ga-
zeuse , non enflammée, qui est assez divisée pour être tenue
en suspension dans l'air pendant un certain temps , et qui
en altère plus ou moins la transparence. Quelquefois on a
improprement appelé fumée des matières gazeuses qui étoient
visibles, parce qu'elles étoient colorées.
Cette définition est donc fondée sur un simple état physique
de la matière , et non sur une composition déterminée. 11 est
visible que des corps très - différens peuvent donner lieu à
une production de fumée, et que les circonstances les plus
favorables à cette production seront celles où des corps,
réduits d'abord à l'état gazeux par la chaleur, viendront à se
condenser par le refroidissement en liquide ou en solide.
Exemples :
1." Lorsqu'on place du bois vert dans un foyer qui n'est pas
très-ardent, il se produit une fumée épaisse, laquelle est due ,
a." à de l'eau , dont une partie est simplement séparée du bois,
où elle étoit à l'état à'eau de végétation, et dont Fautre partie
est produite par la combinaison de l'hydrogène du bois avec
de l'oxigène, lequel provient soit de l'air, soit du bois; 2.* à
des huiles empireumatiques , formées aux dépens des élémens
• !u bois qui ont échappé à la combustion. Celte eau et ces
huiles s'élèvent du foyer à l'état gazeux; mais, se trouvant
bientôt en contact avec des couches d'air froid, elles se
condensent en petites parties qui paroissent de forme globu-
leuse, et qui restent quelque temps dans l'air.
1'.° Lorsque de l'eau est placée sur le feu, et qu'elle bout,
on aperçoit au-dessus d'elle «ne sorte de fumée, qui finit par
disparoître si Fair est suffisamment sec. Dans ce cas, de Feau
gazeuse, invisible, s'élève d'abord dans Fair, et s'y mêle ; le
froid la condense en petites gouttes séparées par la portion
d'air qui se trouvoit mêlée à la vapeur transparente : l'en-
âi^mble de ces petites gouttes est ce que Saussure a nommé
FUM 5x5
eapeur vésîculaire ; et comme elles sont très -mobiles, elles se
répandent dans l'espace, où elles disparoissent en reprenant-
Tétat gazeux.
Z." L'eau, chargée d'acide hydrochlorique ou d'acide nitri-
que, répand des fumées blanches dans l'air, par la raison sui-
vante. Cette dissolution a une tension plus grande que l'eau
pure ; exposée à l'air, elle émet une vapeur acide : cette vapeur,
se trouvant bientôt en contact avec le gaz aqueux de l'atmos-
phère, s'y unit, etdonnenaissanceàun composé qui, ayantune
t-snsion moindre que celle de la première vapeur , se précipite
en partie à l'état de gouttelettes qui forment une fumés
blanche par leur mélange avec l'air; mais cette fumée, en se
divisant dans l'espace, reprend l'état élastique, et dsparoit.
4.° Lorsque du zinc est exposé au feu , il se volatilise ; si
cette vapeur trouve de l'oxigène , elle s'y unit, et forme uii
oxide blanc très-divisé, qui est entraîné à une grande hauteur
par le courant d'air qui s'élève du foyer. Cet oxide retombe
ensuite sous forme de flocons.
5.° Le soufre fondu peut se vaporiser j si la vapeur n'est
pas assez chaude pour prendre feu , elle se condensera en une
fumée jaune, qui n'est que du soufre très-divisé. (Ch.)
FUMEÏERRE {Bot.), Fumaria, Linn. Genre de plantes dico-
tylédones, de la famille des papavéracées, Juss., et de la
diadelphie hexandrie, Linn., dont lesprincipaux caractères sont
lessuivans: Calice de deux petites folioles opposées, caduques;
corolle de quatre pétales irréguliers , imitant, par leur con-
formation, une fleur papillonacée, et dont le supérieur est ter-
miné en éperon ; six anthères portées par deux tilamens élargis à
leur base ; un ovaire supérieur , surmonté d'un style à stigmate
en tête; une petite capsule indéhiscente et monosperme.
Les fumeterres sont des plantes herbacées, pour la plu-
part annuelles, à feuilles alternes, ailées ou décomposées
dont les pétioles s'entortillent souvent autour des autres
plantes qui sont dans leur voisinage, et dont les fleurs sont
disposées en épis ou en grappes. Depuis que les botanistes ont
retiré de ce genre les plantes dont le fruit est une silique
bivalve et polysperme, pour en former les corydales (voyez
CoRYDALE, vol. X,p. 674 J , Ics fumctcrres, dont on coujp toit
près de trente espèces, se trouvent réduites à huit.
i?. 33
5i4 FUM
FoMETERRE GRIMPANTE : Fumariu capreolata, Linn., Spec, gSft;
Decand., le. pi. rar., t. 34. Sa tige est rameuse, haute de deux
à trois pieds, grimpante, s'attachant aux corps qui sont dans
son voisinage, au moyen des pétioles de ses feuilles, qui s'en-
tortillent en manière de vrilles. Ses feuilles sont deux fois
ailées, un peu glauques, cunéiformes, divisées en plusieurs
lobes. Ses fleurs sont couleur de chair, tachées à leur sommet
de pourpre noirâtre; longues de cinq à six lignes, disposées ,
par vingt ou davantage, en grappes axillaires. Ses fruits sont
globuleux et parfaitement lisses. Celte plante croît dans les
parties méridionales de la France et de l'Europe.
FoMETERRE MOVEXNE : Fumuria média, Lois., Not., p. loi;
Fumaria major Jloribus dilate purpureis , VaiJl., Bot. Par., 56,
t. 10, f . 4 {excl. plur. synon.). Cette plante est intermédiaire
entre la fumeterre grimpante et la fumeterre ollicinale. Elle
diffère de la première par ses fleurs plus petites, par ses
calices dentés, par ses feuilles dt^coupées plus menu, par ses
fruits légèrement ridés , parce qu'elle s'élève moins , et parce
que sa tige se soutient droite, sans avoir besoin d"appui : elle
se distingue de la seconde, parce qu'elle s'élève davantage,
qu'elle est moins rameuse et moins diffuse, que ses feuilles
sont plus grandes et plus glauques, que ses pétioles cherchent
souvent à s'entortiller autour des corps environnans; enfin,
parce que ses fleurs sont plus grandes. Cette fumeterre n'est
pas rare dans les vignes et dans Us terrains cultivés.
Fdmeterre officinale : Fumaria ojfficinalis . Linn., Spec, 984;
Bull., Herb., t. 189. Sa tige est anguleuse, droite, rameustf,
souvent diffuse, glauque comme toute la plante, haute de six
à dix pouces, garnie de feuilles deux fois ailées, à folioles
découpées. Ses fleurs sont plus petites que dans les deux espèces
précédentes, d'un rose foncé, mêlées de noir, disposées en
grappes simples, opposées aux feuilles. Ses fruits sont presque
globuleux, très-légèrement ridés, émoussés à leur sommet.
Cette espèce est commune dans les lieux cultivés et les jar-
dins, oîi elle fleurit pendant la plus grande partie de la belle
saison.
La fumeterre officinale est très-usitée en médecine. On
l'emploie surtout dans les maladies cutanées, usage qui l'a
fait appeler autrefois 50/amen. icatiosorum. Elle a, quand on
( I
FUM 5x5
la miche, beaucoup d'amertume et un goût particulier,
comme de fumée ou de suie, ce qui paroît lui avoir valu son
nom latin, /u/narm, et son nom fVançoIs, corrompu assez évi-
demment de celui de fumée-de-terre, qu'elle a porté autrefois.
C'est cette même amertume qui lui a fait donner quelquefois,
chez les anciens, le nom defelterrœ, fiel de terre.
Outre son usage dans les maladies de la peau , la fumeterre
est aussi conseillée dans le scorbut, les engorgemens glandu-
leux, la jaunisse, les obstructions du foie et des viscères du
bas-ventre. On prescrit le plus souvent cette plante en décoc-
tion. Son suc exprimé paroît cependant préférable : la dose
ordinaire est de deux à quatre onces. On en fait, dans les
pharmacies, plusieurs préparations, un sirop, une conserve,
un extrait.
Les autres espèces de fumeterre sont ; celle à petites fleurs ,
fumaria parvijlora, Lamk., Dict. Enc, 2 , p. 667, dont la tige est
très-rameuse et très-étalée, dont les divisions des feuilles sont
filiformes, un peu charnues, canaliculées, etdont les fleurs sont
blanches, disposées en grappes très-courtes; la fumeterre de
Vaillant, /umariti Faii/anfù", Lois., Not., 102, qui diffère delà
précédente par ses tiges plus droites, et parles divisions de se&
feuilles qui sont planes; la fumeterre à épi, fumaria spicata,
Lion., Spec, 2, p. 985, dont la tige est redressée, dont les
découpures des feuilles sont filiformes, dont les fleurs sont
resserrées en épi ovale, et dont les capsules sont comprimées,
entourées d'un petit rebord particulier; la fumeterre à fleurs
serrées, fumaria densijlora , Decand., Catal. Hort. Monsp. ,
ii3, qui ressemble en tout à la précédente par son port et
son inflorescence, mais dont les capsules sont globuleuses;
enfin, la fumeterre à feuilles grasses, fumaria crassifolia,
Desf. , Flor. Atlant. , 2 , p. 126, t. lyS, dont les tiges sont
très-rameuses, dont les feuilles sont charnues, simples ou
divisées en deux à trois lobes profonds, longuement pétiolées,
dont les fleurs so.nt portées sur des pédoncules filiformes et
réunis en une sorte de grappe ou de corymbe. De ces cinq
plantes, les deux premières ne sont pas rares dans les champs
cultivés du nord de la France et de l'Europe; la troisième et
la quatrième se trouvent particulièrement dans le midi, et la
dernière a été découverte en Barbarie par M. Desfontaines :
33.
6i6 FUN
elle seule est vivace; mais comme son fruit n'a pas étë observe,
ce n'est qu'avec doute que nous la rapportons aux /umarja;
toutes les autres sont annuelles. (L. D.)
FUM-HOAM. (Ornith.) L'oiseau royal des Chinois, qu'oa
désigne par ce nom, est regardé comme un être fabuleux.
FUMMER (Mamm.) , un des noms anglois du putois. (F.C.)
FUNARIA. (Bot.) Ce genre appartient à la famille des
mousses, et a été institué par Hedwig pour placer le mnium
hygrometrieum , Linn. Il l'avoit d'abord nommé koelreutera.
Les botanistes se sont empressés de l'adopter, et ils l'ont même
au<^menté de quelques espèces nouvelles. Bridel le nomme en
françois cordette ; et M. Palisot de Beauvois propose de le dé-
signer par strephedium , stréphédie. Adanson l'avoit confondu
dans son genre Luida.
Le funaria est caractérisé par son péristome double: l'ex-
térieur a seize dents cohérentes à leur extrémité supérieure;
l'intérieur est formé de seize cils membraneux, opposés aux
dents. Les gemmules , que l'on regarde comme des fleurs mâles ,
sont sur des pieds différens de ceux qui portent les urnes , ou
fleurs femelles , dans la Méthode d'Hedwig.
Bridel compte sept espèces de funaria. Ces mousses ont le
port de certain hryum; leur tige est fort courte, feuillée, ter-
minée par les ûeurs. Les pédicelles sont fort longs ; cha-
cun d'eux porte une urne oblongue, pendante, munie d'une
coiffe fendue sur le côté , et le plus souvent à sommet subulé,
oblique. Ces mousses croissent en Europe, ou dans l'Amérique
septentrionale; plusieurs se retrouvent dans les deux conti-
nens, et d'autres en Europe et en Afrique. Nous distingue-
rons les suivantes.
• §. L Urne striée.
Funaria hygrométrique : Funaria hygrometrica , Hedw. j
Mnium hygrometricum, Linn.; Dillen., Musc. , tab. 55 , fig. yô ;
Vaill., FI. Par., tab. 26 , fig. 16. Tige très-courte, presque
simple; feuilles conniventes , ovales - lancéolées , entières,
marquées d'une nervure; pédicelles longs, arqués à l'extré-
mité, et portant une urne pyriforme, pendante, profondé-
ment sillonnée , munie d'un opercule un peu plane, et d'une
FUN 5iT
coiffe presque quadrangulaire et réfléchie. Cette mousse croît
par toute la terre, et c'est peut-être de toutes les mousses la
plus réjjandue-, elle forme des tapis étendus, fort touffus et
très-jolis par la loriyucur des pédicelles qui varient de six
lignes à deux pouces au plus. Ces pédicelles, ainsi que les
urnes, sont d'abord d'un jaune pâle, puis rougeàtre. Elle se
plaît le long des sentiers, dans ks fentes des murs, dans les
pâturages, au bord lis claires fontaines, dansleslieuxhumides
où l'on a fait des dépôts de charbon, dans les fosses et les bois
humides. El'e est fort commune en Europe. Wahlenberg l'a
observée en Laponie, sur les bords ombragés des rivières ;
Tilesius au Kamtschatka; Seezen, dans l'Asie mineure, la
Palestine et l'Egypte ; Forskal en Arabie ; Thuuberg au cap de
Bo'iiie-Espérance ; Bory de Saint- Vincent , aux îles de France
et de Bourbon; d'autres botauistes à Madère; Commerson à
Buenos-Ayres ; Muhlenberg en Pensylvanie, etc.
Lr funaria hygrométrique est annuel , fleurit en automne ,
et fructifie au printemps. Ses pédicelles se tordent sur eux-
mêmes par la sécheresse, et se déroulent avec rapidité lors-
qu'on les mouille. C'est cette propriété hygrométrique qui a
valu à cette mousse son nom spécifique , et la forme en corde
de ses pédicelles desséchés explique l'origine de son nom
générique.
§. IL Urne lisse.
Funaria de Muhlenberg ; Funaria Muhlenhergii , Hedw. , Fil. ;
Decand., FI. Fr. n. 1290; Funaria calcarea, Wahlenb., in
nov. Act. , Holm., 1806, tom. iv, fol. 2. Tige fort courte,
simple; feuilles droites, un peu étalées, ovales , dentées sur
le bord , marquées d'une nervure médiane qui s'évanouit près
de la pointe de la feuille ; pédicelles droits; urne pendante,
oblongue et presque pyriforme, un peu lisse; opercule presque
conique. Cette mousse est annuelle, et n'a guère plus d'un
pouce de hauteur. Elle a été confondue pendant long-temps
.'■vecla précédente; elle est très-répandue en Europe et dans
l'Amérique méridionale, mais moins communément que le
funaria hygrométrique. Bridel l'indique aux environs de Paris,
sur l'autorité de Decandolle ; mais ce dernier botaniste n'ea
parle pas dans la deuxième édition de la Flore françoise.
5i8 FUN
FuNARiA DE Desfontaines : Funaria Fonfanesiî , Schwaeg. ,
Suppl.,l, part. II, p. 80, pi. 66 , Bridel , S«]jpL, III, p. 69 ;
Funaria minor, Delile, Egypt. Tige droite, simple, d'environ
un demi-pouce; feuilles disposées en rosette, obloiigues ,
pointues, un peu dentelées, marquées chacune d'une nervure
qui s'évanouit bientôt; pédicelles droits; urne en forme de
poire alongée, un peu penchée, presque lisse. Cette mousse est
annuelle. M. Desfontaines l'a observée en Barbarie ; M. Delile ,
en Egypte. Une variété, qui peut-être en doit être distinguée
comme espèce , a été observée par Bridel , abondamment , dans
les fossés desséchés des environs de Rome. C'est \c funaria ven-
tricosa, Brid., remarquable par ses urnes pendantes et en
forme de poire ventrue. (Lem.)
FUN-BOKU. (Bot.) Un groseillier, rihes cynoshali, est ainsi
nommé au Japon, suivant M. Thunberg. (J.)
FUNCHO [Bot.), nom espagnol et portugais du fenouil. (J.)
FUNDAN. (Bot.) Levibumum dentatum est ainsi nommé dans
le Japon, selon M. Thunberg. (J.)
FUNDULE, Fundulus. (Ichth.) M. de Lacépède a donné ce
nom à un genre de poissons dont les caractères sont : Un corps
et une queue presque cylindriques; des dents aux mâchoires , et
point de barbillons ; une seule nageoire dorsale. Ce genre appar*
tient à la famille des cylindrosomes de M. Duméril, et à celle
des cyprins ou à la quatrième famille des poissons malacop-
térygiens abdominaux de M. Cuvier : il a été séparé de celui
des CoBiTEs et des Misgurns. (Voyez ces mots.)
On distinguera facilement les fundules des colites, qui ont
des barbillons aux mâchoires.
On ne connoît encore que deux espèces de fundules.
Le MuDFisii ou MuNDFiSH : Fundulus mudjish, Lacép.; Colitis
heteroclita , Linn.; Cobite limoneux, Daubenton. Six rayons à
chaque catope; écailles grandes et lisses ; des points blancs sur
les nageoires du dos et de l'anus-, ventre jaunâtre.
M. Cuvier rapporte cette espèce, qui vit dans les rivières
de la Caroline, au genre Pivcilia de M.Schneider.
Le FuNDULE TAPONOis ; Fundulus japonicus , Lacép. ; Cobitis
japonica, Linn. Huit rayons à chaque catope; taille d'en-
viron sept pouces.
Des eaux du Japon,
FUN «'9
M. Cuvier pense que l'on n'a point encore assez de rensei-
gneineiis [»oiir classer celte espèce avec certitude. (H. C.)
FUNÉRAIRE. (EnlomoL) Fourcroy désigne sous ce nom,
dans l'Entomologie parisienne , une espèce de phalène, sous le
u° 167, en latin heraclitea. (C. D.) %
FUNGICOLES. {Entom. ) M. Latreille a désigné sous ce nom
une petite famille de coléoptères trimérés qui forment la
première section de nos tridactyles, et qui comprend les
genres Dasycère, Eumorphe et Endomyque. Il ne faut pas con-
fondre les fongicoles avec nos fongivores ou mycétobies, qui
sont hétéromérés, (CD.)
FUNGIENS, Fungi {Bot.) , nom donné par Link au troisième
ordre qu'il a établi dans la famille des champignons. Il com-
prend des genres caractérisés par les séminules, qui sont dis-
posées en série dans des cellules alongées {thecœ). Il répond
à l'ordre des champignons gymnocarpes dePersoon, mais ne
renferme point les champignons gymnocarpes naematothé-
ciens. Les genres suivans en font partie; Amanita, Agaricus
(voyez Fonce), Russula , Coprinus , Merulius , Cantharellus
( Chanterelle ) , Xjdophagus , Dccdalea , BoLetus , Fiitulina ,
Sistotrema , Hydaum, Tlieleph.ora ,Stereum, Merisma, Clavaria^
Geoglossum , Spathularia , Leotia , Helvetla , Helotium , Mor-
ehella , Peziza, Ascobolus et Stictii. ( Lem. )
FUNGILLUS MIÏHRIDATICUS [Bot.], de Welsch. Voyez
Champignon de Mithridate, (Lem.)
FUjNGINE. (Chim.) M. Braconnot a donné ce nom à la
substance charnue des champignons , qu'il regarde comme une
espèce de principe immédiat , identique dans toutes les espèces
de cette famille de plantes.
M. Braconnot obtient la fungine à l'état de pureté, en trai-
tant un champignon quelconque par l'eau bouillante légère-
ment alcalisée.
Composition. Elle est formée d'oxigène , d'azote, de carbone
et d'hydrogène , unis en des proportions inconnues. M. Bra-
connot la considère comme étant plus abondante en hydro-
gène et en azote que le bois. A ce sujet, nous ferons observer
que le ligneux ne contient pas d'azote.
Propriétés phjiiques. La fungine est blanche, peu élastique,
mollasse.
620 FUN
Elle est inodore, insipide; mais elle se divise bien dans la
mastication; et M. Braconnot pense qu'elle est très-nutritive.
Elle est insoluble dans l'eau, l'alcool et l'éther.
Une légère solution de potasse capable de dissoudre le
ligneux, n*a aucune acion sur elle. Une solution concentrée
bouillante en dissout une portion.
L'ammoniaque dissout, par digestion , une portion de fun-
gine.
L'acide sulfurique concentré la charbonne: il y a production
d'acides acétique et sulfureux.
L'acide sulfurique foible n'a pas d'action sur elle.
L'acide hydrochlorique chaud la convertit en matière géla-
tiniforme soluble dans l'eau.
Le chlore que l'on fait passer au travers de la fungine
séchée et tenue en supension dans l'eau, la jaunit, et lui donne
une saveur acre qui s'évanouit par la dessiccation. Après ce
traitement, la fungine est, suivant M. Braconnot, altérée.
Elle présente, à l'analyse, de l'acide hydrochlorique, et une
matière adipo-résineuse qui paroît contenir de l'acide hydro-
chlorique.
L'acide nitrique foible en dégage du gaz azote.
Une partie de fungine traitée dans une cornue par 6 parties
d'acide nitrique à 29, jaunit; elle se ramollit, se gonfle con-
sidérablement : il se dégage de l'acide nitreux, de l'acide
hydrocyanique , de l'acide carbonique. Ce qui reste dans la
cornue, évaporé en consistance épaisse, puis mêlé à l'eau et
chauffé, se partage en deux portions : l'une est insoluble, et
l'autre est dissoute. La première portion est formée d'oxalate
de chaux, d'une substance analogue au suif et d'une autre
flnalogi'e à la cire : celle-ci est moins abondante que le suif.
La portion dissoute est formée d'acide oxalique, d'amer de
"VVelter, et d'une matière résinoide rouge.
La fungine, mise dans une infusion de noix de galle, en
absorbe la matière astringente.
Abandonnée à elle-même dans l'eau , elle exhale d'abord
■une odeur fade de gluten; puis elle répand celle des matières
azotées qui se décomposent. Au bout de trois mois, l'eau con-
tient une matière visqueuse qui est abondamment précipitée
par Tacétate de plomb, et qui présente le^ propriétés du
FUN 521
mucus, suivant M. Braconnot. L'eau ne contient d'ailleurs ni
acide, ni ammoniaque. Quant à la matière indissoute, elle a la
forme de la t angine; mais elle est molle et glaireuse. Lavée dans
l'eau tiède, elle se réduit en une pulpe homogène très-ductile.
La fungine, mis- sur un charbon, se torréfie sans s'agiter,
et exhale l'odeur du pain grillé. Elle prend feu à la flamme
d'une boigie, et laisse une rendre blanche.
38 grammes de fungine desséchée distillés dans une cornue
de verre ont donné :
I8,o gr. huile brune épaisse.
iij5 d'une eau tenant de l'a-
cetated ammoniaque
légèrement alcalin.
0,9 de phosphate de chaus
tenant un peu de
phosphate de fer et
10 gr. de cTiarboTi, qui ont laisse 3 gr. / d'alumine.
de cendre J 0,2, de sous -carbonate de
chaux.
7 de sable étranger au
champignon.
(Ch.)
FUNGOTDASTER. {Bot.) Les diverses espèces de cham-
pignons que Micheli réunit dans le genre qu'il désigne par
fungoidaster , appartiennent aux genres Merulius et Helyella
des botanistes modernes, Micheli les partage en deux groupes.
Dans le premier, Its semences sont à la partie supérieure du
champignon : Vhelvclla gelalinosa , Dec, en fait partie; c'est
le fun^herelio di gelalina de Micheli. Les autres espèces sont
nommées par lui -.fungo di fungo morto , funghini difoglie et
funghetti di legrii morti, qui sont des helvelles.
Dans le second groupe, les semences sont situées à la surface
inférieure, et Micheli y rapporte dix espèces, entre autres le
merulius coniucopioides , Pers. , que Linnœus avoit placé dans le
genre Peziza, et qui est la trompelte^des morts de Paulet, et le
tromhetto di morlo maggiore a cespi , de Micheli. (Lem.)
FUNGOIDES. {Bot.) Tournefort désigne par ce nom des
champignons vo'siiis de ceux qu'il nomme/wragus {agaricus et
boletus , Linn.) , mais qui en diffèrent parleur forme en tasse,
en coupe et en entonnoir, et par l'absence de tube et de feuillet
en dessous. Cette définition convient au genre Peziza, tel que
522 Ft)N
Linnseus l'avoit admis d'après Dillenius. Ainsi, lefungoïdes de
Tournefort peut être considéré comme le peziza, Linn.', bien
que quelques espèces étrangères à ce genre y aient été placées.
Tournefort y rapportoit le peziza lentifera , Linn. , qui est le
genre Cjathoides de Micheli ; le nidularia de Bulliard , et le
cyathus de Haller. Vaillant y plaçoil le peziza cornucopioides ,
Linn. , qui rentre dans le fungoidaster de Micheli , et est
maintenant une espèce de merulius. Micheli classe dans les
fungoïdes des helvelles, beaucoup d'espèces de pesiza. Plumier
y ramenoit un agaricus d'Amérique, qui paroit être Vagaricus
crinitus , Linn.
Dillen et Rai ont donné une acception différente au nom
de fungoïdes , puisqu'ils désignent parla des espèces de cla-
varia , de stemonitis , et les champignons que Paulet nomme
les croissans.
Les botanistes ne désignent plus de genre de champignon
par ce nom de fungoïdes. (Lem.)
FUNGULUS. [Bot.) Mentzel désigne par ce nom , qui signifie
petitchampignon,plusieurscryptogamesdef'amillesdifférentes,
entre autres, lepesiza lentifera, Linn. (voyez Cyathus): le lichen
ericetorum, Linn. (voyez Boemycfs). etunejilante qui paroit être
un lichen foliacé ou une espèce d'hépatique , qu'on a observée
dans les marécages, et qui, dans les belles nuits d'octobre,
brille d'une lueur phosphorique, semblable à celle du lam-
pyre. Cette plante, que Mentzel seul a vue, devoit sans doute
sa lumière à quelque matière animale en décomposition , dont
elle étoit enduite. (Lem.)
FUNGUS. (Bot.) Chez les Latins, on nommoH fungu s les
champignons proprement di(s, tels que les espèces d^igaricus
et de boletus , Linn. , dont la consistance étoit charnue ou spon-
gieuse. C'est ce qu'exprime le nom de fungus, qui dérive du
grec ,sp?iorigos, éponge. Pline paroît cependant avoir restreint
ce nom aux espèces à chapeau soutenu par un pied, et il les
classe en trois genres :
1.° Les fungus à feuillets roses, les meilleurs à manger, et qui
étoientsans doute nos champignons de couche;
2.° Les fungus a pied élevé, à chapeau conique, comme les
bonnets des prêtres flamines, et à feuillets blancs : les coule-
melles en faisoient probablement partie;
FUN 525
3." Les /urtgui garnis de tubes ou de pores en dessous dn
chapeau , et que Pline appelle suillus et suilli , et parmi
lesquels se trouvoient les champignons les plus suspects. Les
suilli rentrent évidemment dans le genre Boletus , Linn.
(Voyez Suiu.is.)
Mais, quoique Pline paroisse restreindre le nom defungus
aux champignons que nous venons de citer, il se sert cepen-
dant, dans beaucoup de circonstances . de ce terme, d'une ma-
nière générale; et autant en ont fait tous les botanistes, jusqu'à
Tournefort, qui jugea convenable de ne l'appliquer qu'aux
champignons ayant une tige, portant un chapeau uni en des-
sus, et garni en dessous de feuillets ou de pores : c'étoit réunir
les espèces de boletus et d'agancus , Linn. , qui ont cette forme.
Vaillant alloit plus loin, puisqu'il y joignit les genres UeWella
et Hydnuni, Linn. On doit dire toutefois que ses espèces de
fungus sont partagées par familles, qui représentent tous les
genres que nous venons de nommer.
Micheli vint, et il donna le nom àc fungus à tous les cham-
pignons, dont le chapeau est garni en dessous de lames ou de
feuillets plus ou moins épais, sur lesquels adhèrent les organes
que cet auteur appeloit les fleurs elles semences, les jiremières
formées par des filamens fixés sur les tranches des lames, et
les secondes attachées sur l'une ou l'autre surface des lames:
ainsi Micheli ne nomvnoïi fungus que les agaricus charnus et
spongieux de Linnœus, ou mieux le genre Amanita de Dillen.
Adanson suivit en partie l'opinion de Micheli ; mais il ne plaça
dans le fungus que les espèces d\igaricus , Linn., qui ont un
collet : il a nommé amanita le groupe où il range les fungus à
stipe nu.
Haller employa d'abord le nom defungus dans le sens de
Micheli : mais il l'abandonna , pour le remplacer par celui
d'amanita.
Avant Adanson et avant Haller, Linnaeus avoit déjà pros-
crit ce nom defungus, comme nom de genre, et il le donna
seulement à la dernière famille des cryptogames, celle des
champignons {fungi) , et depuis lors, ce mot n'a pas eu d'autre
signification.
Par ce que je viens de dire , on a pu juger que le nom de
fungus a été particulièrement affecté aux espèces du genre
624 FUN
^gancu5 de Linnaeus, puisque la majeure partie des espèces de
champignons décrites jusqu'à Linnœus appartiennent à ce
genre, omis à sa lettre dans ce Dictionnaire; et c'est ce qui
nous a engagés à le décrire sous le nom de Fonge, qui n'est
que la traduction française du nom latin. Voyez Fonge. (Lem.)
FUNGUS. {Bot.) Yoy. Stellifera. (Lem.)
FUNGUS C^SAREUS. {Bot.) Un empereur romain appe-
loit l'oronge le manger des dieux, et voilà pourquoi ce cham-
pignon a été appelé/i//xg«s cœsareus. (Lem.)
FUNICULARIUS. {Bot.) Le fucus loreus , Linn. , remar-
quable par sa fronde dichotome , et semblable à un paquet
de courroies ou de cordes , est le type du genre nommé Fu-
nicularius par Roussel, dans sa Flore du Calvados. Ce genre
est encore caractérisé par l'absence des vésicules, et parce
que sa fronde est fixée au centre d'une petite rondelle nicin-
hraneuse et radicale. Ce genre n'a pas été adopté. Voyez
Fdcus,§. IX. (Lem.)
FUNICULE. {Bot.) On nomme funicule, ou cordon ombi-
lical, le cordon vasculaire qui part du placentaire , et aboutit
a la graine. Dans le magnolia grandi/lora , le funicule a deux
centimètres de long, et lorsque le fruit est ouvert, les graines
pendent tout autour, attachées à l'extrémité de ce cordon.
Dans une multitude de plantes, le funicule est très-court
(haricot , genêt , ricin , etc.), ou souvent il n'existe pas , et alors
les graines sont fixées immédiatement sur le placentaire (pri-
j/iulacées, pavot, etc.). (Mass.)
FUNICULEE [Graine] {Bot.), ayant un funicule ou cordoa
Ombilical {magnolia grandifiora , plumbaginées , etc.j. Par
opposition, lorsque la graine est attachée au placenta sans
l'intermédiaire d'un funicule, on la dit sessile ( priuiulucées,
pavot, etc. ). (Mass.)
FUNICULINE , Funiculina. {Zocph.) Division du genre
Pennatule de Linnaeus , établi par M. 'le Lamarck, Animaux
sans vert. , t. 2 , p. 402 , pour quelques espèces dont les cellules
polypifères sont disposées par rangées longitudinales, sur ua
corps commun, filiforme, contenant un axe grêle, corné ou
subpierreux : d'où il est aisé de voir que ce sjenre ne diffère
des vérélilles, que parce que le corps cornniîin , dans ces der-
niers, est moins long, plus épais, et surtout que les polypes
FUR 5.5
y sont placés sans ordre bien apparent. Aussi M. Ocken en
fait-il des espèces de ce dernier genre. M. de Lamarck y range
trois espèces, qui sont :
1.° La FoNiccMNE cylindrique: Futiiculinacjlindrica, Lmck;
Pennatula mirabilis, Pall. , Zooph., p. Syi; Linn., Mus.reg.y
t. 19, f. 4. Corps commun fort alongé, cylindrique, grêle,
flexible, ayant l'aspect d'une petite corde blanche; garni dans
presque toute sa longueur de papilles lurbinées, courbées,
ascendantes , disposées d'une manière alterne sur deux rangées
longitudinales : axe subcapillaire. De l'Océan américain ?
C'est à tort que cette espèce a été confondue avec la pen-
natula mirahlis, qui vient des mers du Nord, et dont M. de
Lamarck fait son virgularia mirabilis.
2° La FuNicuLiNÉ TKTRAGONE : FunicuUna tetragona, Lmck.;
Pennatula quadrangularis , Pall., Bodsach. mar. , t. 9, fig- 4'
Espèce de plus de deux pieds de long, linéaire, tétragone,
couverte sur une seule face de polypes très-nombreux, très-
serrés, disposés sur trois rangs. De la mer Méditerranée?
5.° La FuNicuLiNE stellifère : FunicuUna stellifera, Lmck.;
Pennatula stellifera, MuU. , Zool.Dan., t. 36, fig. 1, 3. Tige
simple, égale, n'offrant des polypes que vers son extrémité.
Cette espèce, qui, suivant M. de Lamarck lui-même, n'est
peut être qu'une vérétille , vit en partie enfoncée dans le
limon des mers de Norwège. Muller dit que les polypes
n'ont que six tentacules, ce qui nous paroit un peu douteux.
(DeB.)
FUNOU {Conchfl.) , nom vulgaire donné par Adanson à une
très-petite coquille du genre Buccin. (De B.)
FUR. (Ornith.) Ce nom est donné, ainsi que celui de frum,
par Bartholin, dans le tome 1." des Mémoires académiques
de Copenhague, au labbe à longue queue de Buffon , sfrunf-
jager de Ray et de Martens, larus parasiticus , Linn. Pline
désigne, par la dénomination de/urn-ocfurnus, l'engoulevent,
caprimulgus europœus, Linn. Le/"r pu//orum. de Schwenckfeld
est le milan commun, /aico mil^us, Linn. (Ch. D.)
FURAN {Bot.), nom japonois , cité par Kaempfer, d'un
an grec, epidendrum moniliforme de Linnaeus. (J.)
FURCELLARIA. ( Bot.) Genre de plantes cryptogames , de
la famille des algues , section des fucacées , établi par
526 FUR
M. Lamouroux , et adopté par Agardh. Ce genre est carac-
térisé par la fructification , qui forme , à l'extrémité des
rameaux, des renllemeiis en forme de siliques raboteuses,
subulées, simples ou bifurquées. La tige et ses divisions sont
cylindriques et nues. Lorsque les séminules sont tombées,
l'extrémité des rameaux est comme tronquée , puis il en
sort de nouveaux prolongemens fructifères. Les espèces sont
peu nombreuses, d'une consistance cartilagineuse. C'est dans
ce genre que rentre en partie le Furcellarius de Roussel.
Le FuRCELLARiA LOMBRIC : Furcelluria lumbricalis , Agardh,
Synops.- Fucus lumhrtcalis , Gmel. , Fuc, tab. 6, f. 2; Turn.,
Fucus fur cellatus , Linn. Fronde cylindrique , filiforme , dicho-
tome, fastigiée; les dernières divisions sont fourchues, à angles
aiguës. Cette plante marine s'élève de cinq à six pouces, et
adhère aux rochers par une racine fibreuse ; elle est olivâtre,
ou d'un brun olive ; lorsqu'elle est vivante, elle devient très-
noire par la sécheresse; elle est de nature cartilagineuse.
Agardh a vu , pendant l'hiver, dans la partie renflée des ra-
meaux , des verrues éparses qui renfermoient des corpus-
cules (séminules ? ) brunâtres. Cette espèce croit sur toutes
les côtes de l'Océan européen, et même sur les côtes d'Amé-
rique.
Quelques auteurs y rapportent, comme une variété d'une
petite taille, le fucus fastigiatus, Linn., et Gmel. , Fuc. ,t. 6 ,
f. 1. Plusieurs autres botanistes, au contraire, l'en distinguent ,
et en font une espèce à part ; elle se trouve particulièrement
dans la mer Baltique et dans l'Océan septentrional.
Le FuRCELLARiA LYCOPODIOÏDE : Furcellarta Ijcopodioides ,
Agardh, Sjnops. ; Fucus lycopodioides , Gunner ; Turn. , Hist,^
tabl. 12 ;Conferva squarrosa , FI. Dan. , tabl„ Sôy. Filiforme ,
presque simple, couverte de toutes parts de petits rameaux
sétacés de la longueur de l'ongle , simples ou bifurques. Cette
plante forme destoulTesde cinq à six pouces de longueur, d'un
brun rougeàtre, qui se change en noir parla dessiccation. Sa
substance est cartilagineuse et roide. Se trouve dans le Nord ,
en Suède et en Islande. ( Lem. )
FURCELLARIUS. {Bot.) Genre établi par Roussel, dans
sa Flore du Calvados, pour placer les fucus fureellatus, Linn.;
corneus , Linn., et fastigiatus , Linn. , dont la fronde est di-
FUR 5.7
cholome, et les dernières divisions terminées par deux pe-
tites branches en forme de fourche. Ce genre ne diffère du
Furcellaria de Lanioiiroux, que parce qu'il renferme le/ucus
corneus, qui s'en écarte sous plus d'un rapport, et que La-
mouroux place dans son genre Gelidium, et Agardh dans
celui qu'il désigne par Sphœrococcus. (Lem.)
FURCELLE, Furcella. {Conchjl.) M. de Lamarck, dans la
première édition de ses Animaux sans vertèbres, avoit proposé
de faire sous ce nom un genre du tube calcaire terminé par
deux autres tubes plus petits, qui a été figuré dans Rumph ,
pi. 41? ^g- D E. L'animal qui forme ce tube doit être évi-
demment fort voisin des tarels, et surtout des fistulanes. C'est
le soleaarenarius de Rumph ; le serpulapolj'thalamiade Gmelid ,
que M. Denys de Montfort rapporte à tort comme synonyme
du serpula auguina, type de son genre Jgathirsis, qui est le
SiLiyuARiA de M, de Lamarck. Voyez ce mot etSEPXARiA. (DeB.)
FURCHENHUT ( Bo/.) , nom allemand, imposé par Bride!
au genre de la famille des mousses, qu'il appelle Glyphomi-
TRiUM. Voyez ce mot. ( Lem. )
FURCOCERQUE, Furcocerca. (Jn/us.) Subdivision générique
établie par M. de Lamarck parmi les espèces de cercaires de
Muller, et qui comprend celles qui ont le corps terminé par
un appendice double ou bifide. Elles sont au nombre de huit
savoir :
1.° La FuRCOCEîiQUE PODURE ; Furcocerca podura , Lmck.,
Enc. méth., pi. 9 , fig. 1 , 5. Cylindrique, acuminée en arrière;
la queue à peine bifide. Eaux de marais.
2." La FuRcocERyuE verte; Furcocerca viridis, Lmck., Enc.
mélh., pi. g, fig. 6, i3. De même forme, mais très-chan-
geante; la queue plus profondément bifide. Eaux stagnantes.
3.° La FcRCOCERQUE bourse; Furcocerca crumena, Lmck.,
1. c., fig. 19, 21. Plus ventrue, tronquée, oblique en avant}
la queue linéaire terminée par deux pointes. Infusion de Vulve,
Linn.
4.° La FuRCocERQUB CATELLE ; Furcoccrca catellus , Lmck. , 1. c,
fig. 20, 23. Corps divisé en trois parties; la queue terminée
par deux soies. Eaux des marais.
5.° La FuRCOCERQDE catelline; Furcocerca catellina , Lmck.,
1. c, fig. 24, ?5, Très-rapprochée de la précédente, dont elle
S28 FUR
ne (liflFère guère que parée que la queue est seulement terminée
par deux pointes. Eaux des fossés.
6." La FuRcocERQUE loup; Furcocerca lupus ^ Lmck. , 1. c,
fig. 26 , 29. Cylindrique , aiongée ; la queue terminée par deux
épines. Eaux stagnantes.
7.° La FuRcocERQUE ORBicuLAiRE ; Furcocevca orlicul&ris ,
Lmck., 1. c., pi. 10, fig. 8. De forme orbiculaire; la queue
terminée par deux soies fort longues. Eaux stagnantes.
8.° La Fdrcocerque lune; Furcocerca luna, Lmck., 1. c. ,
fig. 9 , 1 o. Ne diffère de la précédente que par la brièveté des
épines de la queue. Des eaux stagnantes.
Sur l'organisation de ces animaux, et les considérations gé-
nérales auxquelles ils peuvent donner lieu, voyez Infusoires»
(De B.)
FURCRŒA (Bot.), Ventenat observoit dans la fleur d'un
pitte, agave fœtida, un calice divisé plus profondément que
dans ses congénères; des étamines ne débordant pas ce calice;
leurs filets élargis à la base ; un style plus épais par le bas , et uu
stigmate plus divisé. Il crut pouvoir en faire un genre particulier,
qu'il consacra à la mémoire de Fourcroy; mais ces distinctions
ont paru insuffisantes, et on trouve même dans Vagave vivipara
des étamines débordantes, et d'autres qui ne débordent pas.
En conséquence, ce genre n'a pas été adopté. (J.)
FURET {Mamm.) , nom .françois d'une espèce de Marte.
Voyez ce mot. (F. C. )
FURET DE JAVA. ( Af amm.) On trouve, dans Seba, tab. 48,
fig. 4, la figure d'un animal désigné par ce nom , dans lequel
on a cru reconnoître le Vansire. Voyez ce mot. ( F. C.)
FUFiET DES INDES. (Mamm.) Brisson donne ce nom à une
mangouste. (F. C.)
FURET [Grand] [Mamm.). M. d'Azara désigne sous ce nom
le Grison. Voyez ce mot et Glouton. (F. C. )
FURET [Petit] [Mamm.) , nom que M. d'Azara donne au
Tayra. Voyez ce mot et Glouton. (F. C. )
FURETTO {Mamm.) , un des noms italiens du furet. (F.C.)
FURIE ou Grande Came flamboyante. ( Conchjl.) C'est
l'arche velue, arca pilosa, avec son épiderme. (De B.)
FURIE, Furza. (Entozoair.) Sous ce nom, Solander, No^'.
act. Ups., vol. 1 , p. 4/», 58, a décrit, d'après ce qu'o» lui a
rapporté, et sans l'avoir jamais vu, un animal très-probablt-
ment fabuleux, qui a, dit-on, le corps filiroruie, continu,
égal et cilié de chaque côté par des aiguillons réfléchis, dé-
primés, et qui, dans la Suède septentrionale, surtout en
Laponie, produit la maladie qu'on appelle skatt (jcfuj), en
tombant de l'air sur les hommes et les bestiaux. Linnœus,
Amœnit. acad., vol, 5, p. 322, dit avoir reçu un de ces vers
desséché, mais dans un si mauvais état qu'il lui a été impos-
sible de définir à quel genre et îi quelle espcce.il pouvoit
appartenir. Car. Godef. Hagen, dans une dissertation ayant
trait à l'histoire de la furie infernale, croit à son existence,
quoiqu'il convienne qu'aucun auteur digne de foi ne l'ait
vue ; et Adolphe Modeer, Nja veleusk. academ. HaudL, 1795,
place encore cet animal avec la filaire de Médine, à laquelle
il suppose à tort des appendices sétacés. Les auteurs les plus
modernes, comme MM. Blumenb.ich, Rudolphi, de Lamarck
Cuvier, etc., n'en parlent que comme d'un animal fabuleux'
(Dk B.)
FURINE. {Bot.) C'est, au rapport de Kaempfer,une espèce
de chardon cultivée au Japon, à cause de sa fleur bleue em-
ployée dans les teintures. Sur cette indication il pourroit
être rapporté au genre Carduncellus. (J.)
FURNARIUS {Ornith.) , nom latin appliqué par M. Vieillot
au genre Fournier, (Ch. D.)
FURO (Mamm.) , un des noms latins du furet , et vraisem-
blablement la souche de la plupart des noms de cet animal
dans les langues dérivées du latin. (F. C. )
FURO-TOO. {Bot.) Voyez Kimpoge. (J.)
PURS (Bot.), un des noms japonois de l'armoise ordinaire
suivant M, Thunberg. (J.)
FURUNCULUS. {Mamm.) On a quelquefois donné ce nom
latin au furet, et, en y ajoutant l'épithète sciuroides , Messer
Schmit l'a appliqué à l'écureuil suisse. Voyez Ecureuil
(F.C.)
PURZO-CHAT. {Ornith.) Les Anglois donnent ce nom, et
celui de whin-chat, au grand traquet ou tarier, motacilla
rubetra, Linn. (Ch. D.)
FUS. {Ornith.) On appelle ainsi, à Turin, le blongios ,
ardea minuta et danuhialis, Gmel. (Ch. D.)
^7* 34
550 FUS
FUSAIN ( Bot.), E.on^-mus, Unu. Genre de plantes dicoty-
lédones, de U pentandru monoajnie du système sexuel, et de
U famille dcsrhamn«es de Jussieu, dont hs principaux carac
tères sont les suivans : Calice monophylle, presque plane,
parlaoé en quatre ou cinq divisions; corolle de quatre ou cinq
pétales alternes avecles découpures du calice, et insérés sur
îe bord d'un disque qui occupe le cenlre de la tleur; quatre
à cinq étamines insérées sur des glandes saillantes, au-dessus
du disque ; un ovaire supérieur , à demi enfoncé dans le disque,
surmonté d'un style court, à stigmate obtus; une capsule a
quatre ou cinq angles, à quatre ou cinq loges, contenant
chacune une ou deux graines enveloppées d une tumque
pulpeuse. . ,
Les fusains sont des arbrisseaux à feuilles simples, oppo-
sées et à fleurs axillaires , portées sur des pédoncules , souvent
rameux et dichotomes. On en connoit sept espèces, toutes
indigènes, excepte deux, de Tancien continent.
FcsMN p'EuHO.E : Vulgairement Fusen , Bo.s a lardoire ,
Bonnet-de-Prêtre ; E.onjmus europcvu, , Linn. , Spec. 28G : ^ull. ,
Herb t i35. Arbrisseau de douze à quinze pieds de haut,
divisé' en branches et en rameaux quadrangulaires, surtout
dans leur jeunesse. Ses fettiUes sont lancéolées, dentées,
glabres, portées sur de courts pétioles; ses Heurs sont petites,
blanchâtres, presque toutes quadriti.ies, et disposées sur des
pédoncules rameux, opposés d.ns les aisse les des fe^.Ues ;
ses fruits sont des capsules a quatre lobes obtus, d un rouge
éclatant, à Fépoque de leur iftaturité, dans l'espèce commune ,
et d'une couleur rose, ou même blanche, dans deux variétés
qu'on ne trouve que dans les jardins. Le fusain croît natu
relleiaent dans les bois et dans les haies , en H-ance en Alle-
magne, en Angleterre , et dans une grande partie de 1 Europe.
Il fleurit en mai et en juin. , , . • m
On plante assez souvent le fusain dans les haies; ma.s il
n'est pas de beaucoup de défense. Depuis le -^f^^'^^^''"^!"^
iusque très-avant dans l'hiver, il reste chargé de fruits , et il fait
LZ un fort joli etfet. Cette considération lui a fait trouver
place dans les jardins paysagers, où sa culture n'exige aucun
Toin particulier. On le multiplie facilement de grame^. ^
drageons, de marcottes, e. même de boutures; il vient bien
FUS fi3i
dans toute espèce de terre, pourvu qu'elle ne soit pas trop
aride ou trop marécageuse.
Sou bois est jaunâtre; il a le grain fia et serré, ce qui per-
met de l'employer pour les ouvrages de tour ou de marque-
terie, lorsqu'il a acquis certaines diuieiisions, ce qui lui arrive
i-arement, parce qu'on le laisse rarenieiit croître en liberté.
On en fabrique aussi des v;s, des fuseaux et des lardoires; mais
il n'est pas sans inconvénient de remployer à ce dernier usage ,
car on assure qu'il cause des nausées aux ouvriers qui le tra-
vaillent, et, à plus forte raison , peut-il communiquer ses mau-
vaises qualités aux viandes. Ou remploie, quand il est réduit
en charbon, dans la fabrication de la poudre à canon ; et les
dessinateurs se servent de ce même charbon, fait avec ses
jeunes rameaux, en guise de crayon, pour tracer des esquisses,
parce qu'il s'efface facilement.
Ses fruits ont un goût acre et nauséeux : on les dit émétiques
et purgatifs:, mais ils ne so:it pas usités en médecine, parce
qu'on ne connoit pas bien leur véritable manière d'agir.
Quelques petits oiseaux, comme le moineau, le rouge-gorge,
pîiroissent quelquefois les béqueter; cependant, en les tuant
sur-le-champ, on n'en a jamais trouvé dans leur gésier, ce qui
paroît prouver qu'ils ne servent point à leur nourriture. Dans
certains cantons, on retire des graines une Jiuile pour brûler
dans les lampes; en Allemagne, on fait usage des rapsults dans
les teintures communes, et on en prépare une couleur rou-
gcàtre; ailleurs, ou fait sécher ces capsules, on les réduit en
poudre, et on les emploie extérieurement pour faire mourir
la vermine, ou, en les faisant infuser dans le vinaigre, on s'en
sert pour guérir la gale des animaux domestitjues. Les auteurs
ne sont pas d'ailleurs d'accord sur toutes les propriétés de cet
arbrisseau : Cluslus rapporte avoir vu des chèvr« s manger st\s
feuilles avec avidité; Linnseus et Willich disent que les bes-
tiaux en général les broutent volontiers, ainsi que les jeunes
pousses, tandis que Gmelin assure qu'elles tuent les bi'ebis quX
en mangent.
Fusain a feuilles larges : Evonjymus laiifolius, Lauik., Dict.
enc, u, p. 672; Nouv. Duham., vol. ,5, p. 24, t. 7. Cette
espèce diffère de la précédente par la largeur bien plus con-
sidéfabie de ses ftuillee; par ses ileurs presque toutes ijuin-
532 FUS
quéfides, à pélalrs ovales, et par ses capsules à cinq angles
comprimés, tranclians, minces comme des ailes. Elle croît en
Autriche , en Hongrie , en Suisse , et dans les bois montagneux
du midi de la France. On peut, pour les usages et les pro-
priétés, l'assimiler en tout à l'espèce précédente.
Fusain galeux; Es'onymus verrucosus, Jacq., Flor. Aust., 5,
p. 48, t. 289. Arbrisseau très-rameux, très-touffu, ne s'éle-
vant guère au-delà de quatre à six pieds, remarquable par les
points élevés, verruqueux et brunâtres, dont ses rameaux
sont chargés; du reste, ses feuilles sont ovales, glabres, lui-
santes; ses pédoncules sont filiformes, trifides à leur sommet,
charçrés de trois à sept fleurs quadrifides , d'un pourpre brun
et à pétales arrondis. 11 croît naturellement en Hongrie, en
Autriche , et est cultivé dans les jardins de botanique et
quelques jardins paysagers. II faut le placer dans une exposi-
tion plus chaude que froide, et ses fruits mûrissent rarement
dans le nord de la France. Il prend difficilement de boutures;
on le multiplie ordinairement de marcottes, ou en le greffant
sur le fusain commun.
Fusain noir pourpre; Evonymus atropurpureus , Jacq. , Horf.
Vind., 2, p. 55, t. 120. Cette espèce a le port du fusain com-
mun; elle en diffère par ses fleurs d'un pourpre noirâtre, à
pétales arrondis, à stigmates tétragones, et par ses capsules
anguleuses. Elle est originaire de l'Amérique septentrionale.
On la cultive en Europe, depuis 17 56.
Fusain d'Amérique : Eyonjmus americanus , Linn., Spec,
286; Nouv. Duham., 3 , p. 26, t. 9. Cet arbrisseau s'élève à
la hauteur de huit à dix pieds; ses feuilles sont ovales-lancéo-
lées, d'un vert foncé, sessiles ou presque sessiles; ses pédon-
cules sont axillaires, très-menus, et ne portent chacun que
deux à trois fleurs, d'un vert blanchâtre ou jaunâtre, toutes
quinquéfides, à pétales arrondis; ses capsules sont à cinq
lobes arrondis, et hérissés de petits tubercules verruqueux.
Cette espèce croît naturellement dans la Virginie, la Caro-
line, et autres parties de 1 Amérique septentrionale. Elle est
cultivée en Europe, depuis plus de cent ans. Son feuillage
toujours vert la rend propre à servir à la décoration des bos-
quets d'hiver.
Fusain odorant : Ei'onymus tohira , Thunb. , F/. Jap., 99 ;
FUS 553
Tohera seu tolira, Kœmpf. , Amœn. Fasc, 5, p. 796 , t. 797.
Ce fusain s'éiève à douze ou quinze pieds; ses rameaux sont
aiternes, ses feuilles oblongues ou cunéiformes, obtuses, lui-
santes en dessus, réticulées en dessous; ses ileurssonl blanches,
disposées, au sommet des rameaux, enbouquet ouibeliiforme.
Cet arbrisseau croit au Japon; il a le bois mou et contenant
beaucoup de moelle. Son écorce est remplie d'un suc laiteux,
fétide, susceptible de s'épaissir sous la forme d'une résine
blanche.
Fusain du Japon; E^onymusjaponicus, Thunb. , Flor. Jap., 1 00.
Arbrisseau de quatre à six pieds, dont les feuilles sont ovales,
obtuses, dentées, etdont les fleurs sont blanches, quadrifides,
disposées en panicules axillaires. Il a été observé au Japon,
par Kasmpfer et Thunberg.
L.'evonj'mus chinensis , Lour. , Flor. Coch. , 1, p. i94? paroit
avoir plus de rapport avec les celastres qu'avec les fusains, et
doit être rapporté à ce dernier genre. ( L. D. )
FUSAIRE, Fusariuin. (Bot.) Genre établi par Link, et que
depuis il a réuni au fusidium. ( Lem. )
FUSANE, Fusaniis. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs incomplètes, de la famille des éléagnées, de la tétran-
drie monogynie de Linnœus , offrant pour caractère essentiel:
Un calice supérieur, à quatre, rarement à cinq découpures;
point de corolle; quatre étamines opposées aux divisions du
calice; un ovaire inférieur; un style très-court, quatre stig-
mates; un drupe monosperme.
FusANE COMPRIMÉE : F«5an.i/5 compressus , Linn.: Lamk., III.
g^e». , tab. 70 , et Encycl. Supp. ; Colpoon compressum, Berg. ,
Cap., p. 38 , tab. 1, fig. 1 ; Thesium colpoon, Linn., Supp., 161 ;
Evonymus colpoon, Lamk., Encycl. Après avoir été réunie à
plusieurs genres différens, il a été enfin reconnu que cette
espèce devoit former un genre particulier. C'est un arbre du
cap de Bonne-Espérance, de médiocre grandeur, très-rameux;
ses rameaux sont glabres, d'un blanc grisâtre, très-comprimés,
à quatre angles tranchans, garnis de feuilles opposées, ovales,
asstz semblables à celles du buis, glabres, coriaces, entières ^
un peu aiguës, de couleur glauque, à peine longues d'un
pouce, plus grandes que les entre-nœuds; les pétioles très-
courts, anguleux. Les Heurs sont disposées en petites grappes
m FUS
rameuses, terminales, presque fasciculéessurlcs ramifications
du pédoncule commun. Parmi un grand nombre de fleurs
hermaphrodites, on en trouve quelques unes màJes ou sté-
riles. Le calice est turbiné, d'une seule pièce, à quatre,
quelquefois cinq découpures ovales, un peu concaves-, point
de corolle; les filamens des éîamines très-courts, attachés
vers la base du calice, soutenant des anthères arrondies; un
ovaire inférieur, glanduleux en dessus; le style presque nul;
quatre stigmates obtus et en croix. Le fruit est un drupe
ovale, point couronné, ombiliqué au sommet, à une seule
loge, ne contenant qu'une seule semence.
M. Rob. Brown a ajouté à ce genre trois nouveHcs es-
pèces découvertes à la Nouvelle-Hollande. i.° Fusanus spi-
catus , Brown , ISov. Holl. ,355. Ses tiges sont arborescentes;
ses feuilles lioéaires-oblongues , un peu obtuses, mutiques;
les fleurs disposées en épis axillaires et ramenx. 2.° Fusanus
acuminatus , Brown, 1. c. Tige ligneuse , garnie de feuilles
lancéolées, terminées par une pointe en crochet; les fleurs
disposées en une grappe terminale ramifiée à sa base. 3." Fu-
sanus crassifolius , Brown, 1. c. Ses tiges sont ligneuses; les
rameaux tétragones ; les feuilles épaisses , linéaires , obtuses;
les pédoncules .'ixillaires, peu garnis de fleurs, f FotR.)
FUSANUS. {Bot.) Crescentius, ancien auteur d'agriculture,
nommoit ainsi le genre £^'o^ymus, d'où est venu probablement
son nom François /i/5ajii-. Il étoit aussi nommé fusoria, et en
italien, /«sara, suivant Dalechamps, parce qu'on faisoit avec
son bois de bons fuseaux. Cet arbre, suivant C. Bauhin, est
le tefragonia de Théophraste, le siler de Pline. Linnaeus a
appliqué le nom fusanus à un autre arbre du cap de Bonne-
Espérance , décrit auparavant par Bergius sous celui de
coipoon , et que Linnseus fils a cru ensuite devoir réunir
au thesium. 11 en diffère cependant par un disque calicinal à
quatre lobes, un stigmate quadruple, et un fruit drupacé.
Nous l'avons conservé, pour cette raison, sous le nom de
Linnasus, et plus récemment M. Piobort Brown l'a également
adopté. Voyez Fusanb. (J.)
FUSARIA. (Entozoair.) C'est le nom sous lequel Zcder,
dans son Histoire naturelle des vers intestinaux, a proposé
de désigner les ascarides , a. cause de leur fonnt appointie
FUS 65ii
aax deux exfrëmitës. Mais, couitue ce caractère est bien loin
de n aj)partenir qu'à ces espèces, la dénomination d'ascarides
est conservée et admise par tous les autres zoologistes , et
personne n'a cru devoir adopter le changement proposé par
Zeder. (De E.)
FUSCALIjIN {Ornith.), nom donné, dans ks Oiseaux dorés
d'x\udebert et Vieillot, toni. 2, pag. g-S et pi. 61, à un
griinpereau héorotaire trouvé dans la Nouvelle-Hollande, et
qui a été appelé par Shaw certhia lunala. (Ch.D.)
FUSCINA. ( Bot. ) Genre de mousse établi par Schranck ,
dans sa Flore de Bavière, pour Vhy^num laxifolium , Linn.,
qui est le ftssidens tarifolium ^ Hedw. , dont Jes dents du
péristome sont bifides et à branches divergentes. Il n'a pas
été adopté. Voyez Fissidbns. ( I<em.)
FUSCITE. (Min.) M. Schumacher a décrit ce minéral à peu
près comme il suit.
Il est opaque , d'un noir verdàtre ou grisâtre ; il est
Cristallin, en prismes à quatre et à six pans ; sa cassure est
raboteuse ; il se laisse aisément rayer ; sa poussière est d'uu
gris blanchâtre, et sa pesanteur spécifique presque de 2,5 à 3.
11 est infusible au chalumeau, mais la surface des fragmens
y devient luisante et comme émaillée. On l'a trouvé à Kalle-
rigen, près Arendal, en Norwège, dans un quarz grenu ,
accompagné d'un peu de felspath et de chaux carbonatée
brunissante.
Cette pierre, sur laquelle nous n'avons pas d'autres rensei-
gnemens que les précédens, paroît avoir quelque analogie
avec la PfMTE. Voyez ce mot. (B.)
FUSEAU , Fusiis. {Conchji.) Subdivision du grand genre
Murex del.innapus, établie par M. de Lamarck pour un assez
grand nombre d'espèces peu distinctes de ses Tasciolaires , et
qui ont pour caractères : Coquille fusiforme ; la spire alongée ;
ouverture ovalaire, terminée antérieurement par nn long canal
droit; le bord droit tranchant; la columelle lisse. Les anciens
conchyliologistcs ffançofs, comme d'Argenvilie, admetloient
aussi cette subdivision, mais d'une manière vague; et il faut
avouer qu'il est réellement assez diilicite de faire autrement.
Le nombre des espèces que M. de Lamarck place dans ce
genre est assez grand. Les planches de l'Encyclopédie métho-
536 FUS
dique en figurent au moins quarante. Nous allons nous borner
à faire connoître les principales:
1.° Le Fuseau-quenouille : Fusus colus , Enc. met., pi. 424»
iig. 4- C'est une coquille assez, commune dans les collections,
striée, noueuse sur les tours de spire, blanche j les nodosités
brunes. De l'Océan indien.
2." Le Fuseau a longue queue; Fusus longicauda, Encycl.
niéth., pi. 423, fig. 2. Fort rapprochée de la précédente,
mais toute blanche, et le tube encore plus long, quelquefois
de trois pouces. Des mêmes mers.
3." Le Fuseau-entonnoir; Fusus infundibulum, Lmck. , Enc.
méth., pi. 424, fig. 2. Espèce d'un blanc jaunâtre; les stries
transversales rougeâtres; la spire garnie de gros tubercules
alongc'ssur six ratigs; deux ou trois petits plis transverses à la
coluuielle; une sorte d'ombilic.
Cette espèce appartient-elle réellement à ce genre, et ne
devroit-ellepas plutôt passer, avec celles que M. de Lamarck
nomme bidens, cingulifera, craticulata, limata, parmi les fas-
ciolaires ?
4.° Le Fuseau hérissé; Fusus muriceus, Lmck., Enc. méth.,
pi. 428 , fig. 5, a b. Petite espèce presque semblable à un
véritable murex; à tube peu droit, avec un petit ombilic au
côté droit: la spire assez courte, hérissée, et garnie de quatre
à cinq rangs de tubercules assez pointus.
5." Le Fuseau brun ; Fusus morio, Lmck., Encycl. méth.,
pl.43o, fig. 3, ab. Coquille uh peu rapprochée des fasciolaires,
dont le tuhe est très-ouvert, la couleur brun-marron avec
deux bandes étroites, blanches, qui suivent les tours de spire.
6." Le Fuseau couronné; Fusus corona, Lmck, Enc. méth.,
pi. 45o, fig. «2. Coquille encore moins fusiforme que la pré-
cct:ente; à tube assez court; couleur fond brun, avec des
bandes longitudinales blanches traversées à angle droit par
d'aptres bandes de la même couleur; le bord supérieur des
tours de spire hérissé de dents.
7.° Le Fuseau d'Islande; Fusus islandlcus, Lmck., Encycl.
méth., pi. 429, fig. 5. Espèce un peu ventrue, de quatre à
cinq pouces de long; assez finement striée eu travers; toute
blanche sous un épiderme brun ; le sommet et les tours de
spire arrondis. Commun dans les mers d'Islande.
FUS "7
8." Le FosEAU bled ; Fusus lignarius, Lrack, Encycl. méth.,
pi. 424, fig. 6. Coquille oblongue, rude, à tube assez court,
ouvert ou fermé; les tours de spire garnis de nœuds peu pro-
noncés, sur un seul rang. Des mers du Nord.
9.° Le FcsEAU petit; Fusus pusio, Lmck., Enc. méth., pi. 426,
fig. 1 , a b. Petite espèce à tube court, échancré à son extré-
mité; blanche, avec des taches brunes ou fauves, disposées en
séries. Mer Méditerranée et d'Afrique. Est-elle bien de ce
genre P
10.° Le FusEAu-TROMPETTE ; Fusus tuha, Enc. méth., pi. ^26^
fig. 2. Grande coquille assez fusiforme, striée en travers et
blanche; Jes tours de spire hérissés de quelques tubercules
pointus. Cette espèce, fort rare dans les collections, vient des
mers de la Chine.
11." Le Fuseau méprisé; Fusus despectus, Lmck., Enc. méth.,
pi. 426, fig. 4. Coquille assez large, oblongue; le tube médiocre;
deux lignes plus élevéessur les tours despire; couleur blanche,
ordinairement brune au sommet. Mers du Nord.
12." Le Fuseau heptagone; Fusus heptagonus , Lmck., Enc.
méth., pi. 428, fig. 7, a b. Assez petite espèce, fusiforme, striée
finement en travers entre les bourrelets longitudinaux qui
lui donnent une forme heptagone.
a 3." Le Fuseau gauche; Fusus sinistralis , Lmck., Encycl.
méth. , pi. 424 , fig. 1 , a b. Petite coquille rude , striée profon-
dément Jans les deux sens; le tube médiocre-, la spire assez
élevée et tournant de gauche à droite. Des mers d'Amérique,
où elle est fort rare.
14.° Le Fuseau géant; Fusus colossus, Lmck., Enc. méth.,
pi. 427, fig. 2. Coquille de sept à huit pouces de long; fusi-
forme. quoique assez renflée, striée dansles deux sens. J'ignore
sa patrie. (De B.)
FUSEAU. {Foss.) Les fuseaux fossiles ne se présentent ni
dans les couches à cornes d'ammon , ni dans les craies; c'est
dans le calcaire coquillier, qui est d'une formation plus nou-
velle, qu'on commence à les rencontrer, et les espèces y sont
plus communes que dans les couches postérieures. Quoique
ces espèces fossiles soient très-nombreuses , on n'en rencontre
presque aucunes qui soient parfaitement analogues à celles
que l'on irouve aujourd'hui à l'état frais dans les mers.
538 FUS
M. de Lainarck avolt rano:é parmi les fuseaux celles de ces
coquilles qui portent des plis à la cohimelie, mais en annon-
çant qu'il conviendroit plutôt de les rapporter au genre Fas-
cioluire. En effet, la différence des caractères de ces genres
ne provenant presque que des plis qui se trouvent sur la colu-
melle des coquilles qui dépendent de ce dernier, il convient
d y porter ceux des fuseaux qui portent des plis, et qui vont
être présentés a part dans cet article.
Coquilles sans j^jUs à la colunielle.
Le Fl'Seau r.ini; : Fusus rugosus , Lamk. , Ann. dn Mus.,
tom. 6, pi. 46, fig. 1; Murex porrectus, Brander, fig. 35.
Coquille couverte de stries transversales élevées, et de stries
longitudinales feuilletées moins apparentes. La spire présente
«ne pyramide noduleuîe, et est terminée au sommet par un
mamelon. Sa base se prolonge en une queue longue et droite:
longueur, trois pouces. On trouve cette espèce à Grignon.
Le Fuseau a VE^TRE lissk : Fusus longœi>us , Lamk., Vélins
du Mus., n." 5, fig. 14 tt\G;Murexlongœ^us, Brander, fig. 40,
73 et()3 -, Sovverby, Min. Conch., tab. 63. Coquille épaisse, à
ventre lisse, aplati. Le bord supérieur de chaque tour forme
une rampe tournante autour de la spire, qui se termine par
\in mamelon. Cette espèce varie beaucoup , pourla grandeur
et dans ses formes. Quelques individus, qui paroissent appar-
tenir à la même espèce, ont le ventre bombé. D'autres, que
Von trouve à Louvres. prés de Paris, dont la coquille paroit
terminée, n'ont que deux pouces de longueur. On trouve
cette espèce à Griguon, à Courtagnon près de Reims, à
Kheteui!,à Hordwel, et dans le Hampshiro en Angleterre, où
l'on £n rencontre qui ont jusqu'à sept pouces de longueur.
M. deLamarckapenséque Us individus qui avoient le ventre
bombé dévoient former une espèce particulière, à laquelle
il a donné le nom de fuseau clavellé.
Le mamelon, gros, lisse et composé de troisou quatre tours ,
qui se trouvé au sommet, paroit avoir été formé avant que
ianimal fût sorti de l'œuf, ou plutôt de Fcspèce de placenta
dans lequel les petites coquilles ont dû être réunies plusieurs
etisemblc , comme il arrive pour certaines espèces que l'on
trouve à l'état frais sur les côtes de la No'.îvellc-York en Viiv
FUS 539
ginîe, et duquel placenta l'on voit une figure clans l'ouvrage
d'Eilis surIesCoi-allin'es,pl.33, fig. a. Brander, ayant cru que
celles de ces petites coquilles qui avoieut déjcà formé un tour
ou deux après le mamelon, coiistituoient une espèce partic'u-
liére , les a décrites sous le nom de murex deformis, et il en a
donné la figure dans son ouvrage, Fofis, Haut. , fig. 07 et 38;
mais c'est une erreur, car je possède de ces jeunes coquilles,
qui prouvent qu'à mesure que l'animal avançoit en âge, il
ajoutoit à ce mamelon des tours couverts de stries transverses.
Le Fuseau aciculk : Fmus aciculatus , LauiK., Ann. du Mus.,
fom. 6, pi. 4^i, fi-. G; lirand. , Foss., fig. 56. Coquille très-
jolie et très-remarquable par sa forme grêle, presque linéaire,
striée transversalement et couverte de légères stries longitu-
dinales. Il est très-distinct du fuseau ridé, avec lequel il paroît
que Brander l'a confondu. Longueur, deux pouces. On le trouve
à Grignon ; mais il est rare.
Le Fuseau subulé ; Fusus suhulahts , Lamk. , Vélins du Mus.,
n." 5 , fig. 1 5. Petite coquille très-élégante , à forme aloiigée et
à canal court ; elle est chargée de stries transverses très-fines
et de côtes longitudinales. Longueur, neuf à dix lignes. On
la trouve à Grignon ; mais elle est rare.
Le FuSBAU grain-d'orge ; Fuaus hordeolus , Lamk. , Vél. ,
Supp. 2 , fig. 10. Elle approche de la précédente par ia forme
turriculée. Elle est lisse. Longueur, trois lignes.
Le Fuseau tortillé ; Fusus intortus , Lam.k., Ann. , tom. 6 ,
pi. 46, fig. 4. Coquille à columelle torse, striée transversa-
lement et à côtes longitudinales. Longueur, un pouce etdemi.
On la trouve à Griguon et à Hauteviile, départemeut de la
Manche.
Il paroît que quelques individus de certaines espèces de
fuseaux ont la faculté de former des plis sur leur columelle ;
car j'en possède deux de cette dernière, qui ont été trouvés
à Hauteviile, et qui sont parfaitement semblables entre eux,
à l'exception de deux plis qui se trouvent sur la columelle de
l'un d'eux. Cette anomalie se fait également remarquer dans
un individu de l'espèce qui porte le nom de fusus exciius.
Le Fuseau polygone -, Fusus pofygnnus , Lamk. , Vélins , n." 6,
fig. 12. Coquille courte , presque ovale, ventrue , striée trans-
versalement, portant sur chaque tourncuf à dix côtes obtuses
540 FUS
rt longitudinales. Longueur, quinze lignes. On la trouve sur
des terres labourables, près de Grignon.
Le Fuseau a long bec : Fusas longirosfer , Dsf. ; Murer lon-
giroster , Brocchi, tab. 8, fig. 7. Grande coquille, composée
de neuf à dix tours, striée transversalement, et se terminant
a la base parune longue queue droite. Longueur, cinqpouces.
Quelques individus portent neuf côtes longitudinales ou tu-
bercules alongés sur chaque tour, et d'autres sont presque
lisses. On trouve cette espèce dans le Plaisantin.
Le Fuseau rostre : Fusus rostratus , Def. ; Murex rostrafus ,
Erocchi,tab. 8 , fig. 1. Coquille composée de six à sepMours ,
couverte de fortes stries transverses et de côtes longitudinales,
terminée à sa base par une'Iongue queue. Longueur, deux
pouces. On la trouve dans le Plaisantin et à Rome.
Le Fuseau bulbiforme : Fusus bulbiformis , Lamk. ; Murex
hulhus , Brander, fig. 64 : Favannes , Conch. , tab. G6 , fig. m. , ji.
Coquille ovale-fusiforme, ventrue, lisse ou presque lisse-, sa
spire est mucronée , et sa queue présente une légère cour-
bure. Le bord gauche . épaissi dans sa partie supérieure , rend
le haut de la columelle comme calleux. Le bord droit est (rès-
niince quand il est entier. Longueur , quelquefois trois pouces.
Cette espèce présente beaucoup de variétés, qui sont plus
ou moins alongées, et dont les tours de spire sont plus ou
moins concaves, en sorte qu'il est très-difficile d'établir une
distinction bien marquée entre cette espèce et les pyrules.
Le Fuseau petite-figue : Fusus Jiculneus , Lamk. ; Murex
Jlculneus , Cheran. , Conch., vol. 11, tab. 212, f. 3oo4 , 3oo5.
Coquille ovale, renflée, presque globuleuse, portant quinze
à vingt côtes longitudinales et peu élevées sur le dernier tour.
Chacune d'elles porte, vers les deux tiers de sa longueur, un
petit angle qui forme une rangée transversale de tubercules
sur le ventre de la coquille. La queue est un peu courte, ar-
quée, striée transversalement; la columelle est torse, et vers
le bas elle présente un pli oblique. Longueur , quatorze lignes.
On trouve cette espèce à Grignon. On la trouve aussi à Acy
et à Betz , département de TOise: mais les individus qu'on y
rencontre différent sensiblement de ceux de Grignon: ils sont
chargés de stries transverses; les côtes longitudinalessont moins
nombreuses, ne sont presque pas marquées, et n'ont point
FUS 541
le petit angle qui forme la rangée de tubercules. J'ai déjà
remarqué que quelques espèces de ces endroits dilféroieiit
sensiblement des niOnies qu'on trouvoit à Grignon.
On connoit encore, à Télat fossile, les espèces ci-après : le
fuseau côtelé-, le fuseau eftacé; le fuseau de Hauteville ; le
fuseau plissé, que l'on trouve à Hauteville; le fuseau épais;
le fuseau de Bordeaux; le fuseau strié, que l'on trouve à
Laugnan , près de Bordeaux-, le fuseau raccourci-, le fuseau
fragile; le fuseau coupé; le fuseau nain; le fuseau à stries rudes;
le fuseau scalaroide ; le fuseau marginé; le fuseau petite-lyre ;
le fuseau lisse; le fuseau striatule-, le fuseau variable, le fuseau
couronné; le fuseau deLamarck, que l'on trouve à Grignon;
le fuseau de Brander , que l'on trouve à Betz et dans le Hamp-
shire -, le fuseau douteux, que l'on trouve en Touraine-, le
fuseau subcaréné, que l'on trouve à Chaumont, à Crépy et à
Ronca, et le fuseau pleurotomoide , que l'on trouve à Betz.
Coquilles qui ont des plis à la columelle , et qui doivent entrer
dans le genre Fasciolaire.
Le Fuseau de Noé : Fusus Noœ, Lamk. , Ann. du Mus.,
tom. 6 , pi. 46, fîg. 2 ; Murex Noœ, Chemn., Conch. , tab. 212,
fig. 2096 , 2097. Coquille épaisse et pesante, striée transver-
salement; le bord de chaque tour est déprimé en rampe d'es-
calier, et crépu ou plissé d'une manière remarquable ; le
ventre est presque lisse ; sa spire n'est point terminée par un
mamelon , comme le fuseau à ventre lisse , et elle porte sur la
columelle deux plis obliques, qu'on n'aperçoit point dans
l'ouverture quand la coquille est parvenue à toute sa grandeur.
Longueur, quatre pouces. On trouve cette espèce à Grignon, à
Courtagnon et à Montmirail.
Le Fuseau a un pli : Fusus uniplicatus , Lamk., Vélins du
Mus., n.° 6, fig. 8. Coquille à côtes obtuses, médiocrement
élevées, à stries transverses, très-saillantes, coupées par des
stries longitudinales moins fortes; un pli oblique à la colu-
melle. Longueur, un pouce et demi. On trouve celte belle
espèce à Grignon et à Hauteville.
Le Fuseau cordelé; Fusus funiculosus, Lamk., Ann., tom. o,
pi. 46 , fig. 3. Coquille alongée , à côtes longitudinales obtuses ,
couverte de stries transverses, et d'autres longitudinales moins
5?t2 PLIS
marquées-, deux plis à la columelle. Longueur, quatorze à
quinze lignes. On la trouve avec la précédente.
Le Fuseau akcllecx ; Fusus angulatus , Lanik. Coquille fusi-
forme, ventrue ; à queue grêle et étroite; à côtes longitudi-
nales, anguleuses, grossières et un peu disîantes ; à stries
trausverses écartées-, deux plis à la columelle. Longueur,
quatorze lignes. On la trouve à Grignon.
Le Fuseau noduledx ; Fusus nodulosus , Lamk. , Vélins, n." C,
fig. 3. Coquille ovale, lisse, à petites côtes longitudinales; deux
plis sur la columelle. Longueur, sept ligues. On la trouve a
Grignon et à Hauteville.
Le FuSEv^u CEttCLÉ: Fusus alligatus, Lamk. Coquille ovale-
turriculée, aspire conique, à stries longitudinales trés-tines,
qui se croisent avec des stries transverses plus marquées. Lon-
gueur , six lignes. On la trouve à Grignon ; mais elle est rare.
Le Fuseau a deux fus-. Fusus hiplicatus , Lamk. Coquille à
spire conique , composée de cinq ou six tours un peu con-
vexes, chargés de petites côtes longitudinales obtuses et peu
élevées -, le canal de la base est fort court ; deux plis à la colu-
melle. Longueur, cinq lignes. Ou la trouve à Grignon ; mais
elle est rare.
Toutes ces espèces sont dans ma collection , et je ne trouve
d'analogie avec celles que l'on trouve à Fêta t vivant que pour
le fuseau à stries rudes et le fuseau petite-lyre . dont il existe
des espèces, à peu près analogues , sur les côtes de Cherbourg.
(I>. F.)
FUSEAU A COLLET ou A RUBAN. {Bot.) Famille établie
par Paulet dans le genre Agaricus de Linnœus (voyez Fonce),
et caractérisée par le stipe en forme de fuseau, muni d'un
collet, et parla substance du chapeau, qui est sèche, ferme,
ordinairement entrouverte du côté des bords. Cette famille
comprend deux espèces qui ne sont point malfaisantes, le
fuseau à ruban et le fuseaij à collet.
Le FuéEAU A RUBAN, Paul., Tr., 2, p. 297, pi. 140, fig. 1,2.
Stipe fusiforme, de cinq à six pouces, blanc, ayant vers la
milieu un anneau ou ruban rouge-, chapeau de deux pouces
d'étendue, marron-clair en dessus; en dessous feuillets marron
plus foncé. Il croît en automne dans la forêt de Senard.
Le Fuseau a cotr.ET. Faii!.. 1. c. , p. 297, pi. 1/40, iig. 3;4;5.
FUS 543
Stipe élevé de Irois à quatre pouces, fusifortne, cylindrique,
le plus souvent.colleté, quelquefois marbré par des élevures
de peau fine; chapeau fauve en dessus , plus foncé en dessous,
d'abord bombé, puis concave. Il se trouve aussi dans la forêt
de Senard. (f.EM.)
FUSEAU A DENTS, Dentelé, Etoile, de TeaNATE. {Conch.)
Dénominations sous lesquelles les marchands désigaei.l la co-
quille qui fait le type du genre Hostellaire de M. de Lamarck,
slromhtisfiisus de Linnaeus. (De B.)
FUSELEE. {Bot.) Selon M, DecandoUe, on nomme ainsi, à
Montpellier, Vatracf^lis canceLlafa, Linn. Suivant Adansou,
c'est un nom vulgaire de Vhieracium. (H. Cass.)
FUSEN. {Bot.) Voyez Fusain. (L. D.)
FUSER. {Ornith.) Ce nom, dans Aldrovande, désigne le
butor, ardea slellxiris , I-inn. (Cii. D.)
FUSET-SO {Bât.), nom que porte au Japon un eupatoire,
eupatorium hjsxopifnliiiin , suivant M. Thunberg. (J.)
FUSI, Fusil. {Bot.) Voyez Fudsi. (J.)
FUijiBlLITÉ. {Ckim.) Propriété qu'ont les corps solides, de
devenir liquides, lorsqu'ils sont exposés à des températures
suffisamment élevées. (Ch.)
FUSICORNES, ou Clostérocères. {Entom.) Voyez ce der-
nier mot, toin.IX. Nom d'une famille d'insectes lépidoptères,
dont les antennes sont en fuseau ou renflées au milieu : tels
sont les sésies , les sphinx, les zygènes. { C. D,)
FUSIDIUM. {Bot.) Genre de la famille des champignons,
ordre des mucedinés, el^série des entophytes, de la méthode
de Link. Il est caractérisé par ses sporidies nues, agglomérées,
fusiformes ou oblongues, et par l'absetice d'un llialUis ou d'une
base. Link. n'indique qu'un très-petit nombre d'espèces.
LeFusiDiu.M ROSÉ, Fttsidium roseum, est d'un rose agréable ;
il forme de petites touffes sur les tiges desséchées des malva-
cées. Cette plante étoit le type du genre Fusarium, que Link
avoit cru devoir élablir , Berl. Mag. , 3 , p. 10, tabl. 1, tig. m,
et qu'il d supprimé depuis , parce que le caractère de sporidies
couvertes, qu'il lui assignoit, n'est pas exact. M. Beauvois l'in-
dique sur les feuilles d'orme et le bois mort.
Le FusiDiDM orangé, Fusidium aurantiiim , Link, aies sporidies
d'une couleur, orangée, entassées en ligues étendues sur lus
5-44 FUS
tiges du maïs et des cucurbitacées. Cette espèce forme le
genre Fusîspon'um de Link, qui l'a supprimé aussi , ayant trouvé
inexact le caractère qu'il lui avoit assigné.
Les Fusidium obtusum , hjpodermium et griseum , sont trois
autres espèces de ce genre, indiquées par Link. Nées en a
décrit quelques autres.
he fusidium est voisin du stilbospora , et s'en distingue par
sa couleur, qui n'est jamais noire, et par l'absence d'un thallus
vésiculeux.
D'après M. Persoon, les genres Fusarium etFusisporium, qu'il
réunit, à l'exemple de Link, en un seul genre qu'il nomme/w5a-
rium , diffèrent de ses tubercularia Tparld forme moins régulière
et d'une substance plus charnue , et qui se divise dans l'eau en
corpuscules ou sporules linéaires très-minces. En outre, ces
espèces vivent sur les tiges des plantes desséchées. Mais ce
naturaliste , ainsi que Nées , les sépare du fusidium. Selon
eux, les espèces de fusidium forment, sur les feuilles sèches,
des croûtes laineuses qui ne sont que des amas de corpuscules
linéaires. M. Persoon ajoute deux espèces à ce genre : le fusi-
dium albidum (^r/seu/n ? Link) , commun en automne sur les
feuilles du châtaignier et du chêne ; et le Fusidium viride qui
est printanier et d'un beau vert , et qu'on trouve sur les
feuilles du chêne.
C'est auprès de ce genre Fusidium que l'on doit placer le
Bactridium de Kunze et de Nées, lequel comprend de très-
petits champignons qui naissent sur le bois et les plantes
mortes. Ces champignons sont formé* de petits amas de spo-
ridies alongées, presque annulées, transparentes à leurs extré-
mités, pédicelîées , à pédicelles peu rameux et rampans. Ils
tiennent le milieu entre les fusidium et les seiridium.
Le Bactririum jaune, Bactridium jlavum, Kunze , A'/yce/. , i ,
p. 5 , tabl. 2 , fig. 2 , est d'un jaune foncé; ses sporidies sont
cylindriques et obtuses.
Le Bactridium carné, Bactridium carneum, Nées, Not'. act.
nat. cur., g , tabl. 5, fig. 4, est d'un beau rouge de chair; ses
sporidiessont elliptiques , pointues aux deux boutset brillantes.
Il a été observé près Bâle. (Lem.)
FUSIFORME (Bot.) , renflé vers le milieu et s'amincissant
par les deux bouts, à la manière d'un fuseau. La racine du
FUS 54$
rophanus sativus , yariété Ra\e , les follicules du laurier-rose,
le fruit du cucumis chate^ etc., sont fusiformes. (Mass.)
FUSILIER {Ornith.), nom que Ton donne, dans les envi-
rons de Woronesch, en Russie, au grand pic noir, picus
martius, Linn. (Ch. D.)
FUSÏOLES. (Bot.) ,Atraetium, Link. Genre delà famille
dés champignons, de l'ordre desmucédines , et de la série des
sphœrobases de la Méthode de Link. , et que ce naturaliste
caractérise ainsi: Conceptacle (sfroma), globuleux ou capité,
recouvrant des sporidies fusiformes. Link en indique trois
espèces.
L'Atractium cilié : Aîractium ciliatum , Link ; Tuhercularia
ciliata, Albert, et Schw. , Hist., pag. 8, tab. i , fig. 6. Il est
globuleux, rouge , très-petit, velu et à longs poils. II paroît
que les sporidies sout' cloisonnées.
L'Atractïum en coDSsiN; Atractium pulwinaïum , Link. Il est
globuleux, convexe, rouge et à sporidies blanches. Il est à
peine gros comme une tête d'épingle j il croît sur les branches
mortes des arbrisseaux.
L'Atractïum fadx-stilbum : Alractium stilbaster, Link, Berl.
Magaz., 3 , pag. 10, tab. 1 , fig. 5. Il est glabre , jaunâtre et
stipité, et à stipe cylindrique, portant une petite tète ronde.
Il se trouve sur les troncs des hêtres nouvellement aJbattu* : il
n'a guère plus d'une demi-ligne de diamètre , et disparoît
bientôt. Nées ajoute une quatrième espèce qu'il a observée
dans les bois près de Bâle ; c'est son atractium pallens {Noy. Act.
nat. cur., 9, pag. 2 38,tabl. v, fig. 7). Elle est d'une couleur
cendrée pâle , et se trouve sur les petites branches mortes de
l'aune. Ce genre offre le port d'un stilbum ou d'un mucor, et
les sporidies ou graines du/usfdium. (Lem.)
FUSION. (Chim.) On entend par ce mot l'état d'un corps
liquéfié par la seule action de la chaleur, ou l'opération par
laquelle on opère cette liquéfaction. (Cu.)
FUSISPORIUM. (Bot.) Genre établi par Link, et qu'il a
depuis réuni au fusidium. (Lem.)
FUSTET. (Bot.) Cet arbrisseau, nommé cotinus parDodoens
etTournefort, a été réuni par Linnaeus au genre Sumac, Rhus ,
dont il a en effet les caractères principaux. II en diffère seu-
lement par ses feuilles simples et non pennées ni ternées, et
17. 55
HG FUS
par ses fleurs presque toutes mâles : d'où il résulte que se»
panicules lâches, qui r.e portent qu'un très-petit nombre de
fruits, ont, après la chute des fleurs mâles, l'aspect d'une
espèce de houpe. (J.)
FUSTET. (Chim.) C'est le bois du rhus cotinus. La matière
colorante qu'il contient , est employée en teinture pour donner
à des élofTcs déjà teintes une nuance de jaune orangé, qui
doit se composer avec leur couleur première. Ainsi, on passe
dans un bain de fustet l'écarlate qui doit tirer sur la couleur
de feu; on y passe aussi les étoffes de couleur grenade, jujube ,
langouste, chamois, orangée, jaune d'or, jonquille, etc.
La couleur du fustet n'est jamais appliquée seule sur les
étoffes, parce qu'elle est trop altérable; mais, quand elle s'y
trouve unie sur une étoffe à une autre couleur, elle acquiert
un peu de solidité, et présente cet avantage, que le temps,
en en atfoiblissant l'intensité, ne change pas la nature de sa
couleur, qui est le jaune orangé. (Ch.)
FUSïI. {Bot.) Suivant C. Bauhin, quelques personnes don-
iioicnt ce nom au calice du giroflier qui est encore couronné
de ses pétales. (J.)
FUSUS-AGRESTIS {Bot.) , ancien nom du carthamus lanatus,
Linn. (H. Cass.)
.FUT. (Ornilh.) Voyez Strunt-Jager. (Ch. D.)
FUTS, MoTS-ruTS. (Bot.) Suivant M. Thunberg, le gnaphalium
(irenarium est ainsi nommé au Japon. Une clématite, clemalis
^'^rg^nica, est ]e futs-lcusa du même lieu. (J.)
FUTSIKU, FuTAMMA-TAKE (Bot.), uouis japou ois du bambou ,
ou d'une de ses variétés à tige bifurquée. (J.)
FYLL-ASFAR (Bot.), un des noms égyptiens de Valoe pen-
dens de Forskal. (J.)
FYSTERLIN (Ornith.) , nom allemand de la guignette ,
tringa hj-poleucos , Linn. (Gh.D.)
, I?IN' DU DIX-S-EPTIÈME VOLUME,
IMrRlMEEJE DE LE KORiMANT, raE DE SKl^E.
En vente chez les mêmes libraires à Strasbourg et
Paris :
PROCLI PÏIILOSOPHI PLAÏONICI OPERA, e codd.
mss. biWioUi. Reg. Parisiensis, lum primuni edldit,
leçlioTTc varietatCj versioiic lailna, commentariis
"illustravit Y.iÇTOR COUSIN, Profcssor pîiilosopliiiie
in acad, Parisiens!. Tomus primus, conlinens liia
opuscûk, DELIBERTATE, PROVIDENTIA ET
MALO; in-8.°
ESSAI HISTORIQUE SUR L'ÉCOLE D'ALEXAN-
DRIE, cl Coup d'œil comparalif sur la liilëralure
grecque, depuis le temps d'xilcxandrc le Grand
jusqu'à celui d'Alexandre Sévère. Ouvrage cou-
ronne' par l'Acadëniie des inscriptions et bellos-
leitrcs. Par JACQUES MATTER. 2 volumes
HISTOIRE ABRÉGÉE DES SCIENCES MÉTAPHY-
SIQUES, MORALES ET POLITIQUES, depujs
LA RENAîSSiivcE DES LETTRES; traduite de l'anglois
de Dugald Stewaïf , et prëce'dëe d
lin Jn: lie, par J. A. BUCHON, 1/'^ partie
i