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Full text of "Dictionnaire des sciences naturelles, dans lequel on traite méthodiquement des différens êtres de la nature, considérés soit en eux-mêmes, d'après l'état actuel de nos connoissances, soit relativement à l'utilité qu'en peuvent retirer la médecine, l'agriculture, le commerce et les artes. Suivi d'une biographie des plus célèbres naturalistes"

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1685- IQ56 


DICTIONNAIRE 


DES 


SCIENCES  NATURELLES, 

DANS    LEQUEL 

OW  TRAITE  MÉTHODIQUEMENT  DES  DIFFEREIfS  ETRES  D  F.  LA  NATURE, 
CONSIDÉRÉS  SOIT  EN  EUX-MEMES,  d'aprÈs  tV.  iAT  ACTUEL^  DE 
KOS  CON.NOISSA.-VCES,  SOIT  RELATIVEMENT  A  l'ltILITÉ  Qu'en 
PEUVENT    RETIRER     LA    MEDECINE,     l'agr  IC  ULTURE  ,     LE    COMMERCE 


ET     LES    ARTS. 


SUIVI    D'UNE   BIOGRAPHIE   DES    PLUS    CÉLÈBRES 
NATURALISTES. 


Plusieurs  Professeurs  du  JarJia  du  Roi,  et  des  principales 
Ecoles  de  Paris. 


TOME  DIX-SEP  TIÈJIF. 


FIL-FYS. 


F.  G.  LEvrvATJLT,  Editeur,    à  STRASBOURG, 

et  rue  des  Fossés  M.  h  Prince,  b.°  33,   à  PARIS 

Le  "NoRMANT,  rue  de  Seine,   N."  8,    à  PARIS. 

1820. 


mm 


DICTIONNAIRE 


DES 


SCIENCES  NATURELLES. 


rOME  XV IL 


FIL  =  FYS. 


Le  nomhre  et  exemplaires  prescrit  par  la  loi  a  été 
déposé.  Tous  les  exemplaires  sont  re^'étus  de  la  signature 
de  Véditeur, 


DICTIONNAIRE 

DES 

SCIENCES  NATURELLES, 

DANS    LEQUEL 

ON  TRAITE  MÉTHODIQUEMENT  DES  DIFFÉREN3  ÊTRES  DE  LA  NATURE, 
CONSIDÉRÉS  SOIT  EX  EUX-MÊMES,  d'aPRÈS  l'ÉTAT  ACTUEL  DE 
NOS  CONNOISSANCES  ,  SOIT  RELATIVEMENT  A  l' UTILITÉ  Qu'eN 
PEUVENT  RETIRER  LA  MÉDECINE,  l'aGRICULTURE  ,  LE  COMMERCE 
ET   LES    ARTS. 

SUm  D'UNE  BIOGRAPHIE  DES  PLUS  CÉLÈBRES 
NATURALISTES. 

Ouvrage  destiné  aux  médecins,  aux  agriculteurs,  aux  commerçans, 
aux  artistes,  aux  manufacturiers,  et  à  tous  ceux  qui  ontiotérêtk 
connoître  les  productions  de  la  nature,  leurs  caractères  génériques 
et  spécifiques,  leur  lieu  natal,  leurs  propriétés  et  leurs  usages. 

PAR 

Plusieurs  Professeurs  du  Jardin  du  Roi ,  et  des  principales 
Écoles  de  Paris. 

TOME  DIX-SEPTIÈME. 


F.  G.  Levkault,  Editeur,  à  STRASBOURG, 

et  rue  des  Fossés  M.  le  Prince,  N.''  33,  à  PARIS. 

Le  NonwANT,  rue  de  Seine,  N.°  8,  à  PARIS. 

1820. 


Liste  des  Auteurs  par  ordre  de  Matières. 


Physique  générale. 

M.  LACROIX,  membre  de  l'Académie  des 
Sciences  et  professenr  au  CuIUge  de 
Trance.    (  L.  ) 

Chimie. 

M.  CHEVREUL,  professeur  au  Collège 
rojal    de   Cbarlemague.    (Cb.) 

Minéralogie  et  Géologie. 
M.  BRONGNIART,  membre  de  l'Académie 

des   Sciences,   professeur  à  la  Facullê  des 

Sciences.    (  B.  ) 
M.   BROCHA\T   DE    VILLIERS,    membre 

de  l'Académie  des  Sciences.  (  B.  de  V,  ) 
M.    DEFRANCE,    membre   de    plusieurs 

Sociétés   savantes.   (  D.  F.) 

Botanique. 
M.  DESFONTAINES,  membre  de  l'.Académie 

des  Sciences.    (Desf.  ) 
M.    DE    JUSSIEU,    membre   de   l'Académie 

des  Sciences,  prof,  au  Jardin  du  Roi.  (J.) 
M.     MIRBEL,     membre    de    l'Acmlémie    des 

Sciences,     professeur     à     la     Faculté     des 

Sciences.    (B.  M.) 
M.  HENRI  CASSINI,  membre  de  la  Société 

pliilomalique   de  Paris.  (H.  Ciss.  ) 
M.   LEMAN  ,    membre  de    la   Socit'lé  pliilo- 

matique  de  Paris.  (Lem.) 
M.  LOISELEUR  DESLONGCIIAMPS, 

Docteur  CD  médecine,  membre  de  plusieurs 

Sociétés  savantes.   (  L.  D.  ) 
>!.  MASSEY.  (Mass.) 
M.   POIRET,  membre  de  plusieurs  Sociétés 

savantes     et    littéraires,     continuateur    de 

PEncyclopédie  botanique.    (Poir.) 
M.  DE   TUS  S  A  G,    membre    de    plnsieuts 

Sociétés  savantes,   auteur  de    la    Flore    des 

Antilles.  (De  T.) 


Zoologie  générale,  Anatomie  et 
Physiologie. 

M.  G.  CL'V'IER ,  membre  et  secrétaire  per- 
pétuel de  l'Académie  des  Sciences,  prof. ao 
Jardin  du  Roi  ,  etc.  (  G.   G.   ou  CV.   ou  G.) 

Mammifères. 

M.  GEOFFROY,  membre  de  l'Académie  des 
Sciences  ,  professeur  au  Jardin  duRoi.  (  G.  ) 

Oiseaux. 
M.   DUMONT,  membre  de  plusieurs  Sociétés 
savantes.    (  Ch.   U.) 

Reptiles  et  Poissons. 

M.  DELACÉPÈDE,  membre  de  l'Académie 
dès  Sciences,  professeur  au  Jardin  du 
Roi.  (L.  L.) 

M.  DUMERIL,  membre  de  l'Académie  des 
Sciences,  professeur  ii  l'Ecole  de  méde- 
cine. (C.  D.) 

M.  CLOQUET,  Docteur  en  médecine.  (H.C) 

Insectes. 
M.    DUMERIL ,   membre  de  l'Académie  des 
Sciences,  professeur  à  l'Ecole  de  médecine. 
(.  C,  D.  ) 


Crustacés. 


M.  W,  E.  LEACH,  membre  de  la  Société 
royale  de  Londres,  Correspondant  du  Mu- 
séum d'histoire  naturelle  de  France, 
(W.    E.   L.) 

Mollusques,   Fers  et  Zoophytes. 
M.  DE  BLAIKVILLE,  professeur  à  la  Faculté 
des  iiciences.  (  De  B.) 


M. 


TURPIN,    naturaliste,    est    chargé   de 
ition  dos   dessins    et  de  la  direction  de 


MM.    DÉ    liUMBOLDT 


R.VMOND     donneront     quelques 
dans     leurs    voyages ,    ou    sur    les 


'ticles     sur     les     ebjcti 
jj'ets    dont    ils    se  sont 


plus  particulièrement  occupes. 

M.    F.   CUVIER  est  cbargé  de   la  d 
articles   généraux  de   zoologie  et   n  riiis!.. 


générale  de    l'ouvrage,     et  il    coopérera 
des    mammifères.    (F.    C, ) 


DICTIONNAIRE 

DES 

SCIENCES  NATURELLES. 


FIL 


JlIL  (ErpétoL),  nom  spécifique  d'une  couleuvre.  (H.  G.) 

FIL  D'ARAIGNÉE  {Bot.) ,  nom  vulgaire  d'une  espèce  de 
joubarbe,  sempervi\>um  aracnoideum ,  Llnn.  (L.  D.  ) 

FIL  D'EAU  ou  DE  SERPENT  {Entom.),  nom  donné  quel- 
quefois au  dragonneau,  à  cause  de  sa  ressemblance  avec  ua 
fil,  d'où  le  nom  générique  Pilaire.  Voyez  ce  mot.  (De  B.) 

FIL-NOTRE-DAME  ou  FILET  DE  LA  VIERGE.  [Entom.) 
On  voit  souvent  en  automne ,  à  l'époque  des  premiers 
brouillards,  des  filamens  très-blancs  et  très-légers,  transportés 
par  Fair,  et  qu'on  regarde  N^omme  des  fils  d'araignées  ;  on 
les  attribue  à  de  petites  espèces  de  sirons,  que  Hermann  fils 
nommoit  Irombidiutn  Leiarium  ,  dont  Linnseus  faisoitun  acarus, 
et  MM.  Latreille  et  Fabricius  un  gamase.  M.  Cuvier  pense 
que  ces  fils  sont  produits  par  de  très-jeunes  araignées,  qui 
écloscnt  avant  Fhiver,  et  qui  filent  ces  corps  blancs  qui  vol- 
tigent dans  Farrière-saison.  (Règne  animal,  tom.  III ,  p.  78.) 
(CD.) 

FIL  Y  AGULLA.  {Bot.)  Dans  le  royaume  de  Valence,  on 
donne,  suivant  Clusius ,  ce  nom  espagnol,  qui  signifie  fil 
17.  .1 


FIL 

et  aiguille,  à  Taloès  plttc ,  agave,  dont  les  feuilles  donnent 
une  espèce  de  fil ,  et  ont  des  épines  qui  peuvent  servir  d'ai- 
guilles. (J.) 

FILx\COTONA.  (Orniih.)  L'oiseau  auquel  Gesner  et  Aldro- 
vande  donnent  ce  nom,  est  le  ganga,  telrao  alchata,  Linn. 
(Ch.  D.) 

FILAGE,  Filago.  {Bot.)  [  Corfmhifùrcs ,  Juss.  —  Sjngénesie 
poljgamie  nécessaire,  Linn.]  Ce  genre  de  plantes,  de  la  fa- 
mille des  synanthérées.  appartient  à  notre  tribu  naturelle 
des  inulées,  et  à  la  section  des  gnaphaliées,  dans  laquelle 
nous  le  plaçons  auprès  du  micropus  ,  dont  il  diffère  prin- 
cipalement en  ce  que  la  couronne  est  plurisérlée  ^  différence 
qui  est  la  source  de  presque  toutes  les  autres.  Voici  les  ca- 
ractères «rénériqucs  que  nous  avons  observés,  dans  1  herbier 
de    M.   de  Jussieu,    sur   l'espèce   qui   est  le    vrai   type   du 

genre. 

Lacalathideest  oblongue  ,  discoïde,  composée  d'un  disque 
paucillore,  régulariflore,  masculiflore ,  et  d'une  couronne 
plurisérlée,  midtiflorc,  tubullflorc  ,  fémlnlilore  ;  le  péri- 
cllne  ,  supérieur  aux  fleurs,  est  formé  de  squames  subuni^ 
sériées,  appliquées,  ovales,  larges,  concaves,  scarleuses, 
coriaces ,  membraneuses  sur  les  bords ,  et  surmontées  d'un 
appendice  subulé.  Le  clinanthc  est  oblong,  inappendiculé 
au  sommet,  qui  est  occupé  par  le  disque,  et  garni  du 
reste  de  squamelles  analogues  aux  squames  du  pérlcllne 
et  supérieures  aux  fleurs,  mais  d'autant  plus  petites  qu'elles 
sont  plus  intérieures.  Les  ovaires  de  la  couronne  sont  ob- 
comprimés,  obovales ,  glabres.,  inaigrettés;  les  faux-ovaires 
du  disque  sont  grêles,  glabres,  inaigrettés;  les  corolles  de 
la  couronne  sont  tubuleuses.  grêles. 

Les  calathides  sont  immédiatement  rapprochées  en  capi- 
tule terminalglobuleux  ,  sur  un  calathlphore  nu,  et  entouré 
d'un  involucre  :  elles  sont  peu  nombreuses,  et  la  calathidc 
centrale   est  plus  grande  que  les  latérales. 

Jï'iLAGE  NAINE  :  Filogo  pjgiïiœu ,  l.um. ,  Spec.  ;  Filago  acaiilis, 
Linn.,  Sjrst.  ;  Emx  umbcllata,  Gœrtn.  C'est  une  très-petite 
plante  herbacée,  annuelle,  dont  la  racine  produit  une  ou 
plusieurs  tiges  simples,  à  peine  longues  d'un  pouce  dans 
l'état  sauvage,  mais  qui  acquièrent  par  la  culture  jusqu'à 


FIL  S 

fîeux  pouces  et  demi  ;  ces  tiges  sont  menues ,  inclinées  ou 
couchées,  et  garnies  de  feuilles  alternes,  petites,  ovales- 
obtuses,  comme  spatulées ,  un  peu  cotonneuses;  les  cala- 
thides  ,  composées  de  fleurs  jaunâtres,  sont  réunies  en  un 
capitule  terminal ,  sessile  ,  arrondi ,  involucré  ;  son  invo- 
lucre  est  formé  ^e  bractées  nombreuses,  inégales,  plus 
gi'andes  que  les  feuilles,  ovales,  obtuses,  cotonneuses,  blan- 
châtres, et  disposées  en  une  belle  rosette,  qui  déborde  beau- 
coup le  capitule,  et  est  couchée  sur  la  terre.  Cette  jolie 
petite  plante  habite  les  lieux  maritimes  et  les  étangs  dessé- 
chés de  l'Europe  méridionale  et  du  Levant. 

Linnœus  a  composé  son  genre  Fiiago  de  sept  espèces  ^ 
qu'il  a  nommées  pjgmœa  ,  germanica ,  pjraniidata,  montana, 
gallica ,  arvcnsis ,  leontopodium.  La  première  espèce  [Fiiago 
pvgmœa)  est  la  seule  qui  présente  exactement  tous  les  ca- 
ractères assignés  a  ce  genre  par  Linnoeus  :  il  est  donc  indu- 
bitable que  c'est  sur  cette  seule  espèce  que  Linnseus  a  dé- 
crit les  caractères  du  genre  Fiiago;  que  c'est  pour  cela 
qu  il  a  eu  soin  de  la  placer  à  la  tête  du  genre,  et  qu'il 
n  a  rapporté  au  même  genre  les  six  autres  espèces  que 
d'après  leurs  ressemblances  extérieures  avec  la  première, 
et  sans  vérifier  leurs  caractères  génériques.  Ainsi  le  fiiago, 
pygmœa  est  le  véritable  type  du  genre  Fiiago;  d'où  il  suit 
que  le  genre  Evax  de  Gaertner  ne  peut  être  adopté.  En 
effet,  Vevax  est  absolument  le  même  genre  que  le  Jilago , 
proposé  long-temps  auparavant  par  Linnaeus;  car  ïevax  a 
pour  objet  l'espèce  même  qui  sert  de  type  au  fiiago,  et 
les  caractères  assignés  par  Gasrtner  à  son  e^'ax  ne  diffèrent 
en  rien  des  caractères  attribués  au  fiiago  par  Linnaeus.  Nous 
avons  publié,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  philomatique , 
de  Septembre  i8ig,  un  examen  analytique  du  genre  Fiiago 
de  Linnaeus;  nous  y  avons  démontré  que  les  espèces  dif- 
fèrent tellement  les  unes  des  autres  par  les  caractères  gé- 
nériques ,  que  presque  toutes  peuvent  être  considérées 
comme  des  genres  ou  des  sous-genres  aussi  distincts  que 
beaucoup  d'autres  admis  sans  difficulté  par  tous  les  bota- 
nistes. (  H.  Cass.  ) 

FILAGINOiDES ,  Filaginoidca.  (Bot.)  Linnaeus  a  donné 
ce  nom  à  l'une  des  trois  sections  de  son  genre  Cncphalium, 


4  FIL 

Cette  section  corrcsponrl  à  peu  prés  au  véritable  genre 
GnaphaUitm,  tel  qu'il  convient  de  le  définir  et  de  le  res- 
treindre .  en  se  conformant  aux  indications  de  M.  R.  Brown. 
(H.  Cass.) 

FILAGRANE  {Bot.) ,  un  des  noms  vulgaires  de  la  jacinthe 
monstrueuse.  (  L.  D.) 

PILAIRE,  Filaria.  (Enlozoair.)  Dénomination  imaginée 
par  Muller  pour  désigner  un  genre  de  vers  intestinaux  ^ 
dont  la  forme  du  corps  rappelle  assez  bien  celle  d'un  fil , 
et  que  Zeder  avoit  nommé  Capsulaire,  Capsularia ,  a  cause 
de  la  manière  dont  la  plupart  de  ces  vers  s'insinuent  dans 
le  péritoine,  dont  ils  se  forment  une  espèce  de  capsule. 
Les  caractères  de  ce  genre,  qui  a  été  adopté  par  la  très- 
grande  partie  des  zoologistes,  et  entre  autres  par  M.  Ru- 
dolphi,  sont  :  Corps  arrondi,  très-alongé,  presque  cylin- 
drique, ou  décroissant  très-peu  vers  les  extrémités,  qui 
sont  obtuses;  bouche  orbiculaire  ,  très-petite,  terminale^ 
ainsi  que  très-probablement  l'anus;  organe  mâle  court, 
presque  arrondi ,  et  sortant  avant  la  pointe  de  la  queue. 
On  connoit  très-peu  l'organisation  de  oes  animaux;  on  sait 
seulement  que  le  canal  intestinal  est  bien  distinct  et  étendu 
dans  toute  la  longueur  du  corps  ,  ce  qui  fait  présumer  qu'il 
y  a  un  Aéritable  anus,  et  qu'il  est  terminal;  la  bouche  est 
orbiculaire,  le  plus  souvent  très-petite  et  extrêmement 
simple  ,  quelquefois  cependant  entourée  de  quelques  papilles. 
Quoiqu'on  n'ait  pas  vu  les  organes  de  la  génération  de  la 
plus  grande  partie  des  espèces  de  ce  genre,  M.  Rudolphi, 
ayant  observé,  dans  son. ^/aria  papii/osa,  un  petit  aiguillon 
simple  avant  la  terminaison  du  corps,  admet,  par  analogie, 
que  c'est  l'organe  mâle  excitateur,  et  que  les  sexes  sont  sé- 
parés sur  des  individus  différens.  Les  iilaires  se  trouvent, 
le  plus  souvent,  dans  le  tissu  cellulaire  des  animaux  de 
toutes  les  classes,  quelquefois  sous  le  péritoine,  dans  les 
cavités  splanchniques;  il  paroit  même  qu'ils  pénètrent  le  tissu 
des  parties   et  peuvent  sortir  à  l'extérieur. 

M.  Rudolphi  place  dans  ce  genre,  qui  diffère  des  ha- 
mulaires,  parce  que  la  bouche  n'est  pas  armée  de  deux 
tî'rochets,  des  trichocéphales,  parce  qu'elle  n'est  pas  terminée 
par   un   fil,   etc.,    quarante-trois  espèces,    dont  trente-ui'.e 


FIL   -  5 

sont  douteuses ,  c'est-à-dire  ne  sont  presque  désignées  que 
par  Tespèce  d'animal  dans  lequel  elles  ont  été  trouvées. 
En  général,  on  conçoit  aisément  combien  il  est  difilcile 
de  caractériser  autrement  des  animaux  qui  n'oftVent  aucun 
appendice,  qui  tous  ont  la  même  couleur  blanchâtre,  et 
dont  la  proportion  des  deux  diamètres  Avarie  peut-être 
beaucoup  avec  l'âge. 

1.°  Le  F.  DE  Médine  :  F.  medinensis  ,  Gmel.  ;  Gordius  medi- 
nensis,  Linn.  ;  le  Dragoxneau  ,  le  Ver  de  Médine,  dont 
Grundler  a  donné,  dans  son  traité  de  verme  medinensi ,  une 
figure  originale,  qui  a  été  copiée  presque  partout,  et 
entre  autres  dans  TEncycl.  méth. ,  t.  29,fig.  3.  Cette  espèce, 
la  plus  célèbre  de  toutes,  est  très-longue;  les  bords  de  la 
louche  sont  renflés,  et  la  pointe  de  la  queue  est  infléchie. 
Elle  est  de  la  grosseur  d'une  petite  corde  ,  et  presque  par- 
tout du  même  diamètre;  sa  tête,  d'après  Grundler,  est 
pourvue  d'une  sorte  de  suçoir  formé  par  le  renflement  de 
la  lèvre  qui  entoure  la  bouche,  dont  l'orifice  est  très- 
petit.  La  queue  est  terminée  par  une  sorte  de  crochet  in- 
fléchi ;  la  couleur  est  celle  de  la  très-grande  partie  des  vers 
qui  vivent  dans  les  animaux ,  c'est-à-dire  d'un  blanc  sale  , 
passant  au' jaune  dans  l'alcool.  Quant  à  la  longueur  de  ce 
ver,  il  paroîtroit  qu'elle  varie  beaucoup  :  en  effet,  Kaemp- 
fer  parle  d'un  pied  ,  d'une  coudée ,  et  plus  ;  Grundler 
décrit  celui  qu'il  a  vu  comme  ayant  trohi  pieds  et  demi , 
mesure  du  Rhin;  Kunsemuller  lui  donne  souvent  plus  de 
deux  aunes;  Gallandat ,  de  huit  à  douze  pieds;  et,  enfin, 
Fermin  porte  sa  longueur  jusqu'à  huit  aunes,  ce  qui  com- 
mence à  devenir  fort  peu  probable.  Quoi  qu'il  en  soit, 
cette  espèce  de  ver  paroit,  jusqu'ici,  n'avoir  été  trouvée 
que  sur  l'espèce  humaine  ,  dans  le  tissu  cellulaire  de  dif- 
férentes parties,  et  surtout  dans  celui  des  jambes,  vers  les 
malléoles.  11  paroît  aussi  qu'elle  est  endémique  dans  les  ré- 
gions brûlantes  de  l'ancien  et  du  nouveau  continent.  Le 
nom  de  ver  de  Médine,  de  ver  de  Guinée,  lui  a  été  donné  des 
lieux  où  elle  a  d'abord  été  observée.  11  y  a,  parmi  les  obser- 
vateurs, de  grandes  dissentions  sur  l'origine  de  ce  ver.  Les 
uns  pensent  qu'il  est  extérieur;  que  c'est  un  véritable 
gordius,  qui  s'insinue  dans  la  peau  des  personnes  qui  raar- 


6  ^    FIL 

chent  nu-pieds;  qu'il  y  dépose  ses  œufs,  y  croit,  s'y  déve- 
ioppe ,  et  détermine ,  par  sa  présence ,  des  symptômes 
assez  douloureux  pour  qu'on  l'ait  désigné  sous  le  nom  de  furie 
infernale  ;  on  a,  en  eflet,  des  preuves  qu'il  peut  exister  ainsi 
pendant  un  temps  assez  long.  D'autres  auteurs  croient  que 
c'est  un  ver  tout-à-fait  intérieur ,  et  ils  apportent  pour 
preuve  de  leur  opinion ,  qu'on  ne  l'a  jamais  trouvé  hors 
du  corps  de  l'homme;  qu'il  est  tout-à-fait  semblable  aux 
autres  espèces,  et  surtout  au  lilaire  du  singe,  et  qu'il  est  plus 
que  probable  qu'il  nait  dans  l'intérieur  des  parties  ;  qu'il  peut 
y  exister  des  mois  et  même  des  années  entières  sans  déterminer 
d'accidcns  sensibles;  et  que  ce  n'est  que  lorsqu'il  approche  de 
la  peau,  qu'il  la  perce,  que  les  accidens  deviennent  asse? 
graves  pour  déterminer  des  douleurs  atroces ,  etc.  .-  c'est  à 
peu  près  l'opinion  de  M.  Rudolphi,  et  celle  qui  me  semble  la 
plus  probable.  Cependant,  des  personnes  plus  versées  dans 
l'art  de  la  chirurgie  que  dans  la  zoologie ,  et  entraînées 
sans  doute  par  Texisteuce  d'une  espèce  de  furoncle  ou  de  tu- 
meur inflammatoire  que  détermine  à  la  peau  la  présence  du 
ver,  ont  émis,  dans  ces  derniers  temps,  des  doutes  sur  son 
existence  réelle,  pensant  que  ce  n'étoit  que  du  tissu  cellulaire 
frappé  de  mort ,  qui  se  moule  pour  ainsi  dire  erl  ver ,  dans 
sa  traversée  de  l'épaisseur  de  la  peau.  M.  Delorme,  dans 
une  lettre  insérée  dans  le  tome  87  du  Journal  de  phys. ,  a 
montré,  par  des  faits,  combien  cette  opinion  est  erronée; 
il  a  confirmé  ce  qu'on  savoit  sur  les  symptômes  et  même 
sur  le  traitement  de  l'affection  qui  suit  l'apparition  du  ver 
à  la  peau.  Les  symptômes  sont  une  tumeur,  avec  rougeur, 
et  une  violente  douleur  ;  bientôt  apparoit  un  petit  orifice 
par  lequel  le  ver  sort  une  petite  partie  de  son  corps.  Le 
traitement  consiste  à  saisir  cette  partie, '""et  à  l'enrouler 
avec  beaucoup  de  précaution  autour  d'un  petit  bàlon , 
qu'on  tourne  fort  doucement  chaque  jour,  de  crainte  de 
casser  le  corps  de  l*animal,  ce  qui  en  rendroit  l'extraction 
beaucoup  plus  difficile,  outre  que  la  présence  de  la  partie 
restée,  en  se  putréfiant,  pourroit  déterminer  des  accidens 
encore  plus  funestes.  On  a  fait  l'observation  que  les  per- 
sonnes qui  marchent  nu-pieds  ,  comme  les  nègres  de  nos  co- 
lonies,  en  sont  plus  fréquemment  affectées  que  ks  autres, 


FIL  7 

et  que  c'est  ver^los  malléoles  que  raflTection  a  lieu  :  ce  qui 
est  assez  difficile  à  expliquer,  dans  l'hypothèse  que  ces  ani- 
maux sortiroient  des  cavités  splanchniques  ;  car  on  ne  voit 
pas  trop  pourquoi  ils  tendroient  à  sortir  à  peu  près  tous 
par  le  même  endroit.  Le  ver  de  Médine  peut  donc  encore 
être  le  sujet  d'observations  intéressantes. 

2."  Le  f.  GRÊLE  ;  F.  gracilis ,  Rudolphi,.Ertfoz.,  tab.  i  ,  fig.  i. 
Très-long,  un  peu  atténué  aux  deux  extrémités;  la  tcte  ob- 
tuse; la  pointe  de  la  queue  aiguë  et  fléchie  :  grosseur  d'un 
fil  fin  ;  longueur,  plus  d'onze  pouces  :  la  queue  est  courte, 
très-grêle,  déprimée.  Trouvé  dans  la  cavité  abdominale  du 
simia  capucina  par  M.  Albers,  11  paroi t  que  les  singes  sont 
assez  sujets  aux  filaires. 

5."  Le  F.  ATTÉNUÉ  :  F.  altenuata ,  Rud.;  F.  cornicis ,  Gmel, 
Obtus  aux  deux  extrémités,  la  postérieure  atténuée  :  espèce 
d'un  pouce  et  demi  à  six  pouces  de  long,  un  peu  épaisse, 
obtuse  aux  deux  bouts.  Dans  la  cavité  abdominale  des  cor- 
neilles. 

4.°  Le  F.  obtus;  F.  ohLusa,  Rud.  La  tète  un  peu  aiguë, 
la  queue  obtuse;  le  corps  de  deux  pouces  et  demi  de  long, 
assez  épais  et  très-élastique.  Dans  cette  espèce,  dont  M. 
Rudolphi  n'a  trouvé  qu'un  seul  individu  dans  la  cavité 
abdominale  de  l'hirondelle  rustique,  il  a  pu  voir  le  canal 
intestinal  et  les  ovaires  placés  autour. 

5.°  Le  F.  TRONQUÉ;  F,  troncata,  Rud.  La  tête  tronquée; 
la  queue  plus  épaisse,  obtuse,  terminée  par  une  pointe 
très-courte  ,  presque  papillaire  :  cinq  pouces  de  long.  Dans 
la  larve  du  litiea  padella, 

6."  Le  F,  OVALE  :  F.  ovala,  Zeder;  Gordius  piscium ,  Enc. 
méth. ,  tab,  29,  fig.  6,7,  d'après  Gœze  ,  Naturgesch., 
pag.  126,  tab.  8,  fig.  i-5.  Le  corps  de  trois  ou  quatre  pouces 
de  long,  atténué  en  avant;  la  tête  ovale;  la  queue  ronde. 
Trouvé  par  Gœze  autour  du  foie  du  cyprinus  gobio, 

7.°  Le  F.  CAPsuLAiRE  ;  F.  capsularia,  Rud.;  Ascaris  halecis, 
Gmel.;  Capsularia  kalecis ,  Zeder,  Naturgesch.,  pag.  56, 
tab.  1,  fig.  7.  Ver  d'un  demi-pouce  à  un  pouce  de  long, 
de  la  grosseur  d'un  fil  médiocre  ;  la  bouche  comme  bordée 
par  un  bourrelet;  la  queue  obtuse  ,  avec  une  pointe  courte, 
papilliforme.     Zeder,    dans    deux   individus    mâles,    a  ob- 


é  FIL 

serve  une  épine  courte  avant  la  pointe  caiiclale ,  un  canal 
intestinal  renflé,  et  une  sorte  d'estomac;  les  femelles  sont 
plus  gonflées".  Cette  espèce  est  commune  sous  le  péritoine 
des  harengs,  quelquefois  agglomérée  en  plus  ou  moins 
grand  nombre.  Elle  a  la  vie  tenace  ,  puisque  Rudolphi  dit 
en  avoir  conservé  vivaus  pendant  huit  jours  dans  un  lieu 
froid,  et  que  des  individus  trouvés  dans  des  harengs  glacés 
peuvent  revenir  à  la  vie.  C'est  de  cette  espèce  que  Zeder 
a  fait  son  genre  Capsulaire  ,  sur  des  caractères  qui  se 
trouvent   évidemment    dans   beaucoup   de  filaires. 

8."  Le  F.  PAPiLLAiRE  :  F.  papillosa,  Rud.  ;  F.  eqtii ,  Gmel.  ; 
Gordius  equinus ,  Abilg. ,  ZooL  Dan.,  vol.  3,  p.  Ag  ,  tab.  109» 
fig.  12,  a-c.  De  deux  à  sept  pouces  de  long  sur  un  tiers 
de  ligne  de  diamètre;  couleur  cendrée  ou  brunâtre;  la  tête 
un  peu  obtuse:  la  bouche  orbiculaire  et  le  cou  garni  de 
papilles;  la  queue  courbée.  Commun  dans  la  cavité  abdomi- 
nale du  cheval,  quelquefois  au-dessous,  et  même  dans  le 
canal  intestinal,  entre  les  deux  méninges  du  cerveau. 

g.°  Le  F.  couronné  :  F.  coronata,  Rudolphi;  Asc.  coracœ , 
Gmel.;  Asc.  acu ,  Gœze,  Naturg.,  pag.  90,  tab.  2,  fig.  3; 
copié  dans  l'Encycl.  méth.,  tab.  3o ,  fig.  12-14.  La  tête  ,  ob- 
tuse, est  couronnée  de  trois  tubercules  ou  papilles;  le  corps, 
presque  égal,  obtus  aux  deux  extrémités,  a  deux  ou  trois 
pouces  de  long  ,  et  est  de  la  grosseur  d'un  fil  médiocre. 
Le  mâle  a  une  épine  courte,  cylindrique,  avant  la  pointe 
de  la  queue,  et  la  femelle  est  plus  grosse.  La  vie  de  ces 
vers,  que  tous  les  auteurs  avoient  rapportés  au  genre  As- 
caride 5  paroît  être  extrêmement  fugace.  Sous  la  peau  du 
cou  du  roUier. 

10.'  Le  F.  ACUMiNÉ  :  F.  acumjnata,  RucL  ;  F.  lepidopterorum 
Gmel. ,  Gœze ,  Naturgesch. ,  pag.  127,  tab.  8,  fig.  4-6;  copié 
dans  l'Enc.  méth.,  tab.  29,  fig.  10-12.  Ver  de  deux  à  trois 
pouces,  obtus  aux  deux  extrémités;  la  tête  pourvue  de  quatre 
tubercules;  la  queue  obtuse  ,  avec  une  pointe  droite.  Trouvé 
par  Gœze  dans  la  larve  de  la  noctuelle  fiancée. 

1 1.°  Le  F.  PUSSE  :  F.  plicala,  Rudolphi  ;  F.  attenuata,  Zed. 
La  tête  atténuée;  la  lèvre  de  la  bouche  plissée  ;  la  queue 
obtuse.  Zeder  n'en  dit  pas  davantage;  il  se  contente  d'ajouter 
qu'il  l'a  trouvé  dans  les  chenilles. 


FIL  9 

1.2.°  Le  F.  AILÉ;  F.  alata,  Rud.  Corps  d'un  pouce  de  long, 
grcle,  un  peu  plus  gros  en  avant;  la  tête  rétrécie  ;  la 
queue  aiguë,  recourbée,  ailée  sur  les  bords.  Dans  les  parois 
de  l'estomac  du  simia  maimon.  Cette  espèce  appartient-elle 
bien  à  ce  genre? 

J,es  espèces  douteuses  n'ont  été,  pour  ainsi  dire,  qu'in- 
diquées par  les  auteurs;  nous  allons  seulement  en  rapporter 
les  noms  tirés  de  Taninial  dans  lequel  elles  ont  été  trouvées, 
afin   d'exciter  l'attention  des  observateurs  ;  ce  sont: 

i5.°  F.  vulpis  de  Camper  (Malad.  des  anim.).  14.''  F.  leonis , 
Redi,  Anim.  viv. ,  tab.  9,  fig.  2.  i5.°  F.  musLelarum  ,  du  même, 
tab.  g,  fig.  3.  16.°  F.  leporis ,  Pallas  et  Gmel.  17."  F.  aquiîa, 
Redi  et  Gmel.  18.°  F.falconum,  Redi  et  Gmel.  19.°  F.  strigis, 
Redi  et  Gmel.  20.°  F.  coUurionis  de  Rossa.  21.°  F.  cjgni , 
Redi  et  Gmel.  22."  F.  anatis  de  Paullinus.  20.°  F.  ciconia, 
Red.  et  Gmel.  'ih,."  F.  ardeœ  einerœ  de  Braun  et  Rudolphi. 
2  5.°  F.  alaudœ  de  Velsch.  26.°  F.  sturni  de  Pallas.  27/  F.  car- 
duelis ,  Velsch,  de  Ven.  med. ,  .p.  107,  fig.  c.  28.°  F.  co- 
luhri ,  Bosc.  29.°  F.  piscium,  L'inn.  ;  gordius  marinus  des  au- 
teurs. Zo."  F.  coleopterorum ,  Lister,  etc.  3i.°  F.  sylpha, 
Gmel.  32.°  F.  Chrysomelœ  tanaeeti ,  Frœlich.  33.°  F.  chrjso- 
melœ  alui,  Holten. ,  Dansh.  selk.  slcrist. ,  4  ,  1 ,  p.  16,  t.  3  ,  fig. 
1  ,  2.  34.°  F.  buprestis,  Boucher.  35.°  F.  forfculœ,  Rud.  56.° 
F.  loeustœ ,  Frisch  ,  Mise.  Berol. ,  t.  4,  p.  394  ;  F.  grylli,  Gmel. 
37.°  F.  eercopidis,  Rœsel.  38.°  F.  du  faucheur,  F.  phalangii , 
I-amck.  et  Rudolphi.  09.°  F.  araneœ ,  Rud.  40.°  F.  monoculi, 
Gmel.  41.°  F.  erucarum  ,  Rud.;  F.  lepidopterorum ,  Gmel. 
42.°  F.  phrjganeœ,  Gmel.,  d'après  Degéer.  43.°  F.  Lenthredinis , 
Gmelin.  (  D.  B.  ) 

FILAMENTEUSES  [Plantes]  ,  (Bo/.) ,  ayant  l'aspect  de  fila- 
mens:  les  conferves  sont  dans  ce  cas.  (Mass.) 

FILANDER.  (Afflmm.)  C'est  ainsi  que  LeBruyn  et  Valentin 
écrivent  le  nom  d'une  espèce  de  didelphe  des  Indes  orien- 
tales ,  didelphis  Brunii ,  Gmel.  Voyez  Kanguroo.  (F.  C.) 

FILAO.  [Bot.)  Voyez  Casuarina.  (Poir.) 

FILAPJA,P/iï7Zj>'rea,  L.  (BoL)  Genre  de  plantes  de  la  famille 
àes  jasminées ,  Juss.,  et  de  la  diandrie  monogjnie  de  Linnîtus. 
dont  les  principaux  caractères  sont  les  suivans  :  Calice  petit, 
à  quatre  dents;  corolle  monopétaie  ,  courte  ,  à  quatre  lobes; 


2G  piL 

deux  examines  ;  un  ovaire  supérieur,  arrondi,  chargé  d'un 
style  simple,  terminé  par  un  stigmate  épais  et  entier;  une 
baie  globuleuse  ou  presque  globuleuse ,  à  deux  loges  mo- 
nospermes ;  une  de  ces  loges  est  sujette  à  avorter. 

Les  filarias  sont  des  arbrisseaux  à  feuilles  opposées,  glabres, 
persistantes,  et  à  fleurs  petites,  groupées  plusieurs  ensemble 
dans  lès  aisselles  des  feuilles.  Les  espèces  de  ce  genre  ne 
sont  pas  nombreuses  :  la  plupart  des  botanistes  en  distin- 
guent trois;  quelques-uns  en  ont  désigné  cinq;  d'autres 
n'en  reconnoissent  que  deux,  regardant  comme  des  variétés 
«;ausées  par  la  nature  du  sol  et  du  climat  ce  que  les  autres 
prennent  pour  des  espèces  distinctes.  Tous  les  filarias  crois- 
sent naturellement  dans  le  midi  de  la  France  ,  en  Espagne  , 
en  Italie,  etc.  Ils  sont  communs  sur  le  penchant  des  mon- 
tagnes ,  dans  les  lieux  pierreux ,  et  aux  expositions  sèches 
et  chaudes;  leurs  fleurs  sont  d'un  blanc  jaunâtre,  et  pa- 
roissent  au  printemps. 

FiLARiA  A  FEUILLES  LARGES  :  PhilljTea  latifoUa,  lÀnn.,Spec., 
ïo;  Phillyrea  prima ,  CIus.,  Hist.,  5i,  et  Philiyrea  secunda , 
Clus. ,  Hist.,  62.  Cette  espèce  est  un  grand  arbrisseau  qui, 
dans  son  pays  natal,  s'élève  à  quinze  ou  vingt  pieds  de  hau- 
teur ;  ses  feuilles  sont  ovales-lancéolées ,  un  peu  en  cœur  à 
leur  base;  ses  fruits  n'ont  le  plus  souvent  qu'une  seule 
loge.  Alton,  d'après  les  formes  assez  différentes  qu'on  peut 
observer  dans  les  feuilles  de  cette  espèce,  Ta  partagée  en 
trois,  sous  les  noms  de  Phillyrea  lœvis ,  Phjllirea  spinosa, 
et  Philljyrea  obliqua,  qu'il  nous  paroit  plus  convenable  de 
ne  regarder  que  comme  trois  variétés,  parce  que  souvent 
elles  sont  très-peu  tranchées  et  se  confondent  insensible- 
ment les  unes  dans  les  autres.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  pre- 
mière variété  se  distingue  à  ses  feuilles  ovales-lancéolées,  en- 
tières ou  peu  dentées;  la  seconde  à  ses  feuilles  plus  larges, 
bordées  de  dents  aiguës-  et  la  troisième,  à  ce  qu'elles  sont 
de  même  dentées,  mais  plus  alongées  et  plus  étroites. 

FjLApaA  MOYEN  :  PhUljrea  média,  Linn. ,  Spec,  10;  Phil- 
lyrea tertia,  Clus.,  Hist. ,  Sa,  Cet  arbrisseau  s'élève  un  peu 
moins  que  le  précédent  ;  ses  feuilles  sont  ovales-lancéolées , 
entières,  ou  rarement  dentées;  ses  baies  ont  ordinairement 
deux  loges. 


FIL  li 

FiLARiA  .\  FEUILLES  ÉTROITES:  PhilljTea  angustifolia,  Linn.  , 
Spec,  10;  Phillyrea  quarta  et  quinta ,  Clus. ,  Hist.,  62.  Cette 
espèce  ne  diffère  de  la  précédente  que  pai-ce  que  ses  feuilles 
sont  une  fois  plus  étroites,  constamment  entières;  mais, 
comme  on  trouve  des  échantillons  intermédiaires,  il  devient 
souvent  difficile  de  déterminer  à  laquelle  des  deux  plantes 
ceux-ci  apparlicnnent. 

Dans  le  nord  de  la  France ,  on  plante  les  différentes  es- 
pèces de  filaria  dans  les  jardins  paysagers,  comme  arbris- 
seaux d'ornement;  leur  feuillage  luisant,  toujours  vert,  y 
jette  de  la  variété.  Autrefois  on  les  tailloit  en  pyramide, 
en  boule  ;  mais  aujourd'hui  on  les  laisse  croître  naturelle- 
ment. On  les  emploie  aussi  quelquefois  à  faire  des  haies 
ou  des  palissades  ,  et  alors  on  les  soumet  à  la  taille.  La 
dernière  espèce  est  la  plus  propre  à  servir  de  cette  manière, 
parce  qu'elle  pousse  beaucoup  de  rameaux  qui,  en  s'en- 
trelaçant  les  uns  dans  les  autres,  rendent  les  haies  et  les 
palissades  très-serrées. 

Les  filarias  se  multiplient  facilement  de  semences  et  de 
marcottes.  Leurs  graines,  qu'il  faut  faire  venir  de  Provence 
ou  de  Languedoc,  parce  qu'il  est  rare  d'en  récoller  sur 
les  pieds  cultivés  dans  les  jardins  du  Nord,  se  sèment,  en 
yutomne  ,  dans  une  terre  légère  et  à  une  exposition  chaude  , 
et  mieux  dans  des  pots  ou  des  terrines,  afin  de  pouvoir 
les  rentrer  dans  l'orangerie  pendant  le  premier  et  le  se- 
cond hiver.  Dans  le  premier  cas ,  on  préserve  les  semis  des 
gelées,  en  les  couvrant  avec  des  paillassons  ou  de  la  grande 
litière ,  lorsque  les  froids  deviennent  un  peu  rigoureux. 
Les  marcottes  se  font  aussi  en  automne ,  et  il  leur  faut 
une  année  pour  prendre  racine.  Quand  elles  ont  repris, 
on  peut  les  séparer  et  les  mettre  en  pépinière,  ainsi  que  les 
jeunes  plants  de  semis  qui  sont  assez  forts  :  on  les  y  laisse 
trois  à  quatre  ans,  jusqu'à  ce  qu'en  veuille  les  mettre  en 
place  à  demeure. 

Dans  le  climat  de  Paris,  les  filarias  résistent  bien  aux 
gelées  ordinaires  ;  mais  les  grands  froids  les  font  souvent 
périr,  non  pas  entièrement  à  la  vérité,  car  dans  ce  cas 
il  n'y  a  que  les  tiges  qui  meurent,  et,  en  les  coupant  rez 
terre  ,  les  racines  reproduisent  de  nouvelles  pousses,  qui  ont 
bientôt  reparé  la  perte  des  anciens  pieds. 


î2  FIL 

Le  bois  des  filarias  est  dur,  compacte,  blanchâtre,  sus- 
ceptible de  prendre  un  beau  poli  :  il  pourroit  servir  à  faire 
des  ouvrages  de  marqueterie  ou  des  manches  d'outils;  mais, 
comme  il  n'acquiert  jamais  de  grandes  dimensions  (on  en 
trouve  rarement  des  troncs  de  cinq  à  six  pouces  de  dia- 
mètre),  on  n'en  fait  que  très-peu  d'usage,  et  on  ne  l'em- 
ploie guère  qu'à  brûler,  (  L.  D.  ) 

FILASSE  (Bot.),  nom  vulgaire  du  chanvre  dans  les  cam- 
pagnes. (L.  D.) 

FILASSE  DE  MONTAGNE.  {Min.)  On  a  quelquefois  donné 
ce  nom  à  l'amianthe.  Voyez  Aseeste.  (B.  ) 

FILASSIER.  (Ornith.)  Dans  le  département  des  deux 
Sèvres  on  nomme  ainsi  la  marouette  ou  petit  râle  d'eau , 
rallus  porzana,  Linn.  (Ch.  D.) 

FILASSO.  (Bot.)  La  guimauve  de  Narbonne  porte  ce 
nom  en  Languedoc.  (L.  D.) 

FILDRA  (Ornith.),  nom  qui,  suivant  les  voyageurs  Olafsen 
et  Povelsen  ,  est  donné  en  Islande  au  chevalier  aux  pieds 
rouges,  scolopax  calidris ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FILET.  {Bot.)  On  distingue  trois  parties  dans  les  élamines: 
le  pollen,  l'anthère,  et  l'androphore  ou  le  support  de  l'an- 
thère. L'androphore ,  qui  manque  dans  certaines  plantes, 
porte,  dans  d'autres,  plusieurs  anthères.  Lorsqu'il  ne  porte 
qu'une  seule  anthère  ,  il  est  généralement  désigné  sous  le 
nom  de  filet.  On  le  nomme  aussi  filament. 

Dans  la  plupart  des  plantes  les  filets  sont  cylindriques.. 

Ils  sont  déliés  comme  un  cheveu  dans  le  seigle  ,  le  plantaire, 
etc.  ;  ils  sont  larges,  minces  et  semblables  à  des  pétales,  dans 
îe  kœmpferia. 

Ceux  du  sparmannia  sont  renflés  de  dislance  en  distance  ; 
ceux  du  mahernia  sont  plies  en  genou  ;  ceux  du  hirtella  sont 
contournés  en  tire-bourre.  Dans  la  bourrache  ils  portent  une 
espèce  d'appendice. 

Ils  ont  une  très-large  base  dans  la  campanule  ;  ils  ont  le 
sommet  fourchu  dans  la  brunelle  ;  ils  l'ont  terminé  par  trois 
pointes  dans  quelques  espèces  d'ail.  Dans  le  paris  quadrifolia, 
ils  se  prolongent  au-dessus  de  l'anthère. 

Ceux  du  bouillon  blanc,  de  Vanagallis ,  etc.,  sont  chargés 
de  poils;  ceux  de  la  fraxinelle  ,  etc.  j  sont  garnis  de  glandes. 


FIL  i3 

Dans  l'ortie,  la  pariétaire,  le  mûrier,  etc.,  les  filets 
courbés  dans  la  fleur,  avant  l'épajiouissement ,  se  redressent 
avec  force  comme  un  ressort  que  Ton  relâche  tout-à-coup, 
lorsqu'ils  ne  sont  plus  retenus  par  l'enveloppe  florale. 

Dans  répine-vinette  ,  la  rue,  le  parnassia.  le  ciste  hélian- 
théme,  etc.,  ils  exécutent,  au  temps  de  la  fécondation,  des 
mouvemens  qu'on  ne  peut  attribuer  à  une  force  mécanique 
connue.  Voyez  Fécondation.  (Mass.) 

FILETS.  {Chasse.)  Quoique  Fart  connu  sous  le  nom  dVujcep- 
tologie  ne  forme  pas  une  véritable  branche  des  études  ornitho- 
logiques,  la  connoissance  des  artifices  imaginés  pour  prendre 
les  oiseaux  met  à  portée  de  mieux  s'instruire  de  leurs  habi- 
tudes; et  l'amusement  que  cet  exercice  procure  ,  est  un  autre 
motif  pour  déterminer  à  donner  ici  quelques  notions  sur 
la  construction  et  l'emploi  des  principales  sortes  de  filets. 

Les  plus  simples  sont  les  lacets  et  les  collets.  Le  premier 
piège  consiste  à  lier  une  ficelle  d'un  bout  à  une  branche  ou 
à  quelque  chose  de  solide ,  en  laissant  un  nœud  coulant  dans 
l'endroit  où  Fon  présume  qu'il  peut  se  présenter  une  occasion 
de  prendre  un  oiseau  par  la  patte  ;  on  s'éloigne  avec  Fautre 
bout  à  la  distance  de  vingt  ou  trente  pas,  et  Fon  s'y  tient 
caché,  en  attendant,  pour  tirer  la  corde,  que  Foiseau  se 
soit  rendu  au  lieu  où  le  nœud  est  préparé.  C'est,  en  général, 
sur  un  nid  et  pendant  Fincubation  que  se  tend  le  lacet;  mais 
il  arrive  le  plus  souvent  que  Foiseau  est  pris  par  le  cou  :  oa 
attrappe  même  en  général  plus  de  femelles  que  de  mâles,  et 
toujours  la  nichée  périt.  La  force  du  lacet  se  proportionne 
à  celle  de  Foiseau ,  et  lorsqu'il  ne  s'agit  que  de  fauvettes  et 
autres  becs-fins,  le  nœud  peut  être  formé  avec  un  simple  fil, 
ou  avec  un  ci-in  de  cheval  quand  le  nid  tendu  est  celui 
d'un  merle  ou  d'un  geai. 

C'est  surtout  pendant  Fhiver  qu'on  fait  usage  des  collets, 
qui  sont  particulièrement  le  fléau  des  grives  et  des  merles. 
On  doane  différens  noms  aux  collets,  suivant  la  manière  dont 
on  les  tend.  Ceux  qu'on  attache  à  des  piquets  fichés  en  terre, 
s'appellent  collets  piqués  ou  à  piquet.  Pour  faire  un  collet,  ou 
prend  quatre  crins  blancs  d'environ  un  pied  et  demi  de  long, 
et  on  met  les  extrémités  supérieures  de  deux  de  ces  crins 
avec  les  inférieures  des   deux   autres,    qu'on   noue   dans  le 


ï4  FIL 

milieu  d'un  noeud  simple.  Ces  crins  doivent  être  tordus  en 
manière  de  corde,  afin  qu'après  la  confection  du  nœud  ils 
ne  se  détordent  plus.  Les  piquets  se  font  avec  des  baguettes 
de  noisetiers  ou  d'autres  bois  verts,  d'un  pied  de  hauteur, 
auxquelles  on  fait  une  entaille  qu'on  tient  entrouverte 
jusqu'à  ce  que  le  nœud  y  soit  passé  :  l'autre  extrémité  s'ai- 
guise en  pointe,  afin  de  pouvoir  l'enfoncer  aisément  en  terre 
jusqu'à  ce  que  le  collet  ne  soit  plus  qu'à  deux  travers  de 
doigt  du  sol.  Les  piquets  se  placent  de  quinze  en  quinze  pas 
de  distance,  en  ayant  soin  de  garnir  l'intervalle  de  petites 
branches  formant  vme  haie ,  pour  empêcher  les  oiseaux  de 
passer  à  cAté  du  collet;  mais,  si  ce  sont  des  grives  qu'on  veut 
prendre,  il  est  bon  de  semer,  au  bas  de  chacun  ,  quelques 
baies  de  genièvre  pour  les  amorcer.  On  peut  ajuster  deux 
collets  au  même  piquet,  et  ces  collets  doubles  se  tendent 
plutôt  pour  les  perdrix  et  les  bécasses  :  on  les  dispose  dans 
les  sentiers  les  plus  larges. 

Le  collet  pendu  est  celui  qui  n'est  pas  tenu  dans  une  fente 
à  un  piquet,  mais  attaché  à  une  baguette  de  bois  vert,  à 
laquelle  on  a  fait  des  crans.  Ce  collet  peut  être  employé 
dans  la  saison  où  les  groseilles,  les  merises,  les  raisins  et 
autres  fruits  dont  les  merles ,  les  grives,  ainsi  que  de  plus 
petits  oiseaux  font  leur  nourriture ,  commencent  à  devenir 
rares.  On  en  attache  ,  avec  des  baguettes,  à  la  cime  des 
buissons,  en  les  amorçant  avec  ces  fruits,  et  l'on  en  met 
aussi  le  long  des  sentiers.  A  défaut  de  fruits  réels,  et  spécia- 
lement des  baies  du  néflier  pyracanthe  ou  buisson  ardent, 
on  peut  en  composer  des  grappes  factices,  en  collant  à  des 
fils  de  petites  boulettes  de  cire  blanche,  auxfjuelles  on  donne 
une  couleur  rouge  par  leur  immersion  dans  deux  onces  de 
cire  fondue  avec  trois  gros  de  vermillon. 

On  a^Tpelle  collets  trainnns ,  ceux  qui  s'attachent  à  une  ficelle 
qui  traîne  à  terre,  et  qu'on  emploie  surtout  pour  prendre 
des  alouettes.  On  ajuste,  à  cet  effet,  de  deux  en  deux 
pouces,  sur  une  ficelle  longue  de  vingt  à  trente  pieds, 
des  collets  faits  de  deux  crins  de  cheval,  et  l'on  étend  cette 
ficelle  sur  les  raies  d'un  champ  où  il  se  fait  de  bons  passages 
d'alouettes  :  on  sème  sur  plusieurs  raies  ainsi  tendues  quelques 
grains  de  blé  ou  d'orge ,  et  les  alouettes  s'y  prcnnejit  par  les 


FIL  i5 

pieds  ou  parle  cou;  mais,  pour  qu'elles  ne  puissent  entraîner 
les  ficelles,  on  a  eu  soin  de  les  assujettir  par  de  petits  cro- 
chets de  bois  enfoncés  de  deux  en  deux  pieds.  Cette  chasse 
se  fait  dans  les  mois  de  Mars  et  d'Avril,  et  quelquefois 
dans   le   mois  de  Novembre. 

On  emploie  aussi  des  collets  pour  faire  aux  canards  une 
chasse  qui  se  nomme  glanée.  On  perce,  à  cet  effet,  au  centre 
de  plusieurs  tuiles,  un  trou  propre  à  y  passer  quatre  fils 
de  fer  de  moyenne  grosseur,  et  longs  d'un  pied;  après  les 
avoir  tordus,  on  en  courbe  les  quatre  extrémités,  à  chacune 
desquelles  on  attache  un  collet  de  sept  à  huit  crins  formant 
anneau  ,  et  l'on  traverse  d'une  corde  l'anneau  que  ces  fils 
forment  sous  le  trou.  On  garnit  ensuite  le  dessus  de  la  tuile 
de  terre-glaise,  sur  laquelle  on  sème  du  blé  cuit  dans  de 
l'eau  commune.  Les  tuiles  doivent  être  recouvertes  d'environ 
quatre  pouces  d'eau,  et  se  placer  dans  des  endroits  où  les 
plumes  ,  l'abondance  de  la  fiente  et  d'autres  signes  présentent 
des  indices  de  lieux  fréquentés,  et  que  l'on  a  eu  soin  d'amor- 
cer pendant  quelques  jours.  Les  collets  surnageant  horizon- 
talement, et  les  canards  plongeant  à  plusieurs  reprises  pour 
satisfaire  leur  avidité,  ne  manquent  guère  de  se  prendre, 
pendant  la  nuit,  à  l'un  d'eux  :  pour  empêcher  qu'ils  n'em- 
portent la  tuile  dans  un  endroit  profond  où  ils  se  noieroient 
et  seroient  perdus,  on  en  attache  au  même  cordeau  plu- 
sieurs,,qui  se  placent  de  distance  en  distance.  11  arrive  aussi 
que  le  lendemain  on  trouve  pris  au  même  picge  des  poules 
d'eau,  des  foulques  ou  raorelles ,  des  plongeons,   etc. 

Les  filets  proprement  dits  sont  l'araigne ,  le  hallicr,  la 
nappe,  la  panthière,  le  rafle,  le  rejet,  le  rets  saillant,  la 
ridée,  la  tirasse,  la  tonnelle,  le  traîneau  ,  le  tramall.  Les 
toiles  extérieures  des  filets  se  nomment  aumées ,  et  celle  du 
centre  s'appelle  toile  ou  nappe. 

Varaigne  est  un  filet  composé  de  mailles  à  losanges  larges 
de  deux  ou  trois  pouces;  il  se  fait  avec  du  fil  délié  et 
retors  en  deux  brins  :  ses  proportions  doivent  être  de  deux 
toises  de  largeur  sur  trois  de  hauteur;  s'il  étoit  plus  ample 
on  auroit  trop  de  mal  k  le  tendre  sur  l'arbre,  où  on  l'em- 
ploie à  la  chasse  des  oiseaux  de  fauconnerie  avec  le  duc. 
Ce   filet  est  garni  de  bouclettes,    ou   bien   l'on  passe  dans 


i6  FIL 

toutes  les  mailles  du  rang  le  plus  élevé  une  ficelle  unie  de 
la  grosseur  d'un  luyau  de  plume  ,  de  sorte  que  les  mailles 
puissent  librement  aller  et  venir  sur  la  ficelle  comme  sur 
la  verge  d"un  rideau  de  lit  :  ces  filets  se  teignent  en  brun 
ou  en  vert.  On  fait  aussi  des  araignespour  prendre  des  merles; 
mais  les  mailles  ne  doivent  avoir  qu'un  pouce  de  largeur, 
et  le  filet  n"a  pas  plus  de  sept  à  huit  pieds  de  hauteur  sur 
neuf  ou  dix  de  largeur.  Lorsqu'on  sait  qu'il  y  a  des  merles 
dans  une  haie,  on  tend  son  filet  dans  ic  milieu;  la  perche 
en  soutient  un  côté,  tandis  qu'une  branche  de  haie  soutient 
l'autre.  Si'la  haie  n'étoit  pas  assez  haute,  on  y  planteroit 
une  seconde  perche  égale  à  la  première.  Le  filet,  pour  être 
iien  tendu,  doit  tomber  à  la  première  secousse;  afin  d"y 
amener  les  merles,  on  doit  battre  la  haie  de  l'autre  côté. 
Cette  chasse,  qui  a  lieu  sur  la  fin  de  Mars  et  pendant  le  mois 
d'Avril,  doit  se  faire  dans  un  temps  humide  et  couvert, 
parce  qu'alors  le  merle  vole  bas  le  long  des  haies. 

Le  hallier  est  un  filet  auquel  on  adapte,  à  pins  ou  moins 
de  dislance,  des  piquets,  que  l'on  enfonce  en  terre  comme 
les  chaînes  des  arpenteurs,  et  qui  forment,  ainsi  placés,  une 
sorte  de  haie.  Il  y  a  des  halliers  différeiis  pour  les  diverses 
chasses  auxquelles  on  se  propose  de  les  employer;  mais  ils 
ne  varient  que  par  leur  longueur,  leur  hauteur  et  la  lar- 
geur des  mailles.  On  fait  des  halliers  pour  prendre  les 
cailles,  les  perdrix,  les  faisans,  les  ràlcs ,  les  poules  d'eau, 
les  canards,  les  plongeons,  etc. 

Les  halliers  pour  les  cailles  ont  environ  dix  pieds  de 
long  sur  dix  pouces  de  hauteur;  on  les  fait  en  soie  d'un 
vert  pâle.  Les  piquets  doivent,  être  longs  de  quatorze  ou 
quinze  pouces,  et  attachés  à  deux  pieds  de  distance.  On 
chasse  aux  cailles  avec  le  hallier  depuis  leur  arrivée  jusqu'à 
ce  qu'elles  soient  appariées,  et  depuis  le  mois  d'Août  jusqu'à 
leur  départ.  A  la  première  époque,  ces  cailles  s'appellent 
'vertes.  Pour  les  attirer,  on  se  sert  de  V appeau ,  instrument 
qui  consiste  en  une  bourse  plate,  à  andouille  ou  en  spirale. 
La  première  sorte,  qui  se  nomme  courcalllet ,  et  dont  on 
fait  le  plus  communément  usage,  a  un  sifflet  composé  d'un 
os  de  la  cuisse  d'un  lièvre  ou  de  l'aile  d'une  oie,  dont  l'ex- 
trémité ,   coupée   en   coulisse,    est  accommodée  avec   delà 


FIL  17 

cire  :  ce  sifflet  s'adapte  avec  un  fil  ciré  à  une  bourse  faite 
avec  la  pp«"  J'""<=  taupe,  ou  autre,  cousue  à  points  très- 
e-xics,  et  médiocrement  remplie  de  crin  bouilli.  En  étendant 
la  bourse  sur  la  paume  de  la  main  gauche  ,  on  frappe  avec 
le  côté  du  pouce  de  la  main  droite  ,  de  manière  à  imiter 
le  cri  de  la  caille  femelle ,  qui  ressemble  à  celui  du  grillon. 
Lorsque,  dans  un  champ  ou  dans  un  pré,  l'on  entend  le 
cri  d'une  caille  mâle,  on  s'empresse  de  tendre  le  hallier, 
et,  se  plaçant  à  peu  de  distance  ,  on  répond  à  l'appel  pour 
l'attirer  dans  le  filet. 

La  manière  de  prendre  les  cailles  aux  mois  d'Août  et  de 
Septembre,  est  différente  de  celle  qui  se  pratique  aux  mois 
de  Mai  et  de  Juin  :  on  la  nomme  alors  bourrée ,  parce  que  le 
but  est  de  contraindre  les  cailles  et  les  râles  à  se  jeter  dans 
les  halliers  que  ,  vers  la  fin  de  la  moisson  ,  on  tend  sur 
les  sillons  peu  nombreux  qui  restent  à  récolter,  et  l'on 
traque  à  pas  lents  du  côté  opposé.  Lorsque  les  cailles  sont 
grasses ,  elles  ne  se  déterminent  qu'à  la  dernière  extrémité 
à  s'envoler  ;  et  le  râle ,  encore  plus  disposé  à  la  course , 
échappe  rarement  aux  embûciies.  On  peut  aussi  entourer 
avec  succès  de  halliers  des  portions  de  marais  dont  les  herbes 
sont  assez  élevées,  et  que  l'on  fait  battre  avec  des  chiens, 
au  moyen  desquels  on  réussit  souvent  à  prendre  des  râles 
ou  des  poules  d'eau. 

Il  y  a  des  appeaux  différens  pour  diverses  espèces  d'oiseaux  : 
un  des  plus  anciens  qu'on  ait  employés  pour  les  alouettes  se 
faisoit  avec  un  noyau  de  pêche  usé  sur  une  meule,  percé 
des  deux  côtés  d'un  trou  égal  en  grandeur,  et  vidé  ensuite. 
On  en  a  fait  depuis  en  plomb,  en  fer-blanc,  en  cuivre,  en 
argent,  etc.,  et  on  les  a  rendus  propres  à  appeler  d'autres 
petits  oiseaux  ,  ainsi  que  des  perdrix,  des  coucous,  des  tour- 
terelles, des  pluviers,  etc.  On  fait  aussi  des  appeaux  avec 
la  feuille  du  chiendent;  mais  ils  servent  surtout  à  la  pipée , 
et  l'on  en  parlera  sous  ce  mot. 

Les  halliers  à,  perdrix  ont  de  grandes  mailles  carrées  de 
quatre  à  cinq  pouces  de  largeur,-  leur  hauteur  ne  doit  être 
que  de  trois  ou  quatre  mailles,  et  leur  longueur  d'environ 
quarante  pieds.  On  fait  cette  chasse  dans  le  mois  d'Avril, 
avec  des  appeaux  particuliers,  ou  avec  des  chanterelles,  qui 
17.  li 


^3  FIL 

sont  des  femelles  qu'on  nourrit  et  qu'on  transporte  en 
cage,  ou  plutôt  sous  une  calotte  de  cKai7ca«  aHarhée  à  une 
planche  et  percée  supérieurement  d'un  trou  par  ie4=.^j 
l'oiseau  passe  la  tête.  A  la  fin  des  moissons,  on  chasse  les 
perdrix  à  la  bourrée,  comme  les  caiiles. 

Le  fond  des  halliers  à  faisans  est  le  même;  la  hauteur  en 
est  de  trois  grandes  mailles  ,  et  la  longueur  à  discrétion. 
Les  piquets  s'attachent  à  deux  pieds  et  demi  de  distance, 
et  le  fil  du  hallier  doit  être  retors  avec  soin;  car  le  faisan 
pourroit,  en  se  débattant,  rompre  le  tilet'et  s'échapper, 
■  Le  filet  à  alouettes  ,  auquel  on  donne  assez  improprement  le 
nom  de  nappes,  sert  à  prendre  ces  oiseaux,  attirés  par  un 
iniroir  à  facettes  qu"on  fait  tourner  avec  une  corde.  Les 
deux  nappes  sont  des  filets  formés  de  mailles  en  losange  de 
neuf  lignes  de  largeur,  qui  ont  ordinairement  huit  toises 
de  longueur  et  huit  pieds  de  hauteur;  ils  s'ajustent,  par 
chaque  bout,  à  un  liteau  de  bois  de  sapin  refendu,  qui 
s'appelle  quenouille  ,  et  un  cordeau  passé  par  la  dernière 
maille  dans  toute  sa  longueur  s'attache  à  l'extrémité  de  ces 
liteaux.  Les  côtés  intérieurs  des  mêmes  liteaux  sont  garnis 
d'une  douille  et  d'une  traverse  en  fer  qui  y  joue  facilement; 
il  y  a  aussi  à  chaque  extrémité  un  anneau  par  où  passe  un 
piquet  de  quinze  pouces  de  diamètre  sur  dix-huit  pouces 
de  longueur,  lequel  se  fiche  en  terre  assez  profondément 
pour  maintenir  les  quenouilles  en  place,  lors  même  que  le 
filet  est  tendu  avec  la  plus  grande  force.  A  chaque  côté 
extérieur  des  deux  quenouilles  est  attaché  un  cordeau  qui 
s'adapte  à  un  piquet,  et  du  côté  le  plus  près  de  l'oiseleur 
un  autre  cordeau,  plus  long  et  attaché  à  la  même  place, 
forme  une  bifurcation  peu  avant  l'endroit  où  les  deux 
branches  se  réunissent  dans  sa  main.  Pour  tendre  le  filet,  on 
commence  par  choisir  un  endroit  uni ,  où  l'on  puisse  le 
faire  aisément  jouer,  et  Ton  creuse,  à  une  certaine  distance, 
un  trou,  dans  lequel  l'oiseleur  s'assoiera  et  se  cramponnera 
les  pieds.  Les  mesures  ainsi  prises,  on  couche  parallèlement 
les  deux  nappes  à  une  distance  double  de  leur  largeur  res- 
pective,  et  l'on  fiche  d'abord  en  terre  les  douilles  qui  gar- 
nissent les  quatre  côtés  intérieurs;  ensuite  on  plante  diago- 
nalcment,  et  sur  la  même  ligne  qiie  les  piquets  des  douilles, 


FIL  â9 

les  autres  piquets  auxquels  sont  attachés  les  quatre  cordeaux 
destinés  à  maintenir  les  cadres  des  nappes,  lorsque  l'oiseleur, 
qui  lient  les  deux  autres  cordes  un  peu  plus  loin  que  l'en- 
droit où  elles  se  réunissent,  fait  un  effort  suffisant  pour  que 
les  nappes  se  relèvent  en  face  Tune  de  l'autre  et  retombent 
surl'aireoù  il  estparvenu  à  attirer  les  oiseaux,  tantau  moyen 
du  miroir  placé  environ  au  tiers  de  la  longueur  des  nappes 
et  qu'il  agite  sans  cesse ,  qu'à  l'aide  de  moquettes ,  c'est-à- 
dire  d'alouettes  et  autres  petiîs  oiseaux  retenus  par  Us  pattes 
à  de  légères  baguettes.  Quand  l'oiseleur  a  retiré  sa  capture 
de  dessous  le  filet,  il  le  tend  de  nouveau  et  reprend  son 
poste. 

I,a  saison  la  plus  favorable  pour  cette  chasse  est  l'époque 
des  premières  gelées  blanches,  et  elle  se  fait  avec  succès 
jusqu'à  ce  que  les  alouettes  attroupées  cessent  de  badiner 
dans  les  airs.  Beaucoup  de  petits  oiseaux  se  mirent  comme 
les  alouettes,  et  se  prennent  dans  les  mêmes  filets,  si  les 
■mailles  en  sont  assez  étroites;  et  c'est  surtout  dans  les  pre- 
mières neiges  que  les  pinçons,  les  verdiers,  les  chardon- 
nerets, les  linottes,  etc.,  s'y  précipitent,  lorsque,  pour  les 
attirer ,  on  a  eu  soin  d'avoir,  des  moquettes  de  plusieurs 
espèces.  On  peut  aussi  prendre  des  buses  et  d'autres  plus 
petits  oiseaux  de  proie  dans  ces  nappes  qui ,  lorsqu'elles 
sont  construites  avec  du  fil  bien  retors,  résistent  d'autant 
mieux  aux  efforts  de  ces  rapaces,  que  leur  surprise,  dans 
les  premiers  momens ,  affolblit  beaucoup  leurs  moyens  de 
défense  ;  mais,  pour  réussir  à  les  envelopper  quand  ils 
s'acharnent  trop  sur  la  moquette  ,  il  faut  que  l'oiseleur  soit 
très-prompt  à  tirer  le  filet.  D'un  autre  côté,  quand  un  ra- 
pace  se  montre  dans  les  airs ,  la  chance  n'est  pas  favorable 
pour  une  nombreuse  capture  de  petits  oiseaux,  qui  n'osent 
alors  approcher. 

Au  commencement  du  printemps  et  sur  la  fin  de  Tété,  on 
prend  aussi  des  ortolans,  avec  les  mêmes  nappes,  dans  les 
contrées  où  ils  abondent;  et  c'est  après  la  moisson,  époque 
où  ils  sont  plus  gras,  que  cette  chasse  se  fait  avec  le  plus 
de  succès. 

Pendant  l'hiver,  quand  les  alouettes  ne  volent  qu'à  quel- 
ques pieds  de  terre,  on  leur  fait  une  autre  sorte  de  chasse. 


FIL 

qui  se  nomme  ridée ,  avec  les  deux  nappes  du  filet  dont  îl 
vient  d'être  question,  qu'on  réunit  par  leurs  extrémités,  et 
que  l'on  tend  avec  trois  guides.  Le  filet  ainsi  disposé,  plu- 
sieurs personnes  vont  chasser  les  alouettes  et  les  amenei* 
près  du  piège,  que  l'oiseleur  fait  tourner  au  moment  où  il 
le  juge  nécessaire. 

Les  nappes  à  canard  ont  des  mailles  cà  losanges  de  trois 
pouces  de  largeur  :  on  éloigne  de  six  pouces  celles  qui  se 
font  de  côté  avec  des  ficelles,  pour  y  passer  des  cordes 
câblées  et  bouclées.  Ces  nappes,  teintes  en  brun,  sont  en- 
suite trempées  dans  l'huile,  pour  mieux  résister  à  l'humidité. 

Le  traineau  est  un  filet  long  de  huit  ou  dix  toises,  et 
large  de  quinze  ou  dix-huit  pieds,  dont  les  mailles  sont  à 
losanges  et  proportionnées  à  l'espèce  de  gibier  qu'on  veut 
chasser.  A  chaque  extrémité  s'attache  une  perche  d'une 
longueur  égale  à  la  largeur  du  filet.  De  toutes  les  chasses 
qui  se  font  au  traineau,  celle  des  alouettes  est  la  plus  ré- 
créative. Lorsqu'on  se  prépare  à  la  faire,  on  doit,  vers  le 
coucher  du  soleil,  aller  s'assurer  où  les  alouettes  se  can- 
tonnent, et  l'on  y  plante  une  baguette  portant  un  papier 
blanc  à  son  extrémité,  pour  reconnoitre  les  endroits  la  nuit, 
et  poser  plus  sûrement  le  traineau  sur  les  dormeuses.  Les 
deux  chasseurs  qui  le  tiennent  font  bien,  pour  ne  pas  jeter 
l'épouvante,  de  convenir  d'avance  de  signes,  comme  d'un  ou 
de  plusieurs  coups  de  sifflet ,  pour  bander  le  filet ,  l'abattre ,  ou 
le  relever  afin  de  le  porter  plus  loin.  La  saison  la  plus  propre 
à  cette  chasse  est  la  fin  d'Octobre  ou  le  commencement  de 
Novembre,  et  l'on  peut  encore  l'essayer  au  retour  du  prin- 
temps, avant  que  les  alouettes  ne  s'accouplent.  Quand  on 
n'a  pas  connoissance  de  remises,  et  qu'on  soupçonne  seule- 
ment qu'il  y  a  des  alouettes  dans  un  champ  ,  chaque  porteur 
de  ti'aineau  marche  en  tenant  sa  perche  obliquement,  de 
façon  qu'un  bout  est  levé  de  six  a  sept  pieds,  tandis  que 
l'autre,  auquel  sont  attachés  des  bouchons  de  paille,  n'est 
qu'a  un  ou  deux  pieds  de  terre  :  le  bruit  de  la  paille  qui 
traîne  fait  lever  les  alouettes,  sur  lesquelles  on  laisse  aus- 
sitôt tomber  le  filet.  On  chasse  de  la  même  manière  aux: 
perdrix  et  aux  cailles  dont  on  ne  sait  pas  la  remise  ,  et 
dans   les.  passages    de    bécassines    on    peut    également   en 


FIL 

prendre,  même  pendant  des  journées  nébuleuses,  dans  les 
endroits  marécageux  où  les  herbes  sont  grandes. 

La  tonnelle  murée,  filet  avec  lequel  on  prend  aussi  beau- 
coup d'alouettes ,  est  composée  d'une  grande  bourse  maillée, 
terminée  en  pointe,  et  dont  l'ouverture  ou  entrée  a  au  moins 
dix-huit  pieds  de  haut;  on  en  attache  la  pointe  à  un  piquet 
planté  au  fond  d'une  raie  de  terre  labourée.  Cette  bourse 
est  portée  par  deux  oiseleurs,  qui  l'alongent  en  ligne  droite 
et  en  fixent  l'entrée  par  deux  piquets  qui  servent  à  la  tendre; 
et  on  y  ajoute  de  chaque  càté  des  tilets  de  la  même  hau- 
teur, tendus  de  biais  et  en  demi-cercle.  Après  cela,  les 
chasseurs  se  rendent,  par  d'assez  longs  détours,  au  devant 
œenVi'^""^ ^^  '  ^*  '  "^^ï'c^ia"*  courbés,  ils  y  poussent  douce- 
ils  les  y  précYpuf*  '  i"*^"'^  ce  que,  se  trouvant  très-prés, 
les  filets  des  ailes  su^Jj'i^"*.  ""  chapeau,  et  rp^>- 

La  tirasse  sert  à  chasser  les  caiifi^J'^.  les  perdrix  ;  mais  il  faut 
pour  cela  avoir  un  bon  chien  couchauv  Ce  filet,  long  de 
quarante  ou  cinquante  pieds,  a  des  mailles  tn  losange  d'un 
pouce  et  demi  de  largeur  :  lorsque  le  chien  est  en  arrêt  dans 
des  pièces  de  grains  ou  dans  des  chanvres,  les  deux  chasseurs 
qui  tiennent  le  cordeau  de  la  tirasse  la  traînent  en  avançant 
sur  lui,  et  font  lever  le  gibier,  qui  s'engage  dans  le  filet; 
mais  il  faut  que  le  chien  soit  assez  bien  instruit  pour  se  laisser 
couvrir  et  ne  pas  briser  la  tirasse  en  se  jetant  à  la  pour-^ 
suite   du  gibier  au  moment  où  il  part, 

La  rajle  est  un  filet  contre  -  maillé ,  et  large  de  douze  ou 
quinze  pieds  sur  dix  de  hauteur.  On  attache  de  chaque  côté 
deux  perches  fort  légères  et  longues  de  douze  ou  treize  pieds. 
C'est  en  hiver,  lorsqu'il  fait  peu  de  vent,  et  pendant  les 
nuits  les  plus  obscures,  qu'on  emploie  ce  filet  le  long  des 
haies  où  l'on  sait  que  beaucoup  d'oiseaux  ont  l'habitude  de 
passer  la  nuit.  Il  faut  être  au  moins  quatre  personnes  pour 
faire  cette  chasse  -.  trois  se  tiennent  d'un  côté  de  la  haie  ou 
des  buissons,  et  une  de  l'autre;  des  trois  premières,  l'une 
porte  une  torche  allumée,  et  les  deux  autres  tiennent  le 
filet  tendu  pendant  que  le  traqueur  bat  la  haie  avec  une 
gaule  pour  amener  à  la  rafle  les  oiseaux,  qui  dirigent  leurA  ol 
du  côté  de  la  lumière,  et  sur  lesquels  on  abat  le  filet,  Afin 


FIL 

de  pouvoir  même  faire  tomber  les  oiseaux  qui  s"écartent  du 
lieu  où  ce  filef.  est  maintenu  ,  deux  autres  chasseurs  peuvent 
accouipagner  les  personnes  qui  le  tiennent,  eu  portant  des 
branches  bien  garnies  de  feuilles.  Une  attention  qu'on  doit 
avoir,  est  de  placer,  autant  qu'on  le  peut,  la  rafle  du  cote 
du  vent,  pour  peu  qu'il  en  fasse  dans  le  buisson  ou  la  haie; 
car  l'oiseau  ne  dort  jamais  que  la  tête  au  vent. 

On  se  sert,  pour  prendre  les  bécasses,  de  filets  composes 
de  nappes,  et  dont  le  mobile  est  un  poids;  on  les  nomme 
pantln^res ,  et  on  les  fait  de  trois  espèces ,  savoir ,  simples,  contre- 
mailides,  ou  à  houclettes.  Quand  les  bécasses  arrivent,  elles  se 
jettent  dans  les  taillis  près  des  hautes  futaies,  et  il  est  alors 
difiirile  de  les  prendre;  mais,  lorsqu'elles  repassent^à^U- 
tom.ie,  elles  suivent  les  vallons  et  les  clairières  m^-^'^  °_^,^^^ 
creihrvs  et.si  ,  dans  un  bois  de  haute  fujî'^^^j^.j^^j^  distance 
une  ferre  glaise  et  fa n^" ---5*^0  est  un  endroit  convenable 
pour  les  passages  «'«^s  bécasses  et  pour  la  chasse  aux  pan- 
thières-  Un  fejnps  calme  et  sombre,  une  légère  pluie  tombée 
'le  matin,  sont  aussi  d'un  favorable  augure  {)our  les  oise- 
leurs. 

Il  seroit  difficile  d'exposer  sans  figure  la  manière  d'établir 
les  panthières  ;  mais  le  rejet  ou  corde  à  pied,  qu'on  emploie' 
également  pour  les  bécasses,  est  plus  simple,  et  l'on  s'en  sert 
aussi  pour  faire  des  tendues  à  d'autres  petits  oiseaux,  sur 
les  inares  où  ils  viennent  se  désaltérer  pendant  les  chaleurs 
de  l'été.  Le  mobile  de  ce  piège  est  une  branche  élastique 
d'environ  trois  pieds,  qui  se  fiche  en  terre  parle  gros  bout 
aminci,  et  a  rexliémité  supérieure  de  laquelle  s'attache  un 
fil  qui  doit  être  assez  fort  pour  résister  à  l'élasticité  du  rejet. 
Cette  machine  a  une  petite  marchette,  qui  est  suspendue 
à  la  détente  par  un  léger  étau  ;  et  l'oiseau,  en  passant  sur 
cette  marchette,  est  pris  au  collet,  que  le  rejet  a  tiré  avec 
force.  Ou  reconnoit  les  endroits  ou  les  bécasses ,  sortant  du 
bois,  vont  ordinairement  se  promener  dans  les  champs  pen- 
dan't  la  nuit,  a  leur  fiente  claire  et  blanche,  qui  se  nomme 
miroir;  et  c'est  dans  les  raies  des  terres  labourées  que  les 
oiseleurs  tendent  leurs  rejets  de  douze  en  douze  pas.  Lorsque 
h  lîéaassc  suit  une  de  ces  raies,  elle  met  le  pied  sur  la  mar- 


FIL  23 

chette,  qui  n'est  qu'à  environ  deux  pouces  de  terre  ,  et  se 
trouve  prise. 

La  raquette,  un  des  plus  anciens  pièges  à  ressort,  se 
nomme  aussi  repeneUe ,  sauterelle,  etc.:  elle  consiste  en  une 
marchette  tendue  par  un  nœud  coulant,  dans  lequel  l'oiseau 
se  trouve  pris  lorsqu'il  se  pose  dessus.  Les  raquettes  se 
tendent  aux  abreuvoirs,  dans  les  chemins,  sur  les  arbres, 
les  buissons,  dans  les  vignes,  et  Ton  y  attrappe  beaucoup  de 
petits  oiseaux. 

Le  trébuchet  œdonologique  ,  imaginé  par  M.  Arnault  de 
Nobleville ,  se  fabrique  avec  deux  demi-ccrclcs  de  fer  de 
huit  pouces  de  diamètre,  dont  un,  beaucoup  plus  fort  que 
l'autre,  sert  de  ressort,  et  le  second  de  battant.  Ce  piège 
s'emploie  surtout  pour  prendre  des  rossignols,  et  ion  y 
met  pour  appât  des  vers  de  farine  attachés  avec  des  épingles. 
Les  belles  matinées  d'Avril  sont  l'époque  à  laquelle  on  fait 
usage  de  ce  trébuchet,  et  c'est  depuis  le  lever  du  soleil 
jusqu'à  dix  heures  du  matin  qu'on  est  le  plus  sûr  d'attirer 
le  rossignol. 

On  parlera  d'antres  pièges  pour  lesquels  s'emploie  la  glu , 
au  mot  Pipée,  et  l'on  va  terminer  cet  article  en  donnant  une 
idée  du  trébuchet  sans  fm,  qui  a  l'avantage  de  se  retendre  lui- 
m^me  lorsqu'il  a  été  détendu,  et  avec  lequel  on  peut  prendre 
en  toutes  saisons ,  et  sans  que  l'oiseleur  soit  obligé  d'y  mettre 
la  main  ,  des  tarins,  des  chardonnerets,  des"  pinçons ,  des 
moineaux  et  beaucoup  d'autres  petits  oiseaux.  Ce  piège 
consiste  en  une  cage  partagée  en  trois  :  la  partie  supérieure 
sert  de  trébuchet  battant;  Tinférieure  a  deux  comparlimens, 
dans  l'un  desquels  loge  l'appelant ,  et  dont  l'autre  est  destiné 
aux  oiseaux  qui  se  prennent  successivement  par  une  bascule, 
sans  qu'il  puisse  s'en  échapper  un  seul. 

Ceux  qui  voudront  avoir  plus  de  détails  sur  les  chasses 
aux  filets  et  sur  les  divers  pièges  qu'on  tend  aux  oiseaux  , 
pourront  consulter  les  Amusemenj  de  la.  campagne  et  la 
}rIaison  rustique,  par  Liger,  le  Dictionnaire  de  chasse  et  de 
pèche  de  Delisle  de  Sales,  copié  presque  littéralement  di'ns  le 
Dictionnaire  de  chasse  et  de  pêche  de  l'Encyclopédie  nié- 
thodique;  et  surtout  l'ouvrage  de  Builiard ,  en  un  volume 
in-12,   ayant  pour  titre  :  Ayiceptologie  française ,    ou    traité 


24  FIL 

général  des  ruses  dont  on  peut  se  servir  pour  prendre  les 
oiseaux  qui  se  trouvent  en  France;  avec  figures.  (Ch.  D.  ) 

PILEUSE  ou  FILIERE  (  Qonchjl.) ,  nom  marchand  d'une 
espèce  de  cône,  comis  Jigulinus ,  Linn. ,  maintenant  une 
espèce  de  volute.  (De  B.) 

PILEUSES.  (Entom.)  On  le  dit  d'une  section  des  araignées 
qui  tendent  des  iilets,  tissent  des  toiles,  ou  se  filent  des 
cordages,  pour  se  transporter  et  se  soutenir,  ou  pour  se 
procurer,  dans  ces  sortes  de  pièges,  les  insectes  dont  elles 
se  nourrissent.  Voyez  Araignée.  (  C.  D.) 

FILFEL.  {Bot.)  Voyez  Faofel.  (J.) 

FILFIL.  (Bot.)  Les  médecins  arabes  nomment  ainsi  Je 
poivre  rond  ,  suivant  Clusius  et  Linscot ,  cités  par  C.  Bauhin. 
C'est  aussi  le  fulful  d'Avicenne  ,  au  rapport  de  Clusius.  Le 
poivre  long  est  nommé  darfulful  par  le  même,  et  fulfel  par 
Sérapion.  On  ne  le  confondra  pas  avec  le  filfel ,  qui  est  le 
palmier  arec.  (J.) 

PILFRESS,  FIELFRASS,  FIELDFROSS ,  etc.  (Mamm.): 
noms  du  glouton  dans  les  langues  dérivées  de  Fallemand 
(Vielfrass) ,  et  qui  ont  la  même  signification  que  celui  que 
nous  employons  pour  désigner  ce  même  animal.  Voyez 
Glouton.  (F.  C.  ) 

FILICASTRUM.  (Bot.)  J.  Amman,  auteur  d'un  ouvrage 
sur  les  plantes  qui  croissent  en  Russie,  publié,  en  1709, 
donne  ce  nom  à  ïosmunda  strufhiopteris ,  Linn.,  très- belle 
fougère,  qui  croit  dans  le  nord  de  l'Europe,  et  dont  Will- 
denow  fait  un  genre  particulier  ,  Struthiopteris.  Voyez 
ce  mot.  (Lem.) 

FILICEÏTA  (Ornilh.).,  nom  par  lequel,  suivant  Aldro- 
vande,  les  Bolonais  désignent  le  vanneau  commun,  tringa 
vanellus  ,  Linn.   (  Ch.  D.  ) 

FILICITE.  (Fos5.)  Ce  nom  a  été  donné  par  les  anciens 
oryctographes  aux  empreintes  de  feuilles  de  fougère  que 
l'on  trouve  le  plus  souvent  dans  les  mines  de  houille.  Voyez 
Végétaux  iossiles.   (De  F.) 

FILICLA  [BoL],  un  des  noms  du  calananche,  cité  par 
Adanson.   (H.  Cass.  ) 

FILICORNES  ou  NÉMATOCÈRES.  (Enlom.)  Nous  avons 
désigné  sous  ces  noms,   et  particulièrement  par  le  dernier, 


FIL  25 

les  lépidoptères  à  antennes  en  fil  ou  de  même  grosseur  dans 
toute  leur  largeur,  comme  les  hépiales ,  les  hombyces  et  les 
cossus.  Voyez  Nématocères.  (  C.  D.  ) 

FILICULA  (Bot.),  c'est-à-dire,  petite  fougère,  en  latin. 
Ce  nom  a  été  donné  à  quelques  petites  espèces  de  fougères 
des  genres  Poljpodium ,  Asplenium ,  Acrostichum  ,  Pteris  et 
Trichomanes,  Linn. ,  et  de  plusieurs  genres  faits  aux  dépens 
de  ces  derniers,  nommés  Mohria ,  Aspidium ,  Da^'alia  et 
tJj-menoplijllum. 

Maintenant  le  nom  de  filicula  ne  désigne  plus  de  genre 
en  botanique. 

Filicula  candida.  Cette  fougère,  décrite  par  Gesner, 
est  sans  doute  le  poljpodium  calcareum  ,  Smith. 

Filicula  digitata  de  Plumier.  C'est  Vhymenophjllum  hir- 
siitiim,  W. 

Filicula  fontana.  Tabernaemontanus,  Gerhard  etC.  Bauhin 
nomment  ainsi  quelques  espèces  de  polypodes  :  P.  fontanum 
et  rhœticum,  Linn.,  et  Vasplenium  marinuin ,  Linn. 

Filicula  maritima.  C.  Bauhin  donne  ce  nom  à  Vasplenium 
marinum,  Linn. 

Filicula  petr^a.  Tabernaemontanus  et  Gerhard  ont  désigné 
sous  cette  dénomination  quelques  petites  espèces  de  fougères, 
entre  autres  le  polypodium  filix  femina,  Linn.,  et  ïacios- 
tichum  marantœ ,  Linn. 

Filicula  sii^e  Polyi'odium,  de  J.  Camerarius  (  Epi/. ,  990  ). 
C'est  le  polypode  commun  (P.  vulgare,  Linn.) 

Filicula  saxatilis.  J.  Camerarius  paroît  donner  sous  ce  nom 
la  figure  du  poljpodium  fragile ,  Linn.;  chez  Tragus,  c'est 
le  nom  de  V acrostichum  septentrionale,  et  dans  d'autres  au- 
teurs c'est  celui  Ae  Vosmunda  crispa,  Linn.  (Lem.) 

FILICULE.  (Bot.)  Nom  donné  autrefois  aux  petites  espèces 
de  foTigères  employées  dans  les  pharmacies,  et  particulière- 
ment kVasplenium  ruta  muraria ,  Linn.,  ou  sauve-vie,  et  même 
au  poljpodium  vulgare,  ou  polypode  des  boutiques.  (Lem.) 

FILIERE.  [Entom.)  On  nomme  ainsi  les  pores  par  lesquels 
les  araignées  et  les  chenilles  font  sortir  la  matière  soyeuse  dont 
les  premières  composent  leurs  toiles,  et  les  secondes  leurs 
cocons.  Réaumur  a  décrit  les  glandes  et  les  mamelons  dos 
filières  chez  les  araignées  dans  les  Mémoires  de  lAcadémic 


'^  FIL 

des  sciences  pour  Tannée  17  i3,  p.  218.  ■X'oycz,  dans  ce  Dic- 
tionnaire, p.  324  et  suivantes  du  tome  II ,  et  pour  les  filières 
des  chenilles,  voyez  à  l'artirle  Bombyce,  tome  V,  p.  ]3i: 
consullez  en  outre  les  articles  Chenille  et  Lépidoptères.  (CD.) 

FILIFORME  (Bot.),  Déiié  comme  un  fil.  La  racine  du 
letvna  ,  la  tige  du  vaccinium  oxjcoceus  ,  le  pédoncule  du 
fuchsia  coccinea,  Fépi  de  la  verveine  officinale  ,  les  stigmates 
du  maïs,  les  funicules  du  magnolia  grandijlora,  etc.,  sont 
Jiliformes.   (  Mass.  ) 

FILINGEN.  (Ornith.)  L'oiseau  qu'on  nomme  ainsi  en 
Islande  est  rapporté  par  Muller,  Zool.  Dan.  prodr.,  n.°  143  , 
au  pétrel  puftin,  procellana  pujjinus,  Linn.,  et  par  Othon 
Fabricius,  Faun.  Groenland. .  n.°55,  au  fulmar  ou  mallemucke  , 
procellaria  glacirdis,  Linn.   (Ch.  D.) 

FILIPENDULE.  (Bot.)  On  donne  ce  nom  à  àes  plantes 
dont  les  racines,  renflées  de  distance  en  distance,  présen- 
tent la  forme  de  petits  tubercules  tenant  à  la  base  de  la 
tige  par  des  fils  auxquels  ils  paroissent  suspendus  :  telle  est 
la  filipendule  proprement  dite ,  filipendu!a  de  Malthiole  et 
de  Tournefort,  réunie  par  Liimaeus  au  genre  Spirœa,  dans 
les  rosacées.  Telles  sont  encore  quelques  espèces  du  genre 
Œnanthe,  dans  les  ombellifères,  que  l'on  nomme  filipendulss 
aquatiques,  et  deux  pcdiculaires  qui  sont,  pour  Dodoëns  et 
G.   Bauhin,   des  Jilipendules  de  montagne.  (J.) 

FILIPENDULE  AQUATIQUE  {Bot.),  nom  vulgaire  d'une 
espèce  d'ŒKANTHE.  \'oyez  ce  mot.  (L.  D.) 

FILÎPENDULEE  [Racine],  {Bot.)  On  nomme  ainsi  les 
racines  de  la  pomme  de  terre,  du  spirœa  filipendula,  etc., 
qui  sont  fornjées  de  tubercules  attachés  à  des  ramifications 
très -menues.  (Mass.) 

FILIPODE  {Bot.),  nom  donné  autrefois  aux  polj podium 
flix  femina  ctjilix  mas,  Linn.  Voyez  Polypodicm  ,  Asp'Îdium 
et  Athvrilm.   (Lem.) 

FILIUS-ANTE-PATREM  {le  fis  ayant  le  père).  {Bot.) 
On  donnoit  anciennement  ce  nom  au  tussilage,  vulgaire- 
ment pas-d'àne,  dont  les  fleurs  paroissent  avant  les  feuilles. 
On  désignoit  aussi  sous  le  même  nom  Tcpilobe  ,  dont  le  fruit 
est  déjà  très-visible  avant  que  la  fleur  ne  soit  ouverte.  (L.  D.) 

FILIX.  {Bot.)  Les  fougères  décrites  par  Pline  sous  ce  nom 


\ 

FIL  '7 

sont  les  mêUs  que  celles  désignées  par  celui  de  Tteris  dans 
Dioscoridc:\ious  y  reviendrons  à  cet  article. 

FiLix  a  étéHong-temps  parmi  les  botanistes  un  nom  collec- 
tif emoloyé  p^ur  désigner  toutes  les  espèces  de  fougères,  jus- 
qu'à L'inneeus;\ui  l'a  banni  de  la  botanique.  Les  auteurs  s  en 
sont  servis  poui  désigner  un  très-grand  nombre  de  fougères 
indigènes  ou  exoViques ,  qui  rentrent  dans  les  genres  Danœa , 
Aertensia,  Todea\  Osmunda  ,  Hydroglossum  ,  Acrostichum  . 
R^miGnitis,Meniscihn,  Cjrathea ,  Dicksonia  ,Polypodiiim,  Athj- 
r{u,r,  Aspidium,  Adknthum,  Diplaziiim,  Lomaria  et  Pteris. 

C.^auhin,  et  les  botanistes  du  même  temps,  comprenoienf 
sous  1-  nom  de  filix,    les    espèces    d'athvrium   et   d'aspida 
d'Europe  placées  par  Linnaeus  dans  son  genre  Poljyodium,]^ 
munda  regalis,  Vacrostichum  septentrionale  et  le  pteris  «^/"'j^* 
C'est  parmi  ces  esptocs  que  les  auteurs  croient  retrovy 
Jilix  .,.xi„  ot  femelle  de7>linc,  ou  pieris  de  Théopbras^- 
Dioscoride,   et  ils  citent  à  te  sujet  les  cispiduim  fdi 
filix  femina,  ainsi   que  le  pteris  aquilina,  Linn. 

Le  poljpodium  viilgare  ne  fait  point  partie  des'/""^ 
Bauhin ,  ni  du  genre  Filix  de  Tournefort;  cel"^   ^^ 
réunion  de  Vcspidium  de  Swartz  et  d'une  part'        P  ^'^'^' 

Adanson  donne  au  genre  Pteris,  Linn.,  le  «^^  ^^  *'^^^'P' 
teris,  et  divise  le  genre  Poljpodium,  Liïin. ."  ^"""^^  S^nres, 
chez  lesquels  la  fructification  est  disposée  -^  ^'^"^  ra^Z^  et 
en  petits  paquets  ronds  sous  chaque  divi*^"  de  a  lo 
il  nomme  Jilix, \e  genre  chez  lequel  Fen-^OPP^  «"  ^"'^"''""' 
des  paquets  fructifères  est  univalve.  '^"e  enveloppe  est 
soutenue  parle  milieu  dans  son  ge,e  Tfryoptens.  Enfin, 
dans  lepo/rpodn/m,  les  capsules  on'"«  anneau  élastique. 
D'après  ces  caractères,  le  filix  d'^ans»»  «^^°^^  Vathyrmm 
de  Roth  ;  le  drjopteris^V aspidium  dt^^v^^tz  ;  et  le  poljpodium  , 
le  genre,  du  même  nom,  des  br^"'^**^^  actuels. 

Haller  et  Scopoli  ont  chercK  à  introduire  de  nouveau 
en  botanique  le  nom  dejilix,en  le  substituant  a  celui  de 
pteris  pour  désigner  ce  genre^e  Linnseus. 

Filix.  Césalpin  donne  ce  'om ,  sans  aucune  épithète ,  au 
pteris  aquilina,  Linn.,  et  Bfin^clsms  au  poljpodium  filix  mas , 
Linn. 

Flux    ACULFATA.     C  Ba-ihin    désigne    ainsi    le    poljpodium 


28 


FIL 


aculeatum ,    Linn.  ,  qui  rentre  dans    le   genre    Aspidium    de 
S\vart7. 

FiLix  A^L'ATicA  €t  Fiux  PALUsTRis.  Dodonéc  6/  Daléchamps 
donnent  ce  nom  à  Vosmunda  regalis,  Linn. 

riLix  BAcciFERA.  Comuti  a  fait  connoître  le  premier ,  sous 
ce  nom.  le  polypodium  bulbiferum,  qui  croît  nans  l'Amérique 
septentrionale.    Voyez  Nephkodiijm. 

FiLix  FEMiNA.  On  a  donné  ce  nom  au  ptens  aquilina ,  Linn, 

yVnguillara  ,   Gesner  et  Césalpin   lappliqi.-ent  au  poljpodiu/i 

^hxmas,  Linn.  Thallius  et Tabernaemontanus  l'ont  également 

Wiqué  à  quelques  autres  espèces  de  polypodium  (P.  di^'op- 

S,  Linn.,  calcareum,  Smith,  et  flix  femina ,  Linn. 

ux  LATiFOLiA  dc  V.  Cordus.  C'est  ïosmunda  regalis^  Linn. 

'yX  MAS  et  FiLix  MAscuLA.     C'cst  le  poljpodhim  Jjiix  mas, 

\maintenant  placé  dans  le  genre    Aspidium  (voyez  ce 

'"o  J  tf  OLYi'ODiuM.  Gesner  donne  ce 'lom  au  pteris  ns"'^^'"-'^> 

t^^ra.  a  -Vosmunda  regalis ^  l-inn. 
.  ^^"'"^f^'^X  RAMosA.  C.  Baul^xn  forme  sous  cette  dénomina- 
tion  un  gt^pç   particulier    des  polf podium  flix  mas ,  filix 
femina,    calt^^^  ^   j-^,^^^^  .    jjg    l'acrosticlium  septentrionale , 
Linn.,  et  ^e  V^^gg  autres  fougères  du  même  genre. 

Filix  nud..  6^,^^^^  saxatilis.  Tragus  désigne  ainsi  Yacro- 
sfic?2.«m5epfe,itnV;^    Linn. 

Filix  PALUSTais^royez  Filix  aquatica  ,  Linn. 
Filix   petr^a    d^g,„-^g^„3^    c'est   Vacrostichum   septentrio- 
nale, Linn. 

Filix  pumila.  Varrt^^,^  fougères  que  Clusius  désigne  par 
flixpumila  saxatilis, V^^  \t  polypodium  calcareum,  Smith, 
et  Yaspidium  fragile, 

Filix  ramosa.  Le  plerh,juilina  et  Vosmunda  regalis,  Linn., 
forment  le  groupe  des  fïj.a,nosa  de  C.  Bauhin  ;  les  autres 
espèces  de  flix  sont  subd^es  en  flix  non  ramosa,  flicula 
saxatilis  et  flicula  fontana.  {^oyez  ces  articles.) 

Fu[x  svLVEsrRis  de  Brunfè^ius.  C'est  le  pleris  aquilina^ 
Linn. 

Filix  vulgaîiis  de  Tragus.  Ce^epolypodiumflix  mas,  Linn. 
(Lem.) 

FILLE  DELA  TERRE.  (Bot.)  V^yez  Nostoc.  (Lem.) 
FILON.  (Min.)  Nous  entendons  rjar  ce  nom  toute  masse 


FIL  29 

pierreuse  ou  métaiique,  dont  l'étendue  en  hauteur  et  lon- 
gueur est  beaucoup  plus  grande  qu'en  épaisseur,  et  qui  tra- 
verse, au  moins  dan;  une  partie  de  son  étendue,  un  terrain 
ou  une  masse  de  rocl^  quelconque. 

Ces  masses,  d'une  firme  à  peu  prés  tabulaire,  sont  sou- 
vent d'une  nature  difféi'îiite  de  celle  des  terrains  qu'elles  tra- 
versent :  quelquefois  ausu  elles  sont  de  même  nature  ;  mais  elles 
en  diffèrent  nécessairemeit  par  la  structure.  Elles  traversent 
les  terrains  non  stratifiés,  -^omme  les  terrains  stratifiés.  Dans 
ce  dernier  cas,  qui  est  auss.  le  plus  ordinaire,  elles  coupent 
plus  ou  moins  obliquement  les  assises  ou  couches.  Si  quel- 
quefois elles  suivent  les  fissures  de  stratification,  elles  ne 
peuvent  être  parailèles  et  parfa-tement  confcordantes  que  dans 
une  partie  de  leur  cours;  car,  d'après  l'idée  que  nous  atta- 
chons aux  filons,  les  gîtes  de  miiéraux  ne  peuvent  pas  être 
exactement  et  constamment  parallèles  à  la  stratification, 
puisque,  dans  ce  dernier  cas,  ce  ne  seroit  plus  pour  nous 
un  filon,  mais  un  lit ,  banc  ou  couche,  de  minerai  ou  de  pierre, 
interposé  entre  les  assises  du  terrain  stratifié.  Enfin,  pour 
compléter  l'idée  qu'on  doit  prendre  des  filons,  nous  ajou- 
terons que,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  ils  se  présentent 
comme  des  matières  qui  seroient  venues  remplir  une  fente 
ouverte  dans  une  roche  postérieurement  à  sa  formation. 
Ce  que  nous  regardons  comme  filon  étant  sufîisamment  dé- 
terminé par  la  définition  précédente,  nous  devons  examiner 
les  diverses  parties  et  les  différentes  manières  dont  se  pré- 
sente ce  gîte  de  minerai.  Nous  ferons  abstraction ,  dans  cet 
examen,  de  toute  idée  théorique,  nous  bornant  à  considérer 
les  faits  et  à  rapprocher  ceux  qui  paroissent  avoir  entre 
eux  quelques  rapports. 

§.  1."   Terminologie  et  manière  d'élre  desjilons. 

Nous  étudierons  dans  un  filon  : 
\°  Ses  parties  et  ses  ramifications; 
2.°  Sa  position  par  rapport  à  l'horizon  ; 
5.°  Ses  rapports  de  position  avec  le  terrain  qu'il  traverse. 
1.°  Un  filou  pouvant  être  considéré  comme  une  masse  ta- 
bulaire ,  ou  grande  plaque ,   traversant  un  terrain  plus  ou 


5o  FIL 

moins  obliquement,  on  y  reconnoît  deux /aces,  qu'on  nomme 
salhandes:  la  face  supérieure  se  nomme  cid  ou  toit  (hangcndes), 
et  la  face  inférieure  chevet,  lit  ou  mur/Jiegendes)  ;  les  parois 
ou  surfaces  de  la  roche  sur  lesquelles  s'appliquent  les  sal- 
handes, se  nomment  épontts  ou  pontej;  la  partie  du  filon  qui 
s'approche  de  la  surface  du  sol,  s'apj;«lle  affleurement ,  tète  ou 
chapeau.  / 

La  plaque  qu'un  filon  nous  repré;cnte ,  a  rarement  ses  deux 
surfaces  parfaitement  unies:  tant/'t  elle  offre  des  renflemens 
et  des  rétrécissemens  fort  remjfquables;  tantôt  elle  offre 
des  expansions  qui,  vues  par  une  coupe  perpendiculaire 
aux  salbandes,  présenleroient  comme  des  ramifications  du 
filon  principal.  On  appelle  o^s  rameaux ^j/ons  du  toit  ou  du 
mur,  suivant  qu'ils  partent  de  l'une  ou  de  l'autre  de  ces 
parties;  mais,  lorsque  ces/ameaux,  après  avoir  accompagné 
le  filon  principal  dans  une  certaine  étendue  ,  semblent  y 
rentrer  et  former  comme  des  anses,  on  les  nomme  brfinchcs. 
On  distingue  ordinairement  dans  un  filon,  surtout  quand 
on  le  considère  sous  le  point  de  vue  du  minéral  qu'il  con- 
tient, deux  substances,  le  minerai  et  la  roche  pierreuse 
qui  le  renferme  :  on  a  donné  improprement,  en  françois , 
le  nom  de  gangue  (Gangart)  à  cette  dernière,  par  fausse 
application  du  mot  gang,  qui  veut  dire  filon.  Le  minerai 
métallique ,  ou  même  toute  autre  substance  pierreuse  ,  est 
diversement  disposé  dans  cette  gangue  :  tantf)t  il  y  est  dissé- 
miné en  grains,  taches,  nodules,  ou  même  sphéroïdes;  tantôt 
il  y  est  disposé  en  zones  à  peu  près  parallèles;  tantôt,  enfin,  il 
y  court  en  petits  filons  auxquels  on  donne  souvent  le  nom 
de  veines,  quoique  ce  nom  soit  aussi  appliqué  à  un  gîte  mi- 
néral très-différent  de  celui  qui  nous  occupe. 

En  nous  figurant  un  filon  dégagé  du  terrain  qu'il  traverse, 
il  se  présenteroit  généralement  comme  une  plaque  sinueuse 
à  parois  rarement  parallèles  et  qui,  se  rejoignant  à  diverses 
distances  du  bord  supérieur  de  cette  plaque,  lui  donneroient 
la  forme  d'un  coin  dont  le  tranchant  seroit  sinueux  ,  et  tantôt 
simple,  tantôt  bifurqué,  ou  même  ramifié. 

L'épaisseur  et  l'étendue  des  filons  varient  beaucoup  :  l'épais- 
seur, qu'on  mesure  perpendiculairement  aux  salbandes,  et 
qu'on  nomme  puissance,  n'est  quelquefois  que   de  quelques 


FIL  3i 

millimètres;  dans  d'autres  cas,  elle  atteint  plusieurs  mètre*- 
Le  filon  le  plus  célèbre  par  sa  puissance  et  son  étendue 
est  le  filon  argentifère  de  Guanaxuato  au  Mexique,  nommé 
veta  madré;  il  a,  d'après  M,  de  Humboldt,  ho  "  "ï^  ^uetres 
de  puissance,  et  est  exploité  sur  une  étendue  de  5 14  mètres 
"^  P'-J'ondeur  et  de  12700  mètres  en  longueur,  depuis 
Santa-Isabelra  ^  San-Bruno   jusquà  Buena-Vista. 

Les  filons  dim.-Queni  généralement  de  puissance  en  s'ap- 
profondissant;  mais  il  est  .,^  exceptions  assez  nombreuses  à 
cette  règle.  Ainsi,  le  filon  de  galène  a.g«„tifère  deKuhschacht 
près  de  Freyberg,  les  filons  de  fer  s«i^-„^  ^t  arsenical  auri- 
fère de  Goldcronacht  en  Franconie,  vont  ens'élargia^w.^»  ^nr>s 
la  profondeur. 

2."  L'inclinaison  et  la  direction  d'un  filon  sont  une  considé- 
ration également  importante  pour  la  géognosie  et  pour  Fart 
des  mines;  mais  encore  plus  peut-être  pour  celui-ci,  puis- 
qu'elles déterminent  la  position  d'un  filon  et  la  route  qu'il 
faut  tenir  pour  le  suivre  ou  le  retrouver. 

La  direction  se  détermine  par  l'angle  que  fait  avec  le 
méridien  ou  par  le  point  de  Fhorizon  vers  lequel  se  dirige 
une  ligne  horizontale  menée  sur  la  salbande  la  plus  plane 
du  filon. 

L'inclinaison  est  l'angle  que  fait,  avec  la  verticale,  une 
ligne  également  menée  sur  la  même  salbande  ,  et  perpendi- 
culairement sur  la  ligne  horizontale  de  direction. 

Il  faut  toujours  désigner  vers  quel  point  de  Thorizon  se 
dirige  la  ligne  d'inclinaison  d'un  filon  ;  cette  précaution 
prise,  on  sent  que  la  connoissance  de  son  inclinaison  donne 
sa  direction.  Par  conséquent,  dans  un  filon  vertical,  il  n'y 
a  que  la  direction  à  considérer  j  dans  un  filon  horizontal, 
s'il  y  en  avolt  réellement  de  cette  sorte,  il  n'y  auroit  point 
de  direction.  Un  filon  dont  la  pente  déterminée,  en  suivant 
la  règle  que  nous  venons  d'indiquer,  est  vers  le  nord-est  ou 
le  sud-ouest,  se  dirige  nécessairement  du  sud-est  au  nord- 
cucst  :  un  filon  qui  se  dirige  du  nord  au  sud,  et  qui  n'est 
pas  vertical,  penche  nécessairement  ou  vers  Fest  ou  yçvs 
l'ouest.  Enfin,  un  filon  qui  penche  vers  Fest-nord-est ,  se  di- 
rige nécessairement  du  sud-sud-est  au  nord-nord-ouest.  Nous 
avons  pris  pour  exemple  des  points  de  Fhorizon  dénommés; 


32  FIL 

on  juge  qu'on  détermine,  par  lïndicaiion  des  degrés  du 
cercle,  toutes  les  directions  intermédiaires. 

II  ne   faut    pas  croire   qu'un    filon    présente  toujours,  ni 
une  IiVtip  de  direction  bien  déterminée  et  constante,  ni  des 
plans  d'inclinaison  réguliers  et  constans  :  non-seulement  f  "' 
lignes  et  plans  sont  souvent  ondulés  par  des  sinuo--"^''' 
flemens  ou  rétrécissemens;  mais  quelaup*'"'''  ""  ' 

son  cours,  change  de  direction  ..  li'incHnaison.  Dans  le 
premier  cas,  on  prend  la  directio-'  ^^"^*^"f^^«"  moyennes, 
«f  A.,^c  1^  ^  Al  ue  la  marche  d  un  filon,  qu  on 
et    dans  le    second  ,    ]oi«<i"  '  ^ 

appelle  son  aW»-     ^-"^  ^  changer,   on  doit  soigneusement 

5."  Nous  venons  de  considérer  les  filons  dans  leur  position 
par  rapport  à  l'horizon  ;  mais  ils  ont  aussi  des  positions  dif- 
férentes ,  eu  égard  aux  roches  qu'ils  traversent. 

Lorsque  les  filons  se  présentent  dans  des  montagnes  stra- 
tifiées, ils  coupent  plus  ou  moins  obliquement  les  assises:  c'est 
le  cas  le  plus  ordinaire.  Mais  quelquefois,  après  avoir  ainsi 
coupé  la  stratification ,  ils  lui  deviennent  parallèles  dans 
une  étendue  plus  ou  moins  considérable  ,  pour  la  couper 
de  nouveau  en  s'enfonçant  dans  les  assises.  Ce  cas  est  fort 
rare,  du  moins  avec  la  régularité  que  nous  lui  supposons, 
et  il  est  très-difficile  à  bien  observer  ;  il  nous  conduit  à 
l'examen  d'une  disposition  encore  plus  embarrassante,  et 
que  nous  avons  déjà  indiquée  dans  le  développement  de  la 
définition  de  ce  qu'on  entend  par  filon. 

On  trouve  quelquefois  des  gîtes  de  minerais  qui  ont  d'ail- 
leurs tous  les  caractères  de  structure  des  filons;  qui  repré- 
sentent, comme  eux ,  de  grandes  plaques;  mais  qui  sont 
parallèles  à  la  stratification  des  roches  qu'ils  traversent,  et 
qui  échappent  ainsi  à  la  définition  généralement  reçue  de 
ce  gîte.  On  donne  comme  exemple  de  cette  disposition,  le 
grand  filon  de  Guanaxuato  ,  que  nous  avons  déjà  cité,  et 
qui  est  renfermé  entre  les  couches  ou  strates  du  phyllade 
qui  constitue  le  terrain  ;  celui  de  Viilefort,  dans  la  Lozère, 
qui  a  pour  lit  du  granité,  et  pour  toit  du  micaschiste. 

On  observe  encore  cette  disposition  à  la  mine  de  fer  de 
Rothenbcrg,  près  de  Schwarzenberg  en  Saxe.  Un  filon  puis- 
sant de  fer  oxidé  brun  et  rouge,  situé  entre   le  gneiss  et 


FIL  33 

le  granité ,  suit  d'abord  la  stratification  de  ces  deux  roches, 
et  pénètre  ensuite  dans  le  granité. 

Dans  le  vallon  de  la  Mulda,  à  une  lieue  de  Freyberg ,  à 
l'embouchure  du  canal  par  où  s'écoulent  les  eaux  de  la 
mine  d''Alt-Isaac,  le  filon  appelé  Hasirwcbierspaf/i,  après  avoir 
coupé  les  couches  de  gneiss,  devient  parallèle  à  la  stratifi- 
cation de  cette  roche,  puis  la  coupe  de  nouveau  en  s' ap- 
profondissant. (Werner,   Th.desjUons.) 

Il  est  quelquefois  très-difficile  de  distinguer  dans  ce  cas  un 
vrai  filon  ,  c'est-à-dire  un  gîte  de  minerai  d'une  formation 
différente  de  celle  de  la  roche  qui  le  renferme;  de  le  dis- 
tinguer, dis-je,  d'un  lit  ou  dépôt  minéral  formé  par  sédi- 
ment ou  cristallisation  confuse  lors  de  la  formation  géné- 
rale du  terrain  stratifié.  Ou  a  cependant,  pour  reconnoitre 
la  diflerence  de  ces  deux  gîtes,  quelqvies  caractères  tirés 
de  leur  rapport  respectif  et  de  la  structure  propre  aux 
filons  ,  tels  que  nous  allons  bientôt  les  faire  connoitre. 

En  général ,  les  filons  qu'on  a  nommés  souvent//ûrz5-coi/cJtes, 
se  distinguent  des  lits  métallifères,  parce  qu'ils  offrent  tous 
les  caractères  d'une  formation  postérieure  à  celle  des  couches 
inférieures  et  supérieures  entre  lesquelles  ils  sont  situés. 
Ces  caractères  consistent  en  une  structure  généralement 
différente  de  celle  des  roches  stratifiées,  dans  la  présence 
de  cavités  qui  seroient  incompatibles  avec  une  formation 
par  dépôt,  et  faite  par  conséquent  primitivement  dans  une 
position  horizontale  ou  presque  horizontale ,  en  fragmens 
de  la  roche  supérieure  enveloppés  dans  les  filons,  en  veines 
des  filons  pénétrant  dans  des  fissures  de  la  roche  supérieure. 
Enfin,  si  ce  gîte  douteux ,  après  avoir  été  parallèle  à  la  stra- 
tification d'un  terrain,  se  continue  dans  un  autre  terrain 
supérieur  ou  inférieur,  en  coupant  ses  assises,  on  ne  peut 
douter  que  ce  gîte  ne  soit  d'une  formation  postérieure 
au  terrain,  et,  par  conséquent,  qu'il  n'appartienne  à  la 
classe   des  filons. 

La  continuité  des  couches  d'une  montagne  n'est  pas  seu- 
lement interrompue  par  le  filon  qui  les  coupe  ;  mais  elle  est 
souvent  dérangée  :  cela  se  remarque  d'une  manière  évidente 
lorsque  les  couches  qui  se  succèdent  sont  de  difllérente  na- 
ture ,  la  même  couche  se  présentant  dans  une  position  plus 
17.  5 


34'  FIL 

basse  ou  plus  élevée  sur  le  toit  ou  sur  le  mur  d'un  filon. 

Ces  dérangemens  suivent  quelques  règles,  qu'il  est  surtout 
important  de  connoitre  lorsqu'on  exploite  une  couche  dé- 
rangée par  des  filons,  ou  même  par  de  simples  tissures.  C'est 
le  cas  des  couches  de  houilles  dérangées  par  ces  fentes  ou 
filons  stériles,  c'est-à-dire,  composés  uniquement  de  matière 
pierreuse,  qu'on  nomme  crain  ou  Faille  (voyez  ce  dernier 
mot).  On  remarque  ,  en  général,  que  le  dérangement  des 
couches  en  abaissertient  a  lieu  presque  toujours  sur  le  toit 
du  lilon.  On  connoît  de  nombreux  exemples  de  cette  dis- 
position dans  les  mines  de  Riegeldorf,  en  H  esse ,  où  des 
filons  cobaltifères  traversent  des  couches  de  sédimens  de  na- 
ture très-variée. 

Nous  parlerons,  à  l'article  Houille,  des  faits  particuliers 
aux  failles  ou  filons  qui  dérangent  les  couches  de  ce  com- 
bustible minéral,  et  des  principes  d'exploitation  qui  doivent 
résulter  de  la  connoissance  de  ces  faits. 

Les  filons  offrent,  dans  leurs  rapports  entre  eux,  d'autres 
considérations. 

Il  est  rare  que  dans  un  terrain  ou  dans  un  canton  on 
ne  trouve  qu'un  filon  :  il  y  en  a  presque  toujours  plusieurs, 
qui  sont  tantôt  d'une  même  nature,  tantôt  de  nature  diffé- 
rente, dans  le  même  terrain,  et  tantôt  de  nature  différente 
et  dans  des  terrains  différons. 

On  remarque ,  en  général,  que  plusieurs  filons  dans  une 
même  contrée  sont  a  peu  près  parallèles:  si  on  examine  les 
circonstances  qui  accompagnent  ce  parallélisme  ,  on  voit 
qu'elles  tiennent  plus  à  la  nature  du  filon  ,  c'est-à-dire  des 
substances  qui  le  composent,  qu'à  celle  des  terrains  qu'il 
traverse.  Ainsi,  dans  une  même  contrée,  tous  les  filons  prin- 
cipaux de  plomb  sulfuré  auront  à  peu  près  la  môme  direction 
et  la  même  inclinaison,  quelles  que  soient  les  roches  qu'ils 
traversent;  tandis  que,  s'il  s'y  présente  aussi  des  filons  conte- 
nant des  minéraux  d'une  toute  autre  espèce,  ceux-ci  n'au- 
ront ordinairement  avec  les  précédens  aucun  rapport  de 
direction  et  d'inclinaison ,  quoique  traversant  les  mêmes 
terrains. 

L'observation  de  cette  disposition  est  de  la  plus  grande  an- 
cienneté. Pline  dit ,  en  parlant  des  filons  d'argent ,  que  toutes 


FIL  35 

les  fois  qu'on  découvre  une  veine  de  ce  métal,  on  est  sûr 
qu'une  autre  n'est  pas  loin ,  et  que  ceci  est  commun  à  presque 
tous  les  métaux.  Il  paroît,  ajoute-t-il,  que  c'est  à  cause  de 
cette  propriété  que  les  Grecs  les  ont  nommés  métaUines. 

Il  arrive  très-souvent  que  des  filons  en  croisent  d'autres, 
et,  d'après  ce  que  nous  venons  de  dire,  il  doit  être  rare 
que  ces  deux  sortes  de  filons  soient  remplis  d'une  même  subs- 
tance. Quelle  que  soit  l'opinion  qu'on  adopte  sur  la  formation 
des  filons,  on  sera  obligé  d'admettre  que  celui  qui  coupe 
l'autre  est  d'une  formation  plus  nouvelle  que  lui,  et  on 
aura,  par  cette  seule  observation  ,  un  moyen  de  juger  l'an- 
cienneté relative  de  formation  des  substances  qui  composent 
ces  filons,  et,  par  la,  l'ancienneté  relative  de  tous  les  mé- 
taux ou  substances  qui  remplissent  les  filons,  si  on  peut 
déterminer  quelles  sont  les  substances  dont  les  filons  coupent 
constamment  les  autres. 

Les  filons,  en  se  coupant,  sont  souvent  dérangés  de  leur 
direction  ou  de  leur  inclinaison,  comme  ceux-ci  dérangent 
les  couches  en  les  traversant.  Cette  considération  est  de 
la  plus  grande  importance  dans  l'art  des  mines.  De  sim- 
ples fissures  produisent  le  même  effe^,  et  dérangent  plu- 
sieurs fois,  et  dans  des  sens  souvent  opposés,  Vallure  d'un 
filon.  La  manière  dont  les  filons  coupés  sont  dérangés  de 
leur  marche  par  les  filons  coupant  étant  en  général  à  peu 
près  la  même  dans  une  même  contrée,  il  suffit  de  lavoii' 
bien  observée  pour  se  servir  ensuite  de  cette  connoissance, 
quand  il  s'agit  de  retrouver,  au-delà  du  filon  coupant,  la 
suite  du  filon  qu'on  exploitoit  et  qui  a  été  dérangé  par  ce 
nouveau  filon. 

Il  est  encore,  dans  les  rapports  de  position  des  filons 
entre  eux  ,  des  phénomènes  fort  remarquables. 

Il  arrive  quelquefois  qu'un  filon  d'une  nature  renferme, 
soit  dans  son  milieu,  soit,  ce  qui  est  plus  extraordinaire, 
sur  l'une  de  ses  salbandes,  un  filon  de  nature  différente, 
qui  l'accompagne  constamment  dans  le  même  encaissement. 
On  cite  depuis  long-temps  dans  la  veine  de  Marcus  Rœhling, 
au  nord-nord-ouest  d'Annaberg  en  Saxe,  un  petit  filon  de 
quarz,  d'argile  lithomarge,  de  chaux  carbonatée  brunissante, 
de  chaux  fluatée  renfermant  du  minerai  d'argent  et  du  cobalt 


se  FIL 

arsenical,  qui  est  encaissé  dans  un  puissant  et  véritable  filoa 
de  vakite." 

Enfin ,  il  arrive  quelquefois  qu'un  filon  coupant  se  con- 
tinue pendant  un  certain  espace  dans  le  filon  coupé,  et  le 
quitte  ensuite  pour  suivre  dans  la  roche  sa  première  di- 
rection. 

§.  2.  Des  JiloTis  considérés  relalÎK'ement  aux  matières 
qu'ils  renferment  et  a  la  nature  des  roches  qu'ils 
traversent. 

Un  grand  nombre  de  substances  minérales  se  trouvent  en 
filons  ou  dans  les  filons;  ils  les  constituent  en  tout  ou  en 
partie.  Toutes  celles  qui  se  présentent  en  masse ,  c'est-à-dire 
qu'on  a  trouvées  autrement  que  disséminées  en  cristaux  dans 
les  roches  ,  peuvent  aussi  former  la  masse  des  filons,  et  plu- 
sieurs minéraux  qu'on  ne  connoît  point  en  masse ,  mais 
simplement  implantés  ,  remplissent  quelquefois  des  filons. 
Les  exemples  que  nous  allons  donner,  feront  connoître  les 
règles  que  la  nature  semble  avoir  suivies  à  cet  égard,  sinon 
constamment,  du  moins  ordinairement,  dans  les  trois  cas 
suivans. 

j."  Substances  minérales  qui  remplissent  entièrement  les  jilans ,  et 
qu'on  désigne  généralement  sous   le  nom  de  gangues. 

A.  Minéraux  qui  ne  se  présentent  jamais  en  masse  ou 
roches. 

Arragonite.  —  Chaux  fluatée  spathique.  —  Baryte  sul- 
fatée spathique.  —  Baryte  carbonatée  ?  —  Strontiane  sul- 
fatée. ■ —  Qùarz  hyalin;  quarz  sinople.  —  Agathe.  —  Felspath 
commun;  felspath  adulaire.  —  Asbeste.  —  Bitume  élastique. 
—  Graphite  ?  —  Soufre.  —  Schéelin  ferruginé. —  Manganèse 

1  Ce  fait  est  admis  par  tous  les  géologues  et  mineurs  allemands, 
et  je  n'élève  aucun  doute  sur  son  exactitude  :  mais  il  a  fallu  ,  pour  s'en 
assurer,  suivre  pendant  long- temps  ce  gîte  de  rainerai,  l'étudier  à 
plusieurs  reprises  pour  en  prendre  une  juste  idée  ;  car  il  est  trop  peu 
distinct  pour  qu'à  une  première  visite  ,  faite  rapidement  ,  telle  que 
celle  que  j'ai  faite  dans  cette  mine,  on  puisse  voir  clairement  celle 
singulière  disposition. 


FIL  57 

métalloïde  ;  manganèse  lithoïde.  —  Cobalt  arsenical.  —  An- 
timoine sulfuré.  —  Zinc  calamine  ;  zinc  carbonate  ;  zinc 
sulfuré.  —  Fer  arsenical  ;  fer  spathique.  —  Etain  oxidé.  — 
Plomb  sulfuré.  —  Nickel  arsenical.  —  Cuivre  natif  P  cuivre 
sulfuré  ;  cuivre  pyriteux  ;  cuivre  gris  ;  cuivre  malachite.  — 
Mercure  sulfuré.  —  Argent  natif?  argent  sulfuré;  argent 
rouge  ? 

B.  Roches  simples  et  mélangées. 

Soude  muriatée.  —  Chaux  sulfatée  ;  chaux  anhydrosul- 
fatée;  chaux  carbonatée  spathique;  chaux  saccharoide  ;  chaux 
carbonatée  dolomie  ;  chaux  brunissante.  —  Quarz  grenu.  — 
Silex  corné. —  Jaspe  commun;  jaspe  schisfoïde,  —  Pétrosilex. 

—  Basalte.  —  Amphibole  hornblende.  —  Serpentine.  —  Stéa- 
tite.  —  Argile  lithomarge.  —  Ocre  ?  —  Vake  et  vakite.  — 
Cornéenne  trapp.  —  Houille  ?  —  Anthracite.  —  Manganèse 
terne.  —  Fer  sulfuré  ;  fer  oxidulé  ;  fer  oligiste  ;  fer  oxidé 
rouge  ;  fer  oxidé  brun.  —  Granité.  —  Pegmatite.  —  Diabase  ? 

—  Gneiss  ?  —  Amphibolite.  —  Melaphyre  ?  —  Porphyre.  — 
Eurite.  —  Psammitc  micacé.  —  Poudingue  de  toutes  sortes. 

—  Brèches  de  toutes  sortes. 

2."  Substances  minérales  qui  sont  disséminées  ou  implantées  dans 

les  filons ,   mais  qu'on  n'a  pas  encore  vues  former  entièrement 

des  fions. 

Ces  minéraux  sont  tellement  nombreux  que  nous  ne 
citerons  que  les  plus  remarquables,  et  uniquement  comme 
exemple  : 

Chaux  phosphatée  apatite.  —  Stronliane  carbonatée.  — 
Laumonite.  —  Chabasie.  —  Harmotome.  —  Axiaite.  —  Gre- 
nat? —  Tourmaline.  —  Épidute.  —  Béi-il.  —  Topaze.  — 
Corindon.  —  Pyroxène  diopside.  —  Mica,  —  Cobalt  gris. — 
Bismuth  natif. —  Fer  phosphaté. —  Plomb  carbonate;  plomb 
phosphaté;  plomL  chrômaté.  —  Cuivre  azuré.  —  Mercure 
argental.  —   Or  natif. 

5."  Substances  minérales  qu'on  n'a  encore  vues  ni  enflons  ni  dans 
les  fions. 

Nous  n'indiquerons  encore  ici  que  les  plus  remarquables, 
et  que  celles  qui  nous  paroissent  rentrer  le  plus  certaintmeut 
dans  ce  genre  de  considérations. 


38  FIL 

Magnésie  horatée.  —  Zircon  ? —  Amphigêne.  —  Staurotide 
(  les  deux  variétés).  —  Disthène  P  —  Spinelle.  —  Péridot  ?  — 
Macle.  —  Pinite  ?  —  Diamant!  —  Platine  natif;  et  proba- 
blement toutes  les  roches  que  nous  n'avons  pas  citées  au  pre- 
mier article. 

La  n>anière  dont  se  présentent  les  matières  minérales  qui 
constituent  ou  remplissent  les  filons,  offre,  dans  certains  cas, 
des  règles  ou  au  moins  des  sujets  particuliers  d'observation. 

Dans  le  plus  grand  nombre  des  filons  ,  et  surtout  dans  ceux 
qui  traversent  les  terrains  primordiaux ,  les  matières  miné- 
rales se  présentent  à  l'état  de  cristallisation  ,  soit  régulière  , 
soit  confuse,  et  ce  dernier  cas  est  le  plus  ordinaire.  La 
structure  des  minéraux  en  filons  est  donc  presque  toujours 
lamellaire,  et  elle  est  souvent  laminaire.  Cette  disposition, 
qui  est  très-générale  dans  les  filons  des  roches  primordiales, 
qui  sont  elles-mêmes  presque  toutes  formées  par  voie  de 
cristallisation  ,  se  remarque  jusque  dans  les  filons  des  ter- 
rains secondaires  les  plus  nouveaux ,  et  composés  de  roches 
de  sédîmens  à  parties  snuvent  grossières  et  foiblement  agré- 
gées. Nous  reviendrons  plus  bas  sur  ce  sujet. 

Les  matières  minérales  a  structure  lamellaire  remplissent 
quelquefois  sans  ordre  la  capacité  du  filon  ;  mais  dans  d'autres 
circonstances  elles  y  sont  disposées  avec  une  sorte  de  régula- 
rité et  de  symétrie,  de  manière,  par  exemple,  que  le  mi- 
néral pierreux  qui  est  appli<iué  en  lits  d'une  certaine  épais- 
seur sur  l'éponte  gauche,  se  présente  de  la  même  manière 
et  à  peu  près  avec  la  même  épaisseur  sur  l'éponte  droite.  Si 
un  lit  métallique  ,  suivi  d'un  autre  lit  pierreux,  succède  à 
gauche  au  premier  lit  pierreux,  la  même  succession  se  re- 
marque à  droite  ;  le  filon  présente  dans  la  coupe  des  bande- 
lettes disposées  comme  les  zones  coloriées  d'un  ruban.  Enfin, 
Je  milieu  est  souvent  rempli  de  matières  d'une  tout  autre  na- 
ture, cristallisées  encore  plus  nettement,  et  laisse  voir  des  ca- 
vités dont  les  parois  sont  tapissées  de  cristaux  nets,  quelquefois 
très- volumineux  et  implantés  dans  ces  cavités,  tantôt  comme 
au  hasard,  tantôt  dans  une  dirccîion  ou  dans  une  position 
à  peu  près  constante.  Ainsi  les  cristaux  quelquefois  réunis 
en  sphéroïdes  irréguliers  auront  leurs  axes  généralement  diri- 
gés vers  la  surface  du  sol  ;  dans   d'autres  cas  les  cristaux  de 


FIL  39 

ces  houppes  ou  sphéroïdes  auront  leurs  axes  dirigés  vers  la 
partie  inférieure  des  filons,  comme  si  la  matière  qui  les 
compose  ,  arrivant  en  vapeur  de  l'intérieur  de  la  terre, 
s'étoit  condensée  sur  les  faces  inférieures  des  parties  qui 
étoient  en  saillie  dans  la  fente.  Cette  disposition,  à  laquelle 
on  n'a  encore  fait  que  peu  d'attention ,  doit  être  examinée 
avec  soin ,  comme  pouvant  servir  de  preuve  ou  d'objection 
à  l'égard  de  certaines  théories  des  filons. 

Quelquefois  aussi  les  filons  sont  composés  de  minéraux 
cristallisés  ,  de  minéraux  formés  par  voie  de  sédimens,  et  de 
fragmens  de  minéraux  mêlés  ensemble. 

Dans  certains  cas  les  minéraux  cristallisés  sont  enveloppés 
de  la  matière  sédimentaire  ,  lorsqu'elle  s'est  déposée  dans 
la  cavité  du  milieu  des  filons ,  ou  bien  ils  sont  appuyés  et 
comme  implantés  sur  elle  ,  lorsqu'elle  s'est  déposée  sur  les 
épontes,  ou  entre  les  épontcs  et  les  salbandes.  Cette  ma- 
tière est  ordinairement  une  variété  particulière  d'argile , 
qu'on  nomme  lithomarge.  On  donne  le  nom  spécial  de  Besteg 
à  l'argile,  quelquefois  plastique,  qui  est  entre  les  salbandes 
et  les  épontes.  Lorsque  ce  dépôt  argileux  est  le  môme  sur 
les  deux  côtés,  qu'il  n'est  interrompu  par  aucune  adhérence 
immédiate  des  salbandes  aux  épontes,  il  permet  au  filon  de 
glisser  dans  son  encaissement,  et  à  ses  parties  d'éprouver  des 
dérangemens  ou  des  chutes  précipitées,  qui  se  font  avec  une 
sorte  d'explosion  quelquefois  dangereuse  pour  les  mineurs. 

Dans  d'autres  cas  ce  glissement  paroît  avoir  eu  lieu  à  une 
époque  voisine  de  celle  de  la  formation  du  filon ,  et  être 
en  partie  la  cause  de  ces  surfaces  unies,  simplement  mar- 
quées de  stries  parallèles,  et  quelquefois  même  presque 
polies  ,  qu'on  a  remarquées  sur  plusieurs  épontes  et  salbandes 
de  filons  au  Saint-Gothard  ,  dans  le  Derbyshire,  etc. 

Tels  sont  les  cas  où  la  matière  minérale  sédimentaire  ac- 
compagne ou  enveloppe  les  minéraux  cristallisés;  mais  le 
contraire  s'observe  aussi  assez  souvent.  Des  parties  déroches, 
de  nature  et  souvent  d'origine  très-dilïérentes,  sont  enve- 
loppées et  réunies  par  la  masse  minérale  cristallisée  qui 
constitue  principalement  le  filon. 

Enfin,  il  paroît  que  certains  filons  sont  entièrement  rem- 
plis tantôt  de  roches  compactes  ou  sédimenteuses  (et  c"est 


^o  FIL 

peut-être  le  cas  le  plus  rare) ,  tantôt  même  de  fragmens  an- 
guleux ou  arrondis,  ou  de  matières  sablonneuses  et  terreuses; 
ils  n'offrent  alors  aucune  apparence  cristalline.  La  ]*lupart 
des  grands  filons  de  basalte  et  de  cornéenne  qu'on  nomme 
djkes  en  Ecosse,  appartiennent  au  premier  cas.  Les  failles  ou 
crains  des  terrains  houillers  appartiennent  au  second.  Dans 
les  failles  les  matières  sédimentaires  sablonneuses  ou  de  trans- 
port sont  accumulées  sans  ordre;  dans  les  filons  de  basalte, 
oii  la  matière  est  plus  dense  et  plus  homogène,  on  remarque 
souvent  de  nombreuses  fissures  à  peu  près  perpendiculaires 
aux  épontes,  qui  divisent  la  masse  en  petits  prismes  couchés. 
Nous  en    avons  parlé   à  l'article  Basalte  (voyez  ce  mot). 

§.  3.  Des  terrains  et  roches  dans  lesquels  se  trouvent 
les  filons  ^  et  de  leurs  rapports  avec  eux. 

En  prenant  l'expression  de  filon  dans  toute  l'étendue  que 
nous  lui  avons  donnée  au  commencement  de  cet  article  , 
on  peut  dire  qu'on  trouve  des  fiions  dans  tous  les  terrains 
et  dans  toutes  les  roches;  mais  les  dispositions  de  roches  ou 
de  minéraux  qu'on  peut  rapporter  à  cette  définition,  et  qui 
se  voient  dans  les  terrains  tertiaires,  ne  sont  généralement 
que  des  fentes  remplies,  en  tout  ou  en  partie,  soit  par  les 
débris  qui  viennent  d'en  haut,  soit  par  des  infiltrations  cal- 
caires. Nous  n'en  dirons  que  peu  de  mots. 

On  voit  sans  aucun  doute  ceiie  sorte  de  filons  dans  les 
bancs  de  gypse  à  ossemens  :  elles  sont  remplies  de  marne  ou  de 
calcaire  concrétionné.  On  en  voit  dans  le  calcaire  grossier  : 
elles  sont  remplies  de  terre  végétale,  de  calcaire  concrétionné 
et  quelquefois  de  calcaire  farineux.  Les  environs  de  Paris 
offrent  de  nombreux  exemples  de  cette  sorte  de  faux  filons. 
Enfin  on  voit  aussi  dans  la  craie  de  ces  filons,  qui,  comme 
dans  les  terrains  à  filons  proprement  dits,  sont  quelquefois 
entièreuîent  vides;  qui,  dans  d'autres  cas  ;  sont  remplis  ou 
d'argile  plastique  pure,  ou  d"argile  et  de  cailloux  roulés  ; 
ou  de  sable  (cette  disposition  est  très- remarquable  dans  les 
masses  de  craie- tufau  de  la  montagne  de  S.  Pierre  près 
Maestricht  ;  M.  Bory-S.-Vincent  en  a  donné  une  figure  très- 
exacte  ;  enfin  de  fragmens  anguleux  de  silex  liés  par  un  ciment 


FIL  4î 

de  sîlex  à  peu  près  pur,  ou  de  craie  pénétrée  de  silex.  Nous 
avons  observé  cette  dernière  disposition ,  d'une  manière  très- 
frappante  ,  dans  la  masse  de  craie  qui  forme ,  à  l'est  de  Rouen, 
la  colline  escarpée  qu'on  nomme  la  côte  S.'-Catherine.  De 
grandes  fissures  verticales  dans  la  craie  étoient  remplies  par 
une  brèche  dure  composée  de  fragmens  de  silex  et  de  craie 
siliceuse. 

Les  roches  qui  renferment  les  filons  les  mieux  caractérisés 
appartiennent  à  l'ordre  des  terrains  primordiaux ,  à  celui 
des  terrains  de  transition,  et  même  à  celui  des  terrains  de 
sédimens  inférieurs. 

Les  filons  y  sont  nombreux,  souvent  puissans ,  ramifiés; 
les  matières  qu'ils  renferment  sont  presque  toujours  cristal- 
lisées en  tout  ou  en  partie  :  ces  matières  sont  ou  entièrement 
métalliques,  ou  pierreuses  et  accompagnées  de  minéral  mé- 
tallique; mais  dans  les  terrains  de  sédimens  moyens,  les  ma- 
tières métalliques  deviennent  rares  ou  même  tout- à -fait 
nulles,  et  les  filons  ne  sont  plus  remplis  que  de  minéraux 
pierreux  et  presque  uniquement  même  de  calcaire  spathique. 
Ils  diminuent  considérablement  en  nombre,  en  puissance, 
en   étendue. 

Dans  les  terrains  primordiaTix  et  de  transition  ,  et  même 
dans  quelques  terrains  de  sédimens  inférieurs,  il  n'y  a  aucun 
rapport  constant  de  nature  entre  le  filon  et  la  roche  qu'il 
traverse.  La  ressemblance  dans  la  nature  de  ces  deux  choses 
est  plutôt  une  exception  qu'une  règle  ;  il  y  en  a  davantage 
dans  la  structure,  quoiqu'elle  soit  loin  d'être  constante: 
mais,  en  général,  les  filons  des  roches  primordiales  les  plus 
anciennes,  comme  le  granité,  le  gneiss,  le  micaschiste,  les 
eurites  porphyroïdes  ,  etc.  ,  sont  de  structure  cristalline 
comme  ces  roches;  les  filons  conservent  même  encore  cette 
structure  après  que  les  roches  l'ont  perdue.  Ainsi  ,  dans 
les  terrains  de  transition  composés  de  roches  sublamellaires, 
ou  de  roches  de  sédimens,  comme  le  sont  les  calcaires  et 
les  phyllades  de  ces  terrains,  ou  même  de  roches  d'agréga- 
tion, comme  le  sont  les  psammites  micacés,  les  psephites,  les 
mimophyres,  et  surtout  les  brèches  et  les  pouddingues  de 
ces  terrains,  les  filons,  même  au  milieu  de  ces  derniers  ter- 
grains,    présentent  encore  la  structure  éminemment  cristal- 


4=  FIL 

lisée,  sans  participer  en  aucune  manière  de  la  nature  ni  de 
la  structure  de  la  roche  qu'ils  traversent. 

Enfin,  dans  les  roches  de  calcaire  compacte  qui  compo- 
sent les  terrains  de  sédiment  inférieur,  la  masse  des  filons, 
semblable  par  sa  nature  à  celle  de  la  roche ,  en  diffère  con- 
sidérablement parla  structure  cristalline;  car  presque  tous 
ces  filons  stériles,  c'est-à-dire  qui  ne  renferment  aucun 
minerai  métallique,  sont  composés  de  calcaire  lamellaire 
et  même  laminaire. 

Ces  considérations  générales,  qui  donnent  une  idée  de  la 
disposition  des  filons,  depuis  les  terrains  les  plus  anciens 
jusqu'aux  plus  modernes,  font  voir  que  les  diflcrences  qu'on 
remarque  dans  la  structure  et  la  nature  de  la  matière  des 
filons,  tiennent  bien  plus  aux  époques  auxquelles  ils  se  sont 
formés  qu'à  la  nature  des  terrains  qu'ils  traversent.  Il  existe 
cependant,  comme  nous  allons  le  faire  voir,  quelques  rap- 
ports entre  les  filons  et  les  roches;  rapports  très-imporlans  à 
considérer  tant  pour  l'art  des  mines  que  pour  la  théorie. 

Nous  avons  dit  qu'on  trouvoit  souvent  dans  les  filons  à 
structure  cristallisée  des  portions  de  roches  étrangères  aux 
filons  :  on  a  très-souvent  cru  que  ces  roches,  qui  ont  quel- 
quefois une  forme  grossièrement  sphéro/dale  ,  venoient  de 
la  surface  du  sol  dans  lequel  le  filon  s'étoit  ouvert,  et  on  a 
pris  souvent  aussi  ces  morceaux  de  roches  pour  des  cailloux 
roulés. 

La  présence  des  cailloux  roulés  dans  les  filons  est  vraie 
dans  quelques  cas;  mais,  dans  un  bien  plus  grand  nombre, 
ces  prétendus  cailloux  roulés  sont  des  nodules  quarzeux  ou 
calcaires,  formés  par  voie  de  cristallisation  confuse,  comme 
on  en  reconnoit  sans  aucun  doute  au  milieu  de  plusieurs 
roches,  et  notamment  des  schistes  lioduleux.  Dans  le  cas 
où  ces  morceaux  adventices  sont  anguleux,  on  les  reconnoît 
presque  toujours  pour  des  fragmens  des  rochers  que  traverse 
le  filon  ,  et  qui  se  sont  détachés  de  ses  épontcs.  Ces  fragmens 
sont  quelquefois  si  volumineux  qu'ils  semblent  entièrement 
déranger  le  filon  ,  et  faire  naître  ces  Famifications  rentrantes 
qu'on  avoit  tant  de  difficulté  à  concevoir  avant  qu'on  eût 
fait  l'observation  que  nous  rapportons. 

Dans  beaucoup  de  terrains  primordiaux  et  dans  les  roches 


FIL  45 

les  plus  anciennes  de  ces  terrains,  il  est  bien  constaté  que 
beaucoup  de  filons  ont  avec  la  roche  une  adhérence  remar- 
quable ;  que  lesépontes  et  salbandes  y  sont  <à  peine  distinctes, 
et  que  dans  quelques  parties  le  filon  et  la  roche  semblent  se 
fondre  entre  eux  ,  quoiqu'il  n'y  ait  entre  eux  dans  d'autres 
parties  aucun  rapport  de  nature. 

La  même  liaison  se  remarque  dans  des  terrains  beaucoup 
plus  nouveaux  .  dans  les  roches  de  calcaire  compacte,  et  dans 
celles  de  quarz  grenu  et  même  de  grès,  lorsque  les  filons  sont 
de  même  nature  que  la  roche ,  c'est-à-dire  de  calcaire  spa- 
thique  ou  lamellaire  dans  le  premier  cas,  et  de  quarz  hyalin 
dans  le  second. 

Il  est  une  autre  influence  de  la  roche  siir  les  filons,  et  de 
ceux-ci  les  uns  sur  les  autres  ,  bien  plus  singulière  ,  mais 
qu'on  ne  peut  se  refuser  à  admettre  ,  parce  qu'il  paroît 
qu'elle  a  été  constatée  par  des  observations  certaines  et  mul- 
tipliées :  nous  voulons  parler  du  changement  de  nature  ou 
de  proportion  dans  l'un  de  ses  principes  que  paroît  éprouver 
un  filon  lorsqu'il  passe  d'une  roche  dans  une  autre  ,  ou 
lorsqu'il  est  en  contact  avec  un  autre  filon  qui  le  traverse 
sans  s'y  réunir. 

§.  4.    Théorie  des  filons. 

Après  avoir  exposé,  de  la  manière  la  plus  indépendante 
de  toute  hypothèse  ,  les  faits  qui  composent  l'histoire  natu- 
relle des  filons ,  nous  devons  parler  des  théories  qu'on  a 
successivement  proposées,  soit  pour  expliquer,  soit  simple- 
ment pour  lier  les  faits  entre  eux. 

Nous  omettrons  les  anciennes  théories  rapportées  dans  tous 
les  ouvrages  de  géognosie,  de  géographie  physique  et  de 
l'art  des  mines,  et  qui  ne  sont  plus  admises  par  aucun  na- 
(ui-aliste,  telles  que  celles  de  Lehmann,  qui  rcgardoit  les 
liions  comme  les  rameaux  d'un  grand  tronc  métallique  qui 
occupoit  le  centre  de  la  terre;  de  Bêcher,  Henkel ,  etc., 
qui  pensoient  que  les  filons  se  formoient  ou  s'étoient  formés 
par  l'altération  de  la  i^che  qu'ils  traversent  :  nous  omettrons 
même  les  théories  beaucoup  plus  raisonnables  d'Agricola , 
de  Gerhard,  de  Lasius,  qui  regardoient  les  filons  comnic 
des  fentes   remplies  par  les    matières    cristallisées   ou  scdi- 


44  FIL 

menteuses  que  les  eaux  courantes  et  pluviales  avoient  en- 
traînées ou  dissoutes ,  soit  à  la  surface  du  sol ,  soit  dans  le 
sein   de  la  terre. 

Si  les  faits  que  nous  venons  de  rapporter  ont  été  lus  avec 
assez  d'attention  pour  être  encore  présens  à  l'esprit,  ils  suf- 
fisent pour  réfuter  ces  théories,  en  opposition  d'ailleurs 
avec  l'état  actuel  de  nos  connoissances  en  chimie  et  en  phy- 
sique. Nous  nous  bornerons  donc  a  présenter  ici  les  princi- 
pales théories  des  filons,  celles  qui  paroissent  satisfaire  à 
l'explication  d'un  nombre  de  faits  plus  considérables  que 
ceux  qu'on  pourroit  leur  opposer. 

Dans  ces  hypothèses  ou  théories  on  admet  généralement 
que  les  filons  sont  des  fissures  ou  fentes  produites  dans  la 
roche  pendant  ou  après  sa  formation,  et  qui  se  sont  rem- 
plies de  matières  minérales  d'une  nature  ou  au  moins  d'une 
structure  différente  de  celle  de  la  roche;  mais  on  diffère 
sur  l'époque  de  formation  des  fentes  et  sur  le  mode  de 
remplissage  des  filons. 

1.°  On  suppose  que  les  fissures  se  sont  faites  pour  ainsi 
dire  dans  le  même  moment  oîi  s'opéra,  soit  la  cristallisation 
confuse  de  la  roche  ,  soit  son  dépôt  sédimenteux  ,  et  qu'elles 
ont  été  remplies  d'une  matière  qui  étoit  tenue  en  dissolution 
dans  le  même  véhicule,  mais  qui  a  été  connue  sécrétée 
plus  particulièrement  dans  ces  fissures.  Tel  paroit  être  le  cas 
des  minerais  d'étain  et  de  fer  arsenical ,  dans  les  granités ,  les 
eurites,  les  pegmatites  et  les  autres  roches  cristallisées;  ces 
minerais  se  sont  agrégés  en  même  temps  ou  presque  en  même 
temps  que  ces  roches  cristallisoient ,  et  ils  se  sont  réunis  dans 
des  espaces  qu'ils  écartoient  et  ouvroient  sous  forme  de  fentes. 
Tel  paroit  être  encore,  pour  les  roches  de  sédiment,  le  cas 
des  veines  nombreuses  de  calcaire  spathique  qu'on  remarque 
dans  le  marbre,  et,  d'une  manière  encore  plus  évidente,  des 
veines  ou  petits  filons,  soit  de  gypse  strié,  soit  d'anhydrite, 
soit  de  sel  marin,  qu'on  voit,  se  croisant  dans  tous  les  sens, 
au  milieu  des  roches  argileuses  ou  marneuses  qui  forment 
souvent  la  masse  principale  de  terrains  salifères  près  de 
Salzbourg  et  dans  d'autres  lieux. 

C'est  dans  le  cas  d'une  semblable  formation  que  la  roche 
environnante  est  souvent  pénétrée  de  la  matière  même  du 


FIL  45 

filon ,  et  qu'elle  la  présente  en  grains  disséminés  ou  en  vei- 
nules et  filets  imperceptibles.  C'est  encore  dans  le  même 
cas  que  la  matière  d'un  filon  et  la  roche  se  fondent ,  dans 
certaines  parties,  l'une  dans  l'autre,  d'une  manière  insensible, 
et  offrent  entre  elles  une  adhérence  difficile  à  vaincre.  Dans 
cette  circonstance ,  enfin ,  les  filons  sont  petits  dans  toutes 
leurs  dimensions,  n'offrent  aucune  allure  régulière,  se 
croisent  dans  toutes  sortes  de  sens,  et  forment  quelque- 
fois, mais  non  toujours,  ces  plexus  ,  réseaux  ou  amas  entre- 
lacés, auxquels  les  mineurs  allemands  donnent  le  nom  de 
Stockwerk. 

Mais,  si  l'on  veut  étendre  cette  théorie  à  la  formation  de 
tous  les  filons  ,  les  faits  que  nous  avons  rapportés  font  voir 
qu'elle  ne  peut  recevoir  cette  généralité;  si,  d'autre  part, 
on  veut  la  rejeter  entièrement,  d'autres  faits,  parmi  les- 
quels on  doit  placer  les  exemples  que  nous  venons  de  citer, 
la  réclament:  en  effet,  ces  derniers,  qui  ne  peuvent  guère 
s'expliquer  que  par  cette  supposition ,  n'ont  aucun  rapport 
avec  la  seconde  théorie  générale  que  nous  allons  présenter. 

2."  Dans  cette  théorie,  dont  les  applications  sont  bien 
plus  nombreuses  et  encore  bien  plus  évidentes  que  celles  de 
la  première,  on  suppose  que  les  roches  de  toutes  natures, 
depuis  les  plus  anciennes  jusqu'aux  plus  nouvelles,  ont 
éprouvé ,  après  leur  consolidation ,  des  fentes  plus  ou  moins 
puissantes,  dont  il  n'est  pas  difficile  de  trouver  les  causes 
dans  le  dessèchement  des  masses,  leur  affaissement,  leur 
ébranlement,  leur  chute  ou  leur  dérangement  quelconque, 
et  que  ces  fentes  ont  été  remplies  par  les  matières  diverses 
tenues  en  dissolution,  ou  même  seulement  en  suspension, 
dans  le  liquide  où  ces  terrains  étoient  encore  plongés. 

Les  observations  faites  avec  soin  dans  toutes  les  parties 
du  globe  oîi  on  exploite  des  mines,  ne  peuvent  laisser  aucun 
doute  sur  cette  cause  de  la  production  du  plus  grand 
nombre  des  filons;  il  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  attentif 
sur  les  faits  que  nous  avons  rapportés  plus  haut,  pour  voir 
qu'ils  tendent  presque  tous  à  faire  envisager  les  filons  comme 
des  fentes  ouvertes  et  remplies  postérieurement  à  la  formation 
des  roches  qu'elles  traversent.  Toutes  les  objections  apportées 
contre  cette  théorie  tombent  facilement  au  plus  léger  examen. 


46  FIL 

Le  parallélisme  approché  des  filons  remplis  a  peu  prèj; 
des  mêmes  minéraux;  le  croisement  constant  dans  un  même 
canton  d'une  sorte  de  filon  par  une  autre  sorte;  le  glisse- 
ment ou  abaissement  presque  aussi  constant  de  la  roche  quî 
est  au  toit  sur  celle  qui  forme  le  mur,  et  le  dérangement 
de  niveau  des  mêmes  couches,  qui  en  résulte,  sont  une  suite 
presque  nécessaire  de  ce  mode  de  formation.  L'évasement 
des  filons  par  en  haut  dans  un  grand  nombre  de  cas  ;  les 
ramifications  des  filons,  leur  inclinaison  plus  ou  moins 
grande  par  rapport  aux  assises  de  la  roche  qu'ils  coupent; 
la  vacuité  des  filons  dans  plusieurs  de  leurs  parties;  les  frag- 
mens  de  rochers,  soit  étrangers,  soit  de  leur  toit,  qu'on 
y  rencontre  si  souvent;  les  cailloux  roulés,  les  matières 
limoneuses  ou  sablonneuses,  les  débris  de  corps  organisés, 
qu'on  y  trouve  quelquefois,  offrent  une  suite  remarquable 
de  preuves  en  faveur  de  cette  théorie. 

Il  est  facile  de  détruire,  par  un  examen  attentif,  soit 
des  parties  constituantes  des  filons,  soit  des  circonstances 
qui  les  accompagnent,  les  objections  qu'on  peut  faire  contre 
cette  hypothèse.  Ainsi,  la  puissance  de  certains  filons,  qui 
nous  paroît  si  considérable  dans  quelques  lieux,  n'est  presque 
rien  quand  on  la  compare  à  la  masse  des  montagnes  ou 
des  terrains  qu'ils  traversent.  Les  étranglemens  et  évasemens 
qu'on  y  observe  peuvent  être  dus  à  deux  causes  :  tantôt 
parce  qu'en  raison  de  la  nature  du  terrain  la  fente  a  été 
plus  ouverte  dans  certaines  roches  que  dans  d'autres  ; 
tantôt,  et  c'est  probablement  le  cas  le  plus  commun,  parce 
que,  la  fente  ayant  été  faite  dans  une  direction  sinueuse, 
la  masse  supérieure,  en  glissant  sur  la  masse  inférieure,  a 
présenté  les  saillies  et  les  dépressions  du  toit  vis-à-vis  les 
saillies  et  les  dépressions  du  mur.  Enfin  il  arrive  quelquefois 
que  des  filons,  en  se  croisant,  laissent  entre  eux  un  prisme 
de  rocher  qui  sembleroit  n'aroir  eu  aucun  soutien  dans  le 
moment  où  on  suppose  que  les  fentes  se  trouvoient  encore 
vides  ;  mais  il  suffit  de  se  rappeler  qu'il  est  prouvé,  par  de 
nombreuses  observations ,  que  les  filons  se  sont  formés  à 
plusieurs  époques  et  à  des  époques  très-éloignées  les  unes 
des  autres,  pour  trouver  une  explication  aussi  facile  que 
satisfaisante  de   cette  disposition. 


FIL  A7 

11  paroît  donc  aussi  bien  prouvé  qu'une  chose  de  cette 
nature  puisse  l'être,  i.°  que  tous  les  filons  des  terrains  de 
sédiniens  composés  de  matières  non  entièrement  cristallisées, 
ont  été  produits  par  des  fentes  ouvertes  et  remplies  après 
la  consolidation  de  ces  terrains;  tels  sont  surtout  les  crains 
ou  failles  des  terrains  houillers  :  2.°  que  beaucoup  de  filons 
des  terrains  de  cristallisation ,  et  surtout  ceux  qui  sont  puis- 
sans,  bien  réglés  dans  leur  allure,  et  dont  les  salbandes  et 
les  épontes  sont  facilement  séparables,  sont  dans  le  même 
cas  que  les  précédens. 

Il  s'agit  maintenant  de  se  rendre  compte  de  la  manière 
dont  les  filons,  considérés  comme  des  fentes,  ont  été  remplis- 
Trois  hypothèses  se  présentent:  dans  la  première,  on  admet 
que  les  matières  des  filons  s'y  sont  introduites  constamment 
par  leur  ouverture  supérieure,  soit  par  voie  de  transport 
mécanique  et  de  sédiment,  soit  par  voie  de  cristallisation; 
dans  la  seconde,  que  les  minéraux  cristallisés  y  ont  été  in- 
troduits par  transsudation  latérale  de  ces  matières  dissoutes, 
en  filtrant  à  travers  la  roche,  à  la  manière  de  l'eau  qui  dé- 
pose les  stalactites  au  sommet  des  voûtes  des  cavernes;  dans 
la  troisième,  enfin,  que  les  matières  cristallisées,  et  même 
les  minéraux  à  texture  compacte ,  ont  été  introduits  par  en 
bas,  venant  des  parties  internes  de  la  terre,  tantôt  à  l'état 
de  vapeurs  qui  se  sont  condensées  dans  les  fentes  ,  tantôt 
à  l'état  de  liquéfaction  soit  ignée  soit  aqueuse. 

Nous  pensons  encore  ici,  comme  à  l'occasion  de  la  théorie 
de  la  formation  des  filons  ,  qu'aucune  de  ces  hypothèses  ne 
peut,  sans  les  plus  grandes  difficultés,  sans  être  sujette  aux 
objections  les  plus  puissantes,  être  admise  pour  tous  les  cas 
des  filons,  et  que  chacune  de  ces  causes  peut  avoir  con- 
couru, suivant  les  circonstances,  au  remplissage  de  diverses 
sortes  défilons.  Nous  allons,  dans  ce  but,  reprendre  suc- 
cessivement l'examen  de  ces  trois  hypothèses;  nous  nous 
contenterons  d'indiquer  nos  motifs,  de  présenter  succinc- 
tement nos  raisons,  sans  entrer  dans  des  développemens 
qui  seroient  hors  de  proportion  avec  le  reste  de  cet 
article. 

1."  11  n'y  a  pas  de  doute  que  des  filons  qui  renferment 
des  débris  des  rochers  constituant  les  assises  supérieures  des 


48  FIL 

terrains  qu'ils  traversent,  des  pierres  roulées,  des  sables  et 
limons  argileux;  des  débris,  enfin,  de  corps  organisés,  soit 
végétaux,  soit  animaux,  soit  terrestres,  soit  marins,  n'aient 
été  remplis  par  leur  ouverture  supérieure  .-  cette  même  cause 
s'applique  également,  quoique  avec  moins  d'évidence,  aux 
filons  remplis  de  minerais  métalliques  ou  pierreux ,  à  struc- 
ture cristalline,  qui  se  présentent  en  couches  ou  en  amas 
dans  les  terrains  supérieurs. 

2.°  Mais  ce  mode  de  formation  est  bien  éloigné  d'avoir  la 
même  évidence  pour  les  filons  dont  les  salbandes  et  les  épontes 
sont  tellement  liées  ensemble  qu'on  n'en  voit  pas  ou  qu'on 
n'en  opère  qu'avec  la  plus  grande  difficulté  la  séparation.  Ici, 
la  formation  de  la  roche,  celle  du  filon  et  son  remplissage 
paroissent  être  presque  contemporains ,  et  ce  dernier  ne 
paroit  pas  avoir  été  opéré  par  la  partie  supérieure  du  filon, 
mais  plutôt  par  tous  ses  points.  On  peut  considérer  le  filon 
comme  une  fente  ouverte  au  milieu  d'un  magma  cristal- 
lin ,  pénétré  encore  de  la  dissolution  en  état  de  précipi- 
tation ,  et  déposant  dans  cet  espace  moins  saturé  ou ,  pour 
mieux  dire ,  moins  épais,  des  parties  dune  structure  et  d'une 
nature  un  peu  différentes  de  celles  du  reste  de  la  roche. 
Les  rognons  de  granités  à  petits  grains  qu'on  voit  au  milieu 
des  granités  à  gros  grains  ;  les  amas  de  granités  à  gros  cristaux 
qu'on  voit  au  milieu  des  granités  à  petits  cristaux  ;  les  amas 
cristallisés  d'amphibole,  de  tourmaline,  de  quarz,  de  pyrite, 
de  galène,  etc.,  qu'on  voit  au  milieu  des  roches  cristal- 
lisées, enveloppés  de  toutes  parts  par  ces  roches  de  manière 
à  ce  qu'on  ne  puisse  dire  qu'ils  se  soient  introduits  dans  les 
cavités  qu'ils  remplissent,  ni  par  en  haut,  ni  par  en  bas, 
peuvent  nous  donner  non-seulement  une  idée,  mais  une 
preuve  évidente  de  ce  mode  de  séparation  d'une  matière 
minérale  entièrement  différente  de  toute  la  masse  au  milieu 
de  laquelle  elle  a  cristallisé. 

3.°  Le  remplissage  des  filons  dont  les  épontes  sont  tapis- 
sées de  matières  siliceuses,  calcaires  ou  métalliques,  dis- 
posées par  lits  onduleux  et  parallèles  entre  eux  et  aux  sal- 
bandes, à  la  manière  des  lits  de  calcédoine  qui  tapissent  les 
géodes  d'agate  ,  ne  peut  guère  s'expliquer  non  plus  par  une 
dissolution  quelconque  arrivant  par  en  haut  dans  le  filon, 


FIL  /,? 

et  déposant,  avec  cette  régularité,  des  couches  épaisses  d'une 
matière  aussi  peu  dissoluble  par  les  agens  que  nous  con- 
noissons.  Une  cause  encore  inconnue,  mais  probablement 
du  même  ordre  que  celle  qui  a  rempli  les  géodes  d'agate  , 
de  quarz  ,  de  calcaire  spathique  ,  qu'on  voit  au  milieu  des 
terrains  de  cornéenne ,  cause  bien  différente  de  celle  qui  a 
pu,  dans  le  premier  cas,  opérer  le  remplissage  des  filons 
par  en  haut ,  a  pu  contribuer  également  au  remplissage  de 
ces  filons. 

4.°  Une  troisième  sorte  de  filons  paroît  avoir  aussi  été 
remplie,  sinon  en  totalité,  au  moins  en  grande  partie, 
d'une  manière  tout-cà-fait  différente  :  ce  sont  ceux  qui  ren- 
ferment des  sulfures  métalliques  de  toutes  sortes,  déposés 
en  houppes  cristallines  sur  toutes  les  parties  du  filon  qui 
sont  en  saillie,  et  surtout  ceux  qui  renferment  des  corps 
décomposables  dans  toute  dissolution  aqueuse,  tels  que  les 
sulfures  et  les  arseniurcs  métalliques,  substances  cependant 
si  abondantes  dans  les  filons.  S'il  n'est  pas  possii)le  d'admettre 
encore  que  ces  filons  aient  été  remplis  par  en  bas  et  par 
voie  de  sublimation,  parce  qu'aucun  fait  direct  ne  le 
prouve,  il  n'est  pas  non  plus  convenable  de  rejeter  en- 
tièrement cette  hypothèse,  puisque  nous  n'avons  aucune 
idée  ni  de  ce  qui  se  passe  à  quelques  milliers  de  mètres  au- 
dessous  de  la  croûte  du  globe,  ni  de  ce  qui  s'est  passé  à 
sa  surface,  lorsque  les  filons  s'y  sont  ouverts,  et  que  les  ma- 
tières minérales  pierreuses  et  métalliques  qui  les  remplissent 
s'y  sont  formées. 

Mais,  dans  ces  derniers  temps,  on  a  été  plus  loin;  et  ce 
sont  principalement  les  Anglois  qui  ont  avancé  cette  opi- 
nion. Ils  regardent  les  grands  filons  de  basalte  et  de  cor- 
néenne ,  nommés  winstone ,  qui  traversent  des  terrains  de 
toutes  les  époques,  depuis  les  granités  jusqu'à  la  craie,  comme 
des  fentes  ouvertes  par  le  gonflement  et  l'éruption  d'une 
matière  pierreuse  à  l'état  de  fusion,  qui,  en  sortant  par  ces 
fentes  pour  se  répandre  à  la  surface  du  sol,  les  a  laissées 
pleines  de  cette  même  matière.  Ce  sont  des  filons  ouverts 
par  soulèvement  et  remplis  de  bas  en  haut  d'une  matière 
qui  a  été  détruite  et  enlevée  de  la  surface  du  sol,  paice 
qu'elle  s'y  est  altérée  et  désagrégée  plus  facilement,  mais 
17.  4 


5o  FIL 

qui  est  restée  intacte  dans  les  filons,  et  qui  forme  même  ces 
longs  murs  et  saillies  qu'on  nomme  djkes,  murs  si  communs  en 
Ecosse,  et  que  nous  avons  décrits  au  mot  Basalte.  Noussoaimes 
d'autant  plus  disposés  à  admettre  cette  opinion,  que  nous 
lavions  déjà  avant  qu'elle  eût  été  publiée  par  ces  géologues, 
et  nous  sommes  portés,  comme  eux,  à  l'appliquer  au  rem- 
plissage de  plusieurs  filons,  soit  pierreux,  soit  même  mé- 
talliques, qui  présentent  une  disposition,  une  forme,  une 
structure  et  des  phénomènes  qui  ne  peuvent  guère  se  conci- 
lier avec  l'hypothèse   du  remplissage  par  en  haut. 

On  voit  qu'il  est  très-probable  ,  pour  ne  pas  dire  cer- 
tain,  premièrement,  que  tous  les  gîtes  de  minerais  ou  de 
matières  minérales  qu'on  nomme  filons,  n'ont  pas  été  produits 
par  une  cause  unique  et  générale;  secondement,  qu'on  ne 
peut  non  plus  attribuer  à  une  seule  cause  le  remplissage  des 
filons  ,  quelle  que  soit  leur  nature;  troisièmement,  que,  dans 
toute  hypothèse  ,  les  filons  peuvent  être  considérés  comme 
une  fente  remplie.  Cette  considération  mène,  i.°  à  des 
connoissances  générales  de  géognosie  qui  augmentent  le 
domaine  de  cette  science  d'une  manière  positive;  2.°  à  des 
règles  présuuiables,  et  même  presque  certaines,  propres 
à  diriger  les  recherches  et  les  travaux  du  mineur. 

Les  filons,  quel  que  soit  leur  mode  réel  de  formation, 
pouvant  être  considérés  comme  des  fentes,  il  s'en  suit  que 
les  nions  coupans  doivent  nécessairement  être  plus  nouveaux 
que  les  filons  coupés;  et  qu'on  peut,  par  une  suite  nom- 
breuse d'observations  bien  faites,  établir  à  peu  près  l'ordre 
de  formation  des  filons,  et  celui  des  différentes  substances 
pierreuses  et  métalliques  qui  se  trouvent  dans  les  filons. 
Ayant  ainsi  un  moy^  certain  de  déterminer  Tàge  relatif 
des  filons,  on  pourra  arriver  à  déterminer  les  autres  carac- 
tères des  filons  anciens  comparés  aux  nouveaux,  et  à  les 
reconnoitre,  lors  même  qu'on  n'aura  pas  le*  moyen  com- 
paratif d'où  on  sera  parti. 

Ainsi,  ou  remarque  que  les  filons  les  plus  anciens,  dé- 
terminés par  le  moyen  précédent,  ou,  ce  qui  est  la  même 
chose,  que  les  filons  qui  sont  le  plus  ordinairement  coupés 
par  d'autres  filons  ,  se  trouvent  aussi  dans  les  terrains  pri- 
mordiaux regardés  comme    les  plus    anciens,   tels   que    les 


FIL  5i 

granités,  les  pegmatites,  les  hyalomictes,  les  gneiss,  les»ini- 
caschistes,  leseiuitesporphyroïdes,  quelques  porphyres,  etc.; 
que,  dans  ces  filons,  non-seulement  la  guangue  et  le  mine- 
rai même  adhèrent  fortement  à  la  roche,  mais  que  le  pre- 
mier participe  souvent  de  la  nattire  de  la  roche  ,  et  que 
le  second  se  trouve  souvent  disséminé  dans  la  roche  mcme, 
aux  approches  du  filon  ,  ou  dans  les  fissures  de  stratifica- 
tion qui  divisent  la  roche  lorsqu'elle  est  stratifiée.  On  re- 
marque que  ces  filons  sont  généralement  peu  puissans, 
rameux ,  mal  réglés  dans  «leur  direction;  qu'ils  ont  peu 
d'étendue;'  qu'ils  présentent  moins  de  druses ,  moins  de  mi- 
nerai massif,  et  cependant  aussi  moins  de  cristaux  implantés 
que  les  autres. 

Les  filons  moins  anciens,  qui  traversent  les  schistes  luisans, 
les  phj-^llades  satinées  et  tuberculées,  les  pliylladcs  pailletées, 
les  calcaires  sublatnellaires  noirâtres,  dits  de  transition,  les 
psammites  schistoides ,  et  même  les  psammitcs  micacés  et 
les  calcaires  compactes,  sont  plus  puissans,  plus  étendus, 
mieux  réglés  dans  leur  allure;  ils  renferajent  de  grandes 
cavités  ;  enfin,  ils  présentent  tous  les  caractéi'es  opposés  à 
ceux  des  filons  atciens. 

Si  Ton  veut  chercher  à  déterminer  1  ;^ge  de  formation  des 
substances  pierreuses  et  métalliques  au  moyen  de  l'ordre 
dans  lequel  elles  se  présentent  successivement  dans  ces  filons 
de  différens  âges,  on  a ,  d'après  Wtrner,  à  peu  près  la  série 
suiA'ante,  susceptible  d'être  perfectionnée  par  des  observa- 
tions plus  multipliées,  et  faites  dans  des  lieux  plus  variés  et 
plus  éloignés  du  siège  habituel  des  observations  de  ce  père 
de  la  vraie  géogirosie. 

Les  minéraux  pierreux  qui  remplissent  les  filons  les  plus 
anciens,  soit  seuls,  soit  avec  des  métaux,  sont  le  felspath, 
le  quarz,  le  mica,  l'amphibole;  ceux  qui  remplissent  sou- 
vent seuls  les  filons  les  plus  anciens,  sont  la  topaze,  le  béril- 
aigue-marine  ,  le  mica  gris  ou  A'erdàtre,  la  chlorite,  la  chaux 
fluatée ,  la  chaux  phosphatée  :  ils  sont  presque  toujours  accom- 
pagnés de  sid)stances  métalliques. 

Les  minéraux  pierreux  qui  remplissent  seuls,  ou  accom- 
pagnés de  métaux  ,  les  filons  plus  modernes,  sont ,  à  peu  près 
rfans  l'ordre  d'ancienneté,  le  calcaire  spathique ,  la  barytf 


5^  FIL 

sulfatée,  la  baryte  carbonatée,  l'argile  lithomarge,  l'agate, 
le  talc,  la  vake. 

Les  minerais  métalliques  paroissent  s'être  formés  dans  la 
croûte  du  globe  dans  l'ordre  suivant. 

Dans  les  terrains  primordiaux  les  plus  anciens:  l'étain  ,  le 
schéelin  ferruginé  et  calcaire,  le  molybdène,  le  graphite, 
l'urane  ,  le  bismuth,  le  fer  oxidulé,  le  cobalt  gris,  le  fer 
arsenical ,  l'or  ,  l'argent  rouge. 

Dans  les  terrains  primordiaux  très-stratifiés,  tels  que  les 
gneiss,  micaschistes,  les  schistes  luisans ,  etc.  :  l'antimoine 
sulfuré  ,  la  manganèse  métalloïde  ,  le  fer  carbonate  spathique  , 
le  cobalt  arsenical,  le  nickel  sulfuré,  l'argent  gris,  l'argent 
rouge,  l'argent  natif,  le  mercure  sulfuré,  le  cuivre  oxidulé 
et  natif ,  le  cuivre  sulfuré,  le  cuivre  gris,  le  cuivre  pyriteux, 
le  fer  oligiste  ,  le  fer  oxidé  rouge,  le  fer  oxidé  brun,  le 
fer  pyriteux. 

Dans  les  terrains  de  transition,  et  dans  les  terrains  de  sé- 
dimens  ou  secondaires  inférieurs  :  le  fer  oxidé  compacte  , 
le  mercure  sulfuré ,  le  plomb  sulfuré ,  le  zinc  sulfuré ,  le 
manganèse  oxidé  compacte,  le  zinc  carbonate,  le  cuivre  ma- 
lachite et  azuré,  le  zinc  calamine. 

Cette  liste  n'offre  qu'un  aperçu  des  principales  substances, 
et  de  l'ordre  le  plus  général  dans  lequel  elles  paroissent 
s'être  formées  ou  déposées  dans  les  Jilons  de  l'écorce  du 
globe.  Nous  ne  pourrions,  sans  alonger  considérablement 
cet  article,  les  donner  avec  plus  de  détails,  en  faisant  dis- 
tinguer, 1."  les  métaux  qui  ne  se  présentent  que.  dans  cer- 
tains filons,  et  qu'on  ne  voit  plus  dans  les  filons  plus  nou- 
veaux, tels  que  l'étain;  :2.°  ceux  qui,  après  s'être  présentés 
dans  des  filons  anciens,  se  représentent  encore  dans  les 
Jilons  du  moyen  âge ,  tels  que  le  fer  carbonate  spathique  ,  etc.  ; 
3.°  ceux  qui  ne  se  présentent  que  dans  les  filons  du  moyen 
âge  et  dans  les  filons  postérieurs,  mais  point  dans  les  anté- 
rieurs, tels  que  le  zinc  carbonate,  etc.;  et  d'ailleurs  nous 
n'aurions  peut-être  pas  les  moyens  suffisans  pour  présenter 
cette  nouvelle  série  avec  les  développemens  et  la  certitude 
désirables. 

Nous  avons  cité  peu  de  faits  à  l'appui  des  principes  que 
nous  avons  posés,  parce  que  ,  n'en  ayant  pas  qui  nous  soient 


FIL  55 

particuliers,  nous  n'avons  pas  a'OuIu  répéter  pour  la  vingtièrffe 
fois  ce  qu'on  trouve  dans  tons  les  ouvrages  de  géognosie  et 
de  Tart  des  mines  publiés  jusqu'à  ce  jour.  (B.) 

FILOU,  Epihtilus.  (Ichthj'ol.)  M.  Cuvier  a  fait  sous  ce  nom 
un  sous-genre  dans  le  grand  genre  des  labres.  Le  corps  et  la  tête 
sont  recouverts  de  grandes  écailles,  dont  le  dernier  rang  em- 
piète même  sur  la  nageoire  de  l'anus  et  sur  celle  de  la  queue. 
Il  y  a  deux  dents  coniques  plus  longues  au-devant  de  chaque 
mâchoire,  et  ensuite  de  petites  dents  mousses.  On  n'en  con- 
noît  qu'une  espèce  de  la  mer  des  Indes;  c'est  le  sparus  insi- 
dialor  de  Pallas.  Cet  animal ,  par  l'extrême  extension  qu'il 
peut  donner  à  sa  bouche  ,  dont  il  fait  subitement  une  espèce 
de  tube,  saisit  au  passage  les  petits  poissons  qui  nagent  k 
portée  de  ce  singulier  instrument.  (H.  C.  ) 

FILTRATION.  (Chim.)  Opération  par  laquelle  on  sépare 
une  matière  solide  qui  est  mêlée  à  un  liquide  ,  en  faisant 
passer  ce  liquide  au  travers  d'un  papier  non  collé,  ou  encore 
au  travers  d'une  étoffe  de  laine,  de  coton,  de  lin  ou  de 
chanvre ,  ou  enfin  au  travers  d'une  colonne  de  sable  ou 
de  verre  pilé.  Les  particules  du  liquide  s'écoulent  par  les 
interstices  du  papier,  de  la  toile  ou  du  sable,  et  les  parti- 
cules du  solide ,  plus  volumineuses ,  restent  sur  le  papier , 
sur  l'étoffe   ou    entre   les  grains  de  sable.  (Ch.) 

FILTRE.  (Chim.)  C'est  fintermède  qui  sert  à  la  filtration. 
Les  filtres  sont  de  papier  non  collé,  d'étoffe  de  laine,  de 
coton,  de,  lin  ou  de  chanvre,  ou  bien  encore  de  sable  ou 
de  verre  pilé.  Ils  ne  doivent  exercer  aucune  action  chimique 
sur  les  mélanges  que  l'on  veut  filtrer. 

Les  filtres  de  papier  se  font  avec  du  papier  Joseph  ou  du 
papier  gris.  Lorsqu'on  opère  sur  de  petites  quantités  de 
liquides,  et  qu'on  veut  recueillir  sans  perte  tout  le  liquide 
et  toute  la  matière  solide,  on  fait  usage  des  filtres  de  papier 
Joseph  ,  auxquels  on  donne  la  forme  d'un  cône  et  qu'on 
place  ensuite  dans  un  entonnoir  de  verre.  Dans  les  expé- 
riences délicates,  ces  filtres  doivent  être  lavés  avec  de  l'acide 
hydrochlorique,  parce  qu'ils  contiennent  un  peu  de  carbonate 
de  chaux  et  de  peroxide  de  fer.  Les  filtres  de  papier  gris 
sont  employés  en  général  pour  filtrer  de  grandes  quantités 
de  liquides  ;  souvent,  au  lieu  de  leur  donner  la  forme  d'un 


54  FIM 

cftne  et  de  les  mettre  dans  un  entonnoir  de  verre  ,  on  les 
place  sur  une  toile  peu  tendue,  qui  est  fixée  aux  quatre  coins 
sur  un  châssis  de  bois. 

Les  filtres  d'étoHes  de  laine,  qui  ont  la  forme  d'un  cône, 
sont  appelés  chausses;  on  s'en  sert  dans  les  pharmacies  et  les 
offices  pour  filtrer  les  sirops  et  les  ratafias. 

Les  filtres  de  sable  ou  de  verre  pilé  s'emploient  pour  filtrer 
de  l'eau  ,  et  quelquefois  des  liquides  acides  qui  corroderoient 
les  filtres  de  papier  ou  de  toile.  (Ch.  ) 

FIMA  (J5of. ),  nom  japonois  du  ricin  ordinaire,  suivant 
Kaempfer  et  Thunberg.  (J.  ) 

FIMBAR-MINGANANG  (Bot,),  nom  malais,  suivant  Bur- 
mann ,  de  son  pufjpodiiim  scolopendi-ia ,  qui  est  le  daun-sam~ 
hang  des  Javanois,  différent  du  daun  sombong ,  espèce  d'eu- 
patoire  mentionné  par  Rumph..  (J.) 

FIMBRILLAIRE,  Fimbrillaria.  {BoL)[Corj!nbijcres,3uss. — 
-Sjyngénésie polygamie  nécessaire,  Linn.]  Ce  genre  de  plantes, 
que  nous  avoiis  établi  dans  la  famille  des  synanthérées  (Bull. 
de  la  soc.  philom. ,  Février  1818),  appartient  à  notre  tribu 
naturelle  des  Astérées  ,  dans  laquelle  nous  le  plaçons  entre 
le  dimorphantlies,  dont  il  diffère  par  le  clinanthe  fîmbrillé, 
et  le  baccharis ,  dont  il  diffère  par  le  même  caractère,  et 
de  plus  en  ce  que  chaque  calathide  réunit  les  deux  sexes. 

La  calathide  est  discoïde,  subglobuleu?e ,  composée  d'un 
disque  pluridore  ,  réfjulariflore  ,  masculiflore  ou  quelque- 
lois  androgyniflore ,  et  d'une  couronne  multisériée  ,  mul(i- 
fîore,  fubulifîore,  féminillore,  Lepéricline,  inférieur  aux 
fieurs,  est  arrondi,  et  formé  de  squames  irrégulièrement 
imbriquées,  appliquées,  oblongues-linéaires,  coriaces- fo- 
liacées. Le  clinanthe  est  plane,  et  garni  de  très-longues  fim- 
brilles  charnues,  irréguiières ,  inégales  et  dissemblables, 
entregreffées  inférieurement.  Les  ovaires  sont  comprimés, 
obovalcs,  hispides,  munis  d'un  bourrelet  apicilaire;  leur 
aigrette  est  composée  de  squamellules  filiformes ,  barbellulées. 

FiMEatLLAiRE BACCHAROiDE:  Fimbrillariabacclioroides ,  H. Cass.  ; 
^accharis  ivœfolia„  Linn.  C'est  un  arbuste  d'Amérique,  haut 
d'environ  quatre  pieds.  Sa  tige  est  épaisse  et  revêtue  d'une 
écorce  crevassée;  ses  branches  sont  droites,  cylindriques, 
pleines  de  moelle,  striées,  pubescentcs 


FIM  55 

celles-ci  sont  alternes,  éparses,  à  pétiole  long  de  si\  lignes, 
à  limbe  long  d'un  pouce  et  demi,  large  de  dix  lignes, 
ovale-lancéolé,  grossièrement  denté  en  scie  sur  les  bords 
de  sa  partie  supérieure  seulement  ;  les  deux  faces  de  la 
feuille  sont  un  peu  Iiispidules ,  et  II  y  a  trois  nervures 
principales  saillantes  en-dessous  ;  les  calathides,  composées 
de  fleurs  jaunâtres,  sont  petites,  nombreuses  et  disposées  en 
cor)  mbcs  terminaux  irréguliers.  Nous  avons  observé  les  ca- 
ractères génériques  et  spécifiques  de  cet  arbuste  au  Jardin 
du  Roi. 

F1MBRII.LAIRE  A  TCYAUx  :  FJnihrUlcria  tubifera ,  H.  Cass.,  Bul!. 
de  la  soc.  philom. ,  Octob.  181g.  C'est  une  plante  probablement 
herbacée,  dont  la  tige  est  simple  et  haute  d'un  pied,  dans 
l'échantillon  sec  et  incomplet  que  nous  décrivons  ;  cette  tige 
est  épaisse ,  pleine  de  moelle,  cylindrique,  striée,  un  peu 
anguleuse,  un  peu  pubesceute.  Les  feuilles,  qui  sont  al- 
ternes et  nombreuses,  ont  un  pétiole  long  d'environ  un 
pouce  et  demi,  dilaté  à  la  base,  et  un  limbe  long  de  six 
pouces,  large  de  trois  pouces,  lancéolé,  très-entier  sur  les 
bords,  un  peu  tomenteux  sur  les  deux  faces,  un  peu  épais, 
nervé.  Les  calathides,  très-nombreuses  et  composées  de  fleurs 
à  corolle  jaune,  sont  rapprochées  en  gîomérules  inégaux 
sur  les  ramifications  de  l'inflorescence,  dont  l'ensemble  forme, 
au  sommet  de  la  tige,  une  grande  panicule  corymbée  ;  elles 
sont  discoïdes,  composées  d'un  disque  multifîore ,  régulari- 
flore  ,  masculiflore,  et  d'une  couronne  plnrisériée,  iiiulti- 
llore,  tubuliflore,  féminiflore  ;  leur  péricline  est  inférieur 
aux  fleurs,  irrégulier,  formé  de  squames  irrégulièrement 
bisériées,  un  peu  inégales,  appliquées,  elliptiques,  subco- 
riaces,  un  peu  membraneuse^  sur  les  bords.  Le  ciinanlhe  est 
plane ,  hérissé  de  firabrilles  inégales ,  irrégulières ,  entre- 
grelTées  à  la  base;  les  ovaires  sont  hispidules,  et  ont  une 
aigrette  de  squamelluies  nombreuses,  inégales,  filiformes, 
à  peine  barbellulées  ;  les  fleurs  de  la  couronne,  au  moins 
aussi  longues  que  celles  du  disque,  ont  une  corolle  en 
forme  de  long  tube  grêle,  coloré,  arqué  en  dedans  et 
denticulé  au  sommet;  les  fleurs  du  disque  ont  une  corolle 
à  cinq  divisions,  et  un  faux-ovaire  avorté,  pourvu  d'une 
aigrette  semblable  à  celles  de  la  couronne. 


56  FIM 

Nous  avons  observé  cette  nouvelle  espèce  de  fimbrlUaire 
dans  un  herbier  des  îles  de  France  et  de  Bourbon,  reçu  au 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  en  Janvier  loig.  Elle 
diffère  beaucoup  de  l'espèce  originaire,  et  elle  est  remar- 
quable par  sa  couronne  de  tubes  longs,  colorés  et  irès-appa- 
rens  en  dehors,  ce  qui  est  rare  dans  une  calathide  discoïde, 
et  ce  qui  donne  à  celle-ci  l'aspect  d'une  calathide  radiée 
dont  la  couronne  ne  seroit  pas  encore  épanduie.  Nous  dou- 
tons si  celte  plante  est  une  herbe  ou  un  arbrisseau,  et  ce 
que  nous  avons  décrit  comme  étant  la  partie  supérieure  de 
la  tige  n'est  peut-être  qu'une  branche.  (H.  Cass.) 

FIMBRILLES.  {Bot.)  Le  clinanthe  de  la  calathide  des  sy- 
nanthérées  est  souvent  garni  d'appendices ,  dont  nous  avons 
distingué  plusieurs  sortes,  mal  à  propos  confondues  par  les 
botanistes.  Nous  avons  donné  le  nom  de  fimbrillcs  [fimhrillœ) 
à  ceux  qui  sont  en  forme  de  filets  membraneux,  laminés, 
linéaires  ou  subiilés,  inégaux,  irréguliers,  souvent  entre- 
greffes  inférieurement ,  et  toujours  beaucoup  plus  nombreux 
que  les  fleurs.  Les  fimbrilles  ne  sont  point  de  vraies  bractées , 
comme  les  squamelles;  mais  ce  sont  de  simples  saillies  du 
clinanthe.  Quelques  botanistes,  tels  que  M.  De  Candoile, 
supposent  que  les  fimbrillcs  sont  des  squamelles  découpées, 
longitudinalement  jusqu'à  la  base  ,  en  lanières  sétiformes. 
Cette  opinion  n'a  aucun  fondement,  et  sa  fausseté  nous  est 
démontrée  par  une  foule  d'observations  qu'il  seroit  trop 
long  de  rapporter  ici.  D'autres  botanistes,  tels  que  M.  Ri- 
chard, croient  que  les  fimbrilles  sont  exclusivement  propres 
aux  cynarocéphales,  et  ne  se  retrouvent  point  chez  les  co- 
rymbifères  :  cette  assertion  est  démentie  par  Vandromachia, 
,1e  coteosanthus ,  le  culcitium  ,  le  charieis  ,  le  fimbrillaria , 
Vedmondia ,  Vahsinthiiim  ,  le  clomenocoma,  Veriocline,  le  tricho- 
cline ,  le  tessaria,  Yisonema,  le  gLjphia ,  le  tarchonanthus , 
Yarctotis,  le  gjmnostyles ,  le  g  ai  Hardi  a ,  et  par  beaucoup 
d'autres  corymbifères.  Pour  avoir  une  idée  juste  de  la 
distinction  des  fimbrilles  et  des  squamelles,  on  peut  com- 
parer le  clinanthe  timbrillifère  du  chardon  avec  le  clinanthe 
squamellifère  de  Phélianthc.  Notre  genre  Cladanthus  offre 
l'exemple  remarquable  d'un  clinanthe  tout  à  la  fois  squa- 
jnclUfère  et  fimbrillifère  ,  ce  qui  est  un  cas  très-rare.  Voyez 


FIM  57 

l'article  CoiMPOsÉts  ou  SvNANTHBHÉf,s  ,  tome  X ,  page  146. 
(H.  Cass.) 

FIMBRISTYLIS.(Bof.)  Genre  de  plantes  monocofylédones, 
à  fleurs  glumacées,  de  la  famille  des  cypéracées  ,  très -voisin 
des  scirpes,  dont  il  faisoit  d'abord  partie.  Il  appartient  à  la 
trifindrie  monogjnie  de  Linnaeiis ,  et  se  distingue  par  des  épis 
composés  d'écailles  en  paillettes,  imbriquées  dans  tous  les 
sens,  rarement  stériles;  trois  étamines;  un  style  comprimé, 
caduc,  articulé  avec  l'ovaire,  souvent  cilié  et  bulbeux  à  sa 
base;  deux  stigmates,  rarement  trois;  point  de  soies  sur  le 
réceptacle  ;  une  seule  semence. 

Ce  genre  diffère  essentiellement  des  scirpes  par  le  style 
articulé  avec  l'ovaire,  par  le  réceptacle  dépourvu  de  soies. 
Il  se  compose  d'espèces  toutes  exotiques.  Les  tiges  n'ont 
point  de  nœuds;  elles  sont  munies  à  leur  base  de  gaines  ou 
de  feuilles  étroites,  souvent  canaliculées ,  légèrement  denti- 
culées  à  leur  base  :  les  épis  solitaires  ou  en  ombelles  ;  un 
involucre  assez  semblable  aux  feuilles,  plus  court,  quelque- 
fois scarieux.  Parmi  les  nombreuses  espèces  de  ce  genre  on 
peut  distinguer  : 

*  Fleurs  en  cpis  simples. 

FiMBRiSTYLis  TENCHÉE  :  Fimbristylis  nu  tans  ,  Vahl  ;  Scirpus 
nu  tans ,  Retz.,  Obs. ,  4,  pag.  12.  On  trouve  cette  plante  à 
Malacca  ,  dans  les  lieux  marécageux.  Ses  racines  sont  fibreu- 
ses ;  ses  tiges  filiformes,  hautes  de  six  à  sept  pouces,  nues, 
comprimées,  presque  tétragones,  munies  à  leur  base  de 
quelques  écailles  courtes,  brunes,  et  enveloppées  par  une 
ou  deux  gaines  longues  d'un  pouce.  Les  fleurs  sont  disposées 
en  un  épi  nu,  solitaire,  ovale,  incliné,  composé  d'écai,lles 
brunes,  imbriquées. 

Fimbristylis  dentelée;  Fimbristylis  serrulata ,  Vahl,  Enum. , 
2,  pag.  285.  Ses  tiges  sont  filiformes,  anguleuses,  longues 
d'environ  trois  pouces,  munies  à  leur  base  de  deux  feuilles 
un  peu  obtuses,  rudes  à  leurs  bords,  et  de  deux  gaines  ferru- 
gineuses; Fépi  est  un  peu  plus  gros  qu'un  grain  de  millet, 
accompagné  de  deux  folioles  linéaires ,  inégales  ;  les  écailles 
ovales,  acuminées,  finement  striées.  Cette  plante  croit  dans 
l'Amérique  méridionale. 


58  FIM 

FiMBRisTVLis  HÉRISSÉE;  Fimbristylis  hirteUa  ,  Vahl,  Lc.,28{). 
Cette  espèce  a  des  tiges  sétacées,  haiitcs  fie  trois  ou  quatre 
pouces,  trigones  vers  leur  sommet;  deux  ftuilles  capillaires  , 
pileuses;  leur  gaine  ferrugineuse:  l'involurre  composé  de 
deux  folioles  pileuses;  deux  épis,  l'un  scssile,  l'autre  pédon- 
cule, garnis  décailles  glabres,  ovales,  médiocrement  nui- 
cronées;  les  semences  d'un  blanc  de  neige,  striées  dans  leur 
longueur.    Elle  est  originaire  de  l'Amérique  méridionale. 

**  Fleurs  en  épis  disposés  en  ombelle. 

Fimbristylis  tomenteuse;  Fimbristylis  tomentosa ,  Vahl,  /.  c, 
pag.  290.  Fiante  des  Indes  orientales,  couverte  de  poils 
Llanchàtres  sur  toutes  ses  parties.  Ses  tiges  sont  grêles , 
comprimées,  hautes  d'un  pied  et  plus,  munies  de  deux  ou 
trois  feuilles  linéaires  ;  une  ombelle  à  sept  rayons  ,  trois 
ou  quatre  aux  ombellules  ,  soutenant  de  petits  épis  ovales, 
acuminés;  les  iiivolucres  composés  de  cinq  folioles  très- 
pileuses;  les  écailles  brunes,  ovales,  acumiuées,  pileuses 
dans  leur  jeunesse ,  puis  glabres  et  luisantes. 

FiMB.asTYUs  pileuse;  Fimbris'jlis  pilosa,  Vahl,  Z.  c. ,  p.  290. 
Plante  de  l'Isle-de-France,  remarquable  par  sa  belle  couleur 
glauque,  et  dont  les  tiges  sont  grêles .  hautes  de  deux  pieds, 
munies  de  deux  ou  trois  feuilles  étroites,  ciliées;  leur  gaine 
est  pileuse,  ferrugineuse;  linvolucre  cilié,  à  deux  folioles 
courtes  ;  les  ombelles  composées  de  six  rayons  ;  les  ombellules 
terminées  par  des  épis  ovales,  un  peu  obtus,  de  la  grosseur 
d'un  pois;  les  écailles  brunes,  ovales,  un  peu  mucronées  ; 
les  semences  un  peu  pédicellées ,  onuulccs  et  striées  dans 
leur  longueur- 

Fimbristylis  lâche;  Fimbristy^lis  laxa ,  Vahl,  /.  c. ,  p.  292. 
Ses  tiges  et  ses  feuilles  sont  filiformes  :  ses  épis  petits,  glabres . 
ovales;  Finvolucre  à  deux  folioles  plus  courtes  que  l'ombelle  ; 
\ine  seule  étamine;  les  semences  jaunes,  arrondies,  striées 
dans  leur  longueur.  Cette  espèce  croit  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale. 

Fimbristylis  mdcroné*:;  Fimbristylis  miicrGnata ,  Vahl,  l.  c, 
p.  ^igS.  Cette  espèce  a  des  rapports  avec  le  scirpus  lacusfris. 
Ses  tiges  sont  trigones,  spongieuses  :  son  involucre  se  com- 


FIN  59 

pose  du  proiongernent  de  la  tige  et  d'une  écaille  qui  lui  est 
opposée,  ovale,  aiguë,  d'un  brun  ferrugineux.  L'ombelle 
est  simple,  à.  deux  on  quatre  rajons  comprimés,  rudes  sur 
leurs  bords;  les  épis  d'un  brun  clair,  luisans,  à  peine  longs 
de  trois  lignes;  les  écailles  blanchâtres,  mucronées.  Elle  croit 
à  l'île  Mahon. 

FiMBRXSTYLis  CYLINDRIQUE;  Finihrisfj'Us  cylîndrica .  Yalil ,  l. 
c,  p.  295.  Plante  de  la  Caroline,  dont  les  tiges  sont  grêles, 
hautes  de  deux  pieds:  les  feuilles  roulées,  filiformes,  un  peu 
glauques,  d'un  brun  noirâtre  sur  leur  gaine;  une  ombelle 
simple,  à  cinq  ra3'ons  sétacés;  les  épis  cylindriques,  très- 
obtus,  presque  longs  de  six  lignes;  les  écailles  d'un  jaune 
clair,  un  peu  arrondies;  deux  folioles  séfacécs  à  chaque 
épillet  ;  les  pédoncules  très-longs;  les  semences  lisses,  com- 
primées ,  arrondies. 

M.  Robert  Brown  cite  environ  une  trer.laine  d'espèces 
(le  fimbristjlis  ,  toutes  recueillies  sur  les  côtes  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  parmi  lesquelles  on  distingue  le  Finibrislflis  pauci- 
Jlora,  à  un  seul  épi  nu,  subulé,  peu  garni;  le  style  bifide, 
les  semences  un  peu  rudes;  une  seule  éfamine  dans  chaque 
fleur;  les  tiges  sétacées.  Fùnbristjiis  te^ragona,  dont  les  tiges 
sont  tétragones  ,  engainées  à  leur  base  ,  terminées  par  un  seul 
épi  droit,  nu,  ovale,  obtus;  les  styles  trifid  es,  frangés  dans 
leur  longueur;  les  écailles  ovales,  très-obtusts.  Fimbristylis 
Iristachia ,  a  trois  épis  obloDgs,  aigus;  les  écailles  ovales,  mu- 
cronées; les  semences  lisses:  les  tiges  rudes,  anguleux.  (Poir.) 

FIME-FAGI,  ONSI.  (Bot.)  Noms  japonois  du  polj-gala 
commun,  suivant  M.  Thunberg.  La fime-juri  est  le  lis  pom- 
ponien.  Le  campanula  marginata  de  M.  Thunberg  a  le  nom 
de  fime-lihjo  ,  qui  signifie  violette  oes  vierges.  (J.) 

FIMORO  (Bot.),  nom  Japonois,  suivant  Ka-mpfer,  d'un 
genévrier,  qui  est  le  cupressiis  pendula  de  M.  Thunberg.   (J. ) 

FIMPI.  (Bot.)  Arbre  de  Madagascar,  mentionné  par  Fia- 
court  ,  qui  ajoute  que  c'est  le  costus  indicus.  Il  a  la  forme 
d'un  olivier,  Pécorce  blanche,  l'odeur  de  musc,  le  goût 
plus  piquant  que  celui  du  poivre,  et  il  laisse  suinter  une 
résine  noire  et  très-odorante.  Ces  diverses  indications  font 
croire  que  c'est  la  cannelle  blanche,  canella.  (J. ) 
'  FINANGO  (Bot.),  voyez  Feo.  (J.) 


6o  pi]>^ 

FIN-FISCH  ,  FINNE-  FISKE  ,  FINN  -  FISK  (  Mawm.  ).- 
noms,  chez  les  peuples  du  Nord  de  race  gothique  ,  de  la  ba- 
Jeinegibbar;  ilssignificnt  proprement  poisson  à  boulons.  (F.C.) 

FINGAN-SAKURU  (Bol.),  arbre  du  Japon,  qui  est, 
suivant  M.  ïhunberg,   son  prunus   incisa.  (J.) 

FIJNGOSAKF  (Bot.),  nom  japonois  de  la  fumcterre  ordi- 
naire, suivant  M.  'J'hunberg.   (J.) 

FIJNGRIGO.  (Bot.)  L'arbre  de  la  Jamaïque  désigné  sous 
ce  nom  par  Sloane  et  par  Flukenet ,  paroit  être  le  pisonia 
acuUaia.  (  J.  ) 

FINGUEIŒ.  [Bf.)  Rochon  cite  sous  ce  nom  un  figuier 
sauvage  de  Madagascar,  dont  on  retire,  par  incision,  un 
suc  laiteux  qui,  en  se  coagulant,  devient  une  résine  élas- 
tique propre  ta  être  employée  comme  celle  du  caoutchouc. 
Rochon  dit  que  les  Malgaches  en  font  des  torches  qui  brûlent 
sans  mèche,  et  éclairent  très-bien   dans  la  nuit.  (J.  ) 

FIN-HOULLY  (Bot.),  nom  vulgaire  du  trèfle  rampant 
dans  quelques  cantons.  (L.  D.  ) 

FINNE,  Fina.  (Ewoz.)  Mot  dérivé  de  Tallemand,  et  si- 
gnifiant la  ladrerie  des  cochons,  que  quelques  zoologistes 
allemands,  et  entre  autres  Werner  {Bre^.  expos,  cont. ,  2, 
p.  2  ,  tab.  1  ,  fig.  8-  1  ),  emploient  pour  désigner  un  genre  de 
vers  intestinaux  hj'^datifonnes ,  créé  pour  une  espèce  d'hyda- 
tide  ,  ou  mieux  de  cysticerque ,  qui  se  trouve  en  grande  abon- 
dance dans  le  tissu  cellulaire  du  cochon  (auquel  elle  occa- 
sionne la  maladie  connue  sous  le  nom  de  ladrerie) ,  et  qui  dif- 
fère un  peu  des  autres,  parce  qu'elle  a  une  sorte  de  double 
sac  extérieur;  mais,  comme  il  est  évident  que  ce  sac  ne  lui 
appartient  pas,  mais  bien  à  l'animal  dans  lequel  cette  hy- 
datide  se  développe,  cette  circonstance  ne  peut  être  suffi- 
sante pour  l'établissement  d'un  genre.  Voyez  Cysticerque. 
(DeB.) 

FINOCHIO  (Bot.),  nom  italien  du  fenouil;  le finochietta 
est  le  meum  des  pharmaciens,  œthusa  mtum  de  Linnœus.  (J.  ) 

FINO-KI  {Bot.),  nom  japonois  du  thuya.  (J.) 

FIN -OR  D'ÉTÉ  et  FIN- OR  DE  SEITEMBRE.  {Bot.)  On 
donne  ces  noms  à  deux  variétés  de  poire.  (  L.  D.  ) 

FIOFURl.  {Bot.)  Nom  japonois  du  lamicr  rouge,  lamium 
purpureum.   Le  fiotari  est  une    courge,  cucurhita    hispida    de 


FIR  61 

Thunberg:  le  y?oogi  est  le  morœa  chinensis  du  même;  ]o  fioo 
est  la  rose   tremière  ,  alcea  rosea.   (J.  ) 

FIOLSTER  {Ornith.),  nom  noruégien  de  l'ortolan  ou 
bruant  de  neige,  emberiza  nivalis,  Linn.  (Ch.  D.) 

FIONOUTS.  {Bol.)  Herbe  de  Madagascar,  à  fleurs  jaunes ^ 
en  bouquets  et  à  feuilles  grasses.  Flacourt  dit  qu'on  la  brûle 
pour  en  retirer  des  cendres  qui  sont  employées  dans  les 
lessives  et  dans  quelques  teintures.  Ces  indications  peuvent 
s'appliquera  quelques  espèces  du  genre  Cotj lédon :  mais. dans 
le  catalogue  de  Iherbier  de  V^aillant,  la  plante  ainsi  nommée 
est  placée  parmi  les  conyses.  (J.) 

FIOR  CAPUCCIO.  (Bot.)  Nom  toscan  du  pied-d'alouette 
des  jardius  ,  dclphinum  ajacis,  selon  Césaljùn  ;  c'est  celui  sur 
les  pétales  duquel  on  croit  voir  des  lettres  tracées  qui  rap- 
pellent une  des  métamorphoses  décrites  par  Ovide.  (J.  )        ^ 

FIOR  RANCIO.  (Ornitli.)  L'oiseau  ainsi  nommé  dans 
Olina  est  le  roitelet,   mofacilla  regulus,  Linn.  (Ch.  D.) 

FIORALIA.  {Bot.),  nom  italien  du  bluet,  suivant  Adan- 
son.  (H.  Cass.) 

FIORITE  {Min.),  nom  donné  par  Thomson  à  une  variété 
de  quarz  concrétionné  qu'on  trouve  au  mont  Fiora  ,  en 
Toscane.  Voyez  Quarz  hvalite  concrétionné.  (B. ) 

FIORNA.  {Ornith.)  C'est,  en  Ostrobothnie,  le  petit  grèbe 
cornu,  coljmhus  auritus ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FIOU.  {Bot.)  La  plante  de  Madagascar  citée  sous  ce  nom 
par  Flacourt  est  une   espèce  d'asperge,  selon  Vaillant.   (J. ) 

FIR.  {Bot.)  Nom  japonois  du  poireau  ordinaire.  Le  ca- 
randas  ,  carissa ,  est  nommé  fira  etjirasi;  le  liseron  du  Janon, 
conyoU'ulus  japonicus  ,  est  le  firagano  ;  le  houx  est  le  frasol 
de  Kœmpfer.  Un  varec ,  fucus  saccharinus  ,  est  le  Jirome  du 
même.  Il  dit  que  le  firumusiro  est  un  potamogelon  à  feuilles 
de  muguet.  (J.) 

FIRENZIA.  {Bot.)  Necker  érige  en  genre,  sous  ce  nom, 
un  sebestier,  cordia  flavescens  d'Aublet,  parce  qu'il  a  six  di- 
visions à  la  corolle  et  six  étamines  au  lieu  de  cinq  ,  et  que 
son  fruit  ne  contient  qu'une  graine,  probablement  par  suite 
de  l'avortement  des  autres.   (J.) 

FIR-MIANA.  {Bot.)  Marsigli,  dans  les  Actes  de  Padoue, 
nommoit    ainsi   le    sterculia  platanifolia  ,    qui   étoit  aussi  le 


62  FIR 

culhamia  de  Forskal ,  cl  qui.  avant  de  fleurir  dans  le  jar-- 
din  de  Trianon  ,  y  a  subsisté  long-temps  sous  le  nom  de 
richardia.  (J.) 

FIROLE,  Pterotrachea.  (Mahicoz.)  Genre  de  molhisques 
établi  par  Forskal,  Faun.  arah.,  p.  i  17,  sons  la  dénomination 
de  Pierotrachea ,  changée,  on  ne  sait  trop  pourquoi,  en 
celle  de  Firola  ,  Firolc,  par  Bruguiércs  et  tous  les  zoolo- 
gistes François.  Ses  caractères,  tels  que  nous  les  avons  ex- 
posés dans  notre  Mémoire  sur  Tordre  des  mollusques  pté- 
ropodos,  inséré  dans  le  Bulletin  de  la  Société  philomatique, 
peuvent  ctre  exprimés  ainsi:  Corps  alongé ,  plus  ou  moins 
conique  en  avant  comme  en  arrière,  ou  atractosomc ,  sy- 
métrique, comme  gélatineux,  poîirvu  en-dessous  d'une  na- 
geoire arrondie,  comprimée,  bordée  d'un  petit  suçoir  pré- 
hensile, et  oflrant  en-dessus  et  en  arrière  du  milieu  du  dos 
une  sorte  de  nucléus  nu,  formé  des  principaux  viscères,  et 
entre  autres  du  cœur  et  des  branchies  symétriques  com- 
posées par  deux  groupes  de  longs  filaraens  ;  deux  yeux  ;  des 
tentacules  presque  rudimentaires  ;  la  bouche  à  Fextrémité 
d'une  sorte  de  trompe  rctractilc,  et  pourvue  de  mâchoires j 
la  queue  terminée  par  des  appendices  natatoires  et  souvent 
prolongée  en  un  long  iilet  moniliforme.  D'après  cela ,  il 
est  aisé  de  voir  que  ces  mollusques  sont  extrêmement  voi- 
sins des  carinaires  .  dont  ils  ne  diffèrent  peut-être  que 
parce  que  le  nucléus  est  nu  et  n'est  pas  recouvert  par  une 
coquille  (voyez  Carinaire)  ;  aussi  les  avons-nous  placés, 
dans  notre  Système  de  classiâcatîon  des  maîacozoaires,  avec 
ce  genre ,  dans  un  petit  ordre  distinct .  que  nous  avons 
nommé  Kucléohranches.  Avant  le  Mémoire  de  MM.  Pérou 
et  Le  Sueur,  sur  l'ordre  des  ptérobranches,  aucun  zoolo- 
giste n'avoit  essaye  de  classer  ces  animaux.  Ces  auteurs  , 
M.  Meckel,  etc.  .  sur  la  simple  observation  que  les  tiroles  se 
meuvent  au  moyen  d'appendices  natatoires,  en  firent  un 
genre  de  l'ordre  que  M.  Cuvier  venoit  d'établir  sous  le  nom 
de  Ptéropodes  ,  mais  en  n'envisageant  la  chose  que  d'une  ma- 
nière superllcielle  :  car  tous  les  rapports  les  rapprochent  évi- 
demment des  mollusques  gastéropodes,  parmi  lesquels  M. 
Cuvier  les  a  en  effet  rangés  depuis  dans  son  Piègne  animal. 
M.  de  Lamarck  en  a  fait,   comme  nous,   un  ordre  distinct. 


FIR  65 

qu'il  nomme  Hétéropodes,  et  qu'il  place  tout  à  la  fin  des 
ino!hjS(jue.s  céphalés.  Mais,  avant  les  travaux  de  ces  deux  der- 
niers zoologistes,  nous  avions  montré,  dans  le  Mémoire  cité 
plus  haut,  que  c'étoit  a  tort  que  MM.  Péron  et  Le  Sueur  en 
faj.'.oient  des  ptéropodes,  et  qu'en  outre  c'étoit  encore  plus  à 
tort  qu'ils  avoient  décrit ,  dessiné  et  défini  ces  animaux  comme 
ayant  la  nageoire  comprimée  sur  le  dos,  et  le  nucléus  ou 
les  branchies  sous  le  ventre  :  c'est  ce  que  nous  croyons  avoir 
démontré  d'une  manière  peu  douteuse  par  voie  d'analogie 
avec  tous  les  autres  mollusques ,  et  par  voie  d'observation, 
puisque  Forskal,  qui  est  évidemment  cciui  qui  les  a  observés, 
le  premier  vivaus  dans  l'eau  de  la  mer,  quoique  Téron  ait  dit 
le  contraire,  les  décrit,  comme  nous  les  avons  définis.  Mais, 
comme  MM.  Péron  et  Le  Sueur  ont  également  vu  ces  animaux 
nageant  au  milieu  des  eaux,  il  faut  en  conclure  que  les 
firoles  ont  la  faculté  de  nager  le  pied  ou  le  ventre  en  haut, 
comme  le  font  un  assez  grand  nombre  de  mollusques,  et 
entre  autres  les  janthines  ,  les  glaucus  ,  leslymnées,  pla- 
norbcs ,  etc.  Malgré  nos  observations,  M.  Le  Sueur,  depuis 
la  mort  de  son  ami,  n'a  pas  moins  cru  devoir  persister  dans 
sa  première  opinion  ,  comme  on  pourra  le  voir  dans  le 
Mémoire  qu'il  a  publié  sur  ce  genre,  avec  des  figures,  dans  le 
n."  1 ."  du  Journal  de  l'Académie  des  sciences  de  Philadelphie, 
en  1017. 

Le  corps  des  firoles  est  ,  comme  il  a  été  dit  plus  haut , 
généralement  fort  alongé ,  renflé  au  milieu  et  plus  ou  moins 
appoinli  vers  ses  deux  extrémités,  l'antérieure  étant  conique 
et  la  postérieure  plus  ou  moins  comprimée.  La  peau  qui  le 
revêt  est  comme  gélatineuse  ,  mais  un  peu  consistante,  et 
assez  transparente  pour  laisser  voir  a  travers  le  trajet  du 
canal  intestinal  :  elle  est  en  outre  chargée  ou  hérissée  d'un 
assez  grand  nombre  de  tubercules  irréguliers  dans  leur 
forme  et  leur  position.  Forskal  et  MM.  Péron  et  Le  Sueur 
sont  d'accord  pour  admettre  chez  les  firoles  des  yeux  assez 
grands,  situés  à  la  jonction  du  tronc  et  de  la  trompe,  for- 
jnant  de  chaque  côté  une  tache  ovale,  transverse,  noire 
au  devant  et  près  de  laquelle  est  une  petite  bulle  hyaline 
entourée  d'un  cercle  noir;  M.  Le  Sueur  ajoute  qu'ils  sont 
supportés  par  un  petit   pédoncule.    Ce  dernier  observateur 


64  FIR 

dit  positivement  qu'il  ii"y  a  pas  de  tentacules.  Mais  ne  peut- 
on  pas ,  jusqu'à  un  certain  point,  rcgai'der  comme  analogue* 
les  tubercules  qui  se  trouvent  en  avant  des  yeux  et  sur  la 
partie  antérieure  de  la  ttte  P  Les  organes  de  la  locomotion 
consistent  d'abord  en  une  sorte  de  pied  ou  de  masse  charnue, 
musculaire,  Irès-comprimée ,  arrondie,  et  qui  est  attachée 
par  un  assez  large  pédoncule  au  milieu  de  la  face  abdomi- 
nale :  on  voit  aisément  à  droite  et  à  gauche  les  fibres  muscu- 
laires qui,  de  l'enveloppe  générale,  se  portent  sur  les  côtés 
de  cet  organe  ;  et,  en  examinant  avec  attention,  on  trouve 
vers  le  milieu  du  bord  inférieur  de  cette  nageoire  une  petite 
T'entouse  ou  capsule  musculaire,  qui  n'est  autre  chose,  sui- 
vant nous,  qu'un  moyen  pour  l'animal  de  se  fixer  aux  corps 
sous-marins  dans  l'état  de  repos.  Cet  organe  ,  qui  paroît  avoir 
échappé  à  MM.  Péron  et  Le  Sueur,  avoit  été  parfaitement 
indiqué  par  Forskal.  Enfin,  l'extrémité  postérieure  du  corps, 
ou  la  queue,  séparée  du  tronc  par  le  nucléus,  est  terminée 
par  une  sorte  d'aplatissement  ou  de  nageoire  bifurquée  ,  d'où 
sort  très-probablement,  dans  tous  les  individus  bien  entiers, 
un  long  filament  renflé,  d'espace  en  espace,  en  espèces  de 
tubercules,  et  dont  l'usage  est  inconnu.  Nous  avons  déjà  fait 
observer  que  la  bouche  ou  l'orifice  du  canal  intestinal  est 
à  l'extrémité  élargie  d'une  sorte  de  trompe  conique  ,  qui 
semble  être  une  continuation  du  tronc.  MM.  Péron  et  Le 
Sueur  disent  qu'elle  est  armée  de  deux  mâchoires  rétractiles. 
opposées,  à  ce  «ju'il  paroît,  latéralement,  ce  dont  il  nous 
seroit  possible  de  douter  un  peu  par  analogie ,  et  garnie 
chacune  d'une  série  de  pointes  courbes  cornées,  rangées 
comme  les  dents  d'un  peigne,  avec  un  autre  rang  de  plus 
petites  intermédiaires  :  mais,  ce  qui  est  plus  remarquable, 
c'est  que  plus  en  arrière  et  à  Pintérieur,  suivant  M.  Le  Sueur, 
se  trouvent  deux  appendices  palpiformes  ,  composés  de  deux 
articulations  ,  dont  le  premier  est  très -court  et  oblique, 
et  le  second  alongé  et  recourbé  ,  organes  qu'il  regarde  comme 
des  espèces  de  palpes  inférieurs.  A  la  suite  de  cette  cavité 
buccale,  dans  le  corps  proprement  dit,  part  un  large  canal 
cylindrique,  plus  ou  moins  dilaté,  traversant  une  sorte  de 
membrane  diaphragmatique  qui  sépare  la  tête  du  tronc,  et 
qui,  se  prolongeant  dans  l'intérieur  du  coi'ps,  remonte  vers 


FÎR  65 

le  nucléus ,  qu'il  embrasse  dans  sa  partie  inférieure  ,  et  avec 
lequel  il  communique  par  deux  ouvertures,  l'une  simple  et 
l'autre  double.  Ce  nucléus ,  que  nous  avons  dit  être  situé 
dans  une  espèce  de  sillon  ou  d'éti'anglement  qui  sépare  le 
tronc  de  la  queue,  est  oblong,  pyriforme:  il  paroît  qu'il  est 
revêtu  d'une  sorte  de  membrane  gélatineuse,  irisée,  qui,  à 
quelques  pieds  sous  l'eau  ,  devient  resplendissante.  Ce  nucléus 
nous  paroît  contenir,  au  milieu  du  foie,  l'estomac,  vers  le- 
quel arrive  un  intestin  filiforme ,  flexueux ,  qui  est  sorti  de 
la  cavité  buccale.  Quant  à  la  terminaison  de  celui-là,  il 
paroît  qu'elle  se  fait  par  un  orilice  situé  au  côté  droit  de  la 
cavité  branchiale.  Cette  cavité  est  située  à  la  partie  anté- 
rieure et  supérieure  du  nucléus  ,  et  les  branchies,  bien  symé- 
triques, sont  formées  par  une  série  de  douze  à  seize  fila- 
mens.  Le  cœur  est  placé  au  milieu  ;  on  en  voit  aisément  les 
battemens  dans  les  individus  vivans  :  il  en  naît  une  artère  prin- 
cipale qui  se  porte  en  avant  jusque  vers  les  mâchoires;  une 
branche  en  naît  intérieurement  pour  aller  se  porter  dans 
la  nageoire  abdominale,  où  elle  forme,  par  un  grand  nombre 
d'anastomoses,  un  réseau  A^asculaire.  Quant  aux  organes  de 
la  génération  ,  ils  sont  encore  assez  mal  connus.  Ainsi  M.  Le 
Sueur  ne  parle  ni  des  ovaires  ni  -des  testicules  ;  il  paroît 
cependant  que  les  deux  sexes  ne  sont  pas  portés  sur  le  même 
individu.  Il  regarde,  très-probablement  avec  raison ,  comme 
l'organe  excitateur  mâle,  un  appendice  vermiforme  attaché 
au  côté  droit  du  corps  et  composé  de  trois  parties,  dont  la 
première,  placée  au-dessus,  paroit  devoir  protéger  les  deux 
autres,  et  la  troisième,  alongée  ,  vermiculaire ,  est  attachée' 
à  la  base  de  la  seconde,  qui  est  courte  et  cylindrique;  et  il 
trouve  dans  les  individus  qu'il  pense  être  femelles,  un  ovi- 
ducte  filiforme  ,  contenant  de  petits  globules  éloignés,  et  qui 
se  termine  au  côté  gauche  de  la  cavité  branchiale,  c'est-à- 
dire,  dans  une  position  contraire  à  celle  de  l'organe  mâle. 
Enfin,  M.  Le  Sueur  a  aussi  étudié  le  système  nerveux  des 
firoles  :  il  est  composé  d'un  ganglion  quadrilobé  situé  entre 
les  yeux  et  l'œsophage  ;  outre  les  nerfs  optiques,  ils  en  ont 
quatre  autres  principaux  ,  dont  deux  vont  dans  les  mâ- 
choires, et  les  deux  autres  se  dirigent  en  ariùère  ;  mais,  ar- 
rivés à  la  base  de  la  nageoire ,  ils  se  terminent  dans  un 
17.  6 


66  FIR 

double  ganglion  oblong,  qui  fournit  les  lilets  des  différentes 
parties  du  corps,  et  surtout ,  sans  doute,  ceux  de  la  nageoire. 

On  connoit  peu  les  mœurs  et  les  habitudes  des  firoles  ; 
elles  se  trouvent,  à  ce  qu'il  paroît,  assez  communément  dans 
toutes  les  mers  des  pays  chauds,  et  même  dans  la  Méditer- 
ranée,  où  elles  nagent  avec  beaucoup  d'élégance,  au  moyen 
de  leur  nageoire  et  de  la  queue.  11  arrive  souvent  qu'elles 
sont  mutilées,  et  il  semble  qu'iin  assez  grand  nombre  des 
individus  observés  par  Forskal  étoient  dans  ce  cas,  du  moins 
suivant  l'observation,  peut-être  un  peu  trop  généralisée,  de 
M.  Pérou.  M.  Le  Sueur,  ayant  remarqué  des  différences  dans 
l'existence  des  filamens  de  la  queue  et  de  la  capsule  du  bord 
de  la  nageoire  ,  s"en  est  servi  pour  distinguer  les  espèces 
qu'il  croit  devoir  établir  dans  ce  genre.  Nous  allons  en 
donner  les  caractères,  quoiqu'il  se  pourroit  qu'elles  fussent 
réellement  un  peu  multipliées,  et  que  l'absence  du  filament 
delà  queue,  par  exemple,  fût  due  à  une  mutilation,  ou, 
peut-être  encore  mieux,  que  ce  filament  ne  fût  composé 
que  des  œufs  sortis  de  l'oviducte.  Je  doute  également  un 
peu  que  la  capsule  de  la  nageoire  manque  jamais  complè- 
tement. 

1.°  La  FiROLE  TRONQUÉE;  P.  mutica ,  Le  Sueur,  J.  des  se. 
nat.  de  Phil. ,  pi.  i ,  fig.  i.  Point  de  ventouse  à  la  nageoire, 
ni  de  filament  caudal;  six  pointes  gélatineuses  dispysécs  par 
paires  au  front. 

M.  Le  Sueur  ajoute  à  ces  caractères  spécifiques  l'absence 
de  l'organe  vermiforme  ;  mais,  en  admettant  que  les  sexes 
soient  séparés,  et  qu'il  appartienne  au  sexe  mâle,  on  ne  peut 
en  tirer  un  caractère  d'espèce. 

2.°  La  F.  GiBBEusE;  P.  gibbosu ,  Le  Sueur,  loc.  cit.,  fig.  2. 
Le  corps  est  gibbeux  au-dessous  du  nucléus,  et  le<  pointes 
gélatineuses  du  front  sont  disposées  en  demi-cercle  ;  du  reste, 
ni  ventouse  ni  appendice  filiforme. 

L'existence  de  l'organe  vermiforme,  que  M.  Le  Sueur  donne 
pour  caractériser  cette  espèce,  ne  peut  pas  plus  servir  ici 
que  son  absence  pour  l'espèce  précédente.  11  en  est  de  même 
des  suivantes. 

0."  La  F.  DE  Forskal  ;  P.  Forskalia ,  Le  Sueur,  loc.  cit.  , 
fig.  5.    Une  ventouse  à  la  nageoire  ,  pas  d'appendice  eau- 


FIR  67 

dal  ;  les  pointes  tuberculeuses,  comme  dans  la  première 
espèce. 

4.°  La  F.  DE  Ccvier;  P.  Cuviera,  Le  Sueur,  loc.  cit. ,  fig.  4, 
et  Ann.  du  Mus.  d'hist.  nat. ,  tom.  14?  p-  218,  et  tom.  i5, 
p.  67,  pi.  2,  tig.  8.  Nageoire  sans  ventouse;  la  queue  avec 
un  appendice;  les  tubercules  frontaux  au  nombre  de  huit: 
quatre  dans,  une  seule  ligne  transversale  ,  et  les  quatre 
autres  eu  deux. 

5."  La  F.  DE  Frédéric;  P.  Frederica,  Le  Sueur,  loc.  cit., 
fig.  5.  Une  ventouse  et  un  appendice  caudal  :  du  reste  ex- 
trêmement semblable  à  la  précédente. 

6."  La  F.  DE  Péron;  P.  Peronia,  Le  Sueur,  loc.  cit.,  tig.  G. 
Pas  de  pointes  gélatineuses,  une  ventouse  et  un  appendice 
caudal.  Le  corps  est  en  outre  presque  lisse  et  sans  les  tu- 
bercules qui  se  trouvent  dans  les  autres  espèces.  (De  B.) 

FIROLOÏDE,  Firoloida,  (Malacoz.)  Nouveau  genre  de 
malacozoaires,  dont  le  nom  indique  l'affinité  avec  les  tiroles, 
et  qui  a  été  établi  par  M.  Le  Sueur,  p.  57  du  i.*"'  vol.  du 
Journ.  des  se.  nat.  de  Philad.,  1817  ,  pour  quelques  animaux 
qui  ne  diffèrent  réellenieiit  des  firoles  que  parce  qne  la 
queue  de  celles-ci  ou  la  partie  du  corps  qui  se  trouve  après 
le  nucléus,  est  nulle,  ou  mieux,  extrêmement  petite  :  ainsi 
les  caractères  génériques  seront  absolument  les  mêmes,  avec 
cette  différence  que  le  nucléus  est  à  rcxtrémité  postérieure 
du  corps,'  et  que  la  queue  n'est  formée  que  par  une  pointe 
très-courte  sans  nageoire.  Du  reste,  c'est  tout-à-fait  la  même 
organisation  et  les  mêmes  mœurs  ;  mais  une  oi;$ervation 
faite  par  M.  Le  Sueur,  que  dans  deux  individus  de  ce 
nouveau  genre  il  a  vu  partir  de  l'extrémité  postérieure  du 
corps  un  appendice  filiforme  fort  alongé ,  rempli  de  petits 
globules  semblables  à  des  œufs  ,  et  qu'il  regarde  ,  selon 
nous,  à  tort  comme  des  oviductes  ,  parce  qu"il  est  évident 
qu'ils  ne  sont  très -probablement  que  des  cordons  d'œufs , 
nous  porte  à  croire  qu'il  faut  aussi  admettre  comme  ana- 
logue l'appendice  filiforme  de  la  queue  des  vraies  firoles, 
et  alors  il  sera  encore  plus  impossible  de  s'en  servir  comme 
caractère  d'espèces.  Quoi  qu'il  en  soit,  voici  les  espèces  que 
M.  Le  Sueur  range  dans  ce  nouveau  genre ,  et  qu'il  a  obser- 
vées dans  l'océan  atlantique^  en  1S16. 


68  Fip, 

1."  La  F.  deDesmarest;  h\  DesmareUia ,  Le  Sueur,  loc.cit,, 
pL  1 1' ,  fig.  1.  Le  corps  long,  glabre,  l))-alin ,  pointu  aux 
deux  extrémités  :  sans  pointes  gélatineuses  :  deux  pouces  de 
long. 

2°  La  F.  DE  Blaik  VILLE  ;  F.  Blainvilliana ,  Le  Sueur,  /oc, 
cit.,  pi.  2  ,  fig.  2.  Le  corps  court,,  glabre,  plus  épais  en  ar- 
rière et  comme  tronqué;  la  nageoire  médiocre.  Un  à  deux 
pouces  de  long. 

5."  La  F.  aiguillonnée;  F.  aculeata  ,  Le  Sueur,  loc.  cit., 
lig.  5.  Corps  presque  cylindrique  ,  glabre,  hyalin;  des  rides 
au-dessous  des  yeux;  nageoire  médiocre. 

Ces  trois  espèces  viennent  des  mers  de  la  Martinique. 
(De  B.) 

FIROME.  [Bot.)  Voyez  Fir  et  Laminaria.  (Lem.) 

FIS  (Bot.),  nom  japonois  de  la  macre  ,   trapa.  (J.) 

FJSAH  KLAB.  (Bot.)  Suivant  M.  Delile,  ce  nom  arabe, 
qui  signifie  pet  de  chien,  est  donné  à  l'anserine  blanche, 
chenopodium  album,  et  à  l'ortie  romaine,  uvtica  pilulifera.  (J. ) 

FISAKAKI,  OBAMMl  (Bot.),  noms  japonois,  suivant 
M.  Thunberg  ,  de  son  genre  Eurya,  qui  n'est  pas  encore 
rapporté  aune  famille  connue.  (  J.  ) 

FIS/VÎNELLE.  (Ornith.)  On  nomme  ainsi,  à  Venise,  le 
grèbe  proprement  dit,  BuIT. ,  colymbus  urinator ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FISCAL.  (Ornith.)  La  pie-grièche  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance à  laquelle  M.  Levaillant  a  donné  ce  nom ,  est  le  lanius 
collaris ,  Linn.  ''  Ch.  D.  ) 

FISCH.  (Ornith.)  Ce  terme,  avec  l'addition  d'adler  ou  de 
ahr ,  désigne,  en  allemand,  le  balbuzard,  falco  haliœtus , 
Linn.;  et  le  Fischgejer  de  Frisch  est  la  harpaie,  falco  rufus , 
Linn.  (Ch.  D.) 

FISCHERA  (Bot.)  -.  Sprengel ,  Prodr.  umhell.,  27.  fig.  i . 
Sprengel  réunit  sous  ce  nom  générique  les  espèces  à'azorella 
de  Cavanilles  et  de  Labillardière ,  et  soupçonne  qu'on  doit 
également  y  rapporter  le  fragosa  de  la  Flore  du  Pérou. 
Il  le  caractérisî'  par  une  ombelle  très-simple  ;  un  involucre 
à  plusieurs  folioles  :  le  fruit  OA'ale,  solide,  un  peu  rude, 
relevé  en  côtes  sur  le  dos.  Voyez  Azcrelle.  (Poir.) 

FISCHÉRIE,  rischeria.  {Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylé- 
dones, à  fleurs  complètes,  monopétalées  ,  de  la  famille  des 


FIS  ,       69 

apocinées,  de  la  pentandrie  digjnie  de  Linnaeus,  offrant  pour 
caractère  essentiel  :  Un  calice  à  cinq  divisions  profondes; 
une  corolle  en  roue,  à  cinq  divisions  ondulées  et  crispées; 
la  couronne  des  cinq  étamines  monophylle  ,  charnue  ,  tron- 
quée, point  lobée,  entourée  à  sa  base  d'un  anneau  necta- 
rifère;  le  sommet  de  l'anthère  simple,  crochu,  replié  en 
dedans  ;  les  masses  du  pollen  insérées  latéralement  vers  le 
milieu  ,  tombant  sur  un  stigmate  pentagone.  Le  fruit  con- 
siste en  deux  follicules. 

FiscHÉRiE  GRIMPANTE;  Fischerici  scandens^  Decand.,  Catal. 
Hort.  Monsp.,  112.  Arbrisseau  toujours  vert,  de  l'Amérique 
méridionale,  cultivé  au  Jardin  de  botanique  de  Montpellier, 
qui  offre  quelques  rapports  avec  le  cinanchum  crispijlorum 
de  Swartz.  Ses  tiges  sont  grimpantes  ;  il  en  découle  un  suc 
laiteux  :  ses  rameaux  longs,  cylindriques  ,  couverts,  ainsi  que 
les  feuilles  dans  leur  jeunesse,  d"uu  duvet  très-fin,  mou  et 
velouté.  Les  feuilles  sont  pétiolées,  opposées,  ovales-oblon- 
gues,  aiguës,  échancrées  en  cœur  à  leur  base;  l'échancrure 
étroite,  fermée  par  des  poils  bruns,  droits,  en  forme  d"é- 
cailles;  les  pédoncules  axillaires  ,  chargés  de  petites  ombelles; 
les  pédicellcs  uniflores;  les  fleurs  d'un  jaune  verdàtre  ;  leurs 
divisions  crépues,  ondulées.  (Poik.) 

FISCHERINE.  {Min.)  Nom  donné  par  M.  John  à  une 
variété  de  sphène  ou  titanite  spathique  de  Norwége  qu'il 
a  analysée  et  dans  laquelle  il  a  reconnu  les  principes  suivans; 

Silice 66 

Fer  oxidé 65.5 

Chaux 25.25 

Alumine 10 

Titane   oxidé 18.10 

Manganèse  oxidé C.5o 

Zircone 2 

Les  minéraux  unis  ici  au  titane  modifient  les  caractères 
du  sphène,  et  lui  donnent  une  plus  grande  dureté,  une  cou- 
leur brun  de  cheveux,  une  pesanteur  spécifique  de  5,86, 
etc.  (B.) 

FISCHERLIN.  (Omith.)  L'oiseau  qu'on  appelle  ainsi,  dans 
les  environs  de  Strasbourg,  est  la  petite  hirondelle  de  liier, 
sLerna  minuta,  Linn.  (Ch.  D.) 


7"  FIS 

nSCHIOSOMA.  (Entom.)  Brera,  dans  ses  Lcçor.s  pratiques 
sur  les  princij-aux  vers  vis  ans  dans  le  corps  humain  et  sur  les 
maladies  verniineuses,  a  établi ,  sous  ce  nom,  un  genre  par- 
ticulier pour  les  animaux  que  l'on  connoit  ordinairement 
sous  le  nom  dliydatide  ou  de  cysticerque.  (De  B. ) 

FISCH-OTTER  ou  OTl'ER  {Mamm.),  nom  allemand  de 
la  loutre.  (  F.  C.  ) 

FISHTÀLL.  {Mamm.)  Espèce  de  ruminant  de  Barbarie, 
dont  Shavv  (  tom.  \",  p.  5i3)  donne  une  description  trop 
imparfaite  pour  qu'on  puisse  reconnoîlre  les  caractères  de 
cet  animal,  qui  paroît  cependant  se  rapprocher  du  genre 
Gazelle  plus  que  de  tout  autre.  (F.  C.) 

FISKAND  [OrniCa.) ,  nom  norwégien  du  harle  vulgaire , 
mcrgus  merganszr ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FlSKA'FfE.  {Mamm.)  C'est  ainsi ,  dit  Kalm,  que  les  Sué- 
dois établis  en  Amérique  nomment  une  espèce  de  mou- 
fette. (  F.  C.  ) 

FISKE-GIOE.  (Ornith.)  On  donne,  en  Norwége,  ce  nom 
et  celui  dejislejou  ,  suivant  Mullcr ,  Zool.  Dan.  prodr. ,  n."  66, 
au  hdlbimrd,  falco  haliœtus ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FISKE-HEYES  {Ornith.),  nom  norwégien  de  la  variété 
du   héron  commun,  ardea  cinerea ,  Linn.   (Ch.  D.) 

FISKEREN.  {Ornith.)  Suivant  Othon  Muller,  n."  147, 
l'oiseau  ainsi  nommé  en  Norwége  est  le  proceliaria  gracidus. 
(Ck.D.) 

FISKLITA.  (Ornith.)  L'oiseau  qu'on  nomme  ainsi  en 
Ukraine  est  le  phalarope  à  festons  dentelés,  tringa  lohala , 
Linn.   (Ch.  D.) 

FISSIDENS,  Pendule  et  Fissident.  (Bol.)  Ce  genre,  de  la 
famille  des  mousses,  établi  par  Hedwig  sur  des  plantes  que 
Linnanis  comprenoit  dans  le  genre  Hypnum,  est  très-voisin 
du  genre  Dicranum  d'Hedv.ig ,  et  en  diflère  essentiellement 
par  ses  fleurs ,  qui  sont  monoïques  au  lieu  d'être  dioïqucs. 
Le  péristome  est  simple  et  formé  de  seize  dents  fléchies  en 
dedans,  chacune  fendue  jusqu'au  milieu,  à  divisions  presque 
égales  et  divergentes.  Les  rosettes,  qu'Hedwig  regarde  comme 
les  fleurs  niàles ,  sont  axillaires.  Les  autres  caractères  sont 
communs  avec  le  dicranum. 

Jiridel  est  l'auteur  qui  a  donné  la  monographie  la  plus 


FIS  7» 

récente  des  espèces  de  ce  genre  :  le  nombre  s"en  élève  à 
vingt- trois,  sans  y  comprendre,  i .°  le  fissidens  semi-com- 
pletus,  Schwaegr,,  type  du  genre  Octodiccras ,  Brid.,  Harh- 
sona,  Adans.;  2."  les  Fissidens  païens ,  Wahlenb. ,  Pulvinatus  , 
Funk  {Dicranum  pidvinatitm ,  Dec.),  qui  rentrent  dans  le 
genre  Campjlopus,  Brid.  (voyez  Toupier);  3.°  les  Fissidcn, 
slrivnifer  cl  poîrcarpus,  Walilenb.  ,  qui  sont  des  espèces  de 
dicranum;  4.°  le  Fissidens  sciuroidcs,  Schultz  et  AVahlenb. , 
qui  est  le  dicranum  sciuroides ,  Decand. ,  et  le  type  du  genre 
Leucodon,  Schvva>gr.  M.  Bachelot  de  la  Pilaye,  qui  a  donné 
une  monographie  de  ce  genre,  le  nomme  shytophrllum ,  et 
en  décrit  vingt -une  espèces,  parmi  lesquelles  se  trouvent 
deux  espèces  nouvelles  que  ses  recherches  lui  ont  fait  dé- 
couvrir en  France.  Cette  monographie  est  insérée  dans  le 
Journal  de  botanique,  vol.  4,  pag.  5o  et  i/,5  ,  et  accom- 
pagnée de  planches  qui  représentent  toutes  les  espèces  dé- 
crites par  l'auteur. 

Plusieurs  botanistes ,  parmi  lesquels  sont  Smith,  Swarfz , 
•Wcber,Mohr  etDe  Candolle,,  ne  séparent  point  le  genre 
Fissidens  du  Dicranum ,  lequel  a  également  les  dents  du  pé- 
ristome  bifides. 

Les  espèces  de  fssidens  ont  un  port  particulier,  qui  les 
fait  distinguer  aisément  des  dicranum  :  elles  sont  simples  ou 
rameuses,  et  leurs  feuilles  sont  disposées  sur  un  même  plan  , 
comme  celles  des  jongermannes.  M.  Bachelot  de  la  Pilaye  a  re- 
marqué que  leurs  feuilles  sont  minces  .  transparentes,  munies 
d'une  nervure  délicate,  laquelle  ,  située  d'abord  au  milieu , 
quitte  ensuite  cette  direction  pour  se  rapprocher  à  la  base 
du  bord  inférieur  des  feuilles.  Celles-ci  présentent,  dans 
cette  partie  et  du  côté  qui  fait  face  au  sommet  de  la  tige  , 
une  fente  ou  dédoublement  dans  leur  épaisseur,  qui  descend 
jusqu'cà  la  nervure  et  se  prolonge  même  quelquefois  au-delà 
du  milieu  de  la  longueur.  Les  feuilles  embrassent  la  t.ge 
par  cette  fente,  et  sont  par  conséquent  amplexicaules.  Cette 
structure  des  feuilles  explique  pourquoi  elles  sont  situées 
sur  le  même  plan ,  et  elle  donne  au  genre  Fissidens  un 
caractère  facile  à  reconnoître,  même  lorsque  la  fructification 
manque. 

Les  bourgeons,  qu'Hedwig  prend  pour  les  fleurs  mâles, 


72  FIS 

sont  situés  dans  la  fente  des  feuilles.  Les  urnes  ou  les  fleurs 
femelles  sont  portées  sur  des  pédicelles  axillaires  et  munies 
de  coiifes  fendues  sur  le  c6té. 

Les  espèces  croissent  dans  les  lieux  frais  et  ombragés ,  les 
bois ,  les  haies ,  les  vergers ,  et  le  plus  souvent  à  terre , 
quelquefois  cependant  aussi  sur  les  écorces  des  arbres.  On 
en  trouve  en  Europe,  en  Amérique  et  à  la  Nouvelle  -  Hol- 
lande ;  quelques  espèces  ont  été  observées  en  Afrique  et 
dans  les  îles  adjacentes.    Nous  citerons  les  suivantes. 

^'    Tige  simple^  pédicelle  terminal. 

FissiDENs  FLUET  (F'issidens  exilis ,  Hed\v.  ,  Aï  use. ,  tab.  58, 
fig*  7  5  8  ,  cj  ;  Excl.  sjii. ,  Linn.  :  Dicranum  vividulum,  Smith  ; 
SkitophjdLum  exile,  Delap.,  Journ.  bot.,  4,  pag.  146,  pi. 
38,  lig.  1  ).  Petite  mousse  de  deux  à  trois  lignes  de  hauteur; 
à  tige  nue  à  la  base,  munie  de  feuilles  ovales -lancéolées, 
imbriquées  ;  terminée  par  un  pédicelle  flexueux  portant 
une  urne  oblique.  Cette  petite  mousse,  d'un  vert  gai,  se 
plaît  dans  les  lieux  frais  et  ombragés,  sur  la  terre  nue.  Elle 
croît  en  France  et  dans  les  dilférentes  parties  de  l'Europe. 
Bridel  en  possède  des  échantillons  recueillis  à  l'Ile-de-France. 

FissiDENs  BRYoÏDE  [FissidcHS  bryoides ,  Hedw. ,  Musc,  tab. 
2^;  Bryum  viridulum ,  Linn.;  Dicranum  viriduluin  ,  Decand., 
FI.  Fr.  ;  Skituphjllum  Irjoides ,  Delap.,  I.C.,  fig.  4;  ^^aill. ,  Par., 
tab.  24,  fig.  i3).  Cette  espèce  est  deux  à  trois  fois  plus 
grande  que  la  précédente;  elle  forme  de  petits  gazons  com- 
posés de  tiges  simples,  garnies  de  feuilles  écartées,  lancéolées 
et  jamais  imbriquées  à  leur  base;  les  pédicelles  pprtent  des 
urnes  droites.  Cette  espèce  est  plus  commune  que  la  pré- 
cédente et  se  rencontre  dans  les  mêmes  circonstances.  On 
l'observe  partout  en  Europe.  Elle  existe  aux  environs  de 
Constantinople  et  d'Alger. 

Le  genre  Fascina  de  Schranck  a  cette  mousse  pour  type 
et  rentre  dans  le  genre   Luida   (voyez  ce  mot)  d'Adanson. 

**    Tige  rameuse,  pédicelle  terminal. 

FissiDENs  ASPLÉNioÏDE  i^Fissidtns  asplenioidcs ,  Hedw..,  Musc, 
frond. ,  tab.  28  ;  Brid. ,  Musc,  suppl. ,  4  ,  pag.  190  ;  Skitophjlluin 


FIS  73 

asylenioides ,  Delap.,  1.  c. ,  fig.  8  et  9).  Cette  mousse  est 
simple  ou  peu  rameuse  ;  longue  d'un  à  deux  pouces  .  et  garnie 
dans  toute  la  longueur  de  sa  tige  de  feuilles  lancéolées  ,  éta- 
lées, et  dont  le  sommet  se  tortille  souvent.  Le  pédicelle, 
qui  dans  les  espèces  précédentes  fait  la  moitié  de  la  longueur 
de  la  plante  ,  est  ici  fort  court,  n'ayant  que  trois  à  quatre 
lignes.  L'urne  est  un  peu  oblongue.  Cette  jolie  mousse  croît 
sur  les  rochers  humides  à  la  Jamaïque.  Bridcl  pense  que 
les  mousses  observées  en  Afrique  et  en  Europe,  et  qu'on 
rapporte  à  cette  espèce,  doivent  constituer  des  espèces 
diiîercntes. 

000    T/'gc  rameuse^  pédicelle  latéral. 

FissiDENs  ADiANTHOÏDF.  {Fissidcns  adianthoidcs ,  Hed^v.  ,  St. 
cr. ,  3,  tab.  ■26;  Skitoph-ylLum  adianthoides  ,  Delap.,  1.  c. ,  pi. 
09  ,  fig.  i5;  Uypniim  adianthoides  ,  Linn.,  Vaill.,  Par.,  tab.  28  , 
fig.  5  ).  Cette  espèce  est  une  des  plus  grandes;  elle  a  deux, 
trois  et  quatre  pouces  de  longueur  :  sa  tige  ou  fronde  est 
rameuse  et  garnie  de  feuilles  nombreuses,  lancéolées,  imbri- 
quées, dentées  à  l'extrémité  :  les  pédicelles  sont  rougeàtres, 
et  partent  du  milieu  des  tiges,  ou  près  de  la  base,  ou  vers 
son  sommet,  ou  sur  ses  rameaux;  ils  ont  un  pouce  et  plus 
de  longueur  :  les  urnes  sont  ovoïdes  et  pas  tout-à-fait  droites. 
Cette  mousse,  d'un  vert  foncé,  croît  dans  les  bois  humides 
et  tourbeux.  Elle  fleurit  et  fructifie  au  printemps.  Elle  est 
commune  en  Europe,  et  se  retrouve  dans  l'Amérique  sep- 
tentrionale.  On  la  trouve  rarement  avec  ses  urnes. 

****    Tige  simple,  pédicelle  latéral. 

FissiDENs  A  FEUILLES  d'if  (  Fissidcns  taxifolium ,  Hedw. ,  5p. 
musc,  tab.  09,  fig.  1  et  5  :  Hjpnum  taxifolium,  Linn.;  Dill., 
Musc,  tab,  34,  fig.  ]  ;  Vaill.,  Bot.,  tab.  24  ,  fig.  11).  Cette 
mousse  ressemble  au  fissidens  hyoïde;  mais  elle  est  plus 
grande ,  plus  feuillée  ,  et  ses  pédicelles  partent  de  la  racine 
et  non  pas  du  sommet  de  la  tige  :  sa  tige  est  un  peu  couchée  ; 
ses  feuilles  sont  ovales  -  lancéolées ,  aiguës,  imbriquées,  un 
peu  dentelées  à  l'extrémité;  les  jiédicelles  sont  deux  fois 
plus  longs  que    la    plante,    et  portent  les   urnes  penchées, 


74  FIS 

ovales- oblongues ,  munies  d'opercules,  terminées  chacune 
par  une  loiigue  pointe.  Cette  mousse  se  rencontre  frcqucui- 
incnt  à  terre  dans  les  bois  humides.  (Lem*) 

nSSILIER, /"isiiii'a.  {Bot.:  Genre  de  plantes  dicotylédones, 
à  fleurs  complètes,  monopéralees,  de  la  famille  des  ardi- 
siacées ,  de  la  Lriandrie  monogynie  de  Linnasus,  offrant  pour 
caractère  essentiel  :  Un  calice  entier,  urcéolé,  persistant; 
«ne  corolle  tubulée ,  régulière,  fendue  profondément  en 
trois  parti.'s,  dont  deux  biHdes  ;  trois  étamines;  cinq  fila- 
mens  stériles;  un  ovaire  supérieur;  un  style;  un  stigmate 
obtus;  une  noix  en  forme  de  gland ,  enveloppée  en  grande 
partie  par  le  calice  alongé,  prenant  la  forme  d'une  cupule, 
3ie  contenant  qu'une  seule  semence. 

Il  paroit  que  ce  genre  diffère  si  peu  de  ï'olax ,  qu'il 
pourroit  bien  y  être  réuni,  ainsi  qu'il  l'a  été  par  "Vahl.  11 
est  probable  qu'il  faudroit  également  y  joindre  le  pseiidalira 
de  M.  du  Çetit-Thouars.  Il  ne  renferme  qu'une  seule  espèce. 

Fissii.iER.  DES  PERROQUETS  :  FissiUa  psittacorum,  Lamk.  ;  III. 
gen. ,  tab.  28;  Olax  psittacorum ,  Vahl,  Enuin.,  2,  pag.  83; 
vulgairement  Bois  de  perroquet.  Arbre  d'un  beau  port, 
dont  les  feuilles  restent  toujours  vertes,  et  ressemblent  à 
celles  d'un  laurier.  Ses  rameaux  sont  glabres,  alternes  , 
cylindriques,  garnis  de  feuilles  à  peine  pétiolées ,  alternes, 
lancéolées,  entières,  un  peu  aiguës,  glabres  à  leurs  deux 
faces  ;  les  fleurs  sont  axillaircs,  pédonculées;  les  pédoncules 
solitaires,  simples  ou  légèrement  ramifiés  en  une  petite 
grappe  à  peine  plus  longue  que  les  feuilles.  Le  fruit  est 
une  noix  ovale ,  de  la  grosseur  d'une  petite  olive,  ayant  la 
forme  d'un  gland.  Cet  arbre  croît  à  l'île  de  Boui'bon.  Les 
perroquets  sont  très-friands  de  ses  fruits.  (Poin.) 

FISSIPÈDES.  {Ornith.)  On  appelle  ainsi  les  oiseaux  dont 
les  pieds  sont  séparés  et  sans  membranes.  (Ck.  D.) 

FISSIIIOSTKES.  {Ornith.)  M.  Cuvier  donne  ce  nom  à  une 
famille  d'oiseaux  dont  le  bec,  court,  large,  aplati  horizon- 
talement, légèrement  crochu,  mais  sanséchancrure,  est  fendu 
très-pror<)[K!ément ,  en  sorte  que  l'ouverture  de  leur  bouche 
est  très-large,  tt  qu'ils  engloutissent  aisément  les  insectes 
qu'ils  prennent  au  vol.  Les  oiseaux  que  comprend  cette 
famille  se  divisent  en  diui'nes  et  nocturnes.   Les  preniiers 


IIS  75 

sont  les  martinets  et  les  hirondelles;  les  seconds,  les  en- 
goulevents et  les  podarges.  (Ch.  D.) 

FISSIJLE,  Fissula.  (Entoz.)  Genre  de  vers  intestinaux, 
jusqu'cà  un  certain  point  pressenti,  quoique  mal  établi,  par 
Bruguières,  dans  rEncyclopédie  méthodique,  sous  le  nom 
de  proboscidea,  établi  de  nouveau,  par  Fischer,  sous  celui 
de  cystidiccla;  nommé  ophiostoma  par  MM.  Rudolphi,  Zeder, 
Ocken,  et  que  M.  de  Lamarck  paroit  avoir  le  premier  ca- 
ractérisé,  dans  ses  leçons,  sous  le  nom  de  Fissule ,  pour 
Voscaris  hifida,  en  quoi  il  a  été  suivi  par  M.  Bosc.  Les  ca- 
ractères de  ce  genre,  quelle  que  soit  la  dénomination  qu'on 
lui  assigne,  sont  :  Corps  aîongé,  cylindrique,  un  peu  atténué 
postérieurement;  bouche  terminale,  à  deux  lèvres  distinctes, 
une  supérieure  et  l'autre  inférieure  ;  anus  près  de  la  pointe 
de  la  queue  :  organes  de  la  génération  mâles,  consistant  en 
une  soie  grêle,  sortant  près  de  lanus  ;  femelles,  en  un  ori- 
fice situé  au  tiei*s  antérieur  de  la  partie  inférieure  du  corps. 
D'après  cela,  il  est  aisé  de  voir  que  ces  animaux  ont  les 
plus  grands  rapports  avec  les  ascarides  :  aussi  leur  canal 
intestinal ,  les  ovaires  et  Futcrus  ont-ils  la  même  forme ,  et 
ils  n'en  diffèrent  guère  que  par  Forilice  antérieur  du  canal 
alimentaire.  Ils  vivent  également  librement  dans  les  intes- 
tins des  mammifères  et  dans  ccu>:  des  poissons.  On  n'en  connoit 
encore  que  quatre  espèces  :  1 

1.°  La  F.  MUCRONÉE  ;  F',  mucronata,  Pvudolphi,  Entoz.,  2, 
pag.  1 17  ,tab.  3,fig.  i3  ,  14.  Petits  vers  d'un  pouce  et  plus  de 
long,  dont  les  bords  de  la  peau  sont  comme  crénelés;  la  tête 
obtuse;  les  deux  lèvres  de  la  bouche  égales,  et  la  queue 
obtuse,  terminée  par  une  petite  pointe  subulée.  M.  Ru- 
dolphi dit  avoir  observé  les  fœtus  vivans  dans  les  œufs  dont 
les  oviductes  étoient  remplis.  Cette  espèce  se  trouve  dans 
les  intestins  de  la  chauve-souris  oreillarde  ;  aussi  M.  de  La- 
marck la  nomme-t-ii  la  fissule  de  la  chauve-souris. 

■2."  La  F.  DU  phoque:  F.  dispar ,  Lamck. ;  Oph.  dispar ,  Rud.; 
Asc.  phoccc,  Gmel. ;  Mull. ,  Zoot.  Dan.,  vol.  2,  pag.  46,  lab.  74, 
iîg.  1  ;  Enc.  méth. ,  tab.  02,  fig.  8.  Dans  cette  espèce,  qui 
diffère  essentiellement  de  la  précédente,  parce  que  les  deux 
lèvres  de  la  bouche  sont  inégales,  la  supérieure  étant  la 
plus  longue ,    la   femelle  ,    plus   grosse  que  le   mâle  ,   a  le 


I 

76  FIS 

plus  souvent  trois  pouces  de  long ,  quelquefois  huit  sur 
une  ligne  de  diamètre ,  et  la  queue  est  oLtuse ,  tandis  que 
celle  du  niàle  est  terminée  par  une  pointe  longue  et  re- 
courbée. Elle  se  trouve  fréqueniinenl ,  d'après  Fahricius, 
dans  les  intestins  des  phoques  du  Groenland  et  fétide.  Cet 
observateur  dit  avoir  trouvé  le  cœur  d'un  phoque  vivant  de 
cette  dernière  espèce,  qui  avoit  été  blessé  par  un  harpon, 
presque    entièrement  détruit  par  cette  tissule. 

5.°  La  F.  Lei'ture  :  F.  leptura,  Rudolphi ,  Entoz.,  tab.  7, 
fig.  1  ,  2.  Ver  de  trois  pouces  de  long  et  de  deux  tiers  de 
ligne  de  large  au  milieu,  dont  la  tête,  plus  épaisse  à  sa 
base,  se  prolonge  et  se  divise  en  deux;  lèvres,  dont  l'infé- 
rieure est  double  de  la  supérieure,  et  dont  l'extrémilé 
postérieure  est  capillaire  ,  presque  comme  dans  les  trichiures. 
Cette  espèce,  trouvée  par  M.  Tilesius  dans  les  intestins  de 
la  corjphena  hippurus  ,  appartient-elle  à  ce  genre  ? 

4*°  La  F.  CYsriDicoLE  :  1\  cystidicola ,  Rudolphi;  Fischer, 
de  Cystidicola.  Corps  arrondi,  plus  épais  antérieurement, 
filiforme  et  atténué  en  arrière  ;  les  lèvres  de  la  bouche  égales 
et  un  peu  aiguës;  la  queue  subélargie,  déprimée,  terminée 
par  une  pointe  subulée. 

C'est  cette  espèce  dont  M.  Fischer  avoit  fait  son  genre 
Cystidicola,  parce  qu'il  l'avoit  trouvée  dans  la  vessie  nata- 
toire d'une  truite.  (De  13.) 

FISSURELLE,  f'issure/ia.  (Malacoz.)  Genre  de  mollusques 
conchylileres ,  établi  par  M.  de  Lamarck  pour  les  animaux 
dont  la  coquille,  percée  vers  le  sommet,  formoit,  dans  Lin- 
naeus  et  la  plupart  des  conchyliologistes  anciens,  la  subdivi- 
sion tranchée  des  patelles  à  sommet  percé,  mais  qui  diffé- 
rent réellement  beaucoup  des  véritables  Patelles  (voyez  ce 
mot).  Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  Corps  ovalaire , 
presque  circulaire  ,  conique  ,  pourvu  inférieurement  d'un 
large  pied,  débordé  de  toutes  parts  par  un  manteau  garni  de 
filamens  tentaculaires ,  et  percé  à  sa  partie  supérieure  d'un 
trou  ovalaire  communiquant  dans  la  cavité  branchiale  ; 
branchies  formées  de  deux  peignes  branchiaux  bien  symé- 
triques, et  situés  à  la  partie  antérieure  et  supérieure  du  dos; 
tête  distincte  ;  deux  tentacules  coniques ,  rétractiles  ;  les 
yeux  à  leur  base  externe.  Coquille  simple,    conique,  bien 


FIS  77 

K_ymétrique  ,  souvent  presque  circulaire  ,  à  bord  horizontal, 
et  percée  vers  son  sommet,  toujours  antérieur,  d'un  orifice 
ovalaire  correspondant  à  celui  du  manteau.  Les  fissurclles, 
du  reste,  ont  un  assez  grand  nombre  de  rapports  avec  les 
véritables  patelles,  mais  surtout  avec  les  émarginules;  elles 
vivent  également  presque  fixées  sur  les  rochers  qui  bordent 
les  mers  et  surtout  celles  des  pays  chauds.  Adanson  (  Sénég. , 
p.  35,  pi.  2)  nous  a  donné  quelques  détails  sur  la  fssurella 
nimbosa,  à  laquelle  il  donne  le  nom  de  dasan.  L'espèce  la 
plus  commune  dans  la  Méditerranée,  la  fissurelle  grecque, 
sert  quelquefois  de  nourriture  aux  liabifans  de  Marseille, 
qui  la  nomment  Oreille  de  S.  Pierre.  Tournefort,  dans  son 
Voyage  au  Levant,  dit  que  l'animal  seringue  de  l'eau  par 
l'orifice  de   sa  coquille. 

Ce  genre  fait  partie  de  notre  ordre  des  Cervicobrakches 
et  de  celui  des  Scutibranches  de  M.  Cuvier.  Il  comprend  un 
assez  grand  nombre  d'espèces,  mais  qui  sont  bien  loin,  pour 
la  plupart,  d'avoir  été  suffisamment  examinées.  Nous  allons 
en  faire  connoître  les  principales  ,  que  l'on  peut  diviser 
d'après  la  position  de  l'orifice  de  la  coquille,  qui  est  ou 
immédiatement  percé  dans  le  sommet,  ou  plus  ou  moins  en 
avant,  de  manière  à  former  un  passage  vers  les  émarginules. 

La  FissuRiLLE  GRECQUE  :  Fissurellu  grœca,  Gmel.  ;  le  Gival, 
Adans.  ,  Sénég.  ,  1,  tab.  2,  fig.  7.  Coquille  ovale,  assez 
convexe,  plus  large  en  arriére,  crénelée  à  son  bord  interne, 
avec  des  stries  cancellées  en -dessus;  couleur  blanchâtre  et 
souvent  tachetée.  Mers  Méditerranée  et  Atlantique. 

La  Fissurelle  Dasan  :  Fissurella  nimbosa ,  Gmel.;  le  Dasan, 
Adans.,  Sénég.,  tab.  2  ,  fig.  6.  Coquille  quelquefois  de  deux 
pouces  de  long,  ovale,  striée  ,  rugueuse,  blanchâtre  et  sou- 
vent radiée  ou  nuancée  irrégulièrenicnt  de  violet.  Le  trou 
du  sommet  fort  alongé.  Des  mêmes  mers  que  la  précédente. 

La  Fissurelle  peinte:  Fissurella  pic  la ,  Gmel.;  Martini, 
Conch.,  1,  tab.  11,  fig.  go.  Coquille  de  trois  à  quatre  pouces 
de  long,  ovale,  épaisse,  blanche,  nuancée  de  verdàtre , 
avec  des  rayons  obliques  alternativement  violets  et  blancs. 
L'orifice  du  sommet  rond.  Détroit  de  Magellan. 

La  Fissurelle  des  Baubades  ;  Fissurella  barbadensis ,  Gmel.; 
List.,  Conch.,  tab.  528,  fig.  7.  Oblongue,  les  bords  crénelés, 


7«  FIS 

striés  inégalement  en-dessus  ;  couleur  grisâtre  tachetée  fré- 
quemment de  jaune  verdàtre.  I.e  trou  du  sommet  circulaire 
et  entoure  d'un  anneau  fauve.  Des  îles  IJarbades. 

La  FissL'RELLE  CAFRE:  Fissurella  cajj'ra,  Gmcl.  :  Martini, 
Conch..  1  ,  tab.  71  ,  fig.  ()5.  Ovale,  comprimée,  très-fine- 
ment striée,  blanchâtre,  radiée  de  noir.  L'orifice  presque 
central.  Du  cap  de  Bonne-Espérance. 

La  Fissi:rf.li.e  a  bandes  pourprées  :  Fissurella  jyoflijrozonias , 
'Gniel.  ;  Martini,  Conchjl. ,  1,  tab.  12,  fig.  102  ,  io5.  Ob- 
longue ,  comprimée ,  inégalement  striée  ;  de  couleur  blanche , 
avec  cinq  bandes  pourprées  interrompues;  le  trou  du  sommet 
petit  et  orbiculaire.  Amérique  septentrionale. 

La  FissuRELLE  masque;  Fissurella persvnaLa ,  Grael.;  Martin., 
UmV.  conchyl. ,  2 ,  tab.  64.  Coquille  convexe  ;  des  stries 
fines  croisées  dans  les  deux  sens  et  des  rayons  noirs.  Des  îles 
Falkland. 

Parmi  les  espèces  dont  l'orifice  est  en  avant  du  sommet, 
nous  citerons  : 

La  FissuKELLE  PUSTULE;  Fissurella  pusîula,  Gmcl.;  List., 
Conclu,  tab.  628,  fig.  5.  Coquille  ovale,  gibbeuse,  convexe, 
réticulée  par  des  stries  inégales  qui  se  croisent  à  angles 
droits,  et  de  couleur  blanche.  11  paroit  qu'elle  se  trouve 
dans  les  mers  Méditerranée,  Atlantique,  du  Sud  et  de  llnde. 
Je  le  répète,  le  nombre  des  espèces  de  ce  genre  est  beau- 
coup plus  considérable  ,  comme  il  sera  aisé  de  s'en  assurer 
dans  Gmelin ,  qui  en  caractérise,  d'après  Schrœfer,  au  moins 
quarante  dans  sa  quatrième  et  dernière  division  des  patelles, 
dont  il  faut  cependant  retrancher  les  deux  premières,  qui 
sont  des  émarginules.  Il  me  paroit  en  outre  certain  qu'il  en 
existe  plusieurs  espèces  non  décrites  dans  les  collections.  (_DeB.) 
FISSURELLE,  {Foss.)  Les  espèces  de  ce  genre  ne  se  sont 
encore  présentées  à  Fétat  fossile  que  dans  les  couches  les 
plus  nouvelles  du  globe.  Voici  celles  que  je  connois  et  qui 
se  trouvent  dans  ma  collection. 

FissuREixE  LABIÉE;  Fissurclla  lahlata  .  Lamk.  ,  vélins  du 
Mus.  d'hist.  nat. ,  n.°  1  ,  fig.  19  et  20.  Coquille  ovale,  en  cône 
déprimé,  couverte  de  stries  ccailleuses  rayonnantes,  ayant 
à  son  sommet  un  trou  oblong  ,  bordé  intérieureme7it  d'un 
côté  par  une  petite  lèvre.  Longueur,  un  pouce. 


FIS  79 

Les  individus  très-jeunes  ont  le  bord  supérieur  du  trou 
terminé  par  une  pointe  en  spirale;  mais  il  est  très-probable 
qu'il  en  est  ainsi  des  jeunes  individus  de  toutes  les  espèces. 
On  trouve  celle-ci  à  Gn'gnon  près  de  Versailles,  à  Haute- 
ville,  département  de  la  Manche,  et  dans  les  couches  du 
calcaire  marin  grossier  des  environs  de  Paris. 

On  trouve  aussi  avec  cette  espèce  une  variété  ou  une 
autre  espèce  qui  est  beaucoup  plus  écaillcuse. 

FissuRELLK  DR  LA  TouRAiNE  ;  FissurellûL  tiiToniensis  ,  Def, 
Cette  espèce  est  beaucoup  plus  conique  que  la  px'écédente; 
elle  est  couverte  de  stries  rayonnaiites,  qui  sont  coupées  par 
d'aulres  stries  circulaires.  Longueur,  huit  à  neuf  lignes. 
On  peut  la  regarder  comme  l'analogue  de  la  patella  Jissura 
de  Linn.neus.    On  la  trouve  dans  les  faluns  de  la  Touraine. 

FissuREr.LE  d'Italie  ;  Fissurella  italica  ,  Def.  Cette  espèce 
est  plus  grande  que  les  précédentes.  Elle  est  chargée  de 
fortes  stries  rayonnantes ,  coupées  vers  le  sommet  par  des 
stries  circulaires;  ses  bords  sont  dentelés  et  abaissés  aux: 
deux  bouts.  Longueur  quinze  à  seize  lignes.  On  la  trouve 
dans  le  Plaisantin. 

FissuRELLE  CONIQUE;  F/ssurf //a  conica ,  Def.  Coquille  mince  , 
suborbiculaire  ,  cà  sommet  élevé  et  à  bords  unis.  Langueur, 
neuf  lignes.  On  la  trouve  dans  la  falunière  deHautevilie.  (D.  F.) 
FIST  DE  PROVENCE.  (Ornith.)  L'oiseau  qui  est  tiguré 
sous  ce  nom  dans  la  planche  enluminée  de  BufTon.  65,4, 
n.°  1  ,  et  qui,  ressemblant  aux  alouettes,  n'a  pas  Fongle  du 
pouce  long  comme  le  leur,  est  rapporté  au  pipi  des  arbres, 
antlius  arl'oreus,  Bechst.  (Ch.  D.) 
FISTICL  {Bot.)  Voyez  Fistuc.  (J.) 

FISTUC,  FISLUC.  {Bol.)  Les  Maures  nomment  ainsi  le 
pistachier  de  Malte ,  pistacia  vera.  C'est,  selon  Dodoëns,  le 
Jistici  des  boutiques,  le  Jisticos  ou  albocigos  des  Espagnols-, 
selon  M.  Delile  le  festog  des  Arabes.  Il  ne  faut  pas  le  con- 
fondre avec  lefostuk,  qui  est,  suivant  ForskaJ,  le  lentisque. 
Dans  Daléchamps,  il  est  sous  les  noms  de  festich  et  pustech: 
c'est  probablement  de  ce  dernier  que  dérive  celui  de  pis- 
tache en  France,  et  de  pistacln   en  Italie.  (J.  ) 

FïSTULA.  {Spong.)  M.  Ocken,  ayant  divisé  les  éponges  en 
uû  certain  nombre  de  pellles  coupes  génériques,  dési::^ne. 


8°  FIS 

sous  le  nom  de  Jislula,  les  espèces  dont  le  lissu  est  feutré  , 
et  qui  sont  creuses  ou  en  forme  de  tuyau.  Les  espèces  qu'il 
range  dans  ce  genre  sont  les  Sp.  pilosa,  qu'il  nomme  F.  acu- 
leata ,  pertasa,  rigida,  et  fulva,  qu'il  appelle  F.  cancellata. 
Voyez  Ei'ONGE  et  Spongiaires.   (De  B.) 

FISTULE.  (Bot.)  Ce  nom,  chez  les  anciens,  étoit  donné 
à  des  tiges  creuses  de  végétaux  propres  à  faire  des  flûtes, 
des  pipeaux,  des  plumes  à  écrire,  ou  aux  végétaux  eux- 
mtines  qui  les  fournissoient.  Ainsi,  le  fisfula  on  syringa  de 
Lobel  est  le  syringes  ou  Jistularis  de  Dioscoride  ,  que  C.  Bauhin 
et  Tournefort  nomment  arundo  scripiorla.  Le  Jistula  pastoris , 
cité  par  Cordus ,  dans  ses  Commentaires  sur  Dioscoride , 
est  le  plantain  d'eau  ,  alisma  plantago;  un  autre  fistula  pas- 
toris,  cité  par  Césalpin  ,  d'après  Avicenne,  est  la  digitale 
jaune,  digitalis  lutea.  (J.) 

FISTULAIRE,  Fislularia.  {Echinod.)  Petite  subdivision 
générique  ,  établie  par  M.  de  Lamarck,  dans  la  nouvelle  édi- 
tion de  ses  Animaux  sans  vertèbres,  pour  quelques  espèces 
dliolothuria  de  Linnœus,  qui  ont,  en  général,  le  corps  beau- 
coup plus  alongé,  plus  tuberculeux  ;  dont  les  tentacules 
qui  entourent  la  bouche  sont  dilatés  en  plateau  à  l'extré- 
mité,  et  dont  le  plateau  est  divisé  ou  denté.  C'est  évidem- 
ment le  genre  auquel  M.  Ocken  a  conservé  le  nom  d'Ho- 
lothurie. Il  paroit,  du  reste,  que  c'est  la  même  organisation 
et  les  mêmes  mœurs  que  dans  les  véritables  Holothuries. 
(Voyez  ce  mot.)  M.  de  Lamarck  range  dans  ce  genre  : 

1."  La  F.  élégante:  F.  elegans ,  Lamck.  ;  H.  eUgans ,  Gmel.  ; 
Mull.,  Zool.  Dan.,  t.  1  ,  fig.  1-3,  et  Encycl.  méth.,  pi.  86, 
lig.  9,  10.  Corps  papilleux,  long  d'une  palme  et  épais  de 
deux  à  trois  lignes,  terminé  en  avant  par  vingt  tenta- 
cules courts  et  divisés  à  leur  extrémité,  qui  est  peltée. 
Des  mers  de  Norwége. 

2.°  La  F.  TUBULEusE  :  F.  tubulosa ,  Lamck.;  Hol.  tremula, 
Gmel.:  Soland.  et  Ellis ,  t.  8;  Enc.  méth.,  pi.  86,  fig.  2, 
et  Forskal ,  ïcon.  œgypt. ,  t.  89,  fig.  A.  Corps  assez  alongé, 
couvert  de  papilles  en-dessus  et  de  tubules  rétractiles  en- 
dessous;  la  bouche  entourée,  comme  dans  la  précédente, 
de  vingt  tentacules  dilatés  en  plateau,  divisés  à  l'extrémité. 
De  la  mer  Kouge. 


FIS  8i 

5."  La  F.  IMPATIENTE  :  F.  impatiens ,  Forsk.,  Faun.  Arab.y 
pag.  121;  Icon.,  tab.  39,fig.  i/. ,  copiée  dans  TEnc.  méth. , 
pi.  86,  fig.  11.  Corps  roide,  verruqueux  ;  les  plateaux  des 
tentacules  divisés  en  cinq  lobes  denticulés.  Mer  Rouge. 

^►°  La  F.  LIMACE  :  F.  maxima,  Forsk.,  loc.  cit.,  pag.  lai  , 
et  t.  38,  fig.  B  4.  Corps  rigide,  convexe  en-dessus,  plane 
et  bordé  en  dessous  ;  les  tentacules  filiformes  ,  élargis  et  laci- 
niés  au  sommet.  Des  mêmes  mers. 

5.°  La  F.  DiGiTÉE  :  F.  digitata  ,  Lamck.  ;  H.  digitata^  Act. 
Soc.  Li'nre. ,  vol.  11,  pag.  22  ,  tab.  4,  fig.  6  -,  an  Hol.  inharens , 
MuU.  ,  Zoll.  Dan.  ,  tom.  5i,  fig.  1-4?  Corps  cylindracé, 
presque  nu  ;  papilles  petites,  en  forme  de  pointe  -,  tenta- 
cules au  nombre  de  douze  ,  digités  et  dentelés  au  sommet. 
(DeB.) 

FISTULAIRE  ,  Fistularia.  (Ichthjol.)  M.  de  Lacépède  a 
donné  ce  nom  à  un  genre  de  poissons  fort  singulier.  Dans 
les  fistulaires  proprement  dites,  de  M.  Cuvier,  qui  sont  les 
mêmes  que  celles  de  M.  de  Lacépède,  il  n'y  a  qu'une  nageoire 
dorsale.  Les  os  intermaxillaires  et  la  mâchoire  inférieure  sont 
armés  de  petites  dents.  D'entre  les  deux  lobes  de  leur  nageoire 
caudale  sort  un  filament  quelquefois  aussi  long  que  le  corps. 
Le  tube  du  museau  est  très-long  et  déprimé  ;  la  vessie  nata- 
toire paroît  excessivement  petite;  les  écailles  sont  invisibles. 

Le  genre  Fistularia  entre,  avec  ceux  de  Vaulostome  et  du 
solénoslome  ,  dans  la  première  famille  des  poissons  holo- 
branches  abdominaux  ,   que  M.  Duméril  nomme  les  Svjpho- 

KOSTOMES. 

On  en  trouve  dans  les  mers  chaudes  des  deux  hémisphères. 

Le  FiSTULAiRE  PETiMBE  :  Fistularia  petimba  ;  Fistularia  laba- 
caria  ,  Linn.  C'est  la  seule  espèce  assez  bien  connue.  Elle 
parvient  à  la  longueur  de  plus  de  trois  pieds.  L'ouverture 
de  la  gueule  est  située  à  l'extrémité  d'un  tuyau  formé  par 
les  mâchoires.  Les  catopcs  sont  très-écartés  l'un  de  l'autre; 
les  nageoires  dorsale  et  anale  sont  ovales  et  semblables  l'une 
à  l'autre.  Le  filament  de  la  queue  est  de  la  longueur  du 
corps  ;  il  est  roide  et  articulé  ;  il  ressemble  à  un  brin  de 
fanon  de  baleine ,  dont*  il  a  la  couleur  et  un  peu  l'appa- 
rence. 

Commerson  a  observé  ce  poisson  dans  les  détroits  de  la 
n.  Q 


82  FIS 

Nouvelle-Bretagne.  Bloch  l'a  figuré,  387,  1.  On  le  trouve 
aussi  dans  la  mer  des  Antilles  et  au  milieu  des  eaux  du  grand 
Océan  équinoxial.  Il  paroît  vivre  de  petits  animaux  marins. 
Sa  chair  est  maigre  et  peu  sapide.  (H.  C.) 

FISTULANE,  Fistulana.  {Malacoz.)  Genre  de  mollusquesu 
de  la  famille  des  Pyioainés,  Blainv. ,  des  Enfermés  de 
M.  Cuvier,  des  Tedeicolés  de  M.  de  Lamarck,  indiqué  par 
Adanson ,  à  son  article  Ropan,  Sénég. ,  p.  267,  pi.  19,  établi 
par  MM.  Bruguières  et  de  Lamarck. ,  et  adopté  depuis  par 
tous  les  auteurs  systématiques.  Les  caractères  qu'on  peut 
lui  assigner  sont  les  suivans  :  Corps  alongé ,  arrondi,  et  plus  ou 
moins  renflé  en  massue  à  sa  partie  antérieure  ou  céphalique , 
terminé  en  arrière  par  deux  longs  tubes  réunis^  contenu,  en 
plus  ou  moins  grande  partie,  dans  une  coquille  équivalve, 
oblique,  très-inéquilatérale,  très -bâillante,  et  beaucoup  plus 
large  à  une  des  extrémités  qu'à  l'autre,  sans  charnière  ni  liga- 
ment :  le  tout  renfermé  dans  un  tube  ou  fourreau  calcaire , 
plus  ou  moins  épais,  fermé  et  renflé  à  une  de  ses  extrémités, 
et  se  terminant  à  l'autre,  toujours  plus  grêle ,  par  une  ou 
deux  ouvertures. 

D'après  cette  définition ,  il  est  évident  que  c'est  ua  genre 
voisin  des  tarets,  et  surtout  des  clavagelles  :  aussi  M.  Le 
Sueur,  qui  a  observé  une  espèce  de  fi.stulane,  quoique  in- 
complètement ,  nous  apprend-il  que  l'animal  fait  sortir,  par 
l'orifice  de  son  tube,  deux  longs  appendices  filiformes,  fi'S- 
tuleux,  calcaires,  terminés  chacun  par  cinq  à  huit  godet» 
infundibuliformes,  semi-cornés  ou  calcaires,  empilés  les  uns 
au-dessus  des  autres,  de  manière  à  faire  paroître  la  partie 
supérieure  de  cet  organe  comme  verticillée.  C'est  évidem- 
ment l'analogue  des  deux  palmules  observées  par  M.  Cuvier 
dans  une  espèce  de  taret.  M.  de  Lamarck  pense  que  ce» 
organes  ne  peuvent  être  que  les  supports  des  branchies,  et 
non  des  organes  analogues  des  appendices  des  cirripèdes,  ni 
même  des  deux  palettes  des  tarets  ;  mais  c'est  ce  que  noua. 
n'oserions  assurer,  la  description  que  nousavons  de  ces  organe» 
étant  bien  loin  d'être  suffisante  pour  se  décider  par  analogie. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  fistulanes  vivent,  à  peu  près  comme 
les  tarets,  dans  le  sable,  le  bois,  les  pierres,  et  même  dan» 
le  têt  de  quelques  mollusques.  Il  paroît  que  quelquefois  elles 


FIS  8f 

tie  forment  pa$  de  fourreau  ou  de  tube  calcaire,  ou  qu'il  e*t 
extrêmement  mince,  ce  qui  a  également  lieu  pour  les  tarets. 

Les  espèces  vivantes  et  connues  de  ce  genre  sont  au  nombre 
de  quatre. 

1."  La  F.  massde;  F.  clava,  Lamck. ,  Enc.  méth.,  pi,  167, 
fig.  17-  22.  Valves  alongées,  dont  les  extrémités  sont  un  peu 
recourbées  ;  tube  droit  ,  arrondi  ,  en  massue.  Océan  de$ 
grandes  Indes. 

2."  La  F.  coHNiFORME  ;  F.  corniformis ,  Lamck.,  Enc.  méth., 
pi.  167,  fig.  16.  Tube  droit,  en  massue,  un  peu  tortueux, 
ayant  son  ouverture  divisée  intérieurement  en  deux  tubuleç 
inclus.  Océan  des  grandes  Indes. 

Il  paroît  que  c'est  cette  espèce  qu'a  observée  M.  Le  Sueur. 

3."  La  F.  EN  rAQCEï;  F.  gregaria,  Lamck.,  Enc.  méth., 
pi.  167,  fig.  6-14.  Valves  étroites,  arquées,  onguiculées, 
dentelées  ;  tubes  en  massue  ,  agglomérés  les  uns  avec  les 
autres.  Patrie  ? 

4.°  La  F.  LAGÉNULE  ;  F.  lagenula,  Lamck.,  Enc.  méth.  , 
pi.  167  ,  fig.  2  3.  Très-petite  espèce,  dont  le  tube  ,  fixé  à  l'ex- 
térieur des  corps,  est  en  forme  de  petite  poire,  et  comme 
articulé  par  des  segmens  transverses.  Patrie  P 

5."  La  F.  ROPAN  ;  F.  ropan ,  Adans. ,  Séoég. ,  pi.  19.  Valves 
ovales,  terminées  en  pointe  sans  un  tube  bien  évident;  vivant 
dans  les  coquilles  des  glands  de  mer,  sur  la  côte  du  SénégaL 
(DeB.) 

FISTULANE.  (Fo5s.)  Dans  cet  article  je  vais  présenter 
plusieurs  espèces  de  coquilles  qui  avoient  été  réunies  dans  le 
genre  Fistulane  par  M.  de  Lamarck,  mais  dont  il  a  été  formé, 
depuis,  le  genre  Clavagelle  et  peut-être  aussi  celui  de  Ga?- 
trochène. 

Fistulane  ampulaire  :  Fistulana  ampullaria ,  Lamcjt.  ;  Fistu- 
lane.......   Faujas  ,  Essais   de  Géologie,  tom.   i.*"",  pag.  90 , 

pi.  2.  Tube  testacé  ,  ayant  la  forme  d'une  poire  alongée  ou 
d'une  bouteille,  auquel  il  adhère  quelquefois  du  sable  cal- 
caire et  même  des  coquilles  univalves.  A  son  extrémité 
étroite  ,  où  se  trouve  l'ouverture  ,  on  voit  deux  carènes 
intérieures  opposées,  qui  formeroient  une  cloison  longitu- 
dinale, si  elles  se  touchoient,  en  sorte  que  cette  ouverture 
est  comme  composée  de  deux  trous  qui  viendroient  se  réuftir 


«4  FIS 

par  leur  rapprochement.  Dans  ce  tube  on  trouve  une  coquille 
libre,  bivalve,  équivalve ,  sans  dents  à  la  charnière  et  très- 
bâillante.  Longueur  du  tube ,  neuf  lignes  :  longueur  de  la 
coquille ,  quatre  à  cinq  lignes. 

J'ai  l'exemple  qu'un  des  mollusques  de  ce  genre  a  formé 
son  ouverture  avec  une  portion  de  cérite  qu'il  a  attachée  à 
son  tube ,  et  qu'il  a  percée  dans  le  sens  de  sa  longueur. 

Il  n'est  pas  aisé  de  concevoir  comment  ces  tubes,  ou  petites 
bouteilles  ,  dont  quelques  uns  paroissent  avoir  été  isolés  dans 
leur  formation,  ont  pu  prendre  de  l'accroissement.  J'en  pos- 
sède dont  le  volume  extérieur  et  le  vide  intérieur  sont  de 
moitié  plus  considérables  que  d'autres  tubes ,  en  sorte  que 
Certaines  de  ces  petites  bouteilles  pourroient  être  contenues 
dans  le  vide  des  plus  grandes.  L'on  ne  peut  concevoir  l'ex- 
tension de  ces  tubes  et  de  leur  cavité  ,  qu'en  admettant  que 
l'animal  qui  les  formoit ,  avoit  la  faculté  de  dissoudre  Tin- 
térieur,  en  même  temps  qu'il  portoit  de  la  matière  calcaire 
à  l'extérieur  pour  l'agrandir;  car  ils  sont  presque  tous  de  la 
même  épaisseur. 

Il  paroît  que  les  mollusques  qui  formoient  ces  tubes , 
pouvoient  aussi  se  loger  dans  les  corps  solides;  car  je  pos- 
sède un  petit  polypier  fossile  où  il  se  trouve  un  vide  qui 
a  servi  de  demeure  à  l'un  d'eux.  Ce  vide  est  tapissé  de  ma- 
tière calcaire  très-lisse ,  comme  l'intérieur  des  tubes.  On  trouve 
cette  espèce  à  Beynes  ,  près  de  Grignon  ,  département  de 
Seine  et  Oise. 

Il  n'est  pas  rare  de  trouver,  tant  à  l'état  fossile  qu'à  l'état 
frais,  des  polypiers  ou  des  coquilles  sur  lesquelles  on  ren-^ 
contre  des  trous  dont  l'ouverture  ressemble  à  celle  de  la  fis- 
tulane  ampullaire,  et  dans  lesquels  on  trouve  deux  petites 
valves  qui  paroissent  avoir  été  rangées  par  M.  Cuoer  dans 
le  genre  Gastrochène. 

FisTULANE  HÉRISSÉE  j  Fhtulatia  echinata ,  Lamk.,  Ann.  du 
mus.  d'hist.  nat. ,  tom.  12,  pi.  43,  fig.  9.  Cette  espèce,  que 
M.  de  Lamarck  a  rangée,  d'après  son  nouveau  Système  des 
animaux  sans  vertèbres  ,  dans  le  genre  Clavagelle ,  offre 
beaucoup  de  choses  singulières  dans  sa  conformation.  Son 
fourreau  est  renflé  ou  ventru  à  sa  base,  et  présente  la  forme 
d'une  massue.  Il  est  minae ,   testacé ,  tubuleux  du  côté  de 


FIS  83 

l'ouverture.  La  partie  ventrue  est  héi-issëe  ,  d'un  côté,  de 
pointes  tubuleuses ,  disposées  sans  ordre  sur  une  face  dont  la 
circonférence  offre  une  frange  épineuse  ;  cette  face  est  sépa- 
rée, par  un  petit  espace  lisse,  des  restes  d'une  autre  face, 
aussi  bordée  d'une  frange  épineuse.  L'autre  côté  du  fourreau 
n'offre  aucune  pointe  épineuse ,  mais  présente  à  découvert 
une  des  deux  valves  de  la  coquille  qui  se  trouve  enchâssée 
dans  ce  côté  du  fourreau  et  en  fait  pa'rtie.  Cette  valve  est 
hérissée  de  petits  points  écailleux  disposés"  par  séries  qui  se 
dirigent  vers  les  crochets  ;  l'autre  valve  est  intérieure,  libre  , 
semblable  à  celle  qui  est  dans  le  côté  du  fourreau.  Il  paroît 
qu'elle  a  une  petite  dent  à  la  charnière.  Longueur  du  four- 
reau ,  douze  lignes  et  demie.  Cette  coquille  a  été  trouvée  à 
Grignon,  dans  l'intérieur  d'une  crassatelle  {crassatellatumida)^ 
qui  étoit  remplie  de  sable  calcaire.  Elle  se  trouve  dans  le 
cabinet  de  M.  de  Roissy. 

Je  n'ai  pu  vérifier  si  cette  coquille  étoit  adhérente  dans 
la  crassatelie  où  elle  a  été  trouvée  ;  mais  j'ai  les  plus  grandes 
raisons  de  le  croire,  car  je  possède  une  valve  de  crassatelie 
où  se  trouvent  encore  adhérer  des  portions  de  pointes  tubu- 
leuses d'une  pareille  coquille.  Je  possède  aussi  des  portions 
de  cette  coquille  que  j'ai  trouvées  dans  le  sable  de  Grignon, 
et  qui  très -certainement  ont  été  attachées  contre  un  corps 
lisse  et  concave,  comme  l'intérieur  d'une  crassatelie  ,  en  sorte 
que  l'on  peut  croire  que  cette  espèce ,  dont  le  têt  est  fra- 
gile, se  trouvoit  protégée  dans  l'intérieur  des  coquilles  vides  , 
et  peut-être  exclusivement  dans  les  crassatelles,  où  elle  s'atta- 
choit  par  ses  pointes  tubuleuses. 

M.  Brocchi  a  trouvé  dans  le  Plaisantin  des  coquilles  fossiles 
qui  ont  les  plus  grands  rapports  avec  la  clavagelle  hérissée, 
et  il  en  a  donné  la  figure  dans  sa  Conchyliologie  subapennine, 
pi.  i5,  fig.  1.  A  l'égard  des  coquilles  de  genre  différent,  et 
de  celles  que  cet  auteur  a  trouvées  libres  dans  l'intérieur  du 
fourreau,  il  y  a  lieu  de  penser  qu'elles  étoient  venues  s'em- 
parer de  cette  demeure ,  comme  on  en  a  l'exemple  dans 
celles  dépendantes  du  genre  Clotho  ,  qui  ont  été  trouvées  dans 
les  trous  formés  par  des  cardites  ou  pétricoles.  (Voyez  au  mot 
Clotho.) 

FisTULANE  TiBiALB  ;   Fistulanu  tibialis .,  Lamk.,  l.  c. ,  pi.  4^5 


^  FIS 

fig.  8  ;  Clavagelle  tibiale ,  Lamk.  Tube  calcaire,  en  cylindre 
Comprimé,  dilaté  à  sa  base,  où  l'on  aperçoit  d'un  côté  l'une 
des  deux  valves  de  la  coquille  enchâssée  et  faisant  partie 
du  tube.  Cette  coquille  est  bivalve  équivalve.  Toute  sa  sur- 
face extérieure  offre  des  stries  transverses  et  inégales,  occa- 
sionées  par  ses  accroissemens  successifs.  Vers  le  dos  de  la 
coquille  libre  Ton  voit  à  la  loupe  de  légères  stries  longitu- 
dinales. La  charrjièr'é  n'a  point  de  dents.  J'ai  trouvé  celte 
espèce  à  Grignon;  mais  le  tube  n'en  est  pas  entier.  La  lon- 
gueur de  la  valve  enchâssée  et  de  la  portion  de  tube  qui  en 
dépend,  est  dé  dix-huit  lignée;  celle  de  la  coquille  libre  est 
de  treize  lignes. 

M.  Brocchi,  dans  Son  ouvrage  ci -dessus  cité,  a  donné 
(pi.  i5,fig.  6)  la  figure  d'une  coquille  à  tuyau,  qu'il  a  nom- 
mée teredo  hacillum,  et  que  M.  de  Lamarck  a  placée  dans  le 
genre  TéréJine  ;  mais  je  suis  porté  à  croire  qu'elle  a  plus  de 
rapports  avecla  clavagelle  tibiale  qu'avec  toute  autre  espèce. 
(De  F.) 

FISTULARIA.  (Bot.)  Dodoëns  nommoit  ainsi  une  pédicu- 
iaire, pedicularis  sjd^atica,  parce  qu'elle  passoitpour  être  très- 
utile  dans  le  traitement  des  fistules  et  des  ulcères  sinueux.  (J.) 

FISTULARIA.  (Bot.)  Genre  de  plantes  cryptogames,  delà 
famille  des  algues,  qui  a  été  fondé  par  Stackhouse  ,  et  au- 
quel il  rapporte  les  fucus  nodosus  ,  Linn.  ;  Jibrosus  ,  Linn.,  et 
machœi,  Stackh.  Ce  genre  est  caractérisé  par  sa  fronde  car- 
tilagineuse ,  épaisse  ,  très-glabre  ,  rameuse  ,  à  rameaux  dis- 
tiques •,  par  des  vésicules  contenues  dans  la  substance  de  la 
fronde,  et  dont  celles  des  tiges  sont  les  plus  grosses;  et  par 
ses  séminules  muqueuses,  ovales,  situées  sur  les  côtés  de  la 
fronde  ou  à  ses  extrémités. 

Ce  genre  est  le  même  que  le  no dularia  de  Roussel,  l'auteur 
de  la  Flore  du  Calvados.  Lyngbye  le  réunit  à  l'halydris  de 
Stackhouse.  (Lem.) 

FISTULEUX  (Bot.),  ayant  une  cavité  longitudinale  con- 
tinue ou  coupée  par  des  diaphragmes.  Le  chaume  du  roseau , 
du  seigle,  etc.,  la  tige  de  Vœnanthe  Jistulosa ,  etc.  ;  la  hampe 
de  l'oignon  commun,  du  pissenlit,  etc.  :  les  feuilles  de  la 
ciboule  ,  du  lohelia  dortmannia ,  etc.  ;  le  spadix  de  Yarum 
àracunculus,  etc.,  sont fistuleux.  (Mass.) 


FIS  91 

FISTULINE,  Fistulina.  (Bot.)  Bulliard  donne  ce  nom  à  un 
genre  de  la  famille  des  champignons,  très-voisin  des  bolels  , 
et  qui  en  diffère  par  ses  tubes  libres  et  non  soudés  entre  eux. 
Ce  genre  ne  comprend  qu'une  seule  espèce. 

La  FisTULiNE  BUGi.ossoïDE  (  FistuUnu  buglossoides  ,  Bull. , 
Champ.,  tab.  74,  464  et  497;  Boletus  buglossum,  FI.  Dan., 
tab.  loôg-,  Bolelus  hepaticus,  Schaeff.,  Fung.,  tab.  116  — 120; 
Fers.,  Decand.  ,  FI.  Fr. ,  n.°  397;  Hjpodrjs ,  Solenander; 
Agaric  langue  ou  foie  de  bœuf,  Paulet,  Traité  champ.,  2  , 
pag.  98  ,  tab.  1 2 ,  fig.  1 ,  2 ,  3,  4 ,  J  )•  Ce  champignon  est  très- 
facile  à  reconnoitre  à  sa  couleur  rouge -sanguine  ou  rouge- 
brune  ,  et  à  sa  forme  de  langue  ou  de  foie.  Il  est  connu 
vulgairement  sous  les  noms  de  langue  de  hauf,  foie  de  hœuf 
glu  de  chêne,  etc.  Il  est  sessile,  ou  à  peine  stipité,  et  fixé 
par  le  côté  et  horizontalement  sur  les  troncs  des  arbres.  Il 
a  une  consistance  de  chair;  sa  chair  est  lourde,  juteuse, 
fibreuse  et  zonée  de  bandes  rouges  plus  ou  moins  foncées. 
Sa  forme  est  d'abord  celle  d'une  langue;  mais,  en  se  déve- 
loppant, il  s'arrondit  et  devient  quelquefois  lobé.  Dans  sa 
jeunesse,  sa  surface  présente  de  petites  protubérances  qui., 
examinées  au  travers  d'une  loupe,  sont  des  rosettes  pédicel- 
lées.  Après  la  chute  de  ces  protubérances ,  la  surface  du 
champignon  devient  lisse.  La  partie  inférieure  est  garnie  de 
tubes  serrés,  courts,  distincts  et  inégaux,  d'abord  blancs, 
puis  rougeàtres  ou  jaunâtres,  et  un  peu  frangés  à  leur  orifice- 
La  fistuline  croît  sur  les  troncs  des  gros  arbres  ,  et  ordinai- 
rement à  rez-terre ,  et  principalement  sur  les  troncs  des  chênes 
et  des  châtaigniers  ;  ce  qui  fait  que  les  Italiens  le  nomment 
langue  du  châtaignier  [lingua  di  castagne). 

Ce  champignon  acquiert  un  développement  de  plus  d'un 
pied  de  diamètre,  et  pèse  jusqu'à  deux  ou  trois  livres.  Il 
paroît  en  automne.  Cette  plante,  selon  Paulet,  offre  un 
aliment  agréable  et  une  ressource  au  besoin,  un  seul  indi- 
vidu pouvant  fournir  amplement  de  quoi  faire  un  bon  repas. 
On  recherche,  pour  l'usage,  les  pieds  qui  sont  encore  en 
forme  de  langues,  c'est-à-dire,  les  plus  jeunes-,  lorsqu'ils  sont 
trop  avancés,  leur  surface  est  trop  visqueuse,  et  leur  chair 
ferme  tend  à  l'état  ligneux  ;  ils  le  deviennent  même  entiè- 
rement par  vétusté. 


88  FIT 

Il  y  a  deux  principales  manières  de  manger  ce  champi- 
gnon, soit  cuit  sous  la  cendre  et  ensuite  coupé  par  tranches 
avec  une  liaison;  soit  en  façon  de  fricassée  de  poulet,  c'est- 
à-dire  qu'après  l'avoir  lavé,  épluché  et  bieii  essuyé,  on  le 
fait  revenir  à  l'eau  bouillante,  on  le  fait  cuire  dans  le 
beurre  avec  un  peu  de  persil ,  de  ciboule ,  du  poivre ,  du 
sel,  etc.,  et  on  fait  une  liaison  de  Jaune  d'oeuf:  l'assaison- 
nement un  peu  piquant  est  toujours  nécessaire ,  à  cause  de 
sa  viscosité  ,  lorsqu'il  est  un  peu  avancé.  On  a  reconnu  que 
le  vinaigre  ne  se  marie  pas  avec  ce  champignon ,  et  qu'il  gâte 
la  sauce. 

La  fistuline  a  une  légère  saveur  de  truffe;  elle  altère,  et 
même  échauffe  un  peu  lorsqu'on  en  mange  trop,  mais  ne 
nuit  jamais.  Elle  ne  produit  point  cet  effet  lorsqu'on  la  cueille 
naissante. 

Solenander,  médecin  qui  vivoit  à  la  .fin  du  seizième  siècle, 
nommoit  ce  champignon  hjpodrjs,  parce  qu'il  croît  sur  le 
chêne.  Il  lui  reconnoissoit  la  propriété  d'apaiser  les  douleurs 
de  goutte,  étant  appliqué  sur  les  parties  malades.  Pour  cela 
on  le  coupoit  par  tranches,  et  on  le  mettoit  avec  du  sel 
dans  un  pot  couvert  qu'on  enterroit.  C'est  de  la  saumure 
qui  en  résultoit  que  l'on  se  servoit  pour  frotter  les  parties 
douloureuses.  (Lem.) 

FITATSI ,  TUSU-KAKI.  (Bot.)  M.Thunberg  cite  ces  noms 
japonois  pour  son  genre  Dorœna,  non  rapporté  à  une  famille 
connue.  (J.) 
FITCHEL  (Mamm.)  ,  nom  anglois  du  putois.  (F.  C.) 
FITERT.  {Ornith.)  Ce  traquet  de  Madagascar  est  le  molacilla 
sihylla,  Linn.  (Ch.D.) 

FITIS.  (Ornith.)  M.  Vieillot  a  donné  ce  nom  à  un  pouillot, 
sjiviafitis,  Meyer.  (Ch.D.) 

FITOMOSI  ,  SOO  (  Bot.  )  ,  noms  japonois  de  l'oignon 
ordinaire  ,  allium  cepa  ,  suivant  Kaempfer  et  M.  Thunberg. 
(J.) 

FITORNAS.  (Ornith.)  C'est,  dans  Gesner,  la  huppe  com- 
mune, upupa  epops  ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FITOSAI  (Bot.),  nom  japonois,  cité  par  M.  Thunberg,  de 
son perdicium  lomentosum,  genre  de  plante  composée.  (J.) 
FITZMA,  Sl-K\JA(Bot.)  ,  noms  japonois,  suivant  Kaemp* 


FL.4  89 

fer,  d'une  espèce  de  concombre  à  fruit  alongé,  strié  et  re- 
plié, qui  est  peut-être  le  cucumis  Jlexuosus.  (J.  ) 

FIWA  (Bot.),  nom  japonois  ,  suivant  M.  Thunberg,  de 
son  genre  Tomex,  que  nous  avons  réuni  au  litsea ,  dans  la 
famille  des  laurinécs.  Gmelin ,  conservant  le  genre,  et  ob- 
servant qu'il  y  avoit  un  autre  tomex  établi  par  Forskaèl  , 
nomxne  Jiwa  celui  de  Thunberg.  (J.) 

FIXITÉ.  (Chim.)  Ce  mot,  pris  dans  un  sens  absolu,  signifie 
la  faculté  qu'a  un  corps  de  ne  pas  se  volatiliser  par  Faction 
de  la  chaleur;  pris  dans  un  sens  relatif,  il  signifie  qu'un 
corps  ne  se  volatilise  pas  à  un  certain  degré  où  un  autre 
corps,  que  Ton  compare  au  premier,  se  volatilise  :  c'est  ainsi 
que  la  potasse  et  la  soude  ont  été  appelées  des  alcalis  fixes , 
quoiqu'ils  soient  susceptibles  de  se  réduire  en  vapeur  ;  mais, 
quand  on  les  compare  sous  ce  rapport  avec  l'ammoniaque 
liquide,  qui  évapore  avec  la  plus  grande  facilité,  on  trouve 
vne  différence  si  considérable  qu'elle  justifie  suffisamment 
la  distinction  de  ces  corps  en  alcalis  fixes  et  en  alcali  volatil. 
(Ch.) 

FIZ-FA.  {Bot.)  Voyez  Koto-fiz.  (J.) 

FLABELLA  ,  Flabellum  (  Zoop/^)'^  )  :  nom  générique  sous 
lequel  Rumph  désigne  les  espèces  de  gorgones  dont  les  branches 
s'anastomosent  et  forment  une  sorte  de  large  feuille,  comme 
lesG.ventilabnim,  reticulum,  etc.  Voyez  Gorgone.  (DeB.) 

FLABELLAIRE  ,  Flabellaria.  (Bot.)  Genre  de  plantes  dico- 
tylédones ,  de  la  famille  des  malpighiacées  ,  de  la  décandrie 
trigjnie  de  Linnaeus  ;  rapproché  des  hirœa,  offrant  pour  ca- 
ractère essentiel  :  Un  calice  très-petit,  à  cinq  divisions;  une 
corolle  nulle  ou  point  connue  ;  dix  filamens  monadelphes 
à  leur  base  ;  trois  ovaires  fort  petits  ,  connivens  ,  dont  deux 
avortent  ordinairement;  trois  styles  surmontés  d'autant  de 
stigmates  globuleux.  Le  fruit  consiste  en  une  seule  capsule, 
très-rarement  trois  ,  relevée  en  carène  ,  environnée  d'une 
grande  aile  orbiculaire ,  en  éventail,  profondément  échan- 
crée  en  cœur  à  son  sommet,  renfermant  une  semence  ovale. 

Fi.ACELLAinE  PANicuLBB  :  Flabellaria  paniculata ,  Cavan.,  Diss. 
Bot.,  c),  pag.  454,  tab.  264;  Hirma pinnata,  Willd.,  Spec,  2, 
pag,  743.  Ses  rameaux  sont  ligneux,  garnis  de  feuilles  oppo- 
sées ,  ailées  avec  «ne  impaire  ,   composées  de  cinq  folioles 


alternes,  coriaces,  ovales,  entières,  veinées,  réticulées, 
glabres  à  leurs  deux  faces  ,  amincies  à  leur  sommet  ;  les 
supérieures  beaucoup  plus  grandes.  Les  fleurs  sont  blan- 
chAtrts,  disposées  en  panicules  axillaires,  terminales  ,  étalées, 
tomenteuses  ;  leurs  ramifications  opposées  en  croix,  munies 
à  leur  base  de  bractées  lancéolées ,  aiguës  ;  les  pédicelles  courts 
et  tomenteux  ;  le  calice,  d'une  seule  pièce,  fort  petit ,  à  cinq 
découpures  persistantes  et  réfléchies  à  la  maturité  des  fruits. 
Les  filamens  sont  capillaires,  réunis  en  un  seul  corps  à  leur 
iase,  insérés  sur  le  calice  ;  les  anthères  jaunes,  linéaires,  sil- 
lonnées ;  la  capsule   roussâtre  ,  transparente ,  monosperme. 

(POIR.) 

FLABELLAIRE  ,  FlabeUaria.  (Polyp.?)  Dénomination  im- 
posée par  M.  de  Lamarck,  Ann,  du  Mus,,  tom.  20,  p.  299,  et 
Anim,  sans  vert. ,  3.*  édit. ,  t.  3  ,  pag.  342  ,  à  un  petit  groupe  de 
corps  organisés,  de  la  famille  des  corallines,  genre  dont  ils 
faisoient  partie  dans  Linnaeus ,  Ellis ,  Esper.  etc. ,  et  que  M.  La- 
mouroux,  dès  l'année  1812,  avoit  établi  sous  le  nom  d'hali- 
mède.  Les  caractères  que  M.  de  Lamarck  assigne  à  ce  genre 
sont  :  Polypier  caulescent,  flabelliforme  ,  encroûté,  souvent 
divisé;  à  expansions  aplaties,  subarticuîées,  prolifères;  tige 
courte,  cylindrique;  tissu  composé  de  fibres  entrelacées;  arti- 
culations subréniformes  ,  plus  larges  que  longues,  à  bord, 
arrondi,  onde,  subulé.  C'est  pour  lui  un  genre  de  la  famille 
des  polypiers  empâtés,  qu'il  place  entre  les  genres  Pinceau  et 
Eponge  :  il  en  compte  sept  espèces  qu'il  divise  d'après  la  réu- 
îiion  ou  la  distinction  des  articulations.  Voyez,  pour  plus  de 
détails,  Halimède.  (De  B.) 

FLABELLAIRE.  (Foss,)  Quoique  les  flabellaires  soient 
assez  communes  dans  les  mers  actuelles,  il  est  très-rare  d'en 
trouver  à  l'état  fossile.  La  destruction  de  leur  partie  fibreuse 
qui  n'a  pu  se  conserver,  et  le  peu  de  solidité  de  celle  qui  est 
calcaire,  empêchent  qu'on  n'en  retrouve  dans  les  lieux  où  elles 
étoient  peut-être  communes  autrefois.  Il  en  est  sans  doute 
ainsi  pour  les  corallines  et  autres  polypiers  corticifères ,  dont,  à 
l'exception  des  isis,  on  ne  retrouve  point  de  vestiges.  L'espèce 
de  flabellaire  que  j'ai  trouvée  à  Grignon  près  de  Versailles, 
étoit  composée  d'articulations  distinctes  et  comprimée; ,  qui  se 
rapprochent  de  la  forme  de  celles  de  la  flabellaire  raquette, 


FLA  91 

mais  qui  sont  plus  alongées.  l'on  voit  à  leur  partie  supé- 
rieure les  petits  trous  qui  servoient  de  passage  aux  fibres  qui 
tenoient  ces  articulations  rapprochées  les  unes  au-dessus  des 
autres.  Longueur  des  articulations,  3  lignes  environ.  J'ai  donné 
à  cette  espèce  le  nom  de  flabellaire  antique  ,Jlabellaria  an- 
tiqua. 

Avec  ces  articulations  comprimées,  j'en  ai  rencontré  qui 
sont  d'une  forme  alongée  et  subcylindrique  ;  j'ai  pensé 
qu'elles  avoient  pu  faire  partie  de  la  tige  de  l'espèce  ci-dessus, 
qui  paroît  ne  se  rapporter  à  aucune  espèce  connue.  (D.  F.  ) 

FLABELLARIA.  (  Bot.)  Genre  de  la  famille  des  algues,  établi 
par  M.  Lamouroux  pour  placer  le  conferva  Jlahelliforrnis  que 
M.  Desfontaines  a  décrit  dans  sa  Flore  atlantique,  et  qui  est 
Vulva  Jlabelliformis  de  Roth,  que  Decandolle  met  avec  doute 
dans  le  genre  Conferva, 

L'organisation  de  cette  plante  la  place  entre  les  algues  et  les 
conferves.  Sa  fronde  semble  formée  pardesfilamens  analogues 
à  ceux  des  conferves,  soudés  ensemble,  et  produisant  un 
réseau  à  mailles  très-petites,  superposées  et  entremêlées. 

Le  flabellaria  varie  beaucoup  dans  sa  forme,  mais  jamais 
dans  sa  couleur  qui  est  le  vert  d'herbe  foncé.  Il  offre  une  tige 
cylindrique  d'où  s'élève  une  fronde  étalée  en  forme  d'éven- 
tail ou  de  spatule  d'un  à  deux  pouces  environ  de  hauteur.  Le 
bord  supérieur  est  toujours  frangé  et  lacéré  et  plus  mince  que 
le  reste  de  la  plante.  Plusieurs  tiges  ou  frondes  semblables 
partent  d'une  racine  commune  ,  rampante  et  entrelacée. 

«  L'organisation  ,  dit  M.  Lamouroux,  est  évidemment  réti- 
culée: les  mailles  sont  très-petites,  entrelacées  et  comme  feu- 
trées. Les  fibres  longitudinales,  appliquées  presque  les  unes 
contre  les  autres,  paroissent  articulées  et  transparentes  ;  les 
fil)res  transversales  sont  à  peine  visibles.  On  trouve  souvent  sur 
les  feuilles  des  stries  transversales  et  concentriques  dans  les- 
quelles la  substance  est  plus  mince ,  ou  des  zones  d'une  couleur 
plus  foncée  et  presque  opaque,  mais  se  dégradant  et  se  fondant 
dans  la  substance  de  la  plante  inférieurement  ou  supérieure- 
ment. * 

M.  Lamouroux  présume,  par  analogie  avec  ce  qui  s'observe 
dans  les  dictyotées,  que  ces  zones  sont  produites  par  les  fructi- 
fications de  cette  plante,  qui  n'ont  pas  encore  été  observées. 


9^  FLA 

Le  Jlahellaria  Desfontanii ,  nom  que  M- Lamouroux  donne  à 
cette  plante,  croît  sur  les  bords  de  la  Méditerranée.  On  le 
trouve  à  Marseille  ,  Nice,  etc.  Il  est  figuré  tab.  6,  fig.  4  de 
l'Essai  sur  lesgenres  de  la  famille  des  thalassioph ytes  de l'au  teur 
cité,  dans  Marsigli ,  Hist. ,  tab.  6,  fig  27,  et  dans  Ginanirii , 
Adriat.  tab.  26,  n"  56.  Ce  genre  fait  partie  de  l'ordre  des 
dictyotées  dans  la  Méthode  de  M.  Lamouroux.  (Lem.) 

FLABELLIPEDES.  {Ornilh.)  Les  oiseaux  auxquels  on  donne 
ce  nom,  qui  exprime  des  doigts  en  éventail,  sont  ceux  dont 
les  quatre  doigts,  dirigés  en  avant ,  sont  réunis  dans  une  même 
membrane,  comme  chez  le  fou,  le  pélican,  etc.  (Ch.  D.  ) 

FLACHS-FINK.  (Ornith.)  On  nomme  ainsi  en  allemand 
la  linotte  commune ,  fringilla  linota,  Linn.  (Ch.  D.  ) 

FLACKIG-HOITTING  {Ichthyol.) ,  nom  suédois  du  chaar- 
cin  double-mouche  de  M.  de  Lacépèdc  .  lequel  sera  décrit  à 
l'article  Pjabuque.  (H.  C.  ) 

FLACON  DES  PÈLERINS  (Bot.),  un  des  noms  vulgaires 
d'une  espèce  de  courge ,  cucurbita  Lagenaria  ,  Linn.  (  L.  D.) 

FLAGELLARIA.  {Bot.)  Stackhouse,  en  établissant  ce  genre 
dans  la  famille  des  algues,  le  caractérise  ainsi:  Fronde  cylin- 
drique, reine,  cartilagineuse,  torse,  renflée  dans  son  milieu, 
remplie  d  une  matièremuqueuse  cellulaire  ;  fructification  cons- 
tituée par  des  tubercules  très-petils,  nus  et  enfoncés  dans  la 
substance  de  la  fronde ,  et  à  son  extrémité.  • 

Stackhouse  ramène  à  ce  genre  les  fucus  filum,  thrix,  flageU 
liformis  et  longissimus  de  sa  Néréide  britannique  et  des  auteurs, 
ce  qui  le  place  dans  le  genre  Chordaria  de  Link  adopté  par 
Agardh,  Lyngbye,  etc.  et  y  ramène  le  chorda ,  Lamx.,  fondé 
sur  le  fucus  Jilum  seulement.  (Lem.) 

FLAGELLEE  (Bot.),  nom  que  les  jardiniers  donnent  à 
une  variété  de  la  laitue  cultivée.  (L.  D.) 

FLAG-SPAET  (  Ornith.  )  ,  nom  danois  de  l'épeiche  ou  pic 
varié,  à  tête  rouge  ,  pici/s  medrus  ,  Linn.  (  Ch.  D.) 

FLAMANT.  [Entom.)  Barrère  désigne  ainsi  dans  son  Hist. 
nat.  de  la  France  équinoxiale,  pag.  197,  une  espèce  de  fourmi 
des  bois  dont  la  piqûre  donne  la  fièvre  pendant  vingt-quatre 
heures.  (CD.) 

FLAMANT.  (Ornith.)  L'oiseau  auquel  on  donne  ce  nom, 
qui,  dans  certains  auteurs,  est  écrit  flamand,  Jlamhant.^Jlam- 


FLA  93 

heau,  est  le  phénicoptère  ou  oiseau  aux  ailes  de  flamme.  La 
couleur  éclatante  de  l'ibis  rouge  a  aussi  fait  appliquer  à  cet 
oiseau  la  dénomination  de  flambe  ou  flamant,  qui  s'est  même 
étendue  aux  ibis  brun  et  des  bois.  Voyez  Flammant.  (Ch.D.) 

FLAMBANT.  {Ornith.)  Voyez  Flamant.  (Ch.  D.) 

FLAMBE.  {Bot.  )  L'iris  est  souvent  désigné  sous  ce  nom  Fran- 
çois. (J.) 

FLAMBE  BATARDE.  (Cof.  )  C'est  l'iris  faux-acorus.  (L.  D.) 

FLAMBÉ.  (Entom.)  C'est  le  nom  donné  par  Geoffroy  au 
papillon  chevalier  grec  nommé  PodaLirius.  (  C.  D.) 

F£,AMBEAU  {Ichthjol.) ,  un  des  noms  vulgaires  de  la  cépole 
taenia.  Voyez  Cépole.  (H.  C.  ) 

FLAMBEAU  DU  PEROU.  {Bot)  C'est  le  cierge  du  Pérou, 
cactus  peruvianus.  (J.) 

FLAMBERGENT.  (Ornith.)  On  appelle  ainsi  Fhuîtrier  ou 
pie  de  mer,  hcematopus  ostralegus  ,  Linn.  Il  paroît  même  que 
cette  dénomination  s'étend  au  courlis  commun.  (Ch.  D.) 

FLAMBO.  {IchthyoL)  Voyez  Flambeau.  (H.  C.  ) 

FLAMBOISIER.  {Bot.)  C'est  le  framboisier  dans  quelques 
cantons.  (L.  D.) 

FLAMENCO  {Ornith.),  nom  espagnol  du  flammant,  qui 
s'écrit  en  portugais,  en  anglois  et  en  allemand,  flamiugo. 
Dampier,  Nouv.  Voy.  autour  du  Monde  ,  Rouen  ,  17  1  5  ,  t.  r, 
p.  94,  dit  avoir  vu  une  très-grande  quantité  de  ces  oiseaux 
dans  une  île  vis-à-vis  de  Curaçao,  appelée  par  les  pirates 
l'île  de  Flamingo.  (Ch.  D.) 

FLAMINGO.  {Ornith.)  Voyez  Flamenco.  (Ch.D.) 

FLAMMA,  FLAMMULA.(5of.)Les  anciens  donnoientces  noms 
à  des  plantes  caustiques  capables  d'enflammer  les  parties  d'un 
corps  vivant  avec  lesquelles  on  les  met  en  contact.  Telles  sont 
diverses  espèces  de  renoncules,  et  surtout  la  petite  douve. 
ranuncuius  Jlammula  ;  les  diverses  clématites  ,  et  principale- 
ment le  clematis  recta;  la  dentelaire, p/umtago.  Gesner  nomraoit 
aussi  Jlamma  ou  Jlammula  Jovis,  la  coquelourde  des  jardiniers. 
agrostemma  coronaria,  peut-être  à  cause  de  la  belle  couleur 
rouge  de  ses  fleurs  ;  et,  pour  le  même  motif,  Rumpli  donne  à 
l'fxora  coccmea  le  nom  de Jîam ma  syli/arum.  (J.) 

FLAMMANT.  {Ornith.)  Les  Grecs  ont  donné  à  cet  oiseau  le 
nom  de  phénicoptère,  c'est-à-dire  d'oiseau  à  l'aile  de  flamme.. 


94  FLA 

qui  convenoit  surtout  aux  individus  âgés  de  deux  ans,  dont 
les  ailes  seules  sont  d'un  bel  incarnat,  et  dont  le  cou  et  le 
corps  sont  encore  revêtus  de  plumes  blanches. 

On  est  surpris  de  ne  pas  trouver  dans  Aristote  une  dé- 
nomination qu'on  lit  dans  Aristophane  ,  et  qui  a  paru  si 
expressive  aux  Latins,  que  Pline,  Appius  ,  Juvénal,  Suétone, 
n'ont  pas  hésité  à  l'adopter.  Ce  terme,  traduit  en  François 
pur  Jlambant ,  Jlamboyant ,  Jlammant ,  a  perdu  parmi  nous  ce 
qu'il  avoit  d'énergie  et  de  grâce  dans  le  langage  des  Grecs , 
et,  en  l'écrivant,  par  oubli  de  l'étymologie,  ^aman-d  onjla- 
mant ,  on  a  fait  d'un  oiseau  de  couleur  de  flamme  un  oiseau 
de  Flandre,  pays  où  il  n'existe  pas. 

Le  même  oiseau  a  reçu  en  France  un  autre  nom  tout-à- 
fait  étranger  à  la  couleur  du  plumage,  et  tiré  d'une  partie 
plus  essentielle  ,  du  bec  ,  qui  doit  plutôt  servir  de  type  aux 
noms  génériques  :  comme  la  forme  de  celui  du  phénicop- 
tère  a  du  rapport  avec  un  manche  de  charrue,  on  l'a  appelé 
hécharu.  Mais ,  quoique  MM.  de  l'Académie  des  Sciences  en 
aient  donné,  tom.  3,  part.  3  de  l'Histoire  de  cette  Académie  , 
une  description  anatomique  sous  ce  nom,  que  Vahnont  de 
Bomarea  adopté,  il  n'est  pas  très-sonore  et  n'a  pas  fait  fortune. 
A  Cayenne  on  appelle  le  même  oiseau  tococo. 

Le  flammant  réunit  aux  caractères  de  l'échassier,  dans  des 
proportions  excessives,  ceux  des  palmipèdes,  puisque  ses 
jambes,  situées  hors  de  l'abdomen  et  dégarnies  de  plumes, 
sont  très-hautes,  et  qu'il  a  les  trois  doigts  antérieurs  engagés 
dans  des  membranes  qui,  quoique  échancrées  à  leur  centre, 
s'étendent  jusqu'aux  ongles,  tandis  que  le  doigt  de  derrière, 
fort  court ,  est  seul  libre.  Le  cou  ,  également  long  et  très-grêle , 
est  surmonté  d'une  tête  petite,  et  le  bec,  lamelleux  et  plus 
haut  que  large  ,  a  les  bords  dentelés.  La  mandibule  supé- 
rieure ,  droite  et  voûtée  à  sa  base,  se  fléchit  tout  à  coup  et 
presque  à  angle  droit,  vers  le  milieu,  s'aplatit,  se  rétrécit  et 
s'incline  encore  à  sa  pointe  sur  la  mandibule  inférieure,  qui 
est  plus  épaisse  et  plus  large,  circonstance  d'après  laquelle  on 
a  supposé  la  première  seule  mobile  sur  l'autre.  Les  najîines, 
percées  longitudinalement  dans  un  sillon  près  de  l'arête  supé- 
rieure du  bec  ,  sont  bordées  d'une  membrane  extensible  et 
à  l'aide  de  laquelle  l'oiseau  peut  les  couvrir  entièrement.  La 


FLA  95 

langue,  épaisse  et  charnue  ,  est  garnie  de  glandes  à  son  ori- 
gine, et  couverte  à  sa  surface  de  papilles  recourbées  en 
arrière. 

Le  genre  Flammant  n'a  long-temps  été  composé  qued'une  seule 
espèce ,  dont  plusieurs  auteurs  ont  cru  ensuite  devoir  séparer  les 
flammants  observés  au  Chili  par  l'abbé  Molina  ;  et,  depuis, 
M.  Geoffroy  -  Saint- Hilaire  en  a  décrit,  dans  le  Bulletin  des 
Sciences,  publié  par  la  Sociétéphilomathique,  en  germinal  an  vr 
(mars  1798),  une  troisième  ,  sur  laquelle  il  a  remarqué  des  par- 
ticularités plus  relatives  aux  caractères  génériques  qu'à  ceux 
qui  servent  à  distinguer  les  espèces,  puisqu'elles  ont  rapport  à 
la  forme  du  bec.  La  face  interne  de  la  mandibule  supérieure  , 
qui,  dans  le  phénicoptère  des  anciens,  est  partagée  en  deux 
vers  le  milieu  par  une  arête  étroite  et  haute  de  trois  milli- 
mètres, consiste  dans  le  flammant  du  Sénégal,  dont  la  taille 
est  d'ailleurs  plus  petite,  en  une  lame  verticale,  haute.de 
quinze  millimètres,  au.ssi  large  à  sa  base  que  le  demi-bec  lui- 
même,  et  dont  le  bord  libre  se  termine  en  un  tranchant  très- 
acéré.  Cette  lame  descend  profondément  et  est  reçue  dans  la 
mandibule  inférieure,  disposée  à  cet  effet  ;  car  les  prolongemens 
rentrans  qui,  dans  le  phénicoptère  des  anciens,  dépassent 
presque  à  angle  droit,  de  trois  millimètres  au  plus,  les  bords 
de  la  mandibule  inférieure  ,  sont  remplacés  dans  la  nou- 
velle espèce  par  une  lame  de  quinze  millimètres ,  laquelle 
fait  un  angle  aigu  avec  les  bords  de  la  mandibule  ,  circonstance 
qui,  suivant  l'auteur,  doit  influer  sur  la  foi'me  de  la  langue 
tt  le  mode  de  nourriture.  M.  Geoffroy  a  accompagné  sa  notice 
de  figures  des  becs  comparés-,  et  M.  Vieillot ,  partant  de  cette 
observation,  a  divisé  le  genre  Phénicoptère  en  deux  sections 
énoncées,  la  première  en  ces  termes  ;  «  Surface  interne  de 
la  mandibule  supérieure  partagée  en  deux,  vers  son  milieu, 
par  une  arête  assez  mince;  bords  internes  de  la  mandibule 
inférieure  étroits  ;  >^  et  la  seconde,  ainsi  qu'il  suit  :  «  Surface 
interne  de  la  mandibule  supérieure  verticale  ,  très-haute . 
aussi  large  à  sa  base  que  le  demi-bec  lui-même,  et  dont  le 
bord  se  termine  en  tranchant  très-acéré;  bords  internes  de  la 
mandibule  inférieure  très-larges.   >^ 

Si  l'on  regarde  les  observations  de  M.  Geoffroy  comme  suf- 
fisantes pour  opérer  la  division  du  genre,  et  si  les  différence-* 


9^  FLA 

de  plumage  remarquées  par  Molina,  dans  son  Essai  sur  l'his- 
toire naturelle  du  Chili,  p.  223  de  la  traduction  Françoise  de 
Gruvel  ,  sont  jugées  de  nature  à  constater  aussi  l'existence 
d'une  espèce  particulière,  il  en  résultera  trois  espèces,  que 
M.  Geoffroy  désigne  ainsi  : 

Phénicoptère  des  anciens  ;  Phœnicopterus  major,  ayant  les 
pennes  des  ailes  noires  et  le  bec  en  partie  jaune. 

Petit  Phéxicoptère  ;  Phœnicopterus  minor  (Sénégal),  dont 
les  pennes  alaires  et  le  bec  sont  noirs. 

Phénicoptère  du  Chili;  Phanicopterus  Chilensis ,  Gmel.,  le- 
quel a  les  pennes  alaires  blanches. 

Mais  M.  d'Azara,  qui  a  décrit  des  flammants  tués  dans  les 
lagunes  de  la  rivière  de  la  Plata  et  à  Buenos- Ayres,  leur  a 
trouvé  les  pennes  alaires  noires,  comme  au  phénicoptère  des 
anciens;  et  Molina,  qui  avoue  que  ces  pennes  sont  également 
noires  chez  les  flammants  des  autres  parties  de  l'Amérique , 
est  le  seul  qui  parle  de  pennes  blanches  pour  ceux  du  Chili. 
D'un  autre  côté  ,  il  a  vu  des  individus  de  différentes  tailles;  et 
Mauduyt,  à  qui  les  flammants  d'Afrique  et  du  Chili  étoient 
aussi  connus,  dit  positivement,  au  mot  Phénicoptère  de  l'En- 
cyclopédie méthodique,  que  «  ceux  d'Amérique  et  ceux  de 
l'ancien  continent,  les  phénicoptères  de  la  plus  haute  taille  et 
ceux  qui  sont  les  moins  grands,  sont  tous  certainement  de  la 
même  espèce.  ^^  Peut-être  conyiendroit-il ,  en  conséquence, 
de  suspendre  encore  Tadoption  absolue  de  trois  espèces  dif- 
férentes, jusqu'à  ce  qu'on  ait  soumis  à  un  nouvel  examen  les 
circonstances  relatives  aux  variations  dans  le  bec  du  flammant 
du  Sénégal,  qu'on  ait  été  à  portée  d'en  mieux  apprécier  la 
valeur  réelle  par  des  observations  anatomiques  renouvelées 
sur  un  assez  grand  nombre  d'individus;  et  que,  par  rapport 
au  flammant  du  Chili,  on  ait  pu  s'assurer  si  les  faits  observés 
par  Molina ,  relativement  à  la  blancheur  des  pennes  alaires 
et  de  plusieurs  autres  parties  du  plumage  dans  les  âges  divers  , 
ainsi  qu'à  une  sorte  de  houppe  sur  la  tête  ,  sont  aussi  cons- 
tatis,  aussi  généraux  qu'il  l'annonce  ,  et  s'ils  ne  tenoient  pas 
au  sexe  et  à  d^autres  circonstances  locales. 

On  se  bornera,  d'après  ces  considérations,  à  donner  ici 
la  description  et  l'histoire  du  flammant  ou  phénicoptère  drs 
anciens,  phœnicopLerus  ruher.  Linn. 


FLA  07 

Il  résulte  des  observations  anatomiques  de  MM.  de  l'Aca- 
démie des  Sciences,  que  la  langue  très-grosse  de  l'individu 
par  eux  disséqué  étoit  contenue  dans  la  cavité  formée  par  la 
mandibule  inférieure  ;  que  de  chaque  côté  elle  étoit  recou- 
verte,  dans  un  espace  de  plus  de  six  lignes,  par  les  rebords 
de  cette  mandibule,  et  qu'elle  étoit  garnie,  depuis  sa  racine 
jusqu'à  la  moitié  de  sa  longueur,  de  deux  rangs  de  longues 
pointes  charnues ,.  tournées  vers  le  gosier.  Quant  à  la  cou- 
leur, les  jeunes ,  avant  la  mue ,  ont  tout  le  plumage  cendré  , 
et  beaucoup  de  noir  sur  les  pennes  secondaires  des  ailes 
et  sur  celles  de  la  queue.  A  l'âge  d'un  an  ils  sont  d'un  blanc 
sale  ;  les  pennes  secondaires  des  ailes  sont  d'un  brun  noi- 
râtre,  avec  une  bordure  blanche;  les  couvertures,  à  leur 
origine  ,  d'un  blanc  nuancé  de  rose  et  terminées  de  noir,  et 
les  pennes  blanches  de  la  queue  tachetées  de  brun  noirâtre  : 
leur  longueur  n'est  alors  que  d'environ  trois  pieds.  Lorsqu'ils 
ont  atteint  deux  ans  ,  le  rose  prend  plus  d'éclat  sur  les  ailes  ; 
mais  le  cou  est  encore  blanc,  ainsi  que  les  autres  parties  du 
corps.  Les  vieux  mâles,  âgés  de  quatre  ans,  ont  la  tête,  le 
cou ,  les  ailes  ,  la  queue  qui  est  très-courte  ,  et  les  parties  infé- 
rieures, d'un  beau  rouge,  moins  foncé  toutefois  sur  le  dos  et 
les  scapulaires,  et  davantage  sur  les  ailes,  dont  les  pennes 
secondaires  dépassent  de  plusieurs  pouces  les  rémiges,  qui 
sont  d'un  beau  noir.  Le  tour  des  yeux  et  la  base  du  bec  sont 
blanchâtres;  depuis  cette  base  jusqu'à  sa  courbure,  le  bec  est 
d'un  rouge  de  sang,  et  le  reste,  vers  la  pointe  ,  est  iioir  :  les 
pieds  sont  rouges.  Sa  longueur,  depuis  le  bout  du  bec  jusqu'à 
celui  de  la  queue,  est  alor«  de  quatre  pieds  quatre  pouces, 
et  jusqu'à  celui  des  ongles  de  six  pieds.  Les  vieilles  femelles, 
âgées  de  plus  de  quatre  ans,  ont  aussi  tout  le  plumage  rouge  ; 
mais  la  teinte  en  est  plus  pâle,  et  leurs  dimensions  sont  moins 
îortes. 

Le  flammant  paroît  répandu  sur  tout  le  globe  ,  au-dessous 
de  40  à  46  degrés;  mais  cet  oiseau,  qui  ne  visite  pas  les  ré» 
gions  du  Nord  ,  est  voyageur  dans  les  climats  chauds  et  tem- 
pérés des  deux  continens  :  seulement  de  passage  sur  les  côtes 
^néridionales  de  l'Europe,  on  ne  le  rencontre  qu'accidentelle- 
ment sur  les  fleuves  dans  l'intérieur  des  terres.  Les  flammants 
vivent  de  coquillages,  de  frai  de  poissons  et  d'insectes,  pour 


98  FLA 

se  saisir  de  leur  nourriture,  ils  appuient  la  partie  plate  de  la 
mandibule  supérieure  sur  la  terre,  et  remuent  en  même  temps 
les  pieds  afin  de  porter  dans  leur  bec,  avec  le  limon  ,  la  proie 
que  la  dentelure  de  ce  bec  sert  à  y  retenir.  Toujours  en 
troupes,  ils  se  forment  eu  file  pour  pêcher,  et  ce  goût  de 
s'aligner  leur  reste  même  lorsque,  placés  l'un  contre  l'autre, 
ils  se  reposent  sur  la  plage.  Ils  ont  l'habitude  d'établir  des 
sentinelles  pour  la  sûreté  commune;  et,  soit  qu'ils  se  reposent 
ou  qu'ils  pèchent,  l'un  d'eux  est  toujours  en  vedette,  la  tété 
haute.  Si  quelque  chose  alarriie  celui-ci ,  il  jette  un  cri  bruyant 
qui  s'entend  de  très-loin  ,  et  qui  resscinble  au  son  d'une  trom- 
pette. Aussitôt  la  troupe  part,  et  observe  dans  son  vol  un 
ordre  semblable  à  celui  des  grues.  Il  y  a  néanmoins  des  voya- 
geurs qui  prétendent  que  lorsqu'on  parvient  à  surprendre  les 
flammants  ,  leurépouvante  les  rend  en  quelque  sorte  stupides , 
et  qu'ils  laissent  au  chasseur  le  temps  de  les  abattre  presque 
jusqu'au  dernier. 

Ces  oiseaux  nichent,  en  général,  sur  les  plages  noyét-s ,  et 
sur  les  îles  basses;  et  comme  ils  ne  pourroient,  vu  l'extrême 
longueur  de  leurs  jambes,  se  tenir  accroupis  dans  leur  nid, 
ils  le  construisent  au  bord  des  eaux  ,  avec  la  fange  des  marais, 
en  forme  d'un  cône  tronqué  par  le  haut  ,  d'environ  vingt 
pouces,  et  ils  se  placent  dessus,  les  jambes  pendantes  de  chaque 
côté  et  appuyées  sur  la  terre.  L'endroit  destiné  à  recevoir  les 
œufs,  qui  sont  blancs,  au  nombre  de  deux  ou  trois,  gros 
comme  ceux  de  l'oie  et  un  peu  plus  alongés,  est  concave; 
mais  tandis  que,  suivant  Labaf  et  autres,  ces  œufs  sont  posés 
à  nu  ,  l'enfoncement  du  cône  étoit,  dans  ceux  qu'a  observés 
Molina,  tapisséd'un  duvet  très-tin.  Les  jeunes,  qui  nepeuvent 
voler  que  lorsqu'ils  sont  revêtus  de  toutes  leurs  plumes  , 
courent ,  même  avec  vitesse,  peu  de  jours  après  leur  naissance. 

Les  anciens  faisoient  grand  cas  de  la  chair  du  flammant. 
Philostrate  la  compte  entre  les  délices  des  festins,  etlalangue, 
fort  grasse  ,  en  étoit  surtout  recherchée  comme  un  excellent 
morceau;  mais  les  modernes  qui  ont  eu  occasion  de  manger 
de  ces  oiseaux,  en  ont  trouvé  la  chair  huileuse  et  presque 
toujours  d'une  odeur  de  marais  fort  désagréable.  M.  Geoffroy 
dit  qu'on  en  tue  en  Egypte  des  quantités  assez  grandes  pour  en 
«mplir  des  bateaux  ,  et  qu'on  les  y  vend  sans  les  langues,  qui 


FLA  99 

sont  garnies  d'une  multitude  de  glandes  dont  l'huile ,  expri- 
mée entre  des  ais ,  est  conservée  pour  assaisonner  des  mets 
divers. 

Oil  a  essayé  d'élever  des  flammants  en  domesticité  ,  et  l'on 
est  parvenu  à  apprivoiser  des  individus  qui  avoient  été  pris 
jeunes;  mais  cet  oiseau  languit  et  vit  peu  dans  nos  climats,  où 
il  a  été  impossible  d'en  obtenir  la  reproduction.  Peiresc  a 
remarqué  qu'il  trempoit  dans  l'eau  le  pain  qu'on  lui  présen- 
toit  ;  qu'il  mangeoit  plus  la  nuit  que  le  jour;  que,  très -sen- 
sible au  froid,  il  s'approchoil  du  feu  jusqu'à  se  brûler  les 
pieds  ;  que ,  lorsqu'il  dormoit ,  il  refiroit  une  de  ses  jambes  sous 
le  ventre  ,  et  que  ,  privé  de  l'usage  d'une  jambe  ,  il  marchoit 
avec  l'autre  ,  en  s'aidant  du  bec,  et  l'appuyant  à  terre  comme 
une  béquille. 

La  peau  du  flammant  est  garnie  d'un  bon  duvet,  et  l'on 
s'en  sert  aux  mêmes  usages  que  de  celle  du  cygne.  Les  Indiens 
font,  avec  ses  plumes,  des  colliers,  des  bonnets  ou  fours  de 
tête,  des  ceintures  et  d'autres  atours.  Suivant  Cetti,  gU  Uc- 
celli  di  Sardegna,  p.  297,  les  Sardes  fabriquent  avec  l'os  de  sa 
jambe  une  flûte,  qu'ils  appellent  lionedde,  et  dont  ils  tirent 
un  son  très-doux.  (Ch.D.) 

FLAMME.  (  Bot.  )  Les  fleuristes  donnent  ce  nom  à  une 
variété  de  l'œillet  commun.  (  L.  D.) 

FLAMME  et  FEU.  (  CKim.  ) 

Définitions.  Le  mot  feu  a  été  employé  suivant  deux  accep- 
tions difl'érentes  :  il  l'a  été,  premièrement,  pour  désigner  le 
phénomène  par  lequel  de  la  chaleur  et  de  la  lumière  se 
manifestent  simultanément  à  nos  sens-,  en  second  lieu,  pour 
désigner  la  cause  même  de  ce  phénomène. 

Le  moi  Jlamme  est  particulièrement  appliqué  au  feu  qu'on 
observe  dans  l'action  mutuelle  de  deux  gaz,  ou  lorsque  des 
corps  solides  ou  liquides  passent  à  l'état  aériforme.  La  flamme 
n'est  donc  qu'une  circonstance  particulière  de  la  manifestation 
du  feu  ;  cependant  nous  ferons  remarquer  que  le  ttCû  des 
Grecs ,  que  nous  traduisons  par  feu ,  s'appliquoit  certaine- 
ment à  la  flamme,  puisqu'ils  avoient  fait  dériver  7rvpsi./ji.}ç  , 
pyramide,  de  vru^,  à  cause  de  sa  forme  ,  qui  a  quelque  ressem- 
blance avec  celle  de  la  flamme. 

Les  phénomènes  que  le  feu  présente,  soit  qu'on  les  con- 

7- 


too  FLA 

sidère  en  eux-mêmes,  soit  qu'on  les  considère  relativement 
aux  actions  chimiques  qui  accompagnent  la  production  de 
ces  phénomènes  ,  étant  du  plus  haut  intérêt ,  nous  allons 
examiner  le  feu  : 

1.**  Par  rapport  aux  circonstances  dans  lesquelles  il  se  ma- 
nifeste ; 

a."  Par  rapport  aux  phénomènes  qu'il  présente  lorsqu'il  est 
à  l'état  de  flamme  ; 

3."  Par  rapport  à  la  manière  dont  on  en  a  envisagé  la 
nature. 

Ces  sections  nous  permettront  d'exposer  à  la  fois  les  belles 
découvertes  que  l'on  a  faites  sur  le  feu ,  et  les  hypothèses  in- 
génieuses dont  il  a  été  l'objet.  Tout  ce  qui  va  suivre  ne  devra 
s'entendre  que  du  feu  que  nous  pouvons  développer,  et 
nullement  de  celui  du  soleil. 

I.''  SECTION. 
Circonstances  dans  lesquelles  le  feu  apparaît. 

A.  Feu  qui  apparaît  par  simple  communication. 

Lorsque  des  corps  solides  ou  liquides,  fixes  au  feu,  sont 
en  contact  avec  des  substances  incandescentes,  ou  placées  dans 
des  atmosphères  dont  la  température  est  au  moins  de  667  d.  , 
et  que  ces  corps  ne  peuvent  d'ailleurs  éprouver  aucune  action 
chimique,  ils  répandent  de  la  lumière  et  de  la  chaleur.  Ce 
phénomène  est  une  conséquence  de  l'équilibre  de  la  chaleur, 
et  de  ce  que  les  corps  solides  et  liquides  ne  peuvent  être 
échauffés  au-dessus  de  bè-j  à.  sans  devenir  lumineux. 

Les  corps  gazeux  sont  sans  doute  susceptibles  de  devenir 
lumineux  par  communication,  mais  ce  n'est  qu'aune  tempéra- 
ture de  beaucoup  supérieure  à  667  d.  Plusieurs  expériences 
le  démontrent  :  la  première  qui  ait  constaté  ce  fait  est  due  à 
T.Wedgewood.  Ce  savant,  ayant  dirigé  un  courant  d'air  dans 
un  tube  de  verre  chauffé  au  rouge,  observa  que  l'air,  à  la 
sortie  du  tube  ,  n'émettoit  pas  de  lumière ,  et  que  cependant  il 
étoit  assez  chaud  pour  qu'un  fil  mince  d'or  qu'ony  plongeoit  y 
devînt  lumineux  très-promptement. 

Quant  à  la  température  que  l'on  peut  donner  à  un  corps 
par  communication,  elle  ne  peut  jamais  aller  au-dessus  de 
celle  du  foyer. 

\ 


FLA  loi 

B.  Feu  produit  par  la  percussion  ou  lefrottement. 

En  percutant  les  corps,  ou  "en  les  frottant,  on  en  élève  la 
température,  comme  tout  le  monde  sait  .  il  est  donc  tout 
simple  qu'en  percutant  rapidement  un  morceau  defersurune 
enclume,  on  le  rende  lumineux;  qu'en  frottant  vivement  deux 
morceaux  de  bois  sec  l'un  contre  l'autre  ,  on  en  élève  assez  la 
température  pour  qu'ils  prennent  feu.  C'est  aussi  en  dévelop- 
pant de  la  chaleur  que  la  compression  rend  quelques  gaz 
lumineux,  et  qu'elle  détermine  l'inflammation  de  plusieurs 
mélanges  aériformes. 

C.  Feu  produit  pendant  fade  de  la  combinaison. 

Au  mot  Attraction  moléculaire  ,  nous  avons  dit  qu'un  phé- 
nomène très-commun  dans  la  combinaison  chimique  est  une 
élévation  dans  la  température  des  corps  qui  s'unissent,  éléva- 
tion qui  est  d'autant  plus  grande ,  que  les  corps  ont  une 
affinité  mutuelle  plus  énergique.  Nous  en  avons  conclu  que  , 
de  ce  fait,  on  pouvoit  déduire  la  manifestation  du  feu  ou 
de  la  flamme  par  l'action  chimique  ;  que,  pour  la  concevoir, 
il  falloit  admettre  un  dégagement  de  chaleur  capable  de 
porter  les  corps  à  la  température  où  ils  deviennent  lumineux. 
Lorsque  des  solides  ou  liquides,  en  se  combinant  entre  eux, 
ou  avec  un  gaz,  forment  des  composés  solides  ou  liquides, 
il  suffit,  pour  qu'il  y  ait  incandescence ,  que  la  chaleur  mise 
en  liberté  porte  leur  température  à  667  deg.;  lorsque  des 
solides  ou  liquides  se  combinent  à  un  gaz  et  forment  un 
composé  gazeux,  ou  bien  lorsque  deux  gaz  s'unissent  en- 
semble, et  que,  dans  les  deux  cas',  il  y  a  assez  de  chaleur 
dégagée  pour  rendre  les  gaz  lumineux,  il  y  a  injlammation  .- 
d'où  il  suit  que  la  Jlamme  n'est  qu''une  substance  gazeuse  dont 
la  température  est  assez  élevée  pour  être  lumineuse  ;  et  ,  d'après 
les  expériences  exposées  plus  haut,  il  est  évident  que  cette 
température  doit  être  supérieure  à  celle  qui  porte  les  corps 
solides  au  rouge  blanc. 

D.  Feu  produit  par  plusieurs  composés  qui  sont  exposés  à  la 
chaleur. 

Plusieurs  antimonites  et  antimoniates,  l'oxide  de  chrome, 
d'après  les  expériences  de  M.  Berzelius  ;  la  zircone  ,  d'après 
celles  deM.Davy-,  le  peroxide  de  titane,  d'après  les  miennes  , 
exposés  à  une  chaleur  d'un  rouge  obscur,  éprouvent  tout  à 


'^^  FLA 

coup  un  phénomène  d'incandescence  très  -  remarquable. 
M.  Berzelius,  qui  Va  observé  le  premier,  l'attribue  à  un  de- 
gré de  combinaison  plus  intime  qui  s'établit  entre  les  élémens 
des  composés  qui  présentent  ce  phénomène. 

E.  Feu  produit  par  une  simple  séparation  d'élémens  auparavant 
combinés. 

Le  chlorure  d'azote,  l'iodure  d'azote  ,  qui  se  décomposent, 
soit  par  une  légère  percussion  ,  soit  par  une  légère  élévation  de 
température,  donnent  lieu  à  un  vif  dégagement  de  feu. 

F.  Feu  produit  par  la  réunion  des  deux  électricités. 

Lorsque  des  quantités  suffisantes  des  deux  électricités  se 
réunissent,  il  se  produit  une  élévation  de  température  et  une 
lumière  très-sensible.  L'expérience  la  plus  propre  à  démontrer 
ce  résultat,  est  celle  de  M.  H.  Davy.  Cet  illustre  chimiste  ayant 
établi,  au  moyen  d'un  charbon,  dans  une  cloche  vide  d'air, 
la  communication  entre  les  deux  pôles  d'une  pile  voitaïque  ,  a 
observé  que  le  charbon  devenoit  resplendissant  de  lumière 
comme  s'il  eût  brûlé  dans  Toxigène;  et,  ce  qui  est  bien  remar- 
quable ,  c'est  qu'après  l'avoir  tenu  pendant  deux  heures  dans 
cet  état,  il  a  vu  qu'il  n'avoit  pas  changé  de  poids.  M.  H.  Davy 
pense  que  ce  moyen  est  celui  qui  peut  donner  la  température 
la  plus  élevée. 

IL'  SECTION. 
Des  phénomènes  que  présente  la  flamme. 

§.  I.*' 
Des  Jlammes  considérées  sous  le  rapport  de  leur  durée. 

Nous  avons  défini  plus  haut  ce  que  c'est  que  la  flamme,  et 
les  circonstances  dans  lesquelles  elle  est  produite;  établissons 
maintenant  \ts  rapports  qui  existent  entre  la  flamme  persis- 
tante d'un  gaz  combustible  que  l'on  a  allumé  à  l'orifice  d'un 
tuyau  par  lequel  se  dégage,  dans  un  milieu  comburent,  la 
flamme  également  persitante  d'une  bou'gie  ,  d'une  chan- 
delle ,  etc. ,  et  les  flammes  instantanées  que  présentent  les 
mélanges  d'un  gaz  inflammable  (t  d'un  gaz  comburent,  lors- 
que ces  gaz  passent  à  l'état  de  combinaison. 

A.  Flammes  persistantes. 

Lorsque  du  gaz ,  ou  une  vapeur  susceptible  d'être  enflammée 
dans  une  atmosphère  comburente,  arrive  dans  cette  atmo- 


FL.\  io3 

Spîière  par  l'orifice  d'un  tuyau,  orifice  que  nous  supposons 
circulaire;  si  on  en  approche  un  corps  suffisamment  chaud, 
l'inflauimation  a  lieu  et  se  continue  tant  qu'il  se  dégage  du 
gaz  combustible,  en  supposant  qu'il  y  ait  un  excès  de  corps 
comburent.  Dans  ce  cas,  la  flamme  a  une  forme  conique,  plus 
ou  moins  régulière;  elle  donne  plus  ou  moins  de  lumière,  et 
plus  ou  moins  de  chaleur,  suivant  la  nature  de  la  substance 
enflammée. 

La  température  nécessaire  pour  allumer  un  gaz  inflammable 
varie  suivant  sa  nature  ;  c'est  ce  que  nous  dirons  plus  particu- 
lièrement dans  la  suite.  La  durée  de  la  flamme  s'explique 
facilement  :  en  eff'et,  dès  que  les  premières  particules  se  sont 
enflammées,  elles  dégagent  de  la  chaleur  qui  échauffe  assez 
les  particules  qui  les  suivent  pour  mettre  celles-ci  en  état  de 
se  combiner  au  gaz  comburent.  On  conçoit  donc  que  s'il  n'y  a 
pas  d'interruption  dans  l'écoulement  du  gaz,  la  flamme  devra 
se  continuer.  Sa  forme  conique  dépend,  i".  de  ce  que  la 
quantité  de  gaz  combustible  contenue  dans  chaque  tranche 
horizontale  va  en  diminuant  à  mesure  que  les  portions  de 
ce  gaz  se  combinent  successivement  au  gaz  comburent  qui 
l'environne,  de  sorte  que  la  flamme  se  termine  en  pointe 
lorsque  tout  le  gaz  combustible  est  consumé;  2°  de  ce  que, 
la  température  étant  plus  élevée  à  la  partie  inférieure  de  la 
flamme  (1),  et  allant  en  diminuant  jusques  au  sommet,  l'es- 
pace occupé  par  le  gaz  combustible  doit  aussi  diminuer  de  la 
base  au  sommet  ;  5.°  de  l'accélération  delà  vitesse  avec  laquelle 
le  gaz  combustible  doit  s'élever  dans  une  atmosphère  toujours 
plus  lourde  que  lui,  ne  fût-ce  qu'à  cause  de  la  haute  tempé- 
rature du  premier. 

Les  flammes-d'une  bougie,  d'une  chandelle  ,  d'une  lampe, 
ont  beaucoup  d'analogie  avec  celles  dont  nous  venons  de 
parler;  mais  elles  présentent  cependant  quelques  circons- 
tances qui  leur  sont  particulières  :  c'est  ce  qui  nous  engage  à 
en  parler.  Lorsqu'on  allume,  pour  la  première  fois,  une 
bougie  ,  une  chandelle,  il  faut  d'abord  liquéfier  la  couche  de 
cire,  de  suif ,  qui  est  immédiatement  au-dessous  de  la  portion 
de  mèche  qui  se  trouve  à  découvert ,  afin  que  le  combustible 

(e)  Non  pas  à  la  base  même  de  la  flamme ,  mais  ua  peu  au-dessus. 


Ï04  FLA 

liquéfié  s'élève,  au  moyen  des  interstices  capillaires  de  la 
mèche  Jusqu'à  son  sommet.  Il  faut,  en  second  lieu,  chauffer 
assez  fortement  le  combustible  qui  est  parvenu  au  sommet 
delà  mèche,  pour  que  son  carbone  et  son  hydrogène  s'u- 
nissent à  l'oxigène  de  l'atmosphère.  Une  fois  que  l'inflammation 
a  commencé,  elle  se  continue  jusqu'à  ce  que  tout  le  combus- 
tible soit  consumé,  parce  que  la  chaleur  du  foyer  fond  le 
combustible  placé  au-dessous,  et  que  celui-ci  s'élève  incessam- 
ment dans  la  mèche  pour  remplacer  celui  qui  vient  de  brûler. 
La  flamme  d'une  bougie  ou  d'une  chandelle  est  creuse  in- 
térieurement; la  partie  lumineuse  est  très-mince;  ellese  com- 
pose de  deux  couches:  la  plus  extérieure  ,  à  peine  visible,  est 
bleuâtre  ;  la  seconde  ,  d'un  éclat  plus  vif,  est  d'un  blanc  roux. 
La  manière  de  se  convaincre  que  la  partie  lumineuse  n'est 
qu'une  enveloppe  très-mince  ,  consiste  à  couper  horizontale- 
ment la  flamme  par  une  toile  métallique  suffisamment  serrée 
et  froide  :  alors  la  partie  de  la  flamme  située  au-dessus  de  la 
toile  s'éteint,  et  est  remplacée  par  une  vapeur  combustible. 
La  partie  inférieure  conserve  sa  forme  première  de  coupe; 
et  en  regardant  l'intérieur  de  cette  coupe  au  travers  de  la  toile, 
on  voit  que  le  bord  est  un  anneau  étroit  et  lumineux ,  et  que  la 
cavité  de  la  coupe,  au  milieu  de  laquelle  se  trouve  la  mèche, 
est  tout-à-fait  obscure.  Si  l'on  approche  un  corps  en  ignition  de 
l'espace  où  se  trouvoit  la  partie  supérieure  de  la  flamme  ,  on 
allumera  la  vapeur  combustible  qui  sort  au  travers  de  la  toile 
métallique,  et  on  reproduira  une  flamme  semblable  à  ce  qu'elle 
étoit  avant  l'interposition  de  la  toile.  Il  y  aura  cependant  cette 
différence,  que  la  partie  supérieure  ne  sera  pas  contiguë  à  ia 
partie  inférieure,  qu'il  y  aura  même  un  espace,  entre  la  toile  et 
la  partie  lumineuse  supérieure ,  qui  permettra  de  voir  que  cette 
partie  creuse  est  obscure  à  l'intérieur  et  limitée  extérieurement 
par  une  enveloppe  lumineuse  dont  l'épaisseur  va  en  augmentant 
de  la  base  au  sommet.  Cette  jolie  expérience  est  de  M.  Sym  ; 
mais  nous  devons  dire  que  Carradori ,  long  -  temps  avant 
M.  Sym,  avoit  envisagé  la  flamme  d'une  bougie  comme  une 
bulle  obscure  au  centre  et  lumineuse  à  l'extérieur.  Nous  expli- 
querons plus  bas  la  manière  dont  agit  le  tissu  métallique,  ainsi 
que  les  expériences  de  M.  H.  Davy,  qui  ont  conduit  M.  Porret 
à  faire ,  sur  la  flamme  d'une  chandelle ,  plusieurs  observations 


FLA.  io5 

que  nous  allons  rapporter.  M.  Perret  pense  que  la  couche 
extérieure  de  cette  flamme  est  la  seule  qui  brûle  ;  qu'elle 
(Idnne  lieu  à  la  manifestation  de  la  chaleu^,  et  que  c'est  la 
couche  intérieure  qui  donne  lieu  surtout  à  la  manifestation  de 
la  lumière.  Dans  celle-ci  il  y  a  un  dépôt  de  charbon ,  qui  est 
porté  à  l'incandescence.  Ce  dépôt  a  lieu  par  la  chaleur  de 
la  couche  extérieure  ;  il  ne  se  produit  que  dans  une  très- 
légère  épaisseur  :  le  centre  obscur  de  la  flamme  est  occupé 
par  des  gaz  et  des  vapeurs  inflammables  que  la  mèche  laisse 
échapper.  M.  Porret  a  fait  deux  expériences  pour  prouver 
que  le  dépôt  du  cliarbou  se  fait  dans  la  seconde  couche,  et 
non  au  centre  de  la  flamme.  Il  a  pris  un  tube  de  verre  de  deux 
pouces  de  longueur,  ouvert  à  ses  deux  extrémités,  dont  le 
diamètre  total  étoit  moindre  que  celui  de  la  flamme,  et  le 
diamètre  intérieur  étoit  à  peu  près  égal  à  celui  de  la  mèche. 
Il  a  placé  ce  tube  sur  la  mèche  d'une  chandelle  qui  venoit 
d'être  mouchée  :  par  l'orifice  supérieur,  il  est  sorti  un  gaz 
qu'on  a  enflammé  ;  et  ce  qu'il  y  a  de  remarquable  ,  c'est  qu'au 
bout  de  quelques  secondes  le  tube  n'étoit  pas  ,  ou  presque 
pas ,  noirci  intérieurement ,  tandis  qu'il  étoit  recouvert  exté- 
rieurement d'une  couche  de  charbon.  Si  on  répète  l'expé- 
rience avec  un  tube  coudé  à  angle  droit,  dont  la  branche 
horizontale  est  fort  longue,  il  y  aura  des  vapeurs  inflammables 
qui  se  condenseront  en  des  substances  dont  l'une  est  fusible  à 
loo  d. ,  et  l'autre  à  Sa  d. 

La  flamme  d'une  lampe  présente  des  résultats  analogues 
aux  précédens,  si  ce  n'est  que  l'huile,  à  cause  de  son  état 
liquide  ,  n'a  pas  besoin  d'être  préalablement  échaufi'ée  pour 
s'élever  dans  la  mèche  par  l'action  capillaire  de  ses  interstices. 

Le  phosphore  allumé  continue  de  brûler  jusqu'à  la  fin  ,  parce 
que  la  chaleur  dégagée  parla  combustion  est  suffisante  pour 
vaporiser  et  déterminer  la  combustion  rapide  du  pliosphore 
qui  n'a  point  encore  brûlé.  Le  soufre  se  comporte  d'une  ma- 
nière analogue  au  phosphore  ;  cependant  il  peut  s'éteindre 
si  sa  masse  est  trop  considérable  pour  être  portée  à  la  tem- 
pérature nécessaire  à  sa  vaporisation  par  la  chaleur  de  la 
flamme. 

Le  zinc,  chauffé  dans  un  creuset,  s'enflamme  facilement  ; 
mais,  si  on  relire  le  creuset  du  feu  ,  il  pourra  s'éteindre,  parce 


io6  FLA 

que  le  produit  de  la  combustion  est  un  corps  fixe,  qui,  en 
s'attachant  à  la  surface  du  métal,  préservera  celui-ci  du  con- 
tact ultérieur  de  l'oxigène.  L'arsenic  est  plus  facile  à  brûler 
complètement  que  le  zinc,  parce  que,  le  produit  de  la  com- 
bustion étant  volatil ,  la  surface  du  métal  est  continuellement 
en  contact  avec  l'atmosphère.  Mais,  dans  tous  les  corps  qui 
sont  volatiles ,  et  dont  le  produit  de  la  combustion  l'est  aussi , 
il  faut  observer  que,  si  la  chaleur  dégagée  par  l'inflamma- 
tion n'est  pas  considérable ,  la  combustion  cessera ,  à  cause 
du  refroidissement  occasioné  par  la  production  des  vapeurs. 

B.  Flammes  instantanées. 

Lorsqu'on  plonge  un  corps  ,  suffisamment  chaud,  dans  un 
mélange  de  gaz  combustible  et  de  gaz  comburent,  il  y  a  tout 
à  coup  une  inflammation  qui  est  si  rapide,  au  moins  dans  les 
volumes  de  mélanges  sur  lesquels  nous  opérons,  qu'elle paroit 
instantanée-,  mais,  dans  la  réalité,  elle  ne  l'est  point.  Les  par- 
ticules qui  touchent  le  corps  chaud,  s'enflamment  d'abord; 
puis  la  chaleur  qu'elles  dégagent  par  l'acte  de  leur  combi- 
naison,  détermine  l'inflammation  des  particules  voisines, 
et  ainsi  de  suite.  C'est  donc  parce  que  l'action  chimique  se 
propage  avec  rapidité,  que  l'inflammation  des  mélanges  gazeux 
nous  paroît  instantanée  :  c'est  donc  par  la  rapidité  seule  que 
les  flammes  des  mélanges  gazeux  diffèrent  des  flammes  per 
sistantes. 

La  détonation  qui  accompagne  les  inflammations  instan- 
tanées, et  qu'on  n'observe  pas  dans  les  flammes  persistantes, 
tst  une  suite  de  la  rapidité  avec  laquelle  l'inflammation  se 
propage  dans  un  mélange  gazeux.  Dans  ce  cas,  les  particules 
du  gaz  comburent  étant  intimement  mêlées  avec  celles  du  gaz 
combustible  ,  la  combustion  se  fait  dans  un  grand  nombre  de 
points  à  la  fois  :  dès  lors,  la  chaleur  dégagée  dans  un  instant 
étant  toujours  plus  ou  moins  considérable,  le  produit  de  la 
combustion  en  éprouve  une  expansion  subite ,  telle  qu'il  frappe 
l'air  ambiant  avec  assez  de  force  pour  le  mettre  en  vibra- 
tions sonores.  I<es  flammes  persistantes  étant  produites  par 
un  courant  de  gaz  ou  de  vapeur  inflammable,  dont  la  surface 
seulement  se  combine  à  un  gaz  comburent  qui  l'environne  de 
ïQutes  parts,  on  voit  pourquoi  il  n'y  a  pas  de  détonation. 


FLA.  107 

§.  II. 

De  plusieurs  propriétés  desjlammes. 

Transparence  de  lajlamme. 

La  flamme  est  traTispareiile  ;  si  on  ne  peut  voir  un  corps  non 
lumineux  au  travers  de  la  flamme  d'une  bougie  ou  d'une 
chandelle,  cela  tient  au  trop  grand  éclat  de  la  flamme  com- 
paré à  celui  des  corps  placés  derrière  elle ,  et  non  à  son  opacité  , 
comme  M.  Sym  l'a  prétendu  en  1816.  Des  expériences  de 
Rumford,  décrites  en  1794,  et  plusieurs  autres  faites  en  1817 
par  M.  Porret,  démontrent  sans  réplique  la  transparence  de 
la  flamme.  M.  de  Rumford  a  observé  que  la  lumière  de  deux 
chandelles  placées  de  front,  avoit  le  même  éclat  que  dans  le 
cas  où  l'une  étoit  placée  devant  l'autre  sur  la  même  ligne;  et, 
en  outre,  que  la  flamme  d'une  chandelle  ,  placée  à  midi  entre 
l'oeil  etle  soleil,  étoit  tout  à-fait  invisible,  tandis  que  la  mèche 
et  le  suif  dans  lequel  elle  étoit  implantée,  étoient  parfaitement 
visibles  à  cause  de  leur  opacité.  M.  Porret  a  fait  plusieurs 
expériences  pour  prouver  le  même  résultat  :  la  plus  simple 
est  celle-ci  .-  On  allume  deux  chandelles:  on  les  laisse  brûler 
jusqu'à  ce  que  leurs  mèches  soient  devenues  fort  longues.  On 
mouche  Tune  d'elles,  afin  d'avoir  une  flamme  brillante  et  une 
flamme  terne.  En  regardant  ensuite  la  flamme  brillante  au 
travers  de  la  flamme  terne,  on  l'aperçoit  très-bien,  tandis 
qu'on  ne  peut  distinguer  la  flamme  terne  lorsque  celle-ci  est 
placée  derrière  la  flamme  brillante. 

Eclat  des  flammes. 

Il  existe  une  très-grande  différence  dans  l'éclat  des  flammes. 
Le  phosphore,  le  zinc,  brûlant  dans  l'oxigèn'e  ;  le  potassium, 
brûlant  dans  le  chlore,  répandent  une  vive  lumière  ,  tandis 
que  l'hydrogène,  le  soufre,  brûlant  dans  l'oxigène  ;  le  phos- 
phore, brûlant  dans  le  chlore,  n'en  répandent  qu'une  plus  ou 
moins  pâle. 

M.  H.  Davy  pense  que,  dans  les  flammes  brillantes,  il  se 
trouve  une  substance  solide*qui  est  la  cause  de  leur  éclat ,  par 
l'état  d'ignition  que  lui  donne  la  chaleur  de  la  combustion. 
Cette  substance  ,  pour  les  flammes  que  nous  avons  citées  en 
premier  lieu,  est  l'acide  phosphorique,  l'oxide  de  zinc,  le  chlo- 
rure de  potassium.  Dans  la  flamme  des  hydrogènes  carbures  , 


io8  FLÂ. 

des  huiles ,  de  la  cire,  des  graisses,  c'est  du  carbone  préci- 
pité à  l'état  solide  qui  entre  en  ignition ,  puis  en  combus- 
tion ;  et  ce  qu'il  y  a  de  remarquable  ,  c'est  que  M.  Davy  a 
donné  de  l'éclat  aux  flammes  pâles  dont  nous  avons  parlé ,  en 
y  projetant  de  l'oxide  de  zinc  ,  ou  en  y  plaçant  un  fil  d'amiante 
ou  de  platine. 

Température  desjlammes. 

Les  températures  des  diverses  flammes  paroissent  être  fort 
diff"ércntes  ;  mais,  ce  qui  est  digne  d'être  observé,  c'est  que 
l'élévatièn  de  la  température  n'est  point  en  rapport  avec 
l'intensité  de  l'éclat.  Ainsi ,  le  mélange  d'hydrogène  et  d'oxi- 
gène,  enflammé  à  l'orifice  du  chalumeau  de  Newman  ,  émet 
une  lumière  qu'on  a  peine  à  voir  à  la  clarté  du  jour 5  et 
cependant  sa  température  est  si  élevée,  que  la  plupart  des 
corps  réfractaires  qu'on  y  expose  se  fondent,  et  que  tous  y 
répandent  une  lumière  extrêmement  vive. 

M.  H.  Davy  pense  que ,  dans  le  cas  où  des  gaz  mêlés 
entrent  en  combinaison  sans  qu'il  y  ait  changement  de  vo- 
lume ,  comme  cela  a  lieu  pour  le  mélange  de  volumes  égaux 
de  chlore  et  d'hydrogène ,  pour  celui  de  1  de  cyanogène  et  de 
3  d'oxigène,  l'expansion  qu'ils  éprouvent  pendant  leur  réac- 
tion ,  peut  indiquer,  par  approximation  ,  la  température  pro- 
duite. Cet  illustre  chimiste,  ayant  fait  détoner  le  second  de  ces 
mélanges  dans  un  tube  recourbé,  de  |  de  pouce  de  diamètre, 
qui  contenoit  de  l'eau ,  a  estimé  l'expansion  par  la  quantité 
de  ce  liquide  chassée  hors  du  tube.  Il  l'a  évaluée  à  quinze 
fois  le  volume  du  mélange;  ce  qui  indiqueroit  une  tempéra- 
ture de  2760  deg.  Mais  il  n'est  pas  douteux  que  ce  nombre 
est  plutôt  au-desSous  du  véritable  qu'au-dessus,  caria  matière 
du  tube  et  l'eau  ont  dû  nécessairement  absorber  de  la  cha- 
leur. Le  carbone  du  cyanogène,  en  brûlant  dans  l'air,  paroît 
donner  plus  de  chaleur  que  l'hydrogène  -,  car  M.  H.  Davy  a 
fondu  ,  dans  la  flamme  du  premier,  un  fil  de  platine  qui  avoit 
résisté  à  la  flamme  de  l'hydrogène. 

Coloration  desjlammes. 

On  sait  que  lastrontiane  et  la  chaux  colorent  la  flamme  des 
substances  hydro-carburées  en  rouge  ;  que  l'acide  borique  les 
colore  eu  vert,  ainsi  que  l'oxide  de  cuivre.  M.  H.  Davy  pense 
que  ces  substances  sont  décomposées  dans  les  flammes  qu'elles 


FLA.  log 

colorent  ;  que  leur  radical  combustible  ,  d'abord  séparé  de 
l'oxigène  par  le  carbone  et  l'hydrogène,  entre  ensuite  ea 
ignition  ,  puis  en  combustion  ;  mais  nous  croyons  que  cette 
opinion  estloin  d'être  démontrée,  et  qu'il  est  plus  probable  de 
considérer  la  couleur  comme  appartenant  au  corps  brûlé  lui- 
même  qu'à  l'acte  même  de  la  combustion  de  son  radical. 

§.  in. 

De  Vinjluence  de  la  température  sur  la  production  et  Ventrelieti 
desjlammes,  et  des  combustions  lentes. 

C'est  surtout  avec  les  mélanges  gazeux  inflammables  quel'on 
peut  s'assurer  de  cette  vérité,  qu'ils  diffèrent  beaucoup,  sui- 
vant les  espèces  de  gaz  qui  les  constituent,  sous  le  rapport  de 
la  température  qui  est  nécessaire  pour  déterminer  l'inflamma- 
tion de  chacun  d'eux. 

Le  gaz  hydrogène  phosphuré,  à  la  température  ordinaire, 
ne  peut  être  mis  en  contact  avec  l'air  ou  avec  le  chlore  sans 
qu'il  y  ait  une  inflammation  subite.  Il  est  le  seul  gaz  connu 
qui  soit  susceptible  de  s'enflammer  à  une  température  aussi 
basse. 

Le  mélange  de  7  parties  d'hydrogène  perearburé,  et  de 
100  parties  d'air,  est  enflammé  par  le  fer  et  Je  charbon 
chauffés  au  rouge  foible.  Le  gaz  hydrosulfurique  ,  le  gaz  hydro- 
gène, mêlés  à  l'air,  s'enflamment  à  peu  près  à  la  même  tem- 
pérature. Il  en  est  encore  de  même  du  mélange  de  1  partie 
d'oxide  de  carbone  avec  2  parties  d'air. 

Le  mélange  de  gaz  hydrogène  protocarburé  et  d'air,  fait 
dans  les  proportions  les  plus  favorables  à  l'inflammation ,  ne 
s'allume  pas  parle  charbon  qui  brûle  sans  flamme,  ni  par  le 
fer  chauffé  au  rouge  blanc  :  il  faut,  pour  qu'il  détone,  la 
flamme  d'une  bougie,  ou  celle  de  l'oxide  de  carbone,  de 
l'hydrogène  perearburé  ;  il  détone  encore  quand  on  y  plonge 
un  fer  qui  est  en  combustion. 

On  voit  donc  que  l'hydrogène  protocarburé  est  bien  éloigné 
de  l'hydrogène  phosphuré,  par  le  degré  de  chaleur  qu'il  exige 
pour  être  enflammé. 

M.  H.Davy,à  qui  nous  devons  les  observations  que  nous 
venons  de  rapporter,  a  essayé  de  mesurer  la  chaleur  dégagée 
pendant  la  combustion  de  quantités  égales  des  gaz  préeédens. 


"«  FLA 

Le  gaz  qui  devoit  être  brûlé  ,  étoit  contenu  dans  un  gazomètre 
à  mercure,  auquel  ou  avoit  adapté  un  système  de  robinets 
terminés  par  un  fort  tube  de  platine  ayant  une  petite  ouver- 
ture ;  un  vase  de  cuivre,  plein  d'huile,  à  loo  deg. ,  dans 
laquelle  plongeoit  un  thermomètre  ,  étoit  placé  au-dessus  de 
cette  ouverture  :  tous  les  gaz  sortirent  sous  une  même  pres- 
sion, et  tous  furent  consumés  à  peu  près  dans  le  même 
temps. 

La  flamme  du  gaz    hydrogène  percarburé  éleva   le    ther- 
momètre à    l32°,2 

hydrogène,  à ii4";4 

hydrosulfurique,  à , iii", i 

du  charbon  de  terre  ,  à i  i5°j3 

oxide  de  carbone  ,  à loB^jS 

M.  H.  Davy  dit  que  les  quantités  d'oxigène  consqmées  (en 
prenant  pour  unité  celle  qui  est  absorbée  par  l'hydrogène  ) 
seroient ,  en  supposant  la  combustion  parfaite,  6  pour  le  gaz 
hydrogène  percarburé,  3  pour  lacide  hydrosulfurique  ,  i  pour 
l'oxide  de  carbone.  Le  gaz  du  charbon  de  terre  ne  contenoit 
qu'une  très-petite  proportion  de  gaz  hydrogène  percarburé:  en 
le  regardant  comme  de  l'hydrogène  protocarburébieu  pur,  il 
auroit  consumé  4  d'oxigène.  Si  l'on  prend  les  élévations  de  tem- 
pérature et  les  quantités  d'oxigène  pour  données  ,  les  rapports 
de  la  chaleur  produite  par  la  combustion  des  difTérens  gaz 
seroient,  pour  l'hydrogène,  14,44;  pour  le  gaz  hydrogène 
percarburé,  6,57  ;.  pour  l'acide  hydrosulfurique,  0,7,  et  pour 
l'oxide  de  carbone  ,  5,55.  M.  Davy  ajoute  qu'il  ne  faut  pas  rai- 
sonner sur  ces  rapports  comme  s'ils  étoient  exacts,  parce  que, 
pendant  la  combustion,  les  gaz  hydrogènes  carbures  dépo- 
sèrent du  charbon,  et  l'acide  hydrosulfurique  beaucoup  de 
soufre  ;  et,  en  second  lieu,  qu'il  y  a  grande  raison  de  croire 
que  les  capacités  des  gaz  pour  le  caloi'ique  croissent  avec  leur 
température  (1). 

Nous  avons  vu  que  la  durée  d'une  flamme  se  perpétuoit 
dans  le  cas  où  les  particules  inllammables  aériformes  se  su'  - 
cédoient  dans  une  atmosphère  comburenle,  et  que  l'inflam- 
mation se  propageoit  très-rapidement  de  couche  en  couche 

(1)  C'est  ce  que  TVOT.  Duloug  et  Petit  ont  démoatré. 


FLA  ttt 

dans  un  mélange  combustible  par  la  chaleur  résultante  de  la 
combustion.  On  comprendra  sans  peine  maintenant  comment 
la  présence  d'un  corps  solide,, mis  en  contact  avec  la  flamme, 
peut  J'affoiblir  et  même  l'éteindre,  en  absorbant  la  chaleur 
nécessaire  à  sa  durée  ou  à  sa  propagation  :  c'est  ainsi, 

1.°  Qu'un  fil  métallique,  placé  horizontalement  dans  la 
flamme  d'une  bougie  ou  d"une  chandelle,  en  affoiblit  l'éclat, 
et  d'autant  plus  qu'il  a  plus  de  masse  et  qu'il  est  meilleur 
conducteur  : 

2."  Qu'une  boule  de  métal  de  la  grosseur  d'une  balle  de 
fusil,  introduite  dans  l'intérieur  de  la  flamme  d'une  chandelle, 
en  aflfoiblil  tellement  l'éclat,  qu'elle  n'émet  plus  qu'une  pâle 
lumière  bleue  (i)  ; 

0.°  Que  le  mélange  d'hydrogène  protocarburé  et  d'hydro- 
gène ne  détone  point  dans  des  canaux  métalliques,  lorsque  le 
diamètrede  cesderniers  est  moindrequ'un  septième  de  pouce, 
et  leur  longueur  considérable  en  raison  de  leur  diamètre  (2) , 

4.°  Qu'une  toile  mélallique  en  laiton,  épaisse  de  7^- de 
pouce,  et  dont  les  interstices  ont  7^^  de  pouce,  façonnée  en 
vase,  et  placée  dans  un  mélange  détonant  d'hydrogène  pro- 
tocarburé et  d'air,  occasionne  un  refroidissement  assez  grand 
à  la  flamme  de  la  portion  de  mélange  que  l'on  enflamme  dans 
l'intérieur  du  vase,  pour  que  l'inflammation  ne  se  propage 
pas  au  dehors  -, 

5.°  C'est  ainsi  que  cette  même  toile  agit  lorsqu'on  la  place 
horizontalement  au  milieu  de  la  flamme  d'une  bougie,  etc. 

Des  faits  précédens  il  ne  faut  pas  conclure  que  les  mélanges 
inflammables  iie  peuvent  entrer  en  combinaison  que  dans  le 
cas  seulement  où  ils  sont  exposés  à  une  chaleur  capable  de 
les  enflammer,  il  existe,  au  contraire,  une  autre  circonstance 
extrêmement  remarquable  ,  où  ils  se  combinent  lentement 
sans  donner  lieu  à  aucune  lumière  sensible:  quoique  cette  cir- 
constance paroisse,  au  premier  aspect,  étrangère  à  la  nature 
de  la  flamme,  qui  fait  l'objet  de  cette  section,  ce  que  nous 
dirons  plus  tard  fera  voir  qu'elle  s'y  rattache  par  plusieurs 
points. 

(1)  M.  Porret. 

(2)  M.  H.  Davy 


112  FLA 

].•  1  V.  de  chlore,  i  v.  d'hydrogène,  exposés  à  la  lumière 
diffuse,  se  combinent  lentement  sans  qu'il  y  ait  de  lumière. 

2."  Un  grand  nombre  de  métaux  qui,  à  une  température 
élevée,  dégagent  beaucoup  de  lumière,  peuvent  brûler  sans 
en  dégager  à  une  température  plus  basse. 

3.°  La  même  chose  arrive  au  charbon  qu'on  expose  à  une 
température  un  peu  supérieure  à  56o  d.  ;  ce  combustible  se 
convertit  assez  rapidement  en  acide  carbonique. 

4.°  Au  rouge  obscur  l'oxigène  brûle  l'hydrogène  percar- 
buré,  sans  explosion. 

5.°  1  d'oxigène  et  2  d'hydrogène,  échauffés  dans  un  tube  ,  à 
un  degré  qui  se  trouve  entre  36o  d.  et  la  plus  grande  tempé- 
rature que  l'on  peut  donner  au  verre  sans  le  rendre  visible  dans 
l'obscurité,  se  combinent  lentement  sans  dégager  de  lumière. 

G°  L'oxide  de  carbone,  le  cyanogène,  mêlés  à  l'air,  sont 
susceptibles  d'éprouver  la  même  combustion. 

7."  11  en  est  encore  de  même  des  vapeurs  d'alcool ,  d'éther, 
d'essence  de  térébenthine  et  de  naphte. 

M.  H.  Davy,  à  qui  nous  devons  la  connoissance  des  cinq 
derniers  faits,  a  prouvé,  d'une  manière  extrêmement  ingé- 
nieuse ,  que .  dans  l'acte  des  combinaisons  lentes  des  substances 
gazeuses  ,  il  se  dégage  une  quantité  de  chaleur  qui  est  insuffi- 
sante pour  rendre  les  gaz  lumineux,  mais  qui  est  capable  de  porter 
les  fils  de  platine  et  de  palladium  à  un  état  d'ignition  voisin,  de  La 
chaleur  blanche.  Nous  allons  décrire  la  manière  de  faire  cette 
expérience. 

Dans  des  mélanges  d'oxigène  et  d'hydrogène,  d'air  et  de 
gaz  hydrogène  percarburé,  d'air  et  de  cyanogène,  d'air  et 
d'oxide  de  carbone,  on  plonge  le  fil  métallique,  qu'on  a  préala- 
blement chauffé  au  degré  de  température  où  les  gaz  que  l'on 
veut  unît"  sont  susceptibles  de  se  combiner  lentement;  le  fil 
détermine  la  combinaison  des  parties  qui  le  touchent,  et  la 
chal(  ur  dégagée  le  rend  lumineux.  En  employant  des  fils  de 
même  épaisseur,  on  observe  quel'ignition  est  plus  grande  dans 
le  mélange  d'oxigène  et  d'hydrogène  que  dans  le  mélange 
d'hydrogène  percarburé,  plus  grande  dans  celui-ci  que  dans 
le  mélange  d'oxide  decarhone.  L'ignition  du  platine  est  foible 
dans  un  mélange  de  2  p.  d'air  et  de  1  de  gaz  du  charbon  de 
terre;  elle  est  forte  ,  au  contraire,  dans  un  mélange  de  3  d'air 


FLA  1,5 

et  de  1  de  gaz  inflammable.  M.  Davy  a  observe  qu'un  fil  de  ^"j- 
de  pouce  de  diamètre,  plongé  dans  les  mélanges  très-combus- 
tibles, s'échauffoit  assez  pour  les  faire  détoner,  tandis  que  ce 
uiéiue  fil  ne  devenoit  que  rouge-cerise  ou  rouge  obscur  dans  les 
mélanges  moins  combustibles. 

Pour  faire  Texpérience  avec  l'alcool  et  l'éther,  on  met  une 
goutte  d'élher  dans  un  verre  froid,  ou  une  goutte  d'alcool 
dans  un  verre  chaud  :  on  chauffe,  à  la  flamme  d'une  bougie  , 
un  fil  de  platine  de^ày^^de  pouce  de  diamètre,  roulé  en 
spirale  ,  j  usqu'au  rouge  ;  on  le  retire  de  la  flamme  ;  on  le  laisse 
refroidir  jusqu'à  ce  qu'il  ne  soit  plus  lumineux;  puis  on  le 
plonge  dans  l'intérieur  du  verre  ,  très-promptement  :  il 
devient  rouge-cerise,  et  même  rouge  blanc  dans  quelques 
parties.  Le  même  phénomène  s'observe  en  mettant  le  fil  de 
platine  dans  la  mèche  d'une  lampe  à  alcool,  de  manière 
qu'il  ne  la  touche  pas,  mais  qu'il  puisse  être  plongé  dans 
la  vapeur  qui  s'en  exhale  ;  si  ou  allume  la  lampe  ,  puis 
qu'on  l'éteigne  quand  le  fil  sera  suffisamment  échauffe,  ce- 
lui-ci deviendra  lumineux,  et  il  le  sera  tant  qu'il  s'évaporera 
de  l'alcool.  I.a  combustion  leute  de  l'éther  produit  un  acide' 
volatil  qui  a  paru  d'une  nature  particulière  à  M.  Faraday  qui 
l'a  examiné. 

Les  lames,  les  feuilles  de  platine  sont  susceptibles  de  rougir, 
comme  les  fils.  M.  Davy  n'a  pu  faire  ces  expériences  qu'avec 
le  platine  et  le  palladium,  parce  que,  vraisemblablement,  ces 
métaux  sont  moins  conducteurs  de  la  chaleur  et  ont  n;oinsde 
capacité  pour  elle  que  les  autres  métaux ,  et ,  d'un  autre  côté  , 
qu'ils  ont  un  foible  pouvoir  rayonnant.  Ce  qui  prouve  cette 
dernière  assertion,  c'est  qu'une  couche  mince  de  charbon  sur 
le  platine,  une  couche  mince  de  sulfure  sur  le  palladium  , 
empêchent  l'expérience  de  réussir. 

§•  IV. 
Influence  de  plusieurs  causes  qui  tendent  à  ajfoihlir  la  propagation 
de    l'inflammation  ,    en  écartant    les   particules    des  mélanges 
combustibles. 

L'écartement  plus  ou  moins  grand  des  particules  des  mé- 
langes gazeux  étant  une  des  causes  qui  doivent  influer  sur 
l'intensité  de  leur  combustion  ,  nous  allons  examiner  successi- 

17- 


114  FLA 

vement  l'influence  de  l'ëcartcment  produit  par  une  diminution 
de  pression;  l'influence  de  l'écartement  produit  par  une  élé- 
vation de  température;  enfin  ,  celle  qui  résuite  de  Técartement 
produit  par  Tinterposition  d'un  gaz  qui  ne  prend  point  part  à 
la  combustion.  Nous  prendrons  pour  guide  l'excellent  travail 
de  M.  H.  Davy  sur  la  flamthe. 

Art.  1."  Effets  qu'exerce  sur  lajlamine  l'écartement  des  particules 
des  gaz,  produit  par  une  diminution  de  pression. 

M.  H.Davy  pense  que  la  raréfaction  desgaz,  produite  par  une 
moindre  pression,  n'augmente  ni  ne  diminue  la  température 
nécessaire  à  l'inflammation  d'un  gaz,  et  que  ,  si  la  flamme  d'un 
combustible  s'éteint  dans  un  air  raréfié,  cela  tient  à  ce  que  la 
chaleur  de  cette  flamme  n'a  plus  l'intensité  nécessaire  pour 
entretenir  la  combustion. 

C'est  en  partant  de  cette  hypothèse  qu'il  explique  les  fait* 
suivans ; 

1."  Les  combustibles  qui  demandent  le  moins  de  chaleur 
pour  leur  inflammation  ,  brûlent  dans  un  air  raréfié  où 
s'éteignent  les  combustibles  qui  exigent  pour  leur  inflamma- 
tion une  température  plus  élevée. 

2.°  Les  combustibles  qui  développent  beaucoup  de  chaleur 
en  brûlant,  doivent,  si  toutes  les  autres  circonstances  restent 
les  mêmes,  brûler  dans  un  air  raréfié  où  s'éteignent  des  com- 
bustibles qui  développent  moins  de  chaleur. 

On  observe  ,  en  effet ,  que 

1."  L'hydrogène  phosphuré  brûle  dans  l'air  le  plus  raréfié  : 
car  si  l'on  en  introduit  dans  le  vide  fait  au  moyen  d'une  excel- 
lente machine  pneumatique  ,  il  produit  un  éclair. 

■2°  Le  phosphore  brûle  dans  un  air  raréfié  soixante  fois. 

3."  Le  soufre,  qui  s'enflamme  à  une  température  assez  basse, 
mais  cependant  beaucoup  plus  élevée  que  celle  qui  fait  brûler 
le  phosphore,  s'éteint  dans  un  air  raréfié  vingt  fois. 

4.°  L'hydrogène  cesse  de  brûler  dans  une  atmosphère  raré- 
fiée sept  à  huit  fois. 

6.°  Il  en  est  à  peu  près  de  même  de  l'hydrogène  percar^ 
buré  ,  qui  est  aussi  inflammable  que  l'hydrogène. 

6."  L'acide  hydrosulfurique  est  bien  inflammable  ;  mai* 
comme  la  chaleur  est   enlevée  par  le  soufre  qui  se  sépare 


FLA  Ti5 

d'abord  de  l'hydrogène  et  qui  se  vaporise  ensuite,  il  cesse 
de  brûler  dans  une  atmosphère  raréfiée  sept  fois  (i). 

7.°  L'oxide  de  carbone  produit  peu  de  chaleur  en  brûlant; 
mais  comme  il  s'enflamme  aussi  facilement  que  l'hydrogène, 
il  brûle  dans  une  atmosphère  raréfiée  six  fois  (1). 

8."  L'alcool  et  la  cire,  qui  exigent  plus  de  chaleur  que  les 
coujbustibles  précédeus,  parce  qu'ils  en  absorbent  une  assez 
grande  quantité  pour  se  vaporiser  et  se  décomposer,  cessent 
de  brûler  dans  une  atmosphère  raréfiée  cinq  à  six  fois. 

9.°  L'hydrogène  protocarburé  ,  qui  demande  une  tempéra- 
ture plus  élevée  que  les  gaz  précédens ,  s'éteint  dans  un  air 
raréfié  quatre  fois  (i). 

En  comparant  la  chaleur  dégagée  pendant  la  combustion 
de  l'hydrogène  percarburé,  de  l'hydrogène,  de  l'acide  hydro- 
su  Ifurique,  de  l'hydrogène  protocarburé  et  de  l'oxide  de  car- 
bone, avec  les  résultats  que  nous  venons  de  donner,  on  verra 
que  la  deuxième  conséquence  que  nous  avons  déduite  de  l'opi- 
nion énoncée  au  commencement  de  cet  article ,  est ,  ainsi  que 
la  première,  d'accord  avec  l'-expérience. 

Le  mélange  de  chlore  et  d'hydrogène,  qui  brûle  à  une  tem- 
pérature inférieure  à  celle  qui  faitbrûler  le  mélange  d'oxigène 
et  d'hydrogène,  s'enflamme  par  l'électricité  lorsqu'il  est  vingt- 
quatre  fois  plus  rare  que  sous  la  pression  ordinaire ,  tandis  que 
le  second  mélange  cesse  de  s'enflammer  lorsqu'il  est  raréfié 
dix-huit  fois. 

Un  fait  très-remarquable,  et  qui  est  parfaitement  d'accord 
avec  cette  théorie ,  c'est  que ,  si  l'on  met  en  contact  avec  un  gaz 
inflammable  un  corps  solide  qui  puisse  s'échaufier  jusqu'à  un 
certain  point  par  la  combustion  d'une  partie  de  ce  gitz,  la 
combustion  de  l'autre  partie  pourra  avoir  lieu  dans  une  at- 
mosphère plus  raréfiée  que  celle  où  elle  auroit  cessé  si  le  corps 
solide  n'y  eût  pas  été.  C'est  ainsi  qu'en  plaçant  un  fil  de  pla- 
tine mince  ,  1."  dans  l'hydrogène,  celui-ci  ne  cesse  de  brûler 
que  quand  l'atmosphère  est  raréfiée  treize  fois;  2.°  dans  l'hy- 
drogène percarburé ,  celui-ci  ne  s'éteint  que  quand  la  pression 


(i)  Dans  cette  expérience,  la  combustion  du  gaz  étoit  facilitée  par  un  fil 
de  platine  roulé  en  spirale,  cjui  se  trouvoit  à  Torifice  du  tube  de  verifc  oit 
linflanimatioa  avgit  lieu, 

S. 


ii6  FLA 

est  dix  à  onze  fois  moindre;  3."  dans  la  mèclie  d  une  lampe 
à  alcool,  d'une  bougie,  celles-ci  brûlent  dans  une  atmosphère 
raréfiée  sept  à  huit  fois. 

On  observe  encore  que  le  naphte  ,  qui  s'éteint  dans  une  at- 
mosphère raréfiée  six  fois,  brûle  dans  une  atmosphère  raréfiée 
trente  fois,  lorsqu'on  y  a  placé  un  fer  rouge  de  feu-,  qu'un  mé- 
lange d'oxigène  et  d'hydrogène,  contenu  dans  un  tube  de 
▼erie  dont  l'extrémité  est  échauffée  jusqu'à  le  ramollir  , 
raréfié  dix-huit  fois,  s'enflamme  par  l'étincelle  électrique  dans 
les  seules  parties  qui  sont  échauffées. 

Art.  Jï.  Effets  que  produit,  relativement  à  V inflammation ,  l'éearte- 
meiit  des  particules  des  gaz  déterminé  par  la  chaleur. 

La  raréfaction  occasionée  par  la  chaleur  ne  diminue  pas  la 
combustibilité  des  gaz  ;  elle  la  facilite  plutôt  :  car  tel  mélange 
qui  est  dilaté  par  la  chaleur,  exige  pour  s'enflammer  une 
température  moins  élevée  que  celle  qu'il  auroit  demandée,  si 
on  l'eût  enflammé  en  le  prenant  à  la  température  ordinaire, 
et  en  y  plongeant  un  corps  chaud. 

M.  H.  I>avy  a  fait  plusieurs  expériences  qui  prouvent  cette 
assertion;  mais,  avant  de  les  exposer,  il  faut  savoir  que  ce 
chimiste  a  observé  que  de  l'air,  chauffe  dans  un  tubedeverre 
contenant  du  métal  fusible,  jusqu'à  ce  que  celui-ci  commence 
à  être  visible  dans  l'obscurité  ,  occupe  un  espace  qui  est  à 
celui  qu'il  occupoit  à  loo  d.  comme  2,26  est  à  1 ,  et  qu'à  la 
•température  rouge-cerise  le  même  volume  d'air  en  occupe  uii 
qui  n'excède  pas  2,5o. 

1.°  Un  mélange  de  1  partie  oxigène  et  2  parties  hydrogène, 
chauffé  dans  un  tube  de  verre  avec  une  lampe  à  alcool  jusqu'à 
ce  que  le  volume  du  mélange  tût  devenu  2,6,  a  brûlé  lors- 
qu'on a  dirigé  sur  l'extrémité  du  tube,  au  moyen  d'un  chalu- 
meau, la  flamme  d'une  autre  lampe  à  alcool. 

2.°  Un  mélange  semblable  au  précédent,  contenu  dans  untf 
vessie  à  robinet,  introduit  lentement  dans  un  tube  de  verre 
épais ,  de  3  pieds  de  longueur  et  de  j-  de  pouce  de  diamètre  . 
placé  au  milieu  d'un  feu  de  charbon  ,  a  détoné  à  une  tempéra- 
ture où  le  tube  n'étoit  pas  rouge.  Or,  il  faut,  à  la  tempéra- 
ture ordinaire ,  un  corps  rouge  pour  enflammer  ce  mélange. 
3.°Unmélange  dei  volume  d'hydrog.èneprotocarburé  et  B  vo- 


FLA  117 

lûmes  d  air,  ont  été  mis  dans  une  vessie  armée  d'un  tube  ca- 
pillaire; ce  tube  a  été  exposé  à  une  chaleur  suffisante  pour  le 
ramollir;  ensuite  on  a  pressé  la  vessie  de  manière  à  faire 
passer  lentement  le  gaz  dans  le  tube  ,  et  on  a  présenté  à  l'ori- 
fice la  flamme  d'une  lampe  à  alcool  :  le  mélange  s'est  enflammé 
et  a  continué  de  brûler,  après  qu'on  a  eu  retiré  la  lampe  , 
quoique  l'extrémité  du  tube  fût  chauffée  au  rouge  blanc. 
M.  Davy  s'est  aussi  assuré  que  les  combustions  lentes  étoient 
tout-à-fait  indépendantes  de  l'état  de  dilatation  dans  lequel 
on  pourroit  supposer  les  gaz;  car  ce  genre  de  combinaison 
s'effectue  lorsque  les  gaz  exposés  à  la  chaleur  ne  sont  pas  libres 
de  s'étendre. 

Art.  III.  Effets  que  produit ,  relativement  à  l'inflammation,  la  pré- 
sence de  divers  gaz  qui  ne  prennent  point  part  à  Vinjlammalion- 
dans  an  mélange  gazeux  combustible. 

Si,  à  1  volume  d'oxigéne  et  2  volumes  d'hydrogène,  ou 
ajoute  des  gaz  qui  ne  peuvent  s'emparer  de  l'oxigène  à  l'exclu- 
sion de  l'hydrogène  ,  jusqu'à  ce  que  l'inflammation  de  l'hydro- 
gène n'ait  plus  lieu,  on  observe  qu'il  faudra  des  proportions 
très-différentes  de  ces  gaz,  suivant  Fespèce  de  chacun  d'eux. 
M.  H.  Davy  a  trouvé  que  l'inflammation  (i)  d'une  partie  de 
ce  mélange  étoit  empêchée  par 

8  d'hydrogène  environ  ; 

9  d'oxigéne  ; 

11  de  protoxide  d'azote; 

1  d'hydrogène  protocarburé; 

2  d'acide  hydrosulfurique  ; 
^  d'hydrogène  percarburé; 
2  de  gaz  hydrochlorique  ; 

l  de  gaz  phtorosilicique^ 
L'inflammation  a  eu  lieu  lorsque  les  mélanges  contenoient 

6  d'Jiydrogènc; 

7  d'oxigéne  ; 

10       de  protoxide  d'azote  ; 


(1)  Les  gaz  étoient  soumis  à  une  forte  étincelle  électrique  tirée  d'unr 
bouteille  de  Lejde. 


»^8  FLA 

I  d'hydrogène  protocarburé; 

l"  d'hydrogène  percarburé  ; 
1  ^  d'acide  hydrosulfurique  ; 
1    7  de  gaz  hydrochlorique; 

I  de  gaz  phtorosilicique. 
Il  est  bien  certain  que  ,  quand  ces  gaz  empêchent  Tinflam- 
inaiion,  cela  tient  surfout  à  la  faculté  qu'ont  leurs  particules 
d'enlever,  plus  ou  moins  rapidement,  la  chaleur  aux  parti- 
cules des  mélanges  inflammables  qui  leur  sont  contiguës.  Il  est 
probable  que  ce  pouvoir  refroidissant  qu'ils  exercent  dépend  , 
1.°  de  la  rapidité  plus  ou  moins  grande  avec  laquelle  ils 
absorbent  la  chaleur  qui  en  élève  la  température;  2°  de  leur 
capacité,  ou  de  la  plus  ou  moins  grande  quantité  de  chaleur 
qni  est  nécessaire  pour  élever  une  unité  de  poids  de  chacun 
d'eux  au  même  degré  de  température.  Cependant,  si  l'on  ap- 
plique, auxrésiiltatsdeM.  H.Davy,  les  densités  et  les  capacités 
des  gaz  déterminées  par  MM.  Delaroche  et  Berard  .  on  obser- 
vera qu'ils  ne  s'accordent  point  :  car,  1.°  le  protoxide  d'azote, 
dont  la  densité  est  environ  un  tiers  plus  grande  que  celle  de 
l'oxigène,  et  dontla  capacitéestà  celle  de  ce  dernier:  :  i,55o3  : 
0,9766  en  volume,  oppose  moins  d'obstacle  que  lui  à  l'inflam- 
mation; 2."  l'hydrogène  ,  beaucoup  plus  léger  que  l'oxigène, 
et  ayant,  à  volume  égal,  une  capacité  plus  petite  ,  exerce  plus 
de  pouvoir  refroidissant  que  ce  dernier-.  5."  enfin,  le  gaz  hy- 
drogène percarburé  a  un  pouvoir  refroidissant  beaucoup  plus 
élevé  que  ne  l'indiquent  sa  densité  et  sa  capacité. 

Si  la  cause  de  la  faculté  refroidissante  des  gaz,  pour  em- 
pêcherrintlammation,n'estpas  encore  démontrée,  l'expérience 
prouve,  i.°qu^ils  agissent  de  la  même  manière  dans  les  différentes 
espèces  de  combustion  ;  2.°  que  les  mélanges  ou  les  corps  inflam- 
mables qui  exigent  le  moins  de  chaleur  pour  brûler,  exigent  de 
plus  grandes  quantités  de  gaz  différens  pour  ne  pas  être  enflammés, 
et  réciproquement  :  c'est  ce  que  M.  H.  Davy  a  démontré  de 
la  manière  la  plus  satisfaisante. 

(a)  On  introduit  une  bougie  allumée  dans  une  bouteille 
alongée  dont  le  col  est  étroit;  on  l'y  laisse  brûler  jusqu'à  ce 
qu'elle  s'éteigne,  puis  on  la  retire  ;  on  bouche  le  vase,  et 
quand  il  est  refroidi,  on  y  plonge  une  seconde  bougie  allumée» 
qui  s'éteint  avant  d'être  arrivée  à  la  base  du  col. 


FLA  iig 

(h)  On  met  du  zinc  et  de  l'acide  sulfurique  à  lo  d,  dans  un 
petit  tube  de  verre-,  quand  l'hydrogène  s'en  dégage,  on  l'en- 
ilamme  ;  puis  on  plonge  le  petit  tube  dans  la  bouteille  :  le  gaz 
continue  d'y  brûler  dans  toutes  les  parties  où  on  le  met ,  mais 
il  finit  par  s'éteindre. 

(c)  Quand  il  est  éteint,  on  plonge  du  soufre  allumé  dans  la 
bouteille  ;  ce  combustible  brûle  quelques  insians. 

(d)  Si,  après  qu'il  est  éteint,  on  met  du  phosphore  dans  la 
bouteille,  ce  combustible  paroîtra  aussi  lumineux  que  dans 
l'air. 

On  voit,  parées  expériences,  que  l'hydrogène,  plus  facile- 
ment inflammable  que  labougie,  brûle  dansune  atmosphère  où 
celle-ci  s'est  éteinte  ;  que  le  soufre ,  plus  inflammable  t}ue  Thy- 
drogéne ,  brûle  dans  l'air  où  l'hydrogène  ne  brûle  plus  ;  enfin , 
que  le  phosphore,  plus  combustible  que  le  soufre,  brûle  dans 
un  air  où  ce  dernier  a  cessé  de  brûler. 

Lorsqu'un  mélange  exige  peu  de  chaleurpour s'enflammer, 
l'interposition  d'un  gaz  qui  en  empêche  l'inflammation,  n'em- 
pêche point  les  élémens  de  ce  mélange  de  se  combiner  sans 
dégager  de  lumière.  En  effet,  si  l'on  met  i  volume  de  chlore  , 
1  volume  d'hydrogène  avec  2  volumes  de  gaz  hydrogène  per- 
carburé,  et  qu'on  fasse  éclater  une  étincelle  électrique  dans 
les  gaz,  il  se  forme  de  l'acide  hydrochlorique  ;  il  se  dégage 
de  la  chaleur  qui  dilate  les  gaz,  et  qui  est  si  promptement 
absorbée  par  l'hydrogène  percarburé  ,  qu'il  n'y  a  point  de 
lumière.  Bientôt  après  l'expansion,  les  gaz  reviennent  à  leur 
premier  volume. 

Il  est  très-vraisemblable  que ,  quand  le  phosphore  brûle 
dans  des  mélanges  où  l'oxigène  est  peu  abondant,  la  lumière 
se  trouve  seulement  sur  les  particules  de  l'acide  phosphorique, 
et  que  quand  l'hydrogène  phosphuré  brûle  dans  un  air  très- 
rare ,  le  phosphore  seul  est  consumé. 

Il  est  évident  que  la  condensation  doit  augmenter  et  la  ra- 
réfaction diminuer  le  pouvoir  refroidissant  des  gaz,  tandis 
que  la  quantité  de  matière  qui  brûle  dans  des  espaces  donnés, 
augmente  ou  diminue  dans  le  même  rapport. 

M.  H.  Davy  a  observé,  i."  que  la  chaleur  dégagée  dam  l'air  ra- 
réfié pendant  une  combustion,  diminue  très-lentement  par  la  raré- 
faction ,  parce  que  probablement  le  pouvoir  refroidissant  de  Vazote 


FLA 

diminue  plus  rapidement  que  la  chaleur  dégagée  par  Les  corps  qui 
trâlenL;  2." que,  dans  le  cas  où  iljy  a  condensation,  le  pouvoir  refroi' 
dissant  de  l'azote  croit  moins  vite  que  la  chaleur  dégagée  n'est  aug- 
mentée par  l'accroissement  de  la  quantité  des  corps  qui  brûlent: 
mais  cette  augmentation  de  chaleur  n'est  pas  considérable; 
car  lesfldmmes  d'une  bougie ,  du  soufre  et  de  l'hydrogène,  brû- 
lant dans  un  air  quatre  fois  plus  dense  que  l'atmosphère,  ne 
reçoivent  pas  un  accroissement  de  combustibilité  plus  grand 
que  si  l'on  eût  ajouté  ^  d'oxigènc  à  l'air  ordinaire. 

M.  H.  Davy  tire  cette  conclusion  que  ,  dans  les  limites  d'élé- 
vation ou  de  profondeur  où  nous  pouvons  nous  trouver  dans 
l'atmosphère  ,  celle-ci  possède  le  pouvoir  comburent  à  des 
degrés  très-rapprochcs. 

Puisque  les  gaz  qui  ne  prennent  point  part  à  la  combustion 
d'un  mélange  combustible  avec  lequel  ils  se  trouvent  en  con- 
tact, agissent  en  refroidissajit ,  il  est  évident  qu'à  de  haute» 
températures  l'inlluence  de  ces  gaz  pour  empêcher  la  com- 
bustion, devra  être  moindre  qu'à  la  température  ordinaire.  Il 
est  encore  évident  qu'il  en  sera  de  même  des  vapeurs  ,  qui 
exigent  beaucoup  de  chaleur  pour  leur  formation. 

§.  V. 
Applications. 

Dans  ce  paragraphe  nous  donnerons  quelques  développe- 
mens  à  plusieurs  points  de  l'histoire  des  flammes  persistantes, 
et  ensuite  nous  parierons  de  la  lampe  de  sûreté  de  H. Davy, 
qui  est  une  de.s  plus  utiles  et  des  plus  belles  applications  que 
l'on  ait  faites  des  connoissanccs  physiques  et  chimiqoes  au 
bien  de  l'humanité. 

En  traitant  des  flammes  persistantes, nous  avons  expliqué  la 
manière  dont  la  combustion  d'une  bougie,  d'une  chandelle, 
dune  lampe,  continue  après  qu'on  Ta  déterminée  par  une 
chaleur  étrangère.  Nous  avons  passé  sous  silence  plusieurs 
développemcns,  qui  exigent,  pour  être  bien  entendus,  l'en- 
semble des  faits  qui  ont  été  exposés  dans  les  paragraphes  pré- 
céiens. 

Si  une  matière  grasse,  employée  à  l'éclairage,  donne  lieu  à 
une  production  de  noir  de  fumée  et  à  une  odeur  plus  ou 
moits  dcsagré.'ible  ,  cela  tient  à  ce  que  la  combustion  du  car- 


FLA 

bone  et  de  l'hydrogène  des  élémens  de  la  matière  grasse  n'est 
point  complète  ;  car,  si  elle  1  etoit,  il  ne  se  formeroit  que  de 
l'eau  et  de  l'acide  carbonique  ,  et  la  lumière  que  l'on  obtien- 
droit  dans  ce  cas  seroit  plus  éclatante  que  celle  qui  est  pro- 
duite dans  le  cas  contraire.  C'est  pour  atteindre  ce  but  que 
l'ingénieux  Argant  a  imaginé  les  lampes  qui  portent  son  nom  , 
et  auxquelles  on  donne  plus  communément  celui  dequlnquets. 
On  sait  que.  dans  ces  lampes,  une  mèche  circulaire  est  placée 
dans  l'intervalle  de  deux  cylindres  dont  l'un  enveloppe  l'autre; 
que  cet  intervalle,  fermé  au  fond  ,  communique  avec  un  réser- 
voir d'huile.  On  sait  encore  que  le  cylindre  inscrit  est  creux  et 
ouvert  aux  deux  extrémités;  de  sorte  que,  quand  la  mèche  est 
allumée,  il  se  produit  deux  courans  d'air  ascendans  ,  un  qui 
enveloppe  la  mèche  extérieurement,  un  autre  qui  passe  dans 
l'intérieur  du  cylindre,  et  qui  touche  la  surface  intérieure  de  la 
mèche.  Par  cette  disposition  ,  le  corps  combustible  se  présente 
par  une  plus  grande  surface  à  l'oxigène  atmosphérique,  que 
dans  les  lampes  ordinaires:  par  conséquent  il  est  placé  dans  des 
circonstances  plus  favorables  à  la  combustion  ;  mais  si  la  mèche 
n'étoit  pas  enveloppée  d'une  cheminée  de  verre,  la  lampe 
d'Argant  seroit  loin  d'être  parfaite.  En  effet,  c'est  cette  che- 
minée qui  détermine,  tantà  l'intérieur  qu'à  l'extérieur,  des  cou- 
rans d'air  suffisans  pour  brûler  toutes  les  parties  combustibles 
de  l'huile;  c'est  elle  qui,  en  mettant  obstacle  à  la  dispersion 
de  la  chaleur,  concentre  celle  prcfduite  par  la  combustion 
dans  le  foyer  de  la  lampe,  et  complète  par  là  les  conditions 
absolument  nécessaires  à  la  parfaite  combustion  de  l'huile. 

L'on  sait  que,  quand  la  mèche  d'une  bougie  ou  d'une  chan- 
delle allumée  n'a  pas  été  mouchée,  l'éclat  de  la  lumière  est 
diminué.  Rumford  prétend  que  celte  circonstance  diminue  de 
moitié  l'éclat  d'une  bougie  ;  et  que  l'éclat  d'une  chandelle .  qui 
étoit  exprimé  par  loo  quand  on  venoit  de  la  moucher,  étoit 
déjà  réduit  à  Sg  après  sept  minutes,  à  25  huit  minutes  plus 
tard  ,  à  1 C  après  dix  minutes.  Mais ,  ce  qui  mérite  encore  d'être 
remarqué,  c'est  qu'une  chandelle  non  mouchée  fait  une  déper- 
^dition  de  suif  plus  considérable  que  celle  qui  l'a  été.  M.  Porret 
explique  ces  deux  effets, la  diminution  de  l'éclat  et  la  consom- 
mation plus  grande  du  suif,  par  l'opacité  et  la  couleur  noire  de 
la  mèche,  qui  intercepte  et  absorbe  la  lumière  d'une  partie  de 


FLA 

la  flamme  ,  et  par  Ja  faculté  conductrice  de  cette  mèche,  qui^ 
transmettant  de  haut  en  bas ,  une  grande  quantité  de  la  chaleur 
de  la  flamme,  détermine  par  là  une  grande  volatilisation  de 
suif.  Ce  dernier  effet,  joint  au  rayonnement  de  la  mèche,  con- 
tribue aussi  à  diminuer  l'éclat  de  la  flamme ,  parce  qu'il  la  re- 
froidit, et  que  ce  refroidissement  s'oppose  à  ce  qu'il  y  ait 
autant  de  charbon  déposé  qu'il  y  en  auroit  eu  dans  le  cas  où  la 
mèche  auroit  été  mouchée.  Si  on  se  rappelle  que  M.  H.  Davy 
attribue  à  ce  dépôt  de  charbon  l'éclat  de  la  flamme  des  hydro- 
gènes carbures  et  des  corps  gras,  on  concevra  sans  peine 
pourquoi  la  lumière  devient  moins  éclatante  lorsque  ce  dépôt 
diminue. 

Lampe  de  sûreté. 

Dans  les  galeries  des  mines  de  charbon  de  terre,  il  se  déve- 
loppe souvent  du  gaz  hydrogène  protocarburé  ,  que  l'approche 
d'un  corps  enflammé  fait  détoner  après  qu'il  s'est  mêlé  à  l'air. 
Si  le  volume  du  gaz  inflammable  est  considérable,  la  détona- 
tion peut  avoir  les  suites  les  plus  dangereuses  pour  les  ouvriers 
qui  s'y  trouvent  exposés.  M.  H.  Davy,  consulté  sur  les  moyens 
d'empêcher  ces efi"ets,  a  imaginé  ces  ingénieux  appareils,  qu'il 
a  appelés  lanternes  ou  lampes  de  sûreté.  Le  mineur  qui  en  fait 
usage  n'a  plus  à  craindre  désormais  que  la  lumière  qui  le  guide 
dans  l'obscurité  des  galeries  qu'il  a  creusées  ,  lui  devienne 
funeste  en  allumant  le  gaz  inflammable  qui  peut  s'y  trouver, 

M.  H.  Davy  a  construit  trois  sortes  de  lampes  de  sûreté. 

hampe  delà  première  sorte.  C'est  une  lampe  à  huile,  dont  le 
réservoir  circulaire  est  placé  dans  lebas  d'une  lanterne  de  fer- 
blanc,  garnie  de  quatre  vitres-,  l'air  arrive  à  la  mèche  par 
plusieurs  tubes  métalliques,  de  ^  de  pouce  et  de  i  pouce  '-  de 
hauteur,  qui  sont  rangés  autour  d'elle.  Une  cheminée,  formée 
de  deux  cônes  ouverts,  ayant  une  base  commune  percée  de 
plusieurs  petits  trous,  est  adaptée  au  haut  de  la  lanterne; 
les  orifices  inférieur  et  supérieur  de  la  cheminée  ont  5  de 
pouce  de  diamètre. 

Cette  lampe  a  l'inconvénient  de  s'éteindre  quand  elle  est 
agitée  fortement. 

Lampe  de  la  seconde  sorte.  Elle  ressemble  à  la  précédente  ,  si 
ce  n'est  que  l'air  arrive  à  la  mèche  par  des  canaux  de  sûreté,  an 


FLA  123 

lieu  d'y  arriver  par  des  tubes.  Ces  canaux,  aunombrede  trois, 
sont  formes  par  des  cylindres  de  divers  diamètres  ,  placés  l'un 
dans  l'autre,  de  manière  qu'ils  forment  des  conduits  de  i  ^de 
pouce  de  longueur,  et  depuis  f^  jusqu'à-^  de  pouce  de  largeur. 
La  cheminée  contient  quatre  canaux  semblables,  dont  le  plus 
petit  a  deux  pouces  de  circonférence;  elle  est  surmontée  d'un 
cylindre  creux,  garni  d'un  chapiteau,  dont  l'usage  est  d'em- 
pêcher la  poussière  de  pénétrer  dans  la  cheminée. 

Lampe  de  sûreté  de  la  troisième  sorte.  Elle  est  plus  simple  et 
meilleure  que  les  deux  précédentes;  elle  se  compose  d'une 
lampe  ordinaire ,  dont  la  partie  supérieure  sert  de  base  à  un 
cylindre  creux  de  toile  métallique  en  laiton, épaisse  de 7^- de 
pouce,  et  dont  les  interstices  ont  —^  de  poi'.ce.  Cette  lampe 
est  plus  portative  que  les  autres;  l'air  y  circule  plus  librement, 
et  la  flexibilité  de  la  toile  la  rend  plus  propre  à  résister  aux 
chocs  qu'elle  peut  éprouver. 

Lorsque  l'hydrogène  protocarburé  est  mêlé  à  l'air  dans  une 
proportion  suffisante  pour  le  rendre  détonant,  la  lumière  de 
la  lampe  s'agrandit  (1) ,. puis  s'éteint.  Ce  phénomène  avertit 
les  mineurs  de  se  retirer,  parce  qu'il  est  nécessaire  de  renou- 
veler l'air  de  la  galerie.  Mais  comment  se  guideront-ils  P  Par 
\in  moyen  très-simple,  que  nous  devons  encore  au  génie  de 
Davy.  On  se  rappelle  qu'un  fil,  qu'une  feuille  de  platine  ou 
de  palladium,  deviennent  rouges  de  feu  lorsqu'ils  sont  placés 
dans  un  mélange  gazeux  susceptible  d'éprouver  une  combus- 
tion lente  :  hé  bien,  qu'on  dispose  au-dessus  de  la  mèche  de  la 
lampe  de  sûreté  une  petite  cage  de  fils  de  platine  d'une  épais- 
seur de  7j  de  pouce,  ou  une  petite  feuille  de  ce  métal  ou  de 
palladium  ;  à  la  combustion  rapide  et  lumineuse  succédera 
une  combustion  lente,  qui  sera  déterminée  parla  température 
que  la  flamme  de  la  lampe  aura  communiquée  au  métal  placé 
au-dessus  d'elle,  et  qui  le  mettra  en  ignition.  Tant  que  Tigni- 
tion  du  métal  aura  lieu  ,  le  mineur  peut  être  assuré  qu'il  ne 
court  pas  le  risque  d'être  asphyxié. 

•yi)  Dans  cette  proportion  l'air  est  encore  rcspirable. 


ï^4  FLA 

III.*  SECTION. 

De  la  manière  dont  les  Chimistes  ont  envisagé  le  feu  ,  relativement 
à  sa  nature. 

Les  anciens  regardèrent  le  feu  comme  un  élément.  Stahl , 
adoptant  cette  idée  ,  distingua,  sous  le  nom  de  phlogistique, 
le  feu  combiné,  du  feu  libre  de  toute  combinaison.  Stahl  attri- 
huoit  la  manifestation  du  feuqui  a  lieu  dans  l'action  chimique; 
au  phlogistique  qui  étoit  mis  en  liberté. 

Après  que  Lavoisier  eut  démontré  que  cette  explication 
n'étoit  pas  fondée,  on  pensa  assez  généralement  que  la  cha- 
leur n'étoit  qu'un  effet  produit  sur  nos  organes  par  un  corps 
impondérable,  que  l'on  désigna  parle  nom  de  calorique;  et 
l'on  admit  que  ce  corps  pénétroit  toutes  les  substances  pon- 
dérables ,  qu'il  en  tenoit  les  particules  à  distance,  et  que, 
suivant  la  proportion  dans  laquelle  il  s'y  trouvoit ,  les  corps 
étoient  ou  solides,  ou  liquides,  ou  gazeux.  Les  chimistes, 
pour  qui  le  calorique  et  la  lumière  étoient  deux  corps  impon- 
dérables distincts,  pensoient  que,  dans  les  fluides  aériformes, 
et  spécialement  dans  l'oxigène  ,  ces  corps  étoient  unis  à  une 
hase  pondérable. 

L'explication  que  Lavoisier  donna  du  feu  qui  apparoît  dans 
la  combustion,  ou  plutôt  des  changemens  de  température 
qu'on  remarque  dans  l'action  chimique,  étoit  principalement 
basée  sur  la  capacité  des  corps  pour  le  calorique.  Y  avoit-il 
élévation  de  température  ?  le  composé  produit  avoit  une 
capacité  moindre  que  ses  élémens.  Y  avoit-il  refroidissement? 
le  composé  avoit  une  plus  grande  capacité  que  ses  élémens. 
Enfin,  quand  les  capacités  des  élémens  et  celle  du  composé 
étoient  les  mêmes,  il  n'y  avoit  aucune  variation  de  tempéra- 
ture. Quelques  chimistes,  sans  admettre  explicitement  la 
capacité  pour  le  calorique,  expliquèrent  les  changemens  de 
température  parle  seul  principe  de  Tallinité  élective;  et,  pour 
nous  borner  à  citer  un  seul  exemple ,  celui  de  la  combustion 
d'un  corps  inflammable  par  l'oxigène,  ils  disoient  que,  dans 
cette  circonstance  ,  l'affinité  du  combustible  pour  l'oxigène 
l'emportant  sur  celle  de  ce  corps  pour  le  calorique  et  la  lu- 
snière  ,  qui  le  cônstituoicnt  à  l'état  gazeux,  ces  corps  impon- 


FLA  i2ft 

dérabics ,  mis  en  liberté,  nous  devenoient  sensibles  sous  la 
forme  de  feu. 

Ces  explications,  étant  sujettes  à  beaucoup  d'objections, 
reçurent  d'autant  plus  de  modifications,  que  Lavoisier,  dans 
sa  Théorie  de  la  combustion  par  la  fixation  de  l'oxigène  , 
n'avoit  point  arrêté  d'une  manière  bien  positive  quelle  étoit 
l'origine  du  feu.  Enfin  ,  il  arriva  une  époque  où  elles  parurent 
si  peu  d'accord  avec  les  faits  électro-chimiques  récemment 
observés,  que  plusieurs  savans  cherchèrent  à  les  renverser. 
Parmi  eux  on  doit  distinguer  Ritter,  M.  Berzelius,  M.  Ocrsted. 

Ces  deux  derniers  savans  ont  cité  beaucoup  d'exemples  de 
composés  dont  la  capacité  pour  le  calorique  est  égale  ,  ou 
plus  grande  que  celle  de  leurs  élémens,  quoique  ceux-ci,  en 
se  combinant,  donnent  lieu  au  phénomène  du  feu. 

M.  Berzelius  pense  que  le  feu  produit  dans  l'action  chi- 
mique, ainsi  que  celui  qui  est  produit  dans  la  décharge  élec- 
trique, résulte  de  l'union  des  deux  électricités. 

Il  se  fonde,  i.°  sur  ce  que  la  décharge  électrique  produit 
de  la  lumière  en  même  temps  qu'elle  échauffe,  qu'elle  fond, 
qu'elle  volatilise,  qu'elle  porte  à  l'incandescence  les  corps  par 
rintcrmèdc  desquels  elle  s'opère  ;  2."  sur  ce  que,  suivant  les 
observations  de  M.  H.  Davy ,  les  corps  que  l'on  met  en  contact 
développent  d'autant  plus  d'électricité  qu'ils  ont  plus  d'affinité 
mutuelle:  que  cette  électricité  et  cette  affinité  vont  en  crois- 
î^ant  à  mesure  qu'on  élève  la  température  de  ces  corps;  qu'au 
moment  où  ils  se  combinent,  il  y  a  ,  comme  dans  la  décharge 
électrique  ,  production  de  feu  et  neutralisation  des  électr'- 
cités  ;  enfin  ,  sur  ce  que  les  corps  qui  se  sont  unis ,  se  séparent 
de  nouveau  lorsqu'ils  sont  soumis  à  une  décharge  suffisante 
pour  les  rétablir  dans  leur  premier  état  électrique. 

Ces  vues  de  M.  Berzelius  ont  reçu  un  nouveau  degré  de 
j)''obabilité  par  l'assentiment  que  leur  ont  donné  deux  savans 
français  du  plus  grand  mérite,  MM.  Dulong  et  Petit.  (Ch.) 

FLAMME  BLANCHE  (Bot,),  nom  vulgaire  d'une  espèce 
d'iris.  (L.D.) 

FLAMME  DE  JUPITER.  {Bot.)  On  donnoit  autrefois  ce nom 
à  la  clématite  droite.  (L.  D.) 

FLAMME  DE  MER  (  Ichthfol.  ) ,  nom  vulgaire  de  la  cépole 
bandelette.  Voyez  Cépole.  (  H.  C.  ) 


\(> 


126  FLA 

FLAMME  FÉTIDE.  (Bot.)  C'est  Fins  fétide.  (L.  D.) 

FLAMMETTE,  Flammule  (Bot.),  nbm  vulgaire  de  la  renon- 
cule petite-douve  et  de  quelques  espèces  de  clématites.  (L.D.) 

FLAMO.  {Ichthjol.)  SuivantM.  RissOjà  Nice,  on  donne  ce 
nom  au  ruban  de  mer,  cepola  tcenia.  Voyez  Cépole.  (H.  C.) 

FLASCO-PSARO  (Ichthjol.),  nom  que  les  Grecs  modernes 
donnent  au  tetraodon  Lineatus  de  Linnaeus  ,  lequel  est  le  fahaca 
des  x\rabes  ,  et  habite  le  Nil.  Voyez  Tetraodon.  (H.  C. ) 

FLAT  BROOK  TURTLE.  (Erpét.)  En  Pensylvanie  ,  on 
appelle  ainsi  l'éuiyde  peinte,  suivant  Schgeffer.  Voyez  Emyde. 
(H.C.)     ^ 

"  FLATEYFlata.  (Entom.)  M.  Fabricius  a  désigné  sous  ce  nom 
de  genre  un  groupe  de  petites  cigales,  la  plupart  des  pays 
chauds,  qui  ressemblent  à  des  pyrales  par  leurs  ailes  disposées 
en  toit,  beaucoup  plus  longues  que  Fabdomen  qu'elles  re- 
couvrent en  se  dilatant,  et  se  portent  beaucoup  en  arrière  -,  ce 
qui  avoit  déjà  fourni  à  M.'Latreille  l'idée  du  nom  ae  poekilop- 
tère,  tiré  des  mots  grecs ttoiki^oç,  singulières  {di^ersi  geneiis),et 
TrJ.Bpcv,  aile.  L'étyraologie  du  nom  dejlata,  s'il  en  a  une,  nous 
est  inconnue. 

Les  insectes  de  ce  genre  appartiennent  à  la  famille  des 
insectes  hémiptères  coUirostres,  ou  auchénorinques,  dont  le 
bec  paroft  naître  du  cou  ,  qui  ont  les  ailes  d'égale  consistance , 
trois  articles  à  tous  les  tarses,  et  les  antennes  très-courtes. 

Nous  avons  fait  figurer  une  espèce  de  ce  genre  dans  l'Atlas 
de  ce  Dictionnaire,  sous  1  en"  1  delà  planche  des  auchénorinques; 
c'est  lajlate  blanche  de  l'Ile-de-France. 

Les  liâtes  ressemblent  beaucoup  anxfulgores  et  auxcercopes. 
Comme  ces  hémiptères,  elles  ont  les  antennes  insérées  au-des- 
sous des  yeux,  et  non  dans  Forbite  des  yeux  même,  comme 
chez  les  delphaces  ou  asiraques  de  M.  Latreille  ,  ni  entre  les 
yeux,  comme  dans  les  cigales,  les  cicaddles  ou  les  memhraces . 
Ces  an tennessont  courtes  en  soie  ;  leur  tête  est  comme  tronquée,  ' 
et  les  yeux  globuleux.  La  largeur  et  la  dilatation  des  ailes  le* 
éloignent  des  cercopes ,  et  leur  tête  comme  tronquée  les  sépare 
des  fulgores  dont  le  front  toujours  prolongé  est  souvent  sin- 
gulièrement dilaté. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit ,  la  plupart  des  espèces  de  ce  genre 
sont  étrangères  à  FEurope.  Fabricius  eu  a  décrit  cinquante, 


FLA  127 

parmi  lesquelles  cinq  ou  six  seulement  se  trouvent  en  France, 
encore  ce  sont  de  très-petites  espèces.  Telle  est 

LaFi.ATE  NERVEUSE,  Flata  nervosa,  décrite  sous  le  nom  géné- 
rique de  cicada  par  Linnseus  et  par  Geoffroy,  1. 1.",  p.  415, 
sous  le  n.°  1  ,  <i  ailes  transparentes ,  en  remarquant  le  rapport 
qui  existe  entre  cette  espèce  et  les  vraies  cigales  de  Provence. 

Les  autres  espèces  indiquées  sont  très-petites.  On  en  trouve 
une  sur  le  chardon  des  champs  dont  elle  porte  le  nom.  C'est  la 
flata  serratuhv,  qui  est  jaune,  à  élytres  pâles,  blanchâtres  avec 
un  point  et  deux  lignes  noires.  (CD.) 

FLAT-EEL  (IchlhyoL) ,  nom  anglois  du  plotose  anguille. 
Voyez  Plotose.  (H.  C.) 

FLAVE-FLIT  {Ornith.),  nom  islandois  du  petit  grèbe  cornu, 
eolynihus  auritus ,  Linn.  (Ch.  D.  ) 

FLAVÉOLE.  (Omi7Ji.)  Buffon  a  appliqué  à  un  bruant  étran- 
ger cette  dénomination  tirée  del'épithète  donnée  par  Linnœus 
à  son  emheriza  Jlaveola .  épithète  également  employée  par  le 
même  auteur  pour  désigner  un  de  ses  certhia  ,  sucrier  de 
Lufïbn  ;  et  par  M.  Vieillot,  pour  indiquer  l'une  de  ses  fau- 
vettes. (Ch.  D.) 

FLAVERIE  ,  Ftayeria.  (Bot.)  [Corymbifères  ,  Juss. — Sj'ngénésie 
polygamie  superflue ,  Linn.j  Ce  genre  de  plantes,  établi  par  M.  de 
Jussieu,  dans  la  famille  des  synanthérées ,  appartient  à  notre 
tribu  naturelle  des  héliantliées,  et  à  la  section  des  liélianthées- 
millériées,  dans  laquelle  nous  le  plaçons  auprès  des  navenhur- 
gia,  milleria,  riencurtia;  It  est  surtout  très-voisin  du  navenbur- 
gia,  dont  il  ne  difl'ère presque  point.  Voici  ses  caractères,  que 
nous  décrivons  d'après  Cavanilles,  et  dont  nous  ne  garantissons 
pas  l'exactitude  ,  parce  que  nous  ne  les  avons  pas  vérifiés. 

La  calathide  est  semi-radiée ,  composée  d'un  disque  uni- 
quinquéflore,  régulariflore ,  androgynillore ,  et  d'une  demi- 
couronne  uniflore,  liguliflore  ,  féminiflore  (rarement  nulle). 
Le  péricline  est  formé  de  deux  à  quatre  squames  égales,  uni- 
sériées,  appliquées,  ovales ;,  concaves,  foliacées;  le  clinanthe 
est  punctiforme,  inappendiculé  ;  les  ovaires  sont  oblongs ,  sil- 
lonnés longitudinalement ,  très-glabres,  inaigrettés. 

Flavérie  contre-poison  :  Flaveria  contrajerba  y  Pers.  ;  MHleria 
conlrayerba,  Cav. ,  Icon..  ;  Vermifuga  corjmbosa ,  Ruiz  et  Pav. 
C'est  une  plante  herbacée  ,  annuelle  .  haute  de  trois  pieds,  à 


3  28  FLE 

lige  sillonnée,  rougeàlre,  divisée  en  rameaux  opposés,  croi- 
sés, étalés,  un  peu  velus  :  les  leuillcs  sont  opposées,  amplexi- 
cauies,  lancéolées,  dentées  en  scie,  glabres,  glauques  en 
dessous,  munies  de  trois  nervures  saillantes  sur  la  face  infé- 
rieure ;  les  calathides  sont  terminales,  agglomérées  et  corym- 
bées  ;  leur  péricline  est  souvent  accompagné  à  sa  base  de  deux 
bractées';  leurs  eorolles  sont  jaunes,  velues  à  la  base  ;  la  lan- 
guette de  la  fleur  femelle  est  dressée,  concave,  éehancrée. 
Cette  plante  habite  le  Pérou  et  le  Chili,  où  on  l'emploie  à 
teindre  en  jaune.  (  H.  Cass.) 

FLAVERT  (Ornjlh.) ,  nom  donné  par  BufTon  à  un  gros-bec 
du  Canada,  loxia  Canadensis ,  Linn.  (Ch.  D.  ) 

FLEAU.  (Bot.)  C'est  la  fléole  des  prés.  (  L.  D.) 

FLÉAU  DU  CHIEN.  {Entom.  )  Aristote  ,  Hist.  des  Animaux, 
Jiv.  V,  chap.  3 1 ,  désigne  sous  ce  nom  traduit  du  grec  {Kvuopa.i/1») 
la  tique  des  chiens.  Voyez  Tique.  (CD.) 

FLÈCHE  (  IchfhYol.  ) ,  nom  spécifique  d'un  poisson  du  genre 
Callionyme.  (H.C.) 

FLÈCHE  D'EAU  {Bot.),  nom  vulgaire  de  la  flèchière.  (  L.  D.  ) 

FLÈCHE-EN-QUEUE.  (Ornjili.)  C'est  la  version  du  mot  pjl- 
slaart,  dans  la  traduction  faite  par  Demeunier  du  Voyage  de 
Forrest  aux  Moluques  et  à  la  Nouvelle-Guinée,  p.  i55;  et, 
quoiqueBrisson,t.VI,  p.  2  53,  rapporte  le  pylstaart  ou pjlstert 
au  harle  étoile,  rnergus  minutus,  Linn.,  il  ne  paroît  pas  dou- 
teux queroiseau  dont  il  est  ici  question  ne  soitle  paille-en-queue, 
ou  oiseau  du  tropique,  phaeton  œthereu s,  Linn.  (Ch.  D.) 

FLÈCHIÈRE  {Bot.);  Sagittaria,  Linn.  Genre  de  plantes 
monocotylédones,  delà  famille  des  alismacées,  Juss.,  et  de  la 
monoécie polyandrie ,  Linn.,  dont  les  fleurs  sont  monoïques,  et 
dont  les  principaux  caractères  sont  ceux  qui  suivent  :  Fleurs 
mâles  situées  dans  la  partie  supérieure  de  la  plante,  formées 
d'un  calice  de  trois  folioles  ovales,  persistantes;  d'une  corolle 
de  trois  pétales  arrondis,  plus  grands  que  le  calice,  et  de  vingt 
étaminesou  plus.  Fleurs  femelles  situées  a>!-dessous  des  mâles, 
ayant  un  calice  et  une  corolle  de  la  même  forme,  et  des  ovaires 
nombreux,  supérieurs,  ramassés  sur  un  réceptacle  commun, 
globuleux,  terminés  chacun  par  un  style  court,  à  stigmate 
simple.  Chaque  ovaire  devient  une  capsule  moaosperme  et 
indéhiscente. 


FLE  129 

Les  fléchières  sont  des  plantes  herbacées ,  à  racines  vivaccs, 
à  feuilles  radicales,  et  à  fleurs  disposées  par  verticilles  sur  une 
tige  nue.  Elles  croissent  dans  les  eaux  sur  les  bords  des  rivières, 
des  lacs  et  des  étangs,  dans  les  quatre  parties  du  Monde.  Une 
seule  espèce  est  indigène  de  l'Europe. 

Fléchière  sagittée,  vulgairement  Sagittaire,  Flèche-d'eau, 
Queue  d'arondelle  :  Sagitlaria  sagittifolia ,  Linn.,  Spec. ,  1410  ; 
F/.  Dan,,  t.  172.  Sa  racine ,  composée  de  fibres  nombreuses, 
donne  naissance  à  des  tiges  droites,  ordinairement  simples, 
striées,  élevées  d'un  pied,  ou  environ,  au-dessus  de  la  sur- 
face de  l'eau,  et  à  plusieurs  feuilles  pétiolées,  glabres,  ayant 
la  forme  d'un  fer  de  flèche,  plus  ou  moins  larges,  ou  plus  ou 
moins  étroites,  selon  les  variétés,  et  s'élevant  à  peu  près  à  la 
hauteur  des  tiges.  Celles-ci  se  terminent  par  trois  ou  quatre 
verticilles  de  fleurs  blanches,  pédonculées,  larges  de  dix  à 
douze  lignes,  et  d'un  aspect  agréable.  Cette  plante  est  com- 
mune en  Europe;  elle  fleurit  en  juin  et  juillet. 

La  flèche-d'eau  a  passé  autrefois  pour  être  rafraîchissante  et 
astringente;  aujourd'hui  elle  n'est  plus  employée  en  médecine. 
L'intérieur  de  ses  tiges  et  des  pétioles  de  ses  feuilles  est  rempli 
d'une  moelle  douce  et  savoureuse,  dont  les  cochons  sont  très- 
friands,  et  qui  fait  rechercher  cette  plante  par  ces  animaux, 
une  fois  qu'ils  en  ont  mangé.  Les  chevaux  en  sont  aussi  très- 
avides. 

On  cultive  en  Chine  une  esp  éce  de  fléchière  dont  les  racines 
sont  tubéreuses  et  bonnes  à  manger;  et,  sur  la  côte  ouest  de 
FAmérique septentrionale,  à  l'embouchure  delà Colombia,  les 
naturels  du  pays  emploient  aussi  comme  aliment,  soit  la  même 
espèce  de  la  Chine ,  soit  une  autre  plante  du  même  genre  dont 
les  racines  sont  également  tubéreuses. 

Par  la  forme  singulière  de  ses  feuilles  ,  et  par  ses  jolies 
fleurs ,  notre  fléchière  commune  fait  un  effet  agréable  dans  les 
eaux  des  petites  rivières  et  des  bassins  placés  dans  les  grands 
jardins  paysagers  ,  où  il  faut  la  planter  dans  un  terrain  argi- 
leux, qui  est  celui  qu'elle  préfère.  Dans  les  lieux  où  elle  se 
trouve  naturellement,  elle  est  très-propre  à  produire  de  là 
tourbe,  et  à  fixer  les  terrains  d'alluvion,  qu'elle  transforme 
promptement  en  terres  bonnesà  cultiver.  En  la  faisant  arracher 
dans  des  endroits  où  elle  est  commune,  et  en  emportant  la  bou» 

17.  y 


1 5o  F  L  E 

attachée  àses  longues  racines,  les  cultivateurs  peuvent  en  faire 
un  engrais  dont  ils  se  serviront  utilement  pour  fertiliser  leurs 
terres  sablonneuses  et  trop  maigres. 

Sagittaire  a  feuilles   larges  ;   Sagiitaria  latifolia,  Willd., 
Spec,  4,  p.  409.  Cette  espèce  diffère  de  la  précédente  par  ses 
feuilles  plus  larges,  dont  les  pétioles  sont  lisses,  demi-cylin 
driques  et  non  cannelés.  Elle  croit  dans  l'Amérique  septen- 
trionale, depuis  la  Caroline  jusqu'en  Canada. 

SAcriTAiRE  OBTUSE  ;  Sagiitaria  oOtusa,  VVilld,,  Spec,  4 ,  p.  409. 
Cette  plante  est  très-petite  ;  ses  feuilles  n'ont  qu'un  pouce  et 
demi  de  long;  leur  lobe  principal  est  ovale,  arrondi  et  obtus, 
et  les  lobes  latéraux  sont  alongés,  droits,  non  divergens;  la  tige 
est  simple.  Elle  se  trouve  dans  l'Amérique  septentrionale. 

Flbchièke  A  FEUILLES  OBTUSES  ;  Sugittaria  obtusifolia,  Linn., 
Spec,  1410.  C'est  moins  dans  la  forme  obtuse  de  ses  feuilles 
qu'ilfaut  chercherles caractères  qui  dislinguentcette  espèce  de 
la  fléchière  commune,  que  dans  la  ramification  de  sa  tige  ,  dont 
le  verticille  inférieur  a  ses  rayons  munis  eux-mêmes  de  deux 
autres  verticilles.  M.  de  Lamarck  dit  aussi  que  ses  capsules  sont 
à  trois  loges  ,  dont  deux  constamment  vides.  Cette  plante  croît 
naturellement  dans  les  Indes  orientales. 

Fléchière  u ageaste  :  Sagittaria  natans ,  YViUd. ,  Spec,  4, 
p.  410.  Ses  feuilles  sont  longues  d'un  pouce  à  un  pouce  et 
demi,  elliptiques,  lancéolées,  obtuses,  rétrécies  à  leur  base, 
ou  légèrement  en  cœur;  ses  ileurs  ressemblent  à  ceiles  de  la 
fléchière  commune,  mais  elles  sont  un  peu  phis  petites.  Cette 
plante  a  été  trouvée  en  Caroline  par  Michaux. 

Fléchière  alpine;  Sagiitaria  alpina,  Willd.,  Spec,  4,  p.  4 10. 
Ses  feuilles,  longues  de  deux  pouces  et  plus,  sont  lancéolées, 
aiguës,  rétrécies  à  leur  base,  ou  légèrement  échancrées  en 
cœur.  Ses  fleurs  ressemblent,  pour  l'aspect  et  la  grandeur,  à 
celles  de  l'espèce  commune.  Cette  plante  habite  dans  les  lacs 
des  montagnes  alpines  de  la  Sibérie. 

Fléchière  a  feuilles  lancéolées;  Sagittaria  lancijolia.  Linn., 
Spec,  1411.  Sa  racine  est  grosse,  comme  tubéreuse  ,  fongueuse 
intérieurement,  odorante;  elle  produit  des  tiges  hautes  de 
trois  à  quatre  pieds,  et  des  feuilles  longues  de-deux,  y  com- 
pris leur  pétiole,  ovales-lanccolées,  rétrécies  »  leurs  dtux 
extrémités.  Ses  fleurs  sont  blanches,  grandes  et  belles,  à  calice 


FLE  i3i 

tougPc^tre,  et  (disposées  dansia  partie  supérieure  des  tiges  éhsiié 
verJiciiles  ou  plus,  à  rayons  ternes  et  uniflores,  excepté  c,e<i* 
du  verîicillc  inférieur  qui  sont  ramifiés.  Cette  pldnte  croît  à  la 
Jamaïque  et  en  Caroline. 

Fi.ÉCHiÈRE  GR\Mit^uOKME;  Sagittaria graminea,yS'ilUh ,  Spec, 
/, ,  p.  411.  Dans  cette  espèce,  qui  croît  en  Canada,  les  feuilles 
tout  lancéolées-linéaires,  presque  semblables  à  celles  des  gra- 
minées ,  et  les  pistils  des  fleurs  femelles  forment  une  très- 
petite  tête. 

Fi.iÉGtiiÈRE  A  FEUILLES  MCVEs  ;Sagitta7-ia  acutifolia,  lAnn.ySup.^ 
419.  Ses  feuilles  sont  en  alêne:  elles  diminuent  insensiblement 
de  la  base  à  leur  sommet,  sans  offrir  dans  leur  longueur  au- 
cune dilatation  à  la  manière  du  limbe  des  -feuilles  des  autres 
espèces.  Celle-ci  croît  dans  l'Amérique  méridionnale,  aux.  en- 
virons de  Surinanl. 

FLÉcrti'èR'E  A  tiiois  FEUïi-r.ES  ;  Sagittaria  Irifolia,  Linn-.,  Spec.^ 
I7fi3.  Cette  espèce,  qui  croit  naturellement  à  la  Chine,  ditrère 
de  toutes  les  précédentes  par  ses  feuilles  composées  de  trois 
folioles  alotigées.  (  L.  D.  ) 

FLECHTMUNO  (Bot.),  nom  allemand  donné  par  Briddati 
genre  de  mousse  qu'il  désigrte  par  sjntrichia  ,  îoiidté  &\it  le 
brvùm  stibatatiim,  Lhi'rt.  Voyez  ÏOrtola.  (Lem.) 

FLEDERMAUS  [Élamm.),  Flittermousse,  Fladermos,  Fla^- 
GERMUUS,  VLEDERMÙys,  cfé.,  signifient  chauve-souris  dans  lés 
langues  d'ôrigirté  germanique.  (F.  C.) 

FLEGME.  [Chim.)  Les  anciens  chiftiislcs,  qui  regardoient 
ï'eau  comme  Un  élément,  donnoient  le  nom  de  flegme  à  celle 
qu'ils  retiroient  des  corps,  soit  que  ces  corps  la  coritTnssérît 
toute  formée,  soit  qu'ils  en  continssent  seulement  les  prï&- 
cipes.  Déflegmer  un  acide  ou  de  l'alcool,  cétôii  en  séparer 
l'eau,  ou  au  moins  une  certaine  quantité.  Ce  mot  n'est  plus 
usité.  (  Ch.  ) 

FLÉMINCE  ,  F/cmnigm.  (Bot.)  Genre  de  plantes  dicoty- 
lédones, à  fleurs  papillonacées  ,  de  la  famille  des  légumi- 
neuses, de  la  diadelphie  décandrie  de  Linnasus.  Très-rapproché 
des  sainfoins  (hedjsarum) ,  dont  il  a  été  séparé  par  Roxburg  , 
il  offre  pour  caractère  essentiel  :  Un  calice  à  cinq  divisions  ; 
une    coiolle    papillonacée  ;  l'étendard   strié  ;   dix    étamines 


i52  FLE 

diadelphes  ;  une  gousse  sessile ,  ovale  .  renflée,  à  deux  valves, 
contenant  deux  semences  sphériqucs. 

Les  principales  espèces  rapportées  à  ce  genre,  sont  : 
Fli^mingea  grandes  bractées:  Flemingia  strobilifcra,  Roxb., 
Corom.,  3-,  Hedysarum  strobiliferum  ,  Linn.  ;  Loj/rea,  Jaum. , 
Saint-Hil. ,  Bullet.  philom.;  Moghania,  id.,  Journ.  de  Bot. 
nat.  ;  Ostrj'odium ,  Desv. ,  Journ.  de  Bot.  Cette  plante,  née 
dans  les  Indes  orientales,  est  très-remarquable  par  la  gran- 
deur de  ses  bractées  et  la  longueur  de  ses  épis.  Ses  tiges  sont 
ligneuses;  ses  rameaux  un  peu  pubescens;  les  feuilles  amples, 
alternes,  pétiolées,  simples,  glabres,  ovales,  longues  d'en- 
viron trois  pouces,  sur  un  pouce  et  demi  de  large  ,  vertes, 
pâles  en  dessous  ;  les  nervures  régulières  et  saillantes  ;  les 
veines  ondulées,  pubescentes.  Les  fleurs  sont  disposées  en 
longs  épis  simples,  axillaires  et  terminaux,  garnis,  dans 
toute  leur  longueur,  de  grandes  et  larges  bractées  renflées  , 
arrondies,  presque  en  cœur,  aiguës,  un  peu  velues,  mar- 
quées déveines  en  réseau,  d'un  brun-clair,  couvrant  entiè- 
rement les  fleurs  et  les  gousses. 

Fléminge  rayée  :  Flemingia  lineata.,  B.oxh,j  Corom.,  5  -,  Hedy- 
sarum  lineatum ,  Linn.;  Burm. ,  FI.  Ind.,  tab.  55,  fîg.  i.  Sous- 
arbrisseau  à  tige  droite,  glabre,  cylindrique,  purpurine  ou 
rougeàtre  •.  les  rameaux  garnis  de  feuilles  alternes,  pétiolées, 
ternées;  les  folioles  alongées,  presque  lancéolées,  glabres  à 
leurs  deux  faces,  un  peu  pubescentes  en  dessous  dans  leur 
jeunesse,  longues  d'environ  deux  pouces,  marquées  de  ner- 
vures saillantes,  quelques  unes  prolongées  en  lignes  droites 
dans  toute  la  longueur  des  folioles  ;  les  stipules  membra- 
neuses,  striées,  alongées,  aiguës.  Les  fleurs  sont  disposées  en 
grappes  presque  simples  ou  en  épis  axillaires,  de  la  longueur 
des  feuilles;  les  pédicelles  courts,  capillaires,  recourbés; 
le  calice  oblong ,  pubescent,  à  cinq  découpures  lancéolées, 
aiguës.  Les  gousses  n'ont  qu'une  seule  articulation  de  forme 
pyramidale  ,  et  ne  renferment  qu'une  semence.  Cette  plante 
croît  dans  l'île  de  Ceilan. 

Flbmingeroide  :  Flemingia  slricta,  Roxb. ,  Cor.,  3,  tab.  248  ; 
Ait.,  Hort.  Kew.  Ed.  nov.,  4  ,  pag.  349.  Ses  tiges  sont  roides  , 
presijue  simples;  ses  feuilles  glabres,  ternées,  les  folioles  ellip- 
tiques 5  les  pétioles  ailés;   les    fleurs   disposées  en   grappe* 


FLE  i33 

axîllaires,  solitaires,  delà  longueur  des  pétioles.  Cette  plante, 
ainsi  que  les  suivantes  ,  croit  dans  les  Indes  orientales.  Le 
Jlemingia  semialata,  Roxb.,  Corotn.,  3,  tab.  249,  est  un. 
arbrisseau  à  tige  dressée  et  rameuse;  les  feuilles  glabres,  les 
folioles  elliptiques;  les  pétioles  à  demi-ailés  ;  les  fleurs  dispo- 
sées en  grappes  paniculées  ,  axillaires  et  terminales. 

Flémingb  naine  :  Flemingia  nana ,  Roxb.,  Corom.  ,  n;"  3; 
Ait.,  Hort.,  1,  c.  Petit  arbuste,  médiocrement  rameux ,  à 
feuilles  ternées  ;  les  folioles  en  ovale  renversé;  les  pétioles 
ailés  ;  les  fleurs  réunies  en  grappes  épaisses  ;  les  gousses  glan- 
duleuses et  visqueuses.  Le  Jlemingia  congesta  ,  Roxb.,  I.  c., 
est  un  autre  arbuste  à  tige  dressée  ,  dont  les  folioles  sont 
élargies  ,  lancéolées:  les  fleurs  disposées  en  grappes  axillaires 
et  touffues.  (PoiR. ) 

FLÉO LE  (-BoL),  Phleum,  Linn.  Genre  de  plantes  monocoty- 
lédones,  de  la  famille  des  graminées,  Juss.,  et  de  la  triandrie 
digynie,  Linn.,  dont  les  principaux  caractères  5ont  les  suivansî 
Calice  uniflore,  à  deux  glumes  égales,  creusées  en  nacelle, 
chargées,  sur  leur  dos,  d'une  côte  cartilagineuse;  corolle  à 
deux  balles  plus  courtes  que  le  calice  ;  trois  étamines  ;  un  ovaire 
supérieur  siwmonté  de  deux  styles  à  stigmates  plumeux;  une 
graine  enveloppée  par  la  balle  florale. 

Les  fléoles  sont  des  plantes  herbacées,  à  feuilles  alternes, 
linéaires  ,  et  à  fleurs  disposées  en  panicule  resserrée  ,  ayant  la 
forme  d'un  épi.  Toutes  les  espèces  connues  jusqu'à  présent 
croissent  naturellement  en  France  et  dans  plusieurs  autres 
parties  de  l'Europe. 

*  Glumes  non  ciliées  sur  leur  dos. 

Flbole  grêle  ;  Phleum  tenue\  Schrad.,  FI.  Germ.,  1,  p.  191, 
Sa  lige  est  droite,  grêle,  haute  de  six  pouces  à  un  pied,  tewninée 
par  un  épi  cylindrique,  formé  de  fleurs  blanchâtres,  rayées  de 
vert,  dont  les  glumes  sont  semi- elliptiques,  à  peine  aiguës. 
Cette  plante  est  annuelle  ;  on  la  trouve  dans  les  champs  du 
midi  de  la  France,  en  Autriche,  en  Italie. 

Elle  fleurit  en  mai  et  juin. 

Fléolb  rude  ;  Phleum  asperum ,  Jacq.,  le.  rar.,  1,  t.  14.  Sa 
racine ,  qui  est  fibreuse  et  annuelle ,  produit  plusieurs  chaumes 
qui  croissent  réunis  en  touffe,  à  la  hauteur  de  six  pouces  à  un 


1^4  FLE 

pied,  et$ont  terminés  par  un  épi  alongé ,  cylindrique,  com- 
posé d'un  grand  nombre  de  fleurs  verdàtres,  dont  les  glumes 
sont  cunéiformes,  mucronées  à  leur  sommet.  Cette  espèce 
fleurit  en  juin  et  juillet;  elle  se  trouve  sur  les  collines,  dans  le 
midi  de  la  France  et  de  l'Europe. 

"*"*  Glumes  ciliées  sur  le  dos. 

Ft.f,OJ.E  DES  sables;  Plileum  arenarium,  Linn.,  Spec,  88.  Dans 
cette  espèce,  une  racine  fibreuse,  annuelle  ,  produit  plusieurs 
chaumes  rameux:  à  leur  base,  coudés,  redressés,  hauts  de  trois 
à  six  pouces,  terminés  par  un  épi  ovale,  composé  de  fleurs 
})}anchàtres,  panachées  de  vert,  dont  les  glumes  sont  lancéo- 
lées, aiguës.  Cette  fléole  fleurit  en  mai  et  juin,  et  croit  dans  les 
sables  des  bords  de  l'Océan  et  de  la  Méditerranée. 

Flbole  de  MicHÉLi;  Phleum  M ichelii ,  AU. ,  F l. Ped. ,  n.  21  38.  Sa 
racine  est  vivace;  elle  produit  une  lige  redressée,  ordinaire- 
pient  simple,  haute  d'un  pied  et  plus,  portant  à  son  sommet 
Vn  f pi  alongé,  cylindrique,  à  fleurs  verdàtres,  dont  les  glumes 
5pnt  lancéolées,  très-aiguës  et  acuininées.  Cette  plante  croit 
dans  les  prairies  des  Alpes, ''où  elle  fleurit  en  juin  et  juillet. 

FiÉoi.E  DE  BoHBMER  :  Phlcum  BoJiemeri ,  Schrad.,  FI.  Germ.,  1, 
p.  186  ;  Phalaris  phleoides ,  Linn.,  Spec,  80.  Ses  racines  sont 
Vivaces  ;  elles  produisent  plusieurs  chaumes  redressés,  hauts 
d'un  pied  à  un  pied  et  demi,  terminés  par  un  épi  alongé,  cy- 
lindrique ,  à  fleurs  verdàtres  ou  quelquefois  un  peu  rou- 
geàtres,  à  glumes  lancéoJ^es,  très-légèrement  ciliées  sur  le  dos, 
obtuses  à  leur  sommet,  terminées  sur  le  côté  par  une  pointe 
particulière,  un  peu  divergente.  Cette  plante  est  commune 
dans  les  bois  et  les  prés  secs,  où  elle  fleurit  de  mai  en  juillet. 
Fléole  DES  prés  ;  Phleum  pratense ,  Linn.,  Spec,  87.  Sa  tige  est 
droite,  haute  de  deux  à  trois  pieds,  portant  à  son  sommet  un 
épi  cylindrique,  long  de  deux  à  six  pouces,  formé  de  fleurs 
blanchâtres,  panachées  de  vert,  dont  les  glumes  sont  oblon- 
gues ,  tronquées  au  sommet ,  chargées  d'une  poin  te  assez  longue. 
Celte  plante  est  vivace  et  commune  dans  les  prëls,  sur  les 
bords  des  champs,  où  elle  fleurit  pendant  une  grande  partie 
de  l'été. 

La  fléole  des  prés  forme  un  très-bon  fourrage  que  les  chç- 
yaux  préfèrent  à  toute  autre  espèce  de  graminées,  mais  qui  nf 


FLE  i55 

fournit  pas  beaucoup  de  foin,  quoiqu'on  puisse  en  retirer 
jusqu'à  trois  coupes  lorsqu'on  a  la  facilité  (le  l'arroser. 

Fléole  nouelse;  Phleuni  nodosum,  LÏHU.,  Spec. ,  88.  Cette 
plante  cJitière  de  la  précédente  ,  parce  que  sa  tige  est  beaucoup 
plus  sensiblement  renOée  en  bulbe  à  sa  base,  parce  qu'elle 
s'élève  moins,  et  que  ses  premières  articulations  sont  coudées 
«t  couchées-,  ses  fleurs  forment  un  épi  plus  court,  long  seule- 
ment d'un  à  deux  pouces.  Elle  croit  sur  les  bords  des  champs, 
et  fleurit  en  été. 

La  fléole  noueuse  est  recherchée  des  bestiaux  comme  la 
précédente,  dont  elle  n'est  peut-être  qu'une  variété  ;  mais 
comme  ses  tiges  sont  en  grande  partie  couchées  ,  elles  ne 
sont  pas  bonnes  à  faucher ,  et  ne  peuvent  qu'être  broutées  sur 
place.  Les  cochons  sont  très-friands  des  petits  tubercules  que 
forment  les  racines  ;  ils  savent  fort  bien  les  trouver  à  la  fin 
de  Vêlé,  lorsque  la  plante  a  perdu  ses  tiges,  et  on  les  voit 
souvent  courir,  pour  les  chercher,  A-^ers  les  lieux  où  ces 
racines  sont  communes. 

Fléole D ES  Ai.PES;  Phleum  alpinum,  Linn.,  Spec,  88.  Cette  plante 
ressemble  à  l'espèce  précédente;  mais  elle  en  diffère  par  son 
épi  ovale  ou  ovale -oblong,  dont  les  fleurs  sont  plus  grandes  , 
plus  longuement  ciliées,  souvent  d'un  vert  rougeàtre,  et  dont 
la  pointe  delà  nervure  dorsale  estplus  alongée.  Elle  croît  dans 
les  prés  des  Alpes,  des  Pyrénées  et  des  hautes  montagnes. 

Fléole  DE  Gérard:  Phleum  Gerardi,  A\l.,Flor.Ped.,  n.aiSS; 
Jacq«,  Icon.  rar.,  2,  t.  3oi.  Sa  racine  est  vivace  ,  horizontale, 
un  peu  ligneuse;  elle  produit  une  tige  droite,  haute  de  quatre 
à  huit  pouces,  dont  la  feuille  supérieure  a  sa  gaîne  lâche  et 
renflée;  cette  tige  est  terminée  par  un  épi  ovale,  à  fleurs  blan- 
châtres ou  d'un  rouge  violet,  dont  les  giumes  sont  lancéolées, 
acuminées,  velues,  et  dont  la  balle  extérieure  est  chargée 
d'une  petite  arête  sur  son  dos.  Cette  plante  se  trouve  dans  les 
prairies  des  Alpes,  des  Pyrénées,  etc.  (L.  D.) 

FLESSERA*.  (Bot.)  Adar.son  a  séparé  du  genre  IVepe/a,  sous 
ce  nom,  lenepetatuherosa,  distinct,  selon  lui,  parla  lèvre  supé- 
rieure de  la  corolle  entière  et  les  fleurs  rassemblées  eu  épis 
serrés,  accompagnées  de  bractées  larges  et  colorées.  (J.) 

FLET  {IchthjoL)  ,  un  des  noms  vulgaires  du  plettronectes 
Jlesus.  Voyez  Plie.  (H.  C.  ) 


i5(î  FLE 

FLETAN.  (Ichthyol.)  M.  Cuviera  donné  ce  nom  à  iJn  sous- 
genre  dans  le  grand  genre  des  pleuronectes  des  ichthyologistes. 
Il  lui  assigne  pour  caractères  d'avoir  les  nageoires  et  la  forme 
des  plies,  les  mâchoires  et  le  pharynx  armés  de  dents  aiguës  ou 
en  velours.  La  forme  des  flétans  est  généralement  plus  oblongue, 

La  mer  du  Nord  en  produit  un  qui  devient  énorme;  c'est 
le  flétan  qui  a  les  yeux  à  droite.  On  le  sèche  ,  et  on  le  vend, 
par  morceaux  dans  tout  le  Nord. 

Il  y  en  a  de  plus  petits  dans  la  Méditerranée ,  dont  la  plu- 
part ont  les  yeux  à  gauche.  (H.  C. ) 

FLÉTELET.  {Ichthjol.  )  Voyez  Flet.  (H.  C.) 

FLÉTON.  (Ichthjol.  )  Voyez  Flet.  (H.  C.) 

FE>EUR ,  Flos.  (Bot.)  La  fleur  est  cette  partie  locale  et  transi- 
toire du  végétal,  existant  par  la  présence  et  la  jeunesse  d'un 
ou  de  plusieurs  organes  mâles,  ou  bien  d'un  ou  de  plusieurs 
organes  femelles ,  ou  encore  des  organes  mâles  et  femelles  rap- 
prochés et  groupés,  nus,  ou  accompagnés  d'enveloppes  par- 
ticulières. 

Un  organe  mâle  ou  femelle  peut  donc  à  lui  seul  constituer 
une  fleur;  mais  celte  fleur  est  incomplète.  Pour  qu'une  fleur 
soit  complète,  elle  doit  offrir  les  organes  des  deux  sexes,  en- 
vironnés d'une  double  enveloppe. 

La  rose,  l'œillet,  sont  des  fleurs  complètes:  c'est  ce  qu'on 
reconnoît  facilement  si  on  examine  les  parties  qui  les  com- 
posent. Prenons  l'œillet  pour  exemple  :  ce  qui  attire  d'abord 
les  regards,  ce  sont  cinq  lames  délicates  et  colorées,  ou,  si  l'on 
veut,  cinq  pétales  disposés  en  rosace  ,et  qui  sortent  d'un  tube 
vert.  Les  cinq  pétales  constituent  la  corolle  ;  le  tube  vert  est  le 
calice  ;  le  calice  et  la  corolle  forment  le  périanthe  double ,  c'est- 
à-dire  la  double  enveloppe  de  la  fleur. 

Deux  filets  incolores,  divergens  et  courbés,  sortent  du 
milieu  de  la  corolle.  En  détachant  le  calice  et  la  corolle,  vous 
verrez  que  les  deux  filets  surmontent  un  corps  oblong  placé 
au  centre  de  la  fleur.  Si  vous  examinez,  à  l'aide  d'une  loupe, 
les  deux  filets,  vous  apercevrez  des  papilles  très-délicates, 
placées  sur  une  ligne  longitudinale,  d'un  seul  coté  des  tilets. 
Le  corps  oblong  est  l'ovaire;  les  tilets  sont  les  styles;  les 
papilles  indiquent  la  place  des  stigmates  :  l'ovaire,  les  styles  et 
les  stigmates  composent  le  pistil ,  ou  l'organe  femelle. 


FLE  i37 

Avant  que  vous  eussiez  détaché  le  double  périanthe,  vous 
avez  dû  remarquer  dix  petites  masses  membraneuses  et  colo- 
rées, placées  avec  symétrie  autour  des  styles  :  après  lasupres- 
sion  du  périanthe,  vous  voyez  clairement  que  ces  dix  petites 
masses  sont  attachées  au  sommet  de  dix  supports  grêles  ;  que 
cinq  des  dix  supportssont  fixés  sous  l'ovaire;  que  les  cinq  autres 
sont  fixés  à  l'extrémité  inférieure  des  pétales. 

Si  la  fleur  est  un  peu  avancée,  une  quantité  innombrable  de 
corpuscules  jaunâtres,  semblables  à  une  poussière  très-fine, 
s'échappent  des  dix  petites  masses  par  des  fentes  qui  s'ouvrent 
d'elles-mêmes.  Les  corpuscules  sont  le  pollen;  les  dix  masses, 
ou ,  pour  mieux  dire ,  les  dix  petits  sacs  membraneux  qui  con- 
tiennent le  pollen  ,  sont  les  anthères  ;  les  supports  des  anthères 
sont  les  filets,  que  j'appellerai,  en  employant  une  expression 
plus  générale,  les  androphores.  Le  pollen,  les  anthères  et  les 
androphores  composent  les  étamines,  qui  sont  les  organes 
mâles. 

Cet  examen  rapide  et  superficiel  de  la  fleur  de  l'œillet 
nous  suffit  pour  juger  qu'elle  est  complète ,  et ,  par  cous  équent , 
hermaphrodite. 

La  fleur  du  lis  est  moins  complète  que  celle  de  l'œillet.  Elle 
offre  à  la  vérité  les  deux  sexes  réunis  :  le  pistil  se  compose  d'un 
ovaire ,  d'un  style  et  d'un  stigmate  ;  les  étamines ,  au  nombre  de 
six,  offrent  chacune  un  androphore  ou  filet,  surmonté  d'une 
anthère  remplie  de  pollen  :  ainsi,  nul  doute  que  la  fleur  du 
lis  ne  soit  hermaphrodite,  comme  celle  de  l'œillet;  mais  le 
périanthe  de  l'œillet ,  composé  d'un  calice  et  d'une  corolle ,  est 
double,  tandis  que  celui  du  lis,  formé  d'une  seule  enveloppe, 
est  simple. 

La  fleur  du  saururus  est  plus  incomplète  encore:  elle  n'a  pas 
de  périanthe,  car  on  ne  sauroit  reconnoitre  cet  organe  dans 
la  foliole  à  la  base  de  laquelle  elle  est  attachée.  Un  pistil  à 
quatre  stigmates  roulés  en  dehors,  six  étamines  à  filets  grêles 
et  à  anthères  dressées  sont  les  seules  parties  qui  la  constituent. 

A  plus  forte  raison  devons-nous  estimer  qu'une  fleur  est 
incomplète  quand  elle  est  mâle  ou  femelle,  c'est-à-dire, 
quand  elle  ne  présente  qu'un  des  deux  sexes,  les  étamines  ou 
le  pistil  (chanvre,  houblon,  platane,  etc.). 

La  partie  d'où  naissent  médiatement  ou  immédiatement  les 


i38  FLE 

organes  sexuels  et  la  corolle,  est  le  réceptacle  de  la  fleur. 
Lorsqu'une  fleur  n'a  pas  de  périanthe,  le  point  de  la  plante- 
mère  sur  lequel  elle  repose  est  le  réceptacle;  lorsqu'une  ileur 
n'a  pas  de  périanthe  simple,  le  fond  de  ce  périanthe  est  le 
réceptacle;  lorsqu'une  fleur  a  un  périanthe  double,  le  fond 
du  calice  est  le  réceptacle.  Nulle  fleur  n'est  privée  de  récep- 
tacle ,  puisqu'il  faut  bien  que  les  organes  qui  la  composent  soient 
attachés  en  quelque  endroit. 

On  distingue  les  fleurs  en  régulières  et  irrégulières. 

Pour  qu'une  fleur  soit  parfaitement  régulière,  il  faut  que  les 
pièces  de  même  nature  qui  composent  chacun  de  ses  systèmes 
organiques  soient  absolument  semblables  entre  elles  et  placées 
$ur  un  plan  régulier,  à  égale  distance  les  unes  des  autres,  et 
que  les  pièces  de  natures  diverses  qui  appartienuent  aux  dif- 
férens  systèmes  organiques  de  cette  même  fleur,  affectent  entre 
elles  une  ordonnance  symétrique;  mais  il  suffit  que  cet  état  de 
choses  existe  dans  le  périanthe,  pour  que  l'on  considère  la 
fleur  comme  régulière-,  et,  par  opposition,  on  nomme  fleur 
irrégulière  celle  dont  les  divisions  ou  les  segmens  du  périanthe 
diffèrent  entre  eux  par  la  grandeur,  la  forme  et  la  position. 
Une  seule  de  ces  différences  entraîne  l'irrégularité  de  la  fleur, 
et  la  plus  grande  irrégularité  possible  résulte  du  concours  de 
toutes  ces  différences. 

Il  y  a  des  espèces  qui  portent  habituellement  des  fleurs 
régulières  (liseron,  œillet,  rosier,  etc.),  et  d'autres  des  fleurs 
irrégulières  (linaire,  labiées  ,etc.  ).  Les  espèces  à  fleurs  régu- 
lières produisent  quelquefois,  par  accident,  des  fleurs  irrégu- 
lières (reine-marguerite, œillet  d'Inde,  etc.,  à  fleurs  doubles); 
et  les  espèces  à  fleurs  irrégulières,  des  fleurs  régulières  {teu- 
crium  campanulatum ,  linaria  officinalis,  etc.).  Dans  les  deux 
cas,  ces  fleurs  sont  sensées  des  monstres,  c'est-à-dire,  des  êtres 
dont  l'organisation  s'écarte  du  type  primitif  de  l'espèce. 

La  dégradation  du  type  primitif  a  lieu  par  surabondance, 
par  défaut ,  par  difformité.  Un  organe  peut  prendre  un  accrois- 
sement excessif,  ou  bien  rester  plus  petit  qu'il  n'a  coutume 
d'être  ;  le  nombre  des  pièces  peut  augmenter  ou  diminuer;  les 
formes  peuvent  même  éprouver  des  altérations  manifestes. 
L'extrême  simplicité  du  tissu  végétal  se  prête  à  toutes  ces  mo- 
difications: c'est  comme  une  pâte  molle,  à  laquelle  on  donne 


FLE  ï3.9 

toutes  les  figures  possibles,  sa?is  faire  éprouver  le  moindre 
changement  à  sa  substance.  Il  n'en  est  pas  de  même  dans  les 
animaux,  parce  que  la  forme  extérieure  des  parties  y  est 
combinée  de  telle  sprte  avec  la  structure  interne,  qu'un  chan- 
gement marqué  dans  l'une  produiroit  un  dérangement  total 
dans  l'autre. 

L'antJière  et  le  stigmate  ne  conservent  pas  long-temps  leur 
fraîcheur;  dès  qu'ils  sont  fanés,  ce  qu'on  nommoit  Jleur 
n'existe  plus.  C'est  pourquoi  Linnaeus  a  dit,  dans  son  style 
concis  et  dogmatique,  que  l'anthère  et  le  stigmate  font  l'es- 
sence de  la  Ueur  :  Essenlia  /loris  in  anthera  et  stigmate  consistit, 
PhiL  Bot.;  Mirb.,  Elém.  de  Phys.  vég.  et  de  Bot.  (Mass.) 

FLEUR.  {Ornith.)  Camus,  ne  sachant  à  quel  oiseau  d'evoit 
être  rapporté  lejlorus  des  Grecs  modernes  et  des  Latins,  cor- 
respondant à  Vanthos  de$  anciens  Grecs  dont  Aristote  parle  au 
liv.  8,  chap.  3,  et  au  liv.  9>  chap.  i  de  son  Histoire  des  Ani- 
maux,  a  employé  le  mol  fleur  dans  sa  traduction.  Aristote, 
après  avoir  comparé  la  taille  de  cet  oiseau  à  celle  du  pinson, 
dit  qu'il  habite  près  des  rivières  et  des  marais,  que  sa  couleur 
est  belle,  et  il  le  met  au  rang  des  oiseaux  qui  se  nourrissent 
de  vers.  Belon,  p.  566,  croit  qu'il  s'agit  ici  du  bruant,  embe- 
riza  citrinella,  Linn.  Gesner,  Scaliger,  le  P.  Hardouin,  etc., 
ont  adopté  cette  opinion ,  et  Brisson  s  en  est  peu  écarté  en 
rapprochant  ï'ant^l^s  ou  flor us  du  verdier,  loxia  chlori$,  Linn. 
Mais  Camus,  qui ,  dans  ses  Notes  sur  Aristote  ,  t.  2  ,  p.  332  , 
attribue,  par  erreur,  au  dernier  de  ces  auteurs  l'ouvrage  in- 
titulé, Système  naturel  du  règne  animal,  lequel  est,  pour  l'or- 
nithologie, une  traduction  de  l'Ordo  avium  de  Klein  par  la 
Chesnaye  des  Bois,  donne  la  préférence  au  rapprochement 
qu'on  y  fait  An Jlorus  et  de  la  bergeronnette  de  printemps, 
rnotàcillajlava,  Linn.;  et  le  genre  de  nourriture  paroît  être  le 
principal  motif  de  cette  opinion,  quoiqu'aux  termes  même 
de  la  traduction,  t.  1,  p.  469 ,  Aristote  désigne  le  pinson,  le 
passereau,  le  verdier,  etc.,  comme  se  nourrissant  de  vers,  ex- 
pression qui,  dans  sa  généralité  ,  ne  distinguoitpas  ceux-ci  des 
insectes  proprement  dits  ,  lesquels  font  partie  de  la  nourriture 
du  verdier,  etc.  Il  résulte  donc  du  sentiment  presque  unanime 
des  ornithologistes,  quele florus  seroitle  bruant  ou  le  verdier. 
Cependant,  on  a  vu  au  mot  Anthus ,  dans  le  Supplément  au 


140  FLE 

1."  volume  de  ce  Dictionnaire,  que  Bechstein  a  fait  de  ce 
terme  la  dénomination  générique  des  farlouses.  (Ch.D.) 

FLEUR  ADONIS.  (Bot.)  C'est  le  Jlos  Adonis  de  Clusius, 
rapporté  par  C.  Bauhin  au  genre  HeUeborus,  par  Tournefort 
au  Ranunculus  ,  maintenant  rétabli  avec  raison  par  Linnœus 
comme  genre  distinct  sous  le  nom  d'Adonis  vernalis.  (J.) 
•  FLEUR  AIGLANTINE  ou  Colombine  (Bot.)  ,  un  des  noms 
vulgaires  de  l'ancolie  commune.  (  L,  D.  ) 

FLEUR  AILEE  (Bot.),  nom  vulgaire  donné  à  plusieurs 
espèces  d'ophrydes,  dont  le  labelle  paroît  ressembler  à  une 
mouche,  à  un  insecte  volant.  (L.  D.) 

FLEUR  D'AFRIQUE,  Fleur  d'Inde.  (Bot.)  Suivant  Dodoens, 
ces  noms  sont  donnés  au  tagetes,  plus  connu  dans  les  jardins 
sous  celui  d'œillet  d'Inde,  qui  paroît  cependant  originaire  du 
Mexique,  et  dont  Hernandez  cite  plusieurs  variétés.  C.  Bauhin 
le  nomme  pour  cette  raison  tanacelum,  seu  Jlos  mexicanus.  (J.) 

FLEUR  AMBERVALE.  (Bot.)  Dodoens  donnoit  au  polygale 
ordinaire  le  nom  de  Jlos  amhervalis.  (  J.  ) 

FLEUR  DE  L'AMOUR  [Bot,), nom  donné  dans  la  Provence 
à  la  dauphinelle  ou  pied  d'alouette  sauvage,  delphinium  sege- 
tum,  suivant  Garidel.  Il  est  aussi  donné  en  Allemagne,  suivant 
Dalechamps ,  à  quelques  amarantes  rapportées  maintenant  au 
genre  Celosia,(J.) 

FLEUR  D'ARAIGNÉE  (Bo^),  un  des  noms  vulgaires  de  la 
nigelle  de  Damas.  (L.  D.) 

FLEUR  D'ARMÉNIE.  (  Bot.  )  C'est  un  des  noms  donnés 
autrefois  à  l'œillet  de  poëte.  (L.  D.  ) 

FLEUR  CARDINALE.  (Bot.)  Ce  nom  est  donné  au  quamo- 
clit ,  ipomœa  quamoclit,  suivant  Rumph ,  soit  parce  que  ses 
fleurs  sont  d'une  belle  couleur  rouge,  soit  parce  qu'il  a  été 
introduit  dans  l'Italie  par  un  cardinal.  (J.  ) 

FLEUR  DE  CARÊME.  (Bot.)  On  donne  ce  nom  à  une 
variété  de  renoncule  dont  la  fleur  paroît  à  cette  époque  de 
l'année.  (  L.  D.  ) 

FLEUR  EN  CASQUE  {Bot.) ,  nom  vulgaire  de  l'aconit  napel. 
(L.D.) 

FLEUR  DE  CHA  ou  DE  THÉ.  (Bot.)  Pomet,  dans  son  His- 
toire des  Drogues,  dit  que  le  thé  de  première  qualité  est  ainsi 
nommé  dans  la  Chine.  (J.) 


FLE  141 

FLEUR  DE  CHAIR.  (Bot.)  On  donne  vulgairement  ce  nom 
à  trois  plantes,  le  mélampyre  des  champs,  la  lyclinide  fleur 
de  coucou,  et  le  trèfle  incarnat.  (L.  D.) 

FLEUR  DES  CHAMPS  (Bot.),  nom  vulgaire  commun  au 
liseron  des  champs  et  à  la  potentille  anserine.  (L.  D.) 

FLEUR  EN  CLOCHETTE  {Bot.),  nom  vulgaire  donné  aux 
campanules  et  aux  ancoiies.  (L.  D.) 

FLEUR  DE  CONSTANTINOPLE.  (Bot.)  C'est  le  fychnîs 
chalcedonica  des  botanistes,  nommé  aussi  Jleur  de  Jérusalem, 
Jleur  d'écarlate  et  croix  de  Malle.  (  J.) 

FLEUR  DE  COUCOU.  {Bot.)  C'est  une  espèce  de  lychnide, 
ÎYchnis  flos  cuculi.  Le  même  nom  est  donné  dans  quelques 
provinces  méridionales  à  la  primevère  ordinaire  ;  selon 
Dalechamps,  au  cresson  des  prés  ,  cardamine pratcnsis ,  et  selon 
Tragus,  au  buplevrum  odontites.  (J.) 

FLEUR  DE  CRAPAUD.  {Bot.)  On  a  donné  ce  nom  au  sfa- 
pelia  variegata  de  la  famille  des  apocynées,dont  la  fleur  a  des 
couleurs  livides,  et  déplus  une  odeur  très-désagréable.  (J.) 

FLEUR  AUX  DAMES  {Bot.)  ,  un  des  noms  vulgaires  de 
l'anémone  pulsatile.  (L.  D.) 

FLEUR  DES  DAMES.  {Bot.)  L'héliotrope  du  Pérou  est 
quelquefois  désigné  sous  ce  nom.(Ii. D.) 

FLEUR  DU  DIABLE  {Bot.),  nom  vulgaire  de  l'iris  de  Suze. 
(L.D.) 

FLEUR  DORÉE.  {Bot.)  C'est  le  nom  françois  du  chrjsan- 
ihemitm,  dont  il  est  la  traduction.  (J. ) 

FLEUR  D'EAU  {Bot.) ,  nom  donné  par  Linnœus  à  une  subs- 
tance surnageant  sur  Feau  ,  qu'il  plaçoit  parmi  les  byssus,  sous 
celui  de  bjssus  flos  aqucc.  Weiss  affirme  que  ce  n'es!  point  une 
plante  ,  mais  une  réunion  de  détrimens  de  plusieurs  végétaux 
aquatiques.  (J.) 

FLEUR  D'ECARLATE.  (£of.)V.  Fleur  deCokstantinople.  (J.) 

FLEUR  D'ECREVISSE.  {Bot.)  Dalechamps  dit  que  quelques 

personnes  nomment  le  balisier^os  cancri,  parce  que  ses  fleurs, 

avant  leur  épanouissement  complet,  présentent  la  forme  de 

pâtes  d'écrevisse.  (J.) 

FLEUR  ÉPERONNIÈRE.  (Bof.)  Trois  plantes  ont  été  dési^ 
gnées  sous  ce  nom,  la  capucine,  la  linaire  et  le  pied  d'alouette, 
ou  dauphinelle.  (L.  D.) 


u^  FLE 

FLËURD'ESQUINANT.  {Bot.)  C'esde  nom  donné,  suivant 
Pomet,  à  la  fleur  très-odorante  du  schenailte,  andropogon 
schœnanthus.  (J.  ) 

FLÈUR-FÉUILLÉ  {Bot.) ,  nom  vulgaire  de  la  sauge-ormin. 
(L.D.) 

FLEUR  DES  GRAINES  (  Bot.  ) ,  un  des  noms  vulgaires  du 
blupt,  centaurea  cjanus,  Linn.  (H.  Cass.  ) 

FLEUR  DU  GRAND-SEIGNEUR.  {Bot.)  Quelques  personnes 
nomment  ainsi  l'aitibretfe  ou  centaurée  musquée ,  centaurea 
moschafa.  (  J.  ) 

FLEUR  DE  GUIGNES  {Bot.) ,  nom  d'une  variété  de  poire. 
(L.D.) 

FLEUR  HÉPATIQUE.  {Bot.)  On  doniioit  autrefois  ce  nom 
à  la  parnassie  des  marais.  (L.  D.) 

FLEUR  D'UNE  HEURE  {Bot.),  nom  vulgaire  de  la  ketmie 
changeante  ,  dont  les  fleurs  sont  de  très-courte  durée.  (L.D.) 

FLEUR  D'HIVER  (fiof.),  nom  vulgaire  de  l'hellébore  d'hi- 
ver. (L.  D.) 

FLEUR  HORAIRE.  (Bot.)  Ce  nom ,  qui  signifie  fleurmarquant 
les  heures,  est  donné,  suivant  Rumph,  à  Vhibiscus  mutahilis  , 
nommé  aussi  rose  de  Chine,  dont  les  fleurs,  blanches  le  matin  , 
passent  insensiblement  à  la  couleur  rouge  dans  le  cours  de 
la  journée.  (J.) 

FLEUR  IMPIE.  {Bot.)  Chez  les  Malais,  on  donne,  suivant 
Rumph  ,  le  nom  de  bonga-harain-tsjada  ,  ou  fleur  profane, 
flos  impius  ,  au  pentapetes  pluvnicea  de  Linnœus,  dont  la  fleur, 
disent  les  Malais ,  semble  affecter  de  ne  jamais  regarder  le 
ciel.  (J.) 

FLEUR  D'INDE.  (Bof.)  Voyez  Fleur  d'Afrique.  (J.) 

FLEUR  DE  JALOUSIE.  {Bot.)  Ce  nom,  donné  à  l'amarante 
tricolore,  paroît  provenir  du  nom  gelosia  sous  lequel  Tragus, 
auteur  ancien,  le  désigne.  C'est  le  même  qui  est  le  sjmphonia 
et  gomphena  de  Pline  et  de  Dalechamps,  Vherbadelamaraviglia, 
ou  herbe  des  merveilles,  chez  les  Toscans,  le  papagalli  des 
Flamands.  Cette  plante  est  remarquable  surtout  par  ses  feuilles 
qui  sont  variées  de  toutes  couleurs  ,  et  qui  font  un  des 
ornemens  des  jardins.  Le  nom  gelosia  de  Tragus  est  cité  par 
C.  Bauhin  sous  celui  de  celosia,  adopté  ensuite  par  Linn;eus 
pour  uu  autre  genre  voisin  de  l'amararitc.  Celui  de  gomphena, 


FLE  145 

changé  en  gomphrena ,  a  été  appliqué  par  le  même  à  un  autre 
genre  amarantacé.  (J.) 

FLEUR  DE  JÉRUSALEM  {Bot.),  nom  vulgaire  du  Ijchnis 
chalcedonica.  (L.  D.) 

FLEURDEJUVITER.  (Bot.)  Ccst\'agrosteTtiaJlosJovis.{L.'D.) 

FLEUR  DE  LIS.  (Bot.)  On  donne  ce  nom  au  lis  blanc  et  à 
deux  espèces  de  phalangère  ,  phalangium  liUastrum  et  liliago. 
(L.D.) 

FLEUR  DE  MALLET.  (Bot.)  Dans  quelques  parties  du  midi 
de  la  France  on  donne  ce  nom  à  la  pivoine  oflicinale.  (L.D.) 

FLEUR  DE  MANILLE.  {Bot.)  On  trouve  dans  Rumpli ,  sous 
le  nom  dejlos  maniUianus ,  le  nyclanLhes  acuminala  de  Burmann  , 
quiavoitélé  transporté  de  Manille  à  Amboine.  (  J.) 

FLEUR  DE  MANORA.  (Bot.)  Le  samh'dc, mogorium  sambacy 
est  nommé  par  les  Malais  bonga-manoor,  ce  que  Rumph  a  tra- 
duit pur  Jlos  maiiorœ.  C'est  le  inogori  d'autres  lieux  de  l'Inde, 
d'où  est  tiré  son  nom  générique  actuel.  (J.) 

FLEUR  DU  MEXIQUE.  (Bot.)  Voyez  Fleur  n'A frique.  (J.) 

FLEUR  DE  MIDI  {Bot,),  nom  d'une  espèce  de  ficoïde, 
mesembrjanthemum  promeridianum  ,  dont  les  fleurs  s'ouvrent 
plusieurs  jours  de  suite  après  midi ,  et  se  referment  après 
minuit.  (L.  D.) 

FLEUR  DE  LA  MISTELA.  {Bot.)  Dans  le  Chili  on  donne  ce 
nom  au  talinum  umbeUatum  de  la  Flore  du  Pérou  ,  dont  la  fleur 
est  employée  dans  le  pays  pour  colorer  la  mistela,  qui  est  une 
boisson  composée  d'esprit  de  vin ,  d'eau  et  de  sucre  ;  les  femmes 
s'en  servent  aussi  comme  de  fard.  (J.) 

FLEUR  A  MOUCHE  (iîof.),  nom  vulgaire  de  l'asclépiade  de 
Syrie ,  et  de  quelques  espèces  d'ophrydes  dont  les  fleurs  oÉfrent 
une  certaine  ressemblance  avec  une  mouche  ou  un  autre  in- 
secte. (L.  D.) 

FLEUR  MUSQUÉE.  (Bot.)  C'estFabelmosch,  hibiscus  abelmo- 
schus,  que  Sibille  Mérian  nomme  ainsi  parce  que  ses  graines 
ont  une  odeur  de  musc  très-marquée  dont  les  parfumeurs 
tirent  parti.  (J.) 

FLEUR  DE  NOËL.  {Bot.)  C'est  l'hellébore  noir.  (L.  D.) 

FLEUR  DE  NUIT  {Bot.),  nom  donné  à  quelques  plantes  qui 
fleurissent  le  soir,  taies  que  la  beile-d»>nuit,  nyctago,  le  siien^^ 
noctijlora,  etc.  (.1.) 


'44  FLE 

FLEUR  D'ONZE  HEURES  (Bot.),  un  des  noms  vulgairesde 
l'ornithogale  à  ombelle.  (L.  D.) 

FLEUR  D'OREJEVALLA.  {Bot.)  Blegny,  dans  un  de  ses  ou- 
vrages, dit  qu'une  fleur  de  ce  nom  entre  dans  la  composition 
du  chocolat;  mais  il  n'a  jamais  pu  l'indiquer  ou  la  faire  con- 
noître  à  Pomet,  qui  vouloit  en  faire  mention  dans  son  Traité 
des  Drogues  .•  d'où  celui-ci  conclut  que  cette  fleur  n'existe 
pas.  (J.) 

FLEUR  DE  PAQUES  ou  Liane  rude.  (Bot.)  Je  trouve  dans 
mon  herbier,  sous  ce  nom,  le  petrœa  volubilis,  genre  des  ver- 
benacées.  C'est  aussi  un  des  noms  delà  pâquerette  vivace.  (J.) 

FLEURDEPARADIS.(jBof.)  Suivant  Jacquin,lapoincillade, 
poinciana  pulcherrima ,  est  ainsi  nommée  dans  les  Antilles.  A 
Surinam,  suivant  Sibile  Mérian ,  elle  porte  le  nom  de  fleur 
de  paon  ,  Jlos  pavonis,  et  ailleurs  ,  suivant  Breynius,  celui  de 
crête  de  paon.  (J.) 

FLEUR  DE  PARFAIT  AMOUR  {Bot.) ,  un  des  noms  vulgaires 
de  l'ancolie  commune.  (L,  D.) 

FLEUR  DU  PARNASSE.  {Bot.)  La  plante  que  Dioscoride 
citoit  comme  croissant  sur  le  mont  Parnasse ,  qui  étoit  nommée 
par  tous  les  anciens  gramen  Parnassi ,  et  par  quelques  uns  Jlos 
Parnassi ,  est  celle  qui  maintenant  est  généralement  connue 
sous  le  nom  de  parnassia.  Voyez  Parnassie.  (J.) 

FLEUR  DE  LA  PASSION  {Bot.),  nom  vulgaire  de  lagrena- 
dille,  granadilla  de  Tournefort,  dont  les  diverses  parties  de  la 
fleur  offrent  une  ressemblance  un  peu  éloignée  avec  quelques 
instrumens  de  la  Passion.  Comme  le  nom  adopté  par  Tour- 
nefort est  un  diminutif  du  mot  espagnol  granada,  Linnaeus, 
rejetant  les  noms  diminutifs,  a  substitué  à  celui-ci  le  nom  de 
passijlora.  (J.)j 

FLEUR  PLEURÉTIQUE.  {Bot.)  Le  pavot  des  champs,  ou 
coquelicot,  a  été  quelquefois  désigné  sous  ce  nom.  (L".  D.) 

FLEUR  DEPLUME.  {Bot.)  C'est  sous  ce  nom  que  l'on  cultive 
dans  quelques  jardins  la  polemoine  ou  valériane  grecque,  po- 
lemonium  cœruleum,  suivant  M.  Decandolle.  (J.) 

FLEUR  DU  PRINCE.  {Bot.)  On  donnoit  jadis  ce  nom  au 
liseron  tricolore.  (  L.  D.) 

FLEUR  DE  PRINTEMPS.  {Bot.)  C'est  encore  un  des  noms 
des  primevères.  (L»  D.) 


FLE  145 

FLEUR  PRINTANIÈRE(£û^),  nom  commun  à  la  pâque- 
rette et  à  la  primevère.  (L.  D.) 

FLEUR  ROYALE.  {Bot.)  Dodoens  donne  ce  nom  à  la  dau- 
phinelle  ou  pied  d'alouette  des  jardins,  delphinium  yljacis.  (J). 

FLEUR  SAINTE-CATHERINE.  (Bot.)  C'est  la  nigelle.  (L.D.) 

FLEUR  DU  SAINT-ESPRIT,  Flor  del  espiritu  santo  {Bot.),  nom 
espagnol  de  l'areg-u/oa  de  la  Flore  du  Pérou,  genre  de  la  famille 
des  orchidées.  (J.) 

FLEUR  DE  SAINT-JACQUES.  {Bot.)  Dalechampa  cite  sous 
ce  nom  la  jacobée,  senecio  jacobœa.  (J.) 

FLEUR  SAINT-JEAN  {Bot.),  nom  vulgaire  du  caille-lait 
jaune.  (L.  D.) 

FLEUR  DE  SAINT-JOSEPH.  {Bot.)  Le  laurier-rose  étoit 
autrefois  ainsi  appelé.  (L.  D.  ) 

FLEUR  DE  SAINT-LOUIS.  {Bot.)  Suivant  Commerson  ,  ce 
nom  est  donné  ,  dans  l'île  de  Bourbon,  à  un  arbrisseau  de  la 
famille  des  malvacées,  dont  il  faisoit  un  genre  sous  celui  de 
Cremontia ,  mais  qui  n'est  qu'une  espèce  de  ketmie,  hibiscus 
liliflorus  de  Cavanilles.  (J.) 

FLEUR  DE  SAINT-THOMAS.  {Bot.)  A  Pondichéry,  suivant  un 
catalogue  et  un  herbier  communiqués  à  Commerson,  ce  nom  est 
donné  au  guettarda  speciosa,  genre  de  rubiacées  déjà  cité  ici  sous 
celui  de  cadambaet  fleur  de  Saint-Thomé.  Hermann,  dans  son 
Paradisu&Batavus  ,  nomme  Thomaa  arbor,Jlos  SanctiThomœ  le 
lauhinia  acuminata  ,  ainsi  inscrit  dans  Fherbier  de  Vaillant.  (J.) 

FLEUR  DE  SANG.  {Bot.)  On  trouve  dans  plusieurs  livres 
anciens  la  capucine,  tropœolum ,  sous  le  nom  àejlos  sanguineus. 
Ce  nom  est  donné  aussi  à  la  tulipe  du  Cap  ,  hcemanthus.  (J.) 

FLEURDE  SCORPION.(iBo£.)  C'est  la  traduction  du  nom/oz/Zf- 
lacra^  donné  par  les  Portugais  à  une  plante  orchidée  dont  la  fleur 
a, selon  eux,lafigured'unscorpion.  Kœmpferl'a  décrite  et  figu- 
rée sous  celui  de  katong-ging  des  Javanois,  et  Linnaeus  Favoit 
nommée  epidendrumjlos  aeris.  Plus  récemment,  Swartz  en  fait 
son  genre  Acrides,  auquel  il  a  ajouté  quelques  espèces.  L'ori- 
gine du  mot /Zos  aerJ5  n'est  point  indiquée.  Burmann  ,  dans  son 
i'iora  Indica,  dit  seulement  que  cette  plante  est  aussi  nommée 
à  Java  angrec-cambaug  ,  c'est-à-dire  fleur  d'araignée,  parce 
que  sa  fleur  a  quelque  ressemblance  avec  cet  insecte.  (J.) 

FLEUR  DU  SOLEIL.  {Bot.)  Ou  donne  ce  nom  à  dts  plantes 
17.  10 


»4(>  FLE 

dont  les  fleurs  se  tournent  du  côté  du  soleil:  telles  sont  ïe 
tournesol,  croton  linctorium,  et  rhélianthème ,  lielianLhemum 
vulgare,  ainsi  que  plusieurs  de  ses  congénères.  On  le  donne 
aussi  à  celles  dont  la  forme  de  la  fieur  représente  le  soleil, 
surtout  aux  divers  hélianthes  ,  helianthus  ,  que  Tournefort 
nouimoit  pour  cette  raison  corona  solis,  et  particulièrement  à 
Vhelianthus  annitus  ,  qui  est  le  grand  soleil  des  jardins.  (J.) 

FLEUR  DE  SOUCI.  {Ornith.)  Traduction  ,  faite  par  Salerne , 
Crnithol.,  p.  240,  du  fior  rancio  des  Toscans,  qui  est  le  roi- 
telet, motacilla  regulus  ,  Linn.,  d'après  la  couleur  des  plumes 
dont  sa  fête  est  ornée.  (Ch. D.) 

FLEUR  DE  SUSANNE.  {Bot.)  Rumph  ,  dans  son  Herb.Amb., 
donne  le  nom  de  Jlos  Susannœ  à  un  orchis,  orchis  Susannœ, 
pour  conserver  la  mémoire  d'une  amie  qui  l'avoit  aidé  dans 
«es  recherches  ,  et  à  laquelle  il  devoit  particulièrement  la 
première  connoissance  de  cet  orchis.  (J.) 

FLEUR  DE  TAN  ou  DE  LA  TANNÉE  (J3of.  ) ,  nom  vulgaire 
d'une  espèce  de  moisissure  qui  croît  sur  le  tan  pouri;  c'est  le 
mucor  septicus,  Linn.,  ou  fuli go  vaporaria,  Persoon  ,  ou  reticula- 
ria  hortensisy  Bull.  Voyez  Fiiligo.  (Lbm.) 

FLEUR  A  TEINDRE  (Bot.),  nom  vulgaire  du  genêt  des 
leinturiers.  (L.  D.) 

FLEUR  DES  TEINTURIERS.  (Bot.)  Brunsfels  et  Fuchsius 
donnent  ce  nom  à  la  genestrole  ou  genêt  des  teinturiers, 
genista  linclorin  ,  et  Tragus  à  Yerigeron  acre.  (J.) 

FLEUR  DU  TIGRE  ou  Fleur  tigrée.  {Bot]  Dodoens,  Dale- 
champs  et  Hernandez  citent  et  figurent  sous  ce  nom  une  plante 
de  la  famille  des  iridées,  dont  nous  avons  fait  le  genre  Tigri- 
dia,et  que  Linnaeusfils  a  voulu  réunir  au  Ferraria,  genre  voisin, 
dont  cependant  il  diffère  suffisamment.  (J.) 

FLEUR  DE  TOUS  LES  MOIS.  (  Bot.)  On  désigne  quelque- 
fois sous  ce  nom  le  souci  des  jardins.  (L.  D.) 

FLEUR  DE  TOUTE  L'ANNÉE,  Flor  de  todo  el  anno  (Bot.), 
nom  espagnol  d'un  an^rec,  epidendrum  cor}  mbosuin  ,  de  la  Flore 
du  Pérou,  qui  fleurit  toute  l'année.  (J.) 

FLEUR  DES  TREILLES.  {Bot.)  C'est  la  traduction  du  nom 
Jlos  pergulanus,  donné  par  Rumph  à  l'arbrisseau  nommé  pos- 
térieurement pergularia,  faisant  partie  de  la  famille  des  apo- 
cynées,  employéà  Java  pour  former  des  treilles  ombragées.  (J.) 


F  LE  rtijf7 

FLEUR  DE  LA  TRINITÉ.  (Bot.)  Ce  nom,  dans  ÏHorlus  Eys- 
letensis  ,  est  donné  à  la  pensée  des  iardins,  viola  tricolor.  (J.) 

FLEURDU  VENT.  (Bof.)  C'est,  suivant  Dalechamps,  l'ané- 
mone ,  qui  est  la  même  que  ]eJlos  Adoneiiis  ,  cité  par  Ovide  , 
qui  étoit  très-agité  parle  vent.  (J.) 

FLEUR  DES  VEUVES.  {Bot.)  Une  espèce  de  scabieuse, 
scabiosa  atropurpurea,  Linn.,  porte  vulgairement  ce  nom.  (L.  D.) 

FLEURS.  (Ckim.)  Les  anciens  chimistes  ont ,  en  général , 
appelé  fleurs  des  matières  réduites  en  poudre,  soit  que  la  na- 
ture nous  les  présentât  dans  cet  état,  soit  qu'elles  y  eussent 
été  amenées  par  quelque  opération  de  l'art.  Ils  ont  particu- 
lièrement appliqué  ce  nom  aux  sublimés  dont  les  parties 
étoient  très-divisées  ,  ou  bien  encore  à  des  sublimés  cristallisés 
et  en  aiguilles  déliées.  (Ch.) 

FLEURS  ARGENTINES  DE  RÉGULE  D'ANTIMOINE. 
(Chim.)  C'est  l'acide  antimonieux  sublimé,  sous  forme  de 
longues  aiguilles  blanches  qui  ont  un  reflet  brillant.  Les 
anciens  chimistes  le  préparoient  avec  l'antimoine  pur,  tandis 
qu'ils  préparoient  les  fleurs  d'antimoine  avec  le  sulfure  de 
ce  métal.  (Ch.) 

FLEURS  D'ANTIMOINE.  (  Chim.)  C'est  l'acide  antimonieux, 
préparé  par  sublimation.  (Ch.) 

FLEURS  DARSENIC.  (Min.)  On  a  quelquefois  donné  ce 
nom  à  l'arsenic  oxide  pulvérulent  ou  capillaire. 

FLEURS  D'ARSENIC.  {Chim.}  C'est  l'acide  arsénieux  su-, 
blimé ,  dont  les  parties  sont  sous  la  forme  de  poussière.  (Ch.) 

FLEURS  D'ASIE.  {Min.)  On  dit  que  c'est  une  terre  ma- 
gnésienne, qui  vient  d'Orient.  C'est,  selon  Bomare,  le  natron 
ou  soude  carbonatée.  (jB.) 

FLEURS  DE  BENJOIN  {Chim.),  ancien  nom  de  l'acide 
benzoïque  obtenu  par  sublimation.  (Ch.) 

FLEURS  DE  BISMUTH.  {Min.)  On  a  nommé  ainsi  l'oxidie 
de  bismuth  et  efflorescent ,  ordinairement  grisâtre,  sur  les 
minerais  qui  renferment  en  même  temps  ce  métal  natif.  (B.) 

FLEURS  DE  CHAUX.  {Min.)  On  assure  qu'on  a  donné  Cf: 
nom  au  calcaire  farineux.  (B.) 

FLEURS  DU  CIEL.  {Bot.)  Voyez  Nostoc.  (Lem,) 

FLEURS  DE  COBALT,  Rome  de  Lisle.  {Min.)  C'est  le 
cobalt  arséniaté  pulvérulent.  (  B.) 

i  10. 


U8  FLI 

FLEURS  DE  CUIVRE.  (Min.)  C'est  le  cuivre  oxide  rouge 
capillaire.  (B.) 

FLEURS  DE  FER.  {Min.)  C'est  la  traduction  inusitée  de/05- 
ferri.  (B.) 

FLEURS  DE  NICKEL,  Flos  niccoli ,  de  Vallerius.  {Min.) 
C'est  le  nickel  oxidé.  (B. ) 

FLEURS  DE  SEL  AMMONIAC.  {Chim.)  C'est  l'hydroclilo- 
rure  d'ammoniaque  qui  a  été  sublimé,  et  dont  les  parties  ne  se 
sont  point  assez  rapprochées  pour  former  une  matière  com- 
pacte. (Ch.) 

FLEURS  DE  SOUFRE.  {Min.)  C'est,  comme  on  sait,  le 
soufre  sublimé.  On  le  trouve  ordinairement  en  cet  état  dans 
les  fissures  des  montagnes  volcaniques.  (B.) 

FLEURS  DE  SOUFRE.  {Chim.)  C'est  le  soufre  sublimé, 
sous  forme  de  cristaux  extrêmement  petits  :  dans  cet  état ,  il 
est  presque  toujoursmêlé  avec  de  l'eau  et  des  acides  sulfureux 
ou  sulfuriques.  (Ch.) 

FLEURS  DE  ZINC.  {Chim.)  C'est  l'oxide  de  zinc,  que  l'on 
obtient  en  faisant  brûler  dans  l'air  le  zinc  qui  a  été  chaufie 
au  rouge.  Cet  oxide  est  fixe,  ^'oyez  Zinc.  ( Ch.  ) 

FLEURIEU.  {Ichthyol.)  M.  de  Lacépèfle  a  décrit,  sous  le 
nom  d'ostorhinque  fleurieu,  un  poisson  que  M.  Cuvier  rap- 
porte au  genre  Apogon.  Voyez  Ostorhinque.  (H.  C.) 
FLEURONÉE.  {Bot.)  Voyez  Flosculecse.  (Mass.) 
FLEUVE  (  Mire.) ,  et   en  général  cours  d'eau.  Voyez  Eau. 
(B.) 

FLEZ '.{IchthjoL),  nom  vulgaire  d'un  pleuronecte.  Voyez 
PtiÉ.(H.C.) 

FLIEGEN-ENTE  (  Ornith.)  ,  nom  allemand  du  canard  sou- 
chet,  anas  clfpeata,  Linn.  (Ch.  D.) 

FLIEGENSCHNAPPER  {Ornith.) ,  nom  allemand  du  gobe- 
mouches  à  collier ,  muscicapa  atricapilla,  Linn.  (Ch.D.) 

FLIN.  {Min.)  C'est  sous  ce  nom  qu'on  désigne  dans  le  com- 
merce une  substance  minérale  ,  qu'on  nomme  aussi  marcassite, 
qui  est,  dit-on  ,  de  couleur  grise  ou  brune  ,  et  dont  on  se  sert 
pour  fourbir  les  lames  d'épées.  Esf-ce  bien  une  pyrite  ou  fer 
sulfure  P  ou  plutôt  ne  seroit-ce  pas  une  hématite?  (B. ) 

FLINDER  {Ichlhyol.)  ,  un  des  noms  prussiens  du  flez,p/e(/- 
ronectcsjlesus.  Voyez  Pue.  (H.  C.  ) 


FLT  149 

FLINDERSIA.  [Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones,  à 
fleurs  complètes,  polypétalées ,  régulières,  très-rapproché  de 
la  famille  des  méliacées,  de  la  décandrie  monogynie  de  Lin- 
naeus,  qui  a  des  rapports  avec  les  cedrela  et  les  calodendrum. 
Son  caractère  essentiel  consiste  dans  un  calice  à  cinq  divi- 
sions ;  cinq  pétales  insérés  à  la  base  d'un  disque  staminifère; 
dix  étamines ,  dont  einq  alternes  ,  stériles;  un  style  pentagone. 
Le  fruit  consiste  en  une  capsule  h  cinq  loges,  hérissée  de 
pointes  coniques;  deux  semences  ailées  dans  chaque  loge. 

Flindeusia  australe  :  Flindersia  australis  ,  Brow.,  Remark, 
lot.  of  ter.  auslr.,  pag.  63  ,  tab.  i5  ;  Radulier  ,  Poir. ,  Encycl. 
etIH.  Gen.  Suppl. ,  cent.  10,  Icon.  Arbre  assez  élevé  de  la 
Nouvelle-Hollande,  mais  d'une  grosseur  médiocre,  terminé 
par  une  cime  irrégulière,  composée  de  branches  étalées,  et 
de  rameaux  cylindriques;  les  plus  jeunes  rapprochés  presque 
en  ombelle.  Les  feuilles  sont  alternes,  pétiolées  ,  réunies  en 
touffes  vers  le  sommet  des  rameaux;  les  unes  ternées,  les 
autres  à  deux  ou  à  quatre  paires  de  folioles  avec  une  im- 
paire,- glabres,  pédicellées,  très-entières,  elliptiques  ou  lan- 
céolées, parsemées  de  points  transparens,  longues  de  deux, 
ou  trois  pouces  sur  un  pouce  et  plus  de  largeur;  point  de 
stipules  ;  les  bourgeons  gommeux. 

Les  fleurs  sont  petites  ,  blanchâtres,  légèrement  odorantes, 
disposées  en  panicules  terminales  et  touffues,  un  peu  pubes- 
centes,  accompagnées  de  petites  bractées  subulées.  Le  calice 
est  persistant,  court,  pubescent  :  la  corolle  composée  de  cinq 
pétales  planes,  ovales,  obtus,  légèrement  pubescens,  attachés 
à  la  base  d'un  disque  staminifère  ;  dix  étamines  insérées  un 
peu  au-dessous  du  sommet  d'un  disque  hypogyne,  plus  courtes 
que  les  pétales;  cinq  filamens  stériles  opposés  aux  pétales  , 
les  autres  alternes;  les  anthères  conniventes,  en  cœur,  acu- 
minées  ;  le  disque  à  dix  plis  ou  crénelures  ;  un  ovaire  libre, 
globuleux,  chargé  de  nombreux  tubercules  ;  le  style  simple  ; 
le  stigmate  pelté ,  à  cinq  lobes.  Le  fruit  est  une  capsule  li- 
gneuse, ovale,  longue  de  trois  pouces,  couverte  de  pointes 
coniques  très-nombreuses.  Elle  se  divise,  à  l'époque  de  la 
maturité  ,  en  cinq  loges  profondes  ,  naviculaires  ;  chaque 
loge  à  demi  bifide  au  sommet  :  un  placenta  central,  à  cinq 
lobes  5  formant  autant  de  cloisons  dans  les  loges,  contenant 


i5o  FLO 

de  chaque  côté  deux  semences  planes,  convexes,  surmontées 
d'une  aile  membraneuse  ;  point  de  périsperme  ;  les  cotylé- 
dons épais,  foliacés  ;  la  radicule  placée  vers  le  milieu  du 
bord  intérieur  de  la  semence. 

Flindersia  d'Amboine  :  Flindersia  Amhoinensis  ;  Radulier  , 
Poir.,  Encycl.,  Suppl.  ;  Arbor  radulifera,  Rumph,  Amboin.  y 
vol.  5 ,  tab.  1 29.  Il  est  très-probable  que  cette  plante  ,  quoique 
imparfaitement  connue,  appartient  à  ce  genre,  et  qu'elle 
en  est  une  espèce  distincte.  Rumph  en  parle  comme  d'un 
grand  arbre  des  Indes  ,  chargé  de  feuilles  ailées  avec  une 
impaire;  les  folioles  pédicellées,  presque  opposées,  lancéo- 
lées, aiguës,  glabres,  entières,  longues  de  trois  à  quatre 
pouces  sur  deux  de  large.  Les  fleurs  sont  odorantes  ,  pen- 
dantes en  longues  grappes  :  il  leur  succède  des  fruits  ovales, 
oblongs,  à  cinq  laces,  couverts  de  tubercules  courts  ,  aigus  , 
divisés  intérieurement  en  cinq  loges  ,  s"ouvrant  en  cinq 
valves.  Cet  arbre,  assez  rare,  croît  à  l'ile  d'Amboine.  On 
construit  des  palissades  avec  son  bois  •  Técorce  de  ses  fruits 
est  employée  pour  râper  les  racines  tendres  de  certaines 
plantes  dont  on  fait  usage,  soit  comme  alimens ,  soit  comme 
remède  ou  assaisonnement.  (Poir.) 

FLINT.  (  Min.)  C'est  le  nom  anglais  du  silex  pyromaque, 
employé  quelquefois,  sans  être  traduit,  dans  des  relations  de 
voyage  ou  de  géographie  physique.  (  B.) 

FLIRUS.  {Mamm.)  On  trouve  dans  Jonston,  pi.  25,  sous  le 
nom  de  flirns,  la  figure  d'un  animal  ayant  tous  les  caractères 
d'une  espèce  de  chèvre,  mais  pourvu  à  la  fois  d'organes  mâles 
et  d'organes  femelles,  ce  qui  ne  peut  être  qu'une  monstruosité 
de  la  nature,  ou  une  erreur  de  Jonston.  (F.  C.) 

FLOCONNEE,  Floccosl.  {Bot.)  Qualrième  série  du  deuxième 
ordre,  les  gastromjciens ,  de  la  famille  des  champignons,  dans 
la  méthode  de  Link.  Son  caractère  consiste  dans  les  peri- 
dium  situés  sur  une  base  floconneuse.  Il  comprend  deux 
genres,  Trichoderma  et  MjrotJiecium.  (Lem.) 

FLOERKEA  {Bot.),  WiUd.,  Act.  Soc.  Nat.  Cur.  ,  Berol. , 
vol.  3,ann.  1801  j  Floerkea palustris  ,  Nuttal,  Amer.  1,  pag.  229. 
Genre  jusqu'à  présent  peu  connu  ,  établi  par  Willdenow 
pour  une  plante  qui  croît  dans  les  marais  et  dans  les  lacs 
de  la  Pe«syivanie,  caractérisée  par  un  calice  à  trois  folioles, 


"'fLO  iSi 

par  une  corolle  à  trois  pétales  ,  renfermant  six  étamines  ,  un 
style  bifide.  Le  fruit  se  présente  sous  la  forme  d'un  utricule 
à  deux  coques.  (Poir.  ) 

FLOENDER  SLAETER  {Ichthjol.) ,  un  des  noms  norwé- 
giens  de  la  plie,  plturonectcs platessa.  Voyez  Pub.  (H.  C.) 

FLONDER  (Ichthyol.) ,  un  des  noms  prussiens  du  flez,  pieu- 
ronectesflesus. y  oyez  Plie.  (H.  C.  ) 

FLONDREDE  RIVIÈRE.  {Ichthjol.)  M.Noël  dit  que  l'on 
nomme  ainsi ,  dans  les  environs  du  Pont-de-l'Arche ,  les  fiez 
que  l'on  pêche  dans  la  Seine.  Voyez  Pue.  (  H.  C  ) 

FLOQUET  (Ornith.)  ,  nom  que  ,  suivant  5alerne,  on  donne 
vulgairement,  en  Sologne,  au  tarier,  motacilla  ruhetra,  Linn. 
(  Ch.D.) 

FLORAISON,  Florescentia.  (Bot.)  L'apparition  des  organes 
sexuels,  par  suite  de  la  dilatation  et  de  l'écartement  naturel 
des  enveloppes  florales  immédiates  ou  accessoires ,  est  ce  qu'on 
nommePépanouissement  de  la  fleur.  L'épanouissement  successif 
et  simultané  des  fleurs  d'un  végétal  marque  le  temps  de  sa  flo- 
raison. Quand  toutes  les  fleurs  sont  passées,  et  qu'il  n'en  paroît 
pas  de  nouvelles,  la  floraison  est  terminée. 

Les  fleurs  des  salviniées  n'ont  pas  d'épanouissement;  l'enve- 
loppe dans  laquelle  elles  sont  renfermées  reste  toujours  close. 

Les  plantes  annuelles  fleurissent  peu  de  temps  après  la 
germination  ;  leurs  fleurs  sont  quelquefois  accompagnées  de 
bractées,  d'involucres,  despathes,  etc.,  mais  jamais  de  pérules 
ëcailleuses,  semblables  à  celles  des  boutons  à  fleurs  des  arbres 
et  des  arbrisseaux.  Les  pérules  écailleuses  sont  des  rudimens 
de  feuilles  arrêtées  dans  leur  croissance  par  suite  des  vicissi- 
tudes des  saisons.  Or,  les  herbes  ne  vivent  pas  assez  long-temps  , 
et  elles  se  développent  dans  des  circonstances  trop  favorables 
pour  que  leurs  feuilles  ne  prennent  pas  d'abord  toute  la  crois- 
sance dont  elles  sont  susceptibles. 

L'intensité  et  la  durée  de  la  chaleur  ont  une  influence  mar- 
quée sur  la  floraison  des  différens  végétaux ,  selon  leurs  natures 
diverses,  et  déterminent  visiblement  les  époques  auxquelles 
elle  s'effectue. 

De  là  vient  que  l'on  hâte  ou  retarde  la  floraison  des  plantes 
annuelles,  en  les  semant  plus  tôt  ou  plus  tard;  que  certaines 
plantes  bisannuelles  des  climats  tempérés  deviennent  annuelles 


i5.  PLO 

si  nous  les  cultivons  en  serre  chaude ,  en  sorte  qu'avant  Tannée 
révolue  elles  germent,  fleurissent,  fructifient  et  meurent  ; 
qu'au  contraire,  certaines  atlantes  annuelles  des  tropiques, 
portées  dans  les  régions  plus  voisines  des  pôles,  y  demeurent 
bisannuelles,  et,  par  conséquent,  ne  fleurissent  que  la  seconde 
année:  que,  sous  les  mêmes  parallèles,  aux  mêmes  expositions 
et  hauteurs,  la  floraison  des  individus  d'une  espèce  quelconque 
s'opère,  en  général,  dans  un  espace  de  temps  compris  entre 
des  limites  très-rapprochées ,  ce  qui  fait  que  les  saisons,  les 
mois,  et  je  dirois  presque  les  jours,  ont  en  chaque  pays  leur 
floraison  particulière  :  et  que  Tépanouissement  des  fleurs  peut 
servir,  aussi  bien  que  le  développement  des  boutons,  à  com- 
poser un  calendrier  de  Flore. 

Le  tableau  suivant,  que  M.  de  Lamarck  a  publié,  de  la  flo- 
raison annuelle  de  quelques  végétaux  indigènes  ou  exotiques 
qui  croissent  aux  environs  de  Paris,  offre  un  exemple  de  cette 
sorte  de  calendrier. 

Janvier:  L'hellébore  noir. 

Février  :  L'aune,  le  saule  marceau,  le  noisetier,  le  daphne 
mezereum,  le  galanthus  nii'alis. 

Mahs  :  Le  cournouiller  mâle,  l'anémone  hépatique,  la  sol- 
danelle,  le  buis,  le  thuya,  l'if,  Varabis  alpiiui,  la  renoncule 
ficaire,  l'hellébore  d'hiver,  l'amandier,  le  pêcher,  Fabricotier, 
le  groseillier  épineux,  le  tussilago petasites ,  le  tussilago  far/ara, 
le  ranunculus  auricomus ,  la  giroflée  jaune,  la  primevère,  la 
fumeterre  bulbeuse,  le  narcissus  pseudo-narcissus,  Vanemone 
ranunculoides,  le  safran  prinlanier,  le  saxifraga  crassifolia  , 
l'alaterne ,  etc. 

Avril:  Le  prunier  épineux,  le  rhodora  du  Canada,  la 
tulipe,  le  draha  aizoides,  ledrabaverna,  le  saxifraga  granulata , 
le  saxifraga  tridactylites ,  le  cardamine  pratensis,  Vasarum  euro- 
pœum,  le  paris  quadrifolia,  le  pissenlit,  la  jacinthe,  le  lamium 
album,  les  pruniers,  Vanemone  Jiemorosa, Forobeprintanier,  la 
petite  pervenche,  le  frêne  commun,  le  charme,  le  bouleau, 
l'orne,  la  fritillaire  impériale,  le  lierre  terrestre,  le  juncus 
syivaticus  ,  le  juncus  campestris ,  le  cerastium  arvense,  les  érables  , 
le  prunier  mahaleb,  les  poiriers,  etc. 

Mai  :  Les  pommiers,  le  lilas ,  le  marronier,  le  cercis  ou 
bois  de  Judée,  le  merisier  à  grappes,  le  cerisier,  le  frêne  à 


FLO  i55 

fleurs,  le  faux  ébenier,  le spirœa  filipendula ,  la  pivoine,  Verf- 
simum  alliaria,  la  coriandre,  la  bugie,  l'aspérule  odorante,  la 
brione,  le  muguet,  l'épine-vinette,  la  bourrache,  le  fraisier, 
l'argentine,  le  chêne,  les  iris,  et  le  plus  grand  nombre  de 
plantes. 

Juin  :  Les  sauges,  l'allcekenge,  le  coquelicot,  le  leonurus 
cardiaca,  la  ciguë,  le  tilleul,  la  vigne,  les  nigelles,  Vheracleuin 
sphondylium ,  les  nénuphars,  la  bruuelle,  le  lin,  le  cresson  de 
fontaine,  le  seigle,  l'avoine,  l'orge,  le  froment,  les  digitales, 
les  pieds -d'alouette,  les  hjpericum,  le  bluet,  l'amorpha,  le 
melia  azedarach ,  etc. 

Juillet:  L'hysope,  les  menthes,  l'origan,  la  carotte,  la 
tanaisie,  les  œillets,  le  gentiana  centaurium  ,  le  monotropa  hj'po- 
pilhfs,  les  laitues,  plusieurs  inules,  la  salicaire,  la  chicorée 
sauvage,  le  solidago  virga  aurea,  le  bignonia  catalpa,  le  ceplia- 
lanthus,  le  houblon,  le  chanvre,  etc. 

Août  :  Le  scahiosa  succisa,  le  parnassia,  la  gratiole,  la  bal- 
samine des  jardins,  reuphraj,',e  jaune,  plusieurs  actéiis,  le 
viburnum  tinus ,  les  coreopsis  ,  les  rudhechia,  les  siLphium,  etc. 

Septembre  :  Le  ruscus  racemosus ,  Varalia  spinosa,  le  lierre, 
le  cyclamen,  l'amaryllis  lutea,  le  colchique,  le  safran. 

Octobre  :  V aster  grandijlorus  ,  Vhelianthus  tuberosus ,  ïaster 
miser,  Vanthemis  grandijlora,  etc. 

L'art  d'orner  les  jardins  est  fondé  en  partie  sur  la  connois- 
sance  des  époques  de  la  floraison.  La  succession  non  interrom- 
pue de  fleurs  diff'érentes  par  leurs  couleurs,  leurs  formes  et 
leurs  odeurs,  ajoute  beaucoup,  comme  on  sait,  à  l'agrément 
des  parterres  et  des  bosquets.  Que  ceux  donc  qui  nient  obsti- 
nément, et  contre  toute  évidence,  que  l'étude  du  règne 
végétal  a  une  utilité  directes  conviennent  du  moins  qu'elle 
peut  contribuer  à  nos  jouissances. 

Si  la  chaleur  seule  agissoit  sur  les  plantes,  et  que  la  force 
vitale  n'eût  aucune  influence  dans  les  résultats,  il  est  évident 
que,  sans  aucune  exception,  tous  les  individus  de  la  même 
espèce,  dans  des  circonstances  semblables,  devroient  fleurir  en 
même  temps.  Mais  les  plantes  ne  sont  pas  des  corps  bruts,  et 
une  multitude  de  causes,  dont  la  plupart  nous  échappent, 
concourent  à  avancer  ou  retarder  les  époques  de  leurs  déve- 
loppemeris. 


»54  FLO 

En  général,  il  semble  qu'une  grande  vigueur  dans  les  indi- 
vidus nuise  à  la  production  des  organes  de  la  génération,  et 
que,  pour  que  les  fleurs  se  forment,  il  est  nécessaire  que  la 
sève  circule  avec  lenteur.  Les  arbres  ne  fleurissent  pas  dans 
leur  première  jeunesse  -,  ils  donnent  souvent  alors  des  jets  d'une 
longueur  considérable  ;  et  leur  sève,  s'élevant  dans  une  tige 
droite,  élancée,  dépourvue  de  branches,  court  avec  d'autant 
plus  de  vitesse  ,  qu'elle  suit  des  canaux  plus  directs  pour  se 
porter  vers  les  feuilles.  Par  des  raisons  contraires,  les  vieux 
arbres  sont  plus  précoces  ,  et  donnent  quelquefois  plus  de 
fleurs  que  les  autres. 

L'excès  de  nourriture  est  un  obstacle  à  la  floraison  des  végé- 
taux ligneux,  et,  par  conséquent,  nuit  à  leur  fécondité. 

Qu'un  arbre  fatigué  par  un  voyage  de  long  cours,  qu'une 
bouture  nouvelle  fleurissent  dans  la  première  année,  il  ne 
faut  pas  s'y  méprendre  ,  c'est  symptôme  de  foiblesse,  non  de 
vigueur. 

Trop  de  foiblesse  néanmoins  peut  devenir  contraire  à  la 
floraison. 

Il  arrive  quelquefois  que,  dans  une  avenue,  des  arbres  de 
même  espèce,  et  placés  dans  des  circonstances  tout-à-fait 
semblables  en  apparence,  fleurissent  à  des  époques  très-éloi- 
gnées.  La  raison  peut  en  être  dans  des  causes  extérieures  que 
nous  ne  sommes  pas  encore  parvenus  à  découvrir,  et  aussi  dans 
des  différences  individuelles  de  nature  à  échapper  toujours  aux 
recherches  des  observateurs. 

Les  fleurs  sont  déjà  toutes  formées  dans  le  bouton.  Ecartez, 
en  automne,  les  écailles  d'un  bouton  de  lilas  ou  demarronier 
d'Inde,  vous  trouverez  au  centre  le  thyrse  qui  se  seroit  déve- 
loppé le  printemps  suivant. 

Les  fleurs  sont  quelquefois  visibles  pour  le  botaniste  plu- 
sieurs années  avant  l'époque  marquée  pour  la  floraison.  C'est 
ce  que  M.  du  Petit -Thouars  remarque  relativement  aux 
palmiers  ;  Mirbel ,  Elémens  de  Physisique  et  de  Botanique, 
(Mass.) 

FLORALE  [Fkuille].  {Bot.)  Feuille  placée  à  la  base  des  fleurs 
{lonicera  caprifolium,  etc.).  Les  feuilles  florales  prennent 
le  nom  de  bractées  lorsqu'elles  diffèrent  des  autres  feuilles 
^melampyrum  cristatum,  monarda  didyma,  etc.). 


FLO  '55 

FLORx\LE  [Glande].  Les  glandes  qui  se  trouvent  sur  les 
fleurs  sont  nommées  glandes  florales.  On  les  distingue  en 
épisépales ,  c'est-à-dire ,  naissant  sur  les  sépales  du  calice  {malpi- 
ghia,  etc.);  en  épipétales,  c'est-à-dire,  naissant  sur  les  pétales 
{delphinium,  herberis,  etc.);  en  épistaminales ,  ou  naissant  sur 
les  étamines  {geraniunt,  dictamnus ,  etc.).  Les  glandes  florales 
prennent  pour  la  plupart  le  nom  de  nectaire. 

FLORALE  [Bulbille].  Certaines  espèces  d'ail,  et  d'autres 
plantes,  portent  des  petites  bulbes  à  la  place  des  fleurs.  Dans 
le  crinum  aswhcum,  Linn.,  elles  se  trouvent  dans  le  péricarpe 
à  la  place  des  graines;  dans  le  lis  bulbifère,  etc.,  elles  sont 
placées  aux  aisselles  des  feuilles.  Celles  qui  se  trouvent  à  la 
place  des  fleurs  sont  des  bulbilles/îora/es.  (Mass.) 

FLORENTITE.  (  Min.)  M.  De  la  Métherie  a  cru  devoir  faire 
une  espèce  particulière  du  calcaire  marbre  ,  dit  marbre  de 
Florence,  et  lui  a  donné  ce  nom.  C'est  une  sorte  de  marne 
calcaire,  dont  les  fissures,  presque  rectangulaires,  sont  rem- 
plies de  filtrations  argilo-ferrugineuses  dures.  (B.) 

FLORESTINE,F/ore5fina.  {Bot.)  [Corjrmhifères ,  Juss.  —  Syn- 
génésie  polygamie  égale,  Linn.  ]  Ce  genre  ou  sous-genre,  que 
nous  avons  établi  dans  la  famille  des  synanthérées  (Bull.  Soc. 
philom.  ,  octobre  181  5  et  janvier  1817),  appartient  à  notre 
tribu  naturelle  des  hélianthées,  et  à  la  section  des  hélianthées- 
héléniées,  dans  laquelle  nous  le  plaçons  entre  Vhymenopappus 
et  le  schkuhria. 

La  calathide  est  subglobuleuse  ,  incouronnée  ,  équaliflore  , 
pluriflore,  régulariflore,  androgyniflore  ;  le  péricline  ,  infé- 
rieur aux  fleurs,  est  formé  d'environ  huit  squames  utiisériées, 
à  peu  près  égales,  appliquées,  oblongues ,  arrondies  au  som- 
met, foliacées,  pourvues  d'une  bordure  membraneuse,  fran- 
gée. Le  clinanthe  est  très-petit,  plane  et  inappendiculé;  les 
ovaires  sont  oblongs,  subtétragones,  hispidules,  munis  de  plu- 
sieurs côtes  longitudinales;  leur  aigrette  est  très-courte,  et 
composée  d'environ  dix  ou  douze  squamellules  unisériées,  pa- 
léiformes,  orbiculaires,  denticulées,  membraneuses,  portées 
chacune  sur  une  base  linéaire,  épaisse,  charnue,  verte;  les 
corolles  ont  le  tube  extrêmement  court,  et  le  limbe  divisé  par 
des  incisions  profondes  et  inégales  en  lanières  hérissées  de  pa- 
pilles sur  les  bords  ;  les  étamines  ont  l'anthère  noirâtre  et  le 


'^^  FLO 

pollen  blane.  Le  style  a  ses  deux  branches  terminées  chacune 
par  un  appendice  subulé,  hispide  au  sommet. 

Florestine  pédalée  :  Florestina  pedata,  H.  Cass.,  Atlas  du  Dict. 
des  Se.  nat. ,  5*  cahier,  pi.  8  ;.  Steviapedata,  Cav.,  Icon.  ;  Willd.  j 
Fers.  ;  Hjmenopappus  pedatus ,  Cav.,  Herb.;  Lag. ,  Gen.  et  Sp.  pi. ; 
Kunth,Noi^.  Gen.;  Ageratum pedatum ^  Ori.^Dec.  Cette  plïinte, 
originaire  du  Mexique  et  de  File  de  Cuba,  est  herbacée  ,  an- 
nuelle, presque  glabriuscule;  sa  tige ,  haute  d'environ  deux 
pieds,  est  dressée,  rameuse ,  légèrement  striée';  ses  feuilles, 
alternes  supérieurement  et  le  plus  souvent  opposées  inférieu- 
rement,  sont  pétiolées,  longues  de  trois  pouces,  pédalées,  à 
trois  folioles,  dont  la  moyenne  estpéliolée,  indivise,  oblongue- 
elliptique  ,  obtuse,  et  dont  les  deux  latérales  sont  sessiles,  et 
partagées  chacune  en  trois  divisions  inégales  ,  oblongues  , 
obtuses;  les  calathides ,  composées  d'une  douzaine  de  fleurs 
à  corolle  blanche,  sont  irrégulièrement  corymbées  ou  pani- 
culées  au  sommet  des  rameaux. 

Dans  nos  deux  premiers  Mémoires,  sur  le  style  et  sur  les 
étamines  des  synanthérées  ,  nous  avions  remarqué  que  le  ste- 
viapedata,  étant  une  hélianthée,  ne  pouvoit  pas  être  congé- 
nère des  vrais  stevia  ,  qui  sont  des  eupatoriées;  c'est  pourquoi, 
dans  notre  troisième  Mémoire,  sur  la  corolle,  nous  avons  pro- 
posé d'en  l'aire  un  genre  ,  sous  le  nom  de  Jlorestina  (  Journ. 
de  Phys. ,  t.  82,  p.  145).  Depuis  cette  époque,  M.  Lagasca  a 
publié  Tin  petit  ouvrage  ,  où  il  nomme  cette  plante  hjnieno- 
pappus  pedatus ,  à  l'exemple  de  Cavanilles  qui  l'avoit  étiquetée 
ainsi  dans  son  herbier,  Enbn  M.  Kunlh  rapporte  aussi  notre 
florestine  au  genre  Hjmenopappus  de  L'héritier,  et  il  la  nomme 
comme  M.  Lagasca.  La  réunion  ou  la  séparation  des  genres 
immédiatement  voisins  étant  une  chose  tout-à-fait  arbitraire, 
on  peut  sans  doute,  si.l'on  veut,  confondre  ensemble  Vliyme- 
nopappus  et  le  Jlorestina  ;  mais  on  peut  aussi  les  distinguer, 
parce  que  les  squames  du  péricline  sont  disposées  sur  plusieurs 
rangs  dans  ï'Iijmenopappus ,  tandis  qu'elles  sont  sur  un  seul  rang 
dans  le  Jlorestina.  Au  reste,  le  Jlorestina  n'est  ni  plus  ni  moins 
analogue  à  l'hyinenopappus  qu'au  schkuhria  ;  car  celui-ci  ne 
difière  de  notre  genre  qu'en  ce  qu'une  des  fleurs  de  sa  cala- 
thide  est  femelle  et  à  corolle  ligulée ,  et  en  ce  que  les  squa-. 
inellules  de  l'aigrette  sont  lancéolées.  (  H.  Cass.  ) 


FLO  i57 

FLORICAN.  (Ornith.)  C'est  Je  nom  que,  suivant  Robert 
Percival,  Voyage  à  Ceilan  ,  t.  2  ,  p.  89 ,  on  donne  à  une  espèce 
de  grue  de  cette  île.  ^Ch.  D.) 

Ff-ORICEPS.  {Entoz.)  M.  Cuvier,  Règ.  anim. ,  tom.  iv, 
p.  45,  établit ,  comme  une  division  des  tœnias ,  une  petite  sec- 
tio»qui  a  pour  caractère  quatre  petites  trompes  ou  tentacules 
armés  d'épines  recourbées,  par  le  moyen  desquels  ces  vers 
s'enConcent  dans  les  viscères.  L'espèce  qui  lui  sert  de  type, 
est  le  hothryocephalus  corollatus  de  M.  Rudolphi;  elle  a  quelques 
pouces  de  long  ;  la  tête  est  laciniée  comme  certaines  fleurs.  On 
Ja  trouve  communément  dans  les  raies. 

M.  Rudolphi ,  qui  a  adopté  ce  petit  genre  ,  le  nomme  antho- 
cephalc ,  qui  n'est  que  la  traduction  grecque  du  nom  proposé 
par  M.  Cuvier.  Les  caractères  qu'il  lui  assigne  sont  les  suivans  : 
Corps  alongé  ,  se  terminant  en  arrière  par  une  vessie  caudale 
élargie;  la  tête  semblable  à  celle  des  tétrarliynques  ,  pourvue 
de  quatre  trompes  garnies  de  crochets  et  de  deux  ou  quatre 
fossettes.  Ces  animaux  sont,  en  outre,  contenus  dans  une 
vessie  mince,  entourée  elle-même  d'une  autre  enveloppe  plus 
dure  et  élastique. 

M.  Rudolphi,  dans  son  Synopsis  Entozoorum,  18 iq,  énu- 
mère  cinq  espèces  de  floriceps,  et  qui  toutes  ont  été  trouvées 
dans  kl  cavité  abdominale  de  poissons  :  l'une  est  le  Floriceps 
Ai.OîiGk,anthocep}ialus  c/oRgafus  ,  dont  il  vient  d'être  parlé,  et 
les  quatre  autres  ,  anthocephalus  gracilis  ,  granulum  ,  macourus  , 
et  interruptus,  sont  nouvelles;  mais  M.  Rudolphi  paroit  n'être 
pas  trop  certain  qu'elles  appartiennent  définitivement  à  ce 
genre.  (De  13.) 

FLORIDÉES.  (Bot.)  C'est  le  nom  du  second  ordre  de  la 
famille  des  thalasslophytes  non  articulés  de  M.Lamouroux,  qui 
comprend  toutes  les  plantes  de  la  famille  des  algues  qui  ne  sont 
point  articulées.  Les  floridées  se  font  remarquer  parleur  couleur 
pourpre  ou  rougeàtre ,  souvent  avec  une  légère  teinte  de  vert  i 
c'est  par  leur  exposition  à  l'air  que  leur  couleur  se  développe  , 
et  acquiert  un  éclat  brillant  dont  elle  est  dépourvue  pendant 
la  vie  de  ces  végétaux. 

Les  floridées  diffèrent  des  fucacées,  autre  ordre  de  la  même 
famille  des  thahissiophytes  non  articulées,  par  l'absence  d'ua 
canal  médullaire.  La  substance  de  ces  plantes  se  développe  en 


i5s  FLO 

frondes  tan-tôt  planes  ou  subcylindriques.  La  tige  est  formée 
d'un  épidémie  qui  recouvre  un  tissu  cellulaire  à  cellules  très- 
petites  et  égales  qui  entourent  un  second  tissu  cellulaire,  plus 
abondant,  à  cellules  très-grandes  et  tellement  alongées  qu'elles 
ressemblent  à  des  lacunes.  Dans  le  centre  de  la  tige  on  trouve 
quelquefois  une  lacune  qui  se  prolonge  dans  toute  sa  4on- 
gueur.  La  fronde  ne  présente  point  de  tissu  cellulaireà  grandes 
mailles,  ou  de  lacune  centrale,  si  ce  n'est  lorsqu'elle  offre  des 
nervures. 

Deux  sortes  de  fructifications  s'observent  dans  les  floridées. 
La  première  est  formée  par  des  tubercules  capsulifères,  le 
plus  souvent  très-saillans.  I<a  seconde,  beaucoup  plus  rare  , 
se  développe  sur  le  même  pied  ou  sur  des  pieds  différens; 
elle  consiste  en  des  capsules  situées  sous  l'épiderme,  et  qui 
occupent  un  espace  plus  grand.  Ces  capsules  forment  peu  à 
peu  une  petite  élévation  qui  se  déchire  pour  les  laisser  échap- 
per-, elles  se  divisent  en  trois  parties.  Les  fructifications  sont 
éparsesdans  les  floridées  à  frondes  sans  nervures j  mais,  dans 
celles  qui  en  sont  pourvues,  les  fructifications  sont  situées 
dessus  ou  à  leur  extrémité. 

Les  floridées  paroissent  devoir  leurs  belles  couleurs  ,  compa- 
rées par  M.  Lamouroux  à  celle  des  fleurs  pour  l'éclat  à  l'oxi- 
gène  dont  elles  laissent  dégager  une  moindre  quantité  que 
les  autres  thalassiophy tes  non  articulées;  elles  sont  divisées 
ainsi  qu'il  suit  : 

§.  1."  Floridées  à  frondes  planes. 

Genres:  Claudea^Delesseria,  Chondrus. 

§.  2.  Floridées  à  frondes  non  planes ,  subcylindriques ,  ou 
comprimées,  ou  linéaires. 

Genres  :  Gelidium,  Laurenlia,  Hjpnea,  Acanthophora ,  Du- 
montia,  Gigartina,  Plocamium,  Champia.Voy.  ces  divers  noms. 

Agardh,  en  conservant  l'ordre  des  floridées,  n'y  place  que 
les  genres  suivans  :  Lamourouxia  (claudea,  Lmx.),  Delesneria, 
Sphceroccus,  Chondria,  Champia,  Ptilota,  et  Halymenia.  (Lbm.) 

FLORIFÈRE  (Bot.),  portant  les  fleurs.  Dans  les  chatons  du 
peuplier,  du  noisetier,  du  saule,  etc.,  les  bractées  sont  flori- 
fères. Les  feuilles  du  lemna,  du  xyiophylla  falcata,  etc.,  sont 
également  florifères.  Les  boutons  des  arbres  sont  florifères , 
lorsqu'ils  ne  produisent  que  des  ûenrs;  folii/ères ,  lorsqu'ils  ne 


FLO  ,55 

produisent  que  des  bourgeons  à  feuilles;  mixtes^  lorsqu'ils 
produisent  des  feuilles  et  des  fleurs.  (Mass.) 

FLORILEGES  ou  ANTHOPHILES.  (Entom.)  Nous  avons 
ainsi  nommé  (Voyez  Anthopiiiles)  une  famille  d'hyménop- 
tères voisine  de  celle  des  abeilles ,  qui  comprend  les  scolies ,  les 
frelons  ou  crabrons ,  les philanthes.  Cemot  est  emprunté  d'Ovide , 
Métamorphoses:  Florilegœ nascuntur  apes,  (CD.) 

FLORILIE,  Florilus.  \Conchjl.)  Genre  de  coquilles  multilo- 
culaires ,  établi  par  M.  Denys  de  Montfort ,  pour  une  coquille 
microscopique  ,  décrite  et  figurée  sous  le  nom  de  nautilus 
asterizans  ,  par  Von  Fichtel  et  Von  MoU,  tab.  3  ,  fig.  e  h  de  leur 
Testac.  microscop.  :  elle  est  plane  et  ombiliquée  d'un  côté, 
avec  un  sommet  mamelonné  de  l'autre.  L'ouverture  est  trian- 
gulaire ;  mais  elle  est  presque  complètement  fermée  par  un 
diaphragme,  si  ce  n'est  contre  le  retour  de  la  spire.  Les  cloisons 
sont  unies;  le  syphon  est  inconnu.  L'espèce  qui  sert  de  type 
au  genre  est  turbinée,  nacrée,  diaphane,  d'une  demi-ligne  de 
large,  et  son  sommet  offre  un  mamelon  criblé  de  petits  trous 
au  milieu  d'une  sorte  d'étoile.  Aussi  M.  Denys  de  Montfort  la 
nomme-t-il  florilie  étoilée  ,Jlorilus  stellatus.  (  De  B.  ) 

FLORIPONDIO  {Bot.),  nom  espagnol  donné  dans  le  Pérou 
au  datura  arborea ,  arbrisseau  dont  les  fleurs  sont  très-grandes, 
en  entonnoir,  et  pendantes,  à  cause  de  leur  poids.  (J.) 

FLORISPERSI.  {Bot.)  Micheli  et  Lancisi  nomment  ainsi  les 
agarics  et  les  bolets  dont  le  chapeau  est  saupoudré  de  flocons 
semblables  à  des  étamines.  (  Lem.) 

FLORISUGA.  {Ornh]i.)  L'oiseau  auquel  celte  dénomina- 
tion est  donnée  par  Séba ,  t.  3  ,  p.  42  ,  est  le  trochitus  mellisu- 
gus ,  Linn. ,  oiseau-mouche  de  Cayenne  ou  vert-doré  de  Buffon. 
(Ch.  D.) 

FLORUM  FASCICULUS.  {Bol.)  Sterbeeck  donne  ce  nom  à 
une  espèce  de  boletus  très-voisine  des  boletus  frondosus ,  Pers. , 
et  ramosissimus ,  Jacq.  Gomme  eux  il  est  volumineux ,  et  formé 
par  la  réunion  d'une  multitude  de  chapeaux  imbriqués  l'un 
sur  l'autre,  à  la  manière  des  coquilles.  Aussi  Paulet  le  classe- 
t-il  dans  le  groupe  qu'il  désigne  par  poly pores  coquilliers,  et 
prétend  que  c'est  le  galUnaccia  de  Porta,  C'est  peut-être  aussi 
celui  que,  dans  les  Vosges,  on  nomme  pouU  de  bois  et  cou- 
veuse. (  Le.m.) 


i6o  FLO 

FLORUS.  {Ornith.)  Voy.  Flkuh.  (Ch.D.) 

FLOS  AFRICANUS.  (Bot.)  Dodorns  nommoit  ainsi  le  tagetes 
patula,  Linn.  (H.  Cass.) 

FLOSCOPE,  Ftoscopa.  (Bol.)  Genre  de  plantes  dont  les 
rapports  naturels  ne  sont  pas  encore  déterminés,  établi  par 
Loureiro  pour  un  arbrisseau  des  Indes  orientales,  de  17ie.ran- 
drie  monogjnie  de  Linnœus ,  et  dont  le  caractère  essentiel 
consiste  dans  un  calice  inférieur,  pileux,  à  trois  divisions 
profondes  ;  trois  pétales  ovales  ;  six  étauiines  ;  un  style  ;  une 
capsule  à  deux  loges  monospermes. 

Floscope  grimpant  -,  Floscopa  scandens  ,  Lour. ,  FI.  Coch.,  i, 
pag.  238.  Ses  tiges  sont  simples,  grimpantes,  ligneuses,  cylin- 
driques; ses  feuilles  alternes,  lancéolées,  ciliées  ,  très-en- 
tières, rudes  en  dessus,  lisses  en  dessous,  nerveuses,  vagi- 
nales à  leur  base.  Les  fleurs  sont  petites,  pédicellées,  d'un 
violet  clair\  réunies  en  épis  grêles,  roides,  fascicules;  le 
calice  coloré:  ses  découpures  ovales,  réfléchies  en  dehors  ;  la 
corolle  composée  de  trois  pétales  droits,  ovales,  de  la  lon- 
gueur du  calice;  les  étamines  plus  longues  que  la  corolle: les 
filamens  subulés-,  les  anthères  à  deux  lobes  arrondis;  l'ovaire 
ovale,  comprimé  ,  à  deux  lobes;  le  style  subulé,  plus  long 
que  les  étamines,  le  stigmate  épais.  Le  fruit  est  une  capsule 
presque  ovale,  à  deux  lobes,  à  deux  loges;  chaque  loge  ren- 
ferme une  semence  ovale,  aplatie,  cornée.  Cette  plante  croît 
à  la  Cochinchine,  sur  les  montagnes.  (Poir.) 

FLOSCULEUSE[Calathide],  (Bot.),  n'ayant  que  des  fleurons 
(chardon,  artichaut,  centaurée,  etc.)  (Mass.) 

FLOSCULEUSES.  {Bot.)  Tournefort  a  divisé  les  synan- 
thérées  en  trois  classes,  sous  les  titres  de  Jlosculeuses  ,  semi- 
Jlosculeuses  et  radiées.  Cette  classification,  adoptée  par  M.  Des- 
fontaines  dans  la  distribution  de  l'école  de  botanique  du  Jardin 
du  Roi ,  est  à  la  vérité  très-simple  et  très-commode ,  et  elle  sé- 
duit infailliblement  au  premier  coup  d'œil;  mais  elle  n'est  pas 
sans  difficulté  dans  son  application,  et  surtout  elle  est  fort  peu 
conforme  à  l'ordre  naturel,  qui  ne  reconnoît  que  le  groupe 
des  semi-flosculeuses,  fondé  sur  la  structure  de  la  fleur  pro- 
prement dite,  et  correspondant  à  notre  tribu  des  lactucées. 
Le  groupe  artificiel  des  flosculeuses  ,  fondé  sur  la  composi- 
tion de  la  calathide,  comprend  toutes  les  synanthérées  à  ca- 


latliide  dite  flosculeuse.  Les  botanistes  confondent  sous  celte 
dénomination  de  calathide  flosculeuse ,  deux  sortes  de  com- 
positions bien  distinctes:  i°.  celle  qui  constitue  ce  que  nous 
nommons  la  calathide  incouronnée,  équaliflore  ,  comme  dans 
le  chardon ,  l'eupatoire  ;  2".  celle  qui  constitue  ce  que  nous 
nommons  la  calathide  discoïde,  comme  dans  Vartemlsia,  le 
carpesium.  La  plupart  des  botanistes  assimilent  aussi  à  leur'ca- 
lathide  flosculeuse,  la  calathide  vraiment  radiée  du  bluet  et 
de  beaucoup  d'autres  centauriées.  Enfin  la  calathide  radiati- 
forme  des  nassauviées  ,  quoique  tout-à-fait  analogue  à  la  cala- 
thide dite  semi-flosculeuse  des  lactucées,est  rapportée  parles 
uns  à  la  calathide  flosculeuse,  et  par  les  autres  à  la  calathide 
radiée.  Ce  sont  là  les  principaux  motifs  qui  nous  ont  empêché 
de  conserver,  dans  notre  nouvelle  terminologie,  la  dénomi- 
nation de  calathide  flosculeuse,  qui  est  d'ailleurs  insignifiante 
dans  le  sens  distinctif  qu'on  lui  attribue  ,  puisqu'elle  exprime 
une  calathide  composée  de  petites  Jieurs ,  ce  qui  s'applique  à 
toutes  les  calathides  quelconques.  Si  le  mot  de  flosculeuse  est 
entendu  par  opposition  à  celui  de  semU flosculeuse,  i[  est  très 
impropre:  car  il  se  réfère  alors  à  la  distinction  des  fleurons 
et  d'es  demi-fleurons,  qui  est  inadmissible  pour  tout  botaniste 
jaloux  de  conformer  le  langage  de  la  science  à  la  nature  des 
choses.  Les  calathides  ne  sont  composées  ni  de  fleurons    ni  de 
demi-fleurons,  mais  de  petites  fleurs,  dont  la  corolle  LfTecte 
des  formes  diverses.  Le  nom  de  demi-fleurons  doit  surtout  être 
repoussé,  parce  qu'il  confond  deux  natures  de  fleurs  très-dif 
ferentes  :  en  effet,  si  ce  nom  est  tolérable  jusqu'à  un  certain 
point    quand  on  ne  l'applique  qu'aux  fleurs  extérieures  des 
calathides  radiées,   dont  la  corolle*  est  ligulée,  c'est-à-dire 
avortée  d'un  côté  et  luxuriante  du  côté  opposé,  il  est  tout- 
a-fait  intolérable  quand  on  l'applique  aux  fleurs  des  lactu- 
cees  ou  chicoracées,  dont  la  corolle  est  fendue,  mais  très 
complète  et  dans  un  état  naturel.  Le  nom  de  fleurons  con- 
fond aussi  tres-mal  à  propos  les  fleurs  à  corolle  régulière    et 
es  fleurs  a  corolle  tubuleuse,  demi-avortée,  qui  composant 
la  couronne  des  calathides  discoïdes,  et  qui  mériteroient  peut, 
être,  mieux  que  toute  autre,  le  nom  de  demi-fleurons.  Vov 
notre  article  Composées  ou  Svnanthérées.  (  H.  Cass.  ) 

fLOSFERRf.  {Min.)   Nous  avons   placé  cette  variété   de 
'  "  il 


,6,  ILO 

calcaiï;e  concrétîonné  parmi  celles  qui  appartiennent  à  la 
chaux  carbonatée  rhoniboiclale -,  mais  il  paroit,  d'après  fie 
nouvelles  observations,  que  les  minéralogistes  s'accordent  à 
la  considérer  comme  appartenant  à  la  chaux  carbonatée 
octaédrique  ou  arragonile.  On  a  constamment  désigné  cette 
variété  sous  son  nom  latin  dans  les  ouvrages  de  minéra- 
logie de  presque  toutes  les  langues.  Voyez  son  histoire  ,  à 
l'article  delà  C\iaux  carbonatée  rhornboïdale  ,  6/ variété,  Ca;.- 
CAiRE  coRALLOÏDE.  On  doit  la  désigner  maintenant  par  le  nom 
à'arragonile  coratloïde.  (  B.  ) 

FLOS  SOLIS.  (Bot.)  Ce  nom  a  été  appliqué,  par  plusieurs 
anciens  botanistes,  à  diverses  plantes,  telles  que  les  helian- 
thus  tuberosus  et  anguslijolius  ,  Vinuia  hetenium,  le  cistus  he- 
lianlhemum.  (  H.  Cass.  ) 

FLOT.  (Ph-ys.)  C'est  lamarée  montante.  Voyez  Marée.  (L.  C.) 
FLOT.   (Entorn.)   C'est  le  nom  donné  par  Geoffroy   à  une 
Boctuellequ'ila  figurée  tom.  II,  fig.  12  ,n.°IV,  et  décrite  n.°  86, 
yag.  i53.(C.D.) 

FLOTTANTES  [Plantes].  (Bot.)  Parmi  les -plantes  aqua- 
tiques, les  unes  nagent  à  la  surface  de  l'eau  sans  tenir  au  sol 
(pistia  slratiotes,  lemna,  salvinia,  etc.).  Lesautres  sont  fixées  au 
fond  de  l'eau,  et  flottent  au  gré  du  courant  [potainogelon  lu- 
sens,  etc.).  (Mass.) 

FLOTWI  [Ichtliyol.)  ,  nom  russe  de  la  rosse,  leuciscus  ruti- 
ius.Voy.ABLE,  dans  le  Supplément  du  premier  volume.  (H.C.) 
FLOUNDER  BULET  FLUKE  [IchlhyoL.)  ,  nom  anglois  du 
flételet.  Voyez  Flet.  (H.  C.) 

FLOUSSADO.  {Ickthyol.)  A  Nice,  suivant  M.  Risso  ,  on 
donne  ce  nom  à  la  raie  bâtis.  Voyez  Raie.  (H.  C.  ) 

FLOUVE  {Bot.)-.  Anthoxanthum ,  Linn.  Genre  de  plantes  de 
la  famille  des  graminées ,  Juss. ,  et  de  la  diandrie  digynie ,  Linn. , 
dont  les  caractères  principaux  sont  les  suivans  :  Calice  uni- 
ilore,  à  deux  glumes  inégales,  aiguës;  corolle  double  :  l'exté- 
rieure composée  de  deux  balles  velues,  égales,  dont  l'une  est 
aristée  sur  son  dos,  et  l'autre  à  sa  base-,  l'intérieure  formée  de 
deux  petites  balles  mutiques  ;  deux  étamines;  un  ovaire  supé- 
rieur, chargé  de  deux  styles  filil'ormes,  un  peu  velus,  astigmates 
simples  et  divergens  ;  une  graine  oblongue ,  acuminée  aux  deux 
bouts ,  enveloppée  par  la  balle  florale. 


FLU  iG5 

LesÛouves  sont  des  plantes  herbacées,  vivaces,  dontles  tiges 
sont  articulées,  garnies  de  feuilles  alternes,  linéaires,  et  les 
fleurs  disposées  en  panicule  contractée  en  épi.  Les  botanistes 
en  comptent  six  espèces  :  mais  parmi  celles-ci  nous  ne  décri- 
rons que  les  deux  qui  croissent  naturellement  en  Europe,  les 
quatre  autres  n'ayant  pas  encore  été  suffisamment  observées 
et  devant  peut-être  se  rapporter  à  des  genres <iifFérens. 

Flouve  ODORANTE  :  Anthoxatithuvi  odoratum  ,  Linn.,  Spec,  40  ; 
FI.  Dan.,  t.  666.  Ses  chaumes  sont  droits,  hauts  d'un  ou  deux 
pieds:  ils  naissent  ordinairement  plusieurs  ensemble,  disposés 
en  touffe,  et  sont  garnis  de  feuilles  légèrement  pubescentes. 
Ses  fleurs  sont  verdâtres,  réunies  cinq  à  six  ensemble  par 
petits  épillets  serrés  les  uns  contre  les  autres,  formant  dans 
leur  ensemble  un  épi  cylindrique.  Les  glumes  calicinalessoiit 
ordinairement  glabres ,  quelquefois  pubescentes.  Cette  espèce 
est  commune  dans  Its  prés  et  les  bois  ;  elle  fleurit  en  mai  et 
juin. 

Cette  plante,  surtout  quand  elle  est  sèche,  répand  une 
odeur  agréable,  qui  devient  plus  pénétrante  dans  les  prairies 
des  montagnes  élevées.  C'est  en  partie  elle  qui  donne  un  si 
doux  parfum  au  foin  des  Alpicoles;  mais  elle  fournit  peu  de 
fourrage ,  parce  qu'étant  précoce ,  elle  est  sèche  avant  la  matu- 
rité des  autres  plantes.  Les  bestiaux  en  sont  très-friands.  Quel- 
ques agronomes  ont  essayé  de  la  cultiver  seule:  elle  peut  de 
cette  manière  fournir  trois  coupes.  Elle  n'est  pas  difficile  sur 
la  nature  du  terrain. 

Flouve  amijre;  Anihoxanthum  amarum,  Brot.,  Phjt.  Lusit., 
yasc,  j.  Cette  espèce  ressemble  beaucoup  à  la  précédente j 
mais  elle  en  diffère  constamment  par  ses  tiges  et  ses  feuilles 
rudes;  par  son  épi  plus  alongé,  composé  d'épillets  plus  gros, 
■d'un  blanc  cendré;  par  ses  glumes  toujours  pubescentes,  et 
par  ses  balles  plus  fortement  velues.  Elle  croit  naturellement 
en  Portugal.  (L.  D.) 

FLOYERA.  {Bot.)  C'est  sous  ce  nom  générique  que  Necker 
veut  séparer  de  l'exacur/i  deux  espèces  d'Aublet,  exacum  guia- 
nense  et  tenuifolium ,  parce  que  le  tube  de  leur  corolle  est  évasé 
parle  haut  et  non  rétréci.  Ce  genre  n'a  pas  été  adopté.  (J.) 

FLUATE  DE  CHAUX  (Chim.) ,  ancien  nom  du  phtorure 
ie  calcium.  (Ch.) 


^64  FLU 

FLUATES.  (Chiin.)  Ancienne  dénomination  des  hydro- 
phtorates.  (Ch.) 

FLUDER.  iOrnilh.)  L'oiseau  que  Gesner  et  Aldrovande  disent 
être  ainsi  nommé  sur  le  lac  de  Constance,  est  le  grand  plongeon, 
oolymbus  immer,  Linn.  (Ch.  D.) 

FLUEVOGEL(Omf£/i,) ,  dénomination  allemande  de  la  fau- 
vette des  Alpes  ou  pégot,  uwlacilla  alpina  ,  Gnïel.  (Ch.D.) 

FLUGELBLATT  (Bot.) ,  nom  allemand  donné  par  Bridel  au 
genre  Pterj gophjllum,  de  la  famille  des  mousses,  qui  est  le 
cjathopliorum  deBeauvois,  et  17ioofceriade  Smith.  (Lem.) 

FLUGGEE,  Fluggea.  [Bol.)  Genre  de  plantes  dicotylédones, 
à  fleurs  dioïques,  de  la  dioécie  pentandrie  de  Linnœus,  qui  me 
paroit  tenir  le  milieu  entre  les  rhamnées  et  les  euphorbiacées , 
et  dont  !e  caractère  essentiel  consiste  dans  des  fleurs  dioïques. 
Les  mâles  offrent  un  calice  à  cinq  folioles;  point  de  corolle; 
cinq  étamines  avec  le  rudiment  d'un  ovaire  ;  dans  les  fleurs 
femelles,  un  style  bifide;  deux  stigmates  bifides,  recourbés  j 
une  baie  à  quatre  semences  pourvues  d'une  arille. 

Ce  genre,  borné  à  une  seule  espèce,  a  été  établi  par 
Wiildenow.  Avant  lui  M.  Richard  (Schrad.,  Nouv.  Journ.  , 
pag.  8,  tab.  2,fig.  a)  avoit  emplo^'é  le  nom  de  fluggea  pour 
la  convallaria  japonica ,  que  M.  Desfontaines  a  conservée  parmi 
les  convallaria  dans  la  réforme  qu'il  a  présentée  sur  ce  genre  : 
cette  espèce  est  un  ophiopogon,  dans  le  Bot.  Magaz. ,  tab.  io65  ; 
un  slaLeria,  Desv. ,  Journ.  Bot.,  i,  pag.  245.  Grâces  soient 
rendues  à  nos  réformateurs  de  noms  :  en  voilà  déjà  trois  pour 
un  genre  dont  l'existence  pourroit  bien  être  contestée  ! 

Fluggée  a  fruits  blancs  ;  Fluggea  leucopyrus  ,  Willd.  , 
Sjjec,  4,  pag.ySy.  Arbrisseau  des  Indes  orientales,  pourvu  de 
rameaux  cylindriques  ou  médiocrement  anguleux,  glabres, 
cendrés,  terminés  par  une  pointe  épineuse,  armés  d'un  grand 
nombre  d'autres  épines  très-fortes,  longues  de  trois  pouces, 
souvent  feuillées  :  ce  sont  déjeunes  rameaux  non  développés. 
Les  feuilles  sont  petites,  alternes  ,  pétiolées,  presque  orbi- 
culaires,  longues  de  quatre  lignes  ,  glabres,  entières,  échan- 
crées  au  sommet;  les  tleurs  petites,  axillaires  ,  pédonculées  ; 
le  caiice  divisé  en  cinq  folioles  ovales,  concaves,  obtuses, 
membraneuses,  un  peu  déchiquetées  à  leurs  bords;  point  de 
corolle 5  les  filamens  subulés,  une  fois  plus  longsquelc  calice; 


FLU  i65 

les  anthères  ovales,  sillonnées  ;  dans  les  fleurs  femelles,  un 
ovaire  ovale  ;  le  style  très-court,  bifide  -.  les  stigmates  à  deux 
découpures  réfléchies  en  dehors.  Le  fruit  est  une  baie  globu- 
leuse ,  d'un  blanc  de  neige  ,  à  quatre  semences  trigones  , 
recouvertes  d'une  arille.  On  distingue,  dans  les  fleurs  mâles  , 
le  rudiment  de  deux  corps  bifides  et  recourbés.  (  Pom.) 

FLUIDES.  (P/i/s.)  Ce  sont  des  corps  dont  toutes  les  parties, 
cédant  à  la  plus  petite  pression ,  peuvent  se  mouvoir  indépen- 
damment les  unes  des  autres ,  ce  qui  n'a  pas  lieu  pour  les  solides 
tant  que  leurs  molécules  ne  sont  pas  désunies.  Au  reste ,  la  divi- 
sion des  corps  en  solides  et  en/luides  n'est  pas  plus  tranchée  que 
toutes  celles  qu'on  a  tenté  de  faire  dans  les  productions  natu- 
relles. Entre  les  fluides  parfaits  et  les  solides,  se  trouvent  les 
liquides  visqueux,  les  poussières  et  les  corps  mous,  qui  par- 
tagent plus  ou  moins  les  propriétés  de  chacune  des  deux  espèces 
de  corps. 

Parmi  les  fluides,  Veau,  et  tous  ceux  qui  sont  perceptibles 
à  la  vue,  ont  été  les  premiers  remarqués.  On  les  a  regardés 
comme  incompressibles,  et,  par  conséquent,  non  élastiques, 
L'Académie  dei  Cimento  (c'est-à-dire,  de  l'expérience),  ayant 
renfermé  de  l'eau  dans  une  sphère  d'or,  métal  très-peu  élas- 
tique, soumit  ce  fluide  à  une  très-forte  pression,  et  le  vit 
suinter  à  travers  les  pores  du  métal ,  au  lieu  de  rentrer  sur  lui- 
même.  Malgré  cette  expérience,  on  ne  peut  concevoir  que 
l'eau  soit  absolument  dépourvue  de  compressibilité  et  d'élas- 
ticité, puisqu'elle  transmet  les  sons. 

Sa  grande  fluidité  est  prouvée  par  le  niveau  exact  qu'afi'ecte 
sa  surface  lorsqu'elle  est  en  repos.  Par  ce  mot  on  entend  la 
perpendicularité  de  la  surface  à  la  direction  de  la  pesanteur. 
Le  fait  est  constaté  par  une  immensité  d'épreuves  journalières, 
et  il  résulte  de  l'extrême  mobilité  des  molécules  fluides;  car 
elles  ne  peuvent  demeurer  en  équilibre  à  la  surface  ,  qu'autant 
que  celle-ci  est  perpendiculaire  à  l'action  de  la  force  qui  les 
sollicite,  parce  qu'alors  il  n'y  a  pas  de  raison  pour  qu'elles  se 
meuvent  dans  une  direction  plutôt  que  dans  toute  autre. 

Au  contraire,  la  surface  des  fluides  visqueux,  et  surtout 
celle  des  poussières,  peuvent  rester  en  repos  sur  une  obli- 
quité plus  ou  moins  grande.  îl  faut  observer  cependant,  par 
rapport  à  l'eau  et  aux  fluides  parfaits,  que  le  niveau  exact  de 


ïCfi  FLU 

leur  surface  n'a  lieu  que  lorsqu'elle  est  d'une  certaine  étendue, 
car  on  voit  sur  les  bords  une  courbure  qui  tient  à  l'attraction, 
et  dont  il  sera  parléà  l'article  Tubes  Capillaires. 

La  propriété  qui  caractérise  particulièrement  les  fluides,  et 
qui  est  la  base  de  leur  théorie  mathématique,  consiste  en  ce 
que  toute  pression,  exercée  dans  un  point  quelconque  d'une  masse 
Jluide  se  répand  également  dans  tous  les  sens.  En  voici  un  effet 
qui  expliquera  suffisamment  l'énoncé  ci-dessus.  Si,  à  la  paroi 
d'un  vase  rempli  d'eau,  par  exemple,  on  fait  deux  ouvertures 
égales  ensuperficie  et  placées  à  la  même  profondeur  au-dessous 
de  la  surface ,  afin  qu'elles  soient  chargées  de  la  même  quan- 
tité  de  fluide,  et  qu'on  les  bouche  par  des    pistons  ;    qu'on 
applique  ensuite  à  l'un  de  ces  pistons  telle  force  qu'on  voudra , 
il  faudra,  pour  empêcher  le  fluide  de  s'écouler  par  l'autre 
ouverture,  y  appliquer  la  même  pression  qu'à  la  première. 
Ici  les  forces  égales  se  détruisent  dans  toutes  les  directions, 
tandis    que    celles  qui  agissent  sur  les   solides    doivent  être 
directement  opposées,  et  n'exercent  aucun  efTet  dans  le  sens 
latéral.  Si  les  ouvertures  n'étoientpas  toutes  deux  à  la  même 
profondeur  au-dessous  de  la  surface,  celle  qui  en  seroitleplus 
éloignée  supporteroit,  outre  la  pression  appliquée  à  l'autre, 
l'effort  qui  résulferoit  du  poids  de  la  portion  correspondante 
du  fluide  compris  entre  leurs  niveaux  respectifs.  Mais,  en 
faisant  abstraction  de  la  pesanteur,  on  peut  dire  que,  quelle 
que  soit  la  situation  dts  deux  ouvertures,  dès  qu'ellesont  une 
égale  superficie,  il  y  faut  appliquer  une  égale  pression-,  etque, 
si  elles  n'ont  pas  la  même  étendue,  les  forces  nécessaires  pour 
maintenir  les  bouchons  qu'on  y  voudroit  mettre,  doivent  être 
dans  le  rapport  de  leurs  superficies. 

C'est  ainsi  qu'en  ajustant  au-dessus  du  fond  supérieur  d'un 
tonneau  un  tuyau  très-étroit,  et  le  remplissant  de  fluide,  on 
augmente  la  pression  qu'éprouve  l'autre  fond,  du  poids  d'un 
volume  de  fluide  ayant  pour  base  ce  fond  et  une  hauteur 
égale  à  celle  du  tuyau  ajouté.  Cet  accroissement  de  pression 
est  le  fondement  de  la  machine  nommée pre.«e  hjiîroslatiquc , 
imaginée  par  Pascal.  C'est  par  la  même  raison  que,  si  deux 
plans  de  même  étendue  servent  de  base  à  deux  vases  de  même 
hauteur,  ils  éprouveront  la  même  pression,  quoique  l'un  de 
ces  vases  s'élargisse  par  le  haut,  et  que  l'autre  se  resserre.  C'est 


FLU  167 

encore  par  le  même  principe  que  lorsqu'un  fluide  est  en 
équilibre  dans  xin  siphon  ou  tuyau  à  deux  branches,  la  cour- 
bure étant  tournée  paren-bas,  quelles  que  soient  la  forme  et  la 
capacité  de  ces  branches,  la  hauteur  verticale  du  fluide  au- 
dessus  du  point  le  plus  inférieur  est  la  même  dans  l'une  et 
l'autre  branche,  pourvu  toutefois  que  l'une  des  deux  ne  soit 
pas  un  tube  capillaire.  On  voit  ainsi  comment  les  eaux  qui 
coulent  dans  des  canaux  souterrains  tendent  a  remonter  à  une 
hauteur  égale  à  celle  d'où  elles  sont  parties;  et  telle  est  l'ex- 
plication des  sources  jaillissantes  et  des  puits,  dont  il  est  parlé 
à  l'article  Eau,  t.  xiv,  pag.  5o. 

Si  les  fluides  contenus  dans. les  branches  du  siphon  étoient 
de  natures  différentes,  et  nepouvoient  passe  mêler,  alors  leurs 
hauteurs  seroient  en  raison  inverse  de  leurs  densités,  afin 
que  le  poids  de  chacune  des  branches  fluides  fût  le  même  : 
c'est  ce  qui  arrive  dans  le  BAROMiVrnE  (voyez  ce  mot)  entre 
l'air  et  le  mercure. 

Nous  ferons  observer  à  ce  sujet  que  si  des  fluides  hétérogénej 
sont  en  équilibre  les  uns  au-dessus  des  autres,  les  surfaces  par 
lesquelles  ils  se  touchent  sont  perpeudiculaires  partout  à  la 
direction  de  la  pesanteur;  elles  sont  ce  qu'on  appelle  des 
couclies  de  niveau. 

Lorsque  le  siphon  est  placé  dans  une  situation  inverse  df 
la  précédente,  c'est-à-dire,  ayant  sa  courbure  tournée  par  en- 
liaut,  comme  quand  on  l'emploie  à  faire  passer  un  fluide  d'un 
vase  dans  un  autre,  le  fluide  s'écoule  par  la  branche  la  plus 
longue  ,  c'est-à-dire,  dont  l'ouverture  est  libre  et  placée  plus 
lias  que  la  surface  du  fluide  dans  lequel  l'autre  est  plongée. 
Vour  se  rendre  raison  de  ce  phénomène ,  il  sufîit  de  comparer 
les  pressions  qui  s'exercent  dans  chaque  branche  ,  lorsque  par 
la  succion,  ou  autrement,  on  en  a  retiré  l'air.  Le  fluide  intro- 
duit dans  la  branche  la  plus  courte,  se  comportant  comme  le 
mercure  dans  le  baromètre,  éprouve  au  sommet  du  siphon 
une  pression  égale  à  l'excès  du  poids  de  l'air  sur  celui  de  la 
colonne  môaie  de  fluide,  pression  qui  n'est  balancée  dans 
l'autre  colonne  que  par  l'excès  du  poids  de  l'air  sur  celui  du 
fluide  contenu  dans  celte  dernière  colonne.  Le  poids  de  l'air 
pouvant  être  regardé  comme  le  même  dans  chaque  colonne  , 
lorsque  la  différence  des  niveaux  est  très-pe(i(e,  il  est  visibie 


ib3  pjU 

que,  si  la  seconde  colonne  est  plus  longue  que  la  première,  la 
pression  y  sera  plus  foible  que  dans  celle-ci ,  et  que  par  consé- 
quent le  fluide  s'écoulera. 

Les  corps  plongés  dans  un  fluide  y  perdent  une  quantité  de 
poids  égale  à  celle  du  volume  de  fluide  qu'ils  déplacent,  puis- 
qu'ils éprouvent,  de  la  part  du  Quide  environnant,  toutes  les 
pressions  qu'il  exerçoit  sur  la  masse  dont  ils  occupent  le  lieu. 
C'est  là  ce  qui  fait  surnager  les  corps  plus  légers  qu'un  pareil 
volume  de  fluide,  et  diminue  le  poids  des  autres  lorsqu'ils 
sont  submergés. 

Lesfluides  en  mouvement  exercent  contre  lessurfaces rigides 
en  repos,  une  impulsion,  et  celles-ci,  lorsqu'elles  se  meuvent 
dans  les  autres,  éprouvent  une  résistance  dont  leslois  sont  encore 
bien  peu  connues.  On  a  trouvé,  par  expérience,  que  dans  les 
mouvemens  un  peu  rapides  ces  pressions  sont,  toutes  choses 
d'ailleurs  égales  ,  proportionnelles  au  carré  de  la  vitesse  rela- 
tive du  fluide  et  de  la  surface  choquée ,  et  seulement  à  la  simple 
vitesse  quand  les  mouvemens  sont  très-lents  :  ce  qui  veut  dire 
que  l'expression  rigoureuse  de  cette  loi  est  complexe,  et  que 
l'une  de  sesparties  prévaut  dans  les  mouvemens  lents ,  et  l'autre 
dans  les  mouvemens  rapides.  11  est  d'ailleurs  évident  que  cette 
pression  diminue  à  mesure  que  les  surfaces  qui  la  reçoivent  s'y 
présentent  plus  obliquement:  mais  c'est  un  phénomène  très- 
compliqué,  qui  n'a  pas  encore  été  analysé  d'une  manière  assez 
détaillée,  pour  parvenir  jusqu'aux  effets  élémentaires  dont  se 
compose  l'effet  total,  lequel,  par  conséquent,  n'a  pu  être 
soumis  au  calcul.  (Voyez  le  Bulletin  des  Sciences,  par  la  So- 
ciété philomathique,  tom.  III,  pag.  161.) 

On  n'est  pas  plus  avancé  par  rapport  à  la  théorie  des  mou- 
vemens des  fluides.  L'un  des  cas  les  plus  simples,  l'écoule- 
ment d'un  fluide  par  un  orifice  percé  dans  la  paroi  d'un  vase, 
n'a  été  traité  jusqu'ici  qu'à  l'aide  d'une  hypothèse  qui  rend 
les  résultats  du  calcul  très-inexacts,  en  sorte  qu'il  faut  tou- 
jours recourir  à  l'expérience.  On  sent  bien  d'ailleurs  que 
lorsqu'un  fluide  s'écoule  par  un  orifice  inférieur,  il  faut  avoir 
égard  à  la  charge,  c'est-à-dire,  à  la  hauteur  de  ce  fluide  au- 
dessus  de  l'orifice,  et  dont  la  pression  contribue  à  chasser  celfji 
qui  sort  du  vase.  Quand  les  fluides  sont  contenus  dans  des 
4uyauxtrès-étroits,Ieur  écoulement  offre  des  phénomènes donl 


FLU  160 

il  sera  question  à  l'article  des  tubes  capillaires.  Une  des  cir- 
constances les  plus  singulières  que  présente  l'écoulement  des 
fluides,  est  la  contraction  que  la  teirae  ouïe  jet  fluide  éprouve 
en  sortant  d'un  vase  par  un  orifice  percé  dans  la  paroi  de  ce 
vase ,  lorsqu'elle  est  assez  mince.  Au  lieu  de  remplir  la  capacité 
de  l'orifice,  ce  jet  éprouve  un  étranglement  considérable,  et 
paroît  se  tordre  sur  lui-même  à  plusieurs  reprises,  effet  qui 
est  dû  à  la  convergence  des  directions  par  lesquelles  les  molé- 
cules du  fluide  contenu  dans  le  vase  tendent  vers  l'orifice ,  et 
semblent  ensuite  s'entrelacer  comme  les  brins  dont  se  compose 
une  corde.  Il  est  visible  que  cette  contraction  diminue  beau- 
coup l'écoulement  des  fluides  ;  mais  on  n'a  encore  pu  en 
apprécier  l'effet  que  par  l'expérience. 

Les  fluides  élastiques,  et  par  conséquent  compressibles, 
ont,  outre  les  propriétés  que  nous  venons  d'indiquer  sommai- 
rement, celle  de  tendre  sans  cesse  à  occuper  un  plus  grand 
espace,  en  vertu  de  la  force  intérieure  qui  constitue  leur 
élasticité.  Il  suit  de  là  que ,  renfermés  dans  des  vases,  et  abs- 
traction faite  de  la  pesanteur,  ils  exercent  contre  les  parois  de 
ces  vases  une  pression  qui  n'auroit  pas  lieu  de  la  part  de  fluides 
non  élastiques.  Cette  pression  dépend  de  la  nature  propre  du 
fluide,  de  sa  densité  et  de  sa  température.  On  voit  aussi  qu'un 
fluide  élastique  pesant  doit  se  comprimer  lui-même,  c'est-à- 
dire  que  les  couches  inférieures,  chargées  du  poids  des  couches 
supérieures,  doivent  être  plus  denses  que  celles-ci.  On  a  rap- 
porté à  l'article  Air  les  diverses  expériences  par  lesquelles  Ic- 
îasticité  de  ce  fluide  a  été  reconnue-,  nous  ajouteronsseulement 
ici  qu'entre  des  limites  assez  resserrées ,  l'expérience  a  montré 
que  les  volumes  occupés  par  la  même  masse  d'air  étoienf  en 
raison  inverse  des  poids  comprimans.  Il  suit  delà  que,  lors- 
qu'on renferme  de  l'air  ou  un  gaz  quelconque  dans  un  vase, 
quand  le  baromètre  est  élevé,  le  poids  de  cet  air,  ou  sa 
masse  ,  est  plus  considérable  que  celle  de  l'air  qu'on  y  auroit 
fait  entrer  si  le  baromètre  eût  été  plus  bas ,  et  par  conséquent 
la  pression  intérieure  moindre  ,  la  température  étant  d'ail- 
leurs la  même. 

C'est  en  opérant  la  dilatation  de  l'air  au  moyen  du  vide 
formé  dans  le  corps  de  pompe  de  la  machine  pneumatique, 
qu'on  parvient  à  porter  à  un  très-haut  degré  la  raréfaction  de 


»79  FLU 

l'air  dans  le  récipient  ;  mais  il  est  aisé  de  voir  qu'on  ne  sauroî  i 
de  cette  manière  arriver  à  l'épuisement  total  de  l'air,  quand 
même  la  machine  seroit  parfaite. 

MM.  Dalton  et  Gay-Lussac  ont  procédé,  par  des  expériences 
très-exactes ,  à  la  recherche  des  lois  de  la  dilatation  des  fluides 
élastiques  par  la  chaleur.   (  Voyez  l'article  Gaz.  ) 

Les  changemens  de  densité  que  peuvent  éprouver  les 
fluides  élastiques,  suffisent  pour  les  mettre  en  mouvement; 
car  leurs  molécules  se  portent  toujours  de  l'endroit  où  elles 
sont  le  plus  comprimées ,  vers  ceux  où  la  pression  est 
moindre.  C'est  ainsi  que  l'air  froid,  étant  plus  dense,  s'intro- 
duit dans  les  lieux  chauds ,  où  il  est  raréfié ,  et  que  l'air  chaud 
gagne  le  haut  des  appartemens  ,  parce  qu'il  est,  à  volume 
égal,  plus  léger  que  l'air  froid  :  de  là  naissent  les  divers 
courans  qu'on  observe  dans  une  chambre,  et  qui  ont  leurs 
analogues  dans  notre  atmosphère. 

Je  n'ai  voulu  que  rappeler  ici  les  propriétés  physiques  des 
fluides  citée»  le  plus  souvent  dans  les  articles  de  ce  Diction- 
naire, établies  pour  la  première  fois  dans;le  Traité  de  l'Equi- 
libie  des  liqueurs,  par  Pascal,  et  formant  aujourd'hui  la  base 
de  ïhj'drostatique,  ou  science  de  l'équilibre  des  fluides,  et  de 
Vhydrodynarnique  ,  ou  science  de  leur  mouvement.  Ce  n'est 
que  beaucoup  plus  tard  qu'on  s'est  formé  des  notions  exactes 
sur  la  cause  même  de  la  fluidité  ;  elle  est  indiquée  à  l'article 
Corps  (t. x, p.  619, art.  5). 

Il  faut  bien  observer  que  tout  ce  qui*  précède  ne  se  rap- 
porte qu'aux  fluides  coercibles  et  pondérables  :  quant  au  ca 
lorique,  aux  ûuides  électrique  et  magnétique,  il  faut  chercher  à 
leurs  articles  respectifs  ce  que  les  expériences  ont  appris  sur 
les  lois  de  leur  mouvement  et  de  leur  équilibre;  car,  s'ils 
existent,  ils  paroissent  dififérer  trop  des  autres  fluides,  pour 
ne  pas  avoir  leur  théorie  à  part.  Au  reste,  il  faut  remarquer 
que  toutes  les  fois  qu'on  sort  de  la  classe  des  corps  palpables, 
un  acquiert  une  grande  liberté  pour  expliquer  les  phéno- 
mènes :  aussi  a-t-on  souvent  supposé  des  fluides  doués  des  plus 
merveilleuses  propriétés,  sans  que  leur  existence  fût  constatée 
autrement  que  par  la  commodité  qu'on  y  trouvoit  pour  ne  pas 
rester  court  dans  l'exposition  des  faits  les  plus  extraordinaires. 
(L.  C.) 


FLU  17» 

FLUIDES.  (Chim.)  C'est  un  nom  collectif  qui  comprend  les 
liquides  et  les  gaz  :  il  a  été  souvent  employé  comme  synonyme 
de  liquides.  (Ch.  ) 

FLUIDES  AÉRIFORMES  ou  ÉLASTIQUES  (  Chim.)  ,  nom 
générique  qui  comprend  les  gaz  et  les  vapeurs.  (Ch.) 

FLUIDITÉ.  {Chim.)  C'est  l'état  d'agrégation  dans  lequel  se 
trouvent  les  corps  liquides.  (  Ch.  ) 

FLULUTOIRE.  (Omifh.)  Voy.  Fluteur.  (Ch.  D.) 
FLUNDRA  {Ichthyol.)  ,  un  des  noms  suédois  du  fiez,  pleu- 
ronectesjlesus.  Voyez  Pi.ie.  (H.  C.  ) 

FLUOR.  (C/um.)  Autrefois  ce  nom  a  été  employé,  i."  comme 
adjectif,  pour  désigner  l'état  liquide  de  certains  corps;  par 
exemple,  on  a  appelé  alcali  volatil  fluor  l'alcali  volatil  dissous 
dans  l'eau;  acides  Jluors  ,  les  acides  qui  sont  ordinairement 
liquides. 

2.°  Comme  substantif,  pour  désigner  plusieurs  substances 
minérales,  incombustibles,  fusibles,  particulièrement  le  phto- 
rure  de  calcium. 

Dans  ces  derniers  temps,  quelques  personnes  ont  donné  le 
nom  de  fluor  au  corps  simple  qui  produit,  avec  l'hydrogène, 
l'acide  fluorique, ou  plutôt  hydrophtorique;  mais,  pour  éviter 
toute  erreur  dans  la  nomenclature,  nous  avons  préféré,  au 
nom  de  fluor,  celui  de  phtore ,  qui  n'a  pas  l'inconvénient 
d'avoir  été  appliqué  à  une  autre  substance  qu'à  celle  qu'il 
désigne.  (Ch. 

FLUOR  FARNIEUX  (Min.),  Fluor farniosus ,  Bibl.  Bank. 
On  a  réuni  sous  cette  dénomination  générale,  et  par  oppo- 
sition avec  la'jluor  sputhosus,  chaux  flualée  ,  les  variétés  ter- 
reuses de  la  Chaux  phosphatée.  Voy.  ce  mot,  t.  viii,  p.  32  2.  (B.) 
FLUORIQUE  [Acide.]  {Chim.)  C'est  l'acide  hydrophtorique. 
(Ch.) 

FLUSHER.  {Ornith.)  Les  habitans  de  la  province  d'Yorck, 
en  Angleterre,  nomment  ainsi  Fécorcheur,  lanius  collurio , 
Linn.  (Ch.  D.) 

FLUSTRE,  Flustra.  {Pofyp.)  Genre  de  polypes  et  de  polypiers 
établi  depuis  fort  long-temps  par  Pall.ns,  sous  le  nom  d'eschara  , 
adopté  sous  cette  dénomination  par  Bruguières ,  quoique  Lin- 
naeus  ,  on  ne  sait  trop  pourquoi,  l'ait  changée  en  celle  de 
flustre  ,  que  MM.  de  Lamarck,  Bosc.  I,amouroiix  ont  successî- 


FLU 

vemcnt  admise.  Les  caractères  de  ce  genre  peuvent  être  ainsi 
définis:  Polypes  pourvus  autour  de  la  bouche  de  douze  tenta- 
cules simples,  et  dont  le  corps,  fort  court,  est  contenu  dans 
des  cellules  peu  profondes,  à  ouverture  subterminale,  souvent 
dentée,  se  réunissant  les  unes  contre  les  autres  dans  un  ordre 
symétrique,  S'irun  ou  deux  plans  adossés,  et  dont  la  réunion 
forme  un  po'ypier  corné,  ou  presque  membraneux,  fixé  eu 
forme  de  croûte  ou  de  lobes  frondescens  à  la  surface  des  corps 
sous-marins. 

C'est  à  Spallanzani  que  nous  devons  les  observations  les  plus 
exactes  sur  ces  animaux ,  quoique  la  découverte  en  soit  réelle- 
ment due  à  Peyssonell,  Jussieu,  Lœffling,  Ellis.  On  trouve,  en 
effet,  dans  son  Voyage  dans  les  Deux-Siciles,  pag.  i83,  tom.  4 
de  la  traduction  françoise,  quelques  faits  fort  curieux,  non  pas 
seulement  sur  leur  forme,  mais  encore  sur  la  manière  dont  ils 
croissent  ;  ce  qui  tendroit  à  faire  croire  que  ce  qu'on  nomme  le 
polype  ou  la  cellule  fait  réellement  partie  de  l'animal.  Celui-ci 
ne  peukt  mieux  être  comparé,  pour  la  forme  générale,  qu'à 
«ne  sorte  de  petit  calice  porté  sur  un  assez  long  pédicule  beau- 
coup plus  étroit,  adhérent  par  son  extrémité  au  fond  de  la 
loge  qui  renferme  l'animal.  L'espèce  de  calice  qui  forme  ce 
corps  a  son  bord  entouré  de  douze  tentacules  bien  symétrique- 
ment disposés  et  simples,  c'est-à-dire,  non  pinnés.  C'est  au 
milieu  que  se  trouve  l'orifice  buccal.  Il  paroît  que  le  canal  in- 
testinal se  prolonge  dans  le  pédicule  ^  car  Spallanzani  parle 
d'une  sorte  de  vaisseau  qui  le  traverse,  et  dans  lequel  on  voit 
ïin  mouvement  continuel,  et  alternativement  montant  et  des- 
cendant, d'un  fluide  qui  le  remplit.  L'animal  peutsortir  presque 
tout  entier  de  sa  cellule,  lorsqu'il  se  trouve  dans  des  circons- 
tances favorables,  surtout  pour  saisir  les  corps  qui  doivent 
lui  servir  de  nourriture.  Quoiqu'il  y  ait  adhérence  organique 
de  l'extrémité  postérieure  du  polype  avec  la  loge  qui  le  con- 
tient, il  ne  paroît  cependant  pas  qu'il  y  ait  réellement  com- 
munauté de  vie  entre  les  individus  du  polypier,  comme  cela 
a  lieu  dans  les  véritables  zoophytes  ;  aussi ,  ce  qu'on  nomme  le 
polypier  dans  les  flustres  ne  semble-t-il  n'être  qu'un  plus  ou 
moins  grand  nombre  de  cellules  calcareo  -  membraneuses  , 
appliquées  ou  collées  les  unes  contre  les  autres,  et  disposées 
suivant  un  ordre  qui  paroît  ccnsiaîtt.  Quelquefois  les  petites 


FLU  ,75 

loges  ne  forment  qu'une  seule  couche  qui  s'applique  en  forme 
de  croûte  sur  les  corps  sous-marins;  d'autres  lois  il  se  forme, 
pour  ainsi  dire,  une  sorte  de  pli  ou  de  pincement  à  la  surface 
de  cette  couche,  et  il  en  résulte  une  expansion  plus  ou  moins 
élevée,  quelquefois  lobée,  branchue  ou  divisée,  mais  toujours 
aplatie,  qui  est  formée  de  deux  couches  de  cellules  appli- 
quées dos  à  dos.  Ce  que  les  cellules  des  flustres  offrent  de 
remarquable,  c'est  que  leur  orifice  n'est  pas  au  milieu,  mais 
le  plus  souvent  près  d'une  extrémité  ,  qu'elle  est  comme 
oblique,  et  quelquefois  comme  bilabiée.  Il  paroît  égalcmeut 
certain  que  quelques  espèces  offrent  deux  ouvertures;  ce  qui 
pourroit  faire  croire  que  le  canal  intestinal  de  l'animal  en  a 
autant,  et  que,  par  conséquent,  il  doit  être  placé  plus  haut  que 
les  véritables  polypes,  et  peut  être  rapproché  des  animaux 
qu'on  a  nommés  alcyons  à  double  ouverture,  c'est-à-dire  des 
ascidies,  ce  qui  est  encore  au  moins  fort  hasardé.  Nous  devons 
encore  à  Spallanzani  l'observation  de  la  multiplication  de  Cis 
petits  animaux  :  elle  est  tellement  prompte,  qu'on  peut  voir 
en  assez  peu  de  temps  une  suite  nombreuse  de  générations. 
C'est  seulement  sur  les  bords  ou  à  la  circonférence  du  poly- 
pier que  se  fait  l'accroissement.  On  voit,  dit  Spallanzani, 
comme  pousser  de  ce  bord  de  petites  vésicules  d'abord  entière- 
ment closes,  et  rejetées  très-probablement  par  l'animal  voisin; 
elles  s'accroissent  peu  à  peu,  se  gonflent,  prennent  l'aspect 
d'une  cellule-,  et  enfin  on  voit  se  former  un  orifice  d'où  sort  le 
polype  qui  existoit  préalablement  dans  la  cellule,  et  dont  on 
pouvoit  voir  aisément  les  mouvemensà  travers  sa  paroi  presque 
transparente.  Au  bout  depeu  de  temps ,  c'est-à-dire  de  quelques 
heures  seulement,  les  polypes  développés  produisent  de  nou- 
veaux œufs,  et  ainsi  successivement,  en  sorte  que  lesgénératioiis 
semblent  se  hâter  de  se  succéder  sous  les  yeux  même  de  l'obser- 
vateur. D'après  cela,  il  paroît  que  dans  un  polypier  de  llustre 
il  n'y  a  d'individus  vivans  que  ceux  qui  approchent  des  bords, 
et  que  les  autres  ne  sont  que  réduits  à  la  cellule  sans  véritable 
habitant.  11  semble  réellement  que  ces  petits  animaux  ne  sont 
que  des  œufs  qui  conservent  toute  leur  vie  leur  enveloppe,  soit 
fermée,  soit  ouverte. 

On  trouve  des  flustres  dans  toutes  les  mers  et  à  toutes  les 
profondeurs,  encroûtant  les  corps  sous-marins  de  toute  nature, 


'74  FLU 

mais  surtout  les  thalassiophyles,  ou  s'éievantà  une  hauteur  qui 
excède  rarement  dix  centimètres.  Il  paroît  qu'il  en  existoit 
aussi  dans  les  mers  qui  ont  anciennement  couvert  nos  conti- 
nens ,  puisqu'on  en  trouve  plusieurs  à  l'état  fossile  dans  les 
terrains  antérieurs  à  la  craie,  et  dans  celle-ci  môme. 

On  ne  connoit  aucun  usage  aux  flustres.  Olafsen  etPolvesen 
disent  bien,  dans  leur  Voyage  en  Islande,  que  les  habitans  de 
cette  île  se  servent  d'une  espèce  d'eschare,pourc/if^uer,  en  place 
de  tabac  ;  mais  il  est  fort  douteux  que  ce  soit  une  véritable 
«schare. 

Les  espèces  de  flustres  sont  au  nombre  detrente-cinqsuivant 
M.  Lamouroux-,  M.  de  Lamarck  n'en  compte  que  onze,  regar- 
dant, à  ce  qu'il  paroît,  comme  douteuses  celles  que  M.  Desma- 
rets  et  Lesueur  ont  décrites  à  l'état  fossile. 

A.  Espèces  relevées  et  foliacées  à  deux  couches  de  cellules. 

1 .  La  Fr.usTRE  foliacée  :  Fluslra  foliacea ,  Linn.  ;  EUis ,  Corail. , 
t.  2  9,fig.  a,  A,  B,  c,  F.  Espèce  grande  ,  frondescente  :  les  expan- 
sions divisées  à  l'extrémité  en  lobes  cunéiformes,  arrondis  au 
sommet;  bords  des  cellules  pourvus  de  quatre  ou  cinq  épines 
courtes. 

Cette  espèce,  qui  se  trouve  très-communément  dans  toutes 
les  mers  d'Europe,  est  celle  dont  on  a  le  mieux  observé  les 
animaux. 

2 .  La  Flustretronquée  :  Fluslratruncata,  Linn.  ;  Ellis ,  Corail., 
t.  28,  fig.  a,  A,  B.  Plus  petite  et  à  divisions  des  expansions  plus 
étroites  et  plus  tronquées  que  la  précédente,  dont  elle  est  du 
reste  fort  rapprochée.  Elle  vient  des  mêmes  mers.  Ses  cellules 
sont  très-longues. 

3.  La  Flustre  pyriforme  :  Flustra  pyriformis,  Lmx. ,  Polyp. 
flex.jpl.  1,  fig. h, a,  B. Foliacée:  dichotome;  àsommets  tronqués; 
cellules pyri formes,  très-aiguës  inférieurement.  Mers  dcTAus- 
tralasie,  d'où  elle  a  été  rapportée  par  MM.  Peron  et  Lesueur. 

4.  La  Flustre  céranoïde:  Flustra  ceranoides,  Lmx.  Florides- 
cente  ;  dichotome;  à  sommets  bifides  et  obtus  à  l'extrémité  : 
cellules  alongées,  à  orifice  presque  linéaire,  à  rebord  con- 
tourné. 

5.  La  Flûstre  cartonkière  :  Fluslra  chartacea ,  Ellis  etSoland. , 
pi.  B,  II;  h.;  Flustra papjracea.  Gmel. Foliacée j  les  digitations 


FLU  173 

tronquées  au  sommet  en  forme  de  hache-,   cellules  courtes. 
Côtes  de  France  et  d'Angleterre. 

B.  Espèces  relevées  et  foliacées  à  une  seule  couche  de  cellules. 

6.  La  Flustre  bombycine  ;  Flustra  bombycina,  Guiel.,  d'après 
Ellis  et  Soland.  Frondescente;  les  expansions  obtuses,  dichu- 
tomes,  Irichotomes,  serrées,  formant  une  sorte  de  touffe,  et 
composées  d'une  seule  couche  de  cellules  qui  sont  mutiques 
et  à  orifice  étroit  en  croissant.  Des  mers  d'Europe  et  de  celle» 
des  Indes  orientales  et  occidentales. 

7.  La  Flustre  carbasséb  :  Flustra  carbasea,  Gmel.;  Ellis  et 
Soland.,  p.  14,  t.  6  ,  fig.  6-7.Très-rapprochée  de  la  précédente 
dont  elle  ne  diffère  guère  que  parce  que  les  cellules  sont 
oblongues-ovales,  les  orifices  très-petits,  non  en  croissant. 
Mers  du  Nord,  M.  de  Laioarck  donne  à  cette  espèce  le  nom 
françois  d«  Fldstre  voile. 

8.  La  Flustre  A  lobes  étroits  -.Flustra angustilola ,  Lmk.;  Ellis, 
Corail.,  tab.  38,  fig.  7.  Petite  espèce  très-délicate,  dichotome, 
à  découpures  très-étroites  et  linéaires ,  ne  portant  que  d'un  seul 
côté  des  cellules  granifères.  Des  mers  d'Europe. 

g.  La  Flustre  pierreuse  :  Flustra  folia  petrea,  Lmx.  Foliacée, 
flabelliforme,  prolifère,  à  sommets  arrondis;  cellules  alternes, 
couvertes  de  papilles  situées  sur  deux  lignes,  et  opposées.  5ur 
les  thalassiophytes  de  l'Australasie. 

10.  La  Flustre  frondiculeuse  :  Flustra  frondiculosa,  Gmel.; 
Séba,  Thés.,  111,  tab.  9C,  fig.  6.  Arborescente,  à  divisions 
obtuses,  trichotomes,  ramassées;  cellules  les  unes  au-dessus  des 
autres,  et  d'un  seul  côté.  Océan  indien. 

C.  Espèces  arborescentes  et  spongieuses. 

11.  La  Flustre  HISPIDE:  Flustra  hispida,  Pall.  Arborescente, 
spongieuse;  à  divisions  rameuses,  hérissées  et  entourées  de 
poils. 

Cette  espèce,  de  la  Méditerranée  ,  paroît  être  fort  rare,  et 
n'être  connue  que  par  ce  qu'en  dit  Pallas. 

12.  La  Flustre  spongiforme  :  Flustra  spongiformis ,  Lmck. ; 
Flustra  frondosa?  Esp. ,  Suppl. ,  2,  tab.  8.  Espèce  rameuse, 
spongieuse ,  à  lobes  aplatis ,  cunéiformes ,  obtus;  cellules  oblon- 
gues,  couvertes  d'une  croûte  poreuse,  percées  au  sommet. 


^76  FLU 

Cette  espèce,  fort  singulière ,  de  quatre  à  cinq  centimètres 
de  haut,  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  de  Lamarck,  et  il 
eu  ignore  la  patrie.  Diffère-t-elle  beaucoup  de  la  précédente  ? 
D.  Espèces  suhfrondescentes. 

i3.  La  Flustre  a^elue:  Frustra  pilosa,  Gmel.;  EUis,  Corail., 
p.  88,  tab.  3i  ,  fig.  a,  A,  b.  Espèce  souvent  encroûtante,  et 
quelquefois  un  peu  subfrondescente,  et  subdivisée  d'une  ma- 
nière variable;  l'ouverture  des  cellules  dentée,  et  pourvue  à 
son  bord  inférieur  d'une  ou  plusieurs  dents  sétacées,  ce  qui 
rend  cette  espèce  très-velue  et  comme  tomenteuse. 

Très-commune  dans  les  mers  d'Europe,  où  elle  recouvre  ordi- 
nairement les  thalassiophyles,  mais  sans  y  adhérer  réellement. 

Moll  en  décrit  trois  variétés  d'après  le  nombre  des  dents  de 
l'ouverture. 

14.  La  Flustre  verticillée  :  Flustra  verticillata ,  Soland.  et  Ellis, 
p.  1 5 ,  t.  4 ,  fig.  a.  Adhérente ,  souvent  frondescente  ;  les  frondes 
linéaires  subcomprimées;  cellules  tLirbinées,  ciliées,  dentées 
à  leur  bord ,  et  disposées  par  anneaux.  Commune  dansles  mers 
d'Europe,  et  voisine  de  la  jQustre  velue. 

i5.  La  FiusTRE  PAPYRACÉB  :  Flustru  papjTacea,  Gmel.;  Moll, 
Esch.,  fig.  VIII,  A,  B,  C.  Espèce  crustacée  frondescente,  à  divi- 
sions cunéiformes  multifides,  composée  d'une  seule  couche  de 
cellules  rhomboïdes  oblongues ,  en  forme  de  masque  au  sommet. 
Méditerranée. 

16.  La  Flustre  dentée:  Flustra  dentala,  Gmel.;  Ellis,  Corail. , 
p.  8g  ,  tab.  29  ,  fig.  C,  D,  D,  1.  Encroûtante,  quelquefois  sub- 
foliacée, lapidescente;  à  cellules  presque  ovales,  luisantes  et 
multidentées  sur  leur  boi-d  qui  est  ovale  et  rarement  pilifère. 

Mers  d'Europe;  enveloppant  la  tige  des  fucus. 
E.  Espèces  encroûtantes  et  ern'eloppantes, 

17.  La  Flustre  TOMENTEUSE;  FZus/ra  fomefxiosa,  Gmel.;  Mull., 
Zool.  Dan.,  p.  24,  tab.  96,  fig.  1-2. Tomenteuse  ,  molle,  velue, 
à  cellules  à  peine  visibles,  formant  des  croûtes  plus  ou  moins 
étendues  à  la  surface  des  thalassiophytes  et  dessertulariées.  Des 
mers  d'Europe. 

18.  La  Flustre  linéaire:  Flustra  lineata,  Gmel.;  Esper. , 
Zooph.,  tab.  6,  fig.  1-2.  Encroûtante  :  cellules  situées  sur  des 
lignes  transversales  et  obliques.  Mers  d'Europe. 


FLU  177 

53.  La  Flustre  membraneuse  :  Flustra  memlranacea,  Lînn.- 
MuU,,  Zool.  Dan.^  p.  63,  tab.  117,  fig.  1-2.  Encroûtante,  et 
formant  comme  une  toile  mince,  composée  d'un  réseau  fin  à 
mailles  ou  cellules  oblongucs,  quadrangulaires,  à  ouverture 
presque  nue;  à  la  surface  des  fucus.  Mers  d'Europe. 

Il  est  extrêmement  probable  qu'il  faut  rapporter  à  cette 
espèce  la  flustre  toile-de-mer,  Jlustra  telacea  de  M.  de  La- 
marck. 

20.  La  Flustre  perlée  :  Flustra  haccata,  Lmx.  Encroûtante;  à 
cellules  alongées,  gibbeuses,  dont  l'ouverture  est  très-petite. 

Elle  recouvre  qiielquefois  la  surface  inférieure  tout  entière 
des  padinas.  De  l'Australasie  et  des  Antilles. 

21.  La  Flustre  concentrique:  Flustra  concenfrica ,  Lmx. 
Encroûtante  et  formée.de  cellules  disposées  en  lignes  coiirbcs, 
concentriques  ,  dont  l'ouverture  est  petite  ,  irrégulière  , 
arrondie. 

Fucus  de  l'Australasie. 

2j.  La  Flustre  TUBULEUSE  :  F/ws/ra  tuhulosa,  Bose,  p.  118, 
fab.  3o,  fig.  2.  Encroûtante;  cellules  simples,  ovales-oblonguçs 
cisaillantes;  ouverture  marginée  et  presque  pentagone. 

Sur  le  fucus  natans. 

20.  La  Flustre  dents  épaisses:  Flustra  crassidentala,  Lrack.  Es- 
pèce crustacée,  lapidescente,  glabre;  les  cellules  ovales  ,  dont 
le  bord  épais  est  muni  de  deux  ou  quatre  dents  courtes , 
épaisses  et  obtuses. 

Mer  de  la  Guiane,  sur  des  fucus. 

24.  La  Flustre  carrée  :  Flustra  cjuadrata,  Desm.  et  Lesueur. 
Encroûtante;  cellules  formant  un  carré  long,  régulier,  abords 
unis. 

Sur  le  fucus  pyriferus,  Linn.  MM.  Desmarets  et  Lesueur  ont 
trouvé  cette  espèce  fossile  dans  les  environs  de  Paris, 

2  5.  La  Flustre  triacanthe:  Flustra  triacantha ,  Lmx.  Encroû- 
tante; cellules  rondes-ovales,  avec  deux  épines  latérales  dans 
la  partie  supérieure,  et  une  à  l'inférieure. 

ïhalassiophyt(s  de  l'Australasie. 

26.  La  Flustre  a  plusieurs  dents  :  Flustra  multidenta,  Lmx. 
Encroûtante;  cellules  larges,  presque  rondes;  ouverture  garnie 
de  plusieurs  dents  longues  et  inégales. 

Des  mPmes  mers, 

i-j.  12 


,73  FLU 

27.  La  FLi;iTR£  ériophore  :  Flustra  eriophora,  Lmx.,  pi.  1  . 
fi"'.  5,  a,  B.  Encroûtante;  cellules  très-petites,  alternes,  arron- 
dies au  sommet ,  et  couvertes  rie  poils  inégaux  et  nombreux. 

Des  mêmes  mers. 

28.  La  Flustre  mamiu-aire:  Flustra  mamillaris ,  Lmx.,  pi.  1  , 
fiff.  6,a,  B.  Cellules  presque  planes,  avec  deux  mamelons  obtus 
aux  côtés  de  l'ouverture  ;  de  couleur  brune. 

Sur  ]ezosteraaustralis  de  l'Australasie. 

2<).  La  Flustre  hérissée:  Flustra  hirta,  Fab.  ;  Flustra hispida  , 
Gmel.  Encroûtante,  coriace,  plane;  cellules  écartées,  resser- 
rées et  ciliées. 

Mers  du  Groenland. 

5o.  La  Flustre  a  une  seule  dent  :  Flustra  unidentafa,  Lmx.  En- 
croûtante; cellules  cylindriques,  longues,  larges,  disposées  par 
séries  transversales  ou  longitudinales;  ouverture  aussi  grande 
que  la  cellule,  avec  une  large  dent  sur  un  côté  de  la  buse. 

De  l'Australasie. 

3i.La  Flustre  d'Italie:  Flustra  italica,  Lmx.;  Spallanz., 
Voyag. ,  t.  4,  p.  i85,  tig.  9.  Encroûtante,  membraneuse-,  cel- 
lules ovales,  presque  comprimées  ;ouverture  très-petite,  située 
au  semmet. 

Détroit  de  Messine. 

02.  LaFLUSïRE  ARBNACÉE:F/i/5fra  arenacea,  Gmel. ;E11., Cor., 
p.  89,  tab.  25,  fig.  e.  Crustacée,  friable,  jaunâtre;  cellules 
simples,  presque  en  échiquier. 

Cette  singulière  espèce ,  que  l'on  trouve  dans  toutes  les  mers 
d'Europe,  et  qui  consiste  en  un  certain  nombre  de  cellules 
assez  mal  formées,  a  la  surface  d'une  couche  de  sable,  est-elle 
bien  réellement  une  espèce  de  flustre  P  C'est  ce  qui  est  fort 
douteux;  aussi  M.  Boys,  Trans.  Linn.,  tom.  5,  p.  200,  tab.  10, 
pense-t-il  que  ce  n'est  autre  chose  que  les  nids  de  quelque 
animal  marin,  ou  des  ovaires. 

53.  La  Flustre  déprimée:  F/u5tra  deprewa,  MoU,  Esch.,  p.  C9  , 
fig.  8 1 ,  A,  B.  Crustacée ,  lapidescente ,  à  cellules  ovales ,  alternes, 
horizontales,  finement  ponctuées,  planes,  divisées  également, 
transversalement;  ouverture  semi-lunaire,  fermée  par  une 
petite  valve  roussàtre. 

De  la  mer  Adriatique. 

34.  La  Flustre  paiellaire;  Flustra  patellaria,  Moll  ,  Esch., 


F  LU  J79 

p.'GS,  fig.  xx.Crustacée,  lapidescerite;  à  cellules  ovales,  planes 
antérieureiçcnt,  convexes  postérieurement,  presque  isolées, 
ne  se  touchant  en  partie  que  par  le  bord,  horizon  taies,  presque 
alternes,  à  orifice  fermé  par  une  petite  membrane  plus  que 
Sfnii-ciroulaire. 

De  la  Méditerranée. 

35.  La  Fli^stre  aplatie  :  Flustra  planata,  Moll,  Esch.,  p.  67, 
fig.  XIX.  Crustacée,  lapidescente  ;  à  cellules  ovales,  alternes, 
planes,  éloignées  les  unes  des  autres,  bordées  et  fermée'i  par 
une  petite  membrane  5  une  sorte  de  petit  casque  lisse  au  som- 
met des  cellules. 

Même  mer.  • 

Sur  ces  deux  espèces  M.  Laraouroux  fait  l'observation  que, 
les  cellules  étant  presque  pédicellées,  on  devra  en  former  un 
petit  genre  que  l'on  pourroit,  dit-il,  nommer  Mo/Zia,  du  nom 
de  l'auteur  qui  les  a  fait  connoître.  Mais  ne  pourroit-on  pas 
encore,  avec  plus  de  raison,  les  regarder  comme  des  œufs  de 
mollusques?  Leur  séparation  plus  ou  moins  complète,  le  pédi- 
cule qui  les  porte  ,  ne  sembleroient-ils  pas  le  faire  croire?  En 
.général ,  il  nous  paroît  fort  probable  qu'un  assez  grand  nombre 
des  espèces  établies  par  M.  Lamouroux  sur  des  corps  rapportés 
des  mers  de  l'Austraiasie  par  MM.  Peron  et  Lesueur,  ne  sont 
que  des  œufs  de  mollusques  :  aussi  M.  de  Lamarck,  qui  a  été 
cependant  sans  doute  à  portée  de  les  observer,  n'en  dit-il 
absolument  rien.  (De  B.) 

FLUSTRE.  {Foss.)  Les  flustres  à  expansions  foliacées,  non 
encroûtantes,  étant  souvent  flexibles,  et  peu  ou  point  pier- 
reuses, se  montrent  rarement  à  l'état  fossile.  Il  n'en  est  pas  de 
même  de  celles  qui  ont  la  faculté  de  s'étendre  et  de  s'attacher 
sur  les  corps,  en  ne  formant  des  cellules  que  sur  un  seul  plan. 
On  les  trouve  assez  communément  sur  les  fossiles  dépendant 
des  différentes  couches  ,  et  surtout  des  moins  anciennes. 
Voici  quelques  unes  des  espèces  qui  ont  été  remarquées. 

Fx-usTRE  A  CELLULES  CARRÉES  5  Flustra  quadruta,  Desm.  et  Le- 
sueur, Bulletin  des  Se,  1814,  pi.  2 ,  fig.  10.  Polypier  incrus- 
tant, formant  des  expansions  régulièrement  radiées,  à  cel- 
lulesparallélogrammiques.  Cette  flustre  a  été  fixé'  sur  un  moule 
intérieur  de  coquille  bivalve,  dont  on  ignore  la  localité,  et 
qui  fait  partie  de  la  collection  de  M.  de  Drée.  La  dispositiou 

12. 


iSo  FLU 

des  cellules,  dont  on  ne  voit  que  le  dessous,  est  tellement 
remarquable  qu'elle  suflit  pour  distinguer  celte  espèce. 

FiUSTRE  A  RÉSEAU  ;  Tluslra  reticulala  ,  Desm.  et  Lesueur,  loc. 
cit.,  f]g.  4.  Polypier  frondescent,  un  peu  épais,  portant  sur 
deux  plans  des  cellules  ovales-alongées ,  à  cloisons  tressail- 
lantes, ayant  une  ouverture  transversale.  Cette  espèce  a  été 
trouvée  aux  environs  de  Valognes,  département  de  la  Manche, 
avec  des  baculites  et  des  bélemnitcs. 

Flustre  bifurquée;  FlusLra  bifurcata,  Desm.  et  Lesueur,  loc. 
cit.,  fig.  6.  Polypier  libre,  à  expansions  dichotomes  ,  bifur- 
quées  aux  extrémités,  et  garni  de  cellules  hexagonales  sur  les 
deux  faces.  Il  est  voisin  de  la  /lustra  truncata  dEllis.  On  le 
trouve  à  Grignon  dans  un  banc  calcaire  tendre,  appartenant 
aux  couches  moyennes  de  la  formation  du  calcaire  à  cérites. 

Fllistre  mosaïque;  Flustra  tessellata,  Desm.  et  Lesueur, /oc. 
cit.,  iig.  2.  Polypier  incrustant ,  à  cloisons  arrondies  antérieu- 
rement; ouverture  en  avant ,  petite,  presque  ronde;  surface 
plane.  On  le  trouve  sur  les  oursins  et  sur  les  bélemnites  de  la 
couche  de  craie  de  Meiidon  près  de  Paris. 

Flustrè  épaisse-,  Flustra  crassa,  Desm.  et  Lesueur,  loc.  cit., 
fig.  1.  Polypier  incrustant,  épais,  à  cellules  très-courtes,  à 
ouverture  large  et  en  croissant.  On  le  trouve  à  Grignon. 

Flustke  crétacée;  Flustra  cretacea ,  Desm.  et  Lesueur,  loc. 
cit.,  fig.  5.  Polypier  épais,  incrustant,  à  loges  ovales-alongées, 
sans  doute  pourvues  d'un  tympan  membraneux  dans  Pétatde 
vie  ,  mais  qui  en  sont  dépourvues  à  l'élut  fossile.  Celte  espèce 
«e  trouve  sur  une  coquille  fossile  du  Plaisantin,  analogue  au 
murex  tritonis  de  nos  mers. 

Flustre  de  Gerville;  Flustra  Gervilii ,  Def.  Polypier  incrus- 
tant, à  cellules  rhomboïdalcs  ;  ouverture  très-petite,  portée 
sur  une  petite  éminence  à  l'un  des  bouts  de  chaque  cellule. 
Il  recouvre  en  grande  partie  une  huître  fossile,  de  Haute- 
ville,  département  de  la  Manche,  et  il  est  parfaitement  con- 
servé. 

Flustre  ancienne  ;  Flustra  antiqua  ,  Def.  Polypier  incrustant, 
à  cellules  oblongues,  et  fixe  sur  le  moule  intérieur  d'une  co- 
quille bivalve  ,  trouvée  dans  le  Jura.  Il  est  assez  remarquable 
que  la  coquille  qui  a  servi  à  former  ce  moule  intérieur  a  dis- 
paru ,   et  que  la  flustre  qui  tapissoit  son  intérieur  n'a  point 


FLU  181 

été  dissoute,  en  sorte  que  les  cellules  présentent  leur  partie  in- 
férieure ,  et  qu'où  ne  peut  connoître  leur  ouverture  ni  leur 
forme  supérieure. 

Flustre  a  petite  ouverture;  Flustra  microstoma,  Desm.  et 
Lesueur,  loc.  cit.  fig.  g.  Polypier  peu  épais,  incrustant,  à  cellules 
ovales,  légèrement  bombées,  avec  une  ouverture  ronde  ,  très- 
petite  au  milieu.  Il  se  montre  presque  toujours  dépourvu  de 
la  partie  supérieure  des  cellules ,  dont  il  ne  reste  que  les  cloi- 
sons. On  le  trouve  sur  les  grandes  huîtres  fossiles  de  Sceaux 
et  des  environs  de  Paris,  qtii  appartiennent  à  la  formation 
marine  supérieure  à  celle  des  gypses  de  ces  environs. 

Les  six  dernières  espèces  se  trouvent  dans  ma  collection. 
(D.F.) 

FLUSTRÉES,  Flustreœ  (Polyp.).  Nom  d'ordre  employé  par 
M.  Lamouroux,  dans  son  ouvrage  sur  les  polypiers  flexibles, 
pour  désigner  les  polypiers  membrano-calcaires,  phytoïdes  ou 
formant  des  expansions  plus  ou  moins  étendues,  couvertes  de 
cellules  sans  communications  entre  elles,  et  dont  l'ouverture, 
quelquefois  double,  est  au  sommet  ou  près  du  sommet  :  les 
polypes  sont,  par  conséquent,  isolés.  Cette  section  ne  com- 
prend ,  pour  M.  Lamouroux,  que  deux  genres  :  les  Cellépores 
et  les  Flustrës.  Voyez  ces  mots.  (De  B.) 

FLUTE  {Icluhyol.) ,  un  des  noms  vulgaires  de  la  murène 
hclène.  Voyez  Murène.  (H.  C.) 

FLUTE  DU  SOLEIL.  {Ornith.)  Traduction  françoise  de  la 
dénomination  espagnole  Jlau ta  del  sol,  qui  correspond  aux 
termes  curahi-remembi,  par  lesquels  les  Guaranis  désignent 
l'espèce  de  héron  dont  M.  d'Azara  donne  la  description,  sous 
le  n.°  356,  dans  son  Ornithologie  du  Paraguay.  Cet  oiseau  pa- 
roît  être  le  même  que  le  héron  à  tête  bleue ,  de  Molina,  Hist. 
nat.  du  Chili ,  p.  2  14,  ardea  cyanocephala,  Lath.  (Ch.  D. ) 

FLUTEAU  {Bot.),  Alisma,  Linn.  Genre  de  plantes  monoco- 
tylédones,  de  la  famille  des  alismacées,  Juss. ,  et  de  Vhexandrie 
polygjnie,  Linn.,  dont  les  principaux  caractères  sont  les  sui- 
Vans  :  Un  calice  de  trois  folioles  ovales,  persistantes;  trois 
pétales  arrondis,  planes,  et  plus  grands  que  le  calice;  six  éta- 
mines  ,  et  quelquefois  plus  ;  plusieurs  ovaires  supérieurs  ,  à 
style  simple  et  à  stigmate  obtus  ;  plusieurs  capsules  mono- 
spermes,  indéhiscentes,  ramassées  en  tête. 


i«2  FLU 

Les  fluteaux  sont  des  herbes  aquatiques,  à  feuilles  simples, 
souvent  toutes  radicales:  à  fleurs  le  plus  ordinairement  verti- 
cillées ,  formant  une  ombelle  ,  ou  une  panicule.  On  en  compte 
neuf  espèces,  dont  cinq  croissent  naturellement  en  France. 

Fluteau  plantaginé,  vulgairement  Plantain  d'eau,  Plantain 
aquatique;  Alisma  plantago  ,  Linn.,  Spec,  486;  Plantago  aqiia- 
:iica,  Fuchs. ,  Hist. ,  42.  Ses  racines  sont  vivaces,  formées  de 
fibres  nombreuses  :  elles  donnent  naissance  à  «ne  tige  cylin- 
drique,  glabre  comme  toute  la  plante,  .simple  dans  sa  partie 
inférieure,  rameuse  dans  la  supérieure,  haule  de  deux  à  trois 
pieds,  entourée  à  sa  base  par  un  faisceau  de  feuilles  cordi- 
formes,  aiguës,  longues  de  quatre  à  six  pouces,  larges  de  trois 
à  quatre,  d'un  vert  gai,  et  portées  sur  des  pétioles  de  près 
d'un  pied  de  longueur,  engaînans  à  leur  base. -Les  fleurs  sont 
blanches,  ou  légèrement  purpurines,  larges  de  trois  à  quatre 
lignes,  portées  sur  des  pédoncules  inégaux,  grêles ,  etdisposées 
par  verticilles  sur  les  divisions  de  la  partie  supérieure  de  la 
tige  ,  qui  se  ramifie  deux  à  trois  fois. 

Cette  plante  se  trouve  communément  en  Europe,  sur  les 
bords  des  étangs  et  des  ruisseaux,  où  elle  fleurit  en  juin, 
ijuillet  et  août.  Elle  a  une  variété  qui  se  distingue  facilement 
à  ses  tiges  et  à  ses  feuilles  moitié  plus  petites,  et  à  ce  que 
ces  dernières  sont  lancéolées,  larges  seulement  de  neuf  àdouze 
lignes,  sur  trois  à  quatre  pouces  de  longueur. 

Le  fluteau  plantaginé  passe  pour  avoir  beaucoup  d'à- 
crelé,  et  pour  être  capable  de  faire  périr  les  bestiaux  qui  le 
broutent.  Il  y  a  deux  ans  que  plusieurs  journaux  françois  ont 
répété  une  note  extraite  des  journaux  de  Saint-Pétersbourg, 
d'après  laquelle  ou  présentoit  la  racine  de  cette  plante  comme 
.un  spécifique  contre  la  rage.  Selon  l'auteur  de  cette  note, 
depuis  vingt-cinq  ans  qu'on  en  fait  usage  dans  le  gouvernement 
deTula,  soit  pour  les  hommes,  soit  pour  les  animaux,  on  ne  l'a 
jamais  vue  manquer  de  produire  d'heureux  elfets.  La  manière 
d'administrer  cette  racine  est  fort  simple;  elle  consiste  a.  la 
donner  lorsqu'elle  est  sèche  et  /éduife  en  poudre,  en  en  sau- 
poudrant uiie  tartine  de  pain  et  de  beurre  qu'on  fait  manger 
aux  malades.  D'après  le  même  ,  il  ne  faut  le  plus  ordinairement 
que  réitérer  deux  à  trois  fois  la  même  chose  pour  guérir  l'hy- 
drophebie   déjà  déclarée.   Mais,   avant  d'aionfer  loi  à  celli? 


FLU  i83 

propriété  du  plnntain  d'eau,  qui  serolt  si  précieuse,  il  faut 
que  des  expériences  positives,  faites  avec  discernement  et 
impartialité,  nous  mettent  à  même  de  juger  de  la  valeur  de  ce 
nouveau  remède-,  car  combien  d'autres  moyens  préconisés 
pendant  quelque  temps  comme  ayant  de  semblables  vertus, 
retombés  dans  l'oubli  dès  qu'on  les  a  soumis  à  des  observations 
exactes  et  rigoureuses  qui  ont  bientôt  démontré  leur  nullité 
absolue? 

Fldteau  renonculoïde  :  Alisma  ranitnciiloides ,  Linn.,  Spec, 
/i8j;Flor.Dan.,  t.  1 22.  Les  tiges  de  cette  espèce  sont  redressées 
ou  inclinées,  longues  de  quatre  ou  six  pouces:  elles  se  terminent 
par  quatre  à  dix  fleurs  d'un  pourpre  très-clair,  pédonculécs, 
larges  d'environ  sixlignes,  disposées  en  une  ombelle  simple ,  ou 
qui  est  quelquefois  surmontée  d'une  seconde.  Les  feuilles  sont 
radicales,  étroites,  lancéolées,  pétiolées,  nn  peu  pins  courtes 
que  les  tiges.  Les  capsules  sont  très-nombreuses  et  ramassées  en 
tête  arrondie.  Cette  plante  croitsur  les  bords  des  étangs  etdans 
les  lieux  marécageux,  où  on  la  trouve  en  fleurs  pendant  une 
grande  partie  de  l'été. 

Fldteau  ramïwst:  ;  A  lismarepens ,  Lamk.,  Dict.Enc. ,  2,  p.  5i  5. 
Cette  espère  a  de  si  grands  rapports  avec  la  précédente,  qu'on 
pourroit  croire  qu'elle  n'en  est  qu'une  variété;  cependant  elle 
en  diffère,  parce  qu'elle  est  vivace  et  non  annuelle,  parce 
qu'elle  est  moitié  plus  petite  dans  toutes  ses  parties,  excepté 
dans  ses  fleurs,  qui  sont  au  contraire  plus  grandes,  et  qui  ne 
sont  que  deux  à  trois  ensemble.  Elle  croit  dans  les  lieux  où 
l'eau  a  séjourné  l'hiver,  dans  le  midi  de  la  Finance  et  en  Bar- 
barie. 

Fluteau  sVBVi.É;  Alisma  suhulata,  Linn.,  Spcc,  487.  Espèce 
encore  peu  connue ,  naturelle  à  la  Virginie,  et  qui  cet  carac- 
térisée par  sa  petitesse  et  par  ses  feuilles  en  alêue. 

Fluteau  a  feuilles  de  parnassie-,  Aliswa  parnassifolia,  Linn., 
Mant.,  571.  Cette  plante  aie  port  du  fluteau  plantaginé,  mais 
elle  s'en  distingue  parce  qu'elle  est  plus  petite,  parce  que  ses 
ftMiilles  cordiformes,  larges  d'un  pouce  au  plus,  munies  de  cinq 
à  sept  nervures  convergentes,  sont  portées  sur  des  pétioles 
articulés,  ctparce  queses  capsules  ont  àleurcôté  interne  un 
prolongement  en  forme  d'arétc.  Elle  croit  en  Dauphiné,  sur 
le  bord  des  étants  et  dans  les  mi'.rais. 


i84  FLU 

Fr-UTEAU  A  FEUILLES  EN  CŒUK  ;  AUsma  cordifolia,  Linn. ,  Spec.^ 
487.  La  tige  de  cette  espèce  s'élève  à  peu  près  à  I;i  même  hau- 
teur, et  se  ramifie  de  la  même  manière  que  celle  du  fluteau 
plantaginé  ;  mais  ses  feuillessont  en  cœur,  obtuses  à  leursommet, 
et  les  Heurs  ont  douze  étamines.  Cette  plants  croît  en  Amérique. 
Fluteau  a  fleurs  jaunfs;  Alismajlava ,  Linn.,  Spec,  486.  Ses 
feuilles  sont  ovales,  longues  d'environ  six  pouces,  molles, 
glabres,  d'un  beau  vert,  portées  sur  des  pétioles  beaucoup 
plus  longs  qu'elles,  épais,  anguleux  à  leur  partie  antérieure. 
Lts  tiges  sont  nues,  simples,  hautes  d'environ  deux  pieds,  ter- 
minées par  plusieurs  Heurs  jaunes,  larges  de  plus  d'un  pouce, 
portées  sur  des  pédoncules  épaissis  à  leur  sommet,  et  disposées 
en  une  ombelle  simple;  leurs  étamines  sont  nombreuses,  mais  , 
par  exception  au  caractère  du  genre,  l'ovaire  est  unique,  et 
il  se  change  en  une  capsule  globuleuse,  divisée  en  dix  loges, 
renfermant  des  graines  réniformes  ,  roussàtres  et  velues. 
Cette  plante  croît  à  Saint-Domingue  le  long  des  ruisseaux. 

Fluïeau  a  feuilles  sagittkes  ;  AUsma  sagittifolia ,  Willd., 
Spec,  2  ,  pag.  277.  Ses  feuilles  sont  ovales,  prolongées  à  leur 
base  en  deux  lobes  aigus,  ce  qui  leur  donne  un  peu  la  forme 
d'un  fer  de  flèche.  La  tige ,  plus  courte  que  les  feuilles ,  porte 
à  son  extrémité  des  fleurs  verticillées,  accompagnées  de  brac- 
tées lancéolées.  Cette  plante  croît  en  Guinée. 

Fluteau  nageant-,  AUsma  natans ,  Linn.,  Spec,  /i^j.  Cette 
espèce  est  bien  caractérisée  par  ses  feuilles  radicales,  nom- 
breuses, linéaires,  très-longues  y  graminiformes;  par  ses  tiges 
filiformes,  flottantes  dans  l'eau,  ou,  lorsqu'elles  touchent  la 
terre,  prenant  racine  à  leurs  nœuds  supérieurs  qui  sont  munis 
de  feuilles  alternes,  pétiolées,  nageantes  à  la  surface  de  l'eau. 
Les  fleurs  sont  blanches,  larges  de  six  à  sept  lignes,  portées 
sur  des  pédoncules  grêles .  solitaires ,  ou  deux  à  trois  ensemble 
dans  les  aisselles  des  feuilles  caulinaires.  Ce  fluteau  croît  dans 
les  étangs,  où  il  fleurit  en  juin  et  juillet.  Il  est  annuel.  (L.  D.) 
FLUTEUR.  (Ornith.)  Ce  nom  vulgaire  de  l'alouette  cuje'ier 
ou  lu!u  ,  alauda  arborea  et  n^emorosa,  Linn.  et  Gmel.,  se  donne 
également  au  bouvreuil,  à  un  gros-bec  ,  à  un  merle  d'Afrique. 
On  appelle  aussi  l'alouette  cu}e\ier  JluUitoire.  (Ch.  D.) 

FLUTEUSE  {Erpétol.)*,  nom  vulgaire  d'une  espèce  de 
Raine.  Voyez  ce  mot,  (H.  C.) 


FLY  i85 

FLUVIALES.  (Bot.)  Quelques  auteurs  modernes  donnent  ce 
nom  à  la  famille  de  plantes  antérieurement  désignée  sous 
celui  de  naïades.  (J.) 

FLUVIALIS.  (Bot.)  La  plante  que  Vaillaut  et  Micheli  nom- 
moient  ainsi ,  est  maintenant  le  naias  de  Linnœus.  (J.) 

FLUVIATILES  [Plantes].  (Bot.)  Les  plantes  aquatiques  ne 
croissent  pas  indifféremment  dans  toutes  les  eaux.  Les  mers, 
les  lacs,  les  marécages,  les  fontaines,  les  rivières  ont  leurs 
plantes  particulières.  On  nomme  fluviatiies  celles  qui  croissent 
dans  les  eaux  courantes  [potamogeton  lucens,  ranunciilus  aqua- 
lilis,  etc.).  (Mass.) 

FLUX.  (  Phys.  )  C'est  la  marée  montante.  Voyez  Marées, 
(L.C.) 

FLUX  BLANC.  (Chirn.)  C'est  un  mélange  de  parties  égales 
de  nitrate  de  potasse  et  de  lartre ,  que  l'on  a  fait  détoner.  Dans 
celte  détonation  Toxigène  de  l'acide  nitrique  se  porte  sur  le 
carbone  et  l'hydrogène  de  l'acide  tartarique,  et  une  portion 
d'acide  carbonique  forme  un  sous- carbonate  avec  la  potasse 
qui  étoit  unie  aux  acides  tartarique  et  nitrique.  Il  arrive 
presque  toujours  que  ce  sous-carbonate  retient  un  peu  de  ni- 
trate ou  de  nitrite.  Le  flux  blanc  est  employé  pour  faciliter  la 
fusion  de  plusieurs  mines  dans  les  essais  docimastiques.  (Ch.) 

FLUX  CRU.  (Chim.)  On  donne  ce  nom  à  tout  mélange 
de  tartre  et  de  nitre  ,  tant  qu'on  ne  l'a  pas  fait  détoner  pour 
en  faire  un  flux.  (Ch.) 

FLUX  NOIR  ou  RÉDUCTIF.  (Chim.)  C'est  le  résultat  de  la 
détonation  d'un  mélange  de  2  parties  de  tartre  et  d'une  partie 
de  nitrate  de  potasse.  11  ne  diff'ère  du  flux  blanc  qu'en  ce  qu'il 
contient  du  charbon.  Il  agit  par  son  alcali  dans  les  essais  doci- 
mastiques ,  en  facilitant  la  fusion,  et  par  son  charbon,  en 
prévenant  l'oxidation  de  certains  métaux,  ou  bien  en  leur 
enlevant l'oxigène  auquel  ils  pourroient  être  unis.  (Ch.) 

FLY-CATCHER.  (Ornith.)  Ce  mot  anglois,  qui  correspond 
à  gobe-mouches,  est  appliqué  par  Edwards  et  par  Castesby, 
avec  diverses  épithètes,  à  des  oiseaux  de  plusieurs  genres, 
tels  que  ceux  qui,  dans  Buffon ,  portent  les  dénominations 
de  moucherolle  de  Virginie  à  huppe  verte  ,  de  gobe-mouches 
olive ^  dt  Jiguier  vert  et  jaune,  de  guit-guit  vert  et  bleu  à  gor^e 
blanche,  detodierde  l'Amérique  rruéridionale  ou  tic-tic,  (Ch.D.) 


3  86  POE 

FLYDRA  (IchtliYoL),  nom  islandois  du  IYétan.  Voyez  ce 
mot.  (H.C.) 

FLYGANDE  FISK  (Ichtlifol.) ,  nom  que  l'on  donne  en 
Suède  au  dactyloptère  pirapèbe.  Voyez  Dactyloptère.  (H.C.) 

FLYGFISK  {Ichthj'ol.) ,  nom  que  Ton  donne  en  Suède  à 
l'exocet  volant,  exocœtus  volitans.  Voyez  Exocet.  (H..C.) 

FLYNDRE  (Ichthyol.) ,  nom  vulgaire  d'un  pleuronecte  , 
pleuronectes  platessoides.  Voyez  Plie.  (  H.  C.) 

FLYVFLSKEN  (Ichtlijol.)  ^  nom  parlequel,  enDanemarck  , 
on  désigne  l'exocet  volant.  Voyez  Exocet.  (H.  C.) 

FNEMP  (Bot.),  un  des  noms  japonois  de  l'oranger,  cités  par 
M.  Thunberg.  (J.) 

FOCA.  {Bot.)  Clusius  dit  que  ce  nom  est  donné  chez  les 
Arabes  à  la  ileur  de  Vadhar,  qui  est  ]e  jiincus  odoratus  de  Pline 
et  d'autres  anciens,  plus  connu  maintenant  sous  le  nom  de 
schénante,  andropogon  schœnanthiis.  (J.) 

FOCKE.  (Ornith.)  L'oiseau  auquel  ce  nom  et  celui  àefooker 
sont  donnés  en  Silésie ,  est,  suivant  Schwenckfeld,  le  biho- 
reau,  ardea  nycticorax ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FOCKII-FOCKII.  {Bot.)  La  plante  de  Flnde  citée  sous  ce 
nomparBontiu  ,  et  rapportée  par  Rheede  à  son  nila-barudena , 
est,  selon  M.  de  Lamarck,  le  solanuin  insanum  dcLinnaeus.  (J.) 

FOCOT-GUEBIT.  {Bot.)  Ce  nom,  qui  signifie  bois  désiré,  est 
cité  par  Fragosus  et  C.  Bauhin  comme  un  arbre  résineux  de 
l'Amérique,  ressemblant  au  peuplier.  Sa  résine  ,  plus  blanche 
que  l'encens,  est  employée  aux  mêmes  usages  par  les  naturels 
du  pays,  qui  fabriquent  leurs  idoles  avec  son  bois.  Clusius  le 
nomme  locot-guehit  ou  bois  du  désir,  et  répète  ce  qu'a  dit  Fra- 
gosus. Il  y  a  probablement  une  erreur  d'orthographe  dans  un 
des  deux  noms.  (J.) 

FŒDENLEIN  {Ornith.),  nom  sous  lequel  est  connu,  en  Alle- 
magne, le  cini  ou  serin  vert,  fringilla  scrintis,  Linn.  (  Ch.D.  ) 

FOENE,  Foenus.  {Entom.)  M.  Fabricius  a  ainsi  nommé  un 
genre  d'insectes  hyménoptères,  de  la  famille  des  cntomotilles 
ou  insectirodes,  voisin  des  ichneumons,  avec  lesquels  on  le - 
avoit  confondus  avant  que  M.  Latreille  les  en  séparât  sous  1 
nom  de  gastéruption,  qu'il  a  abandonné  depuis  comme  mai 
sonore,  pour  adopter  ceIuide/oc«e,  qui  n'est  ni  grec  ni  latin. 

Nous  avons  fait  figurer  une  espèce  de  ce  genre,  sous  le n."  2 


FOH  ï^ 

de  la  planche  des  entomotilles;  comme  le  dessin  en  est  grossi 
et  très-exact,  le  lecteur  y  reconnoitra  facilement  les  carac- 
tères que  nous  allons  indiquer. 

Hyménoptères  à  antennes  longues,  en  fi! ,  non  brisées,  dres- 
sées et  dirigées  en  avant ,  à  tête  comme  portée  sur  un  cou  ,  à 
ventre  comprimé  en  massue,  terminé  par  une  longue  tarière 
dans  les  femelles,  à  pâtes  postérieures  très-grandes. 

Les  foenes  diffèrcnlfi^ainsi  ries  évanies  qui  ont  aussi  les  an- 
tennes en  fil,  parce  q1i#*dans  celles-ci  la  tête  est  sessile  et 
l'abdomen  excessivement  court;  des  ichneumons,  ophions  et 
tanches,  qui  ont  les  antennes  en  soie. 

On  ne  connoit  pas  encore  bien  les  mœurs  des  foenes  ;  il 
paroît  qu'ils  déposent  leurs  larves,  ou  plutôt  leurs  œufs,  dans 
les  trous  que  se  pratiquent  lesmellites  dans  l'argile  et  le  vieux 
bois,  et  que  ces  larves  s'y  développent  en  parasites,  comme 
celles  des  ichneumons.  On  trouve  souvent  ces  insectes  sur  les 
fleurs,  dans  leur  état  parfait.  Fabricius  n'en  a  décrit  que  trois 
espèces,  dont  on  trouve  deux  à  Paris;  ce  sont  : 

Le  FoENE  LANCIER,  Focnus  jaculator.  C'est  richneumon  tout 
noir,  à  pâtes  postérieures  très-longues  et  grosses,  de  Geoffroy, 
tom.  2  ,  pag.  328  ,  D.°  16,  et  dont  nous  avons  fait  figurer  la 
femelle.  Le  premier  article  des  tarses  postérieurs  est  blanc  ; 
il  y  a  aussi  un  petit  anneau  blanc  à  la  base  des  jambes. 

Le  FoENE  AFFECTATEUR,  Focnus  ajf'ectator.  Il  est  figuré  par 
M.  Jurine,  dans  son  ouvrage  sur  les  hyménoptères.  GeoffVoy 
(ouvrage  cité)  l'a  nommé  ichneumon  noir,  à  pâtes  posté- 
rieures grosses,  et  à  milieu  du  ventre  fauve.  Il  est  de  moitié 
plus  petit  que  le  précédent.  (C.  D.) 

FŒNICLÎLUM.  {Bot.)  Voyez  Aneth.  (L.  D.) 
FŒNUM-GRtECUM.  [Bot.)  Voyez  Trigonelle.  (L.  D.) 
lŒTELA  (  Ichthjol.  )  ,  nom  d'une  variété  de  Vholocentre 
gcterin,  de  M.  de  Lacépède.  Forskal  et  Linnaeus  en  avoicnt 
fait  une  espèce  de  sciène,  sous  le  nom  de  sciœna  fœlela ,  et 
i'avoient  distinguée  delà  sciana  sofat  et  de  la  sciœna  abou  mga- 
terim ,  ou  gaterina,  qui  ne  diifèrent  que  sous  le  rapport  de 
l'âge.  Voyez  Holocentre.  (  H.  C.  ) 

FOETTA  (Mamm.)  ,  nom  italien  du  putois,  viœna putorius^ 
lînn.  (F.  C.) 

FOHONELO  (Ornitli.),  un  des  noms  italiens  de  la  UnoUt 


i88  POJ 

commnneyfringilla  linota,  Linn. ,  qu'on  appelle  aussi /ane/Io. 
(Ch.D.) 

FOIE  D'ANTIMOINE.  {  Chim.)  Suivant  M.  Proust,  le  foie 
d'antimoine  des  anciens  est  un  composé  de  protoxide  d'anti- 
moine et  de  sulfure  d'antimoine.  Ces  deux  corps  peuvent 
s'unir  en  des  proportions  indéfinies.  (Ch.) 

FOIE  D'ARSENIC.  (Chim.)  Macquer  a  donné  ce  nom  à  la 
solution  de  l'acide  arscnieux  dans  une  lessive  concentrée  de 
potasse,  c'est-à-dire,  à  une  forte  solution  d'arsenite  de  potasse  : 
ce  qui  engagea  Macquer  a  lui  donner  ce  nom,  c'est  que  les 
anciens  noaimoient  foie  de  soufre  la  combinaison  du  soufre 
avec  la  potasse.  (Ch.) 

FOIE-DE-BŒUF  (Bot.),  nom  vulgaire  d'un  champignon 
placé  long-lemps  parmi  les  bolets  de  Linnœus,  et  qui  main- 
tenant constitue  un  genre  particulier  nommé  Fistulina  par 
Bulliurd,  et  adopté  par  DecandoUe,  Persoon,  Link,  Fries,etc. 
Voyez  FisïunNA.   (Lem.) 

FOIE  DES  ANIMAUX.  {Chim.)  Tous  les  travaux  chimiques 
que  l'on  a  entrepris  sur  le  foie  se  bornent  à  deux  analyses  :  la 
première,  du  foie  de  raie,  faite  en  1791  par  M.  Vauquelin -, 
la  second.-,  du  foie  de  bœuf,  faite  en  i8iy  par  M.  Braconnot. 
Nous  allons  présenter  un  extrait  de  ces  analyses. 

§.  I.*'  Foie  de  hceuf. 

123  "  ,  36,  pris  dans  le  milieu  du  grand  lobe  du  foie,  broyés 
dans  un  mortier  de  marbre,  se  sont  réduits  en  une  bouillie 
demi  -  liquide  qui  a  été  délayée  dans  l'eau  tiède:  le  tout, 
passé  dans  un  tamis  de  soie  très-fin  ,  a  laissé  dedans  23  ^\  56 
d'un  tissu  vasculaire  blanchâtre  et  de  membrane  du  péritoine. 
Par  conséquent  il  y  a  eu  100  grammes  de  parenchyme  du  foie 
qui  ont  passé  au  travers  du  tamis,  dissous  ou  délayés  dans  l'eau. 

Ce  liquide  étoit  coloré  en  rougeàtre  par  un  peu  de  sang;  il 
avoit  un  aspect  très-légèrement  laiteux  :  exposé  à  la  chaleur, 
il  s'est  coagulé  ;  le  coagulé,  égoutté  et  séché,  pesoit  24  ^%  65. 

A.  Examen  du  coagulé. 

Ce  coagulé  étoit  principalement  formé  d'albumine  et  d'une 
matière  huileuse.  M.  Braconnot  a  isolé  ces  matières,  en  les 
traitant  par  l'huile  volatile  de  térébenthine,  qui  a  dissous 
Fhuile,  et  a  laissé  l'albumine. 


FOI  ,Sg 

Albumine.  Cette  substance  avoit  l'aspect  d'une  matière  ter- 
reuse, d'un  blanc  un  peu  fauve;  elle  pesoit^o^',  66;  la  com- 
bustion apprit  qu'elle  étoit  formée  d'albumine  pure,  20'',  ig, 
et  de  phosphate  de  chaux  ferrugineux,  o  ^',  47. 

Matière  huileuse.  Cette  matière,  séparée  de  l'huile  de  téré- 
benthine, pesoit  3  ^\  89;  elle  avoit  la  consistance  de  l'huile 
d'olive  à  moitié  figée;  elle  étoit  d'un  rouge  brun,  et  elle  ne  se 
combinoit'pointimmédiatementaveclcsalcalis;  mais ,  chauffée 
quelque  temps  avec  la  soude,  elle  formoit  un  savon  brna 
solide.  Elle  étoit  soluble  à  froid,  en  toutes  proportions,  dans 
l'alcool  à  55  degrés.  Elle  ne  rougissoit  pas  le  tournesol,  et 
on  ne  pouvoit  y  découvrir  la  présence  d'aucun  phosphate; 
cependant,  en  la  brûlant,  elle  iaissoit  un  charbon  dont  la 
combustion  fournissoit  de  l'acide  phosphorique:  quand  on  le 
traitoit  par  l'acide  nitrique,  il  se  produisoit  de  l'acide  phos- 
phorique et  une  matière  cireuse.  M.  Braconnot  conclut  que 
cette  matière  huileuse  est  analogue  à  celle  que  M.  Vauquelin 
a  découverte  dans  le  cerveau  ;  cependant  je  ferai  observer 
que  l'huile  du  cerveau  ne  se  saponifie  point,  ou  qu'avec  la  plus 
grande  difficulté  et  d'une  manière  incomplète. 

B.  Liquide  d'où  le  coagulé  s'était  produit. 

11  étoit  opalin,  acide  au  papier  de  tournesol;  il  a  fourni  un 
extrait  qui  pesoit  6  =',.81  ,  dont  la  saveur  rappeloit  celle  de 
l'extrait  de  la  chair  musculaire,  mais  il  n'en  avoit  point  le 
goût  piquant  et  salé.  L'extrait  de  foie  contenoit  o^"^,  64  de 
chlorure  de  potassium,  sans  mélange  de  chlorure  de  sodium, 
o^',  10  d'un  sel  insoluble  dans  l'alcool  formé  de  potasse  et  d'un 
acide  organique;  et  enfin,  6^"^,  07  d'une  matière  peu  azotée 
soluble  dans  l'eau  et  peu  soluble  dansFalcpol. 

Le  foie  de  bœuf  est  donc  composé  : 

Tissu  vasculaire,  20,56. 

S  Eau .T 68,64 
Albumine  séchée 20,19 
Huile  phosphorée 3,89 
Matière  peu  azotée 6,07 
j. ,            Sur  sel  organique o,io 

100.  j     Chlorure  de  potassium 0,64 

I     Phosphate   de    chaux  lèrrvi- 

1  gineux Oi47 


;  00.00 


iyo  FOÎ 

§.  II.  Foie  de  raie. 

Il  est  ordinairement  d'un  gris  légèrement  rosé  lorsqu'il  est 
frais;  sa  saveur  est  huileuse  et  salée-,  son  odeur  estcelle  qui  se 
répand  dans  les  poissonneries  de  poissons  de  mer. 

Il  se  délaye  dans  l'eau  avec  facilité  quand  on  le  triture  avec 
ce  liquide  dans  un  mortier  de  marbre.  Au  moyen  d'un  tamis 
de  soie  on  sépare  la  membrane  de  péritoine  qui  enveloppoit 
le  foie  :  le  liquide  a  l'aspect  d'une  émulsion;  en  l'abandon- 
nant quelques  heures  à  lui-même  ,  il  s'en  sépare  à  la  surface 
une  couche  d'huile.  Quatre  onces  de  foie  recouvert  de  sa 
membrane,  écrasées  et  chauffé,  s  doucement,  se  sont  coagu- 
lées en  grumeaux,  desquels  suintoit  beaucoup  d'une  huile 
légèrement  jaune.  En  pressant  ces  grumeaux  dans  un  linge  , 
iiprès  les  avoir  séehés  avec  précaution,  M.  Vauquelin  a 
obtenu  4  gros  56  grains  de  grumeaux  qui  conlenoient  beau- 
coup d'huile,  et  8  grains  de  phosphate  de  chaux;  1  gros 
7  grains  d'huile  :  il  s'étoit  volatilisé  2  onces  5  gros  56  grains 
d'eau. 

§.  III. 

Fourcroy,  ayant  examiné  un  foie  humain  qui  avoit  été 
exposé  pendant  dix  ans  à  l'air  libre,  observa  qu'il  étoit  presque 
entièrement  changé  en  gras,  c'est-à-dire,  en  une  matière 
analogue  à  celle  qu'on  trouva  en  1786,  en  si  grande  abon- 
dance ,  dans  le  cimetière  des  Innoceiis. 

Fourcroycrut  que  cette  matière  étoit  de  la  cétine.  Les  expé- 
riences que  j'ai  faites  ayant  prouvé  que  le  gras  des  cadavres 
étoit  principalement  formé  d'acide  margarique ,  et  que  cette 
substance  différoit,  sous  tous  les  rapports,  de  la  cétine,  il 
s'ensuit  qne,  si  l'gjiglogie  établie  i)ar  Fourcroy  existoit  réelle- 
ment entre  la  mâSre  grasse  du  foie  et  celle  des  cadavres,  la 
première  devoit  être  principalement  formée  d'acide  marga- 
rique ,  et  non  de  cétine.  (  Cn.  ) 

FOIE  DE  SOUFRE.  (Chim.)  Les  anciens  chimistes  ont 
appelé  foie  de  soufre  ,  1.°  le  sulfure  de  potasse,  fait  en  chauf- 
fant dans  un  creuset  parties  égales  de  soufre  et  de  sous-carbo- 
nate de  potasse;  2.°le  sulfure  hydrogéné  dépotasse,  obtenu  en 
faisant  bouillir  du  soufre  dans  une  lessive  de  cet  alcali.  (Ch.) 

FOIN.  (Bot.)  C'est  l'herbe  des  prairies  lorsqu'elle  est  fauchée 


FOL  191 

et  séchée.  Ce  mot,  lorsqu'il  est  joint  à  un  autre  ,  désigne  plus 
spécialement  quelques  plantes  particulières.  Le  gros  foin  ou 
foin  de  Bourgogne  est  le  sain -foin,  ainsi  nommé  parce  qu'il 
croit  naturellement  dans  la  Bourgogne.  Dans  plusieurs  pro- 
vinces il  est  aussi  nommé  bourgogne,  sans  préposition.  Lobel 
et  Dalechamps  donnent  mal  à  propos  ce  nom  à  la  luzerne, 
medica.  Quelques  varecssont  aussi  nommées/oin  de  mer.  Le  fe- 
nu-grec.yrtTit/ni  grœcum  de  Tournefort ,  frigoneZ/a  de  Linnatius , 
peut  ici  être  également  cité.  (J.) 

FOINA  ou  Fouina  (Mamm.),  nom  italien  de  notre  Fouine. 
Voyez  ce  mot.  (F.  C.) 

FOIN  DE  BOURGOGNE  (Bot.). Voy.  Foin.  (L.D.) 
FOIN  MARIN  (Zoophyt.),  Fœnum  marinum.  Rumph  a  désigné 
ainsi,  Amh.,  vi ,  p.  208  ,  pl.  8t),  fig.  3  ,  une  espèce  d'antipathe, 
dont  les  rameaux,  extrêmement  nombreux,  sont  sétacés  ou 
très-fins  :  c'est  Yantipatha  fceniculata  de  Pallas  et  de  Gmelin. 
(De  B.) 

FOIRANDE,  ou  Foirolle  {Bot.) ,  noms  vulgaires  de  la  mer- 
curiale annuelle,  plante  purgative.  (L.D.) 

FOIREUSE  (  Ornith.),  dénomination  sous  laquelle  on  désigne 
vulgairement,  dans  le  département  de  la  Somme,  le  rouge- 
gorge,  motacilla  rubecula,  Linn.  (Ch.D.) 
FOIROLLE.  {Bot.)  Voyez Foirande.  (L.  D.) 
FOLA.  (Ornif/i.)  L'oiseau  auquel  ce  nom  et  ceux  defolaga, 
folega^follata,  sont  donnés  en  Italie  et  en  Catalogne,  est  le 
i'oulque  .fulica  atra,  Linn.  (Ch.D.) 

FOLE.  (Mamm.)  D'anciens  voyageurs,  dit  Sonnini ,  ap- 
pellent ainsi  un  animal  de  forme  humaine,  velu,  dont  les  bras 
sont  très-longs ,  et  qui  dévore  l'espèce  humaine  en  riant.  II 
s'agit,  sans  doute,  de  quelque  singe  dont  on  a  défiguré  l'his- 
toire. (F.  C.) 

FOLIACES  [  CoTYi.ÉnoNs].  {Bot.  )  Les  cotylédons  des  végé- 
taux qui  ont  peu  ou  qui  n'ont  point  depérisperme,  sont  épais 
et  d'un  tissu  succulent  ;  la  substance  dont  ils  sont  remplis  sert,  à 
défaut  du  périsperme ,  à  la  nourriture  de  l'embryon  dans  les 
premiers  temps  de  la  germination.  Les  cotylédons  qui  sont 
accompagnés  d'un  périsperme,  sont  au  contraire  minces  et 
souvent  relevés  de  nervures  à  la  manière  des  feuilles  :  on  les 
dit  foliacés  (belle-de-nuit;  tilleul,  etc.). 


Ï92  FOL 

Les  stipules  qui  accompagnent  les  feuilles,  sont  tantôt  mem- 
braneuses ,  tantôt  scarieiiscs,  tantôt  spinescentes  :  lorsqu'elles 
ont  la  couleur  et  la  consistance  des  feuilles,  on  les  dit  folia- 
cées (latli^rus  aphaca,  lotus  corniculatus  .  etc.). 

Les  involucrcs,  également,  sont  dits /o//ace's  ,  lorsque  les 
bractées  qui  les  composent  sont  minces  et  vertes  à  la  manière 
de  la  plupart  des  feuilles  (cartliamus  lîhclorius,  etc.). 

La  spathe,  tantôt  molle  et  colorée  à  la  manière  des  pétales 
{calla,  etc.  ),  tantôt  membraneuse  (  ail ,  etc.  ) ,  tantôt  ligneuse 
(dattier,  etc.),  est  foliacée  dans  le  glaïeul  commun  et  beau- 
coup d'autres  plantes.  (Mass.) 

FOLIAIRE.  {Bot.)  Naissant  sur  les  feuilles.  Le  pinguicula, 
Vamjgdalus ,  etc..  ont  des  gland  es  yb/i'a/rei;  le  solanum  melon- 
gena,  le  carduus  marianus ,  etc.,  ont  des  épines  foliaires  ;  le 
xylophylla  ,  le  ruscus  ont  les  fleurs  foliaires.  (  Mass.  ) 

FOLIATION  ou  Feuillaison,  Foliatio.  (Bot.)  On  indique  par 
ce  mot  le  moment  où  les  boutons  commencent  à  bourgeon- 
ner et  à  développer  leurs  feuilles.  Ce  moment  varie  suivant 
la  latitude,  et  sous  la  même  latitude  il  varie  encore  suivant 
les  espèces.  La  table  suivante  dressée  par  Adanson  ,  d'après 
dix  années  d'observations  sur  un  certain  nombre  d'arbres, 
marque  le  terme  moyen  de  l'époque  de  la  foliation  de  ces 
arbres  sous  le  climat  de  Paris. 

Sureau,  chèvrefeuille 16  février. 

Groseillier  épineux  ,  lilas  ,  aubépine 1    mars. 

Groseillier,  fusain,  troène,  rosier 5  mars. 

Saule,  aune,  aubier,  coudrier,  pommier 7  mars. 

Tilleul,  marronier,  charme 10  mars. 

Poirier,  prunier,  pêcher 20  mars. 

Nerprun,  bourgène,  prunelier 1   avril. 

Charme ,  orme ,  vigne  ,  figuier,  noyer,  frêne .   20  avril. 

Chêne 1   mai. 

Non  seulement  l'époque  de  la  foliation  des  arbres  varie 
d'espèce  à  espèce,  mais  elle  varie  encore  dans  la  même  es- 
pèce d'individu  à  individu.  Les  cultivateurs  savent  tirer  parti 
de  cette  observation  pour  se  procurer  des  variétés  précoces 
ou  tardivivs. 

Toutes  choses  égales,  la  foliation  dans  une  espèce  donnée  a 
lieu  en  raison  de  l'intensité  de  la  chaleur  et  du  temps  durant 


FOL  ,g5 

lequel  cette  chaleur  agit.  Si  la  température  est  très-basse 
l'année  sera  tardive,  parce  qu'il  faudra  que  la   chaleur  soit 
plus  long-temps  prolongée  pour  produire  un  effet  marqué  j 
mais,  si  la  tem])érature  est  très-élevée,  par  la  raison  inverse 
l'année  sera  hâtive. 

En  général ,  la  foliation  commence  par  l'extréniifé  des 
branches,  parce  que  la  sève  se  porte  par  la  route  la  plus 
directe;  mais  quand  l'année  est  tardive,  il  arrive  quelque- 
fois que  les  feuilles  des  boutons  latéraux  se  développent  avant 
les  autres,  parce  que  la  sève,  lente  à  s'élever,  pénètre  les  par- 
ties inférieures  avant  de  gagner  la  cime.  (Mass.  ) 

FOLIIFÈRE  [Bouton  ].  (  Bot.  )  On  nomme/or//ère  le  bouton 
à  fleurs -j/o/iz/ère  le  bouton  qui  produit  un  bourgeon  à  feuilles; 
mixte,  le  bouton  qui  produit  des  feuilles  et  des  fleurs.  (Mass.) 

FO-LIM.  (So/.)SeIon Jacques Breyne,botanistedeDautàck, 
qui  écrivoit  en  i<^73  ,  les  Chinois  donnent  ce  nom,  qui  si<^nifie 
lait  de  tigre,  à  un  champignon  semblable  à  une  grosse  truffe ,  et 
d'où  sort  un  champignon  stipité  avec  un  chapeau  en  parasol. 
On  trouve  cette  plante  dans  les  terrains  sablonneux  de  la 
Chine,  et  son  nom  lui  vient  sans  doute  de  l'opinion  où  Ton  est 
qu'il  doit  sa  naissance  à  du  lait  de  tigresse  qui  s'est  coai,'ulé, 
ou  bien  parce  que  l'on  présumé  que  les  tigres  s'en  régalent. 
Selon  Breyne  et  Kircher,  les  Chinois  emploient  ce  champignon 
comme  un  puissant  remède  contre  différensmaux,  et  particu- 
lièrement contre  les  fièvres  ardentes  inflammatoires,  la  petite 
vérole,  etc. On  prescrit  ceremède,  comme  la  racine  de  ginseng 
en  poudre ,  à  la  dose  de  trois  gra^s  dans  un  verre  d'eau  ;  lors- 
qu'il agit  efficacement,  il  provoque  les  sueurs.  Mais  on  peut 
croire,  d'après  des  expériences  faites  à  Vienne  avec  ce  bolet, 
qu'on  doit  beaucoup  rabattre  de  ses  vertus.  Faulet  croit  que 
ce  champignon  peut  être  celui  qu'il  nomme  la  truffe  ou  la 
pierre  à  champignon,  espèce  de  la  famille  des  cèpes  polypores , 
et  le  holeius  tuberaster,  Pers.,  Sjnops.,  maintenant  placée  danâ 
le  genre  Polyporus.  Voyez  ce  mot.  (Lem.) 

FOLIO.  (  Ichthj'ol.)  Rondelet  a  décrit  sous  ce  nom  une  es- 
pèce de  pleuronecte ,  qui  nous  paroit  appartenir  au  sous-genre 
des  flétans,  et  être  le  KvBxpcç  des  anciens  Grecs.  Le  mot  folio 
est  employé  à  Rome.  Voyez  Flétan.   (H.  C.  ) 

FOLIOLÉE  [  FEoiLtEJ.  {Bot.  )  Feuille  formée  de  feuilles  par- 
i7-  j3 


»o4  FOL 

tielles  attachées  à  un  pétiole  commun.  Le  trèfle,  le  haricot, 
le  pois,  etc.  ont  des  feuilles  foliolées.  (  Mass.  ) 

FOLIOLÉENNE  [Epine].  (Bot.  )  Devant  son  origine  à  une 
foliole  métamorphosée.  Les  feuilles  du  chamœrops  en  offrent 
un  exemple.  Il  y  a  des  épines  qui  doivent  leur  origine  à  des 
stipules  (  berberis  ,  etc.  )  ,  à  des  pétioles  (  mimosa  verlicil- 
lata,  etc.),  à  des  rameaux  {elœagnus  angustifolia  ,  prunus  spi- 
nosa  ,  etc.  ).  (Mass.) 

FOLIOLES.  [Bot.  )  Feuilles  partielles  qui ,  par  leur  réunion 
sur  un  pétiole  commun  ,  forment  la  feuille  composée.  Lu 
feuille  du  trèlle  a  trois  folioles;  celle  delà  vigne  vierge  en  a 
cinq;  celle  du  marronier  en  a  neuf.  Lorsque  les  folioles  sont 
disposées  des  deux  côtés  d'un  pétiole  commun  ,  la  feuille 
composée  est  pennée  ,  et  les  folioles  prennent  le  nom  de 
pinnules. 

On  nomme  aussi ,  mais  improprement ,  folioles  ,  les  pièces 
d'un  calice  polyphylle.  On  commence  à  les  désigner  par  le 
nom  de  sépales.  (  Mass.  ) 

FOLLA-MALLEGA  (Bot.) ,  nom  javanois  de  la  pervenche 
de  l'Inde,  v'inca  rosea,  suivant  Burmann.  (J.) 

FOLLADO-  {Bot.)  Voyez  Dcrillo.  (J.) 

FOLLATA.  (Ornith.)  Voy.  Fola.  (Ch.D.) 

FOLLE-AAROS.  {BoL.)  A  Java,suivantBurmann,  on  nomme 
ainsi  une  espèce  de  mogori ,  qui  est  le  njctanthes  undulala  de 
Linnaeiis.  (J). 

FOLLE- AVOINE  (  Bot.)  ,  nom  vulgaire  d'une  espèce 
d'avoine.  (  L.  D.)  ^ 

FOLLE- FEMELLE.  (BotT)  On  trouve  quelquefois  Torchis 
bouffon  désigné  sous  ce  nom.  (L.  D.) 

FOLLERA.  {Ornith.)  La  fauvette  des  Alpes,  motacilla  Al- 
pma,  GmeL,  est  ainsi  nommée  à  Lanao  en  Piémont.  (Ch.  D.) 

FOLLETE.  (Bot.)  Ce  nom  et  celui  de  bonne -dame  sont 
donnés  à  l'arroche  cultivée,  atriplex  hortensis ,  plante  pota- 
gère employée  comme  la  poirée.  (J.) 

FOLLICULE.  (  Bot.  )  Péricarpe  partiel  du  fruit  composé, 
auquel  M.Mirbel  a  donné  le  nom  de  double  follicule.  Le  fol- 
licule est  formé  par  une  valve  pliée  dans  sa  longueur,  et  sou- 
dée par  ses  bords  ;  les  graines  sont  fixées  le  long  de  la  suture 
sur  un  placentaire  qui  se  détache  dans  la  maturité.  La  per- 


FON  195 

vcnche,  le  laurler-rosc  ,  l'apocyn  ,  etc.,  ont  le  fruit  composé 
de  deux  follicules.  (  Mass.  ) 

FOLLICULIFORME  [Capsule].  {Bot.  )  Formée  d'une  seule 
valve  soudée  par  les  bords  comme  dans  le  follicule. (  at^icc- 
nia,  etc.  ).  (Mass.) 

FOLLICULINE,  FolUculina.  (?o/>p.)  Genre  d'animalcules 
assez  mal  connus ,  établi  par  M.  de  Lamarck.  pour  quelques 
esj)èces  de  vorticelles  de  Muller,  qui  paroissent  être  contenues 
dans  une  sorte  de  fourreau  transparent.  Les  caractères  que  le 
premier  assigne  à  cette  petite  coupe,  sont:  Corps  contractile, 
oblong,  renfermé  dans  un  fourreau  transparent;  bouche  ter- 
minale ample  ,  munie  d'organes  ciliés  et  rotatoires.  C'est  à 
Muller  seul  que  nous  devons  le  peu  que  nous  savons  sur  ces 
corps  organisés  ,  qui  sont,  suivant  M.  de  Lamarck ,  aux  urcéo- 
laires  ,  ce  que  les  vaginicoles  sont  aux  trichocerques  et  aux 
triciiodes;  ils  sont  assez  rarement  fixés  sur  des  corps  étrangers  , 
et  se  trouvent  dans  les  eaux  de  la  mer.  M.  de  Lamarck  en  carac- 
térise trois  espèces  : 

1."  La  Folliculine  ampoule  ;  FolUculina  avipulla,  Mull.,  In/I, 
t.4o,fig.  47,  et  Encycl.méth.,  pi.  21,  fig.  5,  8.  La  têtebilobée  : 
le  fourreau  en  forme  d'ampoule  et  transparent.  Des  eaux  delà 
mer. 

2.°  La  Folliculine  engagée  ;Fo//ic(///rea«ag-mafa,  Mull.  Jw/I,  44, 
lig.  1  2  ,  i3  ,  et  Enc.  méth.,  pi.  25,  f.  52.  Animalcule  court,  ter- 
miné en  arrière  par  une  sorte  de  queue,  tronqué  en  avant, 
et  contenu  dans  une  gaîne  subcylindrique,  assez  longue  et 
hyaline.  Eaux  de  la  mer. 

3.°  La  Folliculine  adhérente;  FolUculina folliculata,  Brug. 
Animalcule  oblong,  contenu  dans  une  gaîne  cylindracée, 
hyaline,  adhérente. 

Cette  espèce  a  été  trouvée  attachée  à  la  queue  d'un  cyclope 
pygmée.  (De  B.) 

FOL  OISEAU.  (Orraif/i.)  Suivant  Salerne,  on  nomme  ainsi, 
dans  les  environs  d'Orléans  ,  le  hobereau  ,falco  suhbuteo ,  Linn. 
(Ch.D.) 

FOLUN  D'AQUA.  (Ornith.)  On  nomme  ainsi,  sur  le  lac 
Majeur,  le  merle  d'eau  ou  cincle,  sturnus  cinclus,  Linu.^  et 
■turdus  cinclus,  Lath.  (Ch.D.) 

FON   (Bot.),  nom  japonois,  signifiant  légitime,  préposé  à 

j3. 


igS  FON 

d'autres  noms  de  plantes.  Le  fon-mahi  est  un  if,  faxus  macro- 
phflla,  de  Thunberg.  Le  fon-gomi  est  un  chalef,  elœagnus 
macrophylla,  du  même.  Lefon-tsta  est  le  lierre,  hederahelix. 
On  ne  peut  déterminer  le  genre  des  fon-utsugi  et  fon-kuroji 
cités  par  Kaempfcr.  (J.) 

FONDANT.  (Chim.)  Le  nom  de  fondant  se  donne,  en  chi- 
mie, à  toutes  les  substances  qui  sont  susceptibles  d'en  faire 
entrer  d'autres  en  fusion,  (Ch.) 

FONDANT  DE  ROTROU.  (Chim.)  C'est  l'antimoine  dia- 
phorétique,  non  lavé,  qui  est  employé  en  médecine  pour 
résoudre  les  obstructions.  (Ch.) 

FONDANTE  DE  BREST.  {Bol.)  C'est  le  nom  d'une  variété 
de  poire.  (L.  D.) 

FONDANTE  MUSQUÉE.  (Bot.)  C'est  une  autre  variété  de 
poire.  (L.  D.) 

FONET.  (  Conchjl.)  C'est  une  espèce  de  moule ,  décrite  et 
figurée  sous  ce  nom  par  Adanson ,  Sénégal,  p.  21  a,  pi.  i5; 
mjtilus  ungulatus  ,  Linn.  (De  B.  ) 

FONGE,  Fungus.  (Bot.)  Nous  traiterons  ici  du  genre  nommé 
Agaricus  par  Linnaeus  et  par  Ja  presque  totalité  des  bota- 
nistes ses  successeurs,  et  non  pas  du  genre  Boletus  de  Linnaeus, 
comme  on  l'a  fait  dans  ce  Dictionnaire  à  l'article  Agaric, 

L'on  pense  assez  généralement  que  Théophraste,  Diosco- 
rlde,  Pline,  ont  désigné  par  agarikon  des  champignons  po- 
reux de  consistance  ligneuse,  et  qui  croissent  sur  les  mélèzes, 
les  chênes  ou  autres  arbres.  Jusqu'à  Linnaeus,  les  botanistes 
ont  eu  la  même  opinion,  et  cependant  ils  étendirent  ce  nom 
à  tous  les  champignons  poreux  en  dessous,  et  même  à  des 
champignons  qui  n'offroient  pas  ce  caractère.  Tournefort  lui- 
même  est  dans  ce  cas.  Linnaeus,  trouvant  une  sorte  de  confusion 
et  d'inexactitude  dans  l'application  de  ce  nom,  en  précisant 
les  caractères  de  ses  genres  de  champignons,  se  trouve  avoir 
donné  le  nom  d'agaric  à  d'autres  cham|,ignons  que  ceux  pré- 
sumés être  les  agarics  des  anciens,  ce  qui  est  sans  doute  une 
faute;  mais  sa  méthode  descriptive,  les  espèces  présentées 
avec  exactitude,  la  synonymie  établie,  avoient  de  si  grands 
avantages,  qu'ils  tirent  bientôt  oublier  les  travaux  des  prédé- 
cesseurs de  Linnaeus,  et  il  fut  suivi  par  tous  les  naturalistes.  Son 
genre  Agaricus,  compris  dans  Its fungus  des  anciens  botanistes, 


FON  J97 

prévalut,  malgré  Adanson,  qui  fit  remarquer  le  premier  que 

Vagarikon  et  le  mison  des  anciens  n'étoient  pas  des  agarics  de 
Linnaeus.  mais  ses  bolctus,  autre  nom  queLinnasusavoit  ôtéaux 
morilles  pour  leur  donner  celui  de  phallus.  A  présent  que  Ton 
coimoit  sous  le  nom  d'agancMS  plus  de  65o  espèces  décrites  et 
figurées,  et  sous  celui  de  boletus  plus  de  i5o  espèces;  que  les 
travaux  des  ciassificiitions  des  anciens  sont  à  peu  près  oubliés , 
il  est  très-utile  de  s'en  tenir  aux  genres  de  Linnaeus.  Il  est  bien 
plus  facile  ,  en  effet ,  de  se  rappeler  que  Vagarikon  de  Diosco- 
ride  est  un  bolet  de  Linnaeus ,  que  de  se  charger  la  mémoire 
de  mille  à  douze  cents  changemens  de  noms. 

Le  genre  Agaric,  Jgaric//5,  Linn.,  l'un  des  genres  déplantes 
cryptogames  les  plus  nombreux  en  espèces,  comprend  les  cham- 
pignons qui  ont  un  chapeau  garni  en  dessous  de  lames  ou  feuillets 
rayonnans ,  rarement  anastomosés,  et  qui  portent  les  séminules  (gon- 
gyles  ou  sporules) .  Ce  genre  de  la  division  des  champignons 
gymnocarpes,  c'est-à-dire  à  fruits  nus,  est  très-voisin  des  bo- 
lets. Quelques  espèces  rapportées  soit  à  l'un  soit  à  l'autre  genre 
forment  le  D.edalea  de  Persoon  (voyez  ce  mot),  que  nous  n'avons 
point  conservé,  à  l'imitation  de  M. Decandolle.  Adanson  avoit 
nommé  voU-a  un  genre  dans  lequel  il  rapportoit  les  agarics 
munis  d'un  volva.  M.  Persoon  l'a  conservé,  mais  en  changeant 
son  nom  en  celui  (ïamanita  (voyez  Dict. ,  t.  2  ,  p.  i  o ,  et  Supp.), 
créé  par  Haller  pour  désigner  le  genre  Agaricus  tout  entier, 
et  qu'Adanson  avoit  laissé  aux  seules  espèces    d'agarics  qui 
ont,  1  °  le  chapeau  hémisphérique  ou  turbiné,  doublé  en  dessous 
de  lames  simples  et  parallèles,  et  2.°  le  pédicule  central.  Enfin, 
les  espèces  munies  d'un  collier  ou  anneau,  forment  le  genre 
Fungus  d'Adanson.  Il  ne  sera  question  ,  dans  cet  article  ,  que  du 
groupe  des  agarics  sansvolva,  c'est-à-dire  du  genre  Agaricus 
de  M.  Persoon, 

L^s  agarics  sont  des  champignons  charnus  ou  membraneux, 
ordinairement  fragiles,  rarement  spongieux,  coriaces  ou  tube- 
reux,  communément  semblables  à  un  parasol.  Il  en  est  d'extrê- 
mement petits  et  délicats,  et  d'extrêmement  grands,  leur  cha- 
peau ayant  jusqu'à  un  pied  de  diamètre;  mais  cette  dimension 
est  rare.  Leurs  couleurs  sont  très-variées,  luisantes  et  vives 
dans  le  jeune  àgc.  Rien  n'est  plus  variable  que  la  durée  de  la 
vie  dans  ces  champignons:  certaines  espèces  ont  parcouru  en 


igB  FON 

quelques  heures  toute  la  période  de  leur  existence  ;  la  vie  est 
plus  longue  dans  les  autres  espèces,  mais  généralement  an- 
nuelle. Les  bois  onribragës,  les  arbres,  les  prés,  les  endroits 
humides,  les  fumiers  ,  les  murailles,  les  caves  et  souterrains, 
sont  autant  de  localités  où  croît  et  prospère  une  multitude  de 
ces  champignons.  En  naissant  ils  ressemblent  à  une  moisissure 
qui  se  gonfle  bientôt  :  le  chapeaii  s'élève  et  prend  de  l'ampleur. 
Quelques  espèces  imitent  alors  des  échaudés  ou  des  œufs.  L;i 
dilatation  du  chapeau  met  à  jour  les  nombreuses  lames  qui  le 
garnissent  en  dessous,  et  qui  sont  ordinairement  de  couleur 
différente.  Cette  époque  est  le  bel  âge  du  champignon.  Les 
lames  finissent  par  se  couvrir  d'une  poussière  très-fine,  com- 
posée de  séminules  solitaires  ou  géminées,  qui  contiennent 
les  graines.  La  surface  du  chapeau  est  tantôt  gluante  ou  vis- 
queuse, tantôt  sèche  et  pelucheuse.  Après  rémission  des  sémi- 
nules, les  agarics  coriaces  se  dessèchent,  et  les  membraneux 
se  détruisent  promptement  ou  se  fondent  en  utie  liqueur  fétide 
et  nauséabonde.  Cette  rapide  décompositioa  est  due  à  des 
substances  animales  que  l'analyse  chimique  a  fait  reconnoître 
dans  les  champignons:  et  à  ce  propos  nous  rappelleronsqu'elle 
a  trouvé  que  ces  champignons  étoient  composés  d'une  substance 
propre  nommée  fongine,  d'adypocire,  de  corps  graisseux,  de 
sucre;  de  matières  animales,  de  gélatine,  dalhumine,  d'osma- 
zone-.  de  muriates.  phosphates  et  sulfates  dépotasse  ;  de  divers 
acides  nouveaux,  notamment  d'acicîcs  fongiques,  hydniques  et 
Lolétiques  ;  de  bassorine,  de  chaux,  de  gomme,  de  résine  et 
d'eau.  Cette  multiplicité  de  principes  a  lieu,  sans  doute,  d'é- 
tonner, dans  des  végétaux  que  l'on  se  plail  à  regarder  comme 
les  plus  si-mpks,  et  dont  la  vie  est  quelquefois  si  courte.  La 
fongine  est  la  partie  nourrissante  du  champignon  ;  elle  est 
composée  de  carbone,  d'azote,  d'hydrogène,  d"oxigène  et  même 
de  soufre,  se  putréfie  comme  les  matières  animaks,  et  paroit 
moins  animalisée  que  le  gluten. 

Les  agarics  croissent  solitaires ,  ou  par  bouquets,  ou  bien 
en  société  et  dans  des  places  circonscrites.  Leur  apparition 
subite  étonne  ;  elle  a  fait  croire  à  quelques  naturalistes  qup 
le  véritable  champignon  étoit  souterrain  et  rampant,  et  qu'il 
donnoit  naissance  à  l'agaric,  qu'on  pourroit  alors  regarder 
comme  lu  partie  fructifère  de  la  piaule  :   c'est  une  erreur, 


FON  199 

car  il  suffit  d'arracher  des  agarics  pour  se  convaincre  que  les 
pieds  sont  isolés  et  n'ont  aucune  relation  entre  eux.  Pourroit-on 
Tadmettre  pour  les  agarics  et  pour  les  bolefs  qui  croissent  au 
sommet  des  arbres  P  Cette  opinion  a  été  principalement  sug- 
gérée par  quelques  espèces  (agaric  échaudé,  n"  Sa)  qui  vivent 
en  famille  et  par  cantonnemens  circulaires,  comme  si  on  ne 
pouvoit  pas  supposer  qu'un  pied  primitif  leur  avoit  donné 
naissance  en  lançant  ses  graines  autour  de  lui. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  extrêmement  nombreuses  ; 
beaucoup  d'entre  elles  servent  d'alimens  dans  quelques  con- 
trées :  il  est  impossible  de  concevoir,  à  moins  que  de  l'avoir 
vu,  la  prodigieuse  consommation  que  Ton  en  fait  en  Italie,  à 
Turin,  Florence,  Naples,  etc.  Dans  les  marchés  de  ces  villes, 
on  vend  les  champignons  en  tas  ou  dans  des  paniers  de  trois 
pieds  de  hauteur.  Malgré  l'extrême  abondance  de  ces  cham- 
pignons en  Italie,  c'est  encore  un  objet  de  spéculation  que  de 
chercher  à  les  multiplier.  Tout  le  monde  connoît  les  couches 
à  champignons,  et  ce  qu'on  nomme  à  Florence  la  pierre  à 
champignons  ,  pietra  fungaia ,  sorte  de  pierre  poreuse  de 
l'Apennin,  sur  laquelle  on  jette  une  première  fois  du  blanc 
de  champignon  .-  la  pierre,  mise  dans  la  cave,  se  couvre  au 
bout  de  quelques  jours  de  beaux  champignon»,  qu'on  enlève 
en  ratissant  la  pierre,  et  il  en  reste  assez  pour  qu'il  se  repro- 
duise de  nouveaux  champignons  au  bout  de  quelque  temps. 
Les  gourmets  de  champignons  ontsoin  de  se  munir  d'une  pierre 
aussi  précieuse.  II  paroît  que  les  anciens  en  étoient  encore 
plus  friands,  car  ils  ont  laissé  des  recettes  assez  bizarres  pour 
faire  naître  et  pour  multiplier  les  bonnes  espèces.  Ce  que  nous 
disons  ici  des  agarics  peut  s'appliquer  aussi  aux  bolefs  ,  aux 
amanites. 

Cependant  c'est  dans  ce  genre  qu'on  trouve  aussi  les  végétaux 
les  plus  pernicieux:  plusieurs  agarics  ont  acquis  un  nom  célèbre 
par  leurs  redoutables  effets.  Ces  champignons  sont  d'autant  plu  s 
terribles,  qu'ils  sont  difficiles  àreconnoitre  d'espèces  voisines 
très-innocentes.  Il  faut  généralement  se  méfier  des  espèces  qui 
ont  un  suc  laiteux  que  la  moindre  déchirure  fait  extravaser. 
On  doit  faire  remarquer  que  le  principe  délétère  est  très-vo- 
latil, puisqu'on  peut  manger  impunément  des  champignons 
vénéneux  après  les  avoir  fait  griller  :  il  pareil  aussi  résider  daas 


200  P0]y 

un  suc  soliible,  dans  l'eau  chaude  ou  dans  le  vinaigre ,  puisque 
presque  tous  ces  agarics  ne  sont  plus  ou  presque  plus  nuisibles 
lorsqu'on  les  a  fait  bouillir  dans  de  l'eau  ou  épuiser  dans  du 
vinaigre.  Les  agarics  vénéneux  agissent  comme  poison  acro- 
narcolique,  et  en  général  quelques  heures  après  qu'on  en  a 
mangé.  Les  plus  meurtriers  n'occasionent  la  mort  que  vingt- 
quatre  heures  après,  ou  plus  tôt,  selon  la  quantité  que  l'individu 
en  a  mangé.  Les  réiablissemens  sont  longs.  L'autopsie  cada- 
vérique ne  montre  point  de  lésion  de  partie.  Lorsque  des 
symptômes  d'empoisonnement  occasionés  par  ces  végétaux  se 
manifestent,  les  meilleurs  remèdes  sont  d'abord  les  évacuans 
et  l'émétique,  puis  les  adoucissans. 

Les  agarics  vénéneux  sont  dévorés  par  une  multitude  de 
larves  d'insectes  coléoptères  et  diptères;  ils  servent  aussi  de 
nourriture  à  quelques  animaux  :  BuUiard  cite  de  asgarics  rongés 
par  les  lièvres. 

Linnaeiis  n'a  connu  et  signalé  qu'un  très -petit  nombre 
d'espèces  d'agarics,  bien  que  l'ouvrage  de  Micheli  eût  été  pu- 
blié. Batsch,  Schaeffer,  BuUiard,  Sowerby,  et  plusieurs  autres 
botanistes  en  ont  décrit  et  figuré  un  très-grand  nombre  d'es- 
pèces ,  qui  se  trouvent  portées,  dans  le  Synopsis  fungorum  de 
Persoon,  à  quatre  cent  quarante,  sans  y  comprendre  seize 
espèces  d'amanites.  Depuis,  ce  nombre  s'est  encore  consi- 
dérablement accru  par  les  découvertes  de  M.  Persoon  lui- 
même,  de  Lamarck,  Paulet,  Willdenow  ,  Decandolle,  Vahl, 
Hornmann  (dans  le  Flora  Danica),  Pries,  Nées,  etc.  de  sorte  que 
l'on  en  compte  actuellement  plus  de  65o  espèces,  toutes  d'Eu- 
rope, et  desquelles  3oo  croissent  en  France.  On  ne  connoît 
presque  pas  les  espèces  qui  croissent  en  Amérique,  en  Afrique 
et  dans  l'Asie,  et  qui  paroissent  devoir  être  très-nombreuses. 
Ln  classification  de  ces  espèces  a  donné  naissance  à  des  groupes 
qu'on  peut  regarder  comme  autant  de  sous-genres,  fondés  sur 
la  nature,  la  présence  ou  l'absence  de  certaines  parties.  Ces 
coupes  ont  été  étaldlcs  par  M.  Persoon,  et  nous  al'ons  les  faire 
connoître  dais  l'ordre  adopté  par  M.  Decandolle,  en  même 
temps  que  nous  s'gnalcrons  les  rspèces  les  plus  remarquables 
dans  chacune.  Nous  devons  ''aire  remarquer  que  la  plupart  de 
ces  divisions  ont  été  considérées  comme  autant  de  genres  par 
plusieurs  botanistes.  Voyez  les  divers  noms  de  ces  divisions 


FON  201 

dans  ce  Dictionnaire,  et  l'exposé  du  travail  de  Paulet  sur  ce 
genre  ,  à  la  fin  de  cet  article.  M.  Otto  a  proposé  dernièrement 
une  classification  des  agarics  d'après  la  forme  et  la  disposition 
des  lames  ou  feuillets  du  chapeau  ;  mais  elle  ne  paroît  pas 
admissible. 

I/*  Section.  Pleurope;  Fleuropus,  Pers. 

Stîpe  nul,  latéral  ou  excentrique. 

Obs.  Espèces  en  général  coriaces  et  sessiles.  A  cette  section 
appartiennent  quelques  dœdalea,  Pers.,  et  les  genres  Striglia, 
Sesia  ,  Serda,  Gelona,  Pelrona  et  Kuema  d'Adanson,  et  les 
Agarics  labyrinthes  et  plaqués  de  Paulet. 

1.  L'Agaric  du  chêne  :  Agaricus  quercinus,  Linn.;  Decand., 
FI.  Fr.,  n.°  353  ;  Agaricus  labyrinthijformis  ,  Bull.,  Herb. ,  t.  352 
et  t.  442,  f.  1  ;  Dœdalea  quercina,  Pers.  ;  Striglia,  Adans.  ;  vul- 
gairement le  Labyrinthe,  l'Etrille.  Scssile,  roux,  subéreux, 
appliqué  contre  le  bois  par  toute  sa  surface  supérieure,  l'in- 
férieure externe,  garnie  de  porcs  larges,  sinueux,  anastomosés. 
Commun  dans  toutes  les  saisons  sur  les  troncs  d'arbres  et  les 
vieilles  solives,  il  varie  beaucoup  de  grandeur.  Cet  agaric  est 
employé  comme  brosse  pour  décrasser  le  dessus  de  la  tète. 
Césalpin  dit  que  les  baigneurs,  en  Italie,  l'emploient  à  cet 
effet;  d'autres  s'en  servent  comme  d'une  étrille  pour  les  che- 
vaux. Les  gens  de  la  campagne  le  nomment  peigne  de  loup, 

2.  Agaric  de  i,'aune  :  Agaricus  alneus  ,  Linn.  ;  Bull.,  Herb., 
t.  546  et  681  ;  Vaill.,  Bot. ,  t.  10,  f.  7.  Presque  sessile,  un  peu 
coriace;  chapeau  hémisphérique  ,  lobé  ,  recouvert  d'un  duvet 
blanc- grisâtre;  feuillets  rougeàtres,  épais  ,  en  gouttière.  Petit 
et  joli  agaric,  commun,  en  hiver,  sur  les  troncs  de  l'aune  et 
quelques  autres  arbres.  Ce  champignon  est  le  type  du  genre 
Schizophjllus  de  Pries. 

3.  Agaric  STYPTiQUE  ;  Agaricus  stypticus ,  Bull.,  Herb.,  1. 140  et 
t.  557,  f.  1.  Champignonde  couleur  de  cannelle,  ou  fauve  claire, 
à  stipe  plein,  nu,  un  peu  comprimé,  dilaté  au  sommet  et 
continu  avec  le  chapeau;  celui-ci  hémisphérique,  un  peu  co- 
riace, émarginé;  feuillets  entiers,  se  séparant  du  chapeau  et 
se  terminant  tous  à  une  ligne  circulaire  commune.  Il  se  trouve  , 
en  automne,  en  hiver  et  quelquefois  au  printemps,  sur  les  troncs 
d'arbres  en  touffes  épaisses.  Il  a  d'abord  une  saveur  douce  et 


202  PO^^ 

fade,  puis  acre  ,  styptiquc,  et  cause  des  sentimens  d'astrictîn» 
au  gosier;  donné  aux  animaux,  il  les  purge,  les  inconimode 
beaucoup ,  mais  ne  les  tue  pas. 

4-  Agaric  transparent  ;  Agaricus  trnnshicens  ,  Dec. ,  FI.  Fr. , 
Suppl.,  11,°  355.  Stipe  nul,  ou  très-court  et  latéral  ;  feuillets 
inégaux  et  libres  ;  d'abord  pâle,  puislilas,  puis  roussàtre;  cha- 
■peau  arrondi,  irrégulier,  très-mince  et  transparent,  d'un  blanc 
roussàtre.  11  croit  aux  environs  de  Montpellier,  sur  les  vieux 
troncs  de  saule  ;  les  pauvres  gens  le  mangent,  confondu  avec 
beaucoup  d'autres  champignons,  sous  le  nom  de  pivoulade  de 
.saule. 

5.  Agaric  de  l'olia'ier  :  Agaricus  olearius,  Decand. .  FI.  Fr. , 
Suppl.,  n.^SGiS  ;  vulgairement  Champignon  de  l'olivier,  l'O- 
reille ou  l'Œil  de  l'olivier,  Paul.  D'un  roux  doré  très-vif,  un 
peu  brun  en  dessous;  stipe  central,  ou  excentrique,  ou  latéral, 
plein,  filandreux,  haut  d'un  à  trois  pouces;  feuillets  inégaux, 
décurrens;  chapeau  très-variable.  Ce  champignon  croît  dans 
le  midi  de  la  France,  solitaire  ou  en  touffe,  sur  l'olivier,  le 
charme ,  le  lilas ,  le  laurier-rose ,  l'yeuse.  Il  est  vénéneux.  Lors- 
qu'il se  gâte,  il  jette,  dit-on,  une  lumière  phosphorique. 

IL*  Section.  Russule;  Russula,  Pers. ,  Link. 

Stipe  central;  feuillets  égaux  entre  eux  et  point  terminés 
sur  un  bourrelet  annulaire. 

Obs.  Les  espèces  sont  toutes  vénéneuses. 

6.  Agaric  fétide  -.  Agaricus  fœtens ,  Pers.,  Sj'n.^  p.  443;-  ^gc-- 
ricus  piperafus,  Bull.,  Herb. ,  t.  292.  D'un  jaune  fauve  ;  stipe 
nu ,  plein,  très-gros,  de  plus  de  deux  pouces;  chapeau  déprimé  , 
de  neuf  à  dix  pouces  de  diamètre,  siriué  sur  les  bords,  et  mar- 
qué ,  tout  du  long  de  son  contour,  de  cannelures  articulées, 
gluant  et  ayant  peu  de  chair;  feuillets  libres,  rares,  épais,  sou- 
vent fourchus.  Ce  champignon  se  trouve  en  automne,  après  les 
grandes  pluies,  au  milieu  des  gazons  des  bois.  On  le  trouve 
rarement  entier,  l'intérieur  du  stipe  étant  presque  toujours 
rongé  par  les  limaçons  qui  sont  très-friands  de  ce  champi- 
gnon. Il  a  une  odeur  de  brûlé  assez  sensible.  Sa  saveur  est  acre 
et  trcs-poivrée.  Il  est  vénéneux. 

7.  Agaric  rouge:  Agaricus  ruher\  Decand.,  FI.  Fr. ,  n.°572; 
Jgaricus    sanguineus,  Bull.,  Herb.,  t.  42.  Stipe  blanc,  strié 


FON  2o5 

de  noir  ou  de  rose,  d'abord  plein  ,  puis  creux,  nu,  long  ne 
deux  pouces  environ;  chapeau  d'un  rouge  sanguin,  large  de 
trois  pouces  el  demi  j  feuillets  blancs,  continus  sur  le  stipe, 
divisés  en  deux  ou  trois.  En  été,  dans  les  bois.  U  est  acre, 
caustique  et  très-vénéneux.  La  cliair  du  chapeau  est  souvent 
rongée  par  les  vers. 

III.*  Section.   Lactaires  :  Lactijluus   et  Laclarius,  Fers,: 
vulgairement  Champignons  laitiers  ou  meurtriers. 

Stipe  central;  feuillets  très-inégaux  ;  suc  laiteux  blanc, 
quelquefois  jaune  ou  rouge. 

8.  Agaric  acre  :  Agaricus  acris,  Bull.,  Herb..  t.  538  et  200  ; 
Agaricus  amarus,Schasfr.,t.  83;  le  Laiteux  poivré  blanc  ,  Paul. 
Feuillets  quelquefois  jaunâtres  ou  roussàtres,  frès-nombreux  , 
souvent  fourchus;  stipe  long  d'un  pouce:  chapeau  à  bords 
sinueux  et  onduleux,  charnu,  large  de  trois  pouces  et  demi. 
Ce  champignon  croît  dans  les  forêts;  il  abonde  d'un  suc  laiteux, 
douceâtre  dans  la  plante  jeune,  et  fort  acre  et  très-vénéneux 
(ians  les  individus  adultes.  Selon  Paulet,  on  le  mange  en  Russie, 
en  Allemagne  et  même  en  France.  Darislcs  Vosges  on  le  nomme 
Aubuzon  et  Vache  blanche.  On  corrige  son  àcreté  avec  du 
sel,  de  l'huile,  du  beurre  et  du  poivre. 

9.  Agaric  zoî^è:  Agaricus  2onarfu5,  Dccand..  FI.  Fr.,  n.°  07 5; 
Agaricus  lactijluus  zonarius ,  Bull.,  Herb.,  t.  :o4;  Vaill.,  Bot., 
t.  1 2  ,  f.  7.  Stipe  et  feuillets  blancs  ;  chapeau  velu ,  large  de  trois 
pouces  et  demi,  d'un  jaune  ter-te,  marqué  de  zones  concen- 
triques plus  foncées ,  sinueuses  couîmelebord  du  chapeau.  La 
plante  entière  abonde  à'\in  .suc  très-âcre  et  caustique.  Elle 
croît  dans  les  bois,  en  été  et  en  automne. 

10.  Agaric  déiicieux  :  Agaricus  deliciosus ,  Linn.  :  Schaeff. , 
Fung.,  1. 11.  Stipe  jaune,  ferme  ,  long  de  deux  pouces  et  demi; 
chapeau  orbiculaire,  large  de  deux  à  quatre  pouces,  jauae 
dan/sajeunesse,  puis  fauveou  rouge  de  brique,  uni  ou  zone  de 
jaunâtre  ;  feuillets  plus  pâles,  inégaux  ,  recouverts  d'une  pous- 
sière séminale  verdàtre.  Cette  espèce,  au  rapport  deLinnaeus. 
se  trouve  dans  les  bois  montueux  et  stériles.  M.  Persoon  ajoute 
qu'elle  croît  en  automne  danslesbois  de  pins,  en  famille,  dans 
des  espaces  circulaires.  Tl  doute  que  ce  soit  le  véritable  aga- 
ricus deliciosus  de  Linnaeus.  Lorsnu'ou  blesse  cette  plante,  pHp 


ao4  FON 

laisse  transsufler  une  liqueur  laiteuse  ,  jaunâtre  selon  Linnaeus, 
acre  et  couleur  de  safran  selon  Di'Ien  et  Micheli  (qui  donne 
ce  champignon  comme  pernicieux),  orangée  stjlon  M.  Persoon  ; 
enfin  douce  et  d'un  rouge  prononcé,  d'après  MM.  de  Lamarck. 
et  Decandolle.  II  est  probable  que  plusieurs  espèces  sont  con- 
fondues sous  le  nom  d'agaricus  deliclosus ,  et  que  l'espèce  qu'on 
donne  pour  un  mets  délicieux  n'y  est  pas  comprise. 

1 1 .  Agaric  meurtîiier  :  Agaricus  necator,  Bull; ,  Herb. ,  t.  5  2g  , 
f.  2  et  t.  14;  Decand.,  FI.  Fr. ,  n."38o;  vulgairement  le  Morfon. 
D'un  rouge  tirant  sur  le  jaune;  stipe  cylindrique  épais,  long 
de  trois  pouces  et  demi;  chapeau  large  de  trois  pouces  environ, 
couvert  de  peluchures  plus  foncées  qui  disparoissentavec  l'âge, 
marqué  de  zones  concentriques  ocracées,  à  bords  repliés  et 
velus;  feuillets  inégaux,  blancs.  Dans  une  variété  de  ce  cham- 
pignon {Vagaricus  necator,  Fers.),  Je  chapeau  est  olive-foncé, 
et  les  feuillets  sont  roses.  Cette  espèce  croît  dans  les  bois  et 
dans  les  champs,  dans  les  lieux  gazonneux  ;  elle  paroit  à  la  fin 
de  Tété  et  durant  l'automne.  Elle  est  gorgée  d'un  suc  laiteux  , 
acre  et  caustique.  Une  très-petite  quantité  de  ce  champignon 
produit  les  effets  les  plus  funestes  :  le  remède  le  plus  usité  est 
l'huile,  prise  en  lavemens  et  en  boisson. 

IV.^  Section.  Les  Coprins  ;  Coprinus ,  Fers. ,  Link;  vulgairement 
les  Encriers. 

Stipe  central,  nu  ou  muni  d'un  collier;  feuillets  inégaux, 
se  fondant  en  une  eau  noire  dans  leur  vieillesse;  chapeau 
membraneux,  généralement  coniqvie  ou  campaniforme. 

12.  Agaric  drapé  :  Agaricus  tomentosus ,  Boit.,  Fung.,  t.  i56; 
Bull.,  Herb.,  t.  i38.  Stipe  blanchâtre  cylindrique,  atténué 
aux  deux  bouts,  nu,  fistuleux,  un  peu  cotonneux,  long  de 
deux  pouces;  chapeau  d'abord  cylindrique,  puis  conique  et 
acéré,  haut  d'un  pouce  sur  autant  de  diamètre,  à  surface 
peluchée  et  cotonneuse,  qui,  en  se  détruisant,  met  à  nu  les 
feuillets;  ceux-ci  très-nombreux,  blancs,  formés  chacun  par 
une  double  lame.  Cette  espèce  croit  dans  les  jardins,  les  bois, 
sur  le  terreau  ;  elle  vit  deux  ou  trois  jours ,  et  se  résout  en  une 
î'iqueur  noire  ou  brune. 

i3.  Agaric  encrier  :  Agaricus  atramentarîus ,  Bull..  Herb.  , 
t.j64;  Vaill.jBot.,  t.  12,  f.  10-11.  Stipe  blane,  nu,  cjlin- 


FON  2q5 

drique,  lisse,  long  de  six  pouces;  chapeau  mînce,  d'abord 
globuleux,  puis  en  cloche  alongée ,  large  de  deux  pouces  et 
demi  environ,  siiiueuxsur  le  bord,  à  surlace  humide  jaunâtre, 
striée  vers  le  bord,  marquée  au  sommet  de  taches  rousses; 
feuillets  inégaux,  formés  d'une  lame  repliée  sur  elle-même, 
d'abord  blancs,  et  ensuite  couleur  de  bistre.  Il  se  fond  en  une 
eau  noire,  arec  laquelle  BuUiard  a  fait  de  l'encre  pour  le  lavis. 
Ce  champignon  paroit  en  automne  dans  les  lieux  humides,  et 
en  touffes  composées  d'un  grand  nombre  d'individus  :  on  en  h 
compté  jusqu'à  quarante  sur  la  même  souche. 

i4-  Agaric  éphémère  -.Agaricus  ephemerus ,  Decand.,  FI.  Fr., 
n."  394  ;  Agaricus  ephemerus  ,  Bull.,  Herb. ,  t.  642  ,  f.  1  ,  et  Aga- 
ricus monlanus ^  id.,  1. 128.  Stipe  grêle  ,  blanchâtre,  fistulcMix, 
long  de  trois  pouces  sur  une  ligne  de  diamètre;  chapeau  lisse 
ovoïde  ou  en  cloche,  puis  ouvert  et  dZ-chiré  en  cinq  ou  six 
parties  rayonnantes,  qui  finissent  par  s'enrouler  en  dessus; 
disque  roux,  bord  jaunâtre  à  stries  noirâtres;  feuillets  libres, 
blancs,  inégaux,  étroits.  Ce  champignon  vit  à  peine  un  jour. 
On  le  trouve  sur  les  fumiers;  il  est  d'une  consistance  molle  ; 
à  sa  mort  il  se  réduit  en  une  eau  noirâtre. 

V.*  Section.  Los  Phatelles;  Pratella,  Fers. 

Stipe  central,  nu  ou  muni  d'un  collier;  chapeau  charnu  ; 
feuillets  noircissant,  sans  se  fondre,  dans  leur  vieillesse. 

i5.  Agaric  amer  :  Agaricus  amarus ,  Bull.  Heib. ,  t.  3o  et 
t.  562;  Agaricus  auratus ,  FI.  Dan.,  t.  820.  Stipe  nu,  cylin- 
drique, tortueux,  long  de  deux  pouces  et  demi,  jaune,  avec 
des  peluchures noires;  chapeau  d'abord  hi'misphérique,  jaune, 
plus  foncé  au  centre,  peu  charnu,  à  surface  sèche,  large  d'un 
pouce  et  demi;  feuillets  gris -verdàtre,  inégaux,  distincts; 
collier  fugace,  noirâtre.  Ce  champignon  exhale  une  odeur 
agréable,  mais  sa  saveur  est  fort  amére.  Il  croit  dans  les  bois, 
en  touflFes,  sur  les  vieux  troncs  d'arbres. 

16.  Agaric  azuré  -.Agaricus  cydneus,  Bull.,  Herb.,  t.  170  et 
63o  ,  f.  1  ;  Berjllus,  Batsch,  Fung.,  f.  2i3.  Stipe  glatineux, 
bleuâtre;  chapeau  d'abord  globuleux,  puis  convexe,  azuré, 
ensuite  jaunissant  au  sommet,  puis  totalement,  à  surface  gluti- 
neuse;  feuillets  d'un  jaune  roux,  inégaux,  recouverts  d'une 
membrane  dans  leur  jeunesse.  Cette  belle  espèce  n"a  pas  deux 


2o6  FOX 

poucesdc  liaiitcur;  elle  croil  solilaire  sur  les  troncs,  dans  les 
bois.  On  la  trouve  eu  automne. 

17.  Agaric  comestibles  At^aricux  edulis ,  Bull.,  Herh.,  f.  5i4 
el  i34:  Dec,  FI.  Fr.,  n."4i8;  vulgairement  Champignons  de 
eouche.  Boule  de  neige  et  Chanipignons  de  Bruyère,  Paul.; 
i'tataiolo  des  Italiens.  Stipe  ferme,  plein,  charnu,  quel- 
quefois tubéreux  à  la  base,  long  d'un  à  deux  pouces,  très- 
épais;  chapeau  blancou  d'un  jaunepàle  et  terne,  ayant  jusqu'à 
trois  pouces  et  demi  de  diamètre,  à  chair  ferme  et  cassante; 
feuillets  d'abord  blancs  ou  rougeâtres  .  puis  bruns  ou  noi- 
râtres, iufgaux,  distincts  du  stipe,  recouverts  à  leur  nais- 
siiDce  d'une  membrane  blanche,  qui,  en  se  déchirant,  laisse 
des  lambeaux  aux  bords  du  chapeau  et  autour  du  pédicule, 
eo  forme  de  collier.  Dans  une  A'^ariété  {X'agaricus  campesiris  , 
Linn.,  Sehaeff.,  t.  55,  cliampignon  de  couche  franc,  Paul.), 
le  chapeau  cstécailleux,  blanc  moucheté  de  jaune,  elles  lames 
sont  brunes. 

Cette  espèce  est  fort  commune  partout,  en  automne  ,  dans 
les  bois,  les  prés,  les  champs,  les  jardins  et  parcs,  les  cours 
où  il  y  a  du  fumier,  etc.  On  la  trouve  cependant  plus  fréquem- 
ment dans  les  endroits  découverts;  elle  a  un  goût  et  une  odeur 
agréables,  qui  la  font  rechercher  comme  aliment,  et  l'on  sait 
quelle  consommation  Ton  en  fait.  Cette  espèce  est  cultivée 
dans  toute  l'Europe,  et  plus  dans  les  pays  du  Kord  que  dans 
le  Midi;  on  la  cultive  sur  des  couches  ou  des  meules  entière- 
ment faites  de  iumier  de  cheval,  le  seul  de  tous  les  fumiers 
qui  paroisse  convenir  à  son  développement.  Voyez  Couches 

A  CHAMPIGNONS. 

Vl.^Section.  Les  Rotules  ou  Anprosaces;  Rotula,  Vers. 

Stipe  central;  feuillets  égaux,  terminés  sur  un  bourrelet 
annulaire  qui  entoure  le  stipe. 

18.  Agaric  e\  roue  :  Agaricus  rotula .  Pers. ,  Syn. ,  t.  167  : 
Sowerb.,  Fung.  Brit. ,  t.  <ji  ;  Agaricus  androsaceus ,  Bull.,  Herb.. 
t.  64.  Champignon  blanc  ,  à  stipe  violet-foncé  à  la  base,  grêle, 
luisant,  long  d'un  pouce;  chaj)eau  ombiliqué,  strié,  plus  ou 
moins  convexe,  mince  et  ondulé,  ou  crénelé  sur  le  bord  ,  large 
de  quatre  à  cinq  lignes;  quinze  à  vingt  feuillets  saillans.  Dans 
iine  variété  le  chapeau  est  couleur  d'ocre.  Se  trouve  en  été  et 


,FON  207 

en  automne  sur  les  feuilles  morlts  et  le  bois  pourri;  il  naît  eu 
toutfe-. 

VII.'  Section.  Les  Mycènes  ;  Afjcena,  Pers. 

Point  de  collier;  stipe  central  fistuleux  ;  feuillets  ne  noir- 
cissant point  en  vieillissant;  chapeau  non  oinbiliqué. 

ig.  Agaric  a  pied  noir  ;  Agaricus  nigripes,  Decand.  Cham- 
pignon gris,  moucheté  de  fauve  ou  de  hruu;  stipe  noiràti  e 
à  sa  base,  velouté,  long  de  trois  pouces;  chapeau  sinueux,  un 
peu  charnu,  large  de  deux  pouces,  à  surface  gluante;  feuillets 
libres,  inégaux,  jaunâtres.  Ce  champignon  est  d'une  saveur 
gommeuse.  On  le  trouve  dans  les  temps  froids,  en  automne  et 
en  hiver.  Il  croît  solitaire,  ou  en  touffe  de  dix  à  douze  pieds. 
20.  Agaric  ci.00 .-  Agaricus  cluvus  ,  Linn.  ;  Bull.,  Hcrb.,  t.  669  , 
f.  1  et  t.  i48;Vaill. ,  Bot.,  t.  2 1,  f.  19-20;  vulgairement  le  Clou. 
Champignon  roussâtre  ou  fauve,  long  d'un  pouce  et  demi  ; 
jtipe  grêle,  plein  5  chapeau  arrondi,  souvent  goudronné, 
presque  plane,  un  peu  charnu  et  translucide;  feuillets  peu 
nombreux,  blancs  ,  entiers,  ou  coupés  en  deux  demi-feuillefs. 
On  le  trouve,  au  commencement  de  l'automne,  sur  les  feuilles 
mortes,  les  mousses,  le  bois  pourri ,  la  terre  ,  etc.  Scion Wulfen  , 
aux  environs  de  Vienne,  en  Autriche,  il  paroît  en  avril,  et 
on  le  porte  alors  au  marché.  Il  est  fade ,  et  demande  à  être 
assaisonné. 

21.  Agaric  alliacé  :  Agaricus  alliaceus,  Bull.,  Herb. ,  1. 158 
et  524,  f.  1  ;  vulgairement  l'AilIier  des  bois.  Champignon  haut 
de  trois  à  quatre  pouces,  roussâtre  ou  d'un  blanc  jaunâtre  ; 
stipe  un  peu  velu  à  la  base,  aminci  au  sommet;  chapeau  long 
d'un  pouce  et  demi,  plane,  ou  convexe,  ou  bossu  dans  le 
centre  ;  feuillets  libres ,  roussàtres  ,  terminés  en  pointes  du  côté 
du  stipe.  Il  croit  dans  les  bois  humides,  et  exhale  l'odeuç 
d'ail.  On  le  trouve  ,  en  automne,  sur  les  feuilles  mortes,  le 
terreau ,  etc. 

VIII.*  Section.  Les  Omphalies  ;  Omphalia  ,  Pers. 

Point  de  collier  ;  stipe  central,  fistuleux  ou  plein;  chapeau 
ombiliqué  ;  feuilletspresque  toujours  décurrens ,  ne  noircissant 
point  en  vieillissant. 

22.  Agakicviroiî^al:  Agaricus  virgineus,Jacq.,  Mise,  2,  t.  1  5  , 
£  1 3  Agaricus  ericeus  ,  Bull. ,  Herb. ,  t.  1 8  8  et  t.  5  5 1 ,  f.  1 .  Cham- 


2o8  FON 

pignon  blanc  déneige  ou  légèrement  roux,  haut  d'un  pouce; 
stipenu,-  cylindrique  et  creux;  chapeau  d'un  pouce  et  demi  de 
diamètre,  d'abord  convexe,  puis  plane  ou  convexe,  avec  les 
bords  rabattus,  quelquefois  transparens;  feuillets  rares,  entiers, 
et  entremêlés  de  demi-feuillets  prolongés  sur  le  stipe.  Cette 
espèce  vient,  pendant  tout  l'automne,  en  groupes,  dans  les 
bruyères,  les  prés  secs,  les  collines  gazonnées  et  les  friches.  On 
le  mange  sous  le  nom  de  Mousseron.  Son  goût  est  agréable. 

23.  Agaric  tigré  :  Agaricus  tigrinus ,  Bull.,  Herb.,  t.  70. 
Champignon  blanc,  avec  de  petites  peluchurcs  brunes,  haut 
d'un  pouce  au  plus;  stipe  nu,  plein,  tortueux;  chapeau 
large  d'un  pouce  et  demi  à  deux  pouces;  feuillets  inégaux, 
nombreux,  prolongés  sur  le  stipe  et  y  adhérens.  On  mange 
aussi  ce  champignon,  agréable  au  goût  et  à  l'odorat;  il  croît 
solitaire  ou  par  groupe,  dans  les  bois,  sur  les  troncs  d'arbres, 
tandis  que  le  précédent  y  est  fort  rare. 

24.  Agaric  améthyste:  Agaricus  ainelliysteiis,  Bull.,  Herb., 
t.  198  et  670,  f.  1;  vulgairement  l'Améthyste  des  bois.  Champi- 
gnon d'abord  d'un  beau  violet  améthyste ,  puis  grisâtre  dans  la 
vieillesse,  haut  de  deux  à  trois  pouces  ;  stipe  long,  plein, 
filandreux,  garni,  par  le  bas,  de  fibrilles  radicales;  chapeau 
large  d'un  pouce  et  demi  à  deux  ;  d'abord  hémisphérique ,  puis 
sinueux,  à  surface  presque  veloutée;  feuillels  peu  nombreux, 
rarement  entiers.  Ce  joli  agaric  se  trouve,  lui  commencement 
de  l'automne,  dans  les  bois  couverts,  çà  et  là ,  solitaire  ou 
groupé,  sur  les  vieux  troues  d'arbres  ou  sur  le  terreau  qui  les 
entoure. 

IX.^  Section.  Les  Gvmnopes;  Gjinnopus,  Pers. 

Stipe  plein;  chapeau  charnu;  feuillets  ne  noircissant  pas 
dans  la  vieillesse  j  collier  nul. 

Obs.  Cette  section  est  la  plus  nombreuse  en  espèces,  dont 
beaucoup  sont  bonnes  à  manger. 

1  .■"*  Division.  Feuillets  décurrens  sur  le  stipe. 

25.  Agaric  vineux;  Agaricus  vinosus ,  Bull.,  Herb.,  t.  64. 
Champignon  haut  de  deux  pouces  et  demi ,  d'un  roux  brun  ; 
stipe  presque  cylindrique;  chapeau  large  de  deux  pouces 
au  plus,  d'abord  arrondi ,  puis  sinueux  ,  lobé  et  recouvert  d'un 
duvet  très-fin  -.  feuillets  nombreux  et  roux.  11  croît  en  automne. 


FON  209 

dans  les  bois  sablonneux; il  a  un  goût  salé  et  comme  vineux; 
il  n'est  point  dangereux. 

:ib.  Agaric  odorant  :  Agaricus  odorus ,  Bull. ,  Herb,,  t.  17G, 
et  t.  556  ,  f.  3  :  As;aricus  anisatus  ,  Pers.  Champignon  blanc ,  ver- 
clàtre  ou  bleuâtre,  haut  de  deux  pouces;  stipe  flexuenx  ; 
chapeau  large  de  plus  de  trois  pouces  ,  charnu,  lisse;  feuillets 
écartés,  blancs.  Il  croît  dans  les  forêts  de  chênes,  parmi  les 
feu'lles  mortes  ;  il  exhale  une  forte  odeur  de  musc;  dans  une 
variété,  qui  croit  dans  les  bois  de  pins,  cette  odeur  approche 
de  celle  de  la  giroflée  ou  de  l'anis. 

27.  Agaric  oheillette  :  Agaricus  Lauricula,  Dub.  ,  FI.  d'Orl. , 
p.  i58  ;  vulgairement  Oreillette  et  Escoubarde.  Champignon 
d'un  gris  plus  ou  moins  foncé;  stipe  court;  chapeau  arrondi, 
un  peu  roulé  en  ses  bords;  feuillets  blancs.  lise  trouve  en  au- 
tomne, sur  les  pelouses,  aux  environs  d'Orléans.  On  le  mange: 
il  a,  dit-on,  bon  goût. 

28.  Agaric  mousseron  :  Agaricus  mousseron,  Bull.,  Herb.  , 
t  .^l^2•,  Agaricus  alhellus,  SchœS'.,  Fung.,  t.  j8  ;  Mousseron  gris 
Paul.  Champignon  d'un  blanc  jaunâtre,  à  surface  sèche  ,  sem- 
blable à  de  la  peau  ;  stipe  nu  ,1e  plus  souvent  renflé  à  la  base, 
et  velu,  long  d'un  à  deux  pouces;  chapeau  large  d'un  pouce 
et  demi  au  plus,  sphérique  ou  bien  en  forme  de  cloche  ,  très- 
charnu  ,  replié  en  dessous  ;  feuillets  très-nombreux  ,  inégaux, 
aigus  aux  deux  bouts.  Le  mousseron  croit  abondamment,  au 
printemps  et  dans  une  partie  de  l'été ,  dans  les  bois  découverts , 
les  friches,  les  prés  secs,  etc.  C'est  un  des  meilleurs  champi- 
gnons qui  se  mangent  :  on  le  recueille  avec  soin  pour  le  con- 
server. Sa  chair  est  d'une  saveur  agréable,  surtout  dans  les 
jeunes  individus,  et  lorsque  le  champignon  est  frais.  Il  sert 
principalement  comme  assaisonnement.  Lorsqu'on  veut  le  con- 
server, onl'enfilepar  le  pied,  et  on  le  laisse  dessécher  ainsi.  Il 
s'est  refusé  jusqu'à  présent  à  la  culture. 

Obs.  A  celte  division  appartiennent  l'agaric  social,  agaricus 
socialis,  Dec,  FI.  Fr. ,  Suppl. ,  n."  47 3,  et  l'agaric  de  l'yeuse ,  aga- 
ricus ilicinus,  Dec. ,  1.  c.  ,n.°475,  que  l'on  mange  à  Montpellier 
sous  les  noms  de  pivoulade  d'éouse  et  de  frigoule. 
2.*  Division,  Feuillets  adhérens  au  stipe. 

39.  Agaric  des  devins  :  Agaricus  hariolorum,  Bull. ,  Herb., 

17.  14 


210  rois 

t.  56  et  t.  585  ,  f.  2  -.  Aguricus  sagarum  ,  Pers. ,  Syn.  ,  35 1 .  Cham- 
pignon d'un  jaune  pâle  ,  haut  d'un  pouce  et  demi;  stipe 
velu  ou  lisse;  chapeau  large  d'un  pouce  et  demi,  presque 
plane ,  lisse  ,  glabre  ;  feuillets  inégaux ,  nombreux  et  tortueux. 
On  le  trouve  durant  Tété,  en  touffes,  parmi  les  feuilles  mortes, 
dans  les  bois.  Selon  Bulliard,  dans  quelques  endroits,  les  ha- 
bitans  superstitieux  n'osent  pas  fouler  aux  pieds  ce  champi- 
gnon. Son  goût  est  agréable. 

.  So.AcARic  PARASITE ;Jgaricus  parasj7/c«5,Bull.,Herb.,t.  574. 
Champignon  blanc,  haut  d'un  à  trois  pouces  ;  stipe  courbe, 
poilu  à  la  base;  chapeau  campanule,  sinueux,  large  de  huit  à 
neuf  lignes;  feuillets  écartés,  épais  et  rougeàtres.  Il  croît  par 
touffes  sur  liis  agarics  et  les  bolets  à  moitié  pourris. 

3.*  Division.  Feuillets  non  adhérens  au  stipe. 

01.  Agaric  rampant;  Agaricus  repens ,  Bull.,  Herb.  ,  t.  90, 
Champignon  rampant,  à  souche  rougeàtre  ,  poussant  de  nom- 
breux stipes  simples  ou  rameux,  ioags  de  trois  pouces  et 
demi;  chapeau  orbiculaire  ,  puis  sinueux,  jaunâtre,  large  de 
neuf  lignes;  feuillets  nombreux,  jaunes,  inégaux,  plus  larges 
vers  le  centre.  Cette  espèce  croit  sous  les  feuilles  pourries, 
dans  les  bois,  en  automne. 

32.  Agaric  échavbè  :  Agaricus  crustuliniformis ,B\û\.  ,  Herb., 
t.  3o.8  et  t.  5/|6  ;  Agaricus  fastibilts  ,  Pers. ,  Sjn, ,  p.  3a6.  Cham- 
pignonsemblable,parsa  forme  et  par  sa  couleur,  à  un  échaudé, 
haut  de  deux  pouces;  stipe  nu,  glabre,  taché  de  noir;  cha- 
peau convexe,  bosselé  et  sinueux,  jaunâtre,  lisse,  gluant  dans 
les  temps  humides,  large  d'un  à  trois  pouces  ;  feuillets  roux, 
inégaux.  Ce  singulier  champignon  croit  en  société  dans  les  bois 
et  les  prés,  où  il  forme  des  ronds  très-réguliers,  de  huit  à  dix 
pieds  de  diamètre,  ou  bien  des  bandes  serpentantes  de  deux 
à  trois  pieds  de  largeur  sur  trois  cents  de  longueur.  On  le  trouve 
en  automne.  M.Persoon  en  décrit  six  variétés. 

33.  Agaric  faux-mousseron  -.Agaricus  tortitis,  Dec,  FI.  Fr. , 
n."  S25  ;  Agaricuspseudo-mousseron ,  Bull.  ^Heth. ,  t.  144  et  t.  628, 
f.  2  ;  Mousseron  godaille  ou  de  Dieppe,  Paul.;  vulgairement 
faux  Mousseron,  Mousseron  d'automne,  Mousseron  pied  dur. 
Il  ressemble  beaucoup  au  véritable  mousseron  ci-dessus,  n.^aS. 
Champignon  d'un  blanc  roux  ou  fauve  ,  haut  d'un  pouce  et 


demi:  slipe  nu,  se  tortillant  parla  dcèsiccation;  chapeau  un 
peu  charnu,  liémisphérique ,  puis  conique,  large  d'un  pouce 
et  demi;  feuillets  lilires,  inégaux,  nombreux  ,  plus  colorés  sur 
la  tranche.  Il  croît  en  automne,  dans  les  prés  et  les  bois  décou- 
verts. On  le  mange  .sa  chair  est  molle  et  se  déchire  avec  peine, 
comme  celle  du  mousseron,  dont  elle  a  un  peu  la  saveur, 
quoique  moins  délicate. 

54.  Agaric  palo.met:  Agaricus  palometus,  Thor. ,  Chl,  Land. . 
477  '  vulgairement  Palomette  eiBlavet,  Crussagen.  Il  ressemble 
tiu  mousseron.  Chapeau  mince,  fragile,  irréguliér,  arrondi  , 
blanc  sur  les  bords,  d'un  vert-œillet  au  centre,  changeant  en 
roux;  feuillets  blancs  ;  stipe  renflé  à  la  base.  Ce  champi- 
gnon croit  en  Gascogne;  il  vient  à  terre,  et  est  ordinairemeilt 
solitaire;  il  se  pèle  assez  facilement;  son  odeur  est  des  pîtis 
agréables  et  des  plus  flatteuses,  sans  être  pénétrante.  Son  goût 
est  exquis;  il  est  généralement  servi  sur  toutes  les  tables.  Selon 
M.  Decandolle  ,  le  verdone  de  Micheli ,  p.  162  {V agaricus virens 
de  Scopoli),  qu'on  mange  en  Toscane,  ne  paroit  différer  dV 
palomet  que  par  son  chapeau  d'un  vert' plus  décidé.  "   '  ' 

X.*  Section.  Les  Cortînaires  ;  Corf /reana,  Pers.    ,       ■;■ 

Stipe  central;  feuillets  ne  noircissant  pas  en  tiéillissaiït, 
recouverts  dans  leur  jeunesse  d'une  membrane  incomplèté'j 
qui  laisse  sur  le  stipe  un  collier  lilamenteux.  ''• 

55.  Agaric  aranreux  :  Agaricus  araneosus ,  Dec. ,  FI.  Fr., 
n.°  654;  Bul!.,  Herb. ,  t.  96  et  t.  260.  Champignon  polymoi^- 
phe,  violet,  couleur  de  marron,  jaunâtre  ou  noirâtre;  bords 
du  chapeau  recourbé  en  dedans,  uni  au  stipe  par  une  mem- 
brane lâche  ,  semblable  à  une  toile  d'araignée  étendue  sur  les 
feuillets  ;  feuillets  d'abord  blancs  ,  puis  couleur  de  cannelle  ; 
stipe  plein,  un  peu  renflé  à  la  base.  M.  Decandolle  indiqué 
huit  variétés  de  cet  agaric,  toutes  figurées  dansBulliard  :  elles 
croissent  en  automne  dans  les  bois. 

56.  Agaric  A  PETIT  RÉSEAU  ;  Agaricus  cortineltus ,  Dec,  Fl.Fr. , 
Suppl. ,  n.°  541.  Champignon  haut  d'un  pouce  ;  stipe  blanc  et 
creux,  poilu  à  la  base;  chapeau  ovoïde  ,  puis  convexe,  jaune- 
paille  ou  gris  ;  feuillets  recouverts  ,  dans  la  jeunesse,  par  un 
voile  en  réseau  et  blanc,  qui  adhère  pendant  quelque  temps  au 
chapeau  sous  forme  de  franges;  feuillets  d'abord  blancs,  puis 


212  PO]>f 

roux,  vineux  ou  lilas.  On  mange  ce  champignon  à  Montpellier, 
avec  beaucoup  d'autres,  sous  le  nom  àe  pivoulade.  Il  croit  sur 
le  bois  des  vieux  saules,  ou  à  leur  pied. 

XI.*  Section.  Les  Lépiotes  ;  Lepiofa ,  Pers. 

Stîpe  central;  feuillets  ou  lames  ne  noircisisant  pas  en 
vieillissant,  recouverts  dans  leur  jeunesse  par  une  membrane 
qui  se  déchire  ordinairement,  et  qui  laisse  un  collier  ou  an- 
neau sur  le  stipe. 

■  Zj.  Agaric  annulaire  :  Agaricus  annularius,  Bull.,  Herb. , 
U^pyj,  340?  f-  3  et  543  ;  Agaricus  polymjces y  Pers.;  Tête  de 
Méduse,  Paul.  Champignon  fauve  ou  de  couleur  rousse,  haut 
de  trois  à  quatre  pouces;  stipe  charnu,  muni  d'un  collier 
entier,  épanoui  en  forme  de  godet,  vert  cendré;  chapeau  con- 
vexe, glabre  ou  tacheté  de  petites  écailles  noirâtres,  à  bords 
entiers  ou  sinueux  non  étalés,' feuillets  blancs  ou  jaunâtres, 
inégaux,  se  prolongeant  un  peu  sur  le  pédicule.  Cette  espèce 
croît  dans  les  bois,  en  automne,  et  par  groupes,  sur  les  vieux 
troncs  d'arbres  ou  à  leur  pied. 

38.  Agaric  navet;  Agaricus  radicosus ,  Bull. ,  Herb.,  t.  160. 
Champignon  compacte,  dur ,  semblable,  dans  la  jeunesse,  à 
un  œuf,  haut  de  deux  à  trois  pouces  et  plus  ;  racine  forte ,  per- 
pendiculaire, garnie  de  longues  fibres  produisant  de  nouveaux 
individus;  stipe  plus  épais  à  la  base,  écailleux  ;  chapeau  un 
peu  convexe,  large  de  quatre  à  cinq  pouces ,  blanc  jaunâtre, 
moucheté  de  roux  ;  feuilles  roussâtres.  Il  a  une  saveur  agréable  , 
et  croît  dans  les  bois. 

39.  Agaric  élevé  :  Agaricus  procerus  ,  Pers.  ;  Schaeff. ,  Fung. , 
t.  2  2-2  3;  Agaricus  colubrinus,  Bull.,  t.  78  et  t.  588;  Grande 
Coulemelle  ,  Paul.  Champignon  haut  de  douze  à  quinze  pouces  ; 
stipe  grêle,  creux,  cylindrique,  tubéreux  à  la  base,  taché 
en  travers  de  gris,  ou  de  brun,  ou  de  blanc  ;  chapeau  d'abord 
ovoïde ,  puis  convexe ,  et  finissant  par  se  relever  par  le  bord , 
large  de  trois  pouces  et  demi,  blanc  grisâtre,  ou  gris  panaché 
de  brun  ou  de  roussâtre,  à  peau  se  soulevant  par  lambeaux; 
feuillets  inégaux,  blanchâtres,  couverts,  dans  leur  jeunesse, 
d'une  membrane  qui ,  en  se  détachant,  forme  souvent  un  col- 
liermobileautourdu  pédicule. Ce  champignon  élégant  est  com- 
mun en  France  et  dans  le  nord  de  l'Europe.  On  le  mange  par- 


FON  5i5 

tout.  Il  se  dessèche  facilement.  On  le  trouve,  dans  les  bois  sa- 
blonneux et  les  moissons,  à  la  fin  de  l'été  et  en  automne.  En 
France  on  lui  donne  les  noms  de  grisette ,  couleuvrée,  couleuvrettc, 
coulemelle,  grande  coulemelle,  cormelle,  goimelle ,  parasol ,  butarot, 
poturon,  coulsé,  vertet,  etc. 

Obs.  L'agaric  cylindrique  et  l'agaric  atténué  de  M.  Decan- 
dolle  (FI.  Fr.,  Suppl.,  n."'  647  et  648),  qu'on  mange  aux  en- 
virons de  Montpellier,  et  qu'on  nomme  encore  pivoulade, 
appartiennent  à  cette  onzième  section. 

Nous  terminerons  cet  article  par  l'indication  des  familles 
établies  par  Paulet  dans  le  genre  Agaricus.  On  trouvera  dans 
ce  Dictionnaire,  à  chacune  de  ces  indications,  les  noms  des 
espèces  que  Paulet  a  observées,  et  dont  il  a  reconnu  les  proprié- 
tés par  des  expériences  multipliées.  Nous  avons  cru  d'autant 
plus  nécessaire  d'extraire  le  travail  de  ce  médecin  philan- 
thrope, que  presque  toutes  les  espèces  qu'il  a  décrites  croissent 
en  Finance,  et  qu'il  leur  donne  des  noms  qui  peuvent  les  faire 
reconnoître  sur-le-champ. 

Agaric  labyrinthe.  Voyez  Labyrinthe. 

Bassets  creux  ou  en  creusets.  Voyez  Bassbt  ,  quatrième  vol. 
Suppl. 

Bassets  à  crochets.  Voyez  Pain-de-vache. 

Bonnet  perché  ou  de  la  liberté.  Voyez  Perché  en  bonnets. 

Bossilons  bulbuleux.  Voyez  Semi-bulbuleux. 

Calotins  des  arbres  ou  de  couleur.  Voyez  Calotins. 

—  de  terre  ou  des  bois.  Voyez  Téterons. 

Champignons  de  couche. 

Champignons  d'épice. 

Champignons  d'ivoire. 

Cheville  en  clou.  Voyez  Cheville. 

Cheville  en  coin.  Voyez  Cheville. 

Clous  de  charrette  ou  les  gros  clous. 

Clous  (petits)  dorés. 

Collets  en  famille. 

Collets  solitaires. 

Coquilles  (petites)  pétoncles. 

Cotonneux  tors,  ou  les  perchés  pivotans.  Voyez  Cotonneux. 

Coulemelle  ou  Couamelles  de  terre.  Voyez  Coulemelle. 

Coulemelle  àt&  arbres.  Voyez  Coulemelle. 


-2^4  FON 

Demi-champignons  feuilletés  des  arbres.  Voyez  Oreilles  des 

ARBftES. 

Demi-champignons  feuilletés  de  terre. 

Dentelés. 

Encriers  farineux. 

Encriers  à  pleurs,  ou  bouteilles  à  l'encre. 

Encriers  secs,  ou  champignons  de  couche. 

Entonnoirs  fernies. 

Entonnoirs  mous. 

Escudardes  bistres,  ou  d'Allemagne  en  partie» 

Eteignoirs  d'eau  ou  hydrophores. 

Eteignoirs  secs. 

Feuillets  faucilleurs. 

Girandets,  ou  girolles,  ou  chanterelles. 

Glaireux. 

Jambiers. 

Jumeaux. 

Mamelles  de  chair. 

Mamelons  carnés  de  Vaillant. 

Mamelonnés  de  couleur. 

Mamelonnés  foncé. 

Mamelonnés  gris. 

Mtimelonnés  pâle. 

Mamelons  plateaux. 

Mousserons  d'eau  ,  ou  les  petits  chapeaux, 

godailles  des  prés  ou  des  friches. 

des  bois,  ou  faux mousserons-godaillci^. 

tête-ronde. 

Oreilles  des  buissons,  ou  grandes  girolles. 

Peauciers  parasols. 

Peauciers  quenouilles. 

Peaux  douces. 

Pieds-bots. 

Pigeonniers. 

Plateaux  queue  torse. 

Plateaux  tige  unie. 

Poivrés  laiteux. 

Poivrés  secs  ou  sans  laiL 

Retroussés. 


FON  ^'5 

Rougeoles  juteuses. 
Sauvage  nivelleur. 
Serpentins  en  famille. 
Serpentins  solitaires. 
Soucoupe  peau  douce  ou  de  liége. 
Soyeux  tors. 
Tête  d'épingle.  (Lem.) 

FONCES  ou  CÈi>ES  A  TIGE  EN  FUSÊAtJ.  (  »o^)  Paulct  donne  ce 
nom  à  une  petite  famille  qu'il  forme  sur  deux  espèces  de  bolet 
remarquables  par  leur  couleur  orangée  ou  marron,  parleur 
stipe  long  ou  ovale-alongé,  et  par  leur  chapeau  qui  a  peu 
d'étendue.  Ces  champignons  s'appellent  fonges  dans  quelques 
campagnes:  il  yen  a  deux  espèces:  lefonge  orangé  et  le  fonge 
cuve. 

FoNGE  ORANGÉ,  PauI, ,  t.  2  ,  p.  583,  pi.  lyP),  fig.  1,  2.  Cîiampi- 
gnons  hauts  de  quatre  pouces  «environ;  stipe  ovale-alongé. 
blanc  avec  des  élevures  brunes  ou  noires:  cliapeau  de  trois  à 
quatre  pouces  d'étendue,  de  couleur  d'or,  ou  orangée,  ou  de 
marron ,  clair  en  dessus,  blanchâtre,  ou  gris  de  lin,  ou  cou- 
leur de  chair  pâle  en  dessous.  11  est  commun  dar.s  les  bois  anx 
environs  de  Paris.  Les  habitans  de  la  campagne  le  mangent 
sans  inconvéniens. 

Fonce  cave,  Paul.,  I.c,  p.  3o4,  pi.  178  ,  fig.  3.  Champignon 
de  même  hauteur  que  le  précédent;  stipe  fusiforme,  blan- 
châtre, moelleux,  puis  presque  creux;  chapeau  en  forme  de 
soucoupe,  de  couleur  fauve  ou  marron  en  dessus,  d'un  blanc 
citronné  en  dessous;  tubes  très-6ns.Il  se  trouve  à  Vincennes, 
et  n'est  point  suspect.  (Lem.) 

FONCIE  ,  Fongia.  {Polyp.)  Genre  de  polypiers  établi  par 
M.  rie  Lamarck  pour  quelques  espô'ces  de  madrépores  simples 
de  Linnœus,  qui  ne  consistent  qu'en  une  seule  grande  cellule  , 
formant  unemasse pierreuse, simple,  orbiculaire  o)i  oblongiie  , 
concave  et  raboteuse  en  dessous,  convexe  en  dessus,  etoffraiit 
au  centre  un  enfoncement  oblong  d'où  partent  en  rayonnant 
des  lames  dentées  ou  hérissées  latéralement  :  d'où  il  est  aisé  de 
voir  que  c'est  un  genre  fort  voisin  des  turbiuolies  et  des  cyclo- 
lites,  etsurtoutde.ee  dernier  genre  dont  il  rte  diffère  guère  que 
parce  que,  dans  celui-ci,  la  partie  inférieure  offre  des  lignest. 
saillantes  et  concentriques,  au  lieu  d'être  concave  et  raba- 


2iG  FON 

teuse.  Du  reste,  on  ne  conçoit  en  aucune  manière  l'animal 
qui  produit  les  fonglcs.Il  est  cependant  Tort  probable  quïl  est 
f rès-rapproché  de  celui  des  autres  madrépores  étoiles ,  et  entre 
autres  des  CARyorHvtLiES  (voyez  ce  mot),  et  qu'il  vit  à  d'assez 
petites  profondeurs  dans  les  mers  des  pays  chauds.  M.  de 
Lamarck  caractérise  huit  espèces  de  fongies  à  l'état  vivant;  ce 
sont  : 

1  ."LaFoNGiE  COMPRIMÉE  ;  Fongia  compressa,  Lmk.  Cunéiforme, 
comprimée  sur  les  côtés,  lisse,  papilleuse  inférieurement  ; 
lames  inégales,  dentelées,  échinulées  sur  les  faces,  et  formant 
une  étoile  alongée,  étroite,  partagée  par  un  sillon.  Hauteur, 
29  millim.  Océan  indien. 

2°  LaToNGiE  cYCLOLiTE;.  Fongia  cjclolitcs,  Lmk.  Très-petite 
espèce  orbiculaire,  subelliptique,  légèrement  concave  et 
striée  en  dessous,  très- convexe  en  dessus:  les  lamelles  iné- 
gales, crénelées  et  rudes  sur  les  côtés,  formant  une  étoile 
élevée,  ayant  au  sommet  un  sinus  oblong.  Rapportée  des  mers 
australes  par  MM.  Peron  et  Lesueur. 

3.°  La  FoNGiE  PAïELLAiRE  :  Fougia  patellaris,  Lmk  ;  Madrepora 
patellaris,  Soland.  et  Eli.,  p.  148 ,  t.  28,  fig.  1  h.  Orbiculaire, 
mutique,  étrécie  en  rayons,  et  quelquefois  subpédiculée  en 
dessous;  les  lamelles  inégales,  hérissées  sur  les  côtés.  Mers  de 
rinde  et  Méditerranée. 

4.°  La  FoNGiE  AGARiciFORME  :  Fongia  agariciformis,  Lmk.  ;  Ma- 
drepora fungites,  Linn.  ;  Soland.  et  EU.,  p.  1495  tab.  28,  fig.  6,6. 
Orbiculaire  ,  scabre  en  dessous;  lamelles  inégales  ,  denticulées, 
la  plus  grande  de  la  longueur  du  rayon ,  formant  une  étoile 
convexe.  Mer  Rouge  et  de  l'Inde. 

6  "  La  FoNGiE  BOUCLIER  :  Fongia  scutaria  ,  Lmk.  ;  Rumph  , 
Amh.,6  ,t.8li,  fig.  4.  Elliptique,  obIongue,un  peu  aplatie  en 
dessus;  lamelles  presque  entières,  inégales,  ondulées,  la  plus 
grande  de  la  longueur  des  rayons.  Océan  indien. 

G.°  La  FoNGiE  LIMACE  :  Fongia  limacina,  Lmk.  ;  Madrepora  pileux, 
Linn.;  Soland.  et  Eli.,  p.  169,  t.  40  ;  vulgairement  la  Limace  de 
mer.  Oblongue,  convexe,  concave  et  hérissée  en  dessous  ;  la- 
melles inégales,  formant  une  étoile  alongée. 

Cette  espèce  commune  dans  les  collections  vient  de  l'océan 
des   Indes   orientales. 

7."  La  FoNGiE  TAUfE  :  Fongia  lalpa,  Lmk,:  Seba,  Thés.,  3, 


FON  217 

t.  1 1 1 ,  6g.  6 ,  et  t.  1 1 2 ,  fig.  3 1  ;  vulgairement  la  Taupe  de  mer. 
Assez  rapprochée  pour  la  forme  de  la  précédente,  mais  plus 
petite;  les  lamelles  subsériales,  très-courtes  et  scabres.-' Indes 
orientales. 

8.°  La  FoNGiE  BONNET  :  Fongia  pileus  ,  Lmk.  ;  Mitra  poîonicay 
Rumph.^mt.,  6  ,  t.  88,  fig.3  ;  vulgairement  le  Bonnet  deNep- 
tune.  Conique ,  hémisphérique  en  dessus  ,  concave  en  dessous  ; 
des  lames  amoncelées  par  places,  et  formant  des  étoiles 
nombreuses,  imparfaites  et  éparses,  et  par  conséquent  point 
de  sillon. 

Cette  espèce,  qui  vient  de  l'océan  des  Grandes-Indes, 
s'éloigne  déjà  un  peu  du  genre  tel  qu'il  a  été  défini  plus  haut, 
et  fait  une  sorte  de  passage  auxPAVONiES.  Voyez  ce  mot.  (De  B.) 

FONGIE  ou  FoNGiTE.  (Foss.  ]  Sous  cette  dernière  dénomi- 
nation on  avoit  rangé  autrefois  non  seulement  les  polypiers 
fossiles  que  M.  Lamarck  a  placés  dans  le  genre  Fongie,  mais 
encore  les  alcyons  ,  les  turbinolies,  les  caryophyllies,  certaines 
espèces  d'astrées  ,  et  même  des  explanaires.  On  leur  avoit 
donné  le  nom  de  fongipores,  bonnet  de  Neptune,  champi- 
gnons de  mer  pétrifiés,  fungites  ,  fungoides  ,  alcyonium  agari- 
cum  ^  Jicoides  ,  Ijcoperdites,  carjophylloides  ,  et  autres. 

Les  fongies  proprement  dites  se  sont  présentées  rarement 
à  l'état  fossile,  et  on  n'en  connoit  qu'un  très  petit  nombre 
d'espèces  à  cet  état. 

FoNGiE  croissante;  Fungia  semilunata  (Lamk. ),  Anim.  sans 
vert.,  tom.  2 ,  pag.  235.  Polypier  en  forme  de  croissant,  à 
côtes  comprimées,  strié  en  dessus,  à  bords  arrondis,  à  étoile 
alongée ,  et  à  pédicule  court.  Ce  joli  polypier  est  dans  la 
Collection  du  Mus.  d'Hist.  naL  de  Paris,  et  on  ignore  où  il  a 
été  trouvé. 

Fongie  aplatie;  Fungia  complanata,  Def.  Polypier  hémi- 
sphérique, à  lames  très-fines,  à  étoile  oblongue,  et  à  dessous 
concave.  Largeur,  six  lignes.  On  en  voit  une' figure  dans  l'ou- 
vrage de  Knorr  sur  les  Fossiles,  vol.  3,  part.  2,  tab.  E  3, 
fig.  G  et  7. 

Fongie  hétéroclite;  Fungia  heleroclita  ,  Def.  Cette  espèce  ne 
diffère  de  la  précédente  que  parce  que  les  lames  ,  au  lieu  de 
se  terminer  au  bord,  se  continuent  jusqu'au  centre  inférieur, 
qui  u'est  pas  concave. 


2x3  FON 

Ces  trois  dernières  espèces  se  trouvent  dans  ma  collection. 
Il  paroît  qu'elles  proviennent  des  couches  aucicnnea  :  mais 
j'ignore  où  elles  ont  été  trouvées.  (D.  F.) 

FONGIVORES,  ou  Mvcétopies.  {Entom.)  Nous  avons  ainsi 
nommé  (voyez  ce  dernier  mot)  une  famille  de  coléoptères 
hétéromérés,  dont  les  espèces  font  leur  principale  nourriture 
de  champignons,  tels'que  les  diapèrcs,  bolétophages,  tétra- 
tomes,  etc.  (CD.) 

FONGO  et  FUNGO.  (Bot.)  Synonymes  de  champignon  en 
italien.  Parmi  les/uragi  ou  champignons  que  Micheli  décrit,  il 
faut  noter  ceux  que  les  Italiens  nomment 

l'ongo  appasionato  ,  ou  le  Passionné.  Voyez  Bistre  blanc. 
Bovsara  d'imperato.  C'est  le  clatlirus  cancellatus ,  Linn. 
Bozzolo.  C'est  Vagaricus  ovatus  ,  SchaelF. 
Canapone.  Voyez  Mamelles  jbrdnes. 
Carbonajo,  Voyez  Poi.ypore  brun. 

Chiodo.  C'est  une  espèce  d'agaricus ,  voisine  de  Vagaricus 
Jlavus,  Linn. 

Cor^'o.  Voyez  PoLYPORE  brun. 

Di  Fungo  morto.  Voyez  Foncoides  en  pomme  ,  à  l'article  Fon- 
goïdes. 

Di  Oretarao.  Voyez  PoLYPORE  de  l'aune. 

Di  Pietra  d'Irnperaio.  C'est  la  pierre  à  champignon  [holetus 
tuheraster ,  Linn.). 

Dormiente.    C'est  Vagaricus    jacobinus   de   Scopoli.    Voyez 
Jacobin. 

Furfuraro  d'Imperaïo.  C'estVagaricus  quercinus  ,  Linn.,  type 
du  genre  DœdaLea,  Pers. 

Giallone  di  ontano.  Voyez  Tout-jaune. 
Greco.  Voyez  Bistre  a  crochet. 
Joszoio.  Voyez  Mousserons  blancs  (grands). 
Mazzuolo.  Voyez  Fungo  dormilme. 
Mugnajo.  Voy'ez  Meunier. 

Olivo  dorato.  Voyez  Oreille  jaune  de  l'olivier. 
Vedovo.  C'est  Vagaricus  vioUiceus .  Linn. 
Verdino.  C'est  l'éteignoir  vert  doré  de  PauleL  (  Lem.) 
FONGOIDE  uni  de  VAILLANT,  ou  Coccigrue  en  cham- 
pignon. (/îof.)Paulet  donne  ce  nom  à  Fhelvella  gélatineuse  de  la 
Flore  françoise,  par  MM.  de  Lcim:!rck  et  Decandolle  .  qui  est 


FON  5i'j 

figurée  pi.  i5,n°'7,  8  et  9  du  Botanicon  parisiense  de  Vaillant. 
Selon  l'observation  de  Paulet,  ce  champignon,  donné  à  poi- 
gnées aux  animaux,  ne  les incommorle  point  du  tout.  Toute  la 
plante  a  un  goût  fade,  semblable  à  celui  d'une  gelée  insipide. 
Voyez  CocciGRL'E.  (Lem.) 

FONGOIDES  ou  FuNcoinEs.  (Bot.)  La  plupart  des  groupes 
de  champignon^  que  Paulet  désigne  sous  cçs  noms  avec  une 
épithète  particulière,  contiennent  des  espèces  de  peziza.  Ces 
groupes  sont  les  suivans; 

FuNGOÏDEs  EN  coDi'K ,  cspcce  de  pezize  en  forme  de  coupe  sli- 
pitée,  d'une  couleur  rouge  de  feu  en  dedans  ei  blanchâtre  en 
dehors  ;  c'est  le  fungoides  pyxidatum ,  Mich.,  tab.  86  ,  f.  5. 

FiiNGOÏDES  CRECx  :  uom  générlquc  sous  lequel  Paulet  classe 
presque  toutes  les  espèces  de  pezizes,  et  il  en  porte  le  nombre 
à  une  soixantaine. 

FuNGOÏDES  EN  DISQUE,  Comprenant,  Mielvella  clavus^Schœ^., 
tab.  279,  espèce  blanche;  ïhelvella  sepulchraLis.Batsch  ,  espèce 
brune  ou  noire  ;  et\es  peziza  sulfurea,  hircedo  et  carpini^  Batsch, 
.espèce  jaune. 

FuNGOÏDES  €Ni  OU  GÉLATINEUX  dc  Vaillant.  C'est  Vlieliiella  gela- 
tinosa  de  DecandoUe. 

FuNGOiDES  EN  FORME  DE  LRNTiixE.  Cc  sont  de  très-pctites 
espèces  de  peziza,  abords  ciliés,  comme  les  fungoïdes,  n.°22, 
tab.  86,  fig.  19,  et  n.°26,  de  Miclieli,  ou  à  bords  ciliés,  comme 
les  peziza  minima,  Murray,  et  /lava,  Willd. 

Fungoïdes  a  nervures.  C'est  Vagaricus  cornu  copiai  des  de 
Bulliard. 

Fungoïdes  en*  pomme.  Paulet  en  distingue  deux  avec  Michel). 
Le  premier  est  Xçfungo  di  fungo  morto  des  Italiens ,  parce  qu'it 
croit  sur  les  champignons  morts;  c'est  lefungoidaster,  que  Mi- 
cheli  a  figuré  pi.  82  ,  f.  1  de  son  Gênera  •  le  second  est  le  fim- 
goides,  tab.  86 ,  f.  3  de  l'ouvrage  de  Micheli ,  qui  est  marqué 
de  côtes  ou  raies,  et  àstipe  long.  Ces  plantes  paroissent  être 
des  espèces  d'helvelles. 

Fungoïdes  tète  de  maure.  Paulet  nomme  ainsi  deux  espèce;? 
de  champignons  figurés  par  Cimel,  et  dont  les  dessins  fonf 
partie  des  vélins  de  la  bibliothèque  du  Jardin  du  Roi.  Cimeî 
Je  nomme  hel.'ella  paviœ  et  helvellafusca. 

FoNGOÏPeSEN  FORME  DE  VERRE  A  BOIRE  OU  d'eNTONNOIR.  Paulef 


220  FON 

y  ramène  les  peziza  infundibulum  et  tenella,  Batsch  ,  et  les  fun- 
goides,  n.°^  2  et  5  de  Micheli.  (Lem.) 

FONGOSITÉS  A  QUILLES.  (Bot.)  Les  champignons  que 
Pauletnommeainsisoiit très-petits  et  au  nombre  de  trois:  l'un 
est  le  Lycoperdonvesparium  de  Batsch,  et  le  trichia  rubiformis , 
Pers.  ;  le  second  est  le  stemonitis  ferruginosa,  Batsch,  ou  tubii- 
lina  fragiformis ,  Fers.;  et  le  troisième,  lefungoides  de  Rai,Syn., 
3,  tabl.  3 ,  f.  4,  qui  paroît  une  espèce  voisine.  (Lem^) 

FONGOSITÉS  DURES  ou  CRUSTACÉES.  (Bot.),  Panlet 
établit,  sous  ce  nom  et  sous  celui  dlïjpoxjlon,  un  genre  qui 
répond  au  sphœria  d'Haller ,  adopté  par  les  botanistes,  mais 
qui  ne  fait  plus  partie  de  la  famille  des  champignons.  Voyez 
Hypoxylées.  (Lem.) 

FONKES.  (Mamm.)  Ludolphe,  dans  son  Histoire  d'Ethiopie  , 
désigne  par  ce  nom  une  espèce  de  quadrumane,  qu'il  n'est 
pas  possible  de  reconnoître  parmi  ceux  que  nous  possédons, 
d'après  la  description  qu'il  en  donne;  et  c'est  à  tort  que  les 
éditeurs  de  cet  ouvrage  ont  donné  comme  sujet  de  cette  des- 
cription la  figure  d'un  ouistiti.  Cet  animal  ne  se  trouve  point 
en  Ethiopie.  (F.  G.) 

FONNA.  (Bot.)  Adanson  nomme  ainsi  le  genre  qui  étoit  le 
lychnidea  de  Dillenius,  et  qui  est  maintenant  le  phlox  de  Lin- 
iiaeus  ,  généralement  adopté.  (J.) 

FO-NO-Kl.  {Bot.)  M.  Thunberg  cite  sous  ce  nom  japonois 
une  variété  du  magnolia  glauca  ,  désignée  aussi  par  lui  et  par 
Kaempfer  sous  celui  de  mokivurèn.  (J.) 

FONOS.  (Bot.)  C'est,  suivant  Adanson,  l'un  des  anciens 
noms  du  carthamus  lanatus ,  Linn. ,  cités  dans  le  livre  de  Théo- 
phraste.  (  H.  Cass.  ) 

FONTAINE.  (P/1J5.)  Voyez  Source.  (L.  C.) 
FONTAINE  DES  OISEAUX.  {Bot.)  On  donne   ce  nom  à 
plusieurs  plantes  dont  les  feuilles,  connées  à  leur  base,  con- 
servent l'eau  des  pluies  comme  un  petit  bassin;  la  cardère  à 
foulon,  ou  chardon  à  bonnetier,  est  dans  ce  cas.  (L.  D.) 

FONTANESIA.  {Bot.)  Genre  déplantes  dicotylédones,  à 
fleurs  complètes,  polypétalées,  régulières,  de  la  famille  des 
jasminées  ,  de  la  diandrie  monogynie  de  Linnaeus,  qui  a  des 
rapports  avec  les  chionanthus ,  et  caractérisé  par  un  calice  à 
quatre  divisions  profondes  ;  deux  pétales  bifides  ;  deujc  éta* 


FON  2  =  1 

jtnîncs;  un  style.  Le^ fruit  est  une  capsule  supérieure,  mem- 
braneuse,  indéhiscente,  à  deux  loges  monosperraes. 

Ce  genre  a  été  établi  par  M.  Delabillardiére ,  pour  un  ar- 
brisseau qu'il  a  découvert  en  Syrie ,  et  que  l'on  cullive  au 
Jardin  du  Roi  depuis  1788.  L'amitié  l'a  consacré  à  M.  Des- 
fontaines :  ses  nombreux  élèves  ont  applaudi  avec  reconiiois- 
sance  à  un  hommage  si  bien  mérité.  Cet  arbrisseau  est  au- 
jourd'hui très-commun  dans  les  jardins  de  l'Europe.  Ses  fleurs 
se  montrent  au  mois  de  mai  :  il  entre  dans  les  bosquets  de 
printemps,  et  y  forme  des  buissons  assez  agréables.  Il  ne  craint 
pas  le  froid,  et  vient  avec  facilité  à  toute  exposition,  dans 
.»ous  les  terrains,  pour  peu  qu'ils  soient  légers  sans  être  hu- 
mides. On  le  multiplie  de  boutures  ou  de  marcottes,  et  d'éclats 
séparés  en  automne,  ou  de  graines  semées  au  printemps. 
M.  Desfontaines  assure,  d'après  Michaux,  que  dans  l'Orient 
ses  feuilles  étoient  employées  à  la  teinture. 

FoNTANESiA  A  FEUILLES  DE  FiLARiA  :  Foutanesia  phUljreoides , 
Labill. ,  le,  Syr,  fasc. ,  1  p.  9,  tab.  i;  Lamk,,  III.  gen. ,  tab.  22. 
Cet  arbrisseau  s'élève  à  la  hauteur  de  huit  à  dix  pieds:  il  se 
divise,  dès  sa  base,  en  rameaux  glabres,  opposés,  un  peu  cen- 
drés, presque  tétragonesdans  leur  jeunesse,  grêles,  nombreux 
et  flexibles.  Les  feuilles  sont  opposées,  pétiolées,  glabres, 
ovales,  lancéolées,  très-entières,  longues  d'un  pouce  au  plus, 
aiguës  il  leur  base,  mucronées  à  leur  sommet,  persistantes  dans 
leur  pays  natal,  les  pétioles  courts,  géniculés;  les  fleurs  petites, 
nombreuses,  d'un  blanc  jaunâtre,  disposées  en  petites  grappes 
dans  les  aisselles  des  feuilles  supérieures;  le  calice  persistant, 
à  quatre  divisions  obtuses  et  profondes;  la  corolle  plus  longue 
que  le  calice,  composée  de  deux  pétales  à  deux  divisioi;8 
oblongues,  concaves;  les  étamines  un  peu  plus  longues  que 
la  corolle  ,  insérées  à  la  base  des  pétales;  les  anthères  oblon- 
gues, à  deux  sillons;  l'ovaire  supérieur,  ovale;  le  style  plus 
court  que  les  étamines  ;  deux  stigmates  aigus,  courbés  en  dedans. 
Le  fruit  est  une  capsule  comprimée,  membraneuse,  un  peu 
ovale,  obtuse  à  ses  deux  extrémités,  échancrée,  à  deux  loges 
ailées,  quelquefois  trois.  Chaque  loge  renferme  une  semence 
oblongue,  presque  cylindrique.  (Poir.) 

FONTE  DE  FER.  {Chim,)  On  donne  ce  nom  à  la  substance 
fondue  que  l'on  obtient  en  premier  lieu  d'une  mire  de  fer 


:...  FON 

réduite  dans  les  hauts  fourneaux  ,  ;iu  moyeu  du  cliarbdn.  Nous 

allons  en  décrire  les  propriétés,   et  donner  en  même  temps 

quelques  détails  théoriques  sur  Ja  manière  dont  on  l'obtient, 

et  sur  l'opération  au  moyen  de  laquelle  on  la  convertit  en  fer 

malléable. 

1."  Grillage. 

Le  grillage  qu'on  fait  subir  à  plusieurs  minesde  fer  en  roche 
qui  contiennent  du  soufre  ou  de  l'arsenic,  a  pour  objet  d'en 
séparer  ces  substances.  On  fait  aussi  subir  la  même  opéra- 
tion aux  mines  spathiques,  afin  de  les  rendre  propres  à 
éprouver,  delà  part  de  l'atmosphère  à  laquelle  on  les  expose 
ensuite,  une  action  qui  en  rend  la  réduction  plus  facile.  Eu 
grillant  ces  mines,  on  en  dégage  de  l'acide  carbonique,  de  l'eau 
de  cristallisation:  l'oxide  de  fer  qui  s'y  trouve  absorbe  en  même 
temps  l'oxigène  ,  et  elles  perdent  leur  compacité.  Si  elles 
conlieunent  à  la  fois  du  soufre  à  l'état  de  pyrite  et  de  la  ma- 
gnésie, il  se  produit  du  sulfate  de  cette  base.  Descotils  prétend 
querexposition  de  ces  mines  à  l'atmosphère,  après  le  grillage, 
a  pour  ob)ct  d'en  séparer  la  magnésie:  que  celle-ci  est  entraî- 
née par  les  eaux  pluviales,  soit  à  l'état  de  sulfate,  soit  à  l'état 
dé  carbonate,  et  qu'en  perdant  cette  base,  elles  perdent  leur 
propriété  réfractaire. 

2."  Fondage. 

A.  Lorsqu'on  traite  par  la  méthode  catalane  une  mine  qui  ne 
contient  que  de  l'oxide  de  fer,  celui-ci  cède  son  oxigène  au 
carbone  du  charbon  que  Ion  a  mêlé  à  la  mine  ;  il  en  résulte  de 
l'acide  carbonique,  de  l'oxide  de  carbone  et  du  fer  métal- 
lique. 

B.  Lorsqu'une  mine  contient,  outre  l'oxide  de  fer,  de  la 
silice,  de  l'alumine  et  de  la  chaux,  on  la  traite  dans  les  hauts 
fourneaux,  afin  de  réduire  l'oxide  de  fer,  et  de  séparer  les 
autres  substances  à  l'état  de  laitier.  Pour  que  ce  but  soit 
atteint,  il  faut  que  ces  dernières  soient  dans  une  proportion 
telle  qu'elles  puissent  se  vitrifier.  Coaséquemment,  si  la  mine 
contient  trop  d'alumine,  on  y  ajoute  du  sous-carbonate  de 
chaux  (castine)  ;  si  elle  est  trop  calcaire,  on  y  ajoute  de  l'ar- 
gile (erbue),  c'est-à-dire,  de  la  silice  et  de  l'alumine. 

La  mine  de  fer  introduite  par  le  gueulard  dans  un  fourneau 
d'e  i5  mètres  de  haut,  met  de  60  à  71-  heures  pour  descendre 


dans  le  creuset.  Presque  jusqu'uu  uîomcnt  où  elle  arrive  vis-n- 
A'is  delà  luyèredu  fourneau,  elle  se  trouve  précisément  diinsle 
même  cas  que  si  elle  étoit  chauffée  dans  une  cornue  ;  car,  l'oxi- 
pène  de  l'air  qui  sort  de  la  tuyère  se  portant  sur  le  carbone  . 
l'air  se  trouve  bientôt  changé  en  un  mélange  d'acide  carbo- 
nique, d'oxide  de  carbone  et  d'azote,  qui  ne  peut  exercer  au- 
cune action  comburente  sur  le  fer:  conséquemment,  la  réduc- 
îion  de  l'oxide  de  fer,  et,  suivant  M.Berzélius,  celle  d'un  peu  de 
silice,  doivent  avoir  lieu  comme  dans  un  appareil  clos.  Lorsque 
la  matière  arrive  devant  la  tuyère,  elle  présente  un  mélange 
de  laitier  et  de  fer,  dont  une  partie  est  à  l'état  de  carbure  et 
d'oxide  Jioir.  Ces  matières,  ne  restant  qu'un  instant  exposées  au 
vent  du  soufflet,  ne  peuvent  guère  éprouver  l'action  de  l'oxi- 
gène,  d'autant  plus  qu'il  y  a  toujours  un  grand  excès  de  char- 
bon ;  alors  elles  se  déposent  dans  le  creuset;  le  laitier /i)  , 
plus  léger  que  le  fer  réduit,  le  surnage  pour  la  plus  grande 
parlie  !  cependant  le  fer  en  relient  toujours  une  portion. 

Quand  les  mines  de  fer,  outre  la  silice ,  l'alumine ,  la  chaux , 
contiennnent  de  la  magnésie,  de  l'oxidede  manganèse,  desacides 
phosphorique  et  chromique,  ainsi  que  cela  a  lieu  le  plus  sou- 
vent dans  les  mines  terreuses,  suivant  l'observation  de  M.Vau- 
quelin,  ou  trouve  dans  la  fonte  une  certaine  quantité  de  ces 
matières  à  l'état  de  laitier,  ainsi  que  du  phosphore,  et  proba- 
blement du  manganèse  et  du  chrome,  qui  ont  été  désoxigénés 
en  même  temps  que  le  fer. 

C'est  la  présence  de  ces  matières  dans  le  fer  qui  lui  donne 
la  propriété  de  casser,  soit  à  chaud  ,  soit  à  froid,  La  conversion 
delà  fonte  en  fer  malléable,  ou  Vaffmage.a  doncpour  but  d'eu 
isoler  ce  métal.  Mais,  avant  de  parler  de  l'affinage,  nous 
exposerons  les  observations  chimiques  auxquelles  la  fonte  a 
donné  lieu. 

On  a  distingué  les  fontes  enfantes  Hanches ,  enfantes  noires , 
en  fautes  grises,  et  enfantes  traitées. 

Fontes  blanches. 

Les  fontes  blanches  peuvent  avoir  trois  origines  :  ou  elles 


CO  Formé  de  silice,  d'alumine,  de  cliaux   et  d'une  eertaine  quantité 
d'oïide  de  fer. 


224  FON 

proviennent  de  mines  qui  contiennent  du  soufre,  du  phos- 
phore, de  Tarsenie,  du  chrome,  en  un  mot,  des  substances 
qui  donnent  de  la  fusibilité  à  la  mine  ;  ou  elles  proviennent  de 
mines  de  fer  carbonate  ,  ou  des  fontes  grises. 

Fontes  blanches  de  laprernièreorigine.EUessoïittrès-àuTes,  très- 
cassantes,  plus  fusibles  que  les  autres  fontes-,  elles  contiennent 
peu  de  carbone,  beaucoup  de  laitier,  beaucoup  dephosphure 
et  d'oxide  de  fer  qui  a  échappé  à  l'action  du  charbon. 
L'existence  de  cet  oxide  dans  la  fonte,  et  le  peu  de  car- 
bone qui  s'y  trouve ,  sont  les  conséquences  de  la  fusibilité  que 
les  corps  étrangers  donnent  à  la  mine  ;  car  celle-ci ,  se  fondant 
promptcment,  ne  reste  pas  assez  de  temps  en  contact  avec  le 
charbon  pour  que  tout  l'oxide  de  fer  perde  son  oxigène,  et 
pour  que  le  fer  réduit  se  combine  à  du  carbone. 

Pour  traiter  avantageusement  les  rnines  qui  donnent  ces 
fontes  blanches ,  il  faut  les  mêler  à  des  substances  qui  en  dimi- 
nuent la  fusibilité.  La  chaux  en  excès  peut  être  employée  avec 
succès;  elle  s'empare  de  l'acide  phosphorique ,  et  en  rend  la 
désoxigénation  par  le  charbon  très-difficile. 

Fonte  blanche  de  la  seconde  origine.  Elle  provient  des  mines 
de  fer  spathique.  De  toutes  les  fontes  ,  c'est  celle  qui  donne 
Vacier  naturel  de  meilleure  qualité.  Sa  conversion  en  fer  doux 
est  difficile. 

Fonte  blanche  de  la  troisième  origine.  Lorsqu'on  fait  refroidir 
brusquement  la  fonte  grise ,  celle-ci  prend  la  couleur,  la  dureté 
de  la  fonte  blanche. 

Fontes  noires. 

Elles  sont  moins  dures,  moins  fusibles,  que  les  fontes 
blanches  ;  elles  se  liment  très-bien  ;  elles  sont  presque  tou- 
jours ductiles;  elles  contiennent  beaucoup  plus  de  carbone 
que  les  fontes  blanches,  moins  de  laitier,  moins  d'oxide  de  fer 
et  moins  de  phosphore  et  de  chrome.  Il  est  évident  que,  moins 
une  mine  sera  fusible,  plus  de  temps  l'oxide  de  fer  sera  ex- 
posé au  contact  du  carbone;  par  conséquent,  plus  il  y  en  aura 
de  réduit,  plu»  les  circonstances  seront  favorables  pour  que 
le  fer  absorbe  du  carbone ,  et  pour  que  le  laitier  se  forme  et  se 
sépare  d'avec  la  fonte. 

Fontes  grises. 

Elles  se   rapprochent  beaucoup    des   fontes  noires;  elles 


FON  ,33 

en<Ii[rérent  en  .jf^néral  par  ur«.>  moindre  quantité  de  carbone, 
11  y  a  de  la  fonte  grise  aigre,  il  y  en  a  de  douce. 

Fontes  truitées. 

Elles  résultent  d'une  agrégation  de  fonte  blanche  et  de 
fonte  grise  on  noire,  dont  les  parties  de  chacune  d'elles  sont 
assei:  considérables  pour  être  distinguées  à  la  vue  simple.  Il  est 
probable  qu'il  existe  beaucoup  de  fontes  grises  qui  ne  sont 
qu'un  mélange  intime  de  fonte  blanche  et  de  fonte  noire. 

Passons  au  moyen  qu'on  peut  employer  pour  analyser  les 
fontes,  et  supposons  qu'il  s'agisse  d'y  recounoître  la  pré- 
sence du  fer,  du  carbone,  du  phosphore,  du  chrome,  du  manga- 
nèse, de  Voxigène  et  du  laitier,  formé  principalement  de  silice, 
d'' alumine  et  de  chaux. 

Analyse  des  fontes. 

On  met  dans  un  ballon  lo  grammes  de  fonte;  on  le  ferme 
avec  un  bouchon  percé  de  deux  trous:  dans  Tun  on  adapte  un 
tube  en  S,  afin  de  porter  dans  le  ballon  l'acide  qui  doit  atta- 
quer la  fonte;  dans  l'autre  un  tube  qui  se  rend  dans  un  flacon 
plein  d'eau. 

Quand  tout  est  ainsi  disposé,  on  verse  dans  le  ballon  une 
quantité  d'acide  sulfurique  à  20  d.  (1)  ,  suffisante  pour  enlever 
à  la  fonte  tout  ce  qu'elle  contient  de  soluble  dans  cet  acide. 
Après  que  l'acide  a  agi,  on  a  trois  produits  :  1.*  une  poudre 
noire  insoluble  dans  V acide  sulfurique,  2."  la  dissolution  suif u- 
rique,  5."  un  gaz. 

i."  Poudre  noire. 

Lorsqu'on  a  séparé  la  poudre  noire  de  la  dissolution  sul- 
furique ,  qu'on  l'a  lavée  avec  soin  et  séchée,  ou  la  traite  par 
lalcool.  On  filtre  et  on  laisse  évaporer  spontanément  la  liqueur 
filtrée;  il  reste  une  huile  claire,  légèrement  citrine,  ayant 
une  saveur  acre  et  un  peu  piquante.  C'est  à  M.  Proust  que  nous 
devons  la  découverte  de  cette  huile.  Elle  se  produit  par 
l'hydrogène  provenant  de  la  décomposition  de  Peau,  qui  ren- 
contre à  l'état  naissant  du  carbone  très-divisé.  Il  est  probable 
que  cette  combinaison  fixe  un  peu  d'eau.  Toute  cette  huile 
ne  se  trouve  pas  dans  le  résidu  :  il  y  en  a  une  portion  qui  s'est 
déposée  dans  le  tube  i  gaz.  La  matière  indissoute  dans  l'alcool 


^  Celui  qui  résulte  d'un  mélange  d'une  partie  d'acide  avec  3  partie»  d  eau 
^7-  i5 


^26  \o^ 

est  formée  dp  carbone,  Je  phosphore  de  fer,  de  chrome,  dont 
une  partie  au  moins  p;iroit  a  l'état  métallique,  et  de  silict- , 
d'alumine  de  chaux,  d'oxlde  de  mangauèse  ,  et  peut-être 
doxide  de  chrome.  Ces  six  substances  étoient  probablement 
dans  la  fonte  à  l'état  de  laitier. 

En  faisant  détoner  ce  résidu,  avec  trois  parties  de  nitraie 
de  potasse,  dans  un  creuset  d'argeut,  on  obtient  du  sous-car- 
honate,  du  phosphate,  du  chromate,  du  silicate,  de  l'alumi- 
natede  potasse-,  on  ajoute  deux  parties  de  potasse  à  la  matière 
qui  a  détoné,  et  on  fait  chauffer  jusqu'à  la  fusion;  puis  on 
fait  bouillir  le  tout  dans  l'eau  ,  et  on  filtre. 

Résidu.  Il  est  principalement  formé  d'oxidcs  de  fer  et  de 
manganèse,  de  chaux,  et  peut-être  de  silice,  d'alumine  et 
d"oxide  de  chrome.  On  dissout  dans  l'acide  hydrochlorique; 
on  fait  évaporer  àsiccité,  et  on  reprend  par  Teau  :  ce  qui  n'est 
pas  dissous  est  la  silice  qui  peut  retenir  de  l'oxidc  de  chrome,  ce 
qu'on  reconnoit  à  la  couleur  verte  qu'elle  communique  au  bo- 
rax aveclequel  on  la  fond.  On  précipite  la  chaux  par  la  quantité 
f'roxalate  d'ammoninque  strictement  nécessaire:  on  précipite 
les  oxides  de  fer  et  de  manganèse  par  la  potasse  caustique  en 
excès,  qui  dissout  l'alumine.  On  sépare  celle-ci  de  la  potasse 
au  moyen  de  l'hydrochlorate d'ammoniaque.  Enfin  on  redissout 
les  oxides  de  fer  et  de  manganèse  dans  l'acide  hydrochlorique, 
et  onpiTécipite  le  premier  par  lesuccinate  d'ammoniaque. 

Solution.  On  la  neutralise  par  un  excès  de  nitrate  d'ammo- 
niaque; on  fait  chauffer  légèrement:  la  silice  et  l'alumine  sont 
précipitées-,  on  filtre.  On  précipite  l'acide  phosphorique  de  la 
liqueur  filtrée  par  l'eau  de  chaux  ou  le  nitrate  de  chaux:  on 
filtre  le  liquide  ;  on  neutralise  par  l'acide  nitrique  l'excès 
de  chaux ,  si  l'on  a  employé  cette  base  pure  :  en  y  ajoutant 
préensuite  du  nitrate  de  protoxide  de  mercure,  on  obtient  un 
cipité  qui,  étant  calciné,  laisse  de  l'oxide  de  chrome. 
2."  Dissolution  sulfurique. 

En  saturant  l'excès  d'acide  de  cette  liqueur  par  le  carbonate 
de  potasse,  on  en  précipite  du  phosphate  de  fer  tenant  un  peu 
de  chTomate.  Le  phosphate  provient  de  ce  qu'une  portion  du 
phosphure  de  fer  de  la  fonte  s'est  dissoute  en  s'oxigénant  aux 
dépens  de  l'eau  -,  mais  cette  portion  est  très-petite  comparati- 
vement à  celle  qui  reste  dans  la  poudre  noire. 


FON  2.7 

La  dissolution  séparée  du  phosphate  de  fer  peut  contenir 
avec  le  sulfate  de  fer,  du  sulfate  de  manganèse.  Pour  s'en, 
assurer,  il  faut  en  prendre  une  portion  ;  la  faire  bouillir  avec 
de  l'acide  nitrique,  afin  de  suroxider  lefer;  faire  disparoitre 
l'excès  d'acide;  précipiter  celui-ci  par  le  succinate  de  po- 
tasse, et  rechercher  dans  la  liqueur  la  présence  du  manga- 
nèse. Il  est  nécessaire  aussi  d'y  rechercher  la  présence  de  la 
chaux,  de  la  magnésie  et  de  l'alumine. 
5.'  Gaz. 

11  est  très-odorant;  il  brûle  en  bleu  ,  et  produit  alors  beau- 
coup d'eau  et  un  peu  d'acides  carbonique  et  pliosphorique  : 
il  doit  son  odeur  à  du  phosphore  et  à  un  peu  d'huile.  Si  on 
le  fait  passer  dans  de  1'»  au  de  chlore ,  le  phosphore  est 
converti  en  acide  phosphorique,  l'huile  est  décomposée, 
et  le  gaz,  après  cette  opération,  n'a  plus  d'odeur:  il  brûle 
en  blanc  rougeàtre,  en  produisant  cependnrjt  encore  un 
peu  d'acide  carbonique.  En  mesurant  le  volume  du  gaz  hy- 
drogène, on  connoit  la  quantité  d'eau  qui  a  été  décompo- 
sée, par  conséquent  la  quantilé  d'oxigène  qui  s'est  fixée  au 
fer,  au  manganèse  et  au  phosphore  qui  ont  été  dissous  :  en 
déterminant  la  proportion  de  l'acide  phosphorique ,  de  l'oxide 
de  fer  et  de  l'oxide  de  manganèse  (  la  quantité  de  ce  dernier 
est  touiours  très-foible)  ,  on  voit  s'ils  contiennent  plus  d'oxi- 
gène que  l'eau  qui  a  éié  décomposée.  Dana  ce  cas,  l'excès 
d'oxigène  fait  conr.oître  la  quantilé  de  fer  qui  étoit  dans  la 
fonte  à  l'état  d'oxide. 

Pour  apprécier  la  proportion  du  carbone  delà  fonte  d'une 
manière  rigoureuse ,  il  faut  la  dissoudre  par  l'acide  sulfu- 
reux. Le  résidu  noir  pouvant  retenir  du  soufre ,  il  est  bon  de 
le  faire  bouillir  dans  l'eau  de  potasse. 

Ajjlnage.  Amener  à  l'état  métallique  l'oxide  de  fer  qui  se 
trouve  dans  la  fonte,  séparer  du  ferles  corps  qui  en  altèrent 
la  ductilité  ;  tel  est,  ainsi  que  nous  Pavons  déjà  dit,  l'objet 
de  l'affinage. 

Les  substances  qu'on  sépare  du  fer  par  l'affinage,  sont  à 
l'état  de  laitier,  crasses  ou  scories,  et  à  celui  de  sublimé. 

La  fonte  est,  comme  on  sait,  chauffée  dans  un  fourneau 
appelé  ouvras,t ,  renardière^  tic. ^  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  liqué- 
fiée. En  la  tenant  quelque  temps  fondue,  il  s'en  sépare  des 

2  5. 


.2i;  rOJN 

toories,  qui  ne  sont  que  du  laitier  mêlé  de  plus  eu  moins  de 
fer  métallique  ;.  en  même  temps,  la  plus  grande  partie  du  char- 
bon contenu  dans  la  fonte  réduit  l'oxide  de  fer  :  à  mesure  que 
le  laitier,  le  charbon  et  l'oxigène  abandonnent  le  métal,  la 
fonte  perd  de  sa  fluidité-,  elle  se  réduit  en  grumeaux,  que  l'crM 
réunit  en  une  masse  poreuse  appelée  loupe  .-  en  battant  la 
loupe  sous  le  martincl,  on  en  expulse  presque  fout  le  laitier 
qui  y  restoit,  et  en  même  temps  les  parties  métalliques  se  rap- 
prochent et  se  soudent. 

Les  scories  varient  suivant  la  nature  des  mines.  Dans  celles 
qui  contiennent  le  plus  de  substances  étrangères  ,  comme  les 
mines  terreuses  de  Drambon  ,  examinées  par  M.  Vauquelin. 
on  trouve  beaucoup  de  fer  métallique,  de  l'oxide  de  man- 
ganèse, de  la  silice,  de  l'alumine,  de  la  chaux,  de  l'acide  phos- 
phorique  ,  et  du  chrome  à  l'état  d'oxide  ou  d'acide.  On  trouve 
à  peu  près  les  mêmes  watières  que  celles  des  scories  dans  le 
fer  plus  ou  moins  oxidé,  qui  se  condense  dans  les  cheminées 
du  fourneau  d'afîinage.  Il  est  vraisemblable  que  la  plus  grande 
partie  de  ces  matières  est  plutôt  entraînée  mécaniquement 
3)ar  le  courant  d'air,  que  réduite  à  l'état  gazeux  par  la  force 
expansive  de  la  chaleur.  L'opinion  émise  dans  la  plupart  des 
ouvrages  qui  parlent  del'afiinage  du  fer,  qu'une  partie  du  char- 
Ion  de  la  fonte  est  hrûlée  par  Pair  atmosphérique  que  les  souf- 
flets portent  sur  la  surface  de  la  fonte ,  ne  nous  paroît  pas  suf- 
fisamment prouvée;  car,  à  cette  haute  température,  le  fer 
brûlant  très-facilement  et  le  carbone  ne  se  trouvant  dans  la 
fonte  que  dans  une  foible  proportion ,  n"arrive-t-il  pas  qu'il 
doit  y  avoir  plus  de  fer  brûlé  que  de  carbone,-  qu'en  consé- 
quence l'air  ne  doit  pas  contribuer  à  diminuer  la  proportion 
du  carbone  par  rapport  au  fer  ? 

Les  fers  contiennent  toujours,  ou  presque  toujours,  de  pe- 
tites quantités  de  carbone,  de  silice  ou  de  laitier,  et  quelque- 
fois du  phosphure  de  fer.  On  peut  les  analyser  comme  les  fontes. 

Nous  terminerons  cet  article  en  présentant  plusieurs  ré- 
sultats d'expériences  analytiques  de  Bergman,  sur  les  fontes, 
les  aciers  et  le  fer. 

joo  grains  (i)  des  matières  suivantes  ont  été  dissous  dans 
l'acide  sulfurique  d'une  densité  de  1,129,  et  ont  donné  : 
(»}  Poids  etmesHres  de  Paris. 


FON  229 

Gaz    hjdrogèiie. 

Pouces  cubes  (i).  Durée  en  niinuiei 

de  ladissolulion. 

Fonte  noire  de  Lewfstad. ..   66,9   4^ 

grise...........   5 1,6 4^ 

Fer  de  Lewfstad 66,1 1^ 

Fonte  d'UUefors &4,2    4^ 

Fer 66, 1    1 5 

Fonte  d'Akcrby 5o,2    5o 

Ferd'Akerby 65,5    1  ^^ 

Fonte  de  Formark 52, 9 55 

Acier  de  Formark 

recuit  ou  trempé 63, S    lO' 

Fer  de  Formark 67,6 i5 

Fonte  d'Halk fors 

bien  réduite »,   63,5 i5 

Fonte  d'Husaby 63,5 3o 

Acier  aimanté  d'Husaby  . .    58,2 25 

Ferd'Husaby 66,i 6 

Acier angloisrefondu  .. ..   69,6   12 

Résidu  noir  obtenu  par  l'acide  snlfurique ,  d'une  densité  de  1,129. 
de  i 00  parties  des  substances  suivantes  : 

Fonte  noire  de  Lewfstad 4 

Fonte  grise  de  Lewfstad 3,3 

Fer  battu  provenant  de  cette  fonte ►.   o,3 

Fonte  d'Ullefors ......,.._.... 2,0 

Ferbattu  d'Ullefors o,î 

Fonte  d'Akerby 2,6 

Ferbattu  d'Akerby, o,& 

Fonte  de  Formark , 3,o 

Acier  de  Formark o,5 

Fer  de  Formark 0,1 

Fonte  d'Hallefors  bien  réduite 5,3 

Fonte  d'Hallefors  mal  réduite 4, 5' 

Acier  d'Husaby 1,7 

Fer  forgé  d'Husaby 0,6 

Acier  anglois 0,4 

(1)  Poids  et  mesures  de  Paiii. 


23o  TON  •    - 

Ces  rôsulns  noirs  calcinés,  brûlés  sous  une  moiino  ,  ne 
pprck-nt  jam.iis  plus  de  la  moitié  de  leur  poids  de  charbon, 
L(?  résidu  {ixe  esl  de  la  silice  blanche. 

Des  parties  constiluaiites  de   roo  grains  ds  fer  clans  ses  divers 
ctals  .  d 'après  Bergman. 


E.XTr.f.MI         KXTRtlI» 

en  moins        en  plus. 


Ma/ièrcs  contenues  dans  la  fonte. 


Silice i,io  3,40  2,25 

(-harbon  ou  p!oiub.if;ine i,to  3,3o  2,20 

Manganèse o,5o  3u,oo  i5,25 

Fer 97, 3o  63,3o  80, 3o 

Total 100  100  100 

Pouces  cubes  J'air  inflamnïable 5o,2  63,>.>  56,85 

Pesanteur  spécifique  moyenne 7>76o 

Matières  contenues  dans  r mit r. 

Silice 0;3  0.90  0,60 

('.iiarl)on  ou  plombagine 0,2  0,80  o,5o 

T*<n'iganèse o,5  3o,oo  i5,25 

Fer c|q,o  6S,3o  83,65 

Total 100  100  100 

Pouces  cubes  d'air  inflammable 58,2  63, .5o  6o,85 

Pesanteur  spécifique  moyenne 7,720 

Matières  contenues  dans  le  fer. 
Fer  ductile. 

Siiice o,o5  o,3o  0,175 

Charbon  ou  plombagine o,o5  0,20  o,i25 

Manganèse o,5o  3o,oo  i5,25 

Fer 09,4*5  69,50  84,4^ 

ToT,..L 100  100  100 

Pouces  cubes  il'air  inflammal)le 65,5  67,5  66,5 

Pesanteur  spécifique  moyenne 7j782 


FOJN  23i 

«Il  moins.       en  plus.  muycii. 

Fer  cassant  à  chaud. 

«Siiice 0,3 

(>'(iarbon  ou  plonibai^iiip 0,7 

Manganèse o,5 

Fur 98.0 

Total. ».      100 

Pouces  cuhes  d'nir  inflammaMc 63,5  63,5 

Pesanteur  spécifique  moyenne 7>753 

Fer  cassant  à  froid. 

Silice o,o5  o,3o         OjiyS 

Cfia'rbon  on  plombagine o,o5  o,3o         0,175 

IvTrtnganèse o,5o  2.00         a.sSo 

Fer 99-4o  97,40       97,400 

ToTAt 100  iOO  100 

Pouces  cubes  fl'nirin{lammalile. 66,  i  G8,8         67,45 

Pesanteur  spécifique  moyenne ,-  r^,-g 

M.  Vauquelin  ,  ayant  examiné  plusieurs  sortes  de  fonte  et 
(le  fer,  y  a  trouvé  du  manganèse,  mais  clans  nne  proportion 
très-foible.  Il  est  généralement  reconnu  aujourd'lnii  que  la 
proportion  de  60  de  manganèse,  pour  100  de  fonte,  d'acier 
et  de  fer,  donnée  dans  la  table  précédente,  est  beaucoup 
irop  forle. 

Densités  de  plusieurs  sortes  de  fonte ^  fer  et  acier,  par  Bergman. 

!S<"  I.  nj'.inclie ,  p.auvre , 6,6or 

2.  Fonte \  grise ,  riche 6850 

3-  (noire,  supcrsal urée -r^aGa 

4.  Al-Husaby ''42 

5-  HeM.Qmsl 7,643 

^-   Acier ;an.2;Iois rj^rjrjS 

7-  '  '  \  de  Formark r  -707 

8.  d'Ostcrby ^:^8^ 

9-  U*^  même,  trempe'.. 7,693 

ïO.  (  de  Lrwf.tad 7,754 

;  ••  Fer  ductile  {  ^  S''''fc  '"'"''"  ''""''^ '^^^H 

12.  l  c\f  Braiitfors -,798 

ï3.  (  d'OsItrl.y 7,827 

14.  Fer  cassant  à  chaud  de  Norrberli 7,753 

\l-  Fer  cassant  à  froid  \  l\?"f 7^792 

^''-  i  à  Husaby 7,791 

(  C"-  ) 


S.Z2  FON 

FONTENELLE,  d'Adanson  {Bot.  ).  Voyez  Fontinale.  (Lem.) 
FONTILAPATHUM.  (Bot.)   C.  Bauhin  dit  que  Burser  lui 
avoit  envoyé  d'Autriche,  sous  ce  nom,  le  potamogeton  pecti' 
natum.  (J.) 

FONTINALE,  Fontinalis.  (Bot.)  Genre  de  plantes  de  la 
famille  des  mousses  ,  qui  tire  son  cararfère  essentiel  de  la 
structure  de  son  péristome  qui  est  double  :  l'extérieur  a  seize 
dents  droites,  un  peu  élargies;  l'intérieur  est  membraneux, 
conique  et  réticulé. 

Les  lontinalts  sont  des  mousses  qui .  comme  l'exprime  leur 
nom,  vivent  dans  les  eaux  des  iontaineset  des  ruisseaux.  Elles 
y  prennent  un  grand  développement;  et,  comme  presque  toutes 
les  mousses  qui  croissent  dans  l'eau,  on  les  trouve  rarement 
avec  leur  fructification  ,  la  nature  opérant  leur  multiplication 
par  les  nombreux  bourgeons  dont  elles  sont  garnies,  et  qui 
se  développent  avec  rapidité,  au  point  que  l'espèce  la  plus 
commune  forme  ,  en  grande  partie  ,  les  masses  tourbeuses  qui 
se  forment  de  nos  jours  dans  certains  marais.  Les  fontinales 
ont  une  tige  très-rameuse ,  qui  s'élève  à  la  surface  de  l'eau  ,  et 
s'alonge  beaucoup  lorsque  l'eau  est  courante.  Cette  tige  et 
ses  ramifications  sont  garnies  dans  toute  leur  longueur  de 
feuilles  petites,  disposées  sur  deux  ou  trois  rangées,  ou  même 
éparses,  et  presque  touiours  imbriquées. 

Les  fontinales  sont  monoïques  et  quelquefois  dioiques.  Les 
gemmules,  qu'Hedwig  regarde  comme  les  fleurs  mâles,  sont 
axillaires,  ainsi  que  les  flenrs  femelles  ou  les  urnes.  Celles-ci 
sont  presque  sessiles  et  presque  entièrement  cachées  par  les 
folioles  de  la  collerette  ou  périchœtium,  qui  l'entourent  à  la 
base  ,  en  forme  de  godet.  La  coiffe  qui  recouvre  l'urne  est 
lisse. 

La  floraison  de  ces  plantes  s'opère  à  la  surface  de  l'eau  j 
alors  les  rameaux  élèvent  leurs  sommités. 

Le  nombre  des  espèces  n'est  pas  très-considérable  ;  Bridel 
le  porte  à  cinq  ,  et  peut-être  faudra-t-il  y  ajouter  une  sixième 
espèce,  le  fontinalis  juliana,  deSavi(ou  skitophyilumfontantim, 
Bach.  delaPyl.,Journ.  Bot.  1814,  2,  p.  1 58,  tab.o.f.  2); mousse 
qu'on  n'a  pas  encore  trouvée  en  fleurs,  qui  a  le  port  des 
fontinales,  et  qui,  comme  elles,  croît  et  flotte  dans  les  eaux 
des  fontaines   et  des    ruisseaux.  M.  Gratcloup  l'a  trouvée  à 


rois  ^^5 

Dax  ;  M.  Hecfot,  à  Nantes  -,  M.  Duvau.  à  Rennes  ,'  à  Laval  , 
à  Porithiyy  .  M  Bachelôt,  à  Angers;  etM.Savi,  dans  les  fossés 
des  eaux  thermales  de  Saint-Julien. 

Les  botanistes  ont  éliminé  de  ce  genre  le  fontinalis  minor 
de  Dillen  et  de  Linnaeus,  qui,  d'après  ïurner,  n'est  autre 
chose  que  le  trickostomum  foatinaloides  d'Hedwig,  comme  il 
s"en  est  assuré  par  la  comparaison  des  échantillons  conservés 
dans  l'Herbier  de  Linnaeus  avec  ceux  de  la  mousse  d'Hedwig. 
C'est  aussi  le  fontinalis  alpina  de  Dickson  ou  cicclidotas  de 
M.  Palisot  -  Beauvois  ;  mais  cette  plante  ,  que  Bridel  place 
dans  son  genre  Racomitrum,  et  qui  constitue  le  genre  Sekra 
d'Adanson,  n'est  point  le  fontinalis  minor  de  Villars  et  de  la  plu- 
part des  auteurs,  lequel  est  une  véritable  espèce  defontinale, 
déjà  décrite  par  Linnaeus  sous  le  nom  de /bn.iinaZis  squammosa. 

Il  y  a  encore  le  fontinalis  pennata  ,  Linn.  ,  qui  n'appartient 
pas  à  ce  genre  ;  cette  mousse  est  le  nechera  pennata^,  Hedw» 
C'est  aussi  au  genre  Necfcera  qu'on  rapporte  les  fontinalis  crispa 
et  dislicha  de  Swartz.  Voyez  Harrisona  ,  et  Pilotrichum.  Ce 
dernier  genre ,  établi  par  Beauvois ,  renferme  aussi  les  fon- 
tinalis flicina  et  filiformis ,  Sw.  Enfin,  le  fontinalis  albicans  ^ 
Gmel,  est  placé  dans  le  genre  Hedv^igia,  par  M.  Beauvois. 

Voici  les  espèces  qui  composent  le  genre  Fontinale. 

La  Fontinale  incombustible  ;  Fontinalis  antipyretica ,  Linn.  y 
Hedw. ,  Lamk. ,  Illust. ,  tab.  873  ;  Sowerb.  ,  English  Bot.,. 
tab.  33g  ;  Fontinalis  ,  Dillen. ,  Musc. ,  tom.  33  ,  f.  1  ;  Muscus  , 
Vaill. ,  FI.  Par. ,  tab.  33  ,  f.  5.  Tige  très-rameuse,  ayant  jusqu'à 
un  pied  et  demi  de  longueur;  feuilles  disposées  sur  trois  rangs, 
lâchement  imbriquées,  ovales -lancéolées ,  pointues,  pliées 
et  courbées  en  forme  de  triangle  caréné  ,  légèrement  dentelées 
sur  le  bord,  se  divisant  en  deux  parties  dans  leur  vieillesse 
seulement;  urnes  presque  sessiles,  subcylindriques;  opercule 
conique, obtus,  quelquefois  alongé;  péristome  externe  rouge  , 
à  dents  élégamment  striées  et  réticulées  ;  péristome  interne 
rougeàtre,  membraneux,  conique,  réticulé.  Cette  mousse  se 
trouve  presque  partout  dans  l'hémisphère  septentrional  , 
depuis  la  Propontide  jusqu'en  Laponie  ;  elle  aime  les  eaux 
pures  et  courantes ,  et  flotte  à  leur  surface  ;  elle  est  verte  ; 
mais,  par  la  dessiccation,  elle  noircit.  Ses  rameaux  florifères 
se  redressent  hors  de  l'eau  ,  lors  de  la  floraison  ,  puis  ils  s'en- 


^^^^  FON 

foncent  de  nouveau.  Elle  croit  quelquefois,  en  immense 
quantité,  dans  les  marais  et  sur  le  bord  des  rivières;  sur  les 
roues  des  moulins,  même  celles  en  activité,  ainsi  que  ncTus 
l'avons  vu  sur  les  rouages  de  la  machine  de  Marly.  Cette  mousse 
n'a  aucun  usage  important  ;  cependant  Linnaeus  rapporte  que 
les  Lapons  en  revêtissent  leurs  cheminées  de  bois  pour  em- 
pêcher que  le  feu  n'y  prenne.  Voilà  pourquoi  Linnfcus  lui 
a  donné  le  nom  spécifique  (Vantipjretica.  Ce  n'est  pas  toutefois 
que  cette  mousse  soit  incombustible,  car  elle  est  aussi  com- 
bustible que  toute  autre  mousse;  mais,  comme  elle  conserve 
beaucoup  d^humidité,  et  long-temps,  elle  peut  empêcher  la 
communication  du  feu. 

Lefontinalis  erecta  de  Villars  n'en  est  qu'une  variété  droite , 
selon  Decandolle. 

La  FoNTlNALE  ÉCATLLF.tiSB  :  Fonfinalis  squammosa  ,  Lînn., 
Hedw.,  St.Ojpt.,  0,  tabl.  12  :  Dill. ,  t.  33,  f .  3  ;  Fontinalis 
minor,  Villars  et  Auctor. ,  non  Linnaeus.  Tig'e  grêle  ,  rameuse 
à  Texlrémité  ;  feuilles  disposées  sur  trois  rangs  ,  lancéolées  en 
alêne:  urnes  presque  sessiles,  axillaires  ,  cylindriques;  oper- 
cule conique ,  obtus  ,  court.  Cette  espèce  se  trouve  dans  les 
ruisseaux  et  les  torrens  des  montagnes  alpines  ou  avoisi- 
nantes  ,  dans  toute  l'Europe  septentrionale,  et  même  dans 
l'Amérique  boréale,  si  l'on  en  croit  Schwsegriehen.  Adanson 
place  cette  mousse  dans  son  genre  Harrisona. 

La  FoNTiNALE  FALCiFORME  ;  Fontiiialis  falcata ,  Kedw.,  Musc, 
/rond.,  V,  m,  p.  67  ,  tab.  24,  Bridel.  Tige  un  peu  rameuse  ; 
feuilles  disposées  sur  trois  rangs,  mais  toutes  rejetées  du  même 
côté  ,  en  manière  de  faux,  carénées,  à  une  seule  nervure; 
feuilles  du  périchœtium  engainantes,  lancéolées,  terminées 
en  pointes  alongées  ;  urnes  ovales-oblongues,  portées  sur  des 
pédicelles  saillans.  Cette  mousse  n'a  pas  encore  été  trouvée 
ailleurs  qu'en  Laponie ,  en  Suèdp  et  en  Frise,  dans  les  ruis- 
seaux et  les  rivières,  attachée  aux  pierres. 

La  FoNTiNALE  capillaCée  ;  Fontinalis  capillacœa ,  Smith,  FI. 
Brit.  Tige  rameuse  ;  feuilles  éparses,  linéaires,  sétacées,  caré- 
nées et  falciformes;  feuilles  du  périchœtium  aiguës ,  réu- 
nies en  une  pointe  piquante;  urnes  droites,  presque  cylin- 
driques, à  opercule  conique,  subulé ,  très-pointu.  Cetle 
mousse  est  indiquée  dans  les  ruisseaux  des  montagnes   de  la 


FOR  05 

Suède  et  dans  les  eaux  de  la  Pensylvanie  aux  Etats-Unis. 
Bridel  se  demande  si  ce  n'est  pas  une  espèce  du  genre 
Anectangium, 

La  FoNTiNALE  SUBULÉE  :  FouHnalis  sululata ,  Pal.  Beauv.  ;  Brid. 
Tige  flottante  ,  très-rameuse ,  à  rameaux  étalés;  les  supérieurs 
recourbés  en  dedans;  feuilles  imbriquées  sur  deux  rangs,  éta-^ 
lées.  lancéolées-subulées,  carénées,  a  nervures  continues, 
feuilles  du  péricliœtium  formant  une  espèce  de  gaine  qui 
enveloppe  l'urne.  Cette  espèce  a  été  observée  par  M.  Palisot- 
Beauvois,  dans  les  eaux  pures  de  l'Amérique  septentrionale, 
en  Géorgie.  (  Lem.) 

FONTINALIS.  [Bot.)  J.  Bauhin  est  un  des  premiers  botanistes 
qui  aient  fait  usage  de  ce  nom  pour  désigner  la  fontinale 
incombustible,  espèce  de  mousse  décrite  au  genre  Fontinale. 
Dillen  et,  après  lui,  presque  tous  les  botanistes,  ont  nommé 
fontinalis  le  genre  qui  comprend  cette  mousse,  et  auquel  les 
botanistes  ne  rapportent  pas  tous  les  mêmes  espèces.  (Voyez 
Fontinale.)  Anciennement  le  nom  de  fontinalis  a  été  appli- 
qué à  diverses  plantes  aquatiques.  (Lem.) 

FONTON.  (Ornith.)  L'oiseau  de  Guinée  qui  porte  ce  nom, 
et  dont  il  est  fait  mention  dans  la  Description  de  l'Afrique 
par  Dapper,  p.  268  ,  et  dans  la  relatian  de  la  même  partie  du 
monde,  par  de  la  Croix,  t.  2,  p.  52  5,  est  vraisemblablement 
le  coucou  indicateur,  cuculus  indicator,hev.  (Cii.  D.) 

FONTSI,  Ontsi.  (Bot.)  Une  variété  de  bananier,  distincte 
par  ses  fruits  gros  et  longs  comme  le  bras,  est  ainsi  nommée  à 
Madagascar,  suivant  Flacourt.  (J.) 

FOO,  Moo ,  Itzingo  (Bot.)  :  noms  Japonois  d'une  ronce  ,  rubus 
cœsius,  suivant  Kaempfer  etThunberg.  Celui  defoosen  est  donné 
à  deux  roses,  rosa  canina  et  indica,  ainsi  qu'à  la  belle  de  nuit, 
nyctago;  ceux  de/00-sfci  et  foo-dsuki  à  un  coqneTet ,  phfsalis 
angulata;  celui  àe  fooki^gusa  à  une  anserine  ,  chenopodium  scO' 
parium.  (J.) 

FOOAHA  (Bot.),  nom  arabe  de  la  garance,  suivant  Shav/, 
M.  Delile  l'indique  sous  celui  defouah  (J.) 

FOORAHA.  {Bot.)  Voyez  Fouraha.  (J.) 

FORA-0  (Mamm.),  nom  du  furet  en  Portugal  -.  de  Ikfora-o 
de  Scythia  est  le  nom  de  la  martre-zibeline  dans  la  même  con- 
trée. (V.  C.) 


^^-^>  FOR 

FORAS-L'BON  (Mamm.),  noui  de  l'hippopotame,  dans  lar- 
Basse-Egypte,  suivant  Zerenghi.  (F.C.  ) 

FORBESfNx\(J5o/,),  nom  italien  donné  dans  les  environs  de 
Bologne,  suivant  Gesner,  cité  par  C.  Bauhin,  au  bidens  tripar- 
lita:  Césalpin  le  nomme  verhesina-  Dodoens,  hepaturium  aqua- 
êile  et  pseudo-hepatorium.  (J.) 

FORBICINE,  Forbicina  {Entom.) ,  nom  d'un  genre  d'in- 
sectes aptères  à  mâchoires,  de  la  famille  des  séticaudes  ou 
nématoures ,  à  corps  aplati  ,  à  six  pâtes,  à  antennes  longue* 
en  soie,  et  à  ventre  ou  abdomen  distinct  du  corselet,  ter- 
miné par  des  soies  alongées. 

Ce  nom  de  forbicine  se  trouve  dans  Aldrovande,  de  In- 
sectis,  lib.  r,  cap.  Î5.  D'après  la  figure  ,  il  convient  a  l'insecte 
qui  fait  l'objet  de  cet  article  :  aussi  Geoffroy,  qui  a  carac- 
térisé le  genre,  a-t-il  adopté  le  nom  d'Aldrovandc  ,  qui  l'avoit 
appelé  ainsi  pour  indiquer  ses  rapports  avec  le  perce- 
oreille,  en  laun  forficula.  Quoique  les  forbicines  soient  ap- 
tères, elles  ne  paroissent  cependant  pas  éloignées,  par  l'or- 
ganisation, les  mœurs  et  les  habitudes,  des  insectes  de  ce 
dernier  genre,  ou  plutôt  des  blattes  et  autres  orthoptères. 

Fabricius  a  donné  aux  forbicines  de  Geoffroy  le  nom  de 
lepisma.Ce  nom  indique  l'une  des  particularités  de  ce  genre, 
donttoutes  les  espèces  sonten  effet  couvertes  de  petites  écailles 
brillantes,  comme  celles  des  poissons,  du  mot  grec  Xivrtç, 
écaille. 

Les  forbicines  sont  des  insectes  qui  fuient  la  lumière,  comme 
les  blattes;  qui  se  retirent  dans  les  lieux  secs  et  obscurs,  et 
qui  courent,  pendant  la  nuit  et  dans  le  danger,  avec  une 
grande  vivacité.  Cette  célérité  dans  la  fuite,  et  les  écailles 
nacrées  dont  la  plupart  des  espèces  sont  couvertes ,  les  ont  fait 
désigner  sous  le  nom  de  petits  poissons  de  terre  par  les  enfans; 
et ,  comme  on  les  rencontre  souvent  dans  les  armoires  où  l'on 
conserve  le  linge,  les  vcteaiens,  les  provisions,  on  leur  a 
aussi  donné  le  nom  de  lingères. 

Comme  le  remarque  Geoffroy,  ces  insectes  ont  trois  carac-, 
tères  essentiels,  dont  un  seul  suffiroit  pour  les  distinguer  de 
tous  les  autres  genres.  Le  premier  de  ces  caractères  consiste 
dans  la  forme  des  pâtes  qui  sont  larges  et  aplaties,  surtout 
a  leur  origine,  et  qui,  de  plus,  à   cet  endrort  de  leur  nais- 


FOR  .5; 

sance  dont  elles  s'écartent  à  angle  droit ,  comme  dans  les 
lézards,  sont  recouvertes  de  grandes  etlargesplaquesminccs, 
semblables  à  de  grandes  écailles,  comme  dans  les  biaties  de 
cuisines;  une  partie  de  la  cuisse  de  l'insecte  est  cachée  sous 
ces  écailles;  et  lorsqu'il  replie  les  articulations  de  ses  pâtes  . 
en  les  ramenant  sous  le  corps,  il  peut  les  tenir  presque  en- 
tièrement à  couvert.  Le  second  caractère  des  forbicines  cou-' 
siste  dans  les  deux  palpes  alongés  et  très -mobiles,  qui  gar- 
niv'^scnt  la  bouche  de  ces  insectes.  Enfin  ,  le  troisième  et 
dernier  caractère  dépend  de  la  conformation  de  la  queue  , 
qui  est  garnie  de  trois  longs  filets  ,  dont  l'un,  qui  est  celui 
du  milieu  ,  est  droit  et  dans  la  même  direction  que  le  corps. 
Les  deux  latéraux  peuvent  rester  et  restent  presque  cons- 
tamment dans  une  direction  différente,  et  forment,  avec  le 
corps  et  le  filet  du  milieu  ,  un  angle  presque  droit.  Outre 
ces  trois  grands  filets  ,  les  parties  latérales  du  ventre  de  la 
forbicine  sont  encore  garnies  d'une  rangée  de  petits  appen- 
dices soyeux,  articulés  à  leur  base;  l'animal  s'en  sert  pour 
s'appuyer  sur  le  sol  et  courir  plus  rapidement. 

On  ne  connoît  pas  encore  le  mode  de  réunion  des  sexes,  et 
on  n'a  pas  observé  les  différences  qu'ils  présentent.  Les  œufs 
passent  probablement  l'hiver;  car  on  voit  au  printemps  de 
petits  individus  qui  ne  paroissent  pas  éprouver  de  véritable 
métamorphose ,  mais  seulement  une  mue ,  comme  cela  arrive 
à  la  blatte  des  cuisines,  qui  ne  prend  jamais  d'ailes. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  les  suivantes  : 

FoRBiciNB  LiNGÈRE  OU  DU  SUCRE  ;  Lepismu  saccharina. 

Aplatie,  alongée,  d'un  gris  argenté.  Geoffroy,  Insectes  des 
environs  de  Paris  ,  tom.  ii,  pl.  20,  fig.  3. 

L'insecte  est  demi-cylindrique,  d'un  gris  argenté,  bleuâtre 
ou  blanchâtre,  Linnfeus  dit  que  cet  insecte  est  originaire  de 
l'Amérique;  qr.'on  le  trouve  dans  les  habitations,  dans  les 
meubles,  et  surtout  avec  le  sucre;  qu'il  est  venu  en  Europe 
avec  cette  denrée,  et  qu'il  s'y  est  propagé;  qu'en  1770  à  peine 
avoit-il  pénétré  en  Suède.  De  Villers  croit  que  cet  insecte  ne 
fait  pas  tort  aux  livres  ;  qu'au  contraire  il  fait  sa  nourriture 
principale  des  cirons,  qui  se  développent  dans  la  matière 
amylacée  cuite,  et  qu'on  comme  des  psoques  ou  des  poux  da 
3)ois, 


^38  FOU 

FoRBiciNE  RL'BANNjéÈ  ;  Lcpisma  vittata. 

Grisâtre,  à  points  noirs,  très-irréguliers  ,  et  a  cinq  lignes  Zon- 
gitudinales  blanches. 

Cette  espèce  est  devenue  très-commune  à  Paris  :  on  la  trouve 
le  soir  sur  les  murs  élevés,  exposés  au  midi  ou  au  levant;  elle 
se  retire  de  jour  dans  les  fentes  des  murailles  et  dans  les  boi- 
series qui  garnissent  et  formentles  croisées  :  elle  atteintquatre 
fois  la  longueur  de  la  vulgaire. 

FoaBiciNE  rayée:  Forbicina  lineata. 

Brune,  avec  deux  lignes  blanclies  longitudinales,  blanche  en- 
dessous. 

De  Villers  l'a  observée  en  Suisse. 

M.  Latreillea  désigné,  sous  le  nom  de  Machile  (voyez  ce 
mot),  des  espèces  de  forbicines,  entre  au  1res  la  polypode,  celle 
que  Geoffroy  a  nommée  la  sauteuse,  parce  qu'elle  a  le  corps 
cylindrique,  et  qu'elle  saute  à  l'aide  d'une  sorte  de  fourche 
qui  se  replie  sous  le  ventre,  à  peu  près  comme  da&s  les  po- 
dures.  Nous  en  avions  fait  le  genre  Lépisme,  dans  le  tableau" 
analytique  de  la  famille  des  séticaudes  ,  de  la  Zoologie  analy- 
tique. Pour  éviter  la  confusion,  nous  adopterons  le  nom  de 
machile.  (CD.) 

FORELLE  ,  FoHRE  (  Ichlhjol.)  ,  deux  des  noms  allemands 
de  la  truite.  (H.  C.) 

FORELKRA  (  Ichthyol.  ) ,  un  des  noms  norwégiens  de  la 
truite.  (H.C.) 

FORESTIÈRE,  Forestiera.  {Bot.)  Genre  de  plantes  dicoty- 
lédones, à  fleurs  incomplètes,  dioiques-,  de  la  famille  des  jas- 
minées,  de  la  dioécie  diandrie  de  Liiinaeus ,  qui  présente  pour 
caractère  essentiel  :  Des  fleurs  dioïques:  dans  les  fleurs  mâles  , 
un  calice  à  quatre  folioles  lancéolées;  point  de  coro.le;  deux 
ou  trois  étamines:  dans  les  fleurs  femelles,  un  calice  à  quiilre 
folioles,  deux  opposées  plus  grandes;  un  ovaire  supérieur, 
pédicellé,  contenant  deux  ovules;  un  style  ;  un  stigmate  en 
tête,  à  deux  lobes  :  le  fruit  est  une  baie  drupacée  ,  ordinai- 
rement monosperme. 

Ce  genre  a  été  établi  par  Michaux  sousle  nom  d'flcZeZia;  Will- 
denow  y  a  substitué  celui  de  borja  -.  mais  ces  deux  noms  ayant 
été  déjà  employés,  le  premier  par  Linnœus ,  le  second  par 
M.  de  Labiilardière  (voyez  Adklie  et  Vincerole  ;  Borya)  , 


FO  R  2:-.c, 

Torn.  V,  Suppl.)  ,  j"al  été  forcé  d'eu  adopter  un  autre,  que 
j'ai  consacré  à  la  mémoire  de  mon  estimable  ami  Forestier, 
dont  j'ai  à  regretter  la  perte  presque  récente.  Il  exerçoit  la 
médecine  à  Saint-Quentin-,  il  aimoit  beaucoup  la  botanique, 
et  s'est  toujours  fait  un  plaisir  d'en  inspirer  le  goût  et  d'en 
faciliter  l'étude  à  ceux  qui  s'y  livroient  :  c'est  de  lui  que  j'en 
ai  reçu  les  premières  leçons,  et  je  lui  dois  les  momens  bien 
agréables  employés  à  l'étude  de  cette  aimable  science.  Ce 
genre  comprend  des  arbrisseaux  à  feuilles  opposées,  dont  les 
tlenrs  sont  fort  petites,  axillaires,  agglomérées. 

Forestière  ACUMiNÉE:  Forestiera acuminata ,  Poir.  ,Encycl.Sup. 
et  m.  Gen.  Sup.Icon.;  Adelia  acuminata,  Mich.,  Amer.  ,2,  tab.  /,8  ; 
Borja  acuminata ,  Willd.,  Spec.  Arbrisseau  glabre  sur  toutes 
ses  parties,  dont  les  tiges  se  divisent  en  rameaux  étalés,  par- 
semés de  points  blancs  ,  garnis  de  feuilles  opposées,  pétiolées  , 
ovales -lancéolées,  à  peine  denticulées,  longues  de  deux  ou 
trois  pouces  :  souvent  de  l'aisselle  des  feuilles  sortent  sous  la 
forme  d'une  longue  épine,  de  petits  rameaux  nus  ou  feuilles. 
Les  fleurs  sont  dioïques-,  les  fleurs  mâles  sessiles;  les  femelles 
longuement  pédonculées  ,  droites,  réunies  par  fascicules  dans 
l'aisselle  des  feuilles.  Il  leur  succède  une  baie  ou  plutôt  un 
drupe  alongé,  un  peu  arqué,  terminé  en  forme  de  bec,  ren- 
fermant une  semence  oblongue,  rétrécie  à  ses  deux  extrémités. 
L'embryon  est  renfermé  dans  une  substance  épaisse,  charnue, 
un  peu  cornée.  Cette  plante  croît  sur  les  bords  des  rivières, 
à  la  Caroline,  et  dans  la  Géorgie. 

Forestière  A  feuilles  de  troène  :  Forestiera  ligustrina,  P»ir., 
Encycl.  Sup.;  AdelicuUgustrina,  Mich. ,  1.  c.  :  Borja,  "\Villd. ,  Spec, 
Arbuste  d'un  aspect  élégant,  qui  ressemble  au  troène  par  ses 
feuilles  et  son  port.  Ses  rameaux  sont  glabres,  garnis  de  feuilles 
glabres,  opposées,  pétiolées,  un  peu  membraneuses,  oblon- 
gues-lancéolées,  très- entières,  aiguës  au  sommet ,  rétrécies  à 
leur  base;  les  pétioles  très-courts.  Les  fleurs  sont  axillaires, 
fasciculées,  accompagnées  à  leur  base  de  quelques  petites 
écailles  en  forme  de  bractées.  Les  fruits  sont  courts  et  ovales. 
Cet  arbuste  croît  parmi  les  broussailles,  au  pays  des  Illinois 
et  à  Tennassée. 

Forestière  poreuse  :  Forestiera porulosa ,  Poir.,  Encycl.  Sup.; 
J.deliaporulosa.Mich.,  I.c.;ifor^a., Willd. j5pec,Arbrisseaugarui 


=4o  FOR 

de  feuilles  sessiles,  coriaces,  opposées,  oblongu  es -lancéolées 
ou  un  peu  ovales  ,  glabres  à  leurs  deux  faces  ,  obtuses  au 
sommet,  réirécies  vers  leur  base  ,  vertes  en  dessus,  presque 
couleur  de  rouille  en  dessous,  un  peu  roulées  à  leurs  bords, 
parsemées  de  pores  transparens.  Cette  plante  croît  dans  la 
tioride  ,  sur  les  bords  de  la  mer. 

Forestière  A  FEUILLES  de  cassine  :  Forestiera  cassinoides ,  Poir., 
Encycl.Sup.;  AàeliafoUis  ovatis,  etc.,Brown,  Jam.,  36 1,  tab.56, 
lig.  5;  Lamk.,  III.  gen. ,  tab.  83 1  ,  fig.  i.  Cette  plante  croît  aux 
Antilles.  Elle  a  le  port  d'un  cassine;  ses  rameaux  sont  glabres 
et  cendrés;  ses  feuilles  opposées,  pétiolées,  coriaces,  en  ovale 
alongé,  entières,  obtuses,  roulées  à  leurs  bords,  glabres  à  leurs 
deux  faces,  veinées  et  réticulées  en  dessous.  Les  fleurs  sont 
petites,  dioïques,  réunies  dans  l'aisselle  des  feuilles  en  petits 
paquets  pédoncules.  (Poir.) 

FORESTIERS.  (Ornith,)  Ce  terme  qui,  dans  la  traduction 
donnée  par  Sonnini  de  la  seconde  partie  des  Voyages  de 
M.  d'x\zara  dans  l'Amérique  méridionale  ,  correspond  aux 
monteses  de  Fauteur  espagnol,  tom.  i  ,  p.  429  de  son  Orni- 
thologie du  Paraguay,  ne  saureit  caractériser  avec  précision 
aucune  famille  particulière;  et  M.  d'Azara  ne  Fa  employé 
qu'à  défaut  d'une  dénomination  plus  convenable,  pour  dési- 
gner des  oiseaux  qui  habitent  constamment  les  bois  épais  et 
fourrés,  sans  même  se  poser  sur  les  branches  sèches.  Il  leur 
a  trouvé  des  rapports  avec  les  becs-en-poinçon  ;  mais  leur  bec 
est  plus  pyramidal,  comprimé  sur  les  côtés  et  un  peu  courbé, 
par  où  ils  diffèrent  surtout  des  derniers,  qui  Font  tout-à-fait 
droit.  Les  narines  sont  placées  dans  un  enfoncement,  et  la 
langue,  dont  la  forme  n'est  indiquée  que  pour  la  première 
espèce,  est  un  peu  grosse  et  étroite.  L'auteur  espagnol  fait  aussi 
Fénuméretion  d'autres  particularités  par  lui  observées  ,■  et 
qui,  quoique  d'une  importance  secondaire,  lui  paroissent 
propres  à  mieux  établir  la  séparation  entre  les  becs-en- 
poinçon  et  les  forestiers.  Ceux-ci  ont  le  corps  plus  gros, 
ainsi  que  la  tête,  dont  le  sommet ,  comme  le  dos,  est  moins 
garni  de  plumes j  les  douze  pennes  caudales  sont  plus  foibles, 
plus  longues,  et  ont  Fextrémité  un  peu  pointue;  l'aile,  éga- 
lement pointue,  est  plus  courte  et  moins  forte;  la  plus  longue 
de  ses  dix-huit  pennes  est  la  quatrième}  la  janïbe,  le  tarse  et 


FOR 

les  doigts  sont  un  peu  plus  longs;  les  mouvemens  n'ont  pas 
autant  de  vivacité,  et  l'instinct  paroît  être  doué  de  moins  de 
finesse.  Ces  oiseaux  sédentaires  ne  se  rassemblent  que  par 
jjaires,  et  même  peut-être  point  pendant  l'année  entière. 

Ces  caractères  rapprochent  les  forestiers  desfnngiUes;  mais, 
celles-ci  ayant  le  bec  droit,  tandis  qu'il  est  courbé  chez  les 
autres,  cette  circonstance  est  suffisante  pour  les  en  séparer. 
M.  Vieillot  leur  a  aussi  trouvé  de  grands  rapports  avec  ses 
némosies ;  mais  ces  derniers  oiseaux  ont,  à  l'extrémité  de  la 
mandibule  supérieure,  une  petite  échancrure  dont  M.  d'Azara 
ne  parle  point,  et  ilseroit  nécessaire  d'avoir  des  détails  plus 
étendus  pour  former  des  forestiers  un  genre  distinct.  On  se 
bornera  donc  provisoirement  à  indiquer  ici  les  cinq  espèces 
que  M.  d'Azara  a  décrites  sous  ce  mot. 

Le  Forestier  a  tête  dorée,  Az. ,  n."  i  i3,  est  long  de  cinq 
pouces  et  demi;  sa  queue  est  étagée -,  il  a  la  tête  d'un  beau 
jaune,  qui  jette  des  reflets  d'or  jusqu'aux  yeux;  la  gor<'e, 
les  côtés  du  corps  et  les  plumes  anales  ,  sont  d'un  blanc  doré; 
le  reste  des  parties  inférieures  est  blanc,  et  les  parties  su- 
périeures sont  brunes.  Le  bec,  d'un  brun  clair  en  dessus  ,  est 
d'un  bleu  de  ciel  en  dessous  ;  l'iris  est  brun,  et  les  tarses  sont 
plombés.  Le  naturaliste  espagnol  regarde  comme  la  femelle 
un  individu  dont  les  ailes  avoient  moins  d'envergure,  dont  la 
tête  étoit  d'un  roux  doré  avec  quelques  taches  plus  vives,  et 
dont  les  autres  parties  étoient  d'un  brun  jaunâtre,  plus  clair 
en  dessous.  Ces  oiseaux  sautillent  presque  sans  cesse  à  la 
moitié  des  arbres  touffus. 

Le  Forestier  a  tête  écarlate  ,  Az. ,  n."  1 1 4 ,  qui  est  très-rare 
au  Paraguay,  et  qui,  suivant  Sonnini,  seroit  le  même  que 
l'oiseau  figuré  dans  la  Zoologie  danoise  ,  pi.  04 ,  n.°  284  ,  sous 
le  nom  de  mésange  grise,  couronnée  d'écariate,  parus  griseus, 
Gmel.  et  Lath. ,  n"a  que  cinq  pouces  deux  lignes  de  longueur  : 
son  bec  ,  noirâtre  en  dessus  et  d'un  bleu  terreux  eu  dessous^ 
tst,  ainsi  que  les  yeux,  entouré  de  noir;  le  reste  de  la  tête  e^t 
d'un  rouge  écarlate.  Les  couvertures  supérieures  des  ailes  sont 
noires,  et  les  couvertures  inférieures  blanches.  Leurs  peniies 
sont  noirâtres,  et  le  plumage  est,  sur  les  autres  parties  du 
corps  ,  d'un  bleu  d'ardoise  plus  clair  en  dessous. 

Le  Forestier  vert  a  tètjï  rousse,  Az.,  h."  1^,  est  long  de 
1".  iC 


M2  FOR 

six  pouces.  La  penne  exiérieurede  la  queue  ,  de  chaque  c6té, 
est  de  deux  lignes  et  demieplus  courte  que  les  intermédiaires-, 
1«  bec,  brun  en  dessus  et  blanchâtre  en  dessous,  est  presque 
droit.  Le  sommet  de  la  tête  est  roux;  les  côtés  sont  cendrés, 
et  le  derrière  du  cou  est  verdàtre,  ainsi  que  le  dos;  le  devant 
du  cou ,  les  ceuverturi-s  des  ailes  et  le  bord  des  pennes  sont 
jaunes;  la  poitrine  et  le  ventre  sont  d'un  blanc  roussàtre  ,  et 
les  plumes  anales  offrent  une  teinte  mélangée  dejaune ,  de  vert 
et  de  blanc. 

LeFonEsriER  rouge  et  noirâtre,  Az.  ,  n.°  116,  dont  le  ra- 
mage est  agréable,  a  cinq  pouces  et  demi  de  longueur,  et  la 
penne  extérieure  de  la  queue  ,  de  chaque  côté ,  est  plus 
courte  que  les  autres  de  quatre  lignes.  Le  dessus  de  la  tête, 
ses  côtés  et  le  haut  du  cou,  sont  d'un  noir  bleuâtre;  il  y  a 
an-deftsus  des  yeux  un  trait  blanchâtre  ;  un  autre ,  de  la  même 
coulèar,  part  du  coin  de  la  bouche,  et  un  troisième,  au- 
dessous ,  est  d'une  teinie  noirâtre;  le  bas  du  cou  et  la  moitié 
du  dos  sont  d'un  roux  brun  ,  et  l'autre  moitié  est  rougeàtre  , 
ainsi  que  le  croupion;  les  couvertures  des  ailes  sont  plombées, 
■et  les  pennes  alaires  et  caudales  sont  noirâtres ,  avec  une  bor- 
dure rousse;  l'extérieure  de  ces  dernières  pennes  est  terminée 
par  une  tache  blanche.  La  gorge  et  le  devant  du  cou  sont 
d'un  brun  clair;  le  ventre  est  blanchâtre,  et  les  plumes  anales 
sont  d'un  noirâtre  brillant. 

Le  Forestier  dohé  et  noirâtre,  Az.,  n.°  1 17  ,  est  de  laméme 
taille  que  le  précédent.  Le  bec ,  noirâtre  en  dessus  et  blan- 
châtre en  dessous,  est  jaune  à  sa  base,  et  la  même  couleur 
s'étend  sur  les  côtés  de  la  tête  €t  les  parties  inférieures;  une 
portion  de  l'aile  est  de  couleur  d'or.  L'oiseau  a  le  dessus  du 
corps  d'un  vert  sombre,  raison  pour  laquelle,  sans  doute  , 
M.  Vieillot  a  substitué,  à  Tépithète  de  noirâtre,  celle  de  ver- 
dàtre,  qui  paroît  en  effet  lui  mieux  convenir.  M.  d'Azarafait 
mention  d'un  autre  individu  ,  moins  long  de  trois  lignes  et 
demie,  dont  le  bec  n'étoit  pas  comprimé,  etdontles  couleurs 
présentoient  quelque  différence. 

Trois  chipius  de  l'auteur  espagnol  ont  été  réunis  par 
M.  Vieillot  aux  forestiers  ,  quoiqu'ils  ne  pénètrent  point  dans 
les  bois,  dont  ceux-ci  ne  quittent  jamais  les  parties  les  plus 
épaisses.  Ce  sont  les  chipius  noir  et  rougeàtre  ,  brun  et  roux, 


FOR  .43 

noir  et  blanc,  n.'"  142  ,  i45  et  144  des  Oiseaux  du  Paraguay^ 
qui  sont  décrits  sous  le  mot  Chipiu  ,  pag.  691  du  tom.  via"  d^ 
ce  Dictionnaire.  (Ch.  D.) 

FORET  {Conchyl.) ,  nom  marchand  d'une  espèce  de  coquille 
du  genre  Vis,  le  murex  slrigillatus  de  Linnéeus.  (DeB.) 

FORFICULE,  ou  Perce-oreili.e,  Forficula.  {Entomol.)  Lin- 
naeus  a  désigné  ainsi  un  genre  d'insectes  orthoptères,  déjà 
décrits  par  Mouffet  sous  ce  nom  latin  et  sous  celui  d'auricu- 
laria,  et  qui  paroît  correspondre  aux  orsodacnes  {opffoS'otx.v»  , 
prêts  à  mordre)  d'Aristote. 

Ce  genre  est  réellement  tout-à-fait  anomal  ;  aussi  en  avons- 
nous  formé  une  famille  disfincte  parmi  les  orthoptères,  sous 
ce  même  nom  françois  de  perce-oreilles,  ou  labidoures,  des 
mots  grecs  XstCiç  tS"oc,  tenaille,  et  de  oupa,  queue.  Il  nous 
paroît  que  le  nom  de  perce-oreilles  tient  à  la  conformation 
de  l'extrémité  du  ventre,  qui  ressemble  à  une  sorte  de  te- 
nailles ou  de  petites  pinces  courbées  dont  se  servoient 
autrefois  les  orfèvres  pour  percer  le  lobe  inférieur  de  l'oreille 
et  y  introduire  l'anneau  des  boucles  d'oreilles.  On  nommoit , 
•en  vieux  françois,  les  forficules,  aureilliez-perceaureiltes ,  oreil- 
lières ,  auriculaires  ,  et  ce  nom  leur  est  resté;  mais  il  a  donné 
lieu  à  beaucoup  de  préjugés.  On  a  supposé  que  l'insecte,  qui 
fuit  la  lumière,  et  qui  cherche  les  cavités  étroites ,  s'intro- 
duisoit  pendant  le  sommeil  dans  le  conduit  auditif;  qu'il  y 
perçoit  le  tympan  ,  et  qu'il  pénétroit  même  jusqu'au  cerveau  ; 
et  le  peuple  en  est  encore  persuadé.  Linnaeus  a  dit  de  cet 
insecte  :  Aures  dormientium  interdum  intrans  ,  spiritu  frumenti 
pelleada.  De  sorte  qu'une  proscription  générale  est  étendue 
sur  cette  race  d'insectes,  soit  en  raison  des  torts  réels  qu'elle 
fait  dans  nos  jardins,  soit  à  cause  de  ceux  dont  on  l'accuse 
bien  faussement. 

Les  perce-oreilles  ont ,  pour  la  forme  générale  ,  quelques 
rapports  avec  les  staphylins  :  comme  eux,  ils  sont  alongés  , 
avec  la  tête,  le  corselet  et  l'abdomen  à  peu  près  de  même 
largeur.  Sous  l'état  parfait  leurs  élytrcs  sont  courtes  ,  peu 
«paisses  et  flexibles:  mais  elles  sont  voûtées,  et  elles  re- 
couvrent des  ailes  membraneuses  presque  aussi  longues  que 
l'abdomen  ,  qui  se  plient  et  se  plissent  admirablement,  et  qui 
s'étendent  rapidement,  comme  par  un  mouvement  de  ressort, 


244  FOR 

lorsque  l'insecte  fait  agir  les  muscles,  dont  les  tendons  sont 
logés  dans  une  coulisse  pratiquée  au-dessous  des  nervures 
^principales  qui  soutiennent  une  membrane  d'une  ténuité  telle 
que  la  lumière  s'irise  en  la  traversant.  Ces  ailes  suffisent 
cependant  pour  transporter  l'insecte  dans  les  airs.  Les  ner- 
vures, au  nombre  de  dix-huit,  dont  neuf  plus  courtes  ,  repré- 
sentent les  touches  des  éventails;  mais  elles  peuvent  se  couder, 
sans  perdre  de  la  solidité  dont  elles  ont  besoin  pour  s'ap- 
puyer sur  l'air,  et  elles  donnent  ainsi  à  l'insecte  la  faculté  de 
voler  ou  plutôt  d'être  transporté  par  l'air  k  de  grandes  dis- 
tances. La  manière  dont  ces  ailes  membraneuses  sont  pliées 
en  travers,  mais  en  présentant  trois  articulations ,  les  rapproche 
des  coléoptères,  qui  n'ont  qu'un  coude,  et  les  éloigne  des 
orthoptères,  qui,  comme  ce  nom  l'indique,  n'ont  pas  les 
ailes  coudées  :  cependant  ce  sont  de  véritables  orthoptères, 
par  les  métamorphuses  qui  sont  incomplètes  et  qui  ont  leurs 
nymphes  motiles,  ainsi  que  les  larves  qui,  en  apparence, 
sont  semblables  à  Tinsecte  parfait,  sauf  les  élytres. 

La  tête  des  forficuks  est,  en  général,  aplatie  un  peu 
en  cœur;  mais  la  partie  qui  est  en  arrière  ,  n'est  pas  échan- 
crée  i  on  n'y  voit  pas  de  stemmates  :  les  antennes  sont  en 
til ,  composées  de  treize  articles,  dont  le  premier  est  le 
plus  long  ,  et  le  second  le  plus  court;  elles  sont  insérées  laté- 
ralement au-dessous  des  yeux,  qui  sontarrondis  et  à  surlace 
chagrinée.  La  bouche  est  composée  d'une  lèvre  supérieure, 
arrondie,  appliquée  sur  des  mandibules  saillantes,  pointues 
et  comme  fourchues  à  leur  extrémité  libre.  Les  mâchoires 
sont  garnies  en  dehors  d'une  gaiète ,  comme  dans  tous  les 
orthoptères  ,  avec  un  palpe  de  cinq  articles  alongés-,  la  lèvre 
inférieure  est  divisée  en  deux,  et  ses  palpes  n'ont  que  trois 
articulations.  Le  corselet  est  un  peu  plus  étroit  que  la  tête  et 
la  poitrine;  il  est  tronqué  en  avant,  arrondi  sur  les  côtés  et 
derrière;  il  ne  supporte  pas  d'écusson,  et  il  semble  s'appli- 
quer sur  les  élytres  ,  comme  dans  les  lampyres.  Les  pâtes  sont 
courtes  ,  aplaties,  à  hanches  arrondies  :  elles  sont  terminées 
par  trois  articles,  dont  le  premier  est  beaucoup  plus  long 
que  le  second,  qui  offre  deux  petits  lobes  en  dessous;  le  troi- 
sième supporte  deux  crochets. 

L'abdomen  se  termin«  constamment  par  deux  crochets  ou 


FOR  2.',=i 

Lranches  dans  les  deux  sexes;  ces  crochets  forment  une  pince 
qui  offre,  dans  la  plupart  des  espèces,  des  différences  chez 
le  mâle,  où  elles  sont  plus  développées,  autrement  courbées, 
et  quelquefois  conformées  d'une  manière  toute  particulière. 

On  trouve  les  forficules ,  sous  leurs  trois  états,  dans  les  jar- 
dins et  les  potagers,  où  elles  font  de  très-grands  ravages,  en 
rongeant  pendant  la  nuit  les  jeunes  pousses,  les  fleui's  et  les 
fruits  des  végétaux.  Elles  attaquent  principalement  les  fruits 
à  noyaux  et  à  pulpe  molle  et  sucrée  :  elles  sont  la  peste  des 
fleuristes,  dont  elles  détruisent  toutes  les  jouissances;  les 
œillets  en  sont  particulièrement  attaqués.  On  n'a  trouvé 
d'autres  moyens  jusqu'ici  pour  se  débarrasser  de  ces  fâcheux 
insectes,  que  de  leur  procurer  des  retraites  obscures  et 
sèches,  dans  lesquelles  l'animal  se  retire  pendant  les  heures 
du  jour  pour  s'abriter  de  la  lumière  et  de  la  pluie.  On  se 
sert  pour  cela  de  coquilles  d'escargot  et  de  sabot  des  pieds  de 
mouton  et  de  cochon ,  dont  on  garnit  l'extrémité  libre  des 
tuteurs,  ou  de  baguettes  que  Ton  place  au  milieu  des  touffes 
de  plantes  que  les  forficules  attaquent.  Ces  insectes  s'y  re- 
firent, et  chaque  matin  on  enlève  ces  retraites,  on  les  jette 
protnptement  dans  l'eau,  et  tous  les  animaux  qu'elles  recèliMit 
ne  tardent  pas  à  périr  submergés.  C'est  le  meilleur  moyen  que 
connoisscnt  encore  les  jardiniers. 

Mais,  si  les  perce-oreilles  sont  nuisibles  aux  amateurs  de 
jardins,  en  cherchant  à  subvenir  à  leur  existence,  elles  four- 
nissent aux  naturalistes  des  particularités  de  mœurs  fort  inté- 
ressantes. 

Degéer  a  observé  leur  reproduction.  Il  a  vu  que  ,  dans  la 
réunion  des  sexes,  qui  dure  des  journées  entières,  les  deux 
individus  se  trouvoient  opposés  et  sur  une  même  ligne,  les 
pinces  placées  respectivement  sur  leur  abdomen  ,  celle  de  la 
femelle  entre  celle  du  mâle.  La  femelle  pond  ses  œufs  dans  les 
lieux  humides  et  obscurs,  par  tas,  au-dessus  desquels  on  la 
voit  constamment  se  tenir  comme  une  poule  sur  ses  œufs;  et 
si  on  les  dérange,  ou  s'ils  se  trouvent  dispersés,  la  mère  les 
recueille,  en  les  soulevant  et  les  transportant  délicatement 
avec  les  mandibules.  Les  petits  qui  en  proviennent,  vers  le 
mois  de  mai,  sont  d'abord  blancs,  mous,  presque  transpa- 
rens.  Les  antennes  sont  beaucoup  plus  courtes  ,  proportioiir- 


=4«5  FOR 

nément  ;  elles  n'ont  même  alors  que  sept  à  huit  articles.  Elles 
changent  souvent  de  peau  :  aussi  frouve-t-on  ,  autour  et  dans 
la  retraite  où  elles  vivent  en  famille,  un  gi-and  nombre  de  dé- 
pouilles hlanches  transparentes;  la  mère  ne  quitte  les  larves 
que  quand  elles  peuvent  subvenir  complètement  a  leurs  besoins. 

Le  genre  des  forficules  est  peu  nombreux  en  espèces  ;  les 
principales  sont  les  suivantes  : 

FoRFicuLE  GÉANTE,  Forficula  gigantea.  Elle  a  près  d'un  pouce 
de  longueur.  On  a  compté  vingt-neuf  articles  cà  ses  antennes. 
Sa  couleur  est  d'un  jaune  pâle:  les  pinces  sont  presque  droites, 
denticulécs,  noires  à  l'extrémité,  et  portant  une  dent  obtuse 
vers  leur  milieu  interne.  On  la  trouve  dans  le  midi  de  l'Eu- 
rope, en  Italie. 

FoRFicuLE  OREiLLÈRE,  Forficulu  auriculariu.  Ccst  l'espèce  la 
plus  commune,  figurée  par  Degéer,  tom.  m,  pi.  26  ,  f.°  16. 
Elle  n'a  guère  que  six  lignes  de  long  :  elle  est  brun-jaunàtre^ 
avec  les  pâtes  pâles  ,  les  pinces  arquées  ,  simples  et  sans  den- 
telures, excepté  à  la  base.  C'est  celle  dont  le  développement 
a  été  suivi  avec  le  plus  de  soin. 

FoRFicuLE  BIPONCTUÉE,  Forficiila  hipunctata.  Chaque  élytre 
porte  d€ux  taches  plus  pàks. 

FoRFiCDLA  PERALLÈLE,  Forficulu  parallela.'Nous  avoxis  fait  figu- 
rer cette  espèce  dans  l'Atlas,  dais  la  planche  des  orthoptères, 
.'ivec  les  anomides  :  les  élytres  sont  mal  enluminées;  elles  ne 
sont  pas  vertes,  mais  d'un  jaune  pâle. 

FoRFicuLE NAINE,  Forficula  /nnzor.  C'est  une  très-petite  espèce 
qui  n'atteint  guère  que  trois  lignes.  Elle  est  brune ,  plus  for- 
cée en  avant  :  le  dessous  et  les  pafes  sont  pâles  ;  les  pinces 
sont  droit{s,  ou  non  arquées.  Elle  vole  le  soir,  surtout  sur 
les  bords  des  routes.  Elle  vient  souvent  se  brûler  Tété  ,  en  se 
jetant  la  nuit  autour  des  lumières  de  nos  appartemens.  (CD.) 

FORGAA,  Frœkohl  [Bol.),  noms  égyptiens  du  jussiœa  dif- 
fusa de  Forskal,  qui  est,  selon  Vahl,  le  jussicea.  erecta  de  Lin- 
naeus.  (J.) 

FORGERON.  (Ichtliyol.  )  On  a  donné  ce  nom  à  deux  pois- 
sons de  genres  différens.  Voyez  Dorée  et  Ephippus.  (  H.  C.  ) 

FORGERON.  [Ornith.)  Turpin  dit,  dans  son  Histoire  de 
Siam,  t.  1,  p.  338,  que  les  hal)itans  de  ce  royaume  donnent 
ce  nom  à  un  oiseau  qui  se  fait  entendre  la  nuit,  et  dont  Je 


FOR  247 

cri  a  du  rapport  a^c  le  bruit  du  fer  battu  sur  l'enclume  par 
un  forgeron.  (Ch.  D.) 

FORGESIA  (fiof.)  Voyez  Desforge  et  Defforgia.  (Poitu) 
FORKEERT  {Ornith.) ,  un  des  noms  danois  de  l'avocette , 
Teciirvirostra  avoceltay  Linn.  (Ch.  D.) 

FORMEON.  (Bot.)  Adanson  nomme  ainsi  Vandryala  de 
Linnaeus,  genre  de  la  famille  des  ehicoracées.  (J.) 

FORMIATES  (Chim.) ,  combinaisons  de  l'acide  formique 
avec  les  bases  salifiables.  Voyez  Formique  [  Acide].  (Ch.) 

FORMICA.  (Entom.)  C'est  le  nom  latin  du  genre  des  four- 
mis. (CD.) 

FORMICA  rCHNEUMQN.( Erafom.)  If  paroît  que  l'insecte 
décrit  sous  le  nom  de  fourmi  rouge,  à  la  Louisiane  et  à 
Cayenne  ,  et  que  Valmont  de  Bomare  ,  d'après  le  docteur 
Mauduyt,  avoit  cru  se  rapporter  aux  termites  ou  poux  des 
bois,  est  une  espèce  de  mutille.  (C.  D.) 

FORMICAIRES  (Entom.) ,  l'un  des  noms  sous  lesquels  nous 
avons  désigné  la  famille  des  hyménoptères,  à  ventre  non  sessile, 
à  antennes  en  fil  et  brisées,  qui  comprend  les  fourmis  y- les 
doryles  et  les  mutilles.  Voyez  Myrmèges.  (C.  D.) 

FORMICA-LEO.  (Entom.)  C'est  le  nom  latin  du  fourmi-lion 
(voyez  Myrméléon),  doat  la  larve  dresse  des  embûches  aux 
fourmis ,  dont  elle  se  nourrit,  (  C.  Di) 

FORMICA -VULPES,  se«  Vermileo  ,  Ver-Lion.  {  Entom.) 
On  a  donné  ce  nom  à  la  larve  d'une  espèce  de  rhagion  .  in- 
secte diptère.  Elle  creuse  un  entonnoir  dans  le  sable,  comme 
celle  du  fourmi-lion.  (C.  D.) 

FORMICULA.- (Orn.i//i.)  Les  Napolitains  nomment  ainsi  le 
torcol ,  yunx  torquilla  ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FORMIGUE.  lOrnith.)  Le  guêpier  que,  suivant  Barrère, 
Ornilhologiœ  Spécimen,  p.-47,  les  Catalans  nomment  ainsi,  est 
•ionmerops  cinereus,  correspondant  au  merops  congener  de  Jonston 
et  de  Linnaeus,  et  au  guêpier  à  tête  jaune  de  Brisson.  (Ch.D.) 
FORMIQUE  [Acide],  {chim.)  Acide  qui  existe  dans  la 
fourmi  rouge. 

Composi/iort,. d'après  l'analyse  de  M.  Berselius  : 

Oxigène 64,76 

Carbone 62,40 

Hydrogène. 2,84. 


24»  FOR 

Préparation.  On  fait  infuser  les  fourmis  rouges  dans  trois 
fois  leur  poids  d'eau  ;  on  distille  l'infusion  dans  un  alambic 
d'argent  ou  dans  une  cornue  de  verre,  et  on  arrête  l'opéra- 
tion dès  qu'il  se  manifeste  une  odeur  empyreumatique.  Le 
produit  est  de  l'acide  formique  étendu  dans  beaucoup  d'eau  : 
on  le  neutralise  par  l'eau  de  baryte  ;  on  fait  évaporer  presque 
à  siccité.  On  verse  le  résidu  dans  une  petite  cornue  de  verre  , 
tabulée  à  l'émeri,  où  il  y  a  assez  d'acide  phosphorique  étendu 
pour  dissoudre  toute  la  baryte;  on  adapte  un  récipient  à  la 
cornue,  et  on  distille  ensuite,  à  une  douce  chaleur  :  le  pro- 
duit est  de  l'acide  formique. 

Gehlen  l'a  préparé  en  neutralisant  le  produit  de  l'infusion 
des  fourmis  par  le  sous-carbonate  de  cuivre  -,  faisant  cristalliser 
leformiate  de  cuivre-,  endistillant  400  grammes  de  cristaux  de 
eeselavec  environ  260  grammes  d'acide  sulfurique  concentré, 
il  a  obtenu  212  grammes  d'acide  formique  pur. 

Propriétés.  Il  est  à  l'état  liquide  ;  on  n'a  pu  le  faire  cristal- 
liser, même  en  l'exposant  à  un  froid  artificiel  :  en  cela  il 
diffère  de  l'acide  acétique. 

A  20  deg.  sa  densité  est  de  1,1168;  celle  de  l'acide  acétique 
le  plus  concentré  est  de  i,o3.  Il  a  une  saveur  aigre. 

Lorsqu'on  le  distille  avec  de  l'alcool,  il  se  produit  un  éther 
qui  a  l'odeur  des  fleurs  de  pêcher. 

Suersen  a  vu  que  des  poids  égaux  d'acide  formique  et  d'a- 
fide  acétique,  ramenés  tous  deux  à  la  densité  de  i,o525,  neu- 
iralisoient  des  quantités  de 

Arid.  form.         Acid.acét» 

Sous-carbonate  de  potasse 336,8    465,1 

chaux iG6,o   201 

magnésie j  5o,o   2i5 

Gehlen  a  observé  que  les  formialcs  de  soude  et  de  cuivre 
étoient  absolument  différens  des  acétates  des  mêmes  bases  ; 
le  formiate  de  cuivre  cristallise  en  prismes  à  six  pans,  d'un 
vert  bleuâtre.  La  densité  de  ces  cristaux  est  de  i,8i5;  ce  qui 
diffère  beaucoup  de  1*914,  qni  e&t  celle  des  cristaux  d'acétate 
de  cuivre.  Le  formiate  de  cuivre  pst  plus  soluble  dans  l'eau  , 
et  moins  soluble  dans  l'alcool,  que  Tacétate. 

Suivant  M.  Berzelius,  le  formiate  de  plomb  contient,  poiir 
:co  d'acide,  •J'jS.i  de  base 


FOU  3/,9 

Nous  avons  puisé  dans  Thomson  ce  que  nous  venons  de  dire 
de  l'acide  formiquc ,  et  nous  extrayons  du  même  auteurce  qu'il 
dit  des  travaux  auxquels  cet  acide  a  donné  lieu.  En  167 1 ,  Ray 
publia  des  observations  et  des  expériences  de  Nalse  et  Fisher 
sur  la  liqueur  acide  des  fourmis.  En  1749,  Margraff  publia 
un  procédé  pour  extraire  l'acide  de  la  fourmi  rouge.  Les  con- 
clusions de  Margraff  furent  confirmées  en  1782,  par  Avridson 
et  Œhrn.  Hersbstat,  en  1784,  dit  avoir  trouvé  dans  les  fourmis 
de  l'acide  malique  avec  l'acide  formique.  En  1795  ,  Richter 
publia  de  nouvelles  expériences,  et  donna  un  procédé  pour 
obtenir  cet  acide  concentré.  M.  Deyeux  fit  observer  que  l'a- 
cide formique  avoit  de  l'analogie  avec  l'acide  acétique.  En 
1802,  MM.  Fourcroy  et  Vauquelln  prétendirent  que  l'acide 
formique  étoit  un  mélange  d'acide  acétique  et  d'acide  malique. 
Suersen,  en  i8o5,  Gehlen,  en  1812,  réfutèrent  l'expérience 
des  deux  chimistes  françois  ,  par  de  nouvelles  expériences 
qui  ne  laissent  aucun  doute  sur  la  nature  différente  des  acides 
formique  et  acétique.  (Ch.) 

FORNEUM.  (  Bot.  )  Adanson  appelle  ainsi  le  genre  nommé 
Eriophorus  par  Vaillant,  etAndrjala  par  Linnaeus  et  tous  les 
botanistes  modernes.  (  H.  Cass.  ) 

FORNICION,  Fornicium.  (Bot.)  [  Cinarocéphales ,  Juss.;  Syn- 
génésie  polygamie  égale,  Linn.]  Ce  nouveau  genre  de  plantes, 
que  nous  avons  établi  dans  la  famille  dessynanthérées,  appar- 
tient à  notre  tribu  naturelle  des  carduinées. 

Lacalathideest.incouronnée,  équaliflore,  multiflore  ,  obrin- 
gentiflore,  androgyniflore  :  lepéricline,  inférieur  aux  fleurs 
et  ovoïde,  est  formé  de  squames  nombreuses,  régulièrement 
imbriquées,  appliquées,  oblongues,  coriaces,  surmontées  d'un 
appendice  inappliqué  ,  scarieux,  roux,  uninervé,  très-entier, 
cilié,  à  partie  inférieure  ovale-lancéolée,  concave  et  infléchie, 
à  partie  supérieure  subulée,  plane  et  réfléchie.  Le  clinanthe 
est  large,  épais,  charnu  ,  planiuscule,  garni  de  fimbrilles  nom- 
breuses ,  longues,  inégales,  libres,  filiformes-laminées  j  les 
ovaires  sont  oblongs,un  peu  comprimés,  glabres  et  lisses  j 
leuraigrette  est  longue,  composée  de  squamellules  nombreuses, 
inégales,  plurisériées, libres,  filiformes,  un  peu  laminées,  hé- 
fisséesde  barbes  capillaires,  médiocrement  inégales,  longues, 
et  irrégulièrement  disposées.  Les  corollessont  peu  obringenlcs  ^ 
mais  ti'ès-urquées  en  delicrs  ;  les  étamines  ont  le  filet  garni  ,  sii 


3  5(>  Fon 

lieu  de  poils,  de  très-petites  papilles  ;  l'appendice  apicilaire 
de  l'anthère  est  oblong,  obtus  au  sommet  ;  les  appendices- 
basilaires  courts  5  le  style  a  ses  branches  libres  en  leur  partie 
supérieure. 

FoRNiciON  rhaponticoïde;  Fornicium  rkaponlicoides  ,  H.Cass., 
Bull. Soc. philom.  Juin  iSig.C'est  une  plante  herbacée,  dont  la 
tige  très-simple,  haute  de  deux  pieds,  dressée,  épaisse,  cy- 
lindrique, striée  ,  pubescentc,  est  garnie  de  feuilles  inférieu- 
remenf ,  et  presque  nue  supérieurement.  Les  feuilles  sont  d'une 
substance  ferme,  munies  de  grosses  nervures  eu  dessous,  et 
pulvérulentes  sur  les  deux  faces:  les  radicales  ou  primordiales 
sont  longuement  pétiolées,  elliptiques- aiguës  ,  crénelées;  les 
caiilinaires  sont  alternes,  et  presque  toutes  sessiles^  semi-am- 
plexicaules,  à  base  un  peu  décurrente  sur  la  tige  ;  les  infé- 
rieures longues  de  cinq  pouces,  comme  pétiolées,  à  limbe 
ovale-lancéolé,  pinnatitide  inlerieurement;  les  intermédiaires 
sessiles,  oblongues,  aiguës  au  sommet,  ui>  peu  étrécies  en  leur 
partie  moyenne,  presque  corJiformesàla  base,  qui  est  denti- 
oulée  ;  les  supérieures  d'autant  plus  courtes  qu'elles  sont  si- 
tuées plus  haut,  sessiles,  ovales-lancéolces-acuininées ,  un  peu 
denticulées  inférieurement.  Il  n'y  a  qu'une  seule  calathide  , 
qui  est  très-grosse,  située  sur  le  sommet  dilaté  de  la  tige,  et 
composée  de  fleurs  à  corolle  purpurine. 

Nous  avons  observé  cette  belle  plante  au  Jardin  du  Roi,  où 
elle  est  cultivée  depuis  îong^temps  sous  le  faux  nom  de  cen- 
taurea  rhapontica  ,  et  où  elle  fleurit  au  mois  de  mai.  Elle  cons- 
titue un  genre  immédiatement  voisin  du  Rhaponticum  et  sur- 
tout du  Leuzea,  mais  bien  distinct  du  premier  par  le  péricline 
et  par  l'aigrette,  et  suffisamment  distinct  du  second  par  le  pé- 
ricline. (  H.  Cass.) 

FORRESTIA.  (Bot.)  Le  genre  publié  sous  ce  nom  par 
Schweack,  paroît  congénère  du  ceanothus,  dont  il  ne  diffère 
que  par  un  style  divisé  plus  profondément  en  trois.  (J.) 

FORREYCH  {Bot.),  un  d«s  noms  égyptiens  de  Yheliotropium 
lineatum  deYahl,  que  M.  Delile  a  trouvé  en  abondance  autour 
des  Pyramides.  On  le  nomme  aussi  ragkleh  et  netech,  ou,  suivant 
Forskal.  roç^hlœ  et  nœtœfi.  (J.) 

FORSKALE  .  Juss.  ;  Forskatea  ,  Linn.  (  Bot.  )  Genre  de 
plantes  dicotylédones,  à  fleurs  incompîè(rs ,  monoïques  j   de 


FOR  ^5i. 

la  famille  des  iirticées,  de  la  monoécie  monandrte  de  Linnœus, 
offrant  pour  caractère  essentiel:  Un  involucre  lanugineux,  à 
cinq  ou  six  folioles,  renfermant  plusieurs  fleurs  entourées  de 
laine,  environ  sept  à  dix  fleurs  mâles  à  la  circonférence, 
trois  à  cinq  femelles  dans  le  centre.  Dans  les  fleurs  mâles, 
un  calice  tubulé ,  en  forme  d'écaillé ,  le  limbe  entier  ou  denté , 
garni  d'un  tissu  laineux  qui  en  joint  les  bords-,  point  de  co- 
rolle: une  étamine  insérée  au  fond  du  calice;  le  filament  et 
l'anthère  élastiques  :  dans  les  fleurs  femelles,  une  laine  car- 
dée, qui  tient  lieu  de  calice  et  environne  le  pistil;  un  ovaire 
supérieur,  surmonté  d'un  style  simple  et  d'un  stigmate  la- 
nugineux comprimé.  Le  fruit  consiste  en  une  semence  ovale, 
laineuse;  l'embryon  droit,  dépourvu  de  périsperme. 

Ce  genre  comprend  des  herbes  à  feuilles  simples,  rudes,  un 
peu  piquantes  et  alternes,  à  fleurs  fort  petites  et  axillaires, 
remarquables  par  la  quantité  de  poils  roides  qui  rendent 
toutes  leurs  parties  rudes ,  hispides,  très-accrochantes. 

FoRSKALE  A  URGES  FEUILLES  :  Forskalca  tetiacissima ,  Linn.; 
Lamk.,  III.  gen. ,  tab.  388  ,  fig.  i  ;  Jacq. ,  Hort. ,  tab.  48  ;  Pluk., 
^/mflg-.,tab.2  7  5,  fig.6;  Caidbeia  adhœrens ,  Forsk.,  jEgjpt.,  88. 
Cette  plante  croît  en  larges  touffes  ,  hautes  d'un  à  deux  pieds. 
Ses  tiges  sont  rougeâtres,  diffuses,  hispides,  très-rameuses  j 
les  feuilles  nombreuses,  alternes,  pétiolées ,  presque  pvales, 
dentées  en  scie  à  leur  partie  supérieure,  hispides  en  dessus  ^ 
un  peu  cotonneuses  et  blanchâtres  en  dessous.  Les  fleurs  sont 
axillaires,  réunies  en  paquets  sessiles,  lanugineux.  Cette  plante 
croit  dans  l'Arabie,  la  Numidie.  Le  forskalea  candida  du  cap 
de  Bonne-Espérance  ne  paroît  différer  de  la  précédente  que 
par  sa  tige  un  peu  ligneuse  à  sa  partie  inférieure.  Ses  feuilles 
sont  ovales-lancéolées,  bordées  de  quatre  à  six  dents  :  les  fleurs 
semblables  à  celles  de  la  première  espèce,  mais  plus  petites  j 
les  divisions  du  calice  ovales  ,  obtuses. 

l'oRSKAi.E  A  FEUILLES  ÉTROITES  :  Forskalca  augustifoUa ,  Linn.; 
Murrai,  Comm.  Gcttt. ,  1784,  Icon.  ;  Lamk. ,  lU.gen.,  tab.388y 
fig.  2.  Plante  herbacée,  à  tige  droite,  rougeâtre ,  un  peu 
grêle,  haute  d'un  pied  et  plus,  chargée  de  poils  blancs  très- 
courts.  Les  feuilles  sont  étroites,  lancéolées,  distantes,  vertes 
et  un  peu  rudes  tant  en  dessus  qu'en  dessous,  hispides  et  ci- 
liées en  leurs  bords  et  sur  les  pétioles,  bordées  de  chaque  côté 


^i2  ror^ 

de  quatre  à  cinq  dents  ;  les  paquets  de  fleurs  axîUaîres ,  tres"- 
Jaineux.  Cette  plante  croît  dans  l'Afrique.  (Poir.) 

FORSTERA.  (Bot.)  Trois  genres  ont  reçu  ce  nom  qui  rappelle 
la  mémoire  des  deux  Forster,  botanistes,  compagnons  du  cé- 
lèbre Cook  dans  son  second  voyage  ,  et  surtout  du  fils,  auteur 
de  l'ouvrage  sur  les  genres  et  espèces  recueillis  dans  le  cours 
de  cette  navigation.  Linnaeus  fils  donna  le  premier  à  un  de» 
genres  de  cette  collection,  le  nom  de  forstera,  qui  a  dû  lui 
rester.  Scopoli  voulut  le  substituer  à  celui  de  hrejnia,  donné 
par  Forster  lui-même  à  un  autre  de  ses  genres  ;  et  Gaertner, 
par  inadvertance,  l'a  gravé  sur  la  planche,  où  il  a  repré- 
senté un  fruit  qu'il  nomme  athecia  dans  le  texte.  (J.) 

FORSTÈRE,  Fors tem.  (Bot.)  Genre  déplantes  dicotylédones  , 
à  fleurs  complètes  ,  monopétalées,  régulières,  dont  la  famille 
naturelle  n'est  pas  encore  déterminée,  appartenant  à  la  g-/nan- 
drie  diandrie  de  Linnaeus,  offrant  pour  caractère  essentiel:  Un 
calice  double,  l'extérieur  infère,  à  trois  folioles  latérales; 
l'intérieur  supère,  d'une  seule  pièce,  à  six  divisions;  une 
corolle  monopétale,  supère,  campanulée,  tubu[ée;le  tube 
de  la  longueur  du  calice,  le  limbe  à  six  découpures  égales  : 
deux  écailles  pétaliformes,  attachées  sur  le  style  au-dessous  du 
stigmate;  deux  étamines;les  filamens  très-courts,  insérés  sur 
le  style;  les  anthères  opposées,  placées  sous  le  stigmate;  un 
ovaire  infère;  le  style  cylindrique,  terminé  par  deux  stig- 
mates un  peu  barbus.  Le  fruit  est  une  capsule  ovale,  aune 
loge  ,  contenant  des  semences  nombreuses  ,  fort  petites,  atta- 
chées à  un  réceptacle  central. 

FoRSTKRE  A  FEUILLES  d'orpin  :  Forsteva  sedifolia,  Forst. ,  Act. 
Vps.f  vol.  3  ,  pag.  184,  tab.  9;  Linn.  fils,  Suppl.  ,  407.  Petite 
plante  à  tige  herbacée  ,  couchée  à  sa  partie  inférieure ,  puis 
ascendante,  un  peu  rameuse,  haute  de  quatre  à  cinq  pouces, 
garnie  de  feuilles  nombreuses ,  petites,  presque  imbriquées, 
surtout  les  supérieures  ,  ovales,  sessiles ,  un  peu  aiguës  ,  lisses  , 
charnues,  entières,  un  peu  réfléchies  à  leur  sommet;  les 
inférieures  moins  rapprochées.  Les  fleurs  terminales  ,  soli- 
taires-, les  pédoncules  rougeàtres  ,  alongés  ,  filiformes,  uni- 
ilores,  rarement  biflores  ;  le  calice  double-,  la  corolle  blanche 
ffu  couleur  de  chair  ,  rouge  en  dedans  .  longue  d'environ  neuf 
lignes;  le  tube  de  la  longueur  du  c.ilice  ;  le  limbe  parfaire  en 


FOR  2^0 

SIX  découpures  oblongues,  égales,  obtuses,  ouvertes  à  leur 
sommet.  Cette  plante  croît  dans  la  Nouvelle-Zélande  ,  sur  le 
sommet  des  hautes  montagnes. 

FoasTÈRE  A  FEUILLES  DE  BîOussE  :  Forsteru  musoifoLia,  "Willd., 
Spec. }  Phj'llachne  uliginosa,  Forst. ,  Gen. ,  tab.  58;  Lamk. ,  lU. 
gen.  ,  tab.  741  ;  Swartz,  in  Schrad.  Diar.  Bot.,  1799,  pag.  27J, 
tab.  1.  Cette  petite  plante,  d'un  aspect  fort  agréable,  croit 
en  touffes  gazonneuses,  et  présente  le  port  d'une  mousse, 
particuliérementdu  polytric  commun. Ses  racinessontcourtes, 
fibreuses;  elles  produisent  un  grand  nombre  de  tiges  prolifères, 
très-serrées,  un  peu  rameuses,  couvertes  de  feuilles  nom- 
breuses ,  imbriquées  ,  sessiles  ,  subulées  ,  cartilagineuses  et  un 
peu  crénelées  à  leurs  bords.  Les  fleurs  sont  fort  petites,  ses- 
siles, terminales,  monoïques;  leur  calice  composé  de  trois 
folioles  droites,  subulées;  la  corolle  monopétale;  le  tube 
élargi  à  son  orifice ,  étalé  en  un  limbe  à  cinq  ou  six  divi- 
sions presque  lancéolées  ,  obtuses  ,  de  la  longueur  du 
tube.  Dans  les  fleurs  femelles ,  l'ovaire  inférieur,  turbine, 
surmonté  d'un  style  de  la  longueur  de  l'étamine  ,  muni  d'un 
stigmate  tétragone ,  à  quatre  tubercules  :  il  lui  succède  une 
capsule  uniloculaire  ,  polysperme  ;  les  semences  très-petites. 
Cette  plante  croît  à  la  Terre  de  Feu.  (Poir.) 

FORSTU-SVALE  (  Ornith.),  nom  danois  de  l'hirondelle  de 
cheminée,  hirundo  rustica,  Linn.  (Ch.  D.) 

FORSYTHIA.  (Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones,  à 
fleurs  complètes,  monopétalées,  de  la  famille  des  jasminées , 
de  la  diandrie  monogynie  de  Linnasus,  offrant  pour  caractère 
essentiel  :  Un  calice  à  quatre  découpures;  une  corolle  cam- 
panulée,  à  quatre  divisions  profondes;  le  tube  presque  nul; 
deux  étamifies  ;  un  ovaire  supérieur;  un  style;  un  stigmate  ea 
tête,  à  deux  lobes  :  fruit  inconnu. 

Ce  genre  avoit  d'abord  été  rapporté  aux  lilas  (sjringaj 
Linn.)  par  Thunberg  :  la  forme  de  sa  corolle  paroissoit  de- 
voir l'exclure  de  ce  genre,  quoique  le  fruit  n'ait  point  été 
observé.  Cette  réforme  a  été  établie  par  Vahl.  Waltherius, 
dans  sa  Flore  de  la  Caroline,  avoit  présenté  sous  le  même 
nom,  et  comme  genre  nouveau,  une  plante  qui  appartient 
évidemment  au  decumaria  de  Linnasus. 

Forsythia  bu  Japon  :  Forsythia  perpen$aj  Vahl,  Enum.j  1  j 


254  FUS 

pag.  3o9  j  Sjringa  suspensa,  Thunb. ,  F/.  Jap.,  19,  tab,  3  ;  Ken- 
gio,  Kasmpf. ,  ^m^re  e-iof. ,  pag.  907.  Petit  arbuste  rameux  , 
courbé  à  son  sommet,  hérissé  de  petits  tubercules  épars.  Ses 
rameaux  sont  distans ,  opposés ,  divergens ,  glabres ,  tétragones , 
garnis  de  feuilles  pétiolées,  ovales,  dentées,  les  unes  simples, 
les  autres  composées  de  trois  folioles  sortant  plusieurs  en- 
semble du  même  bourgeon.  Les  fleurs  sont  jaunes,  pédon- 
culées,  disposées  en  grappes  très-làches,  simples  et  pendantes. 
Leur  calice  est  petit,  à  quatre  découpures-,  la  corolle  campa- 
nulée,  presque  sans  tube;  son  limbe  partagé  au-delà  de  la 
moitié  en  quatre  découpures  ovales,  obtuses;  deux  étamines 
plus  courtes  que  la  corolle  ;  un  ovaire  supérieur,  glabre  , 
ovale;  le  style  de  la  longueur  du  calice,  surmonté  d'un  stig- 
mate en  tête  et  à  deux  lobes.  Les  fleurs  s'épanouissent  avant  ie 
développement  des  feuilles.  Cette  plante  croit  au  Japon.  (Poia.) 

FORTALITIA.  {Foss.)  Klein  a  donné  ce  nom  aux  pointes 
d'oursins  fossiles,  droites  et  cylindriques,  qui  présentent  une 
petite  cavité  à  leur  base.  (D.  F.  ) 

FORTERESSE  (ConchjL),  nom  vulgaire  de  \a  patella  gra- 
nalina  ,  Linn.  (De  B.  ) 

FORTKAIL.  (  Ichthj'ol.  )  En  Ecosse  ,  on  donne  ce  nom  aux 
saumons  de  quatre  ans.  (  H.  C.  ) 

FORZANA.  {Ornith.)  On  donne,  à  Venise,  ce  nom  et  celui 
de porzana  au  râle  d'eau,  rallus  aquaticus,  Linn.  La  marouette 
ou  petit  râle  d'eau,  à  laquelle  cette  dénomination  sembleroit 
plus  applicable,  puisque  c'est  le  rallus  porzana  des  auteurs, 
est  le  porzana  minore  des  Italiens,  qui  paroissent  au  surplus 
confondre,  sous  la  dénomination  générale  de  porzana,  les 
râles  et  les  poules  d'eau.  (Ch.  D.) 

FOSEI,  FuDsiNA  {Bot.),  noms  japonois  du  pissenlit,  taraxa- 
cum  officinale.  (J.) 

FOSO  {Bot.),  nom  japonois,  suivant  M.  Thunberg ,  de  son 
erigeron  japonicum.  (J.) 

FOSS  A  ou  FossANE  {Mamm.)  ,  nom  donné  à  Madagascar  à 
iine  espèce  du  genre  Genette  ,  viverra  fossa ,  Gmel.  Voyez 
Genette.  (F.  C.) 

FOSSAR  {Concliyl.),  dénomination  donnée  par  Adanson  à 
une  espèce  de  natice  ;  c'est  F^ic/jj:  amiigua  de  Gmelin.  (De  B.) 
•!    FOSSEFALD.  {Ornith.)  X^'oisejiu  que,  suivant  Pontoppidan, 


FOS  255 

t.  2,  p.  73,  on  appelle  ainsi  en  Norvvége,  est  la  lavandière j 
motacilla  alba,Linn.;  et  Muller,  Zoologice.  danicœ  Prodromus^ 
n.°  256  ,  dit  que  dans  le  même  pays  fosse -kold  est  un  des 
noms  du  cincle,  sturnas  cinclus,  Linn.,  et  turdus  cinclus  ^  Lath. 
(Ch.  D.) 

FOSSELINIA.  (Bof.)  Allioni  nomme  ainsi  le  jonthlaspi  c]e 
Touruefort  et  Adanson  ,  cljpeola  jonthlaspi  de  Linnaeus  ,  dil- 
férant  du  clypeola  maritima  par  ses  fleurs  jaunes  et  par  ses 
deux  courtes  étamines,  appendiculées  à  leur  base.  Mais,  si 
Arduini  et  M.  de  Lamarck  ont  raison  de  rétablir,  avec  Tour- 
nefort,  les  clypeola  maritima  et  tomentosa  dansle  ^enre  Alfssum^ 
le  nom  d'Allioni  pourroit  être  adopté  pour  ie  jonthlas[)i.  (J.) 

FOSSET.  {Mamm.)  Flacourt  rapporte  ce  nom  madécasse , 
comme  étant  celui  d'un  marsouin.  (F.  C.) 

FOSSEITTE  (Avicept.),  piège  destiné  à  prendre  les  merles 
et  les  griv^es,  et  qui  consiste  à  pratiquer  une  petite  fosse,  large 
de  cinq  pouces  et  longue  de  huit,  dont  le  fond  se  garnit  de 
baies  ou  de  vers  de  terre  attachés  ensemble,  et  que  l'on  re- 
couvre d'une  tuile  soulevée  par  un  petit  bâton,  de  manière 
que  l'oiseau  ne  puisse  parvenir  à  l'appât  sans  la  faire  tomber 
sur  le  trou,  dans  lequel  il  se  trouve  enfermé.  (Ch.D.) 

FOSSILE  {Ichthyol.)  ,  nom  d'un  poisson  du  genre  RTis- 
cuRNE.  Voyez  ce  mot.  (H.  C.  ) 

FOSSILES.  (Foss.)  Quoiqu'on  ait  quelquefois  désigné  sous 
ce  nom  toutes  les  substances  qui  se  trouvent  dans  le  sein 
de  la  terre,  il  ne  sera  question  dans  cet  article  que  des  corps 
qui  ont  appartenu  à  des  êtres  qui  ozit  vécu  à  différentes  épo- 
ques tellement  éloignées,  que  nous  n'avons  aucunes  données 
pour  en  connoître  l'ancienneté  ;  mais  tout  porte  à  croire 
qu'elles  sont  antérieures  à  l'existence  du  genre  humain. 

L'on  voit,  par  l'inspection  des  différentes  couches  qui  ren- 
ferment des  fossiles,  qu'elles  se  présentent  en  général  dans 
«n  ordre  constant,  et  que  la  mer  dont  toute  la  terre  paroit 
avoir  été  couverte,  après  avoir  séjourné  dans  les  lieux  où 
elle  a  eu  la  faculté,  pendant  un  temps,  de  rassembler  cer- 
taines substances,  et  d'entretenir  la  vie  de  certains  genres  et 
de  certaines  espèces  d'animaux  ,  a  été  remplacée  par  une 
autre  mer,  qui  a  rassemblé  d'autres  substances  et  nourri 
(^'autres  animaux. 


L'on  pourroit  croire  que  les  terrains  primitifs,  où  l'on  ne 
rencontre  aucuns  corps  organisés  ,  ont  été  formés  tous  en- 
semble-, mais  l'étude  des  fossiles  a  démontré  clairement  que 
dans  la  formation  du  terrain  qui  les  recouvre,  il  y  a  eu  des 
<^poques  différentes,  pendant  chacune  desquelles  il  a  existé  des 
animaux  différens  de  ceux  qui  existoient  à  d'autres  époques  , 
<'t  presque  de  tous  ceux  qui  existent  aujourd'hui,  ou  du  moins 
de  tous  ceux  qui  sont  connus. 

Les  causes  qui  ont  produit  les  montagnes,  ont  pu  déranger 
Tordre  établi  dans  les  couches  des  pays  qui  en  sont  voisins; 
mais  dans  les  pays  unis  on  voit  qu'elles  se  sont  formées  par  un 
long  séjour  de  la  mer,  et  sans  bouleversement  ,  comme  se 
forment  aujourd'hui  les  dépôts  qui  tapissent  le  fond  des  mers. 

On  trouve  quelquefois  des  végétaux,  ou  d'autres  corps  fos- 
siles, à  trois  ou  quatre  mille  pieds  de  profondeur,  et  même 
au-dessous  de  la  mer,  comme  dans  les  houi'léres  de  White- 
Haven,  dans  lesquelles  Franklin  est  descendu.  On  rencontre 
dans  toutes  les  parties  du  monde  des  produits  de  la  mer  à 
l'état  fossile;  on  en  trouve  à  de  très-grandes  hauteurs  sur  des 
montagnes  qui  en  sont  très-éloignées.  Ils  sont  si  nombreux 
dans  certains  endroits,  qu'ils  constituent  à  eux  seuls  la  masse 
du  sol  dans  de  très-grandes  étendues.  L'ignorance  avoit  sou- 
tenu autrefois  que  ces  restes  de  corps  organisés  étoient  de  simples 
jeux  de  la  nature,  conçus  dans  le  sein  de  la  terre  par  ses 
forces  créatrices;  mais  l'examen  approfondi  de  leurs  formes, 
de  leur  composition,  a  démontré  qu'il  n"y  a  aucune  différence 
de  contexture  entre  ces  corps  et  ceux  que  la  mer  nourrit  au- 
jourd'hui. 

Les  genres  des  corps  marins  que  l'on  trouve  dans  les  plus 
anciennes  couches,  ne  paroissent  pas  être  aussi  nombreux 
que  dans  les  couches  plus  nouvelles  ;  et  l'on  a  remarqué  que 
-îes  corps  organisés  fossiles  de  toute  espèce  diffèrent  d'autant 
plus  de  ceux  qui  existent  vivans  aujourd'hui,  que  les  couches 
où  on  les  trouve  sont  plus  anciennes.  Celles-ci,  auxquelles  on 
a  donné  le  nom  de  terrains  de  transition ,  reposent  sur  le  gra- 
nité ou  sur  les  autres  substances  primitives  dans  lesquelles  on 
ne  rencontre  jamais  de  corps  organisés.  Elles  présentent  les 
grandes  orthocératites,  les  crustacés  si  singuliers  auxquels  on 
a  donné  les  noms  de  tribolites.  de  calymènes,  d'ogygies  5  les 


FOS  .57 

encrinites,  les  espèces  si  multipliées  Je  cornes  d'ammon  de 
térébratules  ;  les  bélemiiites,  les  trigonies,  quelques  espèces 
d'oursins,  lesgryphiles  et  d'autres  genres  dont  un  grand  nombre 
ne  se  retrouve  plus  dans  les  couches  moins  anciennes.  Les  té- 
rébratules se  trouvent  dans  les  couches  anciennes,  dans  les 
craies  qui  sont  au-dessus  ,  dans  le  calcaire  coquillier  qui  les 
recouvre, .et  à  l'état  vivant;  mais  j'ai  cru  remarquer  que  le 
nombre  des  espèces  et  même  des  individus  de  ce  genre,  di- 
minuoit  en  raison  inverse  de  l'ancienneté  du  temps  où  elles 
vivoient. 

Les  couches  à  cornes  d'ammon  ne  se  présentent  pas  dans 
les  environs  de  Paris;  si  elles  s'y  trouvent,  elles  sont  cou- 
vertes par  un  banc  de  craie  si  puissant  qu'on  n'a  pu  aller 
au-delà.  En  s'éloignant  du  département  de  la  Seine,  on  ne 
commence  à  apercevoir  ces  anciennes  couches  que  dans  ceux 
de  l'Eure,  d'Eure-et-Loir,  de  la  Seine-Inférieure,  des  Ar- 
dennes,  de  la  Meuse,  de  la  Haute-Marne  et  de  l'Yonne. 

L'étude  des  corps  marins  fossiles  n'étant  suivie  attentive- 
ment que  depuis  peu  de  temps,  et  cette  étude  présentant  des 
difficultés  beaucoup  plus  grandes  que  celle  de  ces  mêmes  corps 
à  l'état  frais ,  on  est  loin  d'avoir  découvert  une  aussi  grande 
quantité  des  premiers  que  des  autres;  mais  je  soupçonne  que 
le  nombre  des  espèces  anciennes  qui  ont  pu  se  conserver 
dans  la  terre,  pourra  égaler  celui  d'espèces  à  peu  près  ana- 
logues qui  vivent  aujourd'hui.  Il  pourra  peut-être  le  surpas- 
ser, attendu  que  ces  dernières  n'appartiennent  qu'à  l'époque 
où  nous  nous  trouvons,  tandis  que  les  fossiles  dépendent  de 
plusieurs  époques  qui  ont  fourni  des  êtres  différens. 

Il  est  rare  que  Ton  rencontre  à  l'état  fossile  des  espèces  qui 
aient  des  analogues  parfaitement  semblables,  à  l'état  vivant, 
et,  comme  il  a  été  dit  dans  cet  ouvrage,  à  l'article  Coquilles 
rossiLES,  on  ne  connoît  presque  d'exception  à  cet  égard  que 
pour  les  fossiles  que  l'on  rencontre  dans  les  collines  basses 
de  l'Apennin ,  dont  on  retrouve  un  assez  grand  nombre  à 
l'état  vivant  dans  la  Méditerranée  qui  en  est  voisine;  mais  il 
est  très-remarquable  que  dans  cette  mer  il  existe  un  grand 
ïiombre  de  mollusques  et  de  polypiers,  dont  quelques  uns, 
comme  le  corail,  sont  très-communs,  et  qu'on' ne  retrouve 
point  à  l'état  fossile  5  comme  aussi  on  trouve  dans  l'Apenni» 
17.  ir 


258  FOS 

des  espèces  fossiles  qu'on  ne  rencontre  point  à  l'état  vivant. 
On  ne  doit  cependant  pas  être  étonné  de  rencontrer  si  ra- 
rement des  analogues  parfaitement  semblables,  quand  on  voit 
fort  souvent  que  dans  les  mêmes  couches  ou  dans  la  mer,  les 
mêmes  espèces  ne  sont  pas  parfaitement  semblables  lorsqu'elles 
ont  vécu  dans  des  contrées  différentes. 

Les  dépouilles  des  mollusques  et  des  zoophytes  sont  incom- 
parablement plus  multipliées  que  les  autres  fossiles  ;  les  couches 
où  on  les  trouve  sont  quelquefois  changées  en  pierre  calcaire. 
On  les  rencontre  dans  le  falun ,  dans  les  marnes,  dans  les 
glaises  et  dans  les  grès.  Des  coquilles  à  peu  près  semblables  à 
celles  de  nos  marais  et  de  nos  ruisseaux  se  trouvent  dans  les 
couches  les  plus  nouvelles. 

Entre  les  couches  qui  sont  composées  de  corps  marins  fos- 
siles, on  en  rencontre  qui  contiennent  des  productions  ter- 
restres animales  ou  végétales,  et  qui  prouvent  le  séjour  et  le 
retour,  à  plusieurs  époques,  des  eaux  de  la  mer  et  des  eaux 
douces,  et  même  ,  entre  ces  époques,  l'absence  ,  pendant  un 
temps,  des  unes  et  des  autres,  puisque  certaines  espèces 
d'animaux  terrestres  ,  dont  on  retrouve  les  débris  ,  paroissent 
y  avoir  vécu. 

La  présence,  dans  les  glaces  du  Nord,  des  cadavres  d'élé- 
phans  et  de  rhinocéros  avec  leur  chair  et  leur  poil,  prouve- 
roit  que  la  retraite  des  eaux,  à  l'époque  de  leur  destruc- 
tion ,  auroit  été  prompte.  Elle  suppose  aussi  un  changement 
subit  dans  la  température  de  ces  contrées;  car  ces  cadavres 
se  sont  trouvés  déposés  dans  des  lieux  où  ils  ne  pourroient 
être  introduits  aujourd'hui,  puisqu'ils  sont  glacés,  et  qu'il 
fallut  plusieurs  années  pour  approcher  de  l'éléphant  qui  fut 
découvert  en  lygg.parunTungus,  dans  un  morceau  de  glace. 
Si  les  eaux  se  fussent  retirées  lentement,  toute  la  surface 
de  la  terre  que  la  mer  a  abandonnée  auroit  été  rivage  ;  tout 
porteroit  la  trace  des  eaux,  comme  aujourd'hui  sur  les  bords 
de  la  mer  ;  on  trouveroit  d'anciennes  falaises  partout  où  il 
y  a  des  élévations;  les  coquilles  fossiles  abandonnées  seroient 
frustes,  comme  celles  que  l'on  trouve  sur  les  rivages  :  et  on 
ne  remarque  rien  de  tout  cela.  On  trouve  beaucoup  de  co- 
quilles fossiles  qui  sont  brisées ,  mais  non  usées;  leurs  angles 
ne  sont  point  émoussés  ;  et  je  ne  trouve  d'exception  à  cet  égard,. 


FOS  25^ 

pour  celles  de  la  France  ,  de  l'Italie,  de  l'Angleterre  et  de 
l'Amérique  septentrionale,  que  j'ai  eu  occasion  d'examiner, 
que  les  faluns  de  la  Touraine  ,  qui  ressemblent  en  tout  au 
sable  coquillier  des  rivages  de  la  mer.  Les  coquilles  qu'on  y 
trouve  sont  presque  toutes  brisées;  leurs  angles  sont  émoussés, 
et  les  univalves  ont  souvent,  dans  leur  ouverture,  des  pierres 
ou  d'autres  coquilles  qu'on  en  retire  difficilement,  comme  il 
arrive  seulement  à  celles  que  l'on  ramasse  sur  les  bords  de  la 
mer.  On  y  trouve  même  des  hélices  terrestres  d'une  espèce 
inconnue  dans  le  pays ,  qui  sont  remplies  de  débris  de  poly- 
piers et  de  coquilles  marines.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  le 
terrain  de  la  Touraine  où  l'on  trouve  le  falun,  étoit  exposé  à 
être  battu  par  les  vagues  de  la  mer  qui  couvroit  les  lieux  de 
la  France  où  l'on  trouve  la  couche  du  calcaire  coquillier  gros- 
sier, avec  lequel  le  falun  de  la  Touraine  a  les  plus  grands 
rapports. 

On  rencontre  des  poissons  fossiles  dans  les  couches  marines 
anciennes ,  ainsi  que  dans  les  nouvelles.  Il  en  est  de  même 
des  crustacés  qui  les  accompagnent  souvent.  Il  y  a  lieu  de 
croire  qu'une  révolution  prompte  ,  comme  celle  occasionée 
par  un  volcan  ,  aura  saisi  ceux  qu'on  trouve  en  grande  abon- 
dance dans  certaines  localités  On  rencontre  souvent  des  dé- 
bris de  poissons  osseux  ;  mais  on  ne  retrouve ,  du  squelette 
des  poissons 'Cartilagineux,  que  des  vertèbres  et  des  dents  de 
squales.  Le  calcaire  coquillier  grossier,  ainsi  que  les  couches 
plus  nouvelles,  contiennent  une  grande  quantité  de  débris 
de  pinces  de  crustacés ,  et  des  os  de  l'oreille  de  différentes 
espèces  de  poissons. 

Les  débris  d'animaux  terrestres  que  Ton  trouve  à  l'état  fos- 
sile, mais  rarement  pétrifiés,  consistent  en  ossemens,  en  bois 
appartenant  à  des  espèces  du  genre  du  cerf,  et  en  dents  ; 
mais  on  ne  trouve  point  de  cornes  de  sabots,  de  becs,  ni 
d'ongles. 

Les  quadrupèdes  ovipares,  tels  que  les  crocodiles  de  Hon- 
fleur  et  d'Angleterre  ,  les  monitors  de  Thuringe,  se  sont 
trouvés  dans  de  très-anciennes  couches.  Les  sauriens  et  les 
tortues  de  Maestricht  se  sont  rencontrés  dans  la  formatioa 
crayeuse  qui  est  plus  nouvelle  ;  on  trouve  des  os  de  lamentina 
et  de  phoques  dans  un  calcaire  coquillier  grossier,  qui  paroî^ 

*7« 


2^0  FOS 

être  analogue  à  celui  qui  recouvre  la  craie  dans  les  environs 
de  Paris;  mais,  d'après  les  observations  de  M.  Cuvier,  auquel 
on  doit  tant  de  belles  découvertes  sur  les  ossemens  fossiles, 
jusque-là  on  ne  rencontre  aucuns  os  de  mammifères  terrestres. 
C'est  à  partir  de  cette  époque,  et  dans  des  temps  moins  an- 
ciens, que,  dans  les  terrains  qui  sont  déposés  au-dessus  de 
cette  formation,  on  en  a  trouvé.  Ce  savant  a  observé  qu'il  y 
a  une  succession  très-remarquable  entre  les  espèces.  Les  débris 
des  genres  inconnus  aujourd'hui ,  d'anoplotheriums,depalœo- 
theriums  trouvés  dans  le  terrain  de  formation  d'eau  douce , 
se  présentent  les  premiers  au-dessus  du  calcaire  coquillier.  On 
trouve  aussi  avec  eux  quelques  espèces  perdues  de  genres 
connus,  des  quadrupèdes  ovipares  et  des  poissons.  Les  lits  où 
on  les  trouve  sont  recouverts  par  des  lits  remplis  de  produc- 
tions marines  fossiles. 

Les  éiéphaiis,  les  rhinocéros,  les  hippopotames  et  les  mas- 
todontes fossiles  ne  se  trouvent  point  avec  ces  genres  plus 
anciens.  On  ne  les  trouve  jamais  que  dans  les  terrains  de 
transport,  tantôt  avec  des  productions  marines,  tantôt  avec 
des  •coquilles  d'eau  douce,  mais  jamais  dans  des  bancs  pier- 
reux réguliers.  Les  espèces  de  ces  animaux,  comme  tout  ce 
qui  se  trouve  avec  elles,  sont  inconnues  aujourd'hui,  ou  au 
moins  douteuses,  et  ce  n'est  que  dans  les  derniers  dépôts  d'al- 
luvion  qui'  l'on  rencontre  les  ossemens  d'espèces  qui  paroisseut 
semblables  à  celles  qui  existent  aujourd'hui. 

Parmi  les  choses  étonnantes  que  présente  l'étude  des  fos- 
siles, on  doit  ranger  les  brèches  osseuses  ,  qui,  quoique  éloi- 
gnées de  plusieurs  centaines  de  lieues  les  unes  des  autres, 
présentent  des  particularités  analogues  entre  elles.  Des  rochers 
épars.  formés  de  la  même  pierre,  sont  fendus  en  différens 
sens  ;  leurs  tissures  sont  remplies  d'une  concrétion  calcaire 
d'un  rouge  de  rouille  à  cassure  terreuse,  fort  dure,  renfer- 
mant (les  os  mêlés  avec  des  coquilles  de  limaçons  terrestres. 
Ces  os,  qui  ne  sont  pas  pétrifiés,  ont  été  presque  tous  brisés 
avant  d'être  incrustés.  On  trouve  des  brèches  osseuses  dans  le 
rocher  de  Gibraltar,  à  Cette,  à  Nice,  à  Antibes  ,  en  Corse, 
en  Dalmatie  et  dans  l'île  de  Cérigo  ;  des  dépôts  à  peu  près 
semblables  se  trouvent  à  Concud,  près  deTerruel  en  Aragon, 
dans  le  Vicentiu  et  dans  le  Véronnois, 


FOS  s6i 

Dans  le  rocher  de  Gibraltar  on  trouve  les  os  d'un  ruminant , 
que  M.  Cuvier  a  cru  devoir  appartenir  au  genre  des  anti- 
lopes, et  des  dents  d'une  espèce  du  genre  des  lièvres. 

On  trouve  dans  le  dépôt  de  Cette  des  ossemens  de  lapins  de 
la  taille  et  de  la  forme  de  ceux  d'aujourd'hui ,-  d'autres ,  du 
même  genre ,  d'un  tiers  plus  petits  ;  de  rongeurs  semblables  au 
campagnol  ;  d'oiseaux  de  la  taille  de  la  bergeronnette,  et  de 
couleuvres. 

Dans  les  brèches  osseuses  de  Nice  et  d'Antibes  ,  on  trouve 
des  os  de  chevaux  ou  de  ruminans ,  et  des  dents  de  ces  der- 
niers ,  d'espèces  de  la  taille  du  cerf. 

Les  brèches  de  Corse  renferment  des  débris  de  lagomys  , 
qui  ne  vit  que  dans  la  Sibérie  et  d'ossemens  d'un  rongeur 
qui  ressemble  parfaitement  au  rat  d'eau  ,  excepté  qu'il  est 
plus  petit. 

On  trouve  dans  celles  de  Dalmatie  des  os  de  ruminans  de 
la  taille  du  daim. 

Dans  l'ile  de  Cérigo  on  trouve  des  os  parmi  lesquels  Spaï- 
lanzani  avoit  cru  reconnoître  des  os  humains  ,  mêlés  avec  des 
os  de  quadrupèdes  dont  il  n'a  pu  reconnoître  le  genre  ;  mais  ,  . 
d'après  ce  qu'en   dit  lui-même   ce  savant,  rien   n'est  moins 
prouvé  que  l'existence  d'ossemens  humains  dans  ce  dépôt. 

Dans  celui  de  Concud,  on  a  trouvé  des  os  d'ânes  et  de  bœufs 
semblables  à  ceux  d'aujourd'hui,  et  de  moutons  de  très-petite 
taille. 

Dans  le  Vicentin  et  dans  le  Véronnoîs ,  on  a  trouvé  des  bois 
et  des  ossemens  de  cerfs,  de  bœufs  et  d'éléphans.  Une  défense 
de  ces  derniers  devoit  avoiraumoins  douze  pieds  delongueur. 

Les  carrières  à  plâtre  des  environs  de  Paris  présentent  des 
squelettes  de^  genres  inconnus  à  l'état  vivant  d'anoplothe- 
riums,  de  palœothcriums,  des  ossemens  d'un  animal  voisia 
des  sarigues,  de  quatre  espèces  de  carnassiers  et  d'oiseaux, 
des  débris  de  tbrtu*es  et  de  poissons. 

Les  terrains  meubles  présentent  des  ossemens,  des  dents  et 
des  défenses  d'éléphans  mêlés  avec  des  os  de  chevaux  dans 
presque  tous  les  pays,  de  mastodontes  dans  l'Amérique ,  dans 
la  petite  Tartarie ,  en  Sibérie,  en  France,  en  Italie;  de  rhi- 
nocéros en  France,  en  Angleterre,  en  Italie,  en  Allemagne 
et  en  SiJ>érie  ;  d'hippopotames,  près  de  Montpellier  et  e« 


a62  FOS 

Italie  ;  d'une  petite  espèce  de  cerf  à  bois  grêle ,  près  d'E- 
tampes;  d'un  animal  ressemblant  au  tapir,  dans  le  midi  de 
la  France  ;  d'une  espèce  d'élan,  dont  le  bois  a  plus  de  neuf 
pieds  d'envergure,  en  Irlande,  en  Angleterre;  de  bœufs 
musqués  qui  vivent  aux  Indes,  dans  la  Sibérie  ;  de  daims 
d'une  espèce  inconnue,  en  Scanie;  d'hyènes,  près  d'Eichstadt; 
de  baleines  dans  le  Plaisantin,  et  du  très -grand  animal  du 
genre  des  paresseux,  auquel  on  a  donné  le  nom  de  megathe- 
rium  ,  et  dont  l'espèce  n'est  point  connue  à  l'état  vivant,  près 
de  Buenos-Ayres. 

Dans  les  tourbières  du  département  de  la  Somme  ,  on  a 
trouvé  des  débris  d'aurochs,  de  bœufs  qui  surpassent  beau- 
coup en  grandeur  celle  de  nos  bœufs  domestiques  ,  de  castors, 
de  cerfs,  dont  les  espèces  sont  inconnues;  de  chevaux,  de 
chevreuils  et  de  sangliers. 

Les  cavernes  d'Allemagne  et  de  Hongrie  présentent  un 
phénomène  bien  étonnant  par  les  débris  d'animaux  fossiles 
qu'on  y  trouve  ,  et  par  la  ressemblance  qu'elles  ont  entre 
elles.  La  plus  anciennement  célèbre  est  celle  de  Bauman , 
près  de  la  ville  de  Brunswick.  Nous  en  donnerons  la  des- 
cription ,  d'après  l'ouvrage  de  M.  Cuvier  sur  les  Ossemens 
fossiles  ,  tome  4,  quatrième  partie,  premier  Mémoire  ,  pag.  2. 

«  L'entrée  regarde  le  nord,  mais  la  direction  totale  est 
«d'orient  en  occident.  Elle  est  fort  étroite,  quoique  percée 
«  sous  une  voûte  naturelle  assez  ample.  On  n'y  pénètre  qu'en 
«  rampant.  La  première  grotte  est  la  plus  grande  :  de  là, 
«  dans  la  seconde,  il  faut  descendre  dans  un  nouveau  cou- 
«  loir,  d'abord  en  rampant,  et  ensuite  avec  une  échelle.  La 
«  différence  de  niveau  est  de  trente  pieds,  La  seconde  grotte 
«  est  la  plus  riche  en  stalactites  de  toutes  les  formes.  Le  pas- 
«  sage  à  la  troisième  grotte  est  d'abord  le  plus  pénible  de 
«  tous;  il  faut  y  grimper  avec  les  pieds  et  les  mains  ;  mais  il 
-<  s'élargit  ensuite,  et  les  stalactites  de  ses  parois  sont  celles 
«  où  l'imagination  des  curieux  a  prétendu  voir  les  figures  les 
«  plus  caractérisées.  Il  a  deux  dilatations  latérales,  dont  la 
<f  carte  des  Acta  Erud.  fait  la  troisième  et  la  quatrième  grotte. 
«  A  son  extrémité  on  trouve  encore  à  remonter  pour  arriver 
«  à  l'entrée  de  la  troisième  grotte  qui  forme  une  espèce  de 
«  portail.  Behreus  dit,  dans  son  Hercjnia  curiosa,  qu'on  n'y 


FOS  265 

«  pénètre  point,  parce  quM  faudroit  descendre  plus  de 
«  soixante  pieds  ;  mais  la  carte  ci-dessus,  et  la  description 
«  de  Van  der  Hardt,  qui  l'accompagne,  décrivent  cette  trei- 
ze sième  grotte  sous  le  nom  de  cinquième  ,  et  placent  encore 
«  au-delà  un  couloir  terminé  par  deux  petits  antres.  Enfin, 
«  Silbcrschlag,  dans  sa  Géogénie,  ajoute  que  l'un  d'eux  con- 
«  duit  dans  un  dernier  couloir  qui ,  descendant  beaucoup, 
«  mène  sous  les  autres  grottes,  et  se  termine  par  un  endroit 
«  rempli  d'eau.  Il  y  a  encore  beaucoup  d'ossemens  dans  cette 
«   partie  reculée  et  peu  visitée.   » 

On  trouve  d'autres  cavernes,  à  peu  près  semblables,  dans 
la  chaîne  du  Hart-:.  On  en  trouve  en  Hongrie  ,  sur  les  pentes 
méridionales  des  monts  Krapach  ;  mais  la  plus  célèbre  de 
toutes  est  celle  de  Gayknreuth  ,  sur  la  rive  gauche  de  la 
Visent.  Elle  est  composée  de  six  grottes,  qui  forment  une 
étendue  de  plus  de  deux  cents  pieds.  Ces  cavernes  sont  jon- 
chées d'ossemens,  gi'ands  et  petits,  qui  sont  les  mêmes  dans 
toutes  sur  une  étendue  de  pins  de  deux  cents  lieues.  Les  trois 
quarts  de  ces  ossemens,  et  davantage,  appartiennent  à  des 
ours  grands  comme  nos  chevaux,  dont  l'espèce  ne  se  trouve 
plus  à  l'état  vivant.  La  moitié  ,  ou  les  deux  tiers  du  quart 
restant,  vient  d'une  espèce  d'hyène  de  la  taille  de  nos  ours. 
Un  plus  petit  nombre  appartient  à  une  espèce  du  genre  du 
tigre  ou  du  lion  ,  et  à  une  autre  du  genre  du  loup  ou  du  chien. 
Quelques  uns  viennent  de  petits  carnassiers,  comme  le  re- 
nard, le  putois,  ou  d'espèces  très -voisines.  M.  Cuvier  pense 
que  ces  os  proviennent  de  débris  d'animaux  qui  habitoient 
CCS  demeures,  et  qui  y  mouroient  paisiblement,  et  que  l'éîa- 
blissement  de  ces  animaux  dans  ces  cavernes  est  bien  posté- 
rieur à  l'époque  où  ont  été  formées  les  couches  pierreuses 
étendues,  et  peut-être  même  à  celle  de  la  formation  des  tei-- 
rains  d'alluvion.  «  Quelétoit  donc  le  temps,  dit  ce  savant,  où 
des  éléphans  et  des  hyènes  du  Cap,  de  la  taille  de  nos  ours, 
vivoient  ensemble  dans  notre  climat,  et  étoient  ombragés  de 
forêts  de  palmiers,  ou  se  réfugioienf  dans  des  grottes  avec 
des  ours  grands  comme  nos  chevaux?   ^> 

On  a  encore  trouvé  dans  une  caverne,  du  côté  de  Grecn- 
Briar,  dans  l'ouest  de  la  Virginie,  les  débris  fossiles  d'un 
animal  du  genre   des  paresseux,  auquel  on  a  donMé  le  nom 


264  FOS 

de   megalonix ,   et  dont  Tespèce  n'est  pas    connue  à  l'état 

vivant. 

On  trouve  à  l'état- fossile  des  débris  d'oiseaux,  dont  les 
genres  sont  difficiles  à  déterminer  :  il  en  a  été  traité  à  l'ar- 
ticle Oiseaux  fossiles. 

Les  reptiles  fossiles  présentent  des  genres  bien  caracté- 
risés, tels  que  les  tortues,  les  crocodiles  ou  sauriens,  les 
monitors,  les  salamandres,  les  protées,  les  grenouilles,  et 
un  lézard  à  ailes  de  chauve-souris,  auquel  on  a  donné  le 
nom  de  ptéro-dactyle,  desquels  il  a  été  fait  des  articles  par- 
ticuliers. 

Les  insectes  se  présentent  à  l'état  fossile  dans  des  pierres 
calcaires  feuilletées  et  dans  l'ambre  jaune  ou  succin  ,  où  ils  se 
sont  conservés  sans  aucune  altération.  Ces  insectes  sont  étran- 
gers au  climat  de  la  Prusse  ,  où  l'on  trouve  le  plus  souvent 
cette  sorte  de  résine  fossile. 

On  trouve  des  débris  de  végétaux  fossiles  dans  les  couches 
anciennes,  ainsi  que  dans  les  nouvelles;  mais  il  semble  qu'ils 
sont  plus  communs  dans  ces  dernières,  et  même  à  la  surface 
de  la  terre.  Ils  consistent  en  troncs  ligneux ,  qui  sont  presque 
toujours  changés  en  silex,  en  noyaux,  en  semences  et  en 
empreintes  de  feuilles  disposées  entre  les  feuillets  de  pierres 
fissiles.  Celles  que  l'on  trouve  dans  les  mines  de  houille  appar- 
tiennent,  le  plus  souvent,  à  des  plantes  de  la  famille  des 
fougères ,  à  celles  des  bambous ,  des  casuarinas ,  et  d'autres 
étrangères  au  climat  où  on  les  trouve.  Ces  mines  ,  qui  se 
trouvent  placées  entre  les  schistes  granitiques  ou  porphy- 
riques,  sont  très-anciennes,  et  ne  renferment  pas  de  co- 
quilles marines.  Il  n'en  est  pas  de  même  des  mines  qui  se 
trouvent  dans  le  calcaire  ;  il  paroît  qu'elles  ne  sont  pas  aussi 
anciennes;  et,  au  lieu  d"y  rencontrer  des  empreintes  de  fou- 
gères, on  voit  dans  quelques  unes,  comme  dans  celles  des 
environs  de  Saint-Paulet ,  département  du  Gard,  du  succin 
et  des  coquilles  du  genre  Ampullaire ,  qui  paroissent  appar- 
tenir aux  dépôts  marins.  On  a  rencontré  des  bois  de  palmiers 
fossiles  aux  environs  de  Paris ,  auprès  de  Soissons  et  dans 
beaucoup  d'autres  endroits  de  la  France.  On  a  découvert, 
auprès  de  Canstadt,  dans  le  duché  de  Wirtemberg ,  une 
forêt  entière  dj  palmiers  couchés  ,  de  deux  pieds  de  diamètre. 


FOS  26S 

Dans  le  pays  de  Cologne,  depuis  Bruhl,  Liblar,  Kierdorf, 
Bruggen,  Balkausen,  jusqu'à  Watterberg ,  on  trouve,  sur 
plusieurs  lieues  d'étendue  ,  des  dépôts  immenses  de  bois 
presque  entièrement  changés  en  terreau,  et  recouverts  d'une 
couche  de  cailloux  roulés  de  dix  à  vingt  pieds  de  hauteur. 
Ce  dépôt,  dont  l'épaisseur  excède  cinquante  pieds,  sans  le 
moindre  mélange  de  matières  étrangères,  contient  aussi  des 
troncs  d'arbres  et  des  noix  qui  ont  beaucoup  de  rapport  avec 
celles  du  palmier  areca,  qui  croît  dans  l'Inde.  Dans  les  déserts 
de  l'Afrique,  on  trouve,  au  milieu  des  sables  quarzeux  les 
plus  arides,  et  sur  un  sol  frappé  à  présent  de  stérilité,  des 
quantités  considérables  de  troncs  d'arbres  changés  en  silex.  On 
a  aussi  trouvé  ensevelis  dans  la  tourbe ,  sur  une  montagne  du 
département  de  l'Isère,  des  bois  fossiles  à  huit  cent  cin- 
quante mètres  au-dessus  de  la  ligne  la  plus  élevée  où  des 
arbres  puissent  croître  aujourd'hui. 

Comme  on  a  pu  le  voir,  on  trouve  à  l'état  fossile  des  qua- 
drupèdes de  dilFérens  genres,  des  cétacés,  des  oiseaux,  des 
reptiles,  des  poissons,  des  insectes,  des  mollusques  et  des 
végétaux;  mais  jusqu'à  présent  on  n'a  rencontré  aucuns  débris 
de  corps  humains,  ni  aucuns  ouvrages  des  hommes  dans  les 
couches  ou  dans  les  terrains  où  l'on  a  trouvé  ces  différens 
corps  organisés  fossiles.  Plusieurs  auteurs  ont  parlé  de  débris 
de  l'espèce  humaine,  ainsi  que  de  leurs  ouvrages  trouvés  à 
l'état  fossile  ;  mais  les  faits  sur  lesquels  ils  avoient  fondé  leur 
assertion ,  examinés  avec  soin  ,  ont  prouvé  qu'ils  s'étoient 
trompés.  On  remarque  cependant  que  les  os  humains  se  con- 
servent dans  les  champs  de  bataille,  aussi  bien  que  ceux  des 
chevaux. 

Tout  porte  à  croire  que  l'espèce  humaine  n'existoit  pas  à 
l'époque  où  vivoient  les  êtres  dont  on  trouve  les  débris  fos- 
siles ;  car  il  n'y  a  aucune  raison  pour  que  ses  restes  ne  se 
retrouvassent  pas  aujourd'hui  comme  ceux  des  autres  ani- 
maux. Si  Fhomme  existoit  à  ces  époques  ,  il  pouvoit  habiter 
quelque  petite  contrée  d'où  il  a  repeuplé  la  terre,  après  les 
événemens  qui  ont  fait  disparoître  les  eaux  des  lieux  qu'il 
habite  aujourd'hui  :  dans  ce  cas,  on  n'a  point  encore  décou- 
vert cette  contrée. 

Nous  terminerons  cet  article  par  le  tableau  de  gisseraent 


des  différens  corps  fossiles  que  Ion  trouve  dans  les  terrains 
des  environs  de  Paris. 

La  craie ,  qui  est  la  plus  ancienne  couche  visible  de  ces 
environs,  présente  des  corps  marins  en  petite  quantité,  parmi 
lesquels  on  remarque  une  seule  espèce  de  telemnite ,  qui 
diffère  de  celles  que  l'on  trouve  dans  les  couches  à  cornes 
d'amrnon  -,  quelques  espèces  de  téréhratules  -,  de  petites  es- 
pèces de  coquilles  cloisonnées  j  des  débris  fortcommuns  d'une 
grande  coquille  bivalve,  à  laquelle  on  a  donné  en  Angleterre 
le  nom  d^inoceramus,  et  que  mal  à  propos  on  avoit  regardée 
comme  une  pinnite  ;  des  cranies  ;  des  ananchistes  -.  des  poly- 
piers 5  des  vertèbres,  et  des  dents  de  squales,  et  quelques 
autres  corps  qu'on  ne  retrouve  pas  dans  les  couches  qui  sont 
au  dessus.  On  trouve  ces  fossiles  à  Meudon ,  à  Bougival ,  à 
Neauphle,  à  Mantes,  et  dans  d'autres  endroits.  Il  est  très- 
remarquable  qu'on  ne  trouve  point  dans  cette  craie  de  co- 
quilles univalves  ,  à  spire  simple,  comme  des  fuseaux  et  des 
cérites,  qui  sont  si  nombreux  dans  les  couches  supérieures. 

Au-dessus  de  la  craie  on  trouve  d'abord  un  banc  d'argile, 
vin  autre  de  sable  sans  coquilles,  ensuite  le  calcaire  coquillier 
grossier,  dans  lequel  on  rencontre  plus  de  mille  espèces  de 
coquilles  ou  autres  corps  marins  de  toutes  les  grandeurs  ,  de- 
puis celle  du  cérite  géant,  qui  a  quelquefois  dix-huit  à  vingt 
pouces  de  longueur,  jusqu'à  celle  de  certaines  espèces  de 
miliolites,  dont  nous  avons  fait  entrer  quatre-vingt-quatorze 
coquilles  dans  une  mesure  d'une  ligne  cube.  Ce  calcaire  se 
présente  dans  toutes  les  carrières  des  environs  de  Paris ,  et 
ibrme  les  pierres  dont  cette  ville  est  bâtie.  On  le  trouve  à 
Grignon ,  à  Courtagnon  ,  à  Mantes,  à  Château-Thierry,  à 
Epernay,  Montmirail,  et  dans  beaucoup  d'autres  endroits, 
sur  une  grande  étendue.  Dans  quelques  localités,  comme  à 
Grignon  ,  les  corps  marins,  ainsi  que  les  débris  des  mêmes 
corps  dont  ils  soat  environnés,  n'adhèrent  presque  point 
ensemble,  et  dans  quelques  endroits,  comme  à  Hauteville 
(département  de  la  Manche)  et  en  Touraine,  Ton  se  sert  de 
te  sable  marin  fossile  pour  fertiliser  les  terres. 

Cette  couche  de  corps  marins  est  surmontée  par  la  forma- 
lion  gypseuse,  qui  a  quelquefois  jusqu'à  vingt  mètres  d'épais- 
seur. Ce  dépôt,  dans  lequel  se  trouvent  des  couches  de  marne, 


FOS  =C7 

renferme  deslymnées  et  autres  coquilles univalvcs  d'eau  douce , 
des  troncs  de  palmiers  changés  en  silex,  et  d'un  volume  con- 
sidérable; des  ossemens  de  quatorze  espèces  de  quadrupèdes, 
dont  quelques  genres  n'existent  plus  à  l'état  vivant  ;  des  débris 
d'oiseaux,  de  tortues  et  de  poissons.  On  trouve  cette  forma- 
tion à  Montmartre,  à  Mesnil-Montant ,  à  Antony,  à  Triel,  et 
dans  d'autres  lieux. 

Au-dessus  de  ce  terrain  d'eau  douce,  on  trouve  d'abord  un 
banc  de  cyfhérées,  et  d'autres  coquilles;  ensuite  deux  bancs 
d'huîtres,  dont  le  plus  inférieur  est  composé  de  grandes  huîtres 
très-épaisses,  différentes  de  celles  que  nous  connoissonsà  l'état 
vivant.  Ce  banc  couvre  les  environs  de  Paris,  dans  une  assez 
grande  étendue,  et  nous  l'avons  suivi  jusqu'à  Pontchartrain, 
à  huit  lieues  à  l'ouest  de  Paris.  Dans  quelques  endroits  on 
trouve,  au-dessus  de  ces  huîtres,  des  grès  ou  des  sables  qaar- 
zeux,  qui  contiennent,  à  leur  partie  supérieure  seulement, 
des  coquilles  marines  à  peu  près  semblables  à  celles  du  cal- 
caire coquillier,  mais  en  moindre  quantité  ;  des  palais  et  des 
queues  de  raies,  et  des  débris  de  poissons.  Souvent  ces  sables 
sont  sans  coquilles,  soit  qu'ils  n'en  aient  jamais  contenu,  ou 
qu'elles  y  aient  disparu  sans  y  laisser  de.  trace,  à  cause  de  la 
mobilité  du  sable,  comme  dans  certains  grès,  où  elles  n'ont 
laissé  que  leur  moule.  On  trouve  de  ces  sables  et  grès  coquil- 
liers  à  Romainville ,  à  Montmartre  ,  à  Nanteuil-le-Haudouin. 

Ces  huîtres  et  ces  sables  coquilliers  sont  recouverts  par  un 
terrain  de  formation  d'eau  douce,  qui  contient  des  coquilles 
terrestres,  des  coquilles  fluviatiles  univalves,  presque  tout-à- 
fait  semblables  à  celles  que  nous  trouvons  dans  nos  marais; 
des  bois  pétrifiés,  des  graines  et  des  tiges  de  plantes.  Ces  ter- 
rains se  présentent  dans  la  plaine  de  Trappes,  près  de  Ver- 
sailles; dans  celle  de  Gonesse,  dans  toute  laBeauce,  dans  la 
forêt  de  Montmorency,  et  sur  le  sommet  des  collines  dans 
beaucoup  d'autres  endroits  aux  environs  de  Paris. 

Enfin,  au-dessus  de  ce  terrain  on  trouve  une  formation  qui 
paroît  encore  appartenir  à  l'eau  douce,  à  laquelle  MM.  Bron- 
gniart  et  Cuvier  ont  donné,  dans  leur  bel  ouvrage  sur  la 
géographie  minéralogique  des  environs  de  Paris ,  le  nom  de 
limon  d'atterrissement,  et  dans  laquelle  on  a  trouvé  des  troncs 
darbres,  des  ossemens  d'élans,  d'éléphans,  et  d'autres  grands 


2C8         ^  FOS 

quadrupèdes ,  mêlés  avec  des  cailloux  roulés  :  ces  cailloux 
sont  des  morceaux  de  granité  de  différentes  sortes,  des  pou- 
dingues  pesant  quelquefois  plusieurs  milliers,  des  silex  et  des 
coquilles  des  craies  changées  en  cette  substance,  des  bois 
fossiles,  des  coquilles  usées  par  le  frottement  dépendant  des 
couches  du  calcaire  coquillier,  et  étrangères  aux  couche* 
voisines  du  lieu  où  on  les  trouve;  des  pierres  calcaires  coquil- 
lières,  des  nummilites  et  des  grès.  On  aperçoit  ce  terrain 
dans  le  bois  de  Boulogne,  dans  la  plaine  de  Nanterre ,  dans 
la  forêt  de  Saint-Germain  ,  dans  la  plaine  de  Montrouge  ,  et 
à  Sevran. 

Quelles  réflexions  ne  fait  pas  naître  l'examen  de  ces  diffé- 
rentes couches,  et  des  corps  qu'elles  contiennent,  dont  une 
partie  des  genres  n'existe  plus  à  l'état  vivant,  et  dont  l'autre 
est  étrangère  au  climat  que  nous  habitons  ! 

«  En  reprenant  ces  couches ,  depuis  la  craie  ,  disent 
MM.  Brongniart  et  Cuvier,  on  se  représente  d'abord  une  mer 
qui  dépose  sur  sou  fond  une  masse  immense  de  craie  et  des 
mollusques  d'espèces  particulières.  Cette  précipitation  de 
craie  et  des  coquilles  qui  l'accompagnent  cesse  tout  à  coup  j 
des  couches  d'une  tout  autre  nature  lui  succèdent,  et  il  ne 
se  dépose  d'abord  que  de  l'argile  et  du  sable  :  mais  bient6t 
une  autre  mer,  ou  la  même,  produisant  de  nouveaux  habi- 
tans,  nourrit  une  prodigieuse  quantité  de  mollusques  testacés, 
tous  dififérens  de  ceux  de  la  craie-,  elle  forme  sur  son  fond 
des  bancs  puissans  ,  composés  ,  en  grande  partie  ,  des  en- 
veloppes testacées  de  ces  mollusques.  Peu  à  peu  cette  pro- 
duction de  coquilles  diminue  et  cesse  aussi  tout-à-fait  ;  la 
mer  se  retire,  et  le  sol  se  couvre  d'eau  douce;  il  se  forme 
des  couches  alternatives  de  gypse  et  de  marne,  qui  enve- 
loppent et  les  débris  des  animaux  que  nourrissoient  ces  lacs, 
et  les  ossemens  de  ceux  qui  vivoient  sur  leurs  bords. 

«  La  mer  revient;  elle  nourrit  d'abord  quelques  espèces 
de  coquilles  bivalves  et  de  coquilles  turbinées  :  ces  coquilles 
disparoissent,  et  sont  remplacées  par  des  huîtres.  Il  se  passe 
ensuite  un  intervalle  de  temps,  pendant  lequel  il  se  dépose 
une  grande  masse  de  sable.  On  doit  croire,  ou  qu'il  ne  vivoit 
encore  aucuns  corps  organisés  dans  cette  mer,  ou  que  leurs 
flépouilles  ont  été  complètement  détruites  ;  car  on  n'en  voit 


FOS  2C9 

aucuns  débris  dans  ce  sable.  Mais  les  productions  variées  de 
la  seconde  mer  inférieure  reparoissent ,  et  on  retrouve,  au 
sommet  de  Montmartre  ,  à  Romainville  et  à  Nanteuil-le- 
Haudouin,  et  dans  d'autres  endroits,  les  mêmes  coquilles 
qu'on  a  trouvées  dans  les  couches  moyennes  du  calcaire 
grossier. 

«  Enfin,  la  mer  se  retire  entièrement  pour  la  seconde 
fois;  des  lacs  ou  des  mares  d'eau  douce  la  remplacent,  et 
couvrent  des  débris  de  leurs  habitans  presque  tous  les  som- 
mets des  coteaux,  et  les  surfaces  même  de  quelques  unes  des 
plaines  qui  les  séparent.   >'  (1) 

Tout,  jusque-là,  paroft  avoir  été  déposé  dans  des  eaux  tran- 
quilles; mais  nous  ajouterons  qu'après  tous  ces  dépôts  alter- 
natifs de  la  mer  et  de  l'eau  douce  ,  il  y  a  eu  une  inondation 
ou  une  débâcle  qui  a  couvert  de  cailloux  roulés  tout  le  ter- 
rain depuis  Montrouge  jusqu'aux  hauteurs  de  Sanois  et  de 
certaines  parties  de  la  forêt  de  Saint-Germain  ;  cette  débâcle 
à  laquelle  on  doit  peut-être  la  formation  du  limon  d'atter- 
rissement  des  environs  de  Paris,  a  enlevé  des  débris  à  toutes 
les  formations,  et  a  transporté  jusque  .dans  la  plaine  de 
Grenelle  des  morceaux  de  granité  rouge ,  qui  paroissent 
appartenir  à  la  Bourgogne. 

C'est  aux  fossiles  seuls  qu'est  due  la  naissance  de  la 
théorie  de  la  terre  ;  sans  eux  l'on  n'auroit  peut-être  jamais 
songé  qu'il  y  ait  eu,  dans  la  formation  du  globe,  des  époques 
successives  et  une  série  d'opérations  différentes.  Eux  seuls, 
en  effet ,  donnent  la  certitude  que  le-  globe  n'a  pas  toujours 
eu  la  même  enveloppe,  par  la  certitude  où  l'on  est  qu'ils  ont 
dû  vivre  à  la  surface  avant  d'être  ainsi  ensevelis  dans  la  pro- 
fondeur. Ce  n'est  que  par  analogie  que  l'on  a  étendu  aux 
terrains  primitifs  la  conclusion  que  les  fossiles  fournissent 
directement  pour  les  terrains  secondaires  ;  et  s'il  n'y  avoit  que 
des  terrains  sans  fossiles,  personne  ne  pourroit  soutenir  que 
ces  terrains  n'ont  pas  été  formés  tous  ensemble. 

C'est  encore  par  les  fossiles,  toute  légère  qu'est  restée  leur 


CO  Discours  préliminaire  de  l'ouvrage  de   MM.  Brongniart  et  CuTier, 
déjà  cité. 


2^o  FOT 

connoissance,  que  nous  avons  reconnu  le  peu  que  nous  savons 
sur  la  nature  des  révolutions  du  globe.  Ils  nous  ont  appris  que 
les  couches  ,  au  moins  celles  qui  les  récèlent,  ont  été  déposées 
paisiblement  dans  un  liquide  ;  que  leurs  variations  ont  corres- 
pondu à  celles  du  liquide  ;  que  leur  mise  à  nu  a  été  ocea- 
sionée  par  le  transport  de  ce  liquide;  que  cette  mise  à  nu  a 
eu  lieu  plus  d'une  fois  :  rien  de  tout  cela  neseroit  certain  sans 
les  fossiles.  (D.) 

FOSSOYEUR,  Scarabée.  (Entom.)  C'est  le  nom  d'un  né- 
crophore ,  qu'on  nomme  aussi  l'enterreur,  necrophorus  vespillo. 
(CD.) 

FOSTUK.  (Bot.)  Suivant  Forskal,  le  lentisque  ,  pisfacia  len- 
tiscus,  est  ainsi  nommé  dans  l'Egypte,  où  l'on  apporte  seS 
fruits  cueillis  aux  environs  d'Alep.  M.  Delile  indique  la  même 
origine  pour  la  pistacia  vera ,  qu'il  nomme  Jestoq.  (J.) 

FOTEI-SO.  (Bot.)  Le  cjpripediumjaponicum.  de  Thunherg  , 
est  ainsi  nommé  au  Japon.  (J.) 

FOTERNE(Bof.),  nom  ancien  de  l'aristoloche,  aux  environs 
de  Narbonne,  cité  par  Dalechamps.  (J.) 

FOTERSBÉ.  {Bot.)  Voyez  Fotert.  (J.) 

FOTERT  ou  Foutra.  (Bot.)  A  Madagascar,  un  hutonica  est 
nommé  grand  fotert,  et  un  stravaàium  petit  fotert  ou  foutra, 
suivant  des  indications  trouvées  dans  un  herbier  de  M.  Poivre. 
C'est  un  des  deux  qui  est  cité  par  Rochon  sous  le  nom  de 
fotersbé ,  et  l'autre  sous  celui  de  voua-foutra,  qui  est  peut-être 
le  même  que  le  mafoutra  ou  vouafoutra  cité  par  Flacourt.  (J.) 

FOTETENIS.  (Ornith.)  Kaempfer  se  borne  à  dire  que  cet 
oiseau  nocturne  du  Japon  est  d'un  goût  exquis,  et  qu'on  ne 
le  sert  qu'aux  tables  des  grands  et  dans  des  occasions  extraor- 
dinaires. (Ch.D.) 

FOÏGE  (Oraith.) ,  nom  catalan  de  la  foulque, /u/ica  û/ra, 
Linn.  (  Ch.  D.) 

FOTHERGILLA.  {'Bot.)  Genre  de  plante,-»  dicotylédones,  à 
fleurs  incomplètes,  de  la  famille  des  amentacées,  de  la  polyan- 
drie digjnie  de  Linnaeus ,  caractérisé  par  des  fleurs  disposées 
en  chatons  ;  un  calice  d'une  seule  pièce,  à  cinq  ou  six  petites 
dents  inégales;  point  de  corolle;  les  étamines  nombreuses  et 
saillantes;  un  ovaire  supère  ,  bifide,  chargé  de  deux  styles 
longs,  en  massue.  Le  fruit  est  une  capsule  à  deux  lobes,  à 


FOU  271 

deux  loges  inonospermes ,  s'ouvrant  à  leur  sommet  en  quatre 
valves  ;  les  semences  osseuses. 

FoTHERGiLLA  A  FEUILLES  d'aune  :  FothergHla  alnifolia  ,  Linn. 
fils.,  SuppL,  267;  Jacq., Icon.  rar. ,  lab.  1005  Lamk. ,  III.  gen.^ 
lab.  480;  Bot.magaz.,  tab.  i34i,  etVar.,  tab.  1642  ;Fothcrgilla, 
gardent ,  Linn. ,  Sjst.  veg. ,  418  ;  FothergHla  latifolia  ,  Buch'oz  , 
Icon.,  tab.  17  ;  Miller,  Op.  nov.,  tab.  1.  Arbrisseau  d'un  port 
assez  agréable,  touffu,  rameux,  haut  d'environ  deux  ou  trois 
pieds  ,  dont  le  feuillage  ressemble  assez  bien  à  celui  de  l'aune. 
Les  rameaux  sont  alternes,  glabres,  cylindriques;  les  feuilles 
pétiolées,  ovales,  cunéiformes,  la  plupart  émoussées,  quel- 
quefois lancéolées ,  dentées  vers  leursommet ,  vertes  en  dessus , 
blanchâtres  en  dessous ,  un  peu  cotonneuses  dans  leur  jeu- 
nesse ,  longues  d'environ  deux  pouces  et  demi  ;  les  pétioles 
courts,  tomenteux,  ferrugineux;  les  stipules  opposées. 

Les  fleurs  se  montrent  au  commencement  du  printemps  , 
avant  le  développement  des  feuilles  -.  elles  sont  blanches,  dis- 
posées en  petites  grappes,  verticales,  au  sommet  des  rameaux, 
longues  d'un  pouce  et  plus  ;  chaque  fleur  située  dans  l'aisselle 
d'une  écaille  concave,  tomenteuse  et  ferrugineuse.  Le  calice 
est  presque  tronqué,  très-court,  velu,  persistant;  les  étamincs 
environ  au  nombre  de  quinze  ;  les  filamens  beaucoup  plus  longs 
que  le  calice,  rangés  comme  en  éventail,  portant  de  petites 
anthères  jaunâtres;  l'ovaire  court,  ovale,  velu  ;  les  styles  de  la 
longueur  des  étamines  :  les  capsules  velues,  à  deux  lobes  co- 
niques ,  à  deux  loges  ;  une  semence  osseuse  dans  chaque  loge. 
Cette  plante  croît  à  la  Caroline  :  on  la  cultive  au  Jardin  du 
Roi.  Elle  aime  l'ombre  et  le  frais.  On  la  multiplie  de  marcottes 
et  de  graines  dans  le  terreau  de  bruyère. 

Le  Fortkergilla  mirahilis,  mention'né  par  Aubîet ,  dans  ses 
Plantes  de  la  Guiane ,  appartient  au  Mélastomes.  Voyez  ce 
genre.   (Poir.  ) 

FOTO,  Jebi  ,  BuDO  {Bot.),  noms  japonois  de  la  vigne  ordi- 
naire. Le  lierre  est  nommé  fotogi-tsia.  Vuvularia  hirta  de 
Thunberg  est  le  jamma-fotogis.  (J.) 

FOU.  {Ornith.)  On  a  déjà  exposé  sous  le  mot  Cormoran, 
que  Linnœus  avoit  compris  dans  son  genre  Pelecanus ,  non  seu- 
lement les  pélicans  proprement  dits,  mais  encore  les  cormo- 
rans, !es  frégates,  les  fous,  et  Ton  a  mis  eu  opposition  les 


272  FOU 

signes  auxquels  on  peut  les  distinguer  les  uns  des  autres.  Ceux 
qui  caractérisent  particulièrement  les  fous ,  sont  :  un  bec 
fendu  jusque  derrière  les  yeux,  un  peu  plus  long  que  la 
tête,  droit,  C])ais  à  sa  base,  arrondi  en  dessus,  comprimé 
vers  la  pointe,  qui  est  foiblement  courbée;  les  deux  bords 
des  mandibules  finement  incisés ,  et  dont  les  dents  sont  dirigées 
en  arrière  ;  les  narines  linéaires,  oblitérées  et  se  prolongeant 
de  chaque  côté  du  bec  en  un  sillon  qui  semble  diviser  la  man- 
dibule supérieure  en  trois  parties  ;  la  langue  ovale  et  très- 
couverte  :  le  tour  des  yeux  nu  ainsi  que  la  gorge  ,  qui  est  peu 
extensible;  les  pieds  courts  et  soutenant  le  corps  presque  en 
équilibre  ;  les  quatre  doigts  engagés  dans  la  même  membrane  , 
et  celui  du  milieu  pectine  intérieurement;  les  deux  premières 
rémiges  les  plus  longues,  et  la  queue  conique  et  composée  de 
douze  pennes. 

Ces  oiseaux  sont  appelés  en  anglois  hoohy,  d'où  l'on  a  fait 
l>oubie,  en  portugais  bobos,  dans  l'iJe  de  Ferroë  sula,  et  en 
françois  fous  ;  mais  les  qualités  morales  de  ces  êtres  indo- 
lens  étant  tout-à-fait  opposées  à  la  pétulance  et  à  l'extrava- 
gauce,  attributs  ordinaires  de  la  folie,  ils  auroient  été  plus 
convenablement  désignés  par  un  terme  exprimant  la  stupi- 
dité ,  l'imbécillité.  On  est  bien  éloigné  toutefois  de  proposer 
un  changement  de  nomenclature;  et  même,  quoiqu'ils  aient 
reçu  assez  récemment,  en  latin,  les  noms  de  djsporus,  lUig., 
et  morus ,  Vieill. ,  on  croit  devoir  préférer,  avec  Brisson,  la 
dénomination  plus  ancienne  de  5u/a.  Au  reste,  si  les  oiseaux 
dont  il  s'agit  paroissent  avoir  les  organes  très-peu  développés  , 
s'ils  montrent  une  inertie  presque  incroyable  à  la  vue  des 
dangers  les  plus  imminens,  et  si  cette  sorte  d'abandon  de 
^oi-même  a  fait  douter  qu'ils  fussent  doués  de  l'instinct 
de  la  conservation,  n'y  a-t-il  pas  d'autres  considérations 
propres  à  expliquer,  jusqu'à  un  certain  point,  comment  ils 
se  laissent  tuer  à  coups  de  bâton  sur  les  lies  et  les  côtes  où 
ils  ont  rarement  l'occasion  de  se  trouver  en  présence  de 
l'homme,  qu'ils  ne  soupçonnent  pas  être  leur  plus  dangereux 
ennemi,  et  comment  ils  se  laissent  prendre  sur  les  vergues 
di's  bàtimens  qu'ils  rencontrent  en  mer  ?  Fait-on  assez  d'atten- 
tion, dans  le  premier  cas,  à  la  difficulté  qu'ils  ont  pour 
s'élever,  d'après  la  longueur  de  leurs  ailes  et  la  brièveté  de 


FOU  '  a73 

leurs  jambes ,  et  flans  le  second  ,  à  l'ignorance  assez  na- 
turelle du  péril  qu'ils  courent  sur  ces  vais:jeaux,  dont  la  ren- 
contre n'est  que  i)assagère?  Quant  à  la  facilité  avec  lacjuoUe 
on  leur  reproche  de  rendre  gorge  à  lu  frégate  ,  dont  ils 
semhlent  destinés  à  être  le»  pourvoyeurs,  il  y  a  d'autres  oi- 
seaux, dans  la  famille  même  des  rapaces ,  qui  se  trouvent 
également  obligés  de  céder  le  fruit  de  leur  pêche  à  de  plus 
fortes  espèces  ;  et  .,  lorsque  la  frégate,  témoin  de  la  capture 
qu'ils  viennent  de  faire  des  poissons  nageant  à  la  surface  de 
l'eau,  fond  sur  eux  d'un  vol  bien  plus  rapide,  et  les  attaque 
à  coups  redoublés  de  ses  puissantes  ailes  et  de  son  bec  vi- 
goureux, leurs  cris  témoignent  assez  la  peine  qu'ils  ressentent 
de  se  voir  contraints  d'abandonner  la  proie  dont  celle-ci  a 
l'adresse  de  s'eniparer  dans  sa  chute.  Plusieurs  marins  parlent 
d'ailleurs  de  la  longue  résistance  qui  souvent  précède  l'issue 
inévitable  d'un  combat  aussi  inégal;  et  si  les  choses  se  pas- 
soient  de  la  manière  dont  les  raconte  Catesby,  qui  a  été  à 
portée  de  voir  plusieurs  de  ces  combats  pendant  un  loiigséjour 
à  la  Caroline,  la  défense  opposée  parle  fou  seroit  encore  bien 
plus  rema;-quable.  L'auteur  anglois  prétend  qu'au  moment  où 
la  frégate  se  précipite  sur  lui ,  il  ploege  sous  l'eau,  où  elle 
ne  peut  le  suivre;  que  celle-ci ,  le  retrouvant  à  sa  sortie ,  re- 
nouvelle ses  attaques  jusqu'à  ce  qu'il  perde  haleine.  Mais 
une  circonstance  qui  sembleroit  infirmer  ce  récit,  est  que 
les  fous,  qui  nagent  rarement,  n'ont  pas  l'habitude  ni  peut- 
être  la  faculté  de  se  submerger. 

On  a  rencontré  de  ces  oiseaux  sur  toutes  les  mers  et  dans 
toutes  les  parties  du  globe.  Ils  volent  le  cou  tendu  ,  la  queue 
étalée  et  les  ailes  presque  immobiles.  Leui's  cris  participent 
de  ceux  de  l'oie  et  du  corbeau.  Lorsqu'ils  aperçoivent  des 
poissons  à  la  surface  de  l'eau,  ils  se  précipitent  dessus  pour 
les  siisir.  lis  s'éloignent  beaucoup  moins  des  terres  que  les 
frégates,  et  l'on  pense  généralement  qu'ils  se  retirent  sur  les 
îlots  déserts  et  les  rochei-s  couverts  d'un  peu  de  terre ,  pour 
y  passer  la  nuit  ;  cependant ,  d'après  les  circonstances  rap- 
l)ortées  par  divers  navigateurs,  on  ne  peut  tirer  de  leur  pré- 
sence des  inductions  bien  positives  sur  le  voisinage  des  côtey. 
M.  Vieillot,  ayant  observé,  dans  ses  voyages  en  Amérique  , 
,^ne  lc8  foi:s  éf(»ieiit.  eu  lever  du  solcW.  à  peu  près  dans  Ici 


274  FOU 

mêmes  parages  qu'à  la  chute  du  jour,  et  ne  pouvant  se  figurct 
qu'ils  eussent  couché  à  terre,  et  en  fussent  revenus  dans  l'in- 
tervalle d'un  crépuscule  à  l'autre,  pense  qu'ils  se  reposent  sur 
la  mer  pendant  les  nuits,  durant  lesquelles  il  les  entendoit 
souvent  crier. 

Dans  plusieurs  contrées  ces  oiseaux  se  perchent  sur  les 
arbres ,  et ,  suivant  Dampier  ,  Nouveau  Voyage  autour  du 
Monde,  Rouen,  1716  ,  t.  i,  p.  66  ,  c'est  aussi  sur  eux  qu'ils 
nichent  dans  l'île  d'Aves;  mais  leur  ponte  se  fait  le  plus  sou- 
vent dans  des  îles  solitaires,  sur  les  rochers  et  sur  les  falaises 
qui  bordent  la  mer  :  elle  ne  consiste  qu'en  un  ou  deux  œufs 
également  pointus  des  deux  bouts,  à  surface  rude  et  blanche. 
Quoiqu'ils  préfèrent,  pour  y  nicher  ,  les  îles  situées  entre  les 
tropiques,  on  en  voit  aux  Hébrides,  en  Ecosse,  en  Norwège, 
et  jusqu'au  Kamtschatka  ;  mais  ils  n'y  reetent  que  l'été  ;  et 
quand  l'hiver  approche,  ils  retournent  au  sud  avec  leurs 
petits.  Ceux-ci  restent  long-temps  couverts  d'un  duvet  fort 
doux,  et,  en  général,  très-blanc. 

M.  Temminck  dit  que  la  peau  du  cou  n'est  point  adhérente 
aux  muscles,  mais  qu'elle  tient  seulement  au  corps  par  un 
tissu  cellulaire  très-làche,  c'est-à-dire  d'un  tissu  composé  de 
quelques  fibres  placées  à  des  distances  inégales,  et  qu'elle  est 
susceptible  de  beaucoup  d'extension.  Il  ajoute  que  ,  dans  les 
deux  sexes ,  la  trachée  cartilagineuse  a  son  tube  vers  la  glotte , 
et  se  dilate  en  forme  d'entonnoir  comme  dans  le  cormoran  ; 
mais  que  le  larynx  est  garni,  de  chaque  côté,  d'une  membrane 
iympaniforme. 

Plusieurs  auteurs  reconnoissent,  dans  le  genre  Fou,  diverses 
espèces,  qu'ils  nomment  fou  proprement  dit,  ou  fou  com- 
mun ,  pelecanus  sula,  Gmel.  et  Lath.;  fou  de  Bassan,  pelecanus 
hassanuSj  id.j  pi.  enl.  de  Buff'on  ,  n.°  278  ;  fou  hlanc ,  pelecanus 
piscator ,  id.;  petit  fou,  pelecanus  parvus  ,  id.  j  pi.  enl.  ,  973. 
Buffon  et  Brisson  font  aussi  une  espèce  particulière  du  grand 
fou,  que  Latham  regarde  comme  une  simple  variété  du  fou 
de  Bassan.  D'un  autre  côté,  l'on  a  reconnu  que  le  fou  tacheté 
n'étoit  qu'une  variété  d'âge  du  même,  malgréla  circonstance  , 
remarquée  par  Mauduyt,  qu'il  est  représenté  dans  la  planche 
enluminée  de  Buffon,  n.°  386  ,  comme  ayant  la  queue  bien 
plus  courte  que  les  autres  j  ce  qui  provient,  selon  M.  Tem- 


FOU  ^75 

mînck ,  de  ce  que  l'individu ,  but  lequel  la  figure  a  été  faite , 
ctoit  en  mue ,  et  que  les  rémiges  n'avoient  pas  leur  longueur 
ordinaire.  On  a  aussi  vérifié  que  le  petit  fou  brun,  pi.  enl., 
974,  pelecanus  Jiber  ,  Gme].  etLath.,  étoit  un  jeune  de  l'espèce 
du  cormoran  nigaud.  Enfin,  l'on  trouve,  pi.  18  du  Voyage 
autour  du  Monde  du  capitaine  Krusenstern ,  la  figure  d'un 
individu  portant  la  dénomination  de  Fou  du  Brésil,  et  ayant 
le  dessus  du  corps  brun ,  des  reflets  bleus  sur  le  dos,  les  parties 
inférieures  blanches,  le  bec  et  les  pieds  bleuâtres;  mais  il 
paroît  n'être  qu'une  variété  d'âge  du  petit  fou,  ou  fou  de 
Cayenne,  dont  le  corps  a  un  pied  et  demi  de  longueur,  et 
dont  le  plumage  est  noirâtre  ,  à  l'exception  des  parties  infé- 
rieures qui  sont  blanches. 

II  résulte  de  ces  circonstances  que  la  seule  espèce  de  fou  qui 
soit  bien  déterminée  est  le  fou  de  Bassan,  ainsi  nommé  parce 
qu'on  a  trouvé  les  individus  sur  lesquels  la  description  en  a  été 
faite  dans  l'ile  de  Bass  ou  Bassan  ,  au  golfe  d'Edimbourg,  où  ii 
passe  la  belle  saison  ,  et  niche  dans  les  trous  des  rochers ,  pour 
en  repartir  à  l'automne.  C'est  cette  espèce  que  Meyer  nomme 
sula  alba,  fou  blanc  ,  et  qui  est  décrite  par  M.  Temminck, 
dans  son  Manuel  d'Ornithologie,  pag.  ôgS  et  suiv.  ,  avec  des 
détails  propres  à  faire  remarquer  les  variations  du  plumage 
depuis  la  sortie  de  l'œuf. 

Au  bout  de  quelques  jours  ,  ces  oiseaux  sont  couverts  d'un, 
duvet  blanc  et  lustré.  Pendant  la  première  année  le  dessus  du 
corps  est  d'un  brun  noirâtre ,  sans  taches  ;  les  parties  infé- 
rieures sont  d'un  brun  varié  de  cendré  ;  le  bec  ,  les  parties  nues 
et  l'iris  sont  bruns,  et  la  queue  est  arrondie.  A  la  seconde 
mue,  ou  à  l'âge  d'un  an,  la  tête,  le  cou  et  la  poitrine  sont 
d'un  brun  cendré,  avec  de  petites  taches  blanches  très-rap- 
prochées  et  en  forme  de  fer  de  lance  ;  les  plumes  du  dos,  du 
croupion  et  des  ailes  sont  du  même  brun ,  et  portent  des 
taches  blanches  plus  distantes;  les  parties  inférieures  sont  d'un, 
blanc  varié  de  brun  cendré;  les  rémiges  sont  brunes ,  ainsi  que 
la  queue  ,  qui  est  conique ,  et  dont  les  baguettes  sont  blanches  , 
le  bec  est  d'un  cendré  brun,  et  l'iris  jaunâtre  ;  les  tarses  et  le 
dessus  des  doigts  sont  d'un  brun  verdâtre  ;  les  membranes  d'un 
brun  cendré,  et  les  ongles  bruns.  A  l'âge  de  deux  ans,  et 
pendant  l'époque  de  la  mue  ,  on  trouve  des  individus  dont  le 


276  FOU 

plumage  est  blanc  sur  plusieurs  parties,  tandis  que  d'autre* 
sont  brunes  et  tachetées  de  blanc.  Ce  sont  vraisemblablement 
des  fous  de  l'âge  d'un  et  de  deux  ans,  qui  ont  été  décrits 
comme  espèces  sons  les  noms  latins  de  suia  major,  Criss.,  et 
pelecanus  maciilatus ,  Gmel.,  et  sous  les  noms  François  de  grand 
feu  et  fou  tacheté,  Bufl". ,  pi.  enl. ,  072  et  58G. 

Les  individus  des  deux  sexes,  à  l'âge  de  trois  ans,  sont  longs 
de  deux  pieds  sept  à  huit  pouces;  ils  ont  la  queue  en  cône 
alongé;  le  sommet  de  la  tête  et  l'occiput  sont  d'un  jaune  d'ocre 
clair,  et  le  reste  du  plumage  est  d'un  beau  blanc,  à  l'exception 
des  rémiges  et  de  l'aile  bâtarde,  qui  sont  noires.  Le  bec,  d'un 
bleu  cendré  à  sa  base,  est  blanc  à  la  pointe  ;  la  peau  nue  qui 
entoure  les  yeux  est  d'un  bleu  clair,  et  celle  qui  s'étend  du  bec 
jusqu'au  milieu  de  la  gorge,  est  d'un  bleu  noirâtre;  l'iris  est 
jaune;  les  tarses  et  les  doigts  sont  d'un  vert  clair:  les  mem- 
branes sont  noirâtres  elles  ongles  blancs.  La  femelle  est  d'une 
taille  moins  forte  que  celle  du  mâle. 

Tel  est  le  fou  de  Bassan  ;  et,  quoique  dans  la  synonymie, 
qui  paroît  avoir  été  établie  par  M.  Temminck.  d'après  l'exa- 
men d'un  grand  nombre  d'individus  de  tout  âge  ,  cet  orni- 
thologiste ne  parle  point  précisément  du  fou  commun,  les 
auteurs  comparant  sa  taille,  et  celle  du  fou  de  Bassan  et  du 
grand  fou ,  à  la  tailîe  de  l'oie  ,  on  est  d'autant  plus  fondé  à  le 
regarder  comme  n'étant  pas  d'une  espèce  difiérente,  qu'on 
les  trouve  tous  dans  les  mêmes  régions  de  l'ancien  et  du  nou- 
veau monde.  A  l'égard  du  petit  fou  de  Cayennc  ,  les  auteurs  le 
décrivent  comme  n'ayant  qu'environ  un  pied  et  demi  de  lon- 
gueur; et  s'ils  donnent  au  fou  blanc,  pelecanus  piicator  , 
Gmel.  et  Lath. ,  une  aussi  forte  taille  qu'aux  autres,  ils  le  pré- 
sentent comme  ayant  la  peau  nue  dont  les  yeux  sont  en- 
tourés, et  le  bec  ,  ainsi  que  les  pieds,  rouges  ;  mais  les  mêmes 
parties  so?ît  jaunâtres  dans  le  fou  tacheté,  et  ces  nuances  ne 
paroissent  pas  suffire  pour  écarter  les  motifs  qui,  d'ailleurs  , 
font  naturellement  pencher  vers  Videnlité.  Le  genre  Fou  a 
donc  besoin  d'un  examen  plus  particulier  pour  en  déterminer 
Its  espèces  avec  quelque  certitude.  (Ch.  D.) 

FOUAH.  (Co/.)  Voyez  FooAHA.  (J.) 

FOUAi^lE  {Bot.)  ,  nom  ancien  donné  à  la  paille  quand  on 
tn  a  séparé  le  blé.  Ou  lit  dans  les  F'sîais  sur  Paris,  de  Saint- 


FOU  277 

Toix,  qu'ancienne-menl  les  élèves  en  inéfîccine  ou  autres  qui 
fréquentoient  les  écoles  voisines  de  la  place  Maubtrt,  se  ras- 
sembloient  en  partie  dans  une  rue  qui  porte  le  nom  de  rue 
du  Fouarre,  parce  que  l'on  y  apportoit  des  fouarres  ou  bottes 
de  paille  pour  asseoir  les  éludians.  Il  paroît  que  le  nom  de 
feurre,  donné  à  la  paille  dans  quelques  lieux,  a  la  même 
origine,  ainsi  que  les  termes  de  far  etfarrago,  qui  sont  aussi 
des  parties  de  plantes  céréales.  (J.) 

FOUCAULT.  (Ornlth.)  Ce  nom,  qui  s'écrit  uus^'i  foiicaud, 
est  donné  par  les  chasseurs  à  la  petite  bécassine,  qu'an  appelle 
encore  sourde,  scolopax  galLinula^  Linn.  (Cit.  D.) 

FOUCHE,  FouTciu  (Bot.),  noms  indiens  du  figuier.  (J.) 

FOUCQUE.  (Ornith.)  Ancienne  orthographe  du mot_/"oM/(j(/e, 
désignant  l'oiseau  autrement  appelé  morel!e,/'«/(ca  afra,  Linn. , 
qu'on  nomme  aussi  vulgairement/oH^cre.  (Ch.  D.) 

FOUDI.  (Ornith.)  Ce  nom  désigne,  1.°  un  oiseau  de  Mada- 
gascar, qui  est  le  Icxia  madagascariensis ,  Linn.  ;  n."  Je  gros-bee 
orix,  loxia  orix  ,  Linn.  On  nomme  aussi  foudi-jata  un  rossignol 
de  Madagascar,  sjl^iamadagascariensis  ,  Lath.  (Ch.D.) 

FOUDONNE.  (liot.)  La  plante  qui  nous  a  été  envoyée  du 
Sénégal  sous  ce  nom,  et  dont  les  Maures  se  servent  pour  rougir 
leurs  ongles,  est  le  henné  ou  alkanna ,  lawsoaia  inerniis.  (J.) 

FOUDRE  (  Conchfl.) ,  nom  marchand  du  volitta  versperlilio  , 
Linn.,  ainsi  nommé  à  cause  des  lignes  rouges  flexueuscs  dont 
il  est  orné. 

Foudre  alongée,  ] 

,     Foudre  a  tubercules  en  bec  de  pehroouet,  f       ''^''''  ^^    *;  ^ 

Foudre  fascée  ,  '""^'^'^    ^^P^^'^ 

Foudre  rouge,  )  de  volute. 

Voyez  Fulgur.  (De  B.) 

FOUÉNE.  [Bot.)  Voyez  Faine.  (J.) 

FOUET  DE  L'AILE.  {Urnitli.)  On  nomme  ainsi  la  troisième 
partie,  ou  la  plus  extérieure  ,  de  l'aile  des  oiseaux.  (Cir.  D.) 

FOUET  EPINEUX.  (Bot.)  Espèce  d'hydnum  trouvée  par 
Paulet  dans  la  forêt  de  S.Miard.  Elle  forme  de  petits  bouquets 
composés  de  plusieurs  individus  à  tige  blanche,  mince,  a!ou- 
gée:  le  reste  du  champignon  est  de  couleur  de  noisette  pâle 
avec  des  papilles  blanches.  Le  fouet  épineux  fait  partie  de  la 
famille  des  chevrettes  ou  chevrots  nés,  de  Paulet.  Il  n'est  point 


fc7S  FOU 

malfaisant  5  et  rien  n'annonce  en  lui  de  mauvaise  qualité. 
(Lem.) 

FOUETTE-QUEUE.  (Erpétol.)  M.  Cuvier  a  donné  ce  nom 
aux  stellions  bâtards,  de  Daudin.  Voyez  Stellion.  (H.C.) 

FOUETTEUX.  {Omith)  L'oiseau  auquel  on  donne  ce  nom 
vulgaire  et  celui  àe  fouette  merle,  est  l'émerillon  ,falco  Œsalon^ 
Linn. ,  parce  qu'il  chasse  ou  fouette  les  merles.  (Ch.D.) 

FOUGERE  MUSQUEE  (Bot.),  nom  vulgaire  du  cerfeuil 
musqué.  (L.  D.) 

FOUGERES.  (Foss.)  On  trouve  dans  les  mines  de  houille 
des  empreintes  d'une  très-grande  quantité  d'espèces  de  ce  genre. 
Voyez  au  mot  Végétaux  fossiles.  (D.  F.  ) 

FOUGÈRES.  (Bot.)  Cette  famille  de  plantes,  très- natu- 
relle ,  avoit  été  examinée  assez  superficiellement  par  les  au- 
teurs anciens,  et  même  par  plusieurs  modernes.  Cependant 
tous  les  ont  laissées  réunies  dans  leurs  diverses  méthodes  de 
distribution  des  végétaux.  Tournefort  en  forme  la  première 
section  de  sa  seizième  classe,  composée  de  dix  genres,  ety  ren- 
ferme la  série  nombreuse  des  fougères  des  Antilles,  publiées 
par  Plumier  dans  un  ouvrage  spécial.  La  première  section  de 
la  cryptogamie  de  Linnaeus  est  aussi  consacrée  aux  fougères, 
dont  il  décrit  environ  deux  cents  espèces  reportées  dans  douze 
genres  différens  de  ceux  de  Tournefort  ;ineur  en  adjoint  quatre 
au  tresformant  maintenant  d'autres  familles.  Nous  avions  adopté 
en  1789  la  distribution  de  Linnaeus ,  et  fait  à  peu  près  les 
mêmes  additions  dans  des  sections  distinctes,  devenues  plus 
récemment  des  familles  détachées,  mais  toujours  voisines. 
M.  Smith,  en  Angleterre,  a  reconnu  le  premier,  en  17..., 
que  les  caractères  génériques  adoptés  jusqu'alors  étoient  in- 
suffisans,  et  qu'on  devoit  y  ajouter  la  considération  de  l'an- 
neau élastique  unissant  les  valves  des  capsules  dans  beaucoup 
d'espèces,  ainsi  que  de  la  structure  et  de  la  déhiscence  delà 
membrane  qui,  dans  un  grand  nombre,  recouvre  les  organes 
reproducteurs  ;  et  il  a  publié  plusieurs  genres  fondés  sur  ces  par- 
ties. Swartz,  auteur  suédois  dont  la  mort  récente  nous  laisse 
des  regrets,  a  travaillé  sur  le  même  plan,  et  publié  en  1806 
une  monographie  des  vraies  fougères,  distribuée  en  trente- 
huit  genres,  contenant  environ  sept  cents  espèces  caractéri- 
sées, sans  compter  un  grand  nombre  d'autres  seul'^ment  rap- 


FOU  579 

pelées  à  la  suite.  "Willdenow,  que  la  science  a  aussi  perdu 
trop  tôt,  et  qui  avoit  entrepris  une  grande  édition  des  Spe- 
cies  de  Linnaeus,  a  donné  en  1810  le  premier  volume  de  la 
cryptogamie,  contenant  les  seules  fougères,  avec  Vequisetum 
qui  ne  doit  plus  leur  rester  associé.  Il  a  adopté  les  genres  de 
S wartz,  auxquels  il  en  ajoute  quatre  nouveaux,  en  élevant  le 
nombre  des  espèces  à  plus  de  mille.  Ce  nombre  a  été  augmenté 
plus  récemment  par  MM.  Schkuhr,  R.  Brown  ,  Humboldt  et 
Kunth  ,  Mirbel,  Bory  Saint-Vincent,  Desvaux,  etc.,  qui  ont 
ajouté  à  cette  série  dix  nouveaux  genres.  C'est  avec  ces  addi- 
tions de  caractères  et  de  genres  que  nous  devons  aujour- 
d'hui présenter  la  famille  des  fougères,  dégagée  des  genres 
accessoires,  en  exposant  d'abord  son  caractère  général. 

Comme  sa  fructification  est  peu  connue  ,  on  l'avoit  primi- 
tivement placée  parmi  les  acotylédones;  mais  de  nouvelles 
observations  sur  les  corps  regardés  comme  graines,  et  sur  leur 
développement  dans  la  germination,  les  feront  peut-être  trans- 
porter parmi  les  monocotylédones. 

Les  organes  de  la  fructification  ,  nommés  sporanges  par 
Hedwig,  capsules  par  le  plus  grand  nombre,  sont  des  folli- 
cules très -petits,  ordinairement  uniloculaires  (rarement 
multiloculaires  ) ,  s'ouvrant  très-souvent  dans  une  direction 
transversale  en  deux  valves  unies  le  plus  souvent  par  un 
anneau  élastique  (  annulas  de  M.  de  Beauvois  ,  gjrus  de 
Swartz.,  sjmplokium  de  Hedwig),  lequel  manque  dans  plu- 
sieurs genres.  Ces  capsules  remplies  chacune  de  graines  me- 
nues ,  nommées  spores  ,  sont  ordinairement  adhérentes  à  la 
surface  inférieure  de  quelques  parties  du  feuillage  ,  quel- 
quefois distinctes ,  plus  souvent  rassemblées  en  paquets  ou 
sores ,  sori ,  de  forme  arrondie,  ou  plus  ou  moins  alongée  , 
ou  quelquefois  semblables  à  de  simples  lignes.  Ces  sores  sont 
nus  dans  quelques  genres;  dans  un  plus  grand  nombre  ils  sont 
cachés  sous  une  membrane  (  indusium  de  la  plupart ,  involu- 
crum  de  Swartz ,  tegumentum  de  Cavanilles ,  perisporangium. 
de  Hedwig),  laquelle,  pour  mettre  les  capsules  à  découvert, 
s'ouvre  de  différentes  manières  qui  aident  à  désigner  des 
genres.  Elle  se  fend  tantôt  au  côté  extérieur,  dirigé  vers  les 
bords  du  feuillage,  ou  au  côté  intérieur  opposé;  tantôt  dans 
tout  son  contour,  restant  adhérente  par  le  milieu  j  quelque- 


ig«  FOU 

fois  elle  se  diWse  dans  sa  longiieur  en  deux  valveS;  (Quelque- 
fois, ouverte  au  sommet,  elle  prend  la  forme  d'un  petit  vase 
contenant  les  capsules.  La  structure  intérieure  des  spores  ou 
graines  n'est  pas  déterminée.  On  a  seulement  observé  que  , 
mises  en  terre,  elles  s'étendent  en  divers  sens,  se  prolorgent 
en  quelques  appendices,  et  deviennent  de  nouveaux  indivi- 
dus semblables  à  ceux  dont  elles  ont  été  tirées.  On  ne  con- 
noît  point  les  organes  mâles,  ce  qui  peut  laisser  quelques 
doutes  sur  leur  existence  j  et  par  suite  sur  la  nature  des  or- 
ganes reproducteurs  de  cette  famille. 

Les  fougères  sont  herbacées,  ou  quelquefois  ligneuses  ,  et 
même  arborescentes  dans  les  pays  chauds.  Les  tiges  simples 
ou  rameuses  se  rapprochent  de  celles  des  monocotylédones 
par  leur  structure  intérieure.  Le  feuillage  est  simple,  ou  di- 
versement partagé  en  lobes  et  en  folioles  palmées,  ou  plus 
souvent  pennées.  Ce  feuillage,  avant  son  développement,  est 
roulé  en  spirale  intérieure  de  la  pointe  à  la  base  :  les  cap- 
sules, isolées  ou  réunies  ensorcs,  sont  placées  ordinairement 
surla  surface  inférieure  des  feuilles  ;  plus  rarement  elles  sont 
portées  sur  une  tige  distincte»  Pour  la  distribution  des  genres 
iious  avons  adopté  le,s  divisions  tracées  par  Swartz  ,  et  fondées 
sur  la  présence  ou  l'absence  ,  soit  de  Tanneau  élastique  des 
capsules,  soit  des  membranes  qui  les  recouvrent. 

Les  genres  qui  ont  cet  anneau  très-marqué,  peuvent  être 
répartis  dans  deux  sous-divisions.  La  première,  caractérisée 
par  les  sores  nus  ,  renferme  les  genres  Poljbotria  de  M.  Kuuth  , 
Acrosliclium  ,  Meniscium  Hemionitis  ,  Cjiirnogramrna  de  M. .Des- 
vaux, Grammilis.,  CcLerach  ,  Nolholann  .de  M.  R.  Broun  ^  Cy-r 
cloph or u s  c]c  M.  Desvaux,  Pj-rrhosia  de  M.  Mirbcl ,  Tccnitis  , 
Polypodium, 

Dans  rautre  sous-division,  plus  nombreuse  .  dont  les  sorcs 
sont  cachés  sous  une  membrane  ,  indusium,  doivent  être  rap- 
portés les  genres ,  PLeopeltis  de  M.  Kunth ,  Aspidium  .  Aspleniijm, 
Ccenopteris^Scolopendr'U'.m,  Diplaziurn,,  Lonahitis^Pteris,  VitLaria, 
Monogramma  de  M.  Desvaux  ,  Onoclea  ,  homaria  ,  Blechnam  , 
JVoodwardia  ,  Doodia  de  M.  Brov/n  ,  Lindsca,  Adiantiim,  Cliei- 
lanlhcs,  DavalUa  ^  D'ulymoclilana.  de  M.  Desvaux,  DicboTim, 
Cyathea^l'P'oodsiaàa  M.Brown,  Trlcliomancs ^  l-lymenophjUum^ 

A  une  scc&ndc  Section,  dans  hiqu elle  les  capsules,  privécÉ 


Ï^OÛ  281 

<rahneaiix  élastiques  remplacés  par  de  simples  stries,  s'ou- 
vrent seulement  par  une  fente  denii-circulaire,  on  rattache 
les  genres  ,  Schizea  ,  Lygoditim  ,  Mohria^  Anémia,  Osmunda  , 
Todea  ,  Mertensia  et  Gleichenia  peut-être  congénères,  An- 
giopterisi 

La  troisième  Section  ,  qui  contient  les  genres  Marattia,  Da- 
ncea,  Botrjchiiim  ,  Ophioglossiiïii  ,  est  absolument  dépourvue 
d'anneau  élastique,  oli  de  ce  qui  peut  en  tenir  lieu* 

A  cette  famille,  maintenant  circonscrite,  nousavions  ajouté 
en  1789,  dans  trois  sections  distinctes,  des  genres  déjà  rap- 
prochés en  partie  par  Linnaeus,  différens  cependant  des  fou- 
gères par  plusieurs  caractère?  iniportans.  mais  ayant  avec 
elles  plus  d'affinité  qu'avec  d'autres  séries  :  tel  est  Veqiiisetum , 
qui  forme  seul  maintenant  la  famille  des  équisétacées,  men- 
tionnée précédemment  ;  tels  sont  l'isoefes  ,  le  salvinia  ,  le  mar^ 
silea  ou  lemma,  et  le  piiularia  dont  on  a  fait  la  familie  des 
rhizospermesousalviniées,  qui  sera  décrite  sous  uii  de  ces  noms. 

Une  de  ces  sections,  caractérisée  par  des  fleurs  diclines, 
des  anthères  portées  sur  des  écailles  réunies  en  cône,  et  des 
ovaires  visibles  ,  contenoit  l'es  genres  Crra5  et  Zamm.  rappro- 
chés des  fougères,  parce  que  leurs  jeunes  feuilles  sont  de 
même  roulées  en  spirale,  et  que  leurs  anthères  sont  confor- 
mées comme  les  capsules  des  fougères,  prises auparavantponr 
des  anthères.  Postérieurement  MM.  Persoon  et  R.  Brown  ont 
fait  avec  raison  de  cette  section  Ja  famille  des  c^'cadées,  dont 
on  a  oublié  de  faire  mention  dans  ce  Dictionnaire,  lorsqu'il  a 
été  question  du  cjcas,  qui  avoit  été  indiqué  comme  apparte- 
nant à  la  famille  des  palmiers,  parce  qu'il  en  a  le  port.  Nous 
réparons  aujourd'hui  cette  omission  ,  en  présentant  ici  le  cr.- 
l'actère  général  des  cycadées,  formé  de  la  réunion  de  ceu>: 
qui  sont  communs  aux  deux  genres;  avec  l'addition  de  ceu*: 
qui  ont  été  observés  sur  l'embryon  par  MM.  R.  Brov/n  et 
Mirbcl. 

I,cs  CrcADÉEs  ont  des  fîci.'rs  mâles  et  des  femelles,  portées 
sur  des  pieds  différens,  disposées  les  unes  et  les  autres  en 
cônes  ou  chatons  composés  d'écaiîles  qiii  silpportent  et  re- 
couvrent les  organes  sexuels.  Les  écailles  des  cônes  mâles  sont 
couvertes  d'anthères  plus  ou  moins  nombreuses,  unilocu- 
laires,  s'ouvraut  en   deux  vahcs  d'un  côté.  Les  écailles  d*''! 


25.  FOU 

cônes  femelles  ,  diversement  conforinées  ,  supportent  des 
ovaires  diitincls,  munis  chacun  d'un  style  et  d'un  stigmate 
très-courls.  Ils  deviennent  des  brous  minces  et  secs,  recou- 
vrant une  noix  monosperme  assez  grosse.  La  graine  contient 
un  périspcrme  charnu  et  volumineux,  au  centie  duquel  est 
l'embryon.  Celui-ci  est  renversé  à  radicule  montante,  divisé 
inférieurement  en  deux  lobes  un  peu  inégaux ,  qui  restent 
unis  supérieurement  près  de  la  radicule  dans  le  tiers  de  leur 
longueur;  on  aperçoit  la  plumule  descendante  entre  ces  deux 
lobes  entrouverts.  La  tige  est  ligneuse,  cylindrique  ,  confor- 
mée intérieurement  comme  cel!e  des  monocotylédones ,  et 
particulièrement  des  palmiers.  Elle  est  simple,  terminée  su- 
périeurement par  une  touffe  de  feuilles  pennées,  au  milieu 
desquelles  s'élèvent  les  cônes  de  fleurs.  Ces  feuilles ,  avant 
leur  développement,  sont  roulées  en  spirale  de  la  pointe  à  la 
base,  comme  dans  les  fougères. 

Cette  famille,  qui  ne  renferme  que  le  zamia  et  le  cjcas  , 
a  le  port  des  palmiers,  dont  elle  se  rapproche  aussi  par  la 
structure  intérieure  de  ses  tiges  ,  et  par  ses  graines  périsper- 
mées;  mais  elle  en  diffère  par  ses  fleurs  et  par  son  embryon, 
que  plusieurs  auteurs  regardent  comme  dicotylédone  ;  et 
M.  Richard,  se  fondant  sur  cette  organisation,  sur  la  dispo- 
sition et  conformation  des  fleurs,  ainsi  que  sur  d'autres  ca- 
ractères, place  les  cyeadées  près  des  conifères.  Cependant,  si 
l'on  rappelle  la  structure  des  tiges,  et  si  l'on  observe  avec 
M.  R.  Brown  que  les  deux  lobes  de  l'embryon  ne  sont  pas 
séparés  jusqu'à  la  base,  on  sera  peut-être  disposé  à  n'admettre 
ici  qu'un  cotylédon  singulièrement  conformé,  ou  un  viiellus 
semblable  à  celui  du  nelumbo  sur  la  nature  duquel  les  bota- 
nistes ont  été  partagés,  mais  qui  paroît  définitivement  appar- 
tenir aux  monocotylédones.  (  J.  ) 

FOUGÈRE ,  Filix.  [Bot.)  En  France  on  désigne  par  ce  nom 
le  fteris  aquilina,  la  plus  grande  des  espèces  de  fougères 
d'Europe.  On  lui  donne  aussi  les  noms  de  fougère  impériale 
et  de  fougère  femelle.  Elle  partage  ce  dernier  avec  une  autre 
espèce,  le  polypodiumjilix  fœmina ,  Linn.  (Voyez  Atyrium.)  La 
fougère  mâle  est  une  espèce  différente  de  cette  dernière  ;  c'est 
le  polypodiumfilix  famina  ,  Linn.  (Voy.  Polystichum.) 

L'on  nomme  :  Fougère  aquatique.  Fougère  fleurie.  Fougère. 


FOU  285 

TE  MARAIS,  Fougère  royale,  Vosmunda  regalis,  Linn. ,  la  plus 
belle  des  fougères  d'Europe  ; 

Fougères  grimpantes  et  Fougères  rameuses,  diverses  espèces 
volubles  de  fougères,  placées  par  Linnaeus  dans  son  genre 
Osmunda,  et  rapportées  actuellement  au  genre Hydroglossum. 
L'espèce  la  plusremarquablc  est  l'Jydrogios5«m,<icanden.s,Wilid.; 

Fougères  en  arbre  :  les  fougères  dont  le  stipe  s'élève  à  la 
manière  de  celui  des  palmiers  ,  et  forme  un  petit  arbre  ; 
Plumier  et  Rumphius  en  donnent  de  belles  figures;  l'espèce 
la  plus  remarquable  est  le poljpodium  arboreum,  Linn.  ; 

Fougère  cornue  ,  Vacrostichum  septentrionale  ,  Linn.,  petite 
fougère  d'Europe,  dont  la  fructification  forme  de  petites 
languettes  pointues.  Voyez  Filix  et  Filicula.  (Lem.) 

FOUGERIE,  Fougeria.  (Bot.)  [  Corymbifères  ,  Juss. —  Syngé-:- 
nésie  polygamie  nécessaire ,  Linn.  ]  Ce  genre  déplantes,  établi 
par  Mœnch  dans  la  famille  des  synanthérées ,  appartient  à 
notre  tribu  naturelle  des  hélianthées,  et  à  la  section  des  hé- 
lianthées-rudbeckiées  ,  dans  laquelle  nousle  plaçons  auprès  du 
laltimora ,  dont  il  diffère  très-peu.  Voici  ses  caractères,  que 
nous  décrivons  d'après  Mœnch  ,  car  nous  n'avons  point  vu  la 
plante  qui  constitue  ce  genre. 

La  calathide  est  très-courtement  radiée  :  composée  d'un 
disque  quinquéflore ,  régulariflore  ,  mascuiiflore,  et  d'une 
couronne  unisériée,  quinquéflore,  liguliflore,  féminiflore.  Le 
péricJine  est  formé  de  sept  squames  bisériées,  égales,  ovales, 
lancéolées,  foliacées,  les  extérieures  au  nombre  de  deux,  les 
intérieures  au  nombre  de  cinq;  le  clinanthe  est  plane  et  garni 
de  squamelles  égales  aux  fleurs  ,  linéaires  ,  dentées,  colorées. 
Les  ovaires  sont  subtriquètres  ,  obcordiforines ,  nus  ;  leur 
aigrette  est  coroniforme  ,  et  figure  un  rebord.  Les  corolles  de 
la  couronne  ont  la  languette  ovale  ,.  large  ,  bi-tridentée. 

FovGERiBiÉT:R\GOSE,Fougeriatetragona,  Mœnch, Suppl.  C'est 
une  plante  herbacée,  annuelle,  dont  la  tige  est  dressée,  ra- 
meuse ,  sillonnée,  scabre,  tétragone,  à  angles  obtus  ;  les  feuilles 
sont  opposées,  pétiolées,  ovales,  larges,  aiguës,  dentées  eu 
scie,  poilues,  scabres,  trinervées  en  dessous;  les  calathides 
sont  portées  sur  des  pédoncules  simples,  nus  ,  cylindriques, 
scabres  ,  rassemblés  au  nombre  de  trois  dans  Faisselle  des 
feuilles ,  et  dont  Fintermédiaire  est  beaucoup  plus  long  que 


s  84  rou 

les  deiix  autres;  le  péricHne  est  garni  de  poils;  les  cdrolleâ 
sont  jaunes. 

Mœnch  n'indique  point  la  patrie  de  celte  plante,  qu'il  a 
dédiée  à  la  mémoire  de  Fougeroux,  botaniste  François,  au- 
teur du  genre  Gaillarda  ,  ou  Galardia.  (H.  Cass.  ) 

FOUGEROLE,F(/icM/a.  (Bot.)  On  donne  ce  nom  aux  petites 
espèces  de  fougères,  et  particulièrement  au po(}-podi(/m/rao^(7c, 
Linn.  Voyez  Aspidium.  (Lem.) 

FOUILLE-MERDE.  {Entom.)  C'est  le  nom  vulgaire  des 
bousiers,   des  scarabées,  des  hannetons.  (C.  D.) 

FOUILLET  (Ornilh.),  nom  vulgaire  du  pouillot  ou  chantre, 
motacilla  trochilus  ,  Linn.  (  Ch.  D.  ) 

FOUIiSE  (Mamm,)  ,  nom  François  d'une  espèce  de  martes^ 
mustella  foina ,  Linn.  Voyez  Marte.   (F.  C.) 

FOUISSEURS,  ou  Oryctères.  [Entom.)  Nous  avons  désigné 
sous  ces  deux  noms,  mais  particulièrement  sous  le  dernier, 
une  famille  d'insectes  hyménoptères,  comprenant  les  sphèges 
fentre  autres,  et  réunissant  des  espèces  qui,  outre  l'habitude 
qu'elles  ont  de  creuser  le  sable  pour  y  déposer  leurs  œufs  ,  ou 
pour  y  enterrer  deslarves,  se  trouvent  i"approchées  entre  elles, 
et  séparées  de  tous  les  autres  genres  par  d'autres  caractères. 
Voye?.  Oryctères.   (CD.) 

FOUL,  Fut  {Bot.),  nom  arabe  et  égyptien  de  la  fève  de 
inarais,  cité  par  Forskal  et  M.  Delile.  (J.) 

FOULCRE.  (Ormf/î.)' Voyez  Foucque.  (Ch.  D.) 
FOULE -CRAPAUD.  (  Ômith.  )  Traduction    faite  par  Sa- 
lerne  du  mot  calcahotto,  qui  désigne  en  Italie  Fengoulevent, 
caprimnUius  europrcus  ,  Linn.  (Cn.  D.  ) 

FOULEHAIO  (  Ornilh.  ) ,  nom  que  porte,  à  Tongotabo  ,  une 
desîlcsdesAmis,  le  grimpereau  caroncule,  certhia  carunculata, 
Lath.-,  ou  creadion  musicus  ,  Vieil.  (  Ch.  D.) 

FOULI-LACRA.  {Bot.)  Ce  nom  portugais,  qui  signifie  fleur 
de  scorpion,  a  été  donné  dans  le  Japon,  suivant  Ka^mpfer, 
à  un  angrec,  epidendrum  Jlos  aeris  de  Linnasus,  à  cause  de  sa 
forme  ,  qui  a,  dit-il,  quelque  rapport  avec  un  scorpion.  Plus 
récemment  Swartz,  dans  sa  réforme  des  orchidées,  en  a  fait 
un  nouveau  genre  sous  le  nom  d'aerides  ,  en  lui  réunissant 
plusieurs  autres  espèces.  C'est  la  même  plante  qui  est  nommée 
katonf^.ging  a  Java.  (J.) 


FOU  28S 

FOULIMÈNE.  {Ornifli.)  Flacourt,qui  parle  de  cet  oiseau, 
pag.  i65  de  son  Histoire  de  l'ile  de  Madagascar,  où  il  le  nomme 
aussi  oiseau  de  feu  ,  se  bonie  à  dire  que  son  plumage  est  d'un 
rouge  éoarlatc;  qu'il  a  vainement  tenté  d'en  élever  en  hiver, 
et  que  les  individus  de  la  même  espèce  se  batlent  continuelle- 
Kient  les  uns  les  autres.  (Cn.  D.  ) 

FOULING  {Bol.)  C'est  une  racine  très- employée  dans  la 
Chine  comme  sudorifique,  et  propre  à  purifier  le  sang.  Il  est 
dit  dans  le  Recueil  des  Voyages  ,  que  la  plante  qui  la  fournit 
croît  particulièrement  dans  la  province  de  Su-Chuen.  (J.) 

FOULON.  {Entom.)  On  nomme  ainsi  une  très-grosse  espèce 
de  hanneton  ou  de  inélolontlie ,  qui  se  trouve  dans  les  sables 
des  dunes.  (C.  D.) 

FOULON.  (Ornith.)  Camus  traduit,  par  ce  mot,  le  nom 
d'un  oiseau  dont  Aristote  parle  au  chan.  6  du  g.'  livre  deson 
Histoire  des  Animaux  ,  et  qu'il  dit  avoir  une  bonne  voix,  une 
belle  couleur,  et  être  industrieux.  (Ch.D.) 

FOULQUE.  (Ornith.)  Les  pouîes  d'eau  ou  galiinulcs,  les 
poules  sultanes  ou  talèves,  et  les  foulques  ou  tnoreUes,  ont 
toutes  les  pieds  très-longs,  et  une  plaque  lisse  et  colorée  qui 
s'étend,  plus  ou  moins,  en  forme  de  bouclier,  sur  le  front. 
Linnaeus  les  a  réunies  daiis  son  genre  Fulica;  mais,  tandis  que 
la  membrane  ,  dont  les  doigts  sont  bordés,  est  à  peine  sensible 
chez  les  talèves,  porphjrio ,  plus  apparente  et  unie  chez  les 
poules  d'eau,  gallinula,  elle  est  festonnée  chez  les  foulques  , 
qui,  comme  les  phalaropes,  sont  pinnatipèdes.  Les  foulques 
oiit,  d'ailleurs,  des  caractèrels  particuliers,  qui  con'-istent  dans 
un  bec  épais  à  la  base,  plus  court  que  la  tête,  comprimé  laté- 
ralement, dont  la  mandibule  supérieure  offre  un  sillon  large 
et.  concave,  et  s'incline  à  son  extrémité  sur  Finférieure.  qui 
est  un  peu  renflée  vers  la  pointe.  Lvs  narines,  pLicées  d;ins  le 
sillon  et  vers  le  milieu  du  bec,  qu'elles  traversent  de  part  en 
part,  sont  longitudinales,  oblongues,  et  couvertes  dune  mem- 
brane-, la  langue  est  comprimée  et  entière;  les  pieds,  assez 
longs,  sont  nus  au-dessus  du  genou  ;  les  trois  doigts  nnlérieurs 
sont  garnis  d'une  membrane  part."g?e  en  deux  lobes  sur  le 
doigt  interne,  en  trois  sur  celui  du  milieu,  et  eu  quatre 
moins  profondément  découpés  sur  l'externe;  le  pouce,  qui 
pose  sur  l;t  terre,  n'a  de  membrane  qu'à  In  partie  infériture  ; 


28G  FOU 

les  ongles  sont  courts  et  aigus;  les  ailes  sont  concaves  et  arron- 
dies, et  lesdeuxième  et  troisième  rémiges  sontlespluslongues; 
la  queue  est  composée  de  douze  ou  de  quatorze  pennes,  qui, 
depuis  les  deux  du  milieu,  diminuent  de  longueur. 

Quoique  ces  oiseaux  n'aient  pas  les  pieds  entièrement  pal- 
més, ils  nagent  et  plongent  avec  une  facilité  extrême;  ils  pré- 
fèrent les  eaux  douces  et  stagnantes  aux  rivières,  et  ils  ne 
quittent  celles-là  que  pour  passer  d'un  étang  à  l'autre  :  ils  se 
plaisent  même  si  peu  à  terre,  qu'ils  font  souvent  la  traversée 
au  vol ,  dont  l'action  se  soutient  par  la  force  des  muscles  ,  qui 
supplée  au  désavantage  de  leurs  très-courtes  ailes.  Comme  ils 
ont  la  vue  foible,  ce  n'est  que  le  soir  qu'ils  entreprennent  ces 
petits  voyages.  Pendant  le  jour  on  ne  parvient  qu'avec  peine 
à  leur  faire  abandonner  les  roseaux  dans  lesquels  ils  s'en- 
ioncent,  et  où  ils  construisent  leur  nid.  Des  insectes  aqua- 
tiques, de  petits  poissons,  des  sangsues,  sont  la  base  de  leur 
nourriture;  mais  ils  recueillent  aussi  les  graines  et  les  sommités 
des  joncs. 

Les  foulques  se  trouvent  dans  toute  l'Europe,  depuis  l'Italie 
jusqu'au  Groenland;  en  Asie,  en  Amérique;  et,  malgré  les 
légères  différences  que  présentent  les  individus  observés,  sur- 
tout dans  nos  climats,  elles  ne  forment  pas  des  espèces  bien 
distinctes. 

La  Foulque  ou  Morelle,  Fulica  atra,  Linn.,  pi.  enlum.  de 
Buffon,  n.°  197,  est,  à  peu  près,  de  la  grosseur  d'une  poule. 
Sa  longueur  ,  depuis  le  bout  du  bec  jusqu'à  celui  de  la  queue, 
est  d'environ  quatorze  pouces  et  de  dix-huit  jusqu'à  celui  des 
ongles.  La  plaque  du  front,  ordinairement  blanche,  est  rouge 
dans  la  saison  des  amours;  le  bec  est  d'un  blanc  rayé,  l'iris 
d'un  rouge  cramoisi;  le  bas  de  la  jambe,  dégarni  de  plumes, 
est  entouré  d'un  cercle  qui  est  rendu  sensible  dans  la  figure 
qu'en  a  donnée  J.  Graves,  tom.  I.^'  de  son  Ornithologie  bri- 
tannique; les  tarses,  les  doigts  et  leurs  membranes,  sont  d'un 
cendré  verdàtre.  La  tête  et  le  cou  sont  noirs;  les  parties  supé- 
rieures d'un  noir  d'ai'doise ,  à  l'exception  des  pennes  moyennes 
de  l'aile  ,  dont  la  bordure  estbl?nche,  et  les  inférieures  d'un 
cendré  bleuâtre.  Les  vieux  mâles  ont  le  plumage  d'un  noir 
plus  profond,  la  plaque  frontale  plus  large,  ainsi  que  ks 
liiembranes  digitales,  et  le  bec  plus  long  ;  on  les  a  long-temps 


POU  .87 

regardés  comme  une  espèce  particulière,  qui  a  été  Hési-^née 
en  François  par  le  nom  de  macroule,  et  en  latin  parrépiihèttî 
d'aterrima ,  Llnn.  et  Lath. 

Sparrman  a  figuré,  pi.  i3,  du  Muséum  carlsonianum,  une 
jeune  foulque  avant  la  mue,  époque  à  laquelle  la  plaque  fron- 
tale, peu  apparente,  est,  ainsi  que  le  bec  et  les  pieds,  d'un 
cendré  bleuâtre,  et  où  les  parties  inférieures  sont  d'un  gris 
nuancé  de  blanc.  Le  naturalistesuédois  ayant  présenté  ce  jeune 
âge  comme  une  espèce  distincte  ,sous  le  iiomdeyu/;ca  «.'hiopî, 
Gmelin  l'a  adoptée  sans  un  assez  mûr  examen.  Il  eu  est  de  même 
d'une  variété  accidentelle  que  Sparrman  a  aussi  fait  figurer, 
^)1.  12  du  même  ouvrage,  sous  le  nom  de  fulica  Ir.ucoryx  y 
quoique  ce  ne  soit  qu'une  variété  accidentelle,  aux  ailes  en- 
tièrement blanches,  et  dont  on  n'a  trouvé  qu'un  seul  individu. 
Latham  cite  encore,  mais  comme  simples  variétés  ,  deux  indi- 
vidus,yù/ica  alba  etfulicafusca,  dont  le  premier  avoitlecor;>s 
blanc,  et  des  taches  éparses  sur  la  tête  et  les  ailes,  et  dont  le 
second  avoit  des  taches  brunes,  de  forme  ovale  ,  sur  la  gorge; 
des  taches  blanches  sur  la  tête,  les  plumes  anales  de  la  mê^ne 
couleur,  et  le  reste  du  corps  brun. 

On  trouve  plus  de  foulques  dans  les  marais,  sur  les  lacs  et 
les  golfes  de  France,  de  Hollande  et  d'Angleterre,  que  dans 
ceux  d'Allemagne  et  de  Suisse.  Cctti ,  dans  ses  UccelU  di  Sar- 
degna  ,  pag.  28?  ,  dit  que  ces  oiseaMX  sont  si  nombreux  sur  les 
étangs  de  cette  île,  qu'on  ne  sème  pas  de  blé  dans  leur  voisi- 
nage ,  où,  sortant  de  l'eau  pendant  la  nuit,  ils  couperolent 
tout  ce  qui  seroit  à  leur  portée;  mais  qu'on  remplace  ce  végé- 
tal par  du  lin  auquel  ils  ne  touchent  pas.  Elles  n'abandonnent 
guère  les  contrées  qui  les  ont  vues  naître ,  mais  elles  fréquentent 
en  été  les  étangs  moins  vastes,  et  les  quittent  à  l'automne  pour 
ae  réunir  en  grandes  troupes  sur  ceux  qui  ont  plus  d'étendue, 
et  sont  moins  sujets  à  geler.  Quand  les  frimas  et  le  manque 
d'eau  les  en  chassent,  elles  se  répandent  même  dans  les  plaines 
où  la  température  est  plus  douce.  Elles  s'apparient  au  mois 
de  février,  et  choisissent ,  pour  y  former  leur  nid,  des  en- 
droits couverts  de  roseaux  secs  ,  sur  lesquels  elles  en  entassent 
d'autres;  lorsque  la  touffe  est  élevée  au-dessus  de  l'eau,  elles 
en  garnissent  l'intérieur  de  petites  herbes  sèches  ,  et  il  résulte 
du  tout  une  assez  forte  masse  qu'on  aperçoit  de  loin.  Les  fe- 


288  FOU 

melles  pondent,  suivant  les  uns,  dix-huitàvingtœufs,  etselort 
d'autres  seulement  six  ou  sept;  ce  qui  pourrojt,  jusqu'à  uu 
certain  point,  se  concilier  en  supposant  que  ceux-ci  n'ont  vu 
que  deseeondes  couvées,  moins  considérables  que  les  premières. 
Cependant  M.  Temminck  assure  que  le  nombre  u'excàde  jamais 
douze  à  quatorze.  Les  œufs,  qui  sont  représentés  dans  [esOva 
q.vium  de  Klein,  pi.  12,  n.°  5  ,  ont  la  forme  d'une  poire,  et 
sont  presque  aussi  gros  que  ceux  de  la  poule  domestique; 
leur  couleur  est  un  blanc  sale  et  teint  de  brun,  avec  des 
taches  de  rouille  :  on  les  vend  dans  les  marchés  en  Hollande, 
où  ils  sont  aussi  estimés  que  ceux  de  canards.  L'incubation 
dure  vingt-deux  à  vingt-trois  jours;  et  dès  que  les  petits  sont 
éclos ,  ils  sautent  hors  du  nid  pour  n'y  plus  rentrer.  La  mère 
les  conduit  à  l'eau  ,  où  ils  nagent  et  plongent  très-bien  ;  la  nuit 
ils  couchent  autour  d'elle  sous  les  joncs.  Ces  petiîs  sont  cou- 
verts d'un  duvet  noir  enfumé,  et  paroissent  très-laids  ;  on  ne 
voit  alors  sur  ieur  front  que  l'indice  de  la  plaque  blanche 
qui  doit  lorner.  Les  busards,  qui  mangent  souvent  les  œufs 
dps  foulques,  et  enlèvent  quelquefois  la  mère,  font  aussi  une 
chasse  cruelle  aux  petits,  et  détruisent  des  couvées  entières.  Il 
y  a  alors  une  seconde  ponte ,  et  les  vieilles  foulques,  que 
plusieurs  pertes  de  la  même  nature  ont  instruites  ,  choisissent, 
pour  y  établir  leur  nid  ,  des  endroits  où  il  est  mieux  caché 
par  les  glaïeuls;  elles  tâchent  de  retenir  leurs  petits  dans  les 
grandes  herbes,  et  c'est  ainsi  qu'elles  parviennent  à  préserver 
l'espèce  d'une  dépopulation  générale. 

La  foulque  a,  dans  l'état  de  liberté,  deux  cris  différens  , 
dont  l'un  est  traînant,  et  l'autre  coupé.  BuHbn  pense  que  c'est 
le  premier  qu'a  voulu  désigner  Aratus  ,  en  parlant  du  présage 
qu'on  en  tiroit ,  et  que  Pline  a  entendu  parler  du  second  lors- 
qu'au livre  8  ,  chap.  35  de  son  Histoire  naturelle,  il  a  dit  quïl 
annonçoit  la  tempête  j  mais  ,  en  captivité,  cet  oiseau  est  ab- 
solument muet, 

La  chair  des  foulques  est  noire  ,  et  a  un  goût  de  marais  fort 
dés.igriable.  Cependant  on  leur  l'ait  la  chasse  en  hiver,  lors- 
qu'elles se  sont  rassemblées  sur  les  grands  étangs  ;  et  pourcc^ 
effet  des  personnes  réunies  dans  plusieurs  nacelles,  les  poussent 
du  centre  vers  les  joncs  qui  bordent  une  des  rivcs;  etlesforceujt 
à  se  lever  et  à  passer  sur  leurttte  pour  se  rendre  à  uneautre;, 


FOU  289 

Cette  traversée  ne  peut  s'exécuter  sans  que  les  morelles  ne 
soient  exposées  à  une  décharge  de  fusils,  et,  la  même  ma- 
nœuvre se  renouvelant  à  l'autre  extrémité,  il  s'en  fait  une 
grande  destruction.  C'est  ainsi  qu'on  en  tue  plusieurs  centaines 
dans  les  étangs  de  Tiaucourt  et  de  l'Indre.  Malgré  le  bruit  des 
armes  et  la  mort  de  leurs  compagnons,  ces  oiseaux  ne  se  déter- 
minent à  quitter  des  lieux  aussi  funestes  que  la  nuit  suivante. 
On  prend  aussi  les  foulques  au  tramail  et  à  la  pince  d'Elvaski, 
dont  il  est  parlé  au  mot  Filets. 

M.  d'Azara  a  trouvé  au  Paraguay  deux  oiseaux  qu'il  a  dé- 
crits, sont  les  n."'  447  et  448,  comme  étant  des  espèces  dis- 
tinctes de  fouUjTies,  et  queSonnini  a  rapportés  à  la  morelle  et 
à  la  macroule  d'Europe ,  c'est-à-dire  aux  individus  de  divers 
âge»,  qu'on  a  long-temps  considérés  comme  formant,  sinon 
des  espèces,  au  moins  des  races  particulières.  Le  premier  de 
ces  oheaux,  fil lica  leucoptera^  Vieill. ,  avoit  environ  treize 
pouces  de  longueur;  la  queue  étoit  composée  de  douze 
pennes  pointues;  le  tarse  étoit  très-comprimé,  et  la  plaque 
frontale  presque  à  demi  circulaire  ;  les  couvertures  infé- 
rieures de  la  queue,  l'extrémité  des  pennes  de  l'aile  les  plus 
rapprochées  du  corps  étoient  blanches;  les  pennes  de  l'aile  en 
dessous,  et  les  grandes  couvertures  inférieures  argentées;  les 
parties  nues  de  la  jambe  d'un  vert  jaunâtre,  l'iris  d'un  rouge 
de  saiig.  Le  second  ,/(//ica  rtrmi7/ttte,  Vieill. ,  avoit  environ 
quinze  pouces  et  demi  de  longueur;  sa  queue,  non  terminéeen 
pointe,  étoit  composée  de  quatorze  pennes;  le  tarse  n'étoit 
pas  très-comprimé,  et  la  base  du  bec  n'étoit  pas  circulaire  à 
son  insertion  dans  la  tête;  les  pennes  des  ailes  les  plus  rappro- 
chées du  corps  n'avoient  pas  de  blanc  à  leur  extrémité,  et  la 
j.inib'°  avoit  des  jarretières  d'un  orangé  vif. 

M.  Descourtilz  a  aussi  vu  à  Saint-Domingue  des  foulques 
qu'il  a  décrites,  tom.a  de  ses  Voyages  ,  pag.  262  ,  comme  ayant 
le  dessous  delà  queue  d'un  blanc  éblouissant,  l'œil  d'un  rouge 
vif,  le  bec  marqué,  presque  à  l'extrémité  de  ch;ique  mand:- 
bule,  deux  taches  brunes,  tandis  que  la  pointe  étoit  d'un  bleu 
turquoise,  et  le  bas  de  la  jambe  ceint  d'une  zone  membra- 
neuse rouge-vermillon. 

Il  paroit  résulter  de  ces  différentes  descriptions,  comme 
de  celles  des  foulques  d'Europe  .  que  ces  oiseaux  ,  qui  se  res» 


29°  FOU 

semblent  en  général ,  éprouvent  dans  la  couleur  et  la  taille  „ 
à  leurs  âges  divers  et  suivant  les  saisons,  des  difiFérences  qu'on 
a  reconnu  ,  pour  nos  morelles  et  nos  macroules  ,  ne  pas  cons- 
tituer des  espèces  distinctes,  et  qui  vraisemblablement  n'ea 
Ibrment  pas  de  plus  réelles  en  Amérique.  On  se  bornera,  sur 
ce  point ,  à  faire  observer  que  la  blancheur  des  pennes  alaires 
qui  a  motivé  la  dénomination  de  la  foulque  leucoptère,  ne 
lui  est  point  particulière,  puisque  la  même  couleur  existe  sur 
une  plus  ou  moins  grande  partie  des  ailes  chez  les  morelles  et 
les  macroules. 

Plus  anciennement  les  auteurs  avoient  aussi  placé  au  rang 
des  espèces  du  genre  Foulque,  appartenant  à  l'Amérique  , 

1.°  LefuUca  mexicuna,  Br.,  Lath.  et  Gmel.,  correspondant 
à  Vyoalcoachillin  de  Fernandez  ,  Hist.  Nov.  Hisp. ,  p.3o ,  cap.  74, 
dont  la  membrane  frontale  est  décrite  comme  fort  épaisse  et 
d'un  beau  rouge-,  la  tête,  la  gorge,  le  cou,  la  poitrine,  le 
rentre,  le  haut  des  jambes,  les  couvertures  du  dessous  de 
la  queue  ,  et  les  côtés  comme  étant  de  couleur  pourpre,  et 
les  parties  supérieures  variées  de  bleu  et  de  fauve,  à  l'excep- 
tion des  pennes  alaires  et  caudales,  annoncées  comme  étant 
d'un  vert  pâle.  Cet  oiseau ,  à  peu  près  de  la  taille  de  la  ma- 
croule,  est  rangé  par  M.  Vieillot  parmi  ses  porphyrions. 

2°  LefuUca  americana,  ou  foulque  cendrée  ,  queLatham  a 
décrit  d'après  un  individu  de  la  collection  de  sir  Lever,  dont 
tout  le  plumage  étoit  cendré,  à  l'exception  de  la  gorge  et  du 
milieu  du  ventre,  lesquels  étoient  blanchâtres  ,  et  qui  avoit 
le  bec  d'un  vert  pâle  et  les  pieds  bleuâtres. 

Outre  ces  espèces,  fort  douteuses,  l'auteur  angloîs  qu'on 
vient  de  citer  en  a  décrit,  sous  le  nom  de  foulque  de  Mada- 
gascar ,/uh'ca  cri&tatay  une  autre  qui  sembleroit  mériter  une 
attention  particulière,  et  qui  se  trouve  aussi  à  la  Chine,  où 
elle  porte  le  nom  de  Izing  kje.  Cet  oiseau ,  figuré  dans  le  Sj- 
nopsis  de  Latham,  tom.  3  ,  part,  i,  pi.  go,  et  dans  les  planches 
enluminées  de  Bufifon ,  n.°  797,  a  le  plumage  d'un  bleu  noi- 
râtre et  la  plaque  du  front  charnue,  relevée  et  détachée  en 
deux  lambeaux  formant  une  crête  rouge.  Bufibn  met  en  ques- 
tion si  cette  foulque,  plus  grande  que  la  macroule  ,  neseroit 
pas  au  fond  la  même  que  celle  d'Europe,  agrandie  et  déve- 
loppée par  l'influence  d'un  climat  plus  actif  et  plus  chaud. 


FOU  .  .91 

On  a  enfin  donné  improprement  le  nom  de  foulque  à  des 
oiseaux  étrangers  à  ce  genre.  C'est  ainsi  que  la  foulque  à  ai- 
grette, à  cornes  ou  à  oreilles  d'Edwards,  est  le  grèbe  cornu, 
aolymbus  cornutus  ,  Gmel.  ;  que  la  foulque  noire  et  blanche  dii 
même  auteur  est  le  petit  grèbe,  coljnibus  minor ,  et  que  la 
fouHque  à  bec  varié  de  Catesby  est  le  grèbe  à  bec  cerclé, 
colymbus  podiceps ,  Gmcl.  (Ch.  D.  ) 

FOUMA.  (Bot.)  Dans  l'herbier  de  Vaillant  on  trouve  sous 
ce  nom  un  solanum.  des  Antilles,  qui  paroît  être  le  solanum 
tr(s/e  de  Jacquin.  (J.) 

FOIJMART  ou  FuMMAR.  (Mamm.)  C'est,  dit-on  ,  dans 
quelques  endroits  de  l'Angleterre,  le  nom  de  notre  belette. 
mustella  vulgaris ,  Linn.  Voyez  Martes.  (F.  C.) 

FOUNINGO.  (Ornith.)  On  trouve  a  Madagascar  des  pigeons 
Tamiers,  connus  dans  cette  île  sous  ce  nom,  avec  l'additioa 
de  ména-rabou  pour  Pun  d'eux,  et  de  maïtsou  pour  l'autre.  Ce 
sont  les  36.*  et  Sy." espèces  deBrisson,qui  les  a  figurés,  tom.  i, 
pi.  14  de  son  Ornithologie,  avec  les  dénominations  depige<wi 
ramier  bleu  et  pigeon  ramier  vert  de  Madagascar.  Ils  sont  aussi 
représentés  dans  les  planches  enluminées  de  Buffon,  n.""!!  et 
m  ,  et  cet  auteur  n'ayant  trouvé  entre  eux  d'autre  dijfférence 
que  celle  de  la  couleur,  et  peut-être  de  iàge,  Linnœus  les  ^ 
u  compris  l'un  et  l'autre  sous  la  dénomination  commune  de 
columbok  madagascariensis ;  mais  M.  Temminck  les  a  placés  dans 
deux  sections  distinctes.  Le  founingo-ména-rabou,  ou  sim- 
plement founingo  ,  a  tous  les  cai'actères  propres  aux  co- 
lombes, et  il  se  fait  remarquer  par  la  peau  nue  dans  laquelle 
ses  yeux  sont  placés;  c'est  le  coLumba  madagascariensis  de 
Latham  ,  ou  ramier  founingo  de  Levaillant ,  pi.  266.  Le 
founingo-maïtsou,  columba  australis ,  Lath.,  ou  columbar  maït- 
sou de  Temminck,  a  le  bec  en  pince  solide  et  racornie,  les 
doigts  larges  et  réunis  à  leur  origine,  et  la  plante  des  pieds 
épatée  comme  dans  les  calaos;  de  sorte  que  le  seul  caractère 
par  lequel  ces  espèces  se  ressemblent  est  d'avoir  chacune  iç 
tarse  couvert  de  plumes  jusqu'à  l'origine  des  doigts.  (Ch.  D.) 

FOUQUE  (Ornith.),  orthographe  du  mol  foulque  ,  dans 
certains  ouvrages.  (Ch.  D.) 

FOUQUET.  (Ornith.)  Ce  nom,  suivant  le  vicomte  de  Quer- 
koent,  est  donné,  dans  l'Isie-de  France ,  à  deux  oiseaux  dç 

/»3» 


292  .  FOU 

la  grosseur  d'un  petit  canard,  qui  ont  le  bec  recourbé  et  les 
pieds  palmés,  et  dont  un  est  tout  noir,  et  l'autre  a  le  ventre 
et  le  dessous  des  ailes  blancs.  Ces  oiseaux,  qui  ne  sortent  que" 
la  nuit  des  rochers  par  eux  habités  pour  aller  pêcher  à  la 
mer,  paroissent  être  de  la  même  espèce  que  ceux  dont  on  a 
parlé  au  mot  Diable,  tom.  i3,  pag.  1:29  de  ce  Dictionnaire. 
Celui  que  Sonnerat  a  bguré,  p>.  86  de  son  Voyage  à  la  Nou- 
velle-Guinée, sèus  le  nom  de  petit  fouquet  des  Philippines , 
est  une  hirondelle  de  mer,  sterna  philippina  ,  Lath.;  et  la 
même  dénomination,  qui  n'est  peut-être  pas  spécifique,  est 
appliquée  par  les  marins  au  goéland  brun ,  ou  poule  du  port 
Egmont  des  Anglois.  (Ch.D.) 

FOURAHA.  {Bot.)  Arbre  de  Madagascar  et  de  quelques 
autres  lieux  de  l'Inde,  duquel  découle  un  baume  vert  très- 
estimé  pour  les  plaies  et  contusions,  connu  sous  le  nom  de 
baume  vert  ou  baume  de  Marie.  Cet  arbre  est  le  calophjllum 
ca'aha.  Flacourt  le  nomme /oora/ia.  (J.). 

FOURANG-DRA.  (Bot.)  Liane  de  Madagascar,  citée  par 
Rochon,  qui  dit  qu'elle  a  les  feuilles  de  persil  et  le  fruit  à 
trois  angles.  C'est  peut-être  une  espèce  de  serjania  dans  la 
famille  des  sapindées.  (J.) 

,  FOURBISSON.  {Ornith.)  Ce  nom,  qui  s'écrit  aussi /our- 
luisson,  est  vulgairement  donné  au  troglodyte  d'Europe, 
motacilla  troglodytes  ,  Linn.,  à  cause  de  son  habitude  de  se 
fourrer  dans  les  buissons.  (Ch.  D.) 

FOURCHU  (Ornitli.)  ,  dénomination  par  laquelle  on  dé- 
signe le  canard  à  longue  queue  ou  pilet ,  anas  acuta,  Linn. 
(Ch.D.) 

FOURCROY.  (  Ichthyol.  )  M.  de  Lacépède  a  dédié  au  cé- 
lèbre chimiste  de  ce  nom  une  espèce  de  poisson  qu'il  â  ran- 
gée parmi  les  perches  sous  l'appellation  de  perça  Fourcroi. 
(H.C.) 

FOURDINIER.  {Bot.)  Dans  la  Picardie  et  le  Boulonois,  on 
donne  ce  nom  au  prunier  épineux.  (L.  D.) 

FOURDRAINES.  [Bot.)  On  donne  ce  nom  ,  en  Picardie  ,  aux 
prunelles,  ou  fruits  du  prunier  épineux.  (L.  D.) 

FOURMEIROU.  (Ornith.)  Ce  ternie,  qui  est  cité,  ainsi 
que  celui  de  foumeirou  ,  aux  articles  de  l'Hîstoire  des  Oiseaux 
oîi  Buffon  parle  du  rossignol  de  muraille  et  du  traquet,  est 


FOU  ,  293 

écrit  dans  le  premier  avec  un  u  terminal ,  et  avec  une  n  dans 
le  second.  Mais,  comme  c'est,  d'après  M.  Guys,  une  dénomi- 
nation provençale,  il  y  a  Heu  de  penser  que  la  première 
terniinaison  est  la  véritable.  D'un  autre  côté,  on  ajoute  au 
mot foitrneirou  ceux  de  cheminée,  qui  contribuent  à  jeter  du 
doute  sur  l'oiseau  désigné.  En  effet,  si  les  fourmis  peuvent 
être  considérées  comme  faisant  partie  de  la  nourriture  des 
deux  espèces,  également  insectivores,  il  n'en  est  pas  de  même 
de  l'habitude  de  se  poser  au-dessus  des  tuyaux  de  cheminée, 
qui  ne  peut  appartenir  au  traquet,  lequel  n'approche  pas  des 
maisons.  (Cir.  D.) 

FOURMI ,  Formica  (Entom.),  nom  d'un  genre  d'insectes  hy- 
ménoptères, de  la  famille  des  myrmèges. 

Ce  nom  de  fourmi ,  qu'on  écrivoit  autrefois/broa  ou  /burm/i, 
vient  évidemment  du  mot  latin /orm/ca,  qu'on  trouve  dans 
Plante,  Térence  ,  Cicéron,  Sénèque,  etc.  Aristote  désignoit 
ces  insectes  sons  le  nom  de  ^Jp^t»^.  Linnœus  les  avoit  rappro- 
chés sous  ce  nom  de  fourmi;  mais,  dans  ces  derniers  temps, 
MM.  Latreille,  Jurine .  Fabricius  les  ont  distribués  dans  plu- 
sieurs autres  genres,  ainsi  que  nous  l'indiquerons  par  la  suite 
de  cet  article  et  au  mot  Myrmèges  ,  auquel  nous  renvoyons  le 
lecteur. 

Le  genre  Fourmi,  tel  que  nous  l'étudions  ici,  comprend  tous 
les  hyménoptères  à  abdomen  pédicule  arrondi,  dont  le  premier 
anneau  est  noueux  ou  écailleux;  à  antennes  à  peu  près  Jili/ormes  , 
à  premier  article  très-long,  commebrisées  ;  à  lè\>re  inférieure  courte. 
Tous  ces  caractères  éloignent  ces  insectes  des  autres  familles 
des  hyménoptères,  dont  les  uns  ont  le  ventre  sossile,  les  autres 
la  lèvre  inférieure  plus  longue  que  les  mandibules,  quelques 
uns  l'abdomen  concave  en  dessous,  et  enfin  de  ceux  qui  n'ont 
pas  les  antennes  brisées.  Les  seuls  ptérodiples,  comme  les 
guêpes,  se  rapprocheroient  des  fourmis;  mais  ceUes-ci ,  quand 
elles  ont  des  ailes,  ne  les  ont  jamais  comme  doublées  sur  leur 
longueur,  ainsi  que  les  premiers,  mais  éfalées. 

Les  fourmis  composent  un  genre  dont  les  espèces  sont  fort 
difficiles  à  réunir,  car  la  plupart  présentent  trois  modifica- 
tions de  forme,  de  grosseur,  et  quelquefois  de  couleur, 
déterminées  par  le  sexe,  beaucoup  plus  différentes  entre  elles 
que  ne  le  sont  les  abeilles  à  miel.  En  effet,  il  y  a  parmi  les 


«94  FOU 

fourmis  des  femelles  ,  des  neutres  et  des  rnâles.  Ces  derniers 
sont  en  général  plus  petits;  ils  vivent  pendant  moins  de  temps. 
Les  femelles  sont  plus  grosses  et  en  assez  grand  nombre:  elles 
ont  des  ailes  ,  au  moins  pendant  une  certaine  époque  de 
leur  vie,  tandis  que  les  neutres  sont  constamment  dépourvus 
"d'ailes  :  particularité  qui  rapproche  les  fourmis  des  termites, 
et  qui  les  éloigne  des  abeilles  et  des  guêpes,  parmi  lesquelles 
il  se  trouve  aussi  des  neutres. 

Tout  le  monde  connoît  les  fourmis,  ces  insectes  qui  vivent 
en  familles,  en  sociétés  nombreuses,  que  l'on  nomme/ourmi- 
lières-  qui  tan  lot  se  creusent  des  trous  souterrains  dans  un  sol 
ferme  et  solide ,  au  bas  des  murs  exposés  au  midi ,  au  pied  des 
arbres  ou  dans  les  souches  que  les  bûcherons  laissent  dans  nos 
taillis;  et  qui  tantôt  réunissent  en  commun  une  masse  énorme 
de  brins  de  bois ,  de  feuilles  desséchées  ou  de  matières  recueil- 
lies sur  les  végétaux,  pour  se  construire  une  sorte  de  ville ,  où 
sont  pratiqués  des  routes,  des  rues,  des  sentiers  qui  mènent 
à  des  places.  Ici,  les  unes  se  réunissent  et  déposent  la  nourri- 
ture; là,  les  œufs  pondus  parles  femelles  sont  gardés  à  vue  et 
protégés,  jusqu'au  moment  où  ils  produisent  des  larves  sans 
pâtes,  que  les  neutres  se  chargent  de  nourrir  et  de  surveiller 
jusqu'à  leur  complet  développement.  Mais  n'anticipons  pas 
sur  les  faits  que  l'histoire  des  fourmis  va  nous  faire  exposer. 
jVous  emprunterons  à  l'ouvrage  (i)  de  M.  Pierre  Huber,  de 
Genève ,  fils  de  l'observateur  célèbre  qui  a  si  bien  fait  con- 
noître  les  abeilles,  les  faits  principaux  que  nous  allons  indi- 
quer. Nous  analyserons  également  le  travail  publié  en  1802 
par  M.  Latreille,  sous  le  titre  d'Histoire  naturelle  des  Fourmis, 
et  l'excellent  article  qu'il  a  composé,  en  1817,  pour  le  dou- 
zième volume  du  nouveau  Dictionnaire  d'Histoire  naturelle. 
Il  nous  étoit  impossible  de  puiser  à  de  meilleures  sources. 

Les  fourmis,  ainsi  qu'on  le  verra  au  mot  Myrmèges,  ont 
beaucoup  de  ressemblance  avec  les  mutilles  et  les  doiyles  ,  et 
même  avec  les  tiphies^  qui  ont  aussi  les  antennes  entil,  et  non 
brisées.  Mais,  dans  les  doryles,  le  ventre  est  presque  sessile  , 
et  dans  les  mutilles,  le  pétiole  de  l'abdomen  est  court,  sans 
nœud  ni  écailles.  C'est  en  effet  le  pédicule  alongé  du  ventre, 

■'1')  RECHERCHES  STR  Lrs  ForRMis  iNDiGr>'rs.  Genève,  1812;  in-S.** 


FOU  .95 

tantôt  offrant  des  renflemens  ,  tantôt  tme  sorte  d'écaille 
concave  ou  dressée,  qui  caractérise  les  fourmis. 

Les  fourmis  des  trois  sortes,  neutres  ou  ouvrières,  femelles 
fécondes,  et  mâles,  présentent  quelques  variétés  de  fonnes  dans 
les  diverses  parties  du  corps,  comme  nous  allons  l'indiquer 
en  considérant  sucessivement  leur  conformation. 

Dans  les  femelles,  la  tête  est  à  peu  près  de  la  même  largeur 
que  le  corselet  ;  dans  les  mâles  elle  est  plus  étroite  sensible- 
ment ,  et  surtout  beaucoup  plus  arrondie  presque  dans  tous  les 
sens,  tandis  que  généralement,  dans  les  neutres,  la  tête,  surtout 
en  arrière,  est  plus  large  que  le  corselet,  plus  alongée  en 
avant,  pour  supporter  les  longues  mandibules,  ce  qui  lui  donne 
une  forme  ovale  ou  triangulaire.  Les  antennes  des  ouvrières  , 
ou  des  femelles  infécondes,  sont  semblables  à  celles  de  véri- 
tables mères,  composées  presque  constamment  de  douze  arti- 
culations, dont  la  première  est  à  elle  seule  de  la  moitié  de  la 
longueur  totale  de  l'antenne  ;  les  articles  qui  viennent  ensuite 
sont  à  peu  près  d'égales  grosseur  et  longueur.  Chez  les  mâles, 
il  y  a  un  article  de  plus  aux  antennes,  qui  sont  en  outre  beau- 
coup plus  longues  relativement  à  la  tête.  Ces  antennes  sont 
constamment  insérées  entre  les  yeux,  vers  le  milieu  du  front. 

Comme  dans  la  plupart  des  insectes,  dont  les  mâles  sont 
difFérensdes  femelles,  les  yeux  des  mâles  sont  plus  gros  et  plus 
saillans.  Les  stemmates  sont  apparens  dans  les  sexes  féconds  j 
ils  sont  disposés  en  triangle  •.'  sur  le  sommet  delà  tête  :  mais, 
chez  la  plupart  des  neutres,  on  ne  peut  pas  les  distinguer  ;  ce 
qui  devient  un  moyen  à  peu  près  assuré  de  discerner  les  fe- 
melles, qui  sont  souvent  dépourvues  d'ailes,  d'avec  les  indivi- 
fVus  neutres. 

Les  parties  dont  la  bouche  se  compose  dans  les  fourmis  , 
offrent  les  dispositions  suivantes .-  Dans  les  mulets  ou  ouvrières , 
les  mandibules  sont  solides,  presque  aussi  longues  que  la  tête , 
pointues  à  rextrémifé,  et  un  peu  dentelées  du  côté  intérieur. 
Chez  les  femelles,  ces  parties  sont  de  même  forme,  mais  moins 
développées;  dans  les  mâles,  les  mandibules,  beaucoup  plus 
courtes ,  n'offrent  plus  de  dentelures  intérieures.  Les  mâchoires 
sont  petites,  et  ofirent  à  leur  extrémité  libre  une  languette 
mince,  élargie,  dont  la  forme  varie.  Les  palpes  ou  barbillons 
que  ces  mâchoires  supportent,  sont  composés  de  six  article;^ 


^9*>  FOU 

en  fil  ou  en  soie.  La  lèvre  inférieure  représente  une  sorte  de 
langue,  reçue  dans  une  coulisse  cornée,  qui  se  termine  par 
une  sorte  de  cuiller  arrondie.  Elle  supporte  latéralement  des 
palpes  courts  en  fil  ,de  quatre  articles  chacun.  Toute  la  bouche 
est  recouverte  par  une  grande  lèvre  supérieure,  presque  car- 
rée ,  qui  s'appuie  sur  les  mandibules. 

Le  corselet  est,  en  général,  comprimé  dans  les  trois  sortes 
d'individus;  plus  étroit  en  arrière  et  comme  tronqué  dans  les 
neutres,  offrant  de  chaque  côté  deux  stigmates  ou  ouvertures 
de  trachées,  propres  à  la  respiration  ,  et  vers  la  partie  dorsale 
et  postérieure,  dans  un  très-grand  nombre  d'espèces,  des  épines 
ou  pointes  cornées  ,  qui  servent  probablement  de  moyens 
de  défense.  Les  mâles  et  les  femelles  ont  le  corselet  petit  en 
proportion. 

Les  ailes  des  fourmis  ne  s'observent  que  dans  les  individus 
féconds;  les  supérieures  sont  souvent  plus  longues  que  l'abdo- 
men. D'après  la  figure  qu'en  adonnéeM.  Jurine  ,  on  voit  qu'elles 
ont  une  cellule  radiale  alongée,  étroite;  deux  grandes  cellules 
cubitales,  dont  la  seconde  atteint  l'extrémité  libre  de  l'aile: 
le  plus  souvent  il  n'y  a  pas  de  cellules  récurrentes.  Les  ailes 
adhèrent  très-peu  au  corselet;  elles  s'en  détachent  au  moindre 
effort,  et  souvent  les  femelles  les  perdent  après  la  fécondation, 
lorsqu'elles  ne  sont  plus  utiles  à  l'insecte,  qui  n'en  a  besoin 
qu'à  l'époque  de  l'accouplement  qui  paroît  s'opérer  dans  les 
airs. 

Le  ventre  ou  l'abdomen  des  mâles  est  composé  de  sept  an- 
neaux, c'est-à-dire  d'un  article  de  plus  que  dans  les  deux  autres 
sortes  d'indiAàdus.  Le  premier  article  forme  la  base  où  le  pé- 
dicule s'applique  sur  le  corselet;  il  a  le  plus  souvent  la  forme 
d'une  écaille  ovale  ou  arrondie,  quelquefois  carrée,  dont  les 
dimensions  sont  plus  grandes  chez  les  femelles.  Il  paroît  que 
les  individus  neutres  et  les  femelles  sécrètent  une  liqueur  acide 
qui  sort  par  l'extrémité  de  l'abdomen,  et  dont  l'odeur  est  ex- 
trêmement pénétrante;  c'est  cette  liqueur  qu'on  avoit  d'abord 
regardée  comme  un  acide  animal  particulier,  mais  que  l'on 
considère  aujourd'hui  comme  analogue  à  celui  que  les  chi- 
mistes nomment  acétique.  C'est  aussi  à  l'extrémité  du  ventre 
qu'on  peut  apercevoir,  en  y  exerçant  une  légère  pression,  les 
organes  propres  à  la  reproduction. 


FOU  297 

Les  pâtes  des  fourmis  sont  alongées  à  peu  près  <1e  même 
étendue  que  le  corps;  les  cuisses  et  les  jambes  sont  compri- 
mées. Les  tarses,  composés  chacun  de  cinq  articles,  se  termi- 
nent par  deux  ongles,  entre  lesquels  ou  remarque  une  sorte 
de  disquevelouté,  qui  adhère  fortement  aux  corps  les  plus  lisses. 

Les  fourmis  proviennent  de  petits  œufs  blancs,  tantôt  cylin- 
driques, petits  et  opaques,  tantôt  transparens,  plus  gros,  et 
arqués  sur  leur  longueur.  On  distingué,  sous  la  peau  coriace 
<{ui  les  enveloppe,  une  matière  liquide,  plus  ou  moins  blan- 
châtre, dont  la  disposition  varie.  Il  paroit  que  la  matière 
I)lanche  est  le  germe  ou  même  la  peau  de  la  petite  larve.  Les 
femelles  pondent  ces  œufs  comme  au  hasard,  en  changeant  ae 
place  dans  l'intérieur  des  galeries  souterraines  :  les  neutres  les 
recueillent  avec  beaucoup  de  soin;  elles  les  saisissent  délicate- 
ment avec  leurs  mandibules,  les  tournent  et  retournent  comme 
en  les  léchant,  et  les  disposent  Comme  par  tas  dans  certains 
espaces  préparésKravance.  La  chaleur  fait  éclore  ces  œufs,  soit 
que  la  larve  ait  pris  plus  de  volume  ou  de  force  pour  briser 
sa  coque;  soit  que  l'enveloppe  elle-même,  s'étant  desséchée,  se 
fende  dans  un  sens  pour  ainsi  dire  déterminé  d'avance.  M.  Hu- 
ber  a  fait  la  remarque  que  les  œufs  nouvellement  pondus  sont 
plus  blancs  ou  moins  transparens,  et  même  d'un  moindre 
volume;  il  pense  que  ces  œufs  prennent  de  l'accroissement- 
qu'ils  changent  de  forme,  parce  que  les  neutres  les  abreuvenf 
d'une  humeur  nécessaire.  Il  a  constaté,  par  des  expériences 
réitérées,  que  la  plupart  de  ces  œufs  périssent  et  se  dessèchent 
quand  on  les  enlève  de  la  fourmilière,  ou  quand  on  les 
soustrait  aux  soins  que  semblent  en  prendre  constamment  les 
individus  delà  race  des  neutres. 

Dans  notre  climat,  l'espèce  d'incubation  dont  les  œufs  ont 
besoin,  est  d'une  quinzaine  de  jours  environ.  I-es  petils  vers 
ou  les  larves  qui  en  proviennent,  sont  alongées;  leur  corps  est 
translucide.  A  peine  donnent-elles  quelques  signes  de  mou- 
vement et  de  vie,  que  des  neutres  s'empressent  de  leur  pro- 
diguer les  soins  les  plus  assidus,  soit  pour  les  proléger  de  toute 
espèce  de  contact,  soit  pour  les  maintenir  dans  un  isolement 
et  \ine  propreté  très-soignée.  Si  la  chaleur  extérieure  ,  et  sur- 
tout si  la  lumière  du  soleil  pénètre  sur  la  fourmilière,  les 
gardes  ou  sentinelles  extérieures  viennent  en  donner  la  nou- 


^■?S  FOU 

velle  aux  fourmis  neutres,  auxquelles  l'éducation  des  larves 
est  confiée;  elles  les  entraînent,  et  les  obligent  à  transporter 
ces  larves  dans  les  galeries  supérieures  ,  qui  reçoivent  une 
influence  plus  active  de  la  température  élevée  de  l'atmo- 
sphère. 

Ces  larves  sont  apodes  ,  comme  la  plupart  de  celles  des  hy- 
ménoptères ,  les  uropristes  exceptés.  On  distingue  à  l'extré- 
mité antérieure  de  leur  corps  une  sorte  de  tête  écailleuse,  où 
l'on  voit  deux  petits  crochets  qui  correspondent  probablement 
aux  mandibules,  et  des  rudimens  à  peine  ébauchés  des  mâ- 
choires et  des  palpes,  au  centre  desquels  est  un  mamelon 
<"ontractile  ,  souvent  ouvert,  qui  est  la  bouche  par  laquelle 
l'animal  absorbe  la  matière  alimentaire  que  les  neutres  lui 
apportent,  et  à  l'approche  de  laquelle  ce  mamelon  semble  se 
dresser  et  se  diriger  vers  la  bouche  de  l'individu ,  qui  vient  la 
dégorger:  de  manière  que  cet  aliment  paroît  avoir  subi  une 
sorte  de  digestion  stomacale  préparatoire  dans  l'individu 
neutre,  qui  auroit  ainsi  en  quelque  sorte  la  faculté  de  ruminer. 

La  plupart  des  larves  des  fourmis,  lorsqu'elles  ont  acquis 
à  peu  près  l'accroissementdéterminé  par  la  nature  pour  chaque 
•espèce,  et  lorsqu'elles  doivent  et  qu'elles  sentent  qu'elles  vont 
se  transformer  en  nymphes,  se  filent  une  sorte  de  cocon  très- 
léger,  d'une  soie  dont  les  fils,  excessivement  déliés,  se  collent 
cependant  les  uns  aux  autres  ,  de  manière  à  constituer  une 
sorte  de  tissu  tellement  lisse  et  serré,  qu'il  ressemble  tout-à- 
fait  à  une  membrane  ou  à  une  couche  très-mince  d'un  vernis 
ou  d'une  gomme  formant  une  coque  alongée,  pâle,  jaunâtre 
ou  grisâtre,  selon  les  espèces.  On  distingue,  à  travers  cette  sorte 
de  peau  ou  de  coque,  la  métamorphose  que  subit  la  larve.  D'a- 
bord elle  se  vide  du  résidu  de  sesalimens,  et  cette  matière  ,  des- 
séchée et  noirâtre  occupe,  ordinairement  l'extrémité  de  la  coque 
opposée  à  celle  où  l'on  voit,  par  la  suite,  la  tête  de  l'animal. 
La  peau  de  la  larve  quitte  l'animal,  qui  présente  alors  abso- 
lument à  nu  toutes  les  parties  de  la  fourmi  future,  mais  dans 
un  état  de  mollesse  et  de  transparence  extrême  ;  il  semble 
que  l'animal  soit  encore  tout  liquide  ou  même  gélatineux. 
Cependant  tous  les  membres,  toutes  les  articulations,  tous  les 
organes  sont  distincts,  quoique  renfermés  dans  une  sorte  de 
gaîned'une  ténuité  telle  que  la  lumière  se  décompose  ou  s'irise 


FOU  299 

«n  les  traversant.  Peu  à  peu ,  et  vers  l'époque  de  l'éclosion  de 
l'insecte  parfait,  les  parties  deviennent  de  plus  en  plus  colo- 
rées, suivant  que  l'animal  doit  l'être  lui-même  davantage. 

Il  paroît,  d'après  les  observations  réitérées  de  M.  Huber, 
que  le  plus  souvent  les  fourmis  neutres  hâtent  l'époque  natu- 
relle de  la  sortie  des  individus  delà  coque  qui  les  renfermoit. 
Elles  déchirent  la  coque  extérieure,  enlèvent  délicatement 
les  débris  de  la  gaîne  translucide  qui  enveloppe  leurs  membres, 
en  alongent  les  parties,  et  surtout  étendent  avec  soin  la  mem- 
brane qui  doit  former  l'aile  par  son  dessèchement  ;  et  aussitôt 
que  l'animal  est  assez  consolidé  pour  se  soutenir  sur  les  pâtes, 
on  s'empresse  de  lui  apporter  une  nourriture  qui  paroît  des- 
tinée à  le  corroborer. 

Les  fourmis  neutres,  les  mâles  et  les  femelles  éclosent  à  peu 
près  en  même  temps.  Toutes  restent  pendant  quelques  jours 
dans  l'intérieur  de  l'habitation,  soignées,  surveillées,  proté- 
gées, instruites  et  nourries  par  les  anciens  neutres,  qui  les 
suivent  et  semblent  les  diriger  dans  tous  leurs  mouvemens. 
L'émigration  n'a  lieu  que  pour  les  mâles  et  les  femelles.  L'é- 
poque en  est  déterminée  et  fixée  ,  pour  chaque  espèce  ,  à  quel- 
ques jours  de  distance  dans  les  diverses  saisons,  mais  surtout 
en  été  et  en  automne  ;  car  il  faut  que  l'atmosphère  soit  élevée 
en  température  à  seize  degrés  à  peu  près  du  thermomètre  de 
Réaumur,  pour  que  les  essaims  se  forment.  C'est  ordinaire- 
ment vers  la  chute  du  jour,  dans  les  belles  soirées ,  que  s'opère 
cette  émigration.  Nous  allons  emprunter  à  M.  Huber  les 
détails  qu'il  a  donnés  sur  ce  grand  événement  ,  qu'il  a 
observé  dans  la  race  de  l'espèce  de  fourmi  dite  des  gazons 
(  cespilitm  ). 

«  Les  mâles  des  fourmis  sortent  par  centaines  de  leurs  sou- 
terrains, et  promènent  leurs  ailes  argentées  et  transparentes. 
Les  femelles,  en  plus  petit  nombre,  traînent  au  milieu  d'eux 
leur  large  ventre  bronzé,  et  déploient  aussi  leurs  ailes  ,  dont 
l'éclat  changeant  et  irisé  ajoute  encore  à  l'effet  agréable  que 
produit  le  mouvement  d'une  si  grande  masse  d'individus.  Un 
nombreux  cortège  d'ouvrières  les  accompagne  sur  soutes  les 
plantes  qu'ils  parcourent;  déjà  le  désordre  et  l'agitation  régnent 
sur  la  fourmilière.  L'effei*vescence  augmente  à  chaque  instant: 
les  individus  ailés  montent  et  grimpent  avec  vivacité  le  long 


3oo  FOU 

des  brins  d'herbes ,  et  les  ouvrières  les  y  suivent ,  courent  d'un 
mâle  à  un  autre,  les  touchent  àe  leurs  antennes,  et  semblent 
leur  offrir  encore  de  la  nourriture.  liCS  mâles  quittent  enfin 
le  toit  de  la  famille  ;  ils  s'élèvent  dans  les  airs,  comme  par  une 
impulsion  générale,  et  les  femelles  ne  tardent  pas  a  les  suivre. 
La  troupe  ailée  a  disparu,  et  les  ouA'^rières  retournent  encore 
sur  les  traces  de  ces  êtres  favorisés,  qu'elles  ont  soignes  avec 
tant  de  persévérance,  et  qu'elles  ne  reverront  jamais. 

«  Parvenues  dans  les  airs,  les  fourmis  ailées  se  réunissent  et 
s'accouplent.  Les  femelles  semblent  rester  immobiles  et  planer, 
tandis  que  les  maires,  plus  légers,  viennent  se  placer  sur  leur 
dos  ;  et  bientôt  ces  insectes  réunis  tombent,  soutenus  par  leurs 
ailes,  comme  sur  un  parachute:  la  terre,  les  plantes  en  sont 
jonchées.  L'accouplement  dure  une  ou  plusieurs  heures.  Les 
femelles  restent  le  plus  souvent  immobiles,  et  lorsqu'elles 
cheminent,  elles  se  séparent  des  mâles.  Toutes  les  femelles  et 
quelques  mâles  vont  à  quelque  distance  se  réunir  en  un  essaim, 
comme  une  peuplade  naissante. 

«  Au  reste,  toutes  les  races  de  fourmis  ne  se  séparent  pas 
ainsi.  11  en  est  qui  restent  fécondées  dans  les  airs  ,  où  elles  for- 
ment des  sortes  de  nuées  et  de  tourbillons  que  les  vents  en- 
traînent à  des  hauteurs  considérables  dans  l'athmosphère,  d'où 
elles  se  précipitent  ensuite  sur  la  terre,  souvent  à  de  très- 
grandes  distances  des  lieux  qui  les  ont  vues  naître. 

<!c  Lorsque  les  fourmis  femelles  sont  fécondées,  il  semble  que 
leurs  ailes  sont  devenues  pour  elles  des  organes  tout-à-fait 
inutiles  ;  elles  ne  cherchent  qu'à  s'en  débarrasser.  Oii  les  voit 
en  effet  les  saisir  avec  les  mandibules,  les  tirailler  avec  les 
pâtes  ,  et  surtout  ,  au  moindre  danger,  il  semble  qu'elles 
s'empressent  de  les  arracher,  pour  s'échapper  plus  facilement 
par  la  fuite. 

«  Il  y  a  des  races  de  fourmis  qui  ne  sont  pas  fécondées  dans 
l'air.  I,es  sexes  se  rapprochent  dans  la  demeure  commune  ou 
dans  les  environs,  et  les  neutres  semblent  s'opposer  à  leur 
émigration.  Le  grand  but  de  la  nature  étant  rempli,  les  ou- 
vrières saisissent  les  ailes  des  femelles  fécondées,  les  leur  arra- 
chent, et  les  forcent  de  rentrer  dans  les  galeries  souterraines, 
où  elles  les  gardent  à  vue,  les  nourrissent  et  les  soignent.  Bientôt 
ces  mères,  dont  l'abdomen  a  pris  bea,ucoup  d'étendue  par  le 


FOU  5oi 

développement  des  œufs,  sentent  le  besoin  de  les  déposer;  et 
les  neutres,  comme  nous  l'avonsdit  plusluiTit,  reçoivent  chacun 
d'eux,  se  les  transmettent,  et  les  amoncèlent  dans  des  espaces 
où  leur  éclosion  ne  tarde  pas  à  s'opérer.  C'est  surtout  dans 
la  race  des  fourmis  fuligineuses  que  ces  particularités  ont  été 
observées.   ^ 

Les  fourmis ,  comme  nous  l'avons  déjà  annoncé ,  se  réu- 
nissent et  vivent  en  sociétés  nombreuses.  Nous  emprunterons 
à  leur  célèbre  historien  ,  M.  Huber,  les  détails  qui  vont 
suivre. 

On  trouve  dans  les  fourmilières  des  réunions  d'individus  des 
trois  sortes  de  la  même  espèce  :  c'est  le  cas  le  plus  ordinaire  ; 
mais  il  en  est  d'autres  qui  sont  composées  en  outre  d'un  très- 
grand  nombre  d'individus  ouvriers  ,  d'une  ou  de  deux  races 
ou  espèces  tout-à-fait  distinctes.  C'est  sous  ce  rapport  que 
M.  Huber  a  considéré  les  fourmilières. 

La  grande  fourmi  des  bois  ,  qui  paroit  être  la  fourmi  rousse 
ou  fauve  de  Linnaeus,  est  celle  dont  notre  auteur  a  étudié  les 
mœurs  avec  le  plus  de  soin.  Il  en  distingue  deux  variétés:  l'une, 
dont  la  partie  supérieure  du  corselet  est  noire  ou  de  même 
couleur  que  le  ventre ,  que  l'on  rencontre  le  long  des  haies  et 
dans  les  prairies;  Tautre,  dont  le  corselet  est  roux  en  dessous, 
qui  se  plaît  plus  particulièrement  dans  les  taillis,  et  dont  les 
larves  et  les  nymphes,  que  l'on  appelle  assez  improprement 
des  œufs  de  fourmis  ,  sont  principalement  recueillies  par  les 
gens  de  la  campagne  pour  servir  à  la"  nourriture  des  dindon- 
neaux, des  faisans  et  des  perdrix  qu'on  élève  en  domesticité. 
Cette  race  de  fourmi  rassemble,  comme  nous  l'avons  dit,  des 
tas  considérables  de  débris,  de  végétaux,  et  d'autres  corps 
organisés  bien  secs.  Le  tout  est  disposé  de  manière  à  composer 
une  sorte  de  voûte  ou  de  dôme,  dont  la  forme  varie  suivant 
que  l'édifice  est  adossé  ou  non  contre  une  souche  ;  une  pierre  , 
ou  fout  autre  corps  solide. 

Quand  on  examine  avec  attention  cette  sorte  de  construc- 
tion, on  voit  que  son  architecture  est  disposée  suivant  toutes 
les  règles  qu'exigeoit  l'hygiène  la  mieux  raisonnée.  En  effet, 
toutes  les  eaux  pluviales  seront  déversées  et  recueillies  de 
manière  à  préserver  l'habitation  de  toute  humidité  ;  les  ave- 
nues ne  seront  abordables  que  pour  la  population,  et  inter- 


0O2  FOC 

dites  à  tous  ses  ennemis  ;  les  habitations  intérieures  seront  dis- 
posées de  manière  à  recueillir  et  à  conserver  une  température 
élevée  et  à  peu  près  constante. 

Ordinairement  ces  fourmis,  après  avoir  choisi  le  lieu  con- 
venable à  l'établissement  de  leurs  peuplades,  où  elles  ont 
probablement  découvert  une  cavité  plus  ou  moins  spacieuse  , 
semblent  s'entendre  entre  elles  pour  travailler  en  commun  à 
cette  construction.  Les  unes  travaillent  en  mineuses,  transpor- 
tent isolément,  ou  en  se  réunissant  par  groupes  de  trois  nu 
quatre  individus,  les  parcelles  de  terre  ou  d'autres  fragmens 
du  sol  qu'elles  se  creusent;  elles  les  disposent  de  manière  à 
consolider  les  matériaux  venus  du  dehors,  soit  en  les  gâchant 
avec  une  sorte  de  bave  qu'elles  rejettent  par  la  bouche ,  soit 
en  les  entassant  dans  les  espaces  libres  que  laissent  entre  eux 
les  fragmens  de  broussailles  que  d'autres  individus  ont  été  re- 
cueillir dans  les  lieux  circonvoisins.  Si ,  pendant  cette  époque , 
il  survient  des  pluies  ,  qui  semblent  avoir  été  prévues ,  la 
peuplade  profite  de  cette  circonstance  pour  travailler  avec 
plus  d'ardeur  aux  travaux  intérieurs  et  profonds.  La  terre  est 
pétrie  avec  le  liquide;  elle  devient  une  sorte  de  pisé  ou  de 
mortier,  qui  va  être  transporté  dans  les  parties  basses  de  l'édi- 
fice ,  et  celui-ci  se  trouve  bientôt  divisé  en  galeries  et  voûtes 
souterraines  ,  destinées  à  conduire  dans  des  chambres  spa- 
cieuses,.  dans  des  salles  communes,  où  la  famille  dépose  et 
conserve  les  alimens,  les  provisions  et  l'espoir  d'une  génération 
nouvelle.  Plus  ou  moins  rapprochés  de  la  surface,  des  espaces 
vides,  où  viennent  aboutir  des  galeries  horizontales,  sont 
destinés  à  recevoir  les  œufs,  les  larves  ou  les  nymphes,  suivant 
que  sous  ces  divers  états  la  famille  encore  au  berceau  a  besoin, 
pour  son  développement  ultérieur,  d'une  température  plus 
ou  moins  élevée. 

Des  orifices  extérieurs  servent,  pour  ainsi  dire,  de  portes  à 
des  villes,  et  mènent  de  la  surface  de  l'édifice  à  ses  divisions 
profondes.  Leur  forme  apparente  est  celle  d'un  cône  irrégulier 
ou  d'un  entonnoir,  dont  la  base  est  plus  ou  moins  large;  il 
n'y  en  a  souvent  qu'une  seule  principale,  située  au  centre  ou 
sur  le  sommet  du  monticule,  avec  un  grand  nombre  de  pas- 
sages plus  étroits,  ou  de.poternes,  qui  ne  livrent  d'issue  qu'à 
deux  ou  trois  individus  à  la  foii.  Souvent  même,  vers  le  décUa 


FOU  3o5 

du  jour,  toutes  ces  portes  sont  barricadées,  de  manière  à  ne 
laisser  pénétrer  que  des  êtres  pour  ainsi  dire  du  même  calibre 
et  dont  des  sentinelles  mises  en  vedettes  à  l'entrée  de  ces  ori- 
fices semblent  venir  explorer  les  desseins.  Dès  les  premiers 
rayons  du  jour  les  entrées  sont  débarrassées  de  toutes  ces  en- 
traves, à  moins  que  l'état  du  ciel  ne  s'oppose  à  la  sortie  des 
travailleuses,  qui  paroissent  alors  occupées  aux  constructions 
intérieures. 

D'autres  espèces  de  fourmis ,  que  M.  Huber  appelle  maçonnes , 
se  construisent,  uniquement  avec  de  la  terre,  des  habitations 
plus  ou  moins  solides. 

C'est  ainsi  que  l'espèce  que  M.  Latreille  appelle  brune  {for- 
mica fusca),  bâtit,  sans  aucun  mélange  de  matériaux,  une 
demeure  composée  d'un  grand  nombre  d'étages  superposés, 
chacun  de  quatre  à  cinq  ligues  d'élévation,  dont  les  cloisons 
horizontales,  qui  servent  par  conséquent  de  planchers  et  de 
plafonds,  sont  formés  d'une  sorte  de  mortier  qui,  lorsqu'il 
est  desséché,  présente  une  pâte  d'un  grain  fin  homogène,  dont 
l'épaisseur  atteint  au  plus  une  ligne.  M.  Huber  a  suivi  le 
travail  de  ces  insectes,  qui  ne  s'opère  guère  que  lorsque  la 
terre  a  été  humectée,  soit  par  la  pluie,  soit  par  la  rosée  du 
matin,  et  il  nous  a  fourni  les  détails  suivans. 

L'insecte  creuse  la  terre,  où  il  travaille  en  ratissant  et  mor- 
dant le  terrain  avec  ses  mandibules  ;  il  en  détache  ainsi  quel- 
ques parcelles  pulvérulentes,  qu'il  mouille  d'une  sorte  de  bave 
pour  en  former  une  petite  pelotte,  qu'il  saisit  et  qu'il  trans- 
porte vers  le  point  où  le  travail  commun  exige  quil  soit  ap- 
pliqué, pour  former  une  cloison  soit  horizontale,  soit  verticale. 
Les  pâtes,  les  antennes  et  les  palpes  sont  continuellement  en 
action  pendant  ce  travail.  Les  premières  pétrissent,  étendent 
et  affermissent  le  mortier  dans  tous  les  vides,  et  sur  une  sur- 
face que  les  autres  organes  semblent  palper,  pour  en  affermir 
la  surface  et  en  diriger  l'épaisseur.  Ce  sont  des  cloisons,  des 
piliers,  des  colonnes,  des  arcs-boutans,  des  murs  de  refend, 
des  voûtes  qui  se  forment  et  se  solidifient  à  vue  d'œil.  Un  étage 
complet  a  été  construit  sous  les  yeux  de  notre  observateur, 
dans  un  espace  de  sept  à  huit  heures. 

Une  autre  espèce  de  fourmi  maçonne,  la  noire  cendrée^ 
emploie   des  matériaux  plus  grossiers  dans  ses  conslructions. 


3o4  FOU 

Il  paroît,  d'après  les  recherches  curieuses  de  notre  observa- 
teur, que  chaque  fouruii  de  cette  race  agit  indépendamment 
de  ses  compagnes.  Cliacune  travaille  isolément;  mais  à  peine 
un  plan  a-t-il  un  commencement  d'exécution  sur  la  moindre 
esquisse,  que  d'autres  individus  viennent  aider  le  premier  dans 
son  travail.  L'eau  fournit  le  ciment  dont  elles  ont  besoin;  la 
chaleur  de  l'air  et  du  soleil  vient  donner  la  solidité  à  la  matière 
df  leurs  édifices  :  elles  n'ont  d'autres  ciseaux  que  leurs  man- 
dibules, d'autres  compas  que  leurs  antennes,  d'autres  truelles 
que  leurs  pâtes  de  devant,  dont  ellesse  servent  d'une  manière 
admirable  pour  mélanger ,  pétrir  et  consolider  leur  terre 
mouillée.  Elles  savent  toutes  ébaucher,  construire,  polir  et 
retrancher  leur  ouvrage  selon  l'occasion.  Des  brins  d'herbes, 
de  chevelu  de  racines,  qu'elles  rencontrent  dans  leurs  nids, 
sont  employés  habilement  pour  lier  entre  elles  et  consolider 
les  loges  et  les  autres  parties  de  leur  modeste  édifice. 

■Les  fourmis  menuisières  ou  sculpteuses,  comme  celles  que 
l'on  nomme  fuligineuse ,  éthiopienne  ,  hercule,  établissent  leur 
république  dans  le  tronc  même  de  vieux  arbres,  des  chênes 
vermoulus,  des  châtaigniers,  des  saules.  Elles  y  travaillent  de 
manière  à  y  construire  des  chambres  disposées  par  étages  ho- 
rizontaux, et  séparées  entre  elles,  soit  sur  les  côtés  par  des 
espèces  de  murs  verticaux  ,  soit  en  dessus  et  en  dessous  par 
des  plafonds  et  des  planchers,  dont  l'épaisseur  est  à  peu  près 
celle  d'une  carte  à  jouer.  Quelquefois  ces  cloisons  sont  percées  à 
jour,  et  représentent  une  sorte  de  colonnade;  mais  toutes  ces 
cloisons  sont  imprégnées  d'une  bave  noirâtre,  qui  leur  donne 
beaucoup  de  solidité.  Les  couches  du  bois,  qui  sont  plus  ou 
moins  régulièrement  concentriques,  donnent  à  l'ensemble  de 
ce  travail  une  très-grande  réguiarilé,  quand  on  en  examine 
séparément  quelques  débris.  Voici  comme  M.  Hubert  décrit 
cette  sorte  d'habitation. 

Des  galeries  horizontales  ,  cachées  en  grande  partie  par 
leurs  parois,  suivent  la  forme  circulaire  des  couches  ligneuses. 
Ces  galeries  parallèles,  séparées  par  des  cloisons  très-minces, 
n'ont  de  communication  que  par  quelques  trous  ovales  pra- 
tiques de  distance  en  distance.  Telle  est  r«bauche  de  ces 
ouvrages  si  délicats  et  si  légers.  Ailleurs  ces  avenues  ouvertes 
latéralement  conservent  encore  entre  elles  des  fragmeus  de 


FOU  3o5 

paroi  qui  n'ont  pas  encore  été  abattus,  et  l'on  remarque  que 
les  fourmis  ont  aussi  ménagé  ça  et  là  des  cloisons  transversales, 
dans  l'intérieur  même  des  galeries,  pour  y  former  des  cases 
par  leur  rencontre  avec  d'autres.  Quand  le  travail  est  plus 
avancé,  on  voit  toujours  des  trous  ronds,  encadrés  par  deux 
piliers  pris  dans  la  même  paroi.  Avec  le  temps  ces  trous  de- 
viennent carrés,  et  les  piliers,  d'abord  arqués  à  leur  extré- 
mité, se  changent  en  colonnes  droites  parle  ciseau  de  nos 
sculpteuses  :  c'est  le  second  degré  de  l'art.  Peut-être  une  partie 
de  l'édifice  doit-elle  rester  dans  cet  état. 

Mais  voici  des  fragmens  tout  autrement  ouvragés,  dans 
lesquels  ces  mêmes  parois,  percées  de  toute  part,  maintenant 
soutiennent  les  étages,  et  laissent  cependant  une  communica- 
tion parfaitement  libre  dans  toute  leur  étendue.  On  conçoit 
aisément  que  des  galeries  parallèles,  creusées  sur  le  mêuieplan, 
et  dont  on  abat  les  parois  en  ne  laissant ,  de  distance  en  dis- 
tance, que  ce  qu'il  faut  pour  soutenir  leurs  plafonds,  doivent 
former  ensemble  un  seul  étage  ;  mais,  comme  chacune  a  été 
percée  séparément,  leur  parquet  ne  peut  pas  être  très -plan  , 
tfès-bien  nivelé.  Au  contraire,  il  est  creusé  fort  inégalement, 
avantage  d'ailleurs  précieux  pour  nos  fourmis,  puisque  les 
•sillons  les  rendent  plus  propres  à  retenir  les  larves  qu'elles  y 
déposent. 

Quand  le  travail  est  creusé  dans  de  grosses  racines,  il  est 
moins  régulier,  mais  dune  construction  plus  légère  et  plus 
délicate^  les  cloisons  prennent  alors  la  ténuité  d'une  feuille 
de  papier,  et  forment  des  cases  de  huit  à  dix  pouces  d'éten- 
due carrée,  subdivisées  elles-mêmes  en  d'autres  petites  cases 
intérieures.  Il  paroit  que  ces  fourmis  recueillent  les  fragmens 
du  bois  qu'elles  ont  divisé,  qu'elles  les  collent  avec  une  bave 
visqueuse,  qui  se  consolide  en  se  séchant,  et  qu'elles  s'en 
servent  ainsi  pour  calfeutrer  les  cases  et  pour  boucher  les 
ouvertures  inutiles  ou  nuisibles. 

Les  fourmis  ,  à  quelques  races  qu'elles  appartiennent  , 
offrent  encore  de»  létails  de  mœurs  et  d'habitudes  extrê- 
mement curieux  à  connoître,  et  dont  nous  allons  indiquer 
quelques   uns. 

D'abord  elles  paroissent  avoir  une  sorte  de  langage  muet 
ou  de  geste  ^our  exprimer  leurs  besoins  mutuels,  et  pour  en 


3o6  FOU 

transmettre  la  connoissance  à  ceux  des  individus  de  la  famille 
qui  peuvent  y  avoir  quelque  intérêt.  C'est  ainsi  que ,  quand  on 
attaque  des  fourmis  à  l'entrée  de  leur  habitation,  quelques 
unes  d'entre  el'Cs se  portent  en  dedans  de  la  fourmilière,  sem- 
blent y  sonner  l'alarme ,  pendant  que  celles  qui  ont  été  d'abord 
attaquées  cherchent  à  se  défendre  vaillamment,  comme  pour 
donner  le  temps  aux  habitans  de  la  ville  assiégée  de  faire  leurs 
arrangemens  intérieurs,  de  transporter  plus  profondément , 
et  dans  les  caves  de  sûreté,  les  œufs  et  les  larves  qui  avoient 
été  déposés  dans  les  parties  supérieures  de  l'édifice  pour  y 
recevoir  l'influence  vivifiante  de  la  chaleur  atmosphérique. 
L'alarme  devient  bientôt  générale  ;  les  fourmis  quittent  leur 
retraite,  vont  et  viennent,  et  semblent  courir  tumultueuse- 
ment. Elles  laissent  échapper  un  acide  très-fort,  dout  l'odeur, 
plus  ou  moins  musquée  ou  aromatique  ,  afifecte  vivement 
l'odorat,  comme  le  vinaigre  distillé. 

Si  ces  insultes,  ces  ravages  se  répètent  plusieurs  fois,  les 
fourmis  quittent  leur  habitation  pour  aller  l'établir  ailleurs. 
C'est  une  sorte  d'émigration  générale,  qui  cependant  est  pri- 
mitivement déterminée  par  la  volonté  de  quelques  unes.  Dans 
sesRecherchessurles  Mœurs  des  Fourmis,  M.  Huber  s'explique 
ainsi,  en  parlant  des  migrations  des  fourmis  fauves. 

Les  fourmis  sont  quelquefois  exposées  à  changer  de  domi- 
cile. Une  habitation  trop  ombragée ,  trop  humide ,  exposée  aux 
insultes  des  passans  ou  voisine  d'une  fourmilière  ennemie , 
cesse-t-elle  de  leur  convenir ,  elles  vont  ailleurs  porter  Us 
fondemens  d'une  nouvelle  patrie.  C'est  ce  que  j'ai  cru,  dit-il , 
devoir  appeler  du  nom  de  migration,  celui  de  colonie  n'of- 
frant pas  une  idée  aussi  juste  dans  ce  cas,  puisqu'il  ne  s'agit 
pas  ici  d'une  portion  de  la  métropole,  mais  de  la  nation  en- 
tière qui  se  transporte  dans  une  nouvelle  cité. 

M.  Huber,  ayant  un  jour  dérangé  l'habitation  d'une  peu- 
plade de  fourmis  fauves,  s'aperçut  qu'elles  changeoient  de 
domicile.  Il  vit  à  dix  pas  de  leur  nid  une  nouvelle  fourmilière 
qui  communiquoit  avec  l'ancienne  par  un  sentier  battu  dans 
l'herbe,  et  le  long  duquel  les  fourmis  passoient  et  repassoient 
en  grand  nombre.  Il  remarqua  que  toutes  celles  qui  alloicnt 
du  côté  du  nouvel  établissement  étoient  chargées  de  leurs 
coinpagnes,  taudis  que  celles  qui  se  dirigeoient  dans  le  sens 


FOU  3o7 

contraire,  revenoient  une  à  une  :  celles-ci  alloient  sans  coûte 
dans  l'ancien  nid  chercher  des  habitans  pour  le  nouveau. 

Il  falloit  voir,  dit-il,  arriver  les  recruteuses  sur  la  fourmi- 
lière natale,  pour  juger  avec  quelle  ardeur  elles  s'occupoicnt 
de  leur  colonie  :  elles  s'approchoient  à  la  hâte  de  plusieurs  indi- 
vidus ,  les  flattoient  tour  à  tour  de  leurs  antennes  ,  les  tiroient 
avec  leurs  mandibules,  et  sembloieot  en  vérité  leur  proposer 
le  voyage.  Si  l'invitée  acceptoit  le  voyage,  la  porteuse  se  retour- 
noitpour  enlever  celle  qu'elle  avoit  gagnée;  celle-ci  se  suspen- 
doit  et  se  rouloit  autour  de  son  corselet:  tout  cela  se  passoit 
ordinairement  de  la  manière  la  plus  amicale.  Quelquefois 
cependant  celles  qui  vouloient  établir  la  désertion  saisissoicnt 
les  autres  fourmis  par  surprise,  et  les  entraînoient  de  force 
hors  de  la  fourmilière,  sans  leur  laisser  le  temps  de  résister. 

Ce  n'est  que  quand  la  nouvelle  habitation  est  préparée  , 
quand  les  cases ,  les  voûtes ,  les  avenues  y  sont  pratiquées  ,  que 
les  nymphes  et  les  larves  y  sont  apportées,  puis  les  mâles  et  les 
femelles.  Dès  lors  l'ancienne  habitation  est  pour  toujours  aban- 
donnée. 

Quand  la  nouvelle  fourmilière  est  fort  éloignée  de  l'an- 
cienne, M.  Huber  a  vu  des  relais  établis  sur  la  route  :  ce  sont 
des  cavités  percées  dans  la  terre,  et  composées  de  plusieurs 
cases  assez  spacieuses,  où  les  larves,  les  femelles  et  les  mâles 
sont  déposés  momentanément. 

L'un  des  faits  les  plus  curieux  de  l'histoire  des  fourmis,  c'est 
l'art  avec  lequel  ces  insectes  tirent  des  pucerons  leur  princi- 
pale nourriture.  Réaumur  avoit  déjà  fait  connoître  quelques 
uns  de  ces  détails,  et  c'est  d'après  lui  que  Linnseus  avoit  dit 
des  pucerons  :  Ce  sont  les  vaches  des  fourmis  {hœformicarum 
«accœ).  Mais  M.  Huber,  dans  le  chapitre  qu'il  a  intitulé  Liaisons 
des  Fourmis  avec  les  Pucerons  ,  nous  en  a  plus  appris  que  tous 
les  naturalistes  qui  avoient  jusqu'alors  obs  ivé  ces  insectes. 
Nous  allons  en  extraire  les  idées  principales. 

On  sait  que  les  pucerons  se  fixent  sur  les  plantes  pour  les 
sucer,  en  insinuant  dans  leur  tissu  l'extrémité  de  leur  trompe. 
On  sait  aussi  que  la  plupart  des  espèces,  différentes  pour  chaque 
genre  de  plante,  portent  en  arrière  deux  sortes  de  cornes, 
qui  sont  des  sortes  de  conduits  par  lesquels  l'animal  laisse 
suinter  une  humeur  plus  ou  moins  sucrée  et  traosparente ,  qui 


3o8  FOU 

souvent  est  lancée  à  une  distance  assez  considérable,  et  qui. 
en  se  desséchant  sur  les  feuilles,  y  forme  une  espèce  de  vernis 
que  Ton  nomme  la  miellée,  et  qu'on  a  cru  long- temps  être 
sécrétée  par  la  plante  elle-même.  (Voyez  Poceron.)  M.  Bois- 
sier  de  Sauvages  avoit  déjà  observé  que  les  fourmis  attendoient 
le  moment  où  les  pucerons  faisoient  sortir  de  leur  ventre  cette 
manne  précieuse,  et  qu'elles  savoient  la  saisir  aussitôt.  M.  Hu- 
ber  a  découvert  que  c'étoit  là  leur  moindre  talent,  et  qu'elles 
savoient  encore  se  faire  servir  à  volonté  j  et  il  a  ainsi  fait  con- 
noître  leur  secret. 

Une  branche  de  chardon  étolt  couverte  de  fourmis  brunes 
et  de  pucerons.  M.  Huber  observa  quelque  temps  ces  derniers , 
pour  saisir,  s'il  étoit  possible,  l'instant  où  ils  faisoient  sortir 
■de  leur  corps  cette  matière;  mais  il  remarqua  qu'elle  ne  sor- 
toit  que  très-rarement  d'elle-même,  et  que  les  pucerons, 
éloignés  des  fourmis,  la  lançoient  au  loin.  Comment  se  faisoit-il 
donc  queles  fourmis,  errantes  sur  les  rameaux,  eussent  presque 
toutes  des  ventres  remarquables  par  leur  volume,  et  remplis 
évidemment  d'une  liqueur?  Une  seule  fourmi,  observée  avec 
soin  ,  lui  expliqua  ce  mystère.  Il  la  suivit  dans  sa  marche  :  elle 
passoit,  sans  s'arrêter,  sur  quelques  pucerons,  que  cet  attouche- 
ment ne  dérangeoit  pas.  Bientôt  la  fourmi  s'arrêta  auprès  d'un 
des  plus  petits  pucerons;  elle  sembioit  le  flatter  avec  ses  an- 
tennes, en  touchant  alternativement  de  l'une  et  de  l'autre 
l'extrémité  de  son  ventre,  avec  un  mouvemement  très-vif. 
Notre  observateur  vit  avec  surprise  la  liqueur  paroître  hors 
du  corps  du  puceron ,  et  la  fourmi  saisir  aussitôt  la  gouttelette , 
qu'elle  faisoit  passer  dans  sa  bouche.  Un  autre  puceron,  ca- 
ressé de  la  même  manière,  fit  sortir  le  fluide  nourricier  en 
plus  grande  dose,  parce  qu'il  étoit  plus  gros.  La  fourmi  passa 
ensuite  à  un  troisième,  et  même  à  un  cinquième.  Rassasiée, 
sans  doute ,  la  fourmi  redescendit  sur  la  tige  du  chardon ,  pour 
rejoindre  sa  demeure. 

M.  Huber  a  vu  mille  et  mille  fois ,  et  nous  avons  répété  nous- 
même  cette  observation.  11  est  constant  que  les  fourmissavent 
obtenir  à  volonté  des  pucerons  cette  liqueur,  que  l'animal  sait 
aussi  recueillir  quand  elle  a  été  lancée  sous  forme  de  miellée. 
La  fourmi  brune  est  une  des  plus  habiles  à  se  procurer  sa 
subsistance  par  ce  moyen  j  mais  toutes  les  espèces  ont  ce  talent. 


FOU  3o9 

et  M.  Huber  termine  ce  chapitre  en  disant  :  Je  ne  connois  pas 
de  fourmis  qui  n'aient  l'art  d'obtenir  des  pucero  'S  le  soutien 
de  leur  vie  ;  on  diroit  qu'ils  ont  été  créés  pour  elles. 

Les  cochenilles  femelles  ou  les  gallinsectes  fournissent  aussi 
des  sucs  nourriciers  aux  fourmis.  M.  Huber  lésa  observéessur 
les  pêchers,  la  vigne,  l'oranger  et  le  mûrier.  Mais  ce  qu'il  y  a 
de  plus  étonnant  dans  cette  particularité  de  l'histoire  des 
fourmis,  ce  sont  les  faits  suivans,  qui  en  sont  pour  ainsi  dire 
la  conséquence,  et  que  M.  Huber  a  décrits  comme  le  résultat 
d'une  industrie  presque  humaine. 

11  y  a  des  fourmis  qui  ne  sortent  presque  jamais  de  leurs  de- 
meures; on  ne  les  voit  aller  ni  sur  les  arbres,  ni  sur  les  fruits.- 
elles  ne  se  livrent  même  pas  à  la  chasse  d'autres  insectes.  Ce- 
pendant elles  sont  extrêmement  multipliées  dans  nos  prés  et 
dans  nos  vergers.  Elles  n'ont  pas  deux  lignes  de  long  ;  leur 
corps  est  d'un  jaune  pâle ,  un  peu  transparent ,  et  comme  légè- 
rement velu.  Ce  sont  les  fourmis  jaunes  ,  qui  auroient  mieux 
mérité  le  nom  de  souterraines. 

M.  Huber,  désirant  savoir  comment  ces  fourmis,  qui  ne 
quittent  guère  leur  demeure,  pouvoient  se  sustenter,  prit 
le  parti  de  remuer  la  terre  où  il  savoit  qu'étoit  leur  nid  :  il  fut 
fort  étonné  d'en  tirer  des  pucerons,  et,  en  examinant  avec 
plus  de  soin,  il  reconnut  que  les  racines  des  graminées  qui  pous- 
soient  au-dessus  de  la  fourmilière  ,  étoient  couvertes  de  pu- 
cerons de  différentes  espèces.  Il  y  en  avoit  d'étiolés,  de  blan- 
châtres ou  couleur  de  chair,  de  verts,  de  violets,  de  rayés 
de  noir  et  de  vert. 

Cette  découverte  expliquoit  fort  bien  pourquoi  les  fourmis 
de  cette  espèce  ne  s'éloignoient  pas  de  leur  demeure,  puis- 
qu'elles y  trouvoient  tous  les  besoins  de  la  vie.  En  effet,  ces 
fourmis  étoient  fort  soigneuses  de  leurs  pucerons  :  elles  les 
prenoient  souvent  à  la  bouche  pour  les  emporter  au  fond  du 
nid  ;  elles  les  suivoient  avec  sollicitude. 

M.  Huber  a  vu  les  fourmis  de  deux  habitations  voisines  se 
disputer  leurs  pucerons.  Quand  celles  d'un  nid  pouvoient  en- 
trer dans  l'autre,  elles  les  déroboientaux  premiers  possesseurs, 
et  souvent  ceux-ci  se  les  disputoient  et  s'en  emparoient  à  leur 
tour-,  car  les  fourmis  connoissent  tout  le  prix  de  ces  petits 
animaux  :  c'est  leur  trésor,  leurseule  possession.  Une  fourini- 


Sio  FOU 

liére  est  plus  ou  moins  riche,  suivant  qu'elle  a  plus  ou  moins 
de  pucerons:  c'est  leur  bétail,  ce  sont  leurs  vaches  et  leurs 
chèvres.  On  n'eût  pas  deviné,  ajoute- t-il,  que  les  fourmis 
vécussent  comme  les  peuples  pasteurs. 

Il  paroît  que  ce  sont  les  fourmis  elles-mêmes  qui  trans- 
portent ainsi  les  pucerons,  pour  les  nourrir  dans  cet  état  de 
domesticité  ,  comme  dans  des  étables.  M.  Huber  a  observé  que 
ces  mœurs  sont  communes  à  quatre  ou  cinq  races  de  fouripis; 
mais  les  jaunes  sont  beaucoup  plus  prévoyantes:  elles  ont  cons- 
tamment des  pucerons  dans  leur  nid  :  elles  ne  les  mangent  pas  : 
elles  paroissent  au  contraire  les  réunir,  afin  de  jouir  plus 
commodément  de  la  liqueur  qu'ils  en  obtiennent. 

Les  fourmis  ont  un  si  grand  intérêt  à  la  conservation  de 
leurs  pucerons,  que  les  œufssnêmede  ces  insectes  deviennent 
l'objet  de  leurs  sollicitudes.  Un  jour  du  mois  de  novembre, 
M.  Huber,  curieux  de  savoir  si  les  fourmis  jaunes  commen- 
çoient  à  s'enfoncer  dans  leurs  souterrains,  démolissoit  avec 
précaution  leur  domicile  case  par  case.  Il  n'étoit  pas  bien 
avant  dans  son  exécution,  lorsqu'il  découvrit  une  loge  conte- 
nant un  amas  de  petits  œufs,  la  plupart  de  couleur  noire 
foncée.  Ils  étoient  environnés  de  plusieurs  fourmis  qui  parois- 
soient  en  prendre  soin,  et  qui  cherchèrent  aussitôt  à  les  em- 
porter. Les  fourmis  n'abandonnèrent  pas  cette  loge,  dont  notre 
observateur  s'étoit  emparé  pour  les  examiner  à  loisir.  Pendant 
le  transport,  ces  fourmis  "disposèrent  les  œufs  autrement, 
comme  pour  les  soustraire  aux  recherches.  Ces  œufs  étoient 
évidemment  des  œufs  de  pucerons  :  M.  Huber  a  eu  souvent 
occasion  d'en  voir  sortir  l'insecte  sous  l'état  parfait. 

En  suivant  toujours  pour  guide,  dans  cette  histoire  des 
fourmis ,  le  patient  et  habile  observateur  dont  nous  avons  déjà 
emprunté  tant  de  faits  curieux,  il  nous  reste  à  faire  connoître 
les  populations  des  fourmis  dans  lesquelles  on  trouve  réunies 
des  espèces  différentes,  qui  semblent  ainsi  composer  des  so- 
ciétés mixtes,  c'est-à-dire,  où  l'on  observe  en  même  temps 
des  individus  neutres  qui  appartiennent  évidemment  à  des 
paces  différentes.  Ces  fourmis,  ouvrières  différentes,  ont  été 
enlevées  de  vive  force,  dans  leur  premier  âge ,  à  la  république 
où  elles  étoient  nées.  Elles  sont  devenues  esclaves;  elles  sont 
iiniquement  chargées  des  travaux,  des  soins  domestiques,  de 


FOU  3ii 

l'éducation  des  larves,  tant  de  la  famille  de  leurs  ravisseurs 
que  de  celles  de  leur  propre  race,  qui,  comme  elles,  seront 
enlevées  à  leur  famille  par  les  individus  auxquels  elles  sont 
maintenant  subordonnées.  Ce  sont  ces  espèces  ravisseuses  que 
M.  Huber  a  fait  connoître  ,  dans  sou  Histoire  des  Fourmis 
indigènes,  sous  le  nom  de  guerrières ,  d'amazones  ou  de  légion- 
naires. 

On  reconnoit  ces  fourmis  amazones  à  leurs  longues  mandi- 
bules arquées,  étroites,  sans  dentelures,  très-peu  propres  à 
l'arrangement  et  au  transport  des  matériaux  qui  composent 
leur  habitation.  Ces  instrumens  sont  devenus  des  armes  et  non 
des  outils,  comme  chez  les  individus  travailleurs.  Aussi  ces 
fourmis  ne  respirent-elles  que  les  combats.  M.  Huber  a  décrit 
avec  soin  plusieurs  de  ces  assauts  dont  il  a  été  le  témoin. 

Lorsque,  dans  un  beau  jour  serein  ,  la  chaleur  de  l'atmo- 
sphère commence  à  diminuer,  et  régulièrement  à  la  même 
heure  et  pendant  plusieurs  jours  consécutifs,  qui  sont  proba- 
hlement  marqués  par  l'instinct,  les  fourmis  amazones  quittent 
leurs  habitations  ;  elles  s'avancent  en  colonnes  serrées ,  et  se 
dirigent,  comme  un  corps  d'armée,  vers  la  fourmilière  dans 
laquelle  elles  veulent  s'introduire,  et  dont  elles  ont  probable- 
ment reconnu  d'avance  les  distributions  intérieures  et  la  dispo- 
sition. Malgré  la  vive  opposition  et  la  résistance  opiniâtre  des 
habitans,  les  guerrières  y  pénètrent,  et  leur  seul  but  est  de 
s'emparer  des  larves  et  des  nymphes  qui  doivent  produire  des 
ouvrières,  pour  les  transporter,  dans  le  plus  grand  ordre, 
vers  leur  habitation.  C'est  une  véritable  traite  de  nègres,  ou 
plutôt  de  négrillons,  que  font  là  les  fourmis  amazones.  Aussi 
M.  Huber,  en  décrivant  ce  manège,  fait-il  remarquer  que 
ces  insectes  n'ont  qu'un  seul  objet  dans  leurs  excursions ,  celui 
d'enlever  des  fourmis  ouvrières  encore  pour  ainsi  dire  an 
maillot,  et  de  s'en  faire  des  ilotes  qui  travaillent  pour  eux  , 
qui  élèvent  leurs  petits,  et  qui  leur  fournissent  des  vivres. 
C'est  pour  cela  qu'ils  ne  s'emparent  jamais  que  des  larves  on 
des  nymphes,  individus  neutres,  c'est-à-dire ,  des  travailleuses  ; 
les  mâles  et  les  femelles  ne  leur  seroient  bons  à  rien. 

Ces  détails,  que  nous  venons  d'extraire  des  recherches  de 
M.  Huber,  sont  relatifs  aux  fourmis  roussâtres,  qui  mettent 
ainsi  en  esclavage  les  neutres  de  l'espèce  qu'on  a  nommée 


3i2  FOU 

noire  cendrëe  (fusca  Linnœi)  ;  mais  une  autre  race  ,  celle  des 
fourmis  sanguines,  offre  un  autre  exemple  de  sociétés  mixtes, 
danslesqueiîes  on  trouve  encore  des  esclaves  faits  sur  l'espèce 
des  noires  ceiidrées,  d'outrés  dans  les  familles  des  fourmis 
mineuses.  Il  faut  lire,  dans  l'ouvrage  même,  les  détails  inté- 
ressans  que  M.  Hubsr  a  donnés  dans  son  chap.  xi. 

Op  est  loin  de  counoitre  aussi  bien  l'histoire  des  fourmis 
étrangères  que  celles  de  notre  Europe  ;  cependant  il  en  est 
plusieurs  dont  les  .formes  bizarres,  la  grosseur  de  la  tête,  l'a- 
loi'getnent  el  les  courbures  variées  des  mandibules,  les  épines 
plus  ou  moins  aiguës  du  corselet,  la  disposition  des  pâtes  et 
des  ailes,  doivent  être  la  conséquence  de  mœurs  et  d'habi- 
tudes très-variées.  Il  est  en  Amérique  et  eu  Asie  des  fourmis 
qui  occasionnent  les  plus  grands  dégâts,  en  particulier  dans 
les  sucreries  et  dans  les  campagnes  où  l'on  cultive  les  cannes. 

Nous  allons  donner  la  description  de  quelques  espèces  de 
fourmis,  principalement  de  celles  de  France.  Mais  ces  descrip- 
tions seront  longues,  car  elles  exigent  des  détails  pour  faire 
connoître  les  trois  individus  qui  composent  chaque  race. 

Fourmi  ronge-bois,  perce-bois  ou  Hercule  5 /brmica  Hercu- 
lanea ,  Linn. 

Ouvrière  ou  neutre.  Noire  ;  à  corselet,  base  de  l'abdomen, 
cuisses  d'un  rouge  de  sang. 

Femelle.  Noire  ;  à  côté  du  corselet,  écaille,  base  de  l'abdomen , 
d'un  rouge  bai  -,  ailes  supérieures  totalement  enfumées. 

Mâle.  Très-noir;  écaille  épaisse  ,  échancrée  ;  tarses  et  genoux 
ferrugineux. 

On  trouve  ceite  espèce  dans  les  troncs  d'arbres.  C'est  la  plus 
grande  du  pays,  elle  atteint  quelquefois  près  d'un  demi-pouce 
de  longueur.  On  ne  la  trouve  guère  que  dans  les  bois,  jamais 
dans  les  champs. 

Fourmi  éthiopienne -,  formica  crthiops,  Latreille. 

Ouirière.  Alongée,  très -noire,  luisante;  abdomen  velu; 
mandibules  et  jambes  d'un  brun  noirâtre. 

l'emeZ/e. Très-noire,  luisante  ;  écaille  presque  en  cœur;  ailes 
blanches,  les  supérieures  avec  an  poil  sur  le  bord;  abdomen 
cave,  ové,  poileux. 

Mâle.  Très -noir;  abdomen  pubescent  ;  écaille  tronquée, 
échancrée  ;  ailes  comme  dans  la  femelic. 


FOU 

Fourmi  enfumée  ou  fuligineuse, /bmica/iii/g^in.osa. 
Ouvrière.  Courte,  très -noire,  luisante;  antennes  depuis 
l'angle,  genoux  et  tarses  d'un  brun  noir-,  tête  grosse,  échan- 
crée  en  arrière;  écaille  petite,  abdomen  globuleux  :  longueur 
une  ligne  et  demie. 

FerneWe. Très-noire,  courte;  mandibules,  antennes  et  pâtes 
roussàtres  :  ailes  et  écaille  comme  dans  le  mâle. 

Mâle.  Couleur  de  l'ouvrière;  écaille  entière  presque  ovée, 
ailes  antérieures  obscures  à  leur  base. 

Cette  espèce  se  trouve  sur  les  arbres;  elle  construit  dans  le 
bois  des  labyrinthes  admirables. 

Fourmi  jAUNE;yôrmica  lutea. 

Ouvrière.  D'un  jaune  rougeàtre;  yeux  noirs  ;  écaille  petite, 
presque  carrée  et  entière;  le  corps  un  peu  pubescent. 

Femelle.  Testacée,  obscure,  luisante  ;  antennes  et  pâtes  pâles  ; 
écaille  échancrée,  carrée,  veiue  ;  abdomen  à  anneaux  jau- 
nâtres, plus  luisans  sur  les  bords  ;  ailes  inférieures  un  peu 
obscures  à  la  base. 

Mâle.  Noirâtre,  luisant;  antennes  et  pâtes  pâles;  écaille 
légèrement  échancrée;  abdomen  paroissant  foiblement  duveté; 
ailes  transparentes. 

La  fourmi  jaune  construit  des  murailles  de  terre-,  elle  élève 
des  pucerons  en  domesticité.  Elle  est  très-commune  dans  les 
Alpes,  où  son  habitation  sert  de  boussole  aux  montagnards, 
parce  que  la  direction  de  la  fourmilière  -est  constamment 
dirigée  de  Test  à  l'ouest,  et  que  son  sommet  et  la  pente  la 
plus  rapide  sont  tournés  au  levant  d'hiver,  tandis  qu'elles  vont 
en  talus  du  côté  opposé. 

Fourmi  fauve;  formica  rufa,  Linn. 

Ouvrière.  Noirâtre,  avec  une  grande  partie  delà  tête,  le 
corselet  et  l'écaillé  fauves. 

Femelle.  Semblable  à  l'ouvrière  par  la  tête  ;  corselet  ovalaire, 
d'un  fauve  vif,  avec  le  dos  noir;  écaille  grande,  ovée;  abdo- 
men court,  d'un  noir  un  peu  bronzé,  avec  le  devant  fauve; 
ailes  enfumées  ;  pâtes  noirâtres ,  à  cuisses  rouges. 

Mâle.  Plus  étroit,  noir,  à  tête  petite;  écaille  épaisse,  presque 
carrée;  abdomen  et  pâtes  roussàtres;  ailes  obscures,  à  ner- 
vures jaunes. 

C'est  l'espèce  la  plus  commune  dans  nos  bois,  où  elle  ra- 


FOU 

■nioïse  des  fas  considérables  de  débris  de  bois,  de  feuilles,  de 
tiges  de  graininée>.,  en  une  sorte  de  dôme  de  deux  ou  trois 
pieds  d'élévation.  Elle  fournit  beaucoup  d'acide. 

I-es  autres  espèces  sont  la  fourmi  mineuse  (cunicularia) , 
des  gazons  (  cespitum  ),  roussàtre  [fusca)  ,  sanguine  (sangui- 
nea). 

Voyez  Myrmègës,  et  surtout  consultez  l'ouvrage  de  M.  Hu- 
ber,  déjà  indiqué,  et  dont  voici  le  titre  exact  :  Recherches 
sur  les  Mœurs  des  Fourmis  indigènes.  Paris  et  Genève,  1812  ; 
un  vol.  in-8°  de  328  pag.,  avec  2  pi.  (  C.  D.) 

FOURMI  BLANCHE.  (Entom.)  C'est  le  nom  vulgaire  des 
termites.  (CD.) 

FOURMILIER.  (  Ornith.)  On  a  expaçé,  dans  le  Supplément 
du  tome  v."^  de  ce  Dictionnaire,  les  motifs  qui  ont  empêché 
fi'adopter  d'une  manière  absolue,  avec  un  grand  naturaliste, 
la  réunion  en  un  seul  genre  des  brèves  de  l'ancien  continent  et 
des  fourmiliers  d'Amérique;  et  l'on  a  décrit,  sous  le  mot  brèwe, 
les  espèces  des  grandes  Indes,  dont  les  habitudes  ne  sont  pas 
encore  connues,  en  réservant  la  dénomination  de  fourmiliers 
pour  les  autres,  dont  on  sait  que  les  fourmis  sont  la  principale 
et  presque  la  seule  nourriture.  Ces  divers  oiseaux  se  recon- 
noissent  tous  à  leurs  jambes  hautes  et  à  leur  queue  courte  ; 
mais  le  bec  n'olfre  pas  des  formes  aussi  constantes  :  toujours 
cependant  il  est  plus  haut  que  large  à  la  base.  La  mandibule 
supérieure  est  échancrée  et  arquée  vers  le  bout,  qui  déborde 
la  mandibule  inférieure,  laquelle  est  entaillée  et  retroussée  à 
la  pointe:  mais,  chez  les  uns,  le  bec  est  plus  fort;  chez  d'autres 
plus  droit,  et  chez  plusieurs  il  est  grêle  et  aiguisé;  tantôt  aussi 
il  est  garni  à  sa  base  de  petites  soies  qu'on  ne  trouve  pas  dans 
l^lusieurs  espèces.  Les  narines,  ovales,  ont  leur  partie  posté- 
rieure close  par  une  membrane  ou  par  des  poils,  et  la  partie 
antérieure  découverte.  La  langue  est  courte,  et  en  général 
terminée  par  de  petits  filets  cartilagineux  et  charnus.  Les 
jambes,  presque  toujours  emplumées  jusqu'au  tarse,  sont 
quelquefois  nues  au-dessus  du  genou.  L'intermédiaire  des 
doigfs  antérieurs  est  joint  à  l'externe,  presque  jusqu'au  mi- 
lieu ,  et  seulement  par  la  base  au  doigt  interne,  qui  est  plus 
court  que  le  pouce ,  dont  l'ongle  est  plus  alongé  et  plus  crochu 
que  celui  des  autres.  La  première  rémige  est  la  plus  courte,. 


FOU  3i5 

et  les  quatrième  et  cinquième  sont  les  plus  longues.  Les  fe- 
melles sont,  chez  ces  oiseaux,  plus  fortes  que  les  mâles. 

Les  fourmiliers,  rangés  parmi  les  turdus  de  Linnaeus  et  de 
Latham,  ont  reçu,  à  cause  de  leïir  principale  nourriture,  les 
noms  de  myrmecophaga  par  M.  de  Lacépède,  de  mjiothera  par 
lUiger ,  et  de  myrmothera  par  M.  Vieillot.  La  seconde  de  ces 
dénominations  a  été  adoptée  pour  les  fourmiliers  et  les  brèves 
réunis  ,  en  supprimant  la  troisième  lettre  du  mot  ,  par 
M.  Cuvier,  qui  d'ailleurs  a  établi  parmi  les  fourmiliers  plu- 
sieurs sections,  en  plaçant  le  roi  des  fourmiliers  et  le  gi-and 
béfroi  dans  la  première,  qu'il  caractérise  par  un  bec  fort  et 
arqué;  le  petit  béfroi,  le  palikour  et  le  colma,  non  séparé 
spécifiquement  du  tétéma  ,  dans  la  deuxième,  dont  les  espèces, 
à  bec  plus  droit  mais  encore  assez  fort,  se  rapprochent  de 
certaines  piegrièchesj  le  bambla  et  l'arada  dans  la  troisième, 
laquelle  comprend  les  espèces  qui  ont  le  bec  grêle  et  aiguisé, 
et  ressemblent  à  notre  troglodyte  par  leur  queue  striée. 
Le  même  naturaliste  pense,  en  outre,  qu'on  doit  renvoyer 
aux  merles  plusieurs  espèces  que  Buffon  a  accolées  aux  four- 
miliers, d'après  quelques  rapports  de  couleurs,  et  nommé- 
ment le  carillonneur,  turdus  tintinnabulatus,  Gmel.  ;  le  merle  a 
cravate ,  turdus  cinnamomeus  ,  id.  ;  et  le  tanjpus  ,  décrit  par 
M.  Oppel,  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  de  Bavière  pour 
1 8 1 1  et  1 8 1 2  ,  pi.  8  ,  ce  dernier  oiseau  ne  différant  des  merles 
que  par  les  jambes,  un  peu  plus  hautes. 

Illiger,  en  avouant  que  son  genre  Mjiothera  ne  repose  pas 
encore  sur  des  bases  bien  fixes,  déclare  qu'outre  les  fourmi- 
liers de  Buffon,  il  y  comprend  aussi  presque  toutes  les  pie- 
grièches  étrangères  dont  les  foibles  mandibules  ne  sont  point 
armées  de  dents  saillantes;  et  M.  Vieillot,  qui  a  formé,  sous  le 
nom  de  grallarie,  un  genre  séparé  pour  le  roi  des  fourmiliers, 
a  placé  les  fourmiliers  tacheté  et  à  oreilles  blanches  parmi 
ses  conopophages  ,  et  les  fourmiliers  rossignols,  c'est-à-dire  le 
coraya  et  l'alapi ,  ainsi  que  le  fourmilier  huppé ,  avec  les 
bataras. 

Les  ailes  des  fourmiliers  étant  peu  propres  au  vol,  on  ne 
les  voit  jajJiais  prendre  leur  essor  dans  les  airs  ;  mais  ils  n  en 
sont  pas  moins  agiles,  et  sans  cesse  ils  courent  ou  sautent  légè- 
rement sur  des  branches  peu  élevées.  Ils  vivent  en  troupes 


3;/î  FOU 

iians  les  bois  épais,  loin  des  lieux  habités,  et  on  les  y  pen- 
contre  presque  toujours  sur  les  grandes  fourmilières,  si  com- 
munes dans  l'intérieur  de  la  Guiane  ,  où  elles  ont  plus  de  vingt 
pieds  de  diamètre.  Comme  on  remarque  souvent  des  diffé- 
rences entre  les  individus,  qui,  par  beaucoup  de  rapports, 
annoncent  toutefois  être  de  la  même  espèce,  Mauduyt  pense 
qu'on  peut  en  attribuer  la  cause  à  des  mélanges  résultant  de 
l'union  plus  intime  des  individus  habitués  à  vivre  ainsi  dans 
une  société  perpétuelle.  Quoique  la  voix  ne  soit  pas  semblable 
dans  les  espèces  différentes,  elle  est ,  en  général ,  forte  et  sin- 
gulière. Leurs  nids,  construits  avec  des  herbes  sèches  ,  et  assez 
grossièrement  entrelacés,  sont  hémisphériques,  et  ont  de  deux 
à  quatre  pouces  de  diamètre.  Les  femelles  déposent  trois  ou 
quatre  œufs,  presque  ronds,  dans  ces  nids,  attachés  ou  sus- 
pendus, par  les  deux  côtés,  sur  des  arbrisseaux,  à  deux  ou  ^ 
trois  pieds  de  terre. 

Si  le  climat  chaud  et  humide  de  l'Amérique  méridionale 
devoit  la  peupler  de  myriades  d'insectes  propres  à  y  détruire 
toutes  les  productions  végétales,  on  peut  remarquer  aussi 
que  la  nature  a  pris  des  moyens  pour  en  diminuer  le  nombre  , 
en  plaçant  à  côté  d'eux  les  fourmiliers  et  les  mammifères  du 
même  nom,  qui  ne  vivent  tous  que  de  cette  sorte  d'alimens. 
On  se  doute  bien  que  leur  chair  en  refient  une  odeur  et  un 
goût  huileux  fort  désagréables  ;  cependant  celle  du  roi  des 
foul'miliers  et  du  grand  béfroi  peut  se  manger. 

Les  colons  de  la  Guiane  donnent  aux  fourmiliers  le  nom 
de  petites  perdrix  ,  et  les  naturels  celui  de  palikours. 

La  plus  grande  espèce  est  le  Rot  des  Fourmiliers,  turdus  rex  ,. 
Gmel. ,  dont ,  comme  on  l'a  déjà  observé,  M.  Vieillot  a  fait  un 
genre  ,  et  qui ,  en  la  laissant  parmi  les  fourmiliers,  seroit  le 
niyothera  grallaria  ,  est  représentée  dans  la  planche  enluminée 
de  Bufton,  n.°  702.  L'oiseau  ,  long  de  sept  à  huit  pouces, 
est  plus  haut  monté  que  les  autres  ;  son  bec  ,  fort ,  a  quatorze 
lignes  de  longueur  et  cinq  d'épaisseur  à  sa  base  ;  la  mandibule 
supérieure  est  convexe  et  échancrée,  et  il  y  a  une  zone  assez 
étroite,  dégarnie  de  plumes,  au  bas  des  jambes.  Ses  ailes, 
dans  Tétat  de  repos,  aboutissent  à  l'extrémité  de  la  queue. 
Sa  taille  est  celle  d'une  caille,  et  son  plumage  est  assez  agréa- 
blement  bigarré.   Les  partie»;  supérieures  ont ,  sur  un  fond 


FOU  5,7 

d'un  roux  brun  ,  des  nuances  noirâtres  et  d'un  brun  clair -.  la 
gorge  et  Je  devant  du  cou  sont  d'un  brun  sombre  ;  deux  bandes 
blanches  descendent  des  coins  du  hec  sur  les  côtés  du  cou ,  et 
la  poitrine  présente  une  plaque  de  la  même  couleur  ;  les 
plumes  abdominales  et  anales  sont  d'un  roux  blancUàtre  ;  le 
bec  et  les  pieds  sont  bruns  :  mais  les  dimensions  et  les  couleurs 
sont  sujettes  à  varier  chez  les  divers  individus. 

Le  nom  de  roi  a  été  donné  à  cet  oiseau  de  Cayenhe,  parce 
qu'il  semble  dominer,  à  raison  de  sa  taille,  les  autres  four- 
miliers. Du  reste,  si  sa  nourriture  est  la  même,  et  si,  par 
conséquent,  on  le  rencontre  dans  les  mêmes  lieux,  toujours 
isolé  et  rarement  par  paires,  il  est  loin  d'avoir  les  habitudes 
sociales  des  autres,  et  il  est  beaucoup  moins  vif  qu'eux.  Son 
nid,  construit  dans  des  buissons,  ne  renferme  que  deux  ou 
trois  œufs  :  c'est  Je  plus  rare  de  tous  les  fourmiliers. 

Le  Fourmilier  grand  Béfroi  :  Mjothera  tinniens ,  D.  ;.  pî. 
enl.  de  Buffon  ,  706,  fig.  i;  Turdus  tinniens  ,  Gmel.  et  Lath.  , 
a  six  pouces  et  demi  de  grandeur  moyenne  ,  et  sa  queue  .  qui 
n'a  que  seize  lignes,  dépasse  les  ailes  de  six.  La  mandibule 
supérieure,  un  peu  échancrée  et  crochue,  n'est  pas  plus  longue 
que  l'inférieure.  Tout  le  dessus  du  corps  est  d'un  brun  pâle , 
et  le  dessous  blanc  ;  cependant  les  plumes  de  la  poitrine  sont 
bordées  de  gris.  Les  tarses  et  les  doigts  sont  de  couleur  plom- 
bée,  et  le  bec,  noir  en  dessus,  est  blanchâtre  en  dessous. 

Chez  les  jeunes  individus,  les  côtés  de  la  têie  sont  rayes 
longitudinalement  de  noirâtre  et  de  gris;  les  ailes  sont  tache- 
tées de  roux;  la  gorge  «st  d'un  blanc  pur,  la  poitrine  mou- 
chetée de  noir,  les  flancs  sont  roux,-  le  devant  du  cou,  le 
ventre  et  l'anus,  sont  bruns,  avec  des  lignes  rousses,  étroites. 

Cet  oiseau  fait  entendre,  le  matin  et  le  soir,  pendant  en- 
viron une  heure,  dans  les  déserfs  montueux  et  boisés  de  la 
Guiane,  une  voix  très-forte  qui  retentit  au  loin  comme  les 
sons  précipités  d'une  cloche  d'alarme. 

Le  Fourmiiier  petit  Béfroi  :  Mjothera  lineata ,  D.;  Turdus 
lineatus  ,  Gmel.  et  Lath.,  représenté  dans  les  pi.  enl.  de 
Buffon  ,  n."  823  ,  fig.  I,  a  cinq  pouces  et  demi  de  longueur,  et 
la  queue  dépasse  les  ailes  de  dix  lignes.  Le  dessus  de  son  corps 
est  d'une  couleur  olivâtre  ,  moins  foncée  sur  le  croupion  ;  les 
jpennes  alaires  et  caudales  sont  brunes,  la  gorge  est  blanche. 


3)8  FOU 

la  poitrine  et  le  ventre  sont  taclietés  debruni'oussâtre  sur  un 
fond  gris.  Le  nom  donné  à  cet  oiseau,  d'après  des  rapports 
de  conformation  avec  le  grand  béfroi ,  pourroit  induire  en 
erreur  ,  vu  qu'on  ignore  si  sa  voix  a  le  même  son  que  celle  du 
premier. 

Le  Fourmilier  palikour,  ou,  proprement  dit,  de  BufTon, 
pi.  eul. ,  n.°  700,  fig.  I  ;  Mjothera  formicivora ,  D.  ,  est  le 
turdus  formicivorus  de  Gmelin  et  de  Latham  ;  et  c'est  pour  ne 
pas  introduire  d'innovations  dans  la  nomenclature  que  l'on 
conserve  ici  des  épithètes  qui  ne  présentent  aucun  caractère 
distinctif,  puisque  le  mot  palikour  a  une  acception  générale 
en  Guiane,  et  que  les  fourmis  ne  sont  pas  un  aliment  parti- 
culier à  l'espèce.  Cet  oiseau  a  environ  six  poucesde  longueur. 
Les  plumes  qui  couvrent  la  tête  et  le  dessus  du  corps  sont  d'un 
gris  brun  avec  une  bordure  roussâtre,  à  l'exception  du  milieu 
du  dos,  où  se  trouve  une  tache  noire,  oblongue  ;  le  pli  de 
l'aile  est  blanc-,  les  moyennes  couvertures  sont  brunes  et  en- 
tourées de  roussâtre  ;  les  grandes  sont  noires  ,  et  leur  bordure, 
d'un  jaune  roussâtre  ,  forme  sur  l'aile  une  bande  transversale 
de  cette  couleur;  la  queue,  roussâtre,  est  terminée  de  noi- 
râtre; la  gorge,  le  devant  du  cou  et  le  haut  de  la  poitrine 
sont  couverts  d'une  plaque  noire,  entourée  d'une  bordure 
blanche,  tachetée  de  noir,  laquelle  remonte  des  deux  côtés 
du  cou  en  s'élargissant,  et  ceint  les  joues.  Le  bec  et  les  pieds 
sont  noirâtres,  et  les  yeux,  rougeâtres,  sont  entourés  d'une 
peau  d'un  bleu  céleste.  La  gorge  est  rousse  chez  les  jeunes. 

Quoique,  en  général,  les  habitudes  de  cette  espèce  soient 
les  mêmes  que  celles  des  autres  fourmiliers  ,  Sonnini  ,  qui  a 
trouvé  ceux-ci  dans  les  forêts  humides  de  la  Guiane  ,  a  observé 
qu'ils  ne  volent  pas  plus  que  les  autres  en  plein  air ,  mais 
qu'ils  grimpent  sur  les  arbrisseaux  à  la  manière  des  pics,  et 
en  étendant  les  pennes  caudales.  Le  fredonnement  qu'ils  font 
entendre  est  coupé  par  un  petit  cri  aigu  et  bref.  Leur  nid, 
mieux  tissu  que  ceux  de  leurs  congénères  ,  est  revêtu  à  l'exté- 
rieur d'une  couche  de  mousse,  et  la  femelle  y  pond  des  œufs 
bruns  et  parsemés  de  taches  plus  foncées,  qui  sont  de  la 
grosseur  de  ceux  du  moineau. 

Buffou  regarde  comme  de  simples  variétés  de  cette  espèce 
ie  me^le  à  cravate,  pi.  enl.  ;56o,  fig.  2;.  le  merle  roux  de 


FOU  310 

Cayenne,  pi.  644,  f .  i ,  et  le  peiit  merle  brun,  à  gorge 
rousse,  de  Cayenne,  pi.  enl. ,  644,  f.  2  ;  mais  on  a  déjà  vu  que 
M.  Cuvier  n'est  pas  de  cet  avis. 

Le  Fourmilier,  colma;  Mjothera  colma ,  D.;  Turdus  colma  , 
Gmel.  et  Lath.,  pi.  enl.,  7o5  ,  f .  i ,  dont  le  nom  est  rormé,  par 
contraction,  de  collum  maculatum ,  a  cause  des  taches  de  gi'is- 
brun  qu'on  voit  sur  la  gorge  blanche  de  plusieurs  individus, 
a  six  à  sept  pouces  de  longueur.  Le  dessus  du  corps  est  brun  , 
et  cette  couleur  est  mélangée  en  dessous  d'un  gris  cendré;  il 
y  a,  de  plus,  une  tache  blanche  entre  !e  bec  et  l'œil,  et  der- 
rière le  cou  une  espèce  de  demi-collier  roux.  Le  tétéma, 
pi.  enl.,  821  ,  qui ,  comme  le  précédent ,  se  trouve  à  Cayenne, 
a  tant  de  rapports  avec  lui,  que  Cuffon  ,  Latham  et  Gmeliii 
n'en  font  qu'une  variété.  Le  premier  pense  même  qu'ils 
n'offrent  qu'une  différence  de  sexe,  et  que  le  dernier,  qui  n'a 
pas  la  gorge  tachetée ,  et  dont  le  plumage  est ,  en  général , 
plus  foncé,  est  le  mâle  de  l'autre. 

On  range  au  nombre  des  espèces  de  fourmiliers,  dans  le 
nouveau  Dictionnaire  d'Histoire  naturelle,  1.°  un  individu  à 
calotte  brune ,  qui  a  les  joues  elles  côtés  du  cou  roux,  le  man- 
teau ,  les  ailes  et  la  queue  d'un  bleu  d'ardoise  foncé;  la  gorge 
noire  -,  le  dessous  du  corps  d'un  noir  bleuâtre  ,  et  mélangé  de 
blanc  sur  le  ventre,  dont  le  bas  est  totalement  de  cette  cou- 
leur: 2°  un  autre  à  tète  noire^  dont  le  plumage  est,  en  gé- 
néral, d'un  gris  bleuâtre,  et  dont  la  tête,  la  gorge  et  le  cou 
sont  noirs,  ainsi  que  les  petites  couvertures  des  ailes,  qui 
sont  terminées  par  un  croissant  blanc.  Mais  l'auteur  lui-même 
avoue  que  ces  oiseaux,  qui  se  trouvent  dans  les  mêmes  lieux 
que  le  tétéma  ,  sont  de  sa  taille ,  et  ne  paroissent  présenter  que 
d^  simples  variétés  d'âge. 

Le  Fourmilier  CARiLLONNEUR  ;  Turdus  tintinnabulatus  ,  Gmel., 
el  turdus  campanella,  Lath.,  pi.  enl. ,  700  ,  lig.  2  ,  que  M.  Cuvier 
regarde  comme  un  merle,  n'a  que  quatre  pouces  et  demi  de 
longueur-,  son  plumage  est  d'un  gris  brun  sur  le  dos,  d'un  brun 
roux  sur  le  croupion  et  le  ventre;  les  petites  couvertures  des 
ailes  sont  brunes  et  terminées  de  blanc  ;  les  pennes  alaires  et 
caudales  sont  brunes  et  bordées  extérieurement  de  roussâtre  ; 
le  dessus  de  la  tête,  la  gorge,  le  cou  et  la  poitrine  ,  sont  variés 
de  taches  noires,  oblongues,  sur  un  fond  blanc  j^  Il  y  a  ;  ^ux 


iV  FOU 

deux  côtes  de  la  tête,  un  Irait  noir  qui  passe  au-dessus  des 
yeux. 

Quoique  les  carillonneurs  se  nourrissent  de  fourmis,  et 
habitent ,  comme  les  autres  fourmiliers  .  les  forêts  de  l'inté- 
rieur de  la  Guiane,  où  ces  insectes  sont  le  plus  abondanSjils 
ne  se  mêlent  pas  avec  eux,  et  vivent  en  petites  compagnies 
de  quatre  ou  six.  Leur  voix,  bien  plus  foible  que  celle  du 
grand  béfroi,  quoiqu'elle  soit  très  forte  pour  leur  taille,  ne 
s'entend  distinctement  qu'à  cinquante  pas  ;  mais  elle  formé  j 
pendant  des  heures  entières,  un  petit  carillon  semblable  à 
celui  de  trois  cloches  d'un  ton  différent  :  on  ne  s'est  pas  en- 
core assuré  si  chacun  d'eux  rend  successivement  les  troii 
tons. 

Le  FoDRMiLiER  bambla;  Myothera  bamhla,  D.;  Turdus  bamblaf 
Gmel.,  pi.  enl. ,  n.'yoSjfig.  2  ,  a  environ  quatre  pouces  de 
longueur.  Buffon  a  tiré  son  nom,  par  syncope,  d'une  bande 
blanche  qui  lui  traverse  l'aile,  dont  les  petites  couvertures 
sont,  comme  les  autres  parties  supérieures,  d'un  brun  rous- 
sâtre  ,  et  les  grandes,  ainsi  que  les  pennes,  noires;  le  dessous 
du  corps  et  la  queue  sont  d'un  gris  blanchâtre. 

Le  Fourmilier  arada;  Turdus  cantans,  Gmel.,  représenté, 
dans  les  planches  enluminées  de  Buffon  ,  n.°  106  ,  f.  2  ,  sous  la 
dénomination  de  musicien  de  Cayenne,  est  de  la  même  taille 
que  le  précédent  :  il  a  le  dessus  de  la  tête  et  du  cou  d'un  brun 
foncé  avec  des  nuances  rousses  ;  le  dos  et  les  couvertures  des 
ailes  sont  d'un  brun  sans  mélange  ;  les  pennes  alaires  sont 
rayées  transversalement  de  roux  brun  et  de  noirâtre,  comme 
la  queue  ,  qui  les  dépasse  de  sept  lignes-,  la  gorge  ,  le  devaul 
du  cou  et  le  haut  de  la  poitrine  sont  roux  ;  les  côtés  du  cou 
sont  noirs  et  tachetés  de  blanc. 

M.  Vieillot  a  rangé  cet  oiseau  parmi  les  troglodytes  ;  et  il 
s'en  rapproche  en  effet ,  en  même  temps  qu'il  n'a  pas  les  habi- 
tudes des  fourmiliers.  Toujours  solitaire,  il  se  perche  sur  les 
arbres,  et  ne  descend  à  terre  que  pour  y  prendre  les  fouraiis 
et  autres  insectes  dont  il  se  nourrit.  D'un  autre  côté  ,  au  lieu 
des  sons  sans  modulation  que  les  fourmiliers  font  entendre , 
il  a  le  ramage  le  plus  brillant,  et  prélude,  par  les  sept  notes 
de  l'octave,  à  des  airs  modulés  sur  des  tons  différens  ,  plus 
graves  que  ceux  du  rossignol .  mais  plus  flûtes  et  plus  tendres. 


FOU  5m 

Son  chant  lient  néanmoins  du  genre  de  voix  dés  fourmiliers 
par  un  coup  de  sifflet  ressemblant  à  celui  d'un  homme  qui  en 
appelle  un  autre,  et  dont  la  parfaite  imitation  a  contribué  à 
égarer  dés  voyageurs ,  par  l'habitude  qu'a  l'oiseau  de  s'éloignet 
peu  à  peu  en  le  répétant  de  temps  en  temps. 

Les  fourmiliers  tacheté  et  à  oreilles  blanches,  pipra  nœvia, 
et  titrdus  auritus  ,■  hath.,  pi.  enl.  820,  fig.  2,  et  822,  f.  1, 
dont  M.  Vieillot  a  formé  le  genre  Conopophage ,  et  que 
M.  Cuvicr  a  placés  avec  ses  moucherolles ,  se  trouvent  à  la 
Guiane,  et  se  distinguent  spécifiquement  :  le  premier,  par 
une  taille  de  quatre  pouces;  le  dessus  du  corps  et  les  ailes 
bruns,  ainsi  que  la  queue  ;  deux  bandes  blanches  sur  les  ailes, 
et  les  pennes  caudales  terminées  par  une  bordure  de  lamême 
couleur;  la  gorge  noire,  la  poitrine  blanche,  et  les  plumes 
abdominales  et  anales  orangées  :  le  second  ,  par  une  taille  de 
quatre  pouces  neuf  lignes,  une  queue  longue  de  quinze 
lignes  ;  le  dessus  de  la  tête  brun  ,  les  côtés  et  la  gorge  noirs  ; 
le  dessus  du  corps  mélangé  d'olive  et  de  roussàtre ,  et  le 
dessous  de  roux  et  de  gris  ;  et  surtout  par  les  plumes  blanches 
qui,  de  l'angle  postérieur  de  l'œil,  descendent  jusqfu'au  bas  de 
la  tête. 

Les  Fourmiliers  huppé,  coraya  et  alapi  ;  Turdus  cirrhalus  ^ 
coraya  et  alapi,  Gmel.  et  Latham ,  que  M.  Vieillot  a  rangés 
parmi  les  Bataras  ,  ont  déjà  été  décrits  sous  ce  mot,  page  36 
du  Supplément  au  tome  iv."  de  ce  Dictionnaire.  Ce  dernier 
auteur  fait,  de  plus,  mention  des  sept  autres  fourmiliers, 
qu'il  considère  comme  espèces;  savoir  :  1.°  le  fourmilier  ar- 
doisé, mjrmothera  cœrulescens ,  qui  est  long  de  quatre  pouces 
et  demi,  et  dont  tout  le  plumage  est  d'un  gris  d'ardoise,  à 
Texception  des  ailes  et  de  la  queue,  qui  sont  noires  et  tache- 
tées de  blanc;  2.°  le  fourmilier  à  flancs  blancs,  mjrmothera 
ax i llari s,  Vie'ûL,  qui  n'a  que  trois  pouces  et  demi  de  lon- 
gueur, dont  le  plumage  ,  d'un  gris  bleuâtre  sur  le  corps  ,  est 
^oir  sur  le  devant  du  cou,  la  poitrine  ,  les  grandes  pennes  des 
ailes  et  les  pennes  latéraleis  de  la  queue,  lesquelles  sont  ter- 
minées par  une  petite  tache  blanche  ,  et  dont  les  flancs 
portent  des  plumes  d'un  beau  blanc,  qui  sont  longues,  effilées 
et.très-fouffues  ;  3.°  le  fourmilier  longipède,  mjrmolhera  lon- 
gipes,  Vieiil. ,  dont  la  taille  est  celle  de  l'alouette,  mais  plus 

TJ.  21 


3.:.,  FOU 

déliée,  ùoniles  pieds  sont  très-longs  et  ia  queue  fort  courte; 
qui  a  le  dessus  de  la  tête ,  le  cou ,  le  dos  et  les  ailes  d'un  gris  rous- 
sàtre;  le  front,  les  sourcils,  la  gorge,  le  ventre  et  l'anus  blancs  : 
la  poitrine,  la  queue,  le  bec  e't  les  tarses  noirs;  4.°  le  fourmi- 
lier roux  ,  mjrmothera  ru/a  ,  Vieill.,  de  trois  pouces  et  demi  de 
longueur,  lequel  a  les  plumes  du  capistrum  noir,  et  le  resle 
du  corps  d'un  roux  plus  foncé  en  dessus  et  plus  clair  en  dessous-, 
S."  le  fourmilier  noir  et  blanc  ,  mjrmothera  melanoleucos  , 
Vieill. ,  de  trois  pouces  et  demi  de  longueur,  dont  les  parties 
supérieures  sont  noires  et  frangées  de  blanc  ,  et  les  inférieure» 
blanches,  avec  des  taches  longitudinales  noires;  6."  le  four- 
milier à  sourcils  blancs  ,  mjrmothera  leiicoplirjs ,  Vieill. ,  un  peu 
plus  petit  q»ie  le  bambla  ,  dont  la  gorge,  les  côtés  du  cou  ,  le 
milieu  du  ventre  et  les  ailes  sont  noii's,  ainsi  que  la  queue, 
blanche  à  son  extrémité;  les  côtés  du  ventre  et  les  sourcil» 
blancs,  et  le  reste  des  parties  supérieures  d'un  gris  terne-, 
•j."  enfin,  le  fourmilier  à  tête  noire,  mjrmolhera  atricapilla  ^ 
Vieill. ,  de  la  même  taille  que  le  précédent,  et  ayant  le  bec  ,  la 
tête,  la  gorge  et  les  petites  couvertures  des  ailes  noirs,  et  le 
surplus  d'un  gris  bleuâtre. 

Tous  cçs  oiseaux,  que  l'on  se  borne  à  indiquer  dans  le  Nou- 
veau Dictionnaire  d'Histoire  naturelle,  comme  se  trouvant  à 
la  Guiane,  et  sans  donner  à  leur  égard  aucun  autre  rensei- 
gnement ,  appartiennent  à  une  famille  dans  laquelle  le  plu- 
mage des  individus  est  sujet  à  beaucoup  de  variations,  et  ion 
est  très-éloigné  de  les  présenter  ici  comme  autant  d'espèces 
différentes.  (Ch.  D.) 

FOURMILIER  (Mamm,.)  ;  Mj-rmecophaga  ,  Linn.  Ce  nom 
a  été  donné  à  des  animaux  d'une  organisation  très-singulière, 
qui  se  nourrissent  principalement  de  fourmis,  et  dont  on  a 
formé  un  genre  particulier,  dans  le  groupe  assez  peu  naturel 
qui  constitue  l'ordre  des  Edektés.  (Voyez  ce  mot.) 

Ces  animaux  sont  tous  d'Amérique  ;  et,  jusqu'à  présent,  ils 
sont  assez  imparfaitement  connus  pour  que  les  naturalistes 
ne  Soient  pas  d'accord  sur  le  nombre  d'espèces  qu'on  doit 
ndiiieltre;  et  ceux, que  l'on  a  eu  occasion  de  bien  observer  tt 
de  bien  décrire,  diffèrent  assez  entre  eux  par  leur  organisation 
(  t  pu-  leur  genre  de  vie,  pour  (|u'on  soit  autorisé  à  en  former 
■ÀcuK  groupes  distincts,  deux  sous-genres  peut-êfre.  En  effet, 


FOU  325 

les  uns  ont  une  queue  prenante,  qu'ils  emploient  comme  un 
cinquième  organe  du  mouvement;  tandis  que  les  autres  ,  au 
contraire  ,  ont  une  queue  lâche,  qui  ne  peut  leur  être  d'au- 
cune utilité  pour  se  mouvoir  ;  et  ils  diflerent  tous  les  uns 
des  autres  par  le  wombre  des  doigts. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  Fourmiliers  sont  des  animaux  d'une 
taille  moyeiine,  dont  les  formes  sont  épaisses,  les  allures  très- 
lentes,  et  les  facultés  de  l'intelligence  très-bornées-,  et  leur 
museau  extrêmement  alongé,  leur  bouche,  qui  ne  consiste 
que  dans  une  ouverture  de  quelques  lignes,  leurs  petits  yeux 
donnent  à  leur  physionomie  un  air  si  particulier,  qu'où  les 
distingue  d'abord  de  tous  les  autres  mammifères. 

Ils  sont  tous  couverts  de  poils  épais,  et  ils  sont  privés  de 
dents  ;  aussi  leur  mâchoire  est  dépourvue  de  la  faculté  de  se 
mouvoir.  lisse  nourrissent  par  lemo}  en  de  leur  langue  étroite, 
gluante  et  trés-alongée  ,  qu'ils  dirigent  sur  les  insectes  dont 
ils  veulent  se  saisir,  et  au  moyen  de  laquelle  ils  les  ramènent 
dans  leur  bouche.  Leurs  doigts,  surtout  ceux  de  devant,  sont 
armés  d'ongles  très-forts  et  propres  à  déchirer;  mais  ils  ne  les 
emploient  pas  pour  marcher  .-  habituellement  ils  sont  reployés 
et  appuyés  sur  une  large  callosité  du  poignet.  Ces  animaux 
marchent  en  posant  à  terre  le  côté  externe  du  pied.  Leurs 
sens  et  leurs  organes  de  la  génération  sont  peu  connus.  Ce  sont 
des  animaux  ({ui  ont  essentiellement  besoin  d'être  examinés 
de  nouveau  ,  autant  pour  bien  établir  feurs  rapports  entre 
eux,  que  ceux  qu'ils  ont  avec  les  autres  édentés. 

Le  plus  grand  et  le  plus  remarquable  des  fourmiliers  est  le 
Tam AKOifi,  Myrmecophagajubata,  Linn.,-  Buffon,  t.X,  pi.  21), 
et  Suppl. ,  U  III,  p.  55.  C'est  un  animal  grand  comme  un 
fort  chien,  et  dont  la  tête  fait  le  tiers  de  la  longueur  de  son 
corps.  Il  a  quatre  pieds  du  bout  du  museau  à  lorigine  de  la 
queue,  qui  en  a  trois  ;  son  museau  est  presque  cylindrique, 
et  sa  bouche,  d'un  coin  à  l'autre,  n'a  que  quatorze  lignes;  ses 
narines  ont  la  figure  d'un  C  ;  sa  langue  est  douce,  pointue, 
flexible,  plus  large  qu'épaisse,  et  l'anijnal  peut  la  faire 
sortir  de  près  d'un  pied  et  demi;  ses  oreilles  sont  petites  et 
arrondies,  et  sou  œil  est  petit  et  sans  cils  aux  paupières.  U  h 
quatre  doigts  aux  pieds  de  devant;  l'interne  est  petit,  et  n'a 
qu'un  ongle  assez  foible:  mais  les  trois  autres  sont  très-forts  et 


^^=4  FOU 

armés  d'ongles  plus  forJs  encore  à  proportion.  Les  doigls  de 
derrière  sont  an  nombre  de  cinq ,  et  n'ont  rien  de  remarquable  ; 
ils  ont  les  proportions  qui  s'observent  ordinairement,  et  ce  sont 
les  trois  moyens  qui  sont  les  plus  grands.  La  queue  est  extraor- 
diiiairement  épaisse  à  sa  base ,  et  aplatie  sur  les  côtés  ;  l'animal 
la  porte  horizontalement.  De  chaque  côté  de  la  poitrine  il  a 
«ne  mamelle.  La  vulve  de  la  femelle  n'a  rien  de  particulier; 
et  M.  d'Azara  parle  d'un  jeune  mâle  qui  n'avoit  point  de 
scrotum. 

Cet  animal  est  couvert  d'un  poil  grossier,  plat  à  son  extré- 
mité, et  sec  comme  celui  du  cerf  commun,  très-court  sur 
toute  la  tête,  et  devenant  de  plus  en  plus  long,  des  parties 
antérieures  aux  parties  postérieures;  le  long  du  dos,  il  forme 
une  espèce  de  crinière,  et  à  la  queue  un  grand  panache.  Sa 
couleur  générale  est  d'un  gris  brun,  plus  foncé  sur  la  tête 
qu'aux  autres  parties  ,  et  une  bande  noire  bordée  de  blanc , 
qui  naît  sur  sa  poitrine,  se  dirige  en  arrière,  et  se  termine 
aux  lombes.  Les  pieds  de  devant  sont  blancliâtres  ,  et  ceux 
de  derrière  presque  noirs.  Chaque  poil  a  des  anneaux  blancs, 
noirs  et  jaunes-sale. 

La  principale  nourriture  du  fourmilier,  comme  nous 
l'avons  dit,  sont  les  fourmis;  mais  tous  les  insectes  lui  con- 
viennent-, et  l'on  assure  qu'on  peut  le  nourrir  en  esclavage, 
avec  de  la  mie  de  pain,  de  petits  morceaux  de  viande  ou  de 
la  farine  délayée  dans  de  l'eau,  et  que  c'est  ainsi  qu'on  est 
parvenu  à  en  amener  en  Europe. 

Cet  animal  vit  toujours  seul,  et  ne  se  réunit  à  sa  femelle 
qu'an  temps  des  amours.  Tous  ses  moyens  de  défense  paroissent 
être  dans  la  force  de  ses  ongles  et  dans  les  muscles  vigoureux 
de  ses  jambes  de  devant.  Lorsqu'il  est  attaqué,  il  s'assied  sur 
son  train  de  derrière,  et  embrasse  son  ennemi,  qu'il  serre 
jusqu'à  ce  que  l'un  ou  l'autre  périsse.  Lorsqu'un  homme  le 
rencontre,  il  peut  le  chasser  devant  lui  comme  une  bête  de 
somme,  sans  que  cet  animal  montre  de  colère;  mais,  dès 
qu'on  le  presse,  son  humeur  se  manifeste  par  les  violens 
mouvemens  de  sa  queue.  Enfin,  on  peut  l'assommera  coups 
de  bâton  en  toute  sécurité,  et  sans  qu'il  puisse,  par  aucun 
moyen  ,  se  soustraire  à  la  mort. 

Il  paroîl  que  la  femelle  ne  fait  habituellement  qu'un  seul 


FOU  325 

petit ,  qui  s'attache  à  sa  mère,  et  se  fait  ainsi  porter  partout 
avec  elle. 

D'Azara  nous  apprend  que  les  Guaranis  nomment  cet  animal 
gnouroumi  et  foqoui,  qu'il  habite  les  lieux  humides,  et  ne 
monte  jamais  sur  les  arbi-es. 

LcTamandua  :  Mjrmecophaga  telradactyla  et  tridactjla,Llnn.; 
Schreber,  pi.  66.  Cette  espèce  se  distingue  d'abord  de  la  pré- 
cédente par  sa  queue  prenante  et  entièrement  nue  à  soa 
extrémité,  et  par  sa  taille,  qui  est  de  moitié  plus  petite  :  il  a  deux 
pieds  du  nez  à  la  queue ,  et  celle-ci  a  seize  pouces.  Du  reste  ,  il 
a  toute  la  physionomie  et  les  proportions  du  tamanoir  ;  et  la 
description  que  nous  avons  donnée  des  organes  de  celui-ci, 
convient  entièrement  au  tamandua.  Il  est  revêtu  de  poils 
courts,  laineux  et  luisans  ,  généralement  d'un  gris  jaunâtre, 
avec  une  bande  plus  foncée  sur  l'épaule.  On  voit  de  chaque 
côté  du  museau  une  ligne  brune  qui  entoure  les  yeux.  Mais 
il  parojt  que,  dans  cette  espèce,  les  couleurs  varient,  soit 
par  Tàge ,  soit  par  le  sexe  :  on  en  trouve  de  fauves  à 
bande  noire  ;  de  fauves  à  ventre ,  croupe  et  bande  noirs,  et 
de  presque  entièrement  noirs.  11  pourroit  cependant  arriver 
que  ces  différences  fussent  spécifiques,  et  c'est  ce  qu'a  pensé 
M.  Geoffroy-Sainl-Hilaire,  qui  a  décrit  ces  variétés  sous  des 
noms  d'espèces.  L'une  est  son  Fourmilier  noir  ;  l'autre  soa 
Fourmilier  a  deux  bandes,  etc. 

Le  tamandua  se  trouve  au  Brésil,  et  vit ,  comme  le  tama- 
noir, de  fourmis  et  d'autres  insectes,  et  peut-être  aussi  de 
miel.  Il  se  fient  sur  les  arbres,  et  se  suspend  aux  branches  par 
sa  queue ^  on  le  voit  s'y  balancer,  et  ses  petits  s'attachent 
aussi  par  leur  queue  à  leur  mère.  Le  nom  qn.'il  a  reçu  des 
naturalistes,  est  celui  qu'il  porte  en  Amérique,-  et  dAzara 
nous  apprend  qu'au  Paraguay  on  le  nomme  caaiguaré  ou  ca- 
guaré,  qui  signifie  habitant  des  bois  et  des  lieux  infects. 

Le  Fourmillier  a  deux  doigts  :  Mjrmecophaga  diiactyla^ 
Linn.  ;  BufTon,  t.  X,  pi.  3o.  Cette  espèce  est  très-petite  ;  sa 
taille  ne  surpasse  guère  celle  du  rat,  et  elle  a  la  queue  de  la 
longueur  du  corps.  Sa  physionomie  diffère  beaucoup  de  celle 
des  espèces  précédentes.  Ce  fourmilier  aie  museau  bien  moins 
alongé ,  proportionnément  à  sa  taille  ;  mais  il  a  la  queue  prenante 
comme  le  tamandua,  et  nuC;  mais  eti  dessous  seulement  :  ses 


32$  FOU 

pieds  de  devant  ont  deux  doigJs  armés  d'ongles  foris  et  cro- 
chus,  surtout  l'interne;  les  pieds  de  derrière  ont  quatre  doigts 
à  peu  prés  égaux  et  de  moyenne  grosseur,  ainsi  que  leurs 
ongles.  11  est  revêtu  d'un  poil  court  et  laineux,  généralement 
fauve  blond,  et  une  ligne  roussàtre  s'étend  le  long  du  dos 
chez  la  plupart  des  individus  ;  car  quelques  uns  en  sont  privés. 
Cette  espèce  se  dislingue  encore  des  deux  autres  par  uii 
caractère  anatomiqtie  assez  important;  ce  sont  deux  petits 
cœcums,  dont  le  tamanoir  et  le  tamandua  sont  dépourvus. 

Ce  petit  fourmilier  se  trouve  h.  la  Guiane.  Il  vit  sur  les 
arbres,  auxquels  il  se  suspend  au  moyen  de  sa  queue.  On 
dit  que  la  femelle  ne  met  au  monde  qu'un  seul  petit,  qu'elle 
dépose  dans  le  creux  des  arbres,  sur  un  nid  de  feuilles.  Son 
nom,  à  la  Guiane,  est  ouafiriouaou. 

FouRMiLUsa  PETIT.  L'cspèce  que  nous  venons  de  décrire  a 
quelquefois  été  désignée  par  ce  nom. 

Fourmilier  a  longues  oaEiLLES.  Brisson  a  nommé  ainsi  le 
tamandua,  d'après  une  figure  de  cet  animal  donnée  par  Seba. 

Fourmilier  STRIÉ,  Buffon,  t.  III,  pi.  56.  C'est  un  nom  donné 
par  erreur  à  un  coati  défiguré  par  l'empaillage  et  par  la  mau- 
vaise foi,  et  que  Buffon  avoit  pris  pour  un  fourmilier. 

Nous  pensons  que  l'animal  représenté  dans  le  Voyage  de 
Krusenstern ,  sous  le  nom  de 

Fourmilier  a  queue  variée,  n'est  aussi  qu'un  coati. 

Fourmilier  ÉPINEUX.  C'estréchidné.VoyezMoNOTREMF».  (F.C.) 

FOURMILIÈRF.  {Entom.)  On  nomme  airisi  les  habitations 
des  fourmis.  (CD.) 

FOURMILION ,  Mjrmcieon.  (Entom.)  La  plupart  des  au- 
teurs avoient  employé  ce  nom  François  pour  désigner  un  genre 
d'insectes  névroptères  dont  les  larves  creusent  dans  le  sable 
des  fosses  coniques,  au  fond  desquelles  elles  restent  cachées 
pour  y  saisir  les  insectes,  et  en  particulier  les  fourmis,  dont 
elles  sucent  les  humeurs.  Linnœus  ayant  donné  à  ces  insectes 
ïe  nom  grec  de  myrmeleon ,  on  l'a  adopté  comme  pouvant  être 
employé  dans  toutes  les  langues.  Voyez  Myrmeleox.  (CD.) 

FOURMILIONS  ,  M^rmeZeomdes.  [Entom.)  M.  Latreille  dé- 
signe sous  ce  nom  un  groupe,  ou,  comme  il  le  nomme,  une 
tribu  d'insectes  névroptères,  correspondant  aux  genres -^sca- 
laphe  et  Mjrméléon  que  nous  avons  rangés  parmi  les  tectipennes 


FOU  3.7 

ou  sf(^goptèpes.  Ce  sont  fies  névroptèrcs  à  bouche  découverte  , 
dontlt'S  parties  sont  très-distinctes,  qui  ont  cinq  articles  à  tous 
les  tarses  et  les  antennes  renflées.  Voyez  Stégoptères  et  Mvr- 
MÉLÉOM.  (  C.  D.) 

FOURMILLET.  {Ornith.)  Suivant  Salerne,  pag.  loS  de  son 
Ornithologie,  on  nomme  ainsi ,  en  Provence,  le  torcol,  >un,x 
torquiUa,  Linn.  (  Ch.  D.) 

FOURMILLON.  {Ornith.)  On  trouve  dans  Salerne,  p.  119, 
le  mot  afourmilliou ,  indiqué  comme  un  des  noms  vulgaires  du 
grimpereau  d'Europe,  certhiafamiliaris,  Linn.  Ce  mot,  écrit 
fourmiLlou  dans  les  notes  de  Buffon  sur  la  nomenclature  du 
grimpereau,  tom.  v,  in-4.°,  pag.  4iS2,  et  dans  la  table  géné- 
rale fourmilion,  a  reçu,  chez  d'autres  auteurs,  la  dernière 
orthogra|)he  ,  et  il  est  devenu  doublement  fautif  ,  puisque  les 
termes  fourmillou  ou  fourmilion  n'existent  pas  plus  l'un  que 
l'autre,  et  qu'il  n'est  question  que  du  mot  afourmilliou,  qui  se 
trouve,  mais  mal  à  propos,  avec  une  n  terminale,  au  t.  I.*', 
p.  274,  de  ce  Dictionnaire.  (Ch.  D.) 

FOURNEAUX.  (C/um.)Ce  sontdes  vaisseaux  dans  lesquels  on 
opère  la  combustion  d'une  matière  ligneuse  ou  charbonneuse, 
afin  de  se  procurer  la  température ,  plus  ou  moins  élevée  ,  qui  est 
nécessaire,  soit  pour  liquéfier  ou  vaporiser  un  corps,  soit  pour 
réduire  un  composé  à  ses  élémens,  soit  enfin  pour  mettre  des 
corps  dans  une  circonstance  favorable  à  leur  action  mutuelle. 

Les  fourneaux  sont  presque  toujours  en  terre  cuite,  ou  en 
jriques,  plus  rarement  en  fonte  ou  en  tôle.  On  en  distingue 
le  plusieurs  sortes,  suivant  les  usages  auxquels  ils  sont  desti- 
îés.  Nous  ne  parlerons,  dans  cet  article,  que  des  principaux 
tui  se  trouvent  dans  les  laboratoires  de  chimie  ;  nous  n'en 
parlerons  que  très-succinctement,  parce  qu'une  description 
létaillée  exigeroitdes  figures  que  la  nature  de  cet  ouvrage  ne 
comporte  point. 

FourneaH  5tmpZe.  Il  est  essentiellement  composé  de  deux  capa- 
cités, qui  sont  séparées  par  une  grille  horizontale  en  terre  ou 
enfer.  La  capacité  supérieure,  dans  laquelle  on  met  le  combus- 
tible ,  est  \t foyer;  la  capacité  inférieure ,  dans  laquelle  tombent 
h  s  cendres  résultantes  delà  combustion,  est  le  cendrier  -.  l'air  y 
pénètre  par  une  large  ouverture  ou  par  plusieurs  trous. 
Les  fourneaux  simples ,  quon  a  nommés  éy'aporatoires ,  sont ,  ea 


3=»  FOU 

général,  cylindriques,  ou  presque  cylindriques.  A  pareil"  de  ïa 
base  jusqu'à  la  grille  ,  et  delà  jusqu'en  haut,  ils  vont  en  «'élar- 
gissant. Les  plus  grands,  qui  sont  destinés  à  recevoir  des 
alambics,  des  bains  de  sable  ou  des  bains-marie,  ont  toujours 
deux  ouvertures  qu'on  fernie  à  volonté  avec  des  portes.  Ces 
.ouvertures  sont  pratiquées  l'une  au-dessus  de  l'autre  ;  la  partie 
inférieure  de  l'une  est  de  niveau  avec  le  plan  du  cendrier,  et 
la  partie  inférieure  de  la  seconde  est  de  niveau  avec  le  plan  du 
foyer.  C'est  parcelle  du  foyer  qu'on  introduit  le  combustible^ 
c'est  par  celle  du  cendrier  qu'on  enlève  les  cendres.  La  pre-^ 
mière  est  toujours  fermée,  unefoisquele  fourneau  est chargét 
la  seconde  est  libre  pour  donner  passage  à  l'air  nécessaire  à  la 
combustion  ;  mais,  si  Ton  veut  ralentir  la  combustion  ,  ou  la 
diminue  plus  ou  moins,  en  plaçant  sa  porte  devant  elle,  et  plus 
ou  moins  près  de  l'ouverture.  Les  fourneaux  simples,  qui  re-! 
çoivent  des  alambics,  sont  en  général  en  briques  ;  ils  ont  une' 
cheminée  dans  leur  foyer:  on  les  chauffe  presque  toujours  avec] 
du  bois.  Les  fourneaux  àbains  desable  ou  à  bain-marie,  portent, 
quatre  échancrures  ou  rainures  dans  la  partie  supérieure  du 
foyer,  afin  que  le  produit  delà  combustion  puisse  s'échappcri 
du  foyer  lorsque  les  bains  se  trouvent  dessus.  Ces  fourneauxi 
sont  en  terre,  d'une  seule  pièce:  pour  les  remuer  plus  facile- 
ment, ils  portent,  aux  deux  tiers  environ  de  leur  hauteur, 
deux  appendices  ou  anses  :  on  les  chauffe  avec  du  charbon. 
Ils  servent  principalement  à  faire  des  évaporations. 

Les  petits  fourneaux  simples  n'ont  point  d'ouverture  à  leur 
foyer;  ordinairement  on  place  dessus  une  grille  ou  un  triangle 
en  fer,  sur  lequel  on  met  des  fioles  ou  des  capsules.  On  in- 
troduit le  charbon  au  travers  de  la  grille. 

Il  y  a  des  fourneaux  simples  quadrangulaires ,  tels  que  ceu; 
des  cuisines,  qui  sont  pratiqués  dans  une  maçoojieric  e 
briques;  il  y  en  a  qui  ont  la  forme  d'unparallélipipède  alongé, 
Ceux-ci  sont  très-bons  lorsqu'on  veut  faire  réagir  des  corps' 
dans  des  tubes  de  verre ,  à  une  température  qui  ne  passe  point 
le  rouge  obscur.  Pour  atteindre  à  ce  but ,  il  faut  fermer  toutes 
les  ouvertures  de  la  grille  et  celles  qui  sont  pratiquées  dans  les 
parois  du  foyer. 

Les  fourneaux  simples  peuvent  encore  être  employés  pour 
les  fusions,  les  décompositions,  les  combinaisons  qui  n'exigent 


FOU  239 

pas  une  température  plus  élevée  que  le  rouge-ceiise.  Ou  met 
alors  ces  corps  dans  des  creusets  d'or,  d'argent ,  de  platine,  ou 
de  terre,  que  Ton  place  sur  uu  petit  cylindre  de  terre,  appelé 
fromage,  au  milieu  des  charbons. 

Fourneau  de  réverbère  ou  à  réverbère.  Ce  fourneau  est  compose , 
1 .°  d'un  cendrier,  j."  d'un  foyer,  3."  d'un  laboratoire ,  4.°  d'un 
dôme,  5.°  d'une  cheminée. 

Le  cendrier  et  le  foyer,  disposés  comme  dans  le  fourneau 
simple,  avec  cette  difïérence  que  l'ouverture  du  cendrier  est? 
beaucoup  plus  grande,  sont  cylindriques;  le  laboratoire  estuu 
cylindre  ouvert  aux  deux  bouts,  d'un  diamètre  égal  à  celui, 
du  foycF sur  lequel  il  se  place.  Le  dôme,  cylindrique  dans  sa 
partie  inférieure,  qui  se  met  sur  le  laboratoire,  est  terminé 
envoûte  dans  sa  partie  supérieure;  cette  voûte  est  ouverte, 
atin  de  donner  passage  à  l'air  qui  a  servi  à  la  combustion  ;  elle 
porte  un  cylindre  de  quelques  pouces,  sur  lequel  on  place 
un  ou  plusieurs  tuyaux  en  terre  ou  en  tôle,  qui  font  l'office 
d'une  cheminée.  Le  laboratoire  a  une  échancrure  demi-circu- 
laire dans  la  partie  supérieure,  laquelle  correspond  à  une 
échancrure  demi-circulaire  pratiquée  à  la  partie  inférieure 
du  dôme.  Cette  ouverture  est  destinée  à  laisser  passer  le  col 
de  la  cornue  que  Ion  veut  chauffer  dans  ce  fourneau.  La  cor- 
nue est  soutenue  par  deux  barres  de  fer  mobiles,  horizontales, 
dont  les  extrémités  sont  reçues  dans  des échancrures  ménagées 
dans  la  paroi  du  foyer.  Quelquefois  la  cornue,  au  lieu  de 
s'appuyer  immédiatement  sur  les  barres  de  fer,  est  reçue  dans 
une  petite  capsule  de  fer  ou  de  terre  qui  est  remplie  de  sable. 

On  chauffe,  dans  le  fourneau  de  réverbère  ,  des  cornues  de 
verre  ou  degrés,  qu'on  recouvre ordinairementd'unechemise 
d'argile  ,  afin  qu'elles  ne  soient  pas  exposées  à  l'action  immé- 
diate du  feu. 

Le  dôme  du  fourneau  est  destiné  à  réfléchir  le  calorique 
rayonnant  sur  la  partie  supérieure  de  la  cornue,  afin  d'em- 
pêcher que  le  produit  qui  s'en  volatilise  ne  s'y  condense  et 
n'obstrue  le  col  de  la  cornue  ,  si  ce  produit  est  susceptible  de 
se  condenser  en  solide,  ou  né  retombe  dans  la  cornue  ,  si  ce 
produit  est  liquide.  C'est  de  la  propriété  qu'a  le  dôme  de  ré- 
fléchir le  calorique  rayonnant  qu'est  dérive  le  nom  de  fourneau 
de  réverbère  ou  à  réverbère^ 


33o  FOU 

Fourneau  de  coupelle  ,  ou  fourneau  d'essai.  C'est  un  véritable 
fourneau  de  réverbère  ;  mais  la  matière  que  l'on  veut  3-^  ex- 
poser à  l'action  de  la  chaleur,  doit  recevoir  en  même  temps 
l'action  comburente  de  l'oxigène  atmosphérique.  Le  labora* 
toire  a  une  ouverture  demi-circulaire  ou  demi-elliptique, 
par  laquelle  on  introduit  dans  le  fourneau  une  espèce  de 
petit  four  appelé  moufle.  (Voyez  Essais,  tom.  xv ,  pag.  365.) 

Fourneau  de  fusion.  Ce  fourneau ,  ainsi  nommé  de  l'usage 
qu'on  en  fait  pour  chauffer  les  corps  que  l'on  veut  fondre, 
est  composé  d'un  cendrier,  d'un  foyer,  d'un  dôme  et  d'une 
cheminée.  Pour  en  augmenter  Feifet ,  on  ne  laisse  au  cendrier 
qu'une  ouverture  suffisante  pour  recevoir  le  bout  du  tuyau 
d'un  soufflet  de  forge. 

Fourneau  de  fusion  de  La^oisier.  Il  paroît  être  préférable  à 
fous  ceux  de  son  espèce  ,  lorsqu'on  veut  exposer  les  corps  aux 
températures  les  plus  élevées  des  fourneaux.  Il  a  la  forme  d'un 
sphéroïde  elliptique,  dont  les  deux  extrémités  sont  coupées 
par  un  plan  qui  passeroit  par  chacun  des  foyers  perpendicu- 
laires au  grand  axe.  Ce  sphéroïde  comprend  essentiellement 
le  foyer  et  le  dôme.  Le  creuset  se  place  dans  le  foyer,  au 
milieu  des  charbons;  il  a  deux  ouvertures  demi-circulaires  , 
placées  Tune  au-dessus  de  l'autre.  Le  foyer  est  entièrement 
ouvert  en  dessous-,  cette  ouverture  est  garnie  d'une  grille  à 
claire-voie  et  en  fer  méplat,  dont  les  barreaux  posent  sur  le 
côté  le  plus  étroit,  afin  qu'ils  présentent  moins  de  résistance 
à  l'air  qui  pénètre  dans  le  foyer.  Ce  fourneau  est  soutenu  sur 
un  trépied.  Sa  cheminée  a  dix-huit  pieds  de  hauteur;  elle  est 
en  terre,  et  son  diamètre  intérieur  est  presque  de  moitié  de 
celui  du  fourneau. 

Nous  ne  saurions  trop  recommander  aux  personnes  qui  vou- 
droient  prendre  une  idée  de  ce  qu'on  a  écrit  de  mieux  sur  les 
principes  que  l'on  doit  suivre  dans  la  construction  des  four- 
neaux de  chimie,  et  particulièrement  dans  celle  du  fourneau 
de  fusion,  ce  que  Lavoisier  en  a  dit  dans  ses  Elémens  de 
Chimie. 

Fourneau  de  forge,  ou  forge.  Ce  fourneau  est  un  cylindre 
creux,  dont  les  parois  sont  en  briques  Irès-réfractaires,  sur 
lesquelles  on  a  étendu  une  couche  d'argile  également  très- 
réfractaire.  Il  se  compose  d'un  foyer  et  d'un  cendrier.  L'élé- 


FOU  33i 

vafion  de  température  y  est  au  moins  aussi  grnndc  que  dans  le 
Iburncau  de  fusion  de  Lavoisier.  Les  corps  que  1  on  soumet  à 
1  expérience  se  mettent  dans  des  creusets  de  terre  réfrac- 
•laire,  qui  sont  fixés  avec  de  l'argile  sur  un  fromage  qui  est 
lui-même  fixé,  par  le  même  moyen  ,  sur  la  grille  qui  sépare 
les  deux  parties  du  fourneau.  On  porte  l'air  dans  le  fourneau 
au  moyen  d'un  vaste  soufilet  à  deux  vents,  auquel  est  adapté 
un  long  tuyau  dont  l'ouverture  se  trouve  dans  la  partie  infé- 
rieure du  cendrier.  La  grille  est  percée  de  trous,  disposés 
symétriquement,  afin  que  l'air  se  répande  également  dans 
toutes  les  parties  du  foyer. 

Le  tuyau  porte  un  registre  qui  sert  à  modérer  la  rapidité 
du  courant  d'air  qu'on  dirige  dans  lo  fourneau. 

Quand  on  commence  une  opération  à  la  forge  ,  on  place 
quelques  charbons  ardens  autour  du  creuset;  on  remplit  le 
foyer  de  charbon  noir,  et  on  laisse  le  charbon  s'allumer.  Si  on 
souffle  a/ors,  ce  n'est  que  pour  empêcher  l'extinction.  Quand 
tout  le  charbon  est  allumé,  on  commence  à  souffler,  et  l'on  a 
.soin  de  ménager  le  vent  du  soufflet,  en  tenant  le  registre  en 
partie  fermé  :  ce  n'est  qu'à  la  fin  de  l'opération  qu'on  l'ouvre 
toul-à-fait. 

Les  anciens  employoient  plusieurs  fourneaux  dont  nous  ne 
parlerons  pas,  parce  qu'ils  ont  disparu  des  laboratoires-,  tels 
sont  le  fourneau  (Valhanor  ou  des  paresseux  ,  le  fourneau  de  di- 
gestion, le  fourneau  pol^creste,  etc.  (Ch.) 

FOURNEIROU.  (Omi7/i.)  Voyez  Fouhmeirou.  (  Ch.  D.) 

FOURNIE.  (  Ichthjol.)  A  Nice,  d'après  M.  Risso,  on  donne 
ce  nom  au  crénilabre  melops ,  qu'il  range  parmi  les  lutjans. 
Voyez  Crénilabre.  (H.  C. ) 

FOURNIER.  (Ornith.)  L'oiseau  de  Buenos-Ayres  ,  ainsi 
nommé  primitivement  par  Commerson  ,  qui  eu  faisoit  un 
merle  ,  turdus  ,  a  paru  à  Gueneau  de  Montbeillard  former  un 
passage  entre  la  famille  des  proraérops  et  celle  des  guêpiers. 
L'opinion  de  ce  dernier  naturaliste  étoit  fondée  sur  ce  que  la 
queue  du  fournier  est  plus  courte,  que  ses  doigts  sont  plus 
longs  que  ceux  des  proniérops,  et  que  son  doigt  extérieur  n'est 
pas,  comme  chez  les  guêpiers,  soudé  avec  celui  du  milieu 
dans  presque  toute  sa  longueur.  Néanmoins  Gmelin  et  La- 
tham  ont  rangé  l'oiseau  dont  il  s'agit  avec  les  guêpiers  ;  me- 


332  FOU 

rops;  et  M.  d'Azara,  qui  l'a  trouvé  darts  les  mêmes  contrées 
que  Commerson  ,  a  av^ué  qu'il  ignoroit  à  quelle  famille  on 
devoit  l'associer.  M.  Cuvier  en  a  fait  une  section  de  ses  su- 
criers ,  ncctarinia  ,  lilig. ,  en  y  ajoutant  un  guit-guit,  un  pro- 
mérops  et  plusieurs  héoro-taires.  Enfin  M.  Vieillot  a,  d'après 
les  caractères  assignés  par  M.  d'Azara,  formé  un  genre  parti- 
culier du  fournier,  sous  le  nom  latin  furnarius  ,  et  il  s'est 
borné  à  y  joindre,  comme  espèces,  deux  annumbis  de  l'au- 
teur espagnol. 

Ce  genre  a  pour  caractères  un  bec  aussi  épais  que  large, 
entier,  de  longueur  médiocre  ,  arqué  ,  pointu  et  comprimé  la- 
téralement ;  des  narines  longitudinales,  une  langue  médiocre  , 
étroite,  usée  à  la  pointe;  des  ailes  foibles,  à  penne  bâtarde 
courte,  et,  en  général ,  les  deuxième  ,  troisième  et  quatrième 
rémiges  les  plus  longues;  quatre  doigts,  dont  trois  devant  et 
un  derrière. 

Le  genre  Fournier  fait  partie  des  épopsîdes  de  M.  Vieillot, 
tous  insectivores,  et  cette  famille,  qui  comprend  les promérops, 
les  huppes  et  les  polochîons  ,  est  bien  distincte  de  celle  des  an- 
thomj'ses  ,  dont  la  langue  est  extensible  et  fibreuse  ,  et  dont  le 
miel  est  lu  principale  nourriture.  Cette  dernière  renferme  le& 
guit-guits,  les  foui-mangas,  les  colibris  et  les  héoro-taires.  La 
différence  dans  la  nourriture  ,  qui  en  entraîne  de  considé- 
rables dans  les  mœurs  et  les  habitudes,  semble  devoir  rendre 
très-circonspect  pour  admettre  parmi  les  fourniers  des  oiseaux 
qui  ne  présenteroient  que  certains  rapports  extérieurs  avec 
eux  ;  et,  comme  on  ne  connoît  guère  que  les  dépouilles  de 
ceux  qui  sont  relatés  dans  une  simple  note  de  M.  Cuvier,  sous 
le  mot  Fournier,  tom.  i'\  p.  4  iode  son  Règne  Animal ,  ce  ne  sera 
qu'avec  réserve  qu'on  les  indiquera  à  la  suite  des  trois  espèces 
décrites  par  M.  d'Azara,  dans  son  Ornithologie  du  Paraguay  y. 
les  seules  dont  le  genre  de  M.  Vieillot  est  composé. 

Le  Fournier  proprement  dit,  Azara  ,  n.°  zui  ,  pi.  709  de 
Buffon  ,  est  le  tardas  fulvus  de  Commerson,  le  merops  rufus, 
Gmel.  etLath.,  et  le  furnarius  rufus  ,VieiU.  De  la  taille  d'une 
rousserole  ;  sa  queue  est ,  suivant  Commerson ,  d'un  peu  moins 
Je  trois  pouces,  et  elle  dépasse  les  ailes  d'environ  un  pouce; 
ses  douze  pennes,  plus  fortes  que  celles  des  ailes,  sont  éta- 
gées   et  coupées   carrément:  Les  dimensions  indiquées  pai* 


FOtr  535 

M.  d'Azara  sont  un  peu  moindres.  Quant  au  plumage  ,  les 
côtés  et  le  dessus  de  la  tête,  la  partie  supérieure  du  cou,  le 
dos  et  les  ailes  sont  d'un  roux  plus  foncé  au  verlex  et  à  la 
J)artie  extérieure  de  l'aile,  qui  est  traversée  par  une  bande 
de  roux  foible  ;  la  couleur  de  la  queue  est  celle  du  tabac 
d'Espagne,  et  les  parties  inférieures  sont  blanches. 

Ces  oiseaux,  qui  portent  à  la  rivière  de  la  Plata  le  nom  de 
7iorr<,ero  ,  et  au  Tucuman  celui  de  casero  (ménagère),  sont  ap- 
pelés ,  au  Paraguay,  alonzo  garda.  Ils  ne  sont  ni  voyageurs  ni 
farouches;  ils  approchent  des  habitations,  et  ne  pénètrent 
point  dans  les  grands  bois.  Constamment  éloignés  des  endroits 
élevés,  ils  se  tiennent  ordinairement  dans  les  buissons.  On  les 
rencontre  toujours  par  paires,  et  jamais  en  familles,  ni  en. 
troupes.  La  foiblesse  de  leurs  ailes  ne  leur  permet  pas  de 
beaucoup  prolonger  leur  vol.  Les  deux  sexes  font  entendre 
pendant  toute  l'année  une  voix  qui  consiste  dans  la  répétition 
de  la  syllabe  chi ,  prononcée  d'abord  par  intervalles,  et  en- 
suite assez  vivement  pour  ne  plus  former  qu'un  fredon  qili 
s'entend  à  un  demi-mille.  Lorsque  l'oiseau  chante,  il  avance 
le  corps  ,  alonge  le  cou ,  et  bat  des  ailes. 

Le  nid  des  fourniers  est  hémisphérique  ;  il  est  construit 
avec  delà  terre,  et  a  la  forme  d'un  four  à  cuire  du  pain.  Ces 
oiseaux  le  placent  dans  un  endroit  apparent,  sur  une  grosse 
branche  dégarnie  de  feuilles,  sur  des  croix  ou  des  poteaux 
de  plusieurs  pieds  de  hauteur,  sur  les  palissades  des  cours, 
sur  les  fenêtres  des  maisons,  et  quelquefois  même  dans  leur 
intérieur.  Le  màle  et  la  femelle  y  travaillent  de  concert;  ils 
apportent  et  arrangent  alternativement  des  boulettes  d'ar- 
gile, grosses  comme  de  petites  noix,  et  souvent  deux  jours 
suffisent  pour  achever  l'ouvrage.  Le  nid  a  six  pouces  et  demi 
de  diamètre  et  un  pouce  d'épaisseur  :  l'ouverture,  du  double 
plus  haute  que  large,  est  pratiquée  sur  le  côté,  et  l'intérieur 
est  divisé  en  deux  parties  par  une  cloison  qui  commence  dès 
l'entrée,  et  se  termine  circulairement  à  la  partie  intérieure, 
en  laissant  une  ouverture  pour  pénétrer  dans  une  sorte  de 
chambre  où  sont  déposés,  sur  une  couche  d'herbe  ,  quatre 
œufs  un  peu  pointus  à  un  bout ,  piquetés  de  roux  sur  un  fond 
blanc,   et  dont  les  diamètres  sont  de  dix  et  neuf  lignes. 

M.  d'Azara  ajoute  à  ces  détails  que  les  hirondelles  brunes, 


354  FOU 

les  chopis  (espèce  de  troupiale),  les  perruches  et  d'aulrts 
oiseaux  ,  se  servent ,  pour  y  faire  leur  nichée ,  des  vieux  nids 
de  fourriiers  ,  que  les  pluies  ne  détruisent  qu'au  bout  d'uu 
certain  temps-,  mais  que  ceux-ci,  qui  ne  se  donnent  pas  la 
peine  de  taire  chaque  année  de  nouveaux  nids,  chassent  les 
usurpateurs  lorsqu'ils  ont  besoin  des  anciens. 

Le  FouRMER  ANNUMP-i,  Furn,arju5  annumbi,  Vieilh,  ou  sim- 
■plement  Annumbi  de  M.  d'Azara,  n."  221,  n'excède  que  de 
quelques  lignes  la  longueur  du  fournier  proprement  dit  :  il 
a  les  dix  pennes  caudales  étagées  ;  le  front  est  d'un  rouge  qui 
s'affoiblit  en  avançant  sur  la  tête,  et  n'est  plus  à  la  nuque  que 
d'un  brun  clair;  cette  dernière  couleur  est  celle  du  cou,  des 
plumes  uropygiales ,  de  quelques  unes  des  pennes  alaires  et 
de  leurs  petites  couvertures,  ainsi  que  des  deux  pennes  du 
milieu  de  la  queue  :  les  piumes  dorsales  ont  des  taches  noi- 
râtres; les  grandes  couvertures  des  ailes  et  plusieurs  de  leurs 
pennes  sont  un  peu  lavées  de  rouge,  et  les  pennes  des  côtés 
de  la  queue  sont  noirâtres,  avec  une  bordure  brune  et  uin 
tache  blanche  à  leur  extrémité  ;  les  côtés  de  la  tête  ,  presrjue 
blancs,  ont  un  trait  brun  derrière  l'œil  ;  une  ligne  variée  de 
blanc  et  de  noir,  qui  part  des  coins  de  la  bouche,  entoure  la 
gorge  ,  dont  le  centre  est  blanc;  le  reste  des  parties  inférieures 
est  varié  de  blanchâtre  et  de  brun;  les  ailes  sont  argentées 
en  dessous,  avec  une  nuance  de  rouge;  l'iris  est  roussàtre , 
le  bec  d'un  brun  rougeàtre,  et  le  tarse  d'un  olive  peu  foncé. 

Cet  oiseau  ,  que  M.  d'Azara  soupçonne  mal  à  propos  être  le 
même  que  le  guira-guainumbi  de  Marcgrave ,  rapporté  gé- 
néralement au  momot,  n'est  pas  rare.  Il  aie  vol  court,  bas 
et  horizontal,  et  les  insectes  forment  sa  principale  nourri- 
ture ;.  mais  l'auteur  espagnol  pense  qu'il  mange  aussi  de  pe- 
tites graines.  Il  fréquente  les  plaines  découvertes,  ainsi  que 
les  halliers  épais,  et  niche  dans  les  endroits  les  moins  cachés, 
comme  le  précédent,  en  donnant  la  préférence  à  un  opuntia, 
ou  à  quelque  autre  arbre  isolé  dans  la  campagne  et  dépouillé 
de  ses  feuilles  ;  souvent  l'on  voit  appuyés  l'un  contre  l'autr:,' , 
sur  le  même  arbre  ,  deux  et  jusqu'à  six  de  ces  nids  ,  qui  sont 
travaillés  avec  des  rameaux  épineux,  surmontés  d'une  asse.': 
grande  couverture,  et  qui  ont  deux  pieds  de  hauteur  et  un  pied 
et  demi  de  largeur.  La  femellt',  dont  le  plumage  est  le  mèiw^ 


FOU  335 

qiie  celui  du  mâle,  et  qui  l'accompagne  toujours,  pond  au 
fond  du  nid,  surune  couche  de  feuilles  et  de  bourre,  quatre 
auCs  blancs,  plus  pointus  à  l'un  des  bouts ,  et  qui  ont  onze  et 
huit  lignes  de  diamètre. 

Le  FouRMBa  rouge  ,  Furnarius  ruber.  Vieil!.,  ou  Annumhi 
rouge  de  M.  d'Azara,  n.°  220,  est  long  de  huit  pouces.  Il  aies 
douze  pennes  caudales  étagées,  etles  dix-neuf  pennes  alaires 
foiblcs  et  concaves.  Les  plumes  de  la  tête  et  du  haut  du  cou 
sont  rKdes,  parce  que  leurs  liges  dépassent  les  barbes,  et  le 
cou  paroît  fort  gros  à  cause  de  ses  plumes  nombreuses  et  peu 
couchées.  Le  dessus  de  la  têle  et  la  queue  sont  d'une  belle 
couleur  de  carmin,  ainsi  que  les  ailes,  dont  les  pennes  ont  la 
pointe  noirâtre.  Les  côtés  de  la  tête  et  du  cou,  le  dessus  du 
cou  et  du  corps,  et  les  plumes  anales  sont  d'un  brun  rouge; 
les  partieS^inférieures  sout  blanchâtres  ;  le  bec  ,  un  peu  courbé 
dans  toute  sa  longueur,  est  noirâtre  en  dessus,  blanchâtre  en 
dessous;  l'iris  est  d'un  beau  jaune,  et  les  tarses  sont  d'un 
bleu  argenté. 

M.  d'Azara  observe  que  ces  oiseaux  se  rapprochent  des  ba- 
(aras  par  leur  genre  de  vie  dans  les  halliers  épais,  par  la 
forme  de  leurs  ailes  et  de  leur  queue,  par  le  vol  court,  par 
l'habitude  d'être  seuls  ou  par  paires  ;  mais  il  résulte  de  l'ex- 
position des  caractères  génériques  ,  et  des  autres  circons- 
fances  par  lui  rapportées,  que  l'analogie  est  encore  plus 
grande  avec  les  fourniers  ,  auxquels  M.  Vieillot  a  été  fondé  à 
les  réunir.  Leur  nid  volumineux  est  construit  de  la  même 
manière  et  des  mêmes  matériaux  ;.  il  est  placé  le  long  des 
t  hemins,  à  peu  de  hauteur,  sur  de  petites  branches  épineuses  , 
tiexibles ,  et,  vu  son  poids,  il  est  toujours  balancé  par  les 
vents  :  la  femelle  y  pond  quatre  oeufs  blancs,  de  la  forme 
et  de  la  grosseur  de  ceux  des  fourniers  proprement  dits. 
On  remarque  dans  son  contour  plusieurs  trous  ou  entrées 
qui  renferment  des  débris  de  végétaux  ,  en  apparence  des- 
tinés à  servir  de  lit  pour  les  œufs  et  les  petits;  mais  ceux- 
ci  sont  dans  un  endroit  ^us  caché,  ce  qui  a  fait  penser  à 
quelques  uns  que  les  aiirres  ouvertures  éloient  pratiquées 
itfin  de  soustraira  la  progéniture  aux  recherches  des  curieux, 
tjudis  que  plus  vraisemblablement  ces  oiseaux  ne  fabriquent 
d«s  nids  aussi  spacieux  que  pour  faciliter  aux  petits  l«s  moyens 


r^s  FOtJ 

»îe  sautiller,  et  de  faire  les  exercices  cixqucls  ils  aiment  à  se 
livrer  dès  qn'ils  ont  leurs  premières  plumes.  Ces  petits  sont 
lie  la  même  couleur  que  les  père  et  mère. 

Les  espèces  que  M.  Cuvier  trouve  susceptibles  d'être  réu- 
nies au  même  genre  ,  sont  : 

ii°  Le  promérops  olivâtre  de  M.  Vieillot,  pi.  5  de  l'Histoire 
naturelle  des  huppes  et  des  promérops,  tom.  i.^'des  Oiseaux 
dorés,  et  actuellement  son  polochion  olivâtre,  merops  olU'a- 
beus,  Sh.,  qui  offre  en  effet  de  très-grands  rapports  aveo  le 
fournier.  Cet  oiseau  est  long  de  sept  pouces,  et  a  la  presque 
totalité  du  plumage  olivâtre;  il  a  été  apporté  des  îles  de  la 
mer  Pacifiqne. 

2.°  Vhéoro-taire  neghoharra  de  M.  Vieillot,  pi.  64  de  ses 
Grimpereaux,  lequel  est  le  certhia  sannio  de  Gmelin  et  de  La- 
tham  ,  et  a  la  queue  fourchae.  Le  plumage  de  cet  oiseau,  très- 
nombreux  aux  environs  du  canal  de  la  Reine-Charlotte,  dans 
la  Nouvelle-Zélande,  est  d'un  vert- olive,  qui  prend  une 
nuance  jaune  sur  les  parties  inférieures.  Il  a  un  chant  très- 
varié. 

3."  Vhéoro-tairc  vert-olive,  pi.  67  et  68  de  M.  Vieillot,  cer- 
thia virens ,  Gmel. ,  qu'où  trouve  aux  îles  Sandwich. 

^°  Vhéoro  -  taire  à  collier  blanc,  pi.  66  de  M.  Vieillot,  qui 
habite  aussi  les  terres  australes. 

5."  Le  sucrier  de  Buffon  ,  ou  guit-guit  sucrier  de  M.  Vieillot . 
pi.  5i;  certhia Jlaveola,  Linn. 

6.°  Enfin  le  grimpereau  varié,  pi.  74  de  M.  Vieillot ,  ou 
figuier  varié  de  Buffon,  motacilla  varia,  Linn.    (Ch.  D.) 

FOURRAGE  DE  DISETTE.  (Bot.)  C'est  la  spargoutte  des 
champs.  (  L.  D.) 

FOURREAU.  {Ornith.)  L'oiseau  auquel  on  donne,  dans  la 
Sologne  (Loir-et-Cher),  ce  nom  et  celui  de  gueule-de-four, 
est  la  mésange  à  longue  queue,  parus  caudatus, Linn.  (Ch.  D.) 
FOURREAU  DE  PISTOLET.  (Conchyl.)  On  trouve  quel- 
quefois ce  nom  employé  pour  désigner  quelque  espèce  de 
jambonneau  ou  de  pinne-marine. /De  B.  ) 

FOURRE-BUISSON.  {Ornith.)  C'est  le  troglodyte,  mota- 
cilla troglodytes.  Voy.  Fourbisson.  (  Ch.  D.  ) 

FOUTCHI  (Bot.),  nom  donné  à  quelques  figaiers  dans  l'île 
de  jlidagîîscar.  selon  Poivre.  (J.) 


FOV  ZZf 

FOUTEAU.  Voyez  Fayard.  (J.I 

FOUTERLO  {Bot.),  nom  de  l'aristoloche  ordinaire,  aris- 
tolochia  clematis,  dans  quelques  lieux  de  la  Provence,  suivant 
Garidel.  M.  Gouan  dit  que  dans  le  Languedoc  les  diverses 
espèces  de  ce  genre  sont  nommées  faouterna.  (J.) 

FOUTIVENTO.  (Ornith.)  Un  des  noms  que,  suivant  Be- 
Jon  ,  delà  Nature  des  Oiseaux,  pag.  126  ,  on  donne  en  Italie 
à  la  cresserelle  , /aico  tinnunculus  ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FOUTON  (  Ornith.),  nom  vulgaire  qui,  suivant  Selon, 
pag.  217,  est  donné ,  sur  les  rives  de  l'Océan  ,  à  la  petite  bé- 
cassine ou  sourde,  scolopax gallinula.hinn.  (  Ch.  D.) 

FOUTRA.  {Bot.)  Voyez  Fotbrt.  (J.) 

FOVEOLARIA.  {Bot.)  Dans  la  Flore  du  Pérou  on  trouve  sous 
ce  nom  un  genre  qui  est  le  même  que  le  strigilia  de  Cavanilles  , 
genre  de  la  famille  des  méliacées,  qui  a  cependant  beaucoup 
d'afllnifé  avec  le  styrax,  surtout  avec  le  styrax  glabrum  de 
Vahl,  ce  qui  peut  faire  présumer  que  le  stjrax ,  mieux  exa- 
miné, pourroit  être  ramené  dans  la  même  famille.  (J.) 

FOVÉOLIE ,  FoveoUa.  {Arachnod.)  Genre  de  la  famille  des 
méduses,  établi  par  MM.  Perron  et  Lesueur,  et  fort  voisin  des 
équorées  des  mêmes  auteurs ,  dont  en  effet  il  ne  diffère  que  parce 
que  l'ombrelle  est  pourvue  de  petites  fossettes  à  son  pourtour-,  du 
reste  l'estomac  estsimple,  avec  une  seule  ouverture  oubouche, 
et  il  n'y  a  ni  pédoncules,  ni  bras,  mais  seulement  des  ten- 
tacules; les  mœurs,  les  habitudes  et  l'organisation  sont  tout- 
à-fait  celles  des  Méduses.  (Voyez  ce  mot.) 

Les  espèces  de  cette  division  sont  au  nombre  de  cinq: 

1.°  La  FovÉOLiE  piLÉAiRE  :  Foveolia  pilearis ,  Per.,  Les.;  Me^ 
dusa  pilearis ,  Linn.  Ombrelle  orbiculaire  surmontée  d'une 
espèce  de  bonnet  :  huit  cavités  à  la  circonférence  du  rebord  j 
estomac  cilié  à  son  pourtour.  Haute  mer. 

2.°  La  FovÉOLiE  BUNOGASTRE  :  FoveoUa  bunogaster,  Fer., Les. 
Hyaline;  ombrelle  bossue  à  sa  partie  centrale  et  supérieure  ; 
une  grosse  tubérosité  saillante  au  fond  de  Festomac;  neuf  fos- 
settes autour  de  Fombrelle  ;  neuf  tentacules  :  2  et  3  centira. 
Côtes  de  Nice. 

3.°  La  FovÉOLiE  mollicine  :  Foiieolia  moUicina,  Per.,  Les'^.; 
Médusa  mollicina,  Forsk. ,  Faun.  Arab.,  p.  10g  ;  Icon.  anim. , 
t,  33,  fig.  C.  Ombrelle  orbiculaire  sans  renflement  au  sommet  j 

17.  22 


S53  FRA 

seize  bandeleUes  au  pourtour  de  l'estomac  ;  douze  petites 
fossettes  ovales;  dix  tentacules  très-courts;  couleur  hyaline  : 
4  centim.  Méditerranée. 

Zj."  La  FovÉOLiE  diadème;  Foveolia  diadema,  Per.  et  Les. 
Espèce,  de  5  centim..  dont  l'ombrelle  bleu  hyaline ,  subcanipa- 
niforme  ,  est  pourvue  d'un  estomac  simple,  très-pointu  ,  avec 
six  petites  fossettes  et  seize  tentacules,  formant  une  espèce  de 
diadème  à  sa  base.  Océan  atlantique  austral. 

.5°.  La  FovÉOLiE  linéolée  ;  Foveolia  Uneolata,  Per.  et  Les. 
Ombrelle  hyaline,  cérulescente,  subhémisphérique,  déprimée 
au  sommet,  resserrée  sur  le  milieu  de  son  pourtour:  dix-sejjt 
fossettes  :  dix-sept  tentacules  et  autant  de  lignes  subombrel- 
laires  intérieures  :  3,  4  centim.  Nice.  (De  B.) 

FOX  {Mamm.),  nom  anglois  du  renard  commun,  canis 
vulpes,  Linn.  Voyez  Chien.  (F.  C.) 

FOYER.  {Chim.)  C'est  en  général  un  lieu  plus  ou  moins  cir- 
conscrit, où  l'on  a  produit  une  température  plus  ou  moins 
élevée.  Ainsi,  le  foyer  d'un  fourneai^est  la  cavité  dans  la- 
quelle s'opère  la  combustion;  le  foyer  d'une  lentille,  le  foyer 
d'un  miroir  sont  les  points  oii  se  réunissent  les  rayons  du  soleil 
réfracté  parla  première  ou  refléchi  par  le  second.  (Ch.) 

FKACASTORA.  {Bot.)  Adanson  désigne  sous  ce  nom  le 
slachys  palastina,  qu'il  distingue  par  son  calice  plus  longue- 
ment tubulé  et  à  dix  angles,  sa  corolle  à  lèvre  supérieure 
entière  ,  ses  fleurs  plus  rares  dans  chaque  rameau,  et  accom- 
pagnées de  deux  soies  à  leur  base.  (J.) 

FR.î:KAHL.  (Bot.)  Voyez  Forgaa.  (J.) 

FRAGA.  (Bot.)  Voyez  Comaroides.  (J.) 

FRx\GA  et  Fragl'm.  (Bot.)  Les  Latins  donnoient  ces  noms  à 
la  fraise.  La  Peyrouse  (Histoire  abrégée  des  Plantes  des  Pyré- 
nées ,  pag.  287)  a  adopté  le  premier  de  ces  noms  pour  un 
genre  particulier  qu'il  a  formé  avec  le  fragaria  sterilis ,  Linn., 
que  la  plupart  des  botanistes  placent  maintenant  dans.le  genre 
Potenlille.  (L.  D.) 

FRAGARIA  {Bot.),  nom  latin  du  fraisier.  (L.D.) 

FRAGILAR1A.  {Bot.)  Genre  de  plantes  cryptogames,  de  la 
famille  des  algues,  voisin  des  diafoma,  et  établi  par  Lyngbye 
dans  son  Tentamen  hjdrophjtologiœ  danicœ .  pour  placer  quel- 
ques espèces  de  conférées,  dont  les  filamens  articulés,  plans, 


"FRA  339 

«impies,  frès- fragiles,  offrent  des  articulations  qui,  en  se 
détachant,  ne  se  tiennent  point  par  un  angle,  comme  dans 
les  diatoma. 

M.  Lyngbye  place  dans  ce  genre  les  huit  espêcessuivantes  , 
qu'il  a  observées  sur  les  côtes  du  Danemarck  ou  de  Norwège, 
attachées  aux  plantes  marines  et  aux  rochers. 

Fragilariafascié  ;  Fragilariafasciata,  Lyngb.,  Tent.  hydrop., 
p.  182,  pi.  6-2.  Transparent;  articulations  d'un  mtme  diamètre, 
marquées  dans  le  milieu  d'une  bande  rougeàtre,  se  détachant 
alternativement  après  la  fécondation.  Celte  espèce  se  trouve 
en  hiver  sur  les  ceramium,  dans  le  golfe  d'Othinie. 

pRAGir.ARiA  LATRDNCULATRE  ;  FragHariti  latruncuhiria  ,  Lyngb., 
1.  c.  Transparent  ;  articulations  deux  fois  pins  longues  que 
larges,  marquées  dans  le  milieu  d'tni  point  carré,  se  détachant 
après  la  fécondation.  Cette  plante  se  trouve  en  hiver,  <?cmme 
Ja  précédente  ,  dans  le  même  golfe. 

Fragilaria  vt^ifO'scrvÉ;  Fragilaria  unipiinclata ,  Lyngb. ,  1.  c, 
p.  i83-  pi.  62.  Filamens  convexes,  cristallins,  très-fraî:iles;  ar- 
ticulations aussi  longues  que  larges,  marquées  d'il  n  point  rouge. 
Cette  espèce  se  trouve  en  été  sur  les  plantes  marines  ,  dans  le 
golfe  d'Oxetiord  en  Norwège.  Lorsqu'elle  est  desséchée,  elle 
ressemble  à  une  croûte  blanche  cristalline. 

Fragii-aria  striatulé  :  Fragilaria  sfriatula,  Lynrb. ,  1.  c. , 
fig.  63  ;  Conferva  striatula,  Dilhv. ,  English  Bot.,  tah.  1928? 
Filamens  bruns  ou  jaunâtres;  articulations  très-courtes,  striées 
en  travers  ,  se  détachant  çà  et  là.  Cette  espèce  se  trouve  en  été 
sur  les  côtes  de  Féroë,  adhérente  aux  rochers  et  aux  plantes 
marines,  sur  lesquelles  elle  forme  des  touifes  d'une  à  six  ligneS 
de  diamètre. 

Fragilaria  rayé  :  Fragilaria  lineata ,  l,yngb. ,  1.  c. ,  pag.  1 84  , 
tab.  63;  Conferva  lineata,  Dilhv.;  Conf.  moniliformis ,  MuU.  ; 
Conf,  ivjlexa,  Roth.  Filamens  très-fins;  articulations  presque 
deux  fois  plus  longues  que  larges;  marque  d'une  ou  d-eux  raies 
transverses.  Cette  espèce  forme  au  printemps  des  touffes  jau- 
nâtres, épaisses,  et  de  deux  à  trois  pouces  d"étendue,  sur  les 
rivages  et  dans  les  fossés  et  étangs  remplis  d'eau  de  mer. 

Fragilaria  nummuloïde  :  Fragilaria  nummuloides ,  Lyngb, , 
1.  c. ,  l^ib.  63  ;  Conferva  nummuloides  ,  Dillw. ,  Intr.  Sup, ,  tab.  B. 
Filamens  très-fins;   articulations  presque  aussi  longues  que 


§4®  PRA 

larges ,  contenant  des  globules  hexagones  ou  elliptiques  rap- 
prochés en  forme  de  chapelet.  Cette  espèce  croît  en  hiver  et 
au  printemps  dans  les  fossés  et  les  mares  près  de  la  mer. 

Fragilaria  pectine:  Fragilaria  pectinalis ,  Lyngb.,  pag.  184, 
labl.  63  ;  Conferva  pectinalis  ,  Mull.  ;  Conferva  bronchialis ,  Roth  ; 
Diatêma pectinalis,  Agardh.  Filamens  roides  ,  grêles,  très-fra- 
giles, atténués  à  l'extrémité;  articulations  trois  fois  plus  larges 
que  longues,  brillantes  dans  le  milieu,  se  détachant  çà  et  là. 
On  rencontre  cette  espèce  sur  les  plantes  aquatiques  et  sur  le» 
roues  des  moulins;  elle  paroît  au  printemps  et  à  l'automne. 
Elle  forme  des  touffes  d'un  vert  jaunâtre,  qui  deviennent  gri- 
sâtres par  la  dessiccation  ;  ses  filamens  ont  six  lignes  environ 
de  longueur. 

Fragilaria  d'hiver  ;  Fragilaria  hfemalis  ,  Lyngb.  ,1.  c. , 
pag.  ]85,  lab.  63.  Filamens  mucilagineux,  très-fragiles  ;  arti- 
culations un  peu  moins  longues  que  larges,  de  couleur  d'or, 
se  détachant  çà  et  là.  Cette  plante  est  la  même  que  le  conferva, 
hyemalis  de  Roth  -.  elle  croît  dans  les  ruisseaux  des  montagnes 
alpines,  en  touffes  longues  de  3  à  4  pouces,  attachées  aux 
pierres.  Lyngbye  Ta  observée  en  été  dans  les  îles  Féroë ,  etc. 
(Lem.) 

FRAGMOSA  [Bot,),  un  des  anciens  noms  de  la  conyze, 
cités  dans  le  livre  de  Dioscoride.  (H.  Cass.) 

FRAGO.  {Bot.)  Suivant  Garidel,  les  Provençaux  nomment 
ainsi  la  quinte-feuille  ordinaire,  potentilla  reptans.  (J.) 
FRAGOLINO.  (Ichthyol.)  Voyez  Francolino.  (H.  C.) 
FRAGON  {Bot.),  Ruscus,  Linn.  Genre  de  plantes  mono- 
cotylédones,  de  la  famille  des  asparaginées,  Juss. ,  et  de  la 
dioécîe  monadelphie ,  Linn.  ,  dont  les  fleurs  sont  hermaphro- 
dites dans  quelques  espèces,  et  dloïques  dans  plusieurs  autres. 
Leur  calice  est  composé  de  six  folioles,  ordinairement  ou- 
vertes en  étoiles.  Les  filamens  des  étamines  sont  réunis  en  un 
tube  ou  godet,  nu  dans  les  fleurs  femelles,  et  portant  trois  à 
six  anthères  en  son  bord  dans  celles  qui  sont  mâles  ou  her- 
maphrodites. L'ovaire  est  supérieur,  renfermé  dans  le  tube, 
et  surmonté  par  trois  stigmates.  Le  fruit  est  une  capsule  bac- 
ciforme,  globuleuse,  à  trois  loges,  contenant  chacune  une 
ou  deux  graines,  et  souvent  uniloculaire  par  l'avorteraent 
des  deux  autres  loges. 


FRA  541 

Les  fragons  sont  des  arbustes  à  feuilles  simples  et  alternes  , 
munies  à  leur  base  de  stipules  membraneuses,  et  dont  les 
fleurs  naissent  sur  les  feuilles  mêmes,  eu  disposées  en  grappes 
terminales.  On  en  connoît  aujourd'hui  sept  espèces  : 

Fragon  PIQUANT;  Vulgairement  Houx  frelon,  HouSson,  Petit- 
Houx,  Buis  piquant,  Myrte  épineux:  Ruscus  aculeatas ,  Linn., 
Spec,  1474;  Bull.,  Herb.,  t.  243.  Sa  racine  est  horizontale, 
vivace  ,  blanchâtre  ,  munie  de  plusieurs  grosses  fibres  qui  s'en- 
foncent perpendiculairement  ;  elle  produit  une  ou  plusieurs 
tiges  cylindriques,  glabres,  hautes  d'un  pied  à  un  pied  et 
demi,  nues  dans  leur  partie  inférieure,  divisées,  dans  la  su- 
périeure, en  rameaux  garnis  de  feuilles  nombreuses,  sessiles, 
ovales-lancéolées,  d'un  vert  luisant,  aiguës  et  piquantes  à 
leur  sommet.  Ses  fleurs  sont  dioïques  ,  très-petites,  d'un  blanc 
verdàtre  ,  mélangées  de  violet  paie  ,  portées  sur  un  court 
pédoncule  qui  nait  sur  la  partie  inférieure  des  feuilles.  Les 
fruits,  d'un  rouge  éclatant,  ont  la  forme  et  la  grosseur  d'une 
petite  cerise.  Cette  plante  ,  dont  les  tiges  durent  deux  ans  , 
fleurit  en  mai  ;  elle  croît  en  France  et  dans  une  grande  partie 
de  l'Europe  ,  dans  les  bois  à  l'ombre. 

Les  fleurs  du  fragon  piquant  sont  très-petites  et  très-peu 
remarquables;  mais  ses  fruits,  d'un  rouge  vif,  et  qui  restent 
sur  les  tiges  pendant  tout  l'automne  et  l'hiver,  font  un  joli 
effet  par  le  contraste  qu'ils  forment  avec  le  vert  foncé  des 
feuilles  :  cela  rend  cette  plante  propre  à  être  employée 
pour  la  décoration  de  certaines  parties  des  jardins  paysagers  , 
où  on  peut  la  placer  sous  les  grands  arbres.  Comme  ses  graines 
sont  un  an  à  lever,  et  qu'on  trouve  trop  long  ce  moyeu  de 
propagation,  on  préfère  en  général  la  multiplier  en  divisant 
en  éclats  les  racines  des  vieux  pieds. 

La  racine  du  fragon  piquant  est  un- peu  acre  et  amère;  on 
s'en  sert  fréquemment  en  médecine  comme  diurétique ,  et 
on  la  compte  au  nombre  des  cinq  racines  dites  apéritives  ma- 
jeures. On  l'emploie  en  décoction  ,  à  la  dose  d'une  demi-once 
à  une  once  pour  une  pinte  d'eau.  Ses  jeunes  pousses  peuvent 
se  manger  cuites  comme  celles  des  asperges ,  et  on  en  fait  usage 
ainsi  dans  plusieurs  cantons. 

Il  y  a  quelques  années,  lorsque  les  denrées  coloniales  s'é- 
toient  élevées  à  un  très-haut  prix,  on  a  essayé  de  substituer 


34»  FRA 

ses  graines  au  café,  en  les  faisant  lorréfier  comme  celui-ci -,61 
des  personnes  qui  en  ont  fait  usage,  nous  ont  assuré  que, 
de  toutes  les  différentes  substances  indigènes  avec  lesquelles 
on  avoit  voulu  remplacer  la  fève  arabique  ,  les  graines  du  petit- 
houx  étoicnt  réellement  celles  qui  s'en  rapprochoient  le  plus. 

Fragon  HYPropHYLLE.  ;  Vulgairement  Laurier  alexandrin: 
Ruscus  hjppoph-yliuiii,  Lmii. ,  Spec.  ,  1474;  liuscus  latifolius  , 
fructu  inmediofoliorum  exLrapendente;  Dill. ,  EUh.,  ^33  ,  t.  25i, 
f.  323.  Ses  tiges  sont  simples,  anguleuses,  hautes  d'un  pied 
et  demi ,  garnies  de  feuilles  ovales-lancéolées,  pointues,  d'un 
vert  gai ,  un  peu  pétiolées  ,  la  plupart  alternes.  Ses  fleurs  sont 
dioïq^ues,  pédicellées,  d'un  vert  blanchâtre,  violettes  dans 
leur  centre  ,  disposées  deux  à  cinq  ensemble  sur  un  petit 
tubercule  écailleux,  et  au  milieu  de  la  surface  inférieure  des 
feuilles.  Cette  espèce  croit  naturellement  sur  les  collines  en 
Italie.  Quelques  auteurs  ont  cru  que  c'étoitle  laurier  dont  on 
couronnoit,  dans  l'antiquité,  les  vainqueurs  et  les  poètes. 

FaAGON  hyvoglosse:  Ruscus  hjpoglossum  .L'inn., Spec,  1474; 
Laurus  alexandrina,  Clus.,  Hist,,  278.  Cette  CvSpèce  ressemble 
beaucoup  à  la  précédente  ;  mais  elle  en  diffère  par  ses  feuilles 
plus  alongées  ,  moins  larges  ,  et  surfout  parce  qu'elles  portent , 
vers  le  milieu  de  leur  surface  supérieure,  une  languette  dans 
l'aisselle  de  laquelle  naissent  les  fleurs.  Cette  plante  croit 
naturellement  clans  les  lieux  ombragés  des  moatagnes,  en 
Italie  ,   en  Hongrie,  etc. 

Fragon  androgyn  :  Ruscus  androgynus  ,  Linn.,  Spec,  1474  ; 
Ruscus  latifolius  e  foliorum  sinu  Jlorifer  et  haccifer ,  DIU. , 
Elth. ,  352  ,  t.  235  ,  f.  322.  Ses  tiges  sont  sarmenteuses  ,  hautes 
de  cinq  à  six  pieds,  divisées  en  rameaux  garnis  de  deux  rangs 
de  feuilles  alternes ,  ovales,  pointues,  luisantes ,  d'un  vert 
gai,  portées  sur  un  pétiole  très-court  et  un  peu  contourné. 
Les  fleurs  sont  androgynes  ou  monoïques,  blanchâtres  ou 
jaunâtres,  pédicellées  et  disposées  six  à  douze  ensemble  dans 
les  crénelures  latérales  des  feuilles.  Cet  arbrisseau  est  origi- 
naire des  îles  Canaries,  et  il  est  cultivé  dans  les  jardins  de 
botanique.  On  le  rentre  dans  l'orangerie  pendant  l'hiver. 

Fragon  a  grappfs  :  Ruscus  raceinosus  ,  Linn.,  Spec,  1474; 
Jjiurus  alexandrina  angustifolia  ramosà,  fructu  ad  extremum 
racemoso ,  Moris.  j  Hisl.  5 ,  p.  64 1  ,  sect.  1 3  ,  t.  5 ,  f.  4 .  Ses  tiges 


FRA  343 

sont  grêles,  flexibles,  frès-ramcuses  ,  liantes  de  trois  à  quatre 
pieds,  oarnies  de  feuilles  alternes,  lancéolées,  luisantes, 
presque  sessiles.  Ses  fleurs  sont  petites,  globuleuses,  herma- 
phrodites, vcrdàtres  ou  blanchâtres,  et  disposées  au  sommet 
des  rameaux  eu  grappes  peu  garni'.-s.  Cette  espèce  croit 
naturellement  dans  les  ilcs  de  l'Archipel. 

Les  deux  autres  espèces  de  fragonsoiit  encore  peu  connues; 
elles  ont  été  trouvées  au  cap  de  Boane-Espérance  par  Thun- 
berg,  qui  les  a  désignées  sous  les  noms  deruscus  reticulalus  et 
de  ruscus  volubilis.  (  L.  D.) 

FRAGOSA.  (Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones,  à  fleurs 
complètes  ,  polypélalées,  de  la  famille  des  ombellifères ,  de  la 
pentandrie  di^j'nie  de  Linna^us ,  très-voisin  des  azorella  ,  auquel 
il  conviendroit  peut-être  de  le  réunir.  Il  ofifre  pour  caractère 
essentiel  un  involucre  à  cinq  ou  huit  folioles;  un  calice  à  cinq 
dents  aiguës ,  persistantes  ;  cinq  pétales  inégaux ,  réfléchis  ;  deu^c 
styles.  Le  fruit  est  composé  de  deux  semences  ovalesj  planes , 
comprimées,  marquées  de  trois  stries. 

Ce  <^enre  comprend  les  espèces  suivantes  découvertes  au 
.Pérou,  sur  les  hautes  montagnes  des  Andes. 

Fragosa  A  coRYMBES  ;  Fnigosa  corjmbosa,  Ruiz  et  Pav.  , 
.Flor.Per.,  3,  pag.  27,  tab.  260.  Cette  espèce  a  le  port  d'un 
lYcopodiiim.  Ses  racines  sont  fusiformes;  ses  tiges  hautes  de 
deux  pouces,  dichotomes;  les  rameaux  réunis  en  forme  de 
corymbe;  les  feuilles  imbriquées,  triûdes  ,  cunéiformes,  pi- 
leuses à  leurs  deux  faces;  les  terminales  ouvertes  en  étoile., 
renfermant  daris  leur  centre  des  tleurs  sessiles,  en  ombelle, 
au  nombre  de  deux  ou  quatre  ;  la  corolle  d  un  blanc  jaunâtre. 
Fragosa  épineux  :  Fragosa  spinosa  ,  Fl.Per.,  1.  c.  Ses  tiges 
sont  couchées,  nombreuses,  réunies  en  touftes  gazooneuses,, 
rameuses,  cylindriques,  garnies  de  feuilles  sessiles  ,  cunéi- 
formes, à  trois,  quelquefois  à  cinq  ou  sept  pointes  en  forme 
d'épines.  Los  fleurs  sont  disposées  en  une  ombelle  simple, 
presque  sessile  ;  Tinvolucre  composé  de  huit  folioles  subulées 
et  ciliées.  Quelques  fleurs  stériles  se  trouvent  parmi  les  fleurs 
fertiles,  de  la  longueur  de  l'iiivolucre.  Cette  plante  croît  au 
Chili,  aux  lieux  arides  et  parmi  les  buissons. 

Fragosa  découpé  ;  Fragosa  multijîda,  FI.  Pcr.,l.  c. ,  tab.  249, 
fig.  a.  Ses  racines  perpendiculaires  et  profondes  produisent 


344  FRA 

une  tige  courte,  rampante,  presque  dichotome;  les  rameaux 
cylindriques  ,  produisant  de  petites  racines  capillaires.  Les 
feuilles  sont  longues  de  trois  lignes,  nombreuses,  ovales,  cu- 
néiformes ,  profondément  incisées,  parsemées  en  dessus  de 
longs  poils  blancs  ,  glabres  en  dessous  ;  les  pétioles  comprimés 
et  ciliés  ;  l'ombelle  simple  ,  peu  garnie  ;  les  folioles  de  l'invo- 
lucre  subulées  ;  les  pédicelles  très-courts ,  un  peu  compri- 
més ;  les  corolles  blanches  ;  les  semences  ovales,  d'un  jaune 
obscur. 

Fragosa  a  feuilles  crénelées  ;  Fragosa  crenata ,  FI.  Per. , 
1.  c. ,  tab,  2/49  ,  fig.  c.  Cette  espèce  a  des  tiges  courtes,  pi- 
leuses, divisées  en  rameaux  étalés,  munis  de  petites  racines 
fibreuses;  les  feuilles  sont  nombreuses,  pétiolées,  presque 
rondes,  cunéiformes  ,  pileuses  à  leurs  deux  faces,  ciliées,  à 
crénelures  aiguës  :  les  pétioles  au  moins  de  la  longueur  des 
feuilles,  élargis  à  leur  base.  Un  pédoncule  unique  supporte 
une  ombelle  simple  ,  composée  d'environ  quatorze  fleurs  pédi- 
cellées  ;  Tinvolucre  à  huit  découpures  linéaires-lancéolées;  les 
corolles  blanches  ;  les  semences  purpurines. 

Fragosa  a  racines  rameuses  ;  Fragosa  cladorhiza ,  FL  Per. , 
I.  c.  ,  tab.  260,  fig.  b.  Ses  tiges  sont  très-courtes  ,  rameuses, 
munies  de  racines  épaisses,  très-ramifiécs;  les  feuilles  imbri- 
quées, pétiolées,  cunéiformes,  crénelées,  obtuses,  un  peu 
mucronées ,  longues  de  six  lignes ,  luisantes  en  dessus  ;  les 
pétioles,  comprimés  ,  ailés  à  leur  base,  très-pileux  ;  l'ombelle 
simple,  terminale,  presque  sessile  ;  l'involucre  composé  de 
plusieurs  folioleslancéolées,  pileuses,  ciliées;  toutes  les  fleurs 
fertiles;  le  fruit  orbiculaire,  un  peu  comprimé. 

Fragosa  a  feuilles  en  rein  ;  Fragosa  reniformis  ,  FI,  Per. ,  1.  c. 
tab.  249 ,  f.  b.  Ses  racines  sont  épaisses  ,  fusiformes ,  un  peu  ra- 
meuses; les  feuilles  remarquables  par  leur  grandeur  e4  leur 
forme  ;  elles  sont  toutes  radicales  ,  longuement  pétiolées  ,  ré- 
niformes,  presque  orbiculaires  ,  crénelées  à  leur  contour,  pi- 
leuses, ciliées  ,  longues  d'environ  un  pouce  et  demi;  il  n'y  a 
point  de  tige.  Du  milieu  des  feuilles  s'élève  un  pédoncule  court, 
terminé  par  une  ombelle  simple,  à  fleurs  blanches,  toutes  fer- 
tiles ;  l'involucre  composé  de  plusieurs  folioles  linéaires,  pres- 
que aussi  longues  que  l'ombelle;  les  semences  brunes,  ovales, 
comprimées,  striées.  (Poir.) 


FRA  345 

FRAGOUSTA,  Frambouesa  (Bot.),  noms  vulgaires  du  fram- 
boisier, dans  le  Languedoc,  selon  M.  Gouan.  (J.) 

PRAGUE  (Bot.),  ancien  nom  françois  de  la  fraise.  (L.  D.) 

FRAGUM.  (Bot.)  Voyez  Fraga.  (L.D.) 

FRAI  ou  Fray.  (Bot.)  On  donne  vulgairement  ce  nom  au 
frêne  dans  quelques  cantons.  (L.D.) 

FRAI  DES  GRENOUILLES,  DES  CRAPAUDS.  {Erpétol.) 
On  appelle  ainsi  les  œufs  de  ces  reptiles  batraciens.  Voyez 
Batraciens,  Crapaud,  Grenouille.  (H.  C.) 

FRAI  DES  POISSONS.  [Ichthyol.)  On  appelle  ainsi  les  œufs 
des  poissons.  Voyez  Poisson.  (H.  C.) 

FRAIÈRE.  {Bût.)  La  fraise  portoit  anciennement  ce  nom. 
(L.D.) 

FRAILECITOS.  (  Ornith.  )  Les  Espagnols  de  Saint-Do- 
mingue,  voyant  le  pluvier  à  collier,  charaârius  hiaticulay 
Linn. ,  habillé  de  noir  et  de  blanc ,  comme  leurs  moines ,  lui 
ont  donné  cette  dénomination.  (Ch.  D.) 

FRAILILLOS.  (Bot.)  Ce  nom  espagnol,  qui  signifie /rafer- 
culus,  petit- frère,  a  été  donné  à  l'arum  arisarum,  probable- 
ment, selon  Dalechamps,  parce  que  la  spathe  qui  entoure  ses 
fleurs  présente  la  forme  d'un  petit  capuchon  de  moine.  (J.) 

FRAISE.  (Bot.)  C'est  le  fruit  du  fraisier.  (L.  D.) 

FRAISE  (  Con,c/y'/.),  nom  marchand  de  deux  espèces  de 
cardium,  le  cardium  fragarium  et  le  eardium  unedo  ,  à  cause 
des  petits  tubercules  rouges  dont  elles  sont  ornées.  (De  B.) 

FRAISE  (Ornith.)  ,  nom  donné  à' une  caille  de  la  Chine, 
telrao  sinensis,  Linn.,  et  perdix  sinensis,  Lath. ,  à  cause  d'une 
fraise  blanche  qu'elle  a  sous  la  gorge.  Cet  oiseau  est  figuré 
dans  les  planches  enluminées  de  Buffon  ,  sous  le  nom  de 
caille  des  Philippines.  (  Ch.  D.  ) 

FRAISE  ANTIQUE.  (Entom.)  C'est  le  nom  que  GeoEFroy  a 
donné  à  une  petite  espèce  de  punaise  qui  vit  en  société  suc 
les  feuilles  de  poirier.  C^est  Facanthie  du  poirier,  décrite 
pag.  104,  n."  12,  dans  le  premier  volume  de  ce  Dictionnaire. 
(CD.) 

FRAISÉE (J5of.) ,  nom  vulgaire  du  diotis  deM.Desfontaîncs. 
(H.Cass.) 

FRAISÉES.  (Bot.)  Dans  un  mémoire  de  Guettard,  faisant 
partie  du  Recueil  de  l'Académie  des  Sciences,  année  i74S> 


546  FRA 

on  trouve,  p.  417,  ce  nom  Trançois  donné  au  gnaphalium  de 
Linnaeus.  (J.) 

FRAISERAT.  {Bot.)  On  donne  ce  nom,  dans  le  midi  de  la 
France,  nu  fragaria  sterilis  de  Linnaeus,  rapporté  maintenant 
au  genre  Potenlillf.  (L.  D.) 

FRAISETTE.  (Concliyl.)  Dénomination  assez  rarement  em- 
ployée pour  désigner  le  turbo  delpliinus  de  Linn.;  type  du 
genre  Dacphinule.  Voyez  ce  mot.  (De  B.) 

FRAISIER  (  Bof.  ),  fVûtgaria ,  Linn.  Genre  de  plantes  di- 
cotylédones, de  la  famille  des  rosacées,  Juss. ,  et  de  la  polyan- 
drie poiygynie  ,  Linn.,  dont  les  principaux  caractères  sont  les 
suiA^ans  :  Calice  monophylle  ,  persistant,  à  dix  découpures  al- 
ternativement plus  grandes  et  plus  petites;  cinq  pétales  ovales 
ou  arrondis,  ouverts,  insérés  sur  le  calice-,  vingt  étamiues  ou 
plus ,  ayant  leurs  filamens  plus  courts  que  les  pétales  ,  et  atta- 
chés comme  eux  sur  le  calice  ;  ovaires  très-nombreux,  rassem- 
blés en  tête  sur  un  réceptacle  convexe,  et  munis  chacun  d'un 
style  latéral,  à  stigmate  tronqué;  graines  portées  sur  le  récep- 
tacle qui  devient  succulent ,  bacciforme,  coloré  ,  et  qui  tombe 
à  la  maturité  des  fruits. 

Les  fraisiers  sont  des  plantes  herbacées ,  vivaces,  à  tige  très- 
basse,  dont  les  feuilles  sont  presque  toutes  radicales  ,  compo- 
sées le  plus  souvent  de  trois  folioles,  portées  sur  un  pétiole 
assez  long  et  muni  de  deux  stipules  adnées  de  chaque  côté  de 
sa  base,  et  dont  les  fleurs  sont  disposées  en  bouquet  terminal , 
sur  des  pédoncules  souvent  divises. 

Les  botanistes  ne  son^  pas  d'accord  sur  le  nombre  des  es- 
pèces contenues  dans  ce  genre.  Linnaeus  en  avoit  établi  trois  ; 
Willdenow  en  porta  depuis  le  nombre  à  huit  ;  mais  M.  de 
Lamarck  et  la  plupart  des  auteurs  françois ,  d'après  M.  Du- 
chesne  qui  a  fait  une  élude  particulière  des  fraisiers,  les  ont 
en  général  réduits  à  deux  espèces  seulement ,  en  rapportant, 
il  est  vrai  ,  \c  fragaria  sterilis  de  Linnasus  aux  potentiiles,  et 
en  subdivisant  leurs  deux  espèces  en  de  nombreuses  variétés. 
Ne  trouvant  pas  de  meilleur  guide  que  le  travail  de  M.  Du- 
chesne,  nous  allons  en  donner  ici  l'abrégé,  d'après  l'Encyclo- 
pédie méthodique  et  le  Dictionnaire  d'Agriculture. 

Fraisier  commun  :  Fragaria  vesca ,  Linn.  ,Spec.,  708  -,  Fragaria, 
Jjîackw-,  Herb.^t.  77.  Sa  racine  est  une  petite  souche  demi- 


FRA  'Hi 

ligneuse,  d'un  brun  roiigeàtre ,  divisée  inférieurement  en 
plusieurs  fibres  menues  et  nombreuses  ;  elle  produit  une  toulTe 
de  feuilles  longuement  pétiolées,  composées  de  trois  folioles 
ovales,  fortement  dentées,  d'un  vert  gai  en  dessus,  soyeuses 
et  blanchâtres  en  dessous.  Le  collet  de  la  racine  donne  nais- 
sance à  plusieurs  jets  grêles,  fort  longs,  rampans,  prenant 
racine  et  poussant  des  feuilles  de  distance  en  distance  ,  ce  qui 
par  la  suite  forme  autant  de  nouveaux  pieds  qui  multiplient 
la  plante.  Du  milieu  des  fe\iilles  naissent  une,  deux  ou  trois 
tiges  simples,  grêles,  soyeuses,  hautes  de  quatre  à  six  pouces, 
portant,  à  leur  sommet,  quatre  à  six  fleurs  ou  plus  ,  blanches, 
pédonculées  et  disposées  en  une  sorte  de  corymbe.  Après  la 
floraison,  le  réceptacle  prend  de  l'accroissement,  acquiert 
une  consistance  pulpeu#et  succulente,  et  devient  une  sorte 
de  fruit  orrlinairement  d'un  rouge  vermeil ,  connu  sous  le 
nom  de  fraise.  Cette  plante  crpit  naturellement  dans  les  bois 
taillis  et  les  buissons  ;  elle  fleurit  eu  avril  et  mai;  ses  fruits  sont 
mûrs  en  juin  et  juillet. 

La  substance  de  la  fraise  est  une  pulpe  très-odorante ,  lé- 
gère,  poreuse,  fondante,  et  cependant  peu  aqueuse.  L'in- 
fluence du  sol  et  du  climat  se  fait  très-peu  «entir  sur  cette 
espèce  ,  qui  se  trouve  la  même  dans  toute  l'Europe  ,  et  est  en- 
core, au  jugement  des  sens,  intrinsèquement  la  même,  mal- 
gré les  différences  que  l'obseuvateur  s'étonne  de  trouver  entre 
quelques  unes  de  ses  races.  L'inconstance  est  au  contraire  un 
des  caractères  des  fraisiers  de  la  seconde  espèce. 

Les  variétés  reconnues  par  M.  Duchesne  dans  le  fraisier 
commun  ,  sont  les  suivantes  : 

Fraisier  des  Alpes,  ou  de  tous  les  mois  ,  ou  de  toute  saison. 
La  vivacité  de  la  végétation  est  en  quelque  sorte  la  seule  chose 
qui  distingue  ce  friKsier  de  celui  de  nos  bois-,  il  est  en  fleur 
et  en  fruit  dans  les  Alpes  pendant  toute  la  belle  saison.  Ap- 
porté du  Mont-Cenis  en  France,  en  1764,  il  y  a  produit 
quelques  sous-variétés,  tant  pour  la  couleur  blanche  ou  rouge 
pâle  du  fruit,  que  pour  sa  forme.  Cultivé  dans  les  jardins  ,  il 
donne  des  fleurs  même  en  hiver,  et  ne  cesse  de  porter  des 
fruits  que  pendant  les  gelées.  Les  jeunes  pieds  produits  par 
les  courans  fleurissent  souvent  avant  d'avoir  pris  racine  , 
et  ils  peuvent  servir  à  multiplier  la  plante  ;  mais  ce  fraisier  a 


548  FRA 

toujours  bien  plus  de  vigueur  lorsqu'on  l'élève  de  graines.  En 
le  semant  sur  couches  tt  sous  châssis  à  la  fin  de  Janvier,  il 
produit  abondamment  dèsl'ajitomne  ,  et  recommence  au  prin- 
temps suivant  jusqu'à  la  fin  de  l'été. 

M.  Villemorin,  dans  le  Suplément  au  Bon  Jardinier  pour 
l'année  actuelle  (i  820) ,  vient  de  faire  connoître  une  nouvelle 
variété  provenant  du  fraisier  des  x^Vlpes,  et  obtenue  de  se- 
mences. Cette  nouvelle  variété,  à  laquelle  il  donne  le  nom  de 
fraisier  des  Alpes,  sans  filets,  forme  des  touffes  arrondies, 
comme  la  variété  anciennement  connue  sous  le  nom  de  frai- 
sier-buisson,  recherchée  jusqu'ici  par  cette  seule  qualité,  qui 
la  rendoit  propre  aux  bordures,  quoiqu'elle  fût  d'ailleurs 
médiocre  en  fruits .  et  peu  productive.  La  nouvelle  variété  sera 
plus  précieuse,  puisqu'au  mérite  du  ||aisier  buisson  elle  joint 
toutes  les  qualités  de  la  fraise  des  Alpes. 

Fraisier  des  bois.  Cette  race  croît  naturellement  dans  toute 
l'Europe,  et  surtout  dans  les  régions  septentrionales;  elle  se 
plaît  particulièrement  dans  les  bois  taillis.  Le  parfum  de  la 
fraise  des  bois  égale  celui  de  la  fraise  des  Alpes ,  et  surpasse 
celui  de  toutes  les  autres  variétés;  mais  on  lui  reproche  de 
n'avoir  pas  assez  d'eau ,  surtout  lorsqu'elle  est  sauvage.  Cul- 
tivée ,  elle  devient  plus  grosse ,  quelquefois  anguleuse ,  et  alors 
creuse  et  un  peu  moins  parfumée.  Ce  fraisier,  élevé  de  graines, 
ne  fleurit  que  laseconde  année,  ainsi  que  la  plupart  des  autres 
fraisiers.  Il  a  une  variété  à  fruit  blanc,  qui  a  un  peu  moins  de 
parfum. 

Ï'raisier  d'Angleterre,  ou  Fraisier  à  châssis.  Cette  variété 
réussit  mieux  que  les  autres  sous  les  châssis,  parce  qu'elle  est 
plus  basse.  Son  fruit  est  bien  arrondi,  très-parfumé  et  d'une 
couleur  foncée.  Sa  sous-variété  blanche  est  la  plus  estimée; 
son  fruit,  qui  a  une  nuance  ambrée,  est  en  outre  très-luisant 
et  d'un  goût  fin. 

Fraisier  pressant,  ou  Fraisier  de  Montreuil.  Cette  variété 
est  l'opposé  de  la  précédente.  Plus  haute ,  plus  forte  que  le 
fraisier  des  bois ,  son  feuillage  est  plus  blond ,  et  ses  fruits  sont 
plus  pâles,  alongés  ;  les  plus  gros  aplatis,  anguleux  et  comme 
cornus.  11  s'en  trouve  aussi  à  fruit  blanc,  et  on  en  distingue 
encore  une  autre  sous-variété  qui  produit  moins,  mais  dont 
îa  fraise  est  haute  en  couleur,  très-anguleuse,  et  se  nomme  la 


FRA  549 

grosse  noire.  On  lui  donne  par  erreur,  à  Paris,  le  nom  de  ca- 
peron,  et  on  l'estime  peu,  parce  qu'elle  est  creuse  et  fade. 
Le  fraisier  fressant  est  presque  le  seul  dont  les  fruits  se  trouvent 
dans  les  marchés  de  Paris.  On  en  fait  des  pépinières  en  plein 
champ  dans  plusieurs  villages  voisins  de  Montlhéri,  et  dans  les 
bonnes  terres  de  Montreuil ,  Bagnolet ,  Romain  ville ,  et  autres 
lieux  voisins. 

Fraisier  buisson,  Fraisier  sans  coulans.  Celui-ci  forme  des 
touffes  très-fortes,  sans  produire  des  coulans  ou  rejets  ram.- 
pans,  à  la  manière  de  toutes  les  antres  variétés.  U  paroît  être 
originaire  du  Maine  ;  son  fruit  est  alongé ,  médiocrement 
gros,  assez  bon,  mais  rarement  abondant.  On  en  a  obtenu 
une  sous-variété  à  fruits  blancs. 

Fraisier  a  feuilles  simples,  ou  Fraisier  de  Versailles;  Fraga- 
ria  monophjlla.  Linn. ,  Sjst.,  i3  ,  p.  34g.  La  race  de  ce  fraisier 
s'est  formée  à  Versailles,  en  1761  ,  par  un  premier  individu 
né  dans  un  semis  de  fraisier  des  bois,  et  elle  s'est  depuis  propa- 
gée constamment  par  ses  filets  ;  elle  s'est  même  reproduite  par 
ses  graines,  mais  en  donnant  aussi  naissance  à  quelques  indi- 
vidus remontés  à  l'espèce  primitive.  Au  reste,  ce  fraisier  est 
foible  dans  toutes  ses  parties,  et  ne  produit  communément 
que  des  feuilles  simples.  Il  est  plus  propre  qu'un  autre  à  for- 
mer une  tige,  en  supprimant  ses  feuilles  inférieures  avant 
le  temps  où  elles  périroient.  Cette  culture  lui  donne  même 
de  la  vigueur,  et  lui  fait  produire  beaucoup  de  fruits,  mais 
qui  sont  alongés,  quelquefois  anguleux  et  toujours  petits.  Ou 
en  a  obtenu  une  sous-variété  à  fraises  blanches. 

Fraisier  double.  Ses  fleurs  ont  vingt-cinq  à  trente  pétales 
disposés  sur  cinq  à  six  rangs  ,  et  seulement  cinq  à  six  étamines. 
Il  arrive  à  quelques  fleurs  de  produire,  entre  les  divisions 
du  calice,  d'autres  fleurs  sessiles  ou  pédiculées.,  incomplètes, 
mais  qui  nouent  cependant,  et  forment  par  leur  réunion  des 
fruits  monstrueux  en  couronne  ou  en  trochet.  Les  Bauhin 
n'ont  point  connu  le  fraisier  à  fleurs  doubles;  Simon  Paulli 
l'a  annoncé  en  1640,   comme  nouveau ,  à  Copenhague. 

Fraisier  de  Plymouth,  ou  Fraisier-arbrisseau  à  fleur  verte  et 
fruit  épineux.  Cette  variété  monstrueuse,  trouvée  à  Plymouth, 
par  Tradescant,  vers  1620,  a  été  cultivée  pendant  soixante  à 
quatre-vingts  ans  dans  les  jardins  de  botanique  de  l'Europe, 


350  FRA 

où  l'on  a  fini  par  la  négliger  et  la  perdre.  Ses  feuilles  étoieni 
velues,  ses  tiges  fortes,  et  elles  ne  portoient  que  desfleurssans 
pétales,  dont  les  dents  du  calice,  devenues  foliacées,  for- 
moient  toute  la  fleur,  à  laquelle  succédoit  un  fruit  difforme  , 
acerbe  ,  ayant  à  peine  le  goût  de  fraise. 

Plusieurs  des  variétés  du  fraisier  commun  se  multiplient 
d'une  manière  assez  constante  parleurs  graines,  pour  qu'on 
puisse  employer  ce  moyen  de  propagation  ,  qui  produit  tou- 
jours des  individus  d'une  végélation  plus  vigoureuse.  Le  frai- 
sier des  Alpes  est  celui  dont  les  cultivateurs  et  les  jardiniers 
font  le  plus  habituellement  des  semis;  mais  le  fraisier  fressant 
est  constamment  propagé  pàrses  courans  dans  les  pépinières. 
Tous  peuvent  se  diviser  en  ailletons  comme  le  fraisier- buis- 
son ,  qu'on  ne  peut  multiplier  d'une  manière  assurée  que  par 
ce  moyen.  Pour  se  procurer  le  fraisier  des  bois,  on  se  con- 
tente le  plus  souvent  d'en  faire  arracher  du  jeune  plant,  au 
printemps  ou  à  l'automne,  dans  les  endroils  où  il  croît  na- 
turellement, et  dans  les  cantons  qui  passent  pour  produire 
les  fraises  les  plus  parfumées. 

On  cultive  les  fraisiers  en  planches  ou  en  bordures,  et 
sous  châssis.  La  culture  en  planches  est  principalement  celle 
des  cultivateurs  en  grand  ,  qui  destinent  leurs  fruits  à  être 
vendus  dans  les  marchés  des  villes,  et  surtout  dans  ceux  de 
la  capitale.  On  donne  de  préférence  aux  planches  des  frai- 
siers l'exposition  du  levant,  et  on  les  met  à  l'abri  du  midi 
par  un  mur  ou  par  des  paillassons. 

Dans  les  petits  jardins,  on  plante  le  plus  souvent  les  fra'i- 
siers  en  bordures;  celles-ci  exigent  beaucoup  desoins,  parce 
que,  sans  cela,  les  coulans,  qui  sortent  de  chaque  pied, 
couvriroient  en  peu  de  temps  toutes  les  plates-bandes  voi- 
sines. 11  faut  donc  supprimer  soigneusement  tous  ces  rejets 
rampans  plusieurs  fois  dans  le  courant  de  chaque  été,  et  en 
multipliant  les  binages  et  les  arrosemens,  ces  bordures  don- 
neront de  bonnes  récoltes. 

C'est  le  fraisier  d'Angleterre  qu'on  cultive  pour  avoir  des 
fruits  pendant  l'hiver,  et  des  primeurs.  Il  se  plante  en  pot 
plus  tôt  ou  plus  tard,  suivant  l'époque  à  laquelle  on  veut  le 
placer  sur  couche.  Les  pieds  qu'on  y  destine  pour  l'hiver,  se 
plantent  au  printemps  ,  deux:  à  trois  ensemble  dans  le  même 


FRA  35i 

pot,  et  les  vases  dans  lesquels  on  les  a  placés,  s'enterrent  à 
l'ombre  et  au  nord  jusqu'au  moment  où  l'on  veut  les  chauffer. 
On  a  soin  en  outre  de  ne  leur  donner  que  peu  d'eau  ,  et 
de  supprimer  toutes  les  fleurs  qui  voudroient  paroitre.  A 
l'autoaine  on  les  dépote  ;  on  retranche  une  portion  de  leurs 
vieilles  racines,  et  on  renouvelle  en  partie  leur  terre;  aiirès 
quoi  on  les  place  sous  châssis  et  sur  une  couche  tempérée. 
Four  avoir  des  primeurs  on  ne  plante  ces  Irai.siers  en  pot  qu'à 
lautomue  ,  et  on  les  tient  dans  une  oraiigi-rie,  ou  enferrés  en 
pleine  terre,  mais  en  ayant  soin  de  les  couvrir  pendant  les 
gelées,  jusqu'à  ce  que  ce  soit  le  tem^^s  de  les  placer  sur 
couche  el  sous  chàisis. 

Une  saveur  exquise,  un  parfum  agrrable  rendent  la  fraise 
un  des  meilleurs  fruits  de  nos  climats.  C'est  peut-être  en 
cueillant  les  fraises  une  à  une  sur  leur  tige,  et  en  les  man- 
geant de  même,  qu'on  goûte  le  mieux  la  finesse  de  leur  par- 
fum ;  celles  surtout  qu'on  trouve  sauvages  au  milieu  des  bois, 
quoique  plus  petites  que  celles  des  jardins,  l'emportent,  pour 
beaucoup  de  personnes,  sur  ces  dernières,  par  l'excellence 
de  leur  goût  et  de  leur  odeur.  Dans  les  villes  et  chez  les  gens 
aisés,  les  fraises  se  servent  au  dessert ,  et  on  les  mange s;iupou- 
diées  de  sucre  et  arrosées  d'un  p^u  de  vin.  Ainsi  assaisonnées, 
elles  sont  plus  faciles  à  digérer;  car,  naturellement  froides, 
elles  donnent  quelquefois  des  coliques  aux  personnes  qui  en 
mangent  en  trop  grande  quantité. 

Le  suc  exprimé  des  fraises,  auquel  on  ajoute  de  l'eau  et 
du  sucre,  fait  une  boisson  agréable  et  très- rafraîchissante , 
propre  à  apaiser  la  soif,  et  qu'on  peut  employer  avec  avan- 
tage dans  les  maladies  inflammatoires.  Les  limonadiers  ,  les 
distillateurs ,  les  confiseurs  préparent  avec  les  fraises ,  ou  avec 
leur  suc,  des  glaces,  des  liqueurs,  des  pastilles,  etc.  Ce  suc 
acquiert,  ])ar la  fermentation,  une  saveur  vineuse;  mais  il  ne 
se  conserve  pas  et  passe  facilement  à  l'état  d'acide,  et  l'on 
peut  en  faire  alors  une  sorte  de  vinaigre.  Dans  le  premier  état 
on  en  obtient  de  l'alcool  par  la  distillation. 

Les  fraises  sont  peu  employées  comme  médicament,  quoi' 
qu'on  puisse,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  faire  avec 
leur  suc  une  tisane  très-rafraîchissante  ,  et  quoiqu'on  leur  ait 
attribué  plusieurs  autres  propriétés.  Ainsi  le  célèbre  Linneeus 


S52  FRA 

assure  être  parvenu,  parTusage  des  fraises  ,  à  se  guérir  d'une 
goutte  qui  lui  avoit  fait  éprouver  de  violentes  douleurs  pen- 
dant plusieurs  années;  et  Gesner,  ainsi  queBoerhaave,  n'a  pas 
craint  d'avancerqu'elles  peuvent  être  employées  avec  avantage 
contre  les  calculs  de  la  vessie. 

Les  feuilles  et  surtout  les  racines  de  fraisier  sont  plus  sou- 
vent employées  en  médecine  que  les  fruits;  elles  sont  diuré- 
tiques et  apéritives. 

Les  chèvres  et  les  moutons  mangent  assez  volontiers  le? 
feuilles  du  fraisier  ;  mais  les  vaches  s'en  accommodent  diffici- 
lement, et  les  chevaux  n'en  veulent  point  du  tout. 

Fraisier  cATEKOfiiER;  Fragaria  polymorpha,  Duch.  Cette  se- 
conde espèce  diffère  du  fraisier  commun  ,  par  ses  étamines 
plus  longues ,  par  ses  ovaires  plus  gros  et  plus  rares  ;  par  son 
fruit  adhérent  au  calice,  dont  la  peau  est  moins  colorée  que 
les  graines,  et  dont  la  pulpe,  plus  solide,  plus  juteuse,  ne  se 
dessèche  pas  complètement.  M.  Duchesne  divise  toutes  ses 
variétés  en  quatre  races  principales  ,  sous  les  noms  de  ma- 
jaufes,  breslinges  ,  caperoniers  et  quoimios. 

Les  majaufes  semblent  faire  la  nuance  entre  les  fraisiers 
proprement  dits  et  les  breslinges.  La  couleur  des  feuilles, 
leur  substance,  la  petitesse  des  fruits,  leur  pulpe  tendre  et 
fondante ,  et  leur  couleur  d'un  rouge  foncé  les  rapprochent  des 
fraisiers  :  mais  ils  tiennent  des  breslinges  par  leurs  rameaux 
grêles  et  alongés-,  parla  multiplicité  et  par  la  disposition  des 
coulans;  par Palongement  des  pointes  du  calice,  qui  s'ouvrent 
moins  et  se  resserrent  sur  le  fruit;  par  l'eau  abondante  dont 
est  remplie  la  pulpe. 

On  connoît  deux  variétés  dans  les  majaufes  :  nous  n'en  don- 
nerons ici  que  les  noms,  ainsi  que  des  autres  variétés  du  ca- 
peronier,  parce  que  leur  description  nous  entraîneroit  trop 
loin  j  ces  variétés  des  majaufes  sont  :  i".  le  majaufe  de  Cham- 
pagne ,  ou  la  fraise  vineuse  de  Châlons;  2°.  le  majaufe  de 
Provence,  ou  le  ffaisier  de  Bargemont,  ou  la  fraise  à  étoile. 

La  culture  des  majaufes  ne  diffère  pas  de  celle  des 
fraises. 

Les  breslinges  ,  qui  forment  la  seconde  division  dans  la 
deuxième  espèce  ,  ont  le  feuillage  d'un  vert  foncé, ferme;  les 
conrans  très-abondans:  les  fleurs  sujettes  à  .couler;  les  fruits 


FRA  55i 

d'une  couleur  obscure  ;  les  graines  rares ,  très-grosses  ;  la  pulpe 
ferme  ,  mais  juteuse  et  bien  parfumée. 

On  distingue  sept  variétés  dans  les  breçlinges  ;  savoir  :i.'  le 
breslinge  borgne,  ou  le  fraisier  coucou,  ou  le  fraisier  aveugle 
des  Angloisj  2."  le  breslinge  de  Versailles,  ou  la  fraise  mi- 
gnonne ;  3."  le  breslinge  noir  ou  d'Allemagne,  ou  fraisier  à 
cinq  feuilles  ;  4." le  breslinge  de  Bourgogne,  ou  la  fraise-mar- 
teau ;  5."  le  breslinge  de  Longchamp,  ou  fraisier  du  bois  de 
Boulogne  ;  6.°  le^breslinge  d'Ecosse,  ou  fraisier  vert  d'Angle- 
terre ;  7."  le  breslinge  de  Suède,  ou  fraise-brugnon. 

Les  trois  premières  variétés  ne  méritent  point  d'être  cul- 
tivées-, les  trois  autres  peuvent  l'être,  mais  il  faut  une  sur- 
veillance continuelle  pour  la  destruction  de  leurs  couraas. 
Le  breslinge  de  Suède  ne  se  trouve  plus  dans  les  jardins. 

Les  caperoniers  proprement  dits,  qui  forment  la  troisième 
division,  font  des  touffes  très-fortes,  dont  les  tiges  sont  plus 
longues  que  les  feuilles  ;  leurs  fleurs  sont  ordinairement 
dioïques  ,  à  calices  courts,  évasés,  se  recourbant  sur  les  pé- 
dicules-, leurs  fruits  sont  très-gros,  à  pulpe  peu  ferme. 

Les  .variétés  de  cette  division  sont  les  suivantes  :  1."  le 
caperonier  commun,  le  caperon,  le  fraisier  haut -bois  des 
Anglois  j  2.°  le  caperonier-abricot  ,  le  caperonier  abricoté , 
la  fraise  abricotée -,  3.' le  caperonier- framboise ,  la  fraise- 
framboise  ;  4.°  le  caperonier  parfait. 

La  dernière  variété  est  la  plus  commode  à  cultiver,  parce 
qu'elle  est  hermaphrodite  comme  les  autres  fraisiers  ;  mais  le 
caperonier-framboise,  quoique  son  fruit  soit  moins  gros  que 
celui  du  caperonier  parfait,  est  plus  ordinairement  préféré, 
parce  qu'il  est  plus  fondant  et  plus  parfumé.  Le  boursoufle- 
ment de  la  pulpe  entre  les  graines  le  rend  difficile  à  trans- 
porter sans  le  flétrir.  Il  se  passe  du  màle  de  sa  propre  variété, 
quand  on  le  place  dans  le  voisinage  du  caperonier  parfait. 
Les  pieds  des  caperoniers  doivent  être  espacés  beaucoup  plus 
que  ceux  des  autres  fraisiers ,  et  ils  ont  besoin  qu'on  sou- 
tienne leurs  fruits. 

La  quatrième  division  du  fraisier-caperonier  comprend  six 

variétés  désignées  par  M.  Duchesne ,  sous  le  nom  général  de 

quoimios,  et  chacune  en  particulier  sous  les  noms  suivans; 

1.°  le  quoimio  de  Virginie;  la  fraise  écarl  ie  de  Virginie  ou 

}7'  23 


354  FRA 

de  Canada,  le  caperon  ;  2."  le  frutiller,  la  fraise  tlti  Chili; 
3.°  le  quoimio  de  Harlem,  la  fraise-ananas  ;  4.°  le  quoimio- 
Cerise,  la  fraise  de  Caroline,  la  fraise-ananas  de  Paris,  la 
fraise  -  bi «carreau  ;  6."  le  quoimio  de  Cantorbéry  ,  la  fraise- 
quoiinio  ;  6."  le  quoimio  de  Bath  ,  la  fraise  de  Bath  ,  l'écarlale 
double,  l'écarlate  de  Batli. 

Les  quoimios  en  général  ont  pour  caractère  commun  de 
grandes  dimensions  dans  presque  toutes  leurs  parties;  des 
feuilles  non  plissécs,  de  substance  ferme,  et  d'une  couleur 
verte  bleuâtre  ;  des  fleurs  à  six  divisions,  ou  souvent  plus  ; 
un  ca'ice  grand,  peu  évasé,  se  refermant  sur  le  fruit  ,  dont 
la  pulpe  est  légère  et  juteuse.  Ces  plantes  sont  originaires 
de  rAmérique. 

Tons  les  quoimios  ont  besoin  d'être  espacés  comme  les  ca~ 
peroniers ,  excepté  cependant  le  frutiller,  qui  est  moins  grand  , 
quoique  ses  fruits  soient  plus  gros.  (  L.  D.  ) 

FRAISIER  EN  ARBRE  (Bot.)  ,  nom  vulgaire  de  l'arbou- 
sier une  lo.  (L.  D.  ) 

FRAISIER  DE  L'INDE.  {Bot.  )  Voyez  Duchesnea  fraisier, 
vol.  i5  ,  V,.  5^5.  (L.  D.  ) 

FRAISIER  DE  MONTAGNE.  (Bo^)  Les  Provençaux  donnent 
ce  nom  à  l'arbousxer  unédo.  (L.  D.) 

FRAISIER  STÉRILE.  {Bot.)  Voyez  Potentille  fraisier. 
(L.D.) 

FRAISSE  ou  Fraysse.  (Bot.)  En  Languedoc  on  donne  ce 
nom  au  frêne,  et  on  appelle  fraissine  un  terrain  planté  en 
frênes.  (L.  D.) 

FRAISSINETO.  {Bot.)  La  pimprenelle  porte  ce  nom  en 
Languedoc.  (  L.  D.) 

FRAMBOISE.  {Bot.)  C'est  le  fruit  du  framboisier.  (L.D.  ) 
FRAMBOISIER   {Bot.),  nom  vulgaire   d'une   espèce  de 
ronce,  rubus  idceus ,  Linn.  Voyez  Ronce.  (  L.  D.) 
FRAMBOUELA.  {Bot.)  Voyez  Fr^golsta.  (J.) 
FRANCA.  {Bot.)  Le  genre  que  Micheli  avoit  établi  sous  ce 
nom,  en  mémoire  du  botaniste  Francus  de  Frankenau,  a  été 
ensuite  nommé /ranfcenm  parLinnseus.  (J.) 

FRANCBASIN  {Bot.),  nom  vulgaire  d'une  espèce  de  basilic, 
Qcimum.  (J.) 

FRANCELLO  (  Ornith.),  nom  donné  par  les  EspHgnols. 


FRA  355 

suivant  Gesner  et  AWrovande,  au  mâle  de  l'épervier  com- 
nmn ,  falco  nisus  ,  Linn.   (  Ch.  D.  ) 

FRANC-RÉAL.  (Bot.)  C'est  une  vari'étp  de  ï^oire.  (L.D.) 

FRANCHE- BARBOTTE  {IchthjoL),  nom  vulgaire  d'un 
poisson  de  nos  ruisseaux,  lequel  est  décrit  à  l'article  Cûbite, 
genre  auquel  il  appartient.  (H.  C.) 

FRANCHIPANE.  {Chim.)  Ce  n'est,  à  proprement  parler, 
que  l'extrait  de  lait  obtenu  en  faisant  évaporer  ce  liquide  au 
bain-marie.  (Ch.) 

FRANCHIPANE  (  Bot.  )  ,  nom  d'une  variété  de  poire. 
(L.D.) 

FRANCHIPANIER  ,  Plumeria.  {Bof.)  Genre  de  plantes  dico- 
tylédones, à  fleurs  complètes,  monopétalécs ,  régulières,  de- 
là famille  des  apoc^aiées  ,  de  la  pentandrie  moiiogjnie  de 
Linna'us,  offrant  pour  caractère  essentiel  :  V,u  calice  très-j)etit, 
à  cinq  divisions  peu  profondes  ;  une  corolle  infuiidibuliforine^ 
le  tube  grêle,  alongé,  l'orifice  nu;  le  liuihe  aaipie,  contourné, 
à  cinq  divisions  obliques,  étalées;  cinq  étamincs;  les  anthères 
conniventes  ;  un  ovaire  supérieur,  bifide,  entouré  à  sa  base 
d'un  anneau  charnu:  le  style  bifide.  Le  fruit  est  composé  de 
deux  longs  follicules,  un  peu  ventrus,  étalés  horizontalement, 
uniîoculaires ,  s'ouvrarit  d'un  seiil' côté  ,  contenant  des  se- 
mences nombreuses  ,  côinprimées,  membraneuses  à  un  de 
leurs  côtés,  imbriquées  sur  un  placenta  libre. 

Ce  genre  ,  très  -  rapproché  des  cameraria  et  des  nerium  , 
comprend  des  arbres  et  arbrisseaux  laiteux  ,  remarquables 
par  leurs  belles  et  grandes  fleurs  réunies  en  corymbes  ter- 
minaux, la  plupart  exhalant  une  odeur  très-agréable;  les 
feuilles  sont  grandes,  alternes,  entières,  éparses,  ou  ra- 
massées au  sommet  des  rameaux.  Quelqtîes  espèces  sont  cul- 
tivées, comme  plantes  d'agrément  ,  dans  les  jardins  de  bota- 
nique. Elles  exigent  la  serre-chaude,  et  se  multiplient  assez 
facilement  de  boutures,  vers  la  fin  du  printemps,  dans  des 
pots  mis  sur  couche  et  sous  châssis:  Elles  veulent  une  terre  lé- 
gère, plutôt  sèche  qu'humide  ;  des  arrosemens  peu  fréquens  : 
elles  donnent  des  fleurs  au  bout  de  cinq  à  six  aiTs  ,  lorsqu'on  Its 
tient  constamment  dans  la  tannét-,  La  liqueur  laiteuse  qui 
sort  des  plaies  lorsqu'on  les  coupe  ,  est  trés-corrosive.  On 
distingue  les  espèces  suivantes  : 

23. 


3  56  FRA 

pRANCHiPAMEa  ROUGE  :  Plumeria  rubra ,  Lînn.  ;  Lamk. ,  lU. 
gen,  ,  tab.  175,  fig.  1  ;  Jacq. ,  Amer.,  55,  et  Icon.  pict.  ,  23; 
Catesb.,  Car.,  2,  lab.  92;  Ehret  ,  Pict. ,  tab.  10;  Trew  ; 
Ehret ,  tab.  41.  Arbre  de  quinze  à  vingt  pieds,  dont  le  bois 
est  amer  et  jaunâtre;  la  cime  ample,  médiocrement  rameuse  ; 
les  rameaux  tortueux  ,  couverts  de  cicatrices  ;  les  feuilles 
éparses,  rapprochées  en  touffes  ou  en  rosettes,  pétiolées,  ovales- 
oblongues,  planes,  glabres,  très-entières,  longues  de  huit  à 
neuf  pouces  sur  trois  de  large  ;  les  pétioles  longs  de  deux.  Les 
fleurs  sont  grandes,  fort  belles,  rouges  ou  couleur  de  chair, 
et  répandent  une  odeur  très -agréable  ;  l'entrée  de  leur  tube 
est  couleur  de  safran,  pileuse  en  dedans  :  les  fruits  composés 
de  deux  follicules  longs  d'un  demi-pied ,  presque  de  l'épaisseur 
d'un  pouce  dans  leur  partie  moyenne  ,  et  parsemés  de  tuber- 
cules qui  rendent  leur  superficie  raboteuse.  Cet  arbre  croît 
dans  l'Amérique  méridionale  :  on  le  cultive  aux  Antilles,  dans 
les  jardins ,  à  cause  de  la  beauté  de  ses  fleurs  ;  il  y  fleurit 
pendant  presque  toute  l'année.  Il  est  également  cultivé  au 
Jardin  du  Roi,  ainsi  que  le  suivant. 

Franchipanier  blanc  !  Plumeria  alba  ,  Linn.;  Jacq.,  \Amer., 
tab.  174,  fig.  12,  et  Icon.  pict.,  tab.  38;  Burm.,  Amer.  ,Uih. 
'sSi;  Commel. ,  Hori. ,  2,  tab.  24.  [Arbre  d'environ  quarante 
pieds,  dont  le  bois  est  blanc,  moelleux;  l'écorce  cendrée  et 
laiteuse-,  les  rameaux  nus,  terminés  par  une  touffe  de  feuilles 
ovales-lancéolées,  médiocrement  acuminées,  très-étroites  à 
leur  base  ,  longues  de  douze  à  quinze  pouces  ,  larges  de  quatre , 
glabres  et  vertes  en  dessus,  nerveuses  et  blanchâtres  en  des- 
sous ,  pubescentes  sur  leurs  nervures.  Les  fleurs  sont  termi- 
nales ,  disposées  en  épis  paniculés;  le  tube  de  la  corolle  long 
de  neuf  à  dix  lignes ,  ventru  à  sa  base  ,  jaune  et  pileux  en 
dedans  à  son  orifice;  les  filamens  très-courts  et  pileux;  les 
follicules  longs  de  six  pouces  ,  d'un  demi-pouce  d'épaisseur, 
coriaces  ,  noirâtres ,  lisses  à  leur  superficie.  Cet  arbre  croît 
aux  lieux  pierreux  et  maritimes  de  la  Martinique.  D'après  le 
P.  Nicolson  ,  son  suc  laiteux  est  blanc  ,  très-abondant ,  tache 
et  brûle  tout  ce  qu'il  touche.  On  l'emploie  pour  la  guérison 
des  verrues,  des  dartres,  des  malingres  ulcérés,  et  même  pour 
celle  des  pians.  Sa  racine,  prise  eu  tisane  ,  passe  pour  apé- 
ritive. 


FRA  357 

Fhanchipanier  a  paniculbs  :  Plumeria  obtma,  Linn.;  Lamk., 
m.  gen.,  tab.  173  ,  fig.  2  ;  Burm.,  Amer.,  tab.  aSa  ;  Catesb. , 
CaroL,  2,  tab.  gS.  Arbre  d'une  médiocre  grandeur,  dont  les 
feuilles  sont  pétiolées,  éparses  et  rapprochées  au  sommet  de» 
rameaux  ,  lancéolées,  obtuses,  un  peu  acuminées;  les  pédon- 
cules terminaux,  divisés  en  un  panicule  corymbiforme  ; 
leurs  ramifications  tuberculeuses.  Cette  plante  croît  dans 
l'Amérique  méridionale.  Lejlos  convolulus  de  Rumph ,  Amh.,  4 , 
tab.  38  ,  qu'on  avoit  d'abord  rapporté  à  cette  plante,  ne  doit 
pasy  être  réuni.  C'est  \e plumeria  acuminata ,  Ait. ,  Hort.  Kew.y 
td.  ROf . ,  1  ,  pag.  70  ;  plumeria  oblusa ,  Lour. ,  non  Linn.  Ses 
feuilles  sont  aiguës  ;  ses  fleurs  réunies  en  un  corymbe  presque 
ombelle.  Cette  espèce  croît  dans  les  Indes  orientales. 

Franchipanibr  a  feuilles  iAiOLLES  :  Plumeria  mollis  ,  Kunth, 
m  Humb.  et  Bon  pi.  iVof.  Gen.,  3,  pag.  aSo.  On  pourroit 
peut-être  considérer  cette  espèce  comme  une  variété  du  plu- 
meria alla.  Ses  tiges  sont  rampantes  ou  couchées,  rarement 
redressées;  ses  feuilles  planes,  pétiolées,  en  ovale  renversé, 
aiguës,  entières,  cunéiformes  à  leur  base,  veinées,  réticulées^ 
vertes  et  glabres  en  dessus,  plus  pâles  en  dessous,  et  cou- 
vertes d'un  duvet  mou,  longues  de  six  pouces  et  plus,  larges 
de  trois.  La  corolle  est  blanche,  assez  semblable  à  celle  du 
plumeria  alba.  Cette  plante  croît  dans  l'île  de  Panumana. 

;M.  de  Lamarck  cite ,  dans  l'Encyclopédie  ,  deux  autres 
espèces  de  franchipanier  :  i ."  le  p/umeria  retusa,  rapporté  par 
M.  Sonnerai ,  de  l'ile  de  Madagascar.  Ses  feuilles  sont  oppo- 
sées ,  ovales-cunéiformes  ,  nerveuses  ,  obtuses  ,  presque  ses- 
siles;  les  fleurs  disposées  en  corymbes  rameux.  Cette  plante 
paroit  être  la  même  que  le  lois- de -lait  de  l'Ile-de-France  , 
Vantafara  de  Poivre  ;  2."  plumeria  longifolia,  arbre  découvert 
par  Commerson  ,  à  l'île  de  Madagascar,  très-voisin  du  pré- 
cédent, dont  il  diffère  par  ses  feuilles  oblongues,  étroites, 
aiguës,  presque  longues  d'un  pied,  sans  nervures  apparentes; 
les  fleurs  sont  disposées  en  un  corymbe  panieulé,  terminal. 
On  remarque  ,  sous  chaque  ramification  du  corymbe,  deux: 
petites  écailles  opposées,  concaves. 

Les  auteurs  de  la  Flore  du  Pérou  ont  mentionné  plusieurs 
autres  espèces;  mais  comme  la  plupart  sont  cultivées  dans  les 
jardins  du  pays,  il  est  à  présumer  que  quelques  unes  ne  sont 


358  YRK 

que  âe&  variétés,  n'offrant  d'ailleurs  de  différence  essentielle 
que  aans  la  couleur  de  leurs  fleurs.  On  doit  néanmoins  distin- 
guer le  plumeria  purpurea ,  FI.  Per. ,  2  ,  tab.  1 37  ,  dont  les  fleurs 
sont  purpurines  ,  très-odorantes  ,  bordées  à  leur  orifice  d'un 
liséré  un  peu  jaunâtre,  d'ailleurs  plus  petites  que  celles  des 
autres  espèces.  Les  feuilles  sont  ohlongues ,  ovales,  un  peu 
roulées  à  leurs  bords.  Duns  le  plumeria  incarnafa,  FI.  Per.,  2, 
tab.  i38,  les  fleurs  sont  de  couleur  incarnate  ,  jaunâtres  dans 
leur  disque,  disposées  en  une  cime  presque  ombellée -,  les 
feuilles  sont  aiguës,  plutôt  ovales  que  longues.  Le  plumeria 
carinata ,  FI.  Per.  ,  l.  c. ,  a  des  feuilles  oblongues,  ovales, 
acurainées ,  relevées  en  carène  dans  leur  milieu  ,  planes  et 
souvent  rougeàtres  à  leurs  bords.  La  corolle  est  jaune  en  de- 
dans vers  son  centre,  blanche  en  dehors,  rougeâtre  à  ses 
bords.  Outre  ces  espèces  on  cultive  encore  au  Pérou  le  plu- 
meria tricolor ,  FI.  Per.,  2,  tab.  139,  très-belle  espèce  dont 
la  corolle  est  rouge  à  son  tube ,  d'un  blanc  lavé  de  rose  à  son 
limbe.  Les  feuilles  sont  oblongues,  aiguës,  veinées,  planes  à 
leurs  bords.  (  PorR.) 

FRANCISCAIN  {ConchjL) ,  nom  vulgaire  françoisdu  conus 
franciscarius ,  Linn.  (De  B.) 

FRANCK  (  Ornith.  ),  un  des  noms  allemands  du  grand-duc, 
strix  buho  ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FRANCKLINITE.  (Min.)  M.  Berthier  a  donné  ce  nom  à 
un  minéral  composé  d'oxide  de  fer,  d'oxide  de  manganèse  et 
d'oxide  de  zinc,  qui  a  été  trouvé  près  du  lieu  nommé  Francklin  , 
dans  les  Etats-Unis  d'Amérique.  On  reviendra  sur  ce  minéral 
à  l'article  Zinc  Voyez  ce  mot.  (B.) 

FRANCOA.  (  Bot.  )  Genre  de  plantes  dicotylédones,  à  fleurs 
complètes,  polypétalées  ,  régulières,  de  Voctandrie  tétragjnie 
de  Linnœus,  dont  le  caractère  essentiel  est  d'avoir  :  Un  calice 
persistant,  à  quatre  divisions  profondes-,  quatre  pétales,  huit 
étamines  ;  un  ovaire  libre,  à  quatre  sillons;  point  de  style; 
quatre  stigmates  courts  ;.  autant  de  capsules  conniventes  à  leur 
base ,  relevées  en  carène  ;  des  semences  nombreuses ,  attachées 
aux  sutures  des  carènes- 

FRAîico \  ArvBNDicvLÉ  :  Francoa  appendiculata,  Cav. ,  Icon. 
rar, ,  6  ,  pag.  77,  tab.  696.  Cette  plante  a  des  racines  dures, 
ligueuses  ,  perpendiculaires,  de  la  grosseur  du  petit  doigt, 


FRA  359 

ratneuses  et  flexueuses  :  elles  produisent  plusieurs  feuilles 
étiilées  sur  la  terre,  molles,  (omcnteuscs  ,  ovaks  en  creur  , 
lobéts  ,  longues  d'environ  quatre  pouces  sur  trois  de  large  ; 
les  lobes  obtus,  deiiticults;  les  pétioles  charnus,  presque  ai- 
lés, munis  de  chaque  côté  de  deux  ou  trois  petites  folicles 
opposées,  ovales,  sesslles,  denticuléef.  De  leur  centre  s'élève 
une  tige,  ou  plutôt  une  hampe  nue,  longue  d'un  pied,  rou- 
geàtre.  velue,  terminée  par  une  ou  deux  grappes  de  fleurs 
pédicellées  ;  les  pédioeltes  courts,  velus,  accompagnés  d'une 
bractée  suLuléc.  Le  calice  est  velu;  ses  découpures  lancéolées, 
aiguës  ;  la  coroUe  d'un  rouge  clair;  les  pétales  trois  fois  plus 
longs  que  le  calice ,  ovales,  aigus,  rétrécis  en  onglet;  les  fila- 
mens  rougeâtres,  plus  courts  que  la  corolle  ,  insérés  sur  le 
réceptacle  ;  les  anthères  droites,  à  deux  loges  ovales;  à  la  base 
des  filamens,  et  entre  chacun  d'eux,  on  distingue  un  corpus- 
cule court  et  ovale.  L'ovaire  est  libre  ,  ovale  :  les  stigmates 
sessiles ,  courts,  planes,  ovaJes,  étalés.  Le  fruit  est  tétragone  , 
à  quatre  sillons  profonds,  couronné  par  les  stigmates,  com- 
posé de  quatre  capsules  conniventes  ,  comprimées,  navicu- 
laires  ,  à  une  seule  loge  ,  s'ouvrant  en  deux  valves  au  sommet 
et  sur  leur  carène  ,  contenant  des  semences  nombreuses,  fort 
petites,  brunes,  ridées,  attachées  le  long  de  la  suture  des 
carènes.  Cette  plante  croît  dans  l'île  de  Saint-Charles ,  au 
Chili. 

11  paroît  que  la  plante  nommée  par  le  P.  Feuillée  ,  llaupanke 
awpUssiino  sonchifolio ,  Observ.  phys.,  2  ,  pag.  742,  tab.  3i  , 
doit  appartenir  à  ce  genre,  comme  espèce  distinguée  de  la 
précédente  par  ses  feuilles  sessiles,  plus  amples,  les  unes 
radicales,  d'autres  caulinaires,  pubescentes  ,  un  peu  blan- 
châtres, longues  d'environ  un  pied,  lobées,  semées  et  denti- 
culées  à  ieur  contour.  5es  tiges  sont  feuillées,  hautes  de  trois 
pieds,  terminées  par  un  épi  de  fleurs  d'un  rouge  cramoisi  , 
les  unes  a  quatre,  d'autres  à  six  pétales,  autant  d'éfamines  et 
de  divisions  au  calice.  Cette  plante  croit  dans  les  montagnes 
du  Chili.  Willdenow  l'a  réunie  au  genre  Panke  de  Molina. 
(PoiR.  ) 

FRANÇOISE.  {Entom.)  Geoffroy  a  nommé  ainsi  une  espèce 
de  demoiselle  à  quatre  taches  sur  les  ailes,  libellula  quadri- 
macuLata.  (C.  D.) 


56o  FRA 

FRANCOLIN.  (  Ornith.  )  Linnaeus  a  rëuni ,  sous  la  déno- 
tnination  de  tetrao ,  un  grand  nombre  de  gallinacés  que  des 
caractères  particuliers  permettoient  de  diviser  en  plusieurs 
genres  ;  et  Latham  ,  d'après  Brisson  ,  en  a  séparé  les  perdrix, 
perdix.  M.  Temminck  a  encore  subdivisé  les  perdrix  de  La- 
tham en  trois  genres,  savoir  :  ] ."  les  cailles,  coturnix ,  dont 
les  pieds  sont  tétradaclyles,  et  qui  n'ont  pas  d'éperons;  2.°les 
crypfonix,  également  tétradactylcs  ,  mais  qui  n'ont  pas  d'ongle 
au  doigt  postérieur  ;  3.°  les  tridactyles  de  M.  de  Lacépède ,  qui 
manquent  de  pouce,  et  auxquels  M.  Temminck  donne,  d'a- 
près Reinwardt ,  le  nom  d'hemipodius.  A  l'égard  des  franco- 
lins  ,  quoique  leur  bec  soit  plus  long  que  celui  des  perdrix 
proprement  dites,  et  que  les  éperons,  qui  n'existent  que  chez 
les  mâles,  soient  plus  forts,  ces  différences  relatives  n'ont 
point  paru  suffisantes  pour  les  séparer  génériquement  des  per- 
drix. La  forme  recourbée  de  la  mandibule  supérieure,  qui , 
taillée  en  pioche,  facilite  aux  francolins  les  moyens  de  dé- 
terrer les  plantes  bulbeuses  ,  leur  principal  aliment,  se  re- 
trouve d'ailleurs  chez  les  perdrix  africaines,  qui  n'en  sont 
pas  moins  de  véritables  perdrix;  et  l'absence  des  éperons  chez 
les  francolins  femelles  est  une  circonstance  qui  se  rencontre 
également  chez  les  femelles  des  perdrix.  Malgré  des  diffé- 
rences frappantes  dans  les  mœurs  et  les  habitudes  des  per- 
drix proprement  dites  ,  qui  vivent  dans  les  champs  ,  sans 
jamais  se  percher,  et  dans  celles  des  francolins  qui  se  plaisent 
<lans  les  lieux  humides ,  et  passent  sur  les  arbres  les  nuits 
entières  et  une  partie  du  jour,  on  ne  peut  donc  les  isoler 
jusqu'à  ce  que  Ton  ait  trouvé  des  signes  extérieurs  plus 
frappans  et  plus  exclusifs ,  qui  sont  indispensables  d'après 
les  principes  sur  lesquels  nos  méthodes  sont  établies.  Ces 
oiseaux  formeront  ainsi  une  des  sections  du  genre  Perdrix. 

La  dénomination  de  francolin  a  été  donnée  à  des  oiseaux 
étrangers  à  ce  genre.  Le  francolin  à  poitrine  rouge,  d'Ed- 
wards, est  la  barge  fédoa  ,  scolopax  fedoa ,  Linn.  Son  fran- 
colin blanc  de  la  baie  d'Hudson ,  est  la  barge  blanche,  que 
Linnaeus  et  Latham,  ne  considérant  que  lajforme  de  son  bee 
un  peu  recourbé  en  haut,  ont  regardée  comme  une  avocette, 
et  nommée  recurvirostra.  alha ,  quoiqu'elle  n'ait  point  les 
pieds   palmés.  Des  voyageurs  ont  encore  donné  le  nom  de 


FRA  5ffi 

francolm  duSpilzlerg  à  nn  oiseau  de  la  grosseur  d'une  alouette  > 
qui  se  nourrit  de  vers  gris  et  de  chevrettes  ,  et  qui  est  vrai- 
semblablement un  chevalier  ou  une  alouette  de  mer.  C'est  le 
même  qu'on  appelle  aussi  coureur  de  rivage  dans  l'Histoire 
générale  des  Voyages,  tom.  i5  in-4%  p.  226.  (Ch.  D.) 

FRANCOLINO.  {Ichthyol.)  A  Rome,  on  appelle  ainsi  le 
pagel,  sparus  erj'thrînus,  Linn.  Voyez  Pagre.  (H.  C.) 

FRANC -OSIER.  (Bot.)  Espèce  de  Saule.  Voyez  ce  mot. 
(J.) 

FRANCOULO.  (Ornith.  )  Voy.  Grandodle.  (  Ch.  D.) 
FRANCOURLIS.  (  Ornith.  )  L'oiseau  qui  est  ainsi   nommé 
dans  Rabelais  ,   est  le   courlis   d'Europe,  ou  grand  courlis, 
scolopax  areuata  ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FRANC-PICARD.  (Bot.)  Dans  le  nord  de  la  France,  on 
donne  ce  nom  à  une  variété  du  peuplier  blanc.  (L.  D.) 

FRANGÉ.  (Ichthyol.)  On  a  donné  cette  épithète,  comme 
nom  spécifique,  à  un  poisson,  qui  est  le  cjprinus Jimhriatus  de 
Bloch,  pi.  CCCCIX,  et  que  M.  Cuvier  fait  rentrer  dans  son 
sous-genre  Labi^on.  Voyez  ce  mot.  (H.  C.) 

FRANGE  BIGARRÉE  ,  POURPRÉE.  (Entom.  )  Ce  sont  les 
noms  que  GeofiFroy  a  donnés  à  deux  espèces  de  son  genre 
Phalène  ;  l'une  e&t  la  Jimhriata ,  et  l'autre  la  tesselata.  (CD.) 

FRANGÉE.  (Ichthyol.)  M.  de  Lacépède  à  donné  le  nom  de 
frangée,  raja  Jimhriata,  à  une  raie  dont  le  dessin  a  été  trouvé 
dans  les  papiers  de  M.  de  Montéclair,  officier  supérieur  de  la 
marine  Françoise.  Ce  dessin  avoit  été  fait  sur  un  individu  pris 
dans  les  mers  d'Amérique ,  en  1 782  ,  et  qui  étoit  long  d'environ 
dix-sept  pieds  depuis  le  bout  du  museau  jusqu'à  l'extrémité  de 
la  queue  ,  et  large  d'à  peu  près  dix-huit  pieds,  de  la  pointe 
d'une  nageoire  pectorale  à  l'autre.  Cette  raie  gigantesque  a 
deux  appendices  particuliers  sur  le  devant  de  la  tête,  ce  qui 
doit  la  faire  rentrer  dans  le  genre  Céphaloptère  ;  sa  queue  est 
très-déliée,  et  excède  le  tiers  de  la  longueur  totale;  l'extré- 
mité latérale  de  chaque  nageoire  pectorale  se  termine  en  une 
pointe  mobile  à  la  volonté  de  l'animal.  La  partie  supérieure 
du  poisson  est  d'un  brun  noiràtrej  Bartram  paroit  en  avoir 
parlé  sous  le  noiîi  de  grande  raie  noire,  et  dit  que  c'est  un 
vrai  fléau  pour  les  pêcheurs  de  la   côte  de  Géorgie.  Voyeî 

CÉPHALOPTiEBE.   (H,  C.) 


362  FRA 

,  FRANGOEL.  (Ornith.)  On  donne,  en  Piémont,  ce  nom  et 
ceux  de  frangoui  et  fringuel  au  pinson  ordinaire  ,  fringilla 
calebs.  Linn.  (Ch.  D.) 

FRANGUELLO.  (  Ornith.  )  Ce  nom,  qui  s'écrit  aussi  fren- 
guello ,  est  donné  en  Italie  au  pinson  ordinaire  ,//Jngif/a  cœ- 
lebs  ,  Linn.  ;  et  les  dénominations  de  fringuel  del  re  tt  fringuel 
montano  désignent  particulièrement  ,  dans  le  même  pays  , 
le  gros'bec,  loxia  coccothraustes  ,  Linn.  Le  terme  de  fringuel , 
avec  l'addition  d'in^'emengk,  est  aussi  employé,  dans  les  Alpes  , 
comme  dénomination  du  bouvreuil ,  loxia  pjrrhula  ,  Linn. 
(Ch.  D.  ) 

FRANGULA  (Bot.),  nom  lafin  de  la  bourgène  ou  aulne 
noir,  que  Tournefort  distinguoit  du  nerprun,  mais  qui  lui  a 
été  réuni  par  Linnœus  sous  celui  de  rhamnus  frangula.  On 
trouve  encore  dans  Dalechamps  un  camerisier  (  lonicera 
alpigena),  cité  sous  les  noms  d'idcea  feus  et  frangula.  Ce 
dernier  nom  a  aussi  été  donné  au  cassine  maurocenia ,  par 
Dillen.  (J.) 

FRANKÉNIE  ou  Franquenne  (BoL);  Frankenia.L'mn.  Genre 
de  plantes  dicotylédones  de  l'hexandrie  monogynie ,  Linn.,  et 
que  M.  de  Jussieu  regarde  comme  ayant  de  l'affinité  avec  la 
famille  descaryophyllées. Ses  principauxcafflctèreshontfravoir 
un  calice  monophylle  ,  presque  cylindrique,  persistant,  à  cinq 
divisions  ;  une  corolle  de  cinq  pétales  ovales-arrondis ,  à  onglels 
canaliculés;  cinq  ou  six  étamines,  plus  courtes  que  les  pétales-, 
un  ovaire  supérieur,  surmonté  d'un  style  à  deux  ou  trois  stig- 
mates; une  capsule  ovale,  à  trois  valves,  à  une  seule  loge, 
contenant  plusieurs  graines  très-menues. 

Les  frankénies  sont  de  petites  pliintes  herbacées  et  ligneuses, 
à  tiges  diffuses,  à  feuilles  opposées,  et  à  fleurs  axillaires  ou 
terminales.  Elles  ne  présentent  aucun  intérêt,  ce  qui  fait  que 
sur  neuf  espèces  connues  nous  n'indiquerons  que  les  trois  sui- 
vantes, qui  croissent  naturellement  sur  les  bords  de  la  mer, 
dans  les  parties  méridionales  de  la  France  et  de  l'Europe.  Des 
six  autres,  deux  ont  été  trouvées  au  cap  de  Bonne-Espérance, 
deux  en  Barbarie,  une  dans  l'Amérique  méridionale,  et  la 
dernière  dans  la  Nouvelle-Hollande. 

Frankénik  lisse  :  Fran\enia  lœvis,  Linn.,  Spec,  473;  Franca 
maritima  ,  supiiia,  aaxatilis  ,  glauca  ,  ericoides,  sempervirens  ,  etc., 


FRA  3(;5 

Mich.,  Gen.,  s5,  t.  32,flg.  i.  S;i  tige  est  menue,  longue  de 
quatre  à  six  pouces,  ordinairement  couchée,  très-r;imeuse , 
garnie  de  feuilles  petites,  nombreuses,  linéaires,  vertes,  un 
peu  ciliées  à  leur  base.  Ses  Heurs  sont  axillaires  et  presque 
sessiles,  ordinairement  d'un  ronge  violet,  quelquefoisblanches. 
Cette  espèce  est  vivace  ainsi  que  la  suivante. 

Frankénie  HÛB.issûF.  :  F  ranlcenia  hir  su  ta,  Linn.,  Spec,  470; 
Franco,  maritima ,  supina ,  multijlora ,  candida ,  etc. ,  Mich. ,  Gen. , 
93,  t.  22,  Kg.  2.  Ses  tiges  rameuses  et  diffuses,  comme  dans 
l'espèce  précédente,  sont  chargées  de  poils  courts;  la  base  de 
ses  feuilles,  et  surfont  les  calices,  sont  hérissés  de  poils  blancs; 
ses  fleurs  sont  violettes,  réunies  deux  à  quatre  ensemble  au 
sommet  des  rameaux. 

Frankénie  pulvérulente  :  Franhenia  pulverulenta,  Linn. ,  Spec, 
iijé^;AuthyLlis  valenfina ,  Clus. ,  Hist. ,  CLXXXVJ,  Ses  tiges  son(t 
longues  de  trois  à  six  pouces,  étalées,  très-rameuses,  garnies 
de  feuilles  petites,  ovales,  pétiolées  ,  d'un  vert  blanchâtre,  et 
comme  chargées  de  poussière  en  dessous  -,  ses  fleurs  sont  ses- 
siles, axillaires,  petites  et  d'un  pourprq  clair.  Cette  plante  est 
annuelle.  (L.D.) 

FRANKLANDIE,  Franklandia.  (Bot.)  Genre  de  plantes  di- 
cotylédones ,  à  fleurs  incomplètes,  de  la  famille  desprotéacées, 
de  la  tétandrie  monogjnie  de  Linna^us ,  offrant  pour  caractère 
essentiel  :  Point  de  calice  ;  une  corolle  hypocratériforme  ; 
le  limbe  divisé  eji  quatre  découpures  profondes,  planes, 
caduques  ;  quatre  étamines  non  saillantes;  des  écailles  réunies 
en  gaine  autour  du  pistil  ;  une  noix  pédicellée ,  fusiforme, 
dilatée  et  aigrettée  à  son  sommet. 

Franklandie  a  feuilles  de  varec  :  Franlclandiafucifolia.,  Rob. 
Brown,  Nov.  Holl.,  1,  p.  370  ;  et  Rem. ,  ofTerr.  Austr. ,  p.  72, 
tab.  6.  Arbrisseau  de  la  Nouvelle-Hollande,  glabre  sur  toutes 
ses  parties,  parsemé  de  glandes  en  forme  de  pustules  et  d'un 
jaune  orangé.  Ses  rameaux  sont  garnis  de  feuilles  alternes, 
glabres,  entières,  dichotomes,  filiformes,  semblablesà  celles 
de  certaines  espèces  àcfucus.  La  fructification  est  disposée  en 
épis  simples,  axillaires,  point  ramifiés,  chargés  de  fleurs 
alternes,  d'un  jaune-sale,  munies  d'une  bractée.  La  corolle  est 
plane,  tubulée,  hypocratériforme  à  son  limbe,  à  quatre  di- 
visions profbndes  ;  elle  renferme  quatre  étamines  plus  courtes 


3^4  FRA 

que  la  corolle;  le  pollen  des  anthères  est  sphérique  ;  le  pî«tîl 
entouré  d^écallles  réunies  en  gaine  :  il  lui  succède  une  noix 
fusiforme,  pédicellée ,  élargie  et  surmontée  d'une  aigrette  à 
son  sommet.  Les  cotylédons  sont  très-courts.  (Poir.) 

FRANKLINIA.  (Bot.)  Genre  établi  par  Marschall  pour  un 
arbrisseau  de  l'Amérique,  que  L'héritier  a  réuni  au  genre 
Gordoreia.  Voyez  Gordon.  (PoiR.) 

FRANQUENNE.  (Bot.)  Voyez  FRANKéNiE.  (L.D.) 

FRANQUISE.  (Ichthjol.)  Suivant  M.Noël,  on  donne,  à 
Caen ,  ce  nom  à  une  variété  de  la  Plie.  Voyez  ce  mot. 
(H.  G.) 

FRANSÉRIE,  Franseria.  (Bot.)  [Corfmhifères,  Juss.?  Mo- 
noécie  pentandrie ,  Linn.]  Ce  genre  de  plantes,  établi  par  Ca- 
vanilles,  dans  la  famille  des  synanthérées,  appartient  à  notre 
tribu  naturelle  des  ambrosiées,  dans  laquelle  nous  le  plaçons 
entre  l'amirosia  et  le  xanthium.  Voici  les  caractères  que  nous 
avons  observés  ,  au  Jardin  du  Roi ,  sur  le  franseria  artemi- 
sioides. 

Les  calathides  sont  unisexuelles.  La  calathide  mâle  est  orbi- 
culaire,  subglobuleuse,  incouronnée,  équaliflore,  multiflore, 
régulariflore,  masculiflore.  Le  péricline,  égal  aux  fleurs,  orbi- 
eulaire,  subhémisphérique ,  plécolépide ,  est  formé  de  plusieu  rs 
squames  unisériées,  égales,  cntre-greffées  ,  libres  au  sommet, 
oblongues,  foliacées.  Le  clinanthe  est  convexe,  et  garni  de 
squamelles  longues,  très-étroites,  linéaires  ou  filiformes-lami- 
Tiées,  membraneuses.  Les  faux-ovaires  sont  presque  entière- 
ment avortés  et  inaigrettés.  Les  corolles  sont  verdâtres  et  à 
cinq  divisions.  Les  étamines  ont  les  anthères  libres,  et  les 
filets  ordinairement  plus  ou  moins  entre-greffes.  Le  style  est 
simple,  tronqué  au  sommet,  qui  est  bprdé  de  collecteurs  fili- 
formes très-longs.  La  calathide  femelle  est  incouronnée,  uni- 
flore  ,  apétaliflore  ,  féminiflore.  Le  péricline  supérieur  à 
Tovaire  ,  mais  inférieur  au  style,  est  plécolépide,  formé  de 
plusieurs  squames  paucisériées,  inégales,  imbriquées  et  entre- 
greffées ,  à  l'exception  de  leur  partie  supérieure,  qui  est 
libre,  corniforme,  spinescente,  crochue  au  sommet.  Le  cli- 
nanthe est  ponctiforme,  inappendiculé.  L'ovaire  est  ovoïde- 
oblong,  glabre,  lisse,  inaigretté.  La  corolle  est  nulle.  Le  style,, 
articulé  par  sa  base  sur  le  sommet  de  l'ovaire ,  est  formé  d'une- 


FRA  56Î 

tîge  très-courte  et  de  deux  ou  trois  branches  très-longues.  Les 
calathides  femelles  sont  réunies  en  capitules:  chaque  capitule 
est  composé  ordinairement  de  deux,  quelquefois  de  trois  cala- 
thides, lesquelles  sont  confondues  en  un  seul  corps,  au  moyen 
de  leurs  përicllnes  qui  sont  entre-greffes  depuis  la  base  jusqu'au 
sommet;  la  partie  des  périclines  par  laquelle  ils  sont  entre- 
greffes  est  tellement  oblitérée  qu'elle  se  trouve  réduite  à  une 
lame  mince,  qui  même  s'évanouit  tout-à-fait  avant  d'atteindre 
le  sommet.  Chaque  individu  porte  des  calathides  mâles  et  de* 
capitules  de  calathides  femelles.  Les  calathides  mâles  sont  dis- 
posées en  épis  terminaux,  simples  et  nus;  elles  sont  pédoncu- 
lécs,et  ne  sont  accompagnées  d'aucune  bractée.  Les  capitules 
de  calathides  femelles  sont  situés  au  bas  de  l'épi  des  calathides 
mâles  ;  ils  sont  sessiles  ,  accompagnés  de  bractées ,  et  rap- 
prochés en  un  ou  plusieurs  groupes  irréguliers. 

Fransbrie  fadsse- armoise  :  Franseria  artemisioides  ,yVilld. , 
Pers.  ;  Ambrosia  arboresccns  ,  Lamk. ,  Eue.  -,  Xanthium  fruticosum 
Linn.  fils.  C'est  un  arbuste  du  Pérou ,  haut  de  cinq  à  six  pieds  , 
à  tige  cylindrique,  sillonnée,  pubescente  ;  les  feuilles  sont 
alternes^  un  peu  pubescentes  en  dessus,  blanchâtres  et  t©- 
menteuses  en  dessous;  leur  pétiole  est  long  de  deux  pouces;  le 
limbe,  long  de  sept  pouces  et  large  de  cinq,  est  bipinnatifide, 
ù  pinnules  lancéolées,  acuminées,  dentées;  les  calathides  mâles 
sont  dispesées  en  épis  terminaux  ;  leurs  corolles  sontverdâtres- 
les  capitules  femelles  sont  en  groupes  au  bas  de  l'épi  mâle,  et 
chaque  groupe  est  situé  dans  l'aisselle  d'une  bractée  linéaire- 
aiguë. 

Fransérie  FACSSB-AMBROSiE  :  Fraiiscria  amhrosioides ,  Cav.  , 
Icon.;  Willd.;  Pers.  Sa  tige,  haute  de  quatre  pieds  et  plus,  est 
cylindrique,  scabre,  peu  rameuse  ;  ses  feuilles  sont  alternes, 
oblongues,  acuminées,  inégalement  dentées  en  scie,  scabres, 
un  peu  glutineuses  ;  leur  pétiole  est  long  d'un  pouce,  cylin- 
drique, et  porte  deux  pinnules  ovales;  le  limbe  des  feuilles 
inférieures  est  sinué  et  presque  pinnatifide  ;  celui  des  feuilles 
supérieures  est  indivis  ;  les  calathides  mâles  sont  disposées  en 
un  épi  terminal  long  d'un  demi-pied  ;  leurs  corolles  sont  d'un 
jaune  blanchâtre  ;  les  capitules  femelles  sont  disposés  en  épis 
plus  courts,  situés  plus-iras,  et  axillaires  :  chaque  capitule  est 
composé  de  quatre  calathides  confondues  en  un  seul  coras  au 


36d  FRA 

moyen  de  leurs  périclines  entre-greffes  d'un  bout  à  l'autre, 
Cet  arbuste,  qui  habite  le  Mexique,  ne  nous  est  connu  que 
par  la  description  et  la  figure  de  Cavanilles. 

Le  genre  Franseria,  exactement  intermédiaire  entre  Vam- 
hrosiaet  le xanthium,  participe  de  l'un  et  de  l'autre,  et  se  dis- 
tingue de  chacun  d'eux  par  plusieurs  caractères.  Dans  Vani' 
brosia,  les  calathides  mâles  ont  le  clinanthe  dépourvu  de 
squamelles  ;  les  calathides  femelles  ont  le  péricline  formé  de 
squames  à  sommet  non  crochu  m  spinescent,  et  ces  calathides 
sont  parfaitement  libres,  distinctes,  non  entre-greffées.  Dans 
le  xanthium,  les  calathides  mâles  ont  le  clinanthe  cylindracé 
et  garni  de  squamelles  beaucoup  plus  manifestes  que  dans  le 
franseria;  leur  péricline  est  formé  de  squames  entièrement 
libres;  les  capitules  de  calathides  femelles  sont  constamment 
composés  de  deux  calathides  ;  leurs  périclines  entre-greffes 
sont  libres  au  sommet,  et  la  partie  de  ces  périclines  sur  la- 
quelle la  greffe  s'opère,  ne  s'évanouit  pas  supérieurement, 
mais  subsiste  d'un  bout  à  l'autre. 

Les  caractères  génériques  que  nous  avons  exposés,  d'après 
nos  observations  sur  le  franseria  artemisioides,  semblent  au 
premier  coup  d'œil  n'avoir  pas  la  moindre  analogie  avec  les 
caractères  donnés  par  l'auteur  du  genre,  qui  les  avoit  observés 
sur  le  franseria  ambrosioides.  Cependant  la  seule  différence 
réelle  consiste  en  ce  que,  dans  l'espèce  observée  par  nous, 
chaque  capitule  femelle  n'est  composé  ordinairement  que  de 
deux  ou  quelquefois  trois  calathides  entre- greffées  ,  tandis 
que,  dans  l'espèce  observée  par  Cavanilles,  chaque  capitule 
est,  suivant  lui,  constamment  composé  de  quatre  calathides 
entre-greffées.  Toutes  les  autres  différences  entre  les  deux  des- 
criptions ne  sont  qu'apparentes,  et  résultent  de  ce  que  nos 
idées  sur  la  structure  des  ambrosiécs  sont  loin  de  s'accorder 
avec  celles  de  Cavanilles.  Nous  ne  pouvons  pas  nous  dissijnuler 
que  notre  système  sur  les  ambrosiées  doit  paroître  aussi  para- 
doxal que  notre  système  sur  Vechinops.  Cependant  nous  per- 
sistons avec  quelque  confiance  dans  notre  manière  de  voir, 
même  après  avoir  lu  dansle  quatrième  volume  (encore  inédit) 
des  Noya  Gênera  et  Species  Plantarum  ,  les  descriptions  des  xan- 
thium et  ambrosia,  où  M.  Kunth  a  présenté  un  système  abso- 
lument opposé  au  nôtre,  et  que  nous  avons  fait  connoîtfe  dans 


FRA  367 

une  Analjse  critique   et  raisonnée  ,  insérée    au  Journal  de 
Physique,  juillet  1819. 

Adawson  avoit  très-judicieusement  formé,  dans  la  famille 
des  syiianthérécs ,  une  section  des  ambrosles,  composée  des 
deux  genres  Ambrosia  et  Xanthium.  M.  de  Jussieu ,  en  Us 
admettant  parmi  ses  corymbifères,  mais  dans  une  section 
distincte,  et  sous  le  titre  de  corymbifères  anomales,  a  énonce 
l'opinion  que  ces  plantes  étoient  peut-être  des  urticées  voi- 
sines du  chanvre.  Cette  conjecture  a  été  trop  légèrement 
regardée  comme  une  chose  prouvée  par  MM.  Ventenat ,  Des- 
fontaiues,  DecandoUe ,  Lamarck.  M.  Richard  ,  au  contraire,  a 
fort  bien  jugé  que  les  amhrosia  et  xanthium  n'étoient  point 
des  urticées  ;  mais  il  a  cru  que  ces  deux  genres  dévoient  former, 
près  des  synanlhérées,  une  famille  distincte.  Dans  nos  Mé- 
moires sur  les  organes  floraux  des  synanthérées,  nous  avons 
pleinement  démontré  que  les  ambrosia,  franseria,  xanthium.^ 
étoientde  véritables  synanthérées,  etnousavons  pensé,  comme 
Adanson  ,  que  ces  genres  constituoient,  dans  la  famille  dont  il 
s'agit,  une  tribu  naturelle,  que  nous  avons  nommée  ambro- 
siées,  et  que  nous  avons  placée  entre  les  hélianthées  et  les  an- 
thcuîidécs.  Cette  tribu  n'est  point  adoptée  par  M.  Kunth,  qui 
range  les  xanthium  et  ambrosia  parmi  les  hélianthées.  (Voyez 
notre  article  Amerosiacées  ,  tom.  II  ,  Supplém.  ,  pag.  9.  ) 
(H.Cass.) 

FRAOUCO  (  Ornith.) ,  nom  provençal  de  la  poule  d'eau  , 
suivant  le  nouveau  Dictionnaire  d'Histoire  naturelle.  (Ch.  D.) 
FRAOUME.  (Bot.)  L'arroche  portulacoide  porte  vulgaire- 
ment ce  nom  en  Provence.  (L.  D.) 

FRASERE,  Frasera.  (Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones, 
à  fleurs  complètes,  monopétalées  ,  qui  se  rapproche  delà  fa- 
mille des  gentianées,  appartenant  à  la  tétrandie  mono gj nie  dii 
Linnaeus  ,  offrant  pour  caractère  essentiel  :  Un  calice  à  quatre 
divisions  profondes;  une  corolle  monopétale,  à  quatre  divi^ 
sions,  munies  dans  leur  milieu  d'une  glande  barbue;  quatn 
étamines;  un  ovaire  supérieur;  un  style.  Le  fruit  consiste  eu 
une  capsule  uniloculaire  ,  polysperme  ,  s'ouvraiit  en  deux 
valves  à  sou  bord. 

M.  de  Jussieu  fait  observer  que  ce  genre  de  Walther,  auteur 
de  la  Flore  de  la  Caroline,  pourroit  être  réuni  au  swertia , 


368  FRA 

dont  il  ne  diffère  que  par  l-e  retranchement  d'une  cinquième 
partie  dans  la  fructification,  par  une  glande  velue  élevée  au 
dedans  de  chaque  lobe  de  la  corolle,  et  par  des  graines  mem- 
Jjraneuses  dans  leur  contour. 

Frasère  de  Walther  :  Frasera  FTallheri ,  Mich.  ,  Amer.,  i , 
pag.  97;  Gœrtn.,  F.,  lab.  224.  Plante  herbacée,  très -haute, 
à  tige  droite  ,  garnie  de  feuilles  opposées  ou  verticillées  , 
ovales,  oblongues.  Les  divisions  du  calice  sont  profondes, 
lancéolées,  aiguës*  la  corolle  beaucoup  plus  grande  que  le 
calice  ;  ses  divisions  étalées ,  ovales  ,  un  peu  acuminées  ;  une 
glande  orbiculaire  et  barbue,  placée  vers  le  milieu  de  cha- 
cune des  divisions  de  la  corolle  ;  les  étamines  plus  courtes 
que  la  corolle  ,  alternes  avec  chacune  de  ses  divisions  ;  les 
anthères  ovales,  oblongues,  à  demi  bifides  à  leur  partie  in- 
férieure ;  l'ovaire  ovale  ,  oblong  ,  comprimé  ;  le  style  terminé 
par  deux  stigmates  divergens,  épais,  glanduleux;  la  capsule 
assei:  grande,  ovale,  très-comprimée,  un  peu  cartilagineuse, 
légèrement  échancrée  à  son  bord  ,  mucronée  par  la  base  du 
style  ,  à  une  seule  loge,  à  deux  valves,  contenant  huit  à 
douze  semences  planes  ,  elliptiques,  comprimées.  Cette  plante 
croît  aux  lieux  marécageux  dans  la  Caroline.  (  Poir.  ) 

FRASIUN  [Bot.),  nom  égyptien  d'un  marrube,  qui  est  le 
marrubium  plicatum  de  Forskal.  Le  même,  écrit frasjoun ,  est 
donné  au  marruhium  alysson,  suivant  M.  Delille.  (J.) 

FRASSINELLA.  {Bot)  C'est  ainsi  que  le  sceau  de  Salomon, 
polj'gonatum ,  est  nommé  dans  la  Toscane ,  suivant  Césalpin. 
(J.) 

FRATERCULA.  (Orniih.)  Ce  nom,  donné  par  Gesner  au 
macareux ,  aica  arciica ,  Linn. ,  a  été  employé  comme  terme 
générique  parBrisson,  tom.  6,  p.  81  de  son  Ornithologie. 
(Ch.  D.) 

FRATINO.  {Ornith.)  On  nomme  ainsi  à  Bologne  la  mé- 
sange bleue  ,  Y-arus  cœruleus,  Linn.  (Ch.  D.) 

FRAUDIUS  AVIS.  {Ornith.)  Albert-le-Grand  désigne  par 
cette  dénomination  la  sittelle  ou  torchepot,  sitta  europea, 
Linn.  (  Ch.  D.  ) 

FRAUENÏAUBLING  et  SCHAFTAUBLING  (Bo/.),noms 
que  l'on  donne  en  Autriche  et  en  Barière  à  l'ag-aric  verdoyant , 
a^arieus  virsscens ,  SchaiGF,  (  Lem.  ) 


FRE  3(?o 

FRAXINELLA.  (Bol.)  Conlus,  Dalechamps  ,  Clusîus  ,  d 
après  euxTouruefort,  noninioient  ainsi  la  fraxiuelle.  Tragw.s , 
Brunsfels,  Gesner.  C.  Bauiiiii  lui  donnoient  le  nom  ("e  diclatn- 
nus,  qui  a  été  adopté  par  Linnaius.  Voyez  Dictame.  (J.) 
FRAXINUS  (Bot.  ) ,  nom  latin  du  genre  Frêne.  (  L.  D.) 
FRAYE  {Ornith.  ),  nom  vulgaire  de  la  grive  draine,  turdi.s 
viscii'orus,  Linn.  (Ch.  D.) 

FRAYEUSE  {Ornith.),  un  des  noms  vulgaires  du  rougc- 
gorge,  m o/aci7/a  rubecuUi,  Lijin.,  qu'on  appelle  aussi  frilleusi^ 
et  fuireuse.  (Ch.  D.) 

FRAYLETES.  {Ornith.)  Don  UUoa  dit,  dans  ses  Mémoires 
philosophiques  sur  FAuiérique,  lom.  i  ,  p.  igS  de  la  tradur- 
tion  de  M.  Lefcbre  de  Viliebrune,  qu'on  trouve  à  la  Loui- 
siane, dans  Ils  contnées  humides,  des  oiseaux  assez  resseni- 
blans  aux  vanneaux ,  qui  portent  ce  nom  et  celui  de  griladores , 
su  crieurs  ,  lesquels  s'envolent  en  jetant  des  cris  aigus  qui 
avertissent  les  autres  de  l'approche  des  chasseurs.  Cetta 
remarque  n'est  pas  suffisante  pour  mettre  à  portée  d'eu 
reconnoître  l'espèce.  (  Ch.  D.) 

FRAYONNE.  (  Ornith.)  Voyez  Freux.  (  Ch.  D.  ) 
FRÉDÉRIC  {Ichthjol.) ,  nom  spécifique  d'un  characin  de 
Bloch  et  de  M.  de  Lacépède,  characinus  Friderici,  lequel  ap- 
partient au  sous-genre  des  Curimates.  Voyez  ce  mot.  (H.  C.) 
FREDOCHE.  {Bot.)  Voyez  Bois  d'ortie.  (J.) 
FRÉGATE.  (  Ornith.  )  Cet  oiseau  fait  partie  de  la  famille 
des  stéganopodes  d'IUiger,  ou  syndactyles  de  M.  Vieillot , 
dont  les  quatre  doigts  sont  réunis  dans  la  même  membrane, 
et  qui  comprend  les  pélicans  ,  les  cormorans,  les  fous,  les 
pailles-en-queue  et  les  anhingas.  Les  frégates  sont  plus  rap- 
prochées des  cormorans  qui  ont  les  tarses  totalement  em- 
plumés,  que  des  autres  dont  les  jambes  sont  en  partie  nues  ; 
et  le  caractère  qui  les  distingue  plus  spécialement  des  pre- 
miers, est  la  courbure  égale  des  deux  mandibules,  très-cro- 
chues l'une  et  l'autre  chez  les  frégates,  tandis  que  l'inférieure 
est  tronquée  chez  les  cormorans.  Brisson  avoit  joint  la  frégate 
aux  fous,  sula  ,  en  donnant  toutefois  à  celle-ci  le  nom  de 
fregata.  lUiger  a  réuni,  sous  la  dénomination  générique  d'ha- 
lieus  ,  les  frégates  et  les  cormorans ,  qu'il  n'a  distingués  que 
par  la  forme  de  la  queue  ,  arrondie  d»ns  ceux-ci  et  fourchue 
17'  24 


Syo  '       FRE 

dans  les  autres.  M.  Cuvier  a  aussi  rangé  les  frégates  à  la  suite 
des  cormorans,  en  observant  d'ailleurs  que  les  pieds  courts 
des  premières  ont  les  membranes  profondément  échancrées  , 
et  que  leurs  ailes  ont  une  excessive  envergure.  Les  autres  ca- 
ractères des  frégates  sont  d'avoir  le  bec  plus  long  que  la  tête  , 
robuste  ,  suturé,  et. dont  le  croc  semble  former  une  pièce  dé- 
tachée: les  narinespeu  apparentes  et  placées  dans  une  rainure; 
les  orbites  nues,  la  bouche  très-ample,  la  langue  courte  et 
lancéolée,  la  gorge  expansible  ,  les  quatre  doigts  dirigés  en 
avant,  les  ongles  aigus,  et  les  deux  premières  rémiges  les  plus 
longues. 

Les  frégates  ont  le  vol  extrêmement  rapide ,  et  si  puissant 
qu'il  leur  permet  de  se  porter  au  large  à  plus  de  quatre  cents 
lieues  de  toute  terre  ,  de  braver  les  tempêtes  en  s'élançant  au- 
dessus  des  orages,  et  de  rester  dans  les  airs,  où  elles  se  sou- 
tiennent sans  mouvemens  sensibles,  la  nuit  comme  le  jour,  jus- 
qu'à ce  qu'elles  rencontrent  des  pointes  de  rochers,  ou  des  iloîs 
boisés,  sur  lesquels  seuls  il  leur  est  possible  de  se  reposer, 
puisque  la  longueur  de  leurs  ailes  ne  leur  permettroit  pas  de 
reprendre  leur  essor,  si  elles  se  laissoient  abattre  sur  les  Ilots 
ou  même  sur  la  terre.  Leur  vue  doit  aussi  être  très-perçante, 
pour  leur  faire  remarquer,  lors  même  qu'elles  se  trouvent  à 
des  distances  telles  qu'elles  échappentà  nos  yeux,  les  endroits 
où  passent  des  colonnes  d'exocets  ou  poissons  volans.  C'est 
néanmoins  de  distances  aussi  grandes  qu'elles  fondent  quel- 
quefois avec  la  rapidité  d'un  trait ,  et  que ,  parvenues  près  de 
la  surface  de  la  mer,  elles  ont  la  force  de  s'arrêter  et  de  chari- 
ger  la  direction  de  leurs  mouvemens  de  manière  à  raser  l'eau 
pour  enlever  ces  poissons ,  soit  avec  le  bec,  soit  avec  les  serres, 
ou  même  avec  les  deux  à  la  fois.  Au  lieu  de  se  précipiter  lu 
tête  la  première  ,  comme  les  oiseaux  qui  ont  la  faculté  de 
plonger,  la  frégate  tient  les  pâtes  et  le  cou  danis  une  si- 
tuation horizontale;  elle  frappe  la  colonne  supérieure  de 
l'air  avec  ses  ailes,  puis,  les.  relevant  et  les  fixant  l'une  contre 
l'autre  au-dessus  du  dos  ,  elle  se  lance  sur  sa  proie  avec  tant 
d'adresse  et  de  vélocité,  que  rarement  celle-ci  lui  échappe, 
et  les  exocets  qui  ont  voulu  se  soustraire  à  la  poursuite  des 
thons,  des  bonites  et  des  dorades  ,  trouvent  ainsi  la  mort 
dans  l'élément  où  i-^s  croyoient  l'éviter. 


FRE  371 

Ce  n'est  qu'entre  les  tropiques,  ou  un  peu  au-delà,  qu'on 
rencontre  les  frégates  dans  les  rners  des  deux  Mondes,  où  ces 
oiseaux  joignent  au  produit  de  leurs  propres  captures  celui 
des  pêches  fuites  par  les  fous,  qu'ils  contraignent,  en  les 
frappant  de  l'aile  ou  les  pinçant  de  leur  bec  ,  à  dégorger  le 
poisson  dont  ils  se  saisissent  dans  sa  chute.  Les  frégates 
que  les  navigateurs  ont  surnommées  guerrières  ,  ont  une  telle 
confiance  dans  la  force  de  leurs  armes,  qu'elle  les  rend  té- 
méraires au  point  de  braver  l'homme  même.  Le  vicomte  de 
Querhoënt  rapporte  ,  en  effet ,  que  l'une  d'elles  s'est  assez 
approchée  de  lui  au  moment  où  il  tenoit  un  poisson  à  la 
main,  qu'il  l'a  terrassée  d'un  coup  de  canne,  et  que  d'autres 
voloient  à  quelques  pieds  d'une  chaudière  où  Ton  en  faisoit 
cuire,  quoiqu'une  partie  de  l'équipage;  fût  à  Tentour.  Ces 
oiseaux  si  hardis  se  laissent  néanmoins  assommer  comme  les 
fous,  loisqu'on  les  surprend  dans  un  lieu  où  ils  n'ont  pas  la 
faculté  d'étendre  leurs  ailes,  et  cette  circonstance  est  propre 
à  appuyer  If  s  observations  faites  dans  ce  Dictionnaire,  eu 
parlant  de  ces  derniers. 

Les  frégates  placent  leur  nid  sur  les  arbres,  dans  les  lieux 
solitaires  et  voisins  de  la  mer.  Leur  ponte  consiste  en  un  ou 
deux  œufs  d'un  blanc  teint  de  couleur  de  chair,  avec  de- 
petits  points  d'un  rouge  cramoisi. 

Les  insulaires  de  la  mer  du  Sud  se  font  des  bonnets  avec 
les  plumes  assez  longues  que  les  frégates  portent  sur  le  cou. 
La  graisse  de  ces  oiseaux  passoit  aussi  dans  les  Antilles,  au 
rapport  de  Dutertre,  pour  un  médicament  utile  dans  la 
goutte  sciatique  et  dans  les  affections  rhumatismales.  Les 
flibustiers  faisoient  même  une  branche  de  commerce  de  cette 
graisse  ,  extraite  par  l'ébuliition  dans  des  chaudières,  et 
qu'on  appeloit  huile  de  frégate. 

On  ne  connoît  proprement  qu'une  espèce  de  frégate,  le 
pelecanus  aquiius  ,  Linn.  etLath.,  ou  tachjpetes  aquila,  Vieill., 
pi.  enl.  de  Buffon,  n."  961 ,  dont  le  corps  n'est  pas  plus  gros 
que  celui  d'une  poule,  mais  qui  a  huit,  dix  et  même  jusque 
quatorze  pieds  d'envergure  ,  suivant  M.  Poivre.  Son  cou  est 
d'une  longueur  médiocre,  sa  tête  est  petite,  et  son  bec  ,  de 
couleur  noire  ,  ainsi  que  les  pied^i  et  leurs  membranes,  est 
long  de  six  a  sept  pouces.  Tout  le  plumage  du  mâle  est  de  la 


3-2  FRE 

même  couleur  ;  et  lorsqu'il  est  vieux,  deux  lueiiiltranes  «har- 
nues,  d'un  rouge  vif,  lui  pendent  sous  la  gorge.  La  femelle 
diffère  du  luàle  en  ce  qu'elle  a  le  ventre  blanc-,  les  petits, 
dans  leur  premier  âge,  sont  couverts  d\m  duvet  gris  blanc; 
leurs  pieds  sont  de  la  même  couleur,  et  leur  bec  est  presque 
blanc,  mais  il  devient  ensuite  rouge  et  noir,  ou  bleuâtre 
dans  son  milieu  ,  et  il  en  est  de  même  de  la  couleur  des  doigts. 
On  trouve  des  individus  qui  ont  la  tête  et  le  ventre  blancs, 
et  le  dessus  du  corps  d'un  brun  foncé. 

Latham  a  décrit,  sous  le  nom  de  pelecanus  minor ,  une  fré- 
gate moins  grosse  que  la  précédente,  et  qui  a  été  figurée  par 
Edwards,  GlanuTes,  pi.  309;  elle  n'avoit  que  deux  pieds  dix 
pouces  de  longueur,  et  cinq  pieds  sept  pouces  et  demi  d'en- 
vergure. Les  parties  supérieures  étoient  d"ua  brun  ferrugi- 
neux ,  et  les  inférieures  blanches.  Les  narines  étoient  plus 
apparentes,  et  placées  plus  près  de  la  tête.  M.  Cuvier  pense 
qu'on  a  trop  légèrement  considéré  cet  oiseau  comme  une  es- 
pèce particulière,  et  qu'il  en  est  de  même  des  pelecanus  Icu- 
cocepluilus  et  palmerstoni  de  Gmelin  et  de  Latham.  (  Ch.  D.  ) 

FREGGIA.  {Ichthjol.)  Dans  quelques  unes  de  nos  provinces 
méridionales ,  on  donne  ce  nom  au  ruban  de  mer,  cepola 
titnia.  Voyez  Cépole.  (H.  C.) 

FREGILUS  (  Ornidi.),  nom  latin  donné  par  M.  Cuvier  aux 
craves ,  formant,  dans  soa  Règne  animal,  une  division  des 
huppes.  (  Ch.  D.) 

FREINO  {Bot.),  nom  portugais  du  frêne  ,  selon  Grisley. 
(J.) 

FRELON  (Bot.), un  des  noms  vulgaires  du  fragon  piquant. 
(L.D.) 

FRELON,  Fucus.  {Entom.)  Ce  nom  a  été  donné  par  le 
▼ulgaire  à  deux  insectes  hyménoptères  de  genres  très-dilfé- 
rens. 

Ilparoit  qu'anciennement  onappeloit/re/07i5,  en  lutin  fuci, 
les  abeilles  mâles  qui  ne  font  pas  de  miel.  Voici  le  passage 
de  Pline,  livre  XI,  chapitre  xi  :  «  Fuci  sunt  sineaculeo,  velut 
imperfectœ  apes ,  noifissimaque  àfessis  et  jam  emeritis  inclioata, 
serolinus  fœtus  ,  et  quasi  servitia  verarum  apum  :  quamobrem  im- 
perant  Us,  primosque  in  opéra  expellunt ,  tardantes  sine  clementia 
puniunt.  »  Et  Virgile,  dans  ses  Bucoliques,  livre  IV,  ver*  242, 


FRE  ."75 

en   parlant  (Tes  animaux  qui  font  tort  aux  ruches,  cite  It» 
léïards,  les  blattes,  les  frelons  et  les  crabrons. 

Nam  saepè  favos  ignotus  adedit 

StcHio,  lucifugis  congcsta  cubilia  blattis  ; 
Immunitque  scdens  aliéna  ad  paliula  fucus. 
Au»  asper  crabro  iinparibus  se  iraïuiscujt  armi?. 

Ce  qui  a  donné  lieu  à  l'idée  que  les  mâles  des  abeilles,  qui 
en  tffct  diffèrent  beaucoup  des  femelles  et  desneutres ,  étoient 
des  espèces  absolument  parasites  ,  c'est  l'observatioa  que  l'on  a 
fiiite  de  la  guerre  à  mort  que  livrent  à  certaines  époques  les 
«beilles  neutres  aux  mâles,  que  l'on  appelle  aussi  les freloiu. 
{Voyez  tom.  I,  pag.  69  et  60.)  Mouffet  décrit  très-bien  cette 
particularité.  lii  autem  neque  mel  coLtlgunt,  nequeeeies  eriguntr 
neque  quiequam  taboris  mutui  cum  apihus  suscipiunt  :qua  de  causa 
custodes  habcnt,  qui  diuturno  tempore  defessas  noctu  observant  et 
afuribus  tutas  faciunt  et  securas;  qui  sifurem  vidèrent  ingressum  , 
aggrediuntur  et  verherant,  et  pro  foribus  exanimem  aut  semiani- 
mum  rclinquunt. 

C'est  donc  à  tort  que  Geoffroy  a  donné  le  nom  de  frelon 
ou  de  freslou,  en  latin  crabro,  aux  hyménoptères  uroprisles 
du  genre  Cimbece  d'Olivier  ou  Tenthrède  de  Linnaeus, 

On  a  aussi  donné  le  nom  de  frelon  aux  guêpes;  Geoffroy  a 
traduit  ainsi  le  nom  spécifique  de  la  vespa  crabro  de  Linuœus, 
guêpe  frelon. 

Enfin  les  espèces  du  genre  Crabron  ont  encore  reçu  le  nom 
de  frelon.  C'est  en  effet  ainsi  que  Mouffet  dit  qu'on  tradnisoit 
en  France  le  nom  latin  de  crabro  ,  freslons,  froilons  ou  fou- 
lons ;  et  les  figures  qu'il  en  donne  paroissent  être  celle*  de 
grosses  guêpes  ou  de  scolies. 

Ainsi,  tantôt  le  nom  de  frelo-n  est  pris  comme  celui  du 
mâle  des  abeilles  à  miel,  en  latin /«eus  ;  tantôt  comme  le  mot 
françois  correspondant  au  nom  latin  crabro.  Four  éviter  la 
confusion,  nous  avons  décrit  ce  dernier  genre  sous  le  nom  iîe- 
Crabron.  Voyez  ce  mol,  et  ceux  d'AeEiLLs  a  iMibl  ,  de  Guèi'e. 
(CD.) 

FRELOT.    (Ornith.)   On  donne,  daiîs  la    Sologne,  Ciisant 
partie  du  département  de  Loir  et  Cher,  ce  nom  et  celui  de 
/relotte,  au   pou*illot  ou  chanJre  ,   motaciÛa.   trorchilus^  Lion. 
(Ch.D.) 


374  FRE 

FREMIUM.  (Bot.)  Cluslus  nous  apprend  que  Gaza  nommoit 
ainsi  l'anémone,  qui  étoit  le  phenion  de  Pline.  (J.) 

FRENCH-PIE.  {Ornilh.)  Cette  dénomination  anginisc  de  la 
pie-grièche  grise,  lanius  excubitor  ,  suivant  Montagu  ,  a  été 
appliquée,  par  Brisson  et  BufTon,  au  pic  varié  ,  f>ic«s  rnedius  ^ 
Linn.  (Ch.  D.) 

FRÊNE  {Bot.) ,  Fraxinus,  Linn.  Genre  de  plantes  dicoty- 
lédones, delà  famille  des  jasminées  de  Jussicu,  et  de  la  po/y- 
gamie  dioécie  de  Linmsus  ,  dont  les  fleurs  sont  polygames;  les 
unes  hermaphrodites  sur  certains  individus,  les  autres  seu- 
lement femelles  ,  par  l'avortement  des  étamines ,  et  placées 
sur  des  pierls  différens.  Les  principaux  caractères  de  ce 
genre  sont  les  suivans  :  Calice  le  plus  souvent  nul,  ou  fort 
petit,  et  à  quatre  divisions  ;  corolle  ordinairement  nulle,  plus 
rarement  composée  de  quatre  pétales;  deux  étamines  à  fila- 
mens  opposés,  terminés  par  des  anthères  droites;  un  ovaire 
supérieur,  ovale-oblong,  surmonté  d'un  style  droit,  terminé 
par  un  stigmate  bifide;  une  capsule  plane,  ovale-oblongue , 
surmontée  d'une  aile  membraneuse,  et  à  une  loge  mono- 
sperme, indéhiscente. 

Les  frênes  sont,  en  général,  de  grands  arbres  dont  les 
feuilles  sont  opposées,  presque  toujours  ailées  avec  impaire, 
et  dont  les  fleurs  sont  disposées  en  panicules  terminaux  ou 
latéraux.  Ils  habitent  les  climats  tempérés  du  nord  de  l'ancien 
et  du  nouveau  continent.  Willdenow ,  dans  le  quatrième 
volume  de  son  Species  Plantarum ,  ne  fait  mention  que  de 
quinze  espèces  de  frênes,  si  on  n'y  comprend  pas  le  fraxinus 
ornus ,  dont  plusieurs  botanistes  font  maintenant  un  genre 
particulier  sous  le  nom  d^ ornus  •  d'autres  auteurs  ,  au  con- 
traire ,  les  ont  beaucoup  plus  multipliées.  M.  Bosc,  par 
exemple,  en  compte  au-delà  de  trente;  mais,  comme  dans 
la  plupart  de  ces  nouvelles  espèces  les  fleurs  et  les  fruits 
n'ont  point  encore  été  observés,  nous  ne  cro)rons  pas  que  la 
forme  des  feuilles,  qu'on  sait  être  assez  variable,  puisse  suffire 
pour  bien  caractériser  ces  plantes  ;  et,  d'après  cela,  nous  ne 
parlerons  ici  que  de  celles  qui  sont  les  plus  connues. 

Frêne  élevé  :  Fraxinus  excelsior,  Linn.,  Spec. ,  i5og  ;  Lamk., 
Jlliist.,  t.  858,  f.  1.  Arbre  de  futaie,  dont  la  tige  droite 
^"élève  à  nne  grande  hauteur,  en  se  terminant  par  une  tête 


FRE  Ô75 

iàche,  mëdiocre,  dont  les  rameaux  sont  lisses,  d'un  vert 
cendré.  Ses  feuilles  sont  ailées  avec  impaire,  composées  de 
onze  à  treize  folioles  ovales,  pointues,  dentées,  légèrement 
pédicellées ,  glabres  et  d'un  vert  foncé.  Les  fleurs  ,  qui  paroissent 
en  avril,  n'ont  ni  calice  ni  corolle,  et  elles  viennent  en  grappes 
lâches  et  opposées,  sur  les  rameaux  de  l'année  précédente.  Les 
fruits  sont  des  capsules  ovales-oblongues  ,  comprimées,  ter- 
minées par  une  aile  membraneuse  ,  linéaire-lancéolée.  Cet 
arbre  croit  spontanément  dans  les  forêts  des  pays  tempérés 
de  l'Europe.  Une  longue  culture  lui  a  fait  produire  plusieurs 
variétés,  parmi  lesquelles  on  distingue  les  suivantes  : 

Frêne  argenté.  Ses  feuilles  sont  d'un  gris  cendré,  comme 
argenté. 

Frêne  graveledx.  L'écorce  de  ses  rameaux  est  rude  et  ra- 
boteuse ;  celle  des  plus  jeunes  est  lisse  et  striée  de  blanc. 

Frêne  a  bois  jaspé.  Son  écorce ,  surtout  celle  des  jeunes 
branches  ,  est  rayée  de  jaune. 

Frêne  doré.  Son  écorce  est  d'un  jaune  assez  foncé. 
Frêne  horizontal.   Ses  branches,  au  lieu  de  se  redresser 
plus  ou  moins  verticalement,  s'étendent  horizontalement. 

Frêne  parasol  ou  pleureur.  Ses  branches  se  recourbent  vers 
la  terre,  et  sont  pendantes. 

Frêne  a  feuilles  déchirées.  Les  folioles  de  ses  feuilles  sont 
profondément  et   irrégulièrement  dentées,    comme    si  elles 
avoient  été  déchirées  en  leurs  bords. 
Frêne  a  feuilles  panachées  de  blanc. 

On  a  encore,  depuis  quelque  temps  ,  le  frêne  horizontal  et 
le  frêne  parasol  à  bois  doré.  Toutes  ces  variétés  se  greffent  sur 
le  frêne  commun,  et  on  les  plante  comme  arbres  d'ornement 
dans  les  parcs  et  les  grands  jardins  paysagers. 

Le  bois  de  frêne  est  estimé  pour  beaucoup  d'usages;  il  est 
blanc,  veiné  longitadinalement ,  assez  dur,  fort  uni,  liant 
et  très-élastique  tant  qu'il  conserve  un  peu  de  sève.  On  l'em- 
ploie de  préférence  pour  les  grandes  pièces  de  charronnage  , 
qui  ont  besoin  d'avoir  du  ressort  et  de  la  courbure,  comme 
brancards  ,  limons  et  timons  de  voitures  de  dififérentes  sortes. 
Les  tourneurs  s'en  servent  pour  faire  des  échelles,  des  chaises  , 
des  queues  de  billard,  des  manches  d'outils.  On  en  fabrique 
des  cercles  pour  cuves ,  tonneaux  ou  autres  vaisseaux  de  ce<tle 


5-6  FKE 

espèce.  Le  bois  des  frênes  venus  dans  les  terrains  montagneux 
«Il  pierreux,  de  même  que  celui  de  ceux  qui  ont  été  souvent 
èinondés,  est  sujet  à  être  chargé  de  gros  nœuds,  qui,  en 
dérangeant  l'ordre  des  fibres,  occasionnent  une  plus  grande 
dureté  et  des  nuances  différentes  dans  la  couleur  et  les  veines 
<\u  bois.  Les  ébénistes  et  les  tabletiers  recherchent  ces  sortes 
d'arbres  ,  pour  en  faire  différens  meubles  ,  comme  bois  de  lit , 
commodes,  secrétaires,  fûts  de  fauteuils,  boites,  cofTrets,  etc.  ; 
depuis  quelques  années  même,  ces  ouvriers  sont  parvenus  à 
fabriquer,  avec  ce  bois  indigène,  des  ouvrages  qui  peuvent 
rivaliser  avec  les  plus  beaux  bois  exotiques. 

Quoique  Je  frêne  devienne  assez  gros  pour  qu'on  puisse  s'en 
servir  pour  la  charpente  ,  ce  n'est  cependant  que  fort  rare- 
ment qu'on  l'emploie  à  cet  usage,  parce  qu'il  est  sujet  à  la 
vermoulure  quand  il  a  perdu  toute  sa  sève.  Son  aubier  est 
assez  épais.  Nouvellement  coupé,  il  brûle  mieux  que  la  plu- 
part des  autres  bois  qui  seroient  dans  le  même  cas-,  il  donne 
beaucoup  de  chaleur,  et  fournit  de  bon  charbon. 

Les  divers  avantages  qu'on  relire  du  frêne  le  font  cultiver 
dans  beaucoup  d'endroits,  soit  en  avenue,  soit  dans  les  haies. 
Le  terrain  qui  lui  convient  le  mieux  est  une  terre  légère  et 
limoneuse,  mêlée  de  sable  et  traversée  par  des  eaux  courantes. 
C'est  dans  cette  situation  qu'il  acquiert  rapidement  toute  l'élé- 
vation qu'il  est  susceptibicdeprendre.il  peut  d'ailleurscroître 
dans  la  plupart  des  expositions,  depuis  le  fond  des  vallées 
jusqu'au  sommet  des  montagnes,  pourvu  qu'il  y  ait  de  l'hu- 
midité. Les  terres  trop  argileuses  ,  et  celles  qui  sont  crayeuses, 
ne  lui  conviennent  pas.  Quoique  ses  racines  pivotent  natu- 
rellement, cependant  elles  ont  la  faculté  de  s'étendre  au  loin 
à  la  superficie  du  sol,  et  l'arbre  peut  se  contenter  d'un  ter- 
rain peu  profond.  On  le  voit  quelquefois  réussir  dans  les  terres 
caillouteuses  et  graveleuses,  même  dans  les  fentes  des  rochers. 

Le  frêne  pousse  assez  souvent  des  rejetons  de  ses  racines;  Il 
reprend  aussi  facilement  de  marcottes  :  mais  on  néglige  ces 
moyens  de  multiplication;  on  préfère  employer  la  voie  des 
semis,  qui  fournissent  toujours  des  arbres  plus  vigoureux.  On 
sème  les  graines  de  frêne  en  automne  ou  à  la  fin  de  l'hiver , 
dans  un  terrain  bien  labouré  ,  et  un  peu  ombragé  autant  qu'il 
est  possib'e.  Le  jeune  plrfnt  peut  être  relevé  à  un  an,  pour 


FRE  377 

être  mis  en  pëpiniérr;  mais  il  vaut  mieux  ne  faire  cette  opé- 
ration qu'au  bout  de  la  dcjixième  année.  Les  soins  nécessaires 
à  ces  semis  sont  de  les  débarrasser  des  mauvaises  herbes  par 
deux  à  trois  sarclages  dans  le  courant  de  chaque  été,  s'ils  ont 
été  faits  à  la  volée  ,  ou  par  autant  de  binages  s'ils  ont  été  faiis- 
en  rayons.  Lorsque  le  plant  a  deux  ans,  comme  nous  venons 
de  le  dire  ,  on  arrache  les  jeunes  frênes  pour  les  replanter  eu 
pépinière  ,  à  deux  ou  trois  pieds  de  distance  les  uns  des  autres , 
et  on  les  y  laisse  en  continuant  de  leur  donner  les  soins  con- 
venables,  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  acquis  assez  de  force  pour 
être  plantés  à  demeure  ,  en  avenue  ou  autrement,  ce  qui  n'ar- 
rive guère  avant  la  sixième  année  .  ou  lorsqu'ils  ont  par  le  bas 
environ  cinq  à  six  pouces  de  tour.  On  ne  doit  jamais  couper 
la  tête  des  frênes  en  les  plantant;  car,  une  fois  que  ces  arbres 
ont  perdu  leur  bourgeon  terminal ,  il  est  rare  qu'ils  puissent 
se  redresser  complètement ,  et  leur  végétation  en  est  toujours 
retardée. 

Le  dégouttement  du  frêne  paSse  pour  endommager  tous  les 
A'égétaux  qui  en  sont  atteints,  ce  qui  a  fait  dire  que^son  ombre 
étoit  dangereuse.  Il  n'en  est  pas  de  même  à  son  égard  ;  il  ne 
craint  d'être  surmonté  par  aucune  autre  espèce  d'arbres  ;  lewr 
égout  ne  lui  cause  aucun  préjudice  :  aussi  le  frêne  réussit-il  à 
l'ombre  et  dans  les  lieux  resserrés  ,  et  l'on  peut  s'en  servir  à 
la  place  des  autres  arbres  qui  refusent  d'y  venir. 

Le  frêne,  sous  beaucoup  de  rapports,  mériteroit  d'être 
employé  comme  arbre  d'ornement  dans  les  jardins  paysagers: 
il  s'élève  bien  droit  sur  sa  tige  :  sa  tête  est  régulière  ;  son 
feuillage  léger,  qui  est  d'un  vert  brun  et  luisant,  contraste 
agréablement  avec  la  verdure  des  autres  arbres  :  mais  il  est 
sujet  à  un  si  grand  inconvénient,  qu'on  est  obligé  de  Técarter 
de  tous  les  lieux  d'agrément,  ou  de  ne  l'y  placer  que  rare- 
ment. Les  cantharides,  qui  se  nourrissent  particulièrement 
de  ses  feuilles,  le  dépouillent  presque  tous  les  ans  de  sa  ver- 
dure vers  le  milieu  de  juin,  et  ces  insectes  exhalent  en  même 
temps  une  odeur  très-désagréabîe ,  et  à  laquelle  il  pourroit 
même  devenir  dangereux  de  rester  exposé  pendant  quelque 
temps.  Les  frênes  repoussent,  à  la  vérité,  de  nouvelles  feuilles 
qui  subsistent  jusqu'aux  gelées-,  mais  il  «st  désagréable  devoir 
des  arbres  dépouillés  comme  çn  hiver,  d'ins  la  plusbelle  saisor» 


^78  FRE 

tle  l'année  ,  lorsque  toutes  les  autres  productions  de  la  terre 

sont  dans  leur  plus  grande  beauté. 

D'après  les  expériences  de  MM.  Coste  et  Willemet,  les 
feuilles  du  frêne  commun  sont  purgatives,  à  la  dose  de  trois 
à  six  gros  ,  en  décoction. 

Avant  qu'on  eût  découvert  le  quinquina,  on  employoit 
assez  fréquemment  en  médecine  lécorce  du  frêne  comme 
fébrifuge;  mais  elle  a  été  bientôt  abandonnée,  une  fois  qu'on 
eut  reconnu  combien  l'écorce  du  Pérou  lui  étoit  supérieure. 
Quelques  médecins  ont  inutilement  tenté  ,  il  y  a  quelques 
années,  de  rappeler  la  première  dans  la  pratique. 

En  Angleterre,  les  gens  du  peuple  sont  dans  l'usage  défaire 
confire ,  dans  le  vinaigre  et  le  sel ,  les  fruits  du  frêne  avant 
leur  maturité,  pour  les  employer  comme  assaisonnement  dans 
la  cuisine. 

Les  bestiaux  et  les  chevaux  broutent  les  feuilles  du  frêne 
avec  assez  d'avidité,  et  plusieurs  agronomes  conseillent  d'eu 
récolter  pendant  l'été  et  d'en  faire  sécher  à  l'ombre,  pour  les 
faire  servir  à  la  nourriture  de  ces  animaux  pendant  l'hiver, 
et  surtout  à  celle  des  bœufs  et  des  moutons.  Miller  dit  que 
cette  espèce  de  fourrage  donne  un  mauvais  goût  au  lait  et  au 
beurre  ;  mais  Rozier  et  M.  Bosc ,  qui  ont  vécu  dans  des  cantons 
9Ù  on  l'emploie  ,  assurent  ne  s'être  pas  aperçus  de  ce  mauvais 
goût. 

Frêne  A  FEUILLES  SIMPLES  •,Fi-ax/?i/;s5f/nphc{/ôZia,"Willd.,Spec.,Z|, 
p.  1 098.  Cet  arbre  a  le  même  bois ,  les  mêmes  bourgeons ,  que  le 
frêne  commun,  et  ses  fleurs  sont  également  dépourvu  es  de  calice 
et  de  corolle:  ce  qui  l'a  fait  considérer  par  plusieurs  auteurs 
comme  n'en  étant  qu'unesimple  variété  :  maisd'autresontpensé 
qu'il  doit  être  regardé  comme  une  espèce  distincte ,  parce  qu'il 
se  reproduit  constamment  le  même  par  ses  graines.  Ce  qui  le 
caractérise,  c'est  la  forme  particulière  de  ses  feuilles.  Ordinai- 
rement celles-ci  sont  simples,  ovales  ou  ovales-lancéolées, 
pétiolées,  longues  de  quatre  à  cinq  pouces,  et  larges  de  deux 
à  trois,  profondément  dentées  en  scie;  quelquefois  cependant, 
sur  certains  individus,  le  même  pétiole  porte  trois  et  même 
jusqu'à  cinq  folioles  :  dans  ce  cas,  la  foliole  terminale  est  tou- 
jours beaucoup  plus  grande  que  les  autres.  Cet  arbre  estcultivé 
dans  les  jardins  3  l'on  ignore  de  quel  pays  il  est  originaire. 


FPiE  379 

fftÊNG  A  FEUILLES  DE  LENTiSQUE  :  Fraxinus  lentiscifolia,'\'Vi]\à. , 
Si»ec. ,4,  p.  iioi  ;  Fraxinus  parvifolia,  Lamk. ,Dint.  encycl.,.}, 
pag,  646.  Cette  espèce  s'élève  beaucoup  moins  que  le  frêne 
commun-,  ses  rameaux  sont  courts,  rapprochés  ,  comprimés  à 
leur  partie  supérieure  et  d'un  pourpre  brun,  garnis  de  (euilles 
composées  de  onze  ou  de  treize  folioles  ovales ,  denrées  en 
scie,  sessiles  ou  presque  sessiles,  rétrécies  à  leurs  deux  extré- 
mités, glabres  des  deux  côtés.  Ses  Qeurs  se  développent  avant 
les  feuilles  ;  elles  sont  très-pelifes ,  d'ua  ])ourpre  foncé  ou 
noirâtre,  dépourvues  de  calice  et  de  corolle,  et  disposées  en 
grappes  latérales.  Les  capsules  sont  étroites,  terminées  par 
une  aile  très-obtuse  et  légèrement  échancrée.  Cet  arbre  est 
originaire  d'Alep  en  Syrie,  et  cultivé  depuis  assez  long-temps 
on  France,  en  Angleterre  et  en  Allemagne.  Son  feuillage, 
plus  léger  que  celui  du  frêne  commun  ,  fait  qu'il  produit  un 
ellet  plus  agréable. 

FnÈNE  A  FEUILLES  RONDES  ;  Fraxinus  rolundifolia  ,  Lamk.  , 
Dict.  encycl.,  2  ,  p.  646.  Ses  feuilles  sont  composées  de  neuf 
ou  de  onze  folioles  ovoïdes  ou  ovales-arrondies,  pétiolées, 
dentelées,  inégales  à  leur  base,  d'un  vert  foncé,  presque 
noirâtres  en  dessus,  d'une  couleur  beaucoup  plus  claire  en 
dessous.  Cet  arbre  croît  naturellement  en  Italie ,  d'où  il  a 
été  apporté  à  Duhamel,  sous  le  nom  de  frêne  de  Palerme. 
Aujourd'hui  il  est  cultivé  au  Jardin  du  Roi  et  dans  plusieurs 
autres  jardins. 

C'est  principalement  cette  espèce  qui  fournit  la  manne,  subs- 
tance dont  on  fait  beaucoup  d'usage  en  médecine.  En  Sicile  et 
en  Calabre,  pendant  les  mois  de  juin  ou  de  juillet,  il  découle 
du  tronc  et  des  branches  de  ce  frêne,  soit  naturellement,  soit 
par  des  incisions  qu'on  y  pratique ,  un  suc  clair  qui  s'épaissif , 
à  l'air  et  par  l'impression  de  la  chaleur,  en  grumeaux  blan- 
châtres et  roussâtres;  c'est  la  manne  qu'on  ramasse  en  la  déta- 
chant avec  des  couteaux  de  bois,  et  qu'on  expose  au  solei! 
pour  achever  de  la  sécher.  Un  brouillard  humide,  ou  une 
petite  pluie  ,  survenus  pendant  la  nuit  ou  le  matin,  sufliscn»; 
pour  faire  perdre  la  récolte  ce  jour-là.  On  distingue  ,  dans  les 
pharmacies,  trois  espèces  de  manne,  d'après  le  degré  de  pu- 
reté et  la  couleur  plus  ou  moins  foncée  de  cette  substance, 
lesquelles  dépendent  des  procédés  qu'on  a  employés  et  du  plus 


36^0  FPxE 

•u  moins  de  soin  qu'on  a  mis  pour  en  faire  la  réeolte.  La  pre- 
mière, nommée  manne  en  larmes  ,  est  blanche,  figée  enlbruie 
de  stalactites  ;  c'est  la  plus  belle,  mais  la  plus  foible  quant  à 
sonaction  :  la  seconde  est  d'un  blanc  jaunâtre  ou  un  peu  rous- 
sâtre  ;  on  la  nomme  manne  en  sorte ,  et  c'est  celle  dont  Tusage 
est  le  plus  multiplié  :  la  troisième ,  dont  la  couleur  est  d'un 
roux  brunâtre,  et  qui  est  souvent  chargée  d'ordures,  est  la 
moins  estimée;  on  l'appelle  manne  grasse,  et  on  ne  s'en  sert 
guère  que  pour  les  lavemens.  La  manne  a  une  saveur  fade  , 
douceâtre  et  nauséeuse-,  c'est  un  doux  purgatif  qui  convient 
principalement  aux  enfans ,  aux  femmes  enceintes  et  aux 
vieillards  ;  on  la  donné  selon  l'âge  et  le  tempérament ,  depuis 
une  demi-once  jusqu'à  trois  onces. 

Frêne  a  feuilles  de  sureau  ,  ou  Frêne  noir  :  Fraxinus  sam- 
hucifoUa ,  Lamk.  ,  Dict.  encycl. ,  2,  p.  54g;  Mich. ,  Arb. 
Amer.  ,  vol.  3  ,  p.  122  ,  t.  12.  Dans  son  pays  natal  et  dans  les 
bons  terrains  ,  ce  frêne  s'élève  à  soixante  ou  soixante-dix 
pieds  de  haut,  sur  environ  deux  pieds  de  diamètre;  mais  il 
ne  paroît  pas,  jusqu'à  présent,  avoir  atteint  en  France  plus 
de  trente-six  à  quarante  pieds.  Ses  bourgeons  sont  d'un  bleu 
très-foncé,  et  ses  jeunes  pousses  d'un  beau  vert.  Ses  feuilles 
sont  longues  de  dix  à  quinze  pouces  ,  composées  de  sept  ou 
neuf  folioles  sessiles ,  ovales  ou  ovales-lancéolées,  dentées,, 
glabres,  ridées  et  d'un  vert  foncé  en  dessus,  plus  pâles  en 
dessous,  où  leurs  principales  nervures  sont  couvertes  d'un 
duvet  roux  :  ces  feuilles  ont  une  odeur  de  sureau  lorsqu'on 
les  froisse  entre  les  doigts.  Ses  fleurs  n'ont  ni  calice  ni  corolle  ; 
elles  sont  disposées  en  grappes  presque  paniculées  et  laté- 
rales. Les  capsules  sont  aplaties,  à  peu  près  aussi  larges  à  leur 
base  qu'à  leur  sommet.  Cet  arbre  croît  dans  le  nord  de  l'Amé- 
rique septentrionale,  depuis  la  Pensylvanie  jusqu'en  Canada, 
principalement  dans  les  lieux  humides. 

Le  bais  du  frêne  noir  est  de  couleur  brune  ,  et  il  a  le  grain 
assez  {in.  Il  a  beaucoup  de  ténacité,  et  est  très-élastique;  mais 
il  dure  moins  long-temps  que  le  frêne  blanc,  dont  nous  par- 
lerons plus  bas ,  lorsqu'il  est  exposé  aux  alternatives  de  la 
sécheresse  et  de  l'humidité:  ce  qui  fait  que,  dans  les  pa3s  où 
il  croît  naturellement ,  ses  usages  sont  assez  limités.  Il  es(  plus 
siijet  qu'aucune  autre  espèce  de  ce  genre  à  se  charger   de 


nodosUês  o\i  de  loupes,  qui  sont  quelquefois  très-grosses,  et 
qui,  (l;ms  leur  coupe,  présentent,  par  le  tortillement  de 
leurs  libres  ligneuses,  des  accidens  fort  singuliers.  Divisées  en 
lames  ircs-niinces  et  bien  polies,  ces  parties  du  bois  de  frêne 
noir  pourroient  être  employées  à  faire  de  beaux  meubles. 

Fkêne  ruBESCÊNTOuFrêue  rouge  -.  Fraxinus  pubescens  ,  Lamk. , 
Dict.  encycl.  ,  2  ,  p.  648;  Fraxinus  tomentosa,  Mich. ,  Arb. 
Amer. ,  5,  p.  112  ,  t.  9.  Dans  les  marais  et  les  terrains  sub- 
mergés de  la  Pensylvanie  ,  du  Maryland  et  de  la  Virginie  ,  011 
cette  espèce  croit  spontanément,  elle  s'élève  à  cinquante  ou 
soixante  pieds  de  hauteur.  Ses  rameaux  ïontcouverts,  surtout 
dans  leur  jeunesse  ,  d'un  duvet  cotonneux,  cendré  et  doux  au 
toucher.  Ses  feuilles  sont  composées  de  sept  ou  neuf  folioles 
pédicellées  ,  ovales-lancéolées,  pubescentes  en  dessus,  blan- 
châtres et  légèrement  cotonneuses  en  dessous,  plus  ou  moins 
dentées  en  leurs  bonis.  Ses  fleurs  sont  petites,  dépourvues  de 
corolle,  mais  munies  d'un  calice  et  disposées  latéralement  eu 
g^rappes  rameuses,  paniculécs,  opposées,  pubescentes,  accom- 
pagnées de  bractées  oblongues,  roussâtres,  membraneuses  et 
velues.  Les  capsules  sont  cylindriques  dans  leur  tiers  inférieur, 
surmontées  d'une  aile  obtuse  et  souvent  échancrée.  Cet  arbre 
est  cnliivé  au  Jardin  du  Roi  et  dans  plusieurs  jardins  par- 
ticuliers. 

L'ccorce  du  tronc  de  ce  frêne  est  d'une  couleur  très-rem- 
brunie  ,  et  le  cœtir  du  bois  a  une  teinte  rougeâtre.  Ce  bois  est 
très-estimé  dans  les  parties  des  Etats-Unis  d'Amérique  où  il 
croît  5  il  est  employé  pour  beaucoup  d'ouvrages,  et  les  usages 
multipliés  qu'on  en  a  fait  sont  à  peu  près  les  mêmes  que  ceux 
auxquels  on  fait  servir  l'espèce  suivante. 

Frêne  d'Amérique,  ou  Frêne  blanc:  Fraxinus  americana  y 
Willd.  ,5pec.,  4,  p.  1102  ;Mich.,  Arb.  Amer. ,  3  ,p.  106,  t.  8. 
Cette  espèce  est  très-commune  dans  les  parties  septentrionales 
de  l'Amérique,  depuis  la  Pensylvanie  jusqu'en  Canada;  elle 
croît  principalement  sur  les  bords  des  rivières  et  des  marais, 
ou  même  sur  le  penchant  des  coteaux  qui  les  îivoisinent,  et 
elle  y  acquiert  quelquefois  quatre-vingts  pieds  d'élévation  sur 
un  diamètre  de  trois  pieds.  Sa  tige  est  parfaitement  droite  , 
et  ses  rameaux  sont  glabres,  d'un  gris  cendré  tirant  un  peu 
sur  le  bleu  clair.  Ses    feuilles  sont  très-grandes,  composées 


582  FRE 

de  cinq  ou  de  sept  folioles  pédicellées,  ovales-oblongues  ou 
lancéolées,  peu  ou  point  du  tout  dtntées  ,  légèrement  pubes- 
centes  dans  leur  jeunesse,  glabres  dans  l'âge  adulte,  blan- 
châtres et  presque  glauqu»s  en  dessous,  i^es  fleurs,  qui  forment 
des  panicules  courts,  touffus  et  latéraux,  n'ont  point  de 
corolle  ,  mais  elles  sont  pourvues  d'un  petit  calice  à  quatre 
folioles  courtes.  Les  fruits  sont  cylindriques  dans  leur  partie 
inférieure,  et  élargis  ensuite  en  une  languette  souvent  échan- 
crée  à  son  extrémité. 

Dans  les  parties  des  Etats-Unis  d'Amérique  où  le  frêne  blanc 
se  trouve  fréquemment,  son  bois  est  employé  à  une  multi- 
tude d'usages,  comme  le  frêne  commun  l'est  en  Europe.  De 
même  que  celui-ci ,  il  réunit  la  force ,  la  souplesse  et  l'élasticilé. 
On  en  fait  les  brancards  et  les  jantes  des  roues  de  cabriolets  et 
de  carrosses;  on  en  fabrique  des  rames,  des  barriques,  des 
chaises,  des  manches  pour  différens  outils,  de  ces  espèces  de 
vases  nommés  sébilles ,  des  cercles  et  différentes  choses  de  bois- 
sellerie,  des  poulies,  etc.  Dans  les  gros  arbres,  le  cœur,  oa  le 
vrai  bois,  est  rougeàtre  ;  l'aubier  est  très-blanc. 

Le  frêne  blanc  ,  cultivé  depuis  assez  long-temps  en  France, 
en  Angleterre  et  en  Allemagne  ,  y  réussit  très-bien,  surfout 
dans  les  lieux  humides.  On  a  remarqué  qu'ilétoit  moins  sujet 
que  les  autres  espèces  du  même  genre  à  être  attaqué  par  les 
cantharides;  ce  qui  est  un  avantage  pour  le  placer  dans  les 
parcs  et  les  grands  jardins. 

Frêxe  de  Caroline;  Fraxinus  caroliniana,  WiHd. ,  Spec,  /)  , 
p.  i]o3.  Ses  rameaux  sont  glabres,  d'une  couleur  cendrée, 
garnis  de  feuilles  composées  de  sept  folioles  lancéolées,  acu- 
minées ,  bordées  de  dents  nombreuses  et  très-aiguës,  glabres 
des  deux  côtés,  luisantes  en  dessus.  Les  fleurs,  disposées 
en  un  panicule  latéral  et  lâche,  ont  un  calice  campanule  à 
quatre  divisions  courtes  et  aiguës.  Cet  arbre  croît  naturelle- 
ment dans  la  Caroline.  On  le  cultive  au  Jardin  du  Roi.  Ses 
fleurs  paroissent  en  mai,  en  même  temps  que  les  feuilles.  Il 
craint  le  froid  plus  que  la  ])Iupart  des  autres  espèces,  et  les 
fortes  gelées  l'endommagent  quelquefois. 

Frêne  A  feuilles  de  noyer  ;  Fraxinus  juglandifolia,  "WiHd., 
Spec,  4  ,  p.  1 104  ;  Duham.,  Arb.  ,  nouv.  édit. ,  vol.  4,  p.  63  , 
1. 16.  Cet  arbre  est  d'une  hauteur  médiocre  ;  ses  rameaux  sont 


FRE  583 

glabres,  d'une  couleur  cendrée,  garnis  de  feuilles  composées 
de  cinq  ou  de  sept  folioles  ovales-lancéolées ,  pédicellées  , 
vertes  et  glabres  en  dessus,  blanchàti-es  et  un  peu  glauques  en 
dessous,  légèrement  pubescentes  ,  principalement  sur  leurs 
nervures.  Ses  Heurs ,  disposées  en  panicule  latéral  et  pen- 
dant, sont  munies  d'un  calice  à  quatre  dents,  et  ordinaire- 
ment dépourvues  de  corolle.  La  capsule  est  surmontée  d'une 
aile  cunéiforme,  obtuse  à  son  sommet.  Cette  espèce  est  ori- 
ginaire de  l'Amérique  septentrionale.  On  la  cultive  au  Jardin 
du  Roi  ,  et  chez  quelques  particuliers. 

Frêne  vert  ;  Fraxinus  viridis ,  Mich. ,  Arb.  Amer. ,  3  ,  p.  1 1 5 , 
t.  1  G.  Cet  arbre  n'a  guère  plus  de  vin*t  à  vingt-cinq  pieds  ;  on 
1  e  reconnoît  facilement  à  la  belle  couleur  verte  et  luisante  dt- 
ses  jeunes  pousses  et  de  ses  feuilles,  dont  la  teinte  diffère 
très-peu  dans  les  deux  surfaces.  Ces  feuilles  sont  composées  de 
sept  à  onze  folioles  pétiolées,  ovales-acuminées ,  très-sensible- 
ment dentées.  Les  capsules  sont  arrondies  dans  leur  tiers  in 
férieur,  aplaties  dans  le  reste  de  leur  étendue,  légèrement 
échancrées  à  leur  extrémité.  Ce  frêne  croîtnaturellementdans 
plusieurs  parties  de  la  Pensylvanie,  du  Maryland  et  de  la  Vir- 
ginie. Il  y  a  trente  et  quelques  années  qu'il  est  cultivé  en 
France,  de  graines  envoyées  par  Michaux  père.  Il  supporte 
bien  les  froids  de  nos  hivers  dans  le  climat  de  Paris.  La  teinte 
particulière  de  son  feuillage  forme  un  contraste  agréable  avec 
les  autres  arbres  près  desquels  il  est  planté. 

Frêne  QUADUANGULAiRE  ,  ou  Frêne  bleu  :  Fraxinus  quadrangu- 
lala  ,  Mich.,  Flor.Bor.Amer.,  2  ,  p.  2 56  ;  Mich.,  Arb.  Amer.,  3, 
p.  118,  t.  II.  Dans  son  pays  natal,  les  contrées  des  États- 
Unis  situées  à  Pouest  des  monts  AUéghanis,  cet  arbre  s'élève 
souvent  à  soixante  et  soixante-dix  pieds.  Il  est  très-facile  à 
distinguer  des  autres  espèces  par  ses  branches  et  ses  rameaux 
quadrangulaires  ,  à  angles  légèrement  ailés.  Ses  feuilles  sont 
composées  de  cinq  ou  de  sept  folioles  pédicellées,  ovales  ou 
ovales-lancéolées,  sensiblement  dentelées,  d'un  vert  sombre 
en  dessus  ,  plus  pâles  et  pubescentes  en  dessous.  Les  cap. 
suies  sont  aplaties  dans  toute  leur  longueur,  et  un  peu  plus 
étroites  vers  leur  base. 

On  doit  la  connoissance  de  cette  espèce  à  Michaux  pèrp. 
Les  individus  qti'on  cultive  au  Jardin  du  Roi  proviennent  dts 


3«A  Fllli 

graines  qu'il  y  a  envoyées  ,  et  qui ,  ayant  lrè3-l)it;n  réussi,  ont 
permis  de  rppandre  cet  arbre  tant  en  France  ijue  chez  les 
difFérens  amateurs  et  cultivateurs  de  l'Europe. 

Le  bois  du  frêne  bleu  réunit  la  solidité  et  la  force  à  l'élas- 
ticité ;  dans  les  parties  des  Etats-  Unis  où  il  est  répandu  ,  il  sert 
à  peu  près  aux  mêmes  usages  que  le  frêne  blanc  dans  les  pays 
où  celui-ci  est  commun. 

Frêne  a  FRurr  large  :  Fraxinus  plaficarpa,  Mich.  ,Flor.Bor. 
Amer,  y  2  ,  p.  266  ;  WiHd.,  Spec,  4  ,  p.  1  io3.  ;  Mich. ,  Arb. 
Amer.,  5  ,  p.  128  ,  t.  1 3.  La  plus  grande  élévation  à  laquelle 
cet  arbre  puisse  atteindre,  paroît  être  celle  de  trente  pieds. 
Ses  jeunes  pousses  et  ses  feuilles,  dans  leur  premier  âge  ,  sont 
blanchiltres  et  couvertes  en  dessous  d'un  duvet  assez  épais, 
mais  qui  disparoît  entièrement  à  mesure  qu'on  avance  vers 
i'été.  Ces  feuilles  sont  rarement  composées  de  plus  de  cinq 
folioles  pédicellées,  ovales  ,  dentées  en  scie  ,  rétrécies  à  leurs 
deux  extrémités.  Ses  fleurs  sont  très -petites,  disposées  en 
grappes  courtes,  presque  simples.  Les  fruits  sont  ovales,  com- 
primés, obtus,  beaucoup  plus  larges  que  dans  aucune  autre 
espèce.  Ce  frêne  croît  naturellement  sur  les  bords  marécageux 
des  rivières  dans  les  deux  Carolines.  Il  est  cultivé  au  Jardin 
du  Roi  et  chez  quelques  particuliers. 

Frêne  vert-noir  ;  Fraxinus  atrovirent  ,  Desf. ,  Hort.  Par. 
Cet  arbre,  qui  ne  paroît  devoir  s'élever  qu'à  une  hauteur 
médiocre,  est  remarquable  parla  couleur  d'un  vert  sombre  de 
ses  feuilles.  Celles-ci  sont  composées  de  onze  folioles  pédicel- 
lées,  ovales  -  obtuses  ,  glabres,  d'un  vert  très-foncé  en  dessus, 
plus  pâles  en  dessous,  légèrement  pubescentes  ,  surtout  en 
leurs  nervures,  irrégulièrement  crépues  et  dentées  en  leurs 
bords.  Cette  espèce  est  cultivée  au  Jardin  du  Roi,  et  elle  passe 
pour  être  originaire  de  l'Amérique  septentrionale. 

Frêne  nain  ;  Fraxinus  nana,  Desf.,  Hort.  Par.  Cette  espèce 
n'est  qu'un  arbrisseau ,  dont  la  tige  est  divisée  en  rameaux 
nombreux,  glabres,  d'un  bleu  noirâtre,  garnis  de  feuilles 
composées  de  neuf  à  onze  petites  folioles,  ovales,  aiguës, 
presque  sessiles,  glabres,  à  peine  dentées  en  leurs  bords.  Elle 
est  cultivée  au  Jardin  du  Roi ,  sans  que  l'on  connoisse  son  lieu 
natal. 

Tous  les  frênes  exotiques  se  cultivent  de  la  même  manière 


FRE  335 

que  le  frêne  commun.  On  multiplie  par  les  semences  toutes 
les  espèces  qui  en  produisent;  mais  celles  qui  en  donnent  eu 
France  nesont  encore  qu'eu  petitnombre. Toutes  cellesdonton 
ne  peut  se  procurer  des  graines ,  de  même  que  les  variétés  que 
les  semences  ne  reproduiroientpas,  se  multiplient  en  les  gref- 
fant sur  le  frêne  commun  ,  soit  en  fente  ,  soit  en  écusson. 
(L.D.) 

FRENEAU.  (Ornilh.)  C'est,  en  vieux  françois,  le  nom  de 
l'orfraie, ^/co  ossifragus,  Linn.  (Ch.  D.) 

FRESACO  {Ornitli.) ,  nom  donné,  dans  l'ancienne  province 
de  Guyenne,  à  la  chouette  effraie  ou  fresaie ,  strix Jlammea , 
Linn.  (Ch.  D.) 

FRESAIE.  {Ornilh.)  Ce  nom,  suivant  Ménage,  dans  son 
Dictionnaire  étymologique  de  la  langue  françoise,  vient  du 
latin  prœsaga,  et  il  a  été  donné  à  la  chouette  effraie,  strix 
Jldmmea,  Linn.,  parce  que  cet  oiseau  est  regardé  comme  de 
mauvais  augure.  D'autres  le  tirent  de  ce  que  les  plumes  de 
son  cou  présentent  la  forme  d'une  fraise.  Salerne  dit  que  l'en- 
goulevent, caprimulgus  europeus ,  Linn.,  est  aussi  appelé/resai« 
à  Loudun  et  dans  l'ancienne  province  de  Saintonge.  (Ch.D.) 

FRESH  WATER  HERRING.  {Ichthjol.)  En  Ecosse,  ces 
mots  ,  qui  signifient  hareng  d'eau  douce  ,  servent  à  désigner 
le  corégone  clupéoïde  du  lac  Lochlomond.  Voyez  Corégone. 
(H.  C.) 

FRESNE  ÉflNEUX.  (Bot.)  C'est  le  clavalier,  zanthoxjum 
clava  Herciilis  ,  qui  est  ainsi  nommé.  (J.) 

FRESNO.  (Bot.)  Dans  les  Andes  du  Pérou,  ce  nom  est 
donné  au  teeoma  azalœfolia  de  la  Flore  équinoxiale  de  MM.  de 
Humboldt  et  Kunth.  (J.) 

FRESRAN.  {Bot.)  Voyez  Caracher.  (J.) 

FRET,  Frett,  Frettel,  Friti,  Frettchbn  {Mamm.) ,  noms 
du  furet,  dans  les  langues  germaniques.  (F.  C.) 

FRETADOUS.  (Bof.)  Voyez- Coussoudos.  (J.) 

FRETILLET.  (Bot.)  Ce  nom  est  donné,  dans  les  campagnes 
de  la  Bourgogne,  au  pouliot.  (J.) 

FRETILLET  (  Ornitli.) ,  nom  donné  par  les  Champenois  au 
pouillotou  chantre,  motacilla  trochilus  ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FRETIN.  (Ichthjol.)  Les  pêcheurs  donnent  ce  nom  à  tout 
poisson  trop  petit  pour  être  mangé  autrement  qu'en  friture, 
17.  25 


585  FRE 

ou  pour  élTC  cmploj'ë  à  autre  chose  qu'à  servir  d'appât 
pour  la  pêche  des  poissons  voraces.  Il  diffère  de  l'alvin,  qui 
n'est  composé  que  de  poissons  propres  aux  étangs.  Voyez 
Poisson.  (H.  C.) 

FRETT  BAR  ,  Frett  bor  {Mamm.),  nom  que  quelques  auteurs 
allemands  donnent  au  coati,  et  qui  signifie  propremenl/uref- 
ours,  (F.  C.) 

FREUX.  {Ornilh.)  Celte  espèce  de  corbeau  ,  qu'on  nomme 
aussi /rajon.fie,  est  le  corvus  frugilegus ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FREYERA.  (Bot.)  Scopoli  donne  ce  nom  au  mayepea  d'Au- 
blct,  genre  que  Vahl  a  supprimé  et  réuni  au  chionanthus  de 
la  famille  des  jasminées,  mais  à  tort,  puisqu'il  a  quatre  pétales 
et  surtout  quatre  étamines,  non  alternes  avec  les  pétales,  mais 
placées  au-devant  de  chacun  ;  d'où  il  résulte  que  ce  genre  doit 
être  conservé,  et  rester  dans  la  famille  des  rhamnées.  Il  faut 
ne  pas  confondre  avec  lema-yepea  le  genre  Ceranthus  deSchre- 
ber,  qui  doit  être  réuni  au  chionanthe.  (J.) 

FRÉZIÈRE,  Fresiera.  (Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones, 
à  fleurs  complètes,  polypétalées,  de  la  famille  des  ternstro- 
miées,  de  Ici polj-andrie  monogjnie  de  Linnœus,  offrant  pour 
caractère  essentiel  :  Un  calice  à  cinq  folioles;  cinq  pétales  ; 
environ  trente  étamines  insérées  sur  un  disque  au  fond  du  ca- 
lice; un  ovaire  supérieur;  un  style  à  trois  ou  cinq  divisions; 
une  baie  à  trois  ou  cinq  loges  polyspermes. 

Ce  genre  avoit  d'abord  été  établi  par  Swartz  sous  le  nom 
d'eroieum  ■  il  y  a  substitué,  depuis,  celui  de  freziera  ,  plus 
généralement  adopté.  II  comprend  des  arbres  de  diverse 
grandeur,  de  l'Amérique  méridionale,  à  feuilles  alternes , 
coriaces;  les  fleurs  sont  axillaires,  quelquefois  solitaires  et 
sessiles.  On  remarque  les  espèces  suivantes. 

FRiiziÈRE  FAUX-THÉ  :  Frcziera  iheoides  ,  Swartz,  Fl.Ind.  occid.^ 
2  ,  pag.  972  ;  Eroleum  ,  Prodr.  ,  85.  Arbre  des  hautes  mon- 
tagnes de  la  Jamaïque,  qui  s'tlève  à  la  hauteur  de  vingt  à 
quarante  pieds.  Ses  rameaux  sont  glabres,  cylindriques,  gar- 
nis de  feuilles  alternes,  pétiolées  ,  glabres,  ovales -lancéolées, 
luisantes  en  dessus,  à  dentelures  obtuses.  Les  fleurs  sont  blan- 
châtres, solitaires,  axillaires,  pendantes,  pédonculées;  les 
divisions  du  calice  profondes,  ovales,  membraneuses:  deux 
plus  petites  ;  les  pétales  ovales,  arrondis,  un  peu  ondulés  à 


FRE  S87 

leurs  bords,  ciliés,  étant  vus  à  la  loupe;  l'ovaire  puhescent; 
le  fruit  est  une  baie  arrondie  ,  à  trois  loges,  de  couleur  fer- 
rugineuse, et  de  la  grosseur  d'un  pois. 

Fréziere  a  feuilles  ondulées  :  Freziera  undulata,  Swartz 
Flor.  Ind.  occid.,  2,  pag.  974-,  Eroteum ,  Svvarlh  ,  Prodr.,  85- 
Vahl ,  Symb.,z,^a§.  61.  Arbre  élégant  qui  croit  sur  les  hautes 
snontJignes  de  l'Amérique  méridionale,  et  s'élève  jusqu'à  la 
Jiauleur  de  cinquante  pieds.  Ses  rameaux  sont  bruns,  parse- 
més de  points  blancs;  ses  feuilles  pétiolécs,  elliptiques,  lan- 
céolées, acuminées,  dentées  et  ondulées  à  leurs  bords,  longues 
-de  quatre  pouces,  glabres  à  leurs  deux  faces.  Les  lleurs  sont 
réunies  en  petites  ombelles  axillaires;  les  divisions  du  calice 
rarroiidies  ,  iégèremeiit  ciliées,  accompagnées  de  deux  petites 
Lractées  ovales,  concaves;  les  pétales  blancs,  oblongs  ;  les 
fruits  presque  ronds,  un  peu  coniques,  glabres  ,^à  trois 
J-oges,  de  la  grosseur  d'un  pois;  les  semences  anguleuses  et 
ponctuées. 

Frézière  réticulée  :  Freziera  reticulata  ,  Hunib.  et  Bonpl. 
PL  ^quin. ,  1  ,  pag.  22  ,  tab.  5  ;  Poir. ,  III.  Gen.  ,  Suppl. ,  cent, 
jo.  Arbre  de  dix-huit  pieds,  dont  les  rameaux  sont  couverts 
d'un  duvet  tomeuteux,  parsemés  de  petits  tubercules  ovales 
presque  charnus  ;  les  feuilles  j)étiolées  ,  coriaces,  ovaies-lan- 
céolées  ,  tomenteuses  en  dessous;  les  veines  réticulées:  les 
fleurs  blanches,  axillaires,  au  nombre  de  trois  ou  cinq;  les 
pédoncules  uiùflores,  tomenteux  ,  munis  d'une  petite  écaille 
à  leur  base;  le  calice  tomenteux,  pourvu  de  deux  bractées 
orbiculaires.  Le  fruit  est  une  baie  longue  d'un  demi-pouce 
à  quatre  loges  poîyspernies.  Cet  arbre  croit  au  Pérou  dans  la 
grande  chaîne  des  Andes. 

Frézière  blanchâtre;  Freziera  canescens ,  PL  jEquin.,  n.  25 
lab.  6.  Cet  arbre  ,  haut  de  dix-huit  pieds  ,  aie  tronc  lisse,  le 
bois  flexible,  peu  poreux,  susceptible  de  prendre  un  beau 
poli ,  employé  avec  avantage  par  les  layetiers.  Ses  rameaux 
sdnl  g'abres,  étalés,  pubescens  vers  leur  sommet  dans  leur 
jeunesse;  les  feuilles  coriaces,  lancéolées,  luisantes  en  dessus 
légèrement  dentées,  revêtues  en  dessous  d'un  duvetd'iin  blanc 
sale:  les  pétioles  très-courtsj  les  feuilles  presque  solitaires  . 
axillaires;  le  calice  tomenteux;  ses  découpures  concaves 
orbiculaires;  la  corolle  blanche;  les  pétales. ovales ,  parsemés 


^S8  FRE 

de  poils  en  dehors;  les  baies  très-grosses,  ovales,  à  trois  loges 

polyspermes.  Cet  arbre  croît  dans  les  Andes,  au  Pérou. 

FftÉziÈRB  A  FEUILLES  d'or  ;  Frczicra  chrfsophjila,  PL  jEquin.y 
p.  27,  tab.  7.  Arbre  de  quinze  à  dix-lmit  pieds,  chargé  de  ra- 
meaux distans,  couverts,  dans  leur  jeunesse,  de  poils  d'un 
jaune  d'or;  les  feuilles  sont  à  peine  pétiolées ,  étalées,  ellip- 
tiques, entières,  très-aiguës,  glabres  et  d'un  vert  foncé  en 
dessus,  tomenteuses  et  d'une  belle  couleur  d'or  en  dessous, 
longues  de  quatre  pouces.  Les  fleurs  sont  axillaires,  pédicel- 
lées,  réunies  deux  ou  trois,  accompagnées  de  deux  petites 
bractées  ovales  ,  tomenteuses;  les  divisions  du  calice  orbicu- 
laires-,  cinq  pétales  lancéolés  ;  une  baie  petite,  ovale,  soyeuse, 
acuminée,  à  quatre  loges;  les  semences  très-petites,  en  rein, 
d'un  jaune-cannelle.  Cette  espèce  croit  dans  les  environs  de  la 
ville  oe  Popayan ,  au  Pérou. 

Fréziere  soyeuse;  Frezierasericea,  PL  Mquin.,  p.  29  ,  tab.  8. 
Arbre  de  trente  pieds  de  haut,  dont  les  rameaux  sont  glabres, 
à  angles  peu  saillans,  garnis  de  feuilles  étalées,  lancéolées, 
aiguës,  légèrement  dentées,  glabres  en  dessus,  couvertes  en 
dessous  de  poils  blancs  et  soyeux.  Les  fleurs  sont  axillaires, 
réunies  deux  ou  trois,  munies  de  deux  petites  bractées;  le 
calice  glabre  ;  les  découpures  orbiculaires  ;  la  corolle  blanche  ; 
les  pétales  ovales  ,  obtus  ;  le  fruit  ovale  ,  de  la  grosseur  d'un 
pois,  glabre,  à  trois  loges;  les  semences  brunes,  ovales,  lui- 
santes. Cet  arbre  croît  au  Pérou. 

Fréziere  nerveuse;  Freziera  nen'osa  ,  PL  /Equin.,  p.  3i, 
tab.  9.  Le  tronc  de  cet  arbre  s'élève  à  plus  de  trente  pieds  ;  il 
s'emploie  au  'Pérou  pour  la  construction  des  maisons:  on  le 
trouve  sur  les  hautes  montagnes  de  la  province  de  Pasto,  dans 
les  Andes.  Ses  rameaux  sont  droits,  tortueux,  et  presque 
glabres  dans  leur  jeunesse;  les  feuilles  alternes,  lancéolées, 
aiguës,  étalées  ,  membraneuses,  quelquefois  un  peu  pileuses 
en  dessous.  Les  fleurs  sont  axillaires  ,  fasciculées;  les  pédon- 
cules tomenteux,  munis  de  deux  petites  bractées  ovales;  la 
corolle  blanche;  les  pétales  ovales,  obtus;  Povaire  glabre;  le 
style  trifide;  les  stigmates  aigus.  (Poir.) 

FREZILLON  {BoL)  ,  nom  vulgaire  du  troëne  dans  quelques 
cantons  (L.  D.) 

FREZOS  {BoL),  nom  vulgaire  des  fèves  en  Languedoc.  (L.  D.) 


FRl  33g 

FRIAND.  (Entom.)  Goëdaert  a  nommé  ainsi  une  espèce  de 
bombyce  voisine  delà  méticuleuse.  (CD.) 

FRICATOR  [qui  frotte],  (Mamm.)  ,  surnom  donné  par  Lin- 
Baeus  au  chien  doguin.  (F.  C.) 

FRICHLING  {Mamm.),  nom  que  l'on  donne  au  marcassin 
en  Allemagne.  (F.  C.) 

FRICON.  (Bot.)  Le  fragon  piquant  porte  ce  nom  en  Bour- 
gogne. (L.  D.) 

FRIDATUTAH.  (Ornith.)  L'oiseau  auquel  on  donne,  au 
Bengale,  ce  nom  qui  s'écrit  aussi  fridjtutah ,  et  qu'Albin  a 
décrit  et  figuré  ,  tom.  3  ,  pag.  7  ,  et  pi.  14,  est  le  psittaca  ben-' 
galensis  de  Brisson ,  tom.  4,  p.  348,  et  la  petite  perruche  à 
tête  couleur  de  rose  et  à  longs  brins,  de  Buffon  ,  var.  B  du 
psitlacus  erythrocephalus  de  Gmelin  et  de  Latham-  C'étet  du 
même  oiseau  qu'il  est  question  dans  le  Dictionnaire  des  Ani- 
maux de  la  Chesnaye-des-Bois,  sous  le  nom  de  fridatulari. 
(Ch.  D.) 

FRIEZLAND.  (Ornith.)  Suivant  Marsden  ,  tom.  i ,  pag.  188 
de  son  HistQire  de  Sumatra,  traduction  Françoise,  l'oiseau 
qu'on  appelle  ainsi  dans  cette  île  est  la  poule  nègre.  (Ch.D.) 

FRIGANE  ou  Phrygane  ,  Phrjganea.  [Entomol.)  Genre 
d'insectes  névroptères,  de  la  famille  des  agnathes,  près  dc& 
éphémères,  dont  ils  se  rapprochent  par  les  mœurs  et  la  dispo- 
sition des  parties  de  la  bouche.  En  effet,  comme  le  nom  de 
la  famille  l'indique,  les  mâchoires  et  les  mandibules  sont  à 
peine  développées,  l'insecte  ne  prenant  pas  ou  presque  pas 
de  nourriture  sous  l'état  parfait.  Ces  deux  genres  diffèrent 
l'un  de  l'autre  par  la  disposition  des  ailes  ,  qui  sont  disposées 
en  toit  sur  l'abdomen  dans  les  friganes,  et  étalées  ou  redres- 
sées dans  les  éphémères;  et  par  les  antennes,  qui  sont  plus 
courtes  que  la  tête  dans  ces  dernières ,  tandis  qu'elles  sont 
longues,  en  soie,  et  souvent  plus  étendues  que  le  corps,  dans 
les  friganes. 

Ce  nom,  emprunté  du  grec  parLinnœus,  Çûvya.viov,s\gmùs 
un  petit  fagot  ;  il  indique  une  particularité  des  larves  d'où 
proviennent  plusieurs  espèces  de  ce  genre,  qui  collent  au 
fourreau,  qu'elles  se  filent  au  milieu  des  eaux,  des  brins  dic 
jonc  et  d'autres  fragmens  de  plantes  aquatiques ,  dont  l'en- 
semble représente  ainsi  une  petite  hourvce  -.  (^pvyan^ofxah  vir- 


gulta  arida  eolligo,  je  ramasse  de  petits  boîs  secs.  Aussi  quel- 
ques auteurs,  comme  Kéaumur,  ont- ils  nommé  ces  larves 
des  teignes  aquatiques.  Ce  célèbre  observateur  a  consacré 
plusieurs  planches  de  son  bel  ouvrage  à  représenter  ces  four- 
reaux des  friganes.  (  Mémoires  pour  servif  à  l'Histoire  des 
Insectes ,  tom.  m ,  pag.  204  ,  pi.  1 2  ,  i  3  et  1 4.  )  Nous  avons  fait 
figurer  iious-même  l'un  de  ces  fo\irreaux.  Voyez  planches  de 
l'Atlas,  Névropières  agnathes  ,  n.'S,  et  un  autre,  sous  le  n.°2  , 
recouvert  de  particules  de  sable  agglutinées.  D'après  cette 
ëtymologie,  c'est  donc  à  tort  que  Geoffroy,  qui  a  traduit  le 
mot  phi jganea  deLinnseus,  l'a  écrit  en  françois/r/gane,  et  non 
phrjgane.  Nous  avons  même  été  indécis  si  nous  ne  renverrions 
pas  le  mot  à  son  rang  alphabétique,  et  nous  écrirons  inditfé- 
renimciit  ce  nom  des  deux  manières  ,  comme  nous  l'avons 
déjà  fait  dans  plusieurs  mots  de  renvois  :  Charée,  Caset. 

Les  phryganes,  sous  l'état  parfait,  ressemblent  de  prime 
abord  à  de  petites  noctuelles  ou  à  des  pjrales ,  ce  qui  a  fait 
nommer  ces  insectes  mouches  papilionacées.  Leur  corps  est 
alongé,  étroit  et  velu  ;  leur  .tête  est  petite,  à  ye^ux  saillans  ; 
leur  front,  quoique  poilu,  laisse  cependant  apercevoir  chez 
quelques  espèces  deux  stemmates  ou  petits  yeux  lisses;  les 
antennes  en  soie  sont  très-longues,  portées  en  avant  dans  le 
repos  le  plus  ordinairement,  et  très-mobiles  ;  la  bouche  ne 
porte  pas  de  trompe,  mais  des  palpes  aîongés ,  que  l'insecte 
meut  avec  activité.  Les  mandibules  et  les  mâchoires  sont 
membraneuses,  à  peine  distinctes.  Leur  corselet  est  formé  de 
trois  parties  :  la  première  ,  qui  ne  paroit  presque  pas  en 
dessus,  supporte  la  paire  des  pâtes  antérieures;  la  seconde 
pièce  reçoit  à  la  fois  la  paire  de  pâtes  intermédiaires  et  les 
ailes  supérieures;  enfin  c'est  sur  la  troisième  pièce  du  cor- 
seletqiie  les  ailes  inférieures  et  la  paire  de  pâtes  postérieures 
sont  articulées.  Ces  pâtes  sont  grêles,  alongées,  surtout  les 
dernières.  Toutes  ont  les  jambes  épineuses  ou  garnies  d'épe- 
rons, et  leurs  tarses  sont  composés  chacun  de  cinq  articles. 
Les  ailes  supérieures  sont  triangulaires,  à  grosses  nervures 
longitudinales,  le  plus  souvent  poilues,  velues  ou  écailleuses, 
quelquefois  colorées  ou  tachetées. 

On  observe  les  phryganes  dans  les  lieux  humides,  aux  envi- 
rons des  rivières  ou  des  étangs,  où  leurs  larves  se  développent. 


FRÎ  391 

Elles  ne  volent  guère  que  le  soir;  i)endant  le  jour,  elles  restent 
fixées  et  immobiles  comme  les  noctuelles  :  elles  présentent 
cette  particularité  que  y  quand  elles  se  sont  ainsi  tapies,  elles 
portent  directement  en  avant  leurs  longues  antennes,  dans 
Taxe  du  corps  et  parallèles  5  au  moindre  mouvement,  à  la 
moindre  crainte  qu'on  leur  inspire  ,  ces  antennes  s'écartent 
l'une  de  l'autre ,  s'agitent  vivement ,  et  semblent  vibrer.  Alors 
l'insecte  se  meut  avec  rapidité,  et  bientôt  il  s'envole.  Comme 
tous  les  insectes  nocturnes,  les  friganes  sont  attirées  par  la 
kimière:  aussi,  dans  les  soirées  d'été,  viennent-elles,  comme 
les  éphémères  et  les  phalènes  ,  se  jeter  sur  les  bougies  allu- 
mées,  et  nous  avons  vu  plusieurs  fois  les  glaces  des  réver- 
bères des  ponts  placés  sur  la  Seine ,  couvertes  entièrement 
de  ces  insectes. 

Nous  avons  déjà  dit  que  les  friganes  provenoient  des  larve» 
aquatiques,  qui  vivent  dans  des  fourreaux;  c'est  ce  qui  a 
fait  sans  doute  que  Charleton  ,  dans  ses  Exercitationes  physico- 
med/cfc,  a  cru  devoir  rapportera  ces  larves  ce  qu'a  dit  Aristote 
des  insectes  qu'il  nomme  ^yAo^ôo'pof ,  xylophtoron ,  qu'il  regarde 
comme  les -phrj ganians  de  Belon,  que  les  pêcheurs  appellent 
vulgairement  les  charrées  ou  casets.  C'est  principalement  sous 
celte  forîne  de  larves,  en  effet,  que  ces  insectes  offrent  beau- 
coup d'intérêt  aux  naturalistes. 

Ces  larves  ou  ces  chenilles  aquatiques  sont  alongées,  ordi- 
nairement de  couleur  blanche,  parce  qu'elles  sont  étiolées 
par  la  privation  de  la  lumière,  leur  corps  étant  constamment 
renfermé  dans  un  fourreau.  Elles  n'ont  que  six  pâtes  articu- 
lées, placées  près  de  la  fête,  et  qui  servent  au  mouvement  ; 
mais  leur  corps  se  termine  en  arrière  par  deux  crochet» 
ëcailleux ,  forts  et  courbés  en  manière  dp  crampons,  dont 
l'insecte  se  sert  pour  se  fixer  solidement  dans  l'intérieur  de 
son  fourreau  ,  quand  on  fait  quelques  efforts  pour  l'en  tirer. 

La  tête  de  ces  larves  est  écailleuse  comme  celle  des  che- 
nilles; leur  bouche  estmuniededeux  mandibules  tranchantes, 
dont  l'insecte  se  sert  pour  couper  les  particules  des  végétaux 
qui  servent  à  sa  nourriture,  et  pour  disposer  convenablement 
les  matériaux  qui  doivent  être  façonnés,  afin  d'entrer  dans  la 
construction  de  leur  domicile  transportable.  On  y  voit  en  ou  de 
les  filières  dont  la  larve   fait  sortir  les  filamens   déliés  qui 


3<j»  FRI 

doivent  former  le  tissu  de  soie  intérieur  qui  sert  de  base  à  leur 
fourreau. 

Les  trois  premiers  anneaux  qui  viennent  après  la  tête, 
supportent  chacun  une  paire  de  pâtes  qui  vont  successive- 
ment en  augmentant  de  longueur,  la  première  paire  étant  la 
plus  coyrte.  Ces  pâtes  sont  bien  articulées;  on  y  distingue 
■une  sorte  de  cuisse,  une  jambe  et  un  tarse.  Quand  l'insecte 
change  de  place ,  ces  trois  premiers  anneaux  sortent  du 
fourreau. 

Neuf  autres  anneaux  forment  le  reste  du  corps,  qui  est 
toujours  blanchâtre.  On  voit  sur  le  premier  de  ceux-là,  e» 
dessus  ou  du  côté  du  dos,  trois  tubercules  charnus,  plus  ou 
moins  saillans,  dont  l'insecte  paroît  se  servir  pour  s'appuyer 
dans  l'intérieur  de  son  fourreau  et  pour  y  cheminer,  comme 
les  larves  des  cicindèles  dans  les  tuyaux  qu'elles  se  creusent 
pour  s'y  tenir  en  embuscade.  Les  anneaux  qui  viennent  en- 
suite sont  chacun  ,  à  l'exception  du  dernier,  garnis  en  dessus 
d'un  grand  nombre  de  filamens  blanchâtres  ,  disposés  par 
faisceaux  doubles,  susceptibles  de  se  dresser.  Ces  filamens 
paroissent  être  de  véritables  branchies.  On  voit  en  effet  que 
l'insecte,  renfermé  dans  son  fourreau,  y  fait  entrer  de  feau  , 
qui  en  sort  brusquement  quelque  temps  après.  Réaumur,  qui 
les  avoit  observés,  dit  qu'il  seroit  tenté  de  croire  qu'ils  ont 
quelque  analogie  avec  les  branchies  de  poissons.  Ils  ont  en 
effet  le  plus  grand  rapport  avec  les  panaches  des  larves  d'éphé- 
mères, si  bien  observées  par  Swammerdam.  C'est  à  tort  que 
Vallisnieri  a  cru  ces  filamens  propres  à  faire  adhérer  la  larve 
à  son  fourreau. 

Réaumur,  qui  a  décrit  parfaitement  ces  larves  ,  a  reconnu 
que,lorqu'on  les  retire  brusquement  de  leur  fourreau,  comme 
le  font  les  pécheurs  à  la  ligne,  lorsqu'ils  veulent  s'en  servir 
pour  amorcer  leurs  hameçons,  ces  larves,  placées  de  nouveau 
près  de  leur  fourreau,  y  rentrent  d'elles-mêmes,  la  tête  la 
première,  quoique  ce  fourreau  soit  fermé  par  l'extrémité 
opposée  :  heureusement  qu'il  est  en  général  assez  large  pour 
que  l'insecte  puisse  se  retourner  dedans. 

Mais,  dit  cet  auteur,  si  ces  larves  rentrent  volontiers  dans 
leurs  fourreaux,  ce  n'est  pas  qu'elles  soient  paresseuses  à  s'en 
faire  de  neufs,  mais  il  leur  est  plus  commode  de  se  servir  de 


FRI  595 

«elui  qui  est  tout  fait,  que  de  commencer  à  travailler  sur 
nouveaux  frais.  Cependant,  voulant  les  voir  à  l'ouvrage,  il  en 
a  mis  plusieurs  dans  cette  nécessité ,  et  il  décrit  avec  beaucoup 
d'intérêt  les  procédés  qu'il  leur  a  vu  mettre  en  usage  en  cette 
occasion,  soit  pour  se  faire,  comme  il  le  dit,  des  habits  neufs, 
soit  pour  alonger  les  leurs,  y  ajouter  des  pièces,  les  alléger 
ou  les  lester,  suivant  les  cas,  comme  nous  le  dirons. 

Ces  tuyaux  varient  beaucoup  pour  la  forme  et  la  disposi- 
tion extérieure;  il  paroit  que  chaque  espèce  offre  des  parti- 
cularités dans  l'art  avec  lequel  elle  construit  sa  demeure,  et 
que  la  nature  des  eaux  dans  lesquelles  la  larve  est  appelée  a 
se  développer,  exige  des  précautions  et  des  arrangemens 
différens. 

Ces  fourreaux,  qui  sont  en  général  un  peu  coniques,  en 
dedans  au  moins,  sont  ouverts  par  le  bout  qui  donne  issue 
a  la  tête  et  aux  pâtes;  ils  sont  fermés  par  l'autre.  Les  uns  , 
et  ce  sont  ceux  des  larves  qui  habitent  des  eaux  courantes, 
sont  couverts  en  dehors  de  graines,  de  petites  pierres  et  de 
particul'es  de  coquilles ,  que  l'insecte  agglutine  et  colle  exac- 
tement au  dehors:  souvent,  et  c'est  encore  une  observation 
de  Réaumur  qu'il  est  facile  de  vérifier,  on  en  trouve  qui  sont 
entièrement  recouverts  de  planorbes,  de  bulimes,  de  petites 
tellines,  quelquefois  d'une  même  espèce,  et  dans  chacune  de 
ces  coquilles  se  trouvent  les  mollusques  vivans  ;  et  ces  coquilles 
y  sont  si  bien  attachées,  qu'il  n'est  pas  possible  au  véritable 
propriétaire  de  se  séparer  de  l'enveloppe  dont  il  fait  partie. 
Aussi  l'auteur  auquel  nous  empruntons  ces  détails  fait-il  cette 
réflexion,  en  parlant  des  fourreaux  ainsi  construits  :  «  Ces 
«  sortes  d'habits  sont  fort  jolis,  mais  ils  sont  de  plus  très-sin- 
«  guliers.  Un  sauvage  qui ,  au  lieu  d'être  couvert  de  fourrures, 
4f  le  seroit  de  rats  musqués,  de  taupes  et  d'autres  animaux 
«  vivans,  auroit  un  habillement  bien  extraordinaire  :  tel  est 
«    en  quelque  sorte  celui  de  nos  larves.   ^^ 

Parmi  les  larves,  celles  qui  se  développent  dans  les  étangs, 
dans  les  mares  et  dans  toutes  les  eaux  stagnantes,  garnissent 
leurs  fourreaux  de  parcelles  de  roseaux,  de  brins  d'herbes 
ajustés  avec  un  art  admirable.  Le  cylindre  de  soie  intérieur 
est  inscrit  dans  un  pentagone,  un  hexagone,  un  heptagone 
ou  tout  autre  polygone,  de  manière  que  chacun  des  brins  se 


594  FRI 

pmlongpant,  se  croise  de  part  et  d'autre  avec  un  des  brins 
qui  touchent  le  même  tuyau.  Il  résulte  de  là  des  fourreaux 
extrêuieinent  hérissés,  qui  ont  jusqu'à  douze  fois  le  diamètre 
du  cylindre  extérieur.  C'est  à  ces  sortes  de  fourreaux  que  con- 
viendroit  plus  particulièrement  le  nom  de  ph.r}-gariion.,  puis- 
qu'il ressemble  véritablement  à  une  petite  bourrée. 

D'autres  découpent  en  spirale  des  lames  de  feuilles  de  pota- 
mogëtons,  de  nymphsea  ou  d'autres  plantes  aquatiques;  quel- 
ques unes  ajustent  les  folioles  des  lemnas,  des  callitrichcs, 
qui  restent  long-temps  vivantes,  quoique  submergées,  et  dé- 
guisent ainsi  la  présence  des  insectes  aux  poissons ,  qui  en  sont 
fort  avides. 

Nous  en  avons  fait  nous-même  travailler  plusieurs  dans  des 
circonstances  obligées,  où  nous  ne  leur  livrions  que  des  sables 
colorés,  du  verre,  du  cobalt,  du  mica,  du  grès  à  grains  régu- 
liers cubiques,  et  il  résultoit  de  leur  travail  une  sorte  de 
mosaïque  dont  nous  avons  conservé  quelques  échantillons. 

Au  reste ,  ce  n'est  pas  la  seule  industrie  de  nos  larves  ;  elles 
en  manifestent  une  autre,  non  moins  admirable,  par  la  pré- 
caution et  l'espèce  de  prévoyance  qu'elles  emploient  avant 
de  se  changer  en  nymphes,  ou  dans  cet  état  de  chrysalide  qui 
ne  leur  permettroit  plus  de  se  défendre  contre  les  animaux 
même  les  plus  foibles  ,  qui  voudroient  en  faire  leur  pâture. 
Sous  cet  état  de  sommeil  apparent  la  nymphe  respire  encore, 
et  pour  permettre  à  l'eau  un  libre  accès  par  les  deux  extrémi- 
tés du  fourreau  qui  la  renferme,  elle  avoit  besoin  d'y  construire 
une  sorte  de  grillage  ou  de  diaphragme  qui,  semblable  à  un 
tamis  grossier,  permettroit  à  l'eau  de  pénétrer  par  l'une  des 
extrémités  pour  sortir  par  l'autre.  Réaumur  compare  cette 
cloison  à  une  porte  grillée  qui,  cependant,  est  assez  mobile 
pour  devenir  concave  d'un  cAté  quand  l'animal  semble  y  atti- 
rer l'eau  pour  inspirer,  et  pour  paroitre  convexe  à  l'extré- 
mité opposée,  lorsque  l'eau  la  traverse  dans  l'expiration.  La 
plupart  de  ces  larves  ont  aussi  prévu  qu'il  valoit  mieux  ,  pen- 
dant cet  état  de  sommeil ,  que  leur  fourreau  fût  assujetti  pour 
ne  pas  être  entraîné  par  le  liquide  ;  c'est  ce  qui  fait  qu'elles 
le  fixent  à  quelque  corps  solide  avant  de  l'obturer  à  ses 
extrémités. 

Les  nymphes  des  friganes  ressemblent  à  peu  près  à  celles 


'       FRI  3ç)5 

des  hémérobes  et  des  fourmilions;  cependant  ce  mode  de  séjour 
dans  l'eau  sous  cet  état  a  nécessité  des  particularités  fort  cu- 
rieuses a  connoitre. 

D'iibord,etquoiqu'on puisse  distinguer  au  dehors,  surtout cî 
une  époque  un  peu  éloignée  de  la  transformation  en  nymphe, 
tous  les  rudimens  des  membres  nouveaux  que  doit  prendre 
l'insecte  en  passant  de  l'état  de  larve  ou  de  chenille  à  celui 
d'une  frigane  ailée,  avec  de  longues  antennes  en  soie,  de 
très-longues  pales  et  une  tête,  et  surtout  avec  une  bouche  tout- 
à-fait  différentes  de  celle  qui  se  remarquoit  dans  la  larve  ,  il 
y  a  sur  le  dos  de  cesfilamens  blancs,  de  ces  panaches  qui  sont 
de  véritables  branchies,  les  ailes,  encore  en  moignon  ,j  sont 
placées  sur  le  ventre;  l'extrémité  de  l'abdomen  se  termine 
par  deux  crochets  dont  la  n3'mphe  peut  encore  se  servir  pour 
se  cramponner  dans  son  fourreau  quand  on  veut  l'en  extraire 
de  force  .-  mais  on  n'aperçoit  pas  du  côté  de  la  tête  ce  qui 
pourra  servir  à  l'animal  pour  percer  le  grillage  qu'il  s'est  f51é, 
avant  sa  métamorphose,  à  celle  des  extrémités  de  son  tuyau 
par  laquelle  il  doit  sortir  ,  puisqu'il  correspond  à  la  tête. 
Vallisnieri  et  Réaumur  ont  appris  qu'il  en  étoit  de  ces  larves 
comme  des  petits  poulets  renfermés  dans  la  coquille ,  qui 
portent  sur  la  pointe  de  leur  bec  une  matière  solide,  à  l'aide 
de  laquelle  ils  incisent  la  coque  en  dedans  pour  faire  sauter 
la  voûte  qui  les  a  protégés  avant  et  pendant  l'incubation.  De 
même  aussi  ils  ont  sur  le  sommet  de  leur  tête  une  aigrette  , 
une  sorte  de  huppe  formée  par  une  touffe  de  poiis  roides , 
qui  recouvrent  deux  crochets  dont  les  pointes  réunies  forment 
une  sorte  de  bec  qui  ne  sert  à  l'animal  que  pour  cette  cir- 
constance où  il  percera  son  grillage.  En  effet,  ces  nymphes 
sont  mobiles  vers  l'époque  où  elles  sont  appelées  à  devenir 
insectes  parfaits.  Nous  en  avons  observé  plusieurs  fois ,  et  nous 
allons  même  donner  des  détails  que  nous  n'avons  pas  trouvés 
indiqués  dans  les  auteurs:  le  hasard  seul  nous  les  a  appris; 
mais  nous  avons  reproduit  volontairement  les  mêmes  cir- 
constances, qui  nous  ont  fait  assister  à  un  spectacle  des  plus 
merveilleux. 

Comme  nous  l'indiquions  tout  à  l'heure,  nous  avons  élevé 
des  larves  de  friganes  d'espèces  diverses,  et  nous  les  avions 
obligées  de  construire  devant  nous  leurs  fourreaux  avec  des 


3^6  FRI      • 

matériaux  donnés.  Le  bocal  qui  les  renfermoit  conteiloit  de- 
puis plus  de  quinie  jours  toutes  ces  nymphes  dans  l'immobi- 
lité la  plus  grande  ,  lorsqu'un  matin ,  à  notre  grande  surprise  , 
nous  aperçûmes  dans  Teau  un  grand  nombre  d'insectes  qui  y 
nageoient  par  bonds  et  avec  vélocité;  nous  ne  tardâmes  pas  à 
reconnoitre  que  c'étoient  des  nymphes  de  friganes.  Après  les 
avoir  examinées  avec  quelque  soin ,  nous  prîmes ,  à  l'aide  d'une 
large  barbe  de  plume,  une  de  ces  nymphes  agiles ,  et  nous 
l'examinions  depuis  quelques  minutes,  lorsque  tout  à  coup  et 
sous  nos  yeux ,  il  survint  à  l'animal ,  qui  étoit  en  repos  ,  et  qui 
paroissoit  souifrir,  une  sorte  de  gonflement  emphysémateux; 
il  se  boursoufla  comme  une  vessie  remplie  d'air;  sa  peau  des- 
séchée se  creva  du  côté  du  dos;  il  se  forma  là  une  déchirure 
alongée  par  laquelle  nous  vîmes  bientôt  saillir  le  corselet  de 
l'insecte  ;  les  ailes  se  dégagèrent,  s'alongèrent,  s'étendirent; 
l'abdomen  sortit  de  son  fourreau,  les  antennes  se  déroulèrent 
comme  par  un  ressort;  bientôt  les  pâtes  elles-mêmes  se  dé- 
gainèrent d'un:étuitrès-mince ,  etl'insecte  s'éloignade  quelques 
pas. 

Nous  avions  été  témoin  de  cette  sorte  d'accouchement, 
qui  s'opéra  en  moins  d'une  minute.  Nous  répétâmes  l'expé- 
rience sur  un  autre  individu,  péché  de  la  même  manière  à 
l'aide  de  la  barbe  de  plume,  et  la  métamorphose  réussit  aussi 
bien.  Tendant  deux  ou  trois  jours  nous  eûmes  cette  année-là 
le  même  spectacle  produit  à  volonté,  et  nous  nous  sommes 
assuré,  l'année  suivante,  que  ces  larves  pouvoient  ainsi 
rester  jusqu'à  huit  jours  dans  l'eau  sans  y  périrj  que  la  cir- 
constance qui  s'opposoit  à  leur  métamorphose  étoit  l'impossi- 
bilité dans  laquelle  nous  avions  placé  ces  larves  de  s'accrocher 
sur  quelque  corps  solide  pour  changer  d'élément.  C'est  un  fait 
très-curieux,  et  que  nous  sommes  bien  aise  d'avoir  occasion 
de  consigner  ici. 

Les  entomologistes  qui  ne  s'occupent  que  de  la  classification 
drs  insectes,  sont  forcés  d'éloigner  beaucoup  dans  leurs  sys- 
tèmes les  friganes  sous  l'état  parfait,  des  espèces  de  névroptères 
à  bouche  garnie  de  mâchoires,  telles  que  les  perles  et  les  sem- 
blides.  Cependant  la  forme  de  ces  larves  et  leurs  habiturles 
sont  à  peu  près  semblables,  surtout  dans  les  espèces  du  pre- 
mier genre. 


FRI  3,j7 

Nous  avons  décrit  les  caractères  des  frîgancs;  mais  les  voici 
d'une  manière  plusabrégée  :  névrop tères  buccellés,  ou  agnathes, 
ou  à  bouche  très-petite,  distincte  seulement  par  les  palpes;  à 
antennes  plus  longues  que  la  tête  -,  à  ailes  en  toit ,  plus  longues 
que  l'abdomen  ,  qui  ne  se  termine  pas  par  des  soies.  Ces  carac- 
tères suffisent  pour  distinguer  les  friganes  de  tous  les  autres 
névroptères. 

Les  espèces  principales  de  ce  genre  sont  les  suivantes  : 

Frigane  strij^.e  ,  Phrjganea  striata. 

C'est  la  frigane  couleur  fauve  figurée  par  Geoffroy,  tom.  Il, 
pi.  xiiijfig.  v;et  par  Réaumur,  tom.  III,  pi.  xiij,  fig.  8, 
9  et  n. 

Elle  a  le  port  d'une  phalène  noctuelle  alongée;  sa  couleur 
est  fauve ,  avec  les  yeux  bruns  ;  les  ailes  sont  d'un  gris  jaunâtre, 
avec  des  veines  saillantes  d'un  roux  brun  et  une  tache  blanche 
à  l'extrémité  ;  ses  pâtes  sont  longues  et  épineuses.  On  la 
trouve  sur  les  bords  de  l'eau,  mais  elle  ne  vole  que  le  soir; 
dans  le  jour  elle  se  tapit  sur  les  murailles  ou  contre  les  arbres. 

Frigane  grise,  Phrjganea  grisea. 

Degéer  l'a  figurée,  tome  II,  pi.  i3,  fig.  18  à  21.  Elle  est 
grise ,  avec  les  ailes  supérieures  nébuleuses ,  et  une  tache 
marginale  noire. 

Frigane  grande  ,  Phryganea  grandis. 

Ses  ailes  sont  cendrées,  avec  deux  lignes  longitudinales 
noires  et  un  point  blanc. 

Frigane  rhombe,  Phryganea  rhombica. 

C'est  la  frigane  panachée  de  Geoffroy.  Réaumur  en  a  donné 
une  figure ,  tom.  III,  pi.  14 ,  sous  le  n.°  5.  Ses  aiks  sont  d'un 
Jaune  brun,  avec  une  large  tache  blanche  rhomboïde. 

Frigane  DEUX-TACHES,  Phiyganea  bimaculata. 

Degéer  en  donne  la  figure  tom.  II,  pi.  xv,  n.°  1,10.  Ailes 
brunes,  arec  deux  taches  lunulées  jaunes  au-devant  l'une 
de  l'autre. 

Frigane  noihe ,  Phrjganea  nigra. 

C'est  la  frigane  mouche-en-deuil  de  Geoffroy.  Elle  est  toute 
noire,  et  ses  antennes  sont  deux  fois  plus  longues  que  son 
corps. 

On  connoît  près  de  cent  espèces  de  ce  genre;  Devillers  ea 
a  décrit  soixante-six,  en  y  comprenant  les  perles. 


398  FRI 

FaiGANE  FAUSSE.  Dcgécr  nomme  ainsi  les  perles  de  Geoffroy. 
(CD.) 

FRIGANITES.  (Entom.)  M.  Latreille  a  désigné  sous  ce  nom 
la  tribu  des  insectes  uévroptères  qui  comprend  les  phryganes. 
Il  les  a  aussi  nomuiés  plicipennes ,  parce  que  leurs  ailes  infé- 
rieures ,  plus  larges  que  les  supérieures,  sont  plissécs  en 
long.  (CD.) 

FRIGOULE.  (Bot.)  Le  thym  commun  porte  ce  nom  en 
Languedoc.  (L.D.) 

FKILLEUSE  (Omith.),  un  des  noms  vulgaires  du  rouge- 
gorge,  inotacilla  rubecula,  Linn.  (Ch.  D.) 

FRIÎNGEGO.  {Bot.)  On  lit  dans  la  nouvelle  Encyclopédie, 
que  le  pisonia  aeuleata  est  ainsi  nommé  dans  plusieurs  lieux  de 
l'Amérique.  (J.) 

FRINGILL^  ADFINIS.  (  Ornith.)  L'oiseau  désigné  par 
cette  dénomination  dans  le  Gênera  avium  de  Mœhring,  n.°  101  , 
est  le  cotinga  ouette  ,  ampelis  carnifex ,  Linn.  (  Ch.  D.  ) 

FRINGILLAGO.  {Ornith.)  La  mésange  charbonnière,  paru* 
major,  Linn.,  est  désignée  par  ce  terme  dans  Belon  et  dans 
Gesner.  (Ch.  D.) 

FRINGILLE.  (  Ornith.  )  L'oiseau  originairement  appelé 
fringilla  étoit  le  pinson  ;  mais  Linnaeus  a  donné  à  ce  nom 
une  acception  bien  plus  générale,  et,  l'appliquant  à  tous  les 
oiseaux  qui  ont  un  bec  conique,  droit,  acuminé,  et  qui  se 
nourrissent  presque  exclusivement  de  grains,  outre  les  pin- 
sons, il  a  compris  dans  cette  grande  famille  les  moineaux, 
les  linottes,  les  chardonnerets,  les  serins,  les  tarins,  les 
bengalis  ,  etc.  Les  -mêmes  oiseaux  éloient  distribués  par 
Brisson  dans  ses  3a.'  et  35.*  genres  ,  ayant ,  pour  caractères 
communs,  le  bec  en  cône  raccourci  j  les  mandibules  droites 
et  entières;  quatre  doigts  dénués  de  membranes,  dont  trois 
devant  et  un  derrière,  tous  séparés  environ  jusqu'à  leur  ori- 
gine, et  les  jambes  couvertes  de  plumes  jusqu'au  talon.  Les  deux 
genres  se  distinguoient  l'un  de  l'autre  en  ce  que,  dans  le  Sa.*, 
celui  du  chardonneret,  carduelis ,  la  pointe  du  bec  étoit  grêle 
et  alongée,  et  que,  dans  le  53.',  celui  du  moineau,  passer, 
la  pointe  du  cône  étoit  grosse  et  courte  :  ce  genre  se  trouvoil , 
d'ailleurs,  àéparé  du  54.',  les  gros  -  becs  ,  coccothrausles  ,  en 
ce  que  la  base  du  bec  des  premiers  étoit  beaucoup  moins  large 


FPtl  099 

que  la  tête,  tandis  que  chez  ceux-ci  la  base  étolt  presque 
aussi  large  que  Ja  lêle  elle-même.  Le  ou.'  genre  de  Brissou 
comprenoit,  avec  les  cliardonnerets,  les  tarins,  sous  le  nom 
particulier  de  ligurinas ,  et  dans  le  55.'  Brissoii  avoit  réuni 
aux  moineaux,  passer:  1.°  les  cardinaux,  cardinalis ;  2."  les 
veuves,  vidua;  5."  les  linottes,  linaria;  4.°  les  pinsons, /rin- 
giUa;  5."  les  serins,  serinus;  6."  les  verdiers,  chloris  •  7."  les 
hengalis,  hengalus;  8."  les  sénégalis,  seaegalus  •  5."  les  maias, 
tnaia  ;  10."  les  grenadins  ,  granatinus. 

Plusieurs  auteurs  ont  essayé  ensuite  d'introduire  d'autres 
coupures  dans  le  genre  trop  nombreux  des  fringilles,  dont 
M.  Meyer  a  ainsi  déterminé  les  caractères  généraux  :  Bec  co- 
nique, droit,  pointu  ,  moins  épais,  mais  plus  alongé  que  chez 
les  gros-becs  ou  loxies  ;  mandibules  égales,  sans  échancrure  ; 
narines  un  peu  ovales,  couvertes;  langue  charnue,  arrondie, 
à  pointe  cornée  et  un  peu  fendue  ;  corps  moins  ramassé  et 
plus  étendu  que  chez  les  gros-becs.  Le  même  auteur  a  sous- 
divisé  ce  genre,  qui  est  son  19.",  en  quatre  sections,  caracté- 
risées, la  première  ,  par  un  bec  arrondi  dans  les  divers  sens  , 
droit,  épais,  à  pointe  un  peu  émoussée;  elle  comprend  les 
pinsons  communs,  de  montagne,  de  neige,  le  moineau  :  la 
deuxième,  par  un  bec  également  arrondi ,  mais  moins  alongé, 
et  dont  la  pointe  est  courte;  elle  renferme  les  linottes  :  la  troi- 
sième, par  un  bec  plus  grêle,  un  peu  comprimé  sur  les  côtés, 
à  pointe  longue  et  aiguisée ,  dans  laquelle  se  trouvent  le  char- 
donneret ,  le  tarin ,  le  serin  :  et  la  quatrième ,  par  un  bec  droit, 
un  peu  semblable  à  celui  du  bruant,  à  pointe  aiguisée,  dont 
les  mandibules  ont  les  bords  rentrans  ,  et  dont  le  doigt  posté- 
rieur est  plus  long  et  a  l'ongle  pareil  à  celui  de  l'alouette. 
L'auteur  cite,  comme  espèces  appartenant  à  cette  section,  les 
friugilla  calcarata,  Pall.,  et  fringilla  lapponica,  Gmel. 

Illiger,  ne  trouvant  pas  de  caractères  assez  tranchés  dans 
les  sous-divisions  de*  fringilles ,  n'a  pas  cru  devoir  lesadopter, 
et  noîi  seulement  il  n"a  pas  séparé  les  moineaux,  les  pinsons, 
les  verdiers,  etc.,  mais  il  leur  a  réuni  les  gros -becs  et  les 
bouvreuils. 

M.  Temminck,  après  avoir  comparé  plusieurs  espèces  exo-» 
tiques  de  bouvreuils  ,  de  gros-becs,  de  moineaux,  de  pinsons 
et  de  tarins,  avoue  aussi  qu'il  n'a  trouvé  de  différences  asses 


Zloo  Fi>i 

constantes  qu'entre  les  bouvreuils  et  les  tarins;  mîiis  que  les 
gros-becs,  les  moineaux  et  les  pinsons  ne  lui  en  ont  point 
offert  qui  fussent  stables  et  faciles  à  saisir.  Il  s'est,  en  con- 
séquence, borné  à  séparer  les  oiseaux  compris  dans  son  genre 
Gros-bec,  qui  correspond  aux  fringilla  d'illiger,  en  cinq  divi- 
sions, sous  les  dénominations  ci -dessus  indiquées,  et  à  leur 
donner  des  bases  plus  ou  moins  fixes,  qui  consistent,  pour 
la  première  (bouvreuils),  en  des  mandibules  convexes,  dont 
la  supérieure  est  courbée  à  la  pointe  ,  et  en  des  narines  le  plus 
souvent  cachées  par  les  plumes  du  front;  pour  la  seconde 
(gros-becs  et  verdiers),  en  un  bec  conique,  droit  et  presque 
aussi  large,  ou  même  plus  large  que  la  tête  à  son  origine , 
avec  une  arête  plate  qui  s'avance  en  angle  sur  le  front  ;  pour 
la  troisième  (moineaux  et  linottes)  ,  en  un  bec  moins  large 
que  la  tête  ,  ayant  la  mandibule  supérieure  foiblement  cour- 
bée ,  et  l'arête  qui  s'avance  sur  le  front,  plus  ou  moins 
exhaussée-,  pour  la  quatrième  (pinsons),  en  un  bec  conico- 
cylindrique,  dont  les  mandibules  sont  droites  et  terminées  en 
pointes  aiguës;  et  pour  la  cinquième  (tarins,  chardonnerets, 
sizerins),  en  un  bec  droit,  conique,  alongé  et  comprimé, 
dont  les  mandibules  ont  les  pointes  très-aiguè's,  et  dont  les 
narines  sont  le  plus  souvent  cachées  parles  plumes  du  front. 

M.  Vieillot  a  divisé  ses  fringilles  en  sept  sections,  et  il  a 
assigné  à  chacune  d'elles  les  caractères  suivans: 

1."^"  Pointe  du  bec  comprimée  latéralement,  plus  ou  moins 
alongée ,  grêle  et  très-aiguë  :  ce  sont  les  chardonnerets ,  les 
tarins  ,  etc. 

a."  Bec  à  pointe  courte  et  peu  aiguë,  paroissant,  lorsqu'on 
le  regarde  en  dessus,  dilaté  et  un  peu  aplati  près  du  capis- 
trum.  Les  bengalis  et  les  sénégalis. 

3.'  Bec  un  peu  ovale ,  à  pointe  courte  et  un  peu  obtuse.  Les 
serins. 

/j.*  Bec  à  pointe  un  peu  épaisse,  légèrement  inclinée  et 
obtuse.  Les  moineaux. 

6.^  Bec  parfaitement  conique  ,  à  pointe  un  p'eu  comprimée 
et  un  peu  aiguë.  Les  linottes. 

6.*  Bec  plus  fort  que  celui  des  linottes,  plus  ou  moins 
alongé,  à  pointe  sans  compression  et  un  peu  aiguë.  Les 
veuves  et  les  pinsons. 


FRI  401 

y.'Bec  presque  aussi  épaisque  la  tête,  etsimplement  pointu. 
Les  verdiers ,  ett;. 

Quoique  M.  Vieillot  ait  écarté  de  ces  sectionsles  bouvreuils , 
les  gros-becs  et  les  chipius  de  M.  d'Azara,  il  s'en  faut  de  beau- 
coup qu'il  ait  trouvé  des  données  suffisantes  pour  y  distribuer 
tous  les  oiseaux  de  la  nombreuse  famille  des  fringilles,  dont  la 
plupart  portent ,  dans  les  divers  ouvrages  sur  l'ornithologie ,  les 
noms  de  moineaux,  de  pinsons,  de  linottes,  de  tarins,  de  sé- 
rias, de  bengalis,  etc.  Presque  tous  ces  oiseaux  ont  été  décrits 
avec  trop  peu  d'exactitude  pour  mettre  à  portée  de  recon- 
noître  chez  eux  l'existence  ou  l'absence  des  caractères  parti- 
culiers de  chaque  section,  et  l'auteur  s'est  contenté  de  le» 
placer,  sans  ordre  méthodique,  à  la  suite  de  la  septième. 

M.  Cuvier,  en  conservant  la  dénomination  générale  de 
fringilla  à  sa  famille  des  moineaux ,  a  assigné  pour  caractères 
communs  aux  oiseaux  qui  la  composent ,  un  bec  conique  plus 
ou  moins  gros  à  sa  base  ,  et  dont  la  commissure  n'est  pas  angu- 
leuse :  il  l'a  ensuite  subdivisée  en  tisserins ,  moineaux  pro- 
prement dits,  pinsons,  linottes  et  chardonnerets,  veuves, 
gros-becs,  bouvreuils;  et  ces  sous -genres  sont  caractérisés 
ainsi  qu'il  suit  : 

Les  tisserins,  ploceus  ,  Cuv. ,  ont  le  bec  assez  grand  pour  le» 
avoir  fait  en  partie  classer  parmi  les  cassiques  ;  mais  sa  com- 
missure droite  les  en  distingue  ,  et  d'ailleurs  la  mandibule 
supérieure  est  légèrement  bombée. 

Les  moineauxproprement  dits, pjrg-ifa,  Cuv.,  ont  le  bec  un 
peu  plus  court,  conique,  et  légèrement  bombé  vers  la  pointe. 
Les  pinsons,  auxquels  le  nom  générique /n'n.gt7/a  est  con- 
sacré dans  son  acception  restreinte  ,  ont  le  bec  un  peu  moins 
arqué  que  les  moineaux ,  et  un  peu  plus  fort  et  plus  long  que 
les  linottes. 

Les  chardonnerets  et  les  linottes ,  réunis  sous  le  nom  de 
earduelis,  BrJss. ,  ont  le  bec  exactement  conique,  sans  être 
bombé  en  aucun  point;  mais  il  est  plus  court  et  plus  obtus 
chez  les  espèces  que  Bechstein  a  désignées  plus  particulière- 
ment sous  la  dénomination  de  linaria,  M.  Cuvier  réunit  encore 
à  ce  sous-genre  les  serins  et  les  tarins. 

Les  veuves  ,  vidua,  Briss. ,  qui  ont  le  bec  des  linottes ,  quel- 
quefois un  peu  plus  renflé  à  sa  base,  ne  s'y  distinguent  d'aile 
17.  26 


402  FRI 

leurs  que  par  l'alongcment  excessif  de  plusieurs  des  plumes 
de  la  queue  dans  les  mâles  ;  et  cette  circonstance ,  qui  ne  peut 
être  considérée  comme  un  caractère  générique,  adonné  lieu  à 
M.  Vieillot  d'observer,  contre  l'opinion  de  divers  naturalistes, 
que  les  longues  plumes  dont  il  s'agit  ne  font  partie  des  cou- 
vertures de  la  queue  que  chez  la  veuve  à  épauk ttes ,  et  sont , 
chez  les  autres,  les  pennes  caudales  intermédiaires. 

Les  grof<-hecs ,  coccothraustes ,  Briss. ,  ont  aussi  un  bec  exac- 
tement conique,  qui,  après  un  passage  graduel  et  sans  inter- 
valle assignable,  ne  diffère  proprement  de  celui  des  linottes  que 
par  son  extrême  grosseur.  JM.Cuvier  distingue  des  gros-becs, 
sous  la  dénomination  de  piljius ,  quatre  espèces  étrangères-, 
savoir  :  les  Icxia  grossa,  canadensis  ,  erjthromelas ,  et  portori- 
censis ,  dont  le  bec,  aussi  gros,  est  un  peu  comprimé,  arqué 
en  dessus,  et  a  quelquefois  un  angle  saillant  au  milieu  du  bord 
de  la  mâchoire  supérieure. 

Enfin,  les  bouvreuils,  pyrrhuln,  Briss.,  ont  le  bec  arrondi, 
renflé  et  bombé  en  tout  sens. 

On  conçoit  aisément  qu'après  tant  de  variations  et  d'incer- 
titudes dans  les  tentatives  essayées  pour  régulariser  les  cou- 
pures du  grand  genre  Fringilla  ,  ce  n'est  pas  le  lieu  d'en  pro- 
poser de  nouvelles  dans  un  ouvrage  plutôt  destiné  à  faire  con- 
noitre  l'état  actuel  de  la  science  qu'à  y  introduire  des  idées 
systématiques,  qui  exigeroient  un  traité  ex  professa;  et  le 
parti  le  plus  convenable  que  l'on  croie  devoir  adopter,  dans 
cette  circonstance,  à  l'égard  des  fringilles,  c'est  de  faire  des 
articles  séparés  de  la  plupart  des  divisions  de  M.  Cuvier,  en 
renvoyant  pour  les  bouvreuils  au  mot  Gros-kec,  au  lieu  de 
loxie  ,  et  pour  les  chardonnerets  au  mot  Linotte.  (Ch.D.) 

FRUNGUEL.  (Ornith.)  Ce  terme,  avec  l'addition  de  mon- 
tano ,  vernengo  ou  vernino,  désigne  ,  en  italien,  îe  bouvreuil 
ordinaire  ,  loxia  pyrrliula,  Linn.  (Ch.  D.) 

FRINGUELLO  (Ornith.)  ,  nom  italien  du  pinson  commun, 
fringilla  cœlebs,  Linn.  (  Ch.  D.) 

FRINSONE.  (  Ornith.)  Voyez  Frisone.  (Ch.  D.) 

FRIPIER  ,  Phorus.  {Conchjl.)  M.  Denys  de  Montfort  a  cru 
devoir  établir  sous  ce  nom  un  petit  genre  particulier  avec  la 
fripière  ou  le  trochus  conchyliophorus  de  M.  de  Roissy.  Ses 
caractères  sont  peu  saillans.  comparativement  avec  les  toupies , 


FRT  :4q^ 

rt  consistent  essentiellement  en  ce  que  la  coquille  est  plus 
écrasée  ou  déprimée,  la  spire  carénée  fortement  à  sa  base,  et 
assez  peu  ombiliquée,  si  ce  n'est  dans  le  jeune  âge,  et  surtout 
parce  qu'elle  offre  dans  toute  sa  partie  sapérieure  des  tracées 
de  l'agglutination  des  corps  étrangers  qu'elle  s'atlache  on  ne 
sait  trop  comment;  l'ouverture  est  aussi  fort  transverse.  La 
singulière  coquille  qui  sert  de  type  à  ce  genre  ,  et  que 
M.  Denys  de  Montfort  nomme  le  fripier  agglutinant,  trochus 
agglutinans ,  est  plus  connue  sous  les  noms  marchands  de 
fripière,  de  maçonne,  etc.,  à  cause  de  la  grande  quantité  de 
petites  pierres,  de  coquilles  ou  de  morceaux  de  coquille 
dont  elle  se  recouvre,  en  les  fixant  à  son  têt  d'une  manière, 
à  ce  qu'il  paroît,  assez  solide.  Elle  est  figurée  dans  de  Born, 
Mus.  Vind.,  tab.  12,  fig.  21,  22,  et  vient  des  mers  d'Amé- 
rique. La  couleur  de  son  têt  est  blanche,  flambée  de  stries 
brunes.  Jamais,  dit-on,  elle  n'offre  la  nacre  qu'on  trouve 
dans  toutes  les  espèces  de  cette  petite  famille.  L'ombilic  est 
très-ouvert  dans  le  jeune  âge.  C'est  dans  la  pyrtie  supérieure 
et  médiane  de  chaque  tour  de  spire  que  sont  attachés  les  corps 
étrangers  dont  elle  se  recouvre ,  et  qui  sont ,  jusqu'à  un  certain 
point,  proportionnés  à  la  largeur  de  la  partie  du  tour.  Quand 
on  les  enlève  ,  ceque  l'on  fait,  à  ce  qu'il  paroft,  avec  peine,  on 
voit  une  empreinte  ordinairement  assez  peu  profonde,  par  où 
le  corps  étranger  adhéroit.  Il  paroît  que  la  nature  de  ces  corps 
étrangers  varie  suivant  les  localités  où  se  trouve  l'animal,  et 
ne  détermine  pas  des  espèces  différentes.  Ainsi,  il  y  en  a  qui 
ne  prennent  que  de  petits  gàllets  plus  ou  moins  arrondis» 
d'autres,  des  morceaux  de  coraux;  d'autres,  de  petites  co- 
quilles entières,  univalves  ou  bivalves;  et  d'autres  enfin,  des 
morceaux  de  coquille  seulement.  Dans  les  individus  que  j'ai 
vus,  il  m'a  semblé  que  c'étoit  toujours  la  même  espèce  de 
corps;  mais  je  ne  voudrois  pas  trop  généraliser  cette  obser- 
vation. Je  répète  qu'on  ignore  an  juste  <?omment  se  fait  cette 
agglutination;  mais  il  est  probable  qu'elle  n'a  lieu  que  lorsque 
la  substance  delà  coquille  contient  encore  une  grande  quan- 
tité de  matière  animale,  et  peut-être  celle-ci  est-elle  plus 
visqueuse  que  dans  les  autres  animaux  de  ce  groupe.  Voyea 
ToL'PiF..  (De  B.) 

FUIPIERE  {Conchjl.) ,  nom  donné  par  les  niarclumds  à'oh- 

.6. 


Ao4  FRI 

Jets  d'histoire  naturelle  à  quelques  coquilles  du  genre  Toupie, 
qui  ont  la  faculté  d'agglutiner  autour  de  leur  spire  des  corps 
étrangers,  comme  de  petites  pierres,  des  fragmens  de  madré- 
pores ,  des  coquilles  bivalves  ou  univalves.  C'est  le  trochus 
conchjiiopliorus.  M.  Denys  de  Montfort  en  a  fait  son  genre 
Fripier.  Voyez  ce  mot.  (De  B.) 

FRIQUET.  (Ornith.)  Espèce  de  moineau,  fringilla  mon" 
tana,  Linn.  fCn.  D.) 

FRISCH.  {Entom.)  Linnaeus  a  donné  ce  nom  d'un  entomo- 
logiste de  Berlin  à  deux  espèces  d'insectes  :  la  méiolonthe  de 
Frisch ,  qui  est  une  espèce  de  petit  hanneton  à  élytres  pâles  et 
à  tête  et  corselet  noirs  ;  et  la  teigne,  ou  plutôt  Valucite,  que 
jious  avons  indiquée  tom.  I ,  pag.  538 ,  sous  le  n.°  9.  (C.  D.) 

FRISEUR  D'EAU.  (Ortiith.)  On  trouve  ,  dans  les  Voyage» 
deDampier  ,  édit.  de  Rouen,  17  i3  ,  tom.iv,  p.  85,  au  nombre 
des  oiseaux  qu'il  a  vus  aux  Terres  australes,  cette  dénomina- 
tion ,  qui  paroît  s'appliquer  à  une  espèce  de  pétrels,  impro- 
prement appelés  pintados ,  et  qui,  volant  en  troupes,  semblent 
en  quelque  sorte  balayer  Teau.  (  Ch.  D.) 

FRISONE.  (  Ornith.)  L'oiseau  qui,  suivant  Olina,  Uccellaria, 
p.  37  ,  porte  en  Italie  ce  nom  et  celui  defrosone,  est  le  gros- 
bec,  loxia  coccothraustes  ,  Linn.  On  l'appelle,  dans  le  Piémont, 
frisoun-  et  le  nom  àefrinsone  est  rapporté  par  Bufifon  au  ver- 
dier,  loxia  chloris ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FRITAN  ou  Friton.  (Ichthjol.)  Rondelet  dit  que  de  son 
temps  on  nommoit  ainsi  à  Lyon  un  petit  poisson  de  rivière, 
dont  la  chair  est  d'une  fort  bonne  saveur  j  mais  il  donne  très- 
peu  de  détails  à  son  sujet.  (H.  C.) 

FRITILLAIRE  (Bot.),  Fritillaria,  Linn.  Genre  de  plantes^ 
monocotylédones ,  de  la  famille  des  liliacées  ,  Juss. ,  et  de 
Ybexandrie  wonogjnie ^  Linn.,  qui  a  pour  caractères:  Une 
corolle  campanulée ,  dépourvue  de  calice,  et  formée  de  six 
pétales  ovales  -  oblongs  ,  creusés  à  leur  base  interne  d'une 
fossette  nectérifère;  six  étamines  à  filamens  ordinairement 
plus  courts  que  le  style,  et  portant  des  anthères  oblongues  ;  un 
ovaire  supérieur,  oblong,  trigoue,  surmonté  d'un  style  trifide  , 
et  terminé  par  trois  stigmates  obtus  ;  une  capsule  à  trois  ou 
six  angles ,  à  trois  valves ,  à  trois  loges  contenait  chacune  des 
graines  aplaties,  disposées  sur  deux  rangs. 


FRI  40^ 

Le  nom  de  ce  genre  vient  de  la  comparaison  qui  a  été  faite 
de  la  forme  de  ses  fleurs  avec  celles  d'un  cornet  à  jouer  aux 
dés,  en  latin  fritillus. 

Les  fritillairessont  des  plantes  herbacées,  à  feuilles  simples , 
alternes,  quelquefois  paroissant  opposées  ou  même  verticillées , 
et  à  fleurs  terminales,  pendantes,  d'un  joli  aspect.  On  cit 
connoît  une  douzaine  d'espèces,  qui  sont,  les  unes  indigènes 
de  l'Europe, les  autres  originaires  de  la  Perse,  du  Levant,  ou 
des  montagnes  du  Caucase. 

Fritillaire  impériale  :  vulgairement  Couronne  impériale  j 
Fritillaria  imperialis ,  Linn. ,  Spec. ,  435  ;  Tusai,  sii'e Liliumpevsi- 
cum,  dus.,  Hist.,  127,128.  Sa  racine  est  une  bulbe  arrondie  , 
quelquefois  de  la  grosseur  du  poing ,  laquelle  donne  naissance 
à  une  tige  droite  ,  simple  ,  haute  de  deux  pieds  ou  enviroii , 
garnie,  dans  sa  partie  inférieure  et  moyenne,  de  feuilles  li- 
néaires-lancéolées, nombreuses,  d'un  beau  vert,  éparses,mais 
rapprochées  par  cinq  à  six  les  unes  des  autres,  de  manière  à 
paroître  former  plusieurs  verticilles.  Ses  fleurs  sont  grandes, 
le  plus  souvent  d'un  rouge  safrané,  quelquefois  jaunes,  ou  de 
diverses  nuances  entre  ces  deux  couleurs,  pendantes,  pédon- 
culées,  disposées  en  couronne,  au  nombre  de  quatre  à  dix  , 
au-dessous  d'une  touffe  de  feuilles  qui  termine  la  tige.  Cette 
plante  est  originaire  de  la  Perse ,  selon  les  uns,  et  de  la  Thrace  , 
selon  d'autres  ;  elle  a  été  transportée  de  Constantinople  à 
Vienne  en  Autriche,  où  Clusius  paroît  l'avoir  cultivée  le  pre- 
mier, vers  1  670.  Depuis  cette  époque,  la  beauté  de  ses  fleura 
l'a  fait  multiplier  et  répandre  dans  tous  les  jardins  de  l'Europe^ 
où  elle  a  donné  par  les  semis  beaucoup  de  variétés.  Elle  fleurit 
de  bonne  heure,  à  la  fin  de  mars  ou  au  commencement  d'avril; 
elle  fait  alors  pendant  quinze  jours  un  magnifique  effet  dans 
les  parterres;  mais  c'est  dommage  qu'elle  exhale  une  odeur 
vireuse  et  fétide  qui  ne  permet  pas  de  la  placer  ailleurs  qu'au 
milieu  d'un  jardin  ;  et  encore  ne  faut-il  pas  qu'elle  y  soit  trop 
multipliée,  car  elle  infecte  Pair  d'une  manière  désagréable, 
et  peut-être  dangereuse.  Ses  bulbes  ,  qui  ont  une  odeur 
analogue  à  celle  des  fleurs,  ont  beaucoup  d'àcreté,  et  sont 
très-malfaisantes.  Dans  les  expériences  que  M.  le  docteur 
Orfila  a  faites  avec  elles  sur  des  chiens ^  il  a  donné  la  mort 
à  ces  animaux  en  leur  en  faisant  avaler» 


4<'5  FRÎ 

La  couronne  impériale  est  depuis  long- temps  acclimatée 
rians  nos  jardins,  où  elle  croit  en  pleine  terre,  sans  exiger  de 
soins  particuliers.  11  est  bon  de  la  laisser  en  place  plusieurs 
années  de  suite  ,  parce  qu'elle  n'aime  pas  à  êti*e  remuée. 
Lorsqu'on  la  relève  pour  séparer  ses  caïeux,  il  faut  que  ce 
soit  seulement  tons  les  trois  à  quatre  ans,  au  mois  de  juillet, 
lorsque  sa  tige  estentièrement  desséchée,  et  il  faut  la  replanter 
le  plus  tôt  possible,  parce  que,  lorsqu'on  la  tient  long-temps 
hors  de  terre,  elle  est  sujette  à  ne  pas  fleurir  au  printemps 
suivant;  ses  bulbes  peuvent  cependant  rester  trois  à  quatre 
mois  hors  de  terre  sans  que  cela  leur  fasse  d'autre  tort. 

.  l-'aiTiiXAiRE  DE  PEasE  :  Filtillaria  persica  ,  Linn.,  Spec,  406  ; 
Lilium  susianum,  dus.  ,Hisl.,,  1  3o.  Sa  racine  est  une  bulbe 
arrondie,  presque  solide  ;  elle  produit  une  tige  droite,  haute 
d'un  pied  et  demi  à  deux  pieds,  garnie  de  feuilles  linéaires- 
lancéolées,  d'un  vert  glauque,  obliques,  nombreuses,  et  rap- 
prochées les  unes  des  autres.  Cette  tige  est  terminée  par  une 
longue  grappe  de  fleurs  assez  petites,  et  d'un  violet  obscur. 
Cette  espèce  passe  pour  être  originaire  de  la  Perse;  et  c'est 
dcSuze,  selon  Clusius,  qu'elle  fut  d'abord  transportée  àCons- 
tantinople ,  et  par  la  suite  envoyée  de  cette  ville  à  Vienne ,  où 
ce  botaniste  commença  à  la  cultiver  en  même  temps  que  la, 
couronne  impériale.  Depuis  ce  temps,  elle  s'est  répandue, 
comme  celle-ci,  dans  les  divers  jardins  de  l'Europe  ;  mais, 
comme  ses  fleurs  sont  sans  éclat,  elle  y  est  beaucoup  moins 
commune.  Elle  fleurit  en  avril,  et  se  cultive  d'ailleurs  comme 
la  précédente. 

Fritillaire  des  Pyrénées  ;  Fritillaria  pjrenaica ,  Linn. ,  Spec, 
456.  Sa  bulbe  est  petite,  un  peu  comprimée  ;  elle  produit  une 
tige  simple,  haute  de  six  à  dix  pouces,  garnie  de  quelques 
feuilles  linéaires,  dont  les  inférieures  sont  opposées  ;  cette  tige 
est  terminée  par  deux  à  quatre  fleurs  pendantes,  mêlées  de' 
violet,  de  verdàtre  et  de  brun.  Cette  plante  croît  naturelle- 
ment dans  les  Pyrénées,  dans  les  Alpes  et  en  Russie.  On  la 
cultive  dans  quelques  jardins  ;  elle  exige  les  mêmes  soins  que 
la  suivante. 

Fritillaire  méléagre  ,  ou  Fritillaire  damier  :  Fritillaria  melea- 
gris,  Linn.,  Spec,  436  ;  Herb.  de  l'Amat.,  vol.  i  ,  pi. ,  65.  Ses 
feuilles  sont  toutes  alternes,  et  ses  tiges  ne  portent  le  plus 


FRI  407 

souventqu'uneffeur,  quelquefois  deux,  dont  les  pétales,  dans 
Ja  plante  sauvage,  sont  d'un  violet  brun,  panachées  de  petites 
taches  blanchâtres,  distribuées  par  petits  carreaux  en  forme 
d'échiquier  ou  de  damier.  Cette  espèce  n'est  pas  rare  dans  les 
pâturages  humides  delà  France  et  de  l'Europe.  Ses  jolies  lleurs 
l'ont  fait  depuis  long-temps  transporter  dans  les  jardins,  où 
les  fleuristes  en  ont  obtenu  plusieurs  variétés.  Elle  deuritàla 
fin  de  mars  ou  au  commencement  d'avril.  Il  tant  la  planter 
dans  un  terrain  gras  et  frais,  et  ne  pas  la  remuer  souvent. 
Quand  on  la  déplante  à  la  lin  de  juin  ou  dans  le. courant 
de  juillet,  on  ne  doit  pas  tarder  à  la  remettre  en  terre,  parce 
que  ses  bulbes  se  dessèchent  quand  elles  restent  trop  long- 
temps exposées  à  l'air. 

Fritillaire  involucrbe  ;  Fritillaria  inf olucrata  ,  All.  ,  Auct^ 
ad  FI.  Ped.  ,34.  Cette  espèce  diffère  de  la  précédente  en  ce  que 
ses  trois  feuilles  supérieures  sont  rapprochées  de  manière  à 
former  une  sorte  d'involucre  autour  de  la  fleur,  qui  est  d'un 
vert  brunâtre.  Elle  croit  dans  les  montagnes  du  Piémont. 

Fritillaire  verticillée;  Fritillaria  verticillata,  Willd.,  Spec, 
2,  p.  91.  Ses  feuilles  sont  linéaires-lancéolées,  sessiles,  dispo- 
sées quatre  à  cinq  ensemble  par  verticilles.  Ses  fleurs  res- 
semblent à  celles  de  la  fritillaire  méléagre ,  et  terminent  la 
tige  au  nombre  de  deux  à  six.  Cette  plante  croit  en  Sibérie  et 
sur  le  mont'Caucase. 

Fritillaire  flvetib;  Fritillaria  tenella,  Marsch., Flor.Caucas., 
1,  p.  269.  Sa  tige  est  grêle,  chargée  d'environ  six  feuilles 
linéaires,  dont  les  deux  supérieures  sont  opposées,  et  elle  est 
terminée  par  une  seule  fleur  panachée  ,  moitié  plus  petite  que 
celle  de  la  fritillaire  méléagre.  Cette  espèce  a  été  trouvée  sur 
le  Caucase  par  M.  Marschall. 

Fritillaire  a  feuilles  larges;  Fritillaria  latifolia,  Marsch., 
Flor.Caucas.,  1,  p.aGg.  Sa  tige,  haute  d'un  pied  au  plus,  est 
nue  dans  sa  moitié  inférieure,  ensuite  chargée  de  cinq  à  six 
feuilles  rapprochées,  dont  les  inférieures  sont  lancéolées,  et 
les  supérieures  linéaires -lancéolées,  opposées;  cette  tige  est 
terminée  par  une  fleur  assez  grande  et- panachée.  Cette  plante 
croit  sur  les  hautes  mont;igaes  du  Caucase. 

Fritillaire  jaune;  Fritillaria  lulea,  Marsch.,  Flor.  Caucas.^ 
1 ,  p.  1^69.  Celle-ci  a  le  port  et  presque  la  grandeur  de  la  pré- 


408  FKOE 

cédente;  mais  ses  feuilles  sont  plus  étroites,  les  supérieures 
moins  longues,  toutes  alternes,  et  plus  courtes  que  la  fleur, 
qui  est  terminale  ,  solitaire,  de  couleur  jaune.  Elle  croit  dan* 
les  mêmes  lieux. 

Fritillaire  a  feuilles  de  tulipe  ;  Frilillaxia  tulipifolia ,  Marsch. , 
Flor.  Gaucas.,  i,  p.  270.  Toute  cette  plante  est  glauqire;  ses 
feuilles  sont  lancéolées,  alternes,  écartées  ;  sa  tige  est  nue 
dans  sa  partie  supérieure  ,  et  terminée  par  uneseule  fleur  d'un 
pourpre  tirant  sur  le  jaune,  sans  aucune  panachure.  Elle  croit 
sur  le  Caucase. 

Fritillaire  kera'euse;  Fritillaria  nervosa,  Willd.,  Enum.y  2  , 
p.  5C4.  Sa  tige,  haute  d'un  pied  et  demi,  est  garnie  de  feuilles 
linéaires,  alternes,  d'un  vert  foncé,  chai-gées  d'une  forte 
nervure ,  et  elle  est  terminée  par  une  seule  fleur  d'un  pourpre 
très-foncé. 

Fritillaire  a  feuilles  pe  plantain  ;  Fritillaria plantaginifolia  ^ 
Lamk.jDict.  enc,  2,  p.  55o.  Dans  cette  espèce,  les  feuilles  radi- 
cales sont  pétiolées ,  ovales,  ou  ovales-arrondies,  à  nervures 
parallèles  et  convergentes  ;  celles  de  la  tige  sont  lancéolées, 
alternes,  sessiles  ou  semi-amplexicaules  ;  la  tige  est  simple, 
haute  d'environ  un  pied,  et  terminée  par  une  seule  fleur. 
Cette  plante  a  été  trouvée  dans  le  Levant  par  Tournefort. 
(L.D.) 

FRITTE.  (Chim.)  Mélange  des  matières  employées  à  faire 
le  verre  ou  le  cristal,  qui  a  été  exposé  h  une  température 
insuffisante  pour  opérer  la  vitrification  ,  mais  suffisante  pour 
opérer  un  commencement  d'action  chimique  entre  les  corps 
du  mélange.  L'opération  de  fritter,  ou  lefrittage,  étoit  plus 
fréquemment  pratiquée  autrefois  qu'aujourd'hui.  Elle  avoit 
pour  objet  de  brûler  les  corps  organiques  qui  pouvoient  se 
trouver  dans  le  mélange,  et  de  produire  un  commencement 
de  combinaison.  (Ch.) 

FRIZOLES.  (Bot.)  Dans  quelques  cantons  de  l'Espagne,  au 
rapport  de  C.  Bauhin ,  on  nomme  ainsi  quelques  espèces  de 
haricot,  phaseolus.  Césalpia  dit  qu'ils  sont  nommés  phasilus 
dans  la  Toscane.  (J.) 

FRŒLICHIA.  {Bot.)  Wulf  nommoit  ainsi  un  genre  de 
plantes  cypéracées,  qui  est  Veylna  de  Schrader,  le  kohresia 
de  "Willdenow.  La  majorité  des  botanistes  ne  s'est  pas  encoïc 


FROE  409 

déterminée  sur  le  choix  de  l'un  de  ces  deux  derniers  noms. 
Celui  de  Willdenow  est  écrit  cobresia  par  Persoon.  On  trouve 
dans  les  ouvrages  de  Moench  un  auttefrœlicliia  de  la  famille 
desamarantacées,  qui  est  le  gomphrenainterrupta,  remarquable 
par  son  calice  tubulé,  et  non  à  cinq  divisions  profondes, 
comme  dans  les  autres  gomphrena.  Un  troisième  fralichia 
établi  par  Vahl,  adopté  par  "VVilldenow  et  par  Persoon,  et 
décrit  ci-après  ,  appartient  à  la  famille  des  rubiacées ,  et  vient 
à  la  suite  de  l'ixora.  (J.) 

FRŒLICHIA.  (Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones,  k 
fleurs  complètes,  monopétalées,  régulières,  de  la  famille 
des  rubiacées,  de  la  tétrandrie  moreogjj'nie  de  Linnœus,  offrant 
pour  caractère  essentiel  :  Un  calice  supérieur  à  quatre  dents  ; 
une  corolle  tubulée  ;  quatre  étaraines;  un  style  surmonté  de 
deux  stigmates;  une  baie  sèche,  monosperme;  les  semences 
arillées. 

Ce  genre  avoit  été  d'abord  établi  par  Vahl  sous  le  nom  de 
lillardiera ,  qui  a  été  appliqué  par  M.  Smith  à  un  autre  genre. 
(Voy.  BiLLARDiERA.)  Willdenow  y  a  substitué  celui  de  frceli- 
chia,  employé  par  Wulf,  et  pour  une  des  divisions  du  genre 
Carex ,  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  de  cobresia.  Il  ne  com- 
prend qu'une  seule  espèce. 

Frœlichia  paniculée  :  Frœlichiapan'iculata  ,  "WiHd. ,  Spec,  1  , 
pag.  607  ;  Billardiera  p  articulât  a,  Vahl,  EgL,  1,  p.  i3,  tab.  10. 
Arbrisseau  peu  élevé,  dont  les  rameaux  sont  glabres,  tétra- 
gones,  comprimés  à  leur  sommet,  revêtus  d'une  écorce  cen- 
drée. Les  feuilles  sont  opposées,  pétiolées,  glabres,  elliptiques, 
alongées,  veinées,  longuement  acuminées ,  longues  de  cinq 
à  six  pouces;  les  pétioles  longs  d'un  pouce,  munis  de  deux 
stipules  très-courtes,  caduques,  arrondies  ,  acuminées.  Les 
fleurs  soiit  disposées  en  un  panicule  terminal  ;  les  pédon- 
cules solitaires,  quelquefois  ternes,  longs  de  trois  à  quatre 
pouces,  de  couleur  purpurine  ;  les  ramifications  opposées, 
trichotomes,  chargées  de  trois  à  cinq  fleurs  médiocrement 
pédicellées.  Le  calice  est  persistant  ;  la  corolle  épaisse  ,  longue 
de  six  lignes; son  limbe  partagé  en  quatre  découpures  linéaires- 
lancéolées  ,  étalées,  unpeu  recoîirbées  ;  l'ovaire  inférieur;  le 
style  surmonté  de  deux  stigmates  un  peu  épais.  Le  fruit  con- 
siste en  une  baie  presque  sèche,  dure,  subcreuse,  un  pou 


4TO  FRO 

cornprimëe  ,  longue  d'un  demi -pouce,  renfermant  une  se- 
mence arillée.  Cet  arbrisseau  a  été  découvert  dans  Tilc  de  la 
Trinité.   (  Poir.  ) 

FROGLO.  (Bot.)  On  lit  dans  le  Recueil  des  Voyages,  que 
c'est  l'arbre  de  ce  nom,  commun  daus  la  région  de  Sierra- 
Leona ,  en  Afrique,  qui  donne  le  fruit  nommé  cola,  men- 
tionné dans  le  dixième  volume  de  ce  Dictionnaire.  M.  de 
Beauvois  nous  a  appris  qu'il  appartenoit  au  genre  Sterculia. 
Voyez  Cola.  (J.) 

FROID.  (Chim.)  C'est  le  terme  corrélatif  de  chaud.  Toute 
température  qui  est  inférieure  à  une  autre,  est  le  froid  par 
rripporf  à  celle-ci.  (Ch.) 

FROID  ARTIFICIEL.  (Chim.)  Lorsqu'un  solide  se  liquéfie, 
ou  qu'un  liquide  se  réduit  en  vapeur,  ou  observe  en  général 
qu'une  quantité  notable  de  chaleur  se  fixe  dans  le  curps  qui 
change  d'état,  sans  en  élever  la  température.  C'est  ce  que  Klack 
a  démontré  le  premier.  Lorsqu'on  met  en  contact  un  solide 
avec  un  liquide,  ou  deux  solides  ensemble,  il  peut  arriver, 
dans  le  cas  oîi  les  corps  ont  une  grande  action  mutuelle,  qu'il 
y  ait  liquéfaction,  et  même  production  d'un  fluide  élastique, 
avec  an  dégagement  notable' de  chaleur.  Mais,  si  Ton  mêle 
avec  un  liquide,  deux  solides  ou  un  solide  qui,  n'étant  pas 
doués  de  cette  grande  énergie,  ont  cependant  assez  d'action 
mutuelle  pour  produire  rapidement  un  composé  liquide,  alors 
le  phénomène  observé  par Clack  dans  la  liquéfaction  a  lieu, 
et  il  est  possible ,  en  mêlant  des  corps  qui  sont  dans  le  cas  dont 
nous  parlons,  de  donner  lieu  à  un  abaissement  de  tempéra- 
ture qui  n'est  limité  qu'au  degré  où  le  composé  liquide  est  sus- 
ceptible de  se  congeler.  De  pareils  mélanges  ont  été  appelés 
frigorifiques.  D'un  autre  côté,  si  un  liquide  s'évapore  rapide- 
ment, il  y  aura  un  abaissement  de  température  dans  les  corps 
quiseront  en  contactavec  lui ,  et  dans  la  masse  même  du  liquide 
qui  ne  sera  point  évaporé.  C'est  l'abaissement  de  température 
produit  par  des  mélanges  frigorifiques  ,  ou  par  l'évaporation 
d'un  liquide,  qu'on  a  appelé /roid  artificiel.  On  peut  encore 
regarder  comme  tel  l'abaissement  de  température  produit  par 
l'expansion  d'un  gaz  qui,  coercé  dans  un  espace,  vient  à 
éprouver  plus  ou  moins  subitement  une  grande  augmentatioa 
de  volume. 


FRO  4ït 

A.  Froid  produit  par  des  mélanges  frigorifiques . 

Nous  allons  présenter  trois  tables  dé  mélanges  frigorifiques 
qui  se  trouvent  dans  l'ouvrage  de  Thomson,  et  qui  sont  par- 
ticulièrement formées  d'après  les  expériences  de  Walker  et 
de  Lovvilz. 

TABLE    I." 

Mélanges  fri§onfiijucs  sans  glace. 


Panlcs 


Abaissement 
du  llierraomètre,  Degré'» 

échelle  centigrade,     du  froid  produit 


de  -\-  lo' 
de  +  10° 

de  +  io° 
de  +  lo'^ 
de  4- 

de  + 


1 6° 26 


—  i6» 


[QO      à      19**. 


—  23°. 


Hydrocliloraled'ammoniaque.  5 

ISitrate  de  potasse 5 

tau ï6 

Hydrochlorated'ammoniaque.  5 

IS'ilrale  de  potasse 5 

Sulfate  de  soude 8 

Eau 16 

Nitrate  d'ammoniaque 

Eau 

Nitrate  d'ammoniaque 

Carbonate  de  soude 

Eau 

Sulfate  de  soude 3 

Acide  nitrique  étendu 2 

Sulfate  de  soude G 

Hydrochlorate  d'ammoniaque.  4 

Nitrate  de  potasse 2 

Acide  nitrique  étendu 4 

Sulfate  de  soude 6 

Nitrate  d'ammoniatiue 5 

Acide  nitrique  étendu 4 

Phosphate  de  soude 9 

Acide  nitrique  étendu 4 

Phosphate  de  soude 9 

Nitrate  d'ammonia(|ue b 

Acide  nitrique   étendu 4 

Sulfate  de  soude 8 

Acide  iiydrochloritiue 5 

Sulfate  de  soude 5 

Aride  sulfurique  étendu 4 

N.  B.  Si  les  substances  éloicnt  mêlées  ensemble  à  une  température 
plus  élevée  que  celle  exprimée  dans  cette  fable  ^  l'effet  seroit  propor- 
tionnellement plus  grand.  Si,  par  exemple  ,  le  plus  puissant  de  ces 
mélanges  avoit  lieu  à -f- So*^  cenlig.,  le  thermomètre  s'abaisseroit 
à  — 170  cent. 


de 

+ 

10° 

à 

— 

26" 

de 

+ 

10° 

à 

- 

24° 

de 

+ 

100 

à 

- 

290 

de 

+ 

IQO 

à 

- 

180 

de 

-U 

lO" 

à 



160 

25 


3a 


29 


33 


36 


39 


28 


26. 


^'^  FKO 


TABLE  II. 

Mélanges  frigorifiques  avec  glace. 

Abaissement 
Mélange».  Part.es.  échelle  centigrade,     dn  fru.d  produit. 

Neige  OU  glace  pile'e 2.    ) 

Chlorure  de  sodium i     i      £        ^  —  ^°° *> 

Neige  ou  glace  pilée 5    1      | 

Chlorure  de  sodium 2    >     l,       à  -^  2''*' 

Hydrochicrate d'ammoniaque,  i    S     t.  ~*    

Neige  ou  glace  pile'e 24 

Chlorure  de  sodium ïo    v     5 

Hydrochlorate  d'ammoniaque.  5    i     ^        ^  — ^ 

Nitrate  de    potasse 5 

Neige  ou  glace  pile'e 12    )     s 

Chlorure  de  sodium 5    l     S,       j,  3^0 

Nitrate  d'ammoniaque 5   j    '"  " 

Neige 3    ^ 

Acide sulfurique  e'tendu.. . '. .  !  2    (    de  o  à  —  So» 3o 

Neige S/j 

Acide  hydrochlorique  étendu.  5    \    de  o  a  -•  SS» 33 

Neige 1    }    A 

Acide  nitrique  étendu 4    (    de  o  à  —  34° 3^ 

Hydrochlorate  de  chaux!.' .*.'.*.*  5  j    «^e  o  à  —  400 ^q 

Neige.... 2  ) 

Hydrochlorate  de  chaux....'.'.'  3  j    'le  o  à  —  45° 45 

Neige 3  \ 

Potasse ."  .*  /^  \    de  o  à  —  46° 46 

TABLE  III. 

Combinaisons  de  mélanges  frigorifques. 

Abaissement 
„„  du  iberinoraiître,  Tifrii 

Mélange,.  Parties.  écLelle  centigrade!     du  froid^roAiit. 

Phosphate  de  soude 5    ) 

Nitrate  d'ammoniaque. 3    }   de  —  32°  à  —  36°  L 

Acide  nitrique  étendu 4    •  *     ^ 

Phosphate  de  soude 3 

Nitrate  d'ammoniaque 2    Wîe  —  36°  à  —  46° 


Acides  méJangés  étendus. 

^eige 3    < 

Acide  nitrique  étendu 2    \    "e  —  02    3—43° ic 

^^îf  ••.••.■ 8   ) 

Ac,de  nitrique  étendu  3   I  g    l   de  -  aa»  à  -  Go». . . .   37 

Acide  sulfurique  étendu..  3  j        ( 


Y  KO  4'3 

Ncîge.          .....      .      '    (  de   -     70  à  -  5.O....  44 

Acide  suliunque  étendu i    )                    '                                 ^^ 

ïï''f  •  V."  -Va"1 l\  ^^-    7°  à  -  44°-  •  •  •  37 

H}droc.hlorate  de  chaux 6    )                  '               ^'               ' 

i/T'  "ùf  "V'À"i /    !  de  -   120  à  -  4S°. ...  36 

li^drochlorate de  chaux 4    ' 

PsVise. ?    !  de  -     9oà-55^...46 

llydrochlorate  de  chaux 6    \                  "^                              ^ 

^''■>Se 1     ^  lie  _  320  à  —  5  ;° 22 

Hydrochlorate  de  chaux 2   \                                    t       '  ' 

Neige.. I    (  de  —  4«°  à  -  58°....    i3 

(drochlorale  de  chaux o    '                ^ 

N( 


Iljdrochlorale  de  chaux 3    \ 

...        ,>•••■■••■;•■»• ^    !    de  -  550  à  _  64°.  . . .    i3 

iVnde  sulfmi!]ue  ctendii 10    \  ^ 

B.  Froid  produit  par  fèvaporatlon  d''un  liquide. 

Plus  l'évaporafion  est  rapide,  plus  le  corps  qui  s'évapore 
absorbe  de  chaleur  dans  un  même  temps,  et  plus  la  tempé- 
rature à  laquelle  la  vapeur  s'est  formée  est  basse  ;  plus  le  froid 
produit  est  grand. 

Comme  la  rapidité  avec  laquelle  un  liquide  s'évapore 
dépend  de  sa  tension  ,  toutes  choses  égales  d'ailleurs  ,  l'on 
devra  choisir,  pour  se  procurer  du  froid  par  évaporalion , 
les  liquides  qui  auront  le  plus  de  tension  à  la  température 
ordinaire  ;  l'on  devra  faire  l'évaporation  dans  l'espace  le  plus 
étendu  possible,  parce  que  ^a  quantité  de  vapeur  formée  est 
en  raison  de  l'espace  pour  un  même  liquide  pris  à  la  même 
température;  et  plus  cet  espace  approchera  du  vide,  plus 
l'évaporation  sera  rapide,  parce  qu'on  sait  que  des  particules 
gazeuses  s'opposent  mécaniquement  à  l'émission  de  la  vapeur. 

Faisons  l'application  de  ces  vues  à  la  production  du  froid 
par  l'évaporation  d'un  liquide. 

On  placera  sous  le  récipient  d'une  bonne  machine  pneuma- 
tique une  capsule  contenant  une  trentaine  de  grammes  d'eau  ; 
on  placera  au-dessus  d'elle  une  autre  capsule  très-évasée, 
contenant  5oo  ^'  d'acide  sulfurique  d'une  densité  de  1 ,  85  : 
on  fera  le  vide.  L'eau  contenue  dans  la  première  capsule 
entrera  en  ébullition  ,  et,  quelques  minutes  après,  elle  se 
congèlera. 

Il  est  évident  que  le  froid  résulte  de  ce  que  dans  un  court 
espace  de  temps  il  y  a  beaucoup  de  vapeur  d'eau  formée,  et 


4i4  FRO 

que  la  rapidité  avec  laquelle  l'évaporation  d'une  assez  grande 
quantifé  de  liquide  s'est  faite  dans  un  espace  très-limité  , 
dépend,  i.°  du  vide  ;  :^.'' de  l'action  de  l'acide  sulfurique  qui  , 
absorbant  continuellement  la  vapeur  d'eau  qui  le  touche, 
occasionne  une  émission  continuelle  de  vapeur.  Les  causes 
qui  tendent  à  affoiblir  cette  évaporation  ,  sont,  i.°  le  refroi- 
dissement de  la  portion  d'eau  non  évaporée;  2. "la  combinaison 
de  l'acide  sulfurique  avec  l'eau. 

On  peut,  au  lieu  d'acide  sulfurique  ,  faire  usage  d'un  corps 
solide  ,  poreux ,  bien  sec  ,  qui  ait  une  grande  disposition  à 
absorber  la  vapeur  d'eau,  tels  sont  le  trapp  porphyrique  en 
décomposition,  pulvérisé  et  bien  sec;  la  terre  des  jardins, 
tamisée  et  séchée  au  four. 

Si  on  fait  congeler  successivement  plusieurs  couches  d'eau 
sur  la  boule  d'un  thermomètre,  et  si  on  le  place  ensuite  dans 
le  vide  desséché  par  l'acide  sulfurique,  on  observera  que  le 
mercure  descendra  jusqu'à  40  degrés,  à  cause  de  l'évaporation 
de  la  glace. 

En  exposant  à  l'action  simple  du  vide  un  thermomètre  à 
mercure  d'une  petite  masse,  et  dont  la  boule  aura  été  couverte 
de  sulfure  de  carljone  dont  la  tension  à  4G  degrés  égale  celle 
de  l'eau  à  100  degrés,  le  froid  sera  assez  grand  pour  congeler 
le  mercure. 

C.  Froid  produit  par  la  dilatation  des  gwz. 

M.  Gay-Lussac  est  le  premier  physicien  qui,  à  notre  con- 
noissance,  ait  porté  son  attention  sur  le  froid  qu'on  peut  pro- 
duire en  réduisant  subitement  à  la  simple  pression  de  l'atmos- 
phère un  gaz  doué  d'une  grande  capacité  pour  le  ealorique, 
dont  le  volume  auroit  été  préalablement  comprimé  par  vingtr 
cinq,  cinquante,  cent  atmosphères. 

M.  Gay-Lussac  a  imaginé  de  démontrer  dans  ses  cours  la 
production  du  froid  par  la  dilatation  des  gaz,  au  moyen  d'une 
expérience  qui  est  imitée  de  celle  qu'on  fait  dans  les  mines  de 
Schemnilz.  M.  Gay-Lussac  introduit  dans  un  vase  en  cuivre  de 
trois  litres  environ  de  capacité,  une  quantité  d'air  dont  le  res- 
sort est  celui  qu'il  auroit  s'il  étoit  soumis  à  la  pression  de  deux 
ou  trois  atmosphères  ;  il  laisse  ensuite  échapper  l'air  par'un 
tube  très-court,  armé  d'un  robinet 5  il  expose  au  courant  du 


FRO  4i5 

gaza  7  centimètre  de  l'orifice  du  (ube,  une  boule  de  verre 
très-mince  :  au  bout  de  quatre  à  cinq  second<îs  ,  il  y  a  un 
mamelon  de  glace  dans  l'endroit  qui  a  été  frappé  par  le 
courant  d'air.  Rien  de  plus  facile  à  expliquer  que  la  for- 
mation de  la  glace  :  l'air  qui  sort  du  vase  de  cuivre  est  saturé 
de  vapeur  d'eau  ;  dès  qu'il  est  hors  de  ce  vase  ,  il  se  dilate  ;  en 
se  dilatant,  il  SG-  refroidit  assez  pour  que  la  vapeur  d'eau  qu'il 
contient  se  congèle. 

M.  Gay-Lussac  pense  que  le  froid  produit  par  la  dilatation 
des  gaz  est  tout-à-fait  illimité.  (Ch.) 

FROLE  {Bot.),  nom  vulgaire  du  chèvre -feuille  desAlpe» 
dans  quelques  cantons.  (  L.  D.) 

FROMAGE.  (Chim.)  Cylindre  court ,  en  argile  cuite ,  qui  sert 
de  support  aux  creusets  que  l'on  met  dans  des  fourneaux.  (Ch.) 

FROMx\GE  FUR  ou  Caseum.  (Chim.)  Principe  immédiat 
du  lait ,  qui  fait  la  base  des  fromages. 

Il  est  composé,  suivant  MM.  Gay-Lussac  etThénard: 

Oxigèue 1 1,409. 

Azote 2i,58i. 

Carbone 59,781. 

Hydrogène 7j^'^S' 

Extraction.  Le  procédé  que  l'on  suit  généralement  pour  se 
procurer  du  fromage,  consiste  à  exposer  du  lait  dans  un  lieu 
dont  la  température  est  d'environ  i5  degrés;  à  enlever  la 
crème  qui  se  sépare  à  sa  surface  j  ensuite  à  abandonner  le  lait 
écrémé  à  lui-même,  jusqu'à  ce  que  le  fromage  soit  coagulé; 
eniin  à  laver  le  caillé  avec  de  l'eau  distilée.  Nous  ne  pensons 
point  que  ce  procédé  donne  le  fromage  pur  :  il  est  probable  que 
le  fromage  retient  de  l'acide  lactique,  et  même  de  la  matière 
butireuse. 

Quelques  auteurs  ont  indiqué  le  procédé  suivant  pour  se 
procurer  le  fromage  à  l'état  de  pureté  : 

On  met  dans  du  lait  écrémé,  non  caillé,  un  peu  d'un  acide 
minéral,  ou  d'un  acide  végétal;  on  fait  chauffer:  le  fromage 
se  coagule.  On  en  obtient  moins  avec  un  acide  minéral  que 
dans  le  cas  où  l'on  a  employé  un  acide  végétal,  parce  que, 
suivant  Schèele,  le  fromage  est  soluble  dans  les  acides  miné- 
raux ctendiis  ,  tandis  qu'il  ne  Test  pas.  ou  presque  pas  dans 
les  acides  végétaux. 


/îi(i  F'RO 

Propriétés.  Il  est  opaque  et  bhinc  quand  il  contient  de  l'eau 
interposée;  il  est  demi-transparent  et  d'un  jaune  léger,  quand 
il  a  été  séché  à  l'air.  11  est  plus  dense  que  l'eau.  Il  n'a  ni  odeur 
ni  saveur  bien  sensibles. 

Le  fromage  coagulé  par  un  acide  minéral,  a  une  acidité 
sensible  aux  réactifs  colorés.  Il  est  insoluble  dans  l'alcool.  Il 
ne  cède  presque  rien  à  l'eau  bouillante  ;  ce  qui  prouve  qu'il 
est  dans  un  état  différent  de  celui  où  il  étoit  dans  le  lait. 

Schéele  a  observé  qu'une  partie  de  fromage  récemment 
précipitée  et  non  sèche,  mise  avec  huit  parties  d'eau  acidulée 
par  un  acide  minéral,  est  dissoute  à  la  température  où  le 
liquide  mixte  entre  en  ébullition  :  cette  dissolution  est  pré- 
cipitée par  les  acides  minéraux  concentrés,  par  la  potasse  et 
l'eau  de  chaux  -,  mais  un  excès  de  ces  alcalis  redissout  le 
précipité. 

Les  acides  végétaux  ne  dissolvent  pas  ou  presque  pas  le 
fromage,  ainsi  que  nous  l'avons  dit.  ' 

Les  eaux  de  potasse,  de  soude,  d'ammoniaque  et  de  chaux 
même ,  suivant  Schèele ,  dissolvent  le  fromage.  Ces  dissolutions 
sont  précipitées  quand  on  neutralise  l'alcali  par  un  acide.  La 
précipitation  est  accompagnée  d'un  dégagement  d'odeur  sul- 
fureuse très-marquée. 

Les  substances  astringentes  précipitent  le  fromage  du  lait, 
»  en  s'y  combinant:  plusieurs  sels,  la  gomme,  le  sucre,  le  pré- 
cipitent également;  mais  il  paroît  que  c'est  en  s'emparant  de 
l'eau  de  dissolution. 

Le  fromage  distillé  se  fond  ,  pétille,  se  boursoufle,  noircit, 
et  donne  lieu  à  un  dégagement  d'acide  carbonique,  d'hydro- 
gène carburé ,  d'oxide  de  carbone  ;  à  de  l'azote  ;  à  de 
l'hydrocyanate  ,  à  de  l'hydrosulfate  et  à  du  sous-carbonate 
d'ammoniaque  ;  à  de  l'eau  ;  à  des  huiles  jaunes  et  brunes  ;  à 
de  l'acide  acétique  qui  s'unit  à  de  l'ammoniaque  ;  à  un  char- 
bon très -difficile  à  incinérer,  qui  contient  une  quantité 
notable  de  phosphate  de  chaux. 

Nous  parlerons ,  à  l'article  Lait,  de  l'espèce  de  fermentation 
qu'éprouve  le  caillé  du  lait. 

Siège.  Le  fromage  n'a  jusqu'ici  été  trouvé  que  dans  le  lait;  et 
une  fois  il  a  été  indiqué  par  Cabal  dans  l'urine  d'un  malade. 
Vsage.ll  est  un  des  principes  lesplus  nourrissans  du  lait.  (Ch.) 


FRO  417 

FROMAGEON  (Bot.)  ,  nom  vulgaire  de  la  mauve  sauvage. 
{L.D.) 

FROMAGER,  Bombax.  (  Bot,)  Genre  de  plantes  dicotylé- 
dones, à  fleurs  complètes,  monopétalées,  régulières  ,  de  la 
famille  des  malvacées  ,  de  la  monadelphie  poljandrie  de  Lin- 
îiaeus ,  offrant  pour  caractère  essentiel  :  Un  calice  campanule  , 
à  cinq  lobes  5  une  corolle  polypétale,  quelquefois  monopé- 
tale, à  cinq  divisions  très^profondes  ;  étamines  en  nombre 
indéfini  (  cinq  et  plus)  ;  les  filamens  réunis  en  anneau  à  leur 
base;  un  ovaire  supérieur;  un  style;  le  stigmate  en  tête,  à 
cinq  lobes  très-courts.  Le  fruit  consiste  en  une  capsule  assez 
grande,  à  cinq  loges,  à  cinq  valves  presque  ligneuses;  les 
semences  nombreuses,  enveloppées  d'un  duvet  lanugineux, 
attachées  à  un  placenta  central. 

Le  caractère  le  plus  saillant  de  ce  genre  consiste  dans  un. 
calice  simple  ,  dans  le  fruit  à  cinq  loges  ,  et  surtout  dans  les 
semences  enveloppées  d'un  duvet  plus  ou  moins  long.  On  en 
a  retranché  le  bombax  pjramidale ,  Cavan.  ,  qui  est  muni  d'un 
double  calice  (voyez  Ociiroma)  ;  le  bombax  grandiflorum  ^ 
Cavan.,  dont  les  filamens. sont  rameux.  Le  fruit  a  une  seule 
loge,  que  Willdcnow,  sous  le  nom  de  carolinea  ,  a  réuni  au 
genre  Pachira  d'Aublet.  (  Voyez  ce  mot.) 

Les  fromagers  sont  remarquables  par  la  grandeur  et  la 
beauté  de  leurs  fleurs,  par  la  grosseur  de  leurs  fruits.  Ils 
renferment  des  arbres  dont  le  tronc  est  revêtu  d'une  écorce 
lisse  ou  épineuse,  quelquefois  subéreuse  ;  les  feuilles  sont 
alternes  ,  digitées  ou  lobées;  les  fleurs  la  plupart  axillaires, 
fasciculées,  ou  en  grappes  terminales.  On  ne  cultive  dans  les 
jardins  de  botanique  ,  à  Paris  au  Jardin  du  Roi ,  qu'une  seule 
espèce  de  fromager,  bombax  ceiba-  ce  n'est,  dans  nos  serres 
chaudes,  qu'un  chétif  arbrisseau,  que  l'on  multiplie  de  bou- 
tures faites  dans  des  pots  sur  couche  et  sous  châssis  ,  ou  de 
graines  venues  de  leur  pays  nafal. 

Les  principales  espèces  de  ce  genre  sont  : 
Fromager  îentandre  :  Bvmbax  pentandrum ,  Lian. ,  Spec.  ;  Ca- 
v^n. ,  Diss.,  5,  pag.  293  ,  tab.  i5i  ;  Lamk.,  III.  géra.,  tab.  687  ; 
Jacq. ,  Amer.,  tab.  176,  fig.  70  :  Eriophoros  javana,  Rumph  , 
Amb.,  j,  tab.  80;  Fania paniala ,  Rhéed. ,  M alab.,  3,  tab.  49  , 
5«,  5i  ?  Arbre  de  trente  à  quatre-vingts  pieds,  dont  le  bois 
17.  27 


4iS  FRO 

est  léger,  très-cassant  ;  les  branches  pendantes ;récorce  ver- 
dàtre,  facile  à  séparer ,  souvent  parsemée  de  gros  tubercules 
coniques,  épineux.  Les  feuilles  sont  digitées,  composées  de 
sept  à  neuf  folioles  lancéolées,  entières  ou  dentées  en  scie  , 
aiguës,  d'un  vert  gai  en  dessus,  cendrées  en  dessous  ;  les  pé- 
tioles 4rès-longs;  les  fleurs  axillaires,  fasciculées;  la  corolle 
blanche;  ses  divisions  longues  d'un  pouce,  veloutées  en  de- 
hors ,  d'un  rose  tendre  ,  et  concaves  en  dedans  ;  cinq  fila- 
niens  soutenant  chacun  deux  ou  trois  anthères  arquées  et  en- 
tortillées entre  elles.  Le  fruit  est  long  d'un  demi-pied,  pré- 
sentant la  forme  d'un  concombre  très-rétréci  vers  sa  base  ;  les 
semences  de  la  grosseur  d'un  pois,  ovales-aiguës^  envelop- 
pées d'une  grande  quantité  de  duvet  semblable  à  du  coton. 
D'après  Jacquin ,  on  voit  des  épines  énormes  dans  la  partie 
supérieure  des  vieux  troncs. 

Cet  arbre  croît  dans  les  deux  Indes,  et  particulièrement 
à  l'île  de  Java,  où  il  est  très-commun.  Rumph  rapporte  que 
les  habitans  de  cette  ile  forment,  avec  le  duvet  cotonneux  qui 
enveloppe  les  semences,  dts  coussins  et  autres  meubles, 
presque  aussi  mous  que  ceux  faits  avec  des  plumes;  que  ce 
duvet  s'entasse  bien  moins  que  le  coton  ,  quand  il  a  été  bien 
battu  ,  mais  qu'il  est  trop  court  pour  être  filé.  Le  même  au- 
teur ajoute  que  beaucoup  de  personnes  en  recherchent  les 
semences ,  et  les  mangent  crues ,  ou  un  peu  torréfiées  ;  qu'elles 
fournissent  un  assez  bon  alimeut  dune  saveur  agréable,  mais 
dont  l'excès  occasionne  la  dyssenterie;  que  les  femmes  em- 
ploient les  jeunes  feuilles  de  cet  arbre  pour  donner  plus  de 
souplesse  à  leurs  cheveux,  qu'elles  nourrissent  et  font  pousser 
en  plus  grande  abondance.  Le  bois  sert  à  faire  des  pieux,  des 
palissades  pour  séparer  les  habitations,  et  même  des  haies 
bientôt  formées  par  la  rapide  végétation  de  cet  arbre. 

Fromager  à  fleurs  laineuses;  Bomhax  erianlhos  ^  Cavan. , 
Diss.,  5,  pag.  294,  tab.  i52,  fig.  1.  Cette  espèce,  très-rap- 
prochée  par  ses  feuilles  de  la  précédente,  en  diffère  essen- 
tiellement p^r  les  organes  sexuels.  Son  tronc  est  très  -  épi- 
neux ;  ses  feuilles  très-glabres,  à  sept  digitations,  terminé^ 
par  un  filet  particulier.  Le  calice  est  court,  très-large;  la 
corolle  blanche  ,  longue  de  trois  pouces,  couverte  en  dehors 
d'une  laine  courte,  épaisse;  les  découpures  profÉ>ndes.  cou- 


FRO  419 

caves,  arrondies  à  leur  extrémité  ;  le  tube  des  filamens,long 
d'un  pouce,  en  forme  de  bouteille,  divisé  ensuite  en  cinq 
filamens,  sou,tenant  chacun  une  anthère  longue,  linéaire,  à 
deux  sillons,  accolée  dans  toute  sa  longueur  à  la  partie  su- 
périeure des  filamens.  Cet  arbre  croît  au  Brésil. 

Fkomager  à  SEPT  FEUiLLiiS  :  Bombux  heptuphjUum  ,  Linn.  ;  Ca- 
vau. ,  Diss.,  6  ,  pag.  296  ;  Pluken.,  Almag. ,  tah,  i88,fig.  4; 
Moulelavou ,  Rhéed.,  Malab. ,  3,  tab.  52.  Cet  arbre  croît  éga- 
lement dans  les  deux  Indes  :  il  s'élève  à  la  hauteur  de  cin- 
quante pieds,  ayant  quelquefois  jusqu'à  six  pieds  de  dia- 
mètre à  sa  base.  Son  bois  est  mou  ,  fragile  et  léger  ;  son 
écorce  épaisse ,  cendrée ,  munie  d'épines  caduques  ;  les  feuilles 
digitécs  ,  ordinairement  composées  de  sept  folioles;  les  fleurs 
sont  grandes,  nombreuses,  très-belles,  odorantes,  à  cinq  di- 
visions épaisses,  très-profondes,  alongées  ,  tomenteuses  en 
dehors;  le  tube  des  étamines  très-court,  partagé  en  cinq 
corps  qui  donnent  naissance  à  un  nombre  prodigieux  de  fila- 
mens rougeàtres  ,  plus  courts  que  la  corolle,  soutenant  des 
anthères  mobiles  et  réniformes.  Le  fruit  est  alongé,  de  la 
forme  d'un  concombre. 

Je  soupçonne  que  c'est  de  cet  arbre,  et  non  du  suivant, 
que  parle  Adanson  :  il  porte  au  Sénégal  le  nom  de  henten , 
et  aussi  celui  de  ceïba.  Il  croît  depuis  le  Sénégal  jusqu'au 
Congo  :  on  fait  avec  son  tronc  des  pyrogues  de  huit  à  douze 
pieds  de  large,  sur  cinquante  à  soixante  pieds  de  long,  ca- 
pables déporter  deux  cents  hommes,  et  du  port  ordiuaire 
de  vingt-cinq  tonneaux  ou  cinquante  mille  pesant. 

FrOxMager  ceïba:  Bombax  ceiba,  Linn.  ,Spec.;  Cav. ,  Diss.,  5, 
pag.  2C)(S  ,  tab.  162  ,  fig.  2  :  Bombax  quinalum  .  Jacq.,  Amer.  , 
192  ,  tab.  176  ,  fig.  71  ;  vulgairement  Ceïba.  Le  tronc  de  cet 
arbre  est  très-épineux  ;  ses  feuilles  sont  digitées,  composées 
de  cinq  folioles  entières,  ou  légèrement  deiiticulées,  lancéo- 
lées, un  peu  aiguës.  Le  calice  est  fort  petit,  campanule,  ter- 
miné par  cinq  petites  dents  ;  la  corolle  monopétaie  ;  le  tube 
des  étamines  deux  fois  plus  grand  que  le  calice,  en  enton- 
noir, partagé  en  ciuq  lanières  très-longues,  concaves,  ob- 
tuses; les  filamens  très-nombreux  ;  les  anthères  oblonguts  , 
mobiles  ;  l'ovaire  à  cinq  angles.  Le  fruit  est  une  grande  cap- 
sule oblongue.  rétrécie  à  sa  base,   plus  grosse  et  concave  à 


ii2o  FRO 

son  extrërnilé,  à  cinq  valves  ligneuses,  à  cinq  loges;  les  se- 
mences arrondies,  couverfes  de  duvet.  Cet  arbre  croît  dans 
l'Amérique  méridionale,  aux  environs  de  Carthagène. 

Fromager,  a  fruits  ronds  :  Bombax  glohosum,  Aubl.,  Guian.^ 
pag.  701,  tab.281  ;  Cav. ,  Biss.,  6,  pag. 2  97,tab.  i55,  etD/s5.,6, 
pag.  555.  Arbre  d'environ  trente  pieds,  d'à  peu  près  un  pied 
et  demi  de  diamètre  ,  dont  le  bois  est  blanc,  peu  compacte  ; 
récorce  lisse,  cendrée  ;  les  feuilles  palmées,  composées  de 
cinq  folioles  d'inégale  grandeur ,  lisses ,  vertes  ,  ovales-ob- 
tuses, légèrement  échancrées  à  leur  sommet,  la  plus  grande 
longue  de  trois  pouces,  large  d'un  pouce  et  demi ,  ainsi  que 
le  pétiole;  deux  stipules  longues,  aiguës  et  caduques;  les 
fleurs  axillaires,  terminales.  Le  fruit  consiste  en  une  capsule 
roussâtre  ,  sphérique,  de  la  grosseur  d'une  petite  pomme, 
à  cinq  ou  six  loges,  s'ouvrant  par  autant  de  valves  coriaces, 
épaisses  ,  remplies  d'un  duvet  fin  ,  serré,  cotonneux,  qui  en- 
veloppe des  semences  brunes,  ovoïdes.  Cet  arbre  croît  à  la 
Guiane.  11  est  commun  dans  les  environs  de  Loyola. 

Fromager  cotonnier  :  Bombax  gossYpium  ,  Linn.  ,  Spec.  ; 
Cavan.  ,  Diss. ,  5,  pag.  ayy,  tab.  i56;  Sonner.  ,  Itin. ,  2  , 
pag.  255,tab.  1 55  ;  vulgairement  Bois-fléau  P  Cet  arbre  a  beau- 
coup de  rapports  avec  les  cotonniers  par  la  forme  de  ses 
feuilles.  Il  est  grand;  son  bois  est  léger,  facile  à  casser;  son 
écorce  verte,  presque  lisse;  les  feuilles  alternes,  longuement 
pétiolées,  divisées  jusqu'à  leur  moitié  en  cinq  lobes  cunéi- 
formes et  pointus,  vertes  en  dessus,  cotonneuses  et  cunéi- 
formes en  dessous ,  souvent  repliées  sur  leur  pétiole.  Les 
fleurs  sont  belles,  grandes,  disposées  en  panicules  simples 
sur  des  pédoncules  cotonneux.  Leur  calice  se  divise  en  cinq 
folioles  inégales,  ovales-oblongues ,  obtuses  à  leur  sommet  , 
pubescentes  extérieurement;  la- corolle  de  couleur  jaune, 
une  fois  plus  grande  que  le  calice;  ses  divisions  profondes, 
très-ouvertes  .-  les  filamens  très-nombreux ,  médiocrement 
réunis  parleur  base  ,  en  anneau,  autour  de  l'ovaire  ;  une  fois 
plus  courts  que  la  corolle  ;  terminés  par  des  anthères 
oblongues,  courbées  en  cornes.  Le  fruit  est  une  capsule  ovale, 
obtuse,  à  cinq  loges  polyspermes  ,  à  cinq  valves;  les  se- 
mences petites,  rénîformes,  portant  sur  leur  dos  un  duvet 
blanc.  Cet  arbre  croît  sur  la  côte  du  Coromandel;  d'après 


FRO  /,2i 

Sonnerai,  ses  semences  donnent,  lorsqu'on  les  écrase  avant 
là  maturité  ,  une  belle  couleur  jaune  ,  comme  la  gomme- 
gutte.  On  soupçonne  que  cet  arbre  pourroit  bien  être  le 
même  que  celui  qui,  dans  l'Amérique  méridionale,  porte  le 
nom  de  Bois-flbau.  (  Voyez  ce  mot.  ) 

Willdenow  ajoute  à  ce  genre  le  bomhax  vitifolium  ,  Enum., 
2  ,  pag.720,  arbredu  Brésil,  distingué  par  ses  feuilles  glabres, 
à  cinq  lobes,  acuminées  ,  dentées  en  scie  ,  assez  semblables  à 
celles  de  la  vigne;  les  fleurs  renferment  des  étamines  nom- 
breuses. On  trouve  encore  une  autre  espèce  mentionnée  par 
M.  de  Beauvois  (  Flore  d'Oware  et  de  Bénin  ,  vol.  2  ,  pag.  42  , 
tab.  85,  fig.  1)  ,  sous  le  nom  de  bombax  huonopozense y  grand, 
et  bel  arbre  des  environs  de  Buonopozo  en  Afrique  ,  dont 
les  feuilles  n'ont  point  été  observées.  Il  produit  des  fleurs 
nombreuses,  d'un  très-beau  rouge 5  leur  calice  est  en  coupe, 
petit,  zone  à  son  bord,  velu  en  dedans;  les  étamines  d'abord 
réunies  à  leur  base,  puiaidivisées  en  cinq  paquets;  le  st^le 
terminé  par  cinq  stigmates  courts.  (  Poir.  ) 

FROMENT  (Bot.)  ,  Triticum,  Linn.  Genre  de  plantes  mo- 
nocotylédones  ,  de  la  famille  des  graminées,  Juss. ,  et  de  la 
triandrie  dfgynie  ,  Linn.  ,  dont  les  principaux  caractères  sont 
les  suivans  :  Epillets  solitaires  sur  chaque  dent  de  l'axe;  un 
calice  de  deux  glurncs  presque  égales,  contenant  plusieurs 
fleurettes  ;  une  corolle  de  deux  balles  lancéolées,  mutiques 
ou  aristées  à  leur  sommet  ;  trois  étamines  ;  un  ovaire  supé- 
rieur, surmonté  de  deux  styles  plumeux  ;  une  graine  ovale  , 
convexe  d'un  côté ,  marquée  d'un  sillon  de  l'autre. 

Les  fromens  sont  des  plantes  herbacées  ,  annuelles  ou  vi- 
vaces,  à  tiges  ordinairement  fistuleuses,  noueuses  d'espace  en 
espace  ,  garnies  à  chaque  articulation  d'une  feuille  alterne, 
linéaire,  engainante  par  sa  base,  et  dont  les  fleurs  sont  dis- 
posées en  un  épi  composé  d'cpillets  sessiles,  ou  presque  scs- 
siles  ,  sur  un  axe  denté  alternativement  dans  sa  longueur.  On 
connoît  aujourd'hui  une  trentaine  d'espèces  de  frojiiens, 
parmi  lesquelles  on  compte  quelques  plantes  qui  sont  du  plus 
grand  intérêt  à  cause  de  leurs  propriétés  alimentaires;  nous 
parlerons  particulièrement  de  celles-ci,  et  nous  passerons 
ensuite  rapidement  sur  les  autres. 


4"  FRO 

§.  I,"  Fromens  annuels. 

Froment  cultivé  :  vulgairement  le  Froment,  le  Blé  ou  Bled  ; 
Triticum  satiwum ,  Lamk.  ,  Dict.  enc. ,  2  ,  p.  534;  Triticum 
Iiybernum ,  Triticum  œstivum  et  Triticum  turgidum  ,  Linn.  , 
Spec,  126.  A  l'exemple  de  M.  de  Lamarck,  nous  réunissons 
ici  trois  espèces  de  Linnaeus ,  qui  ne  sont  bien  évidemment 
que  des  variétés  l'une  de  l'autre  ,  et  qui  toutes  peuvent 
être  comprises  dans  la  description  suivante.  Tiges  hautes 
de  trois  à  quatre  pieds  ,  garnies  de  quatre  à  cinq  feuilles, 
et  terminées  par  un  épi  long  de  trois  à  quatre  pouces  ou 
plus,  épais,  composé  de  quinze  à  vingt-quatre  épilletsses- 
siles  ,  ventrus,  imbriqués,  glabres  ou  velus,  selon  les  va- 
riétés, mutiques  ou  garnis  de  barbes-,  leur  calice  renferme 
communément  quatre  fleurs  fertiles  ,  et  une  cinquième  qui 
ne  se  développe  qu'imparfaitement,  et  qui  avorte.  Le  fruit 
qui  succède  à  chaque  fleur  fertile  est  une  graine  ovale,  plus 
grosse  que  dans  la  plupart  des  autres  graminées,  convexe 
d'un  côté,  et  creusée  de  l'autre  d'un  sillon  longilndinal.  Cette 
graine  est  remplie  d'une  substance  blanche,  friable,  fari- 
neuse, formée  en  grande  partie  de  fécule  et  d'une  propor- 
tion de  gluten,  telle  qu'elle  peut  facilement  être  convertie 
en  pain  ,  et  faire  l'aliment  le  plus  ordinaire  des  hommes  dans 
une  grande  partie  du  monde,  et  principalement  en  Europe. 
Sous  ce  rapport,  le  blé  est  dans  cette  partie  du  globe  l'objet 
d'un  très-grand  commerce  et  d'une  consommation  prodigieuse  ; 
et,  d'après  ces  considérations  ,  cette  plante  mérite  que  nous 
présentions  son  histoire  concernant  les  divers  points  sous  les- 
quels sa  culture,  ses  propriétés  ou  ses  usages  peuvent  ofifrir 
quelque  intérêt. 

Le  froment,  par  ses  qualités  précieuses,  mérite  sans  con- 
tredit d'être  regardé  comme  la  première  de  ces  plantes  cé- 
réales qui  ,  dans  tout  le  monde  civilisé ,  font  la  principale 
nourriture  des  hommes. 

C'està  la  culture  des  céréales  que  beaucoup  d'écrivains  an- 
ciens et  modernes  ont  attribué  la  civilisation  ;  et ,  en  effet ,  les 
hommes  n'ont  pu  se  livrer  aux  travaux  de  l'agriculture,  qui 
exigent  des  soins   continuels  ,  qu'en  se  formant  en  sociétés 


FRO  425 

régulières,  qu'en  partageant  les  terres,  et  en  en  assurant  la 
propriété  à  ceux  qui  les  mettoient  en  valeur. 

Les  Egyptiens  mirent  au  rang  des  dieux  Osiris  qui  leur 
avoit  enseigné  l'agriculture.  Les  Grecs  attribuoient  lïnven- 
tion  de  l'art  de  cultiver  la  terre  à  Triptolème  ,  et  particuliè- 
rement à  Cérès.  Avant  que  cette  déesse  eût  appris  aux  hommes 
à  labourer  les  champs  pour  y  semer  le  blé,  ils  se  nourris- 
soient  de  glands  ;  c'est  à  quoi  Virgile  fait  allusion  dans  les 
■vers  suivans  : 

.  .  .  .Aima  Ceres,  vestro  si  munere  tellus 
Chaoniaui  piiigui  glandem  niutavit  arista. 

Georc.  I,  V.  7. 
Et  un  peu  plus  loin  ,  vers  147  : 

Prima  Ceres  ferro  niortales  vertere  terrani 
Inslituit,  cum  jam  glandes  atque  arbuta  sacrae 
Defieerent  silvae,  et  victuin  Dodcna  negaret. 

On  doit  croire  que  ce  fut  l'augmentation  de  la  popula- 
tion,  et  surtout  la  disette  des  fruits  des  bois,  très-sujets  à 
manquer  par  suite  de  l'inclémence  ou  de  rirrégularité  des 
saisons  (  comme  le  dit  Virgile  dans  les  vers  que  nous  venons 
de  citer  )  ,  qui  forcèrent  les  hommes  à  chercher  dans  les 
plantes  céréales  une  nourriture  plus  assurée  que  celle,  si  pré- 
caire, qu'ils  avoient  jusque-là  trouvée  naturellement  dansles- 
glands  et  autres  fruits  des  forêts. 

Dans  toutes  les  contrées  de  la  terre ,  l'agriculture  a  produit 
les  mêmes  résultats;  et  les  peuples  les  plus  anciennement 
policés ,  sont  ceux  qui  se  sont  livrés  les  premiers  à  la  culture 
des  champs.  En  Orient,  c'est  dans  la  Babylonie,  où,  selon 
Hérodote  et  Diodore  de  Sicile ,  le  blé  croissoit  naturellement , 
qu'il  paroît  qu'on  doit  placer  le  berceau  de  la  civilisation, 
et  c'est  à  l'agriculture  que  les  Chinois  doivent  leur  existence 
comme  peuple  depuis  quatre  mille  ans. 

Aujourd'hui  un  petit  nombre  d'hommes  se  nourrissent  uni- 
quement des  fruits  des  arbres ,  comparativement  à  la  quantité 
innombrable  de  ceux  qui  cultivent  les  céréales  pour  en  re- 
tirer leur  principale  nourriture.  Ce  n'est  guère  que  dans  les 
climats  extraordinairement  favorisés  de  la  nature ,  dans  les- 
quels régnent  un  printemps  et  un  été  continuels  qui  font 
produire  aux  arbres  des  fruits  en  abondance  et  sans  inter- 


'424  FRO 

ruption,  que  quelques  peuples  sauvages  ou  à  demi  sauvages 
ont  continué  à  se  nourrir  des  fruits  ou  des  substances  tirées 
immédiatement  des  arbres.  Ainsi  le  cocotier,  dans  certaines 
parties  des  Indes, suffit  aux  besoins  peu  nombreux  des  homme» 
*  de  ces  contrées  ;  les  naturels  des  îles  de  la  mer  du  Sud  se  nour- 
rissent presque  uniquement  des  fruits  du  jaquier  découpé, 
vulgairement  arbre  à  pain  (^artocarpus  incisa,  Lamk.)  ;  les  ha- 
bitans  desMoluques  et  iles  voisines,  outre  l'arbre  à  pain,  se 
nourrissent  aussi  de  sagou  (sagus  farinifera)  ;  quelques  peu- 
plades d'Afrique  vivent  toujours  des  fruits  du  ziz-^ylus  lotus  , 
comme  les  anciens  lotophages,  doutparle  Homère.  Si  d'ailleurs 
les  dattes  et  les  figues  font  encore  une  grande  partie  de  la 
nourriture  des  Persans,  des  Egyptiens  et  des  habitans  de  la 
Morée,  de  l'Archipel  grec  et  de  la  Barbarie  ,  c'est  seulement 
dans  les  classes  pauvres  ,  et  le  blé  est  cultivé  dans  tous  ces 
pays  pour  servir  d'aliment  principal  ;  et  si  dans  certaines  par- 
ties des  côtes  septentrionales  de  l'Afrique,  et  dans  quelques 
provinces  méridionales  de  l'Espagne  et  du  Portugal ,  on  mange 
encore  les  glands  doux  de  quelques  espèces  de  chênes,  et 
principalement  du  querciis  halLota,  Desf. ,  cette  nourriture  , 
de  même  que  celle  des  châtaignes  dans  certaines  parties  mon- 
tagneuses de  la  France,  comme  dans  les  Cévennes  ,  le  Limou- 
sin ,  et  en  Italie  dans  les  Apennins,  est  uniquement  celle  des 
habilans  des  campagnes ,  ou  des  gens  du  peuple  et  des  pauvres 
dans  les  villes  ;  car,  dans  tous  ces  pays,  les  classes  aisées  font 
usage  du  pain. 

Les  graines  céréales  ont  donc  remplacé  ,  dans  la  plus  grande 
partie  du  monde,  Pusage  des  fruits  des  arbres.  Ces  masses  gi- 
gantesques qui  élèvent  dans  les  airs  leurs  têtes  superbes,  et 
qui,  pendant  des  siècles,  bravent  les  rigueurs  des  hivers  et 
le  soleil  brûlant  des  étés,  ont  cédé  à  d'humbles  plantes  que 
la  même  année  voit  naître  et  périr.  Aujourd'hui  le  blé  couvre 
de  ses  moissons  dorées  la  plus  grande  partie  de  l'Europe, 
dans  les  contrées  tempérées  de  l'Asie;  on  le  trouve  en  Orient 
comme  en  Occident;  car  le  froment  est  cultivé  indistincte- 
ment dans  toutes  les  provinces  de  la  Chine  (plus  seulement 
dans  celles  du  Nord ,  ou  en  général  dans  celles  qui  sont  monta- 
gneuses), de  même  que  dans  la  Natolie,  laSyric,  la  Perse,  etc. 
Les  côtes   septentrionales  de  l'Afrique   pro:luiî>ent   toujours 


FRO  425 

du  blé  comme  du  temps  des  Romains ,  mais  en  moindre 
quantité,  à  cause  de  la  barbarie  qui  afflige  aujourd'hui  ces 
beaj^x  pays;  et  il  a  été  transporté  à  l'autre  extrémité  de  cette 
partie  du  monde,  au  cap  de  Bonne-Espérance,  où  il  a  très- 
bien  réussi.  Enfin,  porté  dans  les  Etats-Unis  d'Amérique,  il  a 
prospéré  dans  cet  autre  hémisphère,  et  à  mesure  que  la  civi- 
lisation et  la  population  s'accroîtront  dans  cette  vaste  portion 
du  monde,  la  culture  du  blé  s'étendra  probablement  aussi. 

Après  le  blé ,  les  principales  céréales  les  plus  cultivées  pour 
la  nouri'iture  des  hommes,  sont  le  riz,  que  toutes  les  nations 
indiennes  de  l'Asie  préfèrent  au  pain  ;  le  maïs  ,  que  nous 
devons  à  l'Amérique  méridionale  ,  et  qui  est  cultivé  assez 
abondamment  dans  les  pays  du  midi  de  l'Europe  ;  plusieurs 
millets,  appartenant  aux  genres  Holcus  et  Panicum,  qui  font 
la  nourriture  presque  unique  de  tous  les  peuples  noirs  de 
l'Afrique;  le  seigle  et  l'orge,  enfin,  qui  remplacent  le  froment 
dans  les  parties  de  l'Europe  où  ,  soit  à  cause  de  la  rigueur 
du  froid,  soit  à  cause  de  la  qualité  inférieure  des  terres,  le 
blé  ne  peut  réussir. 

L'utilité  dont  est  le  froment  pourla  nourriture  de  l'homme, 
l'ayant  fait  cultiver,  depuis  un  temps  immémorial,  dans  des 
contrées,  des  climats  et  des  terrains  d'une  nature  fort  diffé- 
rente, cette  graminée  a  produit  beaucoup  de  variétés,  que 
probablement  nous  ne  connoissons  pas  encore  toutes  ,  mais 
seulement  celles  qui  se  trouvent  en  France  et  dans  quelques 
uns  des  pays  voisins.  M.  Tessier,  membre  de  l'Académie  des 
Sciences,  s'étant  occupé,  d'une  manière  particulière,  de 
l'étude  des  variétés  du  froment ,  c'est  dans  le  travail  de  ce 
savant  agronome  que  nous  puiserons  les  connoissances  néces- 
saires pour  donner  une  liste  exacte  et  raisonaée  des  diffé- 
rentes variétés  connues  du  froment. 

''"   Epis  glabres  ;  balles  dépourvues  de  barbes. 

Froment  coimmun  a  épis  blancs.  Tige  creuse  ;  balles  blanches, 
peu  serrées  ;  grains  jaunesmoyeus.  Ce  froment  e&t  celui  qu'oa 
sème  dans  les  parties  les  mieux  cultivées  de  la  France,  où  la 
terre  n'est  pas  compacte,  et  où  elle  a  peu  de  fond. 

Froment  commun  a  épis  korbs.  Tige  creuse;  balles  rousses  et 
peu  serrées  ;  grains  jaunes  moyens.  Ce  froment  ne  paroît  être 


42G  FRO 

qu'une  sous-variété  du  précédent;  ses  grains  sont  plus  gros  et 
rf  un  jaune  plus  roux.  Il  est  cultivé  dans  les  mêmes  cantons  , 
et  principalement  dans  la  Picardie.  Dans  les  pays  où  le  temps 
delà  moisson  est  souvent  pluvieux,  on  donne  la  préterence  à 
ce  blé,  parce  qu'il  germe  plus  diilicilement,  et  qu'il  est  moins 
sujet  à  s'altérer  quand  les  tiges  sont  en  javelles  ou  étendues 
sur  les  champs. 

Froment  a  grains  de  rtz.  Tige  creuse;  balles  blanches,  peu 
serrées  ;  grains  petits  et  blancs.  Ce  blé  ne  diffère  de  la  pre- 
mière variété  que  parce  que  sa  paille  et  ses  balles  sont  un 
peu  plus  blanches ,  et  ses  grains  blancs,  courts,  presque  ronds. 
On  le  cultive  dans  le  nord  et  dans  le  midi  de  la  France. 

Froment  touzelle.  Il  diffère  du  précédent  par  ses  grains 
longs  et  un  peu  transparens.  On  le  cultive  dans  les  dépar- 
temens  du  Midi. 

Froment  trémois  sans  barbes.  Son  épi  est  roux,  et  ressemble 
beaucoup  à  celui  de  la  seconde  variété-,  mais  il  est  un  peu 
moins  grand  et  moins  gros,  par  suite  de  ce  qu'on  ne  le  sème 
qu'au  printemps. 

Froment  d'Alsace.  Tige  creuse;  épi  roux  ,  court  et  carrée 
grains  petits.  On  cultive  ce  blé  en  Alsace,  et  on  ne  le  sème 
ordinairement  qu'au  printemps  ;  cependant  M.  Tessier  l'a 
semé  en  automne  pendant  plusieurs  années. 

Froment  de  Phalsbourg.  Tige  creuse,  grêle  ;  épi  roux  ;  grains 
de  grosseur  moyenne.  On  cultive  ce  blé  à  Phalsbourg,  mêlé 
avec  le  précédent ,  et  on  l'y  sème  au  printemps.  M.  Tessier 
l'a  semé,  pendant  deux  ans,  en  automne  ,  et  avec  succès. 

'^'^  Epis  glabres  et  garnis  de  barhes. 

Fromeni  roux  a  babbfs  caduques.  Tige  presque  pleine;  épi 
roux,  perdant  ses  barbes  vers  l'époque  delà  moisson;  balles 
quelquefois  glauques;  grains  assez  gros.  Cultivé  particulière- 
mentdansla  vallée  d'Anjou  ,  il  ne  vient  que  dans  les  terres  qui 
ont  beaucoup  de  fond.  Il  a  une  sous-variété  blanche. 

Froment  a  gros  épis,  ou  Blé  de  Providence.  Tige  pleine  ; 
épi  blanc  ,  long,  carré;  barbes  blanches  ;  gros  grains  ,  de  cou- 
leur ordinaire.  Ce  blé,  qui  se  cultive  dans  différens  pays,  esl 
d'un  grand  produit;  il  perd  en  partie  ses  barbes  au  temps  de 
la  maturité.  Il  convient  dans  les  terres  qui  ont  du  fond. 


FRO  437 

Fhoment  A  BARBES  DIVERGENTES.  Tige  crcusc  ;  épi  TOUX,  large  , 
à  barbes  rousses  ou  blanches,  et  divergentes  ;  balles  peu  ser- 
rées ;  grains  moyens.  On  le  trouve  quelquefois  à  épi  velu.  Il 
est  cultivé  dans  presque  toutes  les  parties  de  la  France.  On 
le  sème  en  automne,  et  quelquefois  au  printemps. 

Froment  A  BARBES  serrées.  Epi  rouge  ;  balles  et  barbes  rouges, 
rapprochées  et  serrées  ;  gros  grains  ternes.  Cultivé  dans  le 
département  de  Vaucluse. 

Froment  A  grains  ronds.  Tige  demi,creuse;  épi  blanc,  serré; 
barbes  noires  ;  grains  blancs,  bombés.  Ce  blé  est  cultivé  dans 
les  environs  d'Avignon;  il  perd  un  peu  ses  barbes  à  l'époque 
de  sa  maturité. 

Froment  d'Italie.  Tige  grêle,  pleine;  épi  blanc,  étroit; 
barbes  noires;  grains  ternes.  On  le  cultive  dans  les  environs 
d'Avignon. 

Froment  de  Sicile.  Tige  grêle  ;  creuse  ;  épi  petit ,  blanc  ; 
balles  un  peu  luisantes,  à  barbes  noires. 

***  Epis  velus  ,  dépourvus  de  barbes. 
Froment  grisâtre.  Tige  creuse  ;  épi   velouté  et   grisâtre  ; 
grains  moyens,  dorés,  velus  k  l'un  de  leurs  bouts.  Cultivé  en 
Normandie ,  dans  le  pays  d'Auge. 

**'^'*  Epis  velus  et  garnis  de  barbes. 

Froment  gris  de  souris.  Tige  pleine,  épi  étroit,  velu  et 
gris-bleuàtre ;  grains  gros,  bombés;  barbes  noires,  grises  ou 
cendrées  ,  tombant  quelquefois  à  l'époque  de  la  maturité. 
Il  est  cultivé  en  Anjou  ,  et  ne  vient  bien  que  dans  les  terres 
qui  ont  beaucoup  de  fond. 

Froment  renflé.  Gros  blé  ou  Pétianelle  roux.  Tige  pleine; 
épi  roux,  court,  presque  carré;  barbes  rousses;  gros  grains 
ternes,  bombés,  demi -cornés,  médiocrement  farineux.  Il 
perd  ses  barbes,  en  totalité  ou  en  partie,  à  l'époque  de  sa 
maturité.  On  le  cultive  en  Gascogne. 

Blé  d'abondance  ,  Pétianelle  blanc.  Diffère  du  précédent  par 
la  couleur  blanche  ou  blanchâtre  de  son  épi  ou  de  ses  barbes. 
Sa  tige  est  pleine  ;  son  épi  gros  ,  comme  renflé;  ses  balles  sont 
entassées,  ou  presque  amoncelées  irrégulièrement ,  ses  grains 
sont  un  peu  cornés.  Cultivé  dans  les  environs  d'Avignon. 


4=8  FRO 

Froment  de  Barbarie.  Tiges  élevées,  pleines;  épis  épais, 
assez  longs,  grisâtres;  balles  renflées  ,  à  barbes  fort  longues; 
grains  assez  gros,  oblongs,  un  peu  pointus  aux  extrémités  , 
dorés,  durs,  à  substance  presque  entièrement  cornée,  très-peu 
farineuse.  Ce  blé  a  été  rapporté  de  Barbarie  par  M.  Desfon- 
taines ,  et  il  se  trouve  mentionné  dans  son  Flora  Atlantica  , 
sous  le  nom  de  Triticum  durum. 

Tous  les  cultivateurs  sont  dans  l'usage  de  faire  la  distinc- 
tion des  fromens  d'automne  et  des  fromens  de  mars,  selon 
qu'ils  sont  destinés  à  être  semés  dans  l'une  ou  l'autre  de  ces 
saisons  ;  mais  M. Tessier,  que  nous  avons  déjà  cité,  et  qui 
a  fait  à  ce  sujet,  comme  sur  les  autres  parties  de  la  cul- 
ture de  la  précieuse  céréale  qui  nous  occupe  ,  des  expé- 
riences très-exactes  ;  M.  Tessier,  disons-nous,  pense  que  cette 
distinction  est  chimérique,  et  que  les  blés  d'automne  peuvent 
facilement  passer  à  l'état  de  blés  de  mars  ,  et ,  par  opposition  , 
ces  derniers  à  celui  de  blés  d'automne  ,  en  semant  par  degrés 
les  premiers  plus  tard  et  les  seconds  plus  tôt,  de  manière  à 
les  accoutumer  à  ce  changement  de  saison. 

C'est  aussi  un  préjugé,  parmi  la  plupart  des  cultivateurs  , 
de  croire  qu'il  faut  de  temps  en  temps  changer  ses  blés ,  et 
même  tous  les  ans,  et  que,  si  l'on  n'a  pas  cette  attention,  le 
froment  récolté  et  semé  un  certain  nombre  de  fois  dans  les 
terres  d'un  même  canton  s'altère  et  dégénère.  M.  Tessier  a 
encore  fait  à  ce  sujet  des  expériences  suivies  pendant  dix  an- 
nées de  suite  ,  depuis  1779  jusqu'à  1789  ,  lesquelles  prouvent 
que  le  blé  desemenee  ne  dégénère  pas  semé  pendant  dix  an- 
nées de  suite ,  et  il  cite  de  plus  un  cultivateur  des  environs 
de  Fécamp,en  Normandie,  qui,  pendant  trente  années,  a 
semé  constamment  le  blé  qu'il  récoltoit,  sans  qu'il  soit  sur- 
venu la  moindre  dégénération  dans  ses  fromens. 

De  ses  expériences  et  des  faits  qui  sont  à  sa  connoissance, 
M.  Tessier  croit  pouvoir  conclure  que  la  dégénération  du 
froment,  considérée  physiquement ,  ne  peut  avoir  lieu,  sur- 
tout en  aussi  peu  d'années  qu'on  se  l'imagine;  et  que,  si  ce 
grain  éprouve  quelquefois  des  altérations,  il  y  a  lieu  de 
croire  qu'elles  ne  sont  point  dues  à  la  nature  du  froment 
même,  mais  à  des  causes  différentes ,  telles  que  la  négligence 
à  le  purifier  des  mauvaises  graines,  !f  peu  de  soin  qu'on  en  a 


FRO  429 

pendant  la  végétation,  la  récolte  faite  par  des  temps  con- 
traires ,  les  accidens  et  maladies  auxquels  il  est  exposé  eu 
tout  temps. 

On  peut  donc  assurer  que  le  blé  ,  en  quelque  sol  qu'il  soit , 
conserve  sa  faculté  germinative  ,  s'il  n'est  pas  altéré  d'ailleurs 
par  la  fermentation  ,  les  insectes ,  ou  autrement ,  et  qu'on  peut 
le  semer  dans  le  même  canton  où  il  a  crû  ;  et  ce  n'est  que 
dans  certaines  circonstances  particulières  qu'il  peut  êtra 
avantageux,  et  même  nécessaire  d'acheter  de  la  semence  plu- 
tôt que  de  la  prendre  dans  sa  propre  récolte.  Ainsi ,  lors- 
qu'une grêle,  ou  une  grande  sécheresse,  ou  des  pluies  ont 
tout  altéré  ou  détruit  dans  un  pays,  il  faut  bien  qu'on  se 
pourvoie  de  semence  dans  un  autre.  Lorsque  les  terres  d'un, 
pays  sont  trop  maigres,  et  que  les  grains  qu'elles  produisent 
s'en  ressentent;  lorsque  les  récoltes,  soit  par  négligence  ou 
toute  autre  cause,  sont  infestées  de  mauvaises  herbes,  il  est 
encore  avantageux  d'aller  ailleurs  chercher  des  grains  mieux 
nourris  et  plus  purs. 

On  préfère  ordinairement  semer  le  froment  de  la  dernière 
récolle  ;  mais  des  expériences  positives  prouvent  quïl  conserve 
sa  faculté  germinative  pendant  huit  à  dix  ans.  Le  germe  de 
ce  grain  résiste  d'ailleurs  au  plus  grand  froid  ,  et  une  chaleur 
de  plus  de  soixante  degrés  (  thermomètre  de  Réaumur  )  ne 
l'empêche  pas  de  se  développer. 

Les  terres  destinées  à  être  ensemencées  en  froment  doivent, 
avant  qu'on  leur  confie  la  semence,  être  convenablement 
préparées  par  plusieurs  labours ,  et  amendées  par  des  engrais. 

Les  fumiers  des  basses-cours  sont  l'engrais  qu'on  emploie 
le  plus  communément  pour  améliorer  les  terres,  et  ils  pro- 
duisent toujours  un  très-bon  effet,  lorsqu'on  ne  les  met  que 
dans  celles  qui  en  exigent  ;  car  toutes  sortes  de  fumiers  ne 
conviennent  pas  à  toutes  les  terres.  Le  fumier  des  bergeries, 
la  fiente  de  pigeon  font  mieux  dansles  terrains  humides,  froids 
et  argileux  que  dans  tout  autre  sol.  Les  fumiers  de  vaches 
et  de  chevaux  conviennent  aux  terres  chaudes  et  à  celles  où 
il  se  trouve  des  cailloux ,  ou  de  la  marne  ou  du  sable.  Les 
autres  engrais,  capables  de  remplacer  avec  avantage  les  fu- 
miers des  basses-cours  ,  sont  les  marnes  de  différentes  espèces, 
les  diverses  terres  neuves ,  les  gazons  des  chemins  et  des  friches  ; 


43o  FRO 

mais  le  meilleur  de  tous  les  engrais  est  le  parcage.  On  cor- 
rige un  terrain  calcaire  avec  des  marnes  argileuses,  et  une 
terre  argileuse  avec  des  marnes  calcaires. 

La  quantité  des  labours  peut  varier  selon  la  nature  des 
terres  :  celles  qui  sont  légères  n'exigent  pas  autant  de  façons 
que  celles  qui  sont  fortes  ;  mais  en  général,  en  supposant 
qu'un  champ  dût  rester  en  jachère  avant  de  l'ensemencer  en 
froment,  il  faut  lui  donner  au  moins  quatre  labours  avant  d'y 
répandre  les  semences. 

La  bêche ,  le  hoyau,  la  fourche  et  la  charrue  sont  les  ins- 
trumens  ordinairement  employés  pour  le  labourage;  mais  le 
dernier  étant  le  plus  expéditif ,  est  le  seul  qui  soit  employé 
dans  les  exploitations  en  grand  :  les  autres  ne  sont  en  usage 
que  dans  les  localités  qui  ne  permettent  pas  l'emploi  de  la 
charrue ,  ou  chez  les  petits  cultivateurs  qui  n'ont  que  des 
terres  de  peu  d'étendue. 

Le  premier  labour,  dans  le  cas  qui  vient  d'être  dit ,  doit  se 
faire  aussitôt  ou  au  moins  peu  de  temps  après  la  moisson  ; 
le  second,  avant  lequel  il  faut  avoir  soin  de  faire  charrier  et 
répandre  les  fumiers,  afin  qu'ils  puissent  être  enterrés  par  ce 
travail,  doit  être  fait  vers  la  fin  de  l'automne,  s'il  est  pos- 
sible ,  ou  au  plus  tard,  au  commencement  de  l'hiver.  Le  troi- 
sième labour  se  donne  au  printemps  ,  et  le  quatrième  en 
septembre  ou  octobre,  au  moment  de  l'ensemencement. 

Aussitôt  que  le  dernier  labour  est  terminé,  on  l'ait  les  se- 
mailles, qu'on  enterre  à  la  herse,  après  avoir  auparavant  pré- 
paré le  froment  par  ce  que  l'on  appelle  le  chaulage.  Cette 
préparation  préliminaire  consiste  à  verser  sur  la  semence  mise 
en  tas  une  dissolution  de  chaux  dans  de  Veau  simple,  ou  dans 
laquelle  on  a  délayé  auparavant  des  crottes  de  mouton,  des 
fientes  de  pigeon  et  de  poule  ou  autres,  ou  dans  laquelle  on 
a  encore  fait  infuser  des  plantes  acres.  Aussitôt  après  avoir 
versé  cette  préparation  sur  le  tas  de  blé  destiné  à  être  ense- 
mencé, on  le  remue  tout  de  suite  avec  des  pelles,  de  manière 
à  ce  que  tous  les  grains  soient  empreints  de  la  liqueur.  Le 
froment,  ainsi  chaulé,  est  semé  dès  le  lendemain  ;mais,  si  l'on 
différoit  plus  long-temps,  et  qu'il  y  eût  quelque  humidité,  il 
faudroit  avoir  le  soin  de  le  remuer  tous  les  jours.  Cette  pré-  ' 
paration  a  l'avantage  de  préserver  le  blé  de  la  carie,  de  la 


FRO  43 1 

rouille,  et  dans  les  années  sèches  elle  le  garantit  des  mulots  et 
des  insectes. 

Plusieurs  agrq/iomes  modernes,  pour  que  le  froment  soit 
plus  exactement  chaulé,  prescrivent  de  faire  le  chaulage  de 
la  manière  suivante.  On  fait  d'abord  éteindre  de  la  chaux  vive 
dans  une  quantité  proportionnée  d'eau  ,  et  on  l'élend  ensuite 
ditns  un  plus  grand  volume,  et  dans  la  proportion  de  trente 
livres  d'eau  pour  un  selier  de  blé.  Quand  on  a  préparé  suffi- 
sante quantité  d'eau  de  rhaux.  on  verse  son  grain  par  por- 
tions dans  un  cuvier  rempli  de  cette  eau ,  de  manière  à 
ce  qu'elle  baigne  bien  tout  le  grain,  qti'on  remue  pendant 
quelques  instans  -,  après  quoi  on  le  laisse  infuser  durant  un 
quart  d'heure,  et  pendant  ce  temps  on  enlève  les  grains  qui 
surnagent.  On  retire  ensuite  son  blé  pour  le  mettre  à  égoutter 
dans  des  corbeilles,  et  lorsqu'il  Test  suffisamment,  on  l'étend 
sur  faire  de  la  grange  pour  qu'il  sèche.  Dans  cet  état  il  est 
bon  à  semer  le  lendemain;  mais  on  peut  différer  de  le  faire 
pendant  quelques  jours;  dans  ce  cas  il  faut  seulement  avoir 
la  précaution  de  le  remuer ,  afin  qu'il  ne  s'échauffe  pas. 

Selon  les  climats ,  les  localités ,  et  selon  les  variétés  ,  le 
froment  se  sème  en  France  à  différentes  époques.  Celui  dit 
d'automne  se  sème  avant  l'hiver  ;  mais  il  y  a  des  pays  où  les 
semailles  commencent  au  mois  d'août ,  tandis  que  dans  d'autres 
elles  ne  se  font  qu'en  décembre.  Dans  le  plus  grand  nombre 
elles  ont  lieu  en  septembre,  octobre  et  novembre;  mais  en 
règle  générale,  les  semailles  précoces  donnent  toujours  de 
plus  riches  moissons,  parce  que  les  blés  semés  de  bonne  heure 
poussent  un  plus  grand  nombre  de  racines,  et  par  suite  des 
tiges  plus  vigoureuses  et  plus  nombreuses. 

Quant  aux  fromens  dits  de  mars,  les  premiers  se  sèment  en 
février,  et  les  derniers  en  avril;  on  en  cultive  même  depuis 
quelques  années  en  Belgique  une  variété  qu'on  y  désigne  sous 
le  nom  de  blé  de  mai,  parce  qu'on  peut  tarder  Jusqu'en  mai 
à  la  mettre  en  terre.  Ce  froment ,  qui  a  été  apporté  du  Ben- 
gale et  d'Egypte,  où  il  est  cultivé,  et  où  il  donne  deux  ré^ 
coltrs  par  an  sur  le  même  terrain,  peut,  dans  le  nôtre,  être 
récolté  environ  cent  jours  après  son  ensemencement.  L'in- 
troduction des  blés  de  mars  en  France  ne  remonte  qu'à  1709; 
avant  cette  époque,  ils  n'étoient  connus  et  cultivés  qut^  dans 


i>2a  FRO 

les  contrées  du  Midi,  et  surtout  en  Espagne.  I,ouis  XIV  en 
fit  venir  pour  les  semer  après  ce  cruel  hiver  qui  avoit  été  si 
fatal  aux  fromens  d'automne.  ^ 

Il  n'est  pas  possible  de  déterminer  d'une  manière  fixe  la 
quantité  de  semence  nécessaire  pour  un  espace  donné.  Les 
terres  maigres  et  légères  en  exigent  davantage  que  les  bons 
fonds,  parce  que,  dans  les  premières,  chaque  pied  poussant 
moins  de  tiges  et  moins  de  feuilles ,  ces  terres  se  trouveroient 
trop  découvertes  si  on  n'y  répandoit  pas  plus  de  semences; 
et,  les  tiges  n'y  étant  pas  assez  serrées,  le  hàle  pourroit  agir 
sur  elles  et  les  dessécher,  ainsi  que  les  racines,  avant  l'époque 
de  la  maturité. 

Lesseniailles  faites  en  automne  et  au  printemps  demandent 
aussi  des  proportions  différentes.  Ainsi  il  faut  moins  de  se- 
mence pour  les  premières  qui  tallent  beaucoup  ,  que  pour  les 
secondes  qui  produisent  toujours  moins  de  tiges  sur  le  même 
pied.  Mais,  en  général,  les  agronomes  instruits  regardent 
comme  une  chose  constante  .  que  la  plus  grande  partie  des  cul- 
tivateurs n'économisent  pas  les  semences  autant  qu'ils  pour- 
roient  le  faire.  Par  exemple,  d'après  les  expériences  rappor- 
tées par  M.  Tessier  à  ce  sujet,  il  s'ensuit  qu'en  ensemençant 
un  arpent  de  cent  perches  à  vingt -deux  pieds  avec  cent 
quatre-vingts  livres  de  froment,  au  lieu  de  deux  cent  vingt- 
cinq  qu'on  est  dans  l'usage  d'employer,  on  peut  récolter  quatre 
cent  quarante-une  livres  de  froment  de  plus ,  et,  d'après  son 
expérience  propre,  ce  savant  agronome  a  encore  obtenu  des 
résultats  plussatisfaisans;  car,  en  ensemençant  un  arpent  avec 
cent  livres  seulement,  au  lieu  de  deux  cent  vingt-cinq  livres, 
il  s'est  assuré  qu'on  pouvoit  récolter  quatre  cent  quatre-vingt- 
quinze  livres  de  plus  dans  une  terre  même  médiocre. 

Il  y  a  trois  manières  d'ensemencer  le  blé  :  la  première  à  la 
volée  ,  la  seconde  au  semoir,  et  la  troisième  au  plantoir.  Les 
deux  dernières  étant  en  général  très-peu  usitées,  nous  nous 
abstiendrons  d'entrer  dans  des  détails  à  leur  sujet-,  nous  ren- 
verrons aux  ouvrages  qui  traitent  plus  particulièrement  de 
l'agriculture,  et  nous  mentionnerons  seulement  ici  les  résultats 
qu'on  a  obtenus  dans  les  expériences  qui  ont  été  faites  sur  1» 
troisième  méthode,  celle  par  le  plantoir. 

C'est  M.  le  duc   de  La  Ro-jhefoucauld -Liancourt  qui  i 


FRO  455 

fait  connoître  en  France  cette  méthode  usitée  dans  plusieurs 
cantons  de  l'Angleterre,  et  par  laquelle  on  économise  uiie 
grande  quantité  de  semence,  sans  que  le  produit  soit  moir.s 
considérable;  car,  d'après  les  expériences  de  M.de  Liahcourt, 
celui  des  terres  ainsi  ensemencées  a  été  dans  le  rapport  de 
quatre-vingts  à  cent,  et  jusqu'à  cent  trente  pour  un.  M.  Tes- 
sier,  qu'il  faut  toujours  citer  dès  qu'il  est  question  d'expé- 
riences qui  peuvent  tourner  au  profit  de  l'agriculture,  a  vé- 
rifié avec  le  plus  grand  soin  celles  de  M.  de  Liancourt,  et  il 
n  tiré  de  ses  propres  observations  les  conséquences  suivantes. 

1."  Quand  on  emploie  la  méthode  de  l'ensemencement  au 
plantoir,  il  suffit  de  mettre  deux  grains  dans  chaque  trou,  en 
espaçant  les  trous  à  quatre  pouces  les  uns  des  autres. 

2."  Cette  pratique  convient  au  particulier  possesseur  de 
quelques  champs  seulement,  qui,  ense  chargeant  lui-même  , 
avec  sa  famille,  de  les  ensemencer,  se  rend  indépendant  du 
laboureur. 

5."  Il  y  faut  renoncer  pour  les  terres  fortes  et  pour  les  terres 
légères ,  à  moins  que  par  des  amendemens  convenables  à  leuc 
nature,  on  ne  les  ait  disposées  à  cette  sorte  de  culture. 

4.°  L'ensemencement  au  plantoir  a  de  l'avantage  sur  celui 
à  la  volée  ,  lorsque  le  blé  est  cher,  et  dans  les  pays  où  les  bras 
sont  nombreux  et  les  salaires  à  bon  marché. 

Quanta  l'ensemencement  à  la  volée  ,  qui  jusqu'à  présent 
a  été  et  est  encore  presque  le  seul  exclusivement  en  usage 
dans  les  campagnes,  il  se  fait  ordinairement,  dans  chaque 
exploitation  ,  par  le  principal  charretier  de  la  ferme  ou  de  la 
métairie  ,  et  assez  souvent  le  fermier  ou  le  métayer  remplit 
lui-même  cette  fonction.  Le  semeur  a  besoin  tout  à  la  fois 
d'intelligence  et  de  force.  Il  faut  qu'il  calcule  la  distance'*oà 
sa  main  peut  lancer  le  blé;  qu'il  n'en  prenne  à  chaque  poi- 
gnée que  ce  qui  est  nécessaire  ,  et  qu'il  règle  ses  pas  de  ma-, 
nière  à  ce  que  tout  le  champ  ait  partout  une  quantité  de  se- 
naence  aussi  également  espacée  que  possible.  Le  semeur  doit 
être  fort,  parce  qu'il  faut  qu'il  porte  une  certaine  quantité 
de  blé  dans  une  espèce  de  long  tablier  en  toile  ,  qui  est  passé 
entre  ses  bras,  et  dont  il  retient  l'extrémité  en  l'entortillant 
autour  de  son  bras  gauche,  et  parce  qu'il  lui  faut  pendant 
trois  semaiaes  à  un  mois,  tous  les  jours ,  du  matin  jusqu'au 
17.  a  3 


434  FRO 

soir,  excepté  les  heures  des  repas,  parcourir  ainsi  les  guérets, 
chargé  d'un  poids  considérable  qu'il  appuie  sur  son  ventre  ou 
sur  son  côté  et  sur  un  de  ses  bras,  tandis  qu'il  est  obligé 
d'imprimer  sans  cesse  à  l'autre  un  violent  mouvement  d'ex- 
tension, à  chaque  poignée  de  semence  qu'il  répand. 

Le  plus  communément  le  blé  se  recouvre  avec  la  herse,  et 
cette  opération  se  fait  aussitôt  que  la  semence  est  répandue. 
Souvent  même  ,  lorsque  la  pièce  à  semer  a  une  certaine  éten- 
due ,  on  herse  les  parties  du  champ  ensemencées  pendant  que 
le  semeur  continue  son  travail  Sur  le  reste.  On  n'emploie  ordi- 
nairement que  des  femmes  ou  des  jeunes  garçons  pour  con- 
duire les  chevaux  qui  traînent  les  herses.  Dans  quelques  can- 
tons on  recouvre  le  blé  semé  à  la  charrue  ;  alors  le  semeur 
doit  précéder  le  laboureur  dans  les  champs,  et  ce  dernier 
n'enfonce  pas  le  fer  à  une  si  grande  profondeur  que  dans  les 
labours  précédens,  afin  que  la  semence  ne  soit  pas  trop  en- 
terrée. 

Si  la  terre  est  humectée  avant ,  ou  s'il  vient  à  pleuvoir  après 
renseméncement ,  le  froment  ne  tarde  pas  à  lever,  à  "moins 
qu'il  ne  survienne  de  la  gelée  ou  de  la  neige  ,  ainsi  que  cela 
arriva  dans  l'hiver  de  1788  a  1789;  les  gelées  ayant  commencé 
vers  le  1  5  de  novembre  et  ayant  duré  pendant  près  de  deux 
mois,  ce  ne  fut  qu'à  la  fin  de  janvier  que  les  fromens  semés 
dans  les  premiers  jouri  de  novembre  commencèrent  à  sortir 
de  ferre. 

Les  blés  résistent  à  la  rigueur  des  plus  grands  froids ,  lorsque 
cfs  froids  sont  secs,  et  surtout  lorsque  la  terre  est  couverte 
de  neige.  Ce  ne  fut  point  l'excès  du  froid  qui  fit  périr  les 
i)lés  en  1709  ,  mais  parce  que  celui  qui  prit  à  cette  époque 
àésasîrense ,  survint  tout  de  suite  après  un  dégel. 

Lorsque  les  blessent  trop  forts  en  hiver,  et  que  l'on  craint 
qTi'ils  ne- s'épuisent  en  pure  perte,  et  que  par  suite  ils  ne 
donnent  des  tiges  trop  grêles,  on  y  met  des  vaches  ou  des 
brebis  qui ,  en  broutant  ce  luxe  superflu  de  la  végétation  ,  lui 
donnent  une  nouvelle  vigueur.  Cela  se  pratiquoit  en  Italie  du 
temps  de  Virgile  : 

,,    Ne  gravidis  procumbat  culnius  aristis , 

•  _     ,  Lusurieni  segetum  tcnera  depascit  in  îierba. 
""  GeoRc.  lib.I,  y.  111, 


FRO  435 

Dans  quelques  pays  on  fait  au  printemps  passer  de  gros  rou- 
leaux sur  les  blés,  afin  de  briser  les  mottes  et  d'affaisser  la 
terre  soulevée  par  l'elTet  des  pluies  et  des  gelées.  Le  tassement 
que  ^-ela  opèfe  rechausse  utilement  les  racines.  L'emploi  du 
rouleau  convient  principalement  dans  les  terres  légères;  mais 
il  ne  faut  pas  s'en  servir  lorsque  les  terres  sont  trop  humides, 
ni  dans  celles  qui  sont  fortes. 

Au  printemps  la  végétation  se  ranime,  les  fromens  vont 
bientôt  élever  leurs  liges,  d'où  l'enverra,  en  mai  et  juin,  sortit* 
les  épis  :  mais ,  avant  qu'ils  en  soient  là,  les  mauvaises  herbes  les 
infestent  souvent,  et  les  étoufferoient  bientôt  si  le  cultivateur 
n'avoit  le  soin  de  les  faire  arracher:  c'est  l'opération  du  sar- 
clage. Lorsqu'il  y  a  beaucoup  d'herbes  rampantes  et  difliciles 
à  arracher,  on  se  sert  de  herses  de  fer  qu'on  fait  traîner  sur  le 
champ.  Mais  le  plus  souvent  on  sarcle  à  la  main,  et  dans  beau- 
coup de  cantons  les  femmes  qui  se  livrent  à  ce  travail,  le  font 
sans  qu'on  leur  donne  de  salaire  -,  elles  se  contentent  de  l'herbe 
qu'elles  arrachent  pour  nourrir  leurs  vaches.  En  Normandie, 
on  se  sert ,  pour  nettoyer  les  blés,  d'une  longue  tenaille  de  boiS 
avec  laquelle  on  saisit  les  plantes  à  longues  racines  ,  qu'on  tire 
facilement  hors  de  terre  sans  les  casser,  quand  on  prend  un 
temps  favorable,  où  la  terre  soit  assez  molle ,  comme  après  les 
pluies. 

Tous  les  bestiaux  aiment  beaucoup  le  froment  en  vert;  il 
faut  avoir  le  soin  de  les  en  écarter,  ce  qui  n'est  pas  difîicile: 
mais  il  n'est  pas  aussi  facile  de- le  préserver  des  bêtes  fauves, 
qui,  comme  les  cerfs,  les  daims,  les  chevreuils,  les  sangliers, 
en  sont  très-avides.  Autrefois,  dans  le  voisinage  des  grandes 
forêts  ,  les  dégâts  faits  par  ces  animaux  étoient  énormes,  et  les 
cultivateurs  dont  les  terres  se  trouvoient  trop  près  de  ces 
bois,  préféroient  souvent  les  laisser  en  friche,  à  les  ensemen- 
cer pour  voir  dévorer  les  fruits  de  leurs  travaux  sans  pouvoir 
les  préserver  par  aucun  moyen.  Les  lièvres  et  les  lapins  aiment 
aussi  beaucoup  le  blé;  et  lorsque  ces  petits  qu.idrupèdes  sont 
trop  multipliés  sur  une  terre,  ils  font  beaucoup  de  tort  aux 
cultivateurs.  Les  autres  animaux  nuisibles  au  froment  sont 
les  corbeaux,  les  corneilles,  les  pigeons,  les  moineaux,  les 
mulots,  les  campagnols,  les  sauterelles,  le»  vers  blancs,  hs 
hanuetoos ,  etc. 


4^5  FRO 

Le  froment  est  sujet  à  plusieurs  altérations  qui  nuisent  à  sa 
qualité  et  à  son  produit;  les  principales  sont  la  carie,  le  char- 
bon ,  la  rouille,  l'ergot.  La  carie,  que  l'on  nomme  encore, 
selon  les  pays,  cloque,  noir,  pourriture  ,  est  unf  plante  para- 
site, une  espèce  de  champignon  (u7-edo  cûnVi ,  Decand.  ),  pla- 
cée entre  les  balles.  Cette  altération  est  celle  qui  nuit  le  plus 
au  produit  et  à  la  qualité  du  blé.  La  poussière  produite  par 
la  carie,  quand  on  bat  le  blé,  s'attache  actlui  qui  est  sain,  le 
salit ,  et  en  cet  état  on  lui  donne  le  nom  de  blé  mouclieté.  Cette 
poussière  incommode  les  batteurs;  elle  provoque  la  toux, 
picote  les  yeux,  et  est  malfaisante.  Le  pain  fait  avec  la  farine 
de  blé  moucheté  a  une  teinte  violette,  une  sorte  d'àcreté, 
et  il  peut  être  nuisible  à  la  santé.  Le  meilleur  moyen  de  pré- 
server lesfromens  de  la  carie  est  un  bon  chaulage.  Le  charbon 
se  distingue  de  la  carie,  parce  qu'il  n'est  point,  comme 
celle-ci,  renfermé  dans  les  balles-,  c'est  une  poussière  char- 
bonneuse qui  paroît  formée  par  la  destruction  des  balles  elles- 
mêmes  et  du  grain.  Cette  poussière  fine  ,  sèche  et  légère,  que 
le  vent  emporte,  en  ne  laissant  que  le  squelette  de  l'épi ,  est, 
comme  la  carie ,  un  champignon ,  nommé  par  M.  Decandolle  , 
uredo  carho.  Le  charbon  est  moins  nuisible  que  la  carie,  parce 
qu'il  se  dissipe  avant  la  moisson.  La  rouille,  qui  attaque  le 
blé  et  plusieurs  autres  graminées ,  est,  comme  la  carie  et  le 
charbon  ,  une  pbmte  cryptogame  {uredo  rubigo  vera  ,  Decand.) 
qui  naît  sous  l'épiderme  des  feuilles  et  des  chaumes  du  blé,  et 
qui,  lorsqu'elle  est  abondante,  épuise  et  empêche  de  croître 
les  pieds  qu'elle  attaque,  au  point  de  diminuer  la  récolte 
d'une  manière  marquée.  Plusieurs  botanistes  ont  regardé  l'er- 
got comme  une  autre  cryptogame,  que  M.  Decandolle  range 
dans  le  genre  Sclerotiiim  ;  mais  d'autres  croient  que  c'est  une 
sorte  d'altération  ou  maladie  du  grain  ,  et  non  une  végé- 
tation. L'ergot  est  d'ailleurs  beaucoup  plus  commun  sur  le 
seigle  que  sur  le  froment,  et  il  est  surtout  abondant  dans  les 
étés  humides.  (Voyez  Ergot,  vol.  i  5  ,  p.  iG5.) 

Si  une  sécheresse  trop  prolongée  n'a  pas  arrêté  les  progrès 
du  froment,  et  n'a  pas  empêché  la  formation  des  grains  dans 
l'épi;  si  des  pluies  trop  abondantes  pendant  la  floraison  n'ont 
pas  dissipé  la  poussière  fécondante  qui  doit  vivifier  les  germes 
et  les  convertir  en  grains  ;  si  des  orages  ou  des  vents  violens 


FRO  A37 

n'ont  pas  renversé  les  blés ,  ne  les  ont  pas  couchés  sur  une 
terre  humide  où  les  mauvaises  herbes  les  étouffent,  et  où  les 
grains  se  corrompent  et  germent  ;  si,  enfin,  des  grêles  désas- 
treuses n'ont  pas  détruit  la  totalité  ou  partie  des  récoltes-, 
après  neuf  à  dix  mois  de  peines,  de  soins  assidus,  d'inquié- 
tudes de  toute  espèce,  le  cultivateur  va  se  voir  enfin  récom- 
pensé de  tous  ses  travaux  :  le  moment  de  faire  la  moisson  est 
arrivé. 

Lorsque  le  blé  est  à  sa  parfaite  maturité,  ce  qui  varie  beau- 
coup pour  l'époque,  selon  les  localités  (car,  dans  les  parties 
les  plus  méridionales  de  la  France ,  on  commence  à  moisson- 
ner dans  les  premiers  )ours  de  juin,  tandis  que  dans  le  Nord 
ce  n'est  que  vers  le  milieu  de  juillet ,  ou  même  en  août) ,  c'est 
à  la  couleur  des  pailles  et  des  épis  ,  et  à  la  consistance  du 
grain,  que  l'on  reconnoît  que  le  froment  est  mùr,  et  qu'il 
faut  y  mettre  les  ouvriers. 

Ce  travail  se  commence  maintenant  sans  aucune  cérémo- 
monie;  chez  les  anciens,  des  fêtes  et  des  danses  précédoient 
le  comrmencement  de  la  moisson.  Les  laboureurs,  au  temps 
de  Virgile,  alloient,  en  chantant  des  hymnes  et  en  dansant, 
promener  trois  fois  autour  de  leurs  champs  la  victime  qu'ils 
immoloient  ensuite  à  Gérés.  Tous  portoient  à  cette  £ête  des 
couronnes  de  chêne,  en  mémoire  du  gland  qui  avoit  nourri  les 
hommes  avant  qu'ils  connussent  l'usage  du  Mé. 

Terque  novas  circura  felix  eât  liostia  fruges, 
Ouinis  quani  chorus  et  socii  comitentiir  ovantes; 
Et  Cererem  ctamore  vocent  in  técta  :  neque  ante 
Falcem  maturis  quisquam  supponat  aristis, 
Quam  Cereri,  torta  redimitus  tempora  quercu, 
Det  motus  incompositos,  et  carmina  dicat. 

Georg.  lib.  1,  V.  345. 

Le  célèbre  Delille  cite  sur  ce  passage  un  commentateur 
anglois  (  Holsworth) ,  qui  dit  avoir  vu  des  paysans  florentins 
célébrer  au  mois  de  juillet ,  par  des  danses  et  des  clianfs,  et  la 
tête  couronnée  de  feuilles  de  chêne,  une  fête  qui  n'est  pro- 
bablement qu'une  continuation  de  celle  dont  parle  Virgile. 

Mais,  quelles  que  fussent  les  fêtes  des  anciens  en  l'honneur 
de  l'agriculture,  aucune  ne  peut  être  comparée  à  celle  qui  se 
pratique  tous  les  ans  à  la  Chine  depuis  un  temps  immémorial 


43Ô  FRO 

Cette  fête  est  celle  dans  laquelle  l'empereur  de  ce  vaste  em- 
pire, environné  des  princes  de  son  sang,  des  grands  de  sa  cour, 
des  laboureurs  les  plus  recommandables ,  et  de  toute  la  pompe 
d'ungrand  souverain,  ouvre  et  laboure  lui-même  la  terre,  et 
sème  les  cinq  espèces  de  grains  regardés  comme  les  plus  né- 
cessairesà  l'homme, savoir,  le  froment,  le  riz,  les  fèves  etdeux 
sortes  de  millet.  Cette  cérémonie  du  labourage  paroît  avoir 
été  établie  non  seulement  comme  institution  politique,  pour 
encourager  l'agriculture,  mais,  ce  qui  la  rend  encore  plus  im- 
posante, c'est  qu'elle  est  consacrée  par  la  religion  :  car  l'em- 
pereur s'y  prépare  par  trois  jours  de  jeûne  ,  et  il  la  commence 
par  un  sacrifice  solennel.  Cette  fête  est  célébrée  tous  les  ans 
à  Pékin  au  retour  du  printemps  ,  et  elle  est  solennisée  le 
même  jour,  dans  tout  le  reste  de  l'empire  ,  par  les  vice-rois  et 
les  gouverneurs  des  provinces,  qui ,  accompagnés  des  princi- 
paux mandarins  de  leurs  départemens,  pratiquent,  dans  un 
champ  consacré  à  cet  usage  ,  les  mêmes  cérémonies  que  l'em- 
pereur. 

Dans  cette  même  contrée ,  la  profession  de  laboureur  est 
plus  honorable  que  celle  de  marchand;  et,  parmi  plusieurs 
préceptes  que  tout  mandarin  ou  gouverneur,  soit  de  ville  ou 
de  province,  est  obligé  d'enseigner  deux  fois  par  mois  au 
peuple  rassemblé  autour  de  lui ,  on  distingue  celui-ci  :  que  la 
profession  des  laBoureurs  jouisse  de  l'estime  publique,  on  ne 
manquera  jamais  de  grains  pour  se  nourrir. 

Nous  pourrions  encore,  au  sujet  des  honneurs  rendus  à 
l'agriculture,  parler  de  ces  consuls,  de  ces  dictateurs  tirés  de 
la  charrue  pour  être  misa  la  tête  de  la  république  romaine  : 
mais  cela  nous  entraineroit  trop  loin  :  revenons  à.  la  manière 
dont  on  pratique  maintenant  la  moisson. 

C'est  à  la  faucille  que  le  blé  se  coupe  le  plus  ordinairement  ; 
cependant  quelques  agronomes  conseillent  d'employer  de  pré- 
férence la  faux  armée  de  pleyons  :  ils  assurent  que  cet  instru- 
ment est  beaucoup  plus  expédilif;  qu'il  couche,  arrange  et 
étend  mieux  les  tiges  sur  le  sol;  qu'il  égrène  moins  l'épi  ;  qu'il 
coupe  les  pailles  plus  près  de  la  terre. 

Lorsqu'il  survient  des  pluies  abondantes  et  multipliées  au 
momentdela  récolte,  surlouttorsque  les  blés  sont  déjà  coupés 
isans  être  ramassés,  cela  peut  leur  causer  de  grands  dooioiages 


FRO  439 

en  leur  communiquant  une  humulité  surabondante  ,  cl  çn 
les  faisant  quelquefois  germer.  Les  cultivateurs  doivent  alors 
multiplier  les  soins  et  les  précautions  pour  sécher  leurs 
grains  le  mieux  possible  avant  de  les  serrer  ;  car  autrement ,  ils 
risqueroient  d'en  perdre  une  partie,  ou  même  la  totalité,  en 
peu  de  temps. 

Le  blé  germé  ne  se  conserve  qu'avec  beaucoup  de  difliculté, 
à  cause  de  la  disposition  qu'il  a  à  s'échaufler  et  à  fermenter. 
Abandonné  à  lui-même,  il  prend  bientôt  une  couleur  terne., 
une  odeur  désagréable  ,  et  une  saveur  piquante  qu'il  commu- 
nique à  la  farine  et  au  pain.  Il  peut  même  se  gâter  à  un  tel 
point,  et  devenir  si  mauvais,  que  les  bestiaux  n'en  veulent 
point.  Pour  prévenir  la  plus  grande  détérioration  ou  même 
la  perte  totale  du  blé  germé,  il  faut  le  battre  sur-le-champ  s'il 
est  possible ,  et  sécher  le  grain  battu  en  l'exposant  à  la  chaleur 
au-dessus  du  four,  ou  dans  le  four  même  ,  après  que  le  pain  en 
est  retiré  ,  ou  dans  une  étuve  chautTée  exprès,  en  le  remuant 
souvent. 

Mais,  comme  heureusement  le  temps  est  le  plus  souvent 
favorable,  quand  le  froment  est  coupé,  on  le  laisse  sur  le 
champ  un  ou  deux  jours,  ou  même  plus,  suivant  son  degré 
de  maturité  ,  et  suivant  qu'il  est  plus  ou  moins  mêlé  d'herbes, 
afin  que  celles-ci  perdent  leur  humidité  ;  ensuite  on  Je  lie  en 
gerbes  avec  des  liens  faits  de  paille  de  seigle  ou  de  blé  même, 
battue  à  l'avance.  On  réunit  ensuite  un  certain  nombre  de 
gerbes  en  tas,  jusqu'à  ce  qu'on  vienne  les  charger  sur  des  voi- 
tures pour  les  emporter  à  la  maison,  où,  lorsqu'elles  sont 
arrivées,  on  les  entasse  dans  des  granges;  et  si  celles-ci  sont 
insuffisantes  dans  les  années  d'abondance,  on  eu  construit  des 
moies  ou  meules,  dans  lesquelles  ,  quand  elles  sont  bien  faites  , 
le  froment  peut  se  conserver  un  an  ou  deux  sans  être  battu. 
On  donne  à  ces  meules  une  forme  pyramidale;  on  a  soin  d'é- 
lever leur  base  au-dessus  du  sol  par  le  moyen  de  pierres  ou 
de  fagots,  et  on  les  recouvre  d'une  sorte  de  toit  en  paille 
longue,  pour  que  la  pluie  puisse  couler  dessus  sans  pénétrer 
dans  l'intérieur. 

Dans  le  midi  de  l'Europe  ,  et  en  France  dans  nos  provinces 
méridionales,  comme  en  Gascogne,  en  Languedoc,  en  Pro- 
vence, enDauphiné,  etc. ,  on  ne  conserve  point  le  blé  dans 


4^1"  FRO 

3es  granges,  ni  en  meules.  Dans  tous  ces  pays,  aussilAt 
après  la  moisson  ,  les  gerbes  sont  transportées  dans  l'aire 
située  près  de  l'habitation,  mais  à  découvert;  elles  y  sont 
disposées  en  rond  et  par  couches.  Un  homme  se  place  dans 
Je  centre,  tenant  d'une  main  un  fouet,  de  l'autre  une  longe, 
avec  laquelle  il  dirige  les  bQsufs,  chevaux  ou  mulets,  qu'il 
fait  marcher  ou  trotter  autour  de  lui.  D'autres  ouvriers 
sont  occupés  à  retourner  la  paille  ,  et  à  la  repousser  sous 
ÎÇs  pieds  des  animaux  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  brisée,  et  que 
le  grain  se  soit  séparé  de  l'épi.  Alors,  avec  des  fourches  et 
des  râteaux  de  bois,  on  secoue  la  paille ,  et  on  la  retire  pour 
en  faire  tomber  le  blé  ,  afin  que  celui-ci  reste  seul  sur  l'aire , 
où  l'on  achève  de  le  nettoyer  en  le  vannant;  ou  encore,  lors- 
qu'il fait  assez  de  vent,  on  en  profite  pour  jeter  le  blé  en 
l'air  par  pelletées,  et  il  retombe  sur  les  parties  du  sol  qu'on  a 
eu  soin  de  balayer  auparavant ,  tandis  que  le  vent  transporte 
à  quelque  distance  les  brins  de  paille,  les  balles  et  la  pous- 
sière qui  y  étoient  mêlés. 

Dans  la  plus  grande  partie  de  la  France  ,  le  battage  ne 
s'exécute  qu'au  fléau,  en  étalant  sur  i'aire  pratiquée  au  milieu 
de  la  granse  une  certaine  quantité  de  gei'bes,  et  l'on  ne  bat 
le  plus  ordinairement  qu'au  fur  et  à  mesure  des  besoins,  ex- 
cepté lorsqu'il  faut  vider  la  grange,  afin  de  la  disposer  pour 
ime  nouvelle  récolte. 

Après  que  les  gerbes sonlbattucs,  il  reste  ànettoyerle  grain 
des'menues  pailles,  des  balles,  de  la  poussière  et  des  graines 
de  mauvaises  herbes  qui  peuvent  y  être  mêlées;  cette  der- 
nière opération  se  fait  au  moyen  du  van  et  du  crible.  Les 
cribles,  tels  que  ceux  qui  sont  actuellement  en  usage,  et 
qu'on  fait  agir  au  moyen  d'une  manivelle,  peuvent  nettoyer 
environ  six  cents  livres  de  grain  par  heure. 

Lorsque  le  blé  est  battu  ,  vanné  et  criblé ,  il  est  propre  à 
être  réduit  en  farine,  ou  il  s'agit  de  le  conserver  pour  ne  l'em- 
ployer qu'au  besoin.  Les  anciens  conservoient  le  blé  dans  de 
grands  vases  de  ferre  cuite,  ou  dans  des  souterrains,  espèces 
de  greniers  inaccessibles  à  l'impression  de  l'air.  Les  agro- 
nomes modernes  ont  proposé  divers  moyens  afin  de  pouvoir 
garderie  blé  pendant  long-temps.  Une  chose  essentielle  p.our 
que  le  froment  puisse  se  conrerver  plus  ou  moins  long-temps» 


FRO  441 

c'est  qu'il  soit  bien  sec  et  bien  nef.  A  cet  effet  ,  tous  le* 
quinze  jours  pendant  les  six  premiers  mois  ,  après  l'avoir 
bien  passé  au  crible,  on  le  remue  avec  des  pelles  de  bois,  et 
ensuite  tous  les  mois  seulement.  Au  bout  de  deux  ans  il  n'est 
plus  sujet  cà  s'échauffer,  et  il  peut  se  garder  parfaitement 
sain  pendant  une  longue  suite  d'années  ,  par  un  moyen 
fort  simple.  On  le  met  en  tas  aussi  gros  que  possible  5  on  le 
recouvre  d'une  couche  de  chaux  vive  de  trois  pouces  d'épais- 
seur; ensuite  on  humecte  avec  des  arrosoirs  la  surface  de  la 
chaux,  qui  ne  tarde  pas  à  se  prendre,  avec  les  grains  de  la 
superficie  qui  germent,  en  une  croûte  très- dure,  impéné- 
trable à  l'air  et  pour  les  animaux  et  les  insectes.  On  a 
l'exemple  d'une  grande  provision  de  blé  ainsi  parfaitement 
conservée  dans  un  magasin  de  la  citadelle  de  Sedan ,  011  elle 
étoit  restée  pendant  cent  dix  ans.  On  en  fit  du  pain  qui  fut 
trouvé  bon. 

En  Russie  on  fait ,  pour  garder  le  blé  ,  des  greniers  souter- 
rains ,  espèces  de  puits  profonds  ,  larges  dans  le  fond  et 
ëlroits  à  l'embouchure,  ayant  la  forme  d'un  pain  de  sucre. 
Les  parois  sont  enduites  de  plâtre,  et  on  en  ferme  exacte- 
ment l'ouverture  avec  des  pierres  détaille.  On  a  soin  de  n'y 
renfermer  que  du  blé  parfaitement  sec.  Les  Arabes  conservent 
les  blés  dans  de  pareils  souterrains,  auxquels  ils  donnent  le 
nom  de  mattamore. 

Mais,  de  tous  les  moyens  de  conserver  le  froment,  le  moins 
coûteux  et  le  plus  simple  consiste,  d'après  Parmentier,  à  le 
mettre  en  sacs  isolés,  après  qu'il  est  parfaitement  sec.  Commu- 
nément, dans  les  campagnes,  les  laboureurs  le  tiennent  dans 
de  grands  greniers ,  et  ils  ont  le  soin  de  le  remuer  souvent. 
Il  çsi  rare  d'ailleurs  qu'ils  en  gardent  fort  long-temps-,  c'est 
beaucoup  quand  on  trouve  chez  des  cultivateurs  le  blé  de 
deux  récoltes  l'une  sur  l'autre. 

Les  blés,  dans  les  greniers  ou  magasins,  doivent  être  sur- 
veillés pour  n'être  pas  la  proie  des  rais,  souris,  ou  autres 
rongeurs,  et  surtout  pour  être  préservés  des  charançons.  Ces 
petits  insectes  dévorent ,  pendant  qu'ils  sont  à  l'état  de  larve, 
toute  la  substance  farineuse  des  grains,  et  ils  n'en  laisent  exac- 
tement que  l'enveloppe.  Quand  ils  sont  très-multipliés  ,  ils 
peuvent  faire  un  dommage  immense.  On  a  imaginé  beaucoup 


442  FRO 

de  moyens  pour  les  détruire-,  mais  presque  tous  ces  moyen» 
ont  eu  si  peu  de  succès  qu'on  peut  les  regarder  couinie  inu- 
tiles. Le  plus  simple  et  le  meilleur  paroit  être  le  suivant.  Lors- 
qu'on voit,  au  retour  du  printemps  ,  que  les  monceaux  de  blé 
qui  ont  passé  Ihiver  dans  les  greniers ,  sont  infestés  de  cha- 
rançons, on  fait  (à  part ,  dans  un  coin  de  ces  greniers,  un  petit 
tas  de  blé  auquel  on  ne  touche  plus,  tandis  qu'au  contraire 
on  remue  fréquemment  à  la  pelle  tous  les  autres  tas.  Les 
charançons,  qui  aiment  la  tranquillité,  cherchent  à  se  réfu- 
gier dans  le  tas  de  blé  qu'on  laisse  sacs  le  remuer.  Pendant 
qu'ils  prennent  la  fuite,  on  les  ramasse  avec  un  balai,  et 
on  écrase  tout  ce  qu'où  peut  avec  les  pieds:  et  lorsqu'au  bout 
de  quelques  jours  il  ne  sort  plus  de  charançons  des  tas  de 
blé  remués,  on  fait  périr,  avec  de  l'eau  bouillante  répanrlue 
sur  celui  auquel  on  n'a  point  touché  ,  tous  les  insectes  qui 
s'y  sont  réfugiés. 

La  fécondité  du  froment  est  quelquefois  étonnante,  et  même 
presque  incroyable.  Pline  (  lib.  i8,  cap.  lo)  rapporte  que  le 
receveur  des  revenus  de  l'empereur  Auguste  lui  envoya  de 
Byzacium  en  Afrique,  terroir  renommé  pour  la  fertilité  de 
ses  blés  ,  un  pied  de  froment  d'où  sortoient  quatre  cents  tiges , 
etque  Néron  reçutaussi  delaméme  contrée  trois  cent  soixante 
tiges  de  cette  plante  ,  provenues  également  d'un  seul  grain.  En 
France,  quelle  que  soit  la  fertilité  de  certains  cantons,  les 
faits  analogues  sont  assez  éloignés  de  ce  que  rapporte  Pline: 
ainsi,  en  1B17,  un  grain  de  froment  semé  dans  un  jardin  aux 
environs  de  Brest  donna  naissance  à  un  groupe  de  cent  cin- 
quante-cinq épis; et,  d'après  le  témoignage  des  auteurs  d'agri- 
culture, le  plus  qu'on  eût  vu  auparavant  sortir  d'une  seule 
touffe  de  froment,  avoit  été  cent  dix-sept  tiges,  et  un  grain  de 
blé  de  miracle,  venu  dans  un  jardin,  avoit  donné  quatre-vingt- 
douze  épis  et  treize  mille  huit  cents  grains.  M.Tessier  dit  aussi 
avoir  trouvé  lui-même,  dans  la  Beance,  soixante  épis  sur  un 
seul  pied  de  froment,  et  soixante-trois  sur  l'autre. 

Oa  se  feroit  d'ailleurs  une  bien  fausse  idée  des  produits  du 
blé,  si  l'on  jugeoit  de  la  récolte  d'un  champ  entier  par  ces 
exemples  d'abondance  extraordinaire;  il  s'en  faut  de  beau- 
coup que  ce  qu'un  laboureur  recueille  ordinairement  ,  en 
approche  même.  Les  épis  de  Blé  les  plus  gros  et  les  mieux 


FRO  443 

noarris produisent  communéajent  cinquante  à  soixante  grains; 
les  plus  maigres  n'en  donnent  que  dix,  un  peu  plus,  ou  un  pea 
moins.  Il  faut  aussi  observer  que  tous  les  grains  qu'on  sème 
ne  lèvent  pas:  les  uns,  parce  qu'ils  sont  trop  enfoncés  ou  re- 
couverts de  mottes  ou  de  pierres;  les  autres,  parce  qu'ils  sont 
mangés  par  les  animaux.  Quant  aux  grains  qui  lèvent,  il  y 
en  a  qui  sont  étouffés  par  les  mauvaises  herbes  ;  d'autres  qui 
ne  prennent  pas  assez  d'accroissement  pour  porter  des  épis, 
les  plus  forts  et  les  plus  vigoureux  attirant  toute  la  sévc  à 
eux.  En  général  les  terres  les  plus  fertiles  ne  rapportent  que 
trente  quintaux  de  blé  par  arpent  ;  et  si  l'on  en  retranche  deux 
pour  la  semence,  on  voit  que  le  produit  est  de  quinze  pour 
un.  Mais  ces  sortes  de  terres  sont  très-rares  en  France  ;  à  peine 
peut-on  en  compter  de  cette  nature  un  centième.  Les  bonnes 
terres  ordinaires  rendent  dix  pour  un ,  et  les  moins  fertiles 
quatre  à  cinq. 

La  différente  nature  des  terrains  produit  des  blés  de  qualités 
différentes.  Les  meilleurs  ffomens  sont  ceux  qui  s«nt  venus 
dans  une  bonne  terre  substantielle  ,  quoiqu'un  peu  sèche  et 
pierreuse;  ils  ont  le  grain  d'une  grosseur  moyenne,  mais  dur, 
ferme,  d'une  belle  couleur.  Ces  blés  se  consei-vent  bien;  ils 
sont  très-propres  au  commerce  d'exportation  ;  ils  produisent 
comparativement  une  plus  grande  quantité  de  farine,  à  la 
mesure  et  au  poids,  et  ils  font  de  très-bon  pain.  Les  blés  qui 
ont  crû  dans  des  terres,  fortes  et  argileuses,  de  plaines  ou  de 
coteaux,  ne  sont  que  de  seconde  qualité  ;  ils  sont  moins 
fermes,  plus  légers,  et  d'un  jaune  pâle.  Ceux  venus  dans  les 
bas-fonds,  dans  les  lieux  humides  ou  les  terres  grasses  qui  re- 
tiennent l'eau  ,  paroissent  les  plus  gros  et  les  mieux  nourris  ; 
mais  ils  ne  sont  pas  secs  dans  le  cœur  :  ils  ont  moins  de  corps, 
et  ne  valent  jamais  ceux  des  plaines  et  des  coteaux. 

Le  grain  de  froment,  réduit  en  farine  dans  des  moulins 
propres  à  cet  usage,  donne  le  meilleur  pain  ,  celui  qui  est  le 
plus  usité  dans  les  villes,  et  qui  est  une  des  substances  les  plus 
propres  à  l'alimentation  des  hommes.  Ce  pain  doit  ses  bonnes 
qualités  aux  proportions  de  fécule  (voyez  Fécules)  et  de  gluleu 
(voyez  Glutdx)  ,  qui  entrent  comme  parties  constituantes  dans 
la  farine  de  froment,  proportions  qui  varient,  pour  le  gluten, 
selon  la  nature  et  les  variétés  de  celte  espèce ,  depuis  un  hui- 


^44  FRO 

tième  jusqu'à  près  d'un  tiers.  Les  autres  céréales,  dont  la  fa- 
rine est  toute  delà  fécule  ou  de  la  fécule  presque  pure,  sont 
toutes  incapables  de  former  du  pain  à  elles  seules,  ou  elles 
n'en  font  que  de  très-mauvais.  Ainsi,  les  pains  de  riz,  de 
millet,  de  maïs,  ne  valent  rien;  ce  ne  sont  que  des  masses 
frialles,  des  espèces  de  gâteaux  ou  de  galettes.  Le  seigle  et 
l'orge  sont,  après  le  froment  et  l'épeautre  ,  les  céréales  les  plus 
propres  à  faire  du  pain;  et  encore,  comme  ils  contiennent 
beaucoup  moins  de  gluten,  leurs  farines  ne  sont  pas  suscep- 
tibles de  fermenter  et  de  lever  de  même,  et  ne  donnent  qu'un 
pain  lourd ,  compacte  et  difficile  à  digérer  pour  les  personnes 
accoutumées  à  celui  de  froment.  Il  n'y  a  encore  que  ce  dernier 
grain  avec  la  farine  duquel  on  puisse  faire  de  bon  biscuit, 
susceptible  de  se  bien  conserver  dans  les  voyages  sur  mer. 

Ce  n'est  qu'avec  le  temps  que  l'art  de  faire  le  pain  s'est  per- 
fecîionnéau  point  où  nous  le  voyons  maintenant.  Les  premiers 
Romains  ignoroient  les  procédés  de  sa  fabrication;  et.  pendant 
plus  de  (ïinq  cents  ans,  ils  ne  vécurent,  au  lieu  de  pain,  que 
d'une  sorte  de  bouillie  ou  de  galettes  sans  levain.  Les  soldats 
romains  portoient  dans  un  petit  sac  de  la  farine  qu'ils  dé- 
layoient  dans  de  l'eau  pour  se  nourrir.  Il  paroit  qu'on  faisoit 
alors  griller  le  blé  avant  de  le  moudre  : 

Kuac  torrete  igni  fruges,  nunc  frangite  saxo. 
ViRG.   Ceorg.  I,  V.   267. 

Cette  torréfaction  qu'on  faisoit  subir  au  grain ,  lui  donnoit  un 
goût  qui  corrigeoit  sa  saveur  naturellement  insipide.  Ce  ne 
fut ,  selon  Pline  (  Ub.  1 8 ,  cap.  2  ) ,  que  l'an  58o  de  la  fondation 
de  la  ville,  qu'il  y  eut  des  boulangers  à  Rome,  et  qu'on  y 
connut  les  procédés  pour  faire  de  bon  pain. 

La  manière  de  fabriquer  du  pain  en  mêlant  du  levain  à  la 
pâte,  afin  de  lui  faire  subir  une  certaine  fermentation,  a  été 
connue  beaucoup  plus  anciennement  dans  l'Orient,  et  le 
Egyptiens  savoient  déjà  faire  du  pain  ,  en  y  employant  le  le- 
vain, du  temps  de  Moïse  ,  puisque  ce  législateur  des  Hébreux 
dit  que,  lorsque  les  Israélites  quittèrent  l'Egypte,  ils  furent 
forcés  de  partir  si  promptement  qu'ils  n'eurent  pas  le  temps 
de  mettre  le  levain  dans  la  pâte  (E.rod. ,  cap.  xii ,  v.  59).  De 
l'Egypte  l'art  de  faire  le  pain  passa  chez  les  Grecs  j  et  de 


FRO  445 

ceux-ci   chez   les  Romains,  après  leur  victoire  sur   Persée 
roi  de  Macédoine.  (Pline,  1.  c.) 

On  ne  doit  pas,  en  général ,  employer  des  blés  trop  nou- 
vellement récoltés  pour  faire  du  pain,  sans  avoir  la  précau- 
tion de  les  exposer  au  soleil  ou  sur  un  four,  ou  dans  une  étuve , 
pour  en  opérer  la  dessiccation  parfaite;  car, •quelque  secs  qu'ils 
paroissent  à  l'époque  de  la  récolte,  ils  contiennent  encore 
une  eau  de  végétation  qui  rend  dangereux  d'en  faire  usage 
trop  promptement.  On  a  attribué  à  cette  cause  les  maladies 
qui  se  déclarèrent  dans  l'armée  prussienne  qui  entra  dans  la 
Champagne  en  septembre  1792,  et  qui  lui  firent  perdre  ua 
grand  nombre  de  soldats. 

La  farine  de  froment  est  la  base  des  pâtisseries  de  foute 
espèce  ;  avec  aucune  autre  on  n'en  sauroit  faire  d'aussi  excel- 
lentes et  d'aussi  délicates.  Elle  sert  à  faire  les  vermicelles  , 
les  macaronis,  les  semoules.  C'est  avec  elle  qu'on  prépare  la 
bouillie  pour  les  enfans.  A  ce  sujet  le  chimiste  Rouelle  a  fait 
observer  qu'il  faudroit,  pour  rendre  cette  nourriture  plus 
saine,  employer  à  sa  préparation  le  malt  de  froment,  tel 
qu'il  entre  dans  la  composition  de  la  bière  ,  c'est-à-dire  le  grain 
germé ,  parce  qu'il  a  subi  une  fermentation  équivalente  à  celle 
qu'éprouve  la  pâte  dont  on  fait  le  pain.  On  peut  y  suppléer, 
en  faisant  rôtir  la  farine  au  four. 

Le  froment  que  l'on  a  fait  germer  d'une  certaine  manière  , 
a  reçu  le  nom  de  malt,  ainsi  qu'il  vient  d'être  dit,  et  il  est 
employé,  mais  beaucoup  plus  rarement  que  l'orge,  à  cause 
de  son  prix  plus  élevé ,  pour  la  fabrication  de  la  bière.  Lorsque 
la  fermentation  qu'on  lui  fait  subir  dans  cet  état  est  portée 
jusqu'à  un  certain  degré,  il  est  susceptible  de  fournir  del'eau- 
de-vie  par  la  distillation  ;  mais  la  même  raison  qui  fait  qu'on 
lui  préfère  l'orge  pour  la  fabrication  de  la  bière,  fait  aussi  que 
ce  n'est  guère  que  de  cette  dernière  qu'on  retire  l'eau-de-vie 
connue  sous  le  nom  d'eau-de-vie  de  grain. 

La  farine  de  froment,  préparée  avec  de  l'eau  ,  et  cuite  en 
une  espèce  de  bouillie,  peut  servir  extérieurement  comme 
cataplasme  émollient  ;  mais  on  n'en  fait  que  peu  ou  point 
d'usage,  et  seulement  au  défaut  d'autres  moyens.  Le  son  ,  ou 
l'écorce  du  froment,  séparée  de  la  farine  parle  bluteau,  sert 
quelquefois  en  décoction  pour  préparer  des  lavemens  adou- 


446  FRO 

cissans  et  laxatifs.  Ce  mtme  son  est  plus  souvent  employé  pour 
engraisser  les  volailles  et  pour  nourrir  les  animaux  de  basse- 
cour.  Le  son  sert  encore  pour  emballer  les  belles  faïences,  les 
porcelaines  ,  les  émaux,  etc.  Les  amidoniers  savent  en  retirer 
l'amidon  pour  en  faire  l'empois  et  la  poudre  à  poudrer  les 
cheveux;  cette  dernière, presque  tombée  en  désuétude  aujour- 
d'hui, mais  qui  faisoit  autrefois  la  parure  essentielle  de  la  tète  , 
si  l'on  peut  appeler  parure  ce  ridicule  usage,  qui  obligeoit 
l'adolescent  à  couvrir  ses  cheveux  d'une  substance  qui  l'assi- 
miloit  à  la  couleur  de  la  vieillesse. 

La  colle  blanche  ordinaire,  dont  les  usages  sont  si  variés 
dans  différens  arts  et  métiers,  est  faite  avec  la  farine  de  fro- 
ment. La  mie  de  pain  sert  aux  dessinateurs  pour  effacer  de 
dessus  le  papier  les  coups  de  crayon  mal  donnés. 

Tous  les  bestiaux,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  sont  friands 
des  liges  et  des  feuilles  du  froment.  Dans  certains  cantons  où 
les  fourrages  sont  rares  et  chers,  on  en  cultive  exprés  pour 
le  couper  en  vert,  et  le  donner  à  ces  animaux.  Cette  nourri- 
ture convient  bien  aux  chevaux  qu'on  a  trop  fatigués  ;  elle 
les  refait  promptcmcnt.  Les  vaches  et  les  brebis  auxquelles 
on  en  donne  ,  ont  plus  de  lait.  Ce  n'est  pas  qu'à  l'état  de 
verdure  que  les  tiges  du  froment  sont  mangées  par  ces  ani- 
maux. La  paille  sèche  est  aussi  employée  pour  la  nourriture 
des  chevaux  et  autres  bestiaux  ;  on  leur  en  fait  de  la  litière, 
et  cette  litière,  imprégnée  de  leur  urine,  et  mêlée  à  leurs 
excrémens,  forme  la  masse  des  fumiers  qui  servent  à  en- 
graisser les  champs  sur  lesquels  croîtront  de  noiivelles  mois- 
sons. 

La  paille  de  froment,  ainsi  que  celle  de  seigle,  a  encore 
divers  usages.  On  en  couvre  les  toits  rustiques;  on  s'en  sert 
pour  faire  les  sièges  des  chaises  -,  souvent  elle  est  le  seul  lit  du 
pauvre.  On  en  fait  ou  recouvre  certains  menus  ouvrages , 
comme  paniers,  corbeilles  ,  boîtes,  étuis,  etc.,  dont  on  varie 
îa  couleur,  parce  que  la  paille  prend  facilement  toutes  les 
teintes  qu'on  veut  lui  donner.  On  en  fait  encore  des  chapeaux 
légers,  très-utiles  dans  l'été,  et  surtout  dans  les  pays  chauds, 
pour  préserver  des  rayons  d'un  soleil  trop  ardent.  Dans  le  midi 
de  l'Europe,  et  dans  certaines  parties  de  la  France,  toutes 
les  femmes  de  la  campagne  ,  et  même  beaucoup  d'hommes  , 


FRO  447 

portent  de  ces  cjiapeaux.  Nous  avons  vu  plusieurs  fois  ,  dans 
les  campagnes  du  Midi,  les  bergères  tresser  elles-mêmes  les 
pailles  qui  dévoient  servir  à  ombrager  leur  front.  Elles  em- 
ploient, presque  sans  préparation,  les  chaumes  des  blés  ou 
des  seigles  qui  les  nourrissent,  et  les  ouvrages  sortis  de  leurs 
mains  sont,  comme  on  peut  croire,  très-grossiers.  Mais  cette 
coiffure  des  simples  villageoises  étant  aussi  nécessaire  aux 
dames,  l'art,  à  force  de  soins,  a  trouvé  moyen  de  travailler 
cette  paille  qui  nous  paroit  si  grossière  et  si  vile,  de  manière 
à  la  rendre  assez  fine  et  assez  unie  pour  qu'on  soit  parvenu  à 
en  faire  une  parure  recherchée,  un  objet  de  luxe  envié  par 
les  belles  les  plus  élégantes. 

C'est  en  Italie  que  se  fabriquent  les  beaux  chapeaux  de 
paille.  Dans  les  cantons  oîi  l'on  se  livre  à  ce  genre  d'indus- 
trie ,  ou  ne  se  contente  pas  de  choisir  les  plus  belles  pailles 
du  blé  que  l'on  cultive  ordinairement  pour  en  avoir  le  grain. 
On  fait  mieux;  on  cultive  tout  exprès  une  variété  particulière 
de  cette  plante.  On  choisit  un  terrain  pierreux  où  le  blé 
lève  avec  difficulté,  et  non  pas  un  terrain  gras  et  fertile.  On 
préfère  un  site  montagneux ,  et  qui  ne  soit  ombragé  par  aucun 
iirbre.  On  divise  le  champ  en  petits  sillons,  qu'on  couvre  de 
fumier  de  pigeon,  de  brebis  ou  de -vers  ci  soie.  Lorsque  l'hiver 
amène  un  peu  de  neige  ,  la  récolte  en  est  meilleure.  En  juin  , 
lorsque  l'épi  commence  à  fleurir,  mais  avant  que  la  floraison 
soit  complète,  il  faut  couper  toutes  les  tiges  rez  terre.  On 
les  place  ensuite  en  longues  files  pour  les  faire  sécher  au 
soleil,  puis  on  les  expose  à  la  rosée  pour  les  attendrir.  Si  on 
prévoit  de  la  pluie,  il  faut  les  rentrer  avec  soin;  et,  quand 
on  les  expose  de  nouveau  au  soleil,  on  évite  de  les  placer  sur 
un  terrain  en  végétation. 

Ces  préparations  s'appliquent  à  la  fabrication  des  chapeaux 
communs,  tels  que  ceuxde  Bologne;  maisà  Signa,  petitviilage 
près  de  Florence,  où  se  fabriquent  les  plus  beaux,  on  prend 
bien  d'autres  soins.  On  cueille  les  tiges  une  à  une ,  afin  de  pou- 
voir les  choisir.  Apre»  la  première  dessiccation,  on  les  serre 
dans  un  grenier ,  où  le  jour  n'entre  d'aucune  part  ;  on  y  range 
les  pailles  sur  des  planches  ,  comme  des  livres  dans  une  biblio^ 
thèque;  on  place,  au  milieu  de  la  pièce,  un  réchaud  avec 
des  charbons  ardcns  ,  sur  lesquels  ou  brûle  une  grande  quan- 


448  FRO 

tité  de  soufre;  on  fait  sécher  de  nouveau  les  tuyaux  au  soleil-, 
enfin,  on  les  réunit  en  petites  liasses,  et  on  les  coupe  aux 
deux  extrémités,  de  manière  qu'ils  soient  tous  exactement 
de  la  même  longueur. 

La  matière  ainsi  préparée  ,  le  travail  commence  ;  on  ne  le 
confie  qu'à  des  femmes ,  dont  la  main  est  plus  douce  et  plus 
délicate.  Les  unes  font  les  tresses-,  les  autres  les  cousent.  Il  faut 
des  talens  différens  pour  ces  différentes  opérations.  L'ouvrière 
qui  a  entrepris  un  tissu  d'une  certaine  finesse ,  ne  doit  être 
distraite  par  aucun  plaisir,  aucune  passion  :  si  elle  est  occu- 
pée d'un  sentiment  trop  vif  de  joie  ou  d'inquiétude,  sa  main 
n'obéit  plus  comme  auparavant;  le  tissu  devient  inégal,  in- 
correct, et  Pouvrage  perd  la  plus  grande  partie  de  sa  valeur. 
Plusieurs  mois  d'une  laborieuse  assiduité  sont  nécessaires 
pour  achever  ce  travail  élégant.  Il  y  a  quelques  années  que  , 
surpassant  encore  tout  ce  qu'on  avoit  fait  jusque-là  de  plus 
beau  à  Signa,  on  est  parvenu  à  y  exécuter  une  sorte  de  chef- 
d'œuvre  en  ce  genre:  c'étoit  un  chapeau  qui  avoit  quarante- 
neuf  tours,  dix  de  plus  que  les  plus  beaux,  qui  en  ont  trente- 
neuf.  Ce  chapeau  merveilleux  est  fin  comme  une  batiste ,  et 
moelleux  comme  une  étoffe  de  soie. 

Une  plante  aussi  précieuse  que  le  froment,  qui  fait  la  prin- 
cipale nourriture  d'une  grande  partie  des  hommes  civilisés , 
méritoit  que  nous  la  présentassions  sous  tous  les  rapports 
d'intérêt  dont  elle  est  susceptible,  et  encore  avons-nous  été 
forcés  d'abréger  beaucoup  ce  que  nous  avions  à  en  dire ,  la 
nature  de  ce  Dictionnaire  ne  nous  permettant  pas  d'entrer 
dans  tous  les  détails.  Revenons  maintenant  aux  autres  espèces 
du  même  genre. 

Froment  a  û?i  rameux  ,  vulgairement  Blé  de  miracle  ou  de 
Smyrne;  Triticum  compositum ,  Linn.  fils,  SuppL,  ii3.  Le 
caractère  d'après  lequel  les  auteurs  distinguent  cette  espèce 
de  la  première,  quoique  très-faciles  à  saisir,  ne  nous  pa- 
roissent  cependant  pas  d'une  grande  valeur ,  et  nous  ne  croyons 
pas  que  cette  plante  soit  autre  chose  qu'une  variété  r.^mar- 
quable  du  froment  commun,  parce  que,  soit  dans  sesglumes, 
soit  dans  ses  balles,  soit  dans  ses  grains,  elle  ne  présente 
réellement  aucune  différence  qui  la  sépare  de  ce  dernier. 
Quoi  qu'il  en  soit ,  ses  tiges  s'élèvent  à  la  hauteur  de  quatre  à 


FRO  449 

cinq  pieds,  et  sont  terminées  par  de  gros  et  grands  épis,  dont 
la  partie  inférieure  est  chargée  de  quatre  à  sept  épis  courts, 
sessiJes,  serrés  à  la  base  de  l'épi  principal.  Leurs  épillets  sont 
ordinairement  triflores,  et  les  balles  sont  velues,  munies  de 
longues  barbes.  Ce  froment  passe  pour  être  originaire  de 
l'Egypte:  on  le  cultive  dans  quelques  cantons,  principalement 
en  Picardie  et  en  Dauphiné-,  mais  jusqu'à  présent  il  ne  paroît 
être  répandu  abondamment  nulle  part,  et  on  le  sème  plutôt 
par  curiosité  qu'autrement.  Pline  [Lib.  18,  cap.  10)  paroît 
désigner  le  blé  de  miracle  par  ces  mots  :  Fertilissima  tritici 
gênera,  ramosum  ,  aut  quod  centigranum  vocant.  Cette  espèce 
offre  des  variétés  et  des  sous-variétés  qui  diffèrent  les  unes  des 
autres  par  la  couleur,  plus  ou  moins  rousse,  et  quelquefois 
blanchâtre,  des  épis.  Il  y  en  a  aussi  une  dont  l'épi  est  glabre  : 
les  grains  sont  gros,  bombés,  presque  ronds,  d'un  blanc  jau- 
nâtre; ils  font  de  très-bon  pain. 

Froment  de  Pologne  :  Triticum polonicum  ,\Linn.,  Spec,  127  • 
Triticum  majus  ,  longiore  grano,  etc.,Moris,,  Hist,,  3,  p.  175 
Suppl. ,  8  ,  t.  1,  f.  8.  Ce  froment  est  une  espèce  très-distincte- 
ses  tiges  s'élèvent  à  quatre  ou  cinq  pieds;  elles  sont  terminées 
par  un  épi  de  4  à  7  pouces  de  longueur,  formé  de  i5  à  20  épil- 
lets ou  plus,  imbriqués,  longs  de  i3  à  18  lignes,  et  d'une 
couleur  glauque  ;  les  glumes  de  leur  calice  sont  étroites-lan- 
céolées,  striées  ,  glabres  dans  une  variété,  pubescentes  dans 
l'autre,  renfermant  ordinairement  deux  fleurs  fertiles  et  une 
autre  qui  avorte.  Dans  les  premières ,  la  balle  extérieure  se 
termine  par  une  longue  barbe.  Les  grains  sont  alongés  presque 
comme  des  grains  d'avoine.  Le  lieu  natal  de  cette  plante  n^est 
pas  connu  d'une  manière  positive;  le  nom  spécifique  qu'elle 
porte ,  paroîtroit  faire  croire  qu'elle  nous  est  venue  de  la 
Pologne.  On  ne  la  cultive  guère  que  dans  les  jardins  de  bo- 
tanique. 

Fkoment-épeautre,  vulgairement  Grande  Epeautre  :  Tri- 
ticum spelta ,  Linn.  >  Spec. ,  127  ;  Zea  dicoccos  vel  major ,  Moris. 
Hist.,  3,  p.  204,  Suppl.,  8,  t.  6 ,  f.  i.Ses  tiges,  hautes  de 
deux  à  trois  pieds  ,  portent  à  leur  sommet  un  épi  un  peu  com- 
primé, long  de  trois  pouces  ou  environ,  glabre,  glauque, 
composé  d'épillels  distiques,  dont'les  glumes,  coriaces,  tron- 
quées à  leur  sommet  avec  une  petite  pointe,  renfermeçt  deux 
17.  .  29 


45o  FRO 

fleurs  fertiles  ,  ordinairement  munies  de  barbes  ,  et  en  outrt? 
une  ou  deux  fleurs  mutiqucs  et  stériles.  Les  graines  sont  pe- 
tites, et  elles  adhérent  aux  balles  de  manière  qu'il  est  assez 
difiicile  de  les  en  séparer.  Cette  plante  croît  naturellement  en 
Perse,  ainsi  que  Michaux  père  et  Olivier  Tont  découvert  l'un 
et  l'autre.  Avant  le  voyage  du  premier  dans  cette  contrée  ,  les 
botanistes  ignoroient  quelétoit  son  pays  natal.  Cultivée  depuis 
long-temps  en  Europe,  elle  .1  produit  plusieurs  variétés. 
M.  Tessier  distingue  les  suivantes  : 

a.  Epeautre  barbue,  à  épi  blanc,  barbes  blanches,  balles 
écartées  ,  grains  longs  ; 

h.  Epeautre  barbue,  à  épi  rouge,  barbes  rouges,  balles 
écartées,  grains  longs  ; 

c.  Epeautre  sans  barbes  ,  à  épi  blanc ,  balles  écartées,  grains 
longs  ;  . 

d.  Epeautre  sans  barbes,  à  épi  rouge,  balles  écartées, 
grains  longs  ; 

e.  Epeautre  barbue,  à  épi  étroit,  blanc  et  plat;  balles  et 
barbes  rapprochées,  grains  longs.- 

On  cultivoit  autrefois  Tépeautre  beaucoup  plus  que  main- 
tenant,  et  le  nombre  des  champs  ensemencés  de  cette  grami- 
née  diminue  tous  les  jours.  On  n'en  voit  pas  aujourd'hui 
en  France  le  quart  de  ce  qu'il  y  en  avoit  il  y  a  trente  ans; 
presque  partout  où  l'on  a  pu  lui  substituer  le  froment  on  l'a 
fait,  parce  qu'on  a  trouvé  la  culture  de  ce  dernier  plus  avan- 
tageuse. Dans  quelques  parties  de  lAllemagne ,  et  surtout  en 
Souabe,  on  estime  encore  beaucoup  l'épeautre  ,  parce  qu'elle 
ne  gèle  jamais.  On  en  recueille  aussi  dans  quelques  cantons 
de  l'Italie,  en  Suisse,  et  dans  les  pays  montagneux  en  France, 
comme  tes  Cévennes,  le  Limousin,  les  Vosges,  le  Dauphiné. 

L'épeautre  vient  dans  les  plus  mauvaises  terres,  et  princi- 
palement sur  les  montagnes  froides  :  elle  craint  l'eau  :  mais 
elle  peut  rester,  sans  inconvénient,  pendant  quatre  mois 
sous  la  neige.  Comme  elle  est  beaucoup  de  temps  à  mûrir  ,  on 
la  sème  tout  de  suite  après  la  moisson,  et  avec  son  enve- 
loppe, ce  qui  fait  qu'il  en  faut  le  double  de  ce  qui  seroit 
nécessaire  si  elle  étoit  égrugée.  Sa  culture  est  d'ailleurs  la 
même  que  celle  du  froment. 

Le  grain  de  l'épeautre  se  conserve  bien  dan»  ses  balles, 


rno  45i 

satis  craindre  les  charançons  et  autres  ennemis  du  froment-, 
mais  il  a  besoin  d'en  être  débarrassé  pour  être  réduit  enfariné, 
et  c'est  une  opération  préparatoire  qu'on  lui  fait  subir  dans 
des  moulins  construits  exprès  ,  et  dont  les  meules  sont  écartées 
de  manière  <à  froisser  seulement  Tenveloppe  sans  endtîmmagcr 
le  grain, 

La  farine  d'ëpeautre ,  moins  abondante  que  celle  de  fro- 
ment, est  composée  des  mêmes  élémens  ;  fnais,  comme  les  pro- 
portions n'en  sont  pas  tout-à-fait  les  mêmes,  il  faut,  pour  en 
faire  un  pain  qui  ne  soit  pas  lourd  et  fade,  apporter  quelques 
soins  particuliers  dans  sa  fabrication,  employer  de  l'eau  plus 
chaude,  une  plus  grande  quantité  de  levain,  et  surtout  un 
peu  de  sel.  Si ,  avec  ces  soins  ,  la  farine  a  été  bien  débarrassée 
de  tout  le  son,  le  pain  d'épeautre  est  blanc,  léger,  savon- 
feux,  et  se  conserve  frais  pendant  quelques  jours.  Si,  dans 
les  pays  de  montagnes  ,  on  trouve  chez  les  paysans  de  ce  pain 
qui  soît  noir,  grossier  et  difficile  à  digérer,  c'est  parce  que 
ceux-ci  y  ont  laissé  tout  le  son  ,  et  ont  négligé  les  autres  soins 
nécessaires  à  la  confection  d'un  pain  de  bonne  qualité.  La 
bouillie  faite  avec  la  farine  d'épeautre  est  excellente,  selon 
M.  Bosc.  On  peut,  avec  le  grain,  faire  de  très-bon  gruau,  et 
préparer  une  bière  également  fort  bonne. 

La  paille  d'épeautre  est  plus  tendre  que  celle  de  froment, 
et  les  bestiaux  la  mangent  plus  volontiers  ;  en  Allemagne  ,  on 
la  leur  donne  comme  fourrage.  Les  balles  ,  mêlées  avec  un  peu 
d'avoine,  sont  une  bonne  nourriture  pour  les  chevaux. 

Froment  lOcular  ,  vulgairement  Petite  Epeautre  :  Trilicum 
monococcum  ,  Linn.  ,  Spec. ,  127  ;  Zea  briza  dicta,  seu  monococ- 
cos  germanica ,  Moris.  ,  Hist.,  3,  Suppl.,  8,  t.  6,  f.  2.  Cette 
espèce  diffère  de  la  précédente,  parce  qu'elle  est  plus  petite; 
parce  que  ses  épis  sont  plus  grêles,  plus  courts, |plus  compri- 
més, et  parce  que  chaque  ëpillet  ne  contient  que  deux  ou 
trois  fleurs,  dont  une  seule  est  fertile  et  munie  de  barbes.  On 
en  connoît  deux  variétés  :  dans  l'une  l'épi  est  blanc  et  lisse, 
dans  l'autre  Tépi  est  roux  et  pubescent.  Le  froment  locular  est 
cultivé  dans  quelques  cantons  montagneux  du  midi  de  la 
France,  dans  la  Suisse,  la  Sicile  ,  etc.  Commme  l'épeantre,  il 
réussit  dans  les  pays  montueux,  et  peut  venir  dans  les  terrains 
maigres  et  presque  arides  ;.  sa  culture  est  la  même.  Ses  grains, 


452  FRO 

qui  sont  petits ,  un  peu  rougeàtres ,  servent  aussi  à  faire  de  la 
bière  ou  du  gruau  ;  et ,  pour  les  convertir  en  farine  et  en  pain  , 
il  faut  les  mêmes  précautions  et  les  mêmes  soins  que  pour 
l'épeautre. 

Froment  loliaçb  :  Triticum  loliaceum,  Smith,  FI.  Brit.,  i  , 
p.  iSg  ;  Triticum  rottbolla,  Decand.,  FI.  Fr. ,  n.°  1669.  Tiges 
longues  de  deux  à  quatre  pouces,  étalées,  simples,  ou  plus 
rarement  un  peu  rameuses  ,  glabres  ;  terminées  ,  dans  leur 
moitié  supérieure,  par  un  épi  composé  de  six  à  douze  épillets 
oblongs,  alternes,  disposés  d'un  seul  côté,  et  renfermant  cha- 
cun six  à  dix ,  et  même  jusqu'à  douze  fleurs  mutiques.  Cette 
petite  plante  est  commune  dans  les  terrains  sablonneux,  sur 
les  bords  de  l'Océan  et  de  laM  éditcrranée. 

Froment  DÉr.iCAT  :  Triticum  tenellum ,  Linn.  ,  Spec.  ,  127; 
Triticum'poa,  Decand.,  Fl.Fr. ,  n.°  1668.  Tiges  hautes  de  trois 
à  huit  pouces,  et  jusqu'à  un  pied,  droites,  grêles,  d'un  vert 
tendre  ,  et  quelquefois  teintes  de  violet  ainsi  que  toute  la 
plante,  garnies  de  deux  à  trois  feuilles  très-étroites  ;  épi  ter- 
minal, formé  de  cinq  à  huit,  et  jusqu'à  quinze  épillets  al- 
ternes, composés  de  quatre  à  six  fleurs  oblongues,  obtuses. 
Cette  plante  croît  dans  les  champs,  en  France,  en  Italie  ,  etc. 

Froment  menu-,  Triticum  tenuiculum,  Lois.,  Not.  ,27.  Cette 
espèce  a  beaucoup  d'affinité  avec  la  précédente  ;  elle  en  a  tout 
le  port  :  ses  épillets  sont  seulement  moins  nombreux,  et  ses 
balles  sont  aristées.  Elle  croît  dans  les  champs  ,  en  Bretagne  , 
en  Anjou,  dans  le  pays  de  Gènes,  etc. 

Froment  faux-nard  ;  Triticum  nardus ,  Decand.,  Fl.Fr., 
n.°  1671.  Petite  espèce  comme  les  trois  précédentes,  dont  les 
tiges  viennent  en  touffe  ,  et  sont  terminées  par  des  jépis  uni- 
latéraux, composés  de  dix  à  vingt  épillets,  dont  les  balles  sont 
aristées ,  glabres  dans  une  variété ,  pubescentes  dans  Fautre. 
Elle  est  commune  dans  les  champs  secs  et  arides. 

Froment  unilatéral  ;  Triticum  uniterale,  Linn.,  Mant. ,  35. 
Ce  petit  froment  diffère  du  précédent  par  ses  tiges  étalées, 
presque  entièrement  couchées,  et  par  ses  balles  qui  sont  dé- 
pourvues de  barbes.  Il  croît  dans  les  champs  du  midi  de  la 
France. 

§.  II.  Fromens  vi^>aces. 

Froment  jonciforme  :  Triticum  junceum^  Linn.,  Spec,  ia8  ; 


FRO  455 

Triticum  farctum  ,  Viv. ,  Fiat,  Ital. ,  fragm.  i  ,  p.  28  ,  t.  26  ,  f.  i . 
Ses  racinessont'  rampantes^  ellesclonnentnaîssance  à  plusieurs 
tiges  roides  ,  hautes  d'un  à  deux  pieds  ,  garnies  dans  leur  par- 
tie inférieure  de  plusieurs  feuilles  étroites,  glauques  comme 
toute  la  plante ,  et  roulées  en  leurs  bords  ;  les  tiges  sont  ter- 
minées par  un  épi  long  de  quatre  à  dix  pouces,  composé 
d'épillets  écartés  ,  alternes ,  portés  sur  un  axe  lisse ,  comprimés , 
contenant  chacun  trois  à  six  fleurs  à  balles  striées,  mutiques 
et  un  peu  tronquées..  Cette  plante  croit  dans  les  sables  des 
bords  de  la  Méditerranée. 

FiiOMENT  ROiDE  :  TriticuTTi  rigidiim  ,  Schrad.,  FL.  Germ.  ,  1  , 
p.  392  ;  Triticum  elongafum  ,  Host.,  Gram.,  2  ,  p.  18,  t.  18. 
Cette  espèce  difTère  de  la  précédente  par  ses  épillets  plus 
nombreux,  quelquefois  presque  imbriqués,  portés  sur  un  axe 
denté,  composés  de  six  à  dix  fleurs,  dont  les  glumes  sont 
marquées  de  sept  nervures.  Elle  croît  sur  les  bords  de  la  mer 
en  Languedoc,  en  Provence;  elle  a  aussi  été  trouvée  en 
Allemagne,  en  Suisse. 

Froment  des  haies  :  Triticum  sepium ,  Lamk. ,  Dict.  enc. ,  2, 
p.  563-,  Elymus  caninus ,  Linn.,Spec.,  12/).  Ses  racines  sont 
fibreuses;  elles  produisent  des  tiges  droites,  feuillées  ,  hautes 
de  deux  à  trois  pieds  ou  plus ,  et  terminées  par  un  épi  un  peu 
incliné,  composé  d'épillets  rapprochés,  contenant  chacun 
quatre  à  cinq  fleurs  ,  dont  les  balles  et  les  glumes  sont  aristées. 
Cette  plante  est  commune  dans  les  bois,  dans  les  buissons  et 
dans  les  haies. 

Froment  rampant  :  Triticum  repens  ,  Linn.,  Spec. ,  128; 
Host.,  Gram.,  2  ,  p.  17  ,  t.  21.  Ses  racines  sont  grêles,  articu- 
lées, rampantes;  elles  produisent  çà  et  Là  des  tiges  droites  , 
feuillées,  hautes  de  deux  à  trois  pieds,  terminées  par  un  épi 
long  de  trois  à  six  pouces,  formé  d'épillets  assez  rapprochés, 
contenant  chacun  quatre  à  huit  fleurs ,  dont  les  glumes  et  les 
balles  sont  aiguës,  et  quelquefois  munies  de  barbes.  Cette 
espèce  est  commune  dans  les  lieux  cultivés  et  sur  le  bord  des 
champs. 

Les  racines  de  froment  rampant,  vulgairement  connues  sous 
le  nom  de  chiendent,  ont  une  saveur  douceâtre  et  un  peii 
sucrée.  Elles  sont  diurétiques,  apéritives  et  rafraîchissantes: 
sous  ces  divers  rapports  ,  ou  en  fait  un  usage  fréquent  en  mé- 


454  FRO 

decine  ,  et  elles  entrent  dans  la  plup.irt  des  tisanes  comnmncs. 
On  les  prescrit  en  décoction,  à  la  dose  d'une  demi-once  à  une 
once  pour  deux  livres  d'eau.  Cette  décoction  ,  édulcorée  avec 
un  peu  de  sucre  ou  de  mie),  est  une  boisson  assez  agréable, 
qui  convient  dans  beaucoup  de  maladies  où  la  médecine  doit 
être  peu  active. 

Les  racines  de  chiendent,  bien  nettoyées,  séchées  et  ré- 
duites en  poudre,  sont  susceptibles  dedonner  de  l'amidon  ;  et, 
dans  les  temps  de  disette,  on  pourroit  en  mêler  une  certaine 
quantité  à  la  farine  pour  en  faire  du  pain.  Elles  peuventaussi 
servir  à  la  nourriture  des  bestiaux  pendant  l'hiver.  Comme 
elles  se  multiplient  avec  la  plus  grande  facilité,  et  qu'elles 
infestent  souvent  les  cultures ,  parce  que  la  plus  petite  portion, 
laissée  en  terre,  suffit  pour  en  reproduire  promptement  un 
grand  nombre  de  pieds,  la  meilleure  manière  de  s'en  débar- 
rasser est  d^  les  arracher  avec  soin  ,  de  les  laisser  sécl.er  sur 
le  terrain ,  et  d'en  faire  ensuite  des  tas  auxquels  on  met  le 
feu  :  les  cendres  qu'on  en  obtient  par  ce  moyen ,  servent  à 
féconder  les  champs. 

Le  nom  de  chiendent  donné  à  ce  froment  lui  vient  de  ce 
que  les  chiens,  lorsqu'ils  se  sentent  malades  ,  en  avalent  les 
feuilles  pour  se  faire  vomir.  (L.  D.) 

FROMENT  BARBU  (Bot.),  nom  vulgaire  d'une  espèce 
d'orge,  hordeum  zeocrithon.  (  L.  D.) 

FROMENT  DES  INDES  {Bot.),  un  des  noms  vulgaires  du 
maïs.  (L.  D.) 

FROMENT  DE  VACHE.  (Bot.)  Le  mélampyre  des  champs 
porte  vulgairement  ce  nom.  (L.  D.) 

FROMENT  AIRE  ou  Frumentaike,  Lapjs/rumentorit/s.  (Foss.) 
Scheuchzer  et  d'autres  anciens  oryctographes  ont  donné  ces 
noms  à  des  pierres  composées  presque  en  totalité  de  nummu- 
lites.  Ces  pierres,  étant  brisées  ou  sciées,  laissent  voir  ces  fos- 
siles ,  souvent  placés  du  même  sens  et  coupés  de  champ ,  qui 
présentent  dans  ce  cas  la  forme  de  grains  de  blé,  ou  d'orge, 
ou  de  semences  de  melon,  d'anis,  de  fenouil  ou  de  cumin, 
suivant  la  grandeur  de  l'espèce  de  nummulite  qui  compose  la 
pierre.  On  voit  une  figure  d'une  de  ces  pierres,  où  sont  assez 
bien  représentés  des  grains  d'orge  ,  dans  les  Mémoires  de 
Fortis  pour  servir  à  riiistoire  naturelle  d'Italie,  vol.  a,  pi.  xv. 


.  FRO  455 

fig.  1  ;  elle  a  été  trouvée  en  Suisse.  On  en  a  trouvé  de  pareilles 
sur  le  uiont  Zopica,  dans  le  Véronnais.   (D.  F.  ) 

FROMENTAL,  ou  Fromentel  {Bot.),  nom  vulgaire  de 
l'avoine  élevée,  qui  fournit  dans  les  prairies  uu  des  meilleurs 
fourrages.  (L.D.) 

FROMENTEAUX.  (Bot.)  Ce  sont,  suivant  Olivier  de  Serres, 
les  fruits  de  la  ronce  des  buissons,  nommés  aussi  mûres  sau- 
vages. (J.) 

FROMENTONE.  (Bot.)  Césalpin  dit  que  dans  la  Toscane  on 
nomme  ainsi  le  sari'asin  grimpant,  poljgonum  convolvultis  y 
ainsi  que  le  sarrasin  ordinaire,  poljgonum fagopjrum.  (J.) 

VRONDICULINE,  Frondiculina.  (Zooph.)  Dénomination  gé- 
nérique sous  laquelle  M.  deLamarck  (Extr.  du  C.  deZoolog., 
pag.  25)  comprenoit  les  mêmes  espèces  de  polypiers  que 
M.  Laniouroux  avait  nommées  Ad£One  (voyez  ce  mot),  déno- 
mination que  le  premier  a  depuis  adoptée  dans  la  deuxième 
édition  de  ses  Animaux  sans  vertèbres  ,  quoiqu'il  place  ce 
genre  différemment,  c'est-à-dire,  près  des  eschares,  et  non 
parmi  les  isidées,  comme  M.  Lamouroux.  (De  B.) 

FRONDIPORE.  (Polj'p.)  On  trouve  quelquefois  ce  nom  em- 
ployé pour  indiquer  quelques  espèces  de  raillépores  dePailas, 
élargies  en  forme  de  feuilles,  et  dont  les  pores  sont  très- 
visibles.  Ce  sont  des  rétépores  pour  les  zoologistes  modernes, 
(De  B.) 

FRONDIPORE.  (Foss.)  C'est  un  des  noms  que  l'on  a  donné 
autrefois  aux  madrépores  fossiles.  (D.  F.) 

FRONT.  (Eatom.)  Onnomme  ainsi  dans  les  insectes  la  partie 
antérieure  et  supérieure  de  la  tête,  comprise  entre  la  bouclie, 
les  antennes  ,  les  yeux  et  l'occiput.  Cette  partie  présente 
d'assez  bons  caractères  ;  elle  supporte  les  yeux  lisses  ou  steiu- 
niates  dans  les  hyménoptères  et  les  orthoptères.  Sa  partie  !a 
plus  avancée,  qui  supporte  la  lèvre  supérieure  dans  les  i;i- 
sectes  màclieurs  ,  prend  quelquefois  le  nom  de  chaperoii , 
comme  dans  les  hannetons.  Quelques  espèces  d'insectes  ont 
cette  partie  prolongée,  comme  les  fulgores  ;  d'autres  y  offrant 
une  ou  plusieurs  cornes,  comme  plusieurs  scai-abées,  bousiers, 
trox.  (CD.) 

FRONTIROSTRES  ou  Rhinostomes.  {Entomot.)  C'est  le 
Bora  sous  lequel  nous  avons  désigné  ,  dans  la  Zoologie  aualy- 


456  FRU 

tique,  une  famille  d'insectes  hémiptères  ou  à  ailes  supérieures 
croisées,  à  demi  coriaces;  à  antennes  longues,  en  fil  ou  en 
masse,  et  non  en  soie,  comme  dans  les  zoadelges.  Cette  fa- 
mille des  frontirostres  comprend  les  punaises  des  plantes, 
comme  les  pentatomes  ,  cordes,  logées,  etc.  Voyez  l'article  Rhi- 

NOSTOMÉS.    (C.  D.  ) 

FROSCHWELS  {Ichtli-Yol.) ,  noin  allemand  du  macroptéro- 
note  grenouiller,  macropteronotus  batrachus.  Voyez  M ackoîjè- 
RONOTE.   (H.  C.) 

FROUER  (Chasse),  action  par  laquelle  on  contrefait,  à 
l'aide  d'une  feuille  .de  lierre,  le  cri  des  geais,  des  merles  et 
d'autres  oiseaux,  pour  les  attirer  dans  des  pièges.  (Ch.  D.) 

FROUFROU.  (Ornith.)  On  a  désigné  par  ce  nom,  les  oiseaux- 
mouches  ,  à  cause  du  bruit  qui  accompagne  le  mouvement 
rapide  de  leurs  ailes.  (Ch.D.) 

FROUMENTÉE  {Bot.),  nom  ancien  donné  à  la  semoule, 
suivant  Dalechamps.  (J.) 

FRUCTIFICATION.  {Bot.)  Le  mot  fructification  peut  se 
prendre  dans  plusieurs  sens  :  tantôt  il  indique  les  diverses 
parties  dont  l'ensemble  compose  le  fruit;  tantôt  l'ensemble  des 
fruits  eux-mêmes  sur  un  végétal  quelconque;  tantôt  lest  chan- 
ge mens  successifs  qui  font  passer  l'ovaire  à  l'état  de  fruit 
parfait. 

Développement  des  ovules  et  des  ovaires.  Le  fœtus  des  animaux 
vivipares  e^t  renfermé  dans  deux  sacs  membraneux ,  le  cho- 
rion  et  Famuios  :  Famnios  est  recouvert  par  le  chorion ,  et  il 
contient  une  liqueur  où  nage  le  fœtus,  Malpighi,  trop  pressé 
de  marquerlesrapports  des  organesdes  animaux  et  des  plantes, 
crut  recounoître  dans  le  tegmen  (enveloppe  immédiate  de 
l'amande  ) ,  dans  la  lorique  (enveloppeséminale  qui  recouvre 
le  tegmen)  ,  et  dans  le  périsperme  (substance  qui  accompagne 
l'embryon  ,  et  sert  à  le  nourrir  lors  de  la  germination),  des 
parties  analogues  au  chorion  ,  à  Famnios  et  à  sa  liqueur;  mais 
la  ressemblance  n'est  rien  moins  qu'évidente.  Négligeons  donc 
ces  analogies,  et  cherchons  la  lumière  dans  l'examen  des 
faits. 

Avant  que  la  fleur  s'épanouisse,  quand  le  pistil  commence 
à  se  développer,  l'ovaire  est  rempli  d'un  tissu  cellulaire  très- 
délicat,  qui  semble  être,  dans  tous  ses  points,  d'une  nature 


FRU  457 

parfaitement  homogène,  et  dont  les  cellules  transparentes 
sont  infiltrées  par  une  liqueur  limpide.  A  cette  époque  les 
ovules  ne  paroissentpas  encore.  Peu  après  ils  se  dessinent  dans 
le  .tissu  cellulaire.  Ordinairement  ce  tissu  se  dessèche  et  se 
détruit,  et  les  ovules  s'isolent  les  uns  des  autres.  Ils  tiennent 
tous  au  placentaire,  tantôt  immédiatement,  tantôt  par  l'inter- 
médiaire du  cordon  ombilical  ou  funicule,  et  ils  reçoivent, 
au  point  du  hile,  l'extrémité  des  vaisseaux  conducteurs  et 
nourriciers.  On  trouve  souvent  alors  beaucoup  plus  d'ovules 
dans  l'ovaire  qu'on  ne  trouvera  de  graines  dans  le  fruit, 
parce  qu'il  arrive  fréquemment  que  quelques  uns  d'entre  eux, 
s'emparant  de  toute  la  nourriture,  en  privent  les  autres  et  les 
font  avorter  (  frêne,  chêne  ,  maronnier  d'Inde ,  etc.).  La  subs- 
tance des  ovules  est  formée  d'un  tissu  cellulaire  continu  :  la 
partie  superficielle  de  ce  tissu  est  opaque,  ferme  et  serrée;  la 
partie  intérieure  est  foible,  humide  et  diaphane.  Avant,  et 
même  quelque  temps  après  la  fécondation,  les  jeunes  graines 
n'offrent  rien  de  nouveau,  si  ce  n'est  que  leur  volume  aug- 
mente. Quand  la  fleur  est  passée,  c'est-à-dire  quand  les  éta- 
mines  et  les  stigmates  sont  flétris,  il  survient  des  changemens 
plus  notables.  Des  Unéamens  vasculaires,  premier  indice  non 
équivoque  de  l'existence  de  l'embryon,  se  développent  dans  le 
tissu  de  chaque  ovule.  Les  cellules  qui  avoisinent  les  linéa- 
mens  vasculaires  se  remplissent  d'une  substance  opaque,  blan- 
châtre ou  verdàtre.  Cette  substance,  aussi  bien  que  les  vais- 
seaux, gagne  de  proche  en  proche,  tantôt  de  la  circonférence 
au  centre ,  tantôt  du  centre  à  la  circonférence.  Le  tissu  qu^elle 
pénètre  et  qu'elle  colore  est,  en  quelque  façon,  un  canevas 
organisé  sur  lequel  la  nature  travaille  à  l'ébauche  du  végétal. 
La  croissance  de  l'embryon  est  comparable  à  celle  des  os  des 
animaux.  Les  os  sont  d'abord  cartilagineux  :  des  centres  d'ossifi- 
cation y  paroissent  ;  ils  envoient  des  rayons  dans  tous  les  sens , 
et  donnent  peu  à  peu,  aux  différentes  parties  du  squelette, 
cette  solidité  et  cette  opacité  qui  caractérisent  les  os  parfaits. 
Si  tout  le  tissu  de  l'ovule  entre  dans  la  structure  de  l'em- 
bryon,  l'embryon,  à  lui  seul,  constitue  toute  la  graine  ,  et, 
par  conséquent,  il  n'y  a  point  de  périsperme  ,  point  de  teg- 
men,  point  de  lorique  ;  la  paroi  de  Tovaire  devient  l'enve- 
loppe séminale  immédiate  {ayicenia,  etc.). 


4^8  FRU 

Cette  paroi  devient  encore  l'enveloppe  immédiate  ,  lor» 
même  que  l'embryon  n'envahit  pas  la  totalité  du  tissu  de 
l'ovule  ,  si  la  portion  de  ce  tissu  qui  reste  en  deiiors  ,  pénétrée 
par  des  sucs  prompts  à  se  concréter,  se  change  tout  entière 
en  périspcrme  (conifères,  belle-de-nuit,  etc.). 

Mais  il  arrive  souvent  que  le  tissu  extérieur  de  l'ovule  forme 
une  ou  plusieurs  tuniques  séminales,  bien  distinctes  de  la 
paroi  Je  l'ovaire,  ce  qui  n'empêche  pas  qu'une  portion  du 
tissu  de  l'ovule  ne  se  métamorphose  en  périsperme,  et  alors 
Ja  graiue  est  aussi  composée  qu'elle  puisse  l'être  (ricin,  etc.). 

Deux  exemples  particuliers  feront  mieux  concevoir  encore 
les  circonstances  les  plus  remarquables  du  développement  de 
la  graine  : 

Dans  l'intérieur  de  l'ovule  de  l'acanthe ,  on  ne  distingue 
d'abord  qu'un  tissu  humide  et  délicat,  dont  il  a  été  parlé  plus 
haut  :  ensuite  on  voit  paroltre  un  petit  corps  blanchâtre  au 
centre  de  ce  tissu.  Ce  corps  est  l'embryon,  qui  commence  à 
se  développer.  Les  cotylédons  se  montrent  sous  la  forme  de 
deux  lames  arrondies,  appliquées  l'une  contre  l'autre,  et  la 
radicule  qui  leur  sert  de  point  d'union ,  sous  celle  d'un  ma- 
melon charnu.  De  ce  mamelon  partent  des  linéamens  vascu- 
laires  qui  pénètrent  les  cotylédons,  et  s'étendent ,  en  diver- 
geant, jusqu'à  leur  bord  :  ce  sont  les  vaisseaux  mammaires.  En 
y  faisant  attention,  on  reconnoît  qne  le  tissu  de  l'embryon 
est  continu  avec  letissu  diaphane  qui  l'environne.  Cependant 
les  vaisseaux  mammaires  se  développent ,  et  les  cotylédons 
grandissent  dans  tous  les  sens,  jusqu'à  ce  qu'il  ne  reste  plus 
qu'une  légère  couche  de  tissu  cellulaire  àleur  superficie.  Alors 
l'embryon  est  arriyé  au  terme  de  sa  croissance ,  et  il  se  détache 
du  tissu  superficiel,  qui  devient  une  enveloppe  séminale  im- 
médiate,  c'esf-à-dire  un  tegmen.  Ainsi,  dans  l'acanthe,  tout 
le  tissu  cellulaire  de  l'ovule  entre  comme  partie  constituante 
du  tegmen  et  de  l'embryon  ;  d'où  il  suit  que  l'acanthe  ne  peut 
avoir  de  périsperme. 

.  Les  choses  se  passent  d'une  tout  autre  manière  dans  la 
belle-de-nuit  :  un  ovule  remplit  entièrement  la  cavilé  de 
l'ovaire;  l'embryon  forme  la  partie  la  plus  extérieure  de  cet 
ovule  5  les  cotylédons,  larges,  minces,  rejetés  à  la  circonfé- 
rence ,  laissent  subsister  au  centre  une  masse  épaisse  de  tissu 


FRU  ASç 

cellulaire;  les  cellules  de  ce  tissu  se  remplissent  d'une  liqueur 
émulsive  qui  se  change  insensiblement  en  une  substance  ami- 
,  lacée  ,  sèche  et  pulvérulente.  Ici  donc  tout  le  tissu  de  l'ovule 
constitue  la  base  organique  de  l'embryon  et  du  périsperme: 
la  graine  est  dénuée  de  tuniques  propres,  et  la  paroi  de 
l'ovaire  devient  son  seul  tégument. 

On  n'eût  peut-être  pas  avancé  tant  d'idées  systématiques 
sur  la  nature  et  l'importance  du  périsperme  et  des  tuniques 
séminales,  si  l'on  eût  bien  étudié  cette  suite  de  phénomènes. 

Effet  de  la  fécondation  sur  Vovaire.  La  fécondation  est  aussi 
indispensable  au  développement  de  l'ovaire  qu'à  celui  des 
ovules.  L'ovaire  d'une  fleur  dont  le  stigmate  n'a  point  reçu  la 
poussière  fécondante  ,  se  flétritsans  prendre  d'accroissement. 
Au  contraire,  si  la  fécondation  s'est  opérée,  l'ovaire  s'accroît, 
ses  pariétaux  produisent  de  nombreuses  ramilications ,  et  il 
acquiert  des  dimensions  et  une  forme  souvent  très-différentes 
de  celles  qu'il  avoit  d'abord. 

Le  cultivateur  peut  marier  des  variétés  ,  ou  même  d(;s  espèces 
voisines,  en  répandant  le  pollen  des  unes  sur  les  fleurs  des 
autres.  Parmi  les  nouvelles  variétés  qui  naîtront  de  ces  croise- 
mens,  il  s'en  trouve  dont  les  fruits  sont  préférables  à  ceux 
qu'on  possédoit  déjà.  Par  ce  procédé,  M.  Knight  a  obtenu,  il 
y  a  quelques  années,  une  très-grosse  variété  de  pois. 

Les  croisemens  s'opèrent  d'eux-mêmes  entre  les  différentes 
variétés  qui  s'opèrentsur  le  même  terrain-,  il  suint  donc,  pour 
qu'ils  aient  lieu  ,  que  le  cultivateur  sème  ensemble  les  graines 
de  plusieurs  variétés.  Les  pollens,  emportés  par  les  mouve- 
mens  de  l'air,  se  mêlent  et  fécondent  indifféremment  \.e&  pis- 
tils dont  ils  touchent  les  stigmates.  M.  Knight  nous  apprend 
que,  dans  les  années  1796  et  179S,  où  la  récolte  du  blé  ne 
donna,  dan?  toute  l'Angleterre,  que  des  graines  sans  farine, 
les  variétés  obtenues  par  les  croisemens  échappèrent  toutes  à 
ce  fléau,  quoiqu'elles  eussent  été  semées  à  des  expositions  et 
dans  des  terrains  très-différei\s. 

Ces  observations  ne  sont  pas  moins  importantes  pour  les 
progrès  de  l'agriculture  que  pour  ceux  de  la  physiologie  végé- 
tale. Mais  est-il  vrai,  comme  le  prétendent  plusieurs  cultiva- 
teurs, que  les  fécondations  adullériues  nioditient  immédiate- 
luent l'organe  fécondé,  déserte  que  soa  développement  a'e&t 


46o  FJIU 

pas  tel  qu'il  eût  été  si  les  choses  se  fussent  passées  selon  la 
règle  ordinaire  de  la  nature?  Faut-il  admettre  que  les  melons 
qui  croissent  au  voisinage  des  courges  doivent,  à  l'influence 
du  pollen  de  ces  dernières,  leur  saveur  peu  agréable;  et  que 
les  oranges  chiffonnées,  digitées,  bigarrées,  que  celles  qui 
contiennentunesecondeorangesousunepremièreécorce ,  etc., 
offrent  cette  structure  bizarre,  parce  que  les  stigmates  des 
pistils  dont  elles  proviennent,  ont  reçu  un  pollen  étranger? 
Je  n'ose  décider  cette  question.  Si  l'on  considère  ce  qui  se 
passe  dans  les  animaux,  et  qu'on  veuille  raisonner  par  analo- 
gie, on  penchera  sans  doute  pour  la  négative  ;.  car  il  est  bien 
certain  que  les  accouplemens,  hors  de  la  loi  commune,  ne 
chafigentrien  à  la  structure  de  l'organe  femelle  :  mais,  comme 
la  nature  procède  souvent  par  des  voies  très-différentes  dans 
l'un  et  l'autre  règne  ,  et  que  les  plus  graves  erreurs  en  physio- 
logie végétale  sont  nées  de  l'abus  qu'on  a  fait  de  l'analogie,  je 
pense  que,  pour  porter  un  jugement  définitif  sur  cette  matière 
délicate,  de  nouvelles  lumières,  fruits  de  l'expérience  et  de 
l'observation  ,  sont  indispensables. 

Effets  de  la  culture  sur  Vovaire.  La  culture  a  une  grande  in- 
fluence sur  le  développement  des  ovaires.  Comparez  les  fruits 
des  sauvageons  à  ceux  des  arbres  des  mêmes  espèces  qui 
croissent  dans  nos  vergers  :  les  premiers  sont  peu  nombreux, 
très-petits,  sans  parfum  et  d'un  goût  acerbe  ;  les  autres  sont 
nombreux,  gros,  parfumés,  savoureux.Lasaveur  et  le  parfum 
sont  dus  au  hasard,  etnon  à  la  culture:  seulement  le  jardinier 
propage  les  variétés  que  la  nature  lui  offre  ;  mais  la  multipli- 
cation des  fruits  et  leur  beauté  sont  la  juste  récompense  de  son 
travail  et  de  son  industrie. 

La  taille  des  branches,  opérée  avant  que  la  sève  se  porte 
sur  les  boutons  à  fruits,  assure  de  plus  belles  récoltes.  L'en- 
lèvement d'un  anneau  d'écorce  ,  ou  les  ligatures  au-dessous 
des  fruits  déjà  formés  ,  peuvent  quelquefois  hâter  la  maturité 
et  accroître  le  volume  des  fruits.  Dans  le  cas  de  la  taille,  la 
sève,  qui  se  seroit  dissipée  parles  feuilles ,  se  dirige  vers  les 
boutons;  dans  le  cas  des  ligatures  ou  des  décortications  annu- 
laires, les  sucs  élaborés  qui  descendent  par  l'écorce  ,  rencon- 
trant un  obstacle,  s'amassent  au-dessus,  et  fournissent  aux  fruit» 
Tplus  de  sucs  nutritifs. 


FRU  461 

Fonctions  de  l'ovaire.  Les  fonctions  de  l'ovaire  ne  se  bornent 
pas  à  garantir  les  jeunes  graines  de  l'action  immédiate  des 
agens  extérieurs  qui  pourroient  leur  nuire.  L'ovaire  est  une 
espèce  de  corps  glanduleux  ;  il  prépare ,  dans  son  tissu ,  les  sucs 
nutritifs  nécessaires  au  développement  des  ovules.  L'illustre 
Haies  a  fait  voir  que  les  fruits  ont  une  transpiration  marquée, 
quoique  moins  abondante  que  celle  des  feuilles.  La  chimie 
moderne  prouve  que  les  fruits  verts  respirent  à  la  manière 
des  autres  parties  vertes,  et  que,  par  conséquent,  ils  décom- 
posent le  gaz  acide  carbonique,  et  retiennent  le  carbone. 
Duhamel  rapporte  qu'ayant  cueilli  des  noix  à  l'époque  où 
l'amande  n'est  encore  qu'un  tissu  transparent  et  mucilagineux, 
et  Ifs  ayant  abandonnées  à  elles-mêmes ,  l'amande  se  forma 
presque  aussi  bien  que  si  les  noix  eussent  mûri  sur  l'arbre. 
Quand  les  fruits  étoient  tenus  dans  un  lieu  sec,  l'amande  étoit 
plus  petite  qu'elle  n'a  coutume  de  l'être;  mais  elle  acquéroit 
sa  grosseur  ordinaire  dans  un  lieu  humide,  tel  qu'une  cave. 

Les  fruits  succulens  cèdent  quelquefois  leur  humidité  aux 
parties  voisines.  Ce  phénomène  paroît  surtout  dans  les  pays 
chauds ,  où  il  arrive  souvent  que  les  fruits  de  la  saison  précé- 
dente sont  encore  suspendusauxbranchesquand  l'arbre  pousse 
de  nouveaux  Jets.  Ces  fruits  sont  comme  des  réservoirs  que  la 
nature  auroit  disposés  sur  le  végétal  pour  lui  procurer  au 
besoin  un  aliment  déjà  tout  préparé.  Les  botanistes  qui  ont 
habité  le  midi  de  l'Europe  ,  savent  qu'au  mois  de  juin,  en  même 
temps  que  les  bourgeons  et  les  fleurs  de  l'oranger  se  déve- 
loppent, les  oranges  restées  sur  l'arbre  perdent  leurs  sucs, 
mais  qu'elles  en  reçoivent  de  nouveaux  au  mois  de  juillet, 
époque  où  la  végétation  devient  moins  active.  [  Mirbel , 
Elémens,  etc.]   (Mass.) 

FRUGILEGA  {Ornitli.) ,  nom  latin  du  freux  dans  plusieurs 
ouvrages.  (Ch.  D.  ) 

FRUGIVORES.  (Ornith.)  Ce  terme  est  employé,  dans  divers 
ouvrages  systématiques,  pour  désigner  des  animaux  dont  les 
fruits  sont  la  principale  nourriture.  C'est,  par  exemple,  dans 
la  Méthode  de  M.  Vieillot,  une  famille  d'oiseaux  composée 
des  genres  Tourqco  et  Musophage.  (Ch.D.) 

FRUIT ,  Fruotus.  (Bot.)  Le  pistil  fécondé ,  en  parvenant  à 
son  dernier  degré  de  développement,  constitue  le  fruit.  Il  est 


tomposé  de  deux  parties  distinctes ,  la  graine  ,  et  le  péricarpcj 
qui  est  l'ovaire  accru  et  modifié  par  l'âge. 

«  Nous  pouvons  dire  en  théorie  qu'une  tleur  quelconque  n'a 
jamais  plus  d'un  ovaire,  et  que  les  petites  boîtes  distinctes , 
fixées  sur  un  même  réceptacle,  qui  se  montrent  dans  une 
foule  d'espèces,  ne  sont  que  des  portions  d'un  réceptacle 
ujiique.  L'anatomie  comparée  des  ovaires  et  des  fruits,  dans 
une  même  famille  ,  et  l'analogie  vraiment  admirable  qui  existe 
presque  toujours  entre  les  fruits  formés  de  plusieurs  boites 
séparées  et  ceux  qui  sont  tout  d'une  pièce ,  donnent  le  plus 
grand  poids  à  cette  assertion.  Mais,  dans  la  pratique,  nous 
admettons  autant  de  péricarpes  que  de  boîtes  distinctes,  dès 
l'instant  que  l'organe  femelle  paroît  à  la  lumière  ;  à  moins 
que,  par  l'effet  des  développemens  ultérieurs,  les  différentes 
boites,  en  s'entre-grefFant  ,  ne  forment  plus  qu'une  masse, 
comme  on  le  voit  dans  la  framboise. 

«  Les  points  d'attache  des  styles  et  des  stigmates,  soit  que 
ces  parties  subsistent  ou  se  détruisent,  marquent  les  sommets 
organiques  des  fruits.  Quand  un  fruit  n'a  qu'un  sommet  orga- 
nique, il  est  monocéphale  (pêche,  cerise,  etc.):  quand  il  en  a 
plusieurs*,  il  est  polycéphale  (sida  ahutilon,  etc.). 

«  Nous  devons  distinguer  dans  les  péricarpes  les  différens 
appendices  extérieurs,  tels  que  les  ailes,  la  couronne,  l'ai- 
grette, etc.,  et  de  plus  les  valves ,  les  cloisons,  le  placentaire, 
les  funicules  ou  cordons  ombilicaux,  etc. 

«  Les  Ailes  sont  des  crêtes  minces,  des  lames  membra- 
neuses, qui  se  développent  à  la  superficie  des  péricarpes.  Le 
péricarpe  du  frêne  se  prolonge  ,  à  son  sommet ,  en  une  aile 
étroite  qui  a  la  forme  d'une  langue  d'oiseau;  celui  de  l'orme 
s'étend  latéralement  en  deux  ailes  minces  et  arrondies. 

«  La  Couronne  appartient  aux  fruits  qui  proviennent  d'o- 
vaires soudés  au  calice.  Elle  est  formée  par  les  bords  dessé- 
chés de  cet  organe.  La  pomme,  la  poire,  la  grenade,  etc., 
sont  des  fruits  couronnés. 

«  V Aigrette  a  la  même  origine  que  la  couronne ,  c'est-à-dire 
que  ce  n'est  autre  chose  qiie  \e  limbe  du  calice-,  mais  ce  limbe 
est  formé  de  filets  grêles",  alongés ,  nombreux .  qui  ressemblent 
à  un  faisceau  de  poils.  Beaucoup  de  synanthérées ,  telles  que 
le  pissenlit,  le  chardon,  etc.,  ont  des  aigrettes. 


FPtU  465 

«ç  Les  Valves  sont  les  panneaux  dont  la  reunion  compose  la 
plupart  des  péricarpes.  On  reconnoit  qu'un  péricarpe  a  de 
véritables  valves  quand  il  offre  à  sa  superficie  des  sutures, 
lignes  rentrantes  ou  saillantes,  plus  ou  moins  marquées,  dis- 
tribuées avec  symétrie,  qui  indiquent  la  soudure  de  plusieurs 
panneaux  distincts.  Presque  toujours  les'valves  de  ces  péri- 
carpes se  séparent  nettement  à  l'époque  de  la  maturité.  Ce 
phénomène  est  connu  sous  le  nom  Ae  âéhiscence. 

«  Pour  ne  pts  s'engager  dans  des  discussions  délicates ,  on  est 
convenu  que  tout  fruit  seroit  ceftsé  n'avoir  pas  plus  de  valves 
que  de  panneaux  libres  après  la  déhiscence,-  mais  néanmoins 
le  nombre  et  la  disposition  des  sutures  prouvent  que  chaque 
panneau  est  composé  très-souvent  de  deux  valves  soudées,  qui 
ne  se  séparent  jamais. 

«  Les  Cloisons  sont  des  diaphragmes  qui  partagent  la  cavité 
intérieure  du  péricarpe  en  plusieurs  loges."  Si  l'on  considère 
la  forme  du  péricarpe ,  la  distribution  des  rameaux  vasculaires 
qui  le  parcourent,  Pagencement  des  valves  qui  le  ferment,  la 
continuité  ou  Pinterruption  de  la  surface  de  ces  valves,  leur 
union  ou  leur  séparation  au  moment  de  la  déhiscence,  on  re- 
connoîtra  que  les  cloisons  n'ont  pas  toujours  la  même  origine. 
Beaucoup  sont  produites  par  les  valves  dont  les  bords  rentrent 
dans  la  cavité  du  péricarpe  {rhododendrum ,  ombellifères,  etc.)  > 
d'autres  par  un  simple  élargissement  du  placentaire  (  plantain  , 
crucifères  ,  etc.)  ;  d'autres,  enfin,  par  de  simples  lames  de  tissu 
cellulaire  (casse,  etc.). 

«  Lorsquelescloisonssontforraéespar  des  valves  rentrantes, 
chaque  loge  est  circonscrite  par  une  ou  par  deux  valves.  Dans 
le  premier  cas,  la  valve  est  pliée  dans  sa  longueur,  et  ses  deux 
bords  vont  gagner  Paxe  du  fruit  (ombellifères,  etc.).  Dans  le 
second  cas,  les  deux  valves  de  la  loge,  placées  vis-à-vis  l'une 
de  l'autre,  et  soudées  antérieurement  par  l'un  de  leurs  bords, 
enfoncent  leur  autre  bord  jusqu'à  Paxe  (digitale,  etiphorbe, 
hura  crcpitans,  etc.).  •. 

«  .Quand  ce  dernier  mode  d'organisation  a  lieu ,  ce  qui  arrive 
fréquemment,  les  valves  des  loges  contiguës  sont  presque 
toujours  soudées  par  leur  partie  rentrante,  en  sorte  que 
chaque  cloison  est  composée  de  deux  lames  accolées  Pune  à 
l'autre  (lis,  hœlreuteria,  etc.). 


464  FRU 

«  A  l'époque  de  la  maturité,  les  loges  des  péricarpes  à  valves 
rentrantes  se  séparent  souvent  les  unes  des  autres,  et  forment 
autant  de  Coques,  lesquelles  s'ouvrent  ou  restent  closes. 

«  Le  Placentaire  est  la  partie  de  la  paroi  interne  du  péricarpe 
où  sont  fixées  les  graines.  Les  vaisseaux  conducteurs  et  nour- 
riciers constituent  essentiellement  le  placentaire.  lisse  distri- 
buent en  filets,  que  j'ai  désignés  sous  le  nom  de  nervules.  Les 
nervulessont  quelquefois  réunies  par  une  masse  de  tissu  cel- 
lulaire ;  d'autres  fois  elles  sont  séparées,  et  forment  plusieurs 
branches  distinctes,  appliquées  contre  la  paroi  du  péricarpe 
ou  contre  les  cloisons;  d'autres  fois  encore,  elles  traversent  sa 
cavité  en  cordons  grêles ,  fixés  seulement  par  leurs  extrémités. 

«  Le  Funicule  ou  cordon  ombilical  est  une  portion  de  la 
susbtance  même  du  placentaire  ,  qui  se  prolonge  en  un  filet 
plus  ou  moins  long  et  délié,  à  l'extrémité  duquel  la  graine  est 
attachée. 

(f  Quand  les  fruits  du  magnolia grandijlora  et  tripetala  se  sont 
ouverts  par  l'effet  de  la  maturité,  leurs  graines,  d'un  rouge  de 
corail,  pendent  au  dehors,  attachées  à  l'extrémité  d'un  funi- 
cule qui  a  plus  de  deux  centimètres  de  longueur;  mais,  dans 
une  multitude  de  plantes,  ce  cordon  est  très-court  (haricot, 
genêt ,  ricin ,  etc.)  ;  ou  même  souvent  il  n'existe  pas ,  et  alors 
les  graines  sont  fixées  immédiatement  sur  le  placentaire  (pri- 
mulacées,  pavot,  etc.). 

«  La  situation  de  la  graine  dans  le  péricarpe  est  toujours  un 
excellent  caractère  de  famille.  Il  n'y  a  pas  d'ombellifère  dont 
la  graine  ne  soit  renversée,  point  de  synanthérée  dont  la 
graine  ne  soit  dressée,  point  de  liliacée  dont  les  graines  ne 
soient  attachées  à  l'axe  central  du  péricarpe,  point  d'orchidée 
dont  les  graines  ne  soient  attachées  le  long  de  la  ligne  médiane 
des  valves. 

«  Il  existe  peu  de  péricarpes  dont  la  substance  soit  sem- 
blable à  elle-même  dans  toute  son  épaisseur.  On  y  distingue 
fréquemment  deux  parties  ,  l'une  extérieure ,  l'autre  inté- 
rieure, de  nature  très-différente.  La  première,  qui  forme 
i'écorce  du  fruit,  est  la  pannexterne;  l'autre,  qui  circonscrit 
la  cavité  péricarpienne  est  la  panninterne. 

«  Quelquefois  la  pannexterne  est  ligneuse  ou  coriace  , 
tandis  que  la  panninterne  est  charnue  et  pulpeuse  (melon, 


FRU  465 

coloquinte,  cacao,  etc.);  d'autres  fois,  c'est  la  panncxterne 
qui  est  succulente  et  molle,  tandis  que  la  pantiinienie  est 
sèche  et  solide  (pêche,  prune,  cerise,  etc.).  Quand  celte  der- 
nière l'ait  corps  avec  l'autre,  eine  s'en  détache  point,  même 
après  la  nialurité,  on  y  fait  peu  d'attention  ;  mais,  quand  liie 
î>'en  sépare  facilement,  et  qu'elle  continue  à  recouvrir  les 
graines  jusqu'à  l'évolution  de  la  plantule,  ce  qui  ne  i)cut  avoir 
lieu  que  si  elle  est  d'une  substance  ligneuse  ,  crustacee  ou 
coriace,  elle  fournit  des  caractères  qu'il  importe  d'indiquer 
dans  l'histoire  naturelle  des  espèces. 

«  On  donne  à  cette  boîte  solide,  sorte  d'enveloppe  auxi- 
liaire de  beaucoup  de  graines,  le  nom  de  novau  ou  de  nucule. 

«  La  différence  entre  le  noyau  et  la  nucule  consiste  uni- 
quement en  ce  que  le  premier  est  toujours  solitaire  dans  le 
Iruit,  et  qu'au  contraire  l'autre  n'y  est  jamais  seule. 

«  Les  nucules  sont  plus  ou  moins  obliquts.:  elles  sont  dis- 
pesées comme  des  rayons  autour  de  l'axe  du  fruit  j  elles  n'ont 
d'ordinaire  qu'une  loge  (nèfle,  etc.). 

«  Le  noyau  est  souvent  conformé  comme  une  nucule 
(abricot,  cerise,  pêche,  etc.);  mais  souvent  aussi  il  offre  une 
structure  régulière  et  des  loges  rayonnantes,  de  façon  qu'il 
semble  être  produit  par  le  rapprochement  et  la  soudure  de 
plusieurs  nucules  (azédarac,  etc.). 

«  Dans  quelques  fruits  suturés,  et  notamment  dans  le  sivze^e» 
nia  mahogoni  ,  la  panninterne,  avant  la  déhiscence,  s'isole  de 
la  pannexterne,  et  se  partage  en  plusieurs  valves  élastiques 
qui,  pressant  la  pannexterne  comme  autant  de  ressorts,  con- 
tribuent à  en  désunir  les  panneaux. 

«  Une  élasticité  semblable  dans  les  deux  valves  qui  com- 
posent la  paroi  interne  de  chaque  coque  du  hura  crepitans  , 
occasionne  la  rupture  soudaine  et  violente  de  ce  fruit  à  l'é- 
poque de  sa  maturité. 

«  Les  péricarpes  distincts,  provenant  d'une  seule  fleur,  et 
fixés  sur  un  même  réceptacle, sont  irréguliers;  mais  il  est  aisé 
de  voir  que.  s'ils  étoient  unis  les  uns  aux  autres  par  la  partie 
correspondante  à  l'axe  du  fruit,  ils  formeroient  un  seul  pé- 
ricarpe irrégulier.  Ces  péricarpesT  prennent  les  noms  de 
camares,  de  follicules  et  d'érèmes  ,  selon  leur  organisation. 

«   La  Camare  est  une  boite  péricarpienne  souvent  comprimée 
ij.  Zo 


ifS^  FlUI 

sur  les  côtés,  et  dont  le  protil  a  plus  ou  moins  la  forme  d*un  0 
romain,  ou  de  deux  SS  italiques  réunies,  ou  encore  d'un  arc 
tendu.  Elle  est  composée  de  deux  valves  jointes  par  deux  su- 
tures marginales.  C'est  dans  l'épaisseur  de  l'une  des  sutures 
que  se  prolongent  les  vaisseaux  conducteurs  et  nourriciers, 
c'est-à-dire  ceux  qui  servent  à  la  fécondation  et  ceux  qui 
portent  les  sucs  nutritifs  aux  ovules;  par  conséquent  c'est  là 
qu'est  située  la  nervule  du  placentaire,  et  que  sont  attachées 
les  graines.  Cette  suture  est  tournée  constamment  vers  l'axe 
idéal  du  fruit;  en  sorte  que,  dans  la  supposition  où  les  diffé- 
rentes camares  provenant  de  la  même  fleur  viendroient  à  se 
rapprocher  et  à  se  souder,  la  boîte  régulière  qu'elles  compose- 
roient  seroit  divisée  en  plusieurs  loges  par  des  cloisons  rayon- 
nantes, et  porteroit  les  graines  le  long  de  son  axe  central, 
lequel  seroit  formé  par  la  réunion  des  nervulcs.  Cette  combi- 
naison si  facile  à  concevoir,  la  nature  la  réalise  dans  tous  les 
péricarpes  à  valves  rentrantes;  car  leurs  loges,  leurs  coques, 
leurs  nucuîes,  sont  évidemment  des  camares  groupées. 

«  Il  est  rare  que  la  camare  s'ouvre  lorsqu'elle  ne  contient 
qu'une  graine  (renoncule,  clématite  ,  etc.),  et  plus  rare 
qu'elle  reste  close  quand  elle  en  contient  plusieurs  (  pied  d'a- 
louette, aconit,  pivoine,  etc.  ).  Si  elle  s'ouvre  par  la  suture 
postérieure,  c'est-à-dire  par  la  suture  tournée  vers  l'axe  idéal 
du  fruit,  le  placentaire  se  fend  dans  sa  longueur,  et  se  par- 
tage entre  les  deux  bords  désunis,  emportant  les  graines  d'un 
et  d'autre  côté  (pivoine,  aconit,  pied  d'alouette,  etc.). Toute 
camare  libre  est  distincte  et  surmontée  d'un  style. 

«  Le  Follicule  est  une  espèce  de  camare  formée  par  une 
seule  valve  pliée  dans  sa  longueur,  et  soudée  par  ses  bords. 
Souvent  le  placentaire  du  follicule,  au  lieu  de  faire  corps 
avec  la  valve  ,  est  simplement  adhérent  le  long  de  la  suture  , 
et  s'en  détache  quand  celle-ci  vient  à  se  rompre  (beaucoup 
d'apocynées). 

c<  VErème  est  encore,  si  l'on  veut,  une  sorte  de  camare 
formée  par  une  seule  valve;  mais  il  n'a  ni  valves  ni  sutures 
apparentes  :  et  comme  ij  provient  d'un  ovaire  qui  ne  por- 
toit  point  de  style  ,  il  est  clair  qu'il  n'en  offre  aucune  trace 
(labiées,  olacinées). 

«  Certains  fruits  ont  un  seul  péricarpe  qui  ne  diffère  point 


F  RU  4<^7 

d'une  camare  (  actea ,  légumineuses  ,  etc.  ) ,  d'un  follicule  {cn>i- 
cenia  ,  etc.  ),  ou  d'un  érèrac.  Quelques  botanisles  ont  pensé 
que  cette  boîte  péricarpienne  n'étoit  solitaire  que  par  suite 
de  l'avortement  d'une  ou  de  plusieurs  boîtes  correspondantes, 
lis  s'appuient  sur  cette  supposition,  qu'il  est  dans  l'ordre  des 
choses  que  la  puissance  végétative  s'exerce  en  rayonnant  et 
avec  une  force  égale  dans  toutes  les  directions,  d'où  il  doit 
résulter,  à  leur  sens,  le  développement  de  parties  similaires 
et  symétriques.  Mais  comment  pouvons-nous  prendre  une  idée 
juste  de  l'ordre  des  choses,  si  ce  n'est  par  l'examen  des  chose.^ 
elles-mêmes?  Et  quand  nous  voyons  que  plusieurs  êtres  orga- 
nisés sont  construits  constamment  sur  un  plan  qui  manque 
de  symétrie,  de  quel  droit  dirions-nous  que  la  structure  de 
ces  êtres  doit  être  symétrique  ? 

«  Le  péricarpe  est  masqué  quelquefois  par  des  organes 
essentiels  ou  accessoires  de  la  fleur,  qui  subsistent  après  1% 
maturité,  et  semblent  faire  partie  du  fruit  lui- même.  Ces 
faux  péricarpes,  produits  parles  périanthes  simples  dans  le 
biitum,  etc.;  par  les  calices,  dans  les  rosiers,  etc.;  par  les 
cupules  ,  dans  ïephedra,  l'if,  etc.^  ont  fait  naître  souvent 
des  idées  peu  exactes  sur  la  structure  des  fruits  de  ces 
végétaux. 

«  La  méthode  la  plus  savante  et  la  plus  naturelle  pour  classer 
les  fruits,  seroit  de  les  distribuer  et  de  les  nommer,  en  con- 
sidérant d'abord  la  structure  vasculaire  des  péricarpes  et  des 
graines,  et  en  n'employant  que  comme  caractères  secondaires 
la  succulence  et  la  sécheresse  du  tissu,  et  la  dékiscence  ou 
rmde/iiscerace  des  péricarpes,  c'est-à-dire  la  propriété  qu'ils 
ont  de  s'ouvrir  ou  de  rester  clos.  L'élève  reconnoîtroit  alors, 
avec  une  singulière  satisfaction,  que  les  fruits  dans  une  même 
famille  sont  le  plus  souvent  dessinés  sur  le  même  modèle,  qui 
peut  bien  éprouver  des  modifications  extérieures,  mais  qui 
conserve  sans  altération  ses  caractères  essentiels  de  structure 
interne.  Malheureusement  l'état  actuel  de  la  science  ne  per- 
met guère  encore  de  distribuer  les  fruits  d'après  de  telles 
considérations  ;  et  peut-être  quand  on  aura  plus  approfondi 
cette  matière,  trouvera-t-on  qu'une  classification  fondée  sur 
des  caractères  si  importans,  mais  si  délicats,  très-bonne  sans 
doute  pour  éclairer  l'aniitomie  et  la  physiologie  végétales,  ne 

3o. 


46S  FRU 

sauroit  être  employée  avec  succès  dans  la  botanique  descrip- 
tive.  »  (  Mirbel,  EIcmens,  etc.  ) 

M,  Mirbel  a  décrit  et  figuré  dans  ses  EIcmens  de  Botanique, 
d'après  une  classification  artificielle,  vingt-un  genres  de  fruits. 
Voici  l'exposé  abrégé  de  cette  classification. 

I.  Fruits  découverts.  Aucun  organe  étranger  ne  les  couvre 
et  n'en  altère  la  forme. 

Les  Carcérulaires.  Fruits  simples  qui  restent  clos. 

La  Cypsèle  (  Cfpsela  ,  Mirb.  ;  Achœna  ,  Neck.  ;  Acenium  , 
Rich.).  Fruit  carcérulaire,  adhérent,  contenant  une  graine 
sans  perisperme,  dressée,  dont  la  radicule  regarde  le  hile. 
Le  sommet  du  fruit  est  ordinairement  terminé  par  une  ai- 
grette (  chardon  ,  etc.  ) ,  par  des  paillettes  (  centaurée,  etc.  ), 
par  des  soies  (  bardane,  etc.),  qui  paroissent  n'être  que  le 
limbe  avorté  du  calice.  La  cypsèle  est  le  fruit  de  la  grande 
famille  des  composées  ou  synanthérées.  Linnaeus  désiguoit  ce 
fruit  par  le  nom  de  graine  nue. 

Le  Cérion  (Cer;o ,  Mirb.;  Carjopsis,  Rich.).  Fruit  carcéru- 
laire ,  contenant  une  graine  périspermée  dont  l'embryon  est 
rejeté  sur  le  côté.  Le  péricarpe  est  mince  et  collé  pour  l'or- 
dinaire sur  le  tegmen,  qui  lui-même  adhère  à  un  grand  pe- 
risperme farineux.  Ce  fruit  est  celui  des  céréales  et  de  toutes 
les  autres  graminées. 

La  Carcérule  {Carcerula,  Mirb.).  Fruit  carcérulaire,  très- 
variable,  mais  différent  des  deux  précédens.  On  a  des  exemples 
de  carcérule  dans  les  plantes  suivantes  :  Punica  granatum  •  ana- 
cardium  occidentale  •  poljgonum  ;  rumex ;  rheum  ;  halesia  ■  fraxi- 
nus  ;  ulmus  ;  casuarina;  paliurus  ;  combretum  •  trapa  ■  salsola 
tragus  ;  circaa  ;  ternstromia  ,  etc. 

Les  Capsulaires.  Fruits  simples  qui  s'ouvrent  à  la  maturité. 

Le  Légume  (Legumen).  P'ruit  capsulaire,  irrégulier,  bivalve, 
portant  les  graines  sur  un  placentaire  latéral,  attaché  à  l'une 
des  deux  sutures.  Le  légume  ne  diffère  point  de  la  caniare 
par  ses  caractères  essentiels.  Ce  fruit  appartient  et  a  donné 
son  nom  à  la  grande  famille  des  légumineuses  (  pois ,  haricot , 
vesce  ,  rohinia pseudo-acacia ,  etc.). 

La  Silique  (Siliqua).  Fruit  capsulaire,  régulier,  bivalve, 
portant  les  graines  des  deux  côtés  d'un  placentaire  dilaté  eu 
une  cloison  longitudinale.  La  silique  caractérise  la  famille  de^ 


FRU  4«9 

crucifères.  Quand  la silique  est  courte,  et  qu'elle  aune  largeur 
notable,  eu  égard  à  sa  longueur,  on  la  nomme  silicule.  On  a 
des  exemples  de  silique  dans  le  chou,  la  giroflée,  Verjsimum. 
On  a  des  exemples  de  silicule  dans  le  thlaspi,  le  draba,  le 
pastel  ,  etc. 

La  Pyxide  {Pjxis,  Mirb.;  Pyxidium  ,  Ehrh.  ;  Capsula  circum- 
cissa  ,Linn.).  Fruit  capsulaire  ,  bivalve,  s'ouvrant  en  travers 
comme  nne  boîte  à  savonnette.  La  valve  fixe  prend  le  nom 
d'amphore  ;  la  valve  mobile,  celui  d'opercule.  On  a  des  exemples 
de  ce  fruit  dans  les  plantes  suivantes  :  Anagallis;  centunculus ; 
gomphrena  ;  planta  go  ;  hyosciamus  ;  lecytliis  ,  etc. 

La  Capsule  {Capsula).  Fruit  capsulaire,  très-variable,  diffé- 
rent de  la  pyxide,  de  la  silique  et  du  légume.  On  a  des  exemples 
de  capsule  dans  les  plantes  suivantes  :  Lis  ,  tulipe,  fritillaire  , 
iris,  chélidoine,  marronier,  liseron,  véronique,  fusain,  buis, 
violette,  pavO't ,  campanule ,  rliododendrum ,  etc.  Dans  quelques 
capsules,  dans  le  rliododendrum ,  par  exemple,  les  loges  for- 
mées par  les  valves  rentrantes  9«- partagent,  à  la  maturité, 
en  plusieurs  boites,  qui  ne  diffèrent  des  coques  des  diérésilles 
qu'en  ce  qu'elles  ne  se  séparent  pas  complètement  après  la 
déhiscence. 

Les  DiÉRÉsiLTENS.  Fruits  simples  qui  se  divisent  en  plusieurs 
coques  à  la  maturité. 

Le  Crémocarpe  {Cremocarpium ,  Mirb.;  Polachena,  Rich.). 
Fruit  diérésilien,  adhérent  au  calice,  et  divisible  en  deux 
coques  indéhiscentes,  contenant  chacune  une  graine  renver- 
sée, périspermée ,  adhérente  à  la  paroi  interne  de  la  coque. 
Le  crémocarpe  est  peut-être  de  tous  les  fruits  celui  dont  le 
type  est  le  moins  altérable  ;  il  ne  se  montre  que  dans  la  fa- 
mille des  ombellifères  (carotte,  cerfeuil,  angélique,  panais, 
persil ,  etc.). 

Le  Regmate  {Regma,  Mirb.  ;  Elaterium ,  Rich.).  Fruit  diérési- 
lien ,  se  dépouillant  ordinairement  de  sa  pannexterne  (par- 
tie extérieure  )  à  la  maturité  ,  et  se  divisant  en  plusieurs 
coques  à  deux  valves,  qui  s'ouvrent  par  un  mouvement  élas- 
tique. Ce  fruit  caractérise  la  plupart  des  rubiacées  ,  et  il  se 
rencontre  aussi  dans  plusieurs  espèces  appartenant  à  d'autres 
fiimilles  {  euphorbia  ;  ricinus  ;  mercurialis  ;  phylica  ;  diotaniuus  ^ 
hura  crepitans). 


'47^  FRU 

La  Diérësille  (Dieresilis,  Mirb.)-  Fruit  diërésilien  ,  très-va- 
riable, ue  pouvant  être  confondu  avec  le  crémocarpe  et  le 
regmate.  On  a  des  exemples  de  ce  fruit  dans  les  plantes  sui- 
vantes: Galium  ;acer;tropœolum;  géranium;  althaa;  trihulus  ,  etc. 

Les  Etairionnaires.  Fruits  composés,  provenant  d'ovaires  por- 
tant le  stj'le. 

La  Double  Follicule  {Bifolliculus ,M.iTh.).  Fruit  composé  de 
oeux  follicules,  boites  péricarpiennes,  formées  chacune  d'une 
valve  pliéedans  sa  longueur,  et  soudée  par  ses  bords.  Ce  fruit 
n  a  été  observé  que  dans  la  famille  des  apocynées  [apocjnum  ; 
asclepias;  nerium;  vinca ,  etc.). 

L'Etairion  (Etario ,  Mirb.).  Fruit  composé  de  plusieurs 
camares ,  boîtes  péricarpiennes  bivalves  organisées  comme  le 
légume.  On  a  des  exemples  de  ce  fruit  dans  les  plantes  sui- 
vantes :  Renoncule  ;  anémone  ;  aconit  ;  pied  d'alouette  ;  cléma- 
tite ;  magnolia;  tulipier;  sedum  ;  geum  ;  spiraa;  rubus  ;  anona; 
rosa,  efc.  L'étairiondu  rosier  est  induvié,  c'est-à-dire  renfermé 
dans  le  calice  persistant;  ceux  du  rubus,  de  Vanona,  ont  les 
oamares  succulentes  et  entre-greffées. 

Les  Cénobionnaires.  Fruits  composés  provenant  d'ovaires  qui 
ne  portent  point  le  style. 

Le  Cénobion  {Canobium,  Mirb.).  Fruit  composé  de  plusieurs 
érèmes ,  boites  péricarpiennes  sans  valves  ni  sutures,  prove- 
nant d'ovaires  qui  ne  portent  pas  le  style.  Dans  ces  fruits,  le 
style  ,  au  lieu  de  reposer  sur  le  péricarpe ,  s'implante  au 
centre  du  réceptacle.  On  a  des  exemples  de  cénobion  dans  les 
plantes  suivantes  :  Salvia,  scutellaria,  et  autres  labiées;  bour- 
rache, cerinthe  ,  sjmphitum  ,  et  quelques  autres  borraginées  ; 
gomphia,  etc. 

Les  Drupacés.  Fruits  simples,  succulens,  renfermant  un, 
noyau'. 

Le  Drupe  (Drupa).  Le  péricarpe  des  drupes  est  composé 
d'une  panninterne  ligneuse  ou  osseuse,  connue  sous  le  nom  de 
noyau,  et  d'une  pannexterne  quelquefois  sèche  et  filandreuse, 
mais  plus  souvent  charnue  et  pulpeuse.  Les  drupes  succulens 
dont  le  volume  ne  dépasse  pas  la  grosseur  d'un  pois  (rivinia, 
daphne  mesereum) ,  sont  des  drupéoles.  Les  drupes  très-petits 
dont  la  pannexterne  forme  autour  du  noyau  un  sac  membra- 
neux {alriplex ,  etc.),  sont  des  ufrlcules.  On  a  des  exemples 


FRU  47i 

de  drupe  dans  les  végétaux  suivans  :  Prunier  ;  cerisier  ;  aman- 
dier ;  pêcher;  noyer;  dattier;  cocotier  ;  jujubier  ;  cornouiller  ; 
olivier,  etc. 

Les  Bacciens.  Fruits  simples,  succuiens ,  contenant  plusieurs 
graines  séparées ,  ou  des  nucules. 

Le  Pyridion  [Pjridunn,  Mirb.;  Pommum,  Linn.)«  Fruit  bac- 
cien,  couronné  par  le  limbe  du  calice  avec  lequel  l'ovaire  étoit 
soudé,  et  contenant  plusieurs  graines  dans  des  loges  dispo- 
sées en  verticille  autour  de  Taxe  central.  La  paroi  des  loges 
est  tantôt  élastique  et  mince  (poirier;  pommier);  tantôt 
épaisse  et  ligneuse  (néflier,  etc.).  Dans  ce  dernier  cas,  chaque 
loge  forme  une  nucule.  Le  p)  ridion  prend  vulgairement  le  uoni 
de  poire  dans  le  poirier,  de  pomme  dans  le  pommier,  de  coin 
dans  le  cognassier,  de  nèfle  dans  le  néflier,  d'azérolle  dans 
PazéroUier,  de  corme  dans  le  cormier.  On  n'a  observé  de 
pyridion  que  dans  les  rosacées. 

Le  Pépon  {Pepo ,  Gœrtn.).  Fruit  baccien  ,  à  pannexterne  so- 
lide et  élastique,  à  panninterne  pulpeuse;  divisé  en  plusieurs 
loges  par  un  placentaire  rayonnant  qui  porte  les  graines  vers 
la  circonférence.  Le  centre  du  fruit  se  détruit  souvent  à  la 
maturité,  et  alors  il  n'offre  plus  qu'une  seule  loge.  Les  vraies 
cucurbitacées  produisent  des  pépons  (courge  ;  potiron;  me- 
lon, etc.). 

La  Baie  (Bacca).  Fruit  baccien,  très-variable,  contenant 
plusieurs  noyaux  ou  graines  distinctes,  et  différant  du  pyri- 
dion et  du  pépon.  On  a  des  exemples  de  baie  dans  les  végé- 
taux suivans  :  Vigne;  groseillier;  berheris;  sureau;  solanum  ; 
vaccinium;  arhutus ;  asperge;  troène;  musa. 

II.  Fruits  couverts.  Des  enveloppes  étrangères  les  couvrent 
ou  en  altèrent  la  forme. 

LeCalybion  (Ca/^iio,  Mirb.  ).  Fruit  formé  d'un  ou  plusieurs 
carcérules  contenues  dans  une  cupule.  Les  carcérules  des 
calybions  prennent  le  nom  parti,culier  de  glands.  On  a  des 
exemples  de  calybions  dans  le  chêne,  le  coudrier,  le  châtai- 
gnier, le  hêtre,  Pif,  etc. 

Le  Strobile  {Strobilus).  Formé  par  le  rapprochement  et  la 
réunion  en  une  seule  masse  de  bractées  ou  de  pédoncules 
considérablement  accrus,  entre  lesquels  sont  cachées  de 
simples  carcérules  (bouleau,  etc.) ,  ou  des  calybions  (pin,  etc.). 


472  FRU 

Le  pin,  le  sapin,  le  cèdre,  le  mélèze',  le  cyprès,  le  genévrier, 
le  thuya,  le  bouleau,  etc..  ont  pour  fruit  un  strobile. 

La  Sycone  (Sjconus,  Mirb.).  Composé  de  carcénrles  ou  de 
drupéoks  placés  sur  un  clinanthe  qui  tapisse  toute  la  paroi 
interne  d'un  invoîucre.  Cet  involucre,  d'une  seule  pièce  et 
de  consistance  variable,  a  la  forme  d'un  plateau  dans  le  dor- 
stenia,  d'une  coupe  ou  d'une  urne  dans  Vambora,  d'une  poire 
dans  la  figue  cultivée,  etr. 

Le  Sorose  (Sorosus,  Mirb.;  Sjncarpa,  Rioii.).  Composé  de 
plusieurs  petits  fruits  réunis  en  un  seul  corps  par  l'intermé- 
diaire des  enveloppes  florales  succulentes  etentre-greffécs.  Le 
mûrier,  l'ananas,  Vartocarpus  ^  etc.,  en  offrent  des  exemples. 

Voyez  pour  les  fruits  des  plantes  cryptogames  au  mot  Cryp- 
togames. (Mass.) 

FRUIT  A  PAIN.  (Bot.)  On  nomme  ainsi  le  rima  artocarpus, 
très-cultivé  dans  l'île  d'Otahiti  et  autres  îles  voisines,  parce 
que  dans  ces  lieux  son  fruit  y  tient  lieu  de  pain ,  dont  sa  pulpe 
a  u!i  peu  le  goût.  (J.) 

FRUITS.  (  Foss.  )  Les  fruits  fossiles  auxquels  on  a  donné  le 
nom  de  Carpolites ,  ne  sont  pas  très-rares;  mais  on  a  souvent 
regar  lé  comme  tels  des  corps  qui  n'avoient  que  les  formes  de 
certair's  fruits,  ou  de  ces  derniers  qui  n'étoient  qu'incrustés, 
comme  les  raisins  et  autres  fruits  mous  que  l'on  fait  séjourner 
dans  des  eaux  qui  ont  la  faculté  de  déposer  dessus  des  molé- 
cules terreuses  qui  en  prennent  les  formes. 

Les  anciens  oryctographes,  qui,  en  général,  n'observoient 
pas  avec  autant  d'attention  que  l'on  fait  aujourd'hui,  ont  an- 
noncé que  l'on  a  trouvé  à  l'état  fossile  des  pois,  des  raisins, 
des  lentilles,  des  siliques,  des  grains  de  millet,  des  fèves, 
des  noisettes,  des  glands,  des  châtaignes,  des  noix-de-galle  ; 
des  fruits  de  pins,  de  sapins,  d'if,  d'orme,  d'ahovaï  ;  des  mus- 
cades, des  olives,  des  poires, des  figues,  des  oranges  et  autres. 

Les  fruits  ligneux  paroissant  seuls  propres  à  se  conserver 
avec  leurs  formes  et  à  passer  à  l'état  fossile ,  on  est  fondé  à 
croire  jusqu'à  présent  qu'on  a  pris  pour  des  pois  les  pisolites; 
pour  des  fèves  ou  des  haricots,  des  dents  de  poisson  qui  en 
ont  la  forme  :  pour  des  lentilles,  des  nummulites  ou  des  lenti- 
culites  ;  pour  des  grains  de  millet,  des  oolites  ou  des  milio- 
lites  ;  pour  des  olives,  certaines  pointes  d'oursins;  et  pour 


FRU  473 

ries  poires,  des  figues  et  des  orange? ,  certains  alcyons  fossiles 
qui  ont  la  forme  de  ces  fruits. 

Scheuchzer,  Mylius  et  Luid  ont  décrit  et  figuré  des  épis  de 
«seigle  et  d'orge  à  l'état  fossile;  mais  on  a  bien  des  raisons  de 
douter  que  ces  corps  aient  appartenu  réellement  à  la  famille 
des  céréales.  Celui  que  l'on  voit  figuré  dans  l'ouvrage  de 
Scheuchzer ,  Herb.  Diluv. ,  tab.  i ,  tig.  i ,  et  que  cet  auteur  pré- 
sente comme  étant  un  épi  de  blé  qui  a  été  trouvé  sur  le  mont 
Blatlenberg,  pourroit  être  une  tête  d'encrinite,  d'après  les 
articulations  dont  il  paroît  formé  dans  toutes  ses  parties ,  même 
dans  ses  barbes. 

Certaines  empreintes  que  l'on  trouve  à  Ilmenau  ,  paroissent 
être  des  épis  ;  mais  on  ne  reconnoît  pas  à  quel  genre  de  plantes 
ils  ont  pu  appartenir. 

On  trouve  dans  les  Mémoires  de  Guettard  ,  vol.  4,  pi.  16, 
fig.  2  et  3 ,  la  figure  d'un  corps  organisé  passé  à  l'état  d'a- 
gate, qui  est  des  plus  curieux  et  de  la  plus  belle  conserva- 
tion. Il  est  de  forme  hémisphérique  et  de  la  grosseur  d'une 
pomme  moyenne.  Sasurface  extérieure  estcouverte  d'un  com- 
partiment régulier  d'hexagones  contigus  les  uns  aux  autres ,  et 
diminuant  de  grandeur  à  mesure  qu'ils  approchent  du  som- 
met. La  coupe  transversale  présente  treize  loges  ou  cellules 
disposées  circulairement  autour  d'un  œil  formé  de  plusieurs 
zones  concentriques  auxquelles  elles  aboutissent.  La  place  qui 
reste  depuis  l'extrémité  des  cellults  jusqu'à  la  circonférence  , 
est  coupée  par  une  autre  suite  de  cellules  plus  petites,  dispo- 
sées toutes  d'une  manière  trop  symétrique  pour  qu'il  soit  per- 
mis de  douter  que  ce  beau  morceau  n'ait  été  unfruif.  Ce  corps 
a  été  présenté  dans  le  catalogue  de  Davila  comme  un  ananas 
fossile;  et  quoique  Guettard  l'ait  regardé  comme  une  produc- 
tion marine  de  la  classe  des  coraux,  il  lui  a  donné  le  nom 
ù''anatite. 

Ce  fossile  ne  peut  provenir  de  l'espèce  d'ananas  à  couronne 
que  nous  connoissons,  qui  n'a  pas  extérieurement  des  hexa- 
gones, mais  des  écailles  circulaires  qui  se  terminent  en  pointe, 
et  dont  le  dessous  ne  fait  pas  voir  d'hexagones.  Il  y  auroit  beau- 
coup plus  de  rapports  entre  l'intérieur  du  fossile  et  celui  de 
l'ananas,  qui  a  également  treize  loges  oblongues  ;  mais  la  na- 
ture de  ce  fruit  pulpeux  ne  permet  pas  de  croire  qu'il  ait  pu 


474  FRU 

se   conserver  et  se  pétrifier.  Il  provient  très-probablement 
d'un  cône  d'arbre  vert,  ou  d'une  espèce  d'ananas  différente 
de  celles   que  l'on  connoît.  On  ignore   où   ce  fossile  a   été 
trouvé.  Il  est  aujourdhui ,  dit  M.  de  lilaiuvile  ,  dans  la  colleo-^ 
tien  de  M.  le  baron  Roger. 

On  voit,  dans  la  planche  déjà  citée  du  quatrième  volume 
des  Mémoires  de  Guettard  ,  la  figure  d'un  corps  fossile  qui  a 
été  trouvé  dans  les  montagnes  du  Piémont,  et  qui  ressemble 
à  un  cône  alongé  d'un  arbre  vert,  dont  les  écailles  paroissent 
être  bien  conservées. 

Je  possède  un  morceau  très-singulier  qui  a  été  trouvé  dans 
la  couche  du  calcaire  marin  coquiliier  <à  Arcueil  ^  près  de 
Paris,  Dans  une  pierre  qui  contient  des  miliolites  etdes  moules 
intérieurs  de  petites  corbules,  et  autres  coquilles  dont  le  fét 
9.  disparu,  se  trouve  un  vide  de  six  pouces  et  demi  de  lon- 
gueur sur  six  lignes  de  diamètre  ,  autour  duquel  on  voit  en- 
viron cent  vingt  enfoncemens  ,  tels  qu'auroient  pu  en  laisser 
les  écailles  d'un  cône  de  l'espèce  de  pin  à  laquelle  on  a  donné 
le  nom  de  pin  du  lord  Weymouth.  A  celui  des  bouts  de  ce  vide, 
que  Pon  peut  supposer  avoir  été  I:i  base  du  cône,  on  voit  qu'il 
a  dû  se  trouver  un  petit  enfoncement,  parce  qu'une  petite 
portion  de  la  gangue  s'est  moulée  en  relief  en  cet  endroit. 

Le  vide  ne  se  dirige  pas  en  ligne  droite  :  au  tiers  environ 
de  sa  base,  il  est  courbé,  et  il  décrit  un  angle  de  quarante- 
cinq  degrés  environ.  Le  corps  qui  l'a  formé  a  disparu  ;  mais  la 
gangue  qui  avoit  pénétré  entre  toutes  les  pièces  de  ce  corps, 
et  qui  s'étoit  cristallisée  avant  la  disparition  de  ce  dernier,  s'est 
parfaitement  conservée  dans  toutes  ses  parties,  qui  en  repré- 
sentent exactement  les  formes  extérieures.  Quelques  savans 
botanistes  auxquels  j'ai  fait  voir  ce  morceau  ,  ont  cru  qu'il 
avoit  été  rempli  par  un  cône  de  quelque  arbre  vert ,  mais  dont 
ils  n'ont  reconnu  ni  l'espèce  ni  le  genre. 

La  couche  coquillière  où  ce  moule  extérieur  a  été  trouvé, 
renfermant  quelquefois  dts  morceaux  de  bois  dégradés,  et 
dont  il  n'est  resté  que  les  parties  passées  à  l'état  siliceux, 
a  pu  renfermer  également  le  cône  d'un  arbre  vert  qui,  n'é- 
tant point  passé  à  cet  état,  aura  disparu  après  la  cristallisa- 
tion ou  la  pétrification  de  la  matière  qui  l'entouroit. 

On  a  trouvé  près  Lods  le-Saunier,  à  la  profondeur  de  ccut 


FRU  475 

cinquante  pîeds ,  dans  une  mine  de  sel  abandonnée  depuis 
plus  de  cent  cinquante  ans,  des  noix  qui  ont  cela  de  remar- 
quable,  qu'il  n'y  a  que  l'amande  qui  soit  pétritiée  ,  la  coque 
setant  conservée  dans  sa  consistance  naturelle.  Ces  amandes, 
dont  je  possède  plusieurs  morceaux,  ne  paroissent  pas  dévoie 
être  regardées  comme  de  véritables  fossiles. 

On  a  annoncé  qu'on  a  trouvé  dans  les  mines  de  houille 
d'Angleterre  des  noisettes  et  des  glands  qui  tenoient  encore 
à  leurs  rameaux;  et  que,  dans  celles  de  Rute  en  Suisse  ,  ainsi 
qu'aux  environs  de  Vienne  et  dans  le  Piémont,  on  avoit 
trouvé  des  cônes  de  pin  à  l'état  fossile. 

Scheuchzer  annonce  que  dans  les  tourbières  près  de  Zurich , 
il  a  été  trouvé  des  cônes  qui  ressembloient  à  ceux  du  sapin. 
Scheuchzer,  Herb.  Diluv. ,  pag.  97,  n.°  4o3. 

Dans  la  mine  de  tourbe  dite  de  terre-d'ombre,  des  environs 
de  Bruhl  et  de  Liblar,  près  de  Cologne,  on  trouve  des  noix 
d'une  sorte  de  palmier  qui  paroit  se  rapprocher  de  l'arec. 

Cette  mine,  dans  laquelle  on  rencontre  des  troncs  d'arbres 
qui  ont  quelquefois  plus  de  deux  pieds  de  diamètre  sur  huit 
et  dix  pieds  de  longueur,  a  plusieurs  lieues  d'étendue  sur  une 
épaisseur  de  plus  de  cinquante  pieds,  et  est  recouverte  d'une 
couche  de'cailloux  roulés  qui  a  depuis  dix  jusqu'à  vingt  pieds 
de  hauteur.  On  voit  des  figures  de  ces  fruits  dans  les  Annales 
du  Muséum  d'Histoire  naturelle ,  tom.  1 ,  pi.  29. 

On  a  trouvé  dans  les  houillères  du  Forez  deux  sortes  de 
fruits  fossiles  :  l'un  a  la  forme  et  la  grosseur  d'un  grain  de 
café,  mais  il  est  quelquefois  entouré  d'une  aile  membra- 
neuse ;  l'autre  ,  dont  le  diamètre  est  d'un  pouce  environ ,  est 
orbiculaire,  aplati ,  avec  une  élévation  dans  le  milieu.  On  ne 
sait  à  quels  genres  de  plantes  rapporteur  ces  fruits,  dont  oa 
voit  des  figures  dans  l'Histoire  naturelle  des  Minéraux,  par 
Patrin,toni.  5,  pag.  236. 

On  rencontre  encore  dans  ces  mines  des  corps  orbiculaires, 
un  peu  aplatis,  qui  ont  près  de  deux  pouces  de  diamètre.  Ils 
sont  recouverts  d'empreintes  de  feuilles;  mais  onn'y  reconnoît 
aucune  organisation. 

On  trouve  sur  les  hauteurs ,  dans  les  silex  opaques  de  Vil- 
liers,  près  de  Pontchartrain,  de  Lonjumeau,  de  Palaiseau , 
de  Villejus  ,  département  de  Seine   et  Oise  ,  et  de  la  Cha- 


47fi  FRU 

pelle-Milon ,  près  deChevreuse,  des  corps  cylindriques  can- 
nelés, de  trois  à  quatre  lignes  de  longueur  et  de  la  grosseur 
d'un  grain  de  blé,  que  l'on  doit  regarder  comme  des  graines 
fossiles.  A  l'un  des  bouts  on  voit  une  sorte  de  stigmate,  qui 
indique  l'endroit  par  où  elles  ont  dû  adhérer  à  la  plante  qui 
les  a  produites.  Souvent  l'enveloppe  reste  attachée  à  la  pierre , 
quand  on  veut  enlever  la  graine,  et  Ton  obtient  seulement 
un  plus  petit  corps  lisse  passé <à  l'état  siliceux,  qui  porte  une 
carène  longitudinale  d'un  côté,  et  qui  paroitêtre  l'amande  de 
cette  graine,  dont  on  voit  la  figure  dans  les  Annales  du  Mus., 
tom.  i5,  pi.  23,  fig.  17.  Elles  sont  accompagnées  d'empreintes 
de  feuilles  étroites  et  longues,  de  lymnées,  de  planorbes,  de 
pupa,  de  potamides,  et  de  débris  de  bois  fossiles  dans  lesquels 
elles  ne  pénètrent  jamais, 

Fortis  et  Fabricius  avoient  pensé  que  ces  corps  étoient  des 
larves  ou  des  insectes  fossiles  ;  mais  leur  forme  ne  pern>et  pas 
de  croire  qu'ils  puissent  avoir  été  autre  chose  que  des  graines. 
M.  Bosc  croit  qu'on  pourroit  les  rapporter  à  celles  de  la  plante 
aquatique  qui  porte  le  nom  de  cornifle,  ceralophjilurn. 

Avec  ces  graines  on  rencontre  à  Villiers  et  à  Loujumeau  des 
ceps  siliceux ,  qui  ressemblent  beaucoup  à  des  noyaux  de  me- 
rise s,  ou  à  ceux  de  l'arbre  de  Sainte-Lucie.  On  peut  croire 
que  ces  noyaux  proviennent  des  arbres  dont  on  trouve  des 
débris  fossiles  aux  mêmes  endroits.  Ils  sont  beaucoup  plus  rares 
que  les  graines  ci-dessus.  On  en  voit  une  figure  dansla  planche 
des  Annales  ci-dessus  citée,  fig.  16. 

On  trouve  à  Chanau ,  près  de  Bois-le-Roy ,  dans  les  envi- 
rons de  Nemours,  des  corps  en  forme  de  dattes,  avec  des  can- 
nelures sinueuses  sur  la  partie  qui  pourroit  être  regardée 
comme  la  réunion  de  deux  cotylédons  ,  si  ces  corps  étoient  des 
semences  analogues  aux  noix.  On  les  trouve ,  avec  de  petits 
lymnées,  dans  un  calcaire  d'eau  douce  gris,  criblé  d'une  mul- 
titude de  petites  cavités.  On  en  voit  une  figure  dans  la  même 
planche,  fig.  1  8. 

Les  gyrogonifes,  que  l'on  avoit  d'abord  rangées  parmi  le* 
mollusques ,  paroissent  devoir  être  considérées  comme  des 
fruits,  et  entrer  dans  cet  article.  Ce  singulier  fossile  est  d'au- 
tant plus  remarquable  ,  qu'il  offre  des  détails  assez  nombreux 
et  des  formas  élégantes.  M.  LamarckTavoit  d'abord  décrit  dan» 


FRU  477 

sen  Système  des  Animaux  sans  vertèbres  (1801)  comme  un 
des  gejires  incomplètement  connus,  et  les  caractères  qu'il  en 
a  donnés  à  cette  époquepvouvent  qu'il  n'en  connoissoit  que  le 
noyau  intérieur.  Depuis,  il  l'a  décrit  avec  plus  Je  détail, 
d'après  des  échantillons  plus  entiers  qui  provenoient  de  la 
plaine  de  Trappes  ,  que  j'ai  mis  sous  ses  yeux,  (Annales  du 
Mus.  d'His.  nat.,  toni.  5,  pag.  555,  et  tom.  y,  pag,  :i4o  , 
pi.  17,  tig.  7.)  Il  dit  que  la  coquille  est  formée  de  pièces 
linéaires,  courbes,  un  peu  canaliculées  sur  les  côtés,  jointes 
ensemble  par  ces  mêmes  côtés,  et  dont  les  deux  extrémités 
vont  aboutir  aux  deux  pôles. 

Ce  fossile  est  de  la  grosseur  d'une  tête  d'épingle  de  moyenne 
force:  sa, forme  est  sphéroïdale,  et  présente  deux  pôles  aux- 
quels viennent  aboutir  cinq  côtes  bombées,  tournant  de  droite 
à  gauche  ,  se  touchant  immédiatement  par  leurs  côtés  ,  et 
formant  environ  un  four  et  demi  de  révolution. 

L'un  de  ces  pôles  est  fermé  tout-à-fait  par  la  réunion  des 
cotes,  et  se  prolonge  quelquefois  en  forme  de  bec,  comme 
on  le  remarque  dans  nu  échantillon  qui  se  trouve  dans  la  col- 
lection de  M.  Giilet-Laumont  :  l'autre  paroit  porter  une  pièce 
qui  pourroit  s'enlever;  car  quelques  uns  sont  ouverts  à  l'un 
des  pôles,  et  ne  paroissent  pas  avoir  été  brisés.  Cette  pièce  se 
trouveroit  soudée  sur  chaque  côte,  à  l'endroit  où  il  se  trouve 
un  étranglement  transversiil  ,  près  de  son  extrémité,  et  seroit 
composée  des  cinq  petits  tubercules  qu'on  y  remarque.  Tous 
ceux  de  ces  fossiles  que  j'ai  vus  ouverts  ou  brisés,  ne  m'ont 
montré  qu'une  seule  loge  sphérique  ;  mais  M.  Desmarest  a  pu 
remarquer  que  l'intervalle  ,  ou  plutôt  l'épaisseur,  comprise 
entre  la  surface  extérieure  et  les  parois  de  cette  cavité  in- 
terne,  présente  cinq  loges  vides  formant  l'intérieur  des  cinq 
côtes,  et  se  contournant  comme  elles.  (Journal  des  Mines, 
n."  191,  novembre  1812  ,  vol.  3 2  ,  pl.bjlig.  1.  Nouveau  Bulletin 
des  Sciences,  tom.  2  ,  n."  44,  pi.  2  ,  fig.  3  ,  a.  b.  c.) 

Ceux  de  ces  corps  qui  se  trouvent  dans  la  marne  ou  glaise 
de  la  plaine  de  Trappes,  peuvent  se  briser  aisément,  et, 
avec  quelque  précaution  ,  on  parvient  quelquefois  à  détacher 
chacune  des  côtes  séparément. 

Il  arrive  souvent  que,  dans  les  pierres  siliceuses  oii  l'on 
trouve  beaucoup  de  gyrogouites,  leur  substance  a  disparu  ,  et 


AyS  FRU 

on  ne  rencontre  que  le  moule  intérieur  qui  remplissoit  là 
cavité  ,  et  l'empreinte  extérieure  qui  tient  à  la  pierre. 

Tous  ceux  qui  avoicnt  écrit  sur  les  gyrogonites  ,  avoient 
cru  que  ee  corps  organisé  avoit  appartenu  à  un  animal;  mais 
MM.Desmarest  et  Léman  ont  cru  être  assurés  qu'il  appartenoit 
au  règne  végétal ,  et  ils  ont  trouvé  une  très-grande  analogie 
entre  lui  et  le  fruit  du  cliara  vulgaris  ou  charagne ,  que  l'on 
trouve  dans  les  eaux  dont  le  cours  est  peu  rapide.  En  effet, 
il  est  très-difficile  de  ne  pas  voir  une  très-grande  ressemblance 
de  forme  et  de  grosseur  entre  la  gyrogonite  et  le  fruit  de  cette 
plante,  dont  on  voit  une  figure  dans  la  planche  du  Journal 
des  Mines  déjà  citée  ,  fig.  3  ,  et  dans  leslllustrations  deLamk., 
pi.  762  ,  fig.  1 ,  e.  La  charagne  croît  dans  les  eaux  où  se 
trouvent  avec  elle  des  lymnées  et  des  planorbes,  et  on  ne 
rencontre  les  gyrogonites  que  dans  des  terrains  d'eau  douce, 
accompagnées  de  pareilles  coquilles.' 

Quand  tous  les  rapprocheniens  de  ce  fossile  avec  le  fruit 
de  la  charagne  manqueroient ,  on  pourroit  bien  difficilement 
le  ranger  parmi  les  coquilles,  attendu  qu'on  n'en  connoît 
aucune  qui  ait  quelque  analogie  avec  lui,  surtout  par  la  réu- 
nion des  cinq  côtes  ou  bandelettes  qui  le  composent,  et  qui 
peuvent  se  séparer. 

On  trouve  abondamment  les  gyrogonites  dans  les  terrains 
de  formation  d'eau  douce  ,  aux  environs  de  Paris,  à  Montmo- 
rency, Saint-Leu-Taverny,  Moulignon,  Saint -Prix,  Belair 
au-dessus  d'Andilly  et  Daumoiit.  On  les  rencontre  également 
à  Sanois,  à  Meudon,  à  Cormeille,  à  Triel,  à  Dammartin,  à 
Lonjumeau  ,  à  Palaiseau,  à  Mennecy,  au-dessus  d'Essone  , 
à  Lagny  ,  à  Meaux,  à  Villers-Cotterets,  dans  la  plaine  de 
Trappes  au  -  dessus  de  Versailles,  en  Franche-Comté,  aux  en- 
virons du  Mans,  dans  un  silex  noir  du  Cantal ,  etc.  Elles  sont 
toujours  accompagnées  de  lymnées,  de  planorbes,  de  débris 
de  plantes  et  de  petits  corps  cylindriques  articulés  et  creux  , 
difficiles  à  définir. 

Les  localités  ci-dessus  paroissent  dépendre  de  la  plus  nou- 
velle formation  d'eau  douce  ;  mais  celles  qu'on  a  trouvées  à 
Sevran,  près  de  Bondy,  paroissent  dépendre  de  la  première 
formation  d'eau  douce,  au-dessus  de  laquelle  il  se  trouve  un. 
terrain  de  formation  marine. 


FUC  479 

Je  possède  certains  corps  fossiles,  remarquables  par  leur 
forme  et  par  leur  grosseur,  dont  j'ignore  la  véritable  place 
pour  leur  description:  n'étant  pas  assuré  s'ils  appartiennent  au 
règne  végétal  ou  au  règne  animal,  il  en  est  l'ait  un  article 
au  mot  Pétrification.  (D.  F.) 

FRUSO.  (Ornith.)  Ce  nom,  et  celui  deyi'w^one,  sont  donnés, 
suivant  Aldrovande,  Jonston  et  Willughby,  au  gros-bec  de 
Virginie,  ou  cardinal  huppé,  loxia  cardinalis  ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FRUTILLA  DE  MONTE  (Bot.),  nom  espagnol  du  fragosa 
reniformis  de  la  Flore  du  Pérou,  plante  herbacée  très-b;isse, 
qui  croît  auprès  de  Tarma.  Ce  genre  d'ombellifère  a  beaucoup 
de  rapport  avec  Vazorella,  dont  il  diffère  seulement  par  son 
ombelle  ,  dont  toutes  les  fleurs  sont  fertiles,  et  par  son  invo- 
lucre  à  cinq  feuilles.  (J.) 

FRUTir.LIER  (Bot.),  nom  que  l'on  donne  au  fraisier  du 
Chili,  qui  produit  la  plus  grosse  fraise,  d'un  goût  fort  agréable, 
différent  cependant  de  celui  de  notre  fraise  des.bois.  II  étoit 
déjà  connu  de  C.  Bauhin,  qui  le  nomme  frutiUa.  Le  frutillier 
est  dioïque,  et  l'on  n'a  apporté  de  son  pays  natal  que  des 
individus  femelles  ,  ce  qui  fait  qu'en  France  il  ne  se  niuhiplie 
que  par  les  filets  ou  tiges  traçantes.  On  le  fait  féconder  par  le 
fraisier  capron  mâle;  alors  sa  fraise  parvient  à  maturité;  mais 
lès  graines  qu'elle  produit  ont  donné  naissance  à  une  autre 
race  de  fraisiers.  (J.) 

FSITSIKUSA  (Bot.),  nom  japonois  du  laitron,  sonchus, 
suivant  M.  Thunberg.  (J.) 

FïOTSBA  [Bot.) ,  un  des  noms  japonois,  suivant  M.  Thun- 
berg, de  son  acrostichum  lingua.  (J.) 

FUA  (  Bot,  ) ,  nom  arabe  de  la  garence ,  suivant  Forskal. 
(J.) 

FUCACÉES.  (Bot.)  Deuxième  section  de  notre  famille  des 
algues,  qui  comprend  les  deux  ordres  des  fucacées  et  des  flori- 
dées  de  la  méthode  adoptée  par  Lamouroux.  Les  fucacées  for- 
ment le  premier  ordre  des  thalassiophytes  non  articulés,  de 
Lamouroux;  mais  cet  ordre  ne  comprend  que  les  genres  Fucus, 
Laminaria,  Osmundaria,  Desmarestia ,  Furcellaria  et  Chorda. 
Les  autres  genres  que  nous  avons  cités  à  l'article  Algues,  ren- 
trent dans  l'ordre  des  floridées.  Mais  les  plantes  de  ces  deux 
ordresformentlegenreFucusdeLinnasus,  LamarckjPovet, etc. 


48o  FUC 

Agardh,  dans  son  Sjnopsis  algarum  Scandinaviœ,  adopte  les 
deux  ordres  établis  par  Lamouroux,  et  les  nomme  fucoïdées 
{fucoideœ),  etfloridées.Les  genres  de  fucoïdées  qu'il  admet  soQt 
ceux  ci  :  Fucus,  Osmundaria,Lichina[pfgmeœ,  Stackh.),5poro- 
ehnus,  Fuscellaria,  Chordaria  ei  Laminaria.  Ces  genres  sont  les 
mêmes  que  ceux  reconnus  par  Lamouroux  ,  excepté  que  le 
sporochnus  n'est  pas  exactement  le  même  que  le  desmareslia, 
comme  nous  le  démontrerons  à  l'article  Sporochnus. 

Lyngbye  ,  dans  son  Tentamen  hj'drophjto graphiœ  danicœ 
(1820),  a  introduit  dans  les  fucacées  les  nouveaux  genres 
Odontalia  et  Himanihalia  (Lorca,  Stackh,)-  Quelques  autres 
botanistes  ont  encore  désigné  parles  noms  de  fucacées  ^fucées, 
fucoïdées ,  des  réunions  particulières,  ou  même  la  réunion  eu 
un  seul  groupe  de  toutes  ces  plantes  marines,  mais  qui  ren- 
trent dans  les  classifications  précédentes,  ou  dans  celle  que 
nous  avons  exposée  à  l'article  Algues.  En  considérant  comme 
xraiesfucacées  ou  fucoïdées  les  seules  espèces  que  Lamouroux 
et  Agardh  réunissent  sous  ces  dénominations,  on  pourra  les 
caractériser  de  la  manière  suivante  :  Algues  à  racines  entières , 
étendues  ou  fibreuses;  à  tiges  dures,  cornées,  se  ramifiant 
en  frondes  cartilagineuses  ou  coriaces,  planes  ou  aplaties, 
rarement  filiformes,  ou  privées  de  frondes  proprement  dites; 
garnies  le  plus  souvent  de  vésicules  aérifères  ;  noircissant 
par  leur  exposition  à  l'air,  en  perdant  ainsi  leuri  couleurs 
naturellement  olivâtres  ou  brunâtres  ;  à  tissus  fibreux  ;  à  fibres 
longitudinales  entrelacées. 

Les  espèces  de  fucacées  varient  beaucoup  dans  leur  ma- 
nière d'être.  Les  unes  forment  de  grandes  membranes  ou  lames: 
d'autres  sont  très-rameuses  et  flottantes,  ou  s'élèvent  en  forme 
d'arbrisseau;  mais,  dans  ce  dernier  cas,  leur  organisation  n'est 
pas  ligneuse,  seulement  le  tissu  de  leur  tige  est  extrêmement 
serré  et  solide.  M.  DecandoUe  a  remarqué  qu'eu  plongeant 
à  demi  dans  de  l'eau  un  fucus  desséché  ,  la  partie  de  la 
plante  plongée  dans  l'eau  reprend  seule  son  état  naturel , 
tandis  que  l'autre  demeure  sèche.  Cette  expérience  semble 
démontrer  que  l'organisation  des  fucacées  est  très- différente 
de  celle  des  plantes  terrestres,  dont  il  suffit  de  mouiller  le 
pied  pour  les  conserver  avec  leur  fraîcheur.  La  fructificatioû 
des  fucacées  variç  dans  sa  position.  Elle  consiste  en  des  tuber- 


FUC  481 

cules  capsuliformes  qui  contiennent  des  corpuscules  ou  sémi- 
nules.  Ces  tubercules  sont  perces  d'un  trou  qui  aboutit  à  la 
surfijce  de  la  plante  -,  ils  sont  tantôt  épars,  tantôt  agglomérés 
ou  accumulés  à  l'extrémité  des  branches,  où  ils  forment  de 
gros  renflemens,  à  surface  raboteuse,  poreuse,  et  qui  sont 
inucilagineux  à  ^intérieur.  On  peut  voir,  aux  articles  Algues 
et  Fucus,  les  autres  différences  et  les  autres  caractères  de 
l'ordre  des  fucacées.  (Lem.) 

FUCÉES.  (Bot.)  Voyez  Fucacées.  (Lem.) 

FUCHS  (  Mamm.  )  ,  nom  allemand  du  renard  comman. 
(F.  C.) 

FUCHS-AFF  (A/t/nini.) ,  nom  allemand,  qui  signifie  singe- 
renard,  et  qu'on  donne  quelquefois  aux  sarigues.  (F.  C.) 

FUCHS^L-M^NNCHEN.  (  Mamm.  )  On  a  donné  ce  nom 
allemand  au  maki  inococo.  (F.  C.  ) 

FUCHS-GANS  (Ornith.) ,  nom  allemand  du  tadorne  ,  anas 
tadorna  ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FUCHSIE,  Fuchsia.  {Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones  , 
à  fleurs  complètes,  polypétalées,  régulières,  de  la  famille  des 
oiiagraircs  ,  de  ïoctandrie  monogjnie  de  Linna^us  ,  offrant 
pour  caractère  essentiel  ;  Un  calice  coloré,  infundibuliforme; 
son  limbe  a  quatre  découpures  caduques  ;  quatre  pétales  in- 
sérés à  Forifice  du  calice,  ainsi  que  les  huit  étamines  ;  un 
ovaire  inférieur;  un  style  ;  un  stigmate  en  tête.  Le  fruit  est 
une  baie  polysperme,  à  quatre  loges. 

Ce  genre ,  remarquable  par  ses  fleurs  élégantes  ,  a  été 
établi  et  découvert  par  Plumier  dans  l'Amérique  méridionale. 
Il  le  dédia  a  Léonard  Fuchs,  célèbre  botaniste  allemand  du 
seizième  siècle.  On  li'en  connoissoit  d'abord  que  deux  ou  trois 
espèces;  les  auteurs  de  la  Flore  du  Pérou  en  ont  ajouté  beau- 
coup d'autres  ,  découvertes  tant  au  Chili  qu'au  Pérou.  Ce 
sont,  la  plupart,  des  arbrisseaux  élégans  ,  presque  tous  à 
fleurs  d'un  beau  rouge  écarlate,  à  feuilles  simples ,  opposées 
ou  veriicillées,  rarement  alternes  ;  les  fleurs  sont  axillaires 
ou  disposées  en  grappes  terminales.  On  en  cultive  ,  comme 
fleurs  d'ornement,  une  ou  deux  espèces  dans  les  jardins,  par- 
ticulièrement la  suivante. 

FucHSiE  A  FLEURS  ÉCARLATES  :  Fuchsia  coccinea,  Wiîld.,  Spcc- 
et  in  IJster.  Annal.,  5  Stiick. ,  pag.  67,  tabl.  6  ;  Duham.,  Arh, 
17.  3i 


i»82  FUC 

éd.  nos>,,  i,  tab.  i3;  Fuclisia  mageUanica,  Lamk.,  Encycl. ,  et 
m.  gen. ,  tab.  i;82  ,  fig.  a  ;  Andr. ,  Bot.  Repos.,  tcib.  loa  ;  Bot. 
Ma^az. ,  tab.  gy  :  Dor^^allia  eucliaris ,  Comiuers.  ;  Fuchsia  macro- 
£tema,FLPer..  5,  (ab. 024  ,  fig. B. Très-joli  arbrisseau  ,  originaire 
de  l'Amérique  méridionale,  introduit  cii  Europe  eu  1788,  au- 
jourd'hui très-commun  dans  tous  lesjardius.il  exige  une  terre 
fraîche  et  légère,  et  l'orangerie  pendant  l'hiver:  autrement, 
le  froid  fait  périr  les  branches  ;  mais  les  racines  et  la  tige  se 
conservent,  étant  abritées  convenablement.  On  le  multiplie 
de  drageons  et  de  marcottes  avec  des  arrosemens  assez  fréquens 
en  été.  Ses  fleurs  se  succèdent  pendant  toute  la  belle  saison , 
depuis  le  printemps  jusqu'en  automne. 

Ses  racines  tracent  beaucoup  ;  ses  tiges  s'élèvent  de  deux  à 
quatre  pieds  :  elles  sont  chargées  de  rameaux  nombreux  et 
diffus,  et  de  feuilles  opposées  et  ternées,  rarement  alternes, 
médiocrement  pétiolées,  ovales-lancéolées,  aiguës,  d'une  gran- 
deur médiocre  ,  solitaires,  axillaires  ;  les  pédoncules  uniflores  ; 
le  tube  du  calice  un  peu  globuleux  à  sa  base,  puis  cylindri- 
que :  les  découpures  du  limbe  lancéolées  ,  ouvertes;  les  pétales 
trois  fois  plus  petits  que  les  découpures  du  calice  ;  l'ovaire 
oblong  ;  le  stigmate  globuleux  et  tubercule;  le  fruit  partagé 
en  quatre  loges  polyspermes.  La  fuchsia  inultijlora,  Linn.,  de 
l'Amérique  méridionale,  se  distingue  facilement  des  espèces 
précédentes  par  ses  pédoncules  chargés  de  plusieurs  fleurs. 

FucHSiE  A  FEUILLES  DE  LVCiUM  :  Fuchsia  Ij'cioidcs ,  WïHd.  , 
Enum.,  1  ,  pag.  412  ;  Andr.,  Rep.,  tab.  120  ;  Bot.  Magaz,  tab. 
1024.  Arbre  des  Antilles;  espèce  que  l'on  cultive  dans  plusieurs 
jardins  de  curieux,  et  particulièrement  dans  celui  du  Koi , 
mais  bien  moins  commune  que  la  fuchsie  à  fleurs  écarlates, 
à  laquelle  elle  est  inférieure  en  beauté.  Ses  feuilles  sont  op- 
posées, ovales-lancéolées,  très-entières;  les  pédoncules  axil- 
laires, uniflores,  solitaires;  les  quatre  découpures  du  calice 
réfléchies  ;  les  pétales  plus  courts  que  le  calice. 

Fuchsie  a  feuilles  en  scie  ;  Fuchsia  serratifolia ,  Ruiz  et  Pav. , 
FI.  Fer.,  3,  pag.  86,  tab.  02  5.  Arbrisseau  du  Pérou,  dont  les 
tiges  sont  droites,  médiocrement  rameuses,  hautes  de  quatre 
à  cinq  pieds;  les  rameaux  striés-,  les  feuilles  pétiolées,  ternées 
ou  quaternées,  dentées  en  scie,  un  peu  pubescentes  en  dessous, 
longues  de  trois  pouces  et  plus;  les  nervures  rougeàtres  ou 


FUC  4^5 

purpurines;  de  petites  stipules  caduques,  lancéolées;  les  pé- 
doncules axillaires ,  pendans,  solitaires,  uniflores  ;  le  calice 
rouge,  un  peu  velu ,  long  de  deux  pouces;  ses  découpures 
verdàtres  vers  leur  sommet;  les  pétales  ovales-oblongs  ;  luiit 
glandes  conniventcs  et  verdà  très  ;  les  lilameus  et  lovaire  rouges  ; 
une  baie  pendante,  purpurine,  longue  d'un  pouce. 

FucHSiEDENTicuLÉK  ;  Fucksid  denliciiliita ,  FI.  Per.,  I.  c. ,  tab. 
3a5,  tig.  A.  Bel  arbrisseau  du  Pérou,  très-rameux,  haut  de 
douze  pieds.  Les  rameaux  sont  trigones,  étalés,  de  couleur 
purpurine;  les  feuilles  ternées  ,  oblongues,  lancéolées,  denti- 
culées,  un  peu  veines  en  dessous,  longues  de  six  pouces;  les 
stipules  aiguës  ;  les  fleurs  écarlatcs,  grandes,  solitaires,  incli- 
nées; le  calice  ventru,  velu  en  dedans;  une  baie  purpurine, 
très-glabre;  les  semences  rougeàtres,  eunéiformes.  Dans  le 
fuchsia  ovata^  Flor.  Fer.,  1.  c. ,  tab.  324,  fig-A,  les  fleurs  sont 
disposées  en  grappes  pendantes  ;  les  rameaux  pubescens  dans 
leur  jeunesse,  tétragoncs,  garnis  de  feuilles  fort  amples,  op- 
posées ou  ternées,  pubescentes,  luisantes  en  dessus,  aiguës  à 
leurs  deux  extrémités;  les  grappes  axillaires,  pubescentes, 
flexueuses;  les  fleurs  écarlates;  les  baies  oblongues,  d'un  beau 
rouge  pourpre  ;  les  semences  jaunâtres. 

FucHSiE  A  coRYMBES  ;  Fuchsid  corjmbiflora ,  Flor.  Per.,}.  c.  , 
tab.  32  5,  fig.  A.  Cet  arbrisseau  a  des  tiges  cendrées,  médio- 
crement rameuses,  hautes  de  six  pieds  ;  les  feuilles  opposées, 
denticulées,  très-légèrement  ciliées  à  leurs  bords  et  sur  leurs 
nervures  inférieures.  Les  fleurs  sont  pendantes,  nombreuses, 
axillaires;  les  pédoncules  filiformes,  très-longs,  solitaires  ou 
géminés,  uniflores;  le  calice  tubulé,  d'un  rouge  écarlate, 
presque  long  d'un  pouce  et  demi,  renflé  vers  son  sommet, 
divisé  à  son  limbe  en  quatre  découpures  lancéolées,  très- 
aiguës;  les  pétales  d'un  beau  violet,  ovales-arrondis,  beau- 
coup plus  courts  que  le  calice  ;  les  étamines  presque  saillantes , 
quatre  plus  courtes;  les  filamens  rouges.  Le  fruit  est  une  baie 
ovoïde,  d'un  rouge  noirâtre,  remplie  d'un  suc  rouge  et 
sucré. 

Le  thilco  de  Feuillée  ne  diffère  de  cet  arbrisseau  que  par 
ses  fleurs  divisées  en  cinq  parties,  cinq  pétales,  dix  étamines; 
les  feuilles,  quoique  d'un  beau  vert,  sont  parsemées  d'uu 
petit  duvet  qui   les  rend  comme  veloutées.  Les  Indiens  se 

3i, 


484  FUC 

servent  de  cet  arbrisseau  pour  teindre  leurs  éteffes  en  noîr. 
Il  croit  sur  les  montagnes,  depuis  le  Chili  jusqu'au  détroit  de 
Magellan.  ' 

FuciisiE  A  GRAPPES  :  Fuchsia  racemosa,  Lam.,  Encycl.  et  IlL 
gen.^tiib.202,fig.i:  Plum.,  Gea.  14;  Burm. ,Jmcr.,  tab.  i55,f.  u 
Les  racines  de  cette  plante  sont  ligneuses,  mais  sa  tige  est  her- 
bacée ,  droite ,  très-simple  ,  d'un  vert  rougeàtre  ,  haute  de  deux 
pieds,  garnie  de  feuilles  lancéolées,  entières,  d'un  vert  pâle, 
coriaces ,  sessiles ,  disposées  trois  par  trois.  Les  pédoncules  sont 
épars,  uniflores,  formant  parleurensemble  une  grappe  étroite 
et  terminale.  Les  fleurssont  grandes,  belles,  d'un  rouge  écarlate 
éclatant;  leur  calice  en  entonnoir ,  renflé  en  massue  vers  son 
sommet,  à  quatre  découpures  ovales-aiguës.  Le  fruit  est  une 
baie  ovale,  un  peu  plus  grosse  qu'une  olive  ,  molle  ,  charnue, 
d'un  noir  rougeàtre.  un  ptu  pubescente,  d'un  goût  agréable, 
à  quatre  loges  :  les  semences  brunes  ,  menues,  ovales.  Cette 
plante  croît  à  Saint-Domingue,  et  depuis  Carthagène  jusque 
dans  la  Nouvelle-Espagne. 

FucHSiE  DE  LA  Nouvel[.e-Zélande  :  Fucksia  excorticata  .  Linn. , 
Supp.,  217:  Skinnera  ex  cortical  a,  Forst,,  Gère. ,  pag.  ôy,  tab.  29; 
Qj/e/us.-a?  Vandell.,  Bres.  Cet  arbre,  découvert  par  Forster  à 
la  Nouvelle-Zélande,  a  des  feuilles  alternes,  ovales,  blan- 
châtres en  dessous,  bordées  de  très-petites  dentelures,  et 
portées  sur  de  très-longs  pétioles.  Les  fleurs  sont  pendantes, 
oblongues- lancéolées,  molles,  puhescentes,  un  peu  denticu- 
lées,  longues  de  deux  ou  trois  pouces  ;  les  fleurs  disposées  en 
cor3fmbes  axillaires,  feuilles,  pendans;  le  calice  long  de  deux 
pouces,  rétréci  à  sa  base,  renflé  à  son  orifice,  d'un  rouge 
pourpre  -,  les  pétales  oblongs  ,  lancéolés.  Les  fruits  sont  ovales, 
oblongs,  tétragones,  longs  de  quatre  lignes,  de  couleur  écar- 
late. Cette  plante  croit  dans  le  Pérou,  aux  lieux  ombragés. 

FucHsiE  croisée;  Fuchsia  decussata,  F/or.  Per. ,  1.  c,  tab.  52  5, 
fig.  B.  Ses  tiges  sont  hautes  de  trois  pieds  ;  ses  rameaux  oppo- 
sés en  croix,  quelquefois  ternes,  lanugineux,  un  peu  pulvé- 
rulens  dans  leur  jeunesse;  les  feuilles  ternées,  inégales,  pu- 
hescentes, oblongues -lancéolées  ,  denticulées,  longues  d'un 
pouce  et  demi;  les  fleurs  écarlates,  petites  et  pendantes  ;  les 
baies  rouges,  oblongues  ;  les  semences  jaunâtres,  en  forme  de 
coin.  Cette  espèce  croît  dans  les  lieux  ombragés  ,  au  Pérou. 


FUC  4^9 

Fi;CHSiE  A  TIGE  SIMPLE  ;  Fuchsio,  simplicicaulis ,  Flor.  Per.,  I.  c, 
tab.  022  ,  fig.  A.  Espèce  distinguée  par  ses  tiges  simples,  ligneu- 
ses, filiformes  et  pendantes,  longues  de  quatre  pieds.  Les 
feuillessont  quaternées,  distantes,  linéaires  lancéolées,  obscu- 
rément dentées,  longues  de  deux  ou  trois  pouces  ;  les  sti- 
pules subulées;  les  pédoncules  uniflores,  très-courts,  réunis 
quatre  ensemble  avec  une  sorte  d'involucre  formé  par  quatre 
feuilles  oblongues  ,  concaves,  légèrement  pubescentes.  Les 
fleurs  sont  pendantes  ,  d'un  ronge  écarlatc  ;  le  calice  pxi- 
bescent,  renflé  à  sa  partie  supérieure;  les  baies  tétragones , 
oblongues,  pubescentes.  Cette  plante  croit  au  Pérou  dans  les 
forêts.  Le  fuchsia  rosea ,  Flor.  Per.,  1.  c,  est  distingué  par  ses 
fleurs  roses,  par  ses  pétales  en  cœur  renversé,  par  ses  baies 
tétragones.  Ses  tiges  sont  hautes  de  dix  pieds;  ses  feuilles 
inégales ,  rapprochées  huit  ensemble ,  glabres  ,  lancéolées ,  très- 
entières  ;  les  supérieures  alternes;  les  pédoncules  solitaires, 
axillaires.  Il  croit  au  Chili. 

FucHSiE  APÉTALÉE  ;  Fuchsia  apetata ,  Flor.  Per. ,  1.  c. ,  tab.  322, 
fig. A. Cette  espèce  est  ligneuse,  velue,  enracinée  sur  le  tronc 
des  arbres;  ses  tiges  médiocrement  rameuses,  cylindriques;  les 
rameaux  pendans,  verruqueux,  courts  et  tortueux  dans  leur 
jeunesse;  les  feuilles  éparses,  rapprochées,  molles,  très-en~ 
tières,  purpurines  en  dessous,  ovales,  acuminées  -,  les  pétioles 
très -velus;  les  fleurs  rouges,  axillaires,  presque  terminales, 
portées  sur  des  pédoncules  réunis  en  corymbes,  presque  en 
ombelles;  le  calice  en  massue,  presque  long  de  trois  pouces, 
pubescent  en  dehors;  ses  découpures  courtes,  ovales,  d'un 
jaune  clair;  il  n'y  a  point  de  corolle.  Le  fruit  consiste  en  une 
baie  rouge,  oblongue ,  tétragone.  Cette  plante  croît  dans  les 
forêts,  au  Pérou. 

he  fuchsia  involucrata  deSwartz  a  été  réuni  au  genre  Schra- 
DERA  par  Willdeno\v.  Voyez  ce  mot.   (Poir.  ) 

FUCOIDEtE  (  Bot.  ) ,  nom  de  la  première  section  de  la  fa- 
mille des  algues ,  dans  la  Méthode  d'Agardh.  Cette  section 
est  la  même  que  celle  que  nous  avons  appelée  \ts  fucacées. 
Agardh  y  ramène  les  genres  suivans  :  Fucus,  Lamx.;  Osmun- 
daria  ,  Lamx.  ;  hi china  ,  Agardh  ;  Sporochnus  ,  Agardh  ;  Fur- 
cellaria  ,  Lamx.  ;  Chordaria ,  Link.  ;  et  Laminaria  ^  Lamx.- 
(  Lbji»  ) 


4S6  FUC 

FUCOIDÉES.  (Bot.)  Voyez  Fucacées.  (Lem.) 

FUCOIDES.  {Zoophyt.)  Ray  avoit  séparé,  sous  ce  nom, 
quelques  espèces  de  sertulaires  ,  entre  autres  la  sertulaire 
lendigere  du  genre  Anathia  de  M.  Lamouroux.  (De  B.) 

FUCUS  (Bot.);  vulgairement  Varec  ou  Varech  ,  Gouèmons. 
Linnaeus  a  compris  sous  cette  dénomination  toutes  les  plantes 
marines ,  inarticulées ,  de  la  famille  des  algues ,  qui  présentent 
pour  /ructification  des  tubercules  composés  par  la  réunion  dç 
petites  capsules  ou  séminules  disposées  en  paquets  ou  éparses. 
Cette  définition  ramenoit  dans  le  genre  Fucus  toutes  les  algues 
de  notre  première  section,  les  Fucaches.  Il  en  étoit  de  même 
pour  le  genre  Fucus  de  Tourneiort.  Donati,  et  puis  Adanson 
crurent  devoir  former  plusieurs  genres  sur  les  fucus  de  Lin- 
naeus ,  et  ils  leur  assignèrent  même  des  caractères  ;  mais  ,  ces 
eaiactères  étant  fondés  uniquement  sur  une  hypothèse,  ces 
genres  dévoient  être  nécessairement  très-défectueux.  Cette 
hypothèse  est  celle  de  l'existence  des  fleurs  mâles  et  des  fleurs 
femelles  dans  les  fucus.  Cependant,  il  n'est  pas  du  tout  prouvé 
que  les  organes  que  l'on  a  pris  pour  des  fleurs  en  exercent 
les  fonctions.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  évident  dans  tout  ceci , 
c'est  Fexislence  d'organes  particuliers  dont  les  fonctions  nous 
sont  inconnues.  (Voyez  à  l'article  Algues.) 

Adanson  partage  les  fucus  en  trois  genres: 

1."  Fucus,  fondé  sur  le ///eus  acinarius,  caractérisé  ainsi: 
Fleurs  mâles  au-dessous  des  femelles;  vessies  (étamines)  lenti- 
culaires, percées  d'un  trou  par  où  passent  des  filets.  Fruit  : 
capsules  sphériqucs,  surmontées  par  un  faisceau  de  filets; 
graines  sphériques  fermées,  disposées  par.  rayons  dans  la  sub- 
stance charnue  àes  capsules. 

2."  ViasoN ,  étcbli  sur  le  fucus  vesiculosus ,  Linn.  Il  a  ses  fleurs 
disposées  comme  dessus  ;  des  cavités  coniques  ,  d'où  sortent  des 
faisreaux  de  filets  piirsemés  de  globules  :  pour  fruits,  des  cavi- 
tés sphériqucs  percées  d'un  trou  d'où  sort  un  faisceau  de  filets, 
et  cics  graines  attachées  à  un  placenta  central. 

3.'  Baix-louviana  (  de  Grisel,  Epist.  ic.) ,  fondé  sur  le  fucus 
laillouviana .  Gmel. ,  FHc.,p.  1 65  ,  qui  présente  des  fleurs  mâles 
et  femelles  diofques  -.  les  premières  constituées  par  des  vessies 
ovoïdes  percées  d'un  trou  d'où  sort  un  faisceau  de  filets,  et  les 
secondes  par  des  fruits  ou  vessies  ovoïdes  terminées  par  un 


FUC  4«r 

cylindre  contenant  des  graines  fixées  à  nn  placenta  central. 

Les  deux  premiers  genres  sont  empruntés  de  Donati  {aci- 
naria  et  virsoid^s) ,  des  observations  duquel  Adanson  a  profité. 
Le  troisième,  pris  à  Grisel ,  n'a  pas  été  adopté,  sans  doute, 
parce  que  ses  caractères  génériques  sont  plus  que  suspects. 

Les  divisions  de  Donati  et  celles  d'Adanson  ont  été  oubliées; 
et  les  botanistes  ont  continué  à  considérer,  jusqu'à  ces  derniers 
temps,  le  genre  Fucus  tel  que  Linnœus  l'avoit  établi  ;  et  c'est 
encore  la  marche  adoptée  par  M.  D.  Turner,  quoique  plu- 
sieurs cryptogamistes  instruits  aient  prouvé  la  nécessité  de 
diviser  et  aient  divisé  ce  genre.  M.  DecandoUe  paroît  avoir 
été  l'un  des  premiers  à  démontrer,  il  y  a  quinze  ans  ,  la  néces- 
sité de  modifier  le  genre  Fucus.  Il  rapporta  au  genre  Vi^'a 
toutes  les  espèces  de  fucus  membraneuses  ou  foliacées,  et 
dont  la  fructification  n'est  pas  constituée  par  des  tubercules, 
comme  Linnaeus  la  défînissoit.  Cette  modification  reudoit  le 
genre  Fucus  plus  facile  à  étudier.  Aussi  les  botanistes  qui  sont 
pour  le  partage  des  espèces  du  genre  Fucus  en  plusieurs 
groupes,  ont-ils  adopté  les  changemens  proposés  par  M.  De- 
candoUe, excepté,  cependant,  qu'au  lieu  de  porteries  plantes 
retranchées  dans  les  ulves,  ils  en  ont  fait  plusieurs  nouveaux 
genres. 

Roussel,  en  1806  (Flore  du  Calvados),  ne  balança  point  à 
diviser  les/uc«s,  Linn.,  en  plusieurs  genres  dont  voici  les  noms: 
Dendroides  ,  FurcelLarius  ,  Scorpioides  ,  Globulifer ,  Spinularia  , 
Granularius  ,  Tendinarius  ,  Funicularius  ,  Scutarius  ,  Tubercula- 
rius ,  Nidularia,  Baccifer,  Acinarius  ,  Siliquarius,  Vesicularius, 
Laminarius.  Mais  les  caractères  mal  saisis  de  la  plupart  de  ces 
genres ,  et  peut-être  ,  plus  que  tout  cela,  leur  insertion  dans 
un  ouvrage  très-peu  répandu,  sont  cause,  sans  doute,  que  le 
travail  de  Roussel  n'est  pas  cité,  et  que  l'on  voit  les  mêmes 
genres  rétablis  par  d'autres  auteurs  et  sous  d'autres  noms. 

En  i8i3,  a  paru  l'Essai  sur  les  genres  de  la  famille  des  tha- 
lassiophjtes  non  articulées,  par  M.  Lamouroux.  Dans  cet  ou- 
vrage, l'auteur  divise  les  fucus  de  Linnasus  en  deux  ordres  , 
les  fucacées  et  les  floridées ,  et  en  dix-sept  genres.  Ceux-ci 
forment  autant  de  groupes  aussi  naturels  qu'il  se  peut,  et  se 
trouvent  caractérisés  parla  disposition  de  la  fructification. 

M.  Stackhouse,  dans  la  deuxième  édition  de  sa  Néréide 


488  FUC 

britannique,  a  divisé  les  fucus  en  un  Irés-grand  nombre  àc 
genres  (voyez  à  la  fin  de  l'article  Algues,  Supp.)  ,  dont  les 
noms  mal  choisis  ont  pu  faire  croire  à  quelques  personnes 
que  Tauteur  avoit  cherché  ,  dans  l'établissement  de  ces 
genres,  moins  l'intérêt  de  la  science  qu'à  ridiculiser  les  tra- 
vaux des  botanistes  qui,  les  premiers,  établirent  un  nouvel 
ordre  parmi  les  fucus. 

Stackhouse  n'est  pas  le  dernier  auteuf  qui  se  soit  annoncé 
comme  l'un  des  réformateurs  du  genre  Fucus  :  Linck,  aidé  de 
ses  observations  et  de  celles  de  Roth ,  de  Weber  et  Morh ,  etc., 
et  plusieurs  autres  botanistes,  ont  adopté  quelques  uns  des 
genres  de  Stackhouse  ou  de  Lamouroux  ,  ou  bien  en  ont  établi 
d'autres.  Agardh,  en  1817,  et  Lyngbye  en  1820,  ont  publié 
chacun  (  le  premier  dans  son  Sj'nopsis  algarum  Scandinaviœ  , 
et  le  second  dans  son  Tentamen  hjdrophj'tographiœ  daniccc) , 
une  nouvelle  classification  des  algues  dans  laquelle  le  genre 
Fucus,  Linn. ,  est  subdivisé  en  beaucoup  de  genres  qui  rentrent 
dans  ceux  établis  par  Stackhouse  et  par  Lamouroux,  et  dont 
l'ordre  est,  à  peu  de  différences  près,  le  même  que  celui  exposé 
par  nous  au  mot  Algues.  Enfin  M.  Palisot  de  Beauvois,  que  les 
sciences  viennent  de  perdre,  compîoit  publier  un  travail  par- 
ticulier sur  Us  fucus,  qui  auroit  jeté  un  grand  jour  sur  la  par- 
tie phj^siologique  de  ces  plantes. 

Ainsi  doiic,  de  l'aveu  des  botanistes  qui  se  sont  le  plus 
occupés  des  algues,  la  division  des  fucus  en  plusieurs  genres 
est  absolument  nécessaire.  Mais  que  doit-on  comprendre  dans 
le  genre  Fucus  proprement  dit?  C'est  sur  quoi  ils  ne  sont  pas 
tout-à-faii  d'accord.  Nous  nous  bornerons  ici  à  présenter  ce 
genre  tel  que  M.  Lamouroux  le  définit,  et  tel  qu'il  le  consi- 
dère. 

Les  caractères  génériques  de  ce  genre  sont,  d'après  cet 
a\jteur  :  Fructification  fornïée  par  des  tubercules  réunis  en 
grand  nombre  dans  un  conceptacle  cylindrique  ,  plane  ou 
comprimé  ,  simple  ou  divisé  ;  racine  à  empâtement  entier  et 
étendu. 

Selon  Agardh,  ce  genre  est  très-bien  caractérisé  par  ses 
conceptacUs  tuberculeux,  composés  de  tubercules  percés  à 
un  bout,  et  contenant  de  petites  capsules  groupées  et  entre- 
mêlées avec  des  filets  articulés. 


FUC  4«9 

Les  séminules  sont  enveloppées  d'un  liquide  visqueux, 
ainsi  que  les  tubercules ,  liquide  qui  sert  à  les  fixer  sans  doute 
après  leur  chute. 

Nous  devons  faire  remarquer  ici  que  Lamouroux  et  Agardh 
nomment  conceptacle  ou  réceptacle  la  partie  du  fucus  qui 
contient  les  tubercules,  partie  que  d'autres  botanistes  ont 
appelée  gousse,  vésicule  et  bouton  :  dénominations  peut-être 
impropres,  mais  qui  ne  donnent  pas  une  fausse  idée  de  cette 
partie,  comme  les  noms  de  conceptacle  et  de  réceptacle  ,  qui 
ne  doivent  désigner,  en  cryptogamie,  que  les  organes  qui  con- 
tiennent ce  qu'on  peut  considérer  comme  les  graines.  Ces 
organes  sont  ici  les  tubercules  :  les  vrais  conceptacles  ou  capsules 
des  fucus  sont  donc  les  tubercules;  les  corpuscules  ou  élytres 
qu'ils  renferment  sont  les  séminules,  puisqu'elles  propagent 
la  plante  (voyez  ci -après),  soit  qu'on  les  considère  comme 
des  bourgeons,  ou  comme  des  corps  composés. 

Le  genre  Fucws ,  ainsi  restreint,  est  encore  très-nombreux 
en  espèces,  lesquelless'élèvent  à  plus  de  cent  cinquante,  dont 
une  centaine  habitent  les  mers  européennes.  Ces  espèces 
varient  extrêmement  dans  leurs  formes  :  les  unes  sont  très- 
rameuses,  garnies  de  frondes  en  forme  de  feuille;  d'autres 
forment  de  petits  arbrisseaux;  plusieurs  sont  capillacées;  quel- 
quefois encore,  leurs  ramifications  sont  planes  et  frondes- 
centes  avec  une  nervure  au  milieu.  Mais,  ce  que  les  fucus 
seulement  présentent,  ce  sont  des  vésicules  creuses  qui  se 
développent  dans  l'épaisseur  de  la  fronde,  ou  qui  lui  sont 
adhérentes,  et  dont  les  fonctions  et  l'origine  sont  encore  à 
deviner.  L'on  a  successivement  avancé  qu'elles  étoient  des 
frondes  avortées;  des  cavités  qui  avoient  contenu  autrefois 
des  graines  -,  des  corps  aérifères  destinés  à  soutenir  les  plantes 
dans  l'eau,  ce  qu'on  peut  croire  par  suite  de  leur  structure; 
des  fleurs  mâles-,  enfin,  des  organes  respiratoires  particuliers 
à  ces  végétaux,  opinion  qui  nous  paroît  bien  aventurée. 
(Voyez  ci-après,  n."  12.)  Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  la 
présence  des  vésicules  fournit  un  bon  caractère  pour  diviser 
ce  genre  et  caractériser  beaucoup  d'espèces,  et  il  est  bon  de 
faire  remarquer  que  nombre  àe  fucus  en  sont  privés. 

Les  frondes  de  plusieurs  fucus  offrent  sur  une  de  leurs 
surfaces ,  ou  sur  leurs  deux  surfaces  ,  de  petites  houppes  d» 


490  FUC 

poils  blancs  articulés,  sur  lesquels  nous  reviendrons  à  l'article 
du  fucus  vésiculeux ,  n.°  ii,  que  plusieurs  auteurs  ont  pris 
pour  des  organes  mâles,  et  dont  les  fonctions  ne  sont  pas 
connues.  Ces  poils  ne  paroissent  que  dans  certaines  saisons;  ils 
ne  soi.î  point  permanens,  se  dessèchent,  et  tombent  en  laissant 
«ur  les  feuilles  de  petits  points. 

Les  lucus  n'ont  point  de  couleurs  brillantes  :  dans  l'état  frais, 
ils  sont  d'un  brun  verdàtre  ou  d'un  vert  brunâtre  et  translu- 
cide, quelquefois  d'un  brun  noir.  Ils  noircissent  en  se  dessé- 
chant, et  deviennent  durs,  quelquefois  même  fragiles.  Ils  ne 
prennent  de  la  souplesse  que  dans  les  temps  très-humides, 
surtout  lorsque  par  des  lavages  réitérés  dans  l'eau  fraîche  on 
ne  les  a  pas  débarrassés  de  tous  les  sels  marins  qui  les  re- 
couvrent. 

Les  fucus  tiennent  plus  particulièrement  aux  rochers  et 
aux  pierres.  Très-peu  sont  parasites ,  et  même  on  peut  dire 
qu'il  n'y  en  a  pas.  On  trouve  au  contraire  beaucoup  de  po- 
lypiers et  de  plantes  de  la  famille  des  algues  qui  s'attachent 
sur  les  fucus.  La  durée  de  la  vie,  dans  les  fucus,  n'est  pas 
encore  très-bien  déterminée  -,  mais  ils  sont  le  plus  souvent 
vivaces.  Sur  les  côtes  de  France,  on  en  coupe  plusieurs  fois 
l'an  ,  pour  fumer  les  terres  ou  fabriquer  de  la  soude. 

Les  fucus  tiennent  aux  rochers  par  un  empâtement  dis- 
coïde, et  ils  se  développent  de  la  même  manière  que  les 
fucus  vésiculeux  et  courroie  ,  ainsi  décrit  ci- après,  n."  is 
et  16. 

Les  usages  les  plus  ordinaires  des  fucus  sont  de  servir  à 
l'engrais  des  terres,  et  d'être  brûlés  avec  les  autres  plantes 
marines  pour  la  fabrication  de  la  soude. 

La  soude  qui  en  provient  est  appelée  soude  de  varec,  parce 
que,  sur  les  côtes  de  France  baignées  par  l'Océan,  on  nomme 
varcc  ou  varech  toutes  les  plantes  marines  rejetées  par  les  flots  ; 
et  comme  les  fucacées  en  forment  la  plus  grande  partie,  les 
bofanistcs  françois  ont  donné  au  genre  Fucas  de  Linnaeus  le 
nom  de  vurec. 

Les  fucus,  répandus  sur  les  terres,  ne  commencent  à  les 
bonifier  qu'au  bout  de  quelques  années.  Ce  n'est  pas  dans 
ce  genre  qu'on  doit  chercher  un  grand  nombre  d'espèces 
comestibles  :  elles  sont,  en  général,  trop  coriaces  pour  être 


bonnes  à  manger.  Cependant  l'on  dit  que  quelqfues  unes 
servent  d'aliment,  après  avoir  été  préparées,  soit  dans  du 
vinaigre,  soit  de  toute  autre  manière.  Dans  le  Nord,  on  en 
donne  quelquefois  aux  bestiaux,  probablement  dans  le  cas 
de  disette.  (Voyez les  articles  Delesseria,  Gelidium,  Laminaria 
et  Varec.) 

Voici  l'indication  des  principales  espèces  de  ce  genre  ai 
de  ses  divisions,  qui,  comme  on  le  verra,  sont  autant  de 
genres  distincts  pour  plusieurs  botanistes. 

§.    I." 
Aeinariay  Imp. ,  Donat.  ;  Fucus  ,  Adans.;  Acinarius,  Rouss. 
Des  vésicules  aérifères,  pédicellées  ;  froudulcs  ou  feuilles 
distinctes,  sessiles  ou  pétiolées. 

1.  Fucus  NAGEANT  :  Fucus  Tiatans  ,  Linn.  ;  Fucus  sargasso  y 
Gmel. ,  Fuc.y  96;  Lobel,  le,  2,  t.  266,  fig.  2  j  vulgairement , 
Raisin  des  tropiques,  Raisin  de  mer,  Sargazo  ou  Sargasso  des 
Portugais. Tige  cylindrique,  nue  àla  base, grêle,  très-rameuse  , 
garnie  de  frondules  ou  feuilles  d'un  vert  foncé,  éparses, 
alternes  ,  pétiolées  ,  étroites,  linéaires  ou  lancéolées,  mem- 
braneuses, traversées  dans  le  milieu  par  une  nervure,  munies 
sur  les  bords  de  dentelures  sétacées  ;  vésicules  aérifères,  de 
la  grosseur  d'un  grain  de  poivre,  sphériques,  pédicellées, 
quelquefois  terminées  par  une  petite  pointe  ou  par  un  petit 
fil,  solitaires  ou  géminées,  persistantes. 

Ce  fucus,  l'un  des  plus  jolis  peut-être  de  ce  genre,  croît 
dans  presque  toutes  les  mers  comprises  entre  les  tropiques, 
et  même  dans  les  zones  tempérées,  si  toutefois  l'on  n'a  pas 
confondu  plusieurs  espèces  sous  le  même  nom.  C'est  surtout 
entre  les  tropiques  et  dans  l'Océan  ,  et  particulièrement  entre 
l'Afrique  et  l'Amérique  qu'est  sa  véritable  patrie.  Il  s'y  mul- 
tiplie prodigieusement,  au  point  de  couvrir  des  parties  très- 
étendues  de  l'Océan,  et  de  former  des  bancs  llottiins  qui 
peuvent  ralentir  le  cours  des  navires.  Les  naturalistes  ont 
pensé  que  ce  fucus  étoit  arraché  par  les  flots  de  dessus  les 
rochers  auxquels  il  adhère;  mais  Thunberg s'est  assuré,  à  son 
retour  du  Japon,  qu'il  végète  très-librement,  quoique  détaché 
des  rochers.  «  Nous  voguions  alors,  dit- il,  sur  celte  portion 
de  l'Océan  qu'on  nomme  kross  sjou,  et  qui  abo.ide  tellement 
en  varec  [fucus  natans),  que  la  surface  de  l'eau  en  semble 


49*  •  FUC 

toute  couverte.  Dans  un  temps  calme,  on  croit  traverser  une 
immense  prairie.  Quelquefois  ces  plantes  forment  des  îles 
flottantes  que  le  vent  disperse  et  détruit  quand  il  souffle  avec 
véhémence.  On  voit  aisément  que  ce  fucus  prend  de  l'accrois- 
sement et  pousse  de  nouvelles  branches  en  flottant  ainsi  sur 
les  eaux;  ces  branches  acquièrent  même  une  certaine  grosseur. 
En  examinant  de  plus  près  cette  plante  marine,  je  vis  qu'elle 
servoit  d'asile  et  de  nourriture  à  différens  animaux,  tels  que 
la  scyllée  {scjllœapelagica),\€  crabe  nain  [cancer  minutus),  etc.  ,^ 
Thunberg,  vol.  4,  p.  439  de  la  Trad.  franc. 

Il  est  fait  mention  de  ces  vastes  tapis  de  fucus  nageons 
dans  les  relations  des  anciens  voyageurs.  Ils  effrayèrent  les 
compagnons  de  Christophe  Colomb  voguant  à  la  découverte 
d'un  nouveau  monde.  C'est  probablement  cette  partie  de 
l'Océan  qui  est  la  mer  herbeuse,  terme  des  voyages  des  an- 
ciens navigateurs  phéniciens,  au  rapport  d'Aristote. 

Les  marins  nomment  cette  plante  raisin  de  mer,  raisin  des 
tropiques,  à  cause  de  son  habitation  et  de  la  disposition  de  ses 
vésicules,  qui  lui  donnent  l'apparence  de  grappes  feuillues. 
Plusieurs  auteurs  attribuent  des  Acrtus  médicinales  au  fucus 
nageant.  Rumph  ,  Amb.,  6,  pag.  188,  pi.  76,  fig.  1,  qui  le 
nomme  sargassum  pelagicum,  avance  que  ses  feuilles  dessé- 
chées s'emploient  àAmboine,  dans  les  Indes  oi'ientales,  avec 
avantage,  contre  la  néphrétique.  Selon  Kaimius,  les  Améri- 
cains s'en  servoient  pour  guérir  de  la  fièvre,  et  pour  exciter 
l'accouchement ,  en  l'administrant  en  poudre.  Selon  Pison,  il 
est  très-utile  contre  les  douleurs  et  contre  les  suppress^ns 
d'urines. 

L'ofi  dit  que  dans  quelques  parties  de  l'Espagne ,  on  le  confit 
au  vinaigre,  et  qu'on  le  mange  avec  les  viandes. 

Ce  fucus  croit  dans  la  Méditerranée,  mais  n'y  est  pas  assez 
abondant  pour  nager  en  masse  sur  les  eaux,  comme  entre  les 
tropiques  ,  vers  les  îles  Canaries  et  au  cap  Vert ,  d'où  ses 
eouches  flottantes  opposent  de  la  résistance  à  la  fureur  des 
flots  dans  les  tempêtes.  Ses  feuilles  présentent  à  certaines 
époques  des  tubercules  qui,  en  se  détruisant,  laissent  souvent 
de  petites  cavités. 

2.  Fucus  RAISIN  :  Fucus  acinarius,  Poir. ,  Encyclop.  méth.j 
Esper.,  Hist.,  tabl.  é5,  66;  Acinaria ,lmTperaLti ,  Donat. ,  Adr.^ 


FUC  495 

pag.  5,  tabl.  4;  Ginan. ,  Op,  post.,  1,  p.  18,  tab.  i6,  17,  18, 
19.  Tige  filiforme  ,  rameuse  ;  frondes  linéaires,  très-entières; 
vésicules  aérifères,  petites,  sphériques,  quelquefois  surmon- 
tées d'un  petit  filet. 

Cette  espèce,  dont  nous  avons  donné  la  description  à  l'ar- 
ticie  AciNARius  (Supp.),  croit  dans  la  Méditerranée  et  dans 
l'Océan.  Elle  paroit  être  le  lenticula  marina  de  Sérapion  ;  Vuve 
marina  de  quelques  anciens  auteurs;  la  vigne  de  mer  de  Théo- 
phraste,  etc.  Mais  ces  diverses  citations  pourroient  aussi  se 
rapporter  aux  fucus  natans  ,  Linn.,  salicifolius  ,  Poir.,  layandulcs- 
folius,  Delil. ,  tinifolius,  Turn.,  qui  croissent  dans  la  Méditer- 
ranée. Ces  espèces  appartiennent  aussi  à  cette  première  sec- 
tion du  genre  Fucus  qui,  selon  Lamouroux,  coutiendroit 
environ  cinquante  espèces ,  et ,  selon  Agardh  ,  une  soixantaine. 
§.  II. 

Vésicules  stipitées  ,  aérifères,  pédicellées  ,  munies  à  leur 
sommet  d'une  membrane  foliacée. 

3.  Fucus  TURBINÉ  :  Fucus  turbinatus  ,  Linn.;  Gmel,  Fuc, 
tab.  75  ,  fig.  1  ;Turn.,  His^Fuc., pi.  2 4. Tiges  réunies  plusieurs 
ensemble,  droites,  roides,  longues  d'un  a  six  pieds;  divisées  en 
petits  rameaux  épars,  alternes,  supportant  chacun  une  vessie, 
en  forme  de  petits  entonnoirs  fermés,  triangulaires ,  s'épa- 
nouissant  au  sommet  en  un  limbe  foliacé,  entier,  ou  crénelé 
ou  découpé,  et  trilobé  ou  inégal. 

Ce  fucus  a  de  deux  à  six  pieds  de  hauteur;  ses  vessies  ont  un 
demi-pouce  de  longueur  :  elles  offrent  quelquefois  une  cou- 
ronne d'épine  et  de  fort  petits  tubercules  épars,  qui  paroissent 
situés  sous  l'épiderme,  et  aboutir  à  des  ouvertures  externes. 
Les  tubercules  fructifères  forment  de  petites  grappes  au  bas 
des  vessies.  Il  croit  sur  les  rochers,  dans  les  Indes  orientales,  au 
cap  de  Bonne-Espérance  ,  et  même  sur  les  côtes  d'Amérique. 

§.  IIL 
Vésicules  anguleuses  ,  ayant  leurs  angles  munis  d'une  mem- 
brane foliacée. 

4.  Fucus  TRIANGULAIRE  :  Fucus  triqueter ,  Linn.;  Turn.,  Hist. 
JF'ac.,pl.  34. Tige  d'un  pied  de  long  environ,  un  peu  cartilagi- 
neuse, fortement  et  irrégulièrement  rameuse,  garnie  dans 
toute  son  étendue  de  trois  membranes  longitudinales  dentéts  , 


494  FUC 

qui  offrent  de  petites  ampoules  ou  vésicules  oblongues.  Cette 
espèce  croit  au  cap  de  Bonne-Espérance;  ses  membranes  n'ont 
guère  qu'une  ligne  de  largeur  :  elle  est  brune  étant  sèche. 

§.  IV. 
Siliquarius  ,  Rouss.  ;  Siliquaria  ,  Staekh.  ;  Halidrjs  ,  Lyngb. 
Vésicules  pédicellées,  alongées  en  forme  de  siliques. 
5.   Fucus  siLiyuEUX  :  Fucus  siliquosus,  Linn.;  Oed.,  Dan.  ^ 
lab.  106;  Staekh.,  JSer.,  tab.  5;  Turn.,  Hist.,  tab.  169  ;  Esp., 
Fuc. ,  tab.  8;  Halidrjs  siliquosa  ,   Lyngb.,  Tentam.  liydroph., 
tab.  8.  Biise  arrondie  en  forme  de  scutelle ,  donnant  naissance  à 
plusieurs  tiges  droites,  épaisses,  coriaces,  rameuses,  compri- 
mées; rameaux  distiques,  alternes  ou  dichotomes,  garnis  de 
branches  latérales,  filiformes,  terminées  par  une  sorte  de  sili- 
ques ou  de  gousses  renflées,  comprimées,  linéaires,  lancéolées, 
presque  articulées,  divisées  en  cloisons  transversales,  surmon- 
tées d'une  pointe  plus  ou  moins  longue  et  obtuse;  conceptacles 
terminaux  linéaires-lancéolés ,   finement  tuberculeux,   à  tu- 
bercules perces  d'un  pore. 

Cette  plante,   commune  dans  l'Océan,  est  fréquemment 
rejetée  sur  la  côte-,  elle  a  depuis  un  jusqu'à  quatre  pieds  de 
longueur.  Lorsqu'elle  est  parfaitement  conservée,  ce  qui  est 
fort  rare,  elle  est  garnie,  d'après  l'observation  d'Agardh,  de 
petites  feuilles  lancéolées,  linéaires,  pointues,  longues  d'un 
pouce.  Sa  couleur  naturelle  est  la  couleur  olivâtre;  mais,  par 
la  dessiccation,  elle  se  change  en  noire.  Les  vésicules  et  les 
conceptacles  ont  un  pouce  et  plus   de  longueur,  et  se  res- 
semblent beaucoup,  de  sorte  qu'il  faut  de  l'attention  pour  les 
distinguer.  Les  séminules  sont  mélangées  avec  des  fibres  ra- 
meuses, qui  leur  servoient  sans  doute  de  placentaires.   Ce 
fucus  est ,  parmi  toutes  les  plantes  de  l'ordre  des  fucacées , 
celle  qui  fournit  le  plus  de  cette  substance  sucrée,  si  remar- 
quable dansles_/«cws  digitatus  et  saccharinus ,  Linn.,  maintenant 
placés  dans  le  genre  Laminaria.  On  en  retire  une  quantité 
considérable.   Elle   se  forme   en  efflorescence  blanche   à  la 
surface  de  la  plante,  à  mesure  qu'on  l'enlève;  on  la  dissout 
ensuite    dans  l'eau ,  et  puis  on  la  fait  cristalliser  après  avoir 
concentré  la  dissolution.  On  la  purifie  en  la  faisant  dissoudre 
€t  cristalliser  plusieurs  fois  de  suite. 


FUC  49^ 

Le  fucus  siliculosus  de  Gmelin  paroît  êfre  une  variété  du 
fucus  siliquosus  ,  dont  elle  se  distingue  en  ce  qu'elle  est  plus 
petite  de  muitié  dans  toutes  ses  parties. 

Ou  doit  rapporter  à  cette  section  les  fucus  sisj-mhrjiodes  et 
horneri  de  ïurner. 

§.V. 
Phryganella ,  Stackh. 

Vésicules  formées  par  le  renflement  des  rameaux  ;  feuilles 
distinctes. 

6.  Fucus  DÉPAREILLÉ  :  Fucus  diicors ,  Linn.  ;  Stackh.,  IVer. 
Sritann.,  tah\.  17  ;Esp.,  Fi/c,  tab.  :j7. Tige  cylindrique  ,  droite, 
roide  ,  renflée  à  sa  base ,  garnie  d'aspérités  produites  par 
des  rameaux  avortés  ou  détruits,  très-ramifiés  ;  ramifications 
inférieures  en  forme  de  feuilks  alternes  ou  opposées  , 
linéaires  ,  lancéolées  ,  dentées  en  scie,  alternativement  ailées , 
munies  d'une  nervure  longitudinaJe;  dernières  ramifications 
de  la  tige  et  des  rameaux  finement  découpées  et  déchique- 
tées -,  les  dernières  découpures  renflées  en  vésiculc's  ovales, 
remplies  d'un  mucus  visqueux,  dans  lequel  sont  de  petits 
jrains  épars. 

Ce  fucus,  de  couleur  rousse ,  tient  aux  rochers  par  sa  base 
renflée.  Il  croit  dans  la  Méditerranée  et  dans  l'Océan,  sur  les 
côtes  de  Norvvége,  de  Suède,  d'Angleterre,  etc. 

7.  Fucus  BARBU  :  Fucus  burhatus,  Turn. ,  Trans.  Linn.; 
Stackh.,  iVer.jtab.  ily,Fucusfœniculaceus,  Linn.;  Gmel.,  F//c., 
86,  tabl.  2  ,  A. ,  f.  2.  Filamenteux,  coriace,  brun;  tige  cylin- 
drique, épaisse  dans  le  bas,  très- rameuse  ;  dernières  ramifi- 
cations renflées  en  vésicules  oblongues  rousses,  placées  deux, 
trois  à  la  suite  l'une  de  l'autre,  rempliesde  graines  opaques  ;  la 
dernière  terminée  par  une  foliole  pointue  ordinairement 
simple.  Cette  espèce,  qui  atteint  près  d'un  pied  de  longueur, 
croît  dans  l'Océan  et  dans  la  Méditerranée. 

8.  Fucus  eiBREUx  :  Fucus  Jihrosus,  Stackh.,  Ner.,  tab.  145 
Fucus  alrotanoides ,  Gmel.,Fi/c.,p.  89  ;  Esp.,F//c.,  65,  tab.  29,  A. 
Adhérant  au  sol  par  une  base  arrondie,  molle  et  spongieuse} 
tige  ligneuse,  cylindrique,  divi.sée  en  rameaux  épars,  grêles, 
comprimés,  garnis  de  ramifications  dentifornies,  évasés  çà  et 
là  près  de  leur  base  enyessies  ovoïdes,  moniliformes,  aérifèresj 


A^c.  FUC 

rameaux  terminés  par  des  vésicules  muqueuses,  séminifères. 
Cette  plante  est  coriace,  et  d'un  brun  obscur;  elle  croît  dans 
la  profondeur  de  l'Océan,  d'où  elle  est  détachée  dans  les 
fortes  tempêtes,  et  jetée  sur  les  côtes. 

g.  Fucus-bruyère:  Fucus  ericoides ,  Trans.Linn.Lond.;  Fucus 
tamariscifolius ,  Stackh.,  ISer.  Brit.,  p.  44  et  xxxv ,  tab.  2; 
Fucus  ahies  marina,  Gme\.,  Fuc. ,  p.  83  ,  tab.  2  A.;  Fucus  selagi' 
noides,  Esp.,  Fuc,  t.  5i  j  vulgairement  Bruyère  de  mer.  Tige 
épaisse,  noueuse,  inégalement  cylindrique,  divisée  supérieu- 
rement en  un  grand  nombre  de  rameaux  grêles ,  aplatis  ou  an- 
guleux, sillonnés,  garnis  sur  leurs  bords  ou  angles  de  feuilles 
élargies  à  la  base,  pointues,  courtes,  dirigées  vers  le  sommet; 
branches  supérieures  renflées  en  vésicules  souvent  monili- 
formes,  offi'ant  des  ponctuations  cratériformes,  ciliées  sur  les' 
bords,  qui  sont  les  orifices  d'autant  de  oapsules. 

Ce  fucus  est  naturellement  verdâtre  5  mais  il  noircit  par  la 
dessiccation.Lesfeuillesinférieuresdesesrameauxsedétruisent 
promptemént.  II  varie  beaucoup  pour  son  port  ;  ses  rameaux 
sont  tantôt  simples,  tantôt  rameux ,  très- aplatis  ou  angu- 
leux, etc.:  il  croît  dans  l'Océan  et  dans  la  Méditerranée. 

10.  Fucus  A  FEUILLES  D^AURONE  :  Fucus  alrotanifoUus ,  Linn.  ; 
Stackh.,  A^er.  Brit.,  ta.h.  14.  Adhérant  aux  rochers  par  une  base" 
aplatie;  tiges  filiformes,  comprimées,  très-rameuses  ;  rameaux 
alternes,  fort  grêles,  très- comprimés,  divisés  en  d'autres 
rameaux  plus  courts  ,  fort  rapprochés  ,  renflés  en  vésicules 
rousses,  oblongues,  pleines  de  graines,  donnant  naissance  à 
de  petites  folioles  déchiquetées  ou  divisées  en  deux  branches. 

Ce  fucus  croît  dans  l'Océan  et  dans  la  Méditerranée  :  il  est 
brunâtre  et  coriace.  Sa  longueur  ordinaire  est  de  quatre  à 
huit  pouces.  Les  rameaux  du  milieu  ressemblent  un  peu,  par 
leurs  découpures,  aux  feuilles  d'aurone. 

11.  Fucus  FAUX  SEDUM  :  Fucus  scdoides  ,  Desf. ,  Atlanl. ,  2, 
p.  423,  tab.  260.  Tige  cylindrique,  simple  ou  divisée  en  deux 
ou  trois  branches,  garnies  d'un  fort  grand  nombre  de  petits 
rameaux  cylindriques  alongés,  revêtus  dans  toute  leur  lon- 
gueur de  plus  petits  rameaux  géminés,  cylindriques,  poin- 
tus, un  peu  courbés  au  sommet ,  appliqués  contre  les  rameaux  , 
munis  à  leur  base  d'une  cavité  glanduleuse,  qui  aboutit  pro- 
bablement à  l'organe  fructifère. 


FUC  ^97 

Ce  fucus  est  brun,  coriace,  long  d'un  pied  environ,  ou 
plus  court.  11  croît  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée,  principa- 
lement sur  celles  de  France  et  d'Afrique. 

Tous  les  fucus  précédens  se  trouvent  sur  les  côtes  de  France  5 
on  y  trouve  encore  les  fucus  selaginoides ,  Lina.;  mucronatus, 
Tiirn.,  qui  sont  de  la  même  section,  une  des  plus  riches  en 
espèces,  surfout  exotiques. 

§.  VI. 

yirsoideSf    Donaf.;.   Virson  ,  Adans.;    Vesicularius  Rouss.  ; 
Halidrjs,  Stackh. 

Fructifications  au  sommet  de  frondes  planes,  rameuses, 
ordinairement  vésiculeuses,  presque  toujours  munies  d'une 
nervure  médiane. 

12.  Fucus  vÉsicuLEUx  :  Fucus  vesiculosus,  Linn.;  Stackh., 
Ner.  BriL,  tab.  2-6  ;  Esp.,  Fuc,  tab.  11-1 3;  Martius,  Not/.  acf. 
phjs.  med.  nat.  cur.,  vol,  9,  p.  21  5,  tab.  4;  Lyngb. ,  Hydroph, 
Dan.,  tab.  1  :  Virsoidcs ,  Donat. ,  Adr. ,  tab.  3.  Fronde  plusieurs 
fois  dichotome,  très-entière  sur  les  bords;  des  vésicules  axil- 
laires  ou  disposées  sur  les  côtés  de  la  nervure  médiane  ;  de 
petits  faisceaux  de  poils  épars  à  la  surface  de  la  fronde;  fruc- 
tifications consistant  en  de  petits  tubercules,  réunis  à  chaque 
extrémité  des  rameaux  en  un  gros  bouton  ou  espèce  de  gousse 
simple  ou  bifurquée. 

Ce  fucus  est  coriace,  d'un  vert  brun,  long  de  deux  pieds 
environ.  La  fronde  et  ses  découpures,  lesquelles  ressemblent 
à  des  lanières,  ont  trois  à  quatre  lignes  de  largeur.  Il  abonde 
sur  les  rochers,  dans  l'Océan  et  dans  la  Méditerranée.  Ou 
larrache  pour  fumer  les  terres,  et  pour  en  retirer  de  la  soude 
et  de  la  potasse  par  l'incinération.  Il  répand  une  odeur  désa- 
gréable, et  rougit  quelquefois,  mais  accidentellement,  les 
eaux  dans  lesquelles  il  croît.  En  Suède,  les  pauvres  habitans 
des  bords  de  la  mer  en  couvrent  les  toits  de  leur^  maisons .-  dans 
les  régions  du  Nord,  on  en  donne  aux  bestiaux,  mêlé  avec 
leur  fourrage;  ils  en  mangent  volontiers  à  cause  de  sa  saveur 
salée.  Il  paroît  qu'en  Angleterre,  dans  le  Nortland,  on  en 
mêle  avec  la  farine  destinée  à  faire  le  pain. 

Plusieurs  médecins  ont  employé  cette  plante.  Gmelin,  l'au- 
teur de  l'histoire  àe&Fucus,  rapporte  que  Gaubius  et  plusieurs 

j;.  32 


49»  FUC 

autres  médecins  l'annonçoient  comme  propre  à  résoudre  lea 
engorgemens  des  parties  et  leur  squirre  ;  que  Russel  se  servoit 
de  sa  décoction  pour  frictionner  les  tumeurs  scrofuleuses  et 
squirreuses:  et  que  le  même  médecin  composoit  un  elhiops  vé- 
gétal avec  la  poudre  desséchée  de  cette  plante,  qu'il  adminis- 
troitavec  avantage  dans  lesscrofules.Baster  en  formoit  unepré- 
paration  dont  il  faisoit  usage  dans  Tengorgement  des  glandes. 

Ce  fucus  est  un  de  ceux  que  les  botanistes  ont  le  plus  exa- 
minés ;  il  a  fait  le  sujet  des  observations  de  Donati ,  et  a  donné 
naissance  à  l'idée  de  l'existence  des  fleurs  unisexuelles  dans  les 
fucus.  Il  vient  tout  récemment  de  faire  le  sujet  d'une  lettre 
de  M.  Martius  à  M.  Nées,  dans  laquelle  on  explique  comment 
naît  cette  plante,  et  comment  elle  se  développe. 

Donati  nommoit  fleurs  mâles  les  petites  cavités  ou  pores 
épars  sous  l'épiderme  des  frondes,  et  qui  ont  au  dehors  une 
ouverture  bordée  de  filets  ou  poils  blanchâtres,  transparens, 
articulés  et  rameux  ,  sur  lesquels  il  a  observé  des  corpus- 
cules ronds,  qu'il  présumoit  être  des  anthères.  Ces  mêmes 
fleurs  contiennent  un  fluide  mucilagineux,  enveloppant  un 
grand  nombre  de  corpuscules  de  diverses  formes,  mais  ordi- 
nairement presque  ronds,  jaunâtres  ou  vert-pàle,  qui,  selon 
Donati,  formoient  une  espèce  de  pollen.  Il  considère  comme 
fleurs  femelles  les  petites  capsules  pleines  de  séminules ,  accu- 
mulées à  l'extrémité  des  rameaux.  Lyngbye,  dans  les  figures 
anatomiques  qu'il  vient  de  donner  de  ces  capsules ,  représente 
les  séminules  entremêlées  avec  des  filamens  articulés.  Il  est 
donc  probable  que  ces  filamens  servent  d'attaches  aux  sémi- 
nules, et  même  on  pourroit  peut-être  penser  que  les  préten- 
dues fleurs  femelles  de  Donati  ne  diffèrent  qu'en  ce  que  par 
leur  accumulation  elles  n'ont  pas  pu  prendre  tout  leur  dévelop- 
pement, comme  ont  pu  l'acquérir  les  prétendues  fleurs  mâles. 

Cette  plante,  qui  offre  beaucoup  de  variétés,  ne  présente 
pas  toujours  des  vésicules.  Tel  est  Téchantillou  figuré  par  Do- 
nati; mais  ce  cas  ne  se  présente  guère  que  dans  de  jeunes 
individus.  Ces  vésicules  sont  creuses,  pleines  d'air,  garnies 
intérieurement  de  quelques  poils  très-fins,  presque  articulés; 
et  blanchâtres,  que  Linnseus  supposoit  être  des  étamines,  et 
que  les  botanistes  prennent  actuellement  pour  des  organes 
excréteurs.  Ne  seroit-il  pas  plus  probable  que  ces  vésicules 


FUC  499 

sont  produites  par  ravortcment  de  quelques  capsules  fruc- 
tifères P 

Ce  fucus,  lorsqu'il  vient  de  naître,  et  du  moment  qu'on  peut 
le  voir  H  l'œil  nu,  n'a  tout  au  plus  que  le  quart  d'une  ligue  de 
hauteur;  il  prend  la  forme  d'une  massue  soutenue  par  un 
pédicelle  plus  ou  moins  court.  Examinée  à  la  loupe,  cette 
massue  est,  tantôt  parfaitement  entière,  tantôt  un  peu  com- 
primée ,  ou  bien  en  godet .  ou  même  en  forme  de  coupe.  Cette 
massue  est  entourée  à  sa  base  par  une  masse  muqueuse  trés- 
mince  ,  en  forme  de  disque  plus  ou  moins  dilaté.  Au  milieu 
de  cette  masse  sor.t  des  filets  couchés  ,rampans,  et  d'autres  qui 
se  redressent  et  fc^nent  les  godets  que  nous  venons  de  décrire. 
Ceux-ci  se  déforment  en  grossissant,  et  passent  insensiblement 
à  la  forme  plane.  Ils  sont  le  plus  souvent  d'abord  simples, 
rarement  géminés,  et  se  divisent  ensuite  en  deux,  puis  se 
ramifient.  Ce  qu'il  y  a  de  remarquable,  c'est  qu'ils  olircnt  quel- 
quefois les  pores  garnis  de  tilets  articulés  dont  il  a  été  ques- 
tion plus  haut,  avant  que  de  commencer  à  se  diviser.  La 
matière  muqueuse  qui  leur  sert  de  base  s'épaissit  avec  l'âge, 
devient  coriace,  et  forme  un  empâtement  qui  iixe  fortement 
cetteplante  après  les  rochers.  Ce  quenousvenons  de  rapporter 
est  extrait  du  travail  de  Martius.  Cet  auteur  a  encore  examiné 
ce  qu'il  nomme  gongyles ,  et  que  nous  appelons  capsules. 
Il  fait  observer  que  ces  gongyles  sont  composés  de  corpus- 
cules claviformes  ou  cunéiformes,  obscurs,  presque  cloisonnés 
à  l'intérieur,  entièremeatsemblablesaux  petits  propagules  du 
bourgeon  que  Ton  observe  dans  le  fucus  naissant,  attachés 
aux  plus  petites  ramifications  de  filamens,  tellement  serrés 
entre  eux  qu'ils  semblerit  ne  former  qu'une  seule  masse.  Ces 
corpuscules  sont  plongés  dans  un  suc  mucilaginenx;  et  M.  Mar- 
tius ne  doute  point  que  ce  ne  soit  ceux  qui  donnent  naissance 
à  ce  fucus,  a])rès  avoir  été  chassés  de  la  plante.  Oh  voit  par 
là  qu'il  ne  doute  pas  non  plus  que  ce  ne  soit  le  moyen  que 
la  nature  emploie  pour  propager  celte  espèce.  Mais,  par  des 
considérations  qu'il  seroit  trop  long  de  rapporter  ici,  on  voit 
aussi  qu'il  ne  considère  pas  ces  corpuscules  comme  des  graines, 
mais  comme  de  simples  bourgeons  ou  propagules. 

On  croit  que  cette  plante  est  le  quercus  marina  des  anciens, 
qui  croissoit  dans  le  fond  de  la  mer  Méditerranée,  qui  avoit 

52. 


5oo  FtJC 

une  coudée  de  hauteur,  dont  les  rameaux  s'attachoient  àtix 
coquilles,  et  qu'on  employoit  pour  teindre  la  laine.  Pline 
rapporte  que  le  quercus  marina  est  excellent  contre  la  goutte 
des  articulations,  et  contre  les  tumeurs  inflammatoires» 
(Voyez  PiiucDS.) 

Stackhouse  rapporte  une  analyse  faite  des  cendres  provenant 
de  cette  plante,  après  qu'elle  a  été  brûlée.  Elle  indique,  sur 
cinq  cents  parties  : 

Eau i58 

Ammoniaque  ......      90 

Ciiarbon 86 

Huile   empyreumatîque.    .     è^ 

Soude.  , 18,5 

Magnésie. 14 

Silice.    . 1,5 

Fer.    ..    o    ......    .        G  5 

Acide  muriatique.  ....        6,5 

Acide  sulfurique 4,5 

Soufre 4?  5 

Gaz  acide  carbonique.    =    .     Go 

Gaz  oxigène i3 

Gaz    hydrogène   carbonné  ,       2 

Azote  gaz  azote 3 

Perte 4, a 

Total.    .    .    .    5oo 

A  cette  longue  liste  il  faut  encore  joindre  l'iode ,  dont 
Texistence  à  l'état  salin,  dans  les  fucus,  a  été  constatée  par 
M.  Gautier  de  Claubry. 

i3.  Fucus  DENTELÉ  :  iFucus  scrratus ,  Linn.  ;  Réaum. ,  Mém. 
Acad.  Par. ,  1772  ,  tab.  3,  fig.  1 ,  2  ,  3,  4 ,  6 ,  7,  5  ;  Stackh., 
JNfer.  Brit.,  tab.  1  ;  Lyngb. ,  Hjdroph.  Dan.,  tab.  8.  (Voyez  les 
cahiers  qui  accompagnent  ce  Dictionnaire.)  Fronde  plane, 
découpée  en  lanières  larges,  plusieurs  fois  dichotomes,  forte- 
ment dentées  en  scie  sur  les  bords  ;  extrémités  des  dernières 
divisions  obtuses,  garnies  sous  l'épiderme  de  tubercules  nom- 
breux, petits,  presque  sphériques,  munis  d'un  orifice  externe. 

Cette  plante,  très-commune  dans  l'Océan,  croît  sur  les  ro- 
chers découverts  par  la  marée  ;  elle  y  tient  par  un  empâtement 


FU  C  5<« 

arrondi.  Elle  acquiert  jusqu'à  trois  pieds  de  longueur.  Le  bas 
de  la  fronde  est  nu,  cylindrique.  Quelquefois  les  ramifica- 
tions semblent  pétiolées  par  l'effet  de  la  destruction  de  la 
fronde  dans  leur  partie  inférienre.  Les  découpures  ont  la 
largeur  du  doigt;  elles  offrent  encore,  plus  fréquemment  que 
l'espèce  précédente,  des  tubercules  épars  à  droite  et  à  gauche 
de  la  nervure,  dont  les  orifices  sont  garnis  de  longs  poiJs 
blanchâtres. 

Sur  nos  côtes,  on  coupe  ce  fucus  deux  fois  par  an,  pour 
en  fumer  les  terres,  ou  pour  faire  de  la  soude. 

On  trouve  encore,  sur  nos  côtes  baignées  par  l'Océan,  ou 
sur  celles  de  la  Méditerranée  ,  les  fucus  spiralis,  ceranoides  y 
lonoifructus  et  distichuSf  qui  appartiennent  à  cette  section. 

§.  VU. 
Nodularia,  Rouss. ;  Fistularia,  Stackh.;  Halidrys ,L,yngh^ 

Vésicules  produites  parle  renflement  de  la  plante;  fruc- 
tifications pédouculées. 

1 4.  Fucus  NOUEUX  :  Fucus  nodosus ,  Linn.;  Gmel.,  Fwc,  tab.  1  ^ 
B.  1;  Stackh. ,  iVer. ,  tabl.  10;  Fior.  Dan. ,  tab.  146;  Réauni. , 
Mém.  Acad.  Par.,  1712,  tab.  2,  f .  3 ,  Halidrys  nodosa, 
Lyngb.,  Hjdroph.  Dan.,  tab.  8.  Adhérant  aux  rochers  par  uu 
disque  arrondi,  d'où  s'élèvent  plusieurs  tiges  brunes,  coriaces, 
cylindriques  à  leur  base ,  puis  comprimées,  et  «'élargissant, 
rameuses,  simples  ou  bifurquées,  renflées  d'espace  en  espace, 
en  vésicules  ovoïdes,  pleines  d'air-,  garnies  de  pédoncules  qui 
portent  une  gousse  arrondie, comprimée,  tuberculeuse,  con- 
tenant les  capsules  dans  lesquelles  sont  renfermées  les  graines 
enveloppées  d'un  fluide  muqueux. 

Ce  fucus,  très-remarquable  par  la  forme  de  ses  vésicules  et 
leur  disposition,  atteint  un  pied  et  demi  de  longueur.  Il  cr.oît 
dans  l'Océan,  et  n'est  pas  rare  sur  nos  côtes. 

§.  VIII. 

Point  de  feuilles;  vésicules  en  chapelet,  et  couvertes  de 
points  fructifères. 

1  5.  Fucus  EN  COLLIER  :  Fucus  moniUformis ,  Labill. ,  Noi>.  HolL , 
pi.  262;  Fucus  Banksii,  Turn.,  Hist.,  pi.  1.  Tige  ou  fronde  fili- 
forme, dichatome,  longue  d'un  à  deux  pieds,  renflée,  à  de 


5o2  FUC 

très-peti(es  distances,  en  de  grosses  vessies  presque  contiguës 
Tune  à  l'autre,  ovales,  oblongues  et  disposées  en  façon  de 
grains  de  collier. 

Ce  fucus,  ajjssi  abondant  sur  les  côtes  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande, que  les  fucus  vésiculeux  ,  denté  et  noueux  sur  nos 
côtes,  est  très-remarquable  par  sa  forme.  Selon  Labillardière  , 
les  vessies  sont  couvertes  de  petits  tubercules,  probablement 
fructifères. 

§.  IX. 
Funicularius,  Rouss.  ;  Lorea,  Stackh.  ;  Himanthalia,  Lyngb. 

Point  de  vésicules,  fronde  comprimée  ,  égale;,  fructifications 
éparses. 

16.F0CUS-COORROIE;  Fucus  loreus  ,L\nn.,  Flor.Dan.,  tabl.710; 
Réaurn^ ,  Mém.  Acad.  Par.,  1712,  tab,  24,  fig.  2,  et  1772, 
lab.  2  ,  fig.  14  ,  Y:  Stackh.,  Ner.  Brif. ,  tabl.  10.  Base  en  forme 
de  disque  arrondi,  ou  de  coupe  évasée,  à  bord  entier;  du 
centre  naissent  deux  ou  trois  frondes  semblables  à  des  cour- 
roies, bifurquées  à  de  longues  distances,  étroites,  de  même 
largeur  en  haut  qu'en  bas,  brunes,  visqueuses,  coriaces,  tu- 
buleuse.s  :  partie  intérieure  du  tube  garnie  ,  sous  l'épiderme ,  de 
vésicules  nombreuses,  ovales  ou  presque  en  forme  de  poire  , 
éparses  dans  une  mucosité  visqueuse,  s'ouvrant  au  dehors  par 
un  pore  arrondi. 

Ce  fucus,  qui  s'écarte  beaucoup  des  autres  espèces  par  sa 
forme,  atteint  dix  pieds  de  longueur;  ses  ramifications  ont 
trois  lignes  de  largeur.  Il  croît  dans  l'Océan,  et  se  trouve 
communément  sur  nos  côtes.  Il  offre  une  variété  caractérisée 
par  l'inégalité  de  la  largeur  de  ses  ramifications.  Turner  en 
fait  une  espèce  distincte. 

Cette  plante  ,  lorsqu'elle  naît,  forme  un  simple  petit  grain 
ovoïde,  muqueux,  qui  grossit  jusqu'au  moment  où  il  a  un 
pouce  de  diamètre;  alors  c'est  une  coupe  concave,  entière  en 
ses  bords.  Quelques  botanistes  pensent  que  cette  coupe  est  la 
vraie  fronde  de  la  plante,  et  que  les  autres  parties  qui  s'élèvent 
de  son  centre  ne  sont  que  les  réceptacles  des  fructifications; 
ruais  alors  il  en  faudroit  dire  autant  des  fucus  vesiculosus  , 
ssrralus  et  leurs  congénères,  qui  se  développent  de  la  même 
manière,  excepté  que  la  coupe  est  infiniment  plus  petite. 


FUC  ■  5o5 

Lorsque  le  fucus  loreus  a  pris  de  l'accroissement,  la  coupe  de 
la  base  s'aplatit  et  ressemble  à  une  rondelle-,  elle  tient  aux 
rochersparunc  racine  centrale.  Guniieravoit  pris  cettecoupe, 
non  encore  développée  ,  pour  une  espèce  d'ulve  ,  et  lui  avoit 
donné  le  nom  (V  ul^'aprunif or  mi  s ,  Gun.,  n,  p  .89  ,  tab.  2,  lig.  2,7, 
et  tabl.  9,  fig.  4,  5. 

§.  X. 

Halidrjs ,  Stackh. 

Point  de  vésicule ,  fronde  comprimée ,  à  rameaux  canali- 
culés-,  fructifications  à  l'extrémité  des  rameaux. 

17.  Fucus  EN  GOUTTIÈRE  :  Fucus  canaliculatus ,  Linn.  ,  FI. 
Dan.,  tab.  244;  Stackh.,  Ner.  Brit.,  App. ,  tab.  E,  n.  4; 
Gmel.,  Fuc,  1. 1 , A,  t.  2. 

Frondes  en  touffe  ,  brunes,  coriaces,  étroites,  sans  nervures 
au  milieu  ,  plusieurs  fois  bifurquées ,  très-entières ,  repliées ,  en 
forme  de  gouttière,  par  leurs  bords;  dernières  bifurcations, 
renflées  à  leur  extrémité,  composées  de  tubercules  placés 
ordinairement  sur  deux  rangs. 

Cette  espèce  tient  aux  rochers  ,  ou  bien  au  sol ,  par  un  disque 
arrondi:  ses  frondes  ont  à  peine  deux  lignes  de  largeur-,  elles 
forment  des  touffes  étalées,  hautes  de  trois  à  quatre  pouces. 
Stackhouse  a  semé  et  a  vu  germer  les  tubercules  contenus 
dans  les  renflemens  terminaux  des  dernières  branches.  A  cet 
effet ,  il  les  avoit  semées  dans  de  l'eau  de  mer ,  qu'il  avoit  soin 
de  renouveler  toutes  les  douze  heures.  Au  bout  de  huit  jours  , 
ces  tubercules  se  changèrent  en  petites  coupes,  semblables, 
pour  la  forme  seulement ,  à  celles  qui  produisent  le  fucus- 
courroie  ,  n."  i5. 

Ce  fucus  croît ,  en  Europe  ,  sur  les  côtes  de  l'Océan  et  de  la 
Méditerranée. 

§.  XL 

Point  de  vésicules:  toutes  les  ramifications  cylindriques. 

18.  Fucus  piFURQUK  :  Ficus  bifurcatus  ,  With.,  Brit.  y  4, 
tab.  17  ,  f.  1  ;  Fucus  tuberculatus  ,  Turn.  ;  Stackh. ,  Ner. ,  App., 
tab.  A,  n.°  1.  Coriace;  tige  cylindrique,  divisée  au  sommet 
en  plusieurs  bifurcations,  à  aisselles  arrondies:  dernières  ra- 
mifications ,  les  unes  stériles,  courtes  et  obtuses;  les  autres 


5o4  FUI 

fructifères,  alongées ,  renflées  en  vésicules  cylindriques, 
pleines  de  capsules  ou  tubercules,  aboutissant  à  l'extérieur 
par  des  pores. 

Ce  fucus  croit  dans  l'Océan  :  il  est  naturellement  verdàtre, 
mais  il  devient  brun  en  se  desséchant.  Sa  longueur  est  de  cincj 
à  huit  pouces,  et  le  diamètre  de  ses  tiges  d'une  ligne  envi-, 
ron.  (Lem.) 

FUDSl,Fosii  (Bot.),  nom  d'un  dolic,  dolichos  polj'stachyos  ^ 
dans  le  Japon,  suivant  Kaempfer  et  Thunberg.  Le  fudsi  ha- 
Icama  e'st  un  eupatoire,  eupatorium  chinense.  Un  autre,  eupatO' 
rium  album,  est  nommé  fusi-bakana.  (J.) 

FUDSINA.  (Bot.)  Voyez  Fosei.  (J.) 

FUFEL.  (Bot.)  Voyez  Faufel.  (J.) 

FUGACE  [Calice].  (Bot.)  On  nomme  fugace,  ou  caduc,  le 
Galice  qui  tombe  dès  que  la  Heur  commence  à  s'ouvrir  (pavot, 
cpiniediurli).  On  applique  la  même  épithète  à  la  corolle  qui 
tombe  au  moment  de  l'entier  épanouissement  de  la  fleur,  ou 
même  avant  (papaver,  angemone,  ihalictrum  ,  etc.)  ;.  à  la  spathe 
qui  se  détache  après  s'être  ouverte  (aitium,  porrum,  etc.  )  ; 
aux  feuilles  qui  disparoissent  peu  de  temps  après  leur  appa- 
rition (cactus,  opuntia,  etc.);  aux  stipules,  qui  ne  durent  pas 
autant  que  les  feuilles  (  tilleul ,  figuier,  etc,).  (Mass.) 

FUGA  DJEMONUM.  (Bot.)  On  trouve,  dans  quelques 
anciens  auteurs  ,  le  millepertuis  oflicinal  (hjpericum  perfo- 
ratum ,  Linn.)  désigné  sous  ce  nom.  (L.  D.  ) 

FUGEIROU.  (Bot.)  Le  gouet  maculé,  ou  pied  de  veau,  porte 
ce  nom  en  Provence.  (L.  D.) 

FUGEL.  (Bot.)  Voyez  Fidjel.  (J.) 

FUGET.  (Conchjl.)  Bruguières  désigne  sous  ce  nom  une 
petite  espèce  de  turbot,  qu'il  nomme  trochus  sanguineus.  Je 
suppose  que  c'est  du  Fujet  d'Adanson  qu'il  veut  parler  ;  et 
cependant  Gmelin  a  donné  le  nom  de  trochus  corallinus  à 
celui-ci.  (De  B.) 

FUGLA  (Bot.) ,  nom  hébreu  du  raifort,  suivant  Mentzel.  (J.) 

FUGLE-KOlSiGE  (Ornith.) ,  nom  danois  du  roitelet,  mota- 
tilla  regulus  ,  Linn.  (Ch.  D.) 

FUGOSIA.  (Bot.)  Voyez  Cienfuégose.  (Poin.) 

FUINA  (Mamm.),  nom  espagnol  delà  fouine.  (F.  C.) 

FUIP\.E]XE,  Fuj'rena.  (Bot.)   Genre  de  plantes  monocotylé-*- 


FUI  ^^^ 

dones,  à  fleurs  glumacécs,  de  la  ftimille  des  cypéroides,  de 
la  triandrie  monogynie  de  Linnœus,  offrant  pour  caractère 
essentiel  :  Des  paillettes  mucronées  ,  imbriquées  de  toute 
part,  formant  un  épi;  chaque  fleur  composée  d'un  calice  a 
trois  valves  égales,  pétaliformes,  en  cœur,  aristées;  trois  éta- 
mines  ;  un  style  bifide  à  son  sommet;  deux  sligmates,  une 
semence  trigone  ;  point  de  soies. 

Ce  genre,  très-rapproché  desscirpes,  en  diffère  par  les 
trois  écailles  pétaliformes,  calicinales,  qui  accompagnent  les 
organes  sexuels.  M.  Persoon  en  a  séparé  quelques  espèces, 
dont  il  a  formé  son  genre  Vaginaria,  distingué  par  trois  soies 
alternes,  avec  les  valves  calicinales.  (Voyez  Vaginaria.) 

FiiRÈNEVANicuLÉE  :  Fuircna  paniculatu ,  Linn.fils,  Supp.,  io5, 
et  Diss,  Gravi.,  26,  Icon.;  Lamk. ,  lU.  gen.,  tab.  3y  ;  Fuirenu 
umbellata,  Rottb.,  Descr.,  70,  tab,  ig,  pag.  3;  Vahl,  Enum.^ 
■2,  pag.  383  ;  Rob.Brow.,  ISov.Holl.,  220.  Ses  tiges  sont  lisses, 
tétragones,  munies  de  gaines  anguleuses,  garnies  de  feuilles 
alternes ,  glabres ,  lancéolées ,  glauques ,  profondément  striées , 
à  gaines  sèches,  chargées  de  poilscourts;  les  pédoncules  axil- 
laires  et  terminaux,  disposés  en  panicules  ombelliformes  , 
soutenant  des  épillets  cylindriques,  scabres ,  un  peu  courts  , 
noirâtres;  les  écailles  ovales,  cunéiformes,  terminées  par  une 
petite  barbe  droite;  les  valves  du  calice  planes,  échancrées 
en  cœur  au  sommet,  aristées  dans  l'cchancrure.  Cette  plante 
croît  aux  environs  de  Surinam  et  à  la  Nouvelle- Hollande. 

FuiRÈNE  BLANCHATRE;  Fuivena  canescens ,  V  iihl ,  Enum.,  2, 
pag.  385.  Plante  du  Sénégal,  toute  couverte  d'un  duvet  velu 
et  blanchâtre.  Ses  tiges  sont  triangulaires;  ses  feuilles  longues 
de  deux  pouces;  ses  fleurs  réunies  en  une  petite  tête,  divisée 
en  quatre  autres  médiocrement  pédicellécs  ,  accompagnées 
d'une  bractée  plus  courte  que  les  fleurs;  les  épillets  sont  fort 
petits;  les  valves  calicinales  oblongues,  à  trois  nervures  ,  sur- 
montées d'une  pointe  roide  et  droite. 

FuiRÈNE  RABOTEUSE  ;  Fujrena  squdrrosa  ^  Mich. ,  F lor.  Amer.  ^  ly 
pag.  57.  Cette  espèce  a  des  tiges  glabres,  hautes  d'un  pied  et 
demi,  anguleuses,  pileuses  vers  leur  sommet;  munies  à  leur 
base  de  gaines  brunes,  très-pileuses.  Les  feuilles  sont  planes, 
longues  de  deux  à  cinq  pouces,  glabres,  ciliées  vers  leur  base. 
Pe  la  gaine  supérieure  sortent  deux  pédoncules  inégaux  ;  ua 


5o6  FUI 

involucre  à  peine  long  d'un  pouce;  l'ombelle  composée  de 
deux  rayons  velui,  soutenant  chacun  trois  ou  quatre  épillets 
sessiles,  ovales,  obtus,  longs  de  trois  lignes;  plusieurs  autres 
sessiles  dans  le  centre  de  l'ombelle;  les  écailles  calicinales  ob- 
longues,  très-obtuses, membraneuses,  purpurines,  légèrement 
ciliées,  vertes  sur  le  dos,  terminées  par  une  longue  arête  re- 
courbée. Cette  plante  croît  aux  Jieux  marécageux ,  dans  la 
Caroline  et  la  Géorgie. 

FuiRÈNE  GLOMÉaULÉE  :  Fuirenu  glomerata,  Lamk. ,  I/L  ,  i, 
pag.  i5o;  Vahl,  Enum. ,  i  ,  pag.  386;  Brown  ,  JVov.  Ho/f.,  i, 
pag.  220  ;  Scirpus  ciliaris  ,  Linn. ,  Mant. ,  182.  Plante  des  Indes 
orientales ,  dont  les  tiges  sont  longues  d'un  pied  ;  les  feuilles  de 
trois  à  six  pouces,  planes,  ciliées;  les  supérieures  pileuses; 
les  gaines  glabres,  longues  d'un  pouce;  les  pédoncules  velus, 
souvent  géminés  ;  un  involucre  à  deux  folioles  pileuses  sous 
l'ombelle  du  plus  long  pédoncule;  il  n'y  en  a  point  sous  l'om- 
belle du  plus  court,  qui  est  composée  de  trois  à  six  épillets 
agglomérés  en  fête,  obtus,  longs  de  trois  lignes;  les  écailles 
d'un  brun  verdàtre  ,  à  trois  nervures,-  terminées  par  une 
pointe  de  la  longueur  des  écailles;  les  valves  du  calice  pur- 
purines, un  peu  arrondies,  tridentées,  à  trois  nervures. 

FuiRÈNE  HÉRISSÉE  :  FuircTia  hirta,  Vahl,  Enum,  1.  c;  Scirpus 
hoUentotus,  Linn.,  Mant..  i82;Rottb.,  Gram.,  64,  tab.  16, 
fig.  4.  Cette  plante  croît  au  cap  de  Bonne-Espérance  ,  sur  le 
bord  des  ruisseaux  et  aux  lieux  marécageux.  Ses  tiges  sont 
roides,  triangulaires,  hautes  d'un  pied,  garnies  de  trois  feuilles 
alternes,  distantes,  lisses,  plus  courtes  que  les  tiges,  qu'elles 
embrassent  par  une  gaîne  cylindrique.  Les  fleurs  sont  réunies 
en  un  paquet  globuleux,  composé  d'épillets  sessiles,  très- 
serrés;  les  écailles  lancéolées,  velues,  mucronées -,  les  invo- 
lucres  à  trois  folioles  inégales,  à  peine  plus  longues  que  les 
fleurs. 

FuiRÈNE  DES  SABLES  ;  Fuireua  arenosa  ,  Rob.  BroAvn ,  A^o»'. 
HolL,  1,  pag.  220.  Ses  tiges  sont  glabres,  garnies  de  feuilles 
également  glabres,  alternes;  les  fleurs  disposées  en  ombelles 
axillaires  et  terminales ,  composées  d'épillets  solitaires ,  pileux, 
oblongs;  les  écailles  terminées  par  une  arête  de  moitié  plu» 
courte  que  ces  écailles.  Cette  espèce  croît  sur  les  côtes  de  la 
Nouvelle-Hollande.  (PoiR.) 


FUL  5o7 

FUJET  (Conchyl.) ,  nom  donné  par  Adanson  au  tmchus  co~ 
rallinus.  Linn.,  espèce  du  genre  Toupie  ou  Troque.  (De  B.) 

FUJOO,  KiBATSisso  {Bot.),  noms  jiiponois  de  ïliibiscus  mula- 
lilis,  cités  par  Kœmpfer  et  Thunberg.  (J.) 

FLJKI  (Bot.),  nom  japonois  du  pétasite,  tussilago  petasiles , 
selon  M.  Thnnbcrg.  (J.) 

FUKOS  {Bot,),  un  des  anciens  noms  de  la  conyze,  cités 
dans  la  table  d' Adanson.  (  H.  Cass.) 

FUKU.  {Bot.)  Celte  plante  graminée  du  Japon ,  citée  par 
Kaimpfer,  est  un  saccharum  de  M.  Thunberg,  et  M.  de  Beau- 
vois  en  fait  son  erianthus  japonicus.  (J.) 

FUL.  {Bot.)  Voyez  Foul.  (J.) 

FULD  KOPPE.  {Ornith.)  L'oiseau  qui  porte,  à  l'île  de 
Ferroë;  ce  nom,  qui  s'écrit  aussi  fuL-kop,  Muller,  n."  142  ,  est 
le  petit  guilleniiot,  coljmhus  min  or ,  Linn.  (Cn.D.) 

FULFUL  {Bot.),  nom  arabe  du  poivre  ordinaire,  suivant 
Avicenne,  cité  par  Ciusius,  qui  ajoute  que  le  poivre  long  est 
nommé  darfulful  et  fulfel.  Ce  dernier  nom  approche  beau- 
coup de  celui  de  l'arec  ,  en  Arabie.  (Voyez  Faufel,)  Le  poivre 
est  encore  désigné  à  Guzarate,  sous  le  nom  de  mendie;  à 
Malaca  ,  sons  celui  de  lada;  sous  celui  de  morois  au  Bengale, 
où  le  poivre  ^ong  est  nommé  pimpilin.  (J.) 

FULGORÊ.  F'u/i^ora.  {Entom.)  Linnœus  a  emprunté  ce 
nom  du  mot  latin  fulgor,  qui  signifie  éclat ,  lueur,  pour  dési- 
gner un  genre  d'insectes  hémiptères,  delà  famille  des  cigales 
ou  collirostres,  dont  plusieurs  espèces,  au  rapport  des  voya- 
geurs, répandent  pendant  la  nuit  une  lumière  phosphorique. 

Les  fulgores,  comme  tous  les  Auchénorinques  (voyez  ce 
mot,  tom.  III,  pag.  3o3),  ont  les  ailes  de  consistance  égale, 
non  croisées,  mais  disposées  en  toit  sur  le  ventre,  qu'elles 
dépassent;  trois  articles  à  tous  les  tarses;  un  bec  alongé, 
couché  le  long  du  corps,  en  dessous,  entre  les  pâtes,  dans 
l'état  de  repos,  et  paroissant  naître  du  col;  les  antennes  très- 
courtes. 

En  outre,  ces  antennes  ne  sont  pas  insérées  entre  les  yeux, 
comme  dans  les  cigales,  cicadelles  et  les  membraces,  ni  dans 
les  yeux,  comme  chez  les  delphaces,  mais  au-dessous.  Les 
cercopes  et  les //«/es  sont  dans  le  même  cas;  mais  ces  dernières 
ont  ies  ailes  très-grandes,  dilatées  et  pendantes,  comme  cer- 


i"^'/' 


5o8  FUL 

taines  espèces  âe  pjvalei  ou  de  chapp^s  ;  et  les  premières  n'ont 
pas  le  front  prolongé  ni  bizarrement  enflé,  comme  certaines 
espèces  de  fulgores. 

Le  genre  FuJgore  comprend  des  espèces  frès-remarquables 
pour  les  formes  et  les  couleurs.  La  plupart  sont  originaires 
des  pays  éloignés,  de  Cayenne,  des  Indes,  de  l'Afrique,  de 
l'Australasie  :  nous  n'en  avons  que  quelques  petites  espèces 
de  la  partie  méridionale  de  l'Europe. 

L'espèce  la  plus  anciennement  connue  est  de  l'Amérique 
Aiéridionale ;  c'est: 

1."     La  FULGORE    LANTERNIÈRE  ,    OU    PORÏE-LANTERNE  ;    FulgOra 

laternaria,  Linn. 

Mademoiselle  Mérian  l'a  figurée  dansses  Insectes  de  Surinam, 
pi.  49  ;  et  Réaumur,  t.  V  de  ses  Mémoires,  pi.  20,  n"  6,  7. 

C'est  un  insecte  de  près  de  quatre  pouces  de  longueur, 
dont  la  tête,  excessivement  renflée,  fait  à  elle  seule  près  de  la 
moitié  du  corps.  Cette  tête  est  vésiculeuse ,  arrondie  à  son 
extrémité  libre.  La  couleur  générale  est  d'un  jaune  pâle  et 
sale:  la  partie  vésiculeuse,  dans  laquelle  on  croit  que  la 
matière  phosphorescente  est  contenue,  estd'un  vert  sale,  avec 
quclqnes  lignes  rougeàtres.  Les  élytres  ou  ailes  supérieures 
sont  grises,  avec  des  traits  en  long  et  en  travers,  d'une  teinte 
brunâtre.  Les  inférieures  sont  grises  également;  mais  elles 
portent,  vers  leur  extrémité  libre,  une  grande  tache  œillée , 
Jjriine,  avec  deux  autres  taches  ou  prunelles  olivâtres  ou  d'un 
brun  verdàtre. 

On  nomme,  à  Cayenne  et  à  la  Guadeloupe,  ces  fulgores , 
des  mouches  à  feu,  et  des  mouches  luisantes.  Mademoiselle 
Mérian  dit  qu'elle  s'est  servie  de  ces  insectes  pour  lire  la  Gazette 
de  Lcydc,  journal  qui,  à  cette  époque,  étoit  imprimé  avec 
des  caractères  d'un  œil  très-petit;  mais  d'autres  naturalistes 
n'ont  pas  remarqué  cette  propriété.  Il  pourroit  se  faire  que 
cette  lumière  phosphorescente  dépendit  de  quelque  circons- 
tance, comme  cela  arrive  à  nos  femelles  de  lampyre  ou  de 
ver-luisant,  qui  ne  brillent  la  nuit  qu'à  l'époque  de  la  fécon- 
dation, et  dont  la  lueur  disparoit  presque  aussitôt  que  le  but 
de  la  nature  est  rempli. 

2."     La  FuLGORE    CHAi 

eanileluria.  Nous  l'avons  fait  figurer  dans  l'Atlas,  Ordre  des 


-      FtJL  5t)9 

hémiptères,  famille  des  auchénorinques,  sons  le  n."  4.  On 
l'apporte  de  la  Chine,  et  on  la  voit  souvent  peinte  sur  les 
papiers  et  les  étoffes  de  tenture  de  ce  pays.  Elle  est  d'un  tiers 
plus  petite  que  l'espèce  précédente.  Elle  est  facile  à  recon- 
jioître  par  ses  élytres  ou  ailes  supérieures  vertes,  à  nervures 
blanchâtres,  avec  des  taches  de  rouille  bordées  de  blanc,  la 
plupart  transversales.  Le  corselet  et  la  tête  sont  jaunes,  avec 
un  front  prolongé  ,  arrondi ,  recourbé  en  dessus.  Les  ailes 
inférieures  sont  jaunes,  avec  une  large  bande  noire  à  la 
ptiinte.  On  dit  qu'elle  brille  aussi  pendant  la  nuit. 

Fabricius  a  décrit  dix-huit  autres  espèces  étrangères.  La 
seule  qu'on  trouve  en  France  est  très-petite;  c'est: 
^  5.°  La  Fui.GORE  d'Europe  ;"F«/o'ora  europea.  Elle  n'a  pas  en 
tout  un  demi-pouce  de  longueur.  Elle  est  verte-,  ses  ailes  sont 
transparentes,  excepté  les  nervures;  son  front  prolongé  est 
strié  par  cinq  lignes  longitudinales,  «lont  deux  sont  en  dessus. 
On  la  trouve  sur  les  arbres.  Nous  en  avons  recueilli  deux  fois 
sur  des  noyers. 

Il  est  probable  que  les  mœurs  des  fulgores  sont  les  mêmes 
que  celles  des  cigales.  (C  D.) 

'  FULGORELLE.  {Entom.)  ivL  Latreille  a  désigné  sous  ce 
n^m  la  tribu  de  la  famille  qu'il  nomme  cicadaires,  dont  le 
genre  Fulgore  est  le  type,  et  qui  comprend  en  outre  l^cer- 
eopes  et  \esjlatcs,  qui  ont  les  antennes  insérées  sous  les  yeux. 
Voyez  Auchénorinques.  (C.  D.) 

FULGUR,  Carreau.  {Conchjl.)  Genre  de  coquilles  univalves 
de  la  famille  des  murex  de  Liiinœus,  établi  par  My  Denys  de 
Montfort ,  pour  une  assez  grosse  coquille  qui .  outre  sa  singula- 
rité de  n'être  presque  connue^lans  les  collections  qu'à  l'état 
gauche,  offre  un/acies  intermédiaire  aux  pyrules,  aux  fascio- 
laires  et  aux  turbinelles.  Il  peut  être  défini  :  Coquille  pyri- 
forme  ,  à  spire  assez  aplatie,  armée  de  pointes;  le  dernier 
tour  très -grand;  ouverture  très -longue,  à  bords  presque 
parallèles,  et  terminée  par  un  canal  droit;  un  seul  pli  à  la 
columelle.  L'espèce  que  M.  Denys  de  Montfort  donne  comme 
type  de  ce  genre,  et  qu'il  nomme  le  Carreau  fovdre,  fulgur 
elicians,  murex  perversus ,  Linn.,  est  figurée  dans  la  Conchylio- 
logie de  Lister,  tab.  907,  fig.  17.  C'est  I'Unique  ,  le  Buccin 
•NiyvE  ,  la  Tb.omfette»e  rragon  des  marchands  françois.  C'est 


5io  FUL 

une  coquille  de  quatre  pouces  de  long,  de  couleur  blanche , 
striée  ou  tlambée  de  brun,  et  dont  l'ouverture  est  d'un  beau 
blanc.  Elle  est  finement  ridée  et  quadrillée,  surtout  en  avant. 
Elle  vient  Hes  mers  d'Amérique,  et  est  assez  rare  dans  les  col- 
lections. Ellis  a  représenté,  Corail.,  t.  38,  fig.  a  et  b,  un 
groupe  d'œufs  de  cette  espèce  ,  qui  sont  assez  singuliers. 
(DeB.) 

FUL-HENDI  {Bot.),  nom  arabe,  signifiant /èi'e  de  l'Inde, 
d'un  haricot  ou  dolic,  dolichosfaba  indica  de  Forskal.  (J.) 

FULICA.  {Ornith.)  Ce  nom  générique  de  la  foulque  est 
appliqué  ,  dans  Gesner,  à  une  espèce  de  mouette.  (Ch.  D.) 

FULICARIA.  (Ornith.)  L'espèce  du  genre  Trin»a  qui,  dans 
Linnœus,  est  désignée  par  ce  terme,  est  le  phalarope  rouge, 
phalaropus  rufus  ,  Bechst.  et  Meyer.  (Ch.  D.  ) 

FULIGINOSITÉ.  (Chim.)  C'est  la  substance  noire,  charbon- 
neuse, très-divisée  ,  qui  se  manifeste  lorsqu'on  brûle  à  l'air 
libre  des  matières  huileuses  et  résineuses.  Cette  substance  n'est 
que  du  charbon  retenant  très-peu  de  matière  huileuse  empi- 
reumatique,  qu'on  peut  en  séparer  par  l'alcool  bouillant,  ou 
la  calcination,  qui  la  réduit  en  charbon.  (Cii.) 

FULIGO.  {Bot.)  Genre  de  plantes  cryptogames,  de  la  fa- 
milières champignons,  établi  par  Haller,  et  adopté  par  Per- 
soon.TTCS  espèces  qui  le  composent  sont  d'abord  pulpeuses,  le 
plus  souvent  étalées  ,  de  forme  différente  selon  l'espèce,  ve- 
lues à  Fextérieur,  ou  garnies  de  fibrilles  roides  :  elles  ont  une 
hase  membraneuse;  leur  intérieur  est  cellulaire,  fibreux  ou 
poilu.  Elles  finissent  par  s'évanouir  en  poussière. 

Le  mucor  septicus  ,  Linn.  ,  vulgairement  nommé  Jleitr  du 
tan  ou  delà  tannée,  est  le  typ»de  ce  genre,  qui  est  le  même 
que  Vœthaliuni  de  Link.  Ce  genre  est  aussi  le  même  que  le 
reticularia  de  BuUiard ,  quoique  plusieurs  des  espèces  de  re- 
ticularia  de  cet  auteur  ne  doivent  pas  y  être  rapportées  , 
étant  mieux  placées  dans  les  genres  Phjsarum,  Spumaria,  Lj- 
cogala  et  Diderma.  (  Lem.) 

FULIGULA.  {Ornith.)  Ce  terme  qui,  seul,  désigne  dans 
Gesner  le  morillon,  a  été  employé  par  Linnœus  comme  épi- 
thète  pour  cette  espèce  de  canard  dont  il  a  fait  anas  fuli- 
gula.  (Ch.  d.) 

FULL-BOTTOM  (Mamn-.),  nom  que  Fennant  donne  à  un 


FUM  5i, 

singe  d'Afrique  à  longue  queue  ,  qu'il  dit  privé  de  pouce  aux 
mains.  Voyez  Guenons  a  camail.  (F.  C.) 

FULLEN  (Mt/mm.) ,  nom  du  poulain  en  allemand.  (F.C.) 

FULLO.  {Ornilh.)  Le  jaseur,  ampelis  garrulus,  Linn.,  est 
désigné  par  ce  terme  dans  divers  auteurs.  (Ch.  D.  ) 

FULLONICA.  {Ichthjol.)  Quelques  auteurs  latins  ont 
décrit,  sous  ce  nom,  la  raie-chardon,  raja  fullouica.  Voyez 
Raie.   (H.  C.) 

FULMAR.  (Ornith.)  Ce  nom  est  donné,  dans  l'ile  de  Saint- 
Kilda,  au  pétrel  gris-blanc  ,  procellaria  glacialis  ,  Linn.  et 
Latham.  (Ch.  D.  ) 

FULMINAIRE.  (Foss.)  On  a  donné  le  nom  de  pierre  ful- 
minaire ,  ou  pierre  de  foudre,  aux  bélemnites  et  aux  oursins 
fossiles,  parce  que  l'on  a  cru  anciennement  que  ces  corps 
tomboient  du  ciel.  (D.  F.) 

FULMINATION.  {Chim.)  C'est  une  détonation  excessive- 
ment violente,  et  dont  les  effets  sont  comparables  à  ceux  de 
la  foudre.  Telles  sont  les  détonations  du  mercure  fulminant, 
de  l'or  fulminant,  des  deux  argens  fulminans,  du  chlorure 
d'azote.  Voyez  Détonation.  (Ch.) 

FULOUN.  (Ornith.)  Ce  nom  désigne,  dans  le  Piémont,  le 
chevalier  gambette,  Iringa gambetta  ,  Linn.  (  Ch.D.) 

FULVIE  (ErpétoL),  nom  spécifique  d'une  Couleuvre. 
Voyez  ce  mot.  (H.  C.) 

FUMA  {Ichthjol.),  nom  que,  suivant  M.  Risso,  on  donne,  à 
Nice,  à  la  raie  museau -pointu  de  M.  de  Lacépède.  Voyez 
Raie.  (H.  C.) 

FUMA.  (Ornith.)  On  pomme  ainsi,  en  langage  provençal, 
le  grèbe  huppé,  colymbus  cristatas  et  urinator  ,  Gmel.  (Ch.  D.) 

FUMAGO.  (  Bot.  )  M.  Persoon  propose  de  donner  ce  nom 
générique  à  une  matière  noire,  semblable  à  de  la  fumée  ou 
à  de  la  suie ,  qui  couvre,  à  la  fin  de  l'été  ,  surtout  après  une 
longue  sécheresse,  les  feuilles  du  tilleul,  de  Forme  et  de 
l'érable  ,  et,  dans  le  Midi,  celles  du  citronnier.  «  Cette  ma- 
tière, dit-il,  vue  au  microscope  ,  présente  une  croûte  mince, 
entremêlée  de  quelques  fibrilles.  »  Il  est  encore  douteux 
que  cette  production  appartienne  au  règne  végétal.  M.  Per- 
soon  place  provisoirement  ce  genre  près  de  ïerineum  et  du 
torula,   dans  la  famille  des  mucédinées.  (  Lem.  ) 


i"-*  ï  l J>î 

FUMARIA  (  Bot.),  nom  latin  du  genre  Fnmclerre.  (L.D.) 
lUMAROLE.  {Min.)  C"est  le  nom  donné  aux  ouvertures 
d'une  foible  dimension  qu'on  rencontre  souvent  dans  les  vol- 
cans et  dans  les  autres  terrains  pyrogènes,  et  par  lesquelles 
sortent  des  vapeurs  de  différentes  natures.  (B.) 
FUMAT.  {Ichthjol.)  Voyez  Fuma.  (H.  C.) 
FUMEE.  [Chim.)  On  appelle  fumée  toute  matière  non  ga- 
zeuse ,  non  enflammée,  qui  est  assez  divisée  pour  être  tenue 
en  suspension   dans  l'air  pendant  un   certain  temps  ,  et  qui 
en  altère  plus  ou  moins  la  transparence.  Quelquefois  on  a 
improprement  appelé  fumée  des  matières  gazeuses  qui  étoient 
visibles,  parce  qu'elles  étoient  colorées. 

Cette  définition  est  donc  fondée  sur  un  simple  état  physique 
de  la  matière  ,  et  non  sur  une  composition  déterminée.  11  est 
visible  que  des  corps  très  -  différens  peuvent  donner  lieu  à 
une  production  de  fumée,  et  que  les  circonstances  les  plus 
favorables  à  cette  production  seront  celles  où  des  corps, 
réduits  d'abord  à  l'état  gazeux  par  la  chaleur,  viendront  à  se 
condenser  par  le  refroidissement  en  liquide  ou  en  solide. 
Exemples  : 

1."  Lorsqu'on  place  du  bois  vert  dans  un  foyer  qui  n'est  pas 
très-ardent,  il  se  produit  une  fumée  épaisse,  laquelle  est  due  , 
a."  à  de  l'eau  ,  dont  une  partie  est  simplement  séparée  du  bois, 
où  elle  étoit  à  l'état  à'eau  de  végétation,  et  dont  Fautre  partie 
est  produite  par  la  combinaison  de  l'hydrogène  du  bois  avec 
de  l'oxigène,  lequel  provient  soit  de  l'air,  soit  du  bois;  2.*  à 
des  huiles  empireumatiques ,  formées  aux  dépens  des  élémens 
•  !u  bois  qui  ont  échappé  à  la  combustion.  Celte  eau  et  ces 
huiles  s'élèvent  du  foyer  à  l'état  gazeux;  mais,  se  trouvant 
bientôt  en  contact  avec  des  couches  d'air  froid,  elles  se 
condensent  en  petites  parties  qui  paroissent  de  forme  globu- 
leuse, et  qui  restent  quelque  temps  dans  l'air. 

1'.°  Lorsque  de  l'eau  est  placée  sur  le  feu,  et  qu'elle  bout, 
on  aperçoit  au-dessus  d'elle  «ne  sorte  de  fumée,  qui  finit  par 
disparoître  si  Fair  est  suffisamment  sec.  Dans  ce  cas,  de  Feau 
gazeuse,  invisible,  s'élève  d'abord  dans  Fair,  et  s'y  mêle  ;  le 
froid  la  condense  en  petites  gouttes  séparées  par  la  portion 
d'air  qui  se  trouvoit  mêlée  à  la  vapeur  transparente  :  l'en- 
âi^mble  de  ces  petites  gouttes  est  ce  que  Saussure  a  nommé 


FUM  5x5 

eapeur  vésîculaire  ;  et  comme  elles  sont  très -mobiles,  elles  se 
répandent  dans  l'espace,  où  elles  disparoissent  en  reprenant- 
Tétat  gazeux. 

Z."  L'eau,  chargée  d'acide  hydrochlorique  ou  d'acide  nitri- 
que, répand  des  fumées  blanches  dans  l'air,  par  la  raison  sui- 
vante. Cette  dissolution  a  une  tension  plus  grande  que  l'eau 
pure  ;  exposée  à  l'air,  elle  émet  une  vapeur  acide  :  cette  vapeur, 
se  trouvant  bientôt  en  contact  avec  le  gaz  aqueux  de  l'atmos- 
phère, s'y  unit,  etdonnenaissanceàun  composé  qui,  ayantune 
t-snsion  moindre  que  celle  de  la  première  vapeur ,  se  précipite 
en  partie  à  l'état  de  gouttelettes  qui  forment  une  fumés 
blanche  par  leur  mélange  avec  l'air;  mais  cette  fumée,  en  se 
divisant  dans  l'espace,  reprend  l'état  élastique,  et  dsparoit. 

4.°  Lorsque  du  zinc  est  exposé  au  feu  ,  il  se  volatilise  ;  si 
cette  vapeur  trouve  de  l'oxigène  ,  elle  s'y  unit,  et  forme  uii 
oxide  blanc  très-divisé,  qui  est  entraîné  à  une  grande  hauteur 
par  le  courant  d'air  qui  s'élève  du  foyer.  Cet  oxide  retombe 
ensuite  sous  forme  de  flocons. 

5.°  Le  soufre  fondu  peut  se  vaporiser  j  si  la  vapeur  n'est 
pas  assez  chaude  pour  prendre  feu  ,  elle  se  condensera  en  une 
fumée  jaune,  qui  n'est  que  du  soufre  très-divisé.  (Ch.) 

FUMEÏERRE  {Bot.),  Fumaria,  Linn.  Genre  de  plantes  dico- 
tylédones, de  la  famille  des  papavéracées,  Juss.,  et  de  la 
diadelphie  hexandrie,  Linn.,  dont  lesprincipaux  caractères  sont 
lessuivans:  Calice  de  deux  petites  folioles  opposées,  caduques; 
corolle  de  quatre  pétales  irréguliers  ,  imitant,  par  leur  con- 
formation, une  fleur  papillonacée,  et  dont  le  supérieur  est  ter- 
miné en  éperon  ;  six  anthères  portées  par  deux  tilamens  élargis  à 
leur  base  ;  un  ovaire  supérieur ,  surmonté  d'un  style  à  stigmate 
en  tête;  une  petite  capsule  indéhiscente  et  monosperme. 

Les  fumeterres  sont  des  plantes  herbacées,  pour  la  plu- 
part annuelles,  à  feuilles  alternes,  ailées  ou  décomposées 
dont  les  pétioles  s'entortillent  souvent  autour  des  autres 
plantes  qui  sont  dans  leur  voisinage,  et  dont  les  fleurs  sont 
disposées  en  épis  ou  en  grappes.  Depuis  que  les  botanistes  ont 
retiré  de  ce  genre  les  plantes  dont  le  fruit  est  une  silique 
bivalve  et  polysperme,  pour  en  former  les  corydales  (voyez 
CoRYDALE,  vol.  X,p.  674  J ,  Ics  fumctcrres,  dont  on  coujp toit 
près  de  trente  espèces,  se  trouvent  réduites  à  huit. 
i?.  33 


5i4  FUM 

FoMETERRE  GRIMPANTE  :  Fumariu  capreolata,  Linn.,  Spec,  gSft; 
Decand.,  le.  pi.  rar.,  t.  34.  Sa  tige  est  rameuse,  haute  de  deux 
à  trois  pieds,  grimpante,  s'attachant  aux  corps  qui  sont  dans 
son  voisinage,  au  moyen  des  pétioles  de  ses  feuilles,  qui  s'en- 
tortillent en  manière  de  vrilles.  Ses  feuilles  sont  deux  fois 
ailées,  un  peu  glauques,  cunéiformes,  divisées  en  plusieurs 
lobes.  Ses  fleurs  sont  couleur  de  chair,  tachées  à  leur  sommet 
de  pourpre  noirâtre;  longues  de  cinq  à  six  lignes,  disposées  , 
par  vingt  ou  davantage,  en  grappes  axillaires.  Ses  fruits  sont 
globuleux  et  parfaitement  lisses.  Celte  plante  croît  dans  les 
parties  méridionales  de  la  France  et  de  l'Europe. 

FoMETERRE  MOVEXNE  :  Fumuria  média,  Lois.,  Not.,  p.  loi; 
Fumaria  major  Jloribus  dilate  purpureis ,  VaiJl.,  Bot.  Par.,  56, 
t.  10,  f .  4  {excl.  plur.  synon.).  Cette  plante  est  intermédiaire 
entre  la  fumeterre  grimpante  et  la  fumeterre  ollicinale.  Elle 
diffère  de  la  première  par  ses  fleurs  plus  petites,  par  ses 
calices  dentés,  par  ses  feuilles  dt^coupées  plus  menu,  par  ses 
fruits  légèrement  ridés  ,  parce  qu'elle  s'élève  moins  ,  et  parce 
que  sa  tige  se  soutient  droite,  sans  avoir  besoin  d"appui  :  elle 
se  distingue  de  la  seconde,  parce  qu'elle  s'élève  davantage, 
qu'elle  est  moins  rameuse  et  moins  diffuse,  que  ses  feuilles 
sont  plus  grandes  et  plus  glauques,  que  ses  pétioles  cherchent 
souvent  à  s'entortiller  autour  des  corps  environnans;  enfin, 
parce  que  ses  fleurs  sont  plus  grandes.  Cette  fumeterre  n'est 
pas  rare  dans  les  vignes  et  dans  Us  terrains  cultivés. 

Fdmeterre  officinale  :  Fumaria  ojfficinalis .  Linn.,  Spec,  984; 
Bull.,  Herb.,  t.  189.  Sa  tige  est  anguleuse,  droite,  rameustf, 
souvent  diffuse,  glauque  comme  toute  la  plante,  haute  de  six 
à  dix  pouces,  garnie  de  feuilles  deux  fois  ailées,  à  folioles 
découpées.  Ses  fleurs  sont  plus  petites  que  dans  les  deux  espèces 
précédentes,  d'un  rose  foncé,  mêlées  de  noir,  disposées  en 
grappes  simples,  opposées  aux  feuilles.  Ses  fruits  sont  presque 
globuleux,  très-légèrement  ridés,  émoussés  à  leur  sommet. 
Cette  espèce  est  commune  dans  les  lieux  cultivés  et  les  jar- 
dins, oîi  elle  fleurit  pendant  la  plus  grande  partie  de  la  belle 
saison. 

La  fumeterre  officinale  est  très-usitée  en  médecine.  On 
l'emploie  surtout  dans  les  maladies  cutanées,  usage  qui  l'a 
fait  appeler  autrefois  50/amen.  icatiosorum.  Elle  a,  quand  on 


(  I 

FUM  5x5 

la  miche,  beaucoup  d'amertume  et  un  goût  particulier, 
comme  de  fumée  ou  de  suie,  ce  qui  paroît  lui  avoir  valu  son 
nom  latin, /u/narm,  et  son  nom  fVançoIs,  corrompu  assez  évi- 
demment de  celui  de  fumée-de-terre,  qu'elle  a  porté  autrefois. 
C'est  cette  même  amertume  qui  lui  a  fait  donner  quelquefois, 
chez  les  anciens,  le  nom  defelterrœ,  fiel  de  terre. 

Outre  son  usage  dans  les  maladies  de  la  peau  ,  la  fumeterre 
est  aussi  conseillée  dans  le  scorbut,  les  engorgemens  glandu- 
leux, la  jaunisse,  les  obstructions  du  foie  et  des  viscères  du 
bas-ventre.  On  prescrit  le  plus  souvent  cette  plante  en  décoc- 
tion. Son  suc  exprimé  paroît  cependant  préférable  :  la  dose 
ordinaire  est  de  deux  à  quatre  onces.  On  en  fait,  dans  les 
pharmacies,  plusieurs  préparations,  un  sirop,  une  conserve, 
un  extrait. 

Les  autres  espèces  de  fumeterre  sont  ;  celle  à  petites  fleurs , 
fumaria  parvijlora,  Lamk.,  Dict.  Enc,  2  ,  p.  667,  dont  la  tige  est 
très-rameuse  et  très-étalée,  dont  les  divisions  des  feuilles  sont 
filiformes,  un  peu  charnues,  canaliculées,  etdont  les  fleurs  sont 
blanches,  disposées  en  grappes  très-courtes;  la  fumeterre  de 
Vaillant, /umariti  Faii/anfù",  Lois.,  Not.,  102,  qui  diffère  delà 
précédente  par  ses  tiges  plus  droites,  et  parles  divisions  de  se& 
feuilles  qui  sont  planes;  la  fumeterre  à  épi,  fumaria  spicata, 
Lion.,  Spec,  2,  p.  985,  dont  la  tige  est  redressée,  dont  les 
découpures  des  feuilles  sont  filiformes,  dont  les  fleurs  sont 
resserrées  en  épi  ovale,  et  dont  les  capsules  sont  comprimées, 
entourées  d'un  petit  rebord  particulier;  la  fumeterre  à  fleurs 
serrées,  fumaria  densijlora  ,  Decand.,  Catal.  Hort.  Monsp. , 
ii3,  qui  ressemble  en  tout  à  la  précédente  par  son  port  et 
son  inflorescence,  mais  dont  les  capsules  sont  globuleuses; 
enfin,  la  fumeterre  à  feuilles  grasses,  fumaria  crassifolia, 
Desf. ,  Flor.  Atlant. ,  2  ,  p.  126,  t.  lyS,  dont  les  tiges  sont 
très-rameuses,  dont  les  feuilles  sont  charnues,  simples  ou 
divisées  en  deux  à  trois  lobes  profonds,  longuement  pétiolées, 
dont  les  fleurs  so.nt  portées  sur  des  pédoncules  filiformes  et 
réunis  en  une  sorte  de  grappe  ou  de  corymbe.  De  ces  cinq 
plantes,  les  deux  premières  ne  sont  pas  rares  dans  les  champs 
cultivés  du  nord  de  la  France  et  de  l'Europe;  la  troisième  et 
la  quatrième  se  trouvent  particulièrement  dans  le  midi,  et  la 
dernière  a  été  découverte  en  Barbarie  par  M.  Desfontaines  : 

33. 


6i6  FUN 

elle  seule  est  vivace;  mais  comme  son  fruit  n'a  pas  étë  observe, 
ce  n'est  qu'avec  doute  que  nous  la  rapportons  aux /umarja; 
toutes  les  autres  sont  annuelles.  (L.  D.) 

FUM-HOAM.  (Ornith.)  L'oiseau  royal  des  Chinois,  qu'oa 
désigne  par  ce  nom,  est  regardé  comme  un  être   fabuleux. 

FUMMER  (Mamm.)  ,  un  des  noms  anglois  du  putois.  (F.C.) 

FUNARIA.  (Bot.)  Ce  genre  appartient  à  la  famille  des 
mousses,  et  a  été  institué  par  Hedwig  pour  placer  le  mnium 
hygrometrieum  ,  Linn.  Il  l'avoit  d'abord  nommé  koelreutera. 
Les  botanistes  se  sont  empressés  de  l'adopter,  et  ils  l'ont  même 
au<^menté  de  quelques  espèces  nouvelles.  Bridel  le  nomme  en 
françois  cordette  ;  et  M.  Palisot  de  Beauvois  propose  de  le  dé- 
signer par  strephedium ,  stréphédie.  Adanson  l'avoit  confondu 
dans  son  genre  Luida. 

Le  funaria  est  caractérisé  par  son  péristome  double:  l'ex- 
térieur a  seize  dents  cohérentes  à  leur  extrémité  supérieure; 
l'intérieur  est  formé  de  seize  cils  membraneux,  opposés  aux 
dents.  Les  gemmules ,  que  l'on  regarde  comme  des  fleurs  mâles , 
sont  sur  des  pieds  différens  de  ceux  qui  portent  les  urnes ,  ou 
fleurs  femelles  ,  dans  la  Méthode  d'Hedwig. 

Bridel  compte  sept  espèces  de  funaria.  Ces  mousses  ont  le 
port  de  certain  hryum;  leur  tige  est  fort  courte,  feuillée,  ter- 
minée par  les  ûeurs.  Les  pédicelles  sont  fort  longs  ;  cha- 
cun d'eux  porte  une  urne  oblongue,  pendante,  munie  d'une 
coiffe  fendue  sur  le  côté  ,  et  le  plus  souvent  à  sommet  subulé, 
oblique.  Ces  mousses  croissent  en  Europe,  ou  dans  l'Amérique 
septentrionale;  plusieurs  se  retrouvent  dans  les  deux  conti- 
nens,  et  d'autres  en  Europe  et  en  Afrique.  Nous  distingue- 
rons les  suivantes. 

•    §.  L  Urne  striée. 

Funaria  hygrométrique  :  Funaria  hygrometrica  ,  Hedw.  j 
Mnium  hygrometricum,  Linn.;  Dillen.,  Musc. ,  tab.  55  ,  fig.  yô  ; 
Vaill.,  FI.  Par.,  tab.  26  ,  fig.  16.  Tige  très-courte,  presque 
simple;  feuilles  conniventes  ,  ovales  -  lancéolées  ,  entières, 
marquées  d'une  nervure;  pédicelles  longs,  arqués  à  l'extré- 
mité, et  portant  une  urne  pyriforme,  pendante,  profondé- 
ment sillonnée  ,  munie  d'un  opercule  un  peu  plane,  et  d'une 


FUN  5iT 

coiffe  presque  quadrangulaire  et  réfléchie.  Cette  mousse  croît 
par  toute  la  terre,  et  c'est  peut-être  de  toutes  les  mousses  la 
plus  réjjandue-,  elle  forme  des  tapis  étendus,  fort  touffus  et 
très-jolis  par  la  loriyucur  des  pédicelles  qui  varient  de  six 
lignes  à  deux  pouces  au  plus.  Ces  pédicelles,  ainsi  que  les 
urnes,  sont  d'abord  d'un  jaune  pâle,  puis  rougeàtre.  Elle  se 
plaît  le  long  des  sentiers,  dans  ks  fentes  des  murs,  dans  les 
pâturages,  au  bord  lis  claires  fontaines,  dansleslieuxhumides 
où  l'on  a  fait  des  dépôts  de  charbon,  dans  les  fosses  et  les  bois 
humides.  El'e  est  fort  commune  en  Europe.  Wahlenberg  l'a 
observée  en  Laponie,  sur  les  bords  ombragés  des  rivières  ; 
Tilesius  au  Kamtschatka;  Seezen,  dans  l'Asie  mineure,  la 
Palestine  et  l'Egypte  ;  Forskal  en  Arabie  ;  Thuuberg  au  cap  de 
Bo'iiie-Espérance  ;  Bory  de  Saint- Vincent ,  aux  îles  de  France 
et  de  Bourbon;  d'autres  botauistes  à  Madère;  Commerson  à 
Buenos-Ayres  ;  Muhlenberg  en  Pensylvanie,  etc. 

Lr  funaria  hygrométrique  est  annuel ,  fleurit  en  automne , 
et  fructifie  au  printemps.  Ses  pédicelles  se  tordent  sur  eux- 
mêmes  par  la  sécheresse,  et  se  déroulent  avec  rapidité  lors- 
qu'on les  mouille.  C'est  cette  propriété  hygrométrique  qui  a 
valu  à  cette  mousse  son  nom  spécifique  ,  et  la  forme  en  corde 
de  ses  pédicelles  desséchés  explique  l'origine  de  son  nom 
générique. 

§.  IL   Urne  lisse. 

Funaria  de  Muhlenberg  ;  Funaria  Muhlenhergii ,  Hedw. ,  Fil.  ; 
Decand.,  FI.  Fr.  n.  1290;  Funaria  calcarea,  Wahlenb.,  in 
nov.  Act. ,  Holm.,  1806,  tom.  iv,  fol.  2.  Tige  fort  courte, 
simple;  feuilles  droites,  un  peu  étalées,  ovales  ,  dentées  sur 
le  bord  ,  marquées  d'une  nervure  médiane  qui  s'évanouit  près 
de  la  pointe  de  la  feuille  ;  pédicelles  droits;  urne  pendante, 
oblongue  et  presque  pyriforme,  un  peu  lisse;  opercule  presque 
conique.  Cette  mousse  est  annuelle,  et  n'a  guère  plus  d'un 
pouce  de  hauteur.  Elle  a  été  confondue  pendant  long-temps 
.'■vecla  précédente;  elle  est  très-répandue  en  Europe  et  dans 
l'Amérique  méridionale,  mais  moins  communément  que  le 
funaria  hygrométrique.  Bridel  l'indique  aux  environs  de  Paris, 
sur  l'autorité  de  Decandolle  ;  mais  ce  dernier  botaniste  n'ea 
parle  pas  dans  la  deuxième  édition  de  la  Flore  françoise. 


5i8  FUN 

FuNARiA  DE  Desfontaines  :  Funaria  Fonfanesiî  ,  Schwaeg.  , 
Suppl.,l,  part.  II,  p.  80,  pi.  66  ,  Bridel ,  S«]jpL,  III,  p.  69  ; 
Funaria  minor,  Delile,  Egypt.  Tige  droite,  simple,  d'environ 
un  demi-pouce;  feuilles  disposées  en  rosette,  obloiigues , 
pointues,  un  peu  dentelées,  marquées  chacune  d'une  nervure 
qui  s'évanouit  bientôt;  pédicelles  droits;  urne  en  forme  de 
poire  alongée,  un  peu  penchée,  presque  lisse.  Cette  mousse  est 
annuelle.  M.  Desfontaines  l'a  observée  en  Barbarie  ;  M.  Delile  , 
en  Egypte.  Une  variété,  qui  peut-être  en  doit  être  distinguée 
comme  espèce ,  a  été  observée  par  Bridel ,  abondamment ,  dans 
les  fossés  desséchés  des  environs  de  Rome.  C'est  \c  funaria  ven- 
tricosa,  Brid.,  remarquable  par  ses  urnes  pendantes  et  en 
forme  de  poire  ventrue.  (Lem.) 

FUN-BOKU.  (Bot.)  Un  groseillier,  rihes  cynoshali,  est  ainsi 
nommé  au  Japon,  suivant  M.  Thunberg.  (J.) 

FUNCHO  [Bot.),  nom  espagnol  et  portugais  du  fenouil.  (J.) 

FUNDAN.  (Bot.)  Levibumum  dentatum  est  ainsi  nommé  dans 
le  Japon,  selon  M.  Thunberg.  (J.) 

FUNDULE,  Fundulus.  (Ichth.)  M.  de  Lacépède  a  donné  ce 
nom  à  un  genre  de  poissons  dont  les  caractères  sont  :  Un  corps 
et  une  queue  presque  cylindriques;  des  dents  aux  mâchoires  ,  et 
point  de  barbillons  ;  une  seule  nageoire  dorsale.  Ce  genre  appar* 
tient  à  la  famille  des  cylindrosomes  de  M.  Duméril,  et  à  celle 
des  cyprins  ou  à  la  quatrième  famille  des  poissons  malacop- 
térygiens  abdominaux  de  M.  Cuvier  :  il  a  été  séparé  de  celui 
des  CoBiTEs  et  des  Misgurns.  (Voyez  ces  mots.) 

On  distinguera  facilement  les  fundules  des  colites,  qui  ont 
des  barbillons  aux  mâchoires. 

On  ne  connoît  encore  que  deux  espèces  de  fundules. 

Le  MuDFisii  ou  MuNDFiSH  :  Fundulus  mudjish,  Lacép.;  Colitis 
heteroclita ,  Linn.;  Cobite  limoneux,  Daubenton.  Six  rayons  à 
chaque  catope;  écailles  grandes  et  lisses  ;  des  points  blancs  sur 
les  nageoires  du  dos  et  de  l'anus-,  ventre  jaunâtre. 

M.  Cuvier  rapporte  cette  espèce,  qui  vit  dans  les  rivières 
de  la  Caroline,  au  genre Pivcilia  de  M.Schneider. 

Le  FuNDULE  TAPONOis  ;  Fundulus  japonicus ,  Lacép.  ;  Cobitis 
japonica,  Linn.  Huit  rayons  à  chaque  catope;  taille  d'en- 
viron sept  pouces. 

Des  eaux  du  Japon, 


FUN  «'9 

M.  Cuvier  pense  que  l'on  n'a  point  encore  assez  de  rensei- 
gneineiis  [»oiir  classer  celte  espèce  avec  certitude.  (H.  C.) 

FUNÉRAIRE.  (EnlomoL)  Fourcroy  désigne  sous  ce  nom, 
dans  l'Entomologie  parisienne  ,  une  espèce  de  phalène, sous  le 
u°  167,  en  latin  heraclitea.  (C.  D.)  % 

FUNGICOLES.  {Entom.  )  M.  Latreille  a  désigné  sous  ce  nom 
une  petite  famille  de  coléoptères  trimérés  qui  forment  la 
première  section  de  nos  tridactyles,  et  qui  comprend  les 
genres  Dasycère,  Eumorphe  et  Endomyque.  Il  ne  faut  pas  con- 
fondre les  fongicoles  avec  nos  fongivores  ou  mycétobies,  qui 
sont  hétéromérés,  (CD.) 

FUNGIENS,  Fungi  {Bot.) ,  nom  donné  par  Link  au  troisième 
ordre  qu'il  a  établi  dans  la  famille  des  champignons.  Il  com- 
prend des  genres  caractérisés  par  les  séminules,  qui  sont  dis- 
posées en  série  dans  des  cellules  alongées  {thecœ).  Il  répond 
à  l'ordre  des  champignons  gymnocarpes  dePersoon,  mais  ne 
renferme  point  les  champignons  gymnocarpes  naematothé- 
ciens.  Les  genres  suivans  en  font  partie;  Amanita,  Agaricus 
(voyez  Fonce),  Russula  ,  Coprinus  ,  Merulius  ,  Cantharellus 
(  Chanterelle  )  ,  Xjdophagus  ,  Dccdalea  ,  BoLetus  ,  Fiitulina  , 
Sistotrema  ,  Hydaum,  Tlieleph.ora  ,Stereum,  Merisma,  Clavaria^ 
Geoglossum  ,  Spathularia  ,  Leotia  ,  Helvetla  ,  Helotium  ,  Mor- 
ehella  ,  Peziza,  Ascobolus  et  Stictii.  (  Lem.  ) 

FUNGILLUS  MIÏHRIDATICUS  [Bot.],  de  Welsch.  Voyez 
Champignon  de  Mithridate,  (Lem.) 

FUjNGINE.  (Chim.)  M.  Braconnot  a  donné  ce  nom  à  la 
substance  charnue  des  champignons ,  qu'il  regarde  comme  une 
espèce  de  principe  immédiat ,  identique  dans  toutes  les  espèces 
de  cette  famille  de  plantes. 

M.  Braconnot  obtient  la  fungine  à  l'état  de  pureté,  en  trai- 
tant un  champignon  quelconque  par  l'eau  bouillante  légère- 
ment alcalisée. 

Composition.  Elle  est  formée  d'oxigène  ,  d'azote,  de  carbone 
et  d'hydrogène  ,  unis  en  des  proportions  inconnues.  M.  Bra- 
connot la  considère  comme  étant  plus  abondante  en  hydro- 
gène et  en  azote  que  le  bois.  A  ce  sujet,  nous  ferons  observer 
que  le  ligneux  ne  contient  pas  d'azote. 

Propriétés  phjiiques.  La  fungine  est  blanche,  peu  élastique, 
mollasse. 


620  FUN 

Elle  est  inodore,  insipide;  mais  elle  se  divise  bien  dans  la 
mastication;  et  M.  Braconnot  pense  qu'elle  est  très-nutritive. 

Elle  est  insoluble  dans  l'eau,  l'alcool  et  l'éther. 

Une  légère  solution  de  potasse  capable  de  dissoudre  le 
ligneux,  n*a  aucune  acion  sur  elle.  Une  solution  concentrée 
bouillante  en  dissout  une  portion. 

L'ammoniaque  dissout,  par  digestion  ,  une  portion  de  fun- 
gine. 

L'acide  sulfurique  concentré  la  charbonne:  il  y  a  production 
d'acides  acétique  et  sulfureux. 

L'acide  sulfurique  foible  n'a  pas  d'action  sur  elle. 

L'acide  hydrochlorique  chaud  la  convertit  en  matière  géla- 
tiniforme  soluble  dans  l'eau. 

Le  chlore  que  l'on  fait  passer  au  travers  de  la  fungine 
séchée  et  tenue  en  supension  dans  l'eau,  la  jaunit,  et  lui  donne 
une  saveur  acre  qui  s'évanouit  par  la  dessiccation.  Après  ce 
traitement,  la  fungine  est,  suivant  M.  Braconnot,  altérée. 
Elle  présente,  à  l'analyse,  de  l'acide  hydrochlorique,  et  une 
matière  adipo-résineuse  qui  paroît  contenir  de  l'acide  hydro- 
chlorique. 

L'acide  nitrique  foible  en  dégage  du  gaz  azote. 

Une  partie  de  fungine  traitée  dans  une  cornue  par  6  parties 
d'acide  nitrique  à  29,  jaunit;  elle  se  ramollit,  se  gonfle  con- 
sidérablement :  il  se  dégage  de  l'acide  nitreux,  de  l'acide 
hydrocyanique ,  de  l'acide  carbonique.  Ce  qui  reste  dans  la 
cornue,  évaporé  en  consistance  épaisse,  puis  mêlé  à  l'eau  et 
chauffé,  se  partage  en  deux  portions  :  l'une  est  insoluble,  et 
l'autre  est  dissoute.  La  première  portion  est  formée  d'oxalate 
de  chaux,  d'une  substance  analogue  au  suif  et  d'une  autre 
flnalogi'e  à  la  cire  :  celle-ci  est  moins  abondante  que  le  suif. 
La  portion  dissoute  est  formée  d'acide  oxalique,  d'amer  de 
"VVelter,  et  d'une  matière  résinoide  rouge. 

La  fungine,  mise  dans  une  infusion  de  noix  de  galle,  en 
absorbe  la  matière  astringente. 

Abandonnée  à  elle-même  dans  l'eau  ,  elle  exhale  d'abord 
■une  odeur  fade  de  gluten;  puis  elle  répand  celle  des  matières 
azotées  qui  se  décomposent.  Au  bout  de  trois  mois,  l'eau  con- 
tient une  matière  visqueuse  qui  est  abondamment  précipitée 
par  Tacétate  de  plomb,   et   qui  présente  le^  propriétés   du 


FUN  521 

mucus,  suivant  M.  Braconnot.  L'eau  ne  contient  d'ailleurs  ni 
acide,  ni  ammoniaque.  Quant  à  la  matière  indissoute,  elle  a  la 
forme  de  la  t  angine;  mais  elle  est  molle  et  glaireuse.  Lavée  dans 
l'eau  tiède,  elle  se  réduit  en  une  pulpe  homogène  très-ductile. 

La  fungine,  mis-  sur  un  charbon,  se  torréfie  sans  s'agiter, 
et  exhale  l'odeur  du  pain  grillé.  Elle  prend  feu  à  la  flamme 
d'une  boigie,  et  laisse  une  rendre  blanche. 

38  grammes  de  fungine  desséchée  distillés  dans  une  cornue 
de  verre  ont  donné  : 

I8,o  gr.  huile  brune  épaisse. 
iij5         d'une  eau  tenant  de  l'a- 
cetated  ammoniaque 
légèrement  alcalin. 

0,9         de  phosphate  de  chaus 
tenant    un     peu     de 
phosphate  de   fer  et 
10  gr.  de  cTiarboTi,  qui  ont  laisse  3  gr.  /  d'alumine. 

de  cendre J    0,2,         de  sous  -carbonate  de 

chaux. 
7         de    sable  étranger  au 
champignon. 

(Ch.) 

FUNGOTDASTER.  {Bot.)  Les  diverses  espèces  de  cham- 
pignons que  Micheli  réunit  dans  le  genre  qu'il  désigne  par 
fungoidaster ,  appartiennent  aux  genres  Merulius  et  Helyella 
des  botanistes  modernes,  Micheli  les  partage  en  deux  groupes. 
Dans  le  premier,  Its  semences  sont  à  la  partie  supérieure  du 
champignon  :  Vhelvclla  gelalinosa ,  Dec,  en  fait  partie;  c'est 
le  fun^herelio  di  gelalina  de  Micheli.  Les  autres  espèces  sont 
nommées  par  lui  -.fungo  di  fungo  morto ,  funghini  difoglie  et 
funghetti  di  legrii  morti,  qui  sont  des  helvelles. 

Dans  le  second  groupe,  les  semences  sont  situées  à  la  surface 
inférieure,  et  Micheli  y  rapporte  dix  espèces,  entre  autres  le 
merulius  coniucopioides ,  Pers. ,  que  Linnœus  avoit  placé  dans  le 
genre  Peziza,  et  qui  est  la  trompelte^des  morts  de  Paulet,  et  le 
tromhetto  di  morlo  maggiore  a  cespi ,  de  Micheli.  (Lem.) 

FUNGOIDES.  {Bot.)  Tournefort  désigne  par  ce  nom  des 
champignons  vo'siiis  de  ceux  qu'il  nomme/wragus  {agaricus  et 
boletus  ,  Linn.)  ,  mais  qui  en  diffèrent  parleur  forme  en  tasse, 
en  coupe  et  en  entonnoir,  et  par  l'absence  de  tube  et  de  feuillet 
en  dessous.  Cette  définition  convient  au  genre  Peziza,  tel  que 


522  Ft)N 

Linnseus  l'avoit  admis  d'après  Dillenius.  Ainsi,  lefungoïdes  de 
Tournefort  peut  être  considéré  comme  le  peziza,  Linn.',  bien 
que  quelques  espèces  étrangères  à  ce  genre  y  aient  été  placées. 
Tournefort  y  rapportoit  le  peziza  lentifera  ,  Linn. ,  qui  est  le 
genre  Cjathoides  de  Micheli  ;  le  nidularia  de  Bulliard ,  et  le 
cyathus  de  Haller.  Vaillant  y  plaçoil  le  peziza  cornucopioides , 
Linn.  ,  qui  rentre  dans  le  fungoidaster  de  Micheli  ,  et  est 
maintenant  une  espèce  de  merulius.  Micheli  classe  dans  les 
fungoïdes  des  helvelles,  beaucoup  d'espèces  de pesiza.  Plumier 
y  ramenoit  un  agaricus  d'Amérique,  qui  paroit  être  Vagaricus 
crinitus ,  Linn. 

Dillen  et  Rai  ont  donné  une  acception  différente  au  nom 
de  fungoïdes ,  puisqu'ils  désignent  parla  des  espèces  de  cla- 
varia ,  de  stemonitis  ,  et  les  champignons  que  Paulet  nomme 
les  croissans. 

Les  botanistes  ne  désignent  plus  de  genre  de  champignon 
par  ce  nom  de  fungoïdes.  (Lem.) 

FUNGULUS.  [Bot.)  Mentzel  désigne  par  ce  nom ,  qui  signifie 
petitchampignon,plusieurscryptogamesdef'amillesdifférentes, 
entre  autres,  lepesiza  lentifera,  Linn.  (voyez  Cyathus):  le  lichen 
ericetorum,  Linn.  (voyez  Boemycfs).  etunejilante  qui  paroit  être 
un  lichen  foliacé  ou  une  espèce  d'hépatique  ,  qu'on  a  observée 
dans  les  marécages,  et  qui,  dans  les  belles  nuits  d'octobre, 
brille  d'une  lueur  phosphorique,  semblable  à  celle  du  lam- 
pyre. Cette  plante,  que  Mentzel  seul  a  vue,  devoit  sans  doute 
sa  lumière  à  quelque  matière  animale  en  décomposition  ,  dont 
elle  étoit  enduite.  (Lem.) 

FUNGUS.  (Bot.)  Chez  les  Latins,  on  nommoH  fungu s  les 
champignons  proprement  di(s,  tels  que  les  espèces  d^igaricus 
et  de  boletus ,  Linn. ,  dont  la  consistance  étoit  charnue  ou  spon- 
gieuse. C'est  ce  qu'exprime  le  nom  de  fungus,  qui  dérive  du 
grec  ,sp?iorigos,  éponge.  Pline  paroît  cependant  avoir  restreint 
ce  nom  aux  espèces  à  chapeau  soutenu  par  un  pied,  et  il  les 
classe  en  trois  genres  : 

1.°  Les  fungus  à  feuillets  roses,  les  meilleurs  à  manger,  et  qui 
étoientsans  doute  nos  champignons  de  couche; 

2.°  Les  fungus  a  pied  élevé,  à  chapeau  conique,  comme  les 
bonnets  des  prêtres  flamines,  et  à  feuillets  blancs  :  les  coule- 
melles en  faisoient  probablement  partie; 


FUN  525 

3."  Les  /urtgui garnis  de  tubes  ou  de  pores  en  dessous  dn 
chapeau ,  et  que  Pline  appelle  suillus  et  suilli  ,  et  parmi 
lesquels  se  trouvoient  les  champignons  les  plus  suspects.  Les 
suilli  rentrent  évidemment  dans  le  genre  Boletus  ,  Linn. 
(Voyez  Suiu.is.) 

Mais,  quoique  Pline  paroisse  restreindre  le  nom  defungus 
aux  champignons  que  nous  venons  de  citer,  il  se  sert  cepen- 
dant, dans  beaucoup  de  circonstances  .  de  ce  terme,  d'une  ma- 
nière générale;  et  autant  en  ont  fait  tous  les  botanistes,  jusqu'à 
Tournefort,  qui  jugea  convenable  de  ne  l'appliquer  qu'aux 
champignons  ayant  une  tige,  portant  un  chapeau  uni  en  des- 
sus, et  garni  en  dessous  de  feuillets  ou  de  pores  :  c'étoit  réunir 
les  espèces  de  boletus  et  d'agancus ,  Linn. ,  qui  ont  cette  forme. 
Vaillant  alloit  plus  loin,  puisqu'il  y  joignit  les  genres  UeWella 
et  Hydnuni,  Linn.  On  doit  dire  toutefois  que  ses  espèces  de 
fungus  sont  partagées  par  familles,  qui  représentent  tous  les 
genres  que  nous  venons  de  nommer. 

Micheli  vint,  et  il  donna  le  nom  àc  fungus  à  tous  les  cham- 
pignons, dont  le  chapeau  est  garni  en  dessous  de  lames  ou  de 
feuillets  plus  ou  moins  épais,  sur  lesquels  adhèrent  les  organes 
que  cet  auteur  appeloit  les  fleurs  elles  semences,  les  jiremières 
formées  par  des  filamens  fixés  sur  les  tranches  des  lames,  et 
les  secondes  attachées  sur  l'une  ou  l'autre  surface  des  lames: 
ainsi  Micheli  ne  nomvnoïi  fungus  que  les  agaricus  charnus  et 
spongieux  de  Linnœus,  ou  mieux  le  genre  Amanita  de  Dillen. 
Adanson  suivit  en  partie  l'opinion  de  Micheli  ;  mais  il  ne  plaça 
dans  le  fungus  que  les  espèces  d\igaricus ,  Linn.,  qui  ont  un 
collet  :  il  a  nommé  amanita  le  groupe  où  il  range  les  fungus  à 
stipe  nu. 

Haller  employa  d'abord  le  nom  defungus  dans  le  sens  de 
Micheli  :  mais  il  l'abandonna ,  pour  le  remplacer  par  celui 
d'amanita. 

Avant  Adanson  et  avant  Haller,  Linnaeus  avoit  déjà  pros- 
crit ce  nom  defungus,  comme  nom  de  genre,  et  il  le  donna 
seulement  à  la  dernière  famille  des  cryptogames,  celle  des 
champignons  {fungi) ,  et  depuis  lors,  ce  mot  n'a  pas  eu  d'autre 
signification. 

Par  ce  que  je  viens  de  dire  ,  on  a  pu  juger  que  le  nom  de 
fungus  a  été  particulièrement  affecté  aux  espèces  du  genre 


624  FUN 

^gancu5  de  Linnaeus,  puisque  la  majeure  partie  des  espèces  de 
champignons  décrites  jusqu'à  Linnœus  appartiennent  à  ce 
genre,  omis  à  sa  lettre  dans  ce  Dictionnaire;  et  c'est  ce  qui 
nous  a  engagés  à  le  décrire  sous  le  nom  de  Fonge,  qui  n'est 
que  la  traduction  française  du  nom  latin.  Voyez  Fonge.  (Lem.) 

FUNGUS.  {Bot.)  Yoy.  Stellifera.    (Lem.) 

FUNGUS  C^SAREUS.  {Bot.)  Un  empereur  romain  appe- 
loit  l'oronge  le  manger  des  dieux,  et  voilà  pourquoi  ce  cham- 
pignon a  été  appelé/i//xg«s  cœsareus.  (Lem.) 

FUNICULARIUS.  {Bot.)  Le  fucus  loreus ,  Linn. ,  remar- 
quable par  sa  fronde  dichotome  ,  et  semblable  à  un  paquet 
de  courroies  ou  de  cordes ,  est  le  type  du  genre  nommé  Fu- 
nicularius  par  Roussel,  dans  sa  Flore  du  Calvados.  Ce  genre 
est  encore  caractérisé  par  l'absence  des  vésicules,  et  parce 
que  sa  fronde  est  fixée  au  centre  d'une  petite  rondelle  nicin- 
hraneuse  et  radicale.  Ce  genre  n'a  pas  été  adopté.  Voyez 
Fdcus,§.  IX.  (Lem.) 

FUNICULE.  {Bot.)  On  nomme  funicule,  ou  cordon  ombi- 
lical, le  cordon  vasculaire  qui  part  du  placentaire  ,  et  aboutit 
a  la  graine.  Dans  le  magnolia  grandi/lora ,  le  funicule  a  deux 
centimètres  de  long,  et  lorsque  le  fruit  est  ouvert,  les  graines 
pendent  tout  autour,  attachées  à  l'extrémité  de  ce  cordon. 
Dans  une  multitude  de  plantes,  le  funicule  est  très-court 
(haricot ,  genêt ,  ricin ,  etc.),  ou  souvent  il  n'existe  pas ,  et  alors 
les  graines  sont  fixées  immédiatement  sur  le  placentaire  (pri- 
j/iulacées,  pavot,  etc.).  (Mass.) 

FUNICULEE  [Graine]  {Bot.),  ayant  un  funicule  ou  cordoa 
Ombilical  {magnolia  grandifiora  ,  plumbaginées  ,  etc.j.  Par 
opposition,  lorsque  la  graine  est  attachée  au  placenta  sans 
l'intermédiaire  d'un  funicule,  on  la  dit  sessile  (  priuiulucées, 
pavot,  etc.  ).  (Mass.) 

FUNICULINE  ,  Funiculina.  {Zocph.)  Division  du  genre 
Pennatule  de  Linnaeus  ,  établi  par  M.  'le  Lamarck,  Animaux 
sans  vert. ,  t.  2  ,  p.  402  ,  pour  quelques  espèces  dont  les  cellules 
polypifères  sont  disposées  par  rangées  longitudinales,  sur  ua 
corps  commun,  filiforme,  contenant  un  axe  grêle,  corné  ou 
subpierreux  :  d'où  il  est  aisé  de  voir  que  ce  sjenre  ne  diffère 
des  vérélilles,  que  parce  que  le  corps  cornniîin  ,  dans  ces  der- 
niers, est  moins  long,  plus  épais,  et  surtout  que  les  polypes 


FUR  5.5 

y  sont  placés  sans  ordre  bien  apparent.  Aussi  M.  Ocken  en 
fait-il  des  espèces  de  ce  dernier  genre.  M.  de  Lamarck  y  range 
trois  espèces,  qui  sont  : 

1.°  La  FoNiccMNE  cylindrique:  Futiiculinacjlindrica,  Lmck; 
Pennatula  mirabilis,  Pall. ,  Zooph.,  p.  Syi;  Linn.,  Mus.reg.y 
t.  19,  f.  4.  Corps  commun  fort  alongé,  cylindrique,  grêle, 
flexible,  ayant  l'aspect  d'une  petite  corde  blanche;  garni  dans 
presque  toute  sa  longueur  de  papilles  lurbinées,  courbées, 
ascendantes ,  disposées  d'une  manière  alterne  sur  deux  rangées 
longitudinales  :  axe  subcapillaire.  De  l'Océan  américain  ? 

C'est  à  tort  que  cette  espèce  a  été  confondue  avec  la  pen- 
natula mirahlis,  qui  vient  des  mers  du  Nord,  et  dont  M.  de 
Lamarck  fait  son  virgularia  mirabilis. 

2°  La  FuNicuLiNÉ  TKTRAGONE  :  FunicuUna  tetragona,  Lmck.; 
Pennatula  quadrangularis  ,  Pall.,  Bodsach.  mar.  ,  t.  9,  fig- 4' 
Espèce  de  plus  de  deux  pieds  de  long,  linéaire,  tétragone, 
couverte  sur  une  seule  face  de  polypes  très-nombreux,  très- 
serrés,  disposés  sur  trois  rangs.  De  la  mer  Méditerranée? 

5.°  La  FuNicuLiNE  stellifère  :  FunicuUna  stellifera,  Lmck.; 
Pennatula  stellifera,  MuU. ,  Zool.Dan.,  t.  36,  fig.  1,  3.  Tige 
simple,  égale,  n'offrant  des  polypes  que  vers  son  extrémité. 
Cette  espèce,  qui,  suivant  M.  de  Lamarck  lui-même,  n'est 
peut  être  qu'une  vérétille  ,  vit  en  partie  enfoncée  dans  le 
limon  des  mers  de  Norwège.  Muller  dit  que  les  polypes 
n'ont  que  six  tentacules,  ce  qui  nous  paroit  un  peu  douteux. 
(DeB.) 

FUNOU  {Conchfl.) ,  nom  vulgaire  donné  par  Adanson  à  une 
très-petite  coquille  du  genre  Buccin.  (De  B.) 

FUR.  (Ornith.)  Ce  nom  est  donné,  ainsi  que  celui  de  frum, 
par  Bartholin,  dans  le  tome  1."  des  Mémoires  académiques 
de  Copenhague,  au  labbe  à  longue  queue  de  Buffon ,  sfrunf- 
jager  de  Ray  et  de  Martens,  larus  parasiticus  ,  Linn.  Pline 
désigne,  par  la  dénomination  de/urn-ocfurnus,  l'engoulevent, 
caprimulgus  europœus,  Linn.  Le/"r  pu//orum.  de  Schwenckfeld 
est  le  milan  commun, /aico  mil^us,  Linn.  (Ch.  D.) 

FURAN  {Bot.),  nom  japonois  ,  cité  par  Kaempfer,  d'un 
an  grec,  epidendrum  moniliforme  de  Linnaeus.  (J.) 

FURCELLARIA.  (  Bot.)  Genre  de  plantes  cryptogames  ,  de 
la   famille    des  algues  ,    section   des    fucacées  ,   établi   par 


526  FUR 

M.  Lamouroux ,  et  adopté  par  Agardh.  Ce  genre  est  carac- 
térisé par  la  fructification  ,  qui  forme  ,  à  l'extrémité  des 
rameaux,  des  renllemeiis  en  forme  de  siliques  raboteuses, 
subulées,  simples  ou  bifurquées.  La  tige  et  ses  divisions  sont 
cylindriques  et  nues.  Lorsque  les  séminules  sont  tombées, 
l'extrémité  des  rameaux  est  comme  tronquée  ,  puis  il  en 
sort  de  nouveaux  prolongemens  fructifères.  Les  espèces  sont 
peu  nombreuses,  d'une  consistance  cartilagineuse.  C'est  dans 
ce  genre  que  rentre  en  partie  le  Furcellarius  de  Roussel. 

Le  FuRCELLARiA  LOMBRIC  :  Furcelluria  lumbricalis  ,  Agardh, 
Synops.-  Fucus  lumhrtcalis ,  Gmel. ,  Fuc,  tab.  6,  f.  2;  Turn., 
Fucus  fur  cellatus  ,  Linn.  Fronde  cylindrique ,  filiforme  ,  dicho- 
tome,  fastigiée;  les  dernières  divisions  sont  fourchues,  à  angles 
aiguës.  Cette  plante  marine  s'élève  de  cinq  à  six  pouces,  et 
adhère  aux  rochers  par  une  racine  fibreuse  ;  elle  est  olivâtre, 
ou  d'un  brun  olive  ;  lorsqu'elle  est  vivante,  elle  devient  très- 
noire  par  la  sécheresse;  elle  est  de  nature  cartilagineuse. 
Agardh  a  vu  ,  pendant  l'hiver,  dans  la  partie  renflée  des  ra- 
meaux ,  des  verrues  éparses  qui  renfermoient  des  corpus- 
cules (séminules  ?  )  brunâtres.  Cette  espèce  croit  sur  toutes 
les  côtes  de  l'Océan  européen,  et  même  sur  les  côtes  d'Amé- 
rique. 

Quelques  auteurs  y  rapportent,  comme  une  variété  d'une 
petite  taille,  le  fucus  fastigiatus,  Linn.,  et  Gmel. ,  Fuc.  ,t.  6  , 
f.  1.  Plusieurs  autres  botanistes,  au  contraire,  l'en  distinguent , 
et  en  font  une  espèce  à  part  ;  elle  se  trouve  particulièrement 
dans  la  mer  Baltique  et  dans  l'Océan  septentrional. 

Le  FuRCELLARiA  LYCOPODIOÏDE  :  Furcellarta  Ijcopodioides  , 
Agardh,  Sjnops.  ;  Fucus  lycopodioides ,  Gunner  ;  Turn. ,  Hist,^ 
tabl.  12  ;Conferva  squarrosa ,  FI.  Dan.  ,  tabl„  Sôy.  Filiforme  , 
presque  simple,  couverte  de  toutes  parts  de  petits  rameaux 
sétacés  de  la  longueur  de  l'ongle  ,  simples  ou  bifurques.  Cette 
plante  forme  destoulTesde  cinq  à  six  pouces  de  longueur,  d'un 
brun  rougeàtre,  qui  se  change  en  noir  parla  dessiccation.  Sa 
substance  est  cartilagineuse  et  roide.  Se  trouve  dans  le  Nord  , 
en  Suède  et  en  Islande.  (  Lem.  ) 

FURCELLARIUS.  {Bot.)  Genre  établi  par  Roussel,  dans 
sa  Flore  du  Calvados,  pour  placer  les  fucus  fureellatus,  Linn.; 
corneus  ,  Linn.,  et  fastigiatus ,  Linn.  ,  dont  la  fronde  est  di- 


FUR  5.7 

cholome,  et  les  dernières  divisions  terminées  par  deux  pe- 
tites branches  en  forme  de  fourche.  Ce  genre  ne  diffère  du 
Furcellaria  de  Lanioiiroux,  que  parce  qu'il  renferme  le/ucus 
corneus,  qui  s'en  écarte  sous  plus  d'un  rapport,  et  que  La- 
mouroux  place  dans  son  genre  Gelidium,  et  Agardh  dans 
celui  qu'il  désigne  par  Sphœrococcus.  (Lem.) 

FURCELLE,  Furcella.  {Conchjl.)  M.  de  Lamarck,  dans  la 
première  édition  de  ses  Animaux  sans  vertèbres,  avoit  proposé 
de  faire  sous  ce  nom  un  genre  du  tube  calcaire  terminé  par 
deux  autres  tubes  plus  petits,  qui  a  été  figuré  dans  Rumph , 
pi.  41?  ^g-  D  E.  L'animal  qui  forme  ce  tube  doit  être  évi- 
demment fort  voisin  des  tarels,  et  surtout  des  fistulanes.  C'est 
le  soleaarenarius  de  Rumph  ;  le  serpulapolj'thalamiade  Gmelid  , 
que  M.  Denys  de  Montfort  rapporte  à  tort  comme  synonyme 
du  serpula  auguina,  type  de  son  genre  Jgathirsis,  qui  est  le 
SiLiyuARiA  de  M,  de  Lamarck.  Voyez  ce  mot  etSEPXARiA.  (DeB.) 
FURCHENHUT  (  Bo/.)  ,  nom  allemand,  imposé  par  Bride! 
au  genre  de  la  famille  des  mousses,  qu'il  appelle  Glyphomi- 
TRiUM.  Voyez  ce  mot.  (  Lem.  ) 

FURCOCERQUE,  Furcocerca.  (Jn/us.)  Subdivision  générique 
établie  par  M.  de  Lamarck  parmi  les  espèces  de  cercaires  de 
Muller,  et  qui  comprend  celles  qui  ont  le  corps  terminé  par 
un  appendice  double  ou  bifide.  Elles  sont  au  nombre  de  huit 
savoir  : 

1.°  La  FuRCOCEîiQUE  PODURE  ;  Furcocerca  podura ,  Lmck., 
Enc.  méth.,  pi.  9  ,  fig.  1 ,  5.  Cylindrique,  acuminée  en  arrière; 
la  queue  à  peine  bifide.  Eaux  de  marais. 

2."  La  FuRcocERyuE  verte;  Furcocerca  viridis,  Lmck.,  Enc. 
mélh.,  pi.  g,  fig.  6,  i3.  De  même  forme,  mais  très-chan- 
geante; la  queue  plus  profondément  bifide.  Eaux  stagnantes. 
3.°  La  FcRCOCERQUE  bourse;  Furcocerca  crumena,  Lmck., 
1.  c.,  fig.  19,  21.  Plus  ventrue,  tronquée,  oblique  en  avant} 
la  queue  linéaire  terminée  par  deux  pointes.  Infusion  de  Vulve, 
Linn. 

4.°  La  FuRCocERQUB  CATELLE  ;  Furcoccrca  catellus  ,  Lmck. ,  1.  c, 
fig.  20,  23.  Corps  divisé  en  trois  parties;  la  queue  terminée 
par  deux  soies.  Eaux  des  marais. 

5.°  La  FuRCOCERQDE  catelline;  Furcocerca  catellina ,  Lmck., 
1.  c,  fig.  24,  ?5,  Très-rapprochée  de  la  précédente,  dont  elle 


S28  FUR 

ne  (liflFère  guère  que  parée  que  la  queue  est  seulement  terminée 
par  deux  pointes.  Eaux  des  fossés. 

6."  La  FuRcocERQUE  loup;  Furcocerca  lupus  ^  Lmck. ,  1.  c, 
fig.  26 ,  29.  Cylindrique ,  aiongée  ;  la  queue  terminée  par  deux 
épines.  Eaux  stagnantes. 

7.°  La  FuRcocERQUE  ORBicuLAiRE  ;  Furcocevca  orlicul&ris , 
Lmck.,  1.  c.,  pi.  10,  fig.  8.  De  forme  orbiculaire;  la  queue 
terminée  par  deux  soies  fort  longues.  Eaux  stagnantes. 

8.°  La  Fdrcocerque  lune;  Furcocerca  luna,  Lmck.,  1.  c. , 
fig.  9 ,  1  o.  Ne  diffère  de  la  précédente  que  par  la  brièveté  des 
épines  de  la  queue.  Des  eaux  stagnantes. 

Sur  l'organisation  de  ces  animaux,  et  les  considérations  gé- 
nérales auxquelles  ils  peuvent  donner  lieu,  voyez  Infusoires» 
(De  B.) 

FURCRŒA  (Bot.),  Ventenat  observoit  dans  la  fleur  d'un 
pitte,  agave  fœtida,  un  calice  divisé  plus  profondément  que 
dans  ses  congénères;  des  étamines  ne  débordant  pas  ce  calice; 
leurs  filets  élargis  à  la  base  ;  un  style  plus  épais  par  le  bas ,  et  uu 
stigmate  plus  divisé.  Il  crut  pouvoir  en  faire  un  genre  particulier, 
qu'il  consacra  à  la  mémoire  de  Fourcroy;  mais  ces  distinctions 
ont  paru  insuffisantes,  et  on  trouve  même  dans  Vagave  vivipara 
des  étamines  débordantes,  et  d'autres  qui  ne  débordent  pas. 
En  conséquence,  ce  genre  n'a  pas  été  adopté.  (J.) 

FURET  {Mamm.)  ,  nom  .françois  d'une  espèce  de  Marte. 
Voyez  ce  mot.  (F.  C.  ) 

FURET  DE  JAVA.  (  Af  amm.)  On  trouve,  dans  Seba,  tab.  48, 
fig.  4,  la  figure  d'un  animal  désigné  par  ce  nom  ,  dans  lequel 
on  a  cru  reconnoître  le  Vansire.  Voyez  ce  mot.  (  F.  C.) 

FUFiET  DES  INDES.  (Mamm.)  Brisson  donne  ce  nom  à  une 
mangouste.  (F.  C.) 

FURET  [Grand]  [Mamm.).  M.  d'Azara  désigne  sous  ce  nom 
le  Grison.  Voyez  ce  mot  et  Glouton.  (F.  C.  ) 

FURET  [Petit]  [Mamm.)  ,  nom  que  M.  d'Azara  donne  au 
Tayra.  Voyez  ce  mot  et  Glouton.  (F.  C. ) 

FURETTO  {Mamm.)  ,  un  des  noms  italiens  du  furet.   (F.C.) 

FURIE  ou  Grande  Came  flamboyante.  (  Conchjl.)  C'est 
l'arche  velue,  arca  pilosa,  avec  son  épiderme.  (De  B.) 

FURIE,  Furza.  (Entozoair.)  Sous  ce  nom,  Solander,  No^'. 
act.  Ups.,  vol.  1 ,  p.  4/»,  58,  a  décrit,  d'après  ce  qu'o»  lui  a 


rapporté,  et  sans  l'avoir  jamais  vu,  un  animal  très-probablt- 
ment  fabuleux,  qui  a,  dit-on,  le  corps  filiroruie,  continu, 
égal  et  cilié  de  chaque  côté  par  des  aiguillons  réfléchis,  dé- 
primés, et  qui,  dans  la  Suède  septentrionale,  surtout  en 
Laponie,  produit  la  maladie  qu'on  appelle  skatt  (jcfuj),  en 
tombant  de  l'air  sur  les  hommes  et  les  bestiaux.  Linnœus, 
Amœnit.  acad.,  vol,  5,  p.  322,  dit  avoir  reçu  un  de  ces  vers 
desséché,  mais  dans  un  si  mauvais  état  qu'il  lui  a  été  impos- 
sible de  définir  à  quel  genre  et  îi  quelle  espcce.il  pouvoit 
appartenir.  Car.  Godef.  Hagen,  dans  une  dissertation  ayant 
trait  à  l'histoire  de  la  furie  infernale,  croit  à  son  existence, 
quoiqu'il  convienne  qu'aucun  auteur  digne  de  foi  ne  l'ait 
vue  ;  et  Adolphe  Modeer,  Nja  veleusk.  academ.  HaudL,  1795, 
place  encore  cet  animal  avec  la  filaire  de  Médine,  à  laquelle 
il  suppose  à  tort  des  appendices  sétacés.  Les  auteurs  les  plus 
modernes,  comme  MM.  Blumenb.ich,  Rudolphi,  de  Lamarck 
Cuvier,  etc.,  n'en  parlent  que  comme  d'un  animal  fabuleux' 
(Dk  B.) 

FURINE.  {Bot.)  C'est,  au  rapport  de  Kaempfer,une  espèce 
de  chardon  cultivée  au  Japon,  à  cause  de  sa  fleur  bleue  em- 
ployée dans  les  teintures.  Sur  cette  indication  il  pourroit 
être  rapporté  au  genre  Carduncellus.  (J.) 

FURNARIUS  {Ornith.) ,  nom  latin  appliqué  par  M.  Vieillot 
au  genre  Fournier,  (Ch.  D.) 

FURO  (Mamm.) ,  un  des  noms  latins  du  furet ,  et  vraisem- 
blablement la  souche  de  la  plupart  des  noms  de  cet  animal 
dans  les  langues  dérivées  du  latin.  (F.  C.  ) 

FURO-TOO.  {Bot.)  Voyez  Kimpoge.  (J.) 

PURS  (Bot.),  un  des  noms  japonois  de  l'armoise  ordinaire 
suivant  M,  Thunberg.  (J.) 

FURUNCULUS.  {Mamm.)  On  a  quelquefois  donné  ce  nom 
latin  au  furet,  et,  en  y  ajoutant  l'épithète  sciuroides  ,  Messer 
Schmit  l'a  appliqué  à  l'écureuil  suisse.  Voyez  Ecureuil 
(F.C.) 

PURZO-CHAT.  {Ornith.)  Les  Anglois  donnent  ce  nom,  et 
celui  de  whin-chat,  au  grand  traquet  ou  tarier,  motacilla 
rubetra,  Linn.  (Ch.  D.) 

FUS.  {Ornith.)  On  appelle  ainsi,  à  Turin,  le  blongios  , 
ardea  minuta  et  danuhialis,  Gmel.  (Ch.  D.) 

^7*  34 


550  FUS 

FUSAIN  (  Bot.),  E.on^-mus,  Unu.  Genre  de  plantes  dicoty- 
lédones,  de  U  pentandru  monoajnie  du  système  sexuel,  et  de 
U  famille  dcsrhamn«es  de  Jussieu,  dont  hs  principaux carac 
tères  sont  les  suivans  :  Calice  monophylle,  presque  plane, 
parlaoé  en  quatre  ou  cinq  divisions;  corolle  de  quatre  ou  cinq 
pétales  alternes  avecles  découpures  du  calice,  et  insérés  sur 
îe  bord  d'un  disque  qui  occupe  le  cenlre  de  la  tleur;  quatre 
à  cinq  étamines  insérées  sur  des  glandes  saillantes,  au-dessus 
du  disque  ;  un  ovaire  supérieur ,  à  demi  enfoncé  dans  le  disque, 
surmonté  d'un  style  court,  à  stigmate  obtus;  une  capsule  a 
quatre  ou  cinq  angles,  à  quatre  ou  cinq  loges,  contenant 
chacune  une   ou   deux  graines   enveloppées    d  une    tumque 

pulpeuse.  .       , 

Les  fusains  sont  des  arbrisseaux  à  feuilles  simples,  oppo- 
sées  et  à  fleurs  axillaires ,  portées  sur  des  pédoncules ,  souvent 
rameux  et  dichotomes.  On  en  connoit  sept  espèces,  toutes 
indigènes,  excepte  deux,  de  Tancien  continent. 

FcsMN  p'EuHO.E  :  Vulgairement  Fusen  ,  Bo.s  a  lardoire  , 
Bonnet-de-Prêtre  ;  E.onjmus  europcvu, ,  Linn. ,  Spec.  28G : ^ull. , 
Herb  t  i35.  Arbrisseau  de  douze  à  quinze  pieds  de  haut, 
divisé' en  branches  et  en  rameaux  quadrangulaires,  surtout 
dans  leur  jeunesse.  Ses  fettiUes  sont  lancéolées,  dentées, 
glabres,  portées  sur  de  courts  pétioles;  ses  Heurs  sont  petites, 
blanchâtres,  presque  toutes  quadriti.ies,  et  disposées  sur  des 
pédoncules  rameux,  opposés  d.ns  les  aisse  les  des  fe^.Ues  ; 
ses  fruits  sont  des  capsules  a  quatre  lobes  obtus,  d  un  rouge 
éclatant,  à  Fépoque  de  leur  iftaturité,  dans  l'espèce  commune  , 
et  d'une  couleur  rose,  ou  même  blanche,  dans  deux  variétés 
qu'on  ne  trouve  que  dans  les  jardins.  Le  fusain  croît  natu 
relleiaent  dans  les  bois  et  dans  les  haies  ,  en  H-ance  en  Alle- 
magne, en  Angleterre ,  et  dans  une  grande  partie  de  1  Europe. 
Il  fleurit  en  mai  et  en  juin.  ,       ,    .  •     m 

On  plante  assez  souvent  le  fusain  dans  les  haies;  ma.s  il 
n'est  pas  de  beaucoup  de  défense.  Depuis  le  -^f^^'^^^''"^!"^ 
iusque  très-avant  dans  l'hiver,  il  reste  chargé  de  fruits ,  et  il  fait 
LZ  un  fort  joli  etfet.  Cette  considération  lui  a  fait  trouver 
place  dans  les  jardins  paysagers,  où  sa  culture  n'exige  aucun 
Toin  particulier.  On  le  multiplie  facilement  de  grame^.  ^ 
drageons,  de  marcottes,  e.  même  de  boutures;  il  vient  bien 


FUS  fi3i 

dans  toute  espèce  de  terre,  pourvu  qu'elle  ne  soit  pas  trop 
aride  ou  trop  marécageuse. 

Sou  bois  est  jaunâtre;  il  a  le  grain  fia  et  serré,  ce  qui  per- 
met de  l'employer  pour  les  ouvrages  de  tour  ou  de  marque- 
terie, lorsqu'il  a  acquis  certaines  diuieiisions,  ce  qui  lui  arrive 
i-arement,  parce  qu'on  le  laisse  rarenieiit  croître  en  liberté. 
On  en  fabrique  aussi  des  v;s,  des  fuseaux  et  des  lardoires;  mais 
il  n'est  pas  sans  inconvénient  de  remployer  à  ce  dernier  usage  , 
car  on  assure  qu'il  cause  des  nausées  aux  ouvriers  qui  le  tra- 
vaillent, et,  à  plus  forte  raison  ,  peut-il  communiquer  ses  mau- 
vaises qualités  aux  viandes.  Ou  remploie,  quand  il  est  réduit 
en  charbon,  dans  la  fabrication  de  la  poudre  à  canon  ;  et  les 
dessinateurs  se  servent  de  ce  même  charbon,  fait  avec  ses 
jeunes  rameaux,  en  guise  de  crayon,  pour  tracer  des  esquisses, 
parce  qu'il  s'efface  facilement. 

Ses  fruits  ont  un  goût  acre  et  nauséeux  :  on  les  dit  émétiques 
et  purgatifs:,  mais  ils  ne  so:it  pas  usités  en  médecine,  parce 
qu'on  ne  connoit  pas  bien  leur  véritable  manière  d'agir. 
Quelques  petits  oiseaux,  comme  le  moineau,  le  rouge-gorge, 
pîiroissent  quelquefois  les  béqueter;  cependant,  en  les  tuant 
sur-le-champ,  on  n'en  a  jamais  trouvé  dans  leur  gésier,  ce  qui 
paroît  prouver  qu'ils  ne  servent  point  à  leur  nourriture.  Dans 
certains  cantons,  on  retire  des  graines  une  Jiuile  pour  brûler 
dans  les  lampes;  en  Allemagne,  on  fait  usage  des  rapsults  dans 
les  teintures  communes,  et  on  en  prépare  une  couleur  rou- 
gcàtre;  ailleurs,  ou  fait  sécher  ces  capsules,  on  les  réduit  en 
poudre,  et  on  les  emploie  extérieurement  pour  faire  mourir 
la  vermine,  ou,  en  les  faisant  infuser  dans  le  vinaigre,  on  s'en 
sert  pour  guérir  la  gale  des  animaux  domestitjues.  Les  auteurs 
ne  sont  pas  d'ailleurs  d'accord  sur  toutes  les  propriétés  de  cet 
arbrisseau  :  Cluslus  rapporte  avoir  vu  des  chèvr«  s  manger  st\s 
feuilles  avec  avidité;  Linnseus  et  Willich  disent  que  les  bes- 
tiaux en  général  les  broutent  volontiers,  ainsi  que  les  jeunes 
pousses,  tandis  que  Gmelin  assure  qu'elles  tuent  les  bi'ebis  quX 
en  mangent. 

Fusain  a  feuilles  larges  :  Evonjymus  laiifolius,  Lauik.,  Dict. 
enc,  u,  p.  672;  Nouv.  Duham.,  vol.  ,5,  p.  24,  t.  7.  Cette 
espèce  diffère  de  la  précédente  par  la  largeur  bien  plus  con- 
sidéfabie  de  ses  ftuillee;  par  ses  ileurs  presque  toutes  ijuin- 


532  FUS 

quéfides,  à  pélalrs  ovales,  et  par  ses  capsules  à  cinq  angles 
comprimés,  tranclians,  minces  comme  des  ailes.  Elle  croît  en 
Autriche ,  en  Hongrie ,  en  Suisse ,  et  dans  les  bois  montagneux 
du  midi  de  la  France.  On  peut,  pour  les  usages  et  les  pro- 
priétés, l'assimiler  en  tout  à  l'espèce  précédente. 

Fusain  galeux;  Es'onymus  verrucosus,  Jacq.,  Flor.  Aust.,  5, 
p.  48,  t.  289.  Arbrisseau  très-rameux,  très-touffu,  ne  s'éle- 
vant  guère  au-delà  de  quatre  à  six  pieds,  remarquable  par  les 
points  élevés,  verruqueux  et  brunâtres,  dont  ses  rameaux 
sont  chargés;  du  reste,  ses  feuilles  sont  ovales,  glabres,  lui- 
santes; ses  pédoncules  sont  filiformes,  trifides  à  leur  sommet, 
charçrés  de  trois  à  sept  fleurs  quadrifides  ,  d'un  pourpre  brun 
et  à  pétales  arrondis.  11  croît  naturellement  en  Hongrie,  en 
Autriche  ,  et  est  cultivé  dans  les  jardins  de  botanique  et 
quelques  jardins  paysagers.  II  faut  le  placer  dans  une  exposi- 
tion plus  chaude  que  froide,  et  ses  fruits  mûrissent  rarement 
dans  le  nord  de  la  France.  Il  prend  difficilement  de  boutures; 
on  le  multiplie  ordinairement  de  marcottes,  ou  en  le  greffant 
sur  le  fusain  commun. 

Fusain  noir  pourpre;  Evonymus  atropurpureus ,  Jacq. ,  Horf. 
Vind.,  2,  p.  55,  t.  120.  Cette  espèce  a  le  port  du  fusain  com- 
mun; elle  en  diffère  par  ses  fleurs  d'un  pourpre  noirâtre,  à 
pétales  arrondis,  à  stigmates  tétragones,  et  par  ses  capsules 
anguleuses.  Elle  est  originaire  de  l'Amérique  septentrionale. 
On  la  cultive  en  Europe,  depuis  17 56. 

Fusain  d'Amérique  :  Eyonjmus  americanus ,  Linn.,  Spec, 
286;  Nouv.  Duham.,  3  ,  p.  26,  t.  9.  Cet  arbrisseau  s'élève  à 
la  hauteur  de  huit  à  dix  pieds;  ses  feuilles  sont  ovales-lancéo- 
lées, d'un  vert  foncé,  sessiles  ou  presque  sessiles;  ses  pédon- 
cules sont  axillaires,  très-menus,  et  ne  portent  chacun  que 
deux  à  trois  fleurs,  d'un  vert  blanchâtre  ou  jaunâtre,  toutes 
quinquéfides,  à  pétales  arrondis;  ses  capsules  sont  à  cinq 
lobes  arrondis,  et  hérissés  de  petits  tubercules  verruqueux. 
Cette  espèce  croît  naturellement  dans  la  Virginie,  la  Caro- 
line, et  autres  parties  de  1  Amérique  septentrionale.  Elle  est 
cultivée  en  Europe,  depuis  plus  de  cent  ans.  Son  feuillage 
toujours  vert  la  rend  propre  à  servir  à  la  décoration  des  bos- 
quets d'hiver. 

Fusain  odorant  :   Ei'onymus  tohira  ,  Thunb. ,  F/.  Jap.,  99  ; 


FUS  553 

Tohera  seu  tolira,  Kœmpf. ,  Amœn.  Fasc,  5,  p.  796  ,  t.  797. 
Ce  fusain  s'éiève  à  douze  ou  quinze  pieds;  ses  rameaux  sont 
aiternes,  ses  feuilles  oblongues  ou  cunéiformes,  obtuses,  lui- 
santes en  dessus,  réticulées  en  dessous; ses  ileurssonl  blanches, 
disposées,  au  sommet  des  rameaux,  enbouquet  ouibeliiforme. 
Cet  arbrisseau  croit  au  Japon;  il  a  le  bois  mou  et  contenant 
beaucoup  de  moelle.  Son  écorce  est  remplie  d'un  suc  laiteux, 
fétide,  susceptible  de  s'épaissir  sous  la  forme  d'une  résine 
blanche. 

Fusain  du  Japon;  E^onymusjaponicus,  Thunb. ,  Flor.  Jap.,  1 00. 
Arbrisseau  de  quatre  à  six  pieds,  dont  les  feuilles  sont  ovales, 
obtuses,  dentées,  etdont  les  fleurs  sont  blanches,  quadrifides, 
disposées  en  panicules  axillaires.  Il  a  été  observé  au  Japon, 
par  Kasmpfer  et  Thunberg. 

L.'evonj'mus  chinensis ,  Lour. ,  Flor.  Coch. ,  1,  p.  i94?  paroit 
avoir  plus  de  rapport  avec  les  celastres  qu'avec  les  fusains,  et 
doit  être  rapporté  à  ce  dernier  genre.  (  L.  D.  ) 

FUSAIRE,  Fusariuin.  (Bot.)  Genre  établi  par  Link,  et  que 
depuis  il  a  réuni  au  fusidium.  (  Lem.  ) 

FUSANE,  Fusaniis.  (Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones, 
à  fleurs  incomplètes,  de  la  famille  des  éléagnées,  de  la  tétran- 
drie  monogynie  de  Linnœus  ,  offrant  pour  caractère  essentiel: 
Un  calice  supérieur,  à  quatre,  rarement  à  cinq  découpures; 
point  de  corolle;  quatre  étamines  opposées  aux  divisions  du 
calice;  un  ovaire  inférieur;  un  style  très-court,  quatre  stig- 
mates; un  drupe  monosperme. 

FusANE  COMPRIMÉE  :  F«5an.i/5  compressus ,  Linn.:  Lamk.,  III. 
g^e». ,  tab.  70  ,  et  Encycl.  Supp.  ;  Colpoon  compressum,  Berg. , 
Cap.,  p.  38  ,  tab.  1,  fig.  1  ;  Thesium  colpoon,  Linn.,  Supp.,  161  ; 
Evonymus  colpoon,  Lamk.,  Encycl.  Après  avoir  été  réunie  à 
plusieurs  genres  différens,  il  a  été  enfin  reconnu  que  cette 
espèce  devoit  former  un  genre  particulier.  C'est  un  arbre  du 
cap  de  Bonne-Espérance,  de  médiocre  grandeur,  très-rameux; 
ses  rameaux  sont  glabres,  d'un  blanc  grisâtre,  très-comprimés, 
à  quatre  angles  tranchans,  garnis  de  feuilles  opposées,  ovales, 
asstz  semblables  à  celles  du  buis,  glabres,  coriaces,  entières ^ 
un  peu  aiguës,  de  couleur  glauque,  à  peine  longues  d'un 
pouce,  plus  grandes  que  les  entre-nœuds;  les  pétioles  très- 
courts,  anguleux.  Les  Heurs  sont  disposées  en  petites  grappes 


m  FUS 

rameuses,  terminales, presque  fasciculéessurlcs  ramifications 
du  pédoncule  commun.  Parmi  un  grand  nombre  de  fleurs 
hermaphrodites,  on  en  trouve  quelques  unes  màJes  ou  sté- 
riles. Le  calice  est  turbiné,  d'une  seule  pièce,  à  quatre, 
quelquefois  cinq  découpures  ovales,  un  peu  concaves-,  point 
de  corolle;  les  filamens  des  éîamines  très-courts,  attachés 
vers  la  base  du  calice,  soutenant  des  anthères  arrondies;  un 
ovaire  inférieur,  glanduleux  en  dessus;  le  style  presque  nul; 
quatre  stigmates  obtus  et  en  croix.  Le  fruit  est  un  drupe 
ovale,  point  couronné,  ombiliqué  au  sommet,  à  une  seule 
loge,  ne  contenant  qu'une  seule  semence. 

M.  Rob.  Brown  a  ajouté  à  ce  genre  trois  nouveHcs  es- 
pèces découvertes  à  la  Nouvelle-Hollande.  i.°  Fusanus  spi- 
catus  ,  Brown ,  ISov.  Holl.  ,355.  Ses  tiges  sont  arborescentes; 
ses  feuilles  lioéaires-oblongues ,  un  peu  obtuses,  mutiques; 
les  fleurs  disposées  en  épis  axillaires  et  ramenx.  2.°  Fusanus 
acuminatus  ,  Brown,  1.  c.  Tige  ligneuse  ,  garnie  de  feuilles 
lancéolées,  terminées  par  une  pointe  en  crochet;  les  fleurs 
disposées  en  une  grappe  terminale  ramifiée  à  sa  base.  3."  Fu- 
sanus crassifolius ,  Brown,  1.  c.  Ses  tiges  sont  ligneuses;  les 
rameaux  tétragones  ;  les  feuilles  épaisses  ,  linéaires  ,  obtuses; 
les  pédoncules  .'ixillaires,  peu  garnis  de  fleurs,  f  FotR.) 

FUSANUS.  {Bot.)  Crescentius,  ancien  auteur  d'agriculture, 
nommoit  ainsi  le  genre £^'o^ymus,  d'où  est  venu  probablement 
son  nom  François /i/5ajii-.  Il  étoit  aussi  nommé  fusoria,  et  en 
italien, /«sara,  suivant  Dalechamps,  parce  qu'on  faisoit  avec 
son  bois  de  bons  fuseaux.  Cet  arbre,  suivant  C.  Bauhin,  est 
le  tefragonia  de  Théophraste,  le  siler  de  Pline.  Linnaeus  a 
appliqué  le  nom  fusanus  à  un  autre  arbre  du  cap  de  Bonne- 
Espérance  ,  décrit  auparavant  par  Bergius  sous  celui  de 
coipoon ,  et  que  Linnseus  fils  a  cru  ensuite  devoir  réunir 
au  thesium.  11  en  diffère  cependant  par  un  disque  calicinal  à 
quatre  lobes,  un  stigmate  quadruple,  et  un  fruit  drupacé. 
Nous  l'avons  conservé,  pour  cette  raison,  sous  le  nom  de 
Linnasus,  et  plus  récemment  M.  Piobort  Brown  l'a  également 
adopté.  Voyez  Fusanb.  (J.) 

FUSARIA.  (Entozoair.)  C'est  le  nom  sous  lequel  Zcder, 
dans  son  Histoire  naturelle  des  vers  intestinaux,  a  proposé 
de  désigner  les  ascarides  ,  a.  cause   de  leur  fonnt  appointie 


FUS  65ii 

aax  deux  exfrëmitës.  Mais,  couitue  ce  caractère  est  bien  loin 
de  n  aj)partenir  qu'à  ces  espèces,  la  dénomination  d'ascarides 
est  conservée  et  admise  par  tous  les  autres  zoologistes  ,  et 
personne  n'a  cru  devoir  adopter  le  changement  proposé  par 
Zeder.  (De  E.) 

FUSCALIjIN  {Ornith.),  nom  donné,  dans  ks  Oiseaux  dorés 
d'x\udebert  et  Vieillot,  toni.  2,  pag.  g-S  et  pi.  61,  à  un 
griinpereau  héorotaire  trouvé  dans  la  Nouvelle-Hollande,  et 
qui  a  été  appelé  par  Shaw  certhia  lunala.   (Ch.D.) 

FUSCINA.  (  Bot.  )  Genre  de  mousse  établi  par  Schranck  , 
dans  sa  Flore  de  Bavière,  pour  Vhy^num  laxifolium ,  Linn., 
qui  est  le  ftssidens  tarifolium  ^  Hedw. ,  dont  Jes  dents  du 
péristome  sont  bifides  et  à  branches  divergentes.  Il  n'a  pas 
été  adopté.  Voyez  Fissidbns.  (  I<em.) 

FUSCITE.  (Min.)  M.  Schumacher  a  décrit  ce  minéral  à  peu 
près  comme  il  suit. 

Il  est  opaque ,  d'un  noir  verdàtre  ou  grisâtre  ;  il  est 
Cristallin,  en  prismes  à  quatre  et  à  six  pans  ;  sa  cassure  est 
raboteuse  ;  il  se  laisse  aisément  rayer  ;  sa  poussière  est  d'uu 
gris  blanchâtre,  et  sa  pesanteur  spécifique  presque  de  2,5  à  3. 
11  est  infusible  au  chalumeau,  mais  la  surface  des  fragmens 
y  devient  luisante  et  comme  émaillée.  On  l'a  trouvé  à  Kalle- 
rigen,  près  Arendal,  en  Norwège,  dans  un  quarz  grenu  , 
accompagné  d'un  peu  de  felspath  et  de  chaux  carbonatée 
brunissante. 

Cette  pierre,  sur  laquelle  nous  n'avons  pas  d'autres  rensei- 
gnemens  que  les  précédens,  paroît  avoir  quelque  analogie 
avec  la  PfMTE.  Voyez  ce  mot.  (B.) 

FUSEAU ,  Fusiis.  {Conchji.)  Subdivision  du  grand  genre 
Murex  del.innapus,  établie  par  M.  de  Lamarck  pour  un  assez 
grand  nombre  d'espèces  peu  distinctes  de  ses  Tasciolaires  ,  et 
qui  ont  pour  caractères  :  Coquille  fusiforme  ;  la  spire  alongée  ; 
ouverture  ovalaire,  terminée  antérieurement  par  nn  long  canal 
droit;  le  bord  droit  tranchant;  la  columelle  lisse.  Les  anciens 
conchyliologistcs  ffançofs,  comme  d'Argenvilie,  admetloient 
aussi  cette  subdivision,  mais  d'une  manière  vague;  et  il  faut 
avouer  qu'il  est  réellement  assez  diilicite  de  faire  autrement. 
Le  nombre  des  espèces  que  M.  de  Lamarck  place  dans  ce 
genre  est  assez  grand.  Les  planches  de  l'Encyclopédie  métho- 


536  FUS 

dique  en  figurent  au  moins  quarante.  Nous  allons  nous  borner 
à  faire  connoître  les  principales: 

1.°  Le  Fuseau-quenouille  :  Fusus  colus ,  Enc.  met.,  pi.  424» 
iig.  4-  C'est  une  coquille  assez,  commune  dans  les  collections, 
striée,  noueuse  sur  les  tours  de  spire,  blanche  j  les  nodosités 
brunes.  De  l'Océan  indien. 

2."  Le  Fuseau  a  longue  queue;  Fusus  longicauda,  Encycl. 
niéth.,  pi.  423,  fig.  2.  Fort  rapprochée  de  la  précédente, 
mais  toute  blanche,  et  le  tube  encore  plus  long,  quelquefois 
de  trois  pouces.  Des  mêmes  mers. 

3."  Le  Fuseau-entonnoir;  Fusus  infundibulum,  Lmck. ,  Enc. 
méth.,  pi.  424,  fig.  2.  Espèce  d'un  blanc  jaunâtre;  les  stries 
transversales  rougeâtres;  la  spire  garnie  de  gros  tubercules 
alongc'ssur  six  ratigs;  deux  ou  trois  petits  plis  transverses  à  la 
coluuielle;  une  sorte  d'ombilic. 

Cette  espèce  appartient-elle  réellement  à  ce  genre,  et  ne 
devroit-ellepas  plutôt  passer,  avec  celles  que  M.  de  Lamarck 
nomme  bidens,  cingulifera,  craticulata,  limata,  parmi  les  fas- 
ciolaires  ? 

4.°  Le  Fuseau  hérissé;  Fusus  muriceus,  Lmck.,  Enc.  méth., 
pi.  428  ,  fig.  5,  a  b.  Petite  espèce  presque  semblable  à  un 
véritable  murex;  à  tube  peu  droit,  avec  un  petit  ombilic  au 
côté  droit:  la  spire  assez  courte,  hérissée,  et  garnie  de  quatre 
à  cinq  rangs  de  tubercules  assez  pointus. 

5."  Le  Fuseau  brun  ;  Fusus  morio,  Lmck.,  Encycl.  méth., 
pl.43o,  fig.  3,  ab.  Coquille  uh  peu  rapprochée  des  fasciolaires, 
dont  le  tuhe  est  très-ouvert,  la  couleur  brun-marron  avec 
deux  bandes  étroites,  blanches,  qui  suivent  les  tours  de  spire. 

6."  Le  Fuseau  couronné;  Fusus  corona,  Lmck,  Enc.  méth., 
pi.  45o,  fig.  «2.  Coquille  encore  moins  fusiforme  que  la  pré- 
cct:ente;  à  tube  assez  court;  couleur  fond  brun,  avec  des 
bandes  longitudinales  blanches  traversées  à  angle  droit  par 
d'aptres  bandes  de  la  même  couleur;  le  bord  supérieur  des 
tours  de  spire  hérissé  de  dents. 

7.°  Le  Fuseau  d'Islande;  Fusus  islandlcus,  Lmck.,  Encycl. 
méth.,  pi.  429,  fig.  5.  Espèce  un  peu  ventrue,  de  quatre  à 
cinq  pouces  de  long;  assez  finement  striée  eu  travers;  toute 
blanche  sous  un  épiderme  brun  ;  le  sommet  et  les  tours  de 
spire  arrondis.  Commun  dans  les  mers  d'Islande. 


FUS  "7 

8."  Le  FosEAU  bled  ;  Fusus  lignarius,  Lrack,  Encycl.  méth., 
pi.  424,  fig.  6.  Coquille  oblongue,  rude,  à  tube  assez  court, 
ouvert  ou  fermé;  les  tours  de  spire  garnis  de  nœuds  peu  pro- 
noncés, sur  un  seul  rang.  Des  mers  du  Nord. 

9.°  Le  FcsEAU  petit;  Fusus pusio,  Lmck.,  Enc.  méth.,  pi.  426, 
fig.  1  ,  a  b.  Petite  espèce  à  tube  court,  échancré  à  son  extré- 
mité; blanche,  avec  des  taches  brunes  ou  fauves,  disposées  en 
séries.  Mer  Méditerranée  et  d'Afrique.  Est-elle  bien  de  ce 
genre  P 

10.°  Le  FusEAu-TROMPETTE  ;  Fusus  tuha,  Enc.  méth.,  pi.  ^26^ 
fig.  2.  Grande  coquille  assez  fusiforme,  striée  en  travers  et 
blanche;  Jes  tours  de  spire  hérissés  de  quelques  tubercules 
pointus.  Cette  espèce,  fort  rare  dans  les  collections,  vient  des 
mers  de  la  Chine. 

11."  Le  Fuseau  méprisé;  Fusus  despectus,  Lmck.,  Enc.  méth., 
pi. 426, fig.  4.  Coquille  assez  large,  oblongue;  le  tube  médiocre; 
deux  lignes  plus  élevéessur  les  tours  despire;  couleur  blanche, 
ordinairement  brune  au  sommet.  Mers  du  Nord. 

12."  Le  Fuseau  heptagone;  Fusus  heptagonus ,  Lmck.,  Enc. 
méth.,  pi.  428,  fig.  7,  a  b.  Assez  petite  espèce,  fusiforme,  striée 
finement  en  travers  entre  les  bourrelets  longitudinaux  qui 
lui  donnent  une  forme  heptagone. 

a 3."  Le  Fuseau  gauche;  Fusus  sinistralis ,  Lmck.,  Encycl. 
méth. ,  pi.  424 ,  fig.  1 ,  a  b.  Petite  coquille  rude ,  striée  profon- 
dément Jans  les  deux  sens;  le  tube  médiocre-,  la  spire  assez 
élevée  et  tournant  de  gauche  à  droite.  Des  mers  d'Amérique, 
où  elle  est  fort  rare. 

14.°  Le  Fuseau  géant;  Fusus  colossus,  Lmck.,  Enc.  méth., 
pi.  427,  fig.  2.  Coquille  de  sept  à  huit  pouces  de  long;  fusi- 
forme. quoique  assez  renflée,  striée  dansles  deux  sens.  J'ignore 
sa  patrie.  (De  B.) 

FUSEAU.  {Foss.)  Les  fuseaux  fossiles  ne  se  présentent  ni 
dans  les  couches  à  cornes  d'ammon  ,  ni  dans  les  craies;  c'est 
dans  le  calcaire  coquillier,  qui  est  d'une  formation  plus  nou- 
velle, qu'on  commence  à  les  rencontrer,  et  les  espèces  y  sont 
plus  communes  que  dans  les  couches  postérieures.  Quoique 
ces  espèces  fossiles  soient  très-nombreuses  ,  on  n'en  rencontre 
presque  aucunes  qui  soient  parfaitement  analogues  à  celles 
que  l'on  irouve  aujourd'hui  à  l'état  frais  dans  les  mers. 


538  FUS 

M.  de  Lainarck  avolt  rano:é  parmi  les  fuseaux  celles  de  ces 
coquilles  qui  portent  des  plis  à  la  cohimelie,  mais  en  annon- 
çant  qu'il  conviendroit  plutôt  de  les  rapporter  au  genre  Fas- 
cioluire.  En  effet,  la  différence  des  caractères  de  ces  genres 
ne  provenant  presque  que  des  plis  qui  se  trouvent  sur  la  colu- 
melle  des  coquilles  qui  dépendent  de  ce  dernier,  il  convient 
d  y  porter  ceux  des  fuseaux  qui  portent  des  plis,  et  qui  vont 
être  présentés  a  part  dans  cet  article. 

Coquilles  sans  j^jUs  à  la  colunielle. 

Le  Fl'Seau  r.ini;  :  Fusus  rugosus ,  Lamk.  ,  Ann.  dn  Mus., 
tom.  6,  pi.  46,  fig.  1;  Murex  porrectus,  Brander,  fig.  35. 
Coquille  couverte  de  stries  transversales  élevées,  et  de  stries 
longitudinales  feuilletées  moins  apparentes.  La  spire  présente 
«ne  pyramide  noduleuîe,  et  est  terminée  au  sommet  par  un 
mamelon.  Sa  base  se  prolonge  en  une  queue  longue  et  droite: 
longueur,  trois  pouces.  On  trouve  cette  espèce  à  Grignon. 

Le  Fuseau  a  VE^TRE  lissk  :  Fusus  longœi>us  ,  Lamk.,  Vélins 
du  Mus.,  n."  5,  fig.  14  tt\G;Murexlongœ^us,  Brander,  fig. 40, 
73  et()3  -,  Sovverby,  Min.  Conch.,  tab.  63.  Coquille  épaisse,  à 
ventre  lisse,  aplati.  Le  bord  supérieur  de  chaque  tour  forme 
une  rampe  tournante  autour  de  la  spire,  qui  se  termine  par 
\in  mamelon.  Cette  espèce  varie  beaucoup  ,  pourla  grandeur 
et  dans  ses  formes.  Quelques  individus,  qui  paroissent  appar- 
tenir à  la  même  espèce,  ont  le  ventre  bombé.  D'autres,  que 
Von  trouve  à  Louvres.  prés  de  Paris,  dont  la  coquille  paroit 
terminée,  n'ont  que  deux  pouces  de  longueur.  On  trouve 
cette  espèce  à  Griguon,  à  Courtagnon  près  de  Reims,  à 
Kheteui!,à  Hordwel,  et  dans  le  Hampshiro  en  Angleterre,  où 
l'on  £n  rencontre  qui  ont  jusqu'à  sept  pouces  de  longueur. 

M.  deLamarckapenséque  Us  individus  qui  avoient  le  ventre 
bombé  dévoient  former  une  espèce  particulière,  à  laquelle 
il  a  donné  le  nom  de  fuseau  clavellé. 

Le  mamelon,  gros,  lisse  et  composé  de  troisou  quatre  tours  , 
qui  se  trouvé  au  sommet,  paroit  avoir  été  formé  avant  que 
ianimal  fût  sorti  de  l'œuf,  ou  plutôt  de  Fcspèce  de  placenta 
dans  lequel  les  petites  coquilles  ont  dû  être  réunies  plusieurs 
etisemblc  ,  comme  il  arrive  pour  certaines  espèces  que  l'on 
trouve  à  l'état  frais  sur  les  côtes  de  la  No'.îvellc-York  en  Viiv 


FUS  539 

ginîe,  et  duquel  placenta  l'on  voit  une  figure  clans  l'ouvrage 
d'Eilis  surIesCoi-allin'es,pl.33,  fig.  a.  Brander,  ayant  cru  que 
celles  de  ces  petites  coquilles  qui  avoieut  déjcà  formé  un  tour 
ou  deux  après  le  mamelon,  coiistituoient  une  espèce  partic'u- 
liére  ,  les  a  décrites  sous  le  nom  de  murex  deformis,  et  il  en  a 
donné  la  figure  dans  son  ouvrage,  Fofis,  Haut.  ,  fig.  07  et  38; 
mais  c'est  une  erreur,  car  je  possède  de  ces  jeunes  coquilles, 
qui  prouvent  qu'à  mesure  que  l'animal  avançoit  en  âge,  il 
ajoutoit  à  ce  mamelon  des  tours  couverts  de  stries  transverses. 
Le  Fuseau  aciculk  :  Fmus  aciculatus  ,  LauiK.,  Ann.  du  Mus., 
fom.  6,  pi.  4^i,  fi-.  G;  lirand. ,  Foss.,  fig.  56.  Coquille  très- 
jolie  et  très-remarquable  par  sa  forme  grêle,  presque  linéaire, 
striée  transversalement  et  couverte  de  légères  stries  longitu- 
dinales. Il  est  très-distinct  du  fuseau  ridé,  avec  lequel  il  paroît 
que  Brander  l'a  confondu.  Longueur,  deux  pouces.  On  le  trouve 
à  Grignon  ;  mais  il  est  rare. 

Le  Fuseau  subulé  ;  Fusus  suhulahts  ,  Lamk. ,  Vélins  du  Mus., 
n."  5  ,  fig.  1  5.  Petite  coquille  très-élégante ,  à  forme  aloiigée  et 
à  canal  court  ;  elle  est  chargée  de  stries  transverses  très-fines 
et  de  côtes  longitudinales.  Longueur,  neuf  à  dix  lignes.  On 
la  trouve  à  Grignon  ;  mais  elle  est  rare. 

Le  FuSBAU  grain-d'orge  ;  Fuaus  hordeolus  ,  Lamk.  ,  Vél.  , 
Supp.  2  ,  fig.  10.  Elle  approche  de  la  précédente  par  ia  forme 
turriculée.  Elle  est  lisse.  Longueur,  trois  lignes. 

Le  Fuseau  tortillé  ;  Fusus  intortus  ,  Lam.k.,  Ann. ,  tom.  6  , 
pi.  46,  fig.  4.  Coquille  à  columelle  torse,  striée  transversa- 
lement et  à  côtes  longitudinales.  Longueur,  un  pouce  etdemi. 
On  la  trouve  à  Griguon  et  à  Hauteviile,  départemeut  de  la 
Manche. 

Il  paroît  que  quelques  individus  de  certaines  espèces  de 
fuseaux  ont  la  faculté  de  former  des  plis  sur  leur  columelle  ; 
car  j'en  possède  deux  de  cette  dernière,  qui  ont  été  trouvés 
à  Hauteviile,  et  qui  sont  parfaitement  semblables  entre  eux, 
à  l'exception  de  deux  plis  qui  se  trouvent  sur  la  columelle  de 
l'un  d'eux.  Cette  anomalie  se  fait  également  remarquer  dans 
un  individu  de  l'espèce  qui  porte  le  nom  de  fusus  exciius. 

Le  Fuseau  polygone  -,  Fusus  pofygnnus ,  Lamk. ,  Vélins  ,  n."  6, 
fig.  12.  Coquille  courte  ,  presque  ovale,  ventrue  ,  striée  trans- 
versalement, portant  sur  chaque  tourncuf  à  dix  côtes  obtuses 


540  FUS 

rt  longitudinales.  Longueur,  quinze  lignes.  On  la  trouve  sur 
des  terres  labourables,  près  de  Grignon. 

Le  Fuseau  a  long  bec  :  Fusas  longirosfer ,  Dsf.  ;  Murer  lon- 
giroster ,  Brocchi,  tab.  8,  fig.  7.  Grande  coquille,  composée 
de  neuf  à  dix  tours,  striée  transversalement,  et  se  terminant 
a  la  base  parune  longue  queue  droite.  Longueur,  cinqpouces. 
Quelques  individus  portent  neuf  côtes  longitudinales  ou  tu- 
bercules alongés  sur  chaque  tour,  et  d'autres  sont  presque 
lisses.  On  trouve  cette  espèce  dans  le  Plaisantin. 

Le  Fuseau  rostre  :  Fusus  rostratus ,  Def.  ;  Murex  rostrafus , 
Erocchi,tab.  8  ,  fig.  1.  Coquille  composée  de  six  à  sepMours  , 
couverte  de  fortes  stries  transverses  et  de  côtes  longitudinales, 
terminée  à  sa  base  par  une'Iongue  queue.  Longueur,  deux 
pouces.  On  la  trouve  dans  le  Plaisantin  et  à  Rome. 

Le  Fuseau  bulbiforme  :  Fusus  bulbiformis  ,  Lamk.  ;  Murex 
hulhus  ,  Brander,  fig.  64  :  Favannes ,  Conch. ,  tab.  G6 ,  fig.  m. ,  ji. 
Coquille  ovale-fusiforme,  ventrue,  lisse  ou  presque  lisse-,  sa 
spire  est  mucronée  ,  et  sa  queue  présente  une  légère  cour- 
bure. Le  bord  gauche  .  épaissi  dans  sa  partie  supérieure  ,  rend 
le  haut  de  la  columelle  comme  calleux.  Le  bord  droit  est  (rès- 
niince  quand  il  est  entier.  Longueur  ,  quelquefois  trois  pouces. 

Cette  espèce  présente  beaucoup  de  variétés,  qui  sont  plus 
ou  moins  alongées,  et  dont  les  tours  de  spire  sont  plus  ou 
moins  concaves,  en  sorte  qu'il  est  très-difficile  d'établir  une 
distinction  bien  marquée  entre  cette  espèce  et  les  pyrules. 

Le  Fuseau  petite-figue  :  Fusus  Jiculneus  ,  Lamk.  ;  Murex 
Jlculneus  ,  Cheran.  ,  Conch.,  vol.  11,  tab.  212,  f.  3oo4  ,  3oo5. 
Coquille  ovale,  renflée,  presque  globuleuse,  portant  quinze 
à  vingt  côtes  longitudinales  et  peu  élevées  sur  le  dernier  tour. 
Chacune  d'elles  porte,  vers  les  deux  tiers  de  sa  longueur,  un 
petit  angle  qui  forme  une  rangée  transversale  de  tubercules 
sur  le  ventre  de  la  coquille.  La  queue  est  un  peu  courte,  ar- 
quée, striée  transversalement;  la  columelle  est  torse,  et  vers 
le  bas  elle  présente  un  pli  oblique.  Longueur ,  quatorze  lignes. 
On  trouve  cette  espèce  à  Grignon.  On  la  trouve  aussi  à  Acy 
et  à  Betz  ,  département  de  TOise:  mais  les  individus  qu'on  y 
rencontre  différent  sensiblement  de  ceux  de  Grignon:  ils  sont 
chargés  de  stries  transverses;  les  côtes  longitudinalessont  moins 
nombreuses,  ne  sont  presque  pas  marquées,  et  n'ont  point 


FUS  541 

le  petit  angle  qui  forme  la  rangée  de  tubercules.  J'ai  déjà 
remarqué  que  quelques  espèces  de  ces  endroits  dilféroieiit 
sensiblement  des  niOnies  qu'on  trouvoit  à  Grignon. 

On  connoit  encore,  à  Télat  fossile,  les  espèces  ci-après  :  le 
fuseau  côtelé-,  le  fuseau  eftacé;  le  fuseau  de  Hauteville  ;  le 
fuseau  plissé,  que  l'on  trouve  à  Hauteville;  le  fuseau  épais; 
le  fuseau  de  Bordeaux;  le  fuseau  strié,  que  l'on  trouve  à 
Laugnan  ,  près  de  Bordeaux-,  le  fuseau  raccourci-,  le  fuseau 
fragile;  le  fuseau  coupé;  le  fuseau  nain;  le  fuseau  à  stries  rudes; 
le  fuseau  scalaroide  ;  le  fuseau  marginé;  le  fuseau  petite-lyre  ; 
le  fuseau  lisse;  le  fuseau striatule-,  le  fuseau  variable, le  fuseau 
couronné;  le  fuseau  deLamarck,  que  l'on  trouve  à  Grignon; 
le  fuseau  de  Brander ,  que  l'on  trouve  à  Betz  et  dans  le  Hamp- 
shire -,  le  fuseau  douteux,  que  l'on  trouve  en  Touraine-,  le 
fuseau  subcaréné,  que  l'on  trouve  à  Chaumont,  à  Crépy  et  à 
Ronca,  et  le  fuseau  pleurotomoide ,  que  l'on  trouve  à  Betz. 

Coquilles  qui  ont  des  plis  à  la  columelle  ,  et  qui  doivent  entrer 
dans  le  genre  Fasciolaire. 

Le  Fuseau  de  Noé  :  Fusus  Noœ,  Lamk. ,  Ann.  du  Mus., 
tom.  6  ,  pi.  46,  fîg.  2  ;  Murex  Noœ,  Chemn.,  Conch. ,  tab.  212, 
fig.  2096  ,  2097.  Coquille  épaisse  et  pesante,  striée  transver- 
salement; le  bord  de  chaque  tour  est  déprimé  en  rampe  d'es- 
calier, et  crépu  ou  plissé  d'une  manière  remarquable  ;  le 
ventre  est  presque  lisse  ;  sa  spire  n'est  point  terminée  par  un 
mamelon ,  comme  le  fuseau  à  ventre  lisse  ,  et  elle  porte  sur  la 
columelle  deux  plis  obliques,  qu'on  n'aperçoit  point  dans 
l'ouverture  quand  la  coquille  est  parvenue  à  toute  sa  grandeur. 
Longueur,  quatre  pouces.  On  trouve  cette  espèce  à  Grignon,  à 
Courtagnon  et  à  Montmirail. 

Le  Fuseau  a  un  pli  :  Fusus  uniplicatus  ,  Lamk.,  Vélins  du 
Mus.,  n.°  6,  fig.  8.  Coquille  à  côtes  obtuses,  médiocrement 
élevées,  à  stries  transverses,  très-saillantes,  coupées  par  des 
stries  longitudinales  moins  fortes;  un  pli  oblique  à  la  colu- 
melle. Longueur,  un  pouce  et  demi.  On  trouve  celte  belle 
espèce  à  Grignon  et  à  Hauteville. 

Le  Fuseau  cordelé;  Fusus  funiculosus,  Lamk.,  Ann.,  tom.  o, 
pi.  46 ,  fig.  3.  Coquille  alongée  ,  à  côtes  longitudinales  obtuses  , 
couverte  de  stries  transverses,  et  d'autres  longitudinales  moins 


5?t2  PLIS 

marquées-,  deux  plis  à  la  columelle.  Longueur,  quatorze  à 
quinze  lignes.  On  la  trouve  avec  la  précédente. 

Le  Fuseau  akcllecx  ;  Fusus  angulatus  ,  Lanik.  Coquille  fusi- 
forme,  ventrue  ;  à  queue  grêle  et  étroite;  à  côtes  longitudi- 
nales, anguleuses,  grossières  et  un  peu  disîantes  ;  à  stries 
trausverses  écartées-,  deux  plis  à  la  columelle.  Longueur, 
quatorze  lignes.  On  la  trouve  à  Grignon. 

Le  Fuseau  noduledx  ;  Fusus  nodulosus ,  Lamk. ,  Vélins,  n."  C, 
fig.  3.  Coquille  ovale,  lisse,  à  petites  côtes  longitudinales;  deux 
plis  sur  la  columelle.  Longueur,  sept  ligues.  On  la  trouve  a 
Grignon  et  à  Hauteville. 

Le  FuSEv^u  CEttCLÉ:  Fusus  alligatus,  Lamk.  Coquille  ovale- 
turriculée,  aspire  conique,  à  stries  longitudinales  trés-tines, 
qui  se  croisent  avec  des  stries  transverses  plus  marquées.  Lon- 
gueur ,  six  lignes.  On  la  trouve  à  Grignon  ;  mais  elle  est  rare. 

Le  Fuseau  a  deux  fus-.  Fusus  hiplicatus  ,  Lamk.  Coquille  à 
spire  conique  ,  composée  de  cinq  ou  six  tours  un  peu  con- 
vexes, chargés  de  petites  côtes  longitudinales  obtuses  et  peu 
élevées  -,  le  canal  de  la  base  est  fort  court  ;  deux  plis  à  la  colu- 
melle. Longueur,  cinq  lignes.  Ou  la  trouve  à  Grignon  ;  mais 
elle  est  rare. 

Toutes  ces  espèces  sont  dans  ma  collection  ,  et  je  ne  trouve 
d'analogie  avec  celles  que  l'on  trouve  à  Fêta  t  vivant  que  pour 
le  fuseau  à  stries  rudes  et  le  fuseau  petite-lyre  .  dont  il  existe 
des  espèces,  à  peu  près  analogues  ,  sur  les  côtes  de  Cherbourg. 

(I>.  F.) 

FUSEAU  A  COLLET  ou  A  RUBAN.  {Bot.)  Famille  établie 
par  Paulet  dans  le  genre  Agaricus  de  Linnœus  (voyez  Fonce), 
et  caractérisée  par  le  stipe  en  forme  de  fuseau,  muni  d'un 
collet,  et  parla  substance  du  chapeau,  qui  est  sèche,  ferme, 
ordinairement  entrouverte  du  côté  des  bords.  Cette  famille 
comprend  deux  espèces  qui  ne  sont  point  malfaisantes,  le 
fuseau  à  ruban  et  le  fuseaij  à  collet. 

Le  FuéEAU  A  RUBAN,  Paul.,  Tr.,  2,  p.  297,  pi.  140,  fig.  1,2. 
Stipe  fusiforme,  de  cinq  à  six  pouces,  blanc,  ayant  vers  la 
milieu  un  anneau  ou  ruban  rouge-,  chapeau  de  deux  pouces 
d'étendue,  marron-clair  en  dessus;  en  dessous  feuillets  marron 
plus  foncé.  Il  croît  en  automne  dans  la  forêt  de  Senard. 

Le  Fuseau  a  cotr.ET.  Faii!..  1.  c. ,  p.  297,  pi.  1/40,  iig.  3;4;5. 


FUS  543 

Stipe  élevé  de  Irois  à  quatre  pouces,  fusifortne,  cylindrique, 
le  plus  souvent.colleté,  quelquefois  marbré  par  des  élevures 
de  peau  fine;  chapeau  fauve  en  dessus ,  plus  foncé  en  dessous, 
d'abord  bombé,  puis  concave.  Il  se  trouve  aussi  dans  la  forêt 
de  Senard.  (f.EM.) 

FUSEAU  A  DENTS,  Dentelé,  Etoile,  de  TeaNATE.  {Conch.) 
Dénominations  sous  lesquelles  les  marchands  désigaei.l  la  co- 
quille qui  fait  le  type  du  genre  Hostellaire  de  M.  de  Lamarck, 
slromhtisfiisus  de  Linnaeus.  (De  B.) 

FUSELEE.  {Bot.)  Selon  M,  DecandoUe,  on  nomme  ainsi,  à 
Montpellier,  Vatracf^lis  canceLlafa,  Linn.  Suivant  Adansou, 
c'est  un  nom  vulgaire  de  Vhieracium.  (H.  Cass.) 

FUSEN. {Bot.)  Voyez  Fusain.  (L.  D.) 

FUSER.  {Ornith.)  Ce  nom,  dans  Aldrovande,  désigne  le 
butor,  ardea  slellxiris  ,  I-inn.  (Cii.  D.) 

FUSET-SO  {Bât.),  nom  que  porte  au  Japon  un  eupatoire, 
eupatorium  hjsxopifnliiiin  ,  suivant  M.  Thunberg.  (J.) 

FUSI,  Fusil.  {Bot.)  Voyez  Fudsi.  (J.) 

FUijiBlLITÉ.  {Ckim.)  Propriété  qu'ont  les  corps  solides,  de 
devenir  liquides,  lorsqu'ils  sont  exposés  à  des  températures 
suffisamment  élevées.  (Ch.) 

FUSICORNES,  ou  Clostérocères.  {Entom.)  Voyez  ce  der- 
nier mot,  toin.IX.  Nom  d'une  famille  d'insectes  lépidoptères, 
dont  les  antennes  sont  en  fuseau  ou  renflées  au  milieu  :  tels 
sont  les  sésies ,  les  sphinx,  les  zygènes.  {  C.  D,) 

FUSIDIUM.  {Bot.)  Genre  de  la  famille  des  champignons, 
ordre  des  mucedinés,  el^série  des  entophytes,  de  la  méthode 
de  Link.  Il  est  caractérisé  par  ses  sporidies  nues,  agglomérées, 
fusiformes  ou  oblongues,  et  par  l'absetice  d'un  llialUis  ou  d'une 
base.  Link. n'indique  qu'un  très-petit  nombre  d'espèces. 

LeFusiDiu.M  ROSÉ,  Fttsidium  roseum,  est  d'un  rose  agréable  ; 
il  forme  de  petites  touffes  sur  les  tiges  desséchées  des  malva- 
cées.  Cette  plante  étoit  le  type  du  genre  Fusarium,  que  Link 
avoit  cru  devoir  élablir ,  Berl.  Mag. ,  3  ,  p.  10,  tabl.  1,  tig.  m, 
et  qu'il  d  supprimé  depuis ,  parce  que  le  caractère  de  sporidies 
couvertes,  qu'il  lui  assignoit,  n'est  pas  exact.  M. Beauvois  l'in- 
dique sur  les  feuilles  d'orme  et  le  bois  mort. 

Le  FusiDiDM  orangé,  Fusidium aurantiiim  ,  Link,  aies  sporidies 
d'une  couleur,  orangée,  entassées  en  ligues  étendues  sur  lus 


5-44  FUS 

tiges  du  maïs  et  des  cucurbitacées.  Cette  espèce  forme  le 
genre  Fusîspon'um  de  Link,  qui  l'a  supprimé  aussi ,  ayant  trouvé 
inexact  le  caractère  qu'il  lui  avoit  assigné. 

Les  Fusidium  obtusum  ,  hjpodermium  et  griseum ,  sont  trois 
autres  espèces  de  ce  genre,  indiquées  par  Link.  Nées  en  a 
décrit  quelques   autres. 

he  fusidium  est  voisin  du  stilbospora ,  et  s'en  distingue  par 
sa  couleur,  qui  n'est  jamais  noire,  et  par  l'absence  d'un  thallus 
vésiculeux. 

D'après  M.  Persoon,  les  genres  Fusarium  etFusisporium,  qu'il 
réunit,  à  l'exemple  de  Link,  en  un  seul  genre  qu'il  nomme/w5a- 
rium  ,  diffèrent  de  ses  tubercularia  Tparld  forme  moins  régulière 
et  d'une  substance  plus  charnue ,  et  qui  se  divise  dans  l'eau  en 
corpuscules  ou  sporules  linéaires  très-minces.  En  outre,  ces 
espèces  vivent  sur  les  tiges  des  plantes  desséchées.  Mais  ce 
naturaliste  ,  ainsi  que  Nées  ,  les  sépare  du  fusidium.  Selon 
eux,  les  espèces  de  fusidium  forment,  sur  les  feuilles  sèches, 
des  croûtes  laineuses  qui  ne  sont  que  des  amas  de  corpuscules 
linéaires.  M.  Persoon  ajoute  deux  espèces  à  ce  genre  :  le  fusi- 
dium albidum  (^r/seu/n  ?  Link)  ,  commun  en  automne  sur  les 
feuilles  du  châtaignier  et  du  chêne  ;  et  le  Fusidium  viride  qui 
est  printanier  et  d'un  beau  vert  ,  et  qu'on  trouve  sur  les 
feuilles  du  chêne. 

C'est  auprès  de  ce  genre  Fusidium  que  l'on  doit  placer  le 
Bactridium  de  Kunze  et  de  Nées,  lequel  comprend  de  très- 
petits  champignons  qui  naissent  sur  le  bois  et  les  plantes 
mortes.  Ces  champignons  sont  formé*  de  petits  amas  de  spo- 
ridies  alongées,  presque  annulées,  transparentes  à  leurs  extré- 
mités, pédicelîées ,  à  pédicelles  peu  rameux  et  rampans.  Ils 
tiennent  le  milieu  entre  les  fusidium  et  les  seiridium. 

Le  Bactririum  jaune,  Bactridium  jlavum,  Kunze  ,  A'/yce/. ,  i , 
p.  5  ,  tabl.  2  ,  fig.  2  ,  est  d'un  jaune  foncé;  ses  sporidies  sont 
cylindriques  et  obtuses. 

Le  Bactridium  carné,  Bactridium  carneum,  Nées,  Not'.  act. 
nat.  cur.,  g  ,  tabl.  5,  fig.  4,  est  d'un  beau  rouge  de  chair;  ses 
sporidiessont  elliptiques ,  pointues  aux  deux  boutset  brillantes. 
Il  a  été  observé  près  Bâle.   (Lem.) 

FUSIFORME  (Bot.) ,  renflé  vers  le  milieu  et  s'amincissant 
par  les  deux  bouts,  à  la  manière  d'un  fuseau.  La  racine  du 


FUS  54$ 

rophanus  sativus ,  yariété  Ra\e  ,  les  follicules  du  laurier-rose, 
le  fruit  du  cucumis  chate^  etc.,  sont  fusiformes.  (Mass.) 

FUSILIER  {Ornith.),  nom  que  Ton  donne,  dans  les  envi- 
rons de  Woronesch,  en  Russie,  au  grand  pic  noir,  picus 
martius,  Linn.  (Ch.  D.) 

FUSÏOLES.  (Bot.)  ,Atraetium,  Link.  Genre  delà  famille 
dés  champignons,  de  l'ordre  desmucédines  ,  et  de  la  série  des 
sphœrobases  de  la  Méthode  de  Link. ,  et  que  ce  naturaliste 
caractérise  ainsi:  Conceptacle  (sfroma),  globuleux  ou  capité, 
recouvrant  des  sporidies  fusiformes.  Link  en  indique  trois 
espèces. 

L'Atractium  cilié  :  Aîractium  ciliatum  ,  Link  ;  Tuhercularia 
ciliata,  Albert,  et  Schw. ,  Hist.,  pag.  8,  tab.  i  ,  fig.  6.  Il  est 
globuleux,  rouge  ,  très-petit,  velu  et  à  longs  poils.  II  paroît 
que  les  sporidies  sout'  cloisonnées. 

L'Atractïum  en  coDSsiN;  Atractium  pulwinaïum ,  Link.  Il  est 
globuleux,  convexe,  rouge  et  à  sporidies  blanches.  Il  est  à 
peine  gros  comme  une  tête  d'épingle  j  il  croît  sur  les  branches 
mortes  des  arbrisseaux. 

L'Atractïum  fadx-stilbum  :  Alractium  stilbaster,  Link,  Berl. 
Magaz.,  3  ,  pag.  10,  tab.  1 ,  fig.  5.  Il  est  glabre  ,  jaunâtre  et 
stipité,  et  à  stipe  cylindrique,  portant  une  petite  tète  ronde. 
Il  se  trouve  sur  les  troncs  des  hêtres  nouvellement  aJbattu*  :  il 
n'a  guère  plus  d'une  demi-ligne  de  diamètre  ,  et  disparoît 
bientôt.  Nées  ajoute  une  quatrième  espèce  qu'il  a  observée 
dans  les  bois  près  de  Bâle  ;  c'est  son  atractium  pallens  {Noy.  Act. 
nat.  cur.,  9,  pag.  2  38,tabl.  v,  fig.  7).  Elle  est  d'une  couleur 
cendrée  pâle ,  et  se  trouve  sur  les  petites  branches  mortes  de 
l'aune.  Ce  genre  offre  le  port  d'un  stilbum  ou  d'un  mucor,  et 
les  sporidies  ou  graines  du/usfdium.  (Lem.) 

FUSION.  (Chim.)  On  entend  par  ce  mot  l'état  d'un  corps 
liquéfié  par  la  seule  action  de  la  chaleur,  ou  l'opération  par 
laquelle  on  opère  cette  liquéfaction.  (Cu.) 

FUSISPORIUM.  (Bot.)  Genre  établi  par  Link,  et  qu'il  a 
depuis  réuni  au  fusidium.  (Lem.) 

FUSTET.  (Bot.)  Cet  arbrisseau,  nommé  cotinus  parDodoens 
etTournefort,  a  été  réuni  par  Linnaeus  au  genre  Sumac,  Rhus , 
dont  il  a  en  effet  les  caractères  principaux.  II  en  diffère  seu- 
lement par  ses  feuilles  simples  et  non  pennées  ni  ternées,  et 
17.  55 


HG  FUS 

par  ses  fleurs  presque  toutes  mâles  :  d'où  il  résulte  que  se» 
panicules  lâches,  qui  r.e  portent  qu'un  très-petit  nombre  de 
fruits,  ont,  après  la  chute  des  fleurs  mâles,  l'aspect  d'une 
espèce  de  houpe.  (J.) 

FUSTET.  (Chim.)  C'est  le  bois  du  rhus  cotinus.  La  matière 
colorante  qu'il  contient ,  est  employée  en  teinture  pour  donner 
à  des  élofTcs  déjà  teintes  une  nuance  de  jaune  orangé,  qui 
doit  se  composer  avec  leur  couleur  première.  Ainsi,  on  passe 
dans  un  bain  de  fustet  l'écarlate  qui  doit  tirer  sur  la  couleur 
de  feu;  on  y  passe  aussi  les  étoffes  de  couleur  grenade,  jujube  , 
langouste,  chamois,  orangée,  jaune  d'or,  jonquille,  etc. 

La  couleur  du  fustet  n'est  jamais  appliquée  seule  sur  les 
étoffes,  parce  qu'elle  est  trop  altérable;  mais,  quand  elle  s'y 
trouve  unie  sur  une  étoffe  à  une  autre  couleur,  elle  acquiert 
un  peu  de  solidité,  et  présente  cet  avantage,  que  le  temps, 
en  en  atfoiblissant  l'intensité,  ne  change  pas  la  nature  de  sa 
couleur,  qui  est  le  jaune  orangé.  (Ch.) 

FUSïI.  {Bot.)  Suivant  C.  Bauhin,  quelques  personnes  don- 
iioicnt  ce  nom  au  calice  du  giroflier  qui  est  encore  couronné 
de  ses  pétales.  (J.) 

FUSUS-AGRESTIS  {Bot.) ,  ancien  nom  du  carthamus  lanatus, 
Linn.  (H.  Cass.) 
.FUT.  (Ornilh.)  Voyez  Strunt-Jager.  (Ch.  D.) 

FUTS,  MoTS-ruTS.  (Bot.)  Suivant  M.  Thunberg,  le  gnaphalium 
(irenarium  est  ainsi  nommé  au  Japon.  Une  clématite,  clemalis 
^'^rg^nica,  est  ]e  futs-lcusa  du  même  lieu.  (J.) 

FUTSIKU,  FuTAMMA-TAKE  (Bot.),  uouis  japou ois  du  bambou  , 
ou  d'une  de  ses  variétés  à  tige  bifurquée.  (J.) 

FYLL-ASFAR  (Bot.),  un  des  noms  égyptiens  de  Valoe  pen- 
dens  de  Forskal.  (J.) 

FYSTERLIN  (Ornith.)  ,  nom  allemand  de  la  guignette , 
tringa  hj-poleucos ,  Linn.  (Gh.D.) 

,  I?IN'    DU    DIX-S-EPTIÈME    VOLUME, 


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lin  Jn:  lie,  par  J.  A.  BUCHON,  1/'^  partie 


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