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DICTIONNAIRE
D'ÉTYMOLOGIE FRANÇAISE
D'APRÈS LES RÉSULTATS DE LA SCIENCE MODERNE
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DICTIONNAIRE
D'ÉTYMOLOGIE FRANÇAISE
D'APRÈS LES RÉSULTATS DE LA SCIENCE MODERNE
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DEPOSE AU VŒD DE LA LOI
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DICTIONNAIRE
D'ÉTYMOLOGIE FRANÇAISE
1) APRES
LES RÉSULTATS DE LA SCIENCE MODERNE
PAR
AUGUSTE SCHELER
DOCTEUR EN PHILOSOPHIB ET LETTRES
MEMBRE DE L'aCADÈMIB ROYALE DE BELGIQUE
BIBLIOTHÉCAIRE DU ROI DES BELGES ET DU COMTE DE FLANDRE
PROFESSEUR A l'UNIVERSITÉ DE BRUXELLES
TROISIÈME ÉDITION
REVUE ET AUGMENTÉE
* "PtCSlÎP ■:
BRUXELLES
LIBRAIRIE EUROPÉENNE C. MUQUARDT
TH. FALK, ÉDITEUR, LIBRAIRE DE U COUR
18-20-??, RUB DES PAROISSIENS
PARIS
F. VIEWEG, LIBRAIRE-ÉDITEUR
E. BOUILLON ET E. VIEWEO. SUCCESSEURS
67, RUE DB RICUFLIBU, 67
1888
TOUS DROITS RÉSERVÉS
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/(^CU^Oà yc^-f'-<^.
BRXJXBLUSS
I^P.WEISSENBPCH.IMP.DU
40, nus Dt7 POINÇON
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PRÉFACES.
PREMIÈRE ÉDITION.
L'origine des mots français a, depuis trois siècles, occupé, en France et ailleurs,
un grand nombre de savants, et la bibliographie des ouvrages consacrés à cette
matière est passablement longue. Et cependant, j*ose me flatter qu'en publiant
le mien, j'ai non seulement fait une œuvre utile, mais comblé en quelque sorte
une lacune dans la littérature philologique française.
Précisément en présence de la multiplicité des livres qui traitent d'étymologie
française, soit d'une manière générale ou théorique, soit sous forme de recueils
embrassant les faits en détail, il était désirable qu'il en surgit un qui, réunissant
en un faisceau les résultats partiels de ces investigations diverses, les résumant,
pour la facilité de l'usage, sous la forme d'un dictionnaire alphabétique, permît
de saisir d'un coup d'œil l'état de la science en ce qui concerne chaque vocable
de la langue. A ce titre seul, la composition de mon dict.onnaire me semble
pleinement justifiée ; c'est un manuel qui dispense de longues recherches, qui
renseigne promptement sur tous les points du vaste sujet.
Toutefois, le but prédominant que je poursuivais n'était pas de fournir un
simple relevé des solutions variées émises successivement sur des questions d'éty-
mologie française. Ce que j'avais à cœur, ce n'était pas de remettre en circulation
une foule d'erreurs évidentes, d'accorder l'honneur d'une nouvelle publicité à. des
bévues trop longtemps accréditées. Je tenais plutôt à présenter an public lettré,
d'une manière substantielle et concise, les fruits nouvellement acquis à la sciencej
et à le familiariser avec les conquêtes récentes de la linguistique française.
En effet, toute une phalange de philologues capables a pris à tâche, dans Iç
cours du dernier quart de siècle, de faire profiter, à la science lexicologique, d'un
côté, les progrès réalisés en ce qui concerne la théorie générale de la formation
et du développement des langues et l'étude des idiomes romans en particulier ;
d'autre part, les matériaux mis au jour par la publication d'intéressants monu-
ments littéraires enfouis jusque-là dans l'obscurité des bibliothèques, ainsi que
les ressources importantes offertes par les études qui, dans ces derniers temps,
se sont portées sur les dialectes et les patois. Appuyés sur un système de lois et
de principes généraux, qui constituent en quelque sorte la grammaire étymojo-
gique, — fortifiés par de longues observations, — placés assez haut pour dominer
du regard tout le vaste domaine des langues indo-européennes, et surtout pro-
cédant avec la sévérité du juge consciencieux, — les travailleurs auxquels je fais
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— VI —
allusion sont parvenus, en matière d'étyraologie française, à dissiper enfin la
défiance et le discrédit qu'avaient justement attirés à cette branche d'étude les
assertions aventureuses d*hommes plus spirituels que soucieux de la vérité, ou
les pédantesques et subtiles discussions de savants réels, qui s'avançaient sans
boussole dans le fouillis des matériaux amoncelés autour d'eux. Malgré toute
Testime que doivent inspirer les efforts des Nicot, des Ménage, des Caseneuve,
des Du Cange, etc., et quelque justes qu'aient été, en mainte occasion, leurs
jugements et leurs conjectures, on ne peut plus, en présence des théories nou-
velles, les placer au rang d*autorités scientifiques, comme continuent à le faire
la plupart de ceux qui, jusqu'à ce jour, se sont occupés, incidemment ou accessoi-
rement, des origines des mots français. Montaigne disait : a Ne regarde pas qui
est le plus savant, mais qui est le mieux savant )> ; c'est en suivant ce conseil
que je me suis tourne vers la nouvelle école allemande, fondée par les Bopp, les
Grimm, les Pott, les Diez, etc., sans dédaigner pour cela les philologues français
que je viens de citer et qui conservent un incontestable mérite.
Comme l'énonce le titre de mon ouvrage, le point de vue où je me place est
celui de la science moderne. Tout ce qui ne peut être scientifiquement démontré
par des preuves soit historiques, soit physiologiques, est relégué dans le domaine
du caprice, de la fantaisie, de l'arbitraire. Ces éléments ont longtemps prévalu
en matière étymologique; tantôt on les trouve mêlés à infiniment d*esprit et de
grâce, tantôt à une prodigieuse érudition. Mais, à la suite du mouvement général
de l'activité sociale de nos temps, et grâce h l'élargissement progressif de
Fhorizon scientifique, à la multiplication continuelle des observations, la critique
âpre et minutieuse est venue s'emparer du sujet, la synthèse des faits a dégagé
des principes, et ce sont ces principes, vérifiés, éprouvés, sanctionnés, qui sont dès
lors appelés à régner. De patientes et consciencieuses recherches ont révélé les lois
d'après lesquelles les vocables se constituent, se développent, se dégradent. Ces
lois veulent être respectées; il ne suffit plus, pour s'occuper des origines de nos
mots, d'être doué d'un esprit fin et délicat, il faut passer par un long apprentis-
sage pour s'initier à la physiologie du langage. Bref, la divination a fait son
temps, et l'étymologie est parvenue au rang d'une science positive, nous dirons
même d'une science exacte. Cette science, à la vérité, n'est pas faite encore,
mais en pleine élaboration.
Tirer au grand jour d'une publicité plus large, mettre à la portée de tous ceux
qui ont reçu quelque culture littéraire, les fruits déposés par les savants de la
nouvelle école dans des publications éparses et peu répandues dans le public
auquel je destine ce livre, tel est le principal objet que j'avais en vue en entre-
prenant ce dictionnaire.
C'est, iavant tout, à l'homme éminent à qui revient la gloire d'avoir le premier
fixé et méthodiquement exposé les lois qui président à la formation des langues
néo-latines, au vénérable professeur Diez, de Bonn, que j'ai voulu rendre hom-
mage, en consignant dans mon livre, pour mieux les faire valoir en dehors des
frontières de sa patrie, ses heureuses découvertes, ses judicieuses démonstrations,
ses habiles et prudentes conjectures. Les deux principaux ouvrages du philologue
allemand, savoir : Grammatik der romanischen Sprachen (3 vol., 1"* éd.
Bonn, 1836-1844; 2® éd., entièrement refondue. Bonn, 1856-1861) *, et Etymo-
* Une troisième édition a paru en 1869; MM. Aug. Brachet, Morel-Fatio et Gaston
Pans en ont entrepris la traduction française, publiée à Paris de 1874 à Ji876, en
3 volumes.
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— VII —
logisches Wôrterbuch der romanischen Sprachen (Bonn, 1853) ', ne sont pas,
il est vrai, restés inaperçus en France. Un homme d'une science reconnue et plus
compétent, peut-être, en ces matières qu'aucun de ses compatriotes, M. Littré,
de rinstitut français, a mis en lumière les grandes et solides qualités qui les
distinguent, dans une série d'articles insérés, en 1855, dans le Journal des
Savants, Néanmoins, en jugeant d'après ce qui, dans ces dernières années, a été
jeté dans la grande circulation par des éditeurs français en fait de travaux
lexicographiques, j'ai lieu de croire que Diez et son système ne sont pas encore
naturalisés en France, n'y jouissent pas encore, dans le monde érudit, de toute
l'autorité qu'ils méritent et qui, j'ai hâte de le dire, leur a été franchement
accordée par les philologues belges : les Grandgagnage, lesBormans, les Oachet,
les Chavée et autres *.
Il va de soi qu'en exposant, par ordre alphabétique, l'origine des vocables
français, je n'ai pas voulu me borner au rôle de simple compilateur et enregistreur
des opinions d'autrui. Tout en m'appliquant à être bref, substantiel, dans les
articles sujets à discussion, je me suis permis parfois d'énoncer mon avis, de
proposer, avec toute la modestie qui convient en ces matières, la solution d'un
problème ou d'émettre une conjecture personnelle.
L'objet essentiel de chacun de ces articles, c'est d*établir le type immédiat d'où
procède le mot français en question ; je me suis fait une règle de ne donner des
développements, de ne discuter ou raisonner que lorsque ce type était contesté
ou que le rapport de forme ou de sens entre le primitif proposé et le vocable en
question présentait de l'obscurité ou soulevait des doutes légitimes. J'éprou-
vais souvent la tentation de faire quelque excursion sur le domaine de Tétymologie
latine ou germanique, mais à part de fugitives indications, je suis resté fidèle à
ma règle. En générale, on remarquera que j'ai visé à être aussi bref dans la
rédaction de mes articles que le permettait la clarté, écaitaut tout ce qui ne
concourt pas, directement ou indirectement, à établir ou à confirmer une étymo-
logie mise en avant. Je me suis abstenu ainsi de reproduire les diverses applica-
tions passées ou actuelles d'un mot, quand des considérations tenant à mon sujet
ne m'y engageaient pas. Les lecteurs auxquels je m'adresse possèdent sufQ-
samment le grec et le latin pour que j'aie pu me dispenser de traduire ou de
définir chaque fois les vocables de ces langues que je cite ; ils sont également
censés être en état de vérifier les nombreuses citations tirées des autres langues
européennes.
Le cadre de mon travail ne comprend, en principe, que les vocables de la
langue actuelle entrés dans la circulation commune ; il exclut par conséquent les
mots appartenant à la terminologie des sciences spéciales, des arts et métiers,
et qui sont restés en dehors de l'usage général. Toutefois, dans l'intérêt du lecteur,
ce principe ne pouvait être observé dans toute sa rigueur; mieux valait, en
pareille matière, fournir trop que trop peu.
En vue de tant de méprises commises pour avoir négligé ces rapprochements,
j'ai attaché une grande importance à la mention et à l'examen, à propos d'un
* 2« éd., 1861-62 ; 3« éd., 1869-70; 4« éd., augmentée d un appendice par Aug. Scheler,
1878 ; 5* éd., avec le même appendice, revu et augm., 1887.
* A Tapparition de la 1^ éd. de mon livre Je navals pas encore pu mettre à profit Tacti-
vite prodigieuse déployée depuis en France par toute une école d'explorateurs forte-
ment armés et en tête desquels je nommerai toujours, avec une respectueuse gratitude,
MM. 0. Paris et P. Meyer, deux coryphées de la science auxquels toute l'Europe rend
hommage.
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— VIII —
grand nombre de vocables français, des formes collatérales à ces vocables dans
les autres langues ou dialectes de souche romane.
Je ne me cache pas les imperfections de ce livre; j'ai, dans le cours de mes
recherches, trop bien appris que chaque journée d'étude fournissait de nouveaux
enseignements, pour que je me fasse illusion sur la valeur de mon travail. Quelque
solides que soient les principes sur lesquels la science étymologique est assise,
que de fois l-occasion ne vient-elle pas se présenter où il faut humblement revenir
sur une assertion carrément énoncée, démolir une conjecture péniblement
élaborée, et émise, pour ainsi dire, avec triomphe ! D'autre part, je ne méconnais
pas Futilité que j'aurais pu tirer de certains ouvrages qui ne se trouvaient pas à
ma portée; bien des choses ont du m'échapper que tel livre aurait pu me révéler.
Cependant, encouragé par le jugement bienveillant de quelques hommes
compétents, et fort de la conviction que, tel qu'il est, l'ouvrage peut rendre des
sei'vices, j'ai osé braver la publicité, résolu du reste de continuer à consacrer mes
loisirs au perfectionnement de l'œuvre. Mon ambition ne va pas plus loin que
d'avoir fourni un livre utile et qui ne soit pas trop indigne du rôle élevé assigné
à l'art étymologique dans Tensemble des connaissances qui ont pour objet la
génération et la manifestation des idées.
Bruxelles, !«' novembre 1861.
DEUXIÈME ÉDITION.
L'accueil très favorable que mon livre a rencontré, tant auprès des critiques
exercés que parmi les lecteurs qui Tout acquis dans un but d'instruction, — Tim-
possibilité où se trouvait l'éditeur, depuis plusieurs années, de satisfaire aux
personnes qui cherchaient à se le procurer, — enfin, le désir légitime de le per-
fectionner en mettant à profit les enseignements nouveaux provenant soit de mes
propres études, soit de source étrangère — m'ont fait un devoir et un plaisir d*en
entreprendre une seconde édition.
Tous les articles de la première ont été soumis à un soigneux examen, à la
suite duquel j'ai retranché ce que j'ai reconnu comme inutile ou erroné et ajouté
les solutions nouvelles qui me semblaient dignes d'être présentées.
Un grand nombre d'articles nouveaux ont été intercalés; quelques-uns, relatifs
à des mots abandonnés par l'usage, ont été éliminés; d'autres ont reçu de
notables développements.
Une des principales sources d'information où j'ai puisé pour mettre mon œuvre
au courant de la science, est le gigantesque Dictionnaire de M. Littré, dont la
publication, commencée en 1863, deux ans après l'émission de mon livre, est
enfin sur le point d'arriver à son terme. L'illustre académicien, dont le nom
figurera désormais au premier rang parmi les lexicographes français du xix* siècle,
en exposant sous une rubrique spéciale l'historique de chaque mot, a singulière-
ment facilité la tâche de Tétymologiste. Pour établir rationnellement la provenance
d'un vocable, rien n'est plus fructueux que la connaissance de l'époque et du
terrain où il apparaît pour la première fois. D'autre part, le Dictionnaire de
M. Littré m'a non seulement renseigné sur un bon nombre d'étymologies qui
m'étaient inconnues et méritaient toute mon attention, mais il m'a suggéré aussi
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— IX ^
des indications propres à confirmer ou à invalider celles que j*avais posées ou
adoptées.
Si, par-ci, par-là, je me suis vu dans le cas de révoquer en doute les assertions
ou les conjectures du maître, le plus souvent j*ai pu fortifier de son autorité ma
propre manière de voir ou fonder sur elle l'abandon de certains passages de ma
première édition.
En relevant ici l'appui que j*ai trouvé dans Tœuvre magistrale du linguiste
français, je ne puis résister au désir de déclarer aussi que la bienveillance et
Testime témoignées à l'égard de mon livre par M. Littré et par un autre coryphée
de la science, M. Diez, m'ont été la plus douce satisfaction pour les peines qu'il
m'a données, et un puissant eocouragement à lui conserver la bonne réputation
qu'ils ont concouru à lui créer.
La deuxième et la troisième édition du Dictionnaire de Diez ont également
fourni des éléments précieux à l'amélioration et au complètement du mien.
L'ouvrage publié il y a deux ans par M. Aug. Brachetsous le titre: Diciio^inaire
étymologique de la langue française^ a été moins abondant sous ce rapport ;
l'auteur, aussi apte, cependant, que tout autre à se mêler à la discussion critique
des faits controversés, s'est tracé un plan qui l'engageait à ne recueillir dans son
livre que les étymologies définitivement reçues, en s'attachant surtout à en
démontrer la justesse au point de vue phonéfique. Visant plutôt à faire
connaître la science faite que la science en élaboration, il s'est abstenu de
consigner les solutions sur lesquelles la certitude n'est pas encore acquise et qui
pouvaient prêter matière à contestation.
Mon intention avait été de faire précéder mon livre d'une introduction, dans
laquelle auraient été méthodiquement exposées les lois principales qui ont présidé
à la formation et à la transformation successives des mots français. Elle devait en
quelque sorte servir d'appui aux faits étymologiques énoncés dans l'ouvrage;
mais comme des aperçus de ce genre se rencontrent ailleurs et qu'un travail
développé sur cette matière, traitée d'ailleurs en substance dans la grammaire
de Diez, eût considérablement grossi le volume, j'y ai renoncé pour en faire, plus
tard, l'objet d'une publication spéciale \
4
Bruxelles, !•' novembre 1872.
Auo. SCHELER.
TROISIÈME ÉDITION.
Quinze années se sont écoulées depuis l'apparition de la dernière édition de ce
dictionnaire ; quinze années fructueuses en résultats scientifiques dans l'explora-
tion du terrain spécial dont la culture est ma tâche. Que d'auxiliaires nouveaux
ont surgi dans cet intervalle pour m'éclairer et me fortifier dans le travail que
je poursuis depuis plus d'un quart de siècle! Puissé-je, en lançant cette nouvelle
* Ce sera lampliflcation de mes Études sur la transformation française des mots latins
qui ont paru en 1869 dans la Revue de f instruction publique en Belgique (tirées à part en
un vol. de 199 pages in-8^;. — Cet ouvrage a paru depuis sous le titre : Exposé des lois qui
régissent la transformation française des mots latins, Bruxelles et Paris, 1875, in- 12.
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— X —
édition, et c'est là mon unique ambition d'auteur, être jugé ne pas avoir décliné
et ne pas avoir démérité des encourageants éloges accordés à mes efforts, tant de
la part des critiques autorisés que du public qui leur a voué sa confiance; puisse
la qualification de revue, corrigée et augmentée être reconnue pleinement justifiée.
Rien dans le plan ni dans l'ordonnance et la méthode de mon livre n'a été
modifié ; des suppressions d'un côté, des ajoutes et des rectifications nombreuses
de l'autre, suivant que l'intérêt du sujet et le respect de la critique me les com-
mandaient. Visant surtout à la concision, j'ai peut-être souvent compromis la
précision, et je n'hésite pas à reconnaître le côté faible de ce travail : une allure un
peu trop libre, parfois même désordonnée, dans la rédaction des articles.
Je ne puis clore cet avant-propos sans faire mention de mes deux principaux
nouveaux auxiliaires dans l'élaboration de cette troisième édition ; ce sont deux
recueils périodiques de philologie romane, sous l'impulsion desquels la science
que je cultive a réalisé des progrès surprenants dans ces derniers temps et qui
continuent à la féconder de la noble émulation qu'ils ont suscitée : en France,
la Romania de MM. P. Meyer et G. Paris, créée à Paris en 1872, et en Alle-
magne, la Zeiischrifl fur romanische Philologie, fondée en 1877, et dirigée
depuis par le professeur D^ Gustave Grôber, à Strasbourg. Presque chaque page
de mon livre témoignera des ressources qu'ils m'ont fournies.
Bruxelles, en octobre 1887.
Auo. SCHELER.
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ABRÉVIATIONS USITÉES DANS LÉ LIVRE.
ags.
— anglo-saxon.
litt.
— littéralement.
alL
— allemand.
loc.
— locution.
anc.
— ancien ou anciennement.
mha.
— haut allemand du moyen
angl.
— anglais.
âge.
ap.
— apud.
ML.
— latinité du moyen âge.
art.
— article.
mod.
— moderne.
auj.
— aujourdliui.
m. s.
— même signification.
autr.
— autrefois.
n.
— nouveau.
BL.
— basse latinité
; le signe com-
néerl. ou ni.
— néerlandais (terme géné-
prend aussi
la latinité du
rique pour flamand et hol-
moyen âge,
par-ci, par là
landais).
indiquée par
ML.
nfr.
— nouveau français.
bret.
— breton.
nha.
— nouveau haut allemand.
c.-à'd.
— c'est-à-dire.
nord.
— nordique (ancien Scandi-
cat.
— catalan.
nave).
cfr.
— confer (comparez).
norm.
— dialecte normand .
champ.
— champenois.
opp.
— opposé.
comp. ou cp.
— comparez.
P-
— pour.
cps.
— composé.
part.
— participe.
cymr.
— cymrique.
pic.
— dialecte picard.
D.
— dérivé.
port, ou pg.
— portugais.
DC. ou Duc.
— Du Cange.
pr.
— proprement.
dan.
— danois.
prov.
— provençal.
d^.
— dérivé.
qqch.
— quelque chose.
diaî.
— dialecte.
qqn.
— quelqu*un.
dim.
— diminutif.
roc.
— racine.
écoss.
— écossais.
rom.
— roman.
esp.
— espagnol.
se.
— scilicet.
expr.
— expression.
s. e.
— sous-entendu.
A^.
— - figuré ou figu rément.
s. V.
— sub verbo.
flam.
— flamand.
suéd.
— suédois.
/>•.
— français.
syn.
— synonyme.
fréq.
— fréquentatif.
t.
— terme.
gaél.
— gaélique
t).
— vieux.
golh.
— gothique.
val.
— valaque (roumain)
^•
— grec.
x>. c. m.
— voyez ce mot.
hoU.
— hollandais.
vfr.
— vieux français.
irî.
— irlandais.
vha.
— vieux haut allemand.
U.
— italien.
V. pi. h.
— voyez plus haut.
L.
— latin.
toall.
— wallon.
Rom. — Romania : Recueil trimestriel publié par G. Paris et P. Meyer.
Zeitschr, ou Ztschr. — Zeitschnft filr romanische Philologie, heransgegeben von
D' G. Grôber.
Vastérisque placé auprès d'un mot français indique la forme antérieure du mot actuel ou
un mot appartenant à Tancienne langue; placé auprès d'un mot latin, il (sât entendre que ce
mot est fictif.
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DICTIONNAIRE
D'ÉTYMOLOGIE FRANÇAISE
A. Cette pré|X)sition, dans la plupart de
ses emplois, se rattîiche étymologiqucment à
la prép. ad des Latins. Elle est devenue, dans
le système des langues néo-latines, un instru-
ment important pour suppléer aux. inflexions
casuelles de la langue latine. On a prétendu
(voy. Chevallet, III, 349) que le fr. à repré-
sentait également dans certaines tournures,
telles que : « ôter l'écorce à un arbre », la pré-
position latine ab. Cela est erroné. Aussi bien
vaudrait dire que le latin construisait mal en
disant : « m'tam adimere alicuin. Evidemment,
le datif dans cette phrase est aussi logique
que dans la tournure française en question.
Dans les phrases telles que : « l'homme à la
jambe de bois », à représenta le prov. oô, lui-
même issu, comme Fit. appo^ du L. apud
(voy. avec). — La langue française a maintenu
le ad latin comme élément de composition,
comme préfixe. Elle s'en sert surtout pour
créer des verbes factitifs (ex. attriste7\ assour-
dir, alourdir^ adoucir, aviver, resp. de
triste, sourd, lourd, doux, vif, ou à rcrSforcer
des verbes simples sans modification sensible
de leur signification (ex. : Orbaisser, a-ioumer,
vfr. a'deviner)f ou enfin, comme moyen de
dérivation (ex. : a-joumer dGJour;a-dossery de
dos). Quant à la préposition latine ab, on n'en
trouve plus de trace, en ce qui concerne des
compositions verbales nées sur le terrain
roman; même dans abattre, il n'est pas sûr
que a soit issu du lat. ab. Dans arracher, il y
a une transformation phonétique de l'ancien
esrachier = exradicare.
ABAISSE, morceau de pâte qui a été abaissé
ou aminci par le rouleau.
ABAISSER, forme extensive de baisser, cp.
vfr. amonter. — En angl. abase.
ABAIT, appât, vfr. et prov. abet, action
à*abeter (attirer avec une amorce), fig. nise,
tromperie; l'anc. verbe abeter, qui a survécu
dans l'angl. to abet, instigucr, se rapporte à
l'ags. baeten, mlia. beisen, mnl. beetmi, foire
mordi-e. Cp. amorce do a-mordre.
ABAJOUE, de à bajoue t Peut-être l'élément
a est-il le résultat d'une confusion entre Vaba-
joue et la bajoue îQ^. abée.
ABALOURDIR. factitif de balourd.
ABANDONNER, verbe formé de l'ancienne
locution dt bandon, à volonté, à merci, donc
pr. mettre à la merci. Quant au mot bandon,
c'est un dérivé àoban, BL. bannum, bandum,
proclamation publique, permission (voy. ce
mot). « Mettre à bandon » voulait diro :
mettre à discrétion, exposer, livrer, laisser
aller, sacrifier, délaisser; «* bcstes à bandon »
étaient des bêtes sans gardes. Le subst. verbal
abandon a amené la conversion do l'anc.
à bandon en à abandon, ou à V abandon.
ABAQUE , du L. abacus, venu lui-même du
gr. 565(1, buffet, table.
ABASOURDIR, assourdir, étourdir. Ce verbe
parait assez nouveau; il semble être formé
dUassouMir, pour produire l'idée à bas, à
terre fcfr. les expressions allemandes nieder-
schmettern, niederdonnern), ou plutôt n'est-ce
qu'une assimilation de forme à abahurdir.
Nicot ne connaissait encore ni l'un ni rautrc.
Le Dictionnaire liistorique de l'Académie, par
une singulière méprise, fait venir abasourdir
de l'adj. latin absurdus.
ABATTRE, composé de battre. Cp. pour le
sens fig., l'ail, niaderschlagen, le lat. affli-
gère. Notre verbe entre dans les substantifs
composés aboi jour, abat-vent, dbai-voix. Dér.
abattage, -is, -oir. — Cps. r-abaUre. Le terme
de marine abatée est, par sa terminaison, de
mauvaise formation.
ABBAYE, voy. abbé.
ABBÉ, vfr. abbet, prdV. abbaJt, angl. abbot,
ail. abt, du L. abbatem, ace. de abbas; ce
dernier est tiré du syriaque abba, père, titre
de respect donné primitivement aux moines.
Du îémïnmabbatissa, prov. abbadessa, se pro-
duit abbe-csse et par contraction abbesse. Le
dérivé abbutia s'est romanisé en prov. cat.
esp. abadia, it. abbadia, fr. abbeïe, ortho-
graphié plus tard abbaye, quoique prononcé
a-bé-ïe.
1
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ABI
— 2 —
ABO
ABC, norn donné à la collection des signes
d'écriture qne l'on emploie dans une langue.
Le mot est formé du nom des trois j>reiniers
de ces signes. C'est ainsi que aipha^ beia, les
deux premières lettres de la collection grecque,
ont donné naissance au mot alphabet. — D.
abécédaire f prov. becedari, L. abecedarius;
dans ce mot la 4** lettre d est venue aider à la
dérivation.
ABCiS, L. abscessus (non pas ah-cessus,
comme dit Littré); subst. de abs-cedere, qui
lui-même a été reçu, dans son acception médi-
cale, sous la forme abcéder; cp. l'analogue
grec àTi6grrifi:ty ÎT. apostème, de àTOffrVîvai.
AfiDIQUER, L . abdicare (se dédire, renon-
cer). — • D. abdication y L. abdiccUio.
ABDOMEN, transcrit du latin abdomen ^
ventre.
ABECQUSR, aussi abéquer et nbécher,
foime extensive de becquer, prendre ou don-
ner la becquée ; voy. bec,
ABÉE, ouverture par laquelle coule l'eau
qui fait tourner un moulin. Ménage dérive ce
mot à tort du L. abitus, issue, sortie; Vabée
n'est qu'une fausse orthographe p. la bée.
Bée do moulin se dit encore; c'est le subst.
verbal du verbe béer, être ouvert (v. c. m.).
ABEILIiE, prov. abelha, csp. abfja^ it. pec-
chia (p. apecchia), est régulièrement formé
de apicula, apic'la, dimin. de apis. On sait
que pour se romaniser, un grand nombre de
primitifs latins ont revêtu la forme diminutive
(p. ex. oreille, oiseau, soleil, sommeil). Le
primitif apis a laissé des traces dans l'an-
cienne langue et dans les patois, sous les
formes é (cas-sujet es), ef, abe, etc. On y trouve
aussi les dimin. avette, avilie. Le dérivé apia-
rium, ruche, existait en \'fr. sous la forme
achier (pi devant une voyelle fait j^/, d'où ch,
cfr. ache, de apium, sache, de sapiam).
ABERRATION, L. aberratio,6cAti{errarc).
Le mot a été d'abord employé dans un sens
exclusivement astronomique.
ABÊTIR, factitif do béte. La langue fran-
çaise forme des verbes inchoatifs et factitifs en
ïr, de primitifs ac^ectifs ou substantifs, au
moyen du préfixe a, modifié diff'éremment
suivant l'initiale du primitif; ex. : adoucir
Moux), asservir (serf), aUendnr (tendre), ati-
tir (vil), abâtardir (bâtard).
ABHORRER, L. ab-horrere. On disait autre-
fois de préférence abhorrir (cp. prov. aborrir,
aorrir, it. aborrire).
ABIGEAT, du L. àbigeatus (de abif/etis =
qui abigit).
ABIME, ABISME*, prov. obis et abisme. On
rapporte généralement ce mot au L. abyssus,
gouffre (lui-même tiré du grec «Suffao^), mais
cette étymologie ne peut s'appliquer qu'à la
forme prov. <âis et à l'it. abisso. L'explication
la plus heureuse est incontestablement celle
de Diez, qui dérive abisme, par l'efTet d'une
contraction tout à fait régulière (cfr. vfr.
boiiisme, aUisme, etc.), d'un substantif super-
latif abissimuSf formation analogue au domi-
nissimus de la moyenne latinité, et à oculis-
stmus, employé par Plante. — D. nbimer; la
sign. piV'oipiter dans un abimc sVst généra-
lisée en celle de détruire, anéantir, ruiner
(cfr. en ail. zu ffvioul richten), comme, dans
un sens inverse, l'acception générale de necare,
tuer, s'est s|KkMalisée en celle de noyer.
ABÎMER, voy. abimc.
ABJECT, L. ahjcctus{^2iTi. passé àeabjiccre,
jeter loin), bas, commun, vil. — Subst. abjec-
tion, L. abjeclio, état de ce qui est abject;
autrefois, on avait aussi le néologisme «^Vc^^r,
humilier, avilir.
ABJURER, L. abjurare. Lo mot latin toute-
fois impliquait l'idée de parjure; cette idée
s'est eflacée dans le mot français.
ABLATIF, sixième cas de la déclinaison
latine, exprimant éloignement, séparation,
du L. ablutivHS, formé de nblatum, supin do
anferre, enlever.
ABLE, petit poisson à ventre blanc ; ce mot
devrait sonner alble {les Suisses et les Autri-
chiens disent, en effet, albele, albel), car il vient
de l'adj. albulus (dim. de albus, blanc). Les
Romains désignaient Table par un autre dérivé
ô!(dbus, savoir : albumus, d'où l'esp. albur
(Rob. Estienne cite auboiime comme employé
en Saintonge). — Dimin. ablette (angl. ablet).
Autres dérivés : oblière et son dimin. ablcrct,
filet pour pêcher des ables.
...ABLE, suflSxe, := lat. a^iVi^; ce suflSxe
est appliqué en français :
1® A des verbes de toutes conjugaisons avec
un sens tant actif que passif [adorable, rede-
vable, vendable, convenable, aidable, sccou-
rable, périssable);
2° A des substantifs en té (charitable, équi-
table, véritable, amistablé'),
ABLÉ6AT, L. ablegaius, envoyé (ah-legare).
La terminaison ai pour é (cfr. relégué, délé-
gué) dénote lo caractère non vulgaire, non
populaire, ou l'introduction relativement vé-
cente d'un vocable ; nous citerons ici à l'appui
les mots légat, délicat, rosat, renégat; ces
mots' n'appartiennent pas au vieux fonds de la
langue. Aussi bien ablégat est-il un terme de
chancellerie romaine.
ABLERET, ABLETTE, voy. able.
ABLUER, L. abluere (ab, luo), enlever en
lavant. — Ablution, L. oblutio, action do
laver, purification.
ABNEGATION, L. ab-negatio, de ab-ncgare,
refuser, dénier.
ABOI, voy. aboyer.
ABOLIR, L. abolcre, arrêter dans sa crois-
sance, faire dépérir, anéantir. — abolition,
L. abolitio; de là lo néologisme abolition-
niste, adversaire do l'esclavage.
ABOMINER, L. abominari, propr. repous-
ser une chose de mauvais augure [omcn], puis
en général, abhorrer. — abomination, L. abo-
minatio; abominable, L. abominabilis.
ABONDER, L. abundare (unda), pr. débor-
der, couler en abondance, être en grande
quantité. — abondant, -ance. L. abundans,
•aniia. — Cps. surabonder, L. superabim-
dare.
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ABO
— 3 —
ABR
ABONNER, anc. aussi aboimer, abosnci',
signifie propr. limiter, et vient do bonne, anc.
forme de borne, limite. S'est employé parti-
culièrement dans le sens de fixer ou régler,
au moyen d'une convention, une redevance à
payer; de là abonnement^ acx^ord entre un
propriétaire et son fermier, puis convention
quelconque relativement à un sei*vice à ren-
dre d'une part et à payer de l'autre. Cette éty-
mologie, approuvée par Littré, est parfaite-
ment acceptable; cependant l'acception mo-
derne du mot pourrait tout aussi bien être
ramenée au primitif bon; s'abontier n'est
autre chose que se faire bon, c. à d. foH (cfr.
en ail. f/ut stehen, et en français « doimer im
bon "), s'engager à payer au prix convenu
une marchandise, dès que celle-ci sera pré-
sentée, ou à l'échéance convenue. Diez allègue
à l'appui de cette dernière manière de voir le
terme espagnol abonar, répondre pour quel-
qu'un, assurer.
ABONNIR, inchoatif et factitif de bon. —
Cps. r-a-bonnir.
ABORDER, v. n., prendre terre; v. a., s'ap-
procher de, arriver à; dérivé de bord, dans
la signification de rivage (cfr. arriver). Dér.
abordage, -ée, -able et subst. verbal abord,
action d'aborder, * d'approcher, puis lieu où
l'on aborde; par extension aussi action d'en-
tamer, d'attaquer une chose ; de là les locu-
tions : de prime abord, et simpl. d'abord =
dès le principe, au commencement, cp. les
anciennes locutions de venue*, de première
venue*,
ABORIGENES, L. aboi^igincs [ab, origine,
dès l'origine), habitants primitifs. On en a dé-
gagé un adjectif abœ'igâne, — Le mot est de
formation peu correcte.
ABORTIP, L. abortivus, formé de abortus,
part, de ab-oriri, ne pas venir à l'existence,
avorter. Ce terme est scientifique ; un autre
dérivé du latin aboriri, savoir le fréq. abor-
tare, s'est, par radoucissement habituel du b
en V, romanisé en avorter.
ABOUCHER, pr. mettre bouche à bouche,
face à face. Autrefois, s*aboucher signifiait
tomber le visage en avant sur quelque chose.
ABOUT, voy. abouter,
ABOUTER, joindre deux objets bout à bout
(voy. bout). De là le subst. verbal about, l'ex-
ti*émitô par laquelle on abouie. Les marins
disent abutcr do but, .qui est étymologique-
ment identique avec bout. — Un autre dérivé
de bout est le verbe neutre aboutir (angl.
abut), toucher par un bout à qqch., fig. se
terminer par. De là : les aboutissants.
ABOUTIR, V. l'art, préc.
ABOYER, anc. bager, abaya*. L'étym. reçue
porte sur lat. baubari, m, s.; Fôrster (Gro-
bcr, Ztschr. V, 95) la conteste par des raisons
phonologiques et prétend que ad-baubari n'a
pu donner la forme ancienne a-baier, tandis
que de celle-ci a régulièrement surgi aboyer,
comme citoyen de citei-ien, soudoyer do sol-
dei-ier, émoi du vfr. esmai. Quant à * bayer,
il l'identifie avec l'it. bajare, qui a le même
sens et ramène tous les deux à L. badare,
oïivrir la bouche ; bayer ne serait donc qu'une
variété de béer. Pour l'analogie des sens, il
compare en ail. klaffen, ctro béant, ci hlâffen,
japper, clabauder. Boucherie explique ainsi î
adbaubare, d'où par syncope de la médialo b
et conversion do au en a (cp. augustus de-
venu *a-oiU), abayer, d'où aboyer. — Subst.
verbal aboi, dont le pluriel exprime, au pro-
pre, l'extrémité où est réduit le cerf forcé,
loi*sque les chiens l'entourent on aboyant; au
figuré, deraière extrémité.
ABRÉGER, d'où Fangl. abridge. Ce mot se
rattache au L. brevis, comme alléger à levis;
l'un et l'autre dérivent directement des formes
latines abreviare et alleoiare; cp. encore le
vfr. assouager de suavis. On sait que dans
les syllabes finales eus {ea, eutn) ou ius {ia,
ium) les voyelles e et t se transforment, après
des consonnes, en consonnes chuintantes;
après une forte, en ch, après une douce, enj
ou g. Exemples : somniare, songer; simia,
singe; cambiare, changer; vindemia, ve^i-
dange; lineus, linge; commeatus, congé; ru-
peus, roche; propius, proche; apiarium,
achier *. — D. abrégé.
ABREUVER, faire boire, forme transposée
du vfr. abeuvrer, abevrer, prov. abeurer, it.
abbeverare. Le fond do ce vocable est le verbe
lat. bibere, romanisé d'abord en bevre, puis en
boivre et définitivement en boire. On trouve
du reste dans l'ancienne langue, au lieu de la
forme dérivative abeuvrer, une forme plus
primitive, aboicre. Voy. aussi breuvage.
ABRI, prov. oôncesp. abrigo, La forme
du "verbe esp. abrigar, couvrir, protéger, a
amené Dioz à recourir, pour l'étymologie de
ce mot, à im verbe vha. supposé bi-rihan,
couvrir (on trouve ant-rihan , découvrir) ,
auquel on aurait adapté le préfixe roman a.
Le .savant linguiste croit devoir repous.sor
l'étymologie qui se pré.sentcT le plus naturel-
lement, savoir celle du L. apricus, vu la signi-
fication contraire de ce mot : ouvert, exposé
(aperire) au soleil, tandis qu*abri veut dire
un lieu couvert et ombragé. " Quidquid in
occuUo est, in apricum proferet aotas »
(Horace). Diez invoque en outre contre l'ori-
gine latine la circonstance que le mot fait
défaut en italien dans le sens d'abri ; puis la
.signification couvrir qu'a le vfr. abrier dans
certains passages du Roman de la Rose et do
Guill. Guiart. Ces scnipules ne semblent pas
fondés à d'autres, comme Mahn, Littré et les
autours du Dictionnaire liistorique;a/WîCMm,
disent-ils, désignait bien aux Latins un lieu
qui garantissait de l'ombre, du froid, de l'hu-
midité ; mais de cette acception première pou-
vait fort bien se déduire et se fixer le sens
général de «* lieu protecteur»». — Diez, enfin,
croit aussi digne de quelque considération
l'ail, bergen, mettre en sûreté, à couvert (qui
en vha. fait au i)résent birgu), lequel, par la
métathèso ordinaire de l'r, pourrait fort bien
avoir fourni le mot roman. Insistant surtout
sur les acceptions bien constatées qu'avait
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ABS
ABU
apricus dans la basse latinit<5, savoir : «* jucun-
diis, dclectabilis, locus sine frigore, k>cus
temperatus sine vento »>,ot se fondant, en
oiiti*e, sur l'existence bien démontrée du verbe
apHcare au sens de ♦* protéger, garantir «,
Bugge (Rom. IV, 348) appuie décidément
Vétym.apricwn. Pour ma part, je crois aussi
que la série génétique : apricus-apricare^
d'où vfr. abricTy d'où subst. abri, est tout à
fait plausible. I^ dér. abriter est en tout cas
de formation moderne et arbitraire. — 11 est
curieux encore de noter que le wallon et le
bourguignon emploient la locution « être à
l'abri »» dans le sens du lat. apricus, pour •« être
exposé à ».
ABRICOT, appelé chez Pline pninum
Armeniacum. Les formes esp. et port, albari-
coque, albricoque, ainsi que Fit. albercocco,
albicocco, v. angl. apricok (ail. aprikose),
donnent la clef de l'origine de ce mot. Elles
se rattachent, comme le font voir les mots
grecs du moyen âge Trpaixoxxiov et Trpeydxxio»
(Dioscoride), au latin prœcoquus (cp. Mar-
tial, 13, 46), prœcox, cuit ou mûri avant la
saison, précoce, hâtif. L'arabe ayant emprunté
le mot grec, en a fait birqûq et burqûq, et
avec son article al, alberqùq, qui, en défini-
tive, parait être l'original direct du fr. abri-
cot (cp. gr. mod. ptpùMMv). — D'autres (Jolm-
son et le P. Labbe) ont songé à apricus,
exposé au soleil, que les formes correspon-
dantes des autres langues ne permettent abso-
lument pas d'accepter.
ABRITER, voy. abH.
ABROGER, L. ab-rogare, pr. demander
l'annulation d'une loi.
ABROUTI, part, d'un verbe inusité aôrow^iV,
dér. de brout,
ABRUPT, L. abruptus (rumpere), rompu,
i-apide, escarpé. C'est, à ce qu'il pamit, tant
au propre qu'au figuré, un mot d'introduc-
tion toute moderne. — La locution latine ex
abrupto, brusquement, est passée dans le dic-
tionnaire français.
ABRUTIR, factitif de briUe.
ABSCISSE, L. abscissus, part, de abscin-
dere, retrancher.
ABSENT, L. absentem; verbe s absenter, L.
absentare; subst. absence, L. abserUia,
ABSDE et apside, du L. apsis, gén. apsi-
dis (afs), arceau, voûte.
ABSINTHE, L. absinthium (âif^veiov).
ABSOLU, vfr. assolu, du L. ab-solutus,
d'où aussi lesnéologismesa^w/a/iswc, -iste. —
ABSOLUTION, L. absolutio; absolutoire, L.
absoliUorius.
ABSORBER, absorbir, vfr. assorber, du L.
absorbere, engloutir.
ABSOUI)RE, vfr. assoudre, L. absolvere,
devenu d'abord absolre, puis par Fintercala-
tion euphonique de d (cfr. «v5pa p. avip»)
absoldre, enfin par la permutation habituelle
de l (suivi d'une consonne) en ii, absoudre.
De la même manière s'est produit r/wudre de
molere, poudre do pulverem, [Une ancienne
forme fr. assoiUir, a laissé l'angl. assoit.] Ul
radical reparaît, ainsi que le t, dans les
flexions : absolvons, absolves, etc. Le part,
pasiîé absolutus, accentué absôlutus et devenu
absoVtus, a donné absout et par le maintien
de Xs caractéristique du nominatif, absous; le
fém. absoVta est devenu absoUe, absoute, fém.
du part, passé, et à la fois, par l'habitude
propre aux langues romanes de former des
subst. abstraits au moyen du participe passé
— p. ex. : allée, venue, perte (perdita), vente
(vendita), chute (caduta), saillie, etc. — le
substantif absoute. La fomie primitive abso-
lutus s'est maintenue dans l'adj. absolu. On
trouve de même du part, revolutus, dans la
langue actuelle, à la fois révolu, a^j., et le
subst. participial révolte, formé par la syncope
de u, de revoluta. Le substantif absoute est,
au fond, la même chose que absolution, qui
est directement tiré du L. absolutio; l'usage
seul les a distingués, comme il est arrivé à
révolte et révolution.
ABSTEME, L. abstemius, qui s'abstient de
boire des liqueurs enivrantes; racine tetnum
=» /liOv, primitif de temetum, vin.
ABSTENIR (S'), \-fr. astenir, du L. abs-
tinere. — Dér. savants : abstinent, L. absti-
nens; abstinence, L. abstinentia. Nous avons
tort de ne pas dire abstenant, abstenance,
comme on disait jadis, et comme on dit encore
attenant, contenatux.
ABSTENTION, L. abstentio {au supin a&5te7i-
tum).
ABSTERGER, L. abs-tergere (tergere ,
essuyer). — D. abstergetit, L. abstergens ; àw
supin latin abstersum viennent abstersion, L.
abstersio, et abstersif.
ABSTINENCE, voy. abstenir.
ABSTRAIRE, du L. abs-trahere; le pai-ti-
cipe abstractus a donné abstrait.
ABSTRUS, du L. abstrusus, part, passé
d'abstrudere, litt. poussé loin, enfoncé, éloi-
gné, difficile à aborder ou à comprendre. Pour
l'idée, cp. abstrait, qui originellement signi-
fie également tiré loin, détaché, puis impé-
nétrable, difficile à saisir.
ABSURDE, L. absurdus; subst. absurdité,
L. absurditas.
ABUS, mauvais usage (anc. aussi ■• erreur),
du L. abusus (ab, utor^; cfr. m5 de vsus. Le
verbe abuser ne vient pas directement du
subst. fr. abus, mais du fréquent, abusari,
tiré par la moyenne latinité du supin aôw5«m,
de abuti. C'est ainsi que user, raser, oser, etc.,
viennent, par les supins usitm, rasum, au-
sum, de tUi, radere et audere. M. de Cheval-
let (Orig.11,96, 97) commet une grave erreur
en établissant à l'égard de ces verbes une per-
mutation de d ou t en s doux. C'est un trait
caractéristique do la langue romane, que de
tirer ses verbes de la forme fréquentative
plutôt que de la forme primitive. — Abuser,
c'est aussi bien faire abus de quelque chose
que de quelqu'un en le trompant, mais dans
le sens do tromper, le verbe a pris la construc-
tion active. — Cps. désabuser, détromper. —
Le part, abusus a donné à l'ancienne langue
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ACC
ACC
lin adj. abus, « qui se trompe, fourvoyé,
troublé.
ABUSER, voy. abus.
ABUSIF, L. ab-usivus (abusus).
ACABIT, qualité bonne ou mauvaise ; ap-
pliqué d'abord aux fruits, légumes, ce mot a
fini par devenir tout à fait synonyme de qua-
lité, caractère, genre. Quant à son origine, il
ast formé du BL. accapitum (ad, capere), prise
de possession, achat; de bon acabit voulait
dire de bonne prise, de bonne possession,
avant de signifier : de bon genre ou de bonne
condition.
ACACIA, L. acacia (àxax£a).
ACAJOU, d'après Devic, le mot provien-
drait bien de l'Asie orientale, mais serait
d'origine malaise. (Voir Littré, suppl.).
ACANTHE, du L. acanthus (ixaveo«).
ACARIATRE, d'une humeur fâcheuse,
aigre ; ce mot, qui ne remonte pas au delà du
xvi^ siècle, est, selon Diez, de la même ori-
gine que les vieux verbes acarer, acarier
(esp. carear, acarar], confronter (mettre face
à face). Le primitif serait donc le mot roman
cara (voy. chère), tête, visage, et le sens fon-
damental « qui tient tête dans une confronta-
tion»», difficile à convaincre. A cette étymol.,
Tobler(Zeitschr. rV,375) objecte qu'un verbe
acarier n'a jamais existé et que acarer, con-
fronter, était un terme réservé à la langue
juridique et n'est d'ailleurs guère propre à
engendrer la forme acariâtre. Mais sans
insister sur la forme, l'éminentprof. de Berlin
appuie sur la disparité des sens « confronter »♦
et " difficile, grondeur, hargneux »♦ , et s'adresse
à une autre source. Il reconnaît dans acariâ-
tre une création de Rabelais ou de quelque
autre énidit, fondée sur lé gr. ôxstpt;» ^as-
lat. acaris, trad. par un gloss. du xV siècle
par « mal gracieiilx »» (voy. mon 011a Pa-
t^Ua, 1879, p. 12;, auquel on aurait joint,
très bien à sa place, le suffixe astre (cp. opi-
. niâtre). — G. Paris (Rom. X, 302) n'est pas do
cet avis, u La folie, dit-il, s'appelait jadis le mal
saint Acaire parce que saint Acairo, évoque
de Noyon, en guérissait; de là, à mon avis,
acariastre, qui signifiait jadis « fou furieux »».
(Voy. Sainte-Palaye aux mots Acaire et aca-
riastre.) Sylvius, dès le commencement du
XV* siècle, a rapproché les deux mots, mais il
semble, d'après ce qu'en dit Sainte-Palaye,
qu'il ait attribué à saint Acaire la renommée
de guérir les acai*iastres à cause de la res-
semblance de son nom au leur, tandis que le
leur me semble dérivé du sien ; la tonninaison
a sans doute été influencée par folastre. » —
Rappelons encore que Ménage se tirait d'af-
faire en imaginant un type aceriaster de acer.
ACCABLER, dérive d'un vieux mot fr. coda-
bk, caable, chaabh, BL. cadahula, qui signi-
fiait machine de guerre pour lancer des pierres,
puis action de jeter par ten'e, et que Diez
rapporte justement à xaTa6o>.>5, renversement.
Accabler a donc signifié en premier lieu jet^r
bas, atterrer, puis abattre au sens figuré. Le
mot fr. chablis, arbres abattus dans la forêt
par le vent, est de môme origine et suppose
un verbe chahler; il s'est anglisé en cablish,
bois chablis.
ACCAPARER (mot d'introduction moderne),
arrher ou acheter tout ce qui se trouve oflTert
en vente pour se i-endre le maître du cours,
fig. prendre tout pour soi, vient du BL. ca-
pan^a (it. esp. capa^^a), arrhes. Ce subst., à
son tour, parait composé de capere et arrhae.
ACCASTILLER, terme de marine, de castel-
lum, château (dans son acception maritime).
ACCÉDER, du L. accedere, marcher vers
(cp., pour le sens figuré de ce verbe, l'ail.
beitreten, consentir). — Accessit, mot latin,
sign. « il s'est approché (du prix) »». — Dérivé
moderne du mot latin : accessoire, pr. ce qui
se joint à.
ACCÉLÉRER, L. accelei^are (de celer, vite).
ACCENT, pr. intonation, du L. accentus
(rac. cano, chanter, cp. le grec npoç-v^lx). —
D. accentuer, formé de accentus, comme gra-
duer, statuer, de gradus, status.
ACCEPTER, L. acceptare (frôq. de accipere\
ACCEPTION, action ou manière de prendre,
d'admettre, du L. acceptio (accipere).
ACCÈS, L. accessus (ac-cedere), approche.
ACCESSIBLE, L. ' accessibilis (accedere),
dont on peut approcher.
ACCESSIT, voy. accéder.
ACCIDENT, du L. accidens, ce qui tombe
ou arrive, en bien ou en mal, « quod casu ac-
cidit ♦» ; accidere, advenir, est un composé de
cadere, verbe simple qui a donné le fr. choir;
cp. l'ail, jiu-fallf fait accidentel, hasard.
L'acception « manière d'être fortuite, impré-
vue, irrégulière »» a donné lieu au terme acci-
dent de terrain, d'où l'adj. participial acci-
denté, inégal, d'aspect varié. — D. accidentel
(on trouve le L. accidentalis dans Boëce). —
Le mot accident, pour l'origine et le sens,
rappelle incident (v. c. m.).
ACCISE, BL. accisia, dér. du part, accisus
(de accidere, composé de caedere, couper). Les
Anglais disent, avec un autre préfixe, excise;
cp. le terme taille, de tailler. D'autres ^Du
Cange, Diez) prennent accise pour une variété
ortliographique de assise, fixation ou assiette
de l'impôt; nous pensons qu'ils ont tort.
ACCLAMER, L. ac-clamare, crier vei-s.
ACCOINTER, prov. acoindar,Q.ng\. acquaint,
BL. accognitare, faire faire connaissance,
mettre en rapport, vient du L. cognitus,
cx)nnu (lequel, par cognHus, congtus, a donné
l'ancien acy. cointe = qui s'y connaît, habile,
bien appris, de bonnes manières. L'ail, kund
n'a rien à voir ici. — D. accointance (angl
acquaintance). Notons encore vfr. acointe, it.
acconto, familier, ami intime.
ACCOISER, tranquilliser, prov. aquesar,
du L. quietus (par une dérivation verbale
quieliare; voy. cot),
ACCOLADE, voy. le mot suiv.
ACCOLER, prendre au cou, embrasser, puis
joindre, réunir; de col, cou. — D. accolage,
-ure, -ode, et racoler, qu'il faudrait, par
analogie, écrire avec deux c. Quant à la ter
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ACC
6 —
ACC
minaison ade dans accolade, nous i)renons
occasion de remarquer ici qu'elle reprc>scnte
d'abord l'ital. cUa et le prov. ada, et par là le
féminin particii)ial ata des Latins, qui a sei-vi
de moyen dérivatif pour faire des substantifs
verbaux. La termin. ade a un caractère
étranger ; elle est introduite dans la langue
l)ar imitation, son correspondant vraiment
français est ée. Accolade est un terme relative-
ment moderne ; les anciens disaient accolée,
comme on disait calée pour le prov. colada
(coup sur le cou). Aujourd'hui encore, nous
disons à la fois escapade et échappée.
AOGOHMODBR, pr. rendre commode, conve-
nable, puis arranger, ajuster, apprêter, mettre
d'accord, concilier, L. ac-commodare (com-
modus) ; composé : r-accommoder, remettre
en état, réconcilier.
ACCOMPAGNER, dérivé du vfr. caupaing,
primitif de contpagnon{\. c. m.). — D. accom-
pagnaietir^ -atrtce, -emait. Accompagnateur
est un mot mal fait. On ne peut appliquer la
terminaison ateiir (= lat. aior) à un mot
essentiellement roman, c'est-à-dire non latin ;
c'est comme si du verbe ouvrer , romani sation
du L. operart, on voulait faire un subst.
ourrateur, au lieu de oitvreitr. Pour satisfaire
à la loi étjTuologique, il fallait dire acootn-
pagneur et non accompagnateur , comme on
dit dégraisseur et non pas dégraissateur .
ACCOMPLIR, L. complere, avec préfixion
romane de la particule ad^ cp. vfr. a-emplir,
de implere.
ACCORDER, BL. accordare, réunir les cœurs
(corda), concilier, mettre en harmonie. De
l'anc. acception neutre consentir, être de
même sentiment relativement à un deman-
deur, s'est dégagé le sens actif concéder,
conférer, octroyer. Cp. le même mouvement
de sens dans consentir une chose. — L'ex-
pression accordei* un instrument a fait déri-
ver accorder de chorda, corde; mais cette
dérivation, justifiable à la lettre, ne se re-
commande pas en vue des diverses applica-
tions du mot. Accorder appartient à la même
famille que concorde et discorde. — D. subst.
verbal accord (en vfr. aussi le fém. accorde),
rapport harmonieux, concordance, assenti-
ment, convention ; accordailles (terminaison
assimilée à fiançailles, épousailles). Compo-
sés : désaccorder, désaccord; raccorder, rac-
cord.
ACCORE, t. do marine, est prob. = escore
(conversion de préfixes fréquente), donc dans
SCS diverses applications, le môme mot que le
nord, sliora, ni. schoor, angl. shore; cp. csp.
cscora = accore.
ACCORT, avisé, subtil, adroit, insinuant.
L'emploi de cet adj. ne remonte pas au delà
du xvi<^ siècle. L'accei)tion première, d'après
. Nicot, était : avisé d'entendement, clain'oyant,
de bon esprit et jugement, et dans la suite il
a pris celle de conciliant, d'humeur facile.
11 est directement tiré de l'it. accorto, avisé,
letiuol se rattache au verbe accorgcrsi, s'aper-
cevoir (foi'mé de ac-corrigei^e). Reste à expli-
quer le pa.ssage de l'ancienne signification à la
moderne; n'y aurait-il pas eu ici quelque
malencontreu.^ influence du mot accord, ou
(juelque faux rapport avec corte, d'où cortese,
fr. courtois f Cependant l'idée d'adresse peut
fort bien engendrei', au point de vue des ivla-
tions sociales, celle do complaisant, d'un
commerce facile. Voltaire, en commentant
Corneille, s'est fourvoyé en rattachant .sans
plus accoH au verbe accoi'der. — D. Accort a
produit deux formes .substantivales : accor-
tesse et accoHise; toutes deux répondent à l'it.
dccortesza.
ACCOSTER, BL. accostare, iovmé de costa,
cùte, comme aborder de bord. — D. accos
table, abordable, d'un accès facile.
ACCOTER, V. a. appuyer, v. n. (en i>arl.
d'un navire) être couclié sur le cC\ié, n'e.*<t pas
une variété du précédent et ne vient i)as de
cote. Le mot, très fréquent dans l'ancienne
langue dans le sens tantôt d'appuyer, accx)u-
der, tantôt de se coucher, reproduit un type
latin accubitare, qui à son tour repi'ésente
aussi bien le fi*éq. de accubare (cp. doter*,
douter, de dubitare), qu'un dérivé de cubitus,
l'original de coûte', coude. Notre verbe mod.
accouder ne fait que remplacer l'anc. acoter
ou a^oiUei\ comme coude s'est substitué à
coûte. — 11 se peut que dans « chemin d'rtc-
cotemeyU » l'idée de côte se soit mêlée au sens,
qui d'abord est appui.
ACCOUCHER ou s* accoucher, pr. se mettre
en \vL couche (v. c. m.), tomber malade, et par
métaphore au sens actif, délivrer d'enfant.
Le terme est donc au fond identique xi\ oc ali-
ter et a subi une restriction de sens. — Le
vfr. disait do même agesir p. accoucher;
c'est le latin ad'jacere(v. gésir). On y emploie
(iwas'i gésine = coucher, puerperium, ci qui
gist d'enfant «= puerpera.
ACCOUDER, vfr. acouter, voy. accoter. —
D. accoudoir.
ACCOUER, pr. suivre à la queue, de coe\
coue*, anciennes formes ([e queue.
ACCOUPLER, dér. de couple.
ACCOURCIR, dér. de court. Quant à la ter
minaison en cir, nous remarquons ici qu'elle
correspond à l'esp. et au port, ecer (a ne. escci^)
et au prov. ezir, et qu'elle rejiroduit la ter-
minaison inchoativo latine escere. Le sens
inchoatif a, dans le^s langues nouvelles, fait
place au stms factitif. C'est ainsi que se sont
produites les formes noircir (esp. negreccr,
prov. negrczir, lat. nigrcsccre), obscurcir,
éclair cir, durcir. — L'anc. forme acorcicr se
rapporte à im type roman accurtiare, dérivé
de cuHus (comme altiare, fr. haucier', haus-
ser, de altus).
KCGOXTBJR {vît. acorre, acourre), L. ac-cu,r-
rcre.
ACCOUTRER, acoustrer\ prov. acotrar;
d'a})rôs Diez, pour accouturer, de couture (it.
costura); .^elon d'autres, de coustre, coutre,
sacristain chargé do la toilette de la Vierge
et de l'arrangement du mobilier d'une église.
La .seconde étvm(»logie n'a aucune valeur; la
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ACC
— 7 —
ACH
prcmiôrc se recommande davantage, et cepen-
dant nous n'oserions l'admettre, surtout en
pi-ésence des expressions anciennes : « Accous-
trer des cheveux, un lien, un repas, des
navires, ♦» etc. Une origine tii-ée de cuit ara y
pris dans le sens do cuUus^ soin. an*ange-
ment, mise, toilette, no serai t-ello pas plus
pi-obable ? Vs do la forme accousirer peut fort
bien n'êtixî que prosodique, comme dans
ti'osne, pasle, {^. tiy)iu, paie), etc.; d'ailleurs,
il n'existe pas dans la forme provençale.
Notre supposition est cx)rrobor6o par l'expres-
sion « un chEimp bien accoutré » = bien tenu,
bien cultivé, que nous avons rencontrée dans
Noël du Fail. Pour la forme, cp. cùUrer do
cincturare, — Une explication parlât, culcttra,
vfr. contre, couverture (accoutrer serait pr.
couvrir), a été mise en avant par M. Ulricli
(Ztschr. III, 266), mais elle ne me sourit guère.
— D. accoutrement, habillement. — Cps.
raccoxitrer,
ACCRÉDITER, terme modeme, mettre en
crédit,
ACCROC, subst. verbal do accrocher.
ACCROCHER, suspendre ou attraper, saisir
ûu moyen d'un ci*oc (v. c. m.); en termes de
marine, jeter les grappins pour l'abordage.
Au fig. attraper adroitement. S'accrocher,
s'attacher à quelque chose de crochu , puis en
général s'attacher; ep. se cramponner. — D.
accroc, subst. verbal, exprimant à la fois l'acte
do s'accrocher ou d'accrocher, et le résultat
de cet acte, une déchirure on bien encore un
embarras, un obstacle. — Cps. raccrocher
(d'où raccroc).
ACCROIRE, du L. oc-crerf^e, ajouter foi.
Anciennement, accroire signifiait aussi con-
fier ; accroire (de l'argent) =» donner (et par
corrélation, aussi prendre) à crédit ; cp. L.
credcre pecuniam.
ACCROÎTRE, verbe neutre et actif, du L,
accre>Écere. — D. accroissement^ accrue.
ACCROUPIR, voy. croupe.
ACCUEILLIR, BL, accolUgere; extension
du simple ci^eiY/îV. Comparativement k cueillir
et à recueillir, le sens primitif de réunir,
assembler des objets multiples (res collectas),
s'est élargi dans accueillir en celui de rece-
voir en général. L'idée de collection s'en est
donc cifacée (cp. le verbe ramasser). — Dans
l'ancienne langue, le verbe avait pris des sens
plus variés : prendre, saisir, attaquer; p. e.
acueillir un chemin, prendre un chemin ; être
accueilli par l'ennemi, par la tempête. On
dit encore à Liège acoï p. assaillir. — D.
subst. verbal accueil.
ACCULER, pr. pousser qqn. le cul contre
un mur, pousser au pied du mur ; lat. in an-
gustias, vel in arctum redigere. — D. subst.
verbal accul, d'abord action d'acculer, puis
le lieu où on est acculé, lieu sans issue.
ACCUMULER, du L. accumulare (cumulus).
La vraie forme française acombler s'est perdue,
tandis que l'introduction dccumule^^ïia point'
fait disparaître combler.
ACCUSER, L. accusare (causa).
-ACÉ, suffixe introduit \vir la science mo-
derne, en imitation du latin aceits, et con-
trairement aux règles, Ye n'étant pas tonique
en latin. La vraio francisation de aceiis, acea est
as, ace ou «55^ ou ac^,formes appliquées dans
fatras, fouace, cuii'usse, rondache, etc. Aussi
bien cétacé, rosacé, liliacé et sembl. sont-ils
exclusivement du domaine scientifique, tandis
que rosace appartient à la bonne souche fran-
çaise.
ACBNSER, anc. acensir, donner à ce>w(cp.
ni*renter do rente). — Subst. ace)is, terre
tenue à cens.
ACERBE, L. acerbus, m. s.
ACÉRBR, voy. aciei\
ACÉTATE, terme do chimie, représentant
un pail;. latin acetatus, de acetare, verbe formé
de acetum, vinaigre. Ce dernier substantif a
donné encore à la langue savante les ac^.
acétique et acéteux,
ACHALANDER, pourvoir do chalands
(v. c. m.).
ACHARNER, propr. donner le goût et l'ap-
pétit do la chair, anc. charyi, char (v. c. m.),
fig. irriter : mot appliqué d'abord aux chiens
ou aux loups " qui s'addentent sur quelque
bostc sans qu'on les puisse retirer » (Nicot).
— D. acharnement, fureur, animosité.
ACHAT, subst. verbal do achaier, anc.
forme do acheter,
ACHE, pr. api, esp. apio, du L. apium
(5m5v); cp. sache de sapiam, proche do pro-
pius.
ACHEMINER , mettre dans lo chemin
(v. c. m.), fig. mettre en bonne voie pour
réussir. En vfr. on disait aussi s'arouier, so
mettre en route.
ACHETER, anc. achaier, acater, it. accat
tare = emprunter, v. esp. acabdctr, du BL.
accaptare, litt. prendre à soi. Lo radical est
donc lo verbe capei*e. [D'autrep, toutefois,
voyant dans accaptare une forme syncopée de
accapitare, prendre en possession, partent
d'un radical caput dans son .sens do bien
meuble ou capital.] — Ac-captare s'est sub-
stitué au latin classique emere, qui se prêtait
mal à la romanisation. D'ailleurs, le rapport
idéal entre prendre et acheter se révèle déjà
dans le latin emere, qui, en premier *lieu,
signifiait prendre, comme son composé su-
niei^e (= sub-emere), et sumere lui-même n'a-
t-il pas également signifié acheter, acquérir?
Les Espagnols, les Provençaux et les Italiens
ont remplacé emere par le verbe comparare,
acquérir, devenu comprare et comprar. —
D. achat, subst. verbal so rattachant à la
forme première achaier. — Cps. rach^er[à^o\x
rachat).
ACHEVER, esp. port. prov. acabar, angl.
achieve, mener à fin, à chef (v. c. m.); on
disait aussi venir à chef, p. venir à bout. —
Cps. parachever (cîv. les formations anciennes
paraimer, paremplir et sembl.).
ACHOPPER, hourtcr du pied, vîr. assouper;
de a -\- chopper, donc chopper contre, —
D. achoppement.
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ACT
— 8
ADl
AGHORES, croùtos do lait, du grec «-/«iip.
ACHROMATIQUE, non chromatique, du
gr. yrjôtjjLT^t couleur, et de l'a privatif.
ACIDE, -ITÉ, L. aciduSy -itas, Dimin. aci-
duk, L. aciduhiSy d'où le verbe aciduler.
ACIER, it. acdajo, esp. acero, prov. aciei\
vfr. acer, BL. actarium, dér. de actes se. ferri,
fer durci. — D.acérer, fig. rendre plus tran-
chant, plus vif (do la fonne ancienne acer),
et aciérery convertir en acier (de la forme
nouvelle acier).
ACOLYTE, lat. acoluthus et acolythus, du
gr. à.Y.6lo\i^o^^ celui qui suit, semteur. La ter-
minaison yte p. ou^oi est incorrect<3 : il fau-
drait acoluthe ou -lythe; cp. le t. de gramm.
an-acoluthe (pr. manque de suite).
ACOMPTE, terme commercial, payement
fait à compte.
ACONIT, L. aconitum (à/ovirov).
ACOQUINER, propr. allécher, attirer à la
cuisine, apprivoiser, fig. faire contracter une
habitude basse, du L. coquina^ cuisine. Littré
y voit un factitif de coquin ; cela ne me semble
pas probable.
ACOUSTIQUE, gr. ixow^nxo,-, de à/.oûciv,
entendre.
ACQUÉRIR, vfr. aquen^ey du L. acquirere.
Les composés conquérir, acquérir, enquérir,
requérir ont tous été adaptés au verbe simple
quérir (v. c. m.). — D. acquéreur. Le subst.
acquisition est tiré directement de acquisitio;
mais le roman a créé un autre dérivé syno-
nyme au moyen du participe acquisitus, con-
tracté en acquistus ; c'est acquêt (comparez
quête, requête, etc.), anc. = gain, profit.
ACQUÊT, voy. acquéi'ir, — D. acquéter.
ACQUIESCER, L. acquiescere (m sign.).
ACQUITTER, rendre ou tenir, quitte de qqch.
(v. c. m.), dégrever ; do l'idée se libérer en-
vers quelqu'un, se dégage le sens de payer.
— Subst. verbal acquit.
ACRE, BL. acra, acritm. Les uns font venir
ce mot do acker, mot ail. signifiant champ,
et désignant aussi une mesure de terre ; les
autres l'expliquent par une transformation
du L. OAma, mesure agraire (cfr. diacre, pam-
pre, de diacotius, pampinus),
ACRE, L. acris; mot d'origine savante, fai-
sant double emploi avec aigre, qui reproduit
le même mot latin. Le circonflexe dans acre
n'a pas de raison étymologique. — âcreti^,
vfr. aigreté, L. acritas ; acrimonie, L. acri-
monta, d'où acrimonieux.
ACROBATE, mot fait sur un type gr.
ày.po^àrrji (xxpoi, extrême -|- ^à'^i* qni mar-
che), prim. du verbe gr. àx/sojSaréw, marcher
sur la pointe des pieds.
ACROSTICHE, du gr. à^pôinxoi, propr.
pointe, extrémité, commencement do vers
(xxpoi + 'srlyoç).
ACTE. Ce mot représente à la fois le L. ac-
tifs, opération, action, acte d'une pièce do
théâtre, et le lat. actum, chose fait<i (p. ex.
dans acta apostolorum, actes des api^tres) et
l'exposé écrit de ce qui s'est passé ou do ce
qui a été discuté ou négocié. — D. verbe ac-
ter (néologisme), actuaire, BL. actuarius,
greffier.
ACTEUR, actrice, L. actor, actrix (agere).
ACTIF, L. activus {agcrG), qui agit. Hn latin
classique, cependant, ac<irw5 n'avait pa.s encore
le sens de u solei*s, industrius «. Sénèque
l'emploie dans le sens de pratique, opposé à
speailativus . — D. activité, L. actiritas; verbe
activer (néologisme).
ACTION, L. actio (rad. offere). Déjà le mot
latin possédait les deux acceptions princiimles
du français, savoir : l. opération, 2. pour-
suite en justice (d'où actionner). Quant à la
signification commerciale et industrielle du
mot action, titre de créance, etc. (D. action-
naire), elle est tout à fait moderne ; c'est en
Hollande, à ce qu'il parait, que le mot actie,
forme hollandaise de actio, a été en iiremier
lieu employé pour désigner la quittance jM)ur
le vei-sement effectué d une somme contribu-
tive à quelque entreprise de société. — Cps.
inactio7t .
ACTUEL, propr. effci*tif, réel, puis syn. de
présent, L. actualis (de actus). — D. actua-
lité, actualiser (néologismes).
ACUITÉ, mot forgé au xvi* siècle, pour
donner un subst. abstrait à Tadj. a^utus (fr.
aigu). Il est mal fait ; aussi bien vaudrait tirer
minuité de minutus.
ACUPONCTURE, piqûre à l'aiguille; terme
technique formé au moyen du L. ax^us, aiguille,
et de pungei'e, poindre, piquer.
ADAGE, L. adagium (ad-agendum)
ADAGIO, tonne de musique ; c'est Fit. ad-
agio, pr. à taise, Voy. aise,
ADAPTER, L. adaptare (aptus) ; cj), le terme
analogue approprier de propre, et l'ail, an-
passen de pass.
ADDITION, L. additio (de addere, ajouter).
— D. additionnel, additionner.
...ADE, suffixe de subst. ; voy. accolade,
ADENS, terme adverbial du vfr., à plat
ventre, do à dents, litt. sur les dents ; de hl
vfr. adenter, renverser, coucher par terre.
Cp. l'art, aboucher.
ADEPTE, L. adeptus (part, de adipisct),
qui a obtenu, trouvé, .saisi, qui s'est initié. Se
disait particulièrement dos alchimistes qui
croyaient avoir trouvé la i)ierre philosophale.
ADÉQUAT, L. adaequatus^ mis do niveau,
mis en juste propoi'tion.
ADEXTRÉ, terme de blason, accompagné
du côté droit, du L. dexter, droit. En vfr.
adestrer était syn. d'accompagner.
ADHÉRER, L. ad-hœre^*e, s'attacher à. [Xd-
han'Ci'e, traité d'ai)rôs la 3*^ conjugaison, a
donné aussi le vfr. aih'dre et ahierdre, s'atta-
cher à, prendre, saisir.] — adhérent, L. ad-
hœrens; adhérknck, L. adhcprentia. — adhé-
sion, L. adhœsio (du .supin ad-7iœsuui).
ADIEU, == à Dieu ! cfr. it. addio, ail. Gott
hefohlen i La locution pleine est à Dieu soyez
(prov. a Dieu siatz) ou à Dieu vous com-
mande, qu'on rencontre souvent dans la
vieille langue.
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ADM
— 9 —
ADR
ADIPEUX, L. adiposus (do adeps, graisse).
ADIREE, terme cîc palais, perdre, égarer
une pièce de procédure, anc. perdre en géné-
ral, BL. adirare; l'origine en est obscuixî.
Du Cange propose les étymologies ad-œrare,
fixer le prix de la pièce perdue, qu'il s'agit
de ré^wirer, on l'it. ad-irato, " nam qui sunt
irati seu quonim ira' provocatur, ab eorum
consortio abstinent quibus iraseuntnr, ut
aniplius non compareant uti prius cum iis «;
adiré serait, d'après cette manière de voir,
propr. celui qui, par colère, ne se présente
plus. C'est par trop subtil ! Henscbel préfère
adextratiis, éloigné de la main; Cbevallet
invoque aderrare, orrer, aller çà et là ; tous
deux sans se soucier de l'impossibilité plioné-
tique d'une pareille transformation. Selon
Nu blé (dans Ménage), de l'expr. à dire, en
défaut, dans la locution : « Il s'y est trouvé
à dire un écu. »» Cette locution est fréquento
en vfr., cp. Cbron. de Norm. f. 169 : ♦« Aisi
cum nef n'en fu à dire, i arrivent à sauve-
ment. »» C'est cette derniôro panière do voir
qui parait être dans le \Tai.
ADinON, L. aditio (ad- ire); cfr. ail. cine
erbscliaft antreten.
ADJACENT, L. adjacens, situé près.
ADJBCTION, L. adjectio (jacere) ; adjectif,
L. adjectivits, qui s'ajoute, traduction du gr.
tnieiTOi, épithète.
ADJOINDRE, L. aàjungere (voy. joindre).
— ADJONCiiox, L. adjwictio.
ADJUDANT, terme moderne, ail. adjiiiant,
aide de camp, du L. adjutmxs, qui aide, ser-
viteur. Voy. aide,
ADJUGER, L. adjiidicare, voy, juger; à
Toriginal latin se rattachent directement les
dérivés : adjudication, -o/i/, -ataire.
ADJURER, L. ad'jurare.
ADMETTRE, L. ad-mittei^e (cfr. ail. sulas-
sen). — Du supin admissum : L. admissio,
fr. admission. Néologisme : admissible.
ADMINICULB, L. admiyiicidiim, appui,
.soutien.
. ADMINISTRER, vfr. amenistrer, L. admi-
nistrare (minister).
ADMIRER, L. ad-mirari.
ADMONÉTER ou admonester* y vfr. amones-
ter, du L. admonitare, fréq. de admo7iere.
L'insertion de 1'* (cfr. csp. prov. amonestar,
port, amoestar) devait avoir pour effet, selon
la c<)njecture de Diez, d'empêcher monitare
de se romaniser en monter (cfr. L. vanitare,
fr. vanter)y ce qui eût produit une confusion
avec monter = ascendere. — Cette manière
do voir a trouvé des contradicteurs. Cornu
s'est prononcé en faveur de "admolestare
(ennuyer, fatiguer) ; n p. / ne ferait pas diffi-
culté, et il rapproche monaxtâ, qui s'emploie
à Montbovon (Haute-Gniyère) daiLs le sens de
« dire à quelqu'un qu'il a mauvaise conduite,
l'ennuyer de reproches. »» (Voy. Rom. 111,377.)
Quelques années plus tard (ib. VII, 365),
traitant de la mutation d en n, le môme
savant se montre favorable à un type *admO'
destare, ce qui me semble par tro[> subtil. On
a beaucoup invoqué encore (voy. Littré et
Rom. VIII, 264) l'existence d'un part, bas-latin
vionestiis, analogue ù de nombreux paH. en esto
dans les dialectes nord-italiques et qui expli-
querait aisément pi'ov. monestar, amonestar
et les autres formes romanes citées, mais il se
trouve qu'on n'en rencontre aucune trace dans
les dialectes italiens. D'ailleurs, il est pro-
bable que comme submmntits a donné au
prov. somos, somost, admonitus eût fait amos,
amost, donc aussi amostar. En partant môme
d'un thème participial monsi, il faudrait, sans
être appuyé d'aucun précédent, admettre qu'il
s'en soit dégagé une forme allégée, monest.
Ni Diez, ni Mussafia (voy. son étude sur les
part, en -ect et -est, Grôb. Ztschr. III, 267 et
suiv.) ne sont disposés à sanctionner cette
explication. — On a relevé un subst. vfr.
moneste, « admonestation » (Théâtre fr., p.
Monmerqué et Michel, p. 446), mais ce mot a
tout lair d'un simple subst. verbal de mortes-
tare, dont il s'agit précisément d'élucider la
formation. — D. admonestation, coexistant
avec admonition, qui est tiré directement du
L. admonitio; admonitenr, L. admonitor.
ADOLESCENT, -ENOE,L. adoîescens, -entia;
le participe passé du même verbe adolescere
(grandir, pousser), adultus, a donné adulte.
ADONISER, parer, faire beau comme un
Adonis.
ADONNER (S'), extension de donner; cfr.
en ail. sich hingeben,
ADOPTER, L. ad-optare, fréq. d'un primi-
tif iniusité ad-opcre; c'est du supin de ce der-
nier que .s'est déduit le subst. adoptio, fr. adop-
tion, et l'adj. adoptivus, fr. adoptif.
ADORER, vfr. a-ourer, du L. ad-orare (par
1er à).
ADOSSER, mettre le dos contre qqch.
En vfr. ce verbe avait aussi la signification de
jeter derrière soi, abandonner, mépriser. —
D. ados (terme de jardinage).
ADOUBER, it. addobbare, esp. adobar, BL.
adobare, Diez, suivant en ceci les bénédictins
éditeurs de Ducange, part do l'anglo-saxon
dubban, angl. dub, v. nord dubba (wallon de
Namur dauber), toucher de la main, frapper ;
de là adouber à cJievalier, frapper, c.-à-d.
armer chevalier. L'idée primitive toucher (cp.
le wallon adobé «= qui a reçu un fort coup),
mettre la main à qqch., s'est étendue et
développée en celle d'équiper, arranger, répa-
rer, raccommoder (dans ce sens, le fr. se sert
plutôt du cps. r-adouber). — D. vfr. adoub,
armure, harnais, équipement.
ADOUER, accoupler, dér. do deu, deux.
ADRAGANT, cormption do T/9«yàxavex, tra-
gacanthe, pr. épine de bouc (rpàyo;, axavOo^).
ADRESSE représente : 1® le subst. verbal
do adresser, diriger, donc au fond direction
(anc. = chemin); 2® le subst. abstrait de
adroit = habile (v. c. m.).
ADRESSER, it. addirizzare, esp. adei*ezar,
pr. diriger vers, d'un type ad^irectiare, déri-
vation romane de ad-directus (cp. dresser). —
D. adresse (v. c. m.).
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AFF
10 —
AFF
ADROIT, pr. bien dirigé, du type ad-direc-
tiis. — l). adresse^ habilcti'(v. c. m.). — I/adv.
vfr. adroit peut être envisagé soit comme notre
adj., dépourvu delà désinence adverbiale, ou
comme la réunion des mots à droit =■ rectc,
convenablement .
ADULER, L. adulari, flatter.
ADULTE, voj. adolescent.
ADULTÈRE, adj., L. aduUer (rac. aller).
Le vieux français avait trausfoiTné ce mot en
aouUre^ puis (par l'intercalation euphonicpie
de r) avoulire, aroutre. — adultère, subst.,
vfr. aroutierge, avoutire^ angl. adtoutry, du
L. adulierium ; adultérin, L. aihdterinus ;
ADULTÉRER, L. odulierare.
ADUSTE, L. adiistiis (part, de adurere^
brûler), subst. adtisiion, L. adustio. Le part,
présent adureiisa donné l'adj. adurent (dans :
fièvre adurente).
ADVENIR, forme concurrente et savante de
avenir (v. c. m.).
ADVENTICE, L. advaiticins (ad-venire).
ADVBNTIP, L. adve^itivus' (quod advcnit).
ADVERBE, L. adverbiiim,
ADVERSE, \fr. arers, du L. ad-versus, pr.
tourné contre : adversaire, L. -arius( le vfr.
arersier ou aversaire se disait particulière-
ment du diable) ; adversité, L. adversitas.
AÉRER, L. aërare (aër). — aérien, du L.
aerianus, extension de aër i us.
AÉROGRAPHIE, grec às/soy^oa-^ix, descrip-
tion de l'air ; aéorologie^ iipoïoylv., science de
lair; a&romancie^ àe/oo/xavTîfa, divination par
le moyen de l'air; aérotnHre^ litt. mesureur
de l'air ; aih'olithe, pierre (if^o^) tombée de
l'air; a&ronautey qui navigue (v«ûr>3;) dans
l'air ; aérostat^ i\\\ï se tient (îràryji de llk-oi)
dans les airs.
AÉTITE, gr. àiTérn?, pierre d'aigle (iîTo;).
AFFABLE, L. affabilis(fixr\), pr. d'un abord
facile.
AFFABULATION, L. affabulatio (fabula),
Priscien, p. 1330. Ce grammairien a forgé
ce mot d'après le terme gr. sm/xû^iov, mora-
lité ajoutée au /^ySoç.
AFFADIR, rendre fade.
AFFAIRE, subst. formé de à faire, comme
avenir àQ à venir. La diflerencc du genre pro-
vient de la terminaison respective des deux
substantifs. L'italien «^are, d'ailleurs, est mas-
culin, comme l'était anciennement aussi le
mot français. — D. affairé, qui a beaucoup
d'affaires, anc. aussi affaireux = embarrassé
dans ses affaires.
AFFAISSER, de faix, poids ; propr. faire
courber, jdoyer sous le faix.
AFFAITER, anc préparer, instruire, dres-
ser, élever (vfr. afaitié = bien élevé, cour-
tois), auj. t. de fauconnerie pour apprivoiser;
romanisation du L. affeclare, ou plutôt, stric-
tement, du type af-factare, préparer, a])]n'o-
prier à l'usage voulu. Froiss;irt emploie
affaitier dans le sens de mettre au fait : w mes-
sages (m(»ssagers) affaitiés de ce faire, n Voy.
aussi affectei\
AFFALER, abaisser, du néerlandais afha-
len, tirer en bas. D'autres y voient un com-
posé do l'allemand fallen, tomber. — Voy.
aussi rafale.
AFFAMER, dér. de faim (L. famés).
AFFECTER, du L. aff^tare. Le roman a
ajouté aux acceptions déjà propres au verbe
latin (reclierclier, viser à] celle de destiner,
approprier, inhérente aussi à la forme «//ai^^îr
(affectare, fréq. de affîcere signifie, en eflet,
très convenablement faire ou produire une
chose dans un but déterminé) et celle d'im-
pressionner, toucher, affliger (=* L. affîcere).
— D. adj. affecté et affété (pour la .«^yncoiMS
du c, cp. refltHer); afféterie, fonnô à l'imita-
tion do sensiblerie, prudtrrie, etc., et faisant
double em]>l()i avec affectation.
AFFECTIF, L. affectivus (quod aflîcit).
AFFECTION, L.affedio, inclination, amour.
— D. affectionner, dont \c\)a\i\cii)o affectionné
signifie à la fois, activement, « qui a de l'af-
fection «, et pa^^sivement, « qui en est l'objet «;
désaffection , désaffcctionncr .
AFFECTUEUX, L. affectuosus (affectus).
AFFÉRENT, <iui revient, cpii est dû ; c'est
le paît. prés, du verbe vfr. affei*ir, convenir,
ap]>ai-tenir(prés. il affîert). Quanta cxi dernier,
il ne représente pas le verbe L. afferre, ou,
selon le type roman, affei'eir, mais, comme le
])rouve le ]>articipe affcrissant, un composé
de férir, frapper, toucher; on pourrait en
rappi'ocher le terme similaire ail. anschlagen
a prodesse. — Cette étymologie éCaffth^ent,
(|ue nous donnons i<ur les traces de Littré,
n'est cej)endant pas à l'abri de tout* doute;
d'abord, le terme n'est pas dans la vieille langue;
puis, il faudrait afférant ; enfin, le latin affc-
rens peut foit bien avoir d<*£ragé le sens de »« se
ra])portant «, qui, au fond, est bien celui du
mot dans l'expression « la part afférente «.
En tout cas, le terme d'anatomie afféi'cni est
bien = lat. afferens.
AFFERMER, anc. = affirmer; auj. = don-
ner ou ])rendre à ferme [v. c. m.) ou à bail.
AFFERMIR, factitif de ferme. — Cps.
r-affermir.
AFFÉTÉ, AFFÉTERIE, voy. affecter.
AFFICHER, coller un placard contre un
mur, dans un but de publicité, fig. exposer
on public, étaler; exteiision de ficher. En
vfr. le mot était synonyme de aflinner, comme
fixi'.s est syn. de fin/iiis ; s'afîchier s'y ren-
contre p. s'attacher, s'a])pliquer, s'engager,
promettre. — I). sul)st. verbal ay/îc/*^, placard.
AFFIDÉ, vfr. afïé, du BL. affidatus (fides),
u qui fidem suam alicui obstrinxit «.
AFFILER, donner le fd(y. c. m.).
AFFILIER, du HL. affiliare, in filium
adoptare, par extension, recevoir dans un
ordre ou une corporation. La vieille langue
disait aussi affrérir (de fréi'e) pmir associer,
rendre participant.
AFFINER, rendre fin, c. ii à. pur (BL.
affînare, ])urgare, exciKpiere metalla) ; fin =■
nisé a donné, d'autre part, affiner, avec le
sens de tromper, duper. En vfr. le mot signi-
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AFF
— il —
AGA
fiait aussi certifier, affirmer (de fin =« vrai).
Cps. r-affiner.
AFFINITÉ, L. a^ni/flw /finis). On avait anc.
aussi l'adj. affîn(L. affinis), allié par mariage.
AFFIQUBT. dimin. du vfr. afpque, dér. do
affiquer, qui n'est qu'une variété de afficher;
cp., pour le sens et la forme, le mot colifichet.
AFFIRMER, vfr. afermer, afreniei\ L.
afprmare (firmus).
AFFLEURER, être ou mettre à fleur
(v. 0. m.), c. à. d. de niveau : cfr. effleurer.
AFFLIGER (xiv. aflire qui est la vraie
forme française), du L. affligere (rac. pl.\g,
d'où flagellum). — affliction, L. affiictio;
AFFLICTIF, L. afflictk'us.
AFFLUER, L. affluere, 1. couler vei-s,
2. couler en abondance; — affujknt, L.
affluais; affluknck, L. affluetUia.
AFFOLER, rendre fol ou fou. Composé
raffoler, sens neutre, être fou. — En ce qui
concerne l'ancien verbe affoler, « endom-
mager, blesser « , Tobler a péremptoirement
démontré qu'il « ne doit pas être st'^parô du
même verbe au sens de rendre fou » (voy.
Kuhn, Ztschr. XXIU, 419). G. Paris l'ap-
prouve pleinement Rom. VI, 156. J'ai, de
mon côté, à l'appui de cette manière de voir,
invcKjué le sens ancien du mot folie =^ dom-
mage, porte, ainsi que celui de folier, aler à
folie -» courir à sa perte : voy. mon Bastart
de Buillon, ad v. 1058. — Le verbe affolir,
devenir fou, a vieilli.
AFFORAGE, BL. afforagium, droit do fixer
le prix des denrées, surtout du vin ; du vieux
verbe afforer, affeurer, mettre le prix aux
denrées; dérivé du L. forum, marché, prix.
AFFOUAGE, BL. affocaf/ium, affoar/ium,
droit de couper du bois dans une foret pour
son usage ; du BL. affocare, mettre au foyer,
ad focum.
AFFOUROHBR, dér. do fourche. — I).
affourçhe.
AFFRANCHIR, rendre franc.
AFFRB, eflroi, terreur ; du vha.eù'er, eipar,
acer, liomdus, inunanis. Cette étymologie,
patronnée i)ar Grimjn et par Diez, convient
pour le sens et la lettre. C]). l'it. afro, âpre,
aigre. — Quiclierat ra])poi*te le mot à L. affa-
niœ, qui dans un glossaire latin-grec traduit
odlrifjLoiTx (vulnera), et dans lequel il voit un
correspondant de l'it. affanno, angoisse; ce
rapport me semble douteux. — D. affreux.
AFFRÉTER, forme extensive de fréter (v.
c. m.).
AFFREUX, voy. affre.
AFFRIANDER, rendre friand, attirer par
des friandises.
AFFRIOLER a le même sens (pie affriander,
et vient du \iv. friole =»-= friand ; verbe friolei',
frire et être friand, désirer vivement.
AFFRONT, voy. affrontei\
AFFRONTER (it. affronlare, esp. prov.
afrontar), se mettre intrépidement en face de,
braver avec courage, mais aussi braver avec
déilain ou avec insulte (de \ù. le subst. verbal
affront, it. affronto, acte de mépris jeté en
face). De front; cj). lexpr. ail. « die stirno
bieten n, ou plutôt « einen vor die stirne [ad
fj*ontem) .stossen «.
AFFUBLER, \'fr. afeuler, afuler, afumbler
(=> coiffer, se couvrir), reproduit L. affibu-
lare (it. affibbiare) et dérive de fibula (prov.
furcla), boucle ; la signification propre serait
ainsi agrafer, boucler. L'anc. forme afeuler
est à affibulfire, comme estcule (auj. éteule) est
à stipula, dit foi-t bien Orandgagnage. Cp.
encore, à l'égard do Xu p. f , chasuble de casi-
bula et truble de tribuUi. L'anc. fr. et les dia-
lectes ont aussi défubler, défuler, p. désha
billor.
AFFUT, composé de fust, fût (v. c. m). Afl*iït
signifie propr. le bois d'urf instrument, d'une
machine, donc la partie accessoire, la chose
de peu de valeur; c'est ainsi qiio affiitiau,
qui correspond par sa facture à un diminutif
latin 'affustellus, a pu prendre le sens de
chose futile, bagatelle. — D. affiUer, ajuster
les outils aux fiit^ qui les maintiennent, les
mettre en état, aiguiser un burin, disposer
un canon pour tii'er, jiuis disimser, préparer
en général. Dans ce dernier sens, le verbe a
dégagé le substantif verbal affût dans la locu-
tion " se mettre à Vaffût « = en position, en
garde.
AFFUTIAU, voy. l'aH. préc.
AFIN, pour à fin; fin =» but, intention.
AGACE ou AGASSE, it. gasza, gaszera,
prov. agassa, corruption du vha. agalsira,
l)ie (contracté dans l'allemand moderne en
clster). — D. agassin, agacin (])opul.), bour-
geon, cor au pied; cp. l'ail, elstei'-auge (\i\\
œil d'agacé), cor au pied, et l'expression fran-
çaise " œil de perdrix »».
AGACER, irriter, provoquer, it. agaszare;
du vha. hazjan (auj. hetzen), poursuivre, har-
celer; c'est le pi-éfixe a qui, ayant rendu le h
médial, a motivé le durcissement do celui-ci
en g (cp. le mot populaire agonir, injurier,
p. ahonir) — I). agacerie. — Dans l'expres-
sion agacer les dents, le verbe n'est plus le
môme; l'emploi fréquent en vfr. de aaciei*
les dens a fait penser à une composition a -f-
acer et partant au radical a/: do acei'e, être
acide (l'agacement dos dents provenant du
contact des acides), mais l'im^ertiondu^ reste-
rait inexpliqué, cuvaacier ne semble être autre
chose qu'une forme syncoiM»e de agacei\ —
Diez conjecture modestement, pour agacer
appliqué aux dents, un prijnitif allemand
gatze7i, qui i*épondrait à un vha. ga-az-
jan, donc à lui composé de àtzen, agir sur
im objet au moyen d'acidas. Palsgravo a les
mots agasscté, agassure, qu'il traduit par
« bluntness of any edged toolo ". — Littré,
ne distinguant pa.s entre les deux verbes
agacei', part d'un verbe ancien agasser (crier
comme une agasse), et la série des sens serait
d'après lui : crier comme une pie qui chasse
les autres oiseaux ; puis piquer, irriter, pro-
voquer, et enfin irriter les dents. — On a
aussi mis en avant le gr. «xàjïiv, aiguiser;
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AGO
— 42 —
AUA
étymoloprie insoutenable. — Wcdgwood (Rom.
VllI, 435) ramène les deux sens ù, laha.
hwassi, mha. wasse, tranchant, d'où lall.
mod. welzeUi aiguiser. Ses obsci-vations sont
dignes d'attention, mais ne persuadent jms ;
son explication, aussi bien que c^Uo de Diez,
restera douteuse, tant que l'on n'aura pas con-
staté l'emploi de agacer (les dents) au moyen
âge ; la forme constante y est aacier, — Il est
bon, pour aider à la solution du problème,
de rappeler que Rabelais employait esgouassié
au sens de dégoûté, et à celui d'agacé, en
parlant des dents.
AGAPE , repas d'amour, do àyàTrv?, amour.
AGARIC, L. agaricum (àya/iixov).
AGATE, L. achates [^x^mi)
... AGE, suffixe franc., appliqué surtout à
des adj. (pour marquer la disposition à, cp.
volage) et à des subst. marquant l'action (cp.
assemblage), et répondant au latin -aticus
(-nm), it. 'oggiOf osp. -âge, prov. -atge.
AGE, vfr. edage, eage, aage, etc., d'une
forme latine aetaticum^ dér. de aetas. C'est
un de ces mots de la langue française que la
contraction a l'éduits à la simple terminaison ;
cfr. oncle do av-unculus. Aetas (thème aetat)
a donné au prov. et à l'esp. edad, à l'it. elà et
au vfr. aé.
AGENCER (type latin 'a-gentiare), ajuster,
dér. de l'adjectif ^e>if (v. c. m.).
AGENDA, mot latin, = les choses qui sont à
faire, puis les livres où on les inscrit.
AGENOITILLBR, voy. genou.
AGENT, du L. agens (qui agit). — D.
agence.
AGGLOMÉRER, L. agglomerare (de glo-
mus, -eris, peloton).
AGGLUTINER, L. ag-glutinare {de gluten ,
glu, colle).
AGGRAVER, vfr. agreoer, L. ag-gravare
(de gratis, pesant). — Subst. verbal aggrave
(t. d Rglise), deuxième monitoire.
AGILE, L. a{iUis (tigerc); mot d'introduc-
tion savante, car, selon le génie naturel de la
langue, agilis eût donné aile, comme fragilis
a donné fraile, frêle.
AGIO, t. de banque, de l'it. o^gio, forme
variée de agio, aise. Le bénéfice résultant du
change de la monnaie et des valeurs en papier
a été envisagé comme une aisance. — D.
agioter (le t sert à la dérivation comme dans
abriter, feutier, etc.).
AGIR, L. agere. — Cps. ré-agir,
AGITER, L. agitare (fréquent, de agere),
mettre en mouvement.
AGNEAU. agneT, L. agneJlus, dim. de
açnus. De là : dimin. agnelet, adj. agneJin,
verbe agneler, mettre bas, en parlant de la
brebis.
AGNUS, mot latin .signifiant agneau, appli-
qué à la cire bénite par le pai>e, sur laquelle
est imprimée la figure d'un agneau (l'agneau
de Dieu).
AGONIE, lutto de la mort, L. agonia (S.
Jérôme), anxiété, trouble; tiré du gr. àywv,
combat; agoniser, L. agonisnre, gr. à-/<aiiuv.
AGRAFE, crochet, it. graffîo, esp. garfio,
garfa, prov. grnfiô, vfr. graffbn ; vevhe agra-
fei\ it. aggraffare, esp. agarrafar (wall.
agrafer, saisir); du vha. krapfo ou krapQo,
crochet, crampon. La vieille langue possédait
aussi un vevhe agrapper, avec le .sens de saisir,
accrocher; ce n'est qu'une variété d'agrafer
(cp. griffer et grippei')\ voy. aussi grappe,
AGRAIRE, L. agrarius (ager); vfr. agrier.
AGRÉABLE, pr. digne d'être agréé. — Cps.
désagréable.
1. AGRÉER, it. aggradare, prov. agradar,
agreiar, 1° prendre à gré, trouver bon;
2** être à gré, plaire ; de L. grains, agréable
(voy. gré). — D. adj. agréable ; ?,\\h?X. agré-
ment ^ 1« approbation, 2® plai.sir, qualité de
ce qui plaît, 3<* ornement. — Cps. désagréer,
2. AGRÉER, t. de marine, mettre \e^ agrès
(voy. ce mot).
AGRÉGER, L. ag-gr égare (grex), pr. incor-
porer au troupeau. Terme savant : o^régaX,
assemblage. — Cps. désagréger,
AGRÉMENT, p. agréement^ voy. agi*éer 1.
— Cps. désagrément. — De agrément, on a
fait agrémenter, orner d'un agi'ément.
AGRÈS, apparaux, plur. de 'agret (aussi
vfr. agrei et agrot) préparation, équipement;
subst. verbal de agréer', anc. aussi agreier,
forme extensive de gréer. Quant à gréer, il
dérive du ni. gereide, gerei, appareil, lequel
correspond à l'ail, ge-ràih, outillage, usten-
siles (islandais redi, reidi), dérivé lui-même
d'un primitif signifiant ordonner, préparer
et que représente fort bien le gothique raidjan ,
ga-raidjan, ou l'anglo-saxon gerœdian. Le
même radical s'est conservé dans l'ail, be-reit,
prêt, verbe berciten, suéd. reiia, préparer;
angl. ready, ni. gereed, etc. 11 a, en outre,
donné naissance aux vocables français suivants,
dans les lu Is le préfixe ge est supprimé ou
remplacé :
1 . ROI*, REi', RAI*, ordre, arrangement.
2. ARROi, ordre, disposition, appareil,
train, équipage, subst. du vîv. arroger, arréer,
préparer (it. arredare, angl. array); de là
désarroi, autrefois au.ssi desroi, dé.sordre.
3. coNROi", ordre, cortège, troupe rangée
(voy. corroyer).
AGRESSION, AGRESSEUR. L. aggressio,
aggressor (de aggi^edi, marcher contre, atta-
quer). — D. aggressif [moi nouveau).
AGRESTE, L. agresits (ager).
AGRICOLE, anciennement un subst., n'est
plus employé que comme a(\j.; du L. oxp^icola
(qui colit agnmi). — agriculteur, -turk, L.
agricultor, -tiira.
AGRIPPER (S'), dér. de griffe (v. c. m.).
AGRIPPER, cps. de grippa* (v. c. m.).
AGRONOME, gr. àypovôfjLoç. D. agronomie,
-ique.
AGUERRIR, habituer à la guerre (cp. pour
la cx>m position, acclimater).
AGUETS (plur.), subst. verbal de l'anc.
verbe agneticr ou agaitier, cps. de guetta^'
(v. c. m.).
AHAN, APAN*, affanno, esp. port. prov.
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AIG
— 13 —
AIG
afan, travail corporel, peine, martyre. Le
baïi-latin ahanare, et lo vfr. ahaner ou «/fa-
ner* s'employaient beaucoup en parlant du tra-
vail agricole, de là l'ancien subst. ahan =
terre de labour ; l'anc. langue présente aussi
en Aan, angoisse, et les verbes ^«er, enhaneTy
labourer, cultiver. Ducange, ainsi que Pas-
quier et autres, assignent à ce mot une ori-
gine onomatopoétique, en rappelant le cri han
que laissent échapper avec une respiration
pressée les personnes qui font un travail
pénible, conune les forgerons, les bûche-
rons, etc. C'est le son qui s'échappe d'une poi-
trine essoufflée ; d'où l'idée de peine, fatigue,
labeur et labour, qui s'est attachée au vocable.
Diez est disposé à se ranger à cette opinion ;
cependant, il cite l'existence tout à fait isolée
du mot afany querelle, trouble, dans un
poème en dialecte kymrique. Pour la permu-
tation de h et f, on sait qu'elle se présente
souvent dans lo domaine roman, cfr. Hei'-
nando et Fernando, L. foras et fr. hors; il
faut dire toutefois que, si l'on voit bien le /*,
aspiration labiale, se convertir en /i, aspiration
gutturale, nous ne connaissons guère do cas
du contraire, si ce n'est it. falda, de Tall.
halde, et le sicilien finnire pour hennir. Le
radical pourrait donc bien être fan plutôt
que han,
AHURIR, étonner, interdire, troubler; de
hure, chevelure hérissée, puis tête d'animal.
Le mot rappellerait l'ail, anschnauzen, ru-
doyer, brusquer (de schnauze, museau,
groin), si le sens propre d'aAètnr ne paraissait
être plutôt celui de faire dresser les cheveux.
Comparez le rapport d'idée entre le mot
burra, qui au fond signifie « gros poils », et
bourru, grossier, et prov. abu7*rar, esp.
a-burrir, effrayer, ahurir. Eispidus, hérissé,
est également au fond do hisde*, hide', effroi
(d'où hideux).
AIDE, vfr. aide, aïe, et ajude, cpue, prov.
ajuda, esp. ayiida, it. aiuto, aita; subst,
verbal du verbe aider (v. c. m.).
AIDER, vfr. aïder, al'er, qjuer, prov. aju-
dar, esp. ayudar, it. ajiUare, aitare. Le type
latin est adjutare (fréq. de adjuvare); la
foi-me aider (d'où aider) repose sur la syncope
aftare, où j s'est résolu en i (cp. bailler de
baj(u)lare. La fluctuation entre les thèmes
aju et aid se manifest-e déjà dans la conju-
gaison ancienne do notre verbe ; devant une
syllabe tonique, elle employait «;?<, devant une
syllabe atone, aid: le présent ét^it donc au
sing. ajô, cyxles, ajiie, auplur. aidûns, aidiez,
ajîieni. Voy. Darmesteter, Rom. V, 154. —
D. aidable, autrefois = qui peut aider, se-
courablo (dérivé du subst. aidé), auj. = qui
peut être aidé (dérivé du verbe aidei'),
AÏEUL, it. atolo, prov. aviol, esp. abuelo,
du L. avolus (strictement, pour le franc, et lo
prov., d'une forme rustique dviolus), dim. de
avus; la forme diminutive était nécessaire à
cause du peu de consistance du primitif ao-its.
AIGLE, prov. aigla, it. aquila, angl. eaffle,
du L. aquila, dont l'a^j. aquilinus a donné
iiquilin. On trouve on vfr. aussi aille, fornrîo
tout aussi i*égulièro que caille de BL. qua-
quiUi. — D. aiglon, aiglette, aigliau.
AIGRE, prov. agre, angl. eager, du L. acris,
qui, dans la nouvelle langue, a également
donné acre (v. c. m.). En vfr. aigre signifiait
vif, empressé, acharné. — D. aigreur (on
trouve acror dans Fulgence), aigrir, et les
dim, aigret, aigrelet.
AIGREFÔf, escroc, chevalier d'industrie,
aussi égkfin, égrefin; pour aigle fin, comme
on dit fin renard. Littré, cependant, explique
le mot par aigre faim (donc pr. homme
affamé, ail. hungerleider). Toutefois, il ne
reproduit plus cette et. au suppl. — Le mot
désigne aussi un poisson du genre gade (éga-
lement prononcé aiglefin, éclefin, églefin);
c'est sans doute un homonyme. Dans le
Gesprâchbttchlein du xiv* siècle publié par
Hoffmann von Fallersleben(Hor88belgic», IX),
je trouve eschfin traduit par scelfisch ; cela
met sur la voie de l'étymologie. La finale fin
peut avoir été, populairement, substituée à
fisch.
AIGREMOINE, prov. agrimen, du L. agri-
monia (Pline), qui est le gr. àyps/iàvTj.
AIGRETTE, 1 . soi-te do héron, 2. l'aigrette
qu'il porte; dimin. du vha. heigir, heigro,
qui est aussi le primitif du mot héron,
AIGU, prov. agui, it acuto, aguto, du L.
acutus. Le dérivé BL. aciUiare a donné ai-
guiser, prov. agusar, it. aguzzare; cp. fr.
tnenuiser', de tniniitus,
AIGUAIL, rosée, dér. de aiguë (v. c. m.), de
même que aiguayer, laver, baigner.
AIGUË*, ancienne forme pour eau, repré-
sente le L. aqua. Rien de plus varié que la
manière dont ce vocable latin s'est reproduit
dans la langue d'oïl; on y rencontre : aiguë,
' aixjoe, aive, avoe, eve, iece, iave, eave, eaue, d'où
finalement a procédé la forme eau, réduite
pour l'oreille au son o, qui certainement ne
rappelle plus guère le mot primitif. La forme
aiguë nous est restée dans quelques noms de
lieux : Aigues-Bonnes, Aigues-Caud^, etc.,
Aix, puis dans l'expression aigue-marine et
dans les dérivés : aiguail, aiguayer, aiguade,
aiguière, — On retrouve ève dans évier, —
Dérivés directs et savants de aqua : aquati-
que, L. aquaticus; aqueux, h, aquosus; aque-
duc, L. aquseductus.
AIGUIÈRE, voy. aiguë,
AIGUILLE, patois agouille, it. aguglia, esp.
prov. agulha, du latin acucula (dim. de acus),
forme secondaiix3 de acicula (cfr. genuculutn,
d'où genou, coexistant avec geniculum). —
La prononciation moderne aig-ui-lle au lieu
de ai-gul-le, quoique recommandée déjà par
Chifflet, est abusive ; elle s'est produite par
une fausse représentation de l'orthographe
tiille, où i n'a pas plus la valeur de i que dans
quenouille, et n'est qu'un signe grapliique du
mouillement de //. On a eu tort d'en tirer des
arguments contre l'étymon acucula. C'est à
acicula, toutefois, qu'il faut attribuer le wallon
I aweie, awie et le berrichon agueille. — D.
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AIK
— U ~
AIN
aiguillée, aiguiller [\cvhe), aiyuillier (siibst.);
aiguillelte; aiguillon.
AINSI, vfr. ainsinc, issi, prov. acsi, aissi,
V. csp. ansiy auj. asi, est formé du L. œque
sic, d'où s'expliquent aussi parfaitement les
formes it. cosi p. cu5i, sic. accussi (cfr, quant
à la mutation ain et an p. œq les formes esp.
aun = adluic, nin = nec, sin = sic). Ménage
(auquel se rallient Littré et Brachct), se fon-
dant sur l'ancienne forme ensi, fait venir
ai^isi de in sic, et le prov. aissi do ad sic,
L'étymologie ci-dessus, démontrée jmr Diez,
nous semble plus rationnelle et parfaitement
conforme aux procédés habituels de romani-
sation.
1 . AIR, dans le sens physique, prov. ae7%
air, aire, it. aria (poét. aère), esp. atVe, port.
ar, du L. aër (à»}/»),
2. AIR, vfr. aire, it. aria, prov. et v. it.
aire, apparence extérieure, mine, façon (le
prov. et vfr. aire prennent, en outre, le sens
de : origine, race). On a beaucoup agité la
question de savoir si notre mot, dans cxîs
diverses significations, est identique avec le
précédent. Diez ne le pense pas : il proposait
à son égard la racine ar, qui dans le vieil
allemand a produit aran, labourer, et de là
le dérivé art, qui signifie d'abord sol, puis
provenance et disposition naturelle; mais,
dans les éditions subséquentes de son livre,
il abandonne cette étymologie et discute, pour
le sens origine, i^ce, et sans se prononcer,
les titres des mots lat. agrum (BL. arum) de
ager, signifiant lieu, et atrium, place de la
maison où se trouvait le lit coi^ugal. Bur-
guy, par contre, rappelant les acc^^ptions
déduites du L. spiritus, esprit (air, souffle,
ton, bniit, passions, humeur, disposition),
croit à la communauté d'origine des deux
homonymes. Littré est d'avis que le mot en
question, dans toutes les acx'eptions mention-
nées, est le môme que aire = nid (v. c. m.)
et il admet la filiation suivante : place et nid,
demeure, famille, qualité, manière. Aire se
serait transformé en air \\slv confusion. —
Les anciennes expressions de mal aire, de
put aire (de mauvais naturel) et de bon aire
(de bon naturel) ont laissé l'ac^ . debonaire',
débonnaire. Littré et Génin admettent que,
daas ces .locutions, aire est le môme mot
que aire, nid d'aigle; de bonne aire équi-
vaudrait à : issu d'un bon nid, donc de bonne
race. C'était déjà l'opinion de Henri Esticnnc.
3. AIR, suite de tons et de notes, it. aria
(d'où le dimin. fr. ariette), est le même mot
que le précédent; en ail. aussi, le mot loeise,
manière, a dégagé le sens de mélodie, air.
AIRAIN, prov. aram, esp. arambre, alam-
bre, it. rame, wal. aramë;à\x L. œramcn[ie&,
aeris), forme mentionnée dans Festus.
1. AIRE, place unie, du L. area.
2, AIRE, nid d'aigle, se rattache peut-être
à l'ail, aar, aigle. Ducangc dérive BL. aJ^'ia
nidus accij)itris, du fr. aire, et non pas le der-
nier du latin, ce qui n'était cependant pas
inadmissible. Diez rappoi-te aire, nid, au vfr.
aire, origine, race (voy. air 2) et s'appuie sur
rcxpression, « un fouoon de bonne aire «.
Littré, comme l'Académie, l'identifie avec aire
= area, donc pr. « surfa<"e plane de rocher où
l'aigle fait son nid n. — D. aircr, faiiesonnid.
AIGUILLETTE (angl. aglet, aiglet), dim. de
aiguille, — D. aiguillcter ; subst. aiguilletier,
AIGUILLON, do aiguille et non pas d'un
subst. fictif aculeo, -o)iis (de aculeus). De là :
verbe aiguillonner,
AIGUISER, voy. aigu.
AIL, prov. alh, du L. allium. — D. aillade.
... AIL, suffixe, = latin aculum {ac'lum);
ex. trab'OCulum, fr. travail.
AILE, du L. al<i; dimin. aileron, ailette;
aôj. ailé, L. alatus.
... AILLE, suffixe, représentant: 1. L.
plur. -alia, -ilia (muralia, muraille, ovilia,
ouaille)\ il sert surtout à indiquer la pluralité;
2® L. -acula, -acla (tenacula, tenaille).
AILLEURS, du L. aliorsum,
AIMANT, vfr. aimant, aiemant, prov. adi-
man, asiman, jx)rt. et esp. iman, du L.
adamas, -antis, fer, acier, diamant (du gr.
xSxfixi, indomptable). Au moyen âge, ada-
mas était devenu synonyme de magnes. Par
contre, on y rencontix) aussi le mot aimant
avec la valeur de diamant (v. c. m.). — D.
aimanter, aimanlin (L. adamantinus).
AIME, mesure de capacité, du L. hama
(xfiri), seau, BL. ama, vase, gros tonneau.
AIMER, vfr. amer, L. amare; amans,
amant, variété du part, aimant; amator,
ama^ei'.r ; amabilis, -itas, aimable, amabilité.
... AIN, suffixe, i-épondant : !• à L. -amen
(aeramen, fr. airain) \ examen, fr. essaim;
2** à L. -anus (mnndanus, fr. mondain).
AINE, vfr. aigne, prov. mod. ley^gue (p.
rcnguc), esp. engle, it. inguine, du L. inguen,
-inis, aine.
aîné, anc. ainsné, mot composé de ai)is*
= ante, et né = natus ; il fait opposition à
iniiné, qui représente « postea natus ». — D.
aînesse, contraction du vfr. ainsnccce (type
latin antenatitia).
AINS*, ancien adverbe et préposition,
foi-me romane française du lat. antc, devenu
en it. ansi, en esj). et port, antes, en prov.
ans, ant, La finale s est particulière à
lui grîind nombre d'adverbes romans (p. ex.:
sans, ores*, p. ore, or, lors, certes, etc.). La
signification adverbiale avant, jfltUôt, a pas.<é
aussi en colle de mais, marquant ainsi l'op-
position. La vieille langue avait encore formé
de la combinaison ante ipsum, les adverbes
ançois, anchois, ainçois, etc., prov. anceis,
signifiant avant, mais, jdutôt. Puisqu'il s'agit
du L. ante, mentionnons ici ses autres reje-
tons romans. Ce sont :
1. ANCIEN, a^j. reproduisant BL. antianus,
it. anziano, esp. anciano, prov. ancian, et
signifiant ainsi au fond : ce qui est ou a été
avant, antérieur.
2. AVANT, it. avanti, prov. aba)is et avant,
de la combinaison ab-ante, que l'on rencontre
sur des inscriptions romaines de l'empire.
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AJO
— 15
ALO
3. DE\'ANT, vfr. et dial. aussi davani^ it.
davanti, prov. davan et devant^ synon. du
prt.'^cc'^dcnt et formé de celui-ci au inuyen du
préfixe de.
AIRELLE, myrtille, port, airella, me Mim-
ble être un dérivé diminutif du L. atery atra
noir; cp. pour la lettre, patreni, prov. paire,
fr. pèi-e, vfr. airemc7it =« L. oiramcnium;
pour le sens, l'ail, schwarz-beere, myrtille
Aïs, planche, du L. axis, assis. — Dim.
aisseau, bardeau.
AISE, subst., contentement, commodité
(dans l'ancienne langue aussi = provisions,
choses nécessaires, puis facilité, occasion),
it. offio, prov. ais, aise, port, azo. Le même
mot sert aussi d'adjectif avec le sens do con-
tent, joyeux (anc. =» facile); il a donné les
anciens verbes aisier et a-aisier, fournir du
nécessaire, soigner, mettre à l'aise (d'où nous
est venu Tadj. participe aisé, mis à l'aise,
rendu facile), et le subst. abstr. aisance. Quant
à son origine, les uns, comme H. Estienne,
invo(pient le grec ai^ws, de bon augure, heu-
reux, convenable (le subst. aise signifierait
ainsi ce qui convient, ce qui est commode);
Ménage songe hardiment à oiiiim, Ferrari à
ad-apiare, Frisch au radical de l'ail, behag-
lich, à l'aise; Grimm, Diefenbachct Diez, sur
les traces de Junius, Schilter et Castiglione,
s'arrêtent sur la racine hypothétique asi, d'où
procède l'adj. gothique azêls, facile, com-
mode, et le subst. asêti, commodité. Selon eux,
l'expression provençale viure ad ais serait
analogue au goth. vizoïx in azétjam. En
basque, on trouve aisia, repos, et aisina,
loisir, mais Diez a des raisons pour attribuer
à ces mots une provenance provençale. Il est
curieux de voir, en provençal, se déduire de
aise le subst. a/^i, avec le sens de demeure,
maison, asile, et les verbes ai sir, aisivar =
accueillir. — En dernier lieu, Bugge (Rom.
IV, 349) établit comme étymon le lat, vulg.
osa (== ansa) ou plutôt une forme dérivative
*asium, *asia (cp. praesepium de praesepe
et tant d'autres). Rien à objecter quant à
la lettre; rien non plus pour le sens. Ansa
signifiant au fig. « prise, facilité, occasion,
aise «, est bien constaté et déjà Darmeste-
ter (Rom. I, 157) avait, dans un texte du
xi*^ siècle, relevé pour aise la valeur «» espace
vide aux c6tés do quelqu'un » . En effet, aise
emporte l'idée de facilité dans les mouvements;
avoir ses aises, être à son aise éfjuivaut à
avoir ses coudées franches. Cette cxplic^ition
est, à coup sûr, à la fois ingénieuse et plau-
sible; aurions-nous la solution du problème?
— C^s. malaise, anc. mesaise (v. it. misagio).
Le mot alèse, drap qu'on met sous les malades,
est-il formé do à Vaiset C'est possible et
probable, puisqu'on l'orthographiait aussi
alaise.
AISSEAU, voy, ais.
AISSELLE, it. ascclla, cat. axclla, du Iv.
axilla, m. s.
AJONO (arbuste épineux), Berry ajon, aujon ,
BL. adjotnm\ vfr. ryout, njon, adjoub, à la
f<^is r= ajonc et terrain planté d'ajoncs. D'ori
gine inconnue.
AJOURNER, di<ijorn\jour (v. c. m.), citer
à jour fixe, renvoyer à un autre jour; cfr.
l'ail, vei'tagcn ; en vfr. aussi = faire jour.
AJOUTER, ojouster, pr. mettre à côté, ad-
joindre, vient du vîwjouste, à côté, qui est le
\ixW\\juxla (rac. jug, jung, joindre). Subst.
verbal ajoute. — Voy. aussi ^ou^cr.'
AJUSTER, dans le sens do accommoder,
assembler, joindre, arranger, parer, n'est peut-
être qu'une variété du mot précédent. — D.
ajustement; ajiUoir ou a/ojtioir (syncope de l's).
— Dans la signification de rendre un poids ou
une mesure juste, et dans celle de viser, le
verbe ajuster est factitif et tiré de V^dy juste.
— D. ajusteur, -oir, -âge; désajuster,
rajustei\
AJUTOIR, voy. l'art, préc.
AliAISE, anc. orthographe de ali)3e (v. c. m .).
ALAMBIC, it. lambicco, esp. alambique, de
l'arabe al-anbiq, vase à distiller, qui lui-
même est d'origine étrangère; le grec a le
mot «/*6i|, calix, vas, cadus. — D. alambi-
quer, dont le sens est exclusivement figuix5 :
subtiliser.
ALAN6UIR, extension de languir, avec sens
factitif ou inchoatif ; la vieille langue avait
tiré de langueur le verbe alangourir.
ALARGUER, it. allargare, gagner le large.
ALARME, de l'it. alV arme, aux ai-mes, ou
plutôt (car le mot est ancien) du fr. à Varme!
Comparez l'expression alerte. D'autres y voient
à tort un dérivé de l'ail. Utrm, bruit, tapage.
— D." alarmer, donner l'alarme.
ALATERNE, L. alaternus.
ALBATRE, L. alabastrum (iXûZxavpov).
ALBER6E, anc. auberge, soiix3 de pêche;
selon Ménage, dér. de albus, à cause de la
chair plus claire de cette pêche; Saumaiso
propose une origine arabe : al-beg; Frisch, le
latin persicum, augmenté de l'art, arabe al,
en supposant une forme intermédiaire alver-
chia. L'espagnol dit albérchigo, dans lequel
M. Devic voit l'arabe albirqouq, abricot.
ALBIQUE, craie blanche, dér. do albus,
blanc.
ALBINOS, de l'esp. albino, nègre blanc.
ALBUGO, mot latin, tache blanche sur les
yeux; du dér. albuginosus : fr. albugineux.
ALBUM, mot latin, sign. tablette blanche
(blanchie avec du plâtre).
ALBUMINE, du L. albumen, blanc d'œuf
(régulièrement francisé dans le vfr. aubun).
ALCADE, juge en Espagne, esp. alcalde, do
l'arabe aUqâdi, juge.
ALCALI, mot tiré de l'arabe al-qalif sel de
soude,
ALCHIMIE, prov. alkimia, esp. port, alqui-
mia, it. akhimia, ail. alchemie et alchymie ;
moy. gr. àp^Tifilx, vfr. alquemie, arquemie; do
l'arabe al-kîmiâ, qui est le mot chimie, aug-
menté do l'article arabe al. — [Scaliger sur le
Culex de Virgile : Arabes addito suo al, ple-
raque gi'aeca ad morem suum interpolanint.
Ut Liber Ptolemwi est Almageste : est enim
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ÂLE
— 16 —
ALI
Sic Almanak, kalendariiim, /*av5cz©; a luiia et
mensibus; undc circuliis lunaris apud Vitru-
viiim iioLvoLAÔi, Sic Alambic a greeco «/x6iÇ apud
Dioscoridem.]
ALCOOL, anc. alcohol, de l'arabe al^oçlU^
poudre très volatile pour noircir les pau-
pières; l'extrême ténuité parait avoir déter-
miné les chimistes à appliquer le mot à l'es-
prit-dc-vin (signification encore étrangère au
mot arabe).
ALGORAN, mot arabe, composé de l'art, al
et do coi'an, lecture, chose lue.
ALCOVE, selon Grimm et autres, du vha.
alah^kovo , composé hypothétique de alah,
temple, et de himo (^= nha. kofen, koben),
réservoir; d'autres, avec plus de raison, le
dérivent dii-ectement de l'esp. alcoba, que l'on
rattache à son tour à l'arabe al-qobbah, voûte,
tente. Cette dernière signification se retrouve
dans le prov. alciiba et vfr. auciibe, qui sem-
blent ainsi provenir de la même source.
ALCTON, mot latin, tiré du gr. «ixwàv.
ALÉATOIRE, L. aleatorius (de aléa, dé, jeu
de hasard).
ALENE, alesne'f esp. alesiia, it. Usina; du
vha. alansa (même sens), transposé en alasna,
La forme italienne lésina (les aphérèses de l'a
initial sont fréquentes dans cette langue) a
fourni aussi à la langue française le mot
lésine, épargne sordide; et voici comment,
selon Ménage, s'est opéré le passage d'idée
entre poinçon et éimi^ne : u Lésine, lat.
nimia parcimonia. Du livre intitulé : « DcUa
famosissima compagnia délia Lésina», lequel
contient divei*s moyens de ménage. L'auteur
de ce livre, qui est un nommé Vialardi, feint
que cette compagnie fut ainsi appelée di certi
taccaffno7ii, i quali pcr marcia, miseria et
avarijsia si metieûano iiisiiio a raitacotiar le
scarpette e le pianeUe, con le loro proprie
mani per non ispendere, E perche tal mestier
del raUaconare non si puo jure sensa lésina,
ansi è la stromento principale, presojxo questo
nome délia Lésina. Quant à l'étymologio de
alesna, voici, pour distraire, la filière fantas-
tique mise en avant par Ménage : aculeus,
aculcsus,aculcsinus, aculesina, alesina, alesna.
On va loin avec ce procédé-là.
ALENTIR, anc. aussi alenter, factitif de
lent. CoTn\)osé raleiUir.
ALENTOURS (les), subst. formé de l'expres-
sion adverbiale à Ventour ; voy. enlour.
ALÉPINB, de la ville à'Alep, en Syrie.
ALÉRION, petit aigle (t. de blason), du BL.
alario, que Littré est d'avis d'expliquer par
aquilario (augmentatif barbare do aquila),
étymologie beaucoup moins plausible que celle
qui s'adresse au v. ail. adekir, auj. adler (pr.
aigle noble).
ALERTE, adv., adj, et subst., de l'italien
air eria, qui signifie : debout, sur vos gardes,
garde à vous î (cfr. alarme). Quant au subst.
it. erta, il vient de ra(\j. erio, abrupt, escarpé,
part, passé de ergere, (jûi est le latin erigere.
dresser. D'où l'expr. stare alVerta, user de
précaution, se tenir sur ses gardes.
ALESER, aussi aliser, rendre uni, e.sp. ali-
sar, rendre poli ; du vfr. alis, doux au tou-
cher, prov. lis (voy. lisse), esp. liso.
ALEVIN, alvain\ menu jKiisson de repeu
plement. dér. de alecer, anc. forme pour
élecer (v. c. m.). Cp. le terme analogue nour-
rain de nomi^ir (anc. =• élever). — D. aleci'
nei" (un étang).
ALEZAN ou ALZAN, de Tes p. aZasan; ce
dernier, d'après Pihan, de l'arabe al-kasan, le
beau ; d'après d'autres, de aVaihan, la fumée ;
d'api'ès Dcvic, de l'ar. ah/as, fém. halsà, qui
cai*actérise un cheval de couleur alezane.
ALEZE, voy. sous aise,
ALFANGE, sabre, coutelas, cimeterre, de
l'esp, ai fange, qui lui-même est tiré de l'arabe
alchangar, poignard. Voltaire, par méprise,
a employé le mot dans le sens de phalanges.
(Orphelin de la Chine, I, 3.)
ALGALIE (anc. algarie) , esp. aJgalia,
Propr. instrumentuminquo liquores injiciun-
tur in vesicam, quod etiam siringa dicitur.
D'après Ménage, du grec barbare ipyalsîov,
dit pour loya>i(oy, le<iuel signifiait instrument
en générai, puis particulièrement instnimcnt
pour jeter de l'eau. Cette étymologie satisfait
pleinement.
ALQARADE, de l'esp. algarada, tumulte do
guerre, dérivé de algara (arabe al-gàrah),
incursion sur le territoire ennemi. On sait
qn'algarade avait d'abord un sens militaire :
attaque brusque. Fleury de Bellingen fait
venir le mot des pillages (pie font les corsaires
(ï Alger ; il serait p. algerade! Oudin a pensé
de même.
ALGÈBRE, esp. et it. algébra, de l'arabe
al-djabr, propr. reconstitution d'objets dis-
loqués (le mot espagnol algebra a conservé
cette acception première), puis reconstitu-
tion en un tout d'éléments divers. Ménage :
« L'algèbre est la peifection et comme la répa-
ration do l'arithmétique, que les Arabes ap-
pellent attaçsir, c'est-à-dire fraction. »
ALGIDE, L. algidus, froid.
ALGUAZIL, mot espagnol (alguacil et alva-
cil, port, alguazil, alvacil, alvacir, magis-
trat, port, guasil, ministre), formé de l'arabo
al'Vazir, administrateur de l'Eta-t. De aigiia-
sil pourrait bien, selon Ménage, s'être pro-
duit par corruption le fr. argousin (Rabelais :
algosans), et l'it. agussino, .surveillant des
forçats dans les bagnes.
ALGUE, L. alga (m. s.).
ALIBI, subst., de l'adv. laiin o/t&z, ailleurs.
Ce même adverbe, au moyen de la terminai-
son anxAS, a donné le BL. albanits, d'où al-
bain, atcbain, étranger (v. c. m.).
ALIBORON (maître), homme ignorant, qui
prétend tout savoir. Ce mot doit son origine
à une anecdote, à ce que l'on prétend. Un
avocat,, dans sa plaidoirie, fit un jour en-
tendre la phrase que voici : « nulla ratio est
habenda istorum aliborum « ; voulant dire
par là cpi'il ne fallait tenir aucun compte des
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ALL
— 17 —
ALL
alibi dont so prévalait la partie adverse. Ce
génitif hardi aliborwn resta pour désigner
plaisamment les avocats de cette force. C'est
l'abbé Huet qui est l'inventeur de cette histo-
riette. D'autres, moins Imaginatifs, allèguent
le subst. arabe alborân, âne (plutôt bête de
somme), comme l'original du mot en question,
ce qui concorderait certainement mieux avec
l'emploi qu'en a fait Lafontaine, mais on ne
trouve pas que le mot ait été appliqué à l'âne
avant l'illiuttro fabuliste. Le sens premier
parait être, au contraire, « savant, docteur «,
d'où s'est dégagé le sens péjoratif de faux
savant, sot qui se donne de l'importance.
Cette circonstance, parmi une foule do ten-
tatives d'explication, tant plaisantes que
sérieuses, donne plus de crédit à deux étymo-
logies développées par un collaborateur de
X Intermédiaire (1866, p. 276). Il propose,
comme origine du mot, soit Al-Biroûni^ le
nom d'un mathématicien, astronome ai géo-
graphe, qui a joui au moyen âge d*uno i*épu-
tation immense dans les écoles arabes (c'est
là l'ét. professée par Devic), soit le mot hdle-
borunit nom latin de Vellébore; ce dernier
primitif expliquerait à la fois aliboron, em-
ployé comme nom de plante dans le Roman
du Renard, et l'application du mot à Fapothi-
caire dans le Testameut de maistro Pathelin,
où l'expression « maistre Aliborum » so pré-
sente pour la première fois. — Quant au sens
de « diable » que le mot prend dans le procès
d'P^gidius du Rays (1440), cité par Ducange,
et qui a fait produire l'étymologie altboran
(mot allemand signifiant vieil ennemi), le
même savant est d'avis qu'il faut n'y voir
qu'un mot mal entendu par un témoin.
ALIOHON, ais de roue de moulin à eau,
probablement un diminutif de ala, aile (ep,
anichon, petit âne).
ALIÉNJIR, L. cUiefiare, litt. transporter à
d'autres (de alienus^ étranger, dérivé de
aliuSt autre). L'expression classique ** alie-
naixî mentem »» (perdre ses facultés mentales)
a donné le réfl. s'aXié^xer = tourner à la folie,
et le partic.-acy. aliéné = fou. — I). alié-
niste.
ALIGNER, ranger sur une Hgtie.
ALDOiNT, L. alimeiitum {alcre, noumr).
— D. alimenter, -aire, -eiix.
ALINÉA, de ad-lineam, à la ligne! D'après
Littré, plutôt de la foimule a linea = quittez
la ligne !
ALISE ou ali^e, de l'ail, aise ou else (dans
dse-beere, crataegus torminalis). — D. alisiei'.
ALITSR, mettre au lit,
ALIZÉS (VENTS), esp. alisios-, de l'ancien
verbe aXiser, unir, polir; donc vents unis,
réguliers. Etymologie problématique, mais
plus plausible que it. cUitOy souffle, L. electi
(vents choisis) et auti*es du même acabit.
ALLAITER, L. al-lactare (de lac, lactis,
lait).
ALLÉCHER, it. allettare, du L. allectare
(fréqu. de allicere). Malgi*é l'existence de l'it.
alleltare, cjui est certainement = L. allectare.
le mot français, vu la forme picarde alequier,
me semble appeler un thème Isk et avoir pour
signification première celle d'affriandcr; j'ai
de la peine à le sépai^or du BL. lecatoi; vfr.
lecheeur, lecheiir, pr. gourmand, puis séduc-
teur, corrupteur, et le rattache de préférence
à la famille du verbe lécher, par l'intermé-
diaire d'un adj. verbal leque, lèche, friand,
glouton = ail. lécher. Voyez mon étude lexi-
cographique sur les poésies de Gillon le
Muisit, s. V. alehier. — L'étym. par allec-
tare, fréqu. de allicere, est d'autant moins
admissible que le passage ôe et on ch n'est
possible que devant un i suivi de voyelle (cp.
'fachon, façon; 'lechon, leçon). Fr. fléchir ne
vient pas directement de L. flectere, Homiuig
a proposé le type alledicare; il serait correct,
mais ne s'acxîordcrait pas avec alequier.
ALLÈGE, subst. verbal dUalléger.
1. ALLÉGEANCE, adoucissement, de alté-
ger.
2. ALLEGEANCE» dans u serment d'allé-
geance «, du BL. adrlegiare, se faire lige
(BL. ligius, legius),
ALLÉGER, BL. aMeoiare (levis); cp. abré-
ger, de breois. En terme d'arts et métiers, on
dit aussi allégir,
ALLÉGORIE, gr. àUviyopU, du verbo
àXlri'/opita, dire (otyo^km) autre chose (xXXov)
que ce qu'on parait dire.
ALLÈGRE, vfr. alaigre, haligre (verbe vfr.
salégrer, se réjouir), du latin alaa'is, dont
la 2« syllabe, traitée en longue, a pris l'accent
tonique. L'italien allegro parait, à cause du
double /, emprunté au français. — D. allé-
gresse.
ALLÉGUER, L. al-legare, citer, invoquer.
ALLÉLUIA, phrase hébraïque, signifiant :
Chantez le Seigneur.
ALLEMAND, du vba. aleman, propr. réu-
nion d'hommes; terme collectif de nationa-
lité. Le d final est paragogique. Le subst.
Allemagne procède de la forme latine Alle-
mania. — D. allemande, danse vivo à deux
temps.
ALLER, it. andare, esp. port, andar, cat.
prov. anar, vaudois a^inar, vfr. aner, aler.
L'origine de ce mot si important de la langue,
qui s'est substitué au vocable ire dos Latins,
trop inconsistant pour se soutenir, a beau-
coup torturé les.étymologistes, et malgré tous
les eflbi'ts, elle échappe encore à la certitude.
On a mis d'abord en avant une contraction
de ambularej qui effectivement avait pris
au moyen âge le sens général d'aller ; mais
une contraction semblable n'a pas de précé-
dent dans la langue, et comment concilier
cette etymologie avec les correspondants des
langues sœurs? — Ménage, lui, y va ronde-
ment ; il rattache toutes les formes en ques-
tion à un type grec céoi (= r« et L. eo), qui
se serait modifié : 1. en cevo», d'où la Jformo
prov. anar, 2. en 5v5w, d'où a7idare, 3. en
«Xw, d'où aler, enfin 4. en âtSw, d'où ambo* et
le dérivé ambulo. — D'autres ont tout aussi
étourdiment invoqué l'allemand wallen, mar-
2
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ALL
— 48 —
ALL
cher solennoUomont, et lo vha. wandalon,
auj. wandeln, marclier! — L'étymologie ad-
nare (ad -|- na^'^t cfr. arriver do adripare)
so présente avec plus do chance ; par trans-
position on obtient en effet andare ; l'assimi-
lation annare expliquerait la forme anar^
d'où, par la mutation de n et /, le fr. aler.
Mais lo sens primitif de adnare a cependant
quelque chose de trop spécial qui fait recu-
ler devant cette explication. — Ambitare,
fréqu. de ambire, fournirait également la clef
des diverses formes néolatines ; contracté en
amiare, il deviendrait andare (cfr. en esp.
conde de com*tem, senda de senita) et par
syncope du rf, anar (forme catalane et prov.;
cfr. manar, fonar, de mandare^ fundare),
puis (/ pour n) le fr. alei\ Mais la forme ita-
lienne andare, d'après les lois phonologiques
propres à cette langue, ne peut proct^der d'un
type am'tortf, et l'on no peut admettre qu'un
mot aussi usuel ait été introduit du dehors.
— Diez, après avoir discuté minutieusement
ces diverses étymologies, part d'un verbe fré-
quentatif latin aditarey déjà proposé par
Muratori (Ennius : ad eum aditaoerCy ils
allèrent près de lui). Comme on a vu lo subst.
lat. aditus se transformer en andiio (it. et
^p.). et reddere devenir rendere, on est, en
effet, autorisé à admettre une intercalation
de n dans aditare, ce qui donne anditare.
Alléguant en outre le vieux mot esp. et it.
re:ixda p. reddita, Diez se croit en droit do
passer de anditare à la forme simple andare.
Cette dernière une fois établie, il n'y a plus
de raison phonétique pour repousser l'équa-
tion andare -= anar, aner = aler (cfr. *v€li7i
p. venin, orphelin p. orphenin). Ce qui re-
commande encore la conjecture du linguiste
allemand, c'est que toutes les formes corres-
pondantes des idiomes néo-latins .se dédui-
raient, selon les lois générales de transfor-
mation, d'un même type, appartenant à la
langue vulgaire des Latins, qui a fourni aux-
dites langues un si grand nombre des tenues
les plus usuels. — Depuis l'apparition du
dictionnaire de Diez, M. Langcnsiepon, réfu-
tant l'opinion de celui-ci, propo.se pour le
problème qui nous occupe une autre solution.
Il ramène toutes les formes en question au
lat. addere. Pour la forme, il se fonde sur
l'existence ancienne de andei'e, formé comme
rendere de reddere, Andere, passant de la
3* conjugaison à la 1™, serait devenu andare
(comme con$umere est devenu cmisumare).
Une dérivation andulare (cfr. it. crepolare de
crepare, fr. mêler =« misculare de miscere)
aurait produit ultérieurement anulare, an*
lare, allare, fr. aler et aner. Quant au sens,
l'auteur de cette solution, en tout cas ingé-
nieuse, rappelle le pas.««ige de Virgile :
fGéorg. I, 513) quadrigœ addunt in spatia
(cfr. Silius Italiens 16,374), et Tcxpression
addere (= accelerare) gradum, doubler le
pas; il cite en outre l'expression familière
allemande voranmachen (littéral, latin profi-
cisct). En un mot, ix)ur M. Langensiepen,
addere devait avoir, dans le langage du peuple,
pris le sens de marcher et servi ainsi à rem-
placer le terme usuel ire. « Aller, du reste,
dit-il, n'est-c-o pas une espèce d'addition ! —
On a récemment fait de nouveaux efforts pour
défendre les types ambulare ou addere, mais
ils ne résistent pas à de sérieuses objections.
Ainsi Foerster, insistajit avec raison sur le
fait que la source du mot roman andare (d'où
aTuir, aner, aler) doit être un vocable d'un
usage cx)mmun à tous les âges du parler latin,
a posé l'étymon vadere, pour lequel il a con-
staté la forme barbare vandere ;yoy. Bohmer,
Rom.Studien, IV, 196, et Grober, Ztschr.III,
564. — Schuchardt, en ce qui concerne fr.
aler, incline à admettre une origine celtique,
le radical al, el = aller se rencontrant dans
divers dialectes britanniques (voy. Ztschr. IV,
126). — Enfin, je ne puis omettre une coiyec-
ture émise par M. Baur (Ztschr. II, 592). Un
infinitif roman a//are .se serait dégagé du part.
ailolus (cp. Virgile : hanc urbem afferimus),
comme le mot vomdJi prostrare de prostratus.
G. Paris oppose à cette explication une obser-
vation qu'il a faite, c'est que aler, de même que
andare, expx^nVo toujours une idée d'éloigne-
ment et que tout étymon contenant l'élément
ad doit être écarté. (Rom. VIII, 298.) Cepen-
dant celle des solutions du problème qui l'at-
tire le plus est addere au sens de « addere
gradum »» , marcher, avancer ; cet addere serait
deyemiaddare, non parle passage à la 1 "'con-
jugaison, mais « par le phénomène roman
bien connu do la restauration dans les com-
posés dé la voyelle du simple » (Rom. IX, 174
et 333). Disons encore, en faveur delà coiyec-
ture allare de alkUus, que le BL. présente col-
lare = confei'rey qui ne se comprend que par
collatus, et cjue Godefroy cite un cas de fr.
coler, qu'il traduit dubitativement par colla-
tionner, vérifier. — Avant de quitter le terrain
des conjectures, n'oublions pas de rappeler
que le français, pour conjuguer aller, em-
prunte quelques formes (je tais, tu vas, il
va, ils vont) au L. vadere, et que le futur
et le conditionnel (irai, irais) procèdent du
L. ire. — Dérivés : allée (.subst. participial),
allure; ils correspondent à it. andata, anda-
tura, prov. anada. La forme andare a donné
au français andain, ce qu'un faucheur peut
faucher à chaque pas qu'il avance ; ce subst.
se rattache à un type andanien (cfr. airain
de aeramen). M. Langensiepen, toutefois,
prend cet andamen non pas pour un dérivé de
andare, signifiant marcher, mais pour une
modification littérale de addamen (=: addiia-
mentum) ; andain serait ainsi l'espace ajouté
à chaque nouveau pas que le faucheur fait en
avant. — En Bourgogne, on dit andée =■
sentier dans la vigne.
ÂLLEU, prov. aloc, vfr. aloud, alou, aluef,
vient directement du BL. alodium, qui s'est
changé on prov. aloc, comme fastidium en
fastic. Quant au tenue alodium (lui saliquc
alodis), il vient de l'allemand al-ôd, propriété
entière, fonds dont on peut dispo.ser, opjwsi'^ à
bien bénéficiaire. — D. allodial,hh. allodifi-
lis; alleutier (Chateaubriand).
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ALM
— 19 —
ALT
ALLIER, vfr. aloier, L. al-ligare, attacher.
Cps. rallier \ més-allier. Remarquez qucliffare
et ses composés ont syncopé en français le g
radical, à l'exception de obligare^ fr. obliger;
cette exception prouve l'introduction relati-
vement moderne de ce dernier.
ALLIGATOR; ce mot nous est venu de l'an-
glais; c'est d'après Mahn, une latinisation
arbitraire de l'esp. el lagarto ou port, o
lagarto (lagarto = L. lacertus, voy. lézard),
qui est la véritable dénomination du croco-
dile ou caïman d'Amérique. Cette étymologie
est corroborée par la dénomination allegar-
deit, que l'on trouve employée par un voya-
geur allemand de 1549.
ALLITERATION, mot savant, fait sur im
type verbal fictif allitterare, adapter à la
lettix> (littera).
ALLOCATION, L. aUocaXio. Le primitif de
aliocatiOy le verbe non classique allocare, est
devenu le fr. allouer dans « allouer une somme
d'argent «, propr. placer une somme, la des-
tiner à qqch. L'étymologie qui fait venir
aHoiier de allaudare n'est pas fondée; la
valeur accessoire que prend ce verbe, savoir
celle d'approuver, d'accorder, décx)ulo natu-
rellement de celle de placer, destiner, établir,
inhérente au L. allocare, prov. alogar, it.
allogare, vfr. alcuer.
ALLOCUTION, L. alhcutio (de alloqui,
adresser la parole).
ALLODIAL, voy. cdleu,
ALLONGER, rendre plus long. En vfr.
alongier^ aloigner se disait pour eslongiery
esloigneTf par la même permutation de pré-
fixe qui a donné alever p. eslever, élever et
ametuler p. émender. — D. allonge.
ALLOUER (d'où l'angl. allow), voy. alloca-
tion.
ALLUMER, vfr. alumer (éclairer, au sens
neutre : briller), it. alluminare, esp. aXum-
brar, prov. altim^iar, aliimnar, BL. allu-
minare, extension du L. luminare. Pour la
forme, cp. prov. nomnar^ fr. nomer *, nom-
me**, du L. nominare, et semer de L. semi-
nare. — D. allumette.
ALLUSION, L. allmio (de ludere, j^iicr);
le sens classique « badinage »* s'est modifié en
celui de « jeu de mot ", parole destinée à rap-
peler un fait ou une chose, avec ou sans inten-
tion malveillante ou ironique; cfr. l'expres-
sion allemande anspielung; les Anglais ont
conservé le verbe L. alludere dans to allude.
ALLUviON, L. ailuvloiào alluere, arroser).
ALMAGESTE, voy. sous alchimie.
ALMANACH, voy. sous alchimie. Outre
l'étymologie consignée sous cet article, on peut
encore choisir entre les suivantes. Pour l'élé-
ment al, tout le monde est à peu près d'ac-
cord pour y voir l'article arabe; quant à
mmtach, il représenterait, suivant les avis
divers, soit l'arabe mannj, fouillot, d'un verbe
mafui/\ nombixir (Saumaise, arabicum alma-
nach idem proi-sus sonat, quod Gra3corum
ir(vxÇ, brevis in quo res plures ordinc enume-
rantur ac recensentur), soit le verbe manaha^
donner en cadeau ^lalmanach serait un ca-
deau de nouvel an). Lenormant, enfin, expli-
qne almanach par les éléments coptes al
(calcul) et m^n (mémoire), *♦ calcul pour la
mémoire « . La pix)venance égyptienne du mot
résulte, en efl*et, d'un passage de Porphyrius,
cité par Eusèbe, où il est question do calen-
driers appelés ài/Acyi;çi3txà. Il va de soi que
nous ne nous prononcerons pour aucune de
ces tentatives.
ALOÈS, L. aloe [iXàrf).
ALOI, BL. alk'gium, subst. dér. do l'anc.
verbe aloyery mettre (les monnaies) en confor-
mité avec la loi (ad legem), correspondant do
rit. alk'garcy esp. alvar. La racine est donc
Ivg du L. lex[Qn ail. on dit legiercn), et il faut
abandonner l'étymologie qui rapporte aloi à
aioyc7\ anc. forme de allier ^ à cause du carac-
tère bien prononcé des vocables correspon-
dants dans les langues congénères, bien que.
dans certains emplois, le sens ôHaloi se con-
fonde avec celui ^alliage Aloi est employé
pour : 1 . l'action d'aloyor les monnaies, 2. le
titre reconnu, la qualité constatée A la suite
de la vérification, 3. bonne ou mauvaise qua-
lité en général.
ALORS, it. allora, formé de ad iUam horam,
à cette heurC'Xk (heure ■=» moment, temps).
Autrefois, on di.sait aussi simplement a oi*e «=
L. ad horam (prov. aora^ aoras, adoras, esp.
ahora) p. maintenant, à cette heure. La forme
lors ou Iwes ' représente la formule iUa hora,
comme le port, agora vient de ^oc hora. Le
subst. Iiora a donné naissance en outre aux
adverbes ores \ ore *, or et encor, encore, it.
ancora (= lat. hanc horam, jusqu'à cette
heure). Il est encore au fond des composés :
doréiiarant, anc. d'ores en a;oant, et désor-
mais, anc. des ore mais, de cette heure en
plus {mais =» magis), c. à. d. on avant. La
finales dans lors, alors, ores *, est le même
signe adverbial (ju'on remarque dans les ad-
verbes ains ', jadis, tandis, guères, jusqucs,
volontiers, oncques *, etc.
ALOSE, L, alausa ou alosa (Ausone).
ALOUETTE, dim. do vfr. aloue\ ce dernier
reproduit L. alauda, que Pline, Suétone, Mar-
cellus Empiricus et Grégoire de Tours citent
exprassément comme étant d'origine gauloise
ou celtique. En eifet, on trouve en bas-breton
les formes alcJwuéder, oZclwuédes, qui con-
firment cette assertion. Le latin alauda est
aussi le primitif de : it. aUodola, lodola,
V. esp. alocta, n. esp. alondra, prov. alauda,
alaujjota, sicil. lodana.
ALOURDIR, factitif do lourd. — L'ancienne
langue avait aussi eslordcr, étourdir.
ALOTAU, d'après Ménage de orf + lum-
belliis, w chair qui est au dos » ; d'après Roque-
fort, c'est une forme vulgaire modifiée do
allodial ; l'alloyau serait ainsi la pièce noble !
Nous ne citons naturellement ces étymologies
de fantaisie que pour mémoire, en attendant
la véritable.
ALPHABET, voy. al)écé.-'D. alphabétique.
ALTERCATION, L. aUercatio (de aUercari,
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ÂMÂ
— 20 —
AMA
disputer, anc. altcrquer). — La forme insolite
aller cas représente le subst. latin de la 4* décl.
altcrcattis au cas du sujet sing.
ALTÉRER, BL. alterare, changer, do L.
aUer, autre; cp. ail. ândem^de ojw/ct, autre.
De changer, gâter, troubler le sens a passé à
celui de « émouvoir, afiecter péniblement « .
L'acception « causer de la soif « (d'où aliéré,
désaltérer) s'explique par Tintermédiaire de
l'idée : « mettre en effervescence, embraser».
Cependant Egger, approuvé par Diez, y voit
une corruption de artérier, en alléguant le
BL. arieriatus •* cujus fauces rheumatizant ".
ALTBRNS, L. altemus; alteimer, L. alter-
nare; altemation, L. alternatio. — D. alter-
natif, alternative.
ALTESSE, directement de Tit. oMcszaj
formé do L. aUus, haut. La forme vraiment
française est hautcsse (voy. haut).
ALTE5R, de Vit. aUiero, formé d'un type
bas-latin altariiis, dérivé de altus, comme
plenarius de plenxis. Le mot fait double
emploi avec hautain, de haut.
ALTISE, genre de petits insectes coléop-
tères, ail. erdfloh, springer; tiré du grec
oàloiioLi, sauter (cp. gr. àirixo«, sauteur).
ALTITUDE, L. altitudo, hauteur.
ALUDE, vfr. aine, du L. aluta, cuir souple.
ALUDEL, t. de chimie; de l'ar. al-outhet,
instrument pour sublimer (Dozy).
ALUINE, nom vulgaire de l'absinthe, dérivé
de aioë. Cette étymologie est connecte, mais
Diez observe avec raison qu'il faut tenir
compte des formes anc. aloisnc, aJogne, esp.
alosna, port, losna, BL. aloxinum (Gloses
de Reichenau, 40)', dont l'origine reste à
éclaircir. — Godefroy consigne ra<y. aluis-
nier, ce qui suppose le subst. aluisnc et
confirme Tétymon aloxinum.
ALUMELLE, vfr. aussi alemele, formation
produite sous l'influence de l'article ; lalemele
a été altéré en V alemele et le mot lemele répond
à un type latin lamella, diminutif de lamina,
fr. lame. Pour Vu p. e dans alumslle, cp. cJm-
lumeau p. chalemeau,
ALUMINE, voy. alun.
ALUN, L. alumen. — D. aluner, alunier,
alunière. Les savants ont dire directement du
latin les termes alumine (cp. albumine p.
aubun)^ alumineux et aluminium,
ALVEOLE, L. alveolus (dim. de cUveus, qui
a donné auge).
ALvUi, L. alvinus (de alvusy ventre).
AMABILITÉ, voy. aimer.
AMADOU, voy. l'art, suivant.
AMADOUER, allécher par des flatteries,
des caresses; Diez, pour expliquer ce mot,
remonte au vieux nordique mata (dan. mode),
donner à manger, appâter. La terminai.sou
ouer serait, d'après lui, analogue à celle de
bafouer. C'est jusqu'ici la plus probable des
étymologics présentées. — Ménage suppo-
sait une forme monstrueuse amatutare tirée
de amatus. D'autres, partant de l'acception
caresser, proposent un original ad-manutum
(do maiîKS, main). Tout cela est aussi absurde
que l'étymologie a man (main), douce. Une
dérivation de matou (cp. chatouiller de chat)
nous sourirait davantage, quoique nous ne
la proposions pas comme sérieuse. On a
également songé au vfr. amadour = amou-
reux; mieux aurait valu proposer l'esp.
amado, le mignon. Grandgagnage, en vue
des formes wallonnes adawi^ adouler, andou"
1er, part d'un primitif of/oit/cr == h.adulari,
d'où, par syncope, adouer, et avec le pré-
fixe a, lié euphoniquement au primitif par
un m, amadouer» Cela est plus que douteux.
Littré pense que notre mot, assez récent dans
la langue, est venu des patois du Nord, et
opine en faveur de l'explication de I)iez. Le
picard dit amidouler. — Le subst. amadou
est tiré du verbe amadouer dans son sens
d'allécher, attirer. On peut comparer pour
ce rapport le synonyme it. et prov. esca (vfr.
èc?ie) et esp. gesca venant du lat. esca, appât,
amorce, et signifiant amadou.
AMAIGRIR, factitif de maigre.
AMALGAMER, d'où le substantif verbal
amalgame, &, selon Diez, pour primitiflegr.
fiÂloLfixoL (ramollissement), transposé en /lâl-
yayuia. Cette étymologie l'emporte, à coup sur,
sur celle des lexicographes français : ifut,
yx/itiv, marier ensemble, avec un X explétif!
— Devic rapproche, sans rien affirmer,
l'arabe amat-al-djàm'a, l'œuvre de la con-
jonction.
AMANDE, dial. amandclc, amandrc, vfr.
alcmande (transposition de amandclc, cp.
angl. almond), prov. almandola, esp. cUmett-
dra, it. mandorla, mandola, ail. mandel,
ni. amandcl, toutes formes gâtées du L.
amygdala (iiAvyixïti). En valaque : mygdali
et manduli. Le if\iQ commun des formes
romanes est amiiviala, qui se rapi^rte à
amiddala, amidala *=» amygdala, comme
fr. rendre à rcddere, it. imbriaco à ebriacus,
it. fangoUok fr. fagot (Havet, Rom. Vin,94).
— D. amandier,
AMANT, voy. aimer.
AMARANTE, de àfiàpavroi {/ixpahv)), •* qui
ne se fane pas. »
AMARINER, dor. de marin.
AMARRER, esp. port, amarrar, du ni.
mari'cn, merren (ags. merran, vha. marr*
jan), retenir, attacher. D'autres pro^xisent
l'arabe marr, corde, mais Torigine germa-
nique est plus prebable. — Le contraire est
rendu par démarrer. — Subst. verbal :
amarre.
AMASSER, dér. de masse. — D. amas^
subst. verbal, sign. 1. action d'amasser, 2.
ensemble de choses amassées. — Cps. ra,ma^*
ser, d'où ramas, ramassis. Il est curieux de
voir, dans ramasser, l'idée s'élargir en celle
de relover ce qui est à terre, sans égard au
nombre ou à la quantit<^ des objets, ce qui
l'éloigné tout à fait de son primitif. Un fait
analogue se présente dans le verbe accueillir,
AMATEUR, voy. aimer; fém. amatrice
(rare aiyourd'hui , sans doute à cause du .
calembour que présente ce mot). Amateur
est une fonne savante, pour laquelle l'anc.
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AME
— 21 —
AMO
langue employait au sujet sing. amure et au
régime amcour.
AMATIR, fachtif de mat (v. c. m.).
AMAUROSE, du gr. àjuaOp««,-, obscurcisse-
ment.
AMAZONE, L. amazo^i (à^/ajôiv).
AMBAGT, étendue de juridiction féodale,
ail. ambacht, gotli. andbahii, vha. ampaht,
ministerium, d*où par contraction l'allemand
amt, office. Selon Grimm, le mot signifiait
aussi minister, diaconus. C'est là également
le sens du mot aynbaclus employé par César,
B. G. 6, 15; de ce dernier s'est produit le
subst. BL. ambadia, service, office, mission,
modifié en ambassia, ambascia. Ce substan-
tif, à son tour, a donné naissance au verbe
ambasciarr, accomplir une mission, d'où it.
ambasdata, ambasciatore, et fr. ambassade,
ambassadeur.
AHBAQES, L. ambages, détours (ambi-
ago)
AMBASSADE, voy. ambact.
AMBE, du L. ambo, deux.
AMBESAS = L. ambas asses, deux as.
AMBIANT, L. ambie)is, allant autour.
AMBIGU, L. ambiffiitis, litt. qui pousse des
deux côtés; ambiguïté, L. ambigtdtas.
AMBITION, L. ambitio, du verbe ambirc,
circonvenir quelqu'un pour obtenir son suf-
frage. — D. ambitionner. — Ambitieux, L.
amintiosiis.
AMBLE, voy. ambîer.
AMBLER, it. ambiare, est le L. ambulare,
qui s'employait au moyen âge en parlant d'un
cheval « qui cura alterno cnirum explicatu
mollem grossum glomerat ". — D. .subst.
verbal amble (anc. amhlure)\ ambleur.
AMBRE, it. ambra, esp, port, ambar, alam-
bar, al ambre, directement de l'arabe an bar,
qui lui-même est de source étrangère. — D.
ambrer; ambrctte.
AMBROISIE, vfr. ambi'oise, du L. ambrosia
(ù/i^oo'7l%). — D. ambrosien.
AMBULANT. L. amb^ilans. — D. ambu-
lance, hôpital ambulant. — Ambulatoire, L.
ambulatorius, qui n'a pas de siège fixe.
AME, vfr. anme, anime, anrme, arme,
aJm^e, prov. anma, arma, esp. it. aima, du
L. anima (Sinft.oi).
AMÉ, anc. forme pour aimé, L. amatus;
cfr. amant pour aimant.
AMÉLIORER, L. ameliorare (melior).
AMEN, adverbe hébraïque, signifiant : en
vérité, ainsi soit-il.
AMÉNAGER, mettre en ordre, régler, voy.
ménager.
AMENDE, voy. amender.
AMENDER, rendre meilleur, anc. corriger,
punir, modification du vfr. esmender == L.
emendare (mendxim, faute),* prov. emendar.
L'ancienne langue disait do même alei^er p.
élever. Dans Boëthius, on lit v. 12 emenda-
ment et v. 250 amendement. — D. amende,
correction, punition, réparation : amendable,
•ement; ramendcr, baisser de prix.
AMENER, cps. de mnier. It. ammainare.
et esp. port, amainur s'employont seulement
dans le sens de amener les voiles. — D. ra-
mene7\
AMÉNITÉ, L. amoenitas (àeamoenus, agré-
able, gracieux).
AMENTEVOm et RAMENTEVOIR, vieux
mots formés de mente habere, avoir à l'esprit;
on trouve dans la vieille langue aussi mentoi-
vre et inentevoir (cfr. reçoivre*, doiwe*, variant
avec recevoir, devoir); l'expression s'accorde
avec l'it. avn'e a mente, et doit avoir signifié
d'abord se souvenir, avant de prendre l'accep-
tion factitive de faire souvenir.
AMENUISER, rendre plus mince, plus ?wcn?«,
composé de menuiser (v. c. m.).
AMER, L. amatnis; subst. amertume, L.
amaritmUnem. Voy. l'art ...tume. Le vfr.
disait également amerté, voire amertonde,
AMÉTHYSTE, L. amethystus {ifii^wjrôi).
AMEUBLER,gamirdemcM6/<'^(v.c.m.),d'où
ameublcnwnt. — Ameublir, rendre meuble
(v. c. m.), d'où ameid)lisscme7it.
AMEUTER, mettre en meute (v. c. m.), en
mouvement.
AMI, prov. amie, L. amicus; fém. amie,
prov. amiga, L. amica; amical, L. amicalis;
amiable, prov. amicable, L. amicabilis; ami-
tié (v. c. m.).
AMIABLE, voy. ami.
AMIANTE, L. amiantus (gr. ùfiUvrôi, qu'on
ne peut souiller, incombustible).
AMICAL, voy. ami. ^
AMIGT, L.amictus(deamicire, envelopper,
couvrir).
AMIDON, it. amido, esp. almidon, du L.
ami/lum(ifi\jXov)\ pourZ changé en e/, cfr. port.
escada descala. — D. amidonner. — Amylum
a fourni encore aux savants l'a^j. amylacé.
AMINCIR, factitif de mince (v c. m.).
AMIRAL, vfr, amirant,amiras,amire, etc.,
it. esp'. port. prov. amiran, prov. amiralh, it.
aussi ammiraglio, almiraglio, grec du moyen
âge : ùfi^o^LÏ-rii, Ce mot vient, selon Mahn, do
la formule arabe amir-al-bahr, commandant
de la mer, par apocope de la dernière syllabe.
Un faux rapport avec admirari aurait donné
naissance aux formes BL. admiraldus, admi-
rabilis, d'où ail. et angl. admirai. Diezoppose
à l'opinion de Mahn que le sens ancien était
plutôt chef d'infidèles que commandant de flotte
et s'en tient à un primitif arabe amir, prince,
que les Occidentaux auraient habillé de diffé-
rentes façons au moyen de suffixes variés. —
D. amiralt^, amirauté,
AMITIÉ, vfr. amistiet, it. esp. amistad, de
L. amicitatem, forme nistique p. amicitia.
Cp. vfr. mendistié (chanson de Roland) de
mendicitatem.
AMMONIAQUE, L. ammoniacum, gomme
que distillait un dos arbres du temple de
Jupiter Ammon, en Lybie.
AMNISTIE, gr. iixvnirlx, oubli, — D. am-
nistier.
AMODIER, donner à ferme, BL. admodiare,
vfr. amuidier, do ad -|- modius (boisseau.
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AMU
— -22
ANC
voy. midd); propremi'iit, fixer les i)rostations
cil grains.
AMOINDRIR, factitif de moimlrr.
AMOLLIR, factitif de tnoL — Cps. ramollir.
AMONCELER, de numaT, inoiiatiH.
AMONT, du L. cul mimtctUy cfr. aval àc ad
valletn.
AMORCE (anciennement écrit amor se), subst .
formé du participe pasi;é anwrs du vfr. amirt'-
dre =» anKtrccr; il signifie : 1. appât, 2. par
extension, poudre du bassinet d'un fusil, tpii
fait prendre le feu à la charge. — I). amarcrr,
— Le sens primitif du classKjuo admordn^c
perce encore dans le nom de l'outil appelé
amorçoir.
AMORTIR, vfr. au.ssi amoHer, factitif de
mort, rendre moins vif, moins dur, éteindre,
affaiblir.
AMOUR, vfr. amor, L. amôreyn (accus, de
amor; je mets l'accusatif, parce qu'il porte
l'accent sur l'o). — La terminaison latine r/r,
gôn. oris a donné au vfr. aussi bien oar que
eiir (ItO)i)ieur et hon(nir)\ au fr. mod. car s<'U-
lement, et atrumr constitue une exception uni-
que à cette règle cur labour est tiré non pas du
lat. laborem, mais du verbe labourer. — I).
dim. amniirclte; ac^ . armnirrux, verl)es (Driou-
rachcr (fait sur l'it. auioracrio, amour déré-
glé) et s'énamourer.
AMOVIBLE, L. amovibilis (a-movere).
AMPHIBIE, gr. àix^iUoi, à double vie,
AMPHIBOLOGIE, L. amphibolorpa, mau-
vaise combinaison de à^yffio^ioç, qui porte do
deux cOtés, ambigu, et de >o/oç, discx)urs,
parole; il faudrait amphibolologia. Les Latins
ont fait do môme idolâtres p. idololalres.
AMPHIGOURI, mot de fantaisie, d'intro-
duction récente, que nous nous abstenons, et
jKJur cause, d'analyser. Docliez, copiant Bes-
cherelle : de àfi^iy autour, et yûpo;, cercle.
Mais, .sans parler de la finale, yOpoç ne sonne
pas yoûpo^. — D. amphigourique.
AMPHITHÉÂTRE, gr. à/xç.i&èarpov, théâtre
circuUiire.
AMPHITRYON, nom propi-e grec, qui a
reçu sa signification actuelle du personnage
de ce nom dans la comédie de Molière, lequel
y donne un grand repas aux officiers de son
armée.
AMPHORE, L. amphora (i/iipoptùi), vase à
deux ansa*^. C'ast ainsi que l'ail, suber, cuve,
tine, signifie étymologiquement «* qui se iK)rte
moyennant deux anses « .
AMPLE, L. ampliis. — D. ampleur , anc.
amplete. — amplier, L. ampliare (amplus),
agrandir, élargir, augmenter. — ampmfikr,
L, ampli ficare (amplus), d'où amplification y
L..amplificatio. — amplitude, L. amplitudo.
AMPOULE, 1. fiole; 2. tumeur; du L,
ampidla, qui .signifie : 1. vase à large ven-
tre; 2. enflure, emphase du style. — D.
ampoulé.
ABfPUTER, L. ampulare (c(»u]>er autour).
AMULETTE, L. amulrtum (dans Pline).
Quelques-uns cherchent Tétymologie de ce
mot, écrit aussi amoletum, dans le verbe
amolin, éh)igner ; iK>ur ainsi diiv ad aitut
liniduf/i fa.^cifium. Cela n'est jmus .M^mtenable.
Le mot est d'origine .s<^miti(pie. Dozy, dans
ses Oosterlingen, faisant ab>traetion de i\în-
ploi du mot elu'Z Pline, tient le mot jKMir
moderne et le rap]M >rte au verlxî arabe hatuala,
porter, l'amulette étant suspendu au C4>u.
AMUSER, fixer l'attention de qqn. surq(ich.,
arrêter inutilement, faire perdre le temi>s,
puis diveitir, coniposé de mttser (v. c. m.),
regarder fixement comme un .sot. — D. nmit-
srtfr.
AMYGDALE, gr. uf^u/Su'i^n, amande.
AN, L. anuus. — I). année, durée d'un au
(cfr. jour, journée ; soir, soirée, etc.).
ANABAPTISTE, mot .savant fait de iv«
marquant réi)étition, et ^ajrrfjiiv, bapti><M\
donc = qui baptise une .seconde fois.
ANACHORÈTE, de àjzxotpr.Tr.i, qui va à
l'écart, dans la retraite.
ANACHRONISME, de àvaxpoviv/io;, faute
contixî la chronologie (y^pô-joi, temps).
ANACOLUTHE, t. de gramm., pr. manque
de suite, de àvawo>ow&05 = siins suite. Cp.
acolyte.
ANAGRAMME, do ivàyprfxuoc (gén. -yroi),
inversion ou trans]>ositi(m de lettres. — I).
anaf/rammatiste, -tiser.
ANALECTES, de à vàit/ra, fragmentas choisis
(ava/iyciv, recueillir).
ANALOGUE, de ivâioyoi, propoi-tionné,
conforme; analogie, àvxXo'/U; analogique,
ANALYSE, do {ivâ>w9i« [U^), résolution, —
D. analyser. — Analytique, eèyziurt/o;; ana-
lyste, mot nouveau foi*mé contre toutes les
réglas; il faudrait d'après ivaiÛTïj;, analyte,
ou bien, d'après d'autres précédente, analy-
ticien.
ANAMORPHOSE, mot forgé d'après m^Ha-
mttrphose et voulant dire pr., selon la valeur
de a va, transposition de forme.
ANANAS, it. esp. ananas; jx>rt. ananas;
le mot nous vient avec la chose de l'Amérique
du Sud. Le dictionnaire de la langue Tuxis
(Bi-ésilion) {K)rtc anana ou nana.
ANARCHIE, de àvap/ta, absence de gouver-
nement. — D. anarchisme, -iste.
ANATHÉME, de àvâ^s/xa (gén. -xto;), chez les
auteurs sacrés un homme exposé {ivxrl^fn,
exposer) à la honte et à la malédiction;
anathématiser, L. anathematizare, gr. àvzOs-
ANATOMIE, art de la dissection (ivaro/nî,
subst. de àvartjuviiv. disséquer).
ANCÊTRE, ancestre', du L. antecessor
(prov. ancessor, esp. antecesor). Dans l'an-
cienne langue, le mot ne .s'appliquait stricte-
ment qu'au nom. sing., les cas-régimes étaient
ancessor au sing. et ancesstfrs au plnr. (cp.
pastre qX pa teur). On sait que ce dualisme
cA fondé sur la diflérenœ de l'accent dans
antecéss(tr et antecessôrem.
ANCHE, tuyau, du vha. rt»r/m, jambe, tibia.
Ce même original germanique (ail. mod.
anke) signifiait aussi nuque, os aiticulé,
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AND
— 23 —
ANI
propr. courbure, flexion ; duns co sons, il a
donné BL. ayica, it. port. esp. anca^ fr.
hanche, anche\ angl. haimch. Anche et
hanche (la lettre h sert à différencier) sont
donc originairement identiques. (Voy. tonte-
fois une autre manière de voir à l'art, hanche.)
Ménage faisait venir hanche du gr. «/,?>;,
coude.
ANCHOIS, esp. anchoa, port, anchota,
holl. antsouwe, angl. anchœy. Ces mots dé-
rivent, selon Diez, directement de l'it. acciitr/a
(p. ajyf-uffa), qui, à son tour, serait formé du
L. aphya, apiia, gr. à^wu, au moyen de la
teiTuinaison iiffa. — Mahn rattache toutes les
formes romanes au basque antsua, sec (forme
secondaire anchua ; la permutation de tz et
ch est fréquente en basque). Il voit dans
la forme italienne une assimilation au verbe
asciiigare, sécher, torréfier, et un souvenir
de l'idée foncière propre au primitif basque.
Les dialectes italiens différent ce|)endant
entre eux pour la forme de ce mot : Sicile,
anciova, Vérone, ancioa, Gênes, anciiia,
Venise, anchioa.
ANCIEN, voy. ains, — D. ancienneté.
ANCOLIE, du latin botanique aquilegia, qui
vient, dit-on, de aquilegiumy réservoir d'eau)
jiar allusion aux pétales conformées en urne.
Le vfr. disait aussi anqueJie et angorne; le
vha. a agcleia (ail. mod. agiei), le v. flam.
acolcic (ni. akeîei),
ANCRE, it. esp. port. prov. ancora, vfr.
anchore; du L. ancora (gr. âr/r,vp»), — D.
ancrer; cps. désancrer,
AND AIN, voy. aller (it. andarc).
ANDANTE, mot italien, propr. en marchant
(de andarc, aller). — Dim. anda?ttinn.
ANDOUILLB, p. endouillcy d'après Diez, de
l'adj. BL. inductiliSf que l'on trouve dans des
glossaires du moyen âge comme signifiant
boudin et qui dérive do hidiicere, introduira,
de môme que le vieux terme allemand scubc-
ling (espèce de saucisse) vient de scioban (ail.
mod. schieben), pousser. D'autres étymolo-
gistes avaient proposé, les uns (Huet) L. edti-
liitmy mangeaille, d'autres (Ménage) le mot
fictif indiisiola (de induere). Génin dérive
andotiille de douille, adj. signifiant gonflé,
rebondi en la forme d'un tonneau idolium) ;
l'élément an ne serait autre chose que le pré-
fixe in du latin. Andouille serait donc, d'après
lui. pr. un boyau gonflé, farci. — Baist
(Ztschr. V, 233) voudrait identifier ce mot
avec les termes espagnols (d'origine arabe)
albondiga , albondiguilla , ahnondiguilla
(boulette de chair), mw«/o;i^o (tripes, intestins
remplis de sang en forme de boudins). Il est
bien difficile de l'approuver; l'étymon indue-
tilis de Diez (op. d'ailleurs douille, douillet)
parait assuré. — D. andouillette.
ANDOUILLER, anccndouiller, petite corne
de cerf. On pourrait songer à rattacher ce
mot soit, par ressemblance de foi-me, au vieux
mot andouiller, bâton pour suspendre les
andouilles, soit à l'ail, ende, qui a la môme
signification. Mais, outre que, pour la der-
nière étym., il resterait à expliquer l'élément
miiller, il parait que la forme primitive était
aniouillcr (l'anglais a conservé le t dans an-
tler)^ ce qui favorise l'étymologio donnée par
Rowlin : ante^oculum, d'où l'on aurait fait
l'adj. anfocularc (se. c^rnu). Ce qui me con-
firme particulièrement dans cxîtte manière de
voir, c'est l'expr. ail. augcnsprosse, pr. bour-
geon oculaire, = andouiller.
ANE, asne\ L. asinus. — D. ânesse, àne-
rie, ànier, à)iée; dim. ànon, -ichon.
ANÉANTIR, vfr. anicnter, dér. de néant,
nient' .
ANECDOTE, propr. particularité d'histoire
inédite, du gr. àvè/JoTo^, inédit.
ANÉMONE, L. anémone (àvi.uwvïj).
ANETH, L. ancthnyn (i«v>j&ov).
ANÉVRISME, gr. à-nùpuyfxx [iM-Jùt), dilata-
tion. Mieux vaut l'orthographe anécrysmc,
ANFRACTUEUX, L. anfractuosus (de an-
fractus, échancrure, courbure, détour, sinuo-
sité).
ANGE, angle*, angre, prov. angd, du L.
angcbts (gr. ficy/iXoî, messager) ; la forme latine
est conservée dans le langage do l'Eglise pour
désigner une prière qui commence par ce mot.
— D. angelot, monnaie empreinte d'un ange ;
angélique, L. angclicus.
ANGELOT, dimin. d^angc.
ANGINE, L. angina (de angerc, serrer,
étrangler, suffoquer).
ANGLE, L. angulus. — D. anglet, angleux
(t. do botanique). Au latin rcmont<înt directe-
ment les adjectifs anguleux, angulosus, et
angulai7*e, angularis.
ANGLOIS, auj. anglais, du L. anglensis =
anglicus (de Angli). — D. anglaise et anglai-
ser. — Anglican =» anglicanus, extension de
anglicus; néol. angliciser, anglicisme, anglo-
mane, -ie.
ANGOISSE , it. angoscia, prov. angustia,
angl. anguish, du L. angustia. — D. angoisser,
angoisseux.
ANGORA, adj. et subst., de la ville d'An-
gora en Asie Mineure.
ANGUILLE, L. anguilla, diminutif de an-
guis, serpent.
ANICROCHE, HANICROCHE, propr. une
arme de main en forme de croc, puis obstacle,
embarras, prétexte, vaine excuse. Quant à
l'élément ani ou hani, on le rattache à l'ail.
hahn, chien d'un fusil, ou à hand, main. Le
mot reste encore obscur.
ANIMAD VERSION, L. animadversio, répri-
mande, de animadvn'iere, diriger l'esprit,
remarquer, réprimander, châtier.
ANIL, esp. atiil, anir, do l'ar. an-nîl, qui
vient du i)ei*san nil, bleu. — D. aniline.
ANIMAL, subst. et adj., L. animal et ani-
malis. — D. animalcule, animalité, anima-
User. — Du pluriel animalia s'est formé
aumaillc, gros bétail, collectif et individu.
ANIMER, L. animare; animation, anima-
tio ; raytimer, redanimare ; inanimé, inani-
matus, animosité, animositJVî. Tous dérivés
de animus, esprit, ou anima, principe rital.
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ANT
— 24 —
ANU
ANIS,L. auisitm(gv. «vi^ov). — D.anispr et
anisrttr.
ANNAL, L. annalis (anmis) ; annalrs, L.
annales (s. e. libri), récits faits année par
année. — D. annaliste,
ANNATB, BL. annota (annus), rcvcmi d'un
an.
ANNEAU, anel *, L. annellus, forme secon-
daire de annuliis, — D. annelet; verbe anne-
ler, — De la forme annulus : L. annularis,
— osus, fr. annulaire, -eux.
ANNÉE, voy. an.
ANNEXE, L. annexus, part, de ad-necterc,
joindre a, d'où aussi subst. annexio, fr. an-
nexion. — D. annexei\
ANNIHILER, L. annihilare{àe niliil, néant).
ANNIVERSAIRE, L. annivermHns , qui
retourne tous les ans.
ANNONCER, L. annnniiare. — D. annonce,
— Annonciation^ L. annuntiatio.
ANNOTER, L. annotare = ad-notare.
ANNUAIRE, dér. de L. annuus, annuel.
ANNUEL. L,a)inualiSf extension àannuus,
ANNUITÉ, dér. de L. annuus, annuel.
ANNULAIRE, voy. anneau,
ANNULER, L. annullare (nullus). — D.
annulation.
* ANOBLIR, rendre noble. — D. -isseme^a.
ANODIN, calmant, adoucissant, fipr. peu
efficace, sans valeur. L. cmodynus (àvwcuvoç,
sans douleur).
ANOMAL. L. anomalus, gr. ivùfioLloi, iné-
gal, irrégulier. — D. anomalie.
ANON, voy. âne, — D. dnonner, faire le
malhabile.
ANONYME, gr.àvw»u/AOî (sans nom, otofiTt).
ANORMAL, mot savant fait en opposition
de normal, au moyen de l'a privatif gixîc. Il
serait mieux remplacé par abnœ^me, du L.
àbnormis, hors de la règle.
ANSE, L. ansa.
ANTAGONISME, — ISTE, gr. iyrcryàviT/*».
— hmi (de àvTf, contre, et àyuv<{itv, com-
battre).
ANTAN, de L. ante annum. — D. antenois,
agneau né Tannée avant. Ce mot très ancien
est do formation bizarre ; le wallon dit aiiti-
nia, le rouchi anteniau.
ANTARCTIQUE, opiK)sé à arctique, gr.
àvrapxTuo^.
ANTE, . en technologie, manche, est le mémo
mot que le vfr. hante, bois de lance, et vient
de L. âmes, -itis, perche.
ANTÉCÉDENT, L. anteccdens, qui marche
avant, qui précède.
ANTE . . . , préfixe employé pour marquer
l'antériorité : antédiluvien, antépénultième.
C'est le ante (avant) des Latins.
ANTECHRIST, voy. anti , , ,
ANTÉDILUVIEN, dér. de L. ante diluvium,
avant le déhigc.
ANTENNE, L. antenna.
ANTENOIS, voy. antan.
ANTÉRIEUR, L. antei-inr, qui est plus avant
(prim. ante) relativement à un autre (dans
l'ordre du tomps comme de l'espace). — D. auté-
Ho7*ité.
ANTHÈRE, partie de la fleur qui renfeimo
le pollen, do Ta^j. iv^po;, formé do «vS^^,
fleur.
ANTHOLOGIE, gr. i-j^oXoylx, recueil do
fleurs, employé figurément par les Gi*ecs déjà
l>our recueil de |)oé.sies.
ANTHRAX, du grec 5v&/>aÇ, charbon. — D.
anthracite, gr. àv^poulrva.
ANTHROPO-, élément do composition; du
gre<' âv^pot7:oi, liomme : anthropologie, science
de l'homme, anthropophage, mangeur d'hom-
mes (yàyciv, manger).
ANTI . . , préfixe marquant opposition, ex.
anti-social, anti-pape; c'est le àvrf (contre) des
Grecs. Dans le mot aniechHst, qui vient du
vieux fonds de la langue, l'i s'est assourdi en
cmuet. Anti est, par contraire, abusivement
employé dans le sens du latin ante dans :
antichambre et antidate (date antérieure à la
véritable).
ANTICIPER, L. anticipare, prendre par
avance.
ANTIDOTE, du gr. ivri^oTov, ce (jui est
donné contre.
ANTIENNE, formé jmr syncope du L. anti-
phona, terme d'église, signifiant «* cantus
ecdosiasticus alternus « et reproduisant le gr.
«vT(9«i)yo{ =» qui ré|)ond; le prov. a antifena,
Tags. antefn ; j>our la syncoiK» de f, comiMii*ez
Estienne de Stephanus.
ANTILOPE, mot d'origine inconnue. On a
fait dériver ce mot do àv&o)«^, œil de fleur.
Ce n'est là qu'un exi>édient ; un mot grec de
cette conformation no peut être imaginé que
par des ignorants, et encore l'original forgé
répond-il mal au vocable français.
ANTIMOINE, BL. antimonium, d'origine
incertaine. Vossius imagine ce qui suit: »* Usus
ejus est mulieribusin fucanda facie, quod quia
dedecet homines religiosos, eo Italis antimonio
videtur usurpari , ab àvW, contra, et Italico
moine, monachus. » Cette étymologie est ridi-
cule. Furotiôro raconte, do son côté, une his-
toire de moine pour expliquer le mot. Selon
Mahn, c'est une altération de alithmidum '=>
arabe al -j- ithrnid = gr. ^rf/t/Ai, oxyde noir
d'antimoine.
ANTINOMIE, contradiction ave<^' la loi, con-
tradiction entre deux lois, àvnvofjLU (vo>o«, loi).
ANTIPATHIE. àvTnrà&it«, disposition con-
traire ; opposé à ffuyuiTtàaciat, sympathie. — D.
antipathique (le gr. dit àvriTra^iî;).
ANTIPHONAIRE , de antiphona, voy. an-
tienne,
ANTIPHRASE, vM^poLtii, contradiction.
ANTIPODES, gr. àvT(7ro5i;. L. antipodes,
propr. qui ont le pied opposé (ivr», ttou,-).
ANTIQUE, vfr. antif, L. atUiquus, — D.
antiquité, antiquitas ; antiquaire, antiquarius;
antiquaille, BL. antiqualia,
ANTITHÈSE, gr. àvrlittii, opposition; adj.
antithiHique, gr. àvTi&inxo;.
ANTRE, L. antrum (ivr/jov).
ANUITER (S'), de nuit. La vieille langue
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API
— 25 —
APO
avait le verbe neutre anuiiiert — h\ = faire
nuit, signification particulière également au
prov. anuchir et anoitar.
ANUS, transcription du mot latin.
ANXIÉTÉ, L. anxictas (de anxius, rac. an-
gere, resserrer).
AORTS, artère de la base du oœur, gr.
àopvfi (de àiipfa, suspendre).
AOÛT, (wust *, par syncope de la médialo g
(cp. prov. agost, aost, esp. port. it. agosto),
du L. augusiiis. Pour la prononciation ac-
tuelle oi'Uf cp. soûl pour l'anc. saoul, — D.
am'iter^ amttcron,
APAISER, prov. apasiar, dér. de pais' ,
paix; cp. pour la dérivation, l'a^. paisible
L'équivalent vfr. apaier répond à un type
latin adpacare,
APANA6C, BL. a])anagium. Ce mot vient
de panis, pain ; être au pain de qqn. signi-
fiait être sous sa dépendance ; ainsi s'est pro-
duit le verbe apaner, nourrir, entretenir;
apanage est donc propr. une dotation pour
entretien, une pension, alimentaire. C'est la
.seu le étymologie raisonnable parmi les diverses
qui ont été mises en avant. — D. apana-
gefi% 'iste.
APARTÉ, lat. a parte, à part, de côté.
APATHIE, gr. àTrà&ua, impassibilité. —
D. apaihique.
APERCEVOIR, extension de la forme per
avoir . De pareilles extensions par le préfixe
ad étaient autrefois bien plus fréquentes :
ainsi l'on disait au xvi" siècle accomparer
aussi bien que comparer. La langue a su, du
reste, fort bien nuancer la valeur des deux
termes percevoir et apercevoir. — D. aperçu,
apcrcevable ; à forme savante et latine ; apcr-
ception, aperceptible.
APÉRITIF, qui ouvre, du L. apcrirc, ou-
vrir.
APERT ', ouvert, manifeste ; adv. aperte-
ment; du L. apertus. L'acy . vfr. apert, habile,
vif, adroit, preux, est, selon moi, un homo-
nyme, qui, par changement de préfixe (cj).
amender, alnser *), représente soit ex-perrcc-
tiis, éveillé, soit expet^xis, expérimenté. C'est
de ce second apert, en tout cas, que vient
aprr/w«, adresse, proues.se.
APERTISB, voy. apert.
APBTISSBR (cps. rapetisser), de petit. Vss
est dû au môme principe qui a donné vfr.
acorcier, auj. accourcir (c = ^ dur).
APHÉRÈSE, gr. à?»a(/5ni;, enlèvement.
APHORISME, du gr. àfopi^fiôi, définition
{àfopliîDt, délimiter, définir, déterminer).
APHTHE, L. aphtha, du gr. «?»&« (iirrttv.
mettre le feu, enflammer); cp. l'expression
laifine « sacer ignis « pour aphthe.
API, (pomme d*), du L. malum appianum;
cp. it. mêla appiola.
APITOYER, disposer à la pitié (y. c. m.).
Ce composé (on disait sans doute aussi pHoyer,
d'où pitoyable, ce qui fait pitié) doit sa termi-
naison à une forme latine en icare, qui est le
type du fr. oyer et que l'on retrouve dans
verdoyer, fossoycr, guerroyer, etc. On trouve
dans la vieille langue aussi la forme plus
simple apHer,
APLANIR, vfr. aplanin% aplaigner; facti-
tif de plane,
APLATIR, factitif do plcU.
APLOMB, de à j>lomb; ce qui est placé à
plomb, c. à d. dans la direction verticale du
fil à plomb, est ferme, de là le sens figuré
de solidité, assurance.
APOCALYPSE (adj.-y/rfî^rMe), gr. <i7roxà>u|iç
révélation (à7ro-/.aiu:rTfiv, découvrir).
APOCOPE, gr. àTtoMTt-fi, retranchement
(yoTTTuv, couper). Comparez syncope.
APOCRYPHE, gr. àwoxoupoî, caché, obscur.
APOGÉE, gr. àrroyaioi («îro, y*;), éloigné de
la terre.
APOLOGIE, gr. «îroXoyfa, de «Tro^oym^ai,
s'excuser, défense, discours de justification. —
D. apologétique, gr. à:ro>oy)irixo; ; apolftgisUi.
APOLOGUE, gr. ànôXoyoçt narration, puis
conte allégorique, fable.
APOPHTHEGME, gr. àwop&ïyyua, parole spi-
rituelle, sentencieuse (de ^&iyysi», parler).
APOPLEXIE, gr. àTrôTriï^Çf» (inonHmt'j ,
frapper), étourdisscment, paralysie. — 'Atto-
:rX>ïXTtxo5, apoplectique.
APOSTASIE, gr. àfforraaia, défection, d'où
le verbe apostasier.
APOSTAT, gr. àitovràrru, qui déserte une
cause. — D. vfr. apostater, dévoyer, se déré-
gler (Gillon le Muisit).
APOSTÉME, abscès, gr. àffoçT>îyui«(i7ro, «rràw).
écart«ment. La forme usuelle et ancienne du
mot est apostume, d'où le verbe apostumer.
APOSTÎBR, it. appostare, du BL. appost-
tare, fréq. de ap-poncre.
APOSTILLE est le subst. verbal de apos-
tiller, annoter ; quant à ce dernier, il est dé-
rivé de la formule lat. post iUa, Vossius, dans
son traité De vitiis sermonis, p. 551 ^ explique
postula par explanatio: quia qui discipulis dic-
tarent identidam in ore haberent « post illa »».
pu ta, ad hsBC vel illa auctoris verba, adscri-
bite. Cette opinion de Voss est approuvée par
Diez. — Ménage établit la filiation suivante :
posita, posta, postilla; adposita, adposta,
apostilla.
APOSTOLAT, -IQUE, de apostolus, voy. apô-
tre,
APOSTROPHE, gr iwo^rpoyïi, action do se
détourner (à^roarpéf siv) de l'objet d'un discours
pour s'adresser directement à la per.sonno
intéressée, — D. apostropher,
APOSTUME. voy. apostème.
APOTHÉOSE, gr. à;rodè(tt9i«, divinisation,
déification.
APOTHICAIRE, du BL. apothecarius, dér.
de apotheca (i;ro^y>î), dépôt, magasin. Ce
même apotheca a, par aphérèse, donné it.
bottega (Naples potega, Sicile putiga), esp.
botica, prov. botica, fr. boutique,
APOTRE, apostrc*, en vfr. apostlc, du L.
apostolus, gr, àitô^roloi (vrlilciv, envoyer),
envoyé, messager. En vieux roman, le mot
apostole désignait le souverain pontife; ce mot,
vu le déplacement de l'accent, appelle un typo
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APP
— 26
APP
immédiat apostàlius. — Pour la forme, com-
parez épislrc do rjnstola, mot do la mémo
famille orkXXtiv, envoyer.
APPARAITRE, csp. aparccn\ corrcs|)ond à
un type latin apjmrcsccrry tandis que l'ancien
apparoir répond à L. apparrrr;tm a de mémo
comparoir et comparaître.
APPARAT, mot savant, tiré du L. apparatits
(du verbe appararc, préparer), appareil som[)-
tueux, pompe.
APPARAUX, voy. l'aH. suivant.
APPARSIL (it. apparocchio), subst. verbal
do appareiJler (it. apparocchiarc^ esp. apare-
jar, \iro\. aparrlhar,&ng\, apparcl). Ce verbe,
dérivé de pareil (v. c. m.), sijrnifie propr.
mettre ensemble des choses pareilles ou ser-
vant au même but, assortir, puis réunir ce
qu'il faut pour une œuvre ou une entreprise,
faire les préparatifs nécessiiires , arranpcer
(notez en anglais apparcl = habiller); toutes
ces significations se reproduisent dans le
subst. verbal appareil (plur. particulier apjni-
raux ca ensemble des agrùs) et dans le terme
de marine appareiller , mettre à la voile. —
D. appareillage.
APPARENT, -ENCB, L. apparens, -entia.
APPARENTER, rouàvi^paroa.
APPARIER, cat. prov. apaiiar, esp. apn-
rcar, BL. appariare (rac. jiar, imire), assortir
par paire, — D. apparierncnt ; désappaner.
APPARITEUR, L. appaHtor, pr. qui appa-
raît à l'appel du supérieur, d'où le sens : huis-
sier assi.stant le magi.strat en fonctions.
APPARITION. L. apparitio.
APPAROIR, L. apparere; l'anc. conjugaison
de ce verbe nous a laissé il appert = L. ap-
par et.
APPARTEMENT, dér. do vfr. apartir, par-
tager, diviser; donc propr. une divi.sion de
maison; en BL. appartimentum bonorum
signifiait partage des biens; cp. dêpartcmeut
et compartimeyxt.
APPARTENIR, du L. ad-\-pertincre.—D.
appartenance.
APPAS, dans l'ancienne langue et d'après
ses lois, était la forme normale du nom. sing.
et du pluriel du mot ajtpast^ auj. appât (cp.
repas). « D'un mot unique, dit fort bien Litti*é,
on a eu le tort do faire deux mots différents »» .
Les appas ne sont pas autre chose que des
appâts.
APPAT, ce avec qufti on amorce, on attire;
subst. verbal du verbe appâter ^ donner la
pâtée, amorcer, qui vient d'un type lat. ad-
pastare {de pasci, swfi'in pastum).
APPEAU se rapporte à appel, comme beau
à bel, peau kpcV.
APPEL, subst. verbal de appeler.
APPELJBR, L. appellare. — D. appel; cps.
rappeler^ rappel.
ii^PENDIGE, voy. appendre.
APPENDRE, du L. ap-pendêre, iwndre au-
près; do là viennent L. appendix, d'où fr.
appendice^ et appendicins, d'où vfr. apendise,
dépendance, et lo mot appentis, bâtiment
ajouté, adossé à un autre (pour la substitu-
tion du t à d, dans appentis, voy. apprenti).
APPENTIS, voy. appendre.
APPERT (il), voy. .s<>us apparoir.
APPESANTIR, factitif do ;>r5a»/.
APPÉTER, L. ap-pi'iere, désirer, d'où déri-
vent : appetontia, fr. apptitencc; appetitus, fr
appt'tU.
APPÉTIT, voy. appc'ter. — D. appétissant
(p<jur la forme, cp. apetisser de petit).
APPLAUDIR, L. ap-platidn-e (de plaitâere,
batti-e des mains).
APPLIQUER, L. ap^licare (pixy^r. plier ou
tourner vci*s), vfr. aployn-. — D. application,
L. applicatio; applicable; l'acy. participe
applique =» studieux, zélé, présente une in-
téressante métaphore. Au fond, co n'est qu'un
transport d'im sons défini (appliqué à qqcli.)
à un sens général; cfr. occupé, emporté, posé,
qui expriment également des manières d'ôtro
d'abord p;is.sagères, temporaires, puis perma-
nentes ou habituelles.
APPOGLATURE. terme de musique; do l'it.
appof/f/iatura, dér. do appoggiare, forme ita-
lienne du fr. appiiytT.
APPOINT, la somme qu'il faut pour arriver
aitpfjînt (<ul pnnctum) voulu, au solde entier
de ce qui est dû ou exigé. Peut-être, cepen-
dant, le mot n'est-il que le subst. verbal do
appointe)', i*égler.
APPOINTER, BL. appunctare, 1) régler,
fixer les divers 7>oï«i;f dans un arrangement; 2)
donner un salaire fixe. — D. appoi?itcrm^nt,
règlement; salaire fixé, anc. aussi = conven-
tion; f/t'if-a/jy>o/>i(tT, l)opp. de a/i/iot^î^rr, appli-
qué à une i>ei's. = contrarier, tromper; 2)
priver de salaire. Le verbe appoitUer signifie
au.ssi rendre pointu et se rapporte alors au
.subst. féminin pointe.
APPORTER, L. ap'portare.--D. apport.—
Cps. 7'appoi'ter, tradiiction du L. refen'e.
APPOSER. comiK)sé de poser, d'après l'ana-
logie do L. apjHiïiere.
APPOSITION, L. apposUio.
APPRÉCIER, L. appretiare (de pretium,
prix).
APPREHENDER, 1« saisir au corps; 2*»
craindre (le rapport des deux sens s'établit
ainsi : .saisir dos mains, fig. saisir par la
pensée, pi-évoir, .se douter, craindre); du L.
apprehendere, prendre, saisir, dont le subst.
apprehensio a donné app)*ehension, d'où l'on
a tiré l'adj. ap2)relu'nsif (cp. craintif).
APPRENDIÛi, saisir par l'esprit, prendre
connaissance. Du L. apprendere, forme con-
tractée de apprehendere (voy. l'art, préc). La
même métaphore se retrouve dans compren-
dre, concevoir, apercevoir; nous citerons
encore en grec nxcxXrfi^àvuv, prendre vers
soi et apprendre, le latin accipere, l'arabe
caphal, prendre et apprendre, l'hébreu lehaoJi,
instruction, de lakach, prendre. Quant au
])assage du sens « acquérir une connaissance *•
à celui d'enseigner, il est l'effet do la mémo
métonymie par corrélation qui se remarque
dans les sens opposés attachés aux mots hùte,
louer, etc. — Cps. dès-appi'endrc .
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APR
27 —
ARC
APPRENTI, vfr. apprentie (f6m. apprrn-
ticr), i-ouclii apprcntichcy angl. et wallon
(tp)'rjtdk'(\ osp. poi*t. ap7'cndis. Ce mot a pour
iv[>e le BL. apprcnticins ; la terminaison is
ou ice explique la dérivation apprentissaffc.
La foiTïie apprc)ilif((6m. ivo) qui se produit
au xv^' siècle et que Littnî donne à tort pour
la normale, est aussi justifiable que celle en
te (et, suivant les cas, «j;), mais en tout cas pos-
térieure. — Le t dans ce mot (pour d), comme
dans appentis, ponte et fonte, .st motivé peut-
être par l'assimilation aux thèmes en t do
rente, vente, entente, qui proviennent de
formes participiales terminées on enditns; aussi
la vieille lanj?uo avait-elle à la fois ap7'entiire,
tiré d'un type imaginaire a-prend-itus, apren-
t}is, et apresurc do aprcnsiis.
APPRETER, factitif de ;>rc'^ Subst. verbal
apprit.
APPRIVOISER, factitif d'un a^j. privais
(d'un type privensis) équivalent Hprivus. —
Le vfr. disait, et les dialectes disent encore,
apriver.
APPROBATION. L. approbatio (do ap-prf}-
bare, fr. approuver).
APPROCHER, de proche; subst. verbal
approche. — Cps. rapprocher,
APPROFONDIR, factitif do profond.
APPROPRIER. L. ap-propriarc.
APPROUVER, L. ap-probaro. — Cps. dès-
approuver.
APPROVISIONNER, pouiToir àepi'acisimis.
APPROXIMATIP, -ATION. dérivés du L.
approximare, lui-même formé de proximiis,
le plus proche, adjectif superlatif dont la lan-
gue d'oïl avait fait proisme (prov. prosme).
APPUI, voy. le mot suiv.
APPUTER, vfr. aussi apoyi^, it. appfnj-
(jiare; dér. du \'iv. pni, poi, qui signifiait col-
line, lieu élevé, hautour. sommet (on trouve
au.ssi vfr. puie, perron, balcon), et qui dérive
du L. podium, tertre, base, piédestal (it.
pof/gio, prov. pueg, puoi, esp. port poyo).
De ce primitif /)Hî, la vieille langue avait tiré
puiot, soutien, et puier, gravir, monter.
Appuyer est donc i)rimitivement .**outenir au
moyen d'un pui, c. à d. do quoique chose
d*élové. — Subst. verbal rt/jpj^î (vfr. au.ssi a/jj«V).
Le vfr. avait encore le dér. apoial, .soutien.
APRE, aspre*, L. aspcr, — D. âprete, coexis-
tant avec une forme savante, aspérité, direc-
tement tirée du L. asperita^.
APRES, it. appresso, est une forme exten-
sive àcprès, it. jrresso. Tandis que ce dernier,
ainsi que la combinaison auprès (anc. aussi
Cfjprès), correspond pour le sens au latin
prope, le composé après tient lieu do post.
Le mot près représente le Tpsirt.pressus, pre.s.sé
contre. Comparez en grec ây/t» q^i proprement
signifie serré, en latin juxta, formé dejunf/ere
(comme (y. joignant à(} joindre), secundum de
sequi, suivre. — La prép. latme jarop6' s'em-
])loyait encore dans la vieille langue sous les
formes pro/*, pi'oefpref, aprop, aprof aprcf,
mais, quoi qu'en dise Chovallct , ces formes n'ont
étymologiquement rien de commun avec près
ou a/>rtV. Composé : d* après, que l'usage aurait
aussi bien pu nous transmettre sous une forme
sans apostrophe : comparez deoant j)our de-
avant, dans pour do-ens, dedans pour de-
dans.
APSIDE, voyez abside.
APTE, L. aptus; subst. aptitude, L. aptitude
(Boethof. Voy. aussi attitiide, — Voy. aussi le
mot malade.
APURER, factitif de p?(r.
AQUARELLE, de l'it. acquareîla, couleur
en. détrempe, formé lui-même du L. aqua,
eau.
AQUARIUM, mot latin, signifiant réservoir.
AQUATIQUE. L. aquaticus (aqua).
AQUEDUC, L. aquœductus, conduite d'eau;
cfr. viaduc.
AQUEUX, L. aquosus (aqua).
AQUILIN. L. aquilinus, [aquiJa, aigle).
AQUILON, L. aquilo gén. -onis.
ARABE. L. Arabs. — D. arabique, -esque,
ARABLE, L. arabilis, de arare (vfr. arcr),
labourer.
ARACK. d'après Mahn, de l'arabe araq,
sueur, suc, du verbe araqua, suer, distiller.
ARAIGNÉE (vfr. irainaie, iraignie), an-
ciennement la toile d'araignôo, puis, par abus,
l'insecto môme ; lo mot a pour type L. arane-
aia, dérivé du L. avança, le nom de l'in-
secte, qui est devenu on it. aragna, en prov.
aranha, et en vfr. araigne, iraigne. Le mot
latin correspond au gr. àpàx^ii, d'où arach-
nide.
ARAIRE, charrue, L. aratrum.
ARASER, forme extensive de raser, pr.
mettre à ras, de niveau. — D. subst. verbal
plur. arases,
ARATOIRE, L. aratœnus [arare, labourer).
ARBALÈTE, arbaleste*, -estre', du L. arcu-
balista, .syncopé arc' halista. — D. arbalestier,
arbah'triei\
ARBITRE représente : 1. L. arbiter; 2. L.
arbitrium; arbitraire, L. arbitrarius; arbi-
trer (subst. -âge), L. arbitrari; arbitration,
L. arbitratio; arbitral, L. arbitralis.
ARBORER, voy. arbre.
ARBOUSE ; on a songé à un type latin arbu-
tea, tiré de arbxdum (d'où port, ervodo ; esp.
albedro, arbousier), mais Paris (Rom. X, 42)
repousse cette origine pour dos raisons do
phonétique en ajoutant que l'arbouse est un
fruit du Midi et que le nom lui en vient. —
D. arbousier.
ARBRE, it. albore*, aJbaxt, prov. arbre,
albre, esp. albol, du L. arbor; dimin. arbris-
seau, d'un type lat. arboriscellus (gloses de Rei-
chenau arbriscellus); voy .Paris, Rom. Vin,6 1 9.
ArboriceUus aurait fait arbroisel. — Autres
dérivés du subst. latin arbor : arborer, élever
droit comme un arbre (it. aiberare esp. aJho-
rar) ; arboriste ; arbovisé ; arbroic*, lieu planté
d'arbres. = L. arboretum.
ARBUSTE, L. arbustum.
ARC, L. arcus. Ce mot a poussé on fran-
çais de nombreux rejetons, savoir : arquer,
cx)urber (L. arcuare) ; — arche, forme fémi-
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ARC
— 28 —
ARG
nine de arc ; — archer, prov. arquicr, it. ar-
dore; — arcade, BL. arcoLa; — arçon, prov.
arson, csp. arzon, port. arzûOy it. arcione,
d'un tyix)' latin arcio (Saiimaise : Arciones
vocamiis ab arcu, quod in modum arcus sint
incurvi; il allègue le mot zoû/jCia employé par
les Grecs moderaes pour arçon); — les dimin.
arceau et archet ; — anciennement encore les
mots archée{^row. arqiœia, it. arcata) = portée
d'arc; archoier, tirer do Tare; archière,
meurtrière, etc.
ARCADE, voy. arc. — D. arcatiire,
ARGANE, L. arcamtm.
ARGASSE, it. arcaccia, du L. arca, coÏÏve.
ARCEAU, voy. arc,
ARGHAISME, du gr. i/jx«'w/*è« (àpxatt?w). em-
ploi de formes vieillies. De là, par dégage-
ment, Tadj. archaïque,
ARGHAL, it. oricalcn, esp. auricalco, du
L. orichaîcum et aurichalcxtm, formé d'après
le gr. opiixoilMi, litt. airain de montagne. —
L'a initial protonique p. au (dans aurichàl-
cum) se voit aussi dans aoiU de augustus.
ARGHANOE, gr. àpxàr/*^oç. L'élément â/>x
ou àp^t (en lat. archi, en ail. ers) se ratta-
chant à âp^tiv, être à la tête, marque préémi-
nence, supériorité, excès; on le trouve en
français appliqué, avec ou sans précédent
latin, aux mots suivants :
Archkvêquk, L. archiepiscopus (v. êtéque).
— D archiépiscopal, -ai ; archevêché,
ArCHICHANCELIER, ARCHIPRÊTRE, ARCHIDUC
et sembl.
Architecte, L. architectus (du grec
à/9xiTlxTû»v) ; do \k architecture, -tural, -tonique.
Architrave, maîtresse poutro (L. trabs,
trahis).
Et enfin dans les expressions populaires
telles que archibétc, archi fripon.
1. ARCHE, vaisseau, cx)ffre, L. arca,
2. ARCHE, partie d'un pont sous laquelle
l'eau passe, voy. arc.
ARCHÉOLOGIE, gr. àpxonoWM* science do
l'antiquité ; archéologue, àpyjxioUyoi^ archéoUt-
gique, ùp^vio^o'/ivéi.
ARCHER, ARCHET, voy. arc, — D. arche-
rot,
ARCHEVÊQUE, voy. archange.
ARCHÉTYPE, gr. ùpyirunoi, frappé le pre-
mier, original, premier modèle; ce mot est
synonyme de prototype.
ARGHI, particule initiale, voy. archatige,
ARCHITECTE, voy. archange,
ARCHITRAVE, voy. archatige,
ARCHIVES, L. archivum ou archium, dépôt
de titres officiels, du grec ipytloç, ofiiciel (cp.
Argimis, de *Apyi\o(^. — D. archiviste,
ARCHIVOLTE, de l'it. archivolto, formé
des mots L. arcus, arc, et volutus, roulé.
D'après Littré^ de archi, princiiml, et volta,
voûte. — Le mot ital. paraissant être plutôt
empnmté soit au BL. archivoUum, soit au
mot français, et l'idée de pritunpal, qu'impli-
que l'explication de Littré, ne se comprenant
pas trop bien pour la valeur actuelle du mot,
le propose de traduire celui-ci par tête (ipyri)
de rotUe, sons restreint, plus tard, à des déco-
rations do cette têto do voûte.
ARÇON, voy. a7*c, — D. arçonner, désar-
çonner,
ARCTIQUE, grec àpxTixo;, do Ûp^ro^, ours ;
cps. antarctique, àvTapxTuo;, opposé au pôle
arctique,
ARDÉLION, L. ardelio (de ardcre, brûler,
fig. être empitîssé).
ARDENT, L. ardens, part. prés, de ardere,
lequel verbe latin était représenté dans la
vieille langue par ardre (part, passé ars).
Ce verbe fr. ardre répond au mémo tyjîe latin
ardere auquel se rapjwrte le part, latin arsus.
A côté de ardre, on employait jadis aussi
ardrdr == L. ardh*e. Un verbe franc, arder,
bien que figurant dans Littré, n'existe pas en
réalité.
ARDEUR. L. ardorem,
ARDILLON, it. ardtgliane, prov. ardalhon,
mot d'origine douteuse, qui rappelle le grec
âp^ii, pointe d'une flèche; Ménage part de
dard, d'où dardillon, puis ardillon; Langen-
siopen admet pour ty]>e artiglio, tiré de arti-
cidus, Littré, insistant sur l'ancienne forme
hardillon (avec h aspirée), explique le mot
comme dimin. de harde, bâton, donc petit
bâton, j>otite tige, cp. vfr. hardier, aiguil-
lonner. Cotte dernière explication a contre
elle le fait qu'en vfr. harde ou arrfe«= bâton,
n'est pas constaté.
ARDOISE, BL. ardesia, ardosia, it. arde-
sia, port ardosia. Adelung admet, sans en
fournir aucune preuve, une origine celtique ;
Ménage parvient à dériver ardoise do argilla,
et voici comment : argillus, ai*gillidus, argil-
dus, argildcnsis, ardcnsis, ardese. Le chemin
est long, mais à la fin on arrive. Philander :
ardcsiam vocanuis credo ab ardendo, quod e
tootis ad solis radios voluti flammas jaculatur.
Vergy croit que le nom de l'ardoise lui vient
de la ville d'Ardes en Irlande, supposition
toute gratuite; Frisch : later Artesius (du
pays d'Artois). Le Duchat conjecture, avec
beaucoup plus de probabilité, selon Mahn,
que pierre ardoise est une contraction pour
pierre ardenoise, les Ardennes étant particu-
lièrement productives en ardoises. Littré,
appuyant sur la couleur, invoque le cymr.
arddii, ardion, très sombre (Ardenne, forêt
sombi-e). Diez ne se prononce pas. — D. ar-
doisière.
'ARDRE, voy. ardetU,
ARDU, L. arduus,
ARE, du L. area, surface, d'où vient aussi
aire (v. c. m.) et le dérivé aréal.
ARÉAL, voy. are et aire,
ARÈNE, L. arcna; arêneuœ, L. arcnostis.
ARÊTE, prov. aresta, du L. arista, barbe
d'épi, employé déjà par le poète Ausone pour
arête de poisson — D. arêtier,
AR6ANEAU, it. arganello, dim. de it. ar-
gano, vindas, cabestan. Il est diflîcile d'y mé-
connaître le lat. organum, engin, instrument,
pour la forme; cependant Diez admet que l'on
ait emprunté fo dernier sous l'influence de
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ARL
29 —
ARM
lat. ergota (cabestan), moy. lat. argata (annu-
lus crassior). Storm (Rom. II, 328) y voit
plutôt iino transformation du celtique ^rarancw
= gr. ykpavoi (grue), transformation amenée
peut-être par le souvenir de organum. Aussi
bien dit-on de même organeau p. arganeau,
ARGENT, L. argenium, — D. argentier,
erie; verbe argenta^; argentin; argentosus,
argenteux,
ARGILE, L. argilla (5/>ytAAo«); argileiix, L.
argillosus.
1. ARGOT, langage des voleurs, vocable
d'origine encore inexpliquée ; on a voulu y
voir une altération de l'it. gargo (fr. jargon),
ou un dérivé du L. argutari, disputer (en
wallon argoter). Cette dernière étymologie
est fortifiée par le virallon argote, rusé, malin
(L. argiUus). Diez rappelle, pour le radical,
le vfr. arcage = langage, dialecte, que l'on
rencontre dans Gui de Bourgogne («en arcage
grezois «).
2. ARGOT, branche morte, voy. ergot. —
D. argoter,
ARGOUSIN, voy. aJguasil,
ARGUE, t. d'arts et métiers, certaine ma-
cliine des tireurs d'or ou d'argent, s'explique
parfaitement par L. organum, instrument,
outil, d'où aussi it. argano, cabestan (v. pi.
h. argafieau). Argue serait donc une forme
variée de orgue; l'o tonique changé en a se
trouve aussi dans dame de domina ; cp encore
arpat7/cur,prononciation vulgaire pour orpaiV- ,
leur, — D. arguer,
1. ARGUER (trissyllabique) , contredire,
accuser, argumenter, raisonner, it. arguirc,
csp. poi't. prov. argiiir, du L.ar^«erc (comme
statuer de statuere). Anciennement, arguer
signifiait tancer, attaquer, invectiver, harce-
ler, aiguillonner. Il se peut très bien que le
primitif du verbe, dans ses anciennes accep-
tions, soit, comme l'affirme Littré, plutôt ar-
gutare (= répéter sans cesse) que arguere,
mais je ne vois pas que la phonologie refuse
ce dernier et que arguer, venant de arguere,
réclame nécessairement au présent f argue
(prononcé arghe) au lieu de arguë, que pré-
sentent les textes. Il no faut pas perdre de
vue que le verbe arguer, du moins dans les
applications modernes, est d'introduction sa-
vante, et qu'il n'y a pas lieu d'insister sur Yti
de arguere, comparé à Yû de argutare.
2. ARGUER (pron. argher), voy. argue.
ARGUMENT, L. argumentum (arguo). —
D. argumenter, L. argumentari.
ARGUTIE, forme savante, qui a supplanté
le vfr. arguée; du L. argutia.
ARIDE, -ITE, L. aridus, ariditatem.
ARIETTE, voy. air.
ARISTOCRATIE, gr. àpcffToxpaTcfx, gouver-
nement des meilleurs (â/strroi). — D. aristo-
crate, -tique.
ARrràfÉTIQUE, gr. à/^i^/Ayjrtxo,', qui se
rapporte au calcul [xp^iioi nombre, verbe
ARLEQUIN, dans le sens actuel du mot, de
rit. arhcchino. Mais celui-ci d'où vient-il? car
il n'est pas né sur le sol italien. Représente-
t-il originellement, comme certains pensent,
le vfr. hellequin ou hierlequin, si souvent
employé par les écrivains du moyen âge pour
désigner le diable? - Tout éloigné qu'il est
par son caractère du hellequin primitif, dit
Gachet, arlequin a pourtant conservé l'accou-
trement des farces du xiv* siècle : son masque
noir annonce bien un fils de l'enfer et son
vêtement composé de pièces jaunes, rouges et
noires ne rappelle pas moins bien les flammes
au milieu desquelles il se trépignait en tour-
mentant les damnés n . Quant à hellequin (dont
le Dante a fait alichino), son et. reste encore
à trouver; les conjectures mises en avant jus-
qu'ici ne donnent aucune certitude. La fac-
ture du mot accuse une origine flamande.
Aussi Mahn ramena harlequin, en détachant
le suffixe diminutif kin, à l'ail, harl, variété
de Karl (Charles), et s'appuie des expres-
sions QiL2Xo^e&Pete>nnannchei%,Hûnneschen,
Heinselmànnchen, toutes employées pour
désigner des esprits familiers ou lutins.
Comme on trouve aussi hennequin p. helle-
quin, je prendrais volontiers cette forme pour
la première et elle nous fournirait la repré-
sentation néerl. de l'ail, hànschen, dim. do
hans, qui est aussi le premier terme de l'ail.
hanswurst (arlequin). — Weigand considère
hellekin ** groupe aérien d'esprits se combat-
tant avec bruit», comme le diminutif néerlan
dais hellekin, petit enfer. — Génin (Varia-
tions du lang. franc.) met ar^ian en rapport
avec le cimetière d'Arles ou alescamps, dont
le vulgaire aurait fait le nom d'un fantôme,
toujours suivi d'une compagnie qui bruyait
dans ce cimetière, — Nous rapportons encore,
pour mémoire, l'explication donnée dans le
dictionnaire de Dochez : »* Du vieux germa-
nique erle, ou elle, aune, et kiTig, roi, roi des
aunes et des fantômes qui habitent dans les
bois. Cette opinion des fantômes et des fées
germaniques se fondit avec celle de la danse
des morts illustres, tombés autour de la ville
d'Arles, dont le chef était enveloppé d'un
manteau rouge et noir. Ces rapports de cos-
tume avec le bouflbn italien amenèrent une
complète tran.sformation des arlequins qui
avaient efiï*ayé le moyen âge. »
ARME, L. arma (plur.). Four le terme hé-
raldique armes, cfr. en edlomand loaffe et
wappen ; les annes sont la reproduction de
l'écu avec ses blasons. — D. armer (L. armare),
pourvoir d'armes ou mettre sous les armes,
équiper un vaisseau ; garnir, munir ; armoier*,
blasonner, d'où ai*moirie (cp. plaidoirie de
plaidoger).
ARMÉE, force armée, BL. armata (armare),
it. armata, esp. -ada; angl. army.
ARMBTilNE, du BL. armelinus = armeni-
nus; voy. hermine.
ARMER, voy. arme. — D. armaieur, ar-
mature (mots savants), armure. — C. désar-
mer.
ARMET, p. almet, it. almete, angl. helmet;
diminutif de healmc, halme, elme, aiy.
heaume. L'absence d'ime forme almet dans les
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ARR
— 30 —
ARR
vieux textes fait incliner Littré pour une dé-
rivation de arme.
ARMTTiLKS, L. armiUa, bracelet.
ARMISTICE, L. armistitium\ mot nouveau
forgé, d'après l'analogie de solstitium, do
arma et stare; cfr. le terme allemand toa/fen-
stiUstand.
ARMOIRE, armaire*^ vît, almaire^ au-
maire ^ angl. almery, ambry^ a\\em. aimer;
du L. armarium^ buffet, armoire (de arma
dans le sens d'ustensiles).
ARMOIRIB, voy. arme. — D. armorier,
armoriait armoriste»
ARMOISE (vulg. herbe de la Saint-Jean), L.
artemisia.
ARMOISIN, taffetas peu lustré, it. erme-
sino, BL. ermesinuê) d'origine inconnue.
ARMON, pièce du train d'un carrosse où
s'attache le gros bout du timon, soit du L.
ariemon (dans la basse latinité «■ timon), soit
du L. armia, jointure, embolture.
ARMORIER, voy. armoirie.
ARMURE, voy. armer. — D. armurier,
d'où armurerie,
AROME, du L. aroma, gén. aromatis (gr.
âpat/i», épice, herbe odoriférante), d'où pro-
vient aussi la forme aromate. — D. aroma-
tigue, aromatiser.
ARONDE, voy. hirondelle.
ARPÈGE, de Tit. arpeggio, subst. verbal
de arpeggiare, fr. arpéger, pr. jouer de la
harpe (it. arpa).
ARPENT, prov. arpen. Pour le< final, cp.
l'ancienne orthographe française chambel-
lant, païsant (angl. peasant), tirant (angl.
tyrantj, faisant et l'ail, pergament, parchemin
comparé à l'it. pergamena. Du L. arepennis,
que Columelle 5, 1 , 6 cite comme une expres-
sion gauloise équivalente à un semijugerum.
— D. arpenter.
ARQUEBUSE, it. arcobugio, archibuso.
L'étymologio arcus, arc, et biigio, buso,
percé, donc « arc percé » , n'est guère admis-
sible. Se fondant sur les formes harquebuse
(wall. harkibuse) et kacquebute, Grandga-
gnago et, d'après lui, Diez font venir le mot
de l'ail, hakenbiichse,* ûtim. haeck-but/se, c.
à d. arquebuse à croc, dont on appuyait
l'extrémité sur une fourche. Orandgagnage,
toutefois, ne condamne pas absolument l'cx
plication arc-à-buse, c. à d. arc lançant dos
traits au moyen d'un tube, l'arquebuse étant,
en effet, à son origine une sorte d'arbalète. —
D. arquebusier, arquebuser.
ARQUER, voy. arc.
ARRACHER, vfr. esrachier, esragier, ara-
chier, prov. esraigar, araigar, du L. em-ra-
dicare, avec changement du préfixe, comme
àBXtëameiuîer de emendare. Pour la terminai-
son de ces verbes, nous rappelons fr. pencher,
prov. pengar^ du lat. pendicare, revancher
«=a revengor.
ARRAISONNER, vfr. araisnier, adross<»r la
parole; do raison, dans l'anc. sens de proj>os,
parole.
ARRANGER, voy. rang.
ARRÉRAGE, voy. arrii^e. — D. arrérager.
ARRATER, arester', comp. de a et de res-
ter; c'est tout bonnement le factitif de rester,
signifiant faire rester, entraver la marche,
fixer, clore (une délibération); subst. arr^
(esp.it. an'esto), et arrêté, jugement, résolu-
tion. L'étymologio par gr. àptirov, rt^lution,
invoquée parfois jxjur amH, est inadmissible ;
la ressemblance de sens et de forme est for-
tuite.
ARRHES, vfr. erre, du L. arrha. — D.
arrher.
ARRIÉRE, vfr. arère, prov. areire, de la
combinaison barbare ad-retro, comme derrière
vient de de-rctru. — D. arriérer (esp. arrc-
drar), arrérage (prov. arey rages).
ARRIÉRE-BAN. Ce mot, quoique très an-
cien, parait s'être formé par l'effet d'une feusso
interprétation du BL. haribannnm, ariban-
num =» ail. heer-bann (convocation de l'ar-
mée), d'où aussi vfr. arban, herban (citation
pour aller en guerre ou pour faire les corvées).
Toutefois, d'Arboisde.hibainville(Rora.1, 141)
refuse au mot bas-latin l'étymon vha. Jiariban,
celui-ci n'étant point constat*^; selon lui, il
remonte à la i)ériode franco-mérevingienne et
représente charebannus [ck franc est l'équiva-
lant de h des autres langues germaniques).
ARRIMER, arranger la cargaison d'un bâti-
ment, altération de vfr. arrumer, esp. arru-
mar. Or, ce dernier dérive du subst. vfr. rum,
fond de cale, lequel représente le ni. ruim,
ail. rtim, aiy. raiim, osj)aco (en termes de
marine : entrciK>nt), angl. room, — Arri-
mer répond i>our le sons à ail. einrûumcn,
emménager (des meubles).
ARRISERetRISER toutcourt, t. de marine;
du vha. risan, arrisan, tomber.
ARRIVER, L. adriparc, prepr. toucher la
ritye (comp. aborcUn', de bord). Le mot a géné-
raliste son .sens en celui d'advenire. — D. ai^i-
rage, arrivée; mcs-arriver.
ARROGHE, irrégulièrement formé du L.
atripïicem, m. s. ; it. atrepice, wallon aripe;
on trouve en vfr. arasche (Wright, Vocab. ,
p. 141); l'angl. dit orocA.
ARROGANT, -ANGE, L. arrogans, -antia
(arrogare).
ARROGER (s), L. ar -rngare sibi, demander
pour soi, s'approprier.
ARROI, voy. sous agrès.
ARRONDIR, factitif de rond. — D. arron-
dissement (comparez, i>our le sens de cir-
conscription administrative, l'expression ana-
logue cercle).
ARROSER, prov. arrosar; le verbe, à l'état
simple, sans le préfixe, n'existe pas dans la
langue d'oïl, mais bien dans l'esp. rociar et
le catalan rv^ar. Quant à ces dernières for-
mes, Diez y voit des dérivés du L. roscidus,
en alléguant limpiar de limpidiis ; mais il ne
nous est [)oint démontré que les formes fran-
çaise et i»rov. roser et rosar, et les formes
rociar et ruxar se correspondent. Je ratta-
cherais volontiei*s roser ou arroser aux verbes
latins rorare ou adrorare, mais la permuta-
tion de r et s (cp. les mots besirJr, chaise,
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ART
— 31 —
ASl»
poussière) est relativement trop moderne
pour l'admettre ici, bien qu'elle fût particu-
lièrement motivée dans notre cas par le désir
d'éviter le concours de deux syllabes com-
mençant par un r. Il vaut donc mieux,
pour rosar et roser, admettre une dérivation
directe du L. vos. — Le subst. verbal do ces
verbes est respectivement rociada, riixada,
rosada, fr. rosée, it. rugiada.
ARS, t. de vétérinaire, le pli qui se remar-
que à la réunion de la poitrine et du membre
antérieur du cheval. Cachet le rattache au L.
arca, coffre : il rappelle que dans plusieurs
langues la poitrine est exprimée par un terme
signifiant coffre, creux ; cp. esp. arcaSy les
flancs, le cireux qui est au-dessous des côtes,
angl. chest^ it. casso, cassero, thorax. Papias,
en parlant du thorax, dit : « quam nos arcam
dicimus, quod sit ibi arcanum », Diez oppose
que ars ne désigne pas la poitrine, mais un
joint, et rapporte le mot à L. amii«,jointure;
Littré y voit une comparaison des deux mem-
bres de devant du cheval avec un arc et s'en
tient à arcus; d'autres établissent pour pri-
mitif le latin artus, [articulation. — Dans
tous les cas, Vs final est un reste de l'ancien
nominatif, comme dans fils, rets, fonds.
ARSENAL, it. arjtanà, arsenale, grec du
moyen âge ipnv&Xvn ; ces vocables, auxquels
se joignent it. darsena, partie séparée d'un
port, fr. darse et darsine, viennent de l'arabe
ddr çanah, persan tarsanah, maison de tra-
vail, atelier de constniction. Arsenal paraît
ainsi avoir sonné d'abord darsenal. Cependant
Devic dit que, dans les formes sans l'initiale rf,
le mot représente l'arabe as-sin(Va, qui se dit
d'un arsenal maritime.
ARSEMIG, du L. arsenicum (ùp<tiTnr.6vt pr.
le métal mâle). On trouve en vfr. la forme
correcte arsoine.
ART, L. ars, artis; le mot latin signifiait
dans la basse latinité aussi instrument, engin.
— D. artiste.
ARTERE, L. arteria (ipTnplx).
ARTÉSIEN (puits), du BL. Artesia, fr.
Artois, province où ces puits ont été établis
en grande quantité.
ARTICHAUT, de l'ital. articiocco, ail. ar-
tischoke. L'étude qu'a faite M. Dozy expose
que l'arabe ardhî-chauki (litt. terreux-épi-
neux), loin d'être l'original de l'it. articiocco,
en est plutôt la reproduction, favorisée par un
rapport de son avec deux adjectifs que l'on a
trouvés convenablement applicables à la chose;
qu'il a été introduit en Syrie, où seulement
on le trouve en usage à la suite des relations
de ce pays avec l'Italie ; que le vrai et ancien
mot arabe pour artichaut est harsjef, ou
charsjof, et que c'est de là que proviennent
les formes esp. alcarchofa, alcachova, port.
alcachofra et l'it. carcioffo; enfin que car-
cioffo s'est transformé en arciocco (forme citée
par Dodoens), qui à son tour serait devenu
articiocco, — Devic (Journal a.siat. , janv. ] 862,
p. 83), explique articiocco par une corruption
du gr. rà ctpruTixà, ** têtes d'artichaut «.
ARTICLE, L. articnlus, dimin. do artnSj
joint. Le môme mot latin a donné régulière-
ment orteil (v. c. m.), anc. arteil. — Dérivés :
articulare, articuler ; -Sit\o, -atiœi ; -avis, -aire;
in?^rticulatus, inarticulé,
ARTIFICE, L. artificium. — D. artificier ;
artificialis, artificiel ; -osus, -eux,
ARTILLER% munir d'engins (de là le terme
de marine artille), du BL. artillum (dimin.
do ars dans le sens d'engin). — De là : subst.
artillerie, l'ensemble des engins, subst. artil-
leur, anc. qui dirige l'emploi des engins, et
enfin l'ancien adj. artilleuœ, aiiificieux, rusé.
Pour le rappoit entre art et artillum, cp.
engin, ingénieur et ingénieux, de ingenium.
Comme engigner, notre verbe arliller a
signifié aussi user d'artifice. En prov., on
trouve artilha dans le sens de redoute.
ARTILLERIE, voy. le mot précédent.
ARTIMON, L. artenio (ipriyoiy).
ARTISAN, it. artigiano, esp. artesano,
dérive direct, d'un adj. artitianus formé du
part, artitus, habile (« bonis instructus arti-
bus r> Festus). C'est de la même manière que
partisan s'est produit de partitus. Selon Flc-
chia (Postille etimol. 13), la finale française
isan ne représente pas un type itianus, mais
une combinaison de -ensis (= is) + -anus
(ea an\\ de même ^BXis partisan.
ARTISON, vfr. artuison, insecte rongeur.
Voici, d'après Bugge (Rom. IV, 350), l'his-
toire de ce mot : Lat. tarmitem, devenu tar-
mita, a donné tarte, d'où par aphérèse arte et
artre (forme ancienne fréquente); de là un
composé arie-toison, devenu artoison, -uison,
-lison^ -ison, toutes formes constatées. Je ne
trouve dans Godefroy que artre et l'adj. artui-
sonneux au sens de tineosus.
ARTISTE, BL. artista, dérivé do ars, artis.
— D. artistique.
AS, it. asso, angl. ace, du L. as, mot dési-
gnant l'unité.
ASBESTE, gr. 5»Scttoç, qui ne se consume
pas au feu, litt. inextinguible.
ASCARIDE, L. ascaris, -idis (à^xacCt).
ASCENDANT, L. ascendens, part, de as-
cendere, monter, d'où l'ancien verbe franc.
ascendre (angl. asce)ià), qu'on a eu tort
d'abandonner. — D. ascendance. — L. asccn-
sio, ascension, d'où ascensionnel.
ASCÂTE, gr. à«i»Tiï§, qui s'exerce. — D.
ascétique ascétisme,
ASILE ou ASTLE, L. asylum (a^ulov, lieu
inviolable).
ASPE (aussi a^ple), it. aspo, dévidoir, du
vha. haspa (ail. mod. haspet), m. s.
ASPECT, L, aspectus, de aspicere, regar-
der.
ASPERGE, L. asparagus (ividipxyoi).
ASPERGER, vfr. asperdre, de aspergere
(comp. de spargere). — Aspersio, aspersion ;
aspersorium*, aspcrsoir.
ASPÉRITÉ, voy. âpre.
ASPHALTE, L. asplmltus (^T^alro,-). *
ASPHODÈLE, gr. àioàhiUi. Dans l'ancienne
langue, le nom de cette plante se présente sous
les formes asphrodille, afrodille (Palsgrave);
v. angl. affadill, auj. daffodill.
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ASS
32 —
ASS
ASPHTXIK, gr. à^fv^U, absence de pulsa-
tion (tfvitiy, battre, en parlant du pouls). —
D. asphyxier,
1. ASPIC, plante (lavandula ^pica), p. es-
pic, du L. spicum, dit par métaplai^me pour
spica.
2. ASPIC, serpent, L. aspis, -(dis, gr.
à'ncii\ le prov. a aspis et aspic, l'esp. et le
pfirt. aspid, Tit. aspide. Le c final de la
forme provençale est resté en français ; et je
croÎH que le prov. aspic vient d'un diminutif
àrxlèiov, cp. dans cette langue fastic (L. £as-
tidium), aloc (L. allodium) et autres mots où
k c est un efict de Yi palatal de la terminaison
ium. La vraie forme française est le vît. aspe,
3. ASPIC, t. de cuisine, plat composé de
viande ou de poisson froid et de gelée. D'où \
De la loc. •» être froid comme un a^pic « ? se
demande Littré.
ASPIRER, L. a-spirarc; — D. aspirant,
aspiration, aspirail.
ASBATTiLÏR, L. as-salire.
ASSADUR, fact. de sain, — D. assainisse-
ment.
ASSAISONNER, propr. rendre convenable
à la saison (v. c. m.), puis porter qqch. à son
point voulu, enfin accommoder convenable-
ment (cp. ail. surechl machen), rendre plus
agréable. L'idée de saison a fini, comme on
voit, par s'eflacer entièrement.
ASSASSIN, subst. et adj., vient de l'arabe
ha^chischin, qui est le nom d'une secte reli-
gieuse dont les adhérents ont fait vœu de
c^>mmcttre tout meurtre qui leur serait or-
donné par leur chef (appelé le seigneur de la
montagne, sch^ch algabal), en s'enivrant à
cet effet d'une boisson préparée avec le chan-
vre {haschisch). Le nom de ces sectaires est
dans la suite devenu synonyme de meurtrier
soudoyé. — D. assassiner, assassinat,
ASSAUT, it. asalto, BL. assaltus, subst.
verbal du BL. assaltare, vfr. assauter, fré-
quent, de as-salire, fr. assaillir.
ASSÉCHER, factitif de sec (v. c.'*m.).
ASSEIDBLER représente une forme latine
assimulare, dérivée de l'adv. simul, en même
temps, à la fois ; assembler, c'est faire venir ou
mettre ensemble (v. c. m.). Dans l'ancienne
langue le verbe signifiait combattre (cp. jou-
ter àc JHxta. — D. assemblée, assemblage;
de'sassembler, rassembler.
ASSBlASR, dans l'ancienne langue, signifiait
diriger ; le mot n'est resté cpie dans la locu-
tiod assener un coup. 11 vient de sen, sens,
dii-ection, qui est aussi le primitif de forsené',
forcené.
ASSENTIR*, vieux verbe fr., du L. as-sen-
tire; il nous en est resté le subst. assentiment.
Il est curieux do remarquer à côté de la ter-
minaison iment, dans assentiment, ressen-
timent, celle en emefit dans consentement.
Les anciens employaient, du reste, la forme
noriHale assentement.
ASSEOIR. Le verbe seoir (pron. soir),
ane. scdeir, sëeir, seoir, représente le L. «c-
drre (cp. veoir, voir, de viderc) ; asseoir, le
composé assidrre. Seulement, le eomi>os
français est actif (= poser, fixer i, tandis que
le terme latin est exclusivement neutre (être
assU). La langue d'oîl avait aussi la forme
assire, qui répond à un primitif latin assi-
drre. Le participe assis reproduit le L. asses-
sits {cp. pris de presits p.prensus"^. C'est de ce
participe cusis que vient le subst. assise,
assemblée, séance de juges, puis, par exten-
sion, le jugement porté par eux, ou bien aussi
imposition, taxe décrétée par l'autorité. Le
sens primitif et matériel du mot reparait dans
assise signifiant couche de pierres. — Com-
posé : rasseoir, rassis,
ASSERMSNTER, lier par serment.
ASSERTION, L. assertio, subst. de asse-
rere, prétendre, afiîrmer.
ASSERVIR; factitif de serf, conune assu-
jettir de sujet. Cette étymologie fait compren-
dre la différence de conjugaison qui se remar-
que entre asservir et sertir. Le latin o^^errtre
n'avait qu'une signification neutre.
ASSESSEUR, L. assessor (de assidere, s'as-
seoir auprès) ; l'allemand a imité le terme latin
par le mot beisitzer.
ASSEZ, pr. assois, it. assai, de l'adverbe
composé L. ad'Satis, assatis (cfr. pour la
finale es, L. amatis et fr. aimes).
ASSIDU, -ITi, L. assiduus, -Uas (assidere).
ASSIÉGER se rapporte à siéger (voy. siège,
comme le mot latin assidere, qui a le même
sens, au primitif sedere. Jadis on disait plu-
tôt asseoir une ville.
ASSIETTE. Les diverses significations pro-
pres à ce mot dans la langue ancienne et mo-
derne, jointes à sa similitude avec la forme
verbale assiet, assied, font difiicilement renon-
cer à la supposition d'un rapport étymolo-
gique avec le verbe asseoir, lat. assidere. Je
disais dans ma dernière éd. que ce rapport
ne se laissait établir, à moins de violenter
la phonétique, qu'en partant d'une forme ty-
pique imaginaire, c'est-à-dire non constatée' ;
le fréquentatif asseditare, tiré d'un supin bar-
bare seditum pour sessum. Ce type, disais-je,
nous mènerait naturellement à un infinitif
prov. asetar, fr. aseter, assieter, et au sub-
stantif verbal assiette, en invoquant l'analogie
de pedito (-onis) devenu piéton et de peditare
(dérivé do peditus) devenu petar, péter. Il
expliquei-ait également, continuais-je, l'espa-
gnol et le prov. sentar, asentar, it. sentare
et assentare, vieux fr. assenter = asseoir,
qui se l'apporterait à seditare comme renta,
rente à reddita (1). Dans mon hypothèse d'un
supin seditum (ce barbarisme ne serait pas
plus étrange que le premitum pour près»
sum,, auquel l'on doit imprenta et emprei>tte),
je prétendais que les déductions que j'en
tirais ne soulèveraient aucune difficulté sé-
rieuse, tandis qu'il y en a de très graves
à voir avec Littré, au fond du mot assiette,
un thème siet, répondant à L. situs. D'abord,
(1) Diet voit dans ces formes des dérivations du parti-
cipe présent sfdeiitein, mais la lettre s'y oppose, À c«
qu'il me semble ; en français la marche : sedtntar^,
si^tttrr. santet', pourrait être admise sur Tanalotne de
ctedentare-créanter -cranter, grantfr. mais en est-il de
mt^me pour les lanini^s du Midi f
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ASS
33
ASS
on ne connait aucun exemple d'un t bref
latin se francisant par te; puis la citation
du Recueil de Tailliar, dont s'appuie l'auteur
du Dictionnaire de la langue française : un
jour con i a siet, prouverait au contraire, à
cause de l'emploi actif de ce participe siet, en
faveur d'un participe seditus. Aujourd'hui,
grâce au Dictionnaire de Godefroy, il est per-
mis d'abandonner le terrain conjectural, et
de fonder sur le vfr. asseter, assetter =
asseoir, placer, disposer, dont ce dict. nous
donne de nombreuses preuves, l'étymologie :
assiette f subst. verbal fém. de assetter (la
diphtliongue te en syllabe tonique est de
r^le). D n'y a que pour l'acception « plat »»
qu'il peut encore rester quelque doute (v. pi.
loin). — Mais nous avons, à propos de la
famille du L. sedëre^ encore d'autres formes
romanes à débrouiller. L'espagnol sitio (place,
siège) est, selon moi, le substantif verbal
de sitiar (composé : asitiar, prov. asetiar^
asetjar). Ce sitiar, je serais disposé à le rame-
ner à un type sitiare, formé de situs, comme
acutiare^ captiare, tractiare^ etc. de acutus,
captiis, tractuSy si ce procédé de dérivation
verbale, fort usuel en roman, ne se produisait
pas en espagnol par un simple s iaguzary
casar, trazar). Cette dernière circonstance
m'engage à me rallier à Diez, qui conjecture
pour primitif des formes en question (voyez
son article sitio) le vieux haut-ail. sisan,
vieux saxon sittian (sedcre). — Le provençal
assestar (placer, asseoir) et l'italien assestare
(actif = arranger, ajuster, neutre = seoir,
convenir) ne reposent pas, comme le pense
Littré, sur une mixtion du supin sessum avec
situSt, mais iU ont pour type assessitare, dé-
rivé de assessum, assessare (le simple sessi-
tare est, comme on sait, classique). C'e.st ainsi
que laxum, supin secondaire de tagere*^ tan-
gère, a produit iaxitare, d'où it. tastare, prov.
tastar, fr. tâter. — Jusqu'ici, nous avons su,
sauf la forme sitiar, nous accommoder du
primitif sedere, soit par sedittim ou par ses-
sttm. En sera-t-il de même à l'égard de l'ita-
lien assettare, ajuster, agencer, disposer,
asseoir, châtrer? Je ne le pense pas. Le double
t, d'après les règles de formation italienne, ne
permet point d'y voir une simple modification
formelle de asetar ou de asestar traités ci-des-
sus; et malgré la conformité de son et la
coïncidence des significations, il faut lui
chercher un autre original. Or, la facture du
mot appelle nécessairement ossectore, fréquen-
tatif de as-secare, couper pour chacun et
pour chaque chose dans les proportions vou-
lues, diviser par justes parts, répartir, arran-
ger, placer, asseoir convenablement, assigner,
fixer. Arrangement, disposition, placement,
sont des idées qui découlent naturellement
de couper, diviser, et d'ailleurs le sens châ-
trer vient en surplus corroborer cette étymo-
logie, que je ne fais que reproduire après
Diez. — Et maintenant, pour en revenir à
assiette, point de départ de ce long article, ne
vaut-il pas mieux, pour l'expliquer, laisser là
le type asseditare, assigner au mot français la
même origine qu'à l'italien assetto, agence-
ment, ordre, et le faire passer par la même
filière idéologique : couper, diviser, répartir,
arranger, asseoir, placer à table? Pour la
lettre, nous aurions pour nous le mot disiette*,
disette de disecta (retranchement de vivres),
et pour le sens, la conception primordiale
« tailler » ne perce- t-elle pas encore dans le
terme assiette (taille, répartition) des impôts,
puis dans l'expression usuelle en termes d'eaux
et forêts : Vassiette des ventes [on marquait les
bois à vendre en les entaillant), et enfin dans
l'emploi du mot assiette désignant le plat sur
lequel on sert ou on mange, et au sujet duquel
il me reste encore quelques mots à dire.
Assiette = vaisselle plate, peut être une mé-
tonymie de assiette = service, mets (ce qui
est mis sur table), mais l'inverse est égale-
ment possible, et plus probable (comparez les
termes fr. plat et angl. disk = mets). Dans
les deux cas (l), il peut y avoir au fond l'idée
de trancher les viandes (il faut les trancher
avant de les servir), et dans le deuxième, on
est involontairement i*appelé à nos vieux mots
tailloir et tranchoir, à l'it. taglière, esp. ial-
1er, ail. teller. On le voit, je reste dans l'indé-
cision pour ce qui concerne le mot assiette :
l'élément secare paraît y avoir autant de droit
que sedere.
ASSIGNER, vfr. assister, assener, du latin
assignare.
ASSIMILBR, L. assimilare (similis).
ASSISE, voy. asseoir.
ASSISTER, L. ad-sistere. — D . assistance,
1. présence, aide, secours; 2. ensemble des
personnes présentes.
ASSOCIER, L. adrsociare (socius, compa-
gnon).
ASSOLER, de sole (v. c. m.).
ASSOMBRIR, rendre sombre.
ASSOMMER, selon les uns, de somme ==s
L. somnus; assommer, qui s'employait autrefois
en eifet pour assoupir, serait ainsi employé
métaphorrquement pour tuer, comme l'expres-
sion « in soporem collocare » dans Planta,
Amphitr., 1, 147; selon d'autres (Ménage et
Diez), de somme, fardeau (v. c. m ), do ma-
nière que assommer serait propr. accabler
sous la pesanteur d'un poids. Nous tenons la
dernière explication pour d'autant plus accep-
table que le verbe signifie aussi fatiguer,
afiliger. Cependant, l'ancienne acception « me-
ner à fin w qui, ainsi que celle de « énu-
mérer », se rattache à « summum, summa »,
engage à admettre ce dernier primitif aussi
pour le sens u tuer ». — D. assommoir,
ASSOMPTION, L. assumptio, substantif de
assumere, prendre à soi.
ASSONANT, L. ad-sonans. — D. asso^
(1) L'emploi du mot afisifitte pour vaisselle plate,
d'après les citations de M. Littré, ne paraît remonter
qu'au x\iv siècle. Cela parle en faveur de l'antério-
rité du sens mets, service. — Godefroy ne cite qu'un
seul ex. de assiecte^ où ce mot revient plusieurs fois dans
cette liaison . «• une chainture a assiecies d'argent et de
perles »; il traduit parplaqvte; j'y vois plutôt la valeur
- pièce, parcelle »-.
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AST
— 34 —
ATI
ASSORTIR, V. act. , mettre ensemble selon
les sortes, assembler d'une manière conve-
nable, pourvoir un magasin de diverses sortes
convenables; neutre, être de môme sorte,
convenir; de sorte {y. c. m.). — D. assorti-
ment; désassortir.
ASSOTER, factitif de sot, comme affbl4fr
de fbl; cps. rassoter,
ASSOUPIR, du L. sopire, endormir (rac.
QOP, d'où sopnus', somnus).
ASSOUPLIR, rendre souple.
ASSOURDIR, rendre sourd.
ASSOUVIR a lair d'être une forme variée,
adoucie {p en r), de assoupir ; le latin sopire
signifiait également calmer, apaiser. Cepen-
dant, cette étymologie pourrait n'être que
spécieuse. Diez, dans la 1" édit. de son dic-
tionnaire, dérive le mot du goth. ffasôtlyati,
rassasier ; le fait de l'élision de la dentale et
de son remplacement par un v euphonique se
rencontre aussi dans pouvoir pour podoir
(prov. poder). Mais, dans les éd. suivantes,
pour rester dans le domaine latin, il a préféré
identifier assouvir avec vfr. assouffir, satis-
faire, contenter, qui vient du latin sufficere,
bien que le changement de ff'en v soit insolite.
Littré, insistant en outre sur les anciennes ac-
ceptions parfaire, accomplir, pense qu'il peut
y avoir eu confiision en un seul des deux
verbes : assopire (satisfaire la faim, l'assou-
pir) et assufficere, suffire, satisfaire, achever.
ASSUJETTIR, factitif de sujet .
ASSUMER, prendre sur ou pour soi, du L.
assumere.
ASSURER, vfr. asseffurer, asseiirer, L.
assecurare. — Cps. rassurer.
ASTELLE (on dit plus souvent attelle),
lame de bois, du L. astella, p. astula, frag-
ment de bois, ais, bardeau. L'étymologie has-
tella, dimin. de hasta, lance (Littré), no con-
vient pas au sens.
ASTER, plante, du grec àttr^p, étoile, qui
est aussi le primitif de astérie, astérisme,
astéroïde, astérisque (àurtplnoit petite étoile).
ASTHME, vfr. asme, esp. it. prov. asma, du
grec affâjna, respiration. — D. asthmatique,
ASTIG, ou asti, instrument pointu des cor-
donniers pour lisser le cuir ; subst. verbal de
astiquer (v. c. m.).
ASTICOTER, voy. astique7\ — D. asticot,
ver que l'on pique à l'hameçon, pour prendre
les poissons ; anc. «=■ irritiation ; cp. wallon
asticote, contrariété, indisposition légère.
ASTIQUER, employé familièrement tantôt
pour toucher légèrement à une partie malade
(rouchi), tantôt pour ajuster, parer (surtout
au réfl. s'astiquer), tantôt pour frotter le cuir
avec un polissoir pointu (voy. astic); dérivé
de la racine germanique stech, stich, pic^uer.
pointer. De là subst. astic (v. c. m.); le fréqu.
asticoter (v. c. m.), pointiller, irriter, tour-
menter (cp. l'ail, sticheln).
ASTRAGALE, L. astroffolus (à^T/sàyaioç).
ASTRE, L. astrum. — D. désastre (c(v. M.
unstern), et malotru (v. c. m.).
ASTREINDRE, L. ad-str ingère. — Du part,
latin ostriHf/ens : fr. astringent, du subst.
astrictio : fr. astriction.
ASTROLABE, du gr. àirpôlato-^ (àvrpoXaeixov
6p'/oLvov). instrument pour mesurer les dimen-
sions des étoiles.
ASTROLOGIE, gr. àirpoU/l^^ astrologue,
àjTpoXôyoi ; 'ique, -i/o,-.
ASTRONOMIE, gr. irrpovofiU ; astronome,
ivrpovôijLOi ; 'ique -ixo;.
ASTUCE, L. astutia. — D. astucieux.
ATELIER. Le prov. atelier et esp. a^il-
lero signifient un râtelier pour les lances et
se rapportent à hasta. Diez pense (\\\'aielier
est le même mot et que le sens actuel serait
déduit de celui de « dépôt d'outils »». —
D'autres y voient le BL. artillaria, boutique
de travail (de artiUuta, outil, voy. artiUër),
mais l'élision de IV fait difficulté. — Littré
pense que le primitif e.^t attelle ou astelle,
petite planche ; il s'agirait ainsi d'un lieu où
l'on prépare les attelles ; en d'autres mots, un
atelier de menuisier. Rônsch aussi part d'un
type lat. astularium, lieu où il se fait des
astulœ, des éclats de bois ou de pierre, donc
lieu de travail, où l'on charpente, taille, etc.
C'est peu plausible, bien que astula « éclat
de pierre, soit constaté dans Vitruve (Archit.,
7, 6). — Enfin, feu M. le prof. J.-H. Bor-
mans, de Liège, veut apparenter notre mot
avec rit. attiUare, mettre en ordre, arranger,
et avec l'expression wallonne en atileure, en
ordre, en bon état, et ceux-ci avec l'ags. tilj'ai},
arranger, construire. — C'est cette dernière
explication qui me sourit le plus ; seulement,
au lieu d'alléguer l'italien, je rappelle le bon
vieux mot fr. atiUier, arranger, ajuster, pi'é-
parer, équiper, armer, d'où subst. atil, action
à'atillêr, de préparer ce qu'il faut ; do là à un
subst. atilier, atelier, lieu de travail, labora-
toire, il n'y a pas loin. Reste û savoir l'origine
de atillier = prov. atilhar, it. attillare, esp.
atildar. Diez, qui ne connaissait pas notre fr.
atillier, rattache, avec (juclque hardiesse, ces
derniers verbes à un type attitulare, de titulus
(it. titolo, esp. tilde) ^= le point sur l'i.
ATERMOYER, recider le terme. Pour la
terminaison dérivative oyer (= L. icare),
cfr. tournoyer, flamboyer, rudoyer, etc.
L'ancienne langue disait atermer.
ATHÉE, gr. s-^jo,-.— D. athéisme.
ATHÉNÉE, gr. «i^vaTov (de 'A^v»7, Minerve,
déesse des sciences).
ATHLÈTE, gr. ci^t»5T^;, combattant.
ATINTER, ajuster, parer, attifer, anc aussi
armer, éciuiper; vfr. atinteU, paré, attifé. L'ori-
gine de ce vieux mot, synon. de atillier (voy.
atelier), n'est pas encore tirée au clair. L'éty-
mon le plus naturel, *attinctare, fréqu. do
attingere, attouchcr, oflrc cela d'irrégulier
qu'il suppose un supin iinctum au lieu do
tactum; mais cette invf^ularité a de nom-
breuses analogies et n'est pas plus cho((uant<î
que celle qui îaït scditum do sederc ; pour les
acceptions tirées de Tidéc foncière " toucher»',
ce sont les mêmes que collch propras à l'an-
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ATT
35
ATT
cien adouber, « vêtir, armer, équiper, ajuster,
soigner »», lequel on est d'accord à rattacher
à un mot germanique signifiant toucher. J'es-
père que mon' explication trouvera meilleur
accueil que les tentatives faites par Littré à
l'aide de vfr. tin «=■ tempe [atinter serait pr.
orner la tète) ou du vfr. tin, pièce de bois. Rap-
pelons encore comment les verbes tirer, tour-
ner, dresser ont développé des significations
analogues {voy. atour et attirer), — Littré (au
Suppl.) signale le roumain atintar (pron.
a-tsin-ta), fixer, attacher, dér. de tinta, clou,
pointe.
-ATION, terminaison reproduisant le latin
'Otionem ; elle appartient, comme -ateur
= L. -atorem, au domaine savant ; réguliè-
rement la langue d'oïl en a feit aiso7i,
oison, ison; ces finales ont survécu dans
oraison, pâmoison, vfr. et angl. vcnison. L'a
du latin est atone ; c'est ce qui explique sa
conversion multiple en ai, oi et i.
ATLAS, recueil de cartes géographiques ;
cette signification a été donnée à ce mot en
premier lieu par Mercator, par allusion à
Atlas, le Titan, porteur de la voûte céleste.
ATMOSPHÈRE, mot scientifique formé de
àrfjLÔit vapeur, et (xfoûpa, globe.
ATOMI, gr. ûrofjLoç indivisible (de ri/Avu,
couper). — D. atomique, atomisme, -iste, -is-
tique,
ATONIE, gr. àrovloc, absence de teasion
(rtlvoè, tendre).
ATOUR, vfr. atom, parure, subst. verbal
du vfr. atoumer, diriger, tourner vers, puis
arranger, «guster, parer.
ATOUT, de à tout, fort contre tout.
ATRABILE, du latin atra bilis, bile noire,
mélancolie. — D. atrabilaire,
A
ATRE, anc. a^tre, aistre, propr. le bas
d'une cheminée garni de carreaux, de l'adjec-
tif BL. astricus, qui a donné aussi le vha.
astrih et l'ail, mod. estrich, pavé, plancher
carrelé. Diefenbach rattache notre mot au
L. asser, ais, solive, latte, planche. L'idée de
pierre ne serait dans l'origine que l'accessoire.
Diez pense que it. astrico et BL. astricus sont
issus de l'it. lastrico, pavé, dalle, par l'aphé-
rèse de l'initiale (prise pour l'article), et quant
à lastHco, il le dérive du BL. plastrum
(^ifx'jtXa'STpov, sol pavé, vfr. plaistre, ail. pflas-
ter),
-ATRE, dans blanchâtre, marâtre, etc.,
suffixe péjoratif ou afiaiblissant. représente
L. -aster, danspatraster, surdaster.
ATROCE, L. atrocem; atrocité, L. alroci-
tatem.
ATROPHIE, gr. irpofloc, pr. absence de
nourriture, puis dépérissement. — D. verbe
atrophier,
ATTABLER, mettre à table.
ATTACHER, it. attaccare, esp. atacar. Ce
mot n'est qu'une variété dialectale de attaquer;
cp. toucher et toquer. L'un et l'autre, ainsi
que le terme contraire détacher, proviennent
d'rfne racine teu;, qui se rencontre avec des
significations variées aussi bien dans les
langues germaniques que dans les idiomes
celtiques, et dont le sens fondamontxil est
« chose proéminente qui sort à fixer « ; la lo-
cution s*attaquer à est, pour ainsi dire, iden-
tique avec s'attacher à, entreprendre ; c'est
d'elle que procède le sens actif du verbe atta-
quer, cfr. l'expression grecque ScTtrtt^ui ti»o« ;
attacher, c'est fixer à. L'étymologie attexerc
est une bévue. — D. attache, attachement,
rattacher ; notez encore le terme de couturier
ou de passementier soutacher (d'oti soutache)
pour sous-tachcr, Voy. aussi l'article tache.
ATTAQUER, voy. attacher. Attaquer, dans
son sons actuel, est venu, au xvi" siècle, se sub-
stituer aux anciennes expressions env>atr, em-
peindre (impingere), requerre acoeillir, —
D. attaque, attaquable.
ATTARDER, factitif de tard. L'ancienne
forme atargier, être en retard, se rattache à
un type latin aUardiare, et nous ne pouvons
admettre les raisons alléguées par Gachet
pour prouver que attargié signifiait dans le
principe « couvert d'une targe », embarrassé,
gêné^
ATTEINDRE, L. attingere (tango). — D. at-
teinte; ratteindre.
ATTELER. L'étymologie de ce verbe, ainsi
que de son c^jntraire dételer, est encore incer-
taine. L'ancienne forme asteler ou estclcr
permet de voir dans le mot une représentation
de l'ail, spellen, mettre, placer ; Diez rappelle
à ce sujet les termes esp. poner et angl. to
put employés pour atteler. La forme ateler p.
esteler n'est pas plus étrange que le berrichon
atelon p. étalon. Littré admet pour primitif
astellc ou attelle (v. c. m.), pris dans le sens
de M partie du collier des chevaux à laquelle
les traits sont attachés » . Il rappelle qu'aste-
let s'est dit pour le bois du collier des che-
vaux. D'autres ont pen.sé au radical tel qui est
au fond du prptelum boum (trait de bœufs; do
Pline, du verbe protelare, tirer en longueur ;
on pourrait, en efiet, admettre l'existence d'un
subst. latin telum ou tela, signifiant timon,
et qui serait, comme nous le supposons, à
l'égard de telum, javelot, ainsi que de tela,
toile, une contraction de tendlum ou tedlum.
Un pareil rapport entre tmdere et telum, s'il
était justifié, rappellerait les expressions alle-
mandes anspannen et ausspannen; mais l'éty-
mologie stcllen se prête, pour la forme, bien
plus naturellement. Enfin, ie citerai l'opinion
de Langensiepen, qui dérive atteler du L. *ap-
tularc, fixer à, attacher ; à part l'étrangeté do
la forme diminutive, elle ne convient nulle-
ment pour le composé dételer, qui évidem-
ment représente de-steler.
ATTELLE, voy. astellc.
kTTWANT, participe de l'ancien verbe
attenir, confiner, être parent, L. attinere.
ATTENDRE, du L. attendere, tendre les-
prit vers qqch., prendre garde; le sens latin
est resté à l'angl. to attetul, et dans les dérivés
fr. attention (L. attentio) et (Utentif, — D. at-
tente (cp. descente, rente, vente, de descen^
dre, rendre, vendre), vfr. atendue.
ATTENDRIR, rendre tendre.
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AUB
:Mi —
ALT.
ATTEHTER, L. atl-irtUfirr, litt. faire nn«*
tentative sur. — D. atttutat (rnot .sitvant i,
d'où rittr,ttfftffire.
ATTEKTIF, ATTEHTION, vov. aftnufrr,
ATTÉHTIER, L. aW^nvarr (tr,n<tsy
ATTERRER, it. atterrnre, esp. ai* tirar^ y-
ter à Un-re^ terras,^r; en t. do marine, appro-
cher de la ten'e.
ATTERRIR, prendre terre
ATTESTK, L. attrstan(trstts, témoin-.
ATTICISMS, du grec àrrut»î;iio>, mani<-re
élégante de parler des habitants de VAttiqt'f
ou Athéniens.
ATTIÉDIR, rendre tMe.
ATTIFER, ATTIFFER, vfr. ttffer, en Pic--
mont, tiflé, anc. angl. tife, parer, coiffer, du
germanique tippatu toucher de la jK^inte des
doigts (ni. aantippen, c()\i\)cr les pointes des
cheveux). — D. atiifety omoinent de tête.
ATTIQUE, terme d'architecture, pi'tit étage.
supérieur, se rap[)Orte à Atticas = jmi-ticulier
aux Athéniens.
ATTIRAIL, voy. attirer.
ATTIRER, tirer à soi, après soi, faire venir
(voy. tirer). Dans le vieux langage, ce verbe
signifiait aussi ajuster, orner, décorer, pn^-
parer, dis|)oser (cp. atoumer^ tourner vers et
décorer, parer, et Tangl. dress, habiller, du
fr. dresser). C'est à cette dernière significa-
tion (elle est encore propre à langl. to attire)
que se rapporte le subst. attirail, tout ce qui
eut nécessaire pour une oj)ération, terme
analogue, pour la valeur, à aj/pareil.
ATTISER, voy. tison.
ATTITUDE, it. attitudine, disix)siti<)n ou
position convenable ; ce n'est qu'une variante de
aptitude; cp. ladj. italien atto^h. aptus. —
L'étymon habitudo n'est pas soutenable.
ATTOUCHEMENT, de l'ancien verbe attou-
cher, toucher à.
ATTRACTIF, ATTRACTION. L attractirvs,
'tio, de attractitm, supin de at-trahei-e, at-
trairo.
ATTRAIRE, it. attrarre, du L. attrahcrc.
— D. attrait, subst. participial, exprimant
l'action, ou subst. verbal du vfr. atraitier =
'aitractarc,
ATTRAPER, prendre à un piège, tromper,
puis saisir au passage, atteindre, obtenir,
prov. esj). atrapar, en esp. au.ssi atramiiar,
ital. attrapjjay^c; de trappe^ piège. — D. at-
trape, attrapoire. — Cps. rattrape7\
ATTREMPER, vfr. attcmprer, propr. mo-
dérer; voy. trcmj/er.
ATTRIBUER. L. attribucrc; attributio, at-
tribution, — D. attributif; attribut du L. at-
tributum, chose attribuée.
ATTRISTER, rendre triste.
ATTRITION, L. attritio (tcrere). Cfr. co7itri'
tien.
ATTROUPER, réunir en trouj)e.
AU, anc. ai, conti*aeti<>n de ù le; pliir. atf.j^,
pour aïs, =^ à les.
AUBADE, voy. aube 1 .
AUBAIN, étranger, BL. albanus, dérivation
do Tadv. alibi (cfr. n)icien de a)Ue, jjrochain
d*'yy/Y>c///'). — D. at'ff^i/ne, >ucct*»ion aux biens
diin aubain.
1. AUBE, oUm'', \¥nut du jour, it. alba, du
L. nll*a du <, cfr. l'eipre^'-ion latine •* cœlum
alb«t ". — D. ai'bfide, esp. allnida, concert
donné à Taulx^ du jour, cfr. sérénade,
2. AUBE, j>rov. aJlxi, vêtement de toile blan-
clie. du L. nlbus, blanc.
3. AUBE, ai> ou palette d'une roue, t. d'hy-
draulique; selon Littré, du vfr. aube, bois
blanc, qui vient du L. aibtis; Darmesteter
pense que le tenue a été appliqué à la palette
d'une roue hydraulique par extension decuibe
= toile blanche des ailes de la roue.
AUBÉPINE, aid^espiiie' , L. alba spitia, épine
blanche.
AUBÈRE, d'un type L. alherius, de albus,
blanc. D'apnV Dozy = esp. overo (anc. hobero),
de lar. hoheri, aubèi*e.
AUBERGE, prov. alberc, it. albergo, vfr.
herberc, helberc, hrrbert et fém. herberge
(prov. albtr'f/a). Du vha. hcriberga, campe-
ment militaii*e (ail. m^jd. herberge, auberge).
— D. aubergiste. — De l'ancienne forme hcr-
berge vient le verbe Jn'berger,
AUBERGINE, dim. de albergc (y. c, m.) ou
auberge. D'après Davie, aubergine ne vient |)as
à'auberge, mais de Varahc al-badindjan, d'où
esp. aberengena.
AUBETTE, c(:»ri)s de garde; propr. le buivau
où les wjus-oflSciers d'une garnison vont à l'or-
dre; «* dim. de aube, à cause que l'on va d'or-
dinaire à l'ordre de bon matin •* (Littré). Cette
étymologie peut être vraie, mais laisse quelque
doute.
AUBIER, prov. albnr, bois blanchâtre entro
l'écorce et le coq)s de l'arbi'c, dérivé du L.
albus, blanc. Cfr. aubour, du L. albumum,
prov. alb(/rn.
AUBIFOIN, du L. album fœnum, »»cyamus
flore albo", appliqué plus tard au « cyamus
flore cferuleo -^ .
AUBIN, t. de manège, est une variante ortho-
graphique de hobin (v. c. m.). — D. aubiner.
AUBRIER, nom vulgaiiv du faucon hobe
reau ; selon le Dict. de Trévoux, de aubère,
blanc tacheté, cp. en prov. alban, albanel, et
en it. albanello, qui signifient la même chose.
AUCUN, alcun'y it. alcuno, esp. alguno, du
L. alifpfis unus, comme chacun de quisque
unus.
AUDACE, L. aï'dacia. — D. audacieux.
AUDIENCE, L. audientia (audire), mot appli-
qué au moyen âge à l'action d'une cour de
justice qui « tVoute « les débats d'un procès.
Le représentant vraiment français du mot
latin est le \fv, oiancc, — D. aiulimcier. —
Auditor auditeur; auditorium auditoire, au-
ditio audition ; auditivus auditif. — Le verbe
audire s'est francisé en ouïr (v. c. m.).
AUGE, it. alten, du L. alteus (cp. L. salvia,
fr. sauge). — D. dim. augct, augel<4, augette;
verlM' aitger^ ci'euseï- en jL'outtiêre,
AUGMENT, L. augnteutum [au.gei\\ accinji-
tre). — D. augmenter, L. augnïcntaiv.
AUGURE, L. augurium (voy. lieur); augu-
rer', L. augurari; augurai, L. auguralis.
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ALT
37 —
AIT
AUGUSTE, L. o'ÇHstus.
AUJOURD'HUI, p. aujourdlmi. Vov. htn.
AULIQUE, L. aitiicics, adj. do «»'/<!, o«>ur.
AUMAULS, alniaiUe\ terme *\4Kx'tif ep.
b'-tiul, roiaiilc}, propr. In'-tail; du pliir. l^iiii
(un'mah'a.
AUMONE, altnosne'y prov. (UmrtS/ia, ail. al-
mosen, angl. ahns (v. angl. almosc), it. //>^k>-
*t;»a, esp. limosna, du gr. iXs>;;x93Ûyii, commi-
sération, employé par les pèi^s de rÈirlise
latine pour acte de charité. — D. aimumier;
aumànière, propr. bourse renfennant Tai-gent
destiné aux aumônes.
AUMUSSE, aunmce', primitivement un b(m-
net de peau dagneau avec le poil, pi*ov. al-
mitssa, esp. almvciit; dim. (wtiutcette*, esp.
mticeta, it. tnosscita. Expli<jué justpi'iei
comme composition de l'art, arabe al et de
quelque subst. corresjx)ndant à Tall. tnittse,
néerl. nnUs, bonnet (de vha miiosan^ a>uvrir).
1. AUNE (mesure), it. altui, auaa^ alla,
prov. aJua, dii-ectement du BL. aima = goth.
aleina, vha. elina, mha. et nha. elle. Les prin-
cipes phonétiques n'autorisent pas à admettre
une dérivation immédiate du L. nlna. —
D. aimer, -âge.
2. AUNE (arbi*e). L. al nus, d'où alnctum,
fr. aiinaie.
AUNÉE, du L. helenata, dér. do helcnium
(fièvtov).
AUPARAVANT.= rtKparar<ïn/; pour cette
dernière com[K)sition, c^. par après, par delà,
etc.
AUPRÈS, voj. sous après,
AURÉOLE, L. aurettla, couronne d'or.
AURICULAIRE, L. auriculan'us; adj. du
subst. anricula, devenu le fr. oreille (v.c.m.).
AURIOL, voy. loriot.
AUROCHS, de l'ail, anerochs, composé de
auer, qui est le latin ums, et ochs, bœuf.
AURONE (plante), très régulièrement formé
du L. abi'otonum H^porovov).
AURORE, L. aitrora.
AUSCULTER, L. aiiscultare, dont la vraie
représentation française est asconter, PScoiUcr,
écouter,
AUSPICE, L. aitspiciiim.
AUSSI, alsi', de la formule lat. aliud sic.
De aliitd la langue d'oïl a tiré al, signiiiant
« autre chose «, et qui se trouve encore dans
autant, qui représente la formule aliud tmi-
tum. I^ vieille langue disait également altrcsi
(conservé en it.), et altretant, de altcrum sic,
alterum tantum. — Composé aussitôt, voy.
tôt.
AUSTÈRE, L. austenis {aùv-nipôi).
AUSTRAL, L. australis, de auster, vent du
midi.
AUTAN, L. àltanus, vent (pii souffle de la
haute mer {al tum).
AUTANT, voy. aussi.
AUTEL, vfr. alter, autier, prov. altar, it.
altare; du L. altare, pr. partie supérieure
de l'autel (de al tus). Le cîïangement de la
finale ar en el en syllabe tonique et finale est,
je pense, sans exemple.
AUTEUR. L. (H(t(n' ou plutôt auctor. Auc-
toritos, autoriti'; auctorizare" ^BL.), autth-
rtser.
AUTHENTIQUE, L. authenticus, qui relève
d'une MMUxv originale, = gr. aJîrsvnxo^ ydo
aOrîvTfl;, ne déiRMidant que de soi, maitre). —
D. ai'theuticit*\ verbe authentiquer,
AUTOCHTHONE. grec aOrox^i*. ^m pays
même.
AUTOCRATE, gr. aOrox/jim,-, puissant par
s<~»i-mème. — D. autocratie, -ique.
AUTO-DA-PE, mots jwrtugais signifiant
«. acte de foi •», décision en matière de n.»li-
gion.
AUTOGRAPHE, gr. aC^oypafOi, écrit do la
propre main de l'auteur.
AUTOMATE, gr. aÙrôuxTOi, de son propre
mouvement, sans impulsion étrangère.
AUTOMNE, L. autumuus.—D. automnal,
latin autumnalis.
AUTONOME, gr. «^rovoao;. se gouvernant
sehm sa propre loi; autonomie, gr. ocùvovo/Aia.
AUTOPSIE, gr. aûrof <«, action de voir par
soi-même.
AUTORISER, voy. auteur.
AUTORITÉ, voy auteur. — D. néoL auto-
ritaire.
1 . AUTOUR, de au tour, voy. tour.
2. AUTOUR, oiseau, it. astore, prov. austor,
vfr. ostor. Diez s'oppose à une dérivation du
L. astur, -iiris; cet original aurait, selon lui,
produit la forme astre. Il fait donc venir a5<pr,
astour, autour à\\ne forme acceptoi', -ôris
(=accipiter). citée par le grammairien CajMîr.
Les Es|)agnols et les Portugais ont, de accep-
tor, fait a2or, absolument comme ils ont ti*on-
qué recitare en rezar. — D'autres ont ratta-
ché autour, sinon à astur, du moins à la
forme adjective aMurius, comme Diez lui-
même rapi>orte vautour, pour sauver la règle
de l'accent, plutôt à vuUurius qu'à vultur.
Cette étymologie convient parfaitement, car
la nuitation a en au ou o devant s n'a rien
d'étrange (cp. le prov. austrmiomia et fr.
malotru du prov. malastruc). Langen&iepen
propose, d'après l'analogie des termes au-
truche, outarde (v. ces mots), la composition
avis-taurits, qui aurait été une désignation
populaire do l'autour. Ces deux conjectures
peuvent être abandonnées au profit de l'expli-
cation de Diez, que Fôrster (Ztschr., II, 166,
note) appuie en citant le passage suivant des
Moralités sur Job, de Grégoire : Accipere nam-
que aliquando dicimus auferre, unde et aves
illœ que .sunt rapiendis avibus avidae acct-
pitres vocantur.
AUTRE, vfr. altre, du L. alter. Du génitif
alterius, vient, par transi)osition do tu en mi,
autrui, forme propre aux cas indii*ects, cfr.
lui de illius, nuluf de nullius, etc. La valeur
génitivale de autrui ressort bien du passage
de Saint-Bernard : « Force que la mahce
altrui l'avoit supplanté, si le pooit aider la
charité altrui y>, et de l'expression Vautrui ^
le bien des autres. Diez, toutefois, vu l'étran-
getédc la transposition lu en ui, préfère expli-
quer a//r«?, autrui, par aUer-huic. — C. au-
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AVA
38 —
AVE
Irefois^ une autre fois (se disait anciennement
tant pour «« alias « que pour « quondam «).
AUTRUCHS, du L. avis struihio, esp. at>es-
iruz. La forme autruche est dialectale pcnir
autruce. Le BL. disait si-rucio pour stnithio.
— Pour la combinaison avis avec le nom de
l'oiseau, cp. outarde.
AUTRUI, voy. autre.
AUVENT, répond au prov. aiitxin, rempart,
retranchement; pour an changé en au, cp. le
vieux mot erranment (sur le-champ) alt^îrnant
avec erraument. Quant à anvan, il vient,
d'après Diez, de ayitevannus, van avancé,
dénomination fondée sur quelque similitude
de la chose. Ducange explique notre mot par
altus vannus. La forme française, avec le t
final, accuse une étymologie imaginaire ante-
ventum^ abri contre le vent. Aux xv^" et xvi*"
siècles, on rencontre aussi oslevent, ostverit;
c'est là une interprétation, mais non pas
l'étymologie réelle du mot auvent. Le bas-latin
a auvannus, auvetitus.
AUXILIAIRE, L. auxiliaris (de auxilium,
aide).
AVACHIR, .se détendre, se relâcher; selon
Diez, du vha, ai^waichjan, amollir. Par luie
note manuscrite du prof, de Bonn, je vois
qu'il songeait aussi au L. vascus = vacuus,
consigné par Quicherat et signifiant inanis,
vanus. En wallon liégeois, savachi signifie
s'affaisser. Le champ des conjectures étant
ouvert, je cite encore l'ail, watscheln, branler
le corps, se dodiner, adj. tcatschiff, toatsche-
liff, dodu, grassouillet; tout le mouvement
d'idées qui se rattache au mot avachir per-
met aussi de placer ce dernier dans la famille
du lat. vacillare, manquer de fermeté, de
consistance.
AVAL, p. à val, du L. ad vallem, comme
amont de ad montent. D'adverbe le mot s'est
fait subst. dans la locution à l'aval, et comme
terme de commerce (souscription mise en bas
d'un effet). — D. avaler, propr. faire des-
cendre, abaisser, employé auj. exclusivement
p. faire descendre par le gosier; anc. aussi
neutre, descendre.
AVALAISON, -ANCHE, -ASSE, voy. avaler.
AVALER, voy. aval. — D.avaJaison, -asse,
pr. descente; avaloire; avalanche, anc. ava-
lante; le synonyme lavange ou lavanchee^i,
d'après Diez, soit une corniption de avalanche,
soit un dérivé du L. labina, éboulement(de^6f ,
glisser; employé par Isidore). — C. ravaler.
AVANCER, prov. et esp. avanjsar, it. avan-
jfare, dérivation verbale de avant. — D.
avance, avancement.
AVANIE, mot d'origine grec -vulgaire;
àîa-Aa, affront avec supercherie, paraît être
le turc avan, vexation; en hébreu, on trouve
iven pour iniquité. — Quoi que vaille cette
étymologie, il est difficile de considérer ava-
nie comme dérivé du vfr. avanir (ordonnance
do Philippe le Bel, xiii* siècle : « Son droit
n'est amoindri, ne son honneur avani»), qui
n'est autre chose qu'un factitif ou inchoatif de
L. vai^tis, vain. — Voy. d'autres conjectures
au suppl. de Littré.
AVANT, voy. atns. En composition, le mot
exprime antériorité ou priorité (avant-coureur
(L. prsBCursor), avant-propos (= latin pne-
fatio).
AVANTAGE, dér. de avaitt. L'avantage est
une avance sur autrui. — D. avantager, avan-
tageux, désavantage.
AVARE, L. acarus; l'ancienne langue d'oïl
disait, et le picard dit encore, aver pour
avare, comme on a fait amer de amarus. —
D. avarice, L. avaritia; ^G\ikavaricieux.
AVARIE, dommage, perte, particulière-
ment dommage éprouvé par un navire ou imr
les marchandises qu'il contient, it. esp. ave-
ria, haberia; holl. havèrij, ail. haferei. Il est
difficile de disjoindre le mot de la racine
gcrm. haf, mer en général, ou du dér. hafen,
haven, poi*t do mer. Cependant, Dozy le fait
venir du subst. arabe avoàr, défaut, dommage.
— Le même mot avarie, dans l'acception de
droit d'ancrage, parait être indépendant et
vient de havre, havene, ni. haven, ail. hafen,
port. — D. avarier, gâter.
AVÉ MARIA, mots latins, « salut, Marie! »
premiers mots de la salutation angélique.
AVEC était d'abord adverbe, avant d'être
employé comme préposition. Cet adverbe,
écrit aussi anciennement avoec, avuec, avoc,
etc., et renforcé parfois imr la terminaison
adverbiale es {avecques), est le résultat de la
combinaison de la prép. ave, ove, qui repré-
sente le apud latin, et du pronom oc, cela,
= latin h^. Comparez les compositions ana-
logues des mots latins antea (ante-ea), postea
(post-ea), de it. perô, par cela, pour cela,
prov. senso, sans cela, vfr. puroc, pour cela,
senuec, sans cela. L'adverbe avec fut dans la
suite employé comme préposition, comme il
est advenu aux adverbes dessus, dedans,
devant, etc. — Primitivement, le cum latin se
rendait dans la langue d'oïl par les formes
ave, ove, ad, a, od, o, toutes altérées de apud,
préposition qui s'employait dans la basse lati-
nité fort souvent avoc la valeur de cum.
AVEINDRE, aller prendre qqch. à la la ré-
quisition de qqn., ne vient pas de advenire,
comme on admet généralement, mais d'un
verbe abemere, ôter, cité par Festus (cfr.
gemere devenu geindre). Cette étymologie de
Diez satisfait beaucoup mieux et le sens et, la
forme. L'analogie do aduUer, i-fr. avoutre,
permettrait, du reste, aussi de dériver ce mot
de adimere.
AVEINE, variante dialectale de avoine, latin
avena.
AVELINE, avelaine*, L. avellana, noisette
(de Avella, ville de la Campanie). — D. ave-
linier.
AVENANT, propr. qui convient, qui est
conforme (de là la loc. à Vaveyiant), puis qui
est agréable, qui plaît; de avenir, dans l'an-
cienne acception convenir. Vfr. aussi ave-
nable.
1 . AVENIR (aussi advenir), arriver, se faire,
L. advenire. — D. aventure (ang\. adventure,
mha. aventiure, nha. ahenteuer), ce qui ad-
vient, particul. ce qui advient à!nï\ù maiiiôro
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AVI
— 39 —
AZY
imprévue, événement, action hasardeuse,
hasard, péril [le mot ne vient pas plus de
avciituriis (Brachct) que peinture ne vient do
picturus; c'est le suffixe ?fr6' applifjué, comme
toujours, au supin : adventnm^ achentura];
avenant (v. c. m.); avènetneni ; avenue, chemin
par où Ton arrive.
2. AVENIR, subst., de à venir, comme
affaire de à faire.
AVBNT, pr. l'avènement (do Jésus-Christ),
du L. adveniiis.
AVENTURE, voy. avenir. — D. aventurer,
risquer, aventureux, -ier. — C. m(^S'<wc7iture.
AVÉRER, certifier, constater, du L. verus,
vrai. Do là avérage, la moyenne constatée.
AVERSE, de à verse, voy. verser.
AVERSION, L. aversio, éloignement (de
avcrtere, détourner). Cp., pour le sens, répul-
sio7i do repellere, repousser.
AVERTIN, vertige, de avey-tere, détourner,
égarer.
AVERTIR, L. advertere, tourner ou faire
tourner (l'attention) vers. — D. avertissement.
AVET, espèce de sapin, du L. abietem.
AVBTTE*, voy. abeille.
AVEU, voy. avouer.
AVEUER ou AVUER, tenir en vue, suivre
do l'œil, dér. de veue', vue.
AVEUGLE, vfr. aveule, it. avocolo, vocolo,
se rapporte à un mot barbare alH)culus, .sans
yeux, formé d'après l'analogie do ab-normis,
a-mens. Le grec du moyen âge avait de môme
àffo>/A«To« pour i^ôfifiaroç. — D. aveugler ; anc.
aussi aveuglir, devenir aveugle.
AVIDE (mot savant), L. atidus. — D. avi-
dité, L. aviditas.
AVILIR, rendre vil. — Cps. ravilir.
AVINER, imbiber do vin.
AVIRON est généralement tiré de virer.
Grandgagnago, à cause de la forme naviron
qu'a le wallon, et remarquant que l'aviron ne
sert qu'accessoirement à virer, dérive aviron
de navirer, naviguer ; il no tient pas compte
de l'apocope de l'initiale, bien qu'il eût pu
alléguer l'angl. apron p. napron et autres cas
de ce genre. Littrô oppose à cette étymologie
que aviron est trop ancien dans la langue
pour permettre cette explication. En eflfet, il
est probable que le wallon naviron, aviron,
n'est qu'une assimilation au naviron du môme
dialecte signifiant nageoire.
AVIS, opinion, manière de voir, répond,
comme il ressort des anciennes formules : •« il
m'est vis, m'est avis », au participe advisum,
forme composée de visum, donc ce qui est
vu, ce qui semble. Quant à avis, avertisse-
mont, c'est le subst. verbal de aviser.
AVISER, d'abord voir, apercevoir, puis voir
avec attention, examiner, réfléchir (do là
avisé, réfléchi), puis pourvoir, puis avec un
rég. direct personnel, faire voir à, instruire,
conseiller (de là aussi s*aviser, d^abord se faire
voir une chose comme bonne ou possible, puis
prendre une résolution); du BL. advisare,
forme dérivée de BL. advidere. — D. avis (v.
c. m.). — C. raviser.
AVISO Hi^t le mot espagnol répondant à
avis; donc, barque d'avis.
AVITAILLER, de vitailles, ancienne forme
de riclnailles (v. c. m.). — C. ravitailler.
AVIVER, rendre vif — C. raviver.
AVIVES, vfr. vives, glandes à la gorge des
chevaux. Nicot : « Avives pour eaux vives,
car les chevaux communément prennent ce
mal par boire des eaux vives, comme on voit
à Estampes. » Les Italiens di.sont vivole.
AVOCAT, L. advocatits, appelé en aide. —
D. advocacie*, d'où avocassier, avocasser,
avocasseric. — Avocat est très ancien dans la
langue, mais n'en est pas moins un terme
savant ; la vraie francisation de advocatus est
avoué, qui anc. signifiait protecteur, défen-
seur, particulièrement des droits d'une église
ou fondation. Cfr. ail. vogt, de vocatus.
AVOINE, aveine» L. avena.
AVOIR. AVBIR*, L. habere; part, eu,
p. ë-u, de habutus, forme barbare p. habitus
fcfi'. voir, vu p. vëu, de vidutus). — D. avoir,
infinit, subst. = bien, richesse, employé dans
ce sens déjà dans les lois do Guillaume.
AVOISINER, être voisin.
AVORTER, esp. port, abortar, du L. abor-
tare {V&rTon), fnôq. do aboriri; l'anc. forme
aboHir, prov. abordir, it. abortire, procède
diroctomont du L. abortire. — D. avorte-
ment, avoHon.
AVOUÉ, voy. avocat. — D. aoouerie.
AVOUER, prov. avoar, pr. accorder, con-
sentir, puis reconnaître, confesser; de ad
votum selon le vœu (voy. ce mot) ; le subst.
fr. aveu parait plutT^t le primitif que le dérivé
du verbe avouer. Gachet, se fondant sur le
sens reconnaître, donné souvent au verbe
advocare dans la basse latinité, prend ce der-
nier pour le primitif aussi bien du verbe
avouer que du subst. avoué, et rejette l'éty-
mologie ad-votum, proposée par Raynouard.
Diez se rallie à l'opinion de Gachet. — C.
désavouer, ne pas avouer, ne pas justifier ou
ratifier.
AVRIL, L. aprUis. — D. avriUet, blé semé
en avril.
AXE, L. 00715.
AXILLAIRE, du L. axilla, aisselle.
AXIOME, gr. àÇfw/Aa, proposition.
AXONOE, L. axungia (do axis -j- ungero),
graisse pour les essieux.
AZALÉA, du gr. à^aUo^, sec.
AZIMUT, de l'arabe aî-semt, assemt, le
chemin. Voy. aussi zénith.
AZOTE, terme diimique tiré, un peu mala-
droitement, du gr. «{«9ç, sans vie. l'azote
étant impropre à la respiration
AZUR, it. azurro, BL. lazur, lazurius^
iajw/um ; aujourd'hui, les naturalistes nom-
mont c^tte pierre lapis lazuli ou lasiUite.
Le mot vient du persan lajouward, pierre
bleue, par l'arabe làzoeward (adj . lazouwardi ;
ïl initial, ayant été pris pour l'article, a été
retranché comme dans le fr. avel" de lapilltis,
once (it. lonza) de lynx, it. usignuolo de lus-
cinia, etc. — D. azurer.
AZÎME, du gr. âiufjiOi, sans levain (JVï)-
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BAC
— 40 —
BAC
BABEURRE, mot d'origine incertaine. I»iez
le rapporte à battre le beurre, d'autres à bas
beurre ; Littré voit dans ba le préfixe péjora-
tif bes (v. barlong). L*étymologie de Diez est
appuyée par la forme wallonne bal Vbùr,
BABICHS» corruption de barbiche,
BABILLER, mot naturel, qui se retrouve
partout et procède des syllabes imitatives ba
ba ba, qu'émet l'enfant en s'efforçant de par-
ler; cp. en angl. babble, en ail. babbein,
en grec ^stêàjuv. Il n'est pas besoin, pour
expliquer ce vocable, de recourir, avec Nicot,
à la villede Babel « ubi exstitit linguarum
confusio w. Les efforts de Ménage, qui, par-
tant de bambin, pose la succession de formes
suivantes : bambiyio, enfant» bambinare, bam-
biniilure, bambillare, babillare, sont égale-
ment en pure perte. — D. babil, babillard,
babillage.
SABINE, lôvre de singe ou mufle de vache,
probabl. un mot imitatif; milanais babbi,
cfr. en ail. populaire ôâ/^p^», gueule.
BABIOLE ; ce vocable appartient à la même
racine que les mots latins babtdus, babtirnis,
insensé, baburra, sottise, it. babbeo, babbac-
cio, etc., sot, babbole, babioles. De la même
famille sont irl. et cymr. baban, enfant, angl.
babe, baby. Voy. aussi bambin.
BABORD, de l'ail, bakbord, bord ou côté
de derrière, « parce que le pilote conduisant
le gouvernail tourne le dos au côté gaucbe du
navire »» (Diez et Grimm). Littré explique le
mot allemand par bord du château d'avant,
« parce que, dans les anciennes embarcations
du Nord, le château d'avant était sur la gau-
che ". Kiliaen : backbord, navigii sinistra
pars : pars navigii qu8B ftimum et focum con-
tinet. Cette définition parait rattacher bock à
ail. bache^i, cuire.
BABOUCHE, de l'arabe bâbusch, qui vient
du persan pâpusch, litt. vêtement de pied.
BABOUIN, espèce de singe, puis figure gro-
tesque, it. babbiiino, esp. babiiino, ail. ba"
vian, pafian, BL. babouimis, babenoymis,
Ce mot étant aussi appliqué aux enfants
badins et étourdis, il faut lui supposer une
origine commune (rac. bab) avec babiole, Dau-
nou (Histoire littéraire, t. XVI, p. 39) dit que
tracer ou peindre les figures marginales sur
les manuscrits s'appelait babuviare, et que
babouin avait, au xiii® siècle, la valeur de
homuncio, petit bonhomme. Cette valeur
d'enfant se trouve encore dans le dérivé em-
babouiner, déterminer à quelque chose à
force de cajoleries. — Rappelons encore qu'en
vfr. baboue signifiait à la fois moue, grimace,
croquemitaine et bagatelle, babiole.
BAC, du néerl. bak, auge, ou du breton
boff, bak, barquette. — D. dimin. baquet,
bachot, bachotte, — Bac est probablement
aussi le primitif de bacin\ orthographié plus
t^rd bassin (v. c. m.),
BACCALAURÉAT, vr>y. bachelier.
BACCHANALES, L. baccfianalia (Bacdius).
BACCHANTE, L. bacchans (Bacchus).
BACHA, voy. pacha,
BACHE; l'idée de voûte ou de creux, notam-
ment dans l'acception de caisse vitrée, engage
& prêter à ce mot une origine commune avec
ba/:. — L'acception « grosse toile dont on
recouvre les voitures « est également propre
à vache (voy. ce mot dans Littré sous le
n®10); elle appartient donc prob. à un homo-
nyme. — D. bâcher.
BACHELETTE, voy. l'article suivant.
BACHELIER, bacheler, baceler\ it. bacca-
lare, prov. bacalar (les formes it. bacceliere,
esp. bachiUer, port, bacharel, se sont pro-
duites sous l'influence du mot français) ; BL.
baccalarius. La signification primitive de ce
mot est, selon Diez, propriétaire d'une métai-
rie (BL. du IX* siècle baccalaria) ; elle s'éten-
dit ensuite au jeune chevalier, qui, trop
pauvre ou trop jeune pour avoir sa propre
bannière, se rangeait sous celle d'un autre ;
puis au jeune homme qui avait acquis la di-
gnité inférieure à celle de maître ou de doc-
teur; en dernier lieu, le terme (surtout l'angl.
bachelor) est devenu synonyme de garçon.
Comme terme d'école, il a été plus tard lati-
nisé et transformé en baccalaureus, « do bac-
charo (ganteléej e do sempre verde louro »
(Lusiade, 3, 97), d'où le subst. baccalauréat.
Quant à l'étymologic, on en avait proposé
diverses, naturellement sans s'inquiéter du
développement dos sens, tel qu'il est présenté
ci-dessus, entre autres : bas-chevalier, puis
L. baculus ou plutôt le gaél. bachaU (irl.
bacaX), bâton (conmie signe de la dignité),
mais ce ne sont là que de vaines tentatives,
que n'autorise nullement l'histoire du mot. Le
mot baccalaria, métairie, d'où part Diez,
rapproché de baccalator = vaccarum custos,
renvoie naturellement au mot bacca, employé
au moyen âge pour vacca. D'autres étymolo-
gi.stes, et avec raison peut-être, partent de la
rac. celtique bach, petit, jeune, d'où se dé-
duisent naturellement les vieux termes ba-
chele, bachelette «= jeune fille, servante ; et
baceller, faire l'amour, commencer son ap-
prentissage (vfr. bachelage). Bachele, à son
tour, aurait engendré la forme baclielier,
•« On dit encore en Picardie baichot, et en
Franche-Comté paichan pour petit garçon »»
(Chevallet). — Littré remonte avec Diez à
baccalaria, domaine rural, mais il préfère
dériver celui-ci dos mots celtiques bachall,
bacal, bâton, pièce de bois. Il aurait pu invo-
quer en sa faveur l'origine analogue de ba-
raque et de bordel (maisonnette).
BACHIQUE, L. ôoccAf cm* (Bacchus).
BACHOT, voy. bac. — D. bacholeur,
BACLER, prov. baclar, pr. fermer (une
porte) avec une barre de bois, du L. baculus
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BAG
— 41 —
BAI
bâton. Cp. barrer de barre, et le wallon asio-
ker, m. sign., de Tall. stock, bâton. Le circon-
flexe n'est pas motivé par Tétymologie. — D.
débâcîer, pour ainsi dire dés-obstruer, débar-
rasser.
BAGUL, croupière, = bat-cul.
BADAUD, voy. bayeï\ — D. badauder,
badauderie.
BADIOEOH, mot d'introduction moderne.
Bugge (Rom., IV, 351) est porté aie rattacher
à l'ail, batze {accusatif balsen), masse. pât«,
matière adhérente mise en une masse et
comme pétrie ensemble ; verbe baizen, adhé-
rer. — D. badigeonner.
BADIN, voy. bayer. — D. badiner, -âge,
-cjne; badine, canne mince et souple, servant
à s'amuser plutôt qu'à se soutenir ou se dé-
fendre.
BAFOUER est une forme dérivée d'un pri-
mitif baffer ou beffer, analogue à it. beffare,
esp. befar (anc. bafar), qui signifient railler.
Les subst. sont : it. beffa, esp. bcfa, prov.
bafa, et vfr. baffe, beffe, raillerie (vfr. baffe,
aussi soufflet). L'origine de ces mots est pro-
bablement germanique, cfr. le bavarois bef-
fen, ni. baffen, aboyer, clapir, bougomier
(Grimm consigne une forme dérivée bœfsen).
Diminutif de beffer : vfr. befler, angl. ta bafpe.
BAFRER, d'où le subst. bâfre. Ce mot appar-
tient sans doute à la même famille que bace,
cfr. le pic. bafe, gourmand. En Hainaut on
dit bafreux^ en Piémont bafron, pour glou-
ton. — Dans le Novum Glossarium do Diefen-
bach fl867) on trouve : L. bafer, grossus,
agrestis, corpulentus. Il pourrait bien être le
primitif de bâfrer, s'engraisser. — Divers
dialectes du nord de lltalie ont baffa, bafa,
au sens de flèche de lard, tranche de lard,
substance graisseuse. Voy. Mussafia, Bei-
trag, etc.. p. 31.
BAGAGE, terme collectif dérivé de bague.
faisceau, hardo (cfr. la locution : se retirer
bagues sauves). Quant au mot bague (en BL.
baga signifiait aussi coffre), on le retrouve
dans le gaél. bag, cymr. baich, bret. beach,
fardeau, paquet; nous citons encore les
verbes gaél. bac et vieux nordique baga, sign.
embarrasser, impedire. Il n'est pas nécessaire,
on le voit, de dériver bague de l'ail. joocA,
d'où le fr. paquet.
BAGARRE, tumulte, encombrement. Ce
dernier sens engagerait à le rattacher aux
verbes cités sous bagage, et signifiant »» en-
combrer ». Partant de la signification que-
relle. Diez cite le vha. bâga^ dispute, que Che-
vallet aurait bien fait de ne pas mettre en
rapport avec baJgen (se chamailler), ce der-
nier appartenant à une racine toute différente.
BAGASSE, vfr. baiasse, d'abord servante,
puis mauvaise femme, it. bagascia, esp. ba
gasa. Si l'on ne veut pas décomposer ce mot
en ba{;ue (v. pi. h. sous bagage) -|- la termi-
naison asse = lat. acea, et y voir, quant au
sens, une analogie avec le terme iiyurieux
des Allemands : lumpenpack, on peut avoir
recours au cymr. bâches, petite femme, de
bach, jKitit, ou à l'arabe biigcz, honteux, ou
bâgi, prostituée.
BAGATELLE, de l'it. bagatella. Ce dernier
suppose un primitif 6a^fl^to ou baghetta, qui à
son tour, d'après Diez, est dérivé de liufa,
vieux mot roman que nous avons indiqué
comme primitif do bagage. On trouve, en
effet, dans le dialecte de Parme, le mot ba^
gaia, avec le sens de petite chose.
BAGNE, it. ba{fno, esp. bano, lieu où l'on
renferme les esclaves ou les forçats, propr.
= bain. On prétend que le cachot des esclaves
à Constantinople ayant été établi par les
Espagnols dans une maison de bains, le nom
pour bain a reçu sa signification actuelle.
BAGUE, anneau. Du L. bacca, signifiant
perle, globule, anneau de chaîne. Ce même
mot latin, toutefois, dans son sens propre de
menu fruit, baie, a produit le fr. baie, it.
bacca, esp. baca, port, baya, prov. baca,
baga. D'autres citent, comme primitif de ba-
gue, l'anglo-saxon beag, beah, couronne, an
neau, collier.
BAGUENAUDE, d'où baguenaudier, en bo
tanique colut«a vesicaria ; baguenauder, pr.
faire claquer des baguenaudes, fig. s'amuser à
des choses frivoles; baguenauderie, futilité.
D'origine inconnue. Ménage, dans son em-
barras, s'est amusé à enchaîner : bacca, bac-
cana, baccanalda. Avec ce procédé-là, on est
toiyours sur d'aboutir.
BAGUER, anc. lier, attacher, trou.<^er, se
rattache à bague, faisceau, mais en est-il do
même de baguer, coudre à gros points î
BAGUES, voy. bagage.
BAGUETTE, comme l'esp. bagueta, vient
directement, paraît-il, del'it. bacchetta (à\m\n,
debacchio, bâton = L. baculus); cependant,
le ccA rendu par g est contre l'analogie de
raquette de racchetla,
BAHUT correspond à l'it. bat'de, esp. baûl,
port, bahul, prov. baiic. Les formes avec la
finale l font incliner pour l'étymologie du L.
bajulus, porteur, déjà proposée par Nicot
(cfr. it. gerla, corbeille, pour gerula, de
gerere, porter); il faudra alors admettre avan-
cement de l'accent tonique de l'antépénul-
tième sur la pénultième, comme on le trouve
dans esp. casuUa, du L. casula. Il faut observer
que le t final dans bahut, étant d'introduction
postérieure, ne peut être invoqué contre cetto
étymologie. Ménage, Chevallet et autres font
venir bahut, du vha. behuotan (ail. mod.
behiUen), garder, conserver; Mahn invoque
le subst. mha. behut, garde, magasin; en
tout cas, cette étymologie ne pourrait conve-
nir qu'aux formes fr. et prov.
BAI, it. bajo, esp. bayo, prov. bai; du L.
badius, bnin, châtain (Varron). De là le
dimin. baillet, roux tirant sur le blanc;
celui-ci est fait d'après un type latin badio-
lettus. Baillet, toutefois, pourrait aussi, d'après
Diez, être un dimin. du L. balius; cp. balio-
liis, bnin marron, dans Plante.
1. BAIE, petit golfe, it. bctfa, esp., prov.,
sarde bahia. Isidore : hune portum veteres a
« bsgulandis » mercibus vocabant bigas. Cela
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BAI
— 42 —
BÂL
n'est fçuôre vraisouiblablo. Fiiscli, prêtant au
mot lo sens fondamental d'ouverture, le rat-
tache à hayer^ do bndnre. Cette manière do
voir est corroborée par l'existence d'ime forme
catalane badia. D'autres prennent bahia pour
un mot bai^quo, qui aurait aussi donné le nom
à la ville de Bat/oua, qu'ils décompostmt en
baia, port, et ona, bon. D'autres, enfin, citent,
avec raison peut-être, les mots celtiques badh
ou boffht qui signifient la même chose. Littrô
se décide pour B(yae^ lieu agréable sur la
côte de la Campanie, qui aurait fini par
prendre le sens de tout lieu maritime agréable
et enfin celui de refuge jK)ur les marins.
I /accent nation csp. bahia est expliquée par
la forme gr. /Satai. — L'étymologie, parité,
ouverture (v. c. m.), conviendrait pour lo
sens, mais pour la lettre, il y a cette diffi-
culté qu'au vi* siècle, dans le glossaire d'Isi-
dore, lo dérivé de badare se serait présenté,
non pas sous la forme de baia^ mais sous
celle do bada, Grimm ramène le mot à la
racine ail. biegen, courber, ce qui n'est pas
. plausible.
2. BADB, menu fruit, du L. baca (forme
soeondaire de bacca)^ m. s. Voy. bagufu
«3. BAIE, ouverture (cp. ail. beie et angl.
bay^ fenêtre), de bayet\ être ouvert (v. c. m.).
4. BAIE, tromperie, mystification, pr.
vaine attente, de bayer, tenir la bouche ou-
verte, attendre vainement.
BAIGNER, voy. bain, — D. baigneur, -oire.
BAIL, pr. action de donner, prêter, louer,
subst. verbal de bailler, donner. Il existait
dans l'ancienne langue un autre subst. bail,
avec la signification de tuteur, précepteur,
administrateur; ce dernier correspond à it.
bailo, balio (Dante : balia, nourrice), esp.
bayle, port, bailio, prov. baiU; c'est le primi-
tif : 1) du vieux verbe baillir, it. balire, prov.
bailir, administrer, gouverner, traiter, d*où
vfr. bail, tutelle, et baillie, it. balia, esp. et
prov. bailia, administration, garde, pouvoir,
domination et ressort d'une juridiction ; 2)
du subst. bailli, anc. bailli f (fém. baillive),
angl. bailif, it. balivo, prov. bailieu, d'où
bailliage; enfin 3) du verbe bailler, donner à
administrer, mettre en main, confier au soin,
puis par extension donner, livrer en général,
d'où bail, dans l'acception encore usuelle de
ce mot. Quant à l'origine de bail, tuteur, on
admet généralement comme telle le L. bqfu-
lus, pointeur, qui dans la basse latinité avait
pris l'acception de •« custos w ou « peedago-
gus », élargie plus tard en colle de « procu-
rator, œconomus, gubemator ♦» (BL. bajulare
= officium gerere).
BAILLE, baquet (terme de marine), du BL.
bacula, bâcla, dimin. de bac (v. c, m.).
BAILLER, anc. baailler, it. badigliare,
prov. badalhar, extension du type badare,
qui a donné béer et bayer (v. c. m.). Composé
enLrC'bAiller .
BAILLER, voy. bail.
BAILLET, voy. bai.
BAILLI, BAILLIAGE, voy. bail.
BAILLON, accuse un type latin baculo, gén.
-oiiis, tiré de baculits, bâton. Cependant, le
BL. batlallnm porte à croire que le mot est
un déi'ivé de bâiller : donc propr. ce qui tient
la bouche ouverte. — D. bâillonner.
BAIN, it. boApw, esp. bano, prov. banh,
du L. balneum, avec syncope de /. — D.^i-
gner, L. balneare.
BAÏONNETTE. Cette arme tire, dit-on. son
nom de Bayonne, parce que, selon quelques
auteurs, elle fut employée en premier lieu à
l'assaut de cette ville en 1665 ; selon d'autres,
parce qu'elle y fut inventée (selon Heyse, en
1640). — Quoi qu'il soit de l'étymon
Bayonne, l'existence do la baïonnette et de
son nom est constatée dès 1575. D'autre part,
il faut aussi tenir compte do ce que l'on trouve
dans G)tgravo (1611) à l'article Baionette :
a A kind of small flat pocket dagger, fiir-
nished with knives, or a great knife to hang
at the girdle like a dagger; baienier, un
arbalestier. »
BAISER, L. basiare. — D. infin. -subst. bai-
ser; baisotter, baisure,
BAISSER, voy. bas. — D. baisse, baissier,
baissière; composé abaisser (v. c. m.), sur-
baisser.
BAJOUE, selon Littré de ba, préfixe péjo-
ratif, et joue.
BAL, subst. verbal de baller (v. c. m.).
BALADIN, voy. ball^,
BALAFRE ; Diez, rappelant les formes wall.
berlafe (Hainaut), milan, barleffi, it. sberleffe,
prend ce mot pour un composé de la parti-
cule péjorative bis, ber (voy. sous barlong) et
le vha. le/fur, lèvre. iJvr^ serait alors pris
dans le sens fig. de plaie béante, comme le
gr. x"^<'s» ®t balafre signifierait litt. mau-
vaise blessure. Dans le patois de Champagne,
on dit berlafre pour mal à la lèvre. — Selon
Grandgagnage : du wallon lafrer, gâter, et
le préfixe bar, de travers, donc une blessure
oblique — D. balafrer,
BALAI, d'où balayer ; la signification pri-
mitive de balai est verge, rameau, particu-
lière aussi au prov. balai (verbe balaiar,
flageller, recurer). Dans les patois, on dit
balai pour genêt. L'origine est prob. celtique.
On trouve cymr. bala, taillis (pluriel balàon,
bourgeons d'arbre), bret. balaen, balai (de là,
peut-être, la forme balain employée pour
flagellum dans le Livre des Rois), bret. balan,
genêt (cp. en angl. broom «=» genêt et balai).
La tenninaison ai n'étant pas appliquée en
français à la formation do substantifs, Diez
est d'avis que balai a été tiré tout fait de
quelque dialecte celtique. — Voy. aussi
balayer.
BALAIS (rubis), it. balascio, esp. balax,
prov. balais, baïach, de Balaschan (Balaxiam,
auj. le khanat de Badak.schan), près de Sa-
markand, lieu où cette pierre précieuse a été
découverte. Voy. Ducango, v® balascus,
BALANCE, it. bilancia, esp., milan., vénit.
balanza, prov. balans, du L. bilanx, gén.
-ancis, litt. « qui a deux plateaux w. Du môn^e
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BAL
— 43
BAL
primitif sest pixxluit le terme td^hnique com-
mercial bilan, qui signifie la balance entre
doit et avoir. — D. balancer, -ter, -ot'rc, —
La syllabe protonique ôa p. bi est conforme
aux habitudes du roman ; cp. calandre, de
cylindrus et voy. barlong.
BALANDEAK ou balandras, it. palan-
drano, « veste lunga e larga », dérivé de
palandro « vestito duomo con molta falda >*,
BL. « balandrana et supertoti », balandrans
et surtouts (Règle de saint Benoit, 1226).
D'origine inconnue. Schuchart y voit des
vêtements de gens mal famés et voudrait
rattacher ces mots à lat. balatro, it. balan-
dron, dans les patois balandni, fripon, vaga-
bond.
6ALANDRE, it. paJandra, BL. palandra,
bâtiment de transport. D'origine inconnue.
' N'est-ce pas le même mot que bélandre t
BALAÙSTS, fleur du grenadier sauvage,
L. balausHum (^iaû^rcov). Voy. aussi balustre^
— D. balaustier.
BALATCB, voy. balai. Il se peut que ce
verbe, plutôt que d'être tiré de balaie en soit
le primitif et que, comme les formes baloier^
balier = balaier^ il soit identique avec le
verbe vfr. baJoier, balier, se remuer de côté
et d'autre, voltiger, flotter dans les airs. Pour
la forme, cp. frayer = froier; naier (dial.) =
nier, noier (negare). Quant au rapport des
aoîeptions, cp. en ail. schwanhen, flotter,
vaciller et schtoenken, nettoyer, rincer. Seu-
lement, dans cette hypothèse, déjà émise par
Littrô, il faudra séparer les mots celtiques
allégués à propos de balai comme non con-
nexes avec le verbe et formant un groupe à
part.
BALBUTIER, mot incorrectement tiré du
L. balbiUire. Il se peut que le verbe ait été fait
directement sur le subst. balbutie ■= BL.
balbuties, tiré lui-même d'un primitif fictif
balbutus. — Le vfr. disait bauboyer, -ier, d'un
type balbicare (L. balbus).
BALCON, it. balcone, esp. balcon, port, bal-
câo; du vhsipalcho, balcho (ail. mod. balke),
qui signifie poutre. Dans cette dernière accep-
tion on rencontre en picard banque, régulière-
ment formé de l'ail, balke. Quelques-uns pré-
' fèrent l'étymologie du persan bâla kJuineh,
chambre ouverte au-dessus de la grande
entrée.
BALDAQUIN^ anc. baudequin, it. baldac-
chino, esp. baldaquin, de Baldacco, forme
italienne du nom de la ville de Bagdad, d'où
se tirait l'étofllB, tissée d'or et de soie, employée
à la confection des dais. Le mot ancien baude-
quin, angl. batodhin, s'appliquait d'abord à
l'étofle.
BALEPtll, L. balœna. — D. baleineau, 4€r,
BALÉVRE, anc. lèvre en général; prob.
formé, comme bajoue, balafre, au moyen du
préfixe péjoratif ba ■= bar, ber,
1. BALISE, terme de marine, anc. aussi
balis, esp. balisa; l'étymologie est très incer-
taine : un type latin palitia, de palus, pieu,
poteau (cp. palissade) satisferait pleinement,
mais, comme remarque Diez, l'adoucissement
de p initial en b eu esp. et en fr. est ti-op raixï
pour oser l'admettre en notre cas. Chevallet
invoque le ni. balie, cuve, mais à imrt qu'une
cuve n'est pas une tonne, les Néerlandais n'ai>-
pliquent jamais ce mot à une balise (perche,
tonne). — D. baliser.
2. BALISE, BALISIER, t. do botanique;
étymologie inconnue.
BALISTE, L. ballista (de /iâUsiv, lancer).
BALIYEAU, vfr. baiviau, boiviau, BL. bai-
œllus, -arius; d'origine inconnue. On soup-
çonne quelque rapport avec bajulus, porteur,
soutien_^
BALIVERNE. Origine obscure. Nous lais-
sons à Ménage la responsabilité de la filiation
suivante : bqfulus, bajulivus, bqjulivarius,
bajulitarinus. Baliverne serait ainsi un dis-
cours de iK)rtefaix ou crocheteur (b^julus/!
On va loin avec ce système de Ménage, mais
on est sur d'arriver. Dochez, lui, fait plus
cavalièrement venir baliverne de bâter! —
En vénitien, bcUiverna signifie une masure.
BALLADE, voy. balller.
BALLAST, mot ail. (aussi angl. et néerl.),
signifiai|t lest et que Mahn, oontrairement à
d'autres opinions qu'il réfute, décompose par
beal, mot irlandais signifiant sable, et last,
poids, charge.
1. BALLE, it. balla, palla, esp., prov. bala,
globe, boule, paquet de forme ronde; du vha.
balla, palla, même sign. Dérivés : 1. it. bal
lone, esp. balon, fr. ballon; 2. baUot; 3. dé-
baller, emballer.
2. BALLE, BALE, pellicule qui recouvre
l'avoine, l'orge, etc.; on a proposé le latin
palea, paille, l'ail, balg, peau, enveloppe, et
le cymr. ballasg, peau, glume, gousse. Toutes
étymologies sans solidité; voy. plus bas balier,
BALLER (mot vieilli), danser, L. bal lare (gr,
/Sàiitt», ^ll{{fti).— D. subst. verbal bal, danse;
b(dlet, dimin. de bal; ballade, pr. chant accom-
pagné de danse, d'où baladin, anc. balladin,
pr. danseur de profession sur les théâtres pu-
blics, puis danseur grotesque. L'ail, bail est
tiré du roman; Chevallet a pensé le contraire.
Wackemagel, suivi par Burguy, met le vorbo
balier en rapport d'origine avec le jeu de
paume, jeu de balle. Nous pensons qu'il se
trompe. Notre mot balier, baler, appartient
au même radical exprimant »• remuer, vacil-
ler», qui se trouve dans vfr. baloier, men-
tionné sous balayer et qui se retrouve encore
dans notre fr. ballant — oscillant. On le voit
encore dans le vfr. baler ■» secouer, vanner,
et je suis porté à croire que notre baie, balle 2
(enveloppe des grains), dont on ne connaît pas
l'origine, n'est autre chose que le subst. verbal
de ce verbe baler et signifie le produit de
l'opération du vannage, c.-à.-d. la paille qu'il
détache du grain.
BALLET, voy. balier.
BALLON, voy. balle, 1.— D. ballonner.
BALLOT, voy. balle, 1. — D. ballotter, se
renvoyer la balle. Dans le sens de : donner
des sufiVages, ce verbe vient du subst. ballotte,
petit bulletin, ou petite boule de diverses cou-
leurs, servant à tirer au sort dans les élections.
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BAN
U —
BAiN
— L'acception « agiter en st^iis coiitruii-e » se
ramène facilement au sens propre se renvoyer
la balle, mais elle pourrait tout aussi bien se
rattacber au radical &a7, marquant « agitation,
fluctuation « et traité sous baller,
BALOURD, direct, de Tit. balonlo. Le i)v6-
ûne ba est le même que nous avons relevé
sous bajoue, balètre et qui est aussi propre à
l'italien (cp. barlume, lueur faible). — D. ba-
lourdise.
BALSAMINE (le wallon a transformé ce mot
en berijamvie, rouchi beljamwe),gv. fi^Xgocfilvri;
balsamique, balsamicus (balsamum, baume).
BALUSTRS, it. balaustm, esp. balaustrc,
pr. petite colonne d'ornement, du L. balau-
sthtm (,33claôîTiov), fr. balauste, it., esp. balan-
stra, calice de la fleur de grenade. Cette éty-
mologie est fondée sur quelque ressemblance
de forme entre les deux choses. Pour Wedg-
wood, la forme secondaire esp. barausie est
la bonne; d'après lui, le mot vient de bara ou
vara, verge, perche, de même que baranda,
barandilla, garde-fou, barandado , balus-
trade. Mais comment expliquer la terminai-
son liste f L'r après t est épenthétique comme
dans it. giostra (joute), fr. registre, etc. —
D. balustrade, it. balaustrata.
BALZAN, vfr. bauçant, marqué de blanc,
bigarré de noir et de blanc, it. balsano, prov.
bausan; d'après Diez de l'it. bal 2a, bordure,
frange, walaque baltjs, lacet, que l'on rattache
au L. balteus, ceinture. Cette manière de voir
se confirme par la valeur de balzane, tache
blanche circulaire. D'autres proposent l'arabe
bâlthasan, pourvu du signe de beauté ; mais
notre mot manquant à l'espagnol, on peut dou-
ter de la provenance arabe. — On a toutefois,
en dernier lieu, aussi cité arabe ablaq, (ém.baJ-
qua\ plur. bolq, selon Freytag = nigro alboque
colore varie^atus ; farcLS bal que, jument bal-
zane. Cet étymon pourrait bien l'emportei' sur
celui de Diez. ^ Chevallet place le mot dans
l'élément celtique, et allègue le breton bal,
tache blandie au front des animaux, mais il
passe sur l'élément 2 ou g, qui cependant
veut être expliqué.
BAMBIN, de l'it. bambino, comme bambo-
che, marionnette, de l'it. bamboccio, tous deux
dérivés de bambo, enfantin, puéril. Tous ces
mots ont une origine commime avec L. bam-
balio, surnom romain, et le grec ^à/xtaXoi, qui
bégaye. La racine est bab; voy. babiole,
BAMBOCHE, voy. bambin. L'acception dé-
bauche, ripaille, dérive, je pense, de l'idée de
puérilité, pétulance juvénile. — D. bambo-
cher, — Le tcritie bambochade est tiré de l'it.
bambocciata, peinture à la manière de Pierre
de Laer, surnommé, à cause de sa personne,
Bamboccio (poupée).
BAMBOU, mot d'origine indienne.
BAN, prov. 6a;i,it., esp., port, bando, pro-
clamation publique ; de là les verbes it. ban-
dire, esp., prov. bandir, fr. bannir, pr. publier
à son de trompe, d'où s'est produit le sens
spécial de proscrire. It. bandito désigne un
homme mis au ban, un proscrit, un brigand ;
de là notre bandit. De bonne heure oa ren-
contre dans le latin du nioyen âge les termes
banjuim, bandium = edictum, interdictum,
bandire, bannire =» ediccre, citare, relegare.
Ils sont d'origine germanique et viennent dii
gothicjue bandrjan, désigner, indiquer, subst.
bundva, signe; la forme secondaire, sans d,
banvjan, semble avoir déterminé la forme
romane bannir pour bandir. Directement,
cependant, le roman doit avoir, selon Diez,
emprunté le mot à quelque dialecte où le r
des formes gothiques .s'est effacé. La forme
ail. bannrn, qui a la valeur de edicere, inter-
dicere, proliibere, cxpollcre, ne peut être le
primitif immédiat : il aurait donné bannn',
non bannir bandir. De bannum ou bandium
vient le vfr. bandon, qui signifiait : 1. ban,
p. ex : vendre gage à bandon ; 2. gré, merci,
p. ex : tôt à vostre bandon. De cette locution
adverbiale à bandon s'est formé le verbe aban-
donne)' (v. c. m.). Composés de bannir ou
bandir : 1 . l'anc. verbe forbannir, reléguer du
pays par un édit public (for^fm^as, dehors),
d'où le subst. forban, d'abord action de for-
bannir, puis celui qui est l'objet de cet acte :
exilé, pirate ; 2. it. contrabbando, litt. contre
la loi, d'où fr. contrebande; 3. arrière-ban
(v.c.m.). — D. de ban dans le sens de « publi-
cation du seigneur féodal pour se faire rendre
les hommages ou lui payer les redevances »»
vient l'adj . banal, désigné par le seigneur pour
l'usage de tout le monde, commun, vulgaire.
BANAL, voy. ci-dessus, sous ban. — D.
banalité.
BANANE, BANANIER, mot d'origine in-
dienne.
BANC, i t., esp., port, banco, prov. banc, du
vha. banch. Outre la forme masculine, il s'est
produit une forme féminine : it., esp., poi*t.,
prov. banca. L'it. banco, désignait le .*^iège, le
comptoir où les banquiers s'asseyaient dans
les places de commerce; de là le fr. banque.
— D. banquet (v. c. m.) et banquette.
BANCAL, BANCROCHE. Les étymologistcs
nous laissent au dépourvu sur ces deux
termes. Nous sommes étonné de ne pas voir
Ménage proposer à sa manière l'enfilade sui-
vante : L. valgus (qui signifie bancal), valcalis,
vancalis, bancalis, bancal! En att^^ndant
mieux, il faut s'en tx^nir à l'étymologie fondée
sur l'expression populaire « avoir les jambes
en pieds de banc », les pieds d'un banc étant
rapprochés par le haut et éloignés par le bas
(Littré, suppl.).
1 . BANDE, pièce d'étoffe coupée en longueur
et servant à lier; it., esp., prov. banda; du
goth. bandi (fém.), ou du vha. band (neutre),
lien, ou, en ce qui touche les formes avec e
(it., prov. benda, esp. vendu), de l'ail, binde,
m. s. — Dimin. bandeau, bandeV, d'où ban-
delette ; *bandier, d'où bandereau.
2. BANDE, troupe, compagnie, est le même
mot que le précédent, du moins il se rattache
évidemment à l'ail, binden, lier, réunir. Il
peut aussi avoir été introduit sous l'influence
dr l'ail, band, dans son acception de drapeau
(BL. bandum, vexillum). L'ail, mod. bande
est repris du français.
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BAN
— 45 —
BAR
BANDER, serrer avec une corde, mettre un
bandeau ; se bander, se roidir ; de bande 1 .
Pour le sens tendre, roidir, il se déduit de
bande de la même manière qu'en angl.^^Wn^
signifie à la fois corde et tendre, serrer ; com-
parez encore en allemand le rapport entre
' strickf corde, et strecken, tendre, ou entre
strang, corde, et an-strengen, tendre, faire
faire un effort. — D. bandage (d'où banda-
giste). — Composé débander,
BANDEROLE, voy. bandière.
BANDIÊRE, it., prov. bandiera, esp. ban-
dera, de l'ail, band, bande, drapeau, BL.
bandum = vexillum. — Par la chute du d,
le mot est devenu banière* , bannière. — Dim.
banderole.
BANDIT, voy. ban.
BANDOLIER, brigand, esp. bandolero, fac-
tieux, séditieux, de bandola, dim. de banda,
troupe.
BANDOULIÈRE, esp. bandolera, ail. ban-
délier, de l'esp. bandola, dim. de banda, lien,
ruban.
BANLIETJE, BL. banleuca, banniim Uiicœ,
composé de ban, juridiction, et lieue, mille,
champ, territoire; donc le territoire soumis
à une juridiction, espace dans leuuel un ban
était valable. L'allemand a traduit banleuca
par bannmeile.
BANNE, vfr. benne, grand panier (Nicot),
auj. aussi grande toile (syn. de bâchs), dont
on recouvre des voitures de roulage ou des
vaisseaux. Festus : Benna, lingua gallica
genus vehiculi (voiture à panier, tombereau),
appellatur. Le mot est très répandu dans les
langues romanes et germaniques; dans les
idiomes celtiques, la forme m«n (cp. fr. manne)
prédomine; cependant, le cymr. a benn, voi-
ture. Dimin. banneau^ benneau, bannelle;
bonnette, -elon.
BANNIÈRE, voy. bandière. De là l'allemand
banier, panier, banner. — D. banneret (cp.
les composés ail. bannerherr; flam. (Kiliaen)
banerheere, banderheere).
BANNIR, voy. ban.
BANQUE, voy. banc. — D. banquier; cp.
en gr. le terme analogue xpotiti^ir/ii.
BANQUEROUTE, angl. banhrupt,dX\.banh'
rott, do rit. banco rotto [rotio =^ L. ruptus),
banque rompue ; on rompait le banc qu'occu-
pait le marchand failli sur les marchés.
BANQUET = repas (d'où verbe banqueter)
a été jusqu'ici tenu pour un dérivé de
banc (cp. en ail. tafél, table et repas), mais
Tobler est venu récemment discréditer cette
manière de voir (Ztschr. III, 573). Il voit dans
banquet un dim. de ban (convocation, invita-
tion), qui aurait été confondu avec banc et
allègue, comme analogie, l'ail, gastgebot,
régal, festin, litt. convocation de commen-
saux. — G. Paris (Rom. IX, 334) objecte
contre cette étymologio nouvelle ce qui suit :
" Au XV® siècle, où le mot apparaît, il ne
signifie jamais, comme dans l'exemple cité
par T., que petit repas pris après le souper,
dans la soirée » (voy. notamment la moralité
bien connuG delà Condamnation de Banquet);
c'est donc en partant de ce sens qu'il faut
chercher l'étymologie du mot, qui n'est peut-
être pas français d'origine »». — A mon avis,
ce qui vient à l'appui de la thèse du profes-
seur de Berlin, c'est l'analogie du vfr. convi,
qui, à son sens naturel « invitation, appel »,
joignait celui de " festin, banquet » (Godefroy
en donne de nombreux exemples, et Littrô
lui-même cite de Commines « les convis et
les banquets «). A la vérité, on pourrait, dans
' la formation du sens secondaire do convi, soup-
çonner l'influence d'un souvenir du L. convi-
vium.
6ANSE, manne, BL. bansta, vfr. banste,
du goth. batvits, grange, d'où aussi l'ail.
banse, 1 . partie de la grange où l'on place les
gerbas; 2. grande corbeiUe carrée. — BL.
banasta (corbeille) est un dér. de benna, fr.
banne {v.v\, h.).
BAPTÊME, it. battesimo, du L. baptisma
(;5àTTt7/Aa); baptismal, baptismalis ; baptistère,
baptisterium ; baptiser, baptizare (^xwrfjïtv,
dér. do ^TTTgiv, immerger). L'acyectif baptis-
taiî'e répond à un type latin baptistarius.
BAQUET, voy. bac.
BAR, voy. bard,
BARAGOUIN, mot formé du breton bara,
pain, et de gtoin, vin; ce sont ces deux
mots qui, dans le langage des Bretons, frap-
pèrent le plus l'oreille des Français et qui
leur servirent à désigner ce langage inintelli-
gible. Voy. Villemarqué, Dictionnaire franc. •
bret., p. XXXIX. L'étymologie bargina, mot
du BL. signifiant étranger, est moins pro-
bable que celle que nous citons et qui a été
adoptée par Diez et Littré. Une explication,
tout aussi peu plausible, par bret. bara pain
-|- gwenn, blanc, se trouve au suppl. de
Littré. — G. Paris (Rom., VIII, 619) est d'avis
que baragouin est de la même famille que
M'ii.baracundia, baraonda, confusion, tumulte,
dont l'origine hébraïque est démontrée par
Caix, Studi, n<* 181. — D. baragouiner.
BARAQUE, it. baracca, esp. barraca, ôcoss.,
irl. barrachad; dér. de barre, longue pièce
de bois (v. c. m.), cp. it. trabacca, m. s., de
trabs. D'après Dozy (voy. Littré, suppl.), le
mot est d'origine berbère. — D. baraquer.
BARAT', barate*, it. baratto, ancien esp.
barato, prov. barat, tromperie, troc fraudu-
leux, désordre, confusion; de là le verbe ba-
réter', faire un mauvais commerce, friponner,
angl. to barter. Diez, parmi les diverses expli-
cations étymologiques qui se présentent (Che-
vallet cite plusieurs mots celtiques, brad ou
bar ad, signifiant tromperie et que Diez
n'allègue point), incline pour le grec npicrruv,
trafiquer, user de pratiques (en serbe, baratati
signifie faire commerce); l'Occident aurait
emprunté ce terme, en lui donnant une mau-
vai.se acception, aux marchands grecs. Nous
rappellerons à l'appui de cette opinion l'ex-
pression allemande schachern, brocanter,
grappiller, faire un négoce sordide, mot
appliqué surtout aux trafiijuants juifs et tiré
d'un mot hébreu qui signifie tout simplement
faire commerce. — D. baraterie.
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BAR
— 46 —
BAR
BARATTIR, battre du beurre; Diez est
âhpfjpé à rattacher ce rerbe au mot barat
ci-dessus ; le sens propre en serait brouiller.
— On pourrait aussi, sans trop s'aventurer,
donner à barcUte le même primitif qu'à barit
et barrique: cp. en bret*>n bavas, baquet,
baril, baratte. — D. (ou primitif?) baratte,
vaisseau à baratter.
BABBAGAHl, it. barbacane, esp., pror.
barbacana. Ducange, v« barbacana, inter-
prète ce mot par « propugnaculom exterius
quo oppidum ant castrum, praesertim vero
eorum portœ aut mûri muniuntur «; auj.
cette signification s'est rétrécie en celle de
meurtrière (wallon babecine «=■ lucarne) ou
d'égout. Gacbet remarque que, dans Gode-
froid de Bouillon, barbacane a toujours le
sens de herse. On prête généralement à ce
mot une origine arabe; M. Piques, docteur
en Sorbone, cite babi-al-hhanehy litt. porte
de la maison des eaux ; Pougens le rattache à
bar-bah-hhaneh, galerie qui sert de rempart
à la porte ; Wedgwood,au même bâla-hkaneh
qui est cité sous balcon. Toutes ces explica-
tions laissent à désirer.
BARBARE, L. barbaries, étranger, puis
grossier, sauvage, cruel. — D. barbarie, ber-
baria; barbarisme, barbarismos.
6ARBB, L. barba, — D. barbeau (poisson),
barbillon, barbet /chien); — barbiche, barbt-
chon ; — barbote (poisson) ; — barbeyer, raser
la voile; barbeUe, barbelé; barbier; barbiUe,
filament des monnaies; barbon; barbu; bar-
bue (poisson); ébarber, couper les barbes;
rebarber', contrarier, d'où rébarbatif (y. cm,).
BARBITON, L. barbitum (^àpUrov).
BARBOTER, paJt&uger dans la boue et mar-
motter, bredouiller ; Tassociation de ces deux
sens se comprend, le second se rapportant au
bruit du bouillonnement de l'eau occasionné
par le barbotement. En it. on a barbottare et
borboUare, en esp. barbotar et borbotar, pour
l'une ou l'autre des deux acceptions du mot
français ; cp. vfr. borbeter, patauger. Si l'on
considère encore l*it. borbogUare, pic. bor-
boulier (marmotter), esp. borbollar, bouil-
lonner, fr. barbouiller = barboter, prononcer
indistinctement, on verra que les formes en o
et en a ne sont au fond que des variations de
son; peut-être celles en a se sont-elles pro-
duites sous l'influence de barbe (cp. l'expres-
sion ail. in den bart brummen, grommeler
dans sa barbe, entre les dents). Les formes
au thème borb rappellent borbe, bourbe, qui
au fond signifie de l'eau bouillonnante (ep.
fiéppopoi, bourbe, et ^op^opùinv, bniire)."
BorbogUare et ses parallèles ont, outre leur
thème borb, une terminaison qui donne au
mot un certain air de parenté avec bullare,
lancer des bulles, bouillonner. Il est intéres-
sant, pour la liaison des seiLs, do porter ici
l'attention sur les mots ail. brod^ln, br\idehi,
sprvdeln signifiant à la fois bouillonner et
parler indistinctement, et le mot mousser
n'est-il pas identique avec L. mussare, parler
entre les d^nts?
BARBOUILLER, parler confusément, mdi?-
tinctcrncnt, est expliqué suffisamment par ce
qui précède sous barboter. D n'est donc pas
nécessaire de d«x*omposer le mot, comme fait
Littré, par bar (préfixe péjoratif) -f- bouille
(ancien m(A signifiant bourbier), ou avec
Génin jmr bar-j- houille (perche pour remuer
la vaso). Les acceptions salir, étendre gros-
sièrement une couleur avec une brosse expri-
ment, comme la première, confusion, trouble,
absence de netteté et de précision. Ici encore
nous dirons que la forme barbouiller peut
avoir sa cause dans quelque rapprochement
du mot barbe, très voisin par le sens de
celui de brosse.
BARBU, de barbe; cp. membru, lippu, che-
velu. — D. barbue (i)oisson).
BARGAROLLE, de lit. barcarola, chant de
batelier [barcaruolo, de barca, barque).
BARD, BAR* (le d dans bard est parasite),
du vha. bàra, civière, brancard, ags. baer,
bére, m. s. (cfr. goth. bairan, porter, ail.
mod. bahre, flam. baere, civière.). Le mot
bière 2, it. bara, est de la même origine. —
D. barder.
BARDAOHB, pathicus, mignon, it. bar-
dascia, esp. bardaxa, de l'arabe bardaj,
esclave.
1 . BARDE, selle, armure de cheval, it. et
esp. barda. Il nous manque une étymologie
tout à fait satisfaisante pour ce mot; aussi
Ménage en es^il réduit à un de ses tours de
force habituels ; il établit la filiation suivante :
cooperta, cooparia, parta, barta, barda. Le
sens premier semble être bât, selle, d'où s'est
déduit celui darmure de cheval en lames do
fer, ainsi que celui de mince tranche de lard.
Quelques provinces emploient aubardep, selle;
c'est l'esp. et port, albarda, bât. Littré
indique pour primitif l'ar. bardahet, couver-
ture placée sous le bât (du persan barsahet)\
Diez, le nord, bardi, bouclier. — Le vfr. barde,
hache, répond au vha. barta, ni. barde,
hache. — D. bardeau, ais mince et court ;
bardelle, espèce de selle ; bardot, le mulet cou-
vert d'une .selle qui porte le muletier; verbe
barder.
2. BARDE, poète, L. bardus {moi gaulois);
barda, L. barditus.
BARDEAU,. -ELLE^, voy. barde, 1.
1. BARDER, charger sur un bard. —
C. débarder.
2. BARDER, couvrir un cheval de sa barde.
BARDOT, voy. barde, 1.
BARÉGE, de Baréges, village des Pyrénées,
lieu de fabrication.
BAREME, du nom de François Barrêrae
(mort en 1703), auteur d'un recueil intitulé :
Comptes faits,
BARGE, embarcation plate, BL. bargia,
prov. harja; voy. barque.
BARGUIGNER, jadis aussi bargaigner, anc.
= marchander (signification encore vivace
dans l'angl. bargain, it. bargagtiare, port.,
prov. barganhar, BL. barcaniare), auj. avoir
do la peine à se déterminer. Vu la forme bas-
lat. , Diez rapporte le mot à barca, la barque
étant destinée, d'après la définition d'Isidore,
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BAR
— il —
BAR
à apporter les marchandises vers le navire et
à les en rapporter. Il y aurait donc au fond
du mot l'idée do va-et-vient, d'où se serait
développée celle de « marchander, balancer,
hésiter, tergiverser « . Cette explication semble
un peu forcée. Chevallet cite l'écossais bara-
gauy marché, traité, accord; bret. barhana,
marchander. Mais ces mots peuvent-ils compter
pour primitifs? L*étymologie bar -f- gagner^
mise en avant par Génin, n'a pas de probabi-
lité non plus. — Selon Ulrich (Ztschr., III,
266), de Tall. borgeti^ « mutuum dare et acci-
pere », sur la base d'une forme vha. terminée
en anjan. C'est ainsi qu'on tire guadagnare
(d*oû fr. gaagtier, gagner) d'un type vha.
yoeidanjan supposé. A p. o ne ferait pas diflS-
cnlté. Mussafia (Beitrag, etc., p. 36) men-
tionne des formes ital. (dialect.) transposées,
surtout un terme vénitien rustique bragagiiar
signifiant « tàter, palper » , puis un bragagnar
et bragoiar défini par « prendere in mano,
brancicare, come si usa colle cose poste in
vendita ». Ailleurs, dans MutinelU, on voit_
bragolo,*^ mercato ». Y-a-t-il entre Fit. barga-
gnare^ •* marchander », et le vén. bragagnar^
•» palper », homonymité fortuite ou commu-
nauté originelle? Dans ce dernier cas, quelle
est la valeur primordiale? Dans le premier
cas, quelle est la source de l'un et de l'autre?
Notez que dans l'anc. vénitien on trouve aussi
bragoiar r=3 pêcher. — Mussafia se garde de
rien trancher sur ces* questions. J'en fais pru-
demment de même.
BARIGSL ou BABISEL, chef des sbires, »
it. bargelîo, esp. barrachd, BIj. barigild\i$;
mot d'origine germanique, mais encore inex-
pliqué.
BARIL, it. barile, esp., port, barrih^ EL.
barile, bariUus, de même que barrique ^ et vfr.
barrot, sont, selon Diez, des dérivations d'un
mot bar, branche d'arbre, qui se rencontre
dans phisieurs idiomes celtiques, et auquel se
, rattache également le mot bnrre. Du reste on
trouve en cymr. baril et en gael. baraill avec
le même sens. — D. barillet , -on.
BARIOLER; rétymol..rarto/are (de wirius)
est à juste titre repoussée par Diez ; il n'y a
aucune probabilité que r initial ait été changé
en 6 ; il propose donc, et est en cela suivi par
Littré, une composition bar^ (la particule pé-
jorative) + riolé, rayé (dans « riolé et piolé »).
— Le type bis-regiilare, proposé par Darme-
steter, est inacceptable, car regidare ne jKîut
donner que rieuler, riuler (2 syll.); mais non
pas ri-oler.
BARLONO, berloïig", qui a la figure d'un
carré long mais irrégulier, défectueux, est p.
beslong (on trouve dans la langue d'oïl aussi
bellonc), it. bislungo. — Bis (en français
aussi bes, puis béy &«) est une particule romane,
appliquée en composition et exprimant une
idée d'infériorité, d'inconvenance, do fausse
application. Parfois ce préfixe péjoratif se
modifie euphoniquement en ô<?r, bar ou bre.
" Bar y dit Nicot, diction indéclinable qui
empire le mot auqud elle est jointe par com-
position, comme en barltie (voy. notre mot
berlue) et barlong. » Exemples : it. biscan
tare, mal chanter, fredonner; prov. beslei,
fausse croyance; barlume p. bislume, lu-
mière faible, douteuse; fr. bertoitser, tondre
avec de.s inégalités (cité par Ménage), béouey
p. besvue, vue fausse; vfr. bestor, bestoumer;
piém. berlaiia, petit lait; cat. besœmpte =
mécompte; wall. bestemps, mauvais temps;
notez encore Fane, verbe besfiiger , mal
juger. Diez, examinant l'origine de cette par-
ticule bis, après avoir rejeté les coi^jectures
portant sur L. vice ou m'j?, s'arrête à ladv. lat.
biSy deux fois, d'où se serait dégagé le sens
de trop ou de mal ; il fonde cette explication
sur des mots tels que l'esp. bisqjo, à double
vue, louche; fr. bi-ais (v. c. m.), à double face;
vfr. beS'ivre, fort ivre, bes-order, souiller for-
tement. — Voy., sur la particule bis au sens
dépréciatif, d'intéressants rapprochements avec
la valeur propre aux particules congénères
gr. Sviy 5i;, 5fx5t. Darmesteter, Traité de la
formation des mots composés dans la langue
française, p. 109.
BARNAGHS, -AOLE, -IGLB (aussi ber-
fiache, etc.), espèce d'oie sauvage, de bar-
nacle^, espèce de coquillage (lepas anatifera),
où cet oiseau place son nid. D'origine cel-
tique.
BAROMÈTRE, mot techn. composé du gr.
fAirpov, mesure, et pàpoit pesanteur,
BARON, propr. forme d'accusatif, le subst.
nominatif étant ber; correspond au prov. bar,
it. barone, esp. varœie. Ce vocable signifiait
d'abord tout simplement, comme le latin rir,
l'homme opposé à la femme. Puis il s'y rat-
tacha le sens de viril, fort, courageux, bravo
(de là les dérivés anciens : prov. bamatge,
vfr. baronie^ bamie, bravoure, embarjiir^ se
fortifier). A ces significations se joignit de
bonne heure celle d'homme libre, de grand
de l'empîre ou vassal. L'étymologie du mot
n'est pas encore éclaircie; il paraît n'avoir
rien de commun avec le baro du latin clas-
sique. (Cornutus, un commentateur de Perse,
attribue à baro le sens de « servus militum »
et une origine gauloise ; Isidore le glose par
mercenarius, en le dérivant de pxpù;, fort,
grossier, fortis in laboribus.) On trouve en
celtique (ancien gaôl.) un mot bar avec la
valeur do héros ; mais une circonstance digne
de c-pnsidération s'oppose à ce que l'on reven-
dique une origine celtique à notre vocable
français. C'est que ber ou bar français fait
aux cas obliques baron, avec l'accent sur la
terminaison, et que tous les mots do cette
nature sont de provenance soit latine {drac,
dragon; laire, lairon), ou germanique {fel,
félon; Uc, Ugon). Diez, par conséquent,
pense que le baro latin, qualifié de gaulois
par le scoliaste Cornutus, avec le sens de
goujat d'armée, représente plutôt un vha.
bero (accus, berun, beron), porteur, dérivé
naturel du vha. beran, goth. bairan, porter,
et que le fr. ber, baron est tiré du même
radical. Du sens primitif porteur, se seraient
successivement déduits ceux de « fort », puis
do M homme » et enfin de « homme puis.sant,
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BAR
48 —
BAS
vassal » . Tout cela, du reste, est encore pro-
blématique. Pour notre part, nous préférons
nous en tenir à une communauté d'origine de
baron avec les mots vha. bmm, infans, proies,
et beor7i (ags.), homme fort, qui d'ailJeurs
remontent également en dernier lieu à bairan
ou beraiiy porter, produire. — D. baronne ^
etriCt-offe.
BAROQUE était d'abord un t«rme de joail-
lier, indiquant une perle qui n'est pas parfai-
tement ronde ; de l'esp. bannieco, berruecœ^
port, barroco (aussi avec le sens de rocher,
raboteux). Four l'étymologie, on a proposé
le L. vo'nœa, roclier, verrue (employé par
Pline pour une tache dans une pierre pré-
cieuse), puis brochiis, dont saillante, défec-
tueuse, enfin bisroca, en donnant à bis la
valeur que nous avons exposée sous barlong.
Nous nous prononcerions le plus volontiers
pour la dernière conjecture : roche avec un
défaut.
BARQUB,it. ,esp. ,prov. , port. ôarca. Isidore :
« Barca, quœ cuncta navis commercia ad lit us
portât » . Barque paraît être, en français, d'in-
troduction savante ; le mot propre était anc.
barge, auj. berge (prov. barjd), formes qui
accusent l'existence d'une forme latine barica,
(cfr . carrica — charge ; serica — serge). Quant
à barica, il parait être (comme auca, avica, de
avis) une dérivation de baris, canot (^Àpî).
Barca serait ainsi une contraction de date
ancienne pour barica. Wackernagel préfère
le nordique barhr, m. s., litt. bateau fait
d'écorce {bôrkr.^ suéd., angl. bark, écorce). —
D. barquette, embarquer , débarquer.
BARRE, it., esp., prov. barra, angl. bar,
pièce de bois (ou de métal) menue et longue
(servant à fermer). Le mot est celtique : cymr.
bar, branche de bois. Dérivés : barreau ; bar-
rière; bandas'; verbe barrer (voy. ces mots).
Voy. aussi baraque et baril.
BARRAS* ; ce mot, non constaté dans les
textes français, et répondant au prov. barras,
bari*e, bâche, est le primitif des verbes embar-
rasser, obstruer, gêner, et débarrasser,
BARREAU, diminutif de barre, puis clô-
ture, puis enceinte réservée aux avocats, lieu
où l'on plaide, etc.
BARRER, de barre; pr. fermer, obstruer,
rayer. — D. bai*rage. — Cps. sembarrer,
débarrer.
BARRETTE, prov. berreta, barreta, esp.
birreta, BL. birretum, it. berretta. Se ratta-
che au mot latin btri'us (byrrhus), sorte
d'étoffe grossière. — Le rapport étymologique
avec biiTus, burrus, peut être fondé, observe
Baist (Ztschr., VI, 1 16), soit sur la couleur
rouge, soit sur ce que le couvre-chef en ques-
tion faisait d'abord partie du manteau (fUppov
«= manteau). Cfr. l'origine de cJuipeau. —
Une variété du même mot est le masc. béret.
— Voy. aussi bure.
BARRICADE, voy. ban-ique. — • D. barri-
cader (vfr. ban^quey').
BARRIÈRE, prov., it. barriera, esp. bar-
rera, d'un type barraria, dér. de barra,
barre.
BARRIQUE, voy. baril. — D. it. barricata^
retrancliement fait avec des barriques, fr.
barricade.
BARS, pois.son ; ail. bars, barsch,
BARTTON, it., esp. ^anYono, du gr. ^a/ouro-
voç, qui a la voix grave.
1 . BAS (fém. basse), it. basso, esp. bcy'o, port.
baixo, prov. bas, BL. bossus. Le glossaire
d'Isidôi'o dit : •* Bassus crassus pinguis »,
celui do Papias : « Bassus curtus humilis » .
Il faut déduire de là, obsen'e Diez, que le
sens fondamental du mot bassus est celui de
trapu, court et large. En effet, la langue
d'oïl présente souvent l'adj. bas avec le sens
de large et court. Pour la provenance de bas-
sus, il est inutile d'en chercher l'origine soit
dans le grec ,%à»y6iv ^comparatif de /9a6ù;, pro-
fond) ou dans le celtique. Les Romains possé-
daient déjà le mot, mais nous ne le rencon-
trons plus que comme surnom ou comme
véritable nom propre. — Dérivés : bassesse;
basse (t. de musique), basson; basset, chien
de cliasse de jKîtite taille ; bas, vêtement de
jambes, abréviation de bas de chausses, opp.
à haut de chausses; verbe baisser (v. c. m.).
2. BAS, vêtement des jambes, voy. bas ci-
dessus.
BASALTE, L. basaltes. Du pays de Baschan
en Palestine, gr. Bxa&ync.
BASANE, de l'esp. badana, m. s., qui vient
de l'arabe bilatuxh. La lettre s accuse pour
intermédiaire un prov. basana (cp. Mondaine
p. Madeleine). — D. vfr. bananier, cordonnier;
basaner, donner à la i>cau une teinte noirâtre;
cp. le sens du vfr. ta:nyie, roux, brun.
BASANER, voy. basane.
BASGOUETTE, espèce de mésange (en ail.
schwanzmeise), composé populaire de battre
-\- couette (petite queue), donc un « volatile
dont bat (= danse) la queue «; cp. batte-
queue, un des noms de la borgeronncttc. Si
cette étymologie de Meunier est la bonne, il
faudra considérer la forme basconette que
donne Littré conjointement avec bascoucUe,
comme une altération de ce dernier.
BASGUL, aussi ba/ml, nom donné à'certaines
pièces du harnachement des chevaux (voy.
Littré), est un composé de battre -}- cul. Cp. le
nv)t suiv.
BASCULE, ane. bacule, signifie pr. une
planche qui « bat le nduI » ; selon Meunier, ce
qui a donné naissance aux diverses acceptions
de ce mot, c'est le jeu des enfants se balançant
Sur une planche dont l'un des bouts se lève
tandis que l'autre frappe réellement le cul.
C'est bien là l'origine du mot, et il est inutile
de reproduire les autres explications mises en
avant. L'^r dans l'élément bas est parasite ; de
même dans bascouettc (v. pi. h.). — D. bas-
culei\
BASE, L. basis (gr. /9â9(;, plante du pied).
— D. baser.
BASILIC, lézard, L. basUiscus (^3a9«>(ffxo{,
litt. petit roi).
BASILIQUE, église, du L, basilica{ii^ctltiri),
qui désignait d'abord un édifice public pro-
fane, pr. maison royale.
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BÂT
49
BAT
BASIN, forme tronquée de bombcisin; de
l'it. bamhagino, qui est dérivé de bambagio,
BL. bambaciurriy grec du moyen âge ^afitkxiov,
coton. I-,e primitif de ces mots est le L. bombiao
{^>6wÇ), soie.
BASOGHS , du L. basilica, lieu où se tenaient
les tribunaux. La terminaison iîica, par ilca,
s'est régulièrement francisée par euche,ouche,
oche (cp. le mot fougère).
BASQUE, pan dliabit ; d'origine inconnue.
Huet, évêque d'Avranches, croit qu'on a dit
basques de pourpoint, parce que la mode d'en
porter est venue de Biscaye. — D. basquine,
BASSIN, bacin'y bachin*, BL. bacinns, ba-
chinurriy it. bacino, prov., esp. bacin. Des
raisons phonologiques font rejeter à Diez la
dérivation de l'allemand becken^ qui a le
même sens ; il faudrait, prétend-il, pour cela
la forme baqiiin. Le mot vient de quelque
racine celtique, comme bac, creux, cavité,
d'où bakiniis, baamts, bacin (voy . bac). Ce qui
confirme cette étym., c'est que Grégoire de
Tours parait indiquer bacchinon comme
appartenant à la langue du pays. — D. bas-
sillet, bassme7\ bassinoire.
BASTER, vfr. suflBre (resté dans bastant,
suffisant, et l'interjection basté), = it. bas-
tare, esp., port., prov. bastar, suffire, d'un
adj. basto existant encore en esp. et en port.,
et signifiant rempli. Diez, pour le sens, rap-
proche l'esp. harto = rempli et suffisant.
BASTERNE, L. bastei^m.
BASTIDE, BASTION, BASTILLE, voy. bâtir.
BASTINGUE, défense mobile, ital. bastinga,
prob. de bastir comme bastide, bastion.
BASTONNADE, voy. bàtoii.
BASTRINGUE, mot populaire qui reste à
éclaircir. C'est peut-être le même mot que
bastingue (dér. de bastir), signifiant d'abord
hutte, guinguette, puis bal de guinguette.
BAT, t. de pêche, queue (de pois.son), d'après
Littré de battre; daprès d'autres, dol'écoss.,
iil. bod, queue.
BAT, bast\ it., esp. ba^to, prov. bast, ail.
suisse bast, BL. bastum, clitella, sella, sagma,
Diez suppose que basium pourrait bien appar-
tenir à la langue romaine vulgaire, et avoir
pour signification fondamentale celle d'appui,
base, support, soutien (cfr. jâaffTàJeiv, ^à^raÇ,
et bastema, litière). — D. bâter, débâter,
etnbâter.
' BATACLAN, mot onomatopée.
BATAILLE, voy. battre. — D. bataillon,
batailler.
BATARD, bastard\\i., esp. port, basiardo,
prov. bastard, ail., angl. bastard, hoU. bas-
tert, lith. bostras; équivaut à l'expr. vfr. fils
ou homme de bast ou de bas. (On disait de
même venir de bas.) Ce mot bast, d'où dérive
bastard, est identique avec bât, selle de
somme, traité ci-dessus. Diez, tout en admet-
tant ce rapport de forme, ne dit rien pour
l'expliquer quant à l'idée. Burguy et Mahn
sont plus explicites à ce sujet : « On sait
assez, dit Burguy, la vie que les conducteurs
àe mulets menaient avec les filles d'auberge.
pour croire à im grand nombre d'enfants
conçus sur les bâts et à une généralisation du
nom. » Ce savant appuie son explication sur
l'analogie des expressions fr. coitard, c.-à-d.
issu du coitre (matelas), et ail. bankert.^ issu
du banc, wm der banh fàllen, avoir une nais
sance illégitime. — Autre est l'explication de
Caix (Studi, n*» 8); d'après lui, bastardo signifie
pix>pr. « porteur du bât, bête de somme », et
équivaut à « mulet »; de là lo sens « filius
spurius » . C'est ainsi que mulus a donné esp.
mulato (fr. mulâtre), ** né de parents de con-
ditions (c.-à-d. couleurs) diverses »; c'est ainsi
encore que lat. biirdo, mulet, est connexe
avec esp. borde, prov. bort, vfr. borde, sard.
burdu, qui signifient bâtard. L'expression
M fils de bast » ne serait, dit Caix, qu'une
interprétation populaire de bastardo. Voy. à
ce sujet les doutes de G. Paris (Rom., VIU,
618). Citons en dernier lieu l'avis de Grimm,
pour qui le germ. bast (écorce) aurait déve-
loppé le sens « res vilis nullius pretii »» et de
là celui de « homo spurius illegitimus »» . —
D. bâtardise, abâtardir.
BATARDEAU, anc. bastardeau, construc-
tion hydraulique, dimin. de vfr. bastard, m.
s., qui paraît être dérivé de bastir ou bâtir
(racine bast). Le wallon a le mot bâte dans le
sens de fascinage au bord d'un cours d'eau,
de batardeau et de quai ; est-il de la même
famille?
BATEAU^ bateV, prov. bateîh, esp. batel,
it. batello, dimin. de batto, BL. baius, vais-
seau à rames. Se rattache à ags. bât, v. nord.
bâtr^ petit vaisseau; on trouve aussi cymr.
bâd, nacelle. — D. batelier, batelct, batelée.
BATELEUR, basteleur, charlatan, boufibn;
selon Saumaiso, de BL. batdlator, batailleur,
c.-à-d. qui fait dos tours surprenants avec les
armes ; Guyet, plus sobre, dérive ce mot de
bastel, qui, formé de bastum, signifierait un
échafaud de bois, un tréteau; bateleur serait
donc une espèce de saltimbanque. D'autres
proposent un mot gaulois baste, qui signifie
tromperie. Nicot pense au grec pccTrolôyo^,
hâbleur! Après ces tentatives-là, nous hasar-
derions bien aussi une conjecture, savoir:
bastclei" = faire des tours d'adresse sur un
bast o\xbât[\.Q. m.), puisque nous savons que
les petits meubles à l'usage des escamoteur?,
appelés aujourd'hui des gobelets, s'appelaient
au moyen âge des basteaux, et que l'on disait
Jongleur ou faiseur de basteaux, etc. C'est
donc bien évidemment un primitif bastel qui
a produit basteler* et bateleur. Quant à bastel,
ce pourrait être une variété de baston et signi-
fier baguette. Cp. « tour de bâton ». Quoi
qu'on ait dit, il n'a rien à faire avec bateau.
BATIFOLER, folâtrer, s'amuser; de l'it.
battifolle, par quoi l'on désigne certaines
tours de bois érigées sur les remparts et les
beffrois, et où les jeunes gens allaient jouer
et badiner. Pour le mot italien, cp. BL. bat-
tifollum = bastion et moulin à vent.
A*
1 . BATIR, bastir, it. bastire, pr. bastir, con-
struire. De la même racine bast, exprimant
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BAV
— 50 —
BEA
appui, soutien, fondement, base, d*où bât,
biuon, — D. bâtiment, bâtisse ;prov. b(uHda,
fr. bastide; it. bastia, bastione, prov. bastio,
fr. bastion ; enfin bastille,
2. BAnR, coudre à gros points, esp. bas-
tear, embastar, it. imbastare, angl. baste, du
Tha. bestan, rentraire.
BATISTE, toile de lin très fine, tire son
nom du premier fabricant de cette toile.
BATON, propr. soutien, appui, dérive de
bât^ qui lui-même, parait-il, exprime propr.
appui, base, sur quoi se place la charge
d'une béte de somme. 11 est intéressant de
remarquer à cette occasion que le nom du
mulet, en tant que porte-charge, a développé
à son tour le sens de bâton; voy. l'art, bour-
don 1. — D. bâtonnier, bastonnade (anc. bas-
tonnée) ; bâtonnier.
BATTU, voy. battre.
BATTERIE, voy. battre.
BATT0L06IE, gr. ^«TToloyfa, m. s.
BATTRE, prov. boire, esp. bâtir ^ it. battere,
du L. battiere, corrompu en battere. Dérivés :
batteur, -a^e, -ont, -ement; battue, batte,
battoir, batterie, bataille^ it. bataglia, esp.
batalla ^Adamantinus Martyr : batualia, quae
vulgo baUalia dicuntur). — Composés de bat-
tre : abattre, combattre, débattre, ébattre,
embattre, rebattre (v. ce. mm.).
BAU, poutre, anc. banc, de l'ail, balh,
bàlke^ m. s. Voy. aussi balcwi.
BAUB, nom d'une race de chiens courants,
appelés aussi chiens muets. Cette dernière
dénomination a donné lieu aux étymologies
gaél. baoth, soxxrà, goth. bauth, sourd, muet,
auxquels Dicz ajoute le norm. baude, en-
gourdi. Littré indique le vfr. baut, hardi
(voy. bandir).
BAUDET, dimin. de baud (en rouchi, fém.
bande), de baut\ gai, liardi (voy. baudir).
L'âne serait ainsi l'animal plein de contente-
ment et de hardiesse. La fable l'appelle bau-
douin{(ïoi\ le terme baudouiner àe Rabelais).
BAUBIR, pr. réjouir, puis exciter, et son
composé s*ébaudir, it. anc. sbaldire ; dér. de
l'adj. bauC, prov. baut, it. baldo, hardi, in-
solent, joyeux, qui correspond à angl. bold,
courageux, goth. balths, vha. bald, hardi, à
cœur ouvert.
BAUDRIER, en vfr. baudré, prov. baudrat;
du vha. balderich, v. angl. baldHck, bau-
drick. Cos mots sont des formes dérivatives
de Tags. belt, qui pour le sens et la forme
correspond au L. balteus, bord, encadre-
ment, ceinturon. Dans la grammaire proven-
çale de Faidit, on lit : balta, corea (courroie).
BAUDRUCHE ; ce mot est sans doute de la
même famille que Fane, verbe fr. baudroyer,
préparer des cuirs, et par conséquent de celle
de baudrier.
BAUGE, mortier, crépi ; anc. bauche. Voy.
& l'art, débaucher.
BAUME, anc. baiisme, basme, du L. balsa-
mum (par bals'mum, balmum), — D. bau-
mier, embaumer.
BAVARD, voy. bar>€, — D. bavarder.
BAVl, it. bâta, esp. baba ; verbe baver.
Parait être un mot onomatopée pour expri-
mer la salive qui accompagne le babil des
petits enfants; aussi dans Fancienne langue,
bave signifie-t-il également babil, caquetage
inintelligible (cp. en grec ^xtàittf), — D. ba-
tette, baveux, bavard (nous trouvons dans
Calvin, avec la même sign., bavereau); ba-
tasser = bavarder; bavure, bavoche, carac-
tère d'imprimerie qui ne vient pas net et qui
parait avoir de la bave; Fane, mot battere
signifiait d'abord bavette et a été appliqué
dans la suite à la partie de Farmure dont on
protégeait le cou et le menton ; de là b<w€-
rette et baverole.
BAVOCHE, voy. bâte, — D. bavocher.
BAVOLET ; n'est ni étymologiquement con-
nexe avec bâte (cp. bavette, batière), conrmie
j'ai pensé d'abord, ni dérivé de bas + toler,
mais, d'après Darmesteter, = bas tolet. En
vfr. x>olet signifiait pièce d'étofle flottante (qui
tôle), spécialement une pièce d'étoffe qu'on
mettait sur la tête ; le batolet est un tolct qui
se met en bas du chapeau, sur la nuque.
BATER, vfr. baer, béer, it. badare, prov.,
cat. badar, BL. badare. Ces mots signifient
1 . ouvrir la bouche, 2. attendre bouche béante,
attendre en vain, puis anc. aspirer à qqch.
Dante, Inf. 31 , 139 : Stare a bada, = prendre
garde à. Plutôt que de recourir au vha. bci-
ton (ou baidôn), attendre, tarder, qui ne
répond pas à la signification première de
badare, Diez part d'une racine onomato|)ée ba.
— Dérivés: prov. badalhar, baailler , bâiller ;
badaud, prov. badau (dans le patois de Mons
béaut, beyaut); badin, que les lexicographes
du xvi« siècle traduisaient encore [mr ** inep-
tus »».
BAZAR, mot persan signifiant marché cou -
vert.
BÉANT, part, de béer, forme variée de
bayer (voy. ce mot). — Notez encore les vieux
mots bée, ouverture, vaine attente, et béance,
désir, aspiration.
BÉAT, mot savant, L. boatus ; béatitude,
béatitude; béatifiqxte, beatificus; béatifier,
béatification, beatiticare,-atio. — D. béatilles,
menues cho.ses précieuses, restreint auj. aux
menues choses délicates dont on garnit les
pâtés; pr. petites choses d'heureux.
BEAU, BEL, it., esp., port, bello, du L. bel-
lus, — D. beauté, bellâtre, bellot, embellir.
Vfr. abélir, prov. abelhir -« plaire, être
agréable ; abeausir, t. de marine, répond au
pr. abellezir. — Le mot beau dans beau-père,
belle-mère, beau-frère, belle-sœur, beau-fils,
belle-fille, est une expression lionorifique
pour distinguer les membres nouveaux intro-
duits par le mariage dans ime famille. La
langue néerlandaise applique de la même
manière l'adj. schoon,
BEAUCOUP, de beau coup (cfr. faire un
beau coup, = prendre un grand nombre à la
fois) ; cette locution s'est peu à peu substituée
à 1 adverbe moult ^^L. multum, qui s'em-
ployait généralement dans Fancienne langue
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BED
— 51 —
BEI
d'oil. On disait ancienne nient aussi ffra*id \
coup
BSAUPRÉ, de Fall. Uç^^inid, ou n^il.
loeffspriet, angl. bo%cspr<t, mots ccmposésde
boç, boeg^ boic, flexion, proue, et sprirt ou
fprit, perche, mât.
BEAUTÉ, anc. bfoltrt, MU, tôt U^ju.
BÉBÉ, firancisation de langl. babtf, petit
enâmt.
BBC, it. becco, port, lico; Suétone, dans
Mtellius, 18,cite ce vocable comme gaulois. En
eflet, on trouve gaél. frrtc, bret. brk. — .
D. béqitet i^petit bec» ; becqurr, -&•, d'où abiT-
çuer, donner la becquée, becqueter ^ fc^r»*, se
rebéquer (familier), répliquer à un supérieur.
Notez aussi vfr. bechier^ frapper du bec. Déri- .
vent encore de bec: 1. prov. bcca, croc jprob. ,
identique avec le fr. béchr^ t^^che\ malgré ,
Vs intercalaire-: 2. bécasse; 3. beccard ;
4. béchot, bécol, béqttU, bécasseau ; 5. fM^uUle; !
6. béqtict, becqueta noms vulgaires du bro-
chet et du saumon. etbécttt4r, poisson ressem-
blant au brochet.
BÉGABUNGA, espèce de véronique qui
croit sur le bord des ruisseaux; du bas-ail.
bcckebungc^ ail. mod. lachbxmge, litt. tuber-
cule de ruisseau.
BÉGARBS, t. de musique, de lit. Ipcqvodro
c= b carré. — D. bécarrer,
BÉCASSE, it. b^ccaccia, catalan becada,
dér. de bec. — D. bécasseau, -ni, -iiie^ -on,
BEC (ou BECQUE) -COBKU, sot, imitation
de rit. becco (= bouci coniirfo.
BÊCHE, d^^cAé»*, BL. Iccca, besca, voy. bec.
— D. dim. béchctte, béchct, verbe lécher.
BÉ6H0T, bécasseau, voy. bec.
BECQUEE, primitif de becqueter, doii les
composés becquebois, becquefleurs, hecfigue
(it. beccafico).
BED AIME, panse (anc. vase à grande panse)
et bedofi, homme gras, tambour (il existe une
forme fusionnant en quelque sorte ces deux
termes : bedondaine), sont sans doute des
rejetons dune même racine; cp. dans le dial.
de Côme bidon, gras et paresseux, dans celui
du Hainaut bidon, grand lourdeau. Diez
croit que cette racine bed est identique à bid
dans bidet (v. ce mot) ; il cite le mot hennuyer
bedéne, qui réunit les acceptions de bedaine
et de indet. Nous hésitons à adopter ce rap-
prochement, puisque Tune de ces racines
désigne quelque chose de gros, l'autre quel-
que chose de petit. Il est probable que le sens
primitif de bedaine et de bedon était resp.
boule et tambour. On trouve d'ailleurs aussi
boudaine, boudiné, p. ventre, ce qui me fait
voir dans bed une forme assourdie de bcd,
boud (voy. bouder).
BEDEAU, BEDIL', it. bideJlo, esp.,prov.
bedeJ, BL. bedeJlus ; du vha. petil, cmissarius,
ags. bydeJ, messager, ou du vha. huiil, prseco,
apparitor (ail. mod. biittel),
BEDON (norm. = clochette) ; voy. bedaine.
— D. bedon eau', bedouan (en Normandie
bedou), nom donné au blaireau.
BEDONDADIE, voy. bedaine.
BÉDOum. mot an.lK' = qui dt-nxure dans
le dt'-sert /*<V<*i(\
BÉE jà guouïo ffe\ dans futailles a gueule
béo ; du verbe hétT, avoir la bouclie «.«u verte,
Vfv. l^\7tit et bayrr. Cette expression gueuie
l*ft -cfr. it. bfcca badiufa se rrtnMive retour-
na dans bt'gvcfle, qui signifiait d'abord
mais, imbécile. • Singulière «lest imV des mots,
dit iîachet, }Hiisqu'une bégueule i»out aujour-
d'hui faire la petite bouche. -
BEFFROI, berfnn, beffn,it\ angl. Ulfty,
BL. btrfredus^ Mfrt'dus; du m ha. fnrgrnt,
bcttrit, tour *» qui garantit la sûreté • ; on
appelait beffrffi d'aU^rd une tour de défense
nK*bile, ptiis une tour située dans l'intérieur
dune cité, d'où Ton sonnait lalain.e. On a
faussement rattaché ce mot à beU, mot fla-
mand et angl., signifiant cloche. Lit. batti-
fretlo repi'St^ sur un faux rappix^^hemcnt avec
boit ère.
BÉGAUD, sot, ignorant; dérivé de bègue;
cp. le synonyme pr. b<*b, esp toto, dér. de L.
baibus.
BÉOATER, voy. bègue.
BÉGU, t. d'art vétérinaire, anc. aussi bigu;
d'origine inconnue.
BEGUE, pic. beique, biéque, mot d'origine
inci^nnue. Diei émet c(>mme simple conjecture
l'idée d'une contraction du prov. bavcc, sot
bavard (voy bave). — D'après Bugge (Rom.
IV, 35 1^ bègue serait une forme tronquée
d'un ancien baubègue, qui serait un dér. de
L. balbuSy vfr. baube. On retranche quel-
quefois, dit-il, la première syllabe dans les
mots de plus de deux syUabes où la seconde
syllabe a la même consonne initiale que la
première; de là basin p. br-mbasin, cincUe,
p. coccinelle. Quant au suffixe, il rappelle it.
mocceca (niais), spi^seca (ladre), prov. bavec
(bavards ufec (orgueilleux). Il est fâcheux
qu'il n'y ait pas d'analogue français pour le
suffixe en question, qui d'ailleurs est d'une
nature assez obscure. — D. bégayer, au
XV* siècle besgoycr ; les dialectes ont bèguer,
bèketer.
BÉGUEULE, voy. bée.
BÉOUINE,nom d'une coqx>ration religieuse,
fondée par sainte Begge, dont elle aurait tiré
le nom; d'autres font dériver ce nom, comme
celui des Béguins et Béguards, du verbe
angl. beg, mendier, à cause de la pauvreté à
laquelle ces hérétiques se vouaient. On se
demande encore si la coiffe de linge appelée
béguin doit, ou a donné, son nom aux
béguines. — D. béguinage; etnbeguiner,
mettre un béguin.
BEIGE (laine) = it. bigio, voy. bis,
BEIGHET, bigneC, sont des diminutifs de
beigne', bigne, bugne, sorte de crêpes roulées
et frites (angl. bun), et sont de la même
famille que les mots italiens des dialectes de
Milan, Venise, etc , bugna, bogna, vfr. bugtte,
qui signifient bosse, tumeur. Diez rapproche
ces vocables du vha. bungo, bulbe, v. angl.
bung, bunny, enflure. Quant au passage de
u en f, cp. billet, billon, de bulla, frume et
frime. Pour le rapport entre choses arrondies.
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BEL
52 —
BER
bulbe, bosse et pâté, nous rappelons boulange'
^d'où boxilangct"), do boule,
BÉJADNS, corruption de bec jaune; cfr. en
ail. gelbschnabel f m. s.
BEL, voy. beau,
BÉLANDRE, esp. de bateau de transport à
fond plat, du lioll. bijlandevy bâtiment qui
côtoie la terre (bij, près, et /a>it/, terre). Voyez
aussi balandre.
BÊLER, vfr. beUcr, du L. belare, employé
par Varron p. balare. Le circonflexe accuse
une fonne besler, et par conséquent une inter-
calation purement prosodique d'un s (cp.
pasJe, paie, p. palle), — D. bêlement
BELETTJB, diminutif de beîe\ esp. beleta,
milanais bcllora^ peut être rapproché du
cymr. bêle ou de Tall. bille (Frisch, I 97 ;
manque dans Grimm), vha. bil-ik (auj, bilch),
zizel. Toutefois, Diez préfère voir dans bêle le
mot latin bel la, en se fondant sur des expres-
sions analogues employées dans d'autres lan-
gues pour désigner la belette, p. ex. le bava-
rois schonthierlein oxxschôndinglein, le danois
dcn kjùnne (pulchra), le vieux angl. fairy.
En Normandie, on dit roselet, en Lorraine,
moteile (du L. mustela),
BÉLIER; voici les étymologies diverses
mises en avant sur ce mot : balarius, de
balare, bêler (Grimm adopte cette étymologie) ;
— vellarius, le velu, de vellus, toison; —
bell, mot néerl. et angl. signifiant cloche
(cfr. belière), le bélier précé^Uuit le troupeau,
muni d'une clochette. Diez, rappelant les
expressions néerl. belham€l,&ng\. bellwcther,
fr. clocheman, et mouton à la sonnette, s'en
tient avec raison à la dernière. La fable donne
au bélier le nom de Bélin,
BÉLIÉRE, dérivé du mot bell, cloche, men-
tionné sous bélier,
bélître, BELISTRE*, gueux, mendiant,
homme de rien, d'où l'esp. belitre, port, biltre;
dér. it. belitrone, L'étymologie la plus rai-
sonnable, tout en restant suspecte, est celle
de Nicot, qui voit dans ce mot une transposi-
tion de l'aÙ. bcttler; d'où bleter, bliter, fran-
cisé par belitre. (On trouve dans des textes
officiels du commencement du xvi* siècle le
fém. blitresse, les subst. bliterie et blitreau.)
Pour l'intercalation de Vs, cp. besler p. bêler.
D'autres ont proposé L. balatro, farceur, vau-
lien, ballistarius, soldat qui servait les ba-
listes, blitum, herbe sans saveur, d'où, par
métaphore, homme stupide, enfin Velitrensis,
de Velitrse, ville des Volsques. Citons encore
l'explication de Atzler par L. benedictor ,
« celui qui vous comble de bénédictions » ; la
lettre s'y prête [beneïtre, benitre, belitre), et
pour le sens, Diez cite l'esp. pordiosero (men-
diant), dér. de la phrase por dios, pour
l'amour de Dieu !
BELLADONE, de Tit. bella donna, belle
dame. Les Italiens ont appelé ainsi cette
plante, parce qu'ib s'en servent pour faire du
fard.
BELLI6ÉRER (n'est guôi-e employé qu'au
pai-t. prés.), mot savant nouveau, formé de
hélium gcrci^e, faire la guerre.
BELLIQUEUX (mot nouveau), L. bellicosus
(bellum, guerre).
BELVÉDÈRE ou BELYEDER, mot italien,
qui se traduit en français par beativoir, beau-
regard, belletue.
BEMOL, de b mol; it. bimmolle. Voir là-
dessus les dictionnaires et les manuels de mu-
sique ; cfr. bécarre B est la deuxième note de
la gamme en la et la première qui se présente
pour être baissée d'un demi-ton ou amollie ;
le nom b mol s'est étendu à toutes les notes.
BÉNÉDICITÉ, mot latin (impératif de 6ent'-
dicere), sign. bénissez , rendez grâce. Le verbe
benedieere (d'où le subst. bededictio, fr. béné-
diction, vfr. benëiçon, benisson, angl. bcni-
son), it. benedire, s'est contracté en français en
benëir, puis bàiir, anc. aussi, par l'intro-
duction d'un t euphonique entre la sifflante c
et rr(cp. cognoistre, de cognosc*re), bene'istre,
benistre. On disait de même anciennement,
pour L. malcdicere, maleïr.
BÉNÉDICTIN, de Benedictus, forme latine
du fr. Benoit,
BÉNÉDICTION, voy. bénédicité,
BÉNÉFICE, L. beneficium, bienfait, avan-
tage, profit ; au moyen âge, ce mot était
appliqué à un bien tenu en vertu du bon
vouloir d'un seigneur. — D. bénéficiai, -iaire,
-ier ; verbe bénéficier.
BENET, BENEST', variante dialectale de
benoit.
BÉNÉVOLE, L. benevolus, bienveillant.
BÉNIN, anc. bening, fém. bénigjie, it. beni-
gno, du L. benignus; bénignité, L. beni-
gnitas.
BÉNIR, voy. bénédicité. Le participe baie-
dictus est devenu à la fois benéoit [ici régu-
lier, transformé en oit), d'où benoit (le circon-
flexe est sans raison), et beneît, contracté en
bénit, fém. bénite, La forme béni, -ie, est
faite en conformité de la coi\jugaison des
verbes en ir, mais contraire à l'étymologie.
— De bencdictaHum, terme de l'Eglise pour
vaisseau à eau bénite, s'est produit le fr.
bénitier, anciennement benoistiei', betiestier,
BÉNIT, BÉNITIER, voy. bénir,
BENJOIN, esp. benjui, it. belsuino, bel-
guino, de l'arabe louban djawi, encens java-
nais.
BENNE, hotte, variété de banne (v. c. m.).
BENOIT, voy. bénir. Propr. béni, puis par
ironie, ainsi que benêt (v. c. m.), dévot,
béat^ sot, niais.
BÈQUET, voy. bec.
BÉQUILLE, dérivé de bec (v. c. m.). 1. bâ-
ton recourbé, 2. instrument aratoire. Dans
ce dernier sens, peut-être un dimin. de bêche
(BL. becca). — D. béquillard, béquiller.
BERCAIL, voy. brebis.
BERCEAU, voy. bercei-.
BERCER, prov. bressar, anc. esp. brizar.
Selon Ménage et Chevallet, de versare (fréq.
de tei'tere)\ cela n'est pas soutenable. Diez
croit ce mot identique avec l'anc. verbe ber-
cer, bcrser, qui signifiait chasser à l'arc (ail.
birschen), dont |il puise l'étymologie dans le
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BER
— 53 —
liES
passage suivant d'une chronique italienne :
« Trabs fenrataquam berceUum appollabant « .
Ce mot bercellus désigne clairement la ma-
chine de guerre que l'on nomme ailleurs un
bélier, et peut, par conséquent, fort bien
dériver, ainsi que le verbe herser, transper-
cer, tuer, de herhex, gén. berbicis, mouton ;
berbicellus^ berhiciare se seraient contractés
en bercel, bercer. Quant à la signification
branler, agiter, elle proviendrait du mouve-
ment imprimé au bercellus. Comme analogie,
Diezcite le terme bas-latin offitatoHum, pour
berceau. — Le subst. bercel\ berceau, est la
francisation du bercellus traité ci-dessus. Au
lieu de eette forme diminutive berceau, nous
trouvons un grand nombre de fonnes radi-
cales ayant le même sens : vfr. bers, biers,
prov. bers, bres, bretz, cat. bres, picard et
norm. ber. A Bruxelles, nous entendons aussi
la berce. « Il est remarquable, dit Cachet,
que l'espagnol appelle breso, bleso, un lit
d'osier, et ({wc comble sa signifie concubine. »
Ce fait donne, en effet, à réfléchir sur la jus-
tesse de l'étymologie de Diez ; il pourrait bien
y avoir au fond du mot bers et berceau une
idée de claie, de treillage, de sorte que
berceau, dans le .«^ns de voûte en treil-
lage, charmille, ne serait pas une expres-
sion tirée de quelque ressemblance avec la
forme d'un lit d'enfant. Aussi bien Ducange
tire-t-il bei^ceau d»i BL. bersn, claie d'osier
dont on entourait les forêts de chasse.
BÉRET, BBRRBT, voy. barrette.
BERGAMOTE, du turc beg armôdi = poire
du seigneur.
1. BERCrE, bateau, voy. barque.
2. BERCrE, bord relevé d'une rivière, esp.
barga; mot prob. celtique : cymr. bargodi,
surplomber, bargod, bord, gouttière.
BERGER, voy. brebis. — D. bergerie ^ et les
noms d'oiseaux bergère, bergerette (v. c. m.),
bergeromiette (qui habitent avec les bergers).
BERGERETTE, 1. petite bergh-e; 2. =
bergeronnette; 3. anc. fr., chant de berger
qui se chantait le jour de Pâques en certaines
contrées ; de là : 4. bois.son composée de vin
et de miel, dont on faisait usage quand on
chantait la bergerette.
BERGERON, forme extensive do berger, do
là : bergeronnette, pr. la petite bergère, l'oi-
seau qui vit dans les prés, en compagnie des
troupeaux (cp. bouvreuil ^ le petit bouvier).
BERIL. voy. beiyl,
BERLINE, carrosse inventé à Berlin. —
D. berlingot.
BERLOQUS, voy. breloque.
BERLUE est le même mot que le vfr. bellu-
giie et^vov. béluga, qui signi fie étincelle et
dont le diminutif est beluette (patois norm.
aussi berluette), aiyourd'hui contracté en
bluette. L'un et l'autre sont composés du L.
lux, lumière, et de la particule péjorative bis,
bes, ber, dont nous avons parlé sous barlong;
le sens foncier est fausse lueur. Cfr. un mot
de signification analogue : l'it. barlume,
faible clarté, Tesp. vislumbre(de bis et lumen).
Remarquez encore les mots du dialecte de
Berry éherluette •=■ berlue, et éberluter,
éblouir. Quant au prov. béluga, pour bes-
luga, bellugue, il est de formation analogue
à l'ancien belloi, pour besloi, mauvaise loi,
injustice.
BERME, terme de fortification, bord; du
nécrl. brème, ail. brame, angl. brim, bord;
cfr. le flam. bei'm (Kiliaen), digue. L'ail.
berme est tiré du français.
1. BERNE, t. de marine, d'origine incon-
nue. L'it. dit derno.
2. BERNE, subst. verbal de berner.
BERNER, faire sauter qqn. en l'air dans
une couverture; du vfr. berne, manteau
d'étofle grossière, que les Latins appelaient
sagum (de là sagoXio, le jeu de berner) et qui
seiTait à berner. Quant à berne, it., esp. b&r-
nia, il vient, selon Nicot, do Hibemia, pays
d'où l'on tirait l'étoffe.
BERNIQUE, interjection dont l'origine nous
est incx)nnue. Est-ce le ber péjoratif -j-w^^we^
Quelques-uns y ont vu une altération de l'ail.
aber nicht, mais non î Littré rappelle l'anc.
locution M envoyer qqn. au berniquet «, le
ruiner, et conjecture que berniquet se trou-
vant avec le sens de coKve à mottre le son, le
primitif bernique a pu signifier son, une
chose do rien. Or, bernique serait pour breni-
qiœ et viendrait de bran, bren, son.
6ERTAUDER, voy. bretauder.
BÉRTL, aigue-marine, vfr. bericle, du L.
beryllusl^/.pvAÏo;). \oy. aussi besicles,
BESACE, it. bisaccia, e.sp. bisaza, du L.
bisaccium. plur. bisaccia (Pétrone), pr. sac à
deux poches. Le mot raasc. bissac, piém.
bersac, répond à un type latin bisaccus.
BESAIGRE, composé de la particule péjo-
rative bis, bes (voy. barlong) et de o^er =
aigre.
BESAIGUË . = doublement (bis) aiguë, c . -à-d.
à deux taillants.
BESANT. it. bisante, esp., port, besante,
prov. bes an, BL. bg s an tins, bysantus, mon-
naie de Bysance. — D. besanté, t. de blason.
BESAS. Voy. le mot suiv.
BESET, altération, dit-on, de besas, qui dit
la même chose et qui est =^ bis -\- assis. Je
préfère y voir l'adv. lat. bis muni du suffixe
et, comme dans besson, jumeau, le môme bis
avec la terminaison on.
BESICLES; l'éty m. par bis-cyclus, à deux
ronds, est aussi fausse que celle de bis-circuli
ou de his-oculi; d'après Ménage, le mot n'est
qu'une modification de l'anc. bericle (wall.
berik), qui, lui, représente une transforma-
tion de beryllus, signifiant au moyen âge lu-
nette, et que représenta également l'ail, brille,
Poiir s = r, cfr. chaiw p. chaire.
BESOGNE est la forme féminine de besoin,
besoing* (cfr. prov. besonh et hesonha); ce sont
des composés de soin, dans le sens duquel
aussi les acceptions des deux formes se con-
fondent. La vieille langue possédait (mi outre
du même radical : essoigne, exoine, n<vcssité,
difficulté, embarras, empêchement, excise en
justice (d'où le verbe essoigiier) et ensoignier^
I occuper, resoignier, craindre. Dès le moyen
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BÉV
— 54 —
BIG
âge le plus reculé on rencontre les mots BL.
sunnis, sunnia, sonia, avec le sens d'empê-
chement légal ; de là l'idée de s'arrêter à une
affaire difficile, de soin. Grimm tient simnis
pour un mot tudesque, identique avec le nord,
^yn, abnegatio, et rapproche de celui-ci le
goth. simja^ vérité, et siinjôn, justifier, puis
le vieux saxon 5 wnnea, justification, nécessité,
«mpèchement. Cependant, le préfixe ô«, que
les formes orthographiques de besoin, pas plus
que le sens, ne permettent d'envisager comme
la fameuse particule péjorative bis (voy. bar-
long, berliœ, besaigre), fait préférer l'étymolo-
gie bi'Siunigi, mot vha. qui signifie scrupulo-
^itas, et dont se laisse fort bien inférer bisiuni,
qui serait définitivement le type do besoin.
Ducange propose comme original de soin le
latin somnium, ayant trouvé dans un ancien
glossaire : somnium fpovrli^ mais ni la forme
ni ridée no permettant de le suivre. Impos-
sible aussi de rattacher le néerl. bezig, occupé,
à besoin et besogne. Disons finalement que les
mots soin, besoin et besogne ne sont pas encore
tirés au clair, malgré les efforts des savants.
— D. besoigneitx ; besogner (autrefois ce verbe
-équivalait à être nécessaire).
BESOIN, voy. l'article précdent.
BBSSON, jumeau, BL. bisso, voy. beset,
BÉTAIL, voy. bête.
BÊTE, BESTE", L. bestia,^ D. bêtise, abêtir,
embêter ; sans doute aussi le terme populaire
bêta. — Bestialis, bestial; bestialitas, bestia-
lité; bestiarius, bestiaire; bestiola, bestiole. —
Bétail, p. bestail, et leplur. bestiaux, viennent
du BL. bestiale. Le sens collectif était exprimé
autrefois par la forme fém. bestaille, qui ré-
pond au plur. neutre bestialia (cp. aumaille),
BIITOIKE, de bettonica, variété du L. vetto-
nica, que Pline, xxv, 8, dit être d'origine
gauloise. On trouve aussi dans les auteurs la
forme vétoine.
BETON, sorte de mortier, anc. betun, gra-
vois, boue, fange. Etymologie incertaine.
Betun pourrait s'expliquer par bitume:n (prov.
betum), si le sens s'y prêtait davantage. Littré
le rapproche de l'anc. verbe beter, durcir, se
cailler, dont l'origine n'est pas sûrement
établie (d'après Diez, de l'ags. bœten, ail. bei-
jten, faire mordre, corroder, mortifier).
BIITON, au sens de « lait trouble qui se
trouve dans les mamelles au moment de
l'accouchement »»; peut-être, selon Bugge
(Rom. III, 145), un dérivé du vhA.piost, ail.
mod. biest (colostra, np^ard'/xlcr). Cotte etymo-
logie, phonétiquement correcte, supposé une
forme antérieure beston .
BETTE, L. beta; cps. betterave, L. beta
râpa.
BEïïCrLER, vfr. biigler, mugir comme un
bœuf, du L. i?îœul us, jeuno taureau ; ce même
primitif a aussi fourni le vfr. bougie, bœuf.
BEURRE, du L. butyrum (gr. ^îovrvpov).
L'allemand butter, néerl. boter, comme l'it. bu-
tiro, contracté burro, sont de la même source.
BÉVUE, composé de bes =» mal (voy. sous
barlong) et vue.
BÉZOARD, it. belzuar, port, bezuar; du
persan pàdzahr, composé àQpàd, qui chasse,
et sahr^ zahir, poison. En arabe bàdizahr,
bàzahr.
BIAIS, proT., esp. de Valence et catalan,
biax, angl. bias, sarde biasciu, it. (avec
un s prépositif) sbiesco (Naples sbiaso). Par
syncope, du L. bifax. Isidore, gloss. : bifax
duos habens obtutus, donc = « à deux vues,
louche »; comparez esp. bis-qjo à deux yeux,
louche. Papias donne la même définition « à
deux vues »» à ra<y. bifacius ; aussi trouve-t-on
dans la latinité du moyen âge bi fades (subst.)
avec la signification de dissimulation. De bifax
(bis-fax = bis-oculus) s'est produit bifais et
en dernier lieu biais (pour la syncope de f,
cfr. prov. reusar de refuser, preon de pro-
fundus). Biais a donc pour acception primi-
tive celle de louche, d'où celle d'obliquité.
L'it. bieco, louche, de travers, n'est cependant
pas le correspondant du fr. biais, si l'étymo-
logie donnée ci-dessus d'après l'opinion de
Diez est juste; bieco vient, selon Diez, par
aphérèse du L. obliquas, — D. biaiser.
BIBELOT, variété de bimbelot.
BIBERON, qui aime à boire, forme exten-
sive de L. bibo, bibonis, buveur. — Le même
mot s'est appliqué au bec d'un vase et aux
appareils destinés à faire boire les malades ou
les enfants. — J'ai relevé dans mon OUa Pa-
tella la glose bibilo, fr. biberon au sens de
« culex nascens in vino « (dans Isidore : Hbio).
Cp. vfr. bibet, moucheron.
BIBLE, du pluriel L. biblia (^f«)i«, les
livres). — D. biblique, L. biblicus. Termes
formés avec le mot grec /SfSiiov, livre :
1 . Bibliographe, qui décrit les livres ; en
grec cependant, ^tSlioypayo^ signifiait qui
écrit des livres.
2. Bibliophile, qui aime les livres.
3. BiBLiOMANE, qui raffolo des livres
(,ax£vii^at).
4. Bibliothèque, ^»S)io&>jxiî, dépôt de livres.
BIBUS dans chose de bibus, chose de rien,
sans valeur. Prob. un terme de fantaisie créé
par l'humour de quelque moine sur la base
du vfr. bibaille, petit don fait pour boire
[bibere).
1. BICHE, femelle du cei*f, \'fr. bisse, yfi^Vi.
bih, n. prov. bicho, piém. becia; c'est, selon
quelques-uns, le même mot que bique(y. c. m.);
selon d'autres, du L. ibex, bouc, chamois (vfr.
ibiche). La deuxième etymologie est plus
acceptable, bien que douteuse. — D. bichette.
2. BICHE *, petite chienne, de l'ags. bicce,
angl. bitch, nord, bikkia, ail. betze, Frisch
supposait une mutilation ; le mot complet
serait, selon lui, barbiche, d'où babiche, biche
(cfr. barbet). — D. bichon.
3. BICHE, t. de blason, variété de bisse.
BICHON, voy. biche 2. — D. bichonner.
BICOQUE, it. bicocca. Ce mot vient, disent
les dictionnaires, d'une place du duché de
Milan «« qui était une simple maison de gen-
tilhomme, entourée de fossés, et dans laquelle
les Impériaux, s'étant postés en 1522, sou-
tinrent l'assaut de l'armée française comman-
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BIE
— 55 —
BIG
dée par le seigneur de Lautrec. Cette bataille
s'appelle la journée de la Bicoque. *» L'étymo-
logiste no s'accommodera guère de cette expli-
cation historico-géographique. Il s'agit plutôt
de trouver sérieusement l'origine de tout un
ensemble de mots romans, réunis par Diez,
savoir : it. bicocca (aussi bicciocca, bicicocca)^
échauguette ou petit castel sur une hauteur,
vénit. bicoca^ maison caduque, sarde bicocca^
petite maison, escalier à deux paliers, terrasse,
îomb. bicocca, toumette, guindre, esp. bicoca,
guérite en pieiTc, chambrett«, place mal for-
tifiée ; enfin fr. bicoque, 1 . place mal fortifiée,
2. maison chétive ; masc. bicoq, pied-de-chèvre
(machine) ; verbe Iomb. bicocà, balancer. Rap-
pelons encore l'esp. bicoqiwte, bonnet de
paysan, bicoquin, bonnet à deux bouts, piém.
bicochin, bonnet de prêtre, fr. bicoquet, espèce
de chaperon. Pour beaucoup de ces termes,
une explication par bis (marquant ce qui est
double et ce qui est mauvais) -f- cocca, coque
(coquille, au figuré = cabane, maisonnette,
chaperon) parait assez satisfaisante.
BIDET, cheval de petite taille. La racine
est celtique; gaél. bideack, menu, bidein,
petite cp^ature, cfr. cymr. bidan, homme
faible, bidogan, petite arme.
BIDON, peut-être de la même famille que
bedon t tambour, vaisseau bombé, ventru. —
D'après Bugge (Rom., III, 145), il parait être
emprunté aux langues du Nord; l'isl. a bydha,
vase rétréci par le haut ; les dialectes norvé-
giens ont bide y baratte, bidne, broc.
BŒP, voy. biez.
BIEN, adv., du L. bene. La forme adver-
biale s'est substantivéo dans le bien, rendant
le neutre latin bonicm. Cp. en it. subst. ben,
plur. béni (Dante). Composés avec cet ad-
verbe : bien-être (cp. ail. wohhcin), bien-
faire*, bienfaisant, -ance (du L. benefacere);
bienfait, L. benefactum; bienfaiteur, L. be-
nefactor; bienheureux, bienséant, bietitôt,
bienveillant (cette forme veillant = voulant,
est remarquable ; c'est ou une corruption de
l'ancienne forme vœillant voillant ou un sou-
venir de l'infinitif latin velle) ; bienvenu, bien-
venue (de boicvenîre l'ancienne langue avait
fait un verbe actif bienveigner »=■ bien accueil-
lir ; nous avons con.servé ce sens actif à bien-
venir dans se faire bienvenir).
BIENNAL, L. biennalis (de biennium, pé-
riode de deux ans, rac. annus),
1 . BIÈRE, boisson, it. birra, du mha. Mer,
On rencontre ce mot sous difl^ârentos formes
dans les idiomes germaniques et celtiques.
2. BIÈRE, civière, cercueil, voy. bard.
BliVRE, castor, angl. beaver, ail. biber,
néerl. bever, it. bibaro, esp. bibero, bevaro,
lith. bebrus. Le L.&fiber, mais unescolie do
Juvénal présente l'a^. bebrinus. — La muta-
tion de ï en ie est correcte, observe Fœrster ;
elle est amenée par la labiale suivante, comme
dans genièvre de junîperum, antiefne, an-
tienne, de atUîphona{f^\\^Qt, p. 346).
BIEZ ou bief, BL. bedium, vfr. bied, breton
béj; de l'angl. bed, aU. bett, lit.
BIFFER, d'origine inconnue; prob. d'un
subst. biffe, signifiant raie (l'ancien français
avait nnmot biffe, signifiant une étoffe rayée).
— C. débiffer,
BIFTECK, gâté de l'angl. beef-steah, tranche
de bœuf.
BIFURQUER, de l'ac^. L. bifurcus (bis,
fiirca).
BIGAME, L. bigamus (St. Jér.), deux fois
marié (mot hybride formé du L. bis et du
grec y«/AJw, se marier). — D, bigamie,
BIGARRER; selon Ménage, du L. bis-va-
riare (pour v devenu g, cfr. giron) ; d'après
Diez, un adoucissement de bicarrer, com-
posé de bis (voy, barlong) et carrer, échique-
ter. Littré rappelle en faveur de l'étym. de
Ménage les termes berrichons gare, gariau,
etc. = de couleur variée. — D. bigarrure,
bigarreau, bigarade, sorte d'oiunge (?).
BIGLE, anc. bide, louche. Ce mot est-il a>
it. bieco (qui vient de obliquus) pai* transpo-
sition de /; ou (cp. esp. bisojo) contracté de
bis oculus (bisigle, bisgle, bigle)^ Diez «lonne
la préférence à la dernière supposition, en
citant le mot bornicle, borgne, du dialecte du
Jura. — D. bigler.
BIGNE, tumeur, patois beugne, voy. bei-
gnet,
BIGORNE, p. bicorne, L. bicornis; enclume
à deux cornes ou pointes.
BIGOT, terme ii\jurieux appliqué en pre-
mier lieu, dit-on, aux Normands. L'explica-
tion et l'occasion do cette injure sont exposées
dans Ducange, qui, sous le mot Bigothi, rap-
porte le passage d'une chronique d'après
lequel le duc Rollon se serait refusé à baiser
le pied du roi Charles, en disant en anglais :
« Ne se W God » pâmais par Dieu). Cette anec-
dote, observe Diez, peut avoir été inventée
pour expliquer le terme, bien qu'elle ne soit
pas invraisemblable on elle-même. On peut
admettre que les Normands, se servant sou-
vent de ce juron, l'aient reçu pour sobriquet.
Si god, dit encore Diez, ne s'est pas trans-
formé en goi, comme dans les jurons vfr.
vertu-goi, prov. mod. tron [de goi, cela peut
tenir à l'influence du synonyme cagot. Fran-
cisque Michel a proposé Visigothus, D'autres
voient dans bigot, it. bigotto, une forme se
rattachant à Beguini, Beghardi, BegiUtae,
noms de sectes religieuses aspirant à une vie
de dévotion et portant l'habit gris des francis-
cains (voy. béguine), et Wedgwood n'hésite
pas (évidemment à tort) à déduire toutes ces
dénominations, auxquelles il ajoute Bizzoechi,
Bizoccari, à l'acyectif it. bigio, vénit. bizo
(voy. le mot bis), gris. Quoi qu'il en soit, le
sens que nous attachons à bigot ne date pas
d'avant le xvi« siècle. Pour décider la ques-
tion de l'origine du mot, il faudra, observe
Diez, s'occuper en même temps de l'espagnol
bigote, moustache (de là le vfr. bigotere ou
bigotelle, pièce d'étoffe pour retenir la mous-
tache en état, et l'expression espagnole hombre
de bigote, homme d'un caractère ferme et
sévère), en outre de l'it. sbigottire, faire per-
dre courage, et du vfr. bigoter, irriter. Aussi
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BIL
56 —
BIQ
Langensiepen rattache-t-il liardiment tous ces
vocables au L. obîiqiais {ô!oii Vit, bieco et bico,
de travers, loucbe) ; il prend donc bigot pour
obliquottiiSy en lui donnant le sens métapho-
rique de faux dévot ; Fit. sbigottire est expli-
qué de la même manière par faire aller de
travers, faire perdre contenance, et enfin
bigote, moustache, par barbe transversale. Il
pense que le mot bigot a pris naissance soit en
Italie, soit en Espagne, mais non pas en
France. Nous tenons cette explication pour
peu plausible. — Littré incline pour Vm-
goth ; cette étymologie permet de voir dans
bigot à la fois un terme de mépris et un terme
d'éloge, avant pu, selon le point de vue, expri-
mer ou un homme méchant ou un homme
brave et courageux ; le changement du r en b,
toujours difficile en français, a pu se faire
dans les autres langues romanes, qui le com-
portent davantage.
BIGRE, jurement adouci de bougre.
BIJOU est expliqué par un type bijociis,
tiré de bis-jocare ; ce serait quelque chose de
taillé et de brillant de deux côtés, à deux fa-
cettes. Chevallet, approuvé par Diez, dérive le
mot du celtique : breton bizou, bézou, bague,
de biz, doigt. Langensiepen propose un ori-
ginal bijugus, à deux dos, à deux faces. — D.
bijoutier.
BILAN, L. biJanXf voy. balance.
BILBOQUET, de bille -\-boquet, petit bojs?
voy. bois. Frisch : de bille -\- bocca, bouche,
trou. Selon d'autres : de bille -\- bocquet, fer
de lance.
BILE, L. bilis; bilieux, L. biliosus.
BILL, mot anglais, mais d'origine française
et représentant fr. bille*, primitif de billet,
BILLARD, d'abord bâton recourbé pour
pousser des boules, puis queue de billard,
puis la table sur laquelle on pousse des boules
avec le billard ; le mot ne vient donc pas do
bille, boule, mais de bille, pièce de bois.
1. BILLE, boule, it. biglia, esp. billa,
d'après Diez prob. du mha. bickel, osselet,
néerl. bikkel ; d'après Littré, il y aurait assi-
milation entre bille, bâtonnet,et bulle, boule.
2. BILLE, pièce de bois, tronc, branche,
anc. aussi quille ; du celtique : irl. bille, bret.
bill, pill, gAël.pill, tronc d'arbre. — D. bil-
lot; billon, sarment; verbe biller.
BILLEBARRER, barrer avec des billes [bille
dans le sens de bâton), cp. le terme bétonner.
BILLEBAUDE, désordre, confusion; de bille,
boule, et bande, hardie, folle (voy. baudet) ?
Le terme se rapporterait d'abord au jeu de
quilles ou de billard. D'après Littré : belle
hardiesse [baude pris substantivement).
BILLET, pour bullet, it. bolletta, bulletta,
propr. petit papier muni d'un sceau. C'est le
diminutif de bille p. bulle, cédule (v. c. m.).
Pour l'altération de buUet en billet, cp. bigne,
de btigne. — D. billette (v. c. m.) bilîeter,
étiqueter.
1. BILLETTE, vfr. bulleite, petit écriteau,
forme fém. de billet.
2. BILLETTE, bois de chauffage ; en t. de
blason, figure en forme de carré long, dim^
de bille 2.
BILLEVESÉE; selon Leduchat : de bille
(boule) et vesée (soufflée), cp. veze, pleine de
vent, dans Rabelais ; d'après Littré : = belle
vessie, chose de vent, chose de rien.
BILLION, " mot formé sur le modèle de mil-
lion, avec bi pour bis, le degré au-dessus de
million » (Littré).
BILLON, it. biglione, esp. vellon, BL. billio.
Les étymologies ne font pas défaut. Covarru-
vias fait venir billon et vellon du L. velhts,
toison, parce que les Romains marquaient
anciennement leur monnaie do cuivre de la
figure d'une brebis, Antoine Nebrissensis. au
lieu de vellon, écrit villon, qu'il dérive de
vilis. Ménage propose bulla, conformément à
l'avis de Scaliger, qui, à propos du moy.-grec
^oullfarôpiov = cuneus monetae, s'exprime
ainsi : « bulla enim est diploma regium; ita
quoque dicta est monotae matrix; quia regiam
habcat effigiem. tt Btllon serait ainsi, comme
billet et bulletin, un rejeton do bulla, fr. bulle
(v c. m.). Voici, d'après Littré, la série des
.sens de ce mot : Le sens primitif est lingot,
soit d'or, soit d'argent (or et argent en bille
opposé à celui en plate); puis lieu où l'on fait
des billons, où l'on fabrique la monnaie; en
troisième lieu, monnaie bonne ou mauvaise
qu'on porte au billon, à l'hôtel des monnaies
pour y être refondue ; en quatrième lieu, mau-
vaise monnaie, cuivre avec alliage d'argent,
et même cuivre seulement. »» Littré fait ainsi
venir billon de bille, pièce de bois allongée
(cp. billette). Pour la forme angl. bullion, il
n'y voit qu'une altération du mot français.
BILLOT, voy. bille 2.
BDfBELOT, aussi bibelot, jouet d'enfants,
propr. poupée ; de la même racine bimb ou
bamb qui a donné bambin, anc, ital. bimbo,
enfant, poupée. — Dans ma lexicographie la-
tine du XII® et XIII® siècle (p. 135) j'ai consigné
L. recj«/a (petite chose) glosé par fr. benbeloz.
BINAIRE, L. binarius. '
BINARD, chariot ayant les deux paires de
roues d'égale hauteur, de L. binus double.
BINER, donner un second labour, du L. bi-
nus. — D. bi)iette; binot, charrue,
BINET, petite bobèche ; peut-être de binus,
le binet étant envisagé comme un deuxième
chandelier.
BINOCLE, de L. binioculi, deux yeux, donc
lunette double. C'est un mot inventé en même
temps que la chose.
BINOME, terme scientifique, composé de L.
bis et du gr. vofi/i, division. Le circonflexe
est sans raison.
BIOGRAPHE, mot nouveau, de ;9fo;, vie, et
ypkfHv, écrire. — D. bioginphie.
BIPÈDE, L. bipes, -edis, à deux pieds.
BIQUE, chèvre, correspond à Fit. becco,houc
On trouve déjà sur une inscription romaine
le mot becco, accompagnant la figure d'un
bouc. Ce mot doit être d'origine différente que
bouc. Cfr. dans les patois : beqtd = chevreau
(Jura), bequot, id (Champagne), bequeriau.
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BIS
— 57 —
BIS
&gneau Hainant. ^A^tm/, btHier,NoiT.»and:e ,
— D. biquftf 1. dimin. de bique, :?. t^j^èce
de trébncbet, cp. ch^cr^, cherroji.
BIRIBT, nom d'un jeu, de Ht, l*inbisso,
m. s., dont j'ignore Tongine.
BIROUGHETTE. voy. br^jurtu.
1. BIS, adverbe Uinn. sign. deux fois. Env
ployé comme préfixe dan-i hisaintl^ fri>aH.nW,
biscot'tiH, bt'scititeU avec reîranehemem de 1>,
dans biffftrne, bif>h.^t\ etc. StMis la fom^e plus
française bes, bf, nous tn^ivons le mot dans
les composés besacr et besaiçtu'. Pimr la va-
leur toute s|*éciale, c.-à-<l pôjoraiivo ou d*'^
prêciative de ce préfixe et ses ahénitions en
6t'^, bê, 6tT, bre, bar, voj. sons barl'^iu;. —
D. bisser^ t. d.^ théâtre.
2. BIS. de couleur grise, noiràrre, prov.
bis, it. biffio. Isaac \\>ss d'^rive è*>d\in adj. liv-
pothétique bi/ssetts, de couleur coton. Outre
que les noms des ci>u leurs s^-^nt sujets aux
variations de sens les plu:^ diverses, tvtte éty-
mologie gagne en probabilité de ce que le gr.
^<tT7'>i sigTiifie aussi la s^^ic brune de la pinna
marina, et de ce que le portugais pi^^nte
pour ^i> la forme btt^io. Le double s simpli-
fié ne fait pas difficulté, cp. fr. misr du L.
missa. Toutefois, Diez se prononce en faveur
de létymologie bojéibt/ritts de coton', mot qui
existe et dont la première syllabe a été retran-
chée comme dans basin. — Le mot fr. bist\
vent du nord len vfr. aussi = conti>ét^ septen-
trionale\ pourrait être considéré ct^mme un
dérivé de la^j. bis, puisque en latin aussi
nord et sombre ou noir sont synonvmes,
comme le prouvent aquilo, vent du nord, et
aquiJus, brun, noiràtix*; cependant ce mot
bise parait être plutôt d'origine germanique,
et venir de bisa, pisa, vent orageux, que l'on
trouve dans les plus ancien^ monuments du
haut allemand (cfr. le suisse-ail. bise qX bcis-
iTMif/, vent du nord*. A Corne, le mot biss,
sombre, s'applique particul. au temps cou-
vert. — Enfin, peut-on se demander, le nom
de couleur viendrait-il du nom du vent? Tout
cela est difficile à débrouiller. — L'esp. dit
pan bazo pour pain bis; Mahn tient ce mot
ba20 pour identique avec le basque basa,
besa, noir, auquel il rattache également Tit.
bigio et le fr. bis, tandis que Diez rattache
baso à bombacius, variété de bombyceus.
Ménage avait proposé piceiis (de pix, poix).
— D. de l'a^j. bis : biser, noircir (en parlant
des blés céréales); bisaille, farine employée
pour le pain bis ; biset, pigeon sativage de
couleur bise ; bisette (v. c, m.) ; bisowie, sorte
de toile grise.
BISAILLE, voy. bis.
BISBILLE, de'lït. bisbiglio, bruit sourd et
confus.
BISCORNU, du L. bis comiUus, à deux
cornes ; puis, bis revêtant son sens péjoratif.
==• qui a une forme irrégulière, baroque.
BISCOTTE, voy. biscuit.
BISCUIT, vfr. becuit (Joinville), it. biscotto,
esp. biscocko, du L,bis coctus, deux fois cuit.
Les mots français biscotte et biscotin (BL.
biscnttiiiit sont tirés dîrocren^trnt de la forme
italienne.
BISE, vent du nord, Vv^v. lis, ^r\<^.
BISEàU, esp. bisei, K^rd taillé obli.iuc-
ment, angl. b^scl, chaton d ;ine bague, h'i.<il
= fr. bist\in. On fait dt^rivor ce nK>t du L.
bis, sans bien s en rend:v tvmpte. Diez rap-
pelle à cet effet les mots fr. htais - v. c. m. et
esp. bisiijo (fr. bit;Jt\ dr.n> Ks^juels TidtV de
bis toiinie en colle do îi-avei'^, oblique. —
Biseau ne serait-il j\as di-nvé dr L. bis comme
signifiant bordure à df'X facenes tailUvs
obliquement, en talus? Ou, comme Tindique
Littré, de biseih'ttm, traduction de c irea,
dièdre. — D. biseauter, efnW'er.
BISET, voy. bis.
BISETrE, dentelle de Ki< prix, de bis, gris;
cp. it. biffieUo, et le fr. (/n\<ctte. Cp. aus<i
blonde, dentelle de sc>ie.
BISMUTH, ail, bissutith or tcissmuth, dan,
bismut. Origine inconniio.
BISON, boeuf sauvage. L. bison i:j4iv\
BISONNE, voy. bis 2.
BISQUE; ce mot reste oWur soit dans le
sens de potage, soit coiuîp.o terme du jeu de
paume. On dit en it. bisca, p. jeu, trii>ot.
BISQUER; éprouver du dépit ; on indique
nord, bt^k, v. angl. baish, aign>; ou le mot
viendrait-il de bisque, conv.ne terme du jeu de
paume, avec le sens d'aoïvpter la bisque,
savouer plus faible? Ainï>oi'e |>ensait  lit.
bissa, colère; il faudrait pi>ur cela un intoi^
médiaii'e bissicave. Le prov. a biscar, que
les étymologistes expli«niont jv^r semï>ortor
ou s'impatienter comme la ohôviv bisca\
BISSAC, voy. besace.
BISSE, t. de blason, couleuvre, it. biseiu;
d après Diez, d'un subst. fiotif vha. biso, bête
mordante; cp. dans les dial. lombards bisia,
besia, piquer, bisieil, aiguillon d'abeille,
norm. beser, être piqué.
BISSSCTION, section en doux, du L. bis +
seetio.
BISSER, faire rt^péîer un moiveau, du
L. bis, deux fois.
BISSEXTE, jour intercalé après le 24 (ô-
vrier, qui était le 6 des calendes de Mars, do
sorte qu'il y avait deux sixièmes [bis sejr:us\
adj. bissextile, L, bissejctilis^ qui contient un
jour bissexte. De bissextus, jour réputé mal-
heuix»ux déjà par les Romains, vient, par cor-
ruption, l'ancien mot bissétre, bissesit^ ^
malheur.
BISTOURI, vfr. bistorie, couteau, poignard.
On a en BL. bastoria, gourdin, massue, à\\
même radical que b<Uon; mais l'identité do
ce mot avec bistoitrie reste problémiitiquo.
Elle est en tout cas moins improbable que los
étymologies bis-toHiiosus ou pistoriensis (do
la ville de Pistoie). que l'on a sérieusement
mises en avant.
RISTOURNER, BBSTOURNER*, mal tour-
ner, déformer, do bis, mal (voy. barlonp) -|-
toumer.
BISTRE, suie cuite et détrempée, ail. bies-
ter. Beaucoup de dictionnaires rapportent ce
mot à bis^ mais cette presque unanimité d'opi-
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BLÂ
— 58 —
BLA
nion ne nous convainc pas sur l'exactitude
de ce rapport. — D. bistrer.
BITARDE» BISTARDE, voy. outarde,
BITORD, espèce de cordage, du L. ^ tor-
tus, tordu deux fois.
BITTE, pièce de bois, pieu, it. bitta; du
nord, biti, poutre transversale, angl. bit;
gloses d*Erfùrt > bitus, lignum quo vincti
flagellantur.
BITUME, prov. betum, esp. betitn, du L.
biti('me7if m. s.
BIVÂG ou BIVOÏÏÂG, do l'ail, bivoacht ou
beiwacht^ garde accessoire et extraordinaire
[bei, auprès, toacht, garde). — D. bitaquer
ou bivouaquer.
BIZARRE, drôle, capricieux, it. bisarro,
colère, vif, entêté, drôle, esp. et port, bizay^o,
chevaleresque, magnanime. Il est difficile
d'expliquer soit l'origine, soit le rapport ré-
ciproque de ces mots. Le subst. bizsa, colère,
parait avoir été déduit de l'adjectif. La langue
basque possède l'adj. bizarro avec le même
sens que l'esp., et en outre le mot bizarra,
avec l'acception barbe. Mabn établit ainsi la
filiation des sens, en partant de barbe : barbu,
viril, brave, cmirageux, violent, vif, etc. On
disait autrefois bigearre; la satire Ménippée
a se bigearrer p. se disputer.
BLAGBOULER, néologisme, imité de Tangl.
blackbail, rejeter au vote par une boule (angl.
bail) noire (angl. black).
BLAFARD, selon Diez, du vha. bleih-faro,
de couleur pâle. Le d serait ajouté comme
dans homard, bard, etc., pour obtenir une
forme plus française. — Le mot n'apparais-
sant pas avant le xiv® siècle, Storm (Rom. V,
168) en conclut qu'il n'est pas germanique;
il y voit une altération de blavard et le tire
du prov. blau, blava, livide. Pour v devenu /",
cp. toutefois de toutevoies, it. schifare •= fr. es-
quiver, — Anciennement, le mot s'appliquait
aussi à la mollesse de caractère.
BLAGUE, vessie ou petit sachet de toile ou
de peau ; de là blague^', hâbler, faire des contes
ou des blagues. Pour le rapport d'idée entre
•< chose vaine » et " chose enflée »» , comparez
boursoufler, billevesée et autres expressions
analogues. Blaguer peut, du reste, aussi bien
n'être qu'une modification de braguer (v. c.
m.), cp. flairer p. frairer. Le substantif
blague, s'il ne vient pas du celtique (gaël.
blagh, souffler), pourrait être une métathèse
de l'ail, balg, dont le sens premier est outre,
soufflet, et qui vient d'un verbe belgan, s'en-
fler. Il y a également affinité enti-e ce balg
germanique et le mot gaulois-latin bulga,
bourse, fr. bouge,
BLAIREAU, BLÉREAU*, accuse un type
\dX\Tibladarellus, diminut. de bladarius, mar-
chand de blé, vfr. blaier, dér. de bladum,
blé ; le blaireau a été dénommé ainsi comme
voleur de blé, destructeur des campagnes;
par la même raison, cet animal s'appelle bad-
ger chez les Anglais, mot gâté de bladger ==
bladarius. Cette étymologie suffit à toutes les
exigences. Aussi Diez repousse-t-il celle éta-
blie par Diefeubach, d'après laquelle blaireau
viendrait de l'acy. cymrique blawr, gris de fer
(cfr. en anglais gray, qui signifie à la fois
gris et taissmt, et le pic. grisard, qui est
aussi le nom du blaireau dans le Renard); non
seulement il n'existe pas de trace d'un adjec-
tif fr. blair, mais encore l'équation cymr. aïo
«3 fr. ai est contre l'analogie. Saumaise, peu
scrupuleux, admettait l'identité de blérel ' et
de L. glirellus, petit loir, parce que l'un et
l'autre de ces animaux s'engraissent en dor-
mant. Guyet songeait à un original melarellus,
formé de melis ou mêles, martre. Nous citons
ces étymologies pour mémoire, ainsi que l'opi-
nion de Littré (Journal des Savants, 1855),
qui pensait à un rapport d'origine entre blai-
reau et bêle', primitf de belette, (Depuis lors,
le savant et consciencieux auteur du Dict. de
la langue fr. s'est rangé à l'opinion de Diez.)
Une autre dénomination anglaise du blaireau,
bawstn, que Mûller croit identique avec fr.
bauçant (voy. balzan) et qu'il rapporte à la
barre blanche sur le visage du mammifère, lui
suggère le soupçon que badger pourrait bien
venir de badge, signe, et blaireau du néerl.
blaere « vacca nigra, sed fronte albo »» (Ki-
liaen). — L'étym. « marchand de blé « est
appuyée (Rom., VIII, 436) par Wedgwood
sur les traditions populaires anglaises, et ap-
prouvée par G. Paris.
BLAIRIE, droit perçu par le seigneur (sei-
gneur blayer) pour la permission de faire
paitre sur les terres et prés dépouillés ou
dans le» bois non clos ; BL. bladaria, de bla-
dum, blé.
BLAMER, BLASMER*, it. biasimare, du
lat. ecclésiastique blasfemare (gr. ^Xx'r^/ifitlv),
qui au moyen âge avait pris l'acception de
vituperare, damnare, culpare. L'original s'est
conservé intact dans le terme savant blasphé-
mer. Le subst. blasfemia a, par un change-
ment remarquable de Vf en t, produit aussi le
vfr. blastenge, prov. blastenh, it. biastemmia
[diussibestemmia), — D. blâme, prov. blasme,
it. biasimo, biasm^,
BLANC, it. bianco, esp. blanco, prov. blanc,
— Le mot vient incontestablement du vha.
blanch, ail. mod. blank, brillant, blanc (de
la même famille que le verbe allemand blin-
ken, briller). Comparez L. candidus, de can-
dere. — D. blancheur, blanchâtre, dimin.
blanchet, blanchir, blanchaille; blanque,
blanquet, blanquette,
BLANCHIR, fact. et inchoat. de blanc, —
D. blanchiment, -isseur, -isseuse, -issage,
-isserie.
BLANDIR', L. blandiri; subst. blandices*
(encore employé par Chateaubriand pour flat-
terie caressante), L. blantiiiœ,
BLANQUE, espèce de jeu, direct, de l'it.
bianca. Dans ce jeu, la blanche est signe de
perte.
BLANQUETTE, ragoût deviandes blanches.
BLASER, verbe inconnu aux anciens dic-
tionnaires et dont l'étymologie n'est pas fixée.
Nous ne prenons pas au sérieux les renvois
au grec ^)àjfiv, dire des sottises, ou à l'ac^jec-
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BLÉ
— 59
BLE
tif ,3iiÇ, mou, relâché. Autant vaudrait allé-
guer lall. bîass, pâle, ou radjectif-participe
aufyebîaseti, orgueilleux (de blasen, souffler).
Littré rappelle, avec plus de probabilité, le
mot blaser des dialectes signifiant brûler,
dessécher, lorsque cet eflfet est produit par
lusage excessif des liqueurs fortes (c'est Tangl.
bîaze).
BLASON, armoiries, science héraldique, it.
blasone^ esp. blason, port, brasâo. Le mot
blason (prov. blezô, blizô) se produit d'abord
avec le sens de bouclier ou d'écu, surtout
d'écu orné. Jaume Febrer, poète de Valence
de la fin du xiu* siècle, emploie blasô à la fois
pour armoiries, et pour gloire, éclat, signi-
fication encore attachée au mot espagnol.
Diez en cherche l'origine dans l'ags. blaese,
angl. blaze, flambeau, d'où se dégagerait le
sens d'éclat, de magnificence ; de là le terme
aurait été appliqué aux écus rehaussés de
couleurs ; cp. prov. blejô = écu « cubert de
teins e blancs e blaus »». Si nous saisissons
bien la pensée de Diez, il faudrait laisser se
développer le sens de blason de la manière
suivante : flambeau, lustre, gloire, enfin ar-
moiries, reflétant les hauts faits ou l'illustra-
tion d'un gentilhomme. Généralement, on
rattache blason à l'ail, blaseti, sonner du cor,
angl. blase, publier, néerl. blazen, vanter,
parce que ceux qui se présentaient aux lices
des anciens tournois sonnaient du cor pour
faire connaître leur venue. Les hérauts en-
suite sonnaient à leur tour, puis blasonnaient
les armoiries de ceux qui se présentaient;
quelquefois même ils s'étendaient sur les
louanges et les exploits de ceux-ci. D'après
cette explication, blasonner serait pr. publier
au son de la trompette, et blason l'objet de
cett« publication.
BLASPHEHER, voy. blâmer.— D. blasphe-
tnateur, -atoire; le subst. masculin blasphème
est le subst, abstrait du verbe blasphémer et
non pas le représentant du mot latin
blasphemia.
BLATIER, marchand de blé, anc. bladier,
BL. bladarius, de BL. blatiim, bladum, blé.
BLATTE, L. blatta,
BLAUDB, voy. bloiise,
BLÉ, vfr. bled, bleif, prov. blat, it. biado;
formes féminines it. biada (dial. biaoa), vfr.
blée. Le BL. dit bladum et blatum. Diez n'ad-
met point l'origine german. de ce mot (ags.
A^oerf, fruit, bénédiction), les idiomes german.
n'ayant fourni qu'un fort petit nombre de
termes agricoles aux langues romanes. D'autre
part, le cymr. blatod, farine, mis en avant
par J. Grimm, ne s'accorde pas avec la lettre
de la forme romane. De tout cela Diez conclut
à la nécessité d'une étymologie latine; elle
lui est fournie par le participe ablata (pluriel
neutre), choses enlevées, dépouille, récolte, et
il cite à l'appui l'ail, getreide, qui vient de tra-
gen, ainsi que herbst, moisson, et /«oTro,-, fruit,
qui, de même, signifient pr. choses enlevées.
Avec l'article, ablata serait devenu Vablata,
Vabiada, la biada,, et traité en masc. , il biado.
On trouve, en effet, au moyen âge, ablatum.
abladium pour blé récolté. Pour établir la
dérivation « bladum, blada de L. ablatum,
ablata », il n'est pas même nécessaire d'ad-
mettre une influence de l'article ; l'aphérèse
de a ne serait pas plus étrange que celle do o
dans le mot du dial. de Crémone biada, pour
oblata, fr. oublie. — Mahn défend la prove-
nance celtique de blé; il croit à l'existence
d'un celt. blad, avec le sens de fruit, froment,
blé. — Dérivés de bladum : blairie (v. c. m.),
blatier ou bladier; BL. imbladare, d'où eyn-
blaver (p. embla-er), ensemencer, autrefois
aussi embléer, emblayer)\ BL. debladare, fr.
déblayer, debléer*; blavet, blavéole, anciens
noms pour bluet.
BLàOHE, vfr. blaisch^\ blaiche\ blèque\
mou, du grec p^kl, môme signification (cp.
BL. blao!, stultus). Selon Grandgagnage, de
l'ail, bleich, ni. bleek, pâle, ce qui nous plaît
davantage. — D. blêchir.
BLEICS, blesm^'iys ne parait pas organique,
car les textes anciens ont aussi blême), très
pâle ; de là le verbe blêmir (angl. blemish).
Ce dernier signifiait dans Tancienne langue à
la fois frapper (pr. faire des taches bleues),
léser, blesser et salir ; c'est ce qui engage Diez
à rattacher ce mot, autrement inexplicable,
au nord, blàmi, couleur bleue [blâ, bleu).
Blême serait dont primitivement = bleuâtre.
— Bugge, à l'appui de l'explication de Diez,
allègue le subst. norois blaman « tache bleue
produite par une contusion »», lequel suppose
un verbe ôZama, faire des taches bleues (Rom.,
UI, 146). Il faut écarter les types latins bled-
mus (de l'ail, bleich, ags. blaec) ou blaximus
(de ^iàÇ, mou, faible), mis en avant resp. par
Chevallet et Ménage.
BLÉSER, du lat. blœsus (piï)v. blés, vfr.
blois), d'où aussi le subst. blêsité.
BLESSER, BLEGIER'; Diez rappelle le mha.
bletsen, sarcire, reficere, et le subst. bletz,
morceau d'étofle, d'où blesser se serait produit
avec le sens du composé mha. zébletzen, met-
tre en morceaux. L'étymologie be-lctzen irait
mieux, si l'allemand présentait cette forme
composée de letsen, comme il a ver-letzen,
équivalent du fr. blesser. Les anciens philo-
logues ont eu recours au grec, en proposant
soit itïrittu'j, frapper, soit l'infinitif-aoriste
^>àf at, nuire ; c'est aussi peu admissible que
l'avis de Ménage, qui explique blesser par lœ-
sare (de lœdere) avec un b prosthétique. —
Pour moi, je pense, comme Diez, que le mot
est l'ail, blet zen, mais non pas dans le sens
qu'il lui prête ; je le rapporte à ce verbe dans
sa signification de marquer par une tache ou
une incision (einen baum bletzen, marquer un
arbre, t. d'eaux et forêts) ; d'ailleurs, le primi-
tif 6/^ j lui-même a parfois la valeur de lésion,
blessure (voy. Grimm). Cp. l'ail, fleck, qui
signifie lambeau et tache ; cp. aussi les sens
divers de fr. tache. En dernier lieu, j'ai vu
poser comme la source de blesser le vha.
bleizza, mentionné à l'art, blet. En eflet, notre
mot se retrouve dans les dialectes morvan et
berrichon avec les sens de pâlir, devenir
blême ou de blettir, et repose, d'après les con-
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BLO
— 60
BOB
statations nouvelles, sur l'idée fondamentale
« amollir, aflaiblir, meurtrir »' ; on a dit
« blecier des olives »» p. les amollir en bat-
tant.
BLET, dans « poire blette »; d'après Diez, en
rapport avec le vha. bleissa^ tache bleue pro-
venant d'une contusion. On trouve aussi poire
hlèque; ce mot serait alors le même hlèque
qui est mentionné sous hlèche, Voy. aussi
l'art. blessei\
BLEU, vfr. hloif it. (dialectes) biavo, anc.
esp. blatOy prov. blate (fém. blava); du vha.
bido, blaw, ail. mrd. blau. — D. bleuir,
bleuâtre, bleuet ou bluet (v. c. m.).
BLINDER, couvrir, masquer, rendre invi-
sible; d'orig. allemande : goth. blindjan,
vha. blendan, ail. mod. blenden, aveugler,
boucher [die thorc bleiulen, fermer les portes ;
einen schacht blenden, fermer un puits ; cp.
en fr. aveugler une voie d'eau). — D. blindes.
BLOC, du vha. bloc, bloch (ail. mod. block),
d'abord verrou, clôture, puis tronc, souche.
Ces mots sont composés du préfixe bi et de
loh, et dérivent du vha. liechen,goth. luhan,
fermer. Le bloc est dçnc une pièce ou un
ensemble de pièces destinées à boucher les
abords d'une place, puis, par extension d'idée,
une masse quelconque. — D. bloquer d'où it.
bloccare, esp. bloquear), blocage, blncaille,
débloquer. — Le terme blocus vient do l'anc.
ail. bloc-huSy auj. block-haus, fortin; le î^ons
concret s'est dans la suit« converti en sens
abstrait : action de bloquer.
BLOCUS, voy. bloc.
BLOND, it. biondo, prov. blon (l'ail, blond
est un emprunt fait au français). On trouve
dans l'anglo-saxon le terme blonden-feajc =
à cheveux mélangés, c.-à-d. gris. Le sens de
gris a-t-il dégénéré à la longue en celui do
fauve et de blond? Cela est possible, vu les
changements de sens que l'on voit subir aux
noms de couleurs, mais toujours quelque peu
problématique. Le mot ne se pré.sente que
tard dans le latin du moyen âge. — Ou bien,
et c'est là une conjecture émise par Diez, blond
serait il pr. un synonyme du nord, blaud,
dan. blôd, suéd. bîôt, qui signifie doux, mou,
le blond étant la couleur de la douceur? L'in-
tercalation de la nasale n est, comme on sait,
chose fort commune. — Quant au vfr. bloi\
blond ardent, jaune, synonyme de blond, ce
n'est qu'une forme variée de bleu, dont l'ori-
ginal germanique signifiait à la fois flavus et
cseruleus. (Pour les formes diverses, compa-
rez pau, poi, peu, du L. paucus. ) Bloi a été
latinisé en bloius et blodius. Cette dernière
forme, nasalisée, n'aurait-elle pas engendré
la forme française blond t — D. blondir,
-oyer; blondin; blonde (espèce de dentelle).
BLOQUER, voy. bloc.
BLOTTIR (SE), se tapir, se ramasser en
petit volume ; Diez laisse le choix entre ballot
{blottir serait pour balhttir, comme frette p.
ferrette, gline p. geline) et l'ail, blotsen, frap-
per, écraser. On pourrait appuyer cett^ der-
nière étym. des sens premiers des mots tapir
et caclier. Ménage, rapprochant l'expression
synonyme se motter, dérive blottir de lanc.
fr. blote, bloutre, motte de teiTc. Dans l'incx^r-
titude, il est permis encore d'indiquer bloc,
qui, orthographié blot, signifie en t. de faucon-
nerie, le chevalet où repo.se l'oiseau.
1. BLOUSE, ^rou de billard; le néerl.
bluts, trou, conviendrait parfaitement, mais
en admettant cette origine, il faudra admettre
aussi que l'ancienne forme behuse est une al-
tération de blouse, pour l'explication duquel
on n'a que le terme BL. belosius, sorte de
drap. — D. blouser, jeter dans la blouse; fig.
.se blouser •= se perdre, se tromper.
2. BLOUSE, vêtement ; ce vocable est sans
doute le môme que blaude et biaude, mot
bourguignon pour sarrau, dont on trouve
aussi les variétés vfr. bliant, lyonn. blode,
norm. plaude, pic. bleude. L'origine n'en est
pas établie. Mahn indique le persan bal j ad,
vêtement. Le BL. belosius, signifiant une
sorte d'étoffe (v. l'art. pi*éc.), est peut-être
connexe avec blouse.
BLUET, p. bleuet, de bleu
BLUETTE, petite étincelle pour bel luette
ou belluguette, voy. sous berlue.
BLUTEAU, voy^. l'urt. bluter.
BLUTER est généralement dérivé, par mé-
tathèse de /, de ré(juivalent ail. beutrln, anc.
biuteln. Diez trouve cette métathôse trop irré-
gulière et avance une tout autre étym., beau-
coup plus plausible. I^ latin du moyen âge
dit buletellum pour cribrum farinarium. et
bidetare pour farinam cribro secernore ; cela
concorde avec les formes anc. bulteau et bnle-
ter, pour blut^au et blider (dans le Hainaut
et à Namur, on dit encore bulter). Au lieu de
buletel, la vieille langue présente burctel, le
bourguignon burteau, formes qui concordent
avec it. buratello, prov. buratel (aussi baruteï),
dim. de buratto, qui signifie bluteau. Or. bu-
ratto\\eni du vfr. bure, étoffe de laine gros-
sière. Nous avons donc la succession que
voici : buretel, buletel, blutel, bluteau, et ces
mots signifient propr. une étoffe grossière,
propre à tamiser; d'autre part, burette, bule-
ter, bulter, bluter. Pour le rapport des idées
bure et bluter^ on peut comparer filtt-e et
feutre, deux formes et deux acceptions diffé-
rentes du même mot. — L'ancien buleter a
donné l'angl. boult, boit.
BOA, L. boa, espèce de serpent do mer.
BOBAN*,BDBANCE*,auj. bombance, pompe,
faste vaniteux, du L. bombus, bourdonne-
ment, bruit. Vénance Fortunata l'adj. bombi-
eus, vaniteux, bruyant; cp. en prov. bomba
= bobansa.
BOBÈCHE. Ce mot a-t-il le même radical
que bobine î La forme de l'objet porte à n'y
voir q'ie le même mot avec un changement
de terminaison.
BOBINE, angl. bobbin ; selon Saumaise, do
bombyx, à cause de la ressemblance de la
bobine garnie de fil avec le cocon du ver à
soie ; Diez préférerait, sans l'établir, l'étymolo-
gie bombus, bourdonnement, à cause du bruit
do la bobine en mouvement. Wedgwood indi-
que gaél. baban, une tassette de fil. Il est
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BOl
61
BON
douteux que bobtnette, petite pièce de bois
mobile pour former les porte-s, soit un dimin.
de bobine.
BOGâOE, voy. bois. — D. bocar/er,
BOCAL, vfr. boiical, boucel, it. boccaîe^ esp.
bocal; les uns, à cause du BL. bancale, citent
le grec ^%<ja%U ou ^azu/à/iov, vase à goulot
étroit; d'autres, le L. bucca, it. bocca, donc
vase pour la bouche (cp. l'it. bocda^ qui si-
gnifie également carafe).
BOGARD, machine à écraser la mine, de
l'ail, bochen, pochen, frapper.
BOCK de bière, néolog. , contenu d'un grand
verre. A signifié à Paris en premier lieu la
bière de Munich appelée bochbier (litt. bière
de bouc) ; puis le verre dans lequel on sentait
cette bière; enfin, le mot s'est appliqué à verre
de bière en général.
BODINE, quille de marine, de l'ail, boden,
m. s. (voy. bomei'ie). ■
BŒUP, du L. bos, gén. ^ofw (cp. œuf de
ovum). Ce même primitif latin a produit :
bovin f L. bovinus; boiœeau, boiwillon\ bon-
mei\ BL. bovarius, bouverie, bonerie, BL.
bo varia.
1 . B06IJS, poisson, le « Boops vulgaris » de
Cuvier, it. boca, esp. bogo, prov. bu(/a, du L.
boXf bocis, aussi bocs (gr. fioaÇ, ^ui). — D.
boiu/uiè}'e, « filet très délié « ; c'est, on n'en
peut douter, proprement un filet pour pren-
dre les bogues ; il se retrouve, avec le même
sens, dans l'it. bogara^ esp. bogucra^ port.
bogueiro. — Voy. Banquier, Rom., VI, 269
et suiv.
2. BOGUE, enveloppe piquante de la châ-
taigne, du BL. bauca^ bracelet, lequel vient
du vha. bougoy bracelet (de bingan, fléchir,
courber). Cp. vfr. bon, anneau.
BOIRE, vfr. boivrCf bevre, beire, du L. bi-
bere; part, bu p. bé-u, de bibutiis, forme bar-
bare ; buvons, biœez sont des formes irrégu-
lières pour bevonsy -cz (qu'employaient les an-
ciens). — Du latin bibitionon, bib'tionem
s'est régulièrement déduit beisson, boisson.
De becre\ anc. fonne française pour boire,
vient bevrage (it. beveraggio, prov. beuratge,
angl. beveragé)y d'où beurage, beuvrage et,
enfin, par transposition de l'r, breuvage (voy.
abreuve^'). La permutation de l'c atone on u
dans les formes verbales buvons, buvez, etc. ,
s'est étendue aux dérivés buvable, buvette, bu-
vetier, buveur, buvotter. Est encore dérivé de
^oirele subst. fém. boite, degré auquel le vin
devient bon à boire; il répond au partiçk
fém. bibita (bib'ta).
BOIS, prov. bosc, ït.bosco, esp., port, bos-
que, du BL. boscus et buscus (cfr. néerl. bos,
bosch ; l'ail, busch parait être emprunté aux
langues romanes). Ce mot boscus est dérivé,
suivant Grimm, d'un adj. vha. hypothétique
buwisc, buisc, formé de bauen, bâtir, et signi-
fierait ainsi propr. matériel à bâtir. Le franc.
bois a étendu la signification ordinaire de boscus
et des formes parallèles, qui est celle de silva
(réunion d'arbres), à celle de lignum (matière
de l'arbre). — On conteste aujourd'hui l'origine
germanique du BL. boscus, Canello y voit legr.
^ÔTxoi « pâturage » (cp. le mélange des sens
« pâturage et bois » dans les mots latins sal-
tus, iiemus, silva); Storm, lat. buxus, « buis »•
(le nom de l'espèce appliqué au genre, comme
l'inverse se présente dans le gr. ^aû;, pr. ar-
bre, puis chêne). Voy. Rom., V, 169. — D.
boiser, boiserie.
BOISSEAU, boisseV, buissd', wallon bois-
teau, BL. bustellus; selon toute apparence,
un dérivé de boiste, boite, voy. ce mot. De
buissel les Anglîds ont fait bushel. — D. bois-
seléc, boisselier.
BOISSON, voy. boire.
BOITE, voy. boire.
BOITE, boiste", prov. bostia, boissa et In^os-
tia. Ce mot vient du BL. buxida, accus, de
buxis (grec ttûçi,). Buxida transposé en bux-
dia, bustia, a donné bostia oi enfin fr. boiste.
De boUe vient déboiter, faire sortir (un os) de
son articulation, disloquer; c'est à cette der-
nière acception que se rapporte, selon toute
probabilité, le terme boiter (wall. boisti), pr.
avoir mal à la boite ; il vaudrait donc mieux
l'écrire, comme jadis, avec un circonflexe.
— Autres dérivés directs de boite : boitier,
emboîter, opp. do déboiter.
BOITER, voy. boite. — - D. boiteux (anc.
boisteus").
1 . BOL, terme de pharmacie, L. bolus (do
^wioî, motte de terre). — D. bolaire.
2. BOL, coupe, vase hémisphérique, est,
comme l'ail, bowle, emprunté à l'angl. boiol,
qui lui-même est = ags. bol la, vase à boire,
et appartient à la même famille que ail.
bolle, oignon, L. bulla, fr. boule.
BOLIDE, du gr. ^oXii, -tooj, chose lancée
(de ^àÀisiv, lancer).
BOMBANCE, pr. magnificence, faste; voy.
boba7t,
BOMBARDE, comme instrument de guerre
et comme instrument de musique, de L. boni-
bus, bruit, fracas. — D. bombarder, -ier.
BOMBASIN, voy. basin. Il est curieux de
voir comment de bombasin se sont produit^,
par une fausse interprétation étymologique,
les termes germaniques ail. baumioolle, qui
a l'air de dire « laine d'arbre », et angl.
bombast, qui, d'abord le nom d'une étofle des-
tinée à ouater, a, sous l'influence de bom-
bance, pris l'acception de parole empoulée,
phébus.
BOMBE, it. bomba, a.ng\.bomb,a]l. bombe,
du L. bombus, à cause du bruit sourd qui
accompagne le lancement delà bombe. — D.
bomber, rendre convexe à la façon d'une
bombe.
BOMERIE, contrat ou prêt à la grosse
aventure sur la quille du vaisseau. De l'ail.
bodmerei, qui vient de bodem*, boden, carène
(fr. bodine). Cp. angl. bottomry, m. s., de
bottoin, carène.
BON, L. bonus. — D. bonace (v. c. m.);
adj. bonasse (le suflîxe CLsse avec sens péjora-
tif) ; bonne, garde d'enfants ; bonbon, d'abord
un terme enfantin ; abonnir et abonner (v. c.
m.); bonté, L. bonitatem.
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BON
— 62 —
BOR
BONâGE, calme de la mer après un orage,
it. boixaccia, esp. bonanza, prov. ùoîjossa;
de bonus, bon; cp. anc. esp. malina, orage,
tempête.
BON-GHRÉTIEH (poire de). Ce nom, selon
une opinion sérieusement accréditée, vient
de saint François de Paule, dit le bon chré-
tien, qui apporta ces poires d'Italie en France.
Voy. Darmesteter, Compos., 25.
BOND, angl, bound, subst. verbal de bon-
dir {y. c. m.).
BONDE, 1 . bouchon, tampon, 2. le trou du
tonneau à boucher; mot germanique. On
trouve encore avec le même sens le suisse
puni, le souabe bunte, etc.; le vha. a la forme
renforcée spuptt, d'où le mot actuel spund,
holl. spond, — D. bondon, débonder, — Le
vfr. bonde, limite, borne, a une autre origine,
voy. borne. — Dans le dial. de Come, bondon
signifie une grosse petite femme, et boldon,
bouchon, ce qui permettrait aussi de ranger
bonde sous le radical bod (voy. bouder) et de
le rattacher à bodne, bonde, bonne, auj . borne
(v. c. m.). Voy. Mussafia, Beitrag, p. 35
(note).
BONDIR, picard bander, angl. bottnd ; dans
la langue d'oïl et en prov. bondir signifie re-
tentir (Ducange cite BL. bunda = sonus tym-
pani, vfr. subst. bondiè, bruit retentissant], ce
qui justifie l'étymologie bombitare, bourdonner,
contracté en bontare, bondare. Quant à l'infi-
nitif en ir, on a l'analogie de retentir, de tin-
nitare; pour le d, celle de coude, de cubitus,
(on trouve du reste aussi bontir, avec un t).
Mais ce bondir = sonner, est-il bien le même
que le bondir = sauter? Ce serait l'effet,
c.-à-d. le rebondissement, la répercussion du
son, nommés d'après la cause, c.-à-d. l'émis-
sion du son. Si cette métonymie est admise
(et l'ail, prallen, qui se rapporte également
au coup et au son, la rend très plausible), il
faudra rejeter l'étymologie posée par Ménage,
qui rapproche l'expression espagnole botar la
pelota, faire bondir la balle. Botar, par l'in-
sertion de n, peut fort bien avoir donné bon-
der et bondir, mais de toute manière, il est
inutile de recourir à l'espagnol, botar étant
identique avec le fr. boter*, bouter. — D. bwid ;
reboyidir.
BONDON, voy. bonde. — D. bondonner.
BONHEUB, = bon heur, voy. heur.
BONI, génitif neutre du L. bonus, c'est
« ce qui reste de bon ».
BONIFIER, L. mod. bonificare, rendre bon,
(bonum facere). — D. bonification.
BONNET, prov. boneta, esp., jport. bon ete,
Caseneuve : « C'était certain drap dont on
faisait des chapeaux ou habillements de tête,
qui en ont retenu le nom et qui ont été appe-
lés bonnets, de même que nous appelons cas-
tors les chapeaux qui sont faits du poil de cet
animal. Le roman de Guillaume au court nez
dans le Charroy de Nismes : « Un chapelet de
bonnet en sa teste ». Quant à l'origine du
mot, on la cherche encore. — D. boymetier,
bonneterie ; bonnetcr, saluer du bonnet.
BONNIER, mesure agraire, voy. borne.
BORAX, mot arabe : baurak, bôrak, du
persan bourah. De borax, les chimistes ont
dégagé le subst. bore (d'où borate, -ique).
BORD, dans le sens d'extrémité d'une sur-
face, lisière, rive, se trouve dans la plupart
des langues germaniques : vha. port, goth.
baurd, ags. bord, angl. board, nécrl. bord et
boord, suéd., dan. bord; BL. bordus, bo)*da,
bo7'dum, it., esp. boi-do. — Dérivés de bo7'd =
côté : bordée, bf/rder, bordeyer ; aborder, dé-
border^ rebord. — Dans le sens de « mem-
brure de navire «, bord vient également des
langues gennaniques, où Ion trouve ce mot
avec le sens de planche, madrier, et ensuite
avec celui de « vaisseau ». Faut-il déduire
l'acception « vaisseau » de celle de planche ou
plancher (au fond, le mot bord ne désigne que
la membrure du vaisseau) ou de celle de bord,
extrémité, côté (le tout pour la partie). C'est ce
que nous ne saurions établir; cependant,
l'analogie du L. trabs, poutre et vaisseau, fait
opter pour la première métonymie. — Le vha.
bort, goth. baurd, planche, madrier, a encore
fourni aux langues romanes les mots suivants :
prov. et cat. borda, fr. borde, baraque, petite
maison rustique ; de là les dimin. it. bm'dello,
fr. et prov. bordel, esp. burcfel, angl. brothel,
BL. bordellum (cfr. l'ail, hiittchen, bordel, de
hutte, cabane). Le sens de planche ressort
encore clairement dans les dér. borda% -âge,
bordaille, en tant que termes de marine.
BORDE, métairie, voy. bord. — D. bordiei'*,
métayer.
BORDEL, bordeau*, pr. petite cabane, voy.
bord.
BORDÉE, toute la ligne d'artillerie placée
sur le même bord d'un vaisseau, puis dé-
charge simultanée de cette ligne.
BORDER, voy. bord. •— D. bordure.
BORDEREAU, dimin. de bord, petit bord de
papier. Cp. l'origine analogue de liste.
BORÉE, BORÉAL, L. bœeas, bœ-calis.
BORGNE, it. bornio, cat. boiiii, limous.
borli. L'expression bornicle, œil louche (dial.
de Genève) et bornicler, loucher (dial. du Jura),
ainsi que le vocabulaire de Douai qui traduit
borne par strabo, attestent que le sens pri-
mordial du mot était ** louche ». Diez le rap-
proche donc de l'esp. bornear, fléchir, cour-
ber, en comparant les expressions esp. tuerio
(pr. tordu), louche, borgne, et turnio, borgne
(de tomear, tourner). Mais l'origine de ce
verbe esp. bornear est tout aussi incertaine
que celle de borgne (le breton born, borgne,
parait emprunté du français). Notons encore
que dans le languedocien, boi'ni a signifié
aveugle ; Cupidon y était appelé lou picho
(petit) borni; que le vocabulaire de Douai,
déjà cité, traduit bornier par lippire (être
chassieux); enfin que dans le dial. ail. de la
Silésie, on appelle bortiickel la tumeur ocu-
laire dite orgelet. — J. Ulrich (Ztschr., III,
. 266), se fondant sur l'affinité des idées forer et
tourner, propose pour borgner (d'où vien-
drait l'adj. borgne), Tall. bohren, forer, en ad-
mettant l'existence anc. d'une forme dérivative
en anjan; cp. fr. épargner, qui est de même
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BOT
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BOU
expliqué par ail. sparen moyennant une forme
hypothétique sparoBJan. Cette étrmologie est
par trop forcée. — D. horgnesse^ bomoj/rr,
éborçiier.
BORHX, vfr. bonne, boune, bosne, bodne,
bonds. Ces vocahles procèdent d'une forme
plus ancienne bodina, bodena. Celle-ci donne
d abord bodne, d où, par assimilation, bon f te
(BL. bonna„ et par transposition bonde (BL.
bonda, angl. bound)-^ d'autres modifications
de bodne sont bosne, d où borne ; cp. d'une
part R/iônt, Rhosne, de Rhodanns, et d'autre
part, pour la substitution de r à 5, tarlet* de
vaslet. Mais d'où viennent bodina .forme pri-
mitive du mot bonna et qui exclut absolument
la dérivation du gr. ^0*95, colline, proposée
par Caseneuve^ et la forme variée bodida,
d'où le prov. bosola (= borne ? Ils appar-
tiennent, selon Diez, à la même racine bod,
enfler, qui a donné bouder, boudin (voy. ces
mots); la borne serait donc qqch. en relief, en
saillie, une butte de terre (cfr. l'ail, schwelle,
seuil, de schtcellen, s'enfler'). La forme BL.
bonna a pour dérivé bonnariiim, mesure
ag^raire, d'où le fr. bonnier, flara. blinder, —
D. borner,
BOSQUET, dimin. du BL. bosciis (=» fr.
bois) ; Froissart emploie le diminutif bosqiie-
tel et boquetel.
1. BOSSE, enflure, relief, it. bossa, prov.
bossa, flam. butse, vient de l'anc. ail. bas en,
pousser, reposser (d'où ail. buts, chose ren-
flée, ramassée). Cp. aussi bret. bos, cymr.
both, tumeur. — D. dim. bossette; verbe bos-
seler (delà ail. bosseln, travailler en bosse, en
relief, aussi bossiren); adj. bossu, qui a une
bosse (anc. aussi appliqué aux chosc^.
2. BOSSE, bout de corde (t. de marine), le
même mot que le préc., à cause de la forme
nouée — D. bosser d'où bossoir; embosser.
BOSSELER, voy. bosse.
BOSSEMAN, du v. ail. bootsmann (ni. boots-
man), marin; litt. homme de bateau.
BOSSU, voy. bosse. — D. bossuer.
BOT (pied), esp. boto, tronqué, et botte,
faisceau (cp. ail. bosse, bote, fasciculus, voy.
Grimm), paraissent appartenir à la même
racine germanique bôsen, boszen, goth. bau-
tan, frapper, pousser, repousser, enfler, faire
boulé, que nous avons signalée dans l'article
bosse. Il faut encore observer que l'acy. bot
rappelle l'ail, bott, butt, ni. bot, goth. bauths,
signifiant stupidus, hebes, obtusus.
BOTANIQUE, gr. ^oravtxi} (àe^or&vri, plante).
— D. botaniste.
1 . BOTTE, faisceau, liasse, voy bot. — D.
dim. bottillon; verbe botteler. Du dim. botel,
boteau, vient Fangl. bottle, botte de foin.
2. BOTTE, chaussure, est le même mot que
botte, tonneau ; l'un et l'autre expriment quel-
que chose de creux. On trouve des mots simi-
laires dans beaucoup de langues, p. ex. gr.
fieûm, /SÛTi;, bouteille; BL. butta, ags. butte,
angl. butt, ail mod. bOtie, grand vase. — Dér.
de botte, chaussure : botter, bottier, bottine,
débotter. — Dér. de botte, tonneau, vase (vfr,
aussi boute, outre, grosse bouteille) : le dimin.
BL, buticula, it. bottiglia, esp. botïlla, butija,
fr. bouteille, angl. bottle.
3. BOTTE, tonneau, voy. l'art, précédent.
4. BOTTE, terme d'escrime, de l'il. botta
(de bottare, frapper, voy. btniter,.
BOUC ; ce mot se présente, avec de It^gère ;
variantes littérales, dans les langues celtiques
aussi bien que dans les langues germaniques.
Gnmm rapporte le mot au verbe ail. pochen,
bochen, heurter. — D. bouquin ; sixhst. bou-
cher (V. c. m.).
1. BOUOAN, gril de bois où les Caraïbes
fument leurs viandes ; mot caraïbe qui signi-
fie claie. — D. boucaner.
2. BOUCAN, vacarme, bordel. Ce mot m v
deine ne viendrait-il pas, demande G. Paris,
de rit. baccano, qui signifie aussi à la fois
*» fracasso «et « bordello » et que Storm rat-
tache à bacchanale f Voy. Rom., IX, 624.
BOUCANER, 1 . faire sécher à la (um^, de
boucan 1 ; 2. aller à la chasse des bœufs sau-
vages. Cette dernière acception serait-elle
sans rapport avec bos, bocis, par bovicus, iMtri-
canusf — D. boucanier, qui chasse le bte if
sauvage; fusil servant pour cette chasse; fli-
bustier dos Antilles.
BOUGASSIN, futaine, it. boccacino, esp.
bocaci. « Ce mot n'appartiendrait-il pas au
même radical que bucherame = fr. bougran t
Question posée par Mussafia (Beitrag, 34). —
Baist (Ztschr. V, 556) l'explique par l'angl.
buckskin == peau de daim.
BOUGAUT, tonneau, prob. de la m5me fa-
mille que bocal.
BOUCHE, it. bocca, esp., port., prov. boca,
du L. bucca, joue, cavité, puis cavité buccale,
bouche, ouverture. — D. bouchée, aboucher,
déboucher (sortir d'un défilé); emboucher.
Voy. aussi boucher, bouchon, bouque. Signa-
lons encore le vieux mot boucon ^ appât,
aussi breuvage empoisonné, prov. bocon,
morceau, bouchée.
1. BOUCHER, fermer une ouverture, de
ôoi«c^ = ouverture ; cp. bondon, trou de ton-
neau, et bondonner, boucher. Littré, toutefois,
préfère pour primitif le vfr. bouche, gerbe,
botte, faisceau de paille, mentionné par Du-
cange et qui se rapporte, comme bouquet, au
BL. boscus, bois. La forme anc. boschier,
et les acceptions diverses de bouchon, donnent
quelque crédit à cette étymologie. — Cps.
déboucher.
2. BOUCHER, subst., propr. le tueur de
boucs; cp. it. beccaio, beccaro, boucher, de
becco, bouc. — D. boucherie.
1 . BOUCHON, objet servant à boucher; peut
venir tout simplement du verbe boucher,
comme torchon de torcher. Cependant Diez
identifie le mot avec prov. bocon, it. boccone,
bouchée, morceau ; donc, ce qui remplit la
bouche ou une ouverture quelconque. Littré
ramène le mot à. bouche', faisceau de bran-
chage, dont il dérive également le verbe bou-
cher, ainsi que le mot suivant.
2. BOUCHON, bouquet jde verdure servant
d'enseigne à un cabaret, puis le cabaret lui-
même ; poignée, torchon de paille ; de bouche*,
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BOU
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BOU
faisceau (voy. boucher 1). Cp. en wallon, bou-
cho7i, bouhon = buisson. — D. boixhcruner,
3. BOUCHON, dans « tomber à bouchon »,
de bouche; tomber sur la bouche, sur le vi-
sage (cp. les expressions vfr. analogues à dens,
s'adenter^ s^abouche?').
BOUCLE, angl. buckJe, anneau de métal,
puis anneau que forment les cheveux frisés;
vfr. bocle, patois divers blouque, dim. blan-
quette, prov. bâcla, bloca, bosse ou éminence
métallique au centre du bouclier, BL. bucuJa
scuti (d'où le mha. buckcl)\ du latin buccula,
joue, donc proprement chose rebombée ou en
relief. — D. bouclier, angl. buckler, prov.
bloquier, it. brocchiere; verbes boucler, dé-
boucler,
BOUCLIER, ancienn. adjectif, BL. buccula-
rius ; escut bouclier est = écu à boucle ou écu
bombé ; l'épithète a pris le sens de la chose
qu'elle qualifiait, voy. boucle,
BOUCON, voy. bouche,
BOUDER, pr. enfler la lèvre inférieure par
mauvaise humeur (en rouchi, boder = enûer).
Bouder, gonfler et être de mauvaise humeur,
peut se comparer à bouffer qui avait les deux
sens et au L. turgcre, être gonflé de colère. Ce
mot appartient à la racine bod exprimant quel-
que chose de repoussé, desaillant, d'enflé. On
la retrouve dans boudin, espèce de saucisse, et
boudiné, nœud du verre, anc. nombril, dans
boursoufler, pour boudsouffler (voy. ce mot) et
dans le mot BL. bodina qui a donné bodne,
bonne et bo^'ne (v. c. m.). Il se peut qu'elle
soit latine et identique au bot qui a fourni bo-
tulus, botellus, d'où bot/au. — D. boudoir,
cabinet où les dames se retirent quand elles
veulent être seules (cp. les expressions alle-
mandes : schmollkànima^chen, launaistiXb-
che)i, trutzwinkel).
BOUDIN, voy. bouder.
BOUDINE, voy. bouder. Cachet consigne
boudiné avec le sens de ventre, employé dans
la chronique rimée de Godefroid de Bouillon.
BOUE, BOB'. En vfr. on trouve broue, p.
boue; si cette forme est la primitive (c^ qui
est fort douteux), on pourrait prêter à ce mot
une communauté d'origine avec l'it, broda,
qui signifie à la fois boue et bouillon, et par
constkluent avec le fr. brouet (v. c. m.). — En
cymr. on trouve avec le même sens baw {bxid-
hyr, boueux), mais on ne saurait y rapporter
les formes angl. bog, marais, it. (lombard et
coma.sque)6c^. Leur liaison avec la racine goth.
boifg dans le verbe composé ^oth.. us-baugij an ,
nettoyer, reste douteuse. Le mot boue a-t-il
quelque rapport avec les formes boitasse, etc.,
mentionnées sous bouse? Les formes bodère
(en Lorraine), boue, et picard baudelé, crotté,
parlent en faveur d'un thème bod, bot. Ma
conjecture serait donc de partir du BL. botta,
bota, mare, dont l'étymologie reste à trouver.
— D. boueux.
BOUÉE, forme dérivative du vfr. boie, buie,
esp. bot/a, ail. bqfe, angl. btioy, néerl. boei,
qui vient du latin boja, chaîne, corde; la
bouée est une pièce de bois flottant sur l'eau
et retenue par une corde.
BOUFFER, BOUFFIR, souffler, s'enfler les
joues, anc. être de mauvaise humeur; ^-fr.
buffier, souffleter, frapper; it. buffo, coup de
vent, vfr. buffle, coup, heurt (d'où rebttffer,
angl. rebuff, subst. rebuffade) et dim. buffet,
soufflet (d'où le v. mot buffeter, souffleter).
Tous ces mots, ainsi que pouffer, sont les dé
rivés de l'interjection buf, bouf ou pouf! pro-
duite par le gonflement des joues. 11 n'est pas
nécessaire de les rattacher à des produits ana-
logues dans les langues germaniques ; ce sont
évidemment des vocables de formation sponta-
née. Cp. pour le rapport d'idée entre .souffler
et frapper, le verbe angl. blow, souffler et
frapper, et le mot fr. soufflet, de souffler, —
D. bouffée, bouffer (manger goulûment),
bouffette ; bouffissure. Voy. aussi bouffon.
BOUFFON est tiré direct, de l'it. buffbne, qui
vient de buffare, souffler (gonfler les joues),
puis plaisanter (pnmitif aussi de buffa, plai-
santerie, d'où fr. bouffe). Buffare est notre
bouffa'; les idées d'enflure et de plaisanterie
se touchent ; un rapport analogue me semble
lier l'ail, bôsen, repousser (voy. bosse), à bosse,
posse, plaisanterie; cp. encore les sens divers
. de boffuoiaude et de blague.
BOUGE, réduit étroit ; it. bolgia et vfr. boge,
bouge, sac de cuir; directement d'un adj.
latin bulgia, dérivé de bulga, que Festus dé-
signe comme un mot gaulois : « bulgas Galli
sacculos scorteos vocant « ; en effet, l'on
trouve gaël. builg, et anc. irl. bolc, mais on
rencontre aussi en vha. le subst. bulga (ce
dernier issu du verbe belgan, enfler). Le dimi-
nutif bougette, petit sac, a donné l'anc. angl.
bogette, bougett, transformé dans la suite en
budget. Sous ce costume anglais, le mot est
revenu en France avec une signification pu-
pfement financière. Pour le passage du sens
de bourse à celui de petit réduit attaché au
masc. bouge, il ne fait pas difficulté. L'inter-
médiaire est celui de « chose qui renferme » ;
en it. bulgia signifie à la fois bourse et ca-
veau. D'autre part, le radical exprimant aussi
enfler (les mots celtiques bolg, bulg, baJg, si-
gnifient saccus, pharetra, venter, pustula,
follis), on comprend la valeur secondaire de
bouge : la partie la plus bombée du tonneau.
BOUGEOIR, chandelier poiiatif; on peut
hésiter, pour l'étym., entre bouger et bougie.
BOUGER, wallon bogê, angl. budge, prov. bo-
jar; selon Leibnitz et Frisch, du vha. biugan,
ail. mod. beuj/en ou biegcn, fléchir; selon
Diez, plutôt de la forme vha. bogeii, nord.
buga, courber. Cette étymologie cependant,
obsei^e Diez, perd en probabilité par la com-
paraison de la forme provençale correspon-
dante, quiest&o/fî^ar = it. bulicare (la forme
prov. bnjar parait être empnmtée au fran-
çais). Quant à bolegar (à Lyon bouliguer), dont
bouger se déduit très régulièrement, c'est un
dérivé de bidir, bolir, fr. bouillir, et signifie
propr. être en ébullition, fig. ne pas rester
en place. Le portugais dit également bulir
dans le sens de bouger, et l'esp. buTlir dans
celui d'être en mouvement continuel (cp. notre
expression : bouillonner d'impatience). Che-
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▼allet fait venir, bien maladroitement, bouger
de Tall. betcegen, mouvoir; Ménage, non
moins hardi, pensait à Tall. toogen, s'agiter.
— D. bougeoir (î), bougillon,
BOUGSm, voy. bouge.
BOUGIE, it. bugia, esp., prov. bogia, de
Bougie, ville du nord de l'Afrique qui four-
nissait la cire. — D. bougeoir if), bougillon,
BOUGON, d'où bougonner, gronder entre
ses dents, se rattache sans doute à bucca,
bouche, comme fourgon à furca ; cp. une ex-
pression analogue en allemand : maïUen, de
maul, bouche.
BOUGBAN, vfr. bouquerant, it. bucherame,
cat. bocaram, prov. bocaran, boqueran, iingl.
buckram, tissu fait primitivement de poils de
chèvre, ce qui a donné lieu à Tétymologie
bouc, boc. Schmeller cependant dérive le mot
de l'italien bucherare, trouer (primitif buca,
trou) y bougran serait ainsi pr. une étoffe
lâché, à mailles peu serrées, roidie ensuite à
Ur coÛe. D'après Baist (Ztschr. V, 556), bou-
gran et ses correspondants romans seraient
= arabe barcàn, barracân (d'où aussi ail.
barchent, futaine); par métathèse bacaran;
par adaptation à bock, angl. buck, fr. bouc
(cp. boucassin), bocaran, etc. — G. Paris tire
notre mot du nom de Bouhhara. — Les dic-
tionnaires présentent encore baracan et bou-
racan (v. c. m.), espèce de tissu de laine.
BOUGRE, de Bulgarus. Les Bulgares ont
fourni ce terme d'injure en tant qu'hérétiques
manichéens. Nicot donne à ce terme la valeur
de pœdico et Ménage suppose que c'est parce
que les hérétiques et les pédérastes étaient
passibles de la mémo peine. — D. bougrerie;
pour rabougrir, v. c. m.
BOUGUIÊRE, sorte de lilct, dér. de bogue
(voy. pi. h.).
BOUILLE, voy. l'art, suivant.
BOUILLIR, du L. bullire (rac. bulla). —
D. bouillon (it. bollone); bouilli, -te, -oire;
ébouillir, L. ebuUire, ébulliiion, L. ebuUitio.
Le verbe actif boitiller, mettre en agitation,
d'où bouille, perche pour troubler l'eau,
parait être le même- mot que bouillir ; de là
aussi le nom de l'instrument pour remuer la
chaux, dit bouloir.
BOUILLON, dans ses diverses acceptions,
dérivé de bouillir, jeter des bulles, cuire. —
D. bouillonner.
BOUILLOTTE, de bouillir; pr. bouilloire,
puis le nom d'un jeu de cart^; les diction-
naires n'établissent pas le rapport entre ces
deux significations; quelqu'un a dit que
l'idée qui les relie est celle de la vitesse avec
laquelle le jeu de la bouillotte se joue. J'at-
tends confirmation.
BOULAIS, voy. bouleau,
BOULANGER, BL. bulengarius ; l'esp. bollo,
pain au lait, et l'it. de Cème bulet, espèce de
pain, justifient l'étymologie de Ducange, qui
fait dériver boulanger de boule; la filiation
se présente ainsi : boule, boulange (en Berry,
= mélange de foin et de paille pour la nourri-
ture des bestiaux), de là : 1 . boulanger, fai-
seur de boulanges ou pains arrondis ; 2. verbe
boulanger, fiûre les boulanges. — Wedgwood
(Rom., Vm, 436) présente une autre explica-
tion du mot. Il part du vfr. bolenge (Walter
de Biblesworth) »- blutage, lequel aurait la
même origine que le néerl. builen (bluter),
qui est contracté de buideleit. Je préférerais
remonter au thème bul de buletus*, bidetellum
(fr. bluteau), buletare (fr. bluter), qui à son
tour parait être transformé de bur (voy. blu-
ter,
BOULE, du L. bulla, qui est également
l'original de bulle (v. c. m.). Le sens primitif
de bulla est encore attaché au pic. boule «=>
enflure, et au verbe bouler, enfler la gorge
(en parlant des pigeons). — D. boulet (angl.
bulût), boulette, bouleux, boulin, -iche, bou-
lon, cheville à tête ronde ; ébouler, boulever-
ser (boule -\- verser = retourner).
BOULEAU, dimin. de l'anc. subst. boule, m.
s., encore employé dans les patois et contracté
de béoule; quant à ce dernier, il vient du
L. betulla, m. s. Ce mot latin est, d'après
Pline, 16, 18, d'origine gauloise; on en trouve
en effet la racine dans ï'irl. et l'écoss. beith,
bouleau. — D. boulai e, d'après l'analogie
de saulaie, aunaie, etc.
BOULEDOGUE, de l'angl bulldog, pr. chien-
taureau.
BOULER, enfler son jabot (en parlant du
pigeon), voy. boule, ^
BOULEUX, cheval de fatigue, de l'anc.
verbe bouler, rouler (de boule).
BOULEVARD, anc. boulevert, représente
l'ail. boUxoei'k. Ce mot, né au xv« siècle, avec
la valeur de •* défense, rempart », est décom-
posé par les uns en toerk (ouvrage) et vha.
bolofi (lancer;, donc pr. une machine à lancer,
un engin de guerre, puis la place où elle est
montée; — par les autres en loerk -\- bohle
(ais, planche), donc une construction en plan-
ches. Le mot est devenu l'angl. bulumrk, le
ni. bolvoerk; l'it, baluarto et l'esp. baluarte
sont tirés du français. — Voltaire expliquait
boulevart de boule et vert : place verte à jouer
aux boules ! — Les boulevards sont devenus
des promenades après avoir été des terre-
pleins de remparts.
BOULEVERSER, voy. boule.
BOULIMIE, gr. ^ouUfiix (faim de bœuf).
BOULIN, pot de terre qui sert de retraite
aux pigeons, etc. ; de boule, à cause de la
forme arrondie.
BOULINE, vfr. bolinghe (Jean Lemaire de
Belges), est le même mot que dan. buglifie,
corde à l'avant, angl. boxoline, boline, cor-
dage de proue, hoU. boelijn, ail. boleine, —
D. bouliner.
BOULINGRIN, de l'angh bowling-green,
gazon où l'on joue à la boule.
BOULOIR, voy. bouillir.
BOULON, voy. boule. — D. boulonner.
BOUQUE. forme picarde p. bouche (ouver-
ture) ; de là les termes de marine embouquei',
débauquer.
BOUQUER, 1. baiser, baiser de force, de
bouque, forme picarde de bouche; — • 2. se
plier, se soumettre, de l'ail, biicken, néerl.
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biik?ien, plier, courber. — Le même verbe,
dans 8a dernière acception, se trouve dans le
composé reboucher, fausser, émousser un
dard ou autre instrument pointu, pr. le
courber; vfr. rebuchier, reboitquer, L'angl.
rebuke est le même mot avec une acception
détournée : censurer, gronder.
BOUQUET, bosquet, puis assemblage de
fleurs, variété de bosquet (v. c. m.).
BOUQUETIN, écrit par Belon bouc-estain;
de l'ail, stetnboch, bouc des rochers.
BOUQUETTE, blé sarrasin, du flam. boek-
toeit, m. s., litt. froment de hêtre, à cause de
la forme du grain, qui ressemble à la faine.
On trouve aussi, avec changement de termi-
naison, bucail.
1 . BOUQUIN, voy. bouc. — D. bouquiner.
2. BOUQUIN, vieux livre, de l'anc. néerl.
boeckin, petit livre; le suffixe diminutif néer-
landais ktn se trouve encore en français dans
mannequin^ brodequin, vilebrequin, etc. —
D. bouquiner, bouquiniste.
BOURAGAN, autrefois baracan, esp. bar-
raffauy sorte de gros camelot, BL. barraca-
nus; se retrouve dans le dan. barcan, angl.
barrakan, ail. bei'kan et barchent; de l'arabe
barrakàn, vêtement, qui vient du persan
larihona, espèce de tissu de laine.
BOURBE, du gr. pôrAopoi ; Tapocopo de la
terminaison cpoi est un effet naturel de l'ac-
centuation. Il est probable que le latin vul-
gaire a également eu le terme borbcrrus. —
Littré a recours au radical celtique berw ou
bo7t, exprimant bouillonnement. — D. bour-
beux, bourbier, -illon, -otte (poisson), verbes
etnbourber, lUbourber. Voy. aussi barboter.
BOURDE, mensonge, vfr. bourdeur, syn.
de menteur, verbe bourder -= garrire (voc.
d'Evreus). Le v. flamand avait également
boerde = nugae. En picard et en wallon, un
bourdeux est un menteur. L'ancienne accep-
tion de réjouissance, iilaisanteric, parle en
faveur du rapport de ce mot avec l'anc. bou-
hordcr, jouter, et, par extension, s'amuser,
folâtrer La langue provençale présente déjà,
pour bouhourder, beltourder, les fonnes con-
tractes biordar, bordir, burdir, avec le sens
de s'iimuser, et les subst. biort, borty^on clie-
valeresque. Les mots analogues du celtique
ont lair d'être d'origine romane. Quant à
bouJiourder, on n'est pas au clair sur son
origine; Diez voit dans hourd l'ail, hiirde,
BL. hourdum, rouchi hourd, clôture, et dans
bo, bou le mot bouter; donc jeter la lance
contre l'écliafaudage de l'enceinte.
BOURDIOUE ou bordigue, espace retranché
avec des claies pour prendre le poisson ; du
BL. bordif/ida, bordicidum, prob. un dimin.
de borda, borde', hutte (voy. bœ^d).
1. BOORDON, long bâton de pèlerin, it.
bordone, esp., prov. bord on ; métaphorique-
ment tiré du L. burdo, bête de somme, mulet.
Covarruvias cite à l'appui de cette dérivation
l'esp. muleta, qui signifie à la fois mulet,
soutien et béquille. — On avait aussi anc.
la forme simple borde, bourde pour bâton,
béquille.
2. BOURDON, tuyau d'orgue, puis ton de
basse, et abeille mâle. La signification
« tuyau »» engage Diez à rattacher notre mot
à bourdon, long bâton. Il faudrait alors con-
sidérer le gaél. bûrdon «= bourdonnement,
comme un emprunt fait au roman. Cette
langue employant cependant dans le même
sens aussi durdon, il est préférable de consi-
dérer les syllabes burd, durd comme des
onomatopées, et la signification tjuyau d'orgue
comme découlant du bruit exprimé par le
mot.
BOURG, dans le principe ■= ville défendue
par une iforteresse, opposé à la ville, lieu
ouvert; it. borgo, esp., port, burgo, prov.
boix ; du latin vulgaire burgus (Vegèce, De
re milit., 4, 10 : Castellum parvum, quem
burgum vocant). Il n'est pas nécessaire de
déduire directement le mot bourg des langues
germaniques, où il se rencontre partout, et
qui en ont aussi le primitif, savoir : bergan,
goth. bairgan, cacher, protéger. C'est la
langue latine rustique qui parait l'avoir
transmis aux langues romanes. Le grec
Ttùp'/o; est de la même famille. — De burgus
dérive l'adj. burgensis, d'où it. borgese, esp.
burges, fr. bourgeois. Diez suppose néan-
moins dans les formes boi'ghese, port, bur-
guez, prov. borgues, vfr. borgois, toutes
formes où le ^ a le son guttural, une influence
directe du germanique burg. — D. bourgade.
Le mot bourgmestre est un composé de bourg
et du néerl. meester, maître, chef; latinisé
par burgimagister, l'ail, biirgenneister est
= maître des bourgeois.
BOURGEOIS, voy. bourg. — D. bourgeoisie.
BOURGEON, angl. burgeon, \îr. bourion,
burjon. Diez trouve une dérivation du vha.
burjan, lever, parfaitement acceptable au
point de vue des lois grammaticales; bour-
geon désignerait donc quelque chose qui lève,
qui pousse Bourgeon .s'appliquait primitive-
ment à la vigne et traduisait dans les glos-
saires L. botrus; je le ramène donc au BL.
botrionem. — D bourgeonner; débourgeon-
ner, ôter les bourgeons.
BOURLE, voy. s. bourre.
BOURGMESTRE, voy. bourg.
BOURNOUS, mot arabe : boj^nos, vêtement
à capuchon, esp. albornos.
BOURRACHE, it. borraggine (contracté bor-
rana), esp. bon'aja, prov. boi'rage, ail. boi*-
retsch, latin mod. borrago, -inis. Diez tiix> le
mot du radical burra, â cause des feuilles
hérissées de poils.
BOURRAS, voy. boui^e.
BOURRASQUE, de l'it. burrasco, esp.,
port., prov. borra.^ca\ selon Diez, de borea
ou bora (forme particulière à quelques dia-
lectes), vent du nord (du L. boreas):, c'est
ainsi que de l'esp. nièce, neige, s'est formé
netasca, une tombée de neige. Le redouble-
ment de ïr n'a rien de gênant pour cette
étymologie.
BOURRE, it., esp., prov. borra, pr. flocon
de laine, etc. , du L. burra, m. s. , singulier
inusité de burrœ, niaiseries, fadaises; le sin-
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gulier présente le sens propre, le pluriel le
sens métaphorique. La morne métaphore se
rencontre dans le latin florcuSy qui signifie
flocon de laine, poil d'une étoflo, et bagatelle.
— D. bourras, bouras, étoife grossière, prov.
barras; bourrer, d'où débourrer, ébourrei\
cmbourrer, rembouiTer; boui^ée; bourrade;
bourru, grossier (cp. angl. boiTcI, homme
grossier) ; prov. borrel, vfr. bow'rel ~ bour-
i*elet, d'où bourreler, bourrelet ou bourlet.
Peut-être faut-il rattacher ici le mot rebours
(v. c. m.) dans le sens de revéche, BL. rebur-
rus. Voir aussi brosse. — Le dim. burrula
a donné l'anc. fr. bourle, attrape, tromperie.
BOURREAU, prov. borel. A la lettre, bour-
reau correspond à angl. bonvl, homme ni de,
grossier (voy. bourre). Le sens du mot fran-
çais pourrait bien s'en être dégagé. Ménage
aventure l'idée d'ime contraction de bouche-
reau. D'après Diez, borel se déduit facilement
de l'it. boja (wall. boie), qui a la même signi-
cation, au moyen du double suffixe ei'-ell,
dont la langue française présente tant
d'exemples (cfr. mât, mâtereau) ; le mot cor^
respondrait donc à une forme italienne hypo-
thétique bqjarello. Nous rapportons pour ce
qu'elle vaut l'observation de Dochez : De Borel,
possesseur du fief de Bellccombe en 1261, à
charge de pendre les voleurs du canton. (Littré
observe que ce nom propre pourrait bien être
un surnom, donné d'après les fonctions.) —
Quant à it. boja, bourreau, il parait identique
avec boja, carcan.
BOURRBLER, ET, voy. bourre.
BOURRICHE, <*>péce de panier oblong (pour
gibier, poisson, etc.); Ménage rapporte le mot
à bourre, à cause de la bourre, foin ou paille,
dont on garnit les bourriches; j'aimerais tout
autant une étymol. burricius, de burricus,
bourrique; donc pr. panier de marché, porté
par des ânes.
BOURRIQUE, esp. borrico, it. brico, du L.
burricus (Isidore : Equus brevior quem vulgo
buricum yocant;. Quant à burricus, les uns
le font venir, à cause de la peau velue de 1 ane,
de burra, flocon de laine (l'csp. et le port,
disent aussi burro pour âne, et dans le Berri-
chon l'ànon est appelé bornait) ; d'autres, de
burrus, rougeàtre. — D. bourriquet.
BOURRU, voy. bourre.
BOURSE, it., T^rov.- borsa, esp., \^ori. boisa;
du BL. byrsa, bursa, qui est le gr. ,50:72,
peau, cuir. — D. boursiei'; boursiller; bour-
sicot (mot populaire, d'où boursicoter), débour-
ser, débours; embourscr , rembourser. Quant
au mot bourse, en tant qu'il signifie lieu de
réunion des banquiers, agents de change, etc.,
Guichardin en établit l'étymologie qui suit :
La première place qui correspond à ce que l'on
appelle bourse aurait été celle de Bruges
(xiv« siècle); c'était l'hôtel d'une famille pa-
tricienne appelée Van den Beurse (fr. de la
Bourse), dont les armes sculptées qui surmon-
taient la porte et qui se composaient de trois
bourses auraient donné le nom à tous les
bâtiments de l'espèce. Ce qui rend cette expli-
cation de bourse = forum mercatorum plus
que suspecte et ce qui oblige à donner raison
à ceux qui déduisent cette valeur du BL. bursa
= sac de cuir, bourse, c'est que, dès avant le
XIV* siècle, le mot latin funda, bourse, a
signifié « locus publicus ubi conveniunt mer-
catores de rébus suis et commerciis acturi »
(voy. DC). Voy. aussi, dans Godefroy, l'art.
fonde = lieu de réunion des commerçants.
BOURSOUFLER, selon Diez, pour boud-
souffler, analogue au prov. mod. boud-enflà,
boudouflà, boudifia, gonfler. Quant à l'élé-
ment bod, boud, voy. sous bouder. Toutefois,
Diez ne rejette pas absolument l'étymologie
bour se-en fier, et cite même l'expression wa-
laque bos-unfia. Grandgagnage explique le
mot par boule-sou ffler, souffler en boule;
Littré par •« .souffler en bourse «, en citant
l'anc. fr. bourser, enfler.
BOUSCULER, altéré du vfr. bouteculer, qui
vient de bouter et cul.
BOUSE, prov. bosa, buza, d'origine dou-
t<iuse. On trouve dans l'anc. langue bouasse,
bouace (cfr le grison bovatscha, dial. de Côme
boascia, de Parme bousza, avec la même
signification), mais il n'est guère permis de
voir dans bouse une contraction de bouasse,
dérivé de bos, bœuf; les mots bretons beitsel,
bousel, bousil ont l'air d'être tirés du fran-
çais. Frisch rappelle l'ail, but se, monceau,
employé en efl*et pour la morve, et, comme dit
Grimm, pour " quidquid emungitur ". — Si
bouc, comme je le pense, vient d'un radical
bot, bod, les formes bosa, bouse pourraient
bien n'en être qu'une variété (en prov.,;? pour
d est tout à fait normal), mais l'objection qu'on
fait à cette étymol. (voy. Van Hamel, Gloss.
du Reclus de Moliens), c'est que boue avait
primitivement To ouvert. — Le plus ancien
exemple du mot est dans le Miserere du
Reclus de Moliens (xii® siècle) :
Ki de tel viche est embousés.
Se devant mort n'est desbousés,
Il muert corne bues en se bouse.
D. bouser, bousille)'; bousin, tourbe de
mauvaise qualité, croùt« terreuse et friable
(de là ébousiner).
BOUSINGOT, chapeau de marin, dér. de
l'angl boxosing, cabaret do matelots.
BOUSSOLE, de l'it bossolo, voy. buis.
BOUT, Ô6r,subst. verbal de bouter, pousser,
repousser; donc chose en relief, en saillie,
puis pointe, extrémité. — D. debout (v. c. m.),
aboutir, emboutir.
BOUTADE, forme étrangère p. boutée (pous-
sée), de bouter, heurter. Corneille a le mot
dans le sens de jet d'inspiration : •* pousser un
sonnet par boutade, sans lever la plume. «
BOUTARGUE, sorte de mets, it. bottagra,
esp. botagra. de l'arabe boutarha, m. s.
BOUTE, variété de botte, tonneau.
BOUTEILLE, voy. botte 2. — D. boutillier,
angl. butler.
BOUTER, pousser, heurter, frapper, mettre
en poussant, du mha. bôj^en, heurter, frappe»,
ou plutôt d'une forme antérieure bautan,
botan. — D. bouton (v.c.m.); boutade [^f .o, m.);
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BRA
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BRA
bouture, branche boutée en terre; boutoir ,
'Crolle ; suhst, verbal bout (v. c. m.), botte,
coup (v. c. m.); composés boutefeu, boiUe-en-
train, boute-hors, boute- selle; verbe composé
débouter, repousser.
BOUTIQUE, voy. apothicaire.
BOUTON, it. boitone, prov. et esp. boton,
pr. chose qui repousse, qui fait relief; de bout
ou de bouter, — D. boutonna', déboutonner.
BOUTURE, voy. bouter. — D. bouturei\
BOUVEAU. -BRIE, -ILLON, -IBR, tous déri-
vés de bœuf.
BOUVREUIL, aussi bouveret, bouvron, pr.
« le petit bouvier •», parce qu'il suit le labou-
reur qui promène sa charrue dans son champ,
afin de se nourrir des vers ou des graines qui
sont mis au jour ; il passe même pour pincer
les bœufs et les aiguillonner ainsi à sa façon
(G. Paris). Cp. les expressions analogues ail.
buUenbeisser (mordeur de taureaux), angl.
bulfink /pinson des taureaux).
BOVIN, voy. iœuf.
BOXER, de langl. box, m. s.
BOYAU, vfr. boël, it. budello, du L.boteUus,
petit boudin (Martial); la signification actuelle
de boyau était propre au mot botellus dès les
premiers temps du moyen âge : L. Angl. :
« Si intestina vel botelli perforati claudi non
potuerint ». Voy. aussi boudin sous bouder,
— D. boyaudier,
BRACELET, dim. de vfr. bracel, brachcl
(Vie de saint Eloi, 26*>), anneau de bras; cp.
lat. brachile, cingulura.
BRACHIAL, L. 6mcA taZw(brachium, bras).
BRACONNER, voy. braque,
BRAQUER, mener grand train, faire Télé-
gant, fanfaronner ; mot germanique : nord.
braha, faire du bruit, parader. L'angl. bi'ag
parait emprunté du fr. — D. bragard, vani-
teux. — .Cp. aussi le wallon brâkeler, habler.
1 . BRAI, suc résineux, goudron, anc. fange,
it. brago, prov. broc, fange; Ménage propose
le gr. Bp&yoç, marais (Hesyche); d'autres, le
nord, ordk, goudron. — D. brayer. — Le
mot braye, fange, boue, terre grasse, est la
forme féminine de brai,
2. BRAI, escourgeon, orge broyée pour la
bière, vfr. brais; du gaulois latinisé brace,
espèce de blé (voy. brasseï'),
BRAIE, anc. culotte, auj. lange d'enfant, it.
bi'aca, esp., port, braga, prov. braya, du L.
braca, désigné par les auteurs comme mot
gaulois (breton bi*agez), — D. bray^e; vfr.
braiel, ceinture placée au-dessus des braies,
d'où le verbe fr. débrailler, pr. lâcher la cein-
ture qui retient les vêtements ; brayer, prov.
braguier, ceinture, bandage.
BRAIL, piège, voy. brayon,
BRAILLER, voy, braire. — D. bi-atUard.
BRAIRE, signifiait d'abord crier en général
(de là le subst. partie. brait\ auj. braiment),
prov. braire; cp. BL. bragire. L'analogie de
bruire, formé de rugire avec b initial addi-
tionnel, engage à voir dans braire le verbe
raire (v. c. m ) augmenté d'un b. On a aussi
rattaché ce mot au gaél.^ro^a»?, crier, cymr.
bragal, faire du bruit, vociférer. De la forme
participiale brait viennent prov. braidar,
port, bradar, et l'adj. prov. Iraidiu, vfr.
braidif, pr. hennissant, puis ardtnt, fou-
gueux. De braire vient brailler (cfr. anailler
de criei', piailler 4e pier (inus.) = it. piare). —
La foi me fr. traire appelle, selon la règle,
un type latin immédiat li*agci'e.
BRAISE, it. brayia, brascia, brada, esp.,
prov. Irasa, pcrt. braza, flam. brase, BL.
brasa ; ainsi que le verbe Iraser, anc. brûler,
auj. souder, du nord. Irasa, souder, suéd.
brasaj flamber. Cfr. en dial. de Milan brascà,
allumer. — D. braiser, braisier, -ière; bra-
sier, brasiller; embraser, vît, esbrasei\
BRAMER, crier, it. Iramare, désirer
ardemment (pour ce transpoi-t d'idée, cfr. le
passage de Fe.stus : Latrare Knnius pro poscere
posuit), du vha. breman, néerl. bremmen;
mugir, qui répond au gr. Ppifitiv.
BRAN, excrément, oraure, déchet, son,
dial. ital. brcnno, vieux fr., prov. et vieux esp.
bren. Mot celtique : gaél. bran, cymr. bran,
bret. brenn, angl. bran, son. — D. bre^ieux,
ébrener, cynbrener,
BRANCARD, voy. bramhe.
BRANCHE, it.,prov., v. esp. branca, prov.
aussi branc, BL. branca, angl. branch. Une
dérivation direct© de brachium est inadmis-
sible; il faudrait pour cela une forme latine
brancia. Diez croit que le mot branca appar-
tient au fond de la langue vulgaire latine, et
allègue des raisons à cet égard. Il admet
toutefois la parenté de ce mot rustique avec
l'anc. gaél. brac, corn, brech, cymr. breich,
bras (bret. braiik ==- branche). — D. branchu,
brancher; ébrancher, embrancher; brancard,
litière à branches. — Depuis que Diez postu-
lait un mot latin branca, ce dernier a été
dûment constaté dans les Gromatiques avec
la valeur de « griffe, ongle n (branca lupi,
ursi), qui se déduit naturellement du .<*ens
branche. — Neumann (Ztschr., V, 386), so
fondant sur l'ail, zioeig (branche), qui est un
dérivé de zwei, deux, à cause de l'idée do
bifurcation, propose pour lat. bra^ica l'étym.
bi-ramica (bis -|- ramus).
BRANCHIES, gr. ^pâ/^cr.
BRANDE, sorte de bruyère, broussaille;
sans doute de l'ail, brand (combustion), au
sens de L. novale : •• ubi sylva eradicata et
ligna inutiliacombusta sunt ». — Vfr. brandoi,
champ de bruyères.
BRANDADE, du prov. brandar, remuer,
agiter, à cause que la morue •* en brandade »
doit être agitée pendant tout le temps de la
cuisson.
BRANDEBOURG, nom tiré des casaques que
portaient les gens de l'électeur de Bfande'
bourg lors d'une invasion ea France en 1674.
BRANDEVIN, francisation de l'ail, brant-
wein, cau-de-vie (pr. vin brûlé),
BRANDIR, angl. brandish, prov bratular,
d'abord agiter l'épée, puis agiter en général,
du vfr. brant, branc, bran, lame de l'épée (it.
brando, prov. bran), qui vient lui-même du
vha. brant, tison, nord, bratuir, glaive; pour
le rapport des idées, Diez rappelle le nom
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BRA
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BRA
d'épée esp. Tizon. — D. les dimin. brcux-
dûler et brcuiler (angl. brandie et hranglé)^
contraction de vfr. brandeler, it. brandolare,
BRÂHDON, prov. brandon esp. blandon^
du vha. brantf tison (rac. brinnan, ail. mod.
brennen, brûler).
BRÂNLKR, voy. brandir. — D. branle,
branknre, bmnle-bas, ébranler. — Je ne cite
que pour mémoire l'explication du mot bran-
ler par un type latin imaginaire ribrantulare,
qu'a mise en avant M. Boehmer.
BRAQUE, broche , chien de chasse, fig.
étourdi, dér. bracon; du vha. braccho, aÛ.
broche, m. s. — De bracon vient braconnier^
dont la première signification était « cui brao-
conum cura est »,c.-à-d. piqueur conduisant
les limiers, opposé au fauconnier. De bracon-
nier, dans sa signification moderne, s'est
dégagé le verbe braconner,
BRAQUEMART, épée courte et large ; éty-
mologie incertaine ; Roquefort y a vu le gr.
pp^xtir fixyvior, courtc épée (étymologie de
fantaisie). Braque, sabre, épée, existe en vfr.
et dans les patois (Grandgagnage rapproche
le dim. bavarois bràchzeti, sorte da serpe, et
par mépris, épée), mais que faire de l'élément
martf
BRAQUER, plier au point voulu, pointer;
d'après Diez, du nord. 6raka, fléchir, assu-
jettir.
BRAQUES, pinces d'une écrevisse, forme
picarde du vfr. brace; du lat. brachium,
bras.
BRAS, vfr. brace (brace levée. Chanson
d'Antioche), it. braccio, esp. brazo; du L.
brachium. Dans le dial. picard, à l'accus.
sing. et au nom. plur., broc, brach, brace;
\s dans bras n'est pas plus la flexion du no-
minatif que dans so^ = setacium ; achium y est
traité comme acium, tandis que la forme pi-
carde brac a sauvé le son guttural primitif.
— Du plur. brachia vient le nom de mesure
brasse (v. c. m.), prov. brassa, esp., port.
braza, longueur des deux bras étendus (d'où
brassiage). Dérivés de brus ou brace : brace-
let, brassard, brassée; embrasser, rebrasser
(ses manches) = retrousser.
BRASER, BRASIER, BRASILLBR, voy.
braise.
BRASSE, nom de mesure, du L. brachia
(v. bras), ou plutôt le subst. du vfr. braiser,
mesurer avec les bras (on trouve aussi bra4-
seier = prov. In'aciar).
BRASSER, bracej^* (wallon brèser), BL.
braciare, braxare, brassare; dér. du subst
vfr. braz, breiz, brés, malt, blé préparé pour
faire de la bière (grain torréfié après l'avoir
fait germer), BL. bracium; mot gaulois
r Pline, XVm, 11, 12, 4, cite le mot brace
comme une espèce do blé gaulois, dont on
préparait de la bière) ; gaél. braich, brocha,
corn, bràg, anc. wallon ôra^(auj.6r<t), grain
fermenté. Il y a probablement communauté
d'origine entre le celtique brace et le germa-
nique brauen = coquere, angl. hrew, flam.
brouvoen (voy. Grimm, v* brauen), — D.
brasseur, -erie, brassin.
BRAVE, it., esp., port, braco, prov. brau
(fém. br<wa . La plus ancienne signification
de cet adjectif est sauvage, dur, fougueux (BL.
bracus bos) ; le mot français, resté étranger à
ce sens primitif, paraît être tiré directement
de rit. ou de l'espagnol ; il manque du reste à
l'ancienne langue, où« comme le remarque
Diei, il se serait produit sous la forme brou.
Et cette forme se pi-ésente en effet avec l'ac-
ception primitive dans les verbes s^ébrouer,
s'effrayer (en parlant du chevalK et rabrouer,
repousser avec rudesse. Elle découle de brau,
forme provençale, comme clouer de clan. —
L'éty mologie de bravo est encore douteuse On
a proposé diverses dérivations : celles du L.
pravus, du cymr. braw, ten'eur, et du vha.
raw, cru, rude. Diez, penche pour la der-
nière; pour le sens, il pense que de raw pou-
vaient, tout aussi bien que du L. crudus, se
dégager les significations « indomptable,
sauvage, nide, vaillant », et quant à la forme,
il rappelle bruire de rugire, braire de raire,
brusco de rascum. Au lieu de l'ail, raie,
Langensiepen préfère le L. rairus, rauquo
(Festus; Sidoine Apollinaire). Cette origine
s'accorderait mieux avec le sens de s'ébrouer,
rabrouer, esp. bramar, migir. Pour la pros-
thèSe du b, il rappelle celle d'un f dans rau-
eus, devenu fraucus, ftaucus, puis it. fioco,
rauque. — En dernier lieu, et par la même
méthode, Storm propose (Rom., V, 170).pour
source de brato, L. rabidus, avec un b pros-
thétique, d'où découleraient à la fois réguliè-
rement les formes brado (taureau) et bravo.
En effet, le sens premier doit avoir été ** sau-
vage, indomptable ». — Quant au mot brave
signifiant magnifique, beau, paré, on le trouve
avec le même sens dans les idiomes celtiques
et dans l'anc. anglais; cette acception est-elle
déduite de celle de vaillant, noble, ou se rap-
porte-t-elle à un autre primitif? La question
reste ouverte. — L'emploi du mot allemand
brav no parait pas remonter, selon Grimm,
au delà de la guerre do Trente Ans. Brink-
mann (Metaphern, pp. 443-51) a consacré an
mot roman brave et à ses nombreuses appli
cations une étud3 pleine d'intérêt ; à son avis,
toutes les significations ronv>ntent à l'expr. v.it.
unde brave (vagues battues par la tempêta ou
battant contre le rivage), ce qii lui fait poser
comme origine du mot l'adj. goth. blagg-
vus, supposé par Grimm et Diefenbach comm3
la base di verbe bliggvan, frapper. — D.
braver, brav>aic (it. bravata), braccrie, bra-
voure (de rit. bravura], bravache (it. braoac-
cio). Sont pris aux Italiens le subst. bravo
(pi. braoi), assassin à gages, et les interjec-
tions bravo, bravissimo.
BRATfi. voy, brai.
BRATjîR, -BTTE, voy. braie,
BRATON, piège, vfr. broion, dér. du vfr.
bret, broi, piège d'oiseau. Ce dernier corres-
pond à rit., esp., port., brete, prov. brec, brei,
m. s. Le mot brail, piège, parait être un dé-
rivé de bretet répondre à un typo bretaculum,
d'où bre-ail, puis brail. On trouve aussi avec
la même valeur, bril (Watriquet de Couvin,
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BRE
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BRE
p. 249), d*où le dim. brillet\ et le verbe
brilUr (Cîotgrave : breller), faire la chasse, pr.
mettre des pièges (cp. le néerl. briUen, sur-
prendre, tromper) ; ce bril, s'il ne vient pas
du néerl. hrillen et que celui-ci n'est pas plu-
tôt tiré du fr., je lui donnerais pour type bre-
ticuliis, d'où breïl, bril (cp. gril de crati-
cul us). Quant au radical bret, j'y vois l'ail.
bret, planche, qui, d'après Grimm, s'emploie
aussi pour trappe. Mahn établit pour brett
piège, qu'il interprète plutôt par lacet que
par trappe, l'étym. brettan, verbe vha signi-
fiant serrer (cps. gSL'brettan, contexere), ags.
bredan, tresser. Il peut avoir raison. Bret,
selon lui et Diez, serait aussi le primitif de
bretelle.
BREANT, autre forme de bruant.
BREBIS, prov. berbitz, vfr. et pic berbis,
it. berbice, BL. berbix, du L. berbex^ forme
vulgaire employée par Pétrone au lieu de
vervex, bélier. Du dérivé bcrbicarius s'est
produit par contraction le fr. be^-ger. Un type
latin berbicale a donné bercail; lanc. bercil,
même sign., suppose un i^riin'it'iî berbicile.
BRÈCHE, it. breccia, angl. breach. Ce mot
doit être le vha. bi'echa, action de rompre
(ail. mod. brechen, rompre). Les Allemands
ont repris le fr. brèche sous la forme bresche.
On allègue cependant aussi comme primitif
le cymr. brêg, rupture. — D. ébrécher. — Le
mha. brëchel, rompeur, catapulte, pourrait
avoir fourni it. briccola, esp. brigola, fr. bri-
cole^ machine à lancer des pierres.
BRECHET, vfr. bi^uschet, brichet, angl.
brisket; du cymr. bryscedy bret. brusck, bru-
chedy poitrine d'un animal, estomac.
BREDI-BREDÂ, expression familière et ono-
matopéique, qui a peut-être donné naissance
au mot moderne bredouiller.
BREDOUILLER, d'après Diez du vfr. brai-
dir, bredir, prov. Irraidir, hennir (voir sous
braire). Ménage, parle procédé qu'il a inventé,
établit le L. blœsus, bègue, comme primitif
de bredouilla'! DocLez montre encore plus de
sagacité en disant : du celtique b7X>ë, verbiage
ou broiement de paroles! ^ Bredouiller sïgin-
fiant parler d'unç manière confuse ou préci-
pitée, on est tenté de rapprocher ce vocable
des formes ail. brodeln, binideh, bradch^
qui expriment la même chose. Le français
aime la terminaison ouiller dans les verbes
exprimant une succession rapide de sons ou
de mouvements, cp. gasouilU r, chatouiller^
popul. cafouilhT, fafouiller, tntouiller. —
Ajoutons encore une dernière conjecture. Bre-
douilhr pouirait au.ssi, par sa racine, tenir du
prov. brels (Faidit; = homo linguœ impe-
ditse, d'où verbe bretonriar = loqui impedite
(la leçon du texte « impetuosc » est, selon
G. Paris, une erreur du scribe). - Il est utile
de noter que les patois du nord ont berdeler,
gronder entre ses dents, en picard bertonner,
et qu'on dit aussi en vfr. bredaler pour le
bruit du fuseau d'un rouet. Cp. aussi berda-
cher (patois deMons), barboter, et bcrdouille,
boue. Voy. aussi l'art, préc.
BREF, BRÈVE, adj., aussi avec Ye diphthon-
gué brief, briàve, du L. brevis. Le neutre latin
brève, ayant pris au moyen âge le sens d'écrit
officiel, a donné le subst. brefioll. brief, lettre),
d'où brevet. — Lat. brevitas, bti^oete; abbre-
viare, abréger (voy. ce mot); breviarium (litt.
abrégé), bréviaire,
BRÉGUET, d'après le nom d'un manufactu-
rier né à Neuchâtel en 1747, mort à Paris
en 1823.
BREHAIGNE, stérile; autres formes : barai-
gne, wall. brouhagne, dial. de Metz bereigne,
pic. breine, anc. angl. barrayne, angl. mod.
barren. Diez propose l'étymologie &ar, homme
opposé à la femme (voy. baron):, une baraignc
serait ainsi une .femme-homme, "une hom-
masse; comparez esp. machorra, femme sté-
rile, de macho, mâle, prov. ioriga, de taur^
taureau. D'ordinaire, on rattache le mot au
bret. brec'han, mais ce mot fait défaut aux
autres dialectes celtiques et parait être d'ori-
gine romane. Nous rattacherions volontiers
brehaigne à l'ail, brach, qui signifie infertile,
en friche, en jachère; mais il reste douteux si
le radical primitif est bar ou brah, breh. On
trouve aussi brehaigne avec le sens d'impuis-
sant
BRELAN, bcllanc", brelenc*, bei*lenc*,]e\x de
cartes. Le mot signifie proprement la planche
pour jouer aux dés et parait venir de l'ail.
bretli7ig (de brctt = planche). De là l'esp. ber-
langa, jeu do hasard. Génin tient berlenc,
brelenc, brelan pour des variations de forme
de barlong. Berlenc serait d'abord un ais
barlong. — D. brelander, brclandier.
BRELLE, assemblage de pièces de bois, ra-
deau ; du verbe breller, lier des poutres ou
madriers, dont l'étymologie est inconnue;
serait-ce un dim. de b7*eter' = vha. bretten,
serrer? Donc breteler, bretler, breller î
BRELOQUE, bei-loque'. L'élément loque pa-
rait être identique avec loque, morceau d'étofle
pendant, lequel vient, selon Diez, du vieux
nord, lokr, quelque chose de pendant. Cp. le
{Qvmc peiulelcK[ue. Quant à la première partie
• du mot, elle n'est point encore expliquée.
Grandgagnage pense qu'elle n'est autre chose
que le bar, bre, coiTuption de la particule
préjorative bis, dont il a été traité sous bar-
long et signifiant de travers, en biais : le
verbe wallon barloher, pendiller, vaciller (cfr.
patois de Reims balloquer, grisou balucar)
signifierait pr remuer obliquement, se mou-
voir en biais. Quant à breloque, ou berloquc,
batterie de tambour (fig. battre la berloqne,
déraisonnera, Génin y voit une composition
ber-cloque, cloche d'alarme, batterie irrégu-
lière {bc7% la particule péjorative). Cette expli-
cation n'est guère acceptable; Littré admet
une comparaison de la batterie de tambour
avec la breloque, chose agitée, à cause du
mouvement qu'elle produit. Je croirais plutôt
que breloque, dans son premier emploi, s'ap-
pliquait à des clochettes, d'où le mot s'est
étendu d'une part à de petits bijoux suspen-
dus à une chaîne, d'autre part à l'appel fait
au son de la cloche ou du tambour.
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BRE
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BRI
BRAMK, poisson (Nicot : brame et bremme),
pour bresme de l'ail, brcuihsen, mha. brahsem,
BL. braximiis, néerl. brasem.
BRINBUX, voy. bran.
BRIQUlN, outil pour percer, voy. vilebre-
quin
BRSSIL, bois rouge de teinture, prov. bre-
lilh, esp., port, brasil, it. brasile; c'est à
l'abondance de ce bois que le Brésil doit son
nom. Diez tire le mot du prov. brisa, petit
morceau (de brizar, briser), à cause de la
forme brisée, feuilletée, sous laquelle le brésil
^'importait de tout temps en Europe; c'est
également la forme qui a donné le nom à la
grana, cochenille, et à la cannelle (v. c. m.).
D'autres ont proposé brasa, braise (à cause de
la couleur). — D. brésiller, teindre avec du
brésil ; brésillet,
BRÉSILLSR, rompre par petits morceaux,
prov. brezUhar, ni. brijselen, diminutif de
brizar, fr. briser. Voy. aussi l'art, précédent.
BRÉTÂILLSR, voy. brette,
BRETÂUBER, tondre inégalement,' couper
les oreilles à un cheval ; anc. bertauder, ber-
to)ider; c'est un mot populaire, qui se décom-
pose par bre (préfixe péjoratif) et to>ider
(tondre), d'où touder, taiider. Mieux vaut,
comme formation, l'anc. berioiiser {ber ou bre
-\- toTisiis). Le latin tansus, tondu, imberbe,
est aussi le primitif de toiise", jeune fille, et
toiisel, jeune garçon. — Diez admet, pour
notre mot, un radical bert, en rappelant it.
bertone, cheval qui a les oreilles coupées, le
cotnasque bertoldd =» bretauder, prov. ber-
taiU, pauvre diable, rouchi bertaud, châtré.
Il ramène ce radical bert, exprimant mutila-
tion et au figuré moquerie (it. berta, raillerie,
berteggiare, railler), au mot berta, instru-
ment servant à enfoncer des pieux dans la
terre, hie. demoiselle. Et pour ce bertaAk, il
rappelle la Berta de la mythologie germa-
nique, qui s'appelle pArticulièi'ement ** la pié-
tineuse « . Diez ne veut cependant pas décider
si réellement bretauder doit être mis en rap-
port avec berta, moquerie, et par là avec berta,
hie, ou s'il en est indépendant ; si les corres-
pondants des autres idiomes romans ont une
autre provenance que celle-là, ou non. —
Burguy présente bertauder, anc. bertoder,
comme un composé d'un celtique berth, riche,
beau, parfait, et d'une syllabe ud; il signi-
fierait propr. ôter ce qui rend beau, décom-
pléter une personne. Chevallet, de son côté,
cite des mots celtiques bearr, bearrta, signi-
fiant couper, écourter, tondre (racine hcr,
court). Le champ do la discussion est donc
encore ouvert. Mussafia, dans son Beitrag,
p. 33, à propos des formes bertonar, sber-
tona, etc. des dialectes du nord de l'Italie,
s'occupe de la question soulevée par notre
mot, mais n'arrive pas à la débrouiller com-
plètement. — J'ajouterai que, dans l'ancien
français, bestondu était une qualification inju-
rieuse.
BRETÂCHE, prov. beriresca, ît. bertesca, bal-
tesca, BL. bretachtœ, échafaudage de guerre.
Origine inconnue; ail. bret, planche? D'après
Fôrster(Ztschr. , VI, 1 13), brelèche répond à un
type lat. brilisca, et vient de Britto, vfr. Bret.
L'application de ce mot à l'espèce de tour ap-
pelée bretèchc serait fondée sur une raison
analogue À celle qui a donné le nom à la sar-
rasine (it. saracincsca). — D. le t. de blason
bretessé.
BRBTILLS, sangle ou courroie pour sup-
porter un fardeau, soutien de pantalon, filet
pour prendre les chiens de mer; d'après Diez,
de la même famiUe que le vfr. bret, lacet, piège
(voy. bi'ayon). Cette étymologie est admis-
sible, car le mot n'est que du xvi* siècle et
parait importé (cp. le comasque bretela, crou-
pière), de sorte que le maintien du t ne fait
pas difficulté (l'anc. fr. eût fait bréelle ou
brayelle). Une autre étymol. pourrait être
établie directement sur le vha. pritiî, brit-
tiJ, d'où bride (v. c. m).
BRBTTB, longue épée; de brette^ bretonne,
de la Bretagne ; donc pr. épée de Bretagne ;
Diez en rapproche inutilement le nord, bredda,
couteau court. — D. bretteur, brétailler (cp.
ferrailler),
BRXTTER, BRETTSLSR, graver, gratter,
ébaucher; peut-être, dit Littré, du nord.
bredda, couteau court (voy. brette). J'aimerais
tout autant le vha. breton, tailler. — En picard
on trouve le subst. bertègue pour désigner « un
instrument fendu de traces inégales et destiné
à gratter les pierres ou à tailler les murs » .
BREUIL, taillis clôturé de haies, fourré,
it. broglio, bniolo, prov. bruelh; formes fémi-
nines port, brulha, prov. bruelha, vfr. bruelle;
BL. brogilus, broihis, broliiis. On croit l'ori-
gine de ce mot celtique ; le cymr. brog signifie
gonfler, idée corrélative de germer, pousser;
mais le suffixe il, observe Diez, accuse une
extraction directe germanique, que la racine,
en allemand, soit originaire ou empruntée;
on trouve, d'ailleurs, beaucoup dô noms de
localités allemandes qui la représentent. Nous
pensons, pour notre part, que l'idée de maré-
cage s'attachait primitivement à breuil ou bro-
gilus (d'abord = pratum palustre) et nous y
voyons de préférence l'ail, briihl, marais (for-
mes variées brogel, brôgel), qui vient, par l'in-
termédiaire de briichl, de bruch, lieu maréca-
geux, ags. brooc, angl brook, hoU. broeh. —
Voir aussi brouiller.
BREUILLES, entrailles do poisson; même
mot, selon G. Paris (Rom., VI, 133), que vfr.
buille, entrailles, avec un r intercalaire (cp.
vrille, fronde). Quant à buille, bouille, il
représente une forme fém. du lat. bolulus,
boudin, boyau, mot signalé par Aulu-Gello
comme populaire (voy. Rom., V, 382). —
L'ét. BL. burbalia (intestina majora), indiqué
par Littré, doit être abandonné en ce qui con-
cerne breuilles, mais il se recommande, à
mon avis, pour la forme brouailles.
BREUVAGE, voy. boire.
BREVET, dim. de bref, lettre. — D. breve-
ter.
BRÉVIAIRE, voy. bref.
BRIBE, vfr. brimbe, BL. briba, morceau do
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BRI
72 —
BRI
pain destiné au mendiant, wall. brib, aumône,
verbes wall. hriber, brimber, mendier, gueu-
ser. La forme picarde est brife, de là le fr.
brifer, manger avec avidité comme un men-
diant, brifauty glouton. Les Espagnols ont
bribaTy gueuser, subst. briba, vie de gueux,
bribon, gueux, vagabond; les Italiens, birba,
gueuserie, et birbone, birbante^ gueux == vfr.
briban, briberesse. Grandgagnage, d'après
Diefenbach, met en avant le cymr. 6r?io,
rompre, briser, et en tire bribe, morceau, et
briber, vivre' de bribes ou quêter des bribes.
BRIC, dans de bric et de bix>c, et bric-à-brac,
reste obscur; il est fait, semble-t-il, pour
trancher avec broc et broc. Quant à ce der-
nier, il rappelle l'ail, brack, déchet, mauvaise
marchandise.
BRICK, de l'angl. brig (que l'on tient pour
une forme écourtée de brigantiné),
BRIGOLli, engin de guerre pour lancer des
pierres, it. briccola, esp. brigola, BL. bricola;
dér. du vfr. briCy briche, piège, dont l'origine
est incertaine (voy. cependant l'art, brèche).
La machine à lancer a donné le nom au bond
de la pière lancée (d'où bricole comme t. du
jeu de paume et de billard). Mais la valeur
de bricole, comme pièce de harnais ou comme
bretelle, lanière de porteur, se déduit diffici-
lement de bricole, catapulte ; le mot, dans ces
sens, ne serait-il pas plutôt altéré de bride-
coït — D. bricoler; le sens d'engin perce
encore dans le verbe actif bricoler = mani-
gancer, agencer, que l'on rencontre dans
Corneille.
BRIDE, esp., port., prov. bridn, dim. vfr.
bridel, angl. bridle, it. predella; du vha. brit-
til, pritil, dér. d'une racine signifiant serrer,
tisser, nouer. Cp. l'art, bretelle, — D. brider,
bridon, débrider,
BREBF, voy. bref,
BRIFE, d'où brifer, brifaut, voy. biibe,
BRIGADE, voy. brigue.
BRIGAND, d'abord soldat à pied, apparte-
nant à ime troupe ou brigade {BL. brigantes),
puis soldat mal discipliné, enfin pillard, vo-
leur. Cette étym. est trop bien appuyée pour
être admis à passer les autres sous silence. —
D. brigander, brigandine; brigantin, de l'it.
brigantino, dans le principe navire de pirate ;
brigantifie.
BRIGNOLB, prune tirée de la ville de Bri-
gnôles en Provence.
BRIGUE, anc. querelle, puis réunion tu-
multueuse pour faire réussir une entreprise,
manœuvres, intrigues; it. briga, esp., prov.
brega, querelle ; verbes it. brigare, fr. briguer,
désirer, solliciter vivement, esp. bregar, que-
reller, s'efforcer; subst. it. brigante, intri-
gant, perturbateur, port, brigâo, querelleur,
esp. bergante, port, bargatite, fripon, fr.
BRIGAND, voleur de grand chemin ^v. c. m.);
it. brigata, troupe, assemblée, division d'ar-
mée, de là BRiGADK. A tous ces mots se rat-
tache un sens fondamental d'activité inquiète
et de perturbation. Où faut-il en chercher la
racine? Les langues germaniques n'offrent
aucune ressource, et le briga des idiomes
celtiques (élément d'un grand nombre de noms
de ville, puis cymr. brig, cime) ne nous
avance pas non plus. Il faut presque déses-
pérer de la trouver. L'opinion de ceux qui
rattachent brigand aux Brigantes, peuple de
la Rhétie, n'est fondée sur rien ; l'it. brigante
est tout simplement le participe présent du
verbe brigare. — Voici, sur le problème qui
nous occupe, en résumé, l'opinion de M. Storm
(Rom., V, 171) : L'it. briga, source du mot
français signifiant bruit, querelle, indique
goth. brihan, rompre, qui signifiait aussi lut-
ter (cp. lat. fragor, bniit, de frangere). Le
sens mod. de brigue répond pour 'le sens au
norois brek, instance ou intrigue, verbe
breka, tâcher d'obtenir ce à quoi on n'a pas
droit.
BRILLER, it. brillare, esp., prov. brillar;
c'est un dérivé de beiyllus (dont l'ail et le dial.
de Parme ont fait brill). Cette étymologie est
confirmée par la circonstance que la forme
italienne n'est pas hrigliare, mais brillare.
L'étymologie vibrillare ou vibriculare exige-
rait en it^ien soit brAlare ou brigliare. —
D. brillant, brillante^'. Un subst. bril, éclat,
se trouve dès le xiv« siècle.
BRIMBALER, agiter, branler, osciller. On
explique ce verbe tantôt par le verbe picard
brimber, « aller et venir », tantôt comme con
tracté de bringuebaler = mettre tout en
briiigues (pièces), bouleverser. Voy. Littré.
Ces explications sont peu satisfaisantes; la
seconde est contraire au sens, et quant' à
brimber, il signifie gueuser, vagabonder. —
D. subst. verb. brimbale, aussi bringuebale,
levier qui est au sommet d'une pompe.
— Puisque, sur ce mot populaire brim-
baler, le champ des coi\jectures reste ouvert,
j'oserai bien risquer la suivante : Il me
parait reposer sur une combinaison des deux
radicaux équivalents brand-\T et bal-er (voy.
bal). De là : braindebaler, brindebaler, brin-
guebaler, brimbaler*. Pour an devenu ain, in,
• cp. brindille; bringue p. brinde porte tout à
fait le cachet du procédé populaire (cp. quinte
issu de quinquc) et peut d'ailleurs avoir été
influencé par iringuebaler (d'où trimbaler). —
C'est du verbe que procèdent les subst. brin-
guebale et brimtale, cloche, clochette, levier
au sommet d'une pompe.
BRIMBORION, briborion*, d'après Pasquier
(approuvé par Littré), à cause de la termi-
naison et du sens de prières qu'il avait autre-
fois, de breviarium, estropié en briborion,
brimborion. Le peuple aurait étendu le sens
prières de bréviaire à des choses do rien, ba-
gatelles. Cette étymologie est peut-être vraie,
mais ne sourit ni pour la forme, ni pour le sens;
j'admettrais donc plutôt une dérivation de
bribe, brimbe, avec une terminaison de fan-
taisie. Les brimborions, prières, pourraient
bien n'être que des « petits morceaux » réci-
tés par les prêtres. Le mot, d'ailleurs, a tout
l'air d'une création monacale.
BRIN, jet de bois, pousse grêle et allongée,
petite partie d'une chose allongée, prov., esp.
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BRI
— 73
BRO
brin; d'après Diez, de même origine que
btxtn, bren^ déchet. Etymologie peu plausible.
L'ancien mot brin, dans sa signification de
bruit, cri, orgueil, est rapproché par le même
philologue au nord, brim, grondement des
flots. Les deux valeurs, Tancienne et la mo-
derne, se rattachent-elles à un seul et même
raot? On n'a rien pour se fixer à cet égard. —
D. brindiUe(r).
BBIN D'£STOG. mot façonné, dit-on, sur
Tall. spring-stock, bâton servant à sauter.
BRDIDI, coup que Ton boit à la santé de
qqn., en patois roman bringue, de Vit. brin-
disi. Diez explique le terme italien par l'ail.
brin// dir*s, je te la porte; en Lorraine, brin-
guéi signifie boire à la santé de quelqu'un.
BRINDILLE, petite branche; d'origine
incertaine. Peut-être un dérivé de brande
(v. c. m J; pour la mutation de in et an, cp.
fr. sangU et L. cingulum. — Le prov. a
brondelh, rameau, branche.
BRINGUE, dans la loc. en bringues, en
pièces et morceaux, en désordre, est une
déformation de brimbe ^= bribe (v. c. m.).
BRINQUEBALE = brimbale; voy. brim-
baler.
BRIOCHE, etymologie inconnue. I^ P. Tho-
massin appelait à sjn secours l'hébreu bar,
froment, ou ^rt, gras! Je chercherai plutôt
l'origine chez les boulangers français, qui
disent brier la pâte, pour l'écraser, lequel
bHer est le même mot que broyer. D'ailleurs,
Cotgrave indique un mot brioche avec le sens
d'instrument à broyer le chanvre.
BRIQUE, it. bricco; de l'ags. brice, angl.
brick, fragment ; dans certains patois, brigue,
brèche, en vfr. briche, signifie morceau tout
bonnement. L'acception moderne est donc
secondaire. Le dimin. briquet serait-il ainsi
simplement un morceau de métal? D'autres
ont vu dans brique le L. imbreœ, -icis, tuilo
faîtière. — D. de brique, morceau de terre
cuite : briquet, -etie; briquetier, briquetcr,
1. BRIQUET, morceau de fer ou d'acier,
voy. brique.
2. BRIQUET, petit chien de chasse, variété
de braquet, dim. de braque.
BRIS, subs. verbal de briser.
BRISE, angl. breeze, it. bressa, milan.
brisa, léger vent du nord, esp. brisa, vent du
nord-est; d'origine incertaine. Diez propose
rezza (forme écourtée de oressa, vent doux)
avec un b pi*épositif. Ores sa, à son tour, est un
dérivé de L. aura. — Peut-être, comme pen-
sait déjà Diez, une modification de bise (voy.
Schuchardt, Rom., IV, 256). — Il est à noter
que brise est un mot récent, introduit dans le
Dictionnaire de l'Académie en 1762 seulement.
— Heyse admet une provenance celtique et
cite les adjectifs com. brysg, gaél. briosg, vif.
BRISÉES, branches rompues, indiquant la
piste d'une bête, de là l'acception - trace « ;
de briser.
BRISER, fivov,, brisar, brisar, réduire en
morceaux; d'après Diez, du vha. brëstan,
bristan, rompre. Pour l'élision du t, cp.
lisière. Je doute de cette etymologie, et rap-
porte plutôt briser au L. brisa, marc de
raisin, qui se trouve dans Columelle et qiii,
d'après Diefenbach, est un mot celtique. Brisa,
d'usage encore en Espagne pour marc de
raisin, est le subst. do brisar, écraser (dial.
angl. brise, brisse, écoss. bris, bHss, oonte-
rere, gaél. bris, brisd, frangere). — Un radical
brus est au fond de l'ags 6ry*a«,angl. brut se,
vfr. bruiser, bruser, écraser, concasser ; Dioz
le rapporte au vha. brochison, m. s. — I).
subst. verbal 6m; Insant ; brisée; dim. bré-
siller (v. c. m.); vfr. debriser, d'pu débrùt.
BROC, anc. broche, prov. broc, it. brocca,
vase à liquide; prob. de broche, chose pointue,
à cause de la forme resserrée du goulot ou du
bec ; Diez rapproche bs dérivés prov. broisson,
goulot, et pic. brochon, visière du c^is<juo.
L'étymologie, proposée par Ferrari, gr.
ity6/'i\j;, cruche à eau, est trop hardie.
BROCANTER vient immédiatement du
swhsX. brocante, »^ terme technique des ouvriers,
désignant un ouvrage fait irrégulièrement en
dehors des heures do travail payées par le
patron, un ouvrage qui n'ira pas dan> la bou-
tique, mais que l'ouvrier vendra do gré à gré,
pour son propre compte, quand il pourra, en
l'offrant à celui-ci, à celui-là »» (Génin, Rc^a^M-
tions philologiques, II, 67). Èrocanti^r, c'est
donc pr. acheter et revendre de la brocante.
Mais d'où vient brocante t En BL. on disait
abrocamentam pouV achat de marchandises
neuves en gros, destinée- à être revendues en
détail; aôrocafor pour entremetteur, courtier.
Il est plus que probable q»ic ces mots sont de
la même famille que brocanteur, qui du temps
de Ménage signifiait marchand en gros. Nous
ne pensons pas qu'on puisse voir dans abro-
cator une altération, par l'r euphonique inter-
calaire, de abboccator, pr. = qui sabr)uche
(bucca, it. 6occa),et qui signifiait cfljctivfmcnt
courtier, entremetteur. Il y a évidemment
connexité entre le radical de notre mot et
l'angl. broke, faire le courtier, broker, cour-
tier. — Le BL vendore vinum ad brocam,
vendre le vin en détail, fait penser à l'ail.
brock, morceau. Cei)endaut, broca parait
plutôt être = broc, pot.
BROCARD, raillerie. Expression mt^tapîio-
rique qui se rattache probablement au verbe
brocher, piquer, broder. — D. brocarder
Calvin : brocard3r et médire.
BROCART, voy. broche, Dim. brocatelle,
direct, de l'ital. broccato =■ fr. brocart.
BRO OHE. BL. et it. brocca, prov et esp.
broca, dial. pic. broque, chose pointue,
aiguillon, etc. (vfr. aussi ftroc); verbe ^roc^^r,
prov. brocar, ital. broccare, piquer, pointer,
donner de l'éperon, broder (de là it. broccato,
fr. brocat*, brocart, étoffe brochée). Diez avait
pensé d'abord à L. brocchus, broccus, dent en
saillie (en termes de vénerie, broches signifie
encore les défenses du sanglier), mais il a
abandonné cette etymologie, vu que l'on a
découvert que brocchus ne signifie pas dent
proéminente, mais lèvre courte ou grosse. Ne
pouvant se rallier aux tentatives faites avec L.
veru (verucus, veroc, vroc, bi'oc), ou ail
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BRO
— 74 —
BRO
brock, bntck, morceau, fraction, il s'en tient
à brog (irl. et gaél.), alône, si toutefois ce
vocable n'est pas lui-même tiré du roman. —
D. brochet (v. c. m.), brochette; verbes brochei\
embrocher.
BROGHSR, voy. broche, — D. brochure,
petit ouvrage qui nest que broché.
BROCHET, poisson, dérive de broche, à
cause' de la bouche pointue, cfr. en angl. pihe,
qui signifie à la fois lance et brochet, fr.
beqtiet = bec et brochet, /a«c<?7'o«, jeune bro-
chet, de lance. — D. bî^ocheton,
BROCOLI, chou d'Italie, plur. du subst. it.
broccolo, tendron, rejeton, dim. de brocco,
rejeton, branche pointue (fonne masc. du fr.
broche).
6R0DSQUIN. it. borsacchino, esp. borce-
gui, du flamand brosekin, brosehen (Kiliaen),
diminutif de broos, m. s., qui est supposé être
une transposition de byrsa, cuir; cp. flam.
leerse, botte, do leer, cuir. Une et. arabe,
quelque peu obscure, par Dozj, est donnée
dans Littré, suppl.
BRODBR, cat. b^'odar; mot celtique : cymr.
brodio, gaél. brod, bret. broitda, anc. angl.
brode, angl. mod. broider. Cp. en ail. sticken,
broder, propr. piquer. Les formes BL.
brosdus, brustus, wall. brosder, anc. esp.
broslar, pour bi*osdar, se rattachent toutefois
mieux à vha. ga-prorton, broder, ags. brord,
nord, broddr, pointe, qui font supposer un
goth. brmdon. D'autres enfin, séduits sans
doute par la forme esp. lordar, supposent
dans broder une simple traasposition de
border. — D. brodeur, -erie,
BROIE, voy. broyer.
BRONCHES, du gr. }r,6iyy,y gorge. — D.
bronchique, bronchite.
BRONCHER, du subst vfr. bronche", buisson,
anc. esp. broncha, rameau, it. bronco, tronc.
Pour le rapport logique, cfr. it. cespo, petit
buisson, et cespicarc, broncher, ail. strauch
et straucheln. Pour bronche, bronco, Diez
propose vha. bruch, néerl. brok, chose cassée,
.tronquée (cfr. le prov. bruc, tronçon, et burcar
pour brucar, broncher). — Une autre expli-
cation du verde broncher s'est fait jour ces
dernièros années. Dans l'anc. langue, ce verbe
signifiait baisser, pencher, surtout baisser
tristement le visage (dans ce dernier sons,
plus souvent embronchier). C'est à ce mot
français, et non pas à l'it. bronco, tronc, qu'il
faut, d'après Fôrster, rapporter le sens
« mettre le pied à faux «•. Le professeur do
Bonn ne fait que poser cette opinion dans son
Glossaire du Chevalier as dous espées, sans la
motiver et sans rien nous dire sur l'origine de
broncher, baisser (Diez admettait par conjec-
ture, pour vfr. embronchier, un type lat.
im-pronicare, do promis). Je no sais si je dois
me rallier à l'opinion do Fôrster; d'une part,
le passage do l'idée do tronc, souche, à celle de
chopper, broncher, est confirma par les
term3s analogues cités plus haut et auxquels
j'ajouterai chopper, do vfr. chope, tronc,
souche, choquer do vfr. choque, bloc. D'autre
part, la transition logique do pencher à chan-
celer se présente encore dans L. nutare,
clianceler (de nuere, inusité, qui doit avoir
signifié bai.sser la tête), et, circonstance acces-
soire, le vfr. tronche, primitif immédiat de
notre mod. broncher, n'est pas constaté. —
Dans Baud. de Condé, 1, 6, j'ai noté bronchier
avec le sens de « hésiter » (signification né-
gligée par Godefroy); cela nous rappelle ail.
stochen, m. s., de stock, tronc, souche.
BRONZE, it. bronzo, esp. bronce, d après
Muratori, approuvé par Diez, de bruno, brun,
par l'intermédiaire du dérivé brunizzo, irré-
gulièrement accentué brûnizo et contracté en
bronso. Dozy y voit le persan bourindj ou
birindj, cuivre, airain de montagne. L'ags.
brds, angl. br(xs8, bronze, doit être mis hors
de cause.
BROSSE, broce (wall. brouche), BL. brus-
tia, vfr. broisse, angl. brush, preni. sign.
menu bois, broutilles (cette aceeptîon s'est
conservée dans le verbe brosser, brousser, en
langage do chasse = courre à travers des
bois épais), esp. broza, déchet des arbres,
puis brosse, prov. brus, bruyère. Du vha.
burst, brusta, quelque chose de hérissé, ail.
mod. borste, soie, c.-à-d. poil roido d'un ani-
mal, et bilrste, brosse. De brosse =• menu
bois, branche, rameau, vient broussaille, cp.
en latin virgultum, ronces, de virga, verge.
La forme du primitif fri<r5i perce encore dans
rebours, à contre-poil, BL. rebursus, d'où
rebourser, transposé en rebrousser. — D.
brosser.
BROU, enveloppe verte de la noix, vfr.
broust, BL. brustum ; de la même famille que
brosse, à cause des piquants du brou t
BROIJÉE, subst. participial d'une origine
obscure. Le pic. en a tiré brouache, pluie
fine, le dial. de Berry brouasser, faire do la
pluie fine. Il parait être de la même famille
que brouillard, son synonyme (voy. brouiller)
et appartenir au radical brodh, vapeur.
BROUAILLES, intestins de poisson, voy.
breuilles.
BROUET, it. brodetto, formes diminutives
de it. brodo, broda, esp. brodio, bodHo, prov.
bro, vfr. bi^eu, BL. brodum, brodium; le vha.
brod, ags. brod, angl. broth, gaél. brot, ont
tous la môme signification : jus, sauce,
bouillon.
BROUETTE, p. birouette, wall. bei*wette,
Borry berouette, charrette à deux roues, du
L. bis + rota. Il est vrai, la brouette actuelle
n'a plus qu'une roue, mais elle en avait doux
d'abord, et Grandgagnage a tort de voir dans
brouette (vfr. barouete) un diminutif du vfr.
barot, rouchi barou, qui signifie tombereau,
et qu'il rattache à la famille germanique bae-
ren, porter. Barot répand à BL. birotum
(bis-rota). L'it. a aussi baroccio, biroccio,
charrette ; c'est do là que nous tenons la
birouchette. — D. brouetter.
BROUILLAMINI, voy. brouiller.
BROUILLARD, voy. brouiller.
BROUILLER, mettre en désordre, mêler,
confondre, troubler. Nous pensons qu'il faut
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BRU
— 75 —
BRU
séparer ce verbe du mot prov. bir>lhar, bruel-
har, bourgeonner, surgir, pousser, qui est
un dérivé du subst. bruelh, britoiî, bois, bran-
chage, fr. breitil (v. c. m.), bien que le terme
s'embrouiller s'expliquerait assez facilement
par s'engager dans un taillis, un fouiTÔ.
Brouiller (comme Fit. brogliare nous semble
représenter l'allemand brudeln ou brodeln,
jeter des vapeurs, bouillonner, remuer,
brouiller (on dit p. ex. weine brudeln^ mêler
des vins;. Cette origine explique également le
subst. brouillard, vfr. brouillas, prqpr.
vapeur. Pour la conformité littérale entre
brouiller, it. brogliat^ et ail. brudeln, nous
rappelons it. bHglia (bride), de l'ail, bridel,
fr. haillon, do l'ail, hadel, et, avec doute,
aussi souiller, de l'ail, sudeln. La racine de
brudeln est l'ags. brodh, vapeur, ail brodem,
m. s. — Dérivés, outre b7*ouillard : brouille,
brouillon, -erie, etnbrouiller, débrouiller;
bi'ouillamini, terme burlesque formé avec
une terminaison latine du 2® plur. de Tindicat.
prés, du passif (comm^ pour dire : vous êtes
brouillés), et que l'on a fait sérieusement
venir de boli armenii, parce que Ton appelle
brouillamini une sorte d'emplâtre pour les
chevaux, préparé avec le bol d'Arménie.
Cependant, Littré, au suppl., consigne un
passage de 1664, qui parait confirmer cette
étymologie.
BROUIR. vfi-. bruir, brûler; on le rattache
à mha. brutjen (nha. briihen), néevl. broeijen,
échaudor. rôtir ; la forme occitanienne braouzi
=8 prov. braujir (qui se rapporte à brouir,
comme auzir à ouïr, jauzir à, jouir) fait sup-
poser l'existence d'un vha. brodjan ou braud-
jan, source de ce Irrauzir. — D. brouissure.
BROUSSAILLBS, voj. bt-osse.
BROUSSIN, excroissance de quelques
arbres, dimin. de broust (voy. brout).
6R0UT, broust", brost', pousse, jet d'arbre,
de l'ags. brustiati, bourgeonner (bret. broust,
buisson), ou du vha. p7'os, bourgeon (ail.
mod. bross), — D. brouter, prov. brostar,
manger les pousses; broutilles. — Il y a
quelque air de famille entre brost, broust et
le thème borst, d'où brosse {v. pi. h.).
BROTER se rattache au goth. brikan,
rompre, conrmie ployer à L. plicare, noyer à
necare, vfr. noier à negare ; une forme stîcon-
daire est brier, écraser la pâte; cp. plier
= ployer, etc. A rapprocher encore prov.
briga, miette, es-brigar, émietter. — D.
broie, instrument pour broyer.
BROTON, variété de brayon (v. c. m.).
BRU, brut^, broit\ brui', femme du fils;
mot germanique : goth. bruths, vha. bri'U (auj.
braut), néerl. bruid, ags. bryd, angl. bride,
fiancée ou jeune mariée. C'est le seul terme
de parenté d'origine germanique qui se ren-
contre dans les langues romanes.
BRUANT, aussi bi^éant, nom vulgaire de
l'embérize citrinelle. Sur la base d'une forme
fictive ail. embering «=» Ûmm^n^ng, Bugge
(Rom., IV, 351) établit la succession suivante,
phonétiquement correcte, mais purement fac-
tice : emberenc, eberenc, berenc, berant,
brea)U, bruant. Pour le moment, ce n'est là
qu'un tour de force par trop à la Ménage.
BRUCSLIiBS, sorte do petites pinces; du
verbe bruci, pincer, mot du patois limousin
d'origine inconnue.
BRUCOLAQUI. mot employé par Victor
Hugo, dans les Travailleurs de la Ma* avec
le sens de vampire, spectre (?). Sans dout^ le
même mot que l'anc. slave vluhodlahu, rou-
main vaivolac, bulgare vruholak, gr. mod.
^oul/olaxst, liootjKÔlxAxp ; il signifie primitive-
ment : homo lu pi spociem habens ; russe vol-
kulak = incantator qui in lupum vel ursum
se mutare potest. — Voy. Gaster, Ztschr.,
IV, 585.
BRUGNON, it. brugtia, port, brunho, dé-
rivé d'une {ovmo prugna,àQ prunea (prunus,
prunier). Ane. on disait brignon (i p. u
comme dans big>iet ou beignet p. bugnet ;
billet p. bullet, etc.).
BRUINE, prov. bruina. Diez et Grandga-
gnage, l'un pour des raisons grammaticales,
l'autre pour des raisons logiques, rejettent
l'étymologie L. pruina, gelée blanche. La
racine de bruine est peut-être le celt. bru,
pluie. L'anc. fr. broïne, pic. brouaine, wall.
brouhène, etc. , toutefois, rendent l'étymologie
brodh, vapeur (d'où brouée, brouas' et brouil-
lard) assez plausible ; le subst. bruine vien-
drait directement du verbe bruïr, faire du
brouillard (mot champenois), en t. de métier,
imbiber de vapeur. — D. bruiner.
BRUIRE, it. bruire, prov. brugir, bruzir;
subst. bruit, it. bruito, prov. bruit, bruida.
Du lat. rugire, renforcé d'un b euphonique
(voy. braire) — D. bruissement.
BRUIT, voy. bruire. — D. ébruiter.
A
BRULER, brusler*, directement d'une forme
brustulare, it. brustolare. Do perustus, part,
du verbe latin perurere, s'est produit le fréq.
perustare, syncopé en pj'ustare, de là brus-
tare, et par un procédé fréquent, it. brus-
ciare, bruciare, prov. bruzar, pour Innissar.
Debrustare s'est tirée, ultérieurement, la forme
diminutive bi'ustolare (correspondant à un
type loXÀn perustulare, cfr. le simple ustolare,
anc. esp. uslar, prov. usclar, vfr. urler,
walaque listura); do là hnistlar, brusler,
bouder. — La genèse de brûler est autrement
présentée par Storm(Rom., V, 173) ; il part
du composé comburere; le participe de ce
dernier, combustus, aurait, sous l'influence
de bustum, perdu le com, d'où se serait pro-
duit bustulare (cp. lat. ustulare) et, par
l'épenthèse (fréquente) d'un r après b initial,
brustulare, brust'lare, fr. brusler, binder. —
Avec ce procédé, je ne vois pas pourquoi l'on
ne partirait pas tout aussi bien de burere,
bustus (subst. bustum), que Corssen rapporte
à sanscrit prus.
BRUME, brouillard, du L. bruma, hiver.
— D. brumeux; -aire, -al ; embruma.
BRUN, du vha. brun (ail. mod. braun). —
D. brunâtre, brunet, Wune ; crépuscule du
soir ; brunir, rendre brun (angl. par transpo-
sition burnish); embrunir, rembrunir, —
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BUC
— 76 —
BUG
Brunir, rendre brillant, polir (d*où l'ail, bru-
nieren)t anc. burnir, angl. bumish, se rat-
tache directement à la racine bern^ butm, ex-
primant brûler et briller, sans Tintermédiaire
de brun, nom de couleur, bien que celui-ci
procède au fond de la même racine.
BRUNIR, voy. brun,
BRUSC, it. brusco, du L. ruscum, fragon
épineux, renforcé d'un b initial (voy. bruire,
et braire).
BRUSQUX, vif, qui s'emporte, it. brusco,
aigre, colère, esp., port, brusco m. s ; d'après
Diez, du vha. bruUisc, sombre, fâché. L'éty-
mologie du celt. brise, prompt, impétueux,
ne s'accorde pas avec la lettre, mais bien avec
le sens. Si l'idée foncière est la rudesse, la
grossièreté, et non pas la vivacité, la promp-
titude, on peut admettre connexité entre notre
brusque et brusc, bruyère. — D'après Bugge
(Rom., III, 351), le mot fr. brusque, vient de
l'it. brusco, aigre, âpre. La notion originaire
est prob. la rudesse (on disait au xvi* siècle
« diamant brusque »») — Le mot serait-il iden-
tique avec lat. brusc um (tuber aceris arboris
intorte crispum. Pline, H. N., XVI, 16, 27)?
Pour la connexité des idées, cp. ail. knolle,
nœud dans le bois et homme rude, nistre. »
— Quant au lat. ^M5ci«m, selon Baist(Zeitsclir. ,
V, 137), c'est le même que L. ruscum, d'où
fr. brusc, et angl. rusk, biscote; l'idée fon-
cière serait : raboteur, rude, crépu. — D.
brusquer, brusquerie.
BRUT, du L. brutus, lourd, stupide. — Cet
a<yectif formant une épithôte habituelle de
bête, bruie est devenu synonyme de bête, et a
déterminé le sens de brutal et brutalité —
D. abrutir, rendre brute; d^yrutir, dégros-
sir, polir.
BRUTÈRB, cat. bruguera, milanais bru*
ghiera, BL. bruarium, bruera; d'un primitif
brug, qui se trouve dans le prov. ôrwc (nomin
brus), vient, d'après Diez, du cymr. brv>g,
forêt, buisson, breton bnïg = bruyère (en
suisse ônêc^). — Selon Schuchardt (Ztschr. ,
IV, 148), le primitif de bruyère savoir
prov. bru, catal. bruch, milan, briig, est le
correspondant roman de l'anc. irois froech
(auj. fraoch), cymr. grug. Le breton brùg
parait influencé par la forme romanisée.
Quant à brwg^ forêt, allégué par Diez, il n'est
pas de la famille.
BUANDIER, voy. buée.
BUBALE, du L. bubalus, qui a aussi donné
buffle.
BUBE, bouton, ampoule, voy. l'art, suiv.
BUBON, it. bubbone, esp. bubmi, du gr.
/SouSàv. tumeur à l'aine. De cette forme bubon
on a dégagé un primitif esp. buba, bua, fr.
bube.
BUGAIL, blé sarrasin, autre forme do bou-
quette (v. c. m.).
BUCCAL, L. buccàlis (de bticca, bouche).
Bu CEE, vfr. buisse, boisse, it. busca, du
BL, busca, forme fém. de buscus, boscus,
voy. bois. — D. bûcher (verbe et subst.);
bûchette, btïcheroji (cp. vigneron de vigne).
BUCOLIQUE, gr. powoUxô;, pastoral.
BUDGET, voy. boitge. — D. budgétaire.
BUÉE, lessive, bourg, bute, it. bucato, esp.,
prov. bugada, angl. buck; verbes buer', angl.
buch, néerl. buken, lessiver. Ces mots sont
radicalement identiques avec l'ail, bauchen,
lessiver, mais n'en sont pas dérivés. Ferrari
les fait très convenablement venir de Fit.
bucare, filtrer, dér. de buca, trou, la lessive
étant tamisée à travers un linge percé de
petits trous (cfr. l'esp. colada, lessive, de colar,
couler). Wedgwood rattache l'angl buch au
gaél. bog, tendre, mou, bret. bouh m. s., et
rappelle fr. mouiller àe mollis et ail. einxjoei-
chen, laisser tremper, de loeich, mou.
BUFFET. Ce vocable est généralement rangé
dans la famille bouffer (voy. ce mot) et les
acceptions « coup sur la joue, soufflet » (ce sens
s'est perdu) et « partie du casque qui couvre
les joues « ne font à cet égard aucune difficulté.
Mais le rapport entre notre mot daus l'accep-
tion usuelle, et l'idée d'enflement n'est pas
aussi évident. Voici l'explication bien problé-
matique de Burguy : « Le buffet était, dans
le principe, une sort« de table placée près de
la porte, à laquelle on admettait les pèlerins,
ménétriers, etc. qui réclamaient l'hospitalité.
Les gens de cette espèce étant doués d'un
bon appétit, tout ce qui venait du dois ou
grande table (voy. dais) passait et disparais-
sait à l'endroit qu'on nommait bufei par oppo-
sition au dois, c.-à-d. que bufct fut d'abord
le lieu à se bouffir, le lieu bouffi, et de là peu
à peu les significations actuelles. « Tant
qu on n'aura pas de preuves historiques pour
soutenir cette étymologie, nous pnSférerons
l'opinion de Ménage, qui dérive buffet de
buffare, les premiers buffets •« ét^nt d'une
figure courte et grosse, ou, pour mieux dii*e,
d'une figure enflée »». On serait tenté do croire
que buffet est une corruption de buvette; ou
du moins que le sens actuel s'est produit sous
l'influence de ce mot. Du Gange prend en efiet
le BL. bufetagium, bufetaria, impôt, accise
sur la boisson, pour équivalent de fr buve-
toge, buveterie, et y rattache le mot buffet.
Mais très anciennement buff'et s'employait
(comme esp. bufete encore maintenant) pour
un bureau à écrire. Nous tenons l'opinion de
Ménage pour d'autant plus juste, que buffTet
semble s'appliquer en premier lieu à un petit
meuble superi)osé à un autre, qu'il a l'air de
renfler. Diez ne se prononce pas.Mahn voit dans
buffet une table de parade, qui sert à buffer,
ce buffer ou bouffer étant pris dans le sens
de s'enfler, être orgueilleux ; cp. bnffoi', faste,
orgueil. A mon avis, tous les sens prêtés suc-
cessivement à buffet : .seuil d'une port<î (cp.
ail. schwelle de schwcllni, enfler), meuble
d'étalage, table servant à divers usages, ar-
moire, d'5cx)ulont d3 l'idée première : « chose
renflée ou chose creuse n .
BUFFLE, du L. bufalus, forme postérieure
à bubalus. — D. bufpetin, buffleterie.
BUGLE, vfr. bougie, instniment de musique.
En anglais, bugle signifie 1 . une espèce do
bœuf sauvage, 2. un cor de cha.sso. p. bugle-
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BUS
— 77 -
BUT
liorn^ corne de buglo. C'est le L. buculus,
bouviilon, lequel a aussi doiiLé leuglei\
BUIRE, primitif de burette, vase à liquide.
D'origine incertaine; peut-être du même mot
ail. bùr, baiier, maison, cage, d'où viennent
vfr. biiron, buiro7i, maisonnette, panier.
Grandgagnago t re L tiret e du wall. bcùre^
boire; cette étymologie ne convient assuré-
ment pas pour buire.
BUIS, it. bosso, esp. box, ix)rt. btixo, prov.
bois, angl box, ail. buchs, du L. buxus. — D.
it. buscione, prov. boisson, fr. buisson (v. c.
m.); it. bossoh, boite en buis, esp. bruxula
(pour l'insertion de r, cfr. brostia, boîte, p.
bostia), fr. boussole.
BUISSON, voj. buis. En rattacliant buisson
au primitif buis, nous reproduisons l'avis de
Diez, fondé sur la forme prov. boisson, qui
serait bosœn, selon ce philologue, si le pri-
mitif était bois ou bosco, bosc (voy. bois). Nous
penchons néaimioins pour l'étymologie bois, à
eause de la signification et de la forme ita-
lienne. Le prov a du reste aussi boyssada,
forêt, bois, « it. boscata, et certainement on
ne rattachera pas ce dérivé au primitif bois,
buis, mais bien à bosc, bois. En outre, nous
rappelons la forme \fr. buisse, p. bûche. —
D. buissonneux, -ier.
BULBE, en L. bulbus (gr. ^oX^ôi). — D.
bulbeux,
BULLE, du L. buUa, d'où également boule
(v. c. m.). Uacception sceau provient de ce
que le sceau était renfermé dans une boule de
métal ; celle de sceau a, à son tour, déterminé
celle de bref, lettre patente — D. buîhrt',
billet; buUette*, certificat, diplôme, enfin it.
bullettitio, = fr. bulletin,
1. BURE, grosse étoflfe de laine, BL. bura;
on rattache ce mot au vfr. bure', buire',
rouge brun, qui répond à un type adjectival
burins, formé du L. burrus (grec -n^j^j^ô^),
lequel parait être identique avec birrus, man-
teau de grosse laine contre la pluie. — D.
burat, buratin; bureau (v. c. m.).
2. BURE, puits d'une mine, en wallon beur,
probablement de l'ail, bohreii, trouer, percer.
BUREAU, burel, 1 . grosse étoffe de laine,
2. tapis de table, 3. table couverte d'un tapis,
servant à écrire, etc., 4. chambre do travail
des employés aux écritures, etc. On voit, le sens
s'élargit de plus en plus. C'est le dimin. de
bure, étoffe de laine. — D. buraliste; bureau-
a'ote (néologisme).
BURETTE, dimin. de buire {y. c. m.).
BURGRâVS; de Fall. burg-graf, comte du
château.
BURIN, it. borino, esp., port, buril; du
vha. bora, foret, borôn, percer. — D. buriner,
BURLESQUE, de l'it. burlesco, dérivé de
burla, farce, tiré lui-même du L. burra, farce,
niaiserie [burra, burrula, burla),
BUSARD, voy. buse.
BUSG, basque', du BL. buscus, busca,
bois ; les buses étaient d'abord des lames de
bois. — Littré s'avance un peu trop en iden-
tifiant busqué oyoc buste ■= corps de jupe. —
D. busquer, busquière.
1. BUSE, tuyau, cavité, vfr. buise, néerl.
buis ; c'est le même mot que it. buso, bugio,
vide, d'où bugta, mensonge (pr. chose creuse),
mais d'où vient-il? L'étymologie BL. butta,
btUtis = /iovTi;, vase, ne satisfait ni pour le
sens, ni pour la forme.
2. BUSE, BUSON, oiseau, it. bujsza, du
L. buteo, espèce de faucon. — D. busard, ail.
busshart (et même par interprétation popu-
laire buss-aar), angl. bussaixl, néerl. bui-
sert, prov. bu sac, it. bojgzago,
BUSSARD, anc. mesure de capacité, dérivé
do busse', BL. buza = botte, tonneau, bar-
rique.
1. BUSTE, t. de commerce, boite pour
conserver le raisin de Damas, du BL. busta,
coffre, caisse (primitif de btistellus, fr bois-
seau) ; or. busta est formé de buxida, pixyda
(voy. boite).
)i. BUSTE, it. esp. busto, prov. bust, par
tie supérieure du corps ; c'est le même mot
que le mot précédent, qui a pris le sens de
tronc du corps ; cp. BL. arca, it. casso (cap-
sus), angl. chest, ail. brust-hasten, etc., qui
tous offrent la même assimilation d'idée. —
Le mot buste est d'un emploi assez récent ;
l'ancien terme était bue, bu, qui s'accommode
très bien, pour l'étymologie, du vha. pûh,
bûh (mha. bitch, nha. bauch), ventre et car-
casse (c'est aussi le primitif du prov. bue,
ruche). A côté de bu. Fane, langue et le prov.
présentent, pour tronc du corps, aussi lyruc
[brut n'est qu'une variété orthographique),
que Diez explique par vha. bruh^ nha. bruch,
fragment, et qui pourrait bien n'être, car on
trouve aussi brusc, que le même mot que le
prov. brusc, ruche, rouche (voy. ruche). L'ail.
Orust doit, pour tous ces mots, être laissé en
dehors. Gachet est d'avis que le vfr. bus, bue,
bu, rouchi busch ■=■ buste, tronc humain, le
wallon et prov. bue, BL. buca, busca, tronc
d*urbre, sont des mots identiques, procédant
tous de boscus, buscus, bois. Busca se serait
modifié en busta, arbor ramis truncata, de
là le fr. buste. Pour le changement de c en t,
Gachet cite vfr. mustiax, j&vret, wall. mustai,
rouchi mutiau, qui viennent de musculus,
n soris de jambe » (Gloss. lat.rom. de Lille).
La forme intermédiaire a dû être musquiau,
muquiau. Cette manière de voir présente di-
verses difficultés.
BUT, variété de bout (v, c. m.), pr. chose
on relief, proéminente, puis particulièrement *
lo point de mire du tireur, ce à quoi l'on vise,
la fin de la carrière, extrémité. La forme fé-
minine du mot est butte, petit tertre, massif
do terre où l'on place le but pour tirer. — Lo
Torbe buter est de double nature : dans sa si-
gnification de heurter, pousser, appuyer, il
est une variété de bouter et le primitif de
but, butte, chose repoussée ; d'autre part, si-
gnifiant frapper au but, il est un dérivé de
but. Voir aussi début et rebuter.
BUTER, voy. but. — D. butoir.
BUTIN, it. bottino, esp. bolin, dér. du nord.
byti, angl. booty, mha. bùten, ail. beuie,
même sign. — D. butiner.
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CAB
— 78 -
CAB
BUTOR, oiseau de proie, du L. bos-taunts,
selon Belon, Nicot, etc. ; d'après Ménage, de
hxigi'tauriiSf pour mugUauriis^ Les formes
wall. puttoir, flam. putoor, v. angl. bittour,
bitnre (op. BL. bitorius), angl. mod. bittern
(cp. aussi esp. bitor, roi des cailles) démon-
trent la vanité de cesétymologies. Le mot
reste à éclaircir.
BUTTE, voy. but. — D. butter (pour l'ac-
ception chopper, faire un faux pas, voy. des
. métonymies analogies dans l'art. broncher)\
buttée.
BUVABLE, -arcL -ce, -ette^-eur, -otteTy tous
dérivés de botre, par un radical buv pour bec
(lat. bib). Ce changement de i ou f ou u n'est
propre qu'à la langue moderne et s'est proba-
blement opéré sous l'influence du participe bu.
BYSSUS, mot latin, tiré du gr. ^(fjioi.
C
ÇA, contraction familière de cela.
ÇA, adverbe de lieu, prov. sa, sai, contrac-
tion de la formule latine ecce hac, comme ci
vient de ecce hic. — Les formes it. qua, esp.
acà, port, cà, viennent du L. eccu'hac. —
Composé : deçà.
CABALE, it., esp., port, cafta/a, interpréta-
tion mystique du Vieux Testament ; de là les
acceptions modernes : pratiques ou machina-
tions secrètes, etc.; de Hiébreu kabalah, tra-
dition, science occulte. L'opinion qui rattache
lurigine de cabale aux lettres initiales des
cinq ministres (Cliflbrd, Ashley, Buckingham,
Arlington et Lauderdale) composant en 1670
le cabinet du roi Charles II d'Angleterre, est
erronée, malgré le crédit que lui ont donné
de graves historiens. L'emploi du mot cabale
est antérieur à 1670; il figure déjà dans le
dictionnaire de Monet (1636). — D. cahaler,
intriguer; cahaliser; cabaliste, savant dans la
cabale des Juifs.
CABAN, d'un mot bas-latin capanus dérivé
de capa ou cappa, voy. chapeau. A caban
correspond lit. gabbano, sarrau, balandran,
esp. gaban. D'autres rapportent le mot à l'arabe
aban, capote avec des manches et un capuchon ;
le mot arabe a pour initiale un ain, lettre
gutturale permutant facilement avec c ou ^.
CABANE, it. capanna, esp. cahana, prov.
cabana; du BL. capanna, maisonnette de
chaume, mot mentionné par Isidore, et qui
parait identique avec le cymr. caban, même
sign., dimin. de cab. Les étymologics capere,
contenir, et cappa, manteau (qui se rencontre
en V. esp. et en milanais avec le sens de ca-
bane) sont fautives, le suffixe anna étant
étranger aux langues romanes. Ménage dé-
rive le mot de x2€àv>j, étable, coche (il faut
lire xaîrivïj), — D. cabanon, cabana'. — Une
modification de cabane est l'angl. cabin, fr.
cabine (Palsgrave donne un masc. cabain),
d'où le dim. cabinet.
1 . CABARET, l'origine de ce mot est encore
à trouver ; Ménage le dérive de x&nrj, lieu où
l'on mange, crèche (de xàTTrciv, manger à gou-
lée); de là se seraient produits successive-
ment caparis, caparetum, cabaret. Du même
Kà:rT«iv vient, en effet, x&:r>j>o«, marchand de
vivres, puis petit marchand et tavemier. —
Frisch voit dans cabaret une corruption de
caponerctte, et le rappoi'te au L. caupona,
auberge, taverne ; Heyse, à son tour, l'expli-
que par caban(Tct (de cabane).
2. CABARET, plante ; d'après Ch. Etienne,
p. bacaret, du L. bacchar ou beccar, nard
sauvage ; d'après Saumaise, gâté de combre-
tum ou cobretHyn, espèce de jonc.
CABAS, CABACHE*, esp. capaso, capacho,
port, cabas, accuse un type latin cabacetts,
que Ménage rapporte à un mot grec hypo-
thétique y.ixtxroi qui viendrait de xâ«, verbe
inusité, auquel il prête le sens de capere,
contenir. Mieux vaut ranger le mot sous le
primitif ca/)j»a, dont il .sera question sous cape,
ou sous la racine cap de capere. — M. Defre-
mery (Revue crit., 18 déc. 1868) indique
ViXTiihQ gafas, cage, panier. — D. cabasset,
espèce de petit ca.<que ; cabosser, empocher,
filouter (angl. cabbagc, ni. cabassen).
CABESTAN, de l'angl. capstan, capstern ;
celui-ci de l'esp. cabrestante, cabestrante (ra-
cine : copra, clièvre). On sait que, dans beau-
coup do langues la chèvre et le bouc ont
prêté leur nom à des machines servant à sou-
lever dos fardeaux. Cabrestante veut dire
chà're debout. Les. Néerlandais ont gâté le mot
en kaopstonder et les Allemands en kopfstàn-
dei\ — Mahn, à tort, préfère pour primitif
l'esp. cobestrar, mettre un licou (de copcstro,
fr. chevet rr).
CABILLAUD, CABLIAU, du néerl. kabel-
jaauxc ; quant à celui-ci, on le fait venir par
tran.«position de lettres de bacalaiba, nom
basque do la morue, qui a donné l'esp. baca-
lao, fr. bacaliou, et le ba:)-all. bakkeljau
(Venise : bocal à).
CABINE, CABINET, it. gabinctto, esp. ga-
binete, voy. cabane.
CÂBLE, CHABLE, it. cappio (cordon,
nœud), esp., poi-t. cable; du BL. capulum
(Isidore : capulum, funis). Le grec du moyen
âge présente xà:r)iov, le néerU kabel. La pro-
venance du mot est incertaine. On a proposé
tour à tour le grec xà/tcXo;, corde, l'hébreu
chabal et l'arabe habl, qui signifient la même
chose, mais ces suppositions sont dépourvues
de fondement. (Les mots d'origine arabe sont
postérieurs à Isidore.) Qui oserait affirmer
que capulum n'appartient pas au fond latin ?
— Pour un autre mot cable*, chaable', voy.
l'art, accabler. — D. câbleau ou câblot, câbler;
aussi chableau, chabler.
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CAC
— 79 —
CAD
GABOGHI, mot burlesque pour désigner la
tête ; de Fit. capocchia, employé encore pour
la tète d'un clou, d'une épingle, ainsi que pour
le gros bout d'un bâton (primitif capo, tête
*= L. caput). — D. cabochmt, terme de
joaillerie.
CABOTER, naviguer de cap en cap (esp.
cabo). Telle est l'explication courante de ce
terme maritime, mais elle n'est pas soute-
nable. — J'ai lu (Nederlandschc Spectator,
1875, n*> 27), dans le récit fait par M. Félix
Bovet d'une renconti-e avec un Américain,
descendant de Jean et Sébastien Cabot,
grands navigateurs du xvi« siècle, que
celui-ci prétendait qu'une tradition de fa-
mille attribuait à ces navigateurs l'origine
du terme maritime caboter. A l'appui de
cette attribution, je remarquerai que ni l'it.,
ni l'esp. n'ont formé de capo, cabo un verbe
analogue. — D. cabotage, -ter.,
CABOTIN, comédien ambulant; non pas
de caboter f mais d'après un célèbre opéra-
teur charlatan de la seconde moitié du xvn®
siècle, appelé Cabotin, (Voy. Littré, suppl.)
CABRER (SB), du L. capei\ gén. capri,
bouc, dont le propre est de se cabrer.
CABRI, vfr. cabril\ du L. capriUuSy forme
secondaire de capreohis, chevreuil.
CABRIOLER, pr. sauter comme une jeune
chèvre, du L. capreola, chèvre sauvage. —
D. cabriole, cabriolet, voiture sautillante.
CABUS, dans chou-cabtts et laitite-cabiisse,
de l'it. cappitccio, petite tête. Cp. ail. kappes,
angl. cabbage; flam. cabiiyskoole (Kiliaen).
L'orthographe cabiit engageait Ménage à
faire venir le mot français d'un participe
fictif cap wfiw, pourvu d'une tête.
CACADE, du L. cacare.
CACAO, mot américain : mexicain haha-
huaiJ. L'arbre est nommé en esp. cacagual.
CACATOIS, 1. nom d'oiseau; 2. nom de
mât (op. perroquet) ; au fond, une onomato-
pée du cri de l'oiseau, mais tiré directe-
ment du malais kahatoua,
CACHALOT. Le. nom de ce mammifère cé-
tacé, qui se retrouve aussi en anglais, repro-
duit directement l'esp. cachalote. Or, celui-ci,
à l'avis de Tobler (Ztschr., IV. 376), n'a
rien à faire, comme on a prétendu, ni avec
qu\jal « dent », ni oyecquijar, « mâchoire »,
étant l'augmentatif de cachuelo, qui se dit
d'une espèce do poisson de rivière, mais
qui dans le principe, comme cachorro, a la
valeur de jeune chien. Cacho, le primitif,
signifie de même en esp. à la fois jeune
garçon et une espèce de barbeau; en port.
cachorra signifie à la fois chienne et cacha-
lot. L'original est donc, selon les règles, le
lat. catiflus. L'irrégularité cachalote p. ca-
cholote, c'est-à-dire a p. o, en syllabe atone,
n'est pas rare en espagnol.
CACHEMIRE, tissu ; de Kaschmir, capitale
d'une province du même nom dans le royaume
de Lahore.
CACHER, ce verbe répond à un type latin
coacticare, tiré régulièrement du participe L.
coactus, serré, resserré, enfermé. Pour coa
contracté en ca, cfr. cailUn-, de coagitlare.
Le part coactus est aussi l'original de l'it.
quatto, tapi, caché. — D. cache; cachette,
cachot; verbes dimin. cacheter (anc. celer,
puis rendre invisible le contenu d'une lettre
au moyen du cachet) et cachotter. — Le sens
foncier de comprimer s'est conservé dans éca-
cher (v. c. m.).
CACHET, subst. verbal de cacheter (comme
projet de p^'qjete?'), car je j^ense que le verbe
a préexisté.
CACHETER, voy. cacher, — D. cachet;
composé décacheter.
CACHEXIE, gr. xa/s^oc, mauvaise disposi-
tion (x«xo,-, mauvais -f- «î15. état).
CACHOT, dim. décoche (voy. cacher).
CACHOTTER, dim. de cacher.— D. cachot
terie.
CACHOU, de l'indien catechu
CACOCHYME, gr. y. xoxuao;, qui a de mau-
vaises humeurs. — D. cacochymie.
CAC06RAPHIE, terme grammatical formé,
d'après l'analogie de ip^oypx^ia, au moyen de
xaxà;, mauvais, et de yp^yn-j, écrire.
CAC0L06IE, terme technique formé de
/.5C/.05 + >d/Oi, mauvaise expression ou façon
de parler.
CACOPHONIE, gr. x«x5î»wv{a, dissonance,
litt. mauvais son.
CACTUS, gr. xà/To,-. — D. cactier, cactée.
CAB ASTRE, it. esp. catastro, du BL. capi-
tastrum, pr. liste de l'impôt capital, dérivé
do caput, tête (cfr. en esp. cabeson, rôle des
impositions, de cabesa, tête). Grégoire de
Toui*s employait capitularium au même sens
que capitastrmn.
CADAVRE, L. cadaver {ysic. cadei'e, tomber).
. — D. cadavéreux, L. cadaterosus.
CADEAU, anc. cadel ; on appelait ainsi
anciennement les traits « enchaînés » ou
entrelacés dont les maîtres calligraphes en-
tourent ou ornent leurs modèles d'écriture
(de là l'ancien terme : écriture cadeJée) ; puis,
par extension, petit diveitissement, partie de
fête; enfin, petites choses inutiles, accessoires,
de pure fantaisie, données en présent. Du L.
cateUus, dim. de catena, chaîne. — Cette éty-
mologie traditionnelle a été renversée depuis
que Brachet (Doublets français, suppl., p. 17)
a posé pour cadeau, dans son premier sens,
celle de L. capitelîum; cp. p. la forme ca-
dastre de capitastrum, et pour le sens, l'ex-
pression " lettre capitale » . — Cette expli-
cation a eu du succès, et elle le mérite au
point do vue du sens et de la lettre ; mais la
transition du sens lettre capitale, cadclée, à
celui de fête, partie de plaisir, telle qu'on la
représente dans les dictionnaires et qui m'a
toujours semblé quelque peu factice, n'en est
pas rendue plus plausiblo. En tout cas, je m'y
rallie franchement, en considérant que si ca-
deau est réellement du crû français, le L.
catelîus ne serait pas devenu cadel, mais caiel
ou chayel. — Rônsch, en ce qui concerne
l'acception •« don, présent », la rapporte
aux chaînettes (cateîli) d'or dont (selon Tite-
Live, XXXIV, 31, 18) on récompensait les
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CAF
— 80 —
CAH
soldats romains. Mais encore une fois, cadel^»
cateHits heurte trop les lois de formation
françaises.
CADENAS, de Fit. catoiacciOf dérivé de ca-
* tena, cbaiue. Anciennement, le cadenas avait
une petite chaîne au lieu de ce que nous nom-
mons aujourd'hui l'anse ou Fanneau du cade-
nas — D. cadenasser.
CADENCE, it. cade^na, du BL. cadentia,
subst. dérivé de cadette, tomber; cadaice est
donc pr. la manière dont le ton musical s'élève
ou s* abaisse f puis la mesure qui règle les
mouvements. Ce terme cadence est savant,
car la transformation véritable de cadentia
est cheance't chance (v. c. m.). — D. cadencei\
-CADENE, de cadena, forme provençale et
espagnole du L. catena, chaîne. — D. cade-
nette. J'apprends, cependant, par le Dict. de
Littré, que \B,cadenette tire son nom d'Honoré
d'Albret, seigneur de Cadenet, qui affection-
nait particulièrement les cheveux en cade-
nette.
CADENETTB, voy. l'art, préc.
CADET, fém. cadette, it. cadetto, angl. ca-
det, du L. capitettum (cp cadastre de capi-
tast7tim)t diminutif barbare de caput. Le
cadet est donc envisagé comme la « jeune
tête ", - le petit chef »» de la famille, relative-
ment à l'aîné, qui en est la tête, le chef pro-
prement dit. — Le type fictif capitettum est,
dit P. Meyer (Rom. III. 316), une hypothèse
superflue ; cadet , mot entré dans le français
au XVI® siècle, est le béarnais ou gascon cap-
det, qui, selon une particularité phonétique
de ce dialecte, répond au prov. capdel (chef)
=* lat. capitelliim,
CADMIE, L. cadmia («cao^us^a).
CADRE, it. quadro, du L. quadrum, carré.
— D. encadrer. A la même famille appar-
tiennent :
Cadrer, L. quadrare.
Cadran, L. quadrans; les cadrans solaires
sont carrés.
Cadrât, L. quadratiis ; dim. cadratin,
Cadraturk, L. quadratura.
Tous ces termes sont savants ou nouveaux ;
pour la langue vulgaire, le radical quadr est
devenu carr, en vertu de l'assimilation liabi-
tuelle. En voici les rejetons :
Carré ■» L. quadratus; carrer = qua-
drare; CARRIÈRE «=* BL quadraria, lieu où
l'on extrait les pierres ; équbrrb, équarrir,
etc. (voy. ces mots).
CADUC, L caducus (de cadere, tomber). —
D. caducité, L. caducitas,
CADUCÉE, L. caduceus (qui représente le
gr. x»ï/&ux«îov, bâton de héraut).
CAFARD, anc. cafar, hypocrite, bigot; on
a proposé esp. port, cafre, rude, cruel, de
l'arabe kâfir, infidèle, perfide, ingrat. Cafard
disignerait proprement un infidèle qui se
fait d'une autre religion, sans bonne foi, sans
conviction. Littré, à cause de l'orthographe
anc. caphard, préfère l'étymologie de Du-
cange, savoir caphardum, sorte de vêtement
mentionné au xiv* siècle dans des statuts
d'université ; mais Ducange ne dit rien de plus
ni sur l'origine de ce mot, ni sur le rapport
des idées. D'après Bovet, le mot se rattache
à la secte des cathares (xxByp'A), le 9 étant
rendu par f comme dans Féodor p. Théodore.
Voy. Littré, suppl. En somme, Tétym. du mot
reste incertaine.
CAFÉ, esp. café, it. caffe, angl. coffee, ail.
haffee; de l'arabe qahvah, turc kahweh, vin,
puis boisson de baies cuites; d'autres, avec
peu de probabilité, tirent café de haffa, nom
d'une contrée d'Afrique, pays originaire du
café. — D. caféier ou cafier; cafetier, -ère.
CAGE, angl. cage, it. gabbia, esp. gaxna,
du L. cavea; pour la consonnification de eoui
devant une voyelle, cp. abréger de abreviare,
singe de simia, pigemi de pipio, congé de
cmnmeatus, linge de Hneum, etc. — D. cagée,
encager,
CAGNARD, fainéant, paresseux, do cogne'
(se dit encore pour mauvais chien), it. cogne,
chienne (L. canis). Autrefois le subst. cagnard
se disait aussi pour chenil. — D. cagnarder,
'ise, s^acagnarder, — Le même primitif co^^ie,
chienne, puis aussi terme d'injure, a donné
cagneux (la plupart des chiehs sont cagneux,
dit Ménage), cagnot, chien de mer, et acagner
(patois berrichon), combler d'iiyures.
CAGNE, CAGNEUX, voy. l'art, préc.
CAGOT ; l'acception d'hypocrite attachée à ce
mot ne remonte pas au delà du xvi* siècle.
Quant à l'origine du mot, on le croit identique
avec le nom d'une caste ou d'une race disper-
sée dans le Béam et les contrées avoisinantes.
Une bande de Goths et d'Arabes, dit-on, qui
s'étaient réfugiés en Guienne, obtinrent de la
part de Charles Martel et de ses successeurs
appui et protection; mais les indigènes les
traitèrent d'Ariens et de lépreux et les frap-
pèrent du surnom de cagots, c.-à-d. canes
gothi. L'étymologie n'a rien à opposer, observe
Die2, à cette ancienne explication du mot
cagot, qui peut fort bien être composé du
prov. cà, chien, et de Goth; on aura fait dé-
vier le sens primitif de cagot, savoir : « infi-
dèle n, en celui d'hypocrite, homme qui, contre
sa conscience, suit les pratiques de la religion
catholiq\ie (cp. pi. h. une étymologie analogue
attribuée à cafard). — Frisch décompose le
mot en prov. cap, tête, et ail. Gott, Dieu ;
capgot, cagot, serait un juron; « par la tête
de Dieu " , que les hypocrites aiment particu-
lièrement à prononcer pour dissimuler leur
mauvaise foi. — Des études nouvelles sur les
cagots (voy. V. de Rochas, Les Parias de
France et d'Espagne. Paris, 1876) indiquent,
cx)mme origine du mot, le breton cacodd
K lépreux ». La signification moderne a pu
s'être produite sous l'influence de bigot.
CACtoUILLE, 1. nom patois du colimaçon.
2. volute ornant le haut de l'éperon d'un vais-
seau. — Cp. pour le thème cag le prov. mod.
cacalan, escargot, bitarrois cagarol.
CAHIER, anc. cayer, pic. coyer, roudii
quoger, en angl. quair, puis quire. Du L.
quaternum (cp. hiver de hibernum, etifcr de
infernum), liasse de quatre feuillets. Cette
étymologie est assurée par l'emploi fréquent
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du mot quatemum ou quatemio (« chartœ
Compact» *») dans le latin du moyen âge, et
les formes prov. c(uem^ quadem. Un ano-
nyme français, faisant la critique du diction-
naire de Diez (Athenceum français, 1853),
prétend avec autorité que caAier vient de qua-
temio Ce critique est peu initié aux procédés
mécaniques de la romanisation ; quatemio n'a
jamais pu faire cahier, mais bien cargiuni
ou chargnmi (on trouve en effet la forme
charreignon), — L'étym. L. codicarium, con-
damnée par la phonétique, doit être aban-
donnée. — Voy. aussi carnet et caser7iet.
GAHIN-GAHA, du L. qiia hinc qua Jiac
(Ménage).
CAHOTER, étymologie inconnue. Ménage
indique une forme cadutare, faire des chutes
V. c. m.), comme ayant pu donner naissance
à ce mot (il allègue à l'appui le nom propre
Cahors, de Cadurcum). Nous y voyons de
préférence une onomatopée, ou bien, vu la
forme wallonne kihoter (ht, préfixe, «« fr. co,
con), le radical ail. hot, marquant secousse,
balancement (cp. ail. hotse, berceau). —
Bugge admet pour type une forme romane
quatottare, fréquent, de quatere. Cahoter se
serait produit comme haisoter, grignotery
trembloter, etc. J'approuve, en théorie et pho-
nétiquement, cette étymologie; mais je la
tiens pour suspecte tant qu'on ne produira
pas à l'appui d'autres verbes en oter ne décou-
lant pas d'un autre verbe français préexistant.
Je m'en tiendrai donc au wallon kihoter, dont
Bugge ne fait pas même mention. — Subst.
verbal cahot.
CAHTJTS, anc. cahutte, cahuctte, dan. ka-
hyt, suéd. kajuyta, haota, kota (holl. kajitit,
cabine d'un navire). La forme actuelle cahute
parait être une contraction de cahuctte; le
primitif serait alors cahue, BL. cahua, et
répondrait à l'ail, haue, réduit, ni. kouw,
L'anc. fr. et certains patois emploient cahuet
p. capuchon ; cela fournit un nouvel exemple
de ce rapport idéologique entre les mots ex-
primant maison et habillement, que nous
avons relevé dans caban, chasuble et casaque,
CAIEU, bulbe, oignon; étymologie incon-
nue,
CAILLE, it. quaglia, prov. cdlha, angl.
quail, du BL. quaquila, quaîia, v. flam,
quakele. Papias : « Quaquila, genus avis,
vulgo coturnix, a vocis sono. » Cfr. l'ail, qua-
ken, coasser. — D. caillette, femme babillarde
(angl. collet), caïlleteau, cailleter.
CAILLER, vfr. coailler, it. quagliare, ca-
gliare, esp. cuajar, port, coalhar, du L. coa-
gulare. Ce primitif latin a été une seconde
fois introduit dans la langue par les savants
sous la forme de coaguler, — D. caillotte;
caillot, Cps. caillebotte, de caille + botte,
faisceau, monceau (voy. bot).
CAILLOU, rouchi caliau, pic. cailleu, prov.
calhau. Grandgagnage propose comme source
de caillou le néerl. hm, hei, ou le cymr. caU
lestr, bret. calastr, même signif. Diez ratta-
che caillou à cailler : caillou ■- pierre caillée;
il se fonde, en faisant cette coi\jecture quelque
peu hardie, sur une origine tout à fait ana
loguc de l'allemand kiesel, qui signifie à la fois
caillou et grêlon. L'explication la plus naturelle
est, à mon avis, la succession de formes : L.
calculus, calcolus, callocus, fr. caillou, cail-
leu, ou celle-ci : calculus, caculus (la sup-
pression de l radical me semble très admissi-
ble), caclus : d'où chail, cail, caille (formes
en usage dans les patois), puis au moyen des
suffixes ol, ou, eul, ot, les diverses formes
caillot, -ou, -eul, ot. (C'est cette dernière ma-
nière de voir que Diez avait adoptée en der-
nier lieu.) — D. caillouter, caillouteux (ces
dérivations par t sont modernes).
caïman, du caraïbe accti/oMmaw, crocodile.
CAIQUE, espèce de vaisseau de mer; mot
turc.
CAISSE, it. cassa, esp. caxa, prov. caissa,
angl. cash; du L. capsa (xàfa), coffre. — D.
cassette, caisson, caissier, encaisser. — Le
latin capsa se trouve encore dans la langue
française sous la forme de casse (t«rme d'im-
primerie), d'où casseau, et sous celle de châsse
(voy. c. m.).
CAJOLER, anc. chtmier (*i cageoller comme
un gay «, dit Paré); le sens semble donc être
« enchanter, gagner par de douces paroles " .
N'était le sens premier de chanter, l'étymol.
cageole =»» petite cage ( == L. caveola ; cp.
geôle), conviendrait assez bien ; cajoler serait,
comme enjôler (v. c. m.), finir par attraper
l'oiseau et le mettre en cage. Mais la première
signification du mot oblige à chercher ailleurs.
A Namur, on dit cajoler dans le sens d'eiyoli-
ver ; or, en présence du préfixe ca assez fré-
quent dans les dialectes wallons et dont le sens
parait être itératif, on est autorisé à s'adresser,
avec Grandgagnage, au thème Joi de joli, qui
signifie, en premier lieu, gai.
CAJUTE, autre forme de cahute, tirée di-
rectement du ni. hajuit.
CAL, du L. callus; on dit aussi en fr. calus.
— D. calleux, L. callosus.
CALADE, t. de manège, de l'it. calata, des-
cente ; celui-ci du verbe calare, baisser ; voy.
cale.
CALAIS, sorte de panier, d'un type cala-
tium (cp. palais de palatium), dérivé de cala-
thus, xàXa^oi (en grand usage dans le bas
latin); voy. Bugge, Rom,, IV, 352.
CALAMENT, gr. xulufih^ (litt. belle
menthe).
CALAMINE, vfr. chalemine, BL. calamina,
paraît être altéré du L. cadmia (xuS/ulx), m.
s., dont le terme ail. ^a/m«y se rapproche
davantage.
CALAMISTRBR, L. calamistrare, de cala-
mister, fer à friser (dér. de calamus),
1. CALAMITE, gonmie-résine, qu'on re-
cueille dans des tiges de roseau; du L. cala-
mus, roseau.
2. CALAMITS, aimant, it., esp., port, ca/a-
mita, prov., catal. caramida; soit de calamus,
chaume, soit de xxkaixirtu, grenouille verte.
Diez, observant que l'ancien fr. n'appliquait
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guère la dérivation par ita à des noms de
choses, opte pour le dernier. « Avant l'inven-
tion de la boussole, on mettait cette pierre
dans un bassin d'eau, suspendue entre deux
fétus, où elle nageait comme une grenouille. »»
(Le père Fournier.)
GALAMITi, L. calamitas, — D. calami-
ieuœ, L. calamitosus,
1. GALANDRB, alouette huppée, all.ffalati'
der; vfr. caradril et caladril; on avait pro-
posé, les uns ffoiarita, nom latin de loiseau,
les autres caltendrum, bonnet, huppe. Diez,
se fondant sur une forme secondaire esp. cala-
dre, préfère le gr. xapaôjçioi, pluvier, d'autant
plus (jue les vieux glossaires latins-allemands
traduisent caradrius par alouette. Je trouve
cependant dans les dictionnaires aussi la forme
xÀiatv^jOOi comme nom d'alouette.
2. GALANDRB, charançon, angl. calender,
ail. kaïander, glander ^ ni Mander; du BL.
caladrius, culendra; prob. étymologique-
ment identique avec le nom de l'oiseau.
3. GALANDRE, machine à tabiser les étoffes,
esp. calandrta, angl. calander; du L. of lin-
drus (xO)cv5/»9i) ; la bonne orthographe serait
colendre, qui est la formation régulière de
q/lindriis. — D. calandrer,
CALANGUS ou carangite, petite baie, it.
calanca; dérivé de cale 2.
GALGAIRE, L. caJcarius (de calx^ chaux).
GALCINBR, BL. calcinare (calx), transfor-
mer en chaux.
GALGUL, 1. pierre (en médecine), L. calcu-
las (dimin. de calx)^ d'où calculeiix; —
2. subst. verbal de calculer, L. calculare.
1 . GALE, plan incliné, fond de navire, châ-
timent usité en mer; se rattache au verbe
caler y baisser, enfoncer, it. cal are, esp. calar,
BL. calarcy qui est le L. chalare^ lâcher,
faire descendre, suspendre (gr. x«iâv), d'où
caladCf calaison.
2. GALE, abri entre deux pointes de ro-
chers, petite baie. Du gaél. cala, baie, port,
ou de calare, caler, descendre (dans le port).
3. GALE, morceau de bois, de pierre, etc.,
placé sous un objet pour l'assujettir et lui
donner de l'assiette. L'ail, keil (vha. jchail),
coin, satisferait au sens et à la lettre (cp.
gale' de getl). Diez, cependant, rapporte le
mot à caler (voy. cale 1), au sens d'enfoncer.
GALEBA8SE, courge, gourde, de l'esp.
calahaza (cat. caraàassa), qui lui-même vient
peut-être de l'arabe querbaà, outre (plur.
qcràhat). — D. calebassier,
GALEGHE, it. calesso, esp. calesa, angl.
calash;cc»t le bohème kolesa, dim. holeska
(polonais kolasa, -aska), dér. de kolo, roue.
GALEÇON, de l'it. cahone, dérivé de calzo
(voy. chausse).
CALÉFAGTEUR, -PAGTION. L. calefactor,
tio (de calefacere, chauffer).
GALÉIDOSGOPE, mot nouveau, fait par
l'inventeur (Brewster à Edimbourg, 1817)
avec les éléments grecs suivants : xaXà tïSrj =«
de belles images, et axoTiiû», je vois, je con-
temple.
GALEMBOUR, étymologie inconnue. Phil.
Chasles indique l'abbé de Calemberg, person-
nage plaisant de contes allemands (d'autres
disent conteur burlesque lui-même). Autre
histoire : un souverain de Nancy avait à sa
cour un certain comte de Kalembourg ; cet
Allemand parlait si mal le français qu'il fai-
sait à chaque instant des équivoques par le
double sens des expressions dont il se servait
à tort et à travers. De là « expression à la
Kalembourg » et Kalembourg tout court.
Citons encore l'explication de Boiste : de l'it.
calamqfo, encrier, et burlare, railler, et celle-
ci : vlolH (belle) -[- bourde, — Mot de la même
façon : caiembr^ine, bourde, absurdité, en
picard bredaine tout court, à Genève calem-
bourdaine. Darmesteter (p. 114) décompose
ce mot en calem (la, particule péjorative cali
nasalisée devant la labiale) -^ berdaiîie ou
bourdaine (de bourde), Calembourdaine,
selon lui, donne l'étym. de calembour, qui se
trouve être la forme masculine de calembre-
daine; en effet, «goute-t-il, aux environs de
Chateaudun calembour se dit au sens de
calembredaine, — Voyez a\issi Littré, suppl.
GALEMBREDAINE, voy. l'art, préc.
GALENDE8, L. calendœ. — D. calendrier,
anc. calendier = L. cale7idarium, it., esp.
calci'idario.
GALENDRIER, voy. calendes,
GALEPIN ; ce mot a pour origine le diction-
naire polyglotte composé, vers la fin du
XV® siècle, par Ambroise Calepin; ce gros
dictionnaire était considéré comme un volume
indispensable, et le nom de son auteur a fini
par désigner un livret portatif servant à in-
scrire des notes.
GALER, 1 . baisser, 2. assujettir au moyen
d'une cale, voy cale 1 et 3.
GALFATER, de l'it. calafatare, calefalare,
esp. calafatear, grec vulgaire x«}.af xtùv. Ces
verbes viennent de l'arabe qallef •» ferrumi-
nare »». On disait autrefois aussi calfatrer,
d'où, sous rinfl\ience de feutre peut-être, s'est
produite celle de calfeutrer. L'allemand dit
calfate^m. — D. calfat, subst. verbal.
CALFEUTRER, voy. l'art, précédent.
GALIBRE, it. esp , port., ca/t&ro, v. esp.
calibo, capacité ou diamètre d'un tube ; moule
à briques, etc.; d'après Herbelot, de l'arabe
kalih, modèle, moule. Le dictionnaire arabe
de Freytag donne qAlab, modèle, et qalib,fon'
taine. Mahn conjecture inutilement une éty-
mologie : qua librat (de quel poids?), en se
fondant sur l'ancienne orthographe qualibre
(R. Etienne et Cotgrave). — D. calibrei:
1 . GALIGE, du L. calix, <cis, vase à boire.
2. GALIGE, t. de botanique du L. calyx
(.àiuÇ).
GALIGOT, de la ville de Calicut (Inde an-
glaise), d'où cette étoffe fut d'abord importée.
GALIFOURGHON, anc. calfourchon, cafour-
cho72; le premier élément cali représente,
d'après Darmesteter (Mots composés, p. 112) la
particule péjorative cal, cali, ca. — A cali-
fourchon dirait donc pr. « mal enfourché ».
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CALIN. Ce mot moderne, auquel Littré
attribue les deux sens *« dépourvu d'activité
et d'intelligence » et « cajoleur »>, a un histo-
rique trop maigre pour oser établir une
étymologie définitive. Trévoux l'interprète par
paysan, fainéant, gueux ; cela concorde assez
bien avec le wall. colin, coquin (dans Grand-
gagnage; Forir ne l'a pas accueilli). En atten-
dant des renseignements plus sûrs, je main-
tiens l'étym. catellus', petit chien ou petit
chat, d'où catelinus', caelin, câlin. — Brink-
mann (Metaphem, p. 227) n'hésite pas à voir
dans câlin une transformation euphonique de
canin (cp. wallon faim câliné) ; c'est donc un
dérivé de canis, chien, par application méta-
phorique d'une des qualités caractéristiques
de cet animal. Cette explication mérite toute
attention. — D. câliner, câlinerie.
CALLEUX, L. callosus. — D. callosité,
CALLIGRAPHE, -lE, -IQUE, composés des
mots grecs xài>o«, beauté, et yf^àfitj, écrire.
CALMANDE, aussi calamandre, sorte
d'étoffe, esp. calamacOf anglais calamanco,
ni. Aa/wîM A. D'origine inconnue; vu le grec
mod. r.afAgXoiù/.tov, on a pensé à une origine
analogue à celle de camelot.
CALMAR, étui à plumes, du L. calama-
rium (calamus). Rabelais a dit galemar,
CALME, it., csp., port, calma, pr. absence
de vent. En esp. et en prov. calma, signifie
aussi la partie de la journée où le soleil est
le plus ardent, ce qui donne lieu à voir dans
calma une transformation du BL. cauma,
ardeur du soleil, qui est le grec xaûfix, cha-
leur. Le changement de au en al est rare ; on
peut citer l'it. aldire, du L. audire, aldaçe,
du L. aiidax, palmento p. paumento, du L.
pavimentum, et le cat. ffalta p. ganta, joue.
Dans notre cas, il peut avoir été produit par
une influence du mot calor. La partie du jour
où le soleil est le plus chaud entraine l'idée de
cessation de travail, de repos, de tranquillité;
aussi le mot chômer, p. chommer, chaiimer,
n'est-il, à l'avis de Diez, qu'une modification
de calmer. En provençal et autres dialectes,
chaume signifie encore aujourd'hui le temps
de repos des troupeaux. — D'autres ont proposé
le grec fixl^xài (d'où fixXxxlx, L. malacia,
calme de la mer), modifié par transposition
en xaia/Ao';. — D. calme, adj,, et calmei%
verbe.
CALOMNIE, L. caliimnia; verbe calom-
nier, -ateur, L. calumniari, -ator; calom-
nieux, L. calumniosus. Le vieux fr. disait
correctement calonge, chalenge, p. calomnie,
mais avec le sens de reproche, défi (cp. angl.
challenge).
CALORIQUE, CALORIFÈRE, CALORIMÈ-
TRE, termes formés du L. calor, chaleur.
CALOTTE, 1. sorte de coiffure, vfr. calette;
2. fig. un coup sur la tète, BL. calota C'est
un diminutif de l'anc. cale, nom d'une coif-
fure de femme, dont nous ne connaissons pas
la provenance. Le L. calautica, coiffure de
femme descendant sur l'épaule, pourrait à la
rigueur, par l'apocope du suffixe ica, avoir
donné caJaute, calote, mais il faut partir de
cale. — D. calotin, terme de mépris en par-
lant des prêtres (porteurs de calottes) ; calot-
ter. — Dans ma Lexicographie latine, p. 135,
j'ai signalé la glose : reticulum (réseau) calle.
CALQUER, it. calcare, angl. chalk, calh,
du BL. calcare, vestigium alicujus premere,
insequi (rac. calx, talon, au fig. trace). Cette
étymologie, cependant, reste encore à véri-
fier. On y oppose une autre, tout aussi accep-
table; celle de L. càlx, chaux, de manière
que le premier sens de calquer serait trans-
porter un dessin sur de la chaux fraîche, puis
le reporter de là sur le papier [décalquer).
CALUMET ou chalumete&i, cx)mme chalu-
meau, un dimin. du L. calamus, roseau.
CALUS, voy. cal.
CALVAIRE, L. calvarium, traduction du
mot sémitique golgotha, qui signifie « lieu
du crâne (L. calvaria) » et qui est le nom de
la montagne où Jésus fut cnicifié.
CALVITIE (mot savant), L. calvities (de cal-
tus, chauve).
CAMAÏEU, voy. camée.
CAMAIL, it. camaglio, prov. capmalh;
c'est pr. la partie de la cotte de mailles
[malha) qui couvre la tcte [cap).
CAMARADE, it. camerata, esp. camarada,
ail. kamerad, angl. comrad, compagnon de
chambre (L. caméra). La forme de ce mot
accuse le passage du sens collectif chambrée
en sens individuel; cp. en àW.fraucnzimmer,
litt. chambre des femmes, puis l'ensemble des
femmes habitant une chambre, enfin dame,
femme ; cp. aussi l'ail, bursch, d'abord «=
contubernium, puis •=* contubernalis, compa-
gnon, enfin le piém. mascarade, réunion de
masques, puis personne masquée.
fiAMARTT.TiA, diminutif de l'esp. camara,
chambre.
CAMARD, dér. de camus (v. c. m.).
CAMBISTE, de l'it. cambio, change.
CAMBOUIS, selon Raynouard, du prov.
camois, boue, souillure,
CAMBRER, arquer légèrement, du L. ca-
merare, voûter (de caméra, nufiécpr, voûte).
CAMBUSE, néerl. kabuys, angl. caboose,
ail. kabuse; prob. comme cabaret, un dérivé
du radical cab, d'où cabane, cabine. Le sens
général de hutte s'est spécialisé en celui de
cajute, cabine, et de nouveau en celui de cui-
sine ou dépense de vaisseau. Kiliaen : kom-
buys, promptuarium navis.
CAMÉE, camaïeu, it. cam^neo, cameo,
esp. camafeo. Mots d'origine obscure. On
trouve dans le latin du moyen âge les formes
suivantes : camahutus = sardonyx, camaho-
tus,camahelus, camasil,camaeus, camaynus,
camayx; en fr. camaheu, camahieu, cama-
hier, camayeu. On s'est épuisé en conjectures,
dont nous ne relèverons que les principales,
puisque aucune ne présente un cachet de pro-
babilité. Mahn, qui les a toutes soumises à sa
critique éclairée, présente la solution suivante
de ce problème étymologique : Camma ou
cama est au moyen âge le représentant du
mot classique gemma (vfr. game, vha.
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CAM
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CAM
kimma); de là camceus, it. cameo, fr. ca-
mée. Quant à la forme camahotus (d'où les
mots fr. camaheu*, puis camayeu, camaïeu,
se sont aussi régulièrement produits que vœu
de votum, neveu de nepotem), il y voit une
altération de camœus altus (aUiis =s vfr.
hault, prov. aut). Le camaïeu exprimerait
.donc étymologiquement une « gemme en haut
relief w . Diez objecte que l'initiale ff changée
en c, ainsi que la dérivation par œus, sont
contraires au génie roman ; camaheu lui parait
plutôt avoir donné naissance au BL. cama^
hotus qu'en être issu. Il propose, très dubi-
tativement, un mot roman commatulum
(dimin. de gr. ïtàfx/Aot, ciselure, empreinte),
d'où camaïeu se serait produit comme vieu^
de vetuhts ; pour ca substitué à, co, il allègue
calessa, calandre, canapé, p. colessa, calan-
dre, canopé. — Littré enfin, négligeant l'exa-
men de la terminaison des mots français, part
du gr. /â/Aviiv, travailler, d'où le bas-grec
xûfjL^Tov, travail, œuvre, xa/AsIov, ateher, etc.
Cette étymologie me sourit assez : cama-
tum, œuvre d'art ou pierre travaillée, peut
donner camé, le fém. camata, camée; du
dimin. camatellum, d'autre part, peuvent
s'être produits caméel, cameiel, camaïeu, etc.,
car j'admets avec Diez que les formes bas-
latines ne font que reproduire les diverses
formes françaises. L'esp. camafeoest fondé sur
camaheu {f^p. h, comme d'ordinaire).
CAMÉLÉON, du gr. xar^atiîwv (litt. lion ter-
restre).
CABfELLIA, du P. CameUi, qui a introduit
la plante en Europe.
CAMELOT, angl. camiet, étoffe grossière
en poil de chameau, du L. camelus; de là
aussi, en terme de relieur et d'imprimeur,
camelote, ouvrage mal fait, sans valeur. —
D'après un article du Journal officiel du
12 mai 1874, de l'arabe seilel kernel, qui est
le nom de la chèvre angora (Littré, suppl.).
CAMELOTE, voy. camelot.
CAMÉRIER, L. camerariu^, officier de la
chambre [camera)\ cimériste, it. camerista,
dame de chambre ; camerungue, it. camer-
lingo, vient de l'ail, kâmmerling, formé de
kammer, chambre; voy. chambellan.
CAMION, 1. chariot; 2. épingle; etc. Ety-
mologie inconnue. — D. camionner.
CAMISABE, it. incamiciata, esp. encami-
sada, attaque faite de nuit, l'armure couverte
d'une chemise, L. camisia. — De là aussi le
nom des Camisards.
CAMISOLE, de l'it. camiciuola, dér. de
camicia = fr. chemise,
CAMOMILLE, anc. aussi camamille, ail.
kamille, du L. chamœmelum{r.xijLxifir)y^ov, litt.
humile malum). On trouve cependant déjà
camomilla chez Plinius Valerianus, médecin
du IV® siècle.
CAMOUFLET, d'après l'opinion reçue, du
L. calamo flatus, soufflé avec un chalumeau.
On trouve, en effet, à l'appui de cette explica-
tion, la forme chaumouflet. L'expression
chaud mouflet = grand soufflet, que Ton
trouve dans un mystère du xv® siècle, pourrait
bien n*être qu'une interprétation arbitraire
du mot. Grandgagnage est d'avis que le mot
est tiré par transposition de l'équivalent wal-
lon cafouma, qu'il fait dériver d'un verbe
cafoumer, noircir de fumée.
CAMP, L. campus. Ce vocable latin a pris
au moyen âge l'acception de castra, c.-à-d de
terrain occupé par une armée. Nous prenons
occasion de traiter en une fois les principaux
mots français de la famille latine campus. Ce
primitif s'est francisé et conservé sous deux
formes. 1. champ. 2. camp. A l'acception
classique de campus se rapportent, outre
champ, les mots suivants :
CAMPAGNE, étendue de pays plat et décou-
vert, paysage, BL. campania (comme nom
propre Champagne).
CHAMPÊTRE, L. campcstris.
CHAMPIGNON, agaricus campestris, it. cam-
pignuolo.
CHAMPART, du BL. campî pars et campars,
portion de champ.
A la signification « lieu ou théâtre d'une
action miUtaire », signification particulière à
la forme camp, se rapportent :
CAMPAGNE, dans ses diverses acceptions mi-
litaires.
CAMPER, d'où décamper, lever le camp.
CHAMPION, voy. ce mot.
CAMPAGNE, yoy. camp. — D. campagnard;
campagnol, rat des champs.
CAMP ANE, de l'it. ,esp. ,cat. ,prov.campana,
cloche (quelques dialectes français ont aussi
le mot campana pour cloche, p. e. Limousin
campano, Berry campaine). Le nom de cam-
pana donné à la cloche provient, dit-on, de
ce que les cloches d'église ont été introduites
en premier lieu dans la Campagne romaine.
— D'autres, comme Littré, se fondant sur ce
que la première mention de campana est dans
Isidore avec le sens de plateau de balance
(avec la note que la campane est un genre de
balance inventé en Campanie), pensent que le
sens de cloche est déduit de celui de plateau
creux. — D. campanile ou -ille, clocher; cam-
panule, plante à fleurs en forme de clochettes.
CAMPÊCHE, de la baie de ce nom au
Mexique.
CAMPER, voy. camp. — D. campement.
CAMPHRE, BL. camphora, formé de
l'arabe kafor, avec insertion de n ou m ; it.
canfora, cafora, esp. canfora et alcanfor, —
D. camphrer, camphrier.
CAMPOS. mot latin, tiré de la locution
campas habere, litt. avoir les champs, fig.
avoir congé. Les champs sont ici mis en oppo-
sition avec les quatre murs de l'école ; cp. la
locution « prendre la clef des champs »», se
rendre libre.
1 . CAMUS, qui a le nez court et plat, prov.
camus (fém. -usa), it. camuso, oamoscio;
d'origine fort problématique; les langues
romanes n'ont pas de suffixe us qui puisse
autoriser à dériver camus du cymr. cam,
courbé, tortu. — Le latin présente le mot
cdmurv^ avec le sens de recourbé ; mais la
transformation de r en s est non seulement
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CAN
— 8S
CAN
un phénomène qui ne se présente que tard en
français, et qui est inconnu en it. et en
prov., mais la différence de l'accent s'y oppose
également. — D'autres ont pensé à chamois^
it. camosciOy esp. camu^ia, le chamois étant
camus. — Diez, à cause de l'it. camoscio, se
prononce pour le vfr. camoissié, contusionné,
meurtri. — D'après Brinkmann (Metapheru,
p. 263), le mot roman camuso est composé
de canis + muso (cp. caçot) et signifie donc
pr. « qui a un museau de chien ». — En
somme, l'étymologie reste encore à fixer. En
attendant, j'avancerai une modeste conjecture :
si camuriis fait difficulté, il n'en serait pas de
même pour camitstis ou camusius; or, cette
forme peut être supposée avoir existé dans la
langue rustique, d'après l'analogie de asetia,
osa, hausio, qiiaeso, etc., formes concur-
rentes de arena, ara, haurio, qiicero, etc. —
Pour la forme camard, il faut admettre une
modification arbitraire de la terminaison tts
en ard,
2. CAMUS; embarrassé, confus, prov.
camus, gamus, niais, sot. Peut-être est-ce le
même mot que le précédent, dans un sens
figuré; cp. le sens figuré qu'ont pris les mots
aplati, écrasé ; ou bien serait-ce un mot venu
du nord et composé du préfixe ca (voy. cajoler)
et du radical mu^ de muser (avoir la bouche
béante)?
OANAILLE, it. canofflia, esp. canalla^ du
L. canis ^ chien, donc propr. race de chien.
Anciennement on disait chienaille. — D. enca-
naiUer.
CANAL. L. canalxs (rad. canna) \ le même
vocable latin a donné aussi chenal et chêneau.
L'anglais a trois formes diverses se rattachant
au L. canahs, savoir channel, kennel et canal,
— D. canaliser,
GANAMELLE, du BL. cannametla^ canne à
miel, c.-à-d. à sucre.
CANAPÉ, it. canopè, angl. canopy, du L.
conopeum (xwvûiTffïov), rideau destiné à ga-
rantir des cousins; ce mot désignait d'abord
un lit de repos pourvu d'un rideau de ce
genre ; cfr. le mot bureau^ qui signifie d'abord
une étoffe, puis une table garnie de cette
étoffe.
CANAPSA, du ni. knapsak, ail. knappsack,
petit sac à provisions (de hnappen^ manger,
grignoter).
CANARD, dérivé de ca?ie. — D. canarder,
faire feu d'un lieu où l'on est à couvert,
d'après la manière dont on tire le canard au
marais.
CANARI, serin des îles Canaries.
CANASSB, CANASTRB, caisse, boite, esp.
canasto, canastro, du gr. /.àvacar/jov, L. cani-
strum, corbeille.
CANCAN, pr. bavardage, est, semble-t-il,
le subst. verbal de cancaner^ et celui-ci tiré,
par onomatopée, du cri du canard, comme le
synonyme caqueter de celui de la poule ; l'éty-
mologie tirée du L. quamquam, à cause de
la querelle des écoles sur la prononciation de
ce mot, est de pure fantaisie. Certainement, le
mot peut s'être formé ou du moins soutenu
sous l'influence d'un vieux mot très ancien
dont le sens est voisin de cancan et qui, par sa
facture, non élucidée encore, n'en est pas
éloigné : c'est caquehan, taquehan, tanquehan
qui s'est dit d'une assemblée tumultueuse, où
l'on cabale, conspire, diffame, et dont on peut
trouver de nombreux exemples dans Godefroy
et dans Ch. Nisard (Curiosités de l'étym. fr.,
p. 180). — Comment expliquer l'acception
moderne de catwan, « danse effrénée, désor-
donnée w ? Y aurait-il là aussi un souvenir du
dérèglement qui régnait dans les assemblées
dites caquehan f
CANCfiL, du L. cancelluSy barreau, treillis,
espace entouré de barrières.
CANCEIiliER, du L. cancellarc, bàtonner
un écrit, l'effacer en forme de treillis (can-
ceUus).
CANCER est le mot latin cancer:, outre cette
forme latine, la langue française a, du même
primitif, fait cancre^ dans le sens propre
d'écrevisse, et chancre^ dans un sens médical
ou métaphorique. — D. cancéreux,
CANCRE, vov. cancer,
CANDEUR, L. candor, blancheur, pureté.
CANDÉLABRE (dans VXleuïs.chandelaln-e),
L. candelabrum (candela).
CANDI (sucre), it. catuiito ou candi, esp.
cande, ail. katidies, est généralement rap-
porté à la famille camlere, être blanc. Mahn a
démontré la fausseté de cette étymologie tra-
ditionnelle, que cependant la couleur seule du
sucre dit candi rendait suspecte. Candi vient
directement de l'arabe qatui, mel arundinis
sacchariferae concretum i. e. saccharum candi
(Freytag), mais ce mot arabe, de son côté, est
d'origine persane et identique avec l'indien
khanda, morceau, puis sucre en morceaux,
cristallisé (rac. khad, fendre, rompre). — D.
verbe candir.
CANDIDAT, L. catulidatus, vêtu de blanc
Les brigueui*s de dignités à Rome étaient
habillés de blanc.
CANDIDE, L. candidus, blanc, fig. inno
cent, sincère.
CANDIR, voy. candi.
CANE a signifié d'abord bateau, de là canot
(cp. BL. canardus, sorte de bateau); puis on
a transféré le mot à l'oiseau nageur par excel-
lence, la cane. Le mot vient du ni. kaan, ail.
AaA/^ barquette. L'ancienne langue avait ane,
du L. anas, canard. On y trouve aussi quenne
opposé à mallarty malarl, et ceci me suggère
la pensée que comme mallart (p. maslart)
vient de masle, mâle, quenne pourrait être
le quinna, quân, quenne, etc. des langues
germaniques,qui signifie femelle, femme; or,
ca7i«?,ca>;;M peut fort bien n'être qu'une forme
variée de quenne (cp. benne et banne). Dans
cette hypothèse, l'étymologie tirée du néer-
landais' tomberait à néant. — D. canette,
caneton, canefer, catiard; vfr. ca7iot, canard.
CANEPETIÉRE, outarde naine (primitive-
ment écrit en deux mots). Le sens de l'ac^ectif
petière reste obscur. — En Normandie, cane-
petière est une canne creuse dont les enfants
se sen'ent pour lancer bniyamment des balles
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CAN
— 86
CAP
de filasse; c'esfc un tout autre mot, qui veut
dire « canne bruyante n. Voy. Darmesteter,
Forin. des mots comp., p. 29.
1 . CANETTI, petite cruche, de Fall. kanne,
pot, cruche. Le même primitif a donné caTion^
mesure de liquide. Le simple canne était
d'usage dans le nord de la France : « Tant va
la canne à Tiauve qu'en le fin est brisians. n
2. OANETTE, dimin. de cane. — D. caneton,
CANEVAS (angl. canvass), it. canaimccio,
prov. canabas, toile grossière. Ces mots sont
dérivés, par le suffixe aceus, fr. as, du L.
cannabis (xàwaSi;), qui lui-même s'est con-
servé sous les formes it. canapé esp. canamo,
prov. canebe, cambre, fr. chanvre,
CANEZOU ; étymologie inconnue. Peut-être
le même mot que prov. camjil, pannus lini
subtilissimi.
CANGRÉNB, voy. gangrètte.
CANI, t. de marine, bois qui commence à se
pourrir, du verbe canir' =■ L. canescere,
blanchir, vieillir.
CANICHE, soit du L. ca7ns, chien, ou du fr.
cane^ canard, à cause du goût que ce chien a
pour l'eau.
CANICULE, L.caiw'cM7a(canis); caniculaire,
L. canicularis.
CANIF, du nord, knifr, ags. cnîf, angl.
knife, = ail. kneip, kneif. — Dér. ganivet,
vfr. aiivet, prov. canivat.
CANIN, L. caninus (adj. de canis),
CANIVEAU, pierre creusée dans le milieu
pour l'écoulement des eaux. D'après Bugge.
= lat. colliquiaJis, dér. de coUiciœ ou coUi-
quiœ, gouttières (cp. dans Caton colUciaris
tegula, qui signifie la même chose que notre
caniveau). Cette explication est aus.si ingé-
nieuse que plausible. Coliveï, conivel, canitcl
constituent un enchaînement de formes par-
faitement correct.
CANNE, L. canna, roseau, jonc, tuyau. —
D. cannelle, pr. petit tuyau; canneler^ pr.
faire des creux ; camiette ou cannelle, robinet ;
cannetille (v. c. m.), canule, L. cannula; ca-
non (v. c. m.), pr. tube.
CANNELER, voy. canne. — D. cannelure.
CANNELLE, voyez canne. — D. camielas,
cannellicr.
CANNETILLE, do l'esp. cahutillo, it. cana-
tiglia^ dér. du L. canna, tuyau.
CANNIBALE, du nom d'un peuple aborigène
des Indes occidentales; cp. esp. caribe (Ca-
raïbe), m. s II se peut que l'esp. Canibal so\t
une variété de Caribal, et que les deux mots
Caraïbes et Cannibales n'en fassent qu'un.
1. CANON, ït.cannone, prov. canon, angl.
canno)f, 1. tube cylindrique; 2. pièce d artil-
lerie; dér. de canne, roseau, tuyau. Les Ita-
liens emploient encore le primitif dans ca7ina
d*archibuso, canon de fusil. — D. canonncr,
canonnade, canonnier, -ière.
2. CANON, règle ecclésiastique, du L. canon
(xavwv), règle. — D. canon, adj. dans droit
canon, d'où vanoniste (en angl. canon, subst.
= chanoine); canonki», chanoine; canonialis,
cano^im/ ; canonicus, canonique; canonicatus,
canonicat (vfr. canongé):, canonicitas, cano-
nicité; canonizare, canoniser.
3. CANON, mesure de liquide, voyez ca-
neUe 1.
CANOT, voy. cane. Les mots esp. et it. ca-
noa, angl. canoë, sont tirés de canàoa de la
langue des Caraïbes. Canot est-il, ou non, in-
• dépendant de ces formes? C'est difficile à
décider. — D. canotier,
CANTABILE, mot italien, sign. chantable.
CANTAL, fromage du mont Ckintal en
Auvergne.
CANTALOUP, sorte de melon, de Canta-
luppo, maison de campagne des papes, près
de Rome, d'où est venu ce melon.
CANTATE, de l'it. cantata (= fr. chantée};
dimin. cantatille.
CANTATRICE, it. cantatrice, L. cantatrix,
chanteuse.
CANTHARIDE, L. cantharis, -idis (xav^xpi,-).
CANTILÉNE, L. cantilam.
CANTINE, it., esp. cantina, angl. ca)iteen.
Selon Diez, dérivé du vfr. cant, it. esp. canto,
qui signifie coin (voy. s. canton); cantine
serait donc un « coin «. où l'on donne à boire
et à manger (cfr. le néerl. winhel = coin et
boutique); d'autres, avec bien peu de vraisem-
blance, y voient une contraction de canovettina,
dimin. de canova, mot it. signifiant cave. Enfin,
Tardieu y reconnaît le L. quintana, petite
place dans les camps romains où se tenaient
les vivandières et où les soldats vendaient leur
butin. On trouve, en eflet, dans Ducange,
quintana avec la valeur de bannum vini ou
banvin. Cantina serait ainsi produit par l'in-
termédiaire d'une forme quinti7ia, d'où quen-
tine, quantine, cantine; les mots esp. et it.
sont peut-être de provenance française. — D.
cantinier, -ère.
CANTIQUE, L. canticum.
CANTON, it. cantone, esp. prov. capiton, pr.
coin de terre, portion de pays; dérivé du mot
roman can^o, vfr. ca)it, coin, côté, mentionné
sous cantine. Quant à ce primitif, on le rap-
porte tantôt au L. canthus, cercle de fer au-
tour d'une roue (qui est le gr. xav&o«, coin de
l'oeil et cercle de roue), tantôt au cymr. cant,
clôture, cercle, bande de roue, bord ; ou au
v. frison haed, nord, kantr, ail. kante, côté
aigu, bord. Il serait difficile d'établir duquel
des trois il faut déduire le mot roman canto,
côté, coin (en esp. et port., il prend aussi le
sens de pierre). — D. cantonner; cantonnier,
homme chargé d'une portion de route; can-
tonnière, draperie qui couvre une partie d'un
objet.
CANTONADE, de l'it. cantonata, m. s., dér.
de ca)Uone, coin (voy. canton).
CANULE, petit tuyau, voy. canne. En vfr.
canole veut dire le canal de la respiration.
CAOUTCHOUC, de cahuchu, nom indien de
cette substance.
CAP, 1 . tête ( « de pied en cap »» ), 2. pro-
montoire, 3. proue d'un navire. Du L. caput,
it. capo, prov. cap. La forme ordinaire sous
laquelle le radical cap, de caput, s'est fran-
cisé, est chef^ — D. décaper, sortir d'un cap.
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CAP
— 87 —
CAP
GAPABLK ; c'est le latin capax (de capere,
saisir, comprendre), dont la terminaison ax a
été échangée contre la terminaison able. Ce
mot est formé comme s*il avait jamais existé
un verbe caper. On trouve capabilis déjà dans
Cassiani Incam. (=» qui contineri potest), et
dans Epiphanii Hist. eccl. (= capax).
GAPàOITÉ, L. capacUas, — D. capacitaire
(néol.), pourvu de la capacité légale de voter.
CAPARAÇON, angl. caparison, de l'esp.
caparajon, augmentatif du BL. caparo, cha-
peron.
OAPI, même mot que chape, it* cappa,
esp., port., prov. capa. Ce mot roman est de
très-ancienne date et pourrait bien remonter
à la rustique des Latins. La dérivation de ca-
put est erronée ; mieux vaut celle de capere
(Isidore : Capa, quia quasi totum capiat homi-
nem), cfr., vha. gifayig, habit, de fahan «■
capere. Les rejetons principaux de capa,
dont le sens fondamental est chose qui couvre,
sont :
1. It. capello, fr. chapel", chapeau (l'ail,
emploie le primitif kappe également dans le
sens de couvre-chef) ; chapel, à son tour, dans
le sens de couronne [chapel de roses), a donné
chapelet = rosaire.
2. It. capella, fr. chapelle. Selon Ducange,
le mot capelJa, dimin. de capa, et signifiant
une petite cape ou chape, s'appliquait parti-
culièrement à la •* chape de S. Martin • et a
été ensuite affecté au lieu sacré où cette chape
était conservée : «* in quam (aedem) etiam
praecipua sanctorum aliorum Ui^xfOL iUata,
unde ob ejusmodi reliquiarum reverentiam
aediculae istae,sanctaecapellaeappellantur. n
C'est ainsi que, par métonymie, capella serait
devenu synonyme de sacellum. D'autres, reje-
tant cette étymologie historique, attribuent à
ce mot le sens premier de couverture, de
dais surmontant un autel, d'où, par exten-
sion, se serait produite l'acception « lieu
séparé dans une église, chapelle « . Il est pas-
sablement hardi de rapprocher, comme fait
Chevallet, capella de capseUa, petite châsse.
3. It. cappotto, esp. capote, fr. capot et
CAPOTE.
4. It. cappuccio, fr. capuce, d'où capuchon,
5. It. capperone, fr. chaperon.
OAPELINII, dér. du BL. capellus, fr. cha-
peau.
CAPBNDU, aussi carpaxdu, altération de
court'pendu; les pommes ainsi nommées le
sont à cause do leur courte queue. — Darmes-
teter, cependant, considère l'initiale ca comme
le préfixe péjoratif.
GAPHARNAUM, lieu de désordre, confu-
sion. Allusion à la ville de Caphamaûm, en
Palestine, où se faisait un grand trafic et où
se rencontraient des hommes de nationalités
très diverses. Mieux vaut invoquer le passage
de l'Evangile de S. Marc, II, 2, où il est fait
mention d'un entassement confus de monde.
GAPILLAIRE, L. capHlaiHs (de capillus,
cheveu).
CAPILOTADE, Rabelais calnrotade, esp. ca-
pirotada, it. capperottato. Étymologie dou-
teuse ; on a songé à un primitif capo, chapon ;
d'autres à l'esp capirote, chaperon (« le plat au
chaperon >•), ou au gr. uritupôi, sec, t*itvoiSix,
sorte de gâteau. Tout cela ne peut satisfaire,
n se peut que le mot procède du verbe capu-
lare, fr. chapeler,
GAPITAINS, qui est â la tête (caput) d'une
troupe ; l'anc. langue, comme elle a fait chef
de caput, a fait chetetaine de capitanus (d'où
l'angl. chieflain). — La forme vfr. catagne
renvoie à une forme acyectivale capitaneus.
CAPITAL, L. capitalis (de caput, tête), 1 . où
il s'agit de la tête, 2. principal. Comme subst.
(principal d une dette ; ensemble des produits
accumulés, biens, richesse), le mot se produit
dans la langue vulgaire sous la forme cheptel
(v. c. m.). — D. capitaliser, -iste.
GAPITAN, forme espagnole de capitaine,
employée pour rodomont, fanfaron.
GAPITATION, L. capitatio, impôt par tête
{caput),
CAPITEUX, qui porte à la tête (caput). —
Cette signification est moderne ; BL capitosus,
it. capitoso signifient entêté, emporté.
CAPITON, de l'it. capUone, pr. la bourre, le
plus gros ou le fond de la soie (rac. caput). —
D. capitonner.
CAPITULER est un dérivé de capitulum,
chapitre, division d'un écrit, d'une charte;
c'est proprement fixer les articles d'une trans-
action ; le sens actuel du verbe en est déduit.
— D. capitulation. — Du L. capitulum, qui
s'est francisé en chapitre (voy. ce mot), sont
issus : le subst. capitulaire, règlement rédigé
par chapitres, et l'adj. capitulaire, qui appar-
tient à un chapitre de chanoines. Le mot capi-
tule, terme de liturgie, est calqué sur l'origi-
nal latin.
CAPON, hypocrite, joueur nisé, poltron,
n'est qu'une forme variée de chapon ; au moyen
âge cappus était synonyme de juif (voy. Du-
cange), « ob circumcisionem », à ce qu'il pa-
rait. Dans charge caponne (sinécure), caponne
vient de l'esp. capona en la locution llam ca-
pona, clef châtrée, o.-à-d. office de chambellan
sans exercice ni appointement. — D. caponner,
faire le capon.
CAPONNIÂRE, de l'esp. caponera, chapon-
niôre, mue à engraisser les Volailles (de capon,
chapon).
CAPORAL, it. caporale, dér. de capo, tête,
chef. On prétend que le mot corporal, ancienne
forme de caporal, conservée encore en ail. et
en angl. et dans plusieurs dialectes français,
est gâtée de caporal. Le contraire ne serait-
il pas tout aussi vraisemblable? La termi-
naison de caporal est suspecte ; or, corporal
rend parfaitement l'idée de chef d'un corps de
garde et dérive régulièrement du L. coipus,
'Oris. — L'explication de Langensiepen : ca-
poreale, chef royal, n'est pas soutenable.
1 . CAPOT, CAPOTE, grand manteau, dérivé
de cape (v.'c. m.).
2. CAPOT, t. de jeu; selon Littré, du capot
précédent, pris métaphoriquement, la défaite
au jeu étant considérée conmie une capote
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CAQ
— 88
CAR
qu'on jette sur le vaincu. — Uall. a le mot
caput •» perdu, abimé. Ce terme est-il tiré du
français, ou le français de capiUf Car il se
pourrait que des joueurs savants aient rendu
par le mot latin caput l'expression allemande
« aufs haupt schlagen », battre complète-
ment. Ou enfin, en présence du terme ail.
hapuniercn, faire capot, qui reproduit le fr.
chaponner, it. caponnare, ne pourrait-on pas
expliquer capot par châtré, rendu impuis-
sant?
CAPOTE, it. capotto, voy. capot 1 .
CAPRE, vaisseau corsaire ; c'est le néerl.
haper, dér. du verbe kapen, ravir, voler (-«
L. capere f), ail. capem, prendre un vaisseau
en faisant la course.
A
CAPRES (Nicot : cappre), it. cappero, L.
capparis, gr. xàTtitxpii, arabe al-kabar, — D.
câprier,
CAPRICE, volonté d'esprit qui vient sans au-
cune raison, it. capriccio, esp. capricho, dér.
de capra, chèvre, à cause des bizarreries,
des mouvements brusques de cet animal. On
remarque un transfert d'idée semblable dans
l'it. ticchio «» caprice, dér. du vha. jgihe =«
capra, et dans fr. verve du L. verveœ, enfin
dans l'it. nucia (dial. de Côme), chevreau, et
nuce, caprice. — D. cap^ncieux.
CAPRICORNE, L. capricornus (capra +
cornu).
CAPRISER, sautiller, en parlant du pouls,
BL. caprizare (de capra, chèvre).
CAPRON ou CAPBRON. fraise ; selon Gébe-
lin, de câpre, à cause du goût aigrelet de
cette fraise ; selon Ménage, le mot vient du
BL. capero, chaperon, et signifierait propr.
« petite tête », ou « petit capuchon » .
CAPSE, forme savante p. caisse. — D. cap-
sule, L. capsula ; capsulaire.
CAPTAL, chef, du L. capitdlis, pris dans le
sens de capitanus.
CAPTER, L. captare, fréq. de capere. — D.
captateur, -ation, -atoire.
CAPTIEUX, L. captiosiis (de capere).
CAPTIF, it. cattivo, esp. cautivo, du L. cap-
tivus (capere). — D. captivité, vfr. chaitiveté,
L. captivitas; captiver, L. captivare. — Le
latin captivus a fourni aussi au vieux fonds
français chaitif*, chétif, prov. caitiu, esp.
cativo, angl. caitiff, esclave. De l'idée captif
se déduisit naturellement, comme signification
accessoire, celle de malheureux,- misérable ;
c'est la seule qui soit restée à la forme chétif;
voy. notre observation à l'égard du sens figuré
de chartre, prison.
CAPTURE, L. captura (capere). — D. cap-
turer.
CAPUCE ou capuche, voy. cape. — D. capu-
chon, d'où encapuchonner ; capucin, d'où
capucinade; capucine (plante ainsi nommée à
cause de ses fleurs à forme de capuchon).
CAPUCHON, voy. capuce.
CAQUE, voy. l'art, suivant.
CAQUER (des harengs), du néerl. haaken,
propr. couper les ouïes [kaecken), puis prépa-
rer le poisson pour le mettre en caque. — Le
mot caque =« baril, paraît être indépendant
du précédent et se rattacher à hak, vieux
mot néerlandais qui signifie tonne (cfr. angl.
cag, suéd. hagge); de ce subst. caque vient
encaquer.
CAQUBSANGUB, dysenterie, de l'it. caca-
sangue (litt. chie-sang).
CAQUET, subst. verbal de caqueter ; celui-ci
est un mot onomatopée ; cp. gr. X9rx^{scv, ail.
gachen, gachem, angl. cachle, gaggle, suéd.
hahla, holl. hakelen.
CAR, vfr. et prov. quare. Du latin quare,
c'est pourquoi ; la conjonction car équivaut à
« voici pourquoi ». La langue ancienne em-
ployait le mot avec l'impératif pour renforcer
l'exhortation. — Le ykp des grecs n'a étymo-
logiquement rien de commun avec notre car.
CARABIN signifiait anciennement : 1. blé
sarrasin, 2. cavalier (de là carabine, arme des
carabins); auj. le mot signifie garçon chirur-
gien et joueur m<^ticuleux. L'origine du mot
est incertaine. Selon Diez, carabine aurait
précédé le masculin caraffin, et ce dernier
signifierait un caval'er pourvu d'une carabine.
La forme anc. calai rin, it. calabrino, lui fait
dériver ces mots du j^rov. caïabre, instrument
de guerre pour lancer des pierres, lequel mot
serait transformé du BL. cadabuîa (voy. le
mot accabler). Les engins de guerre en usage
avant l'invention de la poudre à canon ont
prêté leurs noms à ceux qui ont suivi cette
invention. Pour Ducange aussi, carabin est
p. calàbrin, mais ce mot signifierait soldat
de la Calabre, cette sorte de cavalerie étant
venue de la Calabre. — La signification ac-
tuelle vient, dit-on, de la formule ** carabin
de Saint-Côme » (école de chirurgie à Paris).
Voy. une autre explication historique par un
terme escarrabi ■* infirmier (trouvé dans des
actes de Montélimart en 1543 et 1583), dans
Littré, suppl.
CARABINE, voy. l'art, préc. — D. carabi-
nier; verbe carabiner.
CARACOLE, de l'it. caracollo, mouvement
en demi-rond que le cavalier fait exécuter à sa
monture ; ce mot, identique avec Tesp. cara-
col, et signifiant proprement limaçon, co-
quille en forme de vis (dans ce sens. Fit. dit
caragoUo), puis escalier tournant, est d'ordi-
naire tiré de l'arabe karkara, tourner en
cercle. Mieux vaut, selon Diez, le rattacher au
gaél. carach, tordu, tourné. — D. caracoler.
CARACTÈRE, L. character, du gr. ^ap«xT>i/>,
empreinte, cachet, donc propr. la marque
des qualités de qqch., puis ces qualités mêmes.
— D. caractériser, caractéristique.
CARAFE, it. caraffa, esp. garrafa, sicil.
carrabba ; du verbe arabe garafa, puiser. —
Mohl allègue le persan garabah, bouteille en
verre à gros ventre, destinée à laisser reposer
le vin pendant quarante jours (Littré, suppl.).
— D. carafon.
CARAMBOLE, esp. carambola, la bille rouge
au jeu de billard, puis partie qui se joue avec
cette bille; verbe caramboler, toucher les
deux billes du jeu avec la sienne. Étymologie
inconnue.
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CAR
89 —
CAR
GABAMSL, esp. , it., port, caramelo; d'après
Littré, de l'arabe hora mochalla, boule douce.
Étym. peu probable. Je pense que le cara-
mel tire son nom de sa forme tubulaire et
vient de L. calaméllus, petit tube; cp. en esp.
caramillo, prov. caramel, chalumeau.
GARAPâGE, esp. carapacho; d'origine in-
connue. Ne serait-ce pas une transposition de
caparace, d'où caparaçon t le sens du mot s'y
prêterait parfaitement. L'espagiKil caparazon
signifie éjfçalement carcasse d'oiseau. Littré
rapproche le mot du catalan carabassa «= fr.
calebasse,
GARA.QUE, it. caracca, esp. carraca^ ni.
kraecke, ail. karracfte, angl. carach; d'ori-
gine orientale. De l'arabe qorqour, grand ba-
teau marchand, plur. qarùqir (Dozy et Defro-
mery). Quant au mot arabe, Devic le tire du
malais kourakoura (tortue de mer), korakora
(grand bateau), que reproduisent port, cora-
cora^ corocora, esp. caracoa.
GARAT, it. carato, esp. quilate, anc. port.
quirate, petit poids; de l'arabe qîrât, lequel,
lui-même, vient du gr. xi/sànov, pr. petite
corne, puis la silique, fruit du caroubier, ser-
vant de poids, latinisé par Isidore en cerates
« oboli pars média est, siliquam habens unam
et semis » .
GARAVANE, mot oriental, arabe kairawan,
persan kartoan, troupe de personnes voya-
geant ensemble. — Composé caravansérail,
maison de caravane.
GARAVELLB, it. caravella, esp. carahela,
dim. de carabus, « parva scapha « (Isidore,
19. 1, 26) = gr. xàp«69;, barque et crabe.
CARBONADB, vov. l'art, suiv.
GARBONE, GARBONIQÏÏE, GARBONISER,
GARBONATE, termes savants, tirés du L. carbo,
charbon. Les chimistes, avec un suffixe ure,
ont fait le terme carbure. — Carhonade, de
l'it. carhonata ou esp. carbonada, grillade sur
des charbons ; au xvii« siècle on se servait
encore du mot vraiment français charbonnée.
GARRONGLE, 1. pierre rouge, rubis; on
dit aussi carboucle et escarboucle, angl. car-
buncle, ail. karfunkel; 2. en médecine, fleg-
mon enflammé ; puis l'ancien nom de la mala-
die appelée le charbon. Du L. carbunculus
(litt. petit charbon), qui avait déjà les diverses
acceptions du français. — La forme carbonille,
carie du froment, renvoie à un type lat. car-
bucula.
GARGABET, caille, et carcaïller, crier
comme une caille, paraissent tenir au L.
querqtiedula^ sarcelle.
GARGAN, prov. carcan, collier, ni. kar-
kant, ne vient ni du L. carcer, prison, ni du
gr. xrpxhoi, écrevisse, tenailles, ni de l'ail.
kragen, collet; c'est, selon Diez, un dérivé du
vha. querca, nord, qverk, gorge, cou. Cer-
tains dialectes fr. disent charchant, cher-
chant. En prov. l'on trouve aussi la forme
carcol pour collier. — Bugge(Rom.,in, 165,
tout en admettant l'étymologie de Diez, est
d'avis que, plus exactement, vfr. carcant
représente le composé norois querk-band (ju-
gulaire, mentonnière), d'où ^carquebant, *carc-
bant et finalement carcant, carcan. Cela mè
semble hardi ; la terminaison ancienne en ant
est p. an (cp. a,nc. paysant, faisant); aussi
le moy. lat. n'a-t-il que carcantis, carcannus
(ou -iim). Le vfr., d'ailleurs, offre aussi car-
caille.
GARGASSE, it. carcassa, esp. carcasa. La
deuxième partie de ce composé est le mot
capstis (BL. cassus), poitrine, thorax (en
dial. de Parme, on dit, pour carcasse, simple-
ment cassiron); la première parait être le
mot caro, chair. Le sens primitif serait ainsi
" caisse à chair «. — Quelle que soit l'origine
de carcasse, il est étymologiquement distinct
de carquois.
GARDE, nervure des feuilles du cardon,
chardon à foulon, machine à peigner le drap,
it. cardo, esp. carda; du L. carduus, char-
don. — D. carder; cardon, espèce d'arti-
chaut.
GARDINAL, L. cardinalis (primitif cardo,
gén. cardinis, gond, pivot), principal, ce sur
quoi tout roule; do là nom d'une dignité
ecclésiastique.
GARDON, mot savant pour chardon.
GARÊME, it. quaresima, esp. quaresma,
prov. caresma, contraction du L. quadrage-
sima, le quarantième jour (avant Pâques); on
dit de même en gr. mod. TCT^ap^xo^Tv}.
GARENGE, t. de jurisprudence, L.caroUia;
decarere, manquer.
GARÊNE, it. caréna, L. carina. — D. ca-
réner.
GARESSER, de l'it. carotzare, dér. de caro
(L. carus), cher, affectionné. D'après Dochez
et Bescherelle,du grec xa^'/Jé|îiv(p. /«ra^^î^nv),
flatter, apaiser; c'est faire de l'érudition en
pure perte. — D. caresse.
GARGAISON, subst. dérivé de carguer (v.
c. m.).
GARGÏÏER, forme provençale p. charger;
de là : cargaison, charge. — Carguer les
voiles, c'est en faire une charge, un paquet.
— D. cargue, cordage servant à carguer.
GARIATIDE,gr. (plur.)/a/5wxTi5î5. les jeunes
filles de Caryee.
GARIGATURE, de l'it. caricatura, qui est
un dérivé de caricare, correspondant du fr.
charger. Cp. l'expression française charge =
caricature.
GARIE, mot savant, L. caries. — D. carier ;
carieuœ.
GARQiLON, selon Ménage, d'un vocable
BL. quadrillio, pr. assemblage de quatre
cloches. — Le vfr. carenon, m. s., vient de quar
temio, dit Littré ; selon moi, plutôt d'un type
quadrino.
CARLIN, it. carlino « Carolinus. Cp. les
termes : un louis, un napoléon, et sembl.
1. GARMAONOLE, espèce d'habit ou de
veste fort en vogue pendant la Révolution.
D'origine incertaine ; de la ville de Carma-
gnole en Piémont? ou de l'ancien cramignole,
sorte de vêtement de tête ?
2. GARMAGNOLE, chanson et danse révo-
lutionnaires. Origine inconnue ; chant exécuté
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CAR
90 —
CAR
par des gens vêtus de la carmagnole ? le chant
liégeois dit cramignon n'y est-il pour rien?
OARBOD, coup de dé qui amène les deux
quatre, anc. carne, du L.qucUemus, coup de
quatre.
GARUES, nom des membres de l'ordre du
mont Carmel, d'où aussi carmélite, religieuse
du même ordre.
CARMIN, it. carminio^ ainsi que cramoisi
(transposé de carmoisi , it. camiesino, cre-
misiy cremisino, esp carmesi, viennent de
l'arabe germez, écarlate, adj. qermazi.
GARNAOE, CARNATION, GARNIER, déri-
vés do l'anc. carn^ car, ai\j. chair, = L.
caro, gén. carnis. — Du prov. camaza,
chair morte : l'adj carnassier et le subst.
carnassière, gibecière.
CARNASSIER, voy. l'art, prôc. — En vfr.,
camacier signifiait bourreau.
CARNAVAL, de l'it. cametale, carnaval e,
esp. carnaval. Le mot italien est composé,
dit-on, de came, chair, viande, et du subst.
vale, adieux, et signifie les adieux faits à la
viande (cp. les expressions analogues BL.
camiprivium, privation de chair, et l'esp.
camestohnxdas, retranchement de viandes).
Cette étymologie, toutefois, n'est que spécieuse.
Il faut savoir que le type primitif est le BL.
çamelevamen (carnis levamen), d'où carnele-
vcUe, plus tard étranglé en carnevale. C'est
donc pr. soulagement de la chair, plaisir per-
mis la veille du carême, cp. les autres termes
employés pour la même idée : BL. carnica-
pium, it. camelascia (camem laxare), d'où,
par corruption, camasciale,
CARNE, angle saillant, du L. cardinem,
gond (cp. charnière).
CARNEAU, CARNELER, voy. sous cran.
CARNET est p. caernet, dim. de caer, cahier
(lat. quatemum, voy. sous cahier), donc un
petit cahier. D'autre part, la forme prov.
cazern a fourni au français le terme maritime
casernet, cahier de bord.
CARNIVORE, L. camivoTnis, composé de
caro, gén. carnis, chair, et vorare, manger.
CAR06NE, t. d'ii\jure, variante de cha-
rogne,
CARONABE, espèce do canon, du nom pr.
Carron, propriétaire de forges considérables
en Ecosse.
CARONCULE, L. caruncula, petite chair.
CAROTIDE, gr. plur. ^%pii-niu, m. s.
CAROTTE, du L. carota ^Apicius). — D.
carotter; sur le sens figuré de ces mots, voy.
Uttré.
CAROUBE, de l'it. camibo, esp. garrobo,
algarrobo, de l'arabe charrub, m. sign. —
D. caroubier.
CAROUGE, variante de caroube, et répon-
dant aux formes it. carrubbio, esp. garrubia.
1. CARPE, poisson, BL. carpa, prov. es-
carpa, it. carpione; du vha. charpho, ail.
mod. karpfen, angl. carp. L'affinité des mots
germaniques avec le grec xu7r/9Îvoi, L. cypri-
nus, doit être contestée. — D. carpeau, car-
pillon.
2. CARPE, t. d'anatomie, poignet, du grec
xypnô;, m. s.
CARPETTE, gros drap rayé, etc., angl.
carpet, vfr. carpite, BL. etit. carpita; du L.
carpere, détirer de la laine (voj, charpie).
OARQUOIS, vfr. carquais, it. carcasso, esp.
carcax; l'étymologie la plus plausible est L.
carchesium, coupe à anses, hune d'un vais-
seau ; il peut y avoir eu confusion idéologique
entre rarcasse et carqnois. On est en droit
aussi d'expliquer carquais ou carquois par
l'ancienne forme tarquais, qui vient du per-
.san torhach (d'où l'arabe tarkach, l'it. tur-
casso, et bas-grec T^/»>ti«ov), étui à fiôches; le
changement de ^ en A peut encore être l'efiet
d'une assimilation avec carcasse; nous avons
vu une permutation analogue, à propos de
cancan, entre les mots vîv.caquehan et toque-
han. Caroline Michaelis ne doute pas de
l'étymon xa/5x^«9v. mais elle sépare le mot de
vfr. tarquais, qui est, d'après elle, le turc
terkasch, persan tarhasch - pharotra »» ; vfr.
turcois serait une altération de tarcais par
assimilation à turc (Jahrbuch, XIII, 313). —
De son côté, Fôrster (Grôber Ztschr.. I, 156)
expose comme quoi l'ancienne littérature
française ne présente ni carquois ni carquais ;
les seules formes authentiques sont turcais
(moy. lat. tu7vasia, it. turcasso) et tarcais.
CARRE, angle, carrure, subst. verb. de
carrer.
CARRÉ, CARRER, voy. cadre. — D. car-
rure; cps. contrecarrer (v. c. m.)
CARREAU, vfr. quarrel, it. quadrello, du
BL. quadrellum, petit cadre. — D. carreler,
décan^eler; carrelet, poisson ayant des taches
en carreaux.
CARREFOUR, prov. carreforc, représente
un mot latin quadrifurcum, litt. à quatre
fourches.
CARRICK. mot anglais.
1 . CARRIÈRE, BL. quadraria, lieu où l'on
extrait des pierres de taille (en ail. quader,
pierre équarrie) ; voy. sous cadre. — Le type
masc. quoulrarius a produit fr. carrier, ou-
vrier qui extrait des quadros lapides.
2. CARRIÈRE, lieu do course, puis étendue '
de la course à fournir, it. carriera, esp. car-
rera, prov. carriera (nie), angl. career; dér.
do carrus, char ; donc propr. voie d'un char,
route carrossable; l'ancienne langue disait
aussi charrier e et quarrière.
CARRIOLE, de l'it. carriuola, dimin. do
carro, fr. char.
CARROSSE, de l'it. carrozza ou plutôt du
masc. carroccio, dér. de carro, char. — D.
carrossier, carrossable.
CARROUSEL, it. carosello, garosello. Ce
mot a-t-il du rapport avec carrus, char? Ou
carr représente-t-il le quadr de quadrille?
Nous ne pensons pas ni l'un ni l'autre, et nous
y voyons plutôt un diminutif de carrousse
(v. c. m.).
CARROUSSE, grand régal, fête, partie de
boire, angl. carouse, vfr. carrous, v. esp
carauz; étymologie douteuse; nous ne sau-
rions accepter l'ail, garaus trinhen, boire
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CAS
— 91
CAS
jusqu'à bout, que s'il était démontré qne le
mot n'est en effet qu'un terme de caserne in-
troduit par la soldatesque allemande.
GÀRTilBLB, portefeuille d'écoliers; cp.
les mots wallon cartabel, it. scartabello, esp.
cartapeJ, composé de charta et pellis, Voy.
Caix. Studi, n» 520.
GARTATSR, selon Littré, de quatre (mieux
vaudrait de quart) ; « cartayer, c'est couper en
quelque sorte la route en quatre, c'est tracer
une quadruple voie, les deux ornières et les
deux voies des roues ». N'était cette définition,
j'aurais interprété notre mot par carettc (char-
rette, angl. cart) ~\- suffixe icare; cp. l'it.
carreggiare, conduire un char, de carro,
char.
CARTE, variété savante de charte, du L.
charta («^âpr^jj). — Dérivés : cartel, -on,
-oiiche, 'ie7\ — Je ne puis adhérer à l'opinion
qui voit dans carte le L. qitarta au sens de
quart de feuille de papier; fr. quarte et BL.
quarta sont des modifications orthographiques
introduites sous l'influence de quartiis.
CARTEL, de l'it. cartelîo, esp. cartel, petite
carte, affiche, puis, spécialement, provocation
en duel par écrit.
OARTILAGB, L. cartilago, -inis, — D. car-
tilagineux,
CARTON, de l'it. cartone, augmentatif de
carta, — D. cartonner, cartonnier,
CARTOUCHE, de l'it. cartoccio, cornet de
papier, gargousse (dér. de carta).
CARTULAIRE, recueil de cartules (L. char-
tulœ), actes, titres. Le mot fait double emploi
avec chartrier.
CARUS, t. de médecine, du gr. T^&poç, som-
meil profond.
CARVI, it., esp. carvi. Directement de
l'arabe karaioia ou kartoia, formé à son
tour d'une forme grecque hypothétique xatpu^x
ou x7/9jufa, dérivée de xàp«v, xicptov, lat. ca-
rum, careum (Devic). — Voy. aussi chervis.
1. CAS, du L. casus, chute, événement,
désinence (de cadere, tomber).
2. CAS, adj., fém. casse, cassé, du L. quas-
sus, brisé.
CASANIER, attaché à la maison, représente
un type latin casanarius, du BL. casana,
forme dérivative de casa, maison. — L'it.
emploie dans le même sens casalingo.
CASAQUE, it. casacca, esp. casaca, angl.
cassock, dér. de casa, case; pour le rapport
d'idées, cfr. le BL. casula, qui signifie à la
fois petite case et vêtement ; l'idée d'abri, de
protection, relie les deux acceptions. Ainsi, de
la même racine cap nous voyons procéder
capanna, fr. cabane, et cape^ chape, chapeau,
etc. Quant à la terminaison acca, cfr. it.
gxmmacca, espèce de pardessus. — D'autres
tiennent le mot pour slave et identique avec
cosaque, — D. casaquin.
CASCADE, de l'it. cascata, dér. de cascare,
tomber, verbe italien qu'il faut rattacher à
une forme antérieure casicare, issue à son
tour du L. cadere, par le supin casum. —
D. it. cascatella, fr. cascatelle
CASE, maison, loge, compartiment, L. casa,
hutte, maison. C'est casa aussi qui a fourni
la prép. fr. chez (v. c. m.). — D. caser, pour-
voir d'une place, établir; cahier, bureau
garni de cases ; voy. aussi caserne.
CASÉEUX, CASÉUM, t. de chimie, dér. du
L. caseus, fromage.
CASSMATE,de l'it. casamatta ou esp., port.
casamata, dont Tétymologie est douteuse. On
a décomposé le mot par casa-matta, et l'on a
prêté à cette expression matto tantôt le sens
de caché, borgne, tantôt celui de pseudo,
faux, ou de sombre ; enfin, on a expliqué le
mot par • maison {casa) de la tuerie (nuita) « ,
expression analogue à l'ail. mordkeUer, case-
mate, litt. caveau de meurtre^. Ménage avait
songé au gr. yà^/ta, fosse, caverne (plur.
xàtfATCT»); étymologie inacceptable, bien que
Rabelais ait employé la forme chasmate. Ci-
tons encore une conjecture de Devic, qui se
demande si le mot italien n'a pas été créé sous .
l'influence de l'ar. qasaba, forteresse.
CASER, voy. case.
CASERNE, it. caserma, esp., port, caserna,
dérivé de casa, maison, par le suffixe émus,
comme caverne de cave, Diez, patron de cette
étymologie, dans sa dernière éd., ne se rallie
pas à l'opinion de Mahn, qui, à cause de l'it.
caserma, walaque çesarme, anc. ail. casarm,
avait proposé avec quelque doute casa d*arme,
maison d'armes. — Dans Furetièro, on lit :
« Casernes, ce sont de petites chambres bâties
sur le rempart des villes de guerre pour loger
les soldats de la garnison ; on y loge ordinai-
rement six soldats qui montent la garde alt-er-
nativement. » En supposant qu'on y ait pri-
mitivement logé quatre soldats, G. Paris pose
pour étymon prov. cazerna (qu'il déduit du
verbe d^scazernar, expulser, déloger) = lat.
quatema. Ce serait donc propr. une escouade
de quatre hommes. — D. caserner,
CASBRNET, cahier de bord, voy. carnet.
CASIMIR, angl. cassimer, variante de
cache>ni7^e.
CASINO, mot. ital., dér. de casa, maison.
CASOAR, oiseau, esp. casobar, angl. casso-
wary, du malais ca^suwaris.
CASQUE, it. et esp. casco. Le mot est assez
récent en fr. et a supplanté l'anc. heaume.
Ménage le rattache au L. cassis, par l'inter-
médiaire cassicus, mais Diez observe que le
suffixe ic no produit en roman que des subst.
féminins. En espagnol, casce signifie en outre
têt, tesson (pr. chose brisée, car le mot vient
de cascar = quassicare), puis crâne, coque de
navire, etc. La comparaison des diverses
significations du mot latin testa (d'où fr. tét,
tesson, tête) autorise à voir dans casco, signi-
fiant casque, le môme mot que casco, chose
brisée. Les significations s'enchaînent ainsi :
débris, tesson, têt, armure de tête. — D.
casquette.
CASSADE, de l'it. cacciata, cassade au
brelan, de cacciare, chasser, pousser. « Cas-
sade s'est dit d'abord au brelan, puis pour
toute espèce de feinte, de bourde • (Littré).
Voy. casser.
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CAT
— 92 —
CAT
1. CASSE, t. d'imprimerie, caisse à com-
partiments, voy. caisse, — D. casseau, cas-
setin.
2. OASSE, fniit du cassier, BL. cassia,
casia, angl. cassia, ail. cassie, du gr. xx99lx,
%x9lx, — D. cassier,
3. CASSE, poêle à queue, lèchefrite, it.
cajtzay cat. cassa; du vha. chejsi, kezi^ v.
nord, hati, vase à cuire, d'où l'ail, kessel,
flam. ketel. — D. it. cazjxuola, esp. caauda,
et fr. casserole (it. casserola)\ pour l'insertion
de er, cfr. mouch-er-olle, mus-er-olle, etc.
4. CASSE, subst. verbal de casser,
CASSER, briser, angl. quash, du L. quas-
sare, briser, dér. de quassus^ participe de
quatere. Le partie, qwissus s'est conservé
dans le prov. quass et le fr. cas = brisé. —
D. casse, action de casser; cassement; cas-
sure; d'un composé conquassare on a fait
concasser, — Dans le sens « annuler « , casser
vient du L. cassare, dér. de cassus (vfr. quas,
prov. cass, it., esp. ca55o), vide, vain, inutile.
De là le subst. cassation.
CASSEROLE, voj. casse 3. Quelques dia-
lectes disent castrole ; l'allemand en a tiré son
koMrol.
CASSETTE, voy. caisse.
CASSIER, arbre, voy. casse 2.
CASSINE, dérivé de la forme BL. cassa p.
casa.
CASSIS, groseillier dit ribes nigrum ; éty-
mologie inconnue.
CA3S0LLE, autre forme pour casserole, it.
cazzuola, voy. casse 3. — De là cassolette.
CASSON = caisson; cette dénomination
vient de ce que le sucre casson se met dans
des caissons. — D. cassonade (port, casso-
nada).
CASSONADE, voy. casson,
CASTAGNETTES, de l'esp. castahetas, dér.
de castana, châtaigne, à cause de la ressem-
blance des castagnettes avec les châtaignes.
CASTE, esp., port, casta^ race, pr. quelque
chose de pur, non mélangé. Du L. castus,
pur.
CASTEL, angl. castle, du L. castellum,
dim. àe caslmm. Castel est la forme savante
de chastel\ château (v. c. m.).
CASTDjLE, petite querelle, subst. verbal de
se castiller. Autrefois la castille désignait une
espèce de joute, et tire son nom de l'esp.
castillOy château, parce que dans ces joutes on
attaquait des simulacres de châteaux, de
tours, etc.
CASTOR, vfr. castoire, L. castor (/.àjTw/a).
— D. castoreum, mot latin ; castorine.
CASTRAT, de l'it. castrato = L. castraius,
fr. châtré. — Castration, L. castratio.
CASUEL, CASUISTE, mots savants, dérivés
de casus, cas.
CATACHRÊSE, du gr. nxrôcYP^i'jii, abus.
CATACLYSME, du gr. x«Tax>uï/*(/ç, inonda-
tion, déluge.
CATACOMBES, d'après Diez, composé de
catar, — verbe roman qui signifie voir et que
l'on retrouve dans les compositions catafalque,
et it. cataletto, lit de parade — et de tomba,
tombe. Catacombe serait une altération de
catatombe (forme que l'on rencontre parfois)
et signifierait « tombe exposée à la vue des
fidèles ». On peut cependant aussi prendre
l'élément combe pour l'esp. coTTiba, qui signifie
voûte. Bellermann, auteur d'un ouvrage sur
les plus anciens tombeaux des chrétiens, fait
venir catacombe d'un mot grec supposé
xocTXTÙfiiiov ; pourquoi pas tout aussi bien de
xaroxûjuScov (de xû/aSoç, cavité)?
CATAFALQUE, it. catafalco, esp. cadafalso,
cadahalso, cadalso, prov. cadafalc, vfr. esca-
défaut, cadefauz, d'où le mot actuel échafaut
(champ, code faut). Les mots ail. schafott,
flam. scavaut et angl. scaffold, sont tous des
modifications du fr. échafaud. — Catafalco
est composé de catar, voir, et de fodco, corrup-
tion de palco, assemblage de poutres (mot
italien d'origine germanique). Catafalco si-
gnifie donc proprement un échafaudage de
parade, cp. it. cataletto, lit de parade (voy.
châlit) et fr. catacombe (v. c. m.). Quant au
verbe catar, qui dans le vieil esp. signifiait
voir avec soin (Lex. roman de Raynouard,
verbo catar : «• es dit cat, quar catar vol dire
vezer) »» et qui signifie auj. examiner, c'est le
captare des Latins, pour ainsi dire captare
oculis, saisir des yeux. Ménage cite un verbe
fr. catiller, employé par Monstrelet dans le
sens d'espionner, et l'exiflique également par
captilare, dim. de captare. Cette étymologie
de Diez satisfait pleinement et doit l'emporter
sur celle de Ducange : x«Tà.-|- palus ou fala
(échafaudage).
CATALECTBS, recueil de pièces détachées,
du gr. xaràîiexTa, choses choisies.
CATALEPSIE, du gr. /«râinf^, saisisse-
ment. — D. cataleptique.
CATALOGUE, du gr. xarxlo/'n, recensement.
— D. cataloguer.
CATAPLASME, du gr. xaràîriaï.ttx, action
d'enduire.
CATAPULTE, L. catapulta (xaTa7raT>j;).
CATARACTE, chute, L. cataracta, du gr.
^uxa^pkxTfii, litt. qui descend en se brisant, de
xara/^/Myvu/xi, briser (au passif, tomber avec
violence). Comme terme de chirurgie, le mot
signifie pr. une clôture ou coulisse et se rap-
porte au même subst. grec au sens de porte
coulisse.
CATARRHE, L. co/arr^iw, du gr. xarà^o^ou;,
subst. de xxTa^/6éw, couler en bas. — D. ca-
tarrhal, -eux.
CATASTROPHE, du gr. xaT«»r/5o^>î, renver-
sement, dénouement dramatique.
CATECHISER, gr. xar^ïx^ Juv, enseigner par
demandes et réponses; catéchèse^ va.r^x^'^^i*
instruction ; catéchisme^ xact^x*»/'-©»» catéchiste^
K.oLTnxit'rni ; catéchumène, nurYiyovfitvoi (part,
prés, passif de xxt^xIûi, primitif de /«mx^Sw)»
celui que l'on catéchise.
CATÉGORIE, gr. i^xTrjyopix, attribut, qua-
lités ou propriétés attribuées à qqn. ou à
qqch.; catégorique, xanjyo/sixo;, qui énonce
nettement un fait. Comme terme de logique
KctTrtyopiuy pr. parler sur quelqu'un, signifie
établir positivement les particularités, les
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CAU
— 93 —
CED
caractôres distinctifs d'une chose ou d'une per-
sonne.
GATEL, voy. cheptel.
CATHÉDRALE (église), église établie au
siège d'un évéque, du L. caUiedra (jtàd«5p«),
siège (voy. chaire),
CATHOLIQUE, L. cathxdicu^ du gr.
xa&oÀiKOi, universel. — D. catholicisme, catho-
licité.
1. CATIN, forme familière pour Catherine,
puis appliquée dans un mauvais sens ; cfr. en
ail. Kathe, bubeyihothe
2. CATIN, bassin, du L. catinxts, m. s.
CATIMINI (EN), en cachette, mot de fan-
taisie, tiré de catir, cacher, peut-être sous
l'influence du vfr. catamini (gr. y.aTa/xijvca),
les menstrues, état que les femmes cherchent
à cacher.
CATIR, presser une étoffe pour lui donner
le lustre; anc. = cacher; du L. coactus,
pressé (voy. cacher). — D. cati ; cps. décatir.
CATOPTRIQUE, gr. /aroTTr^ixo;, dér. de
xàroitrpovf miroir.
CAUCHEMAR, pic. cauquemar, est composé
du verbe ancien caucher (= pic. cauquer,
bourg, coquai, it. calcare, L. calcare), pres-
ser, fouler, et du mot germanique mar, qui
se retrouve dans Tall. nachtma^, angl. night-
tnare, incube de la nuit. Le wallon dit aussi,
sans le premier élément, marke, pour cauche-
mar. Les termes équivalents dans d'autres
langues expriment tous l'idée de poids, d'op-
pression, p. ex. esp. pesadilla, it. pesaruolo,
ail. alpdriichen. Nicot expliquait cauchemar
par calca tnala, mauvaise oppression. Pou-
gens, avec beaucoup de science, établit la
valeur de cauchemar comme étant «« la sor-
cière, le génie femelle do la suffocation »».
Pour \uï,cauc?ie est l'ail, hauch, keuch, angl.
couffhf difficulté de respiration, et war, le
Scandinave maer, femme, vierge, nymphe.
Les Lyonnais désignent, au rapport de Mé-
nage, le cauchemar par cauchevieille.
CAUCHER, t. de dorure, répond à un type
calcariitm, dér. de calcare, fouler, battre,
presser.
CAUCHOIS, du pays de Ckiux.
CAUBATAIRE, qui porte la queue, du L.
cauda.
CAUSE, du L. causa. Ce dernier a égale-
ment donné c/iose. Cause a été' tiré de causa
par le langage savant ; c?U)se en est issu par
procédé naturel. — D. causal^ -alité, L. cau-
salis, -alitas; causatif, L. causativus; causer,
dans le sens de « être cause ** .
CAUSER, s'entretenir familièrement, est de
formation autre que causer, être cause; il
vient du L. causari, disputer, discuter (it.
cusare, prétendre, prov. chausar, vfr. choser,
disputer;; ce même causari s'est également
reproduit dans le vha. chosoti, ail. mod. kosen,
parler amicalement. — D. causeur, causerie;
causeuse, espèce de petit canapé qui invite à
la causerie.
CAUSTIQUE, L. causticus (y.xu7uy.6i), brû-
lant, mordant, incisif. — D. causticité.
CAUT*, prudent, du L.. cautus (cavorej,
m. s.
CAUTÉLE, L. cautela (de cautus, voy. caut).
— D. cauteleux,
CAUTÈRE, L. cauterium (xawnj/îcov); cauté-
riser, L. cauterijare (xaun^pf^jcv).
CAUTION, L. cautio (cavere), garantie,
sûreté; — D. cautionner.
CAVALCADE, de Tit. cacalcata, dér. de
cavalcare = fr. chevaucher ; cavalcadour =
esp. cahalgador,
CAVALE, fém. de cheval; du L. caballus,
mot employé par la langue rustique au lieu de
equus. Ce caballus (it. cavallo, esp. caballo,
prov. caval, fr. cheval), a produit les dérivés
suivants :
1 . It. cavalcare, esp. cabalgar, fr. chevau-
cher, BL. caballicare (cfr. en latin equitare
de equus, en grec ctt^iôiiv de ctttto;); subst.
chevauchée, mot qui rendait inutile celui de
cavalcade, tiré du parallèle italien cavalcata.
2. BL. caballarius, it cavalière, fr. che-
valier et CAVALIER (voy. ces mots).
CAVALIER, même mot que chevalier, mais
tiré directement de Fit. cavalière (voy. plus
haut cavale). — D. cavalier, adj.; cavalerie ,
it. cavalleria.
CAVATINE, do Vit. cavatina, air de musique,
dont l'étymologie nous échappe.
CAVE, acy., L. cavus; verbe caver, L.
cavare; cavité, L. cavitas. L'adjectif cavus,
creux, voûté, a donné aussi le subst. fém.
cave, grotte, partie souterraine de la maison
(it., esp., port. cava). — D. caveau, cavier;
cavée, chemin creux ; encaoer.
CAVECÉ de noir, en parlant d'un cheval ; de
Tesp. cabesa, tête.
CAVEQON, wall. cabaçon, it. cavezzone
(esp. cabezon, col de chemise), dérivés resp. de
it. cavesza, licou, esp., port, cabeza, tête.
Ces derniers accusent un type latin capitia
(dér. de caput, tête). Notez encore le vfr.
chevece, ouverture d'une cotte par où on passe
la tête.
CAVERNE, L. caverna (cavus). — D. caver-
neux,
CAVIAR, it. caviate, esp. cabial, port.
caviar, gr. mod. x«vcà/5i, turc haviâr. Mot
d'origine tartare, dit-on.
CAVILLATION, L. cavillatio.
CE, vfr. iço, ço, ceo, it. cià, prov. aisso,so.
Ce pronom représente le latin ecce hoc (cp.
çà). Composés ceci (^= ce ici) et cela (= ce là).
CÉANS, vfr. çaiens, prov. saïns, adverbe
composé de ça, sa et de e>is, L i7itus, et signi-
fiant « ici dedans n. L'expression corrélative
vfr. laiens, prov. lai)is, fr. léa^is, est formée
de la même manière de là + ^'W.
CECI, voy. ce,
CÉCITÉ, L. cœcitas (de cœcus, aveugle).
CÉDER, du L. cedere, dans le sens res-
treint de se retirée devant qqn., lui faire place.
CÉDILLE, it. zediglia, esp. cedilla, dimin.
de zêta, nom de lettre, propr. petit zed
sgouté au c pour donner à celui-ci la valeur
de s.
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CEN
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CER
CÉDRAT, de l'it. cedrato, dér. du L. cUrus,
citron.
0ÈJ>BX,L,cedrus(xkSpoç).^D.c^rie(^Bpl7).
GÉDULE, it., esp., prov. cedola, BL.cedula,
pour schedula, dim. de sc?i€da(9xiSri), feuillet ;
cp. vfr. cisme de schisme.
GEINDRE, L. cingere; cfr. peindre de
pingere^ astreindre de astringere, etc. —
D. ceinture, L. cinctura, D*un verbe dérivé
L. cindurare, formé de cinctura ^ on a fait
cintrer, d'où le subst. cintre. Composé : dé-
ceindre.
CEINTURE, voy. ceindre. — D. ceinturier,
ceinturon,
CELA, voy. ce.
CÉLADON, vert pâle, couleur dite ainsi
d'après Céladon, personnage d'une tendresse
fade du roman de l'Astrée.
CÉLÈBRE, L. celebris; célébrer, L. cele-
brare ; célébrité, L. celebritas.
CELER, L. celare. — Cps. déceler; receler.
CÉLERI, piém. seler, à Côme, selar, Venise
seleno, it. sedano (et sellaro), ail. seUeri, du
gr. ffîicv^v, persil.
CÉLÉRITÉ, L. celeritas (de celer, vite).
CÉLESTE, L. cœlestis (de cœlum, ciel).
CÉLIBAT, L. cœlibatus (ccelebs). — D.
célibataire.
CELLE, voy. celui.
CELLIER, L. cellarium (cella); cellérier,
préposé au cellier, BL. cellerarius.
CELLULE, L. cdliUa (ceUa). — D. cellu-
laire, celluleux.
CELUI, propr. une forme de génitif de ceV
(cfr. lui, autrui) ; quant à cel, fém. celle, ils
correspondent à it. quello, quella, esp. aquel,
prov. aicel, vfr. icel. Toutes ces formes repré-
sentent le L. ecce ille; celui est le génitif ecc*
illius. Ecce iste, d'autre part, a donné it.
questo (costui), esp. aqueste, prov. aquest,
aicest, vfr. icest, cest, et le fr. mod. cet, fém.
cette.
CÉHENT, L. cœmentum (contr. de cœdi-
mentum), 1. moellon, 2. éclats, parcelles de
marbre. — D. cémenter. — Le même original
latin a fourni aussi le mot ciment (v. c. m.j.
CÉNACLE, L. cœna^ulum (cœna), salle à
manger.
CENDRE, it. cenere, du L. cinis, gén.
cineris; pour l'insertion du d, cfr. gendre,
tendre, pondre. — D. cendrer, cendrier, cen-
dreux, cendrillon.
CÈNE, L. coeim, repas.
CENELLE, fruit du houx, petit et rouge;
mot tronqué de coccinella, dim. de coccina,
dér. lui-même du L. coccum, kermès, cou-
leur d'écarlate (voy. cochenille).
CÉNOBITE, moine qui vit en communauté,
BL. ccenobites, dér. du latin ccenobium, cou-
vent, =: gr. xoivrfScov (composé de xoivo'j, com-
mun , et ^/oç, vie).
CÉNOTAPHE, gr. xsvoràf lov, tombeau vide,
de simple parade.
CENS, L. census, 1. recensement, état de
fortune, contrôle, 2. au moyen âge, rede-
vance annuelle (d'où ail. jsins), — Censé,
métairie donnée à ferme, du BL. censa, fer-
mage, puis ferme. — D. cetisier (BL. censa-
rius), censitaire, censive.
CENSER, part, censé, réputé, du L. cen-
sere, compter, estimer.
CENSEUR, L. censor. — D. censorial.
CENSURE, L. censura. — D. censurer.
CENT, L. ce^itum. — D centaine. — Cen-
tenaire, L. centenarius; du même original
latin aussi centenier, chef de cent hommes. —
Centième, du L. centesimus, d'où vient égale-
ment centisme*, centime, centième partie du
franc et le dér. caUésimal. — Dans les compo-
sitions on exprime par centi-, la centième
partie d'une unité déterminée, p. ex., centi-
mètre, centiare.
CENTAUREE, du centaure Chiron, rangé
parmi les habiles médecins.
CENTON, du L. cento, couverture faite de
plusieurs morceaux.
CENTRE, L. centrum; central, L. cen-
tralis. — D. centraliser, décentraliser; con-
centrer, faire converger vers le centre; con-
centrique; excetitriqus.
CENTRIFUGE, CENTRIPÈTE, mots savants
signifiant « quod fugit, quod petit centrum. *»
CENTUPLE, L. ce7ituplus. — ïi. centupler.
CENTURIE, L. centuria (centum).
CEP, du L. cippus, pieu, barre; dans les
gloses cippus est interprété par xopfiôi c.-à-d.
tronc. La langue savante a, en outre, tiré de
cippus, dans son acception de colonne tumu-
laire, le mot fr. cippe. Le mot latin avait pris
aussi le sens de « entraves de bois ou de fer
mises aux pieds des criminels » ; de là. la
locution : avoir les ceps aux pieds et aux
mains, ainsi que le vfr. cepier, chepier^ geô*
lier, BL. cippariiis. — D. cépeau (billot),
cépée; recéper, encéper.
CEPENDANT, pour ce pendant, pendant ce
temps-là.
CÉRACÉE, sorte de laitage, est prob. une
mauvaise orthographe p. séracée, et un dérivé
de lat. sérum, petit-lait. — Cp. seracium ap.
Du Cange.
CÉRAMIQUE (art), du grec /kpxfioç, vase en
argile.
CÉRAT, L. ceratum, de cera, cire.
CERCEAU, voy. cerch.
CERCELLE, prov. cercela (l'esp. a cerceta,
sarzeta), du L. querquedula (querqued'la,
querquella). — Sarcelle n'est qu'une variété
orthographique de cercelle.
CERCLE, L. circulus. — D. ceixler, encer-
cler. — La forme diminutive latine circellus
a donné naissance à cerceC, cerceau.
CERCUEIL, vfr. sarquel, sarqucu, dérivé
par le suffixe el, du vha. sarc (auj. sarg),
même sign. Autres étymologies proposées,
mais insoutenables : 1 . Contraction de sarco-
phagulus (Saumaise et Caseneuve). 2. Du L.
sarcophagus, par apocope des syllabes atones
phagus. 3. D'un type sarcolium, formé de
(jicpl : lieu où repose la chair. 4. De arca,
coffre, par la filiation suivante : arca, arcula,
arcola, arcolium, sarcolium, sarcoeil, cer-
cueil ; (« sont Guyet et Ménage qui patron-
nent la dernière.
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CEU
— 95 -
CIIA
GÉRÉALS, L. cerealis (de Cérès, déesse des
moissons).
CÉRÉBRAL, L. cerebralis (de cerebrum,
cerveau).
CÉRÉMONIE, L. cœrimonia,
CSRF, L. cervus, — D. cervaison, cermn,
CERFEUIL, L. cœrefoîium (/at/sifuUov), it.
cerfogJio, esp. cerafoïio, angl. chervil.
CERISE, it. ciriegia, esp. cereza, hoU. kerse,
ail. kirsche.y ags. cirse, angl. cherry. Les for-
mes romanes accusent pour type latin non pas
cérasum, mais le dérivé féminin cerdsea (pour
rit. ciriegia, cp. primiero de primarius). Le
prov. cereira était précédé de cereisa, duquel
découle directement lefr. cerise. — On trouve,
du reste, déjà une forme latine ceresia chez
Gargilius. auteur du ni* siècle.
CERKE, it. césrcine, esp. cercen; verbes esp.
cercenare, couper en rond, fr. cerner (v. mot
encerner = entourer); du L. circinus, circi-
nare {decircus, cercle). Le diminutif ctmne/-
lus a donné cenxeau (pr. noix cernée, noix
en coque), qu'il n'est pas nécessaire de déri-
ver de l'ail, keruy graine, pépin, noyau.
CERNEAU, CERNER, voy. cerm,
CERTAIN, ac^ectif roman, dérivé du L.
certus ; ce dernier, dans sa forme adverbiale,
s'est conservé dans certes (v. c. m.). — D. vfr.
acertetier, assurer.
CERTES, L. certe. La finale s est adverbiale,
cfr. ores\ jusques, lors, etc.
CERTIFIER, L. certificare; subst certificat,
L. c^rtificatum.
CERTITUDE, it. certitudine, esp. certidud,
du L. certitudo,
CÉRULÉ, mot de formation savante et irré-
gulière, L. cœrtdeus,
CÉRUMEN, subst. latin, dér. de cera, cire.
CÉRUSE, L. ceriissa.
CERVEAU, cerppr (forme féminine cerreZ/e),
it. cercello, du L. cerebellum, dim. de cere-
bnim. — D. cervelet; cervelas (v. c. m.); écer-
vêlé, pr. privé de cerveau.
CERVELAS, anc. cervelat, it. cervellaia, dér.
de cervelle. Sans doute on y faisait entrer pri-
mitivement de la cervelle.
CERVELLE, voy. cerveau. — En vfr. cervelle
signifie souvent «nuque»; ainsi danslegloss.
de Lille (mon éd., p. 15), lat. cervix est tra-
duit par cerveille; dans ce sens, il reproduit
lat. cervicula.
CERVICAL, L. cervicalis (de cerviœ, cou).
CERVOISE, L. cervisia (mot gaulois), voy.
Pline, XXII, 25. — Strictement parlant, c'est
la forme secondaire cervîsa qui a produit fr.
cervoise.
CESSER, L. cessare. — D. subst. verbal
cesse; incessant; cessation, L. cessatio.
CESSIBLE, L. cessihilis* (cedere; ; cession,
L. cessio, d'où cessionnaire.
CESTE, L. cœstxis, cestus.
CÉSURE, L. cœsura, coupure (cœdere),
CET, voy. celui,
CÉTACÉ, mot savant, L. cetaceus*, dér. de
cetus 'x^Tog), grand poisson de mer.
OEl"rE, voy. celui.
CEUX, cels*, plur. de ceV, voy. celui.
CHABLE, CHABLEAU, CHABLER, voy. câ-
ble,
CHABLIS, bois abattus, voy. sous accabler,
CHABOT, poisson, port, caboz; dér. de cap,
tête (= L. caput) avec le suffixe o<, à cause
de la grosse tête de ce poisson. Cp. en latin
capito, gr. xs^alo;, noms d'un poisson.
CHABRAQUE, ail. schabrache, du turct^c^-
prak.
CHACAL, mot oriental; en turc djakdl,
CHACUN, vfr. cha^cun, chescun, cascun, it.
ciascuno, prov. cascun, du L. quisqiie unus,
quiscuniis. C'est de chacun que s'est dégagé
chaque; bien que répondant par sa significa-
tion au L. qutsque, on ne peut admettre que
chaque (mot qui nest pas constaté avant le
xvi* siècle) en soit d.rectement issu; Vi latin
accentué ne devient lamais a. Le correspon-
dant prov. de chaque est quecs pour quescs,
qui, lui, est bien le qwjsquelsLtïn.
CHAFOUIN, personne grêle et sotirnoise,
ressemblant à une fouine ; composé de cluit et
fouine.
CHAGRIN, subst. et adj. Ce mot, dit Diez,
inusité encore au xii®etau XJii* siècle, est sans
aucun doute identique avec chayrin, cuir
grenu, it. sigrino, dial. de Venise et de la
Romagne ^a^rnVi, mha. sager, néerl. segrijn.
Or, on dérive ces formes du mot tui^î sagri,
croupe, la peau en question étant tirée de la
croupe de lane et du mulet; les Arabes la
nomment zargab. — Borel, dit Ménage, en
dérivant chagrin de chat et de grain, comme
qui dirait chat de grain marin, n'a pas bien
rencontré. Comme on s'est servi des peaux de
chagrin ou plutôt des peaux de phoque, à
cause de leur rudesse, pour faire des râpes et
des limes, on conçoit aisément que l'on ait
métaphoriquement employé le mot chagrin
pour désigner une peine rongeante ; le mot
lima en italien, et scie en français, présen-
tent des métaphores analogues et viennent à
l'appui de cette étymologie. — D. chagriner,
/s
CHAINE, vfr. chaène, chaîne, du L. catena,
— D. chainon,chaînette, enchaîner, déchainer,
— Pour chainon, le vfr. avait la forme chaai-
gnon, puis chaïgnon, de là est venu par con-
traction chignon, qui signifiait autrefois aussi
chainon ^cp. gril degraïl),
CHAIR, vfr. car, carn, charn, prov. carn,
du L. caro, gén. carnis. — D. cîiarnel, L.
camalis, charnier, L. camarium; charnu,
charnure, charogne (v. c. m.); dêcharner,
acharner (v. c. m.), écharner, détacher la
chair.
CHAIRE, vfr. chaère, chayère, prov. cadeira,
du L. cathedra (gr. xicdtSpoi), siège. Par la
mutation de r en « s'est produite la forme
chaise, que les anciens lexicographes ne con-
naissaient pas encore. Le grammairien Pals-
grave (1530 j signale le mot chèze pour chaère,
comme un vice de la prononciation parisienne.
Par extension, chaise, d'abord chaise à por-
teurs, est venu à signifier aussi une espèce de
voiture.
CHAISE, voy. chaire.
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CHA
96
CHA
1 . CHALAND, bateau plat, vfr. calant, cha-
landre, anc. cat. xelandrin, BL. chelandium,
chelùida, laiandria, gr. moy. yO&viiov. Cette
espèce de vaisseau était particulièrement eu
usage chez les Byzantins; il se peut donc,
observe Diez, que ces mots viennent par cor-
ruption de 5(s)v^po5, tortue de mer, serpent de
mer. — Quant au mot chalatid, acheteur ha-
bituel, Diez le croit identique avec le nom de
bateau : on aura comparé, dit-il, l'acheteur au
bateau qui reçoit la marchandise du vendeur
A l'appui de cette explication, il cite le mot
barguigner de barca. Caseneuve, se fondant
sur une citation de Papias poitant : calories,
i. e. negotiatores, navi cuise, fait venir cha-
land de calos homme de peine, mais la forme
du mot s'y refuse. On pourrait, nous semble-
t-il, ramener chalanï", qui propr. exprime des
rapports d'attachement volontaire, au verbe
chaloir, pr. être chaud, fig. s'intéresser; cp.
l'expression nonchalant,
2. CHALAND, acheteur, pratique, client,
voy. l'art, pi'éc. — Mon explication par le
partie, calentem, vfr. chalant (synon. de ac-
cointe y ami, compagnon) est partagée par
Tobler (Ztschr., I, 22). — D. chalandise,
achalander,
A
CHALE, angl. shawl, du persan schàl,
manteau d'une fine étoffe de laine, tirée de
la chèvre du Tibet.
CHALET, vfr. chaslet (champ, casalet), dér.
de ca^a, maison ; selon Littré, d'un type cas-
telletumy petit castel.
CHALEUR, du L. calôrem; le nominatif
calor a donné à l'anc. langue la forme caure,
— D. chaleureux.
CHALIT, vfr. chaelit, pic. calit, it. cataletto,
lit de parade, litière, cercueil, esp. cadalecho,
lit de branchages; d'un type catalectus, lit de
parade (voy. catacombe et catafalque). L'éty-
mol. chasselit [capsa lectij est erronée.
CHALOIR, prov. caler, it. cal ère, du L.
caler e, dans le sens métaphorique, de « être
d'importance » (3® pers. ind. prés, chalt" chaut
= L. calet). Il me chalt ou chaut = je me
soucie; cp. la locution : cela ne me fait ni chaud
ni froid. De l'opposé non-chaloir est resté l'adj .
non-chalant, insouciant. — Voy. aussi cha-
land 2.
CHALON, anc. bateau, auj. grand filet de
pêche traîné entre deux bateaux. Du BL. caZo,
•onis, naviculaî
CHALOUPE (angl. shallop, it. sciai uppa,
esp. chalupa viennent du français); du ni.
sloep, danois sluppe (angl. sloop). Ces mots
tiennent sans doute du radical sliip, glisser.
CHALUMEAU, pour chalemeau (cp. alu-
melle, p. alemelle), vfr. chalemel, prov. cara-
mel, esp. caramillo, ail. schalrnei; du L.
calamellus, dim. de calamus, roseau.
CHABflADE, it. chiamata, du port, chamada,
appel, dér. du verbe chamar, qui est le L.
clamare
CHAMAILLER (SE) est généralement dérivé
de camail (v. c. m.), armure qui couvrait la
tête et le cou. Ce serait ainsi pr. frapper sur
le camail. Nous doutons quelque peu de cette
étymologie ; le mot, qui ne paraît pas remon-
ter au delà du xvi* siècle, fait l'efiet d'être un
synonyme de criailler, quereller, et de venir,
aussi bien que chamade, du L. clamare. Cepen-
dant, comme, à son origine, le terme implique
une idée de combat plus sérieux qu'une criail-
lerie, on pourrait aussi proposer une compo-
sition capo-malleare, capmailler, chamailler
= frapper sur la tète.
CHAMARRER, de zamarra, chamarra, mot
esp. signifiant vêtement large, robe de cham-
bre, faite en peau de mouton [zamarro). L'an-
cienne langue française avait d'ailleurs elle-
même le subst. chamarre, avec le sens de
pelisse, d'où s'est déduit celui d'ornement
d'habit en général. C'est cette dernière accep-
tion qui a donné naissance au verbe chamar-
rer, orner, parer. — L'it. a zimarra pour
robe de chambre ; c'est de là que nous avons
reçu cimarre et sitnarre. — D. chamarrure.
CHAMBELLAN, BL. chambellayms, forme
romanisée du german. hâmmerling {m, sign.),
dont on trouve les formes variées camhrelin-
guc, Chamberlain, chambrelenc. — Chambre-
lan, ouvrier qui travaille en chambre, est
étymologiquement le même mot.
CHAMBRANLE; étymologie inconnue. Y a-
t-il rapport avec chambre, ou avec le verbe
cambrer, voûter? Le BL. a caméra, avec le
sens de boiserie. — Darmesteter se demande
si le mot n'est pas altéré de chanlambre, =
lambre (de lamina, cp. lambris) de chant, c-
à.-d. planches des côtés (de la fenêtre).
CHAMBRE, du L. caméra, qui signifiait
voûte de chambre, puis chambre voûtée ; it.
caméra, ail. hammer, — D. chambrer, être
de la même chambre, mettre en chambre;
chambrette; chambrée; chambrier, -ière, pour
lesquels on a aussi tiré directement de l'it,
cameriere les formes fr. camérier, -ière.
CHAMEAU, vfr. chamoil, L. camelus
(A&fivjïoi). — D. chamelier; chamelle.
CHAMOIS, it. camoscio ; formes féminines :
it. camozza, esp. camuza, gamuza, port, ca-
^nuça, camurça; de même origine, sans doute,
que le mha. gamz (contracté dun \hB..gamuz,
cp. vha. hiruz, cerf), ail. moà. gemse. Le corps
du mot serait-il, comme le pensait Cobarruvias,
l'esp. ou port, ^amo, fém. ^ama, daim, lequel
pourrait bien venir du L. dama, puisque l'on
trouve dans ces langues golfin pour dolfin,
delfin (L. delphinus)^ gragea pour dragea, et
gazapo, lapereau, pour dazapo f — Pougens
propose pour chamois une origine de l'arabe
hohy-maïz, chevreau des montagnes. Cela
concorderait, moins pour la lettre que pour
la valeur, avec le terme latin rupicapra, chè-
vre des rochers. — D. chamoiser,
1. CHAMP, L. campus; voy. camp.
2. CHAMP, côté étroit d'une pièce de bois
ou d'une brique, employé surtout dans la
locution adverbiale de champ; orthographe
vicieuse pour chant, côté (voy. cantorC),
CHAMP ART, voy. sous camp, — D. cham-
parier.
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CHA
— 97 —
CHA
OHAMPIAUX» prés, prairies; reste de lanc.
iocution prés champaux, prés des champs,
opp. à prés de hyiôre; de Ta^j. campcUis (de
campus}.
GHAMPSTRE, L. campestris (campas).
GHAMPI (ENFANT), enfiant trouvé, vfr.
iihampily de campilis (de campvis) ; pr. enfant
trouvé dans les champs.
GHAMPIGNON» voy. sous camp.
GHAMPION, it. campione, esp. campeon,
ail. hampe; du BL. campus, champ clos, puis
combat en champ clos.
GHAMPLURE, trou pratiqué au fond d'un
tonneau ; robinet d'un tonneau qu'on a mis en
perce; c'est une corruption de chantepleure
(Littré).
GHANGB, contracté de chéance* (allem.
schanze, it. cadenza); d'un type l&ûncadentia,
de cadere, tomber; chance signifie propre-
ment la tombée du dé, de là : hasard, sort,
coup de fortune. Ce mot est la forme vraiment
romane, cadencCy la forme savante, du L. ca-
dentia. — D. chanceuso.
GHANGELER, pr. croiser les jambes, pour
s'empêcher de tomber, puis au fig. manquer
de fermeté, du L. cancellare, faire un treillis.
Diez (3« éd.) appuie cette étym. sur le mha.
Mhranhen, chanceler, dérivé du subst.
schranhe = treillis. Littré rapporte égale-
ment chanceler au L. cancellare, mais en ob-
servant que la vraie forme française est celle
qui se trouve dans Job : scancelhier = échan-
celer, donc sortir des barreaux. « Elle s'est
confondue, »» dit-il, « avec chanceler, lat. can-
ceUare, rayer, faire des raies, et, figurément,
n'aller pas droit » . Cette étymologie est non
seulement forcée pour le sens, mais elle a
contre elle la circonstance que des glossaires
du VIII® siècle prêtent déjà au verbe simple
cancellare le sens de « nutare n. — L'étymo-
logie chance, pr. chute, a été reconnue fautive
et abandonnée par Diez dans sa dernière
édition.
GHANGELIER, L. cancellarius, huissier,
scribe, greffier qui se tenait aux barreaux
(cancelli, anc. fr. chancel) qui séparaient le
tribunal de l'assistance. Angl. chanceUor, ail.
hanzler. — D. chancellerie; chancelière, nom
d'un meuble garni de peau (cp. les termes du-
chesse, marquise, châtelaine et autres, appli-
qués à dos meubles ou ustensiles).
GHANGIR, moisir, sans doute du L. canus^
blanc, par le suffixe cir, comme noircir de
noir (Rom., V, 142). — D. chandssure,
GHANGRB (en wallon, par transposition,
cranche), voy. cancer. — De la forme chancre
procèdent : chancreux, échancrer.
GHANDELEUR, du latin candelarum (ou
plutôt, avec transposition de genre, candèlo-
7mm); de candela, chandelle, dans la locu-
tion « festum sanctse Marise candelarum n ;
cp., pour la finale génitivale, le vieux mot
pascour, dans le « temps pascour i», le temps
de Pâques.
GHANDELLE, L. candela.-— D. chandelier,
Chandeleur (v. c. m.).
GHANFREIN, anc. chamfrain, partie de
l'armure qui couvrait la tête du cheval de ba-
taille. Etymolojgie incertaine ; d'après Ménage
du L. camus, licou, carcan, et frœnum, frein,
« sorte de réduplication, dit Littré, où un
mot moins connu est déterminé et expliqué
par un mot plus connu » . — Comme terme
d'architecture, chanfrein correspond à angl.
chamfer, esp. chaflan. L'existence du verbe
chanfreindre = faire un chanfrein, nous fait
conjecturer, pour l'application de ce mot aux
arts et métiers, l'étymologie cant, coin, côté
aigu (voy. canton), et fraindre =■ L. frangere.
GHÀNGER, vfr. cangier, wall. cangt, it.
camhiare, cafigiare, esp., port, cambiar, prov.
cambiar, camgar; du L. cambiare (loi sa-
lique), pour cambire (Apulée). — D. change,
changement, -eur; rechange. Le composé
excambiare a donné l'it. scambiare et le fr.
échanger.
GHANOINE, voy. canon 2.
GHANSON, vfr. c7iançon(c^. façon, rançon),
it. canzone, du L. cantiônem (canere). — D.
chansonnette, chahsonner, chansonnier.
GEANT, L. cantus (de canere, chanter).
GHANTEAU, chanteV, angl. cafUle, morceau
coupé à l'extrémité, du BL. cantus, coin, côté;
voy. sous canton.
GHANTEPLEURE. sorte d'entonnoir (d'où it.
et esp. cantimplora), - vient des mots clian'
ter et pleurer, le chant étant représenté par le
biiiit que fait l'eau de la chantepleure en sor-
tant par ses petits trous, et les pleurs étant
représentés par l'eau qu'elle répand » (Ménage).
— Nous soupçonnons fort ce mot do n'être
qu'une altération de champleure, en rouchi
campélouse, norm. champelure, picard cham-
pieuse, cannelle du tonneau. D'autres mots
appartenant au domaine des arts et métiers
nous révèlent l'existence d'un verbe champler
avec une idée fondamentale d'entaille, de per-
cement ou de creusement {champlever, creu-
ser, champlure, trou). Il tient probablement
de la môme racine c^p, mentionnée sous cha-
peler et chapuiser, et qui est également au fond
de chapon. Chantepleure est \m de ces motS
populaires façonnés de manière à donner une
forme plus saisissable à des mots incompris.
GHANTER, L. cantare. — D. chanteur,
-euse; chantre, directement de L. cantor,
tandis que chanteur, vfr. chanteeur, vient de
cantatârem ; chanterelle, corde la plus déliée
d'un instrument et qui a le son le plus aigu ;
chanteriUe, petite bobine (terme comparable
avec l'expression chantepleure) ; chantonner ;
cps. déchanter, pr. rabattre le chant, le ton.
GHANTIER, lieu où Ion entasse des pièces
de bois à brûler ou de construction, puis lieu
où l'on travaille le bois, et enfin lieu de con-
struction en général. Ce mot, dans ces diver-
ses significations, nous semble se rattacher
au vfr. cant, coin, côté (voy. canton), et dési-
gner propr. le magasin de réserve où se met-
tent de «Me les pièces de bois dont on n'a mo-
mentanément pas besoin. Nicot le fait venir
du L. canterius, qu'il dit avoir signifié, entre
autres, magasin de bois, mais nous ne con-
7
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GHA
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GHÂ
naissons pas cette acception prêtée à conte-
rius. — Nous séparons le mot c?iantier, dans
les significations ci-dessus énoncées» de chan-
tier =» soutien, bois de soutènement, ma-
driers pour soulever un poids, it. cantiere,
port, canteiro. C'est ce dernier qui peut se
rapporter au L. carUerius, auquel on con-
naît des acceptions analogues : chevron, sou-
tien.
GHANTIGNOLS semble être une forme di-
minutive de chantier, bois de soutènement,
chose aplatie, brique plate ; ou dérive-t-il du
vfr. cant, côté, bord?
CHANTOURNER, composé de cJuint «
cant*, coin, bord, et de tourner (cp. chan-
frein).
CHANTRE, voy. chanter. — h.chantrerie.
CHANVRE, it. canapé, esp. cdnamo, prov
canebe, cambre, du L. cannabis, cannabus
(xétvvdtii, -oç). Vr est euphoniquement inter-
calé ; des dialectes ont canve, chambe, cambe,
Voy. aussi canevas et chèneds.
UHAOS> L. chaos {yào^^. — D. chaotique^
dérivation incorrecte des savants modernes,
CHAPE, variété de cape (v. c. m.). — D
cTiapier.
CHAPEAU, chapeT, voy. cape. — D. cha'
pelicTt chapellerie.
CHAPE-CHUTE, litt. chape tombée; elle
forme une bonne aubaine pour celui qui la
trouve et s'en empare. — Pour le participe
fém. chute, voy. chute.
CHAPELAIN, voy. chapelle.
CHAPELER (du pain), vfr. chapler, capler,
chaploier, du BL. capulare ^a tailler, tran-
cher. On fait venir généralement ce capulare
de capulus, poignée de Tépée. Que cela soit
fondé ou non (nous optons pour la négative),
notre avis est que chapeler est radicùement
le même mot que chapoter, dégrossir le bois
avec la plane, et le vfr. cJÎapuiser, prov. ca-
puzar, couper menu. Le radical chap est, &
ce qu'il semble, le cap de capo, capus, coq
châtré ; la terminaison uiser dans chapuiser
pourrait avoir été déterminée par l'anialogie
•de menuiser, cfr. en it. tagliuggare. Dans
beaucoup de dialectes, chapuis, pr. celui qui
taille, s'emploie pour tailleur de bois ou char-
pentier. — Ménage fait venir chapeler de
scapeUare, dérivé fictif de scalpellum; c'est
un peu hardi. Mieux vaudrait, s'il fallait
chercher ailleurs que dans le domaine latin,
invoquer dans le domaine germanique angl.
chap, ni. kappen et ail. happen, fendre, cou-
per. — D. chapelure.
CHAPELET, couronne de grains ou de
fleurs, rosaire, voy. cape,
CHAPELLE, voy. cape. — D. chapelain,
BL. capellanus, ail. haplan; d'où chapel-
lenie.
CHAPERON, voy. cape. Nous laissons à
d'autres le soin de vérifier l'origine de l'ex-
pression « servir de chaperon » à une jeune
personne. Chaperon est-il pris fig. p. abri,
protection? Je le pense: en allemand, hut si-
gnifie au ipasc. chapeau, au fém. garde, pro-
.tection. — D. chaperonner.
CHAPITEAU, L. capitellum, diminutif de
caput.
CHAPITRE, angl. chapter, du L. capitu-
lum (caput). Cfr. épttre de epistola, apôtre de
apostolus. — « Capitulum, locus in quem
conveniunt monachi et canonici, sic dictum»
inquit Papias, quod capitula ibi leguntur. »
On disait aller au chapitre, comme on dit
aller au catéchisme. Cela fait que chapitre,
dénomination de lieu de réunion, est devenu
synonyme d'assemblée ou corps des moines et
chanoines. — D. chapitrer, réprimander en
plein chapitre, cp. l'ail, capitehi, einem das
capitel lesen.
CHAPON, it. capone, esp. capon, ail. Aa-
paun, néerl. capoen, capuyn, angl. capon,
du L. caponcm (xàttmv). — D. cTiaponneau,
chaponner. — L'espagnol a un verbe capar,
sign. châtrer; cp. aU. ftappen. Voy. aussi
chapeler.
CHAQUE, voy. chacun. -— Notez que ce
mot ne date que du xvi* siècle.
CHAR, angl. car, néerl. kar, ail. karren,
du L. carras. — D. charrette, chariot, char-
ron (vfr. carlier ■— carelier). Le dérivé latin
carricare (saint Jérôme) s'est transmis au
français sous diverses formes :
1. Charger = it. caricare, carcare, esp.,
prov. cargar; forme picarde carguer; le sens
premier est mettre sur un char.
2. CHiiRRiBR =- it. carreggiare, esp . carear.
3. Charrotbr, variété de charrier (cfr,
plier et ployer).
CHARABIA, d'après Dozy, de l'esp. aXgara^
bia, baragouin, galimatias /port, arabia tout
court) = cU-arabpya, la langue arabe (un
charabia pour ceux qui ne la comprennent
pas). — Voy. aussi Rom. H, 87 (note).
CHARADE; étymologie douteuse; motd'ail-
leurs étranger aux anciennes éditions du Dic-
tionnaire de l'Académie. Quelques-uns le font
venir du verbe charer (dial. de Normandie),
Languedocien chara, converser pour passer le
temps, s'amuser, charada, babillage. La cha-
rade serait ainsi dans le principe un amuse-
ment par paroles. Cette manière de voir doit
céder le pas à la suivante : Charade est une
forme afiaiblie de vfr. charaude, aussi cha-
raute, qui signifie charme, sortilège, et qui
accuse le type caracta (voy. Raynouard) «—
Kxpx^Tvip, signe, marque, et part. « schedula
magicis notis seu litteris exarata ». A côté
de charaute, l'anc. langue offre encore cha-
rait, qui répond à *caractum, et charaie
(aussi charoié), qui reproduit BL. caragius.
La correspondance de lat. act avec fr. aut ou
ait (charaute et charait) ne fait pas doute. Il
n'est pas nécessaire de s'arrêter encore à la
production du sens actuel de charade sur la
base de la valeur « billet couvert de formules
magiques ». Telle est la substance d'un art.
do Fœrster, dans Ztschr., lU, 263. Il m'y
reproche avec raison l'observation dont j'avais
fait suivre l'étymologie par charer : « Il n'y a
donc guère lieu d'admettre quelque rapport
entre charade et les BL. caragus, cararius,
caraula, carauda, sorcier, magicien, devi-
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CHA
99 —
CHA
neur », répudiant ainsi précisément les élé-
ments qui devaient m'éclairer dans Tôlucida-
tion du mot charade. Qu'il me soit permis,
pour me disculper, de fidre remarquer qu'en
1872, je n'avais point encore rencontré h»
forme cliarcaite, et Teussé-je connue, je n'au-
rais, dans l'état de la phonétique d'alors, pas
osé assimiler c?uiraiUe à carada, ni charade
à charaute, La loi de la résolution de ak par
au n'était pas encore découverte. D'ailleurs,
l'opinion du successeur de Diez n'est pas
à l'abri de toute objection. Avant de s'y
rallier, Gaston Paris (Rom., Vm, 629j
demande ses apaisements sur les points sui-
vants : A-t-on des exemples de charade pour
eharautef Comment charaude a-t-il changé
en français propre son au en a / A-t-on des
preuves de la transition du sens? Le mot cha-
rade ne parait pas plus ancien que la fin du
XII* siècle; d'où sortait-il?
CHARANÇON, étymologie inconnue. Un
synonyme de charançon est calande\ calan-
dre; le premier serait-il une dérivation du
second? Cp. les dérivés écusson, arçon; r p. /
ferait d'autant moins de difficulté si l'origmal
de calandre (v. cm.) était le gr. KaoxBpiâi, BL.
caradrius, — Le primitif immédiat du fr.
charançon est fourni par le prov. carence (Liv.
de Sydrac : malas bestias, escorpios, caren-
ces),
OHARBON, L. carbonem. — D. charbon-
ner, charbonneux, charbonnée — carbon-
nade (v. c. m.); charbonnier, L. carbonarius.
GHARBOUILLER, gâter (en parlant de la
nielle des blés), dér. du subst. carbouille, =■
L. ^carbucula, fém. de carbuculus = carbun-
culus, charbon brouisseur. — En lat., carbun»
culare a le sens neutre «* être atteint du
charbon ».
GHARGUTUfiB, dér. de char (chair) cuite.
— D. ch^arciUer, charcuterie.
Œi^DON, esp., prov. cardon^ dér. du L.
carduus. L'it., l'esp. et le port, ont directe-
ment tiré de cardus (p. carduus) la forme
cardo, — D. chardonnette, artichaut sauvage ;
chardonnet* ou c/iardonneret (cp. l'ail. disteU
fink, litt. linotte de chardon); échardonner.
Composé avec eœ, le L. cardus a produit it.
scardo, d'où lo fr. écharde,
OHABGBR, voy. c?iar, — D. charge; com-
posés : décharger (L. discaricare)*^ surcharger.
CHARIOT, aussi charriât^ dér. de char,
CHARITÉ, L. caritatem, affection, amour.
— D. charitable; le suffixe able, générale-
ment appliqué à des verbes, se rencontre par-
fois joint à des substantif, p. ex. équitable,
véritable, vfr. amistable,
CHARIVARI, vfr. caribari, chalitali, BL.
charitmrium, chalvaricum, pîc. queriboiry,
dauph. chanax>ari, prov. mod. taribari. On a
fait des dissertations sur l'origine de ces mots,
et l'on trouvera dans « Phillips, ûber die
Katzenmusiken (1849) » une riche collection
de termes analogues dans les diverses lan-
gues et dialectes. Charivari est évidemment
un composé ; l'élément vari se retrouve dans
une foule d'expressions populaires marquant
bruit, désordre (hourvart, boulecari, etc.);
quant au premier élément, il semble avoir
été formé par assimilation au second, et l'on
suppose qu'il repuésente un mot signifiant
quelque ustensile de cuisine et servant pour
la circonstance d'instrument de musique ; cfr.
en yifsMLoxLpailtège —i charivari, dér. à^paill,
c.-à.-d. poêle. Le sens étymologique de cha-
rivari serait donc « bruit de poêlons n . Aussi
Diez est-il tenté de voir dans chali ou chari
le latin calix, verre, pot; on a pour cela
aussi beaucoup tenu à l'étym. L. chalyba-
rium, de chalybes, objets en acier. Voy. aussi
mon Glossaire de Lille, p. 24, où chalioali
traduit à la fois morganicwn et larnacium,
— Darmesteter (p. 113) analyse le mot par la
particule préjorative cali-\-x)ari, «tumulte»»
qui se retrouve dans les mots composés hour-
vari, bouleoari, normand vaH/oara (en dés-
ordre), etc.; cp. ail. toirr-^oarr, confusion,
verbe vyirren, embrouiller.
CHARLATAN, de l'it. ciarlatano, dérivé de
ciarZare, = esp., port, charlar, val. charrar,
fr. (norm.) charer, bavarder.
1. CHARME, anc. chanson magique, sorti-
lège (cp. vfr. charmeresse, sorcière); it. carme,
chant, poésie; du L. carmen. — D. charmer,
BL. carminare; a^j. charmant,
2. CHARMB, arbre (Berry chame, Hainaut
came), du L. carpinus, it. carpino, esp.
carpe, — D. charmoie, charmille,
CHARNEL, CHARNIER, CHARNU, CHAR-
NURB, voy. chair,
CHARNJXRfi, répond au type latin cardi-
naria, du L. cardo, gén. cardinis, qui signi-
fiait gond, pivot, poutres emboîtées, cavité,
entaille, rainure. — D. enchamer,
CHAROGNE, pic. carone, it. carogna, prov.
caronha (esp. carono, pourri), anc. angl. ca-
royne, n. angl. carrion, d'un type lat. caronea,
formé de caro, chair.
CHARPENTIER, angl. carpenter, it. car-
pentiero, du L. carpentarius. Le mot latin
signifiait charron, carrossier (de carpentum,
voiture); le sens s'est peu à peu élargi en celui
de « faber lignarius n en général. — D. cTuir-
penter, charpente, charpenterie,
CHARPIE (BL. carpia), subst. participial du
verbe ancien charpir (comp. escharpir, des-
charpir), qui représente le L. carpere, arra-
cher, effiler, effilocher. L'it. carpire signifie
accrocher, déchirer, puis^ rafler, enlever.
1 . CHARRÉE, cendre lessivée. Joret, retenu
par l'initiale ch, rejette le type cinerata et
postule un radical car; il ramène donc le mot
au lat. du moyen âge carrata, charretée (vfr.
charée). Quant au rapport des sens, il ne sait
pas l'établir nettement; « tout ce que l'on en-
trevoit, c'est que cette cendre étant un engrais
précieux que l'on recueille avec soin et que
l'on exporte même de province en province, on
a pu lui donner un nom emprunté à la ma-
nière dont on la transportait *» (Rom. , VI. , 595).
— Tobler, de son côté, n'approuve pas plus
cette explication que celle par cinerata. Les
formes prov. chairel, cheirel et surtout chadro
lui paraissent indiquer un thème catr, cadr.
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CIIA
100 —
CIIA
2. OHARRÉE, larve dlnsecto qui sert d'ap-
pât, vient, d'après Joret, de lat. camata (cp.
l'équivalent esp. carnada, même sens), avec
assimilation do n à,r, — Tobler le rattache
de préférence au mha. herder, hcder, nha.
kôder, appât.
CHARRETTE, it. carretta, esp. carrela,
angl. cartf dimin. de carrus, char, — D.
charretier, charretée, charreton ou charton.
CHARRIER, voy. char,
CHARRON, dér. de char,
CHAROYER, voy. c?iar, — D. charroi.
CHARRUE, pic. querue, prov. camtga, du
L. can'uca (carrus).
CHARTE, variété de carte {y, c. m.). — La
forme chartre (angl. charter) répond au
dimin chartula [c^,\fr.glandre àeglandula),
— D. chartrier = cartularium.
1. CHARTRE, voy. charU.
2. CHARTRE, prison, p. charcre, it. car-
cere, esp. carcel, du L. carcer, gén. carceris.
— De racception prison s'était déduite celle
de tristesse, langueur, dépérissement; c'est
ainsi qu'en Champagne, un enfant charcreux
signifie un enfant chétif. Comparez le rap-
port logique qui existe entre chétif et cap-
tif, tous les deux de captiviis,
CHAS, trou d'une aiguille, paraît être la
forme masculine de châsse, ce qui enserre,
enclôt (v. cm.). Dansl'anc. langue on trouve
la forme fém. chasse.
CHASSE, subst. verbal de chasser,
CHASSE (le circonflexe n'a pas de raison
d'être), du L. capsa. C'est donc une variété
des mots caisse et casse, — D. chdssis, en-
chasser (it. inca^sare).
CHASSER, vfr. cachier, chacier, it. cac-
ciare, esp., port, cazar, vieux esp cabzar,
prov. cassar. On a beaucoup conjecturé sur
la provenance de ces mots, mais aucune de
ces coi\jectures ne peut convenir à la science,
si ce n'est celle de Ménage, qui propose cap-
tare. Seulement, il faut poser, comme l'origi-
nal de chasser, non pas la forme captare,
mais la modification captiare (formée du part.
captns, comme BL. suctiare, do suctiiS, d'où
sucer, conciare p. comtiare, de comptas, per-
tugiare. p. pertusiare, depertusus, etc.). C'est
évidemment de captiare que procèdent cJias-
ser et les autres formes romanes citées. Les
Latins déjà disaient captare feras, et dans
un vieux glossaire on trouve « ^ptur^ç, cap-
tator, venator »» . Du fr. chasser (dialecte rou-
chi aussi cacher) viennent les deux verbes
anglais catch et ch^ase, — D. chasse (BL. cap-
tia, diplôme do 1162), chasseur; composé
pourchasser, d'après l'analogie de poursuivre.
CHASSIE, étymologie inconnue. L'it. dit
pour chassie cacca d'occhj, ordure d'yeux;
chassie pourrait donc venir d'une forme déri-
vât ive caccia. — Grandgagnage suppose un
rapport entre chassie et caseus, fromage, et
cite l'expression allemande augcnhutter,
beurre des yeux. — Littré pense à L. cœcutia,
vue faible, en expliquant l'esp. cegajoso (chas-
sieux) par cœccUiosus et le vSfr. chaceuol pat
cœcutiolus. Le sens, pas plus que la lettre,
ne favorise cette opinion. — D. chassieux,
— L'anc. langue avait le verbe chassier, être
chassieux; peut-être a^t-il précédé chassie,
CHASSIS, voy. châsse,
CHASTE, L. castus, — D. chasteté, vfr.
chasteé, chaste, L. castitatem,
CHASUBLE correspond étymologiquement
à it. casipoîa, casupola, quoique ces derniers
signifient petite hutte. Une autre forme fran-
çaise était casule, qui répond au casulla des
Espagnols (ail. casel), lequel à son tour est p.
casupla, casubla ■= it. casupola (Storm,
Rom., V, 174). Flechia voit dans cojrpuZa un
dérivé de casa au moyen du suflSxe dim.
pula ; Paris incline & croire que le mot ita-
lien n'est pas du fonds latin. — Pour le rap-
port d'idée entre hutte et manteau, cp. le mot
cappa (fr. cap et chape), qui se trouve dans le
vieux esp. et le milanais avec le sens de hutte.
Voy. atissi casaque. — D. chasublier,
CHAT, prov. cat, esp. gcuto, it. gatto; ce
mot, répandu dans les idiomes germaniques
et celtiques, ne paraît que tard en latin (chez
Palladius) ; il doit cependant avoir existé dans
la langue vulgaire. — D. chatte, chaion;
chatter; chatoyer; chatouiller (?) (v. c. m.).
CHATAIGNE, it. castagna, prov. castanha,
du L. castanea (gr. xaïravzrxov xàouov, noix de
Castana). Ane. angl. chesteyne, chesten, d'où
le composé actuel chest-nut; mha. kestene,
nha. kastanie. — D. adj. châtain; châtai-
gnier, -eraie.
CHATEAU, chastel *, L. castellum (dimin.
de castrum). — D. châielet; châtelain, L. cm-
tellanus; châtellenie,
CHAT-HUANT, anc. orthographié chahuan,
est probablement une transformation, opérée
par l'étymologie populaire, du mot chouan,
quoiqu'on rencontre le simple mot huant (pr.
cheant; p. ex. dans la phrase suivante de
Birter, aux grands pieds « les leus oy uller et
li huans hua ». — Voy. sous chouette,
CHATIER, vfr. chastier, castoier, chastoier,
angl. chasiise, ail. casteien, du L. castigare
(rac. castus; cp. purgare depurus). — D. c/i4-
timent (vfr. chasti, chastoi),), castoiement.
1. CHATON, petit chat (et terme de bota-
nique), dimin. de chat, — D. cluUonner,
2. CHATON, partie d'une bague qui ren-
ferme la pierre précieuse, vfr. caston, chas-
ton, it. castone; selon Diez, p. casseton,
dimin. do cassette, dim. de caisse (L. capsa);
selon moi, plutôt de l'ail, hasten, caisse,
employé également pour chaton. — D. encha-
tonner, en esp. engastonar, engastar.
CHATOUILLER, vfr. catiller, catouiller.
Diez tire ce mot du L. catulire, être en cha-
leur (dérivé de catula, chienne), lequel se
serait converti en catuliare, comme cambire
en cambiare (voy. changer), et qui, par ce
changement môme, aurait pris la significa
tion factitive : faire éprouver, donner ce fré-
missement des sens, cette sensation que nous
appelons chatouillement. Cette étymologie est
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ClIA
101 —
CllÉ
difficile à vérifier, en présence de tant de
formes approchantes et cependant variées
dans les différents dialectes germaniques et
romans ; nous n'en citerons qu'un petit nom-
bre : wallon catt, gatt, gueti; bourg, gatailli;
lorr. goutté; Piémont, gatié; ail. hitzeln (en
Suisse kutzéln); bas-saxon keddeln; ags
citelan (d*où angl. kittle et par transposition
tickle); néerl. kittelen; suéd. kUtla, Partou
un thème kcU, kut, ket ou kit. Qui suit si le
L. titillare n*est pas aussi une altération
euphonique de kitillare f — Ascoli (Arch.
glott.. Il, 322) ramène aussi toutes les formes
en question à catus, chat ; dans notre cas, par
l'intermédiaire d'un dérivé catuculus. — D.
chatouilleux,
GHATOTER, changer de couleur, avoir des
reflets comme Tœil du chat ; dér. de chat. —
Dans le Berry, le mot signifie : flatter, cares-
ser (cp. l'ail, kâtzdn).
CHATRER, L. castrare,
CHATTBMITB, du L. cota mitis, douce
chatte. — D. chattemitterie, fausse caresse.
GHAUGHER, autre forme de caucher (v.
cauchemar) et de cacher ; elle s'est conservée
dans chauche-hr anche, 1 . levier (branche qui
presse les autres) ; 2. nom d'oiseau (litt. qui
serre la branche), et dans chauche-poule^ nom
vulgaire du milan.
GHAUD, du L. calidus cal*dus. — D. chau
DBAU, chaudel\ d'un type bas-latin caldellum ;
CHAUDIÈRE, it caldaja, esp. caîdera, prov.
caudiera, BL. caldaria; chaudron, it. calde'
rone^ esp. càlderorit angl. cauUron ; échau-
DBR, vfr. escauder, it. scaldare, angl. scald,
■a L. excaldare\
GHAUDBAU, v. chaud.
GHAUDIÊRE, v. cJiaud. — D. chauderon,
chaudron.
GHAUDRON, v. chaud et chaudière. — D.
chaudronnier ^ -eric.
CHAUFFER» angl. chafe; du prov. cal far,
it. calefare, formes romanes du L.calefacere.
— D. chauffe, chauffage, chauffoir, -eur,
•erette; cps. échauffer, prov. escalfar, d'où
récJiauffer.
CHAUFOUR*, litt. four à chaux, — D.
chaufournier.
CHAULER, dérivation arbitraire de chaux.
— D. échauler.
CHAUME, du L. calamits, tige de toute
plante élevée (x&Xu/AOi), BL. calmus. — D.
cluiumer, couper le chaume; chaumière et
chaumine, petite maison couverte de chaume ;
déchaumer.
CHAUSSE, vfr. cauche, it. calzo, calsa,
esp. calza, prov. calsa, caussa, du L. caU
ceus, soulier. Ménage s'est étrangement four-
voyé en songeant au L. caJiga. — D. chaus-
son^ it. calzone (de ce dernier fr. caleçon),
chaussette, chaussetier, chaussure, chausser,
L. calceare, cps. déchausser.
CHAUSSÉE, vfr. cauc7/t«,catcci^, esp., port.
ealzada, prov. caussada (ilam. hautsife,kauS'
9\jde, kassije), correspond à un participe
latin coUciata (s. e. via), dér. de calx, pierre
à chaux ; chaussée est une route faite aveo
des pierres calcaires broyées. D'autres (ainsi
Ducango, Littré, Rônsch) interprètent cal-
data par « la foulée n, en le ramenant à un
verbe calciare, issu d'une forme BL. calcia «=
calx, talon. Ds pourraient bien avoir raison.
GHAUSSE-TRAPE, BL. calcatrepa, calci-
trepa, signifie propr., à mon avis, soit - trape
pour le talon » ou •• trape pour celui qui
marche dessus »» ; l'élément chausse s'accorde
pour la lettre avec le type calcitrepa, tandis
que l'anc. forme concurrente chauche-ti'ape
s'accorde mieux avec calcatrepa. Comme sens,
cp. les expressions ail. fuss-anyel, fuss-eisen,
— Le même composé français s'applique à la
plante dite autrement chardon étoile; il tra-
duit dans les glossaires du moyen âge le lat.
saliwwa, au sujet duquel Jean de Gênes dit :
« Est herba spinosa, a saiio, quod eam cal-
cantes facit salire et vulgo dicitur calca
crêpa, quod calcantes facit creparef » D est
probable que cette forme calcacrepa, qui se
voit en effet souvent dans les glossaires du
moyen âge, à côté de calcatrepa, -tripa,
4rippa, est l'effet do la conftision graphique
de c et t. Le Glossaire et le Catholicon de
Lille rendent saliunca par caudetrepe ou
'trape; ailleurs, je trouve cauhetrap ou cauche-
trape. L'anglais moderne en a fait caltrop;
Vît, pour la plante, dit calcitreppo. — Littré
et Darmesteter voient à tort dans notre com-
posé le verbe chausser; Meunier (Les compo-
sés, etc., p. 137), par contre, interprétant
chausse par chaucher, fouler, traduit le terme
par « elle foule, elle serre, la trappe n .
CHAUVE, L. calvus. — D. chauveté, L. cal-
vitas. — Quant à chauve-souris, Grandga-
gnagc, se fondant sur les formes wallonnes
chawe-soiri, chehau-sori, etc., supiw)se dans
cette composition une transformation de choue-
souris, équivalant à souris-hibou. Certains
dialectes disent rat volant ou crapaud volant :
prov. ratapenndda (cfr. ail. fledermaus), en
Lorraine bo-volant. Dicz et Littré s'en tien-
nent à l'interprétation par souris chauve (à
cause des ailes dépourvues de plumes); d'après
Baist (Ztschr. V, 264), souris est le lat. sorix,
qui était déjà dans Marcius Victorinus un
volatile nocturne, auquel le fr., pour plus de
clarté, aurait préposé le mot cave, choe, le nom
de la chouette.
CHAUVE- SOURIS, voy. chauve.
CHAUVIR des oreilles (Rabelais : chauver,
cAoMer); pr. agiter les oreilles soit en les dres-
sant, soit en les abaissant; d'après Littré,
prob. de choe (voy. chouette), à cause de ce
mouvement des plumes particulier à la
chouette, qui figure des oreilles comme celles
du chat.
CHAUX, prov. cals, caus, esp. cal, it. caice,
du L. calx, m. s.
CHAVIRER, prob. pour cap-virer, tourner
la tête en bas; cp. le terme analogue it. capo-
volgere.
OHÉBEC, it. sciabecco, stambecco, zambecco,
esp. ocabcque, port, chaceco, esp. de vaisseau de
mer. L'ét. est controversée entre l'arabe cha-
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CHE
102
CHE
beca, filet, anc. forme sounbehi^ et l'ail. 5tetn-
becM bouquetin (voy. Littré, suppL).
CHEF, francisation régulière du radical cap
de L. caput; prov. cap, it. capo^ esp. cabo. Le
mot signifie tête (fig. chose principale, article
principal), puis extrémité en général, com-
mencement ou fin; composés : rechef (dans
derechef), prov. rescap, pr. recommencement;
méchef (v. c. m.). — D. chevet, checeteau;
chevage'f capitation, chevance (cfr. capital,
autre dérivé do caput), chevetain^*, p. capi-
taine (angl. chieftain); achever (v. c. m.);
chevir^= venir à chef, à bout de qqch. — Chef
prend un caractère d'adjectif dans la combi-
naison chef-lieu.
GHÊMER (SE), maigrir, répond à l'it. sce-
mare, diminuer, affaiblir, prov. semar, dimi-
nuer, que Diez tire du L. semis, demi, de sorte
que le sens propre serait réduire à moitié (cp.
en BL. semus, mutilé, verbe simare, estro-
pier).
CHEMIN, it. cammino, esp. camino, prov.
camin, du L. caminus, four, cheminée, qui,
dans la basse latinité, avait pris la significa-
tion de via. Peut-être, toutefois, le caminits
du latin classique et le caminus du latin du
moyen âge sont-ils des mots tout à fait dis-
tincts. En eflet, caminus, chemin, parait être
un dérivé de la racine cam, si féconde dans les
idiomes celtiques. Cette racine exprime cour-
bure, incurvation; mais elle a fort bien pu
dégager de cette idée primordiale le sens de
circuler ou de marcher. On n'a, pour s'en con-
vaincre, qu'à comparer les mots fr. tour (de
promenade), it. t/irare, courir çà et là, circu-
ler, ail. vxindern, toandeln, de wenden, tour-
ner. Aussi le cymr. oflre-t-il les subst. cam,
pas, et caman, chemin. Quant à la forme par-
ticipiale cheminée, elle répond au BL. cami-
nota (champ, caminade), = chambre pourvue
d'un foyer (L. caminus, gr. xà/t*cvoç). Puis le
sens do chambre à foyer s'est restreint à celui
de foyer ; c est ainsi que le mot étuve signifiait
d'abord chambre à étuve avant de signifier
étuve ; il en est de même de poêle, pr. cham-
bre à chaufier. — D. xle chemin : cheminer,
acheminer.
CHEMINES, angl. chimney, voy. chemin.
CHEMISE, it. camicia, camiscia, esp. , port. ,
prov. camisa, du BL. camisa, carrtisia, dont
on trouve la première trace dans saint Jérôme.
Abandonnant l'étymologie vha. hamidi, he-
midi, ail. d'aujourd'hui hemd = chemise, Diez
prétend que camisia doit provenir d'un primi-
tif camis. Or, il trouve ce primitif dans le vieux
gaél. caimis (gén. caimse) = chemise, cymr.
camse, long vêtement, ainsi que dans l'arabe
qamiç, vêtement de dessous ; toutefois, il ré-
serve la question de l'originalité des mots cités
4ans les idiomes où on les trouve. Camicia est
la forme extensive du mot italien camice, aube
de prêtre, qui répond exactement au vfr.
chainse, chinche, vêtement en toile; Isidore
rapportait camisia à cama, lit, donc vêtement
de lit, mais le suffixe isia fait quelque diffi-
culté. Mahn se prononce en faveur de l'arabe
qamiç, qu'il fait dériver du sanscrit hschauma,
étofie de lin. — D. chemisette; voy. aussi ca-
misole.
CHENAL, variété franc, de canal (v. c. m.);
chéneV, auj. chéneau, est une autre variété.
CHENAPAN; c'est Tall. schnapphahn, terme
figuré = brigand, litt. coq qui cherche à tout
gripper (schnappen).
CHENE, vfr. chesne* quesne*, BL. casnus.
Chesne vient du L. quercus par l'intermé-
diaire de l'a^j. quercinus, contracté en
querç'nus et, par la chute de Yr devant la sif-
flante (cp. dcsum p. dorsum), en quesnus
(comp. rit. quercia ■=» chêne, de ra<y. latin
quercea). Pour qu latin devant c ou t ■= cA fr.,
cp. chasque de quisque. — D. chéneau; chê-
•naie'^ L. quemetum (p. quercinetum), ques-
n^tum(d'où aussi le nom de ville le Quesnoy),
CHÉNEAU, voy. chenal.
CHENET, dér. de chen*, chien, à cause de
la forme ou de l'ornementation donnée d'abord
à cet ustensile « Cp. en normand quenot^^^ûi
chien et chenet .
CHENEVdiRE, du L. cannaharia, dér. de
cannabis, chanvre.
CHÊNE VIS, graine de chanvre, renvoie à
un type cannabicium (la forme patoise chene-
bou, à un type cannabolus). — Chenevotte est
L. cannabis, avec le suffixe dimin. otte.
CHENIL, angl. ke^inel, d'un mot latin co-
rn^*, dér. de canis, chien (cp. les termes
latins analogues ovile, bovile, equile, etc.).
CHENILLE, prov. canilha. Voici trois éty-
mologies diverses de ce mot : 1 . Catenicula —
chainille — chenille, ko&use de la stinicture de
cet animal. — 2. L. eruca (chenille), d'où
erucana, erucanilla, canilla, chenille; c'est,
comme on le devine, une conjecture de Ménage.
— 3. Canicula, petit chien. On peut alléguer,
pour la dernière, l'expression milanaise can ou
cagnon (pr. chien) «=» ver à soie. Les Lom-
bards disent pour chenille gatta, gaUola, ce
qui signifie proprement petit chat; les Por-
tugais, lagarta ■=* lézard ; les Anglais, Cater-
pillar, mot dont on n'a pas encore su établir
l'origine ; en France, on trouve aussi l'expres-
sion choie peleuse- ou pelue (en Normandie,
carpleuse). — D. écheniller.
CHENU, prov. canut, it. canuto, du L. ca-
nutus (dér. de canus).
CHEPTEL est le même mot, sous forme vul-
gaire, que capital; on trouve aussi cheptal;
par l'élision du p on obtient la forme chatel,
auj. catel. Le sens fondamental de tous ces
mots est bien, surtout bien mobilier. L'angl.
cattle et le genevois chédal ont rétréci cette
signification, et ne s'emploient plus que dans
le sens de bétail.
CHÈQUE, t. de commerce, mot d'importa-
tion anglaise (check).
CHER, L. carus. ■— D. cherté (v. c. m.),
chérir (v. c. m.).
OHERGHER, vfr. cerchier, pic. cerquier, it.
cercare, prov. cercar, sercar, val. cerca, alban.
khërcôig, cymr. hyrchu, bret. herchat. Ce
mot signifiait autrefois aller à la ronde, par-
courir, et vient du L. circare, employé par
Properce pour aller çà et là; il est inutile
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GHE
— toa —
CHE
d*avoir recours à un verbe hypothétique
guœrtcare (de qiMerere, quérir). On trouve
le même mot circare (Isidore : circat circum-
▼enit) dans les subst. BL. circa^ la ronde,
circator, le guet. — Cps. rechercher.
GHÊRE signifiait, jusqu'au xvi* siècle, tête»
visage, mine, semblant, et le signifie encore
dans les dial. norm., lorrain et wallon. Nicot:
avoir la chère baissée, vultum demittere. De
l'expression faire bonne ou mauvaise chère
(= mine) à qqn, s'est dégagé le sens accueil,
réception, et enfin manière de traiter, de
recevoir les amis, dépense pour la mangeaille
(angl. cheer). Le subst. cTière, anc. care, tête,
correspond à l'esp., port., prov. cara, visage,
figure. Le mot cara se rencontre déjà dans
Corippus, poète latin du vi« siècle. On le fait
venir du grec x&pii, tête, visage, mais on sus-
pecte avec raison cette étymologie, parce que
ntalien> celle des langues néo-latines qui a
reçu le plus de mots grecs, ne présente pas la
forme cara, mais celle de cera, introduite du
finançais selon toute vraisemblance. En BL.
cera signifie effigie, visage, dével(9ppement du
sens « sceau »; cela favorise Tét. x^p^ç dre.
CHÉRIR, angl. cherish, dérivé de l'acy . cher,
— D. chérissable; cps. enchérir, renchérir,
9wrenchérir,
OHiiRTS, subst. de clier, signifiait ancien-
nement aussi amitié, tendresse, estime, abso-
lument comme son analogie latin caritas, que
le fr. a reproduit sous la double forme cherté
et charité,
OHÉRUBIN, de l'hébr. kherouhim, pluriel
de kheraub, nom d'une figure de la symboli-
que juive, emprunté aux Phéniciens.
CHERVIS, GHERVI, esp. chirivia, le siser
des Latins; toutefois, ce dernier ne peut en
fournir l'étymologie; il faudrait la forcer au
moyen de siservilla, serviîîa. Nous estimons
Ç[ue carvi et chenois sont étymologiquement
identiques, v. carvi,
CHÉTIF, vfr. caitif, voy. captif,
CHEVAL, voy. caoale. — D. cnevaler; che-
txUet, machine de bois ayant la ressemblance
d'un cheval (cp. en latin equuleus, petit cheval
et instrument de torture); a^. cheoalin,
OHEVALISR, voy. cavale et canalier. — D.
ch£oalière(hsLgxïe); chevalerie {angl, chivalry)\
chevaleresque (ce dernier imité de l'italien
caballeresco).
OHBVANCB, voy. chef,
CHgyAïïOHER, voy. cavale,
GHEYSGIER, BL. capicerius, <* cui capicii
ecclesiœ cura incumbit ». Le capicium ou
capUium de l'église est ce que l'on nommait
autrefois le cJi^et de l'église. Radical caput,
CHIÎVBLÏÏ, voy. cheveu,
GHEVER, creuser, t. d'arts et métiers, est
la bonne forme française p. caver,
CHEVET, dim. àechef(y. c. m.). Les Italiens
et les Espagnols disent dans le même sens
capejzale, cabeçal (comme cTievet, du L. ca-
put).
OhjkvAtRB, vfr. quevestre, chevoîstre, licou,
it. capestro, esp. cabestro, prov. cabestre, du L.
capistrum, muselière. La signification archi-
tecturale de ce mot, « pièce de bois dans
laquelle on emboîte les soliveaux d'un plan-
cher I», est également déduite de capistrum.
— D. enchevêtrer, it. incapestrare, esp. enca»
besirar, ■- L. incapistrare (enchevêtrer, fig.
embarrasser).
CHEVEU, vfr. cavel, chevel, prov. cabelh,
esp., port, cabello, it. capeUo, du L. capiUus,
— D. chevelu, chevelure; décheveler (prov.
descàbelhar), écheveler.
CHEVILLE, it. cavicchia, caviglia, port.,
prov. cax)ilha; du L. clavicula (clavicla, puis
cavicla, le premier jî ayant été élidé par eupho-
nie comme dans foible p. floible). La langue
savante a repris le même clavicula pour en
faire clavicule, -— G. Paris (Rom. V, 382),
rejette l'étymon clavicula en faveur de capi-
tula (petite tête), devenu capitula, capùia,
cheville. Je ne vois pas pourquoi il faudrait
strictement abandonner clavicula, — D. cTie-
villette, cheviller.
, OHEVIOT, mouton des monts ChevUfs, en
Ecosse 7 de là cheviote, laine d'agneau d'Ecosse
et étoffe faite de cette laine.
CHEVIR, venir à bout ou à chef de qqch.,
s'acquitter de ses redevances ; voy. chef.
CHÈVRE, du L. capra, — D. chevreau
(prov. cabrd, vfr. chevrél)\ chevrier, prov.
oabrier, esp. cabrero, L. caprarius ; chevrette
(v. c. m.); chevreuil, prov., cat. cabirol, il.
coMriuolo, L. capreolus; chevron (v. c. m.);
chevrcfer, chevroHn.
CHèVRiurjBUUuLE, L. caprifoUum.
CHEVRETTE, nom d'une sorte de crustacé
(le crangon ou le palémon); Diez et Joret le
dérivent de chèvre (à cause de l'agilité de ce
crustacé); selon Joret, par transposition s'est
produite la forme secondaire crevette (v.c.m.).
Pour Suchier, chevrette est formé, par un faux
rapprochement avec chèvre et par le procédé
dit « umdeutung »», de crevette, lequel, d'après
lui, est le moy. ni. crevet (écrevisse). Voy. pL
loin crevette.
CHEVRON, vfr. caprion, prov. cabrion^
cabiron (cfr. esp. cabrion, caviron, bloc de
bois), dér. du L. caper, capri, bouc; com-
parez en latin le terme analogue capreolus,
étançon, soutien.
CHEVROTINE, balle de petit calibre pour
tirer le chevrot «■ chevreuil.
CHEZ, = lat. apud, est une abréviation de
r^c. formule en chez (v. esp. et v. port, en
cas), qui équivaut à <* dans la maison », lat.
in casa. Chez mon père, c'est étymologique-
ment «< dans la maison de mon père » ; l'it. a
la formule complète in casa ou a azsa; l'es-
pagnol de même. L'étymolqg^ie de chez fait
comprendre la combinaison de chez mon père.
lia prép. lez s'est, de la même manière, pro-
duite du subst. lotus, côté. Cp.le wallon amon,
chez, de mon, contraction de mohon, maison.
Cette étymologie, universellement reçue, ne
fait pas doute ; c?iez est virtuellement »> casa;
mais comment se rendre compte de la formel
Pourquoi le mot latin a-t-il perdu sa finale,
de manière que le radical ca5 a pu se
franciser par c?iez, comme nasus par nez.
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GHI
— 104 —
CHI
rasus par rejt f Et encore^ pourquoi rancienne
langue, qui n'aurait jamais toléré une forme
diphtonguée niés, ries p. nejr, res, em-
ployait-elle de préférence chiés f Cette question
a été pour la première fois étudiée par
M. Cornu (Rom., XI, 82); il conclut à attri-
buer la chute de Va de casa dans esp. en cas,
VÎT. en chiés, nfr. ches au fait que le sub-
stantif complément de la préposition, par son
accentuation plus forte et son contact immé-
diat, réduisait la tonalité et la consistance du
mot cdsa en un simple cas, fr. chiés*, chez.
En esp. nous ayons à la fois a caso et à cas, et
c'est la comparaison des applications de ces
deux formes qui a pu faire arriver M. Cornu
à sa conclusion; mais ce savant ne nous dit
pas si, en français, il existe une trace d'une
forme en chese (ou chiese) coexistant avec
en chiés. Godefroy a de nombreux exemples
de chiesedeu (== casa Dei, église); on se
demande pourquoi Vc s'est maintenu dans
ce composé, tandis qu'il a disparu dans en
chiés le rey.
CHICANE, voy. chiche, — D. chicaner,
1. CHICHE, peu abondant, parcimonieux.
Ce mot, dont les dérivés sont : chiqicet, chicot,
chicoter, se rattache, ainsi que it. cica, baga-
telle, it. ct^o^o et esp. chico, petit, exigu,
au L. ciccum, bagatelle. Comparez en grec
afititpôit petit, et 9fiixpivr)i, avare. Chicane, qui,
dit-on, signifiait d'abord une miette de pain,
est probablement de la même famille ; le sens
se sera élargi en minutie, puis dispute pour
un rien, tracasserie; cp. les termes chicoter,
chipoter, véliller (v. c. m.), qui offrent des
rapports d'idée analogues. Mahn rattache
chicane au basque chihia, chikerra, petit.
Littré, appuyant sur la signification « ma-
nière de jouer au mail » et sur l'existence du
bas-grec rjuxàviov, jeu de mail, prend ce der-
nier (= persan tschaugan) pour l'origine du
mot fr. et enchaîne ainsi les sens : jeu de
mail, action de disputer la par-tie, manœu-
vres processives.
2. CHICHE, pois, it. cecci, esp. chicaro,
prov. cezer, ail. hicher; du L. cicer, d'où
vient aussi le dérivé diminutif cicerole,
CHICORÉE, L. dchoreum (xix(£>/9tov).
CHICOT, pr. morceau, fragment, dér. de
chiche 1 (v. c. m.). Au xvi* siècle, c^icof expri-
mait une qualité morale. Du Verdier : « Sa
cour estoit pleine de bons esprits et de gens
de sçavoir au lieu de fols, de chicots, de flat-
teurs, d'harlequins. » — D. chicoter =» chi-
caner sur des bagatelles.
CHICOTIN, suc d'aloès, vfr. dcotrin. D'après
Nicot, cicotrin est fait par corruption de coco-
terin (port, çocotrino) et est l'épithète de l'a-
loès pour en désigner la meilleure sorte. Cet
adj. serait pris de Çocotare, qui est une île
sur l'embouchure de la mer Rouge, d'où
vient le meilleur aloès.
CHIEN, vfr. et patois chen, chin, chein, du
L. canis. Régulièrement, canis appelle fr.
chain, mais nous trouvons encore a bref latin
devenu ie dans prief (l&t. gravis) et vfr. chiet
(«3 lat. coda de cadere). — D. chienne^
chienner; v. aussi le mot suiv.
CHIENDENT; expression incompréhensi^
ble; l'ail, hundsgras se comprend {hunds-
jtahn est imité du français), de même l'angl.
dogsgrass, couchgrass (herbe qui rampe),
mais que veut dire chiendent? Darmesteter
juge que « ce doit être une création indivi-
duelle de la Renaissance et prendre place A
côté de fourmi4ion (Composés, p. 135.)
CHIEB ; le vfr. a eschiter, qui est un mot
d'orig^e germanique; vha. scizan (aiy.
scheissen), ni. schijten, ags. scîtan (d'où angl.
shite). Est-il l'original du fr. cAwr^ c'est dou-
teux, mais toujours a-t-il, comme pense
Diez, influencé ce dernier. Cacare lat. appelle
en fr. choyer; néanmoins il faut le considérer
conmie ayant donné chier, surtout en pré-
sence du fréquent emploi, en vfr. , du composé
conchier, souiller = L. con-cacare. D'ailleurs»
Cornu explique Vi du verbe fr. par les mêmea
raisons qui ont transformé lat. Jacentem en
gisant etjactare en prov. gitar.
CBIPPE, dérivé chiffon. L'arabe chiff « ves-
tis tenuis et pellucida » , invoqué par Devic,
paraît trop éloigné pour un mot si usuel.
Grandgagnage identifiant chiffonner avec le
wallon ca/bi<^nt, même sign., et chiffon avec
cafou, chose sans valeur, recommande l'éty-
mologie néerl. h/if, angl. chaff, balle de blé.
Diez préfère celle du vha. ?ieva, silique, cosse.
Génin voit dans chiffre une variante de chippes,
rognures, et le rattache à l'angl. chip, couper
par morceaux; la chiffe serait ainsi de la
rognure — D. chiffo7inei; chiffonnier.
CHIFFRE, signe de nombre, écriture se-
crète, it. dfra, cifera, écriture secrète^
esp., port, cifra, signe de nombre, ail. ziffer,,
c}nftce. Primitivement, ce mot désignait un
signe de nombre sans valeur déterminée, un
zéro, sens propre encore au valaque cifrë; cp.
le Breviloquus : cifra figura nihili, et la locu-
tion angl. ameredpher. L'Europe ayant tiré
des Arabes le système numérique des Indiens,
le mot doit être arabe. Dans cette langue, on
trouve les mots çafar, cifr, vide, cifron (comme
subst.) = zéro(v. c. m.). Le nom, par exten-
sion, est devenu synonyme de signe numéri-
que. — D. chiffrer, déchiffrer.
CHIGNON, vfr. chaaignon, chaignon pour
cTiatgnon, de chaîne, aig. cfiaine (v. c. m.).
Chignon est donc une simple variété de chaU
non, Nicot : chaînon du col = cervix, ver-
tèbre du cou; cp. languedocien : cculena
daoun col.
CHIMÈRE, L. chimaera (de xlfiuipoi, chè-
vre). — D. chimérique.
CHIMIE, it., esp., port, chimica; arabe o^-
kimia (voy. alchimie) ; le mot arabe, cepen-
dant, n'est pas d'origine indigène. Malgré
l'autorité d'Al. de Humboldt (Kosmos) et
d'autres, qui pensent que chimie vient de
x»iftix> selon Plutarque un des noms de
l'Egypte, et que le mot désigne • la science
égyptienne •», une étude approfondie de cette
question engage Mahn à soutenir que chimie
provient du grec x^t^^i* ^^^ î x^f^"'^^ r&xvn ^^*
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cm
— W6 —
CHO
primait d'abord Tari de tirer des sucs hors des
Elantes, qui fut le point de départ de ce que
i science a désigné plus tard sous le nom de
chimie ou d'alchimie. Le souvenir du terme
Xvifilçc, terre de Cham ou d'Egypte, a peut-
être contribué à continuer le motcAimte pour
exprimer l'art de feire de l'or^ que l'on savait
être fort en estime chez les E^ptiens, et à
introduire dans les textes grecs la variante
X»i/*«'«» X^/*^«» *^ li®^ ^^ ^^^ primitif yyixtU.
A l'appui de Tétymologie xu/io;, Mahn cite le
sanscnt rasayana, clmnie, alchimie, poison,
élixir de vie, composé de rasa, suc (aussi vif-
argent), et de ayana, procédé, espèce, ma-
nière. — D. chimique, chimiste,
CHINA, voy. quiTiquina.
CHINCHILLA, mot esp., litt. animal puant,
de l'esp. chinche, punaise (L. cimex).
CHINER, de Chine; chiner, c'est donner à
ujie étoffe des couleurs ou des dessins à la
manière chinoise,
CHIOURME, it. ciurmay sicilien chiurma,
esp., port, chusma, génois ciusma. Diez,
partant de la forme espagnole, dérive ces
mots de xiUu^fix, commandement, devenu suc-
cessivement cleusma, chusma (cp. cliamar de
damare). Le mot désignait d'abord le com-
mandement de l'inspecteur des rameurs et
a fini par être employé poiu* l'ensemble d'un
équipage placé sous un même commande-
ment. L'étymologie turma est fautive; le
turc tcheiirmé «= chiourme est sans doute un
emprunt fait au roman.
CHIPER, voler, dérober une chose de peu
de valeur, de chipe", lambeau, chose de mince
valeur (voy. chiffe). «* Les couturières ap-
pellent chippes ce qu'elles volent à leurs pra-
tiques. » (De l'Aulnaye). Ce chipe correspond
à angl. chip, copeau.
CHIPIE, terme populaire, d'origine incer-
taine. On rapproche de co mot le subst. vfr.
chipoe, grimace, mauvaise .mine. Dans le pa-
tois norm., chiper signifie crier; serait-ce le
primitif du mot? femme criarde? En tout cas,
l'ail, chepisa, aiy. kébse, concubine, qu'on a
aussi allégué, n'a rien à voir ici.
CHIPOLATA, de l'it. cipoîlata, m. s., dér.
de cipolla, ciboule.
CHIPOTER, s'arrêter à des riens, vétiller,
lanterner, de *chipe, bagatelle, vétille (voy.
chiper), — D. chipotier,
1 . CHIQÏÏE, puce ; prob. le même mot que
chiche l, petit.
2. CMQUB, propr. petite quantité, petite
chose, est, comme le précédent, une variété
de chiche 1 , dans le sens de petit, mince. —
D. dimin. chiquet, petite partie ; verbe chi-
quer, manger, pr. broyer en petits morceaux,
ou manger une chose de peu de valeur (cp.
brifer de brife = brihe),
CHIQUENAUDE, selon Génin, un composé
de chique, petite chose, puis petite monnaie
(voy. chiche), et de naud, qui serait une con-
traction de nasaud; chiquenaude, d'après
cette conjecture, serait une chique nasaude,
Génin cite à l'appui l'expression allemande
nasenstuberssadùquenaMàe, litt. stuber (nom
d'une monnaie) de nez. Cette étymologie est
sujette à caution. Le picard dit pikenote;
Rabelais chinque-naude,
CHIQUER, voy. chique 2. — D. subst. ver-
bal chiqua (de tabac).
CHIQUET, petite parcelle, voy. chique 2.
— D. chiqueter, déchiqueter,
CHIRACRE, goutte aux mains, de y^tipàypat
{xtlp 4" i'/px), cfr. podagre, goutte aux pieds.
Nous retrouvons encore l'élément chir ou
chiro, représentant le grec x^ip» main, dans
les mots usuels suivants :
1. Chirographe, écrit de propre main»
d'où chirographaire,
2. Chiromancie, divination (/ixvttla) par
l'inspection de la main.
3. Chirurgie, gr. xtipovpylx, litt. opération
avec la main. — D. chirurgien, vfr. sirur^
gien, surgien (angl. surgeon).
CHLORE, CHLORATE, CHLORIQUE, CHLO-
RURE, termes savants tirés du grec x^^P^^*
vert clair, pâle.
CHLOROFORME est forgé avec les éléments
chlore et forme, abstrait du t. de chimie for^
mique (de L. formica, fourmi).
CHLOROSE, gr. x^<i»p<»ni (de x>«p^$> P&le.)
— D. chlorotique.
CHOC, voy. choquer,
CHOCOLAT, anc. chocolaté, it. cioccolata,
esp. chocolaté. Le nom de cette substance est
le mexic. chocolattl. Nous ne trouvons, quant
à sa composition, pas d'autres renseignements
que «e qui suit : 1 . « Du mexicain choco, bruit,
et lattle, eau ; les Mexicains préparaient le
chocolat en le faisant mousser dans de l'eau
chaude. » (Bescherelle) ; 2. «Du mex. choco,
cacao, et lattle, eau. » (Dochez.) Nous lais-
sons à ces auteurs la responsabilité de ces
assertions, que nous ne sommes pas à même
de vérifier.
CHŒUR, L. choisis (xopôç). Ce mot a fini
par signifier aussi la « place « où se tient le
chœur, et par désigner une des divisions prin-
cipales d'une église.
CHOIR, vfr. cheoir, du L. cadere (traité
d'après la 2* coiyugaison, donc prononcé
cadére), prov. caser, it. cadér. Du part, passé
L. cadutus', it. caduto, fr. cJie-u chu, vient
le subst. participial chute, prov; cazuta. Du
part. prés, chéant vient chéo.nce\ chance
(v. c. m.). — Composés : déchoir, échoir,
mescheoir; rechoir d'où rechute.
CHOISIR, primitivement = voir, aperce^
voir, discerner, rouchi chusir, prov. causir,
chausir; du goth. hausjan, essayer, examiner
(cfr. le nom propre Choisy, de Causiacum),
Si la forme prov. était causar au lieu €b
causir, Diez donnerait la préférence au goth.
kiusan (ail. mod. hiescn), élire. — D. chois*,
choix, angl. choice.
CHOIX, subst. verbal de choisir,
CHOMER, d'après Diez, de calme (v. c. m.)^
Littré oppose à cette étymologie que la plus
ancienne forme du mot est chômer et non pas
chaumer; il préfère donc le celtique : bret»
choum, s'arrêter, cesser, gaél. cum, arrêter*
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CHO
— 106 —
CIC
Malheureusement, Arbois de Jubainville,
grande autorité en cette matière, tient ces
mots celtiques pour empruntés au roman.
OHOPB (d'où chopiné), gobelet contenant
environ un demi-litre; de l'ail. scJioppen,
m. s. (de schôpfen, puiser). Ménage y voyait
un L. cuppina, dim. àecuppa; mais le c latin
devant o ou u ne devient jamais ch.
CHOPINB, voy. chope. — D. chopiner.
OHOPPER, vfr. souper, heurter du pied,
trébucher ; vient du subst. vfr. chope, tronc
d*arbre, souche (pour la filiation des idées,
cp. broncher et choquer). Quant à c?iope, je
nen connais pas l'origine; je doute de son
rapport avec le verbe ni. schoppeti, aU.
scnupfetif pousser du pied. — Cps. achopper.
CHOQUER, angl. shock, esp. chocar, heur-
ter du pied; du subst. vfr. choque (dimin.
chouquet), it. ciocco, tronc, bloc, dont l'ori-
gine est obscure. — D. subst. verbal choc;
adj. choquant,
CHORISTE, qui chante dans le chœur, et
choral, chant, dérivés du L. chorus, fr. chœur
(v. c. m.), dont la forme latine s'est conservée
dans l'expression faire chorus,
CHOSE, it., esp., port., prov. cosa, du L.
causa (voy. cause). Le mot chose s'est substitué
dans les langues romanes au latin res, dont
Tacc. rem a donné rien. L'ail, sache réunit,
comme le BL. causa, les deux significations
de cause et de chose.
^HOÏÏ, vfr. choV (plus souvent le dim.
cholet), it. cavolo, esp. col, prov. caul, ail.
hohl, du L. caulis, colis (xau>o«), tige, chou.
CHOUC, choucas noir; du mha. chouch,
hibou (voy. chouette). — D. choucas (prov.
caucala).
CHOUCROUTE, corruption de l'ail, sauer-
kraut (composé de sauer, aigre, et kraut,
herbe); l'élément chou s'est facilement sub-
stitué à sauer (prononcé soûr par les Suisses),
le tout désignant une espèce de chou.
CHOUETTE (wallon chawetté), dér. de vfr.
choe, pic. cave, prov. eau, chau. Autre dérivé
du même mot : pic. cavxm, Anjou chouan,
Berry chavant, prov. clmuana; bret. kaouan,
BL. catxinnus (v« siècle). Le mot chat- huant
nest probablement qu'une transformation
populaire pour chaiXan, Le primitif choe doit
être identique avec le mha. chouch, hibou
(angl. chough, chouette); cp. néerl. Aauio,
corneille. Voy. aussi chouc. On rencontre
aussi, pour chouette, la forme dérivative
chevêche, chavèche.
CHOUQUBT, bloc de bois, voy. choquer.
CHOYER, traiter soigneusement (hommes
ou choses), ménager, « contregarder n (Nicot).
Deux opinions méritent attention. Bugge
<Rom., in, 146), mettant en parallèle vfr.
suer, chuer, caresser, flatter (xiii" s.), it.
soiare, flatter, propose le goth. suthjon, cha-
touiller. Cette et. laisse des doutes, tant pour
la lettre que pour le sens. Havet (ib. 331,
note) part d'un type caucare =« cavicare (de
eanere); il invoque le nonnand couayer
(Guemesey), ménager, épargner; « couayer
le feu »», prendre garde au danger du feu. —
Ne vaudrait-il pas tout aussi bien partir du
fréqu. BL. caxUare, traiter avec précaution!
CfHREME, dugr. xyfff^ia. onction. — D.chré-
meau.
CHRSSTOMATHIE, gr. xpncrofi&âna, recueil
d'extraits de choses intéressantes (xpti<rro;) &
apprendre (/lae&gîv), tirées de différents auteurs.
CHRÉTIEN, L. christianus (Christus). — D.
chrétienté, L. christianitatem; christianisme
est un terme savant, reproduisant exactement
le gr. )fpi9rcavi7/Ao'ff.
CHBJE, L. chria, de xp(<«> sentence.
CHROME, CHROMATE, du gr. xyû/t», -aro$,
couleur. — D. chromatique.
CHRONIQUE, a^., gr. xpoyutoi, de xpo'voc
temps; chronique, subst., du plur. xP^vutà,
s. e. ^(Wia, les livres des temps passés. — D.
chroniqueur. — L'élément xfiôvoç, temps, entre
encore dans les mots suivants :
Chronogramme, inscription marquant la
date.
Cronologib, science du temps.
Chronomètre, mesure du temps.
CHRYSALIDE, gr. xpyvxXXlç, -iSoç (de xp^séf,
or). Cp. en latin aurelia de aurum.
CHRYSANTHÈME, gr. xp^tk^t^tfiov , fleur
d'or.
CHRTSOCALE, mot industriel, litt. beau
(xaici;) comme de l'or [-j^pxjvôi),
CHRYSOIiTTHE, gr. xpw<«>>i&o«. pierre d'or.
CHUCHOTER, autrefois chucheter, aussi
chuchiller, prov. chuchutare, esp. cuchear,
cuchuchear; mots imitant le chuchu que l'on
entend quand on est près de deux personnes
qui se parlent à l'oreille. Ce sont des onoma-
topées, de même que les équivalents lat.
susurrare, angl. wkisper, it. cicciorare,
basque chuchurlatu.
CHUT, onomatopée. Cp. it. zitto, esp. chito,
— D. chuter, crier chut.
CHUTE, voy. cTioir, — D. chuter, feir©
chute.
CHYLE, gr. -^uXé;, suc. — D chylifier.
CHYME, gr. xw/*o';, suc. — D. chymifier.
CI. Les formes vfr. iqui,equi, it. qui, esp.,
prov. aqui viennent du L. eccu'hic, tandis que
it. ci, prov. aici, aissi, cat. assi, fr. ici et ci,
accusent une provenance de ecce hic, contracté
en eccic. Cfr. ça.
CIBLE, anc. cibe; du vha. sciba, aig.
scheibe, m. s. (angl. shivc, ni. schyfj. La
lettre / dans cible est euphonique.
CIBOIRE, vase consacré aux saintes hosties,
L. ciborium (xil6ipiov). — On trouve sur une
épitaphe gravée sur cuivre dans l'église de
JoUain-Merlin, à une lieue et demie de Tour-
nai : « Le chiboule pour mettre corpus
Christi. ». Ailleurs chyboille.
CIBOULE, vfr. civoUe, it. cipoUa, esp.
cebolla, angl. chibbol, ail. swiebel, du L.
cœpulla, dim.' de cœpa, oignon ?v. cive), —
D. ciboulette.
CICATRICE, L. cicatrix, — D. cicatriser.
CICEROLE, voy. chiche.
CICÉRONE, mot italien, tiré du nom de
Cicéron, le grand orateur, à cause de la
loquacité de ces gens.
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CIN
— 107 —
Cli
OIDRl, it. sidro, cidro, esp. sidra (anc.
siffra), Yolaque ciffheaHu; du L. sicera
(vlMpa), gâté en cicera, d'où cidra (cp. ladre
de Lazarus),
GIEL» L. ciF/um.
CIERGE» prov. ciW, du L. cereus prononcé
cerius (de cera, cire).
OIOALS, it., pr., cat. cigaîa, esp. cigarra^
du L. dcada. Pour d = l, comp. it. ca/i«:o
pour caduco, ellera (lierre) de hedera. — Je
n'admets pas, avec Brachet, dans cigale une
contraction de L. cicadula.
CIGARE» de Tesp. cigarro, qui vient de
cigarra, cigale, soit par une vague compa-
raison de forme avec le corps d'une cigale,
soit par l'intermédiaire du verbe esp. cigarrar,
papilloter. — D. cigarier; cigarette.
CIGOGNE, L. ciconia. En vfr , par la chute
de la consonne médiane c (cp. vfr. ceûe *=
ciguë), ciconia était devenu cëoigne^ puis
eoigne; ce dernier nous fournira le primitif de
eoignoie (v. c. m.).
CIGUi, vfr. ceile, it., esp. cicuta, du L.
cicuta, m. s.
CIL, L. cilium. — D. ciller; composé décil-
ler, orthographié plus tard dessiller, it. disci-
gliare.
CILICE, L. cilicium (xtlUtov), étoffe de poil
de chèvre (de Cilicie).
CIME, it.. esp., prov. cima, du L. cyma
(xû/xx), pousse, pr. la partie la plus élevée d'un
végétal. Cfr. it. vetta, qui signifie à la fois
r^eton et sommet. — D. cimier, ornement
qui surmonte la cime d'un casque, it. cimiero,
esp. cimera.
CIMENT, angl. cernent, du L. ccementum
(ccedere), moellon ; il faut d'après cette étym. ,
supposer à ciment le sens propre : petits mor-
ceaux de pierres. — D. cimenter,
CIMETERRE, it. scimitarra, esp. cimitarra,
mot probablement oriental ; on cite le persan
chimchir. Si, toutefois, le mot est de prove-
nance espagnole, dit Diez, l'explication de
Larramandi, par le basque cime-tarra,** celui
au fin tran<*hant », pourrait bien être fondée.
CIMETIÈRE, it. cimeterio, esp. cimenterio,
vfr. aussi chimentire, du L. ccemeterium
(xoi/*>jr>5cov). pr. lieu de repos.
CDOER, voy. cime. Ce même mot, employé
comme terme de boucherie, a donné aux Alle-
mands leur ziemer,
CINABRE, it. cinabro, prov. cynobre, angl.
cinnabar, ail. zinnober, du L. cinnabaris
(jtiwàSyci).
CINÉRAIRE, L. cinerarius(àecinis, cendre).
1 . CINGLER, autref. singler, esp. singlar,
vfr. sigler, naviguer ; du vha. segelen, nord.
sigla, faire voile, avec insertion don.
2. CINGLER, frapper avec quelque chose de
léger et de pliant (fouet, lanière). C'est le
même mot que sangler, qui s'emploie égale-
ment pour fustiger. L'un et l'autre viennent
de cingle, sangle, qui représentent le cingu-
lum latin (voy. sangle). Cingle signifiant la-
nière a produit le verbe cingler, comme fouet
a donné fouetter, et it. staffile, étrivière,
staffilare, fouetter.
CINNAMOMB» L. ctnnamomum(xcvy&/M*/ftoy).
De là : vha. sinamin, mha. zinment, d'où
nha. zimmt, cannelle.
CINQ, L. quinque. — D. cinquième. —
Quinquaginta, cinquante, D. cinquantième,
-aine,
CINTRE, CINTRER, voy. ceindre. Nous
ajouterons ici que les formes parallèles it.
ceniina, centinare, qui paraissent plus an-
ciennes, jettent de l'incertitude sur l'étymolo-
gie cincturare.
CIPPE, L. cippus, voy. cep.
CIRCON-, forme que prend en français la
prép. lat. circum, autour, dans les composi-
tions; ne se rencontre que dans des composi-
tions déjà latines ; nous ne connaissons comme
nouvelle formation faite avec cet élément,
parmi les mots usuels, que circonvoisin.
CIRCONCIRE, L. circumcidere, couper au-
tour; circoncision, L. circumcisio.
CIRCONFÉRENCE, L. circumferentia (de
ciiymmferre, litt. porter autour); cp. ittpiftplx,
CIRCONFLEXE, L. circumflexus (flecto),
fléchi des deux côtés.
CIRCONLOCUTION. L. circumlocutio, tra-
duction littérale du gr. Tttpifp-x9ii ; cp. l'ail.
umschreibung, employé dans le même sens.
CIRCONSCRIRE, L. circumscribere, tracer
les limites autour d'un espace ; circonscription,
L. circumscriptio.
CIRCONSPECT, L. circumspectus (circum-
spicere, regarder de tous côtés par prudence);
cp. en ail. le terme analogue umsichtig. —
D. circonspection, L. circumspectio.
CIRCONSTANCE, L. circumstantia, traduc-
tion exacte du gr. -jctoifT^iii, litt. état autour
d'une chose, l'accompagnant; cfr. Tall. um-
stand. — D. circonstancier, circonstanciel,
dRCONVALLATION, du L. circumvallare,
fortifier autour.
CIRCONVENIR, L. circumi>enire, qui avait
déjà le sens métaphorique propre au terme
français.
CIRCONVOISIN, extension de zHnsin au
moyen de circum, autour; voy. l'art, circon.
CIRCONVOLUTION, du L. circumoolvere,
rouler, tourner autour.
CIRCUIT, L. circuitus (circum-ire). Oase
sert parfois aussi du verbe circuir, = L.
circu-ire.
CIRCULAIRE, L. circularis; verbe a'rcwZer,
L. circulari. Primitif : circulus (dim. de ctr-
cus), = fr. cercle, ail. zirkel,
CIRE, prov., it., esp. cera, du L. cera, —
D. cirer, cirage, cirier.
CIRON, vfr, siron, bourguign. soiron, BL.
sirio, siro, stirio, flam. siere (holl. zier), du
vha. siuro,m. s.
CIRQUE, L. circus.
CIRRE, L. cirrus, boucle de cheveux.
CIS-, préfixe, signifiant en deçà, du L. cis,
m. s.
CISAILLES, voy. ciseau, — D. cisailler,
CISEAU, ciseV, esp. cincel, port, sizel, it.
cesello, BL. cisellus, angl. chisel. L'étymo-
logie L. cœsus, coupé, est fort problématique.
Mieux vaut, d'après Diez, celle de sicUica
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CLA
108 —
CLA
(Plaute), petit instrument à couper; ce voca-
ble aura été altéré en sicilicellus, scilcellus^
d'où les diverses formes romanes citées, — D.
cisailles (cfr. tenailles); ciseler, oiselet.
CISELER, -ET, voy. ciseau,
GITABELLE» de Tit. cittadella, dimin. de
città ■= cité.
CITADIN, de l'it. cittadino, dér. de città =
cité; cp. citoyen.
CITÉ, it. città, esp. ciudad^ prov. ciutat,
ciptat, angl. city, du L. civitàtem — D. citoyen
(v. c. m.), concitoyen.
CITER, L. citare; subst. citatimi, L. citaiio.
CITÉRIBUR, L. citerior (de citra, en deçà).
CITERNE. L. cistema, — D. citemeau.
CITHARE, L. cithara (x^ap»), ail. cUher.
Voy. aussi guitare.
CITOTEN, vfr. citien, citeen, prov. dptadan,
d*un type civitadanus, (do r/m*<cw); cp. mi-
toyen = mitculanus, dér. de prov. mitad, fr.
moitié.
CITRON, dér. du L. ciYriw (citronnier), d'où
aussi citrin, -ique, -ate, et citrouille (v. c. m.).
— D. citronnier,
CITROUILLE, par un type citrucula (p. citri-
cula), du L. citrus, citron, à cause de la cou-
leur.
dVE, L. cœpa, oignon. — D. citet, anc.
civ4, pr. ragoût dans lequel il entre des cives;
civette, espèce d'ail. L. œ changé en t, se
rencontre encore dans ciboule, ciment et
pivoine.
CIVETTE, chat musqué, it. zihetto, cibetto,
angl. civet, ail. zibeth, bas^rec ^aîrériov, de
l'arabe zabdd, sebed, qui proprement signifie
écume ; l'animal a pris son nom de la sécré-
tion odorante qui le distingue.
CIVIÈRE, vénitien civiei'a, milanais «doera,
sont des formes dérivatives do l'it. civéa,civéo,
traîneau à panier. On explique ce dernier par
le BL. cœnovehum, charrette à transporter le
fumier, puis brancard, civière, mais cette éty-
raologie est douteuse. D'autres proposent
pour sens premier un engin à transporter des
provisions de bouche et pour étymon le L.
cibus.
Civil, L. civilis; civilité, L. civilitas. —
D, civiliser.
CIVIQUE, L. civicus» — D. civisme, néolo-
gisme; terminaison grecque appliquée à un
radical latin.
CLABAUD, propr. chien aboyeur, appar-
tient, comme clapir, glapir, à la racine ger-
manique, d'où l'ail, klâffen, néerl. klappen,
snéd. fflâppa, faire du bruit, bavarder, aboyer.
— D. cïabauder.
CLAIE, anc. cloie, prov. cleda, BL. clida;
le type direct d'où vient claie est cleta (Gré-
goire de Tours a le dim. cletella). Le mot est
celtique : v. irl. clyath, cymr. cltoyd, même
sign. (irl. ta, cymr. toy etë sont des modalités
vocales qui se correspondent). — D. clayon,
clayonnaffe, cloyère (tiré de l'anc. forme
dcie).
CLAIR, L. clarus. — D. clarté; clairet
(angl. claret); clairière; clairon, BL. claro,
angl. Clarion ; clarine, clarinette (cp. en latin
le terme clarisonus) ; éclairer, éclaircir (v.
ces mots). Composé : clairvoyant; claire-voie,
anc. dairvoie (de voir ou de voief) ; clairsemé,
CLAMEUR, L. clamor. L'ancienne langue
se servait encore beaucoup de clamer, appeler
(angl. daim), d'après le L. clamare. De cla*
mosus, criard, vient clameux, p. ex. dans
chasse clameuse ■=» chasse bruyante.
CLAMP, morceau de bois servant à jumeler
un mât; holl., angl. clamp, ail. klampe,
crampon (tous mots congénères avec l'allé
klemmen, serrer, presser).
CLANDESTIN, L. clandestinus (rac clam).
CLAPET, petite soupape, ail. klappe = cla<«.
pet, valvule, languette (cfr. klappen, hlap^
pem, faire du bruit, claquer, cliqueter)»
BL. clappa, trappe.
CLAPIER, dérivé du prov. clap, tas de
pierres (d'où aclapar, entasser), BL. clapus,
acervus lapidum, hara cunicularia ; les ga^
rennes étaient formées d'abord au moyen de
pierres superposées de manière à ménager des
trous de retraite. Quant à clapus, les uns le
rapportent au cymr. clap, clamp, masse, d'au^
très au nord, klaupp, roc.
CLAPIR (dit du cri des lapins), de la mémo
famille que clabaud, clapoter.
CLAPIR (SE), se cacher, selon Diez, du L.
se clepere, se dérober ; selon d'autres, le terme
s'employant particulièrement des lapins, de
clap (voy. clapier), donc pr. s'entasser. Du
Cange pensait au BL. clappa, trappe, piège.
CLAPOTER rappelle lall. klappen, angl.
clap, clapper, tous verbes exprimant le bruit
produit par le choc des corps.
CLAQUE, mot onomatopée exprimant un
bruit sec et éclatîmt, comme celui du coup du
plat de la main ; cp. mha. Mac, néerl. A/aA<
hen, claquer, ail. hlack (interjection) et klat*
schen; cat. claca, babil, norm. claqxtard,
babillard. Clac, d'ailleurs, n'est qu'une va-
riété phonique de clap. — D. claquer, cla»
queur, claquet; claqueter, claquette; daque-
dent, misérable qui tremble de froid. — De
la même espèce est l'ancien verbe cliquer,
retentir. L'expression clique, société de caba-
leurs, est tout à fait analogue à claque, réu-
nion de claqueurs. — Cliques et claques, expr.
populaire, = l'ensemble des choses d'une
maison, réunies bruyamment pour les enle^
ver. L'ail, a le terme analogue geriXmpel, de
rumpg/n, jaire du bniit.
CLAQUEMURER, dérivé du subst. claque^
mur, « homme qui claque n (tape, bat) le mur
de sa prison, prisonnier (Meunier).
CLARIFIER, L. clarificare. — D. darifica^
tion.
CLARINE, CLARINETTE, dér. de clair
(v. c. m.).
CLARTÉ, L. daritatem (clarus). En vfr.
aussi = renommée.
CLASSE, L. classis. — D. classique, L. das^
sicus (qui est de la première classe) ; classer,
déclasser; classification.
CLATIR, onomatopée d'une racine clat^
exprimant un bruit, comme clac, clap; cp,
ail. hlatschen, ni. klateren.
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CLI
109 —
CLO
OLAÏÏDE, sot, imbécile; du nom de baptême
Claude ;cTp. Benoit, Nicolas, etc., employés
dans le même sens.
OLAUDIOATION, L. claitdicatio,declaudiis,
boiteux (voy. clocher).
GLAUSS, pr. chose arrêtée, disposition, du
L. clausa, substantif participial de claudere,
clore, conclure; c'est le primitif du dimin.
clausula, it. clausola, fr. clausule, ail. JUau-
^el.
CLAUSTRAL, L. claustralis, de claustrum
= fr. cloître.
CLAVEAU, clavel, 1. terme d'architecture,
dér. de L. clavus, clou, le claveau étant taillé
en forme de coin ; 2. terme d'art vétérinaire,
maladie des bêtes à laine, dér. de clavus^
dou (la pustule étant comparée à un dou) ;
de là claxfelée. — D'autres placent le nom de
la maladie dans l'élément celtique : gaél.
clavar, teigne, gale.
CLAVECIN est tronqué de claoicymbalumt
nom donné d'abord à cet instrument (it. clavir
cembalo et gracicembalo, esp. claoecimbano),
composé du L. clavis, au sens de touche mo-
bile (d'où le mot clavier , ensemble des touches
ou clefs du clavecin) et de cymbalum, instru-
ment à forte résonance.
CLAVETTE, dira, moderne, tiré de L. cla-
ms, clef,
CLAVICULE, voy. checille.
CLAVIER, voy. clavecin. Clavier se repro-
duit dans l'ail, klavier, devenu, dans cette
langue, le nom du clavecin.
CLAYON, voy. claie.
CLEF, L. clavts (cfr, nef, de Tiavis; grief
de gravis).
CLEMATITE, gr. xXi7,aarlTC5 (de xlij/xaT^-,
menue branche).
CLEMENT, L. clemens. — D. clémence, L.
clementia.
CLEPSYDRE, it. clessidra, du L. clepsydra
(xiîl/û^sa), m. s.
CLERC, L. clericus (x>Ȕ;3ixo';), de clerus
(xXyjpo;), clergé; pr. appartenant ou aspimnt à
l'état ecclésiastique, puis homme lettré, enfin
homme de plume, greffier, commis, apprenti
(de là la locution ^a« de clerc ). De clerc pro-
cède le vieux mot clergie, condition de clerc,
doctrine, science. — Le latin clericus a pro-
duit subst. clericatus, d'où fr. clergé, corps
des clercs; — clericatura, fr. clericature; —
clericalis, fr. clérical.
CLERGÉ, voy. clerc.
CLÉRICAL, CLERICATURE, voy. clerc.
CLICHER, variété de cliquer; cp. en alle-
mand le terme équivalent ab-klutschen ■=
clicher, de kUxtsclien^ claquer. L'opération du
clichage est envisagée comme se faisant avec
le plat de la main.
CLIENT, L. cliens.^D.clientèle,L.clien'
tela.
CLIFOIRE, jouet d'enfant, voy. sous écla-
bousser.
CLIGNER, vfr. cliner, clinner, du L. cli-
nare, incliner, baisser la paupière. Pour la
forme cligner, cp. vfr. aligne, p. crine, L.
crinis; la forme vfr. clingier accuse un type
clinicare. — D. clin (subst. verbal), cligne-
ment \ dim. clignoter.
CLIMAT, L. clima, gén. climatis (xit/x«). —
D. acclimater.
CLDIATÉRIQUE, du L.climactericus(Atfieat
-mpiMi), de xUfAXKHip, échelon, puis les divers
degrés de l'échelle de la vie humaine.
CLIN, dans clin d*œil, voy. cligner.
CLINGHE, ou clenche, principale pièce du
loquet, en Belgique cliché et clichette, pic.
cliquet; c'est l'ail, hlinke, néerl. hlink,
loquet.
CLINCAILLE, voy. clinquant.
CLINIQUE, L. clinicus, gr. xitvixo,- (de xi^v»?,
lit).
CLINQUANT, lorr. clinclant, ptov. mod.
clincan, soit de l'onomatopée allemande
klingklang, soit un part. prés, de clinquer ==
néerl. klinken, ail. hlinken et klingen, son-
ner, tinter, rendre un son métallique. Les
Allemands rendent clinquant par rauschgold,
litt. or bruyant. — Le subst. clincaille, dérivé
du même radical, et signifiant ustensiles de
ménage en métal, s'est altéré en quincaille,
d'où quincaillier, quincailleiHe.
CLIQUER, d'où clique, voy. claque. — D.
cliqueter {d^oii cliquetis), cliquet, cliquette.
CLISSE, vfr. clice (d'où le composé esclice*,
éclisse), du vha. kliozan, fendre. Pour vha.
io = fr. i, cp. fr. quille du vha. kiol. — D.
clisser.
CLIVER, de l'ail, klieben, ags. cleofan,
angl. cleave, fendre.
CLOAQUE, L. c/oaca(de cluere = purgare).
CLOCHE, BL. c/oca (viii® siècle), prov. cloca,
clocha. (En vfr. et quelques parties de la
France, on appelle aussi cloche ou cloque un
large manteau de voyage ; c'est de là que les
Anglais ont tiré leur cloak.) Il y a lieu de
douter si les formes germaniques : ags. clucga,
nord. klucka,vh&. clocca (ix® siècle) etglocca
(ail. mod. gloche, angl. dock), ou les mots
celtiques, irl. clog, cymr. cloch, sont les ori-
ginaux ou des reproductions du mot roman.
On a donc proposé, pour ce dernier, diverses
étymologies, telles que : verbe fr. clocher (v.
c. m.) à cause du balancement de la cloche,
— ags. cloccan, angl. cluch, glousser (cp.
closser , — vha. hlochôn, frapper, — vha.
kloppen, frapper, romanisé en cloppicare,
d'où clocher. La dernière coiyecture se re-
commande le plus à cause de l'existence du
valaque clôpot ^=» cloche. Cp. aussi ail. hlôp-
pel, battant de cloche. — D. clocher, BL.
clocarium; clochette, clocheton.
CLOCHER, boiter, pic. cloquer, prov. clop-
char, vient ou du L. claudicare^ m. s., ou, vu
la facture du mot provençal, d'un BL. cloppi-
care, issu de BL. cloppus (voy. clopin), qui
paraît tenir à l'ail, kloppen, frapper (en pre-
mier lieu, comme klappen, produire un
bruit). Cette dernière explication gagne en
vraisemblance par le rapprochement de Tit.
zoppicare, boiter, soppo, boiteux, qui se rat-
tache à l'ail, schuppen, heurter, et celui du
vieux verbe français doper = clocher (voy.
clopin). L'idée boiter se déduirait donc du fer
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CLU
— HO —
CGC
d'un cheval, qui s'est détaché et qui clapote
contre la terre, ou bien de l'effet de la clau-
dication, qui est de se heurter, de trébucher.
— Cps. à cloche-pied.
OLOISON, du L. clausio closio, fermeture
(de claudere). Cp. jx)i5on àepotio, — D. cUn-
sonnoffe.
CLOÎTRE, angl. cloister, ail. hloster, du L.
daustrum, barrière, clôture. — D. cloîtrer,
CLOPIN-OLOPANT, terme familier. Cette
expression, comme le verbe ancien cloper et
son dérivé clopiner, tire son origine d'un
ancien acy. clop, boiteux, BL. cloppus (Lex
Alam.). Ce clôppus, à moins que l'on n'ap-
prouve Tétymologie aventureuse claudipes ou
clodipes (de claudus et pes), ou bien celle du
grec ^cwiofTrow;» perclus du pied, doit provenir
du germanique kloppen, frapper (voy. clocher).
— De clop : l'a^j. éclopé, boiteux, estropié.
GLOPORTE,mot altéré de clausporque^^vcs,
dusilis, porc enfermé. Cette étymologie se
confirme par le rapprochement des noms
donnés à ces insectes dans différents dialectes :
en Languedoc jîOMrce^e^, en Italie ^orceWini,
porceletti, en Aiyou et Bretagne irées (truiesj,
à Lyon et en Dauphiné kaik)ns (cochons), en
Champagne cochons de saint Antoine. Les
Grecs et les Latins les nommaient des petits
fines, gr. èvlnoç, L. aseUus, d'où YoW.assél^^
cloporte). Cœlius Aurelius, cependant, emploie
déjà^xwceWto. — Bugge (Rom., IV, 353), se
fondant sur le nom actuel de cloporte dans le
prov. mod., porquet-de-crota, suppose comme
forme première crote-porque (porc de cave, de
grotte), d'où clote-porte (dota p. croia se dit
encore en prov.), d'où cloporte (cp., p. la con-
traction, champlure fr. chantepleure). La
forme clausporque (xvii® siècle) parait être
une interprétation ; on trouve, au xvi® siècle,
clouporte, clooporte.
CLORE, clorre'f du L. claudere, claudWe.
Du part, passé clausus : fr. clos, employé à la
fois comme adj, (« à huis clos, porte close •»)
et comme subst. dans le sens de « espace
fermé »>. De là les dérivés closeau, closet, clo-
sette, closerie. — Composés de clore : éclore
(v. c. m.), enclore, déclore. — Éclore et en-
clore sont étymologiquement identiques avec
eosclure et viclure et tirés, sous l'influence du
primitif cZore, des formes latines includere,
excludere. — L'anglais a tiré sa forme close
du fréq. clausare.
CLOSEAU, CLOSERIE, voy. clore.
CLOSSER, variété de glousser (v. c. m.).
CLOTURE, dér. de L. claudere par un su-
pin barbare claustum; l'anc. langue employait
plu» souvent closure (de clausum). — D. clô-
turer.
CLOU, vfr. clo, wall. cld, prov. clau. esp.
claoo, it. chiavo, du L. clavus. — D. clouer,
esp. clavar, Bl. clavare; clouter, garnir de
clous, p. cloueter; cloutier (cp. feutier de feuj.
Composés : déclouer, enclouer.
CLOTÉRE, panier à huîtres, dér. de dote,
ancienne forme pour claie (v. c. m.). ' '
CLUB, mot anglais. — D. dubiste.
CLTSOIR, du gr. x>û{ccv, laver, qui est le
primitif aussi de xXvrrripf pr. le nettoyeur,
d'où fr. cly stère. Du même x^ujtiv vient dyso^
' pompe (pompe à laver).
CLYSTÉRE, voy. l'art, préc.
CO-, CON- (par assimilation devant les la«
biales com, devant 1, col, devant r, cor; de«
vaut des voyelles co). Ce préfixe latin repré-
sente, comme on sait, la préposition cum,
avec. Nous n'avons pas à exposer ici les modi-
fications de sens qu'il conférait en latin au
primitif; les langues romanes ne s'en sont
guère servies comme élément de composition.
On ne le rencontre, à peu d'exceptions près,
que dans des vocables formés d'après un pré-
cédent latin. Quelquefois les composés latins
en question, en se romanisant, se détériorent
au point de ne plus laisser reconnaître la
particule latine, ainsi dans cailler, couvrir,
coudre, coucher, cueillir, etc. Dans les cas
rares où le roman se sert de la particule
pour créer des composés, elle exprime asso-
ciation (p. ex,* coaccusé, compagnon, concis
toyen, confrère, combattre), entourage (con^
townier), ou renforcement (controuver). —
Nous omettons dans ce livre les mots de
façon nouvelle, qui s'expliquent d'eux mêmes,
comme coaccusé, coaâjuteur et sembl.
COACTIP, COACTION (L. coactio), dérivés
du L. coa/dum, supin de cogère (p. coagere),
contraindre.
COAGULER, du L. coagulare, qui s'est in-
troduit dans le fonds populaire de la langue
sous la forme cailler (v. c. m.). — D. coagu-
lation.
COALESCENT, -ENCE, du L. coalescere,
s'unir à, faire corps avec. Du supin du même
verbe, coalitum, le fr. a tiré : coalition; se
coaliser (par un type fictif coalitiare).
COALISER, COALITION, voy. l'art, préc.
COASSER, L. coaxare (de AôàÇ, onomato-
pée).
COBALT, de l'ail, hobalt, m. s., sur l'ori-
gine duquel voy. Grimm, s. v.
COCAGNE, it. cuggagna, esp. cucaha, v.
angl. cokaygne, signifie proprement une es-
pèce de pain ou de gâteau ; de là l'expression
pays de cocagne, pays où tout abonde, pays de
délices, et les autres applications de ce mot. Le
primitifestlemot cat. coca, pic. couque, gâ-
teau (du L. coquere, cuire), qui a également
donné l'ail, huchen, gâteau. Le v. angl. co^
kaygne parait être le primitif du mot actuel
cokney (anc. côkeney), enfant gâté. — Le
mot cocagne, pain conique de pastel, vient
du L. coccum, kermès.
COCARDE, it. coccarda, angl. cockade,
wall. cocfiâd, dérivé probablement de coq, à
cause de la ressemblance avec la crête de cet
animal. Anciennement, cependant, le mot ne
désignait pas un insigne porté au chapeau,
mais un bonnet porté coquettement sur un
côté de la tête ; Rabelais : bonnet à la co-
quarde. Ce dernier sens renvoie à l'anc. a^j.
coquart, vaniteux, fat. — Ou cocarde tien-
drait-il à l'expression •« coque de ruban » (ru-
ban plissé en nœud)!
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coc
111 —
coc
GOOASSS, étrange et ridicule, prob. dé-
rivé de coq, comme coquard^ coquet. Jadis, on
employait le mot pour coquille, mais, dans
cette acception, il est différent du nôtre et
Tient de coque,
OOOATBIX, animal £mtastique, espèce de
basilic, esp. cocotriz; mot altéré du vfr. coco-
drille, esp. cocoèrix = crocodile,
GOGjOINfiLLI!, nom savant de la bête à bon
Dieu ; du L. coccinus, de couleur écarlate (de
coccum, grain rouge).
1. COCHE, vfr. coque, bateau, it. cocca,
esp. coca, La forme italienne se refuse à Tétj-
mologie L. caudica, que Papias interprète
par naoicula, Diez le fait venir du L. concha,
coquille, vase, et cite à Tappui it. cocchiglia,
de conchyliwn, et le dim. vfr. coquet, qui si-
gnifie bateau et vase. On trouve également le
mot roman dans les idiomes germaniques
et celtiques : vha. koccho, dan. kogge, néerl.
hog, cymr. ciocTi, bret. koked,
2. COCHB, voiture couverte, surtout grande
voiture de transport en commun, it. cocchio,
esp. coche, angl. coach, ail. kutsche, néerl.
koets. La forme italienne favorise Tétymologie
L. conchulus, petite coquille, ou cochlea, co-
quille de limaçon. La dérivation du hongrois
Aato^(valaque code, albanais cotzi, bohémien
hotsch) ne s'accorde pas avec l'it. cocchio, bien
qu'elle s'appuie d'un passage d'Avila où il est
dit que Charles-Quint se mit à dormir dans
une voiture couverte « al quai en Hungrialla-
man coche, el nombre y la invencion es de
aquella tierra » . Diez est donc d'avis que fr.
coche vient de Fit. cocchio, comme niche de
nicchia. — D. cocher; portQ cocher e,
3. COCHB, entaille, prov. coca, it. cocca,
angl. cock. Probablement d'origine celtique ;
lé gaél. a sgoch, m. s., le breton coch. Le mot
désigne particuUôrement l'entaille faite à l'ar-
balète pour arrêter la corde ou à la flèche
pour l'assujettir à )a corde. De là les verbes
encocher et décocher,
4. COCHE, truie, primitif de cochon (v. c.
m.), esp. cochina. Coche ayant d'abord si-
gmfié l'animal châtré, ce mot pourrait se rat-
tacher au précédent signifiant entaille. Diez
rapproche, pour justifier ce rapport, l'esp.
camero, mouton, et le piémontais crina
(truie), qu'il rattache à L. crena, entaille. Il
repousse comme primitif le cymr. htoch, bret.
hoc' h, houe' h, cochon (d'où l'angl. hog). Littré
observe que la signification première d'ani-
mal châtré, prêtée à coche, n'est pas consta^
tée et que l'origine celtique a plus de vrai-
semblance [h aspirée changée en c dur). Le
hongrois a hotsa, l'illyrien hutsUza, — D. co-
chon (v. c. m.).
COCHBHILLB, it. cocciniglia, esp. cochi-
nilla, dérivés du L. coccinus (coccum), cou-
leur d'écarlate. Voy. aussi coccinelle, L'esp.
cochinilla signifie aussi cloporte, mais, en ce
sens, il est distinct de notre mot et vient de
cochino, cochon (voy. cloporte^. Le vfr. cou'
chille est le diminutif de L. coccum, — D.
verbe cocheniller.
COCHER, subst., voy. coche2.
COCHER, anc. coucher, chaucher, du L.
calcare, fouler, presser,
COCHET, dim. de coq,
COCHEVIS, alouette huppée, pic. comot,
wall. cohlicis (d'où fr. cochelimer). Grandga^
gnage croit le mot français cochevis formé du
wallon et analyse celui-ci en livi ( =« ags. la-
ioerh, néerl. leutoerik, alouette, d'où l'aU. ler^
che) et coh, ce genre d'alouette étant, relative-
mentaux autres, quant à la forme, ce que le coq
est aux poules. Mahn rapproche cochevis du
port, cotovia, alouette (esp. totovia) et en voit
l'origine dans le celtique : bret. hodioch^
D'après d'autres cohZitds, cochems représen-
tent le cri de l'oiseau (Littré, suppl.).
COCHON, porc, type de la malpropreté,
voy. coche 4. De là : cochonner (ce verbe si-
gnifiait anciennement tuer un cochon pour
régaler les amis), cochonnerie, -ode, -et,
1 . COCO, fruit du cocotier, angL cocoa, ail.
kohos; on trouve déjà en gr. xoûxi. — D. coco^
tier,
2. COCO, terme de caresse ou de moquerie,
prob. p. cocot et dér. de coq; cp. cocote.
3. COCO, sorte de boisson; d'origine in^
connue.
COCON, dér. de coque, — D. coconner.
COCOTE, poule, dér. de coq,
COCTION, L. coctio (coquere). Coction est la
représentation savante du mot latin ; la vraie
forme française est cuisson.
COCU, variété du mot coucou. Par anti-
phrase, on a appliqué au mari trompé le nom
de l'oiseau qui pond ses œufs dans le nid d'au-
trui. Encore n'a-t-on pas besoin d'admettre
une antiphrase, si l'observation du scoliaste
Acron (ad Horat. Sat. VI, 7) est juste : « Cucu-
lus avis hoc vitio naturali laborat, ut ova, ubi
posuerit, oblita, sœpe aliéna calefaciat » . Le
cocu de même nourrit des produits étrangers,
L'étymologie ci-dessus est appuyée par le
vieux substantif cous, celui « de qui sa femme
fait avouterie » (adultère), comme di^le Père
Labbe. Cous reproduit le BL. cugus (avec
conservation de Vs nominatival), altération de
cucus (Isidore) et primitif de cuculus, coucou.
De ce cucus dérive BL. cucucia, adultère de
la femme, et cucuciatus, mari trompé (prov.
cogotz). Malgré le crédit dont jouit cette
étym., qui convient, en effet, au prov. cogul,
cat. cugul, esp. cuquillo, cucUllo, elle sou-
lève de graves difficultés phonétiques en ce
qui concerne le fr. cocu, qui ne peut s'accor-
der ni avec le L. cucus, ni avec cuculus. Aussi
bien que la forme prov. cucut (fém. cucuda),
cocu accuse un type lat. cocuius et un radical
coq. Or, en présence des termes synonymes
chiamp. coquard, coquillard, aU. hahnret
(qui, sans aucun doute, comme l'a démontré
Grimm, est un composé de hahn, coq), angl.
kuchold (=« hohe-wold), on ne saurait mécon-
naître dans cocu, un dérivé de coq, l'animal
jaloux par excellence ; le cocu, c'est celui qui
se trouve placé dans la position du coq lésé
dans ses droits de mari. C'est par une méta-
phore analogue, tirée d'un animal tout aussi ar-
dent et jaloux que le coq que l'on a qualifié le
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COI
— 112 —
COL
mari trompé de cornard ou porte^^ornes (gr.
xKparloiÇf Mpcc9f6poi). Cette explication étym.
de cocu par coq, que j*ai dubitativement
émise dès 1861, a fait l'objet d'un long et sa-
vant article de M. Brickmann dans ses » Meta-
phem n (\^ vol., pp. 521-533). — D. co-
cuoffe, cocu fier. — On voit l'adj. cocu appli-
qué au sens de cornu à certains objets
(heaume, pain, chaudron) ; peut-on admettre
que la synonymie de cocu avec cornu au sens
figuré se soit transférée au sens propre?
GOBE, du L. codex, m. s. (pr. assemblage
de planchettes à écrire, puis manuscrit, re-
gistre), it. codice, esp. codigo, — D. codicille,
L. codicillus; néolog. codifier, -fication.
GOSMPTION, L. coemptio.
COERCITION, COERCrriP, du L. co-ercere,
forcer, vfr. coercer. Au lieu de coercition, on
disait anc. cohertion; l'angl. a coercion.
CCBUR, it. cuore, prov. cor, L. cor, — D.
courage; écosurer, — La locution par cœur
rappelle l'expression prov. et esp. dccorar,
apprendre ou réciter par cœur. — Autre
combinaison : contre-cœur, anc. subst. =
dépit, répugnance, d'où la locution adver-
biale : à contre<œur.
COFFRE, it. cofano, esp., prov. cofre, angl.
coffer; dans le sens de panier ou étui, esp.,
prov. cofin, fr. coffin (l'angl. coffîn signifie
cercueil). Toutes ces formes reproduisent le
L. cophinus (xo|>ivo5), panier. — D. coffrer
(emprisonner); coffret, coffretier^ encoffrer.
COGNAC, eau-de-vie, de Cognac, ville de
France, département de la Charente, où se
fabriquent les eaux-de-vie les plus renom-
mées.
COGNASSE, voy. coing, — D. cognassier,
COGNAT, COGNATION, L. cognatus, -atio,
COGNÉE, vfr. quignie; répond à BL. cuneata,
dér. de cuneus, coin à fendre le bois.
COGNER, fendre ou frapper avec un coin,
se heurter contre un coin; dér. de coin, vfr.
coing = L. cuneus (cp. L. cunearc). Voir
aussi cognée,
COHABITER, L. cohabitare (St. Aug.).
COHÉRENT, L. cohœrens; subst. coJié-
rence, L. cohcerentia, La langue a conservé
adhérer, pourquoi repousse-t^lle cohérer pour
rendre le L. cohœrere, qui dispenserait de
bien des circonlocutions? L'allemand traduit
fort bien le mot latin par zusammenhûngen,
COHÉSION, L. cohœsio (cohœrere).
COHORTE, L. cohors, -tis,
COHUE, BL. cohiui, anc. halle de marché,
aussi lieu où siégeaient certains petits tribu-
naux. Probablement, d'après Diez, le sub-
stantif verbal d'un verbe co-huer, crier en-
semble. Voici ce qu'inventa Ménage pour
sortir d'embarras : L. conoodum, ensemble
de voix, convocum, convoca, coiioca, coOa,
cohue J
COI, autr. quei, quoit (de là encore le fém.
coite), it. ch^to, esp., port, quedo, du L. quie-
tus, tranquille. De quielus, par quietiare,
vient le verbe coiser (cp. hausser de altus) et
le composé aquoiser, apaiser. — Au moyen
âge l'a^î . quietus avait pris l'acception « libre,
libéré, dégagé»; Lex Longobardorum : sit
quietus a« sit absolutus. Dans cette acception,
on lui trouve la forme spéciale quitus. De lÀ
viennent les adj. vfr. quite, cuite, auj. quitte,
prov. gwïYî, esp. quito, ail. quitt, et les verbes
esp. quitar, libérer, élargir, enlever, fr. quit-
ter, renvoyer quitte, exempter, laisser aller,
abandonner, it. quitare, chitare, céder son
droit.
COIFFE, it. cuffia, scuffia, esp. cofia, escofia,
port, coifa (anc. escoifa), angl. coif, BL. cofea,
cofia, cuphia. Comme l'original de ce voca-
ble on a proposé : 1 . l'hébreu kohha, kova,
casque, mais la facture du mot s'y refuse ; 2.
ail. hauhe, néerl. huif, mais le durcissement
de h initial en c dur ne se produit dans aucun
appeliatif roman; 3. vha. kuppa, huppha,
kuphya =» mitra. Cette dernière étymoiogie,
mise en avant par Diez, est la plus probable,
celle qui concorde le plus avec le BL. cuphia.
Toutefois, ces vocables germaniques eux-
mêmes sont des .emprunts faits au latin ;
kuppa, kuppha représentent le L. cuppa,
vase, gobelet, fr. coupe. Pour le rapport logi-
que entre coupe et coiffe, cp. L.galea, casque,
etgaleoîa, vase, et le vfr. bacin, prov. bassin,
signifiant aussi heaume. — D. coiffer, -eur,
'ure; décoiffer,
COIN, vfr. coing, it. conio, esp. cuha, cuno,
angl. quoin, coin, du L. cuneus, coin à fendre
le bois, BL. = angle. — D. cogner (v. c. m.),
encogner; cognée (v. c. m.); quignon (v. c. m.);
recoin.
COÏNODER, mot savant formé de co = cum
4- incidere (rad. cad-ere), tomber sur, surve-
nir. — D. cohundent, -ence,
COING, anc. cooing, prov. codoing, it. coto-
gna, du L. cotonia, forme accessoire de cydo-
nium ou -a (xuJàviov), fruit nommé d'après la
ville de Cydon dans l'ile de Crète. — D.
cognasse, coing sauvage, coudoignac", coti-
gnoX*, auj. cotignac, confiture de coings.
COÏON, poltron, lâclie, prov. coJho, it. co-
gJione, esp. cqjon, angl. cullion; par anti-
phrase du L. coleus, testicule. — D. coïonner,
coïonnade,
COKE, mot anglais sign. charbon désoufré.
COL, forme antérieure à cou et coexistant
encore avec cette dernière, mais pourvue
d'acceptions spéciales, du L. collum, — D.
collier, L. collarium; collet, collerette; colée*^
coup sur le cou; accoler; décoller, -ation;
fncolure.
COLAS, homme stupide; abrégé de Nicolas.
COLATÏÏRE, L. colatura, de colare, couler.
COLBACK, du turc kalp&h.
COLÈRE, it. collera, du L. choiera {xolkp%\
maladie bilieuse, choléra, plus tard = bile. —
Notez l'emploi adjectival de colère, analogue
à celui de chagrin, — D. colérique, — Colère
était remplacé en vfr. par ire (L. ira) ou par
cole (--= gr. yoH, bile) joint aux adject. maie
ou cliaude,
COLIBRI, mot de la langue des Caraïbes.
COLIFICHET, composé de col, et fichet^
donc pr. chose petite attachée au cou en
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COL
— Ii3 —
COM
C^ise d'ornement; cp. afpquet. D'autres pré-
tendent que ce mot signifiait d'abord des
petÀts morceaux de papier ou de carton repré-
sentant des images et collés sur du bois, et
expliquent le mot par fichés (fixés; à la colle,
COLIMAÇON, d'un type latin cochlolimax,
limaçon à coquille? CochJo représenterait le
grec Kày^loi «= concha, d'où L. cochlea, lima-
i}on. — Pour la chute de la syllabe lo dans le
tj'pe cochhîimax, cp. idolâtrie p. idololâtrie,
matin p. matutin. — Darraesteter, alléguant
les formes pic. et norm. calimachon, à côté
de resp. limichon et Itmachorif voit dans l'élé-
ment co la particule péjorative cal, ca.
COLIN-MAILLARD, de Colin, nom d'homme,
et maillard, qui paraît, comme maillot, être
dér. de maille, filet, tricot.
COLIQUE, L. colica (xwXtxvi), dér. de xw>ov,
intestin.
COLIS ou coli, de l'it. colli, pliir. de collo
au sens de charge, ballot de marchandise.
COLLABORER, L. collabœ-are,
COLLATÉRAL, BL. collaterqlis, « qui ad
^cUiiS est alterius, socius, amicus. »»
COLLATEUR, L. collator (qui confère).
COLLATION, L. collatio {con ferre), signifie
conformément au latin : 1 . action de conférer ;
2. action de comparer (d'où le verbe colla-
tionncr). Une troisième signification s'y est
attachée, celle de repas léger. En voici l'ori-
gine la plus accréditée, telle que l'expose Du
Cange : •* A collationihus monasticis (confé-
rences, lectures de moines), quibus finitis ad
bibitionom ibatur, scrotinse cœnae collatio-
num appellationem sortit» sunt. » Collation
serait ainsi un rafraîchissement pris à l'issue
d'une conférence ; le terme a élargi ce sens
primordial et a fini par passer du couvent
dans le monde. D'autres, à tort, pensons-nous,
ont vu dans la collation un pique-nique, pour
lequel chacun coi\tribue (« confert »») sa part.
Cette explication pourrait au besoin s'autori-
ser du terme BL. confertum = compotatio,
festin à écot. En it. , pour le sens repas, la
forme savante collazione s'est modifiée en co7^i-
aione, colesione, -isione, ce qui a fait surgir
l'îdée que le vrai type latin est colationem ««
bouillon, soupe (cp. souper de soupe); voy.
Canello, Arch. glott. , III, 401. A cette expli-
cation, Suchier(Ztschr., IV, 183) objecte fort
bien que l'it. colazione ne s'est jamais appli-
qué à un mets déterminé; on n'y voit jamais
prendci'c ou mangiare colazione, mais tou-
jours far colazioyie.
COLLE, L. colla (xoi>a). — D. coller, dé-
coller, encoller.
COLLECTANÉES, recueil de différentes piè-
ces, L. plur. collectanea. Cp. miscellanées,
COLLECTE, BL. collecta, subst. participial
du verbe colligere, recueillir ; cp. quête, subst.
partie, de quœrere. Collecte est la forme sa-
vante de cueillette, — D. collecter, -eur.
COLLECTIF, L. collectivus,
COLLECTION, L. collectio. — D. collec-
tionner.
COLLAGE, L. collegium, association, corps,
compagnie (de colligere, réunir). — D. collé-
gial; collégien,
COLLÈGUE, L. collega,
COLLER, vôy. colle,
COLLERETTE, dimin. de collier, voy. col,
COLLET, dim. ào col, — L. colleter, pren-
dre au collet ; se décolleter, pr. ôter son col-
let. — D'après Roulin, il faut séparer l'ex-
pression collet de buffle, sorte de pourpoint,
où collet se rattache à L. culeus, sac (voy.
Littré, suppl.).
COLLIER, voy. col. — D. collerette.
C0LLI6ER, mot savant, du L. colligere, qui
est également le type du verbe cueillir,
COLLINE, it. collina, esp. colina, du L.
collinus, ac^ectif tiré de coUis (it. colle), col-
line.
COLLISION, L. coUisio, rencontre, choc (de
collidere, se heurter).
COLLOCATION, L. collocatio, placement.
COLLOQUE. L. colloquium, entretien.
COLLOQUER, L. collocare, placer; forma-
tion savante, car du même verbe latin le fr. a
fait coucher (v. c. m.).
COLLUDER, L. colludere; swhst. collusion,
L. collusio; adj. collusoire, L. collusorius.
COLLYRE, L. coUyrium (xoi).û/3i9v).
1. COLOMBE, pigeon, L. colttmba. Du
masc. columbus, le fr. a fait le masc. colon*
coulon (it. Colombo, prov. colomb), — D. co-
lombier, L. columbarium ; colombin, L. co-
lumbinus.
2. COLOMBE, grosse solive, anc. = co-
lonne, du L. columna, prov. colomp^ia. —
D. colombage, colonnade; colombelle, en
typographie, le filet qui sépare deux colonnes;
colombette, champignon.
COLON, L. colonus (de colère, cultiver).
COLON, gr. xwXov, membre du corps, et
particulièrement un des intestins.
COLONEL, vfr. coronel, esp. coronel, de
l'it. colonello, chef de la colonne, — Colon-
nelle = première compagnie d'un régiment.
— L'étymologie corona, couronne, est fau-
tive ; coronel est une modification euphonique
de colonel. Les Anglais, tout en écrivant
colonel, prononcent queurnel,
COLONIE, vfr. cologne, colonge, du L.
colonia (dér. de colonus), — D. colonial, co-
loniser.
COLONNE, vfr. colombe, L. columna, —
D. colonnade, -ette,
COLOPHANE, anc. colophone, du L. colo-
phonid, résine de Colophon.
COLOQUINTE, gr. xoioxûv&a, citrouille.
COLORER, L. colorare (color).
COLORIER, COLORIS, voy. couleur.
COLOSSE, L. colossus (^0X0776;), — D.
colossal.
COLPORTER, de col -f porter, litt. == collo
gestare. — D. colporteur, -âge,
COLURE, gr. xoXouooi,
COLZA, colsat (Richelet), du flam. kool-
saed, semence de chou ; cp. en ail. rObsamen
= colza, litt. semence de raves. ^
COMBATTRE, it. combattere, esp. comba-
tir, voy. battre. C'est un des rares exemples
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COM
— 144 —
COM
OÙ le français fait application de la particule
prépositive co7i (cum). — D. œmbat,
COMBE, vallon, gorge, prov. comba; sans
doute le même mot que prov, comb, esp.
combo, courbé. On trouve en BL. cumba^
comme nom géographique, dès 631 ; quant à
son origine, les uns le tirent du BL. cumba
p. cymba (xu/*6>î), barque (le point de rapport
serait la concavité), les autres du cymr. ctrm,
vallée, breton comb. Diez oppose à cette der-
nière étymologie que acm laisse le b de la
forme romane inexpliqué et que le breton
comb pourrait être emprunté au français ; il
Conjecture donc pour type L. côncava, qui,
par la chute de la syllabe atone ca, a réguliè-
rement pu produire comba ; il rappelle sur-
tout les expressions usuelles du BL. « con-
cava vallium, concava montium ». Cette opi-
nion est contestée en faveur de q/mba^ par
Storm, Rom. V, 175.
COMBIEN, p. com bien (com = conune, et
bien dans le sens de muitum), donc quam
multum, cp. ail. loie viel, angl. how much.
COMBINER, L. combinare (bini, deux). —
D. combinaison,
1 . COMBLE, substantif, it., esp. colmo. Pour
l'étymologie de ce mot, on peut balancer entre
L. culmsn, -inis (BL. culmus), faite, sommet,
et L. cumulus, tas, amas, surcroît. Le sens
et la forme permettent Fun et l'autre ; toute-
fois, d'un côté la forme colmo fait pencher
pour culmen, de l'autre le français comble
pour cumulus, qui, au moyen âge, signi-
fiait aussi faite, comble. C'est évidemment
cumulhs qui a donné le port, côrnoro,
combro, tas de terre, BL. combrus, prov.
cômol, tas, ainsi que les composés fr. en-com-
bre et décombre. On peut aussi distinguer
entre comble, mesure qui déborde, haut
degré, et comble, faite, en ramenant le pre-
mier à cumulus, le second à culmen, par
l'esp. cumbre(p. culmbre). — D. combler, it.
colmare, esp. colmar, L. cumidare. Le latin
cumvlare s'est reproduit aussi sous la forme
savante cumuler,
2. COMBLE, acyectif, tiré du verbe com-
bler de la même manière qui a produit lâche
de lâcher, trouble de troubler, à Genève
gonfle, enfle = gonflé, enflé.
COMBLER, voy. comble 1.
COMBUSTION, L. combustio, du supin
comhustum (comburere), dont est tiré, aussi
l'adj. combustible,
COMÉDIE, L. comœdia (xw/AuJ^a). — D.
cotnédien.
COMESTIBLE, BL. comestibUis (Isidore),
dér. du L. comestum, supin de comedere
manger; formé à la façon de combustible,
COMÈTE, L. cometa (xo/ninjç, dexo>>7, che-
velure). Notez le changement de genre du
latin au français, dans ce substantif, comme
dans plunète,
COMICES, du plur. L. comilia (cum-ire).
COMIQUE, L. comicus (x»^u</ç).
COMITÉ, de l'angl. committee, tiré lui-
même du L. committere, déléguer, commettre.
De u commission •• le sens s'est étendu à
« petite réunion ».
COMMANDER, L. commendare (mandare),
confier, transmettre, recommander, puis,
dans la basse latinité, = ordonner, enfin
avoir le droit de commander, dominer. — D.
commande (it, comando, vfr. comant), comman-
dement; commandant, commandeur, -eriei
par un singulier métaplasme : it. commen-
dita d'où fr. commandite, d'une forme latine
commendire, cfr. le subst. vfr. comandie et
commandise. — Cps. recommander, qui,
malgré le re intensitif, exprime une action
moins intense que le simple commatider,
COMMANDITE, voy. l'art, préc. — D. com^,
manditer, -aire.
COMME, it. come, esp., port, como, prov.
et vfr. com, cum, forme tronquée du L. quo-
modo. Joint à l'élément adverbial ment, com
est devenu prov. coment, fr. comment. L'ex-
plication de comment par quomodo inde {com
ent) est peu probable. Voy. pi. loin l'art.
comment, — Le comme français exprime, de
même que le vne des Allemands, aussi bien
des rapports de comparaison que des rapports
de temps ou de causalité. Les formes des lan-
gues it., esp. et port, défendent de ratta-
cher le mot dans cette dernière fonction au
latin cum,
COMMÉMORATION, -AISON, L. commemo-
ratio, — Néol. commémoratif.
COMMENCER, it. cominciare, esp., prov.
comenzar, d'un type latin cum-miitarô (ini-.
tium). Dans le Milanais, on emploie le mot à
l'état simple (sans cum) : inza = L. initiare,
— D. commencement,
COMMENDE, it. commenda, subst. verb.
du L. commendare, — D. commendaJtaire,
BL. commendatarius.
COMMENSAL, BL. commensalis, compa^^
gnon de table (L. mensà).
COMMENSURABLE, mot ^ientifique, de
cum (préfixe de corrélation) et nwnsurare^
mesurer.
COMMENT, voy. comme, — Cornu (Rom.,
X, "216) repousse aussi bien l'explication
étym. de cet adverbe par quomodo \- mente
(Diez) que celle par quomodo -\- ent (Littré).
Il démontre l'origine qua mente. L'a de qua
s'est changé en m (la plus anc. forme est
cument) ou o sous l'infiuence des deux la-
biales (i? et m). G. Paris conteste cette expli-
cation en note de l'art, de M. Cornu, et l'ét. de
Littré lui parait encore la meilleure.
COMMENTAIRE, L. commentarius.
COMMENTER, L. commentari.
COMMERCE, L. commercium, trafic, puis
en général relation sociale. — D. comTjier*
cer, L. commerciari (d'où commerçant) ; com^
mercial,
COMMÈRE, BL. commater (qui est mère de
société avec une autre, cp. compère), prov.
comaire, esp. comadre, it. comare [-atre,
-adre), — D. commérage,
COMMETTRE, L. committere, litt. mettre
ensemble, d'où les sens : préposer qqn. à une
affaire ou confier qqch. à qqn., mettre ei^
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COM
Hb —
COM
mauvais rapport, compromettre, exposer;
dans « commettre une faute »• , sens déjà clas-
sique, committere se rapproche de permittere
et exprime au fond l'idée de laiss «r aller, no
point retenir. A ce verbe se rattachent les
substantifs : commettant, commis (L. com-
missus, préposé à); commise, commissaire,
commission, 1. action de commettre, de pré-
poser, de confier; 2. objet de cette action;
3. ensemble des personnes commises.
COMMINATOIRE, L. commtnatorius* (de
comminari, menacer).
COMMIS, pr. chargé d'une affaire, voy.
eommettt'e.
COMMISÉRATION, L. commiseratio, pitié.
COMMISSAIRE, voy. commeUre. — D. com-
missariat,
COMMISSION, voy. commettre, — D. corn-
missionner, -aire,
COMMISSURE, L. commtssura, jointure.
COMMITTIMUS, mot latin signifiant « nous
commettons ».
COMMODE, acy., L. commodus, — D. com-
mode (subst., meuble); commodité, L. com-
moditas; incommode,
COMMOTION, L. commotio (com-movere,
vfr. commouvoir),
COMMUER, L. commutare, — D. com-
miioble.
COMMUN, L. communis. — D. commune
(cp. en ail. gemeinde, de gemein); commu-
nal, d'où communalté* communauté; L.
communio, fr. communion, 1. communauté;
2. participation au sacrement de Teucharistie ;
L. communicare (en t. d'église, prendre part
& la communion), d'où fr. : 1 . communiquer
(mot savant); 2. communier.
COMMUNAL, -AUTÉ, voy. commun.
COMMUNIER, pr. rendre ou être partici-
pant, voy. commun. — Cps. excommunier,
COMMUNION, voy. commun.
COMMUNIQUER, voy. commun. — D. com-
municable, -ication, -icatif,
COMMUNISME, -ISTE, néologismes^ tirés
de commun.
COMMUTATION, L. commiOatio (commu-
COMPACITE. V. Fart. suiv.
COMPACT, L. compactus (part, de com-
pingere), resserré, pressé. Les physiciens ont
tiré de cet acy. le mauvais subst. compacité;
il £edlait, d'après les règles de l'analogie, com-
pactité.
COMPAGNE (fém.), vfr. compaing (masc.),
it. compagno, esp. compano, ail. kompan;
d'un latin barbare cum-panio, qui mange le
pain avec (depanis, pain), donc = commensal;
composition analogie au vha. gi-majo ou gi-
leip (de gi *= L. cum, et resp. mazo, nour-
riture, et- leip, pain). — D. compagnie (angl.
Company); compagnon (qui en réalité n'est
que la forme du cas-régime de l'anc. com-
paing) ; compagner, fréquenter, et ojccompa-
gner. — L'étymologie com-paganus, « qui est
du même pagus, du même pays », bien que
patronnée de nouveau par Grimm, est insou-
tenable ; il faudrait compayen. Ce qui con-
viendrait mieux, c'est un type compaginus
(de compingere, réunir), analogue à compa-
gina, réunion (iv* siècle), mais l'explication
par patiis satisfait complètement.
COMPAGNIE, COMPAGNON, voy. corn-
pagne.
COMPARAITRE, du L. comparescere tan-
dis que la forme comparoir reproduit le
L. comparere. — De comparens, fr. compa-
rant; de cotnparitio, fr. comparution, forme
vicieuse p. comparition.
COMPARER, L. comparare (de par, égal.
En vfr., cowjoarer, pr. égaliser, signifiait com-
penser, payer, expier). — D. comparaison,
L. -atio ; -able, L. -abilis; -atif, L. -ativus. —
Le comparare latin, homonyme du précédent,
composé do parare, et signifiant acquérir, se
procurer, s'était conservé dans l'ancien com-
parer, acheter (aussi comprer), qui corres-
pond à esp., port, et prov. comprar, it. com-
prare et comperare.
COMPAROIR, voy. comparaître.
COMPARSE, dans le principe un terme de
carrousel exprimant l'entrée des quadrilles.
Le sens propre est : apparition, car il vient
de l'it. comparsa, action de paraître, puis, en
sens concret, figurant de théâtre, subst. par-
ticipial de comparire ; comparsa est un dou-
blet de comparita.
COMPARTIMENT, subst. du vfr. compara
tir, L. compartiri, distribuer, diviser. La ter-
minaison n'est pas d'accord avec département,
appartement (cp sentiment et consentement).
COMPARUTION, voy. comparaître.
COMPAS, it. compasso, esp. compas, angl.
compass ; d'après Diefenbach, du cymr. ciomp
= cercle, cwmpas = circuit (cp. en ail. sirhel
= cercle et compas). Malgré ces mots celti-
ques, Diez, partant du sens primitif du vfr.
et prov. compas, savoir « pas égal », propose
l'étymologie L. com-pa^sus. (On trouve le
verbe compasser, tenir pas égal, marcher au
pas, mis en opposition avec trespasser, ne
pas aller au pas, marcher outre, c.-à-d. pren-
dre les devants.) De cette première accep-
tion découla celle de mesure, juste mesure,
régularité, puis d'instrument à mesurer. —
D. compasser, faire selon la règle, etc. ; part.
compassé, régulier, mesuré.
COMPASSION, L. compassio, pr. souffrance
commune (cum-passio, cp. l'ail. mit-Ieiden).
COMPATIR, L. com-paJtiri, litt. souffrir
avec; de là l'adj.-part. compatissant, d'où
compatissance (néolog.). De là aussi l'adj.
compatible d'après un type compatibilis - qui
peut être toléré, qui peut s'accorder avec un
autre; p. ex. compatibile beneficium i. e.
quod potest cum aUo possideri.
COMPATRIOTE, BL. compatriota {cum +
patria), cfr. gr. avinroUrru, et fr. concitoyen.
COMPENDIUM. subst. latin, signifiant
épargne, action d'abréger.
COMPENSER, L. compensare, pr. contre-
balancer, équilibrer. — Cps. récompenser.
COMPÈRE, it. compadre, compare, BL.
compater, 1. parrain d'un enfant, relative-
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COM
— il6 —
COM
ment an père et à la marraine, cp. ail. gC'
vatter, 2.^ sodalis, amicus. — D. compérage,
GOMPÉTER. appartenir, revenir de droit,
du L. competerCy m. s. {do petere y au sens de
tendre vers). De là compétent, L. compe-
tens, qui convient, d'où compétence. — Au
même L. competere, dans son sens actif de
rechercher ensemble et concurremment, se
rapportent les subst. compétiteur et compéti-
tion, L. competitor, -itio.
COMPILER, L. compilare, pr. ramasser
pièce à pièce, puis piller.
COMPLAINDRE*, extension de plaindre,
plaindre avec sympatliie, angl. complain. —
D. comp7a2«^^, lamentation, chanson lugubre.
GOISO^LAIRE, L. com-placere. — D. com-
plaisant, qui cheixîhe à complaire ; complai-
sance.
GOMPLANT, t. d'agriculture, de complan-
ter, planter en masse, comme plant déplanter,
COMPLÉMENT, L. complementum (com-
plere). — D. complémentaire.
COMPLET, L completus, — D. compléter.
COMPLEXE, L. completus, part, de com-
plccti, enlacer, embrasser. — D. complexité.
COMPLBXION, L. complexio, assemblage,
arrangement; le mot s'applique en français à
l'ensemble des propriét^^s physiques, disposi-
tion g6n<^rale. En anglais, ce mot a rétréci
cette signification de constitution, tempéra-
ment, à celle de teint. '
COMPLICE, it., esp., angl. complice, du L.
com,pleXy -iciSy ou strictement d'un type corn,-
pliciits, litt. impliqué dans la même affaire.
D. complicité.
COMPLIES, prov., cat., esp., port, complé-
tas, it. compléta, du BL. complétée, officium
ecclesiasticum quod caetera diuma officia
complet et claudit.
COMPLIMENT, it. complimcnto (prov. com-
pliment, achèvement), officiosa urbanitas, ci-
vilité, du L. complere, au sens de officium
exsequi, rendre ses devoirs, cfr. it. compier
voti, effectuer ses \tbux (angl. comply, s'ac-
commoder). L'it. a, pour L. cmnplere, outre
compiere, la forme compire, faire son devoir,
se rendre obligeant. La forme compliment
(comme le mot complies) .se déduit de l'anc.
verbe complir, et ne vient pas directement du
latin complementum. — D. complimenter.
COMPLIQUER, L. complicare.
COMPLOT, pr. toute résolution prise en
commun. Du L. complidtum complic'tum, =
complicatio, intrigue. Complot est, d'après
Diez, pour complote, comme frotter p. froiter.
— Cette étymologie soulève quelques doutes.
Pourquoi la forme comploit ne se présente-t-
elle jamais comme esploit (de explicitum), et,
d'autre part, pourquoi jamais esplot p. es-
ploit f L'angl. a le simple plot, signifiant
pièce de terre, plan, puis complot ; cette der-
nière signification parait être survenue sous
l'influence de complot, et il est difficile d'éta-
blir une connexité de sens entre plot, pièce
de terre, et plot, complot, si ce n'est par cette
filière : terrain, plan, projet, machination (cp.
dessin et dessein). Si l'angl. plot est le primi-
tif du mot roman complot, d'où vient^il?
D'après Wedgwood, c'est une forme parallèle
de plat. — Il est bon de noter que complot se
présente en vfr. aussi avec la valeur de foule
et de bataille. — D. comploter.
COMPONCTION, L. compunctio, de corn-
pungi, pr. être piqué, blessé, fig. être tour-
menté par les remords de la conscience.
COMPORTER, du L. compœ^tare, mais, en
latin classique, ce composé signifiait trans-
porter plusieurs choses à la fois ou vers le
même lieu, tandis que le mot français a pris
l'acception : 1 . porter en soi matière à, don-
ner lieu à; 2. au réfléchi, se conduire, cp.
L. se gerere, ail. stch betragen.
COMPOSER remplace le latin componere,
voy. poser. — Cps. dé-, recomposer.
COMPOSITE, t^rme savant, L. compositus,
La vraie forme française de ce participe est
compost, mélange de terre, de fumiers, etc.
(en angl. t= engrais); au fémmin. composte*,
compote, propr. mélange (it. composta).
COMPOSITEUR, -ITION, L. compositor,
-itio. — Forme syncopée : composteur.
COMPOST, voy. composite. — D. compos-
ter, fumer les terres, anc. aussi sophistiquer
le vin.
COMPOTE, voy. composite. — D. compo-
tier.
COMPRÉHENSION, -IBLE, L. comprehen-
sio, -ibilis.
COMPRENDRE, L. comprehendere, com-
pretulere.
COMPRESSE, subst. verbal de compresser''
(du L. compressus, serré).
COMPRESSION, L. compressio (compri-
mere).
COMPRIMER, L. comprimer e.
COMPROMETTRE, L. compromUtere ; le la-
tin exprime pr. l'engagement pris par divers
intéressés réunis à s'en rapporter au juge-
ment d'un arbitre ; le mot fr. a développé en
outre le sens de mêler quelqu'un dans une
affaire, en l'exposant à l'une ou l'autre at
teinte, de là Tacception exposer, mettre en dan-
ger. — D. compromis, BL. compromissum.
COMPTABLE, voy. compter. — D. compta-
bilité.
COMPTER, it. coniare, esp. coniar, prov.
comtar, angl. count, du L. computare, comp'-
tare, calculer, supputer. Substantif verbal :
compte, it. computo, conto, BL. computus;
ce dernier a donné aussi le terme scientifique
comput. — D. comptable, mot détourné de
son sens naturel « qui peut être compté » et
signifiant : 1. chargé de tenir les comptes;
2. responsable ; comptant (argent), forme ac-
tive, sens passif; à-compte (un); comptoir
(angl. couTiier); décompter, subst. décompte;
mécompter, mécompte. — La langue savante
se sert, outre compter, de la forme computer
dans le même sens que supputer. Voir aussi
conter, forme variée de compter,
COMPULSER, BL. compulsare, fréq. de
compellere, forcer, obliger quelqu'un à pro-
duire des titres en justice ; de là, par une
extension de sens, « compulser des registres >• ,
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CON
— 117 —
CON
rechercher des pièces dans les registres, puis
« compulser des pièces •• . Du terme de droit
«< litera compulsoria » vient le subst. fr. corn-
pulsoire, ordre donné pour se faire expédier
im acte, etc.
COMPUT, COMPUTER, voy. compter.
COMTE, it. coiite, esp., port, conde, angl.
œunt, du L. cornes, comitis; à. la forme du
nominatif come5 se rattachent prov. coms, vfr.
cuens, quens, — D. comtesse; comté, BL.
comitatus; comtal; cps. : vicomte = riceco-
mes.
CONCASSER, L. con-quassare.
CONCAVE, L. concavus,
CONCÉDER, L. con-cedere; du subst. lat.
concessio, fr. concessiofi, d'où concession-
naire.
CONCENTRER, CONCENTRIQUE, voy. cen-
tre,
CONCEPT, L. conceptum (concipere), chose
conçue, angl. conceit, it. concetto. Le plur. it
concetti, pensées brillantes, fausse pointe, a
été reçu dans le dictionnaire français ayec le
même sens.
CONCEPTION, L. conceptio (concipere).
CONCERNER, BL. concemere (de cemere,
voir); cp. Toxpression regarder dans » cela
me regarde » et le L. spectare, — D. concer-
nant,
CONCERT, voy. l'art, suiv.
CONCERTER, L. concertare, combattre,
lutter, puis lutter en paroles, disputer, d'où
s'est dégagé le sens moderne : conférer entre
plusieurs pour l'exécution d'un projet; con-
certé, qui a été l'objet d'une discussion, d'une
entente préalable, puis (appliqué à des per-
sonnes), ajusté, composé, trop étudié. —
Substantif verbal concert, it. concerto, 1 . ac-
tion d'agir en commun, 2. intelligence entre
des personnes pour arriver à une fin; 3.
lutte musicale, puis production musicale,
avec le ccwttcours de plusieurs. — D. concer-
tant; déconcerter, troubler un concert, un
ensemble de mesures prises, faire perdre
contenance. — On a aussi, vu surtout l'or-
thographe it. conserto (coexistant avec con-
certo), rapporté concert au L. coiuerere, lier,
enchaîner, p. e. dans conserere sermonem,
s'entretenir, converser. D'autres enfin, avec
moins de probabilité encore, ont conjecturé
dans concerto une altération du L. concentus,
accord de voix, harmonie (gr. <rv/Af wvfa).
CONCERTO, mot italien, « concert, appli-
qué à un morceau écrit pour un instrument de
musique, avec accompagnement d'orchestre.
CONCESSION, voy. concéder,
CONCETTI. voy. concept.
CONCEVOIR, angl. conceive, du L. conci-
pere (capere), traité par les langues romanes
(de même que re-, décevoir) comme étant de la
conjugaison en ère ou en ire; esp. concebir,
it. concepire, port, conceber, fr. concevoir; à
l'infinitif classique se rattachent toutefois le
prov. concebre et le vfr. conçoivre, — D. con-
cevable.
CONCHTLIOLOCIE, science des xoyxuiist, co-
quilles.
CONCIERGE, BL. (texte de 1 \OQ)conserffius,
esp. conserge; Gloss. de Lille (mon éd., p. 47):
conservator conckierge. Le P. Labbo déduit
notre mot de con-scario, composé du BL.
scario, qui est le vha. skarjo, nha. scherge,
sergent, guichetier; cette étym. pèche par le
sens et la forme. Ménage établit pour type
conservius de conservare, mais Diez objecte
qu'il est insolite d'appliquer le suffixe tus à
des verbes. Cette objection me semble trop
absolue ; le BL. a bien fait de pelles parare
le subst. pelliparius, pelletier (Gloss. de Lille,
p. 46). D'ailleurs, s'il faut écarter conservius,
je poserai la forme conservium, action de
garder, que les formations analogues ea^er-
minium, dispeTidium, repurgium, et même
commercium autorisent à supposer, et dont le
sens abstrait « garde » peut facilement avoir
tourné en celui de « gardien »» (cp. garde, té-
moin et autres). Le BL. consergius est calqué
sur le français. — Diez, se fondant sur R. Es-
tienne, qui définit concierge par m qui ha la
charge du lieu d'exercice » et qui le traduit
par gymnastarchus, prend ce mot gréco-latin
pour la source du mot français ; la syncope en
ayant fait gymsarchus, il a pu en effet, sous
l'influence de conservare (car gym, régulière-
ment, appelait ^on), s'être métamorphosé en
conserge, consierge, concierge. — Littré, se
mettant en contravention avec le principe
posé par Diez et mentionné ci-dessus, enchaîne
ainsi les formes et les sens : con-servire, être
au service, conservius, serviteur en général
(sens rétréci dans la suite), fr. consierge (cp.
sergent de servieniem) et concierge. — D.
conciergerie,
CONCILE, L. concilium (de conciere, assem-
bler).
CONCILIABULE, L. conciliabuliim (conci-
lium).
CONCILIER, L. conciliare (1" sign. assem-
bler, unir). — D. conciliation, -ateur, -able;
cps. réconcilier,
CONCIS, L. concisus, litt. coupé, morcelé.
— Concision, L. concisio. — Cp. précis, pré-
cision.
CONCITOYEN, voy. citoyen,
CONCLAVE, pr. lieu de réunion, du L. con-
clave, appartement (sous une même clef). Pour
la valeur actuelle du mot, comparez les termes
analogues change, cabinet, consistoire, di-
van, pris dans leur sens politique.
CONCLURE, L. concludere (claudere).— D.
conclua,nJt, Du supin conclusum : coticlusion
(L. conclusio), et conclusif,
CONCOMBRE, prov. cogombre, it. cocomero,
esp. cohombro, angl. cucwnber, ail. kukum-
mer, du L. cucumis, gén. cucumeris,
CONCOMITANT, -ANCE. du L. concomitari,
renforcement de comitari, accompagner.
CONCORDE, L. concordia (cor). — Concor-
der, L. coficordare, se mettre d'accord; D.
concordant, -ance, -at.
CONCOURIR, L. concurrere; cofwurrent.
L. concurrens; concours, L. concursus.
CONCRET, L. concretus fconcrescere). Un
nombre concret est un nombre exprimé « con-
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CON
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CON
jointement »» avec Tespèce des unités; il est
opposé au nombre abstrait. De là le sens phi-
losophique du mot.
CONCRÉTION, L. concretio.
CONCUBINE, L. concuhina (con-cubare, cp.
le gr. Traoà/oiTi^).
CONCUPISCENCE, L. concupiscentia (de
concupisceret convoiter).
CONCURRENT, voy. concourir. — D. con-
currence. Pour la loc. jusqu^à concurrence
de^ cp. l'expr. ail. bis zum belauf (de laufen,
courir).
CONCUSSION, exaction, extorsion, du L.
concussio, litt. secousse, employé dans le
Digeste avec le sens du mot français. — D.
concicssionnaire.
CONDAMNER, L. condemnare.
CONDENSER, L. condensare (densus).
CONDESCENDRE, L. condescend ère, des-
cendre, s'abaisser pour se mettre au niveau
(de là le préfixe con)\ sens mod. céder com-
plaisamment aux désirs ou aux goûts de qqn.
L'anc. langue employait dans ce sens aussi le
simple descendre.
CONDIMENT, L. condimentum, assaisonne-
ment (de conrfzre, confire).
CONDITION, L. conditio (de condere, éta-
blir, fixer), état, situation; pacte, clause. —
D. conditionner, mettre dans tel ou tel état ;
conditionnel.
CONDOLÉANCE, subst. formé sur le patron
du simple doléance, du verbe condouloir, L.
condoJere, litt. souffrir avec (cfr. compatir),
c.-à-d. prendre part à la douleur de qqn.
CONDOR, de cimtur, mot de la langue des
Incas.
CONDOULOIR, voy. condoléance,
CONDUCTEUR, L. conductor. Les anciens
employaient le mot condniseur, tiré du fr.
conduire (cp. faiseur à côté de facteur).
CONDUIRE, L. condiicere conduire. — D.
conduite, subst. part, fém., désignant l'action
et l'agent ou l'instrument ; conduit, subst. '
partie, masc, exprimant auj. l'agent (autre-
fois aussi l'action); de là sauf-conduit ; cps.
éconduire (sens figuré), se mcconduire, recon-
duire; inconduite.
CONE, L. conus (/-wvç,-); le circonflexe n'a
pas de raison étymolo<riquc. — D. conique;
terme de botanique : conifh'e, qui porte du
fruit en forme conique.
CONFECTION, L. confcctio (conficerc). —
D. conferMnnner.
CONPÉDÉRER. L. confœderare (fœrlus, al-
liance, traité). — D. confédération, -atif
CONFÉRER, L. confei-re ^poun-n déjà de
toutes les acceptions modernes). — D. confé-
rence (autrefois aussi dans le .sens de compa-
raison).
CONFESSER, L. cnnfessari', fréq. de con fi-
teri. Du part. lat. confessus -qui s'est confessé »
vient conf)s; le fém. L. confessa, dans le sens
de l'action, a donné confesse (cohii-ci pourrait
cependant aussi répondre à confessio, comme
préface à prœfatio). — Confessio, fr. confes-
sion, d'où confessionnal, -aie. — Confesser,
fr. confesseur.
CONFIDENCE, voy. l'art, suiv.
CONFIER, du L. confidere, qui n'avait
encore que le sens neutre avoir confiance ; du
part, latin confidens viennent : 1. confiant;
2. confident; du subst. confidentia, 1. con-
fiance, 2. confidence, d'où confidentiel. Le
maintien du d radical caractérise les formes
du fonds savant.
CONFIGURER, L. configurare.
CONFINS (plur.), L. confine.— D. cmifiner,
1 . toucher aux confins, 2. reléguer dans un
certain lieu (litt. assigner des limites), faire
vivre à l'écart (angl. confine, bannir, empri-
sonner).
CONFIRE, régulièrement formé de conficerc
conficWe f == préparer, apprêter), comme dire
de dicere. L'acception générale préparer de
conficere s'est, au moyen âge, restreinte à la
confection de remèdes ou de préparations cu-
linaires; aiy. confire signifie faire cuire des
fruits, etc., dans un suc ou une liqueur qui
pénètre leur substance. L'allemand emploie
pour la même opération un terme analogue :
einmachen. C'est ainsi que le sens général de
préparer, inhérent au mot corroyer (v. c. m.),
a été limité par l'usage à l'apprêt des cuirs,
que necare, tuer en général, ne signifie plus
que tuer par immersion, — Les formes esp.
confitar, angl. confect, comfit, it. confettars
sont tildes du dér. confectare". — Au moyen
âge confectœ signifiait « fructus saccharo
conditi »» ; la même signification s'attache en-
core à l'ail, confect et it. confetto. — D. confi-
ture (litt. = latin confectura), confiseur (de
foiTnation moderne); cps. déconfire (\. cm.).
CONFIRMER, anc. con fermer, L. confir-
mare (firmus).
CONFISEUR (les Anglais disent confectio-
7ier], voy. confire. — D. confiserie.
CONFISQUER, L. confiscare, adjuger au
fisc. — D. confiscatioiî.
CONFIT, L. confectus, voy. confire.
CONFITEOR, mot latin. = je confesse.
CONFITURE, voy. confire.
CONFLAGRATION, L. conflagroUio, embra-
sement.
CONFLIT, L. conflictus, subst. de confligerc,
se heurter l'un contre l'autre, combattre.
CONFLUER, L. conflucre, couler ensemble;
part. prés, confluois, d'où fr. confluent.
CONFONDRE, L. confundere, verser ensem-
ble, mélanger, mettre en désordre, en déroute,
déconcerter. Du participe latin confusus, fr.
confu>i\ du subst. confiisio, fr. confusioyi.
CONFORME, L. conformis, qui a la même
forme ; de là subst. conformitas, fr. confor-
mité.
CONFORMER, 1. L. cmiformare, donner la
forme complète; de là conformation; 2. dérivé
de conforme, = rendre conforme.
CONFORTER, it. confortare, esp. conhortar
(h = f), prov. conortar (d'après Diez, par
chute de f, comme dans preon de profun-
dus)\ du BL. confortare, fortifier (fortis).
— D. confort, secours, consolation (puis bien-
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CON
— H9 —
CON
%tre, aise, acception particulière au mot cor-
respondant anglais, confortable, qui procure
"du confort); — Cps. déconforter, réconforter.
CONFRÈRE, BL. confrater. — D. confrérie,
BL. confratria, association de conjfrères,
confraternité, BL. confraternitas, rapport
entre les personnes d'un même corps.
CONFRONTER, pour ainsi dire mettre /ron<
^ front; les Latins disaient pour la même
chose, d'une manière moins imagée, conferre
ou componere. A la longue, cœifronter s'est
appliqué aux choses et a fini par devenir syno-
nyme de comparer. Le BL. employait con-
frontare dans le sens d'assigner des limites,
et confrontari pour : être limitrophe; ces
verbes sont tirés du subst. frons == frontière
IV. c. m.); ils ont laissé des traces dans des
ocutions telles que : « ce bois confronte du
côté du levant au pré d'un tel ». — D. con-
frontation.
CONFUS, CONFUSION, voy. confondre.
CONGÉ, vfr. conget, congiet, prov. comjat;
xiu L. commeatus (meare), permission d'aller,
puis permission en général. Le verbe congé-
dier, qui a remplacé l'anc. congéer (d'où l'a^j.
congéablé) ou congier, parait être formé sous
l'influence de de l'it congedo, qui, lui, est tiré
du subst. vfr. conget. Qui reconnaîtrait encore,
sans le secours de la science, dans congé le
verbe meare, élément fondamental de corn-
tnecUxtsf
CONGELER, L. con-gelare.
CONGÉNÈRE, L. con-gener, du même
genre.
CONGÈNIâL, ou congénital, termes savants
tirés do congenitus, né avec ; congénial, cepen-
dant, par sa formation, implique aussi l'idée
y qui a le même génie, le même naturel ».
CONGESTION, L. congestio (congerere),
accumulation, afflux.
CONGLOMÉRER, L. conglomerare {glomixs,
•eris), pelotonner.
CONGLUTINBR, L. conglutinare (gluten).
CONGRATULER, L. congratulari, féliciter.
CONGRE, poisson, du L. congrus (/rfyvpoî)-
CONGRÉGATION, L. congregatio, réunion
^rac. grex, troupeau). Le terme congréganiste
procède de BL. congreganus, « qui est du
même troupeau » .
CONGRÈS, L. congressus (congredi), entre-
vue, assemblée.
CONGRÈVE, du nom du colonel anglais qui
inventa las fusées à la Congrève.
CONGRU, L. congruus, conforme, conve-
nable.— D. congruité; incongru, incongruité.
CONIFÈRE, CONIQUE, voy. cône.
CONJECTURE, L. conjectura (de conjicere,
combiner dans l'esprit, juger). — D. conjec-
turer, -aï.
CONJOINDRE, L. conjungere, d'où pro-
cèdent aussi : conjonction, L. coryunctio, con-
jonctif, L. conjunctivus; conjoncture (mot
moderne), liaison, enchaînement de circon-
stances. Le terme participial conjoint, uni par
mariage, est analogue au subst. latin conjux,
époux ou épouse fcon-JUG, con-jungo), d'où
l*a4j. coiyugalis, fr. conjugal.
CONJONCTION, -TURE, voy. l'art, préc.
CONJOUIR (se), L. cotigaudere; cp. condou*
loir. — D. conjouissance, terme corrélatif de
condoléance, qu'il ne faudrait pas abandonner.
CONJUGAL, voy. conjoindre.
CONJUGUER, L. conjugare /Jugum), pr.
réunir, puis réunir toutes les formes diverses
d'un verbe. — D. conjugaison.
CONJURER, L. conjurare, pr. se lier par
un mémo serment, conspirer, comploter. —
L'acception moderne supplier, prier instam-
ment, est analogue à celle de L. adjurare;
c'est prier sous l'invocation de quelque chose
de sacré ; cp. l'ail, beschvoôren, et le L. obse»
crare, — D. conjuration.
CONNAITRE, anccognoistre, L. cognoscere.
— D. connaisseur, -ance, -able, -ement; com-
posés : méconnaître, reconnaître.
CONNÉTABLE, autr. conestable, it. cones-
tabile et contestahile, esp. condestable, port.
condestacel, angl. constahle, du L. cornes sta-
buli, comte de l'étable. Cette dignité, dans
l'origine, était donc à peu près celle d'un
grand écuyer ; nous n'avons pas à nous occu-
per ici des applications successives de ce titre.
La langue néerlandaise, ayant gâté le mot en
conincstavel, a donné lieu à la fausse étymo-
logie « fulcrum régis », soutien du roi [coninc
et5taoe/).La îovTneconestable^wcaXi irrégulière
à côté des formes avec d ow t i contestabiU^
condestable. Une chute àxkt OMd est inadmis-
sible ; elle s'explique plutôt par le BL. cônes-
tabulus (a. 807), p. comestabulus . Jean de Gênes
donne conestabularius. — D. connétablie.
CONNEXE, L. conneœus (con-nectere) ; de
là connexité. — Ckmnexion, L. connexio.
CONNIL*, lapin, it. coniglio, esp. conefo,
port, coelho, prov. conil, angl. coney, du L.
cuniculus. Le même radical se retrouve dans
vfr. connin, flam. honyn et, modifié, dans
l'ail, kanin, dim. kaninchen. — D. coniller,
avoir peur, se tapir, chercher des subterfuges,
CONNIVER, L. connivere, cligner les yeux,
fig. être indulgent. — D. connxvent, L. con-
nivens, d'où connivoice.
CONQUE, L. cotwha (xrfyx*?); la forme
conque est savante ; la forme vulgaire du mot
est coque (v. c. m.).
CONQUÉRIR, vfr. conquerre, angl. con-
quer, du L. conquirere (ou strictement cori'
quœrere, voy. acquérir), rechercher avec ar-
deur; l'acception romane est étrangère au
latin classique et exprime le résultat de la
recherche ou de la poursuite, le gain, la vic-
toire. — D. conquérant; le vfr. conquéreur
est resté dans l'angl. conqueror; du part, latin
conquisitus, conquisHus viennent : 1 . conquét
(=i acquêt), 2. cojiquéte, angl. conquest, it.»
esp. conquista.
CONSACRER, L. consecrare. En règle gé-
nérale, le français adapte ses verbes composés
à la forme du verbe simple ; c'est pourquoi
consacrer et non pas consecrcr (cfr. acqxiérir,
condamne}', etc.); Ve du mot latin reparaît
dans le dérivé savant consécration (L. conse^
craJtio).
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CON
— 120 —
CON
GONSAKOUIN, L. consanguineus, stricte-
ment consanguinus, — D. consanguinité ^ L.
consanguinitatem.
CONSGIENGE, L. conscientia. — D. con-
sciencieux,
CONSCRIPTION, L. conscriptio, enregis-
trement ; conscrit, L. conscriptus (de con-scri-
bere, inscrire sur un rôle, enrôler).
CONSÉCRATION, voy. consacrer.
CONSÉCUTIF, mot de formation nouvelle,
tiré de consecutum, supin de consequi, suivre.
Le part. prés, du même verbe, consequens, a
donné conséquent « qui suit n et conséquence,
suite.
CONSEIL, angl. counsel, it. consiglio, esp.
consejOy prov. consclh, du L. consilium, —
Verbe conseiller , L. consiliari (composé : dé-
C07W6r7/er); subst. conseiller, L. consiliarius.
CONSENTIR, L. consentire, litt. sentir,
penser de même ; le passage de ce sens primi-
tif à celui de « acquiescer au désir de quel-
qu'un, admettre, permettre » se présente aussi
dans le mot accorder. — D. consentement,
CONSÉQUENT, -ENCB, voy. consécutif.
CONSERVER, L. conservare. — D. con-
serve, subst. verbal = conservation, puis, au
sens concret, = substances conservées (aussi
espèces de lunettes pour conserver la vue) ;
conservation, -ateur, -atoire.
CK)NSn)ÉRBR, vfr. consirer, L. conside-
rare, — D. considération, L. -atio; considé-
rable, qui mérite considération, cp. les termes
analogues ail. ansehnlich, betràchtlich (de
ansehen, betracMen, regarder) ; considérant,
substantif formé de la formule adverbiale ou
gérondive considérant qui se trouve dans
l'introduction des arrêts judiciaires; inconsi-
déré, part, passif à sens actif (cp. réfléchi). —
Cps. déconsidérer, mettre hors de considéra-
tion.
CONSIGNER, L. consignare, revêtir d'un
sceau (signum), établir sous la foi du sceau,
certifier, garantir, marquer, noter, ordon-
ner. — D. consigne, cojisignation, -ataire.
. CONSISTER, L. consistere, se composer de.
— D. consistant, solide, et consistance, soli-
dité, force de résistance, acceptions tirées du
L. consistere au sens de tenir ferme, persis-
ter ; consistoire, L. consistorium, pr. Heu où
l'on se réunit (de consistere = s'arrêter, sé-
journer, siéger), puis assemblée délibérante
(cp. conclave, chambre et assemblée délibé-
rante).
CONSISTOIRB, voy. consister.
CONSOLE, voy. l'art, suivant.
CONSOLER, L. consolari, — D. consola-
tion, -ateur, -able. Le verbe français a dégagé
aussi le subst. verbal console, mais ce dernier
offre un singulier retour du sens moral, inhé-
rent au verbe consolari, au sens physique et
primitif de ce mot, savoir soutenir, affermir
(rac. sol, d'où solum, solidus), sens efiacé
déjà dans la langue classique. Les mots cor-
respondants it. consolo, esp. consuelo, sont
synonymes de consolation, — Si l'étymologie
que nous prêtons ci-dessus à console n'est
point jugée digne d'approbation, il faudra le
rattacher à consolidare; console serait tiréi
d'un subst. consolida, comme pâle de pallia
dus (retranchement du sufi&xe atone). Cette
manière de voir serait justifiée par le fait
que, dans les patois, on trouve console p.
consoude, autre représentation du L. consoy
lida.
CONSOLIDER, L. consolidare.
CONSOMMER, it. consumare, esp. consu%
mar, du L. consumnwre, achever, parfaire.
L'acception attachée au mot français dans
«« consommer des denrées, des objets manu^
fecturés », ainsi que celle de « absorber,
user », est moderne et déduite [de celle do
« achever, venir à bout de ». Il est probable
cependant que le latin consumere, fr. consu^
mer, a eu quelque influence sur la produo^
tion de ce sens nouveau ; aussi les Allemands
traduisent le dérivé français consommaJteu/r
par consument «=» L. cottsumentem; l'espa-^
gnol rend consommer = dépenser, user, etc.»
par la forme consumir, qui se rapporte au
consumere latin. La confusion des deux ver^
bes ressort du reste encore du fait que l'espa-
gnol, pour consommer le mariage, contre le
sens étymologique, dit consumir matrimonio.
— D. consommation, -ateur; consomma
(bouillon) = parfait.
CONSOMPTION, L. consumptio, destruc^
tion (de consumere),
CONSONNE, L. consona, litt. qui sonne en^
semble ; consonant, L. consonans, d'où con"
sonance.
CONSORTS, L. consortes, plur. de consors,,
qui participe à, coïntéressé.
CONSOUDE, plante, esp. consuelda, L,
consolida. Voy. aussi cœisole.
CONSPIRER, L. con^pirarc, souffler ensem^
ble, fig. comploter. — D. conspiration, -ateur.
CONSPUER, du L. conspuere (souiller de
crachat), ou plutôt du fréq. consputare,
CONSTABLE, mot anglais qui n'est qu'une
transformation de connétable (v. c. m.) ; titre
officiel qui signifiait successivement gouver-^
neur, commissaire, officier de police. La
forme constable peut s'être fixée par la suppo^
sition de quelque rapport étymologique aveo
constare, se tenir fixe, être planté là (cp. le
mot français platiton). Le mot allemand con'^
stabler, qui, entre autres acceptions, signifie
aussi artilleur, est rapporté par quelques-uns
à constabularius, ce mot étant pris non paa
comme une des transformations subies par
cornes stabuli, mais comme un composé dis-^
tinct de cum, avec, et de stabulum, écurie
et signifiant propr. compagnon d'écurie ; on y
a vu une latinisation du terme allemand staW-^
bruder, employé tout bonnement pour cama^
rade. Nous pensons au contraire que consta'^
bularius = compagnon d'une constabularia
(compagnie militaire ou connétablie), ayant
été étymologiquement mal compris et mal
analjrsé, a donné naissance 'au terme alle^
mand stallbruder, qui serait ainsi une malen^
contreuse traduction du mot latin.
CONSTANT, L. constans (de constare, tenir
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CON
— 121 —
CON
ensemble, tenir ferme); constance, L. con-
stantia.
CONSTATER, mot nouveau, tiré du parti-
cipe L. status, fixé, déterminé ; constater un
fiiit, c*est le fixer, l'établir comme vrai,
comme réel. Il se peut aussi que constater
soit une formation fondée sur la loc. impers.
constat (il est constaté;.
CONSTELLÉ, L. constellatus ; constella-
tion, L. constellatio.
CONSTSR, L. constare, être établi, avéré,
sur. Cp. constater,
CONSTERNER, L. constemare, m. s.
forme accessoire de constemere, jeter à, terre,
atterrer (d'eflroi). — D. consternation, L
consternatio.
CONSTIPER, du L. constipare, presser,
resserrer. — D. constipation, L. -atio.
CONSTITUER, L. constUuere, établir, fon-
der, instituer. — D. constitution, L. consti
tutio (d'où les néolo^smes constitutionnel ^
-alité, -alisme) ; constituant, constitutif,
CONSTRICTEUR, L. constrictor; constric-
tion, L, constrictio; constringent, L. con
stringens; tous termes savants, procédant du
verbe latin constringere, signifiant resserrer
et passé en fr. sous la forme contraindre,
CONSTRUIRE, L. construere; d'où con-
structio, -tor, fr. construction, -teur,
CONSUL, L. consul, — D. consulaire, L.
-ans ; consulat, L. -atus.
CONSULTER, L. consultare (fréq. de con-
suXere), examiner, réfléchir, demander con-
seil. — D. consulte (subst. verbal) ; consuUa-
tion, L. -atio, consultatif,
CONSUMER, L. consumere, Voy. aussi con-
sommer.
CONTACT, L. contactus (con-tingere, tou-
cher à).
CONTAGION, L. contagio (con-tingere);
contagieux, L, contagiosus.
CONTE, voy. conter.
CONTEMPLER, L. contemplari,
CONTEMPORAIN, L. contemporaneus ou
plutôt contemporanus* . — D. contempora-
néité.
CONTEMPTEUR, L. contemptor (contem-
nere). — Les anciens employaient encore le
verbe contemner = mépriser, et Facy. con-
temnible.
CONTENANT, -ANCE, voy. contenir,
CONTENDANT, L. coTitendens, de conten-
dere, au sens de combattre, lutter, rivaliser.
CONTENIR, L. continere, 1. renfermer;
2. maintenir, retenir. — Du part, continens :
1. contenant, qui contient; 2. continent, a)
a4j. qui se contient, chaste; b) subst., terme
de géographie, pr. qui tient ensemble, qui
forme une suite continue, de là continental,
— De continentia : 1. contenance, a) capa-
cité; b) maintien; de là décontenancer; 2. con-
tinence, chasteté.
CONTENT, L. contentus (continere), propr.
qui se retient, se renferme dans certaines
limites et ne vise pas au delà. — D. contenter,
contentement, mécontent,
CONTENTION, vfr. contençon, L. contentio
(contendere), 1 . effort, tension ; 2. lutte, riva-
lité, combat. — Contentieux, 1 . qui aime la
dispute ; c'est l'acception du L. contentiosus ;
2. qui fait l'objet d'un débat.
CONTER, variété orthographique de comp-
ter (v. c. m.). Pour le rapport entre énumérer
et narrer, nous rappelons le vha. zeljan, qui
réunit également les deux sens (cp. en ail.
mod. iàhlen = compter, et erz&hlen = con-
ter). — D. conte, conteur. — Cps. vfr. acon-
ter, d'où raconter,
CONTESTER, L. contestari, avoir un débat
judiciaire, avec appel et confrontation de té-
moins [testes), entamer un procès ; de là Tao-
ception mod. élever opposition. Ou a vu à
tort dans contester une mutilation de contr es-
ter (voy. contraster). — D. conteste, cotitesta-
tion, -able.
CONTEXTE, L. contextus (contexere). pr.
tissu, enchaînement, contexture; de là l'ac-
ception moderne : texte dans son ensemble ou
son enchaînement. — Contexture, L. contex-
tura, tissure.
CONTIOU, L. contiguus (contingere), qui
touche à. — D. cotitiguUé.
CONTINENT, -ENCE, voy. contenir.
CONTINGENT, du L. contingere, au sens
neutre d'échoir, tomber en partage.
CONTINU (vfr. contenu), L. cotUinuus, pr.
qui tient ensemble. — D. continuel. — Con-
tinuité, L. continuitas. — Continuer, L. con-
tinuare; cps. discontinuer.
CONTONDANT, du L. contundere, broyer,
meurtrir. Du supin contusum : subst. contu-
sio, fr contusion.
CONTORSION, L. contortio (contortum, su-
pin de contorquere, tordre, entortiller).
CONTOUR, voy. l'art, suiv.
CONTOURNER, du BL. contomare, 1 . tour-
ner autour; 2. tracer les lignes extrêmes
d'un corps, d'une figure (l'anglais désigne fort
bien ces lignes par outlitie). Anciennement,
contourner se prenait aus.si dans le sens de
retourner, bouleverser et de détourner, soit
en bien ou en mal. Cette signification est
encore en vigueur au sens physique. — D. le
subst. verbal contour, it. contomo.
CONTRACTER, du L. contra^tare, fréq. de
contrahere (vfr. contraire), 1® resserrer, ré-
trécir, 2® conclure, faire un arrangement. Du
participe passé de contrahere, contr actus,
viennent : 1. vfr. contrait', contrefait, dif-
forme; l'ail, dit encore dans ce sens kofi-
trakt; 2. le terme de grammaire contracte.
Le subst. contractus, pacte, convention, a
donné contrat, d'où contractuel; le subst.
contractio, fr. contraction. Néologisme, régu-
lièrement tiré du supin contractum : con-
tractile.
CONTRADICTEUR, -TION. -TOIRE, L. con-
tradictor, -tio, -torius*. Le verbe contradicere
a été régulièrement francisé par contredire.
CONTRAINDRE, angl. constrain, du L.
constringere, serrer, lier, obliger. Pourquoi
la terminaison aindre dans contraindre et
celle de eindre dans étreindre, astreindre,
restreindre, qui dérivent cependant tous du
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CON
— 122 —
CON
même pvimïtàîstrinfferef — D. a^j. contraint,
subst. contrainte.
CONTRAIRB. L. contrarius (contra). — D.
contrariété, L. contrarietas ; contrarier, -ant.
On avait anciennement, p. contrarier, la
fonne contralier; c'est Teffet dun change-
ment euphonique. Le verbe cxmtrarier se liait
jadis avec un régime indirect, contrarier à ou
vers qqn.
CONTRARIBR, voy. contraire.
CONTRASTER, it. contrastare, prov. con-
trastar, BL. contrastare, être contraire, faire
opposition. Nous pensons que contraster,
dans le sens moderne, est un emprunt fait à
l'italien, la forme française du mot latin étant
vfr. contrester, = résister ( •* rien ne lui pour-
roit contrester », Marie de France). — D. con-
traste, it. contrasto,
CONTRAT, voy. contracter.
CONTRAVENTION, dérivé, à forme savante,
du L. contravenire, fr. contrevenir.
CONTRE, L. contra. — D. contrée (v. c. m.);
cps. encontre (v, c. m,). — La particule contre
a servi dans les langues néo-latines à do nom-
breuses compositions pour marquer l'oppo-
sition (parfois aussi la juxtaposition, p. ex.
dans contre-allée, ou la subordination, p. ex.
dans contre-amiral, contre maître). La forme
latine contra (oontro dans controverse) s'est
maintenue dans plusieurs cas et accuse l'in-
troduction récente du mot composé ; les com-
posés du vieux fonds, tant ceux de provenance
latine que ceux de façon romane, ont la forme
contre. Nous ne consacrons d'articles spé-
ciaux qu'aux composés qui nous semblent
offrir quelque particularité intéressante, soit
au point de vue du sens, soit pour la forme.
CONTREBANDE, voy. ban,— D. contreban-
dier.
CONTRECARRER, selon Frisch (approuvé
par Diez). de carrer = L. quadrare, pris dans
le sens de compasser, i-égler, arranger ; donc
= déranger, contrarier. — D. vfr. cmitre-
quarre , opposition, rivalité.
CONTREDANSE, danse où chacun fait en
sens contraire ce que fait son vis-à-vis. Le mot,
dans son application à une certaine danse
rustique, importée d'Angleterre en France,
est altéré du terme anglais country-dance,
litt. danse de campagne.
CONTREDIRE, L. contradicere. •— D. con-
tredit,
CONTRÉE, it., prov. contrada, angl. conn-
try, du BL. contrata, le paysage qui s'étend
devant [contra) vous; cp. en ail. le subst.
gegend, contrée, ôlq gegen, contre. Ménage a
commis la bévue de rapporter contrata à con-
tracta s. e. regio.
CONTREFAIRE, 1. faire contrairement à la
règle (de là le part, contrefait = difforme);
2. faire en opposition, ou en imitation de
quelque chose d'autre. — D. contrefaçon ou
contrefaction ; contrefacteur ou contre faiseur.
Du part. cojUrefait (it. contrafatto, esp. con-
trahecho, angl. counterfeit), l'ail, a tiré son
.subst. honterfei, imago, portrait. L'anc. lan-
gue avait aussi le subst. contrefaiture (cp.
forfaiture).
CONTREFORT est le subst. verbal d'un
ancien verbe contreforter, renfprcer, servir
d'appui (cp. confort de conforter).
CONTREOARDBR*, garder contre les dan-
gers, l'attaque ou la convoitise ; vieux mot qui
méritait d'être conservé. De là le subst. cofitre^
garde, pr. ouvrage qui préserve.
CONTREMANDER, it. contrammandare,
donner un ordre en sens contraire; cp. l'ex-
pression contre-ordre.
CONTRE-MONT, adv. très ancien, signifiant
(comme amont) en montant, vers le haut. Son
opposé était contrecal. Contre exprime ici la
direction.
CONTRE-PIED, d'abord un t^rme de chasse ;
chasse contre-pied, où les chiens suivent les
voies de la bête, mais sur le chemin qu'elle
vient de faire au lieu de suivre celui qu'elle
fait. De là le sens métaphorique : l'inverse, le
contraire do qqch.
CONTRE-POINT, it.conirappunto; point,m
musique, équivaut à note, et le contre-point
est la science de mettre une note en rapport
harmonique avec une autre.
CONTRETEBIPS, inopportunité; propr. un
terme de musique signifiant une infraction à
la mesure, qui jette le désordre dans l'ensem-
ble.
CONTREVALLATION, de contre + L. val-
latio, palissade.
CONTREVENT exprime en termes français la
même chose que paravent, qui est emprunté à
rit. paravento. Voy. parapluie.
CONTRIBUER, L. contribucre, litt. donner
ou payer avec d'autres. — D. contHbtUion, L.
contributio ; contribuable, sujet à contribution
(la finale able prise en sens actif).
CONTRISTER, L contristare.
CONTRIT, L. coniritus, part, passif de con-
terere, broyer, briser; contrition, L. contritio.
Le sens métaphorique de ces mots leur a été
donné par les théologiens ; le mot tribulaiion
présente le même trope, il est également tiré
de tererc.
CONTROLE, autr. contre-rôle, d'abord deu-
xième rôle ou registre servant pour la vérifi-
cation du premier, puis marque de vérifica-
tion, enfin vérification, critique. — D. contrô-
ler, -eur.
CONTROUVER, inventer une chose fausse.
C'est une curieuse application du préfixe con
à un mot non latin. Le même préfixe se trou-
vait dans des termes analogues latins, tels
que : comminisci , comme^itiri, confingere,
contechnari. L'angl. aie vevhe coyttynve, signi-
fiant inventer, en bon et mauvais sens; c'est
une forme altérée du v. angl. controve, con-
trêve. Le vfr. avait, et les dialectes ont encore,
le subst. verbal coTitreuve = mensonge.
CONTROVERSE. L. controversia, opposi-
tion d'avis, dispute (de contro-versus, litt.
tourné contre, opposé). — D. controoerseTt
•iste.
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CON
— 123 —
COQ
GONTUMAX, mot latin, » récalcitrant, en t.
de droit, qui refuse de comparaître en justice.
On se sert aussi de la forme vraiment française
contumace. — D. subst. contumace, L. con-
tumacia; verbe cwitumacer, ^nger par contu-
mace.
CONTUSION, voy. con/omfani. — D. contu-
sionner.
CONVAINCRE, angl. conmnce, L. convin-
cere, d'où subst. convictio, fr. conviction.
CONVALESCENT, du L. conmlesçere, re-
couvrer la santé. — D. convalescence.
CONVENIR, L. convenire. Acceptions du
mot latin : 1 . venir ensemble, s'assembler ;
de là conventus, assemblée, corporation, fr.
couvent (vfr. convent); convention m. s., fr.
conveyition = assemblée constituante, et con-
venticiUum, fr. conveniicule, petite assem-
blée, réunion illicite; — 2. être ou tomber
d*accord (de là conventio, fr. convention,
pacte, accord). De cette dernière acception
découle celle d'accorder, d'admettre une asser-
tion avancée par un autre ; l'opposé de conve-
nir, dans cette signification, est disconvenir;
— 3. être conforme à ce que l'on désire ou
exige. A ce sens du mot latin, qui s'est aussi
communiqué au verbe français, se rattachent
les dérivés convenance, L. convenientia, con-
venable^ et déconvenue.
CONVENTICULE, voy. convenir.
CONVENTION, voy. convenir. — D. conven-
tionnel, 1. conforme à une convention, 2.
membre d'une convention. Cps. reconvention.
CONVENTUEL, qui appartient au couvent,
L. conventus, voy. convenir. — D. convenr
tualité.
CONVERGER, L. conver^erê (Isidore), pen-
cher, tourner vers im point commun. — D.
convergent y -ence.
CONVERS, L. conversuSy converti ; en basse
latinité = religieux sorti du monde pour en-
trer au couvent; spécialement aussi = frère
laïque chargé des travaux manuels des mo-
nastères.
CONVERSER (dans l'ancienne langue, ce
verbe signifiait généralement demeurer, sé-
journer), du L. conversari, demeurer, vivre
en société ; sens actuels du mot : 1 . échanger
des paroles; 2. faire un mouvement de con-
version (^ L. convei'sare, fréq. de convertere).
— D. conversation, L. -atio.
CONVERSION, L. convei-sio (convertere).
CONVERTIR, L. convertere. — D. conver-
tible. cmivertissemcnt, -isscur.
CONVEXE, L. convexus (convehere). — D.
convexité y L. convexitas.
CONVICTION, voy: convaincre.
CONVIER, it. conmtare, esp., port., prov.
convidar, d'un verbe bas-latin convitare =
invitare; ce préfixe con parait avoir pour
cause une assimilation au mot convive. — D.
vfr. conviy it. convilo, prov. convit, invitation,
repas, banquet.
CONVIVE, L. co7iviva, commensal. En vfr.
convive répondait à L. convivium, festin.
CONVOCATION, voy. convoquer.
CONVOI, voy. convoyer.
CONVOITER (l'n est parasite), vfr. covoiter,
coveiter, cuveiter, it, cupitare, cxfvidare,i^TOY.
cobcitar, angl. cotet. Toutes ces formes diver-
ses se rattachent à un type latin cupitare,
fréq. de cupere, désirer. — L'adjectif conpof-
teux, vfr. convoitons, coveitous, prov. cobci-
tos, it. cubitoso, angl. covetous, est tiré du
verbe convoiter, comme boiteux de boiter.
Quant au substantif convoitise, covoitise", qui
correspond à it. cupidigia, cupidezza, esp.
'codicia (p. cobdicia), ^voy. cohiti3ia,cobezeza,
il accuse pour type BL. cupiditia p. cupidi-
tas (de ciipidust désireux). Le changement de
d en t, cependant, étant insolite, j'aimerais
autant considérer convoitise comme le dérivé
direct de convoiter; cp. vfr. vantise, hantise,
de vanter, hanter.
CONVOLER en secondes noces, phrase du
Digeste : convoi are ad secundas nuptias.
CONVOLVULUS, nom latin du liseron (on
l'a aussi francisé par convolve), dér. de co^i-
volvere, rouler ensemble, dont le part, convo-
lutus a donné le terme de botanique convo-
luté, roulé en forme de cornet.
CONVOQUER, L. convocare. — D. convo-
cation ^ L. convocatio.
CONVOYER (d'où it. convoiare, esp. con-
voyar), accompagner, escorter, du BL. con-
viare (via), faire route avec qqn. (cp. envoyer
de inviare). Ménage a proposé Tétymologie L.
convehere y qui est inadmissible. — D. convoi,
pr. accompagnement, escorte.
CONVULSION, L. convulsio, spasme, crampe
{convellere)y d'où convulsionnaire. — Du même
convellere y pa.r le supin conrw^^wm : l'adj. con-
vulsif.
COOPÉRER, L. cooperaH.
COOPTER, L. cooptarCy choisir, se donner
un collègue.
COPEAU, BL. copelluSy vfr. coupeau, cou-
pel, dérivé de coper == couper. On trouve
aussi copon, correspondant à l'it. coppone, et
formant une variété du mot coupoti .
COPIE, angl. copy ; ce mot vient sans doute
de la phrase latine « copiam facere scripti «,
multipher les exemplaires d'un manuscrit. Il
signifie: 1. transcription; 2. exemplaire de
la transcription ; 3. en imprimerie, le manu-
scrit d'après lequel on imprime. ^— D. copier*
= transcrire; copiste, néolog-. (le BL. disait
copiator p. librarius, écrivain); la termin.
iste a été particulièrement choisie dans les
temps modemas pour désigner des professions,
p. ex. fumiste, lampiste, droguiste. — Du L.
copiosus, adj. de copia, abondance : fr. co-
pieux, angl. copions.
COPIEUX, voy. copie.
COPTER la cloche, p. clopter, clopeter,
dim. du bas-ail. hloppe^i, frapper? Ou p. co-
peter, de copet, petit coup? Nicot songeait à
KOTTTciv, frapper.
COPULE, terme savant, du L. copula, lien,
union, francisé en couple (v. c. m.).
1 . COQ, mot imitatif fait d'après le chant
de cet oiseau « coquerico » ; cp. ags. coc, angl.
cocky ail. gôchery gôckel, — Le primitif coq
a engendré de nombreux dérivés « dont les
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COQ
— 424
COR
mœurs du ooq sont le type figuré », comme
dit Ch. Nodier. Les principaux dérivés usuels
sont : coquet, vain comme un coq ; dans l'an-
cienne langue et dans les patois, on trouve
aussi coquartf p. fat, élégant, niais, ridicule ;
cocarde (v. c. m.); cocasse (v. c. m.); cochet,
petit coq ; cocotte ; coqueliner, — Voy . aussi
cocu,
2. COQ, cuisinier à bord d'un vaisseau, du
L. coquuSt cuisinier; cp. queux,
COQUARD, vieux coq, fig. fou, benêt.
COQUE, du L. concha, coquille. Pour la
lettre, cp. coquille de conchylium. — D. co-
quetier, cocon (v. c. m.).
C0QUECI6RÙE, aussi cocdgrue, baliverne,
balourdise; mot burlesque, dont nous n'es-
sayerons ni d'établir î'étymologie, ni de
réfuter ou d'approuver celles qui ont été
émises. Seulement, nous nous passons la fan-
taisie de traduire à notre tour la locution pro-
verbiale « à la venue des coccigrues » (qui
dit la même chose que «* quand les âne»
voleront ») par « à la venue des grues écar-
lates rt (coccum -\-ffrus). Evidemment, cocdgrue
est le nom de quelque oiseau aquatique fabu-
leux. Littré rapproche le mot d'autres compo-
sitions similaires et tout aussi obscures pour le
sens précis et l'origine : coquefague, coque-
fredouille, coqueluirie.
COQUELICOT, variété de coquericot, imita-
tion du cri du coq; ces mots désignaient
d'abord le coq, puis, vu la couleur de la crête
du coq, le pavot des champs (cp le languedo-
cien cacaraca, et le pic. coqriacot, signifiant
également à la fois cri du coq et coquelicot).
Chevallet y voyait le mot gaulois calocatonos,
papaver sylvestre, cité dans Marcellus Empi-
ricus, De remediis empiricis.
COQUELOURDE, espèce d'anémone ; d'ori-
gine douteuse ; d'après Ménage, de clocca lu-
rida, cloche jaune; d'après Bourdelot =
coqtce lourde, la coque de la coquelourde
ayant plus de poids que celle des autres ané-
mones. L'anglais nomme la coquelourde
Flora*s bell, cloche de Flore.
COQUELUCHE (d'où coqueluchon) , capu-
chon, dérivé du L. cucullus, capuchon d'un
vêtement. La maladie dite coqueluche a été
ainsi dénommée, dit-on, parce que ceux qui
en étaient atteints s'encapuchonnaient la tête.
Du même primitif, les Italiens ont dénommé
une maladie semblable coccolina. Nous ne ga-
rantissons pas la justesse de cette explication
du nom donné au rhume appelé coqueluche.
Pour l'élément coque, il n'y aurait pas de
difficulté à alléguer l'angl; cough, flam. AucA,
respiration difficile, suflbcation, toux, et l'ail.
keuchhusten = coqueluche, mais que faire de
la fin du mot? — En Champagne, coqueluche,
aussi cocloche, signifie un gâteau au lard.
COQUEMAR, dérivé du L. cucuma, chau-
dron; cp. it. cogoma, pot, coquemar.
COQUET, dérivé de coq, l'oiseau vaniteux
par excellence; voy. coq, — D. coqueter,
coquetterie,
COQUETIER, dér. de coque.
COQUILLE, it. cocchigUa, du L. conchj/^
lium, BL. conquilium (gr. xoyxû>iov). — D.
coquillage, coquillier, recoquiller.
COQUIN, gueux, fripon. Voici les diverses
étymologies avancées sur c© mot : 1. L. co-
quina, cuisine ; coquinus serait un « sectator
coquin» » (Nicot); 2. gr. xwxûiiv, pleurer; le
coquin serait un pleurnicheur qui demande
l'aumône; 3. nord. AoA, gouffif'e. hoka, ava-
ler, dévorer (conjecture de Diez) ; 4. vfr. eau--
quain, chausson, dont coquin aurait été tiré
pour désigner un homme de rien, un va-nu*
pieds (l'auteur de cette étymologie a négligé
un point essentiel, c'est qu'un va-nu-pieds ne
porte pas de chaussons) ; 5. L. coquus, cuisi*
nier; un coquin serait pr. un marmiton
« homo vilissimus, nec nisi infimis coquins»
ministeriis aptus » ; 6. coq; donc ime variété
de coquet, mais avec un sens plus défavorable;
enfin, 7. nous lisons ce qui suit dans la Meus&
belge du docteur Fremder (M. Morel) : « Le
même ordre (les Augustins) avait en villo
d'autres représentants, entre lesquels, au bas.
du faubourg Saint-Gilles, les frères Cockins,
installés en 1150 par le vénérable Lambert
le Bègue. Hâtons-nous de dire que, vulgaire-
ment, un cuisinier s'appelait autrefois un coq
(coquus). Les Cockins de Lambert le Bègue
avaient des fourneaux charitables où ils cui-
saient pour les pauvres. Mais les pauvres qui,
sans travail, sans l'excuse des infirmités, de
l'âge ou du manque d'ouvrage, trouvent à se
faire nourrir de l'aumône, ne sont pas tou-
jours de simples fainéants. Le coquin ali-
menté par les Cockins est un vilain person-
nage, flétri même autrefois. De là le mauvais
sens du mot qui le désigne ainsi que les dis-
tributeurs de sa pitance quotidienne : de
même un hôte [hospes), c'est tour à tour celui
qui donne et celui qui reçoit l'hospitalité. ^
On le voit, il n'y a que l'embarras du choix.
Notons encore que dans les plus anciens
exemples, le mot signifie truand, gueux. —
D. coquiner, -erie.
COR, 1. durillon; 2. instrument à vent^
3. corne qui sort des perches du cerf (ne
s'emploie qu'au pluriel). Ce mot, masc. dans:
ces trois acceptions, écrit primitivement corn,,
est le latin co7*nu. — D. de cor, instrument
à vent : cornet, petite trompe ; corner, sonner
du cor. Voy. corne.
CORAIL, L. coralium, aussi coralîitm
(xo/d4»iov). — D. corallin.
CORAN, mot arabe, signifiant « lecture «,.
la lecture par excellence. Voy. aussi alcoran.
CORBEAU, anc. corbel, dim. du vfr. corb,.
m. s., prov. corp; ce primitif, comme l'it.
corbo, corvo, esp. cuervo, vient du L. corvus.
Pour ô « », cp. courbe de curvus. — De^
corbeau, corbeV, employé comme terme d'ar-
chitecture, vient le composé encorbellement.
CORBEUjLE, L. corbicula, dim. de corbis^
(ail. korb). — D. corbiilon, corbillard{v. c. m.).
CORBILLARD, de corbeille; signifiait dana
le principe une voiture tressée en jonc, un
char â panier, cp. en ail. l'expression korb^
loagen. D'autres, se fondant sur l'ancienne
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COR
— 125 —
COR
signification du mot « coche d'eau faisant le
service de Paris à Corbeil *», le font venir du
nom do cette ville.
OORBLEU , aussi corbieu , modification
ouphémistique de cors Dieii (donc = par le
corps de Dieu) ; cp*. morbleu ^ palsambleu.
CORDE, L. chorda (xo/so/i). — D. corder,
cordeau (d'où cordelle, cordeliery-ière); corder,
cordeîer, décorder, cordier, -erie, cordage,
coi*don .
CORDIAL, BL. cordialis (de cor, cordis,
cœur). — D. cordialité.
CORDON, voy. corde. — D. cordonner,
cordwtnet.
CORDONNIER, gâté de cordouanier, en-
core en usage dans les dialectes it. cordova-
niere, angl. cord toainer. C'est un dérivé de
cordoitan, prov. cordoan, esp. cordoban, it.
cordovano, espèce de cuir, tiré de Cordoiie
(Cordoba^en Kspagno.
CORIACE, L. coriaceus*, de corium, cuir.
CORIANDRE, L coriandrum (xcpixvSoov).
CORME, dial. aussi corbe, d'après Littré,du
L. cornurn, corme. Mais ce mot latin désigne
la cornouille et non pas la corme. — D. cor-
mier.
CORMORAN ; ce mot représente le breton
nwrrran (composé de môr, mer, et de bran,
corbeau, précédé par pléonasme du mot
roman coi'b, corbeau. Un semblable pléo-
nasme se trouve dans la combinaison loup-
garoii (v.c. m.;. Cette étymologie se confirme
par le prov. corpmari, et port, corvoma-
rinho, qui représentent le L.corviis marinus.
CORNAC, mot indien, conducteur d'élé-
phant.
CORNALINE, voy. sous corne,
CORNE, du L. coma, plur. de cormtm,
forme accessoire do cornu. On sait que beau-
coup de substantifs féminins français remon-
tent à des formes plurielles neutres (par ex.
fête, arme, file, joie, graine, etc.). Le smgulier
cornu 0X1 corniim s'est reproduit dans le fran-
çais sous la forme masc. corn*, cor (v. c. m.).
Dérivés de corne ou de cor :
1. Corné, adj. mal formé par les savants
modernes du L. conieus, d'où le subst. cornée,
(cp. en ail. hornhaiii), tunique extérieure de
l'œil.
2. Cornaline, prov. , port, comelina, esp.
coi^nerina. L'it. dit, d'après l'adj. latin cor-
neolus : corniola; l'angl. a cornelian ou car-
fielian stone. Le nom a été donné à cette
pierre à cause do sa transparence. Comparez
le nom donné pour la même raison à l'onyx
(de ^vu^, ongle). Une assimilation à caro,
carnis (couleur de chair) a détenninô sans
doute la forme ail. hameol au lieu de Aor-
neol. Ménage voyait dans cornaline une modi-
fication de coraline.
3. CoRNARD, cocu, qui porto des cornes,
expression très ancienne pour désigner un
mari trompé. I-es Italiens disent becco cor-
nuto, bouc cornu, ou simplement becco; les
Espagnols, cabron, = bouc.
4. CoRNRMUSB, de coTTie 4- muse (voy, mU'
Sêtte); primitivement, cet instrument était
pourvu de deux cornes. Il faut donc abandon-
ner l'étym. f qui corne de la muse »». D'après
Meunier, toutefois, l'italien cor)ia-m,usa, non
pas como-musa, prouverait que c'est celle-ci
qui est la bonne (Composés, etc., p. 138).
5. Corner, sonner du cor ou de la trompe.
— D. comeur.
6. Cornet, diminutif de cor (corn) ou corne,
1 . petite trompe ; 2. petit morceau de papier
roulé en cône ; 3. autres objets (comme écri-
toire) faits de corne ou en forme de corne.
7. Cornette, BL. cœmeta, 1. coifllire de
femme avec deux bouts ressemblant à des
cornes ; anc. aussi chaperon de docteur (déjà
le primitif corne signifiait jadis une coiflure
de femme) ; 2. petit étendard de compagnie (à
cause de sa forme); 3. genre masculin =
porte-étendard. — D. encorneter,
8. Corniche, 1. petite corne; 2. petit con-
combre, d'où cornichon.
9. CoRNiER, BL. corner ius, qui forme le
coin (de là l'angl. coi^ner, coin). Le prim.
corne s'applique parfois aussi pour désigner
un angle saillant, p. ex. dans : faire une
corne à un livre ; à cette signification se rat-
tache encore le verbe écorner. — D. coi*-
7iièrc, gouttière à la jointure de deux pentes
de toit.
10. Cornouille, it. corniola, angl. comel,
ail. kornel kirsch e, BL. cornolium, La forme
franc, procède de cornucula, dimin. du L.
cornum, m. s. — D. cornouiller (arbre),
anc. aussi corniller.
11. Cornu, L. cornutus. — D. subst. cor^
nue, prov. cornuda, nommée ainsi à cause de
sa forme recourbée ; cps. biscornu (v. c. m.).
12. Les composés : bigorne (v. c. m.); «fcor-
ner, rompre les angles saillants; encorner,
racornir, rendre dur comme de la corne. Voy.
aussi licorne.
CORNEILLE, it. cornacchia, esp. cortiefa.
prov. cornelha, du L. cornicula, dim. do
cornix (grec /o/s^wj).
CORNiBMUSE. voy. sous corne,
1. CORNICHE, voy. sous corne. — D. cor-
nichon .
2. CORNICHE, terme d'architecture, it.
cornicCf esp. cornisa, wall. coronise, ail.
kamies, du L. coronis (/c/s'jvt;), fin, couron-
nement. Toutefois, les formes franc., et ital.
accusent plutôt comme primitif le L. cornix
(corneille), auquel on a fort bien pu prêter
le sens de cor&nis, d'autant plus qu'en grec
xopitvri signifie à la fois corneille, courbure et
couronne.
COROLLE, L. corolla, dim. de corona. —
D. corollaire, L. corollarium, 1. petite cou-
ronne de fleurs ; 2. petit présent supplémen-
taire ; de là 3. dans la basse-latinité, l'accep-
tion : argument supplémentaire ; en mathé-
matiques, conséquence naturelle découlant
d'une proposition déjà démontrée.
CORPOREL, voy. corps,
CORPS, vfr. cors, du L. corpus, corporis
(en opposition avec la terminaison us de la
2* décl. lat., celle de la 3« décl. a transmis
son s aux formes françaises, cp. temps, lez).
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COR
i26 —
COS
— Du primitif latin découlent : corporel, L.
corporalis ; corporation, réunion de personnes
formant un corps ; corpulent, L. corpulentus
corpulence, L. corpulentia; corpuscule, L
corpusculum. — Dérivés romans : corset, pr.
petit corps (cp. les expr. angl. bodice de hody
corps, ail. leibchen, de leib, corps, it. cor-
petto, corpcttino) ; corselet, corsage, corsé.
CORPULENT, CORPUSCULB, voy. corps
CORRECT, L. correctus, participe de cor-
rigere. — Correctif, correctivus' (corrigere),
— Correction, correctio, d'où correctionnel
— Correcteur, corrector.
CORRÉLATION, CORRÉLATIF, mots didac
tiques modernes, servant à mieux préciser les
simples relation, relatif; le préfixe cor (cum)
marque ici, comme souvent, correspondance,
réciprocité.
CORRESPONDRE, L. correspondere', com-
* posé inusité de respondere ; ici encore le pré-
fixe sert à mieux faire ressortir un rapport
mutuel. — D. correspondant, -ance.
CORRIDOR, de rit. corridore, esp., prov.
corredor, dérivés du L. currere, courir; cp.
couroir, t. de marine, passage, et ail. gang
de gehen, aller. Le mot est fréquemment
gâté par le peuple en colidor. Voy. aussi
couloir.
CORRIGER, L. corrigere, redresser, amé-
liorer (rad. regere, diriger). — D. corrigible,
' CORROBORER, L. corroborare, fortifier (de
robur, force).
CORRODER, L. corrodere (de rodere, ron-
ger) ; du supin corrosum : subst. corrosio, fr,
corrosion, acy. corrosivus. fr. corrosif.
CORROI, substantif verbal de coi'royer (v.
c. m.).
CORROMPRE, L. corrumpere; du supin
corruptum : corruption, corruptio; corrup-
teur, -trice, corruptor, -trix; corruptible,
'ibilité, corruptibilis, ibilitas.
CORROSIF, -ION, voy. corroder.
CORROTER, préparer les cuirs, le mor-
tier, etc. ; signification primordiale : apprê-
ter. Ce verbe correspond à it. corredare,
garnir, équiper, meubler, prov. correar, yfr.
conréer. Il se rattache par conséquent aux
subst. it. corredo, prov. conrei, vfr. conroi,
équipement, préparation, arrangement, etc.
Or, ces subst. composés viennent, de même
que le primitif vfr. -roi, ordre, soit de la
même racine qui a donné goth. raidjan,
déterminer, arranger, ags. gc-raedian, ail.
be-reiten, préparer, néerl. reden, soit du
gaél. reidh, uni, terminé, prêt, rangé (le
breton reiz, règle, loi, raison, qui concorde
parfaitement avec le vfr. roi, est probable-
ment, selon Diez, un emprunt fait au fran-
çais). Le mot agrès (v. c. m.) est de la même
famille. — Ceux qui ont mis corroyer en
rapport avec le L. corium, fr. cui>, ou avec
courroie, ont bien mal rencontré. — D. corroi,
corroyeur.
CORRUPTEUR, -TION, -TIBLE, voy. cor-
rompre.
CORS, plur., voy. cor.
CORSAGE, voy. corps.
CORSAIRE, it. corsare, corsale, esp. eorsor-
rio, cosario, prov. corsari, navire qui feit la
course (esp., it., prov. corsa).
CORSE, CORSELET, CORSET, voy. corps.
CORSER, donner du cor* = corps (v. c. m.).
CORSIN, banquier, usurier, mlat. caor-
ci?tus, prov. chao^cin. De cadurcinus, habi-
tant de Cafiors ou plutôt de Caorsa en Pié-
mont (voy Littré, et Godefroy s. v. caorsin).
CORTÈGE, de Fit. corteggio, pr. suite d'une
cour, subst. verbal de corteggiare (en vfr.
cortoier), faire la cour, dérivé de corte, cour.
CORVÉE, BL. corvata, la tâche exigée par
le seigneur. Ce mot est formé de corrogata
(comme vfr. rover de rogare, enterver de
interrogare, Bavay de Ba^axMm) et signifie
propr. convocation, appel. Cette étymologie est
appuyée par les formes prov. courroc, vfr.. et
rouchi courowée, wallon et picard du xm® siè-
cle coruée. On trouve même dans la basse la-
tinité la forme-type corrogata avec le même
sens que corvée.
CORVETTE, anc. corbeUe, francisation du
L. corbita, navire de transport, esp. corbeta.
CORYPHÉE, du gr. Mpu^xioç, chef, particu-
lièrement chef de chœur (de xo/5yy>i, sommet).
COSAQUE, en langue kirghise kusak, cava-
lier ou guerrier.
'COSIŒTIQUE, gr. xo<T/i>ir(X(^; (xotr/xieu), qui
orne, embellit.
COSMO-, élément de composition, dexoV/io;,
monde. On le trouve dans : cos^nogonie,
M^no'fojix, genèse du monde; cosmographie,
xofxfioypoiflx, description de l'univers ; cosmolo-
gie, Miiiolofia, science du monde ; cosmopo-
lite, M'Sfi.oTzolixvii, citoyen du monde.
COSSE, forme écourtée de écowe p. escosse.
Quant à ce dernier, il vient, d'après Frisch,
du néerl. sckote, schosse (Kiliaen), m. s. Les
étymologies L. excussa (Ménage) ou concha
(Poitevin) ne sont pas heureuses. — D. écosser.
— L'adjectif cossu se rattache naturellement
à cosse; cependant on y a vu, avec quelque
raison, pour certaines applications du mot,
une altération de vfr. corsu, dér. do corps
(cp. corsé, corset) et signifiant « qui a du
corps, corpulent, gros ». — Génin prend
cossu p. copsu et pose pour primitif L. cqpio-
sus, abondant; c'est par trop étourdi.
COSSER, frapper des cornes, it. cozzare;
selon Diez, d'un type coctiare, issu d'un part,
latin coctus p. co-ictus, de co icere; cfr. it.
dirizsare, fr. dresser, de directus. — D'après
Caix (Studi di etim.), l'it. coisare (d'où le
mot français) vient de l'expr. dar di cozzo,
donner de la tête, cozzo étant un terme popu-
laire p. tête.
COSSON, espèce de charançon, dérivé du
L. cossus, ver de bois.
COSSU, voy. cosse.
COSTAL, adj. moderne dér. do costa, côte.
COSTUICB, it., port, costuma, prov., cat.
costum; ces vocables masculins correspondent
aux formes féminines it., prov. costuma, esp.
costumbre, fr. coutume. On sait que costume
et coutiime ne difl*éraient anciennement que
par une légère variation de forme et par le
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COT
— 127 —
COU
genre, et que leur signification commune
était habitude. Costume, qui, d'ailleurs, parait
d'importation italienne, a fini par particula-
riser son acception et ne plus signifier qu'ha-
bitude en matière de vêtement ; cp. L. fiabi-
tus, habitude, devenu le fr. habit, vêtement.
Les mots cités sont les représentants du L.
consuetudinem. Pour la terminaison urne,
voy. l'article amertume. La forme BL. cos-
tuma se présente déjà dans un texte de
l'an 705. — D. costumer, 'ter,
COTE, it. quota, prov. cota, quote-part
nombre indiquant le quantième, etc. , du L,
quotus, en quelle quantité. — D. coterie (v,
c. m.); coter, marquer, numéroter, it. quo
tare, mettre en ordre, esp. , port, cotar, acotar,
marquer suivant l'ordre des nombres ; cotiser i
régler la quote-part de chacun.
COTE, coste*, it., prov. costa, du L. costa,
côte, flanc, paroi, côté. De costa vient égale-
ment l'ail. kiXste, néerl. kust, angl. coast,
rivage de la mer. — Dérivés : 1 . BL. costa
tum, it. costato, esp. costado, prov. costat, fr
œSTET*, CÔTÉ.
2. CÎOTKAU (il faudrait à la rigueur un cir-
conflexe sur Yo), d'un type latin costellus,
3. Côtelette (d'où angl. cutlet), petite côte;
le prov. dit costeta,
4. Côtoyer, costoyer, costier, it. costeg
giare, esp. costear,
5. CôTiER, it. costiere; côtière, it. con-
fiera.
6. Accoster, accoter (v. ces mots); Écô
ter, ôter les côtes.
COTER, voy. cote,
COTERIE, BL. coteria, anc. réunion de
paysans exploitant les terres d'un seigneur,
auj. compagnie de personnes qui cabalent
dans un intérêt commun; d'après Diez, de
cote, quote-part, chaque associé retirant sa
quote-part; d'après Littré, du BL. cota,
cabane (d'où angl. cottage),
COTHURNE, L. cothurnus (xo'&opvoi).
CÔTIER, voy. côte,
COTIGNAC, voy. coing.
COTILLON, voy. cotte,
COTIR, meurtrir, vfr. coUir (Catholicon de
Lille =» allidere, hurter) ; est-ce le mémo mot
que quatir, catir = L. quateref ou bien,
comme vfr. coilier (serrer, presser), dér. du
L. cactus =3 coactus, serré? — Littré pense
que cotir est le simple du prov. percutir, L.
percuter e, — D. cotissure, meurtrissure.
COTON, it. cotone, esp. algodon, ail. kaJt-
tun, de l'arabe qoton, avec l'article : al-qoton,
L'esp . algodon et alcoton signifie aussi
ouate ; c'est de là que provient le prov. al-
cotô, vfr. auqueton, auj. hoqueton, moy. ni.
acotoen, casaque brodée. Glossaire de Lille :
bombicinium, aucton ou pourpoint. — D. co-
tonnier, -eux; cotonnade, -ine; se cotonner,
CÔTOYER, voy. côte.
COTRET, vfr. costeret, fagot de bois court
et menu. Etymologie incertaine ; Ménage ad-
mettait pour type L. costrictum p. constric-
tum, serré, lié (it. costretto, renfermé, serré).
Littré signale le vfr. costeret, panier, botto
(« du poisson en costerés ») ; ce mot, BL. cos-
teretum, vient de costa, dans le sons de
panier, botte («« costa circulorum i», botte de
cercles). De botte à fagot, la transition serait
naturelle. — Savary (Dict. de commerce) tire
le mot de Villers-Cotterets, premier lieu do
provenance (réfuté par Littré).
COTTE, vfr. cote, angl. coat, jupe, it. cotta,
esp., port., prov. cota, BL. cotta, cotlus. On
tire généralement ce mot roman des langues
germaniques, où l'on trouve d'un côté ags.
cote, angl. cot, ail. kote, ni. kot, hutte,
cabane (nous avons vu, par les mots casaque
et chasuble, que les idées hutte et vêtement
sont connexes), de l'autre vha. chozzo, ail.
mod. hotze, couverture à longs poils, kutte,
froc, etc. Diez, qui pense que ces derniers
sont empruntés au roman, est d'avis que cote
pourrait bien représenter un type latin cuta
(par métaplasme pour cutis, peau, enveloppe),
dont le t médian, contre la règle, se serait
maintenu comme dans bette, carotte et autres.
— D. cotillon, cotteron, surcot,
COU, voy. col. Composé courde-pied, vfr.
col del pied, it. collo di piede.
COUARD, vfr. coard (d'où angl. coward),
prov. coart, it. codardo, v. esp. coôarrfo (dans
ce dernier le 6==»t? est intercalaire, cp. Juricio,
p. juicio), flam. kuwaerd, Ge mot roman
vient du L. cauda = queue, vfr. coe, coue,
pris soit dans son sens naturel, — les chiens
et autres animaux, quand ils ont peur, serrent
la queue entre les fesses, — soit dans un sens
dérivé : queue d'une armée ; le couard serait
celui qui se tient à la queue par poltronnerie ;
Etienne : ultimus in bello aut acie ut primus
sit in fuga. Le premier point de vue semble
plus naturel. En langage héraldique, on ap-
pelle non couard celui qui porte sa queue
retroussée entre ses jambes. Dans la fable, .
couard est devenu le nom du lièvre (cp. en ail.
l'expression hasenfuss, poltron, litt. pied do
lièvre). Mahn rattache également couard et
ses correspondants à cauda, mais il l'inter-
prète arbitrairement par : qui a la queue trop
courte ; c'est à ce titre seulement que couard
lui semble être devenu synonyme de lièvre, et
par là de poltron. — D. couardise.
COUCHER, vfr. colcher, BL. colcare, it.
colcare, corcare, prov. colgar, contraction du
L. coUocare, placer, coucher. — Nicot son-
geait erronément à un type latin cubicare. —
D. couche, prov. colga; couchette, -ée, -âge,
couchant ; coucheur, avec qui l'on couche ;
coMc/iw ;cps. accoucher, découcher.
COUCI-COUCI, tellement quellement, imi-
tation de l'it. cosi cosi (cp. ail. et angl. so so).
COUCOU, est un mot onomatopée, comme
Fall. kuckuck; le latin le rend par cucus (Isi-
dore) et cucûlus, un des mots qui, par leur
caractère imitatif, convaincront le plus faci-
lement de la prononciation ou de la voyelle u
chez les Latins. — L'it. dit cucûlo, le prov.
cogûl, l'esp. cuclillo.
COUDE, vfr. coiUe, it. cubUo, prov. coide,
code, esp. codo (anc. cobdo), du L. cubitus,.
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cou
428 —
COU
€ub*tus. — D. couder^ -ée; coudoyer, accou-
der et accoter (v. c. m.).
1. COUDRE, verbe, p. cousdre; le d est
intercalaire, comme dans moldre (aiij. mou-
dre) p. moire. Du L. consuere, contracté en
consre, cousre. Du Cange, du reste, cite déjà
une forme latine cusere, et un glossaire arabe-
latin porte cosere. Les formes it. cucire, eus-
cire, esp. coser, cusir, se rapf)ortent en par-
tie à une forme latine cusire, qui se trouve
dans Isidore. — D. cousoir, couture — it.,
esp. costura = L. consutura; cps. découdre,
2. COUDRE, noisetier, du L. corylus
(xopuXoî), m. s., devenu d'abord coZn«, par
syncope de Vy et la transposition des liquides,
puis, par suite do l'intercalation euphonique
de rf, coldrus, d'où coudre. — D. coudrier,
coudraie^ coudrette.
COUENNE, it. cotenna, codenna, prov. co-
dera, dér. du L. cutis, peau, par un intenné-
diaire cutanus, d'où d'abord couaine, puis
couène, couenne. Cette explication, observe
Diez, n'est admissible que pour le français,
mais fait difficulté pour la terminaison des
formes it. et prov.
COUETTE, lit de plumes; anciennement
orthographié cot7e, vfr. coûte, keute, quieiUe;
formes issues de cuilte, coite, coûte, coite,
coulte (anc. flam. hulckt, angl. quilt), qui re-
présente le L. culcta, contraction de culcita.
— A la forme latine culcitra remontent : it.
coUrice p. colcitre, v. esp. colcedra, prov.
cousser. Une forme contracte culdra a donné
it. coltra, coltre, couverture, vfr. cotre, contre.
— Enfin, cMfciïmwm, culc*tinum, forme dimi-
nutive de culcita, a fourni le type à l'it. eus-
cino, esp. coxin, prov. coissi, fr. coussin,
angl. cushion, ail. kussen, kissen. — D.
couetteux, efféminé (cp. polt7*on, mot logique-
ment analogue). Voy. aussi le mot coutil,
dérivé de coûte*, et courte pointe.
COUILLE, vfr. coil, prov. colho, colha, du
L. coleus, m. s. — D. couilkni, it. coglione.
Le mot it., ainsi que l'esp. collon et fr. coïon
(d'où coïonner, traiter avec mépris), s'emploie
pour poltron et fripon.
COULE, espèce de capuchon ; du L. cuculla
par une forme intermédiaire cooule; cp.
gourde de gougourde, par goourde (voy.
courge).
COULER, ce verbe, substitué en français au
latin fluere, signifiait en premier lieu, d'après
son primitif latin colare, filtrer, faire passer
par un sas, signification encore propre à it.
colare et esp. colar. Il a fini par exprimer
tout mouvement fluide et est devenu aussi
synonyme de glisser. — D. coulant, -âge, -ée;
coulis, acy. (v. c. m.), vfr. couleSs, = prov.
coladitz et L. colaticius ; — couloir, 1 . tamis,
2. = corridor ; couloire, -ure. — Cps. écou-
ler, découler.
COULEUR, L. color. ■— D. colorer, L. colo-
rare ; coloris (la finale 5 a été ajoutée à faux),
it. colorito (part, d'un type fictif colorire =
colorer); coloriste, La forme colorier a été
dérivée dans les temps modernes du subst.
coloris.
COULEUVRE, du L. coluhra (it. colubro^
prov. colobre, du L. masc. coluber, -bri).
Notez que le roman a fait subir au fém. côlu-
bra un avancement d'accent et le traite
comme colûbr a. — D. couleuvreau; couleu'
vrine ou coulevrine, pièce d'artillerie fcp. les
termes serpentin, et ail. feldschlange).
COULIS, a(\j., qui glisse ou qui coule, voy.
couler. — De là : vent coulis, et coulis, subst. ,
« éprainte de chappon ou autre chair bouillie
à outrance, coulée avec le bouillon, qu'on
baille aux malades >» (Nicot) ; coulisse, propr.
fém. de l'acy. coulis, puis chose (rainure) pour
faire glisser.
COULOIR, corridor, galerie. Dans cette ac-
ception, le mot est peut-être gâté de couroir,
qui peut fort bien avoir existé, et qui répond
aux équivalents it. corritoio, BL. corritorium
(pour la confusion de r et /, cp. la prononcia-
tion populaire colidor p. corridor). Sinon,
cette acception doit être déduite do celle de
conduit, canal, qui, comme celle d'écuelle à
fond de toile par où l'on coule le lait que Ton
vient de traire, se rapporte à couler.
COULPE, vfr. aussi corpe, du L. culpa. —
D. coupable^ L. culpabilis (à\\ verbe culpare,
accuser), d'où le substantif culpabilité. Nous
n'avons plus le verbe couljyer, accuser, incul-
per, mais les patois ont le dérivé coupoier,
qu'ils emploient pour médire.
COUP, vfr. colp, col, it. colpo, v. esp. colpe^
esp., port, golpe, prov. col p. Par syncope du
L. colaphus (xoiayoi), coup de poing, que l'on
trouve, dans la basse-latinité, transformé en
colapus, colopus, puis colpus. Le verbe dérivé
colper*, couper, it. colpire, a signifié dans le
principe abattre ; le sens de trancher, tailler,
lui est survenu. Chevallet et autres se trom-
pent en faisant venir colpcr du germanique
hlopfen ou hloppcn; les langues romanes
auraient, selon Diez, plutôt favorisé que dé-
truit la consonnance initiale cl. D'autres en-
core ont proposé vha. holpo, kolbo (ail. mod.
liolben), ou le cymr. colp, désignant des in-
struments à percer ou à frapper, mais l'étymo-
logie latine l'emporte en vraisemblance. Celle
du gr. xoTTTïiv est également insoutenable.
COUPABLE, voy. coulpe.
1 . COUPE, action de couper,
2. COUPE, vase à boire, vfr. cope, it. coppa,
esp., port., prov. copa, du L. cwppa. Ce mot
latin est distinct de cupa, chose creuse, ton-
neau, qui est le primitif de fr. cuve (v. c. m.),
Dér. coupelle (v. c. m.). Composé : soucoupe.
COUPEAU, COPEAU, sommet, dér. du vfr.
cope, m. s., qui est peut-être le même mot
que le précédent, lequel, désignant une chose
concave, peut aussi servir d'appellation à une
chose convexe ; renversez la tasse et elle prend
la forme d'une montagne. Le primitif L.
cuppa, dans le sens que nous lui attribuons,
a donné l'ail. ?ioppe et huppe, m. s. — Quelle
que soit l'origine de cope, copeau, on ne peut
méconnaître la parenté de ces mots avec l'ail.
hop, hopf, tête. Et tête lui-même vient d'un
mot signifiant une chose concave.
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cou
— 129 —
COU
GOIJPIiLLB, petite coupe» du L. cappella,
dim. de cuppa, — D. coupeller.
OOUPSR, voy. coup, — D. coupe; coupé,
division d'une voiture; coupeur; couperet;
coupotr, 'On, -ure; copeau, composés : décou-
per, entrecouper.
COUPEROSE, it. copparosa, esp.» port, ca-
parrosa, d'après Diez, du L. cupri rosa, rose
de cuivre, expression imitant le gr. j^Xxxv^ov
vitriol, couperose, litt. fleur de cuivre. La
forme angl. copperas semble faite sur un type
ail. kupferasche, cendre de cuivre, cuivre cal-
ciné; le flam. dit koperrood, rouge de cuivre.
— L'acception médicale de couperose parait
fondée sur l'idée de rouge qu'évoque l'élément
rose; ou peut-être sur une confusion avec
goutte^rose, — Diefenbach, au mot coporosa,
cite les trois termes ail. suivants comnl^ tra-
ducteurs de ce mot : coperoch, hupferrauch,
coperrait; ce sont des formations arbitraires,
et elles ne peuvent guère être invoquées,
comme l'a fait Littré (suppl.), ni pour ni contre
l'étymologie de Diez.
GOÏÏPIJS, it. coppia, du L. copula, lien, d'où
viennent encore anc. it. côhhola, prov. cobla,
strophe, c.-à-d. enchaînement de vers, signi-
fication propre encore au diminutif français
couplet. — D. coupler, accoupler, découpler,
COUPLET, voy. couple, — D. covpleter,
COUPOLE, de l'it. cupola, diminutif de
coppa, voy. coupe 2; l'ail, en a fait huppel.
COUR, anc. court, cort, esp., port., ït.corte,
prov. cori, BL. cortis, curtis, du, L. cohors,
chors, cors, -tis, cour de ferme ; escorte, cor-
tège. Acceptions du terme en bas-latin :
1. cour de maison, ferme, métairie, basse-
cour, de là les dérivés : courtil, BL. curtile,
wallon corti, jardin dépendant d'une habita-
tion rurale ; courtine (v.c.m.); 2. cortis regia,
regia aula, familia et domus principis ; de là :
it. cortese, esp. cartes, fr. œuRTOis, répon-
dant à un type latin cortensis; it. cortigiano,
esp. cortesano, BL. cortisanus, fr. courti-
SA.N (cp. la forme it. Parmigiano = Parmen-
sis); verbe it. corteggiare, esp. cort^ar, prov.
cortezar, fr. courtiser; corteggio, subst. de
ce verbe, a donné au français le mot coRTÈas
(v.c.m.). — Le mot latin chors, BL. cortis,
s'est ainsi substitué au latin classique aula,
dans les deux sens qu'avait ce dernier ; ces
deux sens sont également propres à l'ail, hof.
Nous rappellerons encore une troisième ac-
ception du mot cour, dérivée de la deuxième,
savoir celle de siège de justice.
COURAGE (anc. = cœur, sentiméht), it. co-
raggio, esp. corage, prov. coraXge, BL. c&ra-
gium; dér. de cor, fr. cœur. L'absence du d
radical (L. cor, cordis) prouve que le dérivé
s'est produit sur le terrain roman, en dehors
de toute influence latine ; il en est de même
du dérivé vfr. corée, entrailles. — D. cou-
rageux; encourager, décourager.
COURBATU, part, passé d'un verbe fictif
courbattre, que les uns expliquent par battre
à bras « raccourci » (Littré), d'autres par
•« courbe-battre », et qui, selon moi, repré-
sente • frapper au cceur n ; cp. ail. herz-
schlâchtig, courbatu, poussif, asthmatique
(de herZ'Schlag, battement de cœur). La forme
cour p. cœur en syllabe atone est correcte.
Comme composition, cp. solbatu, — D. cour-
bature, d'où courbaturer,
COURBE, adj., prov. corb, du L. curvus
(pour V médial, devenu b, cp. corbeau). —
D. courbe, sub^.; courber (L. curvare), cour-
bure, -ette; recourber.
COURCAILLET, dans certaines contrées
carcaillet, sifiiet pour appeler les cailles ; la
première partie du mot seule est si^ette à ex-
plication; est-ce peut-être une modification
de cor, quoique le mot désigne un sifflet? Pe-
trus de Crescentiis a traduit cet instrument
par qualilatorium (quod qualiam affert?).
Littré tient le mot pour une onomatopée.
1. COURGE, anc. coourge, qui représente
L. cucurbica, transformation du classique
cucurbtta, qui de son côté a fait régulière-
ment le prov. cougourde^ d'où fr. goourde,
auj. gourde (en wallon cahoûte).
2. COURGE, bâton recourbé à l'aide du-
quel on porte sur l'épaule deux seaux, l'un
en avant, l'autre en arrière. Etymologie incer-
taine. Littré rappelle le corgo du moy. lat.,
que D. C. interprète par « stirps, truncus, fus-
tis »; mais tout en admettant connexité avec ce
mot, celui-ci n'est pas le primitif immédiat
de courge. Notre vocable traduit dans le
Gloss. de Lille (p. 53 de mon éd.)' le lat.
coligerium (aussi coligeriatum), mot forgé
de colla gerere (cp. fr. colporter) et resté in-
connu à D. C. et à Diefenbach; mais on ne
saurait faire sortir courge de coligerium.
COURIR, vfr. carre, courre (forme conser-
vée dans chasse à courre), L. currere. — D.
courant, courante = diarrhée, coureur, cou-
reuse; courrier.
COURLIEU, courlis, courleri, angl. curlew,
BL. corlivus, it. chiourlo, esp., chorlito, oi-
seau nommé d'après son cri.
COURONNE, L. corana. — D. couronner,
L. coronare.
COURRE, COURRIER, voy. courir.
COURROIE, it. correggia, esp. port, correa,
prov. correa, valaque cureà, du L. corrigia,
courroie, lanière, fouet.
COURROUX, vfr. coroce, prov. corrotz, it.
corruccio. D'après Diez, ces mots sont formés
de colroux, colruccia et viennent de choiera,
bile, colère. Littré, se fondant sur l'it. corrotto,
vfr. corrot (rare), deuil, qui répond à un type
L. corruptus, action de corrumpere (au sens
d'irriter, mettre en peine), estime que la forme
corous, courroux (avec s, z o\\ x t la fin) ac-
cuse pour type un subst. fictif corruptium. Il
est difficile de ne pas souscrire à l'opinion de
Littré ; selon moi, vfr. corrot, corropt repré-
sente le subst. verbal de corruptare, courroux
celui de corruptiare (cp. vfr. corroptios,
coroços = L. corrupkosus) ; vfr. coreçon
(courroux) =« corruptionem. — Pour le sens
de « irriter, fâcher », dont corrumpere s'est
revêtu, cp. ail. ârgem, fâcher, litt. gâter, et
fr. altérer, propr. gâter, — D. courroucer
(vfr. courecier, courder),
9
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cou
d30 —
CRA
COURS, it. corso, esp. curso, prov. cors,
du L. cursus (currere). Les langues romanes
ont en outre une forme féminine : it., esp ,
prov. corsa^ fr. course, action de courir.
COURSE, voy. cours. — D. coursier, prov.
corsier, it. corsiere; corsaire (v. c. m.).
COURSON, voy. court,
COURT, it., esp. corto, prov. cort, L. cur-
tus. — D. courson, branche taillée de court
(type lafein curtio)\ courtaud^ it. corlaldo;
écourter, accourcir (v. c. m.).
COURTAGE, voy. courtier.
COURTAUD, voy. court. — D. courtauder.
COURTEPOINTE, p. coulte pointe = cul-
cita puncta, couverture piquée. Pour coulte
= culcita, voy. couette.
COURTIER, contraction du vieux mot cou-
ratier, cour et ter, it. curattiere (p. curatiore);
d'un type latin curatarius, dérivé du L. eu-
ratus, chargé d'une affaire (de cura, soin). —
Le subst. courtage se rapporte dir. au verbe
cour et er, courter (peu usité).
COURTIL*, voy. cour. — D. courttlière, in-
secte qui ravage les jardins, taupe-grillon ;
cp. le nom de l'insecte ait jardinière.
COURTINE, it., esp., prov. cortina. Sont
tirés du français : ail . gardine, angl. curiain.
Isidore : cortinœ sunt aulœa. Comme au-
laeum (^O^îa) se rattache à aula (aû)ï5), cour,
courtine vient du BL. cortis, cour. Au moyen
âge cortina signifiait « minor cortis », la
petite cour, puis une certaine partie des
remparts, encore aujourd'hui appelée cour-
tine. Leur origine respective permet d'assi-
gner à courtine et au L. aulœum pour signi-
fication ])ivmière : mur de clôture, séparation
entre doux cours, d'où dôcoule racception
abri, rideau. Le cœ'tina du latin classique
(espèce do vase) n'a de commun avec le
cortina d»\s langues romanes, issu do cortis^
que la racine, qui exprime une chose ou un
espace circulaire. — Bugge explique le cor-
tina classique par une contraction de covor-
tina, cf. l'ombrien covoHus. Voy. Rom., V,
176, n«)to. — D. encourt! fu^r.
COURTISAN, COURTISER, voy. cour.
COURTOIS, voy. cour.— D. courtoisie, it.,
esp. cortesia, angl. courtesy.
1. COUSIN, it. cugino, prov. cosin, est .selon
roi)inion généralement reçue et sanctionnée
par Dioz, une contraction du L. consohrinus.
Les formes grisonnes accusent davantage cette
origine : cusrin, cusdrin; l'esp. a sohrino
■= neveu. Chevallet, à la suite de Nicot, pro-
pose pour primitif une contraction de consan-
guineus. Entre les deux contractions mises
en avant, le choix ne peut rester douteux. —
D. cousin er, -âge.
2. COUSIN, anc. ciisin, moucheron, d'un
type latin culicinus, diminutif de culex, cou-
sin. Grobcr, récemment, a objecté contre
l'étymon cuJex qu'il postule en fr. coucin ou
coissin; mais que mettre à sa place? — D.
cousiniùre.
COUSSIN, voy. couette. — D. coussinet.
COÛT, voy. coûter.
COUTEAU, colteV, coutel, it. coltelîo, prov.
coUelh, du L. cidtellus, dim. de culter. —
D. coutelier (angl. cutler), coutellerie, coutelas
= it. colteUaccio.
COUTER, coustei**, it. costare, esp., prov.
costar, ail. kosten, du L. constare, m. s. Pour
la transformation du mot latin, comparez les
mots costume et coutume, coudre, couture^
Coutance, nom de ville, de Constantia. — D.
subst. verbal coût, prov. cost, it, costo; a<y.
coûteux, esp. costoso.
COUTIL, keiUiV, dérivé du vfr. coûte, coite,
keute, r= L. culcita (voy. couette), toile dont
on couvre des oreillers, matelas, etc. Autre
dérivé du môme primitif : coutier, faiseur de
coûtes, tisseur en coutil.
COUTRE, it. roltro, du L. culter, -tri, soc
de charrue.
COUTUME, voy. costume. — D. coutumier,
accoutumer {y . c. m.).
COUTURE, yoj. coudre. — D. couturier.
COUVENT, voy. convenir,
COUVER, 1. en parlant des oiseaux, it.
covare, prov. coar, du L. cubare, pris dans
le sens do incùbare, être couché dessus ; de
là : couraison, L. cubatio ; couvée, couvin =
L. cubamen*; couveuse, couvi; 2. en parlant
du feu, du L. cubare, dans le sens d'être
couché (= caché sous la cendre); do là : cou-
vet (bourg, couveau), chaufferette.
COUVERCLE, it. coperchio, du L. coopeixu-
lum (cooperire). L'ancien mot couverseau
répond à un type coopcrcellum.
COUVERT, voy. couvrir,
COUVET, voy. couver,
COUVRIR, angl. cot*^*, it. coprire, esp.,
prov. cubrir, du L. cooperire. Du part. L.
coopertus, copertus : fr. couvert. — D. subst.
couvert, 1 . ce dont on couvre une table, une
lettre ; 2. ce qui couvre, abri, asile ; couverte,
couverture, couvreur; cps. découvrir, recou-
vrir, couvre-chef et scmbi. — Je tiens couvert
et couverte pour dos subst. verb. d'un type
dérivé coperturc.
CRABE, mot d'origine germanique : ags.
crabba, angl. crab, suéd. hrabba, sAl.hrabbe
(cp. gr. yxprQo;). — D. crabier, oiseau qui se
nourrit de crabes; dim. crevette (v. c. m.).
CRAC, onomatopée (cfr. vha. krac, ail.
krach, angl. crack, gaél. crac). — D. cra-
quer, ail. h7*achen; craquelin = néerl. hra-
keling.
CRACHER (prov. es-cracar, vfr. escrachier)
parait être un renforcement dos équivalents
vfr. racher, wall. rachi, pic. raquer, prov.
racar. Ces formes sont identiques avec le
nord, hràhi, salive, hrœhia, cracher, ags.
hraekan. Malgré ces rapports étymologiques
incontestabîos, on est admis à ne voir dans
cracher qu'une des manières adoptées dans
les diverses langues pour imiter le bruit qu'on
produit en tirant un flegme du fond de l'esto-
mac. — D. crachat (cp. pour la ûnaXe pissai),
crachoir, -oter,
CRAIE, vfr. croie, it. creta, esp. greda,
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CRA
— iM —
CRÉ
anc. fiara. kri/d, ail. kreide, du L. creta, —
D. crayeux, crayon^ rouchi croïon,
CRAINDRE, vfr. cremre, criembre, cre-
mir, prov. crenier, du L. tremere (prov. et
vfr. tremir), avec changement euphonique
de tr en cr. Pour la forme finale, cp. ffein-
dre de gemere, empreindre de imprimere et
sembl. — D. crainte, d'où craintif.
-GRâMOISI (le peuple dit encore en quelques
provinces, d'une manière plus juste, ker-
moisi) t voy. carmin,
GRAMPE, BL. crampa, d'origine germa-
nique, = angl. crampf ail. krampf. Le mot
est de la même famille que le suivant ; Fidée
fondamentale est contracter, resserrer, re-
courber.
GRAMPON, de l'ail, krampe, crochet (vha.
cramph, courbé); cp. it. grampa, griffe. —
D. cramponner, -et.
CRAN, wall. cren, vfr. crenne, entaille,
pays de Coire crenna (cp. le mha. krinné),
du L. crena, rainure, entaille. — D. créneau,
vfr. cretiel, et par transposition de Vr : carnél,
carneau, -èle (d'où carneler)\ créner,
CRANCBLIN, de l'ail, hrânzlin, dimin. de
kram, couronne.
CRANE (mot inusité en vfr., où il aurait
fait crangc), du L. craniumf gr. xpxvlov. De
crâne, dans le sens métaphorique « écervelé,
tapageur, rodomont »», vient le subst. crânerie.
CRAPAUD, vfr. crapot, picard crapeux,
prov. crapaut, grapaut, cat. gripau, limou-
sin gropal. On fait généralement venir ce mot
du L. crepare, le crapaud étant un animal
prêt à a^ever; mais pourquoi, dans cette hy-
pothèse, le mot ne s'est-il pas, conformément
à la règle, francisé en crevaud f Chevallet
prend crapaud pour une corruption du danois
groenpadde = crapaud, mot composé de
groen, vert, etpadde, grenouille ou crapaud,
n cite à l'appui de sa supposition le passage
suivant du Dictionnaire do Trévoux : * Le
plus dangereux crapaud est celui qu'on ap-
pelle crapaud verdier ou graisset ou raine
verte (rana viridis). •» Nous ne nous rangeons
pas à l'avis du linguiste français; les diverses
formes romanes du mot nous disposent plutôt
en faveur de l'opinion de Diez et autres, qui
rattachent le mot à la racine, signifiant ram-
per, des vocables germaniques: ags. creopan,
angl. creep, néerl. hruipen. D'après Brachet,
il existerait, en effet, en vfr. un verbe craper,
ramper, mais il est inconnu à Godefroy . — Il
faut, du reste, aussi citer ici le mot crape,
qui se rencontre dans des patois français avec le
sens d'ordure. Crapaud en serait-il un dérivé î
Dans le dialogue français-flamand publié
par Hoffmann de Fallersleben (Horse belgi-
cœ, IX, p. 99), nous rencontrons crapois,
traduit par merswin (marsouin). Cp. cra-
poussin. Ménage invente pour le besoin une
de ses enfilades favorites : repère, repare, re-
paldus, crepaldus, crapaldus, crapaud, —
On a vu aussi dans crapaud l'onomatopée du
léger son guttural, court, flùté, que ces ani-
Qiaux donnent vers le soir au temps de leurs
amours. — Enfin, l'on a proposé le mot grec
x7pi>uxto'î; pour notre part, nous ne connais-
sons pas cette forme, mais bien un verbe
n&pftiv, contracter. On voit que le nom de ce
hideux reptile a beaucoup embarrassé les éty-
mologistes. — D. crapaudine, -ière; crapelet^
jeune crapaud.
CRAPAUDAILLE, espèce de crêpe ; corrup-
tion pour crépodaiîle (radical crêpe, angl.
crapej.
CRAPOUSSIN, 1. sorte de crustacé (î);
2. personne contrefaite, terme de dérision.
Ce mot est sans doute du même lignage que
crapaud.
CRAPULE, L. crapula (tpxiizkU). — D.
crapuler, -eux.
CRAQUE, bourde, vanterie, = chose qui fait
du bruit, sonore, qui craque; on a fait du mot
un personnage de comédie.
CRAQUELIN, voy. crac.
CRAQUER, voy. crac; sens métaphorique,
faire le vantard, débiter des mensonges (cp.
angl. to crack). — D. craque, mensonge,
gasconnade (v. c. m.); craqueur, -erie; craque-
ler, -eter.
CRASE, contraction, du gr. x/>âîi;, mélange,
fusion.
CRASSANE, sorte de poire fondante. Mot
gâté de a^esane, par suite d'un faux rapport
avec cra^sus, épais, ramassé ; il vient de Cre-
sane, nom d'un village de la Nièvre (Littré,
suppl.).
CRASSE, adj. fém. (dans crasse ignorance),
du L. crassus, épais, gras (voy. aussi gras).
— D. crasse, subst., ordure épaisse et grasse,
variété de graisse, à forme plus latine ; cras-
seux, décrasser, encrasser.
CRATÈRE, L. crata', gr. xpxr^p, pr. coupe
où l'on mélange (Ktp&ca, mélanger).
CRAVACHE, esp. corbacho, ail. karbatscke,
hoU. karwats, russe harhaisch ; du turc kyr-
batch, nerf de bœuf.
CRAVATE (patois croate, croyate), it. cra-
vatta, croatia. esp. corbata. Le mot s'est in-
troduit en France dans la première moitié du
XVII® siècle et vient du nom de peuple Cra-
ixUte =3 Croate (esp. corvato). Le même mot
cravate, au masculin, désigne un cheval de
Croatie.
CRATON, voy. craie. — D. crayonner.
CRÉANCE, ancienne forme de croyance; la
créance, dette active, est un effet de la con-
fiance, de la croyance, du crédit accordé à
qqn. Le mot est tiré de credens, vfr. créant
(voy. croire). — D. créancier.
CRÉATEUR, -TION, -TURE, voy. créer.
CRÉCELLE, moulinet de bois qui fait un
bruit aigre. Selon Ménage, de crécerelU, à
cause de la ressemblance du son de la crécelle
avec le cri de cet oiseau ; étymologie bien pro-
blématique. Peut-être d'un type latin crôpt-
cella, tiré du L. crepare, craquer, rendre un
son, pétiller (cp. L. crepitaculum, hochet,
crécelle); ou bien du hoU. hrekel, (alle-
mand d'Aix-la-Chapelle, krecket) grillom (voy.
criquet), ou enfin du v. néerl. hreken, cra-
queter (angl. creak, creek). — Le Nomen-
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CRÉ
— 132 —
CRE
clator de Junius donne cercerelle, claquette,
pour traduire crotalus, — Disons encore
qu'on a proposé de rattacher crécelle à
kyrielle, par kysielle (qui se trouve), d*où
crisielle, créselle, cresseUe {Kom., VIU. 619).
C'est par trop d'effort.
GâCERE^LLE, anc. querquerelle, oiseau de
proie ; variété de vfr. crécelle, homonyme du
subst. traité plus haut. Ce primitif cr^ccZte
est une modification de cerceUe (v. c. m.), qui
Tient du L. querquedula,
CRACHE, vfr. crehe, greche, wall. crêpe,
cripe (angl. cratch, râtelier), prov. crepia,
crepcha, it. greppia, du vha. krippa, krippea,
vieux saxon cribbia, ail. hrippe, angl. crib.
Pour la forme, cp. sèche de scepia (sepia).
CRÉDENCE, mot d'introduction étranigère,
it. credenza, esp. credencia, ail. krederu-tisch,
du BL. credentia, 1 . prœgustatio, experimen-
tum, épreuve ; 2. la table « in qua vasa in con-
vivio reponuntur n. Du L. credere, croire.
Avant de servir les vins et les mets, ils étaient
dégustés, pour certifier qu'ils ne renfermaient
rien de nuisible; cette dégustation, inspirant
confiance, s'est appelée crédence, variété de
créance et de croyance. L'acte a communiqué
son nom à la table sur laquelle il s'accomplit.
Le sens de crédence s'est dans la suite élargi
et le mot signifie aiyourd'hui buffet, dressoir,
chambre à provisions. — D. crédencier, BL.
credentiarius.
CRÉDIBILITi, L. credibilitas (de credibi-
lis, croyable).
CRÉDIT, it. credilo, ail. hredit, du L. cre-
ditum, pr. la somme de ce qui est C7^, c.-à-d.
confié à qqn., ou de ce qui lui est fourni ou
prêté dans l'espoir d'un remboursement, puis
= réputation de solvabilité, et, enfin, con-
fiance en général. Crédit est le corrélatif de
débit, L. débit um, chose duîe. — D. créditer,
inscrire au crédit, créditeur; accréditer, pour-
voir de crédit ; décréditer ou discréditer, pri-
ver de crédit.
CREDO, mot latin — je crois ; premier mot
du symbole apostolique.
CRÉDULE (en Champ., créole, criole), du
L. credulus, m. s. — D. crédulité, L. -itas;
incrédule, L. incredulus, qui ne croit pas.
CRÉER, L. creare, — D. créateur, -ation,
-ature , L. creator, -atio, -atura.
CRÉMAILLÈRE, CRÉMÂILLON, vfr. cra-
mail, wall. cramd, cramion, cramier, champ.
cramaille, du bas-latin cramaculus, venu lui-
même du néerl. hram, croc de fer. L'origine
grecque xpf.aaaaoti. suspendre, est peu pro-
bable. Du fr, crémaillère, l'espagnol a fiEÛt
gramallera.
CRÈME, prov. crema, angl. cream, du L.
cremum (Vénance Fortunat), p. cremor. Cre-
mor lactis, suc du lait est une expression sem-
blable à flos lactis, it. fior di latte, fleur du
lait ; l'it. dit aussi capo ou cima di latte. Vs
dans vfr. cresme est intercalaire. — D. cré-
mer, -eux, -ier; écrémer,
CRÉNEAU, voy. cran, — D. créneler.
CRÉOLE, anc. criole, de l'esp. criollo, qui
parait être d'origine indienne. Le sens le plus
large de ce mot est : individu de race étran-
gère né dans le pays.
CRÊPE, crespe\ du L. crispus, frisé. — Le
subst. fém. crêpe, pâte faite de farine et
d'oeufs, est le même mot; pour ainsi dire,
pâte rugueuse, ridée. Anciennement on em-
ployait, dans ce sens, aussi le dimin. crepet.
Ou bien crêpe et crepet seraient-ils de la
famille de l'ail, hrapf, dim. kràppel, espèce
de gâteau? — D. crêper, L. crispare; crépir,
enduire de mortier (les aspérités du crépi ont
donné naissance à ce mot ; cp. le terme angl.
rouçhcast); crépine, crépon (esp. crespon)^
crépodaille, gâté en crapaudaille; crépu.
CRÉPIN (SAINT), ensemble de l'outillage
d'un cordonnier, de saint Crépin (Crispinus),
patron des cordonniers.
CRÉPINE, prov. crespina, voy. crêpe.
CRÉPIR, vfr. crespir, voy. créjpe. — D.
crépi, crépissure.
CRÉPITER*, -ATION, L. crepitare, -atio.
CRÉPUSCULE, L. crepusculum, dim. d'un
subst. (inusité) crépus, qui a laissé sa trace
dans l'acy. creperus, sombre, douteux. — D
cr^MSCulaire.
CRÉQUIER, prunier (ou cerisier) sauvage»
du vfr. crèque, prunelle; celui-ci = vha. criek,
petit fruit à noyau; cp. dans quelques dia-
lectes ail. krieke, krieche, cerise ou petite
prune; dan. kràge, prunelle.
CRESCENDO, terme de musique italien»
mot latin signifiant • en croissant •.
CRESSON, pic. kerson, BL. crissonus, it.
crescione. Selon Ch. Estienne, « a céleri tato
crescendi »; si cette étymologie est la bonne,
il faut considérer comme- empruntés au roman
les mots germaniques vha. chresso, nha.
kresse, ags. cûrse, angl. cress, néorl. kerse ;
Weigand, cependant, les rattache au verbe
vha. chresan, ramper, à cause des tiges ram-
pantes du cresson de fontaine. Le mot s'est
aussi transmis aux langues slaves. Voy. aussi
Hildebrand dans le Dict. do Grimm.
CRÈTE, it , esp. cresta, angl. crest, =• L.
crista. — D. crété; vfr. cresteau = créneau,,
cp. prov. cristal, hauteur; écréter, t. d'art
militaire.
CRETIN, dans la Gironde crestin, dans lès
Pyrénées crestian. L'étym. christîanus (bon
chrétien, innocent, idiot), mise en avant par
Bridel, Canello, Génin, ne laisse plus de
doute ; les idiots, dit G. Paris, sont appelés
dans toute la France des innocents. — D.
crétinisme, 'iser.
CRETONNE, toile blanche; du nom du pre-
mier fabricant de cette toile, à Lisieux.
CRETONS, déchets de graisse de bœuf ou
de mouton. Origine inconnue; le picard dit
croton pour graillon. Le mot pourrait se rat-
tacher à crotte.
CREUSER, voy. creux.
CREUSET (angl. cruset, cruiset), vfr. croi-
sel, creusol, croiseul^ lampe, esp crisol, creu-
set, crisuelo, lampe; it. crogiuolo, creuset.
Tous ces mots, comme leurs équiv£dents bas-
ail. kreusel, krusel, etc., dérivent du mha.
krus (nha.. kraus), pot, cruche, jatte, =néerL
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CRI
— 133 —
CRO
kroes, angl. cruse, cruise. — Le BL. crucibo-
lies, crucibulum, lampe de nuit (d'où la forme
angl. cructble, creuset), est une extension
arbitraire du radical germanique, opérée
peut-être sous l'influence de crux, à cause des
mèches croisées de certames lampes. — Les
formes picardes crochet, crechet et angl. creS'
set, lampe, sont indépendantes de notre mot
et tiennent à crache, graisse, suif. — Diez ne
traite pas creuset; mais il rapporte, à tort
probablement, l'esp. crisuelo et crisol au mot
basque criselua, lampe; ce dernier paraît
plutôt emprunté au roman.
CREUX, prov. cros, BL. crosus, Etymolo-
gie incertaine ; Diez émet modestement une
conjecture, d'après laquelle le prov. cros
serait ime forme contracte de corrosus. Il
cite à l'appui un passage provençal : pan
on raton fan cros, pain dans lequel les rats
font des trous, « quem corrodunt » . Littré,
tenant compte de formes dialectales creiit et
du BL. crotum^ se prononce pour le L. crypta,
grotte, mais il ne s'explique pas sur l'intro-
duction de la finale s ou x, — Fôrster (Zeitschr. ,
VI, 109) condamne l'étymologie corrôsus (o
fermé) comme contraire à la forme ue que
notre adjectif présente en vfr. (crues) et qui
postule absolument un type crosum (o ouvert),
lequel fait défaut. Il va sans dire qu'il est
plus sévère encore contre l'opinion de Littré,
^ qu'il ne discute même pas. — Avant Fôrster
'déjà, Paris avait élevé la même objection
contre corrosus,
CREVASSE, voy. crever. — D. crevasser,
CREVER, prov. crebar, it. crepare, esp.
qusbi*ar (rompre), du L. crepare, craquer,
s'ouvrir avec bruit, éclater. Le roman a donné
en outre à ce mot le sens de mourir en par-
lant des animaux (=■ ail. krepiren); dans le
sens actif, le verbe signifie faire éclater, rom-
pre, percer {crever les yeux). — D. crevasse,
prov. crebassa; cps. crève-cœur, it. crepa-
cuore,
CREVETTE, petite écrevisse; la provenance
de crabe (v. c. m.) est combattue, au double
point de vue du sens et de la phonétique, par
Joret ; pour celui-ci, le mot vient du type 'cra-
petta^ métathèse de *capretta (de capra), qui a
donné chevrette. Sous ce dernier mot, nous
avons déjà dit que Suchier conteste cette ma-
nière de voir et rapporte crevette au moy. ni.
crevet (écrevisse); on trouve au xvi« siècle
une forme escrevette. La longue polémique
entre les deux savants se déroule dans Rom. ,
Vm, 441 ; IX, 301. 431 ; Grôber, Ztschr., m,
611; IV, 383; V, 173.
CRIBLE, L. cribrum. Du dim. L. cribel-
lum vient la forme it. crivelîo. — D. cribler.
Directement de la forme latine cribrare pro-
cède le terme de chimie cribration.
CRIC, angl. creeh. Onomatopée, imitant
le bruit de cette machine.
CRIER (angl. cry), esp., port, gritar, it.
gridare, prov. cridar, du L. quiritare (m.
s.), par syncope critare (cfr. Cricq, nom
propre, de Quiricus), Les gloses Lindenbr.
portent « quiritant vermes cum vocem dant » .
Inutile de remonter à des sources celtiques
ou germaniques (goth.^^ton, pleurer, néerl.
krijten, crier; ou bien vha. scrian, ail.
schreien). — D. cri, vfr. et prov. crit, it.
grido, esp. grito; crieur, -ard, -ee, -erie;
criailler, prov. crizaillar; cps. décrier,
s* écrier (it. sgridar, prov. escridar).
CRIME, L. crimen.
CRIMINEL, L. criminalis (crimen). — D.
criminalité, -aliser, -aliste.
CRIN, vfr. aussi crine (fém.), L. crimSy
cheveu. — D. crinier, crinière; crinoline,
étofie de crin; criïion, petit ver fin comme
du crin.
CRINCRIN, onomatopée.
CRINÊÈRE, crinoline, voy. crin.
CRIQUE, petite baie, = ags. crecca, angl.
creek, hoU. creck.
1. CRIQUET, insecte, angl. cricket, néerl.
krekel (d'où picard crequeillon), cymr. cricell,
wallon crikiod, crekion. Tous ces mots sont
imitatifs.
2. CRIQUET, petit cheval faible, cp. ni.
kraah, ail. kracke, kricke (Luxembourg
krck), m. s. En anglais, cncAe* s'emploie aussi
pour tabouret; terme analogue à chevalet de
cheval.
CRISE, L. crisis (xpht;, jugement, déci-
sion).
CRISPER, L. crispare, friser, rider, con-
tracter; c'est la forme savante de crêper.
CRISSER, vfr. crinser (Froissart dit en
parlant d'un doux vent : « si net et si serein
que feuillettes n'en feisoient que crinser »).
Ce verbe ne peut être identique avec grincer
(v. c. m.); il appartient sans doute à la même
famille que vfr. croissir, grincer des dents,
it. crosciare, esp. cruxir. On trouve sou-
vent dans les vocables exprimant un bruit ou
un mouvement des modifications de voyelles,
sans changement essentiel de sens; cp.cra-
quer, criqucr*, croquer, claquer, cliquer.
Comparez du reste encore hoU. krissen, bas-
saxon krischen, krishen, ail. kreischen, pé-
tiller, craqueter.
CRISTAL, L. crystallum (xpûtra»©;). —
D. cristallin, L. crystallinus ; anstalliser.
CRITERIUM, latinisation du gr. xpt-rnpiov,
moyen de juger (xpha \
CRITIQUE, gr. /piTiAo; (qui juge), fém.
xpiTUTî, de rplvtu, juger. — D. critiquer.
CROASSER, onomatopée; cp. L. crocire,
gr. x/o6?«v.
CROC, it. crocco, prov. croc, port, croque,
esp. cloque; ce mot roman se trouve aussi
bien dans les langues germaniques que dans
les idiomes celtiques : v. nord, krokr, angl.
crooh^ néerl. krooke (Kiliaen), cymr. crog. —
D. crochet ; croche, a(y. et subst. ; crochu;
verbes accrocher (v. c. m.) et décrocher, A
croc, dent canine, se rattache peut-être cro-
quer, mettre sous la dent, manger (v. c. m.).
CROCHET, dér. de croche, voy. croc. — D.
crocheter 9 ouvrir avec uû crochet; croche^
teur, crocheton.
CROCHU, dér. de croche, voy. croc.
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CRO
— 134
CRO
OROCODILB, L. erocodiUis (xpoxoo€iio«). Par
transposition do IV.-it. cocodrtîlo, esp., port.
cocodrilo, prov. cocodrille,
OROGUS, mot latin, gr. xprfxoç, safran.
OROIBE, vfr. creire, du L. credere, cred're.
Ane. part, présent : créant, conservé dans
mécréant. De là le subst. créance, et le vieux
verbe creanter, cautionner, assurer, dont la
forme adoucie greanter, graanter est la source
de l'anglais ^ran^, accorder. — D. croyable,
croyance; cps. accroire, décroire, mécroire,
CROISER, voy. croix, — D. croisé, croi-
sade (it. crociata, prov. crozada, esp. ctiâ-
soda), croisement, -ure; croisière, croisée, pr.
fenêtre croisée par des montants et des tra-
verses (cp. l'ail, kreuzstock, pr. montant en
forme de croix).
GROÎTRE, croistre', vfr. creistre, du L.
crescere; du part, croissant^ les subst. crois-
sant et croissance; du part, cru, les subst.
cru, terroir où quelque chose croît (« vin du
cru »), crue = croissance ; subst. verbal ra-
dical : croit. Composés : accroître, L. accres-
cere ; décroître, recroître, surcroître. Le latin
excrescere a fourni en outre le subst. excrois-
sance (cp. ail. auswuchs).
CROIX, vfr. crois, wall. creus, it. croce, esp. ,
port, cruz, prov. crotz, angl. cross, ail.
kreuz, du L. crux, crucis. De là : croiser (v.
c. m.), prov. crozar; dim. croisillon, croi-
sette.
CROQUANT, homme de rien, va-nu^^pieds,
vient peut-être de croc, croquer, comme le
terme de mépris crocheteur de crochet, cro-
cheter.
CROQUE-MITAINE; la seconde partie de
ce mot n est pas encore expliquée.
CROQUER, variété de craqtcer, 1 . sens neu-
tre, faire un bruit sec (« cela croque sous la
dent »), de là croquant, croquet, croquette
(cp. craquelin); 2. sens actif, manger des
choses croquantes. Le sens général manger
avec avidité, cependant, pourrait bien, cerne
semble, se rattacher à croc, dent. — Cro-
quer = cracher est une forme picarde. Jadis,
croquer signifiait aussi dérober, enlever
promptement, subitement ; cette acception lui
vient également du primitif croc = au sens
de crochet, instrument qui sert à saisir, agrip-
per. Le terme métaphorique croquer, peindre
à la hâte (d'où croquis), me parait dériver de
ce sens accessoire enlever. Comparez l'expres-
sion figurée : enlever un morceau de musi-
que ; c'est enlevé ! La même acception enlever
a donné lieu aux composés croque-maris,
croque-note^.
CR0QUI6N0LE ; désignant une pâtisserie,
ce mot se rattache évidemment au verbe cro-
quer, manger ; dans le sens de chiquenaude,
je me l'explique par le verbe croquer, déro-
ber, enlever, comme exprimant un petit coup
donné rapidement et à l'improviste. On peut
rapprocher l'angl. rap, qui signifie à la fois
enlever et frapper vivement. La terminaison
est en tout cas insolite et étrange, à moins
d'admettre la filière suivante : croquet*, cro-
quigner, croquigne, dim. croquignole. Le
wallon dit crohète.
CROQUIS, voy. croquer. La terminaison
est analogue à celle de gâchis, chablis, et
sembl.
CROSSE, bâton pastoral, partie recourbée
du fût d'un fusil, = it. croccia, gruccia,
béquille, cruccia, boyau, prov. crossa, v.
esp. croza, m. sens que le mot français. Diez,
pour des scrupules fondés sur les règles de
permutation littérale, conteste une origine
de croc, chose crochue (qui aurait donné, selon
lui, en fr. une forme croche) ; il pose par con-
séquent l'étymologie crux, croix, par l'inter-
médiaire d'un adj. cruceus. Nous ne compre-
nons pas trop les scrupules du linguiste alle-
mand, et pourquoi croceus, dérivé du roman
croccus, ne peut pas aussi bien déterminer
la forme crosse que cruceus, Sidj. de crux.
Les divers objets désignés par crosse et les
analogues étrangers ne permettent guère de
renoncer à l'étymologie croc (cp. ail. kriiche,
angl. crutch, béquille, et ail. krummstab,
crosse, litt. bâton recourbé). Crosse, du reste,
s'orthographiait autrefois croce, ce qui témoi-
gne encore en faveur de l'étymologie commu-
nément adoptée. — Ce qui, aux yeux de
Fôrster, doit décider en faveur de crocceus,
c'est que l'o de crosse a, dans l'anc. poésie,
toujours été traité d'o ouvert, tandis que
crucea eût produit un o fermé. — D. cros- .
sette, crosser.
CROTTE (ce mot se trouve déjà dans le
Reclus de Moliens), angl. crottle, prov. crota,
d'origine inconnue ; peut être, dit Diez, de la
même famille que le bas-allemand et suéd.
hlàt{= ail. hloss), angl. clod, dot, masse,
boule, motte, grumeau. La forme prov. s'op-
pose à l'étymologie latine crtista. — Quant
au sens de galle ou de croûtes sur la peau, si
l'on ne veut pas le déduire du sens primitif de
globule (cp. grêlé), on pourrait au besoin
l'expliquer par une altération du mot croûte.
— D. crotter, décrotter, crottin ; les termes
populaires croteux*, crotu, marqué de la
petite vérole.
CROULER, vfr. crodler, croller (it. crol-
lare, prov. crotlar, crollar, ébranler, secouer),
du h.co-rotulare*, contracté en crotulare, crot-
lare (cfr. rouler de rotulare). Diez juge cette
étymologie préférable à celle du nord, hrulla,
mettre en désordre, brouiller. Crouler, c'est
tomber par morceaux se détachant et roulant
du haut en bas. Ce qui appuie cette étymo-
logie, c'est l'analogie du terme ébouler, de
boule et do l'ail. gerôUe, éboulis, de rollen,
rouler. Diez invoque aussi l'expression an-
cienne crouller les iex, synonyme de roïller
les iex, et sur le terme crouler un vaisseau,
le lancer, propr. le rouler à la mer. — D.
croulicr, -ière. Cps. s'écrouler,
CROUP, espèce d'angine, mot anglais et
employé en premier lieu en Ecosse; d'une
racine celtique marquant contraction, rétré-
cissement; gaél. crup, contracté, crupadh,
contraction.
CROUPS, vfr. crope, prov. cropa, it.
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CRU
— 135 —
CUI
groppa, esp. yrupa. Ces mots paraissent ap-
partenir à la même famille que groupe ^ angl.
group, it. groppo, gruppo, esp. grupo et
gorupo, et se rattacher à une racine mar-
quant agglomération, quelque chose de ra-
massé, faisant saillie en forme de boule. On
la retrouve dans le vha. chroph (ail. mod.
hrqpf), goitre, nord, krj/ppa, bosse, ail.
kriippel, homme estropié, rabougri; puis
dans le gaél. crup, rétrécir, contracter, déjà
mentionné à l'art, précédent, cymr. cropa,
gésier, goitre. — D. croupir, dont la signifi-
cation propre est se tenir sur lacroujfe, auj.
Œ» rester dans un état d'immobilité ; cx)m-
posé s'accroupir (le préfixe ad^ comme dans
asseoir) \ croupe, croupière ^ croupion (v. c.
m.). La locution «< être assis en croupe der-
rière qqn » a donné naissance aux termes de
jeu croupe et croupier,
CROUPIER, voy. croupe.
CROUPION, it. groppone, voy. ci'oupe. En
allemand burjtel = croupion, signifie éga-
lement quelque chose de protubérant. — En
vfr. on trouve aussi crépon crespon =« crou-
pion, échine, et dans certains dialectes du
nord, crépon ou querpon existe encore pour
signifier la croupe d'un toit. Rabelais a cres
pion pour croupion. Peut-être, dit Gachet,
ces formes avec e ne sont-elles pas de la même
famille que croupe, et désignent au propre
la ^partie du corps de l'animal dont le poil se
hérisse. Elles se rattacheraient alors au L.
crispus. Diez, cependant, préfère dériver cré-
pon du nord, krippa, forme secondaire de
kryppa, bosse.
CROUPIR, voy. croupe,
CROUTS, crouste\ it. cnosia, esp. costra,
ail. hruste, holl. horst, du L. crusta, — D.
croùtelette, croûton crfmsttlle, croustiller,
croustilleux (ne s'emploie qu'au figuré) ; cps.
écroûter, encroûter. — Croûte, dans l'accep-
tion do vieux tableau gercé par le temps, et
dans celle de mauvais tableau en général, a
produit croûtier, mauvais peintre, faiseur de
croûtes (on dit aussi croûton),
CROYABLE, -ANCB, voy. croire.
1. CRU, subst., voy. croître.
2. CRU, adj., L. crudus, — D. crudité, L.
'itas.
CRUAUTÉ, voy. cruel.
CRUCHB, anc. cruie, prov. crugô, gasc.
cruga, du cymrique crwc, vase arrondi. Cette
origine est plus directe, selon Diez. que celle
du vha. cruoc, crog (nha. krug), m. s. — D.
cruchon, cruchée,
CRUCIAL, L. cruciaïîs (de crux, croix).
CRUCIFÈRE = crucem ferens, ^rte-cvoix,
CRUCIFIER, prov. crucificar, du L. cruci-
ficare, forme altérée de crucifigere (d'où it.
crodfiggere), attacher à la croix. — Littré se
trompe en identifiant l'élément -ficar, -fier
avec le verbe ficher,
CRUCIFIX, du part. L. crucifiants.
CRUDITÉ, voy. cru.
CRUE, subst. participai fém. de croître.
CRUEL, L. crudelis (crudus). — D. cruaM,
cruauté, L. crudelitas. — La forme crudité
se rapporte à la forme anc. crual (cp. féal).
CRURAL, L. cruralis (de cr^s, cruris,
cuisse).
CRUSTACÉ, L. crusiaceus* (crusta, croûte).
CRYPTE, L. crypta, gr. xpùnrri, du parti-
cipe xpunrôi, caché. De là l'ail, grufl, caveau.
Voy. Siussi grotte.
CRYPTOGAME, de Apxj:tTO'/àfioi, mot forgé
de yxfiia, se marier, et de xpunrôi, caché,
donc « qui a les organes sexuels cachés »» .
CRYPTOGRAPHIE,écriture cachée ^xpu^roç).
CUBE, L. cubus (xuSo;). — D. cuber, -âge;
cubique, L. cubicus.
CUBOÏDE, du gr. xu^otlirn, qui a la forme
d'un cube.
CUBÉBE, prov , esp. cubeba, de l'arabe
kabâbat.
CUBITUS, mot latin = fr. coude. — D.
cubital.
CUEILLIR, anc. coillir, it. cogliere, prov.
colher, esp. coger, du L. colligere, collig*re
(légère). Pourquoi colligere n'a-t-il pas fait
cueillire f cp. affligere, vfr. afflire.^Q n'ai pas
de réponse à cette question, mais je décline
celle de Littré, qui présuppose un type immé-
diat colligirc. — D. cueillette, forme vulgaire
du mot savant collecte «= L. collecta; Frois-
sart emploie ce mot dans le sens de réunion :
« cueillette de gens d'armes » ; cueilloir; cps.
accueillir (v. c. m.), recueillir (v. c. m.).
CUIDER*, prov., esp., port, cuidar, anc.
it. coitare, du L. cogitare, cog'tare, penser.
Ce verbe, abandonné par l'Académie, s'est
conservé dans le cps. outrecuider.
CUILLER, anc. masc., it. cucchiajo, prov.
culhier; formes féminines : it. cucchiaja, esp.
cuchara, fr. cuillère, du L. cochleare, plur.
cochlearia.
CUIR, it. cuqjo, esp. cuero, prov. cuer, du
L. corium. — Le sens «• faute de langage »
est attribué, dit Littré, à l'analogie que pré-
sentent les expressions écorcher un mot et
faire un cuir avec l'action d'enlever la peau
des animaux pour en faire du cuir. Peut-être
est-ce aussi à cuir de rasoir qu'il faut le rap-
porter, les cuirs étant de prétendus adoucis-
sements de la prononciation, comme le cuir
adoucit les rasoirs. — D. cuirasse, formé
sur l'exemple du prov. coirassa, esp. coraza,
it. corazza. L'ancienne langue avait cuirie.
CUIRASSE, voy. cuir. — D. cuirasser,
cuirassier.
CUIRE, it. cuocere, esp. cocer, prov.
cozer et coire, du L. coquere, cocre. —
D. CUITE, subst. partie. ; cuisson = L. coc-
tio; cuiSTRB (v. c. m.); cuisine, it. cucina,
esp. cocina, prov. cozirui, vha. kuchina (nha.
huche), angl. hitchen, du BL. cocina, =« L.
coquina, forme qui a remplacé dans les au-
teurs de la décadence le mot classique culina.
CUISINE, voy. cuire. — D. cuisinier, cui-
sinière; verbe cuisiner.
CUISiSE, prov. cueissa, coissa, it. coscia, du
L. coxa, hanche. — D. cuissard, cuissot,
écuisser.
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CUR
— 136 —
CUV
CUISSON, yoy. cuire,
CUISTRE, valet de moines, répond, selon
Diez, à un type latin coquaster, cp. prov.
coguasiro (les gloses dTsidore portent cocistro).
D'autres, comme Littré, supposent que cuistre
n'est qu'une autre prononciation du vfr. cous-
tre, sacristain (ail. kUstei'), qui vient du BL.
cusior, = L. custos. G. Paris (Alexis, p. 184),
tout en accordant que le cocistro d'Isidore
soit la source du vfr. coistron, est du même
avis. L'idée que cuistre est appelé à exprimer
s'attache plus naturellement à un sacristain
qu'à un marmiton. — Cette manière de voir
est appuyée par vfr. coustor (cas-régime), citée
par Littré au Suppl.
CUITE, subst., voy. cuire,
CUIVRE, esp., port, cobre, ail. kupfer,
du L. cuprum ou plutôt quant à la forme
française, à cause de la diphthongue ut, de
l'adj. cupreum. — D. cuivrer, -eux.
CUL, L. culus. — D. culasse; verbe culer,
aller en arrière ; culée (l'it. dit, par un trope
analogue, les cuisses [cosce) d'un pont); eu-
Hère, culot, culotte. Cps. acculer = mettre à
cul; éculer, reculei'; culbute (v. c. m.); cul-
de-sac = fond de sac, fig. rue qui ne pré-
sente pas d'issue, impasse.
CULBUTE, voy. l'art, suiv.
CULBUTER = buter, bouter (pousser) le cul
en l'air ; d'après Darmesteter, = buter sur le
cul; cp. en ail. burzelbaum, m. s., de burzel
croupion, et bâumen, dresser en l'air. Le
danois a, avec le même sens, huldbôtte, le suéd.
hullbytte; sont-ce des mots exactement iden-
tiques avec le français culbute t Nous ne som-
mes pas à même d'en juger. — D. culbute, -is.
CULÉE, CULER, -BÈRE. voy. cul.
CULINAIRE, L. culinarius, de culina, cui-
sine.
CULMINER, L. culminare (culmen).
CULOT, voy. cul. — D. culotter (une
pipe).
CULOTTE, voy. cul. — D. culotter (un en-
fant).
CULPABILITÉ, voy. coulpe.
CULTE, L. culius (colère). Se rattachent
encore au L. colère par le supin cultum :
culture, vfr. couture, L. cultura; l'acyectif
latin (inus.) cultivus, d'où le verbe BL. culti-
vare, fr. cultiver; inculte, L. incultus.
CULTIVER, voy. culte. — D. cultivateur,
cultivable.
CULTURE, voy. culte.
CUMIN, L. cuminum (xû/*ivov).
CUMULER, L. cumulare (voy. aussi com-
bler). — D. subst. verbal cumul; cumulatif,
CUNÉIFORME, en forme de coin, du L.
cuneus, coin.
CUPIDE, mot savant, du L. cupidus (de
cupere^ désirer) ; cupidité, L. cupiditas.
CUPULE, L. cupula, petite coupe.
CURABLE, L. curabilis employé par Cœ-
lius Aurelianus (iii« siècle), dans le sens de
«« qui sanari potest n.
CURAÇAO, liqueur préparée en premier
lieu dans l'ilc du même nom.
CURATELLE, du L. curatela, mot intro-
duit, au lieu de curatio, dans le latin du
moyen âge sur l'exemple de tutela.
CURATIF, L. curativus' (curare). — cura-
teur, L. curatorem. Si ce mot s'était autant
répandu dans le peuple que procurator (fr.
procureur), il se serait francisé par cureeur*,
puis cureur,
CURE, 1. soin, souci; du L. cura, m. s.;
2. charge ecclésiastique, pr. cure d'âme (cp. le
terme allemand seelsorge), et par extension,
habitation du curé; de là BL. curatus,
chargé d'une cure, fr. curé, angl. curate, it.
curato (l'esp. emploie le mot abstrait cura
p. curé) ; 3. guérison, subst. verbal de curer ^
guérir.
CURÉ. voy. l'art, préc.
CURÉE, terme de vénerie, anc. cuirée,
angl. 'querry, quarry ; de cwtr, parce que la
cuirée se préparait et se donnait dans un cuir ;
voy. Modus, f> xxiii, verso, passage cité par
Littré, et décisif sur la question. Le vfr.
Corée, courée (prov., esp. corada^ anc. it. co^
rata), viscères, entrailles, qui, comme le vfr.
coraille, se rapporte à cor, cœur, présente-
rait, malgré Yu dans curée, une excellente
explication de ce mot, si l'on avait des exem-
ples du mot Corée employé avex; le sens de
curée. — Brakelmann pense que curée pour-
rait dériver de l'angl. cur, vilain chien, =
ail. kôter, m, s. (anc. chien de chasse).
CURER; du L. curare, soigner. Cette si-
gnification première du mot français s'est
effacée dans la langue moderne. — L'accep-
tion spéciale porter des soins à un malade, le
guérir, encore vivace dans l'it. curare, esp.
curar, ail. kurieren, s'est également perdue ;
elle subsiste cependant dans les dérivés cure
(aU. hur), curatif, curation, curable, incura-
ble. Aujourd'hui, curer ne signifie plus que
nettoyer, ôter las ordures. De là : curage,
cureur, curette (t. de chirurgie), recurer,
écurer; cure-dents, cure-oreilles.
CURIAL, L. curialis, qui concerne le ser-
vice religieux d'une curie; auj., comme au
moyen âge, = qui concerne une cure (v. c.
m.). Toutefois, le mot n'est pas tiré de cura,
mais de curia.
CURIEUX, L. curiosus, pr. soigneux, sou-
cieux. L'acception « digne de curiosité »» était
étrangère au mot latin. — D. curiosité, L.
curiosiias,
CURSIF, BL. cursivus (de currere, supin
cursum).
CUSTODE, vfr. garde, auj. rideau, du L.
custodia, garde (BL. vélum, aulœum); cp. en
allemand ^arc?2we, rideau mobile, flam, ^ar-
dijne, gordijne (Kil.), mot étranger formé
en réalité de courtine, courditie", mais sous
l'influence de garder.
CUTANÉ, L. cutaneus* (de cutis, peau).
CUTTER, petit bâtiment qui tire plus d'eau
à son arrière qu'à sa proue, mot anglais de
eut, couper; donc « qui fend les eaux ».
CUVE, du L. cupa, voy. coupe, — D.
cuvée, cuvette, cuveau, cuvel* (d'où cuveler),
cuvier; cuver, séjourner ou laisser séjourner
dans la cuve, fig. laisser s'évaporer.
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DAD
— 137 —
DAI
GUYELER, propr. faire une sorte de cuoe
rintériour du puits de mine ; dér. du dimin.
cuvei, voy. cuve.
CUVER, voy. cuve,
CYCLE, du gr. xûx>o«, cercle. — D, cy-
clique, gr. xuxiuto;; cyclone, tempête tour-
nante.
CYCLOPB, de xtixiwj/, à lœil rond. — D.
cyclopéen et cyclopien,
CYGNE, du L. cycnus, cygnus (xûxvo^). Le
vfr. cisnet qui se retrouve également en esp.
et en port. , a une autre origine ; il vient du
BL. cecinus, cidniis, qui, ainsi que l'it. ce-
cero (cygne), vient de cicer, pois, et se rap-
, porte au tubercule sur le bec de l'oiseau.
CYLINDRE. L. cylindrus (xu)iv5/39ç). Voy.
aussi calandre. — D. cylindrer, -ique.
CYMAISE, it. cimasa, terme d'architecture,
L. cymatium, grec xuaiStriov, m. s. (litt. petite
onde).
CYMBALE, ail. zimbel, L. cymbalum, grec
xû/x6a>ov, de xvfx^oç, cavité, vaisseau. Le vfr.
présente la forme régulière cymble. — D.
cymbalier.
CYME, orthographe première de cime (v.
c. m.).
CYNANCHE ou cynancie, angl. quinsy, an-
gine, dans laquelle les malades tirent la
langue à peu près comme font les chiens hale-
tants; du grec xwâyxv?» angine des chiens. La
prothèse d'une s a fait de ce mot it. schi-
nanzia, d'où anc. fr. squinance, esquinance,
ai]\j. esquinancie.
CYNIQUE, L. cynicus, gr. xuvixo;, dér. de
xudtv, chien. Cependant, la philosophie cynique
ne tire pas son nom directement de xudjv,
mais d'un gymnase à Athènes où son fonda-
teur, Antisthène, avait établi son école et qui
s'appelait Kuvoiapyes . Il est vrai que l'on n'a
pas tardé à faire dune épithète tirée d'une
circonstance accidentelle une qualification ca-
ractéristique de la doctrine même. Un ancien
commentateur d'Aristote dit : - Les cyniques
sont ainsi nommés à cause de la liberté de
leurs paroles et de leur amour pour la vérité ;
car on trouve que le chien a, dans son in-
stinct, quelque chose de philosophique et qui
lui apprend à distinguer les personnes ; en
effet, il aboie à la vue des étrangers et flatte
les maîtres de la maison : de même les cyni-
ques accueillent et chérissent la vertu et ceux
qui la pratiquent, tandis qu'ils repoussent et
blâment les passions et ceux qui s'y abandon-
nent, quand même ils seraient assis sur le
trône »» . Pour être étymologiquement fausse,
cette définition de la philosophie cynique n'en
est pas moins intéressante. — D. cynisme.
CfYPRÈS, L. CUpressuS (xuirà/ac^jo;).
CYSTIftUE, -ITE, de xùtti,-, vessie.
CYTISE, L. cytisus (xûriio;).
CZAR (mieux vaut l'orthographe tzar),
mot slave, que l'on suppose connexe avec
le L. cœsar, d'où vient également l'ail, kai-
ser, empereur. — D, czarine; czarowich
(l'Académie écrit czarowitz) signifie fils du
czar.
D
DA, dans oïd-da, nenni-da, vient de divd,
ancienne interjection exhortative, contractée
en dea, puis da. Nicot : « Dea est une inter-
jection, laquelle enforce la diction où elle est
apposée, comme non deà, oui deâ, mais en
telles manières de parler on use plutôt de dà,
fait dudit ded, par contraction ou syncope, et
dit-on : non dû, oui dà. n — Pour diva on a
proposé : 1 . la formule v>} tôv Afa, ou v>î H
(Ménage), 2. Diva, mère de Dieu (Franc. Mi-
chel), fr. 3. dis valet, imitation du L». die. puer
fP. Paris), etc. Tout cela n'est pas soutenable.
Diez y voit l'ancienne interjection va (impé-
ratif du verbe aller), qui est employée dans un
même sens, renforcée par di (impératif de
dire), et fournit à cet égard des exemples par-
feitement suffisants.
DACTYLE, du L. dactylus (5àxTuioç), qui est
aussi le primitif de datte (v. c. m.).
DADA, vocable enfantin, exprimant les pre-
miers essais à marcher ; cp. angl. to dade a
child, apprendre à marcher à un enfant ; vfr.
dadée, enfantillage. Cette même racine a
donné le mot dadais, niais, nigaud ; nasalisée,
elle est devenue, dit-on, la source de dandiner,
balancer le corps; modifiée en dod, elle a
donné dodiner.
DADAIS, voy. l'art, préc.
DAGORNE, vache à qui il ne reste qu'une
corne; ce mot, abandonné par l'Académie
dans sa dernière édition et repris par Littré,
est analysé par ce dernier et pair d'autres :
dague -\- corne, la corne unique étant compa-
rée à une corne. Je partage l'avis d'un critique
qui dit, à propos de cette étymologie, qu'une
vache peut perdre son licou, mais non pas une
corne, et qu'il ne peut y avoir dans aucune
langue un mot substantif pour désigner une
vache qui s'est cassé une corne. Je doute donc
et de la définition, et de l'étymologie usuelle
de ce terme, pour lequel, d'ailleurs, Littré ne
cite aucun exemple.
DAGUE, it., esp. daga. D'origine germa-
nique : suéd. daggertf angl. dagger, néerl.
dagge, m. s. (cp. l'ail, degen, épée). Les lan-
gues celtiques ont également le mot. Le sens
de pointe explique le mot dague en tant
qu'il désigne le premier bois du cerf. La
forme portugaise adaga, observe Littré,
pourrait indiquer une origine arabe. — D.
daguer ; daguet, jeune cerf.
DAHLIA, du nom d'un botaniste suédois,
Dahl, à qui Cavanilles dédia cette plante
vers 1790.
DAIGNER, it. degnarsi, du L. dignari, iviger
digne. Composé : dédaigner, L. dedignari.
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DÂM
— 138 —
DAN
DAIM, vfr. dain (d'où le fém. daine), it.
daino, daina du L. damus p. dama.
DADïB, voy.datw.
DAIS, modification du vfr. dois (cfr. épais,
anc. espois), prov. deis. Le mot désignait
une table à manger, surtout une table d'ap-
parat; il est régulièrement formé du latin
discuSt primitif de Fit. desco et de Tall. ttsch,
table L'acception du mot moderne se rap-
porte aux tentures en forme de ciel dont les
dois ou dais étaient ordinairement surmontés
pour empêcher que rien ne tombât du plafond
sur les mets. — L'étymologie ail. dach, toit,
ne peut être soutenue en présence des an-
ciennes formes du mot.
DALLE, tablette de pierre, tranche de gros
poisson, tient sans doute à la même racine
que goth. dailjan, ags. daelan, angl. deal, ail.
theilen, bret. dala, irl. tallam, qui tous signi-
fient fendre, diviser, partager. — D'après
Mahn, du celt. dal^ dalen, feuille, planche
mince (Herrig, Archiv, XXXVII, 133). —
I^ mot dalUf employé dans quelques patois
du Nord pour évier, et d'où vient dalot, gout-
tière pour faire écouler les eaux hors du na-
vire, représente plutôt une idée de concavité
et rappelle la famille des mots goth. dal, ags.
dâel, ail. thaï, signifiant vallée. Cependant,
Diez préfère pour primitif l'arabe dalla, con-
duire (cp. it. doccia, égout, du L. ducere,
conduire); il se fonde sur le rapprochement
de la forme espagnole adala *= dalle, évier,
qui présente dans sa première syllabe l'article
arabe al. — D. daller, couvrir de dalles. —
Le vfr. dail, faux, prov. dalh, esp. dalle,
d'où vfr. dailler, trancher, ferrailler, paraît
être, selon Diez, un diminutif de daga,
dague.
DALOT, voy. dalle.
DAM, dommage, du L. damnum, m. s. Le
sufiixe offe en a fait damage (forme usitée en-
core en anglais) et, par la mutation de a en o,
domage* dommage. Voy. aussi danger.
DAMAS, it. damasco et damasto, BL. efa-
mascus, ail. damast; de la ville de Damas
(Damascus), lieu d'origine de cette étoffe. —
D. damasser. — Le même nom géographique a
donné le mot damas, lame d'acier finement
trempée, it. damaschino, d'où le verbe fr. da-
masquiner.
DAMASQUINER, voy. damas.
1 . DAME, interjection, = domina (c.-à-d.
la Vierge), ou plutôt = domine, cp. en vfr.
l'expression dame Dieu, == dominus Deus.
Nodier s'est trompé en y voyant le L. dam-
num,
2 DAME, subst, it. dama, vient du L.
domina, de la même manière que le masc. do-
minus a produit les formes vfr. dam, dan,
dame, damp (dans damedieu, vidame, et les
noms propres Dampierre, Dammartin). Pour
la mutation o : a, rappelons encore vfr. da-
mesche de dômes ticus, et vfr. danter de domi-
tare. — Les formes correspondantes dans les
autres langues, pour dominus et domina
(Inscript, domnus, domna), sont en it. donno,
donna; en esp. don, dona, dueha (de ce der-
nier les Français ont fait duègne); en port.
dom, dona ; en prov. don, donna. Les dimi-
nutifs de ces formes diverses, représentant un
type latin dominicellus {domnicellus, domi-
cellus), sont respectivement : it. donzello,.
-ella; esp. doncel, -ella; prov. donsel, -ella,
fr. damoiseV damoiseau, damoisele' demov-
selle. C'est des Français que les Italiens ont
pris leur damigello, -ella. — Dérivés de
dame : 1. dans son acception propre, dame-
ret, it. damerino ; 2. dans l'acception que ce
mot a prise au jeu des échecs et des dames,
damier, verbes damer, dédamer.
3 DAME, terme des ponts et chaussées,
du flam. dam, ail. damm, digue.
DAME-JEANNE, sorte de très grosse bou-
teille, it. damigiana, prov. mod, dama-jana
(Honnorat), fait l'effet d'être une altération po-
pulaire et burlesque d'un mot français corres-
pondant au synonyme it. damigiana, arabe
damajan, qui ont la même signification, et
dont l'origine reste à fixer. Le mot arabe
paraît venir de l'étranger. On a pensé à une
forme catalane (fictive) damajana, qui ré-
pondrait à lat. dimidiana et s'expliquerait
par « demi » -aime. Grôber (Ztschr., II, 352)
remarque qu'en argot de Paris on dit dam^
blanche pour une bouteiUe de vin blanc, de
manière que jaiu = jalne* jaune s'applique-
rait à la couleur de l'enveloppe nattée de la
bouteille. En définitive, l'histoire du mot est
encore à faire.
DAMER, DAMERET, DAMIER, voy. dame 2.
DAMNER, L. damnare.
DAMOISEAU, -ELLE, voy. dame 2.
DANDINER, balancer niaisement son corps
faute de contenance; selon Pasquier, de dan
din ou din dan, terme imitatif pour désigner
le bruit et le mouvement des cloches ; selon
Diez, de l'ail, tand, niaiseries; cp. anc. flam.
danten, ineptie, ail. tàndeln, badiner, angl.
dandle, bercer; selon nous, de la rac. dad
(voy. dada) exprimant les premiers pas tentés
par un enfant, et appliquée ensuite fig. à un
maintien peu assuré. Le mot peut d'ailleurs
être considéré comme une variété de dodiner
(v. c. m.). — De dandiner vient dandin,
homme niais, fat, et peut-être l'anglais
dandy.
DA176ER, anciennement domination, auto-
rité, particulièrement droit du suzerain relati-
vement aux possessions de ses vassaux pour se
dédommager éventuellement du non-acquit-
tement de leurs obligations; de là la locution :
estre en dangier de qqn., être sous sa puis
sance, à sa merci. C'est ainsi que danger prit
l'acception de violence arbitraire (sens inhé
rent encore à ce mot en Normandie), puis
celle de refus, contestation, diflBculté : faire
danger de dire qqch. = refuser de dire qqch.
Ces anciennes significations, ainsi que l'or-
thographe dongier qui se rencontre assez sou-
* vent, prouvent en faveur d'un type latin do-
miniarium, dom*niarium, forme extensive
de dominium, souveraineté, autorité. Le sens
actuellement attaché au mot, celui de péril,
peut à la vérité se ramener assez facilement à
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DAT
139 —
DE
celui de domination ou de son corrélatif dé-
pendance ; être en danger de mort, c'est avoir
la mort pour maîtresse, c'est être sous la
puissance de la mort; cependant, la définition
de danger par « situation où l'on encourt du
dommage (damnum) » fait pencher beaucoup
de philologues pour le type damnarium,
d'où damnier, puis danger (cp. calenger p.
calomnier) ; et, en effet, les deux étymologies
proposées sont justifiables, suivant les deux
significations puissance et péril, et Ton est en
droit de soupçonner que les deux sens se rap-
portent à deux homonymes. Il est curieux que
la moyenne latinité ne présente ni dominia-
rium^ ni damnarium, et qu'au xrv® siècle on
ait latinisé dangier ou dongier par domige-
rium, dangerium. — D. dangereux.
DANS, vfr. deens dens, combinaison de de
et ens (v. c. m.) = L. de intus. Par une nou-
velle combinaison avec de, on a fait dedans,
modifié par syncope en déans, d'où le cps.
endéans.
DANSER, angl. dance, it. danzare, esp.,
port., prov. danzar ou dansar, du vha. dan-
sôn, tirer en long. La danse, étymologique-
ment, désigne une chaîne, une file (cp. l'ail.
reigen, danse, mot identique avec rethe, file,
série). Le mot taruen de l'allemand actuel
est un emprunt fait aux langues romanes. —
D. danse, subst. verbal.
DARD, it., esp. dardo, prov. dart^ de l'ags.
daradh, darodh, angl. dart, nord, darradhr,
vha. tart, lance. Le mot se trouve aussi dans
les idiomes celtiques. — D. darder,
DARNE, tranche de poisson, du cymr. ou
bret. dam, morceau, pièce (cfr. sanscrit da-
ranay division).
DARON, maître de la maison, à Lille =
mari ; Bugge y voit une forme familière déri-
vée, peut-être sous l'influence de baron, du
vfr. danre =« lat. dominum; cp., pour la
chute de Vn, sire de senior, Berry dorée =
denrée, — Notez que, dans les Assises de Jéru-
salem, le mot daron signifie «« manoir sei-
gneurial n .
DARSE, darsine, de l'it. darsena, voy.
arsenal.
DARTRE, patois dertre. Diez rejette l'éty-
mologie i^proi, écorché ; s'il avait fallu recou-
rir au grec pour trouver un nom à la mala-
die appelée dartre, les médecins y auraient
puisé le nom propre de cette maladie, qui est
Aetxiiv. Pictet opine pour un radical celtique,
en alléguant le cymr. tanodan, m. s., bret.
dartmâen, dervoéden ; on rattache aussi le
mot à l'ags. teter, angl. tetter (ail. zitter), qui
signifie dartre. Quelle que soit l'origine immé-
diate du mot fr., celui-ci est incontestable-
ment identique avec le sanscrit dardru, m.
s., venant d'un verbe signifiant gercer. — D.
dartreux.
DAT AIRE, en BL. primus cancellariœ roma-
n» minister, sic dictus a litteris expeditis,
quibus vulgo addit : datum Romse. La charge
de cet officier s'appelait dataria, fr. daterie.
Cest aussi cette formule datum Romœ, donné
à Rome, etc., qui a donné naissance au terme
date = indication du lieu et du jour de l'ex-
pédition ou de l'enregistrement d'une pièce,
puis, en général, époque précise où une chose
a été faite.
DATE, voy. dataire. — D. dater, cps. anti-
dater (mieux vaudrait antédater) et post-
dater.
DATIF, L. daiivus (dare).
DATION, L. datio (dare).
DATTE, anc. dacte (p. dactle, cp. amande
p. amandîe), it. dattero,esi^.,pTOY.datil,a\\,
dattel, du L. dactylus, m. s. — D. dattier.
DAUBE, voy. dauber.
DAUBER, frapper, angl. dab, de l'ags. dub-
ban, m. s. (voy. adouber). — D. daxibe (pour
être mise à la daube, la viande doit être frap-
pée); endauber.
DAUPHIN, prov. dalfin, L, delphinus.
Comme titre de l'héritier du trône de France,
dauphin vient du nom propre Dauphin, porté
par plusieurs seigneurs du pays dit Dau-
phiné. - Par le privilège de la donation que
Himbert, dernier seigneur de Dauphiné, fit
de sa terre, l'an 1349, à Jean Roy de France,
autre ne peut estre Dauphin que le fils du
Roy régnant. » (Fauchet).
DAURADE (poisson), d'un type L. de-aurata
(la dorée| ; donc de La même origine que le
poisson dit dorade.
DAVANTAGE, p. d*amntage, cp. it. dt
vantaggio ; voy. l'art, ains.
DAVIER, pince recourbée dont se servent
les dentistes; origine inconnue. Comme on
trouve dans Rabelais l'orthographe daviet, et
que des noms propres sont parfois donnés à
des outils, Littré émet conjecturalement l'éty-
mologie Daviet, dimin. de David, qui a été
aussi le nom d'un outil de menuisier ou de
tonnelier.
DE-, DÉ-, DÉS-, particules prépositives,
répondant aux préfixes latins de et dis. 1 . Le
de latin se retrouve en français sous la forme
de et dé, tant dans les verbes transmis du latin
(ex. demander, déclarer, désigner, déléguer)
que dans ceux de création nouvelle (ex. dé-
choir, défiler, découler). On remarque que la
forme de (sans accent) se met de préférence
devant des primitifs appartenant déjà au vieux
fonds constitué de la langue, comme débout,
dedans, devers, degré. La forme dé est d'in-
troduction plus moderne; elle est générale-
ment appliquée aux verbes, tant à ceux de
provenance latine qu'à ceux de création ro-
mane; exceptions : demander, devenir, de-
meurer. — Le préfixe d^(it di, esp., prov.
de) a servi particulièrement ^ exprimer éloi-
gnement, privation, enlèvement. Comme le
préfixe L. dis = fr. dés, il communique au
primitif le sens du contraire : fr. débàUr,
prov. de-bastir. Il se fait surtout remarquer
comme l'opposé du préfixe en, p. ex. emfinjir-
ber, débourber; embrouiller, débrouiller. —
2. Le préfixe latin dis, di se retrouve dans
des mots fr. de provenance latine (ex. discer-
ner, dispenser, dilacérer). Appliqué à des
vocables nouveaux, où il sert à exprimer sé-
paration, cessation ou négation, il se trans-
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DÉB
— 140 —
DÉB
forme en dé devant les consonnes, en dés
devant les voyelles ; parfois, cependant, devant
des consonnes et dans des moû de formation
savante, le dis latin reparait. Ex. désagréer,
décharger f défaire y déranger, discontinuer;
désarroi, désastre, désagréable, déloyal, dis-
grâce. Il arrive que dés, à cause de son sens
plus précis, a supplanté le de du composé
latin : cp. L. de-armare, it. disarmare, esp.
desarmar, fr. désarmer; il en est de même
dans déformer, dénier, dénuer, etc., vfr.
des former, desnier, desnuer, etc. Parfois il
est difficile, même impossible, de décider si
le préfixe dé se rapporte au L. dis ou k de;
p. ex. déchoir, qui d'un côté correspond au
prov. deS'Cazer, d'un autre à l'esp. de-caer.
— Notez encore la forme des pour de, devant
des primitifs commençant par *, ex. : dessus,
dessous, dessécher, desservir, dessiller.
1 . Dâ à coudre, forme apocopée du vfr.
del. Ce dernier est contracté de deel (Anjou
déau, Berry diau), lequel, ainsi que fit.
ditale, esp. dedal, vient du BL. digitale (de
digitus, doigt).
2. DÉ à jouer, prov. dut, it., esp., port.
dado, BL. dodus. Voici ce qui a été avancé
sur l'étymol. de dodus : 1. = L. datus, de
dore, jeter (dans des locutions comme « dare
ad terram », etc.), donc chose jetée; 2. Go-
lius : arabe dadd, jeu ; 3. Ménage : dez, de
dati, donnés, c.-à-d. donnés de main en main ;
4. DuCange, au mot decius (latinisation bar-
bare du vfr dez), prétend que jeu de dé
vient par corruption àQJuis ds Dé, lequel
groupe de mots repTésenie judicium Dei, ju-
gement de Dieu; dé, selon lui, se rapporte-
rait ainsi à Deus. Au rapport de Ménage, Du
Cange appelait cette découverte la reine de
ses étymologies. — Pour notre part, nous ne
souscrirons à aucune de ces assertions ou
conjectures. Dé, à notre avis, représente L.
datum, et a d'abord signifié le hasard, litt. ce
qui est donné (cp. chance = ce qui tombe,
quod accidit) ; jeu de dé est synonyme de jeu
de hasard ; puis le nom s*est donné à l'instru-
ment servant à consulter, à tenter la for-
tune.
DÉBÂCLSR, contraire de bâcler (v. c. m.),
désobstruer, débarrasser, rompre. — D. d-é-
bâcle, rupture des glaces, fig. changement
subit, confusion.
DÉBAGOULER, vomir des injures; puis
vomir en général. Ce terme accuse un pri-
mitif hagoule, auquel on doit aussi l'ancien
verbe bagouler, bavarder, et le subst. bagoul,
bavardage (usité dans les dial. du Nord).
On peut aussi l'expliquer par ^ou7e,*^i*eM/e,
muni du préfixe péjoratif ba, bé; une ba-
goule serait une mauvaise langue ; cp. l'ex-
pression vulgaire engueuler qqn.
DÉBALLER, voy. balle.
DÉBANDER, 1. ôter une bande, desser-
rer; 2. rompre, disperser une bande de com-
battants. — D. débandade (à la), néolo-
gisme.
DÉBAROADÉRE» voy. débarquer.
DÉBARDER, enlever (des marchandises) au
moyen du bord (v. c. m.). — D. débardeur,
DÉBARQUER, sortir de la barque (v. c.
m.). — D. débarcadère, terminaison espa-
gnole, cp. esp. desembarcadero, m. s. (an-
ciennement on disait débarcadour).
DÉBARRASSER, esp. desembarazar, it.
sbaroszare; voy. barre, — D. subst. ver-
bal débarras.
DÉBAT, subst. verbal de débattre,
DÉBATTRE, composé de battre; se débat-
tre est un terme analogue à se démener; le
préfixe dé ne représente pas dis (car l'an-
cienne langue ne disait pas desbattre), mais
de, ayant force intensitive ; cp. it. dibattere,
esp. debatir.
DÉBAUCHER, d'un primitif bouche, vieux
mot fr. signifiant boutique, atelier, et dont
l'origine n'est point éclaircie. L'étymol. prov.
bottica = boutique, n'est pas admissible ; le
mot pourrait bien remonter au balk germa-
nique, signifiant poutre, puis par extension
hangar et choses sembl. Débaucher serait
ainsi pr. tirer qqn. de son atelier, puis fig. le
détourner de son travail, de ses devoirs ;
embaucher, par contre, c'est attirer dans un
atelier, enrôler. Nicot ne mentionne pas le
sens de boutique attribué par Ménage au
subst. bouche, mais bien celui de crépissure
d'une muraille, barbouillage. Ce sens, qui
indique un primitif de la famille du gaél.
baie, croûte de terre, s'accorderait bien avec
la signification d'ébaucher, dessiner grossière-
ment ; cependant, ce verbe paraît avoir une
autre origine (voy. plus loin). — En Sain-
tonge, bouche signifie tâche, de sorte que
débaucher serait détourner qqn. du travail,
embaucher, l'y mettre (Littré, Suppl.). Mais
d'où vient bouche = tâche? — D. subst. ver-
bal débauche, pr. abandon du travail, puis
dérèglement (d'où l'adj. débauché) \ débau-
cheur.
DÉBET, mot latin. « il doit.
DÉBILE, du L. debilis, faible (contraction
de de-habilis, inhabile). — D. débilité, L.
-itas ; débiliter, L. -itare. — La vraie francisa-
tion du L. dëbilis est deble, dieble, doivle
qui ne se trouve que dans les composés vfr.
endeble, endieble; y&i relevé endoivle dans les
Poésies de Froissart, t. I, p, 131, 1518).
DÉBINER, wall. dibiner, aller en déca-
dence, perdre sa fortune (d'où subst. débine,
misère); je ne connais pas l'origine de ce
mot familier. Est-il identique avec le rouchi
biner, débiner, qui signifient s'enfuir? Ou
est-ce une formation de fantaisie, tirée de
debere, avoir des dettes?
DÉBIT, mot savant, du L. debitum, ce qui
est dû, comme crédit de creditum, ce qui est
cru (confié, prêté). De là débiter =» inscrire
au compte du débit. Le mot debitum signifie
également la marchandise vendue et portée au
débit de l'acquéreur, comme due par lui ; de
là le verbe débiter, dans son sens de vendre,
surtout vendre en détail, Ûg. mettre en cir-
culation, émettre (des nouvelles), réciter,
produire en public. C'est à ce dernier que se
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DEC
— 141 —
DEC
rapporte comme subst. verbal le mot débit
signifiant vente, droit de vendre, et fig. ma-
nière de réciter, de prononcer.
DÉBITER, voy. débit.
DÉBITEUR, vfr. deteur, 1. « L. debitor,
qui doit (fém. débitrice) ; 2. dér. du verbe dé-
biter (voy. débit) = qui débite (fém. debiteuse),
DÉBLAI, voy. déblayer.
DÉBLATÉRER, L. deblaterare, jaser, dé-
biter.
DÉBLAYER, BL. debladare (bladum), voy.
blé. — D. déblai.
DÉBLOQUER, voy. bloc,
DÉBOIRE, mauvais goût que laisse une
boisson dans la bouche, fig. dégoût, regret.
Infinitif subtantivé d'un verbe inusité, repré-
sentant le L. debibere, boire de qqch., dégus-
ter ; selon Littré, de dé, préfixe, et boire : un
boire qui ôte Tenvie de boire.
DÉBOÎTER, voy. boite.
DÉBONNAIRB, voy. air. — D. débon-
n aireté.
DÉBORDER, pr. sortir hors de» bords, voy.
bord. — D. débord, débordement.
DÉBOUCHER, 1. v. a., opp. de boucher; 2.
V. n., sortir par la bouche (ouverture) d'un
défilé, d'une gorge, d'une rue, de là débouché,
endroit où l'on débouche, issue, lieu d'expor-
tation pour les marchandises.
DÉBOUILLIR, renforcement de bouillir;
op. L. decoquere, ail. abkoc?ien.
DÉBOUQUER, terme de marine, variété de
déboucJier.
DÉBOURSER, voy. bourse. — D. débours.
DEBOUT, p. de bout, sur le bout. Vent de-
bout, vent qui souffle sur la proue (le bout) du
vaisseau.
DÉBOUTER, dér. de bouter, = pousser
loin, repousser, voy. bouter.
DÉBRAILLER, voy. braie.
DÉBRIS, voy. briser; 1. (acception fort
rare) action de débriser (verbe tombé en dé-
suétude), destruction, rume; 2. reste d'une
chose brisée.
DÉBUCHER, sortir du bois ou buisson ; du
BL. busciis, bois.
DÉBUSQUER, variété de débucher; comme
verbe actif, faire sortir de l'embuscade, fig.
chasser d'un poste avantageux.
DÉBUT, subst. verbal de débuter, jouer le
premier coup au mail, à la boule, pr. tirer de
but, du lieu où est le but, puis commencer en
général.
DÉBUTER, voy. de'but. — D. débutant.
DEÇA-, dans les compositions décagramme,
décalitre, etc. , marque le décuple de l'unité.
Du grec iixat, dix.
DEÇÀ, voy. çà.
DÉCADE, dizaine, espace de dix jours, du
gr. jtxÂ;, 'kloi dizaine.
DÉCADENCE, L. decadentia*, dér. àedeca-
dere, forme barbare pour decidere (primitif
caderé). Le mot n'est qu'une forme savante et
moderne de ^échéance, comme on a cadence
concurremment avec chéance* chance.
DÉCADI, mot créé pour le calendrier répu-
blicain pour désigner le dixième jour de la
décade, de déca, Ôèxa « dix, et dies, jour.
DÉCAGONE, à dix angles (o^ixa, ywvo;).
DÉCALOGUB, gr. ii^kloyoi, litt. les dix pa-
roles.
DÉCALQUER, voy. calguei-.
DÉCAMPER, lever le camp, puis se retirer
précipitamment, voy. camp.
DÉCANAT, L. decanatus, dérivé de decor
nus, litt. dizenier. Ce primitif decanus s'est
francisé en doyen (cp. necare = noyer). On
disait autrefois aussi, par la syncope du c mé-
dial, dean, forme conservée dans la langue
anglaise.
DÉCANTER, it. decantare, esp. decantar,
pr. verser une liqueur en penchant le vase ;
dérivé de canthus, it. canto, coin, côté (voy.
canton et champ 2). — J'abandonne ma coiyec-
ture décaneter, de canette, petite cruche.
1. DÉCAPER, pr. enlever la superficie, la
croûte de qqch.; de cape, chape, vêtement,
enveloppe.
2. DÉCAPER, t. de marine, prendre la
haute mer ; do cap.
DÉCAPITER, BL. decapitare (caput), enle-
ver la tête; cp. decollare, couper le cou.
DÉCATIR, voy. caHr. — D. décatisseur,
décatissage.
DÉCÉDER, L. decedere, mourir, pr. s'en
aller.
DÉCELER, le contraire de ceU^ (v. c. m.).
DÉCEMBRE, L. dece/yi6er (decem), ledixième
mois de l'ancienne année latine.
DÉCENNAL, L. decennalis (docom, annus).
DÉCENT, L. decens (part, de decere), con-
venable. — D. décence. L. decentia.
DÉCEPTION. L. dcceptio, dérivé du verbe
decipere = fr. décevoir.
DÉCERNER, L. decernere.
DÉCÈS, L. decessus, départ, dérivé de de-
cedere, fr décéder.
DÉCEVOIR, angl. deceive, du L. decipere,
m. s. (cp. concevoir, recevoir de concipere,
recipere). Les formes en -cevoir ont pour type
L. -cipère; la bonne forme latine -cipere a pro-
duit les anc. formes deçoivre, conçoivre, re-
çoivre. — D. décevable.
DÉCHAÎNER, it. scatmare, ôtor la chatne
(v. c. m.). — D. déchaînement, signifiant à la
fois l'action et l'état qui en résulte.
DÉCHANT, deschant", it. discanto, angl.
descant, BL. discantus, litt. variation de
chant, discordance. — D. déchanter.
DÉCHARGER == lat. dis-caricare (Venant.
Fort.); it. scaricare, esp. descargar, angl. dif'
charge. — D. décharge.
DÉCHARNER, it. «camare, esp., prov. des-
carnar, ôter la chair, cham *; voy. chair.
DÉCHAUSSER, enlever la cAau^^e, esp. des-
caïjsar; cp. lat. discalceare. — D. déchauos
(carmes), vfr. descaus, forme a^j.» tirée du
BL. disccUceus = discalceatus.
DÉCHE, misère, terme populaire, dans
M tomber dans la dèche ». Gomme l'équivalent
débine, ne tiendrait-il pas à L. debere, par
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DEC
— 142 —
DEC
quelque type barbare débicare^ mettre en
dette? ou par un subst. lat. debiaf
DÉGHÉANOE, dér. de déchéant, part. prés,
de déchoir; étymologiquement identique avec
décadence.
DÉCHET, dérivé bizarre de déchoir; l'ail,
dit de même ab-fall^ litt.^= déchet. Le mot
répond exactement au BL. decatum, decessio,
imminutio. mais je suis porté à croire que
decatum a été formé d'après le mot français ;
or, ce dernier me semble issu du L. decasus,
subst. de decadere, qui en BL. signifie la
même chose que decatum; de là d'abord nom.
dechez, puis, par méprise, déchet, Littré et,
après lui, Brachet prennent déchet pour la
prononciation normande de déchoit ^ et ce
dernier pour un part, passé de déchoir. Un
part, dechcoit p. decheii se rencontre en effet,
et déchet pourrait au besoin s'y rapporter
comme baiât à benoit.
DÉCHIFFRER, ôter à qqch. son caractère
déchiffré, c.-à-d. difficile, illisible, embrouillé.
L'ail, dit do même entziffem; it. descifrar,
esp. diciferare; voy. chiffre.
DÉCHIQUETER, tailler menu, de chiguet
(v. c. nru). — D. déchiqueture.
DÉCHIRER, composé du vfr. eschirer,
prov. csquirar. Ce dernier se laisse très bien
rapporter au vha. skeiTan, scalpere, radere,
eradere (ags. sceran, ail. scherefi, tondre,
couper).
DÉCHOIR, decheoir*^ prov. descazer^ d'un
type de-cad^j'e. strictement -cadêre (= latin
classique decideré); du môme type : angl.
decat/ = déchoir ; voy. choir, — D. déchéance
(v. c. m.).
DÉCI-, mot de convention tiré du L. deci-
mus, et employé pour former des noms de
mesure, exprimant la dixième partie de
l'unité : ex. déciare, décilitre. Cp. déco-,
DECIDER, L. decideré (prim. cœdere), pr.
trancher, fig. décider. Du supin decisum. :
décision, L. decisio; indécis, itidécision; déci-
sif.
DÉCILLER, forme orthographique qui a
précédé dessiller; dérivé de c// (v. c. m.).
DÉCIME, dixième partie, du L. décima
(sous-entendu pars), dont la vraie forme
française est disme" dîme. De decimus déri-
vent encore : décimer, frapper, punir le
dixième; décimal; décimateur, qui lève la
dimo.
DÉCISIF. DÉCISION, voy. décider.
DÉCLAMER, L. declamare (clamare).
DÉCLARER, vfr. declaiiner, it. dichiarare,
du L. declarare (clarus); cp. ail. erhlâren
(klar).
DÉCLIN, subst. verbal de décliner.
DÉCLINER, 1. dévier, pencher vers la fin;
2. terme de grammaire, fléchir la forme d'un
mot ; 3. éviter, se soustraire (à cette dernière
acception se rapporte le terme de procédure
déclinatoire). Du L. declinare, qui a les
mêmes significations. — D. déclin, déclinai-
son, h. declinatio ; déclinable,
DÉCUVE, L. declims (de clivus, pente). —
D. déclivité, L. declivitas.
DÉCOCHER, it. scoccare, litt. faire partir
la flèche de la coche (v. c. m.).
DÉCOCTION, L. decoctio (coquere).
1 . DÉCOLLER, L. decollare, couper le cou
(collum). — D. décollation.
2. DÉCOLLER, détacher une chose collée,
de colle.
DECOLLETER, do collet, voy. col,
DÉCOLORER, L. de-colorare,
DÉCOMBRER, débarrasser; subst. verbal,
pi. décombres ; voy , comble.
DÉCONFIRE, défaire, détruire, d'un type
disconficere, propr. désassombler les parties
d'un tout. Voy. confire. — D. déconfiture.
DÉCONVENUE, formé de la particule adver-
sative dé = L. dis, et du subst. inus. con-
venue, arrangement. Déconvenue signifie
donc pr. le dérangement d'un plan, de là :
contre-temps, mauvaise aventure, déception.
DÉCOR, subst. verbal de décorer.
DÉCORER, L. décor are (do decus, -oris, or-
nement). — D. décor, décoration, -ateur,
-atif.
DÉCORUM, mot lat. sign. bienséance;
propr. le neutre de l'adjectif dc^orus, conve-
nable, décent. Ce terme étranger s'est popu-
larisé, comme si la langue était impuissante
à le remplacer par un mot français. Garder
le décorum est devenu une locution tout à fait
bourgeoise.
DÉCOUCHER, autr. le contraire de couclier,
donc se lever ; auj. = ne pas coucher chez soi;
cp. L. decubare, coucher loin ou dehors.
DÉCOUDRE, voy. coudre. — D. décousure;
ce dérivé est tiré du partie, décousu, tandis
que couture a pour primitif le latin consu'
tura.
DÉCOULER; cp. le L. de-flucre.
DÉCOUPER, couper par morceaux ; le pré-
fixe dé rend ici la valeur primitive du L. dis^
cp. l'ail, zer-schneiden, — D. découpure.
DÉCOURS, L. decursus, cours descendant
DÉCOUVRIR, pr. ôter ce qui couvre, angl
discover; cp. ail. ent-dechen, L. de -tegere. —
D. subst. participial découvert et découverte,
DÉCRASSER, voy. crasse.
DÉCRÉDITER, voy. crédit. Variété de dis
créditer.
DÉCRÉPIT, mot savant forgé par imitation
de lat. decrepitus [i bref); le génie naturel
de la langue avait transformé decrepare en
decrever, au participe decrevà. Jean de Condé,
I, 363 : Halos, magres et décrétés. — Le mot
latin signifie propr. qui a cessé de faire du
bruit (rac. crepare), puis fig. sans force, usé.
— D. décrépitude.
DÉCRET, L. decretum (decemere). — D. dé-
créter; décr étale, L. decretalis, s. -e. epistola.
DÉCRIER, crier ou proclamer en sens défa-
vorable, rabaisser en criant. — D. décri.
DÉCRIRE, du L. describere, primitif de :
descriptio, fr. description, dcscriptivus, fr.
ciescriptif.
DÉCROCHER, détacher une chose accro-
chée^; voy. croc.
DÉCROIRE, ne pas croire, cp. L. discredei^e
(Jules Valère).
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DÉF
— 443 —
DÉF
décroître, L. decrescere. — D. décroft
(cp. croît), décroissement, -ance; décrue.
DÉCROTTER, voy. crotte, — D. décrotteur,
décrottoir.
DECRUE, voy. décroître.
DÉCRUER, lessiver le fil cru; d'un type
discrudare, du L. cr^dus, qui avait aussi
l'acception de •• non préparé ♦» [coriumcrudum,
cuir non tanné). — La forme décriiser pour
L. discrudare est conforme aux liabitudes des
idiomes du midi de la France ; cp. L. cru-
delis, prov. cruzel.
DÉCUPLE, L. decuplus. — D. décupler.
DÉDAIGNER, it. disdegnare, voy. daigner,
— D. dédain (v. c. m.), dédaigneux.
DÉDAIN, vfr. desdaing, subst. verbal de
dédaigner, it. disdegno.
DÉDALE, labyrinthe, de Dœdalu^, nom
mytiiologique de l'architecte du labyrinthe de
Crète (de ûxLhoàoi, savant, habile).
DEDANS, voy. dam.
DÉDICACE, L. dedicatio [dedicare, dédier).
Dédicace, j^^éface et vfr. estrace = extraction,
(peut-être encore populace) sont les seuls mots
dans lesquels la désinence latine atio se soit
convertie en ace au lieu de alion ou aison,
qui, comme on sait, vient strictement de l'ac-
cusatif aiionem, l'accent tonique sur o. Il est
curieux de voir dédicace, appliqué à la dédi-
cace d'une église, se corrompre en dicace, du-
cace et ducasse, mots wallons exprimant la
fête patronale de l'église et correspondant
ainsi à l'ail, kirch-weih, néerl. kermesse (p.
kerhniess, messe de l'église). Roquefort s'est
fourvoyé en rattachant ducasse à duc (fête
donnée par les ducs).
DÉDIER, L. dedicare, d'où dédicace (v. c.
m.), et dédicatoire.
DÉDIRE, BL. dedicere = contredire, nier,
désavouer. — D. dédit,
DÉDOMMAGER, indemniser d'un dommage
souffert.
DÉDOUBLER, défaire le double, enlever la
doublure.
DÉDUCTION, L. deductionem, m. s. (dedu-
cere).
DEDUIRE, du L. deducere, tirer loin, éloi-
gner. — Le subst. déduit, amusement, BL.
deductus, est tiré du L. deducere, dans le sens
de divertir que lui donnait le moyen âge ; cp.
divertir, distraire, formés d'une manière tout
analogue et signifiant litt. tourner en sens
divers, c.-à-d. détourner des choses graves ou
tristes.
DÉDUIT, voy. déduire.
DÉESSE, vfr. deuesse, it. deessa (aussi
dea), prov. deuessa, diuessa (aussi dea). Pour
donner au L. dea une terminaison plus sonore
qu'un simple a ou e muet, on a eu recours au
suflSxe essa, esse. L'espagnol a fait de dios,
dieu, le fém. diosa.
DÉFAILLIR, propr. manquer, faire défaut,
s'affaiblir ; la composition avec de est peut-être
faite sous Tinfiuence du L. deficere, m. s. —
D. défaillance, défaillant.
DÉFAIRE, it. disfare, esp. deshacer, prov.
des far, BL. disfacere p. deficere, d'abord opp.
de faire, puis désassembler, mettre en déroute
(cp. déconfire, mot de formation et de signi-
fication analogues). Pour la locution se défaire
de (à laquelle se rattache défaite = débit,
placement d'une marchandise), cp. l'ail, sich
losmachen. — D. défaite, 1. état de celui
qui a été défait, 2. excuse employée dans la
défaite.
DÉFAITE, voy. défaire.
DÉFALQUER, it. diffalcare, esp. defalcar,
prov. defalquar, est généralement rapporté à
faix, faux, donc enlever avec la faux, pour
ainsi dire défaucher. Diez cependant préfère
le vha. falçan, falcan, priver, retrancher. —
D. défalcation.
DÉFAUT, anciennement fém. dé faute; ce
dernier (cp. it. diffalta, prov. de fauta) se
rapporte à défaillir, comme faite*, faute (v. c.
m.) à faillir. Comme le verbe défaillir, dans
sa structure, parait avoir subi l'influence du
L. deficere, faire défaut, nous attribuons de
même l'introduction du masc. défaut à l'in-
fluence du subst. defectus = défaut, it. di-
fetto.
DÉFAVEUR, it. disfavore, voy. faveur; cp.
disgrâce. — D. défavorable.
DÉFÉCATION, voy. déféquer.
DÉFECTIF, L. dcfectivus, de deficere, man-
quer. De ce verbe procèdent encore L. defec-
tio, abandon d'un parti, fr. défection; L. de-
fectus, manque (mot con.servé dans défct,
terme de librairie, = feuilles superflues, dé-
pareillées d'un ouvrage, pr. ouvrage à défaut),
d'où l'adj. fr. défectueux.
DÉFECTION, voy. défectif.
DÉFECTUEUX, voy. défecHf — D. défec-
tuosité.
DÉFENDRE, L. defendere, litt. détourner,
repousser, écarter les dangers de qqn., puis
protéger. La signification « interdire, prohi-
ber », qui se tire naturellement du sens fon-
cier « repousser, ne pas admettre n, n'était
pas encore propre au mot latin. Au supin
latin defensum remontent les dérivés : dé-
fense, L. defensa (Tertullien); défe)is{^ois end.),
L. defensum; défenseur, L. defensor; dé f en-
si f, -ive (opp. de offensif, -ive). Sont dérivés
du mot français : défendable, défendeur,
-eresse, qui se défend en justice.
DÉFENSE, voy. défendre. — D. défen-
sable', en état de se défendre.
DÉFÉQUER, L. defœcare, ôter la lie, les
ftces [L. fsex). — D. défécation, L. defaecatio.
DÉFÉRER, L. déferre, litt. porter vers,
puis présenter, offrir, accorder, d'où la signi-
fication moderne : céder, condescendre. — D.
déférence, condescendance.
DÉFERRER, 1 . ôter le fer, la ferrure; 2. ti-
rer le fer, l'ôpée, dégainer. » '
DÉFET, voy. défectif
DÉFI, voy. défier.
DÉFICIT, mot latin, signifiant « il man-
que » (de deficere, manquer).
DÉFIER (SE), du L. diffidere, ne pas se
fier. — D. défiant, adj., L. diffidens; dé-
fiance, L. diffidentia. Le verbe défier, au sens
actif de provoquer, braver, d'où le substantif
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DÉG
— 444
DEG
DKFi, vient du BL. dtffidare (prim. fidus),
dont le sens est : a fide quam quis alicui débet
aiit pollicitus est, per Ûtt^ras aut epistolam
deficere; donc retirer sa foi, se mettre en état
do guerre ouverte. It. sfidare, prov. desfizar.
DÉFIGURER, gâter la figiire, déformer;
verbe de création romane; it. dis-figurare,
esp. desfigurar,
DÉPILBR, 1. V. a., ôter le fil, voy. fil;
2. V. n., aller Tun après l'autre, à la file. De la
seconde acception dérive défilé^ 1 . action de
défiler, 2. passage étroit, où il faut marcher
un à un.
DÉFINIR, L. definire, m. s. (litt. fixer les
limites, fines), — D. définissable, indéfinis-
sable, défini, indéfini. Au supin latin défini-
tum ressortissent : définitif, -itivus, défini-
tion,-^o,
DÉFLAGRATION, L. deflagraiio, combus-
tion.
DÉFLSÏÏRIR, L. deflorere, cesser de fleu-
rir; déflorei', L. deflorare, ôter la fleur, flé-
trir.
DÉFLORER, voy. défleurir.
DÉFONCER, ôter le fond (vfr. fons), aussi
fouler au fond, voy. fond,
DÉFORMER. L. defoitnare.
DÉFOURNBR, tirer du four (v. c. m.).
DÉFRAYER, dispenser du payement des
frais, payer pour un autre, entretenir. Voy.
frais, — D. défrai', défraiement* ,
DÉFRICHER, faire sortir de l'état de friche
(v. c. m.).
DÉFROQUER, priver du froc (v. c. m.), fig.
faire sortir de l'état monastique. — D. dé-
froque, eflets, bardes, laissés par un religieux
décédé; par extension, biens mobiliers laissés
par un particulier décédé. Cp. le terme dé-
pouille,
DÉFUBLER, vfr. desfuler, dégrafer, désha-
biller. Voy. affubler.
DÉFUNT, L. defunctus (de defungi terra
ou vita, ou simplement defungi, mourir);
dans certains patois on trouve défunher, dé-
functer p. mourir.
DÉGAGER, opp. d*engager; par extension,
désobstruer, débarrasser. — D. dégagement.
DEGAINER, it. sguainare, esp. desenvai-
nar, faire sortir de la gaine (v. c. m.). — D.
dégaine, propr. manière, attitude de celui qui
se mot en garde, puis par extension : tour-
nure (ridicule), manière, maintien; dégaineur,
batailleur.
DÉGÂT, subst. d'un verbe dégàter (vfr de-
ou desgaster) tombé en désuétude. La compo-
sition dégâter est analogue à celle du L, de-
vastare, Voy. gâter,
* DÉGELER, contraire de geler. — D. d^el,
DÉGÉNÉRER, L. degcnei-are, litt. sortir de
son genre, perdre ses qualités génériques.
D'un primitif non classique degetierescere, on
a fait l'acy . dégéné7'escent\ et le subst. dégéné-
rescence.
DÉGINGANDÉ, anc. déhingandé, dial. nor-
mand déguengandé, délabré, mal tourné.
Roquefort pose pour étymologie L. dehinc-
hanc, deçà et delà. Nous la renseignons pour
mémoire. Le sens propre parait être « dislo-
qué, désarticulé »» et la forme primitive, dé-
gigandé (usitée à Genève, Berry déguigue-
nandé)\ ce qui donne raison à Littré, qui
explique le mot par le primitif gigu£ : « qui
n'est pas bien sur ses jambes « . On trouve le
verbe déhingander dans Rabelais : «< brûlez,
noyez, crucifiez, bouillez, escarbouillez, escar-
telez, dehingandez, carbonnadez ces méchants
hérétiques, etc. »» Que voulait dire l'auteur
par déhingander, sinon démembrer? — Bugge
(Rom. ni, 146) rapproche l'it. sgangherato,
pr. sorti des gonds, fig. dégingandé. Le pri-
mitif gingand (norm. genguatid) serait une
transformation de it. ganghero, prov. gan-
guil, gond: d final serait paragogique; in,
en, pour ain an; le 2® n fait l'effet d'une assi-
milation au l*' (cp. milan, canchen = it.
ganghero).
DÉGLUTITION, L. d^gluHtio (de deglutire,
avaler).
DÉGOBILLSR, dér. de gober, avaler.
DÉGOISER, Berry dégoisiller, parler avec
volubilité, gazouiller, jaser; anc. chanter à
pleine gorge, s'ébattre; se rapporte proba-
blement au primitif de gosier; cp. égosiller.
— Subst. verb. degois*, ébat.
DÉGOMMER, terme populaire, tiré de
gomme; propr. décoller, fig. déplacer d'une
position où l'on se croyait sûrement établi.
DEGOR, voy. l'art, suiv.
DÉGORGER, 1 . rendre gorge ; 2. contraire
d*engorger, — Substantif verbal dégor, tuyau
de décharge.
DÉGOTER, faire tomber au tir un objet
placé conmie but ; fig. déposséder qqn. d'une
position acquise. Anciennement degotier, dé-
goutter; le sens premier serait-il « faire cou-
ler bas n ou «« couler dessus •• ?
DÉGOURDIR, contraire de eyxgourdir, de
l'adj. gourd (v. c. m.).
DÉGOÛT, prov. degot, subst. de dégouUer.
DÉGOÛT, it., esp. disgusto, angl. disgust,
absence de goût (v. c. m.). — D. dégoûter,
ôter le goût, l'appétit, inspirer de la répu-
gnance; acy. part, dégoûtant,
DÉGOUTTER, couler en hsLS goutte à goutte
V. c. m.), cp. le terme L. de-stillare. —
. dégoût.
DÉGRADER, L. degradare (Cod. Just.),
faire descendre de son grade ; par extension,
diminuer graduellement, puis détériorer, en-
dommager.
DÉGRAFER, opp. de agrafer (v. c. m.).
DÉGRAISSER, contraire de engraisser,
voy. gras. — Subst. verbal, dégras, graisse
exprimée des peaux.
DÉGRAVOYER, litt. enlever le gravois (v.
c. m.)
DEGRÉ, prov. degrat, port, degrao, com-
posé du L. gradus. Le préfixe de, dont l'in-
tention était de marquer l'abaissement,
comme dans le verbe dégrader (intention sur-
tout sensible dans dégradation des tons), cp.
ail. abstufen, a eu pour eflet secondaire de
i
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DÉJ
— 445 —
DÉL
différencier f^vé = gradus de gré = gra-
ttim,
DÉORÉER, ôter les agrès (v. c. m.); opp.
do grén* et de agréer.
DÉGREVER, opp. de grever {v. c. ni.). No-
tez que le latin degi'atare signifiait juste l'op-
posé du fr. dégrever t c.-à-d. courber sous le
poids, surcharger. Le préfixe dc^ dans le mot
latin, marque, conformément à sa nature,
mouvement descendant, tandis que le préfixe
français est la particule adversative. — D. de-
grPvnnent,
DÉGRINGOLER, rouler du haut en bas. Le
P. Menestrier établit un primitif gringolc^
qui, selon lui, est à la fois un synonyme et
une corruption de gargouille. Dégiingolei',
serait ainsi tomber d'en haut comme l'eau qui
tombe des gargouiller. Le picard a dérin-
golei'y ce qui fait penser à un primitif ringole
= rigole. Pour la pix)thèse de g^ cp. gre-
nouille. Voy. aussi le mot gripgolé.
DÉGUENILLÉ, de guenille (v. c. m.); litt.
tombé en guenille. La composition n'est pas
heureuse, puisqu'elle exprimerait tout aussi
bien l'opposé, c.-à-d. «* privé de guenilles » .
DÉGUERPIR, litt. jeter loin, abandonner;
de l'ancien verbe giierpir wcrpir, BL. guer-
pire, abandonner, quitter. Ce primitif vient
du goth. vairpan, ancien saxon toerpan (ail.
mod. werfer^^ jeter; L'expression guerpir
avec le sens d'abandonner est fondée sur un
ancien usage germanique, selon lequel on
jetait un fétu dans le sein de qqn. pour sym-
boliser un acte de cession, de renoncement à
une propriété. — I^ signification neutre s'en
aller est déduite de celle de renoncer.
DÉGUISER, prov. desguisar, quitter sa
guise habituelle ix)ur en revêtir une autre,
travestir. — D. déguisejncnt.
DÉGUSTER, L. dcgustare (gustus).
DEHISCENT et déhiscence, du L. dehisccre,
s'entr'ouvrir.
DEHONTÉ, privé de honte (y. c. m.). On dit
de même éhonté. Corneille s'est servi du verbe
déhoyiter dans le sens de couvrir de honte.
DEHORS, vfr. defors, voy. fors.
DÉIFIER, L. deificare, mot de la latinité
de l'Eglise, fait comme tant de mots modernes
se terminant de môme, et fonnés d'après le
précédent des vocables latins œdifœare, am-
jplificarc {-ficare est un dérivé de ficus, adj.
de /àcio, faire). — D. déification,
DÉISME, DÉISTE, termes savants tirés du
L. Beus, comme on a fait théisme, théiste, du
grec eso;.
DÉITÉ, L. deitas (deus), mot créé par les
Pères pour divinitas,
DÉJÀ, anc. deiijà, composé de la particule
dès (v. c. m.), et de l'adverbe ja, qui est le
latin jam, et qui s'est consené cncoi*o dans
jadis et jamais. Déjà signifie donc au fond
•» dès l'heure présente »» .
DÉJECTION, L. dijectio (dejicere).
DÉJETER, anc. = rejeter, L. dejcctarc\
frérj. do drjicerc. L'acception actuelle do se
dicter, s'enfler, se courbcV, se contourner.
rappelle l'expression allemande sich iccrjeu,
angl. xoarp.
DÉJEUNER, BL. disjcjunare, litt. cesser
déjeuner; cp. l'angl. breakfast, litt. rompre
le jeûne, et en ail. subst., friihstUck, dé-
jeuner (d'où le verbe friïhstuchen), litt. =
morceau matinal). En esp. on dit disagunar,
litt. = dis-adjejunare. En italien, le composé
digiunar, ainsi que le prov. dejunar, signifie
jeûner (le préfixe, dans ces verbes, n'est pas
négatif). — D. dtjeuner, subst. Dans l'anc.
langue, desjewnr avait un sens plus large :
act. nourrir, régaler, réfl. se nourrir, se ré-
galer.
DÉJOINDRE, du L. dejungcrc ou disjun-
gère, comme on veut. En tout cas, le mot fait
double emploi avec disjoindre.
DÉJOUER, jouer (c.-à-d. travailler, ma-
nœuvrer) en sens contraiie, faire manquer ou
échouer un projet ; cp. le L. de-lxidere, jouer,
tromper une pei'sonne, jouer contre elle.
DÉJUC, voy. lart suiv.
DÉ JUCHER, sortir du juchoir, voy. jucher;
subst. verbal défuc, temps du lever des oi-
seaux.
DÉJUGER (SE), désavouer un jugement
qu'on avait jîorté, cp. le tcunc se dédire.
DELA, corrélatif de deçà, p. de là, it. di
là, esp. de alla; combinaisons : ait delà, par
delà.
DÉLABRER, voy. lambeau, vfr. labcV
labeau, cfr. l'ail, sei'-fetjsen. — D. délabre-
ment.
DÉLAI, voy. délaya^ 1.
DÉLAISSER, abandonner ; le préfixe parait
appliqué par imitation du L. de-sercre, de-
relinquere. — D. délaissement; anc. délais.
DÉLARDER, terme d'architecture; étymo-
logie inconnue. Si parmi les divei-ses o^iéra-
tions techniques désignées par ce verbe on
peut réellement placer en premier lieu,
comme le fait Roquefort, celle de piquer la
pierre avec le marteau, alors il est permis do
voir dans le mot un dérivé de lard, aussi bien
que dans le verbe simple larder, dans son ac-
ception métaphorique, percer de coups. Ou le
sens foncier est-il rendre mince comme une
pièce de lard?
DÉLASSER = dés-lasscr, le contraire de
lasser. Le lat. dc-la$save dit l'opposé du mot
français; le préfixe y a une autre valeur.
DÉLATEUR, L. delatœ* (déferre); terme lo-
giquement égal au terme fr. rapporteur ou ail.
hinterbriiiga\
DÉLATION. L. delalio.
DÉLAYÉ = efl'acé; en parlant des couleui's :
faible, blafard; du L. delavare, cp. ail. ab-
xoaschen. Le vfr. deslavé, sale, est le contraire
de lavé, comme l'indique le préfixe des = dis.
1. DÉLAYER* et DILATER, retarder, dif-
férer, du BL. dilatare, m. s., frécj. de diffcrre
(cp. le L. pro'latare, remettre, difi'érer, do
profcn'e); subst. verbal délai,' — Fôrster
repousse le type dilatare, qui, dit-il, ne peut
produire que dc-lacr, dc-lécr, formes introu-
vables. 11 y voit un compo.sé de l'anc. verbe
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DÉL
— 146 —
DÉM
laier, laisser, tarder. J'accepte son étymolo-
gie, mais en observant qu'en ouvrant le dict.
de Godefroy, il verra maintenant que deléer^^
dilayer n'est nullement introuvable.
2. DÉIiÂTSR, vfr. alayer, détremper dans
un liquide, prov. des-leguar^ it. dilcguare;
d'un type latin dis-Uquare (du L. liquare,
rendre liquide). Pour le préfixe, il est ana-
logue à celui de détremper. — D. délayajit,
délayement. Dans l'expression « délayer son
discours, ses idées »», on peut se demander
auquel des deux homonymes il faut le ratta-
cher. On peut invoquer d'un côté la phrase
latine : dilatare orationem, argumcntum, al-
longer un discours, développer un sujet;
d'un autre, une métaphore tirée de délayer *=
détremper serait tout à fait naturelle; cp. en
allemand wûsserige schreibart, litt. style
aqueux, p. trop fluide, lâche; et en fr. même
le terme diffus, litt. répandu (L. diffusus, de
diffïmdere). — Fôrstcr n'admet ni dilatare,
étendre (voy. l'art, préc), ni dis-Uquare, qui
ne répondrait qu'à déléguer, ou, dans l'hypo-
thèse d'une forme lat. secondaire dislicare, à
desleier, dislier, disloiier. L'examen phoné-
tique de la question le pousse vers un type
dis-lacare, de lacus (lac), d'où aussi it. alla-
gare (vfr. alayei^) et dilagare, submerger,
noyer (Ztschr., VI, 108). G. Paris (Rom., XI.
444) sauve l'étym. disliquare, devenu disli-
care, en invoquant l'anc. forme desleyer. Il
n*y a donc pas lieu de séparer fr. délayer du
prov. deslegar, it. dileguarc.
DBLÉBILB*, L. delebilis (de delei^e, effacer).
— D. indélébile,
DÉLECTER, vfr. déliter (cp. lit de Icctus,
confit de confectus), angl. delight; du L. de-
lectare (fréq. do dclicere). — D. délectation ^
délectable, (vfr. délitablc); l'anc. langue avait
en outre le subst. verbal délit = plaisir, agré-
ment.
DÉLÉGUER, L. delegare, m. s.
DÉLÉTÈRE, gr. ^-nUTfipioif nuisible (ô>7>&w).
DÉLIBÉRÉ, voy. l'art, suiv.
DÉLIBÉRER, L. deliberare, pr. peser, pon-
dérer, examiner (dér de libra, balance). —
Le sens de l'adj. délibéré, résolu, se rapporte,
comme l'anc. adj . rf^/icre, au verbe deliberare
= rendre libre, dégager.
DÉLICAT, L. delicatus (de deliciœ), 1 . char-
mant, délicieux, 2. voluptueux, efféminé,
douillet, 3. fin, doux, tendre. L'anc. fonds
avait une forme plus française : delget, delgé
(prov. delguat, delgat, csp. delgado), puis
dengé, dougé. La langue actuelle a con-
servé une autre forme tout aussi régulière-
ment tirée du primitif latin, sans syncope de
Vi radical ; c'est l'adjectif délié, menu, mince,
fin (cp. plié, de plicatus), qui n'a, étymolo-
giquement, rien de commun avec le verbe
délier. — D. délicatesse, déliaiter; indélicat,
«* qui manque de délicatesse. »
DÉLICES, L. deliciœ. — D. délicieux, L.
deliciosus.
DÉLIÉ, menu, mince, fin, voy. délicat.
DÉLIER = diS'ligare; le latin deligare est
un intensif de ligare.
DÉLIMITBR, du L. délimitait (limes, -itis),
cp. ail. ab-grànzen.
DÉLINÉÂTION, du L. delineare (linca), tra-
cer les contours, esquisser.
DÉLINQUANT, partie, prés, dedélinquer^
L. delinquere, manquer, faire faute. Du verbe
latin vient encore le subst. delictum, primitif
du fr. d<}lit.
DÉLIRE, L. delirium; verbe délirer, L.
delirare (sens litt. : sortir du sillon, de la
ligne droite).
1. DÉLIT, infraction à la loi, voy. délin-
quant,
2. DÉLIT, t. de maçon, pr. côté (d'une
pierre) hors de son lit, Hq sa position natu-
relle dans la carrière. — D. déliter.
DÉLITESCENCE, du L. delitescere (latere),
se cacher.
1. DÉLIVRE, subst., nom des enveloppes du
fœtus, qui, en sortant, délivrent la femme.
2. DÉLIVRE, anc. adj. (voy. délibérer),
conseiTé dans le t. de fauconnerie : un oiseau
à délivre. Pour la forme, cp. comble,
DÉLIVRER, 1. mettre en liberté, 2 ^
livrer, expédier; du BL. deliberare, composé
de liberare. Le préfixe de est, dans les deux
acceptions, parfaitement à sa place, puisque
le verbe implique l'idée de séparation. — D.
délivrance; subst. délivre (v. c. m.).
DÉLOGER, contraire de loger, c.-à-d. quit-
ter ou faire quitter un logement.
DÉLOTAL, it. disleale, négation de loyal,
— D. d^loialté* déloyauté.
DELTA, quatriè;ne lettre de l'alphabet
grec, ayant la forme d'un triangle.
DÉLUGE, du L. diluvium (dilucre), d'où
aussi les termes scientifiques diluvial, dilu-
vien, dihtvion.
DÉLURÉ, dégourdi, déniaisé, anc. déleurré,
donc pr. qui ne se laisse plus piper ou leur-
rer.
DÉLUTBR, ôter le lut(L. lutum).
DÉMAGOGUE, gr. i/ifjixyayôi, qui entraine
le peuple (B-nfioi, oi/uv). — D. démagogie,
•ique, isme, -iser.
DEMAIN, it. dimani, domane, prov. de-
man, du L. mane, matin, pourvu du préfixe
de. — D. lendemai?i, it. VindUrtnani, composi-
tion do le -\- 'endemain; l'ignorance étymolo-
gique a fait que l'article s'est uni au corps du
mot ; la môme chose est arrivée dans le subst.
Iier7r (v. c. m.) ; le lendemain est une aber-
ration de langage p. l'endemain.
DEMANDER, it. domandare, prov., esp.,
port, demandar, L. detnandare. Le mot clas-
sique ne signifie que confier, recommander ;
la latinité du moyen âge donna à ce composé
de mandare le sens de mander, faire savoir,
pour faire connaître ce que l'on veut (cp. com-
mander); enfin, de l'idée de prier que l'on
fasse telle ou telle chose, s'est déduite une
nouvelle et importante acception, savoir :
prier que l'on dise, interroger. — D. demande,
d^mand^ur, fém. -euse et -eresse.
DÉMANGER, comp. de manger, « Ce mot
a été dit par rapport aux parties de notre
corps qui sont rongées des vers de notre
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DÉM
— 447 —
DÉN
vivant, lesquels, par leur mouvement, exci-
tent en nous une démangeaison. » Nous
n'ajouterons rien à cette explication, un peu
crue, fort plausible du rest«, de Ménage (cp.
en latin verminarCy de ve^'tnis, et en ail.
wurrnen, de wurm, ver) ; nous dirons seule-
ment que l'expression détyianger est logique-
ment égale aux termes ail. beùsai, mordre, it.
piszicare, pincer, csp. picar, piquer (nous
disons aussi picotement p. démangeaison), esp.
comeson = L. comestio, qui tous ont la
même valeur que le mot français. — D. déman-
geaison.
DÉMANTELER, dépouiller du manteV man-
teau, ce primitif étant pris dans le sens dérivé
de rempart.
DÉMANTIBULER, anc. démandibuler (pour
d changé en /, cp. appentis et apprenti), pr.
démettre la mâchoire (L. mandibula), puis
disloquer, démonter en général.
DÉMARCATION, tii-é du BL. wmrca, limite,
d'après l'analogie de délimitation,
DÉMARCHE, subst. verbal d'un ancien verbe
dcnmrcher, se mettre en mouvement ; 1 . façon
de marcher, allure ; 2. façon de se conduire,
de s'y prendre pour arriver à un résultat.
DÉMARQUER, ôter la marque.
DÉMARRER, contraire de amarrer {v. c. m.),
défaire un amarrage.
DÉMASQUER, ôter le masque, fig. mettre
à nu, d^écouvrir (une batterie).
DÉMÊLER, contraire do mêler; fig. dé-
brouiller, débattre une affaire, reconnaître
qqch. au milieu de beaucoup d'autres, discer-
ner. — D. démêlé, querelle, pr. action de
débrouiller une affaire ; démêlement, -oir.
DÉMEMBRER, it. smembrare, = dépecer,
mettre en pièces, dér. de membre. — D. dé-
membrement.
DÉMÉNAGER, opp. de emménager, voy.
ménage.
DÉMENCE, L. demeniia (démens, sans
raison). L'ancienne langue employait le verbe
se démonter dans le sens de se lamenter.
DÉMENER (SE), it. dimcnarsi, esp. me-
nearse. Se mener = se conduire ; se démener
= s'éloigner de la convenance dans una
affaire, user de violence, se débattre; cp.
déportement. Anciennement, démener n'avait
pas toujoui*s un mauvais sens, c'était l'équiva-
lent de diriger. Le subst. démènement (cp.
angl. demeanour) est tombé en désuétude.
DÉMENTIR, prov., esp. dc^mentir^ it.
smentire, BL. dismentiri, convaincre de men-
songe, prouver comme faux; se démentir,
s'accuser de mensonge, se contredire; en
pari, de choses, ne pas répondre à ce que
l'on en attend, se montrer en défaut. Les an-
ciens disaient « desraentir le haubert « , dans
le sens de le percer ; c'est propr. faire voir sa
faiblesse, son incapacité do remplir sa tâche,
le mettre en défaut ; on employait de la môme
manière le verbe fausser. Au fond du mot, on
le voit, il y a l'idée d'annuler le mensonge, de
mettre la vérité à nu. — D. subst. démenti.
DÉMÉRITER, c'est faire le contraire do
mà'ite}'. — D. défnérite.
DÉMESURÉ, hors de mesure, excessif.
DÉMETTRE, opp. de mettre, mettre lioi-s
de sa place, disloquer, déposséder. Le terme
français ne correspond pas logiquement au L.
demittere, pas plus que le substantif rfe^i*
sion (v. c. m.) au L. demissio. Le préfixe de
du vocable français est négatif, c.-à-d. le de
latin marquant éloignement, partant privation;
dans le mot latin il exprime l'abaissement.
Le vfr. a généralement démettre et non pas
desmettre; le type latin, est donc bien de-mit-
tere et non pas dis-mittere ou di-mittere. La
dernière forme, cependant, peut être invo-
quée en faveur du verbe « dém^tre d'un em-
ploi »» ; cp. Tangl. dis-miss.
DEMEURE, it. dimora, esp., prov. demora,
subst. verbal de demeurer.
DEMEURER, 1. s'arrêter, rester, tarder;
2. séjourner, habiter. C'est le L. demorari
(morari), dans le sens neutre de ce verbe. —
D. demeure, 1. séjour, retard (signification
propre déjà au L. mora), 2. .habitation; cp.
maison = mansio, de m4i7iere, rester, de-
meurer; demeurant, subst., = reste; loc.
adv. au demeurant = au reste.
DEMI, adj. L. dimidius,
DÉMISSION, vfr. desmission, angl. dismis-
sion, d'un type latin dis-missio (cp. l'ail, ent-
lasswig). — D. démissioiuier, -aire.
DÉMOCRATIE, gr. ^rnio^pkxn^, gouverne-
ment du peuple ; de ce subst. abstrait on a
dégagé le subst. personnel démocrate ^ qui
est attaché à la démocratie. — D. démocra-
tique, -isme.
DEMOISELLE, anc. damoiselle, voy. dame.
DÉMOLIR, L. demoliri, contraire de mo-
IhH, bâtir. — D. démolisseur; démolition, L.
demolitio.
DEMON, L. dœmon (5af/iwv), esprit, génie.
— D. démoniaque, du gr. oai/zovtxxo'î.
DÉMONÉTISER, terme mod. tiré directe-
ment du L. moneta, type du fr. monnaie.
DÉMONSTRATION, -ATEUR. -ATIP, L. de-
monstratio, -ator, aiivus; mots savants, tan-
dis que démontrer, = L. demonstrare, ap-
partient au fonds commun de la langue.
DÉMONTER, pr. faire tomber ou descendre
ce qui était monté, dressé, défaire ce qui était
assemblé, arrangé. Voy. monter,
DÉMONTRER, anc. demonstrer, du L. de-
monstrare.
DÉMORDRE, cesser de mordre, lâcher prise ;
anc. employé en sens actif « démordre une
opinion »».
DÉMOUVOIR, L. democei^e, écarter.
DÉNAIRE, adj., L. c^nanu^, qui contient
le nombre dix. Le môme type a produit denier
= dis as; cp. primaire et premier.
DÉNATU^R, faire changer de nature, cp.
défigurer.
DENCHÉ, t. de blason, v. de^U. D'un type
latin denticatus.
DÉNÉGATION, L. denegatio.
DÉNI, subst. verbal de dénier,
DÉNICHER, pr. faire sortir du nid, fig. dé-
busquer d'une retraite. Voy. ni^^her. Le con-
traire, *« faire entrer au nid, faire couver «, se
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DÉP
— 148 —
DÉP
rendait autrefois par anicher (« un anicheur
de poules », Noël du Fail). — D. déyiicheur,
DENIER, L. deitarius, voy. dénaire,
DÉNIER, L. denegare; voy. nier. — D.
subst. verbal déni,
DÉNIGRER, L. denigrare, noircir ; le mot
français n'a plus que le sens figuré ; cp. ail.
amchwârsen.
DÉNOMBRER, L. denumerare,
DÉNOMMER, L. denominarc, — D. déno-
mination, -ateiir, -cUif, L. denominatio, -ator,
-ativus.
DÉNONOER» L. denuniiare. — D. cT^ion-
dation, -ateiir^ L. denuntiatio, -ator.
DÉNOTER, L. dcnotare (de nota, signe,
comme designarc de signuai),
DÉNOUER, défaire lo nœud, opp. de nouer,
DENRÉE, prov. denairada, esp. dinerada,
it. derrata, duBL. rfc«ara/a (aussi denariata),
pr. somme ou valeur d'un denier [denariiis],
puis valeur d'une chose en deniers, enfin toute
espèce de marchandise qui s'acquiert à beaux
deniers comptants; auj. principalement mar-
chandise destinée à la nourriture.
DENSE, L. dcnsiis, — D. densité, L. den-
sitas.
DENT, L. dcns, gén. d^ntis — D. de)i'
taire^ L. dentarius ; dental, L. dent^lis ; denté,
L. dentatus, opp. édenté; dentia', denture,
dentiste; dentelle (v. c. m.); dentition, L. den-
titio, du verbe dentire, faire ses dents. — Les
t. de blason denché, denchure accusent pour
source un type verbal denticare.
DENTEIJiE, pr. petite dent, puis tissu à
bords dentelés; aujourd'hui, cette définition
ne suffirait plus à ce que nous appelons une
dentelle. Le terme allemand spitsen = den-
telles ne dit également que pointes. Ane. den-
tille, qui répond à un type denticula, — D.
dentelé, lire.
DENTIFRICE, L. dentifricium, litt. frotte-
dent (mot employé par Phne).
DÉNUDER, L. denudare (nudus), mettre à
nu. — La forme dànudcr est savante ; le fran-
çiiis du fonds conmuin a, d'après la i-ègle gé-
nérale de la suppression de la consonne
médialc, la fomie dénuer.
DÉNUER, voy. l'art. pi*éc. ; de mettre à nu
s'est déduite l'acception* dépouiller de ce qui
est nécessaire. — D. dénihnent.
DÉPAREILLER, opp. de ajipareiller,
DÉPARER, faiix3 le contraire de parer
(orner), enlever ce qui pare.
DÉPARIER (le i)euple dit plus naturelle-
ment dépairer), sé^wirer ce qui fait la jyaire,
opp. de appaHei\
DÉPARLER, cesser de parler ; en vfr. =
parler en mal, décrier.
DÉPART, voy. départir.
DÉPARTEBIENT, voy. l'art, suivant. — D.
élépartemetrtal,
DÉPARTIR, anc. despartir, ïi.spartire, esp.
despartir, L. dispartir e, 1. acception propre:
distribuer, partager, diviser ; de là procède
lo dérivé départ, séparation, triage, ai dépar-
tement, pr. division ; 2. signification déduite,
inconnue au latin classique : se départir, se
séparer, se désister, s'éloigner, s'en aller ; de
là le subst. départ (anc. aussi, tiré du parti-
cipe, départi^, Voy. aussi partir, qui pré-
sente les mêmes variétés d'acception; cp. l'ail.
scheiden, v. a. -■ diviser, v. n. = partir.
DÉPASSER, 1 . aller au delà, devancer, ex-
céder en longueur ou en largeur (le préfixe
est le L. de), 2. ft. d'arts et met.) retirer ce
qui était passé (le préfixe est le négatif dis).
Dans le premier ordre d'acceptions, le préfixe
n'igoute guère au sens du verbe simple que
l'idée d'un point servant de départ à la com-
paraison, ou bien simplement l'idée d'éloigné
ment, d'écart.
DÉPATSER, litt. mettre hors de son pays;
fig. dérouter, désorienter.
DÉPECER, ou dépiécer, it. spezzare, mettre
en pièces. Voy, pièce. L'ancienne langue disait
aussi simplement pecier, peçoyer,
DÉPÊCHE, voy. l'art, suiv.
DÉPÊCHER, it. dispacciare, spacciare, esp.,
port, despachar ; subst. it. dispaccio, spaccio,
esp. despacho, fr. d6pêchb. C'est le contraire
de empêcher (v. c. m.). Quoique dépécher cor-
responde, quant aux significations et même
quant à la représentation métaphorique qui
les a produites, au L. expedire, il n'est pas
permis de rattacher le mot français, et encore
moins ses analogues it. et esp., à un primitif
latin dis-pedire ou dispedicare (ou, comme
veut Ménage, depediscare). Nous le montre-
rons à l'art, empêcher. Le sens fondamental
de dépêcher est débarrasser. Il faut, toutefois,
convenir que la forme vfr. despeecher, con-
currente de despescher, accuse bien réelle-
ment un type dispedicare,
DÉPEINDRE, L. depingere.
DÉPENAILLÉ. Ou ce terme s'appliquait
d'abord aux oiseaux dans le sens de déplumé,
ou plutôt « qui a le plumage en désordre »»
(BL. depennare, déplumer), et vient du mot
penne, L. penna = plume ; ou bien c'est un
dérivé du vfr. dépané, déchii-é, en haillons
(BL. depanare,= dilacerarc), qui a pour pri-
mitif le L. pannus, morceau, lambeau, pan.
Le mot penaille et l'analogie de déguenillé
parlent en faveur de la seconde étymologie.
DÉPENDRE, 1. sens actif, opp. dépendre,
détacher une chose pendue ; 2. sens neutre, du
L. dependcre, être subordonné, assiyetti ; de
là : dépendant, -atice; 3. vfr. despendre, auj.
dépendre, du L. dispendcre, dépenser. De ce
dernier verbe latin procède le part, dispensus,
d'où fr. despens^ dkpbns, ce qu'on dépense,
frais ; puis BL. dispensare, fréq. de dispen-
dcre, d'où fr. DKPENSKR. Le latin classique
avait également produit un fi-éq. dispotsarc,
mais avec le sens de distribuer ; c'est notre fr.
DISPENSER (v.c.m.) = distribuer, qu'il faut dis-
tinguer à son tour, étymologiquement, de dis-
penser = exempter.
DÉPENS, voy. dépendre, dans sa troisième
acception.
1. DÉPENSE, subst. verbal de dépoiser,
voy. dépendre, treisième acception. — T^.dé-
jycnsicr, acy., qui aime la dépense.
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DÉP
— 149 —
DÉP
2. DÉPENSE, promtuarium, lieu où Ton
conserve et où Ton distribue les provisions de
bouche, office, cambuse d*un vaisseau, subst.
de vfr. despenser, notre dispenser actuel. —
D. dépensier t économe, maître d'hôtel.
DÉPENSER, voy. dépendre.
DÉPERDITION, L. deperditio* (deperdere),
DÉPÉRIR, L. de-perire. — D. dépérisse-
ment,
DÉPÊTRER, anc. depentrert débarrasser
les pieds d'une entrave, opposé de empêtrer.
Ces verbes, correspondants de l'it. impasto-
jare et spwttqfare, ont pour primitif le vfr.
posture (voy. paturon), BL. pastaritim (it.
jjojfo/a) =■ compedos quibus equi, ne aberrent
in pascuis, impcdiuntur, entraves dos chevaux.
Empêtrer, dépétrei' sont des contractions de
empâture9\ dépàturer (cp. accoutrer, de cul-
ture, cintrer, de ceinture). Uétymologio de-
petrare (petra) est tout à fait rojetable.
DÉPEUPLER, contraire de peupler.
DÉPILER, L. depilare (de pilus, poil).
DÉPISTER, découvrir la piste, — La struc-
ture de ce verbe parait faite par assimilation
à découvrir, dénicher.
DÉPIT, despit* prov. despieg, chagrin mêlé
de colère, déplaisir, humeur, du L. despectus,
dédain, mépris (subst. de despicere, litt. voir
du haut en bas). Pour la forme du mot fr., cp.
répit de rcspectus, confit de confectus. Le
sens classique prévaut encore dans la locution
en dépit de, au mépris de, malgré, anglais in
spiicof{cespitc est une mutilation de despité),
— D. dépiteux *; dépiter = fâcher. Notez que
le dépiter actuel est tiré de dépit ; c'est mettre
en dépit. Par contre, le vfr. despiter, comme
le prov. despeytar, it. dispettare, est le L.
despectare, mépriser, fréq. de despicere. Ce
dernier s*était aussi introduit dans l'ancienne
langue sous la forme despire (cp. confi-
cere, fr. confire), et se retrouve encore dans
Tangl. despise. L'anc. langue avait aussi un
a^j. despit = lat. despectus au sens de mépri-
sable et de méprisant.
DÉPLAOER, mettre hors de sa place ; le dé
est le préfixe de Téloignement.
DÉPLAIRE, anc. infinitif desplaisir, opp.
déplaire; cfr. L. displicere. — D. déplaisir
subst., déplaisant, -ance.
DÉPLIER, anc. desplier, d'un verbe L. dis-
plicare (inusité; on trouve bien de-plicare,
mais le préfixe des du vfr. accuse un type
dis), ^^^
DÉPLORER, L. deplorare,
DÉPLOTER, forme secondaire de déplier.
DÉPLUMER, L. deplumare.
DÉPOPULATION, L. depopulatio.
DÉPORTER, L. deportare, exiler. Se dé-
porter a pris le sens littéral : se porter loin,
se tenir à l'écart, puis s'abstenir, se désister.
— Au moyen âge, deportare etdéporter avaient
l'acception excepter, exempter, épargner; elle
s'est tout à fait effacée. Comme divertir, pr.
tourner en sens divers, et distraire, sens ana-
logue, le mot déporter a revêtu aussi le sens
de s'amuser ; enfin, nous lui trouvons encore
l'acception du L. se gerere dans le subst. rf^-
portement, conduite (ordinairement pris en
mauvaise part), cp. fr. se coynporter, angl.
portance, ail. betragen, conduite. — D, dé-
port (dans l'acception délai, ce subst. accuse
l'existence d'un ancien verbe déporter, avec le
sens du L. differre, dont il est la traduction
exacte), déportement, -ation.
DÉPOSER, prov. depausar, composé de po-
ser, d'après l'analogie du L. deponere,
DÉPOSITAIRE, h.depositarius (depositum).
DÉPOSITION, L. depositio.
DÉPOSSÉDER, mettre hors de possession ;
mot de création moderne et fabriqué comme
si posséder signifiait mettre en possession ;
mieux valait le vfr. despossesser (angl. dis-
possess) = ex possessu mittere ; dépossession,
action de déposséder, état d'une personne dé-
DÉPOT, du L. depositum, depos'tiim.
DÉPOTER, ôter du pot.
DÉPOUILLER, csp. despojar, prov. despol'
har, it. spogliarc, du L. despoliare, — D. dé-
pouillement, action de dépouiller ; dépouille,
ce qui reste après le dépouillement, puis ce
que laisse une personne à sa mort. Ce com-
posé s'est substitué au simple latin spolium,
qui se retrouve dans vfr. espoilles, angl.
spoils = dépouilles enlevées à l'ennemi, it.
spoglio, spoglia (dégénéré aussi en scoglia),
V. esp. espofo. Du Cange consigne BL. dis-
polia dans une pièce de 834.
DÉPOURYOIR, opp. de pourvoir; loc. au
dépourvu = sans être pourvu ou préparé, à
l'improviste.
DÉPRAVER, L. depravare (de pravus, per-
verti).
DÉPRÉOATION, L. deprecatio (precari,
prier). Cp. ail. abbitte.
DÉPRÉCIER, L. depretiare (T^Tciium), bais-
ser le prix, la valeur. Le bon mot français est
dépriser.
DÉPRÉDER, L. deprœdari {prœda, proie).
— D. déprédation , -ateur, L. depr»datio,
deprsedator.
DÉPRENDRE, détacher, séparer; se dé-
prendre, au fig., est l'antonyme de s* éprendre.
Le part. vfr. despris signifiait dénué, pauvre,
misérable.
DÉPRESSION, L. depressio (deprimere).
DÉPRIER, 1 . demander une remise au sei-
gneur, du L. deprexiari (prier pour détourner
un mal); de là l'anc. subst. dépri; 2. retirer
une invitation, opp. àe prier,
DÉPRIMER, L. de-primere (de premere,
presser). Le vfr. disait depraindre, depresser.
DÉPkISER despriser*, prov. despresar,
fait double emploi avec déprécier; c'est un
composé de priser, moins négatif que mépri-
ser.— Subst. verbal d^^rts *.
DÉPUCELER, priver du pucelage, voy. pu-
celle.
DEPUIS, voy. puis.
DÉPURER, L. depurarc. — D. dépuration,
dépuratif, -atoire.
DÉPUTER, L. deputare, assigner, destiner,
désigner pour. — D. député, -ation.
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DÉR
— 150 —
DÉS
DÉRACINER, arracher avec la racine, cp. le
L. eradicare, exstirpare. Le picard déracher
a pour type dis-radicare. Cp. arraclier,
DÉRAILLER, sortir des rails. Voy. rail.
DÉRAISON, contraire de raison. — D. dé-
raisonner, -able.
DÉRANGER, opp. de ranger, arranger.
DERECHEF, voy. chef. L'it. da capo dit
simplement dechef.
DÉRÉGLER, faire sortir de la râgle. -— D.
déréglé, -einent.
DÉRISION, L. derisio (ridere); dérisoire, L.
derisoriiis.
DÉRIVE, subst. verbal de dériver 2.
1 . DÉRIVER, vfr. des-river, quitter le ri-
vage, de rire.
2. DÉRIVER, vfr. dériver, 1. couler ou
faire couler (lîg. provenir) de; 2. sortir ou-
faire sortir de son courant. Du L. derivare
(rivus). Nous ne voyons pas ce qui a pu enga-
ger Chevallet à mettre dériver en rapport
avecl'angl. drive (ail. treiben). Il-existe, à la
vérité, dans le vieux fr., un verbe driver dans
la locution « laisser driver un bateau »» p. le
laisser flotter à la merci du courant; il se
peut bien que ce terme de navigation soit
empninté à l'angl. drive ou au flam. drijven,
fluitare, fluctuare, mais il est indépendant du
mot dériver. — D. dériver, dérivation, -atif.
DERlfE, gr. iip/ix, peau.
DERNIER, contraction de vfr. derrenier p.
derrainier ; or, celui-ci est dérivé de Tancien
adj. derrain, = dernier. Quant à derrain,
vfr. dceiTain, il représente une forme barbare
latine deretranus (de de rétro, dont un autre
dérivé deretrariits a produit le prov. derrier
= dernier). Le dernier est donc étymologi-
quement celui qui est le plus par derrière, ou
en arrière (v. c. m.).
DÉROBER desrober, BL. derobare et dis-
robare, dépouiller (qqn.), piller, enlever fur-
tivement, puis soustraire, cacher. Se rap-
porte à BL. roba, comme despoliare à spolium
(dépouille) ; c'est pr. priver de la roba, pris
dans le sens large de supellex en général
(biens, vivres, équipement). Voy. robe.
DÉROGER, du L. de-rogare, déroger à une
loi. Du sens prinntif : annuler une partie d'une
loi, porter atteinte à un droit, découle l'idée
de manquer à son honneur, se discréditer,
s'abaisser. — D. dérogation, L. derogatio;
dérogeance.
DÉROULER, étendre ce qui était roulé;
terme analogue à déplier, développer,
DÉROUTE, vfr. desroute, est la représenta-
tion exacte du L. disrupta, substantif parti-
cipial de disrumpere, vfr, dssrompre, rompre
une ligne de bataille à divers endroits. L'it. a
dans le même sens rotta, esp., port., prov.
rota, et en vfr. route s'employait aussi p. dé-
route. Tous équivalent au L. rupta. Le subst.
route (v. c. m.), chemin, est étymologique-
ment connexe avec route et déroute «= dé-
faite.
1. DÉROUTER, mettre hors de la bonne
route (v. c m.).
2. DÉROUTER (se), vfr. desrouter, rompre
les lignes, .se débander; de dis-ruptare, fréq.
de dis-rumperc. Voy. déroute.
DERRIÈRE, it. dietro (p. diretro), prov.
dereyre, du composé BL. de-retro, comme
arrière de adretro. L'adverbe s'est substantivé
dans le derrière, cp. V arrière, le devant.
DERVICHE ou dervis, du persan denoisch,
pauvre.
DES, gén. plur. de l'article défini, contrac-
tion de dels ; c'est donc le pluriel de del, voy.
du. Comparez vfr. jf65 ^.jels = je les. Pour
l'élision de l, cp. vfr. <w p. dis = aux.
DÉS, depuis, à partir de, vfr. aussi dois,
prov. des, deis, v. esp., v. port, des, n. esp.
desde = des de. On a généralement expliqué
cette préposition par une concrétion de de
ipso ou de isto s. e. illo tempore, à partir de
ce temps-là. Diez, suivi par Littré, est d'un
autre avis; pour lui, dès représente l'associa-
tion des deux prépositions latines de et ex. Il
appuie cette opinion sur le caractère exclusi-
vement prépositionnel de dès et en citant vfr.
desanjs = de ex ante, v. esp. desent = de ex
inde, desi = do ex ibi, esp. inod. despues =
de ex post. Ces difl'érentes combinaisons néo-
latines ont déjà en quelque sorte leur précé-
dent dans le L. exante et exinde. — On trouve
encore dès dans la combinaison adverbiale
déso7*mais (v. c. m.).
DÉS-, préfixe, voy. dé-,
DÉSAPPAREILLER, 1 . enlever un appareil,
un vêtement, une parure (signification obso-
lète) ; 2. =• dépareiller.
DÉSAPPOINTER, voy. appointer.
DÉSARÇONNER, jeter hors des arçons.
DÉSARROI, voy. sous agrès.
DÉSASTRE, prov. desastre, it. disastro,
pr. astre contraire, infortune ; cp. l'ail, «n-
stern. — D. désastreux.
DESCELLER, ôter le scel (sceau).
DESCENDRE, du L. de-scendere (scandere).
En vfr. descendre s'employait aussi p. con-
descendre. — D. descente (d'un supin barbare
descenditum ; le vfr. descense vient du supin
classique desccnsum) ; desceiuiant, -ance.
DESCRIPTION, -TIP, L. d^scHptio, -tivus,
de describcre = fr. décrire,
DÉSEMPARER, voy. emparer. — Autre-
fois = démanteler (une place forte).
DÉSERT, a^., L. desertus (part. pass. de
desererc, abandonner); désert, subst., L.
desertum ; déserter (ce verbe s'est aussi em-
ployé jadis dans le sens do rendre désert), L.
desertare', fréq. do deserere; désertion, L.
desertin; déserteur, L. desertor.
DÉSERTER, voy. désert,
DÉSESPÉRER, négation de espérer ; déses-
poir, négation do espoir. Le latin rendait la
négation par le préfixe privatif de : de-spe-
rare, d oii vfr. dcsperer, despoir.
DÉSHÉRENCE, absence d'héritiers, com-
posé du préfixe négatif dés et do hérence,
dérivé de heir', hoi7'', héritier.
DÉSHÉRITER, priver d'héritage; de dis et
hœreditare' = hœredem fac<îre.
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DES
— 151 —
DÉT
DÉSIGNER» L. designare. Le même mot
latin s'est vulgarisé en dessigner* dessiner
(v. c. mj.
DÉSINENCE, L. desinentia, de desinere,
terminer.
DÉSINTÉRESSER, le contraire de intéres-
ser, propr. mettre les intérêts do qqn. hors
de cause, les tenir saufs; dés-intéressé ^ adj.
= qui détache son intérêt dans une aifaire ou
qui en fait abstraction. — D. désintéresse-
ment.
DÉSINVOLTE, adj. employé par Voltaire,
Chateaubriand, etc., imité de l'it. dis-involto,
pr. non enveloppé (du L. involveré), libi-e,
dégagé. — D. désinvolture, it. disinvoltura,
tournure désinvolte.
DÉSIR, subst. verbal de désirer; le mot ne
vient pas, comme c'est le cas pour le vfr.
desier, prov. désire, du L. desiderium, —
D. désireux.
DÉSIRER, du L. desiderare ; cp. vfr. con-
sirer de considerare. — D. désir, désirable.
DÉSISTER, jadis neutre, aiy. pronominal,
L. desistere, litt. se t«nir loin.
DÉSusuvidr, opp. de œuvré' = occupé,
voj. œuvre. — D. désœuvrement,
DÉSOLER, convertir en solitude, en désort,
ravager, du L. desolare (solus), 1. ravager,
dévaster, 2. fig. jeter dans le délaissement,
dans l'affliction {** desolatus et exspes n). Le
mot n'a que l'apparence d'être l'opposé de
consoler, — D. désolant, -ation.
DÉSOPILER, désobstruer, déboucher, néga-
tif du L. oppilare, boucher.
DÉSORMAIS, combinaison de des ore mais
«=» dès cette heure en plus, c.-à-d. en avant,
locution tout à fait analogue à dorénavant,
qui est une concrétion de « de ore en avant « ,
it. d'or inyiansi.
DÉSOSSER, dépouiller de ses os.
DESPOTE, gr. ZitTtôxtn, maître, seigneur.
— D. despotique, -isme.
DESSAISIR, autrefois actif, = dépouiller,
déposséder, voy. saisir; se dessaisir, se dé-
pouiller, céder ce que l'on avait. — D. dessai-
sissement,
DESSÉCHER, du L. de-siccare (siccus), d'où
les mots savants dessiccation, -atif. — D. des-
sèchement.
DESSEIN, it. disegno, esp. designio, angl.
design, pr. tracé, puis plan, projet, inten-
tion ; ce mot n'est qu'une variété graphique
de dessin (voy. dessiner).
DESSERRER, relâcher ce qui était serré.
Subst. verbal d^serre, dans la locution « être
dur à la desserre » , desserrer avec peine les
cordons de sa bourse.
DESSERT, DESSERTE, voy. desservir.
DESSERTIR, opp. de servir, enchâsser.
DESSERVIR, 1. opp. de sei^ir, enlever le
service ou les mets d'une table ; de cette signi-
fication relèvent : le subst. masc. dessert, ce
que l'on sert à table quand les plats princi-
paux ont été enlevés (l'allemand dit pour des-
sert : nach-tisch, litt. arrière-table) ; puis le
subst. fém. desserte = les mets desservis;
2. = mal servir, rendre un mauvais office,
nuire ; 3. = L. deservire, servir avec zèle,
avec soin, remplir une fonction, faire le ser-
vice d'une cure, de là desservant, prêtre fonc-
tionnant, desserte, fonction du desservant;
4. mériter (cp. ce verbe mmY<?r lui-même, qui
dérive de merere, signifiant à la fois servir à
l'armée et mériter) ; cette dernière significa-
tion de desservir s'est perdue en fr., mais elle
a survécu dans l'angl. deserve,
DESSICCATION, -ATIP, voy. dessécher.
DESSILLER, séparer les paupières, afin de
faire voir clair; orthographe vicieuse, mais
autorisée malheureusement, pour déciller,
voy. cil. Le terme est tiré de l'usage de ciller,
c.-à-d. coudre les paupières de l'oiseau de
proie à dresser.
DESSIN, voy. dessiner.
DESSINER, anc. dessignsr, it. disegnare,
esp. diseiiar, du L. designare (signum),
marquer, tracer (cp. en ail. seichnen, dessi-
ner, de zeichen, signe). C'est ôtymologique-
ment le même mot que désigner; celui-ci a
une forme plus latine que l'autre. — D. subst.
verbal dessin, orthographié dessein dans le
sens métaphorique de projet, intention; des-
sinateur, il faudrait, selon la règle dsssi-
neur; voy. mon observation au mot accompa-
gnateur.
1. DESSOLER, ôter la sole d'un cheval, de
sole 2.
2. DESSOLER, t. d'agriculture, changer
l'ordre des soles d'une terre labourable, de
sole 1.
DESSOUS, voy. sous.
DESSUS, voy. sils,
DESTIN, voy. l'art, suiv.
DESTINER, L. destinare, fixer, arrêter,
désigner. — D. subst. verbal destin, it. des-
tino, ce qui a été arrêté par la Providence à
l'égard du sort de qqn., puis synonyme de
providence, fatalité (cp. L. fatum, litt. ce qui
a été prononcé, ail. geschick, ce qui a été
envoyé par la volonté suprême); destinée,
subst. participial, synonyme de destin, mais
exprimant plus particulièrement l'effet du
destin.
DESTITUER, L. destituere (statuere), litt.
=«= déplacer. — D. destitution.
DESTRIER, it. destriere, du BL. dextra-
rius (dérivé du L. dexter, vfr. destre), pr. le
cheval que l'écuyer conduisait à sa droite,
avant que le chevalier montât dessus; c'est
donc propr. le cheval du chevalier, puis che-
val de distinction, de bataille.
DESTRUCTEUR, -TION, -TIF. L. destructor,
•tio, -tivus, de destruere (fr. détruire), par le
supin latin destructum. — Destructible, L.
destructibilis, d'où destructibilité ; indestruc-
tible.
DÉSUÉTUDE, L. de-suetudo (opp. de con-
suetudo, coutume), perte d'une habitude.
DÉTÂCHER, destachier, it. staccare, opp.
de attacher (v. c. m.); délier, défaire, puis par
extension, séparer, éloigner. — D. détache-
ment, 1 . action do détacher, éloignement, 2.
partie de troupe détachée pour une mission
particulière.
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DÉT
— 152 —
DÉV
DÉTAIL, subst. vcrb. de détaille}'.
DÉTAILLER, pr. tailler en pièces, puis
vendre par petites parties, ûg. exposer minu-
tieusement. — D. détail, détaillant.
DÉTALER, destaler*, opp. do étaler (v. c.
m.); c'est remballer sa marcliandise , ûg.
décamper, s'en aller au plus vite. — D. déta-
lage.^
DETEINDRE, desteindre, opp. de teindre;
faire perdre ou (sens neutre) perdre la cou-
leur.
DÉTELER, desteler\ opp. ào' atteler (v. c.
m).,
DETENDRE, destendre* opp. de tetidre; ce
n'est pas logiquement le L. distetulere, qui
signifie étendre, déployer. On trouve en latin
de-tenderc dans le sens de notre détendre. —
D. détente (cp. tente de tendere).
DÉTENIR, L. d^jtinere, d'où detcntor, fr.
détenteur; detentio, fr. détention.
DÉTENTE, voy. tendre.
DÉTENTEUR, -TION, voy. détenir.
DÉTEROER, -ENT. L. d^ergere, -ens.
DÉTÉRIORER, L. deteriorare, de deterior,
pire. — D. détérioration.
DÉTERMINER, L. detei-minarc (terminus),
pr. marquer les limites, d'où l'idée circon-
scrire, arrêter, fixer, préciser, résoudre. —
D. détermination, décision, résolution; acy.
déterminé, résolu (sens actif).
DÉTERRER, tirer déterre, opp. de etUerrer;
logiquement égîiMiL exhumer de humus, terre,
opp. de inhumer.
DÉTERSIF, dér. fle L. detersum, supin do
detergerc, essuyer.
DÉTESTER, L. detestari, pr. prendre (les
dieux) à témoins, puis maudire, exécrer.
DÉTIRER, d^tirer\ tirer en tous sons.
DÉTISER, éloigner les tisons les uns dos
autres, voy. attiser.
DÉTONER, faire explosion, du L. detonare,
éclater comme la foudre. — D. détO)iation,
L. detonatio.
DÉTONNER, sortir du ton, fig. faire dispa-
rate. — D. détomiation.
DÉTORDRE, 1. défaire ce qui était tordu,
opp. de tordre, = L. distorquere; 2. dans « se
détordis le pied »» , augmentatif de tordre, =*
L. detorquere.
DÉTORQUER, mot savant, du L. detor-
quci'e, détourner par violence.
DÉTORS. opp. de tors, tordu.
DÉTOUPER, opp. de c'touper.
DÉTOUR, subst. verbal de détourner.
DÉTOURNER, destourner , pr. tourner en
sens contraire, faire changer do direction,
faire quitter le droit chemin. — D. détour,
changement de direction, chemin qui éloigne
de la Hïutc, fig. biais, ruse; détournement,
action de soustraire qqch. à sa destination.
DÉTRACTER, L. d^tractare, ravaler, déni-
grer, fréq. de detrahere, tirer en bas; cp.
ail. herabjfiehen = détvacter ; du supin cù'
tractum : detractor, fr. détracteur; dctractio,
fr. détraction.
DÉTRANGER. cliasser les animaux nuisibles
aux jardins ; renforcement par de de l'ancien
verbe estra)igiei% mettre dehors, chasser, BL.
extranearc (extraneum facere).
DÉTRAQUER, pr. faire sortir de son allure
habituelle, voy. trac, traquer; cp. le nécrl.
vertrekkcn, déranger une chose en la faisant
bouger de place.
DÉTREMPER^ 1. opposé de tremper, faire
perdre la trempe; 2. intensif de tromper;
pour dé-, cp. délayer. — D. détrempe,
DÉTRESSE, vfr. destrece, prov. destreissa,
subst. verbal d'un ancien verbe d-estrecier,
destresse}', prov. d^treissar, répondant à un
type latin distiHctiare, formé lui-môme du
part, district us (stringere), serré, oppressé.
Détresse est donc logiquement égal à angoisse,
qui vient de angustus, étroit, serré.
DÉTRIMENT, L. detrimentum, dommage
(de deterere, user en frottant).
DÉTRITUS, du L. détritus, part, do dete-
rere, user en frottant.
DÉTROIT. £/e5(roi«', prov. destreit,destreich,
représente le bas-latin districtum (de distrin*
gère; cp. étroit de strictus) = via stricta, pas-
sage étroit, gorge, défilé. Dans Tanc. langue,
l'adj. destroit signifiait oppressé, tourmenté,
et l'on disait estre en destroit, pour être à
l'étroit; comme subst., ce mot était synonyme
do détresse (v. c. m.). Le subst. bas-latin dis-
trictus, d'où nous est resté le terme savant
district, se rattache au même primitif latin ;
il signifiait : 1 . amende, punition pécuniaire,
d'après le verbe BL. distringe7*e (vfr. destrain-
dre) en son acception punir, châtier (cp. cmi'
traindre); 2. droit de justice; 3. étendue d'une
juridiction, ressort administratif, circonscrip-
tion; c'est le dernier sens qui est resté au mot
fr. district (vfr. aussi destroit), it. distretto,
esp. distrito.
DÉTRÔNER, déposséder du t9'ô)ie.
DÉTROUSSER, 1. opp. de trousser; 2. dé-
pouiller qqn. de ses trousses, c'est-à-dire de
son bagage; cp. dévaliser.
DÉTRUIRE, destruire*, du L. destruere
(struero), abattre, démolir.
DETTE, L. débita deb'ta, plur. de debitum
(dcbero). ce qui est dû. — D. eiidetter.
DEUIL, vfr. duel, subst. verbal de l'ancien
verbe doloir = L. dolei^e (cp. le vfr. vuel voel,
volonté, de voloir r>ouloir).
DEUX, vfr. d^us (au nominatif doi, dut),
do l'accusatif lat. duos. — D. deuxième; cps.
vfr. ambedui, aïidui = L. ambo duo, tous
les deux.
DÉVALER, descendre ou faire descendre,
de tal (v. c. m.); cp. avaler, ravaler. Le pré-
fixe dé marque ici le mouvement descendant.
DÉVALISER, pr. dépouiller de la valise (v.
c. m.). C\i. détrousser.
DEVANCER, de devant, comme avancer de
avant, voy. sous ains. — D. devance* (cp.
av vice), d'où le subst. devancie7\
DEVANT, voy. sous ains. — D. devantier
(anc. aussi devayitait), tablier; devantière;
dccaiiture; devancer (voy. ce motK
DÉVASTER, L. devastare (vastiis).
DÉVELOPPER, it. sviluppare, prov. desvo-
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DEV
153 —
DÉV
îopar; opp. de e}we1oppei\ Ces verbes sont des
composés (avec transi>osition des voyelles) du
vfr. voleper, envelopper (anc. it. voluppare,
anc. esp. etprov. volopar)^ lequel se rattache
au subst. it. viliippo, assemblage confus de
fils, touffe. Mais l'origine de viluppo reste
encore à débrouiller. — D. développement, —
Pour expliquer le thème roman volup, joolep,
Storm (Rom., I, 187;, fait appel à un type lat.
volittuare, tiré du subst. vohUits (comme flitc-
tiiare de fliictus), d*où se serait produit volu-
jMire comme pipita do pituUa (cp. dv = 6, dans
lat. bis, bellum p. duis, duelhtm),
DEVENIR, it. dwenire, du L. décentre,
auquel le moyen âge a donné Tacception du
classique evculere, dont le sens littéral corres-
pond exactement à celui de devenire,
DÉVERGONDÉ, part, do se déx>crgonder\
litt. se dépouiller de t>ergonde ou vergogne
(honte); prov. desvergonhcU, — D. di^'oergon-
doge.
DEVERS, forme composée de vers, cp.
dehors, devant, dessus, etc.
DEVERS, L. deversiis, tourné d'un c6té. —
D. déverser, pencher, incliner (sens actif et
neutre)^
1 . DÉVERSER, incliner, courber, de devers
(v. c. m.).
2. DÉVERSER, faire couler, répandre, com-
posé de verser, — D. déversoir, endroit où se
port^eTeau superflue d*un étang.
DÉVIDER, vfr. desvuidier, dérivé de viéLe
(v.c.m.). Dévider, c'est propr. vider le fuseau.
— D. dévidoir. Jean do Garlande : Dovacua-
trices gallice dasvitideresses dicuntur.
DÉVIER, L. deviare (Macrobe), sortir du
chemin; la bonne forme fr. du mot est :
dévoyer (v. c. m.). — D. déviation, — Un au-
tre verbe dévier, formé de vie, s'employait
autrefois pour mourir, trépasser ; cp. l'expr.
ail. ableben,
DEVIN, du L. divinus, employé déjà dans
la bonne latinité au sens do « ariolandi vel
divinandi peritus ». — D. deviner, L. divi-
nare. De là subst. devineur, fém. 1 . devitieuse,
2. devineresse (cp. défenderesse, pécheresse).
Cotte dernière forme n'est nullement, comme
dit l'Académie, le féminin grammatical de
devin, — Pour le vfr. devinement, on a préféré
reprendre la forme latine divination (divi-
natio).
DEVINER, voy. l'art, préc.
DEVIS, angl. device, prov. devis, it. diviso,
est le subst. verbal de deviser = diviser (cp.
deviner de divinare), it. divisare, esp. devi-
sar. Lo mot devise (it. divisa, esp. divisa, de-
visa) n'est également pas autre chose qu'un
subst. verbal, à forme féminine, du mémo
verbe. I^es significations do ces mots décou-
lent toutes d'acceptions particulièi*es déjà au
L. dividere (prov. devire) et passées naturel-
lement à son fréquentatif divisare. Deviser
(commo diviser, son correspondant à forme
savante) veut dire tout simplement détailler.
Un devis est la division, le <* détail » d'un projet
en ses diverses parties, cp. les expressions
logiquement analogues : le menu d'un dîner,
les détails d'un récit. En ce qui concerne le
sens do s'entretenir familièrement, propre
encore au verbe deviser et auquel se rattache
le subst. devis, discours, propos, il découle
du L. dividere, en tant que signifiant détailler,
exposer, discuter (divisus sermo = menus
propos, cp. cfiedere sermones, dans Térence,
Héaut. II, 3, 1). Quant au subst. fém. devise,
on lui trouve dans l'ancienne langue les trois
acceptions suivantes : 1. testament, pr. la
division, le partage des biens; 2. division,
portion do l'écu (t. de blason); 3. les robes ou
habits bigarrés (« vesti divisati ») servant de
marques distinctives soit des emplois que
l'on occupait, soit des maisons au service des-
quelles on se trouvait. Ces significations déri-
vent clairement de l'idée diviser. La significa-
tion actuelle : signe ou emblème distinctif,
sentence choisie (cp. l'ail, loahlspruch) parait
procéder de la troisième do ces applications
(pr. marque de famille, ou de parti), ou bien
elle tient à l'acception distinguer, choisir,
inhérente déjà au L. dividere, mot organisé
tout à fait de même que dis-cernere. Devise,
dans sa valeur actuelle, peut aussi être ramené
à devise «-> division de l'écu, étant d'abord le
terme propre pour la légende placée au-dessus
d'une fasce en devise, L'anc. locution à devise
ou à devis »: à .<;touhait, suivant qu'on se l'était
proposé, tient au verbe deviser, projeter, sou-
haiter, lequel, à son tour, peut se ramener à
divisare, régler les détails d'une affiiiro, si on
ne préfère y voir un type devisare (dér. de
devidêre), analogue à l'ail, ab-sehen, d'où
absicht, intention.
DÉVISAGER, 1 . analogue de défigurer, 2.
regarder quelqu'un longuement et avec effron-
terie. Cette seconde acception métaphorique,
omise dans le dictionnaire de l'Académie, dé-
coule de la première, savoir : arracher le
visage à qqn.
DEVISE, DEVISER, voy. devis,
DÉVOIEMENT, voy. dévoyer.
DÉVOILER, ôtor le voile. Révéler ne dit lit-
téralement pas autre chose.
DEVOIR, L. débere, — D. devoir, subst.
DÉVOLE. t. de jeux do cartes, vole man
quéo. — D. dévoler.
DÉVOLU (on trouve aussi dans l'anc. langue
le participe devoU), L. devolutus, part, de devol-
vere, pr. rouler d'un endroit à un autre,
employé au moyen âge pour : transporter un
bénéfice de l'un à l'autre; subst. dévolu tio, fr.
dévolution, transmission d'un bien. La locu-
tion jeter son dévolu sur tient à l'emploi sub-
stantival do dévolu au sens de : provision
en cour de Rome d'un bénéfice vacant par
incapacité du titulaire; do là les phrases :
obtenir un dévolu, plaider un dévolu; do
même, jeter un dévolu sur un bénéfice, c.-à-d.
l'impétrer, le solliciter par dévolu. C'est ce qui
a fait donner à ladite locution la valeur de :
prétendre à qqch., arrêter ses vues sur qqch.
— Quel est l'infinitif du fr. dévolu f II faut
bien lui en fixer un, puisque ce participe entre
dans la coiyugaison (« on lui a dévolu »). On
ne saurait, d'après l'analogie de résolu, qui
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DIA
— iU —
DIE
vient de resolvere, lui en établir un autre que
dévoudre. Les anciens disaient dévolver, mais
cet infinitif est savant et ne ciidre pas avec le
participe dévolu (anc. devait).
DÉVORER, L. devorare,
DÉVOT, du L. devotus, dévoué, auquel le
moyen âge a donné la valeur de pieux. — D.
dévotion, piété, du L. devotio; dévotieux (mot
mal fait du xvi« siècle).
DÉVOUER, L. devotare, fréq. de devovere.
— D. dévouement.
DEVOYER, vfr. desvoyer, prov. et esp. des-
viar, it. disviare, détourner de la voie, éga-
rer ; c'est, au fond, le même mot que dévier,
mais il a pris le sens actif. Parfois aussi =
donner le dévoiement. — D. dévoiement, 1. en
architecture =* inclinaison, en t. de marine =
écartement de la direction, 2. flux du ventre
(cp. l'ail. àb-v)eichent litt. = decursus).
DEXTÉRITÉ, voy. l'art, suiv.
DEXTRE, destre, vieux mot, « main droite,
c6té droit, de l'acy. L. dexter (JeÇfre/soî), « qui
est du côté droit w. Au sens figuré adroit
(encore vivace dans l'adv. dextrernent) se rat-
tache le dérivé L. dexteritas, fr. dextérité.
DI, vieux mot français signifiant jour, du L.
dies; ne subsiste plus que dans les composés :
lundi, mardi, etc., jadis, tandis, midi; cet
élément di est préposé aussi dans dimanche ;
voy. ces mots.
DI-, préfixe, voy. dis,
DIABÈTE, gr. ^ikS^tiîî, m. s., de 5ia6«(v«iv,
aller à travers. — D. diabétique.
DIABLE, du L. diabolus [Zix^oloi, litt. le
calomniateur ou accusateur). — D. diablesse,
diablerie, diablotin, endiabler, adv. diable-
ment. — Dérivé dir. du latin ou grec : diabo-
lique.
DIACRE, vfr. diacne (pour cette permuta-
tion n-r, cfr. coffre de cophinus, ordre de
ordi7iem, pampre de pam2nnus, etc.), du L.
diaconus (ôià/ovo^), desservant, ministre. Dé-
rivés du latin : diaco7iesse, diaconie, -at, -al.
DIADÈME, L. diad^na {ii&BvjfjLOL, bandeau).
DIAGNOSTIC, -IQUE, du gr. eiayv«aTi/oî;
DIAGNOSE. gr. ^làyvwffiî, art de discerner (îia-
yvûjçyetv = L. dignoscere). — D. diagnostiquer.
DIAGONAL, L. diagonalis, du gr. ^layœvioç,
qui va d'un angle (ywv{a) à l'autre.
DIALECTE, L. dialectus {Si&Xtxroi). Ce mot
dérive de ^la/iyî^aai, s'entretenir, discourir,
dont relève aussi l'adj. subst. ^ix/sxti/ïî, s. e.
rkyy/i, l'art de disputer, fr. dialectique, d'où
dialecticien.
DIALOGUE, L. dialogus, gr. 5iàl<jyo«, en-
tretien, de ^iaUys7&3ti, s'entretenir. — D.
dialoffique, dialogisme, dialoguer.
DIAMANT, it., esp. diamante, prov. dia-
man, angl. diamond; par corruption du L.
adamas, gén. -antis (voy. aimant). Cette cor-
ruption s'est faite peut-être, dit Diez, par
quelque influence du mot diafano, diaphane.
Le vha. avait la forme correcte adamant,
écourtée et transfonnée depuis en demant
(encore en usage chez les poètes); auj., les
Allemands disent, comme les néo-latins, dia-
m,ant. — D. diamantaire, lapidaire.
DIAMÈTRE, gr. Siifurpoç, litt. qui mesure à
travers, expression exactement traduite par
l'ail, durchmesser. — D. diamétral.
DIANE, dans - battre la diane », = battre
le réveil, de l'esp. diana, étoile du matin, qui
vient de l'aty. diano, dérivé de dia, jour.
DIANTRE, euphémisme pour diable.
DIAPASON, L. diapason, octave; de la
phrase grecque ît« Traiwv ^op^wv wfjupotvU, litt.
accord sur toutes les cordes ; ^laîraaûv signi-
fiait chez les Grecs l'octave, comme ^ iii
«ffoâpwv, la quarte, kJ ôià itivrt, la quinte.
Aujourd'hui, le mot, détourné do son accep-
tion originelle, exprime l'étendue des sons
qu'un instrument ou une voix peut parcourir,
puis spécialement un instrument d'acier pour
prendre le ton.
DIAPHANE, gr. 2iaf>a»}(, transparent. —
D. diaphanéité (mot mal fait).
DIAPHRAGME, gr. Siécf payfi,, m. s., pr.
cloison intermédiaire.
DIAPRER, varier de plusieurs couleurs,
dérivé de vfr. diaspre, étoffe de couleur
bigarrée ou jaspée, drap do soie à ramages,
à arabesques. Quant à ce dernier, c'est le
même mot que Jaspe, it. diaspro (pour j
rendu par di, cp. la forme dialectale it. diacere
= lat.jacère), — D. diaprure,
DIARRHÉE, L. diarrhœa, du gr. «tà/î/ioi«
(Sixp/iiu), que les Allemands ont traduit à la
lettre par durch'lauf, et qui serait exacte-
ment traduit en latin par un composé trans-
fluxus.
DIATHÉSE, gr. diidctn,', mot traduit litté-
ralement par le L. dis-positio.
DIATRÔE, L. diatriba, école, académie,
puis discussion, conférence; du gr. îiaTjoiCïj,
pr. manière d'user le temps, divertissement.
On voit que le mot a singulièrement dévié
de son sens primitif.
DICTAME. L. dictamnus (otxTa/*v9v).
DICTATEUR, L. dictator, — D. dictatorial,
dictature.
DICTER, L. dictare, fréq. de dicere. — D.
dictée,
DICTION, L. dictio (dicere), action ou ma-
nière de dire. Un recueil de manières de dire,
dictions, phrases, locutions, a été appelé un
dictionnaire, terme étendu plus tard à toutes
sortes de recueils disposés par ordre alphabé-
tique. Cp. le terme gr. >cÇuov, lexique, de
>fcÇi;, diction.
DICTON, L. dictum, chose qui se dit. Cet
original latin, francisé, est le subst. actuel
dit, qui fait ainsi double emploi avec dicton,
DDACTIQUE, ac^. gr. aiJaxrixo,-, qui con-
cerne l'enseignement (Ji^à^xeiv, enseigner).
DIÉRÈSE, gr. Sioths'sii, .séparation.
DIÈSE, gr. 5{i7ii (subst. fém. de Siln/jn), ré-
solution d'un ton. Le français a fait de dièse
un subst. masc. — D. dicser.
1. DIÈTE, régime hygiénique, du L. diœta,
gr. oiy iTx, manière de vivre ; du verbe
Sixirà-j^ai, mener un régime, vient l'adj.
5iaiT0Ti/o;, fr. diététique.
2. DIÈTE, assemblée politique, it., esp.
dieta. C'est un dérivé de dies, jour. Au
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DIG
458 —
DIM
moyen âge, le mot dies signifiait accessoire-
ment le jour fixé pour une délibération ou
une réunion oflRciello, puis cette réunion
même; p. ex. dies baronum, .« quo scilicet ba-
rones convenire soient ad dijudicandas vassal-
lonim lites ♦♦. La même valeur est attachée à
l'ail, tag, qui signifie jour et assemblée; ainsi
reichs'tag, assemblée, diète do l'empire, d'où
le verbe tagen, être assemblé, siéger, traduc-
tion du BL. dietare, commorari (le BL. a de
la même façon fait dériver do dies l'adv.
dtctim=^quotidie). C'est ce verbe BL. qui est
le générateur direct du subst. dieta, fr. diète.
DIEU, vfr. deu (cfr. lieu de vfr. leu), L.
deus. Composés : adieu (v. c. m.), et l'excla-
mation dame-dieu (voy. dame) = it. domened-
dio (écourtô en iddio), seigneur Dieu ; Dieu-
donné, nom de baptême, = a deo datus^ cp.
le nom De'odcU.
DIPPAMBR, L. diffamare (fama). — D.
diffamateur, -ation, -atoire.
DIPPÉRBNCE, voy. différent, — D. diffé-
rencier.^
DIFFÉREND, voy. différer,
DIFFÉRER, abstrait du L. differre, 1. dans
le sens d'iyourner (du supin dilatum : fr. délai,
v. cm.); 2. dans celui d'être difl*érent. Du part,
prés, différons, fr. différent (d'où difforentia,
fr. différence et différentiel); le négatif indif-
férent signifie, 1. qui ne donne pas lieu à
faire une différence ; tel est aussi le sens du
L. indifferens (trad. littérale du gr. à^tâ^^pos),
2. qui ne met aucune différence, qui n'a pas
de préférence. L'ail, gleichgiltig , indifférent
(litt. équivalent), a également un sens double
analogue. — Le terme différe^td, contestation,
querelle, n'est qu'une variété orthographique,
d'une introduction assez récente, de diffih^ent.
L'adjectif. a pris la valeur du subst. diffé-
rence, en tant que différence de vues, d'opi-
nions; le BL. employait déjà differeniia pour
controversia, dissidium.
DIFFICILB, L. difficilis (facere); difficulté,
L. difficultés. — D. difficultueux, dérivation
moderne, tiré de difficultàs selon l'analogie
de voluptueux de voluptas,
DIFFORME, du L. deformis, avec change-
ment du préfixe de en dis pour mieux accu-
ser l'opposition ; on disait anc. aussi déforme.
— D. difformité (Calvin et Montaigne di-
saient encore déformité), difformer, syno-
nyme de déformer.
DIFFUS du L. diffusus, participe do dif-
fundere, répandre. Diffus est un de ces nom-
breux adjectifs-participes de la langue fran-
çaise, dont l'énoncé s'applique d'abord à une
chose, puis à la personne qui fait l'action ex-
primée par le verbe ; ainsi diffus se dit du dis-
cours aussi bien quo de l'orateur. Cp. réfléchi,
reclierché, avisé, discret, et en latin déjà :
circumsprctus. — Diffusion, L. diffusio.
DIGÉRER, du L. digerere, qui siprnifiait :
1 . distribuer, séparer, dissoudre, et dans « ci-
bum digerere », digérer les aliments, litt. les
distribuer dans tout le corps ; 2. classer,
mettre en ordre, arranger. A la première si-
gnification ressortissent les dérivés latins :
digestio, digestivus* (p. digestorius), digesti-
bilis, indigestus, d'où en fr. digestion, diges-
tif, digestible^ indigeste ; à la seconde, digesta,
pr. recueil méthodique, bien classé, puis spé-
cialement le recueil de lois appelé code Justi-
nien, fr. digeste,
DIGESTE (anc. du genre fém.), voy. digé-
rer.
DIGESTION, voy. digérer. — D. indiges-
tion.
DIGITAL, L. digitalis (de digitus, doigt).
La planto dite digitale a été ainsi nommée
parce que sa corolle ressemble à un doigtier
renversé.
DIGNE, L. dignus; dignité, L. dignitas. —
D. indigne, indignité; dignitaire.
DIGRESSION, L. digressio (do digredi,
s'écarter).
DIGUE, it. diga. esp. diquc (masc.), du
néerl. dyk, m. s. = ags. die, angl. dike, ail.
deich. — D. diguer, endiguer.
DILAOERER, L. dilacerarc (lacerare).
DILAPIDER, L. dilapidare (lapis), pr. dis-
perser des pierres, de là tig. jeter l'argent
comme si c'étaient des pierres, dissiper, dé-
penser follement.
DILATER (mot savant),' du L. dilatare (de
latus), élargir, étendre.
DILATOIRE, L. dilatoHus* (de dilatum,
supin de differre), qui fait différer et gagner
du temps.
DILATER, renvoyer à un temps plus éloi-
gné, anc. delayar (v. c. m.).
DILECTION. L. dilcctio, amour (diligere).
DILEMME, L. dilcmyna, gr. lilri{x}xy., m. s.,
litt. action de prendre (i«/x6àvîivj par deux
côtés.
DILETTANTE, mot italien signifiant ama-
teur, part. prés. do dilettarsi{=L. se delectare,
fr. se délecter), prendre plaisir. — D. dilet-
tantisme.
DILIGENCE, voy. le mot. suiv.
DILIGENT, L. diligens, attentif, .soigneux,
assidu; c'est l'opposé de negligens. — D. dili-
gence (L, diligentia), 1. soin, empressement,
poursuite active, 2. voiture publique, ainsi
nommée à cause de son service régulier et
accéléré, cp. ail. eihoagen, m. s., litt. voiture
qui se presse; — verbe diligente^*, hâter,
presser.
DILUVIEN, voy. déluge. Cps. anté-diluvien.
DIMANCHE, vfr. diemenche, prov. dimenge.
On explique généralement le mot par une
contraction do dies dominica, d'où success.
diedominica, died'niinca, fr. diemmiche, di-
manche. La nécessité de supposer cette con-
traction est basée uniquement sur l'élément
die pour di dans l'anc. forme diemenche; les
Italiens disent tout court doynenica, les Es-
pagnols domingo. N'était l'ancienne forme
française, on pourrait aussi no voir dans
dimanclic que le simple mot dominica; le
do se serait changé en di, comme domesticus
a fait en italien dimestico. — Un type lat. dies
domînia a motivé les formes vfr. die -moine
ou -maine, ou (sans l'élément dies) demoine
ou dcmaine.
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DIN
— inQ —
DIP
DIME, p. ih'sme, contracté du BL. décima,
la dixième partie ; voy. aussi décime, — D.
dimer.
DIMENSION, L. dimoisio (dimetiri), me-
sure.
DIMINUER, L. dimimiere (de minus ^
moins). — I). diminution, L. diminutio;
diminutif, L. diminutivus.
DINANDBBIE, marchandises (ustensiles en
cuivre jaune) qui autrefois faisaient la répu-
tation de la ville de Binant en Belgique — D.
dinaivlicr.
DINDE, expression elliptique pour coq (ou
plutôt poule) d*Inde, cp. angl. turhey-hen, —
D. dindon, d'où dindonneau,
DINER, anc. disncr, disgtun*, digner, it.
desinare, disinare, prov. disnar, dimar, di-
nar. Voici les étymologies diverses qui, à ma
connaissance, ont été mises en avant sur ce
mot. 1. grec Unt^Civ, devenu d'abord diner,
puis, par l'ôpenthèse d'un s, disner. — 2. Dig-
nare Domine, •« daigne. Seigneur! », com-
mencement d'une prière de table ; cette éty-
mologie s'est surtout accréditée par l'ortho-
graphe digner. — 3. Decimare, manger à la
dixième heure; on allègue pour justifier cette
origine le vfr. noner, goûter, et quant à la
permutation m^n, on pourrait au b^in s'ap-
puyer de rit. decina, dizaine, dérivé de rfecem-
— 4. Desinare, p. desinere, cesser de tra-
vailler. — 5. DiS'jejunare, donc le même ori-
ginal que celui de diyeuner. C'est l'opinion
de Mahn. Enfin, 6. decœnare, d'où dece)iar€,
desnare, disnare; pour la formation, cp. de-
cima, desme, disme, dime; L. bucciim, it.
busna; cp. surtout cecinus, primitif du vfr,
cisne (cygne). La dernière étymologie, pa-
tronnée par Diez et Pott, est celle qui se
recommande le plus parmi celles passées en
revue jusqu'ici. Tontes les formes diverses
citées plus haut s'en déduisent facilement,
sans sortir des règles de la romanisation. Elle
s'appuie surtout de l'existence, dans l'ancienne
langue et dans les patois, d'un verbe analogue,
signifiant goûter, faire collation; c'est reci'
ner) aussi receigncr, rechiner, rechigner, er-
chiner), qui dérive do re-cœnare (d'où BL. reci-
nium, merenda). On rencontre encore en
italien pusignare, faire un repas après le sou-
per, qui est évidemment le L. post-cœnare.
Enfin, il ne faut pas perdre de vue que la
forme disnare est celle qui remonte le plus
haut, r* est par conséquent radical et essen-
tiel ; on trouve au ix" siècle (Gloses du Vati-
can) : disnavi me ibi, disnasti te hodie; dans
Papias on lit : jentare disnare dicitur vulgo.
Le préfixe dans decœnare a la même valeur
logique que dans devorare, depascere, etc. —
Aux six étymologies consignées ci-dessus, il
y en a quatre nouvelles à ajouter dans cette
nouvelle édition, à savoir : 7. Storm (Rom.,
V, 177) admet un type *discœnare, calqué sur
disjejunare, d'où discnxare, dissenare, disi-
nare, disnare. — 8. Suchier (Ztschr., I, 429)
propose pour primitif discus, table, en moy.
lat. = table à manger, d'où discinare, etc. — 9.
R6nsch(ib., 418) : escare, escinarc, deesci
nare (cp. l'expression ail. ab-fUttem), desci-
nare, etc. — Toutes ces explications ont leur
pour et leur contre. Voy. fmon Anhang,
au Dictionnaire de Diez, p. 717. — 10, En
dernier lieu, Gaston Paris (Rom., VIII, 95)
dévelopj)e longuement l'équation disner ■=«
dis 4" ju^^cL^^' Cette forme junare était
usuelle en lat. populaire à côté de jejunare
et a donné vfr. juner, qui n'est nullement
une contraction de jeiiner — jejunare. A
côté de juner existait aussi desjuner (con-
curremment avec desfeU7ter), qui dans le prin-
cipe, en se conjuguant, prenait dans les
formes à terminaison accentuée le thème
contracté disn. Ce phénomène verbal, bien
connu des romaniste», a fait qu'il a subsisté
dans la suite deux verbes distincts desjuner
et disner; disant la même chose et dont l'un
seul est parvenu aux temps modernes ; car il
ne faut pas perdre de vue que notre déjeuner
actuel (anc. desjeiiner), tout en coexistant
avec desjune}* et disner (dont il était syno-
nyme) est autrement fait : il vient de des et de
jeun et signifie : « faire qu'on ne soit plus à'
jeun ». L'étymologie exposée ici est on ne
peut plus correcte dans ses moindres détails
(Tobler l'a sanctionnée sans réserve); il ne res-
tait plus que la signification foncière « déjeu-
ner, prendre le premier repas * » à justifier.
Or, G. Paris a démontré, par d'abondantes
citations, que c'était bien là, et que c'est en-
core, dans beaucoup de patois, le .sens vrai et
exclusif du mot diner. D'ailleurs, déjà Papias
(xi*' siècle) porte : -jentare disiiare dicitur »,
et le proverbe suivant n'en fait pas moins foi :
« Lever à six, dinei* à neuf, souper à six,
coucher à neuf, fait vivre d'ans nonante-neuf. »
— Espérons que, par ce dernier avis, la cause
est finalement jugée. — Il est encore digne
de remarque que diner s'employait dans la
langue d'oïl, avec l'acception active donner à
diner, et qu'on disait, au lieu de diner, pren-
dre son repas, se diner (voy. la phrase latine
citée plus haut). Il en était de même de déjeu-
ner, L'anc. forme digner p. disner est ana-
logue à vfr. règne p. resne (rêne). — Dérivés
du verbe diner : ditwr, subst.; dîneur, d(-
fieUe, dînée, après-dinée,
DIOOiSE, anc. féminin, du L. diœcesis =»
gr. SioUtijii (jioixcw), administration, puis
province, district. — D. diocésain,
DIOPTRIQUB, gr. iioitrpiMi, de Hoirrpa,
miroir.
DIPHTHONGUB, prov. diptonge, du L.
diphthongus (du gr. U^^oyi^i, à deux voix).
DIPLOMATE, etc., voy. diplôme.
DIPLOME, acte public, chartre, titre, du
gr. UTcl<Ait%, gén. -«To;, pr. écrit plié en deux
(du verbe ^%tc\6^), lettre ouverte, lettre de
crédit. — D. diplômer, pourvoir d'un di-
plôme ; diplomatique, qui se rattache aux di-
plômes; comme subst. fém. «> science de lire,
d'interpréter et de reconnaître les titres au-
thentiques. Les savants appellent aujourd'hui
les connaisseurs en diplomatique des diplo-
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DIS
— 157
DIS
matistes; ceux <}ui s'occupent particulière-
ment des traités internationaux ont été nom-
més des diplomates^ et leur profession a reçu
le nom de diplomatie. Tous ces dérivés sont
de création moderne. On ne se doute guère
que le mot diplomate découle d'un terme mar-
quant duplicité !
DIPTYQUS, du gr. ilnrvxoit * deux plis,
double.
BIRI, L. dicere, dic*re, — D. dire, subst. ;
diseur , dit (voy. dicton). — Composés : contre-
dire, dédire, maudire, médire, prédire, re-
dire,
BIRBOT, L. directiis, part, de dirigere. Le
même type latin a donné le mot droit; direct
appartient à la couche savante de la langue.
— Direction, L. directio;rftr«c<eMr,L. direc-
tor; directoire, L. directorium, d'où directo-
rial,
DIBIGER* L. dirigere (regere).
DIRDIANT, adj., du L. dirimere, séparer,
rompre.
BIS-, particule-préfixe latine, marquant di-
vision et opposition. Nous avons déjà fait re-
marquer que cette particule s'est générale-
ment francisée en dés ou dé (voy. dé), mais
que néanmoins on la rencontre dans bon
nombre de composés français sans précédent
latin. C'est ainsi que de faveur on a fait l'op-
posé défaveur, tandis que de grâce on a fut
disgrâce. On peut établir que les composés
avec dis appartiennent au fonds savant do la
langue. Désavouer est du fonds ancien, dis-
continuer, un terme savant. — Nous rappe-
lons que L. dis reste invariable devant les
voyelles et devant c, p, q, t et s (suivi d'une
voyelle), qu'il assimile 1*5 final devant f(di(fa-
mare p. dis-famare), et qu'il le perd devant
les autres consonnes (diligere, dirigere, dimi-
care, dividere).
BISGALS, déchet dans le poids d'une mar-
chandise ; verbe discalcr, perdre son poids ;
d'un type lat. dis-calare, descendre, s'abaisser
(voy. cale 1); cp. it. calo, déchet.
BISCERlffiB, L. discernere, séparer, dis-
tinguer.
BISGIPLB, vfr. deciple, L. discipulus (de
discere, apprendre).
BISOIPLDfl, L. disciplina. -— D. discipli-
ner, L. disciplinari (S. Aug.), discipUnable,
disciplinaire,
1. BISCORB, vfr. descort, adj., du L. dis-
cors, -dis, qui est en désaccord.
2. BISGOBD, vfr. descort, subst. verbal de
discorder,
BISGORBE, vfr. descorde, du L. discordia,
BI800RBIR, L. discordare (opp, de con-
cordare), — D. discord, discordant, -ance,
BISGOIJRIR, L. discurrere, courir çà et là,
employé déjà par Ammien Marcellin dans le
sens figuré moderne : s'étendre sur un sujet.
— D. discoureur,
BISGOURS, du L. discursus, action de cft5-
eurrere (s'étendre sur un stget). Le latin clas-
sique ne donnsdt pas encore le sens figuré au
subst. discursus.
BISGRÉBITER, voy. décréditei\
BISGRET, du L. discretus, part, passé de
discernere; l'acception classique est « quod
discomitur », l'acception romane « qui dis-
cemit », qui sait distinguer la convenance et
l'inconvenance, de là «=» avisé, retenu, pru-
dent. C'est un de ces adjectifs à forme passive
et à sens actif dont nous avons parlé à propos
de diffus. — Discrétion, L. discretio; ce
subst. correspond à l'adj. discret dans toutes
ses acceptions ; mais l'ancienne signification
distinction, discernement, survit encore dans
le dérivé discrétionnaire. Termes négatifs :
indiscret, indiscrétion; ils se trouvent en
latin, avec leur valeur actuelle, dans Corippo
et dans S. Grégoire.
BISGRÉTION, voy. l'art, préc.
BISGULPER, vfr. descouper, du BL. dis-
culparc, culpam amovere, cp. ail. ent-schul'
digen.
BISGUSSION, voy. l'art, suiv.
BISGUTER, L. discutere (quatere), pr. sé-
parer en frappant «a in partes divisas concu-
tere, d'où l'acception figurée (étrangère à
l'usage classique) : distinguer, démêler, bien
examiner les arguments et les objections ; le
mot débattre présente la même métaphore. Du
supin latin discussum : subst. L. discussio,
fr. discussion.
BISERT, L. disertus, éloquent.
BISETTE, d'un type latin disecta, subst.
participial de di-secare ; pr. état où l'on se
trouve dépourvu, litt. retranché (cp. l'expr.
ail. ahgeschnitten) de subsistances. — L'étymo-
logie desita, part, de desinere, cesser, i>êche à
la fois contre le sens et contre les règles pho-
nologiques ; ce type aurait produit une forme
deste, — L'anc. forme disjete, alléguée par
Littré, est reconnue fautive ; elle est fondée
sur disiete (e diphtongue en ie), abusivement
lu disjctc, — D. disetteux,
BISGRâGE, 1. absence de faveur; de là le
verbe disgracier ; 2. absence de grâce, d'agré-
ment; de làl'a^j. disgracieux,
BISORÉOATION, de dU-gregare* {^Tex), dés-
agréger, opp. de aggregare.
BISJOINBRE, L. disjungere, d'où di^unc-
tio, fr. di^onclion, disjunctivus*, disjonçtif,
BI8L0QÏÏER, BL. dislocare, ioco movere,
mettre hors place. Les anciens avaient une
forme plus française de ce verbe ; ainsi on lit
dans Biaise de Montluc : •« je me deslouay la
hanche ». — D. dislocation,
BISPARAÎTRB, négatif de /larai^rre; subst.
dispantio}i, fait sur le modèle de apparition et
comparUimi (qu'un mauvais usage a déna-
turé en comparution),
1 . BISPARATE, action capricieuse et dérai-
sonnable, mot tiré de l'esp. disparate, sottise,
extravagance (du verbe disparar, faire des
sottises).
2. BISPARATE, mot savant, acy. et subst.,
du partie, disparatus, difi*érent, de disparare,
litt. dépareiller, difi*éroncier.
BISPARITÉ, L. disparitas*, de dis-par,
inégal.
BISPARITION, voy. disparaître.
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DIS
— J58 —
DIV
DISPENDIEUX, L. dispendiosus (de dispen-
dium, dépense, subst. de dispaidere, voj.
dépendre).
1. DISPENSER, vfr. despenser, distribuer,
L. dispensare, litt. i)esor à divers^ donner à
différentes pei-sonnes, voy. dépendre, et dé-
pense 2. — D. dispeiisateur, -ation, L. -ator,
-atio; mot moderne : dispensaire, du BL.
dispensarius = dispensator.
2. DISPENSER, exempter, d'un type dû-
pensare, dér. do pensum, donc litt. déchar-
ger de la tâche, du •« pensum »» imposé. — D.
dispe^ise, dispensable, sujet à dispense; in-
dispensable, non sujet à dispense.
DISPERSER, L. dispersare', fréq. de dis-
perycre (spargero), dont le supin dispersum a
donné dispersio, fr. dispersion.
DISPONIBLE, mot savant tiré de disijonere,
et signifiant « dont on peut disposer ».
DISPOS, anc. dispost (Ronsard a même le
féminin disposte), du L. dispositus, disposé,
contracté en dispostus.
DISPOSER, composé de poser, d'après
l'analogie du L. dis-poncre, dont il partage
les significations, en y ajoutant celles de pré-
parer, engager, « faire ce que l'on veut de
quelqu'un ou de qqch. ». Nous voyons de
mémo le verbe ordonner, pr. arranger, pas-
ser au sens de commander. Le français a ingé-
nieusement su distinguer entre je dispose mes
soldats, je les range (selon mon bon plaisir),
et entre je dispose de 7nes soldats, j'ai puis-
sance sur mes soldats, c.-à-d. faculté de m'en
.servir comme bon me semble. — Disposi-
tion, L. dispositio, arrangement, ordre; terme
savant : dispositif,
DISPUTER, L. disputare, discuter, exa-
miner, débattre. — D. dispute, disputcur.
DISQUE^ L. discus, palet (itîzoj), voy. aussi
dais.
DISQUISITION, L. disquisitio (do disqui-
rere, examiner en tous sens).
DISSECTION. L. dissectio, subst. du verbe
dissccare, disséquer.
DISSÉMINER, L. disscminare (semen). —
I). dissémination.
DISSENSION, L. dissensio (dissentire). Fait
double emploi avec dissentiment, qui dérive
directement de l'ancien verbe dissentir.
DISSÉQUER, mot savant et irrégulièrement
tiré du L. dis-secare, m. s.
DISSERTER, L. dissertarc, fréq. de disse-
rere, discuter. — D. dissertation, -ateur, L.
-atio, -at^r.
DISSIDENT, L. dissidents (sedere), litt. qui
siège à part, puis qui diffère d'opinion. — D.
dissidence, L. dissidimtia.
DISSIMULER, L. dissimulare. — D. dissi-
muUdion, -ateur, L. dissimulatio, -ator.
DISSIPER, L. dissipare (p. dis-si'pare [su-
pare = jeter;. — D. dissipation, -ateur, L.
dissipatio, -ator.
DISSOLU, L. dissohUus, relâché (part, de
dissolvere), d'où dissolutio, fr. dissolution,
Voy. dissoudre.
DISSOLUBLE, L. dissolubilis^ (àïssoUcre).
DISSONER, L. dissoriare. — D. disso-
nant, dissonance.
DISSOUDRE, p. dissolre, L. dissolvere. Le
participe dissolutus s'est produit sous deux
formes : 1 . dissolu, employé au figuré seule-
ment ; 2. dissous, fém. dissoute, directement
de dissoltus, forme syncopée de dissolutus.
C'est ainsi que absolu existe, avec le carac-
tère d'adjectif, de concurrence avec absous. —
D. dissolvant, L. dissolvons.
DISSUADER, L. dissuadere; subst. dissua-
sion, L. dissuasio.
DISTANCE, voy. distant. — D. dUtancer,
DISTANT, L. distans (de di-stare, être
éloigné) — D. distance, L. distantia.
DISTENDRE, L. distendere, tendre en tous
sens. Le dis est loin d'être négatif dans ce
verbe, bien que celui-ci soit étymologique-
ment identique avec détetidre (du moins au
point de vue de l'orthographe ancienne des-
tendre). — Subst. distetision, L. distcnsio.
DISTILLER, neutre, couler goutte à goutte ;
actif, épancher, verser; signifie, technique,
extraire le suc, l'esprit, avec l'alambic. Du
L. distillare (stilla), forme concurrente de
destillare, dégoutter. — D. distillation, dis-
tillateur, anc. distilleur (d'où distillerie).
DISTINCT, L. distinctus (part, do distin-
guère). — D. distinctif. — Distinction, L.
distinctio.
DISTINGUER, L. di-stinguere (litt. séparer
par des points) ; le terme scolastique distin-
guo est du latin pur et signifie «je distinguo ».
DISTIQUE, du gr. ^f^rixo;, litt. à deux
rangs, à deux vers.
DISTORDRE, du L. distorquere, dont le
supin distorsum a donné distorsio, fr. distor-
sion.
DISTRAIRE, L. distraliere (op., pour l'ac-
ception figurée, le terme analogue divertir de
dive7^tere)\ du participe latin distractus, fr.
distrait, procède le subst. distractio, fr. dis-
traction.
DISTRIBUER, L. distribuerc, d'où, par le
supin distributum, les dérivés distribution,
-teur, -tif.
DISTRICT, voy. détroit.
DIT, subst., voy. dire.
DITHYRAMBE, L. dithyrambus, gr. etSû-
DITO, mot fait d'après l'it. dctto (part, de
dire) = déjà dit.
DITON, intervalle composé de deux tons,
de l'adj. gr. Uxo^oi = de deux tons.
DIURNE, du L. diumus (dies), le même
primitif d'où est issu le mot jour; diurnal,
foiTnc savante do journtal, L. diurnalis.
DIVAGUER, L. divagari, errer çà et là. —
D. divagation.
DIVAN, do l'arabe dixoân (d'origine per-
sane), qui signifie d'abord registre, puis par
extension, bureau des finances, conseil d'Etat,
salle d'audience, cxibinet des ministres. Au
moyen âge, l'arabe diwân s'employait particu-
lièrement dans le sens de bureau de douane;
latinisé par diuana, doana, duana, il est
devenu le mot fr. douane. — L'acception sofa.
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DOD
— 159 —
DOM
propre à divan dans le turc actuel (et en fran-
çais), est déduite de celle de conseil des minis-
tres; le nom de celui-ci s'est transporté au
meuble sur lequel les ministres sont assis.
BIVE = divine, L. diva, fém. de divus,
DIVEIR6ER, L. divergere, opp. de conver-
gerez — D. divergent, -ence.
BIVEIRS, L. divers us, pr. tourné on sens
différents, part, do divertere, — D. diversité,
L. diversitas; diversifier, du latin fictif rfiu^-
sificare,
DIVERSION, action de détourner et l'effet
de cette action, L. diversio*, de divertere,
détourner.
DIVERTIR, L. divertcj'e, sens littéral : dé-
tourner; sens figuré : distraire, amuser. — D.
divertissement (appliqué au sens figuré seule-
ment). Cp. déduit,
DIVIDENDE, L. dividenda (s. e. pars), part
à diviser, à partager.
DIVIN, L divinus. — D. diviniser; divi'
nité, L. divinitas; divination, voy. deviner.
DIVIS, partage, subst. verbal de diviser.
DIVISER, L. divisare, fréq. do dividere.
Subst. verbal divis, — Dérivés du supin latin
divisum : divisus, -a, d'où le subst. divise, t.
de blason, et l'adj. indivis; divisio, fr. divi-
sion ; diviser, fr. diviseur; divisibilis, fr. divi-
sible, d'où indivisible,
DIVISION, voy. diviser, — D. division-
naire.
DIVORCE, L. divortium (divertere). — D.
divorcer,
DIVULGUER, L divulgare, répandre dans
le monde (vulgus), publier. — D. divulgation.
DIX, vfr. dis, prov. r/€<^, du L. decem, —
1). dixième, dizain, disaine (d'où disenier);
dis eau.
DOCILE, L. docilis, litt. qui se laisse ensei-
gner (lat. docere). — D. docilité, L. docilitas.
DOCK, mot anglais, = chantier, bassin.
DOCTE, L. doctus (pr. part, de docere,
instruire); docteur, L. doctor, pr. maître en-
seignant, d'où doctorat, -al.
DOCTRINE, L. doctrina (docere), enseigne-
ment. — D. doctrinal, -aire; endoctriner,
DOCUMENT, L. documentum, pr. moyen
d'instruction. — D. documentaire.
DODINER, DODELINER, aussi dondeliner,
bercer un enfant pour l'endormir; expression
onomatopéique, comme faire dodo, expression
enfantine pour dormir. Dodo, comme dada,
exprime vacillation; aussi se dodiner, pr.
se balancer, se bercer, se dorloter, au sens
figuré ■■= prendre soin de sa personne, n'est-il
qu'une variété de se dandiner {raâxcal varié et
nasalisé). — Appartiennent à la môme famille :
angl. doddle (en province aussi daddle, dai-
dle), se laisser aller nonchalamment, dandle,
bercer, dorloter, it. dondolare = dodiner,
dandiner.
DODO, voy. l'art, préc.
DODU appartient sans doute à la même ra-
cine que vfr. dondé, gras, replet, nfr. dondon
Cette racine pourrait se trouver dans le frison
dodd, bloc, masse, ou bien dans le thème
dod, exprimant mouvement vacillant, d'où
sont sortis dodiner, dodeliner; le rapport de
balancement et de corpulence n'a guôi-e besoin
d'être justifié.
DOGE, mot vénitien formé de L. duœ, ducis
(voy. duc).
DOGME, gr. ooy/xa (5oxî«), opinion, décision;
Soyiixriy.ô;, dogmatique ; ^jy/iaWjeiv, dogmati-
ser, d'où dogmatiste, -istne.
DOGRE, esp. de bateau, du néerl. doggcr-
boot, nom des bateaux pêcheurs du Doggers-
bank.
DOGUE, de l'angl. dog, chien. — D. doguin;
cps. bouledogue (v c. m).
DOIGT, vfr deit, doU, du L. digitus (cp.
roide de rigidus, froid de frigidus). — D.
doigter^ doigtier.
DOIS, DOIT, petit cours d'eau, du L. ductus,
conduit (dans aquse ductus).
DOL. L. dolus, fraude.
DOLABRE, L. dolabra.
DOLBANCE, grief, plainte, de l'anc. adj.
doléa^vt, forme incorrecte p. dolent. Cp. con-
doléance.
DOLENT, pr. qui souffre, du L. dolens, .
part, de dolere (d'où fr. se douloir). — D. do-
léance (v. c. m.); indolent, qui se soucie peu,
nonchalant.
DOLER, L. dolare; de ce dernier, BL. do-
latoria, vfr. doleoire, nfr. doloire.
DOLIMAN ou dolmen; mot hongrois : doU
mang, bohème doloman.
DOLLAR, mot angl., représentant l'ail, tha-
ler, écu, lequel tire .son nom de Joachims-thal
en Bohême, où cette monnaie a été frappée en
premier lieu.
DOLOIRE, voy. doler.
DOM, ancien titre d'honneur do cléricature,
du L. dominus. — D. domerie.
DOMAINE, vfr. demaine, directement du L.
dominium, propriété. Pour le changement de
i en ai, cp. je maine (forme vfr. p. je moine,
auj. mène, de minare, mener); l'une, langue
offre, du reste, aussi la forme plus régulière
deiuovw. — D. doma7iial.
DOME, gr. Sôtfi^, maison, puis église, église
à coupole (signification propre surtout à l'ail.
dom et à l'it. domo). Au moyen âge déjà la
signification s'est réduite à celle de coupole.
Le gr. Sôtuoc, cependant, au dire de saint
Jérôme, aurait déjà eu le sens réduit de tec-
tum : ^ Doma in orientalibus provinciis ip.sum
dicitur quod apud Latines tectum ; in Palses-
tina enim et iEgypto... non habent in tectis
culmina sed domata qu» Romie vel solaria,
vel maîniana vocant, id est, plana tecta quse
transvcrsis trabibus sustentantur ». Aus.si la
Vulgate traduit-elle habiter au ooin d'un toit
(Prov. 21,9) par « sedero in angulo domatis » .
Ailleurs : « Eos qui in domatibus adorant
militiamcœli,solem et Umam, et a.stra reliquat.
DOMERIE. voy. dom.
DOMESTIQUE, L. dom-sticus (domus). La
vraie forme française du mot est le vfr. dômes-
che (cp. f^vov. domesgue). — D. domesticité,
L. domcsticitas ; verbe adomcMquer (Saint-
Simon).
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DON
160 —
DON
DOMICILE, L. domicilium (domus). ^ D.
domiciliaire, se domicilier.
DOMINER, L. dominari, être le maître. —
D. domiiiaieur, -ation, L. dominator, -atio.
DOMINICAL» dér. du L. dominiciis fdomi-
nus), 1. qui appartient au, ou qui vient du
Seigneur, 2. relatif au dimanche, jour du
Seigneur, voy. dimanche,
DOMINO, mot esp. qui signifiait à l'origine :
capuchon des ecclésiastiques, camail. De do-
mino, titre d'ecclésiastique à certains degrés
de la hiérarchie; les ministres du culte s'ap-
pellent encore en Hollande des dominé. — Le
jeu de domino, dit Littré, a été ainsi nommé à
cause du revêtement noir que chaque dé porte
en dessous ; mais voici une anecdote qui révèle,
parait-il, la véritable origine du jeu et de son
nom ; je l'ai cueillie dans mon journal et l'ai
retrouvée plus tard dans le suppl. de Littré :
Dans un des nombreux couvents entourant
le célèbre monastère du Mont-Cassin, fondé par
Saint-Benoit au sixième siècle, deux moines
avaient été enfermés un beau jour dans la cel-
. Iule de pénitence, par suite d'une infraction à
la règle. Pour passer plus aisément le temps
de leur réclusion, ils imaginèrent de tailler
en forme de carrés, de petites pierres blan-
ches (de craie probablement), sur lesquelles
ils gravèrent des points noirs en nombre va-
riable pour chacune d'elles. Puis ils disposè-
rent ces petits carrés de manière à former des
séries dont les diverses combinaisons tenaient
leur esprit en éveil. Cette distraction leur fiit
si agréable, que, sortis de leur cellule, ils
mirent les frères du couvent dans le secret de
leur invention, et tout le monde, depuis le
prieur jusqu'au portier, se passionna pour ce
jeu. Celui des joueurs qui avait trouvé le
moyen de placer le premier tous ses dés té-
moignait sa satisfaction, comme il est d'usage
parmi les religieux, après un travail ou une
rechei*che quelconque, en s'écriant : Benedi-
camus Domino. De sorte que le mot domino,
revenant toujours à la fin de chaque partie,
finit par servir à désigner ce jeu, auquel on
ne savait encore quel nom donner. L'exclama-
tion : Domino! et l'expression faire domino,
qui s'emploient encore ai\jourd'hui pour mar-
quer la fin de chaque partie, prouvent bien
que c'est là la véritable origine du mot dont
nous parlons. — D. dominotier, dominoterie.
DOMMAGE, voy. dam. — D. dommageable,
dcdominage7\ endommager,
DOMPTER, anc. donter, dantcr, angl.
daimt, du L. domitare, — D. dompteur,
domptable, indomptable.
DON, L. donum.
DONC, vfr; ditiic, donhes, it. dunque, prov.
donc, doncas; sous forme composée vfr.
a-donc, adonqiies, aussi adont. Le sens de donc
était à l'origine alors; c'est de là que s'est
déduite l'acception ei^go, cfr. Festus : igitur
apud antiquos ponebatur pro inde et posiea
et tum ; cp. en allemand le même rapport
entre danii, alors, et la variété detin, donc.
L'étymologic du mot n'e^t pas encore assurée ;
un type de-ufiquam est contraire au sens, de
même que ad hune (s. e. modum ou finem), allé-
gué par Muratori. Diez s'en tient à <m?/c; seule-
ment, vu l'inadmissibilité d'une mutation du t
initial en d, il pense qu'il faut prendi*e pour
base une forme barbare ad-tunc, d'où a-ttinc,
adonc, puis, par aphérèse du préfixe, f?o«c(cp.
lors p. alors). — Cornu (Rom. VII, 363) cherche
à expliquer toutes les formes romanes par la
formule numqua, plur. de numquid, d'abord
interrogative, puis conclusive (cp. car de
quarej ; pour n devenu d, cp. vfr. domer p.
notner. — En dernier lieu, Fœrster (Roman.
Forschungen, I, 322) propose lat. donique,
altération de denique,
DONDAINE, V. dondofi.
DONDON, femme grasse et d'un teint frais,
voy. dodu. — Diez est porté à voir dans ce mot
un redoublement de don et rapproche don de
l'angl. dump, radical de dumpy, court et
épais, et de dumpling, petite personne grasse.
Ijq mot dondaine, soit qu'il signifie, comme
dans Froissart, une machine de guerre pour
lancer de grosses pierres, ou qu'il s'applique
à un instrument à vent du genre do la corne-
muse, est sans doute une variété de dondon,
et s'y rapporte comme bedaine à bedon, mi-
taine à miton.
DONJON, DONGEON, vfr. aussi doignon,
dongnon, dangeon, ^rov, donjô,hL.domnio,
le plus haut bâtiment d'un castel, maîtresse
tour. Zeuss, sur la base d'une orthogi*aphe
dangio, qui est dans Orderic Vidal, y i-econ-
nait l'irl. daingean, fortification ; mais dangio
n'est que l'imitation du vfr. dangeon, modifi-
cation toute naturelle de dongeon (cp. volenté
p. volonté, chalcnger' p. chcUonger), Grand-
gagnage (Mémoires sur les anciens noms de
lieux de la Belgique orientale, p. 77, ad
vocem dunch, donch), après avoir expliqué le
terme dune, dung, donk, suffixe si fréquent
dans les noms de lieux des pays flamand et
rhénan, par « locus e palustribus cmergens »,
définition déjà donnée parGramaye etHcylen,
fait l'observation suivante : «• Une émiuenco
entourée d'eau ou de mai-écagcs formant né-
cessairement un lieu de refuge convenable ou
un fort, on poun-ait peut-être dériver le mot
français donjon de notre dungo, dwtg, forme
citée par Heylen, aussi bien ou mieux que de
l'irlandais dun, d'après Diez, ou de l'irlandais
daingean, d'après Zeuss, qui signifient aussi
un lieu fortifié ». A l'appui de cette significa-
tion de refuge ou de fort que le savant philo-
logue wallon prête au mot dungo, il cite le
nom de lieu Ursidongus, expliqué par un
biographe de saint Ghislain «* ideo sic dictus,
quod ibi solita erat ursa catulos fovere », donc
la tanière de l'ourse. Diez, abandonnant son
ancienne opinion en faveur de l'irl. dim (lieu
fortifié), par l'intermédiaire du BL. dunio, se
rallie à celle qui admet pour type immédiat
le BL. domnio (p. dominio), avec le sens de
corps de bâtiment principal, dominant; elle
est rendue indubitable, dit-il, par l'emploi de
la forme dominion = donjon, relevée par Mus-
safia dans l'écrivain milanais Bouvesin da Riva.
DONNER» L. donai'e. — D. donnée, don-
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DOT
161 —
DOU
neitr, qui aime à donner ; donateur, L. dona-
tor; dmiatioti, L. donatio; donataire, -cUif,
L. donatarius, -ativus.
DONT, it., esp., port, donde, prov. don, du
L. de ttnde, composition barbare pour unde.
Il faut obsei*ver que le simple imdc (it., port.,
V. esp. onde, cat. œi, prov. ont, on) avait pris
le sens de où, ce qui justifie la comi>osition
de-unde pour d*oû. L'emploi pronominal de
unde ou de-unde n'a rien qui pui.sse paraître
étrange ; le fr. d*0H s'emploie également pro-
nominalement dans cei'taines applications,
p. ex. : c'est vouloir renfermer un clicne dans
le gland d*oiï il est sorti (Bern. do Sainte
Pierre). Et, du reste, le latin en a déjà donné
l'exemple : •* in fines suos unde erant profecti »
(César) ; - hereditatem itnde ne numum quidem
unum attigisset »» (Cic. de Fin., 2, 17). Dont
est un adverbe pronominalisé avec caractère
relatif, comme le sont en t= L. inde, et y =
L. ibi avec caractère démonstratif.
DONZILLS» de Fit. et prov. donsella, di-
min. de donna, xoy. danie.
DORADE, du part. prov. dorada »» fr.
dorée; Ht. dit orata, — D. doradon, Voy.
aussi daurade.
DORÉNAVANT, concrétion des mots dore
(de celte heure) en avant. Cp. désonnais,
DORXR» L. de-aurare. — D. doreur, -ure;
rfor(u/c (poisson); opp. dédorer.
DORLOTER, du vfr. doreloi, mignon, favori
(Rabelais emploie le mot pour enfant gâté).
Diez rapporte dorelot à l'ags. dcorling (angl.
darlinff), et rappelle le cymriqtio doriawd,
qu'Owen décomjiose en dater, avoir soin, et
Uauxl, garçon. Chevallet cite le tcn-me breton
et gaél. dorlota => dorloter, qu'il dérive do
dorlôi, dorlô, caresser avec la main comme
on fait aux petits enfants. Mais ces mots pour-
raient bien être empruntés. D'autres voient
dans dorelot, mignon, une acception figurée
d'un ancien subst.(/ort'/of signifiant une espèce
de bijou, et qu'ils rattachent à dorer (cp. le
terme de caresse : mon bijou !). On trouve en
effet dans la vieille langue les mots dorlolier,
dorloterie, désignant le métier de bijoutier.
Tout en admettant qu'un mot jîopulaire dore-
lot ait pu .se produire de doi'er sur le patron
do bimbelot, bibelot, je pense qu'il est préfé-
rable de ne voir dans dorelot, '^ojsw, qu'une
acception déduite de dorelot, mignon.
DORMIR, L. donnire. — D. dormeur, dor-
meuse; dortoir, contracté du L. dormitorium;
cps. Ciuiormir.
DORSAL, du L. dorsum, dos.
DORTOIR, voy. dormir.
DOS, it., esp. dorso (it. aussi dosso), prov.
et anc. catal. dors, dos; du L. dorsum, de-
venu dossum (voy. Paris, Rom., X, 47). —
Rabelais dit dours. — D. dossier, 1. dos d'un
siège ; 2. terme d'administration : le carton
ou la liasse relative à une afiaitx), étiqueté au
dos; endosser, édosser.
DOSE, L. dosis, gr. cûii;, quantité donnée.
— D. doser.
DOSSIER, voy. dos. — D. dosseret.
DOT, L. dos, dotis. — D. dotal, L. dota-
lis; doter, L. dotare, qui est aussi le primitif
de douei\ pr. iK)urvoir; dotation, L. dotatio;
douaire, BL. dotarium.
DOUAIRE, angl. dawer, voy. dot, — D. adj.
douaiHer, subst. douairière, veuve qui jouit
d'un douaire (angl. dowager).
DOUANE, it. dogana. Voici les diverses éty-
mologies inacceptables qui ont été mises en
circulation : 1. Frisch : Ducere, introduire
des marchandises, mais on n'a pas d'exemple
d'un suffixe ana joint à des radicaux verbaux.
2. Ferrari : Doga, baril, tonneau, puis les
marchandises arrivant dans des tonneaux;
mais doga ne signifie jamais tonneau (voy.
dour;e). 3. Ménage : ^o/àvi,, lieu de réception,
puis lieu où l'on perçoit l'impôt, dérivé de
ao'xïj = Joxïî (de 5èx«»^«0» rnais a^yàv,, n'a eu
le sens de douane à aucune époque de la
langue grecque. 4. Dogana serait la forme
normale d'où se sont produites les autres : BL.
duana, prov. doana, fr. douane, et .signifie-
rait l'impôt du doge, comme les regalia sont
rimi)ôt du roi. Cette dernière explication était
celle que je hasardais dans ma première édi-
tion ; depuis, j'ai cru devoir accueillir Tétyin.
ix>sée par Diez et indiquée déjà sous divan.
L'origine arabe du mot ros.sort surtout de
l'esp. et port, aduana (le préfixe a rejirésen-
tant l'ai-ticle arabe). Le g de Fit. dogana est
intercalaire, comme dans ragunare p. rau-
nare. — D. douanier.
DOUBLE, L. duplus. — D. doubler, L. du-
plare (Festu.s) ; doubleau, doublet, -ette, -on,
'ure; cps. dédoubler, redoubler.
DOUCET. -EUR, -IR, voy. doiu:.
DOUGHE, do lit. doccia, conduit, tuyau,
dérivé du verbe it. docciare, couler, verser
(fr. doucher), qui lui-même représente un
type latin ductiare, formé de ductus, comme
suctiarclfv. sucrr) de suctus.
DOUELLE, vfr. doelle, douille, lorr. dou-
ville, dim. de douve {v. c. m.). Ces mots expri-
ment un revêtement voûté ou une courbure
quelconque.
DOUER, forme vulgaire de doter, voy. dot;
du L. dotare; angl. en-dow.
DOUILLE, manche creux d'une baïonnette,
etc., selon l'opinion très plausible de Diez, du
BL. ductile, gouttière ; cp. andouille de in-
ductile. Toutefois, douille i>ourrait bien être
issu par contraction de dou-illc indiqué sou.s
doucllr. ^
DOUILLET, diniin. de l'anc. adj. douille,
doillc, niuu, qui vient du L. duclïlis, ductile,
malléable; de \h douillette, vêtement ouaté.
DOULEUR, vfr. dolour, L. dolor. — D. dou-
loureux = L. dolorosus (Végèce); endolori.
DOULOm (SE), du L. dolcre, éprouver de
la douleur.
DOUTER, L. duhitare (cp. coude, de cubi
tus). Anciennement, douta* s'employait dans le
.sens actuel de redouter, se doiUer, dans celui
de se méfier. — D. doute, douteux*, redouter.
DOUVE, it., prov., cat. doga, milan, dova,
néerl. duig (sui.sse daugc), ail. daube (p.
danirc). D<>ga se raijportc à fr. douve, connue
L. rugarc au vfr. rouvcr; c.-û-d. qu'il y a eu
11
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DRA
— 162 —
DRI
d'abord syncope du g médial (dowe), puis
intercalation de r [dowûê). Diez admet Fiden-
titô de doga^ douve ^ ais de tonneau, avec le
prov. doga, norm. douve ^ fr. douCt qui signi-
fient revêtement d'un fossé. Quant à l'origine
de l'un et de l'autre, Frisch a proposé le L.
ducere (op. doccia, douche), comme ayant
déterminé le sens de fossé, cavité. Mieux
vaut l'étymologie do Ducange, savoir le latin
doga, signifiant un vase ou une mesure et qui
vient du gr. Sox^* receptaculum. La filiation
logique serait ainsi : réservoir d'eau, creux,
fossé (signification encore existante), puis
revêtement ou parement d'un fossé, enfin
planche d'un tonneau. — D. de la forme doue :
le dim. douelle (v. c. m.); de douve : douvain.
DOUX, fém. douce, vfr. dois, L. dulcis. —
D. douceur, L. dulcor(Tertull.); doucet; dou-
ceâtre, doucereux; doucir, L. dulcire (Lu-
crèce); adoucir. Dérivés directs du thème
latin : dulcifier; édulcorer, L. edulcorare.
DOUZE, contracté du L. duodecim. — D.
douzième, dousain, -aine.
DOUZIL, DOUSIL, angl. dosil, fausset pour
tirer du vin, cheville servant à boucher le trou
d'un tonneau ; du BL. ducicuîus, m. s., dérivé
de ducere.
BOTEN, angl. dean, néerl. deken, voy. dé-
canot. — D. doyenné.
DRACHME, BRAGME, vfr. drame, du gr.
ôpryfi^ (monnaie et poids).
BRAGÉE, vfr. aussi dragie, prov. dragea,
esp. et port, dragea (et gragea, grangea), it.
treggea; BL. dragata, -eia, -ia; toutes for-
mes altéi-ées de tragemata (Papias) =« gr.
rptx'/^fjiXTx, friandises, de r/sa/elv, infin. aor. 2
de rpii'/tiv, grignoter. — D. drageoir, sou-
coupe pour servir des dragées.
BRAGEON, rejeton, bouture, du verbe goth.
traibja7t {a\ï. mod. treiben), pousser; cp. bou-
ton do bouter, pousse de pousser. Cotte étymo-
logie est préférable à celle du subst. fictif
traducio, -onis (dér. du L. tradux, sarment
de vigne), qu'avait avancée Ménage. — D.
drageoixner.
BRAGON, animal, L. draco, -onis. Quant
à l'origine de dragon, en tant que terme mili-
taire, les opinions varient beaucoup. Adelung
pense que les dragons ont été nommés ainsi
d'après leurs épaulières, app)elées dragoni;
Voltaire, d'après Ménage, parc^ qu'ils portè-
rent un dragon dans leurs étendards ; d'autres
font remonter le nom au pistolet orné d'une
tête de dragon dont les dragons auraient dans
le principe été munis. Peut-être dragon
est-il tout bonnement le nom de l'arme,
étendu à ceux qui s'en servaient (cp. carabi-
niers, mousquetaires); et quant au nom de
l'arme, il serait analogue à celui de coulevrine
(voy. aussi notre article mousquet). On peut
encore admettre que le nom dragon ait servi
de symbole pour exprimer l'audace et l'éner-
gie militaires, sens qui s'attache encore accxîs-
soirement à ce mot. — D. dragonne, galon
d'une poignée d'épée ; dragonnier, plante d'où
coule le sang-dragon ; enfin, les fameuses dra-
gonnades, d'odieuse mémoire.
1. BRAGÏÏE, instrument pour draguer, de
Tags. drâge, angl. drag, crochet, râteau. —
D. draguer, -eur.
2. BRA6UE, orge cuite qui demeure dans
le brassin après qu'on a cuit la bière, rouchi
draque, wallon drâhe, du v. nord, dregg,
angl. drcgs, lie, sédiment (ail. dreck, fumier).
BRAIN, subst. verbal do drainer.
BRAINER, terme d'agriculture, tiré du
verbe angl. to drain, faire écouler l'eau,
mettre à sec. — D. drain; drainage,
BRAME, gr. SpâfjLx, pr. action, puis pièce de
théâtre; o/9x/Aari/o{, dramatique; Spr/jL^Tiitiv,
dramatiser, Zoris.xrltTni (inus.), dramatiste ;
SpxfixTovpyài, litt. faiseur de drames, drama-
turge.
BRAP, it. drappo, prov., cat. drap, esp.,
port, trapo, BL. drappus, pannus. L'origine
de ce mot n'est pas encore tirée au clair.
Frisch a supposé quelque connexité avec l'ail.
trappen, fouler, serrer. Diez, dans sa dernière
édition, indique un mot allemand trabo, qui,
dans un glossaire du xii* siècle, se trouve
traduit par « trama, extrema pars vestimenti.
fimbria »; le nom de la trame ou de la bor-
dure a pu, dit^il, s'étendre à tout le tissu. —
J'ai rencontré dans Jean de Çondé l'orthogr.
trap. — Baist (Zeitschr. VI, 116) propose ags.
trâf, = vfr. tref, prov. trap, tente en drap
(opp. àloge, tente en feuillage), dont, d'accord
avec Suchier (ib. I, 433), il conteste la con-
nexité avec le lat. trabs, poutre. [L'opinion
qui distingue entre vfr. tref, poutre, et vfr.
tref, tente (=* ags. trâf) est péremptoirement
renversée par G. Paris, Rom'. VI, 629.] — D.
drapeau (ce mot a signifié autrefois aussi vê-
tement; proverbe : « l'on ne connoist pas la
gent au drapeau »; aujourd'hui encore les
patois emploient ce mot pour linge et langes),
du BL. drapellus, panniculus; drapier, dra-
perie; verbe drape)'.
BRASTIQXIE, gr. dpxsrtKài (^pAw), agissant,
énergique.
BRÈCHE, marc de l'orge concassée qui a
servi à faire de la bière, est, d'après Diez, le
vfr. drasche, BL. drascus, qui dit la même
chose et qui vient du vha. drascan (ail. mod.
dreschen), battre le blé en grange. La drèche
serait donc le grain battu, trituré, le résidu.
Il y a quelque difiiculté à identifier, étymolo-
giquement, les mots drague et drèche. — D'a-
près Bugge (Rom. III, 147), drèche représente
i'aha. drastja, drestja, mot à supposer d'après
l'ags. dœrste (« faex »), a. angl. drastes (pi.),
résidu des grappes pressurées, ail. mod. tres-
t&r.
BRESSER, voy. droit, — D. dressoir, re-
dresser.
1 . BRILLE, camarade, du vha. drigil, gar-
çon, serviteur, nord, thraell.
2. BRILLE, lambeau, chifibn. Diez met en
avant, avec quelque hésitation, le nord, dril,
déchet. Chevallet cite le bret. trul, chiflbn et
le cymr. dryll, lambeau, verbe drylliaw,
mettre en pièces. — D. drillcr (v. pi. bas).
3. BRILLE, foret, de l'angl. driU, ni. dril-
len, percer, forer.
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DRU
— 163
DUC
BRILLER» 1 . aller vite, courir ; j'y vois l'ail.
drillen^ tourner çà et là, aussi tourbillonner;
2. ramasser des chiffons, voy. drille 2.
DROG, un des noms de l'ivraie. En vfr. on
trouve la forme fém. droe; Besant de Dieu,
1593 : Dessus le biau furment sema | Garzerie
e droe e neele | E ivraie. — D'autres exem-
ples ap. Godefroy.
DR06MAN, prov. drogouian^ esp. drago-
mauy it. dragomanno; de l'arabe tardjoman,
tordjoman, interprète (qui, selon Dozy, vient
de tardjama, interpréter). Le même vocable
oriental s'est encore introduit dans nos lan-
gues sous les formes it. turcimanno, esp.
trujaman, fr. trucheman, truchement, vfr.
irughemant,
1. DROGUE, épice, matière chimique, etc.,
it., esp., port., prov. drbga, angl. drug, du
néerl. droog, sec, donc pr. marchandise sèche.
— D. droguerie, droguiste, droguer,
2. DROGUE, chose sans valeur, mauvaise
marchandise ; prob. le mémo mot que le pré-
cédent, pris dans une acception péjorative. —
D. droguet, étoffe de laine de bas prix, angl.
drugget.
3. DROGUE, esp. de jeu de cartes (voy. Lit-
tré), d'un mot gaulois signifiant nez ou bec
(id., suppl.).
DROIT, adj. ctsubst., prov. dreit, dreich, it.
diritto, drtttn, esp. derecho, du L. directus
(part. pass. de dirigerc), qui a la môme va-
leur et qui, dans les langues romanes, a sup-
planté le simple reclus. Le neutre directum
s'est substitué au L. jus pour signifier le
droit; cp. ail. rccJu, tirt» également d'une ra-
cine rcg signifiant diriger, ajuster. Cicéron
déjà a employé directum comme synonyme de
justum et vorum. — D. droitier, qui se sert
de la main droite; droiture, signification
morale (dans Vitruve, on trouve directura
dans le sens propre d'alignement). De droi-
ture : vfr. droiturier, droit, juste, légitime.
Composés : adroit (v. c. m.), endroit (v. c. m.). —
Du part, directus s'est produit un verbe direc-
tiare, d'où les formes it. dirizsare, driizare,
esp. derezar, prov. dressar, fr. dresser, vfr.
drecier (cps. adresser, v. c. m.). L'angl. em-
ploie le môme mot dans le sens de préparer,
arranger, puis spécialement dans celui d'ha-
biller. L'it. possède en outre une forme riz-
sare = dresser, tii'ée de rectiare*, de rectus.
DROLE, mot inconnu aux lexicographes du
xvi" siècle, bien qu'on le rencontre, orthogra-
phié drolle, dès le xv^; sans aucun doute
identique avec l'angl. droit, plaisant, comique,
ail. et néerl. drollig, = drôle ; cp. néerl.
drol, nord, drioli, gaél. droit, lourdaud. —
D. drolatique (formation populaire y ; drôle-
rie. Le féminin drôtesse se rapproche, par
sa valeur, de l'ail, droite, femme commune,
angl. trull, prostituée, et trollop, salope.
DROMADAIRE, L. drotnadarius, dér. de
dromas, -adis, = gr. ô/so/Aâ,-, coureur.
DROSGHKI, espèce de voiture ; mot russe,
ail. drosclike.
DRU, adj., gaillard, vif, abondant, serré.
épais. Ce mot est distinct du vieux subst.
français drut, it. drudo, qui signifie ami,
chéri, et qui vient de l'ail. t7'ùt (drùt), traut,
m. s. Il dérive, dit-on, du celtique : gaél.
druth, pétulant, cymr. drud, vigoureux,
hardi. J'accepte cette ôtymologie pour le sens
gaillard, mais (juant au sens abondant, dense,
elle no me parait pas satisfaisante. Rabelais so
.sert de dru avec le sens de dodu, bien nourri
et dans celui d'épais. Gachct i)onse que cet
adjectif pourrait se rattacher à l'islandais
driugr et au su(5d. dry g, qui réunissent
toutes les acceptions du mot français, accep-
tions qui se retrouvent aussi dans l'adjectif
grec iojso; (lisez k^aoi), indiqué déjà par H. Es-
tienne Ce dernier, en effet, signifie à la fois
robuste, foi*t, gras, serré, dense, abondant,
luxuriant ; mais il n'a aucune affinité étymo-
logique avec le mot français : à^po,-, d'après
Buttmann, est une variété do àotvo'i, qui si-
gnifie à peu près la môme chose et a pour
racine a A, d'où aussi â^/îv, adv., à satiété. —
Une transposition de durus ou de rudis n'est
pas acceptable. — Nodier rattache dru, fort,
vigoureux, à ^oOi, chêne, se fondant sur
l'exemple de robustus, qui vient de robur,
chêne; cette étymologio est spécieuse, mais
insoutenable.
DRUGE, pousse surabondante de pois ; vfr.
provision, multitude ; vfr. dntgier, pousser
abondamment (en parlant dos plumes); dans
le Haut-Maine, d rugir = devenir dru,
grand, fort. D'origine incertaine ; il est diffi-
cile do .séparer le mot de dru (abondant, luxu-
riant), dont la consonne finale a du être g. Le
mot parait être identique avec vfr. druge =
plaisanterie, bourde ; pour la relation logi-
que, cp. l'expression bombance, qui implique
à la fois l'idée de richesse, ampleur et celle de
fanfaronnade.
DRUPE, fruit charnu, portant un noyau ;
d'origine incertaine. On trouve en latin
druppa, en grec Sp.\f:nta, appliqué à l'olive
trop mûre ou qui commence à mûrir, et rat-
taché par Pline à l'adj. composé grec Spuntrru,
signifiant •* qui tombe de l'arbre, mûr ». Lit-
tré fait venir druppa, avec plus de probabi-
lité, du gr. Bpu-ntn/ii en tant que ce composé
(de $p^i -\- TTéTTTeiv) signifie ♦* mûrissant sur
l'arbre » ; les lexiques, en effet, ont soin de
distinguer entre les deux mots grecs.
DU, vfr. deu, don, régulièrement formé de
del =^ de le.
DU, contracté de vfr. deû, du L. debutus,
forme barbare p. dcbitus.
DUALITÉ, -ALISMB, -ALISTE, dér. du L.
dualis,' adj. de duo, deux.
DUBITATIF, mot savant pour douteux, du
L. dubitaiivus.
DUO, it. duca, esp., port, duque, val. ducë.
Du latin dux, ducis ; sauf l'italien duca, qui,
selon Diez, remonte au L. diujo par l'intermé-
diaire de la forme byzantine doûÇ (accus, ^oûxx)
ou ooûxai, employée longtemps avant l'époquo
littéraire de la langue italienne pour désigner
le chef militaire d'une ville ou d'une province.
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E
— 164
DYS
Une dérivation directe du L. dux n*eùt jamais
pu produire l'italien duca^ mais bien doce, que
l'on rencontre en effet adoucie dans le vénitien
doffe. — D. ducliesse, BL. ditcatissa; ducal;
duché, it. ducato, esp. ducado, prov. ducat,
BL. ducaius. Ce dernier terme ducatus signi-
fiait aussi une espèce de monnaie, frappée
d'abord par Roger II, roi de Sicile, pour le
duché de Fouille (ducato d*Apuglia), vers
1 140 ; de là fr. ducat et ducaton. — Duc est
aussi devenu une appellation ornithologique
pour désigner un genre d'oiseau nocturne; on
distingue le grand duc, le moyen duc et le
petit duc.
DUCAT, voy. duc; dimin. ducaton.
DUCHÉ, autrefois, comme comté, du genre
féminin, voy. duc, — La forme vfr. ducîieet,
ducheé (fém.) accuse un type ducitatem; de
là s'explique, par contraction, la duché,
DUCTILE, L. ductilis (ducere). Voy. aussi
douille. — D. ductilité.
DUÈGNE, de l'esp. dueiia, = L. domina;
voy. dame.
DUEL, combat singulier, du L. duellum,
ancienne forme de bellum (celui-ci vient d'une
racine bis, l'autre de duis, son équivalent; cp.
duonus, ancienne forme de bonus). Ce n'est
que dans le moyen âge que duellum a pris le
sens actuel de duel. — D. duelliste.
DUIRE, verbe neutre, convenir, plaire, du
L. ducere, pris dans le sens de condtœere. Au-
trefois, duire avait aussi le sens actif du L.
ducere, conduire (un vaisseau), diriger, élever
(un enfant), dresser (des animaux).
DULCIFIBR, voy. doux. — D. dulvifica-
tion.
DULCINÉE, maîtresse; d'après le nom de
la maîtresse de don Quichotte ; mot tiré de
dulcis, doux.
DULIE, gr. Souhjy., pr. culte scrvilc.
DUNE, it., esp., |K)ii. duna; d'origine ger-
manique : vha. dùn, dùna, promontorium,
ikVm'I. duin, ags. dùn, angl. down. Ces mots,
toutefois, appartiennent aussi aux langues
celtiques : anc. irland. dùn, gaél. din, col-
line, primitivement lieu fortifié. Cp. aussi gr.
^ii â(v, butte de sable au bord de la mer,
colline. Bun a donné le sufiixe des noms de
lieux tels que Lugdunum, Augustodunum, etc.
Voy. aussi l'art, donjon. — D. dunette.
DUO, forme italienne et latine de deux.
DUPE; étymologie inconnue. Frisch rap-
proche le souabe diippel, imbécile (voy.
Grimm, v^" dôbel et diippel). D'après Cheval-
let, dupe a été le nom de la huppe, oiseau qui
passe pour un des plus niais, et c'est ce qui
expliquerait le sens attaché à ce mot dans la
langue actuelle. Littré, qui approuve cette
étymologie, compare la valeur analogue don-
née à. pigeon (cfr. aussi celle de l'ail, gimpel,
bouvreuil). Il est possible que Chevallet ait
bien rencontré ; cependant, il est curieux de
noter que le nom de la huppe a aussi donné
naissance à l'a^j. huppé, dans le sens de fin,
adroit : « les plus huppés y seront pris » . Cet
acy. sauve un peu la réputation que fait à cet
oiseau le mot dupe. En admettant que notre
mot dupe vienne de dupe, huppe (le glossaire
de Jaubert porte dube)^ il reste à trouver l'ori-
gine de ce dernier. — D. duper, -eur, -etHe,
DUPLICATA, pluriel neutre de duplicatus,
participe latin signifiant doublé.
DUPLICITÉ, L. duplicitas. Chez Horace
déjà duplex avait le sens de faux, perfide, à
double langage ; cp. le vfr. doubler, tromper.
DUPLIQUER, répondre à une réplique,
litt. doubler la réponse, en faire une deuxième;
forme savante du L. duplicare. — D. duplique.
DUR, L. durus. — D. duret; dureté, L.
duritas ; durcir, L. durescere (cps. endurcir);
durillon, bourg, duroillon (àQ dur-\-oeil f).
DURER, L. durare (de duras, dur, résis-
tant et par conséquent persistant). — D. du-
rant (prépos.), durée, durable.
DUVET, étymologie inconnue. Si l'on peut
admettre l'identité de ce mot avec Tanc. mot
dumet, m. s. (qui pourrait bien en effet s'être
modifié dabord en dubet et de là en duvet),
l'embarras disparait. Le vfr. du7i, duvet (d'où
dumet), BL. duma, remonte au nord, dùn,
qui est aussi le primitif des équivalents angl.
doton et ail. dawic, — D. duveteux.
DTNAMIE, gr. oûvauii (strictement Suvx/xfa),
puissance. — D. dynamique ; dynamite.
DTNASTE, gr. Vuvàir/3;, qui tient le \^o\\-
voir (ôûvaci^ai); dynastie^ gr. ^uya^n'a, puis-
sance; sens moderne : succession do souve-
rains dans la même famille.
DTSCOLE, difiicile à nourrir, de mauvaise
humeur, gr. iùiAoUi, m. s. (de cû;, préfixe
péjoratif, et xo'iov, nourriture).
DYSPEPSIE, gr. ù^jimiu, digestion pénible
(de Ttc^rriiv, cuire, digérer).
DTSSENTERIE, gr. ^u7svrs/9(«, litt. mal aux
intestins (svrî/»x). — I^ redoublement de \s
est contraire à l'étymologio et vicieux.
DTSURIE, gr. iv-tovolx (56,-, mal, -\- oùptlVf
uriner.)
E
1 . B-, syUabe prépositive, devant les mots
commençant par st, se, sp, sm. On sait que
cette voyelle d'appui, que l'on a fort bien
comparée à ce que l'on appelle appoggiature
en musique, est également propre aux idiomes
provençal, espagnol et portugais ; p. ex. L.
stabulum, esp. c-stablo, port, e-stavel, prov.
et vfr. e-stable. Avec le temps, Ys de la com-
binaison a disparu en français : ainsi nous
prononçons et écrivons état, élable, écrire,
épée, émeraude, p. estât, estable, escrire, es-
pée, esmeraude {diQ status, stabulum, scribere,
spada, smaragaus). \Js s'est cependant con-
servé dans estimer, estomac, esclandre, espace,
espalier, espèce, espérer, esprit, estampe et
quelques autres.
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ÉBA
165 —
ÉBR
2. É-, pi'i^fixo. La forme actuelle ^ résulte do
l'élision do 5 dans l'ancien préfixe es, et quant
à celui-ci, il représente le latin ex, qui, en
composition, marque mouvement du dedans au
dehors, par conséquent sortie, extraction, dé-
pouillement de la chose, ou délivrance de
la situation, exprimées par le radical, aussi
aboutissement, parachèvement, renforcement.
Les composés latins de cette espèce, qui se sont
transmis à l'ancienne langue française, ainsi
que ceux de création nouvelle, changent le pré-
fixe latin ex ou e, quand il précède une con-
sonne, généralement en es : p. ex. e libère,
fr. eslire; ex-caîdare, fr. es-chauffer. Us du
préfixe a fini par céder, sauf devant s; de là
é-lire, é'Chauffh\ essouffler, essuyer, La lan-
gue savante, dans ses emprunts au latin,
maintient soit e, soit ex (^/"devant f)\ elle dit
donc expirer (non pas épirer) de expirare,
é-noncer de e-riuntiare. La romane d'oïl chan-
geait ex aussi en es devant les voyelles, en
doublant Vs : p. ex. essilicr, auj. exiler, esso-
rer' (d'où essor), de exaurare.
EAU, prov. aigua, esp., port, agua, it,
acqua. Rien do plus varié que les formes sous
lesquelles le mot latin aqua s'est modifié dans
les idiomes français, et rien de plus bizarre
que ce simple son o qui le représente aujour-
d'hui et que trois voyelles concourent à figu-
rer. Voici à peu près la succession phonéti-
que do ces transformations diverses : ague,
aiguo, âge, egue, atoe, èwe, ève, iave, iaue,
eaue, eau. On soupçonne à bon droit le goth.
ahva, vha. awa, fleuve, d'avoir exercé quelque
influence sur la déformation du mot latin. Un
philologue allemand, Langensiepen, a émis
l'idée que les formes eaue, eau, procèdent
d'une forme diminutive aquella ou aqucllus
modifiée successivement en avellus, avel, evel,
ëel, eau; mais cette conjecture est insoute-
nable; Vu dans eau est un eflet de la vocali-
sation du V dans iave, d'où iaue, eaue, eau.
Pour les dérivés qu'ont laissés les formes
aiguë et ève, voy. sous aiguë, Mahn voit dans
la locution être en nage une mauvaise ortho-
graphe, résultant d'une fausse interprétation
étymologique de être en âge {âge = eau),
être mouillé; cependant Ton disait aussi à
nage, et le wallon dit été en nange. Voy. l'art.
nager.
ÉBAHIR (S'), prov. esbahir, wall. esbawi,
it. sbaïre; le radical de ce verbe paraît être
haJi, l'interjection de l'étonnement. Il aurait
ainsi une origine analogue à celle de badare,
d*où béer. — D. ebahissement.
ÉBARB£R, pr. ôter la barbe, rogner.
ÉBAT, subst. verbal de ébattre,
ÉBATTRE (S'), vfr. esbatre, it. sbattere;
ridée première est se débattre, se démener,
puis s'agiter, se donner du mouvement, enfin
se divertir. — D. ébat, subst. verbal.
ÉBAUBI, d*un ancien verbe esbaubir (encore
en usage en Normandie), qui variait avec
abaubir; du vfr. baube (d'où fr. bauber, bal'
bier = bégayer). Ce baube est le L. balbiis,
bègue; ébaubir qqn., ce serait donc pr. le
faire bégayer do frayeur.
ÉBAUCHER, voy. débaucher. Le mot n'est
pas très ancien dans la langue; au xv® siècle,
on le trouve sous la forme esbocher, qui parait
reproduire l'équivalent it. sbossarc (= abboz-
. zare), dégrossir, donner la première forme.
Esbocher^ p. esbosser, n'est pas plus étrange
que la forme picarde boclie p. bosse (it. bossa),
— Subst. verbal ébauche,
ÉBAUDIR, voy. baùdir.
EBBE, ÉBE, reflux de la mer, de Tangl. ebb,
ail. ebbc, m. s.
ÉBÊNE, L. cbenus (ISsvoî). — D. ébénier;
ébéniste, ébénistene ; ébéner.
ÉBE1ÎR, rendre bête. Le préfixe a ici son
caractère intensif.
ÉBLOUIR, vfr. esbloïr, esbleuir; l'étymo-
logie bleu (♦« faire bleu devant les yeux ») con-
vient très bien aux formes françaises, mais
non pas aux termes esbaJauzir (p. esbiauzir),
assourdir, et etnblauzir, étonner, ébahir, de
la langue provençale. C'est pourquoi Diez se
range de l'avis do Grandgagnage faisant re-
monter ces mots au vha. blôdi, hebes, infir-
mus, timidus (verbe blôdan, aflkiblir). L'alle-
mand dit encore blôdsichtig, p. qui a la vue
faible. Strictement, observe Diez, blauzir ap-
pelle plutôt pour primitif un verbe gothique
blauthjan, mais ce verbe ne se trouve pas avec
le sens qu'il faudrait.
ÉBORONER, rendre borgne (le préfixe est
intensif).
ÉBOULER, renforcement de bouler = rouler
comme une boule. — D. éboulis, sment.
ÉBOURIFFÉ, qui a les cheveux en désor-
dre. Mot moderne d'une bizarre facture,
assez diflicile à expliquer. La seule idée qui
nous vienne, c'est de le rattacher à bourras-
que : cheveux livi'ôs à la bourrasque ; cp. l'ex-
pression allemande sersaust, qui dit la même
chose que le mot fr. et qui exprime également
les effets du vent sur les cheveux. Littrô pro-
pose bourre, — Néol. ébouriffer, -ant. — Peut-
être ébouriffé est-il une corruption de ébouf
feré, qui se rapproche du prov. mod. rabu-
ferai, rebufelat (même sens), lequel tient à
rit. rabuffato, de buffare, souffler (Bugge,
Rom., IV, 354). — Caix place notre mot sous
l'it. rabbuffato, « désordonné, brouillé » . Celui-
ci, selon lui, est une métathèse de baruffaio
•• mêlé, confus » (cp. arruffato), qu'il fait déri-
verjdu vha. biroufan; fr. ébouriffé, dans ce
cas, serait p. ebirouffé,
ÉBRANLER (préfixe intensif), voy. branler.
ÉBRASER (aussi embi^aser), terme d'archi-
tecture, élargir à l'intérieur, suivant un plan
oblique, la baie d'une porte ou d'une fenêtre.
D'origine inconnue. Voy. aussi embrasure,
ÉBRÉGHER, patois ébercher, faire une brè-
che{v. c. m.). Quelques patois du Nord disent,
dans le sens d'ébrécher, escarder, écarder;
sans doute de la famille de Tall. scharte, en-
taille, brèche.
ÉBRBNER, aussi éberner, de bran (v.c.m.);
opp. de embrener,
ÉBRILLADE, t. de manège, = it. sbrigliata,
de briglia, bride.
ÉBROUER; ce verbe, dans l'emploi réfléchi.
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ÉCA
466 —
ÉCH
=^ (^tomner, souffler, ronfler, est do mômo
origine qu'au sens actif de laver, passer dans
l'eau. L'un et l'autre viennent de 'broue (forme
maso, breu), qiii correspond à vha. prot, prod,
angl. broth, dL. brodum, et qui implique à
la fois l'idée de bouillon (cp, ail. bruhe^ fr.
brouet) et celle de « écume » (signification
constatée pour le patois normand broue et
pour l'angl. froth^ doublet de broth. De là,
d'une part, ébrouer, pr. échauder, passer dans
l'eau bouillante, d'autre part, s*cbrouei\ pr.
rejeter Técume par la boucbe ou les naseaux.
Il faut donc rejeter, pour le second, l'étymo-
logie bravo posée par Diez et adoptée par
Littré et moi. Voy. Joret, Rom. IX, 118. —
Le primitif germanique signifiant aussi « va-
peur », ébrouer est de la même famille que les
vocables brouet, broue'e, brouine, bruine,
brouillard (anc. brouilas) et très probable-
ment aussi brouiller,
ÉBRUITER, faire du brait d'une affaire;
cp., pour le préfixe, ail. aus-plaudern , m. s.
ÉBULLITION, L. ebullitio (de ebullire, fr.
e'bouillir).
ÉCAGHER, écraser, anc. escacher, esqua-
chier, pic. écoacher, esp. acachar, ctgachar,
de l'acy. esp. cacha, qui correspond à l'it.
quatto, prov. quait, et représente le latin
coactus, comprimé. Voy. aussi les mots cacher
et caiir,
É0A6NE, portion d'un éclieveau, voy. éche-
veau.
ÉCAILLE, escaille*, it. scaglia; d'origine
gennanique : goth. scàlja, tuile, ail. schaJe,
écaille. Une antre forme du même mot est
êcale. — D. écailler, verbe; écailler (subst.),
vendeur d'huîtres; écailleux.
1. ÉGALE, voy. l'art, préc. — D. écaler,
écalot.
2. ÉGALE ou ESGALE, lieu de mouillage ;
variété de échelle, m. s.; l'un et l'autre repro-
duisent le lat. scala.
ÉCARBOUILLER, pat. champ, écrabouiller,
écacher, broyer; d'un type L. cxcarbiculare,
réduire en cendres. A Bruxelles, j'entends
nommer scrabouilles le résidu du charbon non
entièrement consumé. Les verbes escarbiller
(d'où escarbilles) et escarbouiller sont de sim-
ples variétés de notre mot.
ÉGARLATE, escarlate\ prov. escarlat, it.
scarlatto, esp. escarlate, ail. scharlach, du
persan sahirlàt. — D. scarlatine (fièvre),
aussi écarlatine,
ÉGARQUILLER, étymologie inconnue. Pour
écartiller î Le fait d'une permutation entre k
et t dans des mots populaires ne serait pas
isolé ; nous rappelons la confusion faite entre
tarquais et carquais (carquois), et fr. quinte
p. Quinque.
ÉGART, subst. verbal de écarter; voy. aussi
le mot suivant.
ÉGARTELER, anc. esquarleler, mettre en
quatre quartiers ; forme dimin. de csquarter
= it. squartare; de quart, L. quartus. Es-
quarter a laissé le subst. verbal écart (anc.
esquart), terme de blason, quart d'un écu
partagé en quatre parties.
ÉGARTER, it. scartare, esp. descartnr,
d'abord jeter la carte hors du jeu, puis sépa-
rer, éloigner en général; de L. carta, charta.
— D. écart, écartement, écarté ^jeu de cartes).
— L'étymologie tirée du jeu de cartes ne
convient, paraît-il, qu'au terme de jeu; dans
le sens d'éloigner, détacher, le mot date
d'une époque bien antérieure au jeu de cartes.
Littré (Suppl.) relève le passage suivant du
xiii** siècle : • Li Bedoins et li Sarasins qui
etoient espians entour l'ost quant il trouvoient
qui avoient escarté l'ost, il leur couroient
sus... n (Lettres de Jean Pierre Sarrasin,
p. 262). De même dans Benoît, Chron. de
Normandie, 9281, on trouve escard au sens
de « moyen de se tirer d'affaire ». Je pense
avec Littré que cet escarter est dérivé de
quart signifiant partie, part. Notez encore le
vieux terme escart appliqué à certains droits
mobiliers dus au seigneur.
ÉGARVER, t. de marine, joindre deux
pièces de bois entaillées, de l'angl. ta scarf,
ail. scharben, m. s. — Bugge (Rom. IV, 367)
approuve cette étymologie et la confirme par
des termes correspondants des langues du
Nord.
ÉGATIR = catir (v. c. m.).
EGGHYMOSE, gr. ixx'i.«««?. effusion d'hu-
meurs.
EGGLÉSIASTE, -IQUE, gr. l//>^««7r>i;,
-txo;, dérivé de iArïy^sLot, église.
ÉCERVELÉ, it. scervellato, évaporé, tête
chaude, pr. sans cervelle. Part, du vfr. escer-
vêler, briser la cervelle.
ÉGHAFAÏÏD, vfr. escadafaut, escaffatU,
BL. scadafaltum, scafaldus, Voy. catafalque,
— D. échafauder, -âge.
ÉGHALAS, vfr. escaras, pic. écarats, piém.
scaras; selon quelques-uns de scala, échelle.
Mieux vaut le BL. carratium, m. s., joint
au préfixe es; quant à celui-ci, il reproduit le
gr. xâ/5«Çf pieu, échalas. Dans une charte du
Beauvais de 1158, on trouve : ♦* Virgas ad
vineas sustentandas que vulgo hescaraz ap-
pellantur. » — D. échalasser.
ÉGHALIER, anc. eschallier, forme variée
de escalier. Le mot signifie d'abord une petite
échelle pour passer au-dessus d'une haie,
puis une clôture de branches d'arbre (ayant
la forme d'une échelle).
ÉGHALOTE, altération de vfr. eschxjdoigne,
escalone (patois divers escalogne), it. scalogno,
esp. escalona, du L. csepa ascalonia, ciboule
d'Ascalon, introduite en Europe par les croi-
sés; ail. aschlauch, eschlauch, aussi (d'après
le français), schalotte.
ÉGHAMPIR, réchampir, t. de peinture, dé-
rivé de champ; pr. faire sortir du champ.
ÉGHANGRER, évider en forme de crois-
sant; de chancre = écrevisse, d'après la
forme do ce crustacé. — D. échancruxe.
ÉGHANDOLE. du L. scandula (scandere). —
De la forme scindula (scindere), l'allemand a
tiré schindel, m. s.
ÉCHANGER, prov. escambiar, voy. chan-
ger; op. pour le préfixe, ail. aus-tauschen.
La chose échangée sort des mains de celui
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ÉCH
— 167 —
ÉCH
qui la tenait ; le préfixe est donc parfaitement
à sa place. Subst. verbal échange,
ÉGHANSON, esp. escanciano, port, escan-
çdo, BL. scancio, dérivés des verbes vfr.
eschancer, esp. escanciar, port, escançar. Du
vha. scencan ou plutôt scançfan, verser à
boire, ail. mod. schenken ; subst. scanqfo, ail.
mod. mund-schenh^ échanson. — D. échan*
sonner^ -erie.
ÉCHANTIONOLB «=- chantignole (v. c. m.).
ÉCHANTILLON, Hainaut A;an<i Won. propr.
morceau, pièce, puis morceau de montre,
étalon de mesure, direct, de 'eschantil, subst.
verbol de 'eschanteler, 'eschantiller (angl.
scantle), mettre en pièces ; Tanc. langue disait
aussi eschantelot (angl. scantlet). Quant au
verbe eschanteler, il dérive du vfr. cant,
chant, coin, bordure, morceau (voy. cantine,
canton). — D. échantillonner,
ÉCHAPPER, it. scappare, esp., port., prov.
escapar, wallon chaper, haper; dérivé du
mot roman cappa, manteau. Échapper, éty-
mologiquement, c'est se glisser hors de sa
chape, se débarrasser du manteau, pour faci-
liter la fuite; cp. en gr. M{ji;^%i, pr. se dés-
habiller, puis s'enfuir. En dial. champ, j'ai
trouvé exïier (L. exuere) = sortir, c'est une
analogie digne de remarque. On ne saurait,
sans faire violence aux règles, admettre dans
it. scappare, fr. échapper, une altération de
it. scampare, se sauver, échapper, fr. escam-
per (auj. décamper), et encore moins l'étymo-
logie ex-captus, signifiant sorti de la capti
vite, posée par Roquefort. — Le mot échever
employé par Montaigne pour fuir, est le vfr
eschever =* esquiver, et tout à fait indépen-
dant de échapper. — D. échappée, échappe-
ment, échappade on escapade, échappatoire
ÉCHARDB, voy. chardon.
ÉCHARNBR, voy. chair.
ÉCHARPB, d'où it. sciarpa, ciarpa, esp.
charpa, néerl. scaerpe, ail. schûrpe, angl.
scarf. Dans la vieille langue escharpe, es-
cherpe, escerpe se disaient pour la poche sus-
pendue au cou du pèlerin. C'est de là qu'on
suppose que s'est déduite l'acception bande
d'étoffe ; l'accessoire aurait fini par emporter
le sens. Quant à escharpe, poche, on le met
en rapport avec des mots germaniques ayant
la même valeur, tels que : vha. scherbe, Bas-
Rhin schirpe, bas-ail. schrap, angl. scrip.
Nous doutons fort que le mot éduirpe =« bande
allongée, ceinture, soit tiré de écharpe,
poche ; le prov. eschaiyir et fr. écharper en
indiquent suffisamment le sens primitif : cou-
pon d'étoffo. Quant à ces verbes, voy. l'art,
suiv.
ÉCHARPER, vfr. escharpir, entailler, puis
tailler en pièces; dim. écharpiller. Peut-être
du simple charpir, d'où charpie (v. c. m.) ;
mais on peut aussi s'adresser, soit à l'ail.
scharf, angl. sharp (ags. scearp), tranchant,
d'où les langues germaniques ont tiré bon
nombre de verbes signifiant tailler, soit au
néerl. schrapen, angl. scrape, gratter, scal-
per.
ÉCHARS, vfr. escars, ménager, chiche, it.
scarso, prov. escars, escas, esp. escaso, néerl.
schaars, angl. scarce. Du BL. excarpsus
(aussi simplement scarpsus), participe de
excarpere = excerpere ; le sens du mot serait
ainsi « dont on a tout cueilli, qui en est réduit
à rien >*. Donc, d'abord désignation d'une
chose épuisée ou à peu près, transportée
ensuite à une personne mesquine dans ses
calculs ou ses dépenses. C'est là l'étymologie
proposée par Muratori et accueillie par Diez.
Dans Rathier de Vérone on trouve scardus
pour avare ; cela ressemble bien au fr. échars,
mais le d ne s'accorde pas avec les formes pa-
rallèles indiquées ci-dessus. — Le mot écliars
s'est aussi appliqué à une monnaie qui n'a pas
son titre légal, et se dit encore, en termes de
marine, d'un vent faible, peu prononcé.
ÉCHASSE, vfr. eschace, wall. écache, du
néerl. schaats, « grallse, vulgo scacœ, gai.
eschasses, it. manche, hisp. cancos, angl.
skatches • (Kiliaen). Aiyourd'hui les Italiens
disent <rampo/t, les Espagnols zancos, Angl.
skaie (=-= scaJtclie) et néerl, schaets signifient
patin. — D. échassier.
ÉCHAUBOULER, probablement de chaude
boule [boule =* bulle). Les dialectes disent
encore chaudebouillure ou chaubouillure, —
D. échauboulure.
ÉCHAUDER, L. ex-caldare, it. scaldare,
prov. escauder, angl. sc*ild, voy. chaud. —
-D. écJiaudé, petit gâteau de pâte échaudée»
d oeufs, de beurre et de sel.
ÉCHAUFFER, vfr. eschaufer, voy. chauf-
fer, — D. échauffemeni, -aison, 'ure; cps.
réchauffer.
ÉCHAUFFOÏÏRÉE (le peuple dit échaffou-
rééj ; mot difficile à expliquer. Littré cite non
seulement deux passages de Rabelais où l'on
trouve le verbe chauffourer employé, paraît*
il, dans le sens de salir, maculer, et un de
Montaigne, où on lit : •* l'idée de leur amen-
dement est chauffourée n, mais il allègue
encore un passage de Brantôme qui offre le
composé escafourer (« j'ai délibéré de n'exco-
fourer mon papier de si petites personnes »).
« Êchauffourée, dit Littré, vient sans doute
de ce verbe, mais chaufourer, d'où vient-il?
Le verbe fourrer parait bien j être ; quant au
préfixe cha ou chitu, on peut croire que c'est
l'a(y ectif chaud : fourrer dans le chaud, c'est-
à-dire dans le feu, de manière pourtant à
s en retirer, à ne pas y périr >*. Cette expli.'
cation de chauffourer ne cadre guère avec les
exemples cités, et l'origine de notre sub-
stantif doit s'expliquer autrement. Au fond,
il ne dit autre chose que « entreprise faite
dans un mouvement de colère, d'emportement,
de chaleur; pourquoi le séparerions-nous du
vfr. eschauffeUre, eschauffure (variantes de
eschauffaison), par Tintermédiaire d'un verbe
eschaujfourer, mettre en chaleur? Fix>issart
(Chron. IV, 273, éd. Luce, ms. de Rome) em-
ploie eschaufée au même sens que le mot qui
nous occupe. Restent toujours à éclaircir les
verbes employés dans les passages cités ci-
dessus par Littré.
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ÉCII
i68
ÉCH
ÉCHAU6UETTE, vfr. eschargaile (d'où d'a-
bord eschalffitette, puis eschauçuettc), signi-
fiait en premier lieu une troupe qui fait senti-
nelle, puis sentinelle isolée, puis guérite (pour
cette filiation de sens, op. corps de carde ^
d'abord troupe, puis le lieu où elle se tient).
Escargaite, BL scaraguayta, reproduit fidèle-
ment l'ail, schaarwacht^ troupe-sentinelle
(voy. guet). En wallon, l'on dit encore scar-
ijcaiter pour être aux aguets.
ÉGHAULER, cp. chauler , de chaux,
âOHE. amorce» L. esca,
ÉCHÉANCE, subst. tiré de échéant, part,
de escheoir*, échoir (v. c. m.).
ÉCHEC (jeu d'échecs), vfr. plur. eschacs,
eschas, eschiés; it. scacco, esp., porLnxaque,
prov. escac, BL. scaccus, ail. schach. Les lin-
guistes hésitent encore entre deux étymolo-
gies. Les uns (parmi eux Ducange et Diez)
voient dans ce mot le persan schach, roi, le
roi étant la pièce principale du jeu. En faveur
de cette opinion on se fonde surtout sur ce que
plusieurs des noms des figures du jeu, usuels
dans l'anc. langue, ont incontestablement une
origine orientale ^p. ex. fierce, la reine, au fin,
le fou, roc, la tour). D'autres reconnaissent
dans le jeu d'échecs la traduction de l'ex-
pression ludiis latrunculorum, en usage chez
les Grecs et les Romains et d'origine orientale.
Les particularités que nous possédons sur ce
jeu antique ne permettent aucun doute sur
l'analogie qu'il présente avec le jeu d'échecs.
Il se peut donc fort bien que l'expression même
se soit transmise au moyen âge. Echec serait
donc un nom correspondant par sa valeur à
latrunculuSy voleur. Pour établir cette cor-
respondance, les partisans de l'étymologie
dont nous parlons prennent eschac, jeu, pour
identique avec le vfr. eschac, eschec, prov.
escac, BL. scacus, qui signifiait butin, prise,
et qui vient du vha. scah, m, s., mha. schach
(d'où l'ail, schûcher, larron), hoU. schaak. En
flamand schaeken signifie à la fois jouer aux
échecs, et enlever, ravir, voler. Cachet, qui
incline pour cette dernière étymologie, fait
encore ressortir la circonstance que le mot
persan schach, roi, ne servit pas à désigner
en Europe la pièce principale du jeu et que
les trouvères donnent, au contraire, le nom
échec à toutes les autres pièces, même en
opposition avec le roi. Quant à l'expression
échec et mat (pour le sens, elle correspond aux
termes latins alUgatus, ou incitus, ad incitas
redactus), on ne saurait lui contester sa pro-
venance orientale ; elle reproduit trop mani-
festement la formule persane schach mat.
C'est d'elle que découle le sens figuré donné
au subst. échec, savoir celui de mauvais coup
de fortune, défaite, et les locutions tenir en
échec, donner échec, — D. échiquier (v. c. m.),
échiqueté (v. c. m.).
ÉCHELLE, vfr. eschele, du L. scala (p.
scad*la, de scandere). Dans le terme de ma-
rine faire échelle (aussi écale, escale), le mot
échelle «« port de mouillage, se rapporte au
même primitif. L'échelle est essentielle pour
relâcher dans un port. — D. échelette; éche-
lon, degré, bâton d'échelle; verbe écheler.
Sont d'une origine plus moderne et tarés soit
des langues du Midi, soit directement du
latin : escalier et escalade, it. scalata.
ÉCHELON, voy. échelle. — - D. échelonner,
ranger en échelons.
ÉCHEVEAU, anc. eschevet, dim. du vfr.
eschief. La chose désignée par ce dernier et la
définition que lui donne Nicot •• spira filacea,
orbis filaceus » font préférer l'étymologie pro-
posée par Diez, savoir L. scapus, rouleau, à
celle de cheoel, cheveu = L. capilhis. Le
même primitif scapus a donné échevette, petit
écheveau (= it. mod. sgaoettcL) et vfr. escha-
voir, dévidoir. Chevallet s'est mépris en met-
tant ces mots sur la même ligne avec vfr.
eschagne, escaigne (auj . écagne, angl. skain),
qui signifient « partie d'un écheveau », et qui
procèdent d'un primitif celtique.
ÉCHEVELÉ, voy. cheveu.
ÉCHEVETTE, voy. écheveau,
ÉCHEVIN, it. scabino, schiavino, esp. escla-
vin, BL. scabinus. D'origine germanique : v.
saxon scepeno, vha. sceflhw, scheffen, nha.
schôffe. Tous ces vocables se rattachent au
verbe schaffen (bas-ail. schapefi), régler, soi-
gner, administrer.
ÉCHIF, voy. esquiver.
ÉCHIGNOLE, espèce de bobine ou fuseau
qui sert à dévider ; nous tenons ce mot pour
un dérivé de escaigne, indiqué sous écheveau
(cp. pour la voyelle, chignon de chaine),
ÉCHINE (forme variée : esquine), it. schiena,
esp., e^quena, prov. esquena, esquina. L'éty-
mologie L. spina est rejetable aux yeux de
Diez parce que d'un côté la mutation sp en se,
sq ne se produit pas dans les idiomes néo-
latins de l'Ouest, et que, d'autre part, Vi
long de spina ne peut se convertir en e ou ie.
Toutes les formes romanes s'accordent parfai-
tement, selon lui, avec le vha. skina, aiguille,
piquant (cp. le L. spina, qui signifie égale-
ment â la fois épine et échine). — D. échiner,
rompre l'échiné ; échinée, partie du dos d'un
cochon.
ÉCHIQUETÉ, divisé en carrés semblables à
ceux d'un échiquier; forme diminutive de vfr.
eschequié.
ÉCHIQUIER, anc. escheqiàer, tableau pour
jouer aux échecs (v. c. m.), cp. en latin tabula
lairuncularia. La magistrature d'Angleterre
et de Normandie, désignée par ce mot (BL.
scacarium), a-t-elle tiré son nom, comme
le pensent Diez et beaucoup d'autres, du pavé
en forme d'échiquier de la salle où elle tenait
ses séances, ou du bureau même autour du-
quel siégeaient les juges et sur lequel on met-
tait un tapis quadrillé ? Nous ne nous pro-
noncerons pas à cet égard. Cachet est d'avis,
ici encore, de remonter au primitif eschac,
butin; maistredél eschekier, phrase employée
dans le Livre des Rois avec le sens de •« super
tri buta prsepositus », aurait, selon^ lui, si-
gnifié d'abord préposé à la garde du butin,
puis receveur des tributs et des impôts. Au-
jourd'hui on. appelle encore en Angleterre/a?-
chcquer l'administration du trésor royal,' la
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ÉCL
— 169
ECO
rour des finances ; les bons du trésor sont des
billets de Véchiquier. Cbovellet déduit le mot,
dans son sens financier, de Tallemand schatz
(ags. sceat^ goth. shatt)^ argent, trésor. C'est
inc-ontestablement «ne erreur.
ÉCHO, L. écho, gr. rix^i. — D. échoïque.
ÉCHOIR, anc. escheoir, représente L. exca-
dère (p. ecccadëré), comme choir (v. c. m.) re-
présente cadêi*e; part. prés, échéant , doù
subst. échéance.
ÉCHOMB (p. échaume\ t. de marine, it.
scalmo, scarmo, du L. scalmiis, tolet.
1. ÉOHOPPB, BL. scopa, petite boutique,
bas-ail. schupp, néerl. schop, nha. schoppen,
et schuppen, angl. shop,
2. ÉCHOPPE, espèce de burin, anc. escho^
pie, altération du vfr. eschalpre, qui est le L.
scalprum, lancette, scalpel, esp. escoplo, port.
escopro. — D. échopper, vfr. eschopler.
ÉCHOUER; d'origine incertaine. Du L. sco-
pus, primitif de scopulus, écueil? ou, comme
propose Diez, du L. caïUes, rocher? — D.
échouement; cps. déchouer et dés-échouer.
ÉCLABOUSSER, modification de l'anc.
forme esclaboter, encore usuelle dans les patois.
L'explication par «« éclat de boue » (Ménage
et autres) n'est pas sérieuse ; il faut un thème
esclab. Or, ce thème se trouve dans l'allemand
schlabbeni, lapper, baver, jeter de la bave,
souiller; Goethe sl ** bis iiber die ohren mit
hoth beschlabbert •, couvert de boue jusque
par-dessus les oreilles. — Littré est porté à
voir dans esclaboter une •« transformation ir-
régulière de l'anc. verbe esclafer, signifiant
éclater et dont le radical cJaf ou clif se
trouve sans doute dans clifinre ».
ÉCLAIR, pr. lumière vive, subst. dérivé de
éclairer, comme L. fiilgur, fulmeti, de fui-
gère; cp. champ lumei*, faire des éclairs, du
L. ïuminare; ailleurs écloise de exlucere,
angl. lightening de light, vha. blig (auj. blitz)
de bîikhen, briller, étinceler.
ÉCLAIRCIR, forme inchoative (factitive) de
l'adj. c/atr, cp. cf iov?«r, noir<ir,voj. accoiircir,
ECLAIRER, it. schiarare,-^ L. ex-clarare.
— D. éclairage, -eur.
ÉCLANCHE, épaule de mouton (selon d'au-
tres définitions, gigot de mouton; l'Acadé-
mie, depuis 1835, s'est prononcée pour
épaule). Clievallet, se fondant, je suppose, sur
l'acception gigot, indique le vha. scinca, ail.
mod. schinhen, angl. shank, jambe, jambon;
il tient la lettre l pour euphonique. Génin
consacre à notre mot plusieurs pages de ses
Récréations philologiques et s'attache à dé-
montrer qu'il désigne la partie gauche, ce qui
revient à dire la partie antérieure, donc
l'épaule, de l'animal et qu'il représente l'anc.
adj. fém. esclenche = gauche. Ce dernier,
dont Génin ne donne pas l'étymologie, est le
néerl. slink (ail. link), gauche. On a pensé
aussi au vha. hlanca, flanc, mais ce primitif
est contraire à la lettre. — Baist, alléguant
l'it. lacchetta et l'esp. catmero (dérivé de c^'ena),
qui traduisent le fr. éclanche, pose pour
étymon le fr. cran, entaille (par un verbe es-
crancher, d'où esclancher).
ÉCLATER, prov. escîatar, it. schialtarc*,
schiantare, se fendre, se rompre, se briser
par éclats et avec bruit; du vha. sleizan (ail.
mod. schleissen, schlitzen), =« ags. slitan
(aussi slaetan), angl. slit La correspondance
de la diphthongue vha. ei avec la voyelle fr. a
est le fait d'une règle commune, et si initial
germanique est souvent romanisé par sel. —
Le même mot exprimant un mouvement subit
(propr. une rupture, une scissure) accompa-
gné do bruit, et frappant la sensibilité audi-
tive, a été transporté, comme il arrive sou-
vent, dans le domaine de la sensibilité visuelle.
I^ même vocablesignifiantfrappcrl'ouïe a servi
pour signifier frapper la vue. On dit donc,
aussi bien de la lumière que du son, qu'elle
éclate. — Nous sommes loin de contester l'éty-
mologie ci dessus établie pour éclater; elle est
conforme aux principes phonologiques. Ce-
pendant, ne pourrait-on pas aussi bien ratta-
cher eS'Clater, en tant que signifiant bruit, à la
racine klat d'où le néerl. hlateren => strepeve,
fragorem edere? Le préfixe es serait le ex in-
tensif, ou bien même le ex marquant mouve-
ment du dedans au dehors. Les idées rupture
et bruit, du reste, sont corrélatives; logique-
ment il vaudrait mieux partir d'un verbe
marquant rupture (cp. L. fragor, d'abord bri-
sure, puis son éclatant), mais la transition in-
verse se rencontre aussi dans crepare, d'abord
faire du bruit, puis crever. En picard, éclater
s'est régulièrement modifié en éclagei; verbo
qui exprime la disjonction des douves d'un
tonneau par l'cflet de la chaleur (cp., pour la
forme, dilatare, fr. dilayer). — D. éclat de
bois, de voix, de lumière; adj. éclatant.
ÉCLECTIQUE (d'où éclectisme), gr. îx)e/ri^o;,
de k/Xi/uv, choisir.
ÉOLIÉ. qui se rompt, qui éclate, \^r. esclier,
briser, d'où aussi subst. verbal éclt ; de l'ags.
slitan = vha. sleizan (voy. éclater),
ÉCLIPSE, L. eclipsis, du gr. I<i«ft;, pr.
manque, défaut. — D. éclipser, faire dispa-
raître, mettre dans l'ombre, effacer. — Éclip-
tique, gr. UXuTzn^ô;.
ÉCLISSE, vfr. esclic^., pic. éclèche, propr.
morceau de bois plat, puis osier fendu, etc.,
voy. clisse.
ÉCLOPÉ, voy. doper.
ÉOLORE, esclorre* (part, éclos), prov. es-
claure, du L. exrlaiidere', faire "sortir. Le
verbe n'a plus aujourd'hui que le sens neutre.
La forme vraiment latine, ex<ludere, a donn'S
exclure ; le môme rapport existe entre enclore
et inclure. — D. éclosion.
ÉCLUSE, esp. esclusa, néerl. sluis, ail.
schleuse, du BL. exclusa, scliisa, subst. de
excludere (part, exclusus), défendre l'entrée.
Donc litt. = retenue d'eau. — D. écluser,
éclusier, éclusée.
ÉCOBUBR, terme d'agriculture; la pre-
mière opération de l'écobuage, c'est enlever
d'un terrain couvert d'herbss des parties da
plusieurs pouces d'épaisseur, à l'aide d'un
outil appelé écobue. D'où vient ce mot? Y a-t-il
communauté radicale entre écobue et écopet
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ECO
— i70
ECO
ÉG(BTJRBR, faire perdre le cœiir (le goût),
dégoûter.
ÉCOPRAI, ÉCOFROI, établi d'ouvrier, vfr.
aussi es coffrais rfroir ; doit être une alté-
ration du flamand schap-raede (Kiliaen :
promptarium, repositorium), auj. schapracy,
— I^ mot se trouvant avec le sens de bou-
tique où l'on vend du cuir, Littré estime qu'il
tient au german. schiih, soulier; c'est bien
difficile à admettre.
ÉOOINQON, terme d'architecture, dérivé de
coin; cp. arçon de arc, éciisson de êcu. Le
])réflxe es, é n'a pas plus de valeur que dans
échantignole, écru, etc.
ÉCOLE, L. schola. — D. écolier, L. scho-
laris; écolâtre, L. scholasticus (r euphonique,
cp. rustre de rusticus)\ écoJer , enseigner,
d'où écolage.
ÉCONDUIRI, litt. conduire hors, éloigner;
de bonne heure le mot, quant à sa valeur,
s*est confondu avec l'anc. verbe es-condire
(type lat. ex-condicere), refuser, débouter.
ÉCONOME, L. œconomus, du gr. olxoyo>oc,
qui gouverne le ménage. — D. économie,
tque, -iste ; économiser.
ÉCOPE, aussi escope, escoupe; d'origine
germanique : néerl. shop, ail. schuppe, angl.
seoop, m. s.
ÉCOPBRCHE ou es^vperche, t. d'arts et
métiers ; d'après Littré, de escot (morceau de
bois) 4" perche. L'anc. langue présente les
formes escoherge, escorbei'ge, escouberge au
sens de « petite perche do bois scié *>.
ÉCORCE, prov. escorsa, it. scorza. On peut
faire venir c^ mots soit de la forme adjecti-
vale L. scortea, de cuir (cuir et écorce ont
souvent la même appellation), soit du L. cor-
tex, corticis, avec s prépositif, représentant
un préfixe ex, ajouté sous l'influence d'un
verbe ex-corticare, écorcer. J'incline pour la
dernière dérivation. — D. direct du fr.
écorce : verbe écorcer. — De coi^ex, par l'in-
termédiaire de l'a^. corticeus, dérivent les
formes it. corteccia, esp. cortexa, port, cor-
tiça, signifiant également écorce ; puis les
verbes it. scorticare, prov. escorgar (n. prov.
escourtega), esp., port, escorchar, l'r. éoor-
CHRR. qui tous répondent au L. e^ocorticare.
La forme française, surtout en présence des
mots similaires des autres langues, ne peut se
déduire de excoriare; ce dernier a donné
escoiirger (v. c. m.) ou écourger.
ÉCORCHER, voy. écorce.
ÉCORE, et par altération accore, terme de
marine, lieu abrupt sur la cAte, représente
l'ags. score, angl. shore, rive, propr. le lieu
où la terre est coupée, cp. néerl. schorre, pr.
ruptura, scissura. Pour le sens d'étai, cp. angl.
shore, néerl. schoore, appui, étai.
ÉCORNIFLER, « écorner les dîners, pren-
dre une corne, un morceau à quelque bonne
table d'autrui » ; dérivé de fantaisie de écor-
ner (on trouve aussi escornicher, escomi-
2er). Il est difficile de démontrer une con-
nexité avec le mot ail. kamiffel, karnôffeî,
qui signifie à la fois une hernie, et un célèbre
jeu de cartes ; verbe kamôffeln, 1 . jouer au
karnôffeî; 2. rouer de coups. Hildebrand, en
traitant le mot allemand, cite le verbe angl.
canifie, employé dans le Devonshire pour
flatter. — L'étymologie de Ménage mérite
bien une mention pour sa singularité. Les
Grecs ayant nommé les parasites des xopxxi;,
c'est-à-dire des corbeaux, il veut qu'^comt-
fler tienne de ex-corniculare (rad. corniœ,
corneille]. C'est pousser un peu loin l'esprit
d'analogie. — D. écorni fleur, -erie.
ÉCOSSER, voy. cosse.
1. ÉCOT, escot*, it. scotto, esp., port, es-
cote, prov. escot, BL. [scotum, contribution,
taxe, cens. C'est le même mot que le v. fri-
son skot, angl. scot, shot, gaél. sgot, ail.
schoss, qui tous ont la signification imp6t,
contribution. Tous ces mots se rapportent à
la racine germanique skût (ail. mod. schies-
sen), dont l'idée radicale est « sortir, faire
sortir ». Cp. l'ail, su-schuss, contribution,
écot supplémentaire.
2. ÉCOT, tronc d'arbre mal dépouillé de
ses menues branches, du vha. scuji, nha.
schoss, angl. shoot, pousse, branche. Mot
congénère avec le précédent.
ÉCOUER, escoer\ couper la queue (vfr.
coue).
ÉCOUFLE, sorte de milan. Diez pense que,
puisque les oiseaux de proie ont donné le
nom à difliârents engins de guerre, il se pour-
rait bien aussi qu'une arme de guerre ait
prêté le sien à un oiseau de proie ; il propose
donc, dans notre cas, l'ail, schupfer, nom
d'une ancienne arme à projectiles, qui répond
parfaitement à escofle, écoufle. Pour r changé
en l, cp. crible de cribrum, temple (tempe)
de tempora, escliople" de scalprum, I^ breton
skoul, m. s., allégué par Chevallet, répugne
à la lettre du mot français.
ÉCOULER, composé de couler, litt. *= ex-
col are, logiquement = effluere, ail. aus-flies-
sen.
ÉCOURGEON, voy. escourgeon,
ÉCOURTER, it. scurtare, = L. ex-curtare\
voy. court.
1 . ÉCOUTE, lieu où l'on écoute.
2. ÉCOUTE, it. sccata, esp. escota, terme de
marine, espèce de cordage, du suéd. skot,
néerl. schoot, ail. schote, m. s.
ÉCOUTER, anc. escouter, escolter, ascouter,
it. ascoltare, scoUare, prov. escoutar, du L.
auscultarc, gâté en ascultare. Les médecins
ont tiré du même verbe latin le terme savant
ausculter. — D. écoute, l. action d'écouter;
2. lieu où l'on écoute, petite loge.
ÉCOUTILLE, esp. escotilla, angl. scuttle;
Wedgwood rappc^te le mot à l'esp. escotar,
couper en forme de croissant, échancrer (le-
quel verbe dérive, d'après Diez, du goth.
skaut, vha. scox, ail. schoss, flexion, giron,
sein); Mahn le dérive de écoute, lieu où l'on
écoute, à cause de la communication que les
écoutilles sont destinées à établir entre deux
étages d'un vaisseau. Littré dit qn'escoutille
a signifié le panneau qui recouvre l'ouver-
ture; si c*est bien là le premier sens, on
serait tenté d'indiquer le néerl. schutten.
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ÉCR
— ni —
ECU
fermer, obstruer, angl. shut^ subst. néerl.
schut, ail. schuU, protection. — D. écoitiil-
lon,
ÉCOUVBTTE. petit balai; ^coia^7/on, linge
ou peau à nettoyer; diminutifs du vfr. es-
couve, vergette, balai, prov. esroba, qui est
le L. scopa, menue branche, ramille; dans la
Vulg. = balai.
ÉCRAI6N£, aussi ecraine, escrenne, anc.
hutte recouverte de paille et de gazon, dans
laquelle les femmes allaient passer la veillée
pendant l'hiver. De l'ail, schranne (vha.
scranna), clôture de treillis, hutte, chau-
mière. On a aussi proposé une origine du L.
sannium, coffre (d'où fr. écrin et ail. ^^c^mn),
dont le sens est voisin de celui de hutte.
ÉCRAN, escran, escren\ escranne\ selon
les uns du vha. scranna, mentionné sous
l'art, préc. , selon les autres de l'ail, schragen,
tréteau à pieds croisés (cp. flan de l'ail.
fladen). Pour admettre l'étymologie de M. de
Chevallet, savoir le vha. sceitn, abri, ail.
mod. schirm, il faut supposer les transforma-
tions suivantes : scerm, screm, scren, scran,
écran, L'angl. sa'een parait tiré du mot
français sous l'influence de scrinium, écrin.
Wedgwood cite le bohème chranitt, schraniti,
garder, protéger.
ÉORANGHER, effacer les faux plis d'une
étoffe; dérivé de cran, pur un type eœcreni-
care; une forme variée est ërlancher.
ÉCRASER, mot d'origine germanique :
nord, krassa, triturer, suéd. hrasa, écraser,
angl. crash etcrush.
ÉCRBVISSE, escrevisse\ d'un thème ren-
forcé scraà p. crab; cp. vha. chrepas (ail.
mod. krcbs); en wallon du Hainaut, on dit,
graviche, à Namur, gravase; le vfr. disait
aussi crevice. — Pour le groupe initial scr p.
cr ou gr, cp. en angl. grabble, griffonner (=
ail. krabbeln) et scrabble, m. s. Voy. aussi
l'art, écmi,
ÉCRIER (S'), voy. oner.-— Pour le préfixe,
cp. L. ex-clamare, ail. aus-rufeii,
ÉCRILLE, prob. une mauvaise prononcia-
tion p. égrtlle (le mot dit la même chose que
égrilloir); j'y vois un subst. verbal d'un verbe
es-griller, retenir par une grille.
ÉCRIN, it. scrigno, angl. shrine, ail.
schrein, du L. scrinium, pr. meuble pour
conserver des objets. De l'ail, schrein, caisse,
armoire, vient ail. schreiner, menuisier, si-
gnification qu'avait également le vfr. escrimer
(rouchi ecrenier).
ÉCRIRE, escrire*, L. scribere, scrib're. —
D. écrit, L. scriptum, dira, écriteau, vfr.
escriptel, BL. scriptellum; écritoire, L. scrip-
torium; écriture, L. scriptura; écrivain, BL.
scribanus, p. scriba; écrivailler, -eur, -erie;
écrivassiei* ; écriveur; écriveux (M™* de Sévi-
gné).
1. iSCROU, anc. écroue, trou pour faire
passer une vis. On rapporte généralement ce
mot à l'ail, schrube, schraube, vis, mais Diez
est davis que ce primitif aurait déterminé
une forme fr. écrue ou écru; il préfère L.
scrobis, fosse, cavité (dont la connexité avec
ags. sa'af.f, scraefe, scrufte, suéd. sh*ubb,
cavité, ne saurait être ifiéconnue). L'angl.
screto, vis, parait venir du français. Dans cette
langue ou distingue fsmale screw == écrou
(cp. ail. schraubenmxUter j eimaJe screw ^=»y\s.
2. ÉCROU, article du registre des prisons
indiquant le jour, la cause, etc., d'un empri-
sonnement, d'où écrouer, inscrire au registre
de la prison. Le» exemples cités par Littré
et Godefroy démontrent que le sens originel
d'écrou (vfr. esci'oe, «crowe) était lambeau, ban-
delette, d'où cédule, liste. L origine reste dou
teuse; l'angl. scroll, rôle, liste, ne peut servir
d'étymologie au vfr. escroue; bien au con-
traire, Wedgwood est d'avis qu'il est altéré
d'une ancienne forme escrmo, qui reproduit
le mot français; pour ce dernier, l'étymolo-
gistc anglais cite le nord, skra, suéd. skrà,
petit écrit. Pour ma part, je pense qu^escroue
est identique avec le flamand schroode,
schroye, que Kiliaen définit par « segmen,
pars abscissa. pagella, segmen chartaceum,
sceda » , et qui est le subst. du verbe schroo-
den, truncare, resecare. — Mon ancienne
conjecture, d'après laquelle écrouer serait le
L. scrutari, examiner, doit naturellement
être jetée par-dessus bord.
ÉCROUELLES, du L. scrobella, dim. de
scrobs (donc pr. fossettes ; allusion aux rava-
ges que font les écrouelles sur la peau), ou
du L. scrofella, p. scrofula. La dernière ori-
gine, quoique approuvée par Diez, me semble
moins bonne, vu la grande rareté de la syn-
cope de 1/. Cette syncope se produit, à la
vérité, dans Estienne et antimine, mais dans
d'autres conditions; c'est là plutôt une assimi-
lation qu'une syncope. On n'oserait donc trop
se reposer sur ces exemples.
ÉCROUER, voy. écrou, 2.
ÉCROUES, plur., autrefois les états ou rôles
de la dépense de la bouche pour la maison du
roi ; c'est le même mot, à la forme féminine,
({xC écrou 2.
ÉCROUIR, battre à froid un métal pour le
rendre plus dense; étymologie inconnue.
ÉCROULER, voy. crouler.
ÉCRU, escru, qui n'a pas été passé à l'eau
bouillante; soie écrue <« soie naturelle. En
présence du L. crudum scorium, cuir non
tanné, crudum linum, lin écru, et du verbe
fr. décruer la soie, on ne saurait se refuser à
l'étymologie crudus. Êcru est tout bonnement
une variété de cru; dans la langue des ouvriers,
on trouve de nombreux exemples de cet es
prépositif, ne répondant à aucune modifica-
tion de sens, et ba.sé, soit sur l'euphonie, soit
sur une fausse assimilation au préfixe es ou
é. Ainsi les couvreurs disent échenal pour
chenal; ainsi l'on dit encore indifféremment
chantignole et échantignole,
ÉCRUES, bois qui ont crû spontanément;
forme participiale du vfr. escroistre =» L. ex-
crsscere.
ECU, escut\ bouclier, puis monnaie, ainsi
nommée parce qu'elle était chargée de l'écu
du souverain, it. scudo, du L. sciUum. — D.
prov. escudier, it. scudiere, BL. scutarius, fr.
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ÉDI
172 —
EFF
escuj/er', écuykr, d*abord gentilhomme por-
tant Vérii d'un Hiovalier, puis officier de cour
en général, particulièrement celui chargé des
écuries, enfin expert dans l'art de l'équitation,
dresseur de chevaux. Du fr. esciiyer l'anglais
a fait esquive et squire. — Le mot écusson
(v. c. m.) répond à un type latin scittio (cp.
L. arcus, arcio, = fr. arc^ arçon). Vient en-
core d'écti : le vieux terme ccuage = BL. scu-
tagitim,
ÉGUBIER, aussi écuban (Littré cite encore
les formes equibien, escouvan et escouve);
d'origine inconnue. Le mot est sans doute
connexe avec l'angl. scitppey^s, trou par où
l'eau se décharge.
ÉCUSIL, prov. escueJh, it. scoglio, esp.
escollo, du L. scopuîus (t^ôTtùoi).
XCUELLE, escuelle, prov. escxtdela, it.
scodelia, du L-. scittella, dimin. de scutra. —
Jadis on prononçait es-cu-ellc,
ÉCULER, voy. cuL
ÉCUME, it. schiuma, aussi scumaf s^ma,
esp., port., prov. egcuma, du vha. scûm^
nord, skùm, gaél. sffûm, m. s. L'étymol. L.
spuma est aussi insoutenable que celle de
spina attribuée k échine, — D. écumer; le
sens figuré de ce verbe : •« prendre çà et là,
butiner », a donné lieu au terme écumer les
mers (d'où écumeur de mers, pirate).
ECTJRER, escurer\ it. sgurare, esp. escu-
rar, du type latin excurare; donc un renfor-
cement de curer, soigner, tenir propre. On
pourrait ramener aussi le mot aux verbes
germaniques ail. 'scheuem, néerl. schiireti,
angl. scour, mais Dicz tient plutôt ces der-
niers pour empruntés au latin. — D. récurer.
ÉCUREUIL, escureuil', prov^ escurol, angl.
squirrel, du BL. scuriolus, altéré du L. sciu-
rulus, dim. de sciurus (t/é^ur-oi) L'it. scojat-
toîo accuse de même un primitif latin scurius
p. sciurus.
ÉCURIE, escurie*, escuyHe*, prov. escuria,
escura, du vha. scùra, skiura, BL. scuria
(Loi salique) = stabulum (ail. mod. scheuer,
grange). — Littré pense, avec raison, que la
forme en rie du mot français escurie (qui n*est
pas très ancien) s'est produite sous l'influence
à'escuyer; il se fonde surtout sur l'it. scu-
deria, écurie, qui évidemment vient de scu-
diere, écuyer.
ÉCUS80N (d'où l'angl. scutcheon), voy. écu;
sign. 1. écu d'armoiri&s, 2. en horticulture,
petit morceau d'écorce d'arbre, taillé en écus-
son et portant un œil ou bouton, que l'on
enlève pour l'appliquer ou l'enter sur le bois
d'un arbre ; de là le verbe écussonner = gref-
fer.
ÉCUTER, voy. écu. — D. écuyère.
ÉDEN, mot hébraïque (signifiant pr. délice),
nom du lieu de séjour des premiers hommes,
paradis terrestre, auj. employé au fig. pour
lieu plein de charmes. — D. édénien.
ÉDIFICE, vfr. edefce, du L. œdificium.
ÉDIFIER, vfr. edefier, du L. œdificare (=
œdem facere), d'où sedificator, -atio. fr. édi-
ficateur, -atioft. Le sens figuré, religieux, de
CCS termes est également propre à l'analogue
allemand erbauen.
ÉDILE. L. œdilis (de cedcs^ édifice). — D.
édiJUé, auj. «= magistrature municipale.
ÉDIT, L edictum, proclamation.
ÉDITER, d'un type L. editare, fréqu. de
edere, publier, dont le supin a donné : editor,
fr. éditeur, editio, fr. édition, in-editus, fr.
inédit.
ÉDREDON (en angl. edderdoum), de l'ail.
eiderdaun, composé de daun, nord, dun,
duvet, et de eider, nord, edder, oie du nord;
donc litt. =» duvet d'oie.
ÉDUCATION, L. educatio, du verbe educare
(fr. éduquer, mot dédaigné pour je ne sais
quelle raison).
ÉDULCORER, voy. doux; cp. L. edulcare.
EFFACER, prov. esfassar, propr. enlever
l'empreinte, la figure, la marque de qqch.,
puis en général faire disparaître. Du L.
fades, figure, face.
EFFANBR, ôter les fanes (v. c. m.).
EFFARER, prov. esferar, du L. efferare
(férus), rendre sauvage; sauvage pris dans le
sens de timide, troublé, épouvanté. D'un dérivé
de férus, L. ferox = fr. farouche, vient le
verbe analogue effaroucher.
EFFAROUCHER, voy. effarer,
EFFECTIF, L. ^^ecf irw* (efficere), pratique,
qui entre en action, d'où l'acception : réel,
positif; cp. en ail. wirklich, m. s., de toirken,
agir, et fr. actuel, de agere, agir.
EFFECTUER, dér. du subst. lat. effectus
(efficere), exécution, qui est le primitif du fr.
effet. Cp. pour la formation, graduer de gra-
dus, habituer de habitus.
EFFÉMINER, L effemînare (femina).
EFFERVESCENT, L. effertescens. — D.
effeinoescence.
EFFET, L. effectus (efficere); signifie : 1 .
exécution, « mettre à effet »», 2. résultat de
l'action. Le français y a ajouté l'acception :
valeur effective, chose mobilière.
EFFICACE, 1. adj., L. efficax, 2. subst.. L.
effir'.acia = efficacitas (fr. efficacité).
EFFICIENT, L. effîciens, agissant.
EFFIOIE, L. effigies (fingere), image. — D.
effigier, exécuter en effigie. Au xvii" siècle
encore, ce verbe équivalait à L. effigiare,
faire le portrait, et il se pourrait bien que
effigie (si ce n'est pas un mot savant, car lat.
effigies réclame effige) fut le subst. particii>ial
de ce verbe effigier.
EFFILER, prov. esfilar, 1. ôter les fils, 2.
V. réfl. s'allonger en forme de fil; de là effilé,
mince, étroit.
EFFILOCHER, OQUER, voy. filoche.
EFFLANQUBR, étirer les flancs, les affai-
blir, rendre maigre.
EFFLEURER, 1. Ater la fleur; 2. ne faire
qu'enlever la superficie de qqch,, toucher lé-
gèrement, raser, passer tout près, de fleur,
niveau. — Au L. efflorescere, être en fleur,
ressortissent le verbe effleurir, terme de chi-
mie, puis efflorescent et efflorescence (enduit
pulvérulent).
EFFLUENT,-ENCE. du L. effiuere, s'écouler.
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EGA
— i73
ÉHO
EFFLUVE. L. efflumum, écoulement.
EFFONDRER, prov. esfondrar et esfondar,
défoncer un terrain, puis briser le fond. Du
subst. fond, La forme effondrer ne parait pas
reposer sur une intercalution euphonique d'un
r, mais sur une correspondance avec la forme
diminutive it. sfondolare, — D. effondrilles
= ce qui reste au fond.
EFFORCER, vfr. esforcer, it. sforzare, esp.
esforzar, composition intensive de forcer \
anciennement, avec sens neutre = gagner do
la force. — D. subst. verbal anc. es fors, auj.
effort; cp. renfort de renforcer»
EFFORT, voy. efforcer.
EFFRACTION, L. effractio (de effringere,
supin effraclum),
EFFRAIE, nom d'une espace du genre
chouette, du verbe effrayer ; c'est l'oiseau de
mauvais augure, qui cause de l'effroi. Cet
oiseau s'appelle aussi fresaie (v. c. m.).
EFFRAYER. Voici la véritable histoire de
ce moC pour la première fois établie par G.
Paris (Rom. VII, 12^). Le type est exfridafe,
litt. mettre hors paix (vha. fridu^ ail. mod.
friede), d'où prov. esfredar, esfreiar^ fr.
esfreer, afraer (dans les formes verbales toni-
ques esfroiE, es fr aie) t enfin effroyer (d'où le
subst. effroi) ^ effrayer. Voy. pour plus de dé-
tails Fœrster, ZUchr. VI. 109, et Rom. X. 443;
ib XI. 444.
EFFRÉNÉ. L. effrenatus, sans frein {fre-
nitm). L'opposé enfrené se trouve déjà dans
les Lois de Guillaume. — D. effrènement.
1 . EFFRITER une terre, l'épuiser, la rendre
stérile, autrefois effruiter, donc un dér. de
fruit; cp. prov. esfruguar, m. s., du h.frugeSt
fruits.
2. EFFRITER (S*), s'en aller en poussière,
s'user, d'un type cffHctare, fréqu. de cffricare,
enlever en frottant.
EFFROI. BFFROtABLE. dériv. de effraye)-.
EFFRONTÉ, prov. esfrontat, it. sfrontato,
àôvÏKjxiïon participiale de l'adj. L. cf-frons
(Vopiscus). m. s. (litt. = le front en avant, le
front levé). Littré définit le mot par « qui a
du front » et l'explique cependant étymologi-
quement par « sans front »; cela ne s'accorde
guère. — D. effrojtterie.
EFFUSION, L. eflTusio {àeeff^usum, supin de
effimdere, répandre).
ÉFOURCEAU, espèce de chariot; peut-être,
comme fourgon^ un dérivé do furca^ fourche.
EGAILLER, vfr. esgailler, éparpiller, éten-
dre (Littré, Suppl.). Répond, selon Joret, au
prov. mod. eigalhar, dimin. de eigar, arran-
ger, préparer, qui est = eisgar = ex(e)quare
= exœquare (Rom. VIII, 440). Cette étymo-
logie est contestée par Suchier (Ztschr. III,
611); la forme s'y refuse aussi bien que le
sens.
EGAL, L. œqualis. — D. égalité, L. œqua-
litas (d'où le néol. égalitairc); égaler (dans les
arts et métiers aussi égalii'), égaliser.
ÉGARD, esgard\ attention, respect, subst.
verbal du vieux verbe fr. esgarder, it. sgiiar-
dare^ considérer, examiner, composé de gar^
der; cp. respect, de respicere, regarder.
ÉGARER, esgarer\ perdre de vue, mal sur-
veiller, mal guider, fourvoyer, composé de
garer (v. c. m.); adj. égaré, perdu, éperdu;
subst. égarement.
ÉGAYER, factitif de gai.
ÉGIDE, bouclier, gr. «tyfi -iSoi,
ÉGLANTIER, ÉGLANTINE, dérivés du vfr.
aiglent, prov. aguilen, fruit du rosier sau-
vage. Diez explique ce dernier par aiguille,
prov. aguilha, muni du suffixe ent. D'après
d'autres, aiglent serait le gr. «/«v^^j (litt. =
fleur épineuse), avec insertion de /; cela n'est
pas impossible .
ÉGLISE, prov. gleiia, glieysa, esp. iglesia,
it. chiesa, du gr. i;cx)ij7ta, dont le premier
sens est assemblée.
ÉGLOGUE. L. ecloga, du gr. t/ioyvi, propr.
choix, recueil, puis, au plur., poésies fugi-
tives
EGO, pronom latin, ■=» je (aJter ego, autre
moi-même). — D. égoïsme, le culte du moi
(l'angl. dit egotism); égoïste, -ïstique, égoïser.
ÉGORGER, couper la gorge (v. c. m.), puis
tuer en général ; cp. en latin jugiilare, de
jiigulum, gorge.
EGOSILLER, du vfr. gueuse = gosier, 1.=»
égorger, 2. réfl. =- se faire mal à la gorge à
force de crier. Cp. dégoiser et gosier.
ÉGOUT, subst. verbal de égoiUter. — D.
égoutier.
ÉGOUTTER, faire écouler goutte à goutte;
cp. L. ewstillare, destilla, goutte. — D.égoiU.
ÉGRATIGNER, vfr. sans mouillure esgra-
tinei*, forme dimin. de esgvater. Rabelais dit
esgrafignar, dont le radical est graf, lequel
rappelle graphitim, poinçon, primitif de
greffe. Nous mentionnerons ici encore, comme
issu du môme graf ai comme tout à fait ana-
logue au fr. égratigner. Fit. sgrafpare, \ . faire
des hachures (terme de gravure), d'où l'ail.
schraffiren, 2. ép^ratigner. La même langue
dit aussi sgraffinarc pour voler, dérober, cp.
notre grippa'.
ÉGREFIN, aussi églefin, nom d'un pois.son ;
variété orthographique de aigri^fin (v. c. m.).
ÉGRENER, p. égrainer, voy. grain.
ÉGRILLARD, 1 . vif, gaillard. 2. fin, adroit.
Selon Roquefort = esguillard' , de aculcus,
aiguillon, donc pour ainsi dire un boute-en-
train. Nous sommes loin de souscrire à cette
étymologie, mais nous n'en avons pas d'autre
à y substituer. Colle de Littré, « qui sort des
grilles, c.-à-d. des bornes », ne nous sourit
pas non plus. Le dialecte bourguignon a
s^égraiUi, se divertir.
ÉGRILLOIR, voy. écrille.
ÉGRISER le diamant, d'où égrisée, poudre
de diamant, qui sert à polir ce corps ; d'ori-
gine incertaine; de l'ail, cries, gravier,
poudre grossière ? ou de la couleur grise, le
diamant perdant sa couleur foncée par le
frottement?
ÉGRUGER. voy. gruger.
ÉGUEULER. de gueule, 1 . ôter le goulot
(v. c. m.); 2. v. réfl., se faire mal à la gueule
à force de crier, cp. ségosiUer.
EHONTÉ, vfr. eshonté, qui est sans honte.
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ÉLE
— 174
ÉLO
ÉJOUIR (S'), esjouïr, prov. es^au^tr, com-
posé de jouir. — D. réjouir.
ÉLABORER, L. e-laborare.
ÉLAGUER, Berry aJayer. Selon Ménage,
d'un L. e-lucare; malgré l'existence du L. coU
lucarCf m. s., il est impossible d'approuver
cette étymologie. Frisch propose ab-îaqueare,
déchausser un arbre. Diez rejette ce primitif,
qui aurait fait éiizcer, selon lui ; il serait plu-
tôt disposé à admettre ce même verbe sous la
forme ablaquare; toutefois, il rattache de pré-
férence élaguer au vha. lah = incisio arbo-
rum (étymologie proposée aussi par Grand-
gagnage], ou au v. flam. lahen, deterere, at-
tonuare.
1 . ELAN, subst. verbal de élancer.
2. ÉLAN, animal, du vha. elàho, accus.
élahon (contracté en élan), ail. mod. elen-
ihicr.
ÉLANCER, jeter en Tair, composé de lan-
cer; pour le préfixe, cp. L. ef-ferre, et fr.
é'iever. — D. élan, p. élans; adj. élancé.
ÉLARGIR, eslargir', factitif de large. Le
préfixe ex, en français, a quelquefois le sens
factitif, comme ad, p. ex. dans^^aye»*; toute-
fois, ici le mouvement du dedans au dehors
n'est pas à méconnaître. Notez une acception
particulière d'élargir : relâcher, mettre hors
de prison. Je me suis demandé, s'il y avait là
une imitation du L. ampliare (de amplus,
large), différer l'aflaire judiciaire de qqn., ou
quelque souvenir du L. largiri, donner par
libéralité, par ex. libertatcm largiri populo
(Bossuet emploie en eflet eslargir dans le sens
du L. largiri.) Mes doutes se sont dissipés
quand j'ai lu dans le Roman de la Charrette
de Chrétien de Troies, ù propos de Lancelot,
délivré de prison : « Or est au large et à
l'essor. »
ÉLASTIQUE, gr. ascdruo; (de !>&<», a^ûy»,
pousser;, qui a du ressort, de la force propul-
sive. — D. élasticité.
ELBEUF, espèce de drap fabriqué à Elbeuf
(Normandie).
ELDORADO, mot espagnol : el dorado, litt.
le (pays) doré ; nom d'un prétendu pays d'une
richesse fabuleuse, découvert lors do l'expé-
dition de Pizarre dans l'Amérique méridio-
nale. Beaucoup d'aventuriers ont en vain, de-
puis le xvi« siècle, cherché à constater cette
découverte. En attendant, le nom a été donné
à une province do la Californie, et même à
une petite ville de l'Arkansas.
ÉLECTEUR, L. elector (de eligere, élire),
d'où électoral, élecLorat; élection, L. electio;
électif, néol. = qui est établi ou qui s'obtient
par voie d'élection.
ELECTRE (peu usité). L. electrum, succin
ou ambre jaune, gr. rfi«xT/9ov. — D. électri-
que, 'icien, -icité, -iser.
ÉLECTUAIRE, anc. lettuaire, it. lottovaro,
lattuaro, esp. electuario, prov. lacioari, ail.
latioerge, du L. electuarium, forme accessoire
de electarium, dér. du gr. fxXctxrdv, médi-
cament qu'on laisse fondre dans la bouche
(do i//i{yiiv, lécher).
ÉLÉGANT, L. elegans, litt. choisi, exquis
(de eligere); élégance, L. olegantia.
ÉLÉGIE, L. elegia (Us/eia;. — D. élégiaque,
gr. î/'/îia/o,.
ÉLÉGIR, aussi allégir (vfr. eslvgier, allé-
ger), en technologie, = amincir; formé de
le^is, comme alléger (v. c. m.).
ÉLÉMENT, L. elementum; adj. élémen-
taire, L. elemenlarius.
ÉLÉPHANT. L. elephantus (Uéva;).
ÉLÈVE, 1. fém., action à!élcver,2. masc.
et fém. celui ou celle qu'on élève.
ÉLEVER, eslever*, du L. e-levare, soulever,
dresser. Pour le sens « nourrir, éduquer •,
cp le terme e-ducare (e-ducere) et l'ail, auf- ou
erziehen. — D. élèce (v. c. m.), élevage, éle-
veur, élévation, élevé = haut.
ÉLIDER (mot de facture savante), de L. c-li-
dere (faire sortir, éliminer en blessant l'orga-
nisme), d'où L. elisio, fr. élision.
ÉLIGIBLE. L. eligibilis [eligere), d'où éli-
gibilité.
ELIMER, user en limant ou frottant, L. eli-
mare. L'idée d'usure n'est propre qu'au mot
français, mais conforme à la nature du pré-
fixe. Cependant l'on trouve dans Cœlius Au-
relius elimatus avec le sens fig. d'afiaibli,
énervé.
ÉLIMINER. L. eliminare, litt. mettre hors
du seuil (lim,en).
ÉLINGUE, ancicnn. eslingue, fronde sans
bourse, it. slinga, esp. eslingua, port, es-
linga, du vha. slinga, fronde. Le môme mot
éli}igue, comme terme de marine, signifie im
cordage à nœud coulant (= ail. schlingé). —
D. élingucr.
ÉLIRE, part, élu, du L. eligere, m. s., dont
le part. fém. electa a donné le français élite,
1. choix, 2. troupe choisie.
ÉLISION, voy. élider,
ÉLITE, voy. élire.
ÉlilXIR, esp., angl , ail. elixir, it. eli-
xire. D'après Adelung et autres, du L. elixus,
cuit, bouilli (dér. do lix, lessive). L'origine
arabe, supposée déjà par Ménage et les au-
teurs du dictionnaire de l'Académie d'Es-
pagne en 1732, est aujourd'hui hors de doute.
Le mot représente un composé de l'art, al et
du subst. iksir «« quintessence, pierre philo-
sophale, lequel est issu du verbe kasara,
rompre. La pierre philosophale devait, comme
on sait, servir également de remède universel.
ELLE, pronom personnel fém., = L. illa.
ELLÉBORE, L. elleborus {iXMopoi).
ELLIPSE, grec nUt^ti, pr. omission;
aiîiTTTizo,-, fr. elliptique.
ELME (SAINT-), p. saisit Erasme (protec-
teur des marins), Erasme a été corrompu
d'abord en Erme, d'où Elme.
ÉLOCHER, eslocher, secouer, ébranler;
ne peut venir du type ex-locare, qui, selon les
règles, donnerait eslouer; c'est un composé
de lochcr (v. c. m.) — L'ét. ex-luxare, posée
par M. Rigal (dans la Revue des Langues ro-
manes, VIII, 145) convient paifaitement pour
le sons, mais pour la phonétique elle soulève
deux graves difficultés : c'est d'abord que les
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— 175 —
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text^ anciens n'ont pas d'^ ni dans eîocher
(esîoschier dans un ms. de Joinville du xiv* s.
est une forme accidentelle), ni dans locher ;
puis que Vu de luxare (-^ luscare) postule la
(orme eslouchier,\Qy. P. Meyer, Rom. XI, 618.
ÉLOOUTION, L. eîocutio (eloqui).
ÉLOGE, L. elogium, sentence, inscription
tumulaire. — D. élogieux^ éiogier, ^logiste.
— D'après Schuchardt (Vokalismus, II, 325),
éloge représente lOioyfa (louange), eu étant
e» c en latin vulgaire.
ALOIONER, anc. eslongier, esïoignier, dér.
de loin, anc. loing. — Le terme do marine
élonger est synonyme de longer ou allonger,
ÉLOQUENT, -ENCE, L. eloqwms, -entia.
ÉLUCIDER, rendre lucide, BL. elucidare.
ÉLUOUBRER, L. elucubrare, produire à
force de veilles (de lucubrare =» luçe operari).
ÉLUDER, du L. eludere, parer, esquiver.
ÉLTSÉE, mot mal formé du L. elysium
(ïjiÛTiov).
ÉMâGIÉ, L. emacicUus, amaigri.
ÉMAIL, anc. esmail, it. smalto, esp.,port.
esmalte, ail. schmelz, BL. stnaltum. Diez
préfère à Tétym. L. maltha, espèce de ciment,
une origine du vha. sniaUjan, smaltjan,
smehan (ail. mod. schmelzen), fondre, parce
que la contexture du mot français émail ne
concorde nullement avec maltha, mais bien
avec smchi, smalti, dont Vi final a été attiré
par l'a, comme d'habitude, et le t final apo-
cope. L'émail, en effet, est du verre fondu
avec do l'étain. — D. émailler.
ÉMANCIPER, L. enuDwipare, mettre hors
de tutelle, affranchir.
ÉMANER. L. c-manare, écouler.
ÉMARGER, 1. couper la marge; 2. signer
un reçu en murge d'un compte. — D. émar-
gement.
EMBABOUINER, voy. baltouin,
EMBALLER, voy. balle,
EMBARCADÈRE, de l'csp. embarcadero (de
embarcar, embarquer).
EMBARGO, mot espagnol, subst. du verbe
embargar, séquestrer, saisir par autorité de
justice; prov. embargar, embarrasser (subst.
embarc, obstacle) ; ces verbes représentent L.
imbarricare, de barra, barre, obstacle (d'où
aussi etnbarrasser, etc.).
EMBARQUER, voy. barque. — D. embar-
cation i\Q sens abstrait do ce mot s'est effacé;
il signifie canot d'embarcation), embarque-
ment.
EMBARRAS, subst. verbal de embarrasser,
EMBARRASSER, voy. barras, — D. em-
barras.
EMBATER, voy. bât.
EMBAUCHER, voy. débaucher. Le sens at-
taché au primitif bauche, savoir : boutique,
atelier, usine, se révèle encore dans le dérivé
etnbauchure, qui, dans les salines, signifie
fourniture des ustensiles nécessaires pour la
fabrication du sel, pr. approvisionnement
d'atelier.
EMBAUCHOIR, terme de cordonnier, alté-
ration de emboùchoir, voy. co mot.
EMBAUMER, voy. baume,
EMBELLIR, voy. beau.
SMBÉRIZE, nom scientificjue du genre
bruant, tiré de l'ail, emmeriz, emberitz, em-
britz, qui lui-même est un dérivé de l'ail.
ammer, m. s., dont la racine exprime l'idée
de brillant.
EMBERLIFICOTER, embarrasser; mot de
fantaisie et d'origine inconnue.
EMBERLUCOQUSR (S'), s'aveugler, s'entêter
d'nne idée (on trouve aussi embrelicoquer et
emberloquer); mot de fantaisie dans lequel
berlue parait jouer un rôle; cp. prov, s'abel-
lucar, s'aveugler. Le Duchat définit le mot :
M s'occuper de chimères semblables à celles
que les moines ont coutume de loger sous
leurs capuchons de bure {coques) «.
EMBETER, terme vulgaire formé de béte,
syn. de abrutir; fig. ennuyer.
EMBLAISON, voy. l'art, suiv.
EMBLAVER (un champ), ensemencer en
blé, voy. blé. — D. emblavure. Les mots em-
blaison, p. embléaison, et cmblure, p em-
bléure, se rattachent à la forme anc embléer,
régulièrement tirée, sans insertion de r, du
BL imbladare,
EMBLÉE (W) =» de plein saut, du premier
effort, litt. d'une levée, d'un coup ; du vieux
verbe français embler, qui signifiait enlever,
dérober (*♦ l'avoir d'autrui tu n'embleras •);
le verbe réfl. s* emblée' signifiait anc. s'esqui-
ver. Co verbe embler, prov. emblar, vient du
L. iiï-toîare, litt. em paumer (vola, le creux
delà main); cp. L manuari, voler, de mauus,
main. Chevallet fait dériver embler du L.
ablatus; cela n'est pas sérieux.
EMBLÈME, L. emblema, du gr. é.uS^ïj/AX
(de i/xSaUïiv, jeter dessus), ouvrage en relief
des vases ou autres ustensiles ; de là : orne-
ment symbolique, figure symbolique ; Ifitïn-
/jictTi^o:, emblénatique.
EMBLURB, voy. etnblater.
EMBOIRE, absorber, composé de boire;
forme vulgaire de imbiber^ L. imbiber e. Le
part'cipe embu a donné le subst. embu, terme
de peinture.
EMBOISER, engager qqn. par de petites
flatteries à faire ce que l'on souhaite de lui,
même signification que l'ancien verbe simple
boiseï' = tromper, surprendre. Boiser vient
du BL. bausia, trahi.son, perfidie, vfr. bois-
die, it. bugia, termes généralement rappor-
tés au vha. bausi, ail. mod. base, méchant
Le verbe emboiser, toutefois, pourrait au
besoin s'expliquer aussi par ♦« attirer dans le
bois » ; ce serait une variété du vieux verbe
etnbùcher (d'où embûche), qui ne signifie pas
autre chose.
EMBOITER, de boite, comme emiiàsser, de
châsse.
EMB0NP0IN1, réunion en un mot de en
bon point, c.-à-d. en bon état.
EMBOQUSR des animaux, c'est leur intro-
duire de force le manger dans la bouche (syn.
de engaver, empâter) ; de boque, variété de
bouche, L. bucca ; puis généralement >» en-
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176
EMM
graisser ; de là le terme pre d'embouche, pré
consacré à l'engrais.
ElfBOSSDR, amarrer, de bosse, cordage.
EMBOUGH£, subst. verbal de emboucher,
voy. emboquer.
EMBOUCHER» mettre en bouche, dresser
(un cheval) à la bouche. L'endroit où la mer
ou un fleuve reçoit un affluent est comparé à
une bouche ; do là le terme s*emùoiicher, en
parlant d'une rivière, cp. ail. mimden ou
einmunden, de mund, bouche. — D. embou-
chure, 1 . partie d'un instniment à vent sur
lequel on applique les lèvres pour en tirer
des sons ; 2 entrée d'un cours d'eau dans la
mer ou un autre cours d'eau ; embouchoir,
aussi, par corruption, embauchoir, instru-
ment de cordonnier qui embouche la bott«.
SMBOUQUER, terme de marine, entrer
dans uu canal ou dans un détroit, variété
d'emboucher,
EMBOURRER, garnir de bourre; composé
r-emboun'er,
EMBOÏÏTER, garnir le bout dune canne,
d'un parapluie; do là le subst. verbal embout.
EMBOUTIR, donner une forme concave ou
repousséc à une plaque de métal, comp, de
bolir, boute}', frapper, voy. bout,
EMBRANCHER, lier à un corps, comme la
branche se joint au tronc. — D. etnbranche-
ment, 1. action d'embrancher; 2. la chose
embranchée, telle qu'une route accessoire qui
part d'un chemin principal.
1 . EMBRASER, mettre en braise.
2 EMBRASER, variété à'Sraser (v. c. m.).
— D. embrasure, 1. ouverture pratiquée
dans l'épaisseur des murs d'une maison pour
y placer les fenêtres ou les portes; 2. ouvcr
turc percée dans le massif d'une batterie à
épaulomcnt et ménagée pour donner passage
à la bouclic d'une pièce. L'existence des
termes d'arehiteoturc cbrascr et embraser,
qui concordent paifaitement avec la cliose
appelée embrasure, ne jMîrmet guère de rap-
porter la deuxième signification de ce dernier
à etnbraser = mettre en feu.
EMBRASSER, serrer dans ses bras, puis,
par extension, baiser; de là découlent d'un
côté les acceptions ceindre, environner, ren-
fermer, d'un autre, s'attacher à, saisir avec
affection et empressement. — D. embi^asse;
embrassade (à suffixe étranger; Montaigne
disait encore : donner une embrassée).
EMBRASURE, voy. embraser 2.
EMBRENER, de h-an (v. c. m.).
EMBU, voy. emboire,
EMBRYON, gr, ifiZpvo'j = rà cvrè; fipùov,
qui genne dedans, c.-à-d. dans le ventre de
la mère.
EMBUCHE, subst. verbal de embuschci*,
embusqua* (it. iynboscare, pix)v. et esp. em-
boscar), litt. aposter, dans un bois ou buisson
(BL. buscus, boscus), des personnes chargées
de surprendre l'ennemi. Les chasseui*s disent
encore d'une bête qu'elle s'embûche, quand
clic entre dans le bois.
EMBUSQUER, voy. embiïche, — D. embus-
cade.
ÉMENDER, L. e-mendare; le peuple a dé-
formé ce mot en amender (v. c. m.).
ÉMERAUDE, it. smei'aldo, esp., port, esme-
rdlda, prov. esmerauda, du L. smaragdus
(ifiàfia/ùoi). Pour la permutation de^ en l, cp.
ffây/A2t, it. salma, d'où fr. saume\ somme,
Baldacco, p. Bagdacco (Bagdad). La guttu-
rale primitive s'est conservée dans le v. esp.
esmei'acda, prov. maragde.
ÉMERGER, L. e-mei-gere, sortir (en parlant
de choses situées dans l'eau). Chateaubriand :
« les Açores émergèrent du sein des flots n.
Du participe emergens, les physiciens ont tiré
émergent et émergence,
ÉMERI, mieux émeril, it. smeriglio, esp.
esmeril, ail. smirgel, schmergel; dimin. du
grec tfiùpii, vfilùi;, pierre servant à polir.
ÉMfIRTTiïiON, espèce de faucon, le plus pe-
tit et le plus vif des oiseaux de proie, it. sme-
riglione, esp. csmerefon, prov. esmerilhô, for-
mes diminutives de prov. esmirle, it. smerlo,
ail. schmerl, m. s. Ces mots viennent du L.
merla, p. merula, renforcé d'un s initial.
L'anglais nomme le même oiseau merlin, anc.
marlyon. Ce nom d'oiseau s'est communiqué,
comme beaucoup d'autras, à des instruments
divers et anciennement aussi à une sorte do
canon; cp. fauconneau de faucon. — D. éme-
rillomu!, gai, vif, éveillé comme un émerilion.
ÉMÉRITE, L. e-meritus, qui a fini de ser-
vir (inercre). — D. dmchitat.
ÉMERSION, L. emersio (de emersum, supin
de emergere, fr. émerger).
ÉMERVEILLER, de merveille. Le préfixe
é—ex, par assimilation à ctowier.
ÉMÉTIQUE, gr. I/*!ti/<>; {}}iï^, vomir). — D.
cmriiser.
ÉMETTRE, L. e-mittei'e, d'où emissio, fr.
cmis^ion, et einissarius, fr. émissaire.
ÉMEUTE (I^ Fontaine a dit emiitc), voy.
cmom-oir. — D. emeutrr, émeutici\
ÉMEUTIR, fienter (en pari, des oiseaux),
vfr. esmeltir; du néerl. smelten ** stercus li-
quidum egerere », mot identique avec smel-
ten, ail. schmehen = liquidum facere. Il n'y
a pas lieu de songer ni à ex-motus, écarter, ni
îiemunctus, mouché. — D. émeut, excrément.
ÉMIER, ou é^nietter, de mie, miette.
ÉlflGRBR, L. e-migrare; cp. ail. aus-ioan-
da^n .
ÉMINENT, L. e-minens, qui s'élève au-des-
sus d'un niveau, hors ligne. — D. éminence,
L. eminentia.
ÉMIR, mot arabe signifiant commandant ;
du verbe amara. commander.
ÉMISSAIRE, ÉMISSION, voy. émettre.
EMMANCHER, pourvoir d'un manche, ajus-
ter le manche à un instrument pour s'en ser-
vir, de là l'expression ûg. emmancher une
affaire (pr. y mettre le manche, le premier
bout) et s'etnmanchcr = s'agencer.
EMMITOUFLER, de mitoufle, forme altérée
de moufle sous l'influence de mitaine; le vfr.
présente emmofler.
EMMUSELER, voy. museau.
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EMP
— 177 —
EMP
ÉMOI, esmoCy grande peine, frayeur; alté-
ration de esmai {oi p. ai, cp. carquois, ef-
froi), it. smago, découragement, prov. esmai,
souci, subst. verbal du vfr. esmaier, esmoyei\
être en émoi, prov. esmaiar, anc. it. smagare.
Le primitif de ces verbes est le goth. moffan,
être fort (d'où Tall. macht, puissance, force).
Esmaier signifie donc proprement perdre sa
force, n*en pouvoir plus, et correspond logi-
quement au vha. un-magen, tomber en défail-
lance (ail. mod. un-macht, mal orthographié
ohnmacht, défaillance). L'étymologie L. emo-
vere est une bévue.
ÉMOLLIENT, L. emolliens {de mollis).
iSMOLUHENT, L. emolumentum (cmoliri),
pr. effort, peine, puis profit que l'on retire de
ses peines. — D. émolumetiter,
ÉMONOTOIRE, L. emuixctorius (de emun-
gère, moucher).
ÉMONDER, L. emundare (de muyidxis, net).
ÉMOTION, L. emotio (de emovere, fr. émou-
voir).— D. émotionner.
BMOUCHBR, de mouche. — D. émouchette,
-oir; émoucheler.
ÉMOUGHET, aussi mouchet; de mouche, à
cause du ventre moucheté de cet oiseau ; l'it.
dit moscardo.
ÉMOUDRE, L. emolere (de mola, meule). —
D. émouîeur, -erie; cps. rémoudre.
ÉMOUSSER, 1. ôter la mousse; 2. rendre
mousse,
ÉMOUSTILLER, litt. rendre pétillant comme
du moût (L. mustum),
ÉMOUVOIR, L. e-movere, dont le sens clas-
sique (éloigner) diffère du sens moderne (met-
tre en mouvement, agiter, troubler); de l'anc.
participe esmeitt, d'où esmeut, s'est produit le
subst. émeute; cp. mreute de movere.
EMPALER, voy. pal.
EMPAN, altération du vfr. espan, wallon
aspagne, BL. spannus; du vha. spanna, mha.
span, mesure de la main étendue. — Il se peut
qu'empan se soit produit de espan par une
forme intermédiaire enspan (cp. vfr. engrot =>
«egrotus, vfr. en^ir == exire, vfr. ensaier ^.
essaier).
EMPARER (S*), se rendre maître de qqch.,
esp., port., prov. emparar, amparar, prendre
en possession; le contraire est rendu par dés-
emparer, abandonner, lâcher ce dont on. s'est
emparé. La signification actuelle découle de
l'acception • fortifier, renforcer » qu'avait en
premier lieu ce verbe et qui correspond à celle
du verbe simple parer, défendre, garantir
(v. c. m.). — De emparer, fortifier, viennent
le composé désemparer, démanteler, mettre
hors d'état do servir, et r emparer, remettre
en état de défense, d'où le subst. rempar,
orthographié plus tard rempart.
EMPATER, it. impastare, rendre pâteux,
voy. pâte. — Dans le sens d'engraisser de la
volaille =» L. impastare', fréq. de impasce^'e*.
EMPEAU, ente en écorce, prov. empeul, cat.
empelt, subst. du verbe empeltar. Celui-ci est
dérivé depellis, peau ou écorce de l'arbre, ou
plutôt du dimin. peleta; empeltar p. empele-
tàr, c'est enfoncer dans Técorf^. L'ail, emploie
également pour enter, greffer, le mot pelzen,
àepelz, peau. Une assimilation avec le mot
peau a /ait transformer empeut en empeau.
EMPECHER, mettre entrave, anc. empescher
(dont r* est épenthétique); ce mot s'accom-
mode, aussi bien pour la lettre que pour le
sens, d'un primitif lat. impedicare, enlacer
[in, pedica), les anciennes formes empeechier
et empegier (cp. esragier à côté de esrachier)
et le prov. empedegar l'imposent en quelque
sorte; cp. h. prœdicare devenu fr. preechier,
prechier, prescher, prêcher. Cependant il
existait en vfr. un synonyme de notre mot
sous la forme empacher, dont empechier, em-
pecier peuvent fort bien dériver (l'atténuation
de a en c étant un fait régulier). Cette forme
secondaire et concurrente est parallèle au
prov. empachar, empaitar, esp., port, empa-
char, it. impacciare. Pour ces verbes, Mura-
tori avait proposé un type impactiare, au sens
de pacta in ire, s'engager dans des procès.
Son avis n'est pas digne d'accueil. Mieux vaut
assurément celui de Diez, qui, partant du
verbe L. impingere, mettre qqch. sur les bras
de qqn., l'en charger, l'en embarrasser (com-
posé de pango et reproduit par vfr. cmpain-
dre), en tire un fréq. impactare, d'où s'expli-
quent très régulièrement les formes empachar
(et encore mieux la forme accessoire prov. em-
paitar, subst. empaig), et vfr. empachci* et
empêcher (cp. fléchir de flectcre, vfr. delecher
de delectare). Quant à la forme italienne im-
pacciare, elle accuse un ^v'wcàûî impactiare p.
impactare, modification familière aux langues
romanes. Cette forme me semble aussi devoir
être admise comme source immédiate des
autres verbes cités à radical ;îacA on jyech. —
A empêcher correspond le terme opposé dépé-
cher (v. c. m.), qui, par sa variété despeecier
remonte à dispedicare, mais par ses corres-
pondants esp. despachar, it. dispacciare, au
type dis-po^are ou -pactiare, de dis-pingere,
qui fait opposition à impingere, comme dis
jungere à injungei'e, discingei^e à incingere
EMPEIGNE, vfi'. empiegne, empengne (esp
empeyne, cou-de-pied); d'origine incertaine
Le bas-latin présente impedia, de in etpes
pedis (litt. cuir sur le pied), mais ce ne peut
être le type du mot français; il faudrait impc-
dina, cp. it. redina = vfr. règne, reigne
(rêne).
EMPENNER, voy. penne.
EMPEREUR, vfr. empereor (nomin. empe-
rere), du L. imperator. Pour rendre le fémi-
nin et ne pas dire empereuse, les modernes
ont préféré tirer du L. imperatrix le mot
.savant impératrice. Pourquoi dédaigner tous
les termes de l'ancien vocabulaire : emperois,
'pereresse, -pereïs, -peresse (d'où angl. cm-
press), -péris, periere, -pereuse} L'ancienne
langue ne reculait pas devant les formes
naturellement indiquées.
EMPESER, anc. empoisser (d'où est resté le
subst. empois), de poix (v. c. m.). Empoisser
est une dérivation française de poix; empeser,
comme prov. etnpe^ar, se rapporte au prov.
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EMP
— 178 —
ENC
pes, pez -= poix. On trouve aussi empiger
pour enduire de poix, formé d'après le latin
impicare (pix, picis).
EMPÊTRER, voy. dépêtrer.
EMPHASE, gr. itAfx^n, pr. apparence, puis
éclat, pompe dans le discours; adj. Ififxnnéi
fr. emphatique. Racine s'est permis le terme
emphcUiste = qui parle avec emphase.
EMPHTTÉOSE, altéré de Tanc. mot emphy-
tcuse, du gr. l/jifûriw«;, action d'implanter,
BL. emphyteosis ^îxindi perpétua locatio. —
D. emphytéotique,
EMPIÉTER. 1 . donner du pied (à une co-
lonne) ; 2. mettre le pied sur (le terrain d'au-
trui); dérivé de piet (ai\j. pied); cp. piéton,
piétiiier. — Composé : rempiéter.
EMPIFFRER, voy. piffre.
EMPIRE, L. imper ium.
EMPIRER, BL., impejorare, voy. pire.
EMPIRIQUE, gr. I^uttiici/o;, qui agit d'après
lexpérience (et non pas d'après les principes
scientifiques). — D. empirisme.
EMPLâGER, voy. place. — D. emplace-
ment ; cps. remplacer.
EMPLÂTRE, esp. emplasto, it. empiasto, du
L. emplasirum^ gr. ifAnXxsrov (s. e. y àp/*x/.ov),
aussi faTrixTT/sov, de ifA-nXàcjiiu, appliquer
dessus. — D. emplâtrer, it. impiastrare. —
De l'adj. l/xTriaiTixo,*, fr. emplastique.
EMPLETTE, vfr. emploite, norm. empleite,
du L. implicita implic'ta, part, passé de im-
plicare, au sens de dépenser (voy. employer),
EMPLIR, L. implere; cps. dés-emplir, rem-
plir.
EMPLOYER, it. impieyare, esp. emplear,
prov. empleiar^ du L. implicare, impliquer,
usité dans la basse latinité p. expendere,
insumere. Ce môme trope ; engager qqch.
dans une affaire, en faire usage pour un but
déterminé, se rencontre également dans l'ail.
lyer-ioenden, de toenden, tourner, plier. —
D. subst. verb. emploi, it. impiego; employé;
voy. aussi emplette.
EMPOIS, EMP0IS3ER, voy. empeser,
EMPORTER, porter loin («m, en « inde),
enlever; s'emporter, fig. «se laisser entraî-
ner par un mouvement de colère; cp. les
expressions analogues fr. transporter, émou-
voir, se démener, et L. efferre, — D. em-
porté, emportem^it; cps. remporter,
EMPOTER, mettre en pot.
EMPREINDRE, du L. imprimere, litt.
presser dessus ; c'est la forme vulgaire de im-
primer (cip. geindre, de gemere). Du participe
empreint vient le subst. empreinte, d'où ont
été tirés l'it. imprenta, impronta, esp., prov.
cmpre}%ta, puis les verbes néerl. printen, im-
primer, et angl. print.
EMPRESSER (S'), se mettre en presse, en
mouvement. — D. empressé, empressement.
EMPRUNTER, wall. épronter, it. impron-
tare; du L. inpromutuum, en prêt (Digeste).
Cette étymologie de Diez est confirmée par la
forme valaque imprumut, et met à néant les
anciennes explications par in promtu dare
ou accipere, ou par promptare, fréq. de pro-
mère, — A l'appui de l'ét. promutuum,
Rônach (Ztschr., III, 102) cite, dans le gloss.
gréco-latin de Cyrille (éd. Vulcan., p. 58) :
Trpoicivàî-j/iai, promutuor, — Subst. verbal :
emprunt,
ÉMULE, L. œmulus, rival. — D. émuler*,
emulateur, -ation.
EMUL6ENT, du L. emulgere, traire jus-
qu'à la dernière goutte Du supin emulsum :
fr. émulsion (d'où émulsionner), émulsif,
EN représente : 1. la particule-préposition
L. in; 2. l'adverbe L. inde, yfr.int, ent (en
Hainaut end, dans le cps. end-aller = en
aller). De même que utide ou plutôt la fofme
composée de-unde a donné l'adverbe pronomi-
nal relatif dont, ainsi le L. ind^ a fourni l'ad-
verbe'pronominal démonstratif en. Dont (L.
undé) est le corrélatif de e^i (L. inde), comme
où (L. ubi) l'est de y (L. ibi). — L'un et
l'autre en, tant celui qui représente le L. in,
que celui qui est issu de inde, servent d'élé-
ment de composition, en se modifiant en em
devant des consonnes labiales (p. ex. empor-
ter, embellir). — En préfixe = L. in se
trouve d'abord en tête de quelques verbes
français d'ancienne formation, reproduisant
des verbes latins déjà pourvus du préfixe, p.
ex. emplir, L. im-plere, enfler, L. in-flare,
enduire, L. inducere, empreindre, L. impri-
mere, etnployer, L. implicare. Les verbes
latins composés avec in, entrés dans la langue
française sous l'infiuence savante, conservent
la forme latine : in-duire, im-primer, im
pliquer (comparez ces verbes avec les trois
derniers mentionnés). Appliqué à des mots
romans sans précédent latin, le préfixe en est
destiné à exprimer le passage d'un état en un
autre ; c'est là sa valeur inchoative et factitive;
ex. enorgueillir, empirer, embellir, enrichir,
endormir, embraser, puis introduction dans
l'intérieur de qqch., engagement, implication
(empiéter, enfoncer, embûche, engager), ou
action de pourvoir ou toucher qqci. de la
cho.se exprimée par le primitif (empoisonner,
en fariner). — Le préfixe en ma inde exprime
éloignement. U ne se rencontre plus que
dans s*encourir, enfuir, enlever, emmener,
emporter, s*e7tsuivre, envoler, entraîner.
ENCAISSER, voy. caisse. Le subst. encaisse
équivaut à : ce qui est en caisse.
ENCAN, anc. encant, prov. enquant, encant,
it. incanto,anc, esp. encante, ail. gant; delà
phrase lat. in quantum, à combien? — D.
vfr. enquanter, encatUer, enchanter, mettre
à l'enchère. Ménage songeait à incantare,
auquel il prétait le sens de proclamer;
d'autres à in cantu, vente faite au son de la
trompe !
ENCAQUER, voy. caque,
ENCARTER, terme d'imprimeur ou de re-
liure, de carte — carton.
ENCASTELER(S'), t. de vétérinaire ; d'après
Littré du BL. incastellare, emmurailler (de
castellum), la corne du cheval étant compa-
rée à une muraille. Le sens étant tout sim-
plement « enserrer», on peut très bien expli-
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ENC
— 179
ENC
quer encasteler, comme dimin. du BL. incas-
tare(voj. encastrer).
ENCASTRER, emboîter, enchâsser, prov.
encastrar, ital. incastrare, du BL. incas-
trare (Vulgate, Isidore), forme variée de
incàstare (d'où esp. engastar^ encliâsser, ser-
tir). Le radical de ce dernier peut être, soit
l'alL hasicri (vha. chasto)^ caisse, coffre, ar-
moire et particulièrement chaton (v. c. m.),
ou le thème congénère latin cast (exprimant
serrer, enfermer) qui est au fond de castrum
et de son dimin. casteîlum, et qui remonte à
la même lacine cas qui a donné casa^ maison.
ENCAUSTIQUE, U encaiisticus , gr. ï/y.xui-
ruéi, dérivé de «yxaujTo;, adjectif verbal de
iyAuiuv, brûler sur ou dans. L'encaustique est
l'art de peindre avec des couleurs mêlées de
cire et durcies ensuite par l'action du feu. —
Le L. encaustum, gr. «yxaw^Tov, était aussi le
nom de l'encre rouge dont se servaient les
empereurs romains pour signer. Les Italiens
en ont fait incosto, inchiostro; d'autres lan-
gues ont singulièrement écourté ce mot, et
l'ont transformé en vfr. enque, enche, auj.
ENCRE, angl. ink, néerl. m?U. L'ail, tinter esp.
tinta, =-= encre, vient du L. tincUis, part,
passé de tingere, teindre.
ENCEINDRE, L. in-cingere; part, ejiceint,
d'où le subst. participial fém. enceinte , cir-
cuit, clôture. Quant à l'adj. fém. enceinte^
grosse d'enfant, =» it. incincta, prov. encen-
cha, voici ce qu'en dit Isidore : •* incincta ==
prsegnans oo quod est sine cinciu ». D'après
cette étymologie, incincta serait = discincta
ou non cincta ; c'est comme si nous disions
aigourd'hui par euphémisme « femme sans
corset ». — M. de Chevallet, d'après Ménage,
rattache le BL. incincta (grosse) au latin classi-
que incienSf -tis^ qui a la même signification.
Cette dérivation n'est pas impossible ; seule-
ment il faudrait admettre que la forme lat. et
it. incincta fût l'effet d'une fausse application
étymologique, ce que la date reculée de l'em-
ploi de ces formes engage à repousser. L'es-
pagnol dit estar en cinta ; cela fait songer à
une autre représentation de la chose, savoir :
être enveloppé, être doublé, in cinctu (ou en
mauvais latin : in cincta) esse. L'it. incignere,
prov. encenher, vfr. enchaindre (Richart U
Biaus) =» engrosser, confirment cette manière
de voir ; ils représentent le L. incingere, en-
tourer ; c'est une figure un peu moins gros-
sière que le fr. engrosser; elle rend l'idée :
donner do l'ampleur, du volume.
ENCEINTE, voy. l'art, préc.
ENCENS, it. incenso, e.sp. incienso, BL. tn-
censum, «= thus, de incendere, allumer,
brûler — D. encenser, -oir. — Les Alle-
mands rendent encens par todh-rauch, fumée
sacrée.
ENCÉPHALE, gr. lyxipaXo,-, adj., => qui se
trouve dans la tête (xcpsXi}) ; comme subst. *=»
cerveau. — D. encéphalie, -ite.
SNCHANTELER, du subst. chanter, chan-
teau -= chantier; voy. canton,
ENCHANTER, L. in-cantare, fasciner par
le chant de formules magiques (cp. chai*mer,
du L. Carmen ^ chant); de là subst. verbal
vfr. e^xcant^ it. incantOy esp. encanlo. — D.
enchanterne?it, -eur ; désenchanter, rompre
l'enchantement.
ENCHAPER, de chape, couverture.
ENCHÂSSER, voy. châsse.
ENCHÈRE, voy. enchérir.
ENCHÉRIR, devenir plus cher, augmenter
de prix ; le sens actif élever le prix, rendre
plus cher, propre auj. à la forme enchérir ^
était autrefois rendu par encherier (BL. inca-
riaré) ; c'est à cette dernière forme que res-
sortit le subst. enchère, offre d'un prix plus
élevé. — D. enchère, enchérissement, -isseiir;
cps. renchérir, surenchérir.
ENCHEVÊTRER, voy. cliecétre.
ENCHIPRENER, causer un embarras dans
le nez; étymologie douteuse. Ménage, pour
sortir d'embarras, forge un mot barbare inca-
mifrœnare, en se fondant sur Psaume 32, 9 :
« in camo et frœno maxillas eorum con-
stringe »» . Littré appuie cette explication en
disant : " De en et chanfrein, par l'intermé-
diaire de chinfreneau, coup à la tête ; le sens,
qui était général (on trouve d'amors enchi-
frenés dans le Roman de la Rose) s'étant par-
ticularisé au rhume assimilé à un chanfrein »,
Pour notre part, nous citerons le bas-breton
si fer n, rhume, mais il se peut qu'il soit d'ori-
gine française.
ENCHYMOSE, gr. iyxû.uwïi;, effusion d'hu-
meurs (xWMCf;).
ENCLAVER, du BL. inclavare, enclore (de
clams, clef). — D. enclave.
ENCLIN, L. inclinis, penché.
ENCLORE, prov. enclaure, L. inclaudere,
forme barbare pour iticludere; de ce dernier
les savants ont fait inclure. Le part, enclos
(L. inclausus) a donné le subst. enclos, d'où
les chîisseurs ont forgé le verbe enclotir,
ENCLOS, voy. enclore.
ENCLOTIR, voy. enclore.
BNCLOUER, voy. clou.
ENCLUME, it. incude, incudine, ancude,
ancudine, esp. ayunque, yunque, prov. en-
clutge, encluget; toutes ces formes viennent
du L. incus, incudis. Une déclinaison bar-
bare incudo, incudinis, a donné les formes
italiennes. L'espagnol s'explique par la syn-
cope du d, d'où incu*e, d'où, par la transpo-
sition de u : iunce, yunque. Le provençal ac-
cuse un type incudium, avec l intercalaire.
Quant au mot français, il vient de Tacc. incu-
di7iem avec l intercalaire ; pour la terminai-
son, cp. L. amaritudinem, fr. amertume, —
D'après Cornu (Rom., VII, 594), enclume se
serait produit par la série de formes suivantes :
tncudinem; "encumne, 'encnume, enclume.
ENCOCHER. voy. coche 3.
ENC06NER, voy. coin. — Cps. rencogncr.
ENCOLURE, voy. col.
ENCOMBRE, subst. verbal de encombrer.
ENCOMBRER, prov. encombrar, it. ing^Mn-
brare, obstruer, embarrasser, du BL. com-
brus, abattis; voy. sous comble. — D. encom-
bre, pr. obstruction, obstacle.
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ENC
— 180
END
ENCONTRE, ancienne préposition, compo-
sée de corttrey *=-> BL. in-coyitra p. contra, cp.
L. insuper p. super. — D. encontrer à qqn.,
verbe tombé en désuétude == le rencontrer,
l'attaquer, lui venir à rencontre; de là le
subst. encontre (it. incontro^ esp. encuentro),
événement imprévu, embarrassant. Ce subst.
nous est resté dans la locution à Venconlre et
dans le composé malencontre p. mal encontre
(encontre était masculin). Encontrer et encon-
tre ont fait place aux composés rencontrer et
rencontre. Ces termes sont analogues à Tall.
begegnen^ begegniss^ de gegen, contre.
ENCOR, ENCORE, it. ancoray prov. encara,
enquera ; du L. hanc oram, = jusqu'à cette
heure-ci ou cette heure-là. Comparez L. ad-
hue, m. s., litt. jusqu'ici. De même que ce
dernier, d'abord adverbe de temps, a pris le
sens ad-hoc et marque addition, gradation,
avec la valeur de quoque, etiam, il en est
arrivé de même à son équivalent néo-latin
encore. Sénôque : unam rem adhuc a(\jiciam,
j'ajouterai encore une chose ; Quintilien : Cal-
licles adhuc concitatior, encore plus animé.
— L'étymologie hatxc horam échappait encore
à Sylvius et Nicot, qui faisaient forcément
venir encore du L. incoram, en présence de. —
Havet (Rom., VIII, 93) cherche à démontrer
pour cet adverbe fr. (it. ancora) l'étym. atque
ad horam, atque étant devenu acque, puis par
nasalisation anche, et are [o ouvert) issu de
aora. Cette explication nouvelle est théori-
quement coiTecte et sourit beaucoup, mais
elle se heurte contre un fait, relevé par Su-
chier: c'est que la formule prov. anc no, pic.
aine ne, = jamais (relativement au passé)
appuie trop solidement pour anche l'origine
adhuc ou adhunc.
ENCORBELLEMENT, voy. corbeau,
ENCORNER, voy. corne.
ENCOURAGER (au xvi« siècle, on disait aussi
acourager), voy. courage.
ENCOURIR = courir dans, s'exposer à; cp.
en latin le même emploi figuré de incurrere
dans incurrere odia hominum, encourir la
haine des hommes, incurrei-e in crimen, en-
courir l'accusation. — Dans le réfléchi, s*en-
courir, le préfixe e7i est = i7ide.
ENCRASSER, voy. crasse. En vfr., encras-
sier avait la valeur de engraisser; il en est de
même du wall. écrauchi, rouchi encrachier.
ENCRE, voy. encaustique. — D. encrier.
ENCROUË (arbre) ne vient pas de croix,
comme prétend Beschorcllc, mais par le BL.
i7icrccare (Loi salique), cncrocher, de la racine
croc.
ENCYCLIQUE, gr. iyxux>ixo,-, de xûx>o;. cy-
cle, cercle; cp. L. circularis [àe circuîus), d'où
le subst. fr. circulaire, ail. rundschreibeyi.
ENCYCLOGRAPHIE, mot nouveau formé
d'après encyclopédie, recueil de traités sur
les diverses branches d'une science ou de la
science en général.
ENCYCLOPÉDIE, du gr. iytwlonoultU , qui
est une faiis.so leçon pour r/xûx)i9ç r.adtiy, lo-
cution fréquemment employée depuis Aristote
pour désigner le cercle (/ûxio,) de connais-
sances, de sciences ou arts, que tout jeune
Grec de condition libérale devait parcourir
avant de s'engager dans l'étude des matières
nécessaires à une profession spéciale; les
branches dont se composait cette éducation
(itKiQii'x) s'appelaient r/xOxica ttxSvj/iarat. La va-
leur du mot a été élargie par les modernes.
ENDÉMIE, -IQUB, du gr. £vo>j/x9,-, particu-
lier à un peuple.
ENDÊVER, enrager ou faii e enrager ; com-
posé du vfr. desver, dei^'er, m. s., d'où vfr.
desvé, dervé, diervé, furieux, forcené. Ce
verbe a fort torturé les linguistes. Ducango
proposait L. deviare. sortir dû droit chemin;
M. de Reifienberg, le flam. dief, voleur;
d'autres, un BL. de-ex-viare, puis l'esp. (?er-
ribar, abattre, démonter. Toutes ces tenta-
tives sont malheureuses. Diez, s'appuyant sur
l'expression : «« tôt a le sanc desvé », avait été
porté à rattacher desver au L. dissipare,
gâter (it. scipare); il allégeait dans ce sens le
vers de Dante : « La memoria il sangue ancor
mi scipa »»; mais il est revenu sur cette coiyec-
ture, arrêté par le scrupule qu'il est impro-
bable que âissipare fasse disipar en prov., et
desver en français. D'autres raisons l'ont em-
pêché de poser les étymologies : diruere
(transformé en diruare, d'où dervare, der-
ver), et derogare (cp. fr. enterver =» interro-
qare, fr. corvée = cori'ogata). II s'en tient
donc à la conjecture (consignée dès la 2* édit.
de son livre) : on s'est servi d'abord de la
3® pers. sing. desve, qui répond correcte-
ment à L. desipit{ï\ est fou); puis de la forme
du présent desve on a dégagé un infinitif deS'
ver et un participe desvé. — Chevallet, au mé-
pris de toutes les règles de dérivation, met en
avant l'ail, taub, insensé, fou, verbe toben,
être enragé ; il aurait mieux fait de citer les
mots angl. deaf{=a\ï. taub), verbe bas-saxon
daven, = ail. toben, qui se rapprocheraient
davantage du mot français. — Cachet, par-
tant du fait que la derverie semble avoir
emporté une idée de possession diabolique,
incline vers ceux qui, avant lui déjà, ont
pensé à une origine de diable, par la forme
angl. devil ou aU. teufeL Endévé serait ainsi
= endiablé. En rouchi, on dit, pour « il est
diablement beau » : il est biau endévé. Pour
faire aceorder aussi bien la lettre que le sens
avec cette étymologie, Cachet rapproche le
port, endiabrar et prov. endiablar, qui selon
lui peuvent s'être altérés en endiavrar, en-
diai'var , d'où enfin enderver, endesver. Il
pense aussi (à tort, sans aucun doute) que
î'angl. endeavour, s'efibrcer, s'acharner à
faire qqch., est le même mot. — De mon
côté, j'ai proposé quelque part l'explication
de dervé (d'où desvé) par le BL. debriatus (p.
de-ebriatus), enivré, fou. En sonmie, la con-
jecture de Diez est celle qui satisfait le plus
aux conditions d'une saine étymologie. Littré
s'abstient de se prononcer, et laisse la discus-
sion ouverte. Et voici ce que j'ai enregistré
de nouveau sur ce terrain. L'explication de
l'ancien desver par dis-vadere i^oviiv du sens;,
tentée par Ulrich (Rom., VIII, 264), est par
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ÉNE
181 —
ENF
trop ingénieuse. Voici son procédé : DtSDodere
— disvarre — disvare, fr. desver, comme
calefacere a fait caîfarre, calfare, d'où fr.
cTtauffer. Une autre conjecture du même
auteur (Rom., IX, 579) porte sur de-ex-
ripare. Pour le sens, cp. lat. delirarCy «sortir
du sillon**. La conjugaison aurait été d abord
desriff desrives ^ desrite ^ desvôns, desvéz,
desrivent, puis le thème des formes syncopées
et accentuées sur la finale, comme dans beau-
coup d'autres verbes, aurait pris le dessus.
On objecte, d'une part, que Ve du thème desv
est ouvert et postule un e bref d'origine (G.
Paris), d'autre part, que les composés par de
+ ex sont imaginaires (Grôber).
ENDIVIi, it , esp., port., prov. endivia, du
L. vxtybus (cvruSoy), chicorée, ou plutôt de la
forme adjectivale intybca,
BNDOiiORIR, litt. affecter ou être affecté
d'une douleur.
ENDORMIR, factitif do dormir. Le latin
classique indormire dit autre chose, c.-à-d.
dormir ou s'endormir sur qqch., et fig. la
traiter avec négligence. Végèce cependant
l'emploie dans le sens de s'engourdir en par-
lant des membres.
ENDOS, subst. verbal de endosser.
ENDOSSER, mettre sur le dos, de là endos-
ser un habit; puis mettre sa signature au tlos
d'un papier, d'où endosser une lettre de
change; en reliure, mettre le dos à un vo-
lume. — D. endos; fém. endosse «« poids
dont on est chargé (terme familier).
ENDROIT, anciennement préposition, =
dans la direction de, vers, à l'égard de, quant
à, p. ex. endroit le vespre, vers le soir; aussi
adverbe, avec le sens de vis-à-vis, en face, di-
rectement, (ïu côté qui se présente tout d'abord
à nos regards. Cet adverbe ou préposition re-
présente littéralement le L. in-directum, di-
rigé vers (voy. droit), La combinaison avec in
est analogue à celle de encontre, envers, etc.
Quant au sens, endroit rend à peu près la
même idée et do la même manière que envers,
qui représente le L. in-versus, tourné vers.
D'adverbe, le mot s'est fait substantif, et en-
droit a pris les significations : 1. place, lieu,
propr. ce qui est devant nous, cp. contrée de
contre (l'ancien sens adverbial perce encore
dans la locution à VendroU d^ = en ce qui
concerne); 2. côté droit, beau côté (d'une
étoffe), opp. au subst. envers, côté retourné.
ENDUIRE, du L. inducere, litt. appliquer
sur, puis = enduire, p. ex. dans colorem in-
ducere picturœ (Pline). Dans le sens de mener
vers, le L. inducere est devenu le fr. induire.
— D. eyiduit, subst. participial, = L. induc-
tum.
ENDURCIR; le préfixe ajoute à la valeur
factitive du verbe simple.
ENDURER, L. indurare, pris dans le sens
de durare, obdurare, résister, persister, sup-
porter (" perfer et obdura »).
ÉNERGIE, gr. Ivépyna, activité, puissance
{ipyov, travail). — D. énergique,
ÉNERGUMÂNE, gr. htp-zoùfxtvo;, travaillé,
possédé, s.-e. parle démon.
ÉNERVER, L. enervare (nei'vus).
ENPAGOTBR, voy. fagot.
ENFANT, du L. infantem (le nomin. infans,
avec l'accent sur i, a donné nai.ssance au \fv.
enfe ou enfes, forme réservée au cas du sujet
masculin). — D. enfance, L. infantia; en fan-
çon; enfantin, L. infantinus* p. infantilis;
enfantillage; enfanter (v. c. m.).
ENFANTER, donner le jour à un enfant,
it. infantare, prov. enfantar, efantar, du L.
infantare ; toutefois, ce verbe latin ne se
trouve que dans Tertullien, au sons do nour-
rir. — D. enfantement.
ENFAMNER, 1. poudrer de farine; 2. fig.
endoctriner. Cett« dernière acception se rat-
tache peut-être au sens métaphorique qu'a le
L. farina, dans ejusdem farinœ esse, être de
la même pâte, de la même trempe.
ENFER, prov. enfern, it. infenio, du L.
infernum (Tacite : inferna, -orum, = les en-
fers), d'où infernalis. fr. infernal.
ENFERMER, mettre dans un lieu fermé,
composé de fermer, comme includere de clau-
dere. — Cps. renfermer,
ENFERRER, enfoncer un fer. percer d'un
fer, de fei^um, glaive. — Autrefois = mettre
aux fers.
ENFILER, passer un fil à travers le trou
d'une aiguille, réfi., sens fig., s'introduire,
s'engager dans. — Enfiler des phrases, etc.,
est une métaphore tirée de « enfiler les
grains d'un chapelet •». — D. enfilade, suite
de choses disposées sur une môme ligne, pro-
pres à être enfilées ou traversées sans obstacle
(« enfilade de chambres »).
ENFIN, p. en /în, ■=« pour finir, pour ré-
sumer.
ENFLAMMER, L. inflammare.
ENFLER, L. in-flare, litt. souffler dans,
cp. gonfler de con-flare, — D. cnflement, -ure;
cps. renfler. Notons encore Tanj. adjectit
enfle = enflé, encore en usage dans quelques
dialectes.
ENFONCER, pousser vers le fond (v.c.m.),
puis faire pi^nétrcr dans le fond, enfin défon-
cer et en général briser, rompre ^« enfoncer
une porte »»). Nous ne citons pas les emplois
figurés do ce verbe. — D. enfoncement, 1. ac-
tion d'enfoncer; 2. vide, croux, profondeur;
enfonçure, cliose enfoncée. L'ancienne langue
disait aussi cnfondrer, pour enfoncer (cp.
effondrer). Voy. aussi foncer.
ENFORCIR, rendre ou devenir plus fort,
cp. endurcir = durcir. L'ancienne forme
enforcier nous est restée dans le composé re}i'
forcer,
ENFOUIR, L. in-fodere, mettre dans la
terre.
ENFOURCHER, prendre en fourche, aussi
percer avec la fou relie, ou disposer en forme
de fourche.
ENFOURNER, de four (anc. forn).
ENFREINDRE, non pas du L. in-fre idere,
comme prétendait Caseneuve, mais do in-frin-
gere, briser, d'où le subst. infractio, fr. in-
fraction.
ENFUIR = fuir loin ; en =. L. inde.
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ENG
— 182
ENG
ENFUMER, emplir de fumée, prov. enfu-
mar, du vfr. fum\ fumée.
ENGAGER (ital. ingaggiare^ prov. engat-
jar), 1. mettre eii gage(y. c. m.), à la merci
d'autrui, aliéner; opposé : dégager; 2. pren-
dre gage de qqn. qui s'oblige à vous servir,
le prendre à son service, renrôl(?r, le déter-
miner à un service, à une prestation, lier,
obliger; 3. exhorter, persuader à prendre
part dans une affaire ou à faire qqcli. ; de là
4. faire entrer, entraîner dans, mêler à ;
5. dans les locutions « engager le combat, la
conversation »», le verbe équivaut à s'engager
dans, et devient synonyme de commencer. —
D. engageant (se rattache à l'acception 3);
engageraient (se rattache à toutes les accep-
tions du verbe) ; engagistc.
EN6AÎNER, mettre en gaine (v. c. m.). —
Cps. rengainer,
ENGAYER, « le pigeon engave ses petits n,
c.-à-d. il dégorge la nourriture dans le bec;
dans le nord de la France = engraisser de la
volaille, empâter; du même radical que le
picard gaviot, gosier, ou gavion (le peuple
dit : en avoir jusqu'au gavion = jusqu'à la
gorge, se rincer le gavion = boire. Le pri-
mitif est gave, terme populaire pour le jabot
des oiseaux ; cp. wallon gaf, champ, gueffe.
Diez rapporte ces mots au L. cavus ou caoea.
— Voy. aussi engouer,
ENGEANCE, pr. action de multiplier par
engendrcment, puis terme collectif pour des
êtres d'une même espèce, race ; dér. de eng*T
=a croître (v. c. m.). — Engeance signifie
aussi populairement embarras, de là le verbe
engeanccr qqn. d'une chose, l'en embarrasser,
la lui mettre à charge. Dans le deuxième
sens, c'est un dérivé de enger = embarrasser.
ENGEIGNER (vieux). = tromper (Lafon-
taine), aussi cngignier, prov. e^iginhar, en-
geingnar, cat. engcgnar, voy. engin. Les
formes vfr. enganer, esp. oiganar, it. ingan-
nare, qui signifient la même chose, sont d'une
source différente.
ENGELER, se congeler ; de geler, avec le
préfixe en marquant passage d'un état à un
autre. — D. engelure.
ENGENDRER, L. ingenerare.
ENGEOLER, voy. enjôler.
ENGER, embarrasser qqn. de qqch., « qui
m*a engé de cet animal? », « Nicot a engé la
France de l'herbe nicotiane «. Selon Diez du
L. e-necare (contracté encaré), qui avait
également l'acception torturer, fatiguer, im-
portuner ; pour la forme, cp. myidicare, contr.
mncare, fr. vetiger. Le port, engar, solliciter
vivement, doit être le même mot. — Un ho-
monyme enger signifiait autrefois croître, se
multiplier, en parlant surtout de choses nui-
sibles, vermine, etc., «« cette dartre enge
grandement, la peste enge fort n (il avait
aussi le sens actif peupler, propager). Mé-
nage fait venir ce second verbe enger du
L. ingignere; cette dérivation ne peut être
admise, et l'origine du mot reste encore un
problème. En dialecte limousin, on trouve
s'endzà, s'engendrer (en parlant de la ver*
mine), et le sarde présente angiai, faire des
petits. — D. engeance {v. c. m.); vfr. enge,
race, engeance. — 11 y a lieu de noter ici
encore le composé vfr. a-cngier, sign. à l'ac-
tif : faire croître, augmenter; au neutre r
grandir, s'accroître (« Partout voi le mal
a-engier y^ Baud. de Condé).
ENGIN, vfr. engieng, engien, it. ingegno,
prov. engeinht engin, d'abord esprit, surtout
esprit inventif, puis ruse, finesse, instrument
de guerre ou de chasse ; du L. ingenium. De
l'anc. forme enginh', engeinh* vient le vieux
verbe engcigner (v. c. m.), machiner, imagi^
ner, tromper, BL. ingeniari, » ingenium
exercere (la langue moderne en a tiré s'ingé-
nier = se creuser l'esprit) ; puis le subst.^
engigncor, faiseur de machines, mot que les
savants ont plus tard réhabillé en ingénieur
[ingénieur se rapporte logiquement à ingc
nium, comme mécanicien à fxtixyvYi, L. ma-
china) ; enfin, l'adj . oigignos*, abandonné pour
la forme plus latine ingénieux, et répondant
à L. ingeniosus.
ENGLOBER, joindre à un ensemble, de
globus, au sens de masse, amas. .
ENGLOUTIR, it. inghiottire, du L. i7iglu'
tire.
ENGONCER, rendre la taille lourde, con-
trainte, gênée, en parlant d'un vêtement qui
produit cet effet. « Comme tu es engoncée
dans ton corset «^ dit Picard. Roquefort se
fourvoie en donnant à ce verbe pour premier
sens M rentrer la tête dans les épaules » et
l'identifiant avec le vfr. esccniser, se cacher.
Corblet dit de même : • engoncé, perdu dans
ses vêtements, gêné dans un habit qui monte
lusqii'aux oreilles ; du roman esconcé, caché » .
Je crois aussi que ce mot se rattache au
L. condere, mais non par le composé abscon-
dere (dont le partie, barbare absconsus a
donné esconser), mais par le participe barbare
inconsus, p. inconditus, qui signifiait désor-
donné. Pline a dit « inconditus ordo ramo-
rum », Suétone, «« turba incondita ». On pour-
rait du reste aussi donner au primitif incon-
sus le sens de condUus» « caché, enfoncé »•
(cp. •♦ engoncé dans son chapeau »), en pre-
nant in pour le préfixe marquant mouvement
du dehors au dedans. Remarquons, en outre,
que l'anc. langue employait en effet s'e^conser
au sens de « se cacher » . — Ménage expliquait
le mot par ingonnicatus. mot qu'il a forgé à
plaisir de gonne*, robe. Littré le dérive de
gond (it. gonzo), engoncer étant comparé à
l'état d'une porte mise en ses gonds.
ENGORGER, anciennement «=» gorger, met-
tre dans la gorge, avaler ou faire avaler, cp.
ingurgiter; de là, le mot gorge étant pris
dans le sens de tuyau, canal, se dégage l'ac-
ception obstruer. Le composé se rengorger,
cependant, se rattache à gorge ^ poitrine;
c'est se donner de la gorge. — D. engorge-
ment, obstruction.
ENGOUER (d'où engouement) est une forme
accessoire de engaver, mentionnée plus haut.
Elle s'y rapporte comme clouer à clatus. Le
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ENL
— 483 —
ENQ
mot signifie d'abord bourrer le gosier; s'en*
goucTf c'est pr. se gorger, s'en donner jusqu'à
la gorge; le sens figuré : se passionner,
s'exalter, s'explique aussi facilement que celui
donné parfois à se repaître. Ce dont on raf-
fole est représenté comme quelque chose qui
vous remplit.
ENGOULER, faire entrer dans la gueule,
avaler, aussi saisir de la gueule, mordre ; de
goule, variété de gueule (d'où goulot), L.
gula. Le participe engoulé est particulière-
ment un terme d'héraldique. — Cps. engoule-
vent, nom d'un oiseau, appelé ainsi à cause
do la grande ouverture de son bec.
ENGOURDIR, opp. de dégourdir, voy. ce
mot.
ENGRAISSER, it. ingrassare, vfr. encras-
sier, dér. dégraisse, — D. engrais.
ENGRAVER, s'engager dans le sable, voj.
grèoe. — D. cngravée, terme d'art vétérinaire,
maladie du pied des bœufs, résultant des ter-
rains garnis de cailloux sur lesquels ils mar-
chent.
ENGRELÉ (t. de blason), muni de petites
dents arrondies, de grêle. — D. engrélure.
1 . ENGRENER, mettre le grain dans la tré-
mie du moulin (appliqué aussi à d'autres opé-
rations analogues) ; empâter avec du grain.
De grain.
2. ENGRENER, terme de mécanique, faire
entrer les dents d'une roue dans les rainures
d'un cylindre. De L. crena, entaille, cran (pour
g = c, cp. gonfler, grotte, vfr. englume p.
enclume). — D. engrenage, -ure. — Cette
étymologie n'est peut-être pas la vraie ; l'ac-
ception mécanique pourrait bien découler
d'une acception plus générale que donnaient à
engrener les meuniers, comme celle de « met-
tre en mouvement », de sorte que notre second
engrener ne serait pas un homonyme distinct
du premier.
ENGUEULER, c'est gueuler dans le sens
actif, l'action étant portée surqqn.
ÉNIGME, gr. «rviy/jia, -aroç (de ulvhtty^ai,
parler en paraboles) ; énigmattque, xhi/fi7vix6i.
ENJAMBER, litt. prendre entre ses jambes
(fig. franchir un espace), puis, écarter ses
jambes, marcher à grands pas ; dépasser, em-
piéter. — D. enjambée, -ement.
ENJEU, ce qui est mis enjeu (au jeu).
ENJOINDRE, L. injungere, m. s., d'où le
subst injunctio, fr. injonction,
ENJOLER, aussi engeôler, pr. attirer dans
\b, geôle (v. c. m ).
ENJOLIVER, VOJ. joli, &nc.jolif.
ENJOUER, égayer; du L.jocari, plaisan-
ter, badiner ; c'est un factitif rendant l'idée :
mettre en bonne humeur; de là le participe
passif enjoué, gai, plaisant. — D. enjoue-
ment.
ENLACER, 1. enfermer dans des lacs, fig.
serrer, étreindre; 2. passer l'un dans l'autre
des lacets, rubans, etc., syn. de entrelacer.
ENLEVER «= en (L. inde) + leoer, porter
loin.
ENLISER (S'), s'enfoncer dans les sables ;
selon Nodier, de la famille du bourguignon
lizeu, glissoire; ce serait donc pr. glisser
dans. Quant à lizeu, il se rattache èi glisser,
dont l'initiale a été retranchée, cp. en norm.
lider = ags. glidân, angl. glide. Littré dé-
rive notre verbe de li3:e, lise, nom donné, dans
la baie du mont Saint-Michel, à la boue des
chemins et, plus spécialement, aux sables
mouvants ; il croit que lise pourrait être =-»
gliise, nom de la glaise en normand.
ENLUMINER, forme vulgaire de illuminer,
L. illumiimre, illustrer, rehausser de cou-
leurs.
ENNEMI, du L. inimicus ou plutôt du lat.
populaire mamtciti (cp. prov. enamic)\ du
subst. inimicitas, p. inimicilia, fr. inimitié
(vfr. enemistié).
ENNUI, vfr. anoi, anui, chagrin, peine. Les
étymologies diverses tentées à l'égard de ce
mot [noxa, noxia, nausea, gr. Ivvyix et àn<ii)
sont toutes contraires aux règles phonolo-
giques ou au sens. La seule qui puisse soute-
nir la critique est celle de L. odium,dé']k pro-
posée, mais imparfaitement, par Cabrera. Le
mot se rattache à la phrase « est mihi in
odio ♦• . Les deux mots in-odio, ayant subi une
sorte de concrétion, ont donné esp. enofo (anc.
enoyo), port, nojo, prov. e)ioi, enuei, ît. nqja,
anc. aussi nojo, p. inojo, et enfin fr. a/iot, etc.;
dans l'anc. dialecte vénitien, on trouve encore
la formule intacte inodio. Pour justifier le
rapport littéral entre ces formes et le primitif
in-odio, cp. L. badius, devenu it. bqjo, esp.
bayo, prov. bai; et pour la transformation
française, il sufiit de rappeler hoi' hui de
hodie. Au lieu de « l'amors m'es en oi »» (ob-
serve Diez, auteur de notre étymologie), =
amor mihi est in odio,. le provençal a fini par
substantiver la formule et par dire : araors
m'es enois n . Cette opinion se confirme encore
par l'ancienne construction du verbe ennuyer
avec le datif. Diez cite à cet égard le passage
suivant du Livre des Rois : « icest afairo al
rei enuiad ». — Les mots it. nabisso, nin-
ferno, ingordo, fr. enjeu, avenir, fournissent
d'autres exemples de la réunion de la prépo-
sition avec le substantif. Il n'est pas sans inté-
rêt de mentionner ici l'expression champenoise
oder p. fatiguer, ennuyer, odable p. en-
nuyeux. — D. ennuyer, -eux.
ÉNONCER, L. e-nuntiare, d'où énonciation,
-atif, L. enuntiatio, -ativus,
ÉNORME, L. enormis (e norma) « qui sort de
la règle ». — D. énormité, L. enormitas.
ÉNOUER, ôter les nœuds, type lat e-yiodare
(nodus).
ENQUÉRIR, anc. enquerre, comp. de qué-
rir (ou querre) avec en, cp. L. inquirere. La
tournure s'oxquérir est illogique; elle s'est
produite peut-être par imitation de s'informer,
— D'un part, latin fém. inquisîta vient le subst.
enqueste, étiquete, d'où s'enquêter. Le mot
enquête fait double emploi avec le terme
savant inquisition; le subst. enquêteur se tii*o
régulièrement de inquisttor et forme double
emploi avec inquisiteur. Les paiticipes enquis,
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ENT
— 184 —
ENT
conquis f etc., de inquis*tus, ont perdu leurf
primitif, comme dispos p. dispost.
ENQUINAUDER, litt. rendre quinaud (v.
c. m.), pr. rendre confus, gagner en sa faveur.
L'auteur QuinauU n'a rien à voir dans ce mot
créé par Lafontaine.
1 . BNRATER, retenir les roues en barrant
les rais (v. c. m.); cps. dcs-enrayer.
2. ENRATER, patois enroyer, tracer le
premier sillon dans un champ qu'on veut
labourer, de voie raie (v. c. m.).
ENROLER, pr. inscrire survie r6le. L'esp.
dit de même aïistare, Tangl. axlist, de lista,
liste.
ENROUER, it. arrocare, rendre rauque, dôr.
du L. raucits rocus" (cp. louer de locare).
ENS', prov. inSf ins, inU, du L. intus; ce
vieux mot nous est resté dans les compositions
dans (v. c. m.), céans (v. c. m.) et léans.
ENSABLER, 1 . mettre sur le sable, cp. en-
graver; 2. couvrir de sable.
ENSACHER, rouclii ensaquer, mettre en
sac,
ENSEIGNE, it. insegna, anc. esp. enseha,
du L. insignia^ plur. de insigne, qui est le
primitif également du mot moderne insigne,
— Enseigne signifie en premier lieu signe,
marque distinctive, puis indice d'identité,
d'authenticité, de vérité ; de là les locutions
à bonnes enseignes = à bon titre, avec sûreté;
à telles enseignes, avec telle garantie. Enfin,
le mot s'emploie pour drapeau (au masculin
= porte-drapeau ^ La valeur d'indice, marque
de reconnaissance (« donner enseignes » =
indicia dare (« montrer par enseignes » =■
argumentis monstrare) a donné naissance au
verbe enseigner, indiquer, instniire, informer,
it. insegnare, esp. enschar, port, insinar.
D'autres ont préféré rapporter enseigner di-
rectement au L. insignare, qui se présente, en
eflet, très naturellement ; Diez est aussi de cet
avis en prêtant à ce verbe le sens primitif
« graver dans », d'où découlerait le sens fig.
tt mettre dans l'esprit »».
ENSEIGNER, voy. enseigne. D. enseigne-
ment ; cps renseigner,
ENSEMBLE, it. insembre, iyisembra, anc.
esp cnscmhra; du L. in-simul, p simiil. Cp.
le verbe sonbler de simulare.
ENSEVELIR, vfr. scvelir, du L. sepelire.
ENSIMER, enduire de saindoux, vfr. ensey-
mer, cnsainer, du L. sagimen p. sagina; voy.
saindoux. Le contraire dV;7^zm^' est essimer,
dégraisser, faire maigrir.
ENSORCELER, voy. sorcier,
ENSOUPLE, aussi ensublc, ensupJe, du L.
insubulum (Isidore), m. s.
ENSUITE, de m suite, cp. ail. in der folge.
ENSUIVRE (S')= ^n (L. inde) + suivre.--
Le verbe actif vfr. ensuivre est ==» L. insequi.
ENTABLER, assembler des planches ou
planchettes (L, tabula); le dérivé entablement
répond à peu près pour le sens au L. tdbula-
tum, litt. couche, as.sise.
ENTAILLER, tailler dans. — D. entaille.
ENTAMER, prov. entamenar, du L. in-ta-
minare, au sens de at-taminare, mettre la
main, toucher à; radical tamen p. tagmen
(racine iag* tang, toucher). Chevallet invoque
inutilement des racines celtiques signifiant
couper; l'étymologie Ivré/aviiv (avancée par
Nicot, Etienne, etc.) est encore moins digne
d'attention. — D. entame, entamure.
ENTASSER, mettre en tas (v. c. m.).
ENTE, voy. enter,
ENTENDRE, L. intendere s. e. ahimum ;
donc proprement tendre l'esprit vers, faire
attention, s'appliquer à, écouter. Ce sens an-
cien s'est afiaibli et entendre n'exprime plus,
au propre, que l'activité, même passive, du
sens de l'ouïe (comme tel, le verbe a fini par
supplanter le verbe ouïr =« L. audire) et, au
figuré, comprendre, saisir ^doù le part, en-
tendu, à sens actif, = qui s'entend à). — D.
entendeur, -ement; mcUeniendu. Du part. L.
intentus procède le subst. fém. entente (cp.
attente, vente, descente).
ENTENTE, voy. entente,
ENTER» d'où subst. ente. Ce mot se rattache
au gr. ifi^xjTov, implanté (verbe I/a^utiuuv =
enter) par l'intermédiaire de la forme BL.
impotus, greffe, que l'on rencontre dans la Loi
salique (pour ph devenu p, cp. gr. xrfiapo;,
BL. colapus). Le même primitif grec a donné
le vha. impiton, mha. impfeten, nha. impfen,
enter, inoculer. Cette étymologie. due à Diez,
ne laisse rien à désirer ; elle l'emporte sur
toutes les autres, savoir : \, In -\- flamand
poot =* pied et greffe, bouture, marcotte. C'est
de cette combinaison que Diefenbach fait déri-
ver le BL. impotus, greffe, primitif direct de
empter, enter ; mais cette étymologie est diffi-
cile à admettre, car, dit Diez. elle entraîne-
rait le recul de l'accent sur le préfixe, puisque
dans lliypothèse de Diefenbach, le BL. tmpo-
tus aurait l'accent sur l'o, tandis que pour
Diez, cet accent, conformément au grec
f.apurov, repose naturellement sur le préfixe.
2. Im-putare, couper dedans; Diez trouve ce
primitif parfaitement acceptable au point de
vue des principes phonétiques; mais il a des
doutes quant à la signification que lui prête
Pott, auteur de cette étymologie. 3. Insitus,
ins'ius, participe de inserere; mais comment
veut-on y rapporter la forme intermédiaire
empter f — D. ente, greffe; en vfr. branche,
arbre, plante.
ENTÉRINER, anc. accomplir, parfaire, auj.
ratifier, dol'anc. adj. entei'in, entier, parfait,
ju.ste, qui représente un type integrinus, dér.
do integer, fr. eyrtier.
ENTÉRITE, dér. du grec évrîpov, intestin.
ENTÊTE = ce qui s'écrit en télé.
ENTÊTER, porter à la tête, étourdir, fig.
= préoccuper, prévenir en faveur de qqn. ou
qqch.; de là entête = trop prévenu, qui ne
revient pas facilement sur une opinion ou sur
une résolution, opiniâtre. — D. entêtement,
ENTHOUSIASME, gr. h^ovur^fiéi (de c%d<ru«
p. Iv^so;, litt. plein de Dieu). — D. enthou-
siasmer. — Enthousiaste, gr. h^ovyixvr^i in-
spiré, fanatique.
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ENT
— 185 —
ENT
SNTIOHSR, vfr. entechier, propr. infecter
d'une contagion ; selon Diez, de l'ail, anstec-
ken, m. s. On trouve, en effet, dans le vocabu-
laire d'Evreux entichemerU = contagium;
cependant, cette ôtymologie soulève quelques
doutes, d'abord à cause de l'absence de 1'^ ra-
dical dans les anciens textes, puis à cause du
caractère rjlativement moderne du sens infec-
ter inhérent au mot allemand. Il me semble
plus rationnel de ne voir dans enticher qu'une
variété du vfr. erUechery entacher, vicier, de
teche, tache. Le passage de e en t, en syllabe
atone, rentre dans les faits habituels de la
langue (cp. /ton, ciboule, pion, etc.). Littré se
prononce également pour entecher. — Dans
son emploi réfléchi, enticher est peut-être un
homonyme, savoir : le vfr. enticiei\ aussi
entechier (angl. entice), inciter, instiguer,
propr. attiser.
ENTIER, it. intero, esp. entero^ port, in-
teiro, prov. e^iteir, du L. integer, gén. integri,
pr. intact. — D. Pour donner à entiei' un sub-
stantif, on recule aujourd'hui devant la forme
naturelle et ancienne entier été et on a préféré
repêcher la forme latine et faire intégrité.
C'est ainsi que, par des scrupules dont on ne
se rend pas compte, cour^ complet et beau-
coup d'autres adjectifs sont restés privés d'un
subst. abstrait correspondant.
ENTIERCER, BL. intertiare, mettre en
m2L\ïi tierce, séquestrer.
ENTITÉ, terme philosophique, formé de
ens, entis, participe présent du verbe esse,
signifiant chose, être (Quint., 8, 3, 33; plur.
entia, 2, 14, 2).
ENTOMOLOGIE, science des insocta«?; du
grec cvTOttov, insecte. Ce mot grec, comme
le mot latin insectum (in-secare), qui n'en est
que la traduction, signifie littéralement « en-
taillé «.
1. ENTONNER, mettre en tonne. — D. en-
tonnoir.
2. ENTONNER, mettre un air sur le ton,
BL. into)7are, in tonum ponere, cantum impo-
nere, d'où intonation. La double n, dans ce
verbe, comme dans détonner, est vicieuse,
mais autorisée.
ENTORSE, du L. intorsus (p. intortus), par-
ticipe de iiitorquere, -= tordu en dedans.
ENTOUR, formé de en + tour, était d'abord
adverbe et préposition, synonyme de autour,
comme l'est encore le correspondant it. tn-
tomo; puis on en a fait un subst. signifiant
lieu environnant ; de là les entours et la locu-
tion adverbiale à Ve>%tour. De cette dernière
on a fait sans nécessité un nouveau subst., les
alentours. — D. entourer, mettre ou être
entour (cp. e^tvironner de etiviron). Le carac-
tère récent de cette dérivation se trahit par
le fait qu'on n'y a plus respecté l'n final du
radical turn, devenu tour. Au xvi* siècle et
dans quelques dialectes, on trouve encore,
cependant, la forme ancienne et normale
entouT^er.
ENTOURER, voy. entour. — D. entourage.
ENTRAILLES, prov. intralias. C'est le plur.
L. interanea (Loi salique, intrania), intestins
(d'où it. entragno, esp. entranas), dans lequel
on a substitué au suffixe aneus la terminaison
de collectivité aille (cp. tripaille). La termi-
naison latine était encore observée dans le vfr.
entraigne, gloses de Cassel entrange (cp. estra-
g ne" étrange, de extraneus).
ENTRAINER =- en (L. inde) -(- trainer, donc
pr. traîner loin, syn. de emmener, enlever. —
D. entrain.
ENTRAVE, subst. verbal de entraver.
ENTRAVER, du L. trabes, poutre, bâton;
donc litt. mettre une poutre dans le chemin,
d'où embarrasser, gêner la marche, puis gêner
en général; opp. vfr. destraver, débarrasser.
Le mot embarrer, d'où embarras, s'est formé
de la même façon. — D. etUrave.
ENTRE, L. irUer, intra. Comme préfixe
roman, le mot exprime mutualité, réciprocité
(s*entr*aider, s'entre-choquer); il s'y attache
parfois aussi l'idée d'un ou de plusieurs inter-
valles (entre-larder, entre-couper, entre-méler,
entr*out^rir)\ le préfixe revêt alors souvent le
sens de •« par-ci par-là ♦• ou de « à moitié ». —
Le préfixe latin iTiter, marquant insertion,
interposition, conserve sa forme latine dans
les mots à physionymie savante, comme inter-
caler, interrompre, intervalle. Les anciens
disaient régulièrement en/re-rompre, entrecai.
ENTRECHAT, mot tiré de l'it. capriola in-
trecciaia, litt. cabriole entrelacée.
ENTREFAITES (sur ces) équivaut à : ces
choses étant faites (accomplies) dans l'inter-
valle.
ENTREGENT, usage du monde, adresse à
se conduire eyxtregent, c.-à-d. en société.
ENTRELACER, enlacer une chose dans uue
autre, entortiller. — D. subst. verbal entrelacs
(où \s final n'a pas plus de raison d'être que
dans le simple lacs).
ENTREMETS, vfr. entremés, it. tramesso,
mets servi entre deux principaux services ; de
entre -\- mets (v. c. m.).
ENTREPOSER, déposer provisoirement.
ENTREPOT, L. interpositum" (in ter ponere);
cp. dépôt, impôt.
ENTREPRENDRE, prendre entre ses mains,
se charger de, aussi s'attaquer à, d'où l'accep-
tion gêner, embarrasser ; anssi ~ empiéter. —
D. entreprenant, -preneur, -prise.
ENTRER, L. i7Hrare.-^D. entrée; rentrer.
ENTRE-SOL. litt. entre le sol et l'étage.
ENTRE-TEMPS, intervalle de temps; aussi
employé comme adverbe = dans l'intervalle.
ENTRETENIR, pr tenir entre ses mains,
d'où tenir en état, rendre durable, faire sub-
sister, poun'oir aux dépenses de subsistance;
ûfç. retenir par la conversation, amuser, d'où
s'entreteiîir = converser. Toutes ces accep-
tions sont également propres au terme ana-
logue ail. unterhaUen. — D. entretien; entre-
tènement.
ENTRETIEN, v. l'art, préc.; cp. maintien,
soutien.
ENTREVOIR. 1 . voir imparfaitement ou ra-
pidement, ne voir qu'à demi (cp. entr*ouîr};
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ENV
— 186
ÉPA
2. s'entrevoir, so voir, se visiter mutuelle-
ment, d'où le subst. participial entrevue,
BNTREVOUS, t. d'architecture, subst. ver-
bal de entrevoiisser (voy. voûter).
ÉNUMÉRER, L. enumerare,
BNYAHIR, vfr. envaïr, prov. entaiir, du
L. invadere (op. traïr trahir , de tradere).
BNVBLOPPBE, vfr. envoleper,voj. dévelop-
per. — D. enveloppe.
BNVENIMSR, voy. vetiin.
BNVBRGBR, garnir de petites verçes ou de
baguettes. — D. envergeure.
BNVBRGUBR. attacher (les voiles) aux ver-
gues (v. c. m.). — D. envergure, développe-
ment d'une voile dans la partie qui touche à
la vergue; en hist. nat., étendue des ailes
déployées dun oiseau.
1 . ENVBRS, pt^position, composition de en
et de vers (v. c. m.), cp. encontre, vfr. enprès.
2. ENVERS, subst., du L. inversus, re-
tourné, dont les savants ont directement tiré
ra<y. inverse et le subst. V inverse.
ENVI, prov. envit, anc. subst. signifiant ap-
pel, provocation, défi; il nous est resté comme
terme de jeu et dans la locution à Venvi =• en
se défiant mutuellement. Ce mot n'est pas
connexe avec envie, encore moins avec l'an-
cien adverbe envis, involontairement (= lat.
invitus), comme a cru Génin ; c'est le subst.
verbal de l'ancien verbe envier, prov. envidar,
enviar, inviter, provoquer, défier (cp. Jean
de Condé, II, 108 : Car lor nature i envie eus,
car leur nature les y pousse). Ce verbe, qui
est la bonne forme française du mot savant
inviter, a laissé le composé renvier, d'où renvi
Raynouard n'avait pas entrevu de rapport en-
tre envidar, inviter, et envidar, renvier, car il
les a placés, le premier sous la rubrique con-
vit (t. II), le dernier à part (t. III). Et cepen-
dant il cite un vers de Merlin Coccaïe qui
aurait bien pu le mettre sur la trace :
Quum facio invitum, focias quoque, Balde. revitum.
En effet, et par là nous résumons cet article,
envier, c'est faire une invite, renvier, c'est y
répondre, y faire face. Mon explication du
mot envi, que j'avais émise pour la première
fois, à propos du dérivé enviai, dans mes notes
sur Baudouin de Condé (1866). p. 426, a,
depuis, été sanctionnée par Ad. Tobler (Mit-
theilungen aus altfranz. Handschriften (1870),
p. 262) et G. Paris (Mémoires de la Société de
linguistique, 1870, I, p. 289).
ENVIE, it. invidia (Dante inveggia), prov.
enveia, esp. envidia, cat. env^a, 1 déplaisir
qu'on ressent du bien d'autrui, jalousie;
2. désir, volonté. Du L. invidia. L'acception
désir se déduit naturellement du premier sens;
on dit de même être jaloux de faire qqch.
Pour les acceptions pathologiques données au
mot envie, 1. marque sur la peau que l'on ap-
porte en naissant, 2. petits filets douloureux
qui s'enlèvent de la peau autour des ongles
(les Allemands disent de même neid-nagerj,
nous ne savons comment en expliquer Ton-
gine. — D. envier (pour la forme =■ BL. tni?i-
diare, pour le sens »=» L. invidere); envieux,
L. invidiosus.
ENVIER, verbe, voy. eyivie. — D. enviable,
ENVIRON, de la formule en viron (voy.
virer), comme entour de en tour; à la fois pré-
position et adverbe. On en a fait aussi un
subst. plur. : les environs (cp. les entours). —
D. verbe e>xvironner.
'ENVIS ou à envis, -■ contre son gré, à
regret. Cette expression, perdue aujourd'hui
et qu'il est intéressant de rappeler, est le L.
invitus. Monstrelet : - laquelle chose luy fut
octroyée assez envis ». Ce mot figure encore
dans le dictionnaire de Nicot en 1573.
ENVISAGER, pr. regarder au visage, face à
face; fig. regarder ou considérer une chose
de telle ou telle face.
ENVOI, voy. envoyer.
ENVOLER (S') = en (L. inde) + voler.
ENVOÛTER (le circonflexe est fautif), dé-
chirer, piquer, brûler une figure de cire avec
certaines paroles cabalistiques, en vue de
maléfice ou de faire souffrir celui qu'elle re-
présente; répond exactement au BL. tnt?u/*
tare, vultum effingere. Diez est d'avis que
envoûter n'a été mis en rapport avec vultus
que par méprise, qu'en réalité il faut y voir le
type in-votare = devotare (employé par
Apulée avec le sens de devovere). Il cite à
l'appui de son opinion ce distique d'Ovide :
Devov^t absentes simulacraque cerea flngit.
Et miserum tenues in jecur urget acus.
Cette explication est forcée et ne satisfait
pas à la lettre, car L. devotare n'a pu donner
au français que la forme dévouer. D'ailleurs
on trouve le primitif vout avec le sens do
figure de cire servant aux sortilèges.
ENVOYER, it. inviare, esp., prov. enviar,
mettre en chemin, en voie (L. in viam). Le
mot latin inviare se trouve employé par Solin,
mais avec le sens de marcher sur, parcourir.
Cp. vfr. avoyer, mettre en route. — D. envoi;
renvoyer.
ÉPACTE, du gr. iirxxTo; (iîràyw). intercalé.
ÉPAGNEUL, variété de l'adj. espagnol;
celte espèce de chiens est originaire d'Espa-
gne ; angl. spaniel.
ÉPAIS, anc. espais, espois, prov. espes^ it.
spesso, esp. espeso, du L. spissus, dense,
épais. — D. épaisseur, épaissir.
ÉPANCHER représente un type latin expan-
dicare, dérivé de ex-pandere, fr. espandre'
épandre (cp. pencher, formé de la même
manière de pendicare). — D. épanchement.
ÉPANDRE, espajuire', du L. expandere,
étendre, déployer, d'où expansio, fr. expan^
sion, et l'ad^j. e^pansif. — D. répandre.
ÉPANOUIE, déployer, extension du vfr. es-
panir, p. espandir, forme accessoire de espan-
dre (cp. évanouir, p. esvanir). Pour la chute
du d, cp. prenons p. prendons. — D. épa*
noHisseme)U .
ÉPARGNER, espargner*, it. sparagnare,
dér. du vha. sparen, m. s. Pour la terminai-
son on peut rapprocher le verbe lorgner de
Tall. luren; mais elle n'en reste pas moins
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ÉPA
— 187
ÉPI
difficile à expliquer. Peut-être faut-il voir
dans épargner une contraction de esparigi%er,
formé d'un primitif esparer à la façon de
égrcUigner, trépigner. Lorgner de même serait
pour lorigner. Tous ces mots procéderaient
d'un primitif adjectival en in : sparin, lorin,
trepin^ gratin (cp. cliner, cligner). De esparin
viendrait d'abord espariner, puis esparinier,
esparigner, espargner, épargner. Il n'y a pas
de doute que le L. parcere ne soit au fond
connexe avec le fr. épargner, mais ce dernier
n'en dérive pas immédiatement ; l'ail, sparen,
ags. sparian, est bien plus voisin de la forme
italienne et française que le mot latin. Ce
dernier, comme le mot ail., remonte au sans-
crit sparç, presser, serrer. — L'opinion la
plus acceptable paraît être celle de Ulrich
(Ztschr., III, 266), qui revendique pour spa-
ragnare et épargner un type vha. 'sparanjan;
de même pour lorgner : luranjan (cp. gagner
de rjoeidanjanS. — D. épargne.
ÉPARPILLER, vfr. esparpeiller, v. angl.
desparple, prov. esparpalhar, it. sparpa-
gliare; du même radical que le subst. it. par-
paglione^ prov. parpalhô, formes altérées du
L. papilio, fr. papillon. Le prov. actuel dit
de même esfarfalhA =« éparpiller, de far f alla ,
papillon. L'idée primordiale serait donc battre
des ailes, voltiger, voleter çà et là à la ma-
nière des papillons; cp. l'expression papil-
lonner. Le verbe, neutre en principe, a dans la
suite pris une acception active = disperser, et
s'est appliqué surtout à des objets qui volent
facilement dans l'air, comme de la paille, du
foin, de la braise, etc.
1 . ÉPARS, L. sparsust partie, de spargere,
verbe latin que l'anc. langue possédait sous
la forme espardre (cp. sourdre de surgere).
2. ÉPARS, éclair (mot autrefois très ré-
pandu et usuel encore comme terme de mer),
en réalité espart; subst. verbal de l'ancien
verbe espardre = spargere (voy. l'art, préc),
dans son acception faire des éclairs, pr. ré-
pandre de la lumière. Espart, à son tour, a
produit l'ancien verbe espartir, faire des
éclairs. — Notre étymologie laisse subsister
quelques doutes ; il est difficile de l'accorder
avec le verbe ancien s* esparer, s'éclaircir.
ÉPARVIN ou épervin, anc. esparvain, ma-
ladie du cheval, it. spavenio, spavento, esp.
esparavan, angl. spavin, cat. esparverenc;
Machautala forme espavain. D'après Ménage,
approuvé par Diez et Littré, d'épervier, parce
que les chevaux ayant ce mal lèvent le pied
à la façon des éperviers. Les formes it. et
angl. suggèrent quelques doutes.
ÉPATER. 1. casser le pied, tronquer, de
patte; 2. aplatir, écraser ù nez épaté w). Ce
dernier sens peut, au besoin, également être
rapporté à patte; mais il nous semble dériver
plus naturellement de la racine pat, expri-
mant un coup plat, racine largement répandue
dans les langues de l'Europe. Nous la trou-
vons surtout dans le L. patina, plat, dans
l'ail, patsch, etc. Épater correspond au wal-
lon spater, écraser; cp. en esp. espadar,
broyer le chanvre. Dans les usines de fer on
appelle espatard l'enclume et le marteau d'un
gros martinet. Le vfr. espautrer, écraser Ten-
core usuel en Picardie) est de la même famille.
ÉPAULE, espaule*, vfr. espàlde, espalle,
prov. espatla, esp. espalda, it. spalla, du L.
spathula, diminutif de spatha, gr. iitk^ïi,
omoplate. — D. épauler, 1. rompre l'épaule;
2. prêter l'épaule à qqn., fîg. = assister;
épaulette, -ière.
ÉPAVE, espave*, propr. égaré, errant ^en
parlant do bêtes), puis, en général, chose
dont on ne connaît pas le propriétaire. Du L.
expax>idus, effrayé, qui s'enfuit de frayeur.
ÉPEAUTRE (l'r est parasite), prov. espeuta,
esp. espelta, it. spelta, BL. spelta (iv* siècle);
du vha. spelta, speUa, ail. mod. spelz, m. s.
ÉPÉE, espée', esp., port., prov. espada, it.
spada, du L. spatha (iTrâ^^j), dont le sens géné-
rique est « chose plate »» (voy. épaule, du dim.
spathula), et qui dans Tacite déjà se rencontre
avec le seas d'épée large à deux tranchants.
De la forme esp. espada vient le dérivé espa-
don. A la même racine appartiennent les mots
germaniques ags. spadu, angl. spade, néerl.
spade, ail. spaten, signifiant bêche.
ÉPEICHE, vfr. espeche, pic. épèque, du vha.
speh, ail. mod. specht, m. s.
ÉPELER, vfr. espelir, anc. =» énoncer, dire,
expliquer, prov. espelar, expliquer, angl.
spell, épeler ; du vha. spellôn, goth. spillôn,
raconter. L'étymologie appellare est tout à
fait inadmissible, bien que l'anc. langue, par
conversion de préfixe, ait es-peler p. ap^ler.
— D. épellation.
ÉPERDU, prov. esperdiU, it. sperduto, par-
tic, du vfr. esperdre, égarer, étonner, trou-
bler.
ÉPERLAN, esperlanc*, « angl. sparling,
ail. spiei'ling, néerl. spiering, esp. espe-
rinque.
ÉPERON, anc. esporon, esperon, prov. es-
péra, esp. espolon, port, esporâo, it. sperone^
sprone ; formes simples (sans suffixe) : esp.
espuela, espuera, port, espora. Du vha. sporo
(accus. sporo7i), aW.moà.sporen, spor7t,a,ng\.
spur, holl. spoor. — D. verbe éperonner.
ÉPERVUiR, espenoier, prov. espai'vier,
anc. esp. esparval, it. sparamere, sparmere,
du vha. sparawari, ail. mod. sperber (la ra-
cine spar se retrouve aussi dans le goth.
spar\:)a, ail. mod. sperling, angl. sparrow,
moineau). — D. épercière, plante.
ÉPERVIN, voy. éparcin.
ÉPHÉMÈRE, gr. Mfiipo;, ne durant qu'un
jour, passager; épliémérides, gr. Ifrjfitplç,
-f^9,-, journal ; cp. L. acta diurna.
ÉPI, espV, L. spicus p. spica (cp. ami de
amicus); it. spiga, esp. espiga. — D. épier,
monter en épi ; dimin. épille* = L. spicula,
d'où épillet,
ÉPIOB, vfr. espèce et esptce (angl. spice), esp.
especia, it. spezie; du L. species, employé
déjà avec le sens d'épice dans Macrobius, Pal-
ladius et autres. Pour le rapport logique entre
species (espèces) et épices, on peut rapprocher
Tall. materialien ^ drogues, de materies,
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ÉPI
188 —
ÉPI
matière. — D. épicier fcp. it. spejiiale, dro-
guiste, pharmacien); épicerie, ail. spezerei;
verbe épicer. — Èpice n'est qa'une forme con-
currente et variée de espèce (cp. empire du L.
imperium),
ÉPIDÉMIE, du gr. Iml^ixix (M, sur, et
HfMi* peuple), maladie répandue par tout le
peuple.
EPIDBRMB, gr. imUpfiii {ItcI/suv, et Sipfix,
peau).
ÉPIE', espie\ espion, angl. spy, it. spia,
esp., prov. espia; du vha. speha. — D.
espion, it. spione, ail. spion; v.erbe épier, it.
spiare, esp., prov. espiar (cp. vha. spehen,
SMi.spàhen, m. s).
1. ÉPIER, Yoy. épi.
2. ÉPIER, voy. épie.
ÉPIEU, vfr. espieil, champ, espiel, du L.
spiculum, pointe, trait, dard (cp. essieu de
cuciculus). — On rattache à tort ^eu à l'it.
spiedo, épieu, broche ; ce dernier est iden-
tique avec Tesp. espeto, broche (d'où espeton,
rapière, grosse épingle, etc.), vfr. espiet,
espiez, espois, BL. spietum, spitum. Ces vo-
cables se rapportent aux mots germaniques
vha. spiz, pointe, lance, all.mod. spiess,hol\.
speet, angl. spit, suéd. 6/nVt, signifiant pique,
broche, épieu . — L'étymon spiculum [i long)
est contesté par Suchier (Ztschr. 1, 429) ; pour
lui, la plus anc. forme du mot a été prov.
espeiit (= bourg, ou franque spcut «= ail.
mod. spiess). A espeut aurait succédé espient,
dont le nom. espieus a fait supposer et provo-
qué un thème espiel, espieu. Quant à vfr. es-
pieil, il se rapporterait à espieus, comme vieil
à viens (vieux).
ÉPIGRAMME, gr. iTtiyprfifix, litt. «• inscrip-
tion, puis légende poétique écrite au-dessous
d'une œuvre d'art, enfin, petite poésie sur un
sujet quelconque, faisant ressortir une pensée
délicate et intéressante. A cette dernière ac-
ception du grec ressortit le sens moderne du
mot. — D. épifframmatique,gi\ 5TTi//5auazTixo,'.
ÉPIGRAPHE, gr. im/px^ïi, inscription.
ÉPILEPSIE, gr. âTtl>j|(x, m. s.; do iniUnrôi
(adj. verbal de imXxjuSàvîiv), afiecté, saisi, vient
ijriiïjTrnxo?, fr. épileptique.
ÉPILER, L. e-pilare Tpilus), ôter les poils.
ÉPILLET. voy. épi.
ÉPILOGUE, gr. l-xllofoi, péroraison, opp.
de TTpôU'/oi, prologue. — D. épiîoguer, faire
des observations critiques à ce que l'on dit,
trouver à redire (se rattache au sens littéral
de iTtiXoyo;, discours ajouté).
ÉPINARD (le d est ^outé), vfr. et prov. es-
pinar, dérivé de espine", épine, à cause des
pointes épineuses du calice fructifère. L'it.
spinace, esp. espinaca, vfr. espinoche, angl.
spinage, sont tirés d'une forme latine adjec-
tivale spinaceus ou spincuticus. L'ail, spinat
accuse un primitif latin spinatus. Sans doute,
tous les mots romans cités ci-dessus, auxquels
j'ajouterai le port, spinafre (=lat. spinifer),
sont inconsciemment formés sous l'influence
de lat. spina, mais Devic démontre qu'ils sont
en réalité tirés de l'arabo-persan équivalent
isfinàdj , isfdnddj, àspanahh (moy. grec
vTtxvàxioif)-
ÉPINE, espine*, L. spina; aXba 5/nna -a fr.
aubépine. — D. épinaie, L. spinetum; épi-
neux, L. spinosus; épinette (v. c. m.); épi-
nier, Hère (adj.); épinard (v. c. m.); épinoche,
poisson (cp. anglais stickle-back, ail. stick-
ling).
EPINETTE, it. spinetta, esp. espineta, ail.
spinett, instrument de musique à clavier et à
cordes; du L. spina, épine. Cette dénomina-
tion est fondée sur ce que l'instrument en
question était touché avec des tubes de plume
pointus. — Épinette, cage à volaille, tire son
nom des épines dont ces cages étalent primi-
tivement faites.
ÉPINS-VINETTE, arbuste ainsi nommé,
d'après Legoarant, parce qu'on fait avec ses
baies une sorte de vin ; Littré pense que le
mot pourrait venir de ce que les fruits en
grappes de l'épine-vinette lui donnent l'aspect
d'une petite vigne.
ÉPINGLE, espingU*, du L. spinula, dim. de
spina. Épingle est dit, selon Diez, p. épinle,
et le g est intercalaire ; le patois champenois,
par transposition de la liquide /, dit éplin-
gue. [Le picard épieule, épiule et vfr. espilU
accusent une origine du L. spiculum (voy.
épieu).] Ducange, v^ spinula, cite le passage
suivant de Tacite, Germ., c. 17, favorable à
l'étymologie rapportée : tegmen omnibus
sagum fibula, aut si desit, spina consertum.
L'it. spillo vient également de spinula (cp.
it. ella de enola, luîla de lunula, L. ullu^ p.
unidus, et pour le changement du genre, cp.
orlo de orula). Le flam. dit spelleetspelde. —
L'étym. spinula pour fr. épingle, malgré l'au-
torité de Diez, ne nous paraît pas à l'abri de
toute objection. Cette insertion de g entre
n-l est trop insolite (on trouve plutôt ten-
dance à supprimer la gutturale dans la com-
binaison ngl; à preuve le vfr. estranler p.
étrangler) pour ne pas nous décider à don-
ner la préférence à une étymologie germa-
nique. L'ail, spange, agrafe, a produit dans
les dialectes des diminutifs spangel, spengel
et spingel, qui nous paraissent expliquer plus
naturellement la forme française épingle. —
L'ét. spinula, avec insertion de n, me paraît
peu probable, malgré l'autorité d'Arcoli.
G. Paris admet identité de épingle avec sphin-
gula, dim. du BL. sphinx, agrafe {Rom . , IX,
623). — D. épingkr, -ier, -ette.
ÉPINOGHE, poisson, aussi dit écharde ou
épinard, voy. épine.
EPIPHANIE, fête de la manifestation de
Jésus, du gr. iTriyscvtcx, apparition.
ÉPIQUE, gr. InK^éi (de Ittoç, pi. i-rtn, épopée).
ÉPISCOPAL, -AT, L. episcopalis, -atus (de
episcopus, gr. ini9%onoi, fr. évéque).
ÉPISODE, gr. iTtiiidSiov, action intercalaire,
incident (composé de ini, adv. marquant
ajoute, insertion, et de tUoSoç, pr. entrée),
puis marche du chœur au théâtre. — D. épi-
sodique.
ÉPISSER, terme de marine, séparer les
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ÉPO
— 189 —
ÉQU
torons de deux bouts de corde et les entrelacer
de manière à réunir les deux cordes; du
néerl. splitsen, fendre, diviser, angl. split,
splice, par la syncope de ?.
ÉPISTOLAIRB, L. epistolaris (de epistola).
ÉPITAPHE, gr. iniràviot (adj.), tumulaire.
ÉPITHALÂME, gr. î?rtda)Àytftov s. e. ixïUu
litt. chant exécuté devant la chambre (»àÀa/io$)
de la mariée.
ÉPITHÊTE, gr. l-ni'^gxoi, ajouté, expression
traduite exactement par le L. adjectivus, ad-
jectif.
EPITOME, gr. Imrofiri, litt. retranchement,
uis abrégé, résumé.
ÉPITRE, êpistre\ du L,epistola (gr. litivroH,
de InitxriXUiVy envoyer, mander, faire savoir);
cp. apôtre de apostolus, chapitre de cajntu-
îum. — La langue moderne a de même créé le
subst. missive du L. ri^ittere, envoyer.
ÉPIZOOTIE, maladie qui se jette sur les ani-
maux {inl iStx). C'est un mot de forge moderne
et peu correcte.
ÉPLORÉ, du L.plorare, pleurer; le préfixe
rappelle celui de éperdu (v. c, m.).
IPLOTER, esplcyer*, L. explicare. Le mot
fr. n'est plus d'usage qu'au participe passé, et
comme terme de blason.
ÉPLUCHER, esplucher*, composé de e» »•
ex + pluchcTy picard pluquer, champ, plu-
chotter; dans Walter de Biblesworth et dans
le Reclus, je trouve espeluker; l'it. a pUuC"
care, égrapper des raisins. Ces verbes sont
dérivés, par le sufSxe uCy du L. pilare, arra-
cher des poils. Il ne faut pas songer, observe
Diez, à l'ail, pfliicken, cueillir (ni. ^/wcAen,
ags. pluccian, angl. pluch), qui parait plutôt
de provenance romane; notons toutefois que
l'on peut, à tout aussi bon titre, soutenir l'ori-
gine germanique de /w/wccartf*, fr. es-plucher.
ÉPOINTER signifie, suivant la dififérente
valeur du préfixe é, tantôt casser la pointe,
émousser, tantôt rendre pointu.
ÉPOIS, espois\ cors qui sont au sommet de
la tête du cerf; du vha. spis, pointe, lance,
néerl. spit, broche. C'est le même mot que vfr.
espiet mentionné sous épieu,
ÉPONGE, esponffe\ L. spongia (ffTroyyiA),
d'où l'adj. spongiosus, fr. spongieuàs, — D.
éponger^ L. spongiare,
ÉPOPÉE, gr. Inoitottr, composition épique
(Itto;, ttoisIv).
ÉPOQUE, gr. iTzo'jch (de In-ï^uv, retenir, ar-
rêter), arrêt, point fixe dans lliistoire.
ÉPOUILLER, voy. pou.
ÉPOULIN, aussi espolin, espoulin, épolet,
dér. de espoîe, espoule, vfr . espeul, qui vient du
vha. spuolOy ail. mod. spule, fuseau, bobine.
ÉPOUSER, voy. époux. — D. épousailles.
ÉPOUSSETER, voy. poussière. — D. épous-
sette.
ÉPOUVANTER, vfr. espaventer, espaenter,
espoenter, espoventer, it. spaventare, spantare,
csp. espantar, prov. espœoentar; patois fr. du
nord : épanter. Du L. expaventem, participe
présent de expavere, s'eflrayer. Pour le chan-
gement de a en o ou ou en syllabe atone, cp.
noël de naialis, dommage dedamnum. — D.
épouvante, épouvantait.
ÉPOUX, espous'f fém. épouse, it. sposo, esp.
esposo, prov. espos, du L. sponsus (part, de
spondere, fiancer;. — D. épouser, prendre
comme époux ou épouse, prov. esposar, it.
sposare (L. sponsare ■= promettre çn mariage).
Anciennement, épouser se disait aussi p. ma-
rier, en parlant du prêtre qui donne la béné-
diction nuptiale.
ÉPREINDRE, espreindre*, du L. exprimera
(cp. empreindre). — D. épreinte.
ÉPRENDRE, esprendre\ saisir, forme ren-
forcée du simple prendre, anc. = enflammer,
au propre et au figuré; de là le part, épris.
ÉPREUVE, subst. du verbe éprouver. Le
changement de voyelle repose sur la circon-
stance que dans le subst. l'accent porte sur le
radical.
ÉPROUVER, esprover, L. ex-probare*, in-
tensitif de probare. — D. épreuve, éprou'
vette.
ÉPUGHS, pelle pour enlever la tourbe,
subst. du V. verbe épucher; celui-ci, variété
picarde de épuiser, se rattache au vfr. pue,
puch =r L. puteus, puits.
ÉPUISER, espuiser, puiser jusqu'au bout,
tarir, mettre à sec, consumer, afl*aiblir, etc.
Voy. aussi épuche.
ÉPURE, voy. le mot suivant.
ÉPURER, L. ex-purare* (purus). — D. épu-
ration, -ojtif; subst. verbal épure, dessin tracé
au net, plan définitif.
ÉPURGE, espurge, plante purgative, l'eu-
phorbe ; subst. verbal de espurgier , L. expur-
gare.
ÉQUARRIR, tailler à Vcquerre (v. c. m.). —
Le verbe équarrir, dépecer une bête morte,
doit être le même mot ; il signifie pr. couper
en quartiers.
EQUATEUR, L. œquator, qui partage en
deux parties égales. — D. équatortal,
ÉQUATION, L. œquatio, égalité.
ÉQUERRE, esquerre\ esquarre', angl.
sqitare, esp. esquadra, it. squadra, subst.
d'un verbe L. ex-quadrare, fr. équarrer, tail-
ler en carré ou à angles droits. — Les mots
it. et esp. signifient aussi un carré d'hommes
de guerre, troupe, détachement. De là fr. es-
cadre; puis, d'après l'augmentatif it. squa-
drone, esp. esquadron, le fr. escadron et l'ail.
schwadron. — Vient à son tour de esquarre',
anc. forme pour équerre, le verbe actuel
équarrir (v. c. m.).
ÉQUESTRE, L. equestris (equus).
ÉQUI-, premier terme de composés scienti-
fiques, marquant égalité de la chose désignée
par le second terme, ex. : équiangle, équiaxe,
équicrural, équilatère ou -latéral (L. aequila-
terus). C'est le latin œquus, égal, en composi-
tion œqui.
ÉQUILIBRE, L. œquilibrium, de ladj.
œquilibrts (aequus, libra), de poids égal. —
D. équilibrer; équilibriste.
ÉQUINOXE, L. œquinoctium, égalité des
jours et des nuits. — D. équinoxial.
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ERG
190 —
ERR
ÉQUIPER, esqutper*, esp. esquifar, esqui-
par, pr. pourvoir uû navire du nécessaire,
puis en général fournir le nécessaire à qqn.
Ce verbe, qui en premier lieu signifiait
quitter lo rivage, prendre la mer, vient
du subst. esquift vfr. eschif, eship, it. schifo,
esp. esqidfti. Quant à ce primitif, c'est le
vha. skif, goth., ags., nord, skip, scip, ail.
mod. schiff, navire. — D. équipe, subst ver-
bal, pr. attirail de choses nécessaires, puis
détachement d'ouvriers ; — équipement, 1 . ac-
tion d'équiper; 2. les choses qu'il faut à cet
effet. — Équipage, 1 . ensemble de ce qu'il
faut pour commencer, continuer et mener à
bonne fin certaines opérations ; en ce sens, le
mot est synonyme d'attirail; de là : train de
chevaux, de carrosses, de valets, puis l'ensem-
ble du personnel d'un navire ; 2. voiture et
tout ce qui s'y rattache; 3. accoutrement,
manière dont une personne est vêtue. — Équi-
pée, entreprise (particulièrement entreprise
téméraire et manquée), pour laquelle on
s'était équipé. — L'iiistorique des applica-
tions du vorbe esquiper mériterait une étude
particulière.
ÉQUIPOLLSNT, L. œquipollens.
ÉQUITATION, L. equitatio (equitare, de
cquus).
ÉQUITÉ, L. œquitas (lequus), m. s. — D.
équitable; cp. charitable de charité,
ÉQUIVALOIR, L. œquimlere; de là^gutoa-
lent, -aice.
ÉQUIVOQUE, L. œquivocus, à double sens.
— D. équivoquer.
ÉRABLE,, esrable", esrabi*e*, concrétion des
mots latins acer arbor, ou acer albula (?).
ÉRAFLER. voy. rafle, — D. éraflure.
ÉRAILLER, esrailler, d'un type latin ex-
ràllare, tiré de l'adj. rallus, transparent en
parlant d'une étoffe, ou du subst. rallum,
racloir. Un type e-ràdulare, de raduîa, ra-
cloir, est également admissible. D'autres ont
proposé le type escradicuîare.
ÈRE, du L. œra -* nombre, chiffre (Luci-
lius), ■«■ époque, ère (Isidore). L'origine du
mot latin n'est pas encore fixée; peut^tre
est-ce le pluriel cera, de œs, pièces de cuivre,
jetons de compte.
ÉRECTION, L. erectio (de erigere, dresser).
— D. l'a^j. néo-latin erectilis, fr. érectih.
ÉREINTER, vfr. esrener, rompre les reins
(v. c. m.).
ÉRÉSIPÉLE, orthographe et prononciation
vicieuses p. érysipèle, du gr. iùMtl'nilai (de
Ipxiboôi, rouge, et itïUu peau >-> L. pellis).
ÉRÉTHISlfS, gr. l/9<»(9/A«;', irritation.
ER60, mot latin ■= donc, introduisant la
conclusion dans le syllogisme; de là ergoter
(v. c. m.), faire des syllogismes, fig. pointiUer,
disputer, chicaner. La formule familière ergo
glu constitue les premiers mots de la conclu-
sion : ergo glu capiuntur aves, donc les oi-
seaux sont pris par la glu.
ERGOT, aussi argot, ongle pointu à la par-
tie postérieure de quelques animaux; aussi
l'extrémité d'une branche morte; production
végétale en forme d'éperon ou de corne qui
vient sur les épis de quelques graminées.
L'origine de ce mot reste encore à établir.
Ménage invente pour la trouver la filière sui-
vante : articus (primitif de articulus selon
Ménage), articottus, arcoitus, argottus, argot.
Nicot renvoie d'ergot aux synonymes hérigote
et argot; d'autres proposent soit L. erigere,
soit gr. €tp,tiv, défendre, repousser; enfin,
Frisch invoque Tall. harhen, râteau. Diez
s'abstient et ne fait que rappeler la forme
champ, artot. Une fois que nous sommes
dans le domaine des coi\jectures, nous en
hasarderons une à notre tour. Ergot serait
une contraction de érigot, et signifierait quel-
que chose de pointu, de saillant comme un
éperon; cet érigot viendrait du même radical
eric qui a donné L. ericius (d'où fr. ?iériS''
son), ainsi que le gr. IptUii, L. erica, bruyère.
L'existence d'une forme érigot se révèle par
celle du dérivé erigoté (orthographié plus tard
vicieusement hérigote) «= muni d'un piquant
ou d'un éperon. Ce mot est, dit-on, un terme
de vénerie désignant les chiens qui ont une
marque aux jambes de derrière, mais on ne
dit pas en quoi cette marque consiste. Je
pense que mon étymologie de ergot ne sera
pas qualifiée de trop aventureuse. Mais s'ap-
pliquera-t-clle aussi à ergot, nom de la mala-
die qui attaque le seigle? Je suis disposé à le
croire, puisque cette maladie consiste dans
des excroissances en forme de corne ou d'épe-
ron qui se produisent sur les épis. Quant à la
forme argot, elle me paraît postérieure à
ergot; cp. fr. inarle, p. merle, margotte*,
marcotte, de mergus, — D. ergoté, -isme.
ERGOTER, voy. ergo, L'étymologie L. ar-
gutari (bavarder, discouiir), proposée par
Ducange, est contraire aux règles. Littré cite
les verbes vfr. hargoter, provoquer, quereller
(bourguignon erigotay, provoquer, erigo, chi-
cane), qui paraissent, dit-il, devoir être rap-
portés à ergot, éperon. — D. ergoteur, -erie,
'isme (Marot : ergotis, chicane théologique).
ÉRIGER, L. e-rigere, élever, dresser.
ÉRIGNE, ÉRINE, instrument de chirurgie
(pince armée de crochets), altération du vu*.
araigne, iraigne, araignée.
ERMINETTE, aussi hermineUe, espèce de
hache à tranchant lunaire convexe ; « de her-
mine parce qu'on a comparé la partie recour-
bée de l'erminette au museau de V hermine »
(Littré).
ERMITE ou hermite, du L. eremita, g^.
iptifilrru (Iptifloi, désert). — D. ermitage ou
?iermitage.
ÉRODER, L. erodere, d'où erosio, fr. éro-
sion,
EROTIQUE, gr. l;>wrtxo«, a<]y . detpoti, amour.
ERRATA, mot latin, plur. de erratum, er-
reur, faute.
ERRATIQUE, L. erraticus (errare).
ERRE, voy. errer 2.
1 . ERRER, aller çà et là, s'égarer, être dans
l'erreur, du L. errare,
2. 'ERRER(chant de St.-Léger ecfrar), voya«
ger, faire du chemiji, procéder, agir, se con-
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ESC
duire; composé mes-e^^rer' c= mal agir. Le
primitif est le verbe J^. itei'are, cheminer
(Venant. Fortun.), tiré do n>r. chemin. De
là : chevalier errant, juif errant ; de là encore
les subst. erre, allure, trace, vestige, et erre-
ments marche d'un procès, procédure, manière
d'agir. Notez encore l'adv. vfr. errant, et
erramment = tout de suite, litt. couramment.
ERREUR, L error,
ERRONÉ, L. erroneus, errant, vagabond,
dér. de erro, -onis, vagabond.
BRS (1'^ est la finale de l'ancien nominatif,
cp. lacs, rets), it. ervo, esp. t/ervo; catal. er,
prov. erSf du L. ervwn, m. s. Les mots ail.
erbets, erbis, erbse, ags. earfe, nôerl. erwet,
enot, ert, signifiant pois, sont de la même
famille.
ERUBESGENT, L. e7'ubescens(ruber, rouge).
— D. érubescence.
ÉRUCTER, L. e-ructari; voy, aussi roter.
ÉRUDIT, L. eruditus, part, deerudire, in-
struire, litt. dégrossir; érudition ^ L. eruditio.
ÉRU6INEUX, L. œruginosus (de œrugo,
"inis, rouille de cuivre, vert-de-gris).
ÉRUPTION, L. eruptio{àe e-rumpere),
ÉRYSIPÈLE, voy. érésipèle.
ES, contraction de en les (cp. des p. de les,
vfr. ques, nés p. que les, ne les). N'est plus
guère en usage que dans • maître es arts,
docteur ôs lettres » .
ESCABEAU, ESCA6ELLE, en terme d'archi-
tecture escabelon ou escablon => piédestal, du
L. scabellum, m. s. De la forme latine sca-
mellum, dimin. de scamnum (pic. escaine)
vient vfr. eschamel,à)\. schâmél, escabeau.
ESCACHE, t. d'équitation, mors ovale.
Probablement du verbe escacher, écacher,
aplatir.
ESCADRE, ail. ffe-schioadèr, voy. équerre.
— D. escadrille. — Voy. aussi escouade,
ESCADRON, angl. squadron, ail. sehtoa-
dron, voy. équerre. — D. escadronner.
BSCAFIQNON, espèce de chaussure (de là
sentir Vescafignon, sentir mauvais des pieds),
anc. esca filon (Eust. Dechamps) ; de la même
famille que escafotte, écale de noix ou de
moule (Froîssart; dans Watriquet de Couvin,
escafilon, escafelote, m. s.), en rouchi écaflion,
brou de noix, éca fixer, écailler des noix,
écafote, écaille. Ces mots dérivent, soit du L.
scaplia, gr. w&itoç, auge, bateau, ou de vha.
scaf, aig . schaff, cuve, boisseau, ou enfin de
l'ail, schelfe jvhdL. sceliwa), écaille, écosse.
ESCALADE, it. scalata, voy. échelle, — D.
escalader.
ESCALE, voy. éc7%élle. — Xi.escdler,
ESCALIER, BL. scalarium, voy. échéUe,
ESCALIN, it. scellino, esp., prov. escalin,
BL. schelingius =s vha. ihilling, ail. mod.
schilling, flam. schelling, angl. shilling,
Kiliaen rapporte schelling à schelle, sonnette
(vfr. esquille), comme signifiant une pièce de
monnaie « sonnante •.
1. ESCALOPE*, coquille, angl. escalop,
scallop; de la famille germanique scala, ail.
mod. schale, écaille ; néerl. schelp, ail. mod.
aussi schelfe.
2. ESCALOPE, tranches de viande roulées
en escolope (voy. l'art, préc).
ESCAMOTER, esp. escamotar, d'origine in-
connue. Ménage, s'appuyant de l'esp. camo-
dar, changer l'état ou l'ordre des choses,
propose le L. cornmutare, échanger. C'est
pou probable. Ihre, d'après Ducange, cite le
vha. scamara, voleur. Diez, sous forme dubi-
tative, met en avant le L. squama; escamer
ou escamoter serait pr. enlever comme des
écailles; il invoque l'expression allemande
weg-putzeii, enlever d'un coup de balai ou de
brosse en nettoyant (pwf-^en), puis souffler une
chose à la manière d'un escamoteur. Le cymr.
et gaôl. cam, tromperie, artifice, également
cité par Diez, aurait, selon lui, produit plutôt
une forme fr. échamoter. — D. escamote.
ESCAMPER, vfr. eschamper, it. scampare,
d'un type L. ex-campare, cp. décamper; de
là l'expression familière poudre d'escampette,
qui a peut être été d'abord dite en plaisan-
tant par assonance avec poudre d'escopette.
Escampette est proprement le dimin. de l'anc.
subst. escampe, action d'escamper,
ESCAP, terme de fauconnerie, subst. verbal
de escaper, mettre le gibier en liberté pour
lâcher l'oiseau de proie à sa poursuite. Esca-
per est une variété de échapper (v . c. m.).
ESCAPADE, it. scappata, voy. échapper.
ESCAPE, fût d'une colonne, L. scapus, m.
s., du gr. fsnk-noi, tige, rameau.
ESCAPER, voy. escap.
ESCARBILLES, voy. écarbouiller ,
BSCARBOT, vfr. escharbot, it. scarabone,
prov. escaravat, dérivés du gr. «ApaSos. Le
L. scarabeus a donné la forme savante scara-
bée ; à l'aide d'une prononciation scarabaius,
aussi rit. scarafaggio, esp. escarabqfo, prov.
escaravai.
ESCARBOUCLE, du L. carbunculus (avec
prosthèse du préfixe es) ; it. carbonchio, esp.
carbunclo, ail. harfunkel.
ESCARBOUILLER, écraser, voy. écarbouil-
ler,
ESCARCELLE, it. scarsella; d'après Diez
d'un type scarp(i)cella, dimin. du BL. scarpa
«a fr. écharpe (v. cm.) dans son ancienne si-
gnification de poche de pèlerin. D'autres font
du mot un dér. de Ta^jectif escars", échars
(v. c. m.), avare, économe; ce serait la poche
à épargnes. L'it. scarsella, et esp. escarcela
paraissent être empruntés au français.
ESCARGOT, vfr. escargot, probablement le
même mot que caracol, augmenté d'un s ini-
tial, devenu la syllabe es. Il peut avoir été
façonné par imitation de escarbot.
ESCARMOUCHE, it. scaramuccia, scher-
mugio, esp., prov. escarmuza, BL scarmu-
tia, angl. scarmish", shirmish, ail. schar-
miitjrel, La forme italienne est la primitive;
c'est une dérivation, à l'aide du suffixe uccia,
du verbe schermire, faire des armes, lequel
vient du vha. skennan^ se défendre contre
une attaque, combattre (dér. de skerm, bou-
clier, ail. mod. schirm, abri). Ducange et
autres décomposent le mot en scara-muccia ;
scara, pour eux, est l'ail, schaar, troupe, et
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— 192 —
ESC
muccia, un subst. du fr. musser, cacher ; le
sens primitif serait ainsi : troupe sortant
d'une embuscade ; mais cette étymologie ne
s*accorde ni avec le sens, ni avec la forme.
L'ancienne langue possédait, au surplus, un
dérivé du type schermire plus simple, savoir
escarmie, combat Le germanique skerman
est également le primitif du mot roman escri-
mer ^ it. schermccre ei schermire ^es^., "povi.
esgrimir, vfr. escrimir, escremir.
liSCAROLE, en botanique îactuca scariola ;
d'origine inconnue.
ESCARPE, it. scarpa, esp. escarpa, du
nord, skarp, vha. scarjff ail. mod. scharf^
aigu, tranchant, l'escarpe exprimant quelque
chose de terminé en pointe, en angle aigu. —
D. escaiper, escarpé, -emeitt ; c^s. contreS'
carpe. — La signification du fr. escarper,
couper à pic, droit de haut en bas, et celle de
l'esp. escarpar, nettoyer, râper, polir, laissent
quelques doutes sur la justesse de l'étymologie
ci-dessus ; nous la préférons toutefois à celle
du L. excarpere. Y aurait-il quelque incon-
vénient à voir dans escarper et ses similaires
le latin scalper e, tailler et gratter? Il est évi-
dent que it. scarpello, ciseau, est bien le L.
ècalpellum, d'où scarpellare, sculpter, tailler
des pierres. L'esp. escarpar, du reste, peut
fort bien venir aussi du germanique 5c/i ropen,
gratter. — Obs. On me fait dire à tort dans
Littré que escarpe pourrait venir de l'it.
scarpello = lat. scalpelîum, petit couteau. Ce
que j'ai dit, c'est que le verbe escarper, dont
escarpe est le substantif, pourrait aussi bien
se rapporter à scalpere que l'it. scarpello
représente lat. scalpellum.
ESCARPÉ, ESCARPER, voy. l'art, préc.
ESCARPIN, vfr. aussi escapin, it. scapptno,
scarpino, esp. escarpin, dérivés du BL. scar-
pus, it. scarpa, sorte de chaussure. Ménage
connaît un plur. L. carpi, espèce de souliers
découpés (de carpere — scindere), dont il tire
les mots cités par une forme composée inter-
médiaire eœcarpi. Diez y voit le germanique
skarp, scarf (voy. escarpe) ■■ terminé en
tranchant ou en pointe. — D. escarpiner,
courir légèrement.
ESCARPOLETTE, diminutif de escarpole,
autre dérivé de escarpe on echiirpe. « Origi-
nairement, dit Ménage, on brandillait à l'es-
carpolette dans une grande écharpe. ♦• Selon
Brachet, de rit. scarpoletta, m. s. ; mais je
cherche ce mot en vain dans les dictionnaires
de cette langue.
1. ESCARRE, t. de hls^on, '^ esquarre,
équerre.^
2. ESCARRE, aussi escare, eschare, es-
charre, croûte formée sur une plaie, du gr.
Uxàpx, L. eschara, m. s. — D. escarrifier;
escarrotique, gr. Iv^apotriAÔ^,
3. ESCARRE, entaille, ouverture, plaie
(terme vieilli), paraît appartenir à la famille
germanique skar, tailler (ail. scheren), d'où
suéd. skàr, dan. skaar, entaille. Froissart
(Poésies) orthographie escart; cela fait penser
à l'ail, scharte, entaille, brèche.
ESCIENT, du L. sciens, -ntis; à mon
escient -= me sciente. Anciennement escient,
aussi enscient, prov. escien, essien, étaient
des substantifs signifiant sens, avis, discer-
nement ; ils avaient pour -opposés en prov.
nescies, nescieza, nescietat, ignorance, sot-
tise. Cp. le vieux substantif estant également
tiré d'un participe présent.
ESCLANDRE, vfr. eschandle, escandre, es-
cande, du L. scandalnm avec insertion de l.
ESCLAVE, vfr. escla, prov. esclau, it*
schiavo, esp. esclaw, port, escravo, de Tall.
sklave, angl. slave, BL. sclavus. Le terme
s'appliquait d'abord aux prisonniers slaves
réduits à la servitude par Othon le Grand et
ses successeurs. — D. esclavage,
ESCLAVON, pr. langue des Slaves,
ESCOBAR, « adroit hypocrite, qui sait ré-
soudre dans le sens convenable à ses intérêts
les cas de conscience les plus subtils » , du nom
d'un célèbre casuiste espagnol, de l'ordre des
Jésuites, Ant. Escobar y Mendoza (1589-
1669), auteur d'une Théologie morale, deve-
nue célèbre par la doctrine qu'elle défend. —
D. esco barder, -erie,
ESCOFFIER, mot forgé populairement sur
le vfr. esconfire, prov. escofir, it. sconfiggere,
tuer, défaire ; ces mots représentent un type
latin exconficere; voy. déconfiture. — L'ital. a
scuffiare, manger goulûment, dévorer; qui
sait s'il n'a pas donné naissance au terme po-
pulaire français?
ESCOPPION, de l'it. scuffione, dér. de scuf-
fia (= ctiffia, fr. coiffe).
ESCOGRIFFE, mot de fantaisie ; le griffe se
comprend ; quant à esco, les uns y voient le
L. esca, mangeaille, les autres le mot escroc.
ESCOMPTE, de l'it. sconto, subst. verbal de
scontare = dis -{- computare. Cp. esp. des-
cuerito, ail. disconto, angl. discount, cor-
respondants litt. du fr. décompte. — D.
escompter.
ESCOPE, escoupe, voy. éiope.
ESCOPETTE, de l'it. schioppetto, scoppietto,
diminutif de schioppo, fusil. Quant à schioppo
(transposé en scoppio), il signifie propr. déto-
nation, bruit, n vient du L. sUoppus, claque
(employé par Perse, 5, 13; d'autres lisent
scUypus), Pout la transformation de c« mot,
cp. fistula, fist*la, devenu it. fischia. La Loi
saliqu© déjà présente le verbe sclupare, p.
tirer avec une arme. — D. escopetterie.
ESCORTE, de l'it. scorta; celui-ci du verbe
scortare, qui lui-même, par le part, scorto,
vient de scorgere, accompagner. Scorgere re-
présente le L. ex'corrigere; de la signification
diriger du primitif latin s'est déduite celle de
conduire, convoyer. — D. escorter.
ESCOUADE, p. escouadre, anc. appliqué
aussi dans le sens de flotte, est la forme fran-
cisée de l'esp. escuadra (prononcez : escoua-
dra), = it. squadra, d'où fr. escadre.
ESCOUPE, voy. escope.
ESCOURGÉE, fouet de lanières, it. scu-
riada; d'après Diez, de excoriata, s.e. scutica,
fouet préparé de cuir. Cela est correct pour la
forme, mais excoriare n'est pas connu avec
cette valeur. Ce verbe, en basse latinité,
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ESP
193 —
ESP
signifie plutôt écorchor et s'appliquait spécia-
lement à la peine de la flagellation ; il a donné
au vfr. le verbe escorgier, battre à coups d'es-
courgées. De ce verbe se sont dégagés, pour
exprimer d'abord l'acte, puis l'instrument de
la flagellât! :>n, deux subst. verbaux, l'un à
forme radicale, vfr. escourr/c, l'autre à forme
participiale, notre ^courgée (= vfr. escorgie),
— Malgré l'it. scoreggicUa, coup de fouet,
une étymologie par ex-con'igiare (de cofTÎ-
gia, coun^oie) est peu probable; en BL. ce
verbe signifiait dénouer la courroie. Chevallet
range notre mot dans l'élément celtique, mais
les mots analogues qu'il cite trahissent une
provenance romane. — On emploie encore,
en style familier, le verbe escourger avec le
sens de fouetter.
ESGOURGBON; le terme analogue allemand
futter-gerste, litt» orge de fouri'age, justifie-
rait l'étymologie L. esca, nourriture, + orge.
Mais les formes wallonnes soua^ion^ souco-
rion (rouchi), socaiiran (Namur), orge semée
avant l'hiver, soucrion, orge nue (Liège), no
s'en accommodent pas et la rendent douteuse.
La série des formes pourrait bien être : sou-
cri07%f scourion^ scourjon, escourgeon. Ve
initial serait dans ce cas purement euphoni-
que. Du Cange cite le BL. scario, avec le
même sens ; ce pourrait bien être, vu luni-
cité de l'exemple allégué, une faute de lecture
p. scurio.
SSGOUSSE, it. scossa, prov. escosa, subst.
tiré du vfr. escoits, partie, de escourre' = L.
excutere, secouer, Cp. rescousse et secousse.
ESGRIME, subst. verbal de escrimer ^ sur
lequel voy. escarmouche.
ESGROG, it. scrocco (écomifleur). Ces mots
n'ont rien de commun avec croc, a*ochet;
mais, ainsi que le néerl. schrock, glouton,
écornifleur, ils reproduisent Tall. schurke
(vha. scurgo), d&n.,suéà,skurk, coquin, dont
le sens étymologique est probablement grip-
peur. Ce qui appuie cette étymologie de Diez,
c'est la (ixfxne it. scorcone, — D. escroquer (it.
scroccare)^escroqueur, -eiHe. — Je dois ajou-
ter que ridentife radicale entre l'ail, mod.
schurke et le vha. scurgo (qui signifie plutôt
un « repoussé n) n*est,pas absolument certaine.
ESOULENT, L. esculaitus. — D. escuïence.
ESP AGE, L. spatium. — D. espacer.
ESPADE, t. de teclmologie, lame de bols en
forme de sabre pour battre le chanvre ; c'est
la forme prov. [cspada) du L. spatha, qui a
aussi donné épée. — D. espculer; espadot (t. do
pêche).
ESPADON, de l'it. sjjadone, augmentatif de
spada^ fr. espée* épée. — D. espadonner.
ESPAGNE, L. Hispania; l'acy. espagnol
(variété : cpagneul, v. c. m.j vient d'une forme
latine Hispaniolus. — D. espagnolette (les
objets désignés par ce mot étant d'importa-
tion espagnole), espagnoliser.
ESPAGNOLETTE, voy. l'art, préc.
SSPALE, distance de la poupe au banc des
rameurs le plus en arriére; autre forme
^épaule, dans le sens d'appui ; de là espalier,
le premier forçat d'un banc de rameurs dans
une galère, dit ainsi parce qu'il était placé
sur Vespalc.
ESPALIER, it. spalliera, spalliere (aussi =«
dossier), esp. espaldera. du L. spatula^ spaCla,
chose plate en général, qui est aussi le pri-
mitif do épaule (it. spalla)\ des arbi^es en
espalier sont pr. des arbres à dossier, à palis-
sade.
ESPALMER, it. spahnare, prov., esp. espal-
mar, goudronner (un navire), du BL. ex-pal-
mare, litt. frotter avec la paume {palmaj de
la main.
ESPAR, ESPART, perche, levier, etc., do
l'ail, sparren, néerl., angl. spar, chevron,
barre.
ESPARCETTE ou esparcct, sainfoin ; en esp.
esparcilla; du verbe esp. esparcir, disperser?
ESPART, voy. espar. Le t final est adven-
tice.
ESPiGE, du L. species (voy. aussi épice).
ESPÉRER, L. sperare. — D. espoir, prov.
esper, subst. verbal; le changement de e en ai,
en syllabe tonique, est conforme aux règles;
aussi les anciens disaient j*espoire p. jespère ;
cp. pois' (poids) de peser. Il est tout à fait
inutile d'avoir recours, avec Littré (suivi par
Brachet), à la forme insolite latine speres (plur.
de spes), dont on ne retrouve aucune trace
dans la basse latinité ; espérattce, it. speransa ;
cps. dés-espérer (analogue au L. de'Sperare)^
subst. désespoir.
ESPIÈGLE. Le latin spéculum, miroii\ a
donné it. specchio, speglio, esp. esp^o, port.
espeljo, prov. esj)elh, ail. spiegel. Ce dernier
mot étant entré dans la composition culen-
spiegel (litt. miroir des liiboux), qui est le nom
du héros d'une composition littéraire bien con-
nue et traduite en français sous le titre Tiel-
UUspiègle, a fourni, par allusion à ce person-
nage, type de l'espièglerie, le mot fr. espiègle.
— D. espièglerie,
ESPINGOLE. voy. l'art, suiv.
ESPINGUER et espringuer (mots obsolets),
sauter, danser, it. springare, spingare, do
l'ail, springen, sauter, sprengen, faire sauter,
lancer. — D. espringarde, espitigarde, esprin-
gale, ancienne machine de guerre pour lan-
cer des pierres ou des traits, espingard, petite
pièce d'artillerie, et espingole, espèce de fusil.
ESPION, voy. épie. — D. espionner.
ESPLANADE, de l'it. spianata, terrain
aplani, nivelé, de spianare = L. ex-planarc
(planus), vfr. esplaner,
ESPOIR, voy espé7'er. .
SSPOLE. ESPOLIN, voy. éjmdin.
ESPONTON, de l'it. spuntone; ce dernier
est le mot puntone, grosse pointe, renforcé
de Vs initial.
SSPOULE, it. spuola, voy. époulin.
SSPRINGALE, voy. cspinguer.
ESPRIT, vfr. esperit, L. spiritus (.spirarc).
L'ancienne langue avait une forme secondaire
plus conforme à son génie, puisqu'elle res-
pecte l'accent tonique du primitif latin et sa-
crifie les syllabes atones qui suivent la toni-
que : c'est espir. — D'après d'autres, espir est
le subst. verb. de spirare,
13
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ESS
— 194 —
EST
SSQIHiOHIR, esqulTer le coup au jeu de
cartes. Etym. inconnue. Littré cite Tancien
verbe eschUser, glisser, couler. Lldentité est
probable, mais d*où vient eschisserf
ISQUIF, voy. équiper,
ISQUILLI, dim. du L. schidiœ, copeau,
éclat de bois (grec «x^iiov), it. schcggia, Che-
vallet se trompe en rapportant le mot au
verbe ancien esclicr, fendre, briser. — D.
esquilleux
SSQUINANOIS, it. schinanzia, voy. q/nan-
che.
SSQUnni, forme ^-ariée de échine,
BSQUIPOT, sorte de tire-lire ; si ce n'est un
composé de pot (cp. flam. spaer-pot, tire-lire),
on pourrait l'envisager comme un dérivé de
esquiper (équiper], fournir du nécessaire (donc
litt. fonds d'équipement), ou, à cause de la
forme donnée à l'objet, comme un dérivé de^-
quiptt forme dialectale p. esquif, ou enfin
comme tronc des équipes (ouvriers).
ESQUISSE, esp. esquicio, aU.skizzef néerl.
schets, angl. sketch, de l'it. schizzo. Quant à
ce dernier, il vient du L. schedium, im-
promptu, gr. 9xiBioi, fait à la bâte; schizzo
est pour schezzo, cp. BL. scida p. scheda.
ESQUIVER, vfr, eschiver, cschevei\ esquic-
tcr, it. schioare, schifare, esp., port., prov.
esquitar, du vha. skiuhan, ail. mod. schcuen,
avoir peur, s'effrayer. A l'acy. ail. scfieu, pri-
mitif de scheuen, correspondent it. schivo,
schifo, esp. esqutvOf prov. esquiu,\îr.eschiu,
eskieu, craintif, revêche, nfr. échify farouche
(en parlant du faucon).
ESSAI, \îr» assai, épreuve que l'on fait de
qqch., it. saggio, esp. cnsayo, cat. ensaig,
prov. essay, BL. assagium. Ces mots vien-
nent du L. exagium, que l'on trouve dans
Théodose et sur une inscription latine avec
le sens d'estimation. Cp. examen p. exagmai,
épreuve, contrôle. — Un ancien glossaire
gréco-latin porte : «Çàytsv, pcnsitatio. Il est
probable que le mot essai s'appliquait d'abord
à l'essai de l'or et de l'argent. — D. essayer,
it. saggiare, assaggiare, esp. ensayar.
ESSAIM, prov. eissam, esp. enxamhre,
port, eiixame, it. scîamc, sciamo, du L. exa-
men (p. cxagmc7i)y m. s. Pour la deuxième
acception du mot latin (épreuve), nous avons
le mot savant examen. — D. essaimer (anc.
aussi par corruption échaner) = L. exami-
nare, former un essaim.
ESSAN6ER = L. ex-saniare\ faire sortir
lasanie (santés).
ESSART, prov. eissart, .«jubst. verbal de es-
sarier (BL. exartare), arracher les ronces
d'une terre pour la défricher ; celui-ci dérive
du part. ex-saHus (p. ex-saritus) de ex-sarire,
sarcler, houer. Dans les provinces du Nord on
dit simplement sart pour champ, du BL. sar-
tum, terre défrichée .
ESSARTER, angl. assari, voy. l'art, préc.
ESSAYER, enlever l'eau, d'un type L. exa-
quare*,
ESSAYER, voy. essai.
ESSE, instrument en fer ayant la forme de
la lettre S. — D. essetu.
ESSENCE, L. essentia (esse) ; en chimie, oe
qu'il y a de plus pur et de plus subtil dans un
corps, de Û les termes « essence de rose, da
menthe, etc. » — D. essefitiel, L. essentiaUs.
ESSEULÉ, délaissé, de seul. — L'anc. lan-
gue présente sesseider, rechercher la soli-
tude.
ESSIEU, p. aissieu (Noël du Fail a aiœeul),
it. asticulo, du L. axiculus, dim. de tucis,
ESSIMER 0VLes9eimer, amaigrir(un oiseau),
affaiblir, diminuer, voy. ensitner.
ESSOR, subst. verbal àe essorer.
ESSORER (S*), prov. s'eisaurur, it. sorare,
angl. soar, s'élever dans les airs, du L. esD-
aurore (aura), pour ainsi dire, prendre l'air.
Dans le provençal actuel, on trouve le verbe
simple aura, avec le sens de voler; le dial.
champenois emploie le subst. essor dans le
sens de soupirail. — D. essor, pr. élan pour
prendre le vol. — Le verbe actif essorer (it.
sciorinaft), sécher, représente également le L.
exaurare, pr. exposer à l'air.
ESSORILLER, vfr. essoreiUer, prov. ysso-
relhar, couper les oreilles, d'un type L. ex-
auriculare*.
ESSOUFFLER, mettre hors de souffle, d'ha-
leine.
1 . ESSUTER, vfr. aussi essuer, prov. eisu-
gar, it. asciugare, esp. enxugar, du L. ex-
sucare, ôter le suc, l'humidité. — D. essui,
prov. eissug,
2. ESSUTER = éprouver, subir, souffrir.
Ce verbe, dans ce sens, doit être séparé du
précédent. C'est le L. exequere p. exequi, qui
signifiait également supporter, cp. cerumnam,
egestatem, probrum exsequi. De la 3* coiyug.
le verbe a passé, conrnie souvent, dans la
première. — Littré, vu le caractère insolite
de la forme fr. suyer p. sequi, cherche à
démontrer que le sens souffnr, subir, peut
très bien se déduire du sens propre du verbe
essuyer, ôter l'humidité ; en disant : « elle a
essuyé mes lassitudes »», M"* de Maintenon
fait entendre à la fois qu'elle lui a enlevé ses
lassitudes et qu'elle s'en est chargée elle-
même. Qu'un même verbe puisse signifier à
la fois ôter la chose d'un autre et la prendre
pour soi, la subir, n'aurait en soi rien de
surprenant (Littré allègue, à cet égard, les
acceptions diverses du verbe saisir), mais
dans l'espèce, cette explication par la conver-
sion des rapports me semble quelque peu
forcée. Les exemples d'e^swy^, subir, souffrir,
ne vont pas au delà du xvi® siècle.
EST, mot germanique : ags. est, angl. easi,
ail. ost.
ESTACADE, à l'origine estecade, de l'it.
steccata, palissade, de steccare, clore, dér. de
siecchi, bâtons, palis; stccco est Tall. steck,
stecken, bâton. La forme estocade s'est pro-
duite sous l'influence de l'anc. subst. estache,
estaque, pieu (it. stacca, esp., prov. estaca),
qui vient du vha. siaca, angl. stake, m. s.
ESTAFETTE, de l'it. staffetta, selon Ferrari
= cursor tabellarius cui pedes in stapede
perpétue sunt. Cette définition est juste, car
staffeta est un dérivé de staffa, étrier, qui
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EST
195 —
EST
vient du Vha. staph, stapho »« pas, marche ;
ail. mod. sUxpfe, trace, staffel, degré, marche.
Du vha. staph, le BL. a fait stapia, stapha,
étrier ; le subst. stapes, gén. -edù, trahit la
même origine, mais en même temps la ten-
dance à lui faire dire »♦ in quo pes stat » . ^
ISTAFDBR, laquais qui tenait l'étrier à son
maître, etc., de l'it. staffiere, dérivé de staffa,
étrier (voy. l'art, précédent). Le sens originel
du mot s'est considérablement modifié dans les
temps modernes.
l^AITLADB, de 1 it. staffUata, coup d'étri-
vière. Le sens œiipure^ attaché actuellement
au mot, découle de cette première acception ;
couper lui-même ne signifie également dans le
principe que frapper. Staffilaia est un dérivé
de sta/ple, étrivière fpr. counx)ie qui soutient
les étriers), lequel vient de staffa, étrier (voy
estafette). — D. cstafUader.
SSTAGNON, vase de cuivre étamé, dôr. do
estain étain (v. c. m.), it. sta/jino,
ESTAIM, ÉTAQf, prov., catal. estam, esp.
estambre, it. stame, du L. stamen, fil do la
quenouille ou du fuseau.
ESTAME, même mot que le préc. — D.
estamct, estamette.
ESTAMINET, mot usuel en Belgique pour
cabaret, lieu public où l'on se réimit le soir
pour boire de la bière. On cherche encore
î'étymologie de ce mot. Je ne sais où Besche-
relle a puisé ce qui suit ; le fait est que ses
assertions semblent plus que hasardées : « Es-
taminet vient du flam. stamenay, dérivé de
stamm, souche ou famille, parce que c'était
autrefois une coutume de la Flandre, pour
tous les membres d'une famille, de se réunir
alternativement chez l'un et chez l'autre, après
les travaux de la journée, pour y boire et y
fumer; on appelait ces assemblées être en
stamme, c.-à-d. en famille. *» — Littré : on
peut y voir un dérivé à'étamine, sorte d'étoffe,
et supposer que les tables étaient couvertes
d'étamine. — On n'oserait certainement pas
avancer que les estamientos espagnols aient
prêté leur nom pour désigner les assemblées
de buveurs flamands, bien que l'on prétende
que le /aro, la bière si renommée de Bruxelles,
a reçu sou nom des Espagnols, des anciens
maîtres du pays.
ESTAMPE, subst. verbal à! estamper.
ESTAMPER, it. stamjjare, esp. estampar,
faire une empreinte avec une matière dure,
du vha. stamphon, ail. mod. stampfeti^ flam.
stampcn, angl. stamp, signifiant frapper du
pied, fouler, presser. Au lieu de estayriper^oxi
dit aussi en tenne d'arts et métiers, avec la
syncope habituelle de Xs, étamper, — D. es-
iampe^ ïi.stampa; estampille, estampiller.
ESTER (en jugement, à droit), du L. stare
(cp. la formule latine stare juri).
ESTÊRE, natte de jonc, de l'esp. este7'a, qui
vient du L. storea, natte, par la forme inter-
médiaire estiiera,
ESTHÉTIQUE, du gr. ab&»3Ttx<;.-, ac^. tiré
de otU^rdi, part, du verbe âi7&4»t7&ai, sentir,
percevoir ; de là subst. esthétique = science
esthétique. — Du subst. uU^tti, sentiment.
sensibilité, vient le terme philosophique esths'
sie. L'esthétique est la science qui a pour objet
la sensibilité de l'homme relativement à l'art
on tant que l'expression du beau. Le nom de
cette science a été créé par A. G. Baumgar-
ten, philosophe allemand (mort en 1762), qui
le premier en a fait une branche philosophi-
que spéciale.
ESTIMER, L. œstimare. — D. estime, subst.
verbal; estimation, L. œstimatio; -ateur, L.
-ator ; -dble, -atif; cps. més-estimer d'où més-
estime, — L'ancienne langue avait pour le L.
œstimare la forme contracte esmer=^ estimer,
évaluer, calculer, viser; c'est le correspondant
de l'anc. esp. et anc. port, asmar. C'est de
esm^r (aussi aumer, amer) que vient le verbe
angl. aim, nha. amen, viser, tendre à.
ESTIVAL, L. œstivalis, extension de œsti-
vus, qui concerne l'été. — Le môme mot latin
a fourni le nom d'une chaussure légère d'été :
vfr. estival, resté dans it. stivale, ail. stiefel.
1 . ESTIVER, passer (ou faire passer) l'été,
du L. œstivare, m. s.
2. ESTIVER, t. de marine, serrer, entasser
des marchandises, du L. stipare, serrer, pres-
ser. — D. estive, t. de marine, pr. la (bonne)
manière de cliarger les marchandises.
ESTOC, 1. souche, 2. ancienne épée longue
et étroite; de l'it. stocco, ail. stock, souche,
bâton. — D. estocade ^^ it. stoccata.
ESTOMAG, L. stomachus (trofiocxo;); verbe
estomaquer («'), L. stomachari^ se fâcher.
ESTOMPE, de l'ail, stumpf néerl stomp,
tronqué, épointé. \J estompe est un instru-
ment à pointe émoussée, de là le nom. — D.
estomper.
ESTOUPPADE, t. de cuisine, de estouffer
étouffej' ; autre forme (méridionale) de étouffée.
1. ESTRADE, route, chemin, dans baUre
r estrade = courir les grands chemins ; de Fit.
strada, esp., port., prov. estradu, chemin pavé
(la véritable forme française, abandonnée au-
jourd'hui, est esirée; en picard on dit encore
étrée). Du L. strata, chemin recouvert de
pierres, empierré, forme participiale de ster-
nere, étendre. Le même mot latin a donné le
néerl. slraat, ail. strasse, angl. street, rue.
On rattache aussi à strad<i, grande route, le
mot estradiot ou stradiot, nom d'une espèce
de cavalerie légère. La provenance grecque
de ces chevau-lôgers nous fait préférer, cepen-
dant, une dérivation du gr. ^r/axTiiiTijî, soldat.
2. ESTRADE, siège ou plancher élevé, esp.
estrado, prov. estrat, it. slrato, du L. stra-
tum, chose étendue, dans Vitruve = plate-
forme (de sternere, étendre).
ESTRADIOT, voy. estrade 1 .
ESTRAGON ; Saumaise : « Hodie dracuncu-
lus vocatur herba hortensis, qua vulgo utun-
tur in acetariis cum oleribus et lactucis, facie
in totum diversa ab illis dracunculis Plinianis.
Targonem vulgo vocant : olitores nostri es-
tragonem corrupta forte dictione ex dracone.n
Estragon correspond à it. targoTie, esp. tara-
gona, wall. dragone, ail. dragun, arabe tar^
chun, port, estragào. — Devic pense que le
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EST
196
ÉTA
préfixe es dans les formes port, et fr. est une
altération de l'a 1*11 de arabe el.
ESTRâMAÇON, coup d'épée, puis le nom
d'une espèce d'épée; de l'it. stramassone^
action de renverser. Le verbe it. siramaz-
sare signifie jeter à terre, étendre sur le car-
reau. C'est probablement, comme le subst.
it. stramasso, matelas, un dérivé du L.
stramen, couchette (de sterncre, étendre).
L'arme dite estramaçon aura reçu son nom
d'après l'effet qu'il produit. Chevallet, suivi
par Littré, voit dans estramaçon le BL. sera-
masaxiis, mentionné par Grégoire de Tours
avec le sens de culter validus, mais je ne vois
pas comment scramasaxits a pu produire le
mot it. stramazjioiîe.
ESTRAN, aussi etrain, terme de marine,
plage, de l'ail, ou angl. strand^ m. s.
ESTRAPADE, «= it. strappata, csp. cstra-
pada, du verbe it. strappare, arracher, tirer,
qui correspond à l'ail, (suisse) strapfcn, tirer,
lequel est de la même famille que Tadj. ail.
slrafft fortement tendu. Un dérivé de l'it.
strappare, savoir strapazsare^ maltraiter,
excéder de fatigue, a donné le fr. estrapasscy\
et l'ail, strapasc, grande fatigue. — Le verbe
français estraper ou élraper (v. cm.), anticher
les chaumes, jMirait plutôt venir de l'it. strap-
pare que àiwfv. eslreper = extirper. Cepen-
dant, vfr. estraper =* estreper, extirper, est
bien constaté.
ESTRAPASSER, voy. estrapade. Diez, suivi
par Littré, explique l'it. strapazzarc par stra
= extra -\-pazzOy fou; donc pr. rendre fou.
J'ai contesté cette manière de voir dans la
4« éd. du Dictionnaire de Diez sous pazzo,
p. 741. Voy. aus.si Caix, Studi, n® 62.
ESTRAPER, voy. estrapade. — D. cstra-
poire.
ESTRASSE, ÉTRASSE, bourre de soie, ^
it. stracciOf chiffon, pi. stracci, fleuret, soie
grossière, du verbe stracciare, déchirer, la-
cérer. Ce verbe représente un type latin dis-
tractiare ou extractiare du part, distractiis ou
extractiiSf étiré, détiré.
ESTRIF, voy. estrive.
ESTRIQUE, fourneau pour recuire les gla-
ces, aussi un outil de l'étendeur dans les
verreries, de l'ail, strechen, vha. sirecan^
étendre.
ESTRIVE, vieux mot (aussi estrif, estri),^^
querelle, débat, subst. du verbe estrivcr, que-
reller, angl. strife, lutter. Ce verbe repré-
sente peut-être le vha. streban, faire des
efforts contre, combattre. Il peut cependant
aussi venir du vha. strilan, lutter (ail. mod.
streiten}'^ il y aurait eu d'abord estri-er, puis
estriver, op. pouvoir de po-oir p. podoir.
Même en partant du subst. estrif, comme
antérieur au verbe estriver, Vf final ne s'op-
pose nullement à l'étymologie stritan. On
trouve encore /"pour d ow t dans le vfr. bleif
^a blé de bladum^ et dans soif do sitis. La
forme estrit, qui se présente dans le chant de
Saint- Léger, décide Diez en faveur de stritan.
— Le rouchi dit encore estrife, p. débat, dis-
pute, angl. strife.
ESTRIVIÉRES, voy. etrivière,
ESTROPE, ÉTROPE, terme de marine,
espèce de cordage, du néerl. ou angl. strop,
m. s. (connexe, sans doute, avec L. striijjpus,
courroie). Le mot estroffc c^^t de même ori-
gine.
ESTROPIER, esp. estropear, de l'it. strop-
piare^ storpiare. Partant de cette deniière
forme, Diez, avec doute, fait venir le mot d'un
type L. extorpidarc\ = toq^idum reddere,
engourdir, paralyser (on trouve en latin la
forme inchoative extoj'j)escere). Muratori pro-
|K)sait, comme primitif, le L. turpis, difforme.
ESTUAIRE, du L. œstiis, marée, flux.
ESTURGEON. BL. sturio, it. storione, esp.
esturion, angl. sturgeon; du vha. sturio, ail.
mod. stùr.
ET, L. et.
ÉTABLE. cstahlc\ du L. stabuîum (starc).
— p. établer, L. stabulare.
ÉTABLIR, establir\ angl. estabîish, du L.
staUlire, litt. rendre stable (stabilis, de stare),
— D. établi, établissemetit,
ÉTAGE, cstagc*^ BL. stagiiim, «« it. stag-
giOy demeure, séjour, prov. cstatgc, demeure,
résidence, étage. Ce substantif roman exprime
ainsi à la fois l'action de se tenir, de séjour-
ner, de s'aiTêter, et la manière, l'ordre dans
lesquels une chose se trouve placée. Le mot
français moderne a considérablement res-
treint la signification première et ne désigne
plus au propre que l'espace qui sépare les
gitages superposés les uns sur les autres
dans un bâtiment. L'anglais stage signifie,
d'une manière plus conforme au sens pre^-
mier, établi, échafaud, théâtre, relais de
poste. Quant à l'étyniologie, il représente un
a4j. L. staiicust dérivé de status, état. Il faut
absolument rejeter l'étym. tirée du gr. arè/ij
(toit, puis maison, chambre), patronnée par
Nicot, Ménage, etc. De l'it. staggio, rési-
dence, l'on a tiré le mot savant stage. — D.
Mager, disposer par étages ; ctagh'e.
ÉTAI, ÉTAIE, csp. estay, angl. stay; d'après
Diez du flam. stœde, stœye, fulcrum, susten-
taculum (Kiliœn), dér. du verbe stœden, sta-
bilire. — Breusing, quant à la sign. " gros
cordage qui sert à soutenir le mât d'un vais-
seau », y voit avec raison l'alL stag^ m. s. —
D. étayer.
ÉTAOf, voy. estaim.
ÉTAIN, estain, it. stagno, esp. cstaho,
prov. estanh, du L. stagnum, forme primi-
tive de stannum. — D. êtamer p. etaner (cp.
venimeux p. venincux). — Voy. aussi tain.
ÉTAL, estai* , lieu l'où on expose des mar-
chandises, it. stallo, demeure, habitation (lieu
où l'on prend position), prov., vfr. estai, lieu
où l'on est, séjour, position fixe; angl. stall,
établi. Ces mots appartiennent à la lacine
stal, marquant fixité, racine fort répandue
dans la famille des langues germaniques;
cependant, l'origine directe des mots romans
semble être le vha. stal =» statio, locus, sta-
buîum. — En dehors des formes masculines,
il existe des formes féminines : it. stalla, esp.
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ÉTA
197 —
ÉTA
estala, établc, fr. stalle, siège. — D. étaler
(flam. staelcn, stallen, m. s.j, opp. détaler, pr.
plier bagage; étalier. — Le t. de marine étaler
vient également de estai, dans son acception
de position fixe, résistance (cp. vfr. rendre
estai, résister, tenir tête).
ÉTALE, dans me7* étale; de la même rac.
stal dont il vient d être question et qui marque
fixité. Laty. ail. still, ti-anquille, est égale-
ment de cette nombreuse famille.
ÉTALER, voy. étal.-- D. étalage,
1. ÉTALON, e^talon, it. stallone, angl.
stallion. D'après Ménage, approuvé par Diez,
du BL. et it. sialla, établo ; Diez cite l'expres-
sion equus ad stallum dans la loi des Visi-
goths. L'étalon, dit Ménage, reste à l'écurie.
M. de Chevallet, ainsi que Roquefort, fait
venir estalon du vfr. estai les, testicules, qu'il
rattache au gaél. yslalw, productif, généra-
teur. Je ne trouve pas estalles, testicules,
dans Godcfroy, mais j'y trouve estail lé = chk-
tré, qui fournirait une excellente éty mol ogie,
s'il n'y avait à rendre compte que du sens.
2. ÉTALON, modèle de poids ou de mesure
réglé par la loi, BL. stallo; de la racine ger-
manique stal niarquant fixité. Cp. l'angl.
standard, modèle, étalon, dérivé de la racine
stand, être fixe. — D. étalonner.
3. ÉTALON, baliveau, vfr. estaillon, d'après
Littré, du vha. stihil, poinçon, pieu ; selon
moi, plutôt d'un type stacula (= fr. estaille),
dim. de BL. staca, pieu (voy. estacade).
ÉTAMBORD, par corruption étambot, litt.
madrier de support, composé du dan. stcaven,
appui, support, et bord, planche, madrier.
Selon d'autres = estant-bord (bord-debout).
ÉTAMER, voy. étain.
ÉTAMINE, petite étoffe peu serrée, it. sta-
migna, esp., port., prov. e*;amc«a, v. flam.
stamgne, du L.stamineiis, adj. de stamen, fil,
filament. Le terme de botanique étamines est
un mot savant et vient du L. stamina, plu-
riel de stamen.
ÉTAMPER, variété de estamper (v. c. m.).
ÉTANOHER, estancher\ angl. stanch, BL.
stancare, esp., prov. estancar, arrêter l'écou-
lement d'un liquide, puis mettre à sec, épui-
ser. Dans étancher la soif, le verbe ne repré-
sente plus que l'idée d'arrêter. DuL. stagnare,
de stagnum, étang, pr. eau qui ne s'écoule
pas, eau fixe, L'it. stancare a l'acception fati-
guer (cp. le sens fig. de épuiser) ; pour le sens
arrêter l'écoulement, cette langue a la forme
latine stagnare. Raynouard considérait le
prov. estancar comme un composé de tancar,
boucher, dont il n'indique pas la provenance.
Diez tient tancar pour une mutilation de
estancar, et il s'appuie avec raison du iK)rt.
taièqite, étang, p. estanque. Pour le rapport
littéral entre estancher, etc., et L, stagnare,
voy. étang. En champenois, on se sert de
estancher dans le sens d'éteindre ; cela fait
penser à un primitif latin extinctiare, qui
pourrait convenir aussi au fr. étancher, en
tant qu'appliqué à la soif (ou à la faim), si
elle n'était en désaccord avec la forme picarde
estankier (Reclus de Moliens), — M. Bau-
quier (Rom., VI, 452) assigne à fr. estancher,
prov. estancar, barrer (une porte), faire un
barrage à un cours d'eau, arrêter (la faim, etc.),
le primitif ail. stange, hêiton, barre, it stanga,
barre. Étang serait le subst. verbal de étan-
che7% faire un barrage, et non pas la reproduc-
tion de L. stagnum. — D. subst. verbal
étan^he, dans les locutions à étanchc d'eau,
mettre à étanche.
ÉTANÇON, du vfr. cstance, m. s. ; ce der-
nier du L. stantia, état de ce qui est debout.
Ici encore le nom de refl*ot est appliqué à l'in-
strument qui le produit. — D. étançonner ;
vfr. estançot, tronc d'arbre coupé.
ÉTANPICHE, d'après Littré, suivi par Dar-
mesteter, = estant (debout) + fiche. Mais que
signifie /Çc^^?
ÉTANG, estang*, esp. estanque, port, tan-
que, prov. estanc. du L. stagnutn; le durcis-
sement de gn en ne (au lieu do ng, esp. n,
prov. nh), dans quelques-unes des formes
romanes, est peut-être motivé par le désir de
distinguer le mot de cstàin, étain, esp.e*towo,
prov. estanh, qui vient d'un autre stagnum,
latin C'est aussi ce durcissement qui a déter-
miné les formes étancher (p. étanger ou éta-
gne7'), et it. stancare à côté do stagnare. —
Voy. aussi étancher.
ÉTANGUES, estangues, tenailles composées
de deux stangues; stangue (it. stanga, barre)
s'emploie en langage héraldique et signifie
une perche; le mot vient de l'ail, stange, long
bâton. Avant de conjiaitre cette étymologie de
Diez, j'avais considéré estangue comme un
composé du préfixe es et du flam. tanglie, te-
nailles = ail. jsange, angl. tongs. Je ne
renonce pas absolument à cette manière de
voir.
ÉTANT, estant*, part, du verbe être, = L.
stantem. Autrefois, estant était traité en subst.
exprimant la position d'un homme ou d'une
chose qui est debout, comme séant exprime
la position d'un homme assis (^ être sur son
séant »). « Se mettre en son estant »», c'est se
lever. Gachet compare fort à propos les tour-
nures u en son vivant, en son dormant, en
son ehsciant »» (voy. escient). Aujourd'hui en-
core, qiielques patois se servent de la locution
en estant pour debout, et les forestiers vous
parlent de même d'arbres en étant p. arbres
sur pied
ÉTAPE, estape* (anc. aussi estaple, angl.
staple, qui est la forme exacte), a signifié
foire, marché, boutique; ai\j. == provisions
de vivres et de fourrages, puis lieu où Ton
distribue les rivres aux soldats en marche ;
enfin, lieu d'arrêt. Le mot vient de l'ail, stapel,
amas (d'où auf-stapeln, entasser), flam stapel,
emporium, forum rerum venalium. — Une
ville d'étape est une ville où se déchargent les
marchandises importées du dehors. — D. éta-
pier.
ÉTAT, estat\ it. stato, esp. estado, ail.
staat, angl. state, estate, du L. status (stare).
Il est curieux de suivre la filiation des idées
qui sont rendues par le mot français ; d'abord
manière d'être, situation, position, puis posi-
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ÉTÉ
— 198 —
ÉTO
tîon dans la société, profession, métier; écrit
cofnstatant Tétat, la situation d'ane aAiire on
d'nne personne relativement à Fadministra-
tion, de là « inventaire, compte, mémoire,
bordereau, etc. ; enfin, la forme du gouverne-
ment sous lequel vit un peuple (L. status civi-
tatis), doù : gouvernement, et, par métonj-
mie, société politique unie par le lien d^m
même gouvernement.
1 . iTAU, boutique de boucher, etc., forme
variée de étal (v. c. m.).
2. tTAU, instrument de serrurier^ etc. La
iDrme lorraine eitauque permet de donner à
ce mot pour original le mot ail. stock, souche,
bloc; l'ail., en efTet, dit schraub-stoch pour
étau (litt. étau à vis) ; stocks dans cet emploi,
exprime pièce fixe. Ce qui nous confirme dans
cette étymologie, c'est que le picard dit égale-
ment étau p. souche morte, ce qui est indubi-
tablement une transformation de estoc^ qui a
le même sens. Étau est prob. une forme pos-
térieure à étou, plus rapprochée du primitif
germanique. — D. estoquiau, etoquereauw, éto-
fueresse.
ÉTATER, voy. étai,
1. Ért, esté\ subst., prov. estât, du L.
œstas,-^s,
2. ÉTÉ, part, passé du verbe être, c= it.
stato, esp. estado, du L. status (de store).
ÉTEINDRE, €steindre\ du L. exstinguere.
^ D. éteignoir.
ÉTELON, estelon*, modèle, épure, prob. une
modification de étalon 2.
ÉTEKDARD, estendarcT, prov. estandart,
ii. stendardo, esp. estandarte^ ail. standarte,
angl. standard, BL. standardum ; selon Diez,
du L. eoctendere, fr. estendre, déployer. Cette
étymologie, quelque séduisante qu'elle soit,
n'est pas à l'abri de contestation ; on lui oppose
celle du vha. standen, angl. statîd, être
debout, être dressé, être fixe, qui, d'une part,
s'accommode mieux des formes avec a (esp.
estandarte, angl. standard), et, d'autre part,
explique très bien le sons particulier propre à
l'angl. standard, que j'ai relevé sous é^o/ow 2.
ÉTENDRE, cstendre\ L. ex-te^idere. —
Subst. participial fém. étendue.
ÉTERNEL, L.crt<Twa7«,(Tertullicn), forme
dérivativo de œternus. — Eternité, L. œter-
nitas — Dérivé moderne : éterniser,
ÉTBRNUER, L. stemutare.
ÉTEUF, esteuf, balle ; le sens étymologique
est bourre, car le mot parait être de la même
famille que étoupe estoupe, et venir du L.
stuppa. Pour le changement de p final en f,
comparez cA^/" de capta, vfr. apruef^^ prov.
c^fTop, près. On pourrait aussi remonter au
vha. stophôn, angl. stuff, bourrer, farcir. Le
BL. sioffus, qui n'apparaît qu'au xiv* siècle,
peut être calqué sur le français et ne doit pas
nous guider dans la recherche du primitif du
mot esteuf.
ÉTETJLE, esteule*, estubîe*, chaume, du L.
stipula; cp. vfr. neule, du L. nebuJa. Les
formes fr. étouble, prov. estoble, it. stoppia,
accusent une origine ou du moins une in-
fluence germanique et reproduisent vha. stup-
fiUt, ail. mod. stoppel, angl. stiibble, m, ».
— D'après Schucfaardt elles découlent du lat.
vulgaire stupula .
RHIR, L. œther {t\^.(i), air subtil de» ré-
gions supérieures. — D. éthéré, éthériser.
ÉTHIQUE, gr. if&wo,-, moral, acy. de ^«<,
j^.^T^mcBurs.
ETHNIQUE, gr. I^tx^^, de c^o;, peuple {rà
i^, les gentils). Ce dernier a donné encore
ethnographie, description des peuples.
ÉTIAGE, le plus grand abaissement des
eaux d'une rivière, litt. niveau des eaux pen-
dant l'été; dérivé d'un verbe estier =■ lat. œsti-
tare, passer l'été, ou représentation du BL.
ofstwaticus, extension de œstitus; relatif à
l'été. Cette étymologie est siyette à caution ;
un verbe estier fait défaut, et la chute du » est
insolite ; malheureusement, le mot n'a pas
d'historique.
ÉTIER ou estier, petit conduit d'eau, du
L. ofstarium (p. œstuatium), canalis quo
intrat «stus maris.
ÉTINCELLE, estince7le\ par transposition
pour escintèle, du L. scintilla. — D. étinceUr,
L. scintillare (d'où le terme savant scintiller)»
ÉTIOLER, à coup sur, n'a rien de commun
avec le mot étiologie, partie de la médecine
qui traite des causes (gr. alrfa) des maladies,
sous la rubrique duquel Roquefort l'a rangé.
Littré trouve l'étymologie, longtemps cher-
chée, de ce mot dans le normand s'étieuler,
pousser en chaume, qui rient à'éteide. (Étieule
se rapporte à éteule, comme vfr. nieule =
nebula, à 7ieule.)
ETIQUE, forme populaire du mot savant
hectique (v. c. m.). — D. étisie.
ÉTIQUETTE, cstiquette*, écriteau afficlié.
L'étymologie est hic quœstio, abrégé en est
hic quœst. (mots inscrits sur les sacs à procès),
est une pure plaisanterie. Le mot, écourté par
les Anglais en ticket, vient du verbe ail. stec-
ken, angl. stick, ficher, afllcher. (Le même
primitif germanique, à l'état de subst., signi-
fiant bâton, a donné naissance au fr. étiquct,
petit bâton, étiquette, filet à perche.) — Se
conformer rigoureusement à Yctiqueite, à l'in-
dication, à la règle, a donné lieu au sens
figuré •« formes cérémonieuses *» qui s'est atta-
chée à notre mot, — D. étiqueter.
ÉTISIE, substantif fait de l'a^j . étique (v. c.
m.), sous l'influence de phthisie.
ETNETTE. pince, p. cstenette; le même
mot, avec un autre suffixe, que vfr. estenelles,
tenailles, pinces.
ÉTOG, tronc, souche, variété de estoc (v.
c. mj.
ÉTOFFE, estoffe*, it. stoffa, stoffb, esp.
estofa, BL. stoffa. Le sens originel parait être
bourre, remplissage, d'oti l'acception géné-
rale matière, et venir du L. stuppa, étoupe,
par l'intermédiaire de la prononciation ail.
de ce mot stupfa, stuffa. Le mot ail. stoffest
un emprunt au roman. — D. étoffer,
ÉTOILE, estoile\ prov. estela, esp. estrella,
it. Stella, du L. Stella ou plutôt stâla\ — D.
étoile, L. stellatus.
ÉTOLE, estole\ L. stola (iroX^).
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ÉTO
— 1» —
ÉTR
irOHNlR, anc. es-tonner, y. angl. asiûm
fai]g. ctstonish)^ du L. ex^onart^ p. attonare^
orapper de la foudre, fig. frapper de stupeur.
Cette ethnologie, patronnée par Dies, sati»
faitparfiEÛtement; cependant, Tabsencc du mot
dans les idiomes du Midi donne quelque pro-
babilité à une origine germanique : le mha. a
stûnen (ail. mod. stauneri)^ s*étonner, l'angl.
j^n, étourdir.
ÉTOUFFIR, estouffer* (le mot n'est pas an-
den dans la langue), est, d'aprèe Diea, dérivé
d*nn subst. toitfps (inus.)= it. tufo, tuffb, esp.
tu/b. Tapeur suffocante, d<mt le primitif ett
le gr. Tvfos, vapeur. On se demande cependant
eomment il se fait d'un c^té que le primitif
tou/fe n'existe plus en fr., et de Tautre que les
autres langues n'en ont pas le dérivé. Le mot
ne serait-il pas plutôt foncièrement identique
avec étouper, par Tinterraédiaire du tba. sto-
ph/m, ail. mod. stopfen, bourrer? L'idée bour-
rer, boucher et celle de couper la respiration,
obstruer les conduits de Tair, sont assez rap-
prochées pour qu'on puisse avancer cette
étymologie, qui en tous cas ne répugne pas à
la lettre. On pourrait encore invcNquer l'angl.
stuff, étouffer, mais ce mot peut être tiré du
fhmçais. Le terme allemand siicken (étouffer),
en ce qu'il exprime propr. obstruction,
arrêt de la respiration, favorise ma manière
de voir; d'autre part, le synonyme dâmpfen
(de dampf^ vapeur) corrobore celle de Dies.
Celui-ci cite, en sa faveur, le lorrain touffe ^
suffocant, mais cet adjectif pourrait bien
être p. étouffe^ comme tain p. stain (j'entends
souvent dire autour de moi : il fait stou/féj.^
Bien que peu plausible, je ne puis négbger
l'opinion de Boucherie, qui part d'une forme
stupefare p. stupefacere, qui serait analogue
à calefare (d'où fr. chauffer) p. calefacere,
ÉTOUPB, estoupe, it. stoppa y esp. estopa,
du L. stuppa (TTÙTtrî), Ce dernier est congénère
avec l'ail, stopfen, boucher, cité dans l'art,
précédent (voy. aussi étoffe). — D. étouper,
wall. stopeir, rouchi stoupper^ it, stoppare,
boucher avec de l'étoupe, puis en général
boucher; détouper, déboucher; étoupilU,
étcupillon.
IJTOUPER, voy. étoupe.
ÉTOURDIR, estourdir, it. stordire, d'un
type latin exturdire, L'esp. dit a-turdir.
Covamirias explique aturdir par une allu-
sion à la grive (L. turdus, esp. tordo)^ la-
quelle tombe étourdie à la grande chaleur du
jour, d'où le proverbe : tener cabesa de iordo,
avoir une tête de grive, p. s'étourdir facile-
ment. — Wachter avait proposé une origine
du cymr. tiordd, bruit, tonnerre, en s'appuyant
du terme analogue étonner, — Diefenbach cite
l'angl. sturdy, fort, hardi, mais les significa-
tions ne concordent pas. — L'étymologie de
l'ail, stiir^en, précipiter, ûg, frapper de stu-
peur, suivie par Chevallet, et celle de Ménage,
qui avance le L. stolidus, sont démenties par
la forme espagnole. — Diez, qui s'était pro-
noncé d'abord en faveur du primitif turdus,
explique maintenant étourdir par un type eœ-
torpidire, modifié régulièrement en extordire.
Le primitif serait ainsi torpidus, engourdi. L*o
ouvert de L. torpidus feit repousser cet étymon
à Fôrster; il reprend l'étymologie twrdus,
comme phonétiquement plus correcte. (Ztschr. ,
II, 84]. Baist(ib., VI, 1 19) préfère tiir^w^,
troublé.
ÉTOÏÏRNIAU, L. stunieltus\ diminutif de
L. stumus.
ÉTRÂROT, estrange\ angl. strange, it.
stranio, esp. estrano^ prov. estranh, du L.
extraneus (de extra). — D. étranoer, it. stra-
niero, prov. cstrangier^ esp. extranpero,
ançl. stranger; étrangâé; verbe étranger,
éloigner.
ATRANGLXR, cstrangîer*, L. strangulare,
— D. étranglement, Aranguitlon,
ITRâPSR, estraper*, aussi estreper, étrc-
per, prov. estrepar. Les formes avec e sont
probablement issues, par transposition, du L.
exstirpare. Les formes avec a rappellent l'it.
strappare (voy. sous estrapade) et sont par
conséquent d'origine germanique : cp. suisse
strapfen, enlever la surface, bavarois straffen,
tailler. — D. étrape, faucille à couper le
chaume; on dit aussi étrèpe et éterpe.
ÉTRASSE — eslrasse (v. c. m.).
iTRAVE, t. dû marine, nom des pièces do
bois courbes qui forment la proue du vais-
seau ; du dan. stavn, suéd. staef, hoU. steven,
m. s., avec épenthôse d'un r; il est inutile
d'y chorher le subst. verbal d'un verbe étracer
*=» eœ-trabare, de trabs, poutre.
ÊTRE, estre', it. essere, prov. esser, du L.
cssere, forme barbare pour esse, cp. tistre^ do
texei'e (tisser). — D. être, subst.; cps. bien-être
(cp. ail. xjoohlsein).
tTRÉOIR, voy étroit; cps. rétrécir,
ETREINDRE, estreindre\ L. stringere. —
D. subst. participial étreinte.
ÊTRENNE, estrenne*, L. strena, présage,
augure, puis présent do bonne année. — D.
étrentter.
ETRES (les) d'une maison; ce terme, à mon
sens, est le même mot que être, existence,
manière d'être, état particulier. Les applica-
tions qui en sont faites dans l'ancienne lan-
gue (p. ex. les estres d'un verger, d'une tour)
et le caractère tout à fait exceptionnel de l'or-
thographe aitre doivent écarter l'étymologie
atrium que l'on a mise en 'avant. On voit, en
anglais aussi, le mot being signifier à la fois
existence, manière d'être, condition, ec dc^
meure, place. — D'après Neumann (Ztschr.,
V, 386), le mot signifie pr. les localités exté'
Heures d'un édifice et a pour étymon lat.
exteras (s.-e. partes domus). Le sens restreint
originel se serait, avec le temps, généralisé,
ÉTRÉSILLON, voy. trésilion,
ÉTRIER, estrier\ vfr. estref estrief estrieit,
estriu, estrif prov. estreup, estnub, cat.
estreb, esp. estribo, BL. strepa; cette forme
latine, d'après Diez, vient du vha. streban,
s'appuyer avec effort. L'étrier est donc envi-
sagé comme un appui pour le cavalier. —
Chevallet, insistant sur la circonstance que
les étriers ne consistaient autre fois qu'en
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ÉTR
— 200 —
ÉTY
une courroie, invoque, avec raison, je pense,
des primitifs allemands signifiant la même
chose. Dans le nombre de ceux qu'il cite,
l'ail, striepc est celui que j'accepte; on
dit aussi dans cette langue shHppe; l'angl.
a stripe. Wackemagel proposait l'ail, stege-
rcify étrier (litt. anneau pour monter), ou
plutôt la forme bas-ail. de ce mot, sttreip,
qui se serait contï;*actéo en atreep, mais Diez
observe que les formes romanes ont dû pré-
exister à la formation du mot sti-reip, Langl.
sUrnip (dial. stighrope) est un composé de
stfga>if monter, et de ro/te, corde. — Dérivés ;
estrivièi'e* , etrivièrc^ anc. synonyme d'étrier,
auj. la courroie de l'étrier (cp. esp. cstH-
bcra, port, estribeira, prov. estrubiera,
tous s= étrier). Notez encore le bon vieux
verbe dés-eshiver (Raoul do Cambray), ren-
verser des étriers, désarçonner. — Ce qu'il
importe d'observer encore, c'est que contrai-
rement à l'opinion émise jusqu'ici dans les
dictionnaires (le mien compris), étrier n'est
pas une contraction de estrivier. Il se rap-
porte à vfr. estrieu comme AngierSy Poitiers
à Angieiis, Poilieiis, vfr. nicrs à vfr. nieiis
(neveu). Voy. sur cette confusion des finales
ir, ieu avec ter (Toblcr, Jahrb., XV, 2G2;
(1. Paris, Rom., V, 380; Suchier, Zt^chr., I,
430). — La forme en ieu existe encore dans le
terme technique (Hriciix (plur.), étais trans-
versaux.
ÉTRUjLB. cstrille\ it. striglia, ail. striegel,
du L. stn'gilis (stringere), m. s. — D. étriller.
ÉTRIPBR (dans à ctripe^heval), c'est, éty-
mologiquement, faire sortir les tripes,
ÉTRIQUER, rétrécir; origine douteuse. Le
fréquentatif strictare (de stringere^ étreindre)
ne convient pas à la lettre ; si le sens premier
emporte l'idée de maigre et allongé, on peut
Proposer l'ail, strecken, étendre, allonger
p. l'art, estriquc); si l'idée primitive est celle
de mesurer rigoureusement, on peut rappe-
ler le rouchi étriqué, rouleau do bois servant à
raser les mesures de grain, ràcloire, qui vient
du flam. strijkcn, tergere, radere, ail mod.
streichen, angl. strike. Enfin, le verbe ail.
strichen (de 5fnc/t, corde), dans son acception
lier, serrer, se prête également comme pri-
mitif du mot français. JUriquei* n'est pas an-
cien dans la langue au sens de serrer et pour-
rait bien être une forme wallonne du latin
strictare. Dans ce dialecte, on dit affcquc p.
affecté. — Dans a étriqiicr les harengs <•, le mot
représente, semble-t-il, une forme picarde du
L. ex-tricarCf démêler.
ETRIQUBT, espèce de filet, de l'ail, strick,
corde.
ÉTRIVIÊRE, voy. étrier.
ÉTROIT, estroit\ prov. estreit, it. stretto,
du L. strictiis^ serré, part, de stringere. — D.
étroitesse (l'ancienne langue, sur le type strie-
tiay avait la forme estrece); verbe étrécir (un do
ces verbes à forme inchoative et à signification
factitive, dont la langue française présente tant
d'exemples, cp. obscurcir y durcir^ éc1aircir)\
Tancienno langue avait aussi la forme cstrc-
chier qui répond à un type strictiare. — Voy.
aussi dctroit, détresse.
ÉTRON, cstroii\ estront\ it. stronzo, BL.
strontus, du néerl. stront, ail. striint, m. s.
ÉTROPB, voy. estrope.
ÉTUDE, estiufe'.h.studium. — D. étudier.
ÉTUI, cstut", prov. estug, estui, port. est({jo,
esp. estuche^ BL. estugium; du mha. stiiche.
ail. mod. stauche, pr. objet dans lequel on
fourre qqch. L'it., avec le préfixe ad, dit as-
tuccio. — Notre étym., pn)posée en premier
lieu par Frisch, n'est point approuvée par
Langcnsieï>cn, qui établit le L. stndium pour
primitif d'^ïi»'. La forme, en eflet, ne s'y
oppose pas, cp. appui de apjwdium; pour le
rapport logique, il admet une métonymie du
contenu au contenant ; stvdium d'abord «=
objet de létudo ou du travail, puis le petit
meuble qui le renferme (cp. le mot étudiole,
nom d'un petit meuble de travail). Quant à la
fonne it. astuccio, il l'explique, un peu violem-
ment, par un type ad-studicium, ou même
adstudium, d'où astntium,astueium (c]^.mezjo
de mcdius). — Cette étym. par studium, bien
que rccommandable à certains égards, no me
semble pas favorisée par les sens cachette,
pri.'ion, baquet, qui s'attachaient à ctui dans
ieprincij^e.
ÉTUVE, esluve\ prov. estuba, esp., port.
estufa, it. stufa^ angl. store\ néerl. stoof, BL.
stuba, stuffa, = 6f(/>ie?{m,hypocaustum suda-
torium. Ces mots sont identiques avec le vlia.
stuba, ail. mod. stube, d'abord chambre à
bains, auj. = chambre en général, angl. stove,
étuve, poêle. Aujourd'hui, l'on appelle étuve
une chambre ou armoire dans laquelle on
fait circuler l'eau réduite en vai>eurs pour
faire suer, de même un lieu chaufl'é pour faire
sécher, enfin, en Belgique du moins, le mot
équivaut aussi à poêle. — D.étuvcr. — Bugge
(Rom., IV, 354) démontre que les mots germa-
niques invoqués sont empruntés au roman.
Selon lui, étute est le subst. verbal de étuver
(= esp. estucar, estofar, estovar, it. stufaré),
lequel reproduit une forme lat. vulg. eX'tufare,
tirée du grec tOçjo;, vapeur, it. tufo, tuffb,esip.
tufo. Cp. en terme de cuisine, l'ail, dûmpfen,
étuver, de dampf, vapeur. — L'opinion de
Bugge quant à l'origine romane de l'ail.
stube a trouvé des contradicteurs, et je crois
que les formes avec /"radical doivent être
séparées de celles avec c. Ex-tufare peut avoir
donné étouffer (v. c. m ), mais non pas étuver,
ÉTTMOLOOIE, gr. ïr^/ioïo'fU, subst. abstrait
de ixMixoiôyoi =« qui s'occupe de I'îtu/aov, subst.
a(\jectivHl, exprimant chez les Grecs la vraie
signification d'un mot d'après son origine
(Itwjuo,-, vrai, pur). •• L'étymologic, qui s'oc-
cupe de l'origine des mots, est appelée par
Cicéron notatio, parce qu'elle est désignée
chez Aristoto sous le nom de ffû/*S9lov, qui veut
dire signe, car il se défie du mot veriloquium,
qu'il a créé lui-même et qui est la traduction
littérale de iru/Aoloyfa. D'autres, qui se sont
attachés au sens virtuel du mot, l'appellent
originatio. « Quintilien, I, 6. — D. étymolo
gique, -iser, 'iste.
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ÉVA
— 201 —
EX
BU, part, passé de avoir, anc. eîï ; e repré-
sente le radical hab, u la terminaison utus
(cp. su = L. barb. sajhutus, dû = deb-utus).
ÊUCHABISTIB, L. eucharùtitty du gr.
cùxa/5i»Tfx, pr. actions de grâces (de cyyà/sirro»,
reconnaissant) ; les pères ds rÈglise ont appli-
qué le mot à la sainte Cène ; dans la suite, ce
nom abstrait d'un acte est devenu concret et
signifie le saint sacrement. — D. eucharis-
tique.
EUGOLOGE, gr. lOx^ioyiov (Suidas) ==» recueil
de prières (tùy^).
EUFRAISE, plante, du gr. lOçpaçfx, gaité.
EUNUQUE, gr. «Jvowxo^, castrat ; sens éty-
mologique : gardien du lit (5vv>i -\- tx<u).
EUPHÉMISME, gr. 8Ù?>j/<t7.tto;, emploi d'un
terme plus agréable à entendre pour une
chose qui ne l'est pas en réalité (de l'adj.
iufrifioit bien sonnant ; tù, bien, ^>5/a>7» parole).
EUPHONIE, jgr. eO?ûiv£a, subst. de lO^wv^,-,
qui sonne ou qui parle bien (eu, bien, 9ûiv>î,
voix). — D. euphonique,
EUX, anc.'<?/5, plur. de el\ il. Dans la
langue d'oïl, on trouve aussi les formes al s,
els, aus, eus, iaux.
ÉVACUER, L. cvacuare (de vacims, vide).
ÉVADER (S'), L. ecadere, litt. s'en aller;
du supin ena^um : subst. évasion (L. evasio),
adj. évasif.
ÉVAGATION. L. evagatio (vagari).
ÉVALUER, dér. de value, subst. participai
de valoir, — D. évaluation,
ÉVANGILE, du gr. «Oa/yai^v, bon message.
— D. évangélique, -ise^' (-f|siv), -iste (-iinj;).
ÉVANOUIR (S'), esvanouir, vfr. aussi esva-
nir et envanir, prov. esvanuir, it. svanire
(présent svanisco). C'est le L. ex-vanesccre,
dans lequel le français a intercalé une espèce
de suffixe ou, comme dans épanouir et vfr.
engenouir, engendrer. Quant à la raison de
cette singulière intorcalation, Gachet et To-
bier, approuvés par Diez, y voient un effet de
l'ancien parfait latin en ui. La langue romane
ayant emprunté tout d'une pièce les formes
latines ingenuit, evanuit en faisant engenouis,
esvanouis, on en a déduit des infinitifs d'une
façon analogue. Par assimilation, on a traité
le verbe épanir (p. épandir) à la manière de
Gsvanir^ et on lui a donné au prêt. déf. la
forme épanouis. Car il faut bien insister sur
ce point que les verbes en question présentent
d'abord un infinitif en ir, et que c'est le par-
fait enoKÎ qui a déterminé une nouvelle forme
verbale en ouir, — D'intéressants détails sur
les circonstances qui ont fait naître les verbes
en ouir ont été donnés par Suchier dans
Ztschr., VI, 437.
ÉVAPORER, L. evaporare (vapor).
EVASER, élargir une chose circulai rement,
à la façon d'un vase, dont la largeur va en
augmentant jusqu'à son ouverture. — Ce verbe
moderne évaser doit être séparé, je pense, de
l'ancien esvaser (voy. Godefroy), qui signifiait
s'ébouler, fig. trouver une échappatoire (=
e-vasare*, de evadere, sortir des fondements?)
Toutefois il se peut que esvaser = s'ébouler
soit une variété de envaser (de vase, fém.).
ÉVASIF, EVASION, voy. évader.
ÉVBCHÉ, voy. évéque,
ÉVEILLER, esveiller, = L. ex-vigilare,
mais avec une signification factitive. — D.
éveil; cps. réveiller.
ÉVÉNEMENT, it. evenimento, mot dérivé
du L. evenirc, d'après le précédent de avène-
ment. Le subst. latin eventum, chose arrivée,
est resté dans Fit. evento, angl. event. On
trouve dans l'Art poétique de Vauquelin de
LaFresnaye, poète qui florissait sous Henri UI,
plusieurs fois le mot évent p. événement.
L'homonyme évent do éventer n'a pas permis ,
à ce terme de se fixer. A la forme L. eventus,
gén. -us, se rattache l'adj. fr. éventuel ("poxiv
lequel Rousseau s'est permis éventif).
ÉVENTAIL, voy. éventer-,
ÉVENTER, mettre au vent, faire du vent,
donner de l'air, cp. L. eve7itilare, que l'it. a
conservé sous la forme sventolare et que la
langue d'oïl possédait également sous la forme
s*esventcle7\ — D. cwîi (subst. verbal) ; éven-
tail [= prov. ventalh, it. ventag1io)\ éventoir,
ÉVENTRER, ouvrir le ventre. Mot du
xvi« siècle, qui à la lettre dit « priver du
ventre ».
ÉVENTUEL, voy. événement. — D. éven-
tualité,
ÉVEQUE, évesque*, du L. episcopus, gr.
i::l'iy.oTso.:, litt. surveillant, inspecteur. Le mot
episcopus, jmr l'aphérèse de la syllabe initiale,
adonné vfr., prov. vesque, it. vescovo, néerl.
bisschop, angl. bishop, aW.bischof, Au dérivé
latin episcopatus se rapportent : 1 . episcopat,
terme savant ; 2. éoêché, vfr. evesquiet (formé
comme comté, duché de comte, duc), Cps. ar-
chevêque {v. c. m.).
ÉVERSION, L. eversio (de cvcrterc, ren-
verser).
ÉVERTUER (S'), vfr. s'esvei-tuer, prov. es-
vej'tudar, de vertu (dans le sens de vigueur),
comme s'cffoi'cer de force, vfr. s'esvigorer de
vigueur, Gachet rappelle le vieux terme fr. sê
resve7'tuer, et prov. revertusar = reprendre
co\\ragc.
ÉVICTION, action d'évincor, L. a^ictio, de
^evincere, pr. vaincre complètement.
ÉVIDENT, -ENŒ, L. evidens, -entia (vi-
derc).
ÉVIBER = vider; le préfixe ajoute l'idée
du mouvement du dedans au dehors, qui s'at-
tachoà l'opération désignée par le verbe.
ÉVIER, du vfr. ève, eau, voy. sous aiguë,
ÉVINCER, L. e-vincere, voy. éviction.
ÉVITER, L. e-vitare.
ÉVOLUTION, L. e-vohttio (de evolvere, dé-
rouler, déployer). Les écrivains militaires en
ont dégagé le verbe évoluer, qui d'ailleurs
répond fort bien à un fréq. latin evolutare,
d'où aussi le t. de zoologie : coquilles évolu-
tées.
ÉVOQUER, L. e-vocare. = D. évocation.
ÉVULSION, L. evulsio, du L. e-vellere, arra-
cher, par le supin e-vulsum, d'où aussi l'a^j.
évuîsif,
SX, particule latine dont le sens premier
est hors. En tant qu'élément de composition.
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EXC
— 202 —
EXH
la langue française se l'est appropriée sous la
forme es, plus tard e (voy. ^j. Let composés
qui ont conservé la forme ex appartiennent à
ce que nous a4)pek>ns le fonds savant de la
langue. Dans les temps modernes, on a beau-
coup ai^liqué le préfixe ex à des substantifs
marquant une condition, une qualification,
un emploi, pour indiquer que cette condi-
tion, etc., se rapporte à des temps passés, que
la personne en question ne la possède plus,
p. ex. ex-roi, ex-prétre, etc.
SXAOT, L. exadus, m. s. (exigere). — D.
exactitude, fEiçonné d'après reditudo, etc.
u C'est un mot que j'ai tu naître comme un
monstre contre qui tout le monde s'écriait »
(Vaugelas)^^
UXACTIUR, -TION» L. exaetor, -tio, m. s.
SXÂ6ÉRIR, L. ex-aggerare (agger), pr.
élever par des terres rapportées, hausser,
amonceler. Notez le sens actif du pui;. exagéré
(cp. exalté «» qui exalte).
BXALTIR, L. exaliare, hausser, élever.
Le fr. a prêté au mot des significations de
l'ordre moral toutes particulières. ^- D. exal-
tation,
EXAMEN, it. esame, du L. examen. Le mot
latin a deux sens principaux : 1. essaim
(v. c. m.); 2. la languette on aiguille de la
balance qui sert à mesurer, à ex-iger**^ c'est-
à-dire dégager le vrai. C'est du dernier que
se déduit le sous-sens épreuve, contrôle. Le
même primitif lat. exigere, mesurer, peser» a
aussi produit le BL. exagium, mesurage, d'où
essai (v. c. m.). — D. examiner, L. exami-
nare.
EXASPÉRER, L. ex-asperare (aspcr), irriter.
EXAUCER, p. exausser, vfr. eshalccr, essai-
cer, essaucier, prov. eissaiissar, esp. ensahar
Le mot exaucer, étymologiquemeut, n'est
qu'une variété orthographique de exJiausser ;
tous deux signifient élever, l'un au propre,
l'autre au figuré, et répondent à un type latin
exaltare, ou phitùt exaltiare. Exaucer une
prière, c'est la relever, terme métaphorique
pour « l'accueillir favorablement »» .
EXCAVER, L. ex-caoare (do caous, creux).
EXCÉDER, L. ex-cedere, outrepasser. —
D. excédant. — Du supin latin excessum
viennent : subst. excessiis, action de dépas-
ser la limite voulue, fr. excès, puis l'adj.
excessif.
EXCELLER, L. excellera (pr. s'élever, cp.
excelsus). — D. excellent, -ence, L, excellens,
excellentia.
EXCENTRIQUE, du L. ex centre, hors du
centre, opp. de concentrique. — D. excentri-
cUé.
EXCEPTER, L. ex-ceptare, fréq. de ex-
dpere, litt. prendre hors, 6ter, enlever. — D.
excepté, logiquement égal à hormis (= hors
mis). — La forme primitive excipere est restée
dans le langage du palais sous la forme exci-
per, alléguer ou opposer une exception. Du
supin exceptum : subst. exceptio, fr. excep-
tion, doû exceptionnel.
EXCÈS, EXCESSIF, voy. excéder,
SXCIPER, voy. excepter.
IXCinat, L. excitare, fréq. do ex-dêre,
pr. apf>eler hors, proToquer.
EXCLAMER, L. eoo-elamare,
EXCLURE, L. excludere (claudere); du
supin exclustim : subst. exdusio, fr. exclu-
sion, cp. ail. aiis-schluss (de schUessen, (er-
mer), adj. exclusif, — Voy. aussi éclore,
EXCOMMUNIER, vfr. escomenier, du L.
d'église excommunicare, mettre hors do la
communion de rÉglise. — D. excommuni-
caition.
EXCORIER, L. cxcoriare, enlever la pean
{corium).
BXCORTICATION. subst. du verbe L. cx-
corticare, iprïmitif à'écorcher (v. c. m.).
EXCRÉMENT, L. excremenhtm, (de ex-eer-
vtere, séparer). — Excrétion, excréter sont
des dérivés de excretum, supin du même verbe
ex-cernei'e.
EXCROISSANCE, du L. ex-erescentia,
(Pline), m. s. L'ancien verbe cscroistre était
synonyme de accroître.
EXCURSION, L. excursio (ex-currere).
EXCUSER, L. cxcusare (causa), litt. mettre
hors do cause, cp. disculper, mettre hors do
CQulpe, — D. subst. verbal excuse.
EXEAT, mot latin, = qu'il s'en aille
(3* pers. du prés. subj. de exire).
EXÉCRER, L. cX'Secrare (sacer), maudire.
EXÉCUTER, L. ex-secutare ', fréq. de ex-
sequi, poursuivre jusqu'au bout, achever, exé-
cuter. — Dérivés du supin ex sccutum (de
ex-sequi) : subst. esoécutimi, L. exsecutio,
exécuteur, L. exsecutor, adj. exécutif, exécu-
toire.
EXÉGÈSE, gr. W^-ntii, interprétation ; exc-
gète, 1^1) /-^Tfii ; exégétique, i^or^nnôi.
EXEMPLE, it. esempio, du L. exemplutn
(dér. de ex-imere, prendre hors), pr. échan-
tillon, modèle. — D. exemplaire, subst.,
«= L. exemplar, modèle, type; exemplaire,
adj., = L. exemplaris.
EXEMPT, L. cxcmptus, partie, do eximere,
prendre hors, excepter, dispenser; exemp-
tion, L. oxemptio ; exempter, rendre exempt.
EXÉQUATUR, p. exscquatur, mot latin
signifiant « qu'il exécute, qu'il exerce •
(3* pers. du .<iubj. prés, de cxscqui, exécuter).
EXERCER, L. exercer c (arcere) ; exercice,
L. exercitium,
EXERGUE, it. esergo, du gr. e'Çepyov (inur
site) = hors d'œuvre ; l'exergue, dit Domerguc,
est un e.vpace ménagé hors de l'osvrage, hors
du ty|)e, au bas de la médaille.
EXFOLIER (S'}, L. ex-foliare (folium).
EXHALER, L. ex- liai are, faire sortir par
le souffle, rendre sous forme de vapeur. — D.
exhalaison et exhalation, L. exhalationem.
EXHAUSSER, «- ex-\-hausser, voy. exau-
cer et hausser. Exhausser est une compo-
sition produite sous l'infiuence du L. ex-
altare.
EXHÉRÉDER, L. exhœredare, déshériter.
EXHIBER, montrer, L. ex-hibere (habere),
litt. tenir hors, cp. le terme ex-poser; du
supin exhibitum : subst. exhibitio, fr. exhi»
biiion.
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EXP
— i03
EXP
mOBTESR, L. ex-^iortmri, — L'andemiM
langue employait, dans le même sens, le com^
posé enorter, du L. inhortari.
IXHUlflB, L. ex human *, tirer de terre,
exkumo; opp. de inkwner,
IXIQIR, L. eas'iffere^ litt. tirer hors, de là
faire payer, puis réclamer comme dû. — D.
exigeant^ exigence, exigible.
SXIGn, L. exigmis, strict, étroit, faible, etc.
— D. exiguïté^ L. exiguitas.
EXIL, vfr. eissil (cp. vfr. eissir, auj. issir,
de exire), du L exiUttm, p. ex-sUium, dérivé
de exsul, bamii. — D. exUer.
mSTBR, L. eX'Sistere, — D. existence»
SXODS, gr. i^oBoi, sortie ; nom du 2^ des
cinq livres de Moïse, qui raconte la sortie des
Israéli'es hors du pays d'Egypte.
IXODfE, BL. exonium, vfr. essogne,excxLse,
voy. l'art, besogne.
EXONÉRER, L. exonerare, litt. 'décharger.
EXORABLE, L. ex-orabilis^ qui se laisse
fléchir par des prières. L'opposé inexorable
est plus souvent employé.
EXORBITANT, du L. exorbUare, sortir de
Vorbite, dévier.
EXORCISER, L. exorci^are, dugr. Uo/?>«JsiV
{Spxoi, serment) = conjurer. — D. exorcisme,
•iste, gr. i^opAi^fi9i, -tirvii.
EXORBE, L. exordium (de ordiriy ourdir).
EX0ST08E, %v. lio^TWTK (oïTftov, os).
EXOTIQUE, L. exoticiis, gr. iÇurcxo;, de £|<u,
dehoire; cp. L. extraneus, de extra.
EXPANSION, L. expansio; adj. expansible,
expansif. Du L. expans^im, supin de expan-
tfergg^fr. épandre, étendre, dilater, épancher.
EXPATRIER, it. spatriare, BL, expatriare,
a patria reoedere, de ex patria, loin de la
patrie. Ce verbe, comme son antonyme râpa-
trierl est actif aujourd'hui ; le sens neutre est
rendu par la forme réfléchie s*expaJtriei\
EXPBCTANT, -ATIP, -ATIVB, du L. ex^
spectare (fréq. de ex-^picere), attendre.
EXPECTORER, L. expectorare (de peclus,
'OriSy poitrine , litt. faire sortir de la poitrine.
EXPÉDIER, d'un type expeditare, fréq. de
expedire, débarrasser, débrouiller, délivrer,
mener à fin. — expédient, adj et subst. du
L. expediens, partie, de expedire, au sens
impersonnel « être avantageux •». — expédi-
tion, 1. action d'expédier, 2. préparatifs
militaires, L. expeditio; de là adj. expédi-
tionnaire; expéditify qui expédie prompte-
ment ; expéditeur, = ail. spediteur (de Fit.
spedire).
EXPÉRIENCE, L. cxperienU'a, du verbe
expereri, éprouver, faire l'essai. De ce verbe
viennent encore, par le part, expertiis, l'adj.
expert, et parle subst. experimerium, essai,
l'adj. expérimental et le verbe expérimenter.
ËCPERT. voy. expérience. — D. expertise,
d'où expertiser.
EXPIER, L. expiare (pius), m. s.
EXPIRER, L. eX'Spirare, 1. rendre l'air
aspiré ; 2. cesser de respirer, rendre Tàme ;
3. cesser en général, échoir. — D. expiration,
1. action de rendre l'air aspiré; 2. échéance.
EXPLÉTIF, L. expletivus (de explere).
EXPLIQUER, L. ex-plicare, litt. déployer,
développer. — Du part, latin expUicittts a
expUeatus, vient le terme savant explicité, pr.
déployé, d'où clair, distinct, opp. de impli-
cite,
EXPLOIT, esploit", prov. espleit, espUc,
subst. verbal de exploiter, prov. espleitar,
esplechar. Ce verbe répond correctement au
type explidtare, fréqu^tatif de explicare,
débrouiller, expédier, exécuter une affiûre
(cp. en latin « peto a te, ut ejus negotia ex-
plices et expédias » Cic, Fam , 13, 26, et
«• his explicitis rébus », Caes, B. G. 3, 75); il
s'y est attaché l'idée d'une exécution prompte
et vigoureu.<îe, et subsidiairement celle d'un
travail fait avec firuit. On comprend, par ce
développement de signification, les acceptions
militaire et judiciaire qu'a prises avec le temps
le terme exploit. Au fond de l'une, il y a l'Idée
d'accomplissement, d'exécution ; au fond de
Tantre, celle d'exposé, de signification, en vue
d'exécution. Le passage de Cicéron cité ci-
dessus établit fort bien la synonymie des deux
mots fr. exploit et expédition, tant comme
termes militaires que comme termes judi-
ciaires. — En vfr., on trouve la forme s'es-
ployer p. se presser ; c'est bien encore là le
L, explicare au sens de expedire. Quant à la
locution vfr. à esploit, promptement, prov. a
espleit, a espleg, elle découle directement du
sens « délié, dégagé, libre dans ses mouve-
ments », propre déjà au L. explieittis. — Il
est hors de doute que le L. explicare, part.
explicitus, est la seule étymologie (déjà pro-
posée par Ménage) qui puisse satisfaire au
point de vue tant de la forme que des accep-
tions diverses des mots exploit et exploiter.
Ce verbe se rencontre aussi en vfr. sous la
forme espleiter esploiter et avec le sens de
faire une chose à espleit, promptement. Nous
rejetons positivement comme impossibles les
explications par explere (Génin) ou par cxpla-
citare (Bescherelle).
EXPLOITER, voy. l'art, f réc.
EXPLORER, L. explorare.
EXPLOSION, L. explosio, subst. du verbe
explodfre (plaudere), rejeter un acteur en bat-
tant des mains, le siffler, fig. chasser, con-
damner. La languie moderne a attaché au mot
explosion, et aux adj. explosif, explosible, le
sens général de commotion violente, accompa-
gnée de bruit, de détonation ; fig. manifestation
bruyante d'un sentiment.
EXPORTER, L. ex-portare.
EXPOSER, de ex -\- poseï', par analogie
avec L. ex-poncre, dont le verbe fr. a conservé
tous les sens. L'anc. langue avait régulière-
ment francisé le mot latin par espondre. —
Expositeiir, -ition, L. expositor, -itio.
EXPRÉS, voy. exprimer.
EXPRIMER, 1. presser hors (dans ce sens
nous avons la forme plus française ^e?>î(/r«);
2. énoncer, expliquer ; du L. ex-primere, cp.
ail. ausdriicken. — D. exprimable, inexpri-
mable. — Du supin expressiim dérivent :
exprès, L. expressus = distinct, clair, for-
mel ; expression, L. expressio ; expressif.
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FAB
— 204 —
FAC
EXPROPRIER, BL. expropriare, quod ali-
ciii proprium est auferre, donc -= déposséder.
EXPULSER, L. expulsare, fréq. de expel-
lei^e, doDt le supin e^^pulsum a donné : expul-
sion, L. expulsio, cxpulsif et expuïscitr, —
Expultrice vient du L. expiUtrix, lequel dé
live d'une forme do supin expultum,
EXPURGER. L. ex-purgare, énionder.
EXQUIS, p. esquist, it. sqitisito, angl. €0>
qutsita, du L. ex-quisïtiis, pr. recherché,
choisi.
EXSANGUE, privé de sang, L. ex-sanguis,
Montaigne a dit : •• des paroles si exsangues,
si descharnées,sivuidesde matière et de sens. •»
EXSUGGION, L. ex-suctio (exsugere).
EXSUDER, L. ex-sudare, litt. suer hors.
EXTASE, L. ecstasis, du gr. éx^ravi^ {Hh-
Tï3/*i), litt. déplacement (au propre et au moral),
dérangement desprit, ravissement, enthou-
siasme, folie, aussi pâmoison ; verbe s'extasier.
De l'adj. i/çTarixo^ : fr. extatique. Les mots
fr. ravissement (de ravir), ail. verriicht, fou,
néerl. verrucht = ravi, présentent le même
trope.
EXTENSION, L. extensio; extensif, L. ex-
tensivus; extensible; tous îie exlensunx, supin
de exte7idere, étendre.
EXTÉNUER, L. extenuare (tenuis).
EXTÉRIEUR, L. exterior, comparatif de
exterus.
EXTERMINER, L. extenninare (terminus),
litt. chasser loin des frontières. Pour la filia-
tion des idées expulser et détruire, cp. le \'fr.
essillier, pr. exiler, bannir, puis ravager, dé-
truire, exterminer.
EXTERNE, L. externus (exter). — D. ex-
terne.
EXTINCTION, L. exstinctio, du verbe «.r-
stinguere («« fr. éteindre), d'où encore in-cx-
tinguible.
EXTIRPER, vfr. estreper, du L. ex-stirpare
(stirps), arracher avec la racine, et arracher
les racines dans un champ.
EXTORQUER (mot savant p. l'anc.e^f ordre),
L. ex-torquere, pr. tordre hors des mains do
qqn., fig. obtenir par violence; du supin
cxtorsum : siibst. extorsio, -fr. extorsion, d'où
extorsionnaire.
EXTRA, adv. et prép. latine (= exterâ de
exter), signifiant en dehors. Nous en avons
fait un substantif dans « faire un extra ♦» ,
faire quelque chose en dehors de la coutume.
Le sens « hoi's, outre », propre à extra dans les
compositions latines, lui a aussi été appliqué
dans quelques compositions du cru roman, p.
ex. extravaguer, extravaser. Il marque supé-
riorité dans extra- fin.
EXTRACTION, L. ex tractio (ex trahci^e =
fr. extraire).
EXTRADER (néologisme), du L. ex-tradere ;
extradition, L. extraditio.
EXTRADOS, surface extérieure d une voûte,
du L. extra dorsum.
EXTRAIRE, vfr. estraire, L. extrahere;
partie, extrait = L. extraatus; de là le subst.
extrait.
EXTRAORDINAIRE, L. extra-or dinarius.
EXTRAVAGUER, errer au delà des idées
raisonnables, L. eûct,ra-x>agari (mot non clas-
sique). — D. extravagant, -ance.
EXTRAVASER (S'), sortir, se répandre hors
du vase. — D. extravasation, forme préfé-
rable à extravasion, qui est une abnormité. —
Linguet a employé le mot extrçxasion dans le
sens de digression; parlant des discussions
du parlement d'Angleterre : « Hommes assez
heureux, dit-il, pour pouvoir influer sur les
opérations du gouveniement, ne perdez pas
dans des extravasions puériles votre temps et
votre enthousiasme. »» Mais ce substantif n'a
rien à faire avec extravaser, sortir du vase; il
répond à un type latin extra-vasio, du verbe •
extra-vadere, qui est d'une structure et d'une
valeur analogues à celles de di-gredi ou de
exlravagaH.
EXTRÊME, L. extremus (superlatif de exter).
— D. extrémité, L. extremitas.
EXTRINSÈQUE, de l'adverbe latin extrin-
secus, du ou en dehors.
EXUBÉRANT, -ANCE, L. ex-uberans (de
nbci\ abondant, riche), -antia.
EXULCÉRBR, L. ex-ulcerare.
EXULTER, L. exsnltare, sauter de joie.
EXUTOIRE, du verbe L. exuere (part, exu-
tus), litt. tirer dehors, dégager.
EX-VOTO, expression latine, ■=- offrande
faite ex vota, c.-à-d. à la suite d'un vœu.
Les Latins donnaient déjà au substantif co^um,
par métonymie, le sens d'objet votif (Virgile :
lustramurque Jovi votisque incendimus aras).
F
FABLE, it. favola, prov. faula (en esp.
fabla, habla, et. port, falla, discours), du L.
fabula (de fari, dire), récit, histoire, tradi-
tion, fable. — D. vfr.. prov. fablel, d'où fr.
fabliau (cp. vfr. biau, p. bet)\ fablier; verbe
fr. fabler, raconter, parler, it. favolare, favel-
lare, esp. habiar (c'est de l'esp. que nous tenons
le mot )uibler), prov. faular = L. fabulari.
Dérivés à forme latine : fabuleux, L. fabulo-
sus, fabuliste.
FABRIQUE, L. fabrica. Le sens ecclésiasti-
que attaché au mot fr. vient du BL. fabrica.
revenus d'une église affectés à son entretien et
aux besoins temporels du culte; de là le subst.
fahricicn. — D. fabriquer, L. fabricari; fabm-
cant, -at. — La langue romane a en outre, par
la résolution du b en u et l'orthographe o p.
au, converti fabr*care et fabr'ca en forger,
forge (cp. tabula, fr. tôle).
FABULEUX, -ISTE, voy. fable.
FAÇADE, voy. face.
FACE, it. faccia, prov. fatz, fassa, esp. haz,
du L. facia p. fades (facere), pr. figure, as-
pect, forme, puis visage, ce qui se présente à
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FAC
— 205 —
FAI
la vue. — D. façade , extérieur d'un édifice, de
rit. facciata (esp. fachada); facette, pr. petite
face ; facer, t. de jeu de cartes ; face (aussi
facié), « un homme bien fecé »»; facial; effacer
(v. cm.); surface.
FAGÉTIS (mot de façon nouvelle), du L.
facetta (facctus). — D. facétieux,
FACETTE, voy. face. — D. facetter,
FAGHER, faschcr', du prov. fasticar^ fasti-
ffar, dégoûter (cp. mâcher de masticaré). Le
verbe prov. est dérivé de fastic, fastig, qui,
conformément au génie de la langue proven-
çale, représente le L. fastidium, dégoût,
aversion, ennui ; fâcher, c'est donc pr. donner
du dégoût, do l'ennui. Le L. fastidire n'a pu
directement donner la forme fâcher. — D.
fâcheux t prov. fastigos\ fàchmHe; cps. se
dé fâcher.
FACIENDE, BL. facienda, negotium, litt.
= ce qui est à faire (d'où affaire), puis cabale,
intrigue.
FACILE (mot du fonds savant de la langue,
comme agile, habile), du L. facilis (facere),
litt. faisable. — D. facilité, L. facilitas;
faciliter.
FAÇON, angl. fashion, it. fazione, prov.
faissô, du L. factioitem (facere), action ou
manière de faire. — D. façonner; foçonnier;
cps. malfaço7i. Voy. aussi faction, ibrme sa-
vante do factionem.
FACONDE, vfr fagotuîe, L. facwuîia. Ron-
sard employait aussi l'adj. facond, L. facun-
dus.
FAG-SDQLÉ, expression latine signifiant
litt. « fais de même ». — D. fac-similer.
FACTEUR, L. factor (facere), celui qui fait,
qui soigne, etc. — D. factorage (aussi factage),
factorerie (mot mal fait) ou factorie,
FACTICE, it. fattizio, L. factitius (facere).
Le môme mot latin, en modifiant son sens, a
donné le vfr. faitis, bien fait, gracieux.
FACTIEUX, L. factiosiis (factio).
FACTION, parti, h, factio. Ce primitif latin,
pris dans le sens de « accomplissement d'un
service »♦ , a également donné le mot faction
dans son acception militaire : soldat en fac-
tion est en quelque sorte équivalent à soldat
en action, en service. — D. factionnaire,
FACTOTUM (expression lutine de facture
moderne), litt. = nn fais tout,
FACTUM, mot latin, »= fait, acte ; on lui a
donné le sens de «< exposé d'un fait, d'un
litige », puis il est devenu synonyme de
libelle; cp. le mot acte = exposé d'un acte.
FACTURE, vfr. faiture, 1 . manière de faire,
syn. de façon, 2. énumération des choses fai-
tes, compte de marchandises; il se peut cepen-
dant que ce deuxième sens découle de celui
qu'avait pris factura au moyen âge, savoir le
prix d'un travail; du L. factura (facere), façon,
confection. — D. facturer,
FACULTÉ, puissance physique ou morale
d'agir, du L. facultas (de facul, dér. àe facere).
Le terme faculté désignant les divisions éta-
blies, dans le corps universitaire, suivant les
principales branches de l'enseignement, se
rattache à l'expression facultas docendi, li-
cence d'enseigner telle ou telle science. Tous
ceux qui ont obtenu cette licence spécialisée
ont plus tard été compris sous le nom collec-
tif de faculté. — D. facultatif, pr. laissant la
faculté de faire ou de ne pas faire.
FADE, prov. fat (it. fado est un emprunt au
français), du L. fatuus, fade, sans goût, sot
(pour la chute de u, cp. ride de viduus, prov.
tacs de tac mis), Gaston Paris, n'admettant
pas que le l de fatuus (qui équivaut à fatvus)
puisse s'afl'aiblir en d, n'accepte ce primitif
que pour le mot fr. fat, sot, niais, et assigne
à Tadj. fade, pour origine, le L. vapidus, éva-
poré, éventé, gâté. Ce qui gêne dans cette
étymologie, d'ailleurs très plausible (cp. sa-
pidiis, sade', rapidus, 7'ade', c'est l'initiale v
durcie en f, qui n'est constatée que dans un
seul autre cas, savoir L. vicem, fr. fois, fie*.
Le scrupule qui fait rejeter à M. Paris Tétym.
fatuus est fondé, mais on peut le faire dispa-
raître sans difficulté. Fatuus a donné d'abord
le masc. fat; ce masc., ensuite, selon les rè-
gles, a dt^gagé le féminin fade, lequel féminin
s'est substitué au masculin, comme la forme
roide, féminin de roit', s'est fixée pour les
deux genres. — D. fadeur, fadaise (vfr.
fadessr)-^ adj. fadasse.
FA6NE, ou faigne, dans les Ardennes, clai-
rière marécageuse dans les bois. C'est le même
mot que fange iy, c. m.); cp. le wallon s\^fanii,
s'embourber.
FAGOT, aussi faguette^ it. fagotto, esp.
fogote, angl. faggot. Ces mots ne viennent pas
de fagus, hêtre, qui aurait fait en fr, fagot,
mais du L. fax (thèmo fac), dont le sens pri-
mitif est faisceau de petit bois (cp. gr. ^xKiXoi,
fasciculus). Ce primitif fax -= faisceau parait
s'être conservé dans le valaque hac = fagot
[fagus, hêtre, fait dans cette langue fag), Nicot
pensait à fascis en disant « fagot, quasi un fas-
cot n Les Italiens ont nommé l'instrument
dit basson fagotto (d'où ail. fagott), parce que,
après l'avoir démonté, les diverses pièces sont
réunies en forme de fagot. — D. fagoter, met-
tre en fqgot, fig. arranger, et surtout mal
arranger, mal vêtir (cp. l'expr. « cet homme
est habillé comme un fagot »); fagot in,
FAGOTER, voy. fagot.— T),jfagotag€, -aille,
'Cur; cps. en fagoter,
FAGUENAS, odeur de sueur « telle que celle
d'un crocheteur échauffé ». De la Monnoye y
voit un dérivé de faquin, portefaix. — Selon
Bugge (Rom., III, 147), c'est une métathèsc
de fa>iegas, auquel il donne pour primitif le
vha. fnehan, mha. ph)iehen, «« anhelare »,
bavarois pfnechen, à'oix pfnâckeln, « puer »»,
subst. pfiUikeln, « odeur rebutante ». L'initiale
fn francisée par fan (cp. hanap), et l'aspiréo
h remplacée en fr. par un g sont conformes aux
règles. Mais comment ce mot nouveau aurait -
il était cherché chez les Allemands?
FAIBLE, FOIBLfl, vfr. floible, floihe, it.
fiecole, esp., prov. feble, port, febre, du L.
flebilis, déplorable, qui est à plaindre, misé-
rable. L'allemand schtoach, faible, a signifié
également en premier lieu flebilis, miser, et
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FAI
— 206 —
TAI
dans la même langue, w^nig^ parcus, paucus,
vient de weinen, pleurer, et a pour sens fon-
cier «* déplorable »; notre chétif n*est non
plus au fond que captif» misérable. — D. feu-
blesse; faiblir, affaiblir.
FAÏENGE» sorte de poterie recouverte d'un
vernis, fabriquée d'abord & Faënza^ d'où le
mot.
1. FAILLI (dans l'ancienne locution Bons
faiUe et comme t. de géologie, endroit où
la roohe faut), subst. verbal de faillir.
2. FAILLE, étofie de soie noire à gros
grains, fabriquée en Flandre; vêtement de
tête des bourgeoises flamandes; flam. faite.
La faille est, dit-on, un vêtement introduit par
les Espagnols; ne serait-ce donc pas l'esp.
falla, sorte de chaperon que portaient les
femmes espagnoles? Tout en admettant l'iden-
tité de l'esp. faUa avec notre mot faille, on
ne doit pas négliger le fait que faille était en
cours dans la langue française long^mps
avant larrivée des Espagnols dans les Pays-
Bas; dans le Gloss. de Douai, il traduit L.
pcmula, manteau à capuchon.
3. FAILLE, ancien mot, encore usuel dans
les dialectes, torche, du L. facula, m. s.
FAILLIR, manquer, it. fallire, anc. esp.
faUir, falir; du L. fallere au sens de man-
quer à, ne pas répondre à. On sait que le L.
fallere comme le gr. j^xaUv/ signifient éty-
mologiquement tomber ou faire tomber et
sont congénères avec l'ail. faUen, tomber, et
peut-être avec fehlen, manquer. — D. faille,
prov. falha, manque, faute; failli, ^qui a
manqué à ses engagements ; faillite, BL. fal-
lïi&; faillible, infaillible; failli bilité, infail-
libilité; cps. défaillir. — Outre la forme en
ir, le L. fallere a donné au fr. une forme en
re et en oir, savoir falloir, vfr. faldre, faudre,
employé impersonnellement, avec le sens de
faire défaut, de là : être nécessaire, cp. en L.
fallit me, cela m'échappe, me fait défaut. Une
forme fréq. fallitare a donné les verbes it.
faltare, esp., port., prov. faîlar, manquer;
c'est de là que proviennent les subst. verbaux
it., esp., port, falta, fr. fautk, et le composé
diffalta, prov. defaida, vfr. défaite (auj.
défaut).
FAILLITE, voy. faillir.
FAIM, prov. fam, it. famé, du L. famés. —
D. famine (d'un type famina), affamé.
FAIM-VALLE, faim excessive, composé do
faim et du celto-breton //tca//, mauvais. Cette
étymologie, corroborée par l'expression ana-
logue maie- faim, explique aussi les formes
accessoires faim-galle, faim-calle et fraim-
(jalle, fringale. Ménage y voyait une faim de
cheval; 'Sodïcv une faines valida; conjectures
insoutenables.
FAINE, contraction du vfr. faine, en picard
faigne, del'adj. fagincus, àefagus, hêtre. —
D. f aînée, récolte des faines.
FAINÉANT, qui fait néant; cp. le terme
vaurien, et l'it. farniente, le rien-faire, la
douce oisivité. Une expression analogue est le
vieux mot faitard = qui ta7'd fail^ paresseux.
— D. fainéanter, fainéantise (Montaigne disait
fainéanee). — H faut distinguer, comme l'ob-
serve fort bien Qénin, le mot fainéant, « qui
ne fût rien **, de feignant, mot populaire,
signifiant « qui ne va pas de tout cœur au
travail, ou plutôt qui, n'osant pas avouer sa
paresse, accepte le travail sans le redierchw • .
Ce feignant-là, vient de se feindre, hésiter,
faire difficulté, se soustraire au travail. Un
terme analogue est l'it. infingardo.
FAIRE, L. facerê, fac're (cp. taire, plaire
de tac*re, plac're); de là fait, L. factiun; fai-
sable, faiseur, faisatices; cps. affaire (v. c. m.),
bien faire * (voy. bien), contrefaire, défaire,
forfaire, malfaire, méfaire, refaire, satis-
faire, surfaire (voy. ces mots).
FAISAN, anc, avec un t adventice, faisa»U,
fém. faisande et faisane, angl. pheasant, it.
fagiano; du L. phasianus, gr. ^statave;, litt.
oiseau du Phase. — D. faisandeau, faisan-
der, faisandier, -erie, se rattachant tous à
l'ancienne terminaison en ant),
1 . FAISANDIER, qui tient une faisanderie,
de faisan.
2. FAISANDIER, dans les Landes, métayer
de passage, du BL. facienda, métairie. Le
même mot latin, pr. choses à faire, a dégagé
les sens •• affaire, exploitation, terres à ex-
ploiter, biens **, inhérents à l'it. faccenda,
port., prov. fazenda, esp. hacienda, fr. fa-
dende (v. c. m.J. Cp. prov. afar, pr. affaire,
puis métairie, domaine.
FAISCEAU, faiscel \ faissél \ du L. fas-
cellus, p. fasciculus, dim. de fascis, fr. faix.
FAISEUR, qui fait. Littré ramène vfr. fai-
sière (nom.) et faiseor (accus.), je ne sais com-
ment, à un type factatorem; à la vérité, il ne
peut provenir du L. factorem, mais il y a une
ressource pour l'expliquer sans recourir à des
moyens forcés. Le suffixe fr. éeur, d'où eur
( = L. atorem, it6rem), s'est appliqué au thème
fais, qui représente le lat. fac devant une
voyelle (le c devenant sifflant), tout aussi natu-
rellement que able dans faisable, ans, oie
dans faisons, faisoie '. Cp. liseur, du thème
lis, de lire «« légère, confiseur de confire.
L'anc. faiseai' ne peut représenter que la
forme tliéorique facitôrem ; factatorem répond
à vfr. faiteor.
FAISSE, L. fascia, lien, bande. — D. fais-
ser, faissier (vannier), faisseine.
FAISSELLE, du L. fiscella, petit panier de
jonc, dim. do jfiscus. — Cp. féchelle.
FAIT, L. foetus ou faclum, voy. faire.
FAITARD, voy. fainéant.
FAITE, fais:e \ vfr. aussi fest, festre; selon
Diez, du L. fastigium, mais cet original ne
s'accommode guère, puisqu'il porte l'accent
sur ti, à moins de présumer un déplacement
de l'accent sur la première syllabe; il n'ex-
pliquerait pas non plus la forme vfr. faïste
que suppose le linguiste cité. D'autre part,
une forme latine fasium, telle que la propose
Littré comme radical de fastigium, appelle-
rait faste, et non pas faiste. J'admettrais donc
plutôt un type fastium comme intermédiaire
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FAL
— 207 —
FAN
entre fastigium et faiste. En Suisse, on dit
frite {/reste) ; IV peut être euphonique, mais
n*j aurait-il pas lieu de rapporter cette forme
À Tall. first, sommet, laite? — D. fattag;
faîtière, enfaiter, — Cet article était depuis
l<Migtemps textuellonent rédigé comme ci-
dessus, quand parut le premier cahier de la
Romania, où Gaston Paris, par une démons-
tration historique et phonologique irrécu-
sable, a placé rétym. first au-dessus de tout
doute, n résulte de son étude approfondie que
les formes constantes de Tancienne langue
étaient fest (masc.) et feste (fém.) et que Texis-
tence d'une forme faïste n'est aucunement
assurée. Ajoutex-y % Tappui les formes an-
ciennes festre, freste.
FAIX, proT. fais, it. fascio, esp. haz, du L.
fascis, faisceau, paquet, charge. — D. affaiS'
ser (v. c. m.) Voy. aussi faisceau.
FALAISE, vfr. falise, faloise, BL. falesia,
du vha. feiisa (forme masc. fels), rocher. —
D. faktiser.
FALBALA, de même en it., esp., port., en
esp. aussi farfala, dial. it. de Crâmone et de
Parme frambaîa, piémont. farabala, en Hai-
naut farbala, ail. falbel. On a, sur ce mot, qui
date du temps de Louis XIV et qui est syno-
nyme de ce que nos dames appellent de nos
jours im volant, diverses étymologies anecdo-
tiques que nous passons sous silence comme
n'offrant aucune probabilité. Le Duchat le
rapporte à l'ail. faJd plat, «qui signifie, selon
Leibnitz, jupe plissée »», mais ce mot est in-
connu aux Allemands. Johanneau voit dans
falbala Tangl. furbelow, m. s., composé de
fur, foumire, et de below, en bas. Cette ori-
gine, fort acceptable pour le sens, no serait
pas plus improbable, sous le rapport de la
conformation littérale, que celle de redingote,
de l'angl. riditigcoat (les termes désignant
des objets de toilette sont particulièrement
exposés à l'altération, surtout en venant d'une
lang^ue aussi peu fixée dans sa prononciation
que l'anglais), mais le mot furbelow jKJurrait
bien n'être qu'un arrangement du mot roman,
imaginé pour donner à ce dernier une appa-
rence de sens. Mùller est porté à prendre les
formes avec r, farbala et farfaîa, pour anté-
tieures aux autres et à les rapporter au mot
roman farfala, papillon. — Génin fait venir
falbala de l'esp. falda, bord ou pan de robe
(voy. faudc), d'oiifaldellin, cotillon plissé; il
lui paraît • clair » que falda s'est allongé en
falbala! — Il est bon de noter que si falbala
date en France du xvii* siècle, Luther s'est
d(^jà servi de Tall. falbel dans ses Propos de
table (voy. Grimm' .
FALLACB, L. fallacia (fallcre). — D. falla-
cieux.
FALLOIR, voy. faillir.
1. FALOT, lanterne, it. falà, feu de joie,
du gr. favo'i, lanterne, ou de ^à/995, phare
(piém. farà, vénit. fana), La mutation des
liquides permet les deux dérivations. Le mot
^avo; est aussi le primitif de fanal,
2. FALOT, plaisant, dr6le; cp. it. falotico,
fantasque, capricieux. Origine inconnue. Dicz
range it. falotico sous l'art, préc.; le sens
propre serait ainsi « flambant, vacillant. •> —
D. faloteriê,
1 . FALOTJBDE, fogot de bûches ; d'origine
inconnue. L'étym. <^ Nicot, faix lourd, re-
prise par Dies, 6st contredite par les formes
vehurde, belourde qui se trouvent dans Frois-
sart. Bugge pense que falourde s'est fait de
velourde, mot équivalent (voy. mon Gloss. de
Froissart), sous l'influence de falourde «s
bourde. Quant à vehurde, belourde, il y voit
le fém. d'un a^j. velourd, qui serait, comme
l'esp. vilordo (^ lourd), formé avec la parti-
cule péjorative bis (Rom., IV, 355).
2. FALOURDE, dans le vfr. et les patois,
bourde, tromperie (d'où falourder, falour-
deur). FiSt-ce le même mot que le précédent,
pris dans un sens métaphorique? L'acception
identique que prend fagot, son synonyme,
autorise à 1 admettre. D'autres cependant, et
parmi eux Burguy, font de falourde =
bourde une composition analogue à celle de
balourd (v. c. m.), c'est-à-dire fa-lourd {fa de
fore, faire). — Les mots familiers falibwrde,
menterie, jfaligoterie, sottise, niaiserie, falot,
plaisant, etfaribole,p, falibole, nous dispose-
raient à supposer à toutes ces formes une
origine commune. Ont-elles quelque affinité
avec le L. faUere, tromper, vfr. faUr, d'où vfr.
falie, falaise, tromperie? Le prov. faular (L.
fabulari), conter des fables, ou même le fr.
fabler, y seraient-ils tout à fait étrangers?
C'est sur quoi nous ne saurions décider. —
Nous ajouterons qu'en Champagne on a le
mot fafelourde, p. mensonge, cont«.
3. FALOURDE, hirondelle de mer; d'ori-
gine inconnue.
FALQUER, t. de manège, d'où subst. /a^
que; du L. faix, faux, à cause de la courbure
des mouvements du cheval que l'on fait Cal-
quer.
FALQUES, t. de marine, aussi fargues, it.
falche, esp. falcas; d'origine inconnue.
FALSIFIER, L. falsificare. — D. falsifica-
tion, falsificateur.
FALTRANE, mot allemand, boisson [irank)
pour les chutes [fall),
FALUN, terre coquillière; étymologie in-
connue; d'après Littré, de l'ail, fahl, angl.
fallovo, gris cendré, à cause de la couleur du
terrain falunier. — D. faluner, falunière.
FAME, vfr. aussi faume, L, fama. — D.
famé, L. famatus; fameux, prov. famos, L.
famosus. Voy. aussi infâme.
FAMfeilQUE, L. famelicus (famés); le vfr.
disait fameleux, fameilleux ; en t. de faucon-
nerie on dit encore familleux,
FAMEUX, voy. famé.
FAMILLE, L. familia (famul) ; familier, L.
familiaris, d'où familiarité, L. -itas, verbe
familiariser,
FAMINE, voj.iaim,
FANAL, it. fanale, voy. faht 1 .
FANATIQUE, L. fanaticus, inspiré des
dieux (de fanum, temple). — D. fatiatisme,
fanatiser,
FANOHON, objet de toilette féminine (espèce
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FAN
208 —
FAR
de fichu), de Fanchon, nom familier de
femme, aimin. de Fanny (Françoise).
FANE, subst. verbal de faner. — D. fami.
FANER, vfr., pic. feneir, convertir en foin,
faire flétrir une plante (anc. fanir, au sens
neutre) ; du L. fœnunit fœnum, foin. — D.
fane^ pr. feuille sèche, fané, flétri, faneur,
fanage; fanaison, mieux fetiaison ; fanoir.
FANFAN, terme de caresse, tiré de enfant.
FANFARE, musique bruyante. — li.fan-
farer; fanfaron, pr. tapageur, vantard, esp.
fanfarron. — Fanfare est probablement une
onomatopée, cp. it. fanfano, hâbleur, anc.
esp. fan fa, bravade, farfante, rodomont. En
arabe on trouve far far p. babillard ; serait-ce
l'original? — Pour l'onomatopée fanfa, on
pourrait rapprocher fiafla, lanfari, qui
disent à. peu près la même chose.
FANFARON, voy. fanfare. — D. fanfaron-
ner, fanfaronnade, -erie.
FANFRELUCHE, vfr. fanfelue, chose futile,
bagatelle (norm. fanfiue, éblouissement), it.
fanfaluca, flammèche, fig. clianson, vétille.
On trouve dans les gloses florentines : fam-
fahica grsece, bulla aquatica latine dicitur.
C'est, selon toute apparence, une corruption
du grec itofi^ôh^i, qui signifie bulle, bosse de
bouclier, puis un ornement de la coiflîire des
femmes, enfin vapeur arsenicale coagulée. Ces
significations diverses font très bien compren-
dre celles du mot français et italien. Par aphé-
rèse, fanfreluche a donné freluche, fretuquc,
d'où freluquet. — Fan fiole, mot de Diderot:
« les fanfioles de la toilette », parait égale-
mont dégagé de fanfreluche.
FANGE (vfr. masc. fane), it., esp. fango,
prov. fanhaetfanc. Du goth. fani, gén. fan-
jw, boue; pour le rapport littéral, cp. L.
venio (je viens) et it. vengo, prov. venc. On a
sans raison, dit Diez, rattaché le dérivé fan-
geux, it. , esp. fangoso, prov. fangos, au L.
famicosus, qui se trouve dans Festus avec le
sens de marécageux. Pour notre pai*t, nous
penchions également pour cette dernière éty-
mologie, qui satisfait parfaitement. Famicosus
présuppose un primitif famex ou famicus ou
famica, qui représenterait très bien le type
du subst. roman fange. La forme famex se
trouve efiectivement avec la signification de
sang coagulé, abcès. Malgré cela, nous avons
cru devoir donner la préférence à une origine
germanique, après avoir lu l'article de Grand-
gagnage relatif au mot wallon fanië (fr.
fagne), appliqué surtout au nom géographique
les hautes faniez des Ardennes, dont la signi-
fication de marais, ainsi que sa connexité avec
les mots allemands équivalents veen ou venne
(angl. fen, néerl. veen), a été si bien démon-
trée par le savant philologue liégeois. Or,
fanië (BL. fania) répond exactement par sa
facture aux formes fr. fange, prov. fanha et
ne pouiTait pas être rapporté à L. famicem
ou famica, d'où famicosus, — Littré, au
Suppl., se prononce aussi en faveur de fange
B= fagne, en citant TÂunisien fagne, boue,
fagnon, boueux.
FANON, aussi fanion^ du vha. ftDW, goth.
fana, morceau d'étofle (ail. mod. fahne =
drapeau). Voir aussi goitfanon. — Fation,
comme t. de chirurgie, cylindre de paille ou
de foin entouré d'une bande, se disait autre-
fois/ènon et vient, d'après Littré, de foin.
FANTAISIE, gr. 'fxvreciu, L. phaiUasia,
imagination, vision, force sensitive. Le sens
actuel du mot français est un peu détourné dé
sa valeur primitive, qui est encore entière
dans l'allemand pJiantasie. Le grec î>avTàJsiv,
rendre visible, a produit en outre : 1 . le subst.
&âyTa9ju«, vision, d'où prov. fantastna, fan-
iauma, fr. fantôme; 2. Va,dy ^xvrxvnxô;, d'où
fantastique, et par contraction, fantasque;
3. le terme moderne fantasmagorie (composé
de f&'jzx'SfiTc, fantôme, et de ùyopl», subst.
supposé de i/opivuv, parler, annoncer), donc
propr. appel ou évocation de visions, de fan-
tômes.
FANTASMAGORIE, voy. fantaisie.
FANTASQUE, voy. fantaisie.
FANTASSIN, de l'it. fatitaccino, soldat à
pied. Voy. infanteiHe.
FANTASTIQUE, voy. fantaisie. — D. fan-
tastiquer, suivre sa fantaisie.
FANTÔME, voy. fa)Uaisie. Envîv., fantosmo
était synonyme d'illusion ou de mensonge.
FAON (d'où angl. fawn), vfr. féon, pr. petit
de toute espèce de bête fauve. Féon, d'où, plus
tard faon (pron. fan), a été précédé d'une forme
fedon et vient du L. fétus, m. s. — D. faon-
ner, anc. fedo}%er, feonner, mettre bas.
FAQUIN, it. facchino, esp. faquin, d'abord
portefaix, puis homme de peu, coquin, inso-
lent. Si le mot se rencontrait dans l'anc.
langue fr., Diez serait disposé à croire que
le sens primitif était celui de jeune homme,
d'où ceux de fort, robuste, fier, et que l'ac-
ception portefaix (homme fort) s'en serait dé-
gagée dans la suite. Les Italiens et les Espa-
gnols auraient emprunté le mot avec ce der-
nier sens au français. Dans cette vaine suppo-
sition, il fait dériver le mot d'une forme nécrl.
vantkin, antérieure au mot actuel venffe (Ki-
liaen atej/7i/Ae;i),jeune garçon. Il écarte Téty-
mologie L. fascis, et ac<;epterait plutôt celle
de l'arabe faqir, pauvre, misérable. Dans
quelques dialectes, faquin signifie un élégant;
en français, l'acception crocheteur, portefaix,
s'est tout à fait perdue. Il est certain que si
faquin n'était pas si récent dans la langue, les
divers emplois du mot s'accorderaient assez
bien avec le sens étymologique que lui prêt«
Diez ; cp. en ail. kerl, en fr. garçon, qui ont
des valeurs analogues. L'avis du philologue
allemand serait corroboré par le sens « manne-
quin de bois » ; on n'a qu'à rapprocher le mot
mannequin même, qui est également d'ori-
gine germanique (néerlandaise) et signifie
petit homme. — D. faquinerie.
FARANDOLE, danse provençale, est le
même mot que l'esp., cat., port, farandula,
comédiens ambulants, qui dérive d'un primi-
tif ^ranc/a, dans lequel Diez retrouve le par-
ticipe ail. fahrend, ambulant.
FARAUD, homme fier de ses beaux habits ;
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FAR
209 —
FAU
étjmologie incertaine; la plus probable est
fier, L. fems; pour le passage d'« en a, en
syllabe atone, cp. farouche, faon, etc.
FARCI, it., esp., port, farsa, voy. farcir.
— D. forcer, faire des forces, d*où farceur,
FARCIN, L, farcimen = farciminum, —
D. farctneux.
FARGIR, L. farcire. — Du partie, farsiis
p. farttis, dérive subst. farce, 1 . remplissage ;
2. au fig. bouffonnerie (en quelque sorte pot-
pourri de plaisanteries), piôce de théâtre bouf-
fonne. Pour la seconde acception, Wackema-
gel rapproche L. saiira. 1. mélange, pot-
peurri; 2. satire.
FARD. D'après Diez, l'analogie de teinte,
L. tincta, autorise à faire remonter ce mot au
vha. ge-farwit, gi-farit (part, de farwjan,
teindre). — D. farder,
FARDE, esp., port, fardo, paquet, ballot;
dim. esp. fardillo, port., prov. fardel, fr.
fardeau, L'esp. ou port, farda, al farda signi-
fie à la fois entaille dans une poutre, puis un
certain impôt (cp. l'expression fr. taille =
impôt), enfin le manteau du soldat ; le dérivé
esp. fardage (port, fardagem, it. fardaggio)
équivaut à bagage de soldat. La forme cd-
farda accuse une extraction arabe ; aussi Diez
juge-t-il que le mot roman, avec ses diverses
acceptions, est l'arabe fard, qui réunit égale-
ment les significations coche de flèche, paye-
ment légal, solde militaire, étoffe, vêtements.
Pour le sens paquet, si on ne veut pas le faire
découler du sens bagage de soldat, on pour-
rait alléguer l'arabe hard [h = esp. f), qui
signifie impedimentum, chose embarrassante.
En tout cas l'étymologie de l'ail, bûrde,
Charge, fardeau, avancée par Chevallet, ne
mérite aucun crédit. Il en est de même de
celle du gr. fôpro^, fardeau. — Devic allègue
l'arabe fard, pour autant qu'il signifie une
des deux parties d'un objet divisé en deux, et
particulièrement une des deux charges que
porte le chameau. — D. fardeau, farder,
peser, s'affaisser ; fardier, chariot pour con-
duire de gros poids.
FARDEAU, farder, voy. farde, — D. far-
deler (voy. aussi ferler), fardelier,
FARFADET, lutin, esprit follet, fig. homme
vif et frivole ; it. (dial. de Côme) farfatola,
esprit léger. Ces mots paraissent être de la
même famille que l'it. farfalla, papillon, fig.
évaporé, léger.
FARFOUILLER, fouiller sans ordre; les
formes it. farfogliare (Naples), farfqja (Lom-
bardiej, esp. farfullar, rouchi farfoulier,
montois farfeyer, signifient bredouiller, bé-
gayer. Le mot est difficile à démêler. Ménage
y voit une altération de par foui! 1er ; le désir
d'assimiler aurait amené le changement du p
initial. Je proposerais bien d'expliquer far-
fogliare (forme it.) par fra-fogliare = fureter
parmi les feuilles ; mais comment y ramener
l'acception bredouiller, bégayer? Serait-il per-
mis de la rattacher à l'idée de confusion ou
d'embrouillement? D'un autre côté, on est
tenté de voir dans cette bizarre composition
le primitif /oMiZ/er, et de reconnaître dans far-
fouiller (on dit aussi fafouiller) un de ces
redoublements que se permet parfois la lan-
gue populaire, cp. en Hainaut béhéte p. bète;
on peut encore rappeler fanfan de enfant,
floflotter p. flotter. — Vu le langued. fiir-
fuliâ, Ascoli explique far dans notre mot par
le préfixe péjoratif /or =» L. foiis (cp. for-
faire, forconseiller, etc.). Mais il faudrait
quelque preuve à l'appui de cette altération
de for en far,
FAR6UES. =- falqiies (v. c. m.).
FARIBOLE p. falibole, voy. falourde 2.
Henri Estienne, La Monnoye et Trippault
y voyaient une altération de parabole; cela
est aussi absurde que l'étymologie frivole,
tentée par Ménage. — Quelques-uns ont
pensé à fart bullas, dire des bulles. D'après
Littré, c'est un mot de création individuelle,
sans racine réelle, comme faridondaine,
FARINE, L. farina (de far, blé). — D.
farineux, farinicr; fariner, cps. en fariner
(v. c. m.).
FAROUCHE, L. ferox, -octs (c = ch se
trouve aussi dans mordache). Le même mot
latin a donné au fonds savant de la langue
la forme féroce. — D. effaroucher.
FARRA(H), mot latin, mélange de grains
(dérivé de far, blé).
FASGE, L. fascia, bande. — D. fascé.Woj.
aussi faisse.
FASCICULE, L. fasciculus (fascis).
FASCINE, L. fascitia (fascis). — D. fasci-
nage,
FASCINER, vfr. fesner, du L. fascinare
(^affxafvw). — D. fascination.
FASÉOLE, vfr. faisole, du L. phaseolus
FASHION, mot anglais d'origine romane et
identique avec le fr. façon, dont il partage les
significations principales. Le français l'a repris
aux Anglais. — D. fashionable, « qui est à la
mode ».
FASTE, L. fastus. — D. fastueux.
FASTES, L. fasti, calendrier, annales.
FASTIDIEUX, L. fasttdiosus.
FASTUEUX, L. fastuosus' (p. fastosus).
FAT, L. fatuus, insipide, fig. sot; voy.
fade. — D. fatuité, L. fetuitas; fatuisme;
infoAuei\ L. infatuare.
FATAL, L. fatalis (de fatum, destin). —
D. fatalité, L. -itas; fatalisme, -iste, -iser,
FATIDIQUE, L. fatidicus,
FATIGUER, L. fatigare. — D. fatigue,
FATRAS, par transposition p. fartas, d'un
type latin fartaceus, dérivé de fartus, farci,
bourré. Cp. le terme latin fartilia, mélange
littéraire, macédoine, fatras. — L'explication
par fartas, remarque Littré (au Suppl.), est
contrariée par les anciennes formes fastras,
fastrealle, fastrasie; mais est-il démontré que
r* de ces mots n'est pas adventice, arbitrai-
rement introduite?
FAUBOURG ; les savants sont partagés entre
les étymologies faux-bourg (= le bourg qui
n'est pas le vrai) et for-bourg, le bourg extra
muros (for ■= foris, fr. hors). On a allégué
de bonnes raisons pour l'une et pour l'autre.
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FAV
— 210 —
FÉL
Diez est favorable à la première ; il pense
que les formes forborg^forshourg, même hors-
bore (Roquefort), sont postérieures et moti-
vées par le désir de donner un sens au mot
faubourg^ dont l'origine était moins sensible.
Le wallon dit fàbor {fà *=^faux>, le picard
forbourg. Les deux variétés répondent à deux
interprétations diverses de la chose. For-
bourg, toutefois, est, d'après les textes, la
forme la plus ancienne. — D. faubourien {mot
nouveau).
FAUCHER, voy. faux 1. — D. fauche,
subst. verbal; fauchaison.
FAUCILLE, voy. faux. — D. faucillon.
FAUCON, faîcon\ L. falco, -onis (faix). —
D. fatœonneau, -ter, -e^He.
FAUBSR, plier, du vfr. fatide, it. falda,
esp. falda, halda, port, fràlda, prov. fauda,
la partie inférieure et plissée d'un vêtement ;
du vha. fait y ail. mod faite, pli.
FAUFILER, de faux fil (fil provisoire).
FAUSSAIRE, FAUSSER, voy. faux 2.
1 . FAUSSET, voix de tête. voy. faux 2.
2. FAUSSET, petit bouchon, prob. pour
faucet, dim. tiré du L. faucem, gorge, fig.
goulot.
FAUTE, voy. faillir. — D. fautif
FAUTEUIL, vfr. faudesteul (Nicot : fau-
deteuï), prov. fadestol, it., esp., port, fal-
distorio, du vha. fallstuol, chaise pliante (voy.
fauder). — Définition de Nicot : « chaire à
dossiers et à accouldoirs ayant le siège de
sangles entrelassées, couverte de telle estofl*e
qu'on veut, laquelle se plie pour plus commo-
dément la porter d'un lieu à un autre et est
chaire de parade, laquelle on tenoit ancien-
nement auprès d'un lict de parade. »
FAUTEUR, L. /au^or (favere).
FAUTIF, voy. faute.
FAUTRE, variété de feittre(y. c. m.).
FAUVE, it. falbo, prov. falb, angl. fallow,
pâle, blême, terne, du vha. falo (gén. fale-
tces), ail. mod. fa/ô, jaune gris. L'étymologie
tirée du L. fulvus n'est pas admissible; le
latin ol ou là ne produit pas al ou au; L.
flavus doit également être rejeté. — D. fau-
veau; fauvette, oiseau à plumage tirant sur le
fsinre.
FAUVETTE, voy. faute.
1. FAUX, subst., prov. faus, it. faJce, du
L. faix. — D. faucille, L. falcilla p. falcula;
faucher, BL. falcare; les noms des anciennes
armes de guerre fauchard, faussard, fauchon.
2. FAUX, &àj , vfr. et prov. fais, du L.
falsus (fallere). — D. fausser, L. falsare;
fausseté, L. falsitas; faussaire, L. falsarius;
fausset, it. falsetto, fausse voix ; la forme ita-
lienne défend d'interpréter fausset par faucet
et de le rattacher à L. faux, gosier.
FAVEUR, L. favorem. — D. favorable, L.
favorabilis ; favori (participe de l'anc. verbe
favorir, it. favoiire)\ favoriser; o^^. défa-
veur.
FA VEUX, qui ressmnble à des rayons de
miel, du L. favus, rayon de miel.
FAVORI, fém. favorite (anc. favorie), voy.
fiiveur. — D. favoritisme..
FSAGE, d'un type fedagium p. BL. feoda-
gium, contrat d'inféodation, de feodum, fiéf.
— D. afféager.
FÉAL, par substitution de la finale al àel
(cp. vfr. cruaV p. amet), p. feel, anc. forme
p. fidèle, L. fidelis. — D. féaltf féauté.
FÉBRICTTANT, du L. febricitare.
FÉBRIFUGE, L. febrifugus, qui chasse la
fièvre.
FEBRILE, L. feùinlis (de febris, fièvre).
FÉCAL, voy. jfèces.
FÈCES (pi.), L. fœx fœcis. — D. fécal, L.
f»calis; verbe fécer; dim. fécule, L. fœcula;
cps. déféquer (forme picarde), L. defsecare.
FÉCHELLE, petite claie pour faire égoutter
qqch., du L. fiscélla, petit panier (fiscus),
clayon ; donc le même mot que faisselle.
FÉCOND, L. fecundus (feo). — D. fécon-
dité, L. fecunditas; féconder, L. fecundare.
FECULE, vôy. fices. — D. féculeyH, -ence,
L. faeculentus, -entia ; féculeiix, féculer, -erie,
-iste, -ofde.
FÉDÉRAL, L. fœderalis (fœdus). — - D.
fédéraliser, -alisme, -aliste. — Fédérer (se),
L. fœderare (cps. cmi fédérer) ; fédération, L.
foederatio ; fédératif.
FÉE, it. faia, esp., prov., port, fada, esp.
hada, du L. faia »= parca (le mot se trouve
sur une monnaie du temps de Dioclétien).
Fata se rattache à L. fari, parler, comme
fatum, destin. On trouve la forme fatua
employée, avec le sens de devineresse, par
Marcianus Capella. — D. féer, yîr. /*aer (prov.
fadar, esp. hadar, it. fatare, ail. feien); féerie,
féerique.
FEIGNANT, voy. fainéant.
FEINDRE, L. fingere. — Du participe
feint : subst. feinte (ail. finte) et feintise. —
Voy. aussi faint^ant.
FELD-MARÉCHAL, mot ail. = maréchal de
camp.
FELDSPATH, mot allemand = spath de cam-
pagne.
F£LE, FESLS, FELLE, canne creuse pour
souflier le verre, du L. fistula, fist^la, tuyau.
— D. félatier, aussi fératier.
FÊLER, fesler\ du L. fissulare, dér. de
fissum, supin de findere, fendre ; ou bien de
fissiculare, forme qui se rencontre dans
Apulée, et qui a pu donner fêler, par la syn-
cope de la syllabe médiaie eu, comme miscu-
lare a fait mêler. — Les formes wallonnes
faieler (Liège), fatiieler (Namur), foler (Valen-
ciennes) sont ramenées par Grandgagnage au
subst. faie = faille, faute, lacune, fente.
L'orthographe ancienne feller, qui suppose
une forme antérieure fesler (avec un s radi-
cal) me fait douter de cette étymologie pour
notre fr. fHer.
FÉLICITÉ, L, félicitas (felix); féliciter, L.
felicitare (rendre heureux).
FÉLIN, L. felinus (de felis, chat).
FELLE, voy. fêle.
FÉLON, qui manque à la foi, traître, it.
fellone, cruel, traître, es^.fsllon, prov. félon,
félhon, fellon, BL. fello (ix« siècle), cruel,
courroucé, félon. Ces vocables sont des formes
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FEL
— m
FER
dérivatives des primitifs vfr. et prov. /e/, it.
fello, qui se rencontrent avec les significations
de scélérat, cruel, impie, terrible, coura-
geux. En rouchi, feJe équivaut à fort, ro-
buste, en parlant de choses, et à arrogant
en parlant de personnes; dans d'autres dia-
lectes, le mot veut dire le contraire, c.-à-d.
faible. A Bruxelles, on dit un fslle cadet pour
un gaillard. Comment accorder toutes ces
acceptions bonnes et mauvaises, et les rame-
ner à une signification originelle commune ?
Comment surtout expliquer le lien commun
entre cruauté et trahison (car, pour le rapport
entre les idées cruel, terrible, redoutable, vi-
goureux, ardent, il ne présente pas de diffî-
culte) ? Ces questions, malgré la sagacité des
étymologistes, ne sont pas encore résolues
d\ine manière qui lève tous les doutes, et je
suis porté à croire que le félon , traître, et le
félon f cruel, sont deux homonymes d'origine
différente. Voici ce qui a éte successivement
proposé sur l'origine de fel ; Ducange invoque
le saxon faelen, felen, errare, derelinquere,
cadere. Il ajoute que Hickes et Schilter déri-
vent fel de l'ags. felle (d'où l'angl. fell, cruel) ;
que d'autres ont pensé soit au L felj fiel,
•♦ quod qui crimina perpétrant ea felleo animo
perpetrare dicantur », soit augr. ç)ïî)slv,deci-
pere, illudere, d'où >>]>»îÇ, imposteur. Grand-
gagnage remonte à l'ags. fell et le v. frison
fal, hoU. fel, écoss. fell, féroce, violent, inide ;
Chevallet, au vha. fel, en citant les autres
similaires germaniques. Duméril propose
l'island. fclla^ tuer, renverser, en faisant ob-
server que dans le sens de faible, propre au
dialecte normand, fêle pourrait se rapporter à
risland. feill, vice, défaut. Diez, récusant l'éty-
mologie du L. fel, bile — il observe à cet
égard que l'adjectif fel ne se produit qu'avec
un e, jamais avec la forme diphtonguée,
propre au subst. it. fiele, esp. hiel, fr. fel ,
— ainsi que celle de l'ags. fell, qui ne se
trouve nulle part dans les sources littéraires
de cette langue, place le prototype des mots
romans dans le vha. fiUo, flagellateur, bour-
reau, subst. supposé du verbe vha. fill<in,
fouetter. Il fonde son opinion sur deux consi-
dérations : 1 . en prov. et vfr. , le mot fait au
nom. sing. fel (ou fels), à l'accus. félon, ce
qui concorde avec le mot ail., dont le nom.
est fiUo, l'ace, fillun, fillon; 2. la fonme
mouillée prov. felk, felhon, trouve son ana-
logue dans la forme germanique fljan, p.
fillan. — D. félonie, ït. fellonia, prov. felnia,
feunia, esp. felonia.
FELOUQUE, sorte de petit bateau ; d'après
Dozy, de l'arabe harràha, qui désignait à
l'origine un bateau d'où l'on jetait le naphte
sur les vaisseaux ennemis (du verbe haraha,
brûler), puis un petit navire en général. Le
mot arabe a passé d'abord dans l'espagnol
sous la forme haloque (xiii® siècle), d'où, par
la permutation constante entre h et f, falo-
que; de là les formes esp. faluca, it. feluca,
fr. falouque, felouque, néerl. feloek. L'arabe
félouha est une reprise faite au roman dans
les temps modernes, L'étymologie usuelle,
arabe folk, bateau, est repoussée par Dozj,
ce mot n'ayant jamais existé dans 1 arabe du
moyen âge avec le sens de bateau. Devic
n'abandonne pas l'étymon folk ou foulh, par
lequel les traducteurs de la Bible en arabe
n'ont pas hésité à rendre l'arche de Noé.
FEMELLE, du L. femella, dim. de femina.
FÉMININ, L. femininus (femina).
FEMME, L. femina (rac. feo, donc. pr.
celle qui porte fruit), cp. kimê de lamina,
homme do hominem. — D. femmelette; terme
scientifique féminiser,
FÉMUR, mot latin = cuisse. — D. fémo-
ral; les Champenois nomment les caleçons
des fémoraux.
FENAISON, voy. faner.
FENDRE, L. findere. — D. fente, subst.
partie, jcp. pente, descente, tente) \ fendeur,
'Ci'ie ; d\m. fendiller .
FENÊTRE, fenestre\ L. fenesira,
FBNIL, L. fœnile (fœnum).
FENOUIL, it. finocchio, esp. hino/o, port.
funcho, ail fenchel, angl. fennél, du L.
fœniciUum, litt. petit foin, en basse latinité
fenuclitm ; cp. genouiT' genou, de genucu-
lum p. geniculum. — D. (^nouillet, -ette.
FENTE, voy. fendre. — D. fente, fènton.
FENUQRBG, L. fœnum grœcum.
FÉODAL, voy. fief. — D. féodalUé.
FER, L. ferrum. — D. ferrer, ferrant
(maréchal), ferrement (L. ferramentum), -ure,
ferrailles, ferret d'où ferretier, ferreux, fer-
rique, ferrière, ferron, ferronnier, -erie;
cps. verbes enferrer, déferrer; subst. fer-
blanc (ce nom vient de ce que la lame de
fer ainsi nommée est trempée dans de l'étain
fondu). — Notez encore vfr. ferrant, gris de
fer (couleur de cheval).
FER-BLANC, voy. fer. — D. ferblantier.
FÉRIÉ, L. feria, jour consacré au repos ;
cessation de travail. — D. férié, férial.
FÉRIN, L. ferinus (de fera, bête sauvage).
FÉRIR (« sans coup férir »), L. ferire,
frapper. Jadis, férir (prés, je fière, part. pass.
féru) était d'un usage très fréquent.
FERLER, trousser les voiles en fago t autour
de l'antenne, contracte de fardeler, dér. de
fardel (voy. fardeau), fagot, paquet. L'an-
glais dit furdle, furl. — D. déferler.
1. FERME, a<y., L. firmus.--D. fermeté,
L. firmitatem; ce mot, contracte en ferté^ a
pris le sens de forteresse ; fermer, clore (v.
c. m.); />rm^, subst. (v. c m.); fermir*, af-
fermir.
2. FERME, subst. , convention, bail à ferme,
domaine ou héritage, droits, etc., donnés en
location pour un temps déterminé. Ce subst. ,
ainsi que l'it. ferma, esp. firma «=■ signa-
ture, conclusion d'un traité, d'un accord, est
dérivé du vfr. fermer = promettre, con-
clure, qui est le L. firmare (firmus), établir,
fixer. — D fermage, fermier, affei'mer.
FERMENT, L. fermentttm (p. fervimen
ium, de ferveré). — D. fermenter, L. fer-
mentare.
FERMER (sens étymologique : mettre ferme,
fixer, de là clore de murailles, puis clore en
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FES
— 212 —
FEU
général), du L. firmare, rendre solide, forti-
fier. — D. ferme 2. (v c. m.); fermeture, L.
firroahira (vfr. fermefire, fermure) ; fermoir,
fermail (type L. firmaculum)\ cps. enfer-
mer; vfr. dcffermer deff^emer —s ouvrir.
FTOMTITR, voy. ferme 2.
FIîROCX» L. ferox, -om (voy. aussi farou'
che). — D. férocité, L. ferocitas.
FIÎRRATTiTif!, de fer. — D. ferrailler, -eur,
FSRRUOINIIUX, L. ferruginosus' , p. fer-
nigineits (de fermgo, rouille de fer).
FIRTÉ, voj. ferme 1.
FIRTILS, L. fertilis (ferre). — • D. feiti-
lUé, L. fertilitas; fei^tiUser,
FÉRU, voy. férir,
FÉRULE, L. feruJa (ferire), verge, ba-
guette.
FERVSNT, L. fertens (de fervere, être
chaud).
FIRVliUR, L. fervor.
FESSE, du L. fissus, fissa, fendu, part, de
findere. — D. fessii, fessier, fesser, donner
sur les fesses (Grandgagnage, suivi par Diez,
rapporte avec plus de vraisemblance fesser,
fouetter, àTall. dialectal (itsen, frapper avec
une verge). Cps. fesse'mathieu,\xs\xriQV. Cette
dernière expression n'a, suivant quelques-uns,
rien de commun avec fesse. Les uns Texpli-
quent, ou plutôt ne l'expliquent pas, par
f este-Mathieu, comme qui dirait un homme
qui chôme la fête de saint Mathieu, qu'on sup-
pose avoir été banquier ; les autres ont recours
à face-Mathieu, homme à la physionomie d'un
. banquier, ou même à « qui fait le mathieu »;
pour Noël-Dufail, suivi par Littré, un fesse-
mathieu est uu homme qui bat Mathieu, qui
lui tire de l'argent. Tout cela ne me sourit
pas. J'admettrais plutôt un verbe fesser, tenir
sous ses fesses, auquel le génie populaire au-
rait attribué le sens métaphorique de garder
avec soin, caresser, s'attacher, etc. Une mé-
taphore analogue est au fond du L. incum-
bcre aliciii rei, pr. être couché sur qqch., et
de l'ail, auf ettoas versessen sein, pr. être
assis sur qqch., y tenir beaucoup. Ainsi s'ex-
pliqueraient facilement les expressions Éami-
lières fesse-cahier =« homme qui gagne sa
vie à faire des écritures ; fesse-mathieu, grand
cultivateur de saint Mathieu, le banquier;
fesse-pinte, qui cultive la pinte; fesse-maille,
qui tient à la maille (monnaie). N'étaient les
autres compositions similaires, on pourrait
aussi expliquer fesse-maille (avare, ladre)
par un verbe fesser ■= fendre, représentant
un mot L. fissare, fréq. de findere. Le fesse-
maille serait alors c^îlui qui fendrait une
maille en deux. L'expression analogue ^>î/icc-
maille me semble cependant plutôt favorable
à ma première explication, pincer étant ici
synonyme de serrer fort. Littré rapporte
fesse-maille, fesse-cahier et fesse-pinte, à fes-
ser =s faire vite, locution qui viendrait, selon
lui, de ce que l'on traite la chose qu'on fait
comme le petit garçon qu'on fouette (?).
FESSER, voy. l'art, préc. — J'iyouterai ici
que Meunier (Les composés, etc.) dans les
composés^ fcsse-mathicu, etc., interprète fes-
ser par lat. factare (faire souvent), devenu
faasare (forme en effet consignée dans Die-
fenbach). Cela me pai*ait par trop subtil;
faxare, qui est issu des formes classiques
faxim «■ fecerim, faœo «=■ fecero, n'a laissé
aucune trace dans l'ancienne langue.
FESTIN, it. festino (aussi bal), pr. repas
de fête, d'un ac^j. L. festinus (festum), équi-
valent de festinus, — D. festiner.
FESTIVAL, L. festivalis, extension de fes-
tivus, de fête, gai, divertissant.
FESTIVITÉ, L. festivitas, allégresse, gaieté,
de festivus, a^j. de festum, fête.
FESTON, it. festone, esp. feston, guir-
lande, propr. ornement de fête, de l'adj. fes-
tus, de fête, solennel, gai, gracieux. — D.
festonner,
FESTOYER, prov., cat., esp., port, feste-
jar, it. festeggiare; d'un type latin festicare,
dérivé de festicus, a<y. de feslum (Varron ap.
Non. a la forme adverbiale festice, au sens
de « oonune pour une fête, joyeusement »•).
FETE, feste*, it., prov. festa, esp. ftesta,
du L. festa, plur. de festum, — D. fêter,
festoyer, festin, festival, festivité (voy. ces
mot^.
FETICHE, du port, feitiço, = esp. hechiso,
sortilège, maléfice, enchantement. Ces for-
mes représentent le latin facticius (cp. en alle-
mand gaufrer, enchantement, du y\iSi,zou\joan,
faire). Des objets fétiches sont donc pr. des
objets soumis à une préparation ou consécra-
tion spéciale, des objets enchantés, doués
d'une puissance surnaturelle. — D. féti-
chisme,
FÉTIDE, L. fœtidus, puant (fœtere).
FÉTU, féstu, vfr. et prov. fcstuc (à Liège
on dit fistou), du BL. festucus p. festuca.
L'it. a la forme classique festuca.
1. FEU, subst., it. fuoco, esp. fuego, port.
fogo, prov. fuec, du L. focus, foyer, et poét.
ss= feu. — D. feutier,
2. FEU, féro. feue, a<y., it,fu,n. prov. fu,
fue, — défunt; du L. fuit = il fut. Cette éty-
mologie (que l'on trouve dans R. Estienne) est
corroborée par le fait que « les notaires de
quelques provinces disent encore au pluriel
furent en parlant de deux personnes coiyoin-
tes et décédées » fJault). Mahn se prononce
décidément pour fuit. Il dit que fuit a donné
feui, puis feu; et du reste on trouve tour à
tour, dans l'anc. langue, fuit, fut, fud et fu,
feu. La forme féminine, p. ex. la feue reine, a
été longtemps combattue ; finalement, quoique
étymologiquement mal fondée, elle a été
reçue. — D'autres étymologies ont été tentées,
mais sans succès ; Ménage avançait le L. felix
(contracté en feux); d'autres le participe
functus(cp. berrichon funt «=feu). \Vachter
pensait même à l'ail, loeih = sanctus, sacer.
Diez ne s'est point occupé du mot. Littré ex-
plique feu comme contraction du vfr. faJiu,
feil, mort, auquel il assigne pour type un
adj. fictif L. fatutus de fatum, destin; donc
pr. qui a accompli sa destinée.
FEUDATAIRB, voy. fief.
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FIA
— 213 —
FIE
FBUILLANT, du nom d'abbaye Notre-Dame
de FeuUlans (Haute-Garomie).
FITTILLS, L. folia^ plur. de foUum, —
D. feuillet f d'où feuilleton (pr. une petite
feuille détachée du journal ; la chose ne répond
plus au nom), feuilleter, feuillage, -ard;
verbe feuiller, feuillir, d'où feuillée, -^lUson;
adj. feuillu.
FITTILLSTTE, tonneau à vin dont la con-
tenance est d'environ 135 liti'es; ailleurs on
dit /illotte, fillette (Bourgogne), n. prov. fui-
heta, it. foglietta ; le mot désigne aussi dans
le Midi une mesure de liquides équivalant à
une chopine de Paris ou à une double pinte.
Ducange coi\jecture que le mot est altéré de
fialette ou fiolette et vient dephiala, vase;
c'est peu probable. — Voy., pour l'emploi
ancien du mot, l'article filletle dans Godefroy.
FEIJRRI, vfr. forre, fuetve, BL. fodrum,
paille mélangée ; vient du vlia. fuotar^ ail.
mod. futter, fourrage, nourriture, = nord.
fodr, suéd., dan. fodert hoU. voeder, angl.
fodder, — D. fourrer , aller au fourrage;
d'où fourrage^ fourrier, anc. aussi feurrier»
FEUTRE, vfr. feltre, f autre, it. feltro, esp.
fieltro, du BL. filtrum, tissu épais de laine
ou de crin. Ce dernier vient de l'ags., angl.
felt, ail. fih, néerl. vilt, feutre. L'r dans fil-
trum est euphonique comme dans épeautre,
perdrix, etc. — D. feutrer. — Le même pri-
mitif a donné la forme savante filtre.
PÉVE, L. faba. — D. dim. féverole.
FEVRÎB, dans l'anc. langue et encore dans
les patois, = ouvrier, forgeron, prov. fabre,
du L. faber, gén. fabri (d'où fabrica). Il s'est
conscné dans un grand nombre de noms de
famille (Lefebvre, Lefèbure, etc.) et dans le
composé or f être = L. auri faber.
FÉVRIER, L. februarius.
FI, vfr. fui, interjection du mépris, du dé-
goût, onomatopée, =— angl., dan. /y, ail.
pfui, etc. ; de là faire fi de qqch.
FIACRE. Le premier entrepreneur des voi-
tures ainsi nommées (1640) demeurait à l'en-'
soigne de Saint Fiacre; do là le nom.
FIANCE, prov. /?-3ra/Ma, fiansa, esp. fianxa,
it. fidansa, = confiance, serment de fidélité,
promesse, engagement, du L. fidentia, con-
fiance. — D. fiancer, promettre, garantir (pr.
engager par serment), promettre en mariage.
FIANCER, voy. fiance. — D. fiançailles.
FIASCO, dans « faire fia5;co » ; aucun dic-
tionnaire ne me renseigne sur l'origine de
cette expression. Le mot est italien {fiasco
signifie bouteille), mais la locution est étran-
gère à cette langue. Voici l'explication d'un
journal américain sur l'origine de l'expr.
« faire bouteille » «=a ne pas réussir (voy.
Littré, Suppl.) : •« Les souffleurs de verre de
Venise, essayant de faire un verre, s'ils man-
quent leur coup, jettent le même paquet de
sable dans un fiasco, et leur impatiente répé-
tition de fiasco donna un nouveau sens à ce
mot •.
FIAT, interjection, mot latin (3« pers. du
subj. prés, de fiere) =■ que cela se fasse, que
cela soit.
FIBRE, L. fibra. — D. fibreux, fibrine,
fibrille.
FIBULE, L. fibula (oontr. de figibula).
Fie, excroissance de chair, du L. ficus
(figue), employé dans le même sens par Mar-
tial.
FICELLE (p. filcelle, cp. pucellc p. pxd-
celle), du L. filicella, plur. de filicellum",
dimin. de filum. — D. ficeler, en ficeler.
FICHE, subst. verbal de ficher.
FICHER, it. ficcare, v. esp., port., prov.
ficar (esp. mod. hincar, port, fincar) ; com-
posés it. afficcare, prov. aficar, fr. afficher.
Toutes ces formes, impliquant l'idée de fixer,
planter, accu.sent, d'après Diez, un type latin
figicare (cp. fodicare, de fodere, vellicare,
de vellere); une dérivation immédiate de
figere est inadmissible. — Il est difficile de
se rendre compte de la transition d'idée entre
ficher, planter, enfoncer, et se ficher de, faire
fi de. En it. et esp., le réfléchi ficcarsi, esp.
fincarse, signifie persister dans une chose,
s'obstiner, -r— Dérivés : fiche, nom de divers
outils servant à ficher; la fiche = marque
au jeu, tient son nom probablement aussi
d'un objet semblable, destiné à être fiché dans
qqch. (le sens prim. est encore propre au
dim. fichet, marque qui se met dans les
trous du trictrac); /ÎcTim, a^., signifiait pro-
bablement dans le principe « planté là comme
un piquet, borné, stupide n (cp. en ail. ver-
nagelt, m. s., litt. doué), puis aussi planté
là, perdu, flambé (« mon espoir est fichu ").
— Nous ne nous faisons pas fort de four-
nir la clef de toutes les applications basses
ou familières du mot ficher (p. ex. ficher le
camp, je t'en fiche); n'oublions pas qu'on
s'en sert particulièrement pour remplacer le
terme synonyme foutre, lequel, à cause de
sa nature obscène, est banni de la bonne
société. On a même été jusqu'à charger
ficher des acceptions propres au terme mal-
sonnant ou du moins de celles qui en décou-
lent. On remarque surtout cette tendance dans
l'interjection ficJUre!
FICHU, pièce d'habillement; est-ce un dé-
rivé de /?cAer, jeter négligemment? C'est pro-
bable.
FICTIF, L. fictimis* (le bon latin a fictitius),
de fictum, supiii de fiftgere (feindre), d'où éga-
lement/îction.L. fictionem.
FIDâCOMMIS, du L. fidei commissum, litt.
confié à la bonne foi.
FIDÉJUSSEUR, L. fid^ussor (Digeste), cau-
tion, répondant; fidî^jussion, L. fidejussio;
de fide jubere, sanctionner par son crédit.
FIDHUB (voy. aussi féaX), L. fidelis (fides).
— D. fidélité, L. fidelitas.
FIDUCIE, terme de droit romain, L. fiducîa,
confiance. — D. fiduciaire, grevé d'un fidéi-
commis; fiduciel.
FIEF, domaine relevant d'un autre seigneur
que celui qui en a la jouissance et qui, rela-
tivement au propriétaire véritable, prend le
titre de vassal. La forme fief , par le durcisse-
ment de u ou c en f, procède d'une forme an-
térieure fieu, Ficu correspond à prov. feu;
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FIE
— 2U
FIL
rit. /îo relève directement 4u longobardique
fiu dans le com^séfaderfiu-m, bien paternel.
Tous ces mots représentent le vha. /îm, fehu,
bétail (ail. mod. vieh), gotb. faihu, fortune,
biens, fhson fia, bétail, avoir. Telle est
l'opinion de Diez, reproduite par Littré. — Le
mot vfr. fiu, fieu est passé en bas-latia sous
la forme feudum, feodum (gr. mo4. çieou^ov);
c^tte forme est, selon Diez, fondée sur l'inser-
tion eupbonique d'un d; feuum est devenu
feudum, comme it. ladico est p. laïco, chiodo
p. chioo =r L. clavus. C'est i feodum que se
rattachent les dér. féodal, inféoder, tandis
que feudum nous a laissé feudataire, feudiate.
— D'autres ont expliqué feodum [d'où serait
venu fied, et de là fief, comme soif de sitiij]
par une composition de vha. fee, salaire, et
ôd bien; Wackernagel y voit le subst. goth.
thiuth, bien. Le prof. Kern, ne pouvant ad-
mettre, avec Diez, le d de feodum comme
euphonique et insistant sur le sens « usus,
fructus, id quo quis fruitur, usus-fructus »»
attaché anciennement à feudum, défend
une autre origine, savoir un subst. fehod,
dérivé du verbe goth. feihon, vha. fehon,
jouir, profiter, et signifiant « id quo quis
fruitur n, Fehod, d'après M. Kern, est un
mot francique, mais peut avoir été allemand
aussi. L'it. /îo, selon lui, répond à un goth.
faih, jouissance. — Notons encore que Grôber
n'approuve pas la manière dont Diez rend
compte de la finale f dans fief; d'une étude
très précise sur les mots français terminés
en /|-« ef (Ztschr., U, 459), où il comprend
aussi l'histoire génétique de fief, il résulte
que fief{fÛDa\ sonore) est le subst. verbal tiré
de fiever (BL. f&)are), lequel découle directe-
ment de l'étymon ail. fe(h)u, u final s'étant
consonnifié en t?, comme dans esquiver du
tudesque shiu(h)an. Le subst. fief une fois
créé, il a engendré à son tour le verbe fiefer,
fieffer. Fief ne serait donc pas une simple
modification des anciennes formes feu fieu,
comme pensait Diez.
FIEFFER, pourvoir d'un fief (voy. l'art,
préc). — De là fieffë, possesseur d un fief. Au
figuré, fieffë prend le sens d'achevé, con-
sommé, et ne s'emploie qu'en mauvaise part,
p. ex. un fripon ûeffé, une sottise fieflée.
Cette acception métaphorique découle prob.
du sens « diplômé, bien en titre, bien qua-
lifié ».
FIEL, L. feL — D. fielleux; enfieller.
FIENTE, cat. fempta, prov. fenta, prov.
mod. fento, fienU), Ces formes accusent pour
type, d'après Diez, un mot latin fimila
fim*ta (cp. vfr. friente de fremitus), lequel
fimila est probablement une forme acces-
soire de fimetum, fosse à fumier. — Dans
l'ancienne langue, et encore dans les patois,
on trouve fien, fiens, qui correspond à prov.
fem, cat. fems, esp. fimo, it. fime, fimo. Ces
formes rendent le L. fimus. — D. fierUer, *
1 . FIER, verbe, du L. fidere (passage de la
3« coigug. à la l"*). Composés : àéfier, confier,
méfierhoj. ces mots).
2. FIER, a<y., du L. férus, sauvage. Ce
sens primitif a subi bien des vicissitudes pour
arriver à l'acception moderne. Farouche,
cruel, rude, vigoureux, inflexible, sévère,
orgueilleux, superbe, hardi ; telle est à peu
près la pente sur laquelle le mot a glissé. —
D. fierté, L. feritatem.
FIBR-A-BRAS, fanfaron, matamore. D'après
les uns de Fierabras, le héros du fameux ro-
man des douze pairs ; selon d'autres p. fieri-
à-bras [fiert de férir) «= homme qui frappe à
tour de bras ; pour d'autres, enfin, c'est une
expression altérée, soit de ferrea brachia
(bras de fer), ou de fera brachia (bras cruels).
FIÈVRE, L. febris. — D. fiévreux,
FIFRE, aussi jyt/rc, ïi.piffero, esip, pifaro.
De l'ail, pfeifer, joueur de flageolet, ou plutôt
de la forme suisse pfiffer (les fifres étaient
surtout en usage dans les régiments suisses).
— Le mot ail. pfeifer vient de pfeifen, siffler,
lequel représente le roman pipi€)\ voy. pipe.
— Le mot fifre signifie à la fois le joueur et
son instrument.
TIQIER, \iT,feffier, fiffier, cailler; n'a rien
de commun avec L. figere, fixer et vient,
d'après G. Paris (Rom., VIII, 434), d'un type
fediare, dér. de fedio, qui est une des multi-
Çles transformations romanes du lat. ficatum
oie). M Le sang coagulé a paru ressembler au
foie par sa couleur et sa consistance « ; cp. le
mha. liberen, cailler, dérivé do l'ail, leber,
foie, et le terme ail. lebermeer = fr. mer be-
tée (p. beter, voy. s. béton). J'accepte cette
étymologie comme « bizarre, mais certaine »» ,
selon l'expression de son auteur, mais la forme
figer n'a-t-elle pas pris le dessus sur fegier
par quelque souvenir du classique figere, fixer
(cp. ail. erstarren, raidir, se coaguler, dont
l'idée foncière est la fixité) ?
FIGNOLER, mot très répandu dans les patois,
signifiant rafl&ner, faire avec grâe«, se donner
des airs, faire le fasliionable. Grandgagnage,
v<» fignon «= élégant, pimpant, propose dubi-
tativement, comme primitif, le mha. fin, ail.
mod. fein, etc., fin, délicat, joli. L'anglais /î»e,
beau, et l'expression allemande schônthun,
cigoler, mignoter, appuient cette supposition ;
pour la consonnance^n, on peut alléguer c/t-
gner p. cïiner, vfr. crigne du L. crinis,
FIGUE, du prov. figa = L. fica, forme fém.
de ficus. La bonne forme française fie se
trouve dans la Chron. des Ducs de Norman-
die, par Benoit. — D. figuier, figueri». Voy.
aussi fie. En Belgique on appelle, par assimi-
lation, figote une ponune ou une poire dessé-
chée au four.
FIGURE, L. figura (figere* fingere = for-
mer). — D. figurine; figurer, L. figurare;
-atif, L. -ativus; figurant; cps. configurei\
défigurer, transfigurer.
ITL, it. filo, esp. hilo, du L. filum = 1 . fil,
2. objet mince et allongé, 3. tranchant d'un
instrument, coupant. A la 2^ acception se
rapporte le dérivé effilé et fiîardeau, jeune
arbre droit et de hauto tige ; à la 3* le verbe
affiler. Quant au sens premier, il s'y rattache
de nombreux dérivés français, à sens propre
et à sens figuré.
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FIL
— 216 —
FIN
FHiAQRAMMI, lettres ou figures en fil de
cuivre fixées sur la forme à fabriquer le pa-
pier, et dont la marque paraît sur la feuille ;
mot technique formé de 'f^i^^r, écriture, et
de filum fil. Voy. filigrane
FILAMENT, mot à foi*me savante, tirée du
BL. filare, fr. filer, — D. fiJumentetac.
FILANDIÉRE, formé de filer, à l'instar de
lavandière.
FILANDRES (de là it. filandra et esp. filan-
dria), dérivé bizarre de filer,— D. filandreux.
FILARDEAU, dimin. de filard (inus ), voy.
FILASSE (litt. « esp. hUacha, hilaxa), lin
prêt à être filé, L. filacea , — Ce mot pourrait
bien être une corruption, ou s*être produit sous
Tinfluence, de Tall. fiachs (vha. /2aÀ5, angl.
fiaoc, holl. vlas), qui signifie la même chose.
— D. filassier,
FILATEÏÏR, -ATRIGE, -ATURE, dérivés à
forme savante du verbe filare (cp. fileur,
filèuse, filure).
FILE, it., esp., port., prov. fila, pr. cor-
deau, puis suite, rangée, du BL. fila = filum;
de là filer, aller à la file Tun après l'autre, et
défiler,
1. FILER, prov. filar, esp. hilar, it. filare,
BL. filare, faire du fil, tirer en fil; dérivé de
filum, fil. — D. fileur, filerie, filure, -âge;
filandière (v. c. m); filatier (mauvais mot
p. filandier); composés : enfilei% effiler, fau-
filer, par filer, tréfiler (voy. ces mots).
2. FILER, aller à la file; voy. file,
TTUEiT, 1. petit fil, 2. réseau; dimin. de
fil. — D. fileter.
FILIAL, L. filialis (filius).
FILIATION, descendance de père en fils en
ligne directe, L. filiatio (filius).
FILIÈRE, 1. objet fait en forme de fil,
2. instrument servant au tirage des fils mé-
talliques (d'où l'expression « passer par la
filière »); dér. àe fil.
FILIGRANE (l'angl. dit filigrane, filligram ,
fillegrean et filligree-worh), de l'it. filigrana,
ouvrage d'or et d'argent (ou de tout autre mé-
tal ductile), composé de fils déliés, de grains,
et d'autres ornements. De filum, fil, et gra-
num, grain, donc filet à grain, ainsi nommé
parce que les Italiens, qui nous ont apporté
ce genre d'ouvrage, y enfilaient de petits
grains ronds ou aplatis. Après qu'on eut em-
ployé ce filigrane pour la fabrication du
papier, on appela de ce nom ce qu'aupara-
vant on nommait marque du papier (ail.
uxisser-seichen, angl. toalermark). Le mot
parait s'être altéré en filagramme (v. c. m.)
par l'efiet d'une tendance à mieux exprimer
la chose énoncée par le terme filigrane. —
D. filigraner,
FnJN^t. de marine, dér. de fil,
FILIPENDULE, terme savant disant : sus-
pendu (pendulus) à un fil {filum),
FILLATRE, du L. filiaster (filius).
FHiLE, L. filia. — D. fillette, fiUage ^ état
d'une fille qui vit dans le célibat.
' FILLEUL, L. filiolus, dimin. de fiHus; au
moyen âge, filiolus désigna l'enûoit relati^<o-
ment à son parrain, de là le sens actuel de
filleul.
FIIiOGHE, dér. àe fil,
FILON, it. fil<me, dér. de fil,
FQjOSELLE, de l'it. filugeUo, ver-à-soie;
celui-ci parait être une altération du BL. foU
liceilus, cocon de ver-à-soie (dimin. de foUis),
cp. prov. folleil, (iloselle, d'un type folliculus,
FILOU, en Piémont et à C6me filon, BL.
filo, vaurien. L'origine de ce mot est fort con-
testée. « Ce mot a signifié originairement, dit
Ménage, un petit bâton, long de trois pouces,
de la grosseur du petit doigt, à six pans mar-
qués comme un dé sur chaque faice, qu'on
appelait un cochonnet et avec lequel on jouait.
Or, oonmie il était feicile de piper à ce jeu et
qu'on y pipait ordinairement, on appela à
Paris, il y a environ 70 ou 80 ans, filoux et
filoutiers ceux qui pipaient et escroquaient en
quelque occasion que ce fût. » Cette explica-
tion inspire peu de confiance, bien qu'en Cham-
pagne filou signifie encore une espace de jeu
de dés. — Langensiepen propose feliculus (sur-
nom romain, tiré de feliSt chat), d'où felcolus,
felocus, filou. Cela est bien subtil; le mot
caillou pourrait cependant servir d'appui quant
à la transformation. — Dies remonte au vha.
filon, limer, et rapproche pour le rapport
d'idées les termes fourbe, fripon, polisson,
venant également de primiti& exprimant frot-
ter, user, polir. Il cite en outre le lorrain
aiffilei, aiguiser et tromper, et le terme aiffi-
lou disant la même chose que filou. Pour ma
part, en cherchant Tétym. de filou, j'ai noté
l'expression rouchi avoir le fil (le taillant) ■—
être adroit, puis le mot ficelle employé en Pi-
cardie et à Mons p. petit voleur (d'où ficeler,
escroquer), enfin l'angl. filch, filouter, qui
semble être de la même famille. — D'après
Brachet, filou est un doublet de fileur, comme
gabelou de gabeleur, — U est important de
noter que filou est étranger à l'ancienne lan-
gue; Littré, auquel nous renvoyons pour
quelques autres tentatives d'éclaircir l'origine
de ce mot, le croit introduit dans U langue
dans le cours du xvu* siècle. En considération
de cette introduction tardive de filou, Diez
croit pouvoir signaler l'angl. felloiw, compa-
gnon, qui, dans le Midi de l'Angleterre, a
pris un caractère iiyurieux. — D. filouter,
fUoutiei\
FILS, L. filius, Vs final du mot français est
un reste de l'ancien nominatif; on disait fil
aux cas obliques; cet s s'est conservé pour
difl*érencier le mot de /W « filnm,
FILTRE, voy. feutre. — D fiUrer, infiltrer,
1. FIN, subst., L. finis, — D. final, L. fina-
lis; subst. finage, t. d'ancienne pratique, éten-
due d'une juridiction; verbe finir, L. finire;
composés afin, enfin. — D'un verbe BL.
finare, terminer, conclure, acquitter, payer*
vient vfr. finer, m. s.; de là le subst.
finance, d'abord fin, conclusion d'une affidre,
puis payement d'un engagement contracté,
quittance, d'où enfin le sens général de somme
à payer, argent. On employait même, avec ce
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FIX
— 216 —
FLA
dernier sens, dans la vieille langue, le subst.
verbal masculin fin, p. ex. dans Baudouin
de Sebourg : • quant il n'ot plus de fin «*,
« dignes d'avoir terre et grant fin »» (voy.
Gachet). Gp. aussi Fangl. fine, propr. action
de finer ^payerj, p lis amende.
2. roi, a4j., it., esp., port, fino, prov. fin,
G'est de Télément roman que proviennent
mha. fin, ail. mod. fein, angl. fine, et non pas
les mots romans du fonds germanique, comme
Tout cru Raynouard et Ghevallet. La signifi-
cation primordiale est « parfait, fini, pur, véri-
table », cp. prov fin aur, fin*amor, vfr. fine
ire et nos expressions : des vins fins, des mets
fins, le fin fond, la fine fleur. De ce sens pre-
mier découle aussi l'emploi adverbial du mot
dans les patois, où il sert à exprimer un haut
degré (voy. des exemples dans Gachet). — Les
acceptions modernes se ramènent facilement
à la valeur première ; d'un côté, au moral :
adroit, subtil; d'un autre, au physique : délicat,
léger, opp. à grossier, ordinaire. On ne peut
guère douter, observe Diez, d'accord avec Du-
cange, que cet a4jectif ne soit tiré du L. fini-
tus. Pour le procédé, il allègue prov. clin de
clincUus, esp. cuerdo de cordatus, it. nuDiso
de mansuetus. Pour le sens, on trouve des
analogies dans les expressions esp. acabado,
L. perfecttts (d'où parfait) et gr. riUiof, —
D. finesse; finasser (d'où finassier, -erie),
finaud; finet (Lafontaine), aussi finot; finette,
étofle légère; verbe affiner (v. c. m.). — Voy.
aussi fignoler.
roiAMd, voy. fin\, — D. financer, dé-
bourser de l'argent; financier.
FINGHBLLE, corde dont on se sert pour
haler les bateaux, variété dialectale de ftchelle
= ficelle. Le picard présente aussi la forme
frinchelle.
FINIR, vfr. fenir, du L. finire (finis).
FIOLE, prov. fiola, it. fiala, du L. phicUa
(viàlïî). — D. fioler, vider bouteille.
FION, dans " donner le fion à un ouvrage "
=^ y mettre la dernière main. Je ne connais
pas l'origine de cette expression populaire.
Littré la rattache à fignoler, — Voici, en
attendant mieux, une conjecture : Fion me fait
reflet d'être un mot du patois wallon et de
représenter filo^i (cp. fioul «• filleul}; donner
le filon équivaudrait à donner le fil, c.-à-d.
la finesse.
FIORITURE, de l'it. fioritura, dér. de fio-
rire= L. florere, Rousseau a remplacé ce
terme étranger par fleuretis,
FIRMAMENT, L. firmamentum (firmare).
FIRMAN; du persan fe^tnan = ordre en
général ; en Turquie le mot s'applique spécia-
lement à tout écrit expédié par le grand-vizir
au nom du souverain.
FISC, L. fiscus; le sens premier de ce mot
était bien modeste ; c'était une corbeille d'o-
sier.— D. fiscal, L. fiscalis (d'où fiscalité);
confisquer, L. confiscare.
FISSURE, L fissura (findere).
FISTULE, L. fistula, — D. fistuleuœ.
FIXE, L. fixits, part, passé de figere, — D.
fixité, verbe fixer. — Littré place sous fixe.
l'ancien a^j. fijs, assuré, certain; c'est une
erreur; vfr. fis est la forme du siget sing. et
du régime plur. de l'acy. fiX, qui est le latin
fidus; de là les formes adverbiales de fit et
fiement, certainement.
FIXER, voy. fixe.
FLABELLATION, du L. flabellare (de fia-
bellum, dim. de flabrum, soufflet, éventail).
FLACCIDITÉ, L. flacciditas, de flaccidus,
flasque.
FliAGHE, les diverses significations de ce
substantif, dont la forme varie avec flaque,
expriment quelque chose d'aplati, d'écrasé,
une surface jetée sur une autre et faisant en
quelque sorte tache avec elle. G'est bien là la
valeur de la racine flac. Cette racine sert
aussi d'interjection imitative du bruit qui se
produit quand on jette quelque chose de large,
de plat ou de liquide sur une surface. Le
fr. fUiche ou flaque rappelle l'ail, flach, plat,
uni (d'où flâche, surface) et flech, tache. Le
mot floche s'emploie à Bruxelles aussi pour
flan, tarte. — D. flacheux.
FLACON, flascon*, dérivé du vfr. flasche,
esp. fiasco, frasco, it. fiasco, fiasca. Ce mot se
trouve aussi bien dans les idiomes celtiques
que dans les germaniques, et il est fait emploi
de fiasca, fiasco, dans les plus anciens monu-
ments de la basse latinité. Les gloses d'Isi-
dore présentent aussi la forme pilasca = vas
vinarium ex corio ; Joh. de Janua : pilasca
vas vinarium corio piloso opertum ; cela fait
présumer de leur part une dérivation de pilus,
poil. Cependant la forme flasca remonte plus
haut que pilasca, et voici comment Diez la
revendique au fonds latin : Fiasco est issu du
latin vasculum, par l'eflet 1) d'une transpo-
sition de la liquide f cp. it. fiaba, p. flaba, de
fabxda, prov. floronc de furunculus, fr. blou-
que p. boucle, etc.), 2) du durcissement de v
en f (cp. palefroi de paraveredus, fois de
vicis). Ce serait le BL. , selon Diez, qui aurait
fait passer le mot dans les diverses langues
de l'Europe. L'antiquité du mot, qui est dans
Isidore et Grégoire de Tours, rend douteuse,
pour Littré, la métathôse (vlasco p. vasch)
sur laquelle Diez s'appuie.
FLAGELLER, vfr. flaeler, L. flagellare, de
flaçellum, fouet (voy. fléau),
FLAGEOLER, voy. lart. suiv.
1. FLAGEOLET, dimin. du vfr. flageol, fla-
jol, prov. flaujol, qui représente un type dimi-
nutif latin /7au<to/u^ (voy. soxxs flûte). Le primi-
tif flageol a encore donné le verbe flageoler,
jouer du flageolet; au fig. piper, leurrer,
tromper. L'acception chanceler, vaciller, qu'a
prise le mot flageoler en parlant des jambes,
est moderne et est expliquée co]:\}ecturalemcnt
par Littré au moyen d'une expression méta-
phorique flageolet au sens de jambe grêle et
peu assurée. — L'étymologie gr. itl^yixxAoi,
flûte traversière (= Ttlkyioi «w>o;) n'a que
l'apparence de vérité.
2. FLAGEOLET, variété de haricots; mau-
vaise prononciation p. fageolet, dimin. de fa-
geol, qui est le L. phaseolus, haricot.
FLAGORNER, d'après Le Duchat, un mot
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FLA
— 217 —
FLA
de fantaisie, composé des éléments flaXter et
corner (aux oreilles). Nioot lui attribue tout
simplement le sens du L. déferre = rapporter;
le sens serait donc pr. dire à l'oreille, et Tidée
de flatter lui est survenue peut-être sous l'in-
fluence de la syllabe fia; Littré y voit une
altération de flageoler^ jouer du flageolet, ûg.
piper.
FLAGRANT, L. fiagrans, brûlant, chaud;
est employé dans quelques expressions, telles
que M en flagrant délit, en flagrant mensonge *« ,
pour actuel, en pleine chaleur de l'action. —
1. flagrance.
FLAINS, voy. sous flanelle,
FLAIRIR, prov., cat. flairar, du L. /5-a-
grare, exhaler une odeur. Le mot fr , d'abord
a= i*endre odeur (Nicot), a pris le sens actif
sentir, percevoir une odeur, comme, à l'in-
verse, sentir s'emploie aussi en sens neutre.
— D. flair. — « Autrefois on écrivait et pro-
nonçait aussi fleurer avec le sens d'exhaler
une odeur, et fleur «>» flair ^ et l'on a long-
temps douté à laquelle des deux formes il
fallait accorder la préférence. L'Académie,
dans son dictionnaire de 1694, écrivait :
« Flairer^ on prononce ordinairement fleu-
rer n^ et les autres dictionnaires se réglant
plutôt sur l'usage adopté par les écrivains,
entre autres par Molière et Boileau, qui ont
écrit fleurer f disaient que flairer était vieux
et qu'il devait se remplacer par fleurer. Au
xviii* siècle enfin, les grammairiens trouvè-
rent bon d'utiliser les deux formes. Us décré-
tèrent que l'un se dirait p. exhaler une
odeur : Cela fleure comme le baume; et que
l'autre exprimerait la sensation que l'on en
perçoit : - flairez un peu cette rose» (Gachet).
— Sur la vraie origine de cette concurrence
entre fleurer et flairer ^ voy. fleurer.
FLAMAND, vfr. flameng^ du néerl. via-
mhxg^ d'où le terme flamingant (« la Belgique
flamingante »). Le d final du mot actuel est
anti-étymologique .
FLAMANT, oiseau, anciennement /?amman<
ou flambant, de flammer, flamber. Buflbn
proteste contre l'idée d'y voir un oiseau fla-
mand, à plus forte raison que ce volatile n'a
jamais paru dans les Flandres. Son nom lui
vient de la belle couleur rouge de son plumage.
FLAMBE ; ce mot est prob . %kié de flamble,
qui répond au L. flammula; cp. étape p. esta-
pie. — D'autr&s sont d'avis que flambe est
une forme spécifiquement anglo-normande de
flamme (voy. Ztschr., IV, 550, note). — D.
dim. flambet flambeau, flambart; verbes
flamber, flamboyer.
FLAMBEAU, FLAMBER, . FLAMBOYER,
voy. flambe.
FLAMBER6E, épée; d'après Frisch, suivi par
Diez, un composé de flanc , côté, et de bergen,
protéger; donc « défense du côté. Cp. fro-
berge, autre nom d'épée, litt. (selon Grimm)
= défenseur du seigneur.
FLAMINGANT, voy. flamand.
1. FLAMME, L. flamma (p. flagma). — D.
flammer, L. flammare; flammèche (cette sin-
gulière forme dôrivative vient peut-être d'un
mot it. fiammesca, à supposer d'après l'ana
logie de falavesca, p. favalesca, de famlla);
flamiçhe, gâteau cuit à la flamme; flam-
mette; flammerole; cps. enflammer.
2. FLAMME, lancette à saigner, esp. fleme,
prov. flecmei^. fletme), wallon de Liège flime,
vfr. flieme, holl. vlgm, angl. fleam; vha. flio-
dima, fliedima, nha. flialme, fliede, fliete;
cymr. ffluym. Toutes ces formes procèdent
du L. phUbotomus (^XiCoVo/ao;, litt. coupe-
artère), lancette, par l'intermédiaire du type
syncopé fleb'Cmus flebmus. L'équisonance de e
et a fr. devant m a déterminé l'orthographe
flamme.
FLAMMÈCHE, voy. flamme, 1 .
1. FLAN, tarte, est une contraction du vfr.
fl€U)n. Celui-ci, =» it. fiadotie (gâteau de miel),
prov. flauzon, esp. flaon, angl. flawn, BL.
flado, -onis (V6n. Fort.), reproduit le vha.
flado, flada = laganum, placentum, torta,
libum, favus (ail. mod. flade, flatlen), flam.
vlaede, propr. quelque chose de plat. Cp. en
wall. flate =» bouse de vache, de même en
ail. kuh'fladen.
2. FLAN, t. de monnayage, pièce de métal
prête à être monnayée ; le même mot que le
précédent; pr. pièce plate et ronde.
FLANC, prov. flanc, it. fianco. Diez op-
pose des raisons phonologiques à l'étymologie
vha. hla>tca, lancha, m. s. Il allègue surtout
le fait que le groupe initial tudesque hl ne se
romanise jamais par fl et que d'ailleurs la
forme hlanca a disparu de très bonne heure
en allemand. Flanc désigne proprement la
partie molle depuis le défaut des côtes jus-
qu'aux hanches ; cette partie du corps est ap-
pelée chez les Allemands xoeiche, do toeich,
mou (cp. le terme fr. mollet), et au moyen
âge elle s'appelait en ail. hrenke, de krank,
faible. Cette circonstance détermine le philo-
logue allemand â rapporter le mot roman au
L. flaccus, mou, flasque. L'insertion d'un n
devant les gutturales n'a rien d'extraordi-
naire, cp. it. fangotto p. fagotto, fr. ancolie
Tp. acolie, jongleur de joculator . Il est remar-
quable de trouver, en langage de marine et
d'artillerie, le terme flasque avec un sens
analogue â flaru:. On serait tenté d'en inférer
que les deux formes ont été employées comme
synonymes, l'une venant de flaccus, l'autre du
dérivé flaxidus, p. flaccidus (voy. flasque). —
C'est du roman que les langues germaniques
ont tiré leur mot flanke — D. flanquer,
flanchet, flanconade,
FLANDRIN, adj., qui est de Flandre.
Comme subst. signiflant homme grand et fluet,
le mot a, selon Littré, la même origine ; c'est
un sobriquet péjoratif motivé par la haute
taille qui est ordinaire chez les Flamands ;
j'avais soupçonné autrefois une contraction de
fUandrin (cp. filai*deau).
FLANELLE, it. flanella, frenella, esp.
franela, angl. flannel; du vfr. flaine, cou-
verture de lit faite de laine (auj . flaine signi-
fle une espèce de coutil de Flandre). En gaél.
on voit également te mot curaing signifler
d'abord couverture, puis flanelle. Quant â
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FLA
— 218 —
FLÉ
flaine, couverture, Diez le rapprodie du L.
vdmfien, -mis (v*lamen), ce qui voile, couvre ;
cp. flasca p. vlasca (voy. flacoti). — Les éty-
mologistes anglais tirent le mot du gaél.
gvolanen, gwlan, laine.
A
FLÂITER, mot populaire des patois ; Diez
cite risl. flâna, marcher k l'aveugle; en nor-
mand, le verbe se dit aussi p. faire des com-
mérages. — D. flâneur, -erie.
FLANQUER, voy. flanc. Dans les locutions
populaires «« flanquer par terre, flanquer un
soufllet », ce verbe me fait l'effet d'être une
variété nasalisée de flaquer (rac. flac). C'est
aussi l'avis de Littré.
FLAQUE, aussi floche, BL. flaco, flam.
vlache (Kiliaen : locus stagnantibus aquis
opertus). De la racine flac traitée sous flache.
FLAQUER, jeter avec force un liquide; de
la racine flojc (voy. flache), — D. flaquée.
1. FLASQUE, mou, sans vigueur; selon
Diez, d'un type latin flaxidus (p. flaccidus),
m. s., transposé en flasqiddus. Dans les patois
on dit aussi flache (cp. laxus, fr. lasqite,
lâche). Quant aux mots similaires it. fiacco,
esp. flaco, port, fraco, prov. et vfr. flac, fla-
que ^ ils relèvent directement du L. flaccus,
— Selon Caix, flasque serait le résultat d'une
confluence des deux thèmes 'flac et 'lasque
(lâche).
2. FLASQUE, subst.,— flanc {y. c. m.).—
On appelle aussi flasque la poire à poudre
des chasseurs, mais dans ce sens, le mot est
= flasque, le primitif de flacon (v. c. m.).
FLATIR (aagl. ftatten), dér. du vfr. flot,
coup, tape. D'origine germanique : nord.
fletia, aplatir (ail. mod das metall fletscheyi,
aplatir le métal avec le marteau *, vha. flas,
angl. flot, plat. Dans la langue des trouvères,
flaiir signifiait aussi jeter ou tomber à plat
et est synonyme de flastrir. — D. fldoir, —
Le vfr. flastrir, tomber à plat, est probable-
ment distinct de flaistrir (d'où flétrir ■—
ternir, décolorer) et a laissé sa trace dans
flâtrei\ appliquer un fer chaud à un ani-
mal mordu, se flâtrer (subst. flâXrure), se
mettre sur le ventre (terme de vénerie). — De
la même racine flot (»= plat) procède, d'après
Diez et autres, prov. flatar, fr, flatter (v.
c. m.), pr. caresser (= passer avec la main
plate sur la surface du corps). On pourrait
tout aussi bien pai*tir de l'idée se mettre à
plat devant qqn. ; nous disons encore être à
plat ventre devant qqn. p. lui faire bassement
la cour.
FLATOnt, voy. flalir,
FLATRER, d'où flâtrure, voy. flatir.
FLATTER, voy. flatir. Nicot : « aucuns
pensent de flatare (fréq de flare), parce que
les flatteurs soufflent toujours qqch. aux
oreilles de ceux qui les veulent outr, et 'les
enflent de la bonne opinion d'eux-mêmes».
Cette étym. pourrait s'appuyer du vfr. flaœlle,
flatterie, de flabellare, souffler sur. — Grimm
met le mot en rapport avec l'ail, flattem
(aussi fladeru), voleter; « le flatteur bat des
ailes, comme le chien flatte de la queue >*.
Cela paraît subtil ; cependant, cette opinion a
pour elle le nord, fladra = blanditiis fial-
lere. En flamand on disait aussi vJaeden p.
flatter (anj. vleijen). — Enfin, nous croyons
qu'il est utile de signaler le verbe latin fla-
tare défini dans les glossaires de Placidtis et
de Papias par « augere et ad amplum rod-
dere » . En prenant ce verbe intensif de fla$*ê
pour le primitif de flatter, nous aurions au
fond de la flatterie Tidée de boursouflure,
d'exagération. Mais on oppose avec raison à
l'étymologie flatare que ce type aurait donné
flayer ou fléer, et quant au passage cité dans
les gloss. de Placidus et de Papias, Bugge
croit qu'il faut y corriger elatare, Storm a
donc recours à une forme-type équivalente :
flatitare (Rom., V, 179;. Mais ce qui méfait
hésiter à l'approuver, c'est que je ne connais
dans le fonds commun de la langue aucun
autre exemple d'une formation semblable. Il
&ut par coxîséquent en revenir au germanique
flot, plat; flatter serait ainsi = lécher du
plat de la langue, laper, ou caresser du plat
de la main. L'action contraire, c'est gratter,
m(«t germanique aussi. — A l'appui de cette
dernière manière de voir, G. Paris (Rom., X,
404, note) rappelle qu'on disait jadis : • l'ourse
flatte son ourson », et qu'on dit encore: « le
palefrenier flatte son cheval » . L'ancien fran-
çais disait aussi fl<xter du lait pour « le
Laper •, l'absorber à coup de plat de langue.
— D. flatteur, -erie.
FLATUEUX (d'où flatuosité), et flattdent
(d'où flatulence), dérivés du L. flatus, souffle,
vent.
FLÉAU, vfr. flmel, flael, angl. /fat/, it.
fragello, ail. flegel, du L. flagellum, fouet,
fléau, di m. de /toyrum.
1. FLÂGHE, au sens du L. sagitta, it.
freccia (dial. frissa), v. esp., port, frecha,
esp. mod., prov. flécha, wall. fliche; du
néerl. flits, mha. flitsch, m. s., ail. mod.
flitZ'pfeil.
2. FLÊOHE (aussi fliche) de lard, vfr. flique,
flec; comme le précédent, d'origine germa-
nique : ags. flicce, v. angl. flich; angl. mod
flitch, nha. flich, fleck, morceau, pièce. —
L'étymologie ail. fleisch, viande, nord, flash,
lard, posée par Chevallet et autres, ne peut
prévaloir sur celle que nous venons d'indiquer
d'après Diez.
FLÉCHIR, du L. flectere; cp. réfléchir de
reflectere. Pour et = ch, cp. empêcher de im-
pactare, cacher de coactare, allécher de allec-
tare. — Cette étym. est douteuse; l'équation
et lat. =» ch franc, n'est pas suffisamment assu-
rée. L'anc. langue employait tout aussi bien
flechier, fleschicr, qui accusent pour type lat.
flexare (dérivé de fleseus); cp. lâcher de laxare.
Fléchir serait donc postérieur à flechier. Mais
ce qui fait difficulté, ce sont les formes picardes
/îcAir (Reclus de Moliens), flekier, qui ne s'ac-
cordent plus avec flexare, — D'après G. Paris,
la généalogie de fléchir se présenterait ainsi :
n part de flexus, de lA verbe vfr. fleschier »■
flexare, de là a^j. vfr. flesche (cp. lasche,
lâche, issu de laschier «« laxare), d'où enfin
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FLE
219 —
FLO
fUschir, fléchir (Rom., Mil, 628). Mais ici
eacore le thème picard fait difficulté.
FLSGMB» vfr. flemme, fleume, au propre
pituite, humeur visqueuse, du L. phlegma
(fUyfici). — De là : flegmatique, fUyfixziAôi^
propr. pituiteux, lymi^^que, fig. d'un ca-
ractère froid, calme. C'est le s^is fig. de ra(\j.
qui a reflué sur celui du primitif flegme, dans
sa signification de calme, tranquillité d'âme.
Du grec ^Asy/tovii, inflammation des parties
sous-cutanées, vient L. phlegmone, fr. fleg-
mon,
FLET, FLETAN, aussi fleton, fletelet, noms
de divers poissons plats ; de la racine flat, plat,
voy. flcUir.
1 . FLÉTRIR, altérer, corrompre, diminuer
la force, la fraîcheur ou la vivacité naturelle
d'une chose, fig. déshonorer; vfr. flatstrir,
dans le Berrichon flatrir; de l'adj. vfr. flais-
tre, flestre, fané, décoloré, qui représente, à
l'avis de Diez (peu soutenable selon moi), une
forme latine flctccaster (de flaccusj. — D. flé-
trissure.
2. FLÉTRIR, marquer d'un fer chaud, \'fr.
floêtrir, flestrir. C'est une variété de flatir (>•
euphonique), qui ne diffère que par la termi-
naison du terme identique flâtrer, employé
par les vétérinaires. Le verbe dont nous par-
lons est distinct du précédent. — D. flétrissure,
FLETTE, sorte de petit bateau de rivière ;
d'après Jal, de l'angl. flat, plat; peut-être
tient-il à Tanc. flam. vîetten, flotter.
1. FLEUR, it. flore, esp., port., prov. flcr,
du L. flos, gén. floris. — D. fleurir et florir,
L.Horere; — fleuraison, atissi floraison (cp.
feuillaison), subst. du BL. florare, pousser
des fleurs; — fleuré, bordé de fleurs, BL. flo-
râtus ; — fleuri =? en fleur; — fleuret, it. fio-
retto, épée munie d'un bouton garni de peau
et ressemblant à un bouton de fleur; aussi
soie tirée de la bourre qui est aux environs
du cocon et qui est comme une fleur que le
ver-à-soie a produite avant de former son
ouvrage ; — fleuron, ornement à forme de
fleur, un des éléments de l'ensemble d'une
couronne ; — fleurette, petite fleur, fig. jolie
petite chose, de là propos galant, cajolerie
amoureuse; — fleuriste (néolog.), qui cultive
les fleurs. De fleur de lis on a fait le verbe
fleurdeliser. — Dans la locution à fleur rfe,
au niveau de, sur le même plan, on est tenté
de rapporter le mot fleur à l'ail, flur, terre-
plein, angl. floor, néerl. vloer; cependant,
cette expression peut aussi se déduire du sens
superficie attaché parfois à fleur (p. ex. ne
contempler que la fleur des objets); l'italien
dit aussi à fior d*acqua. Voy. aussi affleurer,
effleurer.
2. FLEUR, au plur. , menstrues, est le même
mot que le précédent ; on a comparé les mens-
trues, à cause de leur couleur rouge, à une
fleur. L'explication usuelle par flueurs est
démentie par le BL. flores et l'it. fiori,
FLEURDELISER, voy. fleur.
FliEURBR, flairer; dérivé du subst. vfr.
fleUr, fleur, odeur, qui est = lat. flaiàrem
(it. fiatore), lequel explique aussi angl. fUxcour.
Voy. Suchier, Ztschr., I, 431. — Cette étvm.,
approuvée par G. Paris (Rom. , VI, 629), no
l'est pas par Cornu (Rom., XI, 413), qui, lui,
part de L. fragrorem, d'où vfr. flairur, puis,
ÎV étant venu à tomber par dissimilation,
flaieur, devenu plus tard fleUr, fleur. Pour
ma part, je trouve l'effort de Cornu inutile et
ne vois pas pourquoi l'ancienne langue n'a
pas pu posséder d'un côté flaieur, flëeur,
flsiXr de fkAorem, d'un autre flairur de
fragràrem,
FLEURET, voy. fl^ur,
FLEURON, voy. flev.r. — D. fleuronner.
FLEUVE, vfr. fluie, du L. fluvius. — DvL L
flumen la langue d'oïl avait lait flun = prov
flum, it. fiume.
FLEXIBLE, L. flexibiïis. — D. flexibilité
FLEXION, L. flexio (flectere).
FLIBOT, petit navire de flibustier, esp. fli
bote, filibote, néerl. vlieboot, de l'angl. fly
boat, litt. vaisseau volant (cp. flying coach
diligence)
FLIBUSTIER, anc. fribustier, du néerl
vrybuiter, dan. fribytter, angl. freeboUer,
ail. freibeuter, litt. franc butineur. Us est
intercalaire comme dans fluste' (flûte).
FLIN, du vha. flins, ags. angl. flint, silex,
d'où le terme (anglais) fli)U-glass, sorte de
cristal.
FLIRTER, coqueter ; mot nouveau d'impor-
tation anglaise ; to flirt est expliqué par Bau-
dry (vu la prononciation fleuri), par fr. flcu-
rcter, conter fleurettes; d'autres le rappro-
chent de l'ags. fleurdjan, nugari, ou de l'ail.
flirren, flirtsen, flirtschen, faire du bruit,
bourdonner, voltiger.
FLOO, FLOCHE, touffe de laine ou de soie;
aussi traité en a(y. (• étoffe floche »*) =ï velu,
velouté. Du L. floccus, m. s. (cp. ail. flocke,
angl. flock). Voy. aussi froc. — D. flocon,
propr. petite touffe de laine.
1. FLOOHE, subst., petit morceau de laine,
houppe, voy. floc.
2. FLOCHE (dans les patois), adj., mou, it.
fioscio, esp. floxo, prov. fluis, du L. fliixus,
pr. fluide, fig. mou, sans force.
FLOCON, voy. floc. — D. ftoconner, flocon-
neux.
FLONFLON, onomatopée.
FLORAISON, voy. fl^ur.
FLORAL, L. floralis (flos). Les auteurs du
calendrier républicain ont eu recours à un
type floreaiis, extension de floreus, pour en
faire un nom de mois.
FLORE, nom de la déesse qui présidait aux
fleurs ; on en a fait le titre des ouvrages ayant
pour objet la description des plantes et des
fleurs d'un pays.
FLORÉAL, voy. floral.
FLORENCE, FLORENTINE, taffetas léger;
de la ville de Florence, qui elle-même tire son
nom des campagnes fleuries qui l'environnent.
FLORES, dans •> faire florès » , faire de l'éclat,
du plur. L.^ flores, fleurs.
FLORILEGE, du latin moderne florilegium^
imitation du gr. «y&oloy{a, recueil de fleurs
ijlores légère).
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FLU
— 220 —
FOI
FLORIN, it. fiorvw; les premiers florins,
frappés à Florence, portaient une fleur de lis;
de là le nom.
FLORIR. voy. fleniHr,
. FLOSCULI, ail. floskel, L. ftosctdiis (flos).
FLOT, it. fiotto, frotto, du L. flttctus, m. s.
Dans la locution « être à flot », le mot est le
subst. verbal de flotter. — D. flotter, pr. ba-
lancer sur les flots.
FLOTTE, vfr. flote, signifiait anc. affluence,
foule, troupe (« la grande flote de ses larmes »,
M une flote de brebis, flote de gens »), signifi-
cation conservée dans l'esp. flota, it. flotta,
frotta. C'est la forme féminine de flot (L.
fluctus) dans son sens de multitude, abon-
dance. Le sens moderne du mot peut aisé-
ment se déduire du sens primitif troupe,
d'autant plus que cette troupe était flottante.
Cependant il est difficile de méconnaître une
influence des idiomes germaniques, où Ton
rencontre des mots similaires signifiant train
de bois, radeau, flotte. L'acception actuelle,
groupe de navires, ne date que du xvi* siècle,
dit-on. Effectivement on rendait la chose au-
paravant par navie, navirie ou eMoire (BL.
storium, du gr. 9r6Ui\.
FLOTTER, voy. flot, — D. floUe, bouée;
train de bois flottant; flottaison ^ -able,
FLOU, vfr. /7o, /foi, flau, mou, mat, sans
vigueur; dans certaines conditions cependant,
le flou peut, en peinture, devenir une bonne
qualité ; il est alors opposé à dur, soc. Il se
peut que ce flou = fondu, tendre, représente
le L. flitidiis. Pour l'autre, les formes an-
ciennes obligent à admettre une provenance
du néerl. flauw m. s. (angl. fleto^ ail. mod.
flau). Pour le rapport de au — oi — o — ou,
cp. L. paucus, vfr. pau, pot, po, pou, — D.
fluet, anc. flouet.
FLOUER, voler, duper; étant un mot po-
pulaire, flouer parait être un doublet de filou-
ter (filou). — Boucherie le tire trop savam-
ment du lat. fraudare.
FLUCTUATION, L. fluctuatio (fluctuare).
FLUER, L. fluere, — D. flttant, -^nt,
fluence; cps. affluer, refluer. Du verbe fluere
viennent on outre : flueur, L. fluor, et les
termes de chimie : flucUe, fluor, fluorique,
fluorure; — fluide, L. fluidus, d'où fiui'
dite,
FLUET, voy. flou.
1. FLÛTE, fluste' [s intercalaire), instru-
ment à vent, conti*action du vfr. flaiite, fla-
hiUe (encore usuel dans les dialectes), aussi
flahuste. De flaiite le prov. a fait flauta, d'où
sont tirés esp. fl^iUa et it. flauto, mha. fl^njte,
nha. flMe. Le primitif /fa/itc est le subst. ver-
bal du verbe vfr. flaiiter; or, celui-ci s'est
produit, par l'effet d'une transposition, de /îo-
tuer, cp. vfr. x>eude p. vcdue, prov. teun p.
tenu. Le verbe flatucr, à son tour, est un dé-
rivé du subst. L. flatus, souffle. — D'un type
diminutif flautiolus proviennent les formes
prov. flaïUol, flautjol, flaujol, vfr. flageol,
flajol, conservé sous la forme diminutive fla-
geolet (v. c. m.). — On peut demander si
flûte, dans l'acception verre long et étroit
(d'où flûter, boire à longs traits), n'a pas une
autre origine que le nom de l'instrument de
musique ; Littré écarte ce doute en faisant
remarquer qu'on dit flûter, siffler un verre
de vin, ce qui autorise à confondre flûte verre
et fli'Ue instrument. Ce qui permet encore
cette confusion, est, me semble-t-il, l'analogie
du terme pipe employé comme mesure de
liquide. — D. flûter, flûteur, -iste.
2, FLÛTE, verre à boire, long et étroit (ail.
flôtenglas), voy. l'art, préc.
3. FLÛTE, espèce de bâtiment de charge,
angl. flûte, bas-ail. fleute, néerl. fluytschip;
de la famille du verbe ags. fleotan, fluere,
fluctuare. — Roulin tient le mot germanique
pour emprunté au roman ; flûte est = vfr.
fluste, qui est p. fuste et vient de l'esp. fusta,
sorte de navire (= L. fustis, bois).
FLUVIAL, L. fluvialis (fluvius).
FLUX, L. fluxus (fluere). — D. reflux.
FLUXION, L. fluxio (fluere). — D. fluxion-
naire,
FOARRB, FOUARRE, variété de feurre,
FOC, FOQUE, t. de marine, sorte de voile,
«-= nord, focka, ail. focke, hoU. foh,
FOCAL, du L. fociis, foyer.
FŒTUS, mot latin, aussi fétus, = embryon.
FOI. vfr. feid, fei, L. fides.
FOIE, vfr. fie, wall. feiUe, fête, it. fégato,
esp. higado, port, figado, prov. fetgc, val.
ficaJt, du lat. ficatum, s. e. jecur, litt. foie
d'oie engraissé de figues, puis foie en géné-
ral. Par l'usage, l'expression composée fica-
tum jecur s'est réduite au terme ficatum et
l'accessoire a fini par l'emporter sur le mot
principal (jecur). Un fait analogue se pré-
sente dans trqfanus porcus, d'où truie, dans
seta seinca pr. écheveau de soie, d'où soie,
dans réverbère p. lanterne à réverbère, etc.
Le grec moderne a de même réduit l'expres-
sion «Twjtwrov ^ÎTtap, traduction du L. ficatum
jecur, à 9ix^n, qui signifie maintenant foie. Le
souvenir des figues n'existe plus que pour le
linguiste et pour le lecteur d'Horace (« pingui-
bus et ficis pastum jecur anseris albi »,Sat. 2,
8, 88) Ce qui est à noter, c'est le déplace-
mont de l'accent de la seconde sur la première
syllabe : ficatum p. ficatum. — Sur les dé-
gradations successives qu'a subies le type
ficdtum dans le domaine roman, surtout à la
suite du déplacement de l'accent (thèmes
fégato, figido, fidico), voy. G. Paris, Rom.,
Vi, 132. C'est le type fidico qui a créé le fr.
fie et foie; le wallon feûte (eu = oi) répond à
ftgido,
FOIN» vfr. fain, du L. fœnum, fenum. —
Comme interjection, servant à exprimer la
répulsion, Jaubert tire le mot de fouin, qui
signifie en Berry « putois », personne qui
pue. Cola reste douteux.
1. FOIRE, marché, it. fiera, esp. feria,
port., prov. feira, &ngl, fair ; du L. feria,
ou plutôt du pluriel feriœ, temps de fête, de
chômage. On sait que les foires coïncidaient
avec des jours fériés. Comparez en ail. messe.
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FON
— 221 —
FON
foire, qui est identique avec messe, messe, et
dult, m. s., du BL. induUum^ indulgence, jour
d'indulgence. — L'étymologie L. forum na
pas de valeur.
2. FOIRI, norm. faure, flux de ventre, du
L. /orta, m. s. — D. foirer, -eiir.
FOIS, vfr. fie, prov. veU, fetz, it. vece,
esp., port, vez, du L. vicis (« tribus vicibus »
= trois fois). Le v initial s'est durci en f. Voir
aussi le mot voie,
FOISON, yfr. fitison, du L. fttsio (fundere),
effusion, profusion. — D. foisonner.
FOL, FOU, it. foile, v. esp. et prov. fol,
angl. fool, BL. foUus, L'origine du mot est
le L. follcre, se remuer çà et là, qui vient
du subst. L. foUis, soufflet, pr. qqcli. qui est
toujours en mouvement de va-et-vient. Cette
idée de mouvement, de ballottement, était
encore propre à l'anc. verbe foler, folier,
errer çà et là, marcher de côté et d'autre,
flotter, puis extravaguer, errer, mener une
vie de débauche ; elle est encore sensible dans
it. foUeUo, prov., cat. et fr. follet, == lutin,
feu follet (cp. ail. in^-licht, pr. lumière errante).
En BL. on trouve d'abord Tadj. follis, puis fol-
li4S, — D'autres admettent bien comme source
le L. foUis, soufflet (vfr. fou), mais ils insistent
moins sur l'idée de remuement que sur celle
de gonflé de vent. C'est afiaire de goût ; ils
pourraient avoir raison, seulement, le terme
feu foll<rt ne s'y prête pas aussi bien. — D.
follet, V. pi. h. ; folie, probablement un subst.
verbal du vfr. foliei*, être fou (Fane, langue
avait encore pour folie les formes folage,
folour); folâtre, folichon; affoler (v. c. m.).
FOLATRI, de fol, fou. — D. folâtrer.
FOLICHON, de fol; cp. barbichon, corni-
chon. — D. folichonner.
FOLIB, voy. fol. — Quant au sens « maison
de tolérance •• donné parfois à ce mot, il se
peut qu'il soit dû à une confusion avec feuil-
lie; cette conjecture s'est imposée à Littré
par des textes du moyen âge tels que : «* foleia
quee erat ante domum »» , •* folia Joannis Mo-
relli w.
FOLIO, ablatif du L. /b/tum, feuille ; on dit
folio 3, litt. as à la feuille trois, comme on
dit numéro 3 p. au nombre trois. Do là folio-
ter =■ numéroter les feuillets.
FOLLB, filet à larges mailles, du L. follis,
pr. poche de cuir, puis soufflet. — D. follier,
bateau pour pêcher aux folles.
FOLLET, vov. fol.
FOLLICULAIRE, du L. f olliculiis (îolUs),
1 . petit ballon ; 2. terme de mépris pour dési-
gner un écrit sans valeur. — Le mot ne dé-
rive pas de folium, feiiille, pas plus que le
terme de botanique follicule, qui signifie pr.
capsule, pochette.
FOMENTER, L. fomentare, de fomentum
(p. fovimentum, subst. de fovet^e), moyen de
réchaufler, calmant, lénitif.
FONCEAU, petit vallon, d'un type latin
fundicellus (fundus).
FONCER, voy. fond; mettre au fond, faire
le fond, fournir des fonds. Dans les patois du
Nord, on dit foncer p. se frayer un passage,
pr. s'enfoncer dans la foule. — D. foncé,
couleur de fond, de couleur .sombre ; fon-
cailles, traverses du fond d'un lit ; composés :
etifoncer, défoncer.
FONCIER, voy. fmid.
FONCTION, L functio (fungi). — D. fonc-
tionnaire, fonctionnel, fonctionner.
FOND, et avec conservation de l'ancienne
finale «du nominatif, fmids. L'usage a nuancé
la signification des deux formes. Les deux
mots répondent au L. fundus, fond, base,
fonds de terre, domaine, d'où fundare, fr.
fonder. — La forme fonds a communiqué 1'^
(devenu c) à quelques dérivés, savoir : foncer,
prov. fonsar; foncier, qui tient au fonds;
en-, défoncer. On remarque un r intercalaire
dans le dérivé : fondre)*, aller au fond (angl.
founder), d'où fondrier, fondrière, fondrilles,
effondrer (v. c. m.). — Dans l'anc. langue, la
forme dominante était fons, tant au sujet
qu'au régime ; ce n'est que plus tard qu'on
établit une distinction de sens entre les deux
formes. Voy. mes notes sur Jean de Condé,
t. I, p. 459. L'5 final étant considéré conmie
radical, le dérivé fonser* foncer est tout
naturel.
FONDAMENTAL, du L. fundamoUum (fun-
dare), fondement.
FONDER, angl. found, du L. fundare ({nH'
dus). — D. fondement, L. fundamentum;
foiidation, L. fundatio; fondateur, L. fun-
dator.
FONDRE, sens actif oc neutre, L. fundere.
La filiation des sens est : répandre, d'où, d'une
part, rendre liquide, mettre en fusion, d'autre
part, verser, renverser, tomber, se précipiter.
— D. fonte, d'un type L. fundita; fondeur,
-erie; fondue; fondis et fontis.
FONDRIÈRE, du vieux verbe fondrer, s'af-
faisser, s'enfoncer; voy. foiui.
FONDRILLES, lie qui se forme au foiul des
vases, voy. fond.
FONDS, voy. fond.
FONOE (en médecine fongus), du L. fun-
ffus, champignon. — D. foncer; fongueux, L.
fungosus, d'où foi\gosité\ fongineux, L. fun-
ginosus*, extension de l'acy. funginus.
FONGIBLES (choses), L. res fungibiles (Di-
FONQUEUX, voy. fonge.
FONT, source, fontaine, du L. fons, fontis.
Quoique le subst. latin soit du genre mascu-
lin, le mot français n'en est pas moins du
genre féminin, comme le prouvent encore une
foule de noms propres, tels que Lafont, Bel-
le font, la Cliaudefont, Fonfrède (fons frigida).
Dans fonts' baptismaux, qui est la seule appli-
cation du mot qui nous soit restée, le genre
est également féminin, car l'expression re-
monte à une époque où les acyectifs en al ne
distinguaient pas encore les deux genres (cp.
lettres royaux). Bien que cela ne rentre pas
précisément dans notre cadre, nous citons
encore, dans la catégorie des mots latins en
'ns ou rs, les changements de genre suivants :
est devenu féminin le masculin dens, fr. la
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FOR
— 222
FOR
dent; sont devenus masculins les féminins
fronSy le frwit, — glans, le gland, — ars, le
art^ — 50J'5, le sort. — D. fontaine, L. fon-
tana* (de l'ac^. fontanus).
FONTAINS, voy. font — D. fontainier et
fontenier. De fontaine, L. fontana, les anato-
mistes et les cliimrgiens ont tiré le dim. fon-
tanelle, litt. = petite source; cp. aussi l'ex-
pression analogue fonticule, L. fonticiilus.
FONTANELLE, voy. fontaine.
F0NTAN6B, nœud de ruban à la coiiïiire
des femmes, du nom de la duchesse de Fon-
tanges, une des maîtresses de Louis XIV.
1 . FONTE, action de fondre, voy. fondre.
2. FONTE, fourreau de pistolet sur le devant
d'une selle; p. fonde, du prov., ital. funda,
poche ; prob le même mot que funda, fronde,
qui se trouve, dans Macrobe, avec les accep-
tions de valise, sacoche. Pour le changement
de d en t, cp. démantibuler,
PONTS, voy. font.
FOQUE, voy. foc.
1. FOR, it. foro, esp. /wero, juridiction, tri-
bunal, du L. forum, barreau.
2. FOR-, préfixe, voy. fors.
FORAGE, terme de coutume, impôt sur les
denrées, surtout sur les vins, du BL. forum,
prix des marchandises. Voy, forfait 2.
FORAIN, it. foraneo, forano, angl. foreign,
BL. foraneus, syn. de eactraneus, étranger,
dérivé de l'adv. L. foras, dehors. Le marchand
forain est un marchand qui vient du dehors.
FORBAN, voy. sous ban.
FORBOIRE, anc. «=« boire avec excès (/W%
préfixe de l'excès). Voy. aussi fourbu.
FORÇAT, forme prov. de forcé; voy. force.
1. FORCE, it. forza, esp. fucrza, prov.
forsa, BL. forcia p. fortia. Ce subst. est soit
un dérivé de l'adj. fortis (cp. BL. falsia de
falsus), ou le subst. verbal du verbe fortiare
(qui est le fr. forcer), verbe formé de fortis,
comme BL. graviare, levtare de gravis, levis.
— D. forcer; forçat, autr. aussi forcé, it.
forsato, esp. forzado, condamné aux travaux
forcés.
2. FORGE, ciseau, voy. forces.
FORCENÉ, mauvaise orthographe pour for-
séné, prov. forsenat, it. forse)inato, litt. hors
de sens; c'est un composé de for (voy. fors) et
le vfr. scn, sens, = it. senno, v. esp. et prov.
sen. Ce mot sen est le vha. sin (ail. mod. sinn),
sens, sentiment. De là vfr. séné, prov. sénat,
sensé. Anciennement on avait aussi un verbe
forcener, forsener = perdre la raison, d'où
les subst. forcènemetit, mot employé par Cor-
neille, et forcènerie.
FORCEPS, mot latin, signifiant tenailles,
pince.
FORCER, voy. force 1. Cps. efforcer, ren-
forcer.
FORCES, grands ciseaux, it. forbici, du L.
forpices, forp'ces (plur. de forpex), tenailles,
ciseaux. Cp. Tierce* herse de hirpex, -icis.
Diminutif forcettes.
FORGLORB, it. forchiudere,= L. forts clau-
dere; synonyme de exclure. — D. fœ'clusion.
d'après exclusion; il faudrait strictement /or-
closion, comme éclosion.
FORER, prov. forar, it. forare, du L. fo-
rare, percer. — l). foret.
FORESTIER, voy. forêt.
FORÊT, forest\ it. foresta, esp., portug.
floresta, prov. for est. I.es documents do la
basse et moyenne latinité portent indifférem-
ment foresiis, foreste, foresius, forestum, fo-
resta, forasta. On désignait par là le bois
soumis au droit de chasse, mais non enclos
(en opposition à parcus, bois enclos, parc),
puis aussi les viviers de poissons. On fait
généralement venir le mot de l'ail, forst, m. s. ,
mais c'est le contraire qui parait être le vrai.
Pour l'origine de forst, et par là de forêt, les
primitifs vha. foraha, pin (ail. mod. fohre) ou
forahahi (ail. mod. forchach), bois de pins, se
présentent fort naturellement, mais on ne se
rend pas compte de la terminaison en est.
Abandonnant la dérivation germanique, on
s'est adressé au L. foris ou foras (notez qu'on
trouve à la fois les formes BL. foresta et fo-
rasta), en se fondant sur un adj. forasticus *=
exterior, cité par le grammairien Placidus,
et formé à la façon de cras-tinifs, rus-ticus.
La forme forasticus aurait été écourtée en
forastis, forestis, et signifierait un lieu mis à
part, prohibé, réservé pour la chasse ou la
pèche. A l'appui de cette manière de voir,
Diez rappdle, pour justifier la supposition
d'un adjectif tiré de foras, l'it. forastico, sicil.
furestico, prov. foresgue, cat. feresteg, sau-
vage, rude, puis vaudois forest, it. forestière,
étranger, qui se rattachent sans aucun doute
à l'adv. foris ou foras. La signification spé-
ciale *« bois réservé »i s'est, avec le temps, géné-
ralisée, comme il arrive souvent, et forêt est
devenu synonyme de bois. — D. forestier;
cnforester = planter en bois. — Grimm, au mot
forst, .s'attaclie à démontrer l'origine germa-
nique du BL. forestis et tient ce terme pour
un vocable introduit en Frak'e par les Francs,
n insiste surtout sur ce que l'extension du sens
primitif « bois de pins n en celui de bois en
général se présente encore dans le slave bor
(correspondant de l'ail, fohre) = pinus et
silva. Aus.si le mha. tan, pr. bois de sapin, a
signifié bois en général.
FORFAIRE, anc. it. forfare^ prov. forfar,
BL. foris facere, offendere, nocere, litt. faire
hors de (c.-à-d. contre) son devoir. Ancienne-
ment on construisait forfairc avec le datif de
la personne; on disait aussi ^i» /b;'/*az'r<7 envers
qqn. (cp. vfr. scmesfaîreyovs qqn.). Avec l'ace,
de la chose, le verbe signifiait « se rendre indi-
gne, se priver de la possession d'une chose
par quelque forfait t' , p. ex. forfaire son fief, de
même en mha. ver-wiirhen (auj. venoirken),
ags. for-vyrccan. Ces analogies me suggèrent
la remarque que, selon m ")n sentiment, le pré-
fixe roman for, tout en se rattachant au L. /b-
ris, doit avoir été appliqué sous l'influence du
préfixe germanique goth. /air, fra, vha. far,
fir, fer, mha., nha. et néerl. ver, ags., nord,
et angl. for. Les idées se correspondaient. On
ne saurait contester les influences gerraaaiques
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FOR
223 —
FOS
qu ont subies même les éléments latins de la
langue fi*ançaise. — D. forfait^ BL. forisfiic-
tum, forfaiture^ BL. forisfactura.
1. FORFAIT, crime, voy forfaire,
2. FORFAIT, dans « vendre ou acheter à
forûût », à forfait est une concrétion de à for
fait^ c.-à-d. à prix fait. Ce for -* prix est le
L. forum (marché), qui, au moyen âge, signi-
fiait •« pretium rerum vcnalium »». (voy. plus
loin fur). Cette étymologie n*est pas mention-
née par Littré ; mais il en présente une autre,
qui pourrait l'emporter. Dans un texte du
XVI* siècle, on trouve la forme retournée
fayfort, d'où il conclut que forfait vient de
se faire fort de^ s'engager à.
FORFANTERIE, hâblerie. Ce mot n'est pas,
comme l'ont avancé quelques-uns, l'it. fur-
fantariOy dérivé de Fit. furfante, qui signifie
tout autre chose, savoir coquin, fripon; j'ai-
merais mieux y voir un dér. de l'esp. farfante,
rodomont, ou d'un type forts- fart, parler avec
excès. Mais d'autres explications se présen-
tent. En wallon, forfant veut dire prodigue,
beau, magnifique, et Grandgagnage y voit le
part. prés, du verbe wall. for fer (==» fr. for-
faire), dépenser, cp. ail. ver-thun. De l'idée
prodigue, magnifique, à celle de hâbleur,
vantard, la transition est facile. Un autre
mot wallon encore se rapproche beaucoup
du sens et de la forme de forfanterie : c'est
fmvoantise^ fanfaronnade; forvanter, c'est se
vanter outre mesure On pourrait fort bien
admettre une dégénérescence de forvanterie
en fbrfanterie amenée par l'influence de 1/
initial. On a bien fait fois de vicem. Littré se
prononce pour l'origine italienne, en allé-
guant que le sens italien se trouve dans les
exemples du xvi* siècle qu'il a cités et que le
passage du sens coquinerie au sens actuel ne
doit pas faire difficulté.
FORGE, FORGER, voy. fabrique. — L'esp.
a forja et foty'ar, mais l'a s'est conservé dans
le prov. farffa, fargar et dans le nom propre
La Farge. — D. forgerotx (cp. biichei'on,
vigneron).
FORIÉRB, terme d'agriculture, ^ terre
qui forme la ceinture des champs, aussi
lisière d'un bois. Nous pensons avec Grandga-
gnage que ce mot représente un type latin
fcnnria, de foras, en dehors. D'autres, lui
prêtant le sens de pâturage, le placent dans
la famille de fourrage, fourrier (voy. feurre).
FORJST, subst. verbal de forjeter; voy.
fors.
FORLIGNER, dégénérer, litt. aller fors (c.-
à-d. hors) de la ligne {^= lignage).
FORLONGER, s'éloigner; voy. fors.
FORME, L. forma. — D. former, L. for-
mare, formateur, -ation, L. formater, -atio;
format, L. formatum ; formel, L. formalis ;
formule, L. formula.
FORMEL et formai, L. formalis. De là :
formalité, formalisme, -iste; se formaliser,
pr. s'attacher aux formalités, et s'ofEenser
quand on les croit négligées.
FORMIOANT, -ATION, du L. formicare
(Pline : venarum formicans percussns, pouls
petit, qui ne donne que la sensation d'un four-
millement).
FORMIDABLE, L. formidabilis (de formi-
dare, redouter, formido, crainte).
FORMULE, L. formula (forma). — D. for-
mulaire, L. formularium ; formule^\
FORNIQUER, L. fornicare (de fornix, pr.
voûte, puis mauvais lieu). — D. fornicateur,
-ation, L. fornicator, -atio.
FORS, hors ; cette préposition, correspon-
dant à it. fuori, fuora, esp. fucra (anc. fueras),
prov. foras, fors, est l'adv. latin foras ou
foris, qui est venu, dans les langues néola-
tines, se substituer au latin classique extra.
La forme fors n'est plus d'usage depuis le
XYi*" siècle; mais tout le monde connaît le
mot de François l*"", après la bataille de
Pavie: « tout est perdu, fors l'honneur »♦. Par
le changement de l'aspirée labiale en aspirée
pure — changement fréquent en espagnol et
en valaque, rare en français (cp. vfr. haroucc
p. farouche, wallon horhi p. fourbi) — fors
est devenu hors. — Le fr. fors, avec retran
chôment de \s final, a été, comme le L. extra,
employé comme préfixe; il exprime comme
tel exclusion, écart, abandon de la ligpie
tracée, excès. Il devient ainsi souvent syno-
nyme du préfixe mes, mé. Voici les prin-
cipales de ces compositions, dont plusieurs
appartiennent au vieux langage : forbannir
(voy. ban), forboire (voy. fourbu), forcené (v.
c. m.); forclore,forconseiUcr, mal conseiller,
forcompte = mécompte, forfaii'e(v. c. m.).
foi'huer, sonner du cor pour rappeler les
chiens, forjeter (se), sortir de l'alignement,
/oJ^i^^c^, niai juger, aussi debouterqqn.de
son droit, forlancer, lancer une bête hors de
son gite, forligner, dégénérer, forlonger,
traîner en longueur, fomiarier, .se mésallier,
forpaiser, anc. forpaïser, quitter son gîte,
forpaitre (d'où forpaisson), chercher sa nour-
riture loin de son gîte, fortrairc, faire sortir,
soustraire, aussi excéder de fatigue, forvoyer,
auj. fourcoyer (v. c. m.), forvétu (orthogf.
vicieuse fort- vêtu), vêtu hors de sa condition,
au delà de ses moyens.
FORT, adj. et adv., L. fortis. — D. fort
(subst.) = place fortifiée, dim. fortin; forte-
resse, vfr. fortelesse, prov. fœ^alessa, esp.
fortdleza, du BL. fortalitia, arx, castrum ;
force (v. c. m.); adv. fortement.
FORTE, t. de musique, de l'it. forte, avec
force; au superlatif /brft5«mo.
FORTERESSE, voy. fort,
FORTIFIER, L. fo^tificare (rendre fort).—
D. fortification.
FORTIORI (A), formule latine, à plus forte
raison, litt. « en partant d' [un argument]
plus fort n.
FORTRAIT, de fortraire, voy. fors.
FORTUIT, L. fortuitus'(foTs).
FORTUNE, L. fortuna (fors). — D. infor-
tune, L. infortunium ; fortune, L. fortunatus,
opp. infortuné.
FOSSE, creux dans la terre, L. fossa (part,
passé de fodere, creuser). — D. fossette, dim. ;
fossé, vfr. fosset, ^roY.fossat, it. fossato, BL.
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FOU
— 224 —
FOU
fosiotum, du partie, latin fossatus àefossare
(fossa), Éairc une fosse ; fossoyer, d'un type
fossicare,
FOSSi, fosse creusée en long, voy. fosse,
FOSSILE, L. fossilis, pr. enîfoui dans la
terre {fossum, supin de foderc), — D. se foS'
siliser,
FOSSOIR» L. fossorium', instrument à
creuser (de fossum, supin de fodere),
FOSSOTIR, voy. fosse. — D. fossoyeur,
1. FOU, adj., voy. foL
2. FOU, au jeu d'échecs, du persan /?/,
éléphant (dans l'ancien jeu, le fou était figuré
par un éléphant). Avec l'article al, le mot fil
a donné l'esp. alftl, arfil, port, al fil, arfir,
it. alpdo, aussi alfiere, vfr. anfin, BL. al^hi-
nus. Pour fil devenu fou, cp. fougère de fili-
carius. D'abord /il a donné feu ; la mutation
en fou se présentait d'autant plus naturelle-
ment que l'on y voyait une allusion aux fous
de cour. Los Anglais nomment la pièce que
nous désignons par fou hishop (évéque) ; les
Allemands, lâufer (coureur).
3. FOU, nom du hêtre en vfr. et dans plu-
sieurs patois, variété de fau. Du L fagus,
liêtre. Voy. aussi fouet.
FOUACâS, dans le Midi aussi fougasse, sorte
do pâtisserie en forme de galette, = it. fccac-
da, esp. hogaza, BL. focacia, panis sub
cinero coctus ; du BL. focus, feu.
FOUAOE, BL. focagium, census pro singu-
lis vassallonim focis, redevance sur les feux.
FOUAILLB, t. do vénerie, curée, Bh, focale;
le mot vient du feu (focus) sur lequel cette
curée se fait.
FOUAILLER, voy. fouet. — Dans le sens
« détruire par l'artillerie », ce verbe vient de
focus, feu, et signifie pr. brûler.
1. FOUDRE, prov. foldre, fohc7\ du L.
fulgur(d*o\i d'abord foire, foldre), it. folgœ'e.
— D. foudrogei' (cp. L. fulgurire, ^rt. fui-
guritus, = foudroyé).
2. FOUDRE, dans u foudre de vin »*, de
l'ail, fuder, flam. voeda*, pr. charretée, puis
mesure de capacité.
FOUDROYER, voy. foudre 1 .
1. FOUÉE, chasse aux petits oiseaux, à la
clarté du feu ; do focus, feu.
2. FOUÉE, feu pour chaufifer un four ; de
focxis, feu.
3. FOUEE, fagot, petite provision de bois
à brûler ; également de focus, foyer, feu ; en
partant du sens de ramée, on pourrait aussi
bion y voir lin dérivé de fou, hêtre (v. c. m.).
FOUET, diminutif de fou, hêtre ; à l'origine
= faisceau do verges, acception encore pro-
pre au mot dans le Hainaut ; de là s'est déve-
loppé le sens baguette, verge pour frapper.
Du radical fou vient encore fouaille(en cham-
penois = fagot, botte), d'où fouaille^*, verge-
tcr. — Un autre dérivé analogue de fagus
est fouenne p. faîne, = L. fagina. — D.
fouetter.
FOUGASSE, t. de guerre, de focits, feu.
F0U6ER, du L. fodicare, fod'care. — D.
fouge.
FOUOiRE, anc. feugère, feuchière, wall.
fechère, du L. filicaria', dér. de filix^ filicis
(type de Fit. felce). — D. fougeraie.
FOUGON, prov. fougon, it. foconc, cuisine
de vaisseau, de focus, foyer.
FOUGUE, directement de l'it. foga, ardeur.
Ce dernier (dans la Romagne et à Crémone
fuga) est le L. fuga, fuite, précipitation,
zèle ; cp. esp. fuga, vivacité. Pour admettre
une dérivation de focus, feu, chaleur, il fau-
drait en it. la forme fuoca ou fxioga. — D.
fougueu.v.
FOUILLER, du L. fodiculare*, diminutif
de fodicare (voy. fouger). — D. fouille, subst.
verbal; fouillis (la terminaison is marque ici,
comme ailleurs, le résultat de l'action).
1. FOUINE, martre des hêtres, vfr. fayne
(en rouchi floène, florène, wallon faioeine),
it., prov. faina, cat. fagina, n. prov. fa-
guino, fahino, BL. fagina; l'esp. fuina est
un empnint au français. D'après Adelung, de
l'ags. fag, fah, ail. feh, fech, adj., de couleur
bigarrée (également nom d'une espèce d'écu-
reuil) ; mieux vaut rapporter le mot, dans ses
diverses formes, à L. fagus, hêtre, fr. fou, par
l'adjectif /o^f H M5. Nous avons déjà rencontré
ag converti en ou dans fou, hêtre, et fouet.
— D. fouine); s'esquiver comme la fouine;
peut-être aussi le genevois fouiner, rouchi
fougner, fouiller (la terre), cp. fureter de
furet.
2. FOUINE, espèce de fourche pour éle-
ver les gerbes en tas, espèce de trident pour
percer les gros poissons, prob. d'un type
fodina, de fodere, creuser, fouiller; selon
Littré, du L. fuscina, trident, par fusne,
focne, fouine (filiation de formes peu proba-
ble).
FOUIR, du L. fodei^e (cp. p. la finale, L.
tradei*e, fr. traïr' trahir).
FOULARD, nom d'un tafietas des Indes ; le
mot est-il oriental, ou vient-il de fouler t
FOULE, it. folla, fola, esp. folla, pr. =
presse, dérivé de fouler, presser. Cp. it.
calca, m. s., du L. calcare, fouler.
FOULER, it. follare, esp. hollare, prov.
folar, d'un verbe latin inusité fullare, à sup-
poser d'après le subst. fuUo, — D. foule,
grande multitude (v. c. m.) ; le sens primi-
tif presser, fouler, est encore sensible dans
cette phrase : •« Les impôts sont la foule
des habitants de cette province »» ; ainsi que
dans •• la foule des draps »; — foulon, it.
foUone, L. fullo, -onis, — fouleur, -erie, -oir,
-ure. — C\is. refouler. — L'anc. verbe affo-
ler, blesser, a été tiré, par Diez, de notre fou-
ler; mais cette manière de voir n'est plus ad-
mise ; voy. affole>\
FOULQUE (cacographie moderne p. fougue),
genre d'oiseau aquatique, prov. folca, it. fo-
lega, du L. fulica. — De là prob. fouquet,
hirondelle de mer (v. c. m.).
FOUPIR, vfr. feupir, chiflbnner, friper; du
vfr. felpe, friperie (cp. norm. feupes, mauvais
vêtements); felpe est une forme variée de fe7pe
(voy. fripe).
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FOU
— 225
FOU
FOUQUET, 1. hirondelle de mer, 2. ancien
nom vulgaire de récureuil. Littré : « dimin.
de Foulque, nom propre ; les noms propres
sont plus d'une fois devenus des noms d'ani-
maux. » Le premier sens, toutefois, ne s'ac-
commodcrait-il pas mieux de l'étymologie
foulque (v. c. m.)? Quant au sens écureuil, je
no le trouve pas consigné dans Godefroy.
• FOUR, vfr. for, fœ-n, prov. /b»vî, du L.
furnus, — ]}» fourneau, forncV, it. f&rnello;
fournée, -âge, foumier, L. fumarius, bou-
langer; fournil, verbe enfourner, défourner.
FOURBE, adj., it. furbo, du verbe fourbir;
cp. polisson, ào polir (voy. aussi le mot filou).
C'est par une métaphore semblable que le
grec a produit les expressions ^TtT/5t//.yuia,
vtplTpififiec, homme rusé, fin, du verbe r/siSnv,
frotter. — D. fourbe (subst.), fourber, four-
berie. — L'étymologie tirée du L. furvus,
noir, sombre, admissible au besoin quant à
la lettre, se refuse pour le sens.
FOURBIR, angl. furbish, it. forbire, prov.
foi'bir, du vha. furban, nettoyer, frotter. —
D. fourbe jy. c. m ).
FOURBU, forbu, part, passé de l'anc. verbe
for 'boire, boire outre mesure ou hors de sai-
son ; de là le subst. fourbure, La maladie des
chevaux ainsi nommée exprime pr. un rhu-
matisme provenant d'avoir bu en état d'échauf-
fement. Cette définition n'est plus satisfaisante
aujourd'hui; mais notre étymologie n'en est
pas moins valable, elle se rapporte à une pre-
mière représentation de la chose.
FOURCHE, prov., it. força, angl. fork, du
L. furca, — D. fourchet, fourchette, fourchon,
fourchu, fourcher, enfourche}\ Le latin /itrca
est en outre le primitif de fourgon 1 . outil de
boulanger, 2. chariot à fourche (it. forcone,
esp. hurcone,\ ainsi que de fourcat, terme de
marine, ^^ varangue dont les branches font
la fourche. L'ancien fr. avait aussi un verbe
furgier, remuer, fouiller avec une furca ou
qqch. de semblable (furgier les dents, les cu-
rer); cp. rit. frugare (p. furgare), fouiller,
sonder.
FOURCHE-FIÊRB, fourche à deux dents;
Darmesteter repousse avec raison l'explication
de fici'e par fei'ra (de fer); il ne peut s'agir
que de férus (fier) au sens de fort.
FOURDAINE, nom vulgaire du prunellier.
En vfr. et dans les patois, fourdine signifie le
fruit de l'épine noire ou du prunier des haies ;
Nicot écrit fourdnne, Cotgrave de môme. —
Gachet cite du Roman de Perceval : « si œl
furent noir comme fordine. » Quant à l'éty-
mologie, nous n'en savons rien.
FOURGON, voy. fourche. — D. fourgonner-,
remuer avec le fourgon.
FOURMI; ce mot était autrefois, et est
encore dans les patois, du genre masculin et
répond à un type latin formicus (cp. fctu de
festucus p. festuca). Le féminin formica a
donné l'ancienne forme for mie, fourmie. —
D. vfr. formie7',^= L. fortnicare; fouiinillcr,
d'un type foi'miculare ; subst. fourmilier,
/bMn>jî7eV^rc = formicularius, -ia; fourmilion.
Composé fourmi-lion; le terme savant est
myrmèleon (les LXX ont wu/5aï7x©)éwv, de
fjLÙpfxrj^, fourmi, et /è«v, lion).
FOURBOLLBR, voy. fourmi, 1. abonder;
2. démanger (cp. L. furmicare; voy. aussi
démanger, où, à propos de la citation du L.
verminare, nous aurions encore pu citer l'esp.
giisanear, m. s., àcgusaiw, ver).
FOURNAISE, prov. fornas, it. fornace,
esp. hornasa, du L. fornaxc, -nets (furnus).
FOURNEAU, FOURNIBR, FOURNIL, voy.
four.
FOURNIR, angl. furnish, it. fornire (aussi
fronire, frunire), esp., port., prov. fornir. Kn
prov. on trouve au.ssi formir, furmir, au sens
d'achever, exécuter, sati.sfaire; c'est sans
aucun doute, observe Diez, le même mot que
fœ-nir, fornire, puisque ce dernier a une va-
leur identique en it., en esp. et même en
français II faut donc admettre soit un chan-
gement do m en n ou de n en m, ce qui des
deux manières est rare dans le corps des
mots. Une forme accessoire du prov. formir,
savoir fy^omir, étant prise pour la plus an-
cienne, Diez est amené à poser pour source
de notre mot le vha. frufty'an, meltre en
avant, faire avancer, accomplir, produire.
Donc frumjan — fromir — formir — fornir
— fournir. Cette dérivation est certainement
plus plausible que celle du président de
Brosses, qui pensait à fwmus, four. •• Après
que la farine est cuite au four, dit-il. le pain,
aliment nécessaire, est la principale provi-
sion dont on a soin do fournir sa maison.
Mais on généralise cette expression fournir.
On l'emploie poiir apporter des provisions
quelconques, se pourvoir de quelque chose
que ce soit. » — D. fournissement (la forme
fourniment est analogue à garniment, gar-
nement, anc. équipement), fournisseur, four-
niture.
FOURRAGE, voy. feurre. — D. verbe four-
rager, a^. fourragère.
FOURREBUISSON, nom d'oiseau; selon
Meunier = qui fourre (c.-à-d. qui fourrage),
le buisson. Pour l'anc. verbe fourrer (it. fode-
rare, esp. forrar), voy. sows feui^rc .
FOURREAU, vfr. farrel', HL. forellus, dé-
rivé du vfr. fuerre, foi^e, gaine, fourreau (it.
fodei'o, esp. forr-o), d'où aussi le verbe fourrer,
doubler, prov., cat. folrar, esp., port, forrar,
it. foderare. — Le primitif /brre, fuerre, re-
présenta» le goth. fodr, vha. fuotar (ail. mod.
futtei'), gaine, enveloppe, doubluixî, pr. chose
qui contient.
FOURRER, voy. fourreau. Ce verbe exprime
1. garnir, doubler, envelopper, 2. mettre une
chose dans une autre, introduire. — D. fourré
d'un bois, endroit où ce bois est très garni,
très épais; fourreur; fourrure, BL. forratura.
FOURRIER, BL. fodrarius, àoforre, fem^e,
voy. feurre. Les fouiriers étaient d'abord des
officiers chargés des fourrages et de l'appro-
visionnement. — Le même primitif forre,
fourrage, nourriture, a donné fourHiVe, dans
«mettre un cheval en fourrière m, et fourri(^re,
lieu où l'on renferme les provisions.
FOURRIÈRE, voy. fourrier,
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FRA
— 22C
FRA
FOURRURE, prov. folradura, voy. fout'rer.
FOURVOYER, forvoyer\ -« mettre fors la
voie, égaror, induire en erreur. — D. fourvoi.
FOUTEAU, nom vulgaire du hêtre. Selon Lit-
tré, du L. fagus, vfr. /bw, /b, feu, par un type
foffitellus. Ce type est inadmissible; mieux
vaut, avec Diez, voir dans /bureau une variété
de forme, avec t intercalaire, du rouchi foiau
(= fagelîus'), A l'appui de cette explication,
on peut citer le norm. foutille, faine. Pour
remploi du t dans un but de dérivation, cp.
cloutier de chu, feutier de feu. — D. /bw-
telaie.
FOYARD, hêtre, dér. de fou = L. fagus;
cp. en picard foyau,
FOYER, prov. foguimr, du BL. focartum,
dérivé du L. focus, foyer (en BL. = feu).
FRAC, ail. frach, polon. frac. Mot d'origine
obscure.
FRACAS, subst. verbal de fracasser,
FRACASSER, it. fracassare, esp. fracasar.
Ce mot a probablement pris naissance en
Italie, et doit s'analyser par fra-cassare, litt.
opérer une brisure au beau milieu d'une
chose, la briser en morceaux (cp. une compo-
sition analogue dans le L. interrumpere ; it.
fra = inft^ a la même valeur que L. inter).
D autres ont pensé à une combinaison de fran-
gère avec quassare. Une décomposition en
radical frac (= frangere) -f- suffixe a^s est
inadmissible, selon Dicz, l'italien no connais-
sant pas ce suffixe. — Caix analyse le mot par
frac -|- quassare. Quant à frac, il y voit soit
un produit de frangere, soit le thème flac de
fi accus. — D. fracas t it. fracasso, esp. fra-
caso.
FRACHOIR, petit râteau ))our égi-apper la
vendange, prob. d'un subst. prov. frachoi*,
qui, comme fracha à fracta, frachura à frac-
tura, répondrait à L. fractorium, brisoir.
Pour ch p. et, cp. ffechir.
FRACTION. L . fraclio (frangere). — D . frac-
tionnaire, fradioïiner.
FRACTURE, vfr. fraiture, \.. fractura [imn-
gère). — D. fracturer,
FRAGILE, L. fragilis (frangere) ; le môme
primitif a donné à l'ancien fonds le mot frêle;
d'abord frailc (angl. frail), puis frêle, fresle
[s parasite), frcle. — D. fragilité, L. fragi-
litas.
FRAGMENT, L.fragmcutumifvsLUgerQ).
FRAGON, petit lioux; d'origine inconnue.
FRAI, subst. verbal de fragej' 2 (v. c. m.),
FRAICHEUR, voy. frais 2.
FRAIRIE, voy. />vVe.
1 . FRAIS, subst. plur. ; singul. vfr. frait,
du BL. fredum, pr. l'amende à laquelle était
condamné celui qui s'était rendu coupable
d'avoir troublé la [)aix publique ; d'après Du-
cange : compositio qua fisco exsoluta reus
pacem a principe exsequitur. On fait donc
venir fredum du vha. fridu, paix (ail. «lod.
friede). Cette relation entre fredum, pr. ac-
quittement de l'amende, et l'ail, fridu, paix,
rappelle celle qui exi.ste entre fr. j}ayer et L.
pax, entre BL. compositio, amende, et co^n-
ponere, apaiser. — Le sens de fredum s'est,
avec le temps, généralisé : on la employé
pour taxe, redevance, dépense de tout genre.
Le mot est distinct du subst. frait, fret (v. c.
m ), dépense pour la location d'un navire.
L'orthogr. fractum, dans le latin du xiv** siè-
cle, repose sur l'analogie de vfr. frait = frac-
tus, brisé. — D. adj. frayeux, verbe vfr.
fraier, dépenser (d'où frayant, coûteux), dé-
frayer.
2. FRAIS, acy., fém. fraiclu, vfr. fresch,
fres, frec, fém. fresche, it.,esp., port. /rcsco,
prov., cat. fresc, wall. friss; du vha. frise
(ail. mod. frisch), néerl. versch, ags. fersc,
angl. fresh, cymr. fresg, bret. fresh; la suc-
cession des sens, en ail., est : recens, crudus,
vegetus, subfrigidus. — D. fraîcheur, fraî-
chir, rafraîchir, fraîche (terme rural).
1. FRAISE, fruit, directement. d'un type
latin fragea, dér. de fragum (it. fraga, wall.
frève). — D. fraisier.
2. FRAISE, t. de boucherie, rouchi f rosse,
BL, f rossa; variété de frise (v. c. m.). Cp.
le terme équivalent ail. gehrôse, pr. frisure.
3. FRAISE, collet plissé ; de frise (v. c. m.).
— D. fraiser; dim. froisette.
FRAISER, plisser, de /roâe 3. Dbxas fraiser
la pâte, fraiser des fèves, le mot vient du L.
fresus (frendere), brisé, concassé.
FRAISIL, menues parcelles de charbon
restant après combustion, peut-être àe fraiser,
briser (voy. l'art, préc.). Le type fractUlum,
conjecturé par Littré, est inadmissible.
FRAISSE, aussi frèche, nom vulgaire du
frêne, esp. frexo, port, freixo, pror. mod.
froisse, du L. fraxus, primitif de froxinu^.
FRAMBOISE, wall. frombàhe, frambàhe ;
selon Diez, du néerl. braamhezie, vha. bràm-
beri (ail. mod. brombeere), composé de heri
(néerl. bezie) = baie, et du vha. prdmo, mha.
brame, arbuste épineux. Le b initial s'est
changé en f, prob. sous l'influence du mot
fraise. Grandgagnage décompose le mot en
vha. fram, from, utile, bon, + goth. pasi,
holl. bezie. Bourdelot interprétait fautive-
ment framboise par fragum bosci, fraise de
bois. La forme française a donné naissance à
esp. frambuesa. — D. framboisier.
1. FRANC, a^j., it., esp., port, franco,
prov. franc, libre, sincère, loyal; du vha.
franco, libre, le même adj. qui a donné le
nom au peuple des Francs. Contrairement à
cette étym.. patronnée par Orimm, Diefen-
bach juge l'origine de fraiW plutùt celtique
que germanique. — Les Francs ont donné
leur nom à la France, L. Francia, d'où fran-
ceis, frattçois, fronçais = L. froncensis ou
franciscus, puis le verbe franciser» — De
l'a^j. franc dérivent : franchise, it. fron-
chezsa, esp. franqiÂesa; — franchir, prov.
franquir, pr. s'afiî^chir, se débarrasser d'un
obstacle, tra verser (cp. L. liberore /lumen dans
Hygin); enfin la locution populaire à la bonne
franquette.
2. FRANC, monnaie ; tire son nom de la
figure d'un Franc ou Français à pied ou à
cheval, qu'il représentait dans l'origine.
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FRA
— 227
FRÉ
FRANÇAIS, voy. franc.
FRANCHIR, voy. franc; cps. a/fra>ichir =
rendre franc.
FRANCHISE, voy. franc.
FRANCO, forme it. de l'adj. franc, =■ sans
frais.
FRANGE (d'où it. frangia, esp. frat\fa, ail.
franse), d'abord fringe (qui est encore la
forme anglaise, cp. wall. fritiche, sicilien
frima); du L. fimbria, extrémité, bord,
transposé enfrimbia(en valaque on dit encore
frimbie). — D. franger, frangeon.
FRANGIPANE, de Tit. frangipana. Nous
ne hasarderons aucune conjecture sur le nom
de la pâtisserie dite frangipane, pas même
celle de frangere panem, qui se présente en
première ligne. En tant que signifiant une
espèce de parfum (*< pommade à la frangi-
pane »), la mot vient, dit-on, de l'inventeur,
le maréchal marquis de Frangipani. Il se
peut que la pâtisserie ait été nommée d'après
le parfum.
FRANQUETTE (forme picarde p. fran-
chette), voy. franc.
FRAPPER, prov. frapar. Diez y voit Ite nor-
dique hrappa, rudoyer, faire la leçon. L'exis-
tence du mot anglais (dialectal) frape =» faire
des reproches, lui fait supposer que le fr.
frapper a dû â l'origine avoir une significa-
tion semblable. Nous avons quelque peine à
croire qu'un mot exprimant une idée aussi
matérielle que taper, battre, puisse avoir eu
pour primitif immédiat le nom d'une action
rentrant dans l'ordre moral. A la vérité, le
mot moral doit remonter à une représenta-
tion physique ; â ce titre, l'avis de Diez ne
doit pas être repoussé en principe, et dans
notre cas le L. increpare de crepare présente-
rait un exemple d'une métaphore analogue.
Mais il nous semble qu'il faudrait du moins
démontrer pour /V'op^tfr l'existence réelle d'un
correspondant exprimant faire du bruits et
Diez, â cet eflet, ne cite que l'angl. fraple,
d'où frape (vfr. frapin, frapailh), qui signi-
fie assemblée. Nous préférons une dérivation
du bas-allemand flappen, angl. fîap, frapper
avec qqch. de plat. On trouve du reste dans
la vieille langue flaber, flauber, en wall. fla-
bauder, = battre. La permutation de Z et r
est ordinaire. — L'italien a le verhe frappare
avec le sens de découper, hacher, subst.
frapjja, lambeau. Ce dernier peut avoir dé-
terminé le verbe ; sinon, on serait autorisé à
voir dans frappare, couper, un transport de
sens analogue à celui qui a produit couper
de coup. Quant â frappa, lambeau, on pour-
rait aussi le rapprocher de l'angl. /iap, pan
d'un habit (cp. le champenois frapouille, gue-
nille). — N'oublions pas de rappeler que
dans l'ancieime langue, fraper signifiait au.ssi
•• courir », d'où le subst. frapier dans les
locutions fréquentes « se mettre au frapier »
(se mettre à la course), et à frapant (à la
course). C'est à cette valeur-lâ (pr. « battre
les routes ••) qu'il faut peut-être rapporter le
collectif /ropaf//^, • gens de rien ••, vagabonds
(cp. ail. fahrendes vol h) et aussi frappart
(encore dans Littré) au sens de libertin, cou-
reur. — D. subst. verbal frappe.
FRASER, variété formale de fraiser.
FRASQUE, action extravagante, imprévue
et fait« avec éclat, tour malin, de Fit. frasca,
pr. feuillage, branchage, puis baliverne, farce.
— Sur la parenté possible de l'it. frasca avec
lall. frais (bouflbn), voy. Grimm, Dictionn.,
IV, l,p.68.
FRATERNEL, L. fraternalis, extension de
fraternus (f rater); de ce dernier : subst. fra-
terniias, fr. fraternité, et verbe frate^'niser.
FRATRICIDE, vfr. frerecide, subst. de la
personne, L. fratricida; subst. abstrait de la
chose, L. fratricidium (fratrem cœdere).
FRAUDE, L. fraus, fraudis. — D. frauder,
L. fraudare; fraudeur; frauduleux, L. frau-
dulosus.
FRAXINBLLE, du L. fi-axinus, frêne.
FRAYANT, voj. frais 1.
1. FRATERun chemin, bourg, froyer; ce
mot peut s'expliquer soit par une altération
du vfr. froer, briser (cp. fr. brisée et le mot
route =■ rupta), lequel parait identique avec
le verbe froyer frayer de l'art, suiv., soit
par une dérivation irrégulière et populaire
de l'anc. participe frait «= fractus, brisé.
2. FRATER, frotter, anc. froyer, angl. /Vay,
it. fregare, esp., poi-t., prov. fregar; du L.
fricareyc^. ployer àeplicare). Notez les accep-
tions spéciales dans » frayer avec qqn. », pr.
se frotter à lui, puis dans l'application qui a
été faite de ce mot à l'acte de génération des
poissons. — D. frai, 1. diminution du poids
des monnaies, par l'effet du frottement, 2. ac-
tion de frayer(en pari, des poissons); /VaytV«,
lieu ou saison où les poissons frayent ; frayoir,
frayure (termes de vénerie).
FRATEUR, vfr. froior, prov. freior, du L.
frigor, froid, frisson. — Il est aujourd'hui re-
connu par la science que ce subst. est étymo-
logiquement indépendant du verbe effrayer
(v. c. m.). Quant à son radical, les opinions
sont encore partagées entre fragorem (cra-
quement) et frigorem.
FREDAINE, mot d'origine inconnue; â coup
sur il ne vient pas de fraudana fdér. hypo-
thétique de fraus, fraudis), comme le propo-
sait Furoticrc. D'autres invoquent le BL. fre-
dare (de fredum, voy. f7'ais) = multam exi-
gere, d'où aussi : molestare, vexare; cela ne
nous sourit pas davantage. Mieux vaudrait un
adj. frcdanus, digne d'amende. Littré pro-
pose dubitativement le bourg, vredai, aller çà
et là, ou fredon, la fredaine étant â la con-
duite ce que le frodon est au chant.
FREDONNER (subst. frcdon). Ce mot rap-
pelle par le radiciil fred, le L. fritinnire, ga-
zouiller, mais il pourrait bien être un produit
naturel, imitant le roulement et le tremble-
ment de la voix.
FRÉGATE, it. fregata, esp., port., cat.,
napol. fragata. On trouve cette dernière
forme déjà chez Jaymo Febrer, poète de Va-
lence. Diez pense que le mot pourrait être
. une forme contractée de fabricata ^d'abord
fargata, puis fragata); il rapproche it. lasti-
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FRÈ
228
FRE
mentOt fr. bâtiment = navire. Cliovallet invo-
que le V. allem. fàrge^ fcr(/c^ nacelle, barque,
dan. faerge. L'étjmologio de Jal, gr. avoaxTx,
bâtiments non pontés, est encore moins admis-
sible. — Roulin (Littré,suppl.) tient frégate
pour une altération de rabo forcado (queue
fourchue) et forcado tout court, signifiant
d*abord un oiseau, puis par métaphore un
bâtiment de mer. — D. frégaton,
FREIN. L. frenum,
FBÉLAMPIER, homme de peu, vaurien;
mot altéré, dit-on, de fr(Ve iampier, allumeur
de lampes, métier peu considéré dans les cou-
vents.
FRELATBR, anc. fralaier, genevois ferla-
ter, propr. transvaser, puis altérer, mélanger;
d'après Diez, de l'expr. néerl. toijn verlacten
transvaser du vin (Kiliœn : elutriaro vinum).
FRELE, voy. frofjile.
FRELOGHE, poche de gaze pour prendre
des insectes volants; prob. le même mot que
frehœhe.
FRELON (dialectes frulon, foulon); d'après
Diez, prob. un dérivé de frêle, qui autrefois
signifiait aussi mince, grêle; le nom viendrait
de la structure cfiilée de cet insecte; celui-ci
s'appelle en Bcrrj grêlon, dérivé do grêle, et
en Normandie l'insecte dit demoiselle porte
également le nom de fràle. — Comme nom
du petit-houx ou housson, le mot parait,
selon Littré, altéré de fregnon (qui se disait
pour fragon), par assimilation au nom de
l*insecto.
FRELUCHE, freluquet frcloqiœ, selon Diez,
(^courte de fanfreluche; Littré préfère y voir
un composé du préfixe fri\ fer, fra et loque.
— D. freluquet, homme léger, frivole et sans
mérite, pr. homme qui aime à porter dos
freluchcs,
FRELUQUET, voy. freluchc,
FREMIR. L. froneix. On no saurait nier la
correspondance matérielle de ces deux mots;
cependant, il faut remarquer (juo le L. f ré-
méré ne signifie jamais trembler ou avoir
peur, mais seulement murmurer, bruire,
gronder, etc., et au fig. être indigné, être
agité. Il faut donc admettre que l'idée morale
et figurée d'agitation ait été reportée dans
l'ordre physique et qu'ainsi se soit produite
l'acception modenie du mot. — I). frémisse-
ment. — - Le subst. L. fremitus avait donné à
l'ancienne langue la forme frienle, frintc,
bruit, ^tumulte.
FRENE, fresné*, vfv. fraisne, it. frassino,
esp. fresno; du L. frajrinus. — D. frênaie,
FRÉNÉSIE, angl. /)-e«^y, h.phrenesis, du
gr. ç?/5è>j7ii p. ç>/5îvtri;, maladie mentale, folie
'de foïîv, esprit); frénétique, angl. frantic, du
L. phreneticuSf gr. çj^iv/jtwo;.
FRÉQUENT, L. frequem\ subst. fréquence,
L. frotiucntia; verbe fréqueiHei\ L. frequen-
tare.
FRERE, vfr. fraire, freire, du L. fratrem,
cas oblique de frater. — D. pairie ou fréi*ie,
compagnie; de là : partie de plaisir, dans
••être en frairie, faire frai rie «. Composta :
confrère et confrérie.
FRESAIE, p. presaie (fonne usuelle en Poi-
tou), en Gascogne bresague; du L. prœsaga,
qui présage ; le hibou est un oiseau de mauvais
augure ; on rap[)elle aussi pour cette raison
effraie,.
FRÉSANGE, anc. fresanche, fressange,
fraissangue^ BL. frisdnga, 1. jeune porc,
2. redevance d'un cochon de lait imposée aux
fermiers de la glandée ; du vha. frisking, vic-
tima, porcellus (ail. mod. frischling, jeune
animal, marcassin). Le prov. actuel a fraysse,
jeune porc.
FRESCADB (anc.) = air frais ; de Fit. fresco
»= frais ; loc. être à la frescade, prendre l'air
frais; les patois disent à la frisquette.
FRESQUE, terme de peinture, de Tit. fresco
(correspondant du fr. frais, v. c. m.). La
peinture al fresco se fait sur un enduit encore
frais do chaux et de sable combinés.
FRESSURE, genevois fresure, froissure;
d'après Littré, du BL. frixura, friture. Cette
étymologie convient pour la lettre (Littré cite
vfr. fressoir = L. frixorium); pour le sens je
préfère fraysse (jeune porc) mentionné sous
fresange; le mot signifierait ainsi à l'origine
cochonnade. Il se peut aussi que fresure
vienne de frese' fraise, en tant que terme de
boucherie (voy. ce mot); l'ail, dit pour fraise
gekrôs, et pour fressure geschlinge, deux ex-
pressions presque synonymes. — Bugge(Rom.,
IV, 355) patronne le type frixaiura (friture),
et compare, pour le sens, le synonyme esp.
asadura, de asar, rôtir. Le foie et d'autres
parties do la fressure sont souvent frits, la
plus grande partie étant cuite.
FRET, anc. aussi frait, port, frète, esp.
flete; de l'ail, fracht (vha. freht, néorl. vracht,
angl. freight), qiii signifie à la fois le prix du
transport à payer, puis la charge du navire.
— D. fréliT, donner et prendre un bâtiment à
louage, d'où fréteur; cps. affrétei*.
FRÉTILLER, anc. fretel€i\ prov. frezilhar;
soit d'un verbe L. fritillare, secouer, supposé
par Saïunaise sur la base du subst. fritillus,
cornet à dés, soit de frictillare" , dérivé sup-
posé de frictare, fréq. de fricare, frotter, soit
enfin du BL. fiHtillare, piler du poivre dans
un mortier (fntillum), à cause du mouvement
de va-et-vient du pilon. — D. frétillard, -on.
FRETIN, choses de peu de valeur; sans
doute connexe avec BL. freto, fretonus, petite
monnaie, mais j'hésite à rattacher /"reio, comme
fait Littn*^, à l'angl. farthing (ags. feoi^ding),
anc. fert/iing, le quart du penny. J'interpré-
terais plutôt freto et fretin \)îiv monnaie frot-
tée, usée, ou par déchet, en rattachant le
mot, avec Frisch et Diez, au L. frictum,
frotté. — Appliqué au poisson, le primitif
frictum exprime *• ce qui résulte du frai »♦.
mot qui étymologiquement signifie frottement
(v. frayer) et vient de fricare.
FRETTE, cercle de fer, aussi fret, contrac-
tion de fei'ct, ferctte; radical fer, L. fen'um.
De là frotter, garnir de fer.
FREUX, corneille moissonneuse; du nord.
hrôhr, m. s., par le changement de h en /*(cp.
frimas et friper). Pour oh = eux, cp. coqnus,
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FRI
229
FRI
queux. Au nord, hrôkr correspondent vha.
hruoch, ags. hrôc, dan. rogc, ail. ruech, angl.
rook. Ménage avait vu dans /re«ir une contrac-
tion du L. frugilegus, ramasseur de grains !
FRIABLE, L. friabilis, de friare, broyer,
émier. — D. friabilité,
FRIAND, voy. sous frire. — D. fHandise,
affriander.
FRIOABBLLE, boulette de viande hachée,
FRICANDEAU. FRICASSER. FRICOT. Tous
ces mots sont rapportés par Diez au radical
gothique />i7w = avide, correspondant du vha.
frëh, m. s., mha. frec, ail. mod. frech, hardi,
gaillard, v. angl. frek, vif. Ce mot germani-
que est, on ne peut en douter, le type de l'adj.
vfr. frique^ encore en usage dans les patois et
signifiant gai, leste; ce mot a pris aussi dans
beaucoup de dérivés le sens de gourmand, ami
des bonnes choses, du plaisir. Nous rappelons
à ce sujet les mots prov. mod. fricaud, gour-
mand, bon à manger, délicieux, champ, fri-
candeau, friandise, fricot , régal, fricoter, se
régaler, friquette, fille de joie. Il n'y a donc
rien qni puisse choquer dans l'opinion de
Diez quand il rattache à l'élément germa-
nique tous les mots placés en tête de cet arti-
cle. Il lui semble impossible, sans faire vio-
lence aux règles de transformation, de les
faire dériver, du moins directement, du L.
frigëre, frire. Néanmoins, Mahn cherche à re-
vendiquer cette dérivation pour fricasser.
Selon lui, ce verbe est un dérivé du BL. fri-
cave, frire. Quant à fricare, il y voit une cor-
ruption de frictare (fréq. de frigere, par le
supin frictum), par assimilation à fi-icare,
frotter. Pour la terminaison asser, Mahn
pense qu'elle est aussi bien péjorative dans
fricasser, que dans récasser, rimasscr, vfr.
putasser (fréquenter les putes), et que le mot
signifie pr. faire toutes sortes de choses en
mélange ; il rappelle à cet égard le terme
fHcasseur = mauvais cuisinier. Si l'on peut
admettre, comme le fait Mahn, l'existence de
fricare, dans les premiers temps du moyen
âge (Ducange ne cite qu'un seul t^xte, tiré des
sermons do Menot, xiii" siècle), alors rien
n'empêche, nous semble- t-il, d'y rattacher
également fricandeau, forme diminutivc do
fncande, et fricadelle, mot d'un usage géné-
ral en Belgique.
FRICANDEAU, voy. l'art, préc.
FRICASSER, voy. fricadelle. — D. fHcas-
sée.
FRICHE, terrain non cultivé, soit de tout
temps, soit par abandon ; Ducange explique
le mot par l'ail, frisch, récent, en compa-
rant L. novale, terre en friche, de novus ;
vfr. fresche et BL. friscum favorisent cette
manière de voir). Grimm part d'un type frac-
ticium (de fractus, rompu), pour arriver, par
fraiiche, fretche, à friche; donc, champ la-
bouré pour la première fois. Cette étymologie
se recommande moins par la lettre (car la
syncope de t après c offre quelque diflRcultéj
que par l'analogie des termes ail. brache, de
brechen, rompre, et languedocien roumpudo
(terrain récenmient recassé). — D. défricher.
FRICOT, premier sens : régal, bon repas,
puis toute espèce de viande en ragoût ; voy.
fricadelle. — D. fricoter, faire un fricot, fig.
manigancer ; dépenser en bonne chère.
FMCTION, L. frictio (de fricare, frotter).
— D. frictionner.
FRIGIDITÉ, L. frigiditas ifrigidus).
FRIGORIFIQUE, L. fngorificus.
FRILEUX, vfr. frilleux, freilleux, contrac-
tion d'un type latin frigidulosus, dérivé de
frigidulus. Cette contraction est un peu forte,
mais cependant régulière : frigdlos, fn'glos,
frillos, finlos, fnleu.v.
FRIMAS, du vfr. frimer, geler; celui-ci
du nord, hrim, gelée blanche (d'où angl.
rime, néerl. rijm, picard rim^e, m. s.). —
Du radical frim on a aussi tiré frimaire,
nom de mois dans le calendrier républicain
(du 21 novembre au 20 décembre).
FRIME, mine, semblant. Le premier sens
doit avoir été grimace, « changement des
traits du visage ». Charron raconte du page
d'Alexandre « qu'il se laissa brusler d'un
charbon sans faire frime aucune, ny conte-
nance de se plaindre pour ne troubler le sa-
crifice - . Bugge (Rom. , IV, 355) rattache frime
au lombardique frignare, pleurer, faire la
grimace, qui tient de l'ail, flennen, suéd.
flina, patois angl. frine, faire la grimace.
Frime est donc p. frine (cp. venimeux p. vent-
neux, etc.). — Par la tendance de Vi à passer
en XI devant m, Tanc. langue disait plus sou-
vent ftnime. — D. frimousse, visage, mine
(mot forgé peut-être sous l'influence de vfr.
mouse, museau).
FRINGALE, corruption de faim-valle. Voy.
soïis faim-valle.
FRINGANT, part, présent de fiHngue)' 1 , se
remuer vivement, sautiller.
FRINGILLE, du L. ftnngilla, pinson.
1. FRINGUER, vfr. fringelei-, sautiller.
Diez place ce verbe sous la racine frig, fring,
d'où sont formés L. f^'ig-ulare /fr. fringuler),
frig-utire, fnngutire, gazouiller (anc. fr.
fiingoter, it. fringottare) et fi'ingilla, pinson.
On dit encore « gai cx)mme pinson »» . Littré
préfère l'étym. fHgei*c, sauter, bondir, avec
l'interposition de la nasale n, mais cq verbe se
trouvc-t-il?
2. FRINGUER, rincer (un verre); selon
Bugge (Rom., IV, 357), emprunté à l'esp.
fi^egar, nettoyer en lavant et en frottant.
Pour l'intercalation d'un n devant une gut-
turale, cp. langouste (L. loctista), vfr. engrot,
(L. œgrotus), etc. Quant kfregar, c'est le L.
fHcare, dont la vraie forme franc, est froyer,
devenu plus tard frayer.
FRIPE, chiffon, vfr. frcpe ou ferpe =
frange; en BL. vestes frepatœ ou ferpat»
étaient des habits à (ranges, et par ironie des
habits effiloqués, frangés par la misère ou le
long usage. Telle est, selon Génin. l'histoire
du mot fripe; mais ce spirituel philologue ne
nous apprend rien sur la provenance de ce
frepe ou ferpe, frange. Nous pensons qu'il est,
en tout cas, plus sur de suivre Die', et de tirer
fripe du verbe friper au sens fondamental
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FRI
— 230
FRO
d'user, consumer, gâter, détruire, de là man-
ger goulûment, et de rattacher ce verbe au
nord, hripa, dont le sens générique est « faire
vite n ; pour hr initial = /r, cp. les mots
freuic^ frimas. Le même type hripa, faire
vite, expliquera fripon, pr. agile, leste, qui
enlève facilement, qui escamote adroitement
(au XVII* siècle on disait encoie friper, dans le
sens de dérober; ainsi Técolier fripait ses
classes, c.-à-d. qu'il n'y allait pas); enfin, de
friper, manger goulûment, nous tirons fripe,
bon morceau, et fripe-sauce, goinfre. Fripe,
frange (pr. tissu effiloqué), sous sa forme ferpe,
felpe, a donné naissance à Fit. et esp. felpa,
sorte de peluche, et à fr. foupir (v. c. m.).
— Après avoir cherché à démontrer le peu
de créance que mérite À ses yeux l'origine
islandaise de ce mot, Bugge (Rom., III. 148)
explique ce dernier (vfr. frepe, ferpe, felpe,
feupe) par L. fibra, lambeau, extrémité, fibre,
filament. Pour la métathèse de l'r, cp. frange
de fimbria ; pour b devenu p, cp. ensouple =
insubvlum. Le verbe friper aurait donc pour
acception originelle chiffonner, de là gâter par
usure, consumer, enfin manger goulûment.
— D. fripier, friperie,
FRIPER, voy. fripe.
PRIPON, voy. fripe. — D. friponnerie, fri-
ponner, — S'il faut, comme il résulte de
l'opinion de Bugge à l'égard de fripe, écarter
l'idée de • faire vite •• comme sens primordial
de friper, il Éaudra bien considérer l'acception
mangeur, gourmand comme la première dans
flipon (de friper, manger goulûment). On
est, toutefoi.s, tenté de rappeler ici le mot ail.
lump^ qui signifie à la fois chifi'on, haillon et
gueux, gredin, coquin.
PRIQUBT, moineau, litt. == gai, vif, de la
racine fHque mentionnée sons fricadelle. De
là vient aussi le vieux mot friquette, jeune
coquette.
FRIRE, prov. frire et fregir, it. friggere;
du L. f'rigci*e (frig'ré), faire rAtir. — 11 serait
difiicile de no pas rattacher à ce verbe le
subst. friand (ano friant), pr. 1. qui aime à
frire ; 2 qui est bon à frire (cp vfr. beste
bersant, béte qui chasse p. qui est bonne à
chasser) ; 3. ami de la bonne chère, de même
que les vieux mot,s frioler, être friand, friolet,
gourmet, friolerie, friandise, affrioie>% allé-
cher. — Ces mots ne pourraient s'expliquer
aussi aisément par l'anc. adj. frique, dont il
est fait mention sous fricadelle. — Du part.
frictus dérivent les subst. friteau (anc. aussi
fritée), friture, ainsi que le terme fritte, nom
donné dans plusieurs arts industriels à la tor-
réfaction ou demi-fusion que l'on fait subir à
diverses substances.
1. FRISE, étoffe de laine à poil frisé, est
identique avec fraise, chose plissée, entor-
tillée, vfr. fresse. Les mots correspondants
des langues congénères sont : it. fregio, esp.
friso, freso; ils expriment tous ornement en
forme frisée, frange, étofie frisée, vêtement à
frisures. L'étymologie de ce vocable est con-
troversée. On a d'abord mis en avant \esvestes
phiygiœ ou « habits brodés » des anciens, mais
la lettre et le sens du mot roman s'y opposent,
du moins en ce qui concerne le français ; puis
l'anglais fleece, ail. vJiess, peau laineuse,
toison ; enfin, l'on s'est prévalu de l'étymo-
logie attribuée au nom de peuple des Fri-
sons, qui serait un ac^ectif frisa, fresa =«
crépu, frisé ; le mot roman se trouve, en effet,
dans l'idiome frison, sous la forme frisle(sLng\ .
frizle), Diez pose la question : les frisii panni
du moyen âge (voy. Ducange), étaient-ce dea
draps frisés ou des draps de la Frise? Le fait
est que, dans les premiers siècles de la basse
latinité, on trouve fréquemment mention de
saga ou pallia fresonica, vestimenia de Fre-
sarum provincia. Reste à savoir s'ils étaient
frisés, velus. — Peut-être faut-il distinguer
entre frise, étoffe de laine grossière, et frisé,
bouclé, annelé. Ne pourrait-on pas admettre
pour type commun des mots romans le BL.
fi*igium et faire procéder celui-ci de la même
racine qui, sous forme nasalisée, a produit
l'ags. vringen, vringlian, anneler, friser, ou,
ce qu'il vaut encore mieux de rapprocher, le
nord, hringr, anneau (pour nord, hr = fr,
cp. les mots f^eux, frimas, fripe)! — Nous
citons pour mémoire une conjecture émise
par Atzler, qui rapporte le mot à l'ail, friesel,
frisson, le froid faisant friser la peau. — Le
terme d'architecture est généralement envi-
sagé comme une métaphore de frise, chose
plissée, à surface non unie ; cela parait fondé.
On parle, il est vrai, quelquefois de frises
lisses, unies et sans sculptures; mais cela ne
prouve rien, une fois lo mot appliqué à une
partie déterminée d'une construction. Le mot
emporte dans toutes ses applications technolo-
giques une idée de ciselures, d'ornements en
relief. — D. friser ^ rouler, boucler, plisser,
froncer, puis raser, gratter, écorcher une
surface, d'où le sens : effleurer; frisette.
2. FRISE, sorte de toile venant de la
Frise.
FRISER, voy. frise 1 . — D. friseur, frisure,
frison, frisotter, défriser.
FRISQUS, gai, gaillard, de l'ail, frisch
hoj. frais). Ce radical frise se touche avec
fric, mentionné sous fricadelle, et il se pour-
rait que frisque fût une simple variété de
frique, qui se trouve encore dans les patois
et remonte très haut.
FRISSON, p. friçon, anc. féminin ; du L.
frictionem, mot employé dans le sens du mot
français par Grégoire de Tours et que Du-
cange explique par une contraction de frigi-
tio, subst. supposé de frigere, avoir froid. —
D. frissmtner,
FRITEAU, FRITURE, voy. frire.
FRITTE, voy. frire. — D.fntter,fnUeuœ.
FRIVOLE, L. fritolus. — D. frivolité.
FROO, prov. floc, pr. étoffe de laine gros-
sière, puis habit de moine; du L. floccus, flo-
con de laine. D'après Wackemagel, du vha.
hroch, ail. mod. rock, habit. On a des exem-
ples du passage de hr initial en fr* (voy.
freux, frimas, etc.), mais Diez, fort scrupu-
leux dans ces matières, prét-end que cette
permutation ne se produit que sur des mots
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FRO
— 231 —
FUI
nordiques. — D. froeard ; enfroqiter, défro*
çuer.
FROID, du L. frigidus {firig*dus), cp. roide,
de rtffidus, doit* doigt de digUus, — D. froi-
deur, froidure, refroidir,
PEOISSBR, vfr. aussi /rwtwér ; du L. fres-
sus, participe d© frendere, brojer. écraser.
Cest là l'opinion générale. Si elle est fondée,
il faut partir d'une forme fresus avec un
.seul s, car e latin en position ne produit ni
fr. t«* ni 01 (le subst. mois vient directement
de tnésis, p. mensis). Alors, il faudrait aussi
supposer des formes froiser, fruiser, anté-
rieures à froisser, fruisser. Nous inclinons
donc plutôt pour le type fiHctiare (de fricttis,
frotté), bien que la forme fruisser ne s'y prête
pas trop bien. — Littré invoque L. frustum,
morceau, d'où viendrait barbarement f)^us-
tare, mettre en morceaux, qui serait devenu
fruissier, fi*oissier. Si frustum est au fond de
notre verbe, il faut partir du type dérivatif
frustiare. Cette étymologie rallie aigourd'hui
le plus de suffrages (ainsi ceux de Schu-
chardt, Fôrster, Havet et Lttcking). En tout
cas, elle l'emporta en correction sur les-
autres ; frustiare, fruissier, froisser est une
suite très régulière ; cp. angustia, anguisse,
angoisse. Ce qui, à mes yeux, favorisait parti-
culièrement le type frictiare, c'est que froisser
emporte plutôt, et surtout dans les applica-
tions morales, une idée de frottement, de
meurtrissure, qu'une idée de mise en pièces,
mais, d'autre part, on ne peut se dissimuler que
celle-ci dominait dans l'ancienne langue. —
D. froissement, -w, 'ure; rappelons encore le
subst. vfr. frois, fruis, fracas, tumulte.
FROLER, d'après Diei, p. frotter, donc une
forme diminutive de frotter. Comme on trouve
aussi frosser p. froisser, une explication par
frosler p. froisseJer serait tout aussi admis-
sible, mais si froisser (v. c. m.) vient non pas
defrictiare, mais de frustum, il faut y renoncer.
FROMAGE, anc. formage, prov. formatge,
fromatge, it. formaggio, BL. formaticum;
du L. formaticus, fait dans une forme. L'ac-
cessoire, ici comme dans bien d'autres cas, a
fini par l'emporter sur le principal. Roque-
fort, d'après Barbazan, expliquait /romane par
la formule foras missa aqua, « dont on a tiré
l'eau n; cela rappelle l'étymologie caro data
vermibus prêtée au L. cadaver !
FROMENT, anc. aussi forment, fourment,
du L. frumentum (p. frugimentum).'
FRONCE, primitif du verbe froncer, voy.
l'art, suiv.
FRONCER, vfr. froncir, rider, plisser, prov.
froncir, froncir, fruzir, cat. frunsir, esp.
fruncir, ni. fronsen; dérivé de fronce, pli,
coexistant anciennement avec ronce (m. s.),
qui répond à l'ail, runze, pli, ride. Cest
ainsi que l'on rencontre dans l'anc. langue à
la fois ronchier, rouchier et fronchier p. lat.
rhonchare (ronfler). Voy. ma note ad v. 570
du Bastart de Buillon. — Il faut rejeter l'ét.
frontiarc', pr. plisser le front. — D. froncis;
composé défroncer.
FRONDE, anc. fonde, it. fiunda, esp, honda,
prov. fronda, du L. fnnda, m. s. — D. fi'on-
der, lancer des pierres, fig. blâmer, critiquer.
— Un diminutif BL. fo^tdabulum, fondibii-
lum, a donné le vfr. fondiefîe, fandifle.
FRONT, du L.frons,frontis.-' D. frontal;
fronteV fronteau; fronton 'cp. façade de fa-
des) ; frontière (v. cm); affronter, attaquer
de front, d'où affront (en vfr. afronter, comme
le prov. afrontar, signifiait aussi confiner) ;
confrottier, mettre front à front (v. c. m.);
effronté, prov. es frontal, it. sfrontado (cp. L.
frontosus, insolent), d'après le L. effrons. Du
BL. frontispicium, pr. ce qui se voit de face
== façade, vient frontispice.
FRONTIÈRE, dér. de fro^vt; BL. frontaria,
limite où deux territoires se rencontrent, ou
pour ainsi dire « se frontent » ; autrefois aussi
= front d'une troupe, façade, frontispice, et
= fronteau.
FRONTISPICE, voy. front.
FRONTON, voy. front.
FROTTER (p. frotter], aussi fretter, prov.
flretar, it. frettare; du L. fHctare, fréq. de
fricare; cp. comploter p. compïoiter, d'un
type complic*ta7*e (voy. complot), — De fretter
vient le vieux mot frettc', fin, rusé, métaphore
analogue à celle de fourbe et de polisson.
FROTTER, onomatopée, comme frnu-froii.
FRUCTIDOR, 12« mois du calendrier repu
blicain, composition hybride de fructus, fruit,
et de 541/astv, donner.
FRUCTIFIER. -FICATION, L. fructificare,
fructificatio.
FRUCTUEUX, L. fructuosus (fructus).
FRUGAL, L. frugalis, modéré, économe.
— D. frugalité, L. frugal itas.
FRUIT, L. fructus. — Comme terme de
maçonnerie (= inclinaison donnée à un mur),
fruit est pour frit, dont l'origine m'est incon-
nue. — D. fruitier, fruiterie,
FRUSQUIN, héritage, avoir. Etymologie
inconnue. Prob. un dérivé du vfr. frusques,
vêtements, effets, nippes.
FRUSTE, de l'it. frusto, usé, vieux ; celui-
ci du L. frustare, prov. frustar, morceler
{frustum, morceau). Le mot fruste désignait
d'abord une chose dont on a enlevé quelques
parcelles ; de l'idée entamer à celle d'user, la
transition se présente naturellement.
FRUSTRER, L. frustrari, tromper.
FUCHSIA, planta dénommée d'après le bo
taniste bavarois Léonard Fuchs (mort en
1565). ^
FUGACE. L. fugax (fugere).
FUGITIF, vfr. fuïtif, du L. fugitimts (fu-
gere).
FUGUE, de l'it. fuga, fuite, L. fuga. Pour
la valeur de ce mot comme terme de musique
(morceau dans lequel diff'érentes phrases se
suivent, se succèdent, tour à tour), on peut
comparer le terme it. fuga di stanse, enfilade
de chambres.
FUIE, colombier, petite volière (en vfr.
aussi = fuite), du L. fuga, pour ainsi dire =
refuge.
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FUR
— 232 —
FUT
FUIR, anc. fmr, L. fiigei^c. — D. subst.
participai fuite, fuyard \ cps. s'enfuir.
FUITE, voy. fuir.
FUL6URAL» -ATION, L. fulguralis, -atio
(de fuigur, foudre).
FULIGINBUX, L. fuliginosus (de fuligo,
suie).
FULMINBE, L. fulminai^e (fulmen), lancer
la foudre, foudroyer. — D. fuimina7it, -aiion,
t. de chimie fulminate, -ique.
FUMSR, jeter de la fumée, do la vapeur ;
du L. fumare. Dans le sens actif exposer à la
fumée, le verbe est un dérivé du vfr. fum =
L. fumus, fumée. Enfin, dans l'acception en-
graisser avec du fumier, c'fô^t un verbe ab-
.strait de fumier (v. c. m.). — D. fumée, subst.
participial; fumet; fumeux, L. fumosus; fu-
meur, fumoir, fumeron, fumiste; cps. enfu-
mer, parfumer.
FUMIER, altération de femier, peut-être
par assimilation au mot futne^', car le fumier
fume. On peut comparer, du reste, pour cette
permutation de e en ti devant m, le vfr., pic,
champ. , wall. fumellep. femeJle, et vfr. frumer
p. fremer = fermer. Quant à femier^ il vient
du L. fimariits, adj. de fimus, excréments,
engrais, fumier, — D. fumer, vfr. femer,
prov. femar.
F^QGER, L. fumigare (fumus).
FUNAMBULE, L. funamhidus (Suétone) =<
qui amhulat in fmie, danseur de corde.
FUNÈBRE, L. funebns (de funus, funé-
raille^s, mort).
FUNÉRAILLES, L. fune^-alia* (funu.s).
FUNÉRAIRE, L. fune7'arius{î\\ïi\xs).
FUNESTE, L. funestus (funus), qui amène
la mort.
FUNIN, cordages, dér. du L. funis, corde,
d'où aussi l'expression fune?' un mât.
FUR, dans la locution « au fur et à me-
sure »», est une modification du vfr. fuer,
feur, taxe, prix, valeur, et vient du L. forum,
en basse latinité == pretium (voy. foraz/e et
a/forage). On disait d'abord payer, estimer
au fur de l'ouvrage, c.-à-d. selon la valeur ou
en proportion do l'ouvrage ; puis l'expression
est devenue équivalente à « proportionnelle-
ment à »». — « En di.sant faire qqch. au fur
et à mesure, nous entendons que cette chose
doit se faire proportionnellement et compara-
tivement û une autre « (Gachet). — .le tiens à
déclarer que la mutation forum-fur présente
quelque irrégularité phonétique.
FURET, it. furctto, néerl. furet, foret,
fret, ail. frett; anc. esp. furon (auj. huron),
port, furào, vfr. fuiron. Isidore connaît déjà
le mot furo, qui paraît appartenir au fonds
vulgaire de la langue latine : « furo, dit-il, a
furvo dictus, undo et fur. tenebrosos enim et
occultos cuniculos effodit ». Le mot vient,
d'après Diez, de fur, voleur. D'autres rappor-
tent furet au cymr. ffured, -= angl. ferrct,
mais la terminaison on et la voyelle radicale
des mots romans, accusant dans le primitif un
u long, répugnent à cette dérivation. D'après
Villemarqué, du breton fur, rusé. — De furet
vient fureter, chasser au furet, puis fouiller
(d'après l'habitude du furet de pénétrer dans
les terriers des lapins), au fig. chercher soi-
gneusement après qqch. Cp. genevois fouiner,
rouchi founier, de fouine. •
FURETER, voy. furet.
FUREUR, L. furor.
FURIBOND, L. fuHbundus (furere). — D.
furibonder.
FURIE, L. furia. — D. furieux, L. furiosus.
FUROLLES, exhalaisons enflammées, pour
feueroles, dérivé populaire de feu, à la façon
de flamnurolle, qui désigne un phénomène
marécageux analogue.
FURONCLE, patois /V-onc/«, fy-onque, du L.
furunculus, pr. petit larron, métaphorique-
ment petit abcès. — Schuchardt rapporte
notre mot à un type lat. fermmculus (de fer-
vere, être enflammé), altéré en furunculus.
FURTIF, L. furtitus, adj. du subst. fur-
tum, vol (vfr. furt, encore dans Rabelais).
FUSAIN, 1. arbrisseau dont on fait les fu-
seaux (cp. le nom ail. spindel-baum, litt.
arbre à fuseau); 2. charbon de fusain, crayon
de fusain. Du L. fusus, fuseau, par un adj.
fusanus.
FUSEAU, fusel\ du L. fusellus, dim. de
fusus (prov. fus). — D. fuseler, façonner en
fuseau; fuselier, faiseur de fuseaux.
FUSÉE, du L. fusus, fuseau, par un parti-
cipe fusala ; signifie ; 1 . la quantité de fil
enroulé sur le fuseau ; 2. par assimilation de
forme avec iin fuseau, pièce de feu d'artifice
composée d'un cylindre en carton attaché à
une baguette et rempli de poudre ; 3. en hor-
logerie, le petit cône tronqué autour duquel
s'enveloppe la chaîne d'une montre.
FQSER, se répandre, répond à L. fusare,
fréq. de fundere, supin fusum; de ce supin
vient aussi fusible. Voy. aussi transfuser.
FUSIBLE, voy. fuser. — D. fusibilité.
FUSIL, it. focile, fucile, esp. fusil, propr.
pierre à feu, puis pièce de métal pour frap-
per la pierre à feu ; enfin, le nom de l'acces-
soire étant donné au principal, anne à feu ;
cp. en ail. flinte, fusil, de /îint, silex. Du L.
focus, feu. — D. fusiller, fisilier.
FUSION, L. fusio (fundere); voy. aussi foi-
son. — D. fusionner.
FUSTE, espèce de vaisseau, it., esp., port.
fusta, du L. fustis, bûche, bâton, en BL. ==
arbre, bois. C'est ainsi que le L. lignum,
bois, a donné lit. legno, navire ; cp. on latin,
trabs, poutre, employé pour vaisseau. — D.
fustei'eau.
FUSTET, espèce de sumac, pr. petit bois ;
do fiist, bois ; anc. aussi fustel.
FUSTIGER, L. fustigare (de fustis, bâton).
FUT, fust*, prov., cat. fust, esp., port.
fuste, it. fusto, du L. fustis, bois coupé, arbre,
pieu, bûche, bâton. Le mot fût s'emploie
surtout pour exprimer, dans certains usten-
siles, le bois en opposition aux autres parties,
p. ex. le fût de la lance, d'un fusil, d'un
rabot, puis le tonneau en opposition avec son
contenu; enfin, le tronc d'une colonne (entre
la base et le chapiteau). En vfr. fuste signi-
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GAB
233 —
GAD
fiait poutre, soliveau. Dérivés français de fût
ou fiiste : 1. FUTAIE, fustaie" (d'un type latin
fiistetum), bois composé do grands arbres;
puis haute croissance (d'un arbre); 2 fu-
taille, vaisseau de bois pour mettre le vin.
3. FUSTER, anc. = fustiger ; se dit en véne-
rie de l'oiseau q»ii s*échapi)e des bois, c.-à-d.
de la trappe; de là l'expression futé^ fin, rusé ;
4. AFFÛTER, AFFÛT (V. C. m.); 5. FUTIER, fuS-
tter\ anc. charpentier, menuisier, tonnelier,
auj. faiseur de coffres.
FUTAIE, voy. fiU.
FUTAILLB, voy. fût, — D. enfutailîer.
FUTAIN]!, it. fustagno, fnistagno, esp.
fustan, prov. fustani, esj>ôce d'étoffe croisée
nommée d'après la ville de FostcU ou Fossat,
qui forme un faubourg du Caire, et d'où la
futaine était originaire pour l'Europe.
FUTÉ, voy. fût. — En héraldique, ce mot
se dit d'une arme dont le fut est marqué d'un
émail différent du fer. — Littré fait dériver
le sens " habile, expert, rusé »», do l'anc.
verbe fuster, fustiger, piller ; donc battu, re-
battu, las, fatigué. Je préfère l'explication
que j'ai donnée.
FUTIER, voy. fût.
FUTILE, L. fiUilis. — D. futilité, L. futi-
litas.
FUTUR. L. futuriis. — D. fiau)ntion[UirmQ
moderne didactique;, d'un verbe latin fictif
futuHre.
FUYARD, voy. fuir.
G
6ARAN, variété de caban (v. c. m.), repro-
duisant l'it. gabbano,
GABARE, it. gahai^a, petit bateau large et
plat; de la même famille que L. gaboXa, d'où
jaitet Le bas-breton a hôbar, — D. gabare^*;
subst. gabarier; dim. gabarot.
GABARIBR, t. de marine, façonner une
pièce de bois d'après les indications d'un mo-
dèle ; du subst. gabari (ou gabaHt)^ modèle
de vaisseau, que Littré rattache, je ne sais
comment (par garabi h, à l'ai^abe qalib, moule,
forme (d'où fr. calibre).
GABATINE, tromperie, mot populaire tiré
de l'it. gabbato (trompé). Voy. gaber.
GABEGIE, micmac, intrigue. « Ce mot tri-
vial »», dit Ch. Nodier, qui le définit par ruse,
fascination, etc., « est d'un usage si commun
dans le peuple qu'il n'est presque pas permis
de l'omettre dans les dictionnaires et qu'il est
du moins curieux d'en chercher l'étymologie.
Il est évident qu'il nous a été apporté par les
Italiens du temps des Médicis... Gabgie ou
gabbegie est fait do gabbo et de bugia^ ruse et
mensonge «. — Rien de plus invraisemblable
que cette dérivation. Gcbegie est, selon toute
probabilité, de la même famille que l'anc. fr.
gabuserie; on le rattachera donc au verbe
gabe)\ tromper, railler.
GABELLE, d'abord impôt en général, puis
spécialement impôt sur le sel, enfin dépôt de
sel, it. gabella, esp., pvov. gabela, BL. ga-
blum, gabulum^ gabella. De Tags. gafiU,
gafol, angl. gatel, m. s., qui dérivent du
verbe ^t/àw, goth. giban^ ail. geben, donner.
Cp. levfr. dace, impôt, du L. datio, don. On
a aussi mis en avnnt le vha. garba, manipu-
lus, mais l'élision de r devant b n'est pas pro-
bable ; d'autras produisent l'arabe qabala^
recevoir, mais l'adoucissement de q initial
arabe en g est sans exemple, d'après Diez. A
cette objection, toutefois, Devic oppose la
forme accessoire it. caballa, cabella. — D.^a-
beler, déposer le sel à la gabelle ; gabeJeur
(popul. gabelou), employé do la gabelle.
GABER, prov. gabar, it. gabbare; subst. it.
gabbOy prov. et vfr. gap^ plaisanterie, moque-
ne. Du nord, (suéd.) gabba, tromper. La
même racine se trouve aussi dans les idiomes
celtiques : bret. goap, goab, irrisio. C'est plu-
tôt à c«s derniers qu'il faut ramener la forme
pic. gouaper et l'expression se guabeler de
Rabelais.
GABIE, hune, de Tit. gabbia (voy. cage),
— D. gabier, matelot qui fait le guet sur la
hune.
GABION, pr. qa%q, panier, it. gabbione,
dérivé de l'it. gabbia, cage. — D.gabionner,
1 . GAOHE, t. de serrurerie; d'après Devic =
esp. algiiasa, gond, penture, qui correspond
à l'équivalent arabe al-rezza (r confondu avec
r/i.que l'espagnol transcrit d'ordinaire par^).
2. GÂCHE, truelle, voy. gâcher.
GACHER, détremper, délayer, puis fig.
travailler malproprement, it. guazzare (vfr.
«xwcAie/-, aussi = .souiller); du vha.totwÀrt;?,
laver, ail. mod. waschen. — D. gâche,
truelle, instrument pour faire le mortier;
aussi instrument pour battre l'eau ; gâcheur,
gâcheiix, gâchis, flaque d'eau, puis ordure
causée par un travail à l'eau, fig. désordre,
position désagréable (cp. angl. vxish, lavure.
puis marais, bourbier). — Il faut .séparer ce
mot, parait-il, de l'it. guazzare, qui accuse,
lui, une origine du vha. toa^^jar (auj. wa^ser)
- eau n, et dont le subst. verbal a^tguazzo,
fr. gouache, peinture à la détrempe (cp. le
terme lavis).
GABE, du grec -/k^oi (poisson de mer).
GABELLE, espèce de groseille rouge ; aussi
gradelle, gade, grade. Ces mots désignent, en
Normandie, le fruit du ribes rubrum, c.-à-d.
la petite groseille. Bien que les gades soient
glabres, Joret n'en croit pas moins devoir
rattacher gade au norois gaddr (aiguillon),
goth. gazds (id.), donc un •• fruit à aiguil-
lon .». (Rom,, VIII. 440). — Suchier (Ztschr.,
III, 611) identifie gade, grade avec fr. carde
(en Lorraine gade). Le premier aurait perdu
Vr radical, l'autre l'aurait transposé.
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GAG
— 234 —
GAL
OABOUI, vidange. Etjmologiô inconnue;
de ccuiuta (cadere), donc = déchet? ou du
b&5- saxon kath.gaut^Tà. kaet, ^Mrw<(Kiliaen),
vha. quât, ail. mod. koth, m. s.? Notez que
le wallon a godau p. jus de fumier. — D. ga-
douard, vidangeur.
6AFFI, angl. ga/jT, croc de fer, esp.,port.
gafa, prov. gaf, croc; cp. gaél. gaf, bret.
gtoâf, uncus, hamus ferre cuspidatuH. Dicz
rapjîclle aussi l'ail, (dialectes du Midi) verbe
gaifen, tailler en crochet. — D. gaffer.
GA6I, it. gaggio, esp., prov. gage, objet
placé en nantissement (au plur. = salaire,
rémunération ; angl. toages) ; on prov. une
forme secondaire gadi, gazi, s'emploie aussi
p. testament; BL. locuiium, vadutnit grec
mod. ^iiov, Diez préfère à Tétymologie ordi
naire tirée du L. vas, vadis, répondant, celle
du goth. vadi =- gage, vha. toetti, ags. vedd,
ancien frison rerf, gage, caution, promesse.
De la signification primordiale nantissement,
sûreté, se sont déduites les acceptions ga-
rantie, assurance, promesse, récompense,
salaire. — D. gager, anc. donner en gage,
auj. faire un pari (cp. ail. mod. toetten,
parier, du vha. toetti, gage); de là gageur,
gagerie, gageure, gagiste. Composés : e>\ga»
ger (v. c. m.), BL. invadiare; dégage^\ BL.
distadiare.
GAGNER, \iT.gaaignier,giiaigniei\ d'abord
cultiver, labourer, faire valoir, puis tirer pro-
fit, acquérir ; it. gxiadagnare, \tTO\ . gazanhar
p. gadanhar, v. esp. guadahar — mois
sonner. Toutes ces formes viennent soit direc
tement du verbe vha. weidanon ou plutôt tiw?i
daiyan, chasser, pâturer, soit du vh&.ioeida,
chasse, pâture, à l'aide du sufiUxe roman a^w
En ail. mod. le verbe weiden signifie paître,
et l'anc. subîit. toeide, chas.se, est encore con
serve dans toeidmanit, chasseur, uoeidwerh
travail de la chasse. Le sens primordial de
gagner se rattache donc aux travaux soit de
la vie agricole, soit de la chasse, puis aux ac-
quisitions qui en résultent : ainsi faire paître,
exploiter un champ, récolter, d'où acquérir
en général. L'acception labourer, cultiver,
est encore vivace dans gag^iage, pâturage,
terre en produit; cp. vfr. gaigneur, culti-
vateur, n faut rejeter les autres ôtymolo-
gies qui ont successivement été émises sur
gagner, savoir : ail. toinnen, être vainqueur,
gagner (Chevallet), — arabe ganta, tirer
profit, — L. vindicarê, — grec xi/»9x<yciy, ga-
gner. — Le subst. verbal de gagner est : ft».
gain, vfr. gaaing, it. guadagno, prov. gatanh.
— Bopp rattache le L. venari, chasser (p.
vednari), à la même famille voeid, d'où s'est
produit le roman giiadagnare d'où gagner. Il
se peut que l'angl. gain, malgré sa ressem-
blance avec la forme française actuelle, soit
d'une autre extraction (voy. le Dict. de MoUer),
— La forme esp. ganar, acquérir, gagner,
n'est pas le même mot que gttadagnare ; c'est
le BL. ganare, m. s., dont on trouve l'emploi
déjà dans un document de 747, et qui dérive
du subst. gana, désir, dont Té^rmologie est
encore enveloppée d'obscurité (Dies indique
conjecturalement le vha. geinan, ouvrir la
bouche, auj. gàhnen).
GAI, it. gajo,v.es.p.gayo, port, ^ato, prov.
gai,jai; d'après Diez, du vha.^dAi, prompt, vif
(ail. moà.jahe, précipité, ^oiijàhzorn, fou-
gue, emportement). — Littré se demande si
le nom propre latin Gaitis(pT. le réjouissant?)
ne pourrait pas avoir donné naif^sance au mot
roman. — Baist (Zt^hr., V, 247) conteste la
correspondance littérale entre it. gc^o, esp.
gayo et l'étymon posé par Diez; comme Littrt,
il .s'adresse à Cajm (prononcé Gqjus), nom
qui jouait un rôle dans les cérémonies nup-
tiales (on connaît la formule « ubi tu Cajus
ego Caja •») et qui pouvait avoir dégagé Je
sens de nuptial, gai. — D gaieté, gatté ; fac-
titif, égayer. — L'adjectif pat a donné le nom
à l'oiseau dïtgeai, &nc.gai, prov.^at,jaî,esp.
gayo, gaya, donc pr. l'oiseau vif, ou l'oiseau
bigarré, car anciennement gai signifiait aussi
multicolore (les verbes esp. gayar, wall. gaie-
lote7\ signifient encore barioler).
GAILLARD, it. gagliardo, esp. gaUardo,
prov. galhard, anciennement = généreux,
vigoureux, hardi, a l'air d'être un dérivé de
gai (cp. bai, haiUet), et les formes it., esp. et
prov. pourraient n'être que des assimilations
du fr. Néanmoins, Diez préfère rattacher le
mot soit à Tags. gagol, geagle, hardi, lascif,
ou au cymr. gall, force, anc. gaél galach,
courage, vaillance. — D. gaillarde, gaillar-
dise, ragaillardir. — Gaillard, comme t. de
marine, est le même mot ; la locution com-
plète est château gaillard, château fort.
GAILLUT, plante, variété de caillet, d'après
Littré, contraction de caille-lait.
GAIN, voy. gagner. Il faut distinguer ce
mot du vfr. gaTn, qui est le simple de regain
(v. c. m.).
GAINI, contraction de vfr. gaïne, Hainaut
toaine, it. guaina, cymr. gwain ; du L. va-
gina, m. s. — D. gainiei', engainêr, retigai
ner, dégainer.
GALA, mot étranger; répond à it., esp. et
port gala «= magnificence, faste, réjouis-
sance, panire, grâce. Le correspondant vrai •
ment français de ces vocables est le vfr. gale,
d'où l'ancien verbe galer, se réjouir, faire la
noce, mener du train. Ce vieux mot a laissé
une trace dans le wallon «o^a/f, se parer. —
Sont dérivés de gale ou gala : 1 . it. gallone,
esp. galon, fr. galon, passementerie de luxe,
ornement de parade (cp. feston de feste, fête) ;
2. vfr. galois, aimable, gentil, poli, répon
dant à un type latin galensis ; il est remplacé
aujourd'hui par la forme galaîtt, it. galante,
esp. galante, galan, galano; voy. aussi réga-
ler. Quant à l'origine du vfr. gcde, nfr. gala,
IsBtitia, voluptates, epulœ, facetiss, Diez, d'ac-
cord avec Diefenbach. lui assigne le vha. ^«7,
luxurians, pinguis, libidinosus (en Autriche,
le mot geil signifie également gai, réjoui),
ags* yàl^ gw, alerte; subst. vha. geili, faste,
luxure. Le sens foncier est donc plaisir, joie.
— Suchier, vu l'initiale to que gale et galer
ont eue en premier lieu, préféra comme pri-
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GAL
— 235 —
GAL
miiif Tangl. toeale, bonheur, opulence, au moy.
néerl. wale. — Le verbe latin gaîlare, em-
ployé par Varron ap. Non. Marc, pour bac-
chaHt est distinct de notre mot et se rapporte
aux prêtres de Cybèle, appelés galli.
6ALANE, genre de plantes; altération de
chelonc (gr. Xti^wi, tortue).
GALANT, anc. gaîand (Lafontaine a dit
au féminin gaJande), voy. gala. — Il faut
abandonner l'éiy m. tirée du L. t?a/^n*, d'après
laquelle //o/ant équivaudrait à, vaillant. Dans
le mot galant et son dérivé galanterie, se
dessine le culte de la femme dans ce qu'il a de
noble et d'élevé, aussi bien que dans ce qu'il
présente de sensuel. Voy. à ce sujet le Dic-
tioilnaire philosophique de Voltaire au mot
galant. — D. galanterie, d'abord qualité,
procédés, attentions d'un homme galant; puis
paroles flatteuses, petits présents de bijoux
que l'on se fait par politesse ; aussi intrigue
avec une femme, etc. (toutes les acceptions,
nobles ou basses, de ce terme se rapportent
en dernier ressort aux relations de l'homme
avec la femme); galantin, homme ridicule-
ment galant; galantise* = galanterie, d'où
galantiser,îâ\Te la cour aux dames (ter me bas).
GALANTINE (c'était à l'origine une prépa-
ration de poissons), du BL. galatina ; ce n'est
donc qu'une forme variée de gélatine; cp.
l'ail, gallerte, gélatine.
GALBANUM, ** donner du galbanum, bailler
le galbanum *» == tromper, duper. Cette façon
de parler peut avoir été prise, dit de Brieux,
de ce que, pour faire tomber les renards dans
le piège, on y met des rôties frottées de gal-
banum, dont l'odeur plaît extrêmement aux
renards et les attire au lieu où ils en sen-
tent. Selon d'autres, la locution vient de ce
que la gomme-résine dïtegalbanum (mot latin,
au gr. ^aiôàvT}) était considérée autrefois
comme une panacée universelle.
GALBB, anc. garbe^ guerbe, contour gra-
cieux, bonne grâce, agrément. Le mot vient
du vha. garawi, garwi, ornement. Diez, né-
gligeant la circonstance que l'on s'est servi de
garbe axant galbe, fait venir ce dernier, qui,
en effet, est proprement un terme d'architec-
ture, du mha. walbe (auj. walm), courbure
du toit du côté du pignon.
GALE, maladie cutanée; Nicot dérive ce
mot du L. callus, peau dure, et effectivement
le BL. dit callosus •— galeux. Cette étymolo-
gie est correcte à la lettre, et s'appuie en outre
du rouchi gale = cal, durillon. Néanmoins,
Diez croit devoir rapprocher les termes ail.
galle, partie endommagée, tache, angl. gall,
écorcher. En faveur de cette étjrm., on peut
rappeler le vfr. rasche, gale, du prov. rascar,
gratter; vît. gratelle de gratter; ail. kratze
de kratten, gratter. Voy. aussi galer. Che-
vallet cite le bret. gai, gale, et le gaél. gall,
éruption en général ; reste à savoir si ces mots
sont réellement celtiques. Pictet invoque l'irl.
galar, maladie. — Les mots it. galla, esp.
agalla, tumeur, se rapportent plutôt au L.
galla, noix de galle, excroissance de feuilles
de chêne. — D. galeux.
GALBASSE, voy. gàlée.
1 . GALÉE (ancien nom des bâtiments ap-
pelés plus tard gaières), prov. gàlea, galeya,
gale, it. et anc. esp. galca, port, gale, dan.
galleye, ni. galA, angl. gallcy ; BL. galea,
galeia.galeida. Voici les diverses étymologies
mises en avant sur ce mot : gr. yaei^, belette,
à cause de la rapidité de la maixîho (Ménage)
— gr. •/«)»», mot cité par Hésychius avec le
sens de galerie, à cause de la longueur de la
galôe ; — L. gdlea, casque, la galée étant
comparée à un casque retourné, ou bien parce
que le vais.«^3au qui portait Ovide tirait son
nom « a picta casside « ; — arabe chali,
ruche, grand navire (Muratori); enfin yxUôi,
requin (pour cette assimilation, Diez cite un
ancien texte décrivant ainsi la galée : lignum
a prora praefixum habet et vulgo calcar dici-
tur, quo rates hostium transfiguntur percus-
see). Il est difficile de se fixer sur aucune do
ces opinions, dont aucune, d'ailleurs, ne tient
compte du BL. galeida (mha. gahide) et ga-
ledellus, — D. galéasse. it. galeazzo, esp.
port., galeaza; galion, it. galeone, esp. ga-
leon, port, galeào; galiot*, galiotr, it. ga-
leotta, port, galiota.
• 2. GALÉE, en t. d'imprimerie, ais à rebord,
où le compositeur met les lignes à mesure
qu'il les compose ; c'est le même mot que le
préc.. ; l'ail, appelle de môme la galée, schiff,
c.-à-d. bateau; l'ahgl. dit galley.
GALÈNE, du gr. -/ocU^ti.
GALER, gratter ; est-ce le primitif ou le dé-
rivé de gale? D'après ce que j'ai dit sous gale,
on est en droit de poser la question.
GALÈRE, it., esp., port., prov. galera;
prob. un dérivé du même radical qui a donuo
galée. L'étymologio L. galërus, chapeau,
casque, n'a pas plus de probabilité que gdlea,
casque, pour galée, bien que l'accent s'y prête
davantage. — D. galérien.
GALERIE, it. galleria, esp. galeria, port.
galaria, salle plus longue que large, corridor,
allée. Le BL. galeria (il remonte au ix" siècle)
présente les acceptions : maison élégante, puis
lieu enfermé, cour. D'après Diez (2* et 3® éd.),
du gr. '/&Xri, sorte de galerie, par le canal
d'un dérivé galera. — On avait autrefois
proposé V&W.toallen, marcher solennellement ;
puis le verbe galer\ festoyer (voy. gala),
donc propr. salle de fête. — Littré, tout en
prenant en bonne considération l'étym. de
Diez, rappelle le BL. galilœa, vfr. galilée,
signifiant long portique, nef d'église, dont
galeria pourrait s'être produit par corruption.
— Le vfr. galerie signifie réjouissance et est
un dérivé de cale (vov. gala).
GALERNE (vent de) = vent du nord-ouest,
esp.. port, galemo, prov. galerna, bret.
gvoalarn. La racine est gai, qui signifie en
irlandais souffle du vent, et en anglais, sous
la forme gale, vent frais. La terminaison de
galerne fait supposer que ce mot a d'abord été
employé dans le midi de la France (Diez cite
bolerna, tempête, buema, brouillard, su-
berna, courant), mais le radical parait celti-
que, bien que Nicot ait pensé au L. gel are
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GAL
— 236
GAM
en disant : nom de vont qui fait geler les
vignes. — Johanneau dérive le bret. gwalam
do gyyall, mauvais, et d^ame, temps d'orage.
— Millier rapporte langl.^a/e. au nova gola,
vent froid, verbe gola^ souffler; Wedgwood,
au nord. gaJen, furieux.
GALET, caillou plat et rond, qui se trouve
sur la grève ; dimin. du vfr. gai, pierre ;
quant à celui-ci, on le rattache au breton
haled, dur, gaék gai, caillou. — De galet
vient galette, petit gâteau plat et rond.
GALETAS (anc. galatas, avec le sens de
grande salle, signification encore proi)ro au
champenois ^a/^o*/; Littré pense que le mot
est venu, par les croisés, de Constantinople,
où galatas était le nom d'une tour; on lui
voit, dans les cliartes, désigner un apparte-
ment dans la maison des Templiers et à la
Cour des Comptes.
GALETTE, it. galetta, prov. galeta, voy.
galet,
GALIETTE (mot du nord de la France et de
la Belgique), morceau de houille do moyenne
dimension; aussi gaillette, gayette. Etymo-
logie inconnue ; du même radical que caillou t
— D. gailleteries.
GALIMAFRÉE, anc. calimafrce (Ménagier
II, 5), ramassis do toutes sortes do viandes,
plat grotesque ; d'après Darmesteter (p. 113),
composé de la particule péjorative cali (cp.
califourchon, chaHvari) et du radical mafl ou
mafr, qui se trouve dans le pic. maflia ou
mafia, gourmand, goulu; verbe maflier^
fixa fier, ronger entre ses dents, et qui se rat-
taclie au flam. maffelen, moffeloi, agiter ses
•joues. Cp. l'art, suiv.
GALIMATIAS, discours embrouillé et confus.
D'après Huet, ce mot vient du quiproquo d'un
avocat qui, plaidant en latin pour le coq de
Mathias, à force de réj>éter Gallus et Mat-
thias et voulant dire gallus Matthiae, vint à
à'ire gain Mathias, CQ qui fit rire tout l'audi-
toire; do manière quo l'expression se fixa
pour signifier un discours embrouillé. Nous
pensons que cette histoire est forgée pour le
besoin do l'étymologiste, et que galimatias eut
plut«U un mot de formation semblable à colle
de galimafrée (v. c. m.). — Darmesteter
y voit une forme altérée de carimafiachc,
forme picarde do galimafrée, signifiant la
mémo chose que celui-ci et en outre, au figuré,
ramassis de sottises, discours inox)hérent. —
Dans des glossaires latins-allemands, on trouve
ballimathia, défini par cymbale et par chan-
son malséante.
GALION. GALIOTB, voy. gale'e.
GALIPOT, résine qui coule du pin ; d'après
Bugge (Rom. III, 149), dérivé de l'ail, klibe,
** gummi, lacrima arborum »♦ (du mha. klibeti
«=■ haerere). Pour l'insertion de a dans ^7, cp.
canif; pour l'initiale g, p. c. cp. ganivet; le
j9 s'explique par quelque forme haut-allemande.
En définitive, galipot serait = clipe, calipe,
galipe -\- sufl". ot
GALLE, L. galla. — D. galliquc; en-
galle7\
GALLINACil, L. gallinaceus (de gallina,
poule).
GALLON, ancienne mesure de liquides,
encore usuelle en Angleterre ; cp. rouchi galot,
m. s , ^h,galetus, -a,'um. mensura vinaria;
gillo, gello, gallo,Yas vinarium. D'origine in-
connue ; peut-être connexe avec jale, jalon
(v. c. m.).
GALOCHE, d'où it. galoscia, esp. galocha
(aussi haloza). D'après Baïf, suivi par Roque-
fort, du L. gallica, chaussure des Gaulois,
avec changement de suffixe. Cette dérivation
me parait fautive, bien qu'elle soit patronnée
par Diez. Je préfère celle du BL. calopodia,
mot qui correspond au grec xaloTro^iov ou
xaîioTrou;, soulier de bois (>t5)ov, bois) ; çalopdia
a régulièrement pu donner la forme galoche
(cp. vfr. treche, danse, de tripudium). Littré
m'objecte : •* la galoche n'est pas le sabot • ;
non, mais une espèce de sabot; j'ai porté moi-
même des galoches à semelles de bois, et d ail-
leurs Tesp. galocha s'emploie pour sabot. —
Dans les derniers temps, notre mot a été étudié
par Mussafia (Beitrag, p. 62); il ne sait pas se
décider entre ^a7/ic« et calones ** calcei lignei •»
(ap. Festum); quant à calopodium, il ne le
repousse pas absolument, mais pense qu'il
faudrait, en l'admettant, admettre aussi que
les formes ital. sont tirées du français. G. Fa-
ris approuve l'étymon calopia p. calopodia
(Rom. III, 113). — D. galochier, faiseur de
galoches, autr. aussi ?== pauvre et grossier,
litt. porte-sabots, aussi verbe galocher, .se
comporter en rustre.
GALON, voy. gala, — D. galonnei*.
GALOPER, it. galoppare, esp. port, galopar,
prov. galaupar; du vha. hlaupan, courir
(ail. mod. laufen); avec le préfixe ga : vha.
gahlaupan, ags. gehleapan. D'après Wacker-
nagel, du vlia. gaho hlaupan, courir rapide-
ment. — D. galop, subst. verbal, prov. cat.
galop, it. galoppo; galopade; galopin, nom
donné dans la fable au lièvre faisant office de
courrier, plus tard == petit commissionnaii*e,
marmiton, puis petit polisson qui trotte dans
les rues, etc.
GALOPIN, voy. galope^*,
GALOUBET, petit instrument à vent; d'ori-
gine inconnue ; « tiendrait-il au prov. gualau-
hin, gaillard, gracieux • (Littré) ?
GALVANIQUE, -ISME, -ISER, du nom do
l'Italien Galvaiii, physicien à Bologne, mort
en 1795.
GALVAUDER, maltraiter de paroles, aussi
= faire de la mauvaise besogne. Je ne dirai
de ce mot qu'une négation, c'est qu'il ne vient
pas de caballicare, chevaucher, comme pré-
tendent cci*tains dictionnaires.
GAMAGHE, guêtres, du vfr. game, jambe.
— Devic pense que le mot vient du v. esp.
guadamaci signifiant un cuir préparé en pre-
mier lieu à Gadames (Tripoli) et plus tard en
Espagne. Do là viendrait aussi le mot gara-
mâches, usité dans le midi de la France pour
de grandes bottes à lécuyère.
GAMBADE, de l'it. gambata, dér. de^am^a
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GAN
— 237 —
CAR
= vfr. ffambe, auj. jambe (v. c. m.). —
D. gambader.
6AMBES0N, 6AMB0IS0N, sorte do vête-
ment qu'on portait sous le haubert (en champ,
^amôûon, vêtement doublé, piqué^; c'est un
dérivé du vfr. wambeis, prov. gambais^ v.
esp. gambax, v. port, canba^ (de là mha.
wambeiSy nba. yjoams p. loammw), pourpoint.
Ces mots sont issus du vha. loamôa, ventre,
par le BL. toamboMum,
6AMBILLER, de gambe, variété àe Jambe.
6AMBIT, terme du jeu d'échecs, do l'it.
gambetto, vfv.jambete, croc-en-jambes.
GAMELLE, esp., port, gamella, du L. ca-
mella^ espèce de vase à boire.
GAMIN, mot d'introduction récente, d'ori-
gine inconnue. Le mot serait-il powr gatnbin,
de gambe, jambe, donc trotteur, qui court les
rues ? 11 est bon de rappeler le terme picard
et rouchi galmite = gamin ; gamin serait-il
peut-être ^.galm.tn; mais alors, que veut dire
cette racine gai f Le fait est qu'elle se repro-
duit dans le wallon galapia, vaurien, garne-
ment, vfr. galose, drôle, vaurien, dauphiné
galistraUf fainéant, etc. Atzler rapportera/
à la racine germanique gai, signifiant crier,
faire du bruit; — On a aussi pensé à l'angl.
game, jouer. En dernier lieu, nous enregis-
trons l'opinion d'après laquelle gamin aurait
signifié en premier lieu un simple soldat,
puis aide-ouvrier, enfin enfant, et qu'il vient
do l'ail, gemeinei', simple soldat. Voy. A rc/ti»
fiir dos Studium der neuere^i Spraclien,
XLI, 2*29. — D. gaminer, -erie.
GAMME, du grec gamma, nom do la troi-
sième lettre de l'alphabet grec. Gui d'Arczzo,
inventeur de la gamme, ajouta le g comme
septième à la série des lettres a, b, c, d, c, /*,
qui lui sen'irent à noter ses tons ou inter-
valles. C'est cette septième note g (en grec
gamma), conclusive de la gamme en a (ou la),
qui a donné lo nom à la série d'une octave.
GANACHE, de l'it. ganascia, forme péjora-
tive du L. gêna, joue. — D'où vient le sens
figuré et injurieux de ce mot? Exprime-t-il
réellement l'idée d'un homme à la mâchoire
pesante, comme le pensait Ménage ? On est
en droit de l'admettre, puisque Lîttré dit que
«* mâchoire »♦ a le même sens figuré. — lic-
monter au vha. ganasso (ail. mod. gans),
oie, serait par trop hardi.
- GANDIN, dandy ridicule, du nom d'un per-
sonnage do vaudeville.
GANGLION, gr. yàyy/iov.
GANGRÈNE, it , esp. cangrena, du L.gan-
grœua == gr. -/ây/paiva, m. s. — D. gangre-
neux, se gangrener.
GANGUE, terme de mines, it. ganga, de
l'ail, gang, allée, galerie.
GANIVET, voy. canif.
GANSE, aussi gance. L'étymologie do ce
mot ne m'est pas connue, mais bien certaine-
ment il ne vient pas du L. ansa, anse, cava-
lièrement mis en avant par Roquefort. Diez,
se fondant sur le sens » lacet servant de bou-
tonnière, accrochant le bouton »», pense que
le mot pourrait être l'it. gancio, esp. gancho,
crochet. Le hongrois gants parait emprunté
du français.
GANT, vfr. vxint, it. guanto, esp., port.
gitan, BL. wantus, v. flam. wante; mot ger-
manique : nord, vôttr (qui équivaut d'après
Grimm à vantr), dan. vante, — D. gantelet,
gante}\ gantier.
GARiU(ïGE, esp. gransa; un vieux glos-
saire, cité par Ducange, dit : « Sandix, herba
tincturse, quam vulgus tarantiam voca,t ». On
a pensé que varantia était pour verantia et
que ce dernier venait de verans color, sive
verus» hoc est vere ruber et coccineus ». Cela
ressemble à un tour de force ; on a cherché,
il est vrai, à prouver que le grec à/>j&ivo;
(vrai) était de même employé dans le sens de
couleur rouge, mais je n'ai pu m'en assurer.
— D. garancer, -ière.
GARANT, vfr. loarant, anc. it. g^tarento,
esp. garante, y^vov. guaran, guiren, BL.toa-
rens, anc. frison werand, warend, flam. wae-
rande; du vha. wëren, anc. frison vyara,
wera, faire prestation, cautionner, garantir.
— D. garantir (angl. warrajU), d'où subst.
garantie.
GAREE, anc. forme pour galbe (v. c. m.).
GARBURE, potage épais ; Littré le rappro-
che de l'esp. garbias, ragoût. J'ajouterai
l'angl. garbage of a fowl, la petite oie.
GARCE, gars6\ autrefois fille en général,
servante, auj. terme d'injure; c'est le féminin
du vfr. gars, prov. gartz, sens primordial =
L. puer, puis serviteur, manouvrier, au fig.
et en mauvaise part. = fripon, goujat. Dans
le dialecte du Jura, gars, garse signifient fils
et fille, sans aucune mauvaise acception. On a
produit difl'é rentes étymologies. Pott, et après
lui (iachet et Littré, alléguant la forme prov.
guars, défendent la provenance celtique et
rapportent le mot au breton gwcrc^h, virgi-
nal. Chevallet remonte au vha. vair, homme.
Diez rejette l'une et l'autre de ces opinions,
prétendant que les initiales ail. p ou w et
celt. gw auraient produit en ital. guarsone
et non j)as garzone. Il pense que le mot est
latin et cache une métaphore. Par conséquent,
il le place, ainsi que son dérivé garçon, it.
garsonc, sur la mémo ligne que l'it. garzo,
dim. garzuolo, cœur do chou, milanais ^ar-
zocu, bouton, jeune pousse, et lombard gar-
zon, laiteron. Or. ces mots viennent du L. car-
duus, chardon. Le mot garçon figurerait
ainsi l'idée d'une choso non développée, et
serait uno expression analogue à l'it. toso
(de twisns), d'où vfr. tosel, garçon, ou au
fr. petit trognon (cp. ail. klciner biitsel),
enfin au gr. xôpo^, qui signifie à la fois reje-
ton, pousse et garçon. Diez, en faveur de son
étymologie. se prévaut encore do ce qu'à
Milan garzon signifie non seulement garçon,
mais aussi une plante chardonniôro. Toute^
fois, sa manière de voir (à l'appui do laquelle
on serait tenté do rappeler le fr. chou, en tant
que terme de caresse) n'a pas trouvé grâce
chez d'autres philologues compétents. Ainsi
G. Paris, arrêté par une forme warçon, citée
par Roquefort, soupçonne une origine germa-
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GÂR
— 238
GAR
niquo; Baist (Ztscbr., VI, 426) incline pour
l'identité de gars avec jars, gars (oie). —
D, garçœi, it. garjone^ esp. garzcni^ port;
garcào,
6ARGITTE, t. de marine, petit cordage ;
de Tesp. garceta, dont l'ori^irine est inconnue ;
l'angl. dit gasket. Fit. gaschette (plur.).
GARÇON» voy. garce, — D. garçcnmer,
-aille f 'ièrc.
GARDER, vfr. et dial. toarder, it. guar-
dare, esp., port,, prov. guardar, du vha.
toarten, faire attention, veiller sur. —
D. garde, esp., it. guardia, prov. guarda
= gotli »arc[;a, vha. u>arla et (masc.)icarto;
— gardien, it. gtiardiano, esp., prov. giiar-
dian, ail. wardein. — Composés : esgarder,
avoir l'œil sur (d'où fr. esgart" égard), it.
sguardare, v. esp. esguardar; — regarder
d'où regard. Pour le rapport logique entre
garder = conserver, et regarder = voir, cp.
L. seroare et observare, tueri et intueri, angl.
hold et behold.
GARDIEN, voy. garder.
GARDON, nom d'un petit poisson ; d'origine
inconnue.
GARE,- voy. ^arer.
GARENNE, Heu où l'on conserve des lapins
(anc. = bois, vivier, étang, auxquels était
attaché un droit de chasse exclusif; tenir en
garenne = tenir en défense), aussi varenne,
vfr. loarenne, BL. toarenna, angl. vxirren,
ni. loarande. Si le mot, cx)mme il y a lieu de
croire, vient du vfr. garer, toarer, il faut
voir, selon Diez, dans la forme garenne une
corruption de garine, cp. vfr. gastine, gxœr'
pine, Iiaïne, autres subst. dérivés de radicaux
germaniques.
GARER, prov. garar, garder, faire atten-
tion, mettre à l'abri ; du vlia. \Daron, obser-
ver, prendi-e garde. — D. gare, interjection,
= prends garde ; gare, subst. , == refuge,
abri; garenne (v. c. m.); esgarcr égarer,
pr. négliger, laisser aller sans surveillance,
conduire dans l'erreur.
GARGARISER, gr. y^pytipl^w, L. gargari-
sare; gargarisme, gr. yarp/acis/KO,-
GARGOTE. Selon Diez, ce mot n'a aucun
rapix)rt étymologique ni avec l'ail . garhûche,
qui y correspond pour le sens, ni avec le
L. gurgustium, mauvaise auberge; il faut
plutôt rattacher ce mot au verbe picard gar-
gote^', bouillir très fort, qui a l'air d'être une
onomatopée. — On iK)uiTait être tenté de
songer à caro atcta, chair cuite, donc endroit
où Ton donne à manger chaud ; mais il fau-
drait ix)ur cela un intermédiaire italien car-
cotta. Sans rien préjuger sur le rapport éty-
mologique, je crois ne pas devoir omettre
BL. gurgutia (vu® siècle) « loca ubi convivia
turpia fiunt ». — D. gargoter, gargotier.
GARGOUILLE, esp. gargola, endroit où
. l'eau d'une gouttière se dégorge, anc. «=
gorge. De la même famille que le vîv. gargote
(encore en usage dans les patois) «= gorge,
gosier, it. gargatta, esp. g ar ganta (d'où Ra-
belais a tiré son gargantua, équivalent de
grandgousier). Co radical garg est identique
à gurg du L. gurges, gorge ; l'altération s'est
produite, faut-il croire, sous l'influeuce de
gargarizare. (/n la trouve encore dans it.
gargagliare, gargozza, pour gorgogliare,
gorgozza, — D. gargouiller, verbe désignant
le bruit que fait l'eau en passant par une gar-
gouille, d*o\i gargouillis.
GARGOUSSB. Ce mot se rattache prob. au
même radical garg, d'où procède le mot pré-
cédent et qui implique l'idée de cavité allon*
gée. Il parait être fait sur le patron de l'it.
gargozza, gorge, gosier. Par une métaphore
analogue, on appelait au xvii* siècle des cu-
lottes des garg uesques Ou bien le mot serait-
il une corruption de cardousse, qui représen-
terait le subst. cartouche, it. cartocciot Le
fait est qu'on dit aussi gargouges et gargou-
clies. — D. gargoxasier, -ière.
GARIGUS, terre inculte (pr. couverte de
chênes), vfr. garrie, jarHe ; prov. gariga,
gxoarriga, chênaie; du prov. ^arnc, ch6ne,
vfr. garris,jarris.
GARNEMENT (v. angl. garnemêtit, con-
tracté plus tard en gannent), autr. = vête-
ment, ameublement, armes, dér. de garnir.
L'acception •« mauvais sujet ** viendrait,
d'après Ménage, suivant en ceci d'autres de-
vanciers, de ce que les fainéants et gens inu-
tiles ne servent que pour garnir, c.-à-d. pour
remplir et fournir le nombre voulu d'hommes.
Mieux vaut, avec Littré, déduire cette accep-
tion de celle de garnement, défense et défen-
seur, de là mauvais garneme}U, mauvais sol-
dat, généralisé en mauvais siget.
GARNIR, it. guarnire, gucrnire, v. esp.
guamir (auj. guamecer), prov. garnir,
d'abord — avertir, prémunir, préserver, avoir
soin, puis iK)urvoir de ce qui est nécessaire,
fournir, munir, fortifier. Du vha. toarnôn,
ail. mod. toamen, avertir, prémunir; ou
plutôt, à cause de la terminaison, du corres-
pondant ags. vaimian, prendre garde, avoir
soin. — D. garnisseur, garniture; garne-
ment [\. c. m.); gamache, manteau :« it.
guarnacda, esp. gamacfui; — garnison,
propr. munition, provision d'argent ou de
vivres, puis nombre d'hommes nécessaires
pour la garde d'une place, enfin ville occupée
par une garnison. — Cps. dégarnir.
1. GAROU, dans loup-garou, vfr. garol,
garoul, garwalt, signifiait un sorcier qui aie
don de se changer en loup et qui rôde la nuit ;
* ([uodhominnm gcnus.^<?n<//>//o« Gallinomi-
nant, Angli vero vere-v)olf », dit Gervasius
Tillib.. cité par Ducauge. Ce mot anglo-saxon
K^ere-wolf, qui est en efl'et le primitif du vfr.
garoul (op. Raoul de liadulphus), et qui est
consené dans langl. toere-wolf, ail. wàhr-
wolf, signifie litt. homme-loup, gr.iu<àv&p<w7r<»«.
1 -e fr. loup garou est donc une composition
en superfétation, puisque l'idée de loup se
trouve déjà renfermé dans le mot garou. De
garou vient le fr. garoua^e (norm. varouage)
= vagabondage nocturne, vie débauchée.
2. GAROU, poisson, un des noms vulgaires
du smaris. Banquier (Rom., VI, 267, note 7)
tient ce mot pour une mauvaise lecture de
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CAU
— 239 —
GAU
ffaron, qu'indique Rondelet comme nom du
smaris à Antibes et qui appartient au même
radical que jarret (voy. pi. loin).
1. GARROT, articulation, joint; petit bâton
(pour serrer). Il faut abandonner l'étymologie
reçue L.rerM^Mm, dard, javelot. Le mot, appli-
qué à une partie du corps du cheval, parait
appartenir, comme ^arre<, auj. ja>Tet, à la
racine celtique ffdr dans cymr. ffâr, cuisse,
pr. flexion, courbure, bret. ffar, os do la
jambe. — D. garrotter,
2. GARROT, sorte d'oiseau du genre canard ;
peut-être un dérivé de gars, oAxyjars (v. c. m.).
GARS. voy. garce.
GARZBTTE, espèce de héron, de l'esp. gar-
leta, héron.
GASCON, L. y£Uco, habitant de la Yasco7iia,
fr. Gascogne. — D. gascon}ier,-ade.
GASPILLER, prov. guespillar, wall. cas-
poui, de l'ags. gaspiUan, vha. gaspiïdan,
consumer, dépenser.
GASTSR, mot savant pour ventre ou esto-
mac, du gr. yxtHtp, m. s. De là : gastrique,
gastrite; gastronomie, gr. yat»Tp#vo/*iat, règle
relative aux soins de l'estomac, art de faire
bonne chère ; gastronome (abstrait de gastro-
nomie).
GATEAU, gastel', breton gioastel, prov.
gastal, du mha. toastel, m. s.
GATER, vfr. giiaster, it. guastare, v. esp.
port., prov. ^MOjf/ar.angl. toaste, piller, rava-
ger, détruire; du L. vastare, ravager, en
basse latinité = endommager. — En vfr. on
avait l'aty . ^«(W^e, inculte, solitaiix), en mau-
vais état, =* it. guasto, port, gasto, du L.
vastiis, — La forme ancienne gastir, d'où le
suhst. guastine,gastine, clairière dans un bois,
désert, terre en friche, lande (cp. flam.
voaestyne, tooestgne), accuse une dérivation
directe du vha. toastjan, m. s. — D. gâteux;
cps. dégdter, L. devastare, d'où dégât.
GATTILLIER, arbrisseau scientifiquement
appelé « vitcx agnus castus », vient de l'esp.
sauj: (=» sslÏïx) gatilto, qui a la môme valeur.
Ce gatillo a l'air d'être le dim. degato, chat,
mais le terme esp. parait être une altéra-
tion populaire de agno castil, qui se trouve
en jioitugais à coté de agno casto (Bugge,
Rom., IV, 357)..
GAUCHE, V. augl. gauk; Tangl. gaulic
hand ^dialei'tes), main gauche, autorise à pré-
su piK>ser l'existence d'un vfr. ya/c;cp. en wall.
frèi'c wauquier {^== tcalquicr), frère gaucher,
dcnii-frôre. Diez rapiK>i*te le vfr. gale ou loalc
au vha. welk, faible, fatigué, ce qui est par-
faitement admissible tant pour la fonne «jue
pour le sens. D'autres langues encore i*endcnt
la main gauche par un mot exprimant fai-
blesse ; ainsi l'it. dit stanca, la fatiguée, et
manca, l'endommagée, la défectueuse, l'esp.
a zurda, la sourde (qui n'obéit pas), le n.
prov. man seneco, la vieille, la décrépite.
— D. gaucher, gaucherie; verbe gauchir
(v. «. m.).
GAUCHIR, sortir de la ligne droite, détour-
ner le corps pour éviter un coup, lig. ne pas
parler droitement, franchement, biaiser:
aussi =^ rendre gauche. Ce verbe vient directe-
ment de gauche, en tant qu'opposé à droit.
Chevallet et Cachet se sont trompés en pre-
nant gauche p. guenche, et en identifiant
gauchir avec le vfr. gauchir, guenchir, se
détourner, éviter, qui vient du vha. toanfyan,
wenkjan, vaciller, se retirer, céder (ail. mod.
wanken), Diez se prononce contre l'opinion
qui fait venir gauche de wankjan, d'abord
parce que Ton ne voit pas d'acyectifs romans
dériver directement de verbes, et que la muta-
tion an en au resterait sans explication. — D.
subst. verbal vfr. gauche, tromperie,- détour.
GAUCHOIR (t. de technologie), moulin à
fouler le drap, de l'ail, xoalhen, fouler.
GAUDE, reseda lutéola, esp. gualda, it.
guada (dans guadarella), esp. gualda; de
l'angl. weld, herbe à jaunir, écoss. wald,
voaude, toaw. — D. gauder.
GAUDIR (SE), se divertir, se moquer, du L.
gaitdere ; gaudir est donc étymologiquenient
identique avec jouir. — D. gaudisseur, -crie,
GAUDRIOLE, propos facétieux, p. gaudiole,
du L. gaudiolum, dim. de gaudium, joie,
plaisir. Voy. aussi godailler.
GAUFRE, pic. toaM/V,du ho\\.ioaefel,B.u%\.
wafre, ail. vxiffél,^. esp.giiafla,BL.gafrum.
Cp. ail voabe, rayon do miel. — D. gaufrer,
GAUGALIN, p. galgalin, du L. gallus-gal-
lina, poule-coq.
GAUGE, dans noix gauge, pic. gaugue,
noix, pr. noix étrangère; du vha. toalah,
étranger, non allemand, pix)nonc^ d'abord
loalc. Cp. ags. veal^hniU, ail. mod. wallnuss,
angl. xralnut.
1. GAULE, grande perche, en Hainaut
toaule; du goth. valus, bâton, perche, =» fri-
son toalu, La diphthongue au, toutefois,
accuse un radical à double l, ce qui recom-
mande l'étym. tirée du L. toUlus, pieu. La
mutation du L. » en fr. ^ se trouve encore
dans gaine et gâter. Le mot se trouve aussi
dans les langues celtiques : bret. gwalen,
cymr. gwialen. Le fr. gaule parait avoir donné
l'angl . goal, pieu marquant le but de la lice.
Notre mot n'est pas connexe avec le vfr.
gaut, gault, bois, forêt (primitif de vfr. gau-
dinc, bois), locjuel vient de l'ail, wald. On a
eu tort de l'y rattacher. L'étymologie du L.
canlis, tige», est également fautive. — D.gau-
lette, gauler, gaulis.
2. GAULE, du L. Gallia. La diphUionguo
au vient de la résolution du premier / en m ;
voy. l'ait, préc. — D. Gaulois. — Il est bon
de rappeler ici ({ue la syllabe gai, dont les
Latins ont fait (ra//iw, est identique avec wal,
qui se tiouve dans le vha. toalh ou walah,
non-allemand, employé déjà au viii* siècle
pour désigner les])euples romanisés, puis dans
l'angl. Wales, et dans notre wallon (v. cm.).
Les Allemands appellent encore aiyourd'hui
tDùlsch{\}. wdlisch) tous leurs voisins romans,
tant italiens que français.
GAUPE, femme malpropre, vfr. toaup«;d'aprôs
Diez du v. angl. waUop, morceau de graisse.
Je ne puis souscrire à ce que dit Trippault :
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GAZ
— 240 —
G£M
« Les anciens Gaulois appelaient les paillardes
gaupes, lequel mot je recherche de gaiisape
et ainsi gaupe^ diction prinsc des couvertes
où couchaient en guerre les paillardes t*. Le
L. gausape signifiait une étoffe do laine à
poil frisé. L'étym. vha. witlpâ, louve, est ro-
poussée par Diez parce qu'il faudrait la forme
goupc. Le néerl. welp^ petite chienne, con-
viendrait mieux à la lettre. — L'arabe gabba,
vieille femme, mentionné par Devic, ne i)eut
guère être mis en question.
GAUSSER, mot obscur. Frisch y voit l'it.
gavas jsare^ babiller; Diez, l'esp. gosarse^ se
réjouir. (Quant à l'origine de gosar^ le philo-
logue allemand balance entre L. gaudium et
L. gustiis.) D'autres rattachent gausse^' au
nord, galsi, pétulance, mais le mot est d'in-
troduction trop récente pour que c«tte origine
soit admissible. Une dérivation directe d'un
fi*éq. L. gavisare, de gavisnm, supin de gau-
dercy n'est point correcte non plus. — D. subst.
verbal gaïussc.
GAYAGHE, do l'esp. gavacho, homme sans
cœur, lâche et négligé.
GAVE, jabot, voy. oigavcr. — D. gaver,
gavion .
GAVION, gosier, voy, gave,
GAVOTTE, danse originaire des Gavots,
habitants du pays de Gap.
GAZ, fluide aériforme et élastique. Ce mot,
créé par Van Helmont (mort en 1644), n'est
pas encore éclairci au point de vue do l'étymo-
logie. Je n'ose croire que la gase, tissu fort
léger, y soit pour quelque chose; cependant
la métaphore ne serait pas trop forte, le gaz
rendrait l'idée •* substance à molécules éloi-
gnées «. «l'établirais plutôt comme primitif la
racine qui a produit les mots allemands
grUcht, gischtf fermentation, mousse, et qui
viennent d'un verbe gàschetx, bouillir, mous-
ser, variété de gûren, suéd. gàsa, fermenter.
On me dit que Van Helmont envisageait le
gaz principalement comme la vapeur qui se
dégage des liquides en fermentation. Léon
Meyer a démontré, de son cùté, par l'examen
des œuvres do Van Helmont, que celui-ci a
inventé le mot gaz arbitrairement, toutefois
sous l'influence du mot chaos des anciens
(Kuhn, Ztsclir. XX, 303). — D. gaseiix,
gazéifier, gaséiforme,
GAZE, esp.^a^a, tissu léger et transparent;
de la ville de Gaza, en Palestine, d'où prove-
nait autrefois cet article de commerce. — D.
gazer, couvrir d'une gaze, ^^. voiler.
GAZELLE, it. gazzella, esp. gazela, de
l'arabe gazai, antilope.
GAZETTE, de V\i.gazzetta,m. s. Ce sub-
stantif était d'abord le nom d'une petite mon-
naie, pour laquelle on achetait le journal, et
a fini par désigner le journal même. Tel est
l'avis émis successivement par Ménage, par
Ferrari (167C) et par G. Gozzi (1713-1786).
Schmeller considérait le moi gaz zetta comme
lô diminutif àegazza^ pie ; les premières ga^
zettes auraient porté, suppose-t-il, l'emblème
do l'oiseau bavard par excellence. Mahn se
prononce pour l'opinion de Ménage ; Diez fa-
vorise la seconde. — D. çazetier,
GAZON, du vha. toaso (ail. mod. wasen),
m. s. — D. gazonner,
GAZOUILLER, vfr. gaziller, est soit le
dimin. de gazer, ancienne forme de jaser
(v. c. m.), ou tiré du bret. geiz, gazouille-
ment.
GEAI, voy, gai,
GÉANT, vfr. gaiant, -wall.gaiâ, ^rov, jaiant,
cat. gigant, esp., port., it. gigante, angl.
giant; du L. gigas^ gigantis; de l'it. gigan-
tesco vient fr. gigantesque.
GÉHENNE, L. gehenna, gr. yhwx; de l'hé-
breu gëhinnom, nom d'une vallée près de
Jérusalem. Les Israélites idolâtres y avaient
offert leurs enfants au dieu Moloch, c'est pour
cela qu'elle constituait plus tard, aux yeux
des «luifs, un lieu de damnation étemelle, et
que dans le Nouveau Testament le mot yèswx
est devenu le symbole de l'enfer. — De ge-
henna ignis, la condamnation du feu, enfer,
s'est produit le mot vfr. gehène, avec le sens
général de condamnation, torture, contrainte;
do là, par contraction, le mot actuel gène.
Le sens de torture se remarque encore dans
le vers de Molière : «« Je sens de son courroux
des gènes trop cruelles n. Dans les temps
modernes, le terme a bien perdu de sa force
primitive; la torture, l'enfer, sont devenus
une légère incommodité, un embarras passa-
ger. — Littré, dans l'historique donné sous
gène, confond le vfr. gehine, confession, aveu,
subst. formé de gehir, affirmer, avouer, avec
géhenne, torture. Dans mettre à la gehine
(à la question, arracher des aveux), il est vrai,
les deux mots, distincts d'origine, viennent à
confondre leur valeur.
GEINDRE, ancienne forme p. gémir, régu-
lièrement produite du L. gemere (cp. impri-
mere = empreindre) \ de là geignant, en
Champagne geindeux = plaignard.
GÉLATINE, liquide visqueux tiré des os,etc. ,
qui se prend en gelée par le refroidissement.
Du L. gelaius, congelé. — D. gélatineux.
GELER, L. gelare. — D. ^gel (it. giclo) ;
gelée (it. gelata, prov. gelada, esp. helada) ;
dégeler; engeler.
GÉLIF (bois gélifs sont des bois fendus par
les grandes gelées), d'un acyectif gelivus ',
formé de gclu. — Le féminin gélisse accuse un
type latin/7e/tciM*. — D. gélivure.
GEUNE, L. galina p. gallina (gallus). —
D. gelinotte, aussi gelinettc.
GÉMEAU, L. gemelhis (dim. de geminus);
le mot jumeau n'est qu'une modification pho-
nétique de gémeau, lequel est réservé au lan-
gage astronomi(iue ou anatomique.
GÉMINÉ, du verbe L. geminare, doubler.
GÉMIR, L.getnere. Voy. russï geindre.
GEMME, L. gemma. Le mot fr. a les deux
acceptions du mot latin, savoir bourgeon, œil,
et pierre précieuse. Le sel gemme est ainsi
nommé à cause de sa transparence.
GÉMONIES, du L. gemoniœ, escalier du
mont Aventin qui conduisait au Tibre, où l'on
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GÉN
— 241 —
GÉN
traînait les condamnés pour les jeter dans le
fleuve.
OENCIVB, it., port., prov. gcn{fim, esp.
cncia, en Sardaigne siiisia, dans le Berry çen-
dite; du L. f/ingiva, d'où les médecins ont
formé directement leurs termes gingival et
gingimte.
GENDARME, de gens (Tannes = hommes
d'armes. Autrefois, on entendait yt&r gendarme
un homme de guerre armé de toutes pièces,
puis un homme pesamment armé. Nous
n'avons pas du reste à faire ici l'historique de
l'application de ce mot. Mais comment gen-
darmes est-il venu à signifier les bluettes qui
sortent du fer, les petites parties de lie qui
se trouvent quelquefois dans le vin, etc.? — D.
genda)*meiHe ; se gendarmer ^ se défendre, se
révolter, pr. prendre un air martial, faire le
brave.
GENDRE, du L. goier, gencri. Les patois
en tirent un féminin et ôÀseni gendresse ]iO\\v
bru.
GENE, voy. géhenne. — D. gêner.
GÉNÉALOGIE, gr. yvnxU/i:t , litt. exposé
relatif à la race, à la naissance (yjvià).
GÉNÉRAL, a4j -, L. genei*a1is (genus), relatif
à tout le genre, universel. — V. général, titre
do certains fonctionnaires ou officiers supé-
rieurs (superlatif généralissime); générale,
batterie de tambour pour avertir tout le
monde ; généralité; généraliser.
GÉNÉRATION. -ATEUR, -ATIP, du L. ge-
nei'are (genus), engendrer.
GÉNÉREUX, du L. generosus (genus), pr.
de bonne race, de bonne qualité ; puis digne
d'un homme de condition. — D. générosité,
grandeur, noblesse.
GÉNÉRIQUE, mot moderne, formé du L.
genus, gêner is, genre.
GENÈSE, du gr. ylviît,-, génération, créa-
tion. Le premier livre de Moïse a été appelé
genèse parce qu'il raconte la création du
monde.
GENET, petit cheval d'Espagne, vfr. ginet,
it. ginnetto;&o\o\\ toute probabilité du L. gin-
nus, mulet. — D. adv. à la genette.
GENÊT, genest', champ, gcnistre, ail.
ginst, ginster, esn.ginesta, hiniesta, li.gines-
tra; du L. ginesta, m. s. — D . genétià^e ;
genestrolle.
GÉNÉTIQUE, du gr. ysvir/jç, générateur.
GENETTE, espèce de civette, angl. genêt,
jennety esp. gineta; de l'arabe djerneyth.
GÉNIE, voy. le mot engin.
GENIÈVRE, vfr. genoivre, it. ginepro,
])ort. zimbro, angl. Juniper, néerl. jenever;
du h,ju7iipents. — b. genévrier; genévrette.
GfiNISSE, vfr. gcnice, wall. ginthe, prov.
junega. Du L. junix, -icis. L'ee atone s'est
assourdi en e comme dans genièvre de Juni-
per us.
GÉNITAL, L. genitalis [àe gpnitum, supin
de génère', forme primitive, d'où, par le re-
doublement de la syllabe initiale, ^//7?îerc, en-
gendrer). Le supin genitum a produit encore
genilivus, d'où fr. génitif, puis genitura, fr.
géiiiture.
GENOU, anc. genouil, it. ginocchio, esp.
hinojo, port. giolho,joelho ; du L. genucuhim
(genu), forme de la basse latinité pouryemcw-
lum, — D. goiouillà-e, agenouiller.
GENRE, it. génère, esp. gaiero, angl. gen-
der, du L. genus, generis.
GENS, voy. gent 1 .
1. GENT, nation, peuple, race (auj. d'un
emploi limité au style badin), du L. gens,
gentis. Le plur. fr. gens exprime 1. un en-
semble de pei'sonnes déterminées ou qualifiées
par un subst. ou adj. {gens de guerre, les gens
du roi, honnêtes gens), 2. le monde, L. ho-
mines.
2. GENT, fém. geiUe, aâj. de la vieille lan-
gue (ne s'employant plus que dans le style
enjoué), prov. gent, fém. gen ta, poli, gi*a-
cieux, beau, comme il faut. Cet adjectif ne
vient directement ni du subst. L. gens, ni do
gentilis (par le retranchement du suffixe),
mais il représente le part, latin geniius (voy.
pi. h. génital), avec le sens « de naissance » ;
homo genitus, c'est un homme bien né. C'est
de cet adjectif gent, ou plutôt du type bar-
bare L. genitius, que dérivent, au moyen du
préfixe a (= L. ad), le verbe agencer, mettre
en bon état, (type L. agentiare*), it. agenzare,
cat. agensar, prov. agensar et aussi sans pré-
fixe gensar; on peut comparer, pour le sens
et la forme, le verbe ajuster. Le vfr. avait
également sans préfixe les formes gcncer et
genser = orner, parer.
GENTIANE, du L. gentiana (ail. ensian).
GENTIL, gracieux, poli, agi-éable, pr. de
bonne race, de manières nobles, distmguées ;
donc de même valeur que l'adj. gent. Du L.
gentilis, pr. =- qui gentem habet, qui a de la
race. — Comme le pluriel gentes exprimait
chez les Romains les étrangers, les barbares,
et chez les Pères de l'Eglise les non-chrétiens,
l'adjectif ^cw^tVis a pris aussi en style d'Eglise
le sens de païen ; de là l'expression les gentils
et le subst. collectif ^en/i7i^^ (employé par
Bossuet) p. les nations païennes. — Dérivés
de gentil : subst. gentillesse; adj. gentilldtre
= de noblesse douteuse. Notez l'élision de 1'/
dans l'adv. gentiment, p. gentilment. On sait
que dans l'ancienne langue les adjectifs pro-
venant d'adjectifs latins en is n'avaient pas de
forme distincte au féminin ; gentilment repré-
sente donc correctement l'adverbe de gentil.
Le composé gentilhotnme, conformément à la
signification primitive de goUil, par laquelle
il est l'opposé de vilain, de roturier, signifie
un homme de noble extraction. Les anciens
disaient même gentilfemme, gentifemme, et
plus tard gentillcfemmc. Les Anglais ont
rendu gentilhomme par gentleman, devenu
pour eux, avec le tcmi^s, synonyme de mon-
sieur.
GENTILHOMME, voy. gent. — D. gentil-
hommerie.
GÉNUFLEXION, mot néo-latin, tiré de
flectere genu, fléchir le genou.
GENUINE, angl. gcnuinc, du L. genuinus,,
naturel, non falsifié.
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GER
— 242 —
GIB
GÉODÉSIE, grec /totSociyU, mot scientifique,
formé de -/r,, terre et iacia, partager, donc litt.
partage des terres ou des surfaces ; gkogno-
siE, connaissance de la terre (/iq, yvôtan), f/éo-
gnostc (gr. -/vûTn};, qui se connaît en), -ique ;
GÉOGRAPHE, gr. yt'^/pàyoi (y^, ypàfot), qui dé-
crit la terre, à* oix géographie : géologue, litt.
qui traite de la' terre (y^, Uyoi), d'oix géologie,
•iqiie; géométrie, gr. yi^ntxpix (yri. fxtrpkf^),
art de mesurer la terre, d'où géomètre, géo-
tnélrique.
6É06N0SIB, GÉOGRAPHIS, voy. l'art,
précédent.
GEOLE, vfr. gaoïe, gaiole, jawle, it gab-
biuola, esp. gayola, port, gaiola, cage, pri-
son. Ces formes représentent le diminutif L.
aweola, comme it. gabbia, ^a^yia. esp., port.
gama, n. prov. gavi, vfr. ccdve, nfr. cage ré-
pondent au simple cavea. En plaçant le mot
geôle dans l'élément celtique, Chevallet a
négligé les formes parallèles des langues con-
génères ; les mots celtiques qu'il cite ne sont,
comme souvent, que des emprunts faits au
roman. — D. geôlier; voy. aussi cajoler et
enjôler,
GÉOLOGUE, GÉOMÉTRIE, voy. géodésie,
GÉORGIQUB, du gr. '/?«/>/txo',-, adj. de
yift»/9y(«, travail de la terre, agriculture.
GÉRANIUM, bec-de-grue, gr. ytpôcviov, de
'/ipavoi, grue.
GERBE, vfr. garbe, jarbe, prov., esp.
garba, du vha. gafba, ail. mod. garbe, m. s.
— D. gerber,
GEROER, dans quelques dialectes jarcer;
d'après Diez, du L. carptiare *, arracher, tiré
de carjytiis, part, de car^ya-e, Littré préfère
Tét. HL. charaxare, scarifier (c'est lo gr.
yyféktfivty gratter), mais la lettre ne la recom-
mande guère. — Baist identifie jarcer avec
es[). sarjar, sajar, et présume une forme nor-
male esp. jar^ar, qui dériverait du subst. gr.
^lafjOîîii (incision chirurgicale). Cela reste pure-
ment conjectural. — D. gerce (subst. verbal),
nom d'un insecte rongeur; gerceiix, gerçure.
GÉRER, mot d'introduction modenie, du L.
gerere, qui avait déjà l'acception moderne
conduire, administi*er. — Du L. gestio, subst.
de gerere, vient le fr. gestion, administra-
tion.
{ÏEBJkVT,Bh.gerofalco,gyrofalcus, ainsi
nommé, dit-on, A cause de son vol tour-
noyant ; d'autres ont expliqué l'élément gero
par hiero (du gr. tspo;, cp. fr. saa-e), ou par
xu,^i05, dominus. — La vérité est que le BL.
girofalcics est tout simplement un mot façonné
d'après l'ail, gcierfalk, gerfalk, gierfalk, qui
est un c-omposé de geier (vha. gir), vautour, et
fàlk, fauc^^n.
1. GERMAIN, acy. déterminant un degré de
parenté, du L. gennanus, frère.
2. GERMAIN, nom de peuple, du L. Ger-
uianus, habitant de la Gertnanie; de là ger-
manicus, fr. germanique, qï les néologismes :
germanisme, germaniser, — Quant à l'ori-
gine du mot latin germanus, employé par les
Romains pour désigner les peuples trans-
rhénans, nous n'avons pas à nous en occuper
ici ; cependant, nous jugeons convenable do
rappeler que Jacques Grimm s'est inscrit en
faux contre l'étymologie d'après laquelle ger-
manus serait un composé de gt^ =^ hasta, et
rtuxn =• homme. Le célèbre linguiste a démon-
tré que ce nom a été donné aux Allemands
non pas par les Allemands eux-mêmes, mais
par les Gaulois, d'après une qualité domi-
nante qui frappait le peuple chez lequel les
Germains vinrent s'introduire. Il y voit un
dérivé du celtique gairm, cri, correspondant
aux mots gaël. gairmadair,cjmr.garmwyn,
qui signifie vociférant.
GERMANDRÉE, it. calamandrea, esp. ca-
meclrio, ail. gamander, dér. du L. chamae-
dry s =^ gr. x^fjL^^S&vi,
GERME, L. germen (gererc) ; verhcgermer,
vfr. SiU^ï ger ner, L. gorminare, d'où germi-
natio, fr. germination; germinal, septième
mois du calendrier républicain.
GÉRONTE, du gr. ys/swv, -o^roi, vieillard.
GÉSIER, vîv.jusier, du L. gigerium, pi.
gigeria, entrailles cuites des volailles; cp.
gencive, de gingiva. Cette dérivation est con-
firmée par les formes patoises giger, gigier,
= gfsier.
GESINE, anc. = couches d'une femme,
subst. de l'anc. verbe gésir, coucher, voy.
gisant, La Fontaine s'est encore servi de ce
mot : « La perfide descend tout droit, à l'en-
droit où la laie était en gésine, »
GESSE, du L. vicia, vesse, ail. wicke, Cp.
p. ^ = r, givre (de vipera).
GESTATION, L. gcstaiio, action de porter.
1. GESTE, mouvement du corps, du L.
gestus [i^iiVQve], m. s., dont le dim. gesticulus
a donné gesticulari, fr. gesticuler.
2. GESTE, dans « les faits et gestes n, du
plur. L. gesta (gercre), les choses faites; de là
chanson de geste, et geste iowt c/oxxvt,
GESTICULER, voy. geste 1.
GESTION, voy. gérer,
GIBBEUX, du L . gibbosus (de gibbus, bosse) .
— D. gibbosité.
GIBECIÈRE, est présenté par Diez comme
un dérivé àe gibier ; le vfr. gibecer, aller à la
chasse, appuie cette étym. ; cependant, il se
pourrait bien que cette parenté ne fut qu'ap-
parente. Le fait est que l'on employait le mot
pour des poches de toute destination. Dans la
latinité du moyen âge, je trouve giba =^
capsa, arca, theca iHîliquiarum ; c'est do là
que semblent provenir gibecière (type giba-
caria) et giberne. Quant à giba, il vient peut-
être du L. gibbus, bos.se, à cause de la forme
convexe do l'objet, ou parce qu'il forme bosse
sur la personne qui lo porte. On ne peut tou-
tefois se défendre de rapprocher do gibe,
gibecière et giberne les mots grecs synonymes
x/66a, xi6i«,-, aussi X16/771;, xf6u7t; et l'arabe
djib, j)oche.
GIBELET, anc. guibelet, guimbelet, foret;
norm. xcimblet, &ng\, gimlet ; on trouve dans
l'élément celtique bret./7i(imc/<?/, ïrl.gimeleid,
gaél. gimleid, signifiant tous foret. Buggo
(Rom. m, 149) ramène les formes citées soit
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GIfi
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à L. vibrare, soit à la forme nasalisée vim-
brare (constatée dans de vieux glossaii'es). Du
sens - vibrer, branler, tourner »» s'est développé
celui de « forer », comme, en ail., drilUni si-
gnifie à la fois tourner et foret. Le verbe
(jibUr (d'où subst. ffiblet, gibelct comme foret
de forer) e^ donc = vibJer (r étant changé
en /) ; pour l'initiale gi, gui = L. ri; cp. givre,
guivre = L. tipera.
GIBELOTTE, ragoût de volaille ; en wallon,
on dit gibfèd*atoe p. abattis d'oie, de même en
angl. gibicts, qui i*épond au vfr. gibdet. La
source du mot est inconnue.
OIBERNE, dér. de Vit. gibema ; voy. gibc-
citVe. Bugge (Rom. IV, 357) cherche à dé-
montrer l'identité de ce mot avec le BL. 2abcr)ia
« arca ubi vestes ponuntur aut quodlibet aliud
armariolum, vestiarium. » Quant à saberna^
ce serait une variété de sabaria^ jsabarium,
bas-grec Ja^ia/iùov (sv &) ai Jàtai, ai lUtv oTtïOL
Tto^ifiiyà, àTioxïivTzi).
GIBET, vfr. a,uss'\juibet, angl. gibbet, del'it.
giubbetto, m. s., qui est un dimin. de giiibba,
veste, camisole. Diez voit dans cette dénomina-
tion du supplice désigné par giubetto une
plaisanterie |)opulaire, par laquelle on aurait
appelé la corde du condamné « sa petite veste ♦» .
Il rapproche à ce sujet le mot correspondant
espagnol Jmôo», qui signifie à la fois pour-
point et la peine du fouet. — Quoi qu'on pense
de cette étymologie, il faut rejeter celle de
l'arabe ^j7><î/, montagne, que l'on fonde sur ce
que les gibets sont d'ordinaire érigés sur les
hauteurs. — On a aussi i>ensé aune connexité
avec l'ail, wippen, trébucher, balancxjr, don-
ner l'estrapade; mais il faudrait alors les
formes guibctto, guibet, — Littrô, doutant
c|u'uu mot qui se trouve dès le xiil* siècle
dans la langue, soit emprunté de l'italien,
demande si gibet, qui est essentiellement un
bâton, une fourche, n'est pas identique avec
le vfr. gibet, désignant une esi^èce d'arme, et
qu'il explique comme diminutif de ^i6e, bâton
ferré.
GIBIER, subst., anciennement = chasse au
vol, puis le produit de cette chasse ; finale-
ment l'on a désigné et désigne encore \^r
gibier tous les animaux que l'on prend à la
chasse, et surtout ceux dont on mange la
chair. Il résulte des vieux dictionnaires que
gibier s'appliquait plus spécialement à la vo-
laille, mais déjà Nicot remarque que le mot
s'est « entendeu à toute beste poiu'suivie ou
priiise à la chasse, soit rousse, soit noire ».
L'étym. du mot reste encore à fixer. Celle qui
figure dans la plupart dos dictionnaires,
savoir cîôar/rt , reju^éscnte le gibier comme do
la mangeaille en général ; elle n'est entachée
que d'une seule faute, mais suffisante pour la
faire rejeter : c'est la transition de ci en gi, qui
est tout à fait anormale. Le mot gibier était
aussi anciennement employé comme verbe ; il
répond comme tel à un type gibicare ; et gi-
boger = chasser au gibier, n'en est qu'une
modification (cp. plier et ployer). Le latin du
moyen âge présente gibicere (vfv. gibecer) et
gibostare. — Diez n'a donné aucune conjec-
ture à l'égard de Tétymologie àe gibier; Ca-
chet en a osé présenter une qui cei'tes n'est pas
déix)urvue de probabilité. Il voit dans gibier
d'abord un verbe, ayant pour signification
foiTer l'oiseau que l'on poursuit (Ducange cite
un mot latin gibeitit qu'il traduit par cogat),
puis il en rapproche le vieux moi gibier de la
langue d'oïl signifiant action de se démener,
de regimber. De là il arrive à supposer une
racine gib exprimant lutte, violence : d'où
viendrait à la fois gibio; 1 . chasser, 2. se
démener, puis le composé vfr. regiber (notre
moderne regimber), récalcitrer. Mais d'où
faut-il tirer cette racine gib f Ce problème est
encore à résoudre. Peut-être ^iWer, chasser,
est-il congénère avec un mot gibet indiqué
par Ducange (au mot gibetum) d'après quel-
ques textes poétiques et qui exprime une
espèce d'arme (voy. l'art, gibet). — Par une
conjecture habilement soutenue, Bugge (Rom.
IV, 358) rattache le verbe gibier à un type
'capicare tiré de EL. capus, faucon, en rap-
prochant angl. ta havoke, chasser à l'oiseau, de
haxjok^ autour, faucon. Pour expliquer ca
devenu gi, il s'en réfère à girofle = catyo-
phyllum et à degingander =« milanais scoii-
china. Le p changé en b (au lieu de rj ne
parait pas l'arrêter.
GIBOULÉE; étymologie inconnue. Kn dé-
sespoir de cause, les lexicographes invoquent
un mot grec y>j6oi>i signifiant trait lancé subi-
tement ; mais, à part la singularité de cette
métaphore, le mot grec a le tort de faire dé-
faut, du moins dans les dictionnaires à ma
disposition. Pour nous en consoler, consultons
Ménage, qui nous dira que giboulée vient de
nimbus, lequel aurait pris successivement les
costumes suivante : nimbulus, nimbulata,
gnimbulcUa, ghimbulata, ghibulata, enfin
giboulée ! Litti*é propose pour radical vfr. gibe,
chai-gc ; donc charge de mauvais temps. Notez
qu'en Bcrry on dit gibe^ giblc, p. giboulée ; on
trouve aussi guebelette,
GIBOTER, voy. gibier, — D. giboyeux.
GIFFER, ancien verbe signifiant •* faire une
croix sur une maison en signe de confisca-
tion », BL. guiffare, toifare, mettre une
marque à une propriété en signe de possession
légale (voy. Du Cange); du subst. wiffa,guiffa,
signum j>ossessioni appositum; comme l'anc.
it. aggueffare, annexei*e, pr. attexere, le mot
vient du germanique xoeifen, tisser. Voir Diez
s. V. aggueffare.
GIFLE, claque sur la joue ; ce mot gifle,
aussi giff'e, a signifié d'abord la joue même,
d'où gifflard, joufflu. Comme l'avait déjà
avancé (îrandgagnage pour le wall. chife,
le mot représente l'ail, hicfe, kiefel, hiefer,
maxilla, branchia ; voy. aussi Bugge (Rom.
III, 150). Génin, peu scrupuleux en matière
phonologique, pose dans ses RécixSations une
autre étymologie de gifle; je ne la cite que
pour mémoire. Il part de gysser, plâtrer, d'où
viendrait giffer, faire une croix avec du plâtre
en signe de confiscation, d'où giffe, gif^c, af-
front, soufflet, puis la joue qui reçoit le souf-
flet.
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GIN
— 244 —
GIR
GIOANTBSQDB, voy. gêayit.
GIGOT, cuisse, àe gigue (v. c. m.). Clieval-
Ict explique sans aucune probabilité gigot par
charnu, et invoque à cet effet le bret. kigek,
charnu, de kig, chair. — D. gigotter, remuer
les jambes.
GI6UB, vfr. aussigigle, it. v. esp. , prow. giga,
angl. gig^ instrument à corde du genre des
vielles, puis une espèce de danse, et en der-
nier lieu, à cause de la ressemblance de
forme, = jambe, la cuisse comprise (de là :
gigot). Du mha. gtge (auj. geige), violon. La
racine de ce mot semble exprimer remuement,
vibration ; du moins à en juger du nord.
geiga, tremere, subst. geigr, tremor. Cetto
signification a sunécu dans //«V/ïte?*, aller vite,
danser, sauter, et dans gigcUter, remuer les
jambes, aussi vaciller, balancer. Une modifi-
cation de gigitcr est ginguer, donner de la
jambe, ruer. — Je suis porté à croire, sans
être à même de le démontrer, que de la racine
germ. gig^ se remuer, s'est produit d'abord
gigue, jambe t d'où gigot ^jambon , gigotter ^ se
remuer, giguer, faire aller les jambes, danser,
et que do ce gigiier s'est dégagé le subst.
gigue, danse, puis air de danse, et enfin in-
stniment de musique pour faire danser; cette
filiation me semble plus naturelle. Voy. aussi
guinguet.
GâjDE, confrérie; mot allemand, francisé
autrefois par gcldc, gueudc.
GILET. D'après Schuchardt (Grober, Ztschr.
V, 100), =« esp. gileco (Don Quijote 1, xu),
jaJecOy chaleco. — « Cette étymologiepar^iVeco,
qui signifie une casaque d'esclave et qui vient
du turcye/rc, a déjà été proposée par M. Mill-
ier, mais elle me parait peu probable, à cause
de la date fort récente de l'introduction du
mot en français : gilet vient du costume de
Gilles, type du théâtre de la foire, comme
pantalon de Pantalon » (G. Paris, Rom.
X, 444).
1 . GILLE, nom de baptême, du L. Aegidius
(par aphérèse de la première .syllabe). Pour
tdius rendu par ille, cp. esquille de schidiœ.
2. GILLE, personnage de théâtre, bouffim ;
de là gille7*i(\ niaiserie, sottise, mot de la
création de Beaumarchais. Quant à la locu-
tion faire gille, prendre la fuite. Ménage,
après avoir combattu l'idée do Bourgoing,
qui pensait au L. agilis, l'explique par faire
guile, c.-à-d. faire banqueroute {^uile =
tromperie, voy. guiller 2). Nous pensons que
gille, anc. gile, est le .subst. du yerbc gilei\
qui se rencontre dans les patois (n. prov.
gilha) avec le sens de .s'enfuir, et que Diez
rapports au vha. gilan, giljan, se mettre à
courir. D'autres? ont rapporté faire gille à
saint Gilles, qui s'est enfui de son pays de
IHîur d'être fait roi.
GIMBLETTE, petite pâtisserie sèche, dure,
en forme d'anneau ; peut-être do la même fa-
mille que rit. ciambeila, espèce de craquelin
en fonne d'anneau. — On peut aussi rattacher
gitttblettc à. l'angl. gimmal, double anneau,
qui vient de « annnlns gcmcl lus ».
GINGEMBRE, it. gengiuvo, zensero, zcnso-
vero, prov, gingcber, esp. gengihre, BL. ghi-
giber; du L. singibaH, gr. Jr/yfSsptî. Le même
mot se retrouve dans l'angl. ginger, v. angl,
gyjtgererre, gingix>er, dan. ingcfcr, ail, ing-
bcr, ingwer, holl. gengber. L'origine du mot
latin et grec est orientale (arabe zendjebil,
pràcrit singaber, sanscrit çringavib^a).
GINGEOLE, aussi gingioule, jugcole, it.
giuggiola, du L. sizypholum, dimin. do zisy-
phum, gr. ^li'jfio'j. Le L. sizyphum est aussi
le primitif de jujube. — D. gingeolier.
GINGUET, adj. , sans force, puis étroit, serré,
mince. Ménage nous apprend qu'on disait do
son temps un habit guinguet pour dire un
habit trop court ou trop étroit. L'étymologio
du mot est obscure. Peut-être y a-t-il au fond
l'idée de grêle, d'eflilé (d'où celle de mince,
étroit, faible se déduirait naturellement), et
le mot dérive-t-il de gigue, jambe (en Picardie
on appelle une gigue une grande fille maigro
et de mauvaise tournure). Aujourd'hui ^/«^<«(j<
désigne particulièrement la qualité d'un petit
vin sans force; c'est de là (on disait aussi
guinguet) que découle probablement le subst.
guinguette, cabaret où l'on boit du petit vin.
On pourrait encore propo.ser ^owv guinguette
le verbe giguer (forme nasalisée guinguer),
dan.ser ; la guinguette serait nommée d'après
les bals, les bastringues, qui s'y donnent. —
Ginguet est peut-être radicalement connexe
usée gringalet (v. c. m.).
GIRAFE, de l'arabe saràfa, zerâfa, m, s.
GIRANDE, faisceau de jets d'eau, d'où giran-
dole (it. girandola), roue, cercle do feu ; du
verbe gyrare, tourner (voy. girer). Peut-être
ce mol fr. girande est-il plutôt abstrait que lo
primitif de girandole.
GIRANDOLE, voy. girande.
GIRASOL, de l'it. girasole, littéralement =
tournesol.
GIRER. ancien verbe, remplacé par virer, it.
girare, BL. gyrare, du L. gyrus, gr. yy/jo^,
cercle, tour, rond, it., e?>\^.giro, prov. gir.De
là : girande, girandole, giratoire, girouette
(V. c. m.).
GIROFLE, aussi gérofle, vfr. et rouchi ge-
^*ofe, genofe, genofrc, v. angl. gylofre, it.
garofano, esp. girofle, girofrc, val. carofil,
garofil, toutes formes altérées du L. caryophyl-
lum, qui e.st lo gr. /.açuopui).©-^. — D. giroflée,
giroflier. — Los mots anglais gilly-flower et
july-flower sont prob. des corruptions du mot
fr, giroflée, dues à cotte tendance du peuple
à donner une physionomie indigène et une
apparence de signification aux mots exotiques
incompris.
GIRON, ït. gherone,garone, es^. giron, port.
girao, vfr. aussi gueron et (contracté) gron.
Sens premier : pan coupé obliquement, puis
triangle à pointe longue (t. de blason) ; sens
secondaire : la partie de l'habillement qui
s'étend de la ceinture aux genoux d'une per-
sonne assise. Gachet (sous gierons) s'étond
longuement sur ce mot pour démontrer qu'il
signifiait chez les trouvères les pans, coupés
en pointe, à droite et à gauche do la robe o\\
de la tunique, ce qui explique la valeur du
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GIV
— m\ —
GLA
prov. f/n*o dans l'art héraldique. Il pense
avec raison que le sens do ffremhun attaché
an mot actuel et mènie au mot ancien, est dé-
duit de Tacception « pans d'habit «•. — Diez
tire ^>on d'un vha. géra (accus. gAriin)^ qu'il
suppose avoir existé à juger du mha. g^^re,
pan, pointe d'habit, anc. frison gare, m. s.
Ces mots sont, d'après lui, des dérivés dc^rr,
pointe triangulaire do la lance. Diez rappelle
à l'appui de cette ti*ansition de sens le BL.
piîttm vestimcnti, litt lance du vêtement; il
aurait pu encore citer le terme L. sagttta,
flèche, employé au moyen âge avec la valeur :
« pars ca vestis, quaî contrahitur in sinus, quod
sagittœ speciem efïingant »». Ducange cite à
ce sujet un passage des Coutumes de Cluny
trop intéressant pour ne pas le reproduire.
" Sedens ad Icctioncm anteriora frocci sui
scmper in gremium ita attrahit, ut pedes pos-
sint beno videri. Girones quoque, vel quos
quidam sagittas vocant, colligit utrinque, ut
non spai^im jaceant in teiTa. »
GIROUETTE. Selon Caix, du thème gir
[tourner) -\- rouette (cp. pirouette). Un primitif
it . girotta, invoqué jmr Littré, n'existe pas.
GISANT, part. prés, du vieux verbe ^e^ir
ou gùir. Ce verhe gésir , être couché, rei)0ser,
correspond à it. giacere, esp. tjaeer^ port.
Jaser, prov. jocrr, et vient du L.jace^'c,m. s.
(cp. plaisir^ taisir', de placere, taceré). Du
verbe gésir vient l'anc. subst. gésine(\. c. m.).
A l'infinitif ^2^'/* se rapportent encore les 3**
pers. prés, indic. : gît, gisent, l'imp. gisais ;
puis les dérivéF gisement, et giste, gUe, pr.
couche, couchette, puis lieu de séjour (en
Belgique, = solives d'un plancher), ^L.gista
et gesta. L'i radical dans le verbe gisir p.
gésir est \m eflet du voisinage de la palatatoj»
ou g\ cp. vfr. giter = jeter.
GISARME, voy. guisarme.
GISEMENT, voy. gisant.
GIT, voy. gisant.
GITE, voy. gisant. — D. giter, demeurer,
coucher ; en Belgique = mettre les solives.
1 . GIVRE, gelée blanche, hoxxr^, gitre., prov.
gitrc,gibre, coA.gehrc. Kn languedocien gitre
se dit aussi pour les glaçons qui pendent aux
branches dos arbres et aux gouttières. Cette
deniiore valeur i>eut avoir, obseiTe Diez, dé-
gagé laccoption générale du mot. Dans le
Languedoc, le givre s'appelle aussi barbasto;
cette expression rappelle c^Ue des Picards et
des Normands : gelée barbelée. Le sens pri-
mordial de gicre étant glaçon, chose qui res-
semble un peu . à de petits sei*pents, on est
autorisé à confondre le mot avec le suivant.
La métaphore ne serait que naturelle. — Mé-
nage s'évertuait à adapter le mot au L. gela-
tara ; or, avec son procédé il était sur do
réussir dans ce cas-ci comme dans tous les
autres.
2. GIVRE, en termes de blason = serpent.
Le mot sgnifiait autrefois serpent en général,
et s'écrivait plus correctement gitivre. Diez
dérive gnicre du L. vipera, mais par l'inter-
médiaire du mot similaire vha. wipera, d'où
s'expliquent aussi les formes vfr. wirre, cymr.
gtriber, brot. wiber.
GLABRE, L. glaber, ras, chauve.
GLACE, L. glada p. glacies. — D. glaçon;
vcrhe glacer, L.glaoiare \ glacial, L. glacialis;
glacier, -<Ve ; glacis, talus, pente douce et unie
(litt glissante, car ce dérivé se rapporte à
l'anc. verbe glacier, glisser).
GLACIS, voy. glace.
GLADIATEUR, L. gladiator (gladius).
GLAÏEUL, en botanique gladiole, du L.gla-
dioliis. Laternicglai, employé auj. pour signi-
fier une île do glaïeuls dans un étang et qui
dans le principe était le nom de la plante,
représente le L. gladius (cp. rai de radius).
— Le sîr.glaget répond à un tyi)c gladiellus.
GLAIRE, humeur vis(iueuse, blanc d'œuf
cru, prov. glara, clara (aussi clar, masc.),
esp. poi-t. clara, it. chiara, angl. glair. Grimm
rattache ce mot à l'ags. glax^re, amber, suc-
cinum, i)ellucidum quidvis. Diez balance entre
clar us (clara pars ovi) et glarea, gravier, qui
dans d'anciens glossaires est défini par •• chose
glutineuse, argile, colle ». Mahn le place
dans l'élément celtique en citant le bas-breton
glaour et glaouren, bave, salive, glaire ; gal-
lois ghjfoer, bave. — D. glaireux (Nicot con-
signe un adj. glaireux = pierreux; mais
celui-ci est le L.glareosus àe glarea) \glaiHne,
glairer (t. de relieur).
GLAISE, prov. glesa,\{r. glisse, du BL.gli-
teus, gliceus ^= cretaceus, acy. de glis, glitis,
humus tenax, argilla. Quant à ^/wf, on n'en
connaît pas l'origine ; on l'a cherchée à tort
dans le gr. fUx, colle, et '/)ityipôi, collant. Le
subst. BL. glis, gliiis parait plutôt d'origine
germanique : on a en allemand d'abord le mot
kleg, terre gluante, argile, puis en v. flam.
klissen, adhierere, d'où klister, gluten (ail.
kleist^'). Un t radical se trouve dans l'ail.
Mette, ni. klit (auçsi Mis), glouteron. Je ne
me dissimule pas que l'adoucissement du k
primitif en g, dans un mot latin du temps
d'Isidore, fait quelque difliculté.
GLAIVE, prov. glasi,gl aï, glati, du L. gla-
dius. Le prov. fait voir comment, dans ce mot,
ainsi que dans plusieurs autres (cp. cm Warr»',
avoultre' p. adultère, veuve), il y a eu d'abord
syncope du d, puis insertion d'un r eupho-
nique. La forme française découle du rest«
directement du prov. ///«rt, cp. vfr. saive, sage,
du prov. «art. Le prov. glaï a donné fr. glai,
primitif de glaïeul.
GLAND, L. glans, glandis; notez le chan-
gement de genre en fr. — D. glande, p glattdle
(vfr. glandré), du diminutif glandula, *=
amygdale gonflée (terme sav&nt gland ule, d'où
glanduleux) ; glandce.
GLANDE, voy. gland.
GLANER, pic, champ, glener, BL. glenare
(vi^ siècle). Leibnitz admettait une provenance
celtique : cymr. glain, gldn, net. glanhau,
nettoyer; cp. nord, glana, éclaircir. Glaner
serait donc pr. déblayer, nettoyer. Il est dif-
ficile de se prononcer en faveur de cette éty-
mologie ;car le subst. glane implique, à juger
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GLO
246 —
GOB
de diverses applications (p. e. glane d'oignons),
ridée fondamentale de faisceau, liasse, poignée.
On est par là porté à voir dans gletier une
contraction de gelinet\ et à le rapporter au
BL. gelima, aussi geîina, = manipulus,
gerbe. Pour ce gelima^ on peut le référer à
l'ags. gelm, gilm, poignée. Keste à savoir si
Ton peut admettre pour Xeglenare du vi® siècle
une contraction degeïinare, — D. glane, subst .
verbal.
GLAPIR, de la même famille que le néerl.
klappen, vha. kiaffbn, auj. klâffen, m. s.; cp.
le mot fr. nlabaud. Au \\Q\xàe glapir on disait,
et les patois disent encore, glatir (it. ghiat-
tire). Les racines hlap et hlat ont une valeur
fondamentale identique. — D. glap, ancien
subst. verbal, auj glapissement — L'ancienne
langue n'offre pas d'exemple de glapir, mais
dansl'Ysopet de Lyon(v. 298) on trouve ^r/ap^r
au sens de «« poursuivre en aboyant » (en par-
lant des chiens).
GLAS, anc. glais, prov. clos, it. chiasso, du
L. classicum, signal de trompette, en BL. =v
sonnerie de cloches.
GLAUQUE, L. glaucus, gr. ylauxo;,m. s.
GLÈBE, L. gieba, motte de terre, puis poét.
=^ teirain cultivé, fonds, domaine.
GLÉNS, t. d'anatomic, du gr. yHvti, cavité.
GLBTTB, oxyde de plomb, de l'ail, glatte,
m. s., dérivé de l'ail. ^/ctrt, uni, lisî^e, brillant.
GLBTTERON, anc. forme deglmUeron; mo-
dification du vfr. cleton, gleton, qui vient do
l'ail, klette, flam. klU^m. s. La forme gloute-
ron peut s'être produite sous l'influence du L.
gluten (\oy. glu).
GLISSER, pic. glicher; c'est l'ail, glitsen,
glitschen, néerl. glitsen, formes dérivatives de
gleiten, ags. glidan, angl. glide, suéd. glida,
m. s. On a cherché à expliquer le mot par le
vfr. glaicior (voy. sous glacé, qui signifiait la
même chose, mais Diez oppose que le chan-
gement de ai en i ne se rencontre que devant
gn et l mouillé, cp. chignon de chaignon,
grille de graille.
GLOBE, L. globvs, de là englober; dim.
globule, L. globula, d'où globuleux.
GLOIRE, vfr. glore, du L. gloria. — D. dim-
gloriole, L. gloriola ; ^/orweia?, L. gloriosus;
gloriette, petite maison de plaisance, pavillon
de jardin, en vfr. = petite chambre ornée,
esp. glorîeUa. On .s'explique cette dérivation
par le sens de « pompa, apparatus », attaché
au mot gloria dans la latinité du moyen âge.
GLORIETTE, GLORIEUX, voy. gloire.
GLORIFIER, L. glorificare. — D. glorifica-
tion.
GLOSE, du gr. •/!«»»«, pr. langue, puis en
style de grammaire, = mot tombé en désué-
tude ou étranger, qui demande à être expliqué
par un autre terme connu, appelé ylùt'soiJix
Glose, le mot à expliquer, a donné le verbe
gloser, BL. glossare, interpréter, d'où s'est
dégagé le subst. verbal glose avec le sens d'in-
terprétation qui lui est encore attaché. Dans
les temps modernes gloser, pr. commenter, a
pris le sens de critiquer, et un gloseur est un
homme qui trouve à redire sur tout. — Un
recueil de gloses, c.-à-d. de mots obscurs, s'est
appelé un glossarium, d'où fr. glossaire; et le
commentateur de gloses, un glossateur.
GLOSSAIRE, voy. l'art, préc.
GLOTTE, gr. yXoizrli (de yiwTra, langue).
GLOUME, équivalent de glume (L. gluma,
paille, enveloppe), se rattache à une fonnelat.
gloma consignée par DC.
GLOUSSER (it. chiocciare, crocciare), ono-
matopée; cp. L. glocire, glutire, ail. gluch-
sen, glucksen. On dit aussi du dindon qu'il
glougloute. — D. gloussette, poule d'eau
brune.
GLOUTERON, bardane, voy. gletteron.
GLOUTON, it. ghiottone, esp. prov. gloton,
du L. gluto, 'Onis. Du primitif L. glutus ou
plutôt gluttus viennent vfr. gloiU (le pic. a le
dim glouet), wall. glot, friand. Dans le verbe
L. glutire, d'où vfr. gloutir', auj. engloutir,
on ne peut méconnaître la racine imitative^/w
(prononcez^/oi«), que les poètes-buveurs aiment
à célébrer sous la forme de glouglou. — D.
gloutonnerie, anc. gloutonnie.
GLU, aussi glue^ prov. glut, du L. glus,
glutis (Ausone), ^v\m\Ût àQ gluten, {v. gluten.
— D. gluau, L. glutalis*; gluer ou engluer ;
gluant.
GLUI, d'abord faisceau de chaume; aiyour-
dTiui, paille dont on couvre les toits. Ce mot
est, selon Chevallet, celtique, et identique
avec l'écossais glac, paume do la main, puis
botte, poignée, ou avec le gaél. cloig, botte
de chaume. Duc^nge le fait venir du flam.
geluye, gluye; peut-être l'inverse est-il plus
probable.
GLUTEN, voy. ^7ï(. — l^.glutineux, L. glu-
tinosus.
GLTCINB, du gr. yiuxû;, doux; de même
glycose.
GLYPTIQUE, gr. y>u:rTix>i, lart du y)0ffTi2,-,
graveur, de >iuyiiv, graver.
GNOME, mot employé en premier lieu par
Paracelse et prob. tiré du grec yyûju>2, intelli-
gence, esprit. — D. ^nomic/c, gnome femelle.
GNOMIQUE (poème), du grec yvw/^ixo'i, sen-
tencieux, a(y. de yvwju»}, sentence, adage.
GNOMON, L. gnomon, gr. yvùfnav, pr. con-
naisseur, indicateur.
GO, dans « tout de go » =* librement, sans
façon. On a rapporté cette expression popu-
laire tantôt à l'angl. go, aller, tantôt au L.
gaudium (donc = de gaieté de cœur). De la
Monnoye explique go par gobe ; tout de go se-
rait gâté de tout de gobe, donc = tout d'une
pièce. Kn effet, des textes du xvi® siècle por-
tent »* avaler degob, tout degob » . Voy. gober.
GOBBE, morceau, spéc. morceau d'une com-
position en forme de bol qu'on donne aux
chiens pour les empoisonner. 11 devrait être
écrit gobe, car c'est le subst. verbal de gober,
mais je suppose que le mot vient direct, de
l'angl. gob, bouchée.
GOBELET, dimin. de gobeV gobeau, BL. gu-
bellus, prov. cubel; dimin. du L. cuppa, coupe.
— De la forme variée //o6c/o/ vient gobelotter,
buvotter.
GOBELIN, GOBLIN, angl. goblin, lutin,
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GOD
— 247 —
GOË
esprit follet, ail. kcbold.àév, du ^h,cobcdus;
du grec x6%xUi, fourbe, trompeur, malfaisant.
Diefenbach (Goth. Wôrt. I, 150) cite le bret.
gobilin, feu follet. — Les matelots disent
goguelin, prob. par assimilation à gogties,
plaisanterie, malice.
GOBELINS. nom d'une célèbre manufacture
de teinture et de tapisseries, à Paris ; il lui a
été donné d'après Gilles Gobelin, teinturier
s®us François 1*^.
GOBELOTTBB, voy. gobelet.
GOBER, avaler sans savourer, avec avidité,
prendre sans réflexion, fig, croire légèrement,
d'où gobe-mouches ^ et le terme gobe-affront,
employé comme synonyme de courtisan par
Scarron ; d'origine celtique : Chevallet cite
irl., écoss. ^o6, gaél. gob, gwp, signifiant
bouche, bec. — D. subst. verbaux : gob", dans
tout de go (voy. go), tout d'une pièce, eigobbe
(v. c. m.) et son dimin. gobet; yerhedégoHller,
1. GOBERGE, morue; d'origine inconnue.
2. GOBERGES, petiU ais d'un lit liés avec
de la sangle pour soutenir la paillasse. D'ori-
gine inconnue. Littré croit que goberge, au
sing. petite perche, servant d'instrument à
diverses opérations de menuiserie, est une
corruption d'écoperche (v. c. m.). — Du pi.
goberges vient peut-être se goberger, s'étendre
sur une paillasse, prendre ses aises, se diver-
tir. L'Académie porte se goberger avec le sens
de se moquer; serait-il distinct du même
verbe sign. se divertir? Si c^Ia est, on peut le
considérer comme un dérivé du vfr. gobe,
hâbleur, fanfaron, lequel pourrait bien rele-
ver du même mot celtique gob, bouche, men-
tionné plus haut sous gober (prendre la
bouche pleine). Cependant le sens foncier de
l'acy. vfr. gobe parait êti'e « enflé, vain, fier. »
GOBERGER (SE), voy. l'art, préc.
GOBET, morceau, angl. gobbet, Yoy, gober,
— Le verbe gobcter, jeter du plâtre avec la
truelle pour le faire entrer dans les joints des
moellons d'un mur, vient-il de là, par l'effet
d'une de ces métaphores un peu brusques que
l'on rencontre dans le langage des ouvriers?
GOBILLE, p. globillef de globe, boule. Ou
un dérivé de gobbe, bol?
GOBIN, bossu, de Fit. gobbo, hossu, gobba,
bosse ; ce mot italien vient de la forme L.
gybbiis [y latin = o roman) pour gibbus,
bosse.
GODAILLER, boire avec excès; d'après
Diez, un dérivé du vfr. goder, m. s. D'autres
rattachent godailler au vieux mot fr. godale,
goudale, bière, qui vient de l'angl. good
aie, d'où le subst. godailler ou godai ier,
brasseur ou buveur de bière, Voy. aussi
godet, — Diez range encore sous le même
radical god, dans lequel il n'ose reconnaître
le gaudere latin, mais plutôt le cymr. god,
luxure, les mots suivants : n. prov. goda,
femme de mauvaise vie, fr. godine et govine,
m. s., vfr. godon, luxurieux, bourg. ^o(fm^a,
rouchi godinete, bourg. gaudHlle, tous à peu
près de la même valeur (\\\o godine et gouine.
Il cite encore esp. godo, godeho, godizo,
gourmand, goderia, régal, piém. gaudineta.
m. s. ; rouchi godan, appât, enfin le mot fr.
goinfre, dont la terminaison fre lui semble
adaptée à celle du synonyme goliafre, —
Nous placerons également, à notre tour, sous
la racine god, luxure, le champ, godin,
mignon, godinet, gentil, galant, le iv,godard,
gourmand, et godiveau, sorte de pâtisserie.
— Voy. aussi gaudriole, qu'il est diflScile de
séparer de gaudere, — D. de godailler :
subst. verbal godnille,
GODE, mesure do longueur. D'où?
GODELUREAU, au xvi* siècle, gogueiureau,
mot de fantaisie, difficile à analyser. Le plus
simple est d'y voir une composition des radi-
caux god (voy. godailler) et lur (d'où luron),
La forme ancienne godelereau permet cepen-
dant d'y voir un dérivé de godelier, mot très
supposable comme dérivé de ^oc?er, mentionné
sous godailler. On trouve au xvi® siècle gogue-
hireau, fait sans doute sous l'influence de
gogue, gogaille, goguelu (Rabelais).
GODENOT, magot, idole ; le mot n'a prob.
rien à faire avec le germ. god, dieu. On y a
vu aussi une composition du celt. go, petit,
mal fait, et den, homme. Cela est tout aussi
problématique.
GODER, faire de mauvais plis, de \kgodure,
faux pli. Goder parait être pour gauder (la
mutation au en o est fréquente) ; or, gauder
se déduit très régulièrement du goth.ra/(;an,
ags. vaeltan, angl. toelter (ail, mod. loâlzen)
rouler. De goder vient encore le subst. godron,
plis ronds, puis, en architecture, espèce d'or-
nements à forme ovale taillés sur les mou
lures.
GODET, verre à boire sans anse ni pied ;
l'étymologie par L. guttus, vase à col étroit
rencontre de sérieuses difficultés phonétiques
(voy. Rom., X, 39); il faut donc l'abandonner,
bien qu'elle soit patronnée par Diez et Littré.
G,. Paris rattache le mot au \evbe goder (voy.
godailler),
GODICHE , forme populaire à suffixe iche pour
Claude, dont il partage le sens figuré : sot,
maladroit. — D. godichon,
GODINE, forme antérieure à gouine (voy.
godailler). — D. godinette,
GODIVEAU, voy. godailler,
GODRON, Yoy, goder, — D. godronner,
G0£LAND; Chevallet, comme Diefenbach,
suivi par Diez, se fondant sur la forme bre-
tonne gwelan (qui se prononce gouélan), et
sur la description que fait Buflbn du cri du
goéland, fait venir ce mot du bret. gxoela,
pleurer.
GOÉLETTE, 1. hirondelle de mer (on la
nomme aussi goualette)\ 2. sorte de petit vais-
seau de mer léger et rapide. La deuxième
acception semble découler de la première, et
le nom de l'oiseau paraît avoir la mémo origine
que goëland.
GOËMON, varech, mot celtique ; le Catho-
licon du Lagadeuc porte : « goumou ha bbzin,
gallice (aoëïnon), lai, alga, n où Buggo
(Rom. IV, 358) propose la correction //oitmow;
le gallois donne le même terme ^rtoy mon pour
varech.
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GON
248 —
GOU
60FFE, it. goffo, csp. gofo; d'origine incer-
taine. On a cité içr. /«afo'i, stupide, et bava-
rois ^o/f, m. s. D'autres, prêtant au mot lo
sens de grossier, le retrouvent dans la glose
d'Isidore «« bigera, vestis gxifa vel villata *»,
liabillement grossier et velu.
OOGO (A), 600AILIjB,QOOUE,etc. ; tous ces
vocables découlent d'une lacine gog, expri-
mant plaisir, bonne vie et qu'on retrouve dans
le BL. agogarc^ donner à manger, norm.
gogon, doux, mignon. Cette i-acine est-elle iden-
tique avec celle du brct. gogé, plaisanterie,
raillerie, cymr. gog, abondance, ^(v/a», satire,
ou de l'ail. ^a»cA, jeune sot, niais et coucou, ou
du nord, gauka, être fier? Tout cela est diffi-
cile à décider. Le XsXmjcfcus doit rester hors
de ccuse; de même gaudium (étymologie de
Génin). Nous rapportons 1. au sens plaisir,
bonne chère, les moU gogaille, repas joyeux,
être à gogo = être dans l'abondance, gogue^
sorte de mets fi*iand, goguelu, amateur du
plaisir; 2. au sens plaisanterie i gogites* àans
»* être en ses gognes » = être de bonne hu-
meur, d où goguettes, anc. aussi goguenettes,
propos joyeux, etc., gogueymrd, railleur,
anc. gogtteiiette, propos joyeux ; 3. au sens
fier, gogtielu, qui se disait d'une personne
fière de sa lichesse.
G06UE. GOOUELU, GOOUENÂRB, GO-
GUETTE, voy. l'art, préc.
GOINFRE, voy. sous godailler. Le mot ne
serait-il pas tout bonnement une altération
populaire do goiiffrel — D. goinfrer, goin-
frerie,
GOITRE (mot n'apparaissant pas avant lo
XVI» siècle) parait venir du L. giittiir, mais
Paris (Rom., X, 59) observe qu'il faudrait
pour cela une forme intermédiaire giictur. —
D. vfr. goiiron, gititrott, gosier; goitreux,
GOLFE, it., esp., port, goifo; du gr. ^ôlTtoi
(plus tard xo/f 95, cp. it. trofeo de rpoTtaû^^v),
1. sein, giron, 2. golfe. Le mot grec signifiait
aussi fond de la mer, abîme; c'est dans ce sens
qu'il est devenu le primitif du fr. goufre",
gouffre (v. cm); flam. golpe (Kil.) traduit
par lat. gurges.
GOMÊKE, GUMÉNE, câble, it. gomona, go-
mena, esp. gomena, de l'arabe al-gommal, le
câble. Diez doute do l'exactitude do cette déri-
vation.
GOMME, h.gummi,^. xôfjLfii. — D. gommer;
gomme-gutteigutte = L. giUta, goutte). Devic,
cependant, est d'avis que dân^ gomme-giUte le
.second mot n'est que la traduction du premier
et représente le malais gaiah ou ghetah,
gomme, baume (d'où aussi gutta-percha).
GOND, soit du L. contus, croc, épieu, ou
une forme tronquée du L. ancon, pièce de
bois ou de fer coudée, que l'on retrouve dans
le lorrain angon — gond, ou du L. gomphus
(/ôfi-poi\ clou. Cette dernière étym. convient
surtout au prov. gofo, gofon, gond.
GONDOLE, de l'it. gondola. Ce dernier est
un dim. àegonda, m. s., et vient du gr. xovow,
vase à boire, coupe. — D. gondolier.
GONFALON, anc. gonfanon, it. gonfalone.
du vha.gundfano, composé ào. gundja, com-
bat, et de fano, drap, dra^ieau. — D. gonfa-
Ion ter.
GONFLER, xl.gonfiare, du L. con-flare, souf-
fler ensemble (cp. enfler de in- /lare). Diez
cite « intestina conflata »» (Cœlius Aurolius).
GONIN, adroit, fripon, du nom d'un célèbre
escamoteur du temps de François P"^.
GORD, t. do pêcherie; j'estime que c'est lo
même mot que le vfr. goii, saiygour (v. c. m.).
GORET, dimin. du vfr. gorre, gore, tiniie,
esp. gorriti. Pour goitre, Diez compare le
verbe allemand gorren, gun'en, produire lo
son gitrr, grogner, puis le subst. gorre,
jument, rosse. Burguy conjecture une dériva-
tion de la racine vha. et celt. gor, qui signifie
boue, limon, fumier.
GORGE, it., esp., prov. gorga (it. aussi ^or-
gia), ail. giirgel, du L. gurges, goufre. La
connexité entre l'idée cavité, profondeur, et
c«lle do sein, chose rebombée, se retrouve
dans xoirro;. qui a donné à la fois golfe et
gouffre. — L'étymon^wr^e* a été mis en doute
par Meyer et G. Paris (Rom., III, 335, et IX,
332) par la raison que Vo dans gorge est
fermé. — Le lat. gurges, dans sa valeur pri-
mordiale d'abime, tourbillon, est indubitable-
ment le primitif de it. gorgo, prov. et vfr.
gorc, gort, et le fr. mod. gour. Dans les
Cévennes, on nomme gourgo des réser\'oirs
destinés â l'irrigation des terres. — D. do
gorge: gorgerette ; gorgerin ; gorger, remplir
jusqu'à la gorge; dégorger; égorger; engor-
gei' ; regorger ; rengorger.
GORILLIS, nom de singo ; nom donné d'abord
à des femmes velues que les Carthaginois
disent avoir trouvées sur la ct^tc d'Afrique.
GOSIER, dérivé du vfr. gueuse, gorge;
quant à celui-ci, on a invoqué, comme primi-
tif, l'it. go320, gosier (forme tronquée de
gorgo 2 zo), mais ce rapport reste douteux. Le
patois lorrain a gosse signifiant le gosier et
l'estomac dos bêtes qu'on engraisse; en ail.
gosse signifie tuyau, égout. rigole et parait
indépendant du radical des mots romans
cités. — D. s'ègostllcr (dans les trouvères, je
trouve se desgoisier).
GOSSAMPIN, \..gossympinus\^\\Xie, 12,10,
21), esi>èce do cotonnier, extension de gossy-
pium (ysff^wTTcov), m. s.
GOTHIQOE, du nom do peuple Goth.
GOUACHE, voy. gâche)'.
GOUAILLER, railler, plaisanter; wall.
giiaii. D'origine inconnue ; peut-être syncopé
de gqgailler{voj,gogo). — En berrichon notre
mot est synonyme de godailler (cp. gouine =
godine).
GOUDRON, aussi goudran, guitran, it. ca-
trame, port, alcatrào, esp. alquttran, BL.
catarannus, do l'arabe al-qairan, m. s. — D.
goudroitner.
GOUFFRE, p. gonfle, transposition de golfe
(v. c. m.). Du prim. ^o/pc = gurges, le fla-
mand a fait le verbe golpei%,gulpen =^ ingur-
giter. — D. engouffrer.
1. GOUGE, espèce de ciseau creux ou
courbe, prov. mod, gubio, esp. gubia, port.
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GOU
— 249 —
GOU
f/oita; Bngge (Rom., IV, 358) tient lo mot
pour celtique, en alléguant anc. gallois ffUb
(foratorium, rostrum), golbin (rostrum), gal-
lois mod. gylf^gylfin (bec), gaél. gilb, ciseau,
irl. mod. gidbba (« aculeum »•). Le radical
est ^(/6(=gr.yiup<w),qui explique les formes
BL. gitlcia, gulmiim (it. gorbia, sgorbià) et
fr. gouge. Cp. aussi Baist (Ztschr., VI, 118),
qui estime que gouge, au sens de fille, est
identique avec govge, mais sans indiquer le
rapport idéologique qui les relie. — D.
gouge^\
2. GOUGE, n. prov. gougeo, fille, servante
(dans quelques provinces on àîiigoxiye) ; d'après
Huet, du mot judaïque goye, servante chré-
tienne (les Juifs appellent les chrétiens des
goyim, peuples, comme les chrétiens se ser-
vaient du mot gentils pour désigner les
païens); étymologie sujette à caution. C'est do
gouge que vient, goujat^ valet, anc. goujart ;
aussi gouge avait ce sens. — Voy. aussi
gouge 1.
GOUINE, voy. godailler. On a erronément
rapporté couine au vha. quena, &ngl. queen,
m. s., ainsi qu'au v. gaél. coinne, femme. Un
poète tire le mot de la reine Goïue qui trom-
pait son mari et le fit périr pour fuir avec son
amant. — Le masc. gouin désigne un matelot
de mauvais© tenue.
GOUJAT, dial. gouyat, voy. gouge.
1. GOUJON, en patois govion, angl. gud-
genn, it. gobio, du L.gobio, -onis (gr. xw6io;).
2. GOUJON, outil de fer à divers usages;
dans Pahgvaye.gougeon désigne entre autres
des menottes de prisonnier ; Godefroy traduit
le mot (v. gqjon) par « cheville à pointe per-
due •» ; prob. connexe avec gouge 1 . — On dit
aussi gouvion,
GOULE, ancienne forme pour gueule. Delà:
goulée, grosse bouchée ; goulet^ goulette, en-
trée étroite, petit canal, etc. ; goulot, goulotte;
goulu; champ, goulerie, gourmandise; verbe
regouler 's.c, m.).
GOULOT, dim. àa goule [v. c. m.).
GOULU, voy. goule.
GOUPIL, aussi golpil, houpil, mot de l'an-
cienne langue, remplacé par renard (v. cm.),
du L.vulpeculus. — D.goupillerie. Voy.aussi
goupillon.
. GOUPILLE, fiche, cheville, du L. cuspicula,
pointe.
XrOUPILLON. L'étymologie goupil, renard
(donc pr. = queue de renard , généralement
reçue jusqu'ici, est contestée par Paris (Rom.,
XIV, 306); il identifie lo mot avec le vfr.
guespeillon (pr. chasse-guêpes), — Notez,
cependant, que l'ancienne langue présente
aussi guipillon et qu'il se pourrait bien que
les étymologies vulpeculus et guespa se fus-
sent rencontrées dans goupillo7i. — D. gou-
pillonner, nettoyer avec un goupillon.
GOUR. voy. sous gorge.
GOURD, roide, peu agile, esp. , port. ^orc?o,
prov. gort, gros, gras. Du L. gurdus, mot
d'origine espagnole, au dire de Quintilien, et
équivalent de stolidus. Isidore rintcrprètc par
lentus, inutilis ; il faut croire que le sens fon-
cier était gras. Pour le rapport logique entre
gras et sot, cp. le gr. Tra/j; et L. crassus. —
\}.gourdir\ engourdir, dégourdir.
GOURDE, voy. courge.
GOURDIN, de l'it. cordino, corde dont on
frappe les galériens ; métaph. = gros bâton
court; d'après Littré, le mot se trouvant
déjà dans l'ancienne langue, plutôt de Ta^j.
gourd au sons de gros, épais. — D. gouj'-
dîner.
GOURE, drogue falsifiée; d'origine arabe;
Littré indique lo verbe aruho gharr, tromper.
— D. gourer, falsifier.
GOURGANDINE, vers la fin du xvii® siècle,
un vêtement do femme, peu chaste à ce qu'il
semble; c'étiiit un corset ouvert par-devant
qui laissait voir la chemise. Lo nom s'est con-
servé dans la langue pour désigner les femmes
qui ont quelque chose de trop libre dans l'air
ou dans l'ajustement. Le mot parait venir do
gwge; cp. l'anc. ac^. gorgias, qui se disait
d'une personne galamment habillée, vêtue
d'une manière décolletée. — Si réellement
le sens - prostituée » a préexisté, comme lo
suppose Littré, à celui de vêtement, mon éty-
mologie vient à tomber. Littré cite le verbe
normand gourgandir, se livrer à la débauche,
que Le Héricher décompose par gore, prosti-
tuée, -f- gaudir,
GOURMADE, voy. gourmer.
GOURMAND, voy. gourme 1. — D. gour-
mandise.
GOURMANDER, voy. gourmer.
1. GOURME, matière visqueuse que les
jeunes chevaux évacuent par les naseaux;
croûtes de lait. D'origine incertaine. Diez
cite le nord, gormr, bourbe, limon (de gor,
fumier), angl. (dial.) gorm et grom, salir,
berrichon eau gourmie, eau stagnante. Che-
vallet mentionne lo mot gor de différents
idiomes celtiques, signifiant pus ou pustule.
A cette idée de malpropreté, de bave ou de
salive, se rattache aussi le rouchi gourmei\
humer, siroter. C'est de ce dernier que se dé-
duisent le plus naturellement les mots gour-
met (v. c. m.), gourmand, et norm. gourma-
cher, manger malproprement. Grandgagnago
traite le gourmet avec un peu plus d'égards et
conjecture (avec un point d'interrogation),
comme radical du wall.^oi<rm<?ii = gourmet,
le holl. geur, odeur, dial. d'Aix-la-Chapelle
githry saveui* de la viande, bouquet du vin.
Mais la lettre m resterait inexpliquée et je
pense que l'étymologie de Diez doit l'emporter;
je ne sais si, pour appuyer cette relation entix»
les idées bourbe, bave et gourmet, je puis
rapprocher le terme allemand schlûmmer,
goinfre, que certaines acceptions m'engagent
à déduire de schlamm, bourbe.
2. GOURME', dans « gourme do chambre»»,
un des bas-officiers de la maison des ducs de
Bretagne ; c'est l'angl. groom ou flam. grom
(Kil.) transposé. L'ancienne langue disait aussi
gromme, dim. gromet = valet, serviteur.
L'esp. sigy*umete p. mousse, garçon do bord;
c'est évidemment le même mot. Cependant,
Diez, en citant ^ows grumo, mot esp. signi-
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GOU
— 2S0
GRA
fiant monceau. Vit. grumolo, cœur du chou,
y retrouve la même métaphore, sur laquelle
nous l'avons vu tant insister en faisant l'ét}'
mologie de garçon (voy. gars). Les Portugais
appellent dans leurs colonies grometos les
valets nègres gagés sans être esclaves.
3. GOURMS, roideur, gravité affectée, voy.
gourmette.
60URMSR, 1. mettre la gourmette à un
cheval, voy , gourtmeite ; — 2. battre à coups
do poing, d'où goxirmade; ']q ne mexplique
j)as l'origine du mot dans cette acception ; —
3. maltraiter, critiquer sévèrement; c'est une
aceeption adoucie de la précédente; de là
goitrmander; — 4. afiecter un air raide, de
gourme 3.
GOURMET, voy. gourme 1 . Avant de signi-
fier friand,gourmand, ce mot signifiait, comme
il signifie encore (c'est même la seule signifi-
cation que lui assigne TÂcadémie), dégusteur
de vins. Cela confirme en quelque sorte l'éty-
mologio posée à Tarticlo gourme l,et l'étroite
relation de ce mot avec 1ô rouchi //ounner,
humer, siroter. On connaît l'opération buc-
cale et gutturale (si je puis m*exprimer ainsi)
qui caractérise la dégustation du vin. Littré
rattache gourmet à gourme 2. par le sens
intermédiaire, « garçon d'un marchand de
vin ». Je doute que gourmet ait signifié par
excellence un valet de marchand de vin et
que ce valet ait eu la charge de déguster
les vins.
GOURMETTE d'un cheval; dimin. àegourme,
inusité dans ce sens; de ce dernier vient aussi
gourmer un cheval, lui mettre la gourmette ;
part, ^owrm^, fig. roide dans son maintien
comme un cheval gourmé (l'anglais dit de
même curbed au fig.); de cette acception
figurée se dégage le subst. gourme^ roideur,
gravité. Quant à l'origine àe gourme" et gour-
mette, le P. Labbe pensait qu'ils venaient de
gourme^ bave (cp. bavette, bavoîet); mais il se
trompait. La forme bretonne gromm = gour-
mette, combinée avec la dénomination anglaise
curb, engage à rapporter le mot au radical
celtique ou germanique krom, courbe. Effec-
tivement, la gourmette, accrochée aux deux
côtés du mors, forme une courbe au-dessous
de la ganache du cheval.
GOUSPILLER. variété de houspiller,
G0U8PIN, polisson, t. pop.; selon Littré,
de gousse-pain igousser » manger, xvi*^ siè-
cle).
GOUSSANT, goussaut, lourd, trapu; du
BL. gossus, chien-mâtin?
GOUSSE, it. gusciOy à Milan ^w*5 et gussa,
dans les Romagnes goss et gossa. Lorigine
de ce vocable roman n'est pas encore tirée au
clair. Diez cite unmotlat infoime gallicictola,
expliqué par Placide par ** cortex nucis ju-
glandis ». ; il le suppose mal écrit pour gaUi-
ciola; ce diminutif renverrait à un primitif
gallicia, qui équivaudrait à «« nux gallica » ,
et qui aurait pu se transformer en it. galcia,
gai scia y guscio, et en fr. gausse, gousse C'est
là, on le voit, une conjecture émise en déses-
poir de cause. D'autres coiyectures pourront
avec autant de raison se porter sur Vdïl.hûlse,
flam. hulsche iJ^iXmeïii siliqua, calyx,utricu-
lus), et je n1i6site pas, jusqu'à meilleure infor-
mation, à identifier gousse (au sens général
d'enveloppe) avec housse, et à y voir nine
modification de forme analogue à celle do
gouspiller pour houspiller. Du reste, le ger-
manique h permute parfois avec g en roman
(voy. Diez, Gramm., éd. franc., I, 297-298).
— De gousse vïont gousset, creux de l'aisselle
(par extension la mauvaise odeur qui en sort),
puis petite bourse portée d'abord sous l'ais-
selle.
GOUSSET, voy. gousse,
GOUT, goust', du L. gustus. — D. goi'Uer,
L. gustare (l'acception « faire un léger repas»
était déjà propre au mot latin : Plin. Ep. 6,
16, 5 : deinde gustabat dormiebatque mini-
mum). — D. goûter, subst. ; composés : dé-
goûter; ragoûter.
GOUTTE, it gotta, esp., port, gota, du L.
gutta. La maladie de ce nom était attribuée
à certaines gouttes d'une humeur viciée qui
arrivaient aux articulations. On sait que
goutte, exprimant une chose menue, a servi
comme mie, pas, point, à renforcer la néga-
tion ne; cette valeur nous est restée dans ne
voir goutte. — D. gouttelette, goutteux,
gouttier , gouttière, goutter, égoutter, dé-
goutta\
GOUVERNER, L. gubemare. — D. gou-
verne, règle, conduite ; gouvernement, gouver-
neur, L. gubemator; gouvernante, gouver-
nail, L. gubernaculum.
GRAâL ^saint). prov. gravai, BL. gradalis,
Diez conjecture l'étymologie cratus, forme
BL. p. crater.
GRABAT, L. grabalus (x/jàSar^;).
GRABEAU, subst. verbal de grabeler, dé-
mêler, éplucher, examiner; de là le sens de
petit morceau, menu fragment et celui de
discussion, scnitin. Voy. l'art, suiv.
GRABUGE, micmac, désordre, querelle, La
terminaison engageait à tort feu Cachet à
considérer ce mol comme une forme accessoire
do gabegie. Nous rencontrons, avec le sens de
désordre, confusion, la même racine grab ou
garb dans les vieux mots grabeler' (d'où gra-
beau, V. c. m.), grabouiller ou garbouiller,
brouiller, d'oix grabouil, it. garbuglio; on di-
sait autrefois être en grabouil avec qqn. p. être
brouillé avec lui. Je n'hésite donc pas à rat-
tacher au même groupe notre mot grabuge ot
à voir dans le radical grab, soit l'ail, graben,
creuser, fouiller, soit le néerl. krabbelen,
gratter, et fig. écrire ou peindre d'une manière
confuse ; cp. en fr. le terme fouillis de fouil-
ler. Je suppose qu'il a existé ou existe encore
dans quelque coin de l'Italie une forme gra-
bugia, qui serait le type immédiat de gra-
buge, car la terminaison uge n'est pas du cru
français, et d'ailleurs le mot fr. parait être
d'une introduction assez récente ^cp. en it. le
subst, grattugia, grattoir, râpe, en vfr. gra-
tuise). Le prov. grahusa (p. gra-usa), m. s.,
est l'effet d'une syncope de la médiale b ; c'est
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GRA
— 251
GRA
le primitif du vfr. grahuse greiise (dans le
Jura greuse)^ querelle, dispute.
ORAGE, L. gratia (de gratiis, agréable). —
D. gracier^ faire grâce, gracieux^ L. gratio-
sus, d'où gracieuseté et gracieuser ; opp,
disgrâce, disgracieux, disgracier, composés
modernes.
GRACILITÉ, L. graciîitas. — Ladj. gréle
est le L. gracilis, mais la pruderie française
s'est refusée à sanctionner le bon vieux mot
grêleté,
GRADATION, L. gradatio (gradus).
GRADE, L. gradus. Voy. aussi degré. —
D. gradin ; grader, conférer un grade ; opp.
dégrader; graduel; graduer, diviser en
degrés.
GRADINS, ciseau dentelé du sculpteur;
d'origine inconnue. Le mot tient -il à vfr.
grater, ou à crates (qui est au fond de^nï), ou
à l'ail, grat, arête 1 — D. gradiner,
GRADUEL, voy. grade. Le terme ecclé-
siastique vient du BL. gradus, qui signifiait
la partie de l'église (plus élevée) où se chan-
taient l'Evangile et les leçons de l'Ecriture
sainte. L^ntype gradalis a donné le vfr. graël,
greel.
GRAILLER, sonner du cor, de graille',
trompette (voy. greille).
GRAILLON, en picard ^ gratin, me semble
être une contraction àe gratiUon, donc pr. ce
que l'on gratte au fond de la marmite ; de là
loxpression •• sentir le graillon *». D'après
Littré, àa graille, ancienne forme àa grille, —
Le mot s'emploie aussi pour restes ou rognures
des marbres.
GRAIN, L. granum; le pluriel grana a
donné \efem. graine, semence. Au ûg., grain
exprime une petite quantité. — « Il n'est pas
sur, dit Littré, que grain, au sens d'orage,
soit le même mot que^ram de blé ; cependant
on peut concevoir que cet orage ait été appelé
un grain, à cause des grains de grêle et des
gouttes de pluie qu'il verse. »» — D. grainer
et grener; grenette ; grainier ; grenit^r, L.
granarium ; grange {v. cm.); graiyiu, grenu ;
composés : égrener, eiigrener (v. c. m.).
GRAINE, voy. grain. — D. grenaille.
GRAISSE, subst. de gras (w c. m.). — D.
graisseux; graisser, engraisser (TertuUien
incrassare), dégraisser.
GRAISSET, aussi gresset, petite grenouille
verte. D'où ? Chevallet fait venir, sans qu'on
puisse s'en rendre compte, le mot graisset de
l'ail, ^nm, vert; c'est vouloir lutter en fait
de hardiesse avec Ménage, qui avait au moin*»
le talent d'inventer des intermédiaires. Selon
d'autres, graisset pourrait tirer son nom de
ce qu'il a la faculté de monter le long des
corps les plus lisses ou graisseux ; ce qui me
parait forcé. Comme l'ail- dit, à cAté de laub-
frosch (grenouille de feuillage), aussi gra^-
frosch, on serait tout aussi autorisé à penser
à l'ail, gras, herbe, ou plutôt à l'angl. grass.
GRAMEN, mot latin = gazon. — D.grami-
née, L. gramineus,
GRAMMAIRE 1. masc, vfr. = gramma-
ticus, grammairien ; 2. fém., =arsgramma-
tica, science des lettres. Pour l'étymologie du
mot, la plus simple parait être do prendre
pour type une forme lat. grammanus, mais
cette forme pécherait contre les règles et,
en outre, on n'en trouve aucune trace. De
toute façon, aussi bien pour le prov. gramâdi
(grammairien) et grojfnaXge (grammaire), que
pour grammaire (prov. gramaira), il faut
partir du lat. gr ammati eus, CctiQÎovmQ gram-
maire s'en est produite par le même procédé
qui a fait naître l'afr. mire (médecin) de medi-
eus, vfr. daumaire de dalmaticus, et qui con-
siste dans l'insertion d'un r dans une forme
antérieure en aie (gramaie). Cette théorie de
Vr intercalé dans des coiyonctures analogues,
soutenue par Tobler (voy., pour notre cas,
Rom., II, 244), est combattue par G. Paris
(Rom., VI, 132); pour celui-ci, gramaire dé-
coule direct, de gramàrie, mais cette forme-
ci est issue, par l'intermédiaire de gramàlie,
de gramddie. Cette gradation de formes est
savamment démontrée par le prof, de Paris,
mais, bien que patronnée aussi par Mussafîa,
je n'oserais affirmer que cette manière de
voir détruise péremptoirement le raisonnement
de Tobler. — D. grammairien,
GRAMMATICAL, mot savant tiré de gram-
maticus, cx)mme musical de musicus.
ORAMMATISTE, L. grammaUsla (Suét.) =»
gr. ypTifAuxTliTtii, maitre d'école, de ypx/ifia-
rfjîiv, enseigner les ypkfifjLxrx (lettres, élé-
ments).
GRAMME, gr.ypàfiuLX, scnipulo valant deux
oboles.
GRAND, L. grandis. — D. grandeur; de
la forme esp. grandezza nous avons fr. gran-
desse, titre d'honneur (l'ancienne langue em-
ployait toutefois aussi la forme grandece avec
la même valeur que grandeur) ; grandir, sens
neutre, L. grandire, d'où le factitifa^ra^irftr;
de l'it. grandioso : fr. grandiose; superlatif
grandissime, L. grandissimus ; grandelet;
grand-père, grancfmâre. Les expressions
grand' mère, grand route, grande messe, da-
tent d'une époque où l'adj. grand n'avait pas
encore de forme féminine ; elles ne .sont donc
en aucune manière irréguliôres et l'apostrophe
est un signe inutile, une trace d'ignorance
relativement aux règles de la vieille langue.
— Notre diàsQvhQ grandement est, par adap-
tation à la règle moderne, une transformation
de la forme ancienne et seule correcte gram-
ment, conservée par les patois.
GRANGE, esp., port., prov. granja, du BL.
granea, lieu pour battre le grain. Le vfr.
granche et prov. granga, m. s., accusent pour
type le BL. granica, forme concurrente de
granea. — D. granger, engranger.
GRANIT (de l'it. granito, m. s., pr. t=
grenu) ; cette roche tire son nom des grains
ou petites taches qui la caractérisent.
GRANULE, L.granulum, dim. de granum.
— D. granuhntx; granuler.
-GRAPHIE, dans les compositions telles que
bibliographie, géographie, etc., équivaut à
description, et correspond au grec -y/sjcf (a (qui
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GRA
— 252 —
GRA
ne se trouve de môme qu'en composition),
dérivé de -y/sàvoç, = qui écrit. Les mots ter-
minés en -graphie sont tous corrélatifs à un
terme masculin en -ffraphe^ désignant la per-
sonne qui s'ocx'upe de la chose qu'ils expri-
ment, ainsi qu'à un adjectif en 'graphique^
rendant le grec -yi»yi/o;. — Beaucoup do
composés modernes de la nature de ceux dont
nous parlons n'expriment pas précisément une
idée de description, mais celle d'écrire, de
tracer, de graver, signification première du
gi\ y.câçiiv : tels sont îithoffraj)Jne, chalco-
f/rap)iie, photof/raphie, etc. — OHhograpîic p.
orthof/raphie n'est pas contre lo génie de la
langue ; cp. yratia-gràce, iuxtiria-luxure ; la
forme témoigne do l'ancienneté de son usage
et de l'accentuation orthographia de l'origi-
nal latin.
GRAPHIQUE, grec yf^u-^i^éi (v/^à^w), relatif
à l'écriture ou au dessin.
GRAPPS, grains ou fleurs attachés en bou-
quets à une petite branche (en champ, le mot
se dit aussi métaphoriquement pour ulcère,
pustule), it. grappo, grappolo; en vfr., et
encore dans certains patois, on trouve crape ;
cp. néerl. grappe, krappe, angl. grape. Par
l'idée «accroché, attaché *», ce mot se range
sous la même famille que Fit. grappa^ esp. ,
prov. grapa, vfr grappe^ == crampon, cro-
chet, et se rattache ainsi au vha. krapfo,
crochet (voy. agrafe)"). — D. grappcler, grap-
piller, grappilton, grappu^cgrapper.
GRAPPIN, du vfr. gi'appc^ crochet, cram-
pon (voy. grappe), — D. grappiner.
GRAS, vfr. cras (de même en wali , en rou-
chi et en picard), it. grasso, es^.graso, port.
graxo, prov. gras, du L. crassits, hL.grassus
(voy. aussi crasse). — D. graisse (v. c. m.),
gratset, grassouillet, grasseyer.
GRATSRON, de gratter, à cause de la qua-
lité de s'accrocher propre aux diverses plantes
de ce nom.
GRATICULER, terme de peinture, W.grati-
colare, du L. cratiada, petit gril ; la toile
graticulée, par sa division en petits carrés,
ressemble à un gril.
GRATIFIER, L. gratificari, accorder une
faveur. — \y, gratification.
GRATIN. Nicot : « le demourant de la
lx>uillie des petits enfants qui demeure en la
l>aëlle ; il vient do g^^aier, car on baille aux
autres i>etits du pain \\o\\v grater et amasser
ce gratin, » Pour être naive et presque un \ie-
tit tableau de genre, cette définition n'en est
pas moins juste. — D. gratiner.
GRATIS, mot latin = gratuitement.
GRATITUDE, L. gratitudo (gratus).
GRATTE, dim. gratte! le, voy. gratte?-.
GRATTER, it. grattare, esp., \wov.gratar,
BL. (loi des Frisons), cratare; du vha. chra-
son, ail. mod. hratsen, suéd. kratta, angl.
grate, m. s. I^ngensicpen a émis la singu-
lière conjecture d'après laquelle gratter re-
pré.sente une contraction du L. corraptare;
c'est lA. nous semblc-t-il, de la sagacité mal
employée, car il ne nous dit pas ce qui a pu
lui rendi'e suspecte la dérivation germanique.
— D. gr(U\ fumier (pr. lieu où les poules
grattent) ; gratte, grattoir; gratin (y. c. m.) ;
gratielle, => gale, cp. le terme ail. kràtze;
gratigner, d'où t^gratigner. Notez encore
gratie-cul, fruit de léglantier, expression po-
pulaire se rapportant à la plaisanterie qui
consiste à fourrer ces graines à bourre pi-
quante dans le lit.
GRATUIT, L. gratuitus (gratis). — D. gra-
tuite, mot mal formé ; nulle part ailleurs on
ne trouve un suffixe é |X)ur faire un subst. fé-
minin.
1. GRAVE*, .subst., auj. grèr^e, rive plate et
sablonneuse, anc. = gros sable, petit caillou.
Cp. prov., cat. grata, caillou, grison graxa,
greta, plaine de sable, vénitien ^ai?a, lit d'un
torrent. 11 faut sans doute ranger ici aussi le
champ, crau, champ de pierre, et le vfr. grae,
groe, groi, roc. rocher. L'origine do ce mot
est celtique : Cornouaille grou, sable (pré-
suppose une forme antérieure grau), breton
grotian, gravier, cymr. gro, gravier, plur.
gracel. Les dérivés de gy^ave sont : gravier,
autr. = terre abondante en gros sable, puis
*=s gros sable; gravois^ gravais (type latin
gravensis) ; gratelle, pr. sable, puis le nom de
la maladie que l'on appelle aussi la pierre ou
le calcul ; engraver = ensabler. — Le même
mot a donné le nom au vin de Grave, pr. le
vin des terrains caillouteux de la banlieue de
Bordeaux. Voy. aussi grince.
2. GRAVE, ac^., L.gracis, pr. pesant. Sauf
le terme de physique « las corps graves n, le
mot ne s'emploie plus qu'au figuré p. qui a
du i>oids, de l'autorité, de la considération, etc.
Il appartient à la couche savante de la lan-
gue; la vraie forme française est /5m>/'(v. c.
m.). — D. gravite, L. gravitas; graviter, pe-
ser vers un ])oint. Voy. aussi rengréger.
GRAVELET, grimpercau, voy. gravir.
GRAVELEUX, voy. l'art, suiv.
GRAVELLE, voy. grave 1. — D. gravelé
(•• cendres gravelé^ ») ; graveleux, 1 . mêlé de
gravier, 2. relatif à ou aflecté de la maladie
dite gravelle, 3. au fig., libre, peu décent.
Comment expliquer cette acception figurée
àe graveleux et du subst. graveluref On dit
que l'on a appelé un conte « gi*aveleux *» parce
que le récit cause autant d'embarras que si
on avait du gravier dans la bouche ou parce
qu'il fait sur l'esprit le même effet qu'un gra-
vier qu'on rencontre. Il est curieux que deux
termes opposés, graveleux (pierreux) et lu-
brique (glissant), soient venus à exprimer la
même chose dans leur sens figuré. Cp. aussi
le terme croustillcux.
GRAVER, de l'ail, grahen, néerl. graven,
creuser, buriner. — D. graveur, gravure.
GRAVIER, voy. grave 1 .
GRAVIR; pour Diez, l'it. gradire, monter
par degrés (du L. gradus), donne la clef de
l'étymologie de ce mot. Gradire aurait
d'abord fait gra-ïr, puis, par l'insertion habi-
tnellede v, destinée à faire disparaître l'hiatus,
gravir (cp. emblavei% pouvoir). — Je ne puis
me ranger à cette opinion ; lo sens foncier
étant s'accrocher, ramper, grimper ; il serait
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GRE
— 253
GRE
difficile de le détacher de la racine germanique
qui a donné l'angl. grah^ saisir, empoigner,
ail. grabeln, ramper en tâtonnant, et beau-
coup d'autres formes avec g ou k initial. — 11
se peut que gratir (en patois on dit aussi
graoer et gravouillei") soit directement dérivé
de vfr. grau (griffe), comme ramper* (anc. =
gravir; de 'rampa, griffe. C'est à notre mot
que se rattache le nom d'oiseau gravelet, gra-
visset, 'isson = griinpereau.
GRAVITÉ, CRAVITBR, voy. grave S,
GRAVOIS, voy. grave \. — D. clégra-
toyci\
GRÉ, subst., prov. grat, it., port., esp.
grado, du h.gratum, pr. ce qui est agréable,
traité en BL. avec la valeur du subst abstrait
graiiay fr. gràce^ équivalant aussi à bon vou-
loir, disposition favorable, reconnaissance,
puis aussi volonté en général, do sorte qu'il
a pu être question autant d'un mal gré «pie
d'un bon gré. Le mal gré -.^ mauvais gré,
nous est restx3 dans la pi'éposition malgré,
anc. maugréa à contre-cœur, en dépit, et le
verbe maugréer, — D. agréer (v. c. m.), litt.
= prendre à gré, avec plaisir.
GRÈBE, oiseau aquatique ; selon Devic. du
gr. mod. '/tx^iy le même oiseau qui s'appelle
gabian en Provence.
GREC, L.grœcus (du gr. ypav/.ôi). — D. grec-
que, t. d'architecture; grécité, gréciser. —
Du même primitif relèvent : grégal, dans
M vent grégal » ; grégeois, dans «« feu gré-
geois «; cet a4j. se trouve aussi dans Tan
cienne langue sous les formes gregois, gri-
gois, griegois, grezois, et correspond au v.
cat. greguesc, prov. gresesc greseis. On en
fait aussi venir le feu grisou des houillères ;
ce serait, pense-t-on, une forme wallonnisée
de feu grégeoii,
1. GREDIN, gueux. Ménage pensait que ce
mot vient des valets qui sont de garde sur le
degré (sur les gradins) de la chambre de leurs
maîtres ; de cette simple conjecture, Roquefort,
Bescherelle et Corblet ont fait une assertion
scientifique. D'après Diez, gredin (pic. guer-
din, lorr. gordin) est un dérivé do ï'it.gretto,
avarice, mesquinerie, lecpiel est connexe avec
le mha. grit, avidité. Comparez ^oih. gredus,
faim, nord, gràd, avidité, angl. grecd, faim,
avidité, d'où l'acy.^rcec^y, gourmand, rapace.
Pour ma part, je préfère rattacher gredin
directement au v. flam. gi'ete, avidité, d'où
Ta^j. gretigh, interprété par Kiliaen : avidus,
appetens, vorax,ce qui s'accorde parfaitement
avec le sens de fr. gredin. — D. gredinerie,
2. GREDIN, -INE, petit chien à longs poils.
D'où? Connexe avec vfr. gredillé, crôjié, frisé?
GRÉER, voy. agri^s. — D. gréenr, grée-
ment,
1. GREFFE, subst. masc., ropi^sente, dans
son acception actuelle, le subst. verbal d'un
verbe greffer, écrire (BL. graphiare); celui-
ci, à son tour, est dérivé d'un ancien subst.
grafe, greffe, prov. gra/f, style, poinçon
servant à écrire ou à buriner. Toutes ces
formes i-épondcnt au h.graphium, gr.y^iptîv.
— D. greffier, BL. graphiarius = notarius,
scriba.
2. GREFFE, subst. fém., terme de jardi-
nage; c'est le subst. verbal àa greffer (angl.
graff). Ce verbe est étymologiquement le
même que celui mentionné à l'art, préc., et
qui signifie, par sa dérivation, aussi bien
buriner, faire une incision, qu'écrire. Greffe,
comme nom de l'opération greffer, émane di-
rectement du verbe ; mais en tant que signi-
fiant un objet concret, savoir la petite branche
même que l'on greffe, le mot est le même que
grafe, greffe, style, poinçon, d'où dérive le
verbe (cp. en esp. mugron, marcotte, du L.
mucro, pointe). Dans las deux articles nous
avons donc l'enchaînement logique suivant :
greffe, instrument, greffes* , oiv^rer avec cet
instrument, ^\\\i^ greffe, nom de roi)ération ou
du lieu où elle se fait.
GREFFER, voy. l'art, préc. — D. greffoir,
GREFFIER, voy. greffe 1.
GRÉGE, dans « soie grégc ^ (aussi gâté en
gri^3e)\ l'it. dit sela greggia. Cet adj. greggio
(aussi grezio), d'où vient dir. le fr. grège,
signifie : brut, qui n'est jms travaillé. On
n'en connaît pas l'origine. — L'ét. L. agrestis
(d'où grezso en premier lieu), proposée par
Caix (Studi di etim. ital. e romanza, n® 39) est
avec raison mise en doute par Paris (Rom.,
VIII, 618). — I^ rapprochement de l'it.
anéantit l'étym. de Frisch,qui proposait l'ail.
werg, étoupe, d'où, selon lui, d'abord //tem/r,
puis, par transjx>sition de la liquide, grège,
GRÉGEOIS, voy. grec,
GRÉGUE, culotte; d'après Ménage, du L.
grœcus; ce seraient pr. des culottes à la grec-
que (H. Estienne : chausses à la greguesque).
— Cette étym. -est fautive : selon Schuchardt
(Ztschr. IV, 149; le mot appartient à l'élément
celtique : cymr. gwrag, gvorcgys, corn, gru-
gis,grygis. Ces formes répondent au type pri-
mordial vrajc, qui est aussi la source du gallo-
romain braca, fr. braie, 11 y a affinité radi-
cale entre tous ces vocables et le gr. /c^j/vv^ut
(rompre), ^âxo;, ^/sixo; (lambeau).
GREILLE, vfr. graille^ grelle, anc. = in-
strument à son aigu; do l'adj. vfr. graile, auj.
grêle (v. c. m.). Cp. clairon, de clair,
1. GRELE, adjectif, vfr. graile, graille,
graisle, prov. graile, mince, menu, en par-
lant de la voix = faible ou aigu (cp. l'ail.
grell, mot qui a Tair d'être tiré du roman,
mais qui ne l'est peut-être pas). Du L. gra-
cilis, graclis (cp. frêle de fragilis),
2. GRELE, gresle', swhit,, forme dimin. du
prov. greza, gressa, dérivé ào grès, pierre.
La grêle signifie doncpr. petit caillou. Cp. en
ail. AiCdc/ii, grêler, de kies, caillou. Un autre
diminutif de grès, à forme masculine, est le
mot fr. grésil, pvov.grazil. Ducange déduisait
à tort greslede gracilis, « quod minutatim ca-
dat grande ". — D. grêler (notez Xq\^v, grêlé
= marqué de la iKîtite vérole), grêlon; gre-
let, marteau de maçon.
GRELIN, t. de marine, espèco de cordage;
de l'ail. /7r<î/iH//, dont l'origine m'est inconnue.
GRELOT; on a pi-oposé diverses étymologies
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GRË
254 —
GHI
pour ce mot, savoir : 1. l'insîtrument appelé
greîlc (voy. greille)\ 2. L. crotalum, cli-
quettes, C44stagnettes, qui a pu, en effet, se
franciser par groël ^ ffréel , grel ; 3. le subst.
grêle, en tant que signifiant pierrette. Il se-
rait permis, vu le terme de blason grillet,
grillot , griUctte = grelot, de penser à grille.
L'idée de claquer, cliquer, inhérente à crota-
lum, revient dans le terme ^re/o«er, trembler
de froid, pr. claquer des dentés.
GRELOTTER, voy. lart. préc.
6RÉHIAL, du L. grendum, giron.
GRÉMIL, genre de plantes, selon Ménage,
de grarium milii, Nicot consigne pour la
même plante la forme greiiil, qu'il explique
par granillum, petit grain.
GRENADE, prov. granada, du L. granata,
plur. de granatum sous-entendu maliim,
pomme à grains. — D. grenadier, arbre qui
porto les grenades; grenadille. Du sing.
L. granatum vient le terme greiiai, nom
d'une pierre précieuse, de couleur rouge. Le
mot grenade^ dans son accejition de petit bou-
let creux que l'on remplit de poudre, a donné
grenadier, dénomination donnée primitive-
ment à un corps de fantassins créé pour lan-
cer des grenades.
GRENADIER, voy. l'art ' préc. — D. grena-
dière.
GRENAILLE, voj,gi'aiii. — \),grenaillet\
GRENAISON. voy. grain,
GRENAT, voy. grenade. — D. grenatique.
GRENER, voy. grain. — D. greneler; gre-
iieter.
GRENETER, voj.grener. — D.grenctis.
GRENIER, voy. grain.
GRENOUILLE, vfr. renouille, prov. grano-
Iha, it. ranocchia; du L. ramicula, \t.ranun'
cula, diminutif de rana (le simple rana se
trouve encore dans les patois sous les formes
raine, ranc, etc.). Pour le g initial para-
gogique, op. ït. gracimolo =^ racimolo, grappe
de raisin, fr. ginblette et autres. — D. gi'e-
nouiller, greiiouillèi'e, gi'enotiillette,
GRENU, voy. gy^ain.
GR£S, pierre formée par l'agrégation do
petits grains de sable, BL, gresum ; du vha.
gries,grio3, ail. mod. gries, pr. chose cassée
en dragées, gravier, gruau. De là : grêle, gré-
sil (voy, grêle) ; gresière, gresserie. De grès
vient également l'instrument du vitrier appelé
gresoir, in.strument qui sert à égniger les
extrémités d'un carreau de vcitc, ainsi que
les termes groison, craie blanche pulvérisée,
dont les mégissiers se servent ix)ur prépa-
rer le parchemin et gnnsil, rognures de
cristal.
GRÉSIL, voy. grêle. — D. grêsillei\
GRÉSILLER, détcnnincr un plissement, un
racornissement, prov. grazilhar; de la forme
prov. grasilh, gril ; grésiller est donc au fond
le morne mot que griller. NiOot porte gredil-
1er, ce qui appuie une étym*. par a-atimlare.
GRÉSOIR, voy. grès.
GRÏSSET, voy. graisset.
GRÈVE, voy. gt^av^ 1. On sait que la place
de la Grèce, a Paris, tire son nom de sa situa-
tion sur le bord ou la gi-èce de la Seine.
Comme c'était là que les ouvriers, ayant cessé
leur travail |)our des griefs quelconques,
avaient coutume de se rassembler, se sont
produites les expressions se tenir ou se mettre
en grève, faire gr. et finalement le subst.
grève = cessation de travail, coalition d'ou-
vriers. N'était cette origine historique et toute
moderne, on serait tenté de ramener le mot
au lat. grava^-i, éprouver du malaise, se plain-
dre (d'où aussi grief). — D. gréviste,
GREVER, du L. gr avare, m. s. — D. dé-
grever.
GRIBLBTTE, modification de rihlelte,
GRIBOUILLER, = grabouiller, voy. gra-
buge. Pour le rapport entre les radicaux ^roô
etgi'ib, cp. claquer et cliquer ; en ail. krai-
3en, gratter, et kritzen, aiy. hritzeln, gri-
bouiller, flam. krabbelen et kribbelen, angl.
sa'able et scrible.
GRIÉGHE, dans pie-grièche, ortie-giièchc.
Les différents dictionnaires dont je suis en-
touré définissent cet adjectif, les uns par rude,
piquant, les autres par sauvage, d'autres en-
core par bariolé. Pour tenter une étymologie,
il faudrait d'abord être d'accord sur le sens.
En attendant des renseignements positifs à
cet égard, je penche pour le sens « bariolé »»,
l>arce que l'ail, traduit pie-grièche ymv bunt-
spccht, l'angl. par speckled magpic. Quant à
l'étymologie, il faudra s'en tenir à celle de
grœcus, indiquée déjà par Brunetto Latini et
O. de Serres, quoiqu'elle ne se justifie pas par
le sens; l'angl. dit pour ortie-griôche greek
nettle, et Y ortie grecque est en effet un terme
de botaniste.
GRIEF, gref , fém. grève, griève, anc. adj.,
t— jH^nible, dangereux, grave, i t. //rrr^?, prov
greu; du L. grai^is. L'adj. a dégagé le .subst.
grief, chose qui pèse, qui peine, et (pli par là
devient l'objet d'une plainte; l'ail, dit de même
bcschwerde, grief, de Tadj. schtoer, pesant,
pénible; cp. xfr.pesance, souci, peine. — D.
vfr. greger (cp. alléger do levis), d'où nous
est VGsté engrégei', rengréger; swhst.grièveté,
qui fait double emploi avec le terme savant
gravité. (Quand nous disons double emploi
dans des eus comme celui-ci, cela ne veut pas
dire que nous méconnaissions les nuances jmr
lesquelles on a, dans l'usage, différencié les
deux termes.)
GRIFFE, verbe g^^'/pT; du vha. grif, saisie
(au moyen âge aussi = griffe, serre), subst.
verb. du vha. grifan, ail. mod. greifcn, sai-
sir. — Le subst. gripe, p. grifje et le verbe
gri^rper empoigner, saisir, se rattachent aux
variétés goth. greipan, ags' gripan, néerl.
g7*ijpen, m. s. — D. gnffhn, qui écrit mal,
comme avec des gi-iffes ; s\tgriffer, s'attacher
avec ses griffes.
1. GRIFFON, oiseau, it. griffn, grifone,
esp. grifo, ])rov. grifô, du L. griphus (y/JÛj,
grifl'on, y&\j'::6i, crochu). Du même primitif
viennent les noms d'oi.seau, griffard, griffet.
2. GRIFFON, qui écrit mal, voy. griffe. —
D. griffonner, -âge,
GRIGNON, partie de la croûte du pain où il
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GRI
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GHI
est le plus cuit. Ce mot, d'après Dicz, est
formé de graignon, comme chignon de chai-
gnon^ et vient du L. granum^ grain. La
croûte serait la partie grenue du pain. Le
philologue allemand fonde sa conjecture sur
l'existence du n. prov. grignoun^ le pépin d'un
raisin (cp. gtngnoulé, sorte de raisin), qui
vient du même primitif. Ce qui lui vient en
aide, c'est que grignon sigmfie (ou signifiait)
aussi les croûtes et les morceaux de pain qui
restent d'un repas, ainsi que biscuit de mer
en morceaux. Le mot est directement issu de
grigne (p. graigne), encore en usage en Nor-
mandie ; de ce gngne se sont produits : pic.
grigneltes, croûtes graveleuses de pain» et le
verbe grignoter, croustiller, manger en ron-
geant; on disait aussi grignomier. Diez rejette
formellement les étymologies tirées du L.
ringi, grincer les dents, ou de Tall. rinde ou
grvidy croûte. Chevallet rattache grignoter
au breton krina, ronger; Littré, ^grigner,
en Berry = grincer les dents (du s\\2i,grinan,
m. s.).
GRIGNOTER, voy. l'art, préc.
GRIGOU, pingre, avare, selon l'opinion
reçue, àegrœcus, csX.greg, es^.griego, i)ort
grego, Cp. pour la terminaison le terme de
marine grégou, vent grec. — Le rapport du
radical avec grec reste douteux. Quant à la
finale, elle rappelle celle de filou, gahelou,
voyou et est de création populaire, son origine
est problématique; pour les uns, elle est -=
fr. eur, eu, pour les autres, BL. ulfus (ail.
olf, ulf), qui est dans (loup) -garou, guille-
dou (v. c. m.).
GRIL, voy. grille,
GRILLE, vfr. graille, graille (t p. ai, cp.
chignon, grignon)\ du L. craticula, BL. gra-
iicula, dimin. de cratcs. Ce dernier a laissé
les formes it., esp. grada, port, grade, =^
grille, dimin. it. gradella, treillis, réservoir
de poissons, angl. graie, gril, grille. La
forme masc. gril répond au vfr. graïl = L.
croJticulus. — li, griller 1. faire cuire sur le
gril, brûler subitement par une chaleur vive,
de là grillade ; 2. fermer avec une grille ; de
là gHllage.
GRILLBT, GRILLOT. voy. sous grelot.
GRILLON, du L. gryllus {-/p^ùnoi). On disait
aussi gHllot, d'où grilloter, L'anc. mot gre-
silhn parait être p. grel-sillon et formé sur
le modèle de oisillon, par un type intermé-
diaire gryllicellus.
GRDCAGE, d'après Diez peut-être du nord.
grima, masque, aussi sorcière, ags. grima,
masque et fantôme (de là champ, grimarré,
sorcier). Le mot ne se rangerait-il pas mieux
sous le prov. grim. (voy. grimé), qui signifie
affligé, triste, et qui est le primitif do grima,
tristesse, grimar, s'affliger? Or, ce grim dé-
rive du vha. grim, furieux, colère. Pour la
déduction des idées, on peut alléguer 1 . vfr.
gram, graim, triste, it. gramo, prov. gram,
du vha. gram, en colère ; 2. prov. ira, cha-
grin, du L. ira, colère. Grimace, contorsion
de visage, no serait-il pas aussi bien issu de
l'ail. g^Hm que Fit. gHmo, ridé, froncé (par
allusion à l'homme en colère)? Cet it. grimo,
d'ailleurs, est peut-être la source directe do
grimace. — D. grim,acer, grimacier.
1. GRIMâUD, écolier, voy. sous grimoire.
2. GRIMAUD, d'humeur chagrine, dér. do
grime. — D. grimauder,
GRIME, pr. homme chagrin, grognard
(d'où la valeur que le mot a reçue dans le lan-
gage du théâti'e) ; il vient de ï'it. grimo, au
front ridé, et par là du vha. grim (voy. gri-
mace). — D. grim^ud; se grimer, pr. se
rider, s'arranger la figure pour jouer les
grimes (ce mot doit être d'une introduction
assez récente). Ou bien se gi-imer serait-il
proprement = se noircir, et identique avec
l'angl. be-grime, v. flam. begriemen, degrym,
suie de cheminée?
GRIMER (SE), voy. l'art, préc.
GRIMOIRE, formulaire de sorcellerie; Diez
rapports ce mot au nord, grima, sorcière,
déjà mentionné sous grimace. D'autres l'ex-
pliquent par Fit. rimario, livre de rimes (le g
initial serait paragogique comme dans gre-
nouille). Génin, approuvé par Littré, se fon-
dant sur l'ancienne orthographe grimaire et
gramare, identifie grimoire avec grammaire,
anc. = étude du latin, et au fig. =* science
profonde. Diez objecte à cette hypothèse la
difl*érence de genre. Pour nous, nous attri-
buons au mot. comme idée foncière, celle
d'une écriture indéchiffrable aux profanes, et
nous sommes porté à y voir le dérivé d'un
verbe gHmer que l'on rencontre dans les dia-
lectes avec le sens de gratt<>r, mais dont nous
sommes incapable d'établir la provenance.
Grimoire deviendrait ainsi synonyme àiQ grif-
fonnage. Ce primitif grimer = griffonner
explique en même temps les mots grimaud et
grimelin ^~ éc<)lier, pr. griffonncur.
GRIMPER, p. glimpcr, du vha. klimban,
ail. mod. klimmen, m. s. ; ou bien giHmper
représente-t-il la forme nasalisée de gripcr
(le norm. et le wall. disent en effet griper p.
grimper) et vient-il ainsi des mêmes primitifs
germaniques indiqués sous griffe f L'action
grimper implique l'idée de s'accrocher, de se
cramponner (voy. gravir) ; l'ail, hlettern, m.
s., a également pour origine un radical signi-
fiant s'attacher. Cp. aussi Fit. arpicare de
arpa, griffe. — D. grimpc7'eau.
GRINCER, ^'ic. grincher, du yh&. g7*emizôn,
nha. grinscn, m. s. — Do là le terme popu-
laire ^r/«c/iez«a7.
GBJNGâLEP, petit, chétif (dans les trou-
vères, le mot désigne surtout un petit cheval).
D'après Chevallet. de l'ail, ge^nng, petit, mi-
nime, chétif; étymologie peu satisfaisante.
On trouve aussi guingalet et gringalet parait
être altéi"é de guingalet fcp. fronde p. fonde).
Or, celui-ci vient médiatement, ^av guingal,
d'un radical guing; peut-être du même qui a
donné guinguet. Buggo (Rom. iï[, 160) est
favorable à cette étym. et pense que ce radical
guing est germanique ; il allègue goth. r>ai-
nags, vha. wenag, misérable, chétif, mince,
petit (auj. toenig).
GRINGOLÉ, terme de blason --^ qui se ter-
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GRI
— 256 —
GHO
mine en têtes de serpents, dites autrefois gar-
gouilles; du vfr. gringole^ fonne transpos<5e
et nasalisée du BL . gargula, fr. gargouille.
Voy. aussi dégringoler,
6RIN60TER, vfr. aussi gritigatoter, ga-
zouiller; d'origine inconnue.
GRIN6USNAUBE ; d'origine inconnue.
1. GRIOTTI; d'origine inconnue. Les uns
(Académie) définissent la griotte comme une
cerise plus douce que les autres, d'autres
(Nicot) comme une cerise aigre); un troi-
sième parti prétend qu'il y a des griottes
aigres et des griottes douces. Cette confusion
me confitme dans l'opinion que la griotte
(appelée du reste aussi agriote), signifie origi-
nellement cerise sauvage ot vient du grec
5/610, ou iyfAitTVii, — D. grioUier,
2. GRIOTTE, marbre tacheté de rouge et de
brun ; appelé ainsi d'après la cerise du mémo
nom.
GRIPPE, voy. l'ai-t. suiv.
GRIPPER, du goth. greipan, nord, gripa,
néerl. {/rijpcn = vha. gnfàn (voy. sous
griffe)^ saisir. — D. grip^ = i*apine, vol ;
grippe, caprice, idée fugitive qui vous prend
subitement, mauvaise humeur (de là *« pr en-
dive qqn. en grippe » et « se gripper ♦»), aussi
accès de catarrhe; verbe agnpper. Compo-
sés': grippe-sou; grippe-mtnaud , == chat
grippeur.
GRIS, it. ginsOt grigio, esp., port, gris, BL.
giiscus, grisius. Du vha. gris, qui a les che-
veux blancs (ail. mod. greis, vieillard). — D.
grisâtre; griset^ jeune chardonneret; gri-
setUy étofle de laine grise, portée par les
femmes de médiocre condition, puis, par mé-
tonymie, femme du commun, etc. : grison,
d!o\\ grisonner ; g risard, grisaille^ d'où gri-
saille}'; ycvhe griser = rendre gi'iSf c.-à-d. un
peu ivre (pour cette métaphore, cp. l'ail.
benebcln, pr. envelopper de nuages).
GRISBTTE, voy. gris.
GRISOU, voy. grégeois. Littré en fait un
dérivé do gris, l'arrivée du gri.sou donnant
une teinte grisâtre aux lumières.
GRIVE; mot d'origine obscure. Quelques-uns
ont pensé au son gri gri que cet oiseau fait
ent<îndre; d'autres le rangent sous la racine
gris. A côté de pareilles explications, j'oserais
bien risquer à mon tour une conjecture, en
faisant venir grive d'un type gripa, du verbe
gnpare, gripper. La grive serait l'oiseau
grippeur (cp. l'expr. oiseau de gi'ip) ; le nom
serait analogue à celui de l'oiseau dit proyer
(de proie). C'est bien aussi à un diminutif de
gripare qu'il faut rattacher le verbe griveler,
faire de petits profits illicites, à moins qu'on
no préfère une origine du flam. kribbele^i,
racler. L'adjectif ^n'rc/<^ (dans « plumage gri-
vclé ^), bigarré, tacheté, parait être un dérivé
de grivc^ d'où procèdent encore les noms d'oi-
seau grivclin, grivcieite. — Génin, pour qui
Tadj. gris, tant comme nom de couleur, que
dans son acception de « ivre, *» et surtout dans
cette dernière, représentait le vfr. griit (pro-
noncez griv) = grorvs, avait beau jeu \\o\\v
en tirer le mot grive, puisque cet oiseau aime
beaucoup à fréquenter les vignes et à so griser
(d'où le proverbe « soûl comme une grive »).
De ce même primitif ^rû<, fém. grive, vien-
drait, d'après le même auteur, aussi griv(ds,
soldat qui aime à boire. Ne pouvant admettre
la prémisse gris = griu, je dois rejeter les
étymologies qu'en a déduites le philologue
français.
GRIVELER, voy. grive. — D. gHvélee.
GRIVOIS, soldat éveillé et alerte, drille ;
fém. grivoise, vivandière; de là le mot a pris
l'acception •» libre, hardi ». Ce vocable, qui
parait ne dater que de la fin du xvii* siècle,
serait-il tiré do Xn. grive, l'oiseau maraudeur?
Littré déduit grivois de grivoise, ** la râpe à
tabac, s'étant introduite parmi les ti-oupes, fit
mode et ceux qui s'en sen'irent, reçurent le
nom de grivois ». Cela me sourit fort peu.
GRIVOISE, râpe à tabac. Pour faire l'éty-
mologie do ce mot, on a tout bonnement
attribué le premier usage du tabac ou de la
râpe à tabac an\ grivois (v. c. m.). D'autres,
plus scrupuleux, ont songé à l'ail, reibeiscn,
râpe, qu'en Suisse on prononce rib-isen. Cette
étymologie est ingénieuse à la vérité et même
correcte (le// prosthétique est aussi bien admis-
sible ici que dans grenouille, et pour la ter-
minaison, cp. tricoise), mais je ne voudrais en
garantir la vérité.
GROG, mot anglais. On raconte que l'ami-
ral Vemon ayant défendu aux matelots de
boire du rhum pur, ceux-ci, par dépit, appe-
lèrent le rhum baptisé d'eau d'après le sobri-
quet Old-Grog que portait l'amiral, à cause
de sa tunique en grof/ram (gros grain). Voy.
l'Encyclopédie do Chalmers, 5. 113.
GROGNER, vfr. groigner, wall. gronni,
prov. gronchir, esp. grunir, it. grugnirc,
grugnare^ du L. grunnire; le flam. groonai,
et angl. groan, soupirer, sont d'extraction
germanique. — D subst. verbal groin (au
trefois monosyllabe), viv.groing, prov. gronh,
it. grugno, pr. le grogneur, puis museau du
cochon ; grof/nanl, grognon. — Les gram-
mairiens citent, comme une forme antérieure
à grunnire, un verbe grundire ; c'est do
celle-ci que nous sont venus le prov. grondir,
vfr. grondir, grondre et enfin gronde)\
GROIN, voy. grof/nn\
GROISIL, GROISON. voy. grès.
GROLLE, nom d'oiseau, p. graule, du L.
graculus, grac*lus; pour la ré.solution du c
en u (au lieu de i), Diez rappelle le vfr. seule
du L. sec*lum, sa'culum. Autre est l'avis de
Ed. Meyer (Zeitschr. X, 172); selon lui, le
prototype latin est *graulus = gravulus,
reste à décider si ce dimin. se rattache à
ravHS gris ou à ravis enroué et si le g pros-
thétique est dû à l'influence do L. gracula. —
Je mentionne pour mémoire Texplication par
L. 'corvula, tentée par de Boucherie. — L'it.
grola et flam. grol paraissent empruntés au
français.
GROMMELER, wall. groumf, = ail. grum-
men,grummeln, angl. grumble, flam. grom-
tnelen. L'ancienne langue avait aussi (sans le
g initial) ra>/emc'7tv (dict. de Cotgravc), cp. lo
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GRO
— 257 —
GRU
dan. riitnie, angl. rumbîe, flain. romtnelai,
m. s.
GRONDER, voy. t/rot/ncr.
GROOM, mot anglais; le vfr. gramme, f/ro-
met (voy. tjourme 2) est sans doute le même
mot, mais il serait difficile do décider ^\fjroom
anglais est un emprunt fait au roman; les
linguistes anglais sont unanimes à le rappor-
ter à Tags. et goth. (juma, vha. ffomo, homme
(avec ôpcnthèse do r).
1 . GROS, it. , port, f/rosso, csp. ffrueso, prov.
fprts, du L. f/rossust qui pourrait bien n'avoir
rien de commun avec le germanique f/rot ou
f/ross, grand, lequel, toutefois, se retrouve
dans les formes i/rot, yrout du BeiTy. — D.
f/rosseurt grossesse; grosse 1. t. de com-
merce, 2. = écriture en gros caractères,
puis expédition d'un acte, opp. à la minicte,
qui est écrite en caractères petits, menus
(miniitus), d'où grossoyer ; grossir, opp. dé-
grossir; grossier (v. c. m.).
2. GROS, monnaie, ail. groschen, du L.
grossust épais, lourd, cp. sou do soUdus, Le
bas-all. grot, ni. groot et angl. groat indi-
quent toutefois le bas-all. g)*()t, grand.
GROSEIIiLS, anc. groiselie, esp., cat. gro-
sel ha, à Côme croscla, en i-ouchi grusielc,
wall. gruzale. Ne vient ni de ra(\j. L. gros-
sus, gros, ni du subst. grossits, figue non
mûre, mais de l'ail, kràuscl dams krâiiselbeere,
= suéd. krusbar, néerl. Arim6e-?î«(Kiliaen :
hroesbesie, uva crispa, vulgo grossula, cro-
scla). Le radicxil kraiis signifie crépu ; aussi
rit. rend-il groseille par uva a*espa ou cres-
pina, Clievallet place le mot dans l'élément
celtique et cite écoss. groseid, irl. groisaid,
m. s. — L'étymologie germanique ne s'applique
naturellement qu'à la grosse groseille (nom
scientifique : grossularia spino.sa, aussi ribes
grossularia, vulgairement on l'appelle gi'o-
seille à maquereaux, parce qu'elle sert à
assaisonner le maquereau) ; c'est elle qui a la
surface crépue et épineuse; aussi les Alle-
mands l'appellent-ils plus souvent stacheU
beere (baie à épines), les Flamands de même
steheïhesic. Le nom s'est communiqué dans
la suite à la j>etite groseille qui vient par
grap])cs (ribes rubrum, ribes Johannis). — •
Les Anglais apjKîllcnt la grosse groseille goo-
sebet^-y ; il est probable que ce goose est
pour groose et rentre dans la famille des
mots germaniques ou romans que nous ve-
nons do citer. — \). groseiUtn\ groseillon.
GROSSIER, dérivé de gros, ,)adis. le mot
signifiait aussi marchand en gms, de là :
g rosserie, commerce en gros ; mots conseiTés
dans rangl.//roc<î>', anc. m. s., auj. = épicier,
et grocery, épiceries. — De grossier, au sens
moral, vient grossièreté.
GROTESQUE, voy. gnÂte,
GROTTE, i t. //rottrt, esp , port, r/rw/a, prov.
crota, vfr. a*ote, du L. aypta {//sOtttî), ca-
veau. Le ty|»o immédiat est une forme. L.
criipta, griipta, relevée en ctTet par Ducange
dans une charte do 887 ; de là s'est produit
grote, gmtte, comme roc.te, anc. rote, de
rupta. Raynouard a mal rencontré en expli-
quant le mot roman par caca rota (rota ==
rupta), cave brisée. On est autorisé à croire
que fr. grotte vient direct, de l'italien. — Les
figures bizarres qui ont été trouvées, à Rome,
dans les /yro«^ ou ruines de Titus, ont donné
lieu à l'a^. it. grotesco, d'où fr. grotesque.
GROn, dim. grouette, sol pierreux, p. grau,
voy. gi*ave 1 . — Au même radical se rattache
grouille, amas de gravier calcaire.
GROUILLER, du vha. grubilùn, bas-all.
gruMeln, fouiller, fourmiller, picoter entre
cuir et chair. Pour le sens « remuer, bou-
ger fy, on poun'ait peut-être alléguer le nord.
km! la, brouiller, mettre en désordre. Encoi*o
est-il possible que grouiller soit une contrac-
tion de gravouiller (dial. de Berry), qui à son
tour est une forme tirée de graoer comme
gralx)uille7' (voy. sous grabuge), et vient de
l'ail, graben, creuser, fouiller (d'où le fr.
graver), — Le picard grouiller signifie s'af-
faisser et est prob. d'une origine distincte;
|)eut-ôtre, comme le pense Littré, une forme
populaire de l'anc. crouller = crouler.
GROUP, voy. groupe.
GROUPE, it. groppo, grupjx), esp. grupo,
gorupo (angl. group, monceau, d'où le fr.
group), prov. grop, nexus, nodus (Faidit).
Ces mots, dont le radical, exprimant " chose
ramassée, monceau «, se rencontre dans un
grand nombre de mots, tant celtiques que
gennaniques. appartiennent à la même fa-
mille que croupe (v. c. m.). Le mot fr. parait
êtixi d'imiK>rtation italienne. — Dans ce (jui
précède, nous avons suivi l'opinion de Dicz ;
cependant nous nous demandons si lit. grupjH)
ne peut pas aussi bien découler direct, de
l'ail, klupjye, qui présente la même valeur
(choses réunies, agglomérées), et dont la
forme nasalisée est klumpen, m. s. Ce kluppe
est identique avec l'angl. club, réunion, so-
ciété. La permutation de / et r après une gut-
turale serait-elle contraire au génie de la
langue italienne, pour que Diez n'ait pas cru
devoir établir ce rapport ? — D. grouper.
1. GRUAU, vfr. et angl. gruel, BL. grutel-
lum. De Tags. grut, vha. gi'uzsi, ail. mod.
ginitze, m. s. ; l'ancienne langue avait /7n<, la
forme radicale pu 1*0.
2. GRUAU, dim. de grue.
GRUE, L. grus, grids, La valeur technolo-
gique, == machine pour soulever des charges
(dim. gruau), se rattache à une valeur ana-
logue du mot latin. Kngrec yi^^avo;, grue, dé-
signait également une machine : il en est de
môme de l'ail, hrahn et kranich, qui répon-
dent aux deux acceptions du mot français.
Laissant à d'autres le soin d'examiner ce qui
a pu faire nommer la machine d'après l'oi-
seau, notis rappelons ici quelques autres
noms d'animaux désignant des machines :
L. cormis, fr. corbeau, machine de guerre;
mouton, bélier; angl. cock, ail. hahn, = ro-
binet : chien d'un fusil, etc. ; rolrinet do robin
(mouton'.
GRUERIE, voy. gruyer.
GRUGER, angl. grudge. I^ sens propre est
broyer, casser en petits morceaux (on gruge
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GUÈ
— 258
GUÉ
ainsi les saillies du granit) ; le sens grignoter
n'est qu'accessoire. Grandgagnage, se fondant
sur le wall.^rta/-, srfeitzi^ tire le mot du bas-
ail, griisen^ flam. gruysen, broyer. — D.
grugeur^ -rie; c])ti, gruger.
GRUME, vfr. = toute espèce de grain,
prov. grum^ grain de raisin, it., esp., i>ort.
grumOf du L. grnrnus^ petit tas. De là gru-
mel\ grumeau^ d'où grumeleux ^ se grumeler,
— Quant à grume, écorce laissée sur le bois
coupé, j'en ignore l'origine.
GRUMEAU, w grume.
GRUMELER, -EUX, voy. grume,
1 . GRUTER, officier ou juge en matière fo-
restière, du mlia. gruOf vert, aussi verger ; cp.
le synonyme fr. verdier^ du L. viridis, vert
L'explication rapportée par Bescberelle,
d'après laquelle gruyer vient de grue^ parce
i{\\Q cet oiseau fait le guet pendant la nuit, ne
peut être prise au sérieux. — D. gruerie,
2. GRUTER, dans « faucon gruyer^ faisan
gruyer »», est un dér. do grue.
GUANO, du mot péruvien huano, signifiant
fiente d'oiseaux de mer.
GUE, vfr. guely wet, prov. gua, it. guado,
du vlia. iDott nord, vad^ m. s. ; yevbo gueer,
prov. guazoTy it. guadarey du vha. watan, ail.
mod. tcatcjiy m. s. — Comme nous avons
d'autres exemples du changement du v initial
latin en g, gu, (cp. gainer goupil, gui y etc.),
rien n'empêche de dériver gué et les mots
correspondants directement du L. vadum, en
admettant influence de la forme germani-
GUEDE, vfr. gaide, waide, it. guado; du
vha. weity ags. vàd, angl. tooady ail. mod.
icaidy m. s. L'insertion d'un* muet, si fré-
quente dans l'ancienne langue, d'où la forme
gne^fdey a donné lieu au HL. loaisda, guas-
divïiiy guesdîum; de là le wall. waiss p.
loaisiy bleu royal. Chevallct se trompe en
idcntitiunt guùde avec le L. glastum, glixa-
trtun (Pline), m. s. — D. gucder, teindre
avec la guèdo.
GUEDER, rassa.sier, soûler, wall. voaidiy
jïaitre ; de l'ail, toeiden, paitre. — Littré pense
que c'est lo môme mot que guéder, teindre ;
ce serait traiter le corps comme le teinturier
traito une étoffe qu'il gui'de.
GUENILLE, du rïam. quoie ■=^ vestis lansie
superior (Kiliaen); ce .serait donc pr. un vieux
ju[)on. D'autres, maintenant le même trope,
expliipient le mot par gonille p. gonelle, ca-
saques do vfr. goue, it. gonnay jupe. — D.
gueniUiiHy euguenilU', dêgueniUé.
GUENIPE, femme malpropre et déi-égléi; ;
d'après Diez, du v. flam. hnljp(\ pièi^e, at-
tra|)c, knipy bordel (cp. Tall. ktuipe, i>ctit
cabaret), l^a forme employée dans le Dau-
phiné est ganippa ; c'est d'elle que procède
immédiatement le fr. gurnipe. Pour la forme,
cp. canif y deTangl. knife.
GUENON, singe femelle; d'après Frisch, du
vha. queutty femme, angl. qucen ; cp. it. rnonna
= guenon, contraction de madonua. — D.
guenur/tey anc. aussi gucuicJw.
GUEPE, du L. tcspay sous l'infliiencc peut-
être du vlia. wefsUy ail. mod. wcspey cp. le
lorr. voisse (uo =^ vha. to), champ, gouape. —
D. guêpier.
GUERBON, vieux mot (consené en anglais)
signifiant récompense, contracté de vfr. guer-
redon, = it. guiderdom', prov. guisardon,
guazardoïiy esp. galardon (prob. p. gadar-
lon)y BL. widei*donum. Ce mot reproduit le
vha. voidarlôity récompense, qui est une com-
position de l'adv. vsidary en retour, et du subst.
/on, salaire. La liquide l a été convertie, par
euphonie, peut-être sous l'influence du L. do-
numy en d. Cette étym. est la seule scientifi-
quement admissible. — Chevallet, négligeant
les analogues étrangers et marchant sur les
traces de Ménage, rattache guerdon au vha.
toerdy prix, valeur, auquel on aurait donné la
forme latinisée werdo, -oniSy Raynouard a
commis une autre erreur en faisant dériver le
prov. ^«fl>3ar(/on degazanhy gain. Nicot rap-
prochait guerdontiery récompenser, du gr.
KipSscivitvy gagner; Caseneuve décomposait le
mot en guerre dotiy récompense accordée aux
hommes de guerre.
GUÈRE, et plus correctement, avec IV ad-
verbial, guères, vfr. guaireSy waircs, wall.
wairy it. guariy prov.,cxit. gaire. Cet adverbe
est synonyme de multumy et ne signifie peu
que par son association avec la négation n*i. 11
est d'extraction germanique. Diez lui assigne
pour origine le vha. toariy = L. ver us y pris
adverbialement dans le sens de probe, c.-à-d.
fortement, grandement. L'expr. *« je ne l'es-
time guère •» équivaut donc pix)pr. à - je ne
l'estime (pas; fort » . De fort à beaucoup il n'y
a qu'un pas ; « je n'ai guèi*e le temps » équi-
vaut à « je n'ai pas beaucoup de temps w . On
a émis sur cet adverbe les plus singulières
conjectuivs, qu'il serait oiseux de reproduire.
— Une seconde étymologie proposée par Diez
j)ortc sur le vha. weigaroy beaucoup ; elle se
recommande surtout par la plus ancienne
forme prov du mot, qui e.st gaigre, — De la
locution impersonnelle il na f^= ny a)
guèreSy it. non ha guariy = il n'y a pas long-
temps de ça, vient l'adv. naguère.
GUÉRET, vfr. gar-^y varety prov. garag,
esp. barbechoy se déduit très correctement du
L. verï>ax:tumy BL. reraciifwi, terre en friche,
jachère (part, du verbe i^ercof/ere défricher).
GUEBIDON, nom d'un meuble composé d'un
j)ilier et d'un plateau. Je n'ai aucune donnée
sur l'étymologio de ce mot, qui n'a de corrcs-
I)ondant ni en it..ni en esp. D'api^ès Kiclielct,
c'est un mot apporté d'Afrique par les Proven-
çaux. On verra au suppl. de Littré comment
gu&ridoiiy après avoir désigné un personnage
do facétie, puis une cspè<'e de vaudeville, puis
un personnage de vaudeville tenant un flam-
beau à la main, a fini par signifier un meuble
de .*;alon.
GUÉRIR, vfr. ioarir,guarirygariryït.gua-
rire y guenrCy prov. garir; du goth. xoarjaHy
vlia. wcrjany protéger, défendre, empêcher,
mettre en sûreté, ail. mod. wehrcu, — D.
guérisoHy sûreté, sauveté (vfr. garisoUy it.
guarigione)\ gutlriU {s, c. ju.^.
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GUE
259 —
GUI
GUÉRITE (vfr. garite, refuge, retraite),
\n'0\ . guerida, port, guarita, esp. garita, pr.
lieu sur, où Ton se met •« à garison »». Le mot
vient de guérir , mettre en sûreté, abriter (v.
c. m.). La terminaison ite du mot fr. fait pen-
ser à une introduction italienne, comme pour
réussite; cependant, on a des raisons de croire
(|ue c'est plutôt du français que les Portugais
et les Espagnols ont tiré leur forme. Ces der-
niers ont une autre forme, plus conforme au
génie de leur langue, pour le même vocable
pris dans son acception générale de refuge,
savoir guaiHàa^ tandis que leur garita ne si-
gnifie que loge de sentinelle. De cette diver-
sité il faut inférer que garita leur vient d'une
forme étrangère.
6USRRE, it., esp., port., prov. guerra,
angl. ioar(anc. angl. etanc.flam. loejTtf); du
vlia. werra, dispute, querelle. — D. guerrier
Tanc. =■ adversaire) ; ^M^rroyer, vfr. guerier;
aguerrir,
GUST, vfr. fém. gaite, guette, prov. masc.
guach, gagt, fém, guaita; subst. verbal du
verbe guetter, vfr. loaiter, guaiter, it. guai'
tare, guatare, prov. guaitar. Ce verbe est le
cori'espondant roman du vha. loahten, faire
la garde (angl. wait , subst. waJUa (auj.
wacht). Composé avec le préf. a : it. aggua-
tare, esp., prov. aguaitar, vfr. aguetier, rou-
clii agueter, wall. auxùti, d'où subst. it.
aguato, esp. agait, fr. aglkt. Le composé
guet-apens, autrefois ^i^e^-op^njr^', signifie litt.
guet prémédité ; ape7uer est un composé hors
d'usage de penser. — D après d'Arbois de
Jubainville, guetter vient directement du
franc vacta^ garde, qu'on trouve dans plu-
sieurs^ textes carlovingiens.
GUETRE; IV fait souvent défaut: ainsi le
languedocien agueto, le wall. guett, le champ.
guètc, etc. L'origine de ce vocable est incer-
taine ; on a proposé le breton gweltreti, m. s.
Diez, rappixx-liant l'it. guaUera, récureuse, le
vénitien guaterofie, lambeau de drap, vfr.
gaitreux, misérable, déguenillé, suppose à
guêtre une 'signification primordiale •« mor-
ceau de drap » . Ne serait-ce pas tout bonne-
ment le L. vestis, ou plutôt l'ail, toeste, veste,
pris dans une acception spéciale? LV serait
intercalaii*e,
GUETTER, voy. guet.
1. GUEULE. L,gula. — l). gueuler, -ard,
•ee; gueuleton; égueule?', casser la bouche
d'un vase; dégu.eule)', vomir; engueuler, crier
contre. Voy. aussi goule.
2. GUEULES, angl. gules, terme de blason
=« rouge; Ducange le rapporte au BL.
gulœ, vfr. goule, collet ou bordures de pelle-
teries, généralement teintes en rouge ; selon
d'autres, du persan gid = rose, ou bien une
contraction du L. conchylium, pourpre. Nicot
explique le terme par guexde = L. gula,
liarce que le dedans de la bouche est ver-
meil et rouge C'est là l'origine la plus accep-
table.
GUEUSE, en métallurgie, « grande, grosse
et lourde masse de fer « (Nicot). Je ne sais
d'où vient ce mot; peut-être du flam. guysmx,
«= effluere cum murmure seu strepitu (Kil.).
Le moule d'où la gueuse sort s'appelant de la
même manièi*e, on pourrait aussi proposer
vfr. gueuse, gosier, fig. canal, conduit. Génin
voit dans gueuse le vfr. queux, gueuse, pierre
à repasser, qui est le L cos, cotis; Isl brique
de fer fondu aurait été ainsi nommée à cause
de la ressemblance de forme, l'un et l'autre
représentant un carré allongé. — L'expres-
sion ail. gusseisen, fer de fonte, fait penser à
l'ail, guss, action de vei-ser, couler, mais la
lettre fait difficulté ; le suéd. gôs, m. s., parait
emprunté du français. L'ail, dit gans p.
gueuse, donc pr. oie ; cela nous dirige vers
l'angl. goose, oie, qui signifie aussi par assi-
milation de forme le carreau des tailleurs.
Mais cette étymologie manque de tout appui
historique.
GUEUX, mendiant, misérable. On n'est pas
d'accord sur l'origine de ce mot. Barbazan le
rattachait au vfr. gueuse, gosier ; un gueux
serait pr. un affamé ou vorace. D'autres ont
songé à queux = L. coquus; c'est ce qui sou-
rit le plus, vu l'analogie de coquin et vu l'or-
thographe gueux p. queux, cuisinier, con-
statée dans Olivier de la Marche. Le parti
politique et religieux qui s'est soulevé au
xvi* siècle dans les Pays-Bas contre le gou-
vernement espagnol a pris son nom du mot
français; les savants qui, de nos jours, dans
un sens contraire, ont voulu faire dériver le
dernier du nom de ce parti, pai*aissent ignorer
les circonstances dans lesquelles les nobles
flamands se sont affublés des insignes de la
gueustirie. G. Paris (Chansons du xv« siècle,
p. 129; rejette positivement l'identité du mot
avec queux (= L. coquus); l'orthographe
gueux dans Olivier de la Mai-che, cité par
Littré, est, dit-il, une faute de copie ou de lec-
ture, p. queux. Le sens primitif est non pas
•• mendiant » , mais « compagnon » et rappelle
le gayeux eniployé avec le même sens dans le
Jargon de Villon. — D. gueuser, gueuseric,
gueusaille.
GUI, it., esp. tisco, cat. vesc, du L. vis-
eus, m. s.
GUICHET, anc. guischet, prov. guisquet,
petite porte pratiquée dans une grande. On
explique souvent vjq mot comme un dimin. de
huis, porte («= L. ostium), mais la forme vfr.
wihet (d'où l'angl. wicket, flam. loiket, unnc-
het, m. s.) s'y i*efuse. Guichet vient du nord.
tik, cachette, ags. tic, — D. guichetier.
GUIDE, masc. et fém., it. guida, esp. guia,
^vov, guida, guit, viv.guit; subst. verbal de
guider, vfr. guler, it. guidure, esp., port.
guiar, \)ro\. guidar, gui sar, guiar. L'origine
de ce verbe reste douteuse. Malgré la rareté
de la permutation du t goth. avec le d roman
(cp. goth. hatan, devenu hadir, haïr), Diez
s'adresse au goth. viian, observer, garder.
Pour le sens, il se prévaut de l'it. scorgere,
qui réunit également les acceptions observer
et guider ; il rappelle aussi le subst. ags. mta,
=» ancien et conseiller. Parmi diverses autres
propositions étymologiques, nous ne croyons
devoir accueillir qu6 les deux suivantes : Bugge
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GUI
260 —
GUI
(Rom., III, 150) s'adresse au norvis tita (le
correspondant du goth. titan) dans son accep-
tion ** signifier, présager, indiquer ». Le sens
fondamental du verbe serait donc « indiquer
le chemin »». Settegast (Roman. Forschun-
gen, I; pense au L. vitare, éviter, se garder.
Pour terminer, rappelons la remarque de
Paris (Rom., XH, 133), que le mot guider de
la langue moderne est pris à Titalien ; la lan-
gue ancienne disait régulièrement yuyer, —
D. guidon, peut-éti'e le cas- régime du vfr.
giiit, peut-être aussi un dénvé à la manière
àepîanton. Le terme de nmrine ou de pêche
guideau est un composé de guider -\- eau,
GUIONARD, oiseau dont la chair est très
délicate; d'après Ménage, du nom de .lean
Guig)ia}*d, bourgeois de Chartres, lequel, le
premier, reconnut la délicatesse de cet oiseau
en 1542. Je donne le Éait comme je le trouve,
à défaut d'autres ressources.
GUIGNS, SLUcguine^ guistw, gr. mod.Sf»ivov,
valaque visitiez it. visciola ; toutes ces formes
paraissent être des altérations du vha. xcih-
sela,2M], toeichsel, griotte. La forme îr.guisne
serait alors la bonne, et représenterait une
contraction de ^MWiw«. — D.guignier,
GUIGNER» regarder du coin de Foeil, pic.
guenier, it. ghignare, sghignare, sourire en
secret, esp. gidnar, prov. guinhar, = gui-
gner, port.yMii?ar, s'écarter du chemin, aller
décote. L'étymologie vha. toinkjaHf ail. mod.
winken, faire un signe, j)réscnterait une diffi-
culté sérieuse, c'est que, conti'e les règles, le
k inédial aurait subi la syncope. 11 n'y a que
lafonne norm. gt'.inchrrt lancer des œillades,
«|ui s'accommodei*ait de ce primitif. Diez re-
jette de même l'ags. ginian^ nord, gina^ vha.
giuôH, ouvrir la bouche, d'où se seitiient dé-
gagées les acceptions « suivre des yeux, lor-
gner, épier, regarder de travers » . Il donne en
définitive la pi-éférence' au vha. kinan = adri-
dere. Le basque qneùua, kheinua, signe de
tête, porte le caractère d'un emprunt fait au
i-oman, et ne peut donc; être invoqué. L'angl.
sqiiinCf forme secondaire de squint, loucher,
ne convient pas non plus, à cause de son ini-
tiale. — D. gnignoii (v. c. m.).
GUIGNON, mauvaise chance, surtout au jeu.
D'origine douteuse. Ménage le fait venir de
guigner, à cause des fascinations qui se font
avec les yeux ; il cite à cet effet l'esp. «o/ar (de
ojo, œil) =3 ensorceler par le regard. Cette
étymologie est approuvée par de La Mon noyé
en ce.s termes : »» Cette manière de regarder
du coin de l'œil, attribuée à l'envie, a do tout
temps passé pour une c^^pt^^ de fascination
qui portait malheur; Horace, Flpist. 1, 14:
Non lsti(» obliqno ocu/o mf a commoda quisqua m
Limât... «
Wedgwood (Rom., VIII, 437) reconnaît dans
notre mot l'anc. angl. wmn'on, male-chance,
qui vient du verbe anc. angl. loanicn, auj.
-voanc, d.3croitro (en [tarlant de la lune). Le
déclin de la lune est considéré comme une pé-
riode do mauvaise influence. Four notre part,
nous dirons tout court : guignun est le cou])
d'œil jaloux du destin, et vient de guigïwr,
regarder du coin de l'œil.
GUILÉI, wall. tocdaie, p. toaslaie; d'après
Diez, dér. du vha. xcasal, pluie.
GUDjLBDIN, cheval hongre, de l'angl.
gclding, qui vient du verbe geld, châtrer;
cp flam. gheltc, gyUe, = porca castrata (Ki-
liaen).
GUILLEDOn ; d'origine douteuse. Voyez à
ce sujet les Curiosités de Nisard, qui identifie
guilledou avec guilledin, cheval, la prosti-
tuée ayant été comparée à une monture.
D'après Bugge, courir le guilledou dit la
même chose qu'autrefois courir le garou.
Guilledou est un terme mythyque du paga-
nisme germanique et répo)id à un mot norois
*kteldulfr, vha. 'chwiltitoolf 'kilticolf =
homme qui se transforme en loup depuis le
coucher du soleil. Cette dérivation séduisante
est appuyée d'excellentes pieuves, tant histo-
riques que phonétiques (Rom., III, 151).
GUILLBMIT, du nom du premier impri-
meur qui s'est servi de ce signe typogra-
phique.
1 . GUILLER, fermenter, jeter sa levure, en
parlant de la bière ; c'est une contraction do
guesiller, et par là dérivé du wall. guése, le-
vure de bière ; ce deniier représente le nord.
gdsa, ail. mod. gàren, fermenter. — Littré
invot^ue aussi le hvci. gocl, fermenter. — Bugge
tient le mot \m}\xv empnmté à l'équivalent lioll.
gijlan, qui, à son tour, a, dans les langues
germaniques, une nombreuse parenté ot ne
peut donc être emprunté au français. 11 jjeut
avoir l'aison ; t<.»ujours est-il (jue 1'/ mouillé,
dans ce cas, n'est pas coii-ect, mais il ne l'est
pas davantage, parait-il, dans le guiller qui
suit. — D. guilloire,
2. GUILLER, tromper, pi\>v. guilar; subst.
vfr. guilh\ guile, ruse, fourberie. Le mot
guille rimait jadis avec évangile; Diez en
conclut que 1'/ ne i>out être considéré comme
mouillé; c'est ce qui le détermine à rejeter
l'étyiïiologie tirée du nord, vfgla, mettre en
désordre ou ags. tiglian, faire de la sorcel-
lerie (il faudrait nécessairement ime forme
prov. //leiMrtr), et à adopter colle de l'ags. vile,
angl. wile et guile, m. s. Diefenbach cite
aussi le cymr. gwil, brct. gioil, voleur.
GUILLERET, gai, un peu libre; étymologie
inconnue. Y aurait-il rapj)ort avec guillcri,
chant de moineau, ou avec le goth. guilhau,
réjouir?
GUILLERI, chant du moineau. Onomato-
pée? D'après Bugge (Rom., III, 152), peut-
être lH)ur guiddn'i (à peu près comme cigale
= cicada, it. ellcra = hedcra), qui rappelle
suéd. quiltra, gazouiller, dan. kriddre, écoss.
quitter, ail. (patois) kittcrn, quittern,
GUILLOCHER, selon Ménage, du nom d'un
ouvrier nommé Guillot (Brachct dit Guil-
loche)y qui aurait été l'inventeur do ce genre
d'ornement. — D. guillocheur, -is.
GUILLOTINE, du nom do l'inventeur, le
médecin Gulllotin (moii: en 1814). — D. guil-
lotiner.
GUIMAUVE, voy. maiœiaquc ,
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GUI
261 —
GYP
GUIMBARDE ; Génin pense que c'est l'ono-
matopée f/uim-f/idm, jointe à la terminaison
ard, qui réunit les idées d'habitude et de mé-
pris ou de blâme. Lyre ffuimbarde, musique
t/uimbardCf équivaudrait à « qui reproduit
constamment le son monotone r/uim-r/uim » ;
le b serait adventice poui* l'euphonie. Le spi-
rituel philologue ajoute à cette explication
fort hasardeuse : « si non, his utere mecum ♦»,
Sa conjecture est cependant plus près d'obte-
nir notre assentiment que l'idée de ceux qui
attribuent le nom de guimbarde à M. le con-
seiller aulique Guimbard do Nuremberg l —
D'autres prétendent que c'est un mot breton
signifiant abeille chantante. — Le mot guim-
barde signifie aussi un gros chariot à quatre
roues et couvert ; serait-ce également en sou-
venir de son invention par quelque conseiller
Guimbard?
GUIMPE, anc. guimpJe, angl, wimple,
prov. gimpla, voile, fichu ; du vha. wimpal,
habillement léger pour l'été, nha. wimpel,
banderole, guimpe. La racine du mot ail.
parait signifier « flotter dans les airs ». — D.
guimper^ faire prendre le voile.
GUINDER, hisser par le moyen d'une ma*
chine, it. ghindare, esp., port. //laWar; de
l'ail, toinden, rouler, guinder, angl. loind. —
De là : it. guindolo^ esp. guindola, fr. guin-
dre, petit métier pour doubler les soies filées,
et guindoule^ machine pour décharger un
vaisseau ; guindé, nom d'une petite presse à
moulinet et sans vis; guindal, guindeau; les
formes guindas et vindas sont importées du
néerl. toindas (= ail. voind-achse), p. l'arbre
du guindal. — De guinder^ au sens figuré,
affecter trop d'élévation, M"** de Se vigne a
{vÂt guinderie.
GUINÉE, monnaie d'or anglaise, ainsi nom-
mée parce qu'elle fut fabriquée, dans son
origine, avec l'or que les Anglais avaient
apporté de la Guinée.
GUINGOIS, inégalité, obliquité; d'après
Diez, du nord, kintjr , courbure, flexion;
coin ; le mot serait ainsi pour quingois^ et la
terminaison ois représenterait le suflixe latin
ensis. Le picard a guingouin.
GUINGUET, GUINGUETTE, voy. ginguet,
GUIPER me semble venir de l'angl. xohip,
surjeter, plutôt que du goth. veipan, border
en rond (ornement circulaire) ou l'ail, weben,
tisser, proposés par Diez. Le subst. angl.
gimp " a kind of lace made of threads whipped
or twîsted round with silk »» reproduit le ra-
dical français sous forme nasalisée (cp. fr.
gibelet, angl. gimblet). — Le terme de marine
guipon se rattache prob. à l/ags. wipian,
angl. wipe, nettoyer.
GUIRLANDE, it. ghirlanda, esp., port.
guirnalda, v. esp. garlatida, port, aussi gin-
nalda, prov., cat. garlanda, angl. garland.
Les dérivations usuelles de girulare, virulare
(diminutifs imaginaires de girare, virare) ne
sont guère recommandables. Mieux vaut l'éty-
mologie de Frisch, qui rapporte ^i«îWanc^ au
mha. vyierelen, border (vha. toiara, cou-
ronne) ; le suffixe serait le même que celui de
girande, d'oii girandole. Chevallet pose une
dérivation celtique, etpart d'une racine ^to^r,
courbé. Reste à savoir si la deuxième partie
du mot peut être déduite du celtique, car il
est plus que probable que le bret. garlantej,
gaél. gwgrien, == guirlande, sont d'importa-
tion romane. — D. guirla7idei\
GUISARME, vfr. aussi gisarme, gissatvne,
jusarme, prov. gazarma^ jusarma, it. giu-
sarma; notons encore vfr. wisarme, visarme,
bisarme, v. esp. bisartna, v. angl. gisartn,
gysarn. On est aussi peu d'accord sur la défi-
nition que sur Tétymologie de ce mot. Gachet
démontre l'anc. synonymie du mot SLYecpaffitt,
qui était une hache à deux trancliants; de là
s'explique peut-être la variété de forme bi-
sarme, pour ainsi dire double arme (de bisarme
on peut tirer guisarme ; cp. guimauve de bis-
mcdva). C'était en tous cas une arme tran-
chante et probablement, dans le principe, une
arme en forme de faux. Diez coiyecture,
comme primitif, le vha. ^^-warn(= ail. mod.
gût-cisen, fer à sarcler), par lequel on traduit
dans les vieux glossaires latins-allemands le
L. faix ou falcastrum, et qui pouvait facile-
ment se défigurer en getsama, gisama, puis,
sous l'influence du mot roman arma, en gui-
sarma. La fréquence de la permutation entre
les initiales gu, g et to, dans le domaine fran
çais (c'est ainsi que l'on trouve tour à tour
guivre, givre, wivre; gachière, jachiè^^e, toa-
quif^re) a pu motiver la multiplicité des formes
de ce mot. — Gachet admet pour primitif le
BL, ggsarum, qui, d'après lui, est une forme
allongée de gœsum, javelot ; nous n'oserions
lui donner raison.
GUISE, it., esp., port., prov. //uwa, du vha.
toisa, ail. mod. toeise, manière. — D. déguiser,
changer de manière, de costume.
GUITARE (vfr. guUeme, guinierne), it.
chitarra, esp., port., prov. guitarra; du gr.
xt^àpa. — D. guitariste. — Du latin cUhara
(avec c chuintant) dérivent les formes it. ce-
tera, cetra, prov. cidra, citàla, vfr. citare,
citole, ail. cithei\
GUITRAN, voy. goudron.
GUIVRB, serpent, voy. givre 2.
GUMÉNE. voy. gomène.
GUSTATION, du L.gustare, goûter ; gustuel
(Brillât-Savarin), mot savant, tiré du L. gus-
tus, goût.
GUTTA-PSRGHA, mot forgé par les Anglais
du malais : getah p&ijah, litt. gomme de Su-
matra.
GUTTURAL, L. giUturalis (de guttur, go-
sier).
GTMNASS, du gr. yv/Avâ^cov, lieu destiné
aux exercices de corps, qui se faisaient à nu-
corps (de là le nom ; y\jfiv6i = nu). — Du verbe
grec yu/xvi Jiiv, faire des exercices de corps, vien-
nent encore : subst. '/\jfi',^<sTf,i, fr. gymnaste,
adj. vuyavwTTixo;, fr. gymnastique.
GTNÉGÉE, du gr. yuyxixclov, appartement
réservé aux femmes (yuvaîjrj;)
GTPSE, du L. gypsum (gr. yO^o?), pierre à
plâtre. L'ail, gipset it. gesso signifient plâtre.
— D. gypseux.
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HAC
262 —
HÂl
H
ïïABTTiB (forme savante moderne p. vfr.
able), it. abile, prov. abilh^ angl. abJe, apte,
propre, convenable, adroit, intelligent, du
mot latin habilis (habere), qui avait de même
dégagé ces diverses acceptions figurées du
sens primordial : facile à tenir ou à mettre
( " calcei habiles *•), commode, approprié (par
là synonyme de aptus et idonexis), — D. habi-
leté, et comme terme savant de jurisprudence
habilité, L. habilitas; inhabile, L. inhabilis,
et malhabile, — De habilis vient BL. habili-
tare, rendre habile ou apte, fr. habiliter
(terme de droit), cp. faciliter de facile, Voy.
aussi habiller,
HABILITBR, voy. hàbUe, Cps. réhabiliter,
HABILLER,d'où subst. Aa^77emen/.Lesubst.
BL. habilimetitum, préparatifs militaires,
équipement (angl. habiliments, m. s.), pré-
suppose un verbe habUire, dont les accep-
tions étaient rendre habile, mettre en état,
apprêter, façonner, disposer pour un but dé-
terminé, arranger, vêtir. Une filiation analo-
gue se remaixjue dans le verbe rfr«s*«r(angl.
dress), jir. diriger vers un but, disposer,
arranger, puis (en angl. du moins) habiller.
Cependant, notre habiller (prov. habilhar,
esp. habillar), ne répond pas à la forme halti*
lire, mais à celle de habillare; or, celle-ci ne
peut remonter à habilis, mais à un adj. bar-
bare équivalent habilus, habiUus, — L'accep-
tion ancienne apprêter, préparer a survécu
dans los expr. « habiller du chanvre, de la
volaille, etc. «, et surtout dans le subst. habil-
lage. Habiller s'employait anc. aussi au sens
d'habituer; ainsi Jean Lemairedes Belges, 1,
236. — La dérivation de habitxis, par l'inter-
médiaire d'une forme barbare habitulare, ne
mérite aucune créance. — D. habillement ;
déshabiller.
HABIT, du L. habitus (habere), sign. : ma-
nière detre habituelle, état, constitution,
apparence extérieure, puis habillement, cos-
tume, mise. Pour le développement de l'idée,
cp. gr. tyr.fjLx (cxw). manière d'être et vête-
ment, le fr. costiiYne, de consiietudo, coutume,
et fr. f/uise (dans déguiser), pr. manière. Au
.«*ens premier du primitif latin ressortissent
les dérivés : habitude, L. habitude ; habituel,
L. habitualis", habituer, L. habituare*.
HABITER, du L. habitare (habere), pr. te-
nir, occuper. — D. habitable, L. -abilis;
habitant; habitation, L.-atio(ra. s.); habita-
cle, L. habitaculum. — L'anc. langue avait
aussi un subst. verbal habit = habitation,
maison.
HABITUDE, HABITUEL, HABITUER, voy.
habit.
A
HABLER (le circonflexe est de trop), de
l'esp. hablar, parler, qui reproduit L. fabu-
lari.
HACHE, i*épond, d'après Diez, à l'ail, ou au
néerl. hache, houe, pioche (verbe hacken,
hacher) et c'est du mot français que viendraient,
d'après lui, les formes it. accia, azsa, esp.
Iiacha^ port, fâcha, hacha, prov. apcha, p.
acha. L'ètymologie tirée du L. cwcia, doloii-e,
est fausse pour haclie, mais elle convient à
lit. ascia et prov. aissa. — L'opinion do Diez
Ast contestée par Forster (Ztschr., III, 264;
VI, 111); selon lui, le seul type qui explique
toutes les formes romanes est ail. 'hagjà,
devenu vha. happa, aig. happe, heppe, hippe
(faux, faucille, serpette). — D, hachot, ha-
chette, hachereau ; hacher (pic. héquer), ha-
choir, -is, -ure.
HAGARD, angl. haggard, farouche; s'appli-
quait d'abord au foucon, «* qui n'est de l'année,
ains ha plus d'une mue et a longuement esté
à luy, qui a esté prins de repaire ou au pas-
sage et est le contraire de sor • (Nicot).
D'après Diez« c est un mot que les Normands
français auraient forgé du v. angl. hauke
(auj. hawk) au moyen du sufiixe péjoratif
ard (cp. busard); le nord. AaA-r, tête chaude,
dit Diez, présenterait toutefois un primitif
tout aussi acceptable. Huet tirait le mot de
l'ail, hag, clôture, haie, lieu fortifié, « propre
à rendre fier celui qui l'a pour défense m.
Littré reprend cette étymologie, mais en l'ex-
pliquant autrement : « le faucon hagard^ dit
un auteur du xiv* siècle, est celui qui mue de
haie, c'est-À-dire dans les haies (ail. hag) et
non en domesticité. » — L'ail, (dial. de Mont-
béliard) présente également la forme hagart,
pour faucon hagard, et Grimm l'interprète
par hag-hart, fort à la défense. De hagart-
falh le peuple allemand a fait hager-falk, en
lui donnant ainsi l'air de signifier faucon
maigre (hagerj.
HAGIOGRAPHE, qui écrit sur les saints
{âyioç, saint). — D. hagiographie, -ique,
HAIE, BL. haga, haia, du flam. haeghe,
ou du vha. hag, ail. mod. hag, clôture, pr.
lieu épineux, plein de ronces et de haies. —
D. vfr. haier, clôturer.
HAILLON, par had"lon, dérivé du mha.
hadel, ail. mod. hader, m. s.
HADf, hameçon, vfr. ain, ham, cat. am,
it. amo. Du latin hamus, m. s. — D. hame-
çon (v. cm.).
HAINE, anc. haïne, voy. haïr. — D. hai-
neux.
HAÏR, vfr. hadir; du goth. hatan, vha. ha-
zan, ail. mod. hassen, angl. haie, ou plutôt,
vu la terminaison en ir, de l'ags. hatian, v.
frison hatia. Cette explication satisfait pleine-
ment, et Diez, en la présentant, a eu raison de
passer sous silence une opinion qui, dès 1869,
s'était fait jour dans le Jahrbuch fQr rom. Lit.
(X, 191) et que je ne reproduis ici que comme
un échantillon des écarts où les hommes les
plus ferrés en science phonétique se laissent
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IIÂL
263 —
IIAM
parfois entraîner : d'après M. Bœhmer, fr.
haïr découle du latin fastxdire par les étapes
suivantes : hassidir, hasdir, hadir, haïr ;
cela vous est prouvé par a -[- b, non pas en se
jouant des règles, mais en jouant avec elles.
— D. haïne, d'où haùie, vfr. aussi haeiige^
haor. — Il faut séparer do notre haïr les
subst. prov. azir^ vfr. aïr, colère ; ils sont
tirés du verbe asirar, aïrer, qui représente
lat. adirare, mettre en colère.
HAIRE» du vha. hâra^ nord, haera, tissu
de crin ou de poil (ail. haar = cheveu). Dans
Tancienne langue, le mot avait pris aussi
l'acception figurée peine, ennui, tourment,
d'où le verbe harier\ tounnenter.
HALBRAN, jeune canard sauvage, esp. al
bran. Diez rejette, comme purement imagi-
naire, Tétymologie à)i-j3ftiv&oç = oiseau de mer,
proposée par les étymologistes anciens. 11
pense, comme Le Duchat, que le mot est d'ex-
traction germanique. Dans quelques dialectes
français, on désigne par halbran, haie-
brandy etc., le même oiseau que les Alle-
mands, à raison de sa petitesse, appellent
hulb-ente (litt. demi-canard) et les Néerlan-
dais mid^lel-end (litt. canard moyen), c'est-à-
dire l'oiseau appelé par les naturalistes «anas
querquedula »» (cp. en v. flam. haJf-toghel^
pr. demi-oiseau, = anaticula, brentus). Au
lieu de halb-ent, on a pu dire halber-ent {ent
étant masculin dans le mha.). De là s'explique
la forme française à merveille. — D. halbrené
(v. c. m.).
HALBRENÉ, au propre =^ qui a des plumes
rompues, au fîg. = en mauvais état, mouillé,
déguenillé. Le faucon halbrené, dit Littré, est
celui qui s'est cassé des plumes on chassant le
halbran. On dit aussi halbrenei* p. chasser
aux canards sauvages. — Il est difficile de sé-
parer halbre7ié de halbran ; cependant, cette
dérivation présente l'irrégularité de négliger
le t final étymologique du primitif. Cp. fai-
sander, de vfr. faisant. D'autre part, le pas-
sage de Montaigne, cité par Littré: •« harassez
et halbrenez de travail et de faim n rend le
rapport avec halbran bien suspect.
HALE, air sec et brûlant; d'après Diez, du
flam. hael, sec, brûlant. Si cette étymologie
est juste, il faut admettre que 1'* est épentlié-
tiqnc et non radical dans le vfr. hasle, par
conséquent aussi muet. Cependant, puisqu'il
a subi la transformation en r dans harle
(autie forme cx>urante au moyen âge), il faut
conclure que cette lettre était prononcée et
radicale. Les formes successives seraient :
hasle, harle, halle, hdle (cp. mesler, merler,
melUn\ màler; v>asle4, varlet, vallet, valet), —
Chevallet allègue le gallois haul, soleil, mais
cela ne lève pas la difficulté signalée, tout en
se recommandant plus que le a/io; de H. Es-
tienne, ou le iXkv. (clialeur du soleil; de Case-
ueuve. Ménage proposait : L. assiim frôti),
d'où assulum, hasle, hàle. — D. verbe hâler,
vfr. hasler, harlei% haller, wall. aiirler (des-
sécher); haloir, séchoir.
HALfiINS, it. alena, lena, prov. alena;
subst. du verbe it. a/^«are, prov.,cat. alenar,
fr. haleiner*, halener. Ces formes sont le pro-
duit d'une transposition des liquides radicales
et viennent du L. anhelare, respirer; on
trouve de même les formes plus correctes it.
anelare, esp. anhelar, prov. anelar, — Littré
préfère pour type halenare, dérivé de halare,
souffler ; mais la grande rareté d'une dériva-
tion par le suffixe etta rend cette et. fort pro-
blématique, d'autant plus qu'elle est inutile.
HALENER, voy. haleine. — D. halenée,
1. HALER. esp. halar, du nord, hala,
vha. halôn, ni. haalen, angl. haie, haul,
tirer.
2. HALER, exciter (un chien); de l'anc. in-
terjection halle « an interjection of cheering
or seiting on of a dog « (Cotgrave). L'angl. a
hàlloo à la fois comme verbe et comme inter-
jection.
HALER, voy. hàle.
HALETER, it. alitare, du L. halitare
(halare).
HAUTUEUX, du L. halitus, -iis, souffle.
HALLALI. Ce cri de chasse doit s'analyser
par ally ally = allez allez (sus) ; le synonyme
hahaly par «« ha allez » î Voy. Darmosteter,
Composés, p. 320.
HALLE, it. alla, du vha. halle, temple,
grande salle, ags. heal, angl. hall, — D.
hallage,
HALLEBARDE, it. alabarda, labarda,es^.
port , prov. alabarda, du mha. helmbarte
(composé de helm, fût, et barle, hache), ail.
mod. hellebarte. D'autres rapportent la pre-
mière partie du mot à ail. hdm, casque;
donc pr. arme à fendre les casques. — Halle-
breda est prob. une altération plaisante de
hallebarde,
RALLIER, buisson épais, vfr. halot, pic.
hallo. On fait dériver ce mot du BL. hallus,
branchage, employé dans la loi salique, 4 1 ,
4, <• aut de ramis aut de hallis super coope-
ruerit ; «• cependant, la plupart des manuscrits
lisent en cet endroit callis pour hallis, Diez
préfère donc s'adresser au BL. ha^la de la
Loi ripuaire : « in hasla, h. e. in ramo t. Kn
ail. hasol signifie coudrier et baguette de cou-
drier.
' HALLUCINATION, L. hallucinatio,
HALO, du gr. aïtau m. s. (pr. aire).
HALOT, de l'ags. hal, vha. hol, cavité.
HALTE, station, arrêt, vfr. hait, masc,
séjour, demeure (« il e.st venuz el hait des
hors (ours) et des lions». Partonopeus,Il,26);
it., esp. alto, arrêt. De l'ail, halten, tenir
(sens neutre = s'arrêter), subst. hait, fermeté,
fixité, arrêt.
HALÏÏRGIE, fabrication du sel, du gr.
bùoxjfy/ta. (â>;, sel, et Ipyot, travail).
HAMAC, it. amaca, esp. hamaca et ama-
haca, port, maca; mot originaire de l'Améri-
que du Sud ; le ni. hangmat (au xvii® siècle,
hangmak) et ail. hangematte, sont des trans-
formations du mot roman faites de façon à
faire signifier au mot « natte suspendue >*.
L'angl. dit hammoc.
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IIAN
— 264 —
IIAN
HAMEAU, harneV, dér. du vfr. ham; celui-
ci du gotli. haiYns, village, vha. heim, de-
meure, angl. home. Du dimin. ancien hamelet
l'anglais a tiré son mot hamlet.
HAMEÇON, dér. de/mim(v. c. m.),àraide
du suffise icioaem; cp. vfr. angleçon^ jKîtit
angle; les formes wall. ainche, anzin répon-
dent à des types hatnicium et liamicinus.
HAMPE ; d'après Diez, une contraction du
vha. hanlhabe (auj. handhabe)^ == partie d'un
instrument ou d'un outil \\hv laquelle on lo
tient (d'abord hautbe, d'où par transposition
hauipte, et enfin hampe). Malgré la commu-
nauté du sens, il n'a aucun rapport étymolo-
gique avec le vieux mot français hante ou
huHSte, ansiSf bols de lance, lequel vient du
L. âmes, amitis, perche (l'étymologie hasia
étant peu probable].
HAMSTER, mot allemand.
HAN, onomatopée, exprimant le cri d'un
horame qui frappe un coup avec effort ; de là
ahaiier, ahan (v. c. m.).
HANAP, he)iap\ it. anappo, nappo, prov.
enap, nap; du vha. hnap (auj. napf), vaso,
ags. hnap, flam. nap. — D. vfr. hauapier,
crâne (cp. tête, de testa, tes.son), casque.
HANCHE, voy. anche. — Selon Bugge
(Rom.; 111, 152), ce mot est indépendant de
anche, tuyau. 11 reproduit l'ail mod. hanke
(Kiliaen : hanche, hencke, coxa, coxendix),
lequel à son tour est indépendant du vha.
ancha, tibia, crus (=» fr. anche } et vient du
mha. hinken, hank, hxmhen, boiter. — D.
déhanché, éhanché.
HANEBANE, jusquiame, de langl. hen-
bane, m. s., litt «= i)oison de poule.
HANGAR, ou angar; ce mot a-t-il quelque
rapport avec le L. ant/aria (gr. àyyaplT), cor-
vée consistant à fournir des chevaux pour les
couiTÎers impériaux ? Je n'en doute pas ; le
mot latin découle du grec xy/cipoi , estafette,
.courrier, d'oii procède le sens du BL. anga-
rium = lieu couvert où l'on ferre les chevaux;
ce sens s'est généralisé dans l'acception ac-
tuelle du mot : lieu couvert à divers usages. .
Une dérivation de l'ail, hangen, suspendre
(Chevallet), ne convient en aucune façon.
HANICROOHE, voy. anicroche.
HANNETON, anc. haneton, aneton, dérivé
de vfr. hanette. Celui-ci est, selon toute proba-
bilité, 1© diminutif de l'ail, hahn, abréviation
du mot composé weiden-hahn (pr. coq des
saules;, qui est la dénomination de cet insecte
dans plusieurs contrées de l'Allemagne. Mahn
c-orrobore cette étymologie de Diez par la
comparaison de l'angl. cocA-c//a/h% hanneton,
composé de cock, coq, etchafer, scarabée. —
Selon d'autres, le mot .serait p. aleton et re-
présenterait le diminutif du L. aia, aile; mais
par quelle raison particulière aurait-on dé-
nomTné le hanneton une « petite aile »? D'au-
tres encore, dans la même supposition d'une
forme aléton, ont imaginé pour la cause un
composé latin ah-tonns == qui fait du bruit
avec les ailes. Génin, enfin, prend haneton
pour un diminutif du vfr. ane, = L. anas,
canard; cette application serait fondée sur
quelque rapport de forme ou d'habitude entre
l'insecte et l'oiseau.
HANSE, angl. hans, hanse, société de mar-
chands, compagnie ; d'après le nom de la célè-
bre hanse, association de villes unies pour
leui's intérêts commerciaux. Du goth. hansa,
multitude, compagnie, vha. hansa, troupe de
soldat**. — A4j. Iianscatique.
HANTER, d'où angl. hannt, ail. hantimx.
Diez estime que ce mot a été introduit jmr les
Norniands et viejit du nord, heimta (de hciut,
chez soi), = redemander ou reprendre chez
soi un objet perdu ou absent ; de là se serait
déduite une idée d'attachement en général.
Cette manière de voir me semble subtile et
forcée ; je veux bien remonter à un radical
germanique lieim, mais pris dans le sens de
demeure, habitation. Hanter aurait alors la
valeur *♦ habiter avec qqn. ». Si le nord.
heimta n'en est pas la source immédiate, on
pourrait admettre un type latin hamitare,X\vé
de hamits, repi-ésentant bas-latin du germ.
heim (voy. hameau). — Le verbe se trouve
fi*éf|uemment dans la vieille langue avec le
sens de manier, pratiquer : hanter la guerre,
un métier; on trouve : /<? mi7r de legier han-
temenl, le chirurgien à la main légère, habile,
et Cachet cite l'adj. antaule (appliqué à che-
min) «» praticable, mais cela ne suffit pas
pour justifier l'étymologie vha. hant, main,
mise en avant par Chevallet. — Littré s'en
tient à l'étym. habitare, qui, »» devenant hab-
tare, a pris facilement une nasale, et, déri-
vant de habe7*e, a eu dans la latinité, et a pu
avoir dans le français, le sens de ** avoir sou-
vent**». — Je crois qu'il se trouve un mot
latin qui, pour le sens et la forme, convient
pai"faitement et auquel je sacrifie volontiers
le hamitare proposé tout à l'heure. Hanter,
anciennement, était neutre et se rencontrait,
comme signification, avec concerse}', lequel
avait conservé la valeur du latin conversari,
se tenir habituellement dans tel lieu, autour
de telles pei'sonnes; l'un et l'autre reprodui*
sent le sens de l'ail, itmgehen [mit jemand h.,
c'est fré(juenter qqn., mitetwas u., c'est ma-
nier, pratiquer qqch.). Or, iimgehen et con-
versajH ont dans le domaine latin un corres-
pondant logicpie ; c'est ambire, dont lo fré-
quentatif ambitare ap|>elle tout naturellement
en fr. la forme antei\ Je m'attends à deux
objections. D'abord, ambitare est inconnu au
latin classique et à celui du moyen âge ; mais
j»our quiconque s'est familiarisé avec les al-
lures de la langue française et qui sait que
celle-ci a emprunté un grand nombre do ses
formes verbales aux formes fréquentatives des
verbes anciens, cette objection est sans valeur.
Personne ne contestera que nos verbes osei\
user, profiler, oublier, procèdent des mots
latins andere, uti, proficere, obJivisci, par
leurs fréquentatifs ausare, iisare, profcctare,
obliiarc, que les lexiques latins ne renferment
pas plus que ambitare. Kn second lieu on fera
valoir Vh aspirée de hanter. A cette .st»conde
objection j'opposerai non pas l'orthographe
anter, qui n'est pas rare dans les manuscrits.
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IIAR
— 265 —
IIAR
et qui est déjà une présomption en faveur de
l'absence d'aspirée» mais lexemplo d'autres
mots pourvus d'une h aspirée contrairement
à leur étymologie, ainsi haut (altus), hérisson
(cricius), houletic (diuiin. du lat. affolum),
hulotte (ulula), //{(/>p«(upupa), huiler, hurler
(ululare). 1^ langue supprime ou applique
l'aspiration tout à fait à sa convenance» et quant
à notice verbe anter ou hantei*, elle avait une
raison toute naturelle de l'aspirer ; c'est le
besoin de le différencier de etUer (planter). Kt
d'ailleurs hanter n'a pas toujours été aspiré ;
à preuve, pour le verbe même, le vers suivant
do Baud. de Condé, p. 76. v. 384 : Por le
drcu/oti qui dedans n*ante; Baudouin de Se-
bourg, V. 347 : Car d* anter ses amis vault
on mieux bien souvent, — et pour le dérivé
antise, les vers suivants du Trésor amoureux ,
III, 222, 7 : Signes tant qu'il en ait Vantise,
et ib., 188, 1648: D|acçiier«r hoiinmirable an-
tise. Je ne pense pas que, pour la forme et
le sons, aucune des différentes étymologies
proposées avant moi présente moins do diffi-
cultés que celle à'ambitare, — D hantise
(l'anc. langue avait en outre le subst. verbal
ha>U).
HAPPE, demi-cercle de fer, crampon, du
vlia. Iiappà^ faucille ; do là le verbe happa*,
prendre, saisir, rafler, angl. hap. CojMïndant,
il est possible que le verbe happer no soit
qu'une onomatopée. — Composé happe-
lourde, pierre fausse qui a l'éclat d'une pierre
précieuse, ainsi appelée parce qu'elle happe,
c.-à-d. surprend ou trompe une personne
lourde, stupide, qui n'y fait ])as attention ; cp.
les expressions happe<hair , happe- foie,
happe-lopin =» écornifleur, et surtout attrape-
lourdaud,
HAPPELOÏÏRDE, voy. happ^.
HAPPER, voy. happe,
HAQÏÏENÉE, cheval de taille moyenne ; ce
mot, ainsi que le v. esp. et jiort. facatiea, n.
csp. hacanea, it. acchinea, chinea, repré-
sente l'angl. hack-net/, ou néerl. hakke-nei,
cx>mposé do hack, hahke, cheval, et de nci,
^^ angl. na^, néerl. ne^ff, nha. nickel, petit
cheval, bidet. Ce mot germanique hack a
aussi donné Tesp. haca, port, faca, vfr. haqiœ,
bidet, criquet. Du vfr. Juxque vient le dimi-
nutif vfr. haquet, pic. haguette, petitejument;
auj. le fr. haquet signifie une espèce de char-
rette. — Les dictionnaires qui rattachent ha-
que au L. equus commettent indubitablement
une erreur.
HAQUET, voy, l'art, préc. — D. haquetiei\
HARANGUE, it. aringa, esp., port, arenga,
prow arengua; le masc.it. aringo signifie
le lieu où se fait le discours, chaire, tribune,
puis aussi lieu du combat. Du subst. vha.
hring, cercle, assemblée, théâtre, tribunal,
vient d'abord le verbe haranguer, it. arin-
gare, etc.. assembler du monde autour de soi,
pour lui adresser la parole ; puis du verbe
procède le subst. harangue = le discours
même. Pour l'initiale germanique hr dégagée
en h^ir, cp. hanap de hnap, canif de knif. —
L'ét. angl. hearing, audience, est insoutenable.
HARAS. Pour expliquer l'origine do ce mot,
on a sans succès mis en avant le vha. hari,
troupe, armée (nha. heer), de même le lom-
bard fara, race. Diez préfèi^e l'arabe faras,
cheval (d'où esp. nlfaraz), pris dans un sens
collectif, comme le prov. mod. <'^o(=L. equa)
est employé ji. haras. Cotte étymologie serait
décisive, dit-il. si l'on trouvait la trace d'une
anc. forme fr. faras ou d'un mot HL. fara-
ctum. Cotte découverte e.st faite; un passage
de Bercheuro porte farat {voy, Littré); j'ajoute-
rai (pie Oodefroy cite plusieurs cas do vfr. farai,
farat s au sens do amas, troupeau). — .le ne
vois cependant pas pourquoi l'on dédaigne
l'étym. tirée du L. hnra, qui signifiait une
petite écurie (pour oies, poules, pon*Jî) : ce
mot a pu s'étendre au local où l'on retenait
l'étalon et en môme temps s'agrandir par
l'augmentatif act'wm; je m'en tiendrai donc à
hara, petite étable, d'où Jiaraceum, étable à
étalons, d'où fr. haras, — Dans les gloses
d'Al. Neckam et d'Adam du Petit-Pont (voy.
ma Lexicogr. latine du xn® et xiii' siècles,
pp. 105 et 122). haras est la traduction de
equitium,
HARASSER (d'où angl. harass), peut-être
un dérivé du vfr. har, baguette d'osier, fig.
fouet, cravache. On m'objecte que har n'est
qu'une variété orthographique de luirt et
que la dentale finale aurait reparu dans le
dérivé ; cette objection est en effet sérieuse,
mais il reste encore à voir si le t dans haH
n'est pas |>aragogiqne, comme dans rempart
et autres. S'il faut abandonner har, nous nous
bornerons à dériver direct, harasse^' du vfr.
harier, Iterier, fatiguer, maltraiter, agacer,
importuner, norm. /mr^r et angl. /mrc, exciter,
presser, dér. du subst. haire, au sens ancien de
peine, tourment (v. cm). — Ou bien faut-il
admettre un rapport entre harasser et le vfr.
harasse, qui signifiait un bouclier couvrant
tout lo corps, et qui, par conséquent, devait
étro passablement lourd ? Je ne le pense pas.
Rajiportons encore, pour mémoire, l'opinion
de Nicot, qui dédui.sait harasser de haras,
u auquel l'estallon par force et fréquentation
de saillir les juments devient desnué de force,
estancé et allangoury ». — Godefroy cite de
nombreux exemples d'un subst. harace, panii^r
formé de cordes, mais je doute qu'il soit con-
nexe avec notre verbe, comme on le présume
dans Rom. VIII, 453.
HARAUDER. voy. haro,
HARCELER, vfr. heixcler; d'après Diez,
dérivé de herce*, auj. herse (v. c. m.). Il allè-
gue l'angl. harrow, qui réunit également les
significations de herser et de tourmenter. J'y
verrais plus volontiers une dérivation do har-
celle, vieux mot français (évidemment lo dimi-
nutif de Imr ou hart (voy. s. harasser), qui
signifiait une petite baguette servant à faire
aller les chevaux. Pour appuyer mon étymo-
logie par voie d'analogie, je réunis ici les dé-
rivations suivantes : forme har, verbes harer,
harasser (?), forme hart, verbe vfr. hardier,
irriter, harceler; — forme dimin. harcelle,
verbe harceler; trois variétés du même primi-
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HAR
— 266 —
HAR
tif dégageant tout autant de verbes à forme
variée, mais de signification semblable.
1. HARDS, troupe de bêtes fauves, vfr.
pic. herde; c'est l'ail, herde, goth. hairda,
ags. heard, troupeau.
2. HARDS, lien pour attacher les chiens de
chasse, forme féminine de hart, corde. — D.
harder, attacher les diiens.
HARDIAU, voy. hart.
HARDES « bagage, peut-être le subst.
verbal du verbe harder, lier (v. hard€ 2),
mais on peut y voir aussi, pour autant qu'il
signifie paquet, une simple modification de
forme du mot farde (v. c. m.). Pour /"devenu
h, cp. hors de fors. On trouve, en effet, vfr.
hardel pour fardeau,
HARDI, part, du verbe ancien hardir (pour
lequel nous disons aigourd'hui enhtirdir) ■=»
proy. ardir, it. ardire. Ce verbe représente
le vha. hartjan, rendre dur, fortifier, aguer-
rir (radical hart, dur). Bien qu'en esp. ardido,
brûlant (de arder, brûler), coïncide avec
ra<y. ai*dido, hardi, ce dernier n*a rien à faire
avec le L. ardere. Quant à l'étymologie tirée
du gr. iLupUoL, cœur, c'est une insigne bévue.
— D. hardiesse ■= prov. ardideza (en vfr. on
avait le subst. hardement, = prov. ardimen,
\i. ardimetito); verbe enhardir, — En picard,
Tadv. hardiment équivaut à beaucoup, fort,
tout comme le vha. harto, — Du même radi-
cal germanique viennent sans doute aussi les
termes hardeau et hardelU, = jeune garçon
et jeune u garsette >*, que je trouve consignés
dans Nicot, et encore d'usage en picard.
HAREM, mot arabe, litt. chose sacrée, ac-
cassible à certaines personnes seulement.
HARENG, prov. arenc, du vha. harinc, ags.
haering, nha. hàrinq, angl. herrinq. Vne
connexité radicale entre ces mots germaniques
et le L. halec, saumure (rac. gr. iXç, sel),
n'est pas admise par les germanistes mo-
dernes.
HARGNSR*, fâcher, harceler; en picard t=t
iiyurier, se moquer. Diez rapproche hargner
du vha. harmjan, ags. hearmjan, injurier,
blesser. On pourrait aussi le placer dans la
même famille que les verbes harer, harasser
et harceler. Pour la forme, voy. ce que nous
avons dit à l'article épargner. La série des
formes serait : Ttariner, harinier, haringer,
harigner, hargner, modifications littérales
qui n'ont rien que de très ordinaire. — D.
hargne, déplaisir, chagrin (effet de l'action
hargner),-&nc. aussi querelle ; adi. hargneuœ,
qui aime à taquiner, à chagriner; chagiin,
querelleur. L'étymologie L. herniosus, -^
qui a une hernie (elle date déjà de Nicot),
est ridicule ; on rencontre bien le subst. vfr.
hargne dans le sens du L. hemia (Godefroy
ne le connaît pas), mais ce n'est qu'un homo-
nyme de hargne, chagrin. On peut avoir une
hernie sans être hargneux le moins du monde !
Dans •* chien hargneux »», l'adj. pourrait être
une altération de hagneux, qui vient du verbe
hagner (dial. rouchi), mordre, dont on ne
connaît pas l'origine.
1. HARIOOT de mouton (en vfr. hericot;
Palsgrave : « hotchpotch of many meates,
haricot »»). Ce mot représente, selon Génin,
une variété du fém. vfr. haligote, herligote,
= morceau, pièce, lambeau, d'où haligoter,
harigoter, déchirer, dépiécer. Le spirituel
philologue nous fait voir par des recettes culi-
naires qui remontent au xiv* siècle comme
quoi le haricot de mouton a toujours été en-
visagé comme un ragoût, dans lequel le mou-
ton est coupé menu en beaucoup de morceaux.
Quant à l'origine de haligote, il la trouve
dans le L. aliqiiot, exprimant pluralité. Diez,
plus prudent, s'abstient d'assigner un primi-
tif au mot haligote, et se borne à citer Tangl.
harl, fibre et vha. harluf, licium. Quoi qu'il
en soit, l'idée de menu, inhérente au mot ha-
ricot, ressort clairement du vieux yevhQhari-
cote^, employé au figuré pour spéculer mes-
quinement, et du terme haricoteur, pic. hari-
cotier, marchand de détail. Cp. le wall.
halcoter, barguigner, chipoter.
2. HARICOT, plante légumineuse. D'ori-
gine incertaine. Amusons-nous un instant à
voir le docte Ménage se débarrasser de la diffi-
culté. Le mot vient, selon lui, de faba, fève :
u faba, fabarius, fabaricus, fabaricotus, fari-
cotus, haricotus »». Malheureusement, il a
négligé de nous montrer sur la carte une
seule des diverses étapes de la longue route
qui conduit de faba à haricot. Voici mainte-
nant l'avis beaucoup plus ingénieux de feu
M. Génin : Haricot, mot qui ne fait concur-
rence à fèr>e que depuis le xvii* siècle, est le
même mot, avec une acception détournée, que
haricot = ragoût de mouton (voy. l'art,
préc.). •» L'aspect d'un plat de haricots rappe-
lant à la vue un plat de ces petits morceaux
de mouton mis en ragoût, quelqu'un se sera
avisé de transporter au légume le nom du
plat de viande. Ces ironies ne sont pas incon-
nues dans le vocabulaire gastronomique, où
une croûte de pain frottée d'ail s'appelle un
chapon ».
HARIDELLE, mauvais cheval maigre, fig.
et par mépris = femme grande, sèche et
maigre. Comparez angl. hartidan, wall.
harott, rouchi aroM^^, norm. harin,harousse,
m. s. N'y aurait-il pas ici encore au fond le
har du verbe harer, aiguillonner, frapper du
fouet? Haridelle serait une rosse que l'on ne
fait marcher qu'à coups de bâton. On a aussi
pensé, mais à tort, je crois, au L. aridella,
dérivé imaginaire de aridus, sec.
HARLBQUIN, voy. arlequin.
HARMALE, it. armora, nom de plante, en
botanique peganum harmala, du gr. ippL^loL.
De là le tenne de chimie harmaline,
HARMONIE, L. hamwnia (kpfAovlx). — D.
harmonieuof, harmonique, L. harmonicus
(de là l'instniment dit h&rmonica); harmo-
nier, -iser, -iste; opp. disharmonie, aussi
désharmonie (Michelet).
HARNACHER, prov. arnescar,amassar, dér.
du vfr. harnas, voy. l'art, suiv. — Cps. enhar-
nacher, déharnacher,
HARNAIS, HARNOIS, vfr. harnas, p. har-
nasc, it. amese, esp., port., prov. arww. C'est
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IIAR
— 267 —
HAS
la racine cjmr. haiam, irl. laran, fer, jointe
au suffixe roman iscus ou ensis. Ou bien est-
il préférable d'admettre que le mot cymr.
haiamaez, attirail de fer, ferraille, ait d'abord
donné Tangl. harness, d'où seraient prove-
nues les formes romanes? Notez que harnais
signifiait dans le principe armure, attirail de
guerre. On dit encore « endosser le hamois,
vieillir sous leharnois «». Le mha. harnasch,
ail. mod. hamisch = cuirasse, est d'impor-
tation romane. — D. haimacher (v. c. m.).
HARO, aussi hare^ angl. harroio, interjec-
tion ; « crier haro » .D'après Diez, du vha. hera
ou hara. aussi haroi, saxon herod, signifiant
ici ! L. hue ! I^a forme herod donne l'explica-
tion du verbe fr. haroder, harauder. L'an-
cienne explication par ha Rou ! (RoUon, duc
de Normandie), bien qu'elle date du xiv* siè-
cle, est de pure fantaisie.
HARPAGHON, avare, du personnage ainsi
nommé dans la comédie de Molière intitulée
V Avare. Molière avait puisé ce nom, qui vient
du grec àpwàjfiv ravir, piller, dans la comédie
latine.
1. HARPE, instrument de musique, BL.
^rpa,it., esp,, prov. arpa. Du nord, harpa,
ags. harpe^ vha. harpha, ail. mod. harfe,
VénanceFortunat mentionne la harpe comme
un instrument particulièrement cultivé par
les Germains. Diez est d'avis que c'est la
forme crochue de l'instrument qui a déterminé
l'acception griffe, crochet, propre également
au mot harpe (voy. l'art, suiv.). Les^ aspirées
trahissent selon lui une provenance germa-
nique ; le grec ûpitri aurait, suppose-r-il, donné
simplement arpe. Je pense que le célèbre lin-
guiste use ici d'un peu trop de subtilité, d'au-
tant plus ^uele fr. présente plus d'un exemple
où Vh aspirée est ajoutée sans raison étymo-
logique, soit par l'influence germanique ou
par assimilation à quelque homonyme. — D.
harpiste, Aarper; jouer delà harpe.
2. HARPE, croc, griffe; esp., prov. arpa,
m. s. Du grec ipitti, croc; ou bien, ce qui
pourrait lever les difficultés opposées par Diez
à une disjonction étymologique de harpe^
instrument, et de harpe, griffe, crochet (voy.
l'art, préc.), du vha, hrepan, par transposi-
tion herpen, saisir, accrocher, qui nous parait
également être au fond du nom de l'instru-
ment musical ; cp. le bavarois hdrpfen, grim-
per. — D. harper; harpaiUer; harpeau,
grappin ; hurpin, harpon,
HARPBAU, voy. l'art, préc.
HARPSGE, voy. arpège.
HARPER, voy. harpe 1 et 2.
HARPIE, L. harpuia (kpTtvloi).
HARPI6NER (SE), s'attaquer, se prendre
au collet, formé de harpin, à la façon de
éparpner, trépigner, égratigner. On dit aussi
harpiller, harpailler.
HARPnf, voy. harpe 2. — D. harpigner
(v. c. m.).
HARPON (angl. harpoon, néerl. harpoene,
ail. harpunej, augmentatif de harpe 2. — D.
harponner.
HART, corde; forme fém. ?iarde (v. c. m.).
D'origine inconnue ; on peut supposer que le
d ou t est paragogique comme dans bard,
homard, etc. (voy. pi. h. sous Iiarasser) et que
le mot signifie primordialement baguette
d'osier, souple et pliante, servant de lien (cp.
en ail. tmede, lien, de toeide, saule). — D.
hardeau, petite corde, aussi vaurien (qui mé-
rite la hart).
HASARD, it. aszardo, prov., esp., port.
azar (en esp. et port., le mot signifie coup
malheureux), cat. atsar, entreprise hasar-
deuse. Notons d'abord que le vfr. hazart si-
gnifiait pr. un jeu do dés, puis coup de dés
(« geter basart »), enfin chose futile (ainsi dans
la phrase •* ne valent pas un hasart »). L'éty»
mologie de ce vocable a beaucoup torturé les
linguistes sérieux autant que les amateurs.
On a proposé tour à tour : 1<* le latin oj, au
sens d'unité au jeu de dés, mais la consonne z,
qui parait être un élément organique du mot
roman,y£Eiit obstacle; 2. l'arabe rfarr, dom-
mage, mais il n'y a là ni rapport de sens, ni
concordance littérale ; 3. l'hébraïque zarah,
nécessité, situation critique ; mais ce primitif
aurait donné une forme féminine, telle que
l'it. zara; 4. l'arabe Ja*ara, jouer aux dés,
jasar, partie de dés ; la consonne arabe s per-
mute en effet avec le z roman, mais comment
expliquer l'aphérèse de l'initiale j/ — Ajou-
tons à ces corgectures hasardeuses la suivante
d'un homme sérieux, mais qui, à force de la
démontrer, lui enlève toute probabilité : ha-
sard, selon Bôhmer (Jahrb. f. rom. Phil., X,
190), provient d'un type latin /cM?orartum par
les évolutions suivantes : hauriar, haryar,
harzar, harsar, hasar, hazar. C'est bien là
fatiguer les mots et soi-même en pure perte.
Diez n'ose pas se prononcer; il est porté à
croire cependant que le d final est parasite,
comme dans homard, blafard et autres ; que
la forme it. azzardo vient du français et que
le véritable mot italien est l'anc. zaro, auj.
zara,'}Q\\ delà chance, risque, danger (d'après
Diez, coup de trois as). — Kaynouard rattache
le mot au suéd. <isar, plur. de as, dieu ; le
hasard équivaudrait à •« les dieux, le destin «>.
Cela n'est pas plus probable que les autres
moyens proposés. — Génin fournit des preuves
constatant (\\xehasard signifiait primitivement
le coup de six au jeu de dés, le point qui fait
gagner; Jean de Garlande (xi* siècle) : Senio,
-onis, dicitur numerus senarius, gallice ha-
sard. On trouve effectivement souvent dans
l'ancienne langue •« geter hasart » . Dans la
suite, ridée d'incertitude aurait eflacé le sens
primitif, et Ton aurait fini par personnifier le
hasard, la chance fortuite et par en faire en
quelque sorte lesynon. de destin. — Littré fa-
vorise l'opinion de Guillaume de Tyr, contem-
porain des croisades, à savoir que le jeu de
dés (sens primordial du mot) fut trouvé pen-
dant le siège d'un château de Syrie nommé
Hasart et qu'il prit le nom de cette localité.
— Pour compléter l'historique des tentatives
étymologiques faites sur hasard et avant de
clore par celle qui parait être destinée à ter-
miner le débat, nous donnerons encore accueil
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IIAT
— 208 —
IIAV
à une ingénieuse, mais tout aussi aventureuse
supposition de Lanprensicpcn. La voici : La
préposition ad, avec l'^r adverbial, aurait pro-
duit l'adv. roman ads, prov. as. De cet ails
(imaginaire) procéderait un verbe ads-ara,
pruv. azur («'omme ab-ans, ==■ L. ab-ante,
fr. avant , a produit le verbe abans-are, =fr.
avaucrr), avec le sens du L. accedere, venir,
tombera, échoir. Les subst. azar, esp., port,
et prov., et le cat. atoat' ne seraient donc
autre chose que cet infinitif adsare au sens
déchoir (en bien ou en mal). Comparez les
substantifs plaisir, loisir, qui ne sont non .
plus que des infinitifs. Le français ajouta à
azar un d i>aragogique. et de asard, hasard,
hasard, l'it. fit azzardo. — Les conjectures
n'ont pas fait défaut, c«mme on voit; il faut
savoir gré à Mahn d'avoir mis un terme à
cette incertitude par une étymologie, sinon
certaine, du moins tout à fait plausible. Le
mot vient, d'après lui, du mot arabe sehAr,
contracté ^rfr, signifiant dé; combiné avec l'art.
al^ il est devenu assahar et assar ; de là les
formes esp., port., prov. et franc., tandis que
la forme it. zaro, sara repix>duit le même
subst. sans article. — L7t initiale est parasite
et n'était pas aspirée dans le principe, comme
l'a fort bien démontré M. Génin, — D. ha-
sarder, hasardeux,
HASE, femelle du lièvre, du vha. hasô, liè-
vre, ail. mod. Iiase, ags. //ara, angl., dan.,
suéd. harc.
HAST, dans « arme d'hast «, vfr., prov. ast,
forme ma.**c. du L.hasta.
1 . HASTS, lance, L. hasta.
2. HASTB, broche et ses dérivés hâtier,
hàteur, etc., sont bien, à l'avis de Bugge
(Rom., IV, 359), issus du lat. ha^ta, mais en
subi.ssant l'influence de l'ail, harst, ustensile
sen*ant à faire rôtir, gril, mais non précisé-
ment broche. Ce mot se disait aussi, comme le
fr. hastc, d'une pièce de viande rùtie, d'une
tranche de porc rôti.
HATE, haste, mot germanique : v. frison
hast, ïiovà. hastr, ail. hast. — D. verbe //afe?',
adj. hâtif [\^vo\. astiii),
HATELET, dim. de haste, lance ou broche.
— D. hàtelettes.
HATEREAU, tranche de foie de porc, poi-
vrée, salée et grillée, de ha^te, broche. — Il
faut séparer, je pense, le vfr. hatcrel, chignon,
nuque, que Diez rapporte au mha. halsadcr,
m. s., d'où haUter-el, lialterel, haterel, —
Bugge (Rom., IV, 360), pas plus que Grand-
gagnage,v»//af?*«z(cou), ne distingue de notre
mot le vfr. haterel, cou, nuque, chignon. Le
mot aurait d abord signifié col de veau ou de
porc et fini par s'appliquer au cou ou à
i'échine de l'homme. Cela ne m'est nullement
démontré; je ne puis entrevoir de connexité
entre les deux termes ; pourf|Uoi pour l'un
régulièrement hastereJ, pour l'autre haterel f
HÀTEUR, officier de cuisine chargé des
viandes qui sont à la broclie, de haste, broche
(v. c. m.).
HATIER, de haste, broche.
HATIF, voy. hâte. — D. hâtiteté, hàtiveau.
HAUBAN, anc. hohent, du nord, hofitd-
baiid, c^)rdage princi|Mil, ou plutôt du flam.
hobant p. hoofdbant. C'est de même le néerl.
raaband, cordage de vergue, qui a donné le
fr. raban. — D. haubantri\
HAUBERT, cotte de mailles, vfr. halberc,
hanberc, prov. atisberc, it. osberf/o, iisberf/o,
BL. halsbay/a; du vha. halsberc, m. s., litt.
pièce d'armure protégeant le cou. Le sens du
mot s'est, avec le temps, élargi ; de même l'ail.
koller, pr. collerette, a signifié dans la suite
une esj>èce de cuirasse ou de veste sans man-
ches. — De l'anc. forme haubn'c vient le
dim. haubert/eoii , — Wackernagel et Bcneke
voyaient dans halberc un type germ. al-ba'c
= qui cache tout; mais les formes it. et prov.
sont contraires à cette origine.
HAUSSE-BEC, voy. hausser.
HAUSSER, vfr. haiicier, haucer, it. aUare,
esp. alzar, prov. alsar, ausar; d'un type latin
altiare, formé de alttis, haut. — D. hausse
(d'oii l'adj. hattssiei'); rehausser; voy. aus.«îi
exaucei\ — Cps. hausse-bec", mouvement qui
consiste à hausser le bec en signe de dédain,
de là le verbe haussebecquer, railler ; hausse-
col.-
HAUSSliRE ou aussih'e, aussi hatisière,
cordage à trois torons; n'a prob. rien à faire
avec Imusser. L'angl. dit luiwser, mais ce mot
est emprunté du fr ; l'étymologie est le ni. et
ail. hais, qui signifie cou et, en t. de marine,
câble.
HAUT, vfr. hait, ait. Uh est une ajoute
faite sans doute sous l'influence de l'ail, hoch.
Du L. altns. — D. hauteur; hatttesse, jadis
«= grandeur, élévation; hautain (voy. aus.si
altier). Le terme altesse est tiré directement
de rit. altezza.
HAUTBOIS, pr. instrument en bois qui va
haut, ou dont le ton est fort clair. L'italien en
a fait oboe, l'ail, hoboe, l'angl. hautboy. -r-
D. hautboïste (dérivation irrégulière).
HAVE, d'après Diez, de l'ags. hasva, mha.
heswe, desséché, pâle. — Fôi^ter (Ztschr. V.
97) l'éprouve c^ttc étymologie, et pour le sens,
et pour la lettre. L'anc. français ne présente
jamais haste, mais toujours hâve. De plus,
cet adjectif était primitivement un terme
technique du jeu des échecs, synonyme de mat,
d'où se sont produites les acceptions actuelles.
De l'adjectif hâve vient le verbe haver ^^
faire mat et hâve. — Le mot, selon Fr. Michel
(Romande la Rose, I, p. 221), serait le L. hâve
(bon jour! salut!)
HAVENEAU, HAVENET, nom d'un petit
filet formant une espèce de poche conique,
ouverte par un cercle sur lequel il est trans-
filé. C'est un mot Scandinave; un filet de
même forme se dit en norois hâfr, norv. haav,
suéd. luif, patois de l'Angleterre septentr./iaa/.
HAVERON, avoine sauvage, du vha. habaro,
ail. mod. hafe)', habei*, angl. haver; Diez
propose aussi une contraction de avojeron
(f(dle avoine), dér. de L. avenu.
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IIEL
— 269
IIÉR
HAVET, crocliet (outil des ardoisioi*s), ainsi
que havraUt anc. havel (outil des sauniers),
dérive du vfr. hcf, crochet, d'où aussi vfr.
hare)\ tirer à soi au moyen d'un crocliet.
Voy. Fœi^ster, dans Grôber, Ztsclir., VI, 111.
Le pluriel hcs (crochets) que j'ai relevé dans
mon Glossaire do Froissart en le rapportant
à \\n sing. conjectural hec = ail. liakCy est en
i"éalit(5 le plur. de hef (il se trouve aussi dans
Ph. Mousket, 19592).
HAVIR, dessécher; selon Diez. du vha.
heian, brûler, avec insertion de v. Le verbe
ne parait pas avant le xvi" siècle ; on ne le
voit jamais avec un s radical ou un cii*con-
flexc, ce qui fait écarter l'ags. hasta^ dessé-
ché, mentionné sous hâte,
HAVRE, vfr. hàvene, havle, hablc, BL.
habidum, haiila, dii-ect. de Tags. hàffen^
nord. hOfn^ dan. haUy m. s. L'ail, dit hafen^
l'angl. havcn. Pour la formation du mot. cp.
ordre de orde^u.
HAVRE-SAC, de l'ail. haJbersack, sac à
avoine, puis sac à provisions.
HEAUME, vfr. Iiealmc^ eiine, hiaiime^ it.,
l)ort. elnWy esp. yebno^ prov. ehn; du vha.
helm, nord, hialmr, goth. hilms^ m. s. Cp.
Guillaume do l'ail. Wilhelm, Voy. aussi
arrnet .
HEBDOMADAIRE, dér. du L. hebdomas,
-adis^ (gr. éS^o^uà^), semaine.
HÉBERGER, anc. Iierbcrr/er, voy. auhcrt/c.
HÉBÉTER, du L. hebetarc \do Itcbes,
éinoussé).
HÉBRAÏQUE, du L. hcbraicus. — D. hè-
braiser La forme Iwbrcu vient du L. hebrœus
= kebreuSt cp. \(v,jndeUf dcjud^vus,
HiiCATOMBE, gr. sxaro.uS^, sacrifice de cent
victimes.
HECTARE = cent ares, du subst. arc et du
grec £/arov, cent. De la même manière : Aer-
tolitre, hcctosWrCy hectonuHrCj hectof/rammc.
HECTIQUE, terme savant pour étique (v.
c. m.).
HEDUQUE, bohème hayduk; forme slave
du V. hongrois hadju, fantassin.
HEIM, heiii^ interjection répondant pour le
sens et le son au L. hem.
HÉLAS, prov. aiias, angl. alas, it. ahi
hi3S0f de l'interjection hé et de l'adj. las (L.
lassiui), anc. >=* malheureux.
HÉLER, appeler de loin, de l'angl. hail,
pr. saluer; Kiliaen donne au flam. haeîen
aussi le sons d'appeler.
HÉLICE, gr. ÎUX, ilur,, m. s. i^dc sh'iîîiv,
rouler en spirale).
HjiLIOTROPE, litt. tourne-sol (de /;;io,-, so-
leil, et T^îTriiv, tourner).
HELLÈNE, gr. sÂ>>jy, habitant de la Hellade,
puis Gi*ec en général. — D. hellénique,
helléniste,
HELLEQUIN, anc. feu follet, du néerl. hel-
leken, dim. de helle (ail. hôlle)^ enfer. Ce
mot, ayant pris une acception i)crsonnolle, a
fourni le nom it. Alichino, employé par Dante
pour un des démons do la fosse des baratieri.
De là le sons : chevalier de l'cufer, fantôme
armé.
HÉMATITE, L. liœmatites, dn gr. ai/uKrlrru
(de «taa, sang).
HÉMI-, élément initial de composés; c'est le
grec >;>i-. équivalent littoral du L.semi, demi.
Les principaux composés sont : Hkmicyci.e,
#î>ixû/.>i9v, demi-cercle (xO/.Xo;, cercle;; — Hé-
MISPHÈRK, v;>i79a;/5i9v, dcmi-boulc (îpatjox,
boule, globe); — Hémistiche, >;7/i7Tt^o;, demi-
vers
HÉMORRHAOIE, gr. ulfxoppryir, éruption
de sang («r^ax, sang, ^r.'/juui, rompre).
HÉMORRHOÏDES, gr. aiixoppuU (pl"i\ -fo^i),
flux de sang («î/ax, sang, et piiu, couler).
HÉMOSTATIQUE, gr. «i^oîrxTi/o;, propre
à arrêter le sang, de at^ux, sang, + ttxtixo;,
(pli arrête [U-rnynt UX-^jt).
HENNIR, dn L. hinnire, m. s.
HÉPATIQUE, gr. r^Trxrifôi (de r.Tio^p, foie).
HÉPATITE, inflammation du foie, gr. «jjrx-
HEPTAMÉRON, titre d'un célèbre ouvrage,
composé de parties distribuées en sept jour-
nées (iTTri îîaij&ai). Cp. ledécaméi'ou de Bocaco.
Ces mots ne sont pas trop correctement for-
més.
HÉRAUT, heralt\ it. araldo, esp. haraldo,
heraldo, angl. hei'ald, ail. herold, port.
arauto, esp., port, aussi farautc; du BL. ha-
raldiis, heraldus. Pe^it-être, remarque Diez,
d'un composé vha. hanowalt = ofticier d'ar-
mée. On trouve ce mot germani(pio aussi
employé comme nom propre, sous les formes :
ChariovalduSf saxon Hariolt, nord. Haraldr.
N'y aurait-il pas au fond la racine har, du
vlia. haren, crier, appeler, racine congénère
avec le sanscrit kar, crier, appeler, et qui so
retrouve dans le gr. x^jouç, héraut. La termi-
naison aldus, aut ne peut guère faire difli-
culte. — Du BL. heraldus on a formé l'adj.
héraldique.
HERBE, L. herba, — D. herbacé, L. her-
baceus; herbette, herbage, herbeux (L. her-
bosus); herbu; herbier (L. herbarium); verl>o
hei'bei\ exposer sur l'Iierbe; herbivore (formé
d'après Carnivore), = herbam vorans; herbo-
riste, herboriser, mots de fantaisie, créés pro-
bablement par assimilation à arboriste et arbo-
riser, qui sont moins arbitrairement formés,
et aussi d'introduction plus ancienne.
HERBORISER, -ISTB, voy. herbe,
1 . HÈRE, mot de date peu ancienne ; d'après
Diez, de l'ail, herr ou néerl. heei\ monsieur,
seigneur. Pourquoi pas aussi bien du L.herusf
La solution de cette question dépend du mi-
lieu dans lequel l'expression pauvre hère a
pris naissance. Forster (Ztschr., Ill, 262) se
demande si le mot, dans cet emploi, ne repré-
sente pas le vfr. hère (fém.), figure, mine.
2. HÈRE, terme de vénerie, le jeune cerf
qui commence à pousser ses premiers bois.
Est-ce une expression métaphorique se ratta-
chant au mot préc? ou y aurait-il là le mémo
radical qui a donné vha. hiru^ (ail. mod.
hirsch), ags. fieorut, angl. hart, ni. hert,
cerf?
HÉRÉDITÉ, vfr. hérite, hireté, du L. hcrc
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HER
270
HEU
ditas ^ei'efi); héréditaire^ L. hereditarius,
primitif aussi du fr. héritier.
HÉRÉSIE, fi*ancisatioQ de L. hœresis ==
gr. alfiisii, pr. choix, option, puis la doctrine
pour laquelle on se déclare, la secte à laquelle
on s'adonne. — D. hérétique, L. hsereticus,
gr. ot/BCTwo;, sectateur.
HÉÎRIGOTÉ, voy. er^ot.
HÉRISSER, voy. le mot suiv.
HÉRISSON, vfi .aussi hcriçon^eriçon^iriçon,
wall. iresoiî, ureson, it. riccio, esp. eriso,
port. eHcio^ouriço, rouchi hirchon, hurchon,
angl. urchon; prov. erissoyi; dér. du L. eri-
ciuSy m. s. — Du même primitif vient aussi
le verbe hérisser, it. arricciare, esp. erizar^
port, ouriçar, prov. erissar. On donne le nom
de hérissonne à une espèce de chenille velue,
dont le poil forme des houppes.
HÉRITER, vfr. eri ter, ireter, it. ereditare,
eredare, redare, esp. heredar, port, herdar,
prov, heretar; quelques-unes de ces formes
accusent pour type le L. hcreditare, d'autres
le BL. hercdare, — D. hérité*, hireté', L. he-
reditas; héritance, héritage; cps. déshériter,
HÉRinSR. voy. hérédité,
HERMÉTIQUE, qui a ra[)port à la science
du grand œuvre, de Hermès Trismégiste,
philosophe égyptien. La chimie s'appelle aussi
la science hermétique ; on nomme sceau her-
métique une manière chimique de boucher les
vaisseaux, qui empêche que les esprits les plus
subtils ne puissent s'exhaler ; de là l'expression
hermétiquement scellé ou fermé.
HERMINE, vfr. ei^me, ermine, prov. ermini,
it. armelJino, ermeUino, esp. armino, du L.
ai*meinus. La peau dliermine était originai-
rement tirée de l'Arménie, vfr. Ermenie.
C'est la fouiTurequi a donné le nom à la bête,
car celle-ci n'est pas du tout arménienne
d'origine. — D. hcrminer,
HERMITE, voy. ei^ite.
HERNIE, vfr. Iiergnc, hargne, du L. hcr-
nia, m, s,
HÉRON, vfr. hairo)i,\)rov.aigro7i,it.aghi-
rone, esp. airon ; du vha. heigir, heigro, v.
flam. heigher, m. s. Voy. aussi aigrette,
HÉROS, L. héros (^/sw;), fém. héroïne, L.
hcroina (ïj'/swfvij). — D. héroïque, L. hcroicus
(^/56>i/oc); subst. héroïsme,
1. HERPE, ancien terme d'art militaire =s
herse, du L.. hirpicem (par apoco^^e du suf-
fixe;.
2. HERPE, griffe dun chien, variété de
harpe 2.
HERPES, matières i-ejetécs i>ar la mer, pr.
cho.ses herpées ou harpées, ramassées au
moyen de la harpe.
HERQTJE, râteau de fer des charbonniers, de
l'ail. Jiarke, m. s.
HERSE, anc. herce, hieiche, BL. hercia ; du
L. hirpex, gén. hirpicis, m. s. Cette étymo-
logie est correcte, et corroborée par Fit. cr,
pice, et par la forme herpe et hirpe, anc.
terme d'art militaire équivalent de herse, et le
n. prov. erpi = herse. Le synonyme BL. he-
ricia est moulé sur le mot français par assi-
milation au L. ericius; assimilation naturelle,
puisque la herse est hérissée de piquants.
Bescherelle reproduit la bévue de Morin,
d'après qui hei'se vient du gr. ï/sxiov, barrière
ou clôture dont on environne une maison pour
la fortifier. Il est ceiiain que les paysans ont
eu le nom et la chose avant que les ingénieurs
aient songé à garnir les portes des villes de
grillages à pointes de fer. — D. herser, her-
sillon ; voy. aussi harceler.
HÉSITER, L. hœsitare (îréq. de hœrere).
HÉTÉRO-, élément initial de quelques com-
posés scientifiques; du gv. tTtpoi, autre.
Parmi ces composés nous citons : hétéroclite,
gr. irtpônUroi, litt. qui se décline ou fléchit
(/ifvflj) autrement ; hétérodoxe, opp. de or-
thodoxe, gr. krtpooolî t, qui est d'une opinion
(adÇa) différente ; hétérogène, gr. inptyt^^i,
qui est d'un genre (yèvo;) différent.
HETRE, du flam. heester, hester, arbrisseau,
bas- ail. hester, jeune hêtre, ail. heister, jeune
arbre de bosquet. Le mot, spécialisant son
acception, a fini par supplanter en roman les
anciennes dénominations du hêtre, fau, fou
(L. fagus), fouteau, — Ménage voyait dans
haitre, variété orthographique p. hêtre, une
contraction d'un type fictif fagaster; bien
que les Espagnols disent haya, p. fagus ou
plutôt pour fagea, je crois devoir rejeter cette
dérivation, puisque la latinité du moyen âge
ne fournit aucune trace d'une forme fagaster
ou fagistei'.
HEUR. Malgré toute l'apparence de vérité
que donnaient à l'étymologie usuelle (hora)
l'usage et le nom de Vhoroscope, ce vieux mot
masculin, regretté par La Bruyère et Voltaire
et conservé dan.s les composés bonheur et mal-
heur, n a rien de commun avec le féminin
heure. Il suffit de tenir compte des anciennes
formes aiir, eiir, hcilr, pour s'en convaincre.
Lo mot correspond au prov. auguri, augur,
Of/ur, esp. agilero, port, cu/owv, it. augurùt,
wall. a^D€ure, et reproduit le latin augurium,
présage, auspices. Il est donc, par son origine,
synonyme de destin, chance, sort; dans le
principe, une « vox média », c.-à-d. à double
sens; l'équivoque disparaissait par l'adjectif
apposé ; toutefois, l'adjectif faisant défaut, lo
mot était pris en bonne part. Le subst. heur
a poussé le rejeton heureux (vfr. ein-eus) ; le
subst. cfirtc, félicité, a disparu, de même que
le verbe «Kr*?/*, eiwer, aheurer «= it.,prov.
ahurar, rendre heureux ; que vims estes ei>rée!
disaient les anciens. — Mentionnons, jwjur
mémoire, l'étymologie L. faror, proposée par
Btehmcr .
HEURE, L. hora. Le même subst. latin a
donné aux langues romanes un grand nombre
d'adverbes, ainsi au fr. :or, lors, alors, désor-
mais, dorénavant, encore (voy. ces mots).
HEUREUX, voy. heur.
HEURTER, anc. hurtcr, prov. iirtar, it.
urtarc. Bien qu'on retrouve ce verbe dans lo
mha. hurten, néerl. hurten, horten, àngl.
hurt, hurlle, Diez estime que ces vocables
germaniques sont d'importation romane, puis-
qu'ils font défaut dans los vieux dialectes.
Parmi Icb idiomes celtiques, le cymrique seul
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IIIO
— 271
lus
pourrait fournir un primitif : c'est le subst.
hwrdh, bouc et heurt, d'où le verbe hyrdhu,
hyrdhyo, frapper, heurter. Pour Nodier heurt,
comme tant d'autres vocables dont l'origine
lui échappait, n'était qu'une onomatopée, ren-
dant le choc de deux corps durs qui se ren-
contrent! Il faut une oreille bien fine pour
saisir cette onomatopée. — L'étym. proposée
par Langensiepen, L. urgitare^ fréq. de itr-
gere, presser, est forcée et l'initiale aspirée ne
serait pas motivôe. — D. heurt, it. xtrto.
Composé : s'aheurter,
HEUSE, anc. »= botte, chaussure, auj. t.
de mécanique t= cylindre de bois qui joue
dans le corps d'une pompe, et qu'on nomme
aussi sabot; c'est le même mot que le vfr.
hose, mentionné sous houseaux. — I*e sens de
piston de pompe se prête d'ailleurs aussi à
une extraction du flamand hoosen, puiser
(Kiliaen).
HIATUS, mot latin, signifiant pr. ouver-
ture, bâillement, puis, comme terme de gram-
maire, rencontre de deux voyelles, sans éli-
sion de l'une des deux. Cette dénomination
vient de ce que, pour passer de l'une à l'autre,
la bouche reste ouverte.
HIBOU, mot imitatif (cp.L. ulula,ù\i, uhu);
en vfr. on trouve aussi houpi. — L'origine
onomatopéique de hibou n'est toutefois pas
admise par tout le monde; Baist ^Ztschr., V,
236) tient le mot pour celtique et l'identifie
avec irland. seboec, cambr. hebouc; cp. en
catalan siboc = hibou. — L'étym. assignée à
hibou par Huet est assez plaisante : hic bubo;
Ménage, plus fort encore, n'a pas même be-
soin du hic; bubo lui suffit : bubo, bubus,
vubus, hubiis, hybus, hibus, hibuvius, hi-
bou!
HIC. dans la locution voilà le hic. Ce vo-
cable hic est l'adverbe latin sigui fiant ici; la
locution française reproduit celle du latin hic
est, sous-entendu quaistio (ou auti'e subst.
analogue) «■ ci git la question, le point en
discussion, le nœud de la difficulté.
HID£*, HISDE*, mot de l'ancienne langue
signifiant horreur, et dont nous est resté le
dérivé hideux. On a pensé que hideux, vfr.
hisdeux, hisdous , venait du L. hispidosus,
hérissé, rude (forme «lue présentent quelques
éditions do Catulle), et que de cet ad^j. se se-
rait dégagé un subst. hisde, hide. l'n pro-
cédé semblable ne serait pas sans exemple,
mais ce qui s'opjwse à l'acceptation définitive
de cette étymologie, c'est qu'il se pourrait que
la forme hide fût antérieure à hisde. Peut-
être hide (c'est là une conjecture de Diez)
émane-t-il du vha. e^/idi =» horreur; l'initiale
h devrait dans ce cas être envisagée comme
adventice. La découverte d'une ancienne forme
heide ou Jiede lèverait tous les doutes à cet
égard. — D'après Schuchardt (Vokalismus,
II, 288). hide est = L. yœda, subst. abstrait
do fœdus. — Los écrivains du xvi** siècle em-
l)loyaient encore l'anc. subst. hideur; Frois-
sart emploie eshider p. effrayer.
HIDEUX, donnant (anc. aussi éprouvant) de
l'effroi, voy. l'art, préc.
HIE, vfr. = effort, vigueur, du flam. hijghen ,
respirer fortement, cp. ags. hige, zèle, verbe
higan, angl. hie, se presser. Ménage cite un
verbe picard hinguer, s'efforcer ; cest un cor-
respondant nasalisé du flam. hijghen. — Le
subst. hie moderne, nom d'un instrument
servant à enfoncer des pavés ou des pilotis
(appelé aussi demoiselle, mouton), répond au
holl. hei, et le verbe hier au holl. heijen. Diez
pense que heijen n'est qu'une variété littérale
de hyghen et que la hie tire son nom de l'ef-
fort que demande le maniement de cet in-
strument. Ce qui corrobore cette opinion,
c*est qu'on appelle hiement aussi le bruit (les
soupii^) que tait une machine en élevant un
fardeau et celui que cause un effort violent
dans un assemblage de pièces de bois.
HlàfiLE, prov. eDol, it. ebbio, du L. ebu-
lum.
1. HIER, adverbe, vfr. her, er, ter, prov.
her, it. ieri, esp. ayer, du L. heri,
2. HIER, verbe, voy. hie,
HIÉRARCHIE, gr. iipx&x^^, autorité souve-
raine en matière religieuse ; le chef de l'ordre
hiérarchique s'appelait upxpxni, grand prê-
tre, litt. le saint régent (de éi/so;, sacré, et
ipXiiTf* dominer). Le mot moderne a pris le
sens de «< ordre des degrés qui existent dans
l'état ecclésiastique entre le premier pontife
(le pape) et le simple tonsuré », puis celui de
« filière administrative « en général, — D.
hiérarchique.
HIÉROOLTPHS, gr. iipoyXùyoi, pr. carac-
tère symbolique (upà;, sacré, etyiûysiv, graver).
HILARITÉ, L. hilaritas (de hilaris, gai).
HIPPO-, élément initial de quelques com-
posés grecs reçus dans le dictionnaire fran-
çais; du subst. înitoi, cheval. Parmi ces com-
posés, nous ci tons : HiPi»ODROME, gr. iintoSpôfioi,
lieu destiné aux coui'ses de chevaux (Spofiri,
course) : hippogriffe (hippogryphe), = che-
val griffon {'/pù^, L. gryphus), monstre fabu-
leux célébré par l'Arioste; hippopotame, gr.
tffT07ror«tt9«, cheval de rivière (Trora/Ao'i).
HIRONDE, vieux mot, remplacé par son
diminutif hirondelle, du L hirundo, it. run-
dîne, — L'ancienne langue disait aussi arotule,
d'où les dimin. arotuleau, arondelle^ aron-
delet. Ces formes se retrouvent encore dans
la langue des arts et métiers, et dans des
noms de famille.
HIRONDELLE, voy. l'art, préc.
HISSER (aussi hitiser), it. issare, esp., port.
isar, du suéd. hissa, bas-ail. hissen, m. s.
HISTOIRE. L. historiaiitTopU). — D. histo-
riette; historique, L. Iiistoricus; historien;
historial, L. historialis; historiographe, gr.
itropio/pxfoi. Le verbe historier s'employait
anciennement, 1. pour décrire, dépeindre;
2. pour ornementer un livre, manuscrit ou
imprimé, par des figurines tirées du sujet
ou de X histoire traités dans le livre (do
là lettrines ou vignettes historiées). Auj. ce
verbe est un terme de peinture qui signifie
observer tout ce qui regarde l'histoire : c'est
ainsi qu'on dit « un tableau bien historié ».
HISTRION, L. histrio.
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HOC
— 272 —
HOM
HIVER, prov. hivcni, d« L. hibernum tem-
pns. — D. Iiivci'nal ; hwei*n€)% L. hibernare.
HOBEREAU, HOBREAU', voy. Tai-t. sniv.
HOBIN. espèce de cheval d'Ecosse (de là l'it.
nbino) ; de l'angl. hobby ^ qui signifie à la fois
une espèce de petits chevaux et une espèce
de petits autours. De ce primitif hobby déri-
vent : 1 . en v. angl. subst. hobcler = qui monte
un hobby (voy. Ducange v® hobellani\\ 2. en
fr. hob(^'eaHj petit gentilhomme, et |)etit oi-
seau de proie. Le sens gentilhomme découle-
t-il de celui d'oiseau, de sorte que le gentil-
homme ainsi nommé serait pr. un gentil-
homme à hobereau, trop pauvre pour tenir
des faucons? Je n'ose rien affirmer à ce sujet;
toujoui's est-il que l'esp. ta//arote, comme l'a
fait remarquer Diez, signifie de même petit
faucon et petit gentilhomme. — Richelet
avait la singulière idée que hobereau était
une mauvaise orthographe i)our hautbei'eau,
et qu'il vient de haut ber = haut baron. C est
faire d*un petit gentilhomme un pair du
royaume; mais poui*quoi ne le ferait-on pas
({uand il s'agit de se donner la satisfaction
d'avoir trouvé une étymologic? — J'ai repro-
duit, pour l'étymologie de hobereau, en tant
que nom d'oiseau, l'opinion de Diez; cepen-
dant, elle laisse quelques doutes. D'abord, la
signification autour prêtée à l'angl. hobby
est-elle bien établie? Fuis n'est-il pas tout
aussi possible (jue ce hobby soit tin^ du vfr.
hnbe, oiseau de chasse, (pii me semble être le
primitif le plus naturel du vfr. hobel, et do
hobereau; le rapprochement du mot fr. au-
bricr et des analogues prov. et it. que nous
avons cités à l'occasion de ce mot, ne porte-
t-il pas plutôt à admettre pour Itobe un type
alba, et pour hobereau un type albarelhis,
d'où aubereaii, haubcreau, hobereau î —
Quant à hobin et à son primitif angl. hobby,
on peut en rapprocher le frison et suéd. hoppa,
dan. ho])pe, signifiant également une espèce
de cheval.
HOC, sorte de jeu de cartes; du L. hoc,
cela, c'est cela.
HOCHE, entaille; on y a vu une forme wal-
lonne p. coche fcp. wall. havcr = L. eavare,
h(tchc = cosse), ou bien le subst. d'un verbe
hocher (pic. ahoque^'), accrocher, et l'équi-
valent de coup de crochet (radical BL. hoccus,
crochet, = flam. Jioek), ou enfin le subst. du
L. occare, hei'ser, donc pr. = entaille par
leflct de la hei*se. Aucune de ses conjectures
n'est soutenable, l'ancienne fonne étant osche,
verbe oschiei* (l'aspiration est survenue plus
tard). — Un dialecte provençal ofi'rant auscar,
Fôrster (Ztschr. , V, 98) propose l'ét. L. abse-
care, étymologie phonétiquement correcte.
1 . HOCHER, faire ime entaille, voy, l'art,
préc.
2. HOCHER, secouer, branler; de la même
famille que le flam. hotsen, hutsen, wall.
hossi (Diez). D'après Fôrster (Ztschr., V, 90),
hochei' aurait pour sens primordial « saisir et
attirer un objet fixé ou suspendu moyennant
un hoc (crochet), \)av (pioi il est mis en mou-
vement «♦. Cette explication est peu plausible ;
si hocher venait de hoc, il signifierait plutôt
accroche^' que chercher h, décrocher; en effet,
le picard dit hoquer, ahoquer p. accrocher.
— D'autre part, l'existence du picard hoque-
ta', secouer, faire des mouvements saccadés,
jette du doute sur la manière de voir de Diez.
— D.//oc^rt, jouet d'enfants; hocheur, espèce
de singe. Comix)sés : hochequeue; hoehepied ;
hochej)Ot (fiam. hutspot, caro jussulenta. wall.
hoscpot), ragoût ainsi nommé parce qu'il faut
parfois hocher le pot, de peur que la viande
ne brûle; l'angl. a estropié le mot en hodge-
podge, twtch'potch .
1. HOCHET, jouet, voy. l'ai-t. préc.
2. HOCHET, sorte de bêche usitée pour les
teiTains légers, de L. occare, herser.
HOONER, anc. hoigner, hmignei', gromme-
ler, grogner; Diez rapproche ce verbe des
équivalents ail. hummcn, angl. hum, et sup-
pose comme origine immédiate une forme
vha. humjan ou nord, humja,
HOIR, vfr. aussi heir, du L. he7'cs, héri-
tier. — D. hoirie; dés-hcrence.
HOLOCAUSTE, gr. ao/7V7Tov, litt. = entiè-
rement brûlé ; sacrifice où l'on brûle la vic-
time tout entière, puis la victime même.
HOMARD (le d est parasite), du suéd , dan.,
ail., ni. hummer (de même famille avec gr.
/.âa//y/5o; lat. cammarus).
HOMBRE, jeu de cartes dont le nom et
l'usage viennent d'Kspagne; iliotnbre en esp..
signifie Vhommc; c'est donc litt. le jeu de
l'homme.
HOMÉLIE, du gr. h:u\i%y pr. i-éunion; pour
la filiation des sens, cp. harangue, et L.
œncio, assemblée et discours. — D. homilé-
tique, gr. 9/AiXȔTi<?j, s.-e. rix"-"?*
HOMÉOPATHIE, néologisme, forgé avec les
éléments grecs ôaoî^;, égal, et Tzk^oi, affection
maladive. On voulait, au moyen de cette com-
binaison, rendre l'idée : traitement patholo-
gique d'après le principe « similia similibus
curantur *». Le terme forme opposition à allo-
pathie (ai) 05, autre).
HOMICIDE, I. adj., du L. homicida, tueur
dliomme, 2. subst., du L. homicidium,
meurtre.
HOMMAQE, it. omaggio, esp. homenage,
prov. honwnatge, BL. hominaticum, dérivé
du L. hominem, homme, dans son acception
féodale = homme-lige, vassal. L'hommage est
pr. l'engagement pris par le vassal à l'égard
du seigneur, puis = soumission, respect, en-
fin = don respectueux. — D.adj. hommaga',
qui doit l'hommage.
HOMME, it. uomo, esp. hombre{de homuetn ,
comme fenibra de fetnna), port, homcm, prov.
vfr. hom; du L. homo, -inis. — D. hommage
(v. c. m.), hommasse, h^mmelet, hommeau
(La Fontaine). — Voy. aussi on.
HOMO-, élément initial de certains termes
composés savants; c'est le grec ô,uo;, sem-
blable, égal, commun. Pai*mi les termes les
plus usuels nous citons :
HoMOGÈNK, gr. ô/A9V£vy'î, de même nature
— D. homogénéité.
HoMOLOGUK, gr. 6//.9).6yo,-, concordant, con-
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HOR
— 273
IIOU
forme, analogue. — D. homolof/uer, déclarer
conforme.
Homonyme, gr. ©/«civu/ACî, qui porte le même
nom. — D. homonymie.
HONORE, cheval coupé, ainsi appelé de ce
que les Hongrois châtraient les chevaux
qu'ils allaient vendre à l'étranger. — D. hon-
grer. ^
HONNETE, L. honestus. — D. honnêteté
(cette forme répond à un type BL. honcstitatem,
tandis que l'anc. mot honesté reprodmt le clas-
sique honestatem),
HONNEUR, vfr. honoitr, enor, du L. hono-
rem. — D. honoraire, L. honorarius [honora-
rium = don gratuit; aujourd'hui, le mot
n'est plus qu'un euphémisme pour salaire) ;
honore^', L. honorare ; honorifique, L. hono-
rificus ; opp. déshonneur.
HONNIR, it. onire, prov. aunire, déshono-
rer du goth. haunjan, humilier, faire honte,
vha. hônjan, nha. hôhnen. De là le subst.
participial fém. it. onta^ prov.a>îtofp. aïoita),
fr. HONTE, correspondants du vha. hœiida,
v. saxon honda, déshonneur. Anciennement,
/jo?2»tr prenait aussi le sens physique de souil-
ler, tacher.
HONORER, voy. honneur. — D. honorable;
déshonorer.
HONTE, voy. honnir. — D. honteux; éhonté.
HOPITAL, mot de la couche savante, du L.
hospitale (hospes, -itis). Le môme primitif la-
tin a donné, selon les règles usuelles, la
forme hostel, auj. hôtel. — D. hospitalier,
hospitalité.
HOQUE, aussi hoche, huque, anc. = petit©
casaque que l'on portait au-dessus de l'ar-
mure ; du moy. néerl. hoicke, frison hokke,
manteau. — On rattache ordinairement à
hcque, comme en étant le diminutif, le mot
hoqueton (v. c. m.), mais les analogues des
autres langues obligent à lui assigner une
autre origine ; toujours se peut-il que son or-
thographe ait été influencée par le mot hoque.
HOQUET, onomatopée; cp. angl. hickup
et (sous l'influence de cough, toux) hiccough,
wall. hihett, bret. hoh, hik. — L'origine
onomatopéique de hoquet pourrait bien n'être
qu'apparente; le mot ne serait-il pas plutôt
le subst. de hoqueter, secouer, saccader (voy.
hocher 2)? Quel que soit le primitif de ce
dernier, il serait diflicile de séparer hoquet au
sens de « choc, heurt, difficulté, chicane »» du
primitif hoc, croc, crochet ; cp. le sens méta-
phorique dufr. accroc. — D. hoqueter, avoir
le hoquet.
HOQUETON, vfr. auqueton; voy. coton et
hoque.
HORAIRE, L. horarius (hora).
HORDE, it.or(/a,all. horde, a]hanaïs hordi,
russe orc/a, etc. ; mot d'importation asiatique.
Dozy indique le turc ordoe, camp.
HORION, coup rudement frappé; cp. lorr.
horié, fustiger, pic. honiiote, petit coup,
nonn. hargne, coup de poing. Diez citeCliev.
au ('ygne, v. 1189 : sy l'en donrai ou chief
un si grant horion. — D'origine inconnue.
Ménage expliquait le mot par oreillon! On
trouve, en eff'et, en vfr. (Gaydon, p. 244),
orillon = coup de poing. — - Chevallet range
le mot sous la famille heurter. C'est singu-
lièrement heurter contre tous les principes de
phonétique.
HORIZON, L. horison, -ontis, du gr.
èfAi'jiv, = qui forme la limite (Spoi), — D. ho-
rizontal.
HORLOGE, L. horologium (w/îoioyiov, indi-
cateur de l'heure). — D. horloger.
HORMIS p. hors mis, préposition partici-
piale, synonyme de excepté. L'expression
hoi*mis. moi répond verbalement k L. me
excepto.
HOROSCOPE, L. horoscopium (gr. ùpoir^o-
Tttiov, examen de l'heure).
HORREUR, L. horror (de horrere, pr. se
hérisser) ; horrible, L. horibilis ; horrifique,
L. horrificus.
HORRIPHiATION, L. horripilatio, Htt. hé-
rissement du poil.
HORS, autre forme de fors (v. c. m.). Com-
posé : dehors
HORTICOLE, -OULTBUR, -CULTURE, mots
faits du L. hortus, jardin, sur le patron de
agricole, -cuUeur, -culture,
HOSPICE, L. IwspiHum, hospitalité.
HOSPITALIER, -ALITÉ, voy. hôpital.
HOSTIE, vfr. oiste, du L. hostia, victime.
L'acception antique de victime était encore
vivace du temps de Corneille et de La Fontaine.
De là s'est dégagé le sens liturgique d'offrande
et particulièrement celui de pain eucharis-
tique.
HOSTILE, L. hostilis (hostis). — D. hostû
lité, L. hostilitas.
HOTE, it. oste, prov. oste, osde, esp. hues-
ped, port, hospede, valaque oaspete; du L.
hospitetn, accns. de hospes, lequel, comme
le fr., avait déjà le double sens « qui donne
ou qui reçoit l'hospitalité ». — Le passage de
Cicéron, De Officiis, 1, 12: a Hostis apud ma-
jores nostros is dicebatur quem nunc pere-
grinum dicimus »», pourrait engager à poser
hostis comme étymologie du fr. hôte, mais
celle que nous suivons s'accorde seule avec
toutes les formes et est mieux recommandée
aussi par le sens.
HÔTEL, voy. hôpUal. — D. hôtelier, hôtel-
lerie, anc. hosteler, loger; composé hôtel-
Dieu, =^ hôpital, parce que les pauvres y sont
reçus pour Dieu (Nicot).
HOTTE, de la même famille que l'ail, hotse,
berceau, suisse hutte, hotte. La racine indo-
européenne hot, cot, est au fond d'un grand
nombre de vocables exprimant des choses qui
couvrent, qui protègent ou renferment.
HOUACHE, voy. ouaiche.
HOUBLON, anc. Iwubelon, dimin. du BL.
hupa. Ce dernier répond à l'angl. ou néerl.
hop, ail. hopfen. La forme BL. humulus,
humulo, humlo, reproduit le flam. hommel
(cp. nord, humall, suéd., dan. humle).
HOUE, wall. hawe, du vha. houxm, ail.
mod. haue. D'après Foi^stcr (Ztschr., V, 98),
18
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HOU
274
HOU
du vfr. hoCf crochet, qui serait = vha. haco,
ags. hoCf et qu'il tient aussi pour le primitif
de hochet. D'autre part (ib. VI, 1 1 1) il dit que
le thème vha. hàko n'a pas laissé de trace
dans le domaine roman. En présence de cette
.fluctuation, je maintiens l'ét. que j'ai posée
d'aprôs Diez. — D. ?wnel houau\ Siwj.hoyau;
verbe houer = vha. houtcan.
HOUHOU, dans l'expression « vieille hou-
hou ». Ce mot. traduit dans le Dict. des trois
langues d*Oudin par vecchia strega^ vieille
sorcière, est évidemment le nom d'un animal.
« Elles sont plus noires que les taupes, plus
laides que des guenons, plus sottes que dos
houhous ». (Chapelain, traduction do Guzman
d'Alferache). Ne serait-ce pas le uhxi allemand,
nom imitatif donné au hibou ?
HOUILLB, BL. etesp. huila, wall.^oî'e.On
croit ce mot originaire du pays de Liège;
l'étymologie en est encore à fixer. En wallon,
je remarque fréquemment la correspondance
non seulement de h et 5C, mais celle de h et
ch et de A et c (Orandgagnage ne reconnaît
la dernière que pour le dialecte de Ver-
viers); n'y aurait-il donc pas lieu de supposer
un rapport entre le germ. col, kul, kohle,
charbon, et le mot houille t Atzler, de son
côté, propose l'ail, scholle, motte. Cela expli-
querait l'expression charbon de terre en
houille, dans un texte de 1664; ce serait du
charbon en blocs. En 1 854 déjà, feu le professeur
Bormans de Liège écrivait ce qui suit : « Au-
jourd'hui je suis convaincu qu'il faut rappor-
ter houille au verbe thiois schillen ou scheh
len, peler, écaler, écailler, etc., dont les
dérivés schol, schel, schil et schael signifient
écaille, éclat, motte de terre, schiste, ar-
doise, etc. La dérivation du mot houille
(aussi écrit houle) du thiois schol, scholle,
déjà si probable quand on la considère en
elle-même, devient évidente par la comparai-
son du mot haye, ardoise, en ancien wallon
scaille, en namurois scaie, qui se rapporte à
schael, » A l'appui de l'opinion de Bormans,
je mentionnerai la forme angl. secole dans
Paisgrave (p. 260), trad. par charbon de
terre. — D. houiller, -ère, -eur.
HOULE delà mer, esp., cat. ola. D'origine
celtique; cymr. hoeioal, mouvement de l'eau,
breton hoiil, vague. Jal, cependant, et d'après
lui Littré, invoquent le hoU. holle (lisez hoï),
creux, dan. huul, creux [huulsee, mer hou-
leuse).— On pourrait citer aussi le wall. holer,
s'agiter, se remuer, le vfr. holler, changer
continuellement de place, et houler, pousser,
exciter, mais ces verbes ne s'accordent guère
avec le sens de creux. — Devic suppose une
origine orientale et invoque le terme arabe
haul^ terreur, qui, lié avec mer (donc « ter-
reur maritime »») signifie mer houleuse.
HOULETTE, bâton du berger, aussi usten-
sile de jardinage pour lever de terre les oi-
gnons de fleurs, donc pour creuser. J'avais
toujours considéré ce mot comme le dim. do
houe, donc pour houelette; rien ne me sem-
blait s'opposer à cette étymologie, tellement
simple, que je m'étais étonné de ne pas l'avoir |
rencontrée parmi celles qui ont été mises en
avant par mes devanciers. Cependant, l'exis-
tence d'un L. agolum, interprété par Festus
comme houlette de pasteur, m'oblige à don-
ner la préférence à ce primitif latin; houlette
représenterait donc un type agoleita, d'où
aolette, aoulette, oulette, houlette. L'A aspirée
pourrait être envisagée comme l'effet d'une
assimilation à houe. Ma conjecture a été fa-
vorablement accueillie par Littré et Brachet ;
Diez n'a pas traité le mot. — D'après Jehan
de Brio, Le bon berger (xiv® siècle), le mot
vient de houler (vfr. == jeter), parce que la
houlette sert à « coper et jeter la terre légère
sur les brebis. »» Il peut avoir bien rencontré,
mais cela reste douteux. — L'anc. langue avait
aussi le simple houle.
HOULQUE, HOUQUE, du L. holcus (o>xo{),
orge sauvage.
HOUPPE, touffe, flocon, bouquet, esp. Aopo,
queue velue des animaux ; on a identifié ce
mot avec le nom d'oiseau L. upupa, fr. huppe
(on sait que cet oiseau se distinguo par une
touffe de plumes sur la tête), mais les lois
phonologiques s'opposent à cette étym. ; aussi
faut-il préférer celle de Diez. savoir • ni.
hoppe, houblon, à cause de la forme globu-
laire et éc^illeuse de cette plante. — D. houp-
per, houppier, houppifère, t. d'hist. naturelle.
HOUPPÉB, élévation de la vague, peut-être
du flam. hoppen, angl. Aop, sauter ; Littré le
déduit de houppe,, l'écume qui couronne la
vague étant compai-ée à une houppe.
HOUPPELANDE, Les continuateurs do Du-
cange, après avoir cité divers documenta du
XV® siècle où se rencontre le mot hopelanda,
ajoutent : « Vocis etymon ab Uplandia pro-
vincia arcessit Huetius, quod inde crédit alla-
tas fuisse huppelandas. Pelandas eas vocant
Itali (?) ". La forme bas-latine oppellanda
amène Bugge (Rom., III, 153) à poser l'étymo-
logie suivante : L. palla, vêtement long, non
ajusté à la taille ; delà le verbe factice oppal-
lare, couvrir d'une palla, d'où oppallanda
(cp., comme dérivation, les subst. guirlande,
offrande, viande, etc.). Vh aspirée ne ferait
pas difficulté, mais l'aspect général de l'éty-
mologie inspire quelque méfiance. Voy. aussi
Mussafia, Beitrag zur Kunde der nord-ital.
Mundarten, p. 80, à propos de l'it. pelanda
(vêtement ample).
HOUR, anc. hourt, claie, retranchement,
palissade, hangar ; d'origine germanique :
goth. haurds, porto, ail. hiirde, horde, flam.
horde, angl. hurdle, claie, cloison formée de
branches entrelacéas. — D. hourder (v. cm.),
maçonner grossièrement (dans le principe
sans doute = faire un clayonnage); hourder
un plancher, en faire l'aire avec des lattes ;
hourdis^ BL.hurdicium.
HOURDER, voy. l'art, prôc. ; dans l'accep-
tion pourvoir (« hourder ses hôtes de pré-
sents ♦.), le mot vient, d'après Orandgagnage,
du mha. horden, entasser, accumuler, qui dé,
rive du subst. hort, amas, provision, trésor
angl. hoard. Le sens premier des mots ger»
maniques et romans est enceindro, entourer»
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nu
275 —
UUG
établir une ceinture (pour préserver) ; de là
découlent les autres acceptions; cp. munir ••=
pourvoir, procédant de L. munire, pr. con-
struire (un mur), etc.
HOURET, mauvais petit cliien de chasse.
Diez rapproche l'ags. horadr, maigre.
HOÏÏRQUE, vfr. aussi hulqiie, houlque, es-
pèce de navire, it. i«rca, orca, esp. itrca. On
a avancé les et. gr. dlxi; « navire tiré à la
remorque t»,lat. orca, »* sorte de baleine *• (esp.
urca); Caix tire le mot du vha. holcho^ mha.
holche, anc. angl. et néerl. hulk (qu'indi-
quait déjà Littré); Baist, enfin, rapproche
aussi gr. C/s^i} espèce de vase.
HOURVAM, cri de chasse. D'après Dar-
mesteter (p. 320), ce cri représente hou!
rcvari! ce qui. en langue de chasseurs, équi-
vaut à « hou ! retournes-y (sur la bête) ! »
HOUSSAU, dimin. du vfr. house, hose,
lieuse^ it. uosay v. esp. huesay BL. hosa^ bro-
dequin, bottine. Du vha. hosa^ chausse, bas,
nha. hose, haut-de-chausses.
HOUSPILLSR ; le radical homp est mis en
rapport par Diez, à défaut d'autres données,
avec l'ags. hyspan^ injurier. Chevallet ima-
gine, comme primitif, un composé ags. ut-
spillen, maltraiter quelqu'un en le tirant
dehors; cela me parait très hasardé. En pré«
sence de la forme normande goiispillcr (d'où
peut-être houspiller s'est produit comme vfr.
houpil de f/oupil), je préférerais partir d'un
type latin cuspicula, pointe, aiguillon, d'où
ffouspille et verbe gouspiller ; la valeur éty-
mologique serait ainsi analogue à celle de
harceler. — yA forme la plus ancienne du
mot étant houcepigner, d'où houssepiJler,
Littré l'explique par pigner (peigner) on piller
(saisir) la housse (le vêtement do dessus) et
figurément, battre, secouer; il compare la
loc. tomber sur le casaquin de quelqu'un.
Cette manière de voir sourit assez ; cependant,
le houcepigner du Renart pourrait bien être
une transformation populaire, d'autant plus
que housse = vêtement n'est pas constaté.
Pour bien asseoir une étymologie, il faudrait
d'abord savoir si le mot avait en premier lieu
l'acception physique secouer, tii*ailler, ou
l'acception morale faire affront. C'est à cette
dernière que parait se rattacher le subst,
houspilloUf que nous trouvons défini de la
sorte dans Bescherelle : demi-verre d'eau que
l'on faisait boire à celui qui avait manqué à
quelque cérémonie de table. Si l'acception
morale avait précédé, la conjecture de Diez
mériterait d'autant plus de .considération.
HOUSSE, BL. hulcia, hulcitum, du vha.
hulsty m. s., cp. angl. et ni. holster^ fourreau.
Littré cite aussi le cymr. Aim, couverture.
HOUSSAIE, HOUSSER, voyt houx.
HOUSSINE, voy. houx. — D. houssiner.
HOUX (p. hols), du vha. hulis, ruscum,
bas-ail. hulse, flam. hulst (ags. holegn^ angl.
holly), — D. housser, d'où hoiissoir; hous-
siiie; hoiissaie; housson, petit houx.
HOYAU, voy. houe.
HU, inteijection, servant à effrayer les
bêtes dans une battue, ainsi qu'à exprimer le
mépris. De là (d'après Diez) le verbe huer,
crier après qqn. Voy. hucher. — Au cri hu
se rapportent encore les subst. huard, nom
doiseau, huette, hibou, appelé ainsi d'après
son cri, norm. huant (cp. ail. uhu) et huyau
= coucou.
HUARD, aigle de mer, voy. hu.
HUCHE, vfr. huge, angl. hutcK du BL.
hutica (cp. le vfr. nache et nage, du L. na-
tica). Quant à hutica^ il se rapporte à l'alL
hutte = fr. hotte (v. c. m.). On a invoqué
aussi l'ags. hvàcat^ boite, caisse, mais la
lettre ne correspond pas. Les faiseurs do
huches ou menuisiers se nommaient au
XIV* siècle des huchiers, et la menuiserie était
de la hucheiHe.
HUCHER, pic. huquer, wall. hcxiki, prov.
iichar, ucaTf BL. hucciare; cp moy. néerl.
huuc^ cymr. htochw, serbe uha, appeler à
haute voix; n'est plus guère employé que
comme terme de chasse. Diez, se fondant sur
l'expression analogue harer (v. c. m.), le rap-
porte à l'adv. latin hue, ici, pris comme ad-
verbe d'appel. Au prov. ucar répond un
subst. verbal wc, cri. appel; je pense avec Gui-
chet que le subst vfr. hu (avec 1'* nominatival
hus 1^. hues) est le correspondant de ce prov.
uc. Le verbe huer me semble être l'analogue
fr. du prov. ucar, et une simple variété litté-
rale de hucher. — De hucher vient le subst
huc/iet, petit cor de chasse.
HUER, voy. hu et hucher. — D. huée,
HUETTE, aussi huet, voy. hu.
HUGUENOT, sobriquet donné aux réform*^s
en France, à partir de 1560. On pi^tend qu'il
a été appliqué en premier lieu à Toui's. Los
conjectures sur l'origine de ce sobriquet sont
nombreuses. En voici, pour distraire mon
public, une quinzaine : 1. L'ail, eidgenos-
sen, = confédérés ; non seulement la forme
s'y refuse, mais le sens. I^ mot ne consti-
tuerait pas un terme d'injure comme les
calvinistes l'envisageaient eux-mêmes, et de
plus il ne pourrait s'appliquer qu'aux Suisses
protestants, qui cependant n'ont jamais été
nommés ainsi. — 2. AU. hug-genossen -^-
compagnons de cœur ou d'esprit (v. ail.
hugi, hug, cœur, esprit); en ce qui concerne
l'idée, cette opinion est aussi insoutenable
que la précédente. — 3. La porte du roi Hu-
gon à Tours, comme lieu présumé des réu-
nions de protestants. — 4. La tour du roi Hu-
gon à Tours. — 5. De Hugues Capot, ou roi
Hugon; la tradition populaire à Tours fait
errer la nuit l'esprit du roi Hugon; les pro-
testants, à cause de leurs assemblées noc-
turnes, auraient de là été nonimés Huguenots.
— 6. Du môme roi Hugues Capot, parce que
les protestants défendaient les droits de la
ligue capétienne contre les Guises, qui se fai-
saient passer pour les descendants de Char-
lemagne. — 7. D'après un certain Hugo^ hé-
rétique du temps du roi Charles VI. -^ 8.
D'après un autre Hugo, rebelle contre Tauto-
rité royale. — 9. D'après une petite monnaie
datant du temps d'Hugues Capet et appelée
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HUM
— 276 —
IIUP
huguenot ; le peuple voulait par cette expres-
sion témoigner le prix auquel il taxait les
sectateurs de Calvin. — 10. De Huss, ou
plutôt de«« les guenons de Huss «. — 11. Du
suisse hens (p. gens) gucnaus (guenaix) ou
hue gueimus. — 12. Du flam. heghenen,
observer, purifier, donc = puritains. —
13. Un gentilhomme allemand. aiTété par
le cardinal de Lorraine et interrogé sur
la conspiration d'Amboise, aurait commencé
sa défense par les mots « Hue nos, sere-
nissime princeps, advenimus »», puis il se
serait airêté tout court. — 14. Du L. ut
nos! — 15. De Huc-nox, monstre engendré
par Culvin avec un incube. — Nous avons
produit cette liste de conjectures, plus invrai-
semblables les unes que les auties, d'après
Mahn. Ce savant est d'avis que huguenot est
un diminutif de Hugues, comme Huct, et que
le mot, en tant que terme do déiision ou
d'injure, se rattache à quelque hérétique ou
conspirateur de ce nom. — En effet, un texte
du XVI® siècle, rappelé par Littié, mentionne
comme tel un Pascal Huguenot de Saint Ju-
nien en Limousin, docteur en décret — En
présence des formes populaires ayant coui-s
dans le midi de la France ^owv huguenot,
comme aîganau, higanau, iganau (voy.
Rom., XL 414), l'étymol. eidgenossen gagne
beaucoup de ciédit ; aussi M. Baudry l'a mise
hors de doute dans sa notice préliminaire à la
reproduction des gravures historiques de Tor-
torcl et Périssin.
HUI, adverbe, prov. huei, hoi, esp. hoy, it.
oggi, du L. hodù'i ne s'emploie plus que
dans la phrase au jour d*hui (réunie en un
moi).
HUILE, vfr. oillc, angl. oil, du L. oleum.
— 1). huiler; voy. aussi œillette,
HUIS, porte (n'est plus guère employé que
dans la locution à, huis clos), it. uscio, \>voy.
vis, us, du L. ostium. — D. huissier, pr.
portier, it. useiere, L. ostiarius (BL. ustia-
rius).
HUISSIER, voy. huis. — D. huisserie.
HUIT, du L. octo (cp. nuit de noctein).
HUÎTRE, vfr. oistre, angl. oyster, ail. aus'
te}', it. ostricat esp. ostra; du h.ostrea,
HULOT, t. de marine, trou pratiqué dans
une écoutille, pour y faire passer un câble ;
de l'angl. hole, dan. hul, cavité, trou.
HULOTTE, espèce do hibou, dérivé du L.
ula (primitif de ulula) t=i ags. ule, néerl.
uyl, vha. hiuwila (dér. do huico), ail. uiod.
eule.
HUMAIN, L. humanus. — D. humaniseï^;
humanité, L. humanitas. Notre terme huma-
nités (« faire ses humanités «) relève du L.
humanitas dans son acception culture de
l'esprit, instruction. Les savants appellent en-
core aujourd'hui « humaniora studia »» les
études qui constituent une éducation libérale,
parce qu'elles appellent, comme a dit fort bien
Esticnne Pasquier, à une •• due humanité » . —
« Humanitatcm vetcros appollaverunt id pro-
pemodum quod Grajci nyx^iix-j, nos eruditio-
nem institutionemque in bonasartcsdicimus »
(Aulu-Gelle, XII), 6).
HUMBLE, L. humilis (Immus), litt. terre à
terre, peu élevé. — D. humilier, L. humi-
liare, rahaisser ; humilité, L. humilitas. Notez
que humilitas n'était, pour les Latins, en au-
cune manière une vertu ; le mot. chez eux,
signifiait : bassesse, petitesse, faiblesse, pau-
vreté. Ce n'est qu'au point de vue chrétien
que le sentiment de la faiblesse, de l'indi-
gnité, constitue une vertu.
HUMECTER, L. humectare.
HUMER, wall. houmcr, pic. heumei', ava
1er quelque chose en retirant l'haleine, c est
donc en quelque sorte un synonyme d'aspirer.
Diez demande si le mot n'est pas une ono-
matopée. Je pense que cette manière de voir
est plus naturelle que celle de Sylvius et de
Nicot, qui disent : ab humere, id est humi-
dum fieri, quia sorbitione corpus humescit ».
— D. /ntmciter (Rabelais), boire à la manière
des chevaux.
HUMÉRUS, mot latin, = bras supérieur,
épaule. — D. humerai.
HUMEUR, angl. humour, it. unwre, du
L. humor, liquide. Le sens figuré : disposi-
tion de l'esprit, du tempérament, fantaisie,
caprice, est étranger au mot latin. Je ne vois
pas non plus qu'il ait eu cours en France avant
le xv** siècle. Je n'examinerai point comment
la valeur psychologique actuellement atta-
chée au mot s'est déduite du sens physiolo-
gique; mon rôle se borne à poser Tétymo-
logic. — A part la signification générale :
disposition de l'esprit (- bonne, mauvaise
luimeur, humeur noire, chagrine «), le mot
humeur, sans épithète, s'emploie tantôt pour
gaieté spirituelle, veine comique (ce sens ré-
pond à l'angl. humour, ail. humôr), tantôt
pour humeur chagrine. Les deux sens, oppo-
sés l'un à l'autre, ont chacun dégagé le subst.
humoriste (d'où humoristique). Le sens de
gaieté est particulièrement propre au mot
comme terme de littérature; on aime alors,
pour le distinguer de l'autre, à lui laisser lo
costume anglais et à l'écrire humour.
HUMIDE, L. humidus. — D. humidité.
HUMILIER, HUMILITB, voy. humble.
HUMORISTE, voy. humeur.
HUMOS, terre végétale; mot latin.
HUNE, du nord, hun, m. s. — D. hunier.
HUPPE, du L. upupa. Ce mot latin, it.
upupa, s'est d'une part transformé par aphé-
rèse en bujta, j)Oppa, poupa, etc. (dialectes
divers d'Italie), dimin. bubhola, etc., d'autre
part en ]>rov. upa, v. flam. hoppe, fr. huppe.
Ce dernier signifie aussi la touffe de plumes
qui caractérise l'oiseau huppe, puis [)articu-
lièrement le bouquet de soie, de fil ou de laine
qui surmontait le bonnet des doctoui's. La
huppe, étant devenue, dans le vêtement, une
marque de distinction, a donné huppé, poun'u
d'une huppe, au fig. = notable, distingué, de
haut paragc. Los patois disent dans un sens
analoj^uc acrrlé (de crrir).
HUPPÉ, voy. hup2)c.
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IIUT
— 277 —
IIYP
HURE (Palsgravo : heure), J. cheveux
hérissés; 2. tôto de sanglier, autr. aussi le
museau du loup, du lion et d'autres animaux.
Ce mot parait avoir pris naissance dans les
provinces septonti'ionales : « la gent barbée
et ahurie « (Ilob. le Diable); norm. hurt\ à
poils hérissés (Roman d'Alexandre : hurées
ont les testes), rouchi hurée, sol raboteux.
L'étymologie est obscure. En Suisse, on trouve
le mot huwel, qui signifie à la fois hibou,
grand-duc et, par allusion au plumage hé-
rissé de cet oiseau, homme aux cheveux héris-
sés (cp. dans le Roman de la Rose « le huon
avec sa grant hure »); Diez conclut de là que
hure pourrait être une modification littérale
de hulc (cp. vfr. mure p. mule, fr. namre\i.
navile) ; hule reproduirait dans ce cas le mot
suisse mentionné huwel = vha. hiuvoila (voy.
hulotte). Cependant, le philologue allemand ne
pose pas catégoriquement cette étymologie et
pense que le vha. uu-hiur, un-hiuri, = hor-
rible, eflTrayant, qui inspire la peur, mérite
non moins d'être pris en considération, tant
pour le subst. hure que pour le verbe ahurir.
Sur ce dernier point, je ne puis pas être d'ac-
cord ; car un-hiur ne signifie horrible que par
le préfixe, et le simple hiur dit tout juste le
contraire. — Bugge (Rom.. IV, 361) démontre
que le sens premier de fr. hure est * chapeau,
bonnet », d'où s'est développé celui de cheve-
lure, surtout chevelure hérissée, et celui de
tête hérissée (du sanglier, du loup, etc.) Il
fait ainsi dériver le mot du norois hûfa, bon-
net ou casquette (surtout bonnet de poil ou de
peau). La syncope de /* a donné en danois
hue, La base du mot français serait donc hue,
d'où, par épenthèse d'un r (cp. vfr. mire de mie),
la forme hure. Cette dernière s'est transfor-
mée au xvi^ siècle en huse; de là l'expression
htse à huse = têto à tête (Satire Ménippée).
HURLER a été précédé de la forme huiler,
hùlcr, encore vivace dans les patois et qui
vient du L. ululare (forme diminutive do
iilare), La prosthèse d'une h est un eflbt des
formes germaniques ail. heulen, ni. huilen,
angl. howl, — L'r dans hurler, it. urlare, est
inorganique.
HURLUBERLU, brusque, étourdi; onoma-
topée.
HUSSARD, de l'ail, husar. Ce dernier
vient du hongrois hussar •=■ le vingtième
(hus3 «= vingt). Le roi Mathias do Hongrie
ayant levé en 1458 le vingtième des paysans
pour em faire des cavaliers, on donna le nom
de hussar à ces troupes.
HUTIN, vfr. hustin, vif, emporté, querel-
leur; adj. tombé en désuétude, qui a survécu
dans le surnom d'un roi de France, Louis le
Hutin. Grandgagnago rattache avec raison ce
mot au wall. hustiturr, maltraiter, brusquer,
qu'il suppose radicalement identique avec
l'angl. hustle, flam. hutselen, secouer, ti-
railler. Le subst. vfr. hustin signifiait que-
relle; le wall. a le même mot au sens d'ébran-
lement.
HUTTE, = ail. hiitte, angl. hut, — D. hut-
ter, loger.
HUVE, ancienne coiffure de femme, du vha.
hûba (foncièrement connexe avec L. cujhi),
ail. mod. Iiaube, bonnet, néerl. huif, hiiive^
dim. vfr. huvet, -ette,
HYACINTHE, gr. ûi/.iv&oi. Ce mot exotique
s'est vulgarisé sous la tovïtïcjœ.iïithe,
HTADES, gr. Ca«i; (Ouv, pleuvoir),
HYBRIDE, L. hybrida aussi ibricla, mons-
trueux, irrégulier, né de deux espèces diffé-
rentes. Le mot latin vient prob. du gr. uS/sii,
violence, mépris des lois ou des règles.
HYDRAULIQUE, gr. uo>au/e/o;. dérivé de
C5^au)i;, orgue mis en mouvement par l'effet
de l'eau. •» Cette étymologie vient do ce que
l'hydraulique, chez les anciens, consistait uni-
quement à construire des jeux d'orgue et que
dans la première origine des orgues, où Ton
no savait pas encore appliquer des soufflets,
c'était une chute d'eau qui y faisait entrer le
vent et les faisait sonner » (Noël et Carpen-
tier).
HYDRE, L. hydra (Oopa).
HYDRO-, élément initial de mots scienti-
fiques composés, = gr. ù^fio-, de Odw/9, eau.
Les principales compositions de ce genre
sont :
Hydrocèle, gr. w5/59x>ii>î (jt^j)»?, tumeur).
Hydrockph.\lk, gr. ùZpo^ï^xloi, hydropisie
de la tète (yi^aXvi).
Hydrogène, néologisme, rendant l'idée
u qui engendre l'eau » .
Hydrographie, description des mers.
Hydromel, gr. ùooôfiOi (jxiU, miel).
Hydromètre, mesureur d'eau (jiïrpov, me-
sure).
Hydrophobe, gr. ùSpoipôio;, qui a horreur
de l'eau, enragé (y^Csiv, avoir peur).
HyDROPIQIîK, gr. ù^p'jtnu.6;, dér. do Ûipra^p,
amas d'eau, hydropisie. — D. hydropisie (dé-
rivation arbitraire), angl. dropsy.
HYENE, gr. Oxtvx, L. hyœna,
HYQIÉNE gr. ù/iuvôa, cxjnforme ou relatif
à la santé {j/iux), — D. hygiéèiique.
HYGROMÈTRE, masureur de l'humidité
(v/oo;. humide, fiitpov, mesure).
HYMEN, HYudlNÉE, gr. ùfi^-^, ùfihaio;,
pr. dieu ou génie du mariage, par extension
= mariage. — Comme terme d'anatomie, hy-
men répond au gr. ûa/jv, membrane, pelli-
cule.
HYMNE, gr. ûfivoi, chant, poème.
HYPERBOLE, gr. ùitptoU, substantif de
ù'xi'jtkX'Ativ, littér. jeter par-dessus, puis exa-
gérer; cp. en ail. iiber-treiben,
HYPERTROPHIE, de la particule gr. i^jrîo
marquant excès, et r/ao^ïj, nourriture.
HYPOCONDRBS, gr. ùnoxô-^Bpix. parties laté-
rales de la région épigastrique, sous les
fausses oites (de Onô, sous et x^-^^p'^i* cartilage).
Ces parties étaient envisagées comme le siège
de la maladie dite hypocondrie. Le subst.
hypocondre s'emploie aussi adjectivement, p.
hypocondriaque , =■ gr. ùsfi/ovZpixMi,
HYPOCRITE, gr. ÛToxpir»?;, interprète, co-
médien, dissimulé; hyroansie, gr. ùitéAputi.
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IDl
— 278 —
IGN
HTPOOASTRE, gr. ùto'/éctrpi'i^, bas-ventre.
HYPOTÉNUSE, gr. ÙTt^rthoutr, terme d'Ku-
clide, litt. (la ligne) qui s'étend (rîtvuv) sous
(ÙTTo) l'angle droit, ligne sous-tendante.
HYPOTHÈQUE, gr. ù^o^-n^r,, litt. ce qui se
mot dessous, gage, nantissement; Tliypo-
tlit>quc est ce qui est placé sons la dette et en
assure le payement. — D. hypot/iécaire ; hy-
potliéqner, donner pour livpothô^pie.
HYPOTHÈSE, gr. ûîroa««,', m. s.; Thypo-
thôsc est ce qui est placé « sous •• une a.ssertion
pour l'appuyer. Le mot grec est exactement
traduit par le L. supposUio. — D. hypothé-
tique, gr. ÛToa«rexcî;.
HYSOPE ou hyssope, L. hyssopus, gr.
HYSTÉRIE, dér. du gr. ijripa, matrice. —
D. hystérique.
ïambe, L. ïambiis, gr. ly^i^oç. — D. îam-
bique,
IBIDEM, adverbe latin, =» là même, au même
endroit.
IBIS, L. ibts, gr. I«i,..
IGEL', fém. iceUe, cas oblique icelui; forme
qui a précédé cet, celui; = prov. atcel^ va-
laque accl, Diez proteste avec raison contre
l'éventualité d'une explication par ipse ille,
au lieu de la seule soutenable : eccilJe; le c,
dans icelt ne répond point à un 5 ; à preuve
la forme picarde icheluy. Icelle et icelui sont
aujourd'hui considérés comme archaïstiques.
L'ancienne langue possédait également icest,
iceste, icestui = L. ecc*iste. Voy. celui,
ICHTHYOLOOrB, -GRAPHIE, resp. science
et traité des poi.ssons (t/Sûi).
ICI se rapporte à ci (v. c. m.), au point de
vue de la formation, comme icel à cel.
ICONOCLASTE, briseur d'images (xXàuv,
briser, ît/<;>v, imago); le môme tîxwv forme
l'élément initial des composés savants : icono-
(/raphe, iconcloçue, iconophile, iconolâtre
()aT/3îûuv, adorer).
IDÉAL, qui n'existe que dans Vidée^ opp.
de réel. — D. idéalité, idéaliser ^ -iste^ -isme,
IDÉE, L. idea, gr. t^ca, pr. apparence,
forme type, image d'une chose vue, perçue ;
puis = représentation, notion. •« J'appelle
idée^ dit Locke, tout ce que l'esprit aperçoit
en lui-même. » De là idéal (v. c. m.). M. de
Bonald et autres modernes ont créé le verbe
idéer = connaître métaphysiquement ; les
Italiens disent idearsi p. s'imaginer. Autres
dérivés savants : idéologie, théorie des idées ;
idéologue ; idéographie, expression des idées
par l'image ou le symbole.
IDEM, mot latin, => le même. De là les dé-
rivés non classiques idcij tique, identité, idini-
tifier, mots importants qu'il serait difficile de
remplacer (le terme mémeté n'a pu se natura-
liser).
IDIOME, du gr. UiufAu, particularité dans
l'expression (de toioj, propre, spécial) ; le L.
idionia est pris dans le sens d'idiotisme ; en
fr. le mot peut se définir ainsi : langage par
ticulier, ou langue relativement au génie
particulier qui la distingue. Au grec iëiôiz-n;,
homme privé, homme du commun, vulgaire,*
ressortit le verbe toiwTt'Sfiv, parler vulgaire-
ment, d'où loiraziiuo;, L. idiotismus, = ma-
nière vulgaire de s'exprimer, élocution com-
mune, fr. idiotisme. Chez nous, ce mot a pris
l'acception plus générale «* manièro de parler
particulière à une langue » .
roiOSYNCRASIE, gr. îeio»v7x/»a»f«, consti-
tution particulière ; composé de IStof, propre,
et îûyxpa«5, mélange, tempérament
IDIOT, L. idiota, gr. Wiwtïj;, homme vul-
gaire, sans éducation, sot, ignorant. Dans les
temps modernes, la valeur de ce mot a été
forcée jusqu'à signifier l'imbécillité comme
affection pathologique. — D. idiotisme (on
préfère à ce terme la forme idiotie, pour em-
pêcher la coïncidence avec le mot idiotisme,
terme de grammaire, voy. idiome) ; idiotique.
IDIOTIQUE, gr. WtwTtxoç, 1. — particulier,
dans <i expression idiotique i> ; 2. = relatif à
l'idiotie, voy. idiot,
DIOTISME, voy. idiome et idiot,
IDOINE (ce mot n'est plus guère employé
qu'au palais) =■ apte, du L. idoneus Le subst.
idoineté et sa forme savante idonéité =■ apti-
tude, sont tous deux également tombés en dé-
suétude.
IDOLATRE (le circonflexe est anti-étymolo-
gique), gr. €î5wXo)àT/5»j;, adorateur d'images
(tt^wiov, image, iarpiOuv, adorer. — D. ido-
lâtrie, gr. ctô«ioÀaT/3«{a ; idolàtrique (Vol-
taire) ; verbe idolâtrer, — Idolâtre est écourté
de idololâtre ; cp. amphibologie p. amphibo-
lologie,
IDOLE, vfr. aussi idle, idre (d'après l'accen-
tuation grecque), du L. idolum, = gr. it^wiov,
image.
IDYLLE, L. idyllium, du gr. €WWiiov,dim.
de gUoit image, donc pr. petit tableau, petite
pièce, pièce fugitive. «* C'est le talent de Théo-
crite, dit Firmin Didot, qui a fait transporter
le nom d'idylles aux pastorales. » — D. idyl-
lique.
IF, esp., port, iva, angl. yeio; du vha. itoa,
mha. iwe, nha. eibe, — En celtique on trouve :
cymr. yio, bret. ivin.
IGNARE. L. ignarus, p. in-gnarus, m. s.
IQNÉ, mot de formation savante, L. igneus
(ignis). — Du même primitif latin ignis, feu :
ignesce^it, L. ignescens, igmfère, L. ignifer,
igniaire, L. igniarius, ignition, subst. du
verbe L. ignire, mettre en feu ; ignicole (qui
colit ignem).
IGNOBLE, L. ignobilis, p. in-gnobilis i^no-
bilis, forme première de nobilis).
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IMB
— 279 —
IMP
IQNOMINIE, L. ignominia. p. in-gnominia
(de gnomen, twtneu^; litt mauvais nom,
affront. — D. ignominieux^ L. ignominiosus.
IGNORER, L. îgnorare, d'où adj. ignorans,
fr. ignorant (d'où ignorantin, -isme), subst.
ignorantia, fr. ignorance.
1. IL-, élément de composition (latin et
franc.) devant des radicaux commençant par
/ ; c'est le préfixe in (v. c. m.), dont la finale
s'est assimilée à la consonne suivante.
2. IL, pronom, du L. i7/c, dont le fém. illa
a donné e//e; plur. ils et eux.
UjE, is1e\ prov. isla, it. isola, du L. in-
suia. — Diminutifs : (lot, ilet et îlette. C'est
de rit. isola que vient isolé (it. isolato =
L. insulatus) et le verbe isoler, litt. détacher
do toute communication.
ILLUfiONER, L. illuminare (lumen), ré-
pandre de la lumière, éclairer. — D. néolog.
illuminisme, système des illuminés.
ILLUSION, apparence fausse, du L. illusio,
subst. de ilhidere (ludere), se jouer de qqn ,
le tromper, l'égarer — D. illusionner.
ILLUSOIRE, L. illusoHus' (\\\wàtTe).
ILLUSTRE, L. illustris, pr. brillant, fig.
célèbre. — D. illustrer, 1. rendre illustre,
2. orner, donner du lustre, = L. ilhistrare,
éclairer, mettre en lumière ; subst. illustra-
tion.
ILOTE, du gr tiXitTr);, serf, esclave, pr. les
C4iptifs pris par les Spartiates dans la ville
dlJélos ; selon d'autres, le mot grec vient do
EAû — oÛ!iïo>, prendre (cp. l'équivalent ô,adi;
de AKMÛ = oa//i«, dompter). — D. ilotisme.
IM-, préfixe; voy. in-,
IMAGE, du L. imago, -inis. — D. verbe
imager (néolog.), rendre par image, par em-
blème, puis orner, embellir d'images; imagi-
naire,]^, imaginarius, apparent, fictif; ima-
giner, L. imaginari, se figurer, rôvor (cp.
l'ail, ein-bildcn, de bild, injage).
IMAGINER, voy. image. — D. imaginable;
imagination, L. -atio; imaginatif, L. -ativus,
d'où le subst. itnaginative.
IMBÉCILLE (l'Académie écrit imbécile), L.
imbecillus. — D. iynbédllité, L. imbecillitas.
IMBERBE, L. im berbis (barba).
IMBIBER, mot savant, du L. im-bibere, ab-
sorber, s'imprégner de. En fr., le mot se dit
pour mouiller, pénétrer de liquide (le sujet du
verbe ne boit pas, mais fait boire). — D. im-
bibition, — La langue française a une forme
vulgaire pour îmôiô^, mais elle est auj. d'une
application plus restreinte; c'est emboire (v.
c. m.), dont le part, embu est équivalent à
imbibé, La forme imbu, plus particulièrement
réservée au sens moral, représente le L- im-
btUus, part, de imbuere, qui est, logiquement
et peut-être radicalement égal à imbibere. Ce-
pendant, comme on a dit aussi imboire p. im-
biber (Rousseau, dans Emile : s imboire de
préjugés), imbu peut être envisagé comme
part, de imboire.
IMBROGLIO, mot italien, signifiant em-
brouillement (voy. brouiller).
IMBU, voy. imbiber.
IMITER, L. imitari.
IMMANENT, L. immanens, litt. qui réside
à demeure dans.
IMMANQUABLE, qui n'est pas sujet à man-
quer, mot du xviii* siècle, fait de manquer,
comme infaillible de faillir. Le simple man-
quable n'a pojnt été mis en usage.
IMMATRICULER, BL. immatriculare, in
matriculam referre (voy. matricule).
IMMÉDIAT, voy. médiat.
IMMÉMORIAL, du latin moderne immemo-
rialis, ce dont on n'a plus mémoire (memorta),
très ancien. Le simple de ce composé n'existe
pas comme adjectif.
IMMENSE, L. im-mensus (metiri), litt. dé-
mesuré. — D. immensité, L. immensitas.
IMMERGER, L. im-mergere, plonger de-
dans, d'où, par le supin immsrsuYn^ le aubst.
immei-sio, fr. immersion, et l'adj. mod. im-
tnersif.
IMMEUBLE, opp. de meuble (v. c. m.), du
L. immobilis, qui ne peut être mù ; un im-
meuble est un bien fixe, tenant au fonds. La
langue des savants a repris le même mot la-
tin, avec- son sens naturel, sous la forme immo-
bile. — D. immobilier, qui se rapporte aux
biens immeubles ; immobilité, L immobilitas ;
verbe mod. immobiliser,
IMMIGRER, opp. d'émigrer, L. im-mi-
grare. — D. immigratio7i.
IMMINENT, L imminens, pr. qui est
comme suspendu au-dessus de la tête de qqn.,
qui menace par sa proximité, ûg. très pro-
chain ; subst. imminence, L. imminentia.
IMMISCER, mot savant, du L. im miscere,
mêler À, dont le supin immixtum a donné le
fr. immixtion,
IMMOBILE, voy. immeuble. — Les anciens
disaient immouvable.
IMMOLER, L. im-molare, pr. mettre sur la
tête do la victime de l'orge mêlée avec le sel
(molam salsam) avant de l'égorger, puis par
extension, sacrifier, tuer.
IMMONDE, L. im-mundus, impur. Le simple
monde = L. mundus est tombé en désué-
tude. — D. immondice, L. immunditia. Les
théologiens ont forgé, avec le sens d'impureté
morale, la forme immondicité.
IMMORTEL, L. immortalis. — D. immor-
telle (plante); immortalité, L. -itas; immor-
taliser.
IMMUABLE, L. immutabilis; on a dit aussi,
d'une façon savante, immutable, d'où immu-
tabilité.
IMMUNITÉ, L. immunitas, exemption de
charges ou d'impôts (immunis).
IMPAIR. L. im-par.
IMPASSE, rue où l'on ne passe pas, cul-de-
sac, négation de passe. Le mot est dû à Vol-
taire. Guillot de Paris (xiv« siècle) disait p.
impasse »« rue sans chief n (sans issue).
IMPASTATION, du L. impastare, mettre en
pâte.
IMPATIENT, du L. im-paiiens, qui ne peut
ou ne veut supporter, auj. aussi = peu dis-
posé à attendre. — D. impatience, L. impa
tientia ; verbe impatienter.
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IMP
— 280 —
IMP
DfPENSS, t. de droit, L. impensa, dépense
(impendcre).
IMPÉRATIF, L. nnperativiis (de impcrare,
commander).
IMPÉRATRICE, vfr. emptrerisAy^ L.impe-
ratrix. Voy. empereur.
IMPÉRIAL, L. imperialis (imperinm). —
D. impériale, le dessus d'un carrosse ; d'où
vient cette appellation? D6coule-t-elle de la
signification qu'a le mot en architecture, sa-
voir celle de « dôme dont le sommet est en
pointe et qui s'élargit en forme de deux S
jointes par le haut ♦• ? D'après Littré, les deux
significations indiquées s'expliquent par la
situation élevée de 1 impériale. — Autres dé-
rivés : impérialisme, -iste, néologismes.
IMPÉRIEUX, L. imjjeriosiis (imperium).
IMPÉRITIE, L. imperitia (de peritiis, ex-
pert).
IMPERTINENT; c'est le négatif de perti-
nent, qui ne se dit plus qu'au barreau dans le
sens de « qui tient au fond de la cause «• . Le
sens foncier de impertinent est «* inconvenant,
incongru » (non pertinens ad rem), de là
l'acception : contraire aux convenances, aux
règles de la politesse, offensant. — D. imper
tinence.
IMPERTURBABLE, L. imperturbabilis, =
qui non perturbari potest. Le simple est inu-
sité en français.
IMPÉTRER, vfr. empêtrer, du L. impe-
trare, obtenir par supplication. — D. impé-
trant.
IMPÉTUEUX, L. impetuosus (impetus). —
D. impétuosité.
IMPIE (mot de facture savante ; les anciens
disaient impieus], L. im-pius ; subst. impiété,
L. im-pietas.
IMPLACABLE, L. implacabilis (de pîacare,
apaiser). Le simple n'est pas d'usage. « Il y
a, dit Voltaire, à propos de c^îtte lacune, des
gens implacables et pas un de placabie. On ne
finirait pas si l'on voulait exposer tous nos be
soins. » — D. implacabilité,
IMPLANTER, L. imp/an/are (inusité).
IMPLEXE, L. im-plexus (\m\Aecieve).
IMPLICITE, L. im-plicitits (plicare), qui est
compris (litt. plié) dans une chose.
IMPLIQUER, L. im-plicare, litt. plier, faire»
entrer dans une affaire. Le même mot latin
s'est régulièrement francisé par employer. —
D. implicaiion.
IMPLORER, L. im-plorare, supplier pour
ainsi dire avec pleurs.
IMPORTER, 1 . porter dedans, introduire ;
2. être de conséquence. Le premier sens
(d'où relèvent les dérivés importation, -ateur,
-ablé) est naturel et conforme à celui du
L. im-poriare. Le second est figuré ; importer,
dans ce sens, veut dire : apporter, introduire
dans une affaire des éléments dont dépend le
succès où l'insuccès d'une entreprise, le bien-
être ou le malaise de qqn.; de là : exercer de
l'influence, avoir de la valeur; cp. les termes
analogues lat. re ferre, ail. eintragen. Du
sens figuré relèvent : important, a^j , = qui
est de conséquence (d'où importance), subst. ,
= homme d'autorité et de mérite, ou qui s'en
attribue.
IMPORTUN, L. importunus, incommode,
qui vient mal à propos. — I). imitortuiiWi,
L. importunitas ; verbe importuner, non pas
= rendre importun, comme on le croirait,
mais être importun à l'égard do qqn. (cp. le
L. molestari' aliqucm, = molestum esse ali-
cui).
IMPOSER, poser sur ou à cliarge de qqn. ;
répond pour le sens au L. im-ponere. — Le
sens absolu du verbe français équivaut à :
commander le respect (l'ail, dit de même im-
poniren); de là l'adj. imposant. — L'accep-
tion métaphorique tromper, duper (e>i imposer
à qqn.), était. déjà propre au mot latin, p. ex
dans la phrase •« Catoni egregie imposuit Milo
noster »» . De cette acception relèvent les dé-
rivés imposteur et imposture, L. impostor,
-tura (p. impositor, -itura). Kn vfr. on trouve
Tadj. emposte, faux, mensonger. — Notons
encore le néologisme imposer = frapper qqn.
d'impôts.
IMPOSITION, L. impositio (imponere).
IMPOSTE, direct, de Fit. imposta = L. im-
posita, pr. chose mise dessus ou dedans.
IMPOSTEUR, -TURE, voy. imposer.
DfPoT, L. impositum, pr. chose imposée.
IMPOTENT, L. im-potens, impuissant. Le
simple potent fait défaut. — D. imj)otaice,
L. impotentia.
IMPRÉCATION, L. im-precatio (im-precari,
pr. souhaiter du bien ou du mal à l'égard de
qqn.).
IMPREGNER, vfr. empraigner, pr. féconder,
it. impregnare, esp. emprehar, du L. imprœ-
gnare = gravidam facere, implere. Cp. les
adj. romans ït.pregno, v. port./>?v;i/ie, prov.
prenh, \iv. praing,prains, =; gros, enceinte,
chargé, adj. dégagé du L. prœgnans, jyrœ-
gnas, fécondé, enceinte. Pour le sens méta-
phorique du partie, imprégné, cp. en latin
herba prœgnans succo (Pline), en fr. l'expr.
gros d'orale, ail. getoitterschicanger.
IMPRESSION, du L. impressio (im-pri-
mere), pr. empreinte, fig. impression, sensa-
tion. Du sens moral de ce subst. relèvent le
verbe impressionner (d'où impressionnable)
et le néologisme impressible. — La langue
moderne a fait naturellement du mot impres-
sion aussi le substantif du verbe imprime^*, en
tant que désignant l'opération technique ex-
primée par ce mot. Ce substantif rend à la
fois, comme souvent, l'acte et le résultat de
l'acte.
IMPRIMER, L. im-primere, litt. presser
sur. Le même mot latin s'est régulièrement
francisé par etnpreindre (v. c. m.). — D.
imprimeur, -erie.
IMPROBATION, -ATEUR, L. im-probatio,
-ator; du verbe improbare = fr. improuver.
IMPROMPTU, mot moderne tiré de la locu-
tion lat. in promptu habere, avoir à la dispo-
sition, sous la main. Pour la facture de ce
subst., on peut la rapprocher de celle du mot
ennui = m oclio. — Impromptu veut dire
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INC
281
INC
pr. une chose qui se fait avec ce que l'on a sous
la main, sans préparation; c'est un synomyme
(ïitnpror isation .
IMPROTJVER, L. hnprobarc, diïsapprouvcr.
IMPROVISER, direct, de Tit. improvrisarc,
verbe fait du participe irnprovmso = L. ini-
provisus, non prévu. — D. improvisation,
'Otcur. ^
IMPROVISTE (A L'), de l'it. improvvisio ==
à V impourvu (ancienne locution française).
On sait que Fit. fait de vedere, voir, deux
participes : veduto et visto.
IMPUDENT, L. im-pudcnSy éhonté. —
D. impudence, L. inipudonda.
IMPU6NER, L. tm'jnif/nare, combattre.
IMPULSION, L. impulsio (im-pellere).
IBIPUNÉMfiNT, p. impunément (cp. com-
munément p. commujiemoU), adv. de l'adj.
L. impuniSy impuni, d'où le subst. impunitas,
fr. impunité.
IMPUTER, L. im-putarc, pr. porter en
compte.
IN, préfixe ou particule prépositive [in se
change en il devant l, en im devant b, m ou
p, en ir devant r). Il répond à la fois au L. in
= dans ou contre, et au L. in, comme parti-
cule négative. Comme représentant de in,
dans, il est la forme savante ^e e7i (v. c. m. »,
et ne se rencontre que dans des termes tirés
tout d'une pièce du fonds latin. — L'emploi
de Vin négatif est illimité en français. Plu-
sieurs composés latins avec in .sont passés
dans la langue franç^iise sans que le simple y
ait été reçu; p. ex. impotent, ingrat (Nous
n'avons, en règle générale, recueilli les com-
posés négatifs que lorsque les simples font
défaut.)
INADVERTANCE, absence d' « advertance » ;
c^ simple, hors d'usage depuis longtemps, si-
gnifie attention, et vient du BL. advcrteniia,
tiré du L. adva'tei^c, s. e. animum, faire atten-
tion (voy. avertir).
INANITÉ, L. inanitas (de inanis, vide,
vain).
INANITION, pr. vide d'estomac, néo-latin
inaniiio, subst. du verbe latin inanire, rendre
vide, évacuer. — Plante a inania.
INAUQURER, L. in-augurare, litt. prendre
les augures, puis consacrer, installer (no
s'employait chez les Latins que pour les per-
sonnes). — D. inaugural, adjectif moderne,
irrégulièrement tiré du verbe inaugurer.
INGA6UER, défier qqn. avec mépris; verbe
tiré direct, de l'it. incacare, faire peu de cas
(cp. les expr. vfr. conchier, traiter avec mé-
pris, et l'ail, bescheisscn, au sens fig. de faire
fi, tromper).
INGAMÉRER, faire entrer dans le domaine
de la chambre {caméra) ecclésiastique.
INCANDESCENT, du L. incandescerc, s'em-
braser. — D. incandescence.
INCANTATION, L. incantatin; forme sa-
vante p. enchanteme^it.
INCARCÉRER, forme savante pour l'anc.
enchartrer, du L. carcer, fr. chartre.
INCARNAT, de l'it. incarnato, participe do
incarnarc, pr. rendre chair (cp. Fart. suiv.).
— D. incarnadin.
INCARNER, anc. en ch amer, tran^^former
en chair (rad. carn). — D. incarnation.
INCARTM)E, boutade, ruade, insulte. D'où
vient ce mot (évidemment de formation méri-
dionale)? La signification première, est-ce
ruade (acte physique) ou affront (acte moral) ?
Je ne le sais pas, et c'est ce qui rend la re-
clierche d'iuie étymologie d'autant plus difli-
cile. — En latin du moyen âge, in-cartare
signifie généralement mettre par écrit, puis
aussi mettre qqn. en possession d'un bien en
vei*tu d'un titre, d'une charte; toutefois, on y
trouve aussi le sens de déposer une plainte
contre qqn. Il faut bien que, de près ou de
loin, le mot incartMÏe, qui certainement n'est
pas de date ancienne, se rattache à cette idée
de cartam alicui mittere, envoyer à qqn. soit
une plainte, soit une lettre injurieuse, soit un
cartel. — Littré dérive le mot de l'esp. encar-
tarse, prendre une mauvaise carte, d'où déri-
verait le sens « faire une sottise » Mais les
Espagnols ne donnant pas ce sens métapho-
rique à leur terme, et l'explication de Littré
laissant de côté l'idée de brusquerie, qui est
inhérente au mot français, je ne me sens pas
satisfait. Lafaye définit étymologiquemcnt in-
catiade par •» action d'entrer en cartes hors
de son rang » .
INCENDIE. L. incendium (incenderc). —
D. incendier; incendiaire, L. incendiarius.
INCESSANT, = qui ne cesse pas (voy. ces-
ser). L'adv. incessamment signifie d'abord,
comme L. incessanter, sans relâche, puis sans
retard, au plus tùt.
INCESTE, subst. et adj., du L. incestus
(rad. castus), adj. et subst. — D. incestueux.
INCDENT, adj., L. in-cidens (cadere). ïitt.
= qui tombe dans, qui vient interrompre une
continuitt^, qui survient dans le cours d'une
affaire. — D. incident, subst., événement inat-
tendu ; incidence, incidentel.
INCINÉRER, néo-latin incinerare (de cinis,
cineris, cendre). Encendrer serait plus fran-
çais; cp. prov. encendrar.
INCISE, L. incita, fém. de incisus (inci-
dere), taillé dedans. Le même verbe incidere,
par son supin incisum, a donné : subsl. incisio,
fr. iiwision, adj. incisivu.s*, fr. incisif, et le
verbe fréq. incisare, fr. inciser.
INCITER, L. in-citare. — D. incitation.
INCLINER, vfr. encline}*, du L. in-clinare.
Du subst. inclinatio viennent à la fois incli-
naison et inclination, dont on a su différencier
la valeur, en donnant (relativement à la signi-
fication do pente) au premier un sens phy-
sique, à l'autre une acception morale.
INCLURE, forme plus latine que enclore;
ce dernier répond au type non classique in-
claudcre; inclure, par contre, à la forme clas-
sique in-eludere; part, inclus, L. inclusus. —
D. inclusif, inclusion,
INCOGNITO, sans être connu, locution ad-
verbiale venue de l'italien ; du L. incognitus,
inconnu.
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IND
— 282 —
IXD
INCOLORI, L. incolor (cp. L. muUicoJor).
INCOMBER, L. in-cutnhere, couolier, jK^s^^r
sur, ôtre à charj<o de qqn. — Ce verbe, quoi-
que fort usit/', n'a pas vie accueilli par l'Aca-
démie.
INCOMMODE, l. qui n'est pas commode;
2. iinfKirtun; du L. i)ic<mimodus . — D. incom-
modité, L. -itas; incommoder , L. incommo-
dare (verbe neutre en latin, construit par
cons<5quent avec le datif).
INCONTINENT, adv. aussitôt, vfr. enconte-
nant; de la phrase latine in continenti, m. s.,
pr. sans interruption, tout do suite (de conti-
nents, continu).
INCONVÉNIENT, reproduction littérale du
L. inconveniens = qui ne s'accorde pas, con-
trariant ; pour l'emploi substantival, cp. les
termes accident, incident, expédient. Ancien-
nement le mot était synonyme d'accident,
malheur, malencontre.
INCORPORER, L. in-corporare, faire entrer
dans le corps.
INCRÉDIBILITÉ, forme savante pour m-
croyabilité, du L. incrediàiïitas .
INCRÉDULE, L. incredidus, qui ne croit
pas ; cette valeur ne répond pas exactement à
celle du simple crédule: ce dernier exprime un
défaut, mais incrédule ne dit pas l'opposé
direct de ce défaut.
INCRIMINER, BL. incriminare, = in cri-
men adducere, cp. inculper. — D. incrimina-
tion, Tertullien emploie le mot incriminatio
dans le sens opposé de criminatio, c.-à-d. dé-
faut de culpabilité, justification.
INCRUSTER, forme savante de encroûter,
du L. in-crustare, couvrir d'une croûte.
INCUBATION, L. incuhatio, de incuhare,
être couché dessus, couver.
INCUBE, L. inciibus, cauchemar (do in-cu-
bare, être couché dessus, oppresser).
INCULPER, vfr. encouper, du BL. incul-
pare = in culpam adducere, cp. incriminer.
INCULQUER, du L. inculcare (rad. caix),
pr. fouler, tasser, faire entrer de force.
INCULTE, L. in-cultus, non cultivé.
INCUNABLE, livre imprimé du temps où
l'art typographique se trouvait encore dans
» les langes « ; un incunable est une expres-
sion bracliylogique pour « un livre datant des
incunables do l'imprimerie ». Du L. incuna
bula, langes, berceau.
INCURABLE, L. in-curàbilis, voy. cure.
INCURIE, L. incuria, absence de cura.
INCURSION, L incursio (in-currere).
INCUSE (médaille), du L. in-cusus (cudere),
non frappé. Selon Littré, de incusus, part, de
incudere, frapper dessus; mais cette étymo-
logie est contraire à la valeur du mot.
INDE, d'abord adjectif, de couleur bleue, du
L. indiens, indien (cp. vfr. ruste, hérite, de
rusticus, hœreticHs). La forme esp. indico a
fourni le mot fr. indigo.
INDÉCIS, du L. in-decisus (S. Grégoire),
non tranché [decidere, couper, régler, déci-
der). De là aussi indécision.
INDÉLÉBILE, L. in-delehiUs, ineffaçable.
INDEMNE, L. in-demnis, sans dommage
{dfimïiffnr. — I). indemnité, i^uiemniser.
INDEX, I. table d'un livre; 2. spéc. cata-
logue dos livres prohiU's j)ar l'autorité t?cclé-
siasti(jue; le terme complet, dans ce st^^ns, est
index expurgatoire; 3. le doigt entre le pouce
et le médius. Mot latin, signifiant indicateur.
INDICE, L. indicium, indication (indicare).
INDICIBLE, L. in-dicihilis. Pourquoi pas
indisable, puisque l'on dit disable et non
diciblef Pourquoi latin pour l'un et français
pour l'autre?
INDIFFÉRENT, voy. différent. — D. indif-
férence, indifférentisme.
INDIGÈNE, L. indigena (né à l'intérieur).
— D. indigénat.
INDIGENT, du L. indigere, avoir besoin. —
D. indigence, L. indigentia.
INDIGESTE, du L.in-digestus, qui signifie
1. embrouillé, litt. mal coordonné; 2. non di-
géré; 3. indigestible (Boôce). — Subst. indi-
gestion, L. indigestio.
INDIGNE, L. in-dignus; indignité, L. in-
dignitas; indigner is"), L. indignari; le fr.
emploie le verbe indigner aussi activement,
p. mettre dans l'indignation (indignatioj.
INDIGO, voy. inde. — D. indigotier,
INDIQUER, L. indicare (dicere).
INDIRE, terme de droit féodal, du L. indi-
cere, prescrire.
INDISPENSABLE, voy. dispenser.
INDISPOSER. = mal disposer ; le part, in-
disposé (([ui a probablement donné naissance
au verbe) équivaut l. à »« non disposé », c.à-d.
prévenu désavantageuse ment à l'égard de
qqn, 2. à non dispos, c.-à-d. malade; subst.
indisposition, disposition peu favorable, lé-
gère altération dans la santé.
INDIVIDU, mot introduit dans la langue par
la philosophie et exprimant un être distinct,
formant unité relativement à l'espèce. Il est
tiré du L. individnus, indivisible (étymolo-
giquement, individu ne dit pas autre chose
c\\\'atome). On nomme individuelles les qua-
lités propres à un être organisé et qui ne
peuvent être détachées de lui sans détruire
ce qui constitue l'ensemble de son organisa
tion, lequel ensemble s'appelle individualité.
Le verbe individualiser équivaut à : considé-
rer ou présenter une chose individuellement,
abstraction faite de l'espèce : individualisme,
= esprit ou système opposé à celui qui est
porté vers l'association, la fraternité, l'huma-
nité.
INDIVIS, L. in-divisus; superfétation inu-
tile de la langue, puisque indivisé dit la même
chose et que divis ne so dit pas.
INDOLENT. L. iynloleiis (S. Jérôme), pr.
non souffrant. Vindolent est celui que rien
n'afflige ou n'émeut. C'est un synonyme de
nonchalant « qui ne s'échauffe pas ». —
D. indolence.
INDU, non dû, ou plutôt = contraire à ce
qui est dû ou convenable.
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INF
283 —
INF
INDUBITABLE. L. in-dubitabilù. Le simple
dubitable no se dit pas, il est rendu par dou-
teux.
INDUCTION. L. inductio, subst. àniditire
(L. inducere), litt. action do conduire d'uno
chose vci's l'autre, du connu vers l'inconnu. De
là les philosophes ont tiré l'adj. induciif
(L. inductivus, chez Priscien, a le sens d'hy-
pothétique).
INDUIRE, L . indticere, 1 . mener dans (p. ox .
induire en erreur), 2. inférer (v. induction).
L'opération matérielle exprimée par le verbe
latin est rendue en fr. par la forme vraiment
française enduire (v. c. m.).
INDULGENT, L. indul^ens [de induîgere,
être bienveillant). — D. indulgence, L. indul-
gentia.
INDULT, L. induUum (indulgere), conces-
sion, permission, grâce.
INDUSTRIE, L. industria, zèle, travail. —
D. industrieux f L. industriosus, -* appliqué ;
industriel, = qui se rattache, qui s'applique
à l'industrie, d'où industrialisme»
INDUT, t. d'église, L. indutus, habillé. —
Ane. subst. indution, investiture.
INÉDIT, L. in-editus, non édité.
INEFFABLE, L. in-effabilis. Le simple
effable ne se dit plus.
INÉNARRABLE, L. in-enarrabilis, qui ne
peut être narré,
INEPTE, L. in-eptus (in aptus). — D. ineptie,
L. ineptia, incx>nvenance, sottise.
INERTE, L. in-ers, inertis (ars), inapte à
tout art, à toute activité, qui ne produit rien.
— D. inertie, L. inertia (inaction, torpeur). Les
mots inerte et inertie ne sont employés dans le •
langage ordinaire que depuis le milieu du
XVIII® siècle.
INEXORABLE, L. in-exorabilis (de ex-or are,
gagner qqch. ou toucher qqn. par ses
prières).
INEXPIABLE. L! in^expiabtlis.
INEXPUGNABLE, L. in-expugnabilis, im-
prenable [ex-pugnare =• prendre à forc« de
lutte).
INEXTINGUIBLE, L. in-extinguibilis" (de
extinguere = fr. éteindre).
INEXTRICABLE, L. in-extricabilis (de ex-
tricare, démêler).
INFAME (le circonflexe n*a pas de raison
d être), du L. in-famis (de fama, réputation) ;
subst. infamie, L. infamia; verbe actif in-/a-
mer, L. infamare.
INFANT, de l'esp. infante = L. infans, en-
fant.
INFANTERIE. On n'est pas d'accord sur
l'origine de ce terme militaire. Les uns le font
remonter à une infante d'Espagne, qui, â la
nouvelle que les troupes de son père avaient
été battues par les Maures, aurait rassemblé
quelques soldats à pied, dont l'usage pour les
cx)mbats était alors inconnu, et à la tête des-
quels elle aurait remporté la victoire. En
souvenir de cet acte d'héroïsme, les troupes
de pied auraient conservé en Espagne le
nom de troupes de l'infante ou infanterie. Ce
récit manque d'appui historique. — D'auti'es
déduisent le mot du BL. infancio (dér, de
infans, et répondant au vfr. enfançon), par
lequel terme on qualifiait en Espagne les en-
fants des clievaliers, qui n'avaient pas encore
obtenu ce titre, qui n'étaient pas encore ca-
balleros. — Une autre étymologie se rattache
au mot ail. fant, it. fante, flam. vent, = ju-
venis, adolescens. puer ; elle se recommande
par les formes it. fanteria, fantaccino (d'où
fr. fantassin), mais elle ne nous avance pas,
puisque les mots fant et fante ne sont que des
formes tronquées du L. infantem (pour
l'aphérèse de in, cp. it. stromento, instru-
mentum). Le mot ail* fant est tiré de Tit. et
indépendant du vha. fendo fmha. vende), qui
signifiait piéton et plus tard pion ; ce dernier
ne peut être invoqué pour fanteria, à cause
du désaccord entre d et t, — En attendant
que cette origine soit tirée au clair, je crois
que le plus sûr, c'est d'expliquer infanterie
par troupe des infantes, ce dernier mot étant
pris dans le sens du germ. fant et it. fante,
c.-à-d. valet. Les valets servaient à pied. In-
fantes, d'où infanterie, n'est peut-être que la
traduction du germanique landshnechte ,
terme qui litt. signifie valets ou mercenaires
du pays, et par lequel on désignait en Alle-
magne, vers la fin du xv® siècle, un soldat
d'infanterie.
INFANTICIDE. 1. subst. de l'agent, =
L. infanticida, 2 subst. de l'action, = L. in-
fanticidium (infantem caedere).
INPATUER, L. infatuare, rendre fou
{fatuus).
INFECT, L. infectus, part, de inficere, litt.
mettre une chose dans une autre, puis mêler
avec une substance délétère, altérer, cor-
rompre. — D. infection, L. infectio; verbe
infecter, d'où dés-infecter ; néolog. médical
infectieux.
INFÉODER, BL. infeodare (feodum), voy,
fief
INFÉRER, conclure (Quintilien), litt. intro-
duire (dans le discours), alléguer, prétendre.
INFÉRIEUR, L. inferior, comparatif du po-
sitif inferus (dont les botanistes ont tiré leur
terme infère). • — D. infériorité.
INFERNAL, L. infemalis, dérivé de infer-
num, type du fr. enfer,
INFESTER, L. infestare, attaquer, inquié-
ter, puis ravager.
INFIBULER, L. infibulare, attacher avec
une agrafe (fibula), — Vfr. enfubler = affu-
bler.
INFILTRER, pénétrer comme par un filtre
(v. c. m.).
INFIME, L. infimus (superlatif de infer ou
inferus), placé le plus bas, au dernier rang,
— D. infimité.
INFINI, L. infinilus (finis', illimité ; subst.
infinité. L. infinitas, étendue infinie (le sens
u grande quantité » n'est pas classique). Les
mathématiciens ont tiré de infinitus la forme
numérale infinitesimus, d'où le dér. fr. infini-
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ING
— 284
INO
tt'simal; les grammairiens : infinitivusmodus^
fr. infinitif (mode indéfini, indf^tcrminé).
INFIRME, vfr. cnferm, enfei\ du L.' Infr-
mus y non ferme, faible, malade (cp. in-calidé).
— D. infirmer (vfr. enfermer), L. infirmare,
invalider. A l'acception « malade ♦• se réfèrent
les mots : inftrmitCy L. infirmitas, infirmiez',
infirmaie.
INFLAMMABLE, -ATION, -ATOIRE, du
L inflamrnarc =-• fr. mflammer,
INFLÉCHIR, formé sur le simple fléchir,
d'après L. in-flectere, d'où, par le supin in-
flexnm, le subst. inflexio, fr. inflexion, —
L'adj.* inflexibilis, fr. inflexible, dit le con-
traire de flexibilis.
INFLIGER, L. in-fligcrc, litt. frapper
contre ; supin inflidum, d'où infliction, in flic-
lif.
INFLUER, exercer une action sur qqch.,du
L. iU'fluere, couler dans, se glisser, s'insi-
nuer; de là influent et influence, d'où in-
fluencer, La langue allemande pré.sente le
même trope dans ein-fluss, — Le sens naturel
de couler se retrouve dans le terme médical
it. influenza (grippe) ; cp. catarrhe, fluxion.
IN-FOLIO, terme latin, litt. = en feuille.
INFORME, L. in-formis (forma).
INFORMER, vfr. cnformer, L. in-formare,
donner une forme, façonner, puis au fig. en-
seigner, instruire, dresser. La valeur du mot
fr. s'est rétrécie, et Vinformation n'est plus
qu'une instruction relative à un fait particu
lier. Les Allemands appellent encore infor-
mator un précepteur.
INFRACTEUR, -TION, L. infractor, -tio,
du verbe «///•ipî^erc (supin infractum), type du
fr. enfreindre.
INFUS, L. in-fusus (fundere), versé dedans;
en fr. le terme est devenu synonyme du mot
inné. Le subst. infusio (action de verser sur)
a donné infusion, qui exprime à la fois l'opé-
ration et son résultat ; du type infusare, fix^q.
de infundere, vient le verbe infuser. Le mot
infusoire a été créé par les modcnies dans le
sens de •« qui se développe dans les infusions
végétales et animales w .
INGAMBE, qui est bien en jambes, de l'it.
in gamba (voy. jambe), alerte, dispos; au
xvi® siècle on écrivait encore cet adjectif en
deux mots : « les plus in gambe «.
INGENIER (S), litt. se donner, dans un cas
déterminé, le ingenium (l'esprit, le talent)
nécessaire pour réussir, donc = s'évertuer;
voy. engin.
INGENIEUR, vfr. engigneus, voy. engin,
** Tous lesquels instruments de ject s'appe-
loient engins et artillerie et les maistres in-
venteurs et conducteurs ingénieux, pour ce
qu'il falloit avoir vif et subtil esprit que nous
appelons <?>7/7i>/, du latin ingenium, et de l'art
pour composer ces ouvrages subtils » (Cl. Fau-
cliet. Origine de la milice et des armes).
INGÉNIEUX, vfr. engigneus, L. ingcnio-
sus (ingenium). — D. ingéniosité.
INGÉNU, L. ingenuus, franc, sincère. L'éty-
mologie du mot latin, telle que la produit
Bescberelle, savoir in privatif et gauum,
génie, invention, adresse, est fausse. I^ latin
ingenuus vient de ingeuo, faire naître dans ;
il est synonyme de indigena (indi, indu =
gr. £vo<5v, et geno, gr. TélNoi, naître ou faire
naître). L'idée foncière est « naturel»» , d'où s'est
déduite celle de légitime, libre, puis celle do
digne d'un homme libre, généreux, franc,
naturel (au figuré); cp. naïf de nativus, —
D. ingénuité, L. ingenuitas.
INGÉRER, L. in-gerere, i>orter dans, intro-
duire ; .luvénal employait déjà se inga*ere
avec le sens de notre expression s'ingérer,
c.-à.-d. s'imposer, s'immiscer, s'entremettre
avec importunité. — D. ingérence. Le subst.
ingestion, L. ingestio, ne se rapporte qu'à
l'acception médicale du verbe ingérer.
INGRAT, L. in-gratus ; ingratitude, L. in-
gratitude. — Le simple gratus n'a pas trouvé
accueil dans la langue française comme adj.,
mais seulement comme subst. , sous la forme
gré(v. c. m.).
INGRÉDIENT, L. in-grediens, qui entre
dans.
INGUINAL, L. inguijialis (de inguen, aine).
INGURGITER, L. ingurgitare (gurges), en-
gouffrer.
INHALER, L. in-halare, souffler dans.
INHÉRENT, L. in-hœrens, attaché à. —
D. inhérence.
INHIBER, L. in-ltibere, retenir, empêcher ;
.subst. inhibition, L. inhibitio.
INHUMER, L. in-humare (humus), mettre
en. terre.
INIMITIÉ, vfr. enemistiet, formé du L. ini-
micitas (p. inimicitia), comme amitié de ami-
citas.
INIQUE, L. in-iquus (aequus). — L. iniquité,
L. iniquitas,
INITIAL, L. initialis [de i ni tium, commen-
cement).
INITIER, L. initiari, 1. commencer, de là
le subst. fr. initiative, 2. introduire qqn. dans
les mystères d'un culte, fig. le mettre au faij
d'une science ; de là les subst. initiation, ini-
tiateur. Le primitif est le L. in-itium fin-ire)
propr. entrée. On sait que ce mot est aussi au
fond, du fr. commencer,
INJECTER, L. injectare, fréq. de injiccre
(jeter dans); injection, L. injectio (in-jicerej.
INJONCTION, L. in-junctio, subst. de ï;i-
jwngei'e = fr. enjoindre,
INJURE, L, injuria (jus, juris). injustice,
outrage. — D. injurier, L. injuriari ; inju-
rieux, L. injuriosus.
INNÉ, L. iu'vatus, synonyme de insitus;
se dit des choses qui sont nées avec nous. —
D. innéité, terme philosophique moderne.
INNOCENT, L. in-nocens, pr. qui ne nuit
pas. — D. innocence, L. innocentia; verbe
innocenter, déclarer innocent.
INNOCUITÉ, du L. in-nocuus, inoffensif.
INNOMBRABLE. L. in-numerabifis,
INNOVER. L. in-novare (novus).
INOCULER, L. in-ocuîare, greffer en écus-
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INS
285 —
INS
son (oculiis), ûg, = inculquer — D. inocula-
tion, 'CUeur; inoculiste ^ partisan de l'inocula-
tion.
INODORE, L. in-odorus.
INONDER, anc. enonder — L. in-undare
(unda). — D. inondation.
INOPINÉ, L. in-opinalus, imprévu.
INOUÏ, L. in-auditus (voy. ouïr),
INQUIET, L. in-quietus. Le simple quietus
s*est francisé en cot (voy. ce mot). — D.inquié-
tude^ vfr. enquitume. L. inquietudo, -inis;
inquiéter^ L. inquietare.
INQUISITEUR, L. inquisitor (do in-qui-
rere = fr. enquénr)^ à'oii inquisitoiHal ; in-
quisition, L. inquisitio; inquisitif, L. inqui-
sitivus.
INSANITÉ, L. in-sanitas, do in-sa)ncs (pr.
non sain, malade), insensé.
INSATIABLE, L in-satiabilis. — D. insa-
tiabilité.
INSCRIRE, L. in-srihere, d'où le subst. in-
scriptio, fr. inscription.
INSECTE, L. inscctum (de in-secare, pr.
entailler) ; voy. aussi entomologie. Aristote :
xx).w h'î'irofioi.^ otcc ejjji /.arà rà n^ixx évro^à^.
Pline : jure omnia insecta appellata ab inci-
suris. — D. insectier.
INSÉRER, L. in-screre, intercaler, mettre
dans, supin insertum, d'où subst. insertio,
fr. insertion.
INSIDIEUX, L. insidiosus (du subst. insi-
diœ, embûches, rad. sedere).
INSIGNE, adj. L. in-signis (signum), remar-
quable; le subst. L. insigne, marque distinc-
tive, s'est francisé do deux manières : 1. par
enseigne [v. c. m.), 2. [mv insigne.
INSINUER, L. insinuare (sinus), pr. intro-
duire dans le sein, fig. introduire secrètement.
— D. insinuation, L. insinuatio; insinuatif.
INSIPIDE, L. insipidus (sapidus), pr. sans
saveur. Voy. aussi tnausscule. — D. insipi-
dité.
INSISTER, L. in-sistere, litt. tenir sur ou
à. — D. hisistance (cp. instance de in-stare).
INSOLATION, L. insolatio (do in-solare,
exposer au soleil).
INSOLENT, L. in-solcns, pr. contraire à
l'habitude, puis démesuré, immodéré, arro-
gant, impertinent. — D. insolence, L. inso-
lentia.
INSOLITE, L. insolitus (solerc), inaccou-
tumé.
INSOLUBLE, L. in-solubilis = quod solvi
non potest.
INSOLVABLE, voy. solvable. — D. insolva-
bilité. Le latin du moyen âge disait insohen-
tia. de insolvens, qui ne paie pas; cp.en ail.
i)isolvent et insohenj.
IMSOMNIE, L.in-somnia (somnus).'
INSPECTER, L. in-spectare, fréq. de ««-
spicere, regarder sur, dont le supin inspec-
tum a donné : inspectio, -tor, fr. inspection,
•tenr.
INSPIRER, L. inspirarc, litt. souffler
dans. — D. inspiré, à qui on a communiqué
(litt. souffle^) des révélations ou des vertus
supérieures. — On se sert aussi de inspirer
pour exprimer la chose contraire de ex-spi
rare, donc comme d'un synonyme de aspirer.
INSTALLER, BL, installare, pr. in stal-
lum mittere. « A dando stallo in choro. novo
conflato verbo, dicimus in idiotisme instalîare,
pro in possessionem mittere » (La Coste, dans
ses Conimentaires sur les Décrétales de Gré-
goire IX). Le terme s'appliquait d'abord à
l'installation des chanoines et dos juges; de
là, le sens s'est étendu aux significations ac-
tuelles, et le mot est devenu synonyme d'éta-
blir. Quant è.stallus, voy.. stalle et étaler. —
D. installation.
INSTANCE, vfr. istance (avec le sens d'in-
tention, but), du L. instant ta, pr, action de
se tenir sur (in-stare), d'insister, de presser,
d'où se dégagent les idées de persistance, de
travail assidu, de prière pressante.
INSTANT, adj., L. instajis, 1 pressant;
2. imminent, urgent (cp. Salluste : instai nox,
la nuit approche). — En termes de grammaire
l'acy. latin instans signifiait présent. Or, le
présent n'est, relativement au passé et à
l'avenir, qu'un point dans l'espace et n'a
qu'une durée fugitive. Cette représentation
de la chose a engendré le sens de momentum
temporis, inhérent au subst. instant do la
langue moderne, syn. de moment. L'idée pre-
mière de proximité survit encore dans la lo-
cution à l'instant, — tout de suite. On peut
du reste aussi envisager à Vinstant comme
l'équivalent de in prœsenti et comparer l'ex-
pression tout à r heure, ail. ^ur stunde, ou
augenblichlich. — Déi'ivé moderne du subst.
instant : instantané; cot adj. semble fait sur
le patron de momentané.
INSTAR (A L'), du L. ad instar, à l'imago
ou sur le modèle de.
INSTAURER, L. in-staurare. — D. instau-
ration.
INSTI6UER, L. in-stigare, m. s. — D. in-
stigation, -ateur, L. -atio, -ator.
INSTILLER, L. in-stillare, verser dedans
goutte à goutta [stilla).
INSTINCT, L. instinctus (in-stingncro/, im-
pulsion, excitation, mouvement. — D. lu-
sti)ictif.
INSTITUER, L. in-stituere (statuere), éta-
blir. — D. institution, L. institutio; le mot
fr. exprime à la fois l'action d'instituer et la
chose instituée (de môme que le syn. établis-
sement) ; pour ce dernier sens, le mot institut,
= L. institutum est plus correct. Du plur.
instituta, principes établis, les juristes ont
tiré leur terme institutes. — Le verbe latin
instituera signifiait aussi, comme le terme
analogue in-sirucrc, élever, enseigner la jeu-
nesse ; cette acception est demeurée dans nos
dérivés institution (enseignement, école) et
instituteur.
INSTRUIRE, L. in-struere. Le terme latin
répond, quant aux acceptions déduites du sens
foncier construire, aux termes synonymes
informer, instituer, et en quelque sorte aussi
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INT
— 286
INT
à édifier. — D. instruction, iTtstructeur, L.
instructio, -toi* ; instructif.
INSTRUMENT, vfr. estrummt, L. instru-
mentunif pr. moyen pour iyi-struere, au pmpre
et au figuré. — D. instrumental , -aire, -iste,
verbe instxMfnenter, déduit du subst. instru-
ment, au sens d'acte de pi-océdure, titi-e.
INSU (A L'), opp. do au su de,
INSUFFLER, L. in-sufflare.
INSULAIRE, L. in5M7arw(insula).
INSULTER, L. insuhare, fréq. de insiUre
(salire), pr. sauter sur, attaquer. — D. in-
suite, subst. verbal. Le vfr insuit, soulève-
ment, vient direct, du subst. L. insulius,
attaque.
INSURGER, L. in-surgei^e, litt. se lever
contre. Le mot fr. a pris le sens factitif (sou •
lever). Du supin latin insurrectum : subst.
insurrectio, fr. insurrection.
INSURRECTION, voy. l'art, préc. — D. in-
surrectionnel.
INTACT, vfr. oitait, du L. in-tactus (tan-
gère), non toucbé, non entamé; intactile,
L. intactilis, non palpable.
INTÉGRE, L. in-teger (rac. TAG, d'où tan-
gère, toucher). Le fr. n'a conservé que les
acceptions morales du mot latin ; au sens
propre •* intact, complet», integer s'est fran-
cisé en ewiier (v. c. m.) Les deux sens sont
applicables au subst. dér. intégrité. — D. in-
tégrité, L. intcgritas ; intégral (d'où intégra-
lité):, intégrant (du L. integrare, compléter) ;
réintégrer, L. redintcgrare.
INTELLECT, L. intellectus (\i\\q\\\%ovc).—
D. intellectuel, L. intellectualis.
INTELLIGENT, L. inteUigens (intelligere,
p. inter-legere, discerner, démêler, com-
prendre), d'où intelligence, L. intelligentia,
entendement, connaissance. Dans l'acception
« correspondance entre deux jHîrsonnes qui
s'entendent •• (cp. le terme entente àe entendre,
ail. verstàndniss, ein-verstàndniss), ce sub-
stantif a pour opposé més-intelligence (ail.
miss-verstàndniss)\ dans les autres accep-
tions, in-intelligence.
INTELLIGIBLE, L. intelligibilis . — D. in-
telligibilité,
INTEMPÉRIE, L. intempéries, mauvaise
disj)osition de l'air.
INTEMPESTIF, L. in-tonpestivus (temi>cs-
tas;, qui est hors de saison, déplacé, inoppor-
tun.
INTENDANT, L. intendais, du verbe in-
tendere, au sens d'être attentif, surveiller. —
D. intendance, surintendant.
INTENSE, L. intensus, de in-tendere, au
sens de donner de la tension, renforcer. —
D. iyitensité, intensif (t. de grammaire).
INTENTER, L. intentare, fréq. de in4en-
dere, litt. = diriger vers, de là porter (une
accusation) contre.
INTENTION, L. intentio, dessoin, projet (de
intendere s. e. animum, porter son esprit). —
D. intentionné, intentionnel,
INTER. Les composés avec inter appar-
tiennent au fonds savant de la langue, qu*ils
soient d'origine latine ou non. La forme vrai-
ment frança.ise de inter est entre (v. c. m.).
INTERCALER, L. inter-calare. — D. inter-
caJation, L. -atio, intercalaire, L. -aris.
INTERCÉDER, L. inter-cedere, marcher
entre, s'entreposer. Du supin intercessum :
les subst. intercessor, -ccssio, fr. intercesseur,
•cession.
INTERCEPTER, L. interceptarê, fréq. de
intercipcre, pr. saisir entre (c.-à-d. entre celui
qui expédie et le destinataire, entre le point de
départ et le but) ; interception, L. intercep-
tio.
INTERDIRE, vfv, entredire, L. inter-dicere,
pr. interjeter une opposition (cp. l'ail, unter-
sagen); interdit, L. interdictum; interdiction,
L. interdictio. — Le sens métaphorique du
partie, interdit == déconcerté, troublé, se
déduit-il de l'idée frapper d'interdit, ou du
sens défendre à qqn. Texercice de ses fonc-
tions, le priver d'action, le paralyser? J'in-
cline pour la dernière manière de voir.
INTÉRESSER, voy. l'art, suiv.
INTÉRÊT, subst. tiré du L. interest, il im-
I)oi*te ; ce qui importe ou ce qui rapporte ou
profite à qqn. s'est apj)elé son interest. On
peut comparer, au i)oint de vue de la dériva
tion grammaticale, le subst. déficit, du L. dé-
ficit = il manque. — Le sens primitif du mot :
profit, revenu, importance, s'est, avec le temps,
considérablement élargi, mais on le démêle
encore facilement dans les diverses acceptions,
p. ex. part dans une afiaii^ ^pris au moral
dans : je prepds intérêt == je prends part) ; les
intérêts de l'Etat = ce qui est importante l' îitat
l'intérêt, dans le sons absolu : la recherche du
profit, etc. — L'allemand, comme la latinité
du moyen âge, a tiré le subst., au lieu du prés,
de l'indicatif, de l'infinitif interesse, de là
notre dérivé intéresser, offrir de l'intérêt,
mettre dans l'intérêt, d'où i)Uéressant, inté-
ressé, dés-intéresser. Il est curieux de remar-
quer que dans l'anc. langue interest, par son
caractère de i?oa? média, tournait au sens de
dommage, intéi'esser en celui de causer pi-é-
judice, nuire; encore Massi lion dit : Pilate
craint d'intéresser sa fortune, s'il rend justice
à Jésus-Christ.
INTERFOLIER, mettre des feuillets blancs
entre les feuillets imprimés d'un livre; du
lat. intiT folia, entre les feuilles.
INTÉRIEUR, L. intcrior, comparatif de
ifiterus. — D. intériorité.
INTÉRIM, adverbe latin, «= pendant ce
temps, en attendant. — D. intéiHmaire.
INTERJECTION, L. intetjectio (inter-jicei-e,
jeter entre). L'interjection ne fait pas partie
intégrante d'une i)roposition ; c'est un cri de
l'àme qui en interrompt la structure, de là le
nom.
INTERJETER, anc. L.interjectare\ fréquen-
tatif do inteyyicere.
INTERLIGNE, mot technologique formé du
L. inter lineas, entre les lignes. — D. itUerli-
néaire, interligner.
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INT
— 287 —
INV
INTERLOCUTBUR, -TION. -TOIRB, du su-
pin interlocutiimy du verbe tnter-loqui, par-
ler entre, interrompre le discours de quel-
qu'un; au sens juridique d'ordonner un inter-
locutoire, on dit aussi en fr. interloquer.
INTERLOPE, direct, de l'angl. to interlope,
faire le commerce en contrebande. Celui-ci
estune composition hybride du préfi's.ovUer et
du verbe bas-ail. loopen[-=: nha. Uiufen) et ne
dit autre chose que I-.. inter-cm^rere. Le com-
merce interlope est celui qui contrecarre
celui d'une compagnie ou d'une nation seule
autorisée à le faire.
INTERLOQUER, voy. interlocuteur; aussi
synonyme ^'interdire, rendre interdit.
INTERMÈDE, L. inter-medius , it. inter-
nieszo, — D. intermédiaire^ intermédicU,
INTERMITTENT, du L. inter-mittere, in-
terrompre, discontinuer. — D. intermittence;
intermission, L. intermissio.
INTERNE, L. internus, qui est en dedans
(de inter; cp. cxtemus, infemus, supernus).
— D. interner, internat.
INTERNONCE, L. inter -nuntius, pr. négo-
ciateur, médiateur entre deux paitis; auj.
titre de la chancellerie romaine, = nonce
intérimaire, ou substitut du nonce.
INTERPELLER, L. inter-pellare, inter-
rompre un discours.
INTERPOLER, L. inter-polare, modifier,
refaire, altérer.
INTERPOSER, variété de entreposer, de
ixiser, d'après l'analogie du L intei'-ponfire.
— I). interposition. L. interpositio.
INTERPRÈTE, L. interpres, -etis; verbe
interpréter. L. interpretari.
INTERRÈGNE, L. inter-regnum.
INTERROGER, L. inter-rogare. — D. in-
terrogation, -ateur, -atif, -atoire. — L'an-
cienne langue avait transformé le simple
rogare en rover, rouver, et le composé inter-
rogare en eiîterver{\>. entrerover), prov. enter-
var. Cp, Cuivre, de corrogata.
INTERROMPRE, L. inter- rumpere, d'où in-
terruptio, -tor, fr. interruption, -teur.
INTERSECTION, L. ùUersectio (inter-
secarc, couper par le milieu).
INTERSTICE, L. inter-stitium (de ititer-
stare, supin inter-stitutn ).
INTERVALLE, anc. entrerai, L. interval-
htm, pr. espace entre deux palissades {val-
lum).
INTERVENIR, L. inte r -venir e ; subst. in-
tervention, L. interventio; interoentif.
INTERVERTIR, L. iiUer-verlox, m. s.,
d'où interversio, fr. interversion.
INTESTAT, L.in-testatus,i{m n'a pastest^.
Ab intestat, L. ab intestato hères, qui hérite
d'un intestat.
INTESTIN, 1. adj. = L. intestinus, m. s.
(rad. intus), 2. subst. = L. intestinum. m. s.
— D. inteMinal.
INTIME, L. intimus (superlatif de inter).
— D. intimer, L. intinuire •• quasi in intimo
ponere »' ; intitnité, L. intimitas.
INTIMIDER, BL. iniimerfare (tiraidus) ; pré-
fixe in avec valeur factitive.
INTITULER, vfr. entiteler, BL. intitulare
(titulus).
INTONATION, du L. intonare (tonus), en-
tonner.
INTRADOS, composé nouveau, du L. intra
dorsum, ce qui est à l'intérieur d'une voûte.
Cp. extrados.
INTRÉPIDE, L. in-trepidus, litt. qui ne
tremble pas — D. intrépidité.
INTRIGUER, anc. entriquer, du L iii-tri-
care (rnà. trica, impedimentum). embarras-
.ser, embrouiller. — D. inir/V/we, subst. verbal
(Corneille employait intynques) ; intrigant,
intrigailler, iyitrigoterie . — Le mot intriguer
ne se présentant ni sous la forme de entricher,
ni sous celle de entrier, doit être attribué au
fonds savant de la langue etprob. un emprunt
à l'italien. — On trouve, dès le xiv* siècle,
cntriqué au sens physique d'embarrassé.
INTRINSÈQUE, a^. tii-é de l'adv. L. m-
trinsecus, intérieurement.
INTRODUIRE, du L. intro-ducere, d'où, par
le supin introductum, les subst. introductio,
-tor, fr. introduction, -teur.
INTROÏT, du L. intro-Uus, entrée.
INTRONISER, BL. inthronisare, fait sur le
grec jv&povf?«v, placer sur un siège ou trône
(à'yovo; L. thronusf; lanc. langue disait eti-
trosner; cp. installe^'.
INTRURE*, L. in-trudere, pousser dedans
(cp. inclure do includeré) ; part, intrusus, fr.
intrus, subst intrusio, fr. intrusion.
INTUITION, L. intuilio (de in-tueri, regar-
der). — D. adj. intuitif.
INVALIDE, L. in-validus 'cp. infirme, im-
potent) — D. invalida; cp. infirmer.
INVASION, L. invasio, de in-vudere r= fr.
envahir.
INVECTIVE, del'adj. L. invectivus, formé,
par le supin invectum, de invehi, assaillir,
attaquer. — D. invectiver.
INVENTAIRE, L. itwentarium = descrip-
tio rerum quœ, post alicujus decessum, in
illius bonis inveniuntur. On rencontre aussi
la forme inventorium ; c'est d'elle qu'on a tiré
le vfr. inventore et notre verbe inventorier.
INVENTER, L. inventare\ fréq. de in-ve-
nire, venir dessus, trouver (cp. l'ail, aufetwas
hommen, trouver qqch.) ; du supin inventum :
invention, L. inventio, inventeur, L. inven-
tor; inventif
INVENTORIER, voy. inventaire.
INVERSE, L. inversus, renversé (in-»vertere).
Du même type latin procède aussi le mot
envers (v. c. m.). — Substantif de invertere,
par le supin inversum : inversio, fr. inver-
sion .
INVESTIGATION, -ATEUR, L. investigatw,
-ator, do in-vestigare, pr. suivre la piste {vesti-
gium), puis rechercher en général,
INVESTIR, L. investire, pr. revêtir. Au
moyen âge ce mot a pris le sens de ♦« conférer
l'habit, les insignes d'une dignité ou d'un em-
ploi, puis en général mettre eu possession « ;
de là le subst investiture. — Le sens de •♦ en-
tourer » (investir une place) était déjà propre
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ISA
— 288 —
IVR
au mot classique ; on trouve investire focuni
:t= s'asseoir autour du foyer; de là le subst.
investiifsemnii.
INVÉTÉRÉE (8'), L. intelerare (rad. têtus,
veteris, vieux).
INVINCIBLE, L. invincibilis (vincere). —
D. invincibilité.
INVITER, vfr. entier (voy. cnti), prov. en-
tiday-j du L. invitare, — D. intitalion, L. in-
vitatio; subst. verb. intite, t. de jeu.
INVOQUER, L. in-vocare, — D. intocation,
L. invocatio; intocatoire.
IODE ; le nom de cet élément chimique, dé-
couvert en 1811 par Courtois, est tiré du gr.
toîicvî;, violet.
lOTÂ. la plus simple, la plus grêle des
lettres de l'alphabet grec. La valeur figurée
de ce mot .se rencontre déjà dans l'Evangile ;
dans le sermon do la montagne, Jésus dit ;
« l'n seul iota de la loi ne passera pas que
toutes ces choses ne soient faites »
lOULER, de VoXLjodelHf ou directement du
cri i-a-ou,
IR-, préfixe ; c'est le préfixa tn, modifié par
l'eflct d'un r suivant ; ex. ir-régulier, ir-
réligion,
IRASCIBLE, L. irascihilis, du verbe irasci,
se fâcher (xfr.iraistrCf prov. irasccVy iraisser).
— D. irascibilité.
IRE, L. ira. — D. les mots vfr. ircry mettre
en colère, iro7\ rancune, iroiis, fâché.
IRIS. L. iris, gr. I;.c;. — D. irisé.
IRONIE, L. ironia, du gr. t\p',yni7, pr. inter-
rogation, [)uis par allusion à la méthode de
Socrate, raillerie fine. — D. ironique, gr.
giyj)H/.6i'^ verbe ironisa*.
IROQTJOIS, nom d'une nation sauvage
d'Amérique, employé quelquefois comme terme
d'injure.
IRRIGUER, L. irrigare, arroser. — D. ir-
rigation, -ateur.
IRRITER, L. irritare, dont la racine rit est
peut-être la même que celle de l'équivalent
ail. reisen. — D. irritable, -ation, L. irrita-
bilis, -atio.
IRRUPTION, L. irrvptio (ir-rumperc).
ISABELLE, nom de couleur. Isabelle, une
princesse quelconque, avait fait le vœu, h)rs
du siège d'une ville, dans lequel son mari était
engagé, de ne pas changer de chemise que
son mari ne fût victorieux. Le siège dura
trois mois ; on devine la teinto que, dans cet
intervalle, l'auguste chemise avait prise. Aussi,
pour perpétuer le souvenir de cet acte « hé-
roïque »», on donna dorénavant le nom do la
princesse à la nuance en question. — On pré-
tend que la princesse dont il s'agit est l'ar-
chiducUcsso Isabelle, fille de Philippe II,
gouvernante des Pays-Bas; et le siège en
question serait celui d'Ostende (IGOl à 1()04).
D'après cette version, la chemise aurait été
portée trois ans, et non pas trois mois. En
attendant les preuves diplomatiques de cette
étvir)(»h)gie, je rapporte l'historiette pour ce
qu'elle vaut ; si non d vcro, i^ benc trotato.
ISARD, chamois, prov. vjsani, catal. isart,
aussi sicart ; d'après les uns, à caui-e du siffle-
ment que l'animal fait entendre par les narines,
de l'angl. hiss, siffler; d'après Saumaise, du
gr. î^yïoi (sauteur?;, épithèto fréquente du
chamois — c'est par trop savant ; enfin, vu la
forme prov., Littré allègue le german, isarn,
eisern, gris de fer. Une tentative d'explication
par le basque beicccorra (î) peut se lire dans
la Ztschr. de Grôber, V, 559 ; je m'abstiens
de la reproduire.
ISLAM, mot arabe signifiant soumission (à
la volonté de Dieu), du verbe aslama, se sou-
mettre (d'où aussi le participe actif moslim,
dévot; le pluriel de celui-ci, sous la forme
pei'sanc mosfiman, a donné le motfr. musul-
man).
ISOLER, voy. (le; pr. séparer comme une
ile.
ISSU, part, passé du vieux verbe issir (aus.si
eissir); ce dernier, = prov. cissir, it. escire,
uscij^e, vient du L. ex-ire, sortir. — D subst.
issue (prov. issida, it. cscita) ; le part, présent
issant (sortant) s'emploie encore comme terme
de blason.
ISTHME, L. isthmus, gr. î^Vc;, pr. pas-
sage.
ITEM, mot latin = de même, aussi.
ITÉRATIF, L. iteratitus, de iterarc, faire
une seconde fois, répéter. Le fr. n'a plus ce
verbe qu'avec le préfixe ré [ré-itérer) ; ce pré-
fixe constitue dans ce cas-ci une superfétation.
ITINÉRAIRE, L. itinerarius (de iter, gén.
itincris, chemin).
ITOU, dans les patois, = aussi ; du vfr.
itel, pareil, semblable, «jui, devant les con-
sonnes, faisait itcu, itou. Cp. champ, ital,
autant, aus.si.
IVOIRE, prov. etori, it. avorio, angl. itorf/,
de l'adj. L. eboreus, (de ebiir, ivoire). — Pour
Vi initial, cp. itre, vfr. iglisc.
IVRAIE, anc. ivraie, prov. abriaga, du
L. ebriacus, ivre, à cause de la vertu enivrante
de l'ivraie; R. Estienne : « pour ce que le pain
d'ivroie enivre ». Cp. le terme scientifique
•« lolium temulentum ». Au dire de Ménage,
les Italiens nomment l'ivraie de même capo-
girlo{\)v. vertige) et imbriaca, = ebriaca. Les
Allemands disent rauschkoi'n, taubkraut; en
v. flam. je ivo\\\e dronchaert. — Nodier a eu le
caprice de faire venir ivraie du verbe L. abo-
rior, parce qu'elle fait atoHer l'espérance du
laboureur! Cet homme d'esprit tenait peu
compte de la vérité étymologique, quoiqu'il se
fût beaucoup occupé de phonologie. — Le
L. ebriacus, ivre, a donné naissance aussi à
l'anc. adj. imbriaque, ivre, stupide, it. im-
briaca.
IVRE, du L. ebriics. — D. ivresse; ivrogne
(v. c. m.); verbe enivrer.
IVROGNE, vfr. ivroin, dér àcivre. La ter-
minaison ogne (= L. oneus, it. ogno, esp.
v.cho, port, onho) est tout à fait isolée dans la
langue fran(;aise (le mot carogne ou charogne
est d'importation étrangère, et la finale do ci-
gogne, vigogne a d'autres raisons d'être. —
D. ivrognesse; ivrognerie.
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JAI
— 289 —
JAL
JÀ, it. già, esp. et anc. port, ya, n. port, et
prov. Ja, du L.jam. Cet adverbe, très usit<5
autrefois, ne s'emploie plus à l'état simple ;
il s'est combiné avec le préfixe de (cp. de-
dans ^ de-hors, etc.) et a produit le composé
dc'jày dont on a fait abusivement déjà, cp.
it. di già. Le moijà se retrouve en composi-
tion àkvïs jadis ci jamais (voy. ces mots).
JA6LE, vfr. aussi gabù, t. de tonnellerie;
d'origine inconnue. — D.jabler.
JABOT, p. giàot, d'après Diez, dérivé du
L. gibba, bosse icip.jaioitx, p.ffeloux, aronde
==■ L. himndo). L'allemand kropf=^ jabot
signifie également pr. qqch. d'enflé. Cette éty-
mologie rcnvei*se celle de Ménage, qui, pour
la circonstance, avait imaginé un mot latin
capuUus fait d'un primitif capus, tout aussi
imaginaire, et auquel il prête la vertu d'avoir
signifié •» toute chose qui contient ». — De
iabot vient le verbe jaboter, babiller, murmu-
rer, marmotter « comme les volatiles qui ont
rempli le jabot •». '
JABOTBR, \oy, jabot,
JACASSER, de jacasse, femme bavarde ;
celui-ci tient prob.,dit Littré, kjacot (petit
Jacques), nom populaire donné aux pen^oquets
et aux pies. — On serait tenté aussi de ratta-
cher le mot à la famille do l'ail, gachen,
gackern, gachscn, caqueter, babiller.
JAOENT, L. jacens (jac^îre). — D. jaccnce,
JACHÊRÎ5, vfr. ga^chièic, gachière, pic.
gaquih'e, ghesquière, garqui&re. L'origine de
ce mot n'est point fixée ; seulement, il est cer-
tain qu'il ne vient pas du L. jacere, ni du
L. vacare, être vide, reposer. En BL. on
trouve gascaria, terre nouvellement labourée
et non encore ensemencée, ainsi qu'un mot
gascha qu'on interprète par •« agri proscissio »
et qui doit être le primitif do gascaria. —
jy.jaché'cr,
JACINTHE, jivov.jacentijacint, forme vul-
gaire p. hyacinthe.
JAÇQIT QUE, encore que, p jà soit que,
JAÔONAS ; origine inconnue.
JACQUOT. JACOT, dimin. de Jacques ^en
champ, on dit auss\ Jacques pour merle, geai);
pour cette dérivation, l'on peut rapprocher
d'autres noms d'animaux tin^s de noms pro-
pres, tels que sansonnet, pieiTot, renard, etc.,
et surtout, dans notre cas, jacquet = bécas-
sine, écureuil.
JACTANCE, L. jactantia (de jactare, van-
ter).
JADIS, du h.jam diu; cp. tandis, de tam
diu. Vs final est la lettre caractérisricjue de
l'adverbe.
JAILLIR, anc. employé aussi au .«^ens actif
(lancer, jeter) ; ce verbe est, d'après l'opinion
reçue, p. jaillcr et vient du L. jaculari, lan-
cer, mail* Dioz remarque que l'aiic. langue
présente jmrfoisla (orme gaiir, ce qui contra-
rio cette étym., car^' j^cut procéder du g,
mais non pas g àej ; il conjecture donc une
origine de l'ail, toalien, bouillonner. Ce qui
prouve encore contre jacidari, c'est que la
forme non mouillée ^a/tV prédominait dans le
vfr.; la forme jaillir est postérieure et faite
peut-être sous l'influence du synonyme saillir.
Avec tout cela, l'étym. do Diez laisse subsis-
ter des doutes.
JAIS parait être dégagé dejaget, que l'on
aura pris pour son diminutif, mais qui répond
à la lettre au L,gagates, gr. yayacTTj; (cp. wall.
gaiHc), L'orthographe gest dans le Livre des
métiers (xiii* siècle) parait arbitraire.
JALAP, de Xa^apa, ville du Mexique, lieu
de provenance.
JALB, espèce de baquet ; de là prob. le vfr.
jalon, galon, galoie, jalaie, BL. galo, gale-
tum, ang\. gallon (v. c. m), mesure de capa-
cité ; rouchi galot, broc, jellot, en termes de
savonnerie, «= baquet, etc. L'étymologie de
jale est incertaine. On a proposé le \a,gaulus,
seau à puiser, mais ce mot ne s'accorde pas
avec l'a radical. Le L. galea, C4isque, s'accor-
derait parfaitement avec la forme y{r,j aille
(cp. galcola, interprété par Papias : vas vina-
rium), mais l'absence de 1*/ mouillée dans les
formes dérivées ci -dessus mentionnées ne per-
met pas de l'adopter comme source du mot
français. Chevallet cite l'écoss. et irl. sgal,
sgala, baquet, écuelle; autant vaudrait citer
lall. scliale, écale, jatte, étymologie contraire
à la lettre. — Baist (dans Grober, Ztschr.,
VI, 118) rapproche le radical gai du BL.
galida = vha. gellita, nha. gelte, sans toute-
fois rien affirmer quant au rapi>ort étymolo-
gique.
JALST ; ce mot ne vient pas, comme on l'a
avancé, du L.jaculum; c'est une forme va-
riante de galet (cp. gambe et jambe). Il se
peut toutefois que l'ancienne forme jaillel,
que je trouve dans R. Etienne et Nicot avec
la valeur de •» globus missivus », soit un dérivé
dejacidari,
JALON, bâton planté en terre pour arpenter
ou prendre dos alignements. On n'est pas
fixésurTorigincdece mot. Voy. anss>\jauger,
— D.jalonnei*,
JALOUX (on trouve en vfr. le dim. gelosel);
= it.gcloso, x^rov. gelos, esp. zeloso; du L.
selosus, dér. do selus, zèle. — D. jalousie, it.
gèlosia; l'acception figurée : treillis au tra-
vers duquel on voit sans être vu, nous vient
de l'Italie, et se voit déjà dans J. Du Bellay ;
\cvhe jalouser (le champ. //c/oi'cr ■-- jalouser
signifie désirer; cp. envie = jalousie et dôsir).
La termin. oux, anc. ous au lieu de eux
ijaleus est fréquent au xv® siècle), est irrégu-
lière et motivée par l'assimilation à jalousie,
jalnusiT, où lat. ô en syllabe atone = fr. ou
est régulier. C'est de même que ventouse p.
venteuse (encore dans Commines) aété modifié
sous l'influence du verbe ventouser.
10
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JAQ
— 290 —
JAR
JAMAIS, it. giammai^ du L. jam magis^
donc pr. = ja plus; la phrase « je ne le ver-
rai jamais « équivaut dans le principe à « je
ne le verrai de ce temps (Ja/ en avant [magis,
mais) » ; cp. jà en ma vie ne verrai mais si
bêle chose (Barbazan, Fabliaux et contes, II,
p. 434). La formule ne...ja mais, litt. = non
jam moffiSf a, avec le temps, pris la valeur
de non unquam magis, puis de nunquam
tout court. On sait que Jamais sans négation
(excepté quand il est prononcé seul, sans re-
lation syntaxique avec une proposition) équi-
vaut à L. unquam. — La valeur primitive
«« dès maintenant en avant n perce encore
dans l'expression à jamais *= à toujours.
JAMBE, it., esp., cat., prov. gamba, vfr.,
pic, wall. ^amôtJ (forme encore usitée dans
tiole de gambé) ; en v. esp. aussi camba, et
dans quelques dialectes du Midi comba; on
trouve, sans b, en v. esp. cama et en vfr.
(aussi ch&mp.) jame. Que le radical soit cam
ou camb, toujours est-il qu'il y a au fond du
mot Jam^e la même racine cam = recourbé,
plié, d'où procèdent L. cam-urus, cam-erus,
courbe, cam-era, voûte, camerare, voûter (fr.
cambrer), ainsi que le celt. cam, courbé. Il se
peut que la langue vulgaire ait déjà pos-
sédé un mot lat. camba, jambe, type des vo-
cables romans. Végèce, en effet, présente la
forme gamba, mais avec la signification de
sabot. 11 n'y a pas de doute que le vha. hamma,
jarret, flam. et angl. ham, jambon, n'appar-
tiennent à la même famille. — D,jamber,
iambage, jambon, jambier, -ière; enjam-
ber.
JANISSAIRE, du turc jeni tsjerî, litt. =
nouvelle milice.
JANTE, pic, norm. gante, oxigX.jant, pro-
bablement d'un mot latin cames, camitis, qui
se trouve mentionné comme synonyme de
canthus dans des gloses florentines, et qui
procède de la même racine cam, recourbé,
dont il est question sous jambe. Le wallon
chame *= jante accuserait, selon l'avis de
Diez, pour type le nomin. cames; la forme
jante, par contre, viendrait du cas oblique
camitis, cam'tis. Au rad. camit répond aussi
le bret. cammed. — D. jantiJle,jantière.
JANVIER, h.januarius, \u voyelle devenu
M consonne ; cp. vfr. tenve de tennis, veuve
(vfr. vciive, veve), de vidua.
JAPPER, prov. japar; onomatopée, cp. ail.
jappen. — D. jappe, babil, caquet.
JAQUE, espèce de justaucorps, it. giaco,
es^.jaco, angi.jack, aW.jacke. Ce vêtement
militaire aurait, d'après une conjecture de
Ducange, reçu son appellation de Jacques,
nom dun chef militaire de Beauvais vers
1358. — D. jaquette, angl. jacket.
JAQUELINE, espèce de vase ou de bou-
teille. De Jacqueline de Bavière, comtesse de
Hollande, qui, prisonnière à Teilingen, s'amu-
sait à faire de petits vases de terre. Histoire à
vérifier.
JAQUEMART, figure de métal qui repré-
sente un homme armé, frappant avec un mar-
.teau les heures sur la cloche d'une horloge.
On l'a ainsi nommée, disent les auteurs du
Dictionnaire des Origines, du nom de l'ouvrier
qui en a été l'inventeur et qui s'appelait Jac-
ques Marc. Cette étymologie demande des
pièces à l'appui qui font défaut. On disait
peut-être bien avant l'invention de ce que nous"
appelons aujourd'hui un jaquemart : « armé
de pied en cap, comme un jaquemart »» . Pour
expliquer cette locution, on a découvert un
Jaqueraar de Bourbon, connétable de France
sous le roi Jean (xiv* siècle), homme très vail-
lant, type de bravoure et de bonnes manières
de guerre. Cela est tout aussi sujet à caution,
mais nous sourit plus que V étymologie jaque
de mailles proposée par Ménage. Qui sait si
le jaquemart n'est pas tout bonnement Jacques
bonhomme, affublé en Mars f Littré jxînse que
c'est une altération do l'ail, ou ^nm.jackman,
homme armé à! wne jaque.
JAQUETTE, voy. jaque.
JARDIN, vfr. aussi gardin, it. giardino^
Qs^. jardin, prov. gardin Jardin, jcrsin ; dé
rivé du vha. garto, enclos (cp. goth. gards,
demeure, maison), nha. garten, jardin. On
trouve aussi le même radical avec la valeur
d'enclos dans les idiomes celtiques. L'anc
langue se servait aussi du simple Jarf au sens
de jardin, verger, maison de campagne. —
D . jardinier, jardiner.
JARGON, pic gergon, wall. geargon, it.
gergo et gergone, v. esp. girgonz (auj. geri-
gonscL), prov. gerzonz. Le vfr. disait aussi
gargonner pour jargonner. Le mot jargon
parait être originaire de France et s'être com-
muniqué de là aux autres langues congénères.
Diez est d'avis que gargon procède de la même
racine ^ar^ qui adonné gargouiller; cp. ja-
boter Aejabot. Du temps de Palsgrave, jargon
avait encore la valeur de caquet, gazouille-
ment ; il traduit le mot par chattering, chyr-
king of byrdes. En champ, jargon signifie le
cri de l'oie, et d'ailleurs déjà dans les Donatz
proensals de Faidit (xiii** siècle) on trouve
gergons traduit par « vulgare trutanorum *».
Tout cela parle en faveur d'une dérivation de
jar-s, en supposant que ce mot est réellement,
comme on l'a pensé, une contraction de Jar^-5 ;
d'autant plus que l'on trouve un verbe ja?*-
gauder au sens de s'accoupler (en parlant du
jars) et dans celui de caqueter, jaser. L'ori-
gine ào jaser présenterait aussi un argument
en faveur de cette dérivation. L'expression
entendre le jars pourrait également confirmer
le rapport que nous supposons exister entre
jargon et jars, en l'entendant ainsi : com-
prendre lojars quand il caquette. — Nous ci-
terons encore pour mémoire quelques autres
conjectures émises à propos de^'ar^on. Covar-
ruvias et Le Duchat pensèrent à grœcus (le
grec pris pour type d'un langage incompré-
hensible); Ménage eut assez d'habileté pour
démontrer la filiation qui relie jargon à bar-
baricus! Enfin, Génin s'est efforcé de prouver
que la lingua gerga des Italiens vient du gr.
cï.oo'i; ce serait ainsi la langue sacrée, c-à-d.
la langue secrète connue des initiés seulement.
C'est bien là une étymologie par antiphrase !
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JÂR
— 291 —
JAU
Lo jargon, langage de rOljmpe! A paii;
d'autres objections à faire, comment accorder
avec cette ôtymologie le g final, car pour le j
ou g initial on aurait au besoin le précédent
de Jérôme, Jérinalem^ jusquiame^ jacinthe.
— D.jargonner[CB\\\ïigcrgonner),
JARNAO [coup de). Cette expression tire
son origine, d'après l'abbé Le Laboureur, du
combat singulier de Guy de Cliabot-Jarnac
et de François de Vivonne de la Châtaigneraie,
qui eut lieu dans la cour du château de Saint-
Germain en Laye, le 10 juillet 1547, et dans
lequel le roi Henri II s'intéressait beaucoup
en faveur de la Châtaigneraie. Jamac, quoi-
que affaibli par une fièvre lente qui le consu-
mait, renversa son adversaire par un revers
qu'il lui donna sur le jari^t et qu'on a depuis
appelé le coup de Jamac.
1 . JARRE, grand vaisseau do terre vernis-
sée, angl. jar^ it. giara, esp., port., prov.
jarra, aussi cat. gerra, prov. gitarra (formes
masc. it. gtarro, esp. , port, jarro) ; de l'arabe
djarrh, vase à eau.
2. JARRE, poils longs et durs, qui recou-
vrent le duvet soyeux de certaines pelleteries.
Origine inconnue. Atzler propose le vha.
harra, hara, cilice, mais il n'y a pas corres-
pondance entre h ail. etj fr. Il cite aussi angl.
gare^ laine grossière aux pieds des moutons ;
celui-ci conviendrait mieux comme étymologie
de jan-e (écrit aussi Jarj}, qui s'applique par-
ticulièrement à la toison des moutons, —
Angl. gare étant traduit en gallois par gvolan
garw, laine rude, Bugge (Rom., IV, 362) con-
jecture que gare est d'origine celtique. Ou
bien, poursuit le judicieux étymologiste, fr.
Jarre vient-il plutôt do l'esp. xaro,jarOy qui
se dit du cochon semblable au sanglier par la
rudesse de ses poils? Littré (II, p. 2609) pense
que notre mot pourrait être identique avec
jarre, nom d'une herbe (la cuscute) qui enve-
loppe les autres plantes et se roule autour,
mais dont l'origine est inconnue.
1 . JARRET, = lat. poples, vfr. garret, it.
garretto, esp., port. Rareté. Dérivé du cymr.
gdr, cuisse, breton gar, os de la jambe. —
b.jarreter, jarretière {dial.jartier, garlier,
d'où angl. garter).
2. JARRET, poisson, le Sparus smaris de
Linné, Smaris vulgaris de Cuvier, que Littré
a placé sous la rubrique de jarret = lat.
poï)les, n'a rien de commun avec ce dernier.
Voici, d après une étude très détaillée et scien-
tifique sur ce nom ichtliyologicpie, faite par
J. Bauquier, Rom., VI, 266-9, l'étymologie de
jarret : Il remonte au lat. gerres, gierres
(Pline, XXXII, 53, 5), d'où fr. gcrre, jarre,
àim. jarret ; à Marseille giarret; d'un dim.
lat. gerridus*, se sont dégagés fr. gerie,
jarle', d'où gerllet, garrlet, jarlet. Toute» ces
formes sont examinées, justifiées et localisées
par M. Bauquier. — Sachs consigne, avec la
valeur de Sparus mœna et comme provincia-
lisme du Sud, la (orme jarat.
JARRETIÈRE, soy. jarret,
JARS (Nicot jar), pic, gars, bret. gar2^
wall. gear, oie mâle. Le verbe jargauder,
employé pour exprimer l'accouplement du
ja7's, donne lieu à supposer un radical primitif
jarg. Mais ce dernier n'est pas plus facile à
expliquer que jars. Le terme nord, gassi signi-
fiant à la fois jars et barboteur, caqueteur, on
est amené, par l'analogie, à rattacher aussi la
forme romane au latin gaxrire, conservé,
selon Diez, dans le verbe angl. jar, faire du
bruit, se quereller. — D'autre part Du Cange,
au mot jasia, cite jas comme synonyme de
coq, et dans le Maine, on trouve la même
forme pour signifier une oie mâle. Cette forme
jas s'accorde fort bien avec le nord, gassi que
je viens de mentionner, et fournit aussi l'éty-
mologie la plus acceptable du verbe /oser. —
Frisch identifiait gars, oie mâle, avec gars,
garçon. — Pour nous résumer, nous avons à
choisir entre : 1 . un type jarg à'oixjargaitder,
jargon, mais dont la provenance reste obscure ;
— 2. un radical gar, revêtu d'un s nomina-
tival, = L. garrire; — 3. un radical gas
«» nord, ga^si (d'où jaser), avec insertion
d'un r.
JAS, t. de marine ; d'origine inconnue.
JASER, vfr. gaser, prov. gasar; du subst.
jas ^=jars \y. c. m.). D'autres ont pensé à l'it.
gassa, pie, mais cotte langue non seulement
n'a pas le verbe gazzare, mais, existât-il, il
eût produit en fr. gacer et non pas gaser,
jaser. La forme gaser parait avoir donné le
dimin. gaziller', gazouiller (v. c. m.). — D,
jaseur, jaserie,
JASERAN, anciennement une espèce de
cotte de mailles, puis collier d'or formé de
mailles, bracelet en forme de chaîne, chaîne
d or à très petits anneaux. Ce mot est le même
que l'it. ghiazzerino, esp. jacerina, port, /a-
zerina, prov. jazeran, vir.jazerantjazerenc.
C'est propr. un adjectif, = qui est fait de
mailles,cp. esp.co(a;acenna,vfr. haubercjaae-
ratit. Le Duchat dérivait le mot de VsW.ganz-
rinc (tout anneau), mais ce composé n'existe
pas; Reiflfenberg, àe jaque acerin = jaquette
d'acier; Chevallot, de lall. eisern, de fer. Diez
rappelle d'abord le mot esp. jazarino, algé-
rien, de l'arabe gazaïr, Alger (Covarruvias
aflîrme que les meilleures cottes de mailles
venaient d'Alger) ; puis il cite un passage du
Willehelm de Wolfram, où il est dit que le
roi de Barbarie portait un haubert travaillé â
Ja^eranz.
JASMIN, it. gesmino, esp. jasmin; c'est le
même mot que Vavahejasamun, qui toutefois,
lui-même, est d'importation étrangère, selon
Freitag.
JASPE, gr. îoLTitti, L. iaspis (d'origine orien-
tale). — l). jaspa'.
JATTE, pic. gâte, norm. gadejade, it. go-
vctta, esp. gabata, du L. gabata, m. s. (cp.
dette do débita). Le mot jadeau de Rabelais est
le dim. do jade, forme normande de jatte, —
D.jatiée. — Voy. aussi joue,
JAU, nom vulgaire du coq dans quelques
provinces, p. gau ; ce dernier, = gai, vient
du L. gallus, Lo même mot signifiait aussi
robinet; ce qui rappelle le terme allemand
hahn, signifiant à la fois o^q et robinet.
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JAV
— 292 —
JET
JAU6I est le primitif, ou le subst. verbal de
jauger \y, cm.).
JAU6IR, vfr. gauger, angl. gauge. Les dé-
rivations soit du vfr. jalaiey mesure de vin,
ou du BL. galo (v. pi. h. sousjo/e) ne peuvent
satisfaire. Diez conjecture un type L. œqua-
lificare, égalifier, c.-à.-d. rapporter à une
mesure modèle. De ce type a régulièrement
pu se produire par syncope une forme égal-
ger ^cp. vfr. niger de nidificare); de là se
déduisent naturellement égauger, gauger, et
en^n jauger. Cette ingénieuse étymologio ne
laisse rien à désirer quant à la régularité des
transformations supposées (le^ formes rouchi
cauquc, gangue, comme observe M. Diez,
accusent un tlième immédiat cale, qui peut
fort bien avoir été contracté de calfc) ; et en
ce qui concerne le sens, on voit de même le
L. œquare donner naissance à Tall. eichen
= jauger, néerl. ijkai (Kiliaen : ijcke.jecke,
vasis mensura et capacitas; signum sivo nota
justœ mensuree). Si œqucUificare peut être
établi comme le type àa jauger, il n'y aurait
pas à douter plus longtemps quant à l'ori-
gine de jalon, dont le radical répondrait à
un type latin œqwUis; pour l'aphérèse de la
syllabe initiale, cp. le mot mine, — Diez pro-
pose encore ^\xv jauger, comme tout aussi
acceptable, le L. qualificare, d'où calfcare,
cal'care, etc.), au sens de fixer la qualité, les
conditions d'une mesure. — Mon opinion est
qwo jauge ou gauge signifiait en premier lieu
une verge à mesurer et a jKjur radical le
même gai ou jal d'où procède Ja/o», i)erclie
d'arpentage. I^» type serait galica oiijalica.
Quant au radical gai, on peut le rapporter
soit au breton gwalai, perche, ou au goth.
vaius, bâton, ou enfin au lat. tallus, pieu,
échalas (voy. gaule). — Littré incline pour
l'étymologie jale (v. c. m.), dans la supposi-
tion sans doute que le mot s'appliquait dès
l'origine au mesurage de la capacité, ce qui
est à vérifier.
JAUNE, vfr. et pat. gaine, jalne, gaune,
gane. Du français jalne vient esp. et port.
jalde. Le mot représente le L. galbinns (galb*-
nus], jaune verdâtre. La forme it. giallo, par
contre, découle du vha. gela (nha. gelb). —
\y, jaunâtre, jaunir, jaunisse, jaunet.
JAVART, tumeur chez les chevaux et les
bœufs. Ménage invoque pour type l'équivalent
it. chiatardo (auj. les It. disent giarda), qui
vient de chiavo, L. clavtis, fr. clou. Cette éty-
mologie est douteuse.
JAVELINE, voy. javelot.
1 . JAVELLE, prov. guarella, port, gavela,
esp. gavilla, BL. gavella; d'un type latin
capellus, p. capulus (caperc) = poignée. La
forme masculine s'est communiquée au n.
prov gavel, i^\q, javiau, anc. fr. javcau, —
L'étymologie gar bel le (de gerbe) est arbitraire.
— D.javeler, eitjatder.
2. JAVELLE feau de), do Javelle, nom d'un
moulin près de Paris, où cette eau se fabri-
quait en premier lieu.
JAVELOT, fonnes anciennes : gavelot, ga-
verlot, gaurelos, garelos, garlvt, gaurlot,
javrelot, glamlot ; bret. gavlod, mha. gabilot,
V. flam. gacelote; avec le suffixe ine : fr. jave-
line, ït. giavelina, esp. jabaltna,hret.javlin.
Le laiinjaculum ne se prête en aucune façon.
Grimm rapporte gavelot à l'angl. gavelok ou
plutôt à l'ags. gaflac = javelot, composé,
d'après lui, du nord, gefja, = lance, et de
l'ags. /de, jeu. — Pott propose une dérivation
de l'irl. gabhla, lance. Diez incline également
pour l'ags. gaflàc ; seulement il préfère y voir
le cymr. gaft-ach = lance à plume. Les for-
mes gaverlot, garlot lui semblent être des
altérations sans importance étymologique.
— Diefenbach range les mots germaniques
cités dans la même catégorie que le germ.
gabel, fourche, et le vfr. gaffe, longue perche
avec un croc. — Littré : « Javelot ne tien-
drait-il pas à javelle f et si javelle vient du
L. capulus, poignée, javelot ne pourrait-il
pas, à l'aide d'un diminutif, venir du BI^. ca-
pulus, capilum, branche taillée ?» — Toblcr
(Kuhn, Zt^schr., XXIII, 418) part de la forme
glavelot, dim. de glaive, ** lance », d'où s'ex-
pliquent toutes les autres. L'r est épen thé-
tique dans les anc. formes gavrelot, gaverlot,
garlot (Bx>m., VI, 156). G. Paris combat cette
étym. pour des raisons tenant à la fois à la
forme et au .sens.
JATET, yoy. jais.
JE, vfr. eo, ico,jeo, jo, prov. ieu, eu, it. io,
esp. go. Du L. ego, syncoi>é en eo.
JEAN, vfr. Johan, Jehan, du \j.Johannes.
11 est curieux do parcourir l'histoire do ce nom
de baptême à travei*s les langues modernes.
Disons d abord que le gr. 'Iwâvv»j;, L. Johan-
ne^, découle de l'hébr. Jitchanan qui signifie
** Jéhovah est clément » (cp. ail. Gotthold),
Les Allemands disent généralement Johann,
puis, par aphérèse de la syllabe initiale, ^a;i-
nés, Uans ; les Néerlandais contractent le mot
en Jan, les Anglais en John (élision de la).
Les Espagnols en ont fait Juan, les Portu-
gais Joao, les Italiens, par élision de h rem-
placé par V (cp. pouvoir, glaive ,^ etc.), Gio-
vanni, les Russes Iwan. — Dérivés : Jeanne,
Jeannette, Jcanneton. — 1x3 dérivé Jeannot
est employé souvent pour désigner un .sot, un
homme simple (cp.C/ai((/<?, Colas, Benoit, etc.);
on se sert dans le même sens aussi de Jean-
nin ou Janin (anc. aussi Jenin).
JÉRÉMIADE, de Jérémie, le prophète juif,
auteur des Lamentations sur la captivité
d'I.sraël.
JÉSUITE, anc. jésuiste, religieux de la
Compagnie de Jésus. — D. jésuitique, jésui-
tisme. — Jésuite est aus.si dans quelques pro-
vinces le nom vulgaire de dindon, parce que
l'on attribue aux Jésuites missionnaires de
l'Inde l'introduction de cet oiseau en Europe.
JÉSUS, nom d'une sorte de papier, qui por-
tait autrefois pour marque le nom de Jésus
(I. H. S.).
JET, subst. verbal de jeter.
JETER, vfr. gieter, giter, prov. getar, gitar,
it. geitarc, gittarc, esp. jitar, aussi cchar
(p. jechar); du L.jactare, ou plutôt, puisque
la mutation de a en e ou i se remarque dans
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JOC
— 293 —
JOU
tontes les branches dn domaine roman et quo
îactare ne peut faire en it. gettare ou gittare
(comme l'observe Diez), du composé cjectare
(valaque aïepta). Pour l'aphérèse de la syllabe
e, voy. mine et jauger. — Cette étymologie
de Diez est contestée et contestable; selon
Cornu (Rom.. Vif, 354), Tt radical dans les
formes romanes est l'effet de la môme action
de la consonne^* qui préi'ède, qui a produit en
fr. gist gît do vfr. gésir = L. jacêre, —
D. jet, it. geto, prov. gei; jetée ^ it. gettata;
jeton (v. c. m.). Composés : d< jeter, forjeter,
rejeter, surjeter,
JETON, li. gettone, dér. àQ jet (yox, jeter)»
On disait jadis aussi gettoir, et simplement
giet, get. Les jetons servaient à calculer, ils
remplissaient donc les mêmes fonctions que
les caïciili des Romains, ou les ^^foi des
Grecs.
JEU, prov. juec, esp.jiœgo, it. giiioco, du
h.jocus (cp. lien t feu ^ queux, de locus, focus,
coquus),
JEUDI, it. giovedi, du L. Jovis dies; en
prov. dijous (aussi jous tout court) = dies
Jovis.
JETTN, vfr, jeun (employé comme ac^ectif),
du h,j(junus ; suhst. jeûne, du h.jejunium;
VQvhQ jexuier, L.jfjunare, it. giunare ^plus
souvent di-gitmare}, prov. jeonar; de là fr.
déjeuner [w. c. m.), pr. rompre le jeûne.
JEÛNE, JBTOBB, voj.jeun.
JEUNE, vfr. joitene loue formant diphthon-
gue), it. giovane, du L. juvenis. — D. jeu-
nesse; ajeunir, rajeunir.
JOAILLIER, dérivé du vfr. joail (voy.
joyau). — l). joaillerie.
JOBARD, niais, crédule; doù sxxhsi. jobar-
derie. D*après Génin, ce mot, comme nom de
famille, est une forme variée de Jobert, Jau^
bert, lequel viendrait du bas-latin jobago,
jobagio, un esclave appliqué à la culture du
sol. Comme terme d'injure, le linguiste fran-
çais le rattache, de même qaejobelot^gobelin,
jobet, au personnage Job du Vieux Testament,
dont la patience et la longanimité prover-
biales auraient donné lieu à prendre ce nom
comme un équivalent- de niais, dupe, homme
prêt à tout endurer. — Le v. flamand a le
mot jobbe = insulsus, ignavus, obtusus homo;
je pense que c'est ce dernier qui a fait naître
vfr. jobe, m. s., et les dérivés jobet, jobard,
jobelin, jobelot, et qu'il n'a aucune affinité
avec le nom du patriarche juif. Je rapporte au
même mot flamand l'ancien verbe joba%
railler.
JOCKEY, mot anglais, dérivé de Jock, forme
variée de Jack (fr. Jacques).
JOCRISSE, benêt ; je ne connais pas l'ori-
gine de ce mot populaire ; on pourrait au
besoin le rapporter au L. jocaH, ou plutôt
direct, ûom.jocken, nugasagere, angl.^'oAe,
plaisanter. La première signification, cepen-
dant, parait avoir été celle de valet do ferme
qui avait soin du poulailler. Cela me rappelle
le sn\&se jockeli, nom donné souvent aux gar-
çons de ferme dans ce pays et qui est une cor-
ruption de Jacques; je n'oserais pas toutefois
le poser sérieusement comme source de jo-
crisse! Le champenois a un tQrmojoquesus «»
dupe. Je le retix)uve dans Godefroy, sous la
rubrique joques sus et traduit par jocrisse,
— En wallon, je trouve jobi'ise ^^ nigaud,
jocrisse, lequel accuse un thème job (voy.
jobard). Quoi qu'il en soit, la formation du
mot est bizarre.
JOIE, vfr. goie, port., prov. Joia, it. gioja,
esp. joya. En esp. et port., le mot ne signifie
que joyau, en it. à la fois joie et joyau. Du L.
gaudia, plur. de gaudium. Le type dérivatif
gaudiellum a donné les formes it. giqfello,
esp.joyeî, prov. joiel, néerl. juweel, oh.juioel,'
angl.jexcel, vfr. joël, d'où joyau. Le BL.^'o-
cale = joyau repose sur une fausse relation
avecjocus, jeu. Le v. flam. avait, dans le sens
do joyau, également le mot simple, c.-à-d. la
forme joye (Kiliaen). — D, joyeux.
JOINDRE, du L. jungere (cp. oiftdre, poin-
dre de ungere, punger^. — D. joint, L. juno-
tus ;joi7iture, L. junctura.
JOINT,substantif, voy. joindre. — h, jointe;
verbe jointoyer ,
JOLI (vfr. jolif, fém. jolivé^ ; la significa-
tion première de cet adj. était gai, joyeux,
galant, qui est encore le sens de l'it. giulivo
et de V&ng\.jolly, De là s'est déduite celle
d'agréable, qui plait, gentil. Les étymologies
jovialis etjoculivus (vocable imaginaire tiré
dejocus) n'ont rîen de sérieux. Les linguistes
sont d accord auj. pour rattacher le mot au
nordique jol, qui désigne les fêtes et les fes-
tins solennels qui se célébraient vers l'époque
du solstice d'hiver ou de Noël, époque toute
consacrée au plaisir. En suéd. et da,n. jul (en
angl. yule) signifie fête de Noël. — D. vfr.
joliver^ s'amuser, {e&toyer ;joliDetés, babioles,
gentillesses, pr. petits cadeaux de fête ; enjo-
liver (ch&mp.jolloyer).
JONC, L.juncus. — D. joncher, pr. parse-
mer de joncs les mes par où passaient les
processions religieu.ses. On a plus tard fait
abstraction de l'idée jonc en disant : joncher
de fleurs, d'herbes, voire de morts; cp.
vfr. glagier, joncher, de glay. — De jonc
viennent encore ijonchaie, jonchet, jonchère^
jonquille (v. c. m.).
JONCHER, Yoy. jonc, — D, jonchée.
JONCTION, L.junctio (jungere).
J01!iQiLSR,yfr.joglerJugler, walLjougler,
du h.joculari, jouer, plaisanter. Pour la na-
salisation du radical Joe, cp. cXïùmp, joncher
(}owev) de jocari. — D. jongleur, yfr. jogleor
(au nomin. sïng. jongler é), d'où jonglerie.
JONQUE, esp., port, junco, it. iunco (vénit.
sonco) ; du chinois tchouen, bateau .
JONQUILLE, it. giunchilia, esp.junquillo,
en hot&nïque narcissus jundfolius ; diminutif
de jonc, L.juncus.
JOTTE, voy. joue.
JOUBARBE, yfr. jombarbe, esp. jusbarba,
prov. barbajol (inversion des termes), it.
barba di Giove, du L. Joûis barba, — Comme
la plus ancienne forme est jumbarbe et que
le nom de cette plante était, en gallois, low/A^a-
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JOU
— 294 —
JUC
poti/* (Dioscoride, IV, 16), Littré conclut avec
toute raison que le terme Jotis barba repose
sur une confusion avec le terme gaulois, car
il n*y a guère de rapport entre la joubarbe et
la barbe de Jupiter. Darmesteter (Composés,
p. 47) partage cet avis.
JOUE, yîv.jode.joc, angl. jaw (mâchoire,
anc.Jotoc), \i. gota^ prov. gauta. Cotte der-
nière forme nous met sur la trace de l'étymo-
logie de ce mot ; elle procède régulièrement
du L. gabata, écuelle, bas-latin gavata,
contracté en gauta (cp. par aboi a, paravoîa^
paraula, parole). Le rapport logique entre
jatte et joue est conforme à ces comparaisons
bizarres que fait le peuple entre certains ob-
jets et les parties du corps (cp. tête de testa),
Le type latin gabata (d*où, par assimilation de
bt, s'est également produit le suhst. jatte) est
encore bien sensible dans la forme hretgaved,
joue. — Le terme de m&r'me jotte = côté de
lavant d'un vaisseau, doit être le même mot
que gauta, gota, à en juger par le terme équi-
valent allemand backen = joue. De même
jotte, un des noms vulgaires de la bette.
JOUER, prov. jogar, it. giuocare, esp.
jugar, du L.Jocari Qocus). — D. jouet; jou-
jou, mot enfantin ; joueur, jouailler, jouer
petit jeu. Composés : déjouer, enjoué,
JOUFFLU, mot de fantaisie, pour lequel les
mots^ou^et enfler ou ^on/î«r paraissent avoir
fourni les éléments. Ou bien joufflu serait-il
pour JoM/fif, et ce dernier arbitrairement tiré
déjoue f
JOUG, it. ^to^o, es^.jugo, du L.jugum;
cp. &\\.joch, angl. yoke; même radical que
jugere\ jungere, fr. joindre.
JOUIR, vfr. joïr, goïr, it. godere, gioire,
liVov.gauzir,jaujsir{cip. aussi fr. segaucHr),
du L. gaudere. — D. jouissance, esjouir,
rejouir.
JOUR, vfr. et prov. jorn, it. giorno, de
Tadj. latin diumus {d\G&) '^ cp. les subst. ma-
tin, soir, hiver, Ûrés de même des adj. L. ma-
tutinus, serus, hibemtis, — D. journal, L.
diumale ;jaume« =■ durée d'un jour, travail
d'un jour (en angl. journey signifie voyage,
pr. le chemin fait dans une journée) \joumel*
(resté dans X diàverhe journellement) , ajour-
ner, séjourner (v. c. m.).
JOURNAL, it. giomale, voy. jour, — D.
journalier ; journaliste, -isme,
JOUTER (mieux serait jotUer). La préposi-
tion l&imejuxta (r&d.jug,jungere, donc pr.
e» joignant) s'est romanisée en it. giusta,
giusto, prov. josta, vfr. jouste, joste (les sa-
vants du xvi* siècle disaient jouxte). De là
s'est produit le verbe it. giustare, giostrarc,
esp., port, justar, ^to\, jostar, justar, fr.
joster, juster, jouster, auj. jouter. Ces
verbes signifient d'abord réunir, assembler,
puis particulièrement se rencontrer à la lutte,
au tournoi. Le premier sens s'est conservé
dans les composés fr. ajuster et ajouter (prov.
ajostar) Quant à la deuxième acception, toute
chevaleresque, on peut rapprocher les mots
assembler, approcher,^ anc. = combattre
{assemblée = combat), et ne disons-nous pas
aussi rencontre dans un sens analogue? —
Subst. verbal : joute, it. giostra, ^rov.josta,
justa, mha. tjost, néerl. du moyen âge joeste
(Kiliaen porte jost = impetus). — Cette
étym. de jo\Ue était déjà connue de Jacques
Sylvius.
JOUVENCE*, jeunesse, type laXinjutentia,
p. jutenta oujuventus (ces derniers sont les
types de vfr, jouvent etjouvente).
JOUVENCEAU, anc. jouvenccl, it. giorin-
cello, d'un ty^ L,juveiîicel lus ; (ém, jouven-
celle,
JOUXTE, anc. préposition (voy. jouter), du
L.^'urfa.
JOVIAL vient directement, je pense, de l'it.
giomale. Quant à celui-ci, on le rapporte
communément à Jovis, it. Giove, « Jupiter,
que les astrologues disent être cause de joie
et de bonheur dans les horoscopes. On ap-
pelle une humeur joviale celle qui est agréa-
ble, divertissante, qui semble avoir été com-
muniquée par quelque heureuse planète «
(Dict. de Trévoux). Cette étym. est acceptable
(voy. sournois) ; cependant, je suis d'avis que
la création de l'adj. giovale peut avoir été
influencée par une fausse relation avec Giove,
mais que le mot dérive en réalité du verbe
giovare {L, juvaré), qui signifiait, du temps
de Dante, aussi bien « faire plaisir »» qu'aider
ou être utile. Ou bien y aurait^il au fond
l'idée de juvénile et le mot serait-il issu d'un
thème giove, jeune, comme giovina, giovi-
netto t — D jovialité, it. gioviàlità.
JOYAU, vfr. joel joail, voy. joie, — D.
joaillier.
JOTEUX, it. gioioso (Dante a la forme plus
latine ^aurfio^o), voy. joie, — D.joyeuseté.
JUBÉ; la partie de l'église ainsi désignée
tient son nom de ce que les chanoines ou les
diacres y adressaient au célébrant les paroles :
Jubé, Domine, benedicere. Telle est l'expli-
cation que je rencontre chez Ménage et Roque-
fort et qu'approuve Littré. — Il faut, je pense,
considérer comme indépendante de noire jubé
la locution venir à jubé, se soumettre par
contrainte ; serait-ce en venir à dire à l'adver-
saire : tjube, ordonne, je ferai tout ce que tu
voudras »» 1
JUBILÉ, ^roY.jubileu, du L. jubilœus an-
nus (gr. IwCïîiaTo;), année jubilaire; dér. de Yhé-
hreujobél, pr. bruit de fête). — h, jubilaire.
JinSILER, it. giubilare, esp. jubilar, ail.
jubeln, du L. jubilare, pousser des cris de
joie. Festus : jubilare est rustica voce incla-
mare; Varron : ut quiritare urbanorum, sic
jubilare nisticorum. — D. jubilation, L. jubi-
latio.
JUC, subst. verbal dejucher,
JUCHER ; ce verbe français n'est qu'une va-
riante dejouquer,joher (angl. juké), que l'on
trouve dans les dialectes du nord avec le sens
de : croupir, rester en place sans bouger; en
rouchi aussi = se reposer, et tarder, séjour-
ner longtemps dans un endroit. Voy. aussi
Godefroy au mot joquier. Je ne connais
pas l'origine de ces mots ; bien certainement
ils ne viennent ni dejaca'e (quoique le par-
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JUM
— 295 —
JUS
faiitjacui se soit francisé en^'ui),ni. comme le
pensait Ménage, dejuf/um au sens de perche
mise en travers. Pour plusieurs de ces signifi-
cations, le néerl. hiikken, ail. hochen, être
accroupi, conviendrait quant au sens, mais h
ail. et^'fr. ne correspondent pas; cette éty-
mologie, toutefois, convient à la forme nor-
mande hucher, — S'il est difficile d'identifier
ce verbe français avec le germanique huhken^
hocken, peut-être, pensait Diez, en découle-t-il
par l'intermédiaire d'une forme composée ge-
huhhen. Notez encore la forme berrichonne
gucucher, subst. gucuche. — Baist (Ztschr.,
VI, 425), comme Ménage, place le subst. juc
dans la famille àQ jugum et rappelle goth. et
ïA.juk, vh&.juh, pour la forme, et pour la
valeur, le nord, oki, « barre transversale en
bois ». — U.juc (anc. aussi Jomc, action de
jucher; juchoir. Composé : déjucher.
JUDIOATURB, du BL.judicatiira = digni-
tas judicis.
JUDICIAIRE, h.judiciarius (judex).
JUDICIEUX, d'un type latin judictosiis, =
qui fait preuve de jugement (judicium).
JUGE, SLTigl.judge, prov., c&t. juge, du L.
jiidex, judicis ; \erhe juger , L. judicare.
JUGER, voy. juge. — D. jugement.
JUGULAIRE, du L. jugulum, gorge ; ju-
guler, L. jugulare, = égorger.
JUIF, prov. jMj'îCM, cat. jMCM, it giudeo,
du L. judœus, devenu d'abord judeu, puis
jueu.juev.juif. Il faut remarquer qu'en vfr.
juif ét&it de deux syllabes ; on y trouve aussi
le (ém'in. juïse, et au cas oblique du sing.,
juïs, mais ces formes accusent un type judi-
cius. Voici, d'après Suchier, la succession
des représentations françaises du l&t.judœus:
En premter Uewjuïu (cp.Mathseum MaJthiu,
caecum cîm. grsecum ^riu); de ce masc. s'est
dégagé le féminin jwiwe, juïoe ; de là, par ana-
logie, comme s'il s'agissait d'un adj. en imts,
s'est produit un nouveau masc. jaïf, con-
tracté en juif. Voy Grôber, Ztschr., VI, 438.
— D juiverie.
JUILLET, vfr. juinet, juignet, c.-à-d. le
deuxième moisdejuin; on trouve de même en
sicilien giugno, juin, giugnetto, juillet. Dans
la suite, pour accorder le terme juinet avec
le L. julius, on le transforma en juillet; ce
n'est qu'ainsi que s'explique la forme diminu-
tive donnée au nom de ce mois. — L'ancienne
langue disait aussi jule, juil^ juilot.
JUIN, L.junius. — D. juinet " (voy. l'art,
préc).
JUJUBE, du L. zizyphum (du gr. ?:Cwy9v);
es^.jujuba. — D. jujubier.
JULEP, it. giulebbe, esp.julepe, de l'arabe
djolabf pr. eau de rose.
JULIENNE, soi'te de potage; d'abord " po-
tage à la Julienne » ; l'origine de l'expression,
qui n'apparaît qu'au commencement du xviii«
siècle, est inconnue.
JUMART, aussi ^emarf ; ce vocable tient-il
au h.jumentum? ou, coTCivae jumeau, au L.
geminus (animal à double nature)? Nous n'en
savons rien. Le languedocien gimere, gime-
roû, dit Diez, fait penser à chimœra.
JUMEAU, fèm. jumelle, vfr. gemel, gémeau
(d'où gémeaux, t. d'astronomie), du L. gemel-
lus, dim. de geminus). — D. jumelles, nom
d objets divers, impliquant tous une idée de
gémination ; verbe jumeler.
JUNGLE; mot indien, sanscrit, jangala,
désert (Littré).
JUMENT, du L.jumentum (p.jug-mentum),
bête de trait, surtout chevaux, mulets et ânes ;
en latin du moyen âge = cavale.
JUPE, &ng\.jub,jumb, it. giubba, giuppa,
esp aljuba, ^Tow.jupa, de l'arabe aMjubbah,
vêtement de dessous en coton (voy. Golius,
p. 460 et Freytag J, 238»). — D. jupon,
it. giubbone, esp., ^vov.jubon; yfr.jupel. —
L'allemand a tiré de la même source son mot
schuba, auj. schaube.
JURER, L.jurare, faire serment. De^'wra-
tus, participe à sens actif, vient juré, =» as-
sermenté. — D. jurement, L. juramentum ;
juron, jury, corps de jurés (mot d'importation
anglaise).
JURIDICTION, L.juris-dictio, litt. action
de prononcer le droit, de dire la justice ; à ce
subst. latin correspond l'ac^. h.jnri-dicus, fr.
juridique.
JURISCONSULTE, L. juris-consultus, litt.
qui s'entend en droit.
JURISPRUDENCE, L. juHs-prudentia, de
ladj. jurisprudens, mot de la décadence,
synonyme des expressions cicéroniennesyi/rw-
peritus on juris-consultus.
JURISTE, mot savant, mais très ancien,
tiré àejus,juris, le droit; cp. légiste.
JURY, Siussijuri, voj. jurer.
1. JUS, subst., 8kngl.juice, du L.jus, m. s.
— D. juteux. Le t dans ce dérivé pourrait être
euphonique, comme dans cloutier, cafetier et
autres, mais je pense plutôt qu'il a sa raison
dans le génxWîjutis, que h. jus doit avoir eu
dans le temps, à juger d'après Jean de Gênes.
2. JUS, ancien adverbe, =* en bas, anc. par
terre, prov. jos, anc. esp. diuso, yuso, it.
giuso, =•• directement du BL. jusum. Cette
forme j us um procède régulièrement du clas-
sique deorsum, devenu d'abord deosum (cp.
en latin hœsi p. hœrsi, susum p. sursum,
dossum p. dorsum), puis djosum, enfin
josum, jusum (c^i. jusque de de-usque,jour de
diumus). — Les Wallons disent encore àju
p. en bas; à Valenciennes on entend dire mete
jus p. jeter à terre.
JUSANT, marée descendante, dér. proba-
blement de l'adverbe Jm5 (v. c. m.).
JUSQUE, d'un type latin de-usque, combi-
naison analogue à celle de de-foris, de-
intus, etc. Pour la forme romane, cp. l'adv.
jus de deosum. La vieille langue présente
aussi les formes jesquc p. juesque, puis dus-
que, et usque tout court. Le provençal a
duescaseijuscas. L'orthographejie^^'Me*, avec
Xs final des acfVerbos, est plus conforma au
génie de la langue française.
JU3QUIAMB, L. hyoscyamus, gr. ù:>iAÙtfioi,
litt. fève de porc. Pallade et Végèce présen-
tent déjà la forme ju.^quiamus.
JUSSION, L.jussio (^uhere).
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LA
— 296
LAB
JUSTE, L. jitstus, pr. conforme au droit
(Jits). Du sens moral « exact » s'est produit le
sens physique « étroit, serrant »• (de là juste,
nom d'im vêtement, et son composé justau-
corps). Le subst. laimjustitia s'est francisé de
deux manières, dont l'une appartient au lan-
gage savant, l'autre au fonds commun, à la
première couche de la langue ; c'est ainsi que
nous &Yons justesse et justice, chacun réservé
à des applications spéciales. Justesse se rap-
porte ajuste, comme geiUiUesse ii gentil, c'est
le nom de la qualité d'une chose qui est juste;
la {oTmejxistice exprime plutôt, cx)mme le latin
justitia, la qualité d'un homme juste ou cher-
chant à l'être; l'un est l'appellation d'un état,
l'autre, d'une vertu morale. Il va de soi que
nous n'entendons pas épuiser ici la définition
des deux termes.
JUSTICE, soy. juste, — D. mhsi, justicier,
d'un type \dA\n justitiarius ; vorhe justicier,
rendre la justice, punir, à'oii justiciable, sou-
mis à une juridiction. — En vfr. le subst. ju*-
tice était traité parfois avec un sens concret, et
signifiait juge ou justicier; cette valeur est
encore propre à ï&ngl, justice dans Lord chief
justice, le premier président, ajustiœ ofthe
peace, un juge de paix. Les mot-s patoïajoïse,
juïse (champ.) = justice, juiser (picard) =»
poursuivre un débiteur, ne viennent pas de
justus et encore moins de juif, comme
a cru l'abbé Corblet, mais du L. judicium,
jugement, qui au moyen âge s'employait
pour juridiction, droit de justice, tribunal,
et qui a donné le prov. judici, juzizi,juisi,
esp. juiciOf port, juizo, vfr. juïse, juge-
ment.
JUSTIFIER, L.justificarc. — D. justifica-
tion, -ateur, -atif,
JUTEUX, Yoy, jus.
JUVÉNILE, L. juvenilis (juvenis). —
D,juténilitc.
JUXTAPOSER, terme introduit par les phy-
siciens, du L.juxta, à côté, et poser; subst.
juxtaposition.
K
KAKATOÈS, aussi cacatou, cacatois, nom
fait d'après le cri de ces oiseaux.
KALmDOSOOPE, voy. caUïdoscope.
KALI nom de la plante (soude) dont les
Arabes ont les premiers retiré le sel végétal,
qu'ils appelèrent al-cali.
KALPAK ou kolbak, sorte de bonnet, du
turc kalpdk, bonnet en fourrures.
KANBJAR, sorte de poignard ; mot arabe,
signifiant coutelas.
KANGOUROU; l'animal et son nom nous
viennent d'Australie.
KAOLIN, sorte d'argile blanche; mot chinois.
KARAT, voy. carat,
KÉPI, d'origine imjonnue; selon toute pro-
babilité une transformation de l'ail, happe,
casquette (de la même famille que chapeau) :^
en Suisse on a le dim. hàppH, Mppi.
KERMÈS, de larabe qcrynes , cochenille
(voy. carmin, cramoisi).
KERMESSE, dans les Pays-Bas et dans le
nord de la France, le nom de la fête parois-
siale célébrée le jour de l'anniversaire de la
dédicace de l'église. C'est un mot gâté de
herh-misse = messe de l'église; cp. le terme
synonyme alL hirch-toeih, m. s. — Kiliaen :
« Dies compitalitius... ; vulgo festum sive
solennitas dedicationis templi; plerumque A^r-
misse dicitur de yxptio'jùvrt, agaudio nempe et
lœtitia. •» J'ai de la peine à croire que cette
dernière interprétation ait jamais pu sérieuse-
ment être donnée à hermesse; cp. aussi, à
l'appui de l'étymologie reçue, le terme hen-
nuyer ducasse, à l'art, dédicace,
KILO-, p. chilio-, mot numérique, servant
d'élément initial dans la composition des ter-
mes du système métrique français; il équi-
vaut à mille et vient du gr. yiU'ii = mille;
p. ex. hilogran^me = mille grammes.
KIOSQUE, du turc hieusjh, pavillon de jar-
din, belvédère.
KIRSCH-WASSBR, mot allemand = eau de
cerises; on dit aujourd'hui généralement
hirsch tout court.
KNOUT, mot russe (d'origine tartare), signi-
fiant fouet.
KTRIELLE, litanie, mot tiré de la phrase
grecque Kû.^n iiiiîJîv. « Seigneur, aie pitié n,
qui est la formule initiale de la litanie ; au fig.
«a longue enfilade de paroles ennuyeuses,
fastidieuses à entendre. — Le mot a donné
aussi en vfr. le nom a une esp. de poésie (voy.
Littré).
KTSTE, du gr. xOtti;, vessie, vésicule.
l.LA, article, du L. iJla, par aphérèse de
la syllabe initiale. L'anc. langue présente
aussi bien le que la, tant au nom. qu'à l'ace,
sing. Le est une forme sourde oii viennent
aboutir à la fois les formes distinctes an-
ciennes lo, la et H, Si le n'est plus aujour-
d'hui que masculin, ce n'est là qu'un effet de
l'usage.
2. LA, pronom, du L. illam ; cp. ja, de
jam.^
LA, adverl)c, prov. la, lai, it. là, es^. alla,
du L. illac, de cg côté-là.
LABEUR, anc. aussi labour, troxoW, peine,
fatigue, du L. labàretn. — D. labourer,
anciennement travailler en général, et spécia-
lement travailler la terre (svnon. du vfr. arer
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LAC
— 297 —
LAI
= L. arare), du L. laborare, travailler. Au-
jourd'hui labourer ne s'applique plus qu'au
travail agricole, d'où s'est déduite on seconde
ligne l'acception : remuer, sillonner (p. ex. le
canon laboure le rempart). Madame de S6vi-
gné, cependant, l'employait encore avec le
sens classique neutre « être en peine, souffrir »» .
Kn syllabe tonique, ou de labourer devenait
i-éguliôrement eu ; cet eu a survécu, grâc^ à la
rime, dans l'expression proverbiale : « Kn peu
d'heure Dieu labeure ».
LABIAL, relatif aux lèvres, L. labial is (la-
bia) ; en botanique, lahié, pourvu de lèvres.
LABILE (tnémoire), du L. labilis, glissant
(de labi, glisser, s'écouler, faillir).
LABORATOIRB, pr. lieu de travail; de la-
borare, travailler.
LABORIEUX, L. laboriosus (labor).
LABOURER, voy. labeur, — D. le subst.
verbal labour^ action do labourer ; labourage^
laboureur.
LABRE, poisson, L. labrus (>âS99{).
LABYRINTHS, vfr. (cas isolé) nabirinte; du
gr. Jlx6û/9iv&o;.
LAC, L. lacuSt congénère avec l'ail, loche,
mare, marais (bas-saxon lake), néerl. lagh,
loch, ags. laça, angl./aA^, etc.). Voy. aussi
lacustre.
LACER, prov. lassar, lachar, voy. lacs.
— D. lacis, laçure; enlacer, délace^*, entre-
lacer,
LACÉRER, L. lacerare, déchirer.
LACET, voy. lacs.
LACHE, lasche*, dial. lasque, rouchi làkc,
prov. lasc, lasch, it. lasco, du L. laxus, trans-
posé en lascus. — D. lâcheté (v. c. m.). —
Il est intéressant de suivre la filiation des
acceptions de laxus : ample, large. — dé-
tendu, desserré, — sans ressort, sans cou-
rage. La dernière ne se rencontrait pas encore
dans l'emploi classique. — Notons encore
que G. Paris (Rom. VIII, 448) considère l'adj.
làclie comme un adjectif verbal de lâclier (cp.
trouble, comble, etc.).
LACHER, du L. laxare. — C'est au fond
le même mot que laisser; seulement lâcher a
|)our type la forme transposée lascare, l'autre
le mot correct lacsare ou laxarç. L'it. dit las-
ciare, pour lâcher comme pour laisser. Lais-
sa', c'est l'opposé de retenir, comme lâclier.
— D. relâcher.
LÂCHETÉ, L. laxitatem. Ane. lascheté,
lasqueté s'appliquait plutôt à la lassitude, fai-
blesse, défaillance dans l'accomplissement du
devoir.
LACONIQUE, concis à la manière du par-
ler des Lacédémoniens, du L. Laconicus,
propre à laLaconie (Lacédémone). — D .laco-
nisme.
LACRTMAL, L. lacrymalis (de lacri/ma,
larme).
LACS (Ys représente l'ancienne désinence
du nominatif comme dans fils, corps, rets,
etc.), it laccio, esp., port, lazo, prov. lais,
du L. laqueus. — D. dimin. lacet; verbe
lacer.
LACTATION, L. lactatio (lac, lactis), allai-
tement.
LACTÉ, L. lacteus (lac, lactis).
LACUNE, du L. lanuna, mare, bourbier,
puis enfoncement, cavité, vide; l'it. a pour
le sens vide, défaut, comme pour le sens mare
ou marais, les deux formes lacuna et laguna;
du dernier le fr. a tiré son mot lacune. Le la-
tin Z^cwna découle de lacus (réceptacle d'eau,
bassin, lac). — D. lacuneux, L. lacunosus.
LACUSTRE, du néo-latin lacustris, tiré de
lacus, sur le modèle depaliisiris do palus.
LADANUM, voy. laudanum..
LADRE, d'abord = atteint de la lèpre, puis
insensible, enfin avare. Ce mot correspond à
l'esp. lasaro, mendiant, au pic. lazaire, pau-
vre, misérable, prov. ladre, lépreux. Peut-
être ladre, en tant qu'il signifie avare, pingre,
est-il emprunté à l'it. ladro, voleur, larron,
sordide, désagi*é,able. Quant à laxlre, lépreux,
misérable, il vient de Za^an^, le personnage
do la parabole évangélique (saint Luc, XVI, 1 9,
et suiv.), comme l'a déjà remarqué J. Sylvius
(1531) : *i Ladre, id est leprosus a Lazaroesso
videtur, z in sd soluta n. On a une transfor-
mation analogue de sdr ou sr en dr dans ma-
dré de masar, S. Ludre de 5. Lusor, et cidre
de cicera. — D. ladrerie. — De lazaro déri-
vent encore : it. lazset^etto, esp. lazareto
(d'où le fr. lazareth) et le napolitain lasza-
rone.
LAGAN, droit du seigneur sur les débris que
la mer jette sur ses rivages ; dérivé du BL.
laga maris, droit maritime. Laga est le nord.
lag, loi. statut = ags. lag, lah, angl. laxo.
Voir sur le droit de la{fan le long article de
Du Cange. Cette étym. parait fondée; toute-
fois, il est important de rappeler qu'en vfr. la
gan signifiait essentiellement les débris jetés
par la mer et, par extension destruction, ruine,
dégât.
LAGUNE, voy. lacune.
1. LAI, fém. laie (cp. ail. laie, angl. lag-
man), forme plus ancienne que laïque; du
L. laïcus, gr. iaivo;, pr. qui est du peuple
(ixo'i), opposé à x).»î'.t)îo,-, « qui est du clergé ♦»
(xlri'joi). Laïcus a donné lai, par apocope du
suffixe atone, comme classicum a donné
glas.
2. LAI, vfr. lais, genre de ))oôsie, prov. lais,
lag ; ce mot ne vient pas du L. lessus, mais
il est d'origine celtique : cymr. liais, son,
mélodie, irl., gaél. laoith, poème (cymr. ai et
gaél. aoi se correspondent en règle générale).
Diefenbach admet imrenté entre le gaél.
laoith Qi le gotli. liuhton, chanter, qui est la
source de l'ail, lied (vha. liod).
LAIOHE(p. lèche), piém. lesca{\t. lisca, fétu,
arête), du vha. lisca, fougère, roseau, nha.
liesch. — Le mot fr. lâche, tranche fort mince,
= it. lisca, cat. llesca, prov. lesca (Faidit :
particula panis), n. prov. lisco, lesco est le
môme mot.
LAID, it. laido, prov. lait. D'origine germa-
nique : ags. ladh, odieux (d'où lathian, dé-
tester), vha. Icid, mha. fe^^, détestable, odieux.
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LAI
— 298 —
LAM
désagréable, nha. leid, désagréable, pénible.
I^ vfr. avait aussi un subst. lait^ dans la lo-
cution « faire lait à qqn. « lui faire tort. —
Laid a donc signifié d(^sagréable, détestable,
avant de signifier vilain; il en est de même
de l'ail, hùsslich, qui signifie litt. haïssable,
et qui est auj. généralement employé pour
laid, vilain. Du sens foncier désagréable pro-
cèdent les verbes it. latdare, v. esp. leisar.
blesser, faire mal. Ces verbes correspondent au
vha. Jeidon, mais l'it. laidire^ prov. et vfr. lai-
dir, m. s., ont pour type direct la forme vha.
leidjan, ags. lâdjan. Le verbe roman, au sens
de blesser, à son tour, a engendré les vieux
subst. français laidange^ injure (dont la ter-
minaison n'est pas encore bien éclaircie, mais
qui peut être rapproché de celle de vidnnge
et de mélangé) et îaidure^ outrage. — D. lai-
deur ^ laideron, enlaidir.
1 . LAIE, femelle du sanglier (BL. laha se
trouve dans le Capitulare de vil lis, mais la
leçon est douteuse). Le mha. liche, m. s., pa-
raît être le même mot.
2. LAIE, route taillée dans une futaie, BL.
lada, leda; d'après Diez, du nord, leid, ags.
lâd, m. s., néerl. leyde, lijde, lije, ductus,
tractus, meatus. Le vfr. avait aussi la forme
lée, — De là le nom propre Saint-Germain en
Laye. — D. layer.
LAINE, L. lana. — D, laineux, L. la-
nosus; lainage, -ier; verbe lainer,
laïque, aussi laïc, voy. lai.
LAIS, t. d'eaux et forêts, subst. verbal de
laisser. Le même mot avait jadis aussi le
sens de legs, litt. ce qu'on laisse.
LAISSE, it. lascio, wall. Liège Uxhe, Na-
mur lâche; vfr. anssi masc. lais; se rattache
au L. laxare, la laisse étant envisagée comme
une corde « lâchement» tenue (cp. la glose
disidore laxamina = hahenœ,. — Au sens
de cordon de chapeau (autrefois on orthogra-
phiait lesse), Diez prête au mot une origine
directe du néerl. litz, ail litze, cordonnet.
LAISSER, it. lasciare, lassare, v.e<«p. lexar,
leixar, port, leixar, prov. laissar^ valaque
lesà; du L. laxare {voy. pi. haut lâcher). — La
vieille langue et les patois ont en outre une
forme laier, mais celle-ci appartient au fonds
germanique de la langue : ags. laetan, goth.
lêtan, V. saxon laian, néerl. laeten, haut ail.
lazan (auj. lassen). C'est de c^tte forme laier
que vient relayer (v. cm.). Diez, A cause de
l'analogie du lombard laya employé dans le
sens de lasciare, admet plutôt le lat. legare
(laisser par testament) pour le primitif de
laier. Je ne suis pas de son avis. — D. de
laisser : lais, t. d'eaux et forêts (v. pi. h.);
laisse, terrain d'atterrissement ; délaisser (v.
cm.); relais (v. c. m.).
LAIT, L. lac, lactis. — D. laitage, laiteux,
L. lactosus; laitier, laiterie, laiteron.
LAITE, L. lactés (plur.), m. s. — D. lai-
tance.
LAITON, laion, leton, esp. laton, alaton,
it. ottone fp. lotone), BL. lato, flam. latoen,
est, selon Diez, dérivé du mot roman latta
(voy. latte == ferblanc, pr. lame, pièce plate.
C'est de la même manière que l'esp. plata,
pr. pièce plate, a pris la valeur d'argent. La
dénomination serait donc déduite de la forme
et nullement de la substance. — Sans vouloir
contester cette manière de voir, nous posons
cependant la question : est-il bien établi que
BL. lato n'a rien de commun avec l'ags., angl.
lead ( plomb)? de plus, la forme italienne
lottone (mutilée dans la suite en ottone, l'ini-
tiale ayant été prise pour l'article), n'aurait-
elle pas de rapport avec l'ail, loth, plomb,
BL. lotum f — D'après M. Rossignol, notre
mot vient du L. luteum, œs luteum, cuivre
jaune. J'en doute fort ; car kUon, qui se ren-
c>ontre dès le xn* siècle, ne peut procéder d'un
thème lût. — Quelle est l'origine du wallon
Zg/on (aussi laiton, loton), qui signifie son?
LAITTJE, L. lactuca.
LAIZE, largeur, d'un type latin latia'
(latus); c'est donc une variélié de vfr. laëce,
leëssA =» latitia*,
LAMA (quadrupède), nom péruvien, qui
s'appliquait à tous les animaux couverts d'une
toison.
LAMANEUR; procède dir. d'un verbe lama-
ner, dont je n'ai pas d'exemple ; celui-ci du
vfr. laman, pilote. On s'accorde à voir dans
laman une simple modification phonique de
locman, son synonyme. Quant à locman, on
le considère comme une altération du* néerl.
loodsman, angl. loads-man, pilote, que l'on
explique par « homme de sonde » (ni. lood,
angl. lead, plomb, sonde). Tout cela me sem-
ble problématique. Pour ma part, je ne déci- '
derai pas si locman, qui se trouve aussi dans
quelques dictionnaires anglais, est issu, par
corruption, de loods-man, mais je crois devoir
contester l'interprétation donnée à l'angl.
loadsman. D'après l'analogie de loadstone
(aimant), loadstar (étoile polaire), je l'inter-
prète par « homme qui conduit». Lood Qsi
une modification de l'ags. lâd (angl. lead), du-
quel radical lâd, conduire, vient le composé
lâd-man, conducteur, qui répond à merveille
au vfr. laman, et pour lequel j'abandonne
volontiers mon ancienne conjecture laman
= lag-man, directeur (du nord. ags. lag,
ordre, droit, loi, voy. lagan). — Je vois avec
satisfaction que ma manière de voir est parta-
gée par un spécialiste en étymologie mari-
time, M. Breusing, directeur de l'école de
navigation à Brème, dans son travail : Die
Sprache des deutschen Seemanns (Nieder-
deutsches Jahrbuch, V, p. 8).
LAMBEAU, LAMBEL*, esp. lamhel (en Berry
lamhriches, franges). Le radical lamh a été
précédé d'un radical non nasalisé : lab ; l'on
trouve BL. lahellus, vfr. labiau, laheau,
angl. label avec le sens de •• ornement frangé
de la casaque de guerre ». L'existence bien
établie de ce radical lab ne permet pas de rat-
tacher, du moins directement, lambel au
L. lamberare, déchirer. Mieux vaut, surtout
en considération de la forme lampel, propre
au dialecte de Côme, invoquer l'ail, lappen,
angl. lap = lambeau. L'élément celtique pré-
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LAM
— 299 —
LAM
sente le gaél. leab, cymr. llahed, bret. lahas-
keoi. — Frisch identifie le BL. labclhis avec
le L. labellum, diminutif de labrum, lèvre,
bord, lisière; pour Ducange, lambeilus est le
dim. du L. limbus, bandeau. Je suis d'avis
que les deux formes, la simple et la nasalisée,
pourraient bien être indépendantes Tune de
l'autre, se rattacher chacune à une origine
distincte, et avoir confondu leur sens. —
D. délabrer (v. c. m.) p. déiabeier, mettre en
lambeaux. — Ascoli se prononce en faveur
d'un primitif latin lamber, lambeau, dont le
dim. lambelhis conviendrait parfaitement;
mais il reste à constater Texistence de ce lam-
ber.
LAMBEL, terme de blason, ancienne forme
de lambeau (v. c. m.).
LAMBIN. On se plaît généralement à ratta-
cher Torigine de ce mot au philologue Lambin
(du XVI* siècle), à raison de la longueur fasti-
dieuse de ses commentaires. J'aime à douter de
la justesse de cette hypothèse, sans vouloir
contester absolument que ce soit un nom pro-
pre qui ait déterminé l'expression. En effet,
Lambin est une forme variée de Lambert,
comme Hubin de Hubert, Robin de Robert, et
il est très possible que le peuple ait attaché à
ce nom propre, comme à tant d'autres, l'idée
de quelque qualité défavorable ; d'autant plus
que le son de lam coïncide avec celui de lent.
— Je laisse à des étjmologistes plus autorisés
le soin de décider s'il y a lieu de tirer une
conclusion relativement à un rapport étymo-
logique entre lambeau et lambin, do ce
qu'en ail. trôdeln signifie à la fois lambiner
et Caire le fripier. J'ai pensé que la coïnci-
dence était toujours curieuse à noter. Je rap-
procherai également le subst. ail. lappen,
lambeau, vétille, du verbe verlappen, verlûp-
pern, dépenser (son temps, son argent) à des
vétilles. — D. lambines*.
LAMBOURDE; ce terme de charpentier
paraît tenir au même thème que lambeau,
.LAMBREQUIN, volets d'étoffe qui descendent
du casque. La terminaison accuse une piove-
nance directe de quelque dialecte bas-alle-
mand. On suppose donc comme source un
dimin. flam. lamperkin, dér. de lamper ou
lamfer, aussi lampen = velamen tenue et pel-
lucidum, aussi ^=« amictorium linteum. Ki-
liaen rapporte ce mot à Xx/titpôi, brillant, mais
il est plus probable qu'il se rapporte à
l'ail, lappen, morceau d'étoffe. — Le wallon a
lamekène = basque, pan d'habit, -à propos
duquel Grandgagnage s'exprime ainsi : Forme
féminine de lambequin (ou lambrequin), mot
qui, selon le roi René (voy. Œuvi'es choisies,
II, p. 10), était employé « en Flandres et en
Brabant et en ces haulx pays où les tournoys
se usent communément », pour signifier la
pièce d'étoffe armoriée qui recouvrait immé-
diatement le heaume (en dessous du timbre) et
tombait sur le dos. — Le P. Ménestrier pré-
tend que lambrequin vient du L. lemniscus
(ynfivltxoi), qui signifie les rubans volants
attachés aux couronnes des anciens. Cette éty-
mologie ne peut concourir avec celle rapportée
ci-dessus, tant pour la forme que pour la
chose exprimée. — On sait que notre mot
s'applique aujourd'hui à toutes sortes de
découpures (v. Littré).
LAMBRIS, dérivé du vfr. lambre, boiserie,
revêtement. Or, lambre représente correcte-
ment le L. lamina et est une forme concur-
rente de lame. L'étym. L. ambrex proposée
par Dacier aurait quelque probabilité, si
iautre ne satisfaisait pas parfaitement. L'ini-
tiale française serait, dans cette hypothèse, un
effet de l'article. — D. lambrisser,
LAMBRUSQUE, LAMBRUGHE, LAMBROT,
it. lambrusca, du L. labrusca, vigne sau-
vage.
LAME, du L. lamina, lamina. — D. dim.
lamelle, L. lamella, d'où lamelle, -elleux;
verbe laminer,
LAMENTER, L. lamcntari.
LAMIE, poisson, L. lamia,
LAMINER, réduire (le métal) en lame, voy.
lame. — D. laminoir, -erie,
1. LAMPAS, sorte de tumeur dans le palais
du cheval, nommée ainsi, selon les uns, parce
qu'on la guérit en la brûlant avec une lampe
ou un fer chaud ; selon Morin, parce qu'elle
se produit dans l'intérieur de la bouche, car
lampas se prend dans le style burlesque pour
le gosier, le palais. — Quant à lampas =
palais (<« arroser le lampas »), Jault est dis-
posé à le rattacher au verbe lamper, qui si-
gnifie boire à grands coups, comme étant
l'endroit dans lequel on verse la boisson quand
on lampe. — De ce lampas viendrait le terme
de blason lampassé, c.-à-d. tirant la langue,
« que le vulgaire en quelques lieux appelle
assez improprement le lampas, a lambendo (?),
pour ce que les lions, comme les chiens et les
chats, boivent en léchant » (Le Laboureur,
Origine des armes).
2. LAMPAS, étoffe de soie à grands dessins
d'une couleur vive. Le nom lui a-t-il été donné
en Chine, dont elle provient, ou par des tech-
nologues savants qui connaissaient le gr.
ii/*7riiy, briller? C'est encore à savoir.
LAMPASSÉ. voy. l'art, préc.
LAMPE, it. ,prov. lampa, du h. lampas, -adis
(Uiinki). — D. lampion (v. c. m.), lamperon ;
lampiste (vfr. lampier),
LAMPER, variante nasalisée de laper (v. c.
m.). Le mot ne peut venir directement du
L. lambere, — D. lampas (v. c. m.); lampée,
grand verre de vin; lampan, chanson à
boire.
LAMPION, dér. de lampe» Le caractère in-
solite d'un suffixe masc. ion, appliqué à des
choses, me fait croire que lampion est une
altération populairtî p. lampillon; je re-
marque la même dégradation de illon ou
ignon en ion dans champigïion (p. champillonj,
devenu en wallon champion.
LAMPROIE, it. lampreda,esp., port, lam-
prea, ail. lamprete, angl. lamprey, flam.
lampreye; du BL. lampetra = mursena,
transposé en lamprêta. Quant à lamp^-eta, on
le tire de •« lambere petram • . Cette interpré-
tation a déterminé l'ancienne dénomination
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LAN
— 300 —
LAP
anglaise de ce poisson : siickstœie, lick$to)ie.
— D. lamproyon, lampriUon,
LANGE, it. lancia, esp., port, lansa, prov.
lança, du L. lancea, qui est, d'après Varron,
un vocable d'origine hispanique, selon d'au-
tres, d origine gauloise; ail. lanzc, gr. mod.
iàvTj« sont enipruntés au rorann. — D. lancer
(v. c. m.), lancette f lancier.
LANOBR, it. landare, esp., port, lanzar,
prov. lansar, angl. laiinch; dérivé do lance
(cp. darder de dard). Tertullien emploie lan-
ceare p. manier la lance. — Composé : eslan-
cei*\ élancer, prov. eslançar, it. slanciare,
d'où le subst. verbal fr. eslans\ élan, prov.
eslans.
LANDE, it., prov. landa, bruyère, terrain
plat, en vfr. aussi = forêt. Malgré l'apparence
d'origine germanique (goth. land = yùr^u,
à/pôi, ail. mod. land, terre, pays), Diez, à
cause de la signification que le mot a eue en
tous temps, croit devoir donnée la préférence
au breton lann, buisson d'épines, plur. lan-
non, steppe (cp. fr. hramle, buisson, plur.
brandes, bniyère).
LANDIER, vfr. andiei*, andin, wall. andi;
Yl initial est un effet de l'agglutination de l'ar-
ticle (on entend dire de même au peuple de
Paris un levier pour un Mer) ; le BL. pré-
sente les formes andedus, anderius et andena.
On ne connaît pas l'origine do ce mot. L'an-
glais andii*on (Falsgrave : aundyern) a fait
penser à hand-iron, fer pour la main (le pré-
sident de Brosses traduisait en effet le mot
par « main de fer ») ; mais cela n'a rien de sé-
rieux. Chevallet, plus hardi encore, explique
andiron par brand-iron (fer à feu). Notons
encore que le basque dit landera et que
Frisch (no connaissant pas les formes du
moyen latin et du vfr.) faisait venir moins
aventureusement landier du germ. lander,
dans gelûndev, rebord, parapet. Andin ou
andier ne viendraient-ils pas du germ. ende,
bout, limite, bord (cp. andouiller) ?
LANDWEHR, mot ail. = défense du pays;
cp. Inndsturm, Utt. tourbillon du pays.
LANERBT, diminutif de lanier.
LANGE, anc. un adjectif (** di^ps langes «*),
auj. subst. = vêtement ou étoffe de laine; de
l'adj. L. lancus 'lana). Cp. linge.
LANGOUSTE, du L. locusta, sauterelle ; n
épentbétiqne, comme dans jongleur, lam-
brusque, lanterne, etc. — Kn vfr. aussi
laouste.
LANGUE, L. lingna. — D. languette; lan-
gage; languard, babillard; languéyer, t. d'art
vétérinaire; vfr. languart, bavard.
LANGUIR, L. languere, -esccre; subst. lan-
gueur, L. languor. — D. langoureux; vfr.
langourir, alangouri, auj. s'alanguir.
LANIER, oiseau de proie, it. lanie^^e, angl.
lannei\ du L. laniarius, boucher, écorcheur.
— D. lanei'et. — En vfr. lanier veut dire
lâche, paresseux; c'est peut-être un homo-
nyme, dérivé de lana, laine ^cp. poltron). Ce-
pendant, cette acception peut aussi se déduire
du nom de l'oiseau dont un spécialiste (Har-
mont. Miroir de fauconnerie) dit qu'il est « mol
et sans courage, il voile de faim et de néces-
sité »».
LANIÈRE ; lorthographe première lasnière
défend de songer à L. lana, laine (lanière se-
rait une courroie do laine) ; ou à l'ét. laniare,
déchirer, patronnée par Littré. Le mot
vient du L. lacinia coin d'une robe, lan-
guette, lambeau, « particula resecta et sepa-
rata »», d'où vfr. lasne; d'un prototype laci-
niaria provient régulièrement lasnière, auj.
lanih'e. Etymologie de Bugge (Rom., III,
154), que j'avais également émise, presque
simultanément, dans mes «* Fragments d'un
roman sur la reine Sébile ».
LANIFÈRE, L. lani-fer ; lanigère, L. lani-
ger.
LANSQUENET, it. lanzichetiecco, esp. las-
guenete ; ce sont autant de formes estropiées
de l'ail, lands'hnecht, fantassin, pr. serviteur,
valet du pays.
LANTERNE, L. latema, lanter^ia. — D.
lanterneau, lanternier. — Au figuré, lan-
ternes signifie fadaises, balivernes (« conter
des lanternes » ) ; de là le verbe lanterner =
dire des fadaises, ennuyer, fatiguer, aussi
perdre le temps en choses frivoles. D'où vient
ce sens métaphorique donné au mot lanterne t
Les opinions varient; nous nous bornons à
rappeler la description du pays Lantemois de
llabelais. Cependant, nous posons la question :
le sens figuré de lanterne, et par conséquent
le verbe lanterner, sont-ils bien réellement
issus de lanterne = objet qui éclaire? Le
terme équivalent lantiponner éveille à cet
égard quelques doutes. Kiliaen traduit le mot
flam. lenteren, en latin par « lente et ignave
agere, cunctari », et en fr, par lanterner; ne
pourrait- il pas y avoir en effet, au point de
vue du peuple, quelque rapport étymologique
entre le7itus et lanterner f Pour rien décider,
il faudrait savoir exactement ce qu'au xvi* siè-
cle on entendait par langage de lanternais
(d'après Godefroy, langage trompeur).
LANUGINEUX, L. lanuginosus (de lanugo,
'inis, duvet).
LAPER, forme nasalisée : lamper; delà racine
lap, répandue dans presque toutes les langues
indo-germaniques pour exprimer l'action de
laper : ags. lappian, angl. lapp, flam. lappen,
ail. labbetm, gr. iâwrsiv, L. lambere, etc.
LAPEREAU, voy. lapin.
LAPDAIRE, L. lapidarius (lapis), tailleur
de pierres.
LAPDER, L. lapidare, lancer des pierres ;
dans la basse latinité = poursuivre à coups de
pierres
LAPILLEUX, du L. l api II us, petite pierre.
LAPIN, peut-être d'un type latin lapinus,
tiré du radical lep do /<î/>or (primitif de lièv^rc).
Diez, toutefois, justement retenu par des rai-
sons phonologiques, est d'un autre avis; il
livenà lapin \io\\v clapin, et le range sous le
thème clap, d'où se clapir et clapier (cp. loir
p. gloir). — D. lapereau (d'où nécrl. lam-
preeDx lapine, lapin ière
I . LAPS, subst. dans « laps de temps **, du
L. lapsus (labi), écoulement.
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LAR
— 301
LAS
2. LAPS, adj., du part. L. lapsus (labi), qui
a glissé. — Cp. relaps.
LAPSUS» siibst. lat. = glissement, chute.
LAQUAIS, esp., port, lacayo, ail. /aAcrt( Tit.
lacchè est tiré du français). On lit dans Frois-
sart : •* En France, il y a cent ans que les pa-
ges vilains allans à pied ont commencé d'estre
nommés loquets et uaquets. » Un document
de 1470 porte : •• gens arbalestriers appelez
laquais, » On a émis bien des conjectures
sur l'origine de ce mot. Les uns ont pris na-
quel pour la forme antérieure de loquet et,
sur cette prémisse, ils ont proposé l'alle-
mand knecht, valet, voire fr. narquois!
D'autres ont eu recours à l'arabe, du fond
duquel ils ont exhumé tantôt laquit^ garçon
exposé, tantôt lakia, sale, vil. Larramandi y
voit un mot basque, composé de lacun, lof/un,
société, assistance, et de oyo^ suivant, aide.
Tout cela n'a pas de valeur; un peu plus ce-
pendant que ridée de Ménage, qui ci"oyait
avoir trouvé la solution en allongeant le L.
vcrna en vernuloy puis en vernulacus, puis
en vernulacaiiis ; ici il s'arrête pour reprendre
haleine; puis avec courage il saisit le mot
vernulaçfiius, pour le trancher en deux piè-
ces ; la première est mise au rebut ; la seconde
est conservée pour en faire un laquais. Ce
que nous établissons là n'est pas une plai-
sante invention de notre part, mais cela se
voit sérieusement exposé dans l'in-folio que
nous avons par devers nous. Diez se renferme
dans l'élément roman. Partant du prov. lecai,
gourmand, et du limousin laccaif qui signifie
1. parasite du froment, 2. laquais, il en infère
que dans l'acxMsption de laquais = valet do
pied, il y a une métaphore tirée des parasites
végétaux, inséparables de la plante qui le^
fait vivre. Il appuie sa conjecture du v. port.
lecco = laquais, qui concorde littéralement
avec le prov. leCj primitif de lecai, gourmand.
— D'après Pihan, de l'arabe lakiyye, attaché;
Littré, se fondant sur une anc. forme esp.
alacaySy opine pour une provenance arabe.
LAQUE, it. lacca^ esp., prov. laça, du pcr-.
san lakf teinture rouge (correspondant du
sanscrit ràkschà, dérivé de randsch^ teindre).
— D. laquer^ laqueux,
LARCIN, vfr. larecin, du L. latrocinium
(devenu, par transposition, prov. laironiciy
esp. ladroniciOf it. lailroneccio),
LARD, L. laridum, lardum, — D. larder ^
piquer une viande avec du lard, ^%, piquer,
railler, lancer des épigrammes, des brocards,
d'où subst. lardon.
LARGE, du L. largus, co])ieux, abondant,
puis au fi^. généreux, libéral. — Notez que
racception principale attachée actuellement
au mot large y savoir celle d'étendue dans le
sens opposé à la longueur, était inconnue à la
langue latine. Le mot largus a fini par rem-
plir le rôle de lotus et par se substituer au
vieil adj. let^ lé, it. lato = lotus. L'idée d'où
est partie cette acception moderne est l'am-
pleur, l'abondance, relativement à l'espace.
— D. largeur; élargir. — Au sens classique
latin se rapporte encore le dérivé largesse,
lequel réjwnd à un type largitia{p. largitas).
LARGUE, variante de large. — D. lar-
guer.
LARIGOT, p. VoHgot (concrétion de l'ar-
ticle;. Arigot ou harigot peut être un dérivé
du L. arinca, mot cité par Pline comme d'ori-
gine gauloise et signifiant une espçce de blé
(seigle). Ce serait, dans ce cas, un terme ana-
logue au L. avena, avoine, tuyau d'avoine,
flûte. — Le peuple donne aussi à larigot le
sens de gosier ; cp. l'expression boire à tire la-
rigot = boire sans fin. On sait que flûte pré-
sente de même une acception populaire ana-
logue. — Frisch tire larigot du terme musical
it. et esp. largo, copieux, abondant; pour la
forme, cela est peu plausible, le sens premier
étant flûte; je ne sais pourquoi Diez a renoncé
à l'étymologie arinca, qu'il avait proposée
dans sa première édition. — Le mot lat. arinca,
qui, selon Diefenbach, pourrait bien ne pîis
avoir été un mot exclusivement gaulois, «avait
pour variante L. alica; cette derniôix) con-
viendrait davantage au primitif du mot lari-
got. — Une étymologie par larynx n'est
guère assurée par l'article larigaude, gosier,
gorge, qui se trouve dans Roquefort sans
exemple à l'appui; en tout cas, ce mot, s'il
est constaté, ne peut être séparé do larigot
dans tire-larigot, pour l'explication duquel
j'ai une nouvelle tentative à signaler. La
découverte d'un mot fr. rigot (Est de France)
au sens de ceinture (qui viendrait du vha.
riga •• ligne circulaire *») détermine G. Ray-
naud à interpréter cette locution pîir à tire le
rigot =^ à cHire la ceinture, eu ivipprochant,
pour l'image, cotte autre phrase vulgaire :
« S'en faire péter la sous-ventrière ». Voy.
Rom.,Vm, 100.
LARME, prov. lagretna, esp., port , it. la-
grima, du L. lacryma ; en vfr. loir me (réso-
lution de c en i). — D. larmier; verbe
larmoyer (vfr. larmier), prov. lagrcmeiar.
LARRON, du L. latro, latronis. Dans l'an-
cienne langue, Inn-on était la forme du cas
oblique ; le nominatif latro y apparaît sous la
forme laire, lei're, lidre = prov. laire.
LARVE, du L. larva, masque, parce que
l'insecte ailé est pour ainsi dire masqué dans
la chenille.
LARYNX, gr. >àj5u/Ç.
LAS, it. lasso, L. lassus. — D. lasser,
L. lassare (opp. dé-lasser) ; lassitude, L. las-
situde. Las signifiait autrefois aussi mal-
heureux, de là les interjections it. ahi lasso,
prov. ai las, vfr. ha las, nfr. hclas, angl. al as.
LASCIF, L. lascivus, — D. lascivcté, L. las-
civitas.
LASSER, LASSITUDE, voy. las.
LASSERET, LASSERIE.LASSIERE, termes
d'arts et métiers, dérivés de lacs (v. c. m.) =
L. loqucus. '
LAST, LASTE, it. lasto, port, lasto, lastro,
esp. lastre, = ail. last, charge, poids. Le
subst. lest, anc. leste, n'est qu'une modification
vocale du même mot. Le mot last a en esp. et
ix)rt. aussi le sens de lest ; il est donc syno-
nyme de ballast (v. c. m.).
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LAY
— 302 —
LÉG
LATENT, L. latentem (latore), caché.
LàTÉRÂL, E. laieralis (latus, -eris).
LATIN, L. latinus (Latium). — D. latinité,
L. latinitas ; latiniste y 'isme, •isei\ — La lan-
gue latine ayant été considérée comme la base
de toute culture scientifique, on a âitpa'dre
son latin dans le sens de »* y perdre tout son
savoir, faire des efloi-ts inutiles ».. Toutefois,
cette locution pourrait bien se rattacher direc-
tement au sens « ruse, finesse »», propre au
subst. latin en vfr. ; on sait que celui-ci y
signifiait aussi langage en général, même
celui des oiseaux.
LATITUDE, L. latitudo (latus). — D. latû
iudinairc, large dans les opinions religieuses.
LATRIE, gr. iarpiia, sei*\ice, culte.
LATRINES, L. latrina (p. lavatrina).
LATTE, it. lalta, csp., prov. lata, du vha.
latta, m. s., ags. làtta, flam. latte, angl. lath.
— D. lattcr, lattis; voy. aussi laiton
LAUDANUM, selon les uns, le même mot
que ladanum (gomme-résine exsudant des
feuilles et des rameaux de plusieurs espèces
de plantes du genre cistus), lequel vient d'un
mot persan par le gr. iàeavov ; d'autres pi-éten-
dent que laudanum est distinct de ladanum
et vient du L. laus, laudis, pour ainsi dire
** le médicament loué »» .
LAUDATIF, néologisme, L. laudaiivus
(laudare).
LAUDES, L. laudes, louanges.
LAURÉAT, L. laureatus, couronné de lau-
rier (laurea).
LAURIER, dérivé du L. lawnis.
LAVABO, mot latin = je laverai. Dans le
principe, un terme d'église, désignant le pas-
sage du sacrifice do la messe commençant
par ce mot latin, puis l'action du prêtre qui
se lave les mains, puis linge pour se laver
les mains, enfin meuble de toilette servant
au même but.
LAVANCHB, LAVAN6E, voy. avalanche,
LAVANDE, it. latxinda, lavendola, esp.
lacandula, ail. lavandel, angl. lavender ; le
mot est originaire d'Italie, où lavanda a la
valeur d'un subst. abstrait = lavage ; eau de
lavande, c'est pr. == eau (parfumée) pour
l'usage du corps.
LAVANDIER, -1ÈRE, du L. lavandarius,
mot supposé d'après le plur. neutre lavanda-
ria (Laberius ap. Gellium), signifiant linge à
laver. Pour ces dérivations par andiis, cp.
buandier, filandière, taillandier. — Lavan-
dière est déjà dans Baud. de Condé, 224, v.
573 (au V. 585, laver esse).
LAVE, it., angl., ail. lava; du napolitain
lava, torrent causé par la pluie, qui inonde
les rues ; mot tiré de l avare, comme lavasse,
pluie subite.
LAVER, L. larare. — D. lavage, lavan-
dier, -ière (v. c. m ), lavasse, laverie, lave-
ment, lavette, lavis, lavoir, lavure, relavcr,
LAXATIF, L. laxalivus , de laxare (là-
cher).
LATER. t. d'eaux et forêts, voy. laie,
LATETTE, dimin. de l'anc. laie, boite,
caisse, qui vient du flam. lacye, laede, = ail.
lade, tiroir d'armoire, caisse, coffre. Layette
signifie d'abord tiroir, coffre, puis le contenu
du tiroir, et spécialement le linge d'un enfant
nouveau-né. — D. layetier.
LAZARET, voy. lodre,
LAZARONE, voy. ladre,
LAZZI, mot italien, plur. de laszo, badi-
nage.
LE, par aphérèse, du L. ille, illum et illud.
Au dernier type neutre se réfère le vfr. lo,
LÉ, vfr. let, anc. adj. «= large, du L. laius.
Il nous en est resté le subst. lé = largeur.
LÉANS (vieux), voy. céans.
LÈCHE, tranche fort mince, voy. laiche,
LÈCHEFRITE, voy. lécher,
LÉCHER, it. leccare, prov. liquar, lichar,
pic. liker, norm. licher (gloses d'Isidore leca-
toi* =^ gulosus) ; du vha. lecch&n. ags. liccian,
angl. lick, V. saxon liccon, leccon, ail. mod.
lecken, m. s. — D. Ukhonnei', — Cps. lèche-
frite, anc. lèche fraie, lèche fraie, d'abord un
mets, puis l'ustensile ser\'ant à le préparer ;
composé de lèche, chose friande, et frire; cp.
it. leccarda, m. s.
LEÇON (rouchi et vfr. lichon), prov. leisso,
Icsso, du L. lectionem, lecture, puis objet de
la lecture (cp. façon de factionem, rançon de re-
demptionctn),
LECTEUR, L. lector; lecture, L. lectura.
LÉGAL, L. legalis (lex). Du même mot latin
la langue a fait, par la syncx)pe de la con-
sonne médiale, léal, leyal et la forme actuelle
loyal, — D. légalité; légaliser,
LÉGAT, L. legatus, envoyé (legare); léga-
tiony L. legatio.
LÉGATAIRE, L. legataiHus, du L. lega-
tum, legs ; légateur, L. legator.
LÉGÉ, terme de marine, non chargé; est
le même mot que lige, et vient de l'ail ledig,
vide, par le néerl. leeg, forme syncopée de
ledig
LÉGENDE, L. legenda, s. e. portio, litt.
portion qui doit être lue ; dans la latinité du
moyen âge =» liber acta sanctorum por totius
anni circulum digesta coutinens, « sic dictus
quia ceitis diebus legenda in ecclosia et in sa-
cris synaxibus designabantur a moderatore
chori ». De là découle la signification ac-
tuelle. — On a nommé de même légendes les
inscriptions gravées autour des médailles et
des pièces de monnaie ; c'est la partie à lire
opposée à la partie à voir, — D. légendaire.
LÉGER, it. leggiere, prov. leugier, d'un type
latin leviaHus, dér. de letis ^primitif con-
servé dans rit. lieve, prov. leu). — D. légè-
reté.
LÉGIFÉRER, du L. legifer, qui porto des
lois.
LÉGION, L. legio. — D. légionnaire, L. le-
gionarius.
LÉGISLATEUR, -LATION, -LATURS, L. le-
gislator, -latio, -latura (lator, etc., subst. de
ferre, les Latins disaient legcm feiTe comme
on dit encore ♦♦ porter une loi »): Adj. néol.
législatif.
LÉGISTE, qui connaît les lois, BL. legisia
(lex). C^. juriste.
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LÉO
303 —
LEU
LÉGITIME, L. leyitimus, — D. verbe légi-
timer ; néologisme légitimiste .
LEGS, subst. verbal de légu&t\ avec main-
tien de l'anc. s nominatival. J'attribue la
forme vfr. lais à laisser, d'autant plus qu'on
trouve tout aussi souvent le fém. laisse.
LÉGUER, L. legare, — D. legs (v. c. m.).
LÉGUME, vfr. legun, leiin, du L. legumen,
'inis, — D. légumier; légumineux, L. legu-
minosus.
LENDEMAIN, par agglutination de l'article,
pour endemain, forme extensive de demain
(v. c. m.).
LENDIT, foire de Saint-Denis; ici, comme
dans landier, lendemain , etc., il y a eu con-
crétion de l'article, car lendit est pour Vendit
et vient du BL. indictum = annonce officielle
(spécialement de fête), fête annoncée d'avance;
restreint auj. à Vendit de Saint- Denis.
LÂNDORE, breton landar^ paresseux. La
forme française s'est produite sous l'influence
du verbe endormir (cp pic. lendormi, pares-
seux, nonchalant). Le mot rappelle le flam.
lentere?i, lente et ignave agere (Kiliaen), au-
quel correspond peut-être l'ail, sch-lendern,
anc. angl. slenten. Pour landore, le vfr. disait
plus correctement landreux. En champ., je
trouve lander, laudiner, fainéanter, lendras,
endormi, paresseux.
LÉNIFIER, L. lenificare (lenem facere, ren-
dre doux).
LÉNITIF, du L. lenire (\ems).
LENT, L. lentus. — D. lenteur, alentir,
ralentir.
LENTE, prov. lende, du L. lens, lendis (it.
lendine), m. s.
LENTILLE, L. lenticula (lens, lentis) d'où
l'adj. savant /c/jfîCM/aW*. fr. lenticulaire.
LÉONIN, L. leoninus (leo). — Les opinions
varient sur l'origine du mot léonin, en tant
que terme de littérature. Maître Pierre Fabry,
curé de Méray, qui vivait sous Charles VIÛ,
tirait cette expression de leo parce que la
rime léonine est la plus belle des rimes, ainsi
que le lion est la plus noble des bêtes. —
Mervesin (Hist. de la poésie française) : Léon II
voulant réformer les hymnes que l'on chantait
à l'église sur la fin du vi® siècle, parce qu'elles
étaient trop obscures, ordonna qu'on en fît de
nouvelles. Un diacre, nommé Paul, fit celle de
saint Jean-Baptiste en vers d'une nouvelle
espèce qu'on appela léonins du nom du pon-
tife, dans lesquels il mit une rime au repos
et l'autre à la fin. — Pasquier attribue l'in-
vention des vers léonins à un poète nommé
Léonins, chanoine des Bénédictins, qui vivait
à Paris sous le règne de Louis VII, vers
l'an 1 154, et qui se rendit célèbre par ses vers
latins qui rimaient à chaque hémistiche. —
En vfr. on trouve très souvent rime lœnime
ou lionime, ce qui fait poser à Wackernagel
l'étym. Uii'jvfioi (de Xsloi et Svofix), donc rime
« lisse d'expression ». C'est trop subtil, et
Diez observe fort bien que la finale ime p. ine
ne tire pas à conséquence ; cette mutation
n'est qu'euphonique. — La véritable origine
de l'expression reste incertaine.
LÉOPARD, vfr. liepart, leupart, du L. leo-
pa7'dus {^iOTtypùoi), litt. lion-panthère.
LÉPDOPTÈRE, mot forgé do Unii, -iio;,
écaille, et ttti/îov, aile; donc insecte à ailes
écai lieuses.
LÈPRE, L. lepra, gr. )knox (de Unpôi, rude,
écailleux). — D. lépreux, BL. leprosus, d'où
léproserie.
LÉROT, dérive de loir.
LES, article (plur.), afiaibli du masc. los
(forme espagnole, se rattachant au L. illos) et
du fém. las (= L. illas), comme le s'est afiai-
bli de lo et la (on sait qu'en vfr. le est aussi
féminin).
LÈSfi, dans lèse-majesté et sembl.; du
L. lœsus, blessé, oflensô /lœdere), d'où lo
verbe fr. léser et le subst. lésion (L. kesio).
LÉSER, voy. l'art, préc.
LÉSINE, do l'it. lésina, avarice sordide.
C'est érymologiquemcnt le même vocable que
le fr. alêne (v. c. m.). Nous ne prétendons pas
que l'étymologie liistorique qui se trouve rap-
portée sous cet article soit la véritable ; tou-
jours est-il qu'elle se recommande mieux
que celle de Le Duchat, d'après qui lésina a
pu se produire de la^sarilla, ladrerie ! —
D. lésiner, -eur, -crie, -eux.
LESSE*, cordon, voy. laisse.
LESSIVE, it. lisciva, esp. lexia, prov. lissiu,
du L. lixivia, lixivium (de lix). — D. lessi-
vei\
LEST. voy. last. — D. lester.
LESTE, it., port, lesto, esp. listo; d'après
Diez, du goth. listeigs — it^vo^jp/o,, vha. listic
(ail. mod. listig), habile, rusé; apocope du
suffixe comme dans it. chiasso, fr. glas, de
classicum, vfr. ruste de rusticus, et auti^es
vocables. Du sens foncier « habile » se dé-
duisent sans difficulté les diverses acceptions
du mot roman. Liebrecht (Jahrb. XII 1, 227)
indique le lat. lestus, dans sublestus, lé-
ger (« vinum sublestum »); cp., pour la tran-
sition du sens "léger» à «agile», l'a^j.
lems. Cette étymologie reste douteuse
LÉTHARGIE, gr. ;.>jâa/5/£x [H^-n, oubli). —
D. léthargique.
LETTRE, L. littera, — D. lettré, illettré,
L. litteratus, illiteratus; lettnne; lettriscs
(vers).
LÉU, dans la locution à la qiœue leu leu,
est l'anc. forme régulière de loup. Cotte locu-
tion est une modification arbitraire de à la
queue le leu, c'est-à-dire, d'après l'ancienne
.syntaxe, à la queue du loup (Rom., X, 50).
1. LEUDE*, « les leudes du roi », de l'ail.
leute, gens.
2. LEUDE, péage, redevance, taxe, prov.
leuda, leida. Diez récuse l'opinion de Du
Cange, d'après laquelle le mot viendrait du
germ. leudis, homme, la leude étant pr. une
amende pour un homme tué ; le sens et la
lettre s'y opposent. Il le rapporte à levare
(" tribu tum levare, lever un impôt »). d'où
l'on a fait un part, koitus (cp. L. cubitus de
cubare, domitus de domare, BL. dolitus p.
dolatus, rogitus p. rogatus). Levita a donné
correctement leuda et même leida. De la même
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LIA
304 —
Lie
manière on a tiré de lerarc l'it. liétito, esp.
leudo, port. Icvedo^ levain.
LEUR, prov. et vfr. Jor, it. Joro, du génitif
L. illorum; leur maison équivaut ainsi à illo-
ritm domus. Le même mot roman a pris aussi
la valeur du datif L. iUis.
LEURRE, vfr. et prov. îoire, it. lofforo p. /o-
ffvo, ou lodro (it. ff p. d est un fait fréquent),
angl. Iu7'e; du mha. ÏKodcr, m, s. (op. feurre
du mha. vitoter). — D. leiti^er,
LEVAIN, prov. letam, d'un type latin leta-
me^i, formé de lecare. Du même primitif /^arc
viennent les équivalents it. lievito, esp. leudo^
prov. lecat, napol. letaio; op. l'ail, hefe^
néerl. hef = levain, de heben, lever, et ail.
hûrme^ levure, mousse, de bercn, se lever.
LEVANT, où le soleil se Jèce (cp. L. orieus,
d'où fr. orient). — D. levantin, levantine,
étoffe de soie.
LjuVS, objet qui, au jeu do mail, sert à
lever la boule.
LEVER, L. levare. — D. Hef (v. c. m.),
levée, levier (cp. ail. hebel de heben), Jevis
(v. c. m.); cps. enlever^ relever {v. c. m.).
LÉVI6ER, L. levigare (Isevis, levis).
LEVIS, adj. (dans pont-îevis), vfr. leveîs,
répond à un type levaticiiis ; yai trouvé en vfr.
planche leradisse p. pont levis ; prov. levadis,
LEVRAUT, voy. lidvrc. — D. Irvraitder.
LÈVRE, L. laàrum.
LEVRETTE, LÉVRIER, LEVRON, voy.
lièvre.
LEXIQUE, gr. if^/ov. de >i^; (ay.*). équi-
valent du L. dictio, d'où dictionai'ium.
LEZ, cùté, prov. lots, las, esp., port. /or/o,
it. lato; du L. latus, côté. Ce subst. latin est
déjà employé comme pi'éposition, avec la
valeur do «• à côté de «, dans la Loi .«^alique:
- dcintus curte aut laiiis curte ». La langue
d oïl en faisait un fréquent emploi, aussi bien
comme subst. que dans le sens de juxta. Au-
jourd'hui, cette préposition ne se trouve plus
que dans des appellations géographiques,
telles que Saint- Denis- Icz-Pa ris, Ixelles-lcz-
Rruxcllcs. Anciennement on disait les aies =
côte à côte.
LEZARD (vfr. au.^^si lézarde), it. laca*ta, lu-
ccrta, lucertola; esp., port, lagarto, prov.
lasert; du L. lacertus ou lacerta. Le mot
français a pris la physionomie d'un mot à
suffixe aH, ard, par assimilation à tant d'au-
tres noms d'animaux munis de ce suffixe.
LÉZARDE, forme féminine de lézard, 1. fe-
melle du lézard ; 2. par assimilation de fonne,
fente, crevasse dans un mur. — D. Icsardei'.
LIAIS, vfr. liois, angl. lias; d'origine in-
connue. D'après Legoarant, de lier (ligarc,
parce que le grain de cette pierre est fin et
bien lie.
LIANE ; étymologie incertaine ; d'après Lit-
tré, iMîut-étre une autre forme de lien (de
lier).
LIARD, petite monnaie. L'on n'est pas d'ac-
cord sur l'origine de ce mot. Les uns le rat-
tachent au vfr. liart, gris, = it. leardo; d'au-
tres l'expliquent par vfr. H ars ==^ le brûlé, le
roux, par rapport à la distinction que l'on
faisait au moyen âge entre argentum album
et argentum arsum. De la Monnoye pense que
la dénomination vient de deux fleurs de lis
que portaient les liards fabriqués sous
Louis XI. Enfin, d'autres prétendent qu'elle
vient de Guigues-Liard , de Crémieu en Vien-
nois, qui en 1430 aurait frappé les premiers
liards ; ils n'eurent d'abord cours que pour le
Dauphiné, mais Louis XI les aurait rendus
communs pour tout le royaume en leur con-
servant le nom du premier ouvrier. — Diez
incline pour H ardi ; hardit était une petite
monnaie du midi de la France (= limousin
o)tfî, esp. ardite), dont les uns rattachent le
nom à Philippe le Hardi, les autres au basque
ardita, dérivé de ardia, brebis (cp. pecunta,
de pecus). — Il y a là une question d'archéolo-
gie numismatique que je m'abstiendrai do
trancher. Il va de .soi que nous n'acceptons ni
la dérivation de li ars ni celle de lis. — Si,
dans l'origine, le liard était, comme prétend
Liobrecht (Jahrbuch, XIII, 234;, une mon-
naie d'argent, l'appellation liart (blanc, gris
clair; s'expliquerait aisément. Cp. fr. blanc,
esp. blanca (noms de monnaie). — D. liarda\
LIBATION. L libatio (libare).
LIBELLE, L. libellus, dim. de libe7\ —
D. libeller, libelliste.
LIBÉRAL, L. libcralis (liber). — D. libéra-
lité, L. liberalitatem ; libéralisme.
LIBÉRER, L. liberarc, rendre libre.
LIBERTÉ, L. libertatem (liber).
LIBERTIN, L. libertinus, fils d'affranchi
(libcrlus). Le sens du mot français nc^i qu'une
application au moml de Tidée d'affranchi ; le
libertin est = celui qui s'affranchit, qui
s'émancipe de la règle. — D. libertinage.
LIBDINEUX, L. libidinosus (libido).
LIBRAIRE, L. librarius (libçr). Le mot la-
tin s'appliquait aux esclaves employés à co-
pier ou à rédiger; Sénèque cependant s'en
sert déjà dans le sens do marchand de livres.
— D. librairie, L. libraria (se. taberna), bou-
tique délivres. Le mot français signifiaitjadis,
comme signifie encore l'angl. library, une
bibliothèque.
LIBRE, L. libei-, ^émûî liba'i.
1 . LIGE, aussi lisse, lieu destiné aux tour-
nois, it. liccia, lissa, esp. Usa, prov. lissa,
laissa, bret. les (prob. emprunté au roman).
La première signification du mot est enclos,
cp. le terme de marine lisse, aussi appelé
ceinte et préceinte. Diez conjecture donc une
dérivation du mha. letse (^^ vha. lazi), rem-
part, quoique la mutation e en i ne soit pas
régulière. — L'explication par L. licium,
trame, proi)Osée par Ducange (à cause que
les pieux sont rangés comme les fils dans une
trame) parait forcée. Four ma part, j'imagine
que lisse e^i la bonne orthographe, et que co
mot vient de liste dans son sens primitif de
bord, clôture, lisière. Aussi bien l'anglais tra-
duit-il lice par list. (A la vérité l'angl. list
n'est pas concluant, le t final pouvant être
adventice, après 1'*-, comme dans d'autivs vo-
cables anglais.)
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LIE
305
LIG
2. LIGE, LISSE, dans » haute ou basse
lice », du L. licium, trame de tisserand. —
D. îicette, îicero7i.
3. LIGE, chienne courante, wall. hhe (na-
murois, pic. et rouchi Uche ),vfr. leisse^ prov.
leissa. « Ce vocable, dit Grandgagnage, se
retrouve dans les mots allemands ; nha. lat-
sche, soxmhe lùt6chf îaitsch, /iwcA,bav. îeusch,
liisch, qui ont au propre et au figuré la même
signification (chienne et prostituée). D'autre
part on rencontre en latin et moy. latin le
mot lyciscuSf lycisca, letissa (sorte de chien
que l'on croyait provenir de l'accouplement
d'un loup et d'une chienne : voy. Servius ad
Virg. Eclog., III, 18, et Ducange, v® letissa, et
\^ odorenceci). Reste à savoir: 1 . si ces formes
latines, comme aussi les formes allemandes,
sont identiques entre elles ou si elles ont
plusieurs primitifs ; 2. si le roman vient du
latin ou de l'allemand ; 3. enfin, ce qui rentre
en partie dans la question précédente, si le
mot allemand ne vient pas lui-même du latin.
N'abordant que le deuxième problème, nous
dirons que l'origine latine semble plus plau-
sible, principalement à cause de la similitude
des formes lat. letùsa et prov. leissa. Nous
remarquerons aussi que le glossaire de Lille
rend licisca par lisse. » — Diez admet égale-
ment l'origine latine ; le type toutefois auquel
il rattache le prov. leissa n'est pas letissa,
mais lycisce, car, selon lui, lycisca ic=k) au-
rait entraîné une forme prov. leisca, et pic.
lique. Le philologue de Bonn ajoute que des
glossaires allemands traduisent lycisca par
sàha^ chienne, ou brachifif chienne de chasse.
— Quant au mot letissa^ allégué comme latin
par Grandgagnage, n'est-il pas plutôt une
latinisation des vocables germaniques cités
par lui en tète de son article? Ou bien une
mauvaise leçon pour lecissa f
LIGENGS, L. licentia, permission (tant celle
que l'on reçoit que celle que l'on prend). —
D. licencier (cp. congédier^ de congé = L.
comineatus, permission d'aller) ; licencietix,
L. licentiosus.
LIGET, mot latin = il est permis.
LICHEN, L. lichen (ieiy.^v).
LIGITE, L. licUuSy permis (de licere) ; illi'
cite, L. illiciius.
lilGITER, L. licitari, offrir un prix, enché-
rir (de licere f être mis à prix). — D. licita-
tioèi.
LIGOL, LICOU, p. lie-col (cp. limier p. lie-
mier, dimanche p. diemanche.
LICORNE, it. liocorno (cp. liofanie), ali-
cor>/o ; gâté du L. unicornis, esp. unicornio.
1. LEE, dépôt d'une liqueur, prov. Ihia,
angl. lee. Direct, du BL. lia (Papias :
amurca; Gloses de Reichenau : fex); mais
d'où vient lia? La question n'est pas résolue.
On trouve en breton hHt^ vase, limon, gaél.
llaidf m. s. — Une origine du goth. ligan,
vha. ligyan, fris, liga, angl. lie, = jacere,
cubare, serait-elle trop aventureuse (cp. sédi-
ment, de sedere;1 D'autre part, le wall. lise,
anc. angl. lyse, et vfr. lessu i= levain, don-
nent quelque probabilité à une dérivation du
L. liXf gén. /im (défini par Non. Marc. ; lix
étiam cinis dicitur vel humor cineri mixtus) ;
c'est la dérivation pour laquelle parait incliner
Grandgagnage. Mon savant professeur, feu
Doederlein, faisant venir lix de liquere lin-
quercy on est tenté d'admettre, à côté de lix,
une forme rustique liqua ou lica qui expli-
querait parfaitement le n. prov. lica et notre
fr. lie. — Le mot angl. lee signifiant plutôt
levain, d'autres (Dieffenbach, Diez, Mahn)
conjecturent plutôt une dérivation de levare
(cp. levain).
2. LIE, adj., = gai, joyeux; ne s'emploie
plus que dans l'expression faire chàre lie.
C'est le féminin de liet' lié* (monosyllabe; =
it. lieto, prov. letz, v. cat. Ut, esp., port, ledo,
qui vient du L. lœtus. — Le fém. lie est tout
ce qu'il y a de plus régulier, du moins pour
les dialectes du Nord ; il est la forme contracte
de liée; ainsi, à Tadverbe, on trouve liement
alternant avec liéement. Néanmoins, on a mis
en doute dans ces derniers temps que l'expres-
sion chère lie soit d'origine proprement fran-
çaise (Rom., IX, 167); je ne connais pas les
arguments sur lesquels on se fonde. — D.
liesse, L. lœtitia.
LIEF, action de lever (des scellés), subst.
verbal de lever (cp. relief de relever).
LIÈGE, du L. levis, léger, par l'intermé-
diaire d'une forme dérivative levius,
LIEN, vfr. lïen, loyen, prov. liam, angl.
leam, du L. ligamen (ligare). — D. vfr. loie-
mier, liemier, nfr. limier, prov. liamer,
angl./eawer, pr. le chien tenu en laisse. Cette
étymologie de limier a le degré de certitude
suffisant pour faire rejeter celle du L. limi
narius (pris dans le sens de chien ouvrant la
chasse), qui ne s'accorde nullement avec les
formes primordiales du mot.
LIENTERIE,gr./st:v7s/>(a; de).sl9,', lisse, et
evT'pov, intestin.
LIER, anc. loyer, du L. ligare. — D. liai-
son, L. ligationem; lien (v. c. m.); liasse.
— Cps. al-, dé-, relier.
LIERRE ; la consonne initiale / est un effet
de l'agglutination de l'article; le mot corres-
pond à vfr. icrre, hierre, it. edera, ellera, esp.
hiedra, prov. edra, et vient du L. hedera.
LIESSE, voy. lie 2.
LIEU, vfr. leu, du L. lociis; cp. feu de fo-
cits, qiieux de coquus. — Composé : lieute-
nant, = locum tenens.
LIEUE, du L. leuca, vocable cité par les
écrivains latins comme gaulois. Adouci
d'abord en leuga, gr. )îû-/>j, la transposition
en a fait légua, vfr. lègue, d'où, par syncope
du^ et diphthongaison de een ie (cp. lieu p.
leu], la forme actuelle lieue. L'it. et le prov.
ont lega, l'esp. légua, le port. Icgoa, l'angl.
leaguc,
LIEUTENANT, it. luogotenente (et tenente
tout court), voy. lieu. — D. lieutenance.
LIÈVRE, it. lèpre, du L. lepus, gén. Icporis.
— \). lévrier, L. leporarius; levraut, levrette,
levron,
LIGAMENT, L. ligamentum (Ugare) ; liga-
ture, L. ligatura.
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LIG
— 306 —
LIM
lilOBy BL. îigius. Cet adjectif roman avait
le sons « tout entier, sans réserve » («» ligia
potestas, ligia voluntas, adv. ligemerU et fran-
chement, purement et Hgement »;. Il n'y a
pas à douter que ce soit le même mot que le
wallon lige dans la locution quit* et lige =■
quitte et libre. D'où vient le mot dans cette
signification? Grandgagnage y voit une con-
traction du mha. ledec, gén. lediges, néerl. et
nha. ledig •« libre, dégagé. Quant à l'emploi
du mot dans le terme féodal hommage lige,
voici comment le philologue liégeois le mo-
tive ; «* Un hommage lige ne signifie pas lit-
téralement, comme on le pense d'ordinaire»
un hommage par lequel on se lie pleinement
envers son seigneur, bien que ce soit là le
sens logique, ou, si Ton veut, l'effet de ce
genre d'hommage, mais un hommage dégagé
de toute restriction au profit d'un tiers et par
là absolu. » — Diez. sans prendre de parti défi-
nitif, cite à l'appui de cette manière de voir
un document du xiii* siècle portant : « Iigius
homo, (juod teutonice dicitur ledigman »
(c.-à-d. libre de tout engagement envers un
tiers). Voss dérivait Iigius du mot roman
liga, lien, alliance, do sorte que la significa-
tion » obligation rigoureuee w aurait amené
colle do « obligation absolue ». Mais Diez y
oppose, peut-être trop catégoriquement, que
la langue française ne présente pas d'adjectif
répondant à un type latin en ius ou eus qui
n'ait pas un précédent dans la bonne latinité.
Gâchet, se fondant sur ce que Guillaume le
Breton, dans sa Philippéide, traduit toujours
homme lige par ligatus, se déclare également
en faveur de ligare. Chevallet fait de même.
— Diez admettrait de préférence à ligare, une
dérivation du nord, lidi, compagnon, lati-
nisé en /trfz-iw (d'où viendrait, selon les règles,
la forme fr. lige,, mais il n'en est pas satisfait
au point de vue du sens. — Ducange prend
pour type un acy. litius, lidius, du BL. liUis,
lidus, homme attaché à la glèbe. — Pour ma
part, j'estinio l'explication par ledig d'autant
plus acceptable que ce mot, dans les dialectes
néerlandais, se présente le plus souvent'sous
la forme syncopée leeg. — Les formes prov.
litge, it. ligio, angl. liège, sont déduites du
français. — D. allégeance (v. c. m.).
LIONàGE, prov. linhatge lignatge, esp. li-
iiage, port, linhagem, it. Icgtiaggio, voy.
ligne. — D. lignagcr.
lilONll, trait simple, puis suite, rangée, des-
cendance de famille flinea sanguinis). Du L.
linea (linum) == cordeau, ficelle, signification
encore vivace dans « pêche à la ligne », «tirer
une muraille à la ligne ». L'ancienne langue
présentait aussi une forme masc. lin, ling,
au sens de lignage, parenté, race, répondant
au prov. linh, ling (esp. lino = série, ran-
gée). Génin s'est fourvoyé en expliquant cette
forme par une apocope opérée sur le dérivé
lignage. La forme vfr. Zi/i^pendant peut
aussi se rapporter directement au simple L.
linum, fil, cordon (on trouve aussi hi&nlinage
dans les anciens textes que lignage). — D.
lignage (v. c. m.}, ligneul (v. c. m.), type
lineolus ; lign^rolle, lignette, lignolet; verbe
ligner, L. lineare ; aligyier; lignée. — Com
posé : forligyier, dégénérer.
LIGNÉE, de ligne, comme bouchée de bou-
che; le mot exprime « tous ceux de la ligne ».
LIGNER, voy. ligyie. — Composés : aligner,
enligner, souligtier.
LIGNEUL, fil enduit de poix ; n'est peut-être
pas un dérivé de L. littea, ft*. ligne; il me pa-
raît tenir du même thème lien (= gr. Xuxv»
d'où lliûxvi-îv, mèche), qui a donné en BL. lu-
cinium, licinium, lichenus, licm^i (voy. lu-
mignon). Son sens propre serait donc mèche.
J'ai relevé dans Jean de Garlande (ms. de
Bruges; licinium traduit par linel.
LIGNEUX, L. ligyiosus, dér. de lignum,
bois (= vfr. laigne, wall. legne). Termes
scientifiques : se lignifier, lignite.
LIGUE, du BL. liga (subst. verbal de li-
gare), confœderatio. — D. liguer, ligueur,
LILAS it., esp. lilac, port, lila; mot per-
san [niladj, liladj).
LILIâOÉ, voy. lis.
LIMAOE ou limas, it. lumaca, lumaccia,
esp. limaza, port., par transposition, lesma;
du L. Umax, -acis (limus). — D. limaçrni,
wall. limeson, lumeson, vfr. limechon.
LIMANDE, poisson plat, à peau rude, it.
lima; d'après Le Duchat, du L. lima, lime, à
cause de lu rugosité de la peau. La forme
gérondive limande se rattache à l'idée * li-
mando aptus » .
LIMBE, L. limbus, bord.
LIME, L. lima. — D. limer, L. limare;
limaille. Voy. aussi limande.
LIMIER, voy. lien.
LIMINAIRE, L. liminaris (limon).
LIMITE, L. limes, limitis, BL. limita. —
D. limiter, L. limitare.
LIMITROPHE, L. limitrophus, composition
hybride, formée du L. limes, limite, et du
grec rpôfo;, a^j. verbal de rpipuv, nourrir,
soigner. — Le mot se rencontre pour la pre-
mière fois dans le Code Justinien : limitrophi
agri ou fundi, terres frontières, nom dos
champs concédés aux soldats qui gardaient
les frontières. Dans la suite, le mot est devenu
synonyme de limitaneus.
1 . LIMON, boue, bourbe, forme augmenta-
tivedu V,. limus. — D. limotieux.
2. LIMON, une des deux branches du timon
d'une voiture; d'après Diez, de l'esp. limon,
m. s., dér. de leme, timon, gouvernail, dont
l'origine n'est pas encore éclaircie. — Le flam.
a lamoen pour limon, et Kiliaen cite à ce sujet
une forme française lamon. Ce changement de
voyelle, en syllabe atone, ne prouve rien
contre la dérivation ci-dessus établie, laquelle,
toutefois, n'est nullement à l'abri d'opposition.
L'angl. limbers, limmers, limonière, avant-
train, est rapporté par Millier au nord, lim,
plur. limar (suéd. lem, lemmer), membres,
branches. Ce pourrait bien être là la vraie
oiigine du mot esp. leme et du fr. limon. Il
n'est pas probable que limon, qui se trouve
déjà dans Chrétien de Troyes, soit venu au
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LIO
— 307
LIT
français d'un radical espagnol. — D. limo-
nier, limonier f -ière,
3. LIMON, citron, esp., prov. limons it.
limone, angl. lemon, flam. limoen, du per-
san limiif arabe laimùn, — D. limonade, li-
monier.
4. LIMON, en t. d'architecture, pièce do
bois ou de pierre taillée en biais, du L. limus,
oblique.
LIMPDB. L. limpidus. — D. limpidité,
UN, L. linum. — D. linier; linette, graine
de Un; linon, Wwt^ linotte (cp. en ail. les ap-
pellations hdnfling ou leinfinke).
UNOEUL, it. lenzuolo, prov. linsol, du L.
linieolum, morceau de linge, serviette (dérivé
de linteum, linge). Ane. particulièrement =
drap de lit, d'où l'ac^^eption actuelle.
IJNÉAIRE, L. linearis; lineal, L. linealis;
linéament, L. lineamentura ; dérivés de linea,
fr. liffiie,
LINGE, pr. toile de lin; do V&d], linetts
(linum); cp. lan//e de laneus. — D. linger,
lingère, -erie. — Ane. linge, adj. comme
dans dra^ linges, une linge robe, a disparu.
LINGOT, dér. du L. lingua, langue, lequel,
de même que le dim. lingtda, ligula, avait,
dans la bonne latinité déjà, dégagé dos accep-
tions diverses se rapprochant de celle do lin-
got. — Une autre étymologie s'est produite
sur la base de l'angl ingot = lingot. On a
prétendu que lingot n'était que le mot anglais
avec agglutination de l'article. Et quant à
ingot, d'après la définition que lui donne le
glossaire de Tyrwhit, «« moule à couler les
lingots «, on l'explique par in-got, coulé de-
dans. Nous ne sommes pas à même de com-
battre cette manière de voir; la seule objec-
tion que nous pourrions y faire, c'est que
l'angl. actuel ne possède pas le verbe get, cou-
ler, fondre, correspondant au néerl. gieten,
ail. giessen; mais il se peut que la vieille lan-
gue lait possédé, puisque l'ags. avait geotan.
En attendant des preuves plus conchiantes de
l'étymologio prêtée à ingot, nous pouvons tout
aussi bien prétendre que le mot anglais est le
mot français avec retranchement de l'article,
d'autant plus qu'on a en angl. le mot linget
défini par •* petite mesure de métal ». — D.
lingotière,
LINGUAL, L. lingualis {Vinguo).
LINGITB, ail. leng, angl. ling, nom de pois-
son, du L. lingua; cp. la dénomination allem.
sungenfisch.
LINGUISTE, néol., de lingua. — D. lin-
guistique»
LINIMENT, L. linimentum (de linire, oin-
dre).
LINOT, LINOTTE, voy. lin.
LINTEAU, esp. lintel, dintel, HL. lintel-
lus, limen superius, d'un type latin limilcllus,
dim. de limes, -ilis, bord, lisière. Cette éty-
mologie de Diez se confirme par l'esp. linde,
jjort. li}ula, =; limite, prov. lindar, seuil, =
L. limitaris.
LION, leon, L. leo, leonis. — D. lionne,
anc. lionesse, dim. liofweau.
LIPPE, vfr. et wallon lepe, de l'ail. /?/>/;<?,
lèvre. — D.lipj)ée, lippu.
LIQUÉFIER, d'un type liqueficare p. lique-
facei^e; liquéfaction, d'un type liquefactio; pour
mettre le verbe d accord avec son substantif,
il fallait dire ou liquéfaire pour l'un, on liqué-
fication pour l'autre.
LIQUEUR, L. liquorem. — D. liquoreux,
LIQUIDE. L. liquidus. — D. liquidité, L.
liquiditas; verbe liquider, de liquidus au
sens de clair et net.
LIRE, L. légère (légère). — D. lisible,L. lo-
gibilis, liseur (le L. lector se trouve, dans les
vieux glossaires, traduit correctement par
litre).
LIRON, voy. loir,
LIS, prov. lili, liri, lis, esp., port, lirio;
du L. lilium(gv. Ulpio-j). Vs final du motfr.
est un reste de l'ancien nominatif, devant le-
quel Yl final du radical s'e.st cflacé ; car lis est
pour lils. Cet s s est communiqué aux dérivés,
de là : lisct, liseron, liseret, liscrolle. — Du
L. lilium : l'adj. liliaceus, fr. liliacé.
LISERER, dér. de lisière. — I). liseré.
LISIÈRE, pour listière, dér. de liste (v. c.
m.). — D. liserer.
1. LISSE, adj., prov. lis, ït. liscio, esp.,
port. liso. On peut hésiter entre le gr. )itt6i,
m. s., et le vha. Ksi, doux (nh-à. hise). Diez,
pour des considérations phonologiques, favo-
rise l'extraction germanique. — D. lisser,
d'où le subst. lissoir,
2. LISSE, t. de marine ou de construction,
variante do liste [p. ss de st, cp. le nom propre
Cassel de castellum). Cette étymologie se con-
firme par les dérivés listeau, petite lisse. Voy.
aussi lice 1 .
3. LISSE, ficelle à lier des marchandises,
soit du L. licium, fil, ou de l'ail, lit^e, cor-
donnet.
LISTE, d'abord pièce longue et étroite en
général, bord, bande, puis spéc. bande de
papier, d'où catalogue, énumération (une dé-
duction logique semblable se présente dans
borde7ran); it., osj),, prov. lista, port, lista,
listra. Du vha. lista, nha. leistc, m. s. — 1).
lister liter (une étofle), listel, listeau, liteau,
liston, lisière, p. listière. Voy. aussi litre 2.
LIT, duL. lectus{c\}. confectus, confit; pec-
tus, pis). — D. liter (du poisson;, literie, li-
tière, HL. lectaria; \'cvho aliter.
LITANIES. L. litaniœ, du gr. )iTxnix,
action de faire dos htx; ou prière.^.
1 . LITEAU, autre forme de listeau, listel,
dérivé de liste.
2. LITEAU, t. de chasse, dér. de lit.
1 . LITER, arranger par lits, de lit.
2. LITER, lister\ couvrir avec de gros fils
la lisière du drap avant de le teindre ; de liste,
bord.
LITHO-, en cx)m^os\i\on [lithographe, etc.),
du gr. H^oi, pierre
LITIÈRE, it. leitiera, BL lectaria; de lit.
LITIGE, L. litigium (de litigare = lilem
agere, d'où fr. litigant); litigieux, L. litigio-
sus.
1 . LITRE, mesure de capacité, du gr. ){r^a.
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LOC
— 308 —
LOM
2. LITRE» ceinture do deuil, prob. p. Îisi7'e,
variété de liste, bande, bordure (v. c. m.), cp.
la forme prov. et it. (siennoisc) listra.
LITTÉRAIRB, L. îitterarius (de Uttera,
lettre) ; littéral, L. litteralis ; littérature,
L. litteratura; littérateur, L. litterator.
LITTORAL, L. litoralis (de litus, -oris,
rivage).
LITURGIE, gr. luroup-jlcK, office public.
LIVÉGHE, anc. levesse, it. levistica, libis-
tico; cette dernière forme ital. a été défigurée
par l'interprétation imaginativo du peuple en
V. flam. levestock, liefstickel, ail. liebstôckel,
en apparence = chère petite plante. Du
L. levisticum (Végùce), forme altérée de ligus-
iicum litt. = de Liguric).
LIVIDE, L. limdiis. — D. lividité,
LIVRAISON, voy livrer.
1. LIVRE, musc, L. liba\ libi'i, —
D. litrct.
2. LIVRE, fém., it. libbra et lira, du L.
libra.
LIVRÉE, voy. l'art, suiv.
LIVRER, prov. liurar, it. liverarc, librare,
BL. liber are (•» liberare dona «, du L. libe-
rare (liber), rendre libre. L'idée moderne se
déduit naturellement du sens classique ; affran-
chir, détacher une chose ou la laisser partir,
la livrer, ne plus la retenir, sont des idées qui
se tiennent. Une filiation de sens analogue
se remarque dans le latin solvcre signifiant
payer. La valeur latine de liberare (afi'ran-
chir) est rendue par l'it. liberare, en esp.
par librar, en fr. par le composé délivrei\ Le
prov. liurar i-éunit les deux acceptions an-
tique et moderne. — D. lim'aison, action de
livrer, fourniture; lim'ance\ fourniture, d'où
livraJicicT; livrée, pr. ce qui est fourni, puis
spécialement ce qui est fourni en habille-
ments par le maître au serviteur. Jadis, le
chancelier, les grands officiers de la couronne
avaient, aussi bien que les domestiques, leurs
habits de livrée,
LOBE, gr. io6o,-. — D. lobé; dim. lobule;
locelle p. lobicelle (v. locellé).
LOCAL, L. localis (locus). — D. localité,
localiser
LOCATAIRE, LOCATIF, LOCATION, du
L. locare, louer.
LOCELLE, voy. lobe. D'après d'autres, du
L. loccllus, petite loge (do locus).
LOCH, LOG, t. de marine, de l'angl. loy,
LOCHE, poisson, esp. loja, angl. loach;
d'origine inconnue.
LOCHER, bmnler; du mha. litcke (nha. loc-
he r), = lâche, peu serré, que l'on met en rap-
port avec ail. loch, dial. luck, trou, lifche,
lacune. Cheval let place le verbe locher dans
l'élément celtique et cite bret. luska, branler,
remuer, écoss. luaisf/, gallois Ihoygaxo ,
irland. luasfjaim. — Cps. élocher (v. c. m.),
secouer; rouchi ar/oc/ic?*, p. rc/ocAe?', ébranler.
LOCHAN« voy. lamaneur,
LOCOMOTION,-TEUR,-TIVE, LOCOMOBILE,
néologismes, tirés du L. loco muvere, mou-
voir do place.
LOCUTION, L. locutioncm (loqui).
LODS, Iodes*, los*, dans *♦ lods et ventes ».,
du HL. laudes, qui, comme subst. de laudare,
consentir, octroyer, signifiait sans doute en
premier lieu octroi, puis aliénation d'un bien
en vertu d'octroi, puis le di-oit payé pour
cet octroi d'aliénation.
LOF, terme do marine, angl. loof, ail. luf;
du néerl. loef, m. s. — D. lofer.
LOGARITHME, terme scientifique, fait do
AÔ/Oi, proportion, et de à;,i&/*o;, nombre.
LOGE, petite hutte, autr. aussi — tente, etc. ,
it. loggia (à Coire laupia, lomb., piém. lobia),
port, loja, prov. lotja, angl. lodge, BL. laubia.
Du vha. lauba, laulyja, nha. laube, feuillée,
berceau, cabinet, galerie. Pour la transition
logique, Diez rapiielle le vfr. foillie, cabane,
de feuille, — D. loger (cp. caser de case).
LOGER, de loge. — D. logis, vfr. logets ;
cps. déloger,
LOGIQUE, gr. Ao/i/.6i — relatif au discoui-s
ou à la raison (io/Q^). — D. logicien,
LOGOGRIPHE, composé de /o'/o;, mot, -|-
V/5li.o^, filet, piège, énigme.
LOGOMACHIE, gr. Xo/oii%x^x, dispute de
mots.
LOI, vfr. Ici, du L. lex, hgis. — D. loyal,
vfr. léal, L. legalis. — Cps. aloi (v. c. m.).
LOIN, anc. loing, du L. longe, — D. éloi-
gner [eslongier', esloigniei*), — D'un type
longitanus s'est produit it. loniaiw, prov.
Ion lui an, fr. lointain.
LOINTAIN, voy. loin,
LOIR, prov. glire, it. ghiro, du L. glis,
gliris. Pour la chute du g initial, cp. esp.,
port, lande pour glande, du L. glans. —
D. liron (vfr. gliron), esp. liron; léi'ot (Pals-
grave donne leyrot, dormeuse). Le champ, a
lairon = sorte de rat.
LOISIR ; ce substantif est proprement un
infinitif, de même que plaisir. L'anc. verbe
loisir, prov. léger, n. prov. léser, lesir,
repi*é.sentc le L. liccre, et signifiait être per-
mis. Le sens primitif du subst. loisir est donc
licence, permission; la valeur de «j'ai la per-
mission ou la faculté d'écrire « , s'est rétrécie en
celle de « j'ai le temps libre d'écrire ». L'éty-
mologie tirée du L. otium, mise en vogue par
Ménage, est tout bonnement une absurdité. —
Le même verbe loisir = L. liccre (d'où l'an-
cienne locution loist à savoir == L. scilicet)
a laissé l'adjectif loisible.
LOMBARD ; le nom des établissements ainsi
nommés est tiré de lombard = usurier. •* En
ce temps-là (on l'an 1200) l'usure et l'impudi-
cité régnaient à masque levé dans la Franco.
Mathieu Paris dit que le premier do ces
vices y avait été apporté d'Italie; il entend
les Lombards qui l'exerçaient publiquement
et sur l'autorité des princes, auxquels ils en
payaient tribut « (Mézeray). Les monts-de-
piété étaient dans le princi])0 des maisons do
prêt sur gages, les premiers furent sans
doute fondés par ces étrangci-s italiens, dont
le nom était devenu .synonyme d'usurier.
LOMBES, L. lumbus, dont l'adj. fém. lumbea
s'est francisé en longe, anc. loignc, terme do
boucherie, « longe de veau »», wall. logne, v.
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LOR
— 309 —
LOS
flam. loeyiic, longie^ angl. loin; cp. aussi lo
wall. lomberai, gri belette de porc, échinée.
LONG, L. longus, — D. longueur (anc.
longneti\ longucssr), longuet^ longuerie; longe,
bande de cuir ou de corde* longer y allonger.
— Cps. longtemps = lonpf espace do temps ;
ce dernier est venu bien inutilement rempla-
cer l'anc. adverbe longues.
LONGANIMITÉ, L. longanimitas ; cp. lall.
langmuth.
1. LONGE, courroie, lapière, voy. long,
2. LONGE, terme de boucherie, voy. lombes.
LONGÉVITÉ, L. longœvitas (longum «vum).
LONGITUDE, L. longitudo. — D. longitu-
dinah
LOOGH, t. de pharmacie; port. loJioc; de
l'arabe look (du verbe laaka^ lécher).
LOPIN; Tétym. L. lobus (io6o;), follicule,
gousse, mise en circulation par Nicot, est
impossible tant pour le sens que pour la let-
tre. D'après Frisch, p. lapin^ de l'ail, lappen,
morceau ; c'est peu vraisemblable. Grandga-
gnage cite l'angl. lop, élaguer, d'où, selon Du-
cange, BL. loppare, resecare, amputare,
subst. lopadium, segmentum, frustum. Si le
mot désignait dès l'origine principalement
un morceau à manger, on serait tenté de lo
rapprocher d'un vieux mot fr. cité par Ro-
quefort : louper, manger goulûment. Cp. en
patois champ, licher, être gourmand, et li-
chette, petit morceau. Mais le sens foncier
est masse; je le placerais donc plutôt dans
la famille de l'équivalent anglais lump, v.
flam. lompe, frustum, massa, qui sont des
formes allégées de angl. clump, néerl. klomp,
ail. mod. klumpcn. — D. pop. 1 opiner, cas-
ser une croûte ; anc. aussi diviser en lopins.
LOQUACE. L. loquax, — D. loquacité,
L. loquacitas.
LOQUE, pièce d'étoffe usée ou déchirée ; du
nord, lôkr, chose pendante (ce mot se re-
trouve dans les composés breloque et pende-
loque). — I). dim. loquette, d'où loquete, t. de
blason, ot loqueteux* = déguenillé.
1 . LOQUET, laine grossière; de l'ail, loche,
boucle de clieveux, anc. aussi == flocon.
2. LOQUET, it. lucchetto, fermeture do
porte, dim. du vfr. 7oc, m. s.; ce dernier vient
de l'ags. loc, angl. lock, flam. luycke; cp.
r vha. bi'lohf verrou, goth. ga-lukan, enfermer
(voy. aussi bloc). — D. loqueteau, loqueter,
LORETTB ; du quartier de Notre-Dame-do-
Loj'ette à Paris, où beaucoup de ces femmes
se logèrent ; étym. analogue à celle de fiacre.
— Fournier, dans le Vieux-Neuf, prétend
que lorette avait sa signification actuelle dès
le temps d'Henri III.
LORGNER, en Normandie, loriner ; c'est,
d'après Diez, un verbe de la môme famille
germanique d'où sortent suéd. lura, ail.
lauern, suisse loren, luren, néerl. loeren^
guetter, regarder à la dérobée. Ulrich sup-
pose un type vha. 'luranjan. Voy. aussi épar-
gner, L'angl. lurk, m. s. est rapporté par
Mahn au celt. Uerc, Uercian, — D. anc. a^.
lorgne, lour, louche ; lorgnette, -on ; lor-
gnade.
LORIOT (l'initiale 7 pmvient de l'aggluti-
nation de l'article), vfr. orious, pic. uriot,
prov. auriol, esp. oriol ; du L. aureolus, do
couleur d'or (cp. ail. goldammer). Les La-
tins appelaient le merle doré galgulus. —
D'où vient l'expression compî^re loriot, pour
désigner l'orgelet ou bouton qui vient sur les
paupières? Nous donnons pour ce qu'elle
vaut l'explication qui se trouve dans le glos-
saire picard de l'abbé Corblet : « Pline et
Plutarque ont avancé que le regard du loriot
est un remède excellent pour ceux qui sont
atteints de la jaunisse. Cette opinion s'ac-
crédita au moyen âge et les personnes qui
souffraient de cette maladie éprenaient un lo-
Hot pour compère. De là notre expression :
compère louriot pour exprimer un orgelet.
Du Ménil la dérive du BL. lorum^ qui signi-
fiait une blessure dont il no sort pas de
.sang. »» Nous espérons que l'on finira par
trouver une explication plus satisfaisante que
ces deux-là! Je crois, pour ma part, que dans
cette expression populaire, loriot ne représente
pas Vorjol = aureolus, mais Vorgeol =»
L. ordeolus (orgelet, v. c. m.).
LORMIER, anc. lorenier, loremiei\ lori-
mier, angl. lorimer, aussi loriner. Avant de
signifier éperonnier, ce mot s'appliquait à
tous ouvriers fabriquant des objets concernant
lo harnachement. Il dérive du vfr. loi^ain,
lorin, bride, rêne, longe, ot par là du L. lo-
rum, courroie. On appelait autrefois les lor-
miers aussi frenniers, faiseurs do freins Pour
lorinier devenu lorimiei*, je rappellerai les
mots e'tamer, p. étaner, de étain, et veni-
meux de venin, — Baudry pense que lormie>*
est p. Vormier, et ormiei' un dér. du radical
wm qui a donné BL. ormilla, boucle, et
ormiscus, collier. Cette étymologie est tout à
fait inutile, l'autre ne lais.sant aucun doute.
— D. lormeric.
LORS, vfr. lores (la finale s caractérise l'ad-
verbe), du L. illa hoi'a^ à cette heure-là; le
composé alors, it. allm*a, repré.<^nt« la for-
mule ad illam horam. — D. la conjonction
lorsque, litt. = au temps que.
LOS, vieux mot, signifiant louange. Du
plur. L. landes (laud*ire). — Voy. au.ssi lods,
LOSANGE, it. losanga (t. de blason), figure
quadrilatère à quatre côtés égaux ayant deux
angles aigus et deux angles obtus. On a pro-
posé, pour expliquer ce mot, d'abord une
transformation de lorange, lequel viendrait
du L. laurus, vfr. lor, à cause d'une certaine
ressemblance avec la feuille du laurier, puis
une transformation de loxangle, mot hypo-
thétique, que l'on expliquait par une combi-
naison du grec )oç-,-, oblique, avec le L. an-
gulus, angle. Ces co)ijectures sont loin de la
vérité. D'après Gachet, lo mot est identique
avec le vieux subst. losenge, flatterie, men-
songe, tromperie (voy. plus loin l'article
louange). Jadis les armes, les devises des fa-
milles étaient brodées, peintes ou gravées
dans ce que nous appelons des losanges ainsi
que cela se fait encore pour les blasons des
filles. « On aura dit d'abord de ces dessins.
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LOU
310 —
LOU
destinés souvent à exalter les grands sei-
pneurs par les alléprories qu'ils renfermaient,
({ue (Ventaient dos losaitgcfi ou louanges, puis
des mensonges, ot bientôt le mot, dont le
sens primitif fut oublié, ne signifiait plus que
l'encadrement. »» Nous ajouterons, à l'appui
de cette manière de voir, que le subst prov
lauza (jdu verbe lausar = L. laudare), port
lotisa, esp. et piém. losa^ vfr. lause, a égale-
ment dégagé successivement, du sens primi
tif louange, celui d'inscription funéraire, puis
celui de pierre sépulcrale, et enfin celui de
carreau dont on dalle les églises. — Diez
aussi, pour expliquer losenge^ flatterie, part
du prov. lauzar = laudare, mais cette iden-
tité a été combattue par Baist (Grôb. Ztschr.,
V, 246). Lesp. losa^ dalle, surtout dalle
tombale, est probablement connexe avec fr.
fosanf/e et les autres correspondants romans
ou angl. formés d'après celui-ci, mais bien
assurément, pense Paist, il ne tient pas de
laiidare; la mutation d en s est étrangère à
cette langue. Le laxida de la même langue, au
sens de tombeau fpr. pierre funéraire), que
l'on invoque également à propos de losange,
n'a rien non plus à faire avec Jaudare, louer,
et représente L. lapident. — Schuchardt
(Ztschr., VI, 424) suppose une origine celtique
et invoque, dans la Lex metalli Vispacensis (do
la 2® moitié du P"" siècle), le terme lapides
lausiœ. Liebrecht (Jahrb , XIII, 226) rappelle
un passage du livre « Eckermann, Kelten »♦
(Vn, 45) disant que dans le Languedoc et la
Provence, Josa signifie pierre, que la Lozère a
pris son nom de ses montagnes pierreuses et
qu'en breton laç signifie pierre sacrée, dolmen.
— D'après Godefroy laiize s'appliquait jadis à
une espèce d'ardoise et l'on appelle encore
maintenant de ce nom en Dauphiné des
pierres plates servant à couvrir des murs de
clôture.
LOT, part qui échoit à qqn. dans un par-
tage, gain à la loterie, it. /o«o, esp., port.
lote; d'origine germanique : vha. hJoz^ goth.
hlauts, nha. loos^ flam , angl. lot, sort, part,
lot; cp. encore vha. hliiz, chose obtenue par
le sort, nord hhit, part. — D. loterie; verbe
lotir, faire des lot:^.
LOTERIE, voy. lot.
LOTION, L, lotio (p. laiitio, de lamre). —
D. lot tonner.
LOTIR, voy. lot. — D. lotissement, -issage.
LOTO, jeu' de l'it. lotto, lot, sort (v. lot).
LOTTE, esp. Iota, d'origine inconnue. —
Comme ce poisson se tient dans des rivières
limoneuses, on a signalé prov. lot, limon =■
lat. lutum.
LOTUS, LOTOS, L. lotos [it^rôi).
LOUANGE, dér. de loue^\ comme vidange
de videi*. De la forme prov. lauzar, = L. lau-
dare, procède le subst. prov. lauzenga, vfr.
losenge, it lusinga, esp. lisonja, d'abord
louange, puis vaine flatterie, mensonge, d'où
le verbe losenger, flatter, tromper. Fallot
et Chevallot ont mal rencontré en ratta-
chant losenge, l'un à l'ail, lob-singen, chanter
des louanges, l'autre au vha. los, nise, perfi-
die, mensonge. Diez proposerait volontiers
(d'après Ziemann) le mha. lôsen, flatter avec
fausseté, si les foiTnes romanes, par leurs di-
verses significations, n'imposaient pas le L. lau-
dare, qui convient d'ailleurs parfaitement
aussi sous le rapport de la forme. Cette com-
munauté du radical los avec laud n'est pas
admise par Baist; voy. l'art, cité sous lo-
sange. — I^ terminaison ange est générale-
ment rapportée au latin emia dans vindemia,
fr. vendange, et dans BL. laudemia = laudatio,
consentement, autorisation. Pour la lettre, il
n'y a rien à opposer, mais les deux seuls
exemples latins que l'on cite ne suflSsent pas
pour établir un suffixe emia = ange, servant
à former des subst. de l'action; d'autant
moins que l'élément emia y tient à la compo-
sition (vindemia est expliqué par vinum
demere, laudemia par laudem emere, achot<?r
le consentement du seigneur pour aliéner un
bien). Je crois que ange ou enge dans les mot*
fr. laidange, mélange, vidange, louange, vfr.
lavange, haenge (haine), coiistange (frais),
doit avoir une autre source; pourquoi ne
serait-ce pas le suffixe germanique ing (équi-
valent de ange), particulièrement propre à
l'anglais et au néerlandais (en moy. ni. sous
la forme inghe) et remplacé par ung dans le
haut ail. actuel? Je ne fais qu'effleurer ici ce
sujet, qui appartient plutôt à la grammaire
historique
1. LOUCHE, adj. (le vfr. disait au masc.
lois), prov. losc, flam. losch; du L. luscus,
borgne. — Chevallet, se formalisant sans
doute de la diff*érence do significa^tion entre
louche et luscus (qui, cependant, ne peut
faire difiîculté), s'adresse à l'ail, lauschen,
auquel il prête la signification regarder de
côté, tandis qu'il signifie écouter. Ce qui ag-
grave cette erreur, c'est que l'auteur, tout
aussi malencontreusement, range sur la même
ligne l'ail, lauschen, le néerl. lonken, regar-
der de côté, et l'angl. look asketo, regarder
de travers. — D. loucher.
2. LOUCHE, grande cuiller pour servir le
potage, puis aussi, en agriculture, écuelle
pour répandre les engrais liquides. Génin
s'est à juste titre récrié contre l'omission de
ce mot • ancien, fort usité, légitime et néces-
saire ", dans le Dictionnaire de l'Académie.
Le mot louche (vfr. lousse, wall. lose) est
rendu dans la latinité du moyen âge par lo-
ch ea; est-ce une transformation du L. coch-
lear, cuiller?
1. LOUCHET, hoyau, propre à fouir la
terre ; dérivé de vfr. louche, bêche, un homo-
nyme de louche, cuiller.
" 2. LOUCHET, petite cuiller, houlette. Nous
distinguons ce mot du précédent, vu la forme
des objets qu'il désigne, laquelle nous engage
à y voir un diminutif de louche 2.
l . LOUER, vfr. loer, donner ou prendre en
location, du L. locare, m. s. — D. louage
(d'où loitageur). — Direct, du latin viennent
les mots savants location, -aJtif, -ataire ; le dér.
L. locarium, prov. loguier, s'est francisé en
loger.
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LOU
— 311 —
LUE
2. LOUER, donner des louanges, du L. lan-
daise. — D. louange (v. c. m.).
LOUP, vfr. leu, du L. lupus; fém. louve,
du L. lupa. — D. louvat (cp. l'it. lupatto);
louvet (couleur), louveteau, louveter, louve-
tier, -eterie.Voy. aussi, pour la loc. à la queue
leu leu, l'art, ieu.
1. LOUPS, tumeur le plus souvent ronde
ou ovale, puis en terme d'optique, lentille à
deux faces convexes, esp. lupia et lobanillOf
à Coire luppa» La dérivation de L. lupa, bien
qu'irréguliôre, est admise par Diez et rendue
probable non-seulement par le terme allemand
toolfs-geschiDuht, litt. tumeur de loup, mais
parce que le mot fr. loup lui-même s'emploie
pour une sorte d'ulcère virulent qui vient aux
jambes. Cette dénomination n'est pas plus
étrange que celle du flegmon appelé /VironcZe,
pr. petit voleur. L'animal camivore a aussi
prét^^ son nom à une espèce de chenilles qui
rongent des boutons d'arbre. Notez encore le
dimin. louvet, dans le sens spécial : fièvre
avec tumeurs charbonneuses. — D. hupeux.
2. LOUPB, paresseux, « par allusion à celui
qui travaille à la loupe et qui, par conséquent,
ne va pas très vite »» (Bescherelle et Litt ré);
étymologie bien forcée, me semble-t-il. — D.
louper, faire le paresseux.
LOUPER, voy. loupe 2.
LOUP-OAROU, voy. garou,
LOURD, prov. lort; malgré la différence
d'acception, cet adjectif, aussi bien que Ht.
lordo, lurido, livide, pâle, malpropre, sale,
vient du L. luridus, livide, jaune [(part, luri-
datus, sale, souillé). Non seulement il s'est
dégagé de l'acception classique, dans la latinité
du moyen âge, l'acception de sale, mais aussi
celle de pourri, purulent. Les gloses de Rha-
banus traduisent en effet luridus par l'ail.
fûL Or, du sens physique pourri au sens mo-
ral stolidus, stupidus, pesant, la transition
est naturelle. Elle se rencontre plus d'une
fois; nous citerons d'abord l'ail, fûl (auj.
faul), que nous venons de mentionner et qui
signifie à la fois pourri et paresseux (la forme
flam. correspondante vuil veut dire sale).
Le wallon pourri s'emploie également pour
pares.seux. La filiation : livide, . malpropre,
pourri, paresseux, pesant d'esprit, n'a donc
rien qui puisse infirmer l'étymologie luri-
dus ; mais ce qui est plus extraordinaire, c'est
de voir le sens physique « pesant» se déduire
de l'acception morale pesant d'esprit, transi-
tion rare dans la langue. — D'autres ont rap
porté lourd, it. lordo, au L. horridus, vfr.
ort, it. ordo, sale, en expliquant l'initiale l
par l'agglutination de l'article. Mais cette
agglutination de l'article, dans un adjectif,
serait un fait presque isolé (on la suppose
encx)re dans it. lazzo, du L. acidus). —
D. lourdaud, lourdeur, lourderie, verbe fac-
titif a/owrrfir. Cps. balourd (v. c. m.).
LOURB, anc. =• musette, de là le sons ac-
tuel •• espèce de danse grave >». Diez le fait
venir du nord. liXdr, dan. lour, flûte de ber-
ger. — Littré propose L. lura, outre, sacoche,
bourse, d'où le sens musette découle naturel-
lement. D'autres ont songé à lyra ; manière
de voir qui n'est pas aussi contraire à la lettre
(cp. bourse de /Sûo^»?) qu'au sens. — Godefroy
obseiTe que dans les pays de Bray et de Caux,
loure signifie flûte, flageolet. — D. le terme
de musique lourer.
LOUSTIC, de l'ail. lustig.gAi.
LOUTRE; l'étym. généralement admise, lat.
lutra, m. s , quoiqu'elle paraisse toute natu-
relle, est fautive ; luira, d'après les règles, se
fût francisé par leure. « La conservation du
t, observe Paris (Rom., X, 42), indique que
loutre provient soit d'un type liUtra qui n'est
pas attesté, soit de l'ail, otter, ce qui est plus
probable. Le Berri possède la forme régulière
leure (et aussi loure). »
LOUVE, L. lupa, 1. louve, 2. prostituée.
— Le mot fr. signifie aussi, par comparaison
avec la morsure de la louve, un outil de fer
qu'on place dans un trou fait exprès à une
pierre et qui sert à l'enlever; de là le verbe
louver.
LOUVET, LOUVETER, etc., voy. loup.
LOUVOYER; les uns rattachent ce terme &
louve, donc pr. marcher à la manière des
loups ; d'autres allèguent l'angl. laveer, ail.
laviren, m. s. Une troisième opinion déduit
louvoyer de louver, m. s., qui serait issu du
subst. lof (y. c. m.), partie du vaisseau qui est
au vent. Je tiens avec Diez cette dernière pour
la plus raisonnable.
LOVE, dans »• love de savon », de l'angl.
loaf, pain, cp. l'expression « pain de sucre «.
LOVELAOE, nom du héros du roman de Ri
chardson « Clarisse Harlowe «.
LOTâL, voy. loi, — D. loyauté; opp. dé
loyal.
LOYER, voy. louer 1 .
LUBIE, fantaisie impertinente, caprice ex-
travagant, d'un type latin lubia p. lubido.
LUBIN, poisson, aussi nommé loup de mer;
comme l'it. lupazzo, dér. de lupus.
LUBRIQUE, vfr. lubre; du L. lubricus,
glissant, qui au moyen âge a pris la valeur de
lascif (l'ail, schlûpfrig réunit également les
deux acceptions). — D. lubricité, L. lubricitas.
LUCARNE, selon Diez, du L. lucerna, lan-
terne, transformé de bonne heure en lucanta
(d'où goth. lukam)\ Littré, en présence des
anciennes formes luquenne, lucane, explique
le mot par lucanus, dér. de lux, lumière ; les
finales donnent lieu à objection et J'aimerais
tout autant recourir à l'ail, lucke, luké,
ouvertui'e et particulièrement lucarne (même
mot que l fiché, lacune).
LU€n)E, L. lucidus; le fr. ne s'emploie
qu'au sens figuré. — D. lucidité.
LUCRE, L. lucrum; adj, lucratif, L. lucra-
tivus.
• LUETTE, p. uette (par l'agglutination de
l'article). Uette est le dimin. du L. uva ^== 1.
raisin, 2. luette. L'italien a la forme diminu-
tive Uj^o/g, p. uvola.
LUEUR, prov. lugor, v. it. lucore, dérivé
du verbe lucere, luire; un subst. L. lucor eut
admissible, d'après l'analogie de L. piUor (vfr.
pueur), de putere.
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LUS
— 312 —
LUT
LUGUBRE, L. luguhris (liigero).
LUI, cas oblique de il ; d'une forme compo-
sée ill'Uic (voy.Dicz, Gramm.,2* éd., II, 76).
LUIRE, du L. luccre p. lucërc. A la forme
verbale do la 2® conjug. latine répond vfr.
Jidsir; cp. le même dualisme de forme dans
les verbes placci'e, tacere,jcœerey licere, fran-
cisés à la fois par plaisir, taisir, gésir, loi.sir
et pav plaire, taire, gire, loirc ,
LUMBAGO, L. lumbago (lumbus).
LUMIERE, prov. lumiwira, lumeira, du
BL. luminaria (lumen) = lucema.
LUMIGNON, mèche, n'a rien à faire avec
L. lumen. I^s foiTnes anciennes sont limi-
gnon, lemignon; pour le changement de i en
u, cp. fumier p. femie7', chalumeau p. chale-
mel, etc. Parmi les nombreuses formes .sous
lesquelles le gr. iXlxjyyiov (lat. ellychnium)
s'est communiqué à la latinité du moyen âge,
on trouve licimen, licmen, que je tiens pour
le primitif de l'anc. limignon. Pour plus de
détails; voy. mon art. Rom., IV, 460 (fauti-
vement attribué à M. Cornu dans le Supplé-
ment de Littré).
LUMINAIRE, L. luminar (lumen).
LUMINEUX, L. lumiuosus (lumen).
LUNDI, it. lunedi, du L. Lunœ dies; en
prov. diluns, dilus = dies Lunse.
LUNE, L. luna(^. luc-na). — D. lunaire,
L. lunaris; lunaison ; lunatique (vfr. lunage),
L. lunaticus (pr. soumis à l'influence de la
lune); luncl,t, de blason ; lunette (v. c. m.),
lunule.
LUNETTE, pr. petite lune; comme terme
d'architecture, = petites ouvertures réservées
pour donner du jour, ainsi nommées parc«
qu'elles remplissent en quelque sorte les fonc-
tions de la lune; le terme d'optique se rap-
porte à la forme des verres, « a circulis vi-
treis veluti lunulis duabus ». (Sylvius). —
D, luneitier.
LUPIN, L. lupinum (lupus; cp. l'expr. ail.
wolfsbohne). — D. lupinelle.
LURON. Quel est le véritable sens de ce mot ?
On l'emploie tantôt pour homme joyeux, gri-
vois, bon vivant, tantôt pour homme vigou-
reux, déterminé. L'étym. qui m'attire le plus,
c'est Tall. luder, dont le .sens primordial d'ap-
pât (de là fr. leurre, angl. lure) a engendré
celui de charogne, chose vile, etc., et qui
s'emploie aussi comme t. d'injure dans un
sens répondant aux diverses acceptions fran-
çaises de luron. — On a aussi en ail. le subst.
lau^' (anc. lùr), coquin. — Partant du sens
"leste, agile, déterminé, qui nes'embarrase de
rien », Génin, se prévalant do l'anc. ortho-
graphe leuron et de l'identité de w et y, inter-
prète le mot par levron, petit lévrier. — Pour
ne rien omettre, disons qu'on l'a expliqué en
dernier lieu parle morvandeau luron, leuron,
lureau, bélier et au fîg. luron, godelureau,
qui, à son tour, est ramené à un mot germa-
nique dont la trace est conservée par le poly-
ptyque d'Irminon : lear, learis (bélier). Voy.
Revue critique, 1880, 2'' sem., p. 93.
1. LUSTRE, espace de cinq ans, L. lus-
trum.
2. LUSTRE, subst. du verbe lustrei^y. cm.).
LUSTRER, L. lustrarc, éclairer, rendre
clair, luisant. — D. lustre, l. éclat, 2. chan-
delier suspendu ; lustrine,
LUT. L. lulum, limon. — D. luter.
LUTH, vfr. leiït, prov. laiit, it. liàto, leuto,
esp. laud, port, alaùd, ail laute; de l'arabe
aVvd, m. s., pr. objet en bois. L'étymologie
fondée sur l'ail, laut, son, ou goth. liuthôn,
chanter au son do la harpe, pèche contre les
règles phonologiques. — D. luthier.
LUTIN, vfr luUon ; dans les pays wallons
on rencontre fréquemment la forme nuit07i,
nuton. Citons en premier lieu Grandgagnage :
•• L'étymologie de ce mot est fort controver-
sée. Selon Roquefort, le vfr. luicton (sicj est
dit pour nuicton, et vient do nuit. L'auteur
des Wallonnades (J. Grandgagnage, oncle du
philologue), qui cx)nsidère nuton comme la
forme normale, est à plus forte raison de cette
opinion : ^ nutons, noctis homines; la nuit se
« dit encore nutte dans plusieurs de no? patois
M wallons ». A cela, il y a deux difficultés ;
d'abord, la forme lùton,lutin est prédominante,
en même temps qu'elle est exempte de suspi-
cion, tandis que celle en n peut avoir été pro-
duite précisément par l'influence du mot nuit;
puis le u de mite est bref, tandis' que celui
de h (ton ou niUo7i est long ou moyen. — Noël
et Charpentier dérivent notre mot du lat. lue-
tari, lutter. Enfin Grimm dit que le lutin ou
lùton vient peut-être du L. luctus, le sens ver-
bal étant esprit plaintif, messager de deuil...
Une étymologie qui se rapprocherait davan-
tage de la tradition serait celle du vha. liut,
peuple, gens; cp. la dénomination lusacienno
ludhi, les petites gens, de lud = vha liut.
Mais le plus vraisemblable selon nous est que
lùton, lutin vient du vieux bas-saxon luttil,
ags. lytel, angl. little, v. flam. luttel, littel,
etc., = petit. » — Diez laisse la question
indécise; il remarque que la dérivation de
nuit n'offre, pour nuiton, aucune difficulté
sérieuse, mais que l'on ne se rend pas compte
comment, au mot intelligible nuiton, on a [>u
substituer luiton, dont le sens étymologique
était par là tout à fait effacé. — Sans vouloir
nous prononcer pour aucune des étymologies
rapportées ci-dessus 'auxquelles il faut encore
ajouter celle de Frisch, qui remonte au vha.
hlùt, auj laut, bruit, son), nous répondrons
à l'objection de Diez que le vfr. s'est égale-
ment plu, au détriment de la clarté, c'est-à-
dire du rapport sensible avec le sens du pri-
mitif, à tran.sformcr le verbe nomer,no\imer,
nommer en lomer, loumer, lommer, formes
usuelles en wallon et dans le Poitou. — D.
lutiner. %
LUTRIN, anc. letjnn, luitrin, du BL. lectri-
num, dérivé de Icctrum (Xs/.t/sov), pupitre pour
lire, *« analogium, super quolegitur » (Isid.).
Cp, le flam. lessenaer, lutrin, de less = L.
lectio; wall. Icseni (Geste de Liège, lachenier)
litt. = leçonnier, de leçon, L. lectio. — La
vieille langue avait, de la même façon, fait du
sub.'^t. participial lecta, action de lire, le subst
luite, lectui*e.
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MAC
— 313 —
MAC
LUTTB, vfr. hiite, îoite, duL. htcta; verbe
Îutte7\ vfr. hâter, du L. hœlari,
LUXE, L. htxHs. — D. luxueux, L.luxuo
sus.
LUXER, L. Juxare(^\\ io?oyv), déboiter, dis-
loquer; d'où luxation, L. luxatio.
LUXURE, L. luxuria (luxus) — D. luxu-
rieux, L. -osus; Iuxurie}\ L. -ari; luxuriant,
luxuriance.
LUZERNE, n. pr. lauzerdo; champ. lusette,
ivraie, BciTy Juset, gesso sans feuilles. D'ori-
gine inconnue.
LYCÉE, du gr. iyzjl^v, nom d'un gymnase
célèbre prés d'Athènes, consacré à Apollon
Lycien,eto\i Aristote enseignait la philosophie.
LTGOPODE, pied-de-loup, BL. lyœpocUmn
{^rj"it, lou]) -\- -iz-ixj;, Ttooô;, pied).
LYMPHE, L. lympJia, eau. — D. lympha-
tique, L. lymphaticus.
LTNX, it., esp. lince, du L. îynx{yû^^) ; op.
ail. luchs, angl. lox.
LTRE, L. hjra ()y^a, instrument à cordes).
— D. lyrique, L. lyricus (lu^i/o,-); lyrisme,
grec yu^nifidi.
M
MA, fém. de mon, du L. mea.
MACABRE (danse), do chorea Machàbœo-
rum. — Nous ne dirons ici sur l'étymologio
de ce terme que le fait qu'en vfr., la forme
Macabre == Machabée se rencontre dès le
xii" siècle.
MACADAM, du nom de l'inventeur (mort en
1835). — D. macadamiser,
MACARON, de l'it. macarone, plur. maca-
roni. L'origine de ce mot n'est pas encore
éclaircie. En attendant, on a mis en avant
macco, bouillie de fèves pilées, qui ne con-
vient nullement; puis le gr. fta^atil», pr. béa-
titude, cité dans Hesychius comme désignant
i^ûfAx h J«/xoû x«l àïfhfjiv, mets fait de bouil-
lon, et de farine (d'après Curtius, fi^t^xoir, on
tant que nom d'un mets, tient au verbe
f/.xitîtv, pétrir). La composition de la pâtisse-
rie qui actuellement porte le nom de macaron
ne i^pond plus à cette définition, mais bien
celle dite macaroni; la dénomination « béati-
tude (cp. le terme béatilles), réjouissance »
leur conviendrait assez bien. — Citons encore
Liebrecht (Jahrbuch, XlII. 230;, qui dérive
notre mot deuxA'xpî;, les bienheureux; le repas
funèbre en l'honneur des morts s'appelle encore
aujourd'hui fiay.ypir ; les maccheroni ou ma-
caroni en formaient le principal élément ; de
là leur nom. — D'où vient le nom de macaro-
m'es ou des vers macaroniques f Etaient-ce
des pièces devant servir d'assaisonnement aux
macaronis? Ou les a-t-on nommés ainsi à
cause de leur facture bigarrée à la façon du
jnets favoi-i des Italiens? C'est ce qui est le
plus probable. Ce qui est acquis, c'est que Mer-
lin Coccaie (Théophile Folengo) est, s'il n'en
est l'inventeur, du moins le premier qui ait
cultivé avec succès la poésie macaronique et
qu'il lui a donné ce nom en composant son
fameux poème « MacAronea »♦. D'après lui,
la poésie macaronique « nilnisi grassedinem,
ruditatem et vocabulazzos in se débet conti-
nere ». Littré remarque que le caractère plai-
sant, dans le populaire de plusieurs pays, a
été désigné par le nom de l'aliment favori de
la nation; que les Italiens appellent les
plaisants de cette espèce macaroni ; les Fran-
çais, Jean FaHne; les \Ti%\vi\s, Jacques Pou-
dings.
MACARONÉE, -ONI, -ONIQUE, voy. l'art,
pi-éc.
MACÉDOINE. « Ce mot, dit Ch. Nodier,
s'est probablement employé d'abord en parlant
d'un mets très composé, par quelque allusion
à cette variété incroyable de peuples aux-
quels Philippe et Alexandre firent subir les
lois de la Macédoine et dont on remarqua les
vêtements divers et confus dans les armées de
ce dernier. Il n'y a i)oint d'expression plus
heureusement figurée au sujet de certains
livres. » C'est là tout bonnement une supposi-
tion en attendant que Ton ait découvert les
circonstances dans lesquelles le mot a en pre-
mier lieu été revêtu de sa signification ac-
tuelle. La date de cette signification n'est en
tout cas pas très reculée. Il se pourrait bien
qu'elle fût due au langage culinaire de quelque
Vatel français.
MACÉRER, L. maccrare.
MACHE, plante potagère dont on mange
les feuilles en salade; prob. de mâcher.
MACHECOULIS ou MACfflCOULIS. D'après
l'Académie : l. galeries établies à la partie
su|)érieure des fortifications anciennes, et
dans lesquelles sont pratiquées des ouver-
tures pour voir et défendre immédiatement le
pied des ouvrages, 2. ces ouvertures mêmes.
Huet explique le mot par machine-coulis,
cela n'est pas sérieux ; Le Duchat, par magna
gula, autre plaisanterie. Mieux vaut l'opi-
nion de Boniface : «* Mâche-coulis est une cor-
ruption de masse-coulis, espèce do couloir de
galerie, d'allée, de passage, pour aller à cou-
vert autour d'un bâtiment, d'une tour. C'est
de cette galerie saillante que les assiégés, pro-
tégés par les parapets, faisaient pleuvoir des
pierres, des masse*, etc., sur les assiégeants.
Comme on trouve aussi musse-coulis on pour-
rait faire dériver ce mot de l'ancien verbe
musser, muchej\ cacher. » — Dans Pals-
grave, je trouve : / magecoUe (Lydgate), I
mako false brayes about a towne wall, je 7na-
checoulle. Le grammairien anglais ajoute que
Lydgate a emprunté magecolle du fr. mache-
coulys, = false bray, mais que les Français
n'emploient pas le verbe machecoullei*. Les
dictionnaires anglais donnent encore le subst.
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MAC
— 314 —
MAC
machicolation avec la définition : in old
ca^îtlos tbe iK)nrinp: of hot substances tlirou^li
a])ertnres npon assailnnts. Cette détinition
cache une interprt^tation (étymologique. I^a
deuxième pai^tie, ((dation, peut être rapportée
à L. colatio de colare^ couler, verser; quanta
mâche, il paraît désigner soit des substances
piléos (pierres, mortier), soit des blocs, et
dériver uinsi du verbe macquer, broyer (v.
c. m.).
MÂCHIÎPBR, scorie qui sort du fer à la
forge quand on le bat, voy. macqxier. — Au
sens de fanfaron, le mot se rappoi'te au verbe
mâcher, Cp. l'it. mangiafcrro^ ail. eise^ifres-
ser,
MACHBLIIR. du vfr. machelle = L. ma-
œilJa, mâchoire.
MAGHSR, mascher\ prov. mastegar, mas-
char ^es^.^ port, masticar, mastiçar, mascar,
du L. masticare (de mandere par un supin
mMtum). — D. mdche, mâchicaioire, p. mas-
ticatcnre; mâchoire (v. cm.); mâchonner,
màchoUer, Cps. mâchedru, bon mangeur.
MACHINB, L. machina (/myay^). — D. ma-
chiner, L. machinari, inventer qqch. d'in-
génieux, méditer qqch. do mal (d'où twoc/inîa-
tion, machinateur et machineur, mot em-
ployé par Lafontaine); machinal, L. machina-
lis ; machinerie, machiniste, -ismc.
MACHOIRE, de mâcher (cp. nageoire de
nager). Les mots équivalents it. masceUa,
vfr. machelle (d'où dent mâchelière, L. dens
maxillaris), et prov. maissella viennent du L.
maxilla, transposé en mascilla.
^ ____
MAGHURE, marque laissée par une pres-
sion, meurtrissure, tâche, voy. l'art, masque.
— D. mâchurer, vfr. mascurer, masqueler,
souiller, tacher.
MAGIS, écorce intérieure de la noix mus-
cade, du L. macis, écorce aromatique.
1. MAGLB, t. do blason, losange percé à
jour par le milieu, prob. de macula, maille.
2. MAGLS, t. de cristallographie; demacle
1, par assimilation de forme?
3. MAGLS, châtaigne d'eau, de L. macula,
tJiche? On dit aussi macr^.
MAGLBR, t. de verrerie, remuer le verre
fondu, p. mascler, du L. misculare, voy.
mêler; a p. « no fait pas difficulté en syllabe
protonique.
MAÇON, prov. massa, BL. machio, macio.
Isidore, sans aucune probabilité, a dit : ma-
chitmes dicti a machinis quibus insistunt
propter altitudinem parietum. Huet, moins
heureux encore, propose une dérivation du
vfr. mas, maison; le maçon serait un faiseur de
maisons. L'origine la plus naturelle en appa-
rence est celle de l'ail. metz(steinmets, tailleur
de pierre), vha. meszo, meizso, cp. goth. mai-
tan, tailler, ail. mod. meisseln, ciseler. Toute-
fois, Diez objecte deux circonstances; d'abord,
le mot étant cité par Isidore, il y a peu de
présomption en faveur d'une provenance ger-
manique; ensuite, la forme BL. machio ne
s'accorde pas avec les vocables germaniques
en question. Il incline vers une étymologie
déjà mentionnée par Ducange, d'après la-
quelle macio serait tiré du BL. marcio, m.
s. ; il allègue à cet eflet, pour la syncope
de IV. l'csp. macho, marteau, du L. nuxrcu-
lus. Quant à marcio, le philologue allemand
y voit un dérivé du L. marcus, marteau (cp.
tabellio de tahella). Pour le rapport littéral
entre machio et macio, il cite le vfr. bracel
(d'où braceUt), du L. brachiale. — Nous ne
pensons pas que les objections de Diez contre
l'extraction germanique soient concluantes.
Ducange cite plusieurs passages fort anciens
où il est fait emploi de mattio, qui doit êti o
antérieur aux formes macio et machio, et qui
se déduit très bien des radicaux germaniques.
— La latinité du moyen âge présente encore
le vocable maceria avec la signification de
mur de clôture ^de là le vfr. maisière). On no
peut guère douter du rapport de ce mot avec
macio. Or, comme on trouve également ma-
ceria, bois de construction, au lieu de mate-
ria, on est peut-être autorisé à ramener le
maceria, mur, et partant aussi son primitif
immédiat macio, également à un radical mat.
— D. maçonner, maçonnerie, maçonnique.
MAGQIJE, instrument pour briser le chan-
vre, subst. du verbe macquer, voy. l'art,
suiv.
MAGQIJER, briser le chanvre. Ce verbe,
d'après Diez, est de la même famille que l'it.
maccare (composé s-maccare), esp. macar,
prov. macar, mavhar, fouler, concasser. Die-
fenbach range ces verbes sous une racine mac,
frapper, meurtrir, fort répandue dans les lan-
gues indo-germaniques et à laquelle il rat-
tache aussi le vfr. maquelette, petite massue,
maillet, le goth. meki, épée, = ags. mâki, etc.,
gr. ttix^ica. — Cachet porte l'attention en outre
sur le subst. maque, masse d'armes, qui, en
Hainaut, signifie un bâton muni d'une boule
au bout, donc une petitemassue, ^uismacque,
la partie du fléau qui frappe le blé; maquet,
instrument de bois avec lequel on chasse la
boule appelée choulel; enfin, mooa, nom du
martinet dans les usines métallurgiques. En
vfr. macque signifie le gros bout d'un bâton ;
c'est de là qu'on a fait maquelotte, m. s. —
Grandgagnage, traitant le mot wallon mahe,
tête d'épingle ou d'un autre petit objet (dim.
makéte, tête, pommeau, verbe maker, dim.
maheter), rappelle également les études de
Diefenbach sur la racine mac, frapper; tou-
tefois, il pense que les verbes romans cités
plus haut pourraient bien être rapportés au
L. mactare (cwdere, ferire), lequel, au moyen
âge, s'employait effectivement dans le sens de
diffringere, in massam contundore. Le mot
roman, dit-il, représenterait le primitif de
mactare; cp. pour ce primitif macare, outre
le gr. ,ttàx«'^'». ^<yà <^ité parDoederlein, Tanc.
scandin. moka, dan. woAAe (tailler, hacher).
Cette savante conjecture .soulève de graves
difficultés. — Le wall. mahe, vfr. maquet,
foule, amas, it. macco, macca, abondance,
viennent aussi de notre verbe macquer ^ comme
foule de fouler, Caix explique it. macca par
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MAG
— 315 —
MAG
le vlm manac, beaucoup (d'où fr. mainte v.
pi. loin); cela n'est pas soutcnablo.
MACRE, voy. macle 3.
MAGRELLE, poulo d'eau (Nicot a ma-
croHle)\ macreuse, macro/«jft'*, canard do mer,
de couleur noire; prob. de la même origine
que maquereau, à cause de la bigarrure du
plumage.
MAGULS (mot savant), L. macula, tacbe.
— D. maculer, L. mcumlare, d'où maculatio77,
•attire, immaculé. — Le même vocable latin
s'est régulièrement francisé en mailla (v. c. m . ).
MADIER, t. de marine, pièce de bois, est
le même mot que madrier.
MADOHE, de Tit. ma donna, = ma dame.
MADRAGUE, pêcherie fait« de câbles et de
filets pour prendre les thons ; esp. almadraba,
qui vient de l'arabe almajsraba, enceinte de
filets pour prendre les thons (du verbe saraha^
enclore).
MADRAS, nom d'une étoffe provenant de la
ville de Madras, dans l'Inde.
MADRE, cœur et racine des différents bois
servant à faire des vases à boire ; puis vase à
boire en général; du vha. masar, nœud ou
veines dans le bois, nha. ma^er, bois madré.
Cp. ladre de lazarus. — D. madré, tacheté
de diverses couleurs ; madrure.
MADRÉ, de madré (v. c. m.). — Le sens
figuré de madré, fin, rusé, découle naturelle-
ment de celui de varié en couleur, cp. en
L. varius animus = esprit fécond en res-
sources, et en gr. Tt^UiXoi, multicolore et
adroit, rusé.
MADRÉPORE, famille de polypes, de l'it.
madrepora (d'après Littré, de madré, mère,
-\- Tt^poi, pierre).
MADRIER, en t. de marine maeftVr, planche
de chêne fort épaisse, dér. du L. mafma (esp.
modéra), bois de charpente.
MADRIGAL, it. madrigale, anc. madriah,
mandriale, v. esp. mandrial; d'après Diez, de
MANDRiA = L. mandra, troupeau. Le mot
exprimerait donc en premier lieu une chan-
son pastorale. Cette étymologie vaut à coup
sur mieux que celles qui font venir le mot
soit de Madrid, ou de l'esp . madrugar, se
lover matin, et qui no méritent aucune at-
tention. L'opinion de Huet offre plus d'inté-
rêt, mais tout aussi peu de vraisemblance ; il
dérive le mot de martegales; et les marte-
gales, dit-il, ont pris leur nom de martcgaux,
peuples montagnards de Provence. Toutes ces
étymologies sont d'ailleurs rendus suspectes
depuis la découverte d'un texte latin du
XIV* siècle qui offre la forme ma^na/ia, espèce
de composition musicale.
MAÏSTRAL. voy. mistral.
MAFLÉ, MAFLÏÏ ; étymologie inconnue;
paraît être une simple variété du rouchi m^u-
flu et de mouflard (v. c. m.); cp. esp. mo-
fletes, grosses joues.
MAGASIN, it. magaszino, asp. magacen,
almagacen, almacen, port, armazem; de
l'arabe machzen, machazen, dépftt do mar-
chandises.
MAGE, L. magus. — D. magie, L. magia
(u-Ttyilrr)^ magique, magicien.
MAGISTER, mot latin (voy. maître). — D.
ynngisth'e, L. magistcrium (vfr. ynaistire) ;
magistral, L. magistnilis; magistrat, L. ma-
gistrat us, d'où magistrature.
MAGNAN, dénomination usuelle du ver à
soie dans le midi de la France ; d'origine in-
connue ; pour le radical mag, cp. cymr. macai,
angl. maggot, ver, mite. — D. magnayiier,
magnanerie,
MAGNANIME, L. magnanimus; cp. ail.
grossmiithig, grossherzig, — D. magnani-
mité, L. magnanimitas.
MAGNAT, L. magnas, -atis, grand sei-
gneur.
MAGNÉSIE, nom d'une terre, ou plus exac-
tement, l'oxyde d'un métal appelé magnésium.
Quant à ce dernier, je ne me prononcerai pas
sur l'opinion de ceux qui le font venir du
L. magnes, aimant, le magnésium ayant la
propriété de happer à la langue, comme l'ai-
mant a celle d'attirer le fer.
MAGNÉTIQUE, adj. formé du L. magnes ^
-etis (fiôcyjrji), aimant. Quant à fiic,vriç, les
anciens ont pensé, les uns qu'il venait d'un
nommé Magnus, qui aurait découvert ce
minéral (Pline), les autres de la ville de Ma-
gnésie (Lucrèce). — D. magnétisme, magné-
tiser.
MAGNIER. chaudronnier ambulant (dans
les dialectes); aussi vfr. magnan, maignan,
wall. mignon. Etymologie inconnue. En it.
magnano signifie serrurier.
MAGNIFIQUE, L. magnificus.^ D. magni-
ficence, L magnificentia î magnifier, L. ma-
gniticare (d'où le chant dit Magnificat, pre-
mier mot du chant).
MAGNOLU, MAGNOLIBR, arbre nommé
d'après Pierre Magnol, botaniste mort en
1715. Le fruit s'appelle magnole,
1 . MAGOT, gros singe, au fig. homme fort
laid, figure grotesque. Voici les étymologies
que l'on a mises en avant : 1 . Magodus, per-
sonnage du théâtre des anciens, qui remplis-
sait les rôles d'hommes et de femmes et qui
est mentionné dans Athénée. 2. L. mimus,
grimacier ; on devine que nous avons affaire
ici à Ménage, qui, de ce type, apparemment si
éloigné, vous construit avec le plus grand
sang-froid un magot au moyen des échelons
mimicus, mimacus, macus, macuttus et
magottus ! 3. L. maccus, acteur qui joue les
rôles de niais, arlequin, bouffon (dans les
Atellanes), puis nom commun = niais, imbé-
cile. 4. L. imago. En voilà assez, de sottises
gravement débitées. — Nous laisserons pru-
demment la question indécise.
2. MAGOT, amas d'argent caché, anc. ^
poche, le même mot que vfr. magaut, BL.
magaldus, poche, bourse, besace. Mais d'où
vient ce dernier? On n'oserait songer au vha.
mago, ail. mod. magen, estomac, bien que
l'estomac puisse fort bien être comparé à une
poche. Et cependant, je crois pouvoir mainte-
nir cette conjecture, depuis que j'ai vu, sur
cette relation d'idée entre estomac, poche,
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MAI
— 316 —
MAI
bourse, monceau, les nombreux exemples
tirés des dialectes italiens et réunis à propos
du mot magon par Mussafia (Beitrag zur
Kundo der Nord-Ital. Mundartcn, p. 70). —
Grandgagnagcvoit àd^iïs magot une altération
du \{i\miigot (encore dans La Fontaine), trésor
caché, lequel est prob. dérivé de l'ags. tnueg,
muga, BL. muga, mugiiim^ monceau, tas.
" Si Je fr. magot, dit le philologue liégeois,
n*a pas l'origine que nous venons de dire,
sans doute qu'il vient alors du souabo mauhe^
lieu où les enfants cachent leurs friandises,
bavarois maiicken épargne secrète en ar-
gent, fruits, etc., et même cette dérivation
resterait vraisemblable (seulement dans ce
cas en tant que médiate), si l'on tirait directe-
ment magot du \'fr. mucaut, magaut, c-à^d.
que ce dernier paraîtrait aussi être dérivé de
mauke, etc. »» [Ce mot allemand mauke se
rattache, ainsi que meiicheln, agir en cachette,
à une racine mw/t, much, qui pourrait bien
être aussi celle du vfr. muchier, wallon muchi,
nfr. miisser, cacher (v. c. m.) L'explication de
magot ^ soit par mugot, soit par l'ail, tnauke,
n'est d'ailleurs pas sans difficulté.
MAI. 1. nom de mois, 2. arbre planté le
1" de ce mois; du L. majus,
MAIE ^dans les dial. mait, met), auge pour
pétrir la pâte, fond d'un pressoir, prov. mag,
n. prov. mach, mait, du L. magis, -idis,
vase à j>étrir, huche, pétrin.
1. MAIGRE, adj., du L. macei\ fém.
macra. — D. maigreur, L. macror; maigrir,
L. macrescere ; maigret, maigrelet.
2. MAIGRE, vfr. maigue, nom de poisson ;
étym. inconnue; Ducange cite maigue, piscis
régi us.
MAIL, it., esp., port, maglio, espèce de mar-
teau, puis nom d'un jeu où l'on se sert d'un
mail. Xiwh.malleus, marteau. — D. mailler,
battre; maillet, mailloche.
1 . MAILLE, it., esp. maglia., petit anneau
ou nœud dont plusieurs font un tissu ; surtout
aussi les annelets de fer dont on faisait des
armures, d'où le terme cotte de mailler. Du L.
macula, qui signifiait 1 . txiche, marque (voy.
macule), 2. ouverture pratiquée avec art dans
les choses tricotées ou tissées. Le sens pre-
mier « tache ♦» est encore propre au mot fr.
dans quelques applications, comme u maille
à l'œil, mailles de perdreau ». — D. mailler,
d'où maillure (mouchetures sur le plumage
des oiseaux), maillon, chaînon; tnaillier,
chainetier ; maillot, espèce de ré.seau ou de
tricot, dont on enveloppe un petit enfant.
2. MAILLE, vfr. maaille, petite monnaie
valant un demi -denier, pour méaille, qui
vient, par syncope, de rnédaille(v. c. m.); en
V. port, mealha, prov. mealja. De là les locu-
tions « maille à partir; n'avoir ni sou ni
maille ».
MAILLET, -OOHE, voy. mail. — D. iriail-
letcr.
MAILLON, voy. maille 1 .
MAILLOT, voy. maille 1. — D. emmaillo-
ter^ dénaillotcr.
MAILLURE, vov. maille 1.
1. MAIN,L.manH^. — D. menotte, manette;
verbe manier et subst. manière; composé
maintenir (voy. ces mots).
2. 'MAIN, adv.. voy. s. matin.
MAIN-D'ŒUVRE, tournure étrange qui.
logiquement, serait mieux rendue par ** œu-
vre de main » ; faut-il lui donner le sens
«• travail de façon » (main étant pris fig. pour
travail), ou bien y voir une expression malen-
contreusement forgée d'après manœuvre (v. c.
m.)? J'incline vers cette dernière explication.
MAINMORTE, de main, au sens de puis-
sance, droit de tester, d'aliéner, et de mo7't
= amorti, sans force.
MAINE, poignée (Molière), du BL. manua,
manipulus.
MAINT, prov. maint, ^na7it, it. manto, =
multus. Les étymologistes hésitent entre
cymr. maint, multitude, grandeur (cp.
troppo, de truppus) et le .subst. vha. yna-
nagôti, néerl. menigte, multitude, ou l'adj.
vha. manag, nha. manch. Dans la sup-
position d'une extraction germanique, ce
serait à la forme adjectivale neutre mana/jaz,
managat, qu'il faudrait rapporter directement
le vocable fr. maint. Au mot allemand manch
correspond encore le néerl. menig , ags.
mdneg, angl. many. Langensiepen , ^icu
satisfait des étymologios ci-dessus produites,
a émis une conjecture aussi bizarre que har-
die, en tirant maint du L. humanitus. En ce
qui concerne le sens, maint dirait propre-
ment «humainement », et de là se dégagerait
l'idée « communément, souvent » ; maint
homme .serait ainsi = souvent un homme;
pour la transformation d'un adverbe en adjec-
tif, il allègue les adjectifs vite et alerte; enfin,
quant au rapport littéral de humanitus à
maint, ou plus exactement, pour l'aphérèse
de la syllabe initiale, il rappelle moite do
humectus (?). Nous ne présageons pas grand
succès à cette trop ingénieuse étymologie.
MAINTENANT, voy. l'art, suiv.
MAINTENIR, pr. t^nir en main, ne pas
lâcher, de là les subst. maintien, maintenue
(et avec une physionomie plus savante, manu-
tention), puis l'expression adverbiale mainte-
nant, it. im-mantenente, jadis équivalente à
incontinent, sur-le-champ (le sens littéral est
« pendant qu'on tient la main, qu'on a les
choses en main, qu'on est après »). Cotte
valeur littérale de maintenant implique aussi
bien l'actualité que la conséquence immédiate,
ce qui explique les deux sens : en ce moment
et aussitôt (sens ancien).
MAINTIEN, subst. verbal do maintenir,
donc pr. action de maintenir; notez la signi-
fication déduite « contenance, habitude du
corps en repos r.
MAIRAIN, voy. inerrai n.
MAIRE, du L. major, pr. plus gi*and, plus
important, principal; dans la latinité du moyen
âge, appellation usuelle pour diverses fonctions
civiles et militaires. Ce mot lat. major, nom de
titre ou dignité, s'est francisé de diverses ma-
nières : au nominatif maire, aux cas obliques
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MÂJ
— 317 —
MAL
major, majeur, maiour^ mayeur. La langue
actuelle, à part l'adj. majeur ^ ne connaît plus
que le major et le maire. L'expression major-
dome est tirée tout d'une pièce du BL. major
domus. — D. mairie,
MAIS» it. mai, ma, v. esp., port, mais, n.
esp., prov. mas, du L. magis La signification
primordiale »■ plus, amplius •» est encore facile
à démêler dans les locutions u ne plus jamais n
= non amplius, désormais => dès mainte-
nant en avant (cp. dorénavant), n'en pouvoir
mais. Dans le vieux langage et dans certains
patois, on emploie mais, p. plus, devant des
noms de nombi'e : mais de cent, p. plus de
cent. La valeur de mais comme conjonction
adversative lui vient du BL. sed mayis p.
sed potius ; au lieu de sed magis, on a fini par
dire magis tout court. — L'ancienne langue
faisait grand usage de la conjonction tnais
que, poui-vu que, pour peu que. — Le gotli.
7nais, = plus, plutôt, auquel correspond
l'ail, inèr, auj. mehr, n'est pas issu dewia^w,
comme le fr. mais, mais il appartient à la
même racine indo-germanique mag d'où pro-
cède le mot latin.
MAIS, de mahis, mot haïtien.
MAISON, it. nuxgiotie, prov. et v. esp.
mayson, v. port, met/son; formes plus com-
plètes : prov., es^.mansion, it. mansione, vfr.
mansion; du L. mansionem (manere), séjour;
cp. demeure ào demeurer. — D. dim. maison-
nette; les vieux mots maisonnée, maisonner.
De maisonage, mais'nage, la vieille langue a
fait ménage (v. c. m.), gouvernement d'une
maison, économie domestique, aussi = mai-
sonnée, ensemble des personnes vivant dans
une maison. Un type latin mansionata, auquel
répond notre maisonnée, a produit par con-
traction les formes it. masnada, esp. mesnada,
menada, prov. mainada, vfr. maisnée, mais-
nie, famille, troupe, bande. — Enfin, c'est à
un rejeton de mansionata que se rattache
aussi le nom du chien dit mâtin (v. c. m.).
MAITRE, vfr. maïstre, it. maestro, mastro,
cs[). maestro, maestre, port, mestre, ail. mcis-
ter, née ri. meester, angl. master, du L. ma-
gistC7\ Le mot maitre est traité adjectivale»
ment avec le sens de principal dans mmtre-
autel, maitresse-voûte, etc. — D. maîtresse
(le L. domina avait le même sens erotique
que noti'c mot françiis) ; maîtrise (suffixe ise;
l'anc. langue disait, avec le suffixe ie, mais-
trie) ; maîtriser, vfr. maistrier.
MAJESTE, L. niajestatcm. — D. majes-
tueux, dérivation faite comme s'il existait un
L. majestus de la quatrième déclinaison; cp.
voluptueux, de volupté.
MAJEUR, L. majm^em. Le sens juridique
est déduit de l'idée aîné, L. major natu. —
D. majorité, 1. état de celui qui est majeur,
2. le plus grand nombre ; majorât, BL. ma-
jo7'atus, droit d'aînesse; verbe majorer,
augmenter.
MAJOR, titre d'officier, voy. maire.
MAJORDOME, voy. maire.
MAJORER, -ITÉ, voy. majeur.
MAJUSCULE, L. majusculus, un peu plus
gi'and.
1. MAL, adj., L. malus. L'adj. mal a dis-
paru de la langue ; il n'en reste que des traces
dans quelques combinaisons traditionnelles,
telles que malaise, malgré (v. c. m.), male-
heure, malebouche, malencontre, malen-
gin, malfaçon, malemort, maie faim, male-
peste, etc.; notez encore les noms de famille
Malherbe, Malesherbes, Malebranchc, etc.
2. MAL, adv.. L. ma/e. En composition, où
il devient mau devant consonne (p. o. mau-
gré), il exprime souvent tout simplement la
négation du simple ; tnaladroit, malade (v. c.
m.), malpropre, etc.
3. MAL, subst., L. malum*
MALADE, vfr. malabde, it. malato, prov.
malapte, malaut (résolution commune de p
en u). Cet adjectif avait communément été
considéré comme représentant la combinaison
latine mole aptus. En effet, les mots fr.
iiuiisposé et ail. iinpass , unpasslich (du
VQvhQpa^sen, m. s. que L. aptare), offrent une
métaphore analogue. Cependant, le typo maie
aptus a été abandonné (voy. Cornu, Koin.,111,
377 et Ronsch, Grober, Ztschr., I. 419) en
faveur de m^ale habitus = on mauvais état,
mal portant, locution constatée déjà dans la
bonne latinité et qui se prête parfiitcment
pour le sens et la lettre. — D. maladie
(Cachet a recueilli dans son Glossaire un
subst. maladie au sens figuré d'embarras,
position critique) ; maladif; malalrcrit\ hôpi-
tal de lépreux, p. maladerie (ïr parait être
l'effet d'une assimilation à ladrerie, lèpre).
MALADROIT, voy. adroit, — D. mala-
dresse.
MALAISE, voy. aise.
MALANDRE, L. uuilandrium, — D. malan-
dreux (se dit du bois dans lequel il y a des
nœuds pourris).
MALANDRIN, brigand, vagabond, it. malan-
drino; d'après Diez, p. mal landrin; or, lan-
dHn est un dér. du mot roman landra,
slundra, coureuse, cp. n. prov. lamlrin, lan-
draire, fainéant, truand (à Côme, slandron,
m. s., malandra, meretrix). prov. vilandrisr
p. vil-landrier, vagabond. Diez rapproche du
mot landra le vha. la)Uderi, litt. qui nuit au
pays, brigand, le mha. lenderen . nîia. schlen-
dern, vagabonder; il cite aussi le basque
landerra, étranger, indigent. — Le primitif
mala)idre, anc. =■ lèpre allégué par Littré,
n'est pas impossible. G. Paris (Alexis, p. 194)
enseigne que les mots anc. malan, maland,
malandre s'appliquaient aussi à malheur,
misère en général. MalandHn serait alors
simplement - misérable » au sens moral.
MALART, pic. maillard, mâle des canes
sauvages, dér. de mâle.
MALAXER, L. malaxare (gr. fisLÏxv-sity),
amollir.
MALE, maslc*, du L. masculus, masclus,
m. s.
MALÉDICTION, L. maledictio, mot latin
transformé régulièrement dans Tanc. langue
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MAL
— 318
MAN
en muleïçon (cp. vfr. maleïr = maudire, de
maledicei'p.).
MALÉFICE. L. nialeficium. ^ D. maléficié.
MALÉFIQUE. L. maleficus.
MALSNGONTRE. mauvaise rencontre, voy.
encontre. — D. malencontreux.
MALFAIRE, y/wiM/aire'(cp. mé faire) ^ L. >/ta-
lefacere, — D. tnal faisant, -ance; malfaiteur^
L. malefactor.
MALGRÉ, vfr. viaugré^ = mauvais gré,
déplaisir, it. maigrado^ prov. malgrai. Ce
subst. composé ne s'emploie plus que comme
locution prépositionnelle: malgré moi équi-
vaut à « avec mal gré de moi », c.-A-d. à mon
regret, ou en dépit de moi. La suppression do
la préposition se rencontre encore dans force
p. à force, crainte p. par crainte. Quant à
l'absence du signe génitival, elle était, comme
on sait, conforme au génie de la vieille
langue; cp. hôtel-Dieu, li (ils Vempereour
^Villcbardouin) ; du reste, on a d'anciens
exemples de construction avec de, p. ex. dans
les Cent Nouvelles nouvelles : maulgré d'elle.
Au lieu du génitif du pronom personnel, on
trouve aussi le pronom possessif: maugré
vostre p. malgré cous, cp. it. ?/ia/ mio grado,
prov. mal vostre grat. La phrase malgré
quil en ait équivaut à « quelque déplaisir
qu'il en ait ». Le mot ne peut donc en aucune
manière être envisagé ici comme conjonction.
— Voy. aussi maugré,
MALHEUR, voy. heur. — Le féminin
maleheure, dans l'expression populaire à la
maleàeure! n'est pas le même mot, mais
représente mala hora, mauvaise humeur (cp.
un mauvais quart d'heure). — D. nmlheureux,
vfr. maleiiré.
MALEHEURE, voy. l'art, préc.
MALICE, L. malitia. — D. malicieux,
L. malitiosus.
MALIN, anc. maling, fém. maligne, du L.
malignus. — D. malignité, L. malignitas.
MALINE, grande marée, L. malina (Bcda
Venerabilis).
MALINGRE, p. mal heingre. Cet adj. vfr.
heiugre (« heingre out le cors .e graisle »,
Chanson de Roland) est, d'après Diez, le
L. œger, avec n intercalaire (cp. prov. engal,
vfr. ingal, de œqualis, bourg, aincre p. acre.
— Boucherie explique inutilement malingre
par un type lat. malignulus' .
MALITORNE, maladroit, voy. maritorne.
MALLE, anc. nude, esp., port., prov., BL.
mala ; soit du vha. malaha, maleha, tnalha,
mantica, pera, flam. rnaal, maale, angl.
mail, ou du gaél. maladh, màlah , sac,
gousse. — D mallette, mallctier, mallicr ,
composé malle-poste.
MALLÉABLE, L. malleabilis = qu'on peut
étendre à coups de marteau, de malleare,
frapper avec le marteau (maliens). — D. mal-
léabilité.
MALLÉOLE, L. malleolus, dim. de mal-
iens, marteau.
MALMENER, vfr. maumeney', maltraiter,
it. malmenare, prov., v. cat., v. esp. malme-
nar, — Voy. mener.
MALOTRU, vfr. malastru, malestru, wall.
malastru^ prov. mxilastruc, v. esp. malas-
trugo, it. (Dante) malestrui; dér. de astrum;
le sens premier est •« né sous un astre défavo-
rable » (on dit encore dans le Midi, dans un
sens contraire, benatru)-^ de là se produisent
les acceptions malheureux, mal vêtu, mal
bâti. — Les étymologies maie instmctus
(Ménage, Littré), maie intrusus (pour ainsi
dire qui s'introduit mal à propos), sont inad-
missibles. Ve dans l'anc. forme malestru,
résulte de l'assourdissement naturel de la en
syllabe atone.
MALT, mot germanique : angl. malt, ail.
nuUz, ni. m,olt, moût. — D. malter.
MALTÔTE, perception d'impôt illégale,
exaction, anc. maie tolte, maletote. Toits est
le subst. participial du vfr. tollir, lever, et
signifie levée ou perception d'impôts. —
D. maltôtier.
MALVEILLANT, voy. vouloir. — D. mal-
veillance.
MALVERSER. L. maie versare (fi^. de
vert ère), litt. tourner ou employer à mal. —
D. nuilversalion.
MALVOISIE, vin fort doux; le nom lui
vient de Naf}oli di Malvasia (Monembasie),
ville de la Morée, près d'Argos; plus tard, il
s'est appliqué à des vins de même qualité
d'autre provenance.
MAMAN, onomatoj^ée du langage des en-
fants, qui se rencontre partout; on trouve
avec le même sens mamma dans Varron, ap.
Nonium.
MAMELLE, L.mamilla, dim. de mamma.
— D. mamelon, mximelu, mamelière. —
Termes savants tirés du latin : ttuimillaire,
mamillé.
MAMELUK, mot arabe, signifiant esclave
(litt. possédé), nom d'une milice du Soudan
d'Egypte, recrutée de jeunes esclaves.
MAMIE, p. ni amie, ma amie; on disait de
même m'amour, p. ma amour (le subst.
amour était, comme on sait, autrefois fémi-
nin).
MAMMIFÈRE, litt. = porte- mamelles
(mamma).
MAMMON, mot araméen signifiant richesse
et employé dans le Nouveau Testament comme
personnification des richesses.
MAMMOUTH, d'origine inconnue.
MAN, en Noi-mandie, ver blanc, larve du
hanneton. Du vha. nmdo (auj. nwde), goth.
matha, larve, ver, par une forme BL. modo,
uuulonem, d'où fr. *maon, man (cf. flan de
fladonem). Joret, Rom., IX, 120.
MANANT, prov. manetU, esp. manente, ha-
bitant d'un bourg, puis paysan, fig. =
rustre, grossier. Du verbe manoir, demeurer.
« Manant signifiait dès l'origine simplement
habitant, demeurant. Dieu sait depuis lors ce
que la langue française, sous l'influence d'une
caste orgueilleuse et vaine, est parvenue à
jeter de mépris sur les manants, c.-à.-d. les
bourgeois ou habitants, obligés de séjourner
dans la limite seigneuriale ! Voy. ce que dit
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MAN
— 319 —
MAN
Ducange sur les manants et Iiabitants, les
levants et couchants, levantes et cubantes. Ce
mot est encore un exemple frappant des vicis-
situdes philologiques. Manant, avant d'être
un des mots les plus méprisants de notre lan-
gue, avait désigné au moyen âge l'homme
aisé, l'homme riche qui avait un ^nanage,
un rnanoir, une manandie, ou, comme on l'a
dit plus tard, qui avait pignon sur rue. » (Ga-
chet.)
MâNGENILLB, de Tesp. manzenilla, petite
pomme, dim. de rnanzana, pomme (L.malum
Matianum). — D. niancenillier.
1. MANGHS, subst. masc, it.mantco, esp.,
port, mango, prov. niargue, partie d'un in-
strument qu'on prend à la main pour s'en
servir; du BL. mawicwm, m.s.(Papias), dér.
de manus, — D. mancheron, emmancher,
démanchet\
2. MANCHE, subst. fém., esp.,prov. manga,
it. manica, du lat. manica (manus), m. s, —
D. manchon, manchette.
MANCHOT, dérivé duvfr. et prov. manc, it.,
esp. manco, = L. mancus, privé d'un mem-
bre, estropié, incomplet, défectueux. — Au
XVII® siècle on employait encore l'ac^j. manque
au sens do défe<'tueux ; ainsi »♦ un manuscrit
ma)ique do plusieurs cayers ».
... MANCIE, dans les composés chiroman-
cie, etc., du gr. ^avTîia, divination.
MANDARIN, mot portugais par lequel les
Européens désignent les fonctionnaires publics,
en Chine. Les uns le tirent du L. mandare,
confier, ordonner, d'autres du sanscrit man-
trin, conseiller (de tnantra, conseil).
MANDAT, voy. mander, — D. mandater;
matulataire, chargé d'un mandat.
MANDE» panier d'osier à deux ansas. Voy.
manne. — D. mandrier, nuindrerie[r inter-
calaire comme dans nujdadrerie).
MANDER, L. mandare, litt. = mettre en
main, donner charge, faire savoir, faire appe-
ler. — D. mandement (vfr. mant)-^ mandat,
L. mnndatum ; composés rfewander, comman-
der, contre mander.
MANDIBULE, L. mandibuîa (mandere),
mâchoire. — D. maïuiibulaire, verbe déman-
tibuler (V. c m.).
MANDILLE, sorte de casaque des laquais;
vfr. mandil, illot-, -illon, petit manteau ; cp
BL. ytuindela, petite nappe, esp., port, man-
dil, tablier, couverture de cheval, prov. man-
dil, serviette, arabe mandil, linge à essuyer ;
venant tous du L. mantcle (manus tela), man-
tile, mantilium, serviette. — Dozy admet
pour source directe de mandille, l'ar. man-
dil, tiré lui-môme du bas-grec fia^o^hov =
lat. tnantile,
MANDOLINE, voy. le mot suivant
MANDORB, luth, anc mandole (d'où le dim.
mandoline), it. mandola D'après Diez, man-
dora ou mandola est une corruption du L.
pandura, pandurium, gr. îia/jôîûpx, qui a
donné ït. pandura, pandora, (r. pandore puis
aus.si esp. bandurria, bandola.
MANDRAGORE, du L. mandragora, grec
fjixvofiocyôpxi, La langue populaire avait vulga- |
risé ce mot savant sous la foi*me mande-
gloire.
MANDRIN, terme d'ai-ts et métiers, d'appli-
cation très variée. D'après Bugge (Rom., III,
154), dn L. mamphur, par la dérivation man'
furinum, manf 'rin, manrin. Mamphur
(dans Festusj signifie l'arbre d'un tour, signi-
fication qui convient parfaitement A plusieurs
des acceptions actuelles du mot mandrin.
Au point de vue de la lettre (cp. poudre de
poire p. poivre) comme du sens, l'étymologie
de Bugge ne laisse rien à désirer.
MANÈGE, art de dompter et de discipliner
le cheval, de l'it. nuiïicggio, subst. verbal de
maneggiare, manier, gouverner, dresser un
cheval. L'it. maneggio a de plus dégagé, de
son sens primordial maniement, le sens figuré
de manigance (v. c. m.), également propre au
fr. manc'ge,
MANES. L. mânes.
MANETTE, poignée, dimin. de tnain ; cp.
manotte et menotte.
MANGANiSE, appelé anciennement magné-
sie noire; diQmaganesia,nni^ïi\is&m^nganesia,
corruption de magnesiai}). L'ail. dit mangan
tout court et, composé avec ers (minerai),
mangann's.
MANGER, prov. manjar, it. mangiare, du
L. manducare, mand*care, mâcher, employé
plus tard p. manger. — D. mangeaille, man-
geoire, etc. ; cps. démanger (v. c. m.).
MANGONNEAU (p. manganeau), it. man-
ganello, prov. manganel, dim du vfr. man-
gan, it. mangano, fronde, qui vient du
L. mangannm, m, s. = grec ;*à/yxvov, en-
gin en général.
MANICHORDIUM, voy. monocorde
MANIE, L. mania, gr. ymxvfa. — D. ma-
niaque, L. maniacus. dérivé fait d'après l'ana-
logie de dœmoniacus, car le grec ne présente
que la forme fi%vuô;,
MANIER, anc. manoier, d'un type latin tna-
7xicare (de mamxs; cp. en ail handhaben et
gr. x5i.''t?îiv), d'où it. maneggiare (voy. ma-
nège), esp. manear, prov. maneiar. — D,
maniement, maniable.
MANIÈRE, BL. maneria, angl. manncr,
habitude d'être ou de faire; subst. dérivé do
l'anc. adj. minier, « qui a la main faite à
qqch., habitué, habile ». — D. maniéré,
MANIFESTE, L. manifestus, — D. mani-
fester, -ation, L, manifestare, -atio.
MANIGANGE, manœuvre artificieuse. Ce
mot est d'origine douteuse, du moins en ce qui
concerne le primitif immédiat, car il serait
diflicile de ne pas le rappoi^ter en dernier lieu
à un radical manus. La 7nanigance n'est au
fond qu'un tour de main, il se rattache évi-
demment à un verbe manicare, mais on se
demande si ce manicare est l'équivalent du
fr. manier, ou si c'est un dérivé de manica =»
manche Diez est du dernier avis ; il rappelle
que les manches sont l'instrument essentiel
des prestidigitateui*s pour exécuter leurs
toui*s d'adresse, et cite le BL. maniculare
(ap. Papiam) -= dolum vel strophas excogi-
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MAN
— 320 —
MAQ
tare, do tnanicula, dim. de yuanica. Pour ma
part, je pense que le manicare = fr. manier,
it. maïieggiarc, suffit pour justifier le sens
attaché au dérivé manigance, celui-ci procé-
dant direct, d'une forme savante manigiier) on
trouve aussi manigant, artisan) ; on n'a qu'à
se rappeler la valeur figurée du mot it. maneg-
gio, fr. manège, subst. verbal, issu de la forme
it. maneggiare. Le mot wallon manike, arti-
fices, tours d'adresse, ainsi que l'anc. fr. ma-
nicïe, m. s. (dict. de Trévoux), représente le
subst. verbal du dimin tuaniculare. Cp. aussi
l'ancienne forme ma«/^o<;er, jouer des mains.
1). manigancer,
MANIGUBTm, graine de paradis ; altéra-
tion de malaguette, esp. malagueia. Ce der-
nier vient du nom d'une ville d'Afrique où
l'on faisait le commerce de cette graine.
MÂNIGUIERE, filets tendus aboutissant à
des manclies, dér. de manica, manche.
1. MANILLE, it. maniglia, terme du jeu
d'hombre; selon Diez, de l'asp. manilla, bra-
celet, it. maniglia — L. monîHa. Les Espa-
gnols, d'où nous vient le jeu d'hombre, se
sci-vant p. manille du terme wm/iV/a, il serait
peut-être plus rationnel d'expliquer notre mot
par «* la malicieuse « (malilln, dim. de malo);
les Français et Italiens auront par euphonie
transformé la liquide /en n.
2. MANILLE, anneau, bracelet, autrefois
surtout anse d'un pot (Cotgrave : *♦ handle of
a pot »); du L. manicula (m&m\i=>) .
MANIPULE, L. manipiilits (manus), poi-
gnée, faisceau, puis un certain nombre de
fantassins. Du latin mampuhis les chimistes
ont tiré leur terme manipuler, préparer avec
la main. — En BL. on trouve le subst. wmm-
pula, signifiant serviette et truelle.
MANIPULER, voy. l'art, préc.
MANIQUE ou manicle, espèce de gant, du
L. manicula, petite manche.
MANIVEAU, petit panier en osier; parait
ôtre un dimin. ào manne on mande; pour la
forme, cp. baliveau.
MANIVELLE, it. manovelh, mot hybride
composé du L. maniis et du vha. wcUan,
tourner (subst. loella, arbre, essieu).
1. MANNE, nourriture céleste, suc végétal,
L. manna (hébreu man).
2. MANNE, panier, pour mande (forme pi-
carde), BL. manda; du néerl. mand, mande,
ags. mond, angl. maiind. — D. mannequin,
111. s , forme diminutive faite d après le néerl.
mandcken, sportula, fiscella (Kiliaen). —
L'étyrnologio german. parait devoir prévaloir
sur celle tirée du celt. men (voy. banne).
1 . MANNEQUIN, panier, voy manne 2.
2. MANNEQUIN, figure d'homme, servant
aux peintres, du néerl. mannekcn, petit
homme (man). — D. mannequiné, t. de pein-
ture, « qui sent le mannequin «, disposé avec
aflectation.
MANŒUVRE, it. manovra, esp. maniobra,
BL. manoprra, subst. verbal (an masc, c'est
le nom de l'ouvrier, au fém., le nom de l'ac-
tion); tiré du verbe manœuvrer, it. mano-
vrare, osp. maniubrar = L. manu opcrari,
travailler avec la main. — D. manouvrter et
maiiœuvrier.
MANOIR, prov. maner, angl. manor; infi-
nitif substantivé de l'anc. verbe ynanoir ==
L. manere, demeurer, qui s'était francisé
aussi sous la forme nmindre; voyez aussi ma-
nant. — Peut-être la source immédiate est-
elle le BL. manerium.
MAN OUVRIER, voy. manœuvre.
MANQUER, it. mancare, esp. mancar, être
en défaut, du L. mancus, imparfait, incom-
plet. — D. manque, manquement, imman-
quable /mot du XVII* siècle).
MANSARDE, fenêtre sur un toit a comble
brisé, puis chambre pratiquée sous un comble
brisé ; d'après Jules Hardouin Matisard, cé-
lèbre architecte à Paris, mort en 1666.
MANSUÉTUDE, \'fr. mansuctume, du L.
mansuétude, -inis. •
MANTE, it., esp., prov. manta, BL. man-
tum Isidore avait émis l'étymologie absurde
que voici : matitum Hispani vocant quod ma-
nus tcgat tantum. Le mot repi*ésente le pri-
mitif inusité du L. manicllum : de ce dernier :
it. mantcllo, ail. mantel, fr. mantel\ man-
teau ; la forme fémin. esp. mantilla a donné
le fr. mantille.
MANTEAU, voy. mante. — D. dim. mante-
let; de manteau nu sens de rempart (Froissa rt)
vient démanteler.
MANTILLE, voy. mante.
MANUEL, qui se fait à la main, du L. ma-
nualis. Ane. on disait argent manuel p. ar-
gent donné en main ou argent comptant. Isi-
dore mentionne déjà uu subst. manuale =
livre qu'on doit avoir à la main, d'où le subst.
fr. manuel; cp. le gr. i/yt.fÀlt'i'j de yilp main,
et l'ail, handbuch. — D. manuelle (t. d'arts
et métiers).
MANUFACTURE, mot moderne, tiré de L.
manu facere, fabriquer à la main (cp. m/inœu-
vrer); le ternie a survécu à l'invention des
machines, qui a singulièrement réduit le rôlo
des mains. — D. manufacturier, verbe ma-
nu facturei:
MANUSCRIT, L. manu scriptus.
MANUTENTION, forme plus latine que
maintien, de manu tenerc, tenir en main, ad-
ministrer.
MAPPE, anc. = sei-viette, torchon, du L.
mappa, sci-viette. Mappc, par le changement
de m en n, est devenu nappe (v. c. m.). De
mappa les savants, par allusion à une ser-
viette pliéc eu deux ou à une nappe étendue
sur la table, ont ciiîé le terme mappa mundi,
d'où le fr. mappemonde.
MAPPEMONDE, voy. l'art, pi-éc.
MAQUE, MAQUER, voy. macque.
1. MAQUEREAU, poisson, m aquereV {d: ou
néerl. makrccl, angl. machTcll, cymr. ma-
crcll). Ce vocable est d'habitude tiré du L. ma-
cula, tache, à cause dos raies que ce poisson
porte sur le dos; ntaqua-eau serait ainsi p.
maclereau. .le préfère ramener macarellus
(type immédiat de maquerel) à maca = tache
produite par le froissement d'un fruit. Or, je
rattache maca et son dérivé macula au verbe
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MAQ
— 321
MAR
hypothétique rnacare, dont il a été question
sous macqiier. La tache est envisagée conme
le résultat d'une meurtrissure. — Notre ma-
nière de voir se confirme par la forme champ.
maquet^.maqiiei^eau, — ilfo^ti^rmw s'applique
aussi à des taches de brûlure aux jambes. —
D'api*ès Mahn, le maquereau tire son nom de
maquereau 2, parce que, selon l'opinion popu-
laire, ce poisson poursuit les petits poissons,
pour les amener à leurs mâles.
2. MAQUEREAU (fém. maquerelle), entre-
metteur. Du néerl. maher, subst. du verbe
mahen (•= ail. machen), négocier, trafiquer.
Cp. en vha. mahhari de mahhôn, machinari,
Jiuormahhari, entremetteur de prostituées.
La source immédiate du mot français pour-
rait bien être le v. flam. makelaer (ail. màk-
1er), courtier, entremetteur, de makclen,
dérivé de maken. Cette étymologie est, de
toutes celles qui ont été produites, la seule
qui soit plausible. Donat ayant énoncé la
phrase « leno pallio varii coloris utitur », on
avait pensé que le mot fr. venait, comme le
préc., de macula. Mais comment, observe
Diez, la France seule aurait-elle gardé cette
trace d'un usage de la scène comique des
Romains? — D'autres ont songé au verbe
hébreu machar, vendre, ou au L.aquariolus,
aide, valet de mauvais lieu (ap. Tertullien). Le
Duchat y voyait même une corruption de
mercureau, c.-àrd. petit mercure ! — D. ma-
querellage.
MAQUETTE, t. de sculpteur, de l'it. mac-
chieita, petite tache, première ébauche, dim.
de macchia r= L. macula; cp. le terme
brouillon.
MAQUIGNON, anc. maquillmi, a la même
origine que maquereau; c.-à-d. néerl. makeu,
faire, trafiquer, troquer. Cp. le champ, ma-
que, vente, maquelard, courtier, maquignon.
Le L. mango^ m. s., ne peut être invoqué.
MAQUILLER (SE), se farder, se grimer, pr.
se maculer. Mon étymologie par L. maca, pri-
mitif de macula, tache, a été taxée par Fôr-
ster(Grôb. Ztschr., Ill, 565) darchimalheu-
rcuse et de contraire aux règles las plus
élémentaires. C'est raide, et Ton me passera
quelques mots de justification. J'avoue que
mon article est mal libellé, mais il n'est pas
aussi pitoyable qu'on se complaît à le pré-
senter. Maquiller se présentait à moi comme
un mot de façon moderne ou savante, échap-
pant par conséquent aux lois de formation
rigoureuses; je le ramenai ainsi à un thème
savant maquc = esp. maca (meurtrissure,
tache), que l'on est bien en droit de rappro-
cher de maca, primitif hypothétique du dimi-
nutif lat. macula. A la rigueur, woca eût fait
maie en fr., mais on peut admettre une forme
lat. macca (cp. vacca, fr. vaque et vache). En
tout cas, depuis que Forster a eu la bonne
chance de rencontrer une forme ancienne
masquilliei\ dûment constatée (Chans. d'An-
tioche,lI, 279,var.).je n'hésite pas à assigner
(avec lui) à ce verbe la même origine qu'à vfr.
mascurer, dont je parle à la fin de l'art.
masque.
MARABOUT, 1 . religieux mahométan, pwis
2. par dénigrement, homme laid ; 3. par assi-
milation & la coupole do la demeure des mara-
bouts, cafetière à large ventre ; 4. sorte d'oi-
seau, et par assimilation au plumage de cet
oiseau, sans doute, sorte de ruban. L'appella-
tion de prêtre vient du participe arabe, mara-
bath, lié à Dieu, dévot.
MARAÎCHER, MARAIS, voy. mare.
MARASME, gr. fAocoxifiéi, du verbe fivpxhti-j
flétrir, dessécher.
MARASQUIN, liqueur faite avec la marasca,
petite cerise acide ; ce dernier mot it. est p.
amarasca, et vient de amarus^ amer; on
appelle cette cerise en it. aussi amarina.
MARATRE, du BL. matrastra = noverca,
belle-mère. Cp. paràtre, BL. patraster.
MARAUD, homme de rien, va-nu-pieds ; de
là marauder, voler, piller. L'origine de ce
mot n'est pas encore établie. Passons en
revue les diverses tentatives faites à ce sujet,
naturellement sans les apprécier. Le Duchat
rattache maraud, de même que maroufle, à
un primitif marre, sorte do houe ; on voulait,
pense-t-il, exprimer par ces termes le rustre
qui n'est bon qu'à manier la marre. — Ménage
(suivi par Rônsch) s'adressait à l'hébreu ma-
rud, gueux, exilé, vagabond. — Mahn se
prononcerait volontiers pour l'arabe marada,
maridun, rebelle, insolent, si le mot avait
surgi en Espagne (le port, maroto est tiré du
fr.). Il incline donc plutôt pour L. moratcr,
retardataire, traînard (en parlant des sol-
dats), étymologie qui, pour le sens, concorde
tout à feit avec le fr. maraudeur. Le mot
latin aurait, par le peuple, été altéré en m/iro-
tor. — L'opinion du Simplicisismus (écrit
célèbre sur la guerre de Trente ans), d'après
laquelle le mot viendrait d'un comte de Mé-
rode, commandant d'un régiment composé de
mauvais drôles, est démentie par le fait que
les mots maraud, marauder, maraudise figu-
rent déjà dans le dictionnaire de Robert Es-
tienne de 1549. — Diez avait successivement
allégué l'adj. esp. mal-roto, port, maroto,
litt. = maie ruptus, miné, dépravé, d'où
vient également le verbe m^lrotar(Q.\xs&\ mar-
lotar, marrotar), détruire, dissiper son bien,
puis l'anc. fr. manHr, s'égarer. — Il est plus
que probable que marauder s'appliquait
d'abord aux déprédations des soldats retarda-
taires, aux traînards laissés sur la route et
abandonnés à eux-mêmes ; il faudrait donc,
si l'étymologie de Mahn, patronnée plus tard
par Diez, n'était pas admise, remonter à un
mot exprimant fatigué, rompu, répondant au
sens encore attaché à Tall. marode (mot
évidemment tiré des langues romanes), ainsi
qu'au mot marodi, maladif (dial. de Coire), et
marô (dial. de G'mic). — D'après Bugge,
maraud serait = *maraldus, qui serait, lui,
formé de 'malaldus par dissimilation, comme
mérancolie de mélancolie. Quant à malaldus,
dérivé de malus, il est analogue, pour la for*
mation, aux adj. courtaud, richaud et sembl.
(Rom., III, 155).
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MAR
— 322 —
MAR
MARAUBIE, TOT. maraud. — D. marawi^
Aon le^p. merfjde , maraudeur, -agt^ -axlU,
MARfiU. ftAî^l. marhU, iC. manno, pr^/r.
mar/ne, e^p. marmoi, pf»rt. ina>'more, du L.
marmor, tnannorit. — D. r/utrtn-rr, ynar-
brier, etc.
1 . MABO, p^^ids et moimaie, de l'ail. m/irA,
pr. sigTJe, puis chose mart^née dim aigne,
poids, Hioonaie. Cp. le ïn^Ayiiile.
2. MABO, picard m^TC, ré-:du des fruits
pnï?w^, d*après Ménage du L. amwrca. Le
d'huile; étjm. contraire à la leure; Dier
serait plutôt tenté d'admettre comme KHirce
le L. emarcum, mot gaulois employé par
Pline et Columelle pour une espèce de rigne
de qualité médiocre ; le sens foncier serait
alon chose de rebut. Pour lapbérèse de e
initial, cp. mine de hemina, — On jwurrait
aussi rattacher marc à l'ail, mcark, chair des
fruits, pulpe, moeWe, angl. marrow, néerl.
marg: les significations ne sont pas trop
distantes ; mais je pense être plus prés de la
Térité en faisant dériver marc du verbe mar-
cher, au sens de fouler, piétiner (v. c. m.).
MARGA8SIH, dim. d'un subst. marcasse
(inusité), truie, cochon, dont Tongine est
inconnue. Y aurait-il communauté radicale
avec le vfr. margoilUner, rouler dans la
boue, subst. margouillis, bourbier, BL.
marcoàium, bourbier, norm. mar^oii^, mare
bourbeuse ? — Chevallet n'hésite pas à remon-
ter au tudesque barc, porc, néerl. barg. Mais
le passage de b initial en m est chose trop
insolite dans les langues romanes. — Je ne
puis me rallier à Roulin, qui (Littré, suppl.)
tire marcassin du ni. melkstoijn, cochon de
lait. La lettre s'y oppose trop fortement. Je
maintiens ma conjecture d'une dérivation de
vfr. marquais, BL. marcasium, bourbier ; le
gr. ypo/ifli et lat. scrofa (truie) sont fondés de
même sur l'idée de fouiller dans les bour-
biers.
MARGA88ITS, pyrite, d'après Sousa, de
l'arabe marhajot, m. s., participe du verbe
rakaza, trouver du minerai.
MARCHAND, vfr. marchedant, marcheant^
it. mercadante, part, du verbe mercatare,
prov. mercadar, formes fréquentatives du
L. mercari. On a du reste aussi it. mer-
cante, et dans la vieille langue déjà les
fonnes marchant, niarkand, qui se rappor-
tent directement au L. mercari. — D. tnar-
chander, marchandise (dans l'origine =
trafic, commerce).
1. MARGES, action de marcher, etc., voy.
mai*cher, — Cps. marche-pied = marche
pour le pied ; Meunier, se fondant sur l'it.
maixiapiede, définit le terme : lieu que mar-
cliC le pied.
2. MARGHB, frontière. BL. rnarca, it.
marca, vfr. aussi marc (vocabulaire d'Evreux,
«=* confinium), du goth. marka, vha. mar-
cha, ags. mearOi nord, m^rh, mha. mark,
pr. signe, marque (de délimitation). — Do l'it.
marca dérive, par le type marchensis, l'it.
marquese, esp. marques, fr. marquis,
MARGHÉ, L. mercatus, trafic.
■ARCHIR rfr. aiusi nuirchir, ; les mois
it. tHarctare,^<^. tnardiér, ail. marschiren,
soîit er:,pniL:és du français. On a proposé
entrv autres coLAïae sources de ce verbe :
1. L. tti^rjari, n<^'.icier, trafiquer, d'où se
a-era-t d-^rïurée l'.dée de va-et-vient (cp. le
Verbe ail. tc^iud^In, aller, primitivement =
tourner, changer . Sylvius. partisan de cette
éivn.'ji„<ie, dit : A m^rtwrt forte, quia • Im-
p.zer eitrtmos cnrrit mercator ad Indos » ;
2. un fruhst. tfuirche p. marque^ au sens de
vestige, trace du pied. Diei rejette ces éty-
n.'jl^ies par des raisons soit logiques, soit
pijon.^lo?iques. Comme le verbe marcher est
d'une date relativement récente, il n'admet
pas non plus le celt. march, ou vha. tnarah
= cheval. — Chevallet s'est rendu coupable
d'une insigne bévue en faisant venir marcher
de Tall. marschiren il écrit et prononce même,
seconde méprise, marchiren pour faire venir
le mot de march, cbevali, comme si, par sa
terminaison déjà, ce verbe ne s'annonçait pas
comme un mot étranger. — Je ne puis
approuver aucune de ces tentatives pour
expliquer l'origine d'un terme aussi usuel quo
marcher. Ce verbe, avant de signifier •* met-
tre le pied sur, faire des pas », signifiait fou-
ler, presser, piétiner ; on dit encore aujour-
d'hui marcher l'étoffe, la ouate, la terre ; les
briquetiers marchent l'argile dans le «« mar-
cheux », et l'ancienne langue abonde en
exemples à l'appui de cette valeur de notre
mot. Or, l'idée de piétiner, fouler, et celle de
mettre le pied, faire des pas, se touchent
aussi près que possible; aussi l'ail, treten
signifie-t-il à la fois fouler et marcher; il en
est de même de Tangl. toc^h, marcher, qui,
sous la forme allemande waîken, veut dire
fouler (le drap, etc.), et de l'ail, traben, qui
signifie trotter et qui est à la fois le primitif
de tràber, nmrc (chose pressurée). Reste à
fixer l'origine de tnarcher, fouler. Il se peut
fort bien que la langue latine ait déjà pos-
sédé dans son fonds un verbe marcare, frap-
per, aplatir; le subst. mafxus, le frappeur,
marteau (dim. tnarculus, marcellus), permet
de le présumer. Quoi qu'il en soit, je n'hésite
pas à ranger notre mot dans la même famille
que L. ynarcere, marcescere, être flétri (les
idées flétrir et fouler ou presser sont corréla-
tives, à preuve le mot fr. flétrir lui-même, et
en outre l'ail. v>élh, fané, de waîhen, rouler,
cylindrer. fouler). D'après ce qui précède, ou
comprendra que je considère le mot marc,
résidu de substances pressurées, comme le
subst. verbal de marcher; j'ai pour moi les
équivalents ail. trester (de treten), tràber (do
trabeii) = néerl. draf, drabbe (de drave7i,
drabben). Le subst. verbal de mardier,
mettre le pied, a la forme féminine; c'est
marche 1 . action de marcher ; 2. degré qui
sert à monter et à descendre. Composés :
démarche; mémarchure, entorse du cheval,
provenant d'un faux pas. — J'ai eu la satis-
faction de voir mon étymologie de marcher
favorablement accueillie par deux autorités,
Diez et Litlré. Le premier a renoncé à son
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MÂR
— 323 —
MAR
andennp interprétation par « aller de marche
en marche «».
MARCOTTE, en champ, et rouchi plus cor-
rectement margottet it. margotta; du L. mer-
gus, provin (de mer gère, plonger, enfoncer).
— D. marcotter,
MARDI, it. ptartedif marti, du L. Martis
dies; les mêmes éléments renversés, dies
Martis, ont donné prov. dimars, ou mars
tout court ; l'esp. dit martes.
MARS, amas d'eau dormante, néerl. maer,
maar, stagnum, lacus, palus; du L. mare
(BL. aussi fém. mara), qui au moyen âge
avait pris le sens de « receptus quarumvis
aquarum » (Isidorus : omnis congregatio
aquarum sive salsse sint, sive dulces, abusive
maria nuncupantur). — D. vfr. maresq; de
cette dernière forme viennent le subst. maré-
cage, vfr. mxireschière = marais, et l'a^j. ou
subst. maraîcher, jardinier qui cultive des
légumes dans les marais dont Paris est envi-
ronné. Maresq répond au BL. marescum,
mariscus, v. flam. maerasch, maersche,
meersch, angl. marsh, ail. marsch, La forme
marais (vfr. aussi marois) peut au besoin
venir de maresq, mais comme il existe un
it. m^rese, on peut aussi lui supposer un type
latin marensis,
MARÉCAGE, voy. mare, — D. maréca-
geux.
MARECHAL, it. mariscalco, maniscalco,
maliscalco, esp., port, mariscal, prov. ma-
nescalc; du vha. marah-scalc = valet (scalc)
qui soigne les chevaux (marah). « Cette éty-
mologie s'explique d'elle-même pour le maré-
chal ferrant ou le vétérinaire; quant aux
maréchaux, officiers de divers grades dans
l'armée, je dois faire observer que le mares-
cal, ou BL. marescalcus, ne fut d'abord qu'un
simple domestique de la maison de nos pre-
miers rois, auquel était confié le soin d'un
certain nombre de chevaux ; plus tard, il fut
chargé de ranger la cavalerie en bataille sous
les ordres du connétable {cornes stabuli).
Depuis, l'office de maréchal a toiijours été en
augmentant d'importance jusqu'à devenir la
première charge de l'armée. » (Chevallet.) —
D. maréchaîat, maréchalerie ; du subst. BL.
marescaiciata, primitivement = troupe sous
les ordres d'un maréchal, vient le terme
maréchaussée (anc. marechaussiée, -ié).
MARÉCHAUSSÉE, voy. l'art, préc.
MARÉE, 1. flux et reflux; 2. poisson de
mer non salé, d'un adj. m,areus, tiré du
L. mare. Dans la première acception, tou-
tefois, le mot paraît être plutôt le subst. ver-
bal du vfr. maréer, naviguer, flotter ; cp. l'it.
mareggiare, ondoyer, voguer, d'où mareg-
giata^ marée, mareggio, agitation de la mer.
MARELLE, voy. mérelle.
MARFIL (ont dit plus souvent morfil), dent
d'éléphant, direct, de l'esp. marfil (v. esp.
alrmafirl), port, marfim; l'explication par la
combinaison des mots arabes nab, dent, et fil
éléphant, ne satisfait pas à la lettre. Aussi
Baist propose-t-il comme l'origine la plus
probable ndb-al-fil.
MARGAJAT, galopin, polisson; d'origine
inconnue; tient peut-être à margoule men-
tionné sous marjolct.
MARGE, L. margo, -inis. — D. margelle,
rebord d'un puits; marger, émarger; mar-
giner, L. marginare; marginal, L. margi-
nal s.
MARGOT, forme populaire du prénom
Marguerite; nom vulgaire de la pie (cp.^ac-
quot), de là l'acception « bavarde ». —
D. margotter.
MARGOUILLIS, gâchis, bourbier. D'origine
incertaine, voy. marcassin; peut-être le
thème murg est-il identique avec celui du
BL. marcasium, marais, étang.
MARGRAVE, de l'ail, mark-graf, comte
qui administrait une marche, marquis. —
D. margi^amat,
MARGUERITE, vfr. marger te, l. perle; 2.
par métaphore, nom d'une fleur; du L. mar-
garita (;xflcp/«/5(T>j«), perle.
MARGUILLIER, vfr. marreglicr, chamç».
mairlier, du BL. maJtricularius, qui tient les
registres (matricula) d'une fabrique d'église.
— D. marguillerie, vfr. marlerie.
MARI, mariC, prov. marit, it. marito, du
L. maritus (mas, maris). — D. marital, L.
maritalis; marier, L. maritare.
MARIER, voy. mari, — D. mariage.
MARIN, L. marinus (mare). — D. mari-
nier; marine, 1. science de la mer, 2. troupe
de mer (anc. le mot signifiait généralement
rivage) ; mariner, pr. assaisonner des mets à
la façon des marins, les tremper dans le vinai-
gre, dans la saumure.
MARINE, voy. marin.
MARINER, voy. marin, — D. tnari^iade.
MARINGOUIN, d'origine inconnue.
MARIONNETTE, du fr. Marion (Marie),
nom de poupée ; dans le département de la
Marne, on dit aussi mariole pour poupée.
MARISQUE, L. marisca, grosse figue et
excroissance de chair (cp. /îc).
MARITAL, voy. mari,
MARITIME, L. maritimus.
MARITORNB, servante d'auberge dans Don
Quichotte ; de là : fille homraasse, laide, mal-
propre. Un changement de liquide a donné
malitorne, = grossièrement maladroit ; cette
modification s'est faite sans doute sous l'in-
fluence de * maie tornatus »», mal tourné.
MARIVAUDER, imiter le style de Mari-
vaux.
MARJOLAINE, v. flam. marghelei/ns, maio-
Icyne, it. tnajorana, esp. mayoraiia, port.
maiorana et mangerone, ail. majoran, angl.
marjoram, vfr. marone, BL. tnajoraca,
tnajorana, magorana, magerona; dans Dios-
corido, fA^i^oxjpk-ix, Toutes ces formes sont
défigurées du L. amaracus, qui a la même si-
gnification.
MARJOLET, petit fat, muguet ; selon quel-
ques-uns p. mariolet, de mariole, poupée;
donc pr. = petite poupée. Cette étymologie
est peu probable. Mieux vaudrait déduire le
mot de marjolaine (cp. muguet). Peut-être
est-il identique aveclowall. margoule, homme
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MAR
— 324 —
MÂR
de rien, valaque marghiolu^ fourbe, coquin,
cp. rouclii 7nariaidey homme de rien. it. ma-
riiiolo^ mariolOf fripon, larron. Grandj^a-
gnage traite au long cette famille, qu'il rat-
tache à un antique primitif marg exprimant
en premier lieu le sens de mélange, alliage,
d'où viennent naturellement, ensuite, diffé-
rentes dén( «mi nations méprisantes.
HABMAILLE, it. marmagliaf troupe de
marmots (v. c. m.).
MARMELADE, esp. mcrmelada^ du port.
marmelo, coing fesp. par transposition niem-
hrillo), donc, pr. confitui'e de coing. Quant à
wiarwe/o.il vientdu h.melimelum (asU/irilov)»
litt. pomme de miel.
MARMITE, it. (dial. lombard) et esp. mar-
mita, de l'it. marmo, marbre? La marmite
étaitrpeut-étre en premier lieu un pot de pierre,
espèce de mortier, et les marmites de métal
auraient conservé le nom usuel d'abord pour
la chose. C'est l'étymologie la plus natu-
r^fe, et encore la terminaison m'embaiTasse-
t-elle un peu. — J'ajouterai cependant une
autre conjecture : marmiia se voit dans le
livre « luquisitio de vita et moribus B. Joan-
nis, episcopi Vicentini » avec le sens de
diaconus ou ministcr. Cela suggère l'idée que
le sens do marmite était d'abord serviteur,
valet, au fém. servante; do là viendraient les
dér. martniton = valcton, et mar miteux =
qui a l'air pauvre (voy. l'art, suiv.). Le nom
aurait, dans la suite, été appliqué à un usten-
sile de cuisine, comme le nom de ca/e^ se donne
pareillement à toutes sortes d'outils. Je citerai
à l'appui de cette métaphore le rouchi méqio^ne,
pr. servante (voy. mesquin)^ qui signifie le
gros chenet placé du côté opposé à la poulie
du t ou nie-broche, et notre mot cuisinière ne
s'applique-t-il pas aussi au poêle de cuisine?
Reste à savoir d'où vient ce marmite = dia-
conus. — On objecte que marmita, dans le
passage cité est une leçon douteuse ; il faut
donc chercher ailleurs. Diez, d'après Frisch,
voit dans marmite wui^ onomatopée, tirée du
bouillonnement (mai'motter) ; Marina le rap-
porte à l'arabe marmid, lieu où on cuit la
viande. — D. marmiton (it. marmitone, esp,
manniton).
MARMITEUX, mal partagé du côté de la
fortune et de la santé. Autr. cet adj., comme
le simple marmite, signifiait hypocrite, pape-
lard ; il se peut que les deux sens se tiennent
par l'intermédiaire de l'idée iMpii se donne un
air faux de misérable *♦. Littré explique mar-
mite, hypocrite, par ** faux doux »»,de mar =
mal, et mite (L. mitis), doux, en se fondant
sur un vers du Renard (142) : Si l'une est
chato, l'autre est mite. — Diez fait découler
le sens « misérable » de la mannite des pau-
vres. — Je n'insiste pas sur ma conjecture,
émise à l'ai-t. préc. puisque le marmita =
serviteur est soupçonné d être une fausse leçon.
Voy aussi marmot.
MARMITON, voy. marmite.
MARMONNER = marmotter (^). Littré de-
mande si ce n'est pas le norm. môner, gein-
dre, joint à la particule mar, mal. — Cot-
grave a marmotonner , « togrumble,»mutter,
or murmure ».
MARMOT, 1. singe, 2. figure grotesque.
D'après H. Estienne, du gr. fiopfii>, masque,
figure de femme inspirant la terreur. Cela
est peu probable. — Pour la signification
petit garçon, qui est probablement indépen-
dante de martnot, singe, je propose pour pri-
mitif le YÎr.merttie, petit (qui dérive du L. mi-
nimus comme vfr. arme, ùme, du L. anima).
Do cet adj. viendraient notre ynarmot, it.
marmocchio, et le terme collectif marmaille,
troupe d'enfants, it. mannaglia, gens de rien,
canaille. A cet adj. merme se rapporte aussi
le prov. meirmar, diminuer, décroître, d'où
subst. mermansa, mermaria, décadence, dé-
périssement. On pourrait au besoin y ratta-
cher encore le vfr. marmite, nfr. marmiteux
(v. c. m.), piteux, minable. Cp. encore dans
le dial. de Côme et de Crémone rna}*mêl,
marmeJeen, petit doigt.
MARMOTTE, it. marmotta, esp. marmota,
rat des Alpes ; c'est un vocable gâté, par assi-
milation au verbe m^armottei; du vha. mure-
monto, murtnunti, suisse niurmet, dial. de
Coiro murnwnt. Le môme dialecte do Coiro
dit aussi montanella, d'où Diez cenclut avec
raison que le mot mur^nont représente mus
(gén. mûris) montanus, qui est le nom scien-
tifique donné par Bochart à la marmotte. Les
Allemands ayant gâté le mot en murmcl-
thier, les Romans ont imité ce terme et en ont
fait marmotte (ail. murmein disant la même
chose que fr. marmotter),
MARMOTTER, vfr. aussi mai*mouser ; prob.
des mots onomatopées analogues au L. mur-
murare,dL\\. murmein. Grandgagnage décom-
pose mai^nouser QVL mar (vfr. = 7na/)4-wall.
mùser, fredonner '= L. mussare (BL. rau-
sare), bourdonner; et marmotter en mar -\-
motter = L. muttire, submissa voce loqui.
Cela est-il aussi vrai qu'ingénieux? Wacker-
nagel rattache le mot à la marmotte, mais
je suis d'avis que c'est plutôt notre verbe
qui a déterminé le nom du quadrupède (voy.
pi. h.).
MARMOUSET, petite figure grotesque. Peut-
être du même radical que tnarmot, singe,
dont la forme bretonne marmous (empruntée,
du reste, au roman) aurait fourni le thème.
Grandgagnage est d'avis qu'on pourrait faire
dériver le mot du waWon marmoujer= tour-
menter, importuner, dans le sens verbal :
lutin, petit taquin; mais quant à ce verbe
marviouser, l'auteur du dictionnaire wallon
ne va pas au delà de la pure conjecture
(voy. l'art, préc). — Une ancienne étymo-
logie, et c'est la plus accréditée, consiste à
expliquer 7narmouset par marmouret (on
trouve en effet ricus marmoretorum pour
traduire rus des Marmousets), c.-à-d. les gro-
tesques petites figures en marbre qui ornent
les fontaines et par lesquelles l'eau sort. —
Littré (suppl.) cite le BL. marmoscti (du
xiii" siècle) appliqué aux écoliei's qui, comme
de petites figures sculptées, ne font pas atten-
tion à ce que dit le professeur.
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MAR
— 325
MAR
MARNE, vfr. et dial. marie, merle , angl.
marie, du BL. marffila, marg*la, dérivé de
L. marga, m. s., cité par Pline comme étant
d'origine gauloise. Pour l devenu jî, cp. pa-
tente p. posterle. Dans les langues germani-
ques, margila a produit vha. mergil, nh».
mei'gel, v. flam. marghel, — D. marneux,
marner^ maniière,
MAR0NA6E, p. marenage (cp. vfr. chardo-
nal p. chardenal, cardinal; mxironiei\ mar
rin, p. maretiier), dérivé de vfr. marram,
auj. m^errain (v. c. m.).
MARONNER, t. populaire p. murmurer.
Le mot n'a pas dTiistoire.
MAROQUIN, cuir du Maroc, — D. maro-
qiiiner,
MAROTIQUB, MAROTISME. de Marot (Clé-
ment), poète célèbre du xvi' siècle.
MAROTTE, tête bizarre, grotesque, placée
au bout d'un bâton entouré de grelots ; puis le
nom du bâton même, le sceptre de la folie ;
enfin = objet d'une passion folle. Selon les
uns p. mérotte, petite mère, petite poupée;
suivant d'autres, p. mariotte de marie = pou-
pée (cp. marionnette de Marion). — Dans les
Ardennes marotte équivaut à marionnette,
poupée, jouet ; c'est de ce dernier sens qu'il
faut prob. déduire la locution « chacun a sa
marotte,» etsembl.; cp. « dest son dada ».
1. MAROUFLE, rustre, fripon, malhonnête.
Serait-ce le wallon ^nar/oie/"^ gourdin, rondin,
fig. homme gros et court? Ou le mot vien-
drait-il du radical marre, it. man'a, houe?
Ou est-ce une transformation populaire de
maraud î
2. MAROUFLE, colle dont on se sert pour
maroufler des tableaux; étymologie incon-
nue.
MARQUE, it., esp., port., prov. marca, de
l'ail, mark, signe, borne. Voy. aussi les mots
marc et marche. — D. marquer {a\\. merken),
signaler, indiquer; (réqxieni. marquete7\
MARQUER, voy. marque, — Cps. remar-
que7', démarquer,
MARQUETER, fréquentatif de marquer,
synonyme do tacheter. — D. marqueteur,
marqueterie.
MARQUETTE, pain de cire vierge; selon
Littré, du BL. marca, monnaie, prix do ce
pain.
MARQUIS, voy. marche, — D. marquise;
d'après Génin, on a appelé marquise un petit
auvent au-dc4?sus d'un perron, parce qu'il
protège les marches ou degrés du prrron;
c'est peu vraisemblable ; il fallait dire plutôt,
je pense, « parce qu'il protège les marquises »;
marquisat.
MARRAINE, vfr. mai^ne, prov. mairina,
it., esp. madrina, du BL. matrina (mater);
cp. pa)Tain de patHmis,
MARRE, it. marra, houe de vigneron, du
L. marra, gr. /«ày^/iov. — D. marrer.
MARRI, participe du vieux verbe manir,
contrarier, gêner, fâcher, faire de la peine.
Ce verbe représenta) le goth. marzjan, vha.
marrjan, ags. mearrian, impodire, irritum
fa ocre.
1. MARRON, châtaigne, it. mai'rone. Mura-
tori est d'avis que ce vocable appartient au
fonds latin et pourrait être identique avec le
surnom de famille vue portait le poète Virgi-
lius Maro. Selon d'autres, le mot serait gàt4$
de l'hébreu armôn, platanier. que l'on tradui-
sait autrefois par castanea. — Dans Eustathe
on trouve /iâcpaov. — D. inarro)iniei\
2. MâRRON (anc. sitnarron), nègre fugitif,
mutilation de Tesp. cimarron^ pr. sauvaare;
se dit aussi des animaux domestiques qui re-
prennent le chemin des bois. — C'est de ce
marron-\k que vient aussi marron au sens
de « ouvrage imprimé clandestinement •♦, et
courtier marron r= qui exerce sans brevet.
— D. marronnage.
MARRUBE, plante, L. marruhium.
MARS, nom du mois, du L. martius (de
Mars, dieu de la guerre). — D. mar sage,
blés semés on mars.
MARSAULT, du BL. marsaJix, litt. saïUe
mâle.
MARSOUIN, cétacé du genre dauphin ; du
vha. ^neri'Suin (nha. meerschtoein), litt. co-
chon de mer.
MARTEAU, anc. martel, it. martello, asp.
martillo,dn BL. martus, primitif du L. mar-
tulus. — D. martelet, marteler.
MARTEL, anc. forme de marteau, restée
dans la locution avoir martel en télé, qui se
rattache à une acception métaphorique du
mot : tourment, souci, propre aussi à l'it.
martello. Cp. le sens figuré de martelei\
tourmenter.
MARTELER. -ET, voy. marteau,
MARTIAL, L. martialis (Mars).
MARTIN, nom propre, appliqué par la fan-
taisie à divers animaux, quadrupèdes (âne,
ours) et oiseaux hnartin chasseur, tnartin-
pécheur ; diminutif martinet, espèce d'hiron-
delle). — D'où vient le vfr. martin, idée,
projet, dans la locution « chanter ou parler
d'autre martin », encore usuelle dans les pix)- '
vinces belges?
MARTIN-BÂTON, Delboulle (Rom., IX.
127) pense que l'origine du dicton est dans le
roman du Renard (v . 754), où le prêtre Mar-
tin, après avoir pris le loup dans une fosse,
lui tient ce langage :
Sire Ysenprin, or vous vouldrai
Ce que Je tant promis vous ai :
A prendrai vos, à cestbaston
Comment prestre Martin a nom.
1. MARTINET, hirondelle, ûg, petit chan-
delier plat à queue et sans patte; voy. pi. h.
sous martin.
2. MARTINET, gros marteau de forge, du
même radical mart qui a donné marteau.
3. MARTINET, fouet, pi-ob. de l'expression
familière martin-hâtœx; sinon du radical m«r^
d'où marteau.
MARTINGALE, espèce de courroie; « au
XVI'' siècle, ce mot désignait une espèce de
chausses portées par les Martigaux, habi-
tants des Âfartigiies en Provence »» (Ménage).
Nous donnons c^tte explication sans aucune
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MAS
— 326 —
MÂS
confiance, d'autant plus que notre mot a
d'autres acceptions qui n*en sont guère justi-
fiées.
MARTRE, aussi marte, esp., port, marta^
prov. maH ; mot très répandu dans les lan-
gues germaniques : ail. mardei\ ni. marier,
angl. marten. Les formes it. martora, fr.
martre, paraissent déterminées par le BL.
martahts (r p. /). — Le mot latin martes
(dans Martial) est douteux et abandonné par
les critiques, qui l'ont remplacé par mêles.
MARTYR, vfr. martre, subst. personnel, du
L. martyr, gr. /làprvp, témoin ; subst. abstrait
martyre, du L. martyrium, gr. fixprùpiov, —
D. martyriser, faire souflrir le martyre;
martyrologe, BL. martyrologium = fasti
sanctorum.
MARUM, mot latin, gr. /làpov,
MAS, dans quelques contrées «= maison de
campagne (de là le nom de famille Dumas) ;
c'est le vfr. mas, mes, qui vient du BL. man-
sus, demeure (de m^nere; cp. manoir, ma-
sure et maison).
MASCARADE, MASGARON, voj. masque.
MASCULIN, L. masailinus, dér. de mas^
cuJus = fr. masJe* mâle.
MASQUE, BL. mascus, larve. La forme fé-
minine masca a précédé la forme masculine.
Le sens primordial de masca est sorcière ;
Loi des Lombards : « striga (sorcière) quod
est masca ». En Piémont wa^ca signifie encore
une sorcière. Quant à l'origine du mot, Grimm
propose L. masticare, la sorcière étant envi-
sagée comme engloutissant les enfants, cp. le
L. manducus, pr. le mangeur, employé p.
épouvantail (Plante, Rud. 2, 6, 51), le langue-
docien roumeco = moine bourru et épouvan-
tail (du L. ruma, gueule, gouffre), le roma-
gnol papou = glouton et épouvantail. D'au-
tres, comme Kiliaen, attribuant à mascus une
provenance germanique, s'adressent au vha.
masca, filet, nha. masche, et citent à l'appui
le jmssage de Pline XII, 14 : persona adjici-
tur capiti densusvo reticulus. Diez pi*éfère
l'une ou l'autre de ces étymologies à celle de
Saumaise, qui proprosait le gr. ^â»xa, cité
par Hésyche comme signifiant 1 . ymaxé)»}, pio-
che, houe, 2. ^X5xav(«, médisance, d'où
^a^/Avia, 7r/5o«5t<Txàvi5c = res turpiculœ et de-
formes larvœ qu» ad avertendum fascinum
adhibebantur. — Les formes it. maschera,
esp., port, mascara, ne sont pas, comme il
semble, dérivées de masca, mais, d'après
Diez, dégagées delà forme accessoire mascra
(r intercalaire) ; cp. esp. cascara, de casco, it.
tartaruga, de tartuga. C'est à ces formes que
ressortissent les dérivés m^ascarade, it. moj-
cherata, etmascaron, it mascherone. — Il nous
reste à rapporter l'opinion de Mahn, d'après
laquelle masca est une forme écourtée de l'it.
maschera, par assimilation à wîo^ca, sorcière;
or, maschera répond, d'après lui, à l'arabe
maschara^ risée, boufi()n. Le mot se serait
appliqué d'abord au polichinelle, puis à son
principal caractère, le masque. Dozy appuie
cette manière de voir de nouvelles preuves. —
D. masquer. — Il faut détacher du moimasque
les mots suivants : port, miiscarra, cat. mas-
cara, tache noire au visage, d'où les verbes
mascarrar, prov. mascarar, vfr. mascarer,
mascurer, auj. mâchurer, bourg, macherer,
barbouiller de noir; ags. màscre, v. flam.
maschel, mascher, tache. Ils découlent, par
le suffixe arra, du vha. masca, dérivé de
mâsa, tache.
MASSACRE, BL. nuM^omiem. Il est impos-
sible d'admettre que ce mot soit composé du
subst. masse = masse et du suffixe aa*e; ce
suffixe n'existe pas. Diez dérive avec plus de
vraisemblance le verbe massacrer (d'où le
subst. verbal massacre) du bas-allemand
matshen^ ou plutôt des formes variées présu-
mables matsehm, matsekern, tailler en piè-
ces. Mahn préfère le haut-allemand metzgem,
égorger le bétail, en invoquant vfr. ynasse-
crier = boucher. — Un type massaculare,
(de massa) est inadmissible ; j'admettrais plus
volontiers, bien que je ne la recommande pas,
une dérivation (avec transposition) du BL.
scram^isa^mis, espèce de coutelas, servant
d'arme de guerre ; c'est Tétymologie qu'avait '
proposée Caseneuve. — Quelle que soit l'ori-
gine de ce mot, il est difficile de le séparer du
thème macecl du vfr. maceclier, -rier, bou-
cher, bourreau, tnacecZeric, -rerie, boucherie,
carnage. L'élément sacrer a tout l'air d'une
assimilation à L.saa^arê. — Caix (Studi, etc.,
p. 201) suppose dans massacrer une fusion de
deux termes *massare (frapper) -j- sacrare
(immoler). Peu probable.
1. MASSE, vfr. aussi mâche, it. mazza,
esp., port, maza, prov. massa, maillet, masse
d'armes, bâton muni d'une tête en argent.etc.,
porté en cérémonie ; de là massier, officier
qui porte la masse, et 7nassue, pic. machuque,
gr. mod. ymarjoûxa, valaque maciuce, v. port.
massuca, massua. La forme it. mazza (cp.
piazza de platea) ne permet pas de douter,
suivant Diez, que ces mots ne viennent du
L. matea, primitif perdu de mateola, instru-
ment pour enfoncer en terre (Pline et Caton).
2. MASSE, amas de parties qui font corps
ensemble, du L. massa. — D. massif, a^j. et
subst.; verbes masser, et a-masser (v. c. m.).
MASSEPAIN, anc. marsepain, de l'it.
marzapane, esp. mazapan, ail. marzipan,
angl. marchpane. On ne sait que faire de la
première partie de ce composé; les uns y
voient le nom de l'inventeur, d'autres le
L. maza, grec /«&{«, pâte, pain d'orge. Ou
bien le mot représente-t-il massa panis ou
panis martiust Tout cela reste probléma-
tique. Mahn incline pour mraza.
\ . MASSER, disposer en masse, de ma^se 2.
2. MASSER, pétrir les chairs ; de l'arabe
mass, manier, palper, origine plus probable
que celle tii*ée du gr. /tàmtv, pétrir.
MASSICOT, protoxyde de plomb ; de
masse 2, parce qu'on l'obtient par petites
masses.
MASSIER, voy. masse 1.
MASSIF, voy. ma^se 2.
MASSUE, voy. masse 1.
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MAT
— 327 —
MAT
MASTIO, li. mastiche, gr. /i%9rlyyi' —
D. mastiquer f coller avec du mastic.
MASTICATION, L. masticatto, du verbe
masticare, mâcher, d'où vient encore masit-
catoire, et le t. de maréchalerie mastigadour.
MASTIQUER, 1. forme savante de mâcha^
(v. c. m.); 2. voy. mastic.
MASTODONTE, nom créé par Cuvier pour
rendre l'idée des dents molaires tuberculeuses
ou mamelonnées de ce quadrupède ; de /tarr^;,
mamelle, et oBoùi, ôiôvro;, dent.
MASTOUCHB, en Belgique = capucine,
cresson indien, graine de c<apucine mari née,
=» it. masturzOf esp. mastuerzo^ BL. mas-
trusum, du L. nastiirtium, cresson à larges
feuilles.
MASTURBER, L. masiurbare, p. mastu-
prare (manus -|- stuprare).
. MASURE, BL. mansura = mansio, mai-
son ; de manere, demeurer. Le mot a pris
avec le temps une acception péjorative.
1 . MAT, au jeu d'échecs, it. matto, esp.
mate; abréviation de la loc. it. scaccomatto,
esp. xaquimate, fr. échec et mat; du persan
schach mat = le roi est mort. — De là it.
mattare, prov. mat^r, fr. mater, humilier,
mortifier; mots qu'il ne faut pas confondre
avec le BL. matare, tuer, qui est le L. mac-
tare. — C est de mat du jeu d'échecs que
découle le sens « humilié, abattu, triste •»,
propre à l'adj. mat dans la langue d'oïl.
2. MAT, sans éclat, terne, lourd; mot
r('c3nt, tiré direct, de l'ail, matt, feible, sans
vigueur, qui lui-même est tiré dès le xii® siècle
du mot roman de l'art, préc. — D. matir
et mater, m,atite\ m^atoir,
MAT, mast\ prov. mast, port, masto,
mastro, esp. mastil; du vha. mc^t, nord.
mastr, ags. mast, m. s. — D. mdtereau,
màter^ démâter, mâture.
MATADOR, mot espagnol signifiant le
tueur, appliqué d'abord au principal toréador,
celui qui doit combattre le taureau à pied et
le tuer ; du verbe matar = L. mactare, tuer.
Du même verbe matar vient l'expression ma^
tamoros, fr. matamore, litt. sabreur de
maures, terme introduit par la comédie espa-
gnole.
MATAMORE, faux brave, voy. l'art, préc.
MATASSE, dans l'expr. « soie en matasse » ,
vfr. madaisse; du L. mataxa, soie brute, gr.
MATASSIN, de l'esp. m^achin, dont je ne
connais pas l'étymologie.
MATELAS, anc. materas, it. materasso,
prov. al-matrac, esp., port, al-madraque,
ail. matratze, angl. mattress, BL. matera-
cium; selon Sousa et Dozy, de l'arabe al-
mairah, m. s., dérivé du verbe taraha, jeter
loin, étendre par terre. Diefenbach, tout en
admettant l'étymologie arabe, compare cepen-
dant le cymr. màth, plat, étendu, d'où, entre
autres dérivés, mathrach, action d'étendre,
de mettre plat. — D. matelasser.
MATELOT. Ce mot ne vient pas, à coup sur,
de màt, comme le pensait Nicot, suivi par
Jal. Diez le tire de matta, natte ; donc pr.
« qui couche sur des nattes ou hamacs ». Le
mot, modifié de materot (l'ail, dit matrose, le
néerl. matroos, cp. aussi matelas p. materas),
viendrait donc directement du L. mattarius,
qui signifie en eflet « qui couche sur des
nattes »» . Cette opinion est démentie par le fait
que l'usage de faire coucher les matelots sur
des hamacs ne remonte pas au delà du xvi* siè-
cle. L'étymologie la plus digne de crédit est,
à mon avis, celle d'un spécialiste en matière
de marine, M. Breusjng (Niederdeutsches
Jahrbuch, V, 10-12). D'après lui, matenot,
forme première constatée, représente un
composé pléonastique néerlandais maatge-
noot, dont les deux éléments signifient associé,
compagnon; devenu régulièrement, par la
chute du préfixe ghe, matenoote, d'où le mot
français. A l'appui du sens compagnon, Breu-
sing cite l'anc. expression vaisseau-matelot,
traduit en angl . par « a good company keeper » ,
et le terme de mer amateloter l'équipage
(mettre les matelots deux à deux pour s'aider
l'un l'autre. — Bugge (Rom., III, 155) avait
déjà recommandé pour étym. le nord, môtu (ou
matu) -nautr, répondant à mha. mâz-gettôze,
commensal ; le personnel de bord se formait
en plusieurs compagnies de table. Breusing
oppose toutefois à cette explication parnwUM-
nautr (en angl. mess-mate, compagnon de
table), deux circonstances : c'est que si maie-
lot était d'importation noroise, il se présente-
rait dès le temps des Normands ; puis, pour-
quoi les langues Scandinaves actuelles ne
l'auraient-elles pas conservé, au lieu de se
servir de la forme néerl. corrompue matroos t
Notez encore, en faveur de l'origine maet, que
ce mot et son dérivé ma£tken sont déjà dans
Kiliaen avec la valeur de lat. remex, mate-
lot. — En breton, le mot se dit martôlod. —
D. matelote, mets accommodé à la manière
des matelots.
MATER, voy. mat, 1 et 2.
MATER, MATEREAU, voy. màt.
MATÉRIAUX, du type L. materialia (dér.
de materia).
MATÉRMi, L. materialis (materia). —
D. matérialiser, -iste, -isme.
MATERNEL, L. maternalis p. maternus;
maternité, L. matemitas.
MATHÉMATIQUE, gr. ^a^/ixrtx<^(, adj. de
fk-x^lioLxa, les mathématiques (litt. les con-
naissances), — D. mathématicien.
MATIÈRE, vfr. matire, L. materia,
MATIN, it. mattino, prov. mati, du L. ma-
tutinum (s. e. tempus). — De l'adv. latin
ma^ie, au matin, la vieille langue avait fait
main, que nous avons encore dans demain,
lendemain. « Tel rit au main qui le soir
pleure », ancien proverbe. — D matinée,
matinal, matineux, matines (v. c. m.).
A
MATIN, it. mastino, prov., esp. mastin,
chien domestique, chien de garde; dir. de
l'adj. vfr. mastin, domestique. Celui-ci ^
rattache au BL. masnata, famille , ménage
(voy. sous maison), par un dérivé masna-
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MAT
— 328 —
MAU
iimis, domesticus, contracté en mastinus ; la
chute de la syllabe atone na no fait pas plus
de difficulté que celle de tu dans matutinuyn
devenu matin, — L'angl., à l'aide du suffixe
ivits, a créé la forme nuistiff, — Brachet tire
mastin d'un type fictif mansatinns, dérivé
de mansum, maison ; mais un suffixe atinus
n'existe pas. — D. màtiner; pour le sens
fig. maltraiter de paroles, cp. ail. hunsen,
injurier, de hund, chien.
MATDIES, L. mcUiitince (se. precationes).
MATIR, voy. mat 2.
MATOIS, madré, rusé ; a^j. dérivé de mate,
lieu à Paris où s'assemblaient les gens de
mauvaise vie. Telle est l'étymologie admise
par Littré; voy. d'autres conjectures dans
Gi*andgagnagey sous mat. — D. matoisaie,
fourberie.
MATON, lait caillé ou réduit en grumeaux,
de Tall. motte, m. s. — Voy. aussi matton.
MATOU, vfr. mitou. On fait venir mitou de
mite (encore employé dans chattemite); et
mite serait une onomatopée analogue à it.
micio, micia, tnucia, csp. micha, misa, ail.
mies, muz. Notez le proverbe du Roman du
Renard : « se l'une est chate, l'autre est
mite ». — Le wallon a, pour matou, la forme
marcou; en Lorraine, on dit raoul. On peut
inférer de là que comme marcoii se rapporte
au nom d'homme Marculphus, et raoul à
RéiduJphus, matou est de même un nom
d'homme (peut-être Mathieu), ou du moins,
sous l'infiuence de mitou et comme celui-
ci lui-même, mitou, assimilé à un nom
d'homme. — Le picard, cependant, dit mar-
loit, qui est p. maslou (de masle, mdle),
A Valenciennes, on se sert de marou (de mas,
maHs), mâle. — Matou p. mitou, c'est-à-
dire a p. i en syllabe protonique, n'a rien
d'étrange ; cp. vfr. aronde = lat. hinnido.
D'ailleurs, les mots synonymes marou, mar- '
cou, marlou peuvent y avoir exercé quelque
influence.
1 . MATEAS, vase de verre à col long et
étroit, vfr. matheras, matelas ; d'origine in-
connue; peut-être de matras 2, par assimila-
tion de forme.
2. MATEAS (Palsgrave a matteras), gros
trait d'arbalète, prov. matratz, mairat, dérivé
du L. matara, vocable d'origine gauloise. —
D. matrasser, écraser, meurtrir, assommer.
MATRIGE, vfr. manns, du L. matricem
(materj. Par extension, on a nommé matrices
les originaux des modèles, des poids et
mesures, des moules de fonte, etc. ; cp. en
ail. le terme analogue mutter. — Le latin
donnait kmairiœ aussi le sens de registre ori-
ginal, de là le dim. matricula, fr. matricule.
MATRICIDE, L. matricida et mairicidium
MATRICULE, voy. matrice, — D. maXri-
cidaire, immatriculer. Voy. aussi mar-
guillier,
MATRIMONIAL. L. mairimonialis, de ma-
trimonium, mariage.
MATRONE, L. m o/rona (mater).
MATTE, matière métallique impure; à
GcnèxQ, tas, monceau ; d'après Littré, de l'ail.
ma«e, masse compacte; mais le mot ail. est-il
bien du fonds germanique?
MATTON, brique, tourteau, it. mattone;
vient prob., comme le fr. (dialectal) tnaton,
cat. matô = fromage, de 1 ail. mats, motte,
lait caillé. L'enchaînement : lait caillé —
fromage — brique, n'a rien que de très natu-
rel. Reste à savoir si le mot allemand n'est
pas d'importation romane ; Baist (Ztschr , V,
563) est d'avis que l'ail. mrOtz, motte, au sens
de fromage trempé, ne vient pas du L. mat'
tus, humecté (Pétrone), qui, lui, vient de
madidus,
MATURER. L. maturarc, d'où maturation,
'Otif; subst. maturité, L. maturitas. Del'adj.
L. maturus, d'où fr. miïr (v. c. m.).
MAU, en composition, est la transforma-
tion de mal devant une consonne. Outre les
composés recueillis ci-après, nous citons
encore les anciennes expressions : maupi-
teux, impitoyable, tnaumener, malmener,
maubué, mal lavé, maiûsagc, fou, mautaloit,
mauvais dessein; mauconseil, maumarié,
maufé, démon = malefactus (cp. it. malfntto,
nai)ol. brutto fotto, m. s. que vfr. Tnaufé).
MAUDIRE, L. maledicere. Le mot latin
s'était reproduit dans la vieille langue, par la
syncope du d médial, sous la forme maleïr,
analogue à beneïr (plus tard bénir) de bene-
dicere. Du part, mal'dictus vient fr. maudit ;
du subst. maledictio, l , vfr. maleïçon, aussi
maudisson; 2. nfr. malédiction.
MAU6RÉ, forme ancienne de malt/ré. —
D. maugréer, épancher brusquement son
mauvais gré, sa mauvaise humeur, jurer,
pester.
MAURE, noir, gr. fAxupô;, foncé, noir;
voy. aussi more. De là : maurctte, fruit do
Tai relie, maurin, pigeon noir.
MAUSOLÉE, L. mausoleum (de Mausolus,
roi d'Halicarnasse).
MAUSSADE, p. mal sads = L. maie sapi-
dus (cp. iimpidc). Voy. sadc — D. maus^a-
derie.
MAUVAIS, vfr. malvais, prov. malvais, it.
malvagio, du goth. balvavesis (adj. présumé
d'après le subst. balvavesei, méchanceté), ou
plutôt d'un type vha. balvasi, méchant,
transformé, sous l'influence du L. malus, en
malvasi, d'où mauvais. — La langue des
trouvères présente aussi un adj. mais =
mauvais, que l'on prend (prob. à tort) pour
ime contraction de mauvais, — Pour les for-
mes esp. malvado, prov. malvatls, m. s., il
faudra, si l'étymologie ci-dessus établie (et
dont la paternité appartient à Diez, je pense)
est fondée, leur chercher une autre origine.
En effet, Diez les explique comme des parti-
cipes d'un verbe ma,lv<i.r, rendre mauvais, et
ce dernier comme un composé de mal-levar,
mal élever. — Bugge (Rom. IV, 362) jette une
nouvelle lumière sur l'histoire de la forme
mauvais. Amenant des arguments très sérieux
contre l'étymologie germanique, il expose
comme quoi mauvais, it. malvagio, répond à
une formation malvatius (cp. palatium, fr.
palais, it. palagio), tirée de 'malvatus, csp.
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MAZ
— 329 —
MÉC
malvado^ méchant, prov. maltet^ vfr. malvé.
Or, co ^naicatuSf commo Ta fort bien établi
Diez, représente maie levatiis, mal élevé.
Pour la forme oxtensive malvat-ius^ Buggo
rappelle it. crojo = criidins, esp. crasio de
a^assus, prov. novi de novus. — D. vfr. mal-
vestié, maiœaiseté = prov. malvastat.
1 . MAUVE, plante, du L. malva.
2. MAUVE, nom donné à quelques espèces
de mouettes, • vfr. miatoe, pic. mawe; le
même mot que l'ail, môtoc = vha. nw?A, mha.
m£we, ags. maew, angl. j/toio, rnew, ni.
meew. — D. dim. mouette,
MAUVIETTE, dim! moderne de maiœis.
MAUVIS, anc. malvis, wall. fnàvi^ esp.
malmZf n€i\to\. inarci s 20 ^ BL. maïmtius. On
a proposé une origine de maliis -{- vitis /'pour
ainsi dire malitm vitis, le fléau do la vigne),
cet oiseau étant nuisible aux vignes (c'est
pourquoi on l'appelle aussi grive de ven-
dange, en ail. v>eingartS'Vogel, oi.seau de
vigne). Grandgagnage, approuvé par Diez,
allègue le breton miifid, milmd, m. s. ; en
Cornouaille, tnelhuez signifie alouette. Pour
éclaircir la question, il est bon de noter
que Jean de Garlande donne L. mamscus
(voy. ma Lexicogr. lat., 73), qu'il traduit par
mauûiart — D. mauviette , sorte d'alouette ;
en patois rouchi, on a le mot mautiar pour
merle.
MAUVISQUE, it. malvavischio, esp. malva-
visco, du L. malva ibiscum («Sf^xo;). Les
mêmes mots latins retournés ont produit BL.
et it. bismalva, puis le fr. guimauve qui est
p. vimauve [b primitif adouci en r, puis con-
verti en ffUf cp. f/ui, guêpe do lat. viscus,
vespa).
MAXILLAIRE, du L. maxilla, mâchoire.
MAXIME, du L. maxima, s. e. sententia,
proposition majeure; d'où l'acception •♦ pro-
position générale, principe »» (cp. gr. /u/5(7.i
oo'Çat).
MAXIMUM, plur. maxima, du L. maxi-
mum, le plus haut point, superlatif de mag-
nus, grand. — D. maximcr, établir le
maximum.
MATONNAISE, t. de cuisine, d'origine in-
connue; selon quelques-uns, il faut dire
mahonnaise, d'après Mahon, ville prise par
Richelieu.
MAZAGRAN, breuvage dont l'usage et le
nom datent de la défense de Mazagran en
Algérie.
MAZETTE, méchant petit cheval ; personne
inhabile. D'après Frisch, de l'ail maXs, t. d'in-
jure, personne stupido; Littré indique ma-
zette = fourmi (Berry) ; le nom de ce petit
insecte pourrait avoir ét^ transféré à un petit
cheval. Quant à mazette, fourmi, Littré de-
mande s'il vient de l'ull. ameise, m. s. — En
présence du peu de crédit qu'inspirent les
explications données jusqu'ici, il ne faut en
négliger aucune. L'existence de l'it. (dial.)
mazeta avec, le sens de bâtonnet (voy. Mussa-
fia, Beitrag, p. 78), donc un dim. de mazza
« bâton », a suggéré à G. Paris l'idée que notre
mazette pourrait être le môme mot dans le
sens métaphorique de mulet. Ou sait que les
sens mulel et bâton se confondent plus d'une
fois (voy. pi h. l'art, bâton). — A propos de
l'ail, m^tz, faible, inapte, imbécile, notez
l'expr. ein matzicht pfei^i (equus frigosus),
qui se trouve dans Frisch.
ME, L. me; une forme secondaire fr. est
moi [e long latin changé selon la règle en oi
fr.). Moi est la forme accentuée, me la forme
atone ou sourde.
MÉ, préfixe, voy. mes.
MEA-GULPA, mots latins == par ma faute.
MÉANDRE, allusion aux sinuosités du
Méandre, fleuve de l'ancienne Phrygio.
MÉAT, L. meaius, conduit.
MÉCANIQUE, gr. ixr^y^^vKô;, adj. de iLt^yx-ih,
machine. — D. mécanicien, mécanisme, gr.
fj./iyjxvitfxôi,
MÉCÈNE, d'après le nom de Mœcenas,
favori d'Auguste et protecteur d'Horace et de
Virgile.
MÉCHANT, vfr. mes-cheant, part, prés de
mcscheoir, prov. m,escazcr, BL. mescaclere,
litt. = tomber à mal, mal réussir (cp. esp.
maîcaïdo, malheureux). « Un honnête philo-
logue du xvi° siècle (Ch. Bouille), parlant de
ce mot, a écrit les lignes suivantes : Meschant
qua voce abutentes Galli virum interdum
inopcm, interdum iniquum, dolosum et infe-
licem efiantur. Ce brave homme s'est dit, avec
le proverbe : « Pauvreté n'est pas vice »» et il a
conclu que les Français faisaient un abus
de langage en donnant tour à tour au mot
meschant (pr. malheureux) le sens do mal-
heureux et celui do mauvais. Il aurait pu en
dire autant de Vit. catlivo (pr. captif), dont
on abuse de la même manière. C'est qu'indé-
pendamment de la logique individuelle du
cœur et du sentiment, il y en a une autre qui
fait croire que le malheur rend mauvais,
qu'il aigrit l'âme et la rend capable d'actions
ci'iminelles. Et d'après cette loi rigoureuse,
tous les malheureux, tous les déshérités de
la fortune sont condamnés presque sans ap-
pel. On dirait de ces familles de l'antiquité
que le destin avait maudites et dans les-
quelles se perpétuait éternellement l'union du
crime et de l'infortune. » Cette manière do
voir de feu mon ami Gachet est peut-être un
peu trop sentimenta,le : la valeur étymologique
de meschant, c.-à-d. mal tombé, mal venu,
mal réussi, comporte en elle-même tout aussi
bien l'acception morale « méchant »» (= qui
est tombé dans le mal) que l'acception « mal-
heureux » (= qui est tombé dans le malheur).
— D. vfr. meschéance, malheur, calamité,
litt. mauvaise chance, d'où nfr. méchanceté,
dérivation tout à fait insolite ; c'est comme si
on se permettait de forger un substantif médi-
sancpté.
MÈCHE, du L. myxus, pr. bec de la lampe,
lumignon. L'it. miccia, esp., port., prov. me-
cha, sont empruntés au français. — D. mâcher
(un tonneau).
MÉGHEF, anc. meschef, angl. mischicf,
anc. esp. mescabo, anc. cat. menyscab, esp.,
port, mcnoscabo, prov. mcscap. C'est le subst.
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MËD
— 330 —
MËL
verbal du vfr. meschever, ne pas réussir, avoir
mauvaise chance, opposé de a-chever, venir à
chef, à bout ; il ne faut pas confondre ce verbe
(= prov. mescabar, esp. menoscabar) avec le
synonyme mescheoir (voir méchant),
MÉCOMPTE, MÉOOMPTBR, voy. compte.
MÉCONNAÎTRE, négatif de connaître; cp.
b\\» misskennen. — D, méconnaissant ^ -ance,
m^éconnaissabJe.
MÉCONTENT, voy. content. — D. mécon-
tenter.
MÉCRÉANT, anc. mes-créant, part prés, de
meS'Crotref mécroire = ne pas croire.
MÉDAILLE» it medaglia, esp. medalla,
d'un adj. L. metalleus, fém. -ea. Médaille
vient direct, de l'italien ; l'anc. forme fr.
était meaille, d'où maille (v. c. m.). Le sens
actuel de médaille découle du sens monnaie
qu'avait le mot dans la moyenne latinité, où
m,edàllia signifiait tantôt, une obole, tantôt
une pièce d'or. — D. médaillon, médaillier,
médaillisie,
MÉDECIN, li. medicinus, développement
de medicus ; le fém. medicina a donné fr. mé-
decine = 1. science médicale, 2. remède,
surtout remède purgatif; un développement
ultérieur de medicinus est medicinalis, d'où
fr. médicinal. — Autres dérivés latins et fran-
çais du L medicus (rac. mkderi = guérir) :
Medicalis, fr. médical; verbe medicari, trai-
ter, d'où medicamentum, fr. médicament;
medicatio, fr. médication. — Le lutin medicus
s'était régulièrement transmis à la vieille
langue sous la forme m,ege, miege, mige,
puis, par apocope de la terminaison, meidc,
mide, d'où mie et mire.
MÉDECINE, vfr. mechine, voy. médecin, —
D. médeciner. ^
MÉDIAIRE. Le mot latin médius (= qui se
trouve au milieu), francisé en mi (v. c. m.), a
poussé les dériva à radical latin suivants:
médiaire, t. de botanique; médial, L. media-
lis ; médian,, L. medianus (type du mot vul-
gaire moi/e«); médiat, d'un type BL. media-
tus := mis en rapport avec qqch. par un terme
moyen; médiateur, BL. mediator, du verbe
mediare, intervenir dans une affaire (cp. vfr.
moyenner}, d'où aussi médiation; médiocre,
L. mediocris.
MÉDIAN, voy. l'art, préc.
MÉDIANOCHE, repas en gras après minuit
sonné; mot empininté à l'esp. et venant du L.
média nox, minuit.
MÉDIASTIN, t. d'anatomie, du L. mediasti-
nus, qui se tient au milieu.
MÉDIAT, voy. médiaire, — D. immédiat;
verbe médiatiser.
MÉDIATEUR. MÉDIATION, voy. médiaire.
MÉDICAL. -AMENT, voy. médecin.
MÉDIOCRE, L. mediocris (médius) —
D. médiocrité, L. mediocritas.
MÉDIRE, = mes + dire, parler en mal. —
D. médisant, d'où médisance.
MÉDITER. L. meditari.
MÉDITERRANÉ, L. mediterraneus, qui est
au milieu des terres.
MÉDIUM, mot latin, = terme moyen,
moyen.
MÉDONNER, mal-donner (les cartes). —
Subst. verbal médonne.
BIEDULLAIRE, L. meduUaris, de medulla
= fr. moelle,
MEETING; mot angl , signifiant rencontre,
réunion. — D. meetinguiste.
MÉFAIRS, = mes + faire, mal faire ; de là
subst. méfait.
MÉFIER, = mes -|- fier. — D. méfiant, -ance.
MÉ6ARDE. = mes -\-garde, inattention.
MÉGÈRE, femme méchante, du L. Megœra,
nom d'une des trois Furies.
MÉGIE, subst. verb. de mégir, blanchir les
peaux. Quant à l'origine de ce mot technique,
on a proposé tantôt le L. mergere, plonger
dans l'eau, tantôt l'angl. meek, doux, ou le
néerl. meuk, amollissement. Ce dernier, dit
Diez, pourrait au besoin être accepté, à la
condition d'admettre dans *mégie une altéra-
tion de méguie, ce que la forme picarde me-
guichier = mégissier autorise à supposer.
Littré soupçonne une défiguration de l'équi-
valent ail. weissgerben (litt. tanner en blanc),
mais la distance de forme est par trop grande.
— Le subst. mégis signifiait autrefois une com-
position d'eau, de cendre et d'alun, que l'on
employait dans la mégisserie ; il est le primi-
tif immédiat du subst. mégissier et du verbe
mégisser. Les formes vfr. mesgeyer, mesgui-
chier, BL. mesgeycus, mégissier, et le mot fr.
mesquis, basane apprêtée avec du redoul,
indiquent un radical mise, mesc. Tobler,
incidemment (Rom., II, 244), explique subst.
megeïs, d'où megis, par le type medicaticiwn,
comme étant un dérivé de vfr. megier =
medicare (soigner médicalement). Cela est
correct et sourit beaucoup; mais comment
se rendre compte du verbe mégir, d'où notre
subst. mégie f Aurait-il été tiré direct, du vfr.
mege ''médecin) = medicus t Et qu'est-ce que
le médecin a à voir dans la mégisserie? Peut-
on donner ici au mot la valeur de chimiste, et
àmegis celle de préparation chimique?
MÉGIS, d'où mégisser, -ier, -erie, voy. l'art,
préc^
MSGUE, petit lait; d'origine inconnue. On
a pensé à maigre (la partie maigre du lait),
puis au gaél. meog, m. s. En BL., on trouve
mesga, en vfr. mcsgue, en n. prov. m,ergue,
en pic. mingle; Kiliaen cit« le mot meghe
comme allemand, avec le sens de coagulum.
— Il est difficile de faire intervenir l'ail.
milch, ni. melh, lait.
MEILLEUR, de l'anc. lat. meliôrem (lac-
cent sur o) ; le nominatif mélior (l'accent sur
e) a donné à l'anc. langue la forme mieldre,
mieudre,
MÉLANCOLIE, vfr. mérencolie, gr. .uc/ay-
XoXioi, litt. = bile noire. — D. mélancolique,
atrabilaire.
MÉLANGE, autr. du genre féminin ; stibst.
de mêler (cp. louange, vidange j. — D. mé-
langer.
MÉLASSE, sirop de sucre, de l'esp.
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MËM
— 331 —
MÉN
meîaza^ qui vient du L. meUaneus (de Ynel^
miel).
ICBLBR» mesleTf it. mischiare, esp., port.,
prov. mesclar, du BL. misculare, dim. dn L.
miscere. — D. mélange {^, c. m.;; mêlée (cp.
ail. handgemenge^ do mengen^ mêler); cps.
pêle-mêle^ emmêler^ démêler.
MÉLâZB; quelques-uns prennent ce mot
pour un dérivé de mel (miel), au sens de
manne, en rapprochant le gr. /Aiita, nom du
frêne qui donne la manne commune. Diez y
voit la combinaison mel-lerce (lerce =
L. larix). En Languedoc, on dit mêle tout
court.
MÉLILOT, aussi mirlirot, trèfle jaune, du
L. meliloton (^!)(Xwtov). De là aussi flam.
malloete (Kiliaen).
MÉLISSE, appelée aussi piment des mou-
ches à miel, en L. melissopht/llnm fgr.
fiOit^ôfxjXXov, plante d*abeille), du gr. nkiittr,
abeille.
MELUFLU, L. méllifluus, d'où coule le
miel.
MÉLODIE, gr. /as><u^(x {j^i^oi, phrase ca-
dencée, -|- w5>î, chant). — D. mélodieux y -tque,
MÉLODRAME, drame avec chant {/liloi).
MÉLOMANE, qui raffole de musique
(/•«{vsï&xi, être fou, et juUo^, chant). — D. mé-
lomanie.
MELON, it. mellone, esp. melon, du L.
melo, -onis, m. s. (du gr. ftvjXov).
MÉLOPÉE, gr. fikXoitodx, art de composer
de la musique .
MEMBRANE. L. membrana^ pellicule dont
les membres sont couverts. — D. membra-
neux,
MEMBRE, L. membrum, — D. membru,
membre f membrure^ démembrer.
MEME, mesme^, vfr. meesme, metsme, it.
medesimo, prov. medesme, esp. meismo,
mismoy port, mesmo. Ce mot roman repré-
sente un type latin metipsimus, qui est encore
assez bien conservé dans le prov. smetessme
(Boëthius) = semetipsimus. Cette forme
superlative en imus est développée de metipse,
qui se trouve romanisé dans le prov. medeps,
meteis, medeis, v. port, medes; p. ex. per mi
meteis = L. per me metipsum, par moi-
même. — Il faut se garder de confondre
mesme, meïsme, avec l'adv. vfr. maisme,
orthographié aussi meism^, mesme (avec le
suffixe ment : mesmement), qui signifie sur-
tout, particulièrement, et qui vient du L.
maxime. — Le subst. mêmeté, proposé par les.
journalistes de Trévoux et patronné par Vol-
taire, n'a pas été naturalisé. On ne veut pas
démm'dre du terme savant identité.
MÉMENTO, mot latin, = souviens- toi.
MÉMOIRE, L. memon'a — Dans le sens
de •• écrit destiné à recueillir des souve-
nirs, etc. », sens qu'avait déjà le mot latin,
le subst. fr. mémoire a pris le genre masculin.
MÉMORABLE, L. memorabilis, du verbe
" memorare, rappeler à la mémoire, dont le
participe futur passif a donné le mot fr. mé-
morandum, pr. chose que l'on veut rappeler
à la mémoire, puis cahier de notes, enfin
aussi, comme mémoire, =- écrit, bref, etc.
— Au L. memorare répondent it. membrare,
prov. membrar; la langue actuelle a aban-
donné le correspondant fr. membrer; cps.
remembrer* , angl. remember (d'où le vieux
subst. fr. remembrance) = latin rememorare.
— De membrare, etc., viennent le part. it.
membrado, prov. membi'at et vfr. membre =
prudent, circonspect.
MÉMORANDUM, voy. l'art, préc.
MÉMORIAL, subst., L. memorialis (s. e.
libellas), m. s. Le sens adjectival du mot latin
est resté au terme négatif immémorial.
MENAGE, it. minaccia, esp. a-menaxa,
prov. msnassa, du subst. L. minaciœ (Plante),
tiré de l'ac^j. minax, menaçant. — D. mena-
cer. ^
MÉNAQE, voy. sous maison. — Le sens pre-
mier est l'ensemble des personnes vivant sous
un même toit, étendu à l'ensemble des meu-
bles, des ustensiles à l'usage d une famille ; de
là : entretien de la maison, gouvernement
domestique (cp. le gr. olxov9/*(a, économie,
m. s.), puis aussi, de même que le terme éco-
nomie, "■ manière profitable de gouverner la
•maison, épargne. Je préfère considérer mé-
nage, dans les deux dernières acceptions,
comme subst. verb. de ménager, faire, diriger
le ménage. — D. ménager, adj. (cp. ail.
haxishàUeiHsch, m. s., de haushalten, tenir
maison;; fém. ménagère, qui a soin du mé-
nage ; ménager, verbe, user d'économie, épar-
gner ; conduire, mener, procurer, pratiquer
qqch. avec adresse (d'où le cps aménager) \
ménagerie (v. c. m.). La valeur étymologique
du mot reparait sensiblement dans emm^o^^,
déménager. — Il faut distinguer ménage^ vfr.
mesnage, de l'anc. subst. manage, maison,
habitation, qui procède directement du verbe
manoir «« L. manere, demeurer.
MÉNAGER, verbe, voy. l'art, préc. —
D. management, égard, circonspection.
MÉNAGERIE, de ménage; pr. lieu bâti
auprès d'une maison de campagne, qui ren-
ferme tout ce qui appartient à la vie et aux
commodités champêtres, et particulièrement
les bâtiments destinés aux animaux domesti-
ques. Le mot s'est appliqué dans la suite à
toute réunion d'animaux, et spécialement à
une collection d'animaux rares et étrangers.
MENDIER, vfr. mendeier, dn L. mendicare,
— D. mendiant. — Du L. mendions (vfr.
menais), primitif de mendicare, vient le subst.
L. mendicitas. fr. mendicité.
MENDOLE, nom de poisson, voy. mène.
MÈNE, terme d'ichthyologie, L. mœna, gr.
/;.3c{v>î, fixi^ii. De là, d'après Banquier (Rom.
VI, 266) par un type 'mœnidula, prov. me7i'
dole, fr. mendole.
MENEAU, t. d'architectui*e, anc. maineau;
ap. Cotgrave : meneau, transome or crosse-
barre of a window. D'où ? De meieneV, dér.
de medianus, moyen, intermédiaire? L'angl.
a mullion, munnion = meneau ; ils me font
l'effet d'être gâtés de moielon, moienon.
MÉNEGHlOi, personne qui ressemble par-
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MEN
332 —
MEN
faitement à une autre, du nom propre Mé-
nechmCy personnage d'une comédie do Plante.
L'usage du mot dans sa signification actuelle
date de la comédie de Rcgnard intitulée :
Les Mthwchmes ou les Jumeaux, et jouée
en 1705.
MENER, it. menare, prov. meiiar, con-
duire, faire aller, puis diriger, mettre en
œuvre ; du verbe L. minare, employé dans
Apulée pour « faire marcher des bestiaux de-
vant soi, en leur donnant des coups de fouet « .
Paulus Diaconus : agere modo significat anto
se pellere, id est minare;... agasones : equos
agentes id est minantes. Quant à minare, on
le suppose identique avec minari, menacer.
La signification toute spéciale du verbe latin
s*est, dans la suite, élargie en celle de ducere ;
1* minare, dit Papias, ducere de loco ad lo-
cum, promovere ». Cette étymologie se con-
firme par la forme vfr. moiner, qui constate
un primitif minare [i bref), d'après le rap-
port habituel : i bref latin = oi fr. (pirus-
poire). — L'orthograplie ancienne nuxiner
repose sur un faux rapport avec main. —
D. menée, nuneitr; verbes composés : ame-
7iei\ ramener, emmener, se démener, pro-
mené}' (v. c. m.).
MENESTRIER*, MÉNÉTRIER; forme con-
currente de l'anc. ménestrel (angl. minstrel).
Colui-ci représente un type L. minisierialis,
serviteur, de ministerium, service. Ce der-
nier subst. a pris dans la basse latinité le sens
général de ars ; c'est le primitif de notre mot
fr. mesticr, métiei*; le mot minisierialis,
ministralis, est ainsi devenu synonyme de ar-
tifex, artisan et artiste. L'acception artiste
s'est plus tard particularisée en celle de musi-
cien, joueur d'instniment, chanteur. Aujour-
d'hui, nous nommons par dérision ménétrier
un mauvais joueur de violon. — Dans un arti-
cle où il applique rigidement les théorèmes de
la phonétique française à notre mot ainsi
qu'au terme grammatical j:^/i(nW(Ztschr., IV,
379-80), Forster nous apprend que la fonne
menestrier est restée inconnue au vieux fran-
çais et n'apparaît pas avant le xv® siècle. 11
s'est substitué à ménestrel (seule forme an-
cienne) par permutation de suffixe, comme
'plurel, la vraie forme franc, de L. pluralis,
a été de bonne heure supplanté par pltirier,
dont, bien tard, les savants, tout arbitraire-
ment, ont fait pluHel au lieu de reprendre
pliirel.
MÉNIL, 7nesnir, demeure, habitation,
ferme; vieux mot conservé dans un grand
nombre de noms de localités, comme Blanc-
puhxil, Ménilmontant ; il représente le BL.
'inansionile, voy. maison.
MBNIN, gentilliomme attaché au Dauphin;
de l'esp. me>7ino, enfant de qualité placé
comme émule auprès des jeunes princes. L'esp.
menino, port, minino, petit garçon, est do la
même famille que le n. prov. menig, menit,
petit, nonn. tninet, minette, rouclii minette,
petite fille, et vient, selon Diez, do l'adj.
gaél. min, petit, gentil (congénère sans doute
avec le miti-or des Latin^^).
MÉNINGE, gT.fiYrJi'/^, membrane. — D.m^-
ningite.
MÉNISQUE, du gr. fiYi-jhxoi, croissant.
MENON. chèvre dont la peau fournit le
maroquin; it. nitînno, BL. m^enonus; mot
d'origine inconnue.
MENOTTE, pr. petite main, dimin. do
main, cp. it. menetta. — D. anmenotter.
MENSE, table à manger, puis revenu d'une
abbaye, du L. m^wa, table. — D. me)isal.
MENSONGE, vfr. aussi mensogne, it. mai-
zogna, prov. meiisonga, mensonja. Ce mot,
par sa terminaison, embarrasse les étymolo-
gistes. Ce qui est sur, c'est que les étymolo-
gies meiitis somnium ou mentitum somnium
ne sont pas soutenables. L'opinion de Diez est
plus raisonnable. Il pense que mensonge re-
présente le L. mentitiônem (encore reconnais-
sable dans le prov. m^entisô), que l'on aura,
au moyen de la terminaison onge, assimilé au
nom d'un autre vice de même nature, savoir :
cal onge, cal on j a = L. calumnia. Notez
encore que nunsonge était autrefois du genre
féminin. — Selon toute apparence, le type de
mensonge est *mentionea. Mussafia (Beitrag.
p. 74; nous a révélé d'autres noms abstraits
formés par le suffixe oneus et qui se rencon-
trent dans les dialectes ital. Outre caiivonia
fane, milan, i," perversité »», il cite ambriaco-
gna, ivresse (piém.), tisicogna, phtisie (piém.),
marsimonia, pourriture, et cressimonia,
croissance (crém.); enfin, dans le Glossaire du
XV® siècle quil traite, levroso7iia, lèpre. On
trouve d'ailleurs tnenzonea dans l'ancien pié-
montais (voy. Fôrster, Ztschr.,Iir, 259).
MENSTRUES, du L. menstruiis (dérivé do
mensis, mois).
MENSUEL, L. mensualis ^mensis).
. . .MENT, terminaison adverbiale, it , esp. ,
port, mente, prov. men. C'est le mot latin
meyis, esprit, sens (à l'ablatif mente), dont le
sens naturel a dégénéré en celui de modus,
ratio. Ua&werhQ parfaitement équivaut donc
litt. au h.perfecta mente, d'une manière par-
faite. Ce suffixe étant de sa nature un subst.
fém., on comprend qu'il se joint à la forme
féminine de l'adj.; mais comme les adj. fr.,
répondant à des adj. latins à genre conmnin,
n'avaient autrefois pas de forme féminine, on
disait loiah7ient (loiaument), formejxt, gram-
ment, cruelment. Des traces de cet usage
nous sont restées dans les formes adverbiales
prudemment, méchamment, etc.
MENTAL, L. mentalis (mens).
MENTHE. L. mintha [fxh^a).
MENTION, L. mentionem. — D. mention-
ner.
MENTIR, L. mentir i. — D. menteur, men-
tcHe, mensonge (y, c. m.); cps. démentir.
MENTON, prov. menlô, augmentatif du L.
mentum, qui a donné direct, l'it. mento.
MENTOR, du nom propre Mentor, guide
et conseiller de Télémaque.
MENU, du L. minuties, petit, mince, de
peu de valeur. Comme subst., menu a pns le
sens de détail, dont la valeur étymologique
est la mémo. — D. mcnuaille, menuet, pr.
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MER
333
MËR
diinin. do menu (« il a le visage menuet et le
ventre rondelet ») ; la danse de ce nom est
appelée ainsi à cause de ses petits pas. — Voy.
aussi mcniiiser,
MBHTIBT, voy. menu.
MENUISER, couper menu, tailler, it. wîî-
nujtsaret prov. mentiza7\ d'un type latin
miniUiare (dér. de minutus^ iv. menu). —
D. m^enuise, la plus petite espèce de plomb à
giboyer ; menuisier ^ pr. := artisan en menues
piôcxîs (cp. le mot gr. équivalent Unrorjp/ô;,
menuisier), ou bien = celui qui coujkî (cp. le
terme équivalent tailleur, appliqué à l'artisan
en étoffes).
MENUISIIR, voy. l'art, préc — D. menui-
serie.
MENU-VAIR, petit-gris, de menu et vair.
MÉPHITIQUE, infect, fétide, L. mephiticus,
de mephitis, exhalaison pestilentielle do la
ten^e^. — D. méphitisme.
MÉPLAT, t. d'arts, pas tout à fait plat, = mes
(particule négative ou péjorative) -j- plat.
MÉPRENDRE (SB), = mes-prendre, mal
prendre. — D. mêpHse.
MÉPRISER = mes-priscr, esp. mciwsprc-
ciar, prov. menespre^ar estimer à vil prix.
— D. subst. verbal mépris, esp. menospre-
cio; adj. méprisable.
MER. L. tnare,
MERCANTILE, de Tit. mercantile, dér. de
mercante, marchand.
MERCENAIRE, L. mercenarius, stipendié
(plutôt mercennarius p. mcrcedinarius, de
tnercedem, salaire).
MERCERIE, voy. mercier.
MERCI, vfr. mercit, it. mercd, esp. merced,
port., prov. inercê, grâce, miséricorde, par-
don. Du L. merces, mercedis, salaire, récom-
pense. Le sens originel •• don rémunérateur »
s'est modifié au moyen âge en celui de don
gratuit, offert par sympathie, commisération
ou reconnaissance, d'où s'est dégagé celui de
miséricorde, ainsi que celui de simple recon-
naissance. — D. vfr. mercier, 1. crier merci,
supplier; 2. recevoir à merci, faire grâce;
3. remercier (de là le subst. verbal mei'ci =
remerciement ; nfr. remercier, rendre grâces.
— Il est bon de noter que l'expression Dieu
merci, d'après les analogies que présente l'an-
cienne langue (vostre merci, le merci Dieu),
no signifie pas « grâce à Dieu »», mais « par
la grâce de Dieu n.
MERCIER, verbe; voy. l'art, préc.
MERCIER, subst. BL. merccinus, de mcrx,
mercis, marchandise. — D. mercerie.
MERCREDI, it. mercoledi, mercordi, prov.
(avec renversement des deux éléments consti-
tutifs) r/?»ierc7'e^; du L. Mcvcurii dics. Sans
dies, l'esp. a fait miercoles, le prov. aussi
mercres.
MERCURE, nom donné par les chimistes au
vif-argent, soit parce qu'ils reconnaissaient la
planète Mercure jMDur son générateur, ou
parce qu'étant d'une susceptibilité extrême, il
a quelque rapport avec l'agilité du dieu Mer-
cure, que les poètes représentent av^ des
ailes au talon. — D. mercuriel.
1. MERCURIALE, plante, L. mercurialis
s. e. herba.
2. MERCURIALE, d'abord assemblée du
parlement de Paris, puis harangue du prési-
dent tenue à cette assemblée (fig. on appelle
aujourd'hui mercuriale une réprimande
quelconque, par allusion au caractère de
ces discours du président du Parlement do
Paris); l'assemblée fut ainsi nommée parce
que ces assemblées se tenaient le mercredi
(jour de Mercure).
3. MERCURIALE, registre où sont inscrits
les prix des grains et denrées aux marchés pu-
blics, de Mercure, comme personnification
flu commerce (?j.
MERDE, L. merda. — D. mcrdeux, mer-
daille.
MÈRE, it., esp., port, madré, prov. inaire,
du L. mater, matris. — Mère se prend par-
fois ac^ectivement et entre dans la composi-
tion do plusieurs mots pour marquer l'excel-
lence, comme dans mère-goutte, le premier
jus qui sort du raisin, mère-latnc, mère-
perle, etc. Mais dans ces applications, mère
vient do l'adj. L. merus ; on trouve ine7'a
gutia, goutte pure, dans un document du
xin° siècle.
MÉREAU, petite pièce de métal servant do
jeton à différents usages, BL. mur cil us. Voy.
l'art, suivant.
MÉRELLE ou MARELLE, jeu d'enfants
(Kiliaen : marel-spel). Ce jeu consiste en une
échelle tracée sur le pavé, dans laquelle on
saute à cloche-pied, en poussant avec le bout
du pied une espèce de palet. Le même nom
est donné au jeu appelé en allemand mnhl-en-
spiel, jeu du moulin. Le mot mèrcllc ou ma-
relle signifie pr. le palet, le pion ou le jeton
dont on se sert pour ce jeu ; c'esl la forme
féminine de mereau (voy. l'art, préc). On le
rattache à un type matrellus, matrella (d'où
mairellus, tnarellus), qui serait un dérivé du
L. maiara, mataris, matei^is, sorte de jave-
line (voy. matras), mot d'origine gauloise et
dont la racine, à juger du gaél. mcthred,
jaculator, exprimait l'idée de jeter. Ci^. jeton
do jeter,
MERIDIEN, L. meridianus, de mcridies,
midi. — D. méridienne, 1. sommeil de midi,
2. ligne méridienne.
MÉRIDIONAL, L.mandionalis{àév. de ync-
ridiez, midi).
MERINGUE, sorte do pâtisserie, garnie de
crème ou de confituies. Mot nouveau, d'ori-
gine inconnue. L'esp. le rend par melindre,
qui signifie pr. beijrnot fait avec do la farine
et du miel, puis délicatesse en général. Lo
mot fr. serait-il une altération du mot espa-
gnol (rac. met =^ miel)? Selon d'autres, c'est
une pâtisserie venant du pays de Mehringen ;
malgré l'existence do nombreux villages alle-
mands do ce nom, cotte étymblogie mo fait
l'effet d'une plaisanterie.
MÉRINOS, de l'esp. merino, mouton d'Es-
pagne, pr. mouton errant, passager [merino),
c.-à-d. changeant de pâturage.
MERISE, cerise sauvage, d'où merisier;
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MER
334
MES
d'origine douteuse. D'après Le Héricher, meri-
sier serait p. mécerisier^ mauvais cerisier ; le
Glossaire de Lille porte meserasuSt meri-
sier.
MÉRITE, du L. meritum (merere), service
ou acte digne d'estime, qui commande la re-
connaissance. Dans l'anc. langue, mérite était
fôm. et signifiait récompense; c'est le subst.
participial du verbe nicrir, récompenser. —
En vfr., mérite était aussi adj. = L. meritus,
méritant. — Mériter, L. meritare^ fvéq. de
merere. — Méritoire, L. meritorius^qu'i pro-
duit un salaire.
MERLAN, vfr. merlaxc^ melletic, v. angl.
mei'ltnff, rouchi merlen^ merîin, breton mar-
îouan, Bl. merluus; les données manquent
pour fixer l'étymologie de ce mot. « Une
forme germanique merîing au sens de poisson
de mer [mêr) nous tirerait d'embarras, mais
elle fait défaut. »• (Diez). — D'après Joret
(Rom., IX, 121), du lat. merula (poisson de
mer); c'est donc le thème merl -f- la term.
germ. ing (cp. harenc = ail. hâring, éper-
lan =« ail. spierling). Lat. merula (poisson),
survit encore dans merle et m^erlot^ « poisson
du genre labre » (Littré;. Los anciens gloss.
german. traduisent merula par m^eer-amseL
Le nouv. prov. m^erlan est prob. un emprunt
au français ; il n'autorise pas l'admission du
type merulanus, — G. Paris, à propos de l'art,
de Joret, remarque que l'anc. angl. merling
accuse plutôt un composé de mér (forme
germ. de L. mare) et linc^ suffixe si riche en
anglais ; on aurait ainsi la forme gnrmanique
cherchée en vain par Diez. A ceci, Grôbep
(Ztschr., IV, 475) objecte qu'il est préférable
de laisser le mot merlan sans rapport avec
mer et d'accepter l'explication de Joret, sinon
m^rl + ing, du moins merl -|- ling,
MERLE, L. merula (ou plutôt merulus). —
D. merleau, merlette,
1, MERLIN, t. de marine, cordage à trois
fils servant à faire des rabans, ni. marlijn^
angl. marline, ail. maarliax ; le premier élé-
ment représente le mot german. maren, mat^
ren, lier(voy. amaiTer) ; le second, lij7i, angl.
Une, allem. leine, anc. Une, signifie corde.
— D. merliner.
2. MERLIN, t. de boucherie, «=. marteau,
d'un type marculinus, dér. du L. marculus,
maiteau.
MERLON (anc. aussi merlet), esp. merlon,
port, merlào, partie du parapet entre deux
embrasures, dér. du BL. merla, it. tnerlo,
créneau. On a proposé, comme source do ce
vocable : 1. L. mœrulus, dim. de mœrus,
forme archaïque de murus (Bolza); 2. L.
mince, cp. minœ murorum, d'où les dim. mi-
nula, mirula (Ménage); 3. L. mer^a, fourche,
d'où dim. mergula, les crénelures de la mu-
raille ayant été comparées aux pointes d'une
fourche. La 2* étymologie a pour elle l'esp.
ahnena, créneau ; la 3', le sicilien mergula,
m. s. La 1^® se recommande par les formes
BL. mei'ulus, merula,
MERLUCHE, MERLUS, MERLU, it. mer-
luszoy prov. merlus, esp. merluza, du L.
maris lucius, brochet de mer. — Darme-
steter précise davantage ; d'après lui, merlus,
'Uche est une composition française de mer -|-
lus, fém. luce (pic. luche); elle a passé à l'it.
merluz2o, esp. merluza. Quant au primitif
lus = lat. lucius, il est dans Palsgrave et a
survécu dans fr. luzet, nom dune espèce de
truite. — De son côté, Joret, à la suite de son
art. merlan (voy. pi. h ), analyse merlus par
7nerula -\- suffixe uceus (non pas par maris
lucius), merluche par me7*ula -\- ucea. Je ne
reproduirai pas les arguments ichthyologiques
et phonétiques exposés par le savant romaniste
et me borne à dire que son raisonnement parait
probant.
MERRÂIN, dans le principe, bois de con-
struction en général, vfr. mairien, wall.mat-
rain, prov. mairam, mairan, du BL. mate-
riamen; dérivé du L,materia, au sens de bois
de construction (en opposition avec lignum,
plutôt bois de chauffage).
MERVEILLE, it., esp., port, maramglia,
•villa, -mlha, prov. maraveglia, du L. mira-
bilia, plur. neutre, =» choses étonnantes. —
D. merveilleux, verbe s*éyneroeiller,
1. MES- (devant les consonnes, sauf s, la
consonne finale de mes vient à tomber et mes
devient m^'); particule prépositive ou préfixe
exprimant que l'action désignée par le verbe
auquel elle est jointe est mal faite ou avec un
fâcheux résultat ; prov. mes, it. mis. Ce pré-
fixe a la même valeur que le miss allemand
(goth. vha. missa, mha. misse, ags., angl.,
ail. miss, mis). Malgré cette correspondance
de sens et de forme, on ne peut assigner au
préfixe roman une origine germanique; la
forme prov. mens et les formes esp. et port.
menos engagent à voir dans m^ une contrac-
tion du L. minus, pris dans le sens de
« moins bien, c.-à-d. pas très bien »». Je pense
que cette étymologie est à l'abri de contesta-
tion, mais que, d'un autre côté, la multiplicité
des composés français avec mes ou mis s'est
produite sous l'influence de la particule ger-
manique. A l'appui de cette manière de voir,
je ferai remarquer : 1. que la latinité du
moyen âge ne présente aucun exemple du
préfixe minus, tandis qu'on trouve dès le
IX* siècle des verbes tels que mis-dicere, mis-
facere, mis-docere, mis-evenire; 2. que la
forme mis, en italien /p. e. dans mislealtà,
misventura), a, comme représentant du L. mi-
nus, quelque chose d'anomal (cp. L. ministe-
rium, it. mestiero, non pas mistiero) ; 3. que
le préfixe esp. me^xos est d'une application,
limitée à un petit nombre de cas seulement.
2. MES, plur. du pron. possessif mon ; du
L. vieos, prov. mos, d'où, par l'assourdisse-
ment habituel de o eue, la forme mes (cp. /^
de los, L. illos), — Dans l'anc. langue, mes
représentait également le nom. sing. L. meus\
nous en avons encore la trace dans messire
= mon sire.
MÉSAIR, t. de manège ; d'après Littré, de
l'it. mezsaria (de mezso^ demi, et aria, air).
MÉSANGE, vfr. masange, wall. masenge,
I rouchi masinque, pic. masaingue, BL. ma-
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MES
— 335 —
MET
sancCt aussi misinga ; dér. de Tags. màse, v.
flam. méese, nha. meise, m. s. La terminaison
ange représente le suffixe allemand ing^ qui
se trouve dans le v. nord, meismgr.
MÉSELLERIE, v. mot » hôpital de lé-
preux, du vfr. mesel, lépreux, ladre, qui est
le BL. rnisellus, m. s., dim. à.Q miser,
MÉSENTÈRE, gr. fiiwxïpuo'j (intestin du
milieu». — D. mésentérite,
MESQUIN, vfr. meschin, it. meschino, esp.
mesquino, pauvre, misérable, à l'origine =
serf, serviteur. D'après Diez, de l'arabe mes-
km, m. s. A lappui do cette origine arabe
on peut alléguer le fait (voy. Grandgagnage)
que le plus ancien passage de la moyenne
latinité où mischinus ait certainement le
sens : homme lige ou serf, a été écrit en Ara-
gon en 1131. Le mot s est donc introduit en
Europe par l'Espagne. Un vieux glossaire
porte : Saraceni mischinum mondicum vo-
cant. — De l'acception « pauvre, chétif » s'est
dégagée celle de « petit » (de là les subst.
vfr. nteschin. petit garçon, meschhie, petite
fille), et enfin, pour le féminin, celle de ser-
vante, acception propre surtout à l'it. meS'
china et au wall, nieskène, rouchi méqiiène.
— Le néerl. meisken, meisje (à Bruxelles
j'entends dire mashen), n'a rien de commun
avec notre mot ; c'est un diminutif de meid^
ail. maid^ formé de magd (par la résolution
du g en i), jeune fille. — D. mesquinerie,
MESQUIS, voy. mégie,
MESSAGE, du BL. missaticum^ dér. de
missus (it, niesso^ vfr. mes)» envoyé. L'anc.
langue employait aussi message =» missaticus,
niessager. — D. messager, messagerie,
MESSE, it. messa, esp. misa» ail. messe,
angl. mass; du BL. missa. On fiait générale-
ment venir ce terme d'église de la formule
missa est, s, e. concio, par laquelle le diacre
renvoyait l'assemblée. Pour être plus exact,
il faut définir la valeur étymologique de messe
en disant que c'était la partie du culte qui
commençait après que les catéchumènes, qui
ne pouvaient participer au sacrifice de la messe,
étaient renvoyés avec la formule m w^a estcon-
cio. Ferrari voyait dans m.issa un synonyme
de oblatio, offrande, donc = id quod mitiitur,
Cettj9 manière de voir mérite d'être prise en
considération; cp. notre mot tnets. — Luther
faisait venir messe de l'hébreu mas, tribut,
servitude.
MESSIE, L. messias, du participe hébreu
maschia^h, oint, consacré, dont y^piTro; est la
traduction grecque exacte.
MESSIER, garde champêtre, BL. messa-
riits^ messium custos, de messis, moisson.
MESSIRE, composé de mes (vfr. = mon,
voy. mes 2) et sire. — L'it. dit messere, d'où
la forme fr. messer.
MESTRE ou MEISTRE (arbre de), le grand
mât d'une galère, soit du nord, mastr, mât,
soit = maistre, maître au sens de principal.
MESTRE DE GAMP, de l'it. inaestro di
campo, maitre du camp.
MESURE, L. mensura (metiri). — D. me-
surer, L. mensurare; ac^. mesuré, démesuré.
MESURER, voy. mesure,
MÉTAIRIE, voy. métayer,
MÉTAIL, voy. métal,
MÉTAL, L. metallum. — L'anc. forme
métail, selon Diez, accuse un type ac^ectival
metalleum, L'anc. valeur do métail, » compo-
sition de plusieurs métaux », me fait plutôt
supposer un type barbare mixtaleus, cp. le
terme méteil (v. c. m.). En BL. on trouve
en effet mestallum au sens de cuivre. — D,
métallique, -in, -iser. — Voy. aussi médmlle,
MÉTALEPSE, gr. /bisTà/>7ft«, permutation.
MÉTALLURGIE, gr. fitTXAXoup/lx = travail
du métal. — D. métallurgique,
MÉTAMORPHOSE, gr. fxiTXfiôpf^Ti; ^
L. transformatio (.aojof»} = forma;. — D. mé-
tamorphoser,
MÉTAPHORE, gr. /Ajrap-.pà, transport.
MÉTAPHYSIQUE, du gr. yuisrà rà ^u^xâ,
« après les choses naturelles », premiers mots
du traité de métaphysique d'Aristote, placé
après les traités de physique. — D. métaphy-
sicien.
MÉTAPLASME, gr. ixtroai\%tii6i, change-
ment de forme; a^j. métaplastique, gr.
/JLÎT'ZTlÂT.'JTlAÔi.
MÉTATHÉSE, gr. fUTà^iui, transposition.
MÉTAYER, pr. fermier à moitié fruits, dé-
coule dir. d'une forme prov. meitadier, dér.
de meitad, moitié ; cp. BL. medietarius, m.
s., de medietas; l'anc. terme équivalent me-
gier répond à la lettre au BL. mediarius (de
modiiis).
MÉTEIL, anc. méteil, BL. mestellum,
mixtellum, mixteolum, frumentum miscel-
lum ; dér. du L. Jnixtiim (miscere), mélangé.
Le méteil est un mélange de froment et de
seigle. Cp. le terme allemand mangkorn (de
msngen, mêler). Le wallon dit mesteure, qui
est le L. mixtura, mélange. Une variété
littérale de cette forme est mosteure, qui est
le fr. mouture = mélange de froment, de
seigle et d'orge, par tiers, mot qu'il ne faut
pas confondre avec mouture de moudre. —
Cp aussi angl. meslin, maslin, méteil, d'un
type lat. ynisculinum,^
MÉTEMPSYCOSE, gr. /AiT(/i|^û/&i7t;, trans-
migration de l'âme d'un corps dans un autre.
MÉTÉORE, phénomène atmosphérique, du
gr. iJLtrk'upoi (p. /liT-xiotpoi), litt. qui est dans
l'air, atmosphérique. — D. météorologie,
METHODE, L. methodus, gr. fii^oSoi, ma-
nière (litt. voie) pour poui'suivre qqch. —
D. méthodique, -isme, -iste; tnéthodologie,
MÉTICULEUX, L. tneticulosus {metns).
filÉTIER, anc. mestier, it. mestiero, mes-
tiere, esp. menester, port, mister, prov.
menestier et mestier, du L. ministerium,
service, charge, emploi, profession. Pour la
transformation littérale, cp. vfr. moustier,
moutier, de monasterium, — Dans l'anc.
langue, mestier = service avait dégagé la
signification « besoin n : on disait est mestier
p. il est b3soin, comme on dit encore avec le
même sens en it. e matière, en esp. es menes-
tcr, en wallon avu mesti (avoir besoin). Pour
cette transition logique, cp. eu latin opus =3
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MEU
— 336
MIC
ouvrage et besoin, en fr. besogne et besoin, —
Knfiii iiuH.icr^ nom abstrait ^= service, a pris
Tacception concrèt<3 de macliine ou appareil
lK)ur diverses opérations techniques.
MÉTIS, aussi mesticc, esp. mestizo^ d'un
tyj>e latin mixtitiiis, mélangé.
MÉTONOHASIfi, gr. /xsrovo/txvix, change-
ment de nom.
MÉTONYMIE, gr. ixtTfajufiix, emploi dW
mot pour un autre.
MÉTOPE, gr. fjiiTOTtri, ouverture intermé-
diaire.
MÉTRÉ, gr. fxïrpoj, L. metntm, mesure. —
D. métrique, métrer,
MÉTROPOLE, gr. firjTpcTtoU;, litt. ville-
mère. Delà, par firirpoTtoU-iz-nç, évcquo siégeant
dans la métropole, l'adj. métropolitain.
METS, vfr. mes, angl. mess, it. messo, du
L. missuyn (mettere), donc pr. ce qui est
envoyé ou mis sur la table. L'orthographe
moderne mets trahit la tendance . à mieux
marquer le rapport entre le substantif et le
verbe mettre. L'étvmologie ci-dessus se con-
firme par le rapprochement des termes équi-
valents : L. ferculum, de ferre, gr. -npotyopâ,
de itpoi-fkf.H'j, apporter; vfr. apport —- ^v-
vice de table (Du Fail : * sur le dernier
apport »\ — Wachter avait crronément
pensé à une dérivation du goth. malz, vha.
mas, nourriture. — Cps. cntretnets.
METTRE, it. mettere, esp. meter, port.
metter, prov. mètre; c'est le L. mittere, lais-
ser aller, laisser partir, envoyer, qui, dans
certaines applications, frisait déjà le sens
vague du mot roman, p. ex. dans manus ad
arma mittere (Sénôque), fiindamenta mittere
(Lactance). La valeur classique « envoyer »
se retrouve encore dans le composé trans-
mettre, — Du part, missus : fr. mis, parti-
cipe, et mise, subst. Voy. aussi message.
1 . MEUBLE, adj. , L. molilis, qui peut être .
remué, transporté; *• terre meuble, biens
meubles n. — D. ameublir, rendre meuble;
immeuble, bien-fonds, litt. bien non mobile,
bien fixe. — Fôrster (Grob., Ztschr., III, 561)
me reproche d'avoir, sur les traces de Littré
(ceci n'est pas exact, puisque mon péché
remonte à 1862), fait venir tneubie de môbi-
lis. C'est, à ses yeux, une hérésie : 0 ne peut
donner eu; aussi le vfr. écrit-il moeble,
mueble, l'csp. mucble; il faut donc absolu-
ment pour base un o bref et admettre un lat.
vulg. mubilis = mo (r) bilis. J'accepte hum-
blement la réprimande du rigoureux censeur.
2. MEUBLE, subst., 1. objet mobile (voy.
l'art, pi'éc), servant à garnir une maison, un
vaisseau ; 2. t. collectif = toute la garniture
ou le mobilier d'un appartement. — D. meu-
bler, ameubler', d'où ameublement.
MEUGLER, it. mugghiare, HL. mugnlare,
dérivé du L. mugiie, sous l'influence do
buculare (d'où fr. beugler),
1. MEULE (de foin), dans certains dialectes
et en vfr. aussi moule, tnule, d'où mulon,
meulon, BL. mullo. La forme picarde et
wallonne moie, qui est évidemment le L. meta,
cône, pyramide (en BL. = meule), et les
analogies formales vfr. seule do sœculum,
reule (angl. rule) de régula, ne permettent
pas de douter que metde, mule reproduisent
un dim. latin metula (syncope du /). — L'éty-
mologie L. moles, masse, peut donc hardi-
ment et 1*0 rejetéo. — D. m^ulon.
2. MEULE pour moudre, L. mola. —
D. mcidard, meulier, meulière,
MÉUM, IGÈON, plante, L. meum, gr. iirio-»,
MEUNIER, voy. moulin, — D. meunerie,
MEURON, dér. do mûre (v. c. m.).
MEURTRE, anc. aussi meurdrc, mourdre,
angl. murder, BL. mordrum, du goth.
maurthr, ail. mord, m. s. — D. meurtrier;
subst. meurtrièi'e, t, de fortification; verbe
meurtnr, vfr. mcurdrir, anc. tuer, auj. faire
une contusion, blesser, assouplir (le cuir; cp.
l'expr. mortifier la viande;.
MEURTRIR, voy. l'art, préc. — D. meur-
trissure,
MEUTE, anc. soulèvement, sédition, entre-
prise et troupe militaire. De là : expédition
de chasse, puis enfin troupe de chiens de
chasse (signification actuelle du mot). Du vfr.
meute, contr. meute, part, passé de mouvoir
(cp. émeute). Le sens premier de mouvement
insurrectionnel s'est conser\*é dans les dérivés
mutin (p. meutin), et ameuter, mettre en
meute, exciter. Du fr. viennent les mots ail.
meute, meute, meuter, séditieux, et meute7'ei,
mutinerie.
MEZZANINE, entre sol, dér.del'it. messano,
" qui est au milieu •» (de mezzo = médius).
MI, vfr. mci, fém. meie, moie, mie, formes
prov. meg, meitz, mieis, etc.; ces formes cor-
r*»spondent au L. médius, -a, -um. Dans la
langue actuelle, le mot mi n'a plus d'existence
séparée; il est réduit à l'état d'un préfixe,
marquant division par moitié ; il répond à mC"
dius, comme demi au composé dimidius. Ex.
mi-parti, mi-jambe, mi-août, mi-carême.
Dans ces cas mi est adverbe ; il conserve sou
caractère d'adjectif dans les compositions mtVft
= médius dies, minuit (anc. mie-nuit) = m,e-
dia nox, milieu ■=^ médius locus, point cen-
tral. — Le neutre L. médium (fr. mi) a donné
les locutions prépositionnelles in medio, d'où
le fr. *emmi, otper médium, d'où le (r, parmi.
— Génin a commis une lourde bévue en pré-
tendant que mi était une forme apocopée de
7nilieu.
MIASME, gr. fiUifix (de juiaivuv), souillure,
infection. — Du thème fiKxtfkxx : adj. mias-
matique.
MIAULER, onomatopée, it. miagolare, cp.
vfr. miauvDC7*, ail. miauen, angl. meio.
MICA, esp. de minéral; du L. mica, par-
celle, paillette, ou, ce qui est plus vraisem-
blable, du verbe micarc, briller. — D. mi-
cacé.
MIOHE, L. mica, parcelle, en BL. = par-
vus panis. En v. flam. miche signifie panis
triticius (Kil.). Hasselt, éditeur de KiÛaen,
ajoute : nostra vero mikke^i non pai^vi panes
sunt, sed vulgaribus latiores, majores, cras-
siores, graviores. En hoU. , mik signifie : fine
farine de seigle. Il se pourrait donc que miche
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MIE
— 337 —
MU
et le BL. mica n'eussent rien de commun avec ^
le L. mica et fussent de provenance germa-
nique, ce qui est d'autant plus vraisemblable
que le L. mica a donné le fr. 7nie (v. c. m.).
MICHE, sot, niais, corruption du prénom
Michel,
MICMAC, intrigue, tripotage; cp. ail.
misch-masch, dan. misk-mak, pêle-mêle
(ail. mischen = mêler) ; on peut encore citer,
en fait de ces mots de fantaisie : ail. fick-fack,
détours, subterfuges (de fichen^ remuer),
kJip-klap, sing-sang, fr. fUc-flac,
MICROCOSME, <=> t^vApoi xà'Sfioi» monde en
petit — D. microcosmique,
MICROSCOPS, mot créé pour dénommer un
instrument qui sert à examiner (7zo:r«Zv) les
petites choses (fiupôi), — D. microscopique.
MIDI = médius dies, cp. l'ail, mit-tag^ m.
s., et le L. meridies, qui est pour medi- dies,
Voy . mi et di, — Dans le Lyonnais, on dit mé-
jour p. midi.
1. MIE, petite partie qui tombe du pain
quand on le mange, du L. rnica, parcelle,
fragment. Ce mot a été remplacé par son
dim. miette. — D. étnier, mioche {v, c. m).
2. MIE, la partie du pain entre les croûtes,
esp. migttf prov. mica, miga, anc. cat. mica.
On rattache d'habitude ce vocable au L. mica,
petit morceau; la valeur de ce mot latin,
cependant, est loin de celle du fr. mie. On n'y
trouve rien qui caractérise la mie en tant
qu'opposée à la croûte. Il faut donc que le
sens u partie molle du pain » ait été appliqué
au mot mie, petit morceau, en seconde ligne
et par une liaison d'idée que je ne saisis pas.
N'étaient les similaires étrangers, je ne ver-
rais aucun inconvénient à expliquer mie par
média, s. e. pars. L'italien ne dit-il pas, par
une métaphore semblable, midolla = mie de
pain, lequel midolla est le medulla latin
hnoelle) et par conséquent dérivé de médius f
L'italien rend en outre la mie par mollica (de
mollis).
3. MIS, ancien renforcement de l'adverbe
négatif ne, équivalent des termes analogues
fr. pas, point, goutte (anc. aussi brin, grain,
rien, etc.), li.punto, mica, fiore, etc., L. hù
htm (d'où nihil). C'est le même mot que le
mica latin = petit morceau (voy. mie \)\
l'expression ne^nieivtoML. ni-mic) signifie donc
pr. « pas une miette ". Cp. la phrase de
Martial : « Non est in tanto corpore mica
salis n (pas un brin do sel, ou tout court pas
de sel).
4. MIE, p. amie; forme abstraite de l'ex-
pression ni amie, que l'on a mal décomposée
par ma mie.
MIEL, L. mcl, mellis. — D. mielleux, em-
mieller, vfr. amieller =» enjôler.
MIEN. Les formes mien, tien, sien, sont
tiréos, d'après Dicz, directement des an-
ciennes formes possessives mi, ti, si, à l'aide
du suflixe en = L. anus (cp. ancien de anj,
ains). D'autres préfèrent voir dans mien une
foi'nie diphthongwée de rnen, forme picarde
du L. meum: Si cette dernière explication est
la bonne, il faut alors admettre la dégrada-
tion suivante : meum — })ium — mon — men
— mien. Pour le passage de on en en, cp. vo-
luntas, volonté = vfr. volenté. J'objecterai
contre l'opinion de Diez : 1 . que de tout temps
tnien a été monosyllabe, ce qui prouve contre
une formation dérivative ; 2. le très ancien
emploi de men p. mon (Chans. de Roland).
— Sur l'origine des formes mon, ton, son et
mien , tien, sien, qui n'est pas encore sortie du
domaine de la controverse, on peut consulter
Cornu (Rom., VU, 593), Grôber (Ztschr., III,
157) et Mussafia (ib., 267). Ce qui est généra-
lement abandonné, c'est le type lat. meanus;
notez surtout que le fém. mieneivcnQUïiQ) n'ap-
parait que fort tard dans la langue.
MIETTE, voy. mie 1. — D. émietter.
MIEUX, vfr. mels, miels, miex, miœ, prov.
meilhs, du L. melius, Cp. vfr. mieudre, meil-
leur, de me/îor.
MIEVRE, norm. nièvre, enfant vif, remuant;
d'après Ménage, du L. nebulus (p. nehulo),
polisson ; cette étymologie conviendrait assez
bien, pour la forme, au norm. nièvre, mais,
sans parler de la disparate des sens, comme
l'observe fort bien Diez, m initial se change
parfois en n, mais non pas n en m; ce qui
fait que l'origine du mot reste encore à trou-
ver. — En Berry. on dit maffion pour un en-
fant vif; je ne pense pas qu'il soit connexe.
Jusqu'à meilleure information, je suis d'avis
que mièvre sonnait à l'origine mieurre et que
ce mot représente une variété phonétique do
meuble = L. mobilis, mobile, léger, vif. Il me
semble que le thème mobl a aussi correcte-
ment pu faire mieuvre que popl a fait pieu-
vre (v. c. m.). — L'observation de Diez sur le
caractère insolite du changement de n initial
en m rencontre, cependant, une exception
dans le mot mastouclie et sainte mitouche
(voy. ces mots). — Notons encore l'anc. subst.
mieuresse, gaieté.
MI6NARD ; c'est le radical de mignon avec
le suffixe péjoratif ard, — D. mignardise,
afféterie ; mignard^r, — Avec le .suffixe ot,
le même radical a produit mignot, joli, déli-
cat.
MIGNON, a<y. = gentil, subst. = favori ;
du vha. minni ou minnia, amour; mha.
minne, amour et objet aimé ; cp. bret. 7ni-
nones, amie; irl. mian, mion, amour. —
L'étymologie mine (• qui fait de petites
mines »») est insoutenable. — D. mignon-
nette.
MIGNOT, voy. mignard, — D. mignoter,
mignotise.
MIGRAINE, vfr. migraigne, it. emigrania,
magrana, esp. migrana, du grec yj>i)epav(«,
mal de tête affectant une moitié (>î/ji) seule-
ment de la tête (xpàviov).
MIGRATION, L. migrationem (migrare).
MUAUREE ; je ne saurais comment faii*c en-
trer ce mot, comme l'a fait Roquefort, dans
la famille mignon ou mignard. J'attends en-
core l'étymologie du mot. Cp. Berry mijau-
der, mignarder. Voy. aussi mitonner. Le mot
me semble radicalement connexe avec myo^cr,
user do douceur, de caresse.
22
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MIN
— 338
MIN
MUOTBR, faire cuire à petit feu ; sur l'éty-
Diologie, voy. ma conjecture sous mitonner;
cependant, j'aime à donner la préférence à
l*ex4)lication de G. Paris, qui s'exprime ainsi
(Vie de Saint- Alexis, p. 187) : •» Dans le Maine
et ailleurs, on dit des fruits qui attendent au
migeol (voy. pi. loin l'article mugoi) leur ma-
turité qu'ils migeaUent. Le verbe a pénétré en
français sous la forme mijoter avec le sens
dérivé de « cuire doucement ». — L'idée de
douceur qu'implique le verbe peut avoir donné
lieu à mijoter = mignoter, caresser.
1. MIL, MILLE, L. mille, millia, — D.
millCf subst. (anc. fém.), mesure itinéraire
(it. migîio, esp., prov., wi//a, vha. mïTe. nha.
meile\ du L. millia = mille passus, d'où :
milliaire, L. milliarium.
2. MIL, plante, esp. mijo, it. miglio, du L.
milinm. — D millet (dimin.); miliç,ire, L.
miliarius; milleraie, champ semé de millet.
MILAN, esp. milano, port, milhano, prov.
milan, d'un Ij.mihianus, dér. de miluus, forme
qui a précédé milvus. — D. milaneau; mi-
loiiin = L. miluinus p. milvinus (?).
MILIAIRS. voy. mil 2.
MILICE, L. militia (miles). — D. mUi-
cien.
MILIEU, p. mi'lieu, voy. mi.
MILITAIRE, L. mililaris (miles, -itis).
MILITER, L. militare, être soldat, com-
battre.
MILLE, voy. mil 1 . — D. milliesme' mil-
lième, L. mill&simus fd'où aussi le terme sa-
vant millésime) \ millénaire, L. millenarius;
millier; million = mille mille ; milliard — «
mille millions ; milliasse, mille milliards.
MILLÉSIME, voy. l'art, préc.
MILLET, voy. mil 2.
MILLI-, terme initial de composés marquant
une mesure; il exprime la millième partie de
l'unité désignée par le simple, p. ex. milli-
gramme, milliliire.
MILLION, voy. mille, — D. millionnaire.
MILOUIN, voy. milan.
MIME, L. mimiis (jjûfjiOi)» — D. mimique,
L. mimicus; mimer, exprimer par des gestes;
mimosa ou mitneuse, nom de la sensitive
(type L. mimosiis), donc litt. celle qui exprime
ce qu'elle sent.
MIMOSA, voy. mime,
MINABLE, pitoyable, misérable, wall. mi-
nûv, rouclii mittape. Comment expliquer ce
mot fort répandu dans las provinces du Nord
et en Belgique? Kxprime-t-il « ce qui est fa-
cile à miner », c.-à-d. à détruire?
IQNARST, de l'arabe menârah, chandelier,
lanterne, phare, puis tour en général; en turc,
menAret,
mNAUDER, voy. mine 1 — D. minaudier,
minauderie,
MINCE. Les règles phonologiques ne per-
mettent nullement ni l'étymologie L. 'minu-
iixis, ni celle du corn paratif gothique mî)îHi<aa,
moindre (= vha. minnira, nha. tninder); la
langue française ne présente aucun vestige du
goth. jg (=.vha. r), en tant que lettre caracté-
ristique du comparatif. Diez, par cette raison,
a porté ses vues sur le vha. minnisio, super-
latif de min, petit. On voit parfois 5/ penuuter
avec s foi*t cfr. broce', brosse de l'ail, borste) ;
mince serait ainsi p. minse, comme rincer p.
rinser, — Une autre opinion est que mince
vient du L. 'mancius p. manciis (■= qui est en
défaut; par l'intermédiaire maince; on allègue
à cet effet le fr. rinceau p. rainceau, du L.
ramicellus, Diez lui-même, comme le fait re-
marquer l'auteur de cette étymologie, M. Lan-
gensiepen, attache une certaine importance
à cette disposition des adjectifs latins en us
à changer leur terminaison en tus, en revê-
tant la forme romane; cp. esp. gurvio de
curvus, crasio de çrassus, soberbio de super-
bus, etc. — Une conjecture de Litti-é, fondée
sur l'anc. signification « petite monnaie va-
lant un demi-denier ♦», vise à rattacher mince
àl'angl.m»!/, ail. miin 3e, monn&ïe. — Toutes
ces tentatives tombent à néant devant la solu-
tion proposée par Paris (Rom., VllI, 618).
Mince est un adjectif verbal (comme lâche,
comble, trouble, etc.), tiré du vfr. mincier;
quant à celui-ci, il représente correctement
L. *mimUiare et se rapporte à menuiser,
comme percer à 'perluiser, — D. mincer it.
de cuisine), amincir.
1 . MINE, air du visage, it. mtna. Les opinions
sont partagées sur l'origine de ce mot. Ecou-
tons d'abord le président de Brosses : « Mine
vient du L. minari, menacer par l'air du vi-
sage. Ainsi l'expression n'a d'abord été appli-
quée qu'à une mine terrible et fâcheuse,
comme quand nous disons faire la mine,
Tout« altération de l'air du visage, soit qu'elle
provienne de passion ou d'affection, a été
aussi nommée miiui, et enfin l'expression s'est
étendue à toute sorte d'air du visage : on a
dit une jolie mine, une mine gracieuse. « —
Chevallet déduit le mot de l'ail, miene, air,
extérieur, contenance (= dan. mine, angl.
mien, meen). Mais il est bien avéré que les
mots germaniques sont d'importation romane
aussi bien que les formes celtiques 7nin, man,
mein. — Diez est d'avis que miyie, contenance,
geste, maniôi^o do se pré.senter, se rattache au
verbe se mener, lat. se minare; il rapproche
à ce sujet le mot analogue L. gestiis de se
gerere. Cette manière do voir me parait la
plus rationnelle. — D. minaud, type minai-
dus (suffixe péjoratif), d'où minauder, mi-
nois.
2. MINE, lieu d'où l'on extrait les métaux,
galerie .souterraine (puis, par métonymie, la
matière minérale même), it., esp., port, mina,
prov. mina et mena. C'est le subst. du verbe
miner, creuser, caver, it. rni'^arô, esp., port.,
prov. minar. Or, ce dernier est une applica-
tion spéciale du L. minare = roman menare
(voy. menei"), conduire; cp. les expressions
BL. hiinare consilium^ préparer un coup,
mener une affaire, miiias parare, dresser des
embûches, prov. m,enar secretz, faire un com-
plot ; de là le sens du subst. menée, (Je men-
tionnerai ici le vieil adj. fr. mwîeMa?, = caché,
secret, couvert, pr. qui se fait par menée ou
comme soutcrraiuement.; Mvui serait donc
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MIN
— 339 —
MIR
d'abord = dessein secret, intrigue, puis, au
figuré, un conduit souten^ain pour miner les
murailles d'un lieu assiégé, d'où se déduirait
finalement l'acception « excavation souter-
raine pour extraire le minerai ». C'est ainsi
que L. ducere, conduire, a donné Tit. doccia^
conduit, canal. Ce qui gêne un peu, cepen-
dant, c'est la forme minaresM lieu de menare.
Diez pense que cette variation a eu pour bue
de diflférencier les significations. Pour nous,
cette déviation ne parait pas devoir faire diffi-
culté; si d'un côté menare^ mener s'est pro-
duit du L. mùiare dans tel sens, qu'est-ce qui
empêche d'admettre que l'on ait plus tard tiré
du même minare de la basse latinité une
forme variante miner dans un autre sens
secondaire ou dérivatif? En d'autres termes,
mener est de la première formation, miner
de la seconde. D'ailleurs, on trouve Ve dans
prov. mena et meniera. — Rossignol pense
que miner vient du L. m^iniaria^ pr. mine de
miniwn ; mine — minium se serait généralisé
en toute espèce de métal. — D. minière, prov.
meniera^ esp. minei'a,
3. MINE, mesure de capacité, vfr. emine,
csp. hemina, prov. miîia, du L. hemina (gr.
Yifxha.), mesure de liquides et de solides, pr.
moitié du sotier (sextarius). Pour l'aphérèse
de la syllabe initiale, cp. migraine. Notre mot
mi7îe n'a rien à faire avec le L. mina, gr.
/Avâ, = poids de cent drachmes, ni avec me-
dimnus. — D. minage (droit de), minot (v.
c. m.).
MINSR, voy. mine 2. — D. mineur,
MINSRAI, dér. de minière comme miné-
ral, dont il représente la forme wallonne (L.
-a/w = wall. -ai),
MINERAL, dér. de minière (voy. mine 2).
— D. minéraliser, -iste, minéralogie,
MINERVAL, honoraire payé pour l'ensei-
gnement des sciences et des beaux-arts, du
L. minerval (de Minerte , la déçsse de
l'étude).
MINET, MINETTE, MINON, MINOU, déno-
minations familières du chat. Diez range ces
vocables dans la famille de menin (v. c. m.) ;
Littré les dérive de mine l (« l'animal qui fait
des mines »).
1. MINEUR, subst., du verbe mther,
2. MINEUR, adj., vfr. meneur, de l'accus.
L. minôrem ; le nom. minor (l'accent sur i)
s'est francisé en moindre. — D. minorité,
MIN6RELET, dimin. de mingre', forme na-
salisée de maigre,
MINIATURE, subst. du verbe BL. miniare,
écrire ou dessiner avec du minium, cinabre ;
la miniatureGsi donc pr. un dessin en vermil-
lon intercalé dans les anciens manuscrits ; ces
dessins ou peintures étant généralement de
dimensions fort petites, le mot miniature a
fini par signifier un ouvrage d'art de petites
proportions, et une chose de petite dimension
en général. L'idée du minium ou vermillon
s est tout à fait effacée. — D. miniatuiiste.
MINIÈRE, voy. mine 2.
MINIMB, du L. minimus, -a, -mwi, superlatif
de petit. — D. minimal.
MINIMUM, le moindre ; mot latin ; voy. mi-
nime.
MINISTÈRE (mot savant), 1 . service, entre-
mise, 2. fonctions de ministre, 3. les ministres
pris collectivement ; du L. ministcrium, ser-
vice (voy. aussi mt'^ier); de là Xsidi^. ministériel
(voy. aussi ménétrier),
MINISTRE, L. minister, serviteur.
MINIUM, oxyde de plomb rouge, aussi mine,
ail. mennig, mennie, du L. minium, cina-
bre, minium. — D. verbe BL.mt/imr^, écrire
avec du minium, d'où miniature (v.c. m.).
MINOIS, mot familier, tiré de mine 1 .
MINON, voy. minet.
MINORITÉ, subst. de mineur, L. minor,
donc 1 . = état de mineur, 2. >= le nombre
moindre.
MINOT, moitié d'une mine, mesure de cé-
réales (v. min^ 3;. — D. minotier, pr. mar-
chand de farine, d'où minoterie.
MINUIT, p. mi-nuit, voy. mi.
MINUSCULE, L. minusculus, un peu petit.
MINUTE (mot savant), du L. mintUus, donc
propr. chose menue, petite parcelle; de là
petite fraction dans la division du temps et do
l'espace, d'où les acceptions actuelles, mathé-
matiquement circonscrites. — L'acception
« original, brouillon d'un écrit » vient de la
petite écriture déliée dans laquelle on écrit les
brouillons. Dans ce sens, la minute corres-
pond à la grosse (v. c. m.), qui est écrite en
gros caractères. De là le verbe minuter (un
acte).
MINUTIE, L. mmM^ea, chose menue, affaire
de rien. — D. minutieux.
MIOCHE, mot familier, dérivé de mie, petit
morceau (voy. mie 1).
MIQUELOT, pr. pèlerin de saint Michel et
qui se sert de ce prétexta pour mendier, fig.
hypocrite.
MIRABELLE, esp. mirabel, it. mirabella,
prune jaunâtre, qui tient sou nom, dit-on, de
l'une des nombreuses localités du nom de
Mirabeau, Mirahello ou Mirabella. — Diez
identifie cette dénominatiou avec celle du
fruit dit mgrobolan = gr. y.\jpo%àïavoi, parce
qu'en italien le mot mirabolano désigne
l'arbre qui donne les miràbellas ; je crois que
la prémisse et la conclusion sur lesquelles
repose cette étymologie sont sujettes à con-
testation.
MIRACLE (mot savant;, L. miraculum (de
mirari, cp. merveille). La vraie forme franc,
de miraculum, est mirail, voy. s. miroir. —
D. miraculeux.
MIRE, voy. mirer.
MIRER, vfr. = contempler (de là : se
mirer), auj. = voir attentivement, fixer des
yeux, viser, du L. mirari, voir avec admira-
tion. — D. subst. verbal mire, dans « point de
mire » ; mirage, miremait; miroir., d'un type
miratorium (vfr. mirèor, prov. mirador, it.
miradore, accusent un type mirator, le
mireur); miraille, t. d'héraldique; miraudcr.
MIRLIPIQUE, voy. l'art, suiv.
MIRLIPLORE, jeune homme qui fait l'agréa-
ble ; mot de fantaisie sur lequel je m'abstien-
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MIT
340 —
MIT
drai do fixer une étymologie. Serait-ce peut-
être un mire-les-fleurs, espérant par ce genre
d'admiration obtenir les bonnes grâces de
quelque femme sensible? Ou bien une altéra-
tion de mellifluusf Ou enfin un parfumé
d'eau de mille- fleurs î Le champ aux conjec-
tures est vaste. — Notez encore la corruption
niirlifique (p. mirifique^ L, inirificus) = ad-
mirable, d'où vfr. mirlifichures, atours
MIRLIROT, corruption do mélilot (v. c. m.).
MIRLITON, espèce de flûte. D'origine in-
connue. Littré pense que c'est un de ces mots
pris pour refrain» qui ne signifient rien par
eux-mêmes, comme biribi, tralala , miron-
taine. L'ancienne école étymologique aurait
hardiment expliqué le mot par le L. mirus
lUitus, trompette admirable !
MIROIR, voy. mirer. Cp. L. spéculum de
specere^ regarder. L'anc. langue disait aussi
mirail = miraculum. — D. verbe miroiter
(dérivation irrégulière), réfléchir la lumière ;
miroitie7% d'où miroiterie.
MISAINE, mât qui est entre le beaupré et
le grand mât; de l'it. me^jsaiia (= L. me-
diana), d'abord la voile du mât du milieu; le
mot s'est gâté chez les Anglais en mizsai,
chez les AU. et Née ri. resp. en besan et
bezaan.
MISANTHROPE, grec/*iîàv&/5fij7ro;, de/*i7jîv,
haïr, etav&po)7:cî, homme.
MISOELLANÉBS, L. miscellanea, dér. de
tniscellus (miscere), mêlé. — Cp. collectanées.
MISCIBLE, qui peut se mêler, du L. mis-
cere.
MISE, voy. ynettre^ 1. action de mettre,
manière de se mettre; 2. ce qu'on met (sur-
tout au jeu).
MISÉRABLE, L. miserabilis, digne de
pitié.
MISÈRE, L. miseria (subst. de miser).
MISERERE, impératif latin = aie pitié de
moi ; mot initial du 50* psaume. Le nom a été
donné, par métaphore, à une terrible maladie.
MISÉRICORDE, L. tnisericordia {àeVudy
miscHcors^ litt. au cœur compatissant). —
D. miséricordieux (on \ïr. misericort).
MISSEL, prov. messal^ du BL. tnissalis,
qui se rattache à la messe (L. missa),
MISSION, L. missione^fi (mittere), envoi
dans un but déterminé ; commission, charge
à l'étranger dans un but politique, religieux
ou autre. — D. missionriaire, pr. envoyé en
mission, mot appliqué particulièrement à celui
qui est chargé de la prédication do l'évangile
à l'étranger.
MISSIVE, L. missivuSf destiné à être
envoyé (latin mod. tiré du supin missum do
mittere).
MISTRAL, aussi maêstral, mestral, esp.
maestral, it. macstraley prov. tnaestrCf nom
du vent de nord-ouest; pour ainsi dire le
tnaitrc des vonfs.
MITAINE, BL. mitana, du germ. miite,
milieu. Cette dérivation est fondée sur ce que
la mitaine est un gant divisé en deux moitiés,
ou (peut être) un gant couvrant la moitié du
bras ou la moitié de la main. Ce même radi-
cal mit se rencontre encore dans miton^ syno
nymc de mitaine , puis dans le vfr. mitan,
moitié (d'où mitaiiier^ syn. de métayer)^ et
dans le nfr. mitoyen. On pourrait cependant
aussi admettre que le radical mit de tous ces
mots représente une contraction du thème
mediet et rapporter mitaine à un type bar-
bare medietanus, mi-parti ;'cfr. medietatem
romanisé par esp. mitad, prov. mitât , fr. rnci-
tié 'moitié. — Je pense que la forme ynitc ( =
mitaine) des patois est dégagée de miton, —
Wedgwood, à propos de l'angl. mitten = fr.
mitaine, cite le gaél. tnutan, gros gant, mutag,
gant sans doigts, qu'il ramène au nord, mudd,
vêtement en peau de renne. Mahn se prononce
aussi en faveur de l'origine celtique, mais en
ramenant les mots cités à math, main.
MITE, esp. mita; mot germanique : vha.
miza, nha. miete, ags. mite, angl. mite,
ni. mijt.
MITI6ER, L. mitigare (mitis). — D. miti-
gation, mitigatif.
MITON, gant qui ne couvre que Tavant-bras ;
synonyme de mitaine (v. c. m.), dont il par-
tage l'étymologie. On a bien songé à l'adj. lat.
mitis, doux, et à mite, mitou = chat (les
enfants nomment pareillement les manchons
en fourrure des minous, terme familier pour
chat;, mais ce caractère de douceur prêté aux
mitons ou mitaines paraît être bien postérieur
à l'introduction de ces mots. Cette étymologie
serait tout au plus acceptable s'il était démon-
tré que mitaine et miton désignaient dans le
principe dos gants en peau de chat. — Quant
à l'expression populaire onguent miton mi-
taine, on croit qu'elle provient de la synony-
mie entre miton et tnitaine; « qu'on se serve
ou non d'un tel onguent, c'est tout un, comme
m^iton et mitaine » ; telle est du moins l'inter-
prétation posée par Le Duchat.
MITONNER, dorloter, cajoler; puis aussi
laisser cuire doucement, du L. mitis, doux,
tendre. Ou bien l'idée de traiter avec dou-
ceur, caresser, se serait- elle dégagée du subst.
miton, gant? Cp. emmitonner, cmniiioufler,
envelopper de fourrures. — Ce rapport entre
mitis et mitonner, cuire à petit feu, me sug-
gère la pensée que mijoter, qui partage les
acceptions diverses de mitonner, pourrait
avoir une origine analogue. Le verbe latin
mitigare, rendre doux, mûrir, amollir, a pu
.se perpétuer dans quelque patois sous la
fonne miger, dont migeoter, mijoter (laisser
mûrir, devenir tendre, puis traiter doucement)
serait le dérivé. — Le mijé du patois de
Berry, comme le miton de quelques autres
provinces, employés pour la partie molle du
pain, se déduisent difiicilement de mica, mie,
tandis que, par m,itigare et mitis, nous arri-
vons à l'idée foncière « mou, tendre ». —
Mijaurée, la mignonne, la doucereuse(v. cm.)
pourrait appartenir à la même famille.
MITOUCHB {saiyUe), altération de mainte
nitouche, faite peut-être sous Tinfluence de
l'idée mitis. On désigne par là une prude, une
fille hypocrite, « dont il semble quelle n'y
touche pas et qui cependant nuit aux gens de
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MOD
— 341 —
MOEU
fait et do paroles dans l'occasion, ou bien qui,
faisant la d(3goùt<5e, semble ne vouloir toucher
à rien de ce qui a été mis devant elle » (Le
Duchat).
MITOUFLB, forme populaire de mitaine;
voy. emmitoufler.
MITOYEN, singulière forme produite peut-
être du même radical mit^ traité sous mitaine,
avec assimilation du suffixe au mot équiva-
lent mot/en. La langue fr. ne présente qu'un
seul mot de formation semblable, c'est citoyen.
Or, l'un et l'autre cerrespondent avec un
subst. prov. do façon également uniforme,
î»avoir citad et mitad. On peut en inférer que
les formes dérivatives citoyen et mitoye)i en
procèdent et représentent un type latin cita-
danus, mitadanus. Il va de soi que nous fai-
sons peu de cas de l'opinion de Roquefort qui
voit dans mitoyen une abréviation de moyen
toyen = mien tien, expression qui aurait été
employée jadis pour exprimer une chose com-
mune entre deux propriétaires. Une explica-
tion par medielanus serait contraire à la
lettre. — D. mitoyenneté.
MITRAILLE, vfr. mitaille, en Normandie
mi7idraille, vieille ferraille, puis basse mon-
naie; prob. du vfr. mite^ petite monnaie de
cuivre; cp. le rouchi mUrale, monnaie de
cuivre et de billon. Quant au primitif mite,
c'est le néerl. mijte, minutia, oboli vilissimi
genus (Kiliaen). — D. mitrailler,
MITRE, L. mitra(airp<x). — D. mitre; mi-
tron, garçon boulanger, nommé ainsi de la
mitre de papier dont il était coiffé dans les
vieux temps, pendant qu'il faisait la pâte (Le
Duchat).
MITRON, voy. l'art, préc.
MIXTE, L. mixtiis (miscere); mixition,
L. mixtio (d'où mixtionner)\ mixture, L.
mixtura.
MNÉMONIQUE, gr. fivrifioviy.ài, qui concerne
la mémoire; plur. fivrifiovixx, prœcepta de
memoria.
MOBILE, adj., L. m^bilis (movere) ; suh-
stantivé, ce mot signifie « id quod movet «,
force mouvante, impulsion, motif. Le mot
français d'usage commun p. L. mobilis est
meubk (v. c. m.). — D. mobilité, immobile,
mobiliser, mobilier, mobiliaire,
MOGADE ou MOQUETTE, étoffe de laine
velue ou peluchôe, tissée, croisée ou coupée
comme le velours. D'où vient ce terme? De
quelque nom géographique ou d'un type
moUicus, moVcus fdo mollis ; cp. molleton)}
MODAL (peu usité), L. modalis (modus) ;
modalité, L. modalitas.
1. MODE, subst. masc, manière, L.mo^i«5.
— D. modifier, L. modificare. — La langue
d'oïl avait francisé modus, comme terme de
grammaire, en mœuf(v. c. m.).
2. MODE, subst. fém., -= manière, façon;
puis façon habituelle, coutume. C'est le môme
mot que le précédent ; le changement de
genre parait être un effet do la physionomie
du mot. Il est bon do noter que le mot mode,
masculin ou féminin, est étranger à la langue
antérieure au xv* siècle. — D. modiste.
MODÈLE, it. modello, ail. modell, d'un
type L. modellus p. moduliis (modus), pr. la
mesure d'après laquelle on se dirige, patron,
original. — D. modeler, pr. faire un modèle,
puis aussi conformer à un modèle. — Le cor-
respondant littéral fr. du L. modulus est
moule (y. c. m.).
MODELER, voy. modèle.
MODÉRER, L. moderari fde modus, me-
sure).— D. modéré, pr. mesuré; modéra-
teur, -ation, modérantis>ne,
MODERNE, it.,esp. moc/<?rno, du L. moder-
nus, récent, actuel (adj. formé de Vadv. modo,
récemment ; cp. hodiernus, hesternus, formés
de même des adverbes Jiodie et heri). —
D. moderniser,
MODESTE, L. modestus (modus). — D. mo
destie, L. modestia.
MODIFIER, L. modificare; le sons latin est
modérer ; le sens moderne, donner un mode,
changer le modo ou la manière. — D. modi^
fication, -atif.
MODILLON, de l'it. modiglione, augmenta-
tif de modiglio, qui, à son tour, représente
un type L modiculus p. modulus, moule.
MODIQUE (mot d'introduction savante), L.
modicus (de modus, mesure); cp. ail. mûssig,
m. s., de mass, mesure. — D. tnodicité, L.
modicitas.
MODULE (mot d'introduction savante), L.
m^odulus (voy. aussi modèle et tnoule).
MODULER, L. modulari (de ynodulus, mode
musical, chant, mélodie).
MOELLE p. méolle \c.^. port, joelho p.
jeolho), prov. tnejgola, mezolla, meola^
muelha, esp., port, medulla, it. midolla,
Berry miolle; du L. medulla (médius). Voici
la succession des formes franc. : ineoule,
mooide, mouelle, moelle. — L'étymologie tirée
du gr. fjLuiU; est insoutenable. — D. moel-
leux.
MOELLON, vfr. et patois moilon, moielon ;
l'étymologie de ce mot est controversée. Les
uns le dérivent de moelle, à cause que cette
pierre est tendre ou qu'elle sert de remplis-
sage dans un mur. D'autres ont proposé le
L. moles, masse, ou mollis, tendre. (Pour ce
rapport de moilon au L. mollis, on pourrait
comparer le mot tnoilette, molette, outil cou-
vert de feutre pour polir les glaces, qui parait
bien venir de mollis.) Je ne serais pas éloigné
d'admettre pour moilon une étymologie wic-
diolus, et d'expliquer l'orthographe moellon
par un faux rapport avec moelle. On trouve,
en effet, souvent un vfr. moilon avec le sens
de milieu, et Littré remarque qu'en langage
de maçonnerie moye (= média) signifie la
partie tendre d'une pierre dure. — Peut-être
est-ce le même mot que l'esp. mrojon, sardo
mullone, pierre servant de borne, tas, que
Diez rapporte dubitativement à L. mutilus ;
donc une pierre non équarrie, brute, informe.
Il serait hardi d'invoquer l'ail, mull, terre
pulvérulente, gravois.
MŒUP, terme de grammaire, == mode (v.
c. m.). — L'étym. traditionnelle « modus n osi
mise on doute par Grober (Ztschr., II, 459);
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MOI
342 —
MOI
il y reconnaît le siibst. verbal de movoir (mou-
voir). On trouve en effet muef&vec le sens de
motif dans le Renart, IV, 981. — Si mœuf
vient de mouvoir et non de modus, objecte
G. Paris, comment se fait-il qu'il traduise
toujours et uniquement le latin modus (Rom.,
VlII. 135)?
MCBURS, L. mores, plur. de mos.
MOFETTE, gaz non respirable, dér. de Fit.
muffa^ BL. tnufa, ail. muff^ moisissure; on
dit aussi moufette.
MOI, fonne tonique de me(L, me),
MOIE, tas, du L. meta (voy. meule), — D.
moyette, faisceau de gerbes (peut-être le subst.
d'un verbe moyeter, mettre en tas).
MOIGNON, charnure. partie charnue, reste
d'un membre après l'amputation ; ancî. aussi
= estropié, mutilé; d'origine obscure. Le
breton a la forme simple mon, moun avec le
sens « mutilé de la main ou du bras » ; cp.
aussi mugnà en dial. de Côme, écourter,
tronquer ; dans les Romagnes mugnac, bloc ;
en esp. munon signifie le grand muscle du
bras. — J'ai relevé l'adj. vfr. moing, dans
Adenet le Roi, Bueves de Comarchis, 311 :
« Tel coup donne un paien que del bras le fait
moiTig ». — D. vfr. esmougoner, esmougno-
ner, mutiler.
MOINDRE, vfr. menre, mendre, du L. mi-
nor (voy. mineur), — D. amoindrir,
MOINE, esp., port., prov. monge, cat.
mo)ijo, du gr. /*ovi9ç, solitaire. Do la forme
fiovayo; viennent Vit. monaco, bas-saxon mun-
nik, ail. mônch, ags. munuc, angl. monk. —
D. moinerie, -illon.
MOINEAU. « De moine, dit le P. Labbe,
nous avons appelé moineau les passereaux,
parce que, au Psaume 101, il est dit : sicut
passer solitarius in tecto. n Ménage explique
moineau par la couleur grise du vêtement de
certains moines. — Les formes équivalentes
vfr. moison, norm. moisson, pic. mouchon,
mousson, wall. mohôn^ cat. moxo appellent
un type latin muscio, -onis, de musca. Les
petits oiseaux ont souvent été nommés mou-
ches; cp. ail. gras-milcke, fauvette, litt. mou-
che d'herbe, et le n. prov. mousquet, « nom
donné par le peuple à toutes les petites es-
pèces d oiseaux, assez indistinctement ». On
est ainsi parfaitement en droit de voir, avec
Diez, dans moisnel, d'où moineV moineau,
une contraction de moisonel, et partant un
diminutif de moison, cité plus haut, = L.
muscio. — Cependant, à cause de la haute
antiquité des formes moinet, mcdnel sans s
(dans J. de Garlande, j*ai . relevé « passeres
monnes »), Littré estime qu'il y a eu double
formation ; l'une de moine, solitaire, l'autre de
m^oison,
MOINS, vfr. mains, prov. twcjw, esp., port.
menos, it. mena, du L. minus,
MOIRE, anc. mohère, mouhaire, wall.
moile; 1. étoffe calandrée, 2. action de moi-
rer. L'angl. a mohair, d'où ail. niohr. Le mot
est tiré, selon les uns, de mou-haire, poil
doux, selon d'autres, d'un mot oriental moia-
car, sorte de camelot. Je pense que l'une et
l'autre de ces explications sont à côté de la
vérité. Littré cite un vers du xiii® siècle :
« Quar en son tref royal de mire alexan-
drine » ; cela fait supposer que la forme rnire
a précédé moire; l'angl. mohair parait être
une transformation faito sous Tinfluence de
hair, poil. Mais d'où vient miref — D. moi-
rer. — Une étude approfondie récente sur la
signification première et l'étymologie de
moire, due au prof. Tobler (Grôb. Ztschr. X,
574), tend à démontrer que moire est une
forme tronquée de marmoire, adj. anc. = lat.
marmoi'eus, marbré. L'argumentation est
riche et entraînante ; l'étude du grand roma-
niste comprend aussi les formes diverses ail.
angl., ital. et esp. issues du fr. moire. M. To-
bler suspecte fort l'étym. mire mise en avant
par Littré.
MOIS, vfr. m£is, prov., esp. mes, it. mese,
du L. mensis.
moïse, pièce de bois longue et plate qui se
place perpendiculairement aux montants de
certaines constructions pour les maintenir,
etc.; du lat. mcnsa, table, pièce plate (cp.
toise de tensa). Cette étym. de M. Gaston
Paris me fait abandonner mon explication par
le lat. médius, qui figure dans les deux pre-
mières éditions de ce livre. — D. moiser,
garnir de ou lier par des moises. — Le carac-
tère spécifique de la moise étant d'être com-
posée de deux pièces réunies par des boulons
et toujours para//d/65, Devic rapproche notre
mot de l'arabe mouàzi, parallèle, et recon-
naît dans l'ancienne forme amxnse la trace de
l'article arabe al,
MOISIR, prov. mozir, du L, mucere, mu-
cescere. — D. moisissure.
MOISON, dimension normale, du L. men-
sionem, mesure.
MOISSINE, faisceau de sarments de vigne,
garni de feuilles et de grappes. D'où? de mes-
sis, moisson ; bouquet, trophée de la moisson?
Ou, comme propose Littré, deL. mustus, frais
(branche fraîche)? J'ai relevé dans mon Glos-
saire de Lille, p. 40 : phalanga moisine;
cela rend l'étym. plus difficile encore.
MOISSON, prov. muisso, rouchi michon,
misson, du L. messimietn (metere). — D. mois-
sonner,
MOITE, vfr. moiste, angl. moist; étymologie
incertaine. On a proposé L. humectus, mais
il faut bien torturer ce mot pour en faire
moiste, Baudry s'adresse à L.mwctrfiis, moisi,
pr. morveux, mais il est difficile de faire
concorder les formes ; mucidus par mue' dus
pourrait engendrer muit, m^it, et moide,
mais non pas moiste; il n'est pas probable
non plus que, malgré l'identité de sens, l'angl.
musty découle directement de mucidus, —
Il faut écarter avec plus d'assurance encore
le L. madddus, humide ; ce dernier peut avoir
produit le wall. mate" (aussi rouclii et limou-
sin), par la forme contracte L. mattus ou
motus, qu'Isidore définit par humectus, emol-
litus, subactus, et qui se trouve déjà dans
Pétrone. — Diez, se fondant sur la corrélation
des idées tendre, mou, juteux, humide (cp.
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MOM
— 343 —
MON
mouiller de mollis, mou), indique le L. mus-
teiis, frais, récent, de mustum, moût, qui
convient parfaitement à la lettre. — Pour ma
part, je me suis adressé en dernier lieu au L.
mixtus (moite est un intermédiaire entre sec
et mouillé) ; le passage de L. ï, en position,
en fr. oi n'est pas sans exemple, cp. espois'
(épais) de spissiis, dois' (dais) de discus, frotter*
(frotter) de frictare, doigt de dig(i)tiis, enfin,
exploiter de explic'tare. (Ducange, sous mix-
titm, frumentum miscellum, cite un texte
français de 1336 portant bled moitangé). —
Mais cette manière de voir est combattue par
Fôrster (Ztschr., m, 260); il démontre le
fondement parfait de l'étymologie mûccidus
(non pas mîtcidus), mise en évidence par la
comparaison de buxida, 'bustia, devenu
'boiste, boite. — D. moiteur.
MOITIÉ, vfr. meited, moiiiet, prov. meitad,
mitât, angl. moiety mediety, du L. medieta-
tem (médius). — Pour la terminaison iié, cp.
amitié, pitié.
MOL. MOU, L. mollis — D. molière (dans
«♦ terre molière »»), L. mollaria ; mokisse, d'un
type mollaceus ou altéré de vfr. mollastre;
subst. mollesse, L. moUitia ; verbe mollir, L.
mollire (voir aussi mouiller); adj. mollet,
dimin. de mol.
MOLAIRB, L. molûris (de mola, meule).
MOLASSE, voy. mol.
1. MOLE, terme d'art obstétrique, du L.
mola, faux germe (Pline, 7, 15, 13;.
2. MOLE, jetée de pierre à l'entrée d'un
port, it. molo, du L. moles, masse (avec chan-
gement de genre).
MOLÉCULE, terme scientifique, formé,
comme diminutif, du L. moles, masse. —
D. moléculaire.
MOLÊNE, angl. mullein, plante (verbascum
thapsus); soit de mollis, mou, à, cause des
feuilles souples revêtues d'un duvet moelleux,
ou du dan. môl, mite, ou vha. mol, papillon
(donc herbe aux mites).
MOLEQUIN, vert de mauve, du L. molochi-
nus fdu gr. fivLÏkyri, aussi ixolo/yi, mauve).
MOLESTER, L. molestare.
MOLETTE (d'éperon, etc.), du L. mola,
moulin, donc pr. moulinet. :.
MOLIÈRE, voy. mol,
MOLLESSE, voy mol,
MOLLET, adj., dim. de mol; subst. = gras
de la jambe, anc. aussi lobule de l'oreille. —
D. molleton, sort« d'étofl*e; mollette, twmQxxv
molle à la jambe des chevaux.
MOLLETON, voy. mollet,
MOLLIR, voy. mol; cps. amollir, ramol-
lir.
MOLLUSQUE, du L. mollusca (mollis), noix
dont l'écale est fort tendre; cp. le terme
ail. Moeichthiere,
MOMENT, L. momentum (p. movimentum),
pr. moyen d'impulsion, puis poids, impor-
tance, petite division d'un tout, enfin, petit
espace de temps : instant, moment. — D. mo-
mentané, d'un type momentaneus (Vulgate),
analogue à subitaneus, spontaneus.
MOMERIE, mascarade, subst. dér. du vfr.
mom^er, se masquer; ce dernier de l'ail, mum-
men, angl. mumm, masquer, déguiser. Selon
Ducange, do mahomerie, pratique musul-
mane, que les chrétiens regardent comme
ridicule. Cela n'est pas plus probable que
l'étymologie tirée de Momus, le dieu bouffon
de la mythologie. — Dans la Suisse française
le subst. momier désigne un dévot outré.
MOMIE, MUMIE, it. mummia, esp. momia,
cadavre embaumé; mot oriental : moumia,
dér. du persan-arabe mnm, cire. — D. momi-
fier,
MON, L. m^«m,voy. aussi mien. Autrefois,
mon était la forme réservée aux cas obliques;
pour le nominatif meus, l'ancienne langue
avait mes et mis,
MONACAL, MONACmSME, dérivés de mo-
nachus, gr. fiovxxôi (voy. moine),
MONADE, gr. fiovSc;, -icooi, unité (jio^oi), —
D. monadisme, -iste,
MONARCHIE, gr. fiovoipx^^f gouvernement
par un seul {fiôvoç + ap^siv), — Monarque,
gr, fj^ôvypyoi, qui gouverne seul.
MONASTÈRE, gr. fiovoitr^piov, L. monaste-
rium, dont l'anc. langue avait fait régulière-
ment, par syncope, moustier, moutier (ail.
munster); comparez couster coûter de con-
stare; mestier" métier de ministerium.
MONASTIQUE, gr. /Aoyavrixo; (de fjLO',ki%vj,
vivre seul).
MONAUT, qui n'a qu'une oreille, du gr.
/xovuTo;, m. s. Le nom de famille Monod est
prob. le même mot. La forme monaiU est
façonnée sur un type immédiat monaldus,
MONCEAU, monceV, du L. monticelltts,
dimin. de mons, — D. amonceler.
1. MONDE, subst., vfr. mont, L. mundus,
— D. mondain, L. mundanus, d'où monda-
nité.
2. MONDJ!, acy., net, pur, L. mundus, —
D. immonde, monder, nettoyer, L. mundare;
mondifier, L. mundificare.
MONDRAIN, t. de marine, monticule de
sable, p. montain; insertion de r et adoucis-
sement du t en d,
MONÉTAIRE, L. monetartus (de moneta «
fr. monnaie), — De la forme latine mofieta
vient encore : monétiser, cps. démonétiser,
MONITEUR, L. monitor (monere); moni-
tion, L. monitio; monitoire, L. monitoria,
s. e. epistola, d'où monitorial,
MONNAIE autr. monnoie, esp. moneda, it,
moneta, angl. money, du L monëta, — D.
monnayer.
MONOCLE, à un seul œil, mot hybride
formé de /irfvt;, seul, et L. oculus, œil.
MONOCORDE, gr. fiovdxooBov, instrument à
une seule corde. Par une fausse relation à
manus, on en a fait en esp. et port, manicor-
dio, et en fr. manichordion (vfi*. monocorde),
instrument de musique à clavier.
MONOGRAMME, gr. pLOJoypxfifiTt, pr. nom
écrit en un seul (fiàvoi) trait.
MONOGRAPHIE, gr. fi'ivo/prftv^, composi-
tion littéraire sur un point unique ; en his-
toire naturelle, sur un seul genre ou une
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MON
— 344 —
MOR
seule espèce (/lovoî, unique). — D. monogra'
phique.
MONOLITHE, gr. fiojôii^ou d'une seule
pierre.
MONOLOGUE, gr. fxovoUyoi, qui parle seul,
opp. à SixU/oit parlant à deux. Les Latins
ont traduit littéralement fio-joU/o; par solilo-
qxiium.
MONOMANE, adj. abstrait do motomam'e,
néologisme signifiant : aliénation mentale
(/*xv(a) portée sur une seule (jiôvoi) idée fixe.
MONOPOLE, gr. fiovoTt^XU, droit do vendre
(TTwJiflj) conféré à un seul (jiôvoi). — D. mono-
poliser.
MONOTHÉISME, croyance en un seul dieu
MONOTONE, gr. /*5vorovo«, d'un seul ton.
— D. monotonie.
MONS, abréviation familière et méprisante
du mot mo7isieur.
MONSEIGNEUR, MONSIECTR, vo^r. seigneur.
MONSTRE (mot savant), L. monstrum. —
D. mo)tstrueux, L. monstruosus, d'où mons-
truosité.
MONT, L mons, montis. — D. mo7itueux,
L. montuosus; montagne (v. c. m.); monter
(v. c. m.); m,onticuJe, L. monticulus (voy.
aussi monceau) ; montain, pinson des Arden-
nes; amont , = L. orf montem,
MONTAGNE, montaigne*, angl. mountain,
d'un dérivé fictif L. montanea p. montana
(mons). — D. montagneux, -ard.
MONTER, dér. de mont, pr. s'élever, aller
en sens ascendant, puis, au sens actif, élever,
faire monter, dresser. De la même manière
se sont produits de vaIJis, vallée, les verbes
avaler, dévaler, anc. = descendre. — Dérivés :
montage, action de monter; moyitant, pièce
posée de bas en haut, chose qui monte ; monte,
pr. action de monter (au sens de saillir, en
parlant des chevaux); montée, action de mon-
ter, puis endroit où l'on monte; monteur,
montoir, chose servant pour monter; mmi-
iure, action de monter (dans le sens technolo-
gique de ce mot), ce qui sert à monter qqch.,
puis garniture, enfin bête sur laquelle on
monte. — Composés : démonter, ôter la mon-
ture, désassembler ; remonter, monter de
nouveau ; surmonter, monter au-dessus, pas-
ser par-dessus, franchir. — Je me suis
demandé si le verbe monter, dans certaines
acceptions, comme « monter une broche ",
« se monter en linge » est bien le même mot ;
s*il ne représente pas plutôt un fréq. muni-
tare, de munire, pourvoir, garnir (je ne pense
pas qu'avec de la bonne volonté, Vi long de mu-
7iitare, en syllabe atone, doive ifaire difficulté).
On peut, à la vérité, déduire ces termes de
l'idéiB générique « mettre sur », et quant au
sens fournir, pourvoir, de l'expr. « monter un
cavalier •, lui fournir un cheval et l'équipe-
ment.
MONT-JOIE, autr. monceau de pierres en
signe de victoire; du L. 7nons gaudii. Quant
au cri do guerre mon joie, voy. à ce sujet des
opinions diverses dans Gachet et Littré.
MONTRE, subst. verbal de 7nontrer(\. c. m.).
MONTRER, vfr. monstrer, mostrer, mous-
trer, du L. monstrare. — D. montre, 1 . action
de montrer, exposition, étalage, échantillon ;
2. cadran de l'horloge, qui montre l'heure,
puis par métonymie = horloge portative;
3. autr. = revue (des troupes).
MONUMENT, L. monumentum (monerc).
— D. monumental.
MOQUER (SE), vfr. moquer, au sens actif;
prov. mochar. Du gt. fjL<a/,Sij, m. s., selon
l'opinion traditionnelle. Cela est-il bien cer-
tain? Pourquoi l'appellation d'une chose si
générale, d'un acte qui se produit paitout où
il y a des hommes, serait-elle exceptionnelle-
ment tirée du grec ? Je suis donc disposé à lui
assigner une origine plus vulgaire et plus
naturelle. Moquer et moucher ne sont que
deux variétés d'un même type (le premier est
la forme picarde de 7noucher). Or, ce type,
selon moi, est le BL. mucare, mucum ejicere,
se moucher. Moucher qqn. est une locution
figurée pour railler, duper, comme l'ail, spot-
ten, railler, se moquer, signifie dans le prin-
cipe cracher contre qqn. Ce qui me confirme
dans cette interprétation, c'est qu'en latin,
emungej'e, moucher, signifie de même au fig.
duper, escroquer. Peut-être encore se moquer
(emploi pronominal; n'est-il autre chose que
se moucher de qqch., avec le sens : en faire
peu de cas. — En faveur de mon étymologie
(acceptée par Littré), je puis encore alléguer
l'ail, schneuzen, pr. moucher, fig. duper. —
Les acceptions morales tirées de l'acte phy-
sique moucher ne sont pas plus étranges que
celles tirées de l'acte cacare dans les expres-
sions vfr. conchier, ail. bescheisseti, «= conca-
care, impudenter decipere, puis ail. auf
ehjoas scheissen, = en faire fi, s'en moquer.
— Le prov. mochar s'accommode également
fort bien de mon étymologie. — Le radical
nwc, avec le sens de railler, est aussi dans les
langues celtiques. — D. moqueur, -erie; com-
posé moquoiseau = trompe-oiseau. — Voy.
aussi narguer.
MOQUETTE, voy. mocade.
MORAILLES, tenailles servant à serrer le
nez d'un cheval impatient ou vicieux. Ce mot
n^a étymologiquement rien de commun ni
avec lat. mores, mœurs (a faire la leçon au
cheval "), ni avec mors do mordre; il dérive
du radical mor, mour, très répandu dans
les dialectes du Midi et qui signifie museau ;
il signifie donc propr. muselière; cp. n. prov.
mourrai, mourrau, muselière, n. prov. mo-
railla, visière. Mussafia (Beitrag, etc., p. 80)
rapproche encore, outre de nombreux voca-
bles congénères de l'Italie du Nord, le cat.
moralla.i, muselière, cat. morralet « sacculus
cibandis equis ». Reste à trouver l'origine du
radical mor, mour; Mussafia reconnaît co
radical encore dans prov. mor, vfr. mourre^
esp. inorro, lèvre proéminente, museau, groin,
mais il n'en détermine pas la provenance. —
D morailley'.
MORAILLON. t. de serrurerie, prob. un
dérivé du mot précédent, cp. prov. moralha,
« quod pendet in vecte >» . Une explication par
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MOR
— 345 —
MOR
mordaillon (cp. plus loin mordache) n*a aucun
appui ni phonétique ni historique.
MORAL» L. moralis (mores). — D. subst.
morale; moralité, moraliser, démoraliser,
moraliste.
MORATOIRE, L. moratorius = dilatoire,
de morari, retarder.
MORBIDE, L morbidus, maladif, malsain
(morbus). — D. it. morbides sa, d'où fr.
mm'bidesse, mollesse des chairs ; morbifique,
L. morbificits*, qui rend malade.
MORBLEU, anc. morbieii, euphémisme p.
mort dieUf c.-à-d. mort de dieu ; cp. cor bleu,
MORCEAU, anc. morsel, morcel (pour le
changement de s en c, cp. percer, inncer,
saucer, etc.), it. morsello, dimin., du L. mor-
siim (mordere), pièce enlevée en mordant,
bouiîhée ; cp. ail. bisseii, morceau (dim. ein
bisschen, un petit peu), de beissen, mordre.
— D. morceler, d'où morcel lemoit.
MORDACHE, tenaille, du L. morda.v,-acis;
cp. l'expr. ail. beiss-sange [beissôn, mordre)
et esp. mordacilla; les cloutiers (et les im-
primeurs) disent également mordant p. pince.
MORDACITÉ, L. mordacitatem (mordax).
MORDICANT, L. moi^dicantem, du BL.
mordicare (mordicus).
MORDICUS, adverbe latin, ^ sans démor-
dre, comme fait le chien, qui ne lâche pas le
morceau qu'il tient.
MORDIENNE (à la grosse), aussi mor-
guienne, expression populaire = sans façon ;
prob. du juron mordiemie, variante de mordic
= mort dieu.
MORDORE =- more doré, doré noir.
MORDRE. L. mordere, forme barbare p.
mx/rdêre, Dimin. mordiller, — Du supin
nun'sum, les subst. L. morsus, fr. mors,
mords, et L. morsura, fr. morsure. — Voy.
aussi morceau.
MORE, nom de peuple, du L. maurus,
morus (grec /AxZpoi), pr. de couleur foncée. —
D. moresque, qui se rattache aux Mores. An-
ciennement, mor était un adjectif signifiant
noir, noir bnm; de là les dérivés: moreV,
moreau, it. morello, cheval do poil noir;
morelle, nom de plante de la famille des sola-
nées; moricaud (v. c. m.); mordoré (v.c.m.).
MOREAU. -ELLE, -ESQUE, voy. more.
1. MORFIL d'un rasoir, = fil mort, tran-
chant émoussé.
2. MORFIL. dent d'éléphant, voy. marfil.
MORFONDRE, causer un catarrhe nasal (chez
le cheval;; se morfondre, prendre froid, fig.
perdre son temps à la |X)ursuite d'une affaire.
On ne se rend pas très bien compte de l'accep-
tion figurée; découle-t-elle directement de
l'idée * gagner froid à force d'attendre -?
Quant à l'origine du mot morfondre, on s'en
tient généralement à morve fondre; le froid
l'a morfondu, ce serait pr. « le froid lui a fait
couler la morve »; le mot était d'abord un
terme purement médical. — D. morfondure,
refroidis.sement des chevaux.
1. MORGANATIQUE, nocturne, mystérieux,
do morgane, lumière nocturne, pr. le nom de
la fameuse fée Morgane (litt. la très bril-
lante), sœur d'Artus et élève de Merlin.
2. MORGANATIQUE [mariage). Origine in-
certaine ; peut-être une dérivation savante du
verbe goth. maurgjan, raccourcir, diminuer,
restreindre ; ce serait pr. un mariage avec
restriction. Je ne vois pas comment on peut
rattacher le mot, ainsi qu'on le fait générale-
ment, à l'ail, morgengabe, don du matin, soit
pour le sens, soit ^^our la forme. On trouve
cependant, dans le droit lombard, le terme
murgitatio et murganale, désignant le « don
du matin »» que le mari s'engage à payer à la
femme lé lendemain de la nuit nuptiale. Ce
don constituait-il le seul avoir dotal de la
femme mariée ad nwrganaticamf Les juristes
doivent le savoir. Si cette dernière explication
doit prévaloir, il faudra bien accepter pour
primitif l'ail, morgen, matin.
MORGELINE, du L. morsus gallinœ; cp.
l'expr. angl. chickweed, herbe de poulet, ail.
vogelkraut, herbe d'oiseau. — Daprès Dar-
mesteter (Composés, p. 134), le premier terme
dans morgeline, tïomme dans l'it. mordigel-
lina, représente le verbe mordre à l'impéra-
tif; il faut lui donner raison.
MORGUE, voy. morguei\
MORGUfiR, 1. regarder fixement, exami-
ner; 2. braver d'un air fier et menaçant; de
là subst. morgue, 1 . mine fière, air grave et
orgueilleux ; 2. endroit où l'on examine les
prisonniers qu'on écroue ou les corps morts
dont la justice est saisie. L'origine de ce mot
m'est restée inconnue. Grandgagnage cite le
languedocien murga, visage; on pourrait
donc voir au fond de morguer l'idée dévisa-
ger. On pourrait aus.si rattacher le sens de
fierté au bas-ail. murk, morose, sombre, cp.
suéd. mork. noir.
MORIBOND. L. moribundus.
MORICAUD, de more, noir; type latin
m.oriscaldits, extension de moriscus.
MORIGÉNER (mot datant du xv** siècle), est
prob. p. morigérer, qui dérive du L. morige-
rus. docile, soumis, donc pr. rendre docile,
dresser, élever.
MORILLE, pic. merouille, meroule, néerl.
morilhe, angl. morel, vha. morhila, nha.
morchel, suéd. murhla; le radical mor, morh,
mork, pour les mots romans comme pour les
mots germaniques, repi*ô.«ente, selon les uns,
more =■ noir ; selon d'autres, le mot germa-
nique mor, moor, marais. -^ L'étymologie
la plus digne d'approbation est le primitif
du vha. morhila, savoir vha. moraha, mha.
morcha, fungus esculentus.
MORILLON, raisin noir, de more, noir,
foncé.
MORION, armure de tête. it. morione, esp.
morrion, port, morriào; d'origine inconnue;
peut-être de l'esp. mon'a, crâne; selon quel-
ques-uns : a Maurorum usu. — Le môme
mot, comme nom d'un châtiment militaire,
vient de ce que, à l'origine, on chargeait
le délinquant d'un gros et i)esant morion qui
l'incommodait beaucoup.
1. MORNE, adj., prov. morn, du goth.
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MOR
— 346 —
MOR
mouman, vha. momen, angl. moum, être
triste.
2. MORNE, aux Antilles = petite mon-
tagme, altérntion de l'esp. moron^ monticule.
3. MORNE, anneau mis au bout de la
lance courtoise; ce subst. s'est dégagé de
lexpr. lance morne» lance triste, par oppo-
sition à la lance émoulue, dont le fer était
brillant. — D. momé.
MORNIFLE, coup de la main sur le visage.
L'origine de ce mot populaire m'est incon-
nue.
MOROSE, L. morosus, — D. morosité,
MORPHINE, de Morphée, fils du Som-
meil.
MORPION, de L. mordens pedio, pou mor-
dant (pedio, it. pedione, forme dérivative de
pedis, primitif de jo6dtcu/w5). Cette étymolo-
gie de Ménage doit à coup sur l'emporter sur
celle de « mort à pigeon • proposée par
Bourdelot.
MORS, L. morsus (mordere).
MORSE, mammifère marin. D'après Littré,
du danois mar (mer) -f- ros (cheval), mais on
ne trouve ni en danois, ni ailleurs un com-
posé de cette nature comme nom du morse.
Le mot est d'origine slave (russe morsch,
pol. mors), mais il se trouve aussi dans le
finnois mursu, lapon murs. — Voy. Bugge,
Rom.. IV, 363.
MORSURE, voy. mordre.
1. MORT, adj.ou participe, L. mortuus. —
D. mortuaire, L. mortuarius.
2. MORT, subst., L. mors, mortis. — D.
mortel, L. mortalis; mortifier, -fication^ L.
mortificare, -atio; amortir; cps. mortaiUe,i.
de droit féodal, taille sur la mort, au moyen-
âge = jus domini in bona hominum manus
mortuœ. d'où mortaillable,
MORTADELLE, esp. de saucisson, de l'it.
mortadella, qu'on rattache à mortqfo, mortier
(les ingrédients de la mortadelle étant piles
dans le mortier).
MORTAILLE, voy. mort 2. — Il faut distin-
guer un autre mortaille de Tanc. langue signi-
fiant massacre, mortalité, funérailles, et qui
vient du plur. neutre mortalia.
MORTAISE, aussi mortoise, angl. mortise,
cymr. moriais, entaille dans une pièce de bois
pour y faire mordre un tenon. L'étym. par le
verbe mordre est vicieuse ; il faudrait mor-
daise. Il vaut donc mieux se rallier à celle
qui reconnaît, dans esp. mortaja, fr. mor-
taise, la transcription très exacte de l'arabe
mourtazjsa, fém. de rnourtazz, participe du
verbe razz, à la huitième forme, et signifiant
planté, fixé, inséré. M. Devic, auteur de cette
étym., observe que le mot arabe conviendrait
mieux au tenon qu'à la mortaise; mais, «dit-il,
outre que l'un ne va pas sans l'autre, on peut
remarquer que l'ancienne expression est trou
de mortaise «.(Mém. delà Soc. de linguistique,
III. 168.) — D. mortaiser.
MORTEL, voy. mort, — D. mortalité, L.
mortalitas; immortel, immortaliser.
MORTELLIER, voy. mortier.
MORTIER, esp. mortero, port, morteiro, it.
mortajo^ 1. vase à piler, d'où, par assimila-
tion, les acceptions : piètre d'artillerie ; boûnet
du chancelier de France et des présidents de
parlement; 2. mélange de sable et de chaux.
Du L. mortarium, qui possède déjà les deux
acceptions principales que nous venons d'in-
diquer. — Pour le terme de maçonnerie, le
BL. avait aussi mortella, d'où l'aU. m6irtel =
mortier, et le dér. fr. mortellier.
MORTIFIER, voy. mort.
MORTUAIRE, voy. mort.
MORUE, dans les dialecte aussi molue,
wall. mx>lotoe, moleutoe; Linné appelle ce
poisson ^arfi« morhua. Diez pense que morue
est une syncope de moruda, comme barbue de
barbuda, barbuta. Cependant, il ne trouve pas
dans la forme de ce poisson une raison suffi-
sante pour identifier ce mot moruda avec le
prov. morut (fém. moruda), esp. morrudo,
lippu. Il s'adresse donc de préférence à l'esp.
morros, qui signifie pr. de petits corps arron-
dis, petits jnorceaux, et qui s'applique parti-
culièrement aux intastins de la morue qui sont
salés et mis dans le commerce. — Pour cotre
part, nous posons ici deux questions, qui
pourront peut-être mettre sur la trace d'une
étymologie plus satisfaisante : 1. L'angl. me-
luel, melxoell, = morue sèche, merluche,
n'est-il pas un dérivé diminutif de molue f
Sans doute; nous trouvons de même dans
l'anc. langue moluel, muruely mais la ques-
tion reste ouverte : le thème premier est-il
mul, mol ou mur, mor f 2. Est-il probable
que morue nous vienne de l'espagnol, où l'on
a nommé ce poisson d'une tout autre manière
{bacaUao)'\ — Baudry pense que molue est
une forme dégénérée de merlus.
1. MORVE, port, morma, esp. muermo,
prov. vorma, sic. morcu. La morve est une
des maladies principales ou plutôt la maladie
par excellence du cheval. Une étymologie
tirée du L. morbus ne peut donc être taxée
d'arbitraire pour le sens (cp. le terme médical
morbilles, it. morxnglione, également appli-
qué à des affections spéciales). Quant à la
lettre, toutes les formes citées s'y prêtent
sans difficulté, si ce n'est que l'on s'attendrait,
pour le français, plutôt à morbe qu'à morve.
Il n'y a que la forme prov. vorma qui fait
penser à une origine de gourme. La question
se réduit donc à savoir s'il faut expliquer
morve ou morma par une corruption de vorme,
vorma, ou le prov. vorma par une transposi-
tion de morva. — La maladie de la morve se
manifestant par un flux de mucosité âpre plus
ou moins copieux qui découle des naseaux, on
comprend que le même nom a été donné à
cette mucosité même. — D. morveux; mor^
veau. — Voy aussi l'art, suiv.
2. MORVE, t. de jardinier, pourriture (d'où
morver, se pourrir). Cette application du mot
moîTe aux plantes (chicorées et laitues) paraît
confirmer l'étymologie morbus, maladie, éta-
blie ci-dessus à propos de morve, maladie des
chevaux. Ou bien cette nouvelle acception
engagerait elle à chercher une autre origine,
qui convienne aux deux applications du mot
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MOT
— 347 —
MOU
morve et qui soit mieux en rapport avec l'idée
de pourriture, de décomposition f Car on no
peut négliger la circonstance qu'en allemand
rots s'emploie à la fois pour la mone des
chevaux et pour celle des végétaux, et que ce
roiz appelle nécessairement, comme primitif,
le verbe vba. rozzen^ bas-ail. rotteii^ pourrir.
Mais pour trouver à morve une étymologie
analogue, je n'ai que deux conjectures à pro-
poser : c'est ou l'ail. m.urbe^ v. flam. morioe,
■•^ qui se décompose, ou un verbe latin bar-
bare nioT^uare^ d'où success. morivarc, mor-
vare, avec le sens de mortifier, macérer.
MORVOLANT ; ce mot désigne le déchet de
soie (mort) qui tombe (volant) dans le dévidage
des cocons (Darmesteter).
1. MOSAÏQUE ^ qui vient de Moïse, L.
M os es.
2. MOSAÏQUE, ouvrage de rapport, it. mu-
saico, esp. mosaico, prov. mozaic, aussi mu-
3ec, d'un type ^«ou^aivoi, prob. dér. de /xoZty,
art. Par un autre suffixe, le latin a tiré du
gr. fjLoviiioi la forme miisivus^ = fait en mo-
saïque, d'où l'ail, musiv-arheity fr. musif.
MOSGOUADE, sucre brut, anc. mascouade;
du port, mascabado, non purifié (en pari, du
sucre), litt. déprécié (Littré, suppl.).
MOSQUEE, it. moschea dans Dante mes-
chtta, esp. mezquiia, de l'arabe mesdjid, lieu
d'adoration, du verbe sadjada, se prosterner,
adorer.
MOT, prov. mot, it. motto, esp., port, mote,
L. tniUtum. *» Mutlum nullum emiseris pro-
verbialiter dicimus, id est verbum »» (Comutus
ad Persium) ; « non audet diccre muttum «
(Lucilius). On fait dériver généralement mut-
tum du verbe L. muttire, parler entre ses
dents, grogner; ce verbe latin muttire a
donné le vfr. et prov. motir, wall. wo^*, tno-
ter^ dire mot. Le subst. exprimerait ainsi pr.
le moindre son que la bouche peut émettre.
Toute autre étym., comme le grec /xO&o;, pa-
role, ou L. modus, est insoutenable. — Dim.
t. molteitOf d'où fr. motet, parole mise en mu-
sique. En vfr., le simple mot était déjà em-
ployé dans le sens moderne de motet,
. MOTET, voy. mot.
MOTEUR, L. motor (movere) ; motif, L. mo-
tivus, pr. ce qui meut, ce qui porte à faire
qqch.; motion L. motionem, action de mou-
voir et d'agiter.
MOTIF, voy. l'art, préc. — D. motiver, in-
diquer les motifs, ou servir de motif.
MOTTE (de torre), vfr. mote, tertre, colline,
digue, it. m^ta, terre éboulée par suite des
pluies, bourbe, esp., port, mota, levée de
terre pour clôturer un champ ou retenir l'eau.
L'esp. mota signifie aussi « petit nœud qui
reste au drap », ce qui détermine Larra-
mendi A rapporter le mot au basque motea,
petit bouton. Mais l'existence du néerl. moet,
mot, petite élévation, puis tache, défaut, du
bavarois mott, monceau de terre maréca-
geuse, du suisse mutte, morceau de gazon, du
néerl. mot, déchet de la tourbe, fait supposer,
pour le mot roman, une extraction germani-
que, n existe, toutefois, aussi en gaél. mota,
mont. — Gaston Paris (Rom., X, 58) avance
Tétym. L. môvita, wioi?/a, donc pr. mouvement
de terre. — D. mottee, pièce de terre entourée
de fossés profonds (dér. du mot motte dans
l'ancienne signification de digue; ; se motter,
en parlant des perdrix, se cacher derrière des
mottes de terre.
MOTUS, interjection, ^=^ n'en dites rien!
Prob. une forme gâtée de mutus, muet.
1. MOU, adj., voy. mol.
2. MOU (de veau), vfr. aussi mol; c'est le
même mot que le préc. , pr. la partie molle,
opp. au cœur et au foie, qui sont appelés dans
certains dialectes « le dur »».
MOUCHARD, dér. de mouche, avec suffixe
péjoratif; le mouchard voltige et s'introduit
partout comme la mouche. Voltaire, à la suite
de quelques autres, prétend que le mot mou-
chard = délateur, espion, vient d'Antoine
Démocharès, recteur de l'Université sous
Henri II, fameux par son zèle à dénicher des
protestants et dont le véritable nom était
Mouchy. Cette assertion n'est pas fondée.
Comme l'a fort bien rappelé Ch. Nodier,
mouche est encore synonyme de mouchard
tant dans ce sens particulier que dans son
usage proverbial « une fine mouche ; je vou-
drais être mouche ». Mouche de cour se lit
déjà dans l'Eperon de discipline d'Antoine du
Saix, qui fit imprimer cet ouvrage à une
époque où le père de Mouchy était encore fort
jeune. — Du reste, déjà le L. musca s'em-
ployait figu rément pour une personne curieuse
ou importune. — Ti. moucharder, anc. (xv*s.)
aussi moucTier.
MOUCHE, prov., it. et esp. mosca, du L.
musca (gr. /*«;«>}, dim. de fijloî). — D. mou-
cheron, petite mouche ; moucherolle ■= gobe-
mouches; mouchet, émouchet, nom d'oiseau,
cp. le terme ail. ffras-miicke (voy. notre ob-
servation à propos de m,oineau)\ d'autres
toutefois pensent que moucliet vient du plu
mage moucheté); moucheter, verbe fréquen-
tatif, = parsemer de petites mouches ou
taches.
MOUCHER, du L. mucus; moucher, c'est faire
sortir la mucosité du nez en pressant ou pin-
çant les narines ; puis, par assimilation , ôter
le bout du lumignon d'une chandelle, qui
empêche celle-ci de bien éclairer. — Voy
aussi notre article moquer, — D. mouchon
ou mouchures; mouchettes (pour la finale, cp.
pincettes); moucheron, bout d'une mèche brû-
lante ; mouchoir, linge pour se moucher (par
extension, le mot s'emploie pour des linges à
d'autres usages). Quelque subtil linguiste
avait imaginé un jour une distinction étymo-
logique entre mouchoir et mouchoir ; il pré-
dait que si le mouchoir de poche servait à se
moucher, le mouchoir de cou servait à éloi-
gner les mouches!
MOUCHERON, voy. mouche et moucher.
MOUDRE, vfr. moldre, moire le d épenthé-
tiquc disparait devant les voyelles et 17 primi-
tif reparait, de là le partie, molu moulu)\ du
L. molere. — D. mouture, p. molture.
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MOU
— 348
MOU
MOUE, anc. moe (c'est du fr. que vient
Tangl. 7H0W, m. s,; cp. voio de vouer). Suivant
Diez, de l'anc. nécrl. tnuuwe= lèvre infc^rieure
avancée, dans monwe maken =fairela moue,
cp. le rouchi faire la lippe (lippe = lèvre).
L'étymologie angl. moiith, bouche, ne parait
point admissible au philologue allemand, bien
que l'angl. dise make mouth pour faire la
moue.
MOUETTE, voy. 'maux>e 2.
MOUFETTE, voy. mofette.
1. MOUFLE, V. flam. moffel^ dans les pa-
tois mofe^ ftiouffe, BL. muffida, ni. moffel,
gros gant fourré, dimin. de l'ail, ^nii/f, lequel
représente mha. mou, mouioe, manche, man-
chon. Tumèbe expliquait fort ingénieusement,
trop ingénieusement, le mot moufle par « ma-
nuum inful» », dont petmfulœ, pantoufles =
pedum infulœ, formel ait le pendant. — La
dérivation de muff\ ci-dessus consignée sur
l'autorité de Diez, n'est pas à l'abri de doute ;
le mot germanique pourrait bien être abstrait
du mot roman (voy. Heyne, ap. Grimm), et
l'on ne peut, à l'égard de ce dernier, se dis-
penser de prendro en considération les mots
équivalents BL. manufoUia, muffola, mant-
flua, et le languedocien manoufla, que
Grandgagnage décompose, interrogativement,
en manu-muffiila, mais dans lequel il faut
plutôt voir une altération du L. manupola
p. manipulus, poignée (cp. vfr. mofle de foin
= manipulus fœni). — Voy. aussi pantoufle.
2. MOUFLE, visage gras et rebondi, d'où
mouflardt moufle, mouflu, verbe moufler,
serrer les joues et le nez à qqn. de manière à
lui faire boursoufler les joues. Cp esp. mo-
fletes, grosses joues. Grandgagnage comi)are
les termes germ. : v. néerl. moffelen, muffe-
len, buccas movere, dial. d'Aix mofel, une
grosso bouchée, et mofeln^ manger à pleine
bouche. Cependant, le linguiste liégeois ne
déduit pas le mot fr. de l'un ou l'autre do ces
vocables; moufle, malgré son genre féminin,
est, d'après lui, une forme variée de mufle
(v. c m.). Diez pense que moufler, boursou-
fler, pourrait bien être déduit de la moufle
= gros gant. — Ce serait par trop hardi que de
ramener moufle au mot (dialectal) ail. mump-
fel = bouche pleine, lequel est gâté de mund-
voîl (on trouve aussi muffd) = plein la bouche.
3. MOUFLE, système de poulies assemblées
dans une même chape, etc. ; étymologie in-
connue ; de moufle, gant? ou de l'ail, muffeln,
angl. muffle, envelopper?
4. MOUFLE, petit four mobile, ail. muflel,
angl. muffle; l'assimilation sur laquelle re-
pose cette dénomination ne m'est pas connue.
MOUFLON, d'origine inconnue ; l'ail, appelle
miiffel un chien à grosses lèvres pendantes.
MOUILLER, prov.,port. molhar, esp. mo-
jar, d'un type latin molliare, fait de mollis,
comme gratiare, Jcciare de gravis, Jevis.
L'ail, dit do mémo einweAcJien, tremper,
mouiller, de toeich, mou; cp. it. molle, hu-
mide. — D. mouillage, subst. du verbe
mouiller au sens spécial de « mouiller l'an-
cre ».
1. MOULE, fém. ; les formes langued.
muscle, en Bretagne moucle, cat. musclo,
angl. muscel, vha. tnuscla, ix\ï.muschel,eic.,
ne permettent pas de douter de l'étymologie
L. musculus, moule, coquillage. — D. mou-
Hère, moulctte.
2. MOULE, masc, du L. modulus, devenu
d'abord modle (d'où par assimilation le prov.
et vfr. molle, et par transposition, esp., port.
molde, angl. mould). L'ail, dit inodel. —
D. mouler, jeter en moule, d'où moulure,
ornement moulé, et mouleur.
MOULIN, it. mulino, esp. molino, d'un type
latin molinus (Amm. Marc, a le féminin mo-
liym), dérivé de mola, m. s. (qui est la source
directe du fr. meule). Du dérivé latin molina-
rius viennent : esp. molinero, it. mulinaro,
mugnajo, fr. molinier" molnier*, mounier,
meunier. — D. de moulin : le dimin. mouli-
net ; verbe mouUnei\
MOULT*, beaucoup, du L. multum.
MOURIR, L. moriri, forme archaïque de
mori.
MOURON, wall. moron, n. prov. mour-
roun, mourel, mouret. Le v. flam. a muer,
muei'kruyd, muyr; Kiliaen définit : herba in
mûris et tectis nascens ; mais Grandgagnage
conteste cette étym. pour des raisons diverses
et conclut ainsi : « Si Ton compare avec les
autres formes ci-dessus l'esp. muruge et le fr.
mœ^geline, autre nom pour l'alsine ou mou-
ron des oiseaux, on sera porté à croire que le
radical commun à tous ces mots est le lang.
mourre et morga, museau ; la cause do cette
dérivation consistant naturellement, si elle est
fondée, en ce que l'on a vu, ou cru voir, une
ressemblance entre un museau et la fleur ou
la feuille du mouron ». Cotte conclusion reste
problématique, et l'étymologie de mouron
encore à fixer. J'abandonne mon ancienne
explication par mw*dre.
MOURRE (jeu de la), de l'it. morra. Le nom
de ce jeu, qui répond, quant à la chose, à la
micatio des Latins {rnicare digitis), n'est pas
encore expliqué.
MOUSQUET, vfr. moschete, esp. mosquete,
it moschelto, BL. muscheta, primitivement
une espèce d'arbalète, puis une arme à feu.
Cette arme tire son nom d'une espèce d'éper-
vier appelé prov. mosquet, mosqueto, it. mos-
cardo, fr. mouchet et cmouchet, et qui à son
tour tire le sien do musca, mouche (voy. moi-
neau, émouchet et mouchet). On sait que les
anciens ont souvent appelé leurs armes ou
engins de guerre d'après des noms d'animaux ;
cp. tiercelet, couhum^ine, sacre, bélier, it.
falconetto, etc. — D. mousqueton, \i. moschet-
tono; mousquetaire, nwusqueteric.
1. MOUSSE, masc, jeune apprenti mate-
lot, it. mozso, esp. mozo, garçon; selon Diez,
du L. mustus, jeune; étymologie contestable;
d'après Baist (Grôb., Ztschr., VI, 118). d'un
type lat. muticus =mutilus (tondu, imberbe);
c'est, à son avis, aussi à mutihis que répond
esp. mocho (tondu j, d'où muchacho, garçon.
— Notez qu'au xv° siècle, on trouve le fr.
mousse aussi au sens de jeune fille.
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MOU
— 349 —
MUE
2. MOUSSE, subst. féminin, plante, prov.
mossa; du vlia. mosy nha. moos, angl. moss.
La foi-mo it., csp. muscOf cependant, repré-
sente le L. muscus (gr. fiôT^oi)'^ it. ynuschio
et valaque muschiu ont pour type un dim.
L. rnuscuhis, — D. mousscroHy moussu.
3. MOUSSE, subst. fém., écume. C'est le
même mot que le précédent, avec une signifi-
cation métaphorique. — L'étymon L. 'muïsa
(de mulsus, mêlé de miel), proposé par Bou-
cherie, a peu de probabilité. . — D. mousser,
adjectif mousseux.
4. MOUSSE, a^j., it. mosso, prov. moSy du
néerl. mots = dont la pointe est cassée, cp. ail.
mulsen, écourter, c^urtauder. — D. émous-
ser.
MOUSSELINE, esp. muselinay it. musso-
lino et mussoloy angl. muslin, tojle de coton
très fine que l'on tirait autrefois de la ville de
Mossuly en Mésopotamie, d'où lui vient le
nom.
MOUSSON, it. mo;î5o;te, esp. mo;75o«, port.
moiiçàOy angl. monsoon, malais musim,
hindostani mausim, do l'arabe mausim^
temps désigné, saison.
MOUSTACHE, it. mostacciOy esp. mostacho,
albanais mustake, du gr. /xyjraç, m. s.
MOUSTBLLE, sorte de gade (poisson), L.
musteîay -ella. Le mot moutelhy autre nom
de poisson, est une variété du même mot.
MOUSTIQUES, par transposition p. mous-
quites; de l'esp. nwsquUOy dér. du L. ynuscay
mouche. — D. moustiquaire.
MOUT, ail. TTWstyàw L.?nits<iim,s. e.vinum
(de mustuSy jeune, nouveau, d'où aussi mou-
tard et verbe éinoustiller). — D. moutarde
(v. c. m ).
MOUTARD, jeune garçon vif, dii L. mustus,
jeune. — Ce terme populaire moutard sup-
pose, d'après cet étymon, une forme anté-
rieure n7ow5/a?'rf, dont tout exemple fait défaut
iusqu'ici. Malgré cela, l'étym. historique rap-
portée dans le suppl. de Littré et d'après
laquelle, lors d'une lutte entre gamins de
Paris, en 1820, le mot moutard aurait été,
par corruption, appliqué aux gamins du quar-
tier Moufl'etardy ne mérite guère de crédit.
MOUTARDE, prov., it. mostarda; dérivé du
L. mustum, fr. moût; cp. mha. mosteri (auj.
mostrich)y néerl. mosterdy angl. mustard. La
moutarde est de la graine de sénevé broyée
avec du vinaigre ou du moût. Le nom s*e.st
communiqué ensuite à la graine de sénevé,
puis à la plante même. — D. moutardiei\
MOUTELLE, voy. moustelle.
MOUTIER, ynoustiey\ voy. monastère. En
Lorraine, mote = moutier est encore le mot
usuel pour église.
MOUTON, bélier châtré, vfr. moltouy it.
montonc, i>\c. ino)Uo}} y\6nïtïon mo//onc, prov. ,
cat. moltOy HL. mullo. On trouve le mot dans
les langues celtiques (anc. irl. molt, gaél.
mult, cymr. molty Comouailles mols^ brct.
maoïUfy mais on n'y rencontre aucune racine
qui les explique. La langue romane présente
elle-même un primitif très acceptable; c'est le
mot moût (n. prov.), mot (dial. de Côme),
mult Mial. des Grisons) = châtré. Or, ce thème
mnity d'où mot(t, est produit, par transposi-
tion de la liquide, de l'adj L. mutihts. Diez,
auteur de cette étym., rapproche le n. prov.
cabro mouto, chèvre à laquelle on a enlevé les
cornes (en suisse muttli^ c'est la capella mu-
tila de Columelle). Moutoiiy pour le sens,
dérive du L. mutilus de la même manière
que le terme équivalent ail. hammcl de vha.
hamal ■= mutilé (cp. aussi vfr. castrois, mou-
ton). — D. moutonner y moutonneux y -ier.
MOUTURE, voy. moudre,
MOUVOIR, en termes de jardinage et d'au-
tres métiers aussi moiwer = remuer, du
L. moverc. — D. mouvement; mouvancCy tiré
àemouvant^ t. de droit féodal.
MOXA, t. de chirurgie; mot chinois.
MOYE, voy. moijer,
MOYEN, adj. et subst., prov. meiany esp.
medianOy du L. medianus (médius). — D.
moyennery d'où moyennanty pr. participe,
puis préposition, cp. comme formation, les
prép. nonobstonty durant, pendant.
MOYER, t. de maçon, couper une pierre en
deux, d'un type L. mediare tiré du L. médius,
— D. subst. verbal moye, partie tendre de la
pierre que l'on enlève en la moyant,
1. MOYEU (d'une roue), du L. modiolus,
m. s. Au simple modius répond la forme it.
moszo.
2. MOYEU, jaune d'œuf, pr. le centre do
l'œuf, prov. moioly muiol ; selon les uns, d'un
type mediolus (de médius), donc le milieu de
l'œuf; selon d'autres, c'est le même mot que
le préc. « par a.ssimilation de figure arrondie
et de situation centrale » (Littré) ; Diez pro-
pose L. mutilus (mytilus), accentué mutûlus,
moule, coquillage, mais la forme n'y est pas
favorable : fr. eul ne se produit jamais que
sur un type latin en olus. L'anc. orthographe
moiœuf est une orthographe interprétative,
que démentent les textes les plus anciens, qui
ont mieul ou moyetd,
3. MOYEU, sorte de prune confite ; d'ori-
gine inconnue. — En Normandie, moyeu est
synonyme do noyau (do cerise, de prune,
d'abricot).
MUCHE-POT (A), en cachette, de muclier
forme picarde de musseriy, cm).
MUCILAGE, du L. mucuSy fait sur le mo-
dèle de cartilage. — D. mucilagincux,
MUCUS, mot latin ; de là muqueux, L. mu-
cosus (d'où mucosité I ; verbe BL. muccare, fr.
moucfier (v. c. m.) ; mucilage (v. c. m.), mu-
ciquey mucite,
1. MUE, subst. fém., de muer (v. c. m.).
2. MUE. a^j., dans « rage mue », fém. de
mut* mu, prov. mut, it. mutOy qui est le
L. mittus, muet — D. muet, dim. ; muter (\q
moût), en arrêter la fermentation.
MUER (en t. de marine mudcr)y prov. mu-
dary du L. mutare, changer. — D. mue,
changement (de plumes, de peau, de voix),
puis aussi la cage où l'on met l'oiseau quand
il mue (dimin. muette (v. c. m.); muance,
muablc, itnmuable, remua' (v. c. m.).
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MUG
— 350 —
UUL
MUET, voy. mue 2. — Pour micet, le vfr.
disait muei, d'un type nnUalis,
MUliTTE, pr. local où l'en tient les ani-
maux pendant le temps de la mue, puis par
extension : pavillon ou rendez-vous do chasse ;
dim. de mue^ voy. muer. — Selon Génin,
toutefois, le dernier sens a une origine dis-
tincte : savoir le vfr. muete, qui se prononçait
meute; la prononciation moderne reposerait
erronément sur l'orthographe antique; en
effet, le lieu du bois de Boulogne dit 7a
Muette s'est dit et écrit aux xvii*' et xviii® siè-
cles, la Meute. Il s'agit donc d'un lieu où l'on
tient des meutes do chien.
MUFLE, d'après Diez, de l'ail moffel =qui
a de grosses lèvres pendantes. Cp. aussi le
norm. mou fier ^ faire la moue, pic. mou fêter ,
remuer les lèvres, ail. m^uff'eln, mâcher. Voy.
aussi l'art, moufle 2. — D. muflier, t. do
botanique.
MUGE (poisson), du L. mugil, m. s.
MUGIR, vfr. muïr, L. mugire.
MUGOT, trésor caché. Ce mot, que l'on
suppose avoir été altéré dans la suite en ma-
got^ son équivalent (v. c. m.), était autrefois
musgotf et se présente beaucoup dans les
patois avec un t ; migot, migeot; on trouve
aussi les formes féminines musgode, musgoe,
murjoe (cp. varlet p. vaslet), migoe. Le sens
primordial était m fruitier, lieu où l'on garde
les fruits «. G. Paris, qui s'occupe en détail
de ce mot dans sa Vie de saint Alexis , p. 186,
n'avance aucune étymologie; il se borne à
citer, dans deux glossaires flamands-latins,
d'une part, muedeche • pomarium, locus
ubi poma reservantur •»; d'autre part, rnuych,
muydick (avec la même traduction), sans
établir aucune communauté d'origine. Elfecti-
vement, la forme primitive mvsgot est ditRcile
à concilier avec le radical mued, mw/d^ du
mol flamand. Aussi le prof. Storm a-t-il
recours à une autre explication. Le mot lui
semble avoir eu d'abord le sens de garde-
manger, provision de vivres et, plus sj>éciale-
ment, celui de » pomarium *», ce qui l'amène
à rattacher musgode au mha. muos-gadem
" cenaculum » (composé de muos « ci bus,
cibus coctus, pulmentum •», et gadem « con-
clave, domus, septum n). Il cherche à écarter
la difficulté que présente Va du mot fr. en
présence do l'a de gadem, en alléguant divei's
cas de ce changement de a en o dans le do-
maine de la langue allemande elle-même
(Rom., II, 85). — Il est utile d'ajouter qu'en
Normandie, mugot se dit pour la provision de
fruits que l'on garde pour l'hiver et qu'on
laisse mûrir sur la planche.
MUGUET, vfr. musguet ; anciennement on
disait aussi noix muguette p. noix muscade.
Du fr. muguet vient l'it. mugheito. Je rétracte
l'équation que j'avais posée, muguet = L.
muscatus, qui pèche contre les lois plumé-
tiques françaises; le mot est le dim. d'une
forme simple musgw% mvgue, qui se ren-
contre encore dans les dial. du Midi et qui
vient de 'musca, fém. de muscus, musc. En
wallon on dit murguè (l'ancien s changé en r ;
cp. varlet de vaslet). — Au subst. muguet,
dans le sons de galant, petit-maitre (cp. mus-
cadin , se rapporte le verbe mugueter, faire
le galant auprès des dames.
MUIB. prov. muet, mueg, it. moggio, esp.
moyOy du L. modius, mesure, boisseau.
MUIRE, it. moja, du L. muria. Voy. sau-
mure.
MULÂTRE,esp., port. mK^o/o, ail. mulatte;
sens premier : issu d'un étalon et d'une
ânesse, puis né d'un blanc et d'une négresse,
ou d'un nègre et d'une blanche; dér. du
L. mtdus, mulet.
MULGTE', amende, L.mulcta. — D. miUo
ter, punir, maltraiter, L. mulctare.
1 . MULE, femelle du mulet, L. mula. Lo
vfr. avait aussi le masc. mul = L. mulus, —
D. mulet.
2. MULE, chaussure sans quartier, it.
mula, esp. mulilla, wall. mole; du L. mul-
leus, soulier de cuir rouge, que portaient les
patriciens de Rome qui avaient exercé une
magistrature curule.
3. MULE, engelure au talon (pr. crevasse);
puis sj)écial. fente ou crevasse qui se montre
sur le derrière du boulet du cheval et d'où
suinte une sérosité fétide. Du v. flam. muyl,
m. s., signification qui «'est peut-être déduite
de celle de 7nuyl, bouche, ouverture.
1 . MULET, quadrupède, voy. mule 1 . —
D. muleiiev, muleton.
2. MULET, poisson, dim. de mulle, pois-
son, qui est le L. mullus, rouget.)
1. MULLE, poisson, voy. l'art, préc.
2. MULLE, garance, du L. mulleus, do
couleur rouge (de mullus, rouget.
MULLETTfi, gésier des oiseaux de proie,
dér. de mulle, usité seulcmcnl dans l'expres-
sion franche-mulle, qui désigne l'estomac
chez le b(Buf; du vfr. mule, poche, sac,
estomac (d'après Littré;.
MULOT, du néerl. mul, ags. myl, terre en
poussière; cp. néerl. mol, angl. mole, =
taupe, et l'ail, maul-wurf, taupe, pr. qui
jette de la terre. — Il n'y a pas de doute que
le radical immédiat des mots germaniques
cités ne soxtmul (cp. les gloses de Reichenau,
p. 51 : talpas, mjf/i qui terram fodiunt), mais
les étymologistes allemands sont d'accord à
voir dans les formes mul-werf, mole, myl,
mul, des corruptions du thème premier qui
estmw/t/etfpii signifie terre, poussière; goth.
mulda, ags. moldc, angl. mould. Le vha.
disait p. maulwurf exclusivement molt-^voerf
(ou -wurfj. — L'étymologie L. 7hus, mûris,
n'est pas probable. — D. muluter.
MULQUINIER, ouvrier qui tisse les batistes,
les linons; aussi murquinier et musquinier.
Le vrai mot est mohquinier, mulequinier ; il
vient de molcquin, mullcquin, étoff'o fine et
précieuse dont on faisait les vêtements légers
nommés chainses ou chemises. Or, molcquin
est un diminutif {hin, suffixe diminutif néer-
landais) du L. mollis; Littré, cependant,
identifie le mot avec molequin, mauve ; l'angl.
a mull, avec le sens de mousseline fine. —
D. mulquinerie.
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MUS
— 351 —
MUT
MULTIGOLORB« L. muUicolor.
MULTIPOMQi, L. multi-formis.
MULTIPLE, L. miiUiphis, p. multiplex,
MULTIPLIGITÉ, L. multiplicitatem (mul-
tiplex).
MULTIPLIER, vfr. motUepIier, monlepUer
ou 'ployer^ L. multipHcarè.
MULTITUDE, L. muUHudo.
MUNICIPAL, L. municipalis (municipium).
— D. municipalité.
MUNIFICENCE, L. munificentia.
IfUNIR, pourvoir du nécessaire pour la dé-
fense ou la nourriture, puis syn. de pourvoir
en général, du L. munire^ pr. travailler à un
mur, puis fortifier, mettre en état de défense.
— D. munition^ L.munitionem (fortification);
le sens actuel du mot français est déduit de
l'acception verbale ** garnir du nécessaire »♦ ;
de là : munition fmire, munUionner,
MUQUBUX, voy. mucus,
MUR, L. murus, — D. mural ^ muraille,
Wrurer^ emmurer,
MUR, contraction du vfr. maitr nieiirf
prov. madur, du L. maturus, — D. mûrir
(cp. l'inchoatif L. maturescere).
MURE, vfr. mettre (forme normale), wall.
meule (cp. ail. maulbeere)^ prov., esp. mora,
it. moro, du L. morum (fiôtpov). — D. mû-
rier ; vfr. mouré, vin de mûres.
MURÈNE, L murœtui {jxùpxivy).
MUREX, L. mureXf coquillage à pourpre.
MURMURE, L. muT'm.ur. — D. murmurer^
L. murmurare (vfr. murmeler, cp. ail. mur-
meln).
MUSARAIGNE, esp., port, musaraha, du
L. musaraneus^ m. s.
MUSARD, voy. muser. — D. musarder,
musardie,
MUSC, L. muscus {jj.àtxoi), — D. musquer,
parfumer de musc (part, musqué ^ au fig. =—
aff*ecté, qui aime Tapprêti; wi^^coi (« raisin
muscat »), it. muscato, d'où fr. muscade,
muscadier, muscadet^ -elle; muscadin, 1.
sorte de pastille, 2. fat musqué. — Voy. aussi
muguet et le pot suiv.
MUSGARDIN, espèce de loir, forme variée
de muscadin, « l'animal parfumé ».
MUSCAT, voy. musc,
MUSCLE, L. musculus, d'où musculaire,
musculeux,
1 . MUSE, L. musa (u^ÛTst). — D. musée
(/AouîiTov), musique (/xçutixo'^).
2. MUSE, commencement du rut des cerfs,
subst. verbal de muser 2.
MUSEAU, musel\ prov. mursel ; sans suf-
fixe : prov. mus, vfr. muse, mouse, it. muso.
On a essayé de nombreuses étymologies pour
ces mots. Diez parait avoir résolu le problème.
Il admet pour type le L. morsus ,dans le sens
de « chose avec laquelle on mord «• (on sait
que Virgile déjà donnait à ce subst. l'accep-
tion do dents). Pour la voyelle m p. o et la
syncope de la liquide r, cp. gtuso, fr. jus ',
du L. dearsum. Ùr radical s'est, toutefois,
maintenu dans la forme prov. mursel et le
bret. morseel. — Dérivés de muiel' : museler,
muselière, — Du primitif mi«, m u^e, dérive,
selon Diez, aussi le verbe muser[^. c. m.), pr.
diriger le museau vers qqch. (voy. muse 2).
regarder fixement, b(»uche béante, attendre
longtemps, s'arrêter à des bagatelles; puis
muserolle, partie de la bride d'un cheval
qui se place au-dessus du nez, pr. = petit
museau.
MUSÉE, voy. muse 1 . C'est pr. un lieu con-
sacré au culte des Muses.
MUSELER, MUSELIÈRE, voy. museau, —
D. etnmuseler.
1 . MUSER, d'après Diez de tnus = museau
(voy. museau); en effet, le Dict. de Trévoux
lui assigne comme signification première
- avoir le visage fiché vers un endroit «, d'où
découlerait celle de fainéanter, se distraire de
son travail. D'autres, appuyant sur le sens
méditer, rêver, penser, réfléchir avec tristesse
(sens particulier surtout à l'angl. muse et au
mot fr. dans le dicton « qui refuse muse n),
ont préféré soit un L. musari, primitif de
musinari «= muser, soit le L. mussare (en
basse latinité musare), dire à demi-voix,
avoir peur, hésiter. — Les étymologies tirées
de Tall. musse, loisir (Ménage) ou du L. va-
car e musis (Huet) ne sont pas recevables. —
D. musard; verbe actif a-muser (v. c. m.j,
tenir qqn., lui faire perdre son temps.
2. MUSER, t. do vénerie, mettre le nez en
terre, entrer en rut (en parlant du cerfy ; de
mus, radical de museau.
MUSETTE, dér. du vfr. muse, BL. musa,
instrument de musique (d'où corne-muse, qui
corne de la muse). — Ce musa doit être consi-
déré comme le subst. verbal du verbe BL. .
musare (wall. 7nu2er), faire de la musique.
Quant à ce dernier, d'après Grandgagnage,
il peut s'expliquer 1 . comme acception déri-
vée du verbe rouchi muser, fredonner, chan*
tonner, qui est le latin mussare (BL. musare),
bourdonner, 2. comme contraction (mieux
valait-il dire comme abstrait) de musicare,
3. comme dérivation du L. Tnusa,
MUSIF, L. musivus; voy. mosaïque
MUSIQJE, L. musica (j^oujintt), dér. do
musa. — D. musiquer, musical, musicien,
MUSOIR, tète d'une écluse. Je ne connais
pas l'oriifine de cette dénomination.
MUSQUER, voy. musc.
MUSQUINIER, voy. mulquinier,
MUSSBR, cacher, vfr. mucer, pic. mucher,
wall. muchi, sicilien am-mucciarsi , d'après
Diez, du mlia. sich musen, se retirer dans
l'obscurité. — D. mmse, cachette. — Grand-
gagnage pense que mucher, forme première,
se rattache à la môino famille que le mha.
muchen, mucken, agir d'une manière cachée,
uha. meuchlings, à la dérobée. L'étymologie
L. mussare, dissimuler, hésiter (signification
d'un ordre moral), ne peut convenir, surtout
en présence do la forme sicilienne.
MUSTELLE. L. mustcla.
MUSULMAN, voy. islam.
MUTATION, L. miUationem (mu tare).
MUTER (le vin), voy. mue 2,
MUTILER, L. mutilare.
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NAC
352 —
NAG
MUTIN, vfr. meiUin, voy. meute, — D.
mutinei% mutvicrie,
MUTISME, du L. miilus, muet.
MUTUEL, dér. du L. mulmis, m. s. — D.
mutualité,
MUTULB. L.mutuhis,
MYOPE, gr. /lûwi, m. s. (litt. qui serre les
yeux). — D. mi/opte^ gr. iiyjraiiix,
MYRIA-, mot prépositif des noms de me-
sure, exprimant dix mille fois la chose ; du
gr. fiùiifUj neutre /aO/six, dix mille.
. MYRIADE, grec /xw/nà^, -àcoi, nombix3 de dix
mille.
MYRMÉLEON, voy. sous fourmi,
MYROBOLAN, aussi myraholan^ nom de
plusieurs fruits desséchés à forme de prune,
venant des Indes; du gr. fiupotxïuvov (litt.
gland parfumé). — D. myrobolanier.
MYROBOLANT, merveilleux. Voici comment
on explique l'origine de ce néologisme, que je
m'étonne do voir admis dans les dictionnaires
avec un y : « Un auteur, nommé Hauteroche,
fit représenter une comédie appelée Scapm
médecin ^ dans laquelle parait un médecin qui
traite tous ses malades avec des pilules. Mé-
decin, en vfr. , se disait mire; pilule, en latin, se
traduitpar bolus. Kn réunissant ces deux mots
par une voyelle euphonique o, et en terminant
le subst. ainsi composé par la désinence ant,
qui marque l'action, Hauteroche a fait un
nom propre mîr-o-6o/-a«^ mirobolant. Trompé
par le radical du mot, qu'il a cru dérivé du
verbe mirariy le peuple a pris ce nom do fan-
taisie pour un synonyme burlesque du parti-
cipe émerveillant, n Je donne pour ce qu'elle
vaut cotte explication philologique, que je
trouve dans Bescherelle. Litti-é rattache notre
mot au précédent, sans préciser le lien logique
qui les unit.
MYRRHE, L. myrrha, gr. ftLXjppr,
MYRTE, vfr. mûrie, meurte, duL. myrtus,
gr. fiùproç. Anciennement, le nom vulgaire
était nerte (changement de m en n comme
dans nappe, nèfle, natte),
MYRTILLE, un des noms vulgaires de l'ai-
relle; de myrte. Cette dénomination ostfondée,
d'après les uns, sur ce que cette plante pré-
sente quelque ressemblance avec le myrte;
d'après d'autres, sur ce que les pharmaciens
s'en servent à la place du vrai myrte quand il
leur manque.
MYSTÈRE, L. mystcrium {fiuTrnpiov) — D.
mystérieux ; du même thème : mystique, gr.
fiuiTiAÔ;, d'où mysticisme, mystifier, composé
mal forgé pour dire : tromper qqn. finement,
d'une manière cachée, subtile (voy., sur l'his-
toire de son introduction dans la langue, le
Dictionn. de Littré); de là mystification,
-ateur.
MYTHE, gr. fix^ou fable.
MYTHOLOGIE, gr. fiub^y^'/lr, traité de la
fable (uLÙ^oi), puis ensemble des traditions reli-
gieuses d'une nation païenne et science y rela-
tive.
N
NABAB, mot arabe (plur.dc naïb, pr. lieu-
tenant, vice-roi), titre des princes de l'Inde
musulmane; puis nom ironique que les An-
glais donnent à leurs compatriotes qui se
sont enrichis aux Indes.
NABOT, vfr w/rnôo/, d'après Dicz, du nord.
nabbi, bosse, nœud; d'après d'autres, avec
moins de probabilité, du L. napus, navet.
Langl. knap, bosse, pourrait aussi fournir
l'étymologie de nabot, qui semployait anc.
aussi p. hotte. — Joret (Rom., IX, 435) con-
firme l'étymologie de Diez par la circonstance
que, dans le Hyndlu-ljôd,7,le mot nabbi sert
à désigner un nain. L'angl. knap, que j*ai in-
voqué, a, dit-il, la même origine que nabbi.
J'ajouterai, commeanalogie desens, que l'équi-
valent ail. knirps, kniirps, knôrps est aussi
de la même famille que knorren, protubé-
rance, nœud.
NAGAIRE, timbale, BL. nacara; de Tarabe
nakar, battre le tambour.
NAGARAT, de l'esp. nacarado, d'un rouge
clair tirant sur l'orange, dér. de nacar, nacre.
NACELLE, HL. naccUa. Ce dernier repré-
sente, selon Diez, plus probablement un dim.
latin navicelln (de navis), qu'un dim. du BL.
naca =^ rouchi naque, nacelle, barque, qui
est le vha. nacho (auj. nachen), v. flam.
naccke, m. s.
NAGHE, t. de boucherie, fesse de bœuf, anc.
fesse en général, du BL. natica, dér. de
L. natis, m. s.
NAGRE, anc. aussi nacle, it. nacchcra,
gnacchera et masc. naccaro, esp. nacara et
ma^c. nacar; d'origine orientale : chez les
Kurdes nakera; cp. le verbe arabe nakara,
excaver. — Chevallet place à toi*t le mot dans
la famille de l'ail, schneche, limaçon (vha. nec-
cho, = coquillage, selon lui). — D. naa'é.
NADIR, de la formule arabe nadhir-as-
semt = point opposé au sénith (v.c. m).
NAFÉ, fruit de la ketmie, dont on fait du
sirop ou de la pâte pectorale ; c'est le premier
mot de la phrase arabe nâfi' IV-z-zadr (litt.
bon pour la poitrine) ; d'après Devic, du per-
san nafah, vésicule de musc.
NAPFE (eau de), it. nanfa, lanfa, de l'arabe
nafah, odeur agréable.
NAGER, d'abord = naviguer, puis en géné-
ral flotter sur l'eau, du L. navigare {nav*-
gare), — D. subst. verbal nage, action do na-
viguer ou de flotter, cp. l'expr. « une cha-
loupe bonne de nage w ; anc. on disait « par
terre et par nage « = par terre et par eau ;
de là la loc. « être à nage ou en nage »», =
être tout trempé d'eau. Dans celle-ci on a,
sans raison sérieuse, voulu voir une confusion
avec « être en âge « {âge anc. forme de eau) ;
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NAQ
353 —
NAS
pour démentir cette interprétation, à part
d'autres considérations, il suffit de rappeler
les applications métaphoriques analogues de
l'ail, schvoimmeiiy nager, comme, p. ex., « das
Auge schwimmt in Thrânen » (est baigné de
larmes). — Autre dér. de nager : ^xageoire,
— Le L. natare a donné vfr. fioer (cp., p. a
devenu o en syllabe atone, ncUaJis, fr. noël).
NAGUÈRE, voy. ffiière.
naïade, L. naias, gr. varà,-, -àîo»-.
NÀIP, du L. natimis (naturel), dont la lan-
gue savante a fait natif. Le sens attaché à ce
dernier était propre anciennement aussi à la
forme syncopée naïf^ p. ex., serf naïf= serf
par naissance. — D. naïveté,
NAIN, prov. narif it. nano, esp. enano, du
L. nanus (viw-o;).
NAISSANCE, voy. naUre.
NAITRE, naistre\ de l'infinitif latin bar-
bare nascere (cp. connoistre' de cognosceré).
Ancienne forme concurrente : nasquir. C'est
de celle-ci que vient le passé défini je naquis.
Le participe latin nascentem a donné nais-
sant, d'où naissance^ L. nascentia, — Le par-
ticipe passé naius (tiré de narC, forme anté-
rieure à l'inchoatif nasci) a régulièrement
produit net* né.
NAMP, meuble (terme de coutume), BL.
nampticnit namptium. Voy. nantir,
NANKIN, étoffe nommée d'après la ville de
Nankin.
NANTIR, dér. duv. subst. nam^ 7ian Jiamp,
qui signifiait gage, puis par extension, objet,
meuble susceptible d'être mis en gage. Nam
désignait d'abord le gage déposé par un débi-
teur entre les mains d'un tiers. Si le créan-
cier n'était pas payé à l'échéance, alors, après
les sommations requises, il était libre de se
saisir du nam ou de se nantir. De l'idée se
saisir d'un gage s'est développée l'acception
se mettre en sûreté, à couvert, prendre ses
précautions, se pourvoir. Quant à l'origine
de nam y elle est fournie par le nord, nam^
prise, mha. nàm^ butin (do la famille du
verbe ail. nchmen^ prendre). Cp. esp. p^enrfo,
gage, de prender, prendre. — Je suis étonné
de voir que personne ne s'est arrêté sur le
mode peu régulier dont nantir procède de
namy namp; on s'attendrait à namir ou
nampir. En admettant même une forme inter-
médiaire nant (avec un t adventice, pris plus
tard pour radical), les analogies indiqueraient
une dérivation par nandir (cp. faisant\ fai-
sander; truant\ truander). Il y a là un point
obscur à éclaircir. — D. nantissement, gage,
sûreté.
NAPHTB, L. naphta (và^&a).
NAPPE, du L. mappa; changement de m
en n, comme dans nèfle, natte. — D. nappe-
ron, d'où l'angl. apron, tablier, p. napron.
NAQUE-MOUGHES, espèce de lézard, qui
naque (attrape) des mouches. Quant à l'anc.
verbe naquer,d'o\i vient-il? L'ail. 7îecken(râc.
nac) paraît trop distant par sa valeur « taqui-
ner, tourmenter » (il a donné peut-être le
champ, nacard, naqueux, railleur; voy. s.
narguer). Le rouchi présente naquer, flairer,
chercher en flairant.
NAQUET, valet de jeu de paume. Je ne con-
nais pas l'origine de ce mot ; comme laquais.
Ménage le fait venir, avec son sans-façon bien
connu, du L. verna, par un intermédiaire
veimacetus I — D. naqueter, attendre servile-
ment à la porte de qqn.
NARCISSE, L. narcissus (vicpusioi),
NARCOSE, du gr. v*/5/w7i;,étourdissement;
adj. va/5)fû)Tixo'j, fr. narcotique, d'où narco-
tisnie, narcotiser.
NARD, L. nardus (v&pSoi).
NARGUER, railler avec mépris; ce mot, qui
semble inconnu à l'anc. langue, est rapporté
par Diez à un verbe latin inusité naricare
(nares) = tirer le nez, ou faire un pied de
nez. Cp., dans les gloses d'Isidore, le mot
nario, interprété par subsannus, d'où le verbe
narire (Jean de Gênes) «= subsannare. Diez
fait dériver de ce même substantif narïo l'ail.
narr (vha. narro), fou (pr. bouffon, moqueur),
d'où le verbe narren, duper, narguer. Un
type naricare n'est admissible pour narguer
que par l'intermédiaire d'un prov. nargar;
or, celui-ci n'existant pas, on est en droit de
suspecter l'ét. de Diez. — Ce rapport étymo-
logique entre nez et moquerie me remet à la
mémoire ma conjecture relative à l'identité
radicale des mots moucher (pr. pincer le nez)
et moquer. — D. nargue, vfr. narque, narc.
Le q ancien s'est conservé dans l'adj . nar-
quois, qui signifie : 1. fourbe, trompeur;
2. argot, langage de fripons (cp., pour la
finale, vfr. clerquois, langage des clercs). En
Champagne, on dit nacard, nargueur, et na-
carder, nai^er ; ce radical nac me semble
être pour 7iasc, de sorte qu'on pourrait ad-
mettre un type latin nasicare, d'où nasquer,
naquer, coexistant avec naricare, d'où 7îar-
guer. Ou bien vaut-il mieux rattacher ce
thème nac, ainsi que le v. flam. nagghen =
irritare, à la famille germanique d'où pro-
cède l'ail, necken, agacer? — Cps. naque-
^mouches.
NARINE, du L. narinus,Siày do Jtaris, nez
(ce dernier a donné prov. nar, it. nare, nari
= narine). La forme vfr. narille, concurrente
de narine, vient d'un type naricula,
NARQUOIS, voy. narguer,
NARRER, L. narrare.
NARVAL, genre de cétacés, angl. narwhal,
du dan.,suéd. narhvoal, ail. narwal, composé
du nord, nâr, corpus nudum, cadavre, et wal,
baleine.
NASAL, L. 7iasalis (nasus). — D. nasaliié.
Autres dérivés du L. nasus : Nasard, jeu
d'orgue qui imite le chant nasillard ; — Na-
SARDE, chiquenaude sur le nez, d'où nasar-
der ; — Naseau, L. nasellits; — Nasiller,
parler du nez, d'où nasillard.
NASITORT, cresson ; Nicot explique le mot
«« a naribus torquendis *». Cette explication
peut être juste, car le mot français accuse un
type L. nasitortium, forme qui doit avoir
précédé la forme classique nasiurtium.
NASSE, du L. nassa, nasse de pêcheur,
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NAV
— 354
NÉB
puis filet, piège en général. — Génin, qui
dans ses Réa'éations philologiques s'est lon-
guement occupé de la locution fr. laisser
dans la nasse et des deux locutions italiennes
analogues lasciare in asso^ et lasciare in
nassOf conclut que toutes les trois n'ont de
commun qu'une ressemblance extérieure toute
fortuite. — D. nassone.
NATAL» L. natalis; voj. aussi noèl,
NATATION, L. natationem (natare); nata-
toire, L. natatorius.
NATIF, L. natimis. La vraie forme fran-
çaise est naïf (v. e. m.). — D. nativité,
L. nativitatem.
NATION, L.natJo(nari%nasci). — D.nalio-
yicU, d'où nationalité, -iser, -isme.
NATRON, de l'arabe neUhroun, nom du car-
bonate de soude naturel.
NATTE, it. matta, ail. matte, du L. maUa,
m. s. (cp. nappe de mappa). Grégoire de
Tours : illud quod intextis junci virgulis
fieri solet, quas vulgo nattas voc€Uit.— D. nat-
ter, nattier,
NATURE, L. natura, — D. dénaturer;
a4j. naturel, L. naturalis, d'où naturalite,
naturaliser, -alisme, -aliste,
NAUFRAGE, L. naufragium (de naoem
f ranger e, cp. ail. schiff-hruch), — D. nau-
frager.
NAULAGE, voy. nolis,
NAUSÉE, L. nausea, gr. vatuîfa, pr. mal do
mer ; nauséabond, L. nauseabundus (le mot
latin = qui éprouve le mal de mer ou qui a
envie de vomir, le mot fr. == qui cause dos
nausées ou qui donne envie de vomir).
NAUTILE, L. nautilus (vavrOoj).
NAUTIQUE. L. naïUicus (vawTixo,-).
NAUTONNIER, dér. du vfr. noton, marin,
qui dérive du L. nauta, gr. vxwt>i;, naviga-
teur.
NAVAL, L. navalis (navis).
NAVÉB, BL. et it. natata, charge d'un
bateau, dér. du L. tiavis, bateau.
NAVET, anc. aussi 9iavel, naveatt, dimin.du
L. napus, m. s. — D. navette.
1 . NAVETTE, forme fém. de navet (v. c. m.).
2. NAVETTE, instrument de tisserand, et
vase pour conserver l'encens ; dimin. duL. na-
vis, bateau; ainsi nommés par assimilation
de forme ; l'ail, dit de même schiffchen.
NAVIGUER, anc. naviger (d'où nager,
V. c. m), prov. navejar, du L. navigare,
NAVIRE (anc. du genre féminin), vfr. na-
vile, it. nadglio, navilio, navile, prov. navili,
d'abord = flotte, puis, par restriction «= bâ-
timent de mer. Pour la substitution de r à /,
cp. vfr. concire de co^icilium et wall. ctr,
ciel. Le type du mot roman est l'ac^. navilis',
formé de navis comme civilis de civis, —
D. wallon naviron, sur lequel voy. aviron.
— D'après Tobler (Rom., U, 243). fr. navire
est une transformation du vfr. navie, flotte,
analogue à celle de vfr. mire, médecin, issu
de mie par insertion de r. Navire doit donc
être rapporté à L. navigium. De son côté,
G. Paris (Rom., VI, 132)maintient l'étym. BL.
navilium, vfr. navile.
NAVRER, it. naverare (dans le cps. itinave-
rare), prov., cat. nafrar^ transpercer, blesser
(sarde nafrar, meurtrir, tacher); d'api*ôs
Diez, approuvé par Littré, du vha. nabagêr,
ail. nad)€T, néerl. neviger, neffîget, nord
nafar, instrument pour percer. Gaston Paris
combat cette étym. par des raisons auxquelles
il serait diflicilo de résister ; il insiste surtout
sur l'impossibilité d'accorder phonétiquement
nabagér avec les formes romanes et sur le fait
que le sens roman est partout 'celui de bles-
ser, ou plutôt, dans le principe, entamer la
peau, n préfère, en attendant meilleure infor-
mation, ramener le mot à l'ail, narbe, cica-
trice (en vha. 7îanoa, mha. narwe), auquel on
trouve aussi le sens de grain de cuir, côté
rude du cuir (lequel est exclusivement celui
du dan. narv et suéd. narf,, ce qui indique
comme notion première celle de marque, éra-
flure. Pour les formes, nous aurions la succes-
sion suivante : nartoa, par transposition
navra, nafra (cp. gr. vjO/sov avec L. nervus),
subst. prov. = blessure, sarde =■ tache, d'où
les verbes nafrar, navrar, navrer; pour les
sens : faire une balafre, écorcher, érafler,
blesser en écorchant, blesser au figuré.
» Cette étym., dit M. Paris, serait hors de
doute, si l'on pouvait trouver en roman une
trace de l'emploi de nafra, navra, au sens
de •* cicatrice n ou do « côté rude du cuir ♦» .
Les vocabulaires techniques, surtout dans
les patois, en fourniraient peut-être quchpio
exemple. » — J'ajouterai que Kiliaen donne
au ni. fierve (van het leder) la définition :
grana in coriis, squamce, oculi coriorum, et
qu'il compare le fr. n^'ve. Cette forme fran-
çaise existe-t-elle? Baist (Ztschr., V, 556),
rencontrant l'étymologio de G. Pans, remar-
que que dan. narv et suéd. narf sont d'im-
portation haut-ail., et que dans cettxî langue,
nai*wa (cicatrice) n'apparaît qu'au xu" siècle,
comme dérivé du même radical qui a donné
anc. sax. naru, ags. nearu, angl. narrow
et qui emporte l'idée d'étroitesse, de peine et
d'accablement. Baist f>ense que le sens secon-
daire de narwa : grain do cuir, côté rude du
cuir, est trop récent pour y rattacher le
verbe navrer.
NE, négation, forme affaiblie de no7i ou
nen' = L. non.
NÉANMOINS, voy. néant.
NÉANT, vfr. aussi notant, nient, prov.
neien, nien, it. niente. C'est le subst. ens,
gén. entis, =* être, chose (mot que l'on doit
supposer avoir été vulgairement employé,
quoiqu'on ne le rencontre que comme terme
philosophique), précédé de la négation ne ou
nec. Etymologiquement, néant équivaut à ne-
chose on ne-rien; cp. L. nihil, pr. ne hiliim,
vha. neowiht {a^y contracté en nicht, comme
subst. nichts) et angl. nothing = ne-chose,
gr. oûosv = pas une chose, etc. — D. anéan-
tir, fait d'après l'analogie du L. an-nihilare.
Composés néanmoins, qui répond, par sa
facture au L. nihil o-minus ; fainéant (v.
c. m.).
NÉBULEUX, L. nebulosus (de nebula, fran-
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NÉN
355 —
NIC
cisô dans lo vfr. neule, nieule, brouillard
épais, brume). — D. nébulosité,
NÉCESSAIRE, L. necessarius; — nécessité y
L. nécessitas. — D. nécessiter ^ nécessiteux.
NEC (ou NON; PLUS ULTRA, phrase latine,
= pas plus loin, employée pour désigner le
teiTne, la limite où il faut s'arrêter.
NÉGRO-. du grec vixpo'i, mort. On rencontre
ce terme dans les composés suivants : Nécro-
LOOE, registre des morts, d'où nécrologie ^
notice ou suite de notices sur des personnes
mortes; adj. nécrologique. — Nécrom.vncik,
gr. vtxpo'fix'JTila, d'où néci*omancien (pour
lequel on disait autr. nécromant; litt. = gr.
jtypofix'jTYii). L'idée de magie noire a déter-
miné les altérations it., esp. f^igromante; vfr.
niçromance et, par transposition, ingre-
mance, — Nécropole, gr. vix/so-Troii;, litt.
ville des morts.
NÉCROSE, gr. tUp^aïKi^ mortification.
NECTAR, L. nectar (v«ry/>) ; nectaire, t. de
botanique, do l'adj. nectareum.
NEP, 1. navire; 2. vaisseau d'une église ;
3. espèce de vase en vermeil pour le linge de
la table rojale;du L. navis (cp. cîefde elaeis).
Le mot nacis s'est aussi francisé en vfr. nau.
NÉFASTE, L. nefaslus.
NÈPE, gros du bec d'un oiseau do proie, =
prov. nefa^ it. nifja, niffb, dim. niffolo. Mot
germanique : ags., angl., néerl. neb, basall.
nibbe, nif, nord, nebbiy nef^ bec, nez. Voy.
aussi ni fier.
NÈFLE, p. nesple, it. nespola, esp , port.
nespcra, cat. nespla, du latin niespilum [n p.
m, op. nalte, nappe). L'm subsiste dans v.esp.
mesperoy basque mispira^yî?. mesple,mesfle,
wall. mespe, vha. mcspila, nha. mispel. —
D. néflier.
NÉGATION, L. negationem (de nej^are^ fr.
nier)\ négatif (d'où le subst. négative)^ L.
negatinus.
NÉGLIGER, L. negligere. — D. négligent,
-ence, L. negligens, -entia.
NÉGOCE, L. negotium, affaire; négocier,
L. negotiari, d'où négociant, -ateur, -ation,
-àble.
NEGRE, it., esp., port, negro = L. niger,
noir. — D. négrier, nègrerie, négrillon.
NÉGUE-, élément de composition dans les
termes nègue-chien, itègue-fol ; à\x verhe né-
guer, forme méridionale do L. necare, fr.
noger.
NEIGE, d'après Diez du type latin nivea;
d'après Paris (Rom., IX, 623; subst. verbal de
neiger (v. c. m.).
NEIGER, vfr. negier, d'un type BL. nim-
gare ou ncmcare. — De là le subst. verbal
neige, d'où adj. neigeux. — Au subst. latin
nix (thème nie) répondent vfr. nief, neif, noif,
prov. neu, nieu, it. neve, esp. nieve.
NBNNI, vfr. nenil, prov. nonil, représente
le L. non illud ; de la même manière oïl ou
oui (y. c. m.) répond à L. hoc ille.
NÉNUFAR, NÉNUPHAR; quelle que soit
l'origine directe db cette appellation de la
nympJuie, il est probable qu'elle se rapporte à
nympha, esp.,it. ^i/»/». Cependant on trouve
en persan noùfer, niloûfer.
NÉO-, en composition, du grec vjoj neuf,
nouveau (néologie, etc.).
NÉOPHYTE, gr. vîo'yur^,-, litt. de nouvelle
venue, né do nouveau, converti.
NÉPHRALGIE, douleur aux reins, de vî^pài,
rein, et «Xyslv, avoir mal. Au mot vzopo; se rat-
tachent encore le subst. néphrite, gr. vi^p^n;,
et l'adj. 7iéphrétique ou mieux néphrétique,
gr. VÎ^CITIXO;.
NÉPOTISME, pr. crédit, autorité, faveurs,
accordés dans les affaires publiques aux ne-
veux .= L. nepotes,
NERF, L. nervus. — D. nerveux, d'où ner-
vosité; nervin; nerver, d'où nervure. Cps.
nerfférure, coup sur le tendon de la partie
postérieure des jambes {férure do férir, frap-
per, V. c. m.).
NERPRUN ou noirprun = L. prunus ni-
gra; le wallon dit merprun.
NET, it. 7ietto, esp. neto, port, ned^o, prov.
net, angl. neat ; du L. nitidus (cp. pâle de
pallidus). — D. netteté; verbe nettoyer; vfr.
nettier, prov netejar, neteyar, d'un type lat.
niticare p. nitidure. Vfr. neier, nier vient
d'un type nitidare.
NETTOYER, voy. net.
1. NEUF, adj., du L. novus. Du dim. L.
novellus vient novcV, Jiouveau.
2. NEUF, nom de nombre, du L. novem.
— D. neuvième, neuvaine.
NEUME, t. de plain-chant, du Y^L.pneuma,
=■- gr. TTvîvjtt», souffle, émission de voix. Four
l'aphérèse du p, cp. tisane.
NEUTRE, L. neutrum, dont le dér. neutra-
lis (ail. neutral) a donné neutralité, neutrali-
ser.
NEVEU, vfr. nevod, prov. nebod, du L.
ncpotem (nom. nepos). Au nomin. nepos res-
sortissent les formes vfr. nies, prov. 7i^s
nebs.^
NÉVRALGIE, souffrance {ih/i«) des nerfs
{'jiZpovj. Du môme viZpov ( — L. 7iervus) vien-
nent les termes médicaux Jiévrose, névrite,
névrologie, etc.
NEZ, prov. nos, du L. nasus (cp. rez de
rasus, chez de casa).
NI, vfr ne, du L. nec.
NIAIS, pr. oiseau de proie pris dans son
nid, fig. inexpérimenté, faible, simple, sot
(cp. l'expression béjaune), it. nidiace, d'un
type latin nidax (nidus); prov. nisaic, niaic,
d'un type nidacus (nidus). — D. niaiscr, niai-
serie; déniaiser.
NICAISE, du nom de baptême iVicosf M5(cp.
les acceptions péjoratives des noms propres
Cla}ide^ Colas, Nicodème, etc.).
NICE, vfr. niscc, simple, novice, prov.
nesci (auj. ne/^i), esp. nccio, du L. nescins^
ignorant. L'angl. nicc, délicat, joli, est lo
même mot; sa valeur lui est venue par la série
d'idées : simple, qui s'attache aux petites
choses, minutieux, raffiné (voy. les dict. do
Wedg^vood et E. MûllerJ.
1 . NICHE, terme d'architecture, direct, de
rit. nicchia, enfoncement en forme de co-
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NIG
— 356 —
NIV
quille (it. niccMo). Or, co mot niœhio, co-
quille, Diez, sur les traces de Ferrari, le fait
venir du L. mytihiSy moule comestible, qui
convient parfaitement i>our le sens et pour la
lettre. Pour la transformation, Diez allègue,
d'une part, Tit. secchia do situla, tecchia de
vetiihis, et d'autre part, quant à l'initiale n
p. m, J'it. nespola (fr. nùflé) do mespilum.
L'ail, nische et esp. mcho^ synonymes de fr.
niche, sont tirés du français.
2. NICHE, malice, espièglerie; c'est une
variété vocale do nique (v. cm.).
NIOHER, vfr. 7iiffer, nigier; Diez nliésito
pas à voir dans ces formes une contraction du
L nidipcar€[nid'fcare,7iid*care,nicare). Pour
ma part, j'admettrais plutôt un type nidicare,
de nidiis, — D. nichée, nichet^ nichoir, dé-
nicher.
NICKEL, mot suéd.; métal ap|)elé, par dé-
rision, par les mineurs suédois, d'après Nic-
kel, un des génies nains dos mines.
NICOTIÂNE, NICOTINE, i)lante du tabac,
ainsi nommée du nom du président Jean
iVico^ (le même que le lexicographe), qui,
étant ambassadeur en Portugal, envoya le
premier cette plante en France (1560).
NID, L. nidiis. — NitlificcUion, L. nidifi-
catio.
NIBOREUX, L. nidorosus (de nidor,
odeur).
NlâCE, prov. netsa, du L. neptia^, neplis,
1. NIELLE, plante, melantbium, papaver
nigrum, du L. nigeJla (niger).
;2. NIELLE, maladie des grains, causée par
les brouillards (dans les patois uuile, aïeule) ;
c'est le même mot que vfr. niele, brouée,
brouillard, qui vient du L. nebula. — D.
nieller, gâter par la nielle (it. annehbiare,
esp. anieblar ; ces verbes confirment l'étym.
nebi(la).
3. NIELLE, t. d'orfèvrerie, vfr. neel, it.
niello, esp., prov. nieî, BL. nigellum, dessin
en émail noir sur fond d'or ou d'argent; do
l'adj. nigellus, dim. de niger, — D. nieller
(vfr. noieler), nielhire.
NIER, anc. noyer, du L. negare, — D. nC,
subst. verb.; on disait autr. «« cela n'est point
en ni n = non abnuitur(cp. lecomposéc/t*?»*).
A l'anc. verbe noyer correspondait le subst.
noy\ dans la locution » mettre en noy » =
contester. — Cps. dénier, fenier.
NIFLER*, mucum veluti resorbere. Diez
rattache ce verbe à la famille niffa (mention-
née sous lart. nèfe), qui désigne à la fois bec
et nez. Il est impossible de ne pas alléguer ici
l'angl. s-iîiff", s-nuff, l'ail, sch-nii/feln, qui
disent la même chose. — L'on n'emploie plus
aujourd'hui que le composé renifler, — D.
pic. niflette, narine.
NIGAUD, d'origine incertaine. Je ne puis
approuver ni une dérivation de nice, ni celle
du L. nuga. Une inteiprétation par un type
nidicaldus{cp. niais) serait également forcée.
Ne pourrait-on pas rapporter nigaude. 7n que,
comme exprimant celui qui se laisse facile-
ment faire la nique? Je soupçonne que Picot,
qui ne m'est connu que comme nom de fa-
mille, mais qui sans doute est dans le fond
un nom commun, procède de ce même primi-
tif. Diez, se prévalant du principe que le suf-
fixe aUl ou aiid accuse provenance germa-
nique, conjecturait pour nigaud ou nigald,
un type immédiat nivoald (w=g), lequel vien-
drait du vha.ntMwn, niwi, neuf, novice. Dans
ses dernières éditions, cependant, Diez fait
de nigaud un dérivé du prov. nec, sot, qu'il
rattache dubitativement à l'esp. niego^ niais.
NL Kiig. Kittor (Littré, suppl.) propose de
rattacher nigaud (comme les noms de famille
Nigaux, Nigon, Nicard) au nom propre
Nicolas (cp. pour la filiation des idées le rap-
port entre ^cw^^ etBenoit)^ pour l'application
du suffixe aud (= aldus), cp. courtaud, rus-
taud. Cette manière do voir est plausible. —
D. nigauder, nigauderie.
NI6R0IL, poisson, du L. Jiiger occulus;
l'ail, dit de môme schwarjr-auge, pr. œil
noir.
NIGUEDOUILLE, nigaud ; virall. nichdouie,
langued. nigadoidho. Comment analyser le
I mot ? est-il connexe avec nigaud ou nique f
NILLE, t. do blason, etc., forme écourtée
de annille (d'un type annicula, variété de an-
nuliis, anneau?).
NIMBE, L. nimbus, nuage.
NIPPE; suivant Frisch, du néerl. nijpen,
pincer (mieux eût valu citer l'angl. nip, m.
s. que nijpen), parce que les petits colifichets
de parure s'attachent avec des agrafes. Je
n'approuve pas cette étymologie ; les nippes
ne comprennent pas seulement les petits orne-
ments d'ajustement, mais aussi des habits et
des meubles. C'est un synonyme de hardes, et
comme ce dernier, il doit avoir un primitif
exprimant lier, nouer. Or, ce primitif se trouve
dans le nord, hneppa (parent du reste avec le
néerl. nijpen, cité ci-dessus), d'où procède en
effbt un mot nor à. ' hneppe =* hardes, trous-
seau, nippes. — D. nipper,
NIQUE (variété vocale : niche)\ n'est plus
usité que dans la locution •« faire la nique à
qqn. n r=z s'en moquer, en haussant le men-
ton. Ce mot (en langued. nica) est générale-
ment dérivé du vha. hnicchan, ail. mod, nic-
hen, faire un signe de tête (on trouve en eflet
niquer, branler la tête), mais il parait se rap-
porter plus directement au suéd. 7iyck, dan.
7iykhe, néerl. nuk, ail. niicke, malice, mé-
chanceté. Cp. l'angl. nick-name, sobriquet.
— L'ail. necÂe?î, taquiner, pourrait aussi être
invoqué, mais il parait être étranger au vha.
et remonter à un radical nac. — Voy. aussi le
mot pique-nique,
NIQUER, gagner du premier jet de dés; cp.
l'angl. nick, rencontrer juste ou heureuse-
ment.
NITOUCHE, voy. mitouche.
NITRE, L. nitrum (vfrpov).
NIVEAU, niveV, p. livel, it. libella, port.,
prov. livcl, nivcl, esp. nivel, angl. levcl, du
L. libella (dim. de libra), m. s., avec change-
mont de genre. Pour l changé en n, cp.
fiomblr. — D. niveler.
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NOG
357 —
NOM
mVBRBATT, pinson de neige, Aév. du vfr.
nice, neige = L. jiia;, nivis.
NIVOSE, quatrième mois du calendrier ré-
publicain (21 déc. au 19 janv.), du L. mt?o-
sus, abondant en neige.
NOBLE, L. nobilis. — D. diablesse, 1. qua-
lité de ce qui est noble, 2. corps des nobles
(pour ce sens collectif, cp. L. nobilUas, les
nobles, riisticilas, les gens de la campagne,
cimias = cives, fr. bourgeoisie^ inagistrature,
etc.); nobiliaire; vfr. se nobloier, s*illustrer,
briller, éclater; factitifs a- «oWir et e;ww)6/ir.
NOCES, du L. nuptiœ (de nitbere^ se ma-
rier), d'où nuptialis, fr. nuptial. — D. twcer,
faire bombance (terme populaire), noceur, —
G. Paris (Rom., X, 398) consacre un article
fort étudié pour débrouiller la question de
l'incompatibilité des formes romanes it. nozse^
prov. nossaSf fr. noces avec l'tî long de L. nup-
tiaSf qui postule, nuzze^ nussaSy nuces^ et
de l'influence qui a dû amener cette perturba-
tion de la loi phonétique ; il reconnaît cette
influence dans L twvus, d'où nova nupta (la
mariée) et un type fictif 7tôvtias, qui expli-
querait les formes romanes.
NOCHER, it. nocchiere, esp. nauclero (anc.
esp. naochero, nauchel), prov. naucler, nau-
chier; cesubst. ne vient pas, comme pensait
Ménage, d'»m type navicaHus, mais bien du
L. naucleruSy grec vaûxlïj/ïo;, armateur. —
Une étude très subtile consacrée par Fôrster
à ce mot et à ses (soi-disant) parallèles des
langues sœurs dans Grôb. Ztschr., III,
567, aboutit à la thèse : Nauclerus est étran-
ger à it. nocchiere, v. esp. naucher, pour
lesquels il revendique pour primitif le mot
lat. classique namcularius (d'où nauc*larius)\
quant à prov. nauchier^ auj. nocher ^ il faut
écarter aussi bien navicularius ou le navica-
rius proposé par Ménage que nauclerus;
Foerster ne sait les accorder qu'avec un type
nauticarius (mot constaté par les Inscrip-
tions). NauclerusTLQ reste plus admissible que
pour esp. et port, nauclero et prov. naucler;
ce sont des mots d'introduction savante.
NOCTURNE, L. noctumus (nox, noctis).
NODOSITÉ, voy. nœud,
NODUS, mot latin, employé en chirurgie
pour nœudf qui en est la forme française.
NOËL, pour naêl (pour cotte substitution
do o à a, cp. vfr. noer^ it. notare, du L. na-
tarCy fr. poêle^ subst. fém., p. poêle), it. na-
tale^ prov. etv. esp. nadal; du L. natalis, s. e.
dies, jour de la nativité. Le fr. ?w)èZ, outre la
fête, signifie aussi les chants composés pour
la célébrer, etc.
N(EUB, L. 'nodus. — D. nouet; verbe
nouer y L. nodare; a<y. noueux , L. nodosus
(d'où direct, le subst. nodosité), — Le latin
nodus est pour atodus, et tient à la même
famille indo-germanique d'où sortent l'ail.
kiwten, m. s., angl. hnot et même le knut de
la langue russe.
NOGUET, grand panier d'osier; d'origine
inconnue, tient peut-être au mot nauc, auge,
mehtioniié sous noue 1.
NOIR, vfr. }teir, ner, prov. nègre, nier, it.
^legro, na*o; du L. nigrum (nom. niger), —
D. noirâtre, noiraud ; notmr (forme inchoa-
tive, avec sens factitif), esp. negrecer, prov.
negrecir, du h, nigrescere ; subst. iwirceur,
formation incorrecte p. noireur (L, nigror),
faite sous l'influence du verbe noircir (la
vieille langue avait noireur et noireté), — Du
port, negro vient la forme fr. nègre,
NOIRCIR, voy. noir, — D. 7ioircissure.
NOISE, vfr. nose (angl. noise, v. néerl.
noose, noyse), prov. nausa, cat. nosa, que-
relle, dispute. Diez, se réglant sur la forme
provençale, se prononce pour Tétymologie du
L. nausea, dégoût, de sorte que la significa-
tion première serait fâcherie. Cette manière
de voir pourrait être appuyée du mot fr. fâ-
cherie lui-môme, qui dérive do fastidium, si-
gnifiant proprement dégoût. Je préfère l'opi-
nion de Diez à celle qui remonte au L. noxa,
tort, dommage, qui convient beaucoup moins
tant pour le fond que pour la forme. Cachet
plaide en faveur de noxa ou noxia, en allé-
guant les formes v. cat. et v. esp. noxa, puis
le sens de débat donné au L. 7ioxia par Au-
sone. Quoi qu'il en soit, en présence des deux
primitifs proposés, nausea et noxa,'\\ me reste
un scrupule, c'est que noise signifiait aussi
(et signifie encore en anglais) tapage, bruit,
dans le sens littéral de ces mots, voire
le gazouillement des oiseaux. Peut-on ad-
mettre dans ce cas-ci la transition logique de
fâcherie à bruit, de la cause à l'effet? Le pas-
sage d'une signification morale à une signifi-
cation purement matérielle se présente i*are-
ment (voy. notre mot lourd), — D. noisif*,
querelleur.
NOISETTE, dim. de noix, — D. noisetier,
NOIX, prov. Tiotz, it noce, esp. nues, port.
noz, du L. nux, nucis (cp. croix de auix).
— D noiseraie; dim. noisette, — Du latin wia?
procèdent : nucalis, d'où prov. nogalh, fr.
noyau; nucarius', d'où prov. noguier, fr.
noykr; nucatum, esp. nogado, fr. nougat
(mot d'importation méridionale).
NOLET, voy. noue,
NOLIS, subst. verbal de noliser.
NOLISER, it. noleggiare, dérivé du L. nau-
lum (vol'jUv), fret; anciennement on disait
nauler, d'où le subst. naulage, Subst. verbal
nolis. Le dér. nolissemcnt est irrégulier
p. nolisement, qui est la bonne et ancienne
forme.
NOM, L. nomen. — D. nommer, vfr. notncr
et lomer = L. nominare (prov. nomnar), —
Cps. surnom. — Direct, du latin nominare,
les mots savants : yiomination, -ateur, -al,
•alif, L. nominatio, -ator, -alis, -ativus.
NOMADE, L. nomas, -adis (v9/*à;).
NOMBLE, p. lomble, du L. lumbulus (lum-
bus).
NOMBRE, L. numerus. — D. nombreux,
L. numerosus; nombrcr, L. numerare; iVi-
nom^re, dans la locution- innombre de fois»;
cp. le terme ail. unzahl,
NOMBRIL, pour lombril (cp.. pour la con-
version de / eh n, niveau ^ nomble). Lombril
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NON
— 358 —
NOU
(vfr.) est formé, par aj^rglutination de l'article,
de omhrilf prov. umbrilh ; quant à ceux-ci, ils
sont p. ombJil et représentent un type latin
umbiliciiîus , dim. de utnbilicus ; cp. péril de
■pericidum. Au type umhilicus se rattachent
les formes vfr. ombiî^ it. omhelicOy bellico,
biJicOf valaque buric, esp. ombligo^ port, um-
bigo^ embigOt prov. ombelic et enfin le terme
scientifique français ombilic, — L'agglutina^
tion de Varticle se remarque également dans
le cat. llombrigol; dans la transformation de
lombril en nombril^ le synonyme germanique
nabel, ni. navel, nord, nafli, m. s., n'aurait-il
pas exercé quelque influence?
NOMBNCLAXIIUR, -TURB, L. nomenclator,
•tiira (nomen-calo, xaiô;.
NOMINAL, etc., voy. nom.
NOMMER, voy. nom. — Cps. renommer,
d'où le partie, passé renommé (v. cm.) et le
subst. verbal renom; surnommer.
NON, L. non.
NONAGÉNAIRE, L. nonagenarius.
NONANTB, L. nonaginta.
NONCE, L. nuntiiis, messager. — D. non-
cialiire; verbe noncer\ L. nuntiare.
NONCHALANT, p. non chalant, qui ne se
soucie de rien, pr. qui ne s'échauflFe pour
rien. Chalant est le part. prés, du vieux verbe
chaloir [y. c. m.) = être d'importance, puis
mettre de la chaleur, de l'ardeur, de l'empres-
sement dans une affaire. On employait autre-
fois aussi le verbe négatif ?ionc/ia/oir:«* Depuis
longtemps la loy avoit demouré oubliée et
nonchalue n (Al. Chartier). — D. noncha-
lance, nonchalander* . — Nicot a eu la bizarre
idée de rattacher notre mot au gr. vwxt>>};,
lourd, paresseux. C'est par trop d'érudition !
NONE, du L. nonus, neuvième. Dans plu-
sieurs patois, comme en anglais (noon), le
mot s'est conservé avec le sens de midi et de
repas de midi, diner. En vfr., noner signifiait
goûter, faire un repas vers le soir. La neu-
vième heure après minuit correspond à neuf
heures du matin ; la neuvième heure, comptée
à la manière romaine, correspond à trois
heures du soir. Les deux manières de compt^îr
ne cadrent pas avec la signification de midi.
Mais, comme le remarque Grandga^age,
encore sous François I«^, on nonoit ou dînait à
neuf heures; ce philologue cite, pour le dé-
montrer, le dicton suivant :
Lever à cinq, dîner à neuf.
Souper k cinq, coucher à neuf.
Fait vivre d'ans nouante et neuf.
« On a donc d'abord, dit-il, nommé le
diner d'après l'heure à laquelle il se prenait;
ensuite, cette heure ayant été successivement
reculée jusqu'à midi, on l'a néanmoins dési-
gnée par le nom du diner, quoique ce nom
fût devenu inexact par son sens étymolo-
gique. ». Les Allemands continuent bien à
appeler leur diner un mittag-essen (manger
de midi), quelle que soit l'heure où l'on
prend ce repas.
NONNE, BL. Monwa, dont l'accusatif mo?î-
nam a déterminé la forme secondaire non-
nain (cp. vfr. Ecain, cas oblique à*Êve, nfr.
putain de piite). Le terme nonnus, fém.
nonna, introduit dans la basse latinité (saint
Jérôme et autres pères de l'Église) était un
terme de vénération, synonyme de père et
mère dans le sens religieux. Kn italien,
nonno, non^ia signifient grand-père, grand'-
mère; cp. en lorrain ncmnon, en n. pr.
nounnoun = oncle. L'origine du mot n'est
pas encore suce, bien que Scaliger ait avancé
une provenance égyptienne. — D. nonnette,
nonnerie.
NONOBSTANT, prépos., pr. un participe à
l'ablatif absolu : 7ion-obstant cela équivaut à
la phrase latine « hoc non obstante « , litt.
cela ne formant pas obstacle. Cp. moyen-
nant, pendant, durant, autres participes
présents ayant pris la valeur de préposi-
tions.
NOPE, petit nœud dans le drap, du vha.
et V. flam. noppe, holl. nop; de là le verbe
noper, arracher les nœuds. Le mot gciTna-
nique noppe est une variété de l'ail, hnopf,
néerl. knoop, angl. knop, nœud, bouton.
NOQUET, voy. noue.
NORD, de l'ags. nordh, angl. north
NORMAL, L. no}*malis fnorma). — D. anor-
mal (v. c. m.).
NORMAND (d paragogique, comme dans
allemand), du germ. nord-man, homme du
nord. — D. Normandie.
NORME, L. norma.
NOS, plur. de nosire, notre, p. nost-s. Cp.
dispos p. dispos t -\- s.
NOSTALGIE, pr. maladie du retour (voVto,-,
retour, àh/iy, maladie).
NOTAIRE, L. notarius, copist<î, scribe. —
D. notarial, -at, notarier.
NOTE, L. nota ; noter, L. notaro = mar-
quer, d'où notable, L. notabilis, remarquable
(subst. notabilité i\ notation. L. notatio; adv.
notamment, pr. = en notant.
NOTICE, L. notitia (notus), connaissance.
NOTIFIER, L.notificare (= notum facere).
— D. notification.
NOTION, L. notionem (nosc<)re).
NOTOIRE, L. notmmis; la signification
classique « qui fait connaîti'e »» a tourné en
celle de connu. — D. 7iotorieïé.
NOTRE, NÔTRE. nostre\ L. noster.— La
distinction orthographique entre notre et nôtre
est affaire de pure convention.
1. NOUE, t. d'architecture, endroit où
deux combles se joignent en angle rentrant,
tuile creuse, etc- Le sens étymologique est
canal, gouttière, etc. La forme noue (aussi
nou, 7ioe, nouve, etc., dans les dialectes; a été
précédée d'une forme noque (BL. noccus) à
laquelle ressortit le dimin. noquet (terme de
plombier). — Dérivés de noue : nouette, tuile
bordée d'une arête, nouiet, 7wlet, p. nouelet,
gouttière, etc. — Le mot est d'origine germa-
nique et cori'espond au vha, nôch, cuniculus,
foramen, nha. noche,nachc, canalis, cp. aussi
vha. 7iochs, imbrex. — A la même famille
parait appartenir le lang. nou^ nauc, 7iaucq,
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NOY
— 359 —
NYM
augo à pourceaux, augcT de moulin à foulon,
fosse à tan ; on peut cependant les ramener
aussi à navis, *naviciis, vaisseau.
2. NOUE, lieu bas où se jettent les eaux
des rivières lors de leurs débordements, puis
terre grasse de pâturage ; paraît être le même
que le précédent.
NOUER, voy. nœud, — Cps. dénouer,
renouer,
NOUBT, dimin. denoewd; it. nodetto,
NOUBTTE, voy. nouel,
NOUEUX, voy. nœud,
NOUGAT, voy. noix.
NOUILLE, de l'ail, nudel, m. s.
NOULET, voy. noue 1.
NOURRAIN, anc. nourrin, prov. noirim,
du L. nutrimèn, nourriture.
NOURRICE, 1 . celle qui nourrit, du L. nu-
iricia (saint Jérôme) = nutrix; 2. action de
nourrir, allaitement, dans « mettre en nour-
rice », du L. nutricium, — D. nourricier.
NOURRIR, norir', prov. notrir, du L. nu-
irire, — D. nourriture, L. nutritura ; nour-
risson (v. c. m.).
NOURRISSON, vfr. noriçon, anc. subst.
fém. = nourriture, éducation, d'après Diez,
de li. nutritionem; par la conversion du sens
abstrait en sens eoncrét, accompagnée d'un
changement de genre, s'est produit nourris-
son, enfant qui est en nourrice; cp. élève
(fém.), action d'élever, et élève (masc), celui
qu'on élève ; la prison (vfr. = l'arrestation)
et le prison (vfr. = le prisonnier) ; cp. sur-
tout polisson, — Homung (Grôb. Ztschr.,
VI, 436) protesta contre l'équation nouriçon
«= nutritionem, ce mot latin postulant plutôt
norison (cp. trahison) ; il propose par consé-
quent un type nutricaiionem, romanisé par
nutrictjon. Ses doutes sont certainement légi-
times, mais ne pouri'ait-on pas attribuer l'ir-
régularité à l'influence de nourrisse = L.
niUricia t
NOUS, vfr. nos, L. nos,
NOUVEAU, nouvel*, L. novellus (novus). —
D. nouvelle, d'où nouvelliste; vfr. noveUé,
auj. nouveauté; verbe renouveler, — Les
novelles [novellœ) de Théodose et de ses suc-
cesseurs, comme celles de Justinien, sont ainsi
nommées parce qu'elles sont postérieures à la
rédaction de leurs codes respectifs.
NOVALE, L. novalis (novus), qu'on laboure
pour la première fois.
NOVATEUR, -ATION, L. Tiovator, -atio
(novus).
NOVEMBRE, L. november (novem), neu-
vième mois de l'année romaine.
NOVICE, L. novûnus (novus). — D. nori-
ciat,
NOTALE, sorte de toile à voiles ; de la ville
de Noyai (Côtes du Nord), lieu de fabrica-
tion.
NOYAU, vfr. 7U)ial, noiel, voy. ncix. —
D. noy altère.
1. NOYER, subst., voy. noix.
2. NOYER, verbe, vfr. neier, nier, prov.
negar, esp., port, e-negar, du L. necare, dont
le sens générique tuer s'est individualisé,
dans la basse latinité, en c«lui de tuer par
immersion. — D. noyade, noy on.
NU, vfr. mit, L. nudus, — D. nudité, L.
nuditatem; nuesse = nue-propriété.
NUAGE, voy. nue, — D. nuageux.
NUANCE, voy. nue. — D. nuancer.
NUBILE (mot savant), L. nubilis (nubere).
— D. nubilité.
NUDITÉ, voy. nu,
NUE, L. nubes, — D. nuage; nudr, assom-
brir, foncer, ombrer (litt. ennuager); d'où
nuée et nuance (cp. pour ce mot le terme ail.
schattirung, action d'ombrer). — On a, à
tort, dérivé nuer tantôt de nutare, fléchir,
tantôt de mutare, changer.
NUER, voy. nue.
NUIRE, L. (forme barbare) 7iocëre(cp, luire
de lucëre). A côté de nuire, l'anc. langue avait
aussi, selon la bonne forme noçere, nuisir,
nowiV(prov. nozer, v. esp. nocir)\ cp. luisir*
de lucere, plaisir de placere, taisir (p. taire)
de iacere. Cet infinitif ancien nuisir est plus
en rapport avec la conjugaison du verbe et
avec les dérivés nuisance et nuisible (vfr.
nuisablé),
NUIT, vfr. noit, du L. noctem (cp. huit de
octo), — D. nuitamment, cp. BL. noctanter
(le vfr. nuitantre vient, selon Diez, de l'abla-
tif noctante, comme soventre do sequcnt€)\
subst. nuitée; verbe s'anuiter,
NUL, L. nullus, — D. niUlité,
NUMÉRAIRE, L. numerarius' (numerus);
cps. surnuméraire, L. supemumerarius ; —
num^aZ, L. numeralis ; numérique, L. numo-
ricus"; numérateur, -ation, L. numerator,
-atio (numerare) ; numéraiif, numéro, forme
d'ablatif du L. numerus,
NUMÉRO, voy. l'art, préc. — D. numéroter,
NUMISMATIQUE, relatif aux médailles ou
monnaies, du L. numisma, -atis, gr. ^6fjn7fiLX,
monnaie. — D. numismate, numismatiste.
NUNCUPATION, -ATIF, du L. nuncupare,
nommer, énoncer.
NUPTIAL, voy. noces.
NUQUE, vfr. nuche, it., esp., port., prov.
nuca, L'étymologie tirée des mots allemands
équivalents ge-nick, nacken (angl. ncck, cou)
ne s'accorde pas avec la lettre u, Diei rat-
tache par conséquent le mot roman directe-
ment au L. nux, nucis, en invoquant Texpr.
sicilienne nuci di lu coddu (» noce dello
collo , vertèbre du cou (la forme nuca, à la
vérité, fait quelque difficulté) ; dans sa pre-
mière édition, il avait proposé le néerl. nocke,
qui signifie à la fois coche de flèche (cp. angl.
nock, notch) et colonne vertébrale (les idées
cran et articulation se touchent), mais il pense
que ce mot néerl. est plutôt le correspondant
de l'it. nocca, cheville du pied, que de nuca.
Notre mot ayant signifié autrefois moelle épi-
niôre, Littré reprend l'étym. arabe noucha,
moelle épinière, qu'avait repoussée Diez.
NUTATION, L. nutationem (nutare).
NUTRITIF, NUTRITION, termes savants,
du L. nutrire = fr. nourrir,
NYMPHE, L. nympha {vùfifx), — D. wym-
phée.
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OBO
— 360 —
OCC
O
OASIS» gr. ^««c;.
OB... Co préfixe latin, modifié suivant Tini*
tiale du radical qu'il précède, en oc^ of^
op (parfois o, obs^ os), n'a pas été employé
comme élément de composition dans les lan-
gues romanes, et ne se trouve donc que dans
des vocables venus tout d'une pièce du latin
ou créés par les savants.
OBÉIR, L. obedire (audire^l. — D. obéissant,
-ance; direct, du L. obedieittia vient le terme
savant fr. obédience.
OBÉLISQUE, L. obeliscus {ôUlU^oi),
OBÉRER, L. ob-œrare (ne se trouve em-
ployé en latin qu'au part, passif obceratus =
fr. obéré),
OBÉSÉ, L. ob-esus, pr. qui s*est gorgé de
nourriture. — D. obésité, L. obesitas.
OBIER, arbrisseau appelé par Linné «* vibur-
num opulus - ; Littré y reconnaît un mot hypo-
thétique fr. obe, dont la forme répond correc-
tement au L. opulus (it. oppio), érable, affublé
de la terminaison ier, qui appartient à une
foule de noms d'arbres. Je crois plutM que
obier n'est qu'une variété graphique d'aubier
(v. c. m.).
OBIT (mot savant), service de mort, du L.
obttus (ob-ire), décès. — D. obituaire.
OBJECTER, L. objcctare (fréq. de objicere
= vfr. obicier, cp. ail. vor-toerfeny, objection,
L. objectio ; objectif, L. objectivus*, d'où 06-
jectiver, -ivité,
OBJET, du L. objectus, 1. action de mettre
sous les yeux, 2. chose mise sous les yeux ; do
cette deuxième acception vient la valeur ac-
tuelle du mot. Cp. en ail. les termes analo-
gues vorwurf, sujet (d'un discours, etc.),
gcgenstand, objet (en général).
OBLAT, mot savant (cp. ^r^/o/), du L. obla-
tus, part, passé de offerre, donc litt. qui s'est
offert; oblation, L. oblatio.
OBLIGER, L. oh-liga^-e (le sens moderne
•« attacher qqn. par la reconnaissance en lui
rendant service »» est étranger au mot classi-
que). — D. obligeant (l'ail, a le terme ana-
logue verbindiich), d'où obligeance (mot nou-
veau); obligation, -aioire, L. obligatio, -ato-
rius; désob1igci\ faire le contraire d'obliger,
contrarier, faire de la peine. — Sous allier,
j'ai fait remarquer le fait que, contrairement
à ligare et alligare, obligare n'avait pas subi
la syncope du ^; j'en attribuais la cause au
caractère plus moderne du mot; cependant,
obliger se voyant déjà dans des textes du
XIII® siècle, il vaut mieux expliquer le main-
tien du g par le besoin d'éviter l'homonymie
avec oblier = oublier.
OBLIQUE, L. obliquus. — D. obliquité, L.
obliquitas; obliquer, L. obliquare.
OBLITÉRER, L. ob-litcrare, effacer. — D.
oblitération, L, oblitérât io.
0BL0N6, L. ob-longus, de forme allongée.
OBOLE, L. obolus (ôSolo,-)*
OBOMBRBR, L. ob-umbrare, ombrager.
OBREPTICE, L. obreptidus (de obrepere,
se glisser furtivement); obreption, L. obi'ep
tionem.
OBSCÈNE, L. obscenus. — D. obscénité.
OBSCUR, vfr. oscur, L. obscurus. — D.
obscurité, L. obscuritas; factitif obscurcir.
Néologism&s : ol/scurant (ou obscurantin),
d'où obscur a)itisme.
OBSÉDER. L. ob'Sidere (cp. posséder do
possidere), dont le supin obsessum a donné les
subst. obsessio, obsessor, fr. obsession, obses-
seur,
OBSÈQUES, BL. ob-sequiœ = L. ex se
quiœ.
OBSÉQUIEUX, L. obsequiosus (do obse-
quium, obéissance). — D. obséquiosité.
OBSERVER, L. observare (litt. garder de-
vant les yeux; cp. le teiTne regarder). — D.
observance, L. observantia; observation,
aLeur,h. observatio, -ator; obserwiioire[c:\^.,
pour la valeur du suffixe, le mot laboratoire).
OBSESSEUR, -ION, voy. obséder..
OBSDIENNE, L. obsidianum vitrum (de
ObsidiuSt qui a découvert cette pierre).
OBSIDIONAL, L. obsidionalis (de obsidio,
siège).
OBSOLETE, = hors d'usage, L. obsoletus,
usé, suranné.
OBSTACLE, L. obstaculum (ob-stare).
OBSTÉTRIQUE, L. obstetrica ars, art dos
sages-femmes (de obstetrix, litt. assistante).
OBSTINER (S'), L. obstinare. — D. obstiné,
aiion, L. obstinatus, -atio.
OBSTRUER. L. ob-struei-e. Le verbe fr avec
sa terminaison en er fait disparate avec les
formes congénères instruire, conMmire, dé-
truire; il faudrait ostruire; aussi bien est-ce
un mot de formation savante. — Cps. dés-
obstruer. — Du supin latin obstnictum :
subst. obstructionem, fr. obstruction.
OBTEMPÉRER, L. obtemperare.
OBTENIR. L. obtinere, supin obtaitum,
d'où le subst. obtentio, fr. obtaition.
OBTURER, L. obturare, boucher. — D.
obturation, -aieur.
OBTUS. L. obtusus, émoussé (obtundero).
OBUS, esp. obuz; l'ail, dit haubitze (angl.
hovoitz), mais il ne parait pas y avoir de rap-
port étymologique entre les deux mot*, à
moins que l'on n'admette que obus soit pour
obis et que ce dernier reproduise la forme it.
obizjso. — L'ail, haufiits, auj. haubitze, est
venu à la suite de la guerre des hussites, du
bohème haufnice, fronde à pierres. — D.
obusier^ obuserie.
OBVIER, L. ob-marc, pr. se mettre dans le
chemin [ma).
OC (lanpfue d'), voy. oui.
OCCASION (vifr. ochoison, achoison, ochi-
son), L. occasioncm, de or-cidere (cadere),
tomber (cp. accide^it de ac-cidere, litt. = ail.
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ODI
— 361 —
OFF
zu-fall). V occasion est donc pr. chance, ren-
contre ; le mot synonyme occurrence n*a pas
d'autre sens étymologique. L'ail, dit gélegen-
heit, de gélegen^ situé, placé à propos, oppor-
tun. — \y, occasionner ^ donner occasion, don-
ner lieu; occasionnel.
OCGDENT, L. occidens (oc-cidero) = cou-
chant. — D. occidental,
OCCIPUT, mot latin (ob + caput), gén. oc-
cipitis, d'où l'adj. occipital,
OCCŒRfi', tuer, L. occidere (ob + csedere);
supin occisum, d'où L. occisio, fr. occision,
OCCLUSION, L. occlusiotiem (do occludere^
fermer).
OCCULTE, L. occiiJtus (oc-culere). — Du
fréq. occultare : subst. occultation, L. occul-
tatio.
OCCUPEE, L. occupare (ob + capere),
premier sens : s'emparer, se saisir de qqch.
— D. occupation, -ateur, L. occupatio, -ator.
OCCURRENT, qui survient, L. oc-currens.
— D occitrroice, rencontre, occasion.
OCÉAN. L. oceatius ('li/favo';).
OCHLOCRATIE, gouvernement de la popu-
lace (gr. Sx^î)'
OCRE, L. ochra, du gr. «ypej, d'un jaune
pâle. — D. ocreux,
OCTA- ou OCTO-, élément de composition,
du gr. <5/Tà, en composition ^/ra.
OCTANT, L. octans, m. s. (pr. huitième du
cercle).
OCTANTE, L. octaginta, p. octoginta.
OCTAVE, espace de huit jours, intervalle
de huit tons, du L. octavxis. Le sens huitième
a tourné en celui de huitaine, — D. verbe oc-
tavier; format in-octavo =: en huit (la grande
feuille étant pliée en huit feuillets).
OCTOBRE, vfr. octembre, uitouvre, hui-
tième mois de l'année romaine, L octoher
(octo).
OCTOOëNAIRE, L. octogenarius,
OCTOGONE (gr. oxtw-/«vo«). à huit angles.
OCTROYER, vfr. otrier, it. otriare, esp.
otorgare, port, outorgar, pix)v. autorgar, au-
treyar, d'un type latin auctoricare p. aucto-
rare, confirmer, accorder définitivement. —
D. octroi. On a nommé spécialement octroi
un impôt mis sur certaines marchandises à >
l'entrée des villes; parce qu'il appartient à ces
villes en vertu d'une concession, d'un octroi
du gouvernement.
OCTUPLB. L. octuplus. — D. octupler,
OCULAIRE, OCULÉ, OCULISTE, dérivés du
L. oculus ■= fr. ceil.
ODALISQUE, du turc odalik, pr. cham-
brière, femme attachée au service des sul-
tanes.
ODE, L. ode iitH, chant). Du dér. ù^sTov,
local destiné aux exercices de chant ou de mu-
sique, vient L. odeum, fr. odéon,
ODEUR, L. odorem. — Du L. odorare, par-
fumer, vient odorant; du L. odorari (anc. fr.
odorer), flairer, Tacy. odorable, et les subst.
odorat et odoration, L. odoratus, -atio ; odori-
ftb^ant est une formation nouvelle p. odori-
fère^ L. odori fer.
ODIEUX, L,odiosus [odàxim).
ODONTALOIE, mal (à>/x) aux dents («aoû;,
O^O'VTO;).
ODORANT, ODORAT, etc., voy. odeur.
ŒCUMÉNIQUE, qui appartient à toute la
terre habitée, du gr. ocxou/*évî7, (terre) habi-
ta.
(SEL, vfr. oil, œl, prov. olh, esp. ojo, port.
olho, it. occhio, du L. ocidus (dim. de ocus =
ail. auge). Le plur. yeux est p. teux, moda-
lité vocale de eux =» eids ou uels. Qui pour-
rait dire pourquoi l'on s'est écarté de la règle
en ce qui concern<? le pluriel du mot œil, sur
quel fondement légitime on a établi une dis-
tinction entre œils et yeux f Au même titre,
on aurait pu conserver les anc. formes pa-
raux, consaux, etc., comme plur. àù pareil,
conseil, etc. — D. œillc, œillère, œillade,
œillet.
(ETTiLADE, it. occhiata, de œil, — D. œil-
lader.
OBUjLBT, 1 . petit œil; de là le terme de jar-
dinage et d'optique œilleton ; 2. nom d'une
fleur ; je ne saurais motiver cette dénomina-
tion; les Allemands nomment la fleur en
question nelke p. nâgelke, c.-àrd. petit clou ;
3 petit trou fait à une étoffe pour y passer un
lacet.
(BILLETTE, pavot, puis huile de pavot;
anc. aussi œillet, huillet, dimin. du vfr. œille,
= fr. mod. huile, L. oleum. Le pic. dit oul-
leUe.
ŒSOPHAGE, gr. oUoffkyoi (porte-manger).
ŒSTRE, L. œstrus (gr. oUrpoç), taon.
ŒUF, L. ovum, — D. œuvé.
ŒUVRE, ouvrage, subst. verbal de outrer,
ou direct, tiré du L. opéra, travail, peine. Au
sens de « chose faite », et surtout comme
terme collectif •• ensemble des œuvres d'un
auteur », le mot vient du L. opéra, plur. de
opus, œuvre. — D. désœuvré, manœuvrer.
OFFENSE, du L. offensa, heurt, lésion,
offense (de offendere), ou tout simplement le
subst. verbal du verbe offenser.
OFFENSER. L. offensare, fréq. de offen-
dere = vfr. offendre. — Du supin latin offen-
sum : offenseur, L. offensor, et offensif, L. of-
fensivus, d'où le subst. offensive.
OFFERTE, voy. offrir. — D. offertoire, d'un
type latin offertoria.
1. OFFICE, masc., L. officium, service,
fonctions. — D. verbe officier (d'où officiant)^
subst. officier, L. ofiiciarius ; officiai, anc. ==
ofiicier (dans des applications spéciales); a^j.
officiel, L. officialis; officieua^, L. officiosus,
m. s.
2. OFFICE, fém., lieu d'un hôtel où l'on
garde ou prépare le fruit pour la table, où se
fait le dessert. Ce mot, quoique de genre diffé-
rent, est peut-être le même que le précédent ;
il aura été appliqué dans une circonstance
spéciale et sera resté en usage ; c'est comme si
on disait le •» service •• . — D'un autre côté, il
se pourrait aussi que le fém. office représen-
tât un type latin officia, primitif de officina,
lequel terme latin (pr. = atelier, laboratoire)
se rencontre fréquemment dans la latinité du
moyen âge^ en parlant des monastères^ avec
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OIN
— 362 —
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le sens de : « aedicula qiiibus asservanturquse
ad victus aut alios usus monachorum spec-
tant »», donc chambre à provisions. — D'après
la définition établie par Jean de Gênes : offi-
cina locus ubi sunt o£ficia, c.-à^. les offices,
les services manuels, les métiers ^ministoria),
on est tenté de croire à une parenté d'ori-
gine entre officium et officina. Il n en existe
pas cependant, car il est à peu près certain
que officina est une contraction de opificina,
et vient de opifew, ouvrier.
OFFICIEUX. -BBL, -IBTJX,voy. office 1.
OFFICINE, pr. atelier de travail, plus tard
spécial, laboratoire du pharmacien, du L.
officina^ voy. office 2 — D. officinal.
OFFRANDE, OFFRE, voy. offrir,
OFFRIR, p. offerir, it. offcrire.cAi.oferir,
d'un type latin offerire p. offetTc; du partie,
barbare offertus vient le fr. offert , d'où le
subst. participial offerte; du partie; passif
offerendus vient offrande, pr. chose à offrir,
puis chose offerte. — Subst. verbal do offrir:
offre, 1. action d'offrir, 2. ce que l'on offre.
OFFUSQUER, L. offuscare (TertuUien),
obscurcir, â^sfuscus, sombre.
OOIYE, anc. aussi aiigive; ce mot est géné-
ralement tiré de l'ail, auge, néerl. oog, œil,
parce que les arcs des cintres dans les voûtes
gothiques forment des angles curvilignes sem-
blables à ceux du coin de l'œil ; Ménage le
dérive du fr. auge (donc litt. = «« en forme
d'auge »»); Le Héricher, approuvé par Littré,
de augere, l'arc en diagonale augmentant la
force de la voûte et de l'arôticr. — D. ogival.
OGRE, pour orgue, it. orco, esp. huerco,
ogro, ags. orc, du L. Orcus, dieu des enfers.
— D. ogrerie.
OIE, vfr. oe, oue, prov. auca, esp., port.,
it. oca, direct, du BL. auca. Ce dernier est
l'effet d'une contraction de avica, formé de
arw, comme natica de natis, etc. (cp. raucus
p. ravicus). Le terme classique anser a été
supplanté par avica ou auca, l'oie étant en-
visagée, au point de vue de l'économie domes-
tique, comme Toiseau par excellence. C'est
ainsi que les bœufs et les vaches, comme con-
stituant les animaux principaux d'une exploi-
tation rurale, étaient désignés par le terme
générique aumaille = L. animalia. Nodier,
plus commodément, trouve l'étymologie du
mot oie dans le cri de l'oiseau ! — D. oison
{Vs reproduit le c du primitif latin, cp. cler-
çon* de clerc et le mot oiseau). Les gloses de
Cassel ont déjà le type latin aucionem
OIGNON, prov, ugnion, du L. unionem,
m. s. — D. oignonet, -ière, -ade.
OÏL (langue d'), voy. oui.
OILLE, OUILLE, de l'esp. olla ('potage de
différentes racines et viandes), qui est le
L. olla ^vfr. oie}, terrine, marmite.
OINDRE, L. xingerc, d'où, parle supin une-
tum, les subst. 1. L. unctio, fr. onction;
2. L. unctus. d'où l'a^j. onctueux, l^e subst.
oing répond au L.unguen; la. {orme o7igue7H,
au L. xmguentum. — On appelait jadis les
parfumeurs des pintiefs.
OING, voy. oindre.
...OIR, OIRE, suffixe masc., répondant au
L. orium {dortoir, directoire, purgatoire) ; le
suffixe oiRB, dans les subst. fera., représente
L. oria (victoire, histoire), dans les adjectifs,
L. oiHus, a. um [notoire, transitoire).
...OIS, suffixe d'a4j. et do subst. répondant
1) à L, e^isis {bourgeois. Bruxellois) ; 2) à L.
iscus (franciscus, françois', theotiscus, tnUns';
cp. discus, fr. dms' (dais).
OISEAU, oisel\ it. uccello (aussi augello),
prov. autel, d'une forme Bh.aucellus p. ori-
cellus. — D. oiseler d'où oiseleur, oiselier,
oisellerie; dim. oiselet, oisillon.
OISEUX («=" qui ne fait rien ou qui ne sert
à rien), reproduit L. otiosus; quant à oisif, il
accuse par sa facture un ancien primitif oi«6,
représentant le L. otium,
OISIF, voy. oiseux. — D. oisiveté,
OISON, voy. oie. — D. oisonnerie.
OLÉAGINEUX, L. oleaginosus', forme ex-
tensive de oleaginus (oleum).
OLÉANDRE, laurier-rose, it. oleandro, esp.
eloendra, port, eloendro, loendro ; ces formes
diverses sont gâtées de lorandrum, mot cité
par Isidore. Ce dernier parait à son tour être
une corruption de rhododendrum, sous l'in-
fluence de quoique allusion à laurus, laurier.
On a aussi songé, vu le caractère vénéneux
de l'oléandre, à un type gr. è)l7av^^oi =« qui
détruit l'homme.
OLFACTIF, dérivé du subst. L. olfactus,
odeur (olfacere, rac. ol p. od).
OLIBAN, encens, d'après Las.sen, de L.oleum
libani, huile du baumier.
OLIBRIUS, étourdi qui fait l'entendu, du
nom d'un sénateur romain sans capacité, pro-
clamé empereur d'Occident en 472.
OLIFANT, cor des chevaliers errants, pr.
ivoire, du L.elephas -antis (prov. olifan, flam.
olefant).
OLIGARCHIE, gr. oUy^pxlti, gouvernement
d'un petit nombre (6U/oi),
OLIM, mot latin ^^ autrefois; de là les
olim = les anciens registres du Parlement
de Paris dès 1313.
OLINDE, sorte de lame d'épée, venant de la
ville à'Olinde dans le Brésil ; d'après d'autres,
de Salin gcn en Westphalie (en effet, des so-
lingues a pu so gâter en des olindes).
OLIVE, L. oliva {DolIo). — D. olivier, oli-
vaire, L. olivarius; olivaison, du L. olivarc,
récolter les olives ; olivâtre; olivet, L. olive-
tum; olivète, olivetier; olivettes, danse en
usage chez les Provençaux après qu'ils ont
cueilli les olives.
OLLAIRE, L. ollaris (de olla, pot).
OLOGRAPHE, gr. 6Xô/p»^oi = écrit en
entier.
OMBELLE, du L. umbella, parasol (umbra).
Sous l'influence du mot ombre, on dit aujour-
d'hui p parasol, ombrelle, slw lieu de ombelle.
Cp. gr. o/tzciov, L. iimbraculum =? om-
brelle.
OMBILIC, t. do botanique et d'anatomie,
du L. umbilicus, nombril. — Voy. nombril.
1. OMBRE, L. timbra. — p. ombreux.
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ONC
— 363 —
OPP
L. umbrosus; ombrer, L. umbrare; ombrage^
1. ancien a<y. signifiant obscur, couvert, du
L. umbraticus; 2. subst., = ensemble de
choses qui donnent de Tombre ; je suppose
que le sens figuré défiance, soupçon, est abs-
trait del'ac^j. ombrageux, Dusubst. ombrage
viennent : verbe ombrager, et a^j. ombra-
geux, « qui s'efiraye de son ombre »» . — Pour
le mot ombrelle, voy. ombelle.
2. OMBRE (terre d*), bien que servant à
ombrer, cette terre tire son nom de VOmbrie.
3. OMBRE, poisson, L. umbra,
OMBRELLE, voy. ombelle.
OMELETTE, patois amelette. Les opinions
sur Tétymologie de ce mot culinaire sont va-
riées; aucune ne peut satisfaire. Citons-les
brièvement : 1. œufs mêlés (La Motte le
Vayer) ; 2. animaletta, de anima, l'âme, ici
= le dedans d'un œuf (Ménage) ; 3. àfiuXetrdv,
mot imaginaire, devant signifier ** délayé
ensemble »» (Lancelot; ; 4. omcm molle, œuf
mollet (Bourdelot) ; 5. ofitlix, composé imagi-
naire de wov. œuf, et de fiïXi, miel ; 6. BL.
obleta, oublie, nasalisé en ombleta (Ataler).
— La forme ancienne et la plus répandue de
ce mot est amelette, mais celle-ci, à son tour, a
été précédée de alemette, alemelle ou alumelle,
pr. lame (l'omelette étant plate comme une
lame). C'est là que Littré, avec raison, trouve la
solution de ce problème culino-étymologique.
OMETTRE, L. o-mittere, d'où, par le supin
omissum, subst. omissio, fr. omission»
OMINEUX, L. omtMo^ui (omen).
OMISSION, voy. omettre.
OMNIBUS, mot latin, sign. « pour tous n,
à l'usage de tout le monde. La chose et le nom
datent, dit l'histoire, de 1829.
OMNIPOTENT, L. omnipotens == tout-puis-
sant.
OMOPLATE, du gr. ù/aoû nyàrn, le plat de
l'épaule.
ON, vfr. hom, om. C'est le latin homo.
« On dit n représente littéralement homo
dicit, logiquement = homines dicunt. Cette
origine du pronom indéfini explique son em-
ploi avec l'article, « l'hom dit, l'on fait •». Les
Allemands emploient do même m^n^^mann,
homme. Comparez l'emploi analogue du mot
personne, dans « personne n'a jamais vu »» -=»
on n'a jamais vu.
ONAGRE, L. onagrus, du gr. S^ni Sr/pioi,
âne sauvage.
ONC, ONQUES*, L. unquam,
1. ONCE, (mesure), L. uneia (owyxfa). —
D. ondoie, grande lettre pour les inscriptions,
du L. uncialis, qui mesure un pouce,
2. ONCE, jaguar, panthère, d'après Quatre-
mère et Pihan, du persan noujt par l'inter-
médiaire du port, m^ça, m. s.; d'après Diez,
vu la forme it. lonza, du L. lyncem, lynx, ou
plutôt d'une forme adjectivale lyncea, par
aphérèse de l'initiale; d'après Wackernagel,
de iîovTioî, « appartenant à l'espèce du lion »»
(on trouve, en eflet, en mha. lunze, lionne).
ONGIAL, voy. once 1.
ONGLE, du L. avwicidus (onclp maternel,
pmplové déjà (Jans la Joi salique au sens 4©
patruus), par la forme contracte aunciUus
(cp. avica = auca).
ONCTION, voy. oindre.
ONCTUEUX, voy. oindre. — D. onctuosité,
ONDE, L. unda, — D. onde, ondée, on-
doyer, d'un type undicare =» undare. Du
dim. L. iindula viennent onduler, L. undu-
lare (d'où ondulation) et onduleux.
ONÉRAIRE, L. onerarius*, qui supporte la
charge [otms, -eris)\ onéreux, L. onerosus,
qui pèse, qui est à charge.
ONGLE, L. ungula. Notez le changement de
genre dans le mot fr. — D. onglet, pr. pli
fait avec l'ongle; ongle, en hist. nat. ongiUé,
du L. uhgulatus; onglée.
ONGUENT, L. ungentum (ungere).
ONOMATOPÉE, gr. èvof^xTonoXa, pr. action
de faire un mot, surtout un mot imitatif.
ONQUES. voy. onc.
ONYX, L. onyno, gr. ^vuf, pr, ongle du
doigt ; l'agate a été ainsi nommée à cause de
son brillant.
ONZE, du L. undecim. — D. onzième.
OPALE, L. opalt4S (èn&XUoi).
OPAQUE, L. opacus. — D. opacité, L. opa-
citas.
OPE, t. d'architecture, L. (ènii).
OPÉRA, mot italien (en ail. oper), corres-
pondant littéral du fr. ceuvre (v. c. m ).
MM. Noël et Carpentier ont mal rencontré
en voyant dans opéra l'idée du plur. L. opéra,
les ouvrages « parce que l'opéra est la réu-
nion de plusieurs ouvrages ou l'ouvrage de
plusieurs, le poète, le musicien, le peintre ou
décorateur contribuant à la confection de ces
sortes de pièces ». Il n'y a dans le mot opéra
qu'une particularisation du sens générique
«* composition » . Cp . le sens spécial donné au
mot génériaue fr. compositeur, — D. opérette.
OPERCULE, t. d'histoire naturelle, L. oper-
culum, couvercle.
OPÉRER, L. opei'ari (opus), dont la langue
vulgaire a feit ouvrer, — D, opérateur, -ation,
•atoire, L. operator, -atio, -atorius.
OPBICLÉIDE, nom technique donné au ser-
pent à clefs, et forgé avec le gr. ëfii, serpent,
et y^Xili, gén. xAsiSôi, clef.
OPHTALMIE, -IQUE, du gr. èfdxïfiéu œil.
OPILER, obstruer, L. oppilare. — D. opi-
latif, -ation, dés-opiler,
OPINER, L. opinaH, — D, opinant, pré-
opinant,
OPINION, L. opinionem, — D. opiniâtre
(mot du xvi^ siècle qui paratt fait sous Tin-
fluenco d'acaHâtreu d'où s*opiniùtrer, et opi^
niàtreté,
OPIUM, mot latin, tiré du gr. jinov, suc
de pavot. — D. opiacé, opiat,
OPPORTUN, L. opportunus, — D, oppor-
tunité, L. opportunitas*; néolog. opportu-
nisme, -iste,
OPPOSER, déposer, d'après le L.opponere,
De ce dernier, par le supin oppositum, vien»
nont : opposite, L. oppositus, opposition,
\^, oppositio, et oppositif.
QPPRESSER, voy. l'art, suiv.
OPPRIMER, L. opprimere (premere), do^t
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ORA
— 364 —
ORD
le supin oppressum a donné : 1. le verbe
frôq. oppresser; 2, les subst. oppresseur,
'ion, L. oppresser, -sic; 3. V&dj. oppressif.
OPPROBRE, L. opprobrium.
OPTER, L. optare, faire choix, fréq. d'un
ancien verbe op-cre, dont le supin opium a
donné le subst. optio, fr option,
OPTIMISTE, qui croit que tout est au
mieux, du L. optimits, très bon. — D. opti-
misme.
OPTION, voy. opter.
OPTIQUE, gr. ènn/ài, relatif à la vue. —
D. opticien.
OPULENT, L. opuïentiis (opes). — D. opu-
lence, L. opulentia.
OPUSCULE, L. opiisculum (opus).
1 . OR, vfr. ores ; cette particule signifiait
jadis maintenant, à cette heure ; auj. elle sert
à relier une proposition nouvelle à une pro-
position antérieure, et à marquer un léger
rapport de conséquence. Dans la vieille
langue, on aimait à renforcer or par donc
ou doncques. Cette conjonction a une valeur
toute spéciale dans le syllogisme. Elle vient
du L. hora, et correspond ainsi à Tesp., port.
hora, ora, it. ora, prov. ora, oras, or; cepen-
dant l'o ouvert de ladv. fr. ore parait être
l'effet d'une fusion des mots latins ha hora
(Suchier, Grôb. Ztschr., I, 432). Elle entre,
avec l'acception temporelle de maintenant,
dans la composition des termes désormais et
dorénavant (voy. ces mots). Voy. aussi lors,
alors et encore,
2. OR, subst., L. aurum. — D. vfr. orer,
p. dorer (ce dernier vient du composé L. de-
aurare).
ORAOLE, L. oraculum. — D. oraculeux,
ORAGE, esp. orage, prov. auratge, autr.
e=î vent, soufile. On distinguait « bel orage h ,
vent favorable, et - grant orage »», tempête.
Auj. la signification s'ast rétrécie et ne com-
prend plus que ce dernier sens. C'est un dé-
rivé du vfr. orc, qui est le L. aura (it. aura,
ora, esp., port, aura), d'où vient aussi l'an-
cien mot orée, pluie d'orage. — D. orageux.
ORAISON, L. orationem ^orare).
ORAL, L. oralis (os, oris).
ORANGE, BL. arangus, arangia, it. ara7i-
cio (à Milan naranz, à Venise naransa), esp.
naranja, port, laranja (basque larania), cat.
taronja, valaque neranze, gr. mod. vipAvrii,
V. flam. ara^xgie, aranie. Toutes ces formes
diverses sont des défigurations plus ou moins
fortes du persan narenj, arabe nàranja, hin-
doustani naringe. La forme française est
l'effet d'une relation imaginaire avec or ; en
effet, les Latins appelaient les oranges des
pommes d'or, aurea mala. Du latin moderne
pomum aurantium, les Allemands ont fait le
composé pomeranze. — M. Eug. Foumier
(Mém. de la Soc. de linguist. de Paris, I,
1 22) démontre que la vraie source do ce mot
est le sanscrit nàgaranga, un des dix-sept
noms sanscrits de l'orange, qui signifie éty-
mologiquement « rouge [ranga) comme du
minium (nâga) n.
ORANG-OUTANG, mot malais, signifiant
homme des bois.
ORATEUR, L. oratoreni (orare); adj. ora-
toire, L. oi-atorius; subst. oratoire, L. orato-
rium (lieu de prière).
ORATORIO, mot italien, correspondant au
fr. oratoire. Le nom oratorio, en tant que
terme musical, vient, selon les uns, de Phi-
lippe de Neri, fondateur de la congrégation
de l'Oratoire (mort à Rome en 1595), comme
ayant le premier introduit ce genre de repré-
sentations musicales; selon d'autres, de ce
que le duc Annibal Marchesi, retiré dans un
couvent de l'Oratoire à Naples en 1740, y
écrivit des drames religieux pour le théâtre
de ce monastère.
1. ORBE, adj., dans « coup orbe, mur
orbe «, du L. orhus, pr. privé, d'où successi-
vement les sens spéciaux : orphelin, veuf,
aveugle, puis a qui ne se voit pas, non appa-
rent »».
2. ORBE, subst., t. d'astronomie, h.orbis.
— D. orbiculaire, L. orbicularis (du dim.
orbiculus).
ORBITE, L. orbita,ir&ce dune roue (orfrw).
La vraie représentation fr. de orbîta est vfr.
orde. — D. orbitaire, L. orbitarius*. Ce
même type orbitarius, au féminin, a donné,
dit-on, par l'effet, d'une contraction tout à
fait régulière, le vfr. et pic. ordière, d'où, par
le changement euphonique de d en n, s est
produit le fr. mod. ornière; mais voy. d'autres
explications s. ornière. Le thème primitif orô
s'est conservé dans la forme wallonne orbtre,
ourbire = ornière.
ORCHESTRE, gr. èpyytTrp^, place du théâ-
tre où s'exécutaient les danses (o9x«î»&3ei> dan-
ser) ou plutôt les évolutions du chœur. Chez
les Romains, l'orc^e^^ra était la place affectée
aux sénateurs. Auj. le mot désigne : 1. le lieu
où se tiennent les musiciens; 2. le corps des
musiciens d'un théâtre. — D. orchestrer.
ORGHIS, plante dont les racines ressem-
blent à des testicules, du gr. op/i», -iSoç, testi-
cule. — D. orchidée,
ORD, ORT, vieux mot = vilain, sale (en t.
de commerce, ort s'emploie encore en opposi-
tion avec net, •« poids ort » = poids brut), du
L. horridus, qui excite l'horreur, repoussant.
— D. ordure; verbe ordir", salir.
ORDALIE, vfr. ordel, jugement de Dieu,
BL. ordalium, de l'ags. ordàl, v. saxon ur-
déle, angl. ordeal, ni. oordeel, ail. xirtcl, ur-
teil, jugement.
ORDINAIRE, L. ordinarius (ordo, -inis) ;
ordinal, L. ordinalis; wdination, L. ordina-
tio.
ORDONNER, vfr. ordener (voy. ordre), du
L. ordinare. — D. ordonnance, vfr. orde-
nance; ordonnateur, L. ordinator; désor-
donné =r^ déréglé.
ORDRE, vfr. ordene (l'accent sur o), prov.
orde, orden, esp. orden, it. ordine; de Voce.
latin ordinem (nom. ordo)\c\t.cofrc de cophi-
nus. — D. vcrho ordener', devenu par abus
ordonnei\ — Cps. dés-ordre, sous-ordre.
ORDURE, voy. ord. — D. ordurier.
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ORG
— 365
ORN
ORÉE, lisière d'un bois, du vfr. or, bord =
li. oi'a, m. s. On disait autrefois aussi oi'ière
= lisière. Voy. aussi orle.
OREILLE, prov., port. oreMa, it. orecchia-i
esp. orefa, du L auricula, dim. de aitris. —
D. oreiller f oreillard, oreillon ou oriîlon.
— Cps. essoriller (v.c. m.).
OREMUS, oraison, mot latin signifiant
« prions w, de orare, prier.
ORFÈVRE, du L ,auri faber, ouvrier en or.
— D. orfèvrerie; orfévri,
ORFRAIE, p. os fraie, du L. ossifragiis,
brise-os. Pour * changé en r, op. varJet' p.
vas! et. — L'angl. osprey, d'après Suchier,
n'est pas de même origine; il représente,
c(»mme vfr. orprès, le gréco-latin oripelargus
(cigogne des montagnes), gâté en oripera^
f/US.
ORFROI, broderie employée en bordure,
galon, vfr. orfrais, prov. aurfres, v. esp.
orofres, litt. = auri fresium, fraise ou frise
d'or (Isidore : vestimentum aiirtfrisatum). Le
BL. auriphrygium est une création arbitraire
(voy. frise), qui a prob. déterminé la forme
fr. orfroi,
ORGANDI, mousseline très claire. D'où ?
ORGANE (mot savant), L. organum {Gp/avov).
— D. organique, L. organicus; organiser
(cps. désorganise^*), organisme, — Le latin
organum, instrument, a régulièrement donné
le fr. ai'gue, vfr. et angl. organ (d'où, orga-
niste), ail. orgel. Au point de vue de l'Eglise,
l'orgue était l'instrument par excellence.
ORGANISTE, voy. l'art, préc.
ORGANSIN, sorte de soies torses qu'on a
fait passer deux fois par le moulin ; prob. un
dérivé irrégulier de organum, instrument. —
D. organsiner,
ORGE, it. orzo, prov. ordi, régulièrement
fait du L. hordeum, — D. orgeat, boisson
primitivement faite avec de l'eau d'orge, du
sucre et des amandes ; orgelet, petite tumeur
ou enflure, en forme de grain d'orge, qui se
produit sur le bord des paupières; on dit
aussi orgeolet, dim. de orgeol, qui reproduit
le dim. L. hordeolus, employé, avec le même
sens, par Marcellus Empiricus.
ORGIE, gr. opyix, fêtes de Bacclms.
ORGUE, voy. oi'gane.
ORGUEIL, it. orgoglio, esp. orgullo, prov.
orgolh, wall. orgowe, orgou, faste, vanité ; du
vha. xirguoli, subst. supposé de l'acy. urguol
= insigne, haut, hautain ; cp. vha, urgilo,
superbus, luxurians, ags. orgel, superbia.
— 11 faut rejeter les étymologies tirées du
gr. opyitvj, être enflé, ou de opyiXoi, siyet
à la colère, et proposées par plusieurs
savants français. Chevallet place le mot sous
la rubrique rok, mot breton signifiant fier,
rogue, arrogant, en admettant une transpo-
sition en ork, mais il se garde de rendre
compte de la terminaison. Langcnsiepen pro-
pose orthocolium, subst. fictif de orthocolus
(gr. op^ÔAotXos) = qui a les articulations
raides ; c'est assez bien imaginé pour la lettre,
mais peu satisfaisant pour le sens. Citons
encore pour mémoire une conjecture do
M. Baudry (Revue des langues rom. V), qui
suppose dans œ'gueilXe subst. verbal d'un verbe
orgueillir, qui serait le représentant fr. d'un
composé lat. adrecolligere, — D. orguilleiur,
s'enorgueillir.
ORIENT, L. oricntem (oriri), levant. — D.
oriental, orienter, pr. placer une chose dans
la direction de l'est (celui-ci tn»uvé, les autres
points cardinaux s'oflrent d'eux-mêmes); opp.
dés-orientei\
ORIFICE, L. orificium,
ORIFLAMME, aussi oriflambe et ori fiant,
prov. auHflan, d'abord l'étendard de l'abbaye
de Saint-Denis, qui était de soie rouge avec
une hampe dorée (voy. Du Cange, s. v. auri-
flamma). C'est un composé de aurum, or, et
de ftamma, étofie coupée en zigzag, en forme
de flamme (cp. L. flammula, petit drapeau).
— Je préfère considérer oriflamme comme
issu de orie- flamme de la Chanson de Roland
(cp. minuit p. mie nuit), où orie est un a^.
féminin.
ORIGAN, L. origanum (opzi,xvo;).
ORIGINE, du L. origo, gén. m*iginis. Ce
mot origine est de facture savante ; la bonne
forme française, à laquelle on n'aurait pas dû
renoncer, est le vfr. oirine. — D. original et
originel, L. originalis (d'où originalité) ; ori-
ginaire, L. originarius.
ORIGNAL, élan du Canada; la bonne forme
est orignac, mot introduit en Amérique par
les Basques d'après leur mot orenac, cerf.
GRILLON, voy. oreille. — D. orillonner.
ORIPEAU, oripeV, it. orpello, esp. oropel^
prov. aurpel, pr. peau d'or, du L. auripellis,
ORLE, anc. ourle, bordure, it. orlo, esp.
orla, d'un type orula, dim. du L. ora, bord ;
cp, perle depirula. — D. dim. orlet, commu-
nément ourlet, anc. ourelei; verbe ourler ^
border, it. orlare, esp. orlar. — Caroline Mi-
chaëlis tient it. ctrlo et esp. orla pour emprun-
tés au fr. orle, et identifie celui-ci avec ags.
orl, bord, qui, lui-même, est d'origine celti-
que.
ORME, en vfr. aussi oume, prov. olme, du
L. ultnus. — D. ormeau, ormille, ormaie ou
ormoie, L. ulmetum.
ORMIER, espèce de mollusque, aussi appe-
lée oreille de mer, du L. auris maris.
1. ORNE, sorte de frêne, L. ornus, — D.
OT^iier,
2. ORNE, t. rural, du L. ordincm, rang,
rangée.
ORNER, L. ornare, — D. ornement, L.
ornamentum, d'où ornementer,
ORNIÈRE, voy. orbite. — Fôrster(Ztschr.,
UI, 262) n'est pas assuré sur la formation de
ce mot par l'intermédiaire de ordière. En ad-
mettant même, malgré certains doutes, que
ordière, terme propre exclusivement aux
textes picards, soit issu de *orbitaria,ïl prouve
l'existence tout aussi ancienne de ornière et
ormiere et pense que nous pourrions bien avoir
afidire à deux mots synonymes, mais d'origine
distincte. Quant à ornière, ce serait une mo-
dification de ormiere et celui-ci un dérivé d'un
lat. fictif orma = it. orma « trace, piste n. —
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ORT
366 —
OTA
G. Paris (Rom , VIII, 628) incline à voir dans
ornière un dérivé du vfr. orne (rang, file,
ligne, voie), une des deux formes qu'a prises
ordene (l'autre est ordre) (v. c. m.); dans
ordière une forme allégée de ordrière ou ord»
mère, car orbita est inconnu à toutes les
langues romanes (le wall. mirhire peut diffi-
cilement venir de orbitaria). Il pense que la
forme ormière vient de l'it. orma.
ORNITHOLOGIE, science des oiseaux (6pvf
ORPÂILLBUR, par corruption arpailleur,
qui tire des paillettes d'or du sable des fleu-
ves.
ORPHSLIN, vfr. orfenht , dér . du vfr. orfene,
orfe, qui est le L. orphanus (op^xvôi).
ORPHIE, VEsoxbelonc, poisson. Littré ne
tente aucune étymologie. Joret (Rom., IX.
125) y voit une déformation du holl. horen-
tisch, ail. homfisch (même sens). On trouve
aussi horfi ; et pour la manière de franciser
le germ. vis, fisch, il rappelle sU^phis, stoo
fii (mots constatés), escîefin (d'où aigle fin ^
aigrefin), précédés peut-être do esclefi, =
mha. scelfisch.
ORPIMENT, du L. auri pigm^ttum, ma-
tière pour peindre en or (Pline, XXXIII, iv,
22). L*all. a gâté le mot en (germent. La
forme orpin vient peut-être d'un type orpig-
men, orpimen, cp. nourrin'de nutrimen,
ORPIN» voy. orpiment.
ORQUE, mammifère marin, L. orca.
ORSE, OURSE, côté gauche du vaisseau,
cordage à l'extrémité gauche de la vei'gue, it.
or 3a, prov. orsa, du moy. néerl. luris, bava-
rois htrz, =» gauche, avec chute de 1'/ initiale,
prise pour l'article.
ORSEILLE, it. orcella, roceïla, angl. orchil
et archil (Linné : lichen rocceUa) ; le mot est
altéré de orchelle, transposition de roc^^»/^;
cp. le terme équivalent angl. rock-moss,
mousse de rocher. — Quatremère propose
l'arabe otiurs »» memecylum tinctorium. —
D'après Littré, qui s'appuie sur Ilœfer, Hist.
de la chimie, du nom de Federigo liucellai
ou Oriceïiari, qui, vers l'an 1300, introduisit
dans les fabriques de teinture l'emploi de ce
lichen.
ORT,yoy. ord,
ORTÏSIL, vfr. arteil, lang. artel, artelh, du
L. arttcuhis, pr. jointure, puis aussi doigt.
L'orteil a pris son nom comme étant le doigt
de pied par excellence. — Cp. it. artiglio,
grifib, esp. artijo, port, artelho, membre,
articulation.
ORTHODOXE, gr. oe^o^o^o;» d'opinion (jo'Ça)
ioste (o/5&o;). — D. orthodoxie,
ORTHOGRAPHE, du gr. èp^oypx^lu, écriture
juste, correcte. Vç>y. graphie. — D. verbe
orthographier.
ORTHOPÉDIE, terme scientifique, fait d'un
type grec op^O'-naiSsia, formé de TrxiJsta, ma-
nière de traiter les enfants, et do ôpi6;, droit.
ORTIE, L. urtica (urere). — D. verbe or-
tier.
ORTOLAN, it. ortolano, Linné : emeriza
hortulanus; du L. hortulamis, jardinier.
parce que ces oiseaux habitent volontiers dans
les haies vives des jardins. •
ORVALE, sauge sclarée, litt. valant deVor.
ORVET, petite couleuvre; dér. du L. or-
biis. aveugle (voy. oi'be 1); cp. ail. hlind-
schleichc.
ORVIÉTAN, it. orcietano, du nom d'un
opérateur italien, qui s'appelait Orvielano
d'après la ville d'où il était ; son nom véritable
était Luppi.
ORTGTOGRAPHIE, -LOGIE, -GNOSIE; le
premier élément de ces composés est le grec
èpwxTo'i, fos.5ile,
OS, L. os, ossis. — D. osseV, d'où osselet;
osseux, ossetnent; ossuaire, L. ossuarium ; os-
sifier, ossature, désossei\
OSCILLER, L. oscillare (de oscillum, petite
figure suspendue et agitée au gré des vents).*
OSGITAJfT, du L. oscitare, ouvrir la bouche,
bâiller
OSEILLE, d'un type oxalia, tiré du L. oxa-
lis, gr. èlklKi, dérivé de l'a^j. 0^0^, acre,
aigre. En BL. on trouve acidula, ce qui sug-
gère à Diez l'idée d'une forme première
aceille, transformée par le peuple eu oscille,
puis oseille.
OSER, L. ausare*, fréq. de audere (supin
ausum). La théorie de Chevallet. d'après
laquelle oser, diviseï', inciser, infuser, leset*,
peser ^ raser, etc., viennent resp. de audere,
dividere, incidere, infudere, lœdere, pendere,
radere, par substitution d'un s doux au (/ pri-
mitif, est en contradiction avec une des règles
les plus élémentaires de la romanisation, qui
consiste là tirer les verbes des formes fiéciuon-
tatives au lieu des fonnes naturelles du verbe
correspondant latin.
OSBRAIE, dér. de osier.
OSIER, en Beriy oisis, bret. aosil, wall.
tooisir, V. flam. loisse; du gr. ohoçt sorte
d'osier ; étymologio douteuse en présence des
formes ausariœ, osariœ (oseraies', qui se
trouvent dans des textes latins du ix' siècle.
OSMAZOME, terme scientifique fait de àiiiri,
odeur, et ^wy[«o;, bouillon.
OST, vieux mot, = armée, prov. host, ost,
esp. hueste, it. oste; du L. hostis, ennemi, ^ui,
dès les premiers temps du moyen âge, avait
pris lo sens d'armée. En picard, ost signifie
encore troupeau. — D. vfr. ostoyer\ guer-
royer, = it. osteggiare.
OSTENSIBLE, adj. moderne tiré du supin
ôstenstim do ostcndere (obs-tendo), montrer,
d'où aussi ostensif, et lo subst. ostensoir (cp.
ail. monstrans de monstrare),
OSTENTATION, -ATEUR, L. ostentatio,
-ator (de ostcntarc, fréq. de ostenderc, mon-
trer).
OSTÉOLOGIE, science des os, du gr. ètriov,
os.
OSTRACISME, gr. o-^Tp^tMifiôi, subst. de
è»T/57xtJ«rf =- fv. ostraciser.
OSTROGOT, du nom de peuple Ostrogoth,
pr. Goth oriental.
OTAGE, ostage", it. ostaggio, esp. hostaje,
prov. ostatge ;ïétym. traditionnelle, patronnée
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OTE
— 367
OUB
par Diez, est L. obsidcUicus (devenu osdatictis),
lequel est dérivé du subst. ohsidcUus^ action
de donner des otages ou d'être donné en otage,
dérivé lui-même du subst. obses^ obsidis, otage.
L'étymologie tirée de ost, armée (pour ainsi
dire gage donné à Vost, à l'armée ennemie),
est erronée. — Les étymologies 'obsidcUicum
et 'hostaticum sont péremptoirement réfutées
par Tobler (Grôber Ztschr.. UI, 569). Il y
substitue hospitem (fr. oste^ ai\). hôte). Le mot
ostage se voit souvent employé dans le sens
de »« condition d'hôte, état d'hospitalité »
(prendre ostage = s'établir, s'installer); pour-
quoi le mot ne s'appliquerait-il pas à l'état
d'hospitalité où se trouve l'otage, d'autant
plus que le mot s'est employé d'abord pour
« sûreté, caution », au sens abstrait, avant
de signifier « caution = personne livrée en
otage »?
0TAL6IE, gr. wraiyfa, mal d'oreille («rrfv).
OTSR, oster, prov. ostar, angl. oust. On
nest pas encore parvenu à une pleine certi-
tude sur l'origine de cet important verbe
français. Du Cango le dérivait de L. ob-stare^
pr. se mettre dans le chemin (cp. les tour-
nures " ôter le chemin à qqn. », BL. aliquem
de sua via obstare, « ôter le soleil à qqn. »),
puis empêcher, ôter les moyens, enfin enlever,
ôter en général. Pott est également de cet
avis ; seulement, il enchaîne les acceptions à
peu près de cette manière : se mettre à
rencontre , surprendre qqn. ( en parlant
des voleurs de grand chemin), de la piller,
détrousser, puis prendre (avec l'accusatif de la
chose). — Diez propose une autre solution. Il
voit dans oster le L hausta^-e, fréq. de hauHrey
pr. = puiser, tirer, retirer, de là aussi enlever
(il cite l'expression latine hanrire arbusta,
enlever les broussailles, et compare le prov.
ostar e desrazigar, enlever et déraciner). Ce
qui vient à l'appui de c>cttc conjecture, c'est le
vfr. doster, ôter, enlever (dans le Berry doter,
limous. doitsià), qui ne peut être que le
L. de-liaurire à la forme fréquentative, c^ir un
primitif latin de-obstare serait un non-sens;
en outre, une glose de Festus : exhaustant^
efferunt, qui m'a été signalée par mon confrère
à l'Académie de Bruxelles, le prof. Wagener
à Gand. Ménage avait déjà entrevu l'étymo-
logie haustarey mais sans lajustifier. — Littré,
pesant les arguments en faveur des deux opi-
nions, reste indécis; mais incline plutôt vers
obstare, empêcher; Diez, dans sa dernière
édition, persiste dans son opinion pour haus-
tare. Quant à une étymologie abstare (d'où
régul. austare, oster), pris dans le sens actif
d'enlever, que j'avais développée dans une
étude spéciale en 1863, j'ai cru devoir la reti-
rer pour certaines objections qu'elle soulève.
— Aux diverses étymologies mises en avant
depuis Du Gange est venue s'ajouter, en 1^77,
celle de Lûeking, l'auteur de •» Die âltesten
franzôsischen Mundarten » Il propose hospù
tare (« garnir d'un hospes »), en se fondant
sur la valeur que devait avoir, pour les Gallo-
Romains, à l'époque des invasions germa-
niques, une phrase telle que : hospitabant
tei'ras Rornanis, ils garnissaient les terres des
Romains d'hôtes (bourguignons), c'est à-dire,
ils les en dépussédaient, ils les leur enle-
vaient, « ôtaient »». Cotte étymologie est
forgée avec trop d'érudition historique, trop
idéologique et dépourvue de textes à l'appui,
pour qu'elle ait trouvé crédit. Gaston Paris,
qui la repousse (Rom., VII, 131), observe
que, si absolument il faut exclure les opinions
émises jusqu'ici, il invoquerait de préférence
hostare, de hostis au sens postclassique
d' « armée »» . Ce verbe aurait d'abord voulu
dire « traiter en ennemi, en pays conquis »,
puis « ravager, piller, enlever » ; cf. l'ail.
veî'heeren, dévaster (de heer, armée).
OTTOMAN, Turc, du nom d^Othoman ou
Osman, premier empereur des T-urcs (1299-
1326). — D. ottomane, sofa à la manière
turque.
OU, it. od, 0, esp. o, û, port, ou, prov. o,
oz, valaqueau, du L. aut.
OÎJ, it. ot>e, prov. o, du L. ubi. Cps. it.
dot>e, fr. d'où = L. rfe ubi (cp. dont de do-
u)ide),
OUAICHE, sillage ou trace que le vaisseau
fait à la mer; aussi orthographié houache,
houaiche. Diez, se fondant sur l'orthographe
ouage (mentionnée dans le dict. de Trévoux,
identifie ce mot avec l'esp. aguage, courant
maritime, qui est le L. aquagium, cours
d'eau (Pandectes;. L'angl., pour la même
chose, dit wake; serait-il connexe avec le mot
français? Tandis que E. Mùller le croit tiré
de ce dernier, Wedgwood lui assigne pour
origine le finnois tjoaka. sillon.
OUAILLE, p. oueille, brebis, du L. omcnla,
m. s., dim. de odîs; esp. oteja, prov. ovelha.
OUAIS, interjection ; cp. gr. oùxi, lat. vœ,
goth. vai, it. guai, etc.
OUATE (du fr. viennent ail. toatte, angl.
toad, esp. huata). On appelait ouate non seu-
lement la première soie que l'on retire sur le
cocon du ver à soie, mais aussi un duvet léger
que fournit une espèce d'oie. C'est prob. à
cette dernière acception qu'il faut rattacher
l'origine du mot, qui se prononçait aussi
ouette (forme encore usuelle en Normandie),
do sorte qu'il serait un dérivé du vfr. ou^, nfr.
oie, qui représente le L. auca. Cette étymo-
logie appartient à M. de La Monnoye. Diez a
proposé l'it. owUa (et par là L. ovum, œuf),
donc pr. chose en forme d'œuf (le sens étymo-
logique serait ainsi un boun^elet ou tortillon
pour <^ubler les habits), mais lit. ovata
semble être lui-même une transformation du
mot fr., et d'ailleurs Diez lui-même n'exprime
pas grande confiance dans cette étymologie.
Millier penche vers le vha. wai, habit, mais
les sens sont par trop distants. — D. ouater,
OUBLI, voy. oublier,
OUBLIE, altération populaire do oblaie,
obiée, d'abord le pain de la communion (syn.
de hostie), du BL. oblata (oflerre), panis ad
sacrificium oblatus. Le sens sacré ou ecclésias-
tique attaché primitivement au mot s'étant
eflfacé, celui-ci a fini par signifier une pâtis-
serie très mince. Du même L. oblata, les
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OUR
— 368
OUV
Allemands ont tiré le mot oblate^ d'abord
hostie, aiy. pain à cacheter. — M. de Mon-
teil, par une bévue assez curieuse, dérive
oublie du verbe oublier ^ parce que ces gâteaux
sont si légers qu'un moment après ies avoir
mangés *on ne s'en souvient plus, on les
oublie! — D. oublieuVy faiseur d'oubliés
(anc. oblayer) ; oublierie,
OUBLIER, vfr. oblier (d'où it. obliaré),
prov. et V. esp. oblidar, n. esp. et port, (par
transposition) olvidar, du L. oblUare^ fréq.
de oblivisci (sup. oblUum). — D. subst. verbal
oubli (it. obblio, prov. oblit); oublieux^
oubliettes (ceux qui y tombaient étaient censés
oubliés à tout jamais).
OUEST, ags. test, angl. et ail. west.
OUI, vfr. oïl, prov. oc. La forme prov.
reproduit nettement le lat. hoc, cela ; l'adv. oc
équivaut ainsi à « c'est cela »•. A cet oc corres-
pond dans l'anc. langue parlée en deçà de la
Loire le mot o («• je n'en sais plus ne o ne
non »). Combiné avec le pronom illud, le pro-
nom hoc a produit l'ancien adverbe o-il = hoc
illud (cp. iienil, nenni = non ilhid), d'où
enfin, par l'apocope de VI finale, notre mot
oui. Cette étjmologie a été contestée, mais les
arguments allégués ne sont pas solides. L'an-
cienne forme awil, que l'on objecte tout par-
ticulièrement, ne présente aucune difficulté ;
comme le wallon avooi, c'est un composé de
l'inteijection ah, et de ouil, toil ou woi, donc
tout bonnement un oui renforcé. — On sait
que les deux formes oc et oil ont déterminé
les dénominations langue d'oc et langue d*oïl,
— L'explicatiog de o-ïl par hoc illud doit
être modifiée aujourd'hui dans le sens de
l'opinion de ïobler, pour qui l'élément il
représente ille, et non jmis illud (ce neutre
eût amené la forme el); oïl était d'abord
une réponse affirmative restreinte aux cas
où il s'agissait de la troisième personne sin-
gulier; ainsi à vient-il f on répondait o il s. e.
vient. On avait autrefois, d'une manière ana-
logue, des réponses par o je ou o gié, o tu.'
Voy. Ztschr. fûr vcrgl. Sprachforschung,
nouv. série, III, p. 423, et Grôber, Ztschr., H,
406 (note).
OUILLER un tonneau de vin, pr. le rem-
plir jusqu'à l'œil, jusqu'au bondon ; de oïdl,
variété de œil. — En vfr. a-ouiller (voy.
Godefroy).
OUÏR, vfr. odir, oïr, du L. audire (prov.
auzir, esp. oir, port, ouvir, it. udire). —
D. ouïe,
OURAGAN, it. uracano, esp. huracan^
port, furacao, ail. orkan, angU hurrycanc,
terme marin d'une introduction assez mo-
derne, provenant, ^it-on, de la langue des
Caraïbes. Dans l'Amérique centrale, Hurahan
est ou était le nom du dieu de la tempête
(Liebrecht, Jahrb., XIIl, 238).
OURDIR, du L. ordtW, ourdir, commencer.
OURLER, OURLET, voy. orle.
OURS, L. ursus; îéra. ourse, L. ursa; dim.
ourson; acy. oursin.
OURSIN, hérisson de mer, prob. p. ovj'e-
cin; variété de hérisson, cp. les correspon-
dants de ce mot, wall. ureçon, port, ouriço,
angl. urchin.
OUTARDE, it. ottarda, esp. aoutarda, port..
abetarda, betarda, prov. austarda. Toutes
ces formes représentent L. axis tarda, quoi
qu'en dise Ch. Nodier, qui, ne se souciant
que de la forme française, rapportait outarde
à oue (= oie) tarde. On lit dans Pline, H. N.,
10, 22 : proximse iis sunt quas Ilispania ax>es
tardas appellat. Les motslatins.se transformè-
rent d'abord en au-tarda, d'où otarda, utarda,
îv. outarde. Par une nouvelle prosthèse de l'élé-
ment avis, l'esp. fit aviUarda. Le ans dans
le prov. austarda est une reproduction plus
complète de l'élément avis. Le vfr. et champ.,
par aphérèse de la syllabe initiale a de avis
tarda, et par le durcissement du v devenu ini-
tial en b, ont fait bistarde. — Comp. la facture
analogue du mot autruche. — D. outardçau.
OUTIL, vfr. ostil, ustiJ, wall. usteic. Les
règles s'opposent à ce que l'on admette pour
primitif le L. utensile; ce dernier se serait
par contraction transformé en outsil et oiisil.
Certaines formes de la Haute-Italie, relevées
par Diez, telles que usedel (Côme;, tisadej
(Milan), qui signifient des ustensiles de cuisine
et qui répondent & un type lat. usatelhtm,
dim. de usato, dér. lui-même do usare, fréq.
de uti, se servir, engagent à assigner à ustil
un primitif usatile, p. usatellum. Quoi qu'il
en soit, c'est bien à cette dernière forme latine
que se rapporte le pic. otieu (ieu == cil).
Littré allègue 1^ BL. usibilia, ustensiles
(ix" siècle), qu'il suppose avoir été gâté en
usiiilia, d'où oiistils. — r L'étym. utilis doit
être écartée. — D. outiller, outillage.
OUTRAGE, voy. outrer. — D. outrager,
outrageux.
1 . OUTRE, subst., du L. uter, utris. — Ce
subst."? qui n'apparait qu'au xvi® siècle, devait
naturellement, comme reproduisant h.ûtrem,
devenir euxe; aussi est-on admis à croire qu'il
nous vient direct, de l'it. être; l'anc. langue
employait p, outre le terme bouc, dim. bou-
cel. Voy. Paris, Rom., X, 59.
^.2. OUTRE, adv. et prép , vfr. oltrc, du
L. ttltra. — D. outrer, vfr. oltrcr, dépasser
le but, pousser au delà des bornes convena-
bles, excéder, excéder de fatigue, mettre à
bout, fâcher, irriter.
OUTRECUIDANT (voy. cuider), c= qui pense
trop de soi-même, présomptueux. — D. outre-
cuidance (cp. it. tra-cotanza).
OUTRER, voy. oiUre 2. — D. outrance (à)
=» à l'excès; outrage, insulte, injure (cp.,
pour le sens, l'équivalent gr. w6p;, de ùTtïp).
OUVERTURE, dér. du part, ouvert de ou-
vrir.
OUVRAGE, voy. ouvrer. — D. ouvrager.
OUVRER, L. operari (d'où aussi la forme
savante opérej*). — D. œuvre (v. c. m.), ou-
vrage, ouvrable ouvrier, L. operarius; ou-
vroir, ouvrée.
OUVRIER, foy. ouvre7\
OUVRIR, prov. obrir, ubrir, anc. it. opnre,
anc. cat. ubrir. L'it. aprire, esp. abrir, rap-
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PAG
— 369 —
PAG
pellent sans difficulté l'équivalent L. aperire,
La forme fr. oitv7ir, cependant, no peut pas
en venir, bien qu'elle appartienne à la mémo
famille ; quant au L. opcrtre, qui concorde
pour la lettre, il dit juste lo contraire. Ce
dernier n'en est pas moins au fond de l'éty-
mologio du verbe français. Comme l'a démon-
tré Diez, cmmnr représente une contraction
du vfr. aoutrir{c\i, août = oùt), qui, par la
syncope habituelle du d médial, procède du
prov. adnbHr. Or, ce dernier est un composé
du préfixe roman a, et du verbe dubHr, qui,
à son tour, représente le L. de-opei'ire, em-
l)loyé par Celsus au sens de découvrir, et que
l'on retrouve dans le n. prov. durbir, piém.
durtit wall. dr ( m, lovrmn deurm. La généa-
logie du mot ouvrir so résume donc en ces
termes : operirey dc-operire, diibrir^ adubrir^
a-ubrir, auvrir, oiivnr. — Littré n'admet pas
que lo prov. adiibrir se décompose en a-du-
brir, mais qu'il représente ad-\-ubnr. 11
pense que ou la langue a confondu aperire et
opcrirCf ou bien, l'a latin ayant été changé
en o, ce qui est admissible on français, c'est
du français qu'il a passé au prov. et au cata-
lan. Quant aux formes qui commencent par rf,
on peut, dit-il, les rattacher sans doute à de-
aperire f mais on peut aussi y voir ouvrir com-
posé iiSQcde au sens augmentatif; d'ailleurs,
il existo quelques traces do l'emploi d'une
forme avrir, dans l'ancienne langue d'oc. [La
forme avranZy alléguée par Littré, est une
mauvaise leçon, .p. auv>ranSt\oy. Rom., X,
52, note 4. j En entrant dans l'ordre d'idées
do Littré quant au changement de avrir en
ovriVy on pourrait non seulement alléguer
l'exemple de arteil, devenu orteil, mais
so prévaloir aussi d'une certaine influence
exercée par le german. open, offen, ouvert.
— Du part, ouvert vient le substantif ouver-
ture.
OVAIRE, OVALE, dér. du L. ovum, œuf.
OVATION, L. ovatio (du verbe ovare, faire
une entrée triompliale).
OVB, terme d'architecture, ornement en
forme d'œuf, du L. ovum, — D. ovicule,
L. ovicula.
OVINES (bêtes), L. ovinus, de oviSt brebis.
OVIPARE, L. ovipariis (qui parit ova),
OXT-, élément initial do mots composés
scientifiques, tiré du gr. è^ù;, acide, piquant,
aigu ; p. ex. oxyghiCf oxygone, oxynœl. Du
même primitif grec s'est produit le terme do
chimie oxyde.
OXTDE, voy. l'art, préc. — D. oxyder,
OYANT, part, prés, de ouïr, entendre.
PACAGE, anc. pascagc, pâturage, dér. du
L. pasanon, pâturage. — D. pacager. Du
môme rad. latin pose, paître, et non do pa-
ganuSt vient le terme pacant, manant, lour-
daud, cp. rustre^ pr. paysan.
PACHA, mot turc signifiant gouverneur,
haut dignitaire. — D. pachalik.
PACIFIQUE, L. pad ficus. — D. pacificare.
fr. pacipery d'où pacificatio, -ator, ïr. pacifi-
calimi, -atcnr,
PACOTILLE, du même radical que ^o^k^^
PACTE (vfr. pache, d'un type BL. paxusT),
L. pactum (pacisci), d'où aussi l'ail, pacht,
m. s. — De l'adj.L. paclitius, convenu, vient
vfr. pactis, convention, qui, à son tour, a
donné le verbe pactiser.
PACTISER, voy. pade.
PADOU, ruban de Padoue (ville d'Italie).
PAGAIE, t. de marine, sorte de rame;
mot indien. — D. pagayer.
PAGANISME, du L. paganus = fr. païen
(v. c. m.).
1. PAGE, subst. masc, de Yïi.pagfp'o, ré-
gulièrement formé du gr. Trafci^v, petit gar-
çon, jeune serviteur (en terme de marine :
pages mousses). — Littré admet pour type
une forme pagius p. pagensis^ paysan, le mot
signifiant à l'origine un seniteur de bas étage;
c'est bien douteux.
2. PAGE, subst. fém., du L. j)agina (pan-
gère), comme orde^ de ordinem, lame de la-
mina, famé* femme do femina. L'emploi
constant àcparge p. page dans les « Correc-
tions », à la .«^uito do TAjî de^Sejyt Darnes^
m'a suggéré l'idée que pagina a pu produire,
à côté do page, une foiTne parge p. pagre,
comme ordre existe à côté de orde* et lambrc'
à côté de lame. Page est un mot récent dans
la langue ; selon les lois strictes, il aurait dû
être francisé parpaine owpaigne. — De pagina
procèdent direct, les dérivés paginer, -ation.
PAGNE, esp. de vet<îment de nègres, do
Tesp. patio, drap, = it. panno, L. pannus,
étoffe, linge, lange, fr. pan.
PAGNON, drap noir fabriqué à Sedan,
nommé, dit Littré, d'après lo premier fabricant.
PAGNOTE, poltron, lâche, do l'it. pagnotta,
sorte de pain [pane]. •« Les Italiens, dit Mé-
nage, appellent gentiluomini di pagnotta
ces gentilshommes que les seigneurs louent
pour leur escorte aux joure de cérémonie, à
cause qu'on leur donnait des pains ce jour-
là. »» Le peu d'estime de c«s personnes amena
le sens méprisant du mot pagnotta. Je repro-
duis ci-dessus l'opinion de Littré, sans vouloir
lapprouver. L'analogie de poltron, pr. qui
aime les coussins, et do port. madru(^x), pa-
resseux, puis l'existence du mot pagnot avec
lo sens de sot, puéril (digne de l'enfant en
langes), enfin le t^rme rouchi' s*épagnoter,
faire le fainéant, parlent en faveur de l'étym.
pagne = esp. pàno, drap, morceau d'étoffe,
lambeau, tapis. — Je rappelle encore les
significations de ail. lump, gueux (de lamp^n,
lambeau), lafje, fat, nigaud, = lappen, lam-
beau. — D. jjag noter ic.
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PAI
— 370 —
PAL
PAGODE, temple indien, puis idole; du
persan but-khoda (but = idole, hhoda =
maison).
PAÏEN (le Chant de sainte Eulalie a pagicn\
prov. pagan^ payan, it., esp. pcu/ano, port.
paf/îîo, angl. jxiff an, du L. pagantis {pa<^us)^
pr. rustique. Cette dénomination vient de ce
que, depuis Constantin le Grand, le culte des
anciens dieux s'était réfugié dans le plat pays,
dans les pagi. Cp. le terme équivalent ail.
heide (vha. heidhen, angl. heathen), du vha.
heida, goth. haithi, campagne.
PAILLARD, voj. paille. Le mot n'a rien à
faire avec gr. Traiiaxf; ou lat. pellax (concu-
bine). — D. paillarder, -isc,
1. PAILLASSE, subst. fém., voy. paille.
— D. paillasson.
■ 2. PAILLASSE, subst. masc.. bateleur,
bouffon, de paillasse 1, à cause de son habit
fait de toile à paillasse.
PAILLE, it. par/lia, esp . pqja, prov., port.
palha, du L. palea, m. s. — D. paillasse, d'un
tyi^e jjaleacca ; verbes pailler, et ern-pailh'r ;
subst. pailler, cour d'une ferme (L. palea-
r/«(w, grenier à paille); pailleiuc, qui ren-
ferme des pailles ; paillette, petite lame ou
l)arcelle dor (cp.le L.œris paleœ, = limaille
de cuivre); paillon, petite feuille de cuivre
battue très mince (d'où paillonner)\ pailhtt,
petite paillasse; paillard (v. c. m.); que le
sens premier de ce mot soit fripon, coijuin, ou
homme adonné aux plaisirs de la chair,
ridée foncière est toujours « qui couche ou
qui se vautre sur la paille »», indice de
paresse, de gueuscrie, aussi bien que do
luxure ou de débauche.
PAILLER, subst , voy. l'art, préc.
PAILLET, sorte de vin, d'après quelques-
uns, le dimin. de pâle, vfr. jyalle (v. c. m.);
c|). en ail. bleicher, vin clairet, de bleich,
j>âlc; d'après Littré, do paille, à cause de la
ct»ulour do ce vin, (pii tire sur celle de la
pailltî. On dit en elFet vins de paille,
PAIN, L. panis.
1. PAIR, adj., L. par. — I). paire (ail.
paar), couple, deux choses semblables, qui
vont ensemble ; opp. impair, L. impar.
2. PAIR, subst., angl. peer, du L. par,
égal. Les pairs de France ont été ainsi nom-
més parce qu'ils étaient égaux en dignité et
en jx)uvoir. — D. pairie, pairesse.
PAIRE, \oy. pair \.
PAIRLE. t. de blason, du L. palus (avec
insertion de r) ; selon d'autres, du L. parilis,
égal, à cause do la division en deux parties
égales.
PAIROL, grand chaudron en cuivre, prov.
jjairol, esp. perol, it. pajuola; selon Schu-
chardt, du kymri pair, bret. per, chaudron.
Diez rattachait le mot, par les intermédiaires
jjatinol, painol, patrol, à L. patina,
PAISIBLE, voy. paix.
PAISSEAU, paissel\ L. paxillus. — D
jjaisseler.
1. PAISSON, subst. fém., \oj. paitre, —
D. paissonnier.^
2. PAISSON, subst. masc , outil de fer en
forme de cercle pour étendre les peaux ; peut-
être le même mot que paisseau avec change-
pnent de finale ou gâté de palisson (dérivé de
pal) qui dit la mémo chose. — D. pais-
sonner.
PAITRE, anc. paistre, d'un infin. L. pa^-
cei'e p. pasci (cp. naitre). — Du supin latin
pastum vient le subst. pastionem, francisé en
paisson.
PAIX, L. pax, pcLcis. — D. paisible (ce
mot est, outre pénible, le seul exemple d'un
adjectif formé d'un subst. avec le suffixe ible);
apaiser (v. cm.). — Voy. aussi payer.
PAL, L palus{dLO\\ aussi Tall. pfahl, m. s.).
Voy. aussi pieu. — D.^^alé, jmlee; palis (d'où
palisse)'), L. palicius ; em-paler.
PALADE, de Tit. palata, mouvement do
rames ; celui-ci du subst. pala, le bout largo
de la rame, qui est le L. pala, chose plate ;
voy. pale et pelle,
PALADIN (forme adoucie de jmlatin), du
L palatinus, mot appliqué en premier lieu
aux seigneurs vivant dans le palais de Char-
lemagne.
1. PALAIS, maison princiôre. ^rov. palai,
palait, it. jmlasso, palagio, angl. palace, ail.
jjfah; du L. ^jalaiium.
2. PALAIS, partie supérieure de la cavité
de la bouche. Vouloir douter de l'étymologie
L. palatum, qui signifie absolument la mémo
chose, semble presque se créer des difficultés
à plaisir. Et cependant, les règles phonologi-
ques s'opposent absolument à cette dérivation ;
palatum n'a pu se franciser en palais; ce
primitif latin réclame une forme palet ou
paie, dont il n'existe aucun exemple. Diez,
avec l'accent de la conviction, identifie donc
notre mot avec le précédent, dont il ne repré-
senterait qu'une acception métaphorique. I^
vfr. palais signifiait la salle voûtée d'un châ-
teau, destinée aux solennités et constituant
d'ordinaire une construction séi)aréo. C'est do
là que découle l'acception figurée du subst.
palais = voûte de la bouche. Cette métaphore
n'est pas restreinte à la langue française;
elle a ses analogues dans d'autres langues.
Diez rapjKîlle d'abord un semblable transport
d'idée, mais en sens inverse, dans l'expression
d'Ennius •• ca»li palatum «», le jmlais, c.-à-d.
la voûte du ciel ; puis il s'attache aux expres-
sions suivantes, employées dans les langues
sœui^ pour palais : it. il cielo délia bocca,
esp. el cielo de la boca, pn)V. mod. lo ciel de
la bonca, valaque ceriul gurU = cœlum
gulîo, neerl. Iiet ge/mnelte des nanuh, enfin
le gr. 0'jp7virA0i signifiant pr. petit ciel, puis
1. voûte dune salle; 2. palais (de la bouche).
Les langues slaves ont également le même
mot [nebd) p. ciel et pour palais. — Pour
nous résumer, lopinion de Diez est que lo
palais = L. palatium ayant pris le sens do
."<alle voûtée, puis de voûte tout .simplement, a
donné naissance au mot palais = voûte de la
bouche, organe du goût. — Après tout, il so
peut que notre mot ait été tiré do palatum
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PAL
— 371 —
PAL
par voie inégiiliôre, par assimilation à un
mot homonyme très répandu.
PALAN, anc. palanc, du plur. it. palanchit
rouleau à rouler les faix, qui est, avec chan-
gement de genre, prob. le L. /^a/aîiy^ ou
phafaiiffce, « fustes teretes per quos naves in
mare attrahuntur »». — D. dim. palanquin
(t. de marine/ ; palanqiier.
PALANCHE, it. palanca; même origine
que palan. — D. palançon.
PALANQUE, prot). le même mot que le prôc.
PALANQUIN, sorte de litière ; mot indien.
PALATAL, L. j^alc^ciHs (palatum).
PALATIN, L. palatinits (palatium). —
D. palatinat, dignité ou domaine de l'électeur
palatin ; palatine, nom d'une fourrure portée
par les femmes; ce nom se rapporte à la
princesse palatine Elisabeth-Charlotte, mère
du liégent, qui mit ce genre do vêtement à la
mode.
PALE, nom do différents objets à forme
plate; c'est le L. pala, bêche, pelle, omoplate,
pr. chose plate ; mot congénère avec paUnia,
fr. pjaume. — D. palet, pierre plate, disque
de plomb ; palette^ nom d'objets ou ustensiles
divers à forme plate ; paieront, partie plate de
l'épaule de certains animaux (cp., p. la finale,
aileron de ala; l'it. ditpaleita).
A
PALE (vfr. pallCy pale, puis, par insertion
de s, i)asle, pâle), du L. pall-idm. — D. pâ-
leur, L. ^aWovcm-^ pâlot; pâlir, L. pallescere,
— Do la forme palle dérive peut-être l'adj.
paillct, dont 1'/ mouillé ne serait pas plus
anomal que celui du vfr. paillir p. pâlir ou
de faillir, doublure de falloir.
PALEFROI, vfr. palefroid, prov. palafrai,
esp, palafren, it. palafreno, angl. pal fret/ ; du
BL. parafredus, palefridus. Ce dernier est
une altération du L. paraveredus, cheval de
voyage, qui vient de -api, à côté, et veredus, -
donc litt. cheval do service accessoire. On
suppose, par do bonnes raisons, que para-
veredus est aussi la source do l'ail, pferd
(vha. pherit), cheval. — La mutation r qïïI
est habituelle. Quant aux formes esp. et it.,
elles reposent sur une fausse interprétation qui
rattachait le mot à frenum, frein. Ce sont
elles aussi qui ont motivé le dérivé palefre-
nier p. palefredier. On s'est livré û, de bien
aventureuses explications au sujet du mot pa-
lefroi, en mettant en avant la formule par le
frein (cheval condïiit par le frein), ou palœs-
trœ fractus, rompu au manège, on pallium
ferens, etc.
PALEOGRAPHIE, science qui a pour objet
les écritures anciennes, mot forgé de Traiaioj,
ancien, et yçap-^, écriture.
PALEONTOLOGIE, science des êtres primi-
tifs ou anciens [nklii Svrx, existant autrefois).
PALERON, \oy. pale.
PALESTRE, L. palœstra {■jtxluil'jrpT.).
PALET, voy. pale. — D. j^a^eter.
PALETOC, -OQUE, plus tard paletot, esp.
paletoque, bret. paltôh^ vêtement do paysan.
Diez, comme l'avait déjà fait Legonidoc ù, pro-
pos du mot breton (qui du reste est emprunté),
décompose ce mot en palle-toque (robe à capu-
chon;; en flamand on trouve paltrockotpalts-
rçck, défini par " vêtement long et ample »» ;
quoique les lexicographes néerlandais le con-
sidèrent comme une composition bâtarde faito
sur le fr. palletoc, Littrô y voit la source du
mot fr., en l'expliquant par robe (rocA) de pè-
lerin (palster); mais cette explication me pa-
rait mal fondée : ni Kiliaen, ni Weijland no
connaissent le mot palster autrement qu'avec
le sens de gros bâton ferré, canne à épéo. —
D. paltoquet, paysan, rustre.
PALETOT, altération de paletoc (v. c. m.).
1. PALETTE, planchette mince à différents
usages, angl. pallet, voy. pale,
2. PALETIE, patite écuelle d'étain, pour
recevoir le sang de ceux que l'on saigne, con-
tracté de vfr. paëlelte, dim. de L. patella}
anc. poylette, variété de poêlette, dimin. do
poàle 3.
PALÉTUVIER, nom d'arbre; mot exotique
d'origine inconnue.
PALIER, type latin palarium. Ce mot ne
veut peut-être dire autre chose que plate-formo
et se rattache à la famille pala^ chose plate. —
D'autres l'expliquent par la « natte de paille n
qu'on met sur les paliers pour nettoyer les
pieds, et l'orthographe paillier donne quehiuo
appui à cette manière de voir.
PALIMPSESTE, gr. nxUi^y^iro;, litt. gratté
à nouveau ; parchemin dont on a gratté la pre-
mière écriture pour y écrire une seconde
fois (-ràXiv).
PALINGÉNÉSDB, du gr. Tzx)K'avnil7L, régé-
nération, renaissance (tzxUv, vîvîîi;).
PALINODIE, L. palinodia, chant répété,
refrain, gr. 7rac/ivw5{x (de :ric)iv -\- w5>î), répéti-
tion ou cliangement de chant, au'fig. rétrac-
tation, désaveu. — Le terme de liturgie pâli-
nod ou palinot, cantique religieux avec répé-
titions, est le même mot à forme masculine.
PALIS, voy. pal. — D. palisser.
PALISSANDRE ; le nom et la chose vien-
nent do la Guyane.
PALISSER, voy. pa/t5. — \). palissage ;
palissade (it. palizzata), d'où' palissader.
PALLADIUM, mot latin tiré du gr. izxWk-
oioj, pr. statue de Pallas (Minerve), dont la
onservation sauvegardait la ville de Troie. —
Benoit, l'auteur du Roman de Troie (xii* sic
cle), a francisé le mot par pallddes au cas-
sujet, \iQ.v palladion au cas-régime.
PALLIER, L. palliay^e, litt. couvrir comme
d'un manteau [pallium). L'ail, donne au mot
bcmdnteln (de mantel, manteau) les mêmes
acceptions figurées qu'a prises le ycrhefv. pal-
lier. — I). palliation, 2Killiatif,
PALLIUM, mot latin signifiant manteau.
PALMAIRE, du L. palma = fr. paume.
1. PALME, fém., L palma. — D. pal-
mler, L. palmarius;^a/m«/^<?, palmiste, pal-
mite,
2. PALME, masc, mesure de longueur, L.
palmus, m. s.
PALOMBE, L. palumba.
PALONNIER, aussi palomieau ; prob. de la
famille palus, fr. pal ou pala, chose plate.
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PAN
— 372 —
PAN
PALOT, nistro, lourdaud; de pa/o^ instru-
ment do paysan (dim. àe jxille, pelle)i
PALPER, L. palpare. — D. palpe ^ pal-
pets; palpable, L. palpabilis.
PALPITER, L. palpùare,
. PALSAMBLEU, corruption de « par le
sang dieu »»; cp. morbleu. On dit aussi />a7«an-
ffue et palsanffuiemie,
PALTOQUET, ^oy, palctoc.
A
PAMER, anc. pasmer, espasmer, espaumer,
prov. plasmar, e^plamar, esplasmar {l inter-
calaire;, esp. e^fpasmarp pasmar, it. s/Htsù
mare; ces verbes sont tirés resp. des subst.
it. sjMisimo, esp. et prov. espasmo, qui repré-
sentent le L. spasmus, gr. ^nai/iô; (îTrà^),
tiraillement, crampe, convulsion (d'où le
terme scientifique fr. spasme). Le rejet de Ys
initial (on disait d'ailleurs autrefois spasmer)
vient de ce que, cet élément ayant été con-
fondu avec le préfixe es = ex, on a pris pour
primitif un mot fxismus (voy. tain). — D. pâ-
moison p. pàmaison; cette substitution de
oison à aison est unique dans la langue ac-
tuelle, mais cp. vfr. ochoison de occasio-
nem, oroison, p. oraison.
?hM?ELËT, brochure, libelle, livret ; Tori-
ginede ce mot, qui est d'introduction anglaise,
est fort controversée. Les anciennes formes
angl. sont pam flet,pam filet, paimflet; Pegges,
dans Johnson, l'explique par palme- feuillet,
feuille que l'on tient facilement dans la paume
de la main ; d'autres proposent /)a/77yia filaia
(je ne sais ce que l'on entend par là), paulm-
flyleaf, feuille volante grande comme la main,
et autres tours de cette force. Le plus ancien
emploi du mot se rencontre dans Richard de
Bury, l'auteur du Philobiblon (xiv« siècle)
sous la forme pampletos; cela nous rapproche
singulièrement de l'étym. indiquée par Web-
ster, Wedgwood et Weigand, savoir : Tesp.
papeleta, petit papier, petite gazette, dimin.
do papel, papier; pour la nasalisation de l'a,
cp. flam. pampier, papier. — La conjecture
étym. la plus récente est celle de G. Paris; il
rappelle le mot pamfleHe dans la traduction
jiéerlandaise de Flore et Blancheflore par
Dirk van Assenede (xiii® s.); or, pamflette est
le nom vulgaire de Pamphilus, esj)èce de co-
médie en vers latins du xii" siècle, fort répan-
due. Voy. Littré, suppl. — D. pamphlétaire.
PAMPRE, prov. pampol, du L. jximpinus
(n permuté en r, comme dans diacre do diaco-
niis).
PAN, L. panmcs, morceau d'étoffe, pièce,
lambeau, puis au moyen âge *= partie, mor-
ceau.— D.pan}ie, BL.panna, = pièce do bois
(dans diverses applications technologiques);
dim. panneau, pièce de bois ou do vitro en-
fermée dans une bordure; aussi filet carré
(d'où la locution « donner dans le panneau »);
panneton d'une clef (si ce mot n'est pas un
diminutif de penne, = plume, aile; cp.enall.
l'expression correspondante ba7*t, pr. barbe).
PANACÉE, L. panacea, grec :rxvixii«, re-
mède universel (de l'a^j. notj-kxtn = qui gué-
rit tout).
1. PANACHE, vfr. pennachc, 1. bouquet
do plumes flottante, 2. rainures en panache
sur une fleur, esp. penacho, it. pcnnacchio;
dér. dQ penne, plume. — D. panacher, empa-
nacJier.
2. PANACHE, oreilles de cochon panées et
cuites sur le gril,
PANADE, dér. de paner,
PANADER (SE), se pavaner, voy. paon.
PANA6E, droit de £ûre paitre les porcs
dans les forêts; ^^mv pas^mge, forme contrac-
tée de passonage, dér. depaisson, = L. pas-
tionem.
PANAIS, du L. pastinaca ou plutôt pasli-
nacus', m. s. (ce qui pi-ésuppose une ancienne
oithogr. pas nais) ; d'après Littré du L. panax
(nâvaÇ), primiiif depa^/«c^. — D'un type pcLS-
iinata vient pastenade, ancien nom du panais.
PANARD, dans « cheval panard »», cheval
dont les pieds do devant sont tournés en de-
hors »•. Prob. pour pamlard (cp. prenons p.
prendons, vfi*. esjxinir = L. expandere), lequel
viendrait du L. pandus, •• curvus, incurvus »,
esp. pande (légèrement courbé vers le milieu).
Voy. Bugge, Rom., III, 156.
PANARIS, it. pancreccio, du L. panari-
cium, mot gâté, par la transposition de r et
n, du gr. îrapwvûx»;» m. s. (composé de ;T«/Mt,
à cftté, et de ÔvuÇ, ongle).
PANCARTE, BL. pancharia, charte, di-
plôme. Prob. composé de charta^ et de :t3c».
tout; c'était, dans le principe, un diplôme con-
firmant tout à la fois; cp. gr. Travoixrn;. re-
cueil universel, L. jyandectœ. Frisch expli-
quait le mot à tort par une contraction de pa-
tente-carte.
PANDBCTES, voy. l'art, préc.
PANDORE, ancien instrument du genre
luth; voy. mandore,
PANDOURE, da la ville do Pandur (Hon-
grie), qui avait fourni le premier contingent
de ces troupes.
PANÉGYRIQUE, du gr. ffav>3yu;,c/.o; s. e.
io/o;, discours prononcé dans une assemblée
générale ou dans une solennité ; par restric-
tion = discours laudatif. — D. panégyrisme,
-iste.
PANER, dér. du L. panis. — D. panade;
cp. pour la finale salade.
PANETIER, esp. j>an(M/eî*o, hh.jia^ictarius,
dér. soit depaneta, qui fait le pain (d'où vfr.
paneier, faire le pain), ou du dim. jmnetus,
petit pain. — D. paneterie, panetière, sac
pour mettre le pain.
PANIG, li. panico, du L. panicum,m.s.
PANIER, pr. corbeille à pain, puis cor-
beille en général, du L. panarium (panis). —
D. panerce.
PANIFIER, subst. panification, du h.pani-
ficare [dopanifex = qui facit ps^em).
PANIQUE (terreur); du gr. 5îT/*at 7rat«/.oy,
frayeur inspirée par le dieu Pan. Cette expres-
sion se rattache, dit-on, à l'épouvante qui so
répandit parmi les Gaulois attaqués, près du
temple de Delphes, parles Grecs, dont le dieu
Pan avait pris la défense; par extension,
frayeur subite et sans fondement.
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PAN
— 373 —
PAN
1 . PANNE, vfr. pêne, it. penna, peixa, BL.
panna, fourrure, puis peluche, étoffe velou-
tée. Dicz suppose que le mot roman a été tiré
du L. pemia, mais sous l'influence du sens
donné au mha..' fédère, qui signifiait à la fois
plume et peluche. — D. panneau, bourrelet,
coussinet.
2. PANNE, pièce de bois à usages divers,
voy. pan,
3. PANNE, anc. penne^ graisse qui garnit
la peau de cochon ; d'origine inconnue ; se-
rait-ce le même mot (\\xe panne, fourrure?
4. PANNE, comme terme de marine, doù
la loc. « être en panne «. se rattache à pan,
lat. pannus. J'ai vu récemment expliquer
névïeusement panne de la loc. fig. « être dans
la panne «. par le gr. Ttivia, pauvreté.
5. PANNE, partie du marteau opposée au
gros bout, ne me parait pas i-eprésenter l'équi-
valent ail. bahn, mais plutôt, vu l'expr. ail.
synonyme hammerpinne, le mot BL. pinna,
pointe ; donc sans doute p. pen^ie,
PANNEAU, voy. pan, et panne 1 .
PANNETON, voy. pan.
PANNON, autre forme àe pennon (v.c. m.).
— D. panonceau,
PANOPLIE, gr. Travo^Àf», armure com-
plète.
PANORAMA, mot nouveau, fait du grec
wâv, tout, et Spoifia, vue, donc pr. vue sur le
tout, vue embrassant tout l'horizon du specta-
teur.
PANOUFLB, morceau de peau de mouton
avec sa laine dont on garnit des sabots ; prob.
du radical panne, fourrure, avec une termi-
naison assimilée à celle de manoufle ou de
pantoufle.
PANOUIL. épi de maïs, d'un type L. panu-
culus p. paniculus, dim. de panicum millet.
On trouve dans Festus la forme fém panu-
cula, à laquelle répond l'it. pannocchia, e^p.
panqja.
PANSE, pic. panche, prov. pa)xsa, esp.
panso,pancho, II. j)ancia,d\\. bantsch, hanze,
angl. jmunch, du L. pantex, panticis, abdo-
men. De là viennent aussi it. paticiera, esp.
pancera, vfr. panchire, ail. panser, partie
de l'armure qui couvre le ventre. — D.
pansu.
PANSER; la première signification de ce
verbe est soigner, prendre soin. Comme l'a
déjà fait remarquer Nicot, c'est le même mot
c{\\epe}iser, réfléchir, méditer, porter son at-
tention vers, etc. Penser se construisait
d'abord avec de, et penser d'un malade est une
expr. usuelle chez les trouvères. L'esp. pensar
signifie de môme penser et panser. Diez cite la
locution latine pejisare sitim, apaiser ouétan-
cher la soif. Pour la graphie pa;wc7', cp. tan-
cer p. tencer. — D. pansement.
PANTALON. Le nom et la chose viennent,
disent les étymologistes. de Venise, dont les
habitants portent le sobriquet Pantaloni, par
allusion à leur patron, saint Panlaléon. —
Pantalon est également le nom d'un bouffon
vénitien, de là pantalonnade. — Quelquea-
uns pensent que l'acception « culotte qui des-
cend jusqu'aux pieds »» découle directement
de celle de bouffon, à cause du vêtement pri-
mitif des pantalo)iS'how1Son%. C'est une ques-
tion d'archéologie dans laquelle je ne veux
point m'engager.
PANTELER, voy. pantois.
PANTER, t. technologique, = étendre, d'un
type latin panditare, fi*éq. irrégulior de pan-
dei^e, étendre? ou pour panneter (rad. ^>a«-
nus) ?
PANTHÈRE, L. panthera (-àvavj|s).
PANTIÊRE, p. |>a>î^2V>re, àa pannette, dim.
du L. pannus (cp. panneau = pannellus),
filet, piège. D'autres, et peut-être avec plus de
raison, allèguent le L. panthera, employé p.
filet dans Ulpien, ou le vfr. pante, filet, qui
parait être, dit Littré, le même que le subst.
pente = ce qui pend. — On dit aussi pan-
tenne. — Dans le sens de sac à provisions do
bouche, pantière est p. panetière (voy. pane-
tier).
PANTIN; je no m'explique pas trop bien
l'origine du nom de ce joujou. Y a-t-il rapport
avec panditare, fr. panier, étendre, ou avec
penditare, suspendre ? D'autres ont pensé aux
jeunes gens du village de Pantin, qui excel-
laient à la danse.
PANTOIS, court d'haleine; le prov. pantois
est employé comme subst. et signifie essouf-
flement, au fig. aussi détresse, confusion. On
trouve encore en prov. le verbe pantaisar,
îXMsû panteiar , n. prov. pantaigea, valaque
pantaixar, être cx)urt d'haleine. En fr. le ra-
dical pant a poussé les rejetons pantoier^
(d'où le subst. pantoiement), et le dim. pan-
teler, haleter. Diez déduit ces mots do l'angl.
pant, haleter, qui vient à son tour, d'après
lui, du cymr. pant, oppression. MQller do
mande si l'angl. pant n'est pas plutôt d'ori-
gine romane et si les mots romans ne peu .
vent se ramener au L. pandicidari, s'étendre
en bâillant. Le d changé en t ne m'arrêterait
pas (cp. démantibuler), mais les sens concor-
dent-ils suffisamment? — G. Paris (Rom., VI,
629), insistant sur le fait que dans les dialectxîs
du midi, pantaiser, a, dès le moyen âge, à côté
de son sens « être essoufflé », celui de rêver,
pense qu'il doit proprement signifier « avoir le
cauchemar »» et se rattacher à phantasiare;
les adj. jmnlais, pantois seraient ainsi =s
phantasticus. Cette opinion, partagée par
Tobler, peut soulever quelques objections,
d'abord pour l'initiale p, puis à cause des
formes pantoier, panteler, mais elle est moins
risquée que celle de Caix (Ztschr., I, 428),
qui voit dans pantaiser une fusion du thème
pant -f- *afixiare (= it. ansare). Le génois
pantasma « oppressione, incubo »», cependant,
favorise singulièrement la manière de voir de
Paris.
PANTOMIME, L. pantomimus (:ravTo>i/*of,
litt. qui imite tout).
PANTOUFLE, it. patUofola, pantufola,
esp. pantuflo, ail. pantoffel. D'origine con-
troversée. Budé songeait à une composition
grecque Travrc^ ù/o;, litt. tout-liôge, « crepid»
quarum solum subere constat »» . D'autres ont
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PAP
— 374 —
PAP
propos<5 une composition de îratTsîv, marcher,
et do fO)o;, liège. Roquefort y voyait le
L. }>edum in fui a, do nicmc que Turnèbe
expliquait moufle (v. c. m.) par matiuum
infula. Ménage faisait venir le mot de l'ail.
pantoffeJ, qu'il s'était fait expliquer, par
quelque paysan de la Haute-Bavière, sans
doute, comme une composition de />^m, jambe,
et de tofj'el, tablette, lame, semelle. Ces tenta-
tives sont dépourvues de toute valeur. Ce qui
nous semble devoir être admis en premier
lieu, c'est que le fr. pantoufle (sur lequel les
autres mots cités paraissent être copiés) est la
forme nasalisée de paiotifle, comme le prouvent
le néerl. pattuffel, et le piémont. palnfle, et
que la première partie du mot est le subst.
patte. C'est à ce même primitif que se rap-
portent les expi*essions genov. paloufle, rou-
chi et norm. paiouf^= homme au pas traînant,
lourd (cp. fr. pataud). Ces vocables se rap-
prochent trop de notre patoiifle ou pantoufle,
qui signifie chaussure traînante, pour ne pas
être tenté de les identifier, en expliquant la
valeur « homme au pas lourd « comme une
acception dérivée de celle do pantoufle,
chaussure. En tout cas, il reste à rendre
compte de la terminaison oufle. A co sujet,
Diez, que nous avons suivi pour la première
partie du mot, émet la conjecture que jKitoufle
pourrait avoir été tiré de patte sur le patron
du mot manoufle, encore employé en Pro-
vence pour moufle (y. c, m.) et qui, d'après
Diez, accuse un type L. manupula p. mani-
pula. — La forme catalane 7>/awfo/a n'est
qu'une détérioration de pantofla, par la trans-
jX)sition de la liquide, motivée sans doute par
une allusion au mot jjlanta, plante du pied.
PAON, L. pavo, -onis. Pour la pronon-
ciation pan, elle est analogue à celle de tan p.
tao7x^ Lanip. Laon; mais pourquoi l'Académie
à-t-elle sanctionné la graphie paon, taon, et
répudié flami p. flan t Sans doute pour éviter
la concurrence ^q pa^i, tan avec paon et taon.
Quoi qu'il en soit, la contraction jmn, tan
contrarie la règle qui exige que la voyelle
atone a soit absorbée par la tonique o iax^ûn-
cuJus n'a pas donné anale, mais oncle), mais
la même irrégularité se remarque dans les
formes verbales son7ian, trova7i p. sonna on,
trova on, qui se présentent dans les Poésies de
Froissart. — D. paonne, paonneau. Le verbe
se pavaner se rattache à un adj. inusité pata-
iuis, tiré de la forme accessoire latine pamis,
fém. pava (on trouve, d'ailleurs, en anc. fr.,
aussi se pavonn&t"). Par contraction, paranare
n pu ÎQ\tepanare, d'où le tevrac panade^ aise
panadcr, équivalent de se pavaner.
PAPA, L. papa, gr. Ttkmtoti, père, mot
onomatopée du langage des enfants, comme
maman. L'Kglise en a fait un titre de véné-
ration ; comme tel, 7)cr/)a a donné le mot fr,
pape.
PAPE, L. ;)a/)a (voy. l'art, préc). — D. pa-
pal, L. ^)rty)rt/f5, d'où j)apalté' papauté, et
papalin, soldat du pape ; papahle, j^ajniliser,
j)aj)isme, papiste,
• PAPE6AI, anc. aussi papegault, it. j^^ppfi-
gallo, osp., port, papagayo, ^vov.'papagai,
angl. popinjai/, ail. papagei, grec du moyen
âge TrstTTayâ;, gr. mod. 7rx7rayâ))o;. L'origino
de ce nom du perroquet reste douteuse. On y
a vu un composé de papa, prêtre, et de geai
(vfr. gai) ou gallus (coq), les prêtres « ayant
beaucoup aimé à entretenir cette espèce d'oi-
seau «. D'autres ont recours à j9âi?i<5-/7a//M5,
paon-coq. L'arabe babagà, m. s., est, selon
Diez, un emprunt, et ne le fùt-il pas, le h
arabe ne devient jamais p en roman ; au con-
traire, l'arabe adoucit le ;> en ft (cp. Bograt p.
Ilippocrate). — Noiis pensons que le mot se
compose de gai ou geai et de pajyc, autre
nom d'oiseau multicolore, espèce de verdier.
Ou l'élément /»«/>e tiendrait-il à la racine pap,
babiller (v. l'art, suiv.)? Il va de soi que nous
ne prenons pas au sérieux l'interpi'étation de
Génin : papegault = (\\\\papc le gault, c-k-d,
qui mâchonne les branches do la forêt.
PAPELARD, it. pappalardo, faux dévot,
anc. marmotteur de prierons. Le Duchat définit
le mot par « qui trafique des bulles papales et
qui élève la puissance du ;)a/)^ au delà de ses
justes bornes ». Cette explication n'a aucune
vraisemblance; quant à la véritable, je l'at-
tends encore, à moins que celle de Génin
« qui pape du lard en cachette tout en feignant
un régime austère »» ne soit approuvée. Du
Cange n'a pas mieux rencontré en disant :
•• qui papœ fréquenter exclamât ». Y aurait-
il quelque rapport avec l'ail, pappeln (aussi
hahheln), babiller, bavarder? Un papelard
serait ainsi un dévot qui ne fait que remuer les
lèvres et marmotter des prières. Knfin on peut,
en supposant un sens premier « qui fait l'in-
nocent, le petit enfant «, voir dans papelard
une acception figurée et burlesque, tirée do
celle de mangeur de pappe, de bouillie. —
Meunier (Les composés, etc., p. 219), comme
Génin, rattache l'élément jmpe au verbe pa-
]}er « avaler do la bouillie •», ou « avaler
comme on avale de la bouillie », et définit le
mot par « homme qui mange du lard les jours
d'abstinence en lecommandant aux autres do
faire maigre ». Il cite à l'appui ces deux vers
des Miracles de la sainte Vierge :
Tel fait devant le papclart.
Qui par derrière pape lart.
PAPELINE, étoffe ; de pape, parce qu'elle
se fabriquait à Avignon, terre papale (?), ou
parce qu'elle seiTait aux costumes des papes,
L'angl. pope = fr. pape a donné lieu à la
forme ])opeline.
PAPER', it. jmppare, esp. papar, manger
de la pappe, aussi manger en général. Voy.
papelard. — Cp. esp. papaflgo, bccquefîgue.
PAPERASSE, de papier; le suffixe asse
(= ace, ache, L. acca] revêt ici, comme sou-
vent, un caractère péjoratif, cp. bestiasse,
populace. — D.paperasser, paperassier.
PAPETIER est une altération de paperier,
comme vfr. sometier]). somerier (devenu som-
melin^. Voy. Tobler, Rom., II, 244. —
D. papeterie.
PAPIER, prov. papiri, du L. papyrus
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PAR
— 375 —
PAR
(ttîcwuooj), par rintormôdiaire d'un adjectif
papinus; l'esp. pa;)^*/ acouso, par son accent
tonique, pour type immédiat le subst.
papi/rus.
PAPILLI!, L. papilJa. — D. paptUaire,
-eux.
PAPILLON, vîv. paveiJlon, papillot, wall.
pawion, v. flam. pepel, pimpel, du L. papUio-
nrrn, d'où également le mot pavillon, — D.
ptapillonner. Voy. aussi l'art, suiv.
PAPILLOTE, de papillot = papiUon, par
assimilation do forme. — D. papilloter; le
sens de ce mot, appliqué au mouvement invo-
lontaire dos yeux, qui ne peuvent se fixer,
dérive do celui do papillonner^ voltiger.
PAPIN, voy. pappe.
PAPPE, bouillie (très usité en Belgique), it.
pappay esp., port, papa, ail. papp, angl. pap^
du h, pappa, m. s., mot imitatif du langage
des enfants. — D. papin, verbe populaire
jntpn* (V. cm.).
/\
PaQTJE, it. pasqua, esp., prov pascua (cette
dernière forme trahit quelque allusion au
L. pascua, pour ainsi dire nourriture en op-
position au jeune qui cessait ce jour-là) ; du
L. pascha, gr. Trà^xx, qui vient de l'hébreu
pesach, nom d'une des trois grandes fêtes des
Israélites, établie en commémoration de la
sortie d'Egypte ou plutAt du passage de l'Ange
destructeur devant les maisons des Israélites,
car le mot hébreu signifie proprement pas-
sage. — De la forme latine vient Y SLèj. pascal.
PAQUEBOT, de l'angl. pacliet-hoat, vais-
seau qui transporte les paquets ou les dé-
pôclies.
PAQUERETTE ; cette fleur ne tire pas son
nom de ce qu elle fleurit vers le temps do
Pâques fcar elle fleurit à peu près toute l'an-
née), mais le mot est dérivé du vfr. pasquis,
ou ii}utCit pasquier == pâturage {L. pascuum).
« Habitat in pascuis apricis », disent les bota-
nistes.
PAQUET. SiTig]. pocket, diminutifdunéerl.,
angl., ù\\, pack, it. pacco, BL. paccus,gâé\.,
bret. pac. Le mot est de la même famille que
baffue (d'où ba{/age), et congénère avec le
L. pangere (rac. pa{f), fixer, lier, et le gr.
Tra/û;, serré, épais. — D. paqiieter, empaque-
ter. Du môme radical : verbe paquer (les
harengs).
PAR, préposition, L. per (pour e devenu
a, cp. marchand et parchemin). — Comme
préfixe, par a dans le roman la même valeur
qu'avait per chez les Latins, savoir celle de
renforcer la signification du simple, dy ajou-
ter une idée d'achèvement. Il partage sous ce
rapport la fonction assignée au préfixe trans,
fr. très. Comme ce dernier, il formait jadis
un mot séparé, signifiant beaucoup, fort. Ainsi
on lit dans la Chanson de Roland : Sur lui se
pasraet, tant par est angoisseux; cp. l'emploi
du L. per dans «* per autem, inquit, inconse-
qi(ens » (Aulu-Gelle, XIV, 1 ). Nous avons en-
core lin reste de cet emploi dans la locution
par trop (cp. L. pernimium). Les verbes la-
tins composés avec per changent |î^ en par
quand ils appartiennent au fonds commun ou
ancien de la langue (p. eyi., parfait, parvenir);
ils conservent la forme per loi*squ'ils sont
d'introduction savante {p. e^i., perclus, persis-
ter). — Dans les locutions « de par le roi h et
sembl., le mot par est gâté àe part, comme
le prouvent les termes correspondants esp. de
parte, it. da parte, prov. de part ; il en est
de même dans l'expression à par soi.
PARA-, répond, comme préfixe, au grec
nvpk. Toutefois, le roman ne s'en est pas servi
pour créer des composés; les mot5 où il se
trouve sont d'origine grecque ou latine. —
Il faut distinguer de ce para-ci celui des mots
parachute, parapluie, etc. (v. ces mots).
PARABOLE, similitude, allégorie, L. para-
bola, gr. Ttxpix^'j} r. (de Tra/ja-SàUsiv, comparer).
— Le latin parabola a pris au moyen âge le
sons général de verbum, sermo, et est, par là,
devenu la source du fr. parole (v. c. m.).
PARACHUTE, objet qui empêche la chute.
L'élément para dans ce mot, comme dans
paravent, parapluie, etc., est emprunté do
l'italien, où on le rencontre dans 2)ara-peUo,
para-sole, etc. Il vient du verbe jjarare, pré-
server, garantir = fr. parer {v. c. m.).
PARADE, montre, étalage. Cette significa-
tion implique l'idée de l'action préalable jjarer
qqch. ou qqn. pour lui faire faire belle
figure ; c'est un dérivé du L. parare, dans le
sens que lui donnait la moyenne latinité,
celui d'orner, sens qui est encore celui du
parer moderne. La terminaison ade fait sup-
poser une introduction étrangère, soit ita-
lienne ou espagnole. On lit dans Jean Le Maire
des Belges lit de parement p. lit do parade.
— D. parader. — Notez que parade est aussi
le subst. dépars, comme terme d'escrime. —
Littré nous apprend que le sens avec lequel
le mot parade .s'est introduit le premier en fr.
est celui de l'esp. parada : arrêt brusque d'un
cheval qu'on manie.
PARADIS, L. paradisus, gr. ir«/5à5it7o;,
mot biblique d'extraction persane et signifiant
enclos, parc. — Voy. aussi parm>.
PARADOS, ouvrage qui « protège le dos «;
mot formé à l'instar de parapetto, fr. parapet
(v. c. m ).
PARADOXE, gr. itxpxh^oit contraire à l'opi-
nion commune (Ttxoà 5oÇxv). — D. paradoxal.
PARAFE, PARAPHE, d'après l'opinion cou-
rante, une forme étranglée du BL. paragra-
phus = peculiaris subscribentis nota, qui est
le gr. Ttyp'xypafô; «=« écrit en note, par
ajoute ; mais est-il bien démontré que parafe
n'est pas plutAt = gr. Tzrpi^r,, de ^rx^oà^tTsiv,
annexer, ajouter? — D. parafer.
1. PARA6E, rang dans la société, prov.
paratge, it. paraggio; du BL. paragium, qui
signifie: 1. « conditionis ac nobilitatis paritas,
juxta quam barones debent mari tare sororos
aut amitas, fratrcs aut nepotcs »♦, donc égalité
de condition sociale, 2. ipsa nobilitas. Le Vo-
cabulîiire d'Kvreux traduit parage par cogna-
tio. Parage est donc un dérivé de par, fr.
pair; « do quel parage est-il? » équivaut à
« quels sont ses pairs ou égaux? n. H faut
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PAR
376 —
PAR
absolument écarter l'étym. par L. parère,
engendrer, selon laquelle parage no dirait
autre chose <|ue naissance.
2. PARA6E, étendue de eûtes accessibles à
la navigation ; do l'adj. BL. j)aragius, con-
tigu, proche, mais ce paragius, d'où vient-il ?
Du gr. TTypâyîiv, conduiro ou marcher à c6t6 ?
Il se peut que notre mot, comme le précédent,
exprime une égalité de condition, ici de con-
dition physique. Ou bien jiarage serait-il tout
bonnement le subst. du verbe parer dans
joarer (doubler) un cap ? — Littré, faisant fond
sur le BL. parcgium (xiii® siècle), pense à
une dérivation du L. paries^ fr. j)arrn : le
])aragc serait la paroi de la mer. Cela me
semble hardi.
PARA606E. gr. ffapaywy^, addition.
PARAGRAPHE, du gr. 7:«oayr.avoi, litt.
(signe) écrit à côté, en marge. Le mot s'appli-
quait dans le principe à un petit trait destiné
à marquer la séparation des versets ou des
subdivisions d'une composition écrite quel-
conque. Le nom do la marque, dans la suite,
est devenu celui de la chose marquée. L'no
transition de sens analogue se remarque dans
le mot titre = division d'une loi. — Voy.
aussi parafe,
PARA6UANTS, présent fait en reconnais-
sance de quelque service ; mot espagnol signi-
fiant « pour les gants «, • parce qu'on ne don-
nait d'abord pour un présent honnête qu'une
paire de gants ; c'est ce qu'on appelle ailleurs
le pot-de-vin, le pour boire »» (Ncufchàteau,
note sur Gil Blas).
PARAITRE, anc. paroistre, correspond au
L. ^>ar<75cerc*, comme l'ancienne forme jxiroir
à parère.
PARALIPOMÊNES, pr. livres laissés d'abord
de côté, d'où le sens •* livres su])plémentaires w,
du gr. TrstpTcUtno/xîvoi, laissé de côté.
PARALLÈLE, gr. îra,5à))>2>o;, litt. prés l'un
de l'autre. — D. parallélisme; cps. parallé-
logramme^ gr. TZupo(.y/.-^\6'/^a.ij.ix'i'*,
PARALYSIE, gr. ;r7/5à>u7i,-, dissolution
(:ra/!a>i6ïiv); ad], paralytique, gr. Traoa/wn/.oç.
De 2)aralgsie, on s'est permis de dégager un
verbe factitif /)ara/t/5^; le lirov. pa7'aliticar
est formé correctement. — Les Anglais ont
estropié paralysie en palasge, puis palsy.
PARANGON, autr. paragon, 1. comparai-
son; 2. terme de comparaison, modèle, pa-
tron ; esp. paragon, parangon^ it. paragoœ.
Le mot est d'origine espagnole : il est formé,
d'après Diez, de la formule prépositionnelle
para con exprimant comparaison ; p. ex., *« la
criatu ra joara con el criador », la créature en
comparaison du créateur. — On a dit el para
con (adouci en el paragon), comme nous di-
sons le pourquoi, le dedans, etc. — L'étym.
de Diez n'est pas fondée, prétend Tobler (Grô-
ber, Ztschr., IV, 373); elle pèche par divers
côtés. Le mot, d'ailleurs, est plus ancien en
Italie qu'en Espagne, et signifie « pierre de
touche » en premier lieu, d'où les sens
u épreuve, essai, modèle, qui sert de base à
la comparaison, ctc;. ». L'étude do Tobler fait
voir que Y\i.j)aragone est issu du verbe^^aro^o-
narCy ** frotter à la pierre de touche, essayer »
(le premier sens serait dans ce cas •• essai »).
Or, 2)a7'ago}iarc répond parfaitement au gr.
:ra,'5a/5vîcw, « frotter contre », un composé de
«/.«vâw, " aiguiser, affiler », qui vient de
à/ovv7, «queux ». On trouve môme en moy.
grec le subst. itxpu/.oj/} comme nom de la
pierre qui sort aux miniateurs pour l'imposi-
tion de l'or. — Il y a longtemps qu'on s'était
efforcé à trouver à ce mot un type grec, et
l'on a tourmenté à cet effet tantôt le verbe
-3t/;à/îiv, conduire, mettre à côté, tantôt 7ra,î7-
yji'ji^i's^xiy lutter. Nicot disait alors que c'était
« le rapatrier trop loing ». — D. parangonner.
PARAPET, petit mur à hauteur d'appui ; do
rit. para-petto, litt. = qui garantit, protège
(}>ara) la poitrine (petto). L'ail, a imité lo
terme en disant brust-wehr, pr. défense de la
poitiine. Lo petto italien est le L. pectus.
Ponr ] tara, voy. parachute.
PARAPHE, voy. parafe.
PARAPHERNAL, du gr. :txpx^iyj9i (de
Ttrpx fïsvvjv, en dehors de l'apport ou de la
dot).
PARAPHRASE, gr. 7:zpà^px7i;, développe-
ment explicatif. — D. paraphraser.
PARAPLUIE, Yoy. parachute.
PARASITE, gr. Tr^pccur^i, litt. qui mange
(îiTÛi&yi) avec, ou plutôt à côté.
PARASOL, do Fit. j)^'^<^'^^^' ^^y. para-
chute.
PARATONNERRE, voy. parachute.
PARAVENT, de l'it. para-veiito, qui em-
pêche le vent. — Voy. ])arachute.
PARBLEU, anc. j)arbieu, euphémisme
pour par Dieu ; cp. sacrebleu, morbleu.
PARC, pr. enclos où l'on renferme du gi-
bier, prov. 2)(irc, pargue, it. parco, esp., port.
parque. Le mot bas-latin parcus^ qui a fourni
tous ces mots (ainsi que néerl. ^jej'/t, ail.
j)fei'ch, ags. peai^ruc et les formes celtiques
paire, parc et jiixrwg), pourrait bien, tel est
Tavis de Diez, appartenir au vieux fonds latin
comme subst. verbal do 2^CL^cerc, épargner,
préserver, garantir. Le linguiste allemand
rejette comme primitif l'ail, beiyen, protéger,
cacher, par la raison que l'initiale p dans
]iarc lui semble incontestablement originelle,
et quant à l'origine celtique, proposée par
Diefenbach, il la repousse, parce que les mots
celtiques lui font l'effet d'être tirés du dehors.
— D. parquer, cmparquer, parquet (v. c. m.).
PARCELLE, li. paHicella, du h.particella
p. particula^ dim. de pars, partis,
PARCE QUE, p. par ce que, c.-à-d. par
cette raison (par le fait) que.
PARCHEMIN, vfr. pircawtiî, prov. par-
guamina, du h. 2)ergamenum, chtxvis. pcrga-
mena, de Pergame, où l'on a fabriqué les
premiers parcliemins. Le durcissement do^
en c est insolite. L'allemand dit plus correc-
tement pergament.
PARCIMONIE (mot savant), L. parcimonia
(parcere). — D. j^c^^cimonieitx.
PARQONNIER. qui a sa portion dans un
partage. Du subst. vfr. jyarçon, jyarson, prov
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PAU
— 377 —
PAR
pa7'sô, qui représente, non pas, comme dit
Gachet, le L. portionem, mais bien le L. i><^^'
titinneyn.
PARCOURIR, L. pe^xurrere; subst. par-
cours.
PARDI, do rit. per Dio.
PARDON, subst. verbal de pardonner.
PARDONNER, du BL. per-donare, litt.
faire abandon complet, faire grâce ; cp. l'équi-
valent ail. verffeben, angl. for-f/ive. — Le
latin classique disait condonare. — D. par-
don^ pardonnable.
PAREIL, prov. parclh, it. parecchio^ esp.
parejo; c'est le BL. paricidns (Loi salique),
dim. àQ 2)ar. — D. appareiller [\. c. m.), dé-
2)areiller,
PARELLE, parcUa, lat. rumex, lapathum,
catalan paradella. — Diez pensait à L. pra-
tiini, parce qu'Horace a dit : « 1 apathi ^jro/a
amantis •• ; mais il faudrait alors passer par
lin iy po j^ratellum^ doy enn paratelhtm, ce qui
est forcé. Le lat. paratella du Pseudo-Macer
parait emprunté au catalan. Une formation
lapalella^ devenue, par transposition de con-
sonnes, palatella, 2mralell<i, n'est qu'une sim-
l)le conjecture. — Notez encore qu'en wallon
on dit porâle^ porâle (cp. dans ce dialecte
pornche^ paroisse, p. paroche).
PAREMENT, L. paramenlum (S. Aujç.),
ornement, sj)éc. garnitures du devant d'un
habit, d'une robe, d'une manche, do parare^
orner.
PARENT, L. parentem. — D. parentagc,
vioui mot remplacé par parenté; ce dernier,
anciennement masculin, répond au subst. BL.
j)a7'entalu$; parentèle (cp. pour la forme clien-
tèle):, verbe apparenter,
PARENTHÈSE, L. parenthesis, gr. tzxo-
èv^îîti, pr. action d'insérer une chose à côté
d'une autre; adj. parcnthélique, gr. nxpiv^i-
Ti/o;.
1 . PARER, apprêter, orner, du L. parare^
apprêter, dans la latinité du moyen âge =
orner. — D. ^)are;nô??/, parure^ parade^ ré-
pare^'.
2. PARER, écarter, détourner, éviter (un
coup), ail. pariren. Cette signification de
parer découle de cx^lle propre au parei* de
l'art, préc. par l'intermédiaire de l'acception
•* soigner, mettre à couvert, protéger », accep-
tion inhérente au BL. parare et qui perce
encore dans les expressions it. para-petto^
para-sole (d'oii fr. 2io.i^(^pet, parasol). On peut
comparer, pour le rapport logique, le L. de-
fendere, qui signifie à la fois détourner, re-
pousser et protéger. — Pour bien apprécier
notre manière de voir, il faut ne pas perdre
de vue que la construction naturelle de parer
est se parer de ou contre qqch. ; les construc-
tions y^arcr qqch. ou à qqch, sont survenues,
«l'ai pensé longtemps que parer à qqch, répon-
dait au L. parem esse alicui rci = se mesu-
rer avec, résister, tenir tête, mais je me suis
ravisé. — D. parade,
3. PARER un cap, le doubler, du L. jmr.
C'est donc suivre parallèlement la même ligne
q\ie celle de la terre que Ton côtoie. L'étym.
par gr. izipi, autour, n'est pas sérieuse. —
Voy. aussi par âge 2.
4. PARER, dans /;arcr une poire, la peler,
= prov. parar; le sens découle facilement
de parare^ apprêter, et il serait par trop
aventureux d'y voir une modification littorale
de peler,
PARESSE, prov. peresa, vfr. pei-ece, it.
pigrezsa, esp., ^ovi. per cza, du L. ;j2V/?77îa.
— Le gr. Tixpi-ni (7ra/5-{/3^i), relâchement, lan-
gueur, ne peut en aucune manière être invo-
qué comme primitif de paresse. Le voisinage
de la fonne et l'affinité de sens sont fortuites.
— D. paresseux t paresser,
PARFAIRE, de par -{- faire, d'après l'ana-
logie du L. perficere,
PARFAIT, adj., vfr. parfit (cp. confit), du
L. perfexitus,
PARFILER, = filer (effiler) tout à fait.
PARFOIS, p. par fois (cp. ail. su-ioeilen,
pr. par moments).
PARFUM, voy. l'art, suivant.
PARFUMER, litt. pénétrer ou imbiber do
fumée, et particulièrement do fumée agréable,
odorante, d'un type latin perfmnare, cp. en
ail. durch-rduchern, durch-dilften, — D.
subst. verbal parfum, parfumeur, -crie,
PARI, voy parier.
PARIA, mot indien, désignant la dernière
ca.ste des Indiens.
PARIER, pr. joindre deiir choses égales,
mettre valeur contre valeur ; de là l'acception
gager (A met une somme pour, B une somme
égale contre), du L. pariare (par), égaliseï*,
balancer un compte. Jadis, carier signifiait
comme l'ail, jiaaren, accoupler; de là est
resté le terme de cheaise pjariade. Aujourd'hui,
on emploie dans ce sens plutôt le composé
apparier.^ — D. pari, subst. verbal ; ^^ariewr.
PARITÉ, L. 2)aritatem (par).
PARJURE. 1 . adj. =« L.per-Jurus; 2, .subst.
= L. perjurium ; se parjurer = L. per-
jurare,
PARLEMENT, subst. de parler, pr. entre-
tien, conférence, puis assemblée délibérante.
— D. parlementer, conférer, négocier; 2^^'^''
lemoitairc, -arisme.
PARLER, it. pariare, esp., prov. parlar.
Le verbe parler présente dans son anc. conju-
gaison deux thèmes : 1 . paroi dans las formes
portant l'accent sur le corps du verbe (ainsi
je ou il parole); 2. pari dans les formes ac-
centuées sur la finale (ainsi nous parlons, je
parlote, inf. parler). Le système actuel est
l'efict d'une dégénérescence; le thème des
formes accentuées sur la finale a fini par l'em-
porter. L^n infinitif 2^CL^oisr est étranger à
l'ancienne langue. Le mot représente BL.
parabolare (voy. parole). — D. parlement
(v. c. m.) ; composé pourj)arler. Notez encore
les vieux mots bien emparlé et emparlier,
avocat, d'où cmi)arlerie.
PARMI, = par mi, it. per messo, du L.
per médium, au milieu de ; cp. le vfr. emmi
= in yyiedio. — Conformément à son origine,
parmi signifiait autrefois aussi u au m:)yen
de, moyennant ».
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PAR
378 —
PAR
PARODIE. L. parodia, gr. Tra/s-^iota, pr.
contrc-ohant. — D. parodier.
PAROI, prov. paret, it. parete, du L.paric"
tem {Dom. paries).
PAROISSE, anc. paroiche, it. parrocchia,
csp., prov. parrogida, BL. parochia, gâté du
grec 7r«,&iix(7, d'où le L.parœda (saint Augus-
tin), source directe du mot roman. Le mot
grec signifie pr. voisinage; la paroisse est,
dans le principe, l'ensemble do ceux qui
demeurent dans le voisinage d'une église. —
î) . parrnssien , -ial.
PAROLE, anc. paraule, prov. paranla, it.
parohi, anc. \t. paraida. Cotte dernière forme
est directement produite du L. paraboJa, pa-
rah*la^ par la résolution de b en it (cp. L. fa-
buJa, it. fola, prov. faida; L. tabxda, prov.
taida, fr. tôJe). Par Tinterversion des liquides,
l'espagnol a fait du type parabla la forme
palabra. La substitution du terme parabola
au L. vcrbiim est motivée, d'après Schlcgcl,
jmr une espèce de respect pour le sens reli-
gieux et mystique prêté au mot verbe. Mais
parabola, gr. iziçi^^oH (ail. parabel) n'est-il
pas aussi un terme biblique? D'après Max
Muller, l'extension donnée dans les langues
néo-latines au mot parabola s'est faite par
imitation de l'ail. tcoW, qui de bonne heure
avait pris le sens de proverbe propre au L.
parabola; ce dernier mot roman étant em-
ployé, dans ce sens, pour traduire le mot ail.,
il a fini par traduire aussi celui-ci dans son
acception primitive et générale. Cette explica-
tion nous semble raisonnable ; les cas sont
nombreux où se manifeste l'influence germa-
nique dans les formes et les acceptions prêtées
aux mots de sourc<î romaine. — D. parler
(v. c. m.).
PAROTIDE, gr. ir7/5WTf,-, <ioi (de 7r«/>à,près,
et oZu wTo';, oreille).
PAROXYSME, gr. Ttxpo^vifiSi, excitation,
irritation (:rx/>oÇwv«v).
PARPAILLOT ; ce sobriquet des protestants
vient de Jean Perrin, sieur de Parpaille, pré-
sident à Orange, que Fabrice Serbelloni, pa-
rent du pape, fit décapiter à Avignon en 1562.
Les autres étymologies mi.ses en avant (vfr.
2iarpaillot, prov. parpailleiix^ papillon ; j^df-
pillote, petite monnaie) n'ont aucun fonde-
ment.
PARPAING, pierre qui tient toute l'épais-
seur d'un mur; aussi pierre parpaigne;
d'après Littré, c'est un cx)mposé de^er, d'outre
en outre, et pan, altéré en paignc. L'ail,
appelant la pierre dont il s'agit durchbindcr,
vollbinder, je à6cjom\iOSQ parpaing plutùt par
pcr -\- pavgere, planter, fixer.
PARQUE, L.parca.
PARQUER, mettre dans un ^arc (v. c. m.).
PARQUET, dimin. de parc (v. c. m.), donc
litt. = petit enclos; de là : espace réservé
aux juges ou aux officiers du ministère public
dans un tribunal ; lieu des agents de change
à la bourse ; plancher à compartiments, etc.
— D. parqueter, -eitr, -crie.
PARRAIN, vfr. parrin, prov. piairin^ it.
patrino, csp. padrino, du BL. patrinus
(pater).
PARRICIDE, adj. et subst., resp. du L.
parricida et parricidium.
PARSEMER, voy. se^ner.
1. PART, subst. masc, L. ;Kir/if^ (parère).
2. PART, subst. fémin., portion que Ion a
ou que Ton prend dans une affaire, puis =s
lieu, cAté, du L. jxirs, partis. A la dernière
acception, « lieu ou c6té n, se rapportent les
locutions quelque part, de toutes parts, dejxirt
en part, à pari (prov. a part, it. a jxirte). Si,
dans la formule de par le roi, le par est pour
part (voy. jxir), il y a eu confusion en sens
inverse, dans les locutions à jmrt mm, à part
soi, que les anciens écrivaient à par moi, à
par soi, conformément au L. per se, ail. bei
sich, angl. by himself. — La locution pren-
dre en bonne part (du bon cAté) est latine : in
bonam jtartem ou in bonas partes accipere
se disait déjà du temps de Cicéron.
PARTAGE, voy. partir. — D. partager.
PARTANT, adverbe, == par tant, per tan-
tum, pour telle raison. Cp. pourtant.
PARTENAIRE, forme francisée de l'angl.
partner, associé (dér. de pari).
PARTERRE, aire plate et unie; c'est la lo-
cution adverbiale par terre substantivée.
PARTI, subst., VOY. partir, — D. partisan,
partial (voy. ces mots).
PARTIAIRE, L. partiarius,
PARTIAL, d'un type BL. partialis*, auquel
se rattache également la forme partiel . L'adj.
en al se rapporte, pour le sens, au primitif
masc. parti; celui en el, au pnmitif fém.
partie. — D . partialité., impartial, se jtar-
tialiser.
PARTICIPER, L.participare,àér. do l'adj.
particeps (= qui part^m capit), d'où vient
également le terme de grammaire subst. 7>ar-
tidpium, {v. participe. — D. participation,
PARTICULE, L.particida (pars), petite par-
tie. Voy. aussi parcelle. — D. paHiculier,
L. particularis, pr. qui ne se rapporte qu'à
une petite partie et non pas àlagénéralit^^, cp.
spi^cicd = qui se rapporte à une espèce, et
singulier =■ qui se rapporte à un seul.
PARTICULIER, voy. l'art, préc. -^D. parti-
cularité, -ariser, -arisme.
PARTIE, subst. participial do partir «= di-
viser; BL. et it. partita, esp., port., prov.
partida.
PARTIEL, voy. partial,
PARTIR, diviser, séparer, L./krWiVi.Lcsens
premier et actif de 2^^''^^^ n'est plus guère
conservé que dans le langage héraldique
(« parti d'or et de gueules ♦») et dans la locu-
tion « avoir maille à partir «.Biaise de Mont-
luc disait encore : <« pour s'en trc-par tir ce
royaume »», et Montaigne : « tout le monde se
voitpar^t pour trois belles ». A ce sens pri-
mitif se rattache aussi le nom des jeux partis.
Le moyen âge employait le \cvbe partir pro-
nominalement et disait se partir \). se séparer,
s'éloigner, s'en aller ; cette même valeur est
restée au verbe dépouillé du pronom réfléchi,
tel qu'il est en usage aujourd'hui. Comparez
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PAS
— 379 —
PAS
en ail. scheiden^ = diviser en deux, sich
schcidaiy se séparer, puis scheiden^ sens
neutre, ^= partir. — D. 1 . les subst. de l'action
partemcnt (vieux, aussi = division) et par-
tance (le subst. départ du composé drpartir
a prévalu sur ces deux formes); 2. les subst.
de résultat, à forme participiale, l'un mascu-
lin, l'autre féminin, savoir 7>ar/tc (v. c. m.) et
jKirti, pr. la part que l'on prend, le côté où
l'on se tourne dans im partage d'opinions (cp.
l'expression latine partes), enfin, le lot qui
vous éclioit, situation, etc. — Le subst. latin
partit ionem y partage, division, classification,
n'existe plus que dans le terme musical parti-
tion ; les anciennes formes vulgaires/jar^o» et
partison se sont perdues (voy. parçonnier).
— Composés : départir (v. c. m.) et répartir
(v. cm.).
PARTISAN, de l'it. partigiano, dérivé de
parte (comme artigiano, fr. artisan, à&arte).
Autrefois, partisan désignait le chef d'une
bande de troupes légères, de là vient (outre la
signitication militaire attachée encore au mot)
le nom d'une arme appelée en it. partigiana^
angl. partisan, et que les Français, par une
fausse assimilation à l'adj. pertiiis ^= percé,
ont gâté en perixiisane. — Il faut se garder
de considérer partisan comme formalcment
et directement dérivé de parti.
PARTITIF, t. de grammaire, == qui dési-
gne une partie d'un tout, L.partitiviis*.
PARTITION, voy. partir,
PARTOUT, = par tout; cp. Tall. nhei-'all.
PARURE, voy. jmrer,
PARVENIR, L. per-venire. — D. parvenu,
PARVIS vient du L. paradisus, qui dans la
latinité du moyen âge avait pris le sens de
pan'is; d'abord /carats, puis (par l'intercala-
^ tion euphonique d'un v) paravis, parevis, en-
fin ([iSir syncope) parvis. On sait que le sens
fondamental de paradisus est « lieu clôturé»».
1. PAS, mouvement de jambes, L. ])assus.
Exprimant une petite étendue de terrain (la
mesure d'un pas), ce mot a senn, comme
goutte, j)oint, mie, à renforcer la négation;
« je ne vois pas ». équivaut litt. à •• non video
passum »♦. — De pas vient, d'après l'opinion
reçue, le verbe ^a5^er(v.c. m.). — Voy. aussi
compas,
2. PAS, dans « pas de porte, pas de Ca-
lais »» et plusieurs applications technologi-
ques, est le subst. verbal de passer. C'est
donc un synonyme de passage, défilé, détroit,
équivalent à it., port, passa, esp. pa^o, prov.
pias, ail. jiass, « On choisissait d'ordinaire un
passage étroit pour y attendre l'ennemi, et
cette habitude donna naissance à ce que,
dans les mœurs chevaleresques, on appelait
un pas d'armes » (Gachet).
3. PAS, élément do formule négative, voy.
pas 1.
PASCAL, adj. de parque* pàque (v. c. m.).
PASQUIN, de l'it. pàsquino, nom d'une sta-
tue à Rome, contre laquelle on affichait des
placards satiriques; de là it. pasquinata, fr.
pasqni)iade. Le nom de la .statue vient, dit la
tradition, d'un nommé Pasquino, tailleur re-
nommé qui se plaisait à lancer des brocards
aux passants. — Lit. pasquillo (fait, comme
suppose Diez, sur la base de pasquinolo) est
synonyme de pasquinata et a donné aux Alle-
mands leur pasquiU et aux Liégeois leur
paskeie (chanson satirique).
PASSABLE, voy. passer.
PASSADE, prov., port, passada, esp. pa-
sada, it.jtassata, passage, traversée, de jjas-
sare, etc.
PASSAGE, prov. passatge, esp. pasagr,
port, passagem, it. pa^saggio, 1. action de
passer, 2. lieu par où l'on passe, puis endroit
particulier dans l'ensemble d'une composition
littéraire ou musicale. — D. passager, adj. et
subst. (aussi verbe, comme terme do ma-
nège).
PASSAVANT, \), passe-avant, billet portant
ordre de laisser passer; cp. le terme passe-
debout.
1. PASSE, subst. verb. féminin (cp.;xw 2),
àe passa* dans ses diverses acceptions. — D.
d'un. passereJ Je, ^isissage ou ponton étroit pour
les piétons ; passette, impasse (v. c. m.).
2. PASSE, fauvette, du L. passer, —Com-
posés : passe-bleu, passe-vert, espèces de pas-
sereaux ; passe- folle, espèce de mouette.
1 . PASSEMENT ; ce terme, eu tant que si-
gnifiant une espèce de bordure d'orne -nent,
ne parait pas dériver en ligne directe de pas-
ser, comme on serait tenté de le croire, d'au-
tant plus que l'on dit passer un lacet, etc.
C'est, selon toute probabilité, une francisation
de l'esp. pasamano, d'où aussi it. passamano.
Le mot esp. signifie proprement une rampo
ou balustrade (« por que pasamos por el la
mano »» suivant l'explication de Covarruvias),
puis par extension bordure en général et spé-
cialement passement. On a rendu la terminai-
son man conforme au suffixe ment habituel.
— L'ail, a gâté le mot primitif encore davan-
tage et en a îvMposament. — D. passementier,
-erie.
2. PASSEMENT, action de passer une chose
à l'eau ou autre liquide.
PASSE-POIL, liseré; comment se rendre
compte de ce composé?
PASSER, it. passare, esp. pasar, prov.,
port, passar. Diez est d'avis, sans rien affirmer
pourtant, que ce verbe, qui parait avoir dès
le principe une signification transitive, est
plutôt une forme fréquentative du L. pandere
(sup. passum), = ouvrir, fendre, séparer,
qu'un dérivé direct du subst. passus, pas. L'it.
a de la même façon tiré spassare, se récréer,
s'ébattre, du L. ea7-pa«rfere. « Pandere nipem »»,
c'est ouvrir le rocher, faire un passage à
travers le rocher; « panduntur inter ordines
vire »», signifie : des passages sont ouverts
entre les rangs. Passare serait donc d'abord
= ouvrir, donner passage, lais.ser ou faire
passer, puis passer en sens neutre, c.-à-d.
aller à traders, aller d'un bout à l'autre,
passer devant le regard pour disparaître en-
suite. On trouve ce verbe comme élément ini-
tial de composition dans une foule de subst.
servant à dire, soit • qui passe ou fait passer.
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PAS
— 380 —
PAT
p. ex. :passe-coi*do7i, passe- fil, passeport ; soit
« qui surpasse, qui outrepasse»», p. gx.i passe-
droit, ])asse-/lei<r, dans une foule desubst. corn-
j)0sés. — D,pas = passaç^e\ passe, passable,
passade^ -âge, -ant, -aticni (d'un acte), -emeitt
(v. c. m.); passé, adj. et subst.; />a6*st%, pas-
seur, passoire. Composés : comjtasser (voy.
compas), dépasser, outrepasser repasser, sur-
passer, trépasser. Notez encore la locution
tour de passe-passe, **■ qui vient do ce que les
joueurs de gobelets, en faisant leurs tours,
disent souvent ])asse, jxisse ». — Génina traité
la question de savoir si certaines applications
du verbe 2)asser, telles que : sejmsser de qqch.
(autr. on disait sans qqch.), jjasser condam-
nation, se passeï' une fantaisie, je vous la
j)asse, n'appartiennent pas à un jjosser homo-
nyme, c.-à-d. à une forme fréquent, du L.
pati, souffrir, subir, tolérer. Je n'ai pas
encore d'opinion arrêtée à ce sujet, mais je
crois que cette manière de voir est légi-
time; Froissart emploie souvent se souffrir
dans les divers sens de se passer, c.-à-d. se
contenter et s'abstenir. Je pourrais rappeler
encore do nombreux passages de nos trou-
vères, tels que celui-ci du Cléomadôs d'Adenet
le Roi :
Rien fait legièrement pax*e%'
Co que on ne peut amender.
Passer — passari\ tolérer, admettre, ex-
plique fort bien aussi l'adj. \{v. passé, reçu,
admis, certain, et notre ac^. passable, tolé-
rable.
PASSEREAU, du L. passerellus (inusité),
dim. de passer. — Cj). passcret, émorillon.
PASSERELLE, dimin. dépasse 1.
PASSIBLE, L. jxissibilis (pati), susceptible
de souffrir ; de là impassible, non susceptible
de souffrir ou d'être affecté ou ému de qqch.
PASSIF, L. passicus (pati). — D. passiveté
et passivité'.
PASSION, L. passionem (pati), souffrance,
mouvement de l'âme. — D. passionnel' ^ mettre
en état de jmssion ou d'affection vive.
1, PASTEL, de Fit. pastello, qui est un di-
minutif de pasia, pâte, le pastel étant un
crayon composé avec une pi'Ue do couleurs pul-
vérisées.
2. PASTEL, plante do teinture, guèdo;
comme le préc. de pasta, pâte, parce qu'on
en faisait de petits gâteaux.
PASTENADE. voy. panais.
PASTRNAGUE, poisson, L.pastinaca.
PASTEQUE, port, paieca, de l'arabe baiicha,
courge, melon d'eau.
PASTEUR. duL. pastôrem, berger, litt.
celui qui fait paître l])asci, sup. pastitm) le
troupeau. Le môme primitif latin, sous la
forme du nomin. pùstor, s'est francisé en
pâtre, vfr. pastre, paistre; cette dernière
forme était, dans la vieille langue, réservée au
ciis-sujet, l'autre aux cas obliques. — D. pas-
toral, L. pastoralis;pa«^oi(rm«, -elle, dimin.
de l'anc. forme pastour ; pastourelle, poésie
pastorale.
PASTICHE, de l'it. pasticcio, m. s. (dérivé
de pasta, pâte) = 1. a vivanda cotta cntro a
rinvolto à\ pasta », pâté do viande, 2. « mis-
tura di varie coso », mélange, pot-poum.
Nous laissons à d'autres le soin d'établir com-
ment de ces significations a pu se produire la
valeur du mot en tant que .signifiant «» pein-
ture d'imitation ». Entendait-on d'abord
qualifier par là un travail de pièces rapi)or-
téos d'après divei*ses manières, non originales?
Il va do soi que Fétym. L. jyost, après, d'après,
est i-éprouvable ; pastiche n'est pas une va-
riante do jHiStiche. — D. pasticher.
PASTILLE, L. jMstillum (de pasta, pâte).
PASTORAL, PASTOUREAU, -ELLE, voy.
pasteur.
PAT, t. d'échecs; d'origine inconnue.
A
TkT,past', L. pastus (pascere). Voy. aussi
rejms.
PAT AGEE. it. patascia, esyi.patache, néerl.
petas; d'origine inconnue.
PATARAJPFE, corruption populaire de pa-
rafe.
PATATE, esp., it. j)atata, angl. potaioe;
mot américain.
PATAUD, propr. chien à grosses ;)aWe5.
PATAUGER, dial. 7>a/oiVr, patouiller, pato-
qucr, dér. de patte ; voy. aussi patrouille et
cp. l'équivalent ail. patschen.
VkTL, paste*, it., esp., ^rt. pasta, du L.
pasta (Marc. Empirions) . Le mot latin est-il
du vieux fonds de la langue, ou tiré soit do
j>asccre (donc pr. nourriture), soit de :rîaTTOi
= formé (supposition fondée sur \'es\i.plasta,
«= argile, pâte)? L'examen de cette question
n'est [)lus de notre tâche. — D. pâté (part, du
BL pastare, mettre en pâte), cp. sW. pastete;
pâtée, ]}âteux, piUon; Vit. pasticcio, = pâté
(voy. pastiche), a fourni les formes palisser,
2)àtissicr, -erie; verbe empâter, d'où le subst.
savant impastation.
PATELIN, du nom du principal personnage
d'une farce comi)osée vei*s la fin du xv*" siècle.
— On se demande si le nom de ce person-
nage est de pure fantaisie ou s'il représente
une idée. A ce sujet. Ducango et Le Duchat
ont pensé que patelin était une corruption de
patenn, hérétique vaudois qui séduisait ses
auditeurs par son beau langage. Ducango
allègue un texte du xiii* siècle, où paterin
est expliqué par deviseur, parleur. M. Brinck-
mann est d'avis que le nom du héros de la
pièce vient plutôt de Fadj. patelin, qui aurait,
selon lui, préexisté, et dans lequel il voit une
épithôte du chien « qui donne la patte » pour
soutirer un bon morceau. Il se fonde sur co
que le terme patelineur est employé dans la
pièce même (« que do patelineurs! »). J'in-
cline vers l'opinion du savant allemand ;
seulement, je serais plutôt porté à voir dans
pateline}' une forme diminutive de ptatiner,
caresser (cp. angl. j)at, caresser).
PATÈNE, L. patena, plat.
PATENOTRE. francisation de pater nostei\
premiers mots de l'oraison dominicale, apjMî-
lée aussi vulgairement pater tout court. Du
sens dérivé chapelet vient le nom industriel
patenôtrier, fabricant de chapelets.
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PAT
— 381
PAU
PATENT, L. patentem, ouvert, libre, dé-
couvert; do là lettre ])ateiite et patente tout
court. Cp. Fexpr. analogue manifeste. — D.
patotter,
PATER, voy. patenôtre.
PATÉRE, h.patera, coupe, plat.
PATERNEL, extension du L . paternus (fr.
paternel d'où patemitas, fr. paternité,
PATHÉTIQUE, grec 7ra^>jri/o,- émouvant,
dér. secondaire de Tzôâ'n, souffrance, passion,
affection, en fr. patJws. De ce même subst.
TriSo; vient le terme savant pathologie^ traité
ou science qui traite des affections maladives.
PATHOS, PATHOLOGIE, voy. pathétique.
PATIBULAIRE, dér. du L. iJoitÔM/um, gibet.
1. PATIENCE, voy. patient,
2. PATIENCE, plante (rumex patientia);
d'origine inconnue. Littré cite le bas-ail. pa-
tich, qu'il croit gâté, par aphérèse, du L.
lapathum^ m. s.
PATIENT, L. 2)atientem = qui souffre. —
D. paiiencey L. patientia; patiente^*; impa-
tient.
PATIN, it. paXtinOy angl. imtten, d'abord
une espèce de soulier fort haut; dérivé (ou du
moins de la famille) de patte. Ou bien le v.
llam. plattynen =* soulier de bois (soulier
plat?"" doit-il faire expliquer jjo^ par une alté-
ration de 2}lat f — D. patvxer,
PATINER, 1 . terme familier, = manier ou
tâter, dér. de paite = main; 2. glisser sur
la glace avec des patins.
PATIR, du h.patiri, forme barbare ]i.paH
(cp. mourir de moriri p. mori). Comment
justifie-t-on le circonflexe dans pâtir î Le com-
posé compatir n'en a pas.
PATIS, L. pasticius p. pasticus, dér. de
pçistum,^ supin depascere^ faire paître.
PÂTISSER. -1ER, -ERIE, voy. pâle.
PATOIS; d'après Ménage, approuvé par
Littré, p. patrois, qui représenterait BL. 7>a-
triensis, indigène (cp. pour la chute do l'r
l)rov. pati, pays, et vfr. patois, localité, pays ;
dans le Midi, on dit patois p. compatriote).
Cette étymologie doit i)révaloir sur toutes les
autres qui ont été produites ; aussi je ne re-
présenterai plus mes arguments en laveur
dune explication ^SiVplaXois, langage du plat
pays. — Je cite encore l'opinion de M. de
Chamburc (Glossaire du Morvan), qui rattache
le mot à patte, patauger, patouiller. •• Parler
patois » rendrait une idée analogue à celle de
bredoiiiller, barboter, patauger.
PATRAQUE, machine usée ou mal faite.
D'origine inconnue. On emploie particulière-
ment ce terme pour une montre de pou de
valeur ; cela fait penser à y voir une expres-
sion burlesque et populaire, empruntée à
patraque, terme populaire p. pomme de terre,
à cûuso de la ressemblance de forme. Le peu-
ple dit de môme pour une montre épaisse, à
l'ancienne mode, un oignon.
PÂTRE, voy. pasteur.
PATRIARCHE, h.patriarcha, gr.Trarjsii^x'»?-
— D. patriarcal, -at.
PATRIE, L. patria. — Le mot est étranger
à l'ancienne langue.
PATRIMOINE, L. patrimonium, d'où l'adj.
patrimonial.
PATRIOTE vient, avec modification du sens,
du gr. :rarjOidiTïï;, compatriote. — D. patrio-
tique, -isme.
PATRON, protecteur, maître, L. patronus,
— L'acception « modèle » qu'a prise le mot
patron (ail. patrone, angl. pattorn) repose sur
une métaphore ; le modèle impose la loi ou
prête son assistance comme un patron. —
D. patronal, -âge, -at ; verbe patronner.
PATROUILLE, forme primitive patouille,
\t. pattuglia, esp. patruUa; subst. du verbe
patouillëy', patrouiller, qui a eu et a encore,
dans les patois, la môme valeur» que ^o/aif^cr
(v. c. m.) ; comme ce dernier, il vient de
patte, terme vulgaire p. pied. — Patrouiller,
terme militaire, est donc une expression pure-
ment populaire p. faire la ronde ou le guet ;
pr. marcher gravement au pas.
PATTE ; ce synonyme de pied appartient à
la racine jjo^ ou pot, largement répandue dans
les langues européennes avec la signification
de chose plate, de pied, de marcher. Nous ne
rappellerons ici qiie le gr. %&roi, pied, Tratstv,
marcher; vha pad, mba. pata, bas-ail. pote,
ail. mod. pfote, patte ; L. jyed (nom. pes p.
peds), pied = sanscrit pada, m. s.; saxon
padden,pedden, marcher. De la même famille
relèvent les mots fv. pataud, patauger, patin,
patrouille. — La racine équivalente 2>/a^ n'est
qu'une variété àepat. — D. pattu.
TkTURË, posture* , L. pastura (pascere). —
D. pâturer, -âge, paturon (v. c. m.).
PATURON, it. pasturale, dér. du vfr. pos-
ture, corde pour attacher les bêtes qui paissent
= it. pastoja, BL. pastoria (de pastum, supin
de^o^ci, paître). Le mot désigne pr. la partie
de la jambe du cheval où se mettait la 27as-
ture. L'ail, fessel a de même les deux accep-
tions. C'est au vfr. posture que se rattachent
aussi les composés empêtrer et déiuHrcr (voy.
ces motsj.
PAUME, L.palma (TT»\éciin). — D. paumer,
pr. frapper avec le plat de la main en signe
de la conclusion d'un marché, puis fixer la
mise à prix, d'où jfoumée, prix de l'adjudica-
tion dans une enchère ; ces valeurs des mots
paumer et jyaumée, très usuelles en Belgique,
manquent dans les dict. de l'Académie et de
Littré; ils ne portent que paujner, donner un
coup du plat de la main, et mesurer avec la
paume. — Le Jeu de pawne a reçu son nom
parce que primitivement, on lançait la balle
non avec une raquette, mais avec la paume de
la main. — D. paumelle.
PAUMELLE, espèce d'oi^e, de L. palma, à
cause de la ressemblance des épis avec une
petite palme.
PAUPÉRISME, néologisme tiré du L. pau-
per, pauvre.
PAUPIÈRE, en vfr. aussi pauperre. palpre,
papière, li.palpébra, esp. pdlpebra; les mots
correspondants des divers dialectes romans (et
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PAV
— 382 —
PEA
ils sont nombreux) peuvent se diviser en
deux classes ; les uns tiennent à L. jtalpcbra
(e tantôt long, tantôt bref, les autres à L.paU
vetra. Notre terme usuel français peut se
ramener aux deux types latins, Ve de leur
finale étant tonique ; vfr. palpre accuse, par
contre, l'accentuation de la première syllabe.
PAUSS, L. pausa, gr. Trav?» (do Traujiv, ces-
ser). — D. panser (BL. pausaré)^ àont 2}0ser
n'est qu'une modification de forme.
PAUVRE, vfr. votre ^ L. paupcr, -eris, —
D. j>awt*re<, pauvresse; pauvreté, L. pauper-
tatem ; appauvrir,
PAUX, pieux, plur. de pal, L. palus.
PAVANE, danse, vient, dit-on, de l'it. pa-
vana, que l'on considère comme une abrévia-
tion de padovana (donc pr. danse de Padoue).
Comme la pavane est une danse espagnole,
mieux vaut peut-être l'étym. pavanus\ adj.
do pavus = pavo; donc danse où les danseurs
font la roue l'un devant l'autre comme les
paons font avec leurs queues.
PAVANER (SE;, voy. paon.
PAVER, du L. jjavire, avec changement de
conjugaison (cp. tussire, fr. tousser). — D.
pave; parement, L. pavimentum ; dépaver.
PAVILLON, tente, tenture, drapeau, éten-
dard, it. padiglione, sarde papaglioni, esp.
pabellon, prov. pabalhô, du L. papilioncm,
qui a le sens de tentorium, tabernaculum,
dans Lampridius et les auteurs do la basse
latinité.
PAVOIS, bouclier, it. pavcsc (aussi palvcse),
esp. paves; d'après Ferrari, de Pavie, où ces
boucliers se confectionnaient particidiôrc-
ment. Diez rappelle aussi les formes valaques
2)avëzC\ hongrois pais et bohème paweza.
Chevallet allègue le gallois ^^a^Ta*^*, bouclier,
dér. de 7?aîT?, ce qui est entre deux, ce qui
s'interpose; il cite aussi le bret. imvez, =
pavois, mais je crois que l'étym. Pavie doit
l)^ valoir, surtout en présence du vfr. j)aviois
(Rom. do Troie : •« dosoz le \\\di\\u\cpai'iois «),
(pli réjjond à paviensis. L'ancicime forme
paveschc (d'où jmvesché, muni «l'un pavois,
mot fréquent dans Froissart) accuse pour type
la (orme paviscus , qui convient aussi à. pavois.
— D. du radical pav : verbe pavier (t. de ma-
rine) ; de pavais" j}avois : jff^^ciser et jmve-
sade.
PAVOT. Le thème yjac peut tenir au L. pa-
paver; il est possible que ce dernier, la syl-
labe initiale ayant été prise pour réduplica-
tive, ait laissé une forme pavei*, qui est en
elFct colle du provençal. Dicz, cependant, rap-
pelle aussi les formes ags. papi(), }K*pff/,
angl. poppy, cymr. 2}abi. Cp. aussi les formes
2}apou (Berry) et ;;a/>î (Normandie). Voici
comment M. Brachet rattache notre mot à
2wpaver. D'abord 2)ci2)ave, puis pa-ave, paauc,
2taoe, 2if^o, paot, enfin, par intercalation de r,
pavot. Cette enfilade de formes n'est pas pré-
cisément contraire aux règles (bien que l'on
ne connaisse aucun autre exenq)le de la syn-
cope du 2^ médial), mais, à coup sûr, peu
vraisemblable. — D'après Tobler (Orôb.
Ztschr., IV, 375, note), pavot vient du L.;>a-
paver, par l'apocope do la finale er, laissant
I)Our thème pa2}av, devenu d'abord ptavau,
2/av(), puis, par confusion de la finale avec le
suffixe ot, 2>(i^'ot; cp. vfr. chaillot, pierre à
paver, coexistant avo'î chaillau.
PAYEN. \oy. païen.
PATER, ït.paf/are, esp , port, pa^ar, prov.
pagar, 2^<^y<i^\ da L. 2^^^<^^^* apaiser, satis-
faire, en BL. = solvere, exsolvere. Une mé-
taphore analogue est au fond des mots quitte
et acquitter. « Pago e detto de jh^^^ latino
che vale concorde, perciochô il debitore,
quando paga il suo creitore, lo contenta et
quasi (a, 2Juce con lui •» (Aearisio). — D.subst.
verbal paye; 2io.ycur, payemaU.
PAYS,it./;a6'5c, esp., port, païs, prov.;)a<?5,
représente un type latin pagense, dérivé do
2)agus, canton; pr. le plat pays, le village,
opposé à la ville; cp. prov. liages, BL./xz^oi-
sis, paysan. — Le caractère adjectival de
2)agensis perce encore dans le mot ^>ay*, fém.
payse (= compatriote, né dans la même loca-
lité), usuel dans les campagnes. — 1). paysage,
2jaysan, it. 2)ciesa no, dépayser.
PAYSAGE, voy. j>at/5. — D. paysagiste.
PAYSAN, voy. /jav/s.
PEAGE, prov. 2)6^atge, ït. pedaggio, esp.
2)eage, hL. i^dagiuin, dQ2)es,pedis. " Pedagia
dicuntur quaî dantur a transeuntibus « (Bre-
viloquus). C'est donc la redevancx3 des pas-
sants, pr. des piétons. — D. ijcagcr.
PEAU, anc. peJ, L. ;yc'//w. — A la forme
ancienne itel ressort issent les dérivés : pt'/^r,
ôter la peau (v. c. m.). — L'adjectif L. pelli-
cius a donné le subst. ;Wiwe, et la forme ulté-
rieure ;;f//ic/ar/u.ç a produit le fr. peaucicr
2)eaussiei\ prov. jiellicier.
PEAUSSIER, voy. 7>faif. — D. peausserie.
1 . PEAUTRE, dans la locution envoyer qqn.
au peautre. Le dictionnaire do Trévoux fait
venir ce mot du bas-breton, où, dit-il, l'on
appelle ainsi les mauvaises filles ou les mau-
vaises gens. Johaniieau pense que le mot est
p. c'peantre et que le sens de la locution est
équivalent à envoyer paître. Roquefort inter-
prète peautre \)nv Won de débauche. Enfin, l'on
a prétendu à l'aventure que peautre se disait
autrefois du gouvernail d'un bateau, et que do
là vient l'adj. héraldique peautre dans : dau-
2)hin d'azur 2)eautré d'or, au gouvernail, c-
à-d. à la (pieue d'or (voy. peautre 2). — '^^^]^
cela est avancé sans aucune preuve ; aussi je
laisserai la question indécise, sans cependant
me priver do la satisfaction d'émettre iino
conjecture. En Champagne, 2>(i^^^^f^ signifie
lit ou paillasse; no serait-ce pas noire mot,
de sorte que « envoyer qqn. au peautre «no
dirait autre chose que s'en débarrasser en l'en-
voyant coucher ? Or, piautre méfait l'efTet d'être
X^.'^ poutre et = l'ail. 2>olstcr (voy. poltron). Il
se peut que le mot impliquât l'idée de maii-
vais grabat et qu'il s'y attachât ainsi celle do
misère ; de \fi lanc. jicunl raille, canaille.
2. PEAUTRE. étain, puis sorte de fard ; it.
pcUro, esp. pcllre, vfr espeautrc (sorte de
métiil). C'est du fr. que viennent néerl.
2jiauter, angl. 2M^wter. — Si, comme le pense
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PÉD
— 383 —
PEL
Litti'é, la source du mot est le nord, piùtr,
étain, il faut plutôt admettre que peltro
etpeltrc viennent depeautre; nous aurions ici
un nouveau cas d un changement de an en el
ou a/, comme celui noté sous calme. — D.
le t. de hIaiSOD. peautré^ qui se dit des poissons
dont la queue est d'un tout autre émail que
celui du corps.
PBC (hareng) t salé ; dégagé du néerl. pekel^
angl. pickle, ail. 2^kel ot pikel^ eau salée.
PBCCABLB, capable de pécher, tiré du
verbe L. peccare^ d'où les médecins ont aussi
fait leur terme peccant «=* vicieux.
PECCADILLE, de l'it. peccadiglio, esp.
pecàdillo^ dimin. de Fit. peccato^ esp. pecado
= L. peccatum^ fr. péché.
PECOAVI, mot latin, = j'ai péché.
1. PÊCHE, subst. verbal ào pécher.
2. PÊCHE, fruit (du fr. vient angl. 2)each),
it. pesca^ contraction de persicay esp. persigo,
2)riscoy al-pei'sico, port, pesego^ prov. pesega,
ail pfirsich, dM L. pcrsicu7n, pr. fruit persan.
— D. j)écher.
PÉCHER, L. peccare. — D. péché =
L. prccatum ; pécheur^ -eresse.
PECHER, anc. pescher, L. piscari (piscis).
— I). pêche, pécJLCur^ -e7'ie.
PÉCORE, it. pccora, du L. pecora^ plur. de
2)ccus. bête de troupeau.
PECQUE, sotte, impertinente ; c'est le fém.
du vfr. et prov. ^x'c, sot, niais, lequel vient
prob. du L. pecus, bête (cp. le champ, peque,
mauvais olicval).
PECTORAL, L.pectoraJis fpoctus) ; le môme
mot latin a fait, dans le fr. du fonds commun,
poitrail; de môme le type latin ijeclorina o.
donné régulièrement le subst. poitrine.
PÉCULAT, L. i)ecHJatus.
PÉCULE, L. 2)eculium^ avoir, épargne.
PÉCUNE, L. pecunia. — D. pécuniaire,
L. ])ocuniaris;/>c'a(/i/c't{^, L. pccuniosus.
PÉDAGOGUE, gr. a;<iCa/w/Oi, pr. conducteur
d'enfant. — V, pàlagogiCf -ique.
PÉDALE, L. peclaiis [lycii).
PÉDANT, de Vît. pédante. Ce dernier signi-
fiait dans le principe pédagogue, instructeur;
c'est une forme participiale d'un verbe inusité
2J((.*darc, romanisation du gr, Trxioïûnv. Diez
allègue en faveur de cette étymologie, du
reste fort plausible en elle môme, le passage
suivant de Varchi (Ercol., p. 60, éd. de 1570),
que nous traduisons en fr. ; - Quand j'étais
jeune, les personnes chargées de l'instruction
et de la conduite des enfants, ne s'appelaient
pas comme aujourd'hui 7><?c/a«/*, ni par un
mot grcf pahif/of/f\ mais par un voc4iblc plus
horrible ripitilori. » La signification actuelle
du mot se déduit aisément du sens primitif.
La pente est ici fort douce, et Voltaire aurait
pu réserver l'exclamation suivante à dos cas
plus saillants que le ncMre : « Que de termes
éloignés de leur origine ! Pédant, qui signi-
fiait instructeur de la jeunesse, est devenu
une injure. «
PÉDESTRE, L. pcdcstris (pes). Voy. aussi
piètre.
PÉDICURE, qui a soin des pieds (qui pedes
curât).
.PEIGNE, vfr. pigne, it. pettine, esp. peine,
port, pente, prov. 2i(i^^che^ du L. pecten, pec-
tinis. — D. peigner^ L. pectinare, d'où pei-
gnoir., -eur, -ures.
PEINDRE, \'îr.poindre{c^. le wall. de Liège
pond)., prov. penher^ du L. pingero. — Du
supin latin pictum viennent : L. pictor^ prov.
2)ictor, 2^ifitor, ït. pittore, pintore, ft. pkintrb
(pour la facture du mot fr., cp. chantre^ pâtre
de cantor,pastor) \pictura., ^roY. pinctura^ fr.
PKiNTLRE. Les formes nasalisées sont l'effet
d'une adaptation au part, passé du verbe, qui
est 2i(^i*i^ ! adaptation motivée par le précé-
dent do teinture.^ L. tinctura. Il est permis
du reste aussi d'admettre l'ancienne existence
d'une forme latine rustique pmctor,^;/nca<ra,
PEINE, vfr. poine, du L. j)(^^(^ (;r9iv»f), —
D. ;;r//îa/, L. pœnalis; pénible (v. c. m.),
peiner.
PEINTRE, voy. peindre.
PEINTURE, voy. peindre. — D. peinturer.
PÉJORATIF, du L. j^^yamre (pojor), em-
pirer
PÉKIN, aussi 2^éqiiin, t. d'injure dans le
langage militaire. Ne serait-ce pas un diminu-
tif de />cc, sot, niais, imbécile, renseigné sous
ppcqiief D'autres ont pensé à l'esp. ^^i«'«,
petit. D'après Littré, dQ2)ékin, étoffe do soie
qui, .sous l'Kmpire, était beaucoup portée en
pantalon et qui tire son nom de Pékin, capi-
tale de la Chine. Pour d'autres explications
conjecturales sur l'origine de notre mot, je
renvoie au suppl. de Littré. — Depuis que
ces conjectures ont été imprimées, un bien-
veillant lecteur, ancien ami du maréchal
Excelmans, m'écrivit, d'après une communi-
cation de celui-ci, que le mot d'injure pékin a
surgi en 1790, le 14 juillet, à la fête de la
Fédération, où se trouvaient réunis les dépu-
tés de Vannée et les députéw de cantons. D'une
ville chinoise, Canton, à une aiitre ville chi-
noise, Pékin, il n'y a pas loin et l'on comprend
que la plaisanterie ait converti les » députés
do cantons »» en «* députés de Pékin ", puis
en Pékin tout court. Jusqu'à preuve du con-
traire, j'ai lieu de tenir cette solution histo-
rique du problème qui nous occupe, pour tout
à fait digne de crédit.
PELADE, direct, tiré du prov. pelada, dér,
de L. ;>i/M5, poil.
PELAGE, couleur du poil ; dér. do /;i7a5,
PELE-MELE, anc. aussi mesle-pesle, ynesle-
inesle; le terme pèle est peut-être un mot do
pure fantaisie créé par assimilation à mêle.
Ou faut-il y voir, avec Diez, le mot pelle 9
Mêler ou remuer avec la pelle t Littré pense
que oui, et rapproche le t. rural pelleverser,
labourer à la bêche.
PELER, esp., port., prôv. pelar, it. ji^^<^^^i
co verbe signifie à la fois ôter le poil et ôter
\'A 2*caH. Il faut donc le rattacher pour cer-
taines acceptions à pilas, pour d'autres à ;>c/-
lis. — D. pelade, chute des cheveux (v. c. m.);
pelure, pelauder, peloter, battre, étriller, cp.
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PEN
— 384 —
PEN
les expressions ail. stch ranfcHt se battre (pr.
s'arracher, soit la peau ou lo poil), et sich
baîfjfçn, m. s., de ba/r;, peau.
PÈLERIN, prov. ^^e/ev/rin, it. pelhgrino^
esp. pereffrino, du L. peregrinus^ qui va à
l'étranger, litt. à travers champs (pcr o^ro*).
Une inscription do Tan 360 a déjà la forme
pelegriyius. — Du roman viennent l'ail. /?2/^cr,
2)iîgrim, angl. piîgrim. — D. pèlerine, nom
d*un ajustement de femme ; pèlerinage,
PÉLICAN, L. pelicamis (îrîiixàv).
PSLISSE, voy. peau. — D. pelisson,
PELLE, vfr. ^;e/e, p)^^^^ J*-» ^sp., prov.
pala, du L. pdla, m. s. — D. pellce, pelletée,
pellcrée; dim. peleite, pelleron; verbe jyeller
et son dim. pelleter,
PELLETIER, formé de pel (2Jeait) ; cp. p.
le suffixe bijou'tier, brique-tier, graine-iier,
2)ane-tier, etc. — D. pelleterie.
PELLICULE, L. ijelHciila, dim. depellis,
PELOTE, boule, it. pillotta, esp., port ,
prov. pelota; dér. du L. pila, m. s Déjà les
gloses d'Isidore ont les formes pilotel lus (esp.
2)elotilla). — D. j)elo(er , peloton (v. ces mots).
PELOTER, 1. mettre en peloton, jouer à la
balle, de pelote; 2. battre, de jfcler (y. c. m.).
PELOTON, dim. do pelote; au tig. petit
nombre de personnes ramas.sées et jointes en-
semble, petit corps de troupes. — D. ])elo-
tonner,
PELOUSE, gazon à herbe épaisse et coui-to.
»« Le mot n'est pas ancien en français, dit
G. Paris (Rom., X, 46;; c'est sans doute un
terme de jardinage emprunté à un patois
(d'un pays où on avait appris à donner au
gazon cet aspect uni et serré qui caractérise
la pelouse); l'anc. fr. avait l'adj. peleus, pe-
leuse; on trouve môme le subst. jjeleus e=i lieu
couvert de gazon ». De L. pilosus, poilu,
serré, fourré.
PELU, prov. pelut, autre forme de^yoUu,
PELUCHE, it. peluccio, pehizsu, dér. du
L. jnliis, poil. Cp. esp. pelusa (anc. j^clusa,
cat. ^>c7îf55a), le duvet des fruits. Du français
l'ail, a fait plicsch, — D. 2)elucher, épduchcr
(V c. m.).
PELURE, Yoj. peler.
PENAILLE, dér. du L. pannus, drap,
étoffe; cp. en ail. lumiien-volk, m. s. de lum-
jten, guenille, lambeau. — D. jjenailhm. —
Anc. on disait anss'i peneaux p. bardes, hail-
lons (d'un iy^Q2)a7inellus).
PENAL, L. 2ice>^ctlis. — D. j)^^àlité.
PENARD. libertin, du L. ;x'mw.
PÉNATES, L.2y€fiates(dG2>enu, intérieur).
PENAUD (autr. peneiix), qui est en peine,
embarrassé ; de peine. 11 n'est pas impossible
cependant que le mot soit formé .sous l'in-
fluence de vfr. penant *= pénitent; donc pr.
qui fait une mine de pénitent.
PENCHER, prov. pengar, p)^^^Jcir, d'un type
L. ^x';?(/îca7-c, dér.' do pendei^e, pendre. —
D. 2i<^'^^chant.
PENDANT, Yoj.2^endre.
PENDELOQUE, vfr. paidiloche, mot formé
avec loque (voy. breloque) et lo verbe 2icndre.
PENDENTIF, dér. savant dépendant.
PENDILLER, prov. 2*endeillar, d'un type
latin 2^f*^idiculare.
PENDRE, du L. 2^cndere^ tant do celui do
la deuxième que de celui de la troisième con-
jug. ; car lo verbe fr. réunit les acceptions
transitive et intransitive. — D. 2)entc (v. c.
m.); 2)cndable, -ard; pendaison (c'est le seul
subst. en aison qui soit fait d'un verbe do
la quatnème conjug. française); pendant,
1 . subst. ■- chose suspendue ou à quoi l'on
suspend ; puis en peinture, pièce pareille à
une autre, métaphore tirée de l'égalité de
deux pendants d'oreilles; 2. prép. et conj.,
cp. durant; l'expression ^xvu/a/^^ V orage veut
dire litt. « pendento t^mpestate, l'orage pla-
nant, étant encore suspendu au-dessus de
nous » ; — pcndcine, penderoles, pendiller
(v. c. m ).
PENDULE, 1. masc du L. j)cndulum, s. c.
pondus, poids suspendu; 2. fém., ellipse p.
horloge à pendule.
PÊNE d'une sernire; Roquefort identifie
ce mot au L. j)enis; il peut être dans lo vrai,
car les ouvriers no sont pas moins imagina-
tifs que peu chastes dans leurs termes méta-
phoriques. Ce[)endant, comme on disait anc.
2)esle 2>élf, qui est le L. pesstdus, barre,
verrou, il est plus probable que 2^àne est une
forme altérée dc2yéle.
PÉNÉTRER, L. 2y('netrarc.
PÉNIBLE, voy. 2>et;ï^. Pénible ei2)aisible
.sont les deux seuls cas du suffise ible appliqué
à des substantifs ; l'ancienne langue donnait
àjw/;7e6/6 le sens de dur à \d. peine.
PÉNIL, vfr. 2^oinil, 2^onil, d'un type pecti-
nilis, dér. du L. 2^^^en, employé dans le
même sens par Juvénal (« inguina jam pectine
nigro n) et par Pline. Ce qui vient à l'appui
de cette étym., ce sont les formes prov. pax-
chenil, it. jypttignone, esp. emjyeinc.
PÉNINSULE, L. pœninsula, litt. traduit
par notre fr. 2iJ'esquile; c\i. pénombre.
PÉNITENT (vfr. 2^<'ncant, 2^cnant), L. ;?a?-
nitentem; subst. 2^^^^^^ence (vfr. ;)(7?tr«;<c/',
2>cnance), L. 7>rr»eïe;i^m. — D. 2^ènitenticl ,
lien itencier, 2>én iten tiaire .
PENNE, L ;>fî7nïa. — D. panache (v. c.
m.); 2wnnage = plumage ; pennon (v. c. m );
cmpennci'.
PENNON, étendard à longue queue, prov.
2^€nô, it. ;)<'?nîow<?, esp. ^itv/c/ou. Entre les
trois étymologies possibles : j;aï7?2W5, 2^cndcre
et 7)e;7??e, Diez se décide, par des raisons pho-
nétiques, pour la dernière. Quant à la fonno
esp. 2tcnd(in, elle no fait pas obstacle à cette
manière de voir, puisque nous trouvons dans
cette langue aussi pendola p. L pcnnula. Lo
sens étymologique de 7>c?nîo?î est donc la
flamme ou banderole de la lance, comparée à
une plume. Lo mot signifiait autr. aussi la
plume qui garnit la baguette d'une flèclie. —
D. dim. pennonccau (panache) = it. ^;e?27îon-
ccllo.
PÉNOMBRE, d'un type L. 2^cen-umbra =
presqii'ombre.
PENSÉE, subst. particip. de 2^cnsei\ — 11
est difficile de dire ce qui a valu ce nom à la
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PEP
— 38S —
PER
viola tricolor (cp. le nom du n£ V oubliez pas).
Les Angl. expriment le nom do la fleur par
paiisj/ {hiïc. jyaunce),
PENSER, du L. pensare, pr. peser, fréq.
de pendere. Ce verbe latin pcnsare s'est trans-
mis au roman sous une double forme, dont
une se rattache au sens propre et i)hysique.
l'autre au sens figuré et moral ; 1 . peser (v. o.
m.); 2, penser ^ esp., poit., ^vov, pensar^ it.
patsare. Pour le rapport logique entre jyeser
et]}ejtser, cp. en ail. wàr/en et crwàgcn. Pen-
ser, c'est donc pr. peser, apprécier à leur juste
valeur les rapports que les idées ont entre
elles. — D. penser^ infinit, subst. ; pensée (y,
c. m.), penseur y pensif {\svo\, pensûi y \t. j)en-
sivo). — Le composé latin perpeiid^re a fourni
l'angl. perpend, examiner, considérer, et, par
le supin peiyensum, le prov. perpcnsar^ per-
pesar, auquel répondait le vfr. pourpenser et
s'apourpenser, réfléchir (le préfixe pour est
souvent substitué au L. i)*yr). — Voy. aussi le
verbe panser» variété orthographique de
2)ensei\
PENSION, pr. payement, somme payée,
puis paiticulièrement somme payée pour l'en-
ireticn d'une personne; du L. j^ensionetnij^n-
dere). — D. pensionnaire^ -at, pensionner»
pourvoir d'une pension.
PENSUM, mot latin, = tâche; litt. la pesée
de laine qu'une esclave devait filer en un jour.
— Voy. aussi le mot poids.
PENTA-, en composition (ex. j^cntagone»
pentaruHre» etc.), du gr. ttîvti, cinq.
PENTE, subst. verbal participial àeiiendre»
d'un type barbare pendita; cp. vente, tente»
rente.
PENTECÔTE, L. pentccoste» du grec ttjvtî-
r.o-jT^» s. e. »3>j/5a, cinquantième jour (après
Pâques). La forme pentecnste est devenue, par
contraction, en ail. et en holL, resp. pfi7iç-
sien et pinkster.
PENTURE, p. panture» du L. pandey-e,
étendre, par le supin barbare lyanditum f
PÉNULTIÈME, h.pœn'uJlimus»Yivesc\\\e le
dernier ; composé ante-pc'nulti^mc. La termi-
naison a été assimilée à celle des autres nom-
bres ordinaux, qui répond à un type L. -esi-
mus, es*mus.
PÉNURIE, L. pe^iuria» manque de vivres.
PÉON, soldat à pied aux Indes, mot esp.
correspondant à l'it. pedone, \iroy. pezo»pcon»
fr. pion (v. c. m.); du L. pedo» -onis.
PEPERIN, tuf volcaniqiie, = it. pcpcrino,
ainsi nommé à cause do la ressemblance des
petits charbons semés dans ces tufs avec des
grains de poivre.
PEPIE, prov. pppida, it. pipita, esp. pe-
pita, pevidCypivide» du h. pituita» m. s., con-
verti de bonne heure en pivita, puis (par un
changement insolite de v en ])) en pipita. Le
milanais, par syncope, en a fait jniida» puis
pïœida. Le vha. avait jihiphis» phepis» le nlia.
dit phipps» pipps» l'angl. pi p.
PÉPIER, L. pipiare» piauler, vagir.
PEPIN. Frisch pense que le mot ne signi-
fiait dans le principe que le pépin des courges
et qu'il faut y voir un dérivé du L. pepo
(ffî;r«v;, melon (cp. le mot esp. pepino, con-
combre). Cette opinion est très plausible ; le
mot noyau ne signifie en premier lieu non
plus que le noyau de la noix. Diez remarque
la coïncidencxî dos significations pépie et pcpin
dans l'it. ^^/ptVa et l'esp. pepita ; cela indique-
t-il une communauté d'origine? — D. pépi-
nière.
PÉPINIÈRE, voy. pepipi. — D. pépinié-
)*iste.
PÉQUm, voy. pékin.
PERCALE, toile de coton plus fine que le
calicot. Mot d'origine persane. — D. perca-
line.
PERCEPTEUR, L. perceptor (qui percipit);
perception, L. perceptio; perceptible; tous
iovmés àe percejytum y supin du verbe />crci-
jiere» lequel, traité d'après la troisième conjug.
latine, a donné le vfr. 2^^^Çoivre» et» traité
d'après la deuxième, la forme actuelle perce-
voir.
PERCER (d'où Tangl. picrce)» picard ^^r-
chiei% prov. perçar; d'après l'opinion de Mé-
nage, reproduite par Diez, c'est une contrac-
tion du vieux verbe pertuisier» prov. pertu-
sar» it pertugiare. Ce dernier est formé de
pertusus» participe àe pertundere» perforer.
— Si le L. aiite ou plutôt le cps. abante a pu
donner avancer» il m'avait semblé qu'il ne se-
rait pas si téméraire de faire procéder le mot
percer de per» ou plutôt de pei'-s (s adverbial),
et j'avais, dès ma première éd., avancé cett^
étymologie comme une modeste conjecture.
Bien qu'elle fût jugée digne d'attention par
Littré, qui l'appuie de l'expression de Rabelais
•• percer un fossé ••, j'y renonce, surtout à
cause de la fonne picarde perchier» dont le
ch ne concorde pas avec un ty|>e lat. 'pei'sare;
le mot avança*» dont je faisais état, ne pro-
cède pas d'un élément adverbial s ajouté au
thème ab-ant» mais du type barbare abantiare.
— Littré avait aussi relevé une glose de
Festus : j^^sicus = praeacutus, mais, nous
venons de le voir, il est diflfîcilo de partir d'un
thème ])ers; j'accorde toutefois qu'un type
persicare no serait pas contrarié par la forme
pic. jyerchier. — l'ne nouvelle explication
s'est fait jour depuis ma dernière édition ;
c'est celle de M. Bartsch (Grôb. Ztschr., II,
309). Il admet pour base de 2>^c<^ "«^ ^JV^
j)t)*itiare» tiré de perire» au sens de l'anc.
trespassor = traverser, ]^nétrer. Pour la
signification, il rappelle la transformation
française que l'on a fait subir au primitif
celtique qui est au fond du nom de Pcrceval»
et qui à son tour a déterminé le nom de Pei'-
ccforcst; pour la lettre, il se prévaut do l'ana-
logie de fr. camcnchier» comcncier issu do
cvm -f- initiare. G. Paris (Rom , VII, 630)
oppose à cette solution de la question par
peritiare» que cette forme constitue une fic-
tion monstrueuse et nullement analogue à
initiare, qui procôdo du subst. initium» en-
suite que l'idée primitive de « aller à travers »
inhérente ii perire s'était déjà eflacécen latin.
D'ailleurs, M. Paris no croit pas devoir abau-
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PÉR
— 386
PER
donner définitivement l'ét. pertusiare, qui a
régulièrement pu se conjuguer en vfr. au
présent de rind.,de la façon suivante ipertuis,
pertidscSf pertuiset^ pertsœis (= perçons),
pertsies (= percez), periuisent, — Composé
transpercer,
PERCEVOIR, voy. perception. Cps. (i-j)er'
cevoir.
1. PERGflE, esp., port, jtercha, prov.
pciya^peiya, 'it.])ertica,diih.pei*tica (pert'ca^
pcrca), — I) perchei', se poser sur une i^er-
che -^pe^'chis.
2. PERCHE, poisson, L. perça (tt!©/»?).
PERCHER, voy. perche.
PERCLUS. L. perclusus (inus.), = entiè-
rement enfermé, privé de mouvement.
PERCUSSION, L. percussioneni (percutere).
PERCUTER, néolog., du L. percutere,
frapper.
PERDRE, L. 2)crdere. — D. perte, subst.
participial = L. jf^dita, perdition, L. per-
ditio; adj. perdahle.
PERDREAU, dimin. ài^ perdrix ; îovmé du
thème perd à la façon de lapereau.
PERDRI60N, anc. fr. perdit/ oine, sorte de
pruno noire, d'après Roulin (Liltré, Suppl.)
du village de Perdigon, province do Zamora,
Espagne.
PERDRIX, vfr. perdis, pietris, it. perdice,
pcrnice, esp., prov. perdis, &ngl. partridge,
du L. perdiccm (nip^i^) avec insertion de r.
— T). pn'dreau (v. c. m.).
PÈRE, prov. paire, du L. patrem (nom.
pattrr).
PERE6RINER, L. pcrcgrinari (voy. pèlc-
rinK — I). piWgrination.
PÉRÉGRINITÉ. L. pcregrinitatnn.
PÉREMPTION, L. pcremptioncn (de p^n-i-
mcrc, détruire, = fr. périmer). — Fcrcmp'
toire, L. peremptorius, litt. qui abat, qui
renvei-so.
PEREQUATION. L. pa-'œçuationeni, égali-
sation paifaite, répartition équitable.
PERFECTIBLE, adj., fait du L. perfectum,
supin de jterficere, parfaire, perfectionner.
PERFECTION, L. perfectionem. — D. per-
frcli())}iirr.
PERFIDE, L. pcr-fidus (qui transgresse la
fui); subst. perfidie, L. perlidia.
PERFORER. L. pcr-forare.
PÉRICARDE, gr. TTî/si/.à/scioi, qui entoure le
cœur. — D. pn-icardite.
PERICARPE, gr. mpixàpTtiov, qui entoure
le fruit.
PÉRICLITER, L pericJitariliiencxûum).
PÉRIL, prov. jjerilh, du L. periculum. —
D. pfh-illeux, L. periculosus.
PÉRIMER (mot savant j, L. j^crimere, pr.
anéantir. ^
PERIMETRE, gr. Tiipi-^srpo'j, ligne qui me-
sure le circuit d'un corps.
PjiiRIODE, L. pjciHodus, gr. 7rs,of-9oo5. pr.
chemin autour, circuit, contour, puis cours,
révolution d'un astre, époque, période. Dans
lo sons du mot en rhétorique, Cicéron tradui-
sit ce terme grec i)ar ambitns verborutn. —
Le mot fr. prend le genre masculin, quand il
s'apprupio à un point (ordin. le plus haut
point ou ])oint culminant) ou à un espace de
temps indéterminé. — D. périodique, d'où
périodicité.
PÉRIPÉTIE, gr. TtipiTtïriKo^, subst. del'adj.
TtirATzirr.if tombé ou tombant autour; la, lyéri-
pétie est étymolojçiquement un mot analogue
à catastrophe, litt. = renversement. C'est un
événement subit, imprévu, amenant le dénoù-
ment d'une action dramatique.
PERIPHERIE, gr. Tztpi-fi'iu'x, traduit exac-
tement par lo L. circum-ferentia , circonfé-
rence.
PÉRIPHRASE, gr. md-^po^,,;, Utt. == lat.
circnmlocHtio^ circonlocution.
PÉRIR, L. j^er-irc. — La valeur radicale
de l'élément ir = L. ire (racine i — aller}
s'est effacée, et cet élément est réduit au nMe
de simple terminaison conjugative ; cp. issir
do exire. Autr. périr avait aussi le sens actif
de faire mourir. — D. périssable.
PERISTYLE, gr. TzgpiyrvUv (de mpi^ autour
-}- TTû/o.-, colonne).
PERLE, vfr. pelle, it., esp., prov. perla,
port, perula, vha. perala, berala, ags.,angl.
pearl, BL. perula {i^losea disid.). On peut
balancer entre L. jnrula {de pirutn, ït. pera),
petite poire (cp. bacca = baie et perle j et pi-
lula, i)etito bille (/ changé en r). D'autres ont
vu dans pci^le une modification de perna,
sorte do coquille, et en effet les Napolitains et
les Sicjlions disent ;MT;7apour/>^r/a, et en it.
pcniocchia veut dire nacre. Mais comment
l)ort. pcruîa et vha. perala saccommodo-
raient-ils do l'étym. perna f Un quatrième
])arti enfin propose une origine do sphœrida,
BL. .tpirida. — D. perlé, poêler.
PERMANENT, L. per-manenteni. — D. pci*-
maiicncc.
PERMEABLE, L.per-meabilis = par où l'on
peut passer [pcr-meare). — D. impertnéable.
PERMETTRE, L. jier-mittere (litt. laisser
pjisser), d'où, par le supin permissum : per-
missionem, fr. po^iission; permissum, fr.
permis
PERMISSION, voy. permettre. — D. per-
tu issiunmir, permissionnaire.
PERMUTER, L. pcr-mutare. — D.permu-
tation, pei'mutable.
PERNICIEUX, L. pcrniciosHS frac. nex).
PÉRONNELLE, femme sotte et babillarde,
par syncope, du prénom Pétronelle.
PERORER, L. per-orare, 1. discourir, trai-
t<îr une question d'une manière complète,
2. terminer un discours ; c'est à c^ deuxième
sons classique, étranger au verbe fr., que s©
raj)porto lcsubst.^>tTorawo«, L. perorationem.
1. PÉROT, baliveau qui a l'âge de deux
coupes ; dim. de père; on dit aussi parle nièmo
tropo, tayon, pr. grand-père.
2. PEROT, perroquet, voy. pem^oquct,
PERPENDIOULE, L. perpeadiculum, fil à
plomb. — D. perpendiculaire, -arité.
PERPÉTRER, L. per-petrare (patrare).
PERPETUEL, BL. perpétuai is, oxtoasion
de perpétuas; yevhe perpétuer, L. porpotuare
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PER
— 387 —
PES
(d'où perpétuation) ; subst. perpétuité, L. per-
petuitatem.
PIIPLEXE, L. per-plexus, compliqué, em-
brouillé. — D. perplexité, L. perplexitatem.
PBRQUISITBUK.-TION, L.perquisUor,'tio.
PERRÉ, PERRIÈRE, voy. pierre,
PERRIQUE, voy. sons perruque,
PERRON, voy. piei^e,
PERROQUET, it. pan-occhetto, esp. péri-
quito. Selon les uns, de parochus, paroissien,
le perroquet étant envisagé comme l'oiseau
favori du clergé (voy. papegai). D'autres, par-
tant de la forme espagnole pmco, primitif de
periquito, expliquent celle-ci par petit Pierre
ou pierrot (cp. margot = pie, etxî.). Cette éty-
mologie convient très bien à l'angl. parrot et
fr. pérot, Diez se borne à citer ces deux opi-
nions, mais il ne se prononce pas. Pour ma
part, je considère perroquet comme un dimin.
de perruche, et ce dernier comme une variété
de perruque (v. c. m.). C'est donc pr. l'oiseau
à perruque. Je sais bien que la huppe n'est
pas précisément un caractère distinctif du
perroquet, mais les noms vulgaires des ani-
maux ne sont pas fondés sur des définitions
scientifiques rigoureuses. On n'a qu'à compa-
rer les formes it. ,esp. et fr. aux formes corres-
pondantes pour pet'ntque (it. parrucca, esp.
perico, toupet et perruche, fr. pennique) pour
incliner \K>nv ma manière de voir. Quant â la
signification maritime du mot, on peut con-
jecturer, dit Littré, que l'idée de capuchon, de
perruque (cp. l'équivalent it. pappafico, pr.
capuchon), de perroquet, a suggéré cette
dénomination.
PERRUCHE, voy. perroquet.
PERRUQUE; ce mot que lou rencontre
pour la première fois dans Coquillart, parait
être d'importation italienne. Dans cette langue,
on trouve parrucca et perrucca, coiffure à
longues boucles. Nous n'approuvons pas l'éty-
mologie mise en avant par Wachter et d'après
laquelle perruœa viendrait du grec nùp^ixoi,
fauve, jaune, jiarce que les premières {)erru-
ques étaient faites de cheveux blonds, couleur
fort estimée des llomains. Les formes sicil.,
sarde />///<cc«, lomb. pchich, esp. pcluca
engagent à se rallier à l'avis de Diez qui rap-
porte le mot au subst. L. piliis, poil, cheveu.
On voit le môme suffixe «c, appliqué au
même radical, dans it. piluccare, prov. pelu-
car, fr. é-plucher, — Mais d'où vient l'esp.
perico, toupet, dim. peiHquito, peiToquet?
Est-ce le même radical pil poiii*vu d'un autre
suffixe? — \).2)erruquier.
PERS, bleu, violet, BL. persus, persicus,
** color ad caaruleum vel ad persici mali colo-
rcm acce»lens ».
PERSE, toile de lin peinte, de la Perse,
l)ays d'origine.
PERSÉCUTER, d'un type L. pei-secutare,
fréq. de per-sequi (voy. poursuivre) ; cp. exé-
cuter de exsequi. Du supin persecutum : les
subst. persécuter, -tio, îv, persécuteur, persé-
cution.
PERSÉVÉRER, L. pet^-severare, pr. ne pas
quitter son sérieux (severus), son ardeur, res-
ter inflexible jusqu'au bout. — D. persévérant,
-ancc,
PERSICOT, dér. du L. persicum, pêche.
PERSIENNE, contrevents & jour, ainsi nom-
més, dit-on, parce que c'est de oette façon
que les croisées sont fermées en dehors en
Perse.
PERSIFLER, L. per-sibiîare* , mot de créa-
tion nouvelle. — D. persiflage.
PERSIL, vfr. pierresil^ it. petroselïo, -sel-
lino, esp. perejil, port, perrexil, prov. pey-
ressilhy ail. petersilie, angl. parsley, du
L. petroselinum, gr. wirooaéitvov, litt. ache
des rochers, opp. à û^po^Uivov, ache aquatique.
Notez en vfr. et dans les patois du Nord la
forme présin (p. persin, à Liège piersin, cp.
V. flam. persyn) =1 persil, — D. persillade,
PERSISTER, L. pei^-sistere. — D. persis-
tant, d'où persistance,
PERSONNE, L. persona, pr. masque que
portaient les acteurs, puis, par métonymie,
rôle d'un acteur, personnage représenté par
lui ; enfin, le mot a fini par représenter en
général l'idée d'individualité, de personnalité.
— Le mot personne est ainsi devenu le syno-
nyme de homo, de sorte que ne-personne
équivaut à netno. — D. personnage, pr. per-
sonne avec égard au rôle qu'elle joue dans une
composition dramatique ou dans le monde;
personnel, &dj, et subst. (d'où personnalité,
-aliser) ; personnifier* (d'où personnification),
traiter une chose abstraite ou inanimée comme
une pei'sonne vivante.
PERSPECTIF, PERSPECTIVE, du L, pers-
pectum, supin de per-spicere, voir à travers.
PERSPICACE, L. perspicax, qui a la vue
pénétrante. — D. perspicacité, L. perspica-
citatem.
PERSPICUITÉ, L. perspicuitatcm, transpa-
rence, clarté (de l'adj. perspicuus),
PERSUADER (mot savant), L. per-suadere,
dont le supin persuasum est la base des dér.
persuasion, L. persuasionem, persuasible, L.
persuasibilis, persuasif.
PERTE, voy. perdre. — Les formes vfr.
jperde, prov. pcrda, sont des subst. verbaux
tii-és directement du radical perd.
PERTINENT, L. per-tinens, qui appartient
à, qui se rapporte à, convenable. — Ù.pcrti'
nence ;impertitwnt(y, c. m.).
PERTUIS, trou, ouverture, passage, du
L. pertusus (ou plutôt d'une forme barbare
jjertusius), percé, troué, part, depertundere.
— D. pcrtuiser (t. vieilli), voy. percer,
PERTUISANE, voy. sous partisan,
PERTURBATEUR, -ATION, h. perturbator,
-ati'jnem.
PERVENCHE, L. pervinca.
PERVERS, voy. l'art, suiv.
PERVERTIR, L. per-vertere, dont le part.
pei'-versus a donné pervers, d'où perversité,
L. -itatem. — l). perversion, L. porversionem.
PESANT, voy. peser. — D. vfr. pesance,
ennui, affliction; pesanteur (cp. puanteur de
puant) ; verbe appesantir.
PESER, 1. sens actif, examiner le poids,
2. sens neutre, avoir du poids. D'un type latin
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PET
— 388 —
PEU
paisare, fréq. de pendere. Au sens actif se
rapportent les dér. pesage^ peseur, pesée; au
sens neutre, Tadj. part, pesant et le subst.
peson, contrepoids. — Voy. aussi penseï* et
poids,
PESSAIBS, L. pessarium, m. s., dér. de
pessum (TTia^ov), m. s.
FESSE, sapin, du L. picea (àepix^ poix).
PESSIMISME, -ISTE, qui voit tout comme
allant très mal, du L. pessimiis, très mauvais.
PESTE, L. pestis, — D. verbe pester, se
rattachant au mot peste, en tant qu'interjec-
tion de la répugnance ou de l'indignation ;
pestilait, L. pestilens ; pertifère, L. pestifer,
d'où pestiféré, infecté de peste.
PESTILENT, voy. peste. — D, pestilence,
L. pestilentia, d'où pestilentiel.
PET, voy. péter.
PÉTALE, gr. ^riraÀ'ov, feuille.
PÉTARD, voy. péter. — D. pétarder.
PÉTAUDIÈRE, pr. la cour du roi Pétaud,
assemblée confuse où tout lo monde est maî-
tre. On prétend que l'expression « la cour du
roi Pétaud » désigne pr. une assemblée do
gueux, de mendiants, et que Pétaud est un
terme burlesque formé du L. petere deman-
der, mendier. Littré pense que Pétaud signi-
fie pr. péteur, et il en fournit un exemple tiré
de Des Accords.
PÉTÉCHIES, it. petecchie, esp. petequias;
d'après Littré, de peste, étymol. contraire à la
forme et qu'un pestichiœ isolé du xvi* s. no
suffit pas à confirmer; d'après Dicz, du plur.
gr. wiTTàxia, petites pièces ou mouches, en-
duites d'onguent, qui servaient d'emplâtres;
cp. L. pittacium, emplâtre.
PÉTÉR; ce verbe est prob. dérivé de pet,
de sorte qu'il ne faut pas prendre ce dernier
pour le subst. verbal de péter. Or, le subst.
pet, it. peto, représente le L. peditutn = cré-
pi tus ventris, qui, lui, est le subst. partici-
pial du verbe pedei-e. Rabelais, pour repro-
duire ce dernier, orthographiait arbitraire-
ment ^(/er. De pederc, le vfr. avait îdixt poire
(subj. poie). — h. pétarade, pétard, péteur
ou jnfteux, pétiller, éclater avec un petit biiiit
réitéré (v. c. m.).
PÉTILLER. Je pense qu'il faut distinguer
deux homonymes. L'un est le diminutif de
péter; il s'applique dans les expressions «« le
bois pétille dans le feu •», et sembl. C'est ce
pétiller-c'i qui, par une métaphore naturelle
(transport des j)erceptions de louïe à celles do
la vue), a donné Tadj. pétillant = brillant; le
verbe éclater ofire une métaphore du mémo
genre. — Dans l'emploi de pétiller = être
impatient, ardent (« pétiller de joie, d'indigna-
tion »), lo verbe est synonyme do trépigner,
sautiller, j)iétiner; on peut le rattacher au
L. pcs, 2)cdis, fr. pied (le t ne serait pas plus
anomal ici que dans empiéta', piétiner, peton
et piéton), ou bien, ce qui est préférable, vu
l'ancienne orthographe pestiller(tvRéimt dans
Palsgravc, par paddyll, i)ataugcr, cp. wallon
pestelé, pitié, m. s.), au L. pistare. ït.pestare,
fouler, piétiner {depistum, supin dopinsere).
PETIT. Cet adjectif, d'après l'opinion très
probable de Diez, est, ainsi que le v. it. pitetlo,
petitto, prov. , cat. petit, n. prov. pitit,vfa\\.piti,
angl. petty, le rejeton d'une racine celtique
pit, signifiant qqch. de pointu et mincxî (cymr.
pid, pointe). A cette racine Dicz rapporte
encore esp. pito, petit bois pointu, vfr. pite,
nom d'une très petite monnaie (ici, Diez pour-
rait bien se tromper, v. c. m.), rouchi pete,
bagatelle, dial. de Cème pit^ peu, sarde pitieu,
petit, valaqiie pitic nain, vfr. peterin, i)etit et
faible. Quant au rapport logique entre pointu,
effilé et petit, on peut comparer l'it. piccolo,
petit, qui bien certainement vient de/wc, pointe.
Pour la terminaison, Diez j)ense que petit est
une modification euphonique de petet. Littré
.suppose que L. petilus, mince, grêle, est do
la mémo famille. — La vieille langue ti*aitait
petit aussi en adverbe, avec la valeur do peu.
Elle disait un petit p. un peu. Cette valeur
nous est restée dans les expressions 2)etit à
petit, gagne-petit, — D. jyeiitesse, apetissei\
rapetissa'. On avait autr. les dimin. ^jetitet,
petiet et jyetiot.
PÉTITION, L. petitionem (i>etere).— D.jx^/-
tionner, jjétitionnaire.
PETON, voy. pied.
PÉTONCLE, du L. pectunculus fpccten).
PÉTREL, oiseau de mer, de Petrus, i)ar
allusion à l'apôtre Pierre mai chant sur les
eaux. L'ail, dit petersvogel .
PÉTRIFIER, pr. rendre i)ierre, L. petrifî-
care* (petro). — D. pétrification.
'PiiîïirS,pestrin', du L. pistrinum, moulin
à blé, voy. pétrir. La locution « être dans le
pétrin « se rattache au L. pistrinum, dans le
sens fig. « endroit de travail p<^niblc, alTuiro
difficile, joug ». Cp. la phrase de Cicéron :
** tibimecumin eodem pistrinoestvivendum»,
il nous faudra travailler dans le môme mou-
lin, c.-à-d. traîner le même boulet.
PÉTRIR, anc. pestrir^ prov. pestrir, près-
tir; .selon Diez, d'un ty[io pisturire, formé du
L.pistu7'a (snhst. de p insère), action de mou-
dre le grain pour faire du pain. Comp. prov.
2)estre, it. pistorc, du L. piHor, boulanger.
Pour la syncope de Yu dan^pisturire, cp, cin-
trer de cinctura, it. scaltrire de scaljUura. —
Le mot pétrir n'éveille plus dans sa significa-
tion actuelle, comme le latin pistor, l'idée do
moudre lo grain, mais celle de remuer la
farine détrempée avec de l'eau; dans l'une
comme dans l'autre de ces optU'ations, cepen-
dant, subsiste toujours l'idée de broyer, écra-
ser. — D. pétrissage.
?tTB,OhE,hL. 2}etroleu7n (dépêtra, pierre,
et oleum, huile). — Des événements de péni-
ble mémoire on fait naitro le dérivé pétro-
leuse (cp. le néolog. dynamitard).
PETTO (IN), locution italienne, signifiant
litt. dans la poitrine, dans l'intérieur du cœur,
en secret. Ce subst. it. petto répond au h.pec-
tus.
PÉTULANT, L.petulans. — D. pétulance,
L. jKîtulantia.
PEU, vfr. j^au, poi, pou, po, prov. ^^aifc,
it., esp. poco, du L. paucus. L'anc. langu»
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PHI
— 389 —
PIA
employait encore le mot adjectivement, p. ex.
2)oie:>' choses = res paucas.
PEUCÉDAN, L. x>^^cedanum, gr. Trju/iôavov.
— D. peiicédanite^ t. de chimie.
1 . PEUPLE , vfr. jxnibie, peule, prov. 2^h1e,
esp. jnieùlOt du L. popuhis (it. popolo). —
D. jyeupJade; verbe jyettpler, emplir d'habi-
tants ; notez que notre fr. peupler dit le con-
traire du L. popiilari, qui équivaut à dépeu-
pler, dévaster.
2. PEUPLE, peuplier, L. popiilus, —
D. peuplier.
PEUPLIER, voy. peuple 2. — D. peuple-
raie.
PEUR, forme contracte de vfr. paour^
peeur, qui répond au L. pavcrrem. — I). peu-
reux (vfr. peiïreux).
PHAÉTON, sorte de petite voiture légère
et découverte, nommée ainsi par allusion au
cliar du soleil que Phaélhon voulut conduire.
Autr. on employait le mot dans le sens de
conducteur ou cocher.
PHALANGE, L. phalanx (?à)ay?), armée,
ordre de bataille. Les anatomistes ont, par
comparaison, nommé phalanges les trois par-
ties dont se compose chaque doigt, parce
qu elles sont rangées les unes à C(Mé des autres
comme des soldats en bataille. — D.pJmlan-
stère, néologisme créé par Fourier.
PHARE, du L. jjharus, m. s., pr. le nom
do l'ile do Pharos près d'Alexandrie, célèbre
par le phare qu'y lit construire le roi Ptolé-
méc-Philadelphe.
PHARMAGIE.gr. 5?«î/iiazîTov. dér. deoip/*a/o».
médicament. — D. pharmacien, — Du verbe
^a/9.aa>!!Ûîiv, donner des médicaments, vient
l'adj. ©Kî.ua/îuTKfif,-. fr. pharmaceutique. —
Pharmacopée, du gr fxofix/toTtoloc, prépara-
tion des médicaments. — Pharmacologie ^
scionre des médicaments.
PHARYNX, gr. ©àpjyi, m. s.
PHASE, L. jthasis, gr. yàîi,-, apparence,
manière de paraître (pi-nv).
PHÉBUS. style ampoulé et prétentieux.
Cette expression vient, dit-on, d*un ouvrage
de vénerie, écrit au xiv° siècle par le comte
Gaston de Foix, intitulé Miroir de Phéàus.
Il est plus probable que phébus = langage
d'un faux brillant, doit son nom au gr. yoISo,-,
brillant, comme Phébus, le surnom d'Apollon.
PHlKlNIX, du gr. ç)o£viç, nom d'un oiseau
fabuleux, pr. le rouge.
PHÉNOMÈNE, gr. o«iv6fitvov, chose qui se
présente, qui apparaît (^xhii^ai). — D. phé-
noménal,
PHILO-, devant les voyelles phil-, = qui
aime, du grec ^Moi, ami. Ce mot est devenu,
dans la langue moderne, un élément de com-
position très usuel, d'après le précédent de
compositions grecques telles que oiiàva/j'uTro,-,
^Cnmtoi, etc. Nous recueillons ici les princi-
paux de ces composés : Philanthrope, gr.
c.c>àvap&i:r9c, ami de l'homme. — D. philan-
thropie, 'iqite^ -isme. — Philologue, gr.
çi>o7oyo;, ami de la littérature. — D. philo-
logie, -ique. — Philosophe, gr. fiià'so^oi.
ami de la sagesse. — D. philosophie, -ique,
-al ; philosopher, L.philosophari. — Dans les
composés modernes, on a préféré renverser
les termes : bibliophile, ami des livres, icono-
phile, amateur d'images. Ce procédé est con-
forme aux précédents de bibliographe, géo-
graphe, etc. Génin a eu tort de trop s'en
formaliser, en rappelant que, d'après l'usage
grec, 6iW/o^^î/e signifierait «aimé des livres»
comme théophile veut dire « aimé de Dieu ».
Les mots se forgent d'après des impressions
vivantes et non pas d'après le sens antique.
Il faut accepter ce fait.
PHILTRE, L. 2)hiltrum, gr. fllrpov, litt.
moyen de se faire aimer.
PHOQUE, du L. phoca (v^z>}).
PHOSPHATE, terme de chimie, arbitraire-
ment forgé sur la base phosph du mot phos-
phore.
PHOSPHORE, gr. ?ûi»?o>95, qui porte la
lumière, qui éclaire. — D. phosphoriqtie,
phosphorescence.
PHOTOGRAPHE, néologisme, = qui fait
des dessins (ypâpstv) au moyen de la lumière
(î>6i, ç)«To;). — D. photographie, -ique, -ier,
— Photogravure, gravure fait© d'après un
procédé photographique.
PHRASE, L. phrasis, du gr. ypà^i; (de
9joàJîiv, dire). — D. phrases*. — Phraséologie,
pr. science relative à la stnicture de la
phrase.
PHRÉNÉ3IE, voy. frénésie.
PHRÉNOLOGIE, pr. science de l'esprit (jp/^^'v).
PHTISIE, gr. ^&(9iî Me ç>&:-iiv, disparaître,
se consumer). — D. phtisique (vfr. tisique).
PHYLLOXERA, genre d'insectes, dont une
espèce s'attaque particulièrement à la racine
de la vigne et la fait périr ; le naturaliste qui
a créé ce terme doit avoir eu l'intention de lui
faire dire « dessèche-feuille », puisqu'il a em-
ployé les éléments grecs sO/iov, feuille et t^poi,
sec.
PHYSIOLOGIE, .science) de la nature (ou^i;).
PHYSIONOMIE, du grec pu^oyvw^fa' (Sto-
bée), forme écourtée de ç>uTi9yv«/i9vta, l'art de
celui qui juge (yvwjuojv) d'après les qualités
naturelles (^Û7i;) ; part, l'art de juger du natu-
rel de quelqu'un par l'inspection des traits du
visage (on emploie dans ce sens encore le
terme physiogywynonie). Par métonymie, le
terme a fini par s'appliquer aux traits du
visage même pris dans leur ensemble. —
D. physionomiste.
PHYSIQUE, adj., gr. ç>u7«<);, naturel, de
5Û7i;. nature; subst.. litt. =» science de la
nature. -■ D. physicien.
PIAFFE, vaine somptuosité, ostentation;
subst. verbal de piaffer, faire le beau ou le
brave, d'où piaffeur. Grôber (Ztschr. X, 293)
conteste avec raison l'opinion de Tobler qui
voyait dans piaffer une variété de pieffer ',
et dans celui-ci un dérivé de pief, pied, mo-
dification de piet ^cp. fief == fiet) ; il insiste sur
le caractère bissyllabique depia. Selon lui, le
mot se rattache à la même racine que pianner
Mu cri du dindon), piauler, piailler et autres;
il démontre, d'après un passage du sieur du
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PIC
— 390 —
PIÈ
Bartûs, La Semaine V, 827 (Le paon estoillé. . .
pïafard arrogant, d'une desniarche grave, fait
jmrade, etc ), qu'il s'est appliqué en premier
lieu au paon.
PIAILLER; le radical pi est onomatopée,
comme dans piau/er, h. pipire,jnpilaref etc.
— D. piailleur^ -erie,
1. PIANO, adv.» mot italien, signifiant dou-
cement (du L. planiis, uni, facile) ; c'est en
musique l'opposé de forte. Superlatif pianis-
simo. Après que le clavecin fut muni d'un
appareil permettant de distinguer les piano et
les forte, on désigna ces nouveaux instru-
ments par le nom de piano-forte ou forte-
piano ; puis en omettant le forte, on finit par
ÔATQ piano tout court.
2. PIANO, subst., nom d'instrument de mu-
sique, voy. l'art, préc. — D. pianino^ dérivé
italien ; pianiste, pianoter.
PIASTRE, monnaie italienne et espagnole ;
de rit. piastra, pr. lame de métal, plaque.
PIAULER, voj. piailler. — D. piaulardris,
1 . PIC, oiseau, L picus (de la même racine
que l'équivalent ail. s-pecht). Le mot latin
pica, qui est la forme féminine depiats, a
donné le fr. pie. — Composé : pivei't p. pic-
vert, esp., it. pico verde,
2. PIC, 1 . instrument pointu ; 2. montagne
à sommet pointu. La raci ne ^ic, «■ pointe, est
fort répandue dans les langues de l'Europe.
C'est à elle aussi que se rapporte le mot pré-
cédent, pic, l'oiseau au bec pointu, ou qui
pique dans l'écorce des arbres. — L'expression
tailler à pic, c.-à-d. verticalement, équivaut
à la façon de parler « couper au couteau »,
c.-à-d. couper net, sans aspérité, à ras, —
D,piqi(e, piquer, picot, pioche, etc.
PICHENETTE, pic. pihenote, chiquenaude.
D'origine inconnue.
PICHET, aussi picher (cp, angl. pitcher),
petit vase 4 bec, BL. picarium, bicariiim,
prov. pechier, pichier, vfr. pichier, v. It. pe-
chero, it. mod. bicchiere. Ces mots romans
sont identiques avec le vha. pehhar, nha.
bêcher, néerl. beher, etc., = gobelet; cp. gr.
^t/o«, vase à anse.
PICORER, aller en maraude, pr. voler du
bétail, du L, pccus, pecoris, bétail. Cette
étymologie de Diez ne m'inspire pas une
entière confiance. — D.picorée, esp. picwea.
PICOT, dér. deptc, chose pointue.
PICOTER, fréq. de piquer,
PICOTIN, ration d'avoine que l'on donne à
un cheval, de picoter; ce serait donc pr. ce
que l'on prend en une seule piquée. Je préfère
cette étymologie à celle deLeDuchat, qui pen-
sait que le mot vient de ce que le picotin (ici
pris comme le nom du vase) était communé-
ment enduit de poix (L. pix). De la Monnoye
dérive le mot de pichot = petit (cp. it. pic-^
colo et le mot familier fr. pichon = petit en-
fant). Si picotin = mesure, n'est pas déduit
de picotin «= portion d'avoine, mais plutôt ce
dernier du pi-emier, on pourrait rattacher le
mot au radical de pichet, — Ménage pensait à
paucum, un tantinet, donc picotinip,poquitin.
Dans Estienne, Deux Dialogues, on trouve
« iinpocotin de loisir », mais c'est un italia-
nisme.
1. PIE, subst., voy. pic. Nom de couleur
dans cheval-pie. — D. piette.
2. PIB, adj., dans « œuvre pie », du
L. pius, Voy. pieux.
PIÉÇA, il y a longtemps ; vieux mot com-
posé de pièce a, comme qui dirait pièce ds
temps il y a. Pièce pour temps, espace de
temps, est fréquent dans les anciens auteurs.
Montaigne encore disait : « bonne pièce avant
la venue de J. C. ». — Le mot piéçà dit le
contraire de naguère.
PlàCE, it. pezza, pièce d'étofie, pexzo,
morceau, esp. piesa, port, peça, prov. peza,
pessa. Ce mot roman se produit dès le
viu*^ siècle dans la latinité du moyen âge sous
la forme petium, petia, et avec le sens de mor-
ceau de terre On a produit, à son sujet, les
étymologies suivantes : 1 . Cymr. peth, chose,
moi"ceau, quantité, bret. péz, pièce, mor-
ceau, gaél. /)^05, m. s., mais jamais, observe
Diez, le roman z ne correspond à celt. th. 2.
Grec TTîJa, pied, bord, lisière; cette étymo-
logie grecque se recommande, outre la forme,
par la circonstance que le mot petium parait
avoir pris naissance en Italie. 3. Contraction
du BL. petacia, petacittm, panni fragmentum,
= it. petaccia, esp. pedazo, port, pedaço,
daco-rom. pétecuy prov pedâs, remplissage,
languedocien petas, d'où fr. rapetasser Cette
troisième manière de voir a pour elle la con-
formité de signification, mais il est difficile
d'admettre la contraction de pedazo enpezzo,
— On voit que l'origine du mot est encore
enveloppée d'obscurité. La source la plus
naturelle me semble être le primit'f (inusité)
du L. petiolus, petit pied (it. pezzolo), savoir
2)€tium, qui, dans la langue vulgaire, a fort
bien pu dégager la valeur de semelle, de chose
plate ou de chose d'une dimension analogue à
celle d'une trace de pied ou enfin celle d'em-
preinte. Or, petium est de la famille de pes,
pedis, à laquelle pourrait appartenir aussi le
susdit esp. pedazo, etc., puisque l'on trouve
en prov le mot peazo (lequel présuppose une
forme antérieure pedazo), avec le sens d'em-
preinte de pied. (Diez, il est vrai, dérive l'esp.
pedazo et ses correspondants du L.pittacium,
gr. TTirrâxiov, morceau de papier ou d'étoffe,
mais c'est là une opinion qui reste à vérifier).
Au surplus, la filiation logique « trace de
pied, empreinte, tache, pièce » ne serait pas
isolée dans la langue ; pour la transition de
l'idée marcher, fouler du pied, à celle de
tache, je ne citerai que L. macula (dim. de
maca*} d'une racine mac = frapper ; et pour
le passage de la notion tache à celle de mor-
ceau, l'ail, fleck qui signifie l'un et l'autre, et
le mot fr. tache lui-même, comparé au dérivé
rouchi tacon, pièce, morceau. A l'appui du
rapport que je suppose exister entre jotéce et
le L. pes, je me prévaudrai encore de la forme
pedica, qui se trouve employée par Anasta-
sius le Bibliotliécaire (ix° siècle) dans le sens
de pièce de terre. — Une autre conjecture
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PIÈ
— 391 —
PIL
pourrait aussi, mais avec moiiis de plausibilité,
faire fond sur la môme racine 7^// (devenue par
la perte de l'accent tonique joe^), d'où c'est pro-
duit petit (v. c. m. — D. vfr. peçoier, mettre
en pièces; dépecer; prov. despessar; rapiécer
it. rappezsare.
PIED, esp. pie, port., 'prov. pe, it. piede,
du L. pedcm (nom. pes). C'est sans doute à
l'ancienne orthographe piet qu'il faut attri-
buer la dérivation du subst. piéton (v. c. m.)
et des verbes piéter, piétiner, — Composé :
contre-pied y prov. contra-pes.
PIÉDESTAL, de l'it. piedestallo, composé
de piede, pied, et de siallo (vha. stal), base ;
donc pr. reposoir du pied, ail. fiiss-gestell.
PIEDOUCHB, t. d'architecture, petite base,
de rit. piedducciOf console, dim. de piede.
PIÈGE, it. piedica, du L. pedica (pes),
entrave, piège. — Pour la formation àe piège,
cp. vfr. miege de medicus.
1. PIERRE, prénom, L Petrus.gr.mrpoç»
pr. = rocher, traduction de l'hébreu Képhas.
— D. pierrot, 1. personnage du théâtre,
2. = moineau (v. c. m.).
2. PIERRE, fém., prov. petra, peira, cat.
pedra, esp. piedra, it. pietra; du L. petra
(cp. nourrir do nutrire). — D. piet^aiUe,
pierreux, L. petrosus ; pierrerie, pierrette,
pierrier, canon pour lancer des pierres ;
verbe empierrer. Dérivés conservant Ve radi-
cal non diphthongué : perridre = carrière ;
perron, prov. peiro, pegron, pr. escalier en
pierre.
PIERROT, moineau, dér. de Pierre; cp,
les appellations analogues : sansonnet, mar-
got, colas (corbeau), richard (geai), martin,
robert, fouquet.
PIETÉ, du L. pietâtem (it. pietà, esp. pie-
dad). — D. pitiétiste, -isme, (néologismcs). —
Voir aussi pitic.
PIÉTER, tenir pied ou faire tenir pied ; de
pied (v. cm.).
PIÉTINER, vfr. pietier, pietoier, remuer les
pieds, fouler, do piel\ pied.
PIÉTON, p. piédon, d'un type L. pedo,
'07iis (d'où it. pedone, esp. peon, prov. pezo,
peon). Le i p. d dans piéton vient prob.,
avons- nous dit sous pied, de l'ancienne ortho-
graphe piet ; d'autres cependant voient dans
le àéT\\é piéton un type L.pedito, -cmis, dér.
de pedes, -itis (cp. BL. peditare, aller à pied).
— Voy. aussi pion,
PIÈTRE ; on a proposé L. pedestris (ped*-
stris — pestris — piestre), donc pr. qui va à
pied, opposé à cavalier, puis synonyme de
chétif, misérable. Cette étymologie, quelque
peu discréditée par l'absence d'une anc. forme
piestre, a été réhabilitée depuis que l'on a
rencontré V&dj.peestre, avec le sons de notre
piètre, dans plusieurs passages do Gautier de
Coinci ; peeslre, par pïestre (cp . pion p. peon),
est régulièrement devenu piètre (cp. diable p.
dïable, lien p. lïen). Voy. Tobler, dans Kuhn
Ztschr., XXIII, 418. La forme monosylla-
bique piestre au sens do •» vulgaire, commun,
chétif»», est d'un fréquent retour dans les poé-
sies de Gille le Maisit do Tournai. Voy. mon
Etude Icxicol. sur cei auteur.
PIETTE, dim. d^pie 1.
PIEU, du vfr. ^ie/, forme diphthonguée do
pcl, modification de pal, L. palus.
PIEUX, adj., forme extensive de pie, répon-
dant à un type piosus.
PIEUVRE, poulpe ; d'un type polpus (p. poli-
pus), transposé enpoplus, d'où peuple, peuvre,
dÀphWiOïi^wé pieuiyre.
PIPPRE. Le premier sens de ce mot est fifre
(v. c. m.), dont il ne constitue qu'une variété.
De cette acception paraît s'être produite c^lle
de joufflu, c.-à-d. aux joues gonflées, bour-
souflé comme un fifre, puis celle de goulu, —
D. s'empiffrer.
PIGEON, vfr. pipiœi, pimon, it. pippione
et piccione, esp. pichon, prov. pijon, du L.
pipionetn (dér. de pipare, pipiré), — D. pi-
geonneau, pigeonnier.
PIGNE, fruit du pin, L. pinea (pinus). —
D. pignon 2.
PIGNOCHER, prob. une variété de épino-
cheTy qui se trouve consigné, avec le même
sens, dans Bescherelle. En le rapportant au
L. spina, on interprète ce verbe par « éplu-
cher scrupuleusement ce que l'on mango en
écartant les épines ou arêtes »» . — La parente
avec spina se confirme par le terme pigne-
rolle s= chardon étoile, qui selon toute appa-
rence vient de spina. Du reste, on prononce
aussi pinochei\
1 . PIGNON, it. pignone, dér. du L. pinna,
créneau de muraille. Le t. d'horlogerie a la
même origine.
2. PIGNON, voy. pigne,
PILASTRE, de l'it. pilastro, dér. du L.
pila, pilier.
1. PILE, auge servant à broyer, du L.
pila, mortier à piler.
2. PILE, Xsxs, amas, du L. pila, pilier,
motte do terre. — D. pilier, L. pilarium (do
là l'ail, pfciler, angl. pillar); pilot (v. cm.);
empiler. — Voy. aussi pilastre,
3. PILE, cùté d'une pièce de monnaie où
sont les armes du prince. L'origine de cette
expression n'est pas encore tirée au claii*. Les
conjectures, toutefois, ne font pas défaut.
Quelques-uns imaginent que pile est un vieux
mot gaulois signifiant navire, que l'on suppose
aussi être le primitif de pilote (v. c m.). Les
Romains représentaient en eflet un navire sur •
la monnaie, et, d'après Macrobe, les enfants
jouant à o'oix ou piie, criaient capita aut
navim, parce que les as portaient d'un côté
un Janus à deux têtes et de l'autre un navire.
De là vient qu'on disait autrefois en français
aussi chef et nef D'autres prétendent que sur
l'un des côtés de la monnaie royale il y avait
une croix et de Tautre des piliers ou un por-
tique (BL. pila). Nous abandonnons aux nu-
mismates la solution de ce problème étymolo-
gique.
PILER, broyer, it. pillare, du verbe L. pi-
lare, serrer, presser fortement, fouler, ou du
subst. pila, mortier à piler. — D,pilce, piloir^
pilon.
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PIL
392 —
PIM
PILIER, voy. pile 2.
PILLER, li.pigîiare^ esp., prov. pillar. soit
du \j. pilan: {i bref, ào piius, poil) == épilcr.
et métaplîor. — ^ dépouiller, piller, voler, soit
d'un autre verbe pilare H long) que l'on
trouve dans Animien avec le sens du composé
eX'inîare^ également = dépouiller. La per-
sistance de Yi dans les mots romans appuie la
dorniôre explication. Quant à 17 mouillé,
Diez pense qu'il pourrait avoir été motivé par
le désir de distinguer le verbe de l'Iiomonymc
pilc^\ broyer. A cause de 1'/ mouillé, j'ai cru
d'abord que les mots romans étaient formés
du h. peciiiari, = piller le fisc; mais je suis
d'avis que l'étymologie de Diez est tout à fait
acceptable, VI mouillé s'étant également pro-
duit, sans mémo qu'il y eût nécessité do le
distinguer d'un homonyme, dans un composé
de pilare^ savoir l'it. compif/liare (L. corn-pi-
lare, notre ccmipihr). — D. piUvtcr,
PILON, voy. pile. — D. pilonner.
PILORI, vfr. 2)ellori, pillorit, angl. pillory^
prov. espitlon\ port. 2)eloiirinho, Du Gange
rattacbe le mot à pilier; Grimm, au mha.
pfilaere, qui est la forme germanique dejnlier.
Cette étymologie ne concorde pas avec les mots
indiqués ; elle n'a pour elle que le BL. pilari-
ciim, mais, outre cette forme, le BL. présente
encore pilloHcmn, pellericiim, pellorium,
pilioriitm, spilorium. Ce qui fait que la véri-
table origine est encore à trouver . Le Voca-
bulaire d'Evreux, publié par Chassant, porte
collistriffium (carcan) ^pAlori. — Wedgwood
(Rom., VIII, 439, et dans son Dictionnaire),
sur la base du prov. espitlori et partant du
sens carcan, conjecture comme origine du
mot le catalan espitUcra (trou par où l'on
regarde, fenestrelle) , qu'il identifie avec
L. specularium. Ce .serait un terme populaire
fondé sur la comparaison du trou par lequel
le patient passe sa tête et contemple la foule,
hvec un obsen'atoire. — D'après Baist ((îrob.,
Ztschr., V, 23^3), le nom et la chose sont d'ori-
gine espagnole; pitmH serait ^wv pilai li (w),
dim. do jiil on (pilierj; le mot n'apparaît pas,
dit-il, avant le xin® s., mais, comme remarque
G. Paris, il est dans la Charette (xii* s.). —
D. pilorier.
PILOSBLLE, sorte d'herbe, en botan.
Hieracium pilosella, du L. pilosus, poilu ;
c'est « comme qui dirait peluette ou vcluette n
(Nicot).
PILOT, dér. de pile, colonne. — D. pilo-
tel', enfoncer des pilots, d'où pilotage,
pilotis,
PILOTE, it., esp., port, piloio, it. aussi
pilota; mot inexpliqué encore. Le néerl.
pijloot, que l'on pourrait au besoin analyser
en pijlen, mesurer la profondeur de l'eau, et
lood, fil à plomb, présenterait bien une
source convenable, mais Diez pense que le mot
néerl. est plutôt un emprunt fait au roman.
Il nous semble cependant difiîcilo de ne pas
admettre une connexité entre le néerl. pijl-
loot, piloot, pilot, et l'équivalent ail. lootse,
lothse, angl. lodesman, dan. loods, néerl.
loots, lootsman. Cette manière de voir est cor-
roborée par le verbe piloter, employé par
Palsgrave dans le sens de sonder. L'étymolo-
gie tirée d'un vieux mot français pile ==
navire (voy. pile 3^ est une étymologie en
l'air, car il n'y a nulle trace de l'existence de
ce primitif. — La filière étiiblie par Ménage :
prorita (gv. 7r/»w,/j/,T>j,- (sic), qui dirige la proue)
— pirofa — pilota, est tout aussi arbitraire.
— M. Breusing, dans son étude « Die Spracho
des deutiîchen Seemanns »«, a soumis à un
examen spécial les applications diverses faites
du mot pilote, en paya roman et germanique,
depuis la première apparition de ce terme, au
xiii** s. (dans les parages de la Méditerranée;,
ainsi que les nombreuses tentatives (sérieuses
et aventureuses) faites pour en découvrir l'éty-
mologie. Quant à celles-ci, il est amené à les
rejeter toutes et surtout à nier toute parenté
avec le germ. lootse, lootsman, en alléguant
des raisons puisées dans la science nautique
aussi bien que dans la phonétique, et conclut
en proposant l'étymologie suivante, que lui
suggère la coexistence en Italie des formes
pedota et pelota. En grec, le gouvernail se
dit TTvjoov et nîî^â>i9v; ne peut-on pas en infé-
rer l'existence, dans les bas temps de la gré-
cité, des dérivés nïjo'WTïj,-, 7rr.oat)i<i)T>j,-? D'après
le précédent du gr. Iciùr/]; = it. idiota, un it.
pedota = TTïjoojTv?; est acceptable, mais mes
connaissances linguistiques ne me permettent
pas de décider si de Trïjiaii-w-nj; a pu se déga-
ger it. pilota f — D. piloter, -âge.
PILOTER. -IS, voy. pilot et jiilote.
PILULE, lé. pilula, dim. de pila, boule.
PIMART, nom d'oiseau, du L. picus mar-
tius,
PIMBÊCHE, femme impertinente, qui se
donne des aii*s do hauteur. D'origine incon-
nue. Riclielet, qui ôciït painbèche, entend par
c^ mot une femme fainéante à qui il faut
mettre le pain au bec. Pour Génin, la com-
tesse do Pimbêche de Racine est la comtesse
do pincC'bec ou du bec pincé; il identifie le
mot avec e^pimieche du Ménagier de Paris,
soi^te de sauce au verjus, qui faisait pincer le
bec. Qu'on nous pardonne la citation de ces
jeux d'esprit.
PIMENT, vfr. piument, esp. pimieyito, du
L. pigmeiUum (pingere), matière colorante,
suc dos plantes dont on fait des couleurs ; dans
la moyenne latinité == épice, aromate, aussi
= boisson composée de miel, de vin et de
diverses espèces d'épices. Les médecins ont le
terme jjigment p. matière colorante de la
peau. — D. pimentade, sauce au piment.
PIMPANT, du prov. pimpar,pipar, rendre
pimpant, pomponner. Dans le Roman de la
Rose, je trouve pipelé au sens d'orné. Le ra-
dical est pip, mais que signifie-t-il? Est-ce le
même que celui de 2^ip6 et pipeau avec l'idée
d'allécher, tromper? Oudin définit ^ piper en
une chose w pnr y exceller.
PIMPESOUÉE, d'après Auger. un composé
do jjimpcr (voy. jii^npant) et l'adj. soiief (sua-
vis), doux; Génin explique pimpesouée par
« une agréable ix)uponne »»; il voit dtinspimpe
l'it. bimbo, biinba, poupée, et dans soiiée.
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PIN
393
PIP
comme Auger, le fém. du vieil adj. souef, —
Le maso, pimpcsoité se trouve dans les patois
avec lo sens de fat, précieux, ridicule.
FIMPRENELLE, it. pimpinella, esp. pim-
pwe/a, ail. pimpemeÛ (le terme scientifique
est « pimpinella saxifraga «); onj voit géné-
ralement une corruption de bipennelia p. tn-
penmila, = à doux ailes. Les formes cat
jjampineUa, piém. pampînela, font supposer
une dérivation depampinus ; mais quel est lo
rapport qui puisse justifier cette dérivation?
PIN, L. pinus, — D. pviaie, L. pinetum ;
pinastre, pinier, pigne. (v. c. m.); pinine,
résine du pin; acide pinique^ pinasse (v. c.
m.); pweaji, sorte de raisin noir, qui par sa
forme et par l'entassement de ses grains les
uns sur les autres, ressemble à une pomme de
2)in (Le Duchat).
PINACLE, L. pinnacidum (pinna).
PINASSE, sorte d'embarcation, it. pinaccia,
angl. pinnace^ du L. pinus, 1. pin, 2. navire
(de bois de pin).
PINOE, voy. pincer. — "D.pincette.
?JNCEàÀJ3,pincel\\irov,pimel, ail. pinsel,
du L. peniciÛum (dim. do penis)^ queue, pin-
ceau. L'angl. pendit crayon, est le même
mot. — D. pincelier ; pinceauter.
PINCER; ce verbe est une variété nasalisée
du wallon pissi^ it. (Venise) pizsare. Notez
encore les formes dérivatives it. pizzicare,
valaque pitzigà, piscà, cat. pissigar, esp.
pizcar. La source directe de ces vocables
parait être le néerl. pitsen^ ail. pfetzen,
pfitzen, pincer, serrer, tenailler, qui est un
rejeton sans dout^ de la rac. pit, pointu, indi-
quée sous 2)<?^iï. — D subst. verbal pî'nce, nom
de l'agent et do l'action, esp. pinzas (plur.),
cp. it. 7)mjo, ii\^w\\\oïi\ pincée, pinçon, mar-
que sur la peau quand on a été pincé. Compo-
sés : épincer, d'où épincclcr; j)i'>ice-maiUe,
PINCETTE, voy ^j^tnc^. — D. jnncetey.
PINEAU, voy. p>i.
PINGK)UIN ou pingidn; d'origine douteuse :
d'après Clusius, du L. pingitis (cp. le terme
ail. fetl-ganSf oie grasse) ; d'après Roulin, le
mot s'appliquait d'abord à des oiseaux à « tête
blanche, hvet. pen gwenn ».
PINGRE ; je ne connais pas l'origine de ce
mot, dont la signification, du reste, n'est pas
encore fixée (« avare, méticuleux, malin,
effronté, de mauvaise mine »» ; Littré ne lui
reconnaît que celle d'avare). On peut penser
au L. piger^ vfr. pigre^ lâche, misérable, ou à
pingiiis, gras, grossier, lourd. Fournier
avance (sans preuves) que pingre a signifié
juif, usurier, et qu'il vient do pingre^
épingle, parce que les juifs étaient accusés
d'enfoncer des épingles dans la chair des
enfants .
PINNE, dans le composé pinne-marijic, gr.
7rfvv>j, m. s. — D. pinnier.
PINQUE, esp. pingue, pinco; le même mot
que le néerl. et angl. pink, ail. jdnke, dont
l'origine est douteuse. On a proposé un type
pinica^ pinca^ dér. de h.piniis^ vaisseau (cp.
pinasse), mais on réclame une étymologie se
rapportant à un des caractères dîstinctifs de
lapinquc. Le v. flam. espink ost p. esp-pinke
pinque en bois de peuplier.
PINSON, anc. pinçon, ït. pincione, esp. pin-
Z071, pinchon, du cymr. pinc, gai, pinson (cp.
le nom d'oiseau geai). Lo même radical a pro-
duit pinche, petit sagouin, et pinchard,
espèce de pinson. — Le radical pinc est-il
congénère avec l'ail, fink^ angl. finch =î pin-
son ? Grimm rattAcho ceux-ci par rapport au
plumage à la racine fi^ik, ftink, exprimant
luire, briller.
PINTADE, de Ycsp. pintado, bigarré, part,
do pintar (= L. "pictare), peindre, bigarrer,
à cause du plumage do cet oiseau. Le nom du
pintail. faisan de mer, a la même origine.
PINTE, mesure de liquide. En espagnol,
pinta signifie aussi marque, signe; or, cepiitta
vient de pintar, peindre, marquer. Pinte est
donc prob. = chose marquée, jaugée ; cp. le
mot marc, pr. marque, poids, puis nom d'un
certain poids. — D. pinter (cp. chopiner, de
chopi7ie). Dans la Suisse romande pinte est
synonyme de cabaret.
PIOCHE, prob. p. picoche, dér. de pic (cp.
vfr. piasse, sorte de hache, p. picasse). —
D. piocher, travailler à la pioche, fig. travail-
ler avec ardeur ; piochet (v. c. m.).
PIOCHET, grimpereau, à^ pioche; cp. son
nom ail. baum-hàchcl, qui pioche les arbres.
PIOLÉ, dér, de pie, l'oiseau à deux cou-
leurs. — Les étym. picidatus «« piqueté,
tacheté (Ménage) et pipio, pigeon, cp. l'expr.
gorge de pigeon (M. de Croissandeau) ne mé-
ritent aucun crédit.
1 . PION, anc. péon, it. pedone, esp. peon ;
pr. homme de pied, puis fantassin. Du L. pedo,
■onis, — D. pionnier, vfr. peonier, prov.
pezonier, d'abord fantassin en général, puis
spécial, fantassin occupé aux tranchées et
autres travaux de siège.
2. PION, t. du jeu des échecs (vfr. peon,
aussi, selon la fluctuation habituelle de la
voyelle on syllabe atone protonique, poon,
paon); c'est le même mot que le préc, cp. en
mha. fhzde, vende, pr. fantassin (auj. pion se
dit en ail. bauer, pr. paysan). Il faut écarter,
je pense, l'étymologie /)aon.
PIONNIER, voy. pion 1 .
PIOT, boisson, vin, dér. du vieux verbe
pier, chopiner. qui parait être plaisamment
formé d'après le gr. (infin. aor.; itnlv, Cp.
trinquer, de Tall. irinken,
PIOUPIOU, t. populaire = fantassin; re-
doublement àepiou (pion)?
PIPE, ït,pipa, prov. pimpa, nl.pijp, angl.
pipe ; en premier lieu chalumeau pour siffler,
à l'usage des oiseleurs, puis tuyau en général,
d'où découlent les différentes acceptions
modernes. Le mot avec sa signification fon-
cière « sifflet d'oiseleur «. représente le subst.
verbal du verbe piper, contrefaire la voix des
oiseaux pour les prendre, = L. pipare, qui
exprime le cri des oiseaux. Du roman pipa
l'ail, a (sLÏtpfifa, auj. pfeife, m. s. — D. pi-
peau, chalumeau. — Voy. aussi pi»o^
PIPER, contrefaire la voix des oiseaux
pour les prendre, puis prendre èl la pipée, au
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PIQ
— 394 —
PIS
fip, c= tromper; voy. pipe. — D. pipée,
2jipan\ pipei'ie ; pipct^ oiseau qui prend les
mouches.
PIPISR, le môme mot (\uepcpier.
1 . PIQUE, dér. de la rac. pic (v. c. m.). —
D. piquet, 1. petit pieu, 2. fig. un certain
nombre de fantassins établi (pr. piqué) dans
un endroit, op. les termes planton, poste.
D'après Littré, ce dernier sens vient, par
catachrèse, de celui de • pieu grand et fort
dont on se sert dans un camp pour tenir les
chevaux à l'attache ». Ce serait donc une
troupe dont les chevaux sont réunis autour
du même piquet.
2. PIQUE, brouillerie, voy. piquer.
PIQUE-NIQUE, repas où chaque convive
paye son écot ou apporte son plat, angl. pick-
nich. Le mot est-il d'importation anglaise?
Nous ne le savons pas. Ménage s'abstient d'es-
sayer aucune étymologie et se borne à dire que
le mot est d'introduction récente. Roquefort
pose carrément la singulière explication que
voici : pick an each, mots anglais, auxquels
il prête la prononciation pick-en-ich, et la va-
leur « repas où chacun est piqué, où chacun
a sa taille particulière ". Génin, s'il n'est pas
dans le vrai, est infiniment plus spirituel.
Prenant pour point de départ du subst. actuel
l'ancienne tournure adverbiale (souper) à
pique-nique, il définit cette dernière en ces
termes : « faire un repas dans lequel aucun des
convives n'est redevable de rien à son voisin,
où il y a parfaite égalité de position et de
maintien ; à pique, mauvaise humeur, bou-
derie, on oppose nique (v. c. m.), clin de l'œil
en signe de moquerie ou de mépris ; tu me
piques, je te nique, partant quittes». Le phi-
lologue français n'y voit qu'une de ces expres-
sions familières et sonores, telles que « à bon
chat bon rat », « à bien attaqué, bien
défendu ». C'est, dit-il, partie et revanche;
c'est l'expression de l'équilibre, do l'égalité
entre les parties. — Boniface interprète le mot
par - repas où chacun pique au i)lat pour sa
nique » (nique pris dans le sens de petite mon-
naie). — Littré dit que le mot est anglais et
se compose de to pick, saisir, prendre, et
nick, point, instant, et il ajoute que cette
étym. dispense de toutes celles qui ont été
faites ; malheureusement, cette explication est
obscure. Wedgwood passe le mot sous silence;
MUller dit que, si le terme est originellement
anglais, il faut partir des mots pick et nick
(ce qui n'est pas douteux), mais il ne dit pas
dans quel sens ; pick se comprend (c'est cueil-
lir, prendre), mais nick a plusieurs significa-
tions : instant précis, point nommé, tromper,
coche, cran, dont aucune ne se présente favo-
rablement.
PIQUER, dér. de la racine pic (v. c. m.);
angl. pick, hW.picken, it. picchiare, cat. , esp.,
port., prov. picar. Pour la loc. se piquer do
qqch. = la prendre de mauvaise part, s'en
fâcher, elle est analogue à celle de s'offenser
de qqch., pr. = se blesser de qqch. Je com-
prends moins bien l'emploi pronominal de
notre verbe au sens de «« se glorifier, se van-
ter ». — D. pique, fâcherie, brouillerie;
j^/^jm»^,. subst,, pointe d'un ç\\fiVi\oi\\ piquant,
adj. = qui pique, qui mord, qui frapjKî, en
général qui produit une impression vive, tan-
tôt agréable, tantôt désagréable; piquette,
mauvais vin; ptqueur, pr. qui pique (aiguil-
lonne) les chevaux ou les ouvriers; piqûre;
picoter, d'où picotement.
PIQUET, voy. piqite. — D. piqueter. — Le
nom du jeu de piquet est, dit on, celui de son
inventeur.
PIRATE, L. pirata, du grec itupàTra, pr.
qui tente la fortune (sur mer), aventurier, —
D. piraterie, pirater.
PIRE, du L. péjor; l'anc. langue n'em-
ployait ce mot qu'au cas-sujet ; pour les cas-
obliques, elle se servait de pîeur, qui répond
au L. pejôrem (it. pe^gioi'e, esp. pcor,. —
D. empirer.
PIROGUE, aussi piraugue, esp. piragua,
mot d'origine caraïbe.
PIROUETTE (le mot n'est pas antérieur au
XV® siècle), dim. d'un subst. inusité ptrow, que
Frisch prend pour un composé de pied (dial.
pi) et de roue, donc = roue tournant sur un
pied, Diez pourptcc (radical de pivot) -\- roue.
Voy. aussi pivot. — Pour Caix (GrOber,
Ztschr., I, 277). les deux éléments de la com-
position sont j)^''* + "fouette. Le thème pir
désigne des objets qui tournent autour d'eux-
mêmes à l'instar d'une vis; on le rencontre
dans de nombreux composés italiens et dans
le fr. piron (espèce de gond); cp. gr. mod.
7riI/9oc, cheville, tarière, itiiai'iv, vis. Dans ses
Studi, n*> 454, cependant, Caix le ramène au
lat. epigrus (clou, cheville). D'après Darmes-
teter, qui allègue les formes norm. perrouette
(fille évaporée», wallon berweter (pirouetter),
le mot indique plutôt une composition du
péjoratif bis + roue. Mais il se heurte cepen-
dant à l'initiale p \}. b. — Cp. la formation
do girouette et voy. aussi l'art, pivot. — D.
pirouette^'.
1. PIS, adj. et adv., du L. pejus.
2. PIS, anc. = poitrine, auj. mamelle
d'une vaclie, etc. ; vfr. peis, prov. peit3, pitz,
it. petto, wall. pé. Du L. pectus. « Mettre la
main au pis » (pis = poitrine), ancienne
locution = prêter serment.
PISCINE, L.;>wci>ia(piscis).
PISER, fouler, esp. pisar, port., prov.
pizar, du h. pisare on piserc, forme concur-
rente de pinsere, piler, tasser. •»— D. pisé,
terre dure, compacte, battue; pison, instru-
ment pour piser.
PISSER (pic. picher, wall. pihi), it. pis-
ciare, prov. pissar, angl. piss. L'ail, pissen
paraît être emprunté au roman, car il n'est
pas fort ancien dans la langue. Les langues
celtiques ne présentent aucun vocable sembla-
ble qui puisse être considéré comme leur
étant propre. L'étymologie reste donc à trou-
ver. Diez ne pyense pas que l'on puisse invo-
quer le L. pytissare pitissare = gr. Trurf^uv,
qui signifie cracher; il voit plutôt à^n^ pisser
le sens fondamental d'éjaculation et est ainsi
amené à conjecturer un type pipisare (d'où
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PIS
— 395 —
PIT
pipsare, pissaré), dérivô do pipa, tuyau ; il
invoque, à ce sujet, les acceptions analogues
do l'ail, pfeifen. — D, pisse, pissat, pissoier ;
cps. pissenlit, plante appelée ainsi à cause de
ses propriétés diurétiques.
PISTACHE, L. pistacium (wi7t«xc9v). —
D. pistachier,
PISTE, trace du pied, it, pesta, esp. pista,
fiubst. du verbe it.pestare, eap. pistar, prov.
pestar, fr. (patois) pi^er = L. pistare, broyer,
fouler, fréq. depinsere.
PISTIL, L. pistiîhim (pinsere), pr. pilon
à mortier; les Allemands nomment de môme
cet organe de la fleur stempel, pr. pilon.
1. PISTOLB, monnaie d'or. D'où vient ce
mot? On a prétendu sans aucun fondement
qu'il dérive de Pistqja, comme le mot florin
de Fl<yrence. Le mot n*est ni italien ni espa-
gnol. Diez cite ce passage de Claude Fauchet:
« Ayant les escus d'Espagne esté réduicts à
une plus petite forme que les escus de France,
ont pris le nom do pistolets et les plus petits
pistolets bidets. »» Ce serait donc un terme de
dérision (v. lo mot s.). — D'après Mahn, pis-
tola est une corruption àe piastruola, dimin.
de piasira, fr. piastre (v. c. m.).
2. PISTOLE, arme à feu (d'où le dim. pis-
tolet^, it., esp. pistoia. Covarruvias dérivait
pistola de fistxda; cela jurerait par trop avec
les règles de transmutation romane. Voici ce
qu'en dit H. Estienne : « A Pistoie, petite
ville, qui est à une bonne journée de Florence,
se souloient faire de petits poignards, lesquels
estans par nouveauté apportez en Franco
furent appelez, du nom du lieu, premièrement
pistoiers, depuis pistoUers et en la fin pisto-
lets. Quelque temps après estant venue l'in-
vention des petites harquebuses,on leur trans-
porta le nom do ces petits poignards. Et ce
pauvre mot ayant esté ainsi promené long-
temps, en la fin encore a esté mené jusques en
Espagne et en Italie pour signifier leurs petits
escus : et croy qu'encore n'a-t-il pas fait, mais
que quelque matin les petits hommes s'appel-
leront pistolets et les petites femmes pisto-
lettes, n H. Estienne avait bien prévu que lo
rôle àQ pistolet no se bornerait pas aux signi-
fications qu'il lui connaissait; chez nous, à
Bruxelles, on appelle de ce nom les petits
pains au lait que nous prenons au déjeuner.
Le président Fanchet déduit également le
mot, dans sa signification de petite arquebuse,
du nom de lieu Pistoie. — Diçz admet au
fond cette étym., mais en la rectifiant en ce
sens que pistola aurait été dégagé do pisto-
lese, sabre court, qui est p. pistojese, adj. de
Pistola. Dans sa première édition, il inclinait
pour l'opinion de Frisch, d'après laquelle pis-
tola est une modification de pistillus, it. pes-
tello, pilon, et signifie propr. un instrument
pourvu d'un bouton; il citait à l'appui le
vénitien piston, peston, =• petite arquebuse,
mot littéralement identique avec l'it. peston e,
pilon, mais le suffixe ola la lui a fait écarter;
les règles de formation italienne imposent une
forme pistuola, qui n'existe pas. Dans une
séance do la « Société do Berlin pour l'étude
dos langues modernes «, l'origine du mot
2)istola a fait l'objet d'une discussion appro-
fondie; Mahn y a défondu l'étymologie tiréo
de Pistoria, le nom latin de Pistoie, en s'ap-
puyant do preuves tant historiques que gram-
maticales. — 11 est fâcheux que Larousse en
mettant si amplement à profit mon article
quant à l'origine du mot pistolet, n'ait pas
connu l'étude signalée de Mahn, il y aurait pu
recueillir d'intéressants détails relatifs à l'his-
toire de la chose ; cela m'engage d'autant plus
à indiquer le livre où ils sont présentés : Ety-
mologische Untersuchimgen, Berlin, 1853,
p. 97 et suiv. — Quant au mot pistolet, en
tant que signifiant petit pain au lait (v. pi.
h.), il n'a sans doute rien de commun avec le
L. pistor, boulanger; le dictionnaire rouchi
de Hécart m'apprend que dans ce dialecte
pistoiilet signifie un petit pain fort long et
étroit, que l'on nomme aussi flûte. Il faut donc
croii'e que lo mot est tiré par métaphore du
nom de l'arme à feu .
3. PISTOLE, logement en prison pour le-
quel on paye. Est-ce une acception déduite de
pistoie, nom de monnaie? Il paraît que oui ;
la pistoie s'obtient moyennant pistoie,
PISTOLET, voy. pistoie 2.
PISTON, it. pestone, du L. pistare, voy.
piste.
PITANCE, it. pietanza, esp., prov. pie-
danza, pidanza. Il faut catégoriquement
rejeter l'étymologie de Le Duchat, savoir
L. petentia, dans le sens de ce que les moines
se procurent par les quêtes ; il faudrait pour
cela une forme esp. pedenza. Muratori pen-
sait à l'it. piatto, plat ; cela est tout aussi con-
traire à la facture des mots en question (lo
prov. piatansa, qu'on pourrait invoquer ici,
est analogue au mot piatat, pitié, qui est p.
pietai). La forme it. pieta7iza donne lieu à
expliquer le mot par « œuvre de charité » (it.
pietA); mais les correspondants esp., prov. et
fr. ayant pour radical pit, il est plus rationnel
de voir dans la forme it. une modification do
pitanza, qui est en eflfet le mot usuel pour la
chose dans la Lombardie ; modification baséo
sans doute sur une fausse interprétation du
mot. Or, pitanza parait être, tel est l'avis do
Diez, un rejeton de la racine pit = peu de
chose, bagatelle (voy. petit), par l'intermé-
diaire d'un verbe pitare (cp. le génois pt7fà =
picoter), qui aurait signifié « prendre un menu
repas ». — Sans vouloir formellement con-
damner l'opinion de Diez, nous devons objec-
ter que la forme généralement adoptée dans
la moyenne latinité pour pitance, estpic^a?i-
tia, et que Du Cange définit ce mot par por-
tion monacale de la valeur d'une pite (v. c.
m.); cp. le mot BL. pictata, valor unius
pictœ.
PITAUD, paysan, grossier; quelques-uns y
voient une dérivation de L. pedes, peditis,
donc un synonyme de piéton (on trouve dans
Froissart petaud, désignant une sorte de trou-
pier à pied) ; peut-être est-ce une forme variée
do pataud,
PITE, petite monnaie, du BL. picta « moneta
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PLA
— 396 —
PLA
comitum Pictavensium, minutissima fero om-
nium monetarii m •». Voy. h\x^s\ pitance.
PITEUX, prov. pitoSy voy. pitié.
PITIÉ, vfr. piteit, pitiet, pited^ modifica-
tion vocale do piété (par ime contraction de
piet, piyet en j)ijt; voy. Rom., IV, 123). L'ac-
ception piété ne se compose-t-elle pas en effet
de deux éléments : l'amour de Dieu [piété) et
lamour du prochain (pitiéM Du thème pit de
pitié, procède l'adj.jOTfei/j; /autrefois = misé-
ricordieux, auj. = digne de pitié), et le verbe
(inusité) pitoyer, prendre en pitié, conservé
dans le composé s* apitoyer et l'adj. pitoyable,
(anc. aussi pitiable), 1. enclin à la pitié (opp.
impitoyable); 2. digne de pitié.
PITON, sorte de fiche de fer ou clou ; prob.
un rejeton de la racine pit, traitée sous petit
et exprimant chose pointue. Cp. esp. pito,
petit morceau de bois pointu.
PIT0TA6LE. voy. pitié.
PITTORESQUE, de Fit. pUtoresco, dér. du
subst. pittore, peintre.
PITUITE. L. pituita.
PIVERT, voy. pic 1.
PIVOINE (dans les dial., on dit, sans le t?
épenihétique, pioinc), it. peonia, du L. pœo-
nia, m. s. (gr. îraiwvta). — Le nom de la fleur
a été. à cause de la couleur rouge, aussi
transporté au bouvreuil.
PIVOT, d'après Diez, un dérivé do pipelW.
piva) ; cette étymologie est possible, mais non
assurée. — Une fois que l'existence d'une ra-
cine pit, chose pointue, est accordée, ne
serait-il pas tout aussi rationnel d'en dé-
duire pitot, puis par syncope piot, enfin par
Tépenthèso si commune de v, la forme pivot f
Ce primitif jotï, d'où je déduis aussi piton (v.
c. m.), est peut-être aussi au fond de /)2roï<
i^. pite7'oii), d'où pirouette, pr. = petit bâton
tournant. — D.pivotey:
PLACAGE, subst. do plaquer ^ voy. plaque.
PLACARD, voy. plaque. — D. placar-
dei\
PLACE, esp., port., prov. plasa, plaça,
plassa, it. piasza, ail. plats, du L. plalea,
large rue, place publique (gr. Tt'jccrtia. fém.de
Tt)aT\»;, large). Le sens primitif s'est généralisé
en celui de lieu, emplacement. — D. placier*;
placet, tabouret; verbe placer (mot récent
dans la langue).
PLACER, voy. place. — D. placement;
composés : replacer déplacer, emplacer d'où
remplacer.
1. PLACET. voy. place.
2. PLACET, pétition. C'est un mot latin qui
.«ignifie « il plait »» et qui constitue la formule
par laquelle celui à qui la pétition est adressée
y accorde son consentement. Placet signifie
donc pr une requête accordée, «« cui placet
adscribitur »»,ou bien, comme disent les juris-
tes, une requête placitée, puis requête en
général. — Le mot initial des suppliques était
d'ordinaire la forme subjonctive placeat, c.-à-d.
« qu'il plaise »», mais ce n'est pas de cette for-
mule que l'on doit déduire le mot placet, bien
que cette étymologie répondrait mieux à la
chose.
PLACIDE, L. placidus. — D. placidité,
L. -itatem.
PLAFOND, p. plat-fond, c.-à-d. le fond plat
entre les solives. — Les ouvriers, se diri-
geant d'après l'oreille, faisant donc peu de cas
du d final et radical, en ont dérivé sans scni-
pule le verl)e plafonner (cp. quardcronner).
PLAFONNER, voy. plafond.
PLAGE, it. piagyia, d'un type immédiat
plagia; la forme classique plaça, contrée,
région, est le type de l'esp. playa et vfr. plaie
=• plage.
PLAGIAT, L. plagialus, subst. du verbe
plagiare', commettre un plagium. Les Ro-
mains appelaient plagium le vol d'esclaves, ou
plutôt la vente d'un esclave dont on n'est pas
le propriétaire légitime. — Plagiaire, L. pla-
giarius, coupable de plagium, voleur d'hom-
mes. — Ce n'est pas à nous de traiter la ques-
tion de l'origine du mot h. plagium, à projMjs
de laquelle les opinions différent beaucoup,
mais nous tenons à établir ici l'époque où
l'expression plagium a été appliquée au vol
littéraire. A ce sujet, nous citerons le passage
suivant de la Dissertatio philosophica de pla
gio litterario do Jacques Thomasius, l-icuco-
petrœ, 1679 : «♦ Plagii vocem aut pi agiarii,
quod sciam, nec ante Martialem scriptor quis-
quam, nec post Martialem ante duo hopc se
cula a»vum uUum ad furtum litterarium appli-
cuit. » Le passage en question de Martial est
la 53® épigramme du l*'*' livre : « Imponcs
plagiario pudoi*em. »
1. PLAID, it. piato, esp. pleito, prov. plait;
du L. placitum, dont le sens propre est « ce
qui plait », c.-à-d. opinion, jugement, arrêt
de justice (cp. en gr. B6Çu de oo/i'>*). De cette
signification première « décision judiciaire •
procèdent celles de «« assemblée de justice,
audience, parlement, contrat »», puis de « af-
faire judiciaire, procès «. Au sons de plaidoi-
rie, plaid doit être considéré comme le subst.
verbal abstrait de plaider. — D. plaider. {BL.
placitare), conduire un procès, disputer, etc.
d'où plaideur. Une forme extcnsive de plaider
est : it. piateggiare. esp. pleitear, vfr. plai-
dier, nfr. plaidoyer. Ce dernier mot, toutefois,
ne s'emploie plus aujourd'hui qu'à l'état de
substantif; il est le primitif du subst. plaidoi-
rie p. plaidoierie.
2. PLAID, manteau écossais, du gaél.
plaide, que l'on considère comme contracté de
peallaid, pep,u de mouton. '
PLAIDER, PLAIDOYER, voy. l'art, préc.
PLAIE, L, plaga (tt/ïj/vî), coup, blessure.
La signification actuelle du mot repose sur
un transport d'idée de la cause à l'effet; il en
est de même de celle du mot blessure. —
D. vfr. plaier, blesser, it. piagare, esp.
llagar.
1. PLAIN, uni, plat, it. piano., L. planus.
— La forme savante de plain est plan (v. c.
m.). — D. plaine; en vfr. on disait aussi le
plain = la rase campagne ; c'est le L. pla-
num. — Composé : plain-cftant, chant à l'unis-
son. Notez encore la loc. de plain-pied = do
même niveau, au même étage.
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PLA
— 397 —
PLA
2. PLAIN» cuve où Ton trempe les peaux ;
p, pelain, pelin, dér. de peUis, peau. —
D. pJamer (v. c. m.).
PLAINDRE, L. plangere, -— D. plainte,
subst. participialdejo^î?ïf/r(î. Le vieux subst.
masc. plaint (it. pianto^ port, pranto, prov.
planch) répond au subst. latin planctus. —
Cps. compiaindre {v . c, m.).
PLAINE, voy. plain,
PLAINTE, voy. plaindre.— D, plaintif.
PLAIRE, L. placëre p. placêre. En vfr. on
avait aussi l'infinitif plaisir (cp. les deux
formes loire" et loisir de licere, nuire et nui-
sir' de nocere^ taire et taisir* de tacere). Cet
infinitif plaisir nous est resté à l'état de sub-
stantif. — D. plaisant; plaisance (cp. nui-
sance ôiQ nuire). — Cps. complaire^ déplaire.
PLAISANT, 1 . qui plaît, agréable f signifi-
cation obsolète), 2. qui vise à plaire en faisant
rire, enjoué, folâtre, 3, ridicule, dnMc. —
D. plaisantei% à! oix plaisanterie.
PLAISE, nom de poisson, angl. plaice,
flam pladys, du L. platessa (Ausone;, gr.
7r3iàT«î, BL. 2iloiisa, — Plaise est sans doute
une forme contracte déplaise. Voy. aussi p/ie.
PLAISIR, voy. plaire.
PLAMER, tremper les peaux dans la cuve à
chaux ; dér. àe plain 2 (cp. étamer de étain),
— D. plamée.
1. PLAN, a(y., voy. plain. De là le subst.
pla7if d'abord surface plane, puis le dessin
d'un bâtiment, d'une ville, etc., réduit à la
surface plane, projet de construction, enfin
projet en général. — La locution laisser en
plan = abandonner, planter là, me semble
venir du L. in piano = à terre; ce serait donc
pr. ne pas relever celui qui est tombé. Ou
bien le sens primitif serait il: no pas admettre
en justice, laisser in pla7io, c.-à-d. en dehors
de l'enceinte élevée du tribunal f — D. apla-
nir ; planer (v. c. m.).
PLANCHE, it. pianca^ prov. planca, du
L. planca, m. s. (p. planicaf). — D. plan-
chette, plancher ; verbe planchéier.
PLANÇON, voy, plant.
l: PLANE, arbre, contraction du L. pla-
tan us.
2. PLANE, nom d*outil, voy. jjlaner 1.
1. PLANER, verbe actif, unir, aplatir,
polir, dér. de l'adj. plaji. — D. plane, outil
pour planer; j)lanoirf -ure.
2. PLANER, verbe neutre, de l'adj. plan.,
pr. se tenir dans un mémo plan. « On dit
d'un oiseau qu'il plane quand, volant en l'air,
il rase l'air sans escourre (secouer) les ailes »
(Nicot). Signification dérivée : voir d'un lieu
élevé, comme l'oiseau qui plane.
PLANÈTE, L. planeta (r.Xuvrtvn;, pr. étoile
errante). — D. planétaire.
PLANIMÉTRIE, terme scientifique, ==
science do mesurer (unTpiiv) les surfaces
planes,
PLANISPHÈRE, mot scientifiqu'e, représen-
tation d'une sphi^re (globe) sur nu plan.
PLANT, subst. verbal de planter. —
D. plançon, type \q.Ûïï plantionem (cp. arçon
de arc).
PLANTAIN, du L. plantaginem (nominatif
plantago).
PLANTE, L. planta, 1. plant, herbe, végé-
tal, 2. plante du pied. — D. planter (v. c. m.).
PLANTER. L. plantare. — D. plant (v. c.
m.); plantard; planton, soldat de service
(cp. le terme analogue piquet); planteur .^
2)lantation , Cps. déplanter, transplanter,
PLANTUREUX, a<y. tiré du vieux subst.
plenté {singl. plsfUy) == plénitude, abondance,
qui est le L. plenitatem. L'anc. langue disait
aussi plentiveuos. — Quant à la facture inso-
lite de cet adjectif, 'Tobler (voy. Rom., VI,
130-131) voit dans plentureus une transfor-
mation du vfr. pleiitiveus, par suite d'élision
du V remplacé par r (pour u il allègue machu-
rer). G. Paris préfère l'expliquer ip^r plentei-
tureux, adj. formé d'un subst. plenteivure,
tiré à son tour de plenteïf; on trouve, dans le
Dolopathos, V. 2770, plantimrouse comme
yBv'miite é. plantei'A^use. Littré rattache notre
mot à un anc. subst. plentor, plénitude, prov.
plendor, mais Tobler objecte que plentor n'a
jamais été rencontré, et que le prov. plendor
est une faute de lecture p. plen dor.
PLAQUE, pr. chose plate ; les formes plan,
plat, plac, sont des modalités de la môme
racine pla. Le radical plac se trouve encore
dans le néerl. placke, morceau plat, vha plech^
nha. blech, lame de métal, etc. — D. plaquei\
mettre à plat, d'où les subst. placage, pla-
card (cp. affiche; les Flamands disent pi ackaet,
p. ainsi dire placatum, chose plaquée) et pla-
quette, petite monnaie (dim. du vfr. plaque^
BL. plaça, ap. Kiliaen plache = nummus
varii apud varios valoris), puis aussi petit
livre peu épais.
PLARON, petite musaraigne à queue plate
à l'origine; prob. contracté de plateron.
PLASTIQUE, Liplasticus, du gr. 7t).aiTixo;
(adj. de îrià^^siv, travailler avec une matière
molle, modeler, façonner).
PLASTRON, de l'it. piastrone; pr. pièce
plate, placard pour protéger la poitrine ; dér.
depiastra, plaque (le même mot (\\\e plâtre).
— D. 2il(istJ^onner.
PLAT, adj. et subst., it. piatto. Le radical
plat est équivalent à plan ou plac ; il est fort
répandu dans les langues. Nous ne citons que
le gr. Triatrû,-, large, pr. aplati. Le sens figuré
de l'a^. plat^ c.-à-d. dénué de saveur et de
force, dérive prob. de l'idée «* qui ne présente
aucun relief, rien de piquant, aucune saillie ».
— D . platel' , plateau; plateiie, platine ^platée,
t. d'architecture; platitude, mot façonné à la
latine, qui a supplanté la forme platise
qu'avait hasardée Rousseau ; verbe aplatir.
L'anc. fr. avait le subst. plate, avec le sens do
pièces plates de métal, et appliqué surtout à
l'armure du chevalier; c'est du sens lame
d'argent que dérive la signification argent do
l'esp. plata, et celle de l'angl. plate, argente-
rie. — Composés : plate-bande, plate-forme,
platfond", devenu plafond (v. c. m.).
PLATANE, L. platanus; la forme commune
est plane (v. c. m.).
PLA1EAU, voy.jj/cU.
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PLE
— 398 —
PLÊ
PLATINE, nom d'ustensile : plat, etc.
Comme nom d'un métal, ce mot (du genre
masculin par assimilation aux autres noms de
métauxjest dérivé de Ves^.plaia, argent (voy.
plat).
PLATONIQUE, du nom du philosophe Pla^
ton ; r * amour platonique »» tire son nom des
opinions émises par ce philosophe sur les rap-
l)ort8 entre l'amour sensuel et l'amour pur.
PLATRE, piastre', du grec (fiitï'X'srpoy ou
l/in/5fffTov, L. empîasttifn (voy. etnpldire), =
substance molle plaquée sur qqch., dont on a,
retranché le préfixe h. Il est possible que le
grec vulgaire ait déjà possédé le simple
7r)x9T^ov, dans le sens de matière plastique.
Les langues germaniques ont la forme écour-
tée (sans préfixe), dans le sens du mot ,fr.
emplâtre; angl. plastcr, iiéev\. pi aester, ail.
pflaste7\ï)ïins ces langues, le même mot se
dit aussi pour pavement (vfr. plaistre), donc
dans le sens do chose plaquée sur une autre.
— D. j)ldtrer, plâtras, plâtreux, -i&re, —
Voy. aussi plastron.
PLAUSIBLE, L. plausibilis (plaudere),
digne d'être applaudi ou approuvé. —
D. plausibilité.
PLÈBE, L. plebs, plebis, d'où l'adj. plebeius,
i\\ plebce* (Malherbe;, d'où par extension ple-
beianus*, fr. plébéien.
PLÉBISCITE, L. ji^cài^'citicm, décret du
peuple.
PLÉIADE, réunion de sept, allusion à la
constellation des Pléiades InUtitSi;). Sous le
jcgno de Ptolém6o-Philadelpne,on donna déjà
le nom do •• plbiado poétique » aux sept illus-
tres poètes de son temps, Théocrite, etc.
PLEI6E, caution., angl. pledge, it. 7>/fvO
(Venise), jyreggiu (Sicile;. Suivant Dicz, d'un
type L. prœbium, chose que l'on porte devant
soi [prœhiLet onprœbet)^ puis garantie, sûreté.
C'est, d'après lui, la phrase latine jrrœbere
fidetn qui a donné naissance au terme vfr.
plévir la foi et plévir tout court (plus tard
pleiœir) = donner caution. Dans cette suppo-
sition, le subst. prov. plcviso répondrait au
L. prœbitio. Pour la mutation de r en /. cp.
vfr. temple (auj. tempe) du L. tcmpora. Plan-
chais do Prancatius p. Pancraiius. Le phi-
lologue allemand écarte l'étymologie de Sau-
maise. Du Cange et Ménage, qui consiste à
faire venir 2>l^'ffe d'un type latin pra^dium,
dér. du L. prœs, prœdis, caution. Ce qui l'y
engage, ce n'est pas Tinfinitif ^^/c^-î'r, qui jieut
très bien s'accorder d'un primitif 7)?W5 (j)ar
prëir, pléir, plévir), mais la forme du présent
prov., qui est pieu, ph'u. Pour Dicz, cette finale
u accuse nécessairement im radical terminé
on b, cp Jirov .beii =^bibit,deu =^ débet, escriu
= scribit, etc. C'est bien là mettre de la cx^>n-
science dans ses assertions ; car rien n'est plus
tentant que de rapporter j^/c^V/e? et p/c^'/r au
L. prœs, qui signifie caution. Cachet croit
devoir passer sur les scnipules de Diez ; il
voit dans pleine la représentation littérale et
la traduction du L. jjrœdium, en se fondant
sur l'expression 7>ra'(//a buna = biens hy-
pothéqués (Asconius Pcdianus). Quant au
y erhe plévir il le tire d'un tj^e prcedire, qu'il
considère comme l'infinitif inusité du parti-
cipe prœditus, doué, nanti (l't bref de ce der
nier ne parait pas l'embarrasser). En nous
plaçant au point de vue de Cachet, nous ad-
mettrions plutôt un type prœdcre (composé de
dare), donner, fournir, ^}xe prœdire, qui est
inadmissible; car prcede^'e pourrait tout aussi
bien se romaniser enplevir que convertcre eu
convertir. Seulement nous ne pouvons, par
principe, admettre avec Cachet que v dans
phhir soit une conversion de d ; dans tous les
cas allégués par lui, le v est l'efifet d'une épen-
thèse opérée après la syncope de la dentale;
or, Diez l'a démontré (v. pi. h.), dans le cas
qui nous occupe, les fonnes provençales ne
l)ermettent pas de considérer le t? comme épen-
thétique, mais bien comme l'adoucissement
d'un b radical et primitif, ce qui nous force
de renoncer à un type prœdire ou prœdere et
à accepter l'étymologie posée par Dicz. Littré
flotte entre les deux opinions indiquées. —
Bartsch (Grôb. Zt.schr., II, 309) i-ôunit un
grand nombre d'arguments pour rattacher
l'anc. îv.plevirkwïiQ forme gothique supposée*
plaihvan. — L'étymologie de Wachter, qui
pensait à YoW.pflegen, avoir soin, a été reprise
par Behaghel (Grob. Ztschr., I, 468;, en four-
nissant les preuves de la signification « ga-
rantir, cautionner » inhérente à l'anc. saxon
plegan (= haut ail. pfiegen). — D. pleiger.
PLEÙÏ, L. plenus. — De la forme dériva-
tixc plaiaiius, vient fr. plcnier, — D. pléni-
tude, L plenitudo; vfr. plenté, platUé,
L. plenitatem, d'où plantureux (v. c. m.).
PLENIER, vov. plein.
PLÉNIPOTENTIAIRE, du L.pletiajyotentia,
plein pouvoir, ail. voll-niacht.
PLÉONASME, gr. 7r)iovaa//«»;, superfluité.
PLÉTHORE, gr. Ttin^ùpn, plénitude.
PLEURE, variante deplèvre (v. c. m.).
PLEURER. L. plorare. — D. pleur, subst.
verbal ; j>/c'<«r6'ur, -eux, -euse; verbe pleurni-
cher (y. c. m.).
PLEURÉSIE, voy. phh^re.
PLEURNICHER, terme familier d'introduc-
tion récente, dérivé péjoratif de ^/eidr<?r; d'une
facture bizarre et sans précédent.
PLE OROPNEUMONIE, inflammation de la
plèvre (r)fu/5x) et des poumons (:rvsû/*w»).
PLEUTRE (champ, plaut, plautre); peut-
être formé par transposition de peidire, paul-
tre et partant le primitif de poltron; la signi-
fication première serait alors paresseux,
lâche, (iénin explique pleutre par hdleudre,
vieux mot qui signifiait •* un bêlant, un mou-
ton, un homme sans énergie, qui ne sait que
bêler lorsqu'il faudrait se battre, un pleutre
enfin »». — Bugge (Rom., IV, 364) rapproche
vha. plodar, dégénéré, fr/of/cr, peureux, nord,
blaudhr, « imbellis, ignavus, mollis ».
PLEUVOIR, ^.pleu-oir (v intercalaire), d'un
type li. pluêre p. pluére. Dimin. pleuviner,
PLÈVRE, gr 7r>5U5à, côté, côte, d'où tzUxj-
fAri;, fr.pleurite. — Le terme pi eu7'ésie {hL.
plcuresis) est fait daprès un type supposé
7r>sÛ5e7ii, p. TrXiu^ÎTi;.
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PLU
399 —
POC
PLBYON, voy. jylier,
PLI, subst. verbal de plier.
PLIE, vfr. plaie, d'un type latin plata, =
la plate (cp., pour la filière dos formes, oblata,
fr. oblaie\ oublie]. Ce poisson s'appelait aussi
platie du L. planiis Voy. aussi plaise.
PLIER, forme concurrente ployer [i bref
latin == oi fr.), vfr. pleyer (d'où le dér.
pleyon, osier pour lier la vigne), it. piegare,
osp., prov. plegar, du L. plicare. — D. pli,
anc. aussi ploi ; pliable, plioir. Composés :
nplicr, employer (v. cm.); déplier et dé-
ployer (v. c. m.). — Une forme barbare jo/i'o-
tiay'e, tirée de plicitum, plic*tum^ supin de
plicare., a donné plissei\ — Le subst. verbal
plica {de plicare) a donné le nom de la mala-
die appelée pliqiie.
PLINTHE, L. plinthus, gr. nïh^oi.
PLIQUE, voy. plier,
PLISSER, voy. plier,
PLOO, poil do vache ; p. pelcc d'un type
L. pilucus (pilus)? Cp. pluche. — Une forme
féminine ploqiie signifie feuillet de laine ovi
de coton cardé. — D.ploqiter,
PLOMB, L. plumbum. — D. plombier;
verbe plomber^ l'anc. langue disait aussi
(d'après le primitif p/om, plon)plotner, plou-
mei\ Composé aplomb (v. c. m.j. Voy. aussi
plonger.
PLOMBAGINE. L. plumbago, -inis.
PLONGER, d'un type latin plumbicare (cp.
lo vfr. clingcr de clitiicare, enferger do in fer-
ricare), pris dans le sons de •• tomber à plomb
dans l'eau », cp. it. piombare, tomber à
plomb, prov. plombar, enfoncer. Cette étymo-
logio do Diez est trop bien établie pour qu'on
ait rccoui-s aux langues celtiques, où l'on
trouve brct. pliniia, cymr. pliong, m. s.
EUo se recommando encore par les formes vfr.
plonchei', pic. ploiiquer, wall. plonhi. Le
mot plonger se rencontre pour le sens avec
l'ail, plumpen (néerl. plompeii), qui se dit
do la chute d'un corps lourd; mais ce der-
nier, tout en paraissant connexe avec le L.
plumbinn, n'est pas l'ascendant direct du mot
français. — D. plongeur, plongeon,
PLOQUER, voy. ploc. — D. placage,
PLOT, billot ; l'ail, plock, p/lock, cheville
do bois, no convient pas comme étymon à
cause du sons ; les idiomes celtiques ont ploc,
et l'allemand plotsen, au sens de frapper.
PLOYER, voy. plier.
PLUCHE, p. peluche (v. c. m ).
PLUIE, vfr. 2)leute, champ, ploge, it.
pioggia (anc. piova, ploja), du L. pluma,
PLUME, L. pluma. — D. plumage, plu-
mail (typo lat. plumaculum), plumeau , plu-
met ; plumasseau, plumassier (dér. d'un type
jilumacius = fr. p/fcmas); verbe plumer,
ôter les plumes (lo L. plumare signifie le
contraire, c.-à-d. garnir de plumesj; plu-
Dieuje, L. plumosus.
PLUMETIS, brouillon d'une écriture, mi-
nute; co mot est la forme populaire àQ plu-
mitif = original dos arrêts et sentences. Or,
j)ltimilif (Xou vient-il? Do plume f Nous en
doutons; la facture du mot serait par trop
extraordinaire. Au surpus, le BL. ne présente
aucune forme plumitivus. On est donc amené
à donner créance à l'étymologie de Ménage,
qui explique le mot par une corruption de pri-
mitif. En effet, les patois disent prume, p.
prime (premier) ; le peuple a donc au.ssi pu
dire prumitif, puis plumitif, p. primitif. Le
changement de la liquide r en / est un fait
constant. Pour e ou i transformé en u, cp.
encore vfr. prumier (premier), fumiele (fe-
melle). Ce qui nous confirme dans cette ma-
nière de voir, c'est que la moyenne latinité
employait en eflfot primitivum au sens de pro-
tocoUum. — Reste à connaître l'origine du mot
plumetis dans la locution « broder au plume-
tis n. Faut-il y voir le même mot que;?/Mm<j-
tis =2 minute d'une écriture, ou le dérivé d'un
verbe plumeter, qui signifierait orner de
plumes ou plumettesf Le terme de blason
plumeté, parsemé de mouchetures ayant la
forme d'un bouquet de plumes, et d'autres
acceptions anciennes de ce terme parlent en
faveur de la dernière manière de voir.
PLUMITIF, voy. l'art, préc.
PLUPART (hk\ abréviation de la formula
la plus grande part.
PLURIEL, L. pluralis ^plures). — D, plura-
lité, L. pluralitatem. — Le mot pluriel pèche
contre les lois de phonétique qui postulent
plurel. Cette forme doit, en effet, avoir existé,
mais on est en droit de supposer que de
bonne heure elle s'est assimilée à singuler
(L. singularis) et s'est faite plurer (forme
constatée). A l'époque où la finale er = lat.
aris s'identifia avec ier = lat. arius, au
xvi« siècle, nous trouvons singulier, plurier
(fém. -iere). Pluriel ne se trouve pas avant le
xv!!** siècle {\opluriex cité par Littré est une
représentation graphique de plurieus = plu-
rieurs = plusieurs) ; cette forme accuse évi-
demment la tendance à rejoindre 1'/ du latin
pluralis, manifestée par les savants, qui ne
connaissaient guère encore les véritables lois
de la phonétique française. Voy. Fôrster, ap.
Grôber, Ztschr., IV, 379.
PLUS, L. plus. — D. plusieurs, vfr. plui-
sor, prov. plusour. Ce mot est tiré de plus,
d'après l'analogie du BL. pluriores tiré do
plures. C'est ainsi que le vieux latin avait fait
du même plus le superl. plusimus, au lieu
àeplurimus, — Composé surplus,
PLUSER. t. de draperie =» éplucher, p. pe-
louser, du L. pilosus(cp. pelouse et peluche),
PLUSIEURS, voy. plus.
PLUTÔT, p. plus tôt.
PLUVIAL, L. plnmdlis (pluvia); pluvieux,
h. pluviosus (d'où le nom de pluviôse du
calendrier républicain).
PLUVIER, plouvier, du L. pluma, pluie,
parce que cet oiseau arrive en troupes dans
la saison des pluies .
PNEUBiATIQUE, gr. Trviu/tarixrf,-, de TtnZjjLX, •
souffle, esprit.
POCHADE, voy. poche.
POGHARD, voy. poche, — D. pochardcr,
POCHE, dans les patois poque, pouque. Le
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POÊ
— 400 —
POl
sens fondamental de ce mot est incontestable-
ment chose creuse ou, ce qui revient au même,
chose enflée. Les diverses significations ac-
tuelles ou anciennes : sac, panier, jabot, faux
plis, bouillon, cuiller, creuset, tumeur, pus-
tule (dans le t. populaire poques, poquettes),
s'y laissent aisément ramener. Le mot est
d'origine germanique et répond pour le sens
et la forme au nord, pohi, ags. pocca^ angl.
poch,pocke,pouch. La même racine, nasalisée,
se retrouve dans les mots équivalents vha.
phunc, mha. pfunc, suéd., dan. pnn^, BL.
pufiffa, puncha, grec mod. noxrr/t (it. vénitien
ponga, jabot;. — D. pochette (angl. pocket),
d'où pocheter ; pochée. Quant au verbe ^xjc^cr,
on n'est pas fixé sur son origine, en ce qui
concerne les expressions pocher des œxifs, et
yeiix pjoches. On a mis en avant, les uns l'ail.
pochen, frapper, d autres le verbe fr. dialectal
pouchei' (aussi paucher), qui vient de pollex,
'icis, et qui signifie presser du pouce. Je suis
d'un autre avis; selon moi, pocher des œufs,
c'est les apprêter de manière à laisser au
jaune sa forme arrondie et rebombée. Le mot
se rapporte à lu valeur foncière de poche :
chose concave ou convexe. Vœil j)oché eut une
expression iK)pulaire reposant sur une res-
semblance de son et de fait avec un œitf
poché; une écriture toute pochée, c.-à-d.
pleine de pochons (mot familier) ou pâtés
d'encre, présente encore, parait-il, le même
trope. — Quant au pocher des artistes (d'oii
pochade), il pourrait venir de jyauche, pou-
che, pouce (travailler du pouce); cependant
Génin explique ainsi le mot pochcide : •« es-
quisse rapide et négligée, où la bnisquerie
du pinceau a jeté les couleurs comme des
pochons par saillies inégales. C'est l'opposé de
faire léché, tranquille et miroitant ». —
Autres dérivés de poclie : pochard, rempli
comme une poche (?); pochon, pâté d'encre,
propr. pustule (?)
POCHER, voy. l'art, préc. — Pour l'anc.
valeur « mettre en poche «, nous n'avons plus
que le cps. empocher, — D. jxjchder, porter
(des fruit.s) dans sa poche (pour les faire mûrir).
POCHETTE, POCHON, voy. poche,
PODAÇRB, L. podagra (nooà'/p7).
1. POELE, masc, drap mortuaire, voile
nuptial, vfr. poésie. Diez conjecture un type
gr. TTïTuUv, chose étendue, déployée ; il rap-
pelle L.petaium, lame d'or qui couvrait la tête
du grand prêtre des Juifs. Le primitif L. pal-
liiim, prov. pali^ ne lui convient pas, parce
que pallium ne répond qu'au vfr. pai/c. Lit-
tré se prononce néanmoins pour pallium, en
se fondant snr ce qu'au xvi*' siècle on a pro-
noncé et écrit poile. Je trouve dans Palsf^avo
à la fois un mot pâlie traduit par canopy
(dais) et un mot poil le traduit par clothe for
a dead (drap mortuaire). — Je suis d'avis que
s'il n'y a pas lieu do faire cas de l'orthogra-
phe poésie, poisle, Vs y étant parasite, l'opi-
nion de Littré doit prévaloir; poile is.su do
paile n'est pas plus étrange que 'e^moi, émoi
= vfr. esmai, foin = vfr. fain, et (en syllabe
atone) la fonne roisin = raisin.
2. POÂLE, masc., vfr. poisle (rAcadémie
autorise aussi l'orthographe poile\, étuve,
chambre à étuve, puis fourneau. Mot d'ori-
gine obscure. Il vient directement du BL.
pisele, piselis, piselum (l'accent porte sur la
première syllabe). Mais ces types immédiats,
comment les expliquer? Diez observe qu'ils
pourraient, pour la forme, se déduire depen-
sile, pesile (d'où le frison j/ysel, mha. pfisel
= po(*»le), mais il ne se rend pas compte de
l'application spéciale du mot latin qui a pu
motiver la signification. Il cite le horrexim
jtensile de Columelle; puis le domiis pensilis
et le caméra pendens de la moyenne latinité.
Nous acceptons la judicieuse étymologie du
professeur allemand, en ajoutant que .ses
doutes relativement au rapport logique entre
pensilis, su.spendu, et étuve, nous semblent
levés par l'expression de Pline : baineœ pen-
siles = cabinets de bain suspendus, c.-à-d.
construits sur des voûtes et chaufi*ôs par-
dessous (hypocausta). — Littré part du BL.
piselum, ouvroir des femmes, que Ducange
tire, par j)ensilc, de pensum,, tâche (cp. pen-
siles ancillœ, sei-vantes à la tâche;; il en-
chaîne ainsi les sens et les formes : pensile,
pesile, poisle., ouvroir, cliambre chauffée,
poêle. — Je préfère ma manière de voir,
puisque le pensilis ou suspensura, en t. d'ar-
chitecture romaine, implique nécessairement
l'idée de chauffage, et que le sens actuel du
mot po^le reposerait sur le même enclialne-
ment d'idée que celui du mot étuve (v. c. m.);
en Suisse, i)oéle se dit encore pour chambre
à poêle. — D. j)oélier, d'où poélerie,
3. POÊLE, fém., ustensile de cuisine, vfr.
paèle, poésie (Nicot a paclle et à Bruxelles
j'entends dire payellé), du L. patclia (it. pa-
délia, esp. jyadilla), dim. de patena, — D.
jXH'lon (Nicot poillon), poélcttc, poêlée, Voy.
aussi palette 2.
POËME, L. poema, gr. T:oir,u.%, pr. œuvre,
composition en général ; poésie, L. poi'sis, gr.
TfAr.'ji;; pol'tc, L. pui'ia, gr. Tt^ir,Tr)i; pOiHiqite,
L. poHicus, gr. TrotïjTixoi; dér. mod. poétiser
(d'un type Tr^iïjTtJîtv).
POÉSIE, voy. poème,
POÈTE, voy. poème, — J). poétereau,
POÉTISER, voy. poème.
P06E, t. de marine, de l'it. poggio, qui
vient du gr. :rooiov, pr. la corde au bout infé-
rieur de la voile ; puis employé pour désigner
le câble de droite, en opposition avec ona,
fr. orse, ^= câble de gauche. — D. jjoger,
pougo'.
POIDS, vfr. pois, it.,esp., port, peso, prov.
pois, prs, du L. pensum (pendere), pr. chose
pesée. Le vfr. avait aussi la fonne fém. poisc.
L'insertion du d dans poids parait être moti-
vée par un souvenir trompeur du L. pondus,
joint au désir de différencier le mot de pois,
L. pisum. On peut au.ssi considérer pois '
comme le subst. verbal de peser au sens neu-
tre « être lourd »» (n changé en oi en syllabe
tonique était autrefois de règle dans la coryu-
gaison de ce verbe).
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POI
— 401 —
POL
POIGNE, force du poing ; je tiens ce mot
pour le subst. verbal de poignef ^ saisir avec
le poing, user du poing ; « un préfet à
poigne » est un préfet qui sait agir avec
éncrp:io.
POIGNARD, anc. poingnal^ it. pugnale,
esp. pnnal, du L. pugnus, poing; d'après
Diez, du L. pugioy -onis, m. s. (étym. dou-
teuse). — 1). poignarder,
POIGNÉE, POIGNET, voj. poing.
POIL, L jiilus [i bref). — D. poilu.
1. POINÇON, it. punsonCf esp. punson,
angl. pwicheon, du L. punctionem^ action
do piquer (de ce mot latin les médecins ont
fait leur terme ponction). La substitution du
sens concret (chose piquante) au sens abstrait
a déterminé le changement du genre «cp.
nourrisson, jjoison^ 2^olisso7if scion). — D.
poi)iço)i)u'r.
2. POINÇON, mesure de liquide ; on trouve
aussi ixj)ichonf pochon; prob. le môme mot
' ç[y\c poisson 2.
POINDRE, 1. piquer, 2. apparaître comme
une pointe (en parlant du jour, des herbes) ;
du L. pnngere (cp. joindre^ oindre). Part,
prés, poignant; subst. participial />oi>i^<? (dans
u la pointe du jour »). — Du subst. latin
punctus etpunctum : fr. point (v. ce mot); du
subst. L. punctiira : fr. pointure.
POING, vfr. pu7ig, 79i«*/?y, prov. punh,
ponh, du L. pugnns. — D. poignée (rp. le
synonyme vfr. manée, do main)\ poignet;
empoigner. Voy. aussi poignard.
POINT, it. punlo, oh. punkt, 1. action do
poindre ou de piquer, piqûre, == L. punctus,
gén. 'Us; 2. marque ou résultat d'une piqûre
(d'où découlent do nombreuses acceptions
propres et métaphoriques; = L. punctum ;
3. ternie servant au renforcement de la néga-
tion, cx^mme pas, niie, goutte, etc. — D. poin-
ter, diriger vers un point, aussi faire des
points ; cps. appointer (v. c. m.).
POINTE, 1. action de poindre; 2. pr. chose
aiguë par le bout, piquant, puis extrémité ;
du participe fém., subst. verbal de poindre.
— I). j)ointu; pointer, frapper de la pointe
de l'épée ; aussi, au sens neutre, = poindre.
POINTER, voy. 2^int et pointe. — D.j^oin-
tage, pointeur; pointiller.
POINTILLER,dim. do pointer. — D. subst.
verbal j[>ot>î^i7, instrument do verrier; poin-
tiUage^ -eux.
' POIRE, it. pera^ du L. pirum. — D. poi-
rier, poiré.
POIREAU ou plutôt porreau, du L. porrcl-
lum', dim. du L. porrum (it. porro). Par
comparaison le nom de cette plante bulbeuse
s'emploie pour verrue.
POIRÉE, anc. porce, dér. de porrum, poi-
reau. — Voy. fi\i?,û purée.
POIS, h.pisuyn.
POISON, autr. = breuvage, potion ^signi-
fie, encore usuelle dans les patois) et du genre
féminin, it. posione, prov. poizà, esp. pocion,
du L. potionem, dont la langue savante a fait
potion, et qui dans la langue classique s'em-
ployait déjà pour breuvage empoisonné ou
médicinal. Cp. Suétone : « potionatus ab
uxore », empoisonné par sa femme. — D.
empoisonner.
POISSARD, primitivement = fripon, vo-
leur, vient d'après Rob. Esticnno (approuvé
par Littré) do poix; *» celui dont les doigts se
collent aux objets comme do la poix »»; le sens
de grossier est survenu et l'application du
mot aux femmes de la halle, aux •« mar-
chandes de poisson »», repose sur une fausse
étymologie.
POISSER, dér. do poix, — Le L. picare
avait donné à l'anc. langue ^yer; cp. apaier,
àapacare, coexistant avec apawcr, à^pacem.
— D. empoisser ou empeser* (v. c. m.).
1. POISSON, vfr. pescion, pession, pichon,
it. pescione, prov. peysso, dér. du L. piscis
= prov. peis. — D. empoissonner (un étang).
2. POISSON, ano. pochon, pocon, mesure
de liquide ; d'origine inconnue. Le premier
sens est petit vase ; prob. un à'im. do pouce,
v(v.poch, mesure contenant un pouce cubique.
POITRAIL, anc. et dans les patois aussi
poitral, -^ L. pectorale (de pcctus).
POITRINE, prov. peitrina, dun typo L.
pectorina ^pectus). — D. poitrinal^ -aire.
POIVRE, prov. esp. pebre, it. pepe, du L.
piper, piper is. — D. poivrer, poicrée, poi-
vrier.
POIX, L pix, picis Cgr. rthjx). — D. pois-
ser, poissard (v. c. m.;.
POLE (le circonflexe n'a pas do raison), L.
poîus. — D. polaire, d'où polarité et pola-
riser.
POLÉMIQUE, gr. TtoU,ut<ô; (do itôUfioi,
guerre).
POLENTA, mot italien, du L. poleiUa,
farine d'orge.
1. POLICE, administration, maintien de
l'ordre, esp., port, policia, it. polisia, vient
d'une manière irrégulière du latin politia
iVi de la terminaison ia étant traité comme
brève) == gr. 7r5)tTstx, administration. L'ail.
polisei est plus correctement formé, ladiphth.
ei reproduisant Vi long du mot latin.
2. POLICE, contrat d'engagement, acte offi-
ciel. Dans ses deux premières éditions, Dicz
trouvait l'explication de co mot dans le BL.
polyplychitm, registre des actes publics et
particuliers, livre terrier, livre de .souche,
dont on a fait par corruption 2m?&i polecticum
et polcluni (qui est le type du mot fr. pouillc
vfr. poulie). Police répondrait ainsi à un type
immédiat /;o/Wia. Reconnaissant les difficultés
diverses attachées à cette étymologie, il n'en
parle plus dans sa troisième édition (la der-
nière publiée par ses soins) ; il l'y remplace
par la suivante. L'italien ;/rf/i J^a, auquel le
français aurait emprunté police, avec avance-
ment de l'accent, lui semble reproduire, sous
une forme féminine, lo L. pollex, polhcis,iim
en basse latinité, a été employé avec la valeur
do sceau (Du Cango cite, on effet, dans un
acte. subpoUice S. Mauricii), doù se serait
naturellement dégagée celle de « feuille munie
d'un sceau «. — En présence du mot vfr. apo-
2G
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POL
— 402 —
POM
lice (= registre, peut-être = document public
en général) qui se trouve dans Mainet, chanson
de geste du xii° siècle (voy. Rom., IV, 330),
rapproché du BL. apodixa = cautio de sus-
cepta pecunia (voy. Du Gange) et du mot
méridional podiza = reçu, quittance (voy.
Rom. X, 620), je me demande s'il n'y a pas
lieu d'introduire ici une nouvelle conjecture.
Le gr. àTioîjiÇi;, démonstration, exposé, docu-
ment, preuve, ne serait-il pas la source des
mots en question? La mutation du d médial
en l ne serait pas plus étrange que celle qui
se remarque dans it. càluco = L. caducus;
quant à la chute de Va atone initial, j'invo-
querai l'histoire des mots it. &o«f^afapotheca),
rena (arena), fr. la Pouille (Apulia) et de tant
d'autres.
POLICHINELLE, de Tit. pulcinello, per-
sonnage de la comédie napolitaine représen-
tant un paysan balourd qui dit plaisamment
des vérités. Galiani (Vocab. Ncap.) rapporte le
mot italien à Puccio d*AnieJh, nom d'un petit
paysan des environs do Naples, qui aurait créé
le rôle de polichinelle. Selon d'autres, et cela
me paraît plus plausible, le mot n'est qu'une
expression de caresse et vient du L. pull us,
par l'intermédiaire de pulcino (voy. poussin).
Citons encore l'opinion de ceux qui ratta-
chent le mot à un Paulo Cinella, qui aurait
joué les Polichinelles du temps de Charles
d'Aiyou, à Naples. — L'angl. dit (n p. /) pun-
chinelle et tout court |)MncA.
POLIR, L. poHre, — D. poli, vfr. polit,
L. politus (de là politesse); polisseur , -otr,
'Ure; polisson, du L. politionem, action de
polir ; ce subst. abstrait et féminin a pris dans
la suite une signification concrète (cp. poi7i-
çon, nourrisson), accompagnée du genre mas-
culin, savoir « nettoyeur de rues »», puis cou-
reur de rues, gamin, etc. L'idée dépolir des
rues, d'où part cette explication du mot polis-
son (posée par Diez et approuvée par Littré)
ne me sourit pas ; je pense plutôt qu'il y a
entre polir et polisson le même rapport méta-
phorique qu entre fourbir et fourbe (v. c. m. j ;
ou bien, comme le nourrisson (v. c. m.) est
celui qui est à nourrir, le polisson est celui
qui est encore à polir (car le vrai sens du mot
est « petit garçon mal léché, mal élevé »).
POLISSON, voy. l'art, préc. — D. polisson-
ner, polissonnerie.
POLITIQUE, L. politicus, gr. 7ro>iTwoç, de
TToiiç, ville, Etat, république; subst. =. gr.
TToiiTUîi, s. e. T£xv>}, art de gouverner un Etat.
— D.politiquer.
POLL, mot anglais, pr. tête, puis énuméra-
tion par têtes, liste de personnes, rôle.
POLLEN, mot latin = farine très fine.
POLLUER, L.polluere (strictement =fréqu.
pollutare); subst. pollution, L. poUutionem;
vfr. poilu, du L. pollutus,
POLTRON, de Vit. poUrone; celui-ci est dér.
de l'adj. poltro, paresseux, qui aime ses aises,
lâche. Quant kpoltro, il vient du vha. polstar,
nha. polster, coussin. Pour le rapport des
dées, cp. vfr. lodier = couverture de lit et
paresseux, vfr. lanier = poltron, lâche, de
lana, laine, et port, madraço, paresseux. Il
se peut que le mot fr. pleutre (v. c. m.) repi'é-
sente le primitif italien poUro. — L'étymolo-
gie pollice truncus = à qui on a coupé le
pouce (pour le faire exempter du service mili-
taire», est abandonnée ; elle jure avec la forme
it. poUro7\e. Mais il s'en est produit une autre
qui a plus de vraisemblance, et qui peut riva-
liser avec celle que nous avons posée ci-dessus
après beaucoup d'autres. Génin explique pol-
tron comme le dimin. du \fr. poultre (BL. pul-
letrus), cavale (ou plutôt poulain). « Unpoul-
tron est ce petit poulain qui, gambadant au
soleil près de sa mère, la poultre, s'effarouche
de son oiVibre et dont le premier mouvement
est toujours de s'enfuir. « Déjà Ménage avait
proposé pour pnmitif pull us ou plutôt pidle-
trus. Cette étymologie conviendrait assez bien
même pour la forme italienne (car joo/^roccAzo,
poulain, présuppose un primitif poltro, dou-
blure de pohdro) ; cependant, le double sens
du verbe it. poltrire, se livrer au sommeil et
à la paresse, nous décide pour l'étym polstar.
Nous invoquerons encore en sa faveur l'expr.
ail. bàrenhàuter, qui désigne, d'après Sanders
(contrairement à l'opinion de Giimm), l'homme
de guerre qui, au lieu de guerroyer, reste
couché paresseusement sur sa peau d'ours
ipûreyihaut),
POLY- (en composition), du gr. :roiû;, plu-
sieurs. C'est donc un équivalent du L. muUi-.
Voici les principaux composés avec poli/ :
Polyèdre, gr. tto/ûj^/so^, à plusieurs bases
Uèfi'x, face).
Polygame, gr. Tzo'/ùyxff.oi, plusieurs fois ma-
rié (de >a/Aî<w. se marier), d'où polygamie.
POLYGLOITE, gr. 7ro/û/lwTT05 (de yÀûrra,
langue).
Polygone, gr. ;roJûv&>vo; (de ywv^a, angle).
PoLYGRAPHK, gr. :ro)ûy/55tf 9«, qui écrit sur
diverses matières. — D. poly graphie, -ique,
Polynésie, groupe de beaucoup d'îles
{noXXai v^<joi).
Polysyllabe, gr. 7roiu5Û»a6o;.
Polytechnique, gr. 7ro>uT£xvtxo;, qui se
rattache à plusieurs arts ou métiers (ts-/v>j).
Polythéisme, dér. de Troiû&îoj, qui adore
plusieurs dieux.
POLYPE, L. polypus, du gr. :ro)0:rou;, ver
aquatique à plusieurs pieds. — D. polypcux,
polypier. Voy. aussi jjoulpe 2 et pieuvre.
POMMADE (it. pomata^, dér. de pomme;
d'abord le mot s'appliquait à un onguent fait
avec de la graisse et des pommes d'api. — •
D. pommader.
POMME, prov., esp., it. poma (vfr. aussi
masc. pom, pun, prov. pom, it. porno), du
L pomum, nom général donné à toute espèce
de fruits à pépin ou à noyau. — D. se pom-
mer, t. dejardinage;2>o»im2er, d'oii pomme-
raie (vfr. pomaie, L. pomctum)\ pommeau,
vfr. pomel, petite boule en forme de pomme ;
forme fém. pommelle, plaque do plomb bom-
bée pleine de petits trous qu'on met à l'em-
bouchure d'un tuyau pour empêcher les
ordures de passer ; se pommelée' , se couvrir de
petits nuages en formes de petites boules;
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PON
— 403 —
l'Ol\
pommelé, marqué de taches en forme de
boule (cp. en ail. geapfelt, apfel-schimmel) ;
IHjmmette.
P0M0L06IE, mot nouveau et hybride,
science des arbres fruitiers.
1. POMPE, appareil somptueux, du L.
p(nnpa, m. s. (du gr. rtoixTtr,, procession publi-
que).— D pompeux, L. pomposus ; ^ompow,
ornement d'ajustement (v. c. m.).
2 POMPE, appareil destiné à élever et à
pousser les eaux d'un lieu dans un autre,
machine pour élever Teau, angl. pump, ni.
pompy ail. pumpe; d'origine incertaine ; peut-
être une onomatopée, imit^tive de la chute du
piston. Ménage proposait hardiment le gr.
TtofiTz-^t, action de conduire (l'eau). Cette éty-
mologie serait acceptable, si le mot nous
venait par l'intermédiaire d'un it. pompa,
mais celui-ci fait défaut. Les langues esp.,
cat , poi't. ont bomba, ce qui détermine Diez
à envisager notre mot comme un dér. du mot
roman bombare, boire, aspirer, absorber,
qu'il considère comme une onomatopée. —
D. pomper, pomjjier.
POMPON, anc. aussi pompete, de pompe 1 ,
faste, magnificence (cp. l'origine de galon et
festoii). On a aussi pensé à vfr. pompon,
courge (du L. peponem). — D, pomponner,
PONANT, occident, prov. ponent, it. po-
nente, esp. poniente; c'est la contrée • ove il
sol si ponert^ où le soleil se couche; cp.
L. occidens et fr. couchant, — D. ponanlais.
1. PONCE, pierre, it. pomicc, esp. pomes,
du L. jjumex, -icis, — D. poncer (cp. L. pu-
micare), ponce lix, -is.
2. PONCE, subst. verbal depjoncer 2.
1 . PONCEAU, poncer, couleur rouge, puis
coquelicot, pavot rouge ; d'après Diez, dun
type punicellus, dér. du L. pimicus ou piaii-
cens (foinAiOi), couleur de pourpre. — Le sens
coquelicot, parait-il, a précédé celui de cou-
leur rouge ; le mot représente, d'après Tobler
(Grôb. Ztschr , IV, 374), une contraction de
vfr. pooncel et quant à celui-ci, il n'est prob.
pas le dimin. àQpoon[=paon = L. pavo-
nem), mais celui de pavô (voy. pavot) ; la
série des formes serait : pavocel, devenu (peut-
être par confusion avec pavmtem) pavoncel,
pooncel^ poncel, pouccaii. — G.Paris (Rom.,
X, 302) estime que l'on pourrait aussi regarder
pooncel comme se rattachant à paeonia, d'où
fr. pivoine, anc. pione, peone,
2. PONCEAU, ponceV, petit pont, d'un type
L. ponticcUxis p. ponticulus (pons), it. ponti-
cello,
1. FONCER, polir avec la ^ïqvyq ponce.
2. PONCER un dessin, à mon avis, d'un
type punctiare tii*é dn part, punctus. — D.
subst. verbal po«a?, action de poncer et sachet
servant à poncer, d'où ponds et poncif.
PONCEE, voy. punch.
PONCIRE, esp. poncidre, du L. pomum
ciirus.
PONCTION, voy. poi7içûn.
PONCTUEL ((ïoii ponctualité) et verbe j^owc-
tuer, mots savants faits du L. punctus, -us,
piqûre, point.
PONCTUER, voy. l'art, préc. — D. ponc-
tuation.
PONDÉRER, L. ponderare (pondus).— D.
pondératioti, L. ponderationem ; pondéi'eux,
L. ponderosus.
PONDRE, prov. pondre, du L. ponere,
poser. Cp. vfr. espondre = exponere. — D.
subst. 'pViVÛcxpiiA ponte; pondeur, -euse.
PONEY, de l'anglais pont/ (qui vient du gaél.
ponaidh, j)etit cheval).
PONGBR, p. éponger,
PONT. L. pons, pontis. — D. ponceau (v.
c. m.), ponté; ponton, pont flottant, L. ponto,
-onis, bateau de transport.
1 . PONTE, subst. verbal participial de pon-
dre.
2. PONTE, au jeu d'hombre, do l'esp.
punto, point. — D. ponter.
PONTIFE, mot savant, du L. po)Uifex,'icis,
d'où pontificalis, -atus, fr. pontifical, -al.
PONTON, voj,pont, — Û . po}itonage, pon-
tonnier ; verbe pontonner,
PONTUSBAU, verge de métal qui travei-se
les vergeures dans les formes sur lesquelles
on coule le papier, puis les raies que ces
verges laissent sur le papier; sans doute p.
pontiseau, du L. ponticellus, petit pont. —
Notez cependant que l'esp. puntison indique *
plutôt un rapport avec puntar, pointilier.
POPELINE, voy.papeline.
POPULACE, anc. masculin, anc. aussi po-
pulos ; de l'it. populazzo, forme péjorative de
pojjolo, peuple. — D. populacier.
POPULAIRE, L. popularis. — D. popula-
tnté, L. popularitatcm ; populariser,
POPULATION, L. populaiionem, en latin
classique = action do piqmlari, dévaster,
mais employé déjà dans le sens moderne de
peupler par le poète Sedulius (v® siècle).
POPULEUX, L. populosus.
POQUE, variété picarde de poche (v. c. m.).
Le nom du jeu de cartes ainsi nommé (ail.
pochspiel) vient des cassetins de la planche
qui sert à ce jeu. — D. poquer; poqueUes,
petite vérole (provincialisme^.
PORACÉ onpon^acé. du L. porraceus, d'or,
do porrnm, poireau.
PORC, L. porcus. — D. porcin, L. porci-
miA; dïm. 2^orccr, au}, pourceau, L. porcel-
lus ; porcher, L. porcarius.
PORCELAINE, it. porcellana, esp., port.
Tjorce/ona, signifie en premier lieu la coquille
dite de Vénus, et tire son nom du L. porca,
vulve de truie (cp. le terme analogue j^uce/o^e).
Puis le nom de la coquille s'est successive-
ment transporté à la nacre que l'on tirait de la
coquille dite porcelaine, aux vases faits avec
cette nacre, et enfin à une poterie, importée
de rOrient vers le xvi» siècle et qui offrait la
même blancheur nacrée. Le nom de pource-
laine, comme coquille et comme nacre, appa-
raît dès le XI II® siècle.
PORCELET, cloporte, voy. cloporte.
PORC-EPIC, gâté du vieux moi porc-espi,
dans lequel on interprétait erronément espi
par le L. spica^ épi, au lieu d'y voir une forme
provençale de espin (cp. prov. pairi p. patri-
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POS
— 404 —
POT
nus, poujii = poussin); l'it. dit porco-spino,
Tesp. puerco espino; c'est donc un porc à
épines, cp. Vall. stacheJrSchwein,
PORGHB, régulièrement tiré du L. pôrti-
cus (porta), dont la langue savante a fait por-
tique,
PORCHER, voy. porc, — D. porcherie; cp.
bergerie^ bouterie,
PORE, L. porus, gr. n6poi, pr. conduit,
passage. — D. poreux, d'où porosité,
PORION, en Belgique, surveillant des tra-
vaux dans les houillères ; d'où ?
PORNO-, dans porno-crcUique, -graphe, du
grec nôpvr), û\\e publique.
PORPHYRE, du gr. nop^ùptoç, de pourpre.
Un type direct Ttopoupl-nn, porphyre (Littré),
est contraire à la lettre, l'accent de ce mot
grec ou latin portant sur la pénultième.
PORREAU, Yoy, poireau,
1 . PORT> action de porter, subst. verbal de
porter. Acceptions déduites : manière de se
porter, capacité de porter (en parlant d'un
navire), transport d'une marchandise ou d'une
lettre et prix de ce transport.
2, PORT, lieu destiné à recevoir les vais-
seaux et à les tenir à couvert, du L. portas,
— D. portulan (v. c. m.).
PORTAIL, voy. porte.
PORTE {aM.pforte), du L, porta, — D.;?or-
taily anc. portai, angl., ail. portai, d'un type
porlale ; portier, L, ^viavius; portière, por-
ter eau,
PORTER, L. portare. — D. port (v. c. m.),
portée; portière, adj. = qui porte; subst. =
utérus. Le mot porter, comme élément do
composition, a servi pour l'expression d'un
très grand nombre d'objets (ustensiles, pièces
d'habillement) ou de fonctions, p. ex. porte-
crayon, porte- feuille, porte-épée, porteman-
teau, porte-voix^ porte-drapeau, portefaix,
porte-queue,
PORTION, L. portionem,
PORTIQUE, voy. porche,
PORTOR, sorte de marbre à veines jaunes
sur fond noir, de porter -4- or (Littré).
PORTRAIRE ou POURTRAIRE, vieux mot
dont Voltaire a eu raison de regretter la
perte, du L. protrahere. L'ancienne langue
s'en servait dans le sens de mettre au dehors,
en évidence, étaler, puis de représenter, des-
siner, peindre. Du partie, protractus vient lo
subst. pourtraiC, portrait, pr. chose pour-
traite, dessin, effigie, image. Ane. on avait
aussi les diévïyés portraiture (dessin, portrait)
et portraiteur.
PORTRAIT, voy. l'art, préc. —D. portrai-
tiste,
PORTULAN, direct, de l'it. portolano, dér.
de porto, L. portas.
POSE, subst. verb. de poser (v. c. m.), ac-
tion de poser ; du sens « attitude, surtout atti-
tude affectée »», découlent poser, prendre une
attitude étudiée, et le subst. poseur, qui aime
à poser.
POSER, prov. pausar, esp. posar, it. po-
sarc, du BL. pausare. Ce dernier représente
le L. pausare, s'arrêter, cessoi\ qui, dans la
basse latinité, a pris le sens actif de faire
cesser, arrêter, mettre à l'état de repos. Po-
ser a, en français, pris la place du L. ponere,
tant à l'état simple que dans les composés
(de-ponere, déposer; reponere, reposer, etc.).
La francisation véritable de ponere est pon-
dre (v. ce mot), mais ce verbe a été restreint
à une application toute spéciale. — D. subst.
verbal pose (v. c. m,) \ poseur, -âge,
POSITION, POSITIF, L. positionem, -ivus.
POSSÉDER, du L. possidere (pone sedere),
dont lo supin possessum a donné : possession,
possesseur, possessif, L. possessionem, -orem,
-ivus. — Composé déposséder. — Posséder
est une forme moderne et mal faite; aussi
l'ancienne langue disait- elle ou posseoir, ou
possesser (fréq.), cp. angl. possess,
POSSIBLE, L,possibilis (posse). — D. pos-
sibilité, L. possibilitatem.
POST-, élément initial de composition,
signifiant après, du L. post, après. Ex,: post-
dater, post-scriptum, post-poser, post-face
(opp. dit préfacé).
1. POSTE, fém., pr. dépôt de chevaux de
rechange, station de i-elais, d'où découlent
tout^ les autres acceptions ; du BL. posta p.
posita, subst. participial de ponere, = sta-
tion. — D. postal, postillon. — Jadis j^oste
signifiait aussi proposition, arrangement, con-
vention, convenance, etc., « faire qqch. à sa
poste »; auj. encore on dit «» payer à poste »
c.-à-d. à des termes convenus d'avance.
2. POSTE, masc., lieu ou position officielle
où l'on est placé (positus) par ordre; puis
aufei = détachement de soldats occupant un
poste, corps de garde. — Les deux mots
poste, masc. et fém., sont peut-être mieux
envisagés comme les subst. verbaux du verbe
poster, qui représente postare, placer, fré-
quentatif du L. ponere.
POSTER, voy. poste 2. — - Cps. aposter.
POSTÉRIEUR, L. posteriorem (comparatif
de posterus). — D. postértojHté, L. posterio-
ri tatem '.
POSTÉRITÉ, L.posteritatem (çosterus), litt.
ceux qui viennent après (post) nous.
POSTHUME, L. posthumus, fausse ortho-
graphe de postumus, superlatif de posterais,
POSTICHE, fait et ^outé après coup, de là
= qui n'est pas primitif ou naturel; direct,
de l'it. j)osticcio, forme écourtée de aposticcio
(=r postiche), qui est la reproduction d'une
forme latine apposititius, ajouté.
POSTILLON, voy. poste,
POSTULER, L. postulare. — D. postulant,
-iUion, -at, L. postulans, -ationem, -atum.
POSTURE, du L. positura, action ou ma-
nière de poser.
POT, c« mot se retrouve à la fois dans les
langues romanes (prov. pot, esp., i^oTi.pote),
germaniques (nord, pottr, suéd. potta, dan.
polte, néerl. pot) et celtiques (cymr. pot, gaél.
poit). Il est difficile de le ramener au h.jyOtus,
boisson, par métonymie du contenu au con-
tenant ; les règles phonologiques s'y opposent :
il faudrait en fr. soit pout ou peut, et l'it.
potta, qui est lo même mot avec une applica-
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POT
— 405 —
POU
tion spéciale et métaphorique (cp. le double
sens du L. concka), contrarie également cette
étymologie. D'autre part, on peut admettre
que la langue latine employait déjà potus avec
le sens de pot; du moins un dictionnaire pré-
sente ce mot comme se trouvant dans Pline
avec la valeur d'urne, et Fortunat (vi« siècle)
en fait un synonyme de canna et calix. Voy.
aussi l'art, pote. — Dans l'expr. » sourd
comme un pot »», vu l'angl. • deaf as a post «•
(sourd comme un poteau), Littré (suppl.) sup-
pose avec raison que nous avons aflaire ici
au vfr. post (lat. postis, poteau), qui se dit
encore en Normandie. — D. potage, pr.
choses mises dans le pot (légumes, pois, etc.);
dans certains dialectes = légumes; potier,
potée; potiche; empoter. Composé potrpourri
(trad. de l'it. olla potrida).
POTABLE, L. potabilis (potare).
POTAGE, voy. pot, — D. potager,
POTASSE (delàit. joo^éw^a), lat. moôi,potas-
sium, de l'ail, pottasche, angl. potash, suéd,
pottaska, litt. cendres de pot.
POTE, dans main pote = main grosse,
enflée, lourde, anc. main gauche. Evidem-
ment, le mot pote dans cette signification est
le primitif de potelé, gras, replet. Mais d'où
vient l'un et l'autre? L'ancienne forme posteîé,
poustelé, porte vers une racine pos, pus, mar-
quant enflure (cp. en d\\. paus-backig,}0Vi^M).
Ou bien y aurait-il parenté avec le L. piLS-
tulaî Toutefois, l's àBuspostelé peut être envi-
sagé comme parasite (cp. vfr. puste = it.
putta, vfr. loister p. lutter, lutter), de manière
que le thème du mot serait pot. Or, cette
racine paraît impliquer l'idée d'enflure, de
rebombé ; nous citons à cet égard le prov. pot
et lorrain ^tte, lèvre, puis l'expr. suisse faire
la potte, angl. to pout, =* p. faire la moue ou
la lippe. En n. prov. pot, en limousin pouf om,
signifient baiser. Cette racine pot = gonflé,
arrondi, ne serait-elle pas aussi celle du
subst. pot, vase de terre?
POTEAU, vfr. postel, du h.postellus, dim.
du L. postis, poteau (d'où ail. pfosten). —
D. poteîet.
POTELÉ, voy. l'art, pote.
POTENCE, BL. potentia, 1 . instrument de
supplice, 2. poteau couvert servant de sou-
tien, etc., 3. aussi == béquille (« crotch for
a lame man », dit Palsgrave). La dernière
signification est la première dans l'ordre his-
torique; elle fait penser au L. classique jpo-
te^Uia, la béquille donnant de la force aux
« impotents »; cependant, il se pourrait bien
que cet emploi, dans un sens concret, du mot
abstrait potentia, eût été déterminé par une
assimilation à postis, poteau.
POTENTAT, anc. souveraineté, puis, par
conversion du sens abstrait au sens concret,
prince souverain (cp. l'it. podestà); du BL.
potentatus, dér. du L.potens, puissant.
POTENTIEL, L. pota^tialis (potentia).
VOTERWSÏ, posteime', p. posterle, it. pos-
tierla, du L. posterula, sentier dérobé, fausse
porte, cp. L. postica, porte de derrière; l'un
et l'autre soht dérivés de post, derrière.
POTIER, voy. pot, — D. poterie,
POTIN, alliage de cuivre et de zinc, mêlé
souvent de plomb. On en fait des pots, ce qui
en a probablement déterminé le nom.
POTION, L. potionem. Voy. aussi poison.
POTIRON, aussi poturon, patron, gros
champignon, grosse citrouille; d'origine
incertaine. Devic propose l'arabe fouiour,
champignon.
POU, contr. depéou ou ^lutbt péouil, wall.
piou, prov. pesolh, it pidocchio, port, piolho,
esp. piqfo, du BL. peduculus = L. pediculus,
— D. pouilleux, L. pediculosus; verbe pouil-
1er, chercher des poux, fig. iiyurier grossiè-
rement (cp. la locution chercher des poux à
la tête de qqn.et l'ail, lausen, rudoyer, laver
la tête); pouillis, endroit plein de poux;
pouillier, méchante hôtellerie ; pouillerie,
épouiller (it. spidocchiare).
POUACRB,POUAGRE, salop, vilain, bourg.,
norm. polacre, . pic. polaque, n. prov. pou-
lâcre, Diez voit dans ces formes une dérivation
populaire de l'interjection de dégoût pouah.
Bien qu'il ait, à propos de massacre, contesté
l'existence d'un suffixe français acre, nous ne
voulons pas lui imputer à ce siyet une incon-
séquence, puisqu'il s'agit d'un terme populaire
et que acre pourrait être corrompu de aque
(L. ojcus). — Le Duchat dérive le mot dej^o-
dager, goutteux « en tant que le goutteux est
couvert d'emplâtres puants ». En effet, l'on
trouve dans Jean de Meung les pouacres asso-
ciés aux « y d repiques et aux frénétiques »,
et ailleurs le snhst. poacrise comme synonyme
de goutte. Dans les formes polacr^, etc., il
faut admettre, si l'on part de podager, la
permutation de d en /, comme dans cigale.
En tout cas, nous nTiésitons pas à rejeter
l'opinion de l'abbé Corblet, qui voit dans po-
lake, ordurier, dégoûtant, un synonyme de
polak = polonais. Nous épargnerons cet
affront à la Pologne.
POUCE, vfr. polz, pauc, prov. polce, pous,
du L. pollicem. — D.poucet.
POU-DE-SOIB; ce paraît être, dit Littré,
une altération de padoue-soie, soie de Padoue ;
cp. l'angl. paduasoy, une soierie de Padoue.
L'orthographe habituelle poult-de-soie (cp.
poult-de-laine) ne contrarie-t-elle pas cette
étymologie?
POUDING, de l'angl. pudding, dans lequel
Millier voit une altération du fr. boudin.
POUDRE, vfr. poldre, porre, pourre, du L.
puhis, gén. pulveris (cp. fr. soudre du L.
^olvere). — D. poudrer, poudrette, poudreux,
poudrier, -ière, poudroyer, — Voy. aussi
pousse 2 et poussière,
POUP, pierre pulvérulente; serait-ce une
forme gâtée du latin pul'o-is, poussière, ou un
dérivé de pouffer, crever? Voy. aussi l'art,
suivant.
POUFFER de rire, de l'interjection pouf;
voy. aussi bouffer. L'idée do gonflement,
d'enflure (et par métonymie, de crèvement,
d'éclatement) attachée à cette racine jj^m/", est
encore bien sensible dans le subst. pouf =-=
coifiiire de femme et tabouret^ dans faire
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POU
— 406 —
POU
pouf, employer de la vanité, et dans l'anglais
puff(ît. pouffe)^ au sens de nouvelle fausse,
histoire forgée à plaisir (cp. craque).
FOUILLÉ, inventaire, registre, voy. sous
police 2.
PODILLBR, verbe, voy. pou. — D.pouiîles
(v. c. m.).
FOUILLES, reproches mêlés d'injures ; chan-
ter pouilles à qqn. = l'invectiver ; subst. ver-
bal dépouiller, injurier (voy. pou). On s'est,
ce me semble, inutilement creusé la tète sur
l'origine de ce terme.
FOUILLEUX, voy. pou.
FOUILLOT, nom d'oiseau; sans doute un
dérivé de L. pullus, jeune, petit.
FOULAILLE, voy. poule. — D. poulail-
ler.
1 . FOULÂIN, p. poulin, petit d'une jument,
prov. pulirif du L. pullinus, dér. de pulhts,
jeune d'un animal; Pline : pullus equinus. —
D. pouline, poulinière, verbe pouliner.
2. FOULÀIN, bubon, tumeur. Koquefort se
complaît à dire que cette acception vient
de poulain, petit d'un cheval, parce que les
personnes qui ont des poulains marchent les
jambes écartées comme les poulains. — Ljttré
tient cette étymologie pour probable; je pré-
fère, pour ma part, rattacher le mot à un type
pusulanus issu de pusula (forme accessoire
de pustula). Ce type a régulièrement pu pro-
duire pouslain, poulain,
FOULAINB (souliers à la). On explique
généralement cette expression à la poulaine
par à la polonaise, Poulaine s'étant dil autre-
fois pour Pologne, Mais n'oublions pas que
poulaine signifie aussi le bec, l'éperon d'un
vais.seau, et qu'il se peut que cette dernière
valeur ait déterminé l'expression «« souliers
à la poulaine ». — Littrô, cependant, est
d'avis que le terme de marine vient de pou-
laine, pointe do soulier, par assimilation, et
que celui-ci vient directement du vfr. pou-
lanne, peau de Pologne.
FOULE, BL. pulla, du L. pullus, jeune
d'animal, Tite-Live : pulli gallinacei, =^ pou-
lets. — D poularde^ poulet, poulette; terme
collectif poM/ai//e (cp. volaille). Dans le chant
de Saintc-Eulalie, le mot vfr. pouille, confor-
mément à la valeur générique du L. pullus,
veut dire jeune fille ; nous en avons conservé
les d'imm. poulol ot poulette, termes de caresse
adressés à des enfants. — Voy. aussi poussin
et pucelle.
FOULBT, &nçi:\. pullet, dim. de poule. Dans
l'acception « billet d'amour »», Dacier dérivait
le mot du BL. poletum = polecticum =
polyptychum (traité à l'art, police), mais;>o/e-
tum signifie un gros registre, et non pas un
petit billet galant. Furet ière et d'autres
pensent que ces missives ont éié ainsi appelées
ou parce qu'on les ployait en forme de pou-
let, ou parce qu'elles étaient glissées par des
marchands de poulets (rp. en it. port ar poil i,
faire le métier d'entremetteur). On s'est servi
au xvi*' siècle du mot chapon dans le môme
sens. Une interprétation plus récente depoK-
let = billet se trouve dans Larousse.
FOULEVRIN, p. poulverin, gâté du L. pul-
verinus (pulvis).
FOULIGHE, d'un type latin pullica, ou
plutôt pullicia', dér. de pullus. Cp. jtoulain.
FOULIB, voy. l'art, suiv.
FOULIER, verbe, de Tags. pullian, angl.
pvil, tirer, guinder. — D. poulie, subst.
verbal, macliine pour tirer, d'où esp. polea,
poit j)olé, angl pulley.
POULINER, voy. poulain l.
FOULIOT, espèce de menthe, dimin. d'un
mot pmilie (inusité), qui correspond à Tit.
poleggio, esp. poleo, port, poejo, prov. pulegi,
ail. polei, et qui vient du L. pulegium, lui-
môme dérivé de pulex, puce (herbe chassant
les puc^s).
FOULOT, voy. poule.
1 . FOULPE, fém. , aussi pulpe, du L. pulpa.
— D. poul peton ou poupeton.
2. POULPE, masc, espèce de mollusque,
it. polpo, esp. pulpe, du L. pôlypus, polype.
POULS, it. polso, du L. pulsus (pellere),
battement. Vl dans pouls est d'introduction
savante ; les anciens écrivaient correctement
pous,
POUMON, it. polmone, prov. polmo, du L.
pulmo, -oiiis, d'où l'adj. pulmonarius, fr.
pulmonaire. — D. s'époumonner.
POUFARD, voy. poupe 2.
1. POUPE, Tarriôre du vaisseau, du L.
puppis,
2. POUPE, mamelle, it. poppa, prov. popa,
du L. pupa, jeune fille. Diez compare le
même transport d'idée, mais en sens inverse,
dans l'it. sita, jeune fille, de l'ail, sitze, ma-
melle. — D. poupard, nourrisson.
POUPÉE, dér. du L. pupa, petite fille,
poupée, fém. de pupus. Du môme pupus
viennent : poupon, pouponne; pmipin, d'où
poupiner et le v. mot poupeliner, caresser,
mignarder.
POUR, vfr.. esp., port, por, direct, du
latin vulgaire por, qui s'est substitué à L.
pro. L'italien n'a pas reproduit cctto préposi-
tion latine; il la remplace iparper. D'un autre
cùté. l'esp. et port, por fait eu môme temps
les fonctions du L. per. — En composition,
on remarque dans les langues romanes de
fréquentes confusions entre les prépositions
latines per et pro. Ainsi, le fr. dit parfumer,
Vît. profumare; le fr. pourchasser, le prov.
percassar. Nous remarquons cette confusion
de pour et par surtout dans les composés fr.
pourfendre, pourfiler, pourpoint et les vieux
mots porgard^r, porprendre, portaster, pour-
penser, pour semer (parsème i'). parfont pour
profond Dans les applications ne remontant
pas au latin, le préfixe pour marque perfec-
tion, achèvement, l'extension de l'acte sur
toutes les parties.
POURCEAU, voy. porc. — D. pourcclct.
POURCHASSER, prov. percassar, cps. de
chasser, d'après l'analogie de poursuivre. —
Vangi.purchase a développé le sens « obtenir »•
(par SCS poursuites;, puis acquéiir, acheter.
— D. subst. verbal pourchds* .
POURFENDRE, renforcement de fendre; le
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POU
— 407 —
POU
préfixe représente soit le L. per (voy. pour),
soit le L. prOf = eu avant, pour rappeler le
bras étendu. — D. pourfendeur,
POURFILBR. prob. pour parfihr, Voy.
pour.
POURPARLER, \neux verbe, = délibérer,
comploter ; il nous est resté à l'état de subst.,
signifiant abouchement, conférence, négocia-
tion.
POURPIER, p. pourpié, poidpied, du L.
puUipedem, pied de poulet, étymologie confir-
mée par la forme renven^e piepoii des dia-
lectes.
POURPOINT {pour p. par, voy. pour),
prov. perponh,esi^. perpunte, pespunte, port.
pesponto, du BL. perpunctum, vestis mili-
tari s coaetilis lana vel gossipio serta et acu
stipata ac perpuncta. — L'ancienne langue
avait le verbe pourpoindre, piquer à tra-
vers.
POURPRE, angl. purple, du L. purpura
{novpxjoct). — D. pourpré, empourprer.
POURPRIS, enclos; du v. v&che pourpren-
dre, prov. perprendre, prendre en entier,
dans tout son pourtour.
POURQUOI = pour quoi,
POURRIR, type lat. piUrire, p. putrescere
(cp. nourrir de nutrire). — D. pourriture.
POURSUIVRE, du L. prosequere p. prose-
qui. — \). poursuite.
POURTANT = pour tant (cp. partant).
Cette expression, qui d'abord signifiait « pour
cela w, a fini par signifier : malgré cela,
néanmoins, cependant. Du reste on remarque
la même valeur de pour dans les tournures
fr. telles que « pour être fêté partout, il n'en
est pas plus fier n (Académie).
POURTOUR, circuit, renforcement de tour,
cp. powyris; peut-être le subst. verbal d'un
ancien ponrtourner.
POURVOI; c^ mot est-il le subst. verbal du
verbe pourvoir, donc pr. l'action de se pour-
voir en justice, ou y a-t-il lieu (vu le caractère
tout ^/ait insolite d'un subst. voi tiré de
voir) dy reconnaître un similaire de encot.
co)woi et de le rapportor à un verbe pour-
voijer = L. proviare", aller en avant? Je
laisse la question indécise.
POURVOIR, anc. pourveoir, du L. provi-
dere. — D. powvu que (»• je viendrai, pourvu
qu'il ne soit pas là • équivaut à •« je viendrai,
si l'on a eu soin ou si l'on a. pourvu qu'il n'y
soit pas »); pourvoyeur (v. c. m.); pour-
voyance*, anc. pourveance' = providentia;
pourvoirie (v. c. m.) ; cps. dépourvoir, d'où la
locution au dépourvu.
POURVOIRIE, p. pourvoierie, mot forgé à
la façon de pourvoyeur (v. l'art, suiv ).
POURVOYEUR, -EUSE, mot modernisé par
assimilation au vfr. porvceur (cas sujet pour-
veeres,; il n'a jamais existé, que je sache, de
verbe pour voy er.
1. POUSSE, action de pousser ou chose
qui pousse, subst. verbal de pousser.
2. POUSSE, poussière des épices; cest
prob. la forme féminine du prov. pois, pou-
dre, et de cette manière le primitif de pous-
sière (v. c. m.).. Un texte du xiv* siècle écrit
pouJce, — D. ^ousseter.
3. POUSSE, 1. maladie des chevaux, courte
haleine, suffocation; 2. exhalaison dans les
souterrains qui peut sufibquer les ouvriers.
Du verbe ancien pousser, avoir des pulsa-
tions, respirer péniblement, d'où poMjf*î/'(altéré
en angl. cnpursy). Ménage expliquait poussif
par ilia pulsans, pris dans le sens de la
pbiase ilia ducens ou trahens des Latins, qui
signifie haletant, essouffié.
POUSSER, prov. polsar, esp., port, pul-
sar, du L. pulsare, fréq. de pellere. —
D. pousse {v. c. m.}, poussée, poussette, pous-
sière (v. c. m.), repousser.
POUSSIER, forme masculine de poussiè7*e.
POUSSIÈRE. L'opinion générale est que co
mot est de la même famille que poudre; seu-
lement, les uns(Diezjy voient une transforma-
tion du vfr. porriere, dérivé de vfr. porre ==
nfr. poudre; les autres (ainsi Gachet et Littré)
le dérivent de prov. pois, cas sujet de lat.
pulvis, d'où vient Tac^. prov. polsos, pou-
dreux, et d*où viendrait aussi *polsieira, type
du fr. poussière. Cette étymologie présente
de toute façon quelque difficulté au point de
vue des lois phonétiques. Aussi s'en pré-
sente-t-il une nouvelle, très digne de consi-
dération ; Horning, dans une étude sur les
dial. des Vosges et de la Lon'aine (Ztschr.,
IX. 499), à propos du mot chpusd (pron.
xpuse), poussière, émet l'avis que ni le prov.
pois, ni le dérivé fr. poussière, n'ont rien à
faire avec pulvis; que pois (d'où fr. 'pousiere)
représente L. pulsum, = chose frappée, tri-
turée, moulue; que le patois scpusd est =
expulsum. — Voy. aussi pousse.
POUSSIF, voy. pousse 3.
POUSSIN, du L. puUicenus, BL. pulci-
nus, dérivé depullus. — D. poussinière,
POUTRE est le même mot que le vfr.
poutre, jument, qui répond au BL. pulletrus,
poledrus, puledra (it. polédro, esp., port.
potro) et qui, d'après Diez, paraît venir d'un
diminutif gr. -ataUSiov, nuïlSpiov (de 7rw).o«,
poulain). La signification actuelle du mot —
grosse pièce do bois équarri, qui sert à sou-
tenir les solives d'un plancher — est déduite,
par métaphore, de celle de jeune cheval,
comme on a tiré en latin equuleus de equus,
en fr. chevalet de cheval, en ail. folter,
instrument de torture, du roman poledrus.
ha. poutre serait donc d'abord simplement une
pièce destinée à en soutenir une autre, un
chevalet. Ménage soutenait déjà cett^ étymo-
logie, mais en l'expliquant ainsi : « la. poutre
ou grosse solive porte de petites solives,
comme la poutre ou jument porte des pou-
lains ». , c'est ingénieux, mais peu exact. Nous
ne voulons pas contester l'étymologie ci-des-
sus, que nous avons puisée dans Diez ; elle
n'a rien d'invraisemblable, d'autant plus que
tant d'autres termes du domaine des arts et
métiers reposent sur des intuitions plus ou
moins grotesques; nous, lui sacrifions donc
Volontiers notre première manière do voir,
qui consistait à expliquer poutre par poustre,
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PRA
— 408 —
PRÉ
(cp. Palsgrave pouste : balke of an house), et
ce dernier par L. postis avec r intercalaire. —
Stonn (Rom., V, 181) estime que pulletnis
peut avoir déjà appartenu au fonds latin et
qu'il n*est pas nécessaire de recourir, avec
Diez, à un primitif grec; il se fonde, en cela,
sur le mot latin porcetra, jeune truie, d'après
lequel on a pu créer pxdletra, pouliche. —
D. poutrelle.
POUTURE, nourriture des animaux engrais-
sés à l'étable, vfr. aussi peiiture, L'étym. ad-
mise, d'après Du Cange, par Littré, savoir lat.
pastura, est impossible; celle que j'ai émise
dans mes Trouvères belges (nouv. série),
p. 342, à propos de peuture, savoir l'anc.
part, passé peiït (de paistre), contracté en
peiUf a donné lieu à l'objection que d'abord
elle est contredite par le monosyllabisnie do
ou et eu dès l'apparition du mot, puis par la
persistance du t. Je reconnais que mon expli-
cation se heurte contre l'âge reculé du mot
et l'absence d'une forme peiiture ou poûture
et j'admets, avec Fôrster et Joret, l'étymon
pultura (mot constaté par Du Cange), dérivé
depuis, pullis^ bouillie, pâtée. Cp. pour ou,
vfr. sepouture (sépulture).
POUVOIR, du vfr. pooir (par intercalât ion
de t?), it.potere, esp., port., prov. poder; de
l'infinitif barbare potére, substitué àposse (cp.
volére, d'où vouloir, p. velle). — D. pouvoir,
subst.
PRÂDIER, ouvrier chargé du soin des prai-
ries (nom de famille très répandu), du BL.
pratarius (pratum). La forme pradier est de
facture méridionale ou savante.
PRAGMATIQUE, h.pragmaticus, gr. Ttpryfiy
Ttxo« (de 7rpây/*a, affaire). « Pragmatica sanc-
tio », édit impérial, est un terme du Code
Justinien.
PRAIRIE, vfr. praerie, prov. pradaHa, du
BL. prataria f pratum). — D. prairial, nom
du neuvième mois du calendrier républicain.
PRALINE, amande rissolée dans du sucro,
ainsi nommée d'après un sommelier du maré-
chal DttplessiS'Pralin. qui s'avisa le premier
de préparer les amandes de cette manière et
d'en servir sur la table de son maître. —
D.praliner, griller avec du sucre.
PRAME, sorte de vaisseau, du néerl.^jraam,
dan. pram, angl. prame, ail. prahm.
PRATICIEN, voy. pratique.
1. PRATIQUE, adjectif, L. practiciis, gr.
TTpaxTixo; (de 7r(6À9«iv, agir), relatif à l'action,
à l'exécution. — D. subst. pratineti.
2 PRATIQUE, subst. fém.. du gr. 7r/>«xTi/^,
art d'agir, opp. à yvotiri/.r, ou 3jw/5>îtix»5. —
D. pratiquer, mettre en pratique, exercer (un
art), employer beaucoup, fréquentei*, etc.
3. PRATIQUE, subst. fém., chalandise,
chaland, représente le subst. verbal du verbe
pratimuti* au sens de fréquenter, hanter.
4. PRATIQUE, instrument des joueurs de
marionnettes, de l'esp. platica, conversation
(entre les marionnettes), qui est le subst. de
platicar, converser (litt. = îv. pratiquer).
PRATIQUER, dér. de pratique 2. — D. jyrn-
ticablc; subst. pratique, chalandise, chaland.
PRÉ, it. prato, esp. prado, du L. pratum.
— Du dimin. pratellum viennent it. pratello,
prov. pradelh, vfr. praël, praiel, nîr. préau.
PRE-, préfixe, L. pi'ce. Les mots français
composés avec ce préfixe sans pi-écédent latin
sont fréquents ; ils appartiennent à la langue
savante et marquent supériorité ou priorité.
Nous citons parmi les plus répandus les sui-
vants '.préacheter, préalable, préaxis, précité,
précompte, préconcevoir, prédécéder, prédé-
ces, prédilection, prédisposer, prédominer,
prélever, présupposer.
PRÉALABLE, mot nouveau, formé avec
aller et le préfixe pré, sur le patron du L.
prœvius, ail. vor-làufig.
PRÉAMBULE, de l'adj. L. prœ-ambulus,
qui marche en avant.
PRÉAU, voy. pi^é.
PRÉBENDE, it. , prov. prebenda, prcvenda,
es^.pi'cbenda, du L. prœhenda, chose à four-
nir. Le mot signifie en premier lieu : la ration
journalière à fournir aux moines et aux autres
ecclésiastiques ; puis, le sens se rétrécissant,
le revenu alloué à un chanoine, et enfin le
canonicat même. — Une confusion avec^îrori-
dcnda (d'où l'ail, proviant), dér. de providerc,
pourvoir, a fait subir au mot prœbenda, pro-
visions à fournir, une altération en provenda,
provisions de bouche, d'où tr. provende. C'est
ce dernier qui est le tyyie de l'ail, pfriinde,
prébende. — D. prébende, prébeiuiier.
PRÉCAIRE, du L./jTé'faWii^^prcx), obtenu
à force de prières; de là = que l'on n'a que
par permission, d'une manière mal assurée,
par simple tolérance.
PRÉCAUTION. L prœcautionem, de p^-œ-
cavere, se mettre en garde. — D. précau-
tionner.
PRÉCÉDER. L. prœ-cedere, aller en avant.
— b. précédent, adj,, puis subst., L. jjrœcc-
dens. — Du supin prœccssum : subst. pife-
ce.*îsionem, fr précession.
PRÉCEINTE, t. de marine, BL. prœcinctum
(prfo-c ingère), pourtour.
PRECEPTE, L. prœcej^tum (prfe-cipere) ;
précepteur, L. prœceptorem, d'où préceptorat,
'Orial.
PRECHER, anc. preschei" (s intercalaire),
angl. preach, vfr. preechier, du L. prœdi-
care (d'où ail. prediqoi). — D. prêche, prê-
cheur. — Termes savants tirés du même
prœdicare -.prédicateur (anc. aussi prédicanl),
prc'dicaiio7î.
PRÉCIEUX, L. prciiosus (pretium). —
D. précieuse, préciosité.
PRÉCIPICE, L.prœcipitium, dér. de l'adj.
prœceps (gén. prœcipit-is), la tête en avant,
d'où aussi prsecipitare, -ationem, îv.précipiln\
-ation. Montaigne s'est servi de l'adj. préci-
piteux.
PRÉCIPITER, voy. précipice.
PRÉCIPUT, avantage accordé à un héritier
sur ses cohéritiers, terme do droit tiré d'une
manière irrégnlière du L. prœcipuurn, pro-
ciput, dér. lui-même de jn-œ-cipcre, prendre
d'avance, prélever. Le t final n'a aucune rai-
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PRÉ
— 409 —
PRÈ
son d'être, et s'explique peut-être par le sou-
venir dnt qui est dans le subst. BL. prœci-
piiiias ou par la forme du mot occiput. —
D. prrcipiitaire.
PRÉCIS, adj. et subst., L. prœ cisiis, pr.
coupé par devant, puis = abrégé, succinct
(cp. coticis do con-cisus). La langue moderne
a ajouté à ces acceptions celle de « arrêté,
fixe, circonscrit, exact ». Cp. BL. pnocisa.
s. e. sententia = jugement, arrêt; cp. aussi
notre expression « couper court à une dis-
cussion ». — D. précision, L. prajcisionem ;
verbe préciser, soit tiré du fr. précis, ou
représentant un mot L. prœcisare, fréq. de
prœcidere.
PRÉCOCE, L. prœ-coxy -ocis (coquere), pr.
qui cuit ou mûrit avant le temps. — D. pré-
cocité.^
PRÉCONISER, BL. prœconizare, dér. du
L.prœconiunij publication (type du fr ^prône,
V. c. m.).
PRÉCURSEUR, L. prœcursorem, litt. =
avant-coureur.
PRÉDÉCESSEUR, L. prœ-decessorem.
PRÉDESTINER, L. prœ-destinare.
PRÉDIAL, BL. 2^^cedialis, du L.prcprfiH/»,
bien-fonds.
PREDICAT. L.prœdicatitm, chose énoncée.
PRÉDICATEUR, -ATION, voy. prêcher.
PRÉDICTION, L. prœdictionem (prœ-
diccrc).
PRÉDILECTION, litt. diloction (L. dilectio,
aficction) de préférence (pre); cp. l'ail, vor-
liebe, m. s.
PRÉDIRE, L. prœ-dicere.
PRÉÉMINENT, du L. pT-œ-eminentem. —
D. prééminence, L. pneeminentia.
PRÉEMPTER, L. prœ-emptarc\ fréq. de
prœ-imere\ prendre ou acheter par avance,
supin prœemptum, d'où prajemptionem, fr.
préemption.
PRÉFACE, L. prœ-fatio (de prfe-fari), litt.
= avant-propos. Pour atio = ace, cp. dédi-
cace. Les mots it. prefasio et esp. prcfacio
(faisant double emploi avec prefazione et
prefacion) me semblent imit<^s du français.
PRÉFECTURE, voy. préfet.
PRÉFÉRER, d'un type barb. prœ-fcrere (p.
prœ-ferre)^ converti pour la francisation en
priv-f^rare. — D. pj'éférable, -etice,
PRÉFET, mot do formation savante, L.
pra^fœtu.'i (part, do prœ-ficere, préposer);
subst. prœfectura, fr. préfecture. Selon la loi
générale préfet nous fût parvenu sous la
forme pré fit (cp. vfr. parfit = perfectus, fr.
confit -=^ confectus, profit = profectus.
PRÉFIX. PRÉFIXE, L. prœ-fixus, fixé
d'avance ou par devant.
PRÉJUDICE, du L. prœ-judicium, juge-
ment anticipé, présomption, puis dommage,
préjudice — D. pnyiuh'ciel , question judi-
ciaire préalable; prtjjudicie)\ porter préju-
dice, d'où l'adj. préjudiciable, « qui porto
préjudice ". — Lo mot angl. préjudice a
consoné le sens originel do préjugé, pré-
vention.
PRÉJUGER, L. prœ'judicare, juger
d'avance. — D. préjugé^ cp. l'ail, vor-ur-
theil, angl. préjudice.
PRÉLAT, mot savant «=* L. prœ-latus, pré-
féré, préposé; c'est un terme synonyme de
prœfectus et de prœpositus (fr. préfet et pré-
vôt). — D. prélature, se prélasser (iHonisÀgne
disait plus correctement se prélater), affecter
l'air de dignité d'an prélat.
PRÊLE, 'presîe, vfr. asprelle, it. aspereUa,
dim. du L. asper; le nom vient de la tige
rude de cette plante. On a dit fautivement
la preste p. Vasprelle. Us dans presle est
intercalaire. — D. prêler,
PRÉLÉGUER, L. prœ-legare. — D pré-
legs (d'après legs).
PRÉLIBnNAIRE ; autrefois, on se contentait
du simple liminaire (v. cm.).
PRÉLUDE, Bh.prœludium, de prœ-ludere,
fr. préluder. Le sens fig. de ce verbe, s'es-
sayer à, est déjà classique.
PRÉMATURÉ, d'un type L. prœmaturatus
pour prœmaturus, mûr avant le temps. —
Prcmaiurité = maturité avant le temps.
PRÉMÉDITER, L.prœ-meditari. — D. pré-
méditation, L. prœmeditationem.
PRÉMICES, L. primitiœ (i[iv\mns).
PREMIER, du L. primarius (primus), qui
est aussi le type de primaire.
PRÉMISSE, du part. lat. prœ-missus (prse-
mittere), mis en avant.
PRÉMUNIR, L. prœ-munire.
PRENDRE, du L. prehendere, prendre.
L'ancienne langue conjuguait ce verbe (et ses
composés) aussi bien en conservant qu'en
omettant le d radical; elle disait correcte-
ment prtfn(/ow^,jprcnc?an^ mais B.US&1 prenons,
prenant. — D. prenable, preneur.
PRÉNOM, L. prœnomen.
PRÉOCCUPER, L.prœ-occupare, s'emparer
le premier de qqch. Le mot ne s'emploie plus
guère qu'au fig. ; « cette idée me préoccupe »»
veut dire pr. : cette idée m'occupe plus que
toute autre, elle m'absorbe. — D. préoccupa-
tion.
PRÉOPINER, opiner (L. opinari)lo premier.
— D. préopinant.
PRÉPARER, L. prœ-pardre. — D. prépara-
tion, -ateur, -atif, -atoire.
PRÉPONDÉRANT, -ANCE, du L. prœ-pon-
derare, peser plus; cp. l'ail, vor-wiegend.
PRÉPOSER i-épond, par sa valeur (voy.
poser), au L. prœponere. — D. préposé (voy.
aussi prévôt).
PRÉPOTENOE, L. prœ-potentia.
PRÉPOSITIF, -rnON, L.prœpositivus, -iHo-
nem.
PRÉPUCE, L.prœ-putium.
, PRÉROGATIVE, du L. prœrogatwa centu-
ria, la centurie à qui l'on demandait le vote
le premier, d'où le sens abstrait primauté,
privilège; de prœrogare, demander en pre-
mier.
PRÉS, prov. près, it. presso, du L. pres-
sus, pres.sé, serré contre. Pour l'idée, cp. le
gr. Siy'^i et ïcsp.junto de, fr. joignant^ L.
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PRE
410 —
PRÉ
juxta. Cette préposition s'est substituée au
L. prope, que la vieille langue possédait
encore sous les formes pi'op, prof, pruef, etc.
— Composés : vfr. emprès, nfr. a-près, it.
ap'presso, prov. a-pres; (r. presque (v. c. m.),
it. pressochè.
PRÉSAGE, L. prœ-sagium (de prce-sa^tre,
augurer, deviner). — D. présager,
PRESBYTE, du gr. ir/5f566T»7«, vieillard,
donc pr. « qui voit comme un vieillard •». —
D. presbytie, presbytisme.
PRESBYTERE, gr. rpisSurtipiov, dér. de
'KptttxtTipoi;, L. presbyter, type du fr. prêtre
(v. c. m.).
PRBSOIENT, L. prœ-scientem. — D. pre-
science.
PRESCRIRE, du L. prœ-scribere, ordon-
ner, cp. ail. vorschreiben. Du supin prœscrip-
tum viennent : subst. prescription , L. prœ-
scriptionem, 1 ordonnance; 2. t de droit,
manière d'acquérir par le fait d'une longue
possession; pour l'origine de cette dernière
acception, qui s'est communiquée aussi au
verbe prescrire et qui a fait naître l'adj.
prescriptible = qui peut être prescrit, voy. le
Dict. de Littré, à l'art, prescription.
PRÉSÉANCE, du L. prœ-sidentia (cp. vfr.
reseant = residens), d'où aussi le terme savant
présidence; cp. ail. vor-sitz,
1. PRÉSENT, adj., L. prœsentem. — D.
présence, L. prsesentia; présenter, L.pnesen-
tare. — L'adv. à présent répond au L. ad
pi'œsens s. e. tempus (Tacite;.
2. PRÉSENT, subst., don, chose présentée;
tiré du verbe présenter, comme don de don-
ner, achat de <xchater,' acheter. Littré rapporte
le mot et sa valeur à l'ancienne locution mettre
en présent (in praesenti) à qqn. =- présenter,
offrir. La forme it. et esp. présente (au lieu
de preseitto) appuie cette manière de voir.
PRÉSENTER, voy. présent 1. — D. pré-
sentation, -able, représenter.
PRÉSERVER, L. prœ-servare, garder avec
précaution. — D. préservation, -atif.
PRÉSIDER, L. prœ-sidere; prfjsident, L.
prsesidentem, d'où présidence (voy. préséance)
et présidentiel.
PRÉSOMPTION, PRÉSOMPTIF, PRÉSOMP-
TUEUX, voy. présumer.
PRESQUE, voy. près. Je ne m'explique pas
autrement cette composition qu'en considérant
le que comme le terme de rapport entre la
préposition et son régime, agglutiné avec la
pré|X)sition ; on aura dit •• près que cent ans ♦»
p. « près de cent ans •♦, puis on a fini par
écrire « presque cent ans » et par établir un
mot particulier presque. On sait que fors se
c^nstniisait également avec de et que, comme
on le fait encore après plus.
1 . PRESSE, daas ses acceptions abstraites
et concrètes, subst. verbal àepresser{y. c. m.).
2. PRESSE, .sorte de pêche; c'est une fran-
cisation, par transposition, du L. persicum
(voy. péché); cp. le prov. presega.
PRESSENTIR, L. prœ-setitire. — D. pres-
sentiment
PRESSER, du L. pressare, fréq. de pre-
mère. — D. pressant, pressé, pressage, près-
sis; subst. verbal presse 1. action de presser ;
2. machine à presser; 3. situation où Ion est
pressé, serré, de là (la cause pour l'effet) foule,
multitude. Du .sens «* machine à imprimer «
découle le sens collectif moderne : ensemble
aussi bien des produits de l'imprimerie que
de ceux qui font imprimer ou qui publient. —
Du i>n\im pressum : pressionem, ïv. pression ;
l>ressoriura, fr. pressoir; pressura, Ît. pres-
sure',
PRESSURE*, voy. presser. — D. pres-
surer.
PRESTANCE. L. prœstantia, excellence,
distinction, àQprœ-stare, surpasser.
PRESTATION, h. prœstatimiem , subst. de
prœstare (fr. prêter), fournir, livrer.
PRESTE, de l'it. presto. 1x3 mot preste
représente une modalité de sens et de forme
du mot prêt, qui est le vrai correspondant fr.
du mot italien presto. — D. prestesse, it.
prestes za.
PRESTIDICITATBUR, mot nouveau fait
avec l'adj. ït. presto, agile, prompt, et le L.
digitus, doigt.
PRESTIGE. L. prœstigium, — D. presti-
gieux, L.praestigiosus; prestigiateur, L. pres-
tigiatorcm.
PRESTOLET, dimin. de preste, forme pa-
toise (aussi cat. et esp.) de prestre* prêtre.
PRÉSUMER, L. prœ-sumere, litt. prendre
d'avance, juger par induction. — D. préstt-
mahle. De prœsumptum, supin de praesumere:
pnesumptioncm, fr. présomption; pnesump-
tivus, fr. présomptif; praesumptuosus, fr. pré-
somptueux.
PRÉSURE, acide faisant cailler ou prendre
le lait; c'est le vfr. présure, action de prendre,
qui reproduit le latin prensura.
1. PRET, adj., prov prest, it., esp., port.
presto, du L. vulgaire prœstus, d'où l'adv.
prœsto, = sous la main. De l'it. presto nous
est venu lefr. preste tv. cm ). — D. apprêter.
2. PRET, subst. verbal deprêter.
PRETANTAINE. « Ce mot est une onoma-
to|>ée, dit Ménage, du bruit que font les che-
vaux en galoj)ant : pretantan, jyretantan,
prétantaine, n Cela peut être accepté à défaut
de mieux.
PRÉTENDRE, L. prœ-tendere, pr. tendre
devant, ûg. mettre en avant, prétexter, mani-
fester, enfin (dans le Digeste) réclamer. —
D. prétendant, prétendu. — Du supin prae-
tentum : subst. prétention, préte>Uiei(x.
PRÊTER, L. prce-stare, litt. mettre en
avant, puis fournir. — D. prêt (subst.); pré-
teur.
PRÉTÉRIT. L.pr^^eriÏM5(pr8eter-ire),passé.
— ï) prét&rition, L. prœteritionem.
PRÉTEUR, L. prœtorem (de prœ-ire, aller
en tête). — D. prétoire, L. prœrorium ; prê-
ture, L. prœtura.
PRÉTEXTE, h.prœ-textus, de prœ-texere,
litt. faire un tissu devant une chose pour la
cacher ; pour le sens fig., cp. pallier de {pal-
lium) et voiler. — D. prétexter.
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PRÉ
— 4H —
PRI
PRETINTAILLB, ornement en découpure
pour les robes ; je ne m'explique pas l'origine
do ce terme de couturière, du moins en ce qui
concerne l'élément preiin, « Je crois, dit
Jault, que c'est une onomatopée; en effet, le
son do ço mot bizarre exprime fort bien les
ornements frivoles et superflus des femmes. »»
Quand les données font défaut, on s'empare
assez vite de la ressource des onomatopées. —
— D . ^pretintailler .
PRÊTRE, prestre\ it. prête, esp. preste,
ags. preost, angl. pHest, nord, prestur, ail.
priester; du L. presbyter, gr. npii^ùripoi (litt.
= senior), titre ecclésiastique en usage dès
les premiers temps de l'Église. Isidore : a pres-
byt<>r, senior non pro œtate vel decrepita
scnectute, sed propter honorem et dignita-
tem «.De l'accus. presbyterum (l'accent sur y)
viennent les anc. formes de cas oblique pre-
veire, prevoire, provoire (= prêtre), que Ton
a fait erronément dériver deprovisorem.
D. prêtrise, prêtr aille.
PREUVE, voj. proux>er.
PREUX, anc. prou, preu, etc. , prov. joro* et
pro. L'origine de cet a(^ . est controversée. On a
allégué comme primitif; 1. le subst. it., esp.,
prov. pro, afr.pro, prou, preu, signifiant avan-
tage, bénéfice, et que l'on tire de la particule L.
p'o.en faveur, au profit (cp. notre subst. pour
dans « le pour et le contre »»;; le sens foncier
serait donc « profitable, utile -, d'où se serait
dégagé celui de généreux, vaillant; — 2. L.
probus ; cette étymologie conviendrait parfai-
tement, dit Diez, si l'on rencontrait, comme
fém. du prov. pros, fr. preux, une forme
prov. jDrot7a, fr. prcme; mais il est constaté
que cet adj. ne fléchissait pas au féminin (voy.
Raynouard, IV, 659, la pros comtessa ; GWies
de Chin : « la dame îy\ prcus et honest^ »);
or, il est .sans exemple qu'un adj. (sans e final)
de genre commun dérive d'un adj. lat. en us
eta; — • 3. L.prudus({ovmQ accessoire deprw-
dens), it. prode, pr. sage, puis, en général :
qui se conduit bien, qui fait son devoir. Cette
étymologie a pour elle l'ancienne orthographe
prod, prot, prud, prode, pros, mais elle pré-
sente deux grands inconvénients : c'est que
I'm long ne s'accorde ni avec le fr. ou ou eu,
ni avec le prov. o, et qu'il nous faut absolu-
ment pour type un adjectif à genre commun.
— Le plus probable est (et c'est là la seule
étym. admise par G. Paris, Rom. El, 420),
que le type est l'élément prod qui se trouve
dans prod-esse, être utile, rendre service, et
qui a également donné Fit. prode, profit. — De
l'ancienne forme /)roi< vient le subst. prouesse,
dont le correspondant it. prodezsa atteste net-
tement un radical terminé en d ou t.
PREVALOIR, L. prœ-vahre,
PREVARIQUER, L. prœ-varicari, pr. aller
à droite et à gauche, biaiser. — D . prévarica-
teur, -ation, L. prœvaricator, -ationem.
PREVENIR, L. prœ-ventre, venir le pre-
mier, aller au-devant. L'acception « inculper,
accuser » (d'où le subst. préveyiu) est déjà
propre au verbe latin dans le Digeste et dans
Ulpien. Du part, prévenant : subst. préve-
nance. — Du supin L. prœventum : subst.
BL. prseventionem, fr. prévention, et a^.
préventif.
PRÉVISION. L. prœ-msionem.
PRÉVOIR. L. prce-videre. — D prévoyant,
d'où prévoyance.
PRÉVÔT, prevost*, it.prevosto, esp., port.
preboste ; du L. prœpositus, — D. prévôté, -al.
— Une confusion avec propositus a donné
lieu aux formes vfr. provost, ail. propst,
probst et profoss, ni. provoost.
PRIER, anc. preier, proier (cp. nier et
noyer", plier et ployer), du L. precari. —
D. prière, it. pregaria, prov. preguiera, du
L. precaria, se. oratio.
PRIÈRE, voy. pHer.
PRIEUR, du \j,priorem = qui précède, qui
a le pas sur un autre. — D. prieure, BL.
prioratus.
PRIMAIRE, L. primarius, forme savante
de premier.
PRIMAT, « qui primas partes tenet ♦», it.
primate, aX\. primas, du L. primai, -atis. —
D. pHmatie.
PRIMAUTÉ, vfr. pHmahé, d'un type latin
prinuUitatem fcp. principauté), dér. du BL.
primalis, premier, principal. — L'it. prir
mato et l'ail, primat viennent du subst. L.
primatus,
1. PRIME, adj., du L. primus. A l'état
d'adjectif, nous ne trouvons plus ce mot que
dans les locutions de prime abord, de prime
face, et dans les composés prtwwr^ô (v. c. m.),
printemps (p. prime-temps), et l'adj. prime-
sautier, tiré du v. subst. prime-saut (aussi
prinsaut) = L. primus saltus, premier saut,
premier mouvement. — D. primer, avoir le
premier rang, devancer; subst. primeur,
première saison des fruits ou légumes, etc.
2. PRIME, subst., à.dJi?> prime d'assurance,
d'encouragement, de bourse; direct, de
l'angl. premium (prononcé primium), qui,
ainsi que l'ail, pràmie, vient du L. prœ-
mium (de prœ-imere*). — D. primer, doter
d'une prime.
3. PRIME, t. de lapidaire, vfv.presme;
c'est le même mot que prisme.
PROiER, voy. pHme 1 et 2.
PRIMEROLE. syn. de primevère, dér dimi-
nutif de l'adj. prime (cp. féverole, banderole),
pr. première fleur.
PRIME-SAUTIBR. voy. prime 1 .
PRIMEUR, première saison, voy. prime 1 .
PRIMEVÈRE, vfr. primevoire, fleur des
premiers jours du printemps; it., esp., prov.
primavera (forme masc. prov. primveru d'un
composé populaire latin primavera, tiré du
L. primum ver, premier printemps.
PRIMIOIER, aussi prificier. Voy. sous
pynnce,
PRIMITIF, L. primitivus. Voy. aussi plu-
mitif.
PRIMOGÉNITURE, atnesse, du L. primo-
genitus, né en premier.
PRIMORDIAL, L. primordialis (de prim-
ordium, premier commencement;.
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PRI
— 412 —
PRO
PRINCE, du L. princtpem ; pour la mutila-
tion finale, cp. évéque de episcopuSy souple de
supplicem. — D. princesse; princier (adj.);
il ne faut pas confondre avec qg dérivé mo-
derne de prince l'ancien subst. princier =
grand seigneur, homme de cour, qui répond
au L. primicerius, chef de corps, primicier.
PRINCIPAL, L. principalis (princeps). —
D. principalté* t principauté, dignité de
prince, puis teire gouvernée par un prince ;
forme substituée à principcU == L. principa-
tus, it. principato (cp. primauté p. primat).
En lat. prindpalitas signifiait primauté, préé-
minence.
PRINCIPE, L. principium, commence-
ment.
PRINTEMPS = primum tempus, première
saison. Dérivé arbitraire : printanier; un
dérivé régulier priniemporel eût été par trop
pédant.
PRIORITÉ, L. prioritatem (prior).
PRIS, vfr. prins, L. prensus ; de \à, prise,
vfr. prinse, subst. participial de prendre.
PRISE, subst. action de prendre, puis pin-
cée de tabac, dose d'un médicamment, voy.
pris. — D. priser,
1 . PRISER, prendre une prise (voy. prise).
2. PRISER, mettre un prix à qqch. (vfr.
proisier), dôr. de prix, vfr. pris (v. c. m.).-:-
D. priseur, prisée; cps. mépriser (v. c. m.),
vfr. despriser,
PRISME, L. prisma, gr. npiiafiu. Voy. aussi
prime 3.
PRISON, vfr. aussi proison, it. prigio7xe,
esp. prision, port, prisâo, prov. preisô, du
L. prensiônem (de prendere). Le sens abstrait
• action de prendre » a tourné en celui de
• lieu où Ton enferme ceux que l'on a pris »» .
La vieille langue employait le mot pinson
dans le sens naturel de capture, de prise, puis
aussi (comme le fait Tit. et le prov. à l'égard
de prigione et preisô, dans celui de prison-
nier), mais avec changement de genre (cp.
nourrisson, polisson). — D. prisonnier, em-
prisonner.
PRIVAUTÉ. d'un type privalitatem, tiré
d'une forme privalis, extension de privus.
Une autre forme extensive de privus, savoir
privensis, a donné l'a^j. privais, qui est à
supposer d'après le verbe dérivé ap-privoiser.
PRIVÉ, du L. privatus, opposé à publicus,
donc = particulier, individuel, personnel,
dérivé de l'adj. privus, isolé, particulier.
Dans la moyenne latinité, le mot privatus a
pris le sens de *« ami intime, familier », de là
la valeur des termes priver =^ rendre fami-
lier, privé, opp. à i&rouche, privau te et appri-
voiser (voy. l'art, préc). — Le sens du subst.
privé, lieux d'aisance (vfr. jortrele), découle du
sens « particulier, secret ».
1. PRIVER, apprivoiser, voy. l'art, préc.
2. PRIVER, déposséder, dépouiller, L. pri-
vare. — D^. privation, privatif.
PRIVILEGE, L. priviJegium, pr. loi qui ne
concerne qu'un individu [prîrm), loi person-
nelle, d'exception, de faveur. — D. privilé-
gier.
PRIX, vfr. pris, prov. prêts, esp. prez,
precio, if. pregio eipreszo, ail. preis, angl.
price, prise, du L. pretium. — D. priser,
mettre un prix, apprécier, prov. prezar, it.
prezzare et pregiare, ail. preisen, angl.
praise.
PROBABLE, mot savant, L. probahilis,
(quod prohari potest). — D. probabilité^ L.
probabilitatem.
PROBANT, L. probanicm.
PROBE, L. probiis, — D. probité, L. pro-
bitatem.
PROBLÈME, gr. Ttpà^Ufia (chose jetée en
avant), cp. Ven^T. proposition, pr. chose posée
en avant; problématique, gr. :rpo6i»i;AaTixo?.
PROCÉDER, L. prO'Cedcre, marcher ou
venir en avant, d'où les significations déri-
vées : 1 . sortir de, provenir, tirer son origine,
2. se prendre de telle ou telle manière dans la
poursuite d'une aflaire (à cette signification
se rapporte le subst. partie, procédé); 3. agir
en justice. A la dernière signification ressor-
tissent les subst. procédure (de formation
moderne) et procès, formé d'après le type latin
processus [de processum, supin de procéder e),
auquel on a transféré la valeur moderne du
verbe procédure. Au sens premier et matériel
de ce verbe - aller en avant », se rattache le
dérivé Xhûn processio, marche, d'où le terme
d'église procession.
PROCÈS, voy. l'art, préc.
PROCESSION, voy. procéder.
PROCHAIN, forme extensive de proche,
répondant à un type latin propianus.
PROCHE, du BL. propius p. propis. — D.
prochain, approche^' , reprocfier (voy. c^îs
mots).
PROCLAMER, L. pro-clamare. — D. pro-
clamation, L. proclamationem.
PROCRÉER, L. pro-creare, — D. procréa-
tion, L. procreationem.
PROCURER, L. prO'Curare, litt. avoir soin
de qqch. pourqqn. — D. procureur, rïr. pro-
cureur, L. procuratorem ; procuration, L.
procurationem.
PRODIGE, L.prodigntm (prodigere). — D.
prodigieux, L. prodigiosus.
PRODIGUE (mot savant), L. prodigus (pro-
digere). — D. verbe prodiguer, et, par un
adj.inus. prodigalis, le subst. prodigalitatem.
fr. prodigalité.
PRODUIRE, du L. pro-ducere, d'où, par le
supin productum : produit, L. prodnctnm.
chose produite ; producteur, L. productorom ;
production, L. productionem ; productif., pro-
ductible.
PROÉMINENT, -ENCE, du L. pro-cminere,
être saillant.
PROFANE, L. pro-fanus, litt. ce qui est
devant ou hors du temple /mii/»î). — D. pro-
faner, L. profanaro.
PROFERER, L. pro-fern-e p. prof erre.
PROFÈS, L. professiis, qui a fait profes-
sion ; T^ro/J'^fs^r, L. profossari*, fréq. de profi-
ter!, déclarer ouvertement; profession, L.
professioneni ; professeur, L. profcssorem.
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PRO
— 443 —
PRO
PROFESSER, reconnaître, puis exercer,
pratiquer publiquement. Voy. l'art, préc.
PROFESSEUR, L. professorem (m. s.).
PROFESSION, L. professionem. Les accep-
tions modernes sont corrélatives à celles don-
nées successivement au verbe professer, —
D. professionnel.
PROPICIAT, mot latin, signifiant « que cela
(vous) profite! ».
PROFIL, voy. profiler,
PROFILER, it. profllare, esp. perfilare
(d'après la confusion fréquente depro Qiper)\
de là les subst. it. proffilo, esp. perfîlo, fr.
PROFIL, anc. porfil, pourfd. Composition de
filum, ligne, trait, contour. Le préfixe pro a
ici la même valeur que dans portrait.
PROFIT, it. profetto, prov. profieg^ du
subst. L. 2jrofcctiiSf progrès, succès, avantage
(cp. confit de confectus, lit de lectus^ pis de
pectus^ dépit de dcspectus), — D. profiter ^
profitable.
PROFOND, vfr. parfont, h,profundus(înn-
dus); le prov. a, par syncope, transformé le
mot latin en preon comme le fr. a converti le
L. rotiindus en rcond^ puis rond, — D. pro-
fondeur, approfondir.
PROFUS, L. proficsus, litt. répandu en
abondance (pro-fundere); profusion^ L. profu-
sionem. Cp., pour le sens, foison, grande quan-
tité, dafit-sionem, fusion.
PROGÉNITURE, L. progenitura\ tiré de
progenitus (pro-gignerej, engendré.
PRO(jRAMME. gr. Tzpô-ypxfiua, édit, mani-
feste, litt. traduit par L. prce-scriptum et
ail. wr-schrift.
PROGRES*, L. progressas (pro-gredi). —
D. jirogressif, Yorhe progresser et subst. ^ro-
gressiste (néologismcs).
PROGRESSION, L. progressionem (pro-
gredi).
PROHIBER, L. pro-hibere, litt. tenir qqch.
en avant, mettre obstacle ; du supin prohibi-
i\\in\ ji^ohiMtion, L. prohibitionem, et prohi-
bitif
PROIE, vfr. aussi preiey L. prœda.
PROJECTILE, mot nouveau, tiré du supin
prqjectum. de pro-jicere, lancer en avant.
PROJECTION, L. projectionem (projicere).
PROJET, L. prqjectum (pro-jicere), chose
jetée en avant, proposée ; l'acception moderne
est étrangère au mot classique ; aussi vaut-il
mieux considérer projet comme subst. verb.
de projeter (v. c. m.). — L'ail, a la même mé-
taphore dans ent-wurf et vor-wurf.
PROJETER, litt. jeter en avant (signification
encore propre aux expressions « projeter une
ombre n et " se projeter »»), puis tracer un
plan, faire un projet.
PROLÉGOMÈNES, grec 7r.oo.iîyo>sva, litt.
choses dites d'avance; cp. préface.
PROLEPSE, gr. 7r/5oiv3}i;, exact, traduit
par le L. anticipation action de prendre
d'avance.
PROLÉTAIRE, L.proletarius, citoyen do la
dernière classe, pr. homme du peuple ; dérivé
de 'proletum, population (do pi'oles^ progé-
niture); cp. plébéien. — D. prolétariat.
PROLIFIQUE, L. prolificus\ qui fait des
exiÎQXiis proies.
PROLIXE, L.proli-xus, relâché, étendu.—
D. prolianté, L. prolixitatem.
PROLOGUE, gr. npô-Aoyç, exact, traduit par
le L. prœfatio,
PROLONGER, L. prolongare (Vulgate). —
D. prolonge (subst. verbal); prolongation^
-ement (le premier subst. se rapporte au temps,
le secxjnd à l'espace).
PROMENER, anc. pourmener, du L. pro-
minare, faire aller; « prominarojumenta ad
lacum » se trouve dans Apulée. — D. prome-
nade (le mot a une physionomie it. ou esp.,
cependant, ces langues ne le possèdent pas) ;
promeneur, promenoir.
PROMESSE, duBL. promissa, subst. parti-
cipial de promittere.
PROMETTRE, pro-mittêre, d'où promissa*,
fr. promesse, et promissionem, fr. promission,
PROMINER, L. pro-minere. — D. promi-
nent (on dit auj. de préférence ^wo-^minen^),
promine7ice.
PROMISCUITÉ, dér. fr. de ra<y . L. promis-
cuus (promiscere), mêlé, confus.
PROMONTOIRE, L. promontorium (mons),
cp. l'ail. W)r-gebirg.
PROMOUVOIR, L. pro-movere; du supin
promotum viennent promotor, promotio, fr.
promoteur, promotion.
PROMPT, L. promptus (promere). —
— D. promptitude. L. promptitudo; promp-
tuaire, L. promptuarium, provision d'où l'on
va tirer (promere) ce qu'il faut.
PROMULGUER, L.pro-mulgare.
PRONE, vfr. preone^ du L. prœconium
(pi'ajco) par la syncope du c médial. —
D. prôner.
PRONOM, L. pro-nomen ; adjectif prono-
minal, L. pronominalis.
PRONONCER, L. pro-nuntiare. — D. pro-
nonciation, L. pronuntiationem.
PRONOSTIC, p. prognosiic, du gr. npo-
yvw7Tixov, présage, litt. qui se rapporte à la
îrow-/vwîi; (connaissance par avance;. — D, pro-
nostiquer.
PROPAGANDE, 1. pr. congrégation de la
propagande, c.-à-d. de propaga^ida fide, litt.
de la foi à propager; 2. association quel-
conque ayant pour but la propagation d'une
opinion ; 3. syn. de propagation.
PROPAGER, L. propagare, pr. provigner
(propages, bouture, lignée).
PROPENSION, L. propcnsionem (pro-pen-
dere).
PROPHÈTE, L. propheta, gr. 7rpo-?>iT>ï;,
litt. ^= pré- diseur. — D. prophétesse, L. pro-
iphetissu \ prophétie, gr. npo-^virtU; prophé-
tique, gr. îro3jp>}Twoi, prophétiser, gr. Ttpofn-
PROPICE, L. propitiiis; du verbe dérivé
latin propitiare, rendre favorable, viennent
propitiation, -atoire, L. propitiationem, -ato-
rius.
PROPORTION, convenance et rapport des
parties entre elles et avec leur tout, du
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PRO
— 414
PRO
L. proporiionem, mot créé par Cicéron pour
rendre le grec ivxxoyla. — D. proportionnel^
L. proportionalis ; y erhe proportiontier ; o^]).
dis-proportion.
PROPOS, p. propost (cp. dispos p. dispost)^
du L. propositum = 1. dessein, intention,
volonté (signification encore propre au mot
français) ; 2. sujet que l'on traite, thèse, ques-
tion, pr. chose que l'on met en avant. A la
dernière signification se rattache la locution
adverbiale à pro2X>s, convenablement au
temps, au lieu, etc., dont on a fait le subst.
Va propos, pour lequel les Italiens ont un
opposé dans sproposito, sottise, chose hors de
propos. Mais d'où vient l'acception « discours
de conversation • qui prime aujourd'hui toutes
les autres? Je pense que dans cet emploi, pro-
pos est le subst. verbal de proposer^ pris dans
le »ens ancien de dire, discuter.
PROPOSER, composé de poser, fait d'après
le L. pro-ponere, dont le supin propositum a
donné : proposition, fr. proposition, et propo-
situm, fr. propos [v, c. m.).
1. PROPRE, qui appartient à qqn. à l'ex-
clusion de tout autre, particulier, bien carac-
térisé, h.propHiis. — t). propriété, L. proprie-
tatem, 1. droit sur les biens qu'on a en pro-
pre; puis les biens mêmes ; 2. qualités, vertiis
particulières d'une chose ; cp. ail. eige^tschafl.
— D. s'approprier qqch., s'en faire le proprié-
taire.
2. PROPRE, convenable, ayant les qualités
particulières requises pour telle chose ; cette
signification se déduit de celles du mot pro-
pre traité ci-dessus. — D. approprier, ren-
dre propre.
3. PROPRE, net. opp. à sale ; c'est le même
L. proprius dont il est question dans les deux
articles qui précèdent; l'acception « net •»
découle du sens *« convenable »•; c'est un des
cas rares où l'on remarque le passage do
l'ordre moral à l'ordre matériel (cp. lourd). —
D. dim. propret (anc. aussi propet) ; subst. .
propreté.
PROPRIÉTÉ, voy. propre 1. — D. proprié-
taire, L. proprietarius.
PRORATA, du L. pro rata, s. e. parte, à
proportion, litt. pour la part déterminée.
PROROGER, L. pro^rogare. — D. proi-oga-
tion, L. prorogatio.
PROSCRIRE, L. pro-scribere, bannir, d'où :
proscriptionem, fv. proscription; proscriptus,
fr. proscrit.
PROSE, L. prosa (p. prorsa, s. e. oratio,
c.-à-d. langage droit, non contourné comme
le vers poétique ou oratio inversa;. — D. pro-
saïque, L. pros&ïcus \ prosaïser, proser, pro-
sateur.
PROSEGTEÏÏR, L. pro-sectorem (secare).
PROSÉLTTE, L. proselytus (terme des
pères de l'Église), du gr. 7rpoff>î)wTo§, litt. ==
L. advena ; donc pr. nouvellement entré dans
une société religieuse. — D. prosély tique,
•isme.
PROSODIE, gr. Ttpoi-uSla (litt. traduit par
le L. ac-centus), 1 . accent tonique ; 2. ensem-
ble des règles relatives à cet accent. —
D. prosodique, gr. rr/soawotxoi ; vcrhc proso-
dier.
PROSOPOPÉE, gr. tt/sots-îtotto?», personni-
fication.
PROSPECTUS, mot latin. =« vue perspec-
tive, vue d'ensemble ; employé figuréineut
dans le sens de plan ou programme dun
ouvrage ou d'une entreprise annonc^^e.
PROSPÈRE, mieux vfr. jjrospre, du L.
pro-sperus (sperare). — .D. prosjjérer ^ L.
prosperare; prosjjérité, L. prosperitateni.
PROSTERNER, L. pro-sleimere, coucher à
terre, renverser; de \k prosternation, -emetit.
Du supin pro-stratum vient le subst. prostra-
tio, abattement, d'où le terme médical fr. pro-
stration.
PROSTITUER, L. pro-stituere, litt. placer
en avant, exposer au public. — D. prostitii*
tion, L. prostitutionem.
PROSTRATION, voy. prosterner.
PROTE, du gr. rtpûroi, premier, chef.
PROTECTEUR, voy. prot^^er. — D. protec-
torat.
PROTECTION, \oj. protéger. --D. protec-
tionniste (nf^ologisme).
PROTÉGER, L. pro-tegerc (litt. couvrir par
devant), d'où, par le supin protectum, les
subst. protectorem, -tionem, fr. protecteur,
protection,
PROTESTANT, voy. protester. — D. pro-
testantisme.
PROTESTER, L. protestari. — D. subst.
verb. protêt, ail. protest; protestant, nom
donné en premier lieu aux Luthériens qui
protestèrent dans la diète impériale tenue à
Spire en 1529 contre un édit d'une dicte
antérieure, tenue à. Worms, prohibant toute
innovation en matière de religion ; le teiTïie
s'est étendu à tous les schismatiques anti-
romains du xvi® siècle; protestation, L. pro-
testationom.
PROTÊT, voy. l'art, préc.
PROTOCOLE, du gr. ;r/5wrox9À/ev. Ce mot
signifiait chez les auteurs byzantins propre-
ment le pi-emicr (7r/5ÔiTo;) feuillet collé (xol)âv)
sur les rouleaux manuscrits, et sur lequel on
énonçait sous quel « comes largitionum »» et
par qui le rouleau avait été écrit; plus tard,
le mot s'est particulièrement appliqué aux.
documents notariés, parce que ces documents,
d'après un édit de Justinien, devaient, pour
prévenir les faux, toujours être accompagnés
de ce feuillet d'étiquette. Aujourd'hui l'on
entend par protocole le registre des notaires,
la minute des actes publics, etc.
PROTOTYPE, gr. 7rp«TOTU7ro« = Ttpô^roi
TÙTtoi, premier type.
PROTUBÉRANCE, du L.pro-tiiberare, pré-
senter une saillie fde forme arrondie).
1. PROU, adverbe, vieux mot signifiant
assez, beaucoup, pas mal, prov. pro, eut.
prou, du L. prod contenu dans prod-esse, être
utile (voy. G. Paris Rom., III, 420). L'étym.
probe iD'iQri) doit être abandonnée.
2. PROU, vfr. preu, ancien subst. signi-
fiant profit, consei-vé dans •• bon prou lui
fasse n ; c'est, comme le précédent, l'adverbe
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PRU
— 415 —
PSY
prod dans prodessCj prode fieri, ôtro ou deve-
nir utile. Voy. aussi preux.
PROUE, it. priuiy esp., port., prov. proa;
du L. prora, avec élision euphonique de IV
inédial, élision du reste tout à fait insolite.
Le vlia. avait ^..jyrora la forme prot, définie
dans une glose ancienne par - prior pars
navis », et l'it. dit dMssi proda \ionv proue.
Le mot fr. pourrait donc, ce nous semble,
très bien venir, comme Fit. proda^ dir. du
germanique pt^ot (ttoûto;?), et avoir à son tour
déterminé les formes esp. , etc., 2:troa^ prua.
D'autre part, il se peut aussi que le mot ger-
manique soit emprunté du roman, d'après
l'enchainement suivant \prora (îrpw^a), proda,
pronCy proa, cnchainement qui serait parfai-
t^iment analogue au suivant : L. prurtre, puis
prudire, it. prudere, prov. pruser^ port.,
cat. pruir. - Daprès G. Paris (Rom., X,
42), le fr. proue^ qui n'apparait pas avant le
XV' siècle, est tiré do l'it. proda.
PROUESSE, voy. preux.
PROUVER, vfr. procer (au présent sing.
preuve), prov. provar, néerl. proeten (ail.
prOfen), du L. probare. — D. preuve^ BL.
proha, subst. verbal.
PROVENDE, provision de vivres, it. f/ro-
fcinîa, voy. jtrébende.
PROVENIR, L. pro-venire. -— D. prove-
nant, d'où provenance.
PROVERBE. L. proverbium (Verbum). —
D. proverbial. L. proverbialis.
PROVIDENCE, vfr. pourvea7ice, L. pro-
tide) tti a. — D. p>^ovide7itiel.
PROVIGNER, voy. l'ait, suiv.
PROVIN, \iY. provain, provaing, prov.pro-
baiiie, it. propaggine^ du L. propago, gén.
prcpaginis (cp., pour la {ovmo, plantaginem
devenu plantain). — D provigner.
PROVINCE (forme savante;, L. provincia.
— D. provincial. — Comme nom géographi-
que, Provincia a fait régul. Provence, d'où
ladj. provençal
PROVISEUR, L. pro'visoreyn, litt. = pour-
voyeur.
PROVISION, L. provisioncm (pro-videre),
1 . action de prévoir ou de pourvoir; 2. choses
amas.sécs par prévoyance. — D. provisionnel,
approvisionner.
PROVISOIRE, d'un type L. procwoWw^ (pro-
videre). rendu par provision.
PROVOQUER, L. pro-vocare. — D. provo-
cateur, -ation, L. provocatorem, -ationem;
provocatif.
PROXDQTÉ, L. proximitatcm (proximus).
PRUDE; cet adjectif, pr. = sage, sensé, se
prend aujourd'hui en mauvaiso part pour
exprimer une sagesse ou une circonspection
exagérée ou affectée ; d'un type latin prudus,
contraction de promdus (covame prudens de
providens). Telle est l'étymologie reçue, mais
elle parait devoir être écartée. L'adj. franc.
prude, inconnu aux autres langues romanes,
a été dégagé des combinaisons prud'homme
et prude femme, très anciennes aussi dans la
langue ^aussi aveco ou eu p. u). Or, ces com-
binaisons, comme le démontre Tobler(Ztschr.,
II. 569, et Vermischte Beitrtlge, p. 113),
représentent des expressions analogues à
drôle de corps, diablesse de femme fdont le
savant romaniste de Berlin a rassemblé uu
grand nombre d'exemples anciens). Elles sont
donc primitivement = preu d'homme, preu
de femme; preu ou preuz (voy. preux)
n'avait qu'un genre. Le peuple, dans la suite,
en dégagea, par méprise, un at^ectif preude
et finit par écrire au pluriel pr^/rf^ hommes,
preudes femmes. La prononciation prude est
tout à fait moderne ; le passage de Berte cité
par Littré ne porte pas prude^ mais preude.
— D. pruderie.
PRUDENT, L. prudentem (pro-videns). —
D. prudence, L. prudentia.
PRUD'HOMME, homme sage et probe;
d'après ce que nous avons exposé s>o\\s prude,
le d représente de, et le terme serait analogue
à preu de femme; mais tout en admettant le
bien fondé de ce que dit M. Tobler sur l'ori-
gine de l'adj. prod, prou, nous sommes à
nous demander si Ton peut séparer le vieux
composé fr. prudome des termes analogues
prov. prozom, esp. prohombre, it. produomo.
Il est admis aujourd'hui que l'élément prod ou
proz représente le prod latin dans le verbe
prodesse. — D. prud*homie,
PRUINB, L.pruina.
PRUNE, L. prunum. — D. prunier; du
dimin. prunellus: l.masc. pruneT, pruneau,
2. fém. prunelle, petite prune sauvage et, par
assimilation, = pupille, TouveTture ronde et
noire dans le milieu de Toeil (cp. Texpr. ail.
augapfel, pomme de l'œil) ; de prunel décou-
lent les subst. prunelaie,prunelée.
PRUNEAU, voy. prune.
PRUNELLE, voy. prune. — D. prunel-
lier.
PRURIGO, mot latin = démangeaison. —
D. prurigineux, L. pruriginosus.
PRURIT, L. pruritus (prurire).
PSALMISrE.dér.duL.p*a/mw*^gr.';ai/Ao;),
= fr. psaume. De ^xifiô; et àoïj vient -^xXfjLra-
oîTv, chanter des psaumes, dW ^ocXfitaSla^ fr.
psalmodie, d'où verbe psalmodier. Du verbe
«fàÀiîiv, pincer les cordes d'un instrument, dé-
rive le subst. 'M-cTipiov, L.psaltertum, instru-
ment de musique et recueil des psaumes, fr.
psaUérion et psautier.
PSAUME, vfr. saline, saume; voyez l'ar-
ticle précédent.
PSAUTIER, vfr. saulier. Voy. psalmisie.
PSEUDO-, mot prépositif marquant fausseté
ou apparence trompeuse, du grec r^nùinv,
mentir, tromper.
PSEUDONYME, du gr. ^fiuî^vu/t?; {}tûSo
+ ôvofia), fait ou écrit sous un faux nom. —
D. pseudonymie.
PSTCHÉ, du grec -^ux»), âme ; en mytholo-
gie, le nom d'une princes.se d'une grande
beauté, qui devint l'épouse do l'Amour. La
fantaisie a fait nommer ainsi une espèce do
miroir mobile permettant aux belles de so
mirer dans toute leur beauté. — De lu^ii dans
son acception propre, souffle, âme, nous
avons le dérivé psychique, gr. ^f ux^o;» ot 1©
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PUN
— 416 —
PUR
cps. psychologie^ gr. rfu^o^oyéa, science de
rame.
PïïB£RE, mot de facture savante, L.puber.
— D. puberté, L. pubertatem.
PUBLIC, h. publiais (p.populicus,de popu-
lus). — D. publicité; publiciste^ qui fait des
études ou des traités sur des questions du
droit ou d'intérêt public.
PUBLIER, angl. publish, du L. publicare,
d'où publicationem, fr. publication,
PUCE, it. pulce, esp. pulga, du L. pulex,
pulicis. — D. pucerofi, é-pucer, it. s-pul-
ciare.
PUCEAU, puceV, fém. pucelle (it. pulcella),
du h. pullicellus* t dim. de ^Jw^^ws, jeune. —
D. pucelage j dé-puceîer.
PUCELLE, voy. l'art, préc.
PUDEUR, L. pudorem» — D. impudeur,
PUDIBOND, L. pudibundus (pudere).
PUDIQUE, L.pudicus (pudere). — D.pudi-
citéj L. pudicitatem; impudique,
PUER, vfr. puir, du L. putere, — Du pai-t.
prés, puant : le subst. puanteur (cp. pesan-
teur de pesant) et le verbe empuantir,
PUÉRIL, L. puerilis (puer). — D. puéri-
lité^ L. puerilitatem,
PUGILAT, L. pugilatus (pugilare).
PUÎNÉ = puis né, Voy. puis.
PUIS, vfr. pois, prov, pois, esp. pues, port,
po2, it. pot, d'après Diez du L. post; compo-
sés : de-puis = de-post (depuis emporte à la
fois une idée do point de départ et une idée
de succession ou de postériorité); puisque,
anc. = depuis que, après que (le sens do cau-
salité est survenu), littéralement le L. post-
quam; puiné = puis 7ié, — Avec M. Thomas
(Rom., XIV, 574), je rattache puis plutôt à
un type latin postius', comparatif de j305^
PUISER, voy. puits, — D. puisard, puisa-
tier ; cps. épuiser (cp. L. ex-haurire).
PUISQUE, voy. puis,
PUISSANT, vfr. aussi poissant, d'un par-
ticipe présent barbare /)055en5, -ntis, àepossum
(= potis-sum), — D. puissance, impuissant.
PUITS, vfr. pois, puis, puch, wall. puss,
rouchi, pic, puchs, it. pozjso, esp.poso, flam.
put, du L. puteus. — D. puiser, dans les pa-
tois du Nord pucher,
PULLULER, L. pidlulare (pullus), faire
des jeunes, se multiplier.
PULMONAIRE, -IQUE, du L. pulmo, onis
= fr. poumon,
PULPE, L, pulpa, — D. pulpeux, L. pul-
posus ; verbe pulper,
PULSATION, L. pulsationem fpulsaro).
PULVÉRISER, réduire en poussière ; exten-
sion du L. pulve7'are (pulvis) = fr. poudrer,
couvrir de poussière.
PULVÉRULENT, L. pulvérulent us,
PUNAIS, anc. puant en général, auj . par-
ticul. puant du nez, prov. putnais. Le mot
est formé de la racine put (d'où putere, fr.
puer) et d'un suffixe qui, bien certainement,
n'a rien de commun avec nasus, nez. Le mot
répondrait parfaitement à un type it. puto-
nazzo, mais cette forme n'existe pas. Les
formes pic. punasse, piém. punas autorisent
à remonter à un typo putinaceus . — D. subst.
punaise, fém. de jmnais, nom do l'insecte
puant par excellence.
PUNAISE, voy. l'art, préc.
PUNCH, orthographié aussi ponche, mot
angl. venu des Indes et tin» du sanscrit
panch, cinq, le punch étant composé de cinq
ingrédients.
PUNIR, L. punire. — D. punition, L. pu-
nitioncm ; punissable,
1. PUPILLE (de l'œil), fém., L.;3e(;)î7/« ^pu-
pus), cp en gr. xop/j, pupille, pr. jeune fille.
2. PUPILLE, orphelin, masc. et fém., L.
pupillus (pnpus). — D. pupillaire.
PUPITRE, d'un type lat. immédiat pw7pî7u.
lum, dim. de pulpitum, estrade; cp. epistola
épUre. Je rétracte, comme contraire aux
règles de l'accent, mon ancienne explication
du mot (bien que je la retrouve dans Littré et
Brachet), reposant sur un changement do
pulpitum en pupitlum — Pulpitum, régu-
lièrement francisé, devait î-àive poutc ; il est
le type del'it. pulpito et do ïaW.pult.
PUR, "L.purus. — D. pureté, L. puritatem ;
puron, petit-lait épuié; néologismes : pu-
riste^ purisme, puritain.
PUREAU, t. de couvreur, partie d'une tuile
ou d'une ardoise qui n'est pas cachée par la
tuile ou l'ardoise voisine; d'après Littré, de
pur. Cela est probable ; pur est souvent sy-
nonyme de simple, non doublé, nu.
PURÉE; comme aujourd'hui la purée
éveille l'idée de passer par un tamis, on est ten-
té de voir dans ce mot un dérivé ou plutôt un
subst. participe, d'un verbe /;i(r<îr, purifier.
Mais cette étymologie n'est que spécieuse. Le
mot (notez les formes champ. 2^orée, poh'ée)
signifiait autrefois tout simplement un potage
de légumes, et répond aux formes BL. porea,
purea, pureya, porreta, 2>orrecta, porrata,
jusculum ex porris confectum. C'est donc
prob. un dér. du L. porr«m,porreau, légume
dont on faisait et dont on fait encore de la
soupe. Il parait cependant que l'anc. terme
purée de raisin est distinct de notre mot et
tient à jowrcr, nettoyer; cp. mère-goutte, de
merus, pur. — Brachet présente une tout
autre explication ; il enchaîne très correcte-
ment les formes suivantes : L. piperaia (do
piper, poivre), d'où ^Mcces^. iv.pcvrée, peur êe,
purée. Si l'on peut admettre que le poivre
joue le principal rôle dans la confection de la
purée, cette étymologie doit l'emporter. — U
est bien possible que, suivant les applications
à.Q purée, il y ait dans ce mot un concours do
plusieurs primitifs. Aussi l'on ne peut nier
que ce que l'on entend généralement par
purée ne s'accorde à souhait avec l'ét. de Jo-
ret, sa.\o\Th.purare, «découler, dégoutter»;
c'est donc le coulis qu'on obtient en éonisant
des pois, etc., et en faisant passer et purer la
bouillie à travçrs un sas. Voy Rom , IX,
337.
PURGER, L. purgare (purus). — D. purge,
subst. verbal; purgation, -atif; purgatoire,
lieu où l'on se purge do ses souillures.
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QUA
— 417 —
QUA
PURIFIER» L. puri-ficare, d'où purifica-
tion,
PURIN, dér. du L.j9W5,pwm, pus, ordure,
excrément. — D. puriner, — Purot, citerne
à fumier, a la même origine.
PUROT, voy. puri7i.
PURPURIN, dér. àe purpura^ pourpre.
PURULENT, L. purulentus (pus,puris). —
D. purulence^ L. purulentia.
PUSILLANIME, L. pusillanimus (pusillo
animo. cp. ail. klein-miithig). — D. pusilla-
nimité, L. pusillanimitatem (Lactance).
PUSTULE, L. pustula. — D. pustuleux.
PUTAIN, forme d'accusatif du vfr. pute ^=
fille (cp. nonain de nonne). Quant à pute, it.
putta, il représenta le fém. du L. putus, petit
garçon. Députe == putain viennent les vieux
mots putage et puteiie == putanisme, et le
mot putassicr. Par son étymologie, le mot
pute n'implique aucun mauvais sens, pas plus
que ffarce (v. c. m.). 11 n'est pas nécessaii^e
d'attribuer à l'acception injurieuse « femme
de mauvaise vie »» une influence de l'adj. vfr-
put, qui signifiait puant, vil, bas, repoussant,
et qui est le L. putidus. Ne disons-nous pas
encore « courir les filles »», comme on disait
autrefois courir les putes f — Notre manière
de voir a trouvé un contradicteur de grande
autorité. Le vfr. put, fém. pute, d'où putain,
ne peut, selon les règles strictes de la phoné-
tique, représenter le lat. pûtus.pûta f garçon,
fille); celui-ci eut produit it. poto, esp. podo,
fr.pou, îém.poueion plutôt, d'après G. Paris,
peu, peue). Les {oYmos, putta, puta, ïv. pute,
accusent plutôt lat. pïUidus (cp. netto, neto,
îr, net de nitidus] et impliquent un sens mau-
vais. Tel est le fond d'un article de M. Fors-
ter, consacré à ces mots dans Grober Ztschr.,
m, 565, en rectification de l'opinion de Diez,
adoptée jusqu'ici par Littré et moi. Je me range
sincèrement à son avis, mais je me plains de la
légèreté avec laquelle il me reproche d'avoir
copié sur Littré la phrase erronée. » Par son
étymologie, le mot puie, etc. «; il aurait pu
et dû s'assurer que la phrase en question
était déjà textuellement dans ma K® éd. qui
date de 1862, tandis que Littré l'a reproduite
en 1869. Il n'y a pas de déshonneur à se
tromper en Sbciété de Littré, mais je dois pré-
férer assumer la responsabilité de l'erreur que
passer pour un copieur servile et malhonnête
de l'illustre lexicographe. — D. putanisme,
PUTATIF, L. putatimis (putare), supposé.
PUTOIS ; mot tiré de la racine latine puly
puer, à cause de l'odeur infect<3 qu'exhale cet
animal ; Fit. a puszola (de la forme verbale
pussare,, puer), le BL. putacius, putosius,
putonius.
PUTRÉFACTION, du L. pictrefacere ; le
\'evbQ putréfiej\ vient d'un type putrefîcarc,
PUTRIDE, L. pidridus, — D.putridité.
PUT, anc. pui, imie (voy. Gachct). lieu
élevé, hauteur, prov. pueg, puoi, it. poggio
(esp., port, poyo, = banc devant la maison),
du L. podium, terrasse, éminence, tertre. De
pui vient le verbe vfr. puier, gravir. Dans
l'anc. langue, pui signifiait aussi pièce pour
soutenir (dimin. puiot)\ c'est à cette dernière
acception que se rapporte le verbe cps. ap-
puyer^ it. appoggiare,
PT6MÉE, nain, pr. nom d'un peuple fabu-
leux, dont la taille ne dépassait pas une cou-
de'e; grec Truy/AaTo;, do 7ru*/^»i, pr. poing, puis
distance du coude à la naissance dos doigts.
PYRAMIDE, gr. Ttvpxfiii, -î5o^ — D. pyra-
midal, employé fig. d'une chose colossale;
verbe pyramider.
PYRITE, L. pyrites, gr. ttuc^tv?; [itlp],
PYROSCAPHB, bateau à vapeur, mot nou-
veau, formé de rOp, feu, et ««^ïf, navire.
PYROTECHNIE, l'art {xïyyn) de se servir du
feu (T:\ip),
Q
QUADRAGÉNAIRE, L. quadragenarius ;
QUADRAGÉsiMK, forme savante p. carême (v. c.
m.).
QUADRANGLEfL. quadrangulus, d'où qua
drangulaire.
QUADRATURE, L. quadratura (quadrare^.
QUADRI-, en composition, = L. quadri
(dans quadri-eiDiium, quadri- later us).
QUADRILLE, do l'jt. quadriglia, petite
troupe; on disait aussi esquadrille =^ it. squa-
driglia ; voy. pscadre, équerre .
QUADRILLÉ, du BL. quadrillus, carreau.
QUADRILLION, formé avec ïéXéniQni quadri
de la même façon que billion avec bi (àis),
QUADRUPÈDE, L. quadrupes, -edis.
QUADRUPLE, L. quadruplus. — D. qua-
drupler.
QUAI, néerlandais kaai.angl. kay, bas- ail.
kaje, digue le long d'un fleuve (vfr. caye et
esp. cayo, banc de sable), du cymr. cae, enclos,
barrière.
QUALIFIER,BL.giwiZi7îcarefqualemfaccre),
certa qualitate donare, d'où qualification,
-atif.
QUALITÉ, L. qualitatem, d'où qualitativus,
fr. qualitatif.
QUAND, L. quando,
QUANT, acy. (dans quantes fois p. combien
de fois), L. quaJitus. — D. quantième; quan-
tité, L. quanti tatem, d'où quantitatif, —
L'adv. qua7it à est une locution elliptique,
tii-ée du L. qua)Uum pcrtinet ad,
QUARANTE, L. quadraginta, — D. qua-
rantième, quarantaine.
QUADBRONNER, terme de charpentier, de
quart de rond, cp. pour la forme le terme
technologique plafonner de plafond,
QUART, 1 . adj. = quatrième, employé seu-
lement dans « quart denier, fièvre quarto «,
et dans le composé (t^rme de vénerie) quartan
p. quart an, quatrième année; 2. subst., qua-
trième partie d'un tout. Du L. quartus, —
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QUE
— 418 —
QUI
D. quaHe; quartaui (vfr. quartaT)\ quarteron
(suffixe dimin. eron)\ quartier (v. c. m.);
écarteler{y. c. m.).
QUARTAINB (fièvre)» L. quartana febris,
fièvre quarte.
QUARTAN, voy. quart.
QUARTERON, voy. quart
QUARTIER, L. quartarius (quartus) ; pr.
la quatrième partie d'un objet ou d'une éten-
due, de là partie ou division en général
(« quartier d'un gâteau, d'une ville, d'une mai-
son «1 ; ; de l'idée quartier de ville s'est dégagé
le sens : certaine étendue do voisinage, canton,
puis en t. de guerre l'endroit où une troupe est
casernée, campée, campement d'un corps de
troupes, d'où qiiarlier-maUre. D'où vient l'ac-
ception : traitement favorable à l'égard de
troupes vaincues, grâce, pardon? Voici ce
qu'en dit De Bricux : « Cela vient de ce que
les Hollandais et les Espagnols étaient autre-
fois convenus que la rançon d'un officier ou
d'un soldat se payerait d'un quartier de sa
paye; de sorte que quand on ne voulait pas
recevoir à rançon, mais qu'en usaût de tous les
droits de guerre quelqu'un tuait son ennemi,
il lui disait •• C'est en vain que tu oifres un qiia7*-
tier de t^s gages, on n'en veut point, il faut
mourir. »• Littré pense que quartier^ au sens
de vie sauve, provient plutôt de quartier au
sens de logis, résidence : « donner quartier »»
serait donc = recevoir en son logis, à sûreté.
QUARTZ, mot allemand. — D. quartzeux,
QUASI, mot latin (p. quam si) = comme si.
QUATBRNB, L. quaternus, Voy. aussi
cahier. — D. quaternaire.
QUATORZE, L. quatuor decim. — D. qua-
t&rzième.
QUATRAIN, dér. de quatre, cp. sixain de
six.
QUATRE, prov. quatre , catre, esp. cuatro,
it. quattro, du L. quatuor. — D. quatrième;
quatrain.
QUATUOR, mot latin, = quatre.
QUE, it. che, esp., port., prov. que. Comme
pronom relatif, ce mot répond au L. quem,
quam, quod, quid, pi. quœ; comme conjonc-
tion, au L. quod et quam.
QUEL (avec l'article lequel) , L. qualis; quel-
conque, L. qualiscunque ; quelque, it. qualche,
prov. qualsque, d'un type L. qualisquam
formé d'après quisquam.
QUELQUE, voy. quel. — Composés : quel-
quun. quelquefois.
QUEMANI), mendiant, vfr. caimant, chai-
manl ; d'origine inconnue. — D. quémander ;
caimandise (Cotgrave). — On trouve en vfr.
quémander p. comander, commander, mais
ni le sens, ni la forme ne conviennent à notre
mot, puisque la forme la plus ancienne est
caïment (3 syll.).
QUENOTTE, dent des petits enfants, dimin.
du vfr. quenne, dent ou nr.âchoire, qui tient
sans doute au nord, henna, mâchoire, goth.
hinnvs, mlm. hinne, '^awc.
QUENOUILLE, it. conocchia, du BL. conu-
cula, lequel est p. coïncida, dimin. du L. colus,
m. s. On a conservé 1'/ naturel dans le bourg.
quelonffne, champ, coloignc, — L'ail, kunhel,
m s. a la môme origine.
QUERELLE, d'abord plainte, puis grief,
affaire, débat, procès, du L. querela (queri).
plainte, ou plutôt, selon d'autres, de quœrella
(de quœrere), mot latin dont on a des exem-
ples. — D. quereller.
QUERIR, vfr. quen*e (cp. courir et courre),
L. quœrere, d'où, par le supin quœstum, les
subst. quaestor, fr. questeur; quaestio, fr. ques-
tion, et le subst. partie, queste' quête.
QUESTEUR, voy. l'art, préc. — D. questure.
QUESTION, voy. çu^'r. — D. questionner,
questionnaire, L. quaestionarius.
QUÊTE, voy. quérir. — D. quêter, d'où
quêteur.
QUETSCHE, sorte de prune; de Tall.
quetsche prune. — D. quctschier.
1 . QUEUE, vfr. coue, coe, prov. coa, it. coda,
du L. cauda. — D. couard (v. c. m ); quoail-
1er, remuer la queue ; écouer. — De queue,
terme de billard, on a fait le verbe qiwutcr.
2. QUEUE, futaille; d'origine inconnue, dit
Littré; l'orthographe keu\x>e permet de sup-
poser que ce mot est identique avec vfr. cuece
(prononcez qucuve) =r cut)e, bien que la voyelle
eu soit contraire au type latin cfipa,
1. QUEUX, masc., cuisinier, vfr. cou, it.
cuoco, du L. coquus.
2. QUEUX, fém., aussi queuz et queue,
pierre à aiguiser, prov. cot, du L. cos, cotis.
' QUI, pron., L. quietquis.
QUIA (A), du L. quia, parce que. Être à
quia, c'est ne plus trouver raison pour répon-
dre, être poussé à bout. La métaphore se
rapporte à celui qui ne sait plus dire autre
chose que quia, sans achever la phrase énon-
Çiint la raison. P. Meyer (Rom., IX, 126), se
fondant sur les commentaires du vers de
Dante (Purg., III, 37 j : • State contenti,umana
gente. al quia », croit que « être à quia »
signifiait, dans le principe, être dans cette
situation modeste où on sait qu'une chose est
(tô on, quia) sans réussir à en connaître la
cause (tô BiôTi).
QUIBUS, argent comptant, écus. Ce mot
latin (ablatif plur. du pronom relatif) rend
exactement la phrase française • de quoi n ,
dans •• avoir do quoi »♦.
QUICONQUE, L. quicumque.
QUDAM, mot latin ^=- un certain.
QUIET, vieux mot savant = L. quietus (qui,
dans le fr. du fonds commun, est devenu coi,
V. c. m.). — D. inquiet, L. inquietus; quié-
tisme, quiétude.
QUIGNON, p. cuignon, dér. de coin, qui est
le L. cuncus. En rouchi, on dit un keunié de
pain. Qom^avçzchantcau, à^cant, coin, bord.
1. QUILLE à jouer, it. quiglia, du vha. che-
kil, chegil, ail. mod. et néerl. kcgel, pr. objet
allongé en forme conique, ags. heel, kilc, —
D. subst. quillier^ quillette^ verbe qui lier.
2. QUILLE de navire, it. chiglia, esp. quilla,
du vha. c///o/, nord, kiùlr, ags. ceol, ail. mod.
kiel. — D. quillage.
QUINAUD, honteux, confus; d'après Littré,
tiré du vfr. quine, grimace (expression écour-
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RAB
— 419 —
RÂB
tée de quine-mine, espèce de geste moqueur),
tiré du L. quini^ cinq, à cause que les cinq
doigts étaient employés dans la quine-mine,
— D. enquinauder (v. c. m.).
QUINGAILLS, p. dincaille, voy. clinqviant,
— D. quincaillier t quincaillerie,
QUINGONGX, du L. quincunx (quinque un-
cise), 1 . monnaie de cuivre valant cinq onces
ou cinq douzièmes de l'as ; cinq boules y étaient
représentées pour en marquer la valeur ; 2. fi-
gure formée par des objets disposés respecti-
vement les uns par rapport aux autres comme
le sont les cinq points sur un dé à jouer.
QUINE> L. quinus^ mot analogue à qua-
terne.
QUININE, dérivé de quina, abréviation de
quinquina (v. c. m.).
QDINOLA, d'origine inconnue.
QUINQUAGÉNAIRE, L. quinquagenarius.
QUINQUENNAL, L. quinquennalis (quin-
quennium ^= quinque anni).
QUINQUST, ellipse, p. lampe à la Quinquet,
du nom du premier fabricant (1785).
QUINQUINA (Linné cinchona), du péruvien
kinakina, signifiant écorce par excellence.
QUINT, L. quintus. — D. quinte^ t. de
musique, — Pour quinte =« toux, voy. Tart.
quinte.
QUINTAINB, BL. prov. quintana, it. chin-
tafia; d'origine inconnue. — Papias définit le
mot : pars platese qua carpentum provehi
potest.
QUINTAL, it. quintale, esp. quintal, de
larabe qintar, poids de cent.
QUINTAN, forme masculine de quintaine,
QUINTE, toux acre et violente, qui prend
par redoublement; fig. caprice, bizarrerie,
mauvaise humeur (de làl'aîy. quinteux). Le
sens toux procède- t-il du terme « fièvre quinte •» ,
fièvre qui revient tous les cinq jours, ou de
quinta hora, accès de toux revenant à chaque
cinquième heure? Les médecins en sauront
là-dossus plus que moi. Pour ma part, je suis
disposé à voir dans quinte une modification de
quinque (la permutation de A et ^ est fréquente
dans les patois). Or, quinque se rattacherait au
V. flam. kincken, forme nasalisée de hichen,
ail. keicken, respirer difficilement, tousser
péniblement. De ce kincken viennent,: flam.
kinckhoest, ail. heich-husten, coqueluche, que
je retrouve dans le rouchi quintousse p. quin-
cousse. Le wallon de Liège dit caikioule, cai-
coule ^ le dialecte de Bayeux a clinke p.
quinque [l éponthétique) . — Cp. à l'appui de
cette étymologie, pour la forme, le vfr. ainte
p. ainque, encre, et le nom de plante quinte^
feuille^ p. quinquefeuille (L. quinquefolium).
QUINTESSENCE, pr. quinte essence, cin-
quième essence supérieure aux quatre élément*
de la terre. C'est ainsi que les pythagoréens
qualifiaient l'éther; auj. le mot exprime la
meilleure force extraite d'une substance quel-
conque par les procédés chimiques, et fig. ce
qu'il y a de meilleur, de plus subtil dans une
chose. — D. quintessencier, raffiner, subtiliser.
QUiNTEUX, voy. quinte.
QUINTUPLE, L. quintuplus p. quintupler.
— D. quintupler.
QUINZE, contraction du L. quindecim, —
D. quinzième, quinzaine,
QUIPROQOO, du L. quis{o\xquid)proquo,
c.-à-d. aliquis (ou aliquid) pro aliquo, l'un
pour l'autre ; d'après Littré, « de prendre un
quidpowv iinquod •».
QUITTANCE, voy. l'article suivant. —
D. quittancer,
QUITTE, vfr. cuite, prov. quiti, esp. quito,
ail. ktoitt, du L. quietus, en repos. Le bas
latin attachait à quietus le sens « qu'on laisse
tranquille, qu'on n'inquiète plus, conmie
s*étant dégagé de ses obligations », c.-à-d.
libéré, affranchi, qui ne doit plus rien. De là
le verbe quitter, d'abord laisser tranquille, lais-
ser aller, tenir quitte, renoncer à une chose,
la céder, s en désister, s'en séparer; de là le
subst. quittance, acte par lequel on quitte
quelqu'un de qqch. — Quitte ne peut venir
de quietus que par l'intermédiaire du BL.
quitus, absolu tus, liber. La forme pure a
donné coi (v. c. m.), comme parietem a fait
paroi, L'esp. distingue également entre quito
et quedo, — L'angl. quite, tout-à-fait, est le
même mot; pour la filiation des idées, cp. le
terme fr. absolument.
QUITTER, 1. tenir quitte, 2. se désister,
abandonner; voy. l'art, préc. — Darmesteter
(Rom., V, 151) ne veut pas déduire notre
verbe immédiatement de quitte, mais le fait
procéder du L. quietare, par la gradation pho-
nétique suivante ; quijetare 0 = yod ail.),
quijtare, vfr. quitier, aiy. quitter; développe-
ment analogue à celui de pitiè'is&M depietdtem.
Ce raisonnement est juste, mais alors il faudra
tenir quitte pour un adjectif verbal de quitter,
ce qui est admissible; ce qui ne l'est pas, c'est
d'expliquer Vi tonique de quitte, comme fait
Brachet, en s'appuyant de l't atone de pitié.
QUOI, du L. quid (i bref latin =* oi fr.).
Composé: quoique p. quoi que; cp. le vfr.
quanque, m. s., p. quant que.
QUOLIBET, du L. quod libet, ce qui plait,
tout ce qui passe par la tète.
QUOTE, dans « quote-part », du L. quotus,
en quel nombre? — D. quotité.Woy. aussi cote.
QUOTIDIEN, L. quolidianus (quotidien.
QUOTIENT, du L. quotiens, combien de fois.
R
RABÂCHER. Les tentatives pour ôclaircir
l'origine de ce mot ont été nombreuses; néan-
moins, la question leste enoore sans solution.
Nous ne reproduirons ici que ce qui, scienti-
fiquement parlant, mérite d'être mentionné.
Génin, dans ses Récréations, ne voit dans le
mot qu'une autre prononciation de ravasser
fréquent, de rêver, ai\j. rêvasser, mais sa
manière de démontrer l'équation v = b et
S8 ss ch ne trouvera guère d'accueil auprès
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RÀB
— 420 —
RAC
des philologues do Técole de son compatriote
M. Gaston Paris. — Chevallet( 1853) s'adresse
à l'élément celtique; il cite l'écoss. rabhanach,
rabâcheur, qu'il dérive de ra^^a<://an, censure,
. réprimande, bret. rebech , reproche. Nous ne
sommes pas assez celtologue pour apprécier
la valeur de ces allégations, qui, au point de
vue phonétique, sont loin de satisfaire. — Lit-
tré (1869), sans en tirer une conclusion pro-
bante pour l'étym. de rabâcher^ dont la ter-
minaison est trop distante, rappelle vfr. raba-
fer(Berry rabâter)^ faire du bniit ; il remarque
en outre que Oudih, dans son dictionnaire,
traduit rahascher par it. far strcpUo, — Dans
la dernière édition publiée par les soins de
l'auteur (1870j, Diez se borne à rapprocher
l'it. abbacare, tenir de sots propos, mais ce
mot est tout aussi énigmatique que celui
qui nous occupe. — Des deux conjectures
que je m'étais permises dans ma première
édition (1862), l'état actuel de la question
(il changera, faut-il espérer, quand aura
paru la lettre r du dictionnaire de Godefroy)
m'engage à maintenir la suivante : On dit en
français, dans un sens qui coïncide avec celui
de rabâcher, serinai; rechanter toujours la
même chose, chanter sur le même ton, puis
aussi familièrement riW/ey;en ali.Jeiern fpr.
jouer de la vielle) s'emploie de même p. répé-
ter toujours la même chanson, le même refrain.
Pourquoi donc ne rattacherait-on pas aussi
rabâcher, sans s'appesantir sur l'ortliographe
â, à rebec = vielle (v. c. m.), qui existait
sans doute aus.si sous la forme variée rabac,
puisque le catalan dit rabaqueif — Avant
de nous séparer de ce vocable, mentionnons
encore que le genevois dit rebàcher et le wal-
lon de Liège rabégi. Pour ne rien négliger
d'utile à la solution du problème, rappelons
aussi que les dialectes du Midi présentent le
subst. rabasta, dispute, chamaillis et les
verbes rabastar, rabastejar, tarabuster, tra-
casser.
RABAIS, subst. verbal de rabaisser.
RABAISSER, voy. abaisser, — D. rabats.
RABAN, voy. hauban. — D. rabaner.
RABAT, voy. l'art, suiv.
RABATTRE, voy. abattre. — D. rabat :
1 . action de rabattre, diminution de prix (ail,
rabatt) ; 2. chose rabattue, petit collet des
gens de robe et des ecclésiastiques; rabatte-
ment (terme do droit) ; cps. rabat-Joie.
RABBIN, de l'hébreu rabbi (vir amplissi-
mus). titre honorifique des docteurs de la loi
judaïque du temps de Jésus.
RABDOMAKGIE, gr. /iagoouavrs^a, divina-
tion par le moyen d'une baguette i/ixfiooi}.
BABIOLE, -OULE, grosse rave, d'un type
rabcoîa^ dér. du BL. rabea^ raba, =» L.
râpa.
A
1. RABLE, partie de certains animaux,
surtout des lièvres ; c'est le bas des épaules
jusqu'à la queue ou jusqu'aux cuisses. Ménage
fait venir le mot de rapulum, dérivé de rapuyn^
auquel il prête le sens de queue, en alléguant
l'esp. rabo, queue. Cette étymologie n'a au-
cune probabilité, ni pour la forme ni pour le
sens. — D. rdblu, râble.
2. RABLE, instrument pour remuer, con-
traction des anc. formes roabïe, rouable, lan-
gued. redahle; du L. rutabulum, m. s. —
D. râbîer,
RABONNIR, == re + abonnir (v. c. m.).
RABOT, subst. de raboter.
RABOTER ; d'après Diez, ce verbe est p.
rabouter, et un composé de boiUer, pousser,
heurter; cp. prov. ref?otar, it. rihuttare,
repousser. Cette signification première repous-
ser, observe Diez, est plus sensible dans l'adj.
raboteux, dont la signification propre serait :
u qui présente des reliefs, dos objets qui
repoussent »♦, et dans le moy, nécrl. rebot,
obstacle. Nous ne sommes pas porté, on le
pense bien, pour l'étymologie de Nicot, qui
faisait venir rabot de radere boscum, et encore
moins pour celle de Ménage, qui procède de
la manière suivante : radere, radum, radu-
tum, rabutum, rabot! Sans vouloir affirmer
que Diez ait rencontré juste, nous tenons à
remarquer qu'en termes d'arts et métiers, on
dit aussi rabattre p. aplanir, raboter (cp. angl.
rebate); ce rabattre pourrait fournir, comme
synonyme répondant à une représentation
analogue, un argument en faveur de l'origine
prêîée d raboter par le linguiste allemand. —
Une explication au moyen de raspoter, rapo-
ter, d'où, par adoucissement, raôofcr, manque
d'appuis historiques. — D. 7*abot, raboteux.
RABOUGRIR ; il faut supposer pour primi-
tif un adj. bimgre, ayant la valeur de « débile,
étiolé n . Mais malheureusement, cet adjectif
est purement hypothétique. Ménage, par un
de ces tours de force qui lui sont propres,
arrive à renouer le mot au L. obortus (avor-
ton) ! Pour nous, nous avançons timidement
la question : Rabougrir ne serait-il pas trans-
posé de ragroubir, et ragroubir un rejeton
de la famille germanique krub Arwp/En ail.,
l'on traduit en efl*et rabougi-ir par vcrkritp-
j)eln ; cp. aussi le champ, se ragroubiller, se
blottir. Littré part de bougre, hérétique, qui
aurait dégagé le sens de contrefait, mal venu.
Diez (dernière éd.) concilie mon opinion avec
celle do Littré par la supposition que la fan-
taisie populaire, voulant colorer le mot en le
rapprochant de bougre, aurait transformé
ragroubir en 7'abougrir. Voy. aussi rccrobil-
ler. — Godefroy cite d'un texte de 1409 :
chesnes bougres (rabougris).
RABOUnililiRE, trou où la lapine fait ses
petits-; d'un primitif immédiat rabouillc, qui
tient à la môme racine que l'angl. rabbit (anc.
rahet). lapin, v. flam. robbe, wall. robctte.
RABROUER, voy. sous brave. — L'étymo-
logie L. rejtrobare n'a aucune vraisemblance ;
pas plus que celle de Tabbé Corblet, qui pose
pour type L. re-abrogare.
RACA6E, voy. ragot.
RACAILLE; le primitif de ce mot est,
d'après Diez, le nord, racki, angl. racA, chien
(ail. roche)', rekel). Cette manière de voir
peut, en eflct, s'appuyer de l'analogie du terme
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RAC
— 421 —
RAF
cmxaille, qui vient de canis. Le gr. ysà/^i,
guenille, conviendrait parfaitement (cp. pe-
naille, m. s., de pannMA% lambeau), s'il fallait
absolument, à défaut d'autre ressource, avoir
recours au grec. Le mot n'étant pas très
ancien, on pourrait aussi lui supposer une
forme antérieure rascaiîle, et lo ramener,
ainsi que l'angl. rascal, coquin, au verbe ro-
man rascare, racler (il exprimerait « raclure,
déchet, rebut •»), ou bien à rasca^ roche,
teigne, gale. — Littré établit l'étymologie
raca, terme d'injure syriaque, cité dans l'évan-
gile. — Pour faire venir racaille de race
(donc " mauvaise race n), comme on me Ta
proposé, il faudrait racaille.
RACCOMMODER = re + accommoder (v.
c. m.) =-= remettre en état, rajuster. — D. rac-
commodage (sens propre), racommodement
(sens figuré).
RACCORDER = re + accorder, remettre
d'accord. — D. raccord, raccordement.
RACCROCHER = re -\- accrocher. —
D. raccroc.
RACE, lignée, it. razza, esp., port., prov.
raza, angl. rax:e; du vha. reiza, ligne. Les
formes romanes ne s'accordent nullement avec
l'étymologie L. radicem (nom, radix), dont Vt
est long. — D. racer.
RACHAT, subst. de racheter (anc. rachater),
voy. aclieter.
1 . RACHE, lie de goudron (dans les Grisons
rascha), d'un type rasica, dér. du L. rasis,
poix brute.
2. RACHE, vfr. ro^c/ee. teigne, prov. rasca,
subst. verbal de rascar, fr. racher, gratter
=^ L. rasicare (voy. l'art, suiv.). — D. ra-
dieux; du type rasca vient aussi le dimin.
raguette (p. rasgiœtte)^ herbe aux teignes,
parelle (cp. muguet de muscatus),
RACHER, faire un tracé avec la pointe du
compas sur une pièce de bois ; du L. rasicare"
(dér. de rasum, supin de radere, gratter)?
Cp. port, rasgo^ trait fugitif, esquisse.
RACHIS, colonne vertébrale, du gr. /six»»»
m. s., d'où puxXTii, moelle épiniôre, puis en
pathologie le nom rachitis, nouure, d'où ra-
chitique, -ism^,
RACINE, prov. rasina, valaque redecine,
du L. radicina', dér. de radix. Lo simple
radix (ace. -icem) existait dans la vieille lan-
gue sous la forme raïs ; la botanique nous l'a
rendu sous celle de radis. — D. raciner, ra-
cillai, en-raciner, dé-raciner.
RACLÉE, volée de coup, t. populaire; de
racler (v. c. m.); cp. l'exp. frottée.
RACLER, ratisser, gratter, vfr. roncier, it.
raschiare, cat. rasclar, d'un type L. rasicu-
lare; formes diminutives de l'it., port., prov.
rascar, fr. racher, gratter == L. rasicare*
(de rasum, supin de radere). — D. racle,
racleur, -air, -aire, -ure, raclée. — Baist rat-
tache rascler à un type lat. rastulare (de
rastrum, râteau), en rapprochant lat. pestulus
^=- it. peschiOf lat. fistulare ==« it. fischiare,
lat. ustulare = prov. usclar.
RACOLER, renforcement de accoler, pren-
dre par le col ou le collet. L'absence d'un
deuxième c est un abus. — D. racoleur, -aye.
RACONTER, voy. conter.
RACORNIR = re -{- acornir (inusité), ren-
dre dur et coriace comme de la corne, dessé-
cher, rabougrir.
1. RADE, vieil adj., signifiant prompt,
rapide, formé du L. rapidus (rap* dus), comme
sade (dans 7naussadé)ôie sapidus. L'adj. rade,
encore usité dans les patois, correspond au
port, raudo (cp. dans cette langue caudal du
L. capitalis, résolution de p en u). Je ne vois
pas pourquoi Diez rapporte ces mots plutôt à
rabidus qu'à rapidus. On disait autrefois la
radeur de Veau p. la rapidité de l'eau. Je ne
puis non plus approuver Gachet, qui invoque
le flam. rad, prompt, et l'angl. ready, prêt,
qui sont de source germanique : vlia. rado,
rato, hrato, mha. ge-rat, prompt.
2. RADE, subst.. it., esp. roda, ail. rhede,
ni. reede, rce; du nord, reida, équipement,
armement (des vaisseaux). C'est donc litt. lo
lieu où l'on équipe les vaisseaax. Cp. ail.
rheder, armateur. Nicot songeait à radere
terram ! — D. roder, dérader.
RADEAU, radeV, prov. radelh, dimin. du
L. ratis. Ce mot latin, == trabes connexae,
doit, je pense, être aussi, par un dérivé rata-
rius, le primitif du fr. radier, assemblage do
madriers.
RADER du sel, du grain, faire tomber avec
la racloire de dessus les bords, du L. radere,
raser. — D. radeur, mesureur.
RADIAL, L. radialis; radiation, rayonne-
ment, L. radiationem. De radius, rayon.
1. RADIATION, rayonnement, voy. l'art,
préc.
2. RADIATION, action de rayer (voy. raie 1).
RADICAL, L. radicalis (radix). — D. radû
calisme. Le radical veut des réformes radi-
cales, c.-à-d. qui partent de la racine.
1. RADIER, subst., voy. radeau.
2. RADIER, verbe, forme savante de rayer,
RADIEUX, L. radiosxis (radius), rayon-
nant.
RADIS, ail. radies, voy. racine.
RADOTER, vfr. redoter, redouter, du v. flam.
doten (Kiliaen), aussi dutten, angl. dote, m. s.
— Casaubon faisait venir radota* d!Hêrodote
(quel affront!), La Mothele Vayer de rc-addu-
hUare ; et voilà comment les savants se four-
voient ! — Tout satisfait que je suis de l'éty-
mologie germanique ci-dessus, émi«o déjà par
Frisch. il m'est venu l'idée que vfr. redoter
pourrait aussi être considéré comme itératif
do vfr. reder, être fou (voy. rêve, et mon
Glo.ssaire de Froissart, v<* enrederie).
RADOUBER, voy. adouber. — D. radoub.
RAFALE, peut-être d'un verbe raffaler,
composé de affaler f terme de marine, pousser
un bâtiment vers la côte. Richelet cite la
forme raflais (un coup de vent qui rafle î), ce
qui rend cette étym. douteuse. — Storm^Rom.,
V, 182) allègue l'esp. rafaga, coup de vent,
qui pourrait avoir été transformé en fr. sous
l'influence do affaler,
RAFFINER, voy. affiner.
RAFFOLER, voy. aff'oler.
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RAI
— 422 —
RAI
RAFLE, 1 . action de rafler ; 2. grappe dont
on a raflé les grains. — Voy. rafler, — Cp.
râpe,
RAFLSR, enlever avec rapidité. Ce mot
(ainsi que l'it. arraffare ou -iare, s'emparer
vivement de qqch., piém. rafa, butin, gain,
lorr., pic. raffe = rafle, etc.), vient du mha.
reffen, ail. mod. raffen, saisir promptement
(congénère sans doute avec le L. rapere), d'où
le subst. ail. raffel, instrument pour racler
ou arracher; cp. aussi le nord, hrafla, enle-
ver lestement. — Rafler peut aussi se rame-
ner à un type raspulare, dérivé de BL ras-
pare (fr. rdper), — Cps. éraflei\ — Une va-
riété de rafler est rifler (v. c. m.).
RAGE, prov. rabia, ratje, du L. rabies (t
consonnifiéj. — D. rager, enrager.
RAGOT, subst. , 1 . crampon en fer au timon
d'une charrette ; 2. vfr. = cochon de lait, auj.
sanglier de 2 à 3 ans ; 3. grosse rave, d'où
l'adj. ragot == de courte taille, gros, ramassé,
dim. raffotin; 4. homme d'humeur chagrine,
d'où ragoter, murmurer, verbe qui, à son
tour, a dégagé le subst. ragot, bavardage,
médisance. — De ces quatre valeurs du mot
ragot, je ne m'explique que la troisième, mais
en appliquant la méthode Ménage et en for-
geant un type rapicus, d'où rapicottus, rap'
coUus, racottus, — Pour la quatrième, cp.
l'expr. patoise équivalente ragouner = bou-
gonner. — Pour la deuxième, cp. le wall.
roguin, jeune cochon. — La première (cram-
pon de fer) tient peut-être à l'ail, ou angl.
rack, d'où le t. de marine fr. racage, appa-
reil pour serrer la vergue contre le mât.
RAGOUT, subst. verbal de ragoûter.
RAGOuTER, composé de vfr. agouster au
sens de mettre en appétit. — D. ragoût, mets
assaisonné, propre à exciter l'appétit; adj.
ragoûtant. L'opposé de ragoûter est dégoûter,
RAGRÉER; dans ses diverses applications,
ce verbe se rapporte à agrée}' (voy. agrès), au
sens foncier de mettre en état. — D. ragret,
t. de relieur, derniers apprêts donnés à une
reliure ; cp. agrès fp. agrets, dontle t est con-
forme à l'étymologie du mot).
RAGITER, terme de marine, écorcher ( « câble
ragué f» ) ; de l'angl. rag, lambeau, ags. hracian
déchirer. Diez, toutefois, le rapporte au nord.
raka, frotter.
RAGUETTE, voy. rache 2.
RAI, vieux mot, employé au pluriel seule-
ment (« rais du soleil, d'une roue »), prov. raig,
rai. C'est le L. radius (cp. glai de gladius,
voy. glaïeul), it. raggio, raz20, esp. port.
rayo. Le simple rai a fait place au dérivé
rayon (v. c. m.). Le L. radius a produit aussi
des formes féminines, savoir : it. razza, rayon
de roue, esp., port, raya, fr. raie (v. c, m.),
d'où rayon, trait, ligne. A rai (pi. rais) de
roue se rapporte le verbe enrayer, Voy. aussi
rail,
RADE, voy. roide,
1 . RAIE, trait tiré en long, voy. l'art, préc.
— D. rayer, faire des raies, puis aussi biffer,
effacer (cp. en ail. streichen, biffer, et stHch,
trait); ce verbe répond directement au L.
radiare, d'où vient le terme savant verbe
radier et subst. radiation, action de rayer,
2. RAIE, entre-deux des sillons, puis sillon,
vfr. roie, prov. rega, du BL. riga, m. s.
(subst, verb. de rigare, arroser j. Cp. rigole,
3. RAIE, poisson, L. raia, — D. dim. raie-
ton ou raieteau,
RAIFORT, du L. radix fortis, pr. racine
forte, si rai ou rais, racine, a existé dans
l'anc. langue, mais il ne peut venir que de
ràdix, et non pas, comme dit Brachet, de
radicem, dont l't est long et accentué.
RAIL, mot anglais, = barrière, barreau,
balustre, puis ornière de chemin de fer. Les
étymologistes le rapportent â l'ail, riegel,
regel, barre, et l'analogie de sail (voile» =
ail. segel leur donne raison; c'est ce qui me
fait abandonner l'idée que rail pourrait être
de source romane (p. raiel, dimin. de rai,
radius). — D. t. angl. rail-yjoay, chemin de
fer; verbe dérailler (ou, ce qui vaut mieux,
dérailer), sortir des rails.
RAILLER, d'un type latin radulare (radere),
gratiller, d'où viennent aussi esp., cat. rallar,
port, ralar, frotter (cp. L. rallum p. radu-
lum). Le vfr. rasgler accuse un type rasicu'
lare (cp. racler; néerl. raechelen). Que le pri-
mitif immédiat soit rasiculare ou radulare,
l'acception du verbe railler est sans aucun
doute une métaphore tirée du sens primitif
gratter, déchirer, écorcher. Cp. les expr. ana-
logues vfr. ramponner, railler (v. c. m.); fr.
brocard; flam. schrobben, ail. schrauben, pr.
frotter, gratter, fig. railler; flam. scheersen,
ail. schersen [t), railler, plaisanter, dér. de
scheren, tondre, raser? — Je ne puis sous-
crire à l'étym. proposée par Flechia : type
ragulare, tiré de 'ragire = bragire, fr.
braire, — D. railleur, -erie, — L'anc. langue
avait le subst. raillon ^ dard, et soc de char-
rue, pr. le déchireur.
1 . RAIN*, lisière d'un bois, de l'ail, rain,
limite. Ce mot ail, correspond au nord, rein,
angl. du nord ram, dan., suéd., flam. rM,qui
tous signifient limes, proca, lira, margo.
2. RAIN*, branche, rameau détaché chargé
de ses feuilles, du L. ramus, — D. rainceau
ou rinceau (type latin ramicellus), pr. petite
branche, feuillage.
RAINCEAU, voy. l'art, préc.
RAINE, vieux mot p. grenouille, duL. rana,
— D. rainette, petite grenouille. D'après Le
Duchat et l'Académie, la pomme rainette ou
reinette est ainsi nommée parce qu'elle a la
pelure marquetée comme la peau des raines.
RAINER, faire une entaillure en long au
bord d'une planche pour y assembler une
autre ou pour servir à une coulisse. Il faut
renoncer à une dérivation directe de raie; un
type latin radinare (de radere) me semble
également inadmissible. J'incline, dans une
mesure égale, pour les deux hypothèses sui-
vantes : 1. de rain (v. c. m.), limite, bord,
sillon ; 2. p. raisner ou raisener, du vfr. raise,
prov. rasa, rigole ; quant â celui-ci, il est le
nord, rds, ags. raes, angl. race, m. s. (voy.
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RÂM
— 423 —
RAM
aussi race). — D. rainoire, rabot pour rainer;
rainette ou rénette (outil); rainure; les épin-
gliers, par changement de liquide, disent la
railure d'une épingle; c«tte forme, on ne peut
en disconvenir, serait favorable à une coiyec-
ture qui verrait dans rainer une altération de
râteler et par là une dérivation de rai ou
du dim. raiel.
RAINETTE, voy. raine et rainer,
RAIPOKGE, aussi raponce, reponce; Linné :
campanula rapunculus; dans les autres langues,
on a : it. raperofiJio, ramponsoïa, romagnol
raponzal, esp. reponche, raiponce, ail. ra-
punsel. C'est un dérivé du L. râpa, rave, au
moyen de suffixes italiens (Diez).
1 . RAIRE , raser, du L. radsre, dont le
supin rasum a donné le fréq. rasare, fr.
ra^er.
2. RÂIRE, bramer, type latin rdgere, p.
ragirc, mot onomatopée, formé d*après l'ana-
logie de mugirCy rugire, vagire; l'it. en a fait
par extension ragghiare (cp. L. mugire, vfr.
muire, it. mugghiare). — Voy. aussi braire.
1 . RAIS, part, passé de raire 1 . On ne s'en
sert plus que dans la locution « ne se soucier
ni des rais ni des tondus ».
2. RAIS, plur. de rai (v, c. m.).
RAISIN, prov. raxim. esp. racimo, du
L. racemus. En vfr. et en pic. on trouve aussi
roisin, puis rosin; c'est de ce dernier que
Tall. a tiré rosine, raisin sec. — D. raisiné,
RAISON, L. ratîonem. — D. raisonner,
-ement, -able, -eur, arraisonner; cps. dérai-
son. La langue savante a tiré de rationem le
substantif ration (v. cm.) etl'adj. rationnel.
RAJEUNIR = re + ajeunir,
RALE, 1. action àQrâUr[v. c. m.); 2. nom
d'oiseau, voy. râler.
RALER, selon Diez, de provenance germa-
nique; angl. rattle, néerl. et bas-ail. ratelen
(ail. rasseln). J'ai rencontré dans Froissart la
phrase : •« Et ouïrenc les chevaux arateler n ;
elle confirme tîott-e étym. — D. râle, râle-
ment, râleux. L'oiseau râle, d'où ail. ralle,
tire également son nom du verbe râler; cp.
les expr. correspondantes n. prov. ronfle du
verbe roufla = ronfler, pic. roussclet de l'ail.
rosseln, esp. rmica de roncar; ail. unesen-
schnarcher, pr. le ronfleur des prés.
RALINGUE, du néerl. raa (vergue] -\- néerl.
leik, suéd. lik (cordage de bordure). Le mot
serait donc p. ralique ou ralingue. — D. ra-
linguer.
RALLIER, = re -f allier. — D. rallie-
ment.
RAMAGE, 1 . branchage, feuillage, 2. ellipse
pour cliant ramage, cantus silvestris. La der-
nière signification se rattache à un ancien a^j.
ramage (type ramaticus) qui signifiait silves-
tris. Du primitif L. ramus. — D. ramager.
RAMASSE, de Fit. ramazsa, espèce de traî-
neau en branchage, dér. de ramus, branche.
— D. ramasser, traîner dans une ramasse.
RAMASSER, = rc -f amasser. — D. ra-
mas (subst. verbal), ramassis.
RAMBOUR, espèce de pomme, anc. ram-
bures; de Rambures, localité des environs
d'Amiens.
1. RAME, branche plantée en terre, pour
soutenir des pois, du L. rama p. ramus,
branche. Voy. l'art, suiv. — D. ramer.
2. RAME, aviron ; c'est le môme mot que le
précédent, c'est-à-dire le correspondant de
it., esp., prov. rama, branche, formes fémi-
nines du L. ramus. Le mot rame, dans plu-
sieurs métiers, exprime un instrument, un
bâton servant à remuer des matières en fusion
ou liquides ; il n'est donc que très naturel de
lui voir prendre la valeur d'aviron. Cp. gaél.
ramh, qui signifie branche et rame. — Il n'est
pas admissible que rame vienne de l'équiva-
lent L. remus (it., esp., port, remo, cat.,
prov. rem) ; ce primitif aurait fait rein, comme
ramus a fait rain. Cette forme rein se trouve
en eflet dans la Chronique de Benoit (xii* siè-
cle); il y a donc, dans les diverses formes
romanes, un double courant, l'un partant de
ramus, l'autre de remus; ce n'est pas au der-
nier qu'appartient la forme rime, fréquente
dans l'ancienne langue et usuelle surtout dans
Froissart, laquelle procède direct, du vha.
riemo, nha. rt«m, ni. riem = (rame). — D.
ramer.
3. RAME, mesure de papier (vingt mains),
vfr. raime, angl. ream, it. risma, esp., port.
resma, néerl. riem. De l'arabe risma, ballot,
paquet; cette étymologie, posée par Sousa,
suivie par Pihan et Engelmann, et en der-
nier lieu démontrée par Dozy, ne laisse plus
aucun doute. La fabrication de papier de
coton, introduite en Espagne par les Arabes,
florissait dans ce pays pendant le moyen âge.
L'it. risma, syncopé en rima, a donné les
formes rim, riem, ream ; par apocope elle a
produit l'ail, ries, suéd. ris. Le fr. rame sup-
pose donc des intermédiaires raisme, resme.
— L'étym. àptâfiôi (nombre), proposée par
Muratori, doit être définitivement écartée. —
D. ramette, rame de petit papier.
4. RAME, dim. ramette, châssis d'impri-
meur, du ni. raam, ail. rahmen, cadre.
RAMEAU, ramsV, d'un type L. ramellus*^
dim. de ramus, branche.
RAMEE, branchages, fagot de rames,
feuillée ; dér. du L. ramus, branche.
RAMENER, =» re -f- amener.
RAMENTEVOIR, vieux mot = faire souve-
nir; c'est un composé du verbe vfr. amente-
voir ou amentoivre, prov. amentaver; ce der-
nier représente la phrase lat. ad mentem
habere, it. a mente aver, avoir à l'esprit, se
souvenir. Le sens « se souvenir » a, dans la
suite, tourné en celui de « faire souvenir »» ;
cp. cesser = faire cesser, passer = faire
passer, etc.
RAMEQUIN, tranche de pain grillée, sur
laquelle on étend de la crème ou du fromage ;
c'est l'ail, râm, rahm, crème, pourvu du suf-
fixe diminutif néerl. kin, ken (ail. chen).
RAMEREAU, vqy. ramier.
RAMETTE, voy. rame 3 et 4.
RAMEUX, L. ramosus (ramus).
RAMIER, pigeon ramier, = qui perche sur
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RAM
— 424 —
RAN
les branches, pigeon sauvage, dér. du L. ra-
mus, vfr. rain, branclie. — D. dim. rame-
reau,
RAMIFIER, d'un t)'pc ramificare, faire des
branches (ramus).
RAMTTiliB, prov. ramilla, menues branches,
dér. dimin. de ramus, branche.
RAMINA6R0BIS, nom appliqué par Rabe-
lais au poète Guillaume Crétin, par La Fon-
taine au chat. Nioot disait que c'était un mot
« de gaudisserio », forgé à plaisir pour tour-
ner en ridicule un homme grave. Borel y
voyait une corruption de domine Grobis (gro-
bis est un vieux mot fr. signifiant homme fier,
important, présomptueux, voy. Godefroy).
Selon Le Duchat, c'est un composé de ra
(abrégé de raoul. matou) -f- hermine ^four-
rure) ou mine -\- grobis ; le mot signifierait
donc soit le matou qui fait le grobis sous la
fourrure d'hermine, soit le raoul ou matou
à mine de grobis. D'autres, se fondant sur la
forme rominagrobis, rattachent romina au
verbe rominer, qui se dit en Berry du mur-
mure de satisfaction dos chats. La critique
n'a pas trop de prise dans las questions de
cette nature; aussi nous nous abstenons do
nous prononcer.
RAiQNGUE, prov. ramena, it. ramingo =
jeune faucon, qui vole de branche en branche.
C'est un dérivé de ramus, branche ; le sufiîxe
cependant est germanique. Le fr. a transporté
le mot au cheval têtu, rétif.
RAMON, balai, dér. de L. ramus, branche.
— D. ramoner (dans les patois, vergeter,
fouetter», d'où ramoneur.
RAMPE, voy. l'art, suiv. — D. ramper,
t. d'architecture.
RAMPER; racception actuelle est déduite
de l'ancienne signification « gravir, grimper »,
encore propre à l'angl. ramp, et à laquelle se
rattachent le subst. rampe, plan incliné,
montée, escalier ^puis balustrade d'escalier),
et le terme héraldique liœi rampant =»= mon-
tant. Ramper, grimper, est de la famille de
rit. rampa, griffe, rampare, donner des coups
de griffe, et rampo, crochet. Or. ces mots
se rapportent au bas-ail. rapen (en Bavière
rampfeti), s'accrocher. Le prov. a, pour ram-
per, la forme non nasalisée rapar. L'enchaî-
nement des significations se présente donc
ainsi : s'accrocher, grimper, gravir, aller à
quatre patt^, ramper. Voy. aussi l'art, grim-
per. Après tour, il se peut bien que le L.
repère ait exercé quelque influence sur la
production du sens moderne de rampei\ —
D. rampin; ad., t. de manège; ramponeau,
jouet d'enfant 'V. Littré).
RAMPONEAU, nom d'un célèbre cabaretier
de la Courtille, d'où vient, dit-on, l'expression
populaire ramponer, boire un peu plus qu'il
ne faut.
RAMPONNER. vieux mot signifiant railler
et correspondant à l'it. rampognare, tirailler,
pincer, injurier, puis gronder, gourmander,
réprimander. L'it. rampognare est un dér. du
subst. rampogne, croc, griffe, dér. lui-même
do rampa, m. s., mentionné à l'art, ramper.
Pour la filiation du sens, cp. railler, pr. grat-
ter, déchirer; ramponncr en vfr. aussi ram-
prôner), c'est pr. donner des coups de griffe;
nous disons bien aus.*ii au figuré donner des
coups de patte.
RAMURE, branchage d'un arbre, bois d'un
cerf, dér. du L. ramus, branche.
RAN, dans quelques contrées =» bélier;
c'est le néerl. etangl. ram, ail. ramm, m. s.
RANCART, dans la locution mettre au ran-
cart, mettre de côté. On a proposé deux expli-
cations. BaudiT, dans Littré, suppose qu'il
faudrait lire rencart^ qui serait p. récart (de
re -h écarter) ; Delbouille, en effet, dans son
Gloss. de la vallée d'Hyères, cite la loc.
« mettre au récart ». D'autre part, le Gloss.
du doyen Bridel (Suisse romande), mentionne
un mot du Valais rakardy signifiant fenil,
petite grange.
RANGE /ail. ranzig), esp. rancio, du L. rati-
cidus (pour la chute du suffixe, cp. pâle de
pallidus, net de nitidus). — D. rancir, d'où
randi^ure.
RANGEE, éclielon d'un rancher , du L . ramex ,
'icis, branche, bâton (dér. do ramus). —
D. rancher. — Le même latin rame^, rami-
cis, branche, a donné le t^rme do marine
rance, bois pour consolider le haut d'un vais-
seau, ainsi que les mots rançon^ anc. ^=s pique
à trois branches, puis le t. héraldique ran-
chier, rangier, fer d'une faux.
RANÇON, vfr. raençon, angl. ransom, ni.
ransoen, du L. redemptionem, rachat, subst.
de redimere, racheter (ce verbe s'est conservé
dans quelques patois sous la forme vfr. raem
bre). — D. rançonner, mettre à rançon, fig.
surfaire le prix.
RANCUNE, modification du vfr. rancure,
ital., prov., esp. rancura, qui, lui, accuse un
type L. rancôrea, rancôria, dér. de L. rancor,
1 . ranciditè, 2. rancune (Saint Jérôme). Voy.
Grôb. Ztschr., V, 98. — Le L. ra;icor a donné
vfr. rancœur, prov. rancor, it. rancore. —
En vfr., rancune signifiait aussi « contrariété,
chagrin », faire rancune = molester. — D.
rancunier.
RANDON, impétuosité, violence ; de lA ran-
donner, aller rapidement, d'où le subst. ran-
donnée, circuit que fait un bête lancée autour
d'un lieu avant de le quitter. D'après Diez,
randon, prov. rando, est le dér. du prov.
randa, qui signifie point extrême, puis fig.
résolution extrême, violence, d'où la locution
adverbiale a randa, jusqu'au bout, d'em-
blée. Or, ra)ida vient du vha. rand (encore
en usage dans la langue actuelle) =• extré-
mité, lisière. Cachet appuie cette étymologio
en rapprochant l'ancienne expression aller
tout à ung coron (vfr. coron, coin, bout, «;ôté),
qui signifie aller tout d'un bout, tout d'une
file. Il compare aussi le mauvais coron de
Froissart (= mauvaise fin) avec l'équivalent
mal randon employé dans Gilles de Chin. —
Chevallet rapporte randon, course rapide, au
mot germanique rennen, courir. Cela est
insoutenable. — Si l'étymologie de Diez n'est
pas la bonne, je serais disposé à voir dans les
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RAP
— 425 —
RAS
mots en question des dérivés nasalisés del'adj.
ra^ie, rapide (cp. rendre de rcild ère ^ jongler de
jocutan\ lanterne p. laierne, etc.), bien que
je ne me dissimule pas que cette éfymologie
soulève certaines difficultés. — Le picard a
conservé encore le verbe randir, p. aller çà
et là ; le rouchi a randouiller, remuer avec
fi*acas. avec rudesse.
RANG, vfr. renc^ picard Hnffite, prov. renc,
ligne, file, série. Ce mot a passé du roman
dans un grand nombre do langues tant ger-
maniques que celtiques : ail., néerl., suéd.
rang, angl. rank, cymr. rhenge, brct. renk,
Dioz le dérive du vha. hring, cercle (voy.
aussi harangue)^ et particulièrement cercle
do personnes réunies dans un but déterminé,
donc pr. rangée circulaire (cp. vfr. faire r^ic
autour de soi). L'idée de cercle s'étant, dans
la suito, efiacée, il ne serait resté que celle de
disposition, arrangement de personnes ou de
choses sur une même ligne. — Une autre
conjecture que je me permettrai d'émettre
consiste à voir dans le prov. renc une forme
nasalisée et masculine soit du L. rega, primi-
tif inusité de regiUa, pr. ligne droite, soit du
vha. riga, ligne. Le prov. présente, avec le
même sens, un féminin re7igua. — D. rati-
ger.
1. RANGER, verbe, pr mettre en rang;
voy. l'art, préc. — D. rangée; cps. an^an-
ger, dérange^'.
2. RANGER ou rangier, autre nom du
renne, dérivé du laponais raingo, norv.
hrawggr.
RANZ des taches, litt. la marche des vaches ;
l'étym. de ce terme particulier à la Suisse
romande n'est pas certaine ; Brachet identi-
fie le mot avec rang, Lilti'é fait intervenir un
mot ail. ranz, course rapide, dont aucun
dictionnaire ne fait mention.
RAOUT, voy. rout. .
RAPAGE, prov. rapats, du L. rapacem
(rapere). — D. rapacité, L. rapacitatem.
RAPATELLS, toil> de queue de cheval.
Bugge (Rom., 111, 156) imagine un mot por-
tugais 'rabalela p. 'rahitela (cp. rahacoelha
p. rabicoelha;, composé de rabo, queue et
tela, toile.
RAPATRIER, = re-apatrier, pr. rentrer ou
faire rentrer dans la pairie. Dans la langue
des trouvères, le mot correspondant râpai'
Her signifiait, comme repairier, revenir,
retourner ; voy. pi. b. repaire,
RAPE, voy. râper, — Râpe, grappe de rai-
sin, a donné râpé, boisson obtenue avec de
l'eau jetée sur la râpe,
RAPER, anc. ramper, it. rafpare, esp. ra^-
par, du vha. raspô)i^ ramasser, ratisser, nha.
raspeln, angl. rasp, — D. râpe, l. instru-
ment pour râpe}'; 2 -= it. raspo, esp., prov.
raspa, grappe de raisin dont on a enlevé les
grains (cp. rafle); râpiire,
RAPETASSER, = rc -|- apetasser; le pri-
mitif se trouve dans le langued. pelas, lam-
beau, pièce, esp. pedazo, morceau. C'est,
d après Dicz, le ptttacium des Latins, morceau
de papier, de toile ou de cuir, EL. pitacium,
RAPETISSER, voy. petit.
RAPIDE (formation savante p. rade), L
rapidus (rapere;. — D. rapidité, L. i*apidi
tatem. — Voy. aussi rade,
RAPIÉCER, = rô + apiécer (pièce) ; di-
minutif rapiéceter.
RAPIÈRE, d'où Tall. rappier, angl., néerl.
rapier. Ce mot est de source germanique, et
appartient à la famille de Tall. rappen, raffen,
arracher, ou à celle du goth. ranpjàn, vha.
roufan, ail. mod. raufen, arracher, fig. se
batailler (cp. l'expr. raufer = rapière). Diez,
insistant sur le caractère péjoratif du mot
rapière, est disposé à le dériver, comme
l'avait fait le P. Labbe, du subst. râpe; la
rapière (p. raspiere) serait donc pr. une lame
ébréchée.
RAPIN, élève peintre, puis mauvais pein-
tre; p. raspin, râpeur ou broyeur de cou-
leurs?
RAPINE, L. rapina (rapere). Voy. aussi
ravin, — D. rapiner,
RAPPELER, ^re + appelée', — I). rappel,
aussi, mais avec un sens modifié, ré-appel,
RAPPORTER, = re Rapporter; c'est, dans
ses diverses acceptions, la traduction du L. re-
ferre (d'où référer, relatioîi), — D, rapport,
rapporteur, — L'angl. dit re-port,
RAPSODE, grec /cafwoo;-, litt. = qui coud
ensemble Ipxnrtiv) des chants (itlri) détachés.
— D. rapsodie, gr. pa^taiia, fig. mauvais
ramas littéraire.
RAPT, vfr. rat, prov. rap, it. 'ratio, du
L. raptus (raperej, enlèvement.
1 . RAQUETTE, esp. raqiieta, d'après Diez
de rit. racchetta, contraction de retichetta,
dér du L. rete, réseau, filet. — Littré l'identifie
avec le vfr. racJiette, rasquette, paume de la
main, plante du pied, dim. du EL. racha, qui
signifie la carjie, le tarse et qui vient de
l'arabe. — D. raqueton,
2. RAQUETTE, aussi roqueUe, roquet, fusée
de guerre, ail. rakete, angl. rocket, de l'it.
rocchetta, dimin. derocca, quenouille.- Cp. le
rapport entre fusée et fuseau,
RARE, L. rarus, — D , rareté L. rarita-
tem ; raréfier, prov. rareficar, d'un type rari-
ficare.
RAS, dontlepoil est rasé. L. rasus (radere).
La vraie forme fmnçaise p. rasus est rez 'v.
c. m,), dont notre mot partage les acceptions.
La table raie est pr. une planche grattée,
nue, sur laquelle on n'a pas encore gravé. —
D. subst. ras (nom d'étofib); rasade, =» con-
tenu d'un verre rempli à ras; rasière, me-
sure de grains remplie à ras. — Voy. aussi
pi. h. la variété rais,
RASADE, voy. ra*. — D'autres, sans néces-
sité, ont recours au prov. rajada, filet, petite
quantité de liquide, de rajar, couler.
RASE, poix, du L. rosis,
RASER, du L. rasare, fréq. de radere. —
D. rasoir (prov. razor, it. rasoio, EL. raso-
rium); terme burlesque rasibus = tout ras,
tout contre; sans douto une expression forgée
par les moines, d'un emploi très ancien;
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RAT
— 426 —
RAV
Texpression rasibus de (à ras de) se voit sou-
vent dans Commines.
RASIBUS. voy. raser.
RASIÉRB, voy. ras.
RASSASIER, = re-\-assasier (type ad-sa-
tiare).
RASSEMBLER, » re+assembler.
RASSEOIR, = re-\-asseoir ; d*oii le part, a^j .
rassis (au sens fig., syn. déposé; Tall. dit de
môme gesetzt],
RASSÉRÉNER «= re-\-asséréner ^factitif du
L. sereniis^ serein); opp. de assombrir,
RASSIS, voy. rasseoir,
RASSOTER, intensidfde assoler {y. c. m.).
RASSURER, == re-assurer.
RAT, it. ratto, esp., port, raio, prov. rat.
Le nom de ce quadfrupède correspond plu-
tôt au vha. rato (masc.),ags. raet, qu'au gaél.
radan, bret. raz. Que dire de l'opinion de
Barbazan, qui rapportait rai à radere, et de
celle de Ferrari, qui se permet l'enfilade que
voici : mus (souris), mûris, murus^ muratus,
raius, rat! — La Fontaine a fait usage d'un
fém. rcUe; il correspond à l'ail, mod. raite,
ratze, — D. raton ^ radier (chien), ratière. —
Voy. aussi rater,
RATAGONER, mot populaire» raccommo-
der, ravauder, it. rattaconare ; c'est remettre
des tacons ou pièces, voy. tache.
RATAFIA, anc. ratafiat, mot d'origine
indienne, d'après Ménage. D'autres, en déses-
poir de cause, ont imaginé que c'était un verre
de liqueur qu'on buvait en ratifiant un con-
trat, et que le mot vient de la formule latine
rata fiât conventio ! — Au Suppl. de Littréje
trouve une solution moins fantaisiste ; ratafia
serait un composé de arack ou rach, eau-de-vie
de riz, -f- tafia, eau-de-vie de canne.
RATATINER; d'origine inconnue. Roque-
fort le dérive de rat en l'expliquant par • se
resserrer comme le rat dans son trou » . Cela
me sourit peu. J'ai l'idée que c'est un redou-
blement populaire de ratifier. On pourrait
aussi le ramener à tatiner (de tàter), en par-
tant d'un sens premier chiffonner par le
maniement, d'où celui de rider.
RATATOUILLE, d'origine inconnue; le
champ, a ratatinis, = ragoût de viandes mê-
lées. Nisard prend pour primitif tatouiîUr,
tâter d'une façon mal avenante ; Littré rap-
proche tatoujsâ, mot de la Bresse signifiant
ragoût, et le poitevin tatouillade, mauvaise
marmelade. Le mot pourrait aussi tenir au
vfr. teouiller, auj. touiller, brouiller.
RATE ; d'après Frisch (approuvé par Diez),
du néerl. rate, gaufre de miel, à cause de
la ressemblance du tissu cellulaire de la rate.
Quant au néerl. rate, il correspond au v.
saxon rdta, mha. raz. L'anc. français le pos-
sédait également sous la forme raie ou rée
de miel, dont nous avons conservé le dér.
rai/071 (p. réon), gâteau de miel. — D. dim.
râtelle (v. c. m.), dératé, vif, alerte.
RATEAU, anc. rastel, it. rastello, rastrello,
esp. rastillo, du L. rastellus, dim. de ras-
trum, — D. râteler, râtelée de foin, râtelier.
objet composé d'une suite de dents ou de
chevilles, comme un râteau.
RÂTELÉE, voy. râteau et râtelle.
RATELER, de rasteV, voy. râteau.
RATELIER, V. râteau.
RATELLE (terme vieilli), dimin. de rate,
signifiant rate et mal de rate. — D. rate
leuœ ; râtelée (anc. sans circonflexe) dans « dire
sa râtelée •*, pr. se décharger la rate.
RATER, manquer, ne pas réussir; je ne
sais d'où vient ce mot. « Le fusil rate » .serait-
ce pr. »« le fusil a ses caprices »», de sorte
que rater se rapporterait au subst. rat, au
.sens figuré de caprice, d'où le terme popu-
laire ratier, capricieux, bizarre? Cette étym.
e.st approuvée par Littré.
RATIER, 1 . qui chas.se aux rats, 2. capri-
cieux, voy. l'art, préc. — Le vfr. ratier,
morose, difficile, chiche (voy. mon Gloss. des
Poésies de Froissart), me semble tout aussi
bien se déduire de rate (cp. dératé, qui dit
le contraire).
RATIFIER, BL. ratificare ^ ratum facere.
— D. ratification,
RATINER, friser, gaufrer; peut-être du
flam. rate, gaufre de miel (voy. rate). Le
vfr. ratin, ratis, fougère, fournirait une
excellente origine, si l'existence réelle de ce
mot. cité dans Trévoux, n'était pas contesta-
ble (voy. Diez). — D. ratine, angl. ratteen,
esp. ratina, it. rattina, néerl. ratijn, étoffe
de laine ratinée.
RATION, du L. rationem, au sens primitif
de calcul, compte, mesure. — D. rationner,
RATIONNEL, du L. rationalis (ratio).
RATISSER, ôter en raclant, dérivé de l'an-
cien verbe rater, effacer, ou plutôt directe-
ment (car un suffixe verbal isse^* n'existe
pas) du subst. dérivé ratis. — Quant à ce
verbe rater, qui est aussi l'ascendant de rature,
l'absence d'une s devînt t ne permet pas de
le rapporter au même thème que râteau,
Littré met en avant, sans toutefois rien affir-
mer, soit un type ^aptare (de rapere], enle-
ver, soit le verbe rater, ronger (que l'on peut
supposer d'après l'anc. mot raté = rongé par
les rats). Un type radiiare ne serait-il pas
tout aussi bien admissible?
1. RATON, petit rat, dim. de rat.
2. RATON, pâtisserie, dim. du néerl. rate^
gâteau de miel (voy. l'art, rate).
RATURE, voy. s. ratisser, — D. raturer,
RAUQUE, L. raucus. — D. raucité, L. rau-
citatem ; enrouer (v. c. m.).
RAVAGE, dommage fait avec violence et
rapidité ; ce subst. présuppose un verbe rar>er,
correspondant au prov., esp., port, rapar^ et
tiré, par métaplasme. du h. rapere. Ou lesubst.
raoage viendrait-il de la forme raoir f cp. rem^
ploffe de remplir. — D. ravager,
RAVALER, = re-\-avaler, tant au sens de
rabaisser que dans celui de faire descendre
dans l'estomac. — D. ravale, instrument ara-
toire pour niveler le terrain.
1. RAVAUDER; ce verbe représente, dans
ses deux acceptions, raccommoder à l'aiguille
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RE-
— 427 —
REB
et ranger, fureter, un type latin re-advcUi-
dare, remettre en état, en ordre ; cp. raccom-
moder = re-adcommodare.
2. RAVAUDER, dire des discours futiles,
impertinents, maltraiter de paroles, est pro-
bablement un homonyme du préc. Ce serait
un dérivé de ravaut^ fanfaron, diseur de sor-
nettes (mot supposé) et primitif à son tour
du subst. abstrait r avant ^ bourde, moquerie,
signalé dans le Gloss. de Gachet. Quant à
rataut, fanfaron, appartient-il au même thème
rao (d'où bourg, racasser = rêvasser), formé
au moyen du suflRxe ait (cp. badaud)'\ Kiliaen
donne le subst. rabaud, dont les acceptions
concordent avec celles attachées à ribaud^ et
rabauderij « nequitia, scurrilitas, jocus scur-
rilis et lascivus »» et le verbe rabauden, scur-
ram agore. Ce rabaud est-il le correspondant
du fr. ravaiitf cela reste à examiner, ainsi
que la question si rabaud est une simple mo-
dification de ribaud, qui est absent dans Ki-
liaen. — Il faut écarter, pour expliquer ra-
vauder, aussi bien ail. rabbelen, bavarder,
que L. rabulare, criailler, chicaner.
RAVE, L. râpa, — D. ravier^ ravière,
RAVELIN, anc. revelùi.esp, rebellin, port.,
revelim, it. revellino. On pense que le mot
italien est la source des autres formes romanes.
Et voici comment l'explique Storm (Rom., V,
182). Rivellino est p. rivaUino par suite d'un
faux rapport avec rivellaihov^ et est le dim.
de 'Hvallo, subst. verbal d'un verbe *revaU
lare, jeter un nouveau rempart. Ou bien
rivallo est = rc 4- ^^o (L. vallum), cp. le
terme it. ripiano, second plan.
RAVIGOTER, vfr. resvigoter, altération des
anc. verbes resvigorer, ravigorer, tirés du
L. tigor, fr. vigueur; cp. l'it. rincigorire.
— D. ravigote = mets ravigotant.
RAVIN, RAVINE ; ces mots sont, comme
ravage, issus du L, rapere, arracher, entraî-
ner (cp. prov. ro^tna, vtv.ravi^xe, impétuosité,
rapidité); d'autres les rattachent à tort au
BL. lacina (p. labina), éboulis.
RAVIR (angl. ravis h), it. rapire, du L. ra-
pere avec changement de conjugaison. — D.
ravisseur, ravissant ^ ravage (?) (v. c. m.).
RAVISER = re + aviser.
RATER, voy. raie 1 . — Dans Tanc. langue,
raier signifie couler, jaillir, mais comme tel
c'est un dér. de rai (=« radius), jet d'eau.
1. RATON, jet de lumière, voy. rai, —
D. ragoriTier, jeter des rayons.
2. RATON, gâteau de miel, voy. rate,
RAZ, courant de mer très violent, mot
bas-breton (du L. raptus, action de rapere t),
RAZZIA, de l'arabe rhasiat, expédition
guerrière des musulmans contre les infi-
dèles.
RE- ; ce préfixe latin est très vivace dans
les langues romanes. Il marque tantôt répé-
tition, tantôt retour ou action rétroactive;
souvent aussi il ne fait que reproduire l'idée
du verbe simple sans valeur sensible. Devant
les verbes commençant par a ou é, particuliè-
rement si cet a ou cet é répond t ad on ex
lat.» Ve du préfixe est élidé, ainsi r-avaler,
r-échauffer. Il en est de même devant le pré-
fixe en : r-enforcer, r-emporter. Devant un
simple commençant par s, Ys est redoublée
(ressembler, ressentir), sauf quand le préfixe
exprime itération (resaliœr) et dans les com-
positions remontant au latin (résoudre, résis-
ter), Re est généralement (les exceptions sont
nombreuses) prononcé et écrit ré dans les mots
l'eproduisant des vocables latins composés avec
re (référer, répéter). Cependant, quand il s'agit
d'accentuer le caractère itératif du préfixe, on
emploie re (cp. reformer et réformer, resigner
et résigner^ recréer et récréer). Il règne du
reste à ce sujet du désordre ; ainsi l'on dit re-
belle, recevoir, religion, remettre, bien qu'on
dise rébellion , réception , iiTéligieux, rémission
Devant les voyelles ^sauf ce qui a été remar
que quant aux préfixes romans a, é ou en) et
devant h (exceptez rhabiller), on dit en géné-
ral ré, p. ex. ré-itérer, ré-ussir; de même
devant a dans les cas suivants : ré-assurer,
ré^ppeler, différents de rassurer, rappeler.
REAL, variété de royal, L. regalis,
RÉALISER, RÉALITÉ, dér. de réel (L.
realis).
RÉiBARBATIF, rude, repoussant, adj. tiré
de rebarbe, qui se disait au xvi« siècle avec
un sens analogue à contre-poil ou rebours.
Ménage croyait assez drôlement que rébar-
batif marquait la grimace d'un homme qui
mâcherait de la rhubarbe!
REBAUDIR, vfr. resbaldir (itératif de esbal-
dir), ranimer, rendre du courage, du vfr.
baut, hardi, joyeux, voy. baudir.
REBEG, vielle, it. ribeca, port, rabeca, cat.
rabaquet, prov. rabey ; ces mots, ainsi que
l'it. ribeba, vfr. rebebe, rubebe, et l'esp. rabel,
port, arrabil, vfr. rebelle, m. s., se rappor-
tent à l'arabe rabûd, qui désigne un instru-
ment analogue en forme ronde. Pour la mu-
tation de b en c, Diez cite les mots e&^.jaheba
et jabega, flûte mauresque. — Voy. aussi
rabàjcher,
REBELLE, L. rebellis^ qui recommence la
guerre. — D. rébellion, L. rebellionem ;
verbe se rebeller, L. rebellare.
REBÉQUER (SE), dér. de bec; cp. Texpr. se
prendre de bec avec qqn., se défendre du
bec, ete^
REBIFFER, résister; d'origine aussi obscure
que biffer,
REBONDIR, voy. bondir, Vaày rebondi
^pour ainsi dire « repoussé ») parle en faveur
de l'étymologie bontir p. botir, boter.
REBORD, pr. deuxième bord ou bord sura-
jouté, ou bord replié.
REBOUCHER, fausser^ émousscr, voy. bou
quer.
1 . REBOURS, contre-poil, voy. brosse, —
D. rebrousser, brosser, peigner à contre-poil,
puis (avec ou sans chemin) revenir sur ses
pas. Pour la variation rebourser et rebrousser,
comparez vfr. tourser, forme antérieure de
trousser. — G. Paris (Rom., X, 55) n'admet
pour BL. rebursus aucune parenté avec brosse;
il n'est selon lui qu'une simple variété de
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REC
— 428 —
REC
reburrus. Jo n'en suis pas pleinement con-
vaincu.
2. REBOURS, adj , = rcvcclie, peu trai-
table ; c'est prob. le même mot que le préc. ;
sinon, par le BL. rebur^-uSt hérissé, un
dérivé de bourre (v. c. m.).
REBRASSER, retrousser, de bras; donc
litt. relever les manches; de là rebras",
revers.
REBROUSSER, voy. rebours 1.
REBUFFADE, voy. bouffir,
RÉBUS, du L. rébus [Q,h\, plur. de res) =
par les choses. Le rébus est une charade en
action ou « par objets » figurés. D'après
Ménajîre, le mot vient des pièces satiriques que
les clercs de Picardie copn posaient tous les
ans à l'époque du carnaval et qui, roulant
sur les aiTaires du temps, étaient dites « de
re^Mc? quîe geruntur ».
REBUT, voy. l'art, suiv.
REBUTER, repousser, rejeter, it. ribuitare,
de buter = louter. — Subst. verbal rebut ^
1. action de rebuter, 2. clioses rébutées.
RÊCALCITRER, L. re-caldtrare (caix),
regimber, ruer. — D. adj. récalcitrant,
RÉCAPITULER, L. recapitulare, pr. reve-
nir sur les points principaux (capitula),
RECELER, voy. celer. — D. recel.
RECENSER, L. re-ccjisere. — D. recense-
ment.
RÉCENT, L. recentem. Le même primitif
latin a donné à l'anc. langue roisani, frais.
Voy. aussi rechinser. — D. adv. récemment.
REOEPBR. de cep,
RÉCÉPISSÉ, mot latin, = avoir reçu. Le
sens vient de la formule : X. déclare « avoir
reçu ••, etc.
RÉCEPTACLE. L. receptaculum (re-cipere).
RÉCEPTION, voy. recevoir,
RECETTE, voy. recevoir,
RECEVOIR, vfr. reçoivre, du L. recipere. —
D. recevable^ receveur, reçu (subst,). Du part,
prés, latin rccipiens vient le terme de chimie
récipient ; àw part. fut. pass. rccipiendus, le
mot récipiendaire, celui qu'il s'agit de rece-
voir ou d'admettre. — Au supin latin recep-
tum ressortissent les subst. receptio, fr. ré-
ception, et BL. recepta, fr. recepte*, recette,
qui signifie à la fois 1 . ce qui est reçu. opp.
à ce qui est dépensé; 2 fonction ou bureau
de receveur; 3. prescription médicale (it.
ricetta, ail. rezept). Pour cette dernière accep-
tion, elle se rattache sans doute au mot ini-
tial des recettes, qui est recipe = prends
(impératif de recipere), d'où le subst équiva-
lent récipé =^ recette. Recette dit donc pr.
« res receptie «, l'ensemble des ingrédients
pris pour fuire la composition d'un remède.
D'un autre côté, le BL. receptum = procédé,
moyen, méthode, pourrait engager à voir
dans receptum et recepta l'eflet d'une con-
fusion avec prœceptum = ordonnance.
RECEZ de l'Empire, résumé des délibéra-
tions do l'assemblée des Etats ou de la diète,
lu au moment de la séparation; puis, en
général, loi faite par une assemblée législa-
tive; du L. recessus, action de se retirer,
départ. Le mot se dit en ail. reichstags-ab-
schied, pr. séparation ou départ de la diète.
RÉCHAPPER, = rc + échapper.
RÉCHAUD, vfr. reschaut, subst. vcrb. d'un
verbe réchauder, correspondant fr. de l'it.
riscaldare 'type L. re-ex<alidare).
RÉCHAUFFER, voy. chauffer.
RECHE, anc. resche, rcsque, rude, âpre,
de l'ail, resche, rude, cassant. Dans le midi
de l'Allemagne, j'ai souvent entendu appli-
quer ràsch ou ra^, à du fruit àpi-e au goût,
au vin d'une saveur un peu acre. — D. vfr.
et dial. rechin, fém. rechigne, rude, gros-
sier, rébarbatif, qui est. d'après Diez, le pri-
mitif du verbe rechigner, anc. aussi rechi-
ner, être de mauvaise humeur (cp. le sens
figuré de l'ail, sauer, aigre, et du fr. maus-
sade, pr. = de mauvaise saveur). — Voy..
contre l'opinion de Diez, celle de Fœrster ôl
l'art, rechigner.
RECHERCHER; ce verbe fournit un exem-
ple bien sensible du caractère intensitif du
préfixe re. — D. recherche.
RECHIGNER, d'après Diez, de rechin, voy.
réche. — D'une étude minutieuse consacrée
à ce verbe par Fœrster (Grôber, Zeitschr.,
m. 264), il résulte que, dans aucune de î^es
acceptions, il ne dérive de rêch^ ou rechin.
Les diverses applications du mot remontent
à l'idée fondamentale « faire la çriii.ace,
grincer las dents » et au vha. kinan (« ad-
ridere »»), qui explique aussi les anc. formes
composées (eschignier, re^chignier, treshi-
gnier, reskignier. — G. Paris (Rom., VIII,
629) adhère au raisonnement de Fœrster,
mais en obser\*ant que jusqu'ici les exemples
du changement de ki ail. en chi fr. lui
paraissent douteux. J'avais, dès 1867 (Jahr-
buch fur rom. u. engl. Lit., VIII, 82), eu
l'occasion de relever la glose chinur -= gan-
nioncm, qui aux yeux de Fôrster assure l'éty-
mologie germanique
RECHIN, fém. rechigne, voy. réche; ce mot,
inusité dans la langue actuelle, est non pas,
comme pensait Diez, issu de réche iy. c. m.),
mais plutôt un dérivé du verbe rechigner
(cp. ^délivre de délivrer). C'est de lui que
procède l'it. arcigno, aigre, âpre {far visa
arcigno = rechigner).
RECHINSER, t. de métier, laver la laine
dans l'eau claire. Ne vient pas, comme dit
Littré, du BL. resincerare; c'est plutôt le
vfr. 7*echincier, relaver, rincer, pic. rechin-
chier, rincer à l'eau claire (Corblet). Or, ces
formes paraissent concourir avec prov. recen-
sar, it. (Ferrare)ar5en^ar,'Modène)ar^îw>3c>*,
(Mantoue) arsansar, que Diez et, après lui,
Mussafia ( Beitrag, etc., p. 94; ont traité par le
type latin recentia7'e(dGrecens), pr. renouveler,
rafraîchir. Cette étyraologie a été ébranlée par
G. Paris (Rom , IX, 482), qui, objectant que
receniiare eut donné roisancier (voy. plus bas
récent), tient notre mot plutôt pour appa-
renté à vfr. cinces, chinces, chiffons, lam-
beaux servant à laver.
RECHUTE, du verbe rechoir, comme chute
de choir. — D. rechuter.
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RÊC
— 429
RÉC
RÉGDIVE, du L. recidivus (re-cidcre), qui
retombe (dans la mémo faute). — D. réci-
diver,
RÉCIF, aussi ressif et rescif, chaîne de
rochci*s à fleur d'eau. Commençons par repous-
ser formellement la baroque opinion de Che-
vallet, qui fait venir récif d'un vocable germ.
de même sens, savoir l'ail, riff (ou plutôt
d'un anc. ail. nï/'que nous ne connaissons
pas et qui nous semble bien suspect), angl.
reef, holl. rif. Comment, en vertu de quelle
loi ou d'aprùs quels précédents le philologue
français a-t-il pu poser une étymologie do
cette nature? Jamais ni riff, m riif(hf ni
recf n'ont pu se franciser par récif. Rien de
plus étranger au génie du fr. que la dis-
jonction d'une syllabe par l'insertion d'une
consonne. Récif comme nous l'apprend Diez,
est l'csp., port, ar-recife (en port. aussi recife,,
et vient de l'arabe al-araçaf, arraçaf, rangée
de pierres placées dans l'eau pour passer à
gué. — Roquefort pensait a un type latin
recistis, taillé, brisé ; rccif ou recis, cela lui
semblait tout un.
RÉCIPÉ. vov. recette.
RÉCIPIENDAIRE. RÉCIPIENT, voy. rece-
voir.
RÉCIPROQUE, L. reciprocus. — D. récipro-
cité^ L. reciprocitas ; réciproques^ L. recipro-
care.
RÉCITER, L. re-citare. — D. substantif ver-
bal récit,
RÉCLAMER, L. re-c/amare. litt. = récrier.
— D. subst. verbal réclame (vfr. masc.
reclain), pr. = rappel ; subst. savant récla-
mation.
RECLURE, L. re-cluda'c (claudere); part.
reclus, L. reclusus; subst. réclusion, L. re-
clusio.
RECOCHER, rabattre une pâte, do cocher\
prov. cochar, presser, lequel peut s'expliquer
soit par le L. caîcare, fouler (voy. cocher),
soit par une formation barbare codiare, de
cogère, serrer, condenser (à la rigueur il fau-
drait coichier).
RECOGNER, renfoncer, composé de cogner \
de là subst. verbal recoin, litt. renfoncement,
coin.
RECOIN, voy. l'art, préc.
RÉCOLER, du BL. recolare, repasser, exa-
miner, vérifier de nouveau, lequel n'est pas
nécessairement un métaplasme du L. reco-
lere, reprendre en œu\Te, pratiquer de nou-
veau ; on trouve aussi le simple collare, vfr.
coler, au sens de coUationner, vérifier, lequel
parait avoir été dégagé du part, collatus (con-
îcrro), comme prostrare do prostratus, —
D. rt^cnlctnent.
RÉCOLLET, du L. recollectus, recueilli,
part, de recolligere, recueillir. En langage
théologique ou ascétique, on se sei*t encore du
tenne se récoUiger p. se 7'ecueiUir, qui est le
vrai mot roman correspondant. Le même par-
ticipe recollectus, recueilli, contracté en re-
colctus, recoltus, a produit le subst. féminin
récolte (cp. l'expr. cueillette, de cueillir), it.
raccolta.
RÉCOLTE, voy. l'art, préc. — D. recoller.
RECOMMANDER, intensitif du L. commen
dare (mandare), confier.
RÉCOMPENSER, pr. compenser un service.
Le mot fr répond à la fois, pour la valeur, au
cps. L. com-pensare, pr. donner un équiva-
lent, et au cps. L. repensare, payer en retour.
— D. récompense.
RÉCONCILIER, L. re-conciliare, pr. rame
ner, rapprocher, mettre d'accord.
RÉCONFORTER, voy. conforter, — D. ré-
confort.
RECONNAITRE joint à l'idée du simple con-
naître celle d'une seconde ou nouvelle présen-
tation de l'objet. C'est le L. re-cognoscere, =
1. se rappeler; 2. examiner. Le fr. ajoute à
ces acceptions classiques celle de «« accepter
ou avouer une chose comme réelle, comme
vraie, comme légitime »; c'est là le résultat
de l'examen. La reconnaissance ou constata-
tion d'un servicx3 implique ou entraine l'idée
de gratitude; de là le terme reconnaissant,
devenu synonyme du L. gratus. Ce deniier
mot latin devait se rpmaniser en gré, mais gré
existant déjà à l'état de subst. représentant le
newire groJtum, il a fallu recourir à une autre
façon d'exprimer la même chose. Le contraire
de gratus nous est toutefois resté dans le mot
savant ingrat, — D,. reconnaissant, -ance,
-able,
RECOQUILLER, retrousser en forme do '
coquille. On trouve aussi recroquiller,
RECORD, voy. l'art, suiv.
RECORDER, L. re-cordari, remettre à l'es-
prit, pr. au cœur (cp. notre expr. apprendre
par cœur). De là le subst. 'r<îcorcf, pr. récit
d'un fait lanc. = souvenir, mémoire), puis
témoignage, attestation, témoin (pour cette
conversion du sens abstrait en sens concret,
cp. témoin^ de testimonium). Record, témoin,
cependant, n'est resté dans la langue que
sous l'ancienne forme nominativale recors.
RECORS, voy. l'art, préc.
RECOURIR, L. re-currere, 1. courir en
arrière, 2. courir de nouveau, 3. avoir recours
à. C'est à la 3® acception latine que se rattache
celle du subst. fr. recours, == L.recwr^its (lequel
n'avait pas encore le sens du mot français;.
RECOURRE*, reprendre, retirer qqch.
d'entre les mains de ceux qui l'emportent. Du
BL. re-cutcre (= rétro quatere), res captas
recuperare, eripere. Ce verbe, par son étymo-
logie, emporte l'idée de faire lâcher prise en
employant la forcée, en frappant. Du part, re-
cussus (vfr. recous, écliappé, délivré) vient le
subst. rccousse (cp. le vfr. secourre* = succu-
tere et son subst. secousse). La forme variée
rescourrc', d'où rescousse, représente le type
L. re-excutere. Voy. aussi escousse.
RECOURS, voy. recourir,
RECODSSE, voy. recourre,
RECOUVRER, du L. recuperare, que les
savants ont inutilement reproduit sous la
forme rMipérer, — D. recouvrement, -able.
RÉCRÉANCE, = nouvelle créance, de vfr.
recroire au sens de confier à nouveau, remettre
en crédit.
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REC
— 430 —
RÊD
RECEÉIR = créer de nouTeaa, et récréer,
ranimer, déla^^r, amuser, da L. re-creare,
qui réunissait d»ja les deux acceptions. —
D rArréation, -atîf,
RÉCRÉimT. L. recrementum, déchet,
excn'ment 're-cemo;.
RÉCRIER ^SBn -= re -f écrier, pr. i>^f>ondre
par an cri. Pour le sens fig., cp. le L. re-cla-
mare,
RÉCRmiHIR, BL. recriminare, pr. ré-
pondre à une incrimination. — D. récrimina-
tioti, re/.-ritninfUoire.
RSCROBILIjIR (SI;, se contracter; de U
môme racine crob que nous avons mentionnée
80US rabougrir,
RECROÎTRB. voy. recrue.
REOROQusviiiLIR, comme recroquiUer,
parait être un mot altéré de reroquiller,
moyennant Fimmixtion de l'idée de croc, chose
recourbée, repliée.
RSGRU, anc. recreo^ harassé, fetigué, qui
ne peut phis fournir à la peine ; le même sens
s'attachait autrefois à recréant, lequel prenait,
en outre, le sens accessoire de lâche, sans
courage. Ci) sont des participes de Tancien
verbe recroire, qui, ainsi que son correspon-
dant BL. recredere, signifiait « s'avouer
vaincu, lâcher prise f», litt. sVn remettre (se
confier, L. se a'êderé) à la merci du vainqueur.
Or, on ne demande quartier que quand on est
à bout de ses moyens ou quand on n'en peut
plus. A nos mots fr. recru et recréant (dans
les i)atois rtfcranli réjwndent les anc. mots it.
recrciuto et recrcdente, prov. recrezut et
recresens = convaincu. Le terme fr. rendu
fournit un analogue parfait ; il dit la même
chose que recru, par le même enchainement
logique. Ou a, par une bévue bien étrange,
rapporté recru â recrudescere, qui dit juste le
contraire. L'abbé Corblet, au mot recrand,
cite une étymologie requiem requœrans (sicj;
c'est de la plaisanterie.
RBCRUDISCBNCB, du L. recrudescere, pr.
rcdtivi.nir cru, violent; en parlant des blessures
- - stî rouvrir.
RliGRUS, subst. part, du verbe recroitre,
pr. accroissement, spéc. renouvellement, ren-
fort de troupe, nouvelle levée de soldats, puis
homme de la nouvelle levée. — A côté de re-
crue, il a dû exister une forme recrute (elle se
trouve d'ailleurs encore en champ.; cp. cheii,
fém. chnite, d'où chute) \ c'est par elle que je
m'expliquais jus<|u'ici les formes étrangères
ail. rekrut, angl. recruit, it. et esp. recluta
et particulièrement notre verbe r^c/-M*er; mais
la lecture de l'art, suivant fera voir que c<*tte
exi)lication n'a que l'apparence de la vérité.
RECRUTER, mot introduit au xvii«s. (voy.
Littré), D'après G. Paris (Lemke's Jahrbnch,
XI, 158), ce verbe est indépendant de recrue
et représente une altération de l'anc. verbe
recluler, rapiécer. « Recluter ou recruter un
régiment, c'est le rapiécer, lui remettre des
morceaux qui manquent ; c'est une métaphore
populaire, aussi les dictionnaires du xvii* s.
avertissent-ils que « ce mot n'est pas du bel
usage ». De recruter un régiment, on en est
venu, mais tard, à dire • recruter des hommes
pour un réginK-nt ». Quant à redider, rapié-
cer, il vient, dit G. Paris, du vfr. dut, roor^
cean. pièce d'étoffe, mot germanique. =
norois klutr, suéd., dan. hlut, angl. dout,
morceau d'étoffe, chiffon. Notei que Ht. dit
encore redutare et Tesp. redidar poar recru-
ter, et reduta pour recrue. Faut-il en con-
clure que notre subst. recrue (anc. nscreue),
qu'on trouve dès le x\i* s., doive aussi se
rattacher à dut ? Nullement ; je pense plutôt
que c'est lui qui a déterminé la forme recruter
p. redtfter. »
RBCTAHQLl, du L. rectus ançulus, angle
droit. — D. rettangulcdre.
RECTEUR, L.'ractorem {de regere; cp. râgcni
= professeur, du part, regens), — D. recfo-
raX^ '<û,
RECTIFIER, L. rectificare, d*où r^difica-
tionem, fr. rectification.
RECTITUDE, L. rectitude,
RCCTO, s. e. folio, phrase lat. ^ au feuil-
let droit.
REÇU, subst., voy. recevoir et réagisse.
RECUEILLIR, L. re-coUigere (toj. cueUHr
et récollet \. — D. recueil, recueillement.
RECULER (it. rincidare), aller ou mettre
en arrière, du L. cidus, cul (cp. ail. sich
àrsett, flam. aerselen, de ars, cul). — D.
recid^ reculement, -ode; reculé (a4j.;; recu-
lons ta).
RÉCUPiRER, L. recuperare, voy. recou-
trer.
RÉCURER, voy. écurer.
RÉCUSER, L. re-cusare, récuser, refuser
(dérivé de causa).
RÉDACTEUR, RÉDACTION, voy. rédiger.
RED AN. t. de fortification, certains ou-
vrages disposés â peu près en dents de scie,
de manière qu'ils se flanquent ou se défendent
réciproquement. Redan est une déviation
orthographique de Tanc. forme redent, pr.
ouvrage dentelé, subst. verbal d'un verbe
redentcr. Cp. les expressions ail. sàgc-tcerk,
angl. saW'Vcork, ouvrages en scie.
RÉDAR6UER. de redargutare*. dér. do
L. red-arguere, réfuter une accusation.
REDDITION. L. reddUionem (de reddere).
RÉDEMPTEUR, L. redemptorem (red-
imere); rédemption, forme savante du mot
rançon (v. c. m.;, L. redemptionem.
RBDEVOIR. 1 . devoir de nouveau^ être en
reste après règlement d'un compte, 2. devoir
en retour ; à cette dernière acception (inusitée)
se rap|)ortent les dérivés redevable, redevance.
RÉDHIBITION, L. redhibitiotiem, action
de rej)rendi*e ou de rendre un objet vendu
qui a un défaut; redhihitoire, L. i^dhibito-
rius ; du verbe red-hibere, pr. avoir de retour,
faire reprendre, reprendre.
RÉDIGER, L. red'igere (agere), mettre en
un état; en particularisant le sens, le mot
s'est dit p. mettre en ordre, puis en sens spé-
cial, arranger un écrit. Le BL. ne connais
sait pas encore le sens moderne de redigere.
— Du supin redactum : les subst. rédacteur,
rédaction.
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RÉF
— 431 —
REF
REDDCER (SE), se racheter, L. redimere
(emere). Le vfr. avait raembre,
REDINGOTE, corruption de langl. riding-
coat, habit pour monter à cheval.
lUBDIRE, l. répéter, 2. reprendre, blâmer.
— D. redite, rediseur.
RÉDONDER, L. red-undare (unda), refluer,
être superflu (cp. super- fluus^ pr. qui coule
par-dessus). — D. redondant^ -ance.
REBORTE, t. de blason, branches retortil-
lées en anneaux, p. retorte, du L. retortus,
tortillé.
REDOUBLER, renforcement de doubler,
REDOXJL, voy. roudou,
REDOUTE, t. de fortification, de l'it.
ridotto, = L. reductus, retraite, réduit. L'it.
ndotto ou riduito signifie aussi un lieu où
l'on se réunit pour le jeu ou la danse, de là le
fr. redoute = assemblée où l'on se divertit
(dans ce sens on employait anc. aussi le vrai
corresp. fr. réduit), lieu public pour bals,
puis bal public. Par une confusion avec le
verbe fr. redouter (type re-dubitare), les An-
glais ont rendu redoute, t. de fortification,
par redoubt; les Allemands, par la même
méprise, l'ont traduit par schreckschanze,
litt. == fort d'épouvante.
REDOUTER, it. ridottare, prov. redoptar,
renforcement de douter (v. c. m.j, hésiter,
craindre. — D. redoutable.
REDRESSER, litt. -= remettre droit.
RÉDUIRE, L. reducere, ramener, retirer,
dont le supin reductum a donné le subst. BL.
redudus = locus secretus, refugium, d'où it.
ridotto, fr. réduit {voy. aussi redoute) ; reduc-
tio, fr. réduction ; réductible, réductif.
RÉEL, L. realis (res). — D. réalité, L.
realitas ; réaliser ; néolog. réalisme, -iste.
RÉFECTION, repas, L. refectionem, répa-
ration, restauration, subst. de reficere =
refaire. Cp. le sens métaphorique de restau-
rer. Du BL, refectoiium, lieu où Ton «• se
refait. SG rastaure »», vient réfectoire; en vfr.,
par l'insertion de r (cp. fronde p. fonde), on
trouve refrcitour, refroiiour;' le prov. a de
même refreitor, à côté de refector ou refei-
tor. ^
RÉFECTOIRE, voy. l'art, préc.
REFENDRE, intensif et itératif de fendre;
de là le subst. verb. refend dans : mur de
refend, qui sépare les pièces au dedans d'un
bâtiment.
RÉFÉRÉ, pr. rapport ; de référer.
RÉFÉRER, du L. re-ferre, litt. = rappor-
ter. Du supin relatum viennent : relatio, -tor,
-tivus, fr. relation, -ieur, -tif, et le fréq.
relater. — Du part. fut. pass. (plur. neutre)
refercnda, =5 choses sur lesquelles il s'agit de
faire rapport, vient referendarius, fr. référen-
daire.
RÉFLÉCHIR, it. ri/teUere, cat., esp., port.
reflectir, du L. re-flectere, pr. recourber, re-
tourner (de là le sens mod. répercuter). Le
sens « penser, méditer « se rattache à l'expr.
latine « reflectere animum », reporter son
esprit, son attention sur qqch. — D. ré flé-
chissement (substantif du verbe au sens phy-
sique). — Du supin reflexum viennent : L.
reflexio, fr. réflexion et les néolog. réflexible
et réflexif. — Le verbe L. reflectere a égale-
ment produit une forme fr. de la 1"^ coiyu-
gaison : refléter {c^. en esp. reflectar et refle-
jar). — C'est à cette forme anc. reflecter
qu'il faut rapporter le subst. réflecteur (car il
n'existe pas de mot reflector en latin).
REFLET, subst. verbal de refléter; l'anc.
mot reflex reproduisait le L. reflexi'S.
REFLÉTER, voy. l'art, préc. — D. reflet.
RÉFLEXION, voy. réfléchir.
REFLUER, L. re-fluere, couler en arrière,
d'où (par le supin refluxum) le subst. reflu-
a7ti.*, fr. reflux.
REFLUX, voy. refluer.
REFORMER (= former une deuxième fois)
et réformer, rétablir dans l'ancienne forme,
rectifier, etc., du L. reformare. — D. ré-
forme {d*o\i le néol. réfor^misté) ; réformé, par-
tisan de la réfoi*me ou réformation religieuse,
calviniste, protestant.
REFOULER, 1. fouler une seconde fois, 2.
pousser en arrière. — D. refoulement, -oir,
RÉFRACTAIRE. du L. refractaHus (re-
fringere). rebelle, qui regimbe ou résiste.
RÉFRACTER, du L. refractum, supin de
refringere, briser, réfracter, d'où aussi le
subst. refractionem, fr. réfraction, et refracti
vus, fr. réfractif. A une forme re-frangere se
rapporte le terme de physique réfrangible.
REFRAIN, prov. re/raw A (esp. refran, port.
referâo = proverbe;. On a maladroitement
expliqué le mot soit par une forme mons-
trueuse referaneus, de referre (quod refora-
tur, repetatur saepius), soit par refrenare,
refréner. De même que le prov. refranh se
rattache à refranher = L. refrangere, le fr.
refrain représente le subst. verbal du vfr.
refraindre. Le refrain est donc étymologi-
quement l'équivalent de coupure, brisure;
c'est pr. un vers intercalaire, qui interrompt
une suite de strophes. Ou bien refraindre
étant pris, comme réfracter, dans le sens do
réfléchir, répercuter, nous dirons, conformé
ment à l'origine de la chose : refrain signifie
pr. réponse, écho, antistrophe, puis mots ou
vers répétés. Notre étymologie se confirme
par la comparaison de la forme vfr. (et angl.)
refret, qui évidemment représente le L. refrac-
tus. — En t. de marine, le même mot refrain
ou refrein s'applique au bris des vagues con-
tre les rocliers.
REFRÉNER, du L. refrenare (de frenum,
frein).
RÉFRIGÉRANT, -ATIF, -ATION, du L. re-
frigerare (frigus), refroidir.
"réfringent, du L. refringere, briser,
réfracter.
REFROGNER (ou renfrogner), anc. refroi-
gner, plisser, contracter le visage, en signe
de douleur ou de mécontentement. Ce mot n'a
pas de rapport étymologique avec L. frons,
front, ou avec son dér. froncer. Il parait être
de la même famille que l'it. infrigno = qui a
le front ridé, soucieux, et le lomb. frignare,
pleurer, pleurnicher. Diez, dans l'hypothèse
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RÉF
— 432 —
RÉG
que fngnare est p. flignarCf propose une ori-
gine de l'allemand flennen, suéd. flina, angl
frinef faire la grimace, pleurer. L'angl. tra-
duit frogner par frovon. — Autre est l'expli-
cation de BuggefRom., IV, 356) : refrognicr
accuse pour primitif une forme germanique
"frutfjajt, qui l'épondrait à suéd. ^ryna, con-
tracter et plisser le visage en signe de mécon-
tentement (il se dit d'4in homme et d'un che-
val). — Cette étymologie me fait revenir sur
mon explication de frovgnier dans ce passage
de Froissart (Chroniques). « Le cheval... se
commença à hennir et à frongnier et à frapper
du piet en terre »*, où j'ai identifié frongniet*
avec vfr. froi^chia\ frcmher, ronfîer (vcy.
mon Glossaire.) — La forme renfrogner auto-
rise à admettre comme ayant préexisté un
verbe eit frogner répondant à it. infrignare;
je ne le rencontre pas dans Godefroy. mais je
n'en demande pas moins si l'adjectif vfr. en-
frum^ au sens de morose, refrogné, constaté
par de nombreux exemples, n'est pas appa-
renté au mot qui nous occupe et le correspon-
dant de l'ital. infngno. Cet enfrum-ci serait
alors un homonyme d'un autre enfrum =
mangeur, glouton, avare, que Diez explique
par L. in-frumcn •• dans le gosier ».
REFROn)IR, factitif ou inchoatif de froid,
REFUGE, L. refugium ; la vraie forme
française est refui, encore usitée comme
terme de vénerie (cp. pi-ov. refug, refuy). —
D. réfugier (se), d'où le subst. réfugié.
REFUIR, L. re-fugere, — D. subst. parti-
cipial fém. refuite,
REFUS, voy. l'art, suiv.
REFUSER, it. rifumre, port. . prov. refusar,
esp. rehusar ^esp. Ii = f). Rien ne semble
plus naturel que de voir dans ces mots une
variété de réfutej\ it. rifiutare, prov. refudar,
qui signifient, du moins en ce qui concerne
rit. et le prov. , la même chose que refuser,
et qui reproduisent le L. reftUare, repousser,
lequel, dès les premiers temps du moyen âge,
avait pris la valeur de respuerc, rejicere.
Mais comment expliquer ce changement inso-
lite de « en 5 doux? Dans l'impossibilité de le
faire, Diez coiyecturo que Vs est l'effet d'une
assimilation au verbe équivalent recusare.ll y
aurait eu en quelque sorte fusion entre les
deux vocables refutare et recusare. Je tiens
cette explication en réserve pour le cas que la
conjecture que je vais présenter ne serait pas
jugée digne d'être approuvée. Le latin refun-
dere signifie très souvent refouler, repousser,
rejeter ; son fréquentatif naturel est refusare,
qui fournit, me semble-t-il, une étymologie
très convenable au roman refusare. — Bra-
chet fait découler refuser d'un type barbare
refutiare, mais outre qu'on n'a aucun exemple
de la finale lat. ia7-e appliquée ailleurs
qu'après des formes participiales ou des adjec-
tifs en tus, cette forme fictive eût produit
refuiser (cp. aiguiser , menuiser, de acutiare,
minutiare), — Voy. aussi ruser. — D. subst
verbal refus,
RÉFUTER, du L. refutare (de futare,
accuser).
1 REGAIN, reprise de santé ^pcu usité),
subst. verbal de regagner,
2, REGAIN, deuxième foin. Quoi qu'en ait
dit Jacques Sylvius, qui traduisait ce mot par
• secundum lucrum •», regain, dans l'accep-
tion en question, ne vient pas de regagner, U
se peut, toutefois, que cette fausse étymologie
ait déterminé le préfixe re. La chose s'est dite,
en vfr., gaïn, toain, vuin, voin, qui est le
correspondant du wallon voayen, lorr. veyn,
rouchi toaimiaUf norm. touin, it. gxiaime.
Toutes ces formes appuient l'étymologie posée
par Diez, savoir celle du vha. toeida, nourri-
ture, herbe (ou du verbe toeidôn, nourrir), au
moyen du suffixe roman ime. La forme mo-
dèle serait donc guadime, dioix guaïme (cp. it.
guastime de guastare), fr. gain, gain. — Du
reste. ^rt^rt<?r (v. c. m.) est de la même famille
que locida, — 11 aura suffi de recueillir les
correspondants étrangers du fr. re-gain \\onT
faire ressortir la fausseté des explications
données soit au moyen de re-foin (d'où serait
venu 7'evoin, puis regain), ou de L. re-seca-
men {ves*camen), seconde coupe.
REGAL, it., esp., port, regalo; ce mot ne
représente pas, comme on affirme souvent,
le L. regale s. e. convivium, festin royal.
C'est le subst. verbal du verbe régaler (voy.
ce mot).
RÉGALE. » droit régalien, et dans le
terme chimique « eau régale »», du L. regalis,
l'oyal. — D. régalien.
1. RÉGALER, it. regalare, esp., port.
regalar, Diez, dans l'hypothèse que le mot it.
et fr. est importé de l'Espagne, établit, pour
l'esp. rfv/a/ar, l'étymologie que voici. Du latin
regclare, faire dégeler, réchauffer, s'est pro-
duit (à une époque où le g latin avait encore
conservé sa valeur gutturale devant c\ le verbe
esp. regalar, qui, à l'origine, signifiait liqué-
fier, fondre. Cette signification, dont M. Diez
fournit les preuves, s'est perdue, mais il est
resté celle de réchauffer, au fig., caresser,
prcndi'e en amitié, faire bonne chère (dans
i'anc. sens de bon accueil). U ne faut pas
perdre de vue que le verbe régale^' n'implique
nullement dans le principe l'idée d'un repas,
et que l'on employait aussi ce verbe avec le
sens de gratifier d'un présent. Diez ajoute &
sa démonstration la remarque que le subst.
regiel •= caresse, qui se trouve dans le chant
d'Kulalie : « por manatce, regiel ne preie-
ment »♦, = ni par menaces, ni par caresse, ni
par prière (Chcvallet a commis ici une méprise
en liant regiel avec manatce et en traduisant
« par menace royale ♦•), autorise à i)résuppo-
ser également pour le fr. un verbe regeler,
corrcsi>ondant à l'esp. regalar, caresser. —
Malgré toute la plausibilité do cette étymo-
logie, en ce qui concerne renchainement des
significations, il nous reste quelques doutes,
d autant plus que régaler, qui se rencontre
dès le XIV® siècle, ne parait nullement em-
prunté à l'espagnol, et nous nous demandons
si le vfr. galci\ déployer de la magnificence,
être prodigue, s'amuser, et régaler (voy. sous
gala), ne fournirait pas une étymologie con-
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RËG
— 433
REG
vonable pour le mot roman regalare, festoyer,
traiter amicalement. Littré incline également
vers cette dernière manière de voir, ainsi que
Suchier (Oiôb., Ztschr., I, 431). — D. régal
anc. aussi régalé) ; régalade.
2. RÉGALER, partager en parts égales,
niveler, étendre également, = re -|- égaler,
— D. régalemcnt.
REGARDER, voy . gardci\ Littré décompose
regarder en re + vfr. esgarder (d'où égard) ;
c'est une erreur, l'ancienne langue ne présente
pas la forme r esgarder, — Pour regarder
e= intéresser, cp. le t. C07icerner (du L. cer-
7îere, voir) et L. spectare. — D. subst. verbal
regard,
RÉGATE, course de barques à Venise, du
vénitien regatia, pr. émulation, lutte.
RÉGÉNÉRER, L. re-generare,
RÉGENT, L. regens (regere). — D. régence;
verbe régenter.
RÉGICIDE, formé de rex, régis, roi, sur le
patron de parricide, etc.
RÉGIE, subst. participial féminin du verbe
régir, litt. = administration.
REGIMBER; « quasi rejamher, jecter la
jambe riôro ou derrière ». Cette étymologie
de Nicot, foi^t accréditée encore de nos jours,
n'est pas fondée. Regimber est la forme nasa-
lisée du vfr. regiicr (on trouve aussi rcgiper
et gibcr tout court). Voyez le mot gibier,
RÉGIME, prov. regisme, du L. regimen,
gouvernement, conduite (de regere). Pour
regimen, la moy. latinité disait SLwa^ïregimen-
tum, = vitœ ratio, d'où a été tiré, avec un
autre sens, le fr. régiment. Ce dernier subst.
ne signifie au fond que commandement (il se
rattache à regere, comme commandement à
commande7')\ de là l'acception «♦ corps placé
sous un même commandement » . Les Anglais
et les Allemands se servent encore du mot
régiment dans le sens du fr. régime,
REGIMENT, voy. l'art, préc. — D. régi-
m,entaire,
REGINGLETTES, pièges pour les petits
oiseaux, dont Littré donne la description
détaillée et dont l'étymologio est inconnue,
làttré rapproche le mot du Berry rcginguer,
regimber, qui vient de gigue, jambe. Selon
moi, d'un verbe hypothétique rcgigler, nasa-
lisé rcgingler, faire jaillir, lancer en arrière,
cps du mot populaire giclei\ jaillir, L. jacu-
lare, lancer.
RÉGION, L. regionem (le vfr. en avait fait
roy(m). — D. régional,
RÉGIR, L. regere, — D. régisseur, régie
(v. c. m.).
REGISTRE, REGITRE, it., esp. registre,
port, registo, BL. registnim, forme gâtée du
L. regestum, « liber in quem rcgerunlur coin-
mentarii quivis vel cpistola^ summorum ponti-
ficum « (Du Cange). L'intercalât ion de ra[)rès
t on d précédé de consonne est un fait ordi-
naire (cp. perdrix p. perdix, vfr. cele^tre,
tristre p. céleste, triste, et arbalestre p, aria-
leste). — D. enregistrer.
RÈGLE, L. régula (regere). — D. régler,
L. regulare; réglet, réglette. — De régula,
par syncope du g, vient la forme vfr. reule,
Heule, angl. rule = règle.
RÉGLER, voy. règle, — D. règlement, d'on
réglementer, réglementaire ; cps. déréglé, —
Au type latin regulare se rapportent les
termes savants régulateur, -alion,
RÉGLISSE, it. regolisia, esp. , port, regalis,
prov. regalicia, regulecia, picard regoliche.
Ces formes sont toutes basées sur la transpo-
sition des liquides r et l. Le mot réglisse est
pour légrisse (cp. les formes vfr. licorice, it.
legorizia et l'ail, lakritze) et vient du L.
liquiritia, qui est une altération du gr. yiw-
y.u/^/îc^«, litt. =» racine douce.
RÉGNE, L. regnum; verbe régner, L. re-
gnare.
RÉGNIOOLE, qui habite le i*oyaume, du L.
regni'Cola, qui regnum colit.
REGORGER, pr. ressortir de la gorge, puis
s'épancher, déborder, etc.
REGOULER, 1. rassasier jusqu'au dégoût;
2. apostropher de paroles dures, pr. renvoyer
à coup de gueule (cp. engueuler); de goule*
^gueule ==■ L. gula,
REGRAT, voy. l'art, suiv.
REGRATTER, 1. gratter de nouveau; 2.
faire des réductions sur les petits articles d'un
compte; puis faire des petits profits. Du
temps de Nicot, le mot signifiait ** refaire
comme neuf », acheter une chose pour la
vendre plus cher. — D. regrat, vente en
détail ; regraitier, fripier, -erie, — On trouve
dans Palsgrave (p. 215) regreteur comime tra-
duction de • dressar of gownes or other gar-
mentes » ; Nicot : regraleur = qui remet à
neuf de vieilles choses pour les revendre. L'it.
dit pour regrattier =5 revendeur, rigattiere,
l'esp. regaion; ces derniers sont-ils de sources
distinctes, ou tiennent-ils au mot français?
Flechia tire rigattiere de ricattare, racheter.
REGRÉS, pouvoir de rentrer dans un béné-
fice qu'on a résigné, du L. re-gressus, retour,
rentrée.
REGRETTER, désirer ravoir une chose
perdue, anc. = pousser des plaintes au siyet
d'une personne perdue. L'étym. généralement
reçue est un type L. requiritan, composé de
queritari, fréq. de queri, se plaindre. Pour
la permutation de qu en g, on peut alléguer
Guienne de Aquitania, vfr. fregonder de
frequetttare ; et quant au maintien du t, quel-
que insolite qu'il soit (cp. quiritare, fr. crier),
on peut au besoin, dit Diez, rapprocher fuite
p. fuie.— Mahn présente une autre solution.
11 part du L. gratus, agréable, reconnaissant
(d'où le neutre gratum, chose agréable, qui
plait, complaisance, merci, type de l'it., esp.,.
port, grailo, prov. grat, fr. gret, gré), d'où
découlent it. gradire, prov. grasir et les com-
posés i t. aggrcuiirc, aggradare, fr. agréer, eU:,
Si donc l'on rencontrait un prov. reg radar ou
regrcdar, il signifierait nécessiii rement- avoir
do retour avec [Uaisir, reprendre avec recon-
naissance » et répondrait, penso-t-il, parfai*
tement au sens et à la lettre du fr. rcgreter
(auj. regretter). Or, ce mot prov., qui jusqu'ici
28
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R£ll
— 434
REL
avait fait défaut, Mahn pense lavoir décou-
vert dans un passage de Girard de Kossillon.
Regreter vient donc, d'après lui, de la forme
vfr. greit comme le prov. regradar de grado,
— Diez, dans sa réplique à Mabn, combat
cette étjmologie par des raierons tant logiques
que phonologiques et se rallie à celle de
M&tzner, qui, appuyant sur le sens «« plain-
dre •, attaché anciennement au mot regret-
ter, renvoie au goth. gretan, nord graia,
ags. graetan, graedan, anc. angl. grate, pleu-
rer, plaindre. — Feu mon excellent maître et
ami Chavée (Revue de linguistique, 1868,
t. I, p. 224) établit pour signification fon-
cière de regret • recroissance, pousse nou-
velle • , signification perdue pour le français,
mais consenéc en wallon p. ex. dans H rgret
d'cm maUt la recrudescence d'une affection
morbide. 11 tire ainsi notre mot du L. recretum,
partie, passé de recrescere. Il compare, pour
la forme, L. secretum, vfr. segret (la persistance
du t dans le dérivé regreter ne le préoccupe
I)as); pour le développement de l'idée, il in-
voque l'expression italienne mi rincresce,
taedet me, je suis fâché, je regrette. Tout
cela sourit, mais ne se concilie pas avec le
sens ancien • demander, appeler (au secours),
plaindre, pleurer (un mort) ». dont il fauttenir
plus de compte. — Littré (1869), appuyant,
comme Chavée, sur l'idée de retour, recru-
descence d'un mal, propose L.re-gradtis, qui
aurait donné regret, comme de-gradus a feit
vfr. degret ; il justifie le f dans regreter
(p. regreder) par l'exemple de convoitise «p.
convoidise) et de piétoix (p. piêdon), — En
somme, do toutes les conjectures indiquées ci-
dessus [le regret wallon pourrait bien n'être
(|u un homonyme connexe avec l'it. rirtcres-
cerc], c'est celle de Mittzner qui satisfait le
])lus sous tous les rapports; elle se recom-
mande en outre i)ar la circonstance que
l'absence du mot regretter dans les autres lan-
gues romanes (le prov. regretar ne se trouve
que dans une rédaction demi-provençale de
Girard de Rossillon) rend, selon l'observation
de Diez, une origine germanique très pro-
bable. — Je m'étonne qu'à cùté de requiritari
on n'ait pas plutôt invoqué requiritare^ rede-
mander (fréquent, de reqiiirere), qui se trouve
dans Plante. Quant aux opinions de Ménage
et de Le Duchat, qui alléguaient l'un le L.
regressus, retour, l'autre un type regradatare
(tiré de gradatus), nous no les citons que pour
mémoire. — J'ai rencontré deux exemples
d'une forme regrater; l'un (cité jîar Littré)
dans le Romancero : • Soupirant prist à 1er-
moyer Et regrate son dru Helier » ; l'autre
dans le Perceval de Chrélien de Troie, v.
2403 : • Is?i li rois pleure et regrate Le var-
let et fait ciere mate ». C'est, me semblc-t-il,
un nouvel argument en faveur de l'étymologie
germanique. — D. regret^ subst. verbal;
regrettable.
'RÉGULATBÏÏR, voy. rt^gle.
RÉ6ULIEH, L. regularis (régula). — D.
régularité, L. regularitatem ; régulariser,
RÉHABILITER, BL. rehabilitare, in inte-
grum restituere, composé de habilitarê = ha-
bilem i. e. idoneum reddere, vfr. habileter,
REHAUT, t. de peinture, parait être un
subst. verbal mal fonné de rehausser,
REIN, anc. esp. et it. rené; esp. mod.
rinon, du L. ren (d'où l'adj. renalis, fr.
rénal). — De rein vient le composé vfr. esre-
ner, nfr. éreinter (cp. le prov. des-renar, de-
regnar, m. s.). On a de même fait abusive-
ment, en t. de vénerie, reinté p reine. — D.
rognon (y, cm.).
REIME, vfr. reïne, rotne, du L. regina.
REINETTE, sorte de pomme, voy. raine,
RÉINTÉGRER, L. red-integrare,
RÉITÉRER, du L. iterare; le préfixe re
constitue ici un vrai pléonasme.
RElTRE, aussi rétre, mot introduit au
xvi* s., de lall. reiler, cavalier.
REJETER, L. rejectare (rcjicere). — D.
rejet, 1. action de rejeter, 2. nouveau jet, de
là rejeton,
RÉJOUIR, •= re (préfixe intensif} -f
esjoiiir, voy, jouir. — D. réjouissance.
RELACHER, desserrer, détendre, inter-
rompre le travail, etc., du L. re-laxare (en t.
de palais, on dit encore relaxer un prisonnier),
voy. lâche, — D. relâche, relâchement.
RELAIS, RELAI8SBR, voy. relayer,
RELANCER, 1. lancer de nouveau (t. de
chasse), de là fig. aller chercher qqn. au lieu
où il est, le faire sortir de son repos, pour
l'engager àqqch., puis importuner; 2. lancer
loin, reiK)usser, réjKjndre rudement aux pro-
positions de qqn.
RELAPS. L. relapsus (re-labi), retombé.
RELATER, -ATION, -ATIF, voy. référer.
RELAXER, voy. relâcher.
RELAYER, itératif de Icu/er (vieux verbe
signifiant laisser, cesser, voy. laisser); il
exprime les arrêts successifs dans une course
ou dans un travail quelconque. Reloger,
neutre, signifiant cesser, prend, au sens actif,
la valeur de faire cesser un travail à qqn. pour
le reprendre soi-même. — De même que le
simple lager est, pour le sens, identique avec
laisser et lâcher, on ti-ouve aussi relaisser
dans le même sens que reloger, c.-à-d. relâ-
cher, discontinuer, s'arrêter. — Le subst.
verbal de relayer est relai (encore conservé
dans l'angl. relay, relais); celui de relaisser
est relais, dont le sens propre est arrêt, halte,
c.-à-d. action de s'arrêter, puis action de
relayer, c.-à-d. de relever ceux qui ont tra-
vaillé (cp. angl. release, repos). Frisch avait
songé à l'angl. lay, placer, poser ; cette ma-
nière de voir n'est pas à dédaigner, je l'avoue;
le mot angl. re-lay serait dans ce cas analogue
au fr. =^ reposer, Relai serait aussi étymo-
logiquement rapproché de son synonyme
poste, qui vient de ponere. Cependant, si
cette dernière éfymologie devait prévaloir, il
faudrait expliquer 1'* du subst. relais comme
un reste de l'ancien nominatif, comme dans
lacs, corps, recors, etc., ce qui ne se présente
généralement que dans dos subst. se termi-
nant par des consonnes. — Littré est d'avis
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REM
— 435
REM
que relayer est un mot récent et irrégulière-
ment formé du subst. relais. Diez (3® éd.) pa-
rait partafrer cette opinion.
RELÉGUER, L. rdegare, renvoyer.
RELENT, mauvais goût, goût de moisissure
prov.rc/e*, cbX, reJ lent ;Véijm. L. redolentem
(red^lentem) = qui exhale de l'odeur, ne s'ac-
corde pas avec le sens foncier, qui parait être
humide et visqueux, ni avec la forme simple
lent^ que présente le patois de Genève. Littré
s'adresse donc au L. lentiis^ visqueux, gluti-
neux, en s'appuyant encore de la signification
d'humide qu'avait l'adj. lent à Paris au
xvii* siècle.
RELEVER, intensif et itératif de letcr; =
rehausser, remettre debout, rétablir, faire
ressortir, etc. — D. relèvement, relevai lies ^
relevé, relevée; puis le subst. verbal relief
(cp. grever et grief), 1. état de ce qui est
relevé, ou qui fait saillie (de là le terme d'art
haut' ou bas-relief), 2. ce que l'on relève de
table, reste, 3. droit de mutation. Les formes
correspondantes de relief sont : BL. rele-
vium, prov. releu, cat. relleu, esp. relieve,
it. rilevo,relievo, angl. relief. Le môme rap-
port littéral qui existe entre le prov. releu et
le \'fr. relieu (d'où, par le durcissement de u
ou V en f, la forme 7'elief), se présente entre
prov. feu et vfr. fieu, d'où fief
RELIEF, voy. relevei\
RELIER, L. re-ligare. — D. relieur, -ure.
RELIGIEUX, L. reliogiosus,
RELIGION, L. religionem. — D. religion-
aaire et coreligionnaire. L'ancienne langue
donnait à religioji aussi le sens d'état monas-
tique et de couvent ; il nous en est resté la
locution « entrer en religion »». La locution
« surprendre la religion de quelqu'un » = le
tromper par de faux exposés, se rattache au
sons « conscience, bonne foi » qui s'attachait
déjà au religio des classiques.
RELIQUAT, du L. religuare (reliquus),
rester dû. — D. reliquataire.
RELIQUE, L. reliquiœ, restes. — D. reli-
quaire.
RELUIRE, pr. luire par réflexion, L. re-
lucere; voy. luire.
RELUQUER, lorgner du coin de l'œil ; com- ~
posé de luquer, usité dans les patois, wall.
louki, lequel vient du germanique : vha. luo-
gen, ags. l&jan, angl. look, regarder. — J'ai
relevé dans la Geste do Liège, II, 2664 : A
un costeit visât, par la citeit luquoit.
REMARQUER, 1. marquer de nouveau, 2.
intensif de marquer = noter, faire attention.
— D. remarque, remarquable.
REMBARRER, = re -)- embarrer; le sim-
ple tv» Narrer, dans l'ancienne langue, s'appli-
quait particulièrement au sens de pousser,
enfoncer l'opéo, puis de enfoncer, fendre le
heaume.
REMBLAYER, = r« -f emblayer. Le
verbe emblayer ou emblaver dit le contraire
de déblayer (voy. blé); dans son sens étymo-
logique, il signifie mettre en blé, ensemencer ;
son corrélatif déblayer ayant généralisé
son acception naturelle on celle de « enlever
des terres », il a pris par analogie la signifi-
cation de « amener des terres ». — Subst.
verbal remblai.
REMBOURSER, => re + embourser, litt.
faire rentrer en bourse.
REMBRUNIR, = re + embrunir.
REMBUCHER, = re + embucher (vfr.
embuschier), litt. faire rentrer au bois; it,
rimboscare.
REMÈDE, L. remedium (mederi). — D.
remédier, iri'émédiable.
REMEMBRANCE, voy. remémorer.
REMÉMORER, L. rememorare, dont l'an-
cienne langue avait fait remembrer (angl.
remember), d'où le subst. remembrance, sou-
venir.
REMERCIER, voy. merci, — D. remerci-
ment.
RÉMÉRÉ, d'un mauvais mot latin réméré,
re -\- emere), p. redimere, racheter.
REMETTRE; les diverses acceptions do ce
verbe se rattachent aux significations l . met-
tre de nouveau ou mettre dans l'état primitif
ou naturel; 2. faire remise ou grâce; cette
dernière acception était déjà propre au L.
remittere (d'où le subst. remissionem, fi*. ré-
mission, et l'adj. remissibilis, fr. rémissible).
— D. remise, 1. action de remettre, spéc.
lieu où l'on remet une voiture à couvert, 2.
action de faire grâce.
RÉMINISCENCE, L. reminiscetUia (de
reminisci, se ressouvenir).
REMISE, voy. remettre. — D. remiser,
RÉMISSION, L. remissionem (voy. re-
mettre), — D. rémissionnaire.
RÉMOLADE ou rémoulade, sauce piquante
(mot à forme méridionale, cp. panade,
salade). Le nom lui vient des ingrédients
hachés ou plutôt moulus menu dont elle se
compose; c'est un dér. de remoudre (part.
remolu). On a mis rémolade en rapport avec
rémoudre, parce qu'elle « aiguise »» l'appétit.
Mais rémolade est aussi le nom d'un onguent
pour les chevaux, et à coup sûr cet onguent
n'aiguise rien du tout.
REMOLE, forme masc. remoC, remou et,
avec ïs du nomïnsLt'if, remous, tournant d'eau;
subst. verbal de re-moldre*, composé de ynol-
dre , moudre, tourner un moulin. — Cp. esp.
remoliho, tourbillon.
REMONTE, voy. l'art, suiv.
REMONTER, monter de nouveau ; du sens
spécial «♦ pourvoir de nouvelles montures »»
vient le subst. verbal remonte (de la cavale-
rie).
REMONTRER, 1 . montrer de nouveau, 2.
montrer, avertir, par voie de réplique (cp. le
terme représenter), — D. remontrance.
RÉMORA ou rémore, du L. re-mora, ob-
stacle, retard, puis nom du poisson app«lé
aussi arrête-nef ou échêne, à qui l'on attri-
buait la force d'arrêter les vaisseaux.
REMORDS, vfr. retnors (le d est une mau-
vaise ajoute des temps modernes), subst. par-
ticipial de remordre (L. re-mordere, mordre,
fig. peiner), qui faisait au participe passé
remors (L. remorsus).
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REN
436 —
REN
RÉMORE, voy. réynora.
REMORQUER, d'où le subst. verbal remor-
que, ne vient pas, selon Paris, direct, du L.
remulcare, mais indirect, soit par Tesp.
remolcar, soit par Vit. remorchiare. Le mot
ne date que du xvi* siècle.
REMOTJDRE, = moudre de nouveau;
remoudre *= re + émoudre (esmolre'j ; de là
rémouleur,
RÉMOULEUR, voy. Tart. prôc.
REMOUS, voy. remole.
REMPARER, refortifier, remettre en état
de défense, voy. emparei*. — Subst. verbal
rempar", et avec un t adventice : rempart ^
pr. défense ; it. riparo,
REMPART, voy. rcmparer.
REMPLIER, r= re -j- em-plter (inus.). —
Subst. verbal rempli,
REMPLIR, = re + emplir; i-épétitif et
intensif. — D. remplissage et remplace (maLU-
vaise formation, cp. ravage). D'après Littré,
remplace vient d'une fonne vfr. rempler,
mais je doute de l'existence de cette forme
jusqu'à présentation do preuve.
REMPORTER, = r^ -f- emporter; - rem-
porter la victoire » est une imitation du L.
victoriam referre.
REMUER, prov. remudar^ de mrtier = L.
mutarCj changer; remuer est donc pr. chan-
ger (ou faire changer) de place. Le sens
« changer» perce encore dans l'expr. «remuer
un enfant » = le changer do linge. — L'éty-
mologie removcre est inadmissible. — D.
remuant, remuement; cps. remue-ménage
(anc. on se servait du terme remuer mesnage
p. causer du désordre).
REMUGLE, anc. remeuble, odeur de ce qui
a été longtemps renfermé. D'origine incer-
taine ; Littré, faisant fond sur les mots prov.
remueyll, remoil, cat. remull, esp. remojo,
port, retnoljo, humidité, détrempe, rapporte
notre mot à mouiller; mais il n'y a guère de
conformité entre les formes. Je ramènerais
plutôt m^eugle, tnugle au thème m^tc du L.
mucor, moisissure; l'ancienne langue présente,
et le patois normand a conservé (voy. Gode-
froy), l'adj. mucre, relent, moite. Un adj.
latin m^uccr p. 7nucidus est très admissible.
Pour le changement de r en l, cp. temple*
(tempe) de tempora.
RÉMUNÉRER, L. re-munerarelmxxmx^). —
D. rémunérateur, -ation, -atoire.
RENACLER, dimin. de rena^quer, renifler;
Grandgagnage dérive ces mots du vfr. nasque
(bourg, naque) = morve; ils signifieraient
donc pr. faire remonter la morve du nez ;
quant à 7ia^que, il répond à un a(y. nasicus,
'ica, tiré de na^ius., nez. C'est par Littré que
j'apprends Tétymologie ci-dessus do Grand-
gagnage ; pour ma part, je ne l'ai rencontrée,
dans son Dict., ni à l'art. re?iaA^r = renifler,
ni sous nagueler, fureter; un mot vfr. nasque,
morve, est inconnu à Godefroy.
RENARD, vfr. aussi regnard. Ce terme
était, dans la célèbre satire du Renard, le
nom donné au renard, dont la vraie dénomi-
nation française était volpil, vorpil, goupil
(v. c. m.), reproductions du L. vulpeculus
(dim. de tulpes, prov. tolp, it. tolpe), La
haute réputation du poème a fait que le nom
poétique de l'animal rusé a fini par supplanter
l'appellation commune. Regnard est contracté
de l'ail, reginhart, dont la signification (pr.
« fort en conseil ») correspond parfaitement
au caractère attribué au renard. — D. vfr.
renardie et renardise, astuce ; nfr. reitarde,
femelle du renard, renardeau, renardier,
'i&re; verbe renarder, employer des ruses,
user de finesse.
RENASQUER. voy. reMcle^*.
RENCONTRER, voy. encontrer. — D. ren-
contre (autr. du genre masc., comme Fit. in-
contro).
RENDRE, it. rendere, esp. rendir, prov.
rendre; du L. reddere, L'intercalation de n,
ou en d'autres termes la nasalis^ition du radi-
cal, parait remonter assez haut; toutefois, le
vieux it. avait aussi, sans n, reddere, et le
prov. la forme redre. — Subst. participial it.
rendita, esp., prov. renta, fr. rente, du L.
reddita, les cho.ses rentrées, le revenu. Autres
dérivés : rendable, qui est à rendre, rendage,
rendement^ rendant = qui rend compte. —
Notez encore le participe rendu, 1. qui se
rend à l'ennemi, 2. fatigué, qui n'en peut plus
(expression analogue à recru), et le sub.st.
rendez-vous, imité par le stclldich-ein dos
Allemands.
RENE, anc. rcsne, resgne, reigne, reine,
prov. régna, correspond à l'it. redina, esp.
(par transposition) rienda^ port, rcdea. Le
primitif de ces mots est le L. retinei*e, rete-
nir, par un subst. verb. fém.retina,qm d'une
part s'est adouci en redina, forme it. , d'autre
part syncoi)é en retna^ d'où reina, puis régna,
forme i)rov. L'^ du fr. resne (d'où rêne) est
intercalaire. Raynouard s'est ti'ompô en pla-
çant le prov. régna sous la rubrique regnar,
dominer.
RENÉGAT, BL. renegatus (negare), qui a
renié sa foi, forme savante de renié. Le vfr,
disait renoyé (do renoyer =* renier), et les
patois disent encore renoyé, renois.
RÉNBTTE. nom d'outil, voy. rainer.
RENFORCER, -=* re ■+- en forcer (auj. en-
forcir). Subst. verb. renfors", d'où l'on a,
sous l'influence du mot fort, fait re^ifort; cp.
effort p. effors,
RENFROGNER, voy. refrogner.
RENGAINE, banalité; n'a rien à faire,
parait-il, avec le verbe rengainer; on dit que
c'est le refrain d'une vieille chanson : turlu-
tutu rengaine » (Littré).
RENGORGER [re intensif), == se mettre en
gorge, se donner de la gorge ; cp. en ail. sich
àritsten, m. s., de brust, poitrine.
RENGRÉGER, vieux mot = aggraver; re
-\- vfr. engrégcr, cps. do vfr. gregier, grever
[L. gravis), d'un type //racî'arô^cp. alléger de
allevare). — L'étymologie vfr. greignour,
greindre (grandior), posée par Littré, no
s'accorde en aucune façon avec la lettre. On
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REP
— 437 —
REP
trouve d'ailleurs en vfr. radj.^r^c = gravis,
et grejos^ dur, pénible.
RENIER, voy. niei\ — Subst. verb. rmi,
RENIFLER, voy. nifler,
RÉNITENT, -BNCB. du L. re-niti, résister.
RENNE, du nord, hreiun, suéd. ren, ail.
reixn-thicr^ ags. hran, Voy. aussi ranger 2.
RENOMMER, = nommer souvent avec
éloge. — D. subst. verb. re^xom; adj. -parti-
cipe renommé, d'où le substantif renommée,
RENONCER, L. re nuntiare. — D. renonce
(les patois ont un subst. verbal masc. renon);
renoncement (et renonciation = L. renun-
tiationem).
RENONCULE, L. rammcula, pr. petite
grenouille (cp. le nom gr. ^vc^kf^-i^, de ^94-
rpTLyoit grenouille).
RI2N0UER, voy. nouer. — D. renouée,
plante qui tire son nom de la quantité de
nœuds dont les tiges sont garnies.
RENOUVEAU, voy. l'art, suiv.
RENOUVELER, voy. nouveau. Columelle a
déjà le composé renocellare. — D. subst. ver-
bal renouvel', renouveau, 1 . renouvellement,
2. nouvelle saison, printemps; cp. appel
(appeau) de appeler, dégel de dégeler,
RÉNOVER, L. re-nocare (novus).
RENSEIGNER, intensif de enseigner (v. c.
m.), faire savoir. — D. renseignement.
RENTE, voy rendre. — D. rentier, qui a
(anc. = qui doit) des rentes ; verbes renier et
arrenter.
RENTRAIRE (aussi de la K« conjug. ren-
trayer), = re -j- vfr. entraire, pr. retirer en
dedans, type L. re-in-trahere ; rentraire, c'est
pr. coudre en faisant rentrer le rebord, de
manière qu'il ne paraisse pas. — D. ren-
trayeur, rentraiture.
RENTRER, == re -f entrer. — D. rentrée.
RENVERSER, du vfr. cntierser, retourner,
culbuter, qui vient do l'adj. envers = L. in-
versus. — D. renverse (dans la loc. • à la ren-
verse »») et renversement.
RENVI, voy. rcnvier.
RENVIER, d'où subst. verb. renvi; voy.
envi.
RENVOYER, voy. envoyer. — D. renvoi.
1. REPAIRE, retraite, demeure, gîte, subst.
verb. du vfr. repairer, retourner chez soi, se
retirer. Ce dernier répond à l'it. repatriare,
prov. repairar et est le latin repatriare, re-
tourner dans sa patrie (d'où les gens de police
on fait repatrier « un vagabond «). Voy. aussi
rapatrier.
2. REPAIRE, t. de chasse, fiente ; il faut
écrire repère (v. c. m), de L. reperire, car le
mot, dans cette acception, vient de ce que la
fiente sert à retrouver la bête. Voy. toutefois
la remarque de G. Paris s. repère.
REPAÎTRE (part, passé repu, d'où le v.
subst. repue, repas), du L. re-pascere, d'où,
par le supin repastum, le subst. repastus,
fr. repasC, repas. Cp. fr. appât, p.- appast, et
appas (qui était anciennement aussi la forme
du singulier). Pour cette apocope du t final,
cp. dispos p. dispost, enquis p. enquist.
RÉPANDRE. == re + épandre (v. c. m.).
RÉPARER. L. re-parare.
REPARTIR, 1. partir de nouveau, 2. répli-
quer, d'où le subst. participial repartie. Dans
la dernière acception, repartir est l'itératif
de partir au sens de prendre son vol, sortir
avec impétuosité, dans des expressions telles
que « sa réponse ne tardait pas à partir » ou
« partir d'un éclat de rire n (cp. les termes
sortie, saillie).
RÉPARTIR, = re -f vfr. espartir, distri-
buer, composé de partip (au sens de parta-
ger). Peut-être l'accent aigu dans ré n'est-il
qu'arbitraire, et le mot se rattache-t-il à par-
tir, diviser (de là le terme d'ardoisier repar-
ton). — D. répartition.
REPAS, voy. repaitre.
REPASSER. 1. passer de nouveau, 2. faire
passer et repasser souvent un objet sur un
autre, de là : repasser un rasoir, du linge. —
D. repassage, repasseuse.
REPENTIR, = re 4- vfr. pentir, it. pen-
tire, prov. pentir, = L. pœnitere. — D.
repentant, -ance; subst. inûmûi repentir .
RÉPERCUTER, L. re-percutere ; par le
supin repercussum : subst. répercussion, L.
repercussionem.
REPÈRE, marque ou point qui sert à se
retrouver, du L. reperire, retrouver. — D.
repérer. Voy. aussi repaire 2. — L'étym.
reperire est mise en doute par G. Paris (Rom.,
VI, 477); il voit dans repère le subst. verbal
de revairer, revenir (voy. repaire l).
RÉPERTOIRE, registre, liste, du L. reper-
torium, formé de reperire, trouver, comme
inventaire do invenir e.
RÉPÉTER, L. re-petere, pr. chercher,
aller prendre de nouveau (cp. le terme reprise,
synon. de répétition). — D. répétailler; du
L. repctitor, -tio : fr. répétiteur^ -tion.
RÉPIT, prov. respieit, it. rispitto et ris-
petto, du L. respectus; donc pr respect,
égard, ménagement, d'où découle le sens
moderne délai, relâche. Pour la forme, cp.
dépit de despectus. lie^pcct est donc un dou-
blet savant de répit.
REPLEl, L. repUtus, rempli; rAplétiox,
L. repletionem.
REPLIER, itératif de plier; subst. repli.
Replier correspond au L.re-plicare; ce même
verbe latin, dans une acception spéciale qui
se rencontre dans le Digeste, savoir : « refu-
tare, iterare responsum », s'est conservé sous
la forme fr. répliquer.
RÉPLIQUER, voy. l'art, préc. — D. ré-
plique.
RÉPONDRE, L. respondere. — D. respons\
répons, L. responsum; réponse, L. responsa
p. responsio, d'où responsable (comme comp-
table do compte).
REPORTER, porter de retourou à nouveau,
anc. aussi = rapporter (d'où angl. reporter,
rapporteur). — D. report.
REPOSER, re + poser, d'après le L. repo-
nei'e. — D. repos, subst. verbal; reposoir,
reposée.
REPOUSSER, = pousser en arrière; cp.,
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RÉP
— 438 —
RÊS
pour les acceptions, le fr. rejeter et le L.
re-pelîere (dont repousser représente le fré-
quentatif repu/sarc). — D. repolissant f -oir,
RÉPRÉHENSIBLIÎ, -ION, voy. reprendre.
REPRENDRE, 1 . prendre de nouveau ; de
là le subst. part, reprise; 2. = L. reprehen-
dere^ pr. arrêter, saisir, puis fig. blâmer,
gourmander. De la forme latine relèvent : ré-
préhension, -ible, L. reprehensionem, -ibilis.
— A la forme contracte reprendere, au sens
de prendre de retour ce qui a été pris, par le
part, reprensus, it. ripreso, se rattache l'it.
ripresapHa, d'où les Français ont tiré repré-
saille (i-éparation qu'on se donne à soi-même
d un dommage essuyé) et les Anglais repri-
sais.
REPRÉSAILLB. voy. l'art, préc.
REPRÉSENTER, 1. présenter de nouveau,
2. «= L. reprœsentare, placer sous les yeux,
reproduire, exprimer, figurer. Aux accep-
tions classiques, la langue moderne a ajouté
celle de • remontrer, donner un avertisse-
ment n. De « mettre sous les yeux », le sens a
facilement tourné en celui de « mettre &
cœur ». L'allemand emploie de la même ma-
nière les verbes vor-stcUen, tor-halten^ vor-
werfen, vor-i-ûcken, et le terme fr. reprocher
repose sur un trope analogue. — D. rexrré-
sefitantf -ation, -atif.
RÉPRESSION, L. repressionem (de repres-
sum, supin de reprimere, fr. réprimer j\ néol.
répressif.
RÉPRIMANDE, voy. lart.suiv. — D. répri-
mander,
RÉPRIMER, L. reprimere, pr. refouler.
— D. réprimable. Du L. reprimenda (faute
à réprimer), les savants ont fait réprimande,
pr. chose blâmable, puis action de blâmer (cp.
le mot offrande, action d'ofirir).
REPRISE, voy. reprendre. — D. repriser,
faire des reprises (t. de couturière).
RÉPROBATION, L. reprobationem (voy.
réprouver).
REPROCHER, prov. repropchar; d'un type
latin re-propiare (propc). C'est donc pr. un
synonyme do rapprocher. Pour le sens moral
attaché à ce verbe (et qui rappelle bien le
9iahe fûhren et le vor-rticken des Allemands),
voy. l'art, représenter. Le P. Labbé s'est sin-
gulièrement fourvoyé en expliquant le mot
en ces termes : « C'est proprement récuser
qqn. pour juge ou pour témoin, à cause qu'il
est proche parent de la partie. » Les étymolo-
gies tirées de reciprocare ou de opprobrium
sont tout aussi insoutenables. — D. reproche,
reprochable, irréprochable,
REPRODUIRE, voy. produire.
RÉPROUVER (à distinguer de reprouver =«
prouver de nouveau), L. reprobare, m. s.,
d'où réprobation.
REPTILE, L. r^^tVw (repère).
RÉPUBLIQUE, du L. res publica, la chose
publique. — D. républicain, -anisme.
RÉPUDIER, L. repudiare, — D. répudia-
tion.
RÉPUGNER, L. re-pugnare, lutter, être
contraire. — D. répugnant, -a^ice.
RÉPULSION, L. repulsionem(dere-pelJere),
RÉPUTER, L. re-putare, compter, penser,
puis, par extension, estimer, présumer. — D.
réputation, pr. compte, appréciation.
REQUÉRIR, vfr. requerre, de BL. requœ-
rere (p. requirere). — D. requérant, requé-
rable. — Du supin requisitum viennent : 1 .
requisitus, requis'tus, fr. requis p. requist, et
de là le subst. part. fém. requeste' requête; 2.
requisitionem, fr. réquisition; 3. requisitorius,
fr. réquisitoire.
REQUÊTE, voy. l'art, préc.
REQUIEM, messe des morts; c'est le mot
latin par où commence cette messe, ace. sing.
de requies, repos, dont l'ancienne langue
avait fait requoy. — Le même mot requiem
s'est transfoimé en requin (le dictionnaire de
Trévoux écrit requiem), qui est le nom que
les matelot,*^ normands, selon la tradition, ont
donné au chien de mer, parce que l'apparition
de ce monstre marin entraînait infeillible-
ment la mort et par conséquent un requiem,
REQUIN, voy. l'art, préc.
REQUINQUER (SE), se parer d'une manière
afiectée ; ce mot populaire est-il de la famille
de quincaille (voy. clinquant), ou p. recoin-
quer, qui serait une corruption de re-cointer
(cp. une mutation inverse dans quinte p.
quinque), et dérivé du vfr. coini, paré? Nous
ne déciderons pas. Jault proposait pour type
le L. re-concinnare, raccommoder. Ménage
recomere, peigner, ajuster; ce sont des erreurs
manifestes. Littré pose l'étymol. requinquare,
d'un verbe latin quinquare signifiant nettoyer
(les dictionnaires le donnent avec le sens de
faire des lustrations pendant une fête de cinq
jours;. Si ce mot quinquare, que l'on rencontre
dans Charisius, grammairien du iv* siècle,
est la bonne étymologie, requinquer a dû être
un terme né dans la société monastique, passé
ensuite dans le parler populaire. 11 faudrait,
pour se prononcer, un historique plus riche
sur l'emploi du mot.
REQUISITION. -ITOIRE. voy. requérir,
RESARGIR, L. re-sarcire, — D. rcsarcis-
sure.
RESCIP. voy. récif.
RESCINDER, L. re-scindere, déchirer, an-
nuler, casser; du supin rescissum : rescis-
sioncm, fr. rescision (il faudrait rescission).
RESCISION, voy. l'art, préc.
RESCOUSSE, voy. recourre.
RESCRIT, L. re-scriptum, pr. réponse.
RÉSEAU, anc. résel, roisel; ce mot repré-
sente littéralement le L. reticellum, dim. de
rete, rets, filet (vfr. roit). L'it. dit reticello,
reticino. Une autre forme diminutivedu même
primitif est réaille; les pêcheurs emploient les
mots résure et reseuil (== L. retiolum) pour
désigner des filets, ou des appâts qu'ils y met-
tent. Le vrai dimin. latin reticulum s'est
introduit dans la langue pour désigner un
petit sac à ouvrage à grandas mailles , sous la-
forme ridicule, corruption de réticule,
RÉSÉDA, plante, mot latin.
RÉSERVER, L. re servare. — D. réserve,
rése7Toir; adj. réservé = retenu, part, passif
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RES
— 439 —
RES
à sens actif, comme circonspect, discret, rési-
gné, retenu, etc.
RÉSIDER, terme moderne et savant p. vfr.
reseoir = L. re-sidëre (sedere). — D. résident,
résidence. L'anc. langue avait régulièrement
formé du part, residerisle t. de droit resséant,
domicilié dans le lieu, d'où resséantir, être
tenu à résidence.
RÉSIDU, L. residuus (re-sidere).
RÉSIGNER, L. re-signare^ pr. rompre le
cachet (siffnum), desceller, puis au fig. casser,
dissoudre, renoncer à, se démettre d'une
charge ; se résigner, = se soumettre, s'aban-
donner. — D. résignahle, résigner, résigna-
tion, 1. action de résigner, renoncement,
abandon, 2. action de se résigner, c.-à-d. de
s*abandonner à la volonté de Dieu.
RÉSILIER, verbe irrégulièrement formé du
L . resilire (salire), pr. sauter en arrière, reve-
nir sur ses pas ; dans la basse latinité, ce verbe
est devenu synonyme de renuntiare. — D.
résiliation.
RÉSILLE, V07. réseau.
RÉSINE, L. résina (gr. /iijTfviî). — D. rési-
neiLx, L. resinosus.
RÉSIPISCENCE, L. resipiscentia, de re-
sipiscere (composé de saperc), redevenir sage.
RÉSISTER, L. re-sistere, — D. résistance,
résistible, irrésistible^ L, resistibilis, irresis-
tibilis.
RÉSOLU, etc., voy. résoudre,
RÉSONNER, L. re-sonare. — D. réso-
nance, résonnement,
RÉSORPTION, L resorptionem (ve-sorhere),
RÉSOUDRE, L. re-solvere. Du supin reso-
lutum viennent : 1. part, resol utus, fr. r^jfo/w;
notez que dans l'emploi adjectival de ce mot,
le sens est contraire au sens latin ; ce dernier
se rapporte au verbe resolvere, en tant que
signifiant détendre, relâcher, tandis que
l'acception moderne f déterminé, hardi) est
active et tirée du verbe résoudre en tant que
signifiant donner une solution, trancher une
difficulté; 2. resolutio, fr. résolution, action
de dissoudre, cassation, décision, fermeté;
3. resolubilis*, fr. résoluble; 4. resolutorius,
fr. résolutoire; 5. resolutivus*, fr. résolutif.
— Le part, résous est p. resols et vient de la
forme contractée resoltus 'cp. absous, dissous,
coexistant avec absolu^ dissolu).
RESPECT, L. re-spe^ctus (re-spicere). litt.
= regard (cp. nos expr. analogues égard,
considération). — D. respecter, L. respectare),
d'où respectable, respectueux, respectif, mot
de façon nouvelle, qui se rapporte au sens
• égard, rapport, point de vue », qu'avait
autrefois le mot respect. — Le latin respnctus
se retrouve encore dans la langue fr. sous la
forme répit (v. c. m.).
RESPIRER, L. respirare. — D. respirable,
respiration^ respiratoire.
RESPLENDIR, L re-splendere. — D. res-
plendissant, resplendissement.
RESPONSABLE, angl. responsibh, voy.
répondre. — D. responsabilité.
RESSAC, t. de marine, rcbattemont des
vagues; c'est sans doute le subst. de Fane,
verbe resacher, retirer (voy. sac).
RESSASSER, repasser au sas (y. c. m.).
RESSAUT, it. risalto; du verbe ressaillir,
comme saut de saillir.
RESSÉANT, voy. résider.
RESSEMBLER, intensif de sembler. — D.
ressemblant, d'où ressemblatice.
RESSENTIR, intensif de sentir. Dans le
subst. ressentiment, le pn^fîxe re conserve
légèrement son caractère itératif : c'est pr. le
renouvellement, le ressouvenir d'un senti-
ment, un reste d'une sensation éprouvée (p.
ex. « il a encore des ressentiments de fièvre -),
d'où le sens spécial : souvenir qu'on garde
soit des bienfaits (cette acception, encore
usuelle dans Molière, s'est perdue), soit des
injures ou offenses.
RESSERRER = serrer de nouveau et ser-
rer davantage.
RESSORT, voy. les deux art. suiv.
1. RESSORTIR (conjugué comme ^or^îV =»
aller dehors), 1. sortir, partir de nouveau;
2. intensif de sortir, pris dans son sens pri-
mitif de saillir, avoir du relief. De là le subst.
verbal ressort, pr. rejaillissement, rebondis-
sement» contre- coup (cp. esp. resurtir, rejail-
lir). Voy. aussi le mot sortir 2.
2. RESSORTIR (coryugué, comme assortir,
d'après finir), appartenir à une juridiction.
Subst. verbal ressort, it. risorto, étendue de
juridiction. D'après Diez, la signification
actuelle de ce terme juridique se rattache au
vfr. resortir, se retirer, chercher un abri,
avoir recours, d'où le subst. vfr. resort,
retraite, recours, tribunal où l'on recouvre
son droit. Quant à ce verbe ancien resortir
(BL. resortire, habere jus appellationis), Diez
y voit un composé de sortir, obtenir fdér. de
sort, V. c. m.); resortir, c'est recouvrer son
droit. Ce savant s'appuie de l'analogie que
présente le terme it. ricovrare, qui signifie
1. recouvrer. 2. se sauver, se réfugier. ^ — Du
Cange avait mal défini le subst. ressortum
par ces mots «quidquid ïntra sortes continetur
seu jurisdictionis terminos », et Budé a versé
dans une erreur encore plus forte en dérivant
ressoHir de sort, par cette raison : « causse
enim sortibus ex urna ductis cognosceban-
tur ». — Pour me rallier à l'explication éty-
mologique de Diez, dans tout son développe-
ment, je voudrais savoir si le vfr. resortir,
avoir recours, que l'on invoque comme ana-
logie de sens, avait également la coi\jugaison
inchoative (les exemples d'appui me font dé-
faut à cet égard). En attendant, il me semble
toujours que ce vieux resortir, avoir i*ecours,
trouver sa ressource, doit être le même mot
que notre ressortir, qui foncièrement dit :
rejaillir, remonter, relever ^'invoquerais bien
ici aussi le terme relever = dépendre juridi-
quement, si Ton disait relever à comme res-
sortir à). Enfin, je rappelle ici le subst. vfr.
retour = recours, refuge, protection, syno-
nyme du vfr. resort.
RESSOURCE, it. risorsa. Je trouve dans ce
mot quelque chose de plus qu'une simple
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RET
— 440 —
RET
variété formelle de source. De même que ce
dernier vient de sordre ou sourdre, notre mot
dérive directement de resors, part, du verbe
vfr. resordre^ qui est le L. re-surgere et qui
signifiait : 1. se relever, 2. relever (sens
actif,, hdi ressource es,i donc pr, une chose qui
vous relève, un moyen qui fait sortir d'embar-
ras. — Dans Jean Le Maire des Belges (II,
283), je lis la ressorce (= résurrection, réta-
blissement) de Troye.
RESSUER, rendre son humidité intérieure,
de re -\- suer, = L. re-sudare, it. risudare.
— Dans Tanc. langue, le mot est différent et
représente re -j- essuer (= essuyer).
RESSUI, t. de vénerie, subst. verb, de res-
suyer, sécher.
RESSUSOITER, L. re-suscitare, relever,
réveiller, faire revivre.
RESTAURER, L. re-staurare, rétablir, re-
mettre, refaire. — D. restaurant, -aiion,
-ateur. Le premier ** restaurateur « (traiteur),
un nommé Boulanger, vers 1765, avait, dit
l'histoire, mis sur sa porte la devise suivante :
*t Venite ad me omnes qui stomacho laboratis
et ego restaurabo vos. »
BJiSTER, L. resiare, demeurer en amère.
— D. reste ^ restant, Cps. arrêter (v. c. m.).
RESTITUER, L. re-stituere, pr. replacer,
d'où restitutio, fr. restitution, — Restituera
appelle» d'après l'analogie d'autres verbes en
ëre, plutôt restituir; ce mot peut avoir existé
comme on trouve constituer, mais l'emploi de
l'infin. en er pour statuere, comme pour ses
composés en -stituere, remonte assez haut
dans la langue, pour ne pas l'expliquer, plutôt
que par un simple métaplasme arbitraire des
temps modernes, en partant des formes fré-
quent, statutare", -stitutare,
RESTOUPER, = re + estouper, qui est
l'ail, stoppen, stopfen, bourrer, boucher (voy.
êtoupe),
RESTREINDRE, L. rc-stringere, resserrer
(cp. élreindre). Du supin restrictum : restric-
tion, restrictif; du part, rcstringentem : le t.
médical restringent.
RÉSULTER, L, re-suJtare (fréq. do re-
siîire), pr. rejaillir, rebondir; au moy. âge le
mot a été traité en synonyme de etenire,
exire (fr. issir). Cp. les termes réussir, res-
sortir. — D. résultante, résultat, mot de
création savante, = ce qui résulte ou provient
d'une affaire.
RÉSUMER, L. re-sumere, reprendre, d'où
le sens mod. : redire, exposer de nouveau
en abrégé. — D. subst. résumé,
RESURRECTION, L. re-sui^ectionem, de
resun*ectum, supin de re-surgere^ vfr. rc-
sordre
RETABLE, vfr. restaule. Cette dernière
forme et le genre du mot défendent de songer
à une origine de table (p. ainsi dire contre-
table). Restaule nous renvoie à un adj. lat.
re-stabilis, avec un sens particulier d'archi-
tecture, soit celui de « fixé contre »» ou tout
autre. Le retable (mieux voudrait rétable) est
un ornement de bois, de pierre ou de marbre,
contre lequel est appuyé l'autel.
RÉTABLIR, = re -\- establir, ou direct, du
L. re-stahilire. — D. rétablissement.
RETARDER, L. re-tardare. — D. subst.
verbal retard; mots savants : retardation,
ataire,
RETENIR, L. re-tinn-e (tenere). — D. re-
tenu (adj. part, à sens actif, voy. réservé)'.,
subst. retenue — Du supin L. retentum, le
subst. retentio, fr. rétention et adj. retenti f.
RETENTIR, = r<? + vfr. tentir, lequel
vient d'une forme L. tinnitire p. tinnitare,
fréq. de tinnire. Le L. tinnitare a donné
tinter.
RÉTICENCE, L. reticentia (de re-ticere, se
taire).
RÉTICULE, L. reticulum (voy. réseau). Ce
mot, au sens de petit sac, s'est gâté en ridi-
cule.
RÉTIF, vfr. restif, qui s'arrête o'j recule au
lieu d'avancer, prov. restiu, it. restio p. res-
tivo (à Milan on dit restin), dér. du L. res-
tare = resistere, regimber. — D. réliteté.
RÉTINE, d'un type L. retina, dér. de rete,
réseau; l'ail, dit de môme nets-haut.
RETIRER, tirer en arrière, syn. de retraii-e.
— D retiré (adj.), retirade.
RETORDRE, renforcement de tordre, cor-
respondant au L.re-torquere., dont les savants
ont fait rétorquer. Du part, retortus ou relor-
sus viennent : fr retors = retordu ; retoiie,
cornue ; retorsion, -if.
RÉTORQUER, voy. lart. préc.
RETORS, RETORTE, voy. retordre.
RETOURNER, = rc + tourner, au sens
actif et neutre. — D. subst. verbal retour.
RÉTRACTER, L. re-tractare, fréq. de re-
trahere, retirer. — D. rétractation.
RETRAIRE, L. re-trahere, retirer, dont le
supin retractum a donné : retractus, fr.
retrait, subst. part. fém. retracta, fr. r^rtraiVr;
puis les mots savants rétraction et rétrac-
tile,
RETRAITE, voy. l'art, préc. — D. retrai-
ter, mettre à la retraite.
RETRANCHER, renforcement de trancher.
— D. retranchnnent, 1 . action do retrancher,
2. espace retranché, séparé d'un plus grand ;
de la dernière acception s'est déduite l'accep-
tion spéciale et militaire du verbe se retran-
cher.
RÉTRÉCIR, = r<? -f étrécir (v. c. m.). —
D. rétrécissement.
RÉTRIBUER, L. re-tribuere, payer en
retour, d'oùretributionem, fr. rétribution.
RÉIRO, adverbe latin, francisé en rèi-e,
riére (d'où les composés ar-rièrc, de-rière,
auj. derrière). On le trouve encore appliqué,
comme préfixe, dans les mots fr. (du fonds
savant) suivants ; rétroagir (-action, actif),
rétrocéder et rétrocession, rétrograde, L.
retrogradus d'où rétrograder, -ation), rétro-
spectif (do retrospicerc).
RETROUSSER, voy. trousser. — D. re-
troussis.
RETS, Vs représente l'ancienne finale du
nominatif (cp. temps, corps, etc.), du L. rete,
m. s. — Voy. aussi réseau, rétine.
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REV
— 441 —
REV
RÉUNIIK, du BL. rC'Unire, iterum conjun-
gere; auj. le sens itératif du re s*est efikcé;
subsr. rénnion^ fait sur le patron de union.
RÉUSSIR, vfr. réissir, -~= rc + issir (voy.
issu), anc. aussi (sans ré) ussir (it. uscire). Le
mot dit donc pr. sortir, résulter, avoir une
issue bonne ou mauvaise (Molière dans le
Tartufe : « Vovons ce qui pourra de ceci réus-
sir ♦•), puis spéc. avoir un bon résultat. — D.
subst. part, réussite, direct de Ht. Huscita.
— La substitution des formes vfr. ussir, it.
uscire à issir et esdre est peut-être fondée
sur quelque allusion au vfr, us, it. uscio,
porte, issue (auj. huis, v. c. m.).
REVANCHBR, forme durcie de l'anc. reveii-
ger, prov. recenjar, angl. retenge (voy. ven-
ger), Cp. pour ce changement, la fluctuation
qui se présentait jadis entre vfr. nage, et
nache, du L. natica, — D. revanche.
REVE, anc. resve, verbe rêver. Us est inter-
calaire, car le prov. a reoa (cp. vfr. esm p.
ève = L. aqua). On a mis bien des étymolo-
gies en avant sur ce mot. Nous citons d'abord
celle puisée dans le gaél. rabhd, radotage.
Partant d'une signification première de cette
nature, autant vaudrait, observe Dioz, invo-
quer un type latin re-evare = être pris d'en-
thousiasme. Le P. I^bbé, Ampère et Gônin
ont supposé une parenté avec desver (voy.
cndêver) ; cela est impossible, ne fût-ce qu'à
raison de 1*5, qui est organique dans desver
et épenthôtique dans resver. Dautres, peu
soucieux dos lois physiologiques qui déter-
minent la formation des mots, ont cavaliè-
rement avancé soit le gr. /Jîju^uv, tourner,
errer, aller à l'aventure, soit re-puerare, re-
devenir enfant. Chevallet, enfin, s'adresse à
l'angl. rave, délirer, rêver, holl. revelen, m.
s. ; il cite encore un anc. ail. reuberschen, m.
s., mais ce mot m'est inconnu. Le philologue
parisien ne se doutait pas que les mots ger-
maniques qu'il cite sont empruntés au fran-
çais. — Avant do produire une étymologie
plus plausible, nous remarquerons qu'il ne
faut pas perdre de vue que rêver signifiait à
l'origine «♦ courir çà et là »», faire le vagabond
(on disait un « resveur de nuit »♦, p. coureur
de nuit) ; que le mot s'est dit ensuite de l'alié-
nation mentale (cette acception est encore
celle de l'angl. rave, cp. notre expr. vous rê-
ves, p. vous divaguez, vous extravaguez), puis
enfin des songes. Voici, en conséquence, la
solution présentée par Diez, et qu'a suivie
Burguy. Rêve est une variété dialectale de
rage, fait parfaitement acceptable ; on voit de
même alterner, dans la vieille langue, les for-
mes caive et cage (du L. cavea). L'enchaine-
mont serait : rabia (p. rabies), raive, rêve;
cette succession explique la longueur de la
voyelle radicale e et partant Vs paragogique
dont elle a été plus tard accompagnée. L'a
primitif perce encore dans l'orthographe
angl. rave et le bourg, ravasser. Nous hési-
terions beaucoup à ébranler le crédit de l'opi-
nion si bien justifiée par le vénérable profes-
seur de Bonn ; aussi n'aurons-nous garde de
le faire. Au contraire, nous cherchons à la
fortifier. Il existait au xvi^ siècle un syno-
nyme de rêver sous la forme redder (cp. re-
derie, deliramemtum. Vocab. d'Evreux), et le
dialecte picard a conservé un verbe réder,
avec le sens do raflfoler. Les deux mots se
tiennent-ils par l'origine? Nous pensons que
oui. Si récer se rattache à rabies ou plutôt à
rabia, nous rapporterons redder à un dérivé
rabidus, forcené, en délire, d'où rabidare,
d'où rabder, radder, redder, réder. Le chan-
gement de a en e, en position, n'a, comme
on sait, rien d'étrange ni d'irrégulier dans
une syllabe atone. — Littré s'adresse au
danois roeve, angl. ror^, vagabonder, mais la
voyelle radicale ne permet pas de le suivre.
— Bugge(Rom., IV, 364) s'efforce par trop
subtilement de rattacher notre mot à L.
errare, errer, divaguer, par l'intermédiaire
d'un dérivé fictif errâtare, d'où, par l'aphérèse
de la syllabe initiale et la syncope de t, rem-
placé par V, raver, rêver. Les traces qu'a lais-
sées dans les dialectes italiens le type 'errati-
care [radegar, errer; moden. andèr aradégh,
courir çà et là) ne sont pas de nature à nous
convaincre de la réalité de ce rapport. Malgré
l'exemple tiré de imbladare devenu emblaer,
puis emblaver, il reste divers petits traits qui
ébranlent le crédit de cette conjecture. — Du
fr. rêver (plus tard resver, rêver), le flam. a tii-é
reven et revelen (Kiliaen, 1599; et le mha.,
reben. La langue des trouvères avait égale-
ment une forme diminutive révéler; elle se
révèle dansl'adj. révélé, extravagant, et les
subst. revel, reviel, reviau, aussi rivel (en
angl. revel, revelry), divertissement, réjouis-
sance, pr. extravagance, ribote, synonyme
de rêverie, riverie, qu'on y trouve dans le
même sens. [Nous n'adoptons pas la manière
de voir de Diez et autres qui dérivent ces
vieux mots de rebellare; nous les ramenons
de préférence au premier sens de rêver, se
laisser aller à des folies nocturnes, v. pi. h.
On peut même se demander si le terme réveil-
lon n'est pas p. revelon, par assimilation à
veillée. Après cela, nous ne disconvenons pas
qu'il y a eu un vieux verbe révéler, se rebel-
ler, mais nous le tenons pour un homonyme.
Voy. ma noteBaud. de Condé, p. 401.] — D.
rêveur, rêverie, rêvasser.
REVSCHE, port, revesso; selon Diez du L.
reversus, retourné, contraire. Celte étymo-
logie, quelque étrange qu'elle paraisse au pre-
mier abord, s'appuie de ce fait que revêche
reproduit exactement l'it. rivescio (rovescio),
auquel, à raison de sa signification de revers,
renversé, or ne saurait contester une prove-
nance de reversus. Ce dernier, par la syncope
régulière de la liquide (cp. dosum p. dorsum,
L. Iiœsi p. hœrsi), a pu donner rivescio,
comme vesica a fait vescica. I^ même syncope
de r se présente dans le port, et esp. rêves,
revers, port, revessa, contre-courant. L'anc.
langue office d'ailleurs à la fois reverse, rtf-
verche et revesche. — Diez pense que le vfr.
revois représente également un primitif re-
vesus pour reversus. Cela peut être vrai pour
le mot en tant que synonyme de revêche ; mais
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REZ
— 442 —
RIB
quant à vfr. revois, signifiant convaincu, avéré,
et que l'on trouve aussi sous les formes rcveit,
revoit, j'estime qu'il ne vient pas dorevocattis,
étymologie que patronne Burguy, mais du
L. rC'Victus, qui correspond exactement pour
le sens et la lettre. Vov. aussi G. Paris Rom.
III, 505.
RÉYSILLXR, = re + éveiller, — D. réveil,
réveillon, t. de peinture.
RÉVEILLON, repas nocturne, voy. l'art.
rêve,
RÉVÉLER, L. revelare, pr. dévoiler. —
D. révélateur, -ation, L. revelatorem, -atio-
nem.
REVENDIQUER, ^ re-^h. vindicare, ré-
clamer (Montaigne akvendiquer), — D. reven-
dication.
REVENIR, L. revenirc. — D. revenant \
revenu (ce qui rentre d'une mise de fonds ou
d'un travail, cp. l'équivalent latin reditus, de
redire)'^ r^rcnue, jeune pousse de bois; revient
(dans « prix de revient »).
RÊVER, voy. rêve,
RÉVERBÉRER, L. re-verberare, repousser,
rejeter (ne s'applique plus qu'en parlant de la
lumière et de la chaleur). — D. réverbération ;
réverbèi'e, d'abord lame concave et luisante en
fer-blanc disposée dans le fond d'une lampe,
pour réverbérer la lumière, puis, par ellipse,
lanterne munie de cet appareil.
RÉVÉRER. L. re-vereri — D. révérend,
L. reverendus ; révérence, L. reverentia, d'où
révérencieua , -iel,
REVERS, subst., côté rçtourné, fig. dis-
grâce do fortune, du L. rc-vcrsits, retourné.
Du même part, latin vient le subst. BL. rêver-
sum, réponse, d'où reversai ; puis réversion,
L. reversionem, et réversible, sujet à retour.
Le jeu de reversi, aussi reversis, est sans doute
de même origine ; c'est une sorte do triomphe
renversée ^esp. revesino, it. rovescino),
REVÊTIR, 1. = vêtir (acceptions pr. et
fig.), 2. investir, 3. doubler. — D. revêtement,
REVISER, L. revisare, fréq. de revidere,
d'où, par le supin revisum, les subst. rcvisor,
rovisio, fr. reviseur, revision,
REVIVIFIER, L. revivificare,
RÉVOLTE, tiré direct, de l'it. rivolta, subst.
participial de rivolgere = L revolvere, retour-
ner, bouleverser. Le mot fait double emploi
avec révolution, qui est le subst. latin revolutio-
nem. — D. révolter,
RÉVOLU, L. revolutus (revolvere).
RÉVOLUTION, L. revolutionem (revolvere).
— D. révolutionner, -aire.
RÉVOQUER, L. re-vocare, rappeler. — D.
révocable, révocation, L. revocationem.
REVUE, subst. part, de revoir,
RÉVULSION, L. revulsionem, de revulsum,
supin re-vellere, d'où aussi révulsif, •
REZ. anc. subst. = niveau, état de ce qui
est à fleur de; il n'est plus d'usage que dans
le composé r es -de-chaussée, puis comme pré-
position signifiant à fleur ou à ras de (res
pied, res terre); du même L. rasus (part, de
radere), dont on a tiré la forme ras (v. c. m.).
RHÉTEUR, L. rhetorem, du gr. ^rap, de
/Skw, je parle; rhétorique,, gr. prjr^jtpixi^, s. e.
Tèx#ïî, art du rhéteur. — D. rhétoricien.
RHINOCÉROS. L. rhinocéros, du gr. ptvonkpùii
(de jii-i, /êivo«, nez, et xfc/ja;, corne); l'ail, tra-
duit exactement le mot par nas-hom,
RHODODENDRON, gr. poSàSivipoif, pr. arbre-
rosier.
RHOMBE, L. rhombus, losange, du gr.
péfitoi, — D rhomboïde, gr. ^o/a«oci*i5;, qui a
la forme {ùco;) du rhombe.
RHUBARBE, prov. reubarda, esp. ruibarbo,
it. reobarbaro, du L. rheu-bai^barum ; Isidore
interprète rheu par racine, mais c'est une
erreur; rheu représente le gr. ^^ov.acy. do Ta,
L. Rha, nom indigène du Volga (chez les
Latins Rha barbarum et Rha ponticum), La
forme Rha a donné lieu à l'it. rabarbaro et
ail. rhabarber, La rhubarbe se tirait princi-
palement des rives du Volga.
RHUM, de l'angl. rum, qui, selon les uns,
vient du sanscrit rôma, eau, selon d'autres, de
source américaine.
RHUME, vfr. reume, prov. rauma, fluxion,
du L. rheuma, gr. /èiyj«*«, fluxion; cp. le
terme analogue catarrhe, de xarà/^/loix, pr. =
defluxus. — D. e7irhumer {s) \ rhumatigue,
gr. /ôiujui«Tixo;; r^wmafwtfr.gr./SiwttîfTfJfiv/rAi^-
ma/wme (d'où rhumatismal), gr. /ituyi*«Ti»/to;.
RHYTHME, L. rhythmus, du gr. /cv&juo;,
nombre, mesure, symétrie. — D. rhythmer;
rhythmique, gr. /Jw&/*t/o;.
RIBAMBELLE, longue suite, mot burlesque
détymologie inconnue. Littré pense à riban
=- ruban ; le mot aurait été forgé sur l'idée
« belle file ».
RIBAUD, vfr. ribalt, it. ribaldo, nord, et
mha. ribbalt, BL. ribaldus, enfant perdu de
l'armée, bandit, débauché, libertin. Grimra,
partant do l'acception « déterminé, intrépide »»,
dérive le mot du vha. reffimbald, homme
hardi, • perfortis, latro »♦, mais ce type ger-
manique se serait romanisé par it. rambaldo,
fr. raimbaut^ rimbant (ce mot existe comme
nom de famille très répandu). Diez insiste sur
la définition : fures, exulcs, excommunicati,
en un mot homme sans aveu (Nicot inter-
prète : putier, bordclier) ; il rapporte ainsi le
mot au vha. hriba, mha. ribe, prostituée,
qui, joint au suflSxe péjoratif o/c?. aurait donné
ribaldo, etc. Cp. vfr. ribcr, séduire des fem-
mes, auj. ribler, courir la nuit. — En partant
de l'ail, reiben, mha. riben, fncare, terere,
je vois dans ribaud une appellation analogue
aux termes latins perfrictus, tritus, fr. fourbe,
fripon, polisson, qui découlent tous de l'idée
frotter. — D. ribauder, -erie; anc. ribaude-
quin, arme ou engin des ribauds. — Ribote,
Hboter sont des dérivés du même radical rib,
RIBE, moulin à meule conique pour broyer
le chanvre. Bugge (Rom., III, 156* s'adresse
au bas-ail. repe (fém.), brisoir, broie, suéd.
repa, brisoir, ni. repel (Kiliaen, repe, instni-
mentum quo lini semen stringiturj, nha. riffe,
riffel.
RIBBS. de l'arabe ribas,
1. RIBLER, voy. ribaud, — D. ribleur.
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RIC
— 443 —
RIF
2. RIBLER, aiguiser, de l'ail, riben, auj.
rciben, frotter?
RIBLETTES, tranches do lard, frites dans
la poêle, dont on entrelarde souvent les ome-
lettes. D'ôtymologie inconnue. Au moyen d'un
renfort de huit chaînons intermédiaires, Mé-
nage était parvenu à faire tenir ensemble rib-
lette et L. laridum ! Aujourd'hui, l'on ne se
joue plus si aisément de son public. — Peut-être
du germ. nô, rip (o\\, rippe)^ côte, nervure
(saillies longitudinales des fouilles). — Bugge
(Rom., III. 157) rapproche àoriblette le suéd
reppling, tranche (de viande, do fromage,etc.)
norv. ripel ou rcpel, long et étroit morceau
verbes suéd. repa^ déchirer, arracher, norv
ripa ou repa^ dépouiller, angl. rip, arra
cher. La même racine a donné ribe et riblon
RIBLON, «* petits morceaur de fer à refon
dre n. J avais jusqu'ici assigné à ce mot. qui
signifie proprement rognure, pour étymol., le
gerra. ribcn^ retbe», fix)tter, broyer, mais je
me rallie à l'opinion de Bugge indiquée à
l'art, préc.
RIBOTE, RIBOTER, voy. Hbaud. Littré
croit que riboter est = ribouter^ bouter de
nouveau, bouter sans cesse, mais on n'entre-
voit pas trop la liaison des sens.
RICANER, vfr. et dial. recaner, rechaner^
recaiffner, grincer des dents, braire comme
l'âne, clabauder, esp. reçanar, prov. reganar,
grincer des dents. Diez pense que ces mots
tiennent au L cachinnare, rire à bouche
ouverte, d'où procéderaient les différentes ac-
ceptions ; l'élément prépositif ri pour re lui
parait être une modification postérieure amenée
par la relation du sens avec rire. Je doute de
cette étymologie; à part les improbabilités
résidant dans la forme, le sens aurait tourné
au contraire, car ricaner ^ c'est rire à demi, et
non pas à bouche ouverte. Toutefois, je n'ai
rien de mieux à opposer; je dirai seulement
que l'interprétation de Nicot « lascivire *• et
)a forme anc. re-caigner font penser- à canis,
à moins qu'il n'y ait deux homonymes à dis-
tinguer. Littré indique vha. ^«'jian, ouvrir la
bouche. — D. ricanement, ricaneur, -erie.
RIO-A-RIO = au pied de la lettre, avec une
exactitude rigoureuse. D'origine inconnue ; du
radical rig (j/ final durcij do rigor, rigueur ?
ou du prov. rie, puissant, fier, rigoureux?
RIOfliE, it. ricco, esp. rico, prov. rie, du
vha. rihhi, goth. reiks, ail. mod. reich, angl.
rich, — D. richesse (vfr. richeté, ricoise,
^rov, riquejsa) ; richard; enrichir,
RICIN, L.ricinus,
RICOCHER, d'où ricochet, L'étymologie de
ricochet ne peut être entreprise avec quelque
sûreté que lorsqu'on sera éclairé sur l'origine
de la locution proverbiale « c'est la fable (ou la
chanson) du ricochet », et surtout sur le
fond de cette fable, que les Italiens appellent
la facoïa delV uccellino, c.-à-d. de l'oiseau.
Si, dans ladite fable, que personne n'a encore
révélée, il s'agit réellement d'un oiseau comme
du principal personnage, on est à priori porté
à décomposer ricochet par ri (forme populaire
p. re, ou, dans le cas spécial, pourvu d'une
autre valeur), et cochet, jeune coq. Qu'un
oiseau est en jeu, on ast autorisé à le présu-
mer en voyant les Anglais traduire ricochet
par la formule « a duch and a drake » (une
cane et un canard), les Allemands (en termes
d'artilleriej par ^ô//^, qui est aussi le nom du
pic-vert, — S'il s'agissait d'expliquer ricocher,
ricochet en tant qu'exprimant l'idée de répéti-
tion, sans patronner une étym. faite par je ne
sais plus qui : « coche répétée »», coche étant
dit de la hachure que la pierre fait en rasant
la surface de l'eau, j'alléguerais soit re -[-
cocher [cocher pris p. décocher), soit un type
lat. recoctiarc* (tiré de recoctus), recuire au
sens figuré de rebattre, multiplier à l'infini,
soit enfin re -f- copiare^ multiplier (cp.proc^tî
de propius). — A propos de la * fable du rico-
chet », je juge intéressant de fixer l'attention
des amateurs sur le passage suivant de Bau-
douin de Sebourg, XIV, 947 :
Tant la mena la dame de nuoquet enfablel.
Que li rois li dist : Dame, foi que doi Jupitel, etc.
RIDE, RIDEAU, voy. rider,
RIDELLE, chacun des deux côtés d'une
charrette (faits en forme de râtelier) ; brin de
chêne en grume; on trouve aussi rizelle et
rudelle; de même reddalle, gros bâton, et
redon, bâton de fagot. Littré pense que ce
sont là des dérivés du L. rudis, rudicula,
baguette, et aussi de ridica, échalas, piquet.
— Il se pourrait bien que ridelle fût de la
famille de rideau (objet qui cache, préserve) ;
cp. le mot rideau appliqué à une rangée d'ar-
bres préservant du vent ou du soleil. — L'angl.
traduit ridelle par rock, pr. râtelier; cela
porte vers une étymologie L. rete, rets,
réseau. La forme première, dans cette hypo-
thèse, serait redelle,
RIDER, froncer, plisser, du vha. ga-ridan,
mha. riden, ags. vridhan{d!o\\ angl. torithe),
tordre; adj. vha. reiV/, crêpé, ridé. — D,ride:
dim. ridel* rideau, BL. ridellus, v. angl.
ridel, riddle, pr. qqch. de plisâé. — Périon,
de son temps, n'hésitait pas à poser le grec
^ut(; (= rugosité quelconque), comme l'éty-
mologie de ride,
1. RIDICîJLB.a^j., L. ridiculus (ridere). —
D. ridiculité, ridiculiser,
2. RIDICITLE, subst. masc., voy. r^^eaii et
réticule,
RIÈBLB, nom de plante; d'où? .
RIEN, vfr. ren (jadis du genre féminin),
pr. chose ; le sens opposé est le fait de la né-
gation qui accompagne le mot (voy. lart.
néant). Du L. rem, ace. de res,
RIPFER. vieux verbe, égratigner, écorcher ,
cp. le bavarois HfTen, m. s., variété de lall.
raffen, reffm, arracher. — Forme diminii-
tive : rifler, variété do raf^ (cp. nha. n//e/>î,
V. flam. ryffelen, angl. riflé).
1. RIFLARD, rabot, voy. Hfler,
2. RIFLARD, vieux parapluie ; d une pièce
de Picard (la P;tit« Ville), où "^^^^^if^^f^
du rôle de W^'^ apparaît armé d un énorme
''5^MR, voy. W/r.r.-D.n/^rdl, gros
rabot.
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RIN
_ 444 —
RIQ
RI6DE, mot savant, L. rigidus, — D. n-
gidité, L. rigiditatcm. — Lo môme adj. latin
est le primitif de roW roidc (v. c. m.).
RIGODON, mieux rigaudcyn, espôce d'air et
de danse ; d'après Rousseau (Dict. de musi-
que), du nom de l'inventeur Rigaud.
RIGOLE, vfr. rigoty BL. Hgora^ rigulus,
it. rigoro^ dérivé du BL. rigus, ruisseau.
D'après les uns, d'origine celtique; ils allè-
guent cymr. rhig^ entaille, rhigol^ sillon,
petit fossé. D'autres invoquent le bas-ail. rige,
ruisseau. Je ne vois pas pourquoi lo L. rigare,
arroser (d'où aussi BL. riga^ fr. raie, sillon)
ne sufifirait pas.
RIGOLER, SE RIGOLER, se divertir, s'amu-
ser ; partant de l'idée « danser «J'avais avancé
l'étymologie vha. riga, nha. reigen, danse par
files ; je crois pouvoir y renoncer. Notre verbe
était jadis transitif et signifiait « railler, se
moquer », voy. Jean de Gondé, I, p. 21,
V. 694; Froissart,Chron.,éd. Kervyn, VI, 25
(notes); Chansons du xv" siècle (éd. Paris),
p. 56, et mon Gloss. de la (îeste de Liège,
p. 264. Quant à l'origine, G. Paris pose le
L. Hdicuhis.
RIGUEUR, h.rigorem — D. Hgoureux, L.
rigorosus; rigorUme, rigoriste,
RIME, prov., esp. et it. rima; prov. aussi
Hm (masc). On ne peut balancer qu'entre
deux étymologies, savoir le L. rhythmus et
lall. ri'm, auj. reim, série, nombre, puis
rime. Au moyen âge, rhythmus n'a jamais
exprimé la consonance; tersus rhythmicus
s'appliquait d'abord au vers soumis à la me-
sure, au mètre des syllabes, puis au vers rimé,
pour autant qu'il est assujetti à un nombre
une) de syllabes. C'est cette dernière espèce qui
a fini par s'appeler rima Mais ce mot, pré-
tend Diez pour de bonnes raisons, ne peut, du
moins en ce qui concerne l'it., en aucune
façon procéder de rhythmus, tandis qu'il s'ac-
corde porfaitement avec l'ail, rim^ nombre (on
trouve ce mot aussi dans quelques idiomes
celtiques;. •• Si l'on objecte, poursuit Diez,
que le vers rimé no s'est développé chez les
Allemands qu'à une époque postérieure à l'ap
parition du mot roman rima^ on peut répon-
dre qu'ils le connaissaient tout en n'en faisant
pas usage. Au surplus, les Romans peuvent
s'être approprié dès longtemps le mot alle-
mand dans son ancienne signification de nom-
bre, et même avoir communiqué à ce dernier
sa valeur actuelle. » Notez bien, ajouterons-
nous, que rime s'appliquait dans le principe
au vers nombre (non rhythmé), qui, lui, était
accompagné de ce que l'on appelle aujourd'hui
la rime. La rime constituait donc d'abord
l'accessoire. — D. rimeur, rimailler, -asser.
— De rime, nombre, vient aussi le cps. arri-
mer, entasser (dans le berrichon, enrimer,
arranger symétriquement).
RIMEUX, fendillé, L. rimosus, de rima,
crevasse.
RINCEAU, voy. rain 2.
RINCER, d'après Diez, p. rinser (puisque le
pic. dit rinser et non pas riTicher, et que les
anciens dictionnaires portent reiTiscr); donc
du nord, hreinsa, nettoyer. L'autorité de Diez
me fait abandonner une étymologie tirée de
ramiis^c^. p. la forme rinceau, et pour le
sens ramoner, nettoyer). — Langensiepen
n'aura guère de succès avec son étymologie,
d'ailleurs habilement exposée : savoir un mot
hypothétique riyidare p. rincare, lequel se
rapporterait à runcare, sarcler, racler, comme
piiigere à pungerc. — Ce qui affaiblit consi-
dérablement la valeur de l'opinion de Diez et do
la mienne, c'est que rincer est une forme con-
tracte de l'équivalent vfr. raincier (pron. ra-
incier), dont l'origine reste à trouver. Voy.
Grob., Ztschr., VI, 112. — Schuchart (ib.,
424;, propose 're-initiare (renouveler), bien
que strictement il faudrait ra-encier. 11 faut
écarter recentiare (v. pi. h. rechinser),
RIOLÉ, rayé; par syncope du g, de rigolé,
dér. de rigole, ou du vha. riga, ligne. L'anc.
fr. riulé, réglé, rayé, ne convient pas, car riu
n'y forme qu'une syllabe. — L'it. rigato,
rayé, prouve également en faveur d'un thème
rig.
RIORTE. anc. reorte, voy. rouelte^,
RIOTER, rire un peu ; dim. de rire.
RIOTTE, vieux mot, querelle, tumulte (d'où
angl. riot), prov. Hota, it. Hotta. D'origine
incertaine ; peut-être, dit Diez, du vha. riban,
frotter (ce qui expliquerait aussi la forme
V. flam. revot, ravot); cp. esp. refriega, dis-
pute, de fricare, frotter. L'étymologie rnxa,
querelle, est impossible.
RIPAILLE (faire) ; d'après la tradition (con-
testée par quelques-uns), d'un lieu nommé
Ripaille, sur le bord du lac de Genève, parc<3
qu'Amédée VIII, duc de Savoie, après avoir
abandonné le gouvernement en 1430, s'y
serait retiré, uniquement pour s'y livrer aux
plaisirs de la table. — Le Duchat pensait à
une contraction (monstrueuse) de repaissaille,
mot de Rabelais ! — Une fois qu'abandonnant
lo terrain historique, on se laisse aller à la
conjecture, j'aimerais autant voir dîins le mot
un parent de Hbaud (v. c. m.) ou ribote, et le
rattacher, non pas à l'ail, riben, puisque b ne
devient jamais p, mais à la forme populaire
équivalente rippen, ribben, d'où vient aussi
le fr. riper, gratter.
RIPER, voy. l'art, préc. — D. ripe, outil
pour gratter.
RIPOPÉE, aussi ripaupé, mélange de restes
de vins. D'origine inconnue.
RIPOSTE, anc. aussi risposte, de l'it. ri-
sposta, subst. partie, de rispondere, répondre ;
prov., port, respostay esp. respuesta, — D
riposter.
1. RIQUET, grillon; c'est probablement le
mot anquet mutilé.
2. RIQUET, contrefait, bossu, riquet à la
houppe, m. s. par allusion à un pei-sonnage
des Contes de Perrault ; en angl. le nom usuel
pour la maladie dite rachitis est le plur. the
7nckets,m2i\s il a été historiquement démontré
que ce dernier est étymologiquement indépen-
dant du gr. ji-xylxi.it bien qu'il ait fini par dési-
gner cette maladie. M. Kecks, prof, do méde-
cine à Bonn, a consacré à ce sujet une re-
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RIV
— 445 —
ROC
cherche toute spéciale (Archiv fur Gynâkologie,
Bd. XX Vil), d'où il résulte que Tangl. rickeis
est d'origine commune avec notre fr. riquet et
doit son nom à la légende populaire. Sur les
traces de Cli. Deulin, «♦ Les Contes de ma Mère
rOye avant Perrault »»,il expose que le Riquet
à la houppe de Perrault repi-ésente le nain
Alberic de la légende germanique (identique
avec Alberon, Aitberon, Obcron) et que Riquet
est une abréviation de Alberiquct; riquet^
bossu, particulièrement usuel en Normandie,
a passé avec les Normands en Angleterre avec
le sens de bossu ou de bosse, et s'est appliqué
définitivement dans ce pays aux affections
rachi tiques.
RIRE, L. ridëre, par l'intermédiaire d'une
forme barbare iHdere (cp. taire de taccre p.
tacëre). — D. rieur, riotcr, visible, direct, du
L. risibilis.
1 . RIS, L. risus, action de rire. — D. risée,
2. RIS, t. de marine, propr. les plis que
fait une voile dans la partie qu'on en soustrait
au vent; d'après Littré, du danois riv, rift,
ris ; suéd. ref, angl. reef, — D. riser, arriser,
prendre des ris.
3. RIS de veau ; on dit que c'est une forme
gâtée pour rides de veau, mais, observe
Littré, on trouve au xvi« siècle risée pour
fi'cssurc ; ris doit donc tenir à ri sec; mais d'où
vient risée f
RISBÂN, t. de fortification, de l'ail. iHss-
bank^ litt. banc d'arrachement (mot omis dans
Sanders). — Cp. le composé fr. ^nsberme,
RISDALB ou rixdale, de l'ail, reichs-ihaler,
écu de l'empire.
RISIBLE, L. Hsibilis (de risum, supin de
rider c). — D. visibilité'.
RISQUER, mettre en danger, it. risicare,
esp. ar-riscare; subst. it. risico, risco, esp.
riesffo, BL. riscus, risigus, fr. risque; de
l'csp. risco, écueil, rocher escarpé. Ce risco
parait venir du L. resecare (cp. en suéd.
sMr, écueil, de skdra, couper). L'écueil con-
stituant pour le marin le principal danger,
on comprend la transition de sens ; aux deux
acceptions propre et figurée répondent, en
esp., deux variétés do forme, savoir risco,
rocher, et ricsgo, danger. Cette étymologie
est appuyée par Diez sur le rapprochement du
prov. mod. rescgue, danger, avec resega,
couper ; il rappelle aussi le mot rescga =
scie et danger, des dial. do Milan et de Côme.
— D'après Devic, risque est l'arabe risq = co
qui échoit à qqn., sort.
RISSOLER; Diez, rejetant la manière do
voir de Mahn (d après laquelle co verbe serait
p. roussoler et viendrait de roux, comme l'it.
rosolare vient do rosso), rapporte le radi-
cal fr. à un verbe répondant au dan. riste,
rôtir, isl.,suéd. rist, rôt, et la forme it. roso-
lare, norm. roussoler, à l'ail, rôsten, rôtir.
— D. rissole, rissolette.
RIT, RITE, du L. ritus. — D. rituel,
L. ritualis.
RITOURNELLE, de Ht. ritorncllo, refrain
(ritornare, retourner).
RIVAGE, voy. rive.
RIVAL, L. rivalis. « Ri cales dicebantur
qui in agris rivum haberent communem et
propter eum saepe disceptarent » (Acron).
Déjà Cicéron a dit » amare. sine rivali ». —
D. rivalité, L. rivalitatem; rivaliser,
RIVE, L. ripa. — D. rivage, BL. ripati-
cum, terrain avoisinant une rive; rivière,
BL. riper ia^ rivaria, it. riviera, esp. ribera
(et par mutilation vera), port, ribeira (et
beira), prov. ribeira, d'abord = rivage, ou
terre arrosée par un cours d'eau, puis, par
extension, le cours d'eau même. On trouve,
dans la basse latinité, même le primitif ripa
employé, par une métonymie analogue, pour
fluvius. — D. arriver (v. c. m.) = ad ripam
appellere.
RIVER, prob. du néerl. rijven, ou du nord.
rifa, dan. rive, râteler, c.-à-d. aplatir ou
replier ce qui est proéminent ; ces verbes sont
du reste congénères avec le vha. ribnn, ail.
mod. reiben, frotter. — On trouve dans Fai-
dit déjà : ribar, clavos repercutere. —
D. rivure, rivet, ^ivoir,
RIVIÈRE, voy. rive. — D. riverain,
RDCE, L. rixa, querelle.
RIZ, prov. ris, it. riso, ail. reis, valaque
urë3^, du L. oryza, gr. ô/»u^a. — D. rizière,
ROB, suc de fniits, it. robbo, rob, esp. rob,
port, robe, de l'arabe robb, m. s.
ROBE, vêtement, prov. rauba, dépouille et
robe, catal. roba, esp. ropa (anc. roba), port.
roupa, it. roba (effets en général, hardes).
Tous ces mots représentent le BL. rauba,
roba, équivalent du L. spolium, signifiant pr.
butin, dépouilles enlevées à l'ennemi, et dont
le sens s'est généralisé en celui d'effets, choses
d'équipement, et circonscrit ultérieurement
en celui de vêtement, tunique, robe. Rauba
est le subst. verbal du verbe BL. raubare.,
voler, dérober (vfr. rober), lequel vient du
vha. roubôn, roupôn (ail. mod. rauben), ravir,
piller. — D. robin; desrober* dérober,
dépouiller (v. c. m.).
1. ROBIN, homme de robe, voy. robe.
2. ROBIN, nom de la fable pour moiUon,
puis terme de mépris ; c'est une forme variée
de Robert, qui est le vha. hritod-peraht , bril-
lant en gloire. On s'est fourvoyé en déduisant
robi7i = mouton soit du L. rupinus (à cause
de sa têto dure, ou parce que les moutons so
plaisent sur les rochers), soit de robe, à cause
de sa toison. Robin est pr. un prénom, comme
renard. Do robin, mouton, vient robinih',
ainsi nommé parce que les robinets étaient et
sont encore faits en forme de tête de mouton
(d'autres pensent que le nom vient de l'inven-
teur). Cp. l'équivalent ail. hahn, pr. coq.
ROBINET, voy. l'art, préc. --- Littré (Suppl.)
dit qu'il est difficile do disjoindre étymologi-
quement robinet de robin9 ou roubine, mots
du midi de la France et signifiant canal d'écou-
lement.
ROBUSTE, L. robustus.
1. ROO, masse de pierre, it. rocco (cat. roc,
caillou, gaél. roc, angl. rock), forme ma se.
abstraite du féminin roche, prov. roca, rock a,
it. rocca, roccia, esp. roca. L'origine de ce
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ROD
— 446 —
ROM
mot roman est douteuse. On a mis en avant
tantôt l'arabe roc^ une des figures du jeu
d'échecs, tantôt le grec ^â»Ç, fente, ou le cyrar.
rh\Jog, chose proéminente. D'après Diez, le fr.
roche et l'it. roccia reproduisent un type
latin rvpca, a^j. de rupes (cp. approcher, it.
approcciare de appropiare), tandis que Fit.
rocca provient d'un type varié rupica (cp. les
dérivations avica, cutica, natica de avis, cutis,
natis), d'où rup*ca, puis, par assimilation,
rocca. Cette solution est la plus plausible, bien
qu'elle ne soit pas à l'abri d'objections. —
Fœrster (Grôb. Ztschr., II, 86;, vu le carac-
tère ouvert de l'o dans les mots romans en
question, proteste contre toute connexité avec
L. rupes et n'admet qu'un type latin 'roccum,
"rocca, 'roccia, sans rien dire de plus sur l'ori-
gine de ces vocables hypothétiques. — D.
rocaille, rocher, subst. ; verbe fr. rocher, jeter
des pierres (cps. dérocher, déroquer), adj.
rocheux; dim. rochelle, — Les formes néerl.
rots, gr. mod. /io'rja, seraient-elles détermi-
nées par l'it. roccia f
2. ROC, anc. la tour au jeu d'échecs, it.
rocco, du persan rokh, chameau monté par
des arcliers. — D. rogner, t. du jeu d'échecs.
ROCAILLE, amas de petites pierres, dér.
de roc. — D. rocailleux, rocailleur.
ROCAMBOLB, de l'ail. roggen-boUen, litt.
bulbe de seigle, ainsi appelée, dit-on, à cau5;e
de la ressemblance de sa tige avec celle du
seigle, ou de celle de ses bulbilles avec des
grains de seigle.
ROCHE, ROCHER, voy. roc.
1. ROCHET, it. rocchetto, esp. roqucie. Le
primitif de ce subst. se trouve sous la forme
latine rocus, dans un capitulaire de Charlc-
magne. C'est le vha. roc (aussi hroch), nord.
rockr, ail. mod. rocA, robe. Le sens rétréci
• vêtement plissé *• (d'où port. en-9*ocar, it.
arrochettare, plisser), rappelle, observe Diez,
le nord, hrucka, gaél. roc, ride, pli, angl.
to rucky froncer.
2. ROCHET, bobine, fuseau, dimin. du BL.
rocca, it. rocca, quenouille, qui vient de
l'ail, rocke, rochen, m s. Le mot dans •* roue
à rochet » est probablement le même.
ROCOCO, mot abstrait de rocailU, à cause
de la rocaillç qui figurait dans le style
rococo.
RODER, tournoyer, courir çà et là (le cir-
conflexe n'a pas de raison étymologique) ; c'est
le prov. rodar, it. rotare, rouler, tournoyer.
L'anc. langue avait p. rôder la forme plus
française rouer ; le patois rouchi dit de même
roidcr, ce qui confirme l'étymologie ci-dessus,
posée par Diez et qu'avait déjà indiquée Mé-
nage. — D. rôdeur.
RODOMONT; c'est pr. le nom d'un héros
mauresque, brave, mais altier et insolent,
bien connu par le portrait qu'en font le
Boiardo et l'Arioste. Le nom de ce héros,
d'abord rodamonte, a été inventé par le
Boiardo et signifie, selon Mahn, dans l'inten-
tion de l'inventeur, un homme qui prend sur
soi " de rouler ou de transporter des mon-
tagnes *• [rotare montem). Les interprétations
par rofige (rodere) montagne (Le Duchat) ou
par Tall. rede + munter, c.-àrd. vif de parole
(Vocab. univ. Ital. de Naples) ne méritent
aucun crédit. — D. rodomontade,
ROGATIONS, L. rogationes, prières Comme
on a dit, dans la vieille langue, roxœer p. ro-
gare, on y trouve aussi le subst. routMtson
p. rogationem. — Rooatoirb, L. rogatorius
(de rogare, demander).
ROGATON, 1. terme plaisant p. requête;
2. petites pièces de vers, dédiées à des sei-
gneurs dans un but intéressé ; 3. choses de
peu de valeur, rebut, restes de. viande ; du
L. rogatum, demande, prière.
ROGNE, vfr. roigne, prov. ronha, it. rogna,
gale ; d'après Ménage (approuvé par Diez), du
L. robiginem, rouille, carie; la contraction
est forle, mais admissible. — D. rogneux^
ROGNER, vfr. rooî^wer (employé particulière-
ment pour la coupe dos cheveux), prov. rcdmu
har, resoynar; le mot rend pr. le L. circum-
cidere et vient évidemment de rotundus (vfr.
roond, reond), d'où aussi l'esp. redondear,
arrondir. Pour l'idée, cp. l'esp. cercenar,
rogner, de circinus, cercle. — D. rognure,
ROGNON (d'où it. rognone), esp. rinon,
prov. re7ihô, ronhô; dér. de rein (v. c. m.). ^
Le mot fr. est gâté de roignon et présuppose
une forme dérivative latine renia, -onis,
1. ROGUE, arrogant, d'après Diez du nord.
hrôkr, m. s. ; le mot se trouve dans la plupart
des dialectes celtiques, ce qui rend l'opinion
de Diez ])eu sûre. L'angl. rogue signifie filou,
vagabond et s'écarte sensiblement du sens
français et celtique. Cp. wall. arrv/uer, traiter
avec fierté, angl. to rogue, chapitrer qqn.
Malgré l'affinité du sens, L. arrogare parait
devoir être écarté.
2. ROGUE, œufs de poisson, de l'ail, rogen,
m. s., isl. rogn.
ROHART, ivoire des morses, anc. rochal,
rohal; prob. d'une forme antérieure roshal
= anc. sW.rossioall, nordique hrossvalr, litt.
cheval-baleine, qui est identique avec ags.
horshxoacl, morse. Littré se trompe en con-
sidérant notre mot comme une corruption de
rorqual; voy. Bugge, Rom., III, 157.
ROI, vfr. rei, L. rex (thème reg). — D.dim.
roitelet (cp. le L. regulus, gr. /SflCïf/iïxo;) ;
notez que roitelet est pour roiet-el-et, triple
^diminution; le wallon du Hainaut dit roiet
p, roi; adj. royal, L. regalis.
ROIDE (aussi raide], vfr. roiY, prov. rege,
rede, resc, rot, du L. rigidus (cp. froid de
frigidusi, — D. roideur, roidir, roidillon.
ROITELET, voy. roi,
ROLE, prov. rotle, rolle, it. rotolo, rulo,
esp. rollo, angl. roll, ail. 7'ollc, pr. qqch. de
roulé, rouleau de papier, du L. rotuhjis, rou-
leau. — D. dim. vfr. rolel, auj. rouleau; en-
rôler; composé contrôle p. contre-rôle,
1. ROMAINE, balance, de l'arabe rom-
mana, poids et balance.
2. ROMAINE, espèce de laitue, rapportée
au \\\^ siècle d'Avignon, où siégeait la cour
pontificale ou 7'omaitie,
1. ROMAN, vfr. et prov. romanis, esp. ro-
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RON
— 447 —
ROS
mance^ it. romanjfo, BL. romancium, subst.;
1 . langage du peuple, sermo rusticus (formé
dans les pays conquis par les i^omatw^), opposé
à la langue latine ou savante des clercs;
2. composition poétique en langue vulgaire.
— De là le verbe prov, romansar, vfr. romafi-
cieTf traduire ou écrire en roman, puis l'adj.
romance dans *♦ langue romance »» {langue
romane est un terme savant façonné d'après
linffua romana), et le subst. romance, d'où
les dér. vfr. romawc/e, art de faire des romans,
et romancier, faiseur de romans. — La forme
7'omancium paraît issue de l'adv. romanice
dans « romanice loqui », vfr. parler romans,
A l'accusatif, la langue des trouvères disait
romant (cp. vfr. nom. païsans, ace. païsajtt);
de là le subst. romant\ auj. roman, et l'adj.
romantique. De rom^an la langue moderne a
tiré l'adj. rom^anesque (l'it., respectant l'an-
cienne finale dentale, dit romans esco), et le
verbe romaniser,
2. ROMAN, anc. adj., L. romanus, Aujour-
dlmi on désigne par langue romane une
langue issue de source latine; d'où romaniste
= qui s'occupe de l'étude des langues
romanes.
ROMANCE, -CIBR. voy. roman 1.
ROMANISTE, partisan de l'église romaine,
savant en droit romain, et voy. s. roman 2.
ROMANTIQUE, voy. roman. — D. roman-
tism,e.
ROMARIN, L. ros marinus, pr. rosée
marine.
ROMPRE, L. rumpere, dont le supin rup-
tum a donné ruptura, fr. rupture. Voy. aussi
le subst. route.
RONCE, anc. épine en général, du L. ru-
mex, rumicis, espèce de dard. Le prov. a
ro}iser, d'un type rumiciartus. L'analogie du
L. pumex = fr. ponce et prov. pomser, et du
L. pollex = fr. pouce et prov. polzer, et le
rapprochement du langued. roumec, ronce,
ne permettent guère, selon Diez, de douter
de l'étymon rumex. Celui-ci a peut-être signi-
fié chardon, plante épineuse, avant de s'appli-
quer à une pointe métallique (Pline l'applique
à une plante dite patience^ ; notre mot chardon
ne signifie-t-il pas aussi une pointe en fer? —
Le BL. runcus, ronce, s'il n'est un produit do
rumîcus (rumex), doit être un dérivé du L.
runcare, arracher les mauvaises herbes. —
D. ronceux, ronceraie.
RONCIN, voy. roussin,
ROND, vfr. roond, reond, prov. redon, esp.,
port, redondo, it. rotondo, ritondo, du L. ro-
tundus. — D. ronde, rondeau (v.c. m.), ron-
dcllcy rondelet, rondache (v. c. m.), rondin,
rondeur; factitif anww/tr.
RONDACHE, bouclier rond, aussi appelé
rondelle; c'est un subst. formé de rond avec
le sufi[ixe a^'-he (^= L. aceus), cp. mordache,
ffarnache, panache, Chevallet s'est mépris en
faisant venir le mot fr. de l'ail, rund-tartsche ;
il est certain que ce dernier composé a été
imaginé pour expliquer rundartsche, forme
sous laquelle les Allemands se sont approprié
rondache. On a naturellement été amené à le
faire, vu l'imitation du mot fr., en mettant à
profit lexistense du mot tartsche, bouclier ;
ce dernier, toutefois, quoique d'extraction pri-
mitive germanique, est également un emprunt
fait au français (voy. targe).
RONDEAU, rondeV, prov. redondel. pièce
de vers - faite en mode circulaire», comme dit
Ch. Fontaine (1576).
RONDIN, pr. bois rond. — D. rondinei\
RONFLER, prov. ronflar, sicil. runfuliari^
toscan ronfiare, lomb. ronfare; le radical,
dans ce mot roman, doit être le même que
celui du vha. ix>fazon, eructare; cp. bret.
ruftà, gr. ^opnv, siroter, grison g-rufflar,
ronfler. Ronfler est prob. p. ronfuler (suffixe
diminutif w/j; la contraction a pu être amenée
par assimilation à souffler, niflei\ — M. Bou-
cherie ramène ronfler à L. rhombus, fuseau,
par un verbe dimin. *rhomhulare, bourdon-
ner comme fait le fuseau. C'est fort douteux.
Bien plus séduisante est la coi\jecture de Caix
(Studi 51), qui explique ronfiare par re-ww-
flare = re-inflare, en s'appuyant, pour le
sens, sur l'expression de Virgile : « somnum
toto pectore proflare » .
RONGER; Ménage pose le type rodtcare
(rodere) avec insertion de n. Cette insertion
n'étant pas usuelle en fr. devant les palatales,
Diez juge préférable d'identifier ronger avec
l'esp. et le port, rumiar, prov. romiar, qui est
le L. mmtt/are, ruminer; cette signification
de ruminer était anciennement propre aussi
à notre mot fr. ronger, et les chasseurs di-
sent encore • le cerf fait le ronge », c.-àd. il
rumine. — G. Paris est plutôt favorable à roc/z-
care (encore conservé dans le berrichon et poi-
tevin rougier) et pense que rougier aura été
changé, à une époque assez reculée en ron*
gier, sous l'influence de rungier, ruminer.
ROQUER, voy. roc 2.
1 . ROQUET, manteau fort court des laquais,
comme rocJi^ 1, dér. de l'ail, rock.
2. ROQUET, bobine, autre forme de ro-
chet 2.
3. ROQUET, chien ; Chevallet rapproche ce
mot du V. ail. rakel, reckel, isl. rachi, suéd.
racha, chien ou chienne (voy. aussi notre mot
racaille); ce rapprochement est-il fondé? Je
n'en sais rien, mais j'en doute. Cp. aussi
rouquet, lièvre mâle, — D'après Brachet, le
mot désigne proprement le chien de saint
Roch.
1. ROQUETTE, chou, angl. rocket, it. rue-
chetta, esp. ruqueta, dimin. des mots prov. et
it. ruca, prov. et esp . oruga, ail. rauke, qui
vient du L eruca, m. s.
2, ROQUETTE, fusée, angl. rocket, M.rac-
kete, voy. raquette 2.
RORQUAL, espèce de baleine, n'a rien à
faire, selon Buggo (Rom., III, 157), avec le
suéd. rôr, tuyau, comme pense Littré(ce serait
une « baleine à tuyau »); le mot signifie
« baleine {quael} rouge » ; ror représente le
suéd. raudhr, rouge.
ROSAIRE, voy. rose.
ROSBIF, francisation du mot anglais roast-
beef^ bœuf rôti.
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ROS
— 448 —
ROU
ROSE, L. rosa. A la rigueur L. rosa eût
du se franciser par reuse, mais il n'est guère
permis pour cela d'établir une forme secon-
daire rossa rien que pour sauver la r^gle.
— D. rose, adj. (d'où rosir et roser); rosé,
rosacé, L. rosaceus, d'où aussi le substant.
rosace, rosier, L. rosarium; rosaire, BL.
rosarium (les gros grains du chapelet s'appe-
laient des roses, voy. chapelet, sous cape) ;
rosette, roséole (cp. rougeole) ; roson, it. ro-
sone; rosat, L. rosatum.
ROSEAU, roseV, prov. rauzel, dimin. du
prov. raus, qui est le goth. raus, vha. rôr {s
= r). nha. rohr, jonc. — D. roselière.
ROSÉE, prov. rosada, cat. ruxada, esp.,
port, rociada, it. rugiada, subst. part, du
verbe esp. radar, cat. ruxar^ d'où prov.
ar-rosar, fr. ar-roser. Le verbe rociar, selon
Diez, dérive de Tadj. rocio, formé du L. ros-
cidiis, par la sjncope du d médial (cp. esp.
limpiar de limpidus), Voy. notre obs. à l'art.
arroser,
ROSIER, voy. rose, — D. roseraie,
ROSSE, prov. rossa,\i, rosza, mauvais che-
val. L'étym. la plus naturelle semble être le
vha. hros, mha. ros, nha. ross, cheval. Cepen-
dant rit. rossa s'y rcTuse et la rend douteuse.
— Le norm. a harousse, p. rosse; cette forme
se rattache visiblement au vha. hros (l'initiale
hr dégagée par har; cp. haratif/ue de vha.
hring). Voy. aussi roussin.
ROSSER, battre Est-ce un dér. do rosse,
donc pr. traiter qqn. à coups de bâton, comme
une rosse (cp. mâtiner de mâtiu/? ou = néerl.
rosscn, étriller, fig. battre, rosser? Malgré
l'attrait de ces étymologies, on a cru devoir
s'adresser ailleurs. Malm voit dans notre mot
une modification (par assimilation de n) du
prov. ronsar, ronsar, renverser, lancer,jeter
avec foixîe, agiter, qui, selon Diez, dérive du
L. rumex. Cotgrave consigne un mot ronce
= hurled, cast with violence; il répond au
prov. ronsar. — Diez oppose à l'étymologie
rofisar ou en définitive à l'étymologie rumex,
ricmicis les considérations suivantes : 1 . l'assi-
milation de ns en ss est contraire au génie
du fr.; 2. le ss de rosser est originel (non pas
une mutation de f), ce qui appert de l'exis-
tence de la vieille forme pic. roissicr, rimant
avec froissier; si le verbe se rattachait au
thème nimic, le picard eût , d'après toutes les
analogies, fait roichicr. Cette forme roissier
prouve en même temps contre l'étymologie
rosse. — D'après Foerster (Grôb. Ztschr., II,
87), rosser, anc. roissier, répond à un type
lat. *rorccarc (de 'roccca, roche). Il pense
qu'une forme pic. rochier pourrait encore
être découverte. Du reste, dit-il, vu la fluctua-
tion orthographique entre ss, ch et k, le mot
peut être expliqué aussi par le vfr. rochier,
jeter, lancer. Malgré l'autorité de son auteur,
cette étymologie n'aura guère do succès, et
somme toute, la question reste ouverte ; car
on n'admettrd pas à coup sûr l'étymologie
ritdiciare (de L. rudis, bâton) qu'avait proposée
Ménage.
ROSSIGNOL, it. rossîgnuolo, esp. ruiscnor
fane, rossenol), port. roiu)cinhol,i^roy.rossin'
hol, du L. lusciniolus, dim. de luscinia. La
mutation l en r est basée sur l'euphonie ; elle
se présente dès le ix** siècle, où l'on rencontre
ruscinia, roscitiia. L'it. a cependant la forme
lusignuolo et même(rinitiale/ étant prise pour
l'article) usigniiolo; en vtr. on trouve de même
lousignol, lurdgnol.
ROSSINANTE, lecoursierde Don Quichotte,
auj . mauvais cheval ; dér. de rossin, v. roussin.
ROSSOLIS, nom de plante, du L. ros solis,
rosée du soleil. Le nom de la liqueur se rat-
tache-t-il à celui de la plante, ou est-ce, comme
on a conjecturé, une mutilation de rosso
liquore, liqueur rouge? Littré pense que la
liqueur a été nommée ros solis à cause de son
excellence supposée. En effet, les Allemands
traduisent le mot par sonnenthaubrantwein
(eau-de-vie de rosée de soleil). Les Italiens
disent rosolio et rosolino,
ROT. it. ruUo, du L. ructus (cp. flot de
flurtus). — D. roter, L. ructare.
RÔT, voy. rôtir.
ROTATION, L. rotationeni (rotarc).
ROTE, juridiction de la cour de Rome; do
l'it. rota, pr. roue, à cause de la succession
des jugements.
ROTER, voy. rot.
ROTIN, ROTANG, roseau des Indes, canne
faite de la tige du rotin ; du malay rotàn.
ROTIR, rostir (d'où angl. roast\ prov.
raustir, du vha. rostjan; sinon, du celtique,
où l'on trouve gaél. roist, cymr. rhostio, bret.
rosta. — D. subst. verb. rôt (prov. raust, it.
ar-rosto), puis à forme participiale : masc.
rôti, fém. rôtie; rôtisseur, -isserie, -issoire.
ROTONDE, it. rotor^da, du L. rotundus,
rond.
ROTONDITÉ, L. rotunditatem,
ROTULE, mot savant, L. rotula (dim. do
rota).
ROTURE, du L. ruptura, qui, au moyen
âge, avait pris le sens de champ défriché,
rompu parle soc, puis celui de « petite cul-
ture tenue en villcnage », d'où le sen« mo-
derne du mot. — D. roturier, 1 . tenu à titre
de roture, 2. tenancier d'une roture, 3. qui
n'est pas noble.
ROUAN, roan, it. roano, rovano, esp.
ruano. D'origine inconnue dit Littré; pour-
quoi pas de l'ail, roi, rouge ou du radical rub
de L. rûberf; les Allemands traduisent roifa?i
aussi bien par 7-o^/i-schimmel que par grau-
schimmcl.
ROUANNE, nom d'outil : grattoir, pour
marquer les bois. D'après Littré, do roue, la
rouanne faisant une marque circulaire. — D.
rouanner.
1. ROUGHE, carcasse de vaisseau, voy.
ruche.
2. ROUGHE, laiche, roseau, angl. rush,a\\,
'^ncsch; tient soit au L. ruscus, brusc, ou au
goth. 7'aus, roseau.
ROUCOULER; onomatopée.
ROUDOU, RODOUL, REDOUL, prov. rodor,
m. s.; d'origine inconnue.
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ROU
— 449
ROU
ROUE, L. rota, — D. rouer (v. c. m.),
rouage; vfr. roelCy auj. rouelle, L. rotella
(d'où rouelettc^ roulette)^ rouet, roué (v. c.
m.); royer, faiseur de roues (a vieilli), type
latin rotarius.
ROUÉ, pr.qui a subi le supplice de la roue,
puis fîg. (cp. pcndarcfl = scélérat, vaurien
homme sans mœurs, digne de figurer sur la
roue. — D. rouerie,
ROUER, 1 . punir du supplice do la roue,
2. battre. Dans ce second sens, on emploie
aussi rouler. — En vfr., roer avait aussi le
sens de rôder (v. c. m.).
ROUETTES. brins de taillis dont on fait des
liens. Non pas de roue, comme pense Littré,
mais du fr. reorte, qui, en effaçant IV devant
t, est devenu roete, rouette^ comme meolle
(medulla) est devenu moelle, Voy. Tobler
(Kuhn Ztschr., XXHI, 418;. Quant à reorte,
lion pour lier les fagots, il répond à Fit. ri-
torta, hart, lien (BL. retorta), et vient du L.
retorius de retorquere. Littré a accueilli, avec
la même valeur, comme un mot de la Loire-
Inférieure, reorthe (orthographe abusive),
sans y reconnaître le vfr. reorte. Dans Sachs,
je trouve rtorte = viorne ; c'est une simple
variété de reorte, hart, comme le prouve
l'appellation hardeau donnée aussi à la
viorne.
ROÛFPE, vfr. roife, gale éphémère des
enfants à la mamelle; cp. ail. rufc, néerl. rof,
escarre, croûte, et le terme d'art vétérinaire
rouvieux, Voy. aussi l'art, rufpen,
ROUGE, it. roggio, robbio, esp. rubio,'proy,
rog (fém. rqja), du L. rubeus ou robius. —
D. rougeur, rougeâtre^ rougeole, rouget (pois-
son) ; verbe rougir. — Je rappelle ici encore
vfr. rot>or, L. ruborem, rouvant, L. rnban-
tem, dim. rouvelant.
ROUILLE, prov. roïlh, roïlha, représente
un dimin. rubigula, du L. rubigo. Les
formes prov. rozilh, ruzil, cependant, don-
nent quelque crédit à l'étymologie rodicula,
de rodere, ronger, avancée par Huet, ou à un
type ruticulus p. initilus. — D. rouiller, en-
roniller.
ROUIR (patois roder), du néerl. roten (ail.
mod. rotten), pr. faire pourrir, macérer. —
D. rouissage, rouissoir, aussi rotoir (du thème
rot).
ROULEAU, voy. 7'ôle.
ROULER, vfr. roller, rolcr, prov. roulav,
rolar, it. rotolare, du BL. rotulare, forme
dimin. de rotare, tourner ou faire tourner (de
rota, roue). — D. roulage, -ement, -ade, -is;
roulier, voiturier. Cps. découler; voy. aussi
a^oxder. — Notez le vfr. roeiller = rouler les
yeux, qui accuse un type roticulare.
ROULETTE. i)etito roue, jeu de hasard, p.
ruuelette, diminutif de rmfcj(v. c. m.).
ROUPIE, BL. ropida; un type ropidia a
donné le berrichon rouiche. L'origine du mot
reste à trouver. — D. roupieux.
ROUPILLE, sorte do manteau, de l'esp. ro-
pilla, dim. de ropa, robe.
ROUPILLER, sommeiller à demi; d'après
Littré, de roupille (v. c. m.), donc pr. « s'en-
velopper dans sa casaque et dormir ». Cela
mérite vérification. — Il n'est pas impossible
que roupiller, ainsi que roupie, tiennent à l'ail,
(dial.) ruspen, ruspern, ronfler, râler, faire
un effort pour cracher.
ROURE, ROUVRE, vfr. robre, it. rotere,
esp. roble^ du L. robur, m. s.
ROUSSEAU, rousseV, dimin. de roux, —
D. rousselet, rousseliiie,
1. ROUSSI, odeur d'une chose qui a été
roussie par le feu.
2. ROUSSI, cuir de Russie, du L. Russicus.
ROUSSIN, cheval entier; cp. vfr. roucin,
prov. roci, rossi, esp. rocin (d'où la rocinante
de Don Quichotte), port, rossim, exprimant
tous un cheval de peu de prix. Le c radical,
observe Diez, rend leur parenté avec l'ail, ross
douteuse ; ils semblent être plutôt des modi-
fications des formes suivantes avec n : vfr.
roncin, ronchin, it. ronzino, prov. rotici,
wall. ix>nsi7i, cheval entier, BL. runcitius.
Ces dernières sont tirées par Voss, par un
intermédiaire ruincinus, du néerl. ruin,
cheval hongre, mois cela a peu de probabilité.
— Roixcin peut avoir précédé roucin, comme
sponsa est le primitif de espouse; d'autre part,
les formes sans n peuvent avoir produit les
autres par voie de nasalisation ; dans ce der-
nier cas, on pourrait admettre comme souche
commune l'it. rozza, rosse (voy. rosse). — Les
anciens traducteurs néerlandais et allemands
de trouvères français ont transformé notre mot
resp. en rosside ou rotiside et runzît, — L'éty-
mologie fondée sur vfr. i*os =» roux ne se
prête ni pour le sens, ni pour la lettre.
ROUSSIR, inchoatif et factitif de roux, —
D. subst. roussi,
ROUT, assemblée, de l'angl. rout, m. s. (la
prononciation anglaise a donné lieu à l'oi-tho-
graphe raout). Le mot angl. est d'origine
française et = vfr. route, troupe (voy. route 2),
1. ROUTE, chemin, du L. via rupta, voie
faite en rompant la forêt ou le sol ; j'ai com-
paré dans ma première éd. le terme brisée
(dans « aller sur les brisées de qqn »), mais
ce terme repose sur l'opération des chasseurs,
qui rompent des branches pour reconnaître
où est la bête. — D. routier, subst. et adj.,
au fig. homme qui connaît les chemins, qui a
beaucoup de pratique; routine, expérience,
habitude, pratique (angl. rote). On pourrait
aussi rattacher routier et routine directement
au part, ruptus = rompu (aux affaires). Cps.
débouter, mettre hors la route (voy. aussi
l'art, déroute). — Chevallet place à tort le mot
route dans l'élément celtique; il cite écoss.
7'od, trace, bret. rouden, irl. rodh, rot,
chemin.
2. ROUTE*, rote', prov. rota, ail. rotte,
angl. rout (assomblôe), bande, compagnie
d'hommes armés; du BL. rupta (de rumpere),
pr. fraction, division. — D. routier, troupier,
pillard ; arouter, assembler.
ROUTIER, voy. route 1 et 2.
ROUTINE, voy. route 1 . — D. routinier,
routiner. Il se peut que le verbe routiner aie
précédé et déterminé le subst. routine,
29
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RUC
450
RUI
ROUTOIR, lieu de rouissage, voy. rouir,
ROUVIEUX /l'imagination populaire en a
fait roux-vieux)^ gale dos chevaux ; propr. un
ac^ectif ; voy. rouffe.
ROUVRE, voy. roure.
ROUX (fém. rousse)^ prov. ros, it. rosso,
csp. roxo, du L. russus. — D. roussâtre,
rousseur, rousseau (v. c. m.), rotissir, rous-
siller.
ROTAL, vfr. reidl, real, du L. regàlis frex).
— D. roialté' royauté; royalisme^ -iste. —
D'un type latin, assez bizarre, regalimeix vient
fr. reaime (ongl. realm), roialme, auj.
royaume, prov. reyalme^ esp. reaime ^ it,
reame Le vfr. a produit de la même façon le
mot ducheaume p. duché.
ROYAUME, voy. l'art. pr6c.
RU, vfr. riu, rui, rouchi rieu, prov. riu,
esp. Wo, du L. rivus. La forme rwi est l'effet
d'une transposition, analogue à celle do tuile
de tegula. — D'un type riciccllus, riv'cellus,
puis (par transposition de iv, iu en ui) ruicel-
lus, vient ruissel* ruisseau (dont Fit., par
emprunt, à fait ruscello). — Fœrster (Grôb.
Ztschr.,V, 96; conteste cette manière de voir;
d'après lui. il faut partir d'un primitif avec û
radical, qui expliquera à la fois vfr. ru, ruicel
(== ruisseau) et it. ruscello ; il argumente
surtout sur l'absence d'une forme vfr. riucel
bien constatée. Le thème riv, par contre, n'a
pu donner que les formes riu et r^(n^.
RUBAN, wall. et Berry riban, v. angl.
ryhand, n. angl. riband, ribbon; d'origine
inc(rtaine. L'étym. L. rubens, rouge, bien
qu'on orthographiât autrefois aussi rube^i, est
trop arbitraire. L'ail, batui, ruban, y est-il
pour quelque chose? C'est à examiner; mais
que faire alors de l'élément rut Diez propose
le nécrl. rittg-band, collier; Wedgwood, le
néerl. riiyband, fascia, ligamcn; j'aimerais
tout autant une compositii)n ricm-band (de
l'ail, riem., rietncn, courroie, lien) ou rip-baiid
(de l'angl. rip, déchirer). Mais tous ces efforts
sont gratuit^»*, tant que l'on ne sait ]>as si ru
n'a pas précédé ri; le fait est qu'on trouve le
BL. rubanus dans un texte de 1367. — D.
rubaner; rubanicr, -<Tie.
RUBÉFIER, mot fait sur le type rubeficare
p. rubcfacere, — D. rubéfaxUion, L. nibe-
factionem.
RUBIGAN ; on y a vu une composition de
ruber, rouge, et de canus, blanc ; Littré pié-
fère le tirer du BL. rubricantem, rougcàtre.
RUBICOND, L. rubicimdus.
RUBIS, vfr. rubi, it. rubino, esp. rubin,
ruU^ prov. robi et robina, ail. rubin, BL.
rubinus^ dér. du thème rub de L. ruber. —
La finalo s de rubis est un reste de l'ancien
nominatif.
RUBRIQUE, pr. titre écrit en rouge, du L.
rubrica (ruber), craie rouge, puis rubrique,
titre de loi. — D. rubriquer,
RUCHE, vfr. rusche, rusque, rouche, prov.
rusca, ruscha, d'abord =^ écorce, puis, panier
pour abeilles, ces paniei*s étant faits d'écorces
d'arbres (en esp. le mot corcho signifie aussi
à la fois écorce, liège et ruche). Le mot est de
provenance celtique; on trouve irl. rw^cgaél.
rusg, bret. rusk, cymr. rhisg, écorce, et bret.
rushen, ruche. D'un autre côté, des gloses
anciennes portent vha. rusca, avec le sens de
panier, corbeille. La forme rouche, carcasse
de vaisseau, n'est qu'une variété de ruche. —
L'ail, reuse, nasse, ruche, dim. reuschen
Kiliaen donne ruysche =« ruche), est-il
indé pendant de notre mot? — D. ruche,
ruchée.
RUDANISR* (Molière) p. rude dnt^r,comme
qui dirait un ànier qui est trop rude à ses
ânes (Trévoux). * A rude aspe rude asnier. »
RUDE, L.^ rudis, — D. rudesse, rudoyer.
RDDENTB, t d'architecture, du L. rudens,
cordage. — D. rudentcr, -ure,
RUDIMENT, L. rudimenium, apprentissage,
début (de rudis, grossier, non dégrossi^ ; cp. le
mot érudit). — D. ruditneîitaire.
1. RUE, chemin, passage, prov. rua, esp.,
port rua, v. it. ruga, du L. ruga, sillon, en
BL. = platea, vicus On trouve aussi BL.
ruta, prov. ruda; cela indique le celt. ruta,
rot, passage, chemin. — D. ruelle (d'oii rucl-
ler)\ motte, rigole (ou dim. de ru î).
2. RUE, plante., it. ruta, esp., port., prov.
ruda^ ail. raute; du L. ruta, m. s.
RUER, jeter avec impétuosité; ce verbe,
très ancien, a pour source immédiate non pas
L. ruere, dont Vu est bref et qui eût produit
rouer, mais le fréquent, rûtare, dont I'm est
long (cp. muer de mûtare); voy Fœrster,
Grôb. Ztschr., II, 87. — D. ruade, rueur,
RUFIEN, esp., prov rufian, de l'it. ruffiano,
maquereau, puis homme débauché. Selon Du
Cange, le mot it. vient de ce que les fenunos
publiijucs portaient des cheveux roux (L. ru-
fus) Cette étymologie est bien suspecte, tant
pour la forme que pour le sens. Le mot se
rattache plus naturellement (et j'ai été heureiix
de me rencontrer ici avec Diez) à la racine
germ. hruf, ruf, exprimant impureté, pr.
gale, dont dérivent, outre le fr, rouffe (v.c.m ),
le milan, ruff, piém. et com. rufa, escarre,
gale, vénit. rufa, malpropreté, romagn. rofia
(p. rofla), croûte de lait, dial. du Jura roufjle.
Dioz. pour appuyer cette valeur du motcomme
terme de mépris, cite le passage de Dante :
" ruffian, baratti e simile lordura ». D'un
autre côté, il allègue les provincialismes alle-
mands, subst. ruffer, maquereau, verb.
ruffeln, faire le maqtiereau, et le v. angl,
rufpner (&nj. ruffian), paillard; ajoutez-y le
flam. rnffiacn, maquereau.
RU6INE, t. de chirurgie, racloir; d'origine
inconnue. Au xiv^ siècle, on trouve roisne,
roignc; c^la s'accoixie avec un type rugina,
qui pourrait être le subst. verbal de ruginare
(fr. ruginer\, ôter les aspérités (dérivé fictif de
ruga, aspérité, ride).
RUGIR, L. rugir e (d'où vient aussi l'an-
cienne forme ruir). — D. rugissement,
RUGUEUX, L. rugosus (ruga, lide). — D.
rugosité.
RUILER (aussi ruiller), faire des repères
pour dresser toutes sortes de plans et de sur-
faces, du vfr. ruile, = règle, mesure, formé
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SAB
— 451 —
SÂB
du L. régula^ ban-e, règle, comme tuile de
tegula, — D. ruUée, bordure de plâtre ou de
mortier.
RUINS» L. ruina (niere). — D. ruiner;
ruineux, qui menace ou qui cause la ruine,
L. ruinosus,
RUISSEAU, ruisser, voy. ru. — D. ruis-
seler.
RUMB, t. de marine (it. rombo, esp. rumbo,
port, rumbo et rumo, angl. rumb^ viennent
du Avançais), vfr. rum; du néerl. ruim (ags.
rum, ail. raum), espace ; le rumb, en parlant
des vents, est Tespace compris entre deux
vents. Il faut écarter les étym. gr./iw.uo'i, timon
(en tant qu'il indique la direction d'un char),
et le L. rhombuSf losange. Le b dans rumb
est adventice. — Notre mot est le primitif du
verbe arrumer, dessiner les lignes du vent
sur une carte marine.
RUMjjlljC, L. rumorem, m. s.
RUMINER, L. ruminare (de rumen, go-
sier)^
RUNES, caractères Scandinaves, du suéd.
runa, lettre ancienne. — D. runique,
RUOTTB, voy. rue.
RUPTURE» L. ruptura (do ruptum, supin
de rumpere). Rupture est la forme savante de
roture (v. c. m.).
RURAL, L. ruralis (de rus, ruris, cam-
pagne).
RUSE, subst. verbal de ruser. Ce dernier,
vfr. retiser, présente la succession d'acceptions
suivante : repousser, reculer, s'échapper par
des détours (en parlant du gibier) et finale-
ment employer de la ruse, tromper. Tous ces
sens se déduisent facilement du L. recusare,
repousser, refuser, et il est inutile de recourir
à refuser, la syncope de /"dans un mot roman
étant insolite, tandis que recusar, reilser. ruser
a son analogue phonétique exact dans securus,
seûr, sûr et dans secundus, vfr. seond.
RUSTAUD, dér. du vfr. ruste, grossier, vio-
lent (cp. lourdaud). Ruste, devenu rustre, est
le L. rust-icus (apocope du suffixe, cp. éco-
Idtre de scholasticus, inde de indicus).
RUSTIQUE, L. rusticus (rus). — D. rusti-
cité, rustiquer it d'architecture).
RUSTRE, voy. rustaud. Pour Yr épenlhé-
tique, cp. registre de reffestum,\îv. tristre, p.
triste.
RUT, gâté de Fane, ruit, subst. participial
de vfr. ruire, inigir (du type barbare rugêre^
p. rugire); riXit, rut signifie donc pr. rugisse-
ment, à cause des cris que pousse le cerf en
chaleur.
RUTILANT, du L. ruiilare, briller.
1. SABBAT, jour de repos, L. sabbatum,
grec <jA«6aTo» , mot biblique , de l'hébr.
sc?uibat, repos. — De sabbati dies vient fr.
samedi p. sabedi (cp. vha. sambaz-dag, nha.
samstag). Le prov., retournant les termes, dit
dissapte (et aussi sapte tout court).
2. SABBAT, assemblée nocturne des sor-
cières, accompagnée de danses (d'où le sens
bruit, tintamarre . Ce mot est prob. identique
avec le préc., l'idée fondamentale paraissant
être fête, solennité, ou un dénigrement du
sabbat des Juifs. Le savant Huet pensait au
au grec £aS9c{io«, épithète de Bacchus, en
L. Sabazius, aussi Sabadius.
1. SABLE, L. sabulum. — D. sabler;
sableux, L. sabulosus; sablier, sablière
(v. c. m.), sablon (v. c. m.), ensabler.
2. SABLE, terme d'héraldique, couleur
noire; du vfr. et angl. sable, marte zibeline,
BL. sabellum (mot d'origine slave = russe
sobol, d'où ail. zobeC). — De sable, nom d'ani-
mal, vient le vfr. sebelin, aujourd'hui zibeline
(v. c. m.).
SABLIÈRE, 1. lieu où l'on tire du sable,
dér. de sable; 2. t. de chai-pontior, pièce de
bois de support. D'après Ménage, le deuxième
sens renvoie au primitif de scapularia (sca-
pula^ quasi une épaulière; d'après nous,
sablière est plutôt p. stablière, et remonte â
L. stabilis. Pour la chute du t dans st, cp.
saison et sabot.
SABLON, L. sabulo, -onis. — D. sablon^
neux, sablonnière, sablonner.
SABORD, embrasure au bordage d'un vais-
seau par où Ton tire le canon ; d'origine incon-
nue. On y a vu une corruption de angl. sawn
board (planche sciée), mais ce terme est in-
connu aux Anglais. — D. saborder.
1 . SABOT, soulier de bois. Je ne suis pas à
même d'établir l'étymologie de ce mot, mais
bien certainement il ne vient ni de ttzïonôiiov,
pied en bois, ni de sac de bos (Du Cange), ni
do Sabaudia (« chaussure de Savoie «). J'incli-
nerais plutôt pour une dérivation du vfr. et
prov. sap ■» sapin, donc pr. chaussure en
bois de sapin, si réellement le sens « soulier
de bois », et non pas plutôt le sens général
de soulier, doit servir de point de départ pour
la recherche de l'étymologie. Frisch rappro-
chait le mot du slave sabogi, chaussure. Quelle
que soit la valeur du radical sab ou sap, nous
pensons que le sabot (rouchi chabot) est radi-
calement identique avec Fit. ciabaJtta, esp.
zapata, etc. (voy. l'art, savate). — Le mot
sabot, qui dans ses nombreuses acceptions
techniques emporte l'idée de chaussure, de
garniture au bas des objets (la qualité « do
beis n s'efiaçant tout à fait), s'expliquerait
facilement s'il était permis de tirer le thèmo
sap de la racine gcrman. stap, exprimant
fouler, marcher (cp. ail. stappen, marcher,
fouler, stapf, trace du pied, stapel, pieu,
support); pour le sens, cp. le slave stopa,
vestige et chaussure. — D. sabotiet^ verbe
saboter.
2. SABOT, corne du pied du cheval et
d'autres animaux. C'est le même mot que le-
précédent. Le latin solea réunit de même les
deux accentions.
3. SABoT, toupie ; d'après La Monnoye, le
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SAC
— 452 —
SAC
même que sabot \, ces toupies étant faites la
plupart d'un morceau de vieux sabot. J en
doute. — D. saboter, jouer au sabot, faire
tourner.
SABOTEE, ustensile pour péparer les
glaces; mot altéré, suivant Littré, de sarbo-
tière, qui, à son tour, serait pour sorbetière
(de sorbet). L'ail, appelle cet ustensile querl,
quirl, pr. moulinet, subst. du verbe querlen,
faire tourner; cela nous engage à voir dans
sabotière plutôt une dérivation de saboter,
faire tourner (dér. de sabot 3).
SABOULER, terme populaire, houspiller,
tirailler, réprimander. C'est peut-être un dé-
rivé du même radical sab, qui est dans sabot,
toupie; le prov. sabotar signifie également
secouer, ébranler, agiter. Je ne puis admettre
de rapport entre le verbe saboxder et un jeu
d'enfants usuel en Espagne et en Italie, et qui
consiste à faire des espèces d'anguilles (mou-
choir roulé) que l'on remplit de cendre ou de
sable et dont on frappe ceux qui ont fait
quelque faute au jeu. Ni Tesp. ni Tit. ne pré-
sentent un verbe sabulare, — Ou bien le
thème sab remonterait-il au L. sapo, savon,
ascendant du terme figuré savonne?' f Dans les
patois du M'idï, saboida s'emploie pour rouler
dans l'ordure.
SABRE, it. sciabola, 5caa6/a (Venise sdbaJa),
esp. sable; de l'ail, sabel, qui à son tour est
d'importation étrangère, cp. hongr. ssablya^
russe sabla, pol. 55a^/e, serbe sablja, valaqne
sabje, — D. sabrer; sabretache, de l'ail.
sàbelstache, poche de sabre.
SABRENAS, artisan qui travaille malpro-
prement, grossièrement. On dit aussi sabre-
naud. Peut-être de l'esp. sa^f^mcfa (sait- rien);
Vr serait euphonique. Bugge, qui a émis cette
conjecture (Rom., IV, 365), compare le patois
suisse sapoii (sait- peu). On a trop peu d'élé-
ments historiques pour contrôler la valeur de
cette explication, qui reste fort douteuse. —
D. sabrenasser.
SABURRB, L. saburra.
1. SAC, poche, L. saccus, — D. sachet
(dim.), sachée, sacoche (de Fit. saccoccia). —
Diez et autres considèrent comme un dérivé
de sac le vfr . sacher, sach ici', saquer, esp. , port.
sacar, = tirer, extraire, arracher, et comme
dérivé de celui-ci, le subst. saccade, action
do tirer (d'où saccade). Nous ne partageons
pas cet avis ; nous admettons que sacher est
un dérivé do sac^ pour autant qu'il signifie
ensacher, mettre dedans, comme le n. prov.
saca et le BL. saccare (voy. l'art, suiv.), mais
nous ne pensons pas qu'on puisse lui donner
en même temps le sens contraire «« faire sortir
du sac". Notre idée est que le fr. saches* et
l'esp. 5acar sont des formes allégées p. stacher,
stacar (cp. sablière, saison^ etc.) et reprodui-
sent l'it. staccare, détacher, séparer, et que le
subst. saccade, secousse, petits mouvements
détachés, non soutenus, répond parfaitement
à l'it. staccato. — Une seconde conjecture
que nous nous permettons d'émettre à l'égard
de saquer, tirer, tirailler, secouer brusque-
ment (d'où viendrait saccade), c'est do ratta- (
cher ce verbe à l'ags. scdcan, quatere, concu-
tere, angl. shahe, secouer. Diez, il est vrai,
n'admet pas la correspondance du se initial
germanique avec s initial roman (voy. l'art,
suiv.), mais' saquer peut être p. chaquer,
comme on dit beaucoup dans le Nord satiner,
sarcher p. changer, cherche}\ Nous rappelle-
rons à ce sujet le subst. champ, socquet,
cahot d'une voiture, qui est sans doute un dér.
de choquer, = angl. shok, ail. schaukeln,
2. SAC, pillage, it. sacco, esp., port, saco,
subst. verbal d'un verbe (inusité; saquer (BL.
saccare) ^ dérivé de sax:, poche, et signifiant
pr. empocher, puis fig. voler, butiner, piller.
Diez (et d'après lui Burguy) diffôre do notre
manière de voir ; il paH du subst. saccus, au
sens de gros paquet, d'où se serait développée
l'acception « chose empaquetée », butin II
compare à cet égard le mot germaniquejo/wn-
der, qui veut dire en ail. bagage, et en angl.
butin. — Diez rejette l'étymologie vha. scâh,
butin, parce que, d'après lui, se initial ne se
simplifie jamais en s. Cependant il admet que
l'it. zajq)a (voy. sape) a pu venir de i^k-ttrivi,
et zolla de l'ail, skolla (auj. scholle); or,
phonologiquement, ce qui s'applique à l'it. s
peut aussi s'appliquer à s, ces deux lettres
permutant si souvent dans cette langue. —
Bien que l'étymologie que nous avons posée
d'abord nous convienne parfaitement, celle du
vha. scàh, mha. schach, BL. scacus (cp. vfr.
eschec, butin), n'en pourrait pas moins être la
vraie; et le mot BL. saccomannus (it. sacco-
manno, valet d'armée, goujat, asp. sacomano,
n. prov.sacawîa», V. flam. sackmann, voleur)
me fait reflfet d'être identique avec l'ail, (bav.)
schachmann ou schâcher, voleur, brigand, et
le flam. sacken, diripere, dcpnedari, n'est non
plus peut-être qu'une forme allégée de 5c^aoc-
hen, rapere. — Un autre subst. verb. (à suf-
fixe dérivatif) de saquer, piller, est saccage,
d'où saccager. Le type saccicare a donné esp.
saquear, it. saccheggiare = saccager. — Lit
tré se trompe quand il me prête l'opinion que
sac, pillage, se rattache à l'ancien verbe sa-
che)',saquer = tirer; c'est 5agïfcr== empocher,
ensacher, qu'il fallait dire, car les deux verbes
ne me paraissent pas identiques. Lisez aussi,
dans Littré, à l'ai-t. saccade, à l'étymologie :
staccare p. scaxxare.
SACCADE, voy. «oc 1 . — D. saccader, sac-
cadé.
SACCHARIN, du L. saecharum, sucre.
SACCAGE, d'oii saccager, voy. sac 2.
SACERDOCE, L. saccrdotium; sacerdotal,
L. sacerdotal is .
SACHÉE, SACHET, SACOCHE, voy. sac 1.
1 . SACRE, action do sacrer (v. c. m.).
2. SACRE, sorte de lanier, esp., port.
saci'e, it. sagro, ail. saker; c'est prob. une
traduction du gr. hpi^, épervier, faucon, pr.
oiseau sacré (Virg. sacer aies), appelé ainsi à
cause de son vol circulaire (cp. en ail. toeihe,
milan, du vha. loiho, sacré). D'autres propo-
sent pour origine l'arabe çaqr, oiseau do
proie, autour, qui, d'après des autorités com-
pétentes, n'est pas emprunté aux langues
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SAG
— 453 —
SAI
romanes. — Ane. sacre et son dim. sacret
désignaient aussi, comme d'autres noms d'ani-
maux, une sorte de canon.
3. SACRE, brigand; sens métaphorique de
sacre, oiseau de proie; sinon de l'ail, schà-
cher, m. s. (voy. sac 2).
SACREMENT, L. sacramentum, consécra-
tion. — D. sacramental on 4el. — Voy. aussi
serment,
SACRER, L. sacrare, — D. sacre, action
de sacrer ; adj . sacré.
SACRIFICE, L. sacrificium ; sacrifier, L.
sacrificare, d'où sacrificateur, -atoire, -alure.
SACRILÈGE, 1. adj., L. sax:Hlegus i}iiL(\m
recueille des objets sacrés), 2. subst.^ L. sacri-
legiitm.
SACRIPANT, de l'it. sacripante, personnage
de rOrlando inamorato de Bojardo.
SACRISTAIN, it. sagrestano, prov. sagres-
ian, dér. du BL. sacrista, d'où aussi BL. sa-
mnstia, fr. sacristie^ 1. sacristse munus;
2. le lieu où sont déposés les objets du culte.
L'ancienne langue avait francisé sacrHstanus,
en sccretan (nom de famille encore fort ré-
pandu) et segretain ; de sacrista, l'allemand a
tiré son mot sigrist,
SACRISTIE, voy. l'art, préc.
SADE*, de bon goût, gracieux, du L. sapi-
dits, qui a de la saveur, du goût ; de là le dim.
sadiiiet', joli, gracieux, et le composé maus-
sade p. maî'Sade.
SAFRAN^ it. safferano, esp. a-safran,
valaque sofran, de l'arabe zâfaràn, — D. 5a-
franer.
1. SAFRE, glouton, goulu. Diez propose
soit le vha. seifar = l'eau à la bouche, ou le
verbe gothique (supposé par Grimm) soffan,
savourer. Chevallet y voyait tout bonnement
une transposition de l'ail, fresscr, dan, fraad-
scr. Il cite aussi un mot holl. schaffery goulu,
de schaffen, avaler. C'est un peu légèrement
traiter le sens des mots; le holl. schaffen
signifie donner à manger, puis par extension
prendre ses repas. — Safre, par sa terminai-
son, yh^^gWg goulafre y goinfre. — Littré rap-
proche de notre mot le berrichon chaffrer,
détériorer. Pour tout épuiser, nous indique-
rons aussi l'ags. ceafle, mâchoire. — Nicot
traduit safre par •♦ petulans, lascivus » ; est-ce
le même mot? L'anc. langue avait, et quel-
ques patois ont encore, un mot safi^e = élé-
gant, gentil, que Littré tire du BL. saffium
(vfr. safre), orfroi, broderie.
2. SAFRE, oxyde de cobalt en poudre,
servant à faire du verre bleu, de l'it. zaffera,
m. s.
SA6ACE, L. sagax. — D. sagacité, L. sa-
gacitatem.
SAGE, vfr. saine (cp. rage et vfr. raixiê), it.
savio et saggio , esp., port, saôio, prov. sabi,
satge, du L. sapius, vocable populaire (cp. le
cps. ne-sapiusy insensé), transformé en sabius,
samus. liO wallon dit saif et mâsaif (insensé) ;
cp. vfr. mausage. — D. sagesse, it. samezsa.
— Cps. sage-femme, pr. femme hubile.
SAGETTE*, vfr. saiette, saète, it. saetta.
flèche, du L. sagitta, d'où sagittaire, L. sagit-
tarius.
SAGOU, nom du sagoutier dans les langues
papoues. — D. sagoutier.
SAGOUIN, espèce de singe ; d'origine incon-
nue.
1. SAIE, manteau, prov. saga, saia, esp.
saya et saia, du L. saga (Ennius), forme con-
currente de sagum; mot d'origine gauloise. —
D. sayon. — Sagum s'employait, suivant Dio-
fenbach (Orig. Europ ), dès les temps classi-
ques, comme nom d'une étoffe; de là BL. saia
(panni specics), d'où les dim. it. sagetta, esp.
saycte, fr. sayetie, serge.
2. SAIE, brosse des orfèvres, du L. seta,
soie de porc, pinceau. — D. saietter.
SAIGNER, du L. sanguinare, être san-
glant, dans la basse latinité = sanguinem
emittere. — D. saignée.
SAILLIR, L. satire . — D. saillant, saillie;
composés : assaillir (angl. assail), d'où subst.
assaut, L. assaltus, tressaillir, L. transsaliro.
— Subst. verbal de salire : L. saltus, îr.saut,
d'où L. saUare, fr. sauter,
1. SAIN, adj., L. sanus, d'où subst. sani^
tatem, fr. santé, et le type sanitarius, fr. sani-
taire. Verbe sainir (patois fr. = guérir j et
cps. assainir,
2. SAIN (dans le composé sain-doux,
graisse de porc fondue), vfr. saïn, champ.
sahin, esp. sain, prov. sagin, it. saime; du
BL. sagimen, forme variée du L. sagina,
graisse. — D. ensimer et essimer (voy. ces
mots).
SAINBOIS, = bois .lain, appelé ainsi à
cause de son emploi médical.
SAINFOIN (Cotgrave écrit sainct-foin), =
saint foin; l'ail, dit de même hcilig-heu. 0. de
Serres, toutefois, interprétait le mot par foin
sain •» à cause de sa vertu médicale et engrais-
sante ».
SAINT, L. sanctus, — D. sainteté, L.
sancti tatem.
SAISIR, prov. sazir, it. sagire (mettre en
possession) et staggire (saisir, user de main-
mise), BL. sacire, s'approprier. Le vfr. saisir
avait également la valeur de Ht. sagire,
mettre en possession ; c'est de cette acception
que relèvent les expr. « le mort saisit le vif»,
puis se saisir de qqch. et le cps, dessaisir,
prov. desazir, mettre hors de possession.
Diez pose comme étymologie le vha. sazjan,
placer (pris dans le .sens du cps. bl-sazjan =
nha. besetzen, ags. bisettan, angl. beset, pren-
dre en possession); il cite à l'appui le prov.
sazir la terra, occuper la terre, puis la syno-
nymie des formules BL. « ad proprium sa-
cire »» et •« ad proprium ponere » (ponere =
ail. selzen). La forme ital. sagire, observe
Diez, se rapporte à sazjan, comme palagio à
palatium {prononcer palatsium), — J'aban-
donne l'idée que j'avais eue d'abord, et d'après
laquelle le BL. sacire ne serait qu'un retour
à la forme primitive du L. sandre, établir ;
mais il ne m'en reste pas moins des doutes
quant à la justesse de l'étymologio de Diez.
Comment l'accorder avec la forme it. stag-
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SAI
— 484 —
SAL
giref Ne faut-il pas ici, comme dans plusieurs
autres cas, admettre, contrairement à la théo-
rie de Diez, la simplification d'un st initial en
s (cp. sablière, saccade, saison) et partir de
staggire pour expliquer sagiref Or, quelle
est 1 origine de ce mot italien? Diez propose
les vieux verbes ail. siûtigôn, sistere, mettre
arrêt, ou stâtian, fixer. Pour moi, j'émettrai
deux conjectures : 1. On trouve en BL. sta-
gium avec les acceptions de demeure, séjour
(noire stage), puis d'étage, de salle; puis je
trouve «^o^'a, maison, pieu, poteau; enfin,
stagire, séquestrer. Toutes ces acceptions
comportent l'idée de fixer, établir, inhérente
au primitif de ces vocables, le L. siare, et qui
est aussi celle du verbe ail. setzen, primitif
de sagire selon Diez. 2. Dans saisir, il ny a
pas seulement l'idée de mettre en possession,
mais aussi celle de prendre. Cette dernière
découle, par généralisation, de celle de pren-
dre en gage, en sûreté ; par là nous sommes
amené àl'étymologie staggio, otage, caution,
qui est p. ostaggio (voy. otage), d'où staggire,
prendre ou mettre en sûreté, d'où le subst.
staggina, tr, saisine, prise de possession (cp.
se nantir, se saisir, de namp, gage). — Storm
(Rom., V, 167) pense, comme moi, qu'il est
diflScile de séparer sagire de staggire, et quant
à ce dernier, il incline pour Tall. stâtian (de
stûti, stable), proposé par Diez, ou mieux
encore pour un verbe stadjan, conservé en
norois sous la forme stedja, stabilire, sistere,
statuere, de stadr (thème stadt), locus. La
finale des dérivés it. staggina, fr. saisine,
ajoute Storm, en le démontrant, n'exclut
nullement une provenance germanique.
SAISON, prov. saao, esp. sazon, port.
sazao, it. stagioïxe, La forme ital., combinée
avec l'esp. estacion, port, estaçâo (= saison),
port« nécessairement à prendre pour origine
le L. stationem, arrêt, séjour, point fixé, d'où
le sens : le temps voulu, le moment propice
(Diez rapproche judicieusement l'ail, stunde,
heure, de stehn = stare). Quant aux autres
formes avec s initial, Diez les disjoint et les rap-
porte, avec Du Gange, au L. sationem, action
de semer, d'où découlerait l'acception temps
convenable pour semer, et enfin temps conve-
nable en général. Nous ne partageons pas son
avis : nous voyons dans 1'* initial, ici comme
dans d'autres cas, un affaiblissement de st,
d'autant plus que le mot saison exprime essen-
tiellement les divisions ou, à proprement dire,
les quatre stations de l'année. « Cela est de
saison *» équivaut à « cela est de l'époque ».
J'ai développé ailleurs mes arguments en
faveur de l'étym. stationem; elle ne donne
lieu qu'à une seule objection, c'est que st ini-
tial ne peut se transformer en *. Cette loi, je
la reconnais ; mais des exceptions sont admis-
sibles pour toute loi, et cette exception s'im-
pose si naturellement dans un certain nombre
de cas, que, pour ma part, j'aurais de la
peine à la méconnaître. Dans ce qui précède,
on a pu voir quelle facilité elle offre pour
l'explication des mots sablière, sabot, saccade
et saisir, et plus loin je l'invoquerai encore
pour le mot.voMcA^. En outre, je la vois confir-
mée par le prov. sanc (gaucher) et sanca (main
gauche), qui, bien certainement, reprodui.sent
le stanco, stanca de l'italien; puis par le
verbe sanchicr, rassasier, que j'ai noté cinq
ou six fois dans Froissart et qui est le même
mot que stancare^éi&ncher. D'ailleurs, Diez
admet l'équation st initial = z pour plusieurs
cas 'ainsi zanco p. stanco, zambecco p stam-
becco; esp. Zuniga p. Estuniga)\ or, la dis-
tance de ^ à ^ n'est pas grande. Le procédé
qui a fait lisière de listière peut fort bien
avoir exceptionnellement atteint la tête des
vocables. — Certainement, saison est le L.
satio, dans la phrase : « domaine divisé en
trois saisons »» (Berry), saison = sole; mais
je tiens ce saison-lk pour distinct de celui qui
nous occupe. — Mentionnons encore pour
mémoire l'étym sectio, division, mise en avant
par Le Duchat. — D. assaisonner (v. c. m.),
dessaisonné, anc. =■ déplacé, dérangé, décon-
certé.
1. SALADE, ail. salât, angl. salad, it.
insalata, pr. mets assaisonné avec du sel,
puis, par extension, herbes destinées à être
mangées en salade, subst. partie, des verbes
prov., esp. salar, it. salare, fr. saler, dér. du
L. sol, — D. saladier,
2. SALADE, casque, it. celata, esp. celada,
V. angl. salet, cymr. saled, du L. cassis
cœlata, casque pourvu d'une image ciselée.
SALAIRE, L. salarium (sal), pr. indemnité
donnée aux soldats pour acheter le sel, puis
salaire en général. — D. salarier.
SALAMALSG, de la salutation arabe salant-
aleick, salut à toi.
SALAMANDRE, L. salamandra, gr. 9a>a-
SALE, d'après Diez, du vha. salo, trouble,
terne, étymologie corroborée par le rapproche-
ment de rit. salar)0 = sale, qui répond au
même mot germanique à l'état fléchi : scdower,
gén. salavoes. — L'étymologie L. squalidits,
crasseux, n'est guère plausible. — Che-
vallet invoque le celtique, en citant l'écoss.
et irl. salach, gaél. salto, «- malpropre;
reste à savoir si ces dérivés sont du fonds cel-
tique; cp. angl. salloxo, ni. zalttto, terne,
livide. — D. saleté, salir, salaud, saligaud.
SALEP, pr. orchis, puis substance tirée des
tubercules des orchis, enfin boisson que les
Orientaux font avec les bulbes des orchis
(arabe sahlab, turc salleb). Le mot est tiré,
d'après Dozy, de la phrase chozâ at4ha*leb •=
testicules de renard.
SALER, voy. salade. — D. salade, salai-
son.
SALIÈRE, de L. sal, sel.
SALIN, saline, L. salinité fsal).
SAUR, voy. sale. — D. salisson fcp. p. la
forme polisson), salissure.
SALIVE, L. saliva. — D. saliver, -ation.
SALLE, it., esp., port., prov. sala, du vha.
sal, maison, demeure, séjour; cette significa-
tion était aussi celle du vfr et du prov.
(« celestials sala »», céleste séjour). Plus tard,
elle s'est restreinte à celle de « grand apparte-
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SAN
— 455 —
SAN
mont »; auj. l'ail, saal dit la mômo chose que
fr. saJîe. — Les mots romans étant féminins,
M. Kern leur assigne pour origine directe le
francique sala, moj.néerl. sale (auj. saal).
— D. salon.
SALMIAG» corruption de sal ammonia-
cum.
SALMIGONDIS, roj. salmis.
SALMIS, d'origine inconnue. On est tenté
d'j voir une contraction d'un type saJgamicixis^
du L. salgama, choses confites dans la sau-
mure. Je suis tout aussi embarrassé pour
salmigondis; serait-ce le moi salmis amplifié
do condttîis, accommodé, assaisonné?
SALON, angl. saloon, voy. salle.
SALOPE, soit un dér. de sale (mais com-
ment expliquer la désinence?), soit p. slope,
correspondant de l'angl. slop, gâchis, saleté.
— D. saloperie. — Le holl. slomp, salope,
paraît être la forme nasalisée de slop.
SAL0R6B, magasin de sel, selon Bugge,
un composé formé de L. sal, sel -|- horreum,
grenier, dépAt, magasin.
SALPÊTRE, mot savant, de L. sal petrœ,
sel do roche. Le circonflexe n'a pas de raison
d'être.
SALSEPAREILLE, it. salsapariglia, de
l'esp. zarsaparilla^ composé de l'esp. sarza,
ronce, et de Parillo, nom d'un médecin qui a
employé le pi*emier cette racine. Telle est
l'explication de Scaliger, rapportée par Mé-
nage.
SALSIFIS, une. sersifi; Vît. sasseff*ica on
est-il l'original ou une déformation?
SALTATION, L. saltatioucm (do saltare,
sauter;.
SALTIMBANQUE, do l'it. saltimbanco, qui
saute sur un banc [saltare in banco); l'it. a
do même cantimbanco, chanteur de tréteau.
SALUBRE, L. salubris. — D. salubrité.
SALUER, prov., esp. saludar, ït.salutare,
du L. salutare. — D. salut, subst. verbal,
action de saluer; saluade; salutation, L. salu;
tationem.
SALUT, vfr. salu, 1. L. salus, -utis, d'où
salutaris, fr. salutaire; 2. subst. verb. de
saluer.
SALVE, décharge de mousqueterie, d'abord
en signe de salutation, de bienvenue, du L.
salve (impératif de salvere, se bien porter),
formule romaine de salutation.
SANGIR, t. de marine, couler bas (en par-
lant d'un navire) ; Diez pense que c'est une
altération du prov. sumsir, submerger, dont
l'étymologie est encore discutée et que Paris
(Rom., VI, 148 et 437) croit pouvoir rattacher
à L. sorpsus, de sorbere, engloutir.
SAMEDI, voy. sabbat.
SANCTIFIER, FICATION, L. sanctificare,
•ationem,
SANCTION, L. sanctionem (sancire). — D.
sanctionner.
SANCTUAIRE, L. sanctuarium (sanctus).
SANDAL, aussi santal, en botanique santa-
lum; de l'arabe zandal (gr. ^àvra^ov;, lequel
répond au sanscrit tschandana.
SANDALE, L. sandalium (vxvCkUov).
SANDARAQUE, L. sandaraca [ta^hotfA^t!).
SANDRE, nom de poi-sson, de l'ail, saiuler,
sander.
SANG, L. sanguis. — D. sanguin (doù
sanguine., minéral), L. sanguinus, p. sangui-
neus; sanguinaire, L. sanguinarius ; san-
glant, L. sanguilentus (forme accessoire de
sanguinolentus, qui se trouve chez Scribo-
nius Largus). A propos de sanglant, Gachet
observe: ♦« Nous sommes tenté de croire qu'une
satire sanglante est une satire qui sangle ou
qui fouette ; il en est de même d'un reproche
sanglant, etc. Le sang n'a rien de commun
avec 'cette expression »» . Cela peut être vrai ;
cependant, nous ne voyons pas pourquoi san-
glant ne serait pas justifiable comme méta-
phore ; sanglant et cruel se touchent de bien
près, et ci*udeîis n'est-il pas lui-même un
dérivé de crudus, saignant, cru? — Le cps.
sang-froid paraît être une corruption de
l'anc. locution sens froid (cp. sens rassis). Le
changement du i^este est naturel, cp. l'ail.
kaltblmig(&âi.).
SANGLE, vfr. cengle, it. cinghia, prov.
singla, du L. cingula (de cingere ^ ceindre). ;
— D. sangler, 1 . ceindre avec une sangle, 2.
donner des coups d'étrivières, fouetter, d'où
sanglade.
SANGLIER, sengler*, prov. cinglar, it. sin-
ghiale, du BL. singularis. Cette dt^nomina-
tion est une imitation du gr. fxôvioi, bête sau-
vage, pr. solitaire. — Quelques patois ont
conservé un a(y. sangle, unique, du L. sin-
gulus.
SANGLOT, voy. l'art, suiv.
SANGLOTER, prov. sanglotar, du L. sin-
guitare, transposé on singlutare; à l'autre
forme latine singultirc se rattache le vfr. sen-
gloiir, souglotir, — D. subst. verbal sanglot,
vfr. sanglout, seglout, souglout, prov. san-
glot, singlot, sanglut, L. singultus. — La forme
it singhioszo est basée sur singluttio p. sin-
gultio; le vfr. souglout, sur une transforma-
tion de sin en sid?.
SANGSUE, prov. sancsuga, L sanguisuga,
qui suce le sang.
SANICLE, d'un type sanicula, dimin. do
sana, la (plante) saine.
SANIE, L. santés; mot de formation
.savante, ce qui équivaut ici à irrégulière, car
il faudrait *a;i^o. — D. sanieux, L. saniosus.
— Voy. Bxxssi essanger .
SANITAIRE, néologisme, voy. sain.
SAN3, vfr. sens, prov. senes, sens, ses, it.
sensa, v. it. sen, esp. sin, port. sem. C'est le
latin 5mé«, pourvu de 1*5 adverbial.
SANSCRIT, du sanscrit sanshrita, parfait.
SANSONNET; cet oiseau ne s'appelle pas
ainsi, comme dit l'abbé Corblet, parce qu'il
apprend facilement à chansonner (le mot
s'applique du reste également à un poisson) ;
le mot vient du prénom Samson, commo pier-
rot de Pierre etjacquot de Jacques.
SANTAL, voy. sandal.
SANTÉ, voy. sain.
SANTON, de l'esp. santon, hypocrite (de
sa^ito, saint). Rabelais a sanctoron.
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SAR
456 —
SAU
SAHVE, nom populaire du sénevé, du L.
stnapi, accentué sdnapi; cp. angl. senvy, ail.
SAOUL, voy. soitJ,
1 . SAPE, action do saper, subst. verbal.
2. SAPE, outil i>our saper; it. sappa^ esp.
sapa, boyau. L'initiale z engage Diezà rap-
porter le mot au gr. ^xàTTrccv, fouir (cp. it.
solla, motte, du vlia. sholîa). L'it. et l'csp. z
proc4^dant parfois do s (cp. it. znifo, soufre,
de snJphur, esp. zandalo, sandale), je ne vois
pas pourquoi l'ôtym. L. sappa (Isidore) ne
serait pas préférable. — Chevallet voit dans
zappa une transposition do l'ail, spaten (vha.
spato), pioche. C'est par trop hardi. — D. sa-
per.
SAPER, voy. sape 2. — D. sapeur.
SAPHIR, L. sapphirus ('jàn^ttpoi)»
SAPIDB, L. sapidtis, dont la langue vul-
gaire a fait sade (v. c. m.).
SAPIENGE, L. sapientia,
SAPIN, L. sapinus. Le vfr. et le prov.
avaient dégagé do ce mot le simple sap. —
D. sapine, sapinièi^c.
SAQUSfiUTE, angl. sachbut, esp. saca-
huche ; je ne connais pas l'étymologio du nom
de cet instrument de musique (à vent), car je
ne puis approuver Ménage, qui voit dans le
mot une altération du L. sambuca (in&irument
musical i cordes). Une fois qu'on se laisse
aller aussi loin, autant vaudrait remonter au
L. samhucus, sureau ; les patois disent en
effet sambuque pour une flûte de sureau. La
forme esp. sacabuchc a l'air do dire quelque
chose comme tire-bedaine.
SARABANDE, it. pg sarabanda, de l'esp.
sarabanda, qui vient du persan serbeiid (espèce
de chant, d'après Ménage).
SARBACANE, anc. sarbatane, esp. cerba-
tana, zarbatana, it. cerbotana, de l'arabe
zabatâna, sarbacane pour tuer les oiseaux.
SARCASME, L. sarcasmus, grec aTipxutfiô;
(de <ja/5/à{iiy, ronger, fîg. railler) ; sarcasiique,
grec ^jxptdtxKMi,
SARCELLE, voy. cercelle,
SARCHE, cerceau qui porte la peau d'un
tambour, d'un crible, du L. circus ou plutôt
circa, donc p. cerche(cp. cercelle et sarcelle),
SARCLER, L. sarculare (sarculus),
SARCOPHAGE, L. sarcophagus, gr. <raoxo-
ç>à/oç pr. qui consume les chairs, carnivore. Le
nom s'appliquait d'abord à une espèce particu-
lière de pierre à chaux qui avait la propriété de
consumer, dans l'espace de quarante'jours, la
chair et même les os d'un corps que l'on y ren-
fermait(voy. Pline, H.N., XXXVI, 27). Cette
pierre servait à faire des cercueils, quand on
enterrait le corps tout entier sans le brûler,
ce qui fit que le mot a fini par s'employer
pour toute espèce de cercueil quels qu'en fus-
sent les matériaux. C'est dans ce sens général
que Juvénal en fait usage (Sat., X, 172).
SARDE, baleine, du L. sarda. — D. sar-
dine, L. sardina {sapSivv)).
SARDOINS, it. sardonico, prov. sardonic^
du L. sardonyx, grec a«p$ôvvi(9àpSioi SM)»
SARDONIQUB (ris), gr. tt^pSôytoi yiïoa, de
oupSôn^v, sorte d'herbe qui causait, dit-on, le
rire sardonique; voy. les commentateurs
d'Homère (Od.. XX, 501).
SARMENT, L. sarmentum (de sarpere,
émonder). — D. sarmentcuoj, L. sarmen-
tosus.
SARRASIN, musulman, DL. saracenus, de
l'arabe scharkiin, gens de l'Orient. Le blé
sarrasin s'appelle ainsi parce qu'il est de
provenance africaine. Sarrasine, herse (t. de
fortification), tire également son nom de sa
forme orientale.
SARRAU ou SARROT, wallon sarot, rouchi
soro, BL. san'otus. Cette dernière forme est
altérée, par assimilation, de sarcotus (d'où
BL. sarcotium^ rochet). Chevallet dérive sar-
cotus de l'isl. «er A, tunique, ags. syrc, syrtc,
m. s., dan. et suéd. saerh, chemise. U peut
avoir raison, mais l'angl. shirt, chemise, qu'il
cite également, n'a rien à voir ici. Il aurait dû
citer avant tout comme primitif immédiat de
sarcotus, saricotus, le BL. sarica, robe mise
par-dessus les vêtements ordinaires.
SARRETTE ou SERRETTE, anc. san-et,
ail. scharie, formes dégagées de l'it. serra-
tola, qui est le L. serratula, bétoine.
SARRIETTE, dimin. de sarrte'; celui-ci
répond au prov. sadreia, lequel vient du L.
satureja (ail. saturei, it. santoreggici),
1 . SAS, tissu de crin pour tamiser, contrac
tion du vfr. seas, saas, langued. sedas, =
BL. sedatium, sitacium, qui sont pour seta-
ceum, dérivé du L. seta, soie, crin. L'it. a
transformé sctaceum en staccio p. setaccio;
l'esp. a cedazo, l'angl. searce, — D. sasser,
ressasser.
2. SAS, t. dliydraulique, du néerl. sas,
écluse, qui tient prob. au thème sat (a\\. satz),
arrêt, station. — D'après Littré,de Fit. sa^so,
t. do fortification, qui est le L. saxum,
pierre; étym. peu probable.
SASSAFRAS, esp. sassafras ^ saisi froM,
saxifi'agia; de même origine que saxifrage,
SASSER, voy. sas 1.
SATAN, mot hébraïque (pr. l'ennemi), grec
caravâ;. L'anc. langue traduisait litt. le mot
par avei'sier (adversaire). — D. satanique,
SATELLITE, L. satelles, -itis, garde du
corps^^
SATIÉTÉ. L. salietatem.
SATIN, vfr. (par la chute de la médiale)
saïn, it setino, port, setim, dér. de seta, soie.
— I). satiner, satinade.
SATIRE, L. satira ou satura, — D. sati-
rique, satiriser. Il faut distinguer satire de
satyre, pièce de théâtre chez les Grecs, qui
vient do tkx\>poi, satyre.
SATISFAIRE, L. satisfacei-e ; subst. satis-
faction, L. satisfactionem.
SATURER, L. saturare (satur).
SAUCE, vfr. saussc, it., esp., prov. salsa,
de l'adj. salsus, salé; donc pr. chose prépa-
rée au sel. — D. saitcer, saucièi^e. A un type
salsicia, dérivé de salsus, répondent it. salcic-
cia, esp. salchicha, BI^. salcitia, fr. saucisse.
SAUCISSE, voy. l'art, préc. — D. sau-
cisson.
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SAU
— 4^7 —
SAV
SAUF, L. sahus, — D. satweté'. Compo-
sés : sauf-conduit (it. salvocondiUto) et sauve-
garde (it. sahaguardia), d où sauvegarder,
SAUGE, L. salvia.
SAUGRENU (anc. aussi saugreneux), com-
posé de sel et degretiu; pr. « au gros sel, au
sel grenu » .
SAULE ; ce mot ne peut se déduire du L.
salix, gén. salicis. A ce dernier cependant
répondent les formes bourg, et lorr. sausse,
vfr. saux, prov. sauze, sautz^ it. salcio, osp.
salce, sauce, sauzy de même que le dér. saus-
saie reproduit le L. saîicetum, Dioz assigne à
la forme fr. saitle pour origine le vha. salaha,
m. s , écourté en sala (d'où saule, comme
gaule de valus). — D. saulet, nom d'oiseau.
SAUMATRB, it. salmastro, d'un type soi-
master, p. salmacidus. Ce dernier vocable
a donné le prov. samaciu, vfr. saumache,
SAUMON, it. salamone et sermoney du L.
salmOt -onis, — D. saumoné. — Saumon de
plomb (champ, sommon) est-il le même mot,
par assimilation de forme, ou un dérivé de
somme, charge, poids? L'expr. angl. pig (ou.
sow) ofleady pr. cochon do plomb, fait pencher
pour la première interprétation.
SAUMURE, it. salamqfa, esp. salmuera,
composé de sal, sel, et du L. muria, sau-
mure (vfr. mûrie); cp. le gr. kl-fiupli, m. s
SAUNER, faire du sel, d'un type salinare
(sal). — D. saunage, saunier, L. salinarius,
d*où saunerie,
SAUPE, nom de poisson, L. salpa,
SAUPIQUET, du verbe saupiquer, prov.,
esp. salpicar ^ piquer ou saupoudrer do sel,
assaisonner au sel.
SAUPOUDRER, pr. poudrer ou asperger
de sel. L'idée du sel s'effaçant, on dit:saupou-
àver do farine, de sucre, etc. Pour cette géné-
ralisation de sens, cp. joncher.
SAUR et SAURE, vfr. sor, sore, de couleur
brun clair, jaune tirant sur le brun, prov.
saur, blond jaune, it. sauro, soro. Le sens
foncier est « desséché «(cp. *« hareng saur »»),d'oû
s'est déduit celui de jaune, blond f cp. le color
aridus de Pline, et les vestes serampelinœ, ha-
bits de couleur de feuille morte, de Juvénal).
Le mot vient, selon Diez,du néerl.^oor, angl.
sear, sec (verbes ags. searian, vha. soren, sau-
ren, sécher); d'après Mahn, du basque ^z<7*ta,
churia, blanc. Dicfenbach (Kuhn, Zeitschrift,
t. XII) propose goth. SauyHa, it. Soria, Syrie,
en alléguant le syricum pigmentum d'Isidore
(Orig., XIX, 17). — Littrô songe à saurcx,
sorex, souris (une nuance prise pour une
autre). — Cheval^et remonte à un mot goth.
Sûr, brun, bis, fauve; le grand défaut de cette
étymologie est que l'on ne trouve pas ce mot
gothique dans les dictionnaires. — D. soreV
(nom pr. Agnès Sorel) = angl. ^wwW, sorrel,
brun rouge; sauret (hareng); verbes ^awrir et
sau7*er.
SAURER, SAURET, SAURIR, voy. saur,
SAUSSAIE, voy. saule.
SAUT, soit direct, du L. saltus (salire),
soit subst. verbal de sauter,
SAUTER, L. saltare, fréq. de salire. —
D. saute, t. de marine; sauté, t. de cuisine;
sauteur, sauterie, sautereau, sauterelle, sau-
toir, sautiller.
SAUTOIR, pr. une pièce du harnais du che-
valier, qui lui servait d'étrier pour sauter sur
son cheval ; de là. d'après Littré, par assimi-
lation de forme, la locution en sautoir,
SAU\rAGE, angl. savage, it. salvaggio et
selvaggio, aussi salvatico, prov. salvatge, esp.
salvage, port, salvagem, direct, du BL. salva-
tiens p. silvaticus ^silva). — D. sauvagerie,
sauvageon, sauvagin, -ine.
SAUVER, L. salvare (salvus). — D. sau-
veur ; dimin. sauveter, d'où sauvetage.
SAVANE, de Tesp. sabana. Ce dernier, au
propre, signifie drap de lit, du L. sabanum
(sic^etvov), linge, nappe ; la savane est donc
envisagée comme une nappe de verdure. —
D'après Roulin (Littré, Suppl.), le mot est
d'origine américaine, ce qui parait probable.
SAVANT, pr. part. prés, du verbe savoir.
Le mot ne vient pas direct, de la forme L. sa-
piens, à laquelle ne répond que la forme
sachant. — Les latinistes de la Renaissance,
imaginant quelque rapport étymologique
entre savant, savoir et le L. scire, crurent
faire honneur & leur savoir en écrivant sça'
vant, sçavoir.
SAVATE, it. ciabatta, m. s., esp. sapata,
espèce de bottine, port, sapata, soulier de
dame, bottine ; formes masc. esp. zapato, port.
çapato, prov. sabato, soulier. Diez cite Sousa,
d'après lequel le mot vient de l'arabe sabat,
subst. d'un verbe sabota, chausser, mais cette
signification du verbe n'est pas indiquée par
Freytag. Selon Mahn, du basque zc^iata, sou-
lier, zapatu, mettre le pied, zapatcea, fouler
aux pieds, presser, enfoncer, chiffonner.
A coup sur, les vocables sabot (v. c. m.) et
savate sont d'origine commune, mais cette
origine reste encore à fixer. Pour ma part,
sans contester la valeur de l'opinion de Mahn,
je soupçonne fort le rad. sap ou zap de n'être
qu'un allégement de stap, racine fort répan-
due dans le système indo-européen et signi-
fiant « mettre le pied, marcher », d'où l'idée
semelle, soulier. Voy. sabot. En admettant un
type sapa p. s tapa, chaussure, objet servant
à marcher (ail. stappen, stapfen, etc.), nous
en déduirons sans difficulté : l. sapotus =
sabot; 2. sapata =: savate; enfin, avec réserve
cependant, 3. sapella, = sebelle (hypothé-
tique), d'où semelle [q^. samedi p. sabcdi). —
D. savetier (anc. sabotier, scunUier); verbe
savater, saveter.
SAVEUR, vfr. savour (d'où savourer, savon*
reux), du L. saporem (de sapere, avoir du
goût).
SAVOIR, it. sapere, savere, esp., prov.
sàbér, du L. sapere p. sâpëre (avoir du goût,
être sage), qui, dans les langues romanes, a
supplanté le verbe scire (conservé encore dans
le mot escient et l'adv. sciemment). — Le
subj. latin sapiam a régulièrement fait sache,
comme sepia a donné sèche; le part. prés,
s'est produit sous une double forme, l. sa-
chant, répondant littéralement au type sapien*
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SCE
— 458
SCO
tem; 2. satatU, tiré de l'infinitif savoir.
L'usage a réservé ce dernier à l'emploi adjec-
tival. — D. savoir^ infinitif substantivé.
SAVON, L. sapo^ -onis — D. sax>onner,
savonnier, savonnerie, savonnette.
SAVOURER, SAVOUREUX, SAVOURET,
dér. de saveur ^vtr, savour. — Lo L. saporare
signifie, diffî^remment de savourer, rendre
savoureux.
SAXIFRAGE, nom de plante. L. saxifraça
(pr. brise-pierre), appelée ainsi à cause des
vertus lithontriptiques attribuées & cette
plante. Voy. aussi sassefras,
SATETTE, nom d'une étoffe de laine, voy.
saie 1 . Comme il s'agit de laine, il faut écarter
l'étymol. saie, forme variée de soie,
SAYNÈTE, pièce de théâtre bouffonne, de
Tesp. sainete, qui est dérivé de sain, graisse
(voy. sain); donc pr. morceau de graisse,
morceau délicat.
SAYON, VOY. saie 1 .
SBIRE, de l'it. sbirro. m. s.
SGABELLON, L. scabeUum, dont le vrai
correspondant roman est escabeC escabeau,
SGABIEUSE, nom de plante, dér. du L.
scabies, gale, à cause des propriétés dépura-
tives de cette plante.
SCABRE, rude au toucher, L. scaber, sca-
bra, rude, raboteux. — D. scabreux,
SCABREUX, voy. l'art, préc.
SCALPEL, L. scalpellum,
SCALPER, L, scalpëre, gratter.
SCANDALE, occasion de chuto> puis, par
métonymie, les actions ou paroles qui la four-
nissent, puis, par une nouvelle progression
d'idée, l'indignation qu'un ressent, ou l'éclat
qui se produit des actes ou discours de mau-
vais exemple; L. scandalum, gr. «xàv^aJov,
piège, trébuchet. — La langue commune a
métamorphosé scandalum en esclandre (v. c.
m.). — D. scandaleux, scandaliser = grec
SCANDER, L. scandere(» scandere versus »,
Horace).
SCAPHANDRE, corset à nager, mot tech-
nique fait de oxccyr,, nacelle, et àv^p, àvipôi,
homme, donc pr. homme-bateau.
SCAPULAIRE, BL. scapulare « vestis sca-
pxdas tantum tenens • .
SCARABÉE, L. scarabœus {nàpeitoi),
SCARIFIER, L. scaHficare,
SCARLATINE, voy. écarUUe,
SCEAU, anc. scel; vfr. seel, sael, saiél,
angl. seal, du L. sigiUum (d'où l'ail, siegel).
Le c est inorganique et une lyoute moderne,
motivée peut-être par le désir de distinguer
le mot de l'homophone seau, — D. sceller*,
cps. desceller,
SCÉLÉRAT, L. sceleratus (scelus). —
D. scélératesse,
SCELLER, voy. sceau. — D. scellement,
SCENE, L. scena, gr. w^vij. — D. scénique,
L. scenicus.
SCEPTIQUE, L. scepticus, gr. aunnuôç (de
oxéTTTfoSai, considérer, méditer). — D. scepti-
SCEPTRE, L. sceptrum, gr. tn^nrpov, bâton
(de ffxïÎTTTeiv, appuyer).
SCHISME, it. cisma, du gr. ^xl-rfiu, division
(de ffx'Jîtv, fendre). — D. schismalique, grec
SCHISTE, gr. «x'^to», fendu. — D. schis-
teux.
SCHLAOUE, de Vall. schla^i, coup.
SCIATIQUE, BL. sciaticus, mot tronqué du
L. ischiadicus, gr. l^xiaci^^;. dér. de Itx'^**
-àJo«, douleurs à la hanche (lixiov),
SCIE. voy. scier,
SCIEMMENT, it. scientemente, adv. du
part. prés. L. sciens, sachant, vfr. scient,
escient.
SCIENCE, L. scientia (scire). Dérivé mo-
derne : scientifique; on a sans doute, par
cette création, voulu éviter le mot peu harmo-
nieux scientiel,
SCIER le c a été inséré par abus, comme
d&ns scavant' et sceau), vît. séer, seier, soier, it.
segare, prov., esp segar, du L. secare, couper
(cp. nier, vfr. noyer, de negaré), — D. scie,
vfr. sigue, instrumment â scier.
SCâiLE, oignon marin, L. sciUa (lAllla),
SCINDER (mot savant), L. scindere ; supin
scissum, d'où scissio, fr. scission; scissura,
fr. scissure,
SCINTILLER, L. scintillare, de scintilla,
axs fr. étincelle (v. c. m.).
SCION, p. secion, du L. secHonem, cou-
pure; cp. le terme analogue ail. schnittling
de schneiden,co\xi^QT. Le sens concret de scion
a motivé le genre masculin.
SCISSION, voy. scinder, — D. scission-
naire.
SCOLAIRE, du L. scholaris (schola, vyoU),
type aussi du mot écolier; scolastiqur, L.
scholasticus (type aussi de écolûtre).
SCOLIE, gr. 9xôli.9v, note, de là ^x^UÀ^ny,
faire des notes, d'où T^oUk^rya, annotateur,
fr. scoliaste,
SCORBUT, it. scorbuto, esp., port, escor*
buto, du bas-ail. schorbock, néerl. scheur-
buik, dont la signification étymologique est
incertaine. On a expliqué le terme néerl. par
scheuren, déchirer -|- buik, ventre ; d'autres
rapportent l'élément scor à l'ail, schorfy angl.
scurf, escarre, croûte, gale. Le môme mot
s'est modifié en ail. scharbock, suéd. skorb-
jugg, angl. scurvy. Le fait est que l'origine
de cet important terme médical, que le latin
du moyen âge nous a légué sous la forme de
scorbutus n'est pas encore découverte; qui
sait si scorb n'est pas le scorp radical de scor-
pius, l'insecte venimeux? — On m'apprend au
dernier moment que la plus ancienne forme
néerl. se terminait par but (au lieu de buik).
— D. scorbutique.
SCORIE, L. scoria, gr. n^pia, déchet de
métal. — D. scorifier,
SCORPION, L. scorpio7iem, gr. nMpnloi,
SCORSONÈRE, de Fit. scorzonera, composé
de scorza, écorce, peau, et de nera, noire;
l'ail, l'appelle 5cAtoarjiour^, litt. racine noire.
— Diez pense que scorjsonera, la forme ital.
actuelle, a été précédé de la forme scorio-
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SÉC
— 459 —
SËD
niera et que la véritable étymologie est scor-
zone, serpent (la plante étant supposée salu-
taire contre la morsure des serpents).
SORIBE, L. scriha,
SCRIPTEUR, L. scriptorem,
SCROFULE, L. scrofula (scrofa). Voy. aussi
écrouelle. — D. scrofideitw,
SCRUPULE, L. scrupulus (dim. de scru-
pitô), pr. petite pierre pointue, puis le poids
le plus faible (et la plus petite monnaie d'or
qui eût cours à Rome), enfin sentiment d*in-
quiétude pour peu de chose, embarras, exac-
titude minutieuse. — D.scrupuleuœ^ L. scru-
pulosus, m. s. — Il se peut que l'acception
morale attachée au L. scrupulus ne découle
pas de l'idée de bagatelle, mais plutôt de celle
de pierre pointue ou de piéride en général
(métaph. = chose qui gêne, chose scabreuse);
elle s'appliquait en latin de même au primitif
scrupus. Cp. les ezpr. figurées ail. einen stein
vont herjxen loâlsen, rouler une pierre de son
cœur => décharger son cœur d'un souci ; aile
steifie aus dem wege râumett, ôter toutes les
pierres du chemin, = aplanir toute difficulté;
et ne disons-nous pas de même, p. embarras,
M pierre d'achoppement • ?
SCRUTER, L. scrutari, pr. fouiller. — D.
scrutateur^ L. scrutatorem. — Du même radi-
cal : scrutinium, fr. scrutin, pr. =^ inqui-
sitio, recherche, examen, puis action ou mode
de recueillir les suffrages.
SCRUTIN, voy. l'art, préc.
SCULPTER, L. sculptare\ fréq. de seul-
père, graver, ciseler; supin sculptum, d'où
les sutfât. sculptor, -tura, fr. sculpteur, -turc,
SCURRILITÉ, L. scurrilitatem,
SE, L. se; c'est la forme secondaire et atone
do soi (vfr. sei),
SÉANT, part. prés, de seoir (v. c. m);
comme adj. = qui siège et qui sied; comme
subst., => position assise (cp. le vieux mot
estant, voy. l'art, étant), — D. séance, action
de seoir (anc. = convenance, gré).
SEAU, vfr. seel, du L. sitellus. La pronon-
ciation sé-au est réprouvée par la bonne com-
pagnie; elle est, à la vérité, plus correcte au
point de vue étymologique, mais à ce titre il
faudrait également prononcer zéau p veau,
ce mot venant de vé-el, =» L. vitellus. Les
formes lai.situlus, situla, syncopées en sitlus,
sitla, s'étant altérées en siclus, sicla, il en est
résulté les mots équivalents it. secchia,
secchio (cp. vecchio de vetulus), prov. selha,
fr. seille (forme vieillie).
SÉBACi, mot de création scientifique, tiré
de L. sebaceus (de sébum, suif).
SÉBILE, d'origine inconnue. Peut-être le
persan zambil, panier, corbeile, (Littré.)
SEC, L. siccus, — D. sécheresse, anc.
séchesse (le vfr. disait aussi sécheur). — Verbe
sécher, L. siccare, — Les savants ont tiré
direct, du radical latin : siccité, L. siccitatem,
et siccatif,
SÉCABLE, SÉCANTE, SÉCATEUR, du L.
secare, couper.
SÉCHB. SEICHE, L. sepia (i^nict),
SÉCHER, voy. sec.
SECOND, prov. se^ton^ vfr. seon, de L.
secundus (de sequi, suivre). — D. secondaire,
L secundarius ; subst. seconde, pr. deuxième
division de l'heure ou du degré.
SECONDER, L. secundare (de secundus,
favorable).
SECOUER; d'après G. Paris (Rom., VIII,
620). un verbe tout moderne fait par méprise
sur l'anc. indic. prés, secoia (de vfr. secorre,
secouer) ; cette opinion n'est-elle pas quelque
peu contrariée par le prov. secodar (Blond in
do Cornouailles, 139j,et n'y a-t-il pas plutôt
lieu d'admettre un métaplasroe de date an-
cienne succutare p. succuteret — Quoi qu'il
en soit, la forme usuelle, dans l'anc. langue,
était secorre, correctement formée de L. suc-
cutere ; elle correspond avec le prov. socodre,
secodre. L'esp. et le port, ont saciulir ; Vît,
scuotere représente le composé eao-cutere (voy.
escousse). — Le participe succussus s'est
francisé en vfr. secous, et a produit le subst.
participial féminin secousse, action de se-
couer.
SECOURIR, vfr. succurre, secorre, du L.
succurrere. — D. secourable, 1. qui peut être
secouru, 2. disposé à secourir (cp. l'anc.
aidable, qui aide volontiers). Subst secours,
BL. succursus, d'où succursalis, auxiliaire,
fr. succursale,
SECOUSSE, voy. secouer.
SBCiiET, vfr. segret, segroi (cp. coi de
quietus), du L. secretus, secretum (de secor-
nere, mettre à part). — D. sea^étaire, BL.
secretarius, ■= qui esta secretis, scriba; d'où
secrétariat.
SECRÉTAIRE, subst., 1. personne de con-
fiance chargée des écrituras (voy. secret);
2, meuble dans lequel on serre ses papiers,
bureau.
SÉCRÉTER, L. secretarc\ fréq. de secer-
nere, séparer, supin secretum, d'où subst.
secretionem, fr. sécrétion.
SECTATEUR, voy. secte.
SECTE, du L. secta, manière de vivre,
méthode, système; puis parti, secte. Ce mot
latin, en tant que signifiant parti, renvoie à
secare, diviser (cp. l'origine départi); cepen-
dant, sectari, s'attacher à un système (d'où
sectcUorem, fr. sectateur), signifie en premier
lieu suivre assidûment et est incontestable-
ment le fréq. du verbe sequi, — D. sectaire,
SECTEUR, L. sectorem (secare), coupeur ;
SBCTiON, L. sectionem, coupure (voy. aussi
scion). — Cps. prosecteur,
SÉCULAIRE et SÉCULIER (cp. scolaire et
écolier), du L. sœcularis. La seconde forme
se rattiawîhe au sens religieux de sœcitlum, fr.
siècle, ■= monde, choses de ce monde. — D.
séculariser,
SÉCURITÉ, L. securitatem. Voy. sûr,
SÉDATIF, du L.sedare,ca\màv.
SÉDENTAptE, L. sedentarius (sedens).
SÉDIMENT, L. sedimentum(^àeve), afiais-
sèment, tassement.
SÉDITION, L. seditionem (subst. du verbe
sedire', aller & l'écart, faire dissidence); sédi-
tieuse, L. seditiosus.
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SEI
— 460 —
SEL
SÉDTJIBS, L. se-ducere, pr. conduire à
l'écart, supin seductum, d'où seductio, -tor,
fr. séduction, séducteur.
SEGMENT, L. segmenium (secare).
SEGRÂIS, bois séparés des grands bois et
qu'on exploite à part, subst. verbal de lanc.
segraycTy segréer, qui vient de secretare
(fréq. de secei'nere), mettre à part. L'oflScior
forestier chargé des bois segrais s'appelait
segrayer, en BL. secretarius. N'était cette
forme latine, on pourrait aussi rattacher ces
termes au L segregare, séparer.
SEICHE, voy. sèche.
SÉIDE, du nom d'un personnage de la tra-
gédie de Mahomet par Voltaire. — De Zàid^
nom d'un affranchi de Mahomet.
SEIGLE, vfr. soile, it. segaJe, segoîa,
prov. seguel, du L. secaïe, m. s., soit par
déplacement de l'accent (sécale p. secàle)^ soit
par l'intermédiaire d'une foi-me sécula ou
séculum (cp.it. ségola).
SEIGNEUR, prov., port, senhor, esp. senor,
it. signore, du L. seniorem, pr. plus âgé,
devenu dans la basse latinité un terme d'hon-
neur et de dignité, équivalent de dominus.
Cp. le gr. npi^iÙTtpoi, l'ags. ealdor (pr. senior,
puis princ-eps, dominus), l'angl. alderman et
l'arabe cheihh (vieillard et chef). — Le mot
seigneur est une forme d'accusatif, répondant
au L. seniàrem; le nom. senior a fait saire
et par euphonie sendre; les serments de 842
présentent sendi*a (cp. fradra p. fradre). La
forme senre, à son tour, s'est contractée en
sire. D'après Diez, cette contraction s'est pro-
bablement produite dans le nord de la France,
où les Picards ont également modifié tendre
en terCf et tiendrons en térons. On pourrait
alléguer encore à ce sujet le mot latin tiro que
Doederlein suppose être une contraction de
tenero (donc pr. le tendron, d'où l'idée :
jeune homme inexpérimenté). — Après tout,
l'explication de sire par senre reste douteuse ;
mieux vaut admettre un thème sej'r, produit
par l'élision de w, et qui justifie parfaitement
la voyelle i. D'autre part, seigneur s'est
simplifié en sieur. En partant d'une forme
seior (contraction de senior)^ nous trouvons
pour les formes sieur et sire une analogie
frappante dans la francisation du L. pejor,
qui se produit également sous les formes /jtor,
pieur (formes d'accusatif perdues) et pire
(forme de nominatif encore debout). Il faut
croire que les mots prov. sira, sire, esp. ser,
sire, angl. sir, sont d'introduction française.
— D. seigneurie, seigneurial.
SEILIJ!, voy. seau.
SEIME, t. de maréchalerie, fente do la
corne du cheval, du L. segmen (secare)? On
m'a objecté contre cette étym. que ce serait
le seul cas de la résolution par t d'un g
devant m; en effet, pigmentum fait, en vfr.,
piume^it, flegma fait fleuma. Littré pense
que c'est le même mot que seine, filet (vfr.
aussi seime), mais les sens sont trop dis-
tants.
SEIN, vfr. et pat. soin, du L. sinus.
SEINE, filet, vfr. saïne, seïne, angl. sean.
du L. sagena, m. s. On trouve aussi, par cor-
ruption, senne.
SEING, prov. senh, du L.signum; ou plu-
tôt le subst, verbal de signer (vfr. seingner).
SEIZE, du L. sedecim; cp. treize de trede-
cim.
SÉJOUR, voy. l'art, suiv.
SÉJOURNER, anc. sqjomer (d'où l'angl.
sojoum), prov. sojomar, it. soggiomarc, du
L. subdiumare*, cps. do diumare, rester
longtemps. — Subst. verb. séjour, prov.
sùjom, it. soggiomo.
SEL, patois se, sati, du L. sal. — D. saler,
salière, etc.
SELLE, pr. petit siège, du L. sella p.
sed-la (sedere). — D. sellette, seller (cps. des-
seller), sellier.
SELON, vfr. selonc. Diez, suivi par Bur-
guy, explique selon par une espèce de fusion
du L. secundum et du L. longum; car il no
faut pas perdre de vue que le sens ancien de
selon, comme celui du L. secundum, est le
long, à côté de, en suivant. Secundum a fait
le vfr. second, et longum (cp. ail. lângs) a
fait long ; ces deux termes combinés auraient
produit le vocable selon. (L'anc. forme solonc
serait un efiet d'assimilation aux formes
sqjomer, socors, 'p. séjourner, secors). J'avoue
que ce procédé, pour ne pas être impo.ssiblo,
me paraît improbable, et que je me range
plutôt de lavis^de von Orelli, à qui les formes
vfr. solunc, sulunc, etc., ont fait proposer,
pour le mot qui nous occupe, Tétymologie
sublongum. A ce sujet, Burguy observe :
« Orelli aurait dû avant tout expliquer la
signification qu'on peut attribuer à sublon-
gum, car ce n'est pas facile à découvrir », et
Diez se prononce dans le même sens. On pour-
rait d'abord leur rétorquer le même argu-
ment à propos de l'étymologio subdiurnare
appliquée, do leur consentement, je pense, au
fr. séjourner, bien que le latin classique no
produise pas de composé semblable. Admettre
un composé sublongum, n'est pas plus arbi-
traire qu'admettre un composé subdiui^nare.
Mais à part cela, nous croyons qu'il n'est pas
si difiîcile de découvrir la valeur que l'on a pu
attacher au mot sublongum admis par M. von
Orelli comme type de selonc. Deux interpré-
tations se présentent aussitôt. 1. Le préfixe
sub remplirait ici le rôle qui lui est propre
en latin, savoir d'atténuer la force du simple,
p. ex. dans subdurus, subrusticus; 2.(etcett^
interprétation me plaît davantage) le préfixe
sub avait chez les bons auteurs déjà la valeur
d'exprimer proximité; sublongum ne serait
donc pas moins rationnel que le L. subinde
ou subséquent. Et même en considérant, dans
notre cas, sub comme préposition, et non
comme préfixe, il me semble que sub longo
maris (vfr. selonc la mer) est tout aussi bien
dit que le sub montis radicibus de César. Je
pense avoir répondu d'une manière suffisante
aux scrupules qui empêchent Burguy de se
rendre à l'avis de von Orelli, et nous termi-
nons par demander, à notre tour, à l'auteur
de la Grammaire de la langue d*oïl de vou-
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SEM
— 461 —
SÉN
pir bien fournir un précédent qui justifie
Vétjmologie secundum-lonf/um qu'il patronne.
— La vieille langue avait aussi, avec la valeur
de selon, les formes som, son, sitn; ce sont là
des contractions, non pas de selon, comme le
fait entendre Burguy, mais de second. —
Ménage voyait dans selon une dérivation de
secundum par le changement de c en l; un
changement semblable est inouï. — Chevallet
déduit également selon de secundum ; seule-
ment, n'osant sans doute pas aller jusqu'à
admettre Téquation c (k) •= 1, il tombe dans
l'amphigourique. « Dans selon, dit^il, le n de
secundum s'est changé en l et le m final en
n. » Mais cela ne ferait que seculdon; Che-
vallet va-t-il peut-être tacitement de là à
seculon , seclon, pour aboutir à selon f Le phi-
lologue français se garde bien de citer, panni
les anciennes formes de selon, celles termi-
nées en c [solonc, selonc)\ il se serait compro-
mis davantage. — Depuis la publication de
ma dernière édition, la controverse sur ce
mot s'est compliquée par l'intervention de la
forme vfr. soron, seront. Ici, Tobler voit une
nouvelle application de sa théorie du c médial
élidé, puis remplacé par r (donc secundum,
seont, se^-ont); Paris, une simple permuta-
tion des liquides l etr; Fœrst^r enfin, la vraie
forme (il approuve Tobler), celle qui a pré-
cédé selon. Si Tobler et Fœrster paraissent
appuyer par ser-on l'étymon secundum; il
n'en ont pas pour cela péremptoirement
détrôné sub-longo. Seron de selon est tout
aussi présumabie (cp. caramel de calamel)
que selon de scron, et même davantage. Je sais
que secont a laissé dos traces dans Tanc. lan-
gue (voy. Littré) et j'accorde que som (xii® s.)
soit une cjntraction de scgon, seon, mais il
n'en est pas moins certain qu'il a dû céder le
pas à selonc ou à lonc tout court.
SEMAINE, prov. selmana, it. scttimana,
scmmana, du L. septinui7ia = hebdomas (Cod.
Théod ). — D. semainier.
SÉMAPHORE, mot technique moderne,
représente un mot gr. çrifix-fopoi = porte-
signal.
SEMBLER, vfr. sanler, it. sembrare, sem-
biare, esp., prov. semblar, du L. similareow
simularc = similem reddere, imiter, avoir
l'air. Le mot fait double emploi avec simuler.
Notez que les anciens construisaient sembler
avec l'accusatif. — D. semblable (cot adj. fait
les fonctions du L. 5imi7w;opp. dissemblable,
fait d'après le L. dissimilis), semblant, appa-
rence, mine; semblance", qpp. dissemblance;
cps. ressembler {re comme dans reproduire,
représenter).
SEMEIjLB, voy. savate. Vétymologïe sapella
(comme dim. de sapa, prim. de sapinus), qu'a
proposée Ménage, est trop hasardée. Le
sapella, d'où moi j'ai déduit le mot, est p.
stapella. — Une autre voie étymologique,
toutefois, se présente. Le glossaire de Lille
(voy. mon éd., p. 17) traduit solea par som-
mele ; ce mot peut donc être considéré comme
l'étym. de semelle (le changement do som-
mdle, somelle en semelle serait parfaitement
régulier). Quant à sommele, on peut le rat
tacher soit à summum, extrémité, soit à
somme, charge. Dans le dernier sens, il
faudra définir sommele par « support » (porte-
charge); cp. sommier. — Bugge (Rom., III,
157) part aussi d'une forme primitive '^sumella,
mais selon lui celle-ci serait pour subella
(comme samedi p. sabedi), donc un dim. de
suber, liège. SemeUe signifierait donc propr.
« petit morceau de liège ». — D. ressemeler.
SEMENCE, voy semer, — D. ensemencer,
SEMER, L. seminare, sem*nare fcp. nomer
de nomhxare, entamer de ifUaminare), prov.
semenar, semnar, esp. sembrar, port, semear,
it. seminare — D. semeur, semaille (prov.
semenalha, L. seminalia*); semence, it. se-
mensa, prov. semensa, d'un type latin semen-
tia p. sementis (BeiTy sement)\ semis. — Cps.
parsemer.
SEMESTRE, L. semestris (sex menses). —
D. semestriel, -ier.
SEMI (en composition) L. semi (gr. ti/it),
demi.
SÉMILLANT, part, de sémiller, être sémil-
lant, d'où aussi le subst. vfr. semille, agita-
tion, vitesse, semilleux, alerte, vif; d'après
Diez, d'une racine celtique : cymr. sim,
remuant, léger. — D'après une conjecture
de Bugge (Rom., IV, 365),ranc. verbe sémil-
ler représente L. 'sub-miculare, dim. de mi-
care {sub signifierait « un peu *»). Pour se =
L. sub, cp. séjourner. On sait que dans le
lat. micare les deux idées de « remuant <• et
de « brillant » sont associés, ce qui fait que
la cpi^ecture de Bugge ne laisse pas que
d'être correcte. •
SÉMINAIRE, L. seminarium (semen), pr.
pépinière. Tite-Live : seminarium senatus. —
D. séminariste.
SEMONCE, voy. l'art, suiv. — D. semomer.
SEMONDRE', du L. sub-monere (pour le
préfixe se, cp. secourir, secouer): le part,
passé de vfr. semondre est semotu, de là le
subst, semonsé*, semonce. — Le vfr., par un
changement de conjugaison, a produit aussi
la forme semoner, d'où provient le subst. se-
monneur (vfr. somoneor, xiii® siècle). L'angl.
dit to summon. Génin a été mal inspiré en com-
battant l'étymologie submonere au profit d'une
dérivation de sermo, — Voy. aussi l'art, soyn-
mer.
SEMONNEUR, voy. semondre.
SEMOULE, gruau de froment pur, de l'it.
semola, qui est le L. simila (p. simula).
SEMPITERNEL, L, sempiternalis' p. som-
piterniis ; cp. éternel, de œternus,
SÉNAT, L. senatus (sqtlqtl). — D. sénateur,
L. senalorem, d'où sénatorial.
SENAU, =3 ail. schnaue, angl.^noto,néerl.
s)iaauw, dan. snav.
SÉNÉ, it., esp. setui, ail. senes-baum, angl.
senna, de l'arabe seiut. — La finale dans séné
s'explique peut-être par sensl (cp. sénevé p.
senevel). car on trouve aussi saine p. séné.
SÉNÉCHAL, BL. senescaXcus, it. siniscalco
etsescalco, esp., pvo\,senescal; selon Grimm,
du vha.A*tnwcaZ/t (mot composé hypothétique),
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SEN
— 462 —
SEN
litt. le plus ancien serviteur, surveillant des
autres esclaves. Cp. pour la deuxième partie
du mot, le composé maréchal. — D BL.
senescalcia, vfr. senec/iauchie, nfr. séné-
chaussée,
SENEÇON, L. senecionem (petit vieillard).
SENEGRÉ, nom vulgaire du fenugrec, ré-
pond au catal. sinxgrect qiie l'on explique par
fœnum grœcum en admettant un changement
de f initial en s^ comme dans cat. sivella =»
L. fibula. Voy. Diez, Gramm., éd. tv. I, 263,
note. Les cas de s p. /"sont trop isolés dans le
domaine roman pour qu'on admette sans
réserve cette explication, que Grandgagnage
a appliquée aussi au vfr. sinail^ wall. sina^
fenil. Je crois donc que Tétymologie par
semen grœcum (Baist) mérite dëtre prise en
considération, bien que G. Paris objecte que
ce type aurait rigoureusement fait sengré.
SENELLE, aussi cenellei^'icoi écv'ii cineUe)\
Chevallet, se fondant sur la définition du dic-
tionnaire de Trévoux : petite prune violette
qui vient sur l'épine noire, rattache le mot,
comme diminutif, au vha. sleha (nha. schlehe),
prunelle. C'est inadmissible. Ménage, inter-
prétant le mot cenelle par baie du houx, y
voit avec raison une forme tronquée de coc*
cineîla, dim. de coccinus, de couleur écar-
late.
SÉNESTRB, gauche, L. sinister. La forme
savante sinistre n'a plus que l'acception figu-
rée du mot latin, c.-à'd. mauvais, malheu-
reux, funeste.
SÉNEVÉ, p. se}ïever{ep. dé p. def), du L.
sinapillus, dimin. de sinapi. Ce dernier a
donné aussi it. senapa, goth, sinap^ ags.
se^iepe, angl. senvy, vha. senaf, nha. senf,
V. flam. senncp, Voy. aussi sanve.
SÉNILE, L. senilis (senexj. — D. sénilité,
SÉNILLE, nom de plante, aussi scnicle, du
L. schœnicula (de schœnus, jone). Grandga-
gnage, à l'art, sainète (traînasse ou renouêe)»
invoquant les deux noms fr. correspondant au
mot wallon, savoir : sanguinaire et fausse
sénille, voit dans tous ces mots des dérivés de
sanc; en dialecte wallon, le verbe saigner se
dit saint, en picard sainer. Le nom botanique
sénille serait ainsi d'origine wallonne.
SENS, L. sensus. — L'ancienne langue
employait, avec la même valeur, le mot sen
= prov. sen, cen, it. senno, de là sont déduits
vfr. séné, prov. sénat, esp. senado = sensé,
et les composés fr. forsené, gâté en forcené =
hors de sens. Ce sen vient du vha. sin, nha.
5i«;t; m. s. — 11 existait en outre dans la
langue d oïl un second subst. sen, signifiant
sentier, voie, manière. Celui-ci se rapporte au
vha. sinnan, proficisci, tendere, qui proba-
blement G&i identique avec sinnan, meditari,
cogitare, et, par conséquent, au fond le même
mot que sen, sens. Nous citons ce vieux voca-
ble sen, chemin, parce que le mot sens actuel
(cp. ** marcher dans tel sens, à contre-sens »)
nous laisse encore apercevoir les relations
intimes qui existent entre les notions ratio et
via ; sens =* L. sensus absorbe donc à la fois
la valeur de sen, intelligence, et de sen, direc-
tion, manière. — La loc. sens dessus dessous
(aussi sens devant derrière) est le produit
d'une altération de *• mettre c*en dessus des-
sous n (ce qui est en dessus mis dessous) ; on
trouve fréquemment chez les anciens ce des-
sous dessus ou ce que d. d,
SENSATION; ce mot, répandu dans toutes
les langues romanes, répond à un type L. sen-
sationem, qui fait présumer un verbe sensare,
frapper les sens. Le dérivé sensé, pourvu de
sens (opp. insensé), accuse également un verbe
sensare, et sensatus se trouve en effet dans
Firmicus et dans la Vulgate.
SENSÉ, voy. l'art, préc. — D. sensément,
avec sens (qu'il ne faut pas confondre avec
censément de censé, réputé, putatif).
SENSIBLE, L. sensibilis (sensus); anc,
comme l'angl. sensible, = intelligent, sensé.
— D. sensibilité, L. sensibilitatatem ; néol.
sensiblerie.
SENSITIF, prov. sensitiu; dér. anormal du
supin sensum, de sentire. — D, sensitive
(plante).
SENSUEL, L. sensualis (sensus). — D. sen*
sualité. -alisme, -aliste.
SENTE, vieux mot, esp. senda, »> chemin,
du L. sémita, — D. sentier (pr. un adjectif,
on disait d'abord « chemin sentier »), it. sen-
tiero, esp. sendero, prov. semdier, ^^ L. se-
mitarius. Dans quelques provinces, sentier
signifie sergent de ville, guet; cp. voger de
voie. Voy. aussi sentinelle.
SENTENCE, L. sententia (sentire), manière
de voir, opinion, jugement, vote, pensée for-
mulée, phrase. — D. sententieux, L. senten-
tiosus (plein de sens et plein de sentences).
SENTEUR, subst. façonné de sentir d'après
l'analogie de saveur et odeur.
SENTIER, voj. sente.
SENTIMENT, voy. setitir. — D. senti-
mental.
SENTINE, L. scfUina.
SENTINELLE, it. sentinella, esp. centinela.
Le mot a pris naissance en Italie. Vossius et
antres ont prétendu qu'il est tiré du verbe
ital. sentire, entendre, comme l'équivalent
scolta l'est de scoltare, écouter. Mais comment,
dans cette hypothèse, se rendre compte de la
terminaison inellaf Galvani, avec plus de
raison, est d'avis que c'est un dérivé de sen-
tina, et désignait d'abord, comme le L. senti-
nator, le gardien qui veillait à la sentine, d'où
le sens se serait élargi en celui do veilleur on
général. Deux autres conjectures pourraient
encore être émises, sans toutefois lover les dif-
ficultés de la finale ; on pourrait partir d'un
BL sentina indépendant du L. sefitina, dont
le sens serait ♦« détachement militaire, piquet
de garde », et qui se rattacherait soit au vha.
sentan (nha. sendetx, goth. sandjan, envoyer,
charger d'une mission), ou au verbe roman
seniare, placer (qui vient du partie, sedens,
-entis, de sederc) ; dans ce dernier cas, sentina
serait un terme analogue à planton, poste,
piquet. Dans l'une el l'autre de ces conjec-
tures, il faut admettre que le sens abstrait ou
collectif « garde » a tourné en sens concret ou
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SÉQ
— 463 —
SÉR
individuel de « homme de garde », conversion
de sens fréquente et que nous retrouvons dans
le mot garde lui-même et son équivalent alle-
mand wache (cp. ï\,prigione = prison et pri-
sonnier;. — Wedgwood (Rom., VIII, 438)
propose de dériver notre mot de vfr. sentes
sentier = L. semita; ce serait un dimin.
secondaire de ce dernier et signifierait d'abord
le passage confié à la garde d'une sentinelle
(signification constatée et subsistant encore
dans les loc. : « lever ou relever de senti-
nelle •»), puis « gardien de sentinelle ». Cette
étymologie, comme la déjà remarqué G. Paris,
est séduisante, mais elle se heurte contre le
fait qu'elle ne peut s'appliquer à Yii.sentinella,
qui a précédé le mot français.
SENTIR, pr. recevoir l'impression des
objets par les sens ; puis appliqué particuliè-
rement à la sensation do l'odorat et du tou-
cher; enfin, répandre de l'odeur ou avoir une
saveur; L. serUire. — D. sentiment, anc.
sentement (cp. consentement).
SEOIR, vfr. sedeir, seeir, prov. se:tert it.
sedere^ du L. sedere (cp. voir^ anc. veoir, de
mdci'e). Le sens premier •• être assis *» s'est
eflacé ; il ne reste plus que l'acception figurée
«• être convenable », appliquée d'abord à un
vêtement qui va bien (l'ail, dit de même
« dièses kleid sitst gut »). Le sens naturel
cependant est encore inhérent au partie, prés.
séant (v. cm.). — Le rf radical, syncopé à
l'infinitif, reparaît dans la forme verbale
sied = L. sedet. — Comment expliquer le
participe sisf Burguy, dans sa grammaire,
cite, pour les divei-ses formes de la conjugai-
son du verbe seoir, de nombreux textes à l'ap-
pui, mais pour sis pas un seul; Littré en a un
exeniple du x* siècle («* j'ai sis sur le siège de
mes pères »). Ni l'un ni l'autre n'en indiquent
le type latin: selon, moi sis représente sesiis,
\t. sessiis ^commQ pris viQui depresiis ^.p?'e7isiis,
Brachet rapporte sis à situs, ce qui présente-
rait de graves irrégularités.
SÉPARER, L. separare, popul. seperare,
dont la langue d'oïl avait fait sevrer = sépa-
rer, lequel n'est plus d'usage que dans un
sens spécial. — D. séparation, -cible, L. sépa-
rât ionem, -abilis.
SÉPIÂ, de rit. scpia^ qui est le fr. seiche,
SEPS, lézard, gr. a>5K
SEPT, L. septem, — D. septante. L. septua-
ginta ; septembre, L. septembris (le septième
mois do l'année romaine) ; septénaire, L sep-
tenarius; septennat» L. soptcnnalis; septua-
génaire, L. "septuagenarius.
SEPTEMBRE, voy. l'art, préc.
SEPTENTRION, du L. septent^-ionem^x^r, la
constellation des sept étoiles placées vers le
pùle Nord, puis le nord). — D. septeTUrio-
nal.
SÉPULCRE, L. sepulcrum (sepelire). —
D. sépulcral, L. sepulcralis.
SÉPULTURE, vfr. sepouture, L. sepuïtura
(sepelire).
SÉQUELLE, L. sequela, suite (de sequi).
SÉQUENCE, L. sequentia (sequi).
SÉQUESTRE, personne tierce, médiateur.
arbitre, d6posïta\ve,L, sequester; d'où séques-
trer, L. sequestrare, confier à une tierce per-
sonne, puis éloigner, séparer; de ce verbe
procèdent les subst. verbaux séquestre (action
de séquestrer, état de la chose séquestrée, puis
la chose séquestrée) et séquestration,
SEQUIN, de l'it. secchino, nom d'une mon-
naie d'or; ce dernier est dérivé de xecca
(esp. zeca, seca), lieu où l'on frappe la mon-
naie, lequel, à son tour, reproduit l'arabe
sekkah, coin qui sert à frapper la monnaie.
SÉRAIL, direct, de l'it. serraglio; ce der-
nier vient du mot persan et turc serai, palais,
château. La forme ital. est motivée par une
confusion avec serraglio clôture (de serrare,
enfermer, dér. du L. sera, serrure). Sérail,
signifie en général château, hôtel, et particul.
la résidence du sultan, puis restreint à l'ap-
partement réservé aux femmes, dont le nom
spécial en turc est harem, c.-à-d lieu défendu.
— Voy. aussi caravansérail, pr. hôtellerie de
caravane,
SÉRAN, anc. serans, subst. verb. du verbe
sérancer (cp. élan de élancer). Quant au verbe
sérancer, il reproduit d'après Frisch, approuvé
par Diez, le bas-ail. schransen^ déchirer,
dilacérer.
SÉRAPHIN, de l'hébreu serafim ^subst.
plur.), que l'on interprète par •• les brûlants,
les anges de feu ». — D. séraphique,
SERASQUIER, du turc serasher, chef d'ar-
mée.
SERBEAU, ofidcier de bouche de la maison
du roi, qui recevait des mains des gentils-
hommes servants les plats que l'on desservait
de la table ; puis lieu où l'on portait cette des-
serte. L'ancienne forme du mot était sert-de-
Veau; elle en fournit aussi l'étymologle Cp.
Paris sous Philippe le Bel, par Géraud, p 1 43 :
Jehan ^ sert de Veaue,
1. SEREIN, adj., L. serenus — D. sérénité,
L. serenitas ; verbe rasséréner. Notez encore
l'expr. superlative sérénissime.
2. SEREIN, subst., prov. seren, napol. se-
rena, vapeur froide du soir, esp. sereno, garde
du soir. D'après quelques-uns, dérivé de sera,
soir, mais le suffixe enus étant tout à fait
étranger aux langues romanes, Diez se
demande s'il ne faut pas plutôt admettre un
type seranus, d'où en fr. serain, puis serein ;
celui-ci aurait déterminé le prov. seren, t{\\\ â
son tour serait la source de l'esp. sereno.}A.é-
nage favorise l'étymologie L. serenus, la vapeur
en question se produisant particulièrement
les jours sereins. — Pour ma part, je pré-
sume que le L. «erenus, clair, calme, paisible,
aura été envisagé populairement comme un
dérivé de sera, soir (cp. Caton : in sereno
noctu, par une belle nuit), de sorte qu'il a pu
prendre, outre sa valeur originelle, encore
celle de « ce qui se produit le soir » ; de là
esp. sercnada, prov. sei*ena, chant du soir, et
notre serein, humidité du soir. — Je vois
cette opinion partagée par Storm, Rom.
V, 182.
SÉRÉNADE, voy. l'art, préc.
SÉRÉNE, SERST, voy. l'art, suiv.
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SER
— 464 —
SER
SÉREUX, L. sei'osus (de so'um, petit-lait).
— D. sérosité. — De seriim viennent aussi
serène, machine à battre le beurre, et séret,
espôce de fromage.
SERF, L. servus, — D. servage,
SERFOUIR, peut-être du prov. sos-foire =
L. suf'fodere (cp. pour s== r, prov. asermar
p. a^esmar, vfr. cicesmer). Ou, ce qui sourit
davantage, de serpe-foutrf — Littré, vu l'anc.
orthogr. cerfcA'r, fait venir le mot de ct'rcum-
fodere. — D. serfouette.
SERGE, SAROS. it. sargia, esp. sarga et
sirgo, prov. serga, ail. sarsche, du L. serica^
étoffe de soie, BL. sarica. — D. serger ou
sergier, d'où sergerie.
SERGENT, it. sergente, esp. sargento (anc.
sargente). D'après Grimm, du vha. scafjo (ail.
mod. scherge, huissier). Cette opinion n'a pas
eu de succès. Nous sommes de l'avis de ceux
qui proposent pour primitif le L. servieri'
tem; car le sens foncier du mot n'est autre que
serviteur (* serjant de deu »») et le piémont.
dit encore servient p. le fr. sergent. Le mot
latin servte>item s'est transformé en sergent,
comme salvia en sauge, d'après le principe
de la consonniUcatioii de l't atone devant
une autre voyelle. La fonne servant se rap-
porte à sergent, comme savant à sachant. —
Pour l'application du mot à un outil de me-
nuisier, cp. le mot vaiet, nom de divers usten-
siles.
SÉRIGIGOLE, sériciculture, mots faits sur
le primitif L. sericum. D'autres préfèrent
séricole, -culture, tirés de se7\ latinisation de
cVip, ver à soie. Voj. Littré, Suppl.
SERIE, mot savant, L. séries.
SÉRIEUX, L. seriosus^, forme extensivc do
serius.
SERIN, « nomen habcre putatur a Sireni-
bus, à cause de son chant » (Nicot). t)n effet,
on trouve, dans Hésychius, asonv avec la signi-
fication de petit oiseau. — D'autres, à cause
de la couleur, voient dans serin l'adj. L. citri-
nus, couleur de citron ; étymologie démentie
par le BL.serenaixiv" siècle), défini par « avis
vjridis coloris », donc le serin vert do Pro-
vence. — D. seriner, d'où serinette.
SERINGAT, ou syringa, du L. synnx,
roseau ; cp. le terme ail. pfeifen-kraut.
SERINGUE (Nicot syringue), L. syringa
(Végèce), clystère, lavement. — D. setHn-
guer.
SERMENT, uutr. saireinent et plus anc.
encore sagrement, prov. sagramen, du L.
saci^amentum, m. s. — D. asserYnente7\
SERMON, L. scrmonem, discoui^, nu moyen
âge = homilia. — D. sermonner = L. scr-
monaH (Aulu-Gelle : sermonari rusticius
videtur sed T(ic\m^,sermocinari crebrius estsed
corniptius); sermonnaire.
SÉROSITÉ, voy. séreux.
SERPE, anc. sarpe, instrument de jardi-
nage, du L. sarpere (Festus : sarpei^e antiqui
pro purgare dicebant). Le même thème est au
fond de sarmentum p. sarpmentum, fr. sar-
ment. Le type sarpa est sans doute identique
avec le gr. 5p7r>2, crochet (on connaît la corres-
pondance entre l'esprit rude gr. et Vs latin).
— D. serpette.
SERPENT, L. sayentem (serpere, gr. «/anciv).
En vfr. on disait aussi simpl. serpe, cp. prov.
serp, it. serpe, esp. sierpe. — D. serpenter,
serpentin, -ine.
SERPILLIÈRE, grosse toile d'emballage,
peut-être connexe avec le vfr. serpol, paquet,
trousseau, dont je ne connais pas l'origine.
Littré rapporte notre mot aux serapellinœ
vestes (vieux vêtements) du moyen âge. — Les
mots correspondants sont en esp. arpil-
lera, en angl. sarplier, sarp cloth; Caroline
Michaelis et Baist sont d'avis que le mot. par
son radical arp, sarp, a dû exprimer « toile
qui gratte »• ; toutefois, Baist observe que le
mot peut avoir été rattaché par interprétation
à ces radicaux, et que la véritable origine est
encore à fixer (voy. Grôb. Ztschr., V, 234).
SERPOLET, dim. du L. serpullum, gr.
ipnwUov (prov., esp., port., serpol. it. serpeUo,
scrpilh).
SERRE, voy. lart. suiv.
SERRER, BL. serare, prov. serrar, sarrar,
esp. cen'ar, it. serrarc, d'abord enfermer,
barrer le passage, puis étreindre, presser. La
première signification est encore vivace en fr. ;
•» serrer sou argent », c'est le mettre sous clef.
Le mot vient du L sera, serrure, barre
de clèture, verrou; un verbe latin clas-
sique serare ne se trouve jms, mais bien les
composés ob-serare, enfermer, re-serare et
de-serare, ouvrir. — D. soTe, l. lieu où l'on
serre des plantes, 2. pied des oiseaux de proie,
griffe ; dans les patois aussi = serrure ; ser-
rement, serrure. Composés : en-, res-^ desser-
rei'.
SERRURE, voy. serrer. — D. serrurier,
serrurei'ie,
SERTIR, enchâsser (une pierre précieuse)
dans un chaton ; Diez conjecture une origine
du L. sertum, couronne; donc pr. entourer
d'une couronne. Peut-être le mot est-il p. en-
sertir et vient du L. inserere par le supin in-
sertum. A la vérité, comme m'objecte Diez, il
faudrait serter et non sertir, mais ce vice de
forme affecte aussi notre verbe, s'il vient de
sd'tum, couronne.
SERVAGE, voy. serf.
SERVANT, fém. servante, part. prés, de
se7*vir. Voy. aussi sci^gcnt.
SERVIABLE, = qui aime à scii:ir, mot de
formation peu correcte La bonne forme est
serviçable= BL. servitiabilis ; jeVal rencon-
trée dans Guillaume de Falerne,551, 755. et
elle est encore en cours dans le patois rouchi.
SERVICE, vfr. servise, du L. servitium.
SERVIETTE ; d'après Diez, ce mot est p. scr-
vitette, et vient de l'it. sanyito, service (= plat.»^
servis à table), prov. seinyit = service en gé-
néral. Le professeur allemand n'admet pas
que serviette puisse procéder directement du
verbe se^xir. 11 faut a cet égard lui donner
raison, mais faut-il absolument que serviette
vienne do sertir? L'it. a salvietta, l'osp. sct-
vUleta = serviette, et salvilla = soucoupe ;
cela suggère l'idée qu'il i>oun'ait y avoir au
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SIE
— 465 —
SIL
fond de tous ces mots l'idée de garantir et par
conséquent soit le L. sahare, soit le L. ser-
vare. Quoi qu'on pense du radical, reste tou-
jours l'irrégularité de la terminaison ieUe. On
peut présumer que cotte finale se soit, popu-
lairement, par négligence de la mouillure,
dégagée d'une précédente en illette,
SERVILE, L. seroilis (servus). — D. serm-
lité, -isme,
SERVIR L. servire, — D. sensant, ante;
serviteur, BL. servitor, et serveur,
SERVITUDE, L. servUudo ; vfr. sercitune
représente scrvitudïnemy vfr. serviiute (comme
le prov. servitiii)^ le L. servitûtem.
SES, pronom fplur.), du L. 5o«", contraction
de siios, comme les de iUos,
SESAME, L. sesamum M'soLft.ov),
SÉSÉLI. L. scselis (iî«iw).
SESSION, L. sessionem (sedere).
SETIER, prov. sestier, it. sestiere.es]). sex-
tario, du L. sextaHus (sestus), sixième partie
d'une certaine mesure romaine.
SETON, it. setone, dér. du L. seta, soie de
porc, crin (cp. le terme ail. haarseil),
SEUIL, it. soglia, soglio, prov. sulh, sol,
esp. suela, port, solka, du L. soïea, BL.
soUunif base, seuil (Festus). — Le vha. sitelH
(nha. schtoelle) = seuil, mis en avant par
Chevallet, ne s'accorde pas avec les formes
romanes.
SEUL, L, solus, — D. seiilet; verbe esseu-
1er.
SÈVE (l'Acad. écrit sève), prov. saba, du
L. sapa, jus, mot congénère avec le vha. saf
(nha. saft), angl., néerl. sap.
SÉVÊR», L. severus, — D. sévérité, L.
severitatem.
SÉVICES (plur.), L. sœcitia, cruauté.
SÉVIR, L. sœvire (de sœvus, cruel).
SEVRER, pr. séparer le nourrisson de la
mère ; voy . séparer,
SEXAGÉNAIRE, L. scxagenarius,
SEXE, L. sexus. — D. sexuel, L. scxualis.
SEXTE, L. sextus; sëxtuflk> L. sextu-
plus.
SHAKO, mot hongrois.
1. SI, adv., L. sic. Voy. aussi les art. ainsi
et aussi. Le même mot s'est substantivé avec
le sens do « condition »>, dans l'anc. loc. par
U7i tel si.
2. SI, conjonction, vfr. se, du L. si. Com-
posé Si)107î.
SIBYLLE, L. sibi/Ua, — D. sibyllin.
SICAIRE, L. sicarius (de sica).
SICCATIF, SICCITÉ, du L. siccus, sec.
SIDÉRAL, L. sidei'alis (si du s, -eris).
SIECLE, L. sœculurn (seculum, seclum). —
La fonne seclum, par la vocalisation du c mé-
dial a donné en vfr. seule (cp. vfr. reule de
régula).
SIEGE, it. sedia, seggia, et sedio, seggio,
direct, de BL. sedium = sedes; du dérivé
sedlare", fr. siéger, qui à son tour a donné le
subst. verbal si(^ge = action de siéger. —
Cp.>?. assiégea', BL. it. assediare, esp. asediar,
SIEN. voy. miai, *
SIESTE, de l'esp. siesta, qui est le L. sexla,
sixième heure du jour ou midi ; de là le verbe
esp. sestear, faire la méridienne.
SIEUR, voy. seigneur, Nodier expliquait
cavalièrement le mot par la formule abrévia-
tive S*"" = seigneur! — Cps. monsieur;
pourquoi tolère-t-on ce monsieur et non pas
cette madamsf
SIFFLER, prov. chiflar, du L. sifilare
(Non. Marc). La forme sibilare a donné
prov. siblar siular et vfr. sibler. — D. sifflet,
SIGILLÉE (terre), marquée d'un sceau, L.
sigillata (sigillum).
SIGISBÉE, imitation de l'it. cicisbeo, dans
lequel Pasqualino (cité par Diez) voit fr.
chiche + beau ! L'it. cicisbeo est-il le dérivé
ou le primitif du verbe cicisbearet Je n'en
sais rien; en tout cas, son étymologie est
encore à trouver.
SIGLE, du BL. sigla, -orum, signes abré-
viatifs (p. singla, singula, monogrammes?).
SIGNAL, it. segnale, du BL. signale (si-
gnum). — D. signaler, d'où signalement,
SIGNE, L. signum; dim. signet (la pronon-
ciation stnet est un souvenir du vfr. sinet,
dim. de la forme sin, voy. tocsin) \ signer,
L. signare; signal (v. c. m.j. Voy. aussi
seing.
SIGNER, L. signare (signum) — D. signa-
ture, signataire,
SIGNIFIER, vfr. senefier, L. significare,
marquer d'un signe, désigner. — D. signifi-
cation, L. -ationem ; significatif, L. -ativus ;
part. adj. signifiant, insignifiant, subst. si-
gni fiance.
SIGNOLE, voy. soigmle,
SIL, L. sil.
SILENCE, L. silentium (silere). — D.^t/en-
cieux, L. sileutiosus.
SILEX, mot latin, = caillou. — D. silice,
L. siliceus; siliceux,
SILHOUETTE; c'est le nom d*un contrôleur
général des finances sous Louis XIV, dont les
opérations infructueuses éveillèrent la raille-
rie des Parisiens et leur firent désigner par le
mot silhouette tout ce qui présente un aspect
triste, mesquin, imparfait. C'est ainsi qu'on fit
des portraits à la silhouette tirés de profil
d'après les contours de l'ombre d'une chan-
delle. Voy. Mercier, Tableau de Paris, et
Sismondi, Histoire do France, XXIX, pp. 94
et 95 — D. silhouetter,
SILIQUE, L. siliqua, — D. siliqueux,
L SILLER, fendre les flots. D'après Diez,
du nord, sila, couper, diviser (pour \l mouillé,
cp. piller de pilare). Diez rattache à ce verbe
le subst. sillon, qu'il a raison de ne pas faire
venir du L. sulcus. — Nous ne sommes pas
rassuré "^ur la solidité de Tétymologie mise en
avant par le linguiste allemand. D'abord, le
terme d'agriculture sillon est-il réellement
tiré de siUer, qui parait être une expression
exclusivement maritime? Puis ce dernier ne
peut-il pas aussi bien n'être que la forme
mouillée du vfr. sigler (auj. cingler, v. cm.),
cp. fr. étrille, du L. strigilis; ou la représen-
tation d'un type latin secidare, dim. de secare,
couper (cp. it. segare = siller)? Ce dernier
30
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SIN
— 466 —
sm
type seculare conviendrait également au terme
agricole siller (inus.), d'où procèdent sillee
(fosse creusée autour de la vigne) et sillon. Il
est vrai que strictement seculare devrait faire
seiller, mais n*avons-nous pas de fréquents
exemples de Taffaiblissement de et ou ai en if
Et d'ailleurs seiller s'est dit p. siller. Ce qui
appuie cette dernière étymologie, c'est le BL.
sica, sillon, et la forme seillœi du vfr. et du
dial. de Berry, p. sillon. On peut comparer
encore, pour le rapport des idées, L. incile,
fossé, rigole, dérivé de in-cidere, entailler,
d'où it. inciffliare, sillonner pour la seconde
fois.
2. SILUBR, en t. de fauconnerie, coudre
les paupières d'un oiseau de proie, p. ciller;
du L. cilium, cil. — D. dessiller.
SILLET, t. de luthier, de la mémo famille
que sillon ; c'est pr. une fissure.
SILLON, voy. siller 1. — D. sillonner.
SILO, fosse à grains, de l'esp. silo, qui à
son tour repi'ésente L. sirus, gr. cupôi.
SILURE (aussi par transposition siruk), L.
silurus (gr. alloupoi),
SILYES, t. de littérature, recueil, mélan-
ges, it., esp. selva, du L. silva, forêt, bosquet,
bouquet, recueil.
SIMAGRÉE, prob. de la formule si, nC agrée
= oui, c«la me convient; la répétition de ces
mots dénote une obséquiosité fastidieuse, une
courtoisie affectée. Cette étymol., que je ren-
contre dans le Dict. de Brachet, peut convenir
jusqu'à meilleure information. Déjà Frisch
avait indiqué la formule s il m'agrée, qu'il dit
avoir désigné un jeu. Toutefois, il est bon de
noter qu'à l'origine on disait cimagrée,chima-
grée. — J'ai depuis longtemps abandonné mes
étym. par simulacrum ou par simius,
SIMARRE, vfr. chamarre, it. jrimarra,
voy. chamarrer,
SIMILAIRE, L. similaris (similis) ; simili-
tude, L. similituclo.
SIlflLOR, mot industriel, fait de L. similis
auro, qui imite l'or; cp. l'ail, schein-gold.
SIMONIE, trafic des choses saintes ou dos
bénéfices ecclésiastiques, de Simon le magi-
cien, qui voulait acheter le don de conférer le
Saint-Esprit. — D. simmiiaque, BL. simo-
niacus.
SIMPLE, L. simplus (fonne accessoire de
simpleœ). — D. simplesse*, simplete'; simpli-
fier.
SIMPLICITÉ, L. simplicitatem.
SIMULACRE, L. simulacrum,
SIMULER, L. simulare. Voy. aussi sem-
bler.
SIMULTANÉ, mot moderne, tiré d'un type
latin simultaneus, forgé sur la base du BL.
simultim, en même temps. — D. simulta-
fiéité.
SINAPISER, gr. atvxTrfJuv, doù subst.
atvvni'jjji^:, fr. sinapisme. Voy. aussi sénevé,
SINCÈRE, L. sincerus, — D. sincérité, L.
sinoeritatem.
SINCIPUT, mot latin (litt. moitié de la tête).
SINDON, mot latin => linceul, venu lui-
même du gr. fftvobiiy, toile des Indes.
SINÉCURE, mot reçu des Anglais et formé
du L. sine cura, sans soin, sans occupation
réelle.
SINGE, L. simius. — D. singer, singerie,
SIN6LER, t. d'architecture, = contourner
avec le cordeau, p. cingler, formé du L. ciiigu-
lurn, dér. de cingere.
SINGULIER, vfr. singuler, L. singularis
(singulus), d'où singularité, L. singularita-
tem ; verbe singularisei",
SINISTRE, 1. a(y., malheureux; 2. subst.,
malheur. Voy. setiestre.
SINOPLE, en t. de blason = vert, corres-
pond à it. senopia, port, sinopla, angl. siTW-
per. Malgré la différence de la couleur dési-
gnée par ces mots, ceux-ci viennent du L.
sinopis, fer oxydé ligneux rouge nommé
d'après la ville de Sinope. Il y avait doux
espèces de ifino/)w,à juger d'après un texte de
1 400 cité par Ménestrier : « sicut et in urbe
Sinopoli rubicundum invenitur et viride dio-
tum sinoplum... sinoplum utrumque venit de
urbe Sinopoli »». J'ai reproduit à peu près,
dans ce qui précède, l'art, sinople du Dict. de
Diez, mais il me semble qu'il renferme deux
étymologies distinctes : celle tirée de Sinope
n'exclut-elle pas celle de Sinopolis, qui est en
tout cas celle qui se recommande le plus par
la forme?
SINUS, mot latin, employé dans les
sciences mathématiques et dont la langue
commune a fait sein. — D. sviueuw^ L.
sinuosus, d'où sinuosité.
SIPHILIS, SYPHILIS, t«rme médical, d'ori-
gine inconnue. Il a été appliqué en premier
lieu par Fracastor dans son poème sur la
maladie vénérienne.
1 . SIPHON, it. sifone, tuyau recourbé, du
L. sipho (ïfçwv), tuyau, jet d'eau.
2. SIPHON, trombe, du gr. a^^^wv, m. s. ;
c'est le même mot que le précédent.
SIRE, voy. seigneur. — Il faut espérer que
les étymologies tour à tour tentées, telles
que : gr. i?/5«;, gr. xO^io;, L. herus, celt. seir
(soleil), ont définitivement fait leur temps.
SIRÈNE, vfr. seraine, L. sire7i (ïu/sïjv).
SIROC, vent du sud-est, it. scîrocco, sci-
locco, sirocco, esp. xirque, xaloque; de l'arabe
^arki, oriental. Des pays occidentaux le mot
est revenu à l'arabe, transformé en y'aloek,
sjeloek, ^oloek.
SIROP, it. siroppo, sciroppOy sciloppo, esp.
ûoarope, prov. yssarop; de l'arabe sjarâb,
sjorba, m. s., pr. boisson. Voy. aussi sor-
bet.
SIROTER; d'origine inconnue. Plusieurs
pensent que siroter vient irrégulièrement de
sirop, comme tabatière de tabac.
SntVENTE, prov. sirvente et sirventesc
(adj., d'où le vfr. servatitois), pr. un poème
composé par un ménestrel au se7'vice de son
maître ; il peut exprimer soit le blâme ou la
louange et forme opposition aux chants
d'amour. Voy. Diez, sur la Poésie des Trou-
badours f éd. ail.), p. m, et Wolf, sur les
Lais, p 306. — D'autres pensent que sirt>en-
tesc vient direct, de sirvente (L. servieniem).
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soc
— 467 —
SOI
au sens spécial de servent, soudoyer; voy.
Rom., X, 264.
SIS, voy. seoir.
SISON, L. sison (ïi^wv).
SISTRE, L. sistrum (>jû'STpov).
SISTMBRE, L. sisymbrium (iiyùfi^piov).
SITE, L. situs (gén. sitiis), — D. verbe
situer f placer, d*où part, situé et subst.i^i^wa-
tion.
SIX, L. sesc, — D. sixième, sixain, sizette
^eu de cartes^.
SIXTE, it. sesta, du L. sextus.
SIZERIN, linotte, appartient comme le
champ, sizettes, petits oiseaux, à la famille
du mha. zisig (aiy zeisig), dim. zis-lin, bas-
all. zieske, angl. siskin, m. s.
SLOOP, de l'angl. sloop, néerl. slœp, dan.
sïuppe. Voy, aussi chaloupe,
SMOGLEUR, de Tangl. smuggle, nôerl.
smokkelen, ail. schmuggeln, faire de la con-
trebande, qui tiennent au suéd. smyga, intro-
duire clandestinoment.
SOBRE, L. sofnius, d*où sobrietas, fr. so-
briété (l'anc. fr. avait le subst. sobresse).
SOBRIQUET, ané. aussi sotbriquet, d'après
Diez, composé de sot et du vfr. briquet (mau-
vais drôle, = it. bricchetto, petit âne). Je
doute fort de cette étymologie, tout en la pré-
férant à celles tirées de subridiculus (Ménage)
ou de supra quest^ acquis par-dessus. Quelque
patois dévoilera un jour la véritable origine.
Pour le moment j'imagine un type supricare
(de supra) => surÉgouter(cp. l'expr. surnom);
l'orthographe sotbriquet pourrait bien n'être
qu'un effet du désir de prêter un sens à un
vocable incompris. Le lat. super, supra a
donné aux patois du midi le verbe sourâ,
être de trop == suprare; de là à sobriquet il
n'y a pas plus loin que de tourner* à tourni-
quet. Le picard a surpiquet, qui se comprend
mieux, et qui, au besoin, peut être envisagé
comme la forme normale : sorpiquet, sopri-
quet, sobriquet. — On trouve dans un texte
du XIV® siècle soubzbriquet avec le sens de
coup sous le menton. — Lo sens premier du
mot étant « coup sous le menton » (cp. sous-
barbe), Bugge (Rom. , III, 198j rappix)clie l'it.
sottobecco, même sens, dont le dim. sottobec-
chetto répondrait à une forme soubzbéquet
(petits coups sous le bec), d'où sobriquet par
insertion de l'r comme dans fanfreluche, pim-
prenelle, etc. Cette explication est acceptable,
si l'on part de l'idée que le sens antérieur à
«» surnom »» a été « propos railleur, bon mot »,
ce qui est probable.
SOC, BL. socus : on balance entre gaél.
soc, cymr sioch, m. s., et L. soccus, soulier
(à cause de la pointe recourl)ée du soc de
charrue).
SOCIABLE. L. sociabilis (sociare). — D. 50-
ciabilité, sociabiliser.
SOCIAL, L. socialis (socius). i— D. néolo-
gismes socialisme, socialiste.
SOCIÉTÉ, L. societatem (socius). — D. socié-
taire.
SOCLE, it. zoccolo, esp. zocalo, zoclo, zueco,
du L. socculus, soulier, d'où le sens : base,
piédestal. Cp. seuil de solea. — Voy. aussi
l'art, souche.
SOCQUE, L. soccus, chaussure.
SODOMIE, de la ville de Sodome.
SŒUR, vfr. sor, soer, suer, du radical sor
du L. soror, -oris; le vfr. avait aussi francisé
le mot latin, pour le cas-régime, en seror,
sereur. Du dér. sororius, il avait fait seroi'ge
= beau-frère f encore en usage dans les patois).
— D. sœurette.
SOFA ou sopha, de l'arabe çoffah, estrade
élevée couverte d'un tapis; d'après Freitag
= banc de repos placé devant la maison.
SOFFITB, t. d'architecture, directement de
l'it. soffUto, m. s., -qui est le L. suffictus
(p. suffixus).
SOI, pronom, voy. se.
SOIE, it. seta, esp., ppov. sedu, vha. sida,
nha. seide, irl. sioda, cymr. sidan. La source
de tous ces vocables est le L. seta, poil long
et rude de certains animaux, surtout du
cochon, signification encore propre au mot
fr. et esp. La signification « fil de soie »» est
venue au mot seta par ellipse. On disait
d'abord seta serica = fil do soie, puis on s'est
contenté de dire tout court seta pour exprimer
la même chose ; le terme générique a absorbé,
comme souvent, le terme spécifique. Il est
curieux de voir les termes gr. parafa, fil, et
l'esp. pelo (= fr. poil), crin, revêtir, par un
procédé identique, l'acception spéciale de soie
brute. — Les étymologies par L. sindonl'jiviitv),
mousseline, gr. aiî^, gén. çTité;, mite, etc.,
sont dépourvues de fondement. — D. soierie,
soyeux. Voy. aussi satin et séton.
SOIF, vfr. soi, soit, prov. set, it. seto, du
L. sitis. La finale /"p. t est l'effet d'une muta-
tion qui se présente parfois. Cp. vfr mœuf
de modus, bleif, blé, de bladum, faudestuef"
(fauteuil) p. faudestuet*, nif de nidus et le
nom propre Maimbeuf du vha. Meginbod (L.
Magnobodus), — Grœber (Ztschr., II, 460)
est d'avis que, dans ces mots, la finale f était
dans le principe une simple addition graphi-
que; cette opinion est conibattuo par G. Paris ^
(Rom., VIII, 135). — Je ne puis me rallier à
l'opinion de Diez (dern. éd ), d'après laquelle
la finale f dans soif se serait produite sous
rinfluence de Tall. saufen, boire.
SOIGNER, voy. soin.
SOIGNOLE, vfr. ceoignole, piston de pompe,
du L. ciconiola, dim. de ciconia (vfr. soigne) ;
Isidore : hoc instrumentum (telon) Hispani
« ciconiam »» vocant. En effet, l'esp. ciguena
signifie manivelle, bascule de pompe. — Lit-
tré n'a pas recueilli le mot soignole, bien que
fort répandu en province ; il en donne cepen-
dant la variété signole (dévidoir construit sur
l'axe d*un treuil), mais sans étymologie.
SOIN, vfr soing, patois sogne, prov. sonh,
voy. l'ai-t. besoin. — D. soigner, soigneux.
SOIR, prov. ser et sera, it. sera; du L.
seynxm, temps avancé de la journée (cp. le
sero diei de Tacite) . L'esp. dit, de la même
façon, tarda p. soir, du L. tardus. — û. soi-
rée (it. serata).
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SOL
— 468 —
SOL
SOIT, conjonction, 3* pers. du prés, du
subj. du verheêlre, = L. sit.
SOIXANTE, vfr. seisante, L. scœaginta,
1 . SOL, terroir, L. solum.
2. SOL, SOU, vfr. soU, it. solde, esp. sueldo,
du L. solidus s. e. nummus, pr. monnaie
épaisse (opposée à la monnaie bractéate), puis
monnaie d'or ou d'argent de valeur variable.
— D. BL. solidare, soldare, fr. solder,
payer; de là le subst. verb. solde {it. solda,
esf^, sueldo, prov. sout, ail. sold). puis les
formes participiales it. soldato, esp. soldado,
fr. SOLDAT, pr. militaire à gage, mercenaire.
A un type solidarius ressortissent les formes
vfr. et angl. soldier = soldat; à soldalarius,
prov. soudadier, vfr. soudeiei\ soudoier. Du
radical sold, combiné avec le sufifixe germ.
ard, provient le mot soudard. — Une dériva-
tion ultérieure de solder est le verbe soudoyer
(type lat. soldicare), payer qqn. pour faire
qqch. (il faut en distinguer l'adj. vfr. sou-
doyant, souduiant, séduisant, qui est le L.
subducêfitem).
SOLAS', SOULAS, prov. solatz, esp. solas,
it. solas2o, du L. solattum. — D. sol acier,
soulacier", prov. solassar, esp. solazar, con-
soler.
SOLACEBR, voy. l'art, préc.
SOLAIRE, L. solaris (sol).
SOLBATU, litt. frappé à la sole; cp. œur-
batu, — D. solbature.
SOLDAT, voy. sol 2. — D. soldatesque, de
rit. soldatesca. — Les ^o/t/wn'i gaulois, men-
tionnés par Jules César, n'ont rien à faire
avec la racine du mot soldat. Le mot csl tra-
duit en grec, par Nicolaus Damasc. ap.Achc-
naeum,' Deipn., par «Xoôowpo;, et il se peut
bien qu'il soit ibérique (voy. Diefendach, Ori-
gines Europaeae, p. 421).
1. SOLDE, paye, voy. sol 2.
2. SOLDE, règlement de compte, subst.
verbal de solder 2.
1. SOLDER, donner une paye, voy. sol 2.
2. SOLDER (un compte), it. saldare, du
BL. solidare, soldare, m. s., pr. affermir,
régler. — D. solde (de compte), it. saldo. —
Le même mot latin solidare, dans son accep-
tion naturelle de raffermir, a donné le verbe
fr. souder, it. saldare, esp. soldar.
1 . SOLE, t. d'agriculture, forme féminine
de sol = h. solum. — D. assoler, dessoler.
2. SOLE, le dessous du pied (d'un cheval) et
autres objets marquant base, support, pièce
plate de dessous, it. suola, prov. sol, sola,
esp. suela, ail. sohle, du L. solea, plante du
pied, semelle. Voy. aussi soulier.
3. SOLE, prov. solha, it. soglia^ poisson do
mer plat, du L. solea, m s. (Pline).
SOLÉCISME, L. solœcismus, du gr. 99)01
xi7fiôi, pr. la manière vicieuse de s'exprimer
propre aux lôlotMi, c.-à-d. aux habitants de
Soles en Cilicie. Du verbe aoiotxfjuv, on a
fait soléciser.
SOLEIL, prov. solelh,d\i L. solicul us, dïm.
de sol; la forme diminutive est fondée, comme
celle de tant d'autres vocables (p. ex. oreille,
genouil", abeille, sommeil), sur une tendance
à prêter au mot plus de corps et de sonorité.
— Le simple sol est resté dans l'it. sole, cat.,
esp., port. sol. — D. ensoleiller.
SOLEN, espèce de coquillage, L. solen
(aw)>jv).
SOLENNEL, L. solennalis*, extension de
solennis, d'où aussi le subst. solennité, L.
solennitaiem, et le verbe solenniser.
SOLFÈGE, de l'it. solfeggio. Ce dernier est
le subst. verb. du verbe solfeggiare (= esp.
solfear et fr. solfier), qui, à son tour, dérive
du subst. sol fa (it., esp., port., prov.) =
gamme. Quant à ce solfa, voici comment on
l'explique : Les syllabes musicales, introduites
par Gui d'Arezzo, ut, re, mi, fa, sol, la, font
à rebours la, sol, fa, mi, re, ut; les trois pre-
mières ont fourni lasolfa, puis la ayant été
pris pour l'article, il est resté solfa tout court.
SOLFIER, voy. l'art, préc.
SOLDE, vfr. soude, du L. solidus (de sol-
lus*, entier, ^= gr. SUi). — D. solidité, L. soli-
ditatem ; solidaire (d'où solidarité), solidifier.
SOLIER, grange, du L. solarium (sol),
plate-forme, terrasse, balcon; au moy. âge,
le plus haut étage d'une maison ; cp. ail. sol-
1er fde môme origine), grenier, galetas, ni.
solder, angl. sollar.
SOLILOQUE, L. soliloquium, traduction lit-
térale du gr. ij.'ivo).o'/'.'x (voy. monologue).
SOLIPEDE, it. solipeda, contraction du L.
solUlipcs, 'pedis = dont le sabot est entier
(solidus), non fendu.
SOLITAIRE, L. soUtarius (solus).
SOLITUDE, L. soliiudo.
SOLIVE ; l'étymologie de ce mot n'est pas
fixée ; les langues sœui^ ne l'ont pas. On a
proposé comme source : Frisch, le L. solum,
base (la solive serait donc pr. un soutien, un
étai); Du Cange, l'ags. syl, colonne; d'autres
le bas-brct.i-d/, poutre; mais la dérivation par
ivus fait difficulté. Isac Vossius pensait au L.
sublica (accent sur Vi), pieu ; on pourrait au
besoin, pour cette étym., admettre la filiation
suivante : soulie, puis par intercalation de v,
soulive, solive, mais la signification satisfait
peu. Diez conjecture une composition solum,,
sol -\- vfr. ive = equa, cavale, dans le sens
figuré de poutre (v, c. m,) ; puis il indique
aussi l'esp. solivio (= L. sublevium), do subie-
vare, soutenir, appuyer. Si l'existence d'un
vfr. soîieve, au sens de support, était consta-
tée, l'étym. subJevare ne laisserait plus de
doute. — D. soliveau, solivure.
SOLLICITER, L. sollicitare. Voyez aussi
soucier.
SOLLICITUDE, L. sollicitudo (de sollicitus,
dont le sens étymologique est •• fortement
agité »»).
SOLO, mot it., =^ L. solus, fr. seul.
SOLSTICE, L. solstitium (litt. arrêt du
soleil).
SOLUBLE, L. solubilis (de sol ver c, dis-
soudre).
SOLUTION, L. sohUioncm (solvero).
SOLYAfiLE, mot mod. tiré du L. solvere,
dans son acception do payer. — D. solvabi-
lité.
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SOM
— 469 —
SON
SOMBRE ; Diez est d'avis que cet adjectif
(qui a donné le néerl. somber) est identique
avec le cat., port., osp. sombra, = ombre.
Quant à ce dernier, il dérive d'un verbe som-
brar, mettre dans l'ombre (il n'existe qu'à
l'état de composé, a-sombrar). Or, ce verbe
est, .selon la conjecture do Dicz, une contrac-
tion de soombrar, qui répond à un type L.
sub-umbrare. Cette coiyecture est fortement
appuyée par l'existence du prov. satz-umbrar,
ombrager. On trouve en vfr. aussi le mot
essombre, lieu ombragé (Godefroy le consigne
avec les valeurs 1 . tx)rro sombrée, 2. bois de
lit), lequel accuse un type ex-umbrare; Burguy
estime que sombra pourrait en être formé par
aphérèse. Cette opinion ne me semble pas fon-
dée. Je crois que la filiation subumbrarey
so-ombrar, sonibrar, satisfait parfaitement.
Elle gagne en vraisemblance par le rappro-
chement de la suivante : sub-undare, jeter
dans l'eau, so-ondar, esp. sondar, fr. sonder.
Elle se contîrme encore par le verbe fr. scum-
brer (couler bas, pr. disparaître sous les
eaux), qui présente une métaphore très natu-
relle de sub-umbrare» — Ce qui est digne
d'attention, c'est le passage du subst. sombra,
ombre, à l'état adjectival sombre, = qui est
dans l'ombre. — Voy. aussi l'art, suivant.
1. SOMBRER, couler bas. A l'appui de
l'étym. donnée à ce verbe par Diez (voy. l'art,
préc), je dois mentionner encore que l'exis-
tence de L.subumbrare aux iv% v® et viii® s. a"*
été constatée par Rônsch; mais une nouvelle
explication de notre verbe a surgi. Wedg-
wood (Rom , VIII, 439; pense que somlrer
est indépendant de sombre; il le rattache au
norois sumbla, abîmer, engloutir, norm.
sumla, couvrir d'eau. C'est donc, selon toute
apparence, un terme maritime emprunté aux
Normands.
2. SOMBRER, donner le premier labour,
en parlant des jachères. Ce mot est-il identique
avec le précédent? Je n'oserais l'affirmer, mais
il me semble que l'étym. do Littré par BL.
sombrum, anni aetas qua ager primum pro-
scinditnr (Du Cange) et, par conséquent, par
l'ail, sommer, été, mérite toute considération ;
je trouve encore chez les Allemands le terme
« ein feld sommern » dans le sens de notre
sombrer.
SOMMAIRE, adj. et subst., voy. somme 2.
SOMMATION, voy. sommer \ et 2.
1 . SOMME, sommeil, it. sonno, prov. som,
son, du L. somnus{p. sop-nus). — D. sommeil,
prov. sonelh, dimin. (sans valeur diminutive,
comme soleil, etc.), qui a remplacé somm^,
sans doute, pour le diiTérencier de deux
autres homonymes.
2. SOMME, quantité totale, du L. summa,
pr. le total principal (de summus, p. supmus,
superlatif de super us). — D. sommer (v, c.
m.), taire la somme; sommaire, qui ne donne
que les choses essentielles, principales, L.
summarins*^; sommier, registre, L. summa-
rium.
3. SOMME, vfr. some, charge, it. salma,
soma, esp. salma, xalma, enxalma, ail. saum;
du BL. salma,onus, sarcina, qui est p. sagma
et tiré du gr. gkyiia, m. s. Isidore : sogma
quse corrupte vulgo salma dicitur. Pour la
mutation de g en l, cp. smxtragdus, it. sme-
raldo, d'où fr. émeraude. — D. sommier,
sommelier, assommer (voy. ces mots). —
Notons encore que Rônsch établit pour le mot
roman salma la succession de formes suivante :
sagma, sauma, salma (voy. Grôb. Ztschr.,
III, 103).
SOMMÉ, voy. somm^,
SOMMEIL, voy. somm^, — D. sommeiller,
SOMMELIER, d'après Tobler (Rom., U,
244) un dérivé direct do sommier =^ bête de
somme; donc, p. sommerier, cp. vfr. eontra-
lier p. contrarier, sorcellerie de sorcier. Le
premier sens était « qui mène une bête de
somme «* ou « qui a les bêtes de somme sous
ses ordres « . De là s'est dégagé celui de « is,
cui sagmata seu onera commeatuum ac prae-
cipue panis et vini commissa erant », donc
officier chargé des grandes provisions d'une
maison, puis particulièrement celui de cavier.
— D. sommellerie.
1. SOMMER, faire la somme, voy. somme
2. — D. sommation, t. de mathématiques.
2. SOMMER, faire un dernier et suprême
avertissement. Les uns prennent ce verbe
pour un dérivé de «wmwM*, suprême, d*autres
y voient une variété du vfr. semoner, donner
assignation, variété de semondre (v. c. m.),
qui est le L. submonere. Ce dernier type a,
en eflet, pu donner successivement somoner,
sommier, sommer (cp. le nom de rivière
Somme, de Somona). — D. sommation,
SOMMET (d'où l'angl. summit), dimin. du
vfr. som (•« en som », = en haut, « à som »,
c=s à bout), qui, ainsi que Tit. sommo, prov.
som, esp. somo, vient du L. summum, som-
met, extrémité. Le môme type latin aurait
au.ssi, selon Diez, produit le subst. fr. son,
pr. la partie du blé moulu qui reste « en
haut » du tamis. — Notez encore comme dé-
rivé de som le vfr. sommer, mettre le couron-
nement, d'où le terme de blason •• sommé » .
1. SOMMIER, cheval de somme (BL. sag-
marius), 2. cofi're de voyage, matelas (accep-
tions déduites de somme, charge, chose
lourde), 3. par métaphore (cp. les mots poutre
et chevalet t = poutre, solive, support. C'est
un dérivé de somme, charge, fardeau.
2. SOMMIER, registre, grand-livre où s'ins-
crivent les sommes reçues, voy. somme 2.
SOMMITÉ, L. ^ammiYa^^m (summus).
SOMNAMBULE, mot de création moderne,
= qui ambulat in somno, — D. somnambu-
lisme.
SOMNOLENT, L somnolentus (somniis). —
D. somtiolcnce.
SOMPTUAIRE, L. sumptuarius (desumptus,
dépense); somptueux, L. sumptuosus = qui
demande de grands frais. — D. somptuosité.
1. SON, adj. ou pron. possessif, voy. mon.
2. SON, partie grossière du blé moulu. Trois
explications sont en présence : 1 . = la partie
du blé qui reste en haut, « in summo » , du
tamis (Diez) ; — 2. le BL. seonnum engage
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SOR
Littré à supposer Texistence d'une forme vfr.
SC071, dans laquelle il est disposé à voir secim-
r/«.v (cp. yfr. scon, selon, == secundum); le
son serait ainsi « la seconde mouture «. Sëon
existe, en effet, ainsi dans KustacheDecbamps,
p. 197 (cité par Fœrster, Grôb. Ztschr., III,
Î<f62) : trible pur de seoii, — G. Paris (Rom.,
VIII, 628), et c'est la 3" explication qu'il nous
reste à produire, est amené à remonter de
seon à jedon^ pour lequel, à titre de simple
conjecture, il propose pour étymon L. seta,
qui a donné au gr. mod. ^lira, «(ra, tamis,
et au fr., par le dérivé setaceum, les mots
seas* sas (v. c. m.). 11 admet toutefois l'admis-
sibilité d'une explication par seciindus,
3. SON, bruit, L. sontis, — D. sonnet, vfr.
soneC, it. sonetto, dimin. de5o«,anc. = bruit
d'une petite cloche, cbansonnette, petit chant.
Cp. motet de mot.
SONATE, de l'it. sonata (sonare).
' SONDER, pr. descendre sous l'eau, d'un
type latin sub-undare, voy. sombre, — D.
subst. verb. sonde, instrument pour sonder,
esp. sonda.
SONGE, L. somnium; verbe songbr, L.
somniaH,
SONNER, L. sonare (sonus). — D. sonneur ,
-erte, sonnette; sonnaille, type L. sonactda,
d'où sonnailler, verbe, et sonnaUler, subst.
SONNET, voy. «on 3.
SONORE, L. sonorus (sonus). — D. sonorité.
SOPHA, voy. sofa.
SOPHISME, gr. adfi'îfia-^ SOPHISTE, gr.
coflt-nii (de (TOî>f|s«r&at, abuser de la philoso-
phie); &àj. SOPHISTIQUE, gr. ffOÇ>t7Ttxo,-, d'où
sophistiquer, subtiliser, s'écarter du vrai, user
de faux arguments (d'où le subst. sophisti-
querie), puis (sens particularisé) falsifier, fre-
later des drogues.
SOPHISTIQUER, voy. sophisme,
SOPORATIP, du L. soporare (sopor), en-
dormir.
SOPORIFÉRB, -PIQUE, du L. soporifer\
-ficus\
SOPRANO, mot it., la voix de dessus, dérivé
du L. supra,
1 . SOR, variété orthogr. de saur (v. c. m.).
2. SOR (oiseau) = qui n'a pas encore mué,
qui est encore roux ; le même mot que saur.
J'abandonne l'étym. essorer, prendre son vol,
que j'avais émise dans ma 1" éd.
SORBE, L. sorbum. — D. sorbier.
SORBET, it. sorbetto, esp. sorbeta, angl.
sherbet; du persan sjerbet, sorbet, lequel est
de la même famille que l'arabe ^ariba, boire.
— D. sorbetière.
SORCELLERIE, du verbe sorceler\ voy.
sorcier.
SORCIER, d'un type latin sortiarius (l'it.
sortiet^e et l'esp. sortere accusent un type sor-
tarius), du L. sors, sortis; donc pr. diseur de
sort, de bonne aventure. — D. sorceTne'; vfr.
sorcerer et sorceler; cps. e>isorcerei\ auj. en-
sorceler.
SORDIDE (mot de façon savante p. sorde),
L. sordidus. — D. sordidité.
SORET, voy. sauret.
SORITE, L. sorites, gr. ocaf^iitru.
SORNETTE, selon Diez, du cymr. stom,
bagatelle, baliverne; selon Huet, du breton
sorc'hen, bavardage. Le Duchat, rattachant
sornette au vieux mot fr. sorne, crépuscule,
prov. som, sombre, y voyait un dérivé de
serotina s. e. fabula, un conte de veillée. D.
se peut que sorne (voy. l'art, sournois) et sor-
nette se tiennent, mais bien certainement l'un
et l'autre sont étrangers au L. serotinus. —
En Berry, sornette s'emploie p. sobriquet. —
Le vfr. et les patois ont un verhe somer, dire
des sornettes.
SORT, destinée, L. sors, sortis. De ce der-
nier vient le verbe latin sortiri, it. sortire, fr.
SORTIR (prés. it. io sortisco, fr. je sortis),
obtenir en partage, obtenir, recevoir (n'est
plus usité que dans la locution « sortir son
effet "). Voy. aussi ressortir 2.
SORTE, it. sorta, espèce, manière, tiré du
L. sors, au sens de manière d'être, condition.
— D. assortir (v. c. m.); sortable, de sorte
convenable.
SORTILiOE, L. sortilegium*, de sortilegus,
devin, prophète.
1. SORTIR (prés. j> 50^5), voy. sort.
2. SORTIR (prés. Je sors), it. sortire (prés.
io sorto), passer du dedans au dehors, en vfr.
aussi =a s'échapper, prov. sortir, sauter, faire
sauter, esp, surtir, port. 5Mrrfir, jaillir. On'
a rattaché ce verbe au L. sortiri, pris dans le
sens de faire un partage, en se fondant sur
l'analogie de partir du L. partiri, diviser,
séparer, mais différentes considérations tant
de forme que de signification s'opposent à
cette étymologie. Si l'on considère que les
patois emj)loient JaiY/fV comme synonyme de
sortir (en Berry on dit « à la jaillie de la
messe »), que l'esp. surtir signifie iaillir, et
que L. ex-perrigere, par son particii)e ex-
perrectus, a produit le vfr. espertir, éveiller
(cp. it. erto = erectus), on acceptera volon-
tiers, pour le sens et la forme, l'étym. mise en
avant par Ménage et Frisch et partagée par
Diez, savoir le type surrectire (par surrectus,
participe de surgere). La signification étymolo-
gique du verbe serait ainsi « faire surgir, faire
sourdre (v. c. m.), faire jaillir » . Elle est encore
sensible dans les applications : sortir de table;
cette figure sort bien. L'idée d'un mouvement
de bas en haut (se lever) s'est peu à peu effacée
pour faire place à celle d'un mouvement du
dedans au dehors ; après avoir, selon la valeur
étymologique du mot, dit sortir de terre, de
l'eau, on a dit aussi sortir d'un lieu, d'une
position, d'un état. — Littré, en disant que
sortir pourrait bien être un doublet de sour-
dre, n'est pas loin de notre ordre d'idées. —
D'autres explications se sont produites en der-
nier lieu. Rônsch tire sortir du part. L, exor-
tus, levé, né, sorti ; Bôhmer, d'un type latin
fictif sevortere, Storra (Rom., V, 183) se
rallie à celle que j'ai reproduite d'après
Ménage et Diez; seulement, au lieu de partir
de surrectus, il part de sortus. la fonne con-
tracte, bien constatée par Festus, qui observe
que Sivius Andronicus s'en est souvent servi.
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sou
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SOU
Ce participe a survécu dans it. sorto, insorto.
D. sm'tic; cps. ressortir ^ rejaillir (v. c. m.).
SOT, esp , port, zote, ags., angl. sot, holl.
zot^ BL. sottus ; du mot rabbinique ou syriaque
schoteh = stultus. Diez rapporte cette étym.
comme celle de Cnjas, mais sans se prononcer,
et renvoie à Du Gange, qui cite les jeux de mots
de Théodoulfe, évêque d'Orléans (mort en 821 ),
à propos de scottus et sottus. Du Gange lui-
même dérivait le mot du grec itcaroi = perdu,
qu'on ne peut plus sauver ; c'esMà une étymo-
logie tout aussi malheureuse que le L. stuîtus,
Pictet rapproche sot de l'irl. suthan imbécile,
fripon, sotal^ orgueil, soithtri fier, sotaire,
fat, et du sanscrit çotha, sot. r)om L. Lepel-
letier le rattache au breton saot, qui signifie
gros bétail, bote à cornes. Quoi que vaillent
toutes ces conjectures, le mot nous semble être
connexe avec l'ail, jzote, auj. propos libre,
obscène, qui, chez Luther, ne disait pas plus que
sottise, plaisanterie. — D. sotie* ^ farc«, auj.
sottise (d'où sottisier) ; vfr. assoter, rendre sot.
SOU, forme secondaire de 50/ (voy. sol 2).
SOUBASSEMENT; c'est le mot bassement
(de bas) et le préfixe sotis. On a aussi lieu de
croire à une altération de sous-bastement (do
bastir).
SOUBRESAUT, directement de l'esp. sobre-
salto, it. soprassalto; d'un type L. supra-
saltus, saut en l'air; pour la forme, cp. le
verbe prov. sobre-saiîlir^ surpasser, et le mot
fr. soubre^este,
SOUBRETTE, d'origine inconnue; d'après
Heyse, du L. sobrius, au sens de soigneux,
prudent. L'équivalent ail. 20 fe paraît étymo-
îogiquement distinct.
SOUCHE fie prov a socca et une forme
masc. soc, l'tt. (Ravenna) zocco, le BL. zoccus
et soccus)\ le mot signifie pr. le tronc d'un
arbre. Diez tient le mot pour identique avec
le latin classique soccus, chaussure, dont le
sens primordial doit avoir été base, fondement
(cp. socle). — Si l'équation st initial = ^ est
admise pour saison, sabot, etc., nous préfére-
rions ici comme primitif l'ail, stock, qui cor-
respondrait parfaitement pour le sens et pour
la lettre. — En présence de la variation des
initiales qu'a reçues notre mot : s, ch (pic.
choque, chouque), z, et de l'existence du vfr.
coche = souche (voy., outre l'exemple du
Renard cité par Littré, le suivant, que j ai
recueilli dans le Chevalier au Lyon, 290 :
Assis estoit sur une coche^ une grant maçue
en sa main), pourquoi ne risquerai-je pas
Tétymol. que voici : BL. caudica = L.
caudex, tronc d'arbre, souche, bûche, d'où se
tire sans le moindre effort : cochej chouche,
chouque et enfin souche (cp. les formes ser-
cher, angl. search, p. chercher), — D. sou-
chet, soucheter.
1 . SOUCI, plante, vfr. soulcie, soussicle ; du
L. solsequium, qui dit la même chose que le
gr. T^ytorpômov, ou tournesol, La fleur du souci
se ferme quand le soleil se couche et s'ouvre
quand il se lève.
2. SOUCI, subst. verbal de soucier (v. c. m.).
— D. soucieux»
SOUCIER, du L. solliciiare (soVdtare),
agiter, inquiéter, — D. subst. verbal soud.
SOUCOUPE, = sous-coupe,
SOUCRILLON, espèce d'orge d'hiver, modi-
fication de vfr. soucrion. Ce dernier, dans le
Glossaire, comme dans le Catholicon, de
Lille, traduit le L. irimestris, blé trémois.
Comme je Fai dit dès 1865 dans les notes de
mon Gloss. de Lille, p. 36, d'après l'opinion
de Grandgagnage, le mot paraît être une
variété de secourgeon (voy. escourgeon).
SOUDAIN, prov. sobtan, du L. subitanus p.
subitaneus. — D. soudaineté.
SOUDAN, vfr. soldan, BL. soldanus ; va-
riété du mot sultan.
SOUDARD , voy. l'art sol\.
SOUDE, it. , esp., port. soda, vfr. soulde. On
dérive généralement ce mot de solida, nom
latin de la plante marine qui fournit le sel de
soude.
SOUDER, voy. solder 2. — D. soudure.
SOUDOYER, voy. sol 2.
SOUDRE. L. solvcre.
SOUDRILLE, d'un type soldarillus, exten-
sion péjorative de soldarius, soldat, soudard.
SOUFFLER, it. soffiare, du L. sufflare(mh'
flare). — D. souffle, subst. verbal; souffleur,
'Ure, soufflet (v. c. m).
SOUFFLET, dér. de souffler, signifiant
1 . instniment servant à souffler, et objets en
ayant la forme; 2. coup du plat de la main sur
la joue: pour cette transition d'acception, voy.
l'art, bouffer. Cependant, en rectification de
cet article, je me vois amené à dire que le
deuxième sens indiqué de soufflet me semble
provenir «le soufflet pris métaphoriquement au
sens de grosse joue ; c'est ainsi que giffe, gifle
signifie à la fois joue et soufflet, de même buffe,
bouffe, joue bouffie et coup. L'ail, maul-
schelle, m. s., signifie litt. coup résonnant
sur la bouche, et quant à ohr-feige, il n'a rien
à faire avec feige, figue (il est p. ohr-fege,
coup sur l'oreille, voy. Grimm, v® fegc). Je
remarquerai encore que le mot angl. blcw,
souffler, cité en comparaison dans mon article
bouffer, est, d'après les étymologistes anglais,
d'une autre origine que l'homonyme bUno,
frapper. — D. souffleter,
SOUFFRETEUX; malgré toute l'apparence
qu'il y a, cet a<y ectif ne vient pas de souffrir ;
il répond au prov. sofraitos, sofrachos, vfr.
soffraitous, pauvre, privé de, et vient dir. du
subst. vfr. soufraite, souffrete,^vov.sofraita,
sofracha, manque, disette, dénùment; quant
à celui-ci, c'est un dérivé du L. suffractus,
brisé, à qui l'on a retranché les ressources
(part, de suffringere, vfr. soufraindre).
SOUFFRIR, prov. sofrir, it. soffrire, d'un
type L. sufferere p. sufferre, cp. offrir de
offerre. — D. souffrant, souffrance.
SOUFRE, prov. solpre, solfre, it. solfo,
zolfo, esp. azufre, flam. sol fer, du L. suL
phur. — D. soufrer, soufrière.
SOUHAIT, subst. verbal de souhaiter.
SOUHAITER ; ce verbe composé vient du vfr.
hait, gré, plaisir, franche inclination de vo-
lonté, d'où découlent aussi en vfr. : haitier
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SOU
(qqn.), faire au gré de qqn., réjouir, encoura-
ger, et haiHerIqqch.), avoir à gi'é, dehaitier,
chagriner, abattre (subst. dchait, chagrin,
maladie), enhattier, eshaitier^ exciter, animer,
et la loc. adverbiale à hait = à souhait. Sou-
haiter est le veibe haiter, au sens de prendre
à gré, aimer, désirer, combiné avec le préfixe
mitigatif, sub, — Génin a bien mal compris ce
préfixe; en disant sérieusement : souhait vient
de son hait = son gré, comme couvent vient de
conventus, — Reste à savoir d'où vient ce mot
fr. hait, d'un usage si répandu jadis. Dicz et
Grandgagnage le rapportent au nord, heit,
goth. ga-hait^ vha. ga-hciz^ subst. de verbes
signifiant promettre, faire vœu (ail. mod. ver-
heissen, promettre). Une filiation de sens ana-
logue se remarque dans L. voverc = 1 . faire
vœu, 2. désirer, souliaiter, d'où votum, fr,
vœu = promesse et désir. L'étymologie cel-
tique invoquée par Chevallet est loin do valoir
celle que nous rapportons. — D. souhait,
SOUILLE, aussi masc. souil, lieu bourbeux
où se vautre le sanglier; selon Diez, de l'adj.
L. suillus, « qui concerne les cochons » (L.
sus). J'inclinais à voir dans souille un dérivé
du verbe souiller (voy. l'art, suiv.), mais je
reconnais cependant que la forme seutoilhe (to
intercalaire), que je trouve dans la Geste de
Liège de Jean d'Outremeuse, v. 1837, et que
ie suppose devoir signifier bourbier, est plus
favorable à l'explication par suilla. Voici le
passage : « ...parmi une seutoilhe (l'éditeur,
par méprise, mais bien sciemment, a imprimé
senwlhe) Perchoit un porc sangler qui for-
ment s entortilhe. »»
SOUILLER, prov. sulhar, angl. soiL Deux
étymologies se présentent avec des titres d'une
valeur à peu près égale. La première est ger-
manique. On a d'un côté goth. bi-sauljan, pol-
luere, et mha. hesulvoen, solgen, v. flam.
soluwen, inquinare, maculare, ail. mod. sich
suhlen, aussi sullen, se vautrer dans la boue ;
d'un autre, l'ail, mod. sudeln ■= salir. Sans
vouloir préciser ici quel rapport de parenté
il y a entre les formes ail. sudeln et sullen
(Diefenbach croit que sudeln est d'une souche
diflî^rente), nous rappelons que fr. souilla*
peut se rapporter à sudeln, comme nouille à
nudel, et brouiller à bi*udcln, La deuxième
opinion, à laquelle Diez est favorable, part du
mot latin sucula, dimin. de sus, cochon, d'où
prov. sulha, cochon, sulhon, cochon de mer.
De ce subst. viendraient les verbes prov. sul-
har, fr. souiller , pr. cochonner, faire mal-
proprement, couvrir de boue. — D. souille,
bourbier (v. c. m.); souillon, souillure,
SOUL, pr. rassasié, contracté de l'anc saoul
= prov. sadol, it. satollo, valaque setul, du
L. satullus (Varron), dimin. de satur. — D.
soûler, pr. rassasier.
SOULAGER; ne doit pas être confondu avec
soulacier (voy. soUiS) ; il se peut pourtant que
celui-ci ait déterminé la forme soulager au
lieu de souleger, qui serait plus correct, car
le mot, comme l'esp. soliviar, répond à un
type latin sub-leviare (cp. alléger de allemare],
SOULAS, voy. solas, \
SOÛLER, voy. soûl. — D. soûlard.
SOULEUR, frayeur ; les patois du Nord ont
sole, stupéfait ; je ne me rend? pas compte de
l'origine de ce mot; serait-ce le L. solaius,
frappé d'un coup de soleil? Littré pense à
solus, seul ; soldeur serait la crainte que
donne la solitude. Le fait est qu'en vfr , sou-
leur a signifié solitude.
SOULEVER, du L. sub-levare, 1. relever,
exhausser, 2. soutenir, consoler. Le sens
figuré du verbe fr. : « exciter, faire surgir ou
s'insurger « n'était pas encore propre au terme
latin; d'un autre côté, la deuxième acception
(métaphorique) de celui-ci est passée à la forme
variée sublcviare, d'où soulager (v. c. m.).
SOULIER parait tenir au L. solea, sandale;
cependant l'anc. forme sol 1er favorise l'étym.
BL. sotular, subialar, soulier (syncopé en
soVlar, d'où sollar), qui vient de sublel, creux
du pied (formé de sub 4- talus ).
SOULOIR*, avoir coutume, du L. sol ère,
SOULTE. SOUTE, d'un type lat. sol'tus p.
solutus, de solvere, payer.
SOUMETTRE, L. sub-mittere; subst. sou-
mission, L. sub-missionem, de là soumission-
ner, -aire.
SOUPAPE, de l'esp. sopapo, pr. coup plat
sous le menton (papo, partie charnue sous le
menton), puis soupape. Cp. les acceptions
technologiques de sous-barbe, coup sous le
menton. Le sens premier de soupape, coup
plat, se rencontre dans Baud. de Condé, p. 172
(voy. ma note, p. 460). Cp. aussi, pour la
transition des sens, ail. hlappe, soupape, de
Mappen, claquer, frapper.
SOUPÇON, vfi'. souspeçon, du L. suspicio-
nem, que les savants ont reproduit sous la
forme suspicion, — Cette étym. est tout à fait
satisfaisante; cependant, comme Ta remarqué
M. Homing(Grôb. ZUchr., VI, 436), pour
tenir compte des formes it. suspezione, prov.
sospeisso, port, sospeiçào, il convient do
substituer à suspicionem le mot latin congé-
nère et synonyme suspectionem, d'où se déduit
correctement souspeçon, soupçon, comme
leço7î, prov. leisso. de lectionem. — D. soup-
çonneux ; soupçonner. — Rappelons ici encore
le verbe vfr. suscher, tiré, par syncoi>c du p
médial, du L. suspicari..
SOUPE, vfr. sope, it. suppa, e^p., port.,
prov. sopa, potage, composé de bouillon et
de tranches de pain, puis, par spécification,
la tranche de pain seule (de là •* trempé comme
une soupe »). C'est un mot germanique : nord.
saup, sup, vha. sauf, suf, néeil. sop, soppe,
= jus. sorbillum, pulmentum. Au sens de
« tremper dans un liquide »» se rattachent
l'esp. sopar, verser du jus sur des tranches
de pain, et le fr. soutier, t. do tannerie =
mettre les cuirs dans le plain cible. Les mots
germaniques rappelés ci-dessus sont congé-
nères avec l'ail. saufe>t, bas-ail. supen, néerl.
zuipen, angl. soop, sup, etc. = sorbere,
bibere; des correspondants de ces derniers
sont vfr. souper^ humer, et le t. de marine
super, aspirer (en parlant d'une pompe). —
D. souper, pr. prendre la soupe, puis dénomi-
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sou
— 473 —
SOU
nation spéciale du repas du soir; soupière,
— L'étymol. donnée ci-dessus est singulière-
ment ébranlée par la remarque suivante de
G. P^ris (Rom., X, 60, note 2) : « Le mot
soupe, quoi qu'en disent Diez, Littré, Sche-
1er, etc., signifie originairement « tranche de
pain n et non ce dans quoi on la trempe « ; de
là soupm\ à l'origine «« faire collation » et
non « manger la soui>e » au sens moderne ».
Malheureusement, Paris n'ajoute rien sur l'ori-
gine de soupe, « tranclie do pain ». En ce qui
concerne soupe = potage, il paraît bien diffi-
cile de le séparer de l'ail, suppe, bas-ail. sop,
soppe^ et par conséquent do la racine sup,
boire, d'où procèdent mha. supfen, boire en
sirotant, et vlia. sufan, auj. saufen. Notez
encore ni. zuipen, boire, angl. sup, sip,
humer, à cAté de sop, tremper, saucer.
SOUPENTE, subst. partie, du L. suspen
dere, vfr. soupendre (cp. pente de pendre),
SOUPER, voy. soupe.
SOUPIR, vfr. sospir, souspir, du L. suspi-
r/wm ; soupiRKR, L. suspirare.
SOUPIRAIL, tiré du verbe soupirer d'après
le L. spiraculum (it. spiraglio), dérivé du
simple spirare,
SOUPLE, d'une forme barbare L. suplus
p. supplex. Le mot fr. no reproduit que le
sens primitif (mais inusité) du vocable latin
(rac.p/îcare), c.-à-d. flexible; l'acception ordi-
naire *» suppliant » ^pr. qui fléchit le genou) y
reste étrangère. — D. souplesse, assouplir.
SOUQUENILLB, dimin. du vfr. souquenie,
BL. succania. L'origine de ce mot m'est
inconnue. Le BL. présente aussi les formes
succama, soscania, le gr. du moyen âge
(rou<. v(a. Palsgrave traduit « hewke, a gar-
ment for a woman » par surquayne, froc.
SOURCE, voy. sourdre. — D. sourciller,
sourdre.
SOURCIL, prov. sohrecilh, it. sopracdglio,
du L. supercilium (de ciHum,ci\). — D. sour-
ciller, remuer le sourcil ; sourcilleux.
SOURCILLER, verbe, v. source et sourcil,
SOURD, vfr. sort, 1. qui n'entend pas,
2. qu'on n'entend ou ne sent pas, du L. sur-
dus. — D. sourdaud, sourdine, cts-sourdir.
SOURDRE, vfr. sordre, du L. surgere,
s'élever, jaillir; c'est la forme ancienne du
mot savant surgir. L'anc. part, passé sors,
sours a donné le su bst. sorsc, sorce, auj . source,
pr. ^= jaillissement. Voy. aussi ressource, —
Le vfr. disait aussi essource = source ; c'est
un dérivé de essoùrdre, lat. exsurgere,
SOURIRE, verbe et subst., h, sub-ridere ;
subst. soujns, it. sorriso, du L. sub-risus.
1. SOURIS, masc, voy. l'art, préc.
2. SOURIS, fém., prov. soritz; le L sorex,
gén. sôncis ne s'accorde pas avec ces formes,
qui ont l'accent sur i, mais bien avec l'it. et
Q9,p. sorce; il faut donc admettre pour type
soit une forme latine accentuée soricem, soit
un adj. soricius. — D. souriceau, L. sori-
cellus; souricière. La Fontaine s'est permis
l'adiectif souriquois [** le peuple souriquois »).
SOURNOIS, morne, caché, tient au même
ra lical que prov. sorn^ sombre, obscur, vfr.
sorne, crépuscule, esp. (argot) soma, nuit;
it. sornione, susornione, = sournois, susor-
niare, murmui*er. Diez présente deux étymo-
logies. Il se peut, dit il, malgré la rareté du
fait, que l'acception •• sombre » au sens phy-
sique soit déduite de l'acception morale
« morne » et que le mot découle d'un radi-
cal celtique, savoir le même qui est au fond
du cymr. storn-ach, grommeler, corn, sor-
rcn, être fâché (les mots sôr, sôrllyd, morose,
sournois, sont trop distants pour la forme).
D'un autre c/ité, rapprochant les vocables port.
et dial. de C6me 5of^^rno,piém. saturno, sard.
satu7'nii, genevois saturne, esp. et florent.
salurnino, tous = sournois, Diez est d'avis
que ces formes dérivent du L. taciturnus, par
une contraction de taci en (ci, tço, tça, ça, sa
et que le radical sorn serait une contraction
de sadorn, seorn (cp. rond de rotundus, mûr
de maturus). — Avant de connaître ces expli-
cations, me fondant sur lasignifi îation « terne,
silencieux, muet », qu'a fréquemment le
L. surdus, j'avais pensé à une contraction de
sourdinois (type latin surdinensis), tiré de
sourdin (cp. la loc. «* à la sourdine »), comme
tapinois vient de tapin, caché. Je n'abandonne
pas définitivement cette étymologie, qu'avait
du reste déjà posée Ménage. En Champagne
on dit sourdois p sourd, d'un type surdensis ;
ce pourrait bien être là le type immédiat du
fr. sournois; cp. ornière p. ordière. — Les
formes ital. citées, avec leur thème saturn,
ne viendraient-elles pas de Satumus, ce dieu
ayant été considéré comme causant l'humeur
sombre et la tristesse? Le prov. sorn, vfr.
sorne se prêtent également à cette étym. —
Storm (Rom., V, 104) reprend mon étymon
Satumus, mais en ce faisant, il considère ce
dieu comme représentant la planète d'influence
funeste et opposé à Jupiter (d'où jovial) Cp.
angl. saturnine, fr. saturnien, « sombre,
triste » (voy. Littré). Le vfr. sorne serait donc,
par *seorne, issu do *sadorne.
SOUS, vfr. soz, prov. sotz, valaque subt,
it. sotto, du L. subtus. Composé dessous (it.
di soto), analogue aux composés de-an^*
(dans), devant, dehors, dessus, etc. La langue
romane fait emploi de sous comme élément
do composition marquant infériorité, subdivi-
sion, subordination, en général ave •. la valeur
du préfixe latin sub, lequel, de son côté, s'est
francisé dans les mots du fonds commun en
sou, su et se.
SOUSCRIRE, L. sidhscribere ; subst. sous-
ription, -teur, L. sub-scriptionem. -torem.
SOUSTRAIRE == sous f traire = subtus
4* trahere; subst. soustraction, L. subtrac-
tionem à la lettre = subtus-tractionem,
SOUTACHS, du hongrois szuszak, tresse
de galon au shako du hussard. — D vorba
soutacher. Je doute fort de cotte étym^l. hon-
groise que je recueille dans Littré ; j'ai do la
peine à voir dms soutache autre chose que le
subst. verb. de soutacher, à3 la m)m) famille
que attacher, détacher.
SOUTANE, pr. vêtement da dessous, opp.
de surcot, surtout; dir. do l'it. sottam. Ca
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SPA
— 474 —
SPO
dernier est un dér. de la prép. sotto, sous, et
répond au BL. suhiana, subtanexim ; cp. BL.
super aie (de super), vêtement de dessus. —
D. soutanelle.
1. SOUTE, voy. soulte.
2. SOUTE, t. de marine, chambre pratiquée
en dessous du pont d'un navire ; d'après Jal,
du L. subtils, en dessous.
SOUTENIR, soustenir*, angl. sustatn, de
L. sustiuere, pr. tenir en l'air. — D. soutien,
subst. verbal; soutènement, soutenable.
SOUTERRAIN, L. sub-terraneus .
SOUVENIR (SE), du latin sub-venire. Dans
le principe, ce verbe était exclusivement im-
personnel ; Tétymologie ne s'applique qu'à la
tournure • il me souvient » ^= subvenit mihi,
dans le sens non classique de l'ail. « es f&llt
mir bei », il me vient (à la mémoire . Cp. la
locution « ce nom ne me revient pas », pour
je ne me rappelle pas ce nom. — D. souvenir
(inf. subst.), soutenance*,
SOUVENT, it. soveiUe, prov. soven, soen,
du L. subinde, qui signifie: 1. immédiatement
après; 2. successivement, à la file, coup sur
coup. Diez fait remarquer, à propos de l'it.
sovcnte, l'irrégularité du changement de rfen
t et il est disposé à j voir quelque influence
des mots repente, fréquente, immanttnente.
Pour le t final du mot fr., il n'est pas plus
étrange que dans le vfr ent (= nfr. en), qui
est le L. inde; on sait d'ailleurs que l'anc.
langue n'admet pas de d final.
SOUVERAIN, it. sovrano, d'un type L.
superanus, formé de super (comme antianus,
fr. ancien, de ante, prov. sotran^ inférieur,
du L. subtus = prov. sots). — D. souverai-
neté.
SOYEUX, voy. soie.
SPACIEUX, L. spatiosus (de spatium, fr.
espacé).
SPADASSIN, de l'it. spadaccino (de spadu,
fr. espéc" épée).
SPADILLE, as de pique, de Tesp. espada,
épéc (en Espagne le pique est marqué par des
épées).
SPAHI, du persan sipàhi, soldat, particul.
cavalier; angl. sexipoy. On dit aussi cipaye,
SPALME, subst. verbal de spalmer = it.
spalmare, fr. espaîmer (v. c. m.),
SPALT, mot allemand.
SPARADRAP; l'étymologie de ce mot, en
ce qui concerne l'élément spara, m'est restée
inconnue. Il est déjà constaté au xiv* siècle.
Littré cite la forme spandarapum du Lexique
de Castelli.
SPARE, nom de poisson, L. spams, brème.
SPARTE, L. spartum (gr. sTz&prov), sorte
de jonc. — D. sparteric.
SPASME, L. spasmus, du gr oTroctfiéi,
tiraillement (^Tràeiv, tiref); adj. spasmodique,
du gr aTtxifiùSïii, convulsif. Voy. aussi
pâmer.
SPATH, mot allemand.
SPATHB, L. spatha (titôc^Yj).
SPATULE, mot de formation sa^'anto, L.
spathula, dim. de spatha, morceau de bois
large et plat.
SPECIAL , vfr. especial, du L. specialis (de
specics, fr. espèce). — D. spécialité, spécia-
liser.
SPÉCIEUX, L. speciosus, de belle appa-
rence.
SPÉCIFIQUE, BL. speci ficus, qui constitue
une espèce à part; spécifier, BL. specifi-
care, = speciatim notare, d'où spécification,
-atif.
SPÉCIMEN, mot latin signifiant exemple,
échantillon.
SPECTACLE, L. spectaculum ^spectare).
aspect, vue, théâtre (cp. dixrpov, de &î«7&ai,
regarder).
SPECTATEUR, L. spectatorem.
SPECTRE, L. spectrum (specere), vision,
fantôme.
SPÉCULAIRE, L. specularis, transparent
(spéculum).
SPÉCULER, L. speculari (specere), obser-
ver, méditer attentivement.
SPÉCULUM, mot latin, == miroir.
SPÉE, t. d'eaux et forêts, mot gâté de cepée
(de cep).
SPENCER, nom de vêtement ; mot anglais
tiré d'un nom propre (lord Spencor).
SPEROULE, nom de plante (on dit aussi
spargoute ou espargoute), ail. spark, spergel;
d'origine inconnue; je pense qu^il tient à
L. asparagus, asperge, ail. spargel, ni.
spergel.
SPERME, gr. ttnkpfiTt, semence.
SPHÈRE, L. sphœra, du gr. oftxlpct^ globe.
— D. spherique idioxx sphéiHcité)\ sphéroïde,
gr. ççjatpoîti^;, à forme [ilùoi) sphérique.
SPHINX. L. sphinx, gr. «^p^/^
SPIC, du L. spicus (= spica), épi.
SPICILÉ6E. pr. glane d'épis, L. spicile-
gium (action de cueillir des épis).
SPINAL, L. sphxalis (de spina == fr.
épine).
SPINELLE, espèce de rubis; d'origine in-
connue.
SPIRE, L. spira = gr. uTttipa, enroule-
ment. — D. spiral, L. spiralis, d'où subst.
spirale.
SPIRITUEL, L. spiritualis [àespiritus =
fr. esprit). — D. spiritualité, -aliser, -aliste,
-alisme.
SPIRITUEUX, mot modome, = qui con-
tient beaucoup desprit (L. spiritus), esprit
pris dans le sens physique ou chimique du
mot.
SPLEEN, mot anglais, pr. rate, puis mal
de rate, du L. splen (aity^v), rate.
SPLENDEUR, L. splendorem. — Lamartine
s'est servi du verbe splendir, L. splendere.
SPLENDDE, mot à formation savante,
L. splendidus.
SPOLIER, L. spoliare. — D. spoliateur,
•ation.
SPONGIEUX, L. spongiosus. Voy. éponge.
SPONTANÉ, L. spmitaneus (de sponte, de
son propre mouvement). — D. spontanéité.
SPONTON, voy. esponton.
SPORADIQUE, gr. aTropaocxoç (^opki, -ScBoi,
dispersé, isolé j.
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STÉ
— 475 —
STR
SPORT, mot angl., tronqué do Tanc. dis-
port = vfr. desport, déportement, plaisir.
SPORTS, panier des moines quêteurs, du
L. sporta, panier, dont le dim. est sportula,
fr. sportide, pr. petit panier.
SPORTULB, voy. Tart. préc.
SQUALE, L. squaîuSy chien de mer.
SQUAMMEUX, mauvaise orthogr. p. squa-
meiix, L. squamosus (de sqiiama, écaille).
SQUELETTE, esp. esqueleto, it. scheletro,
du gr. axiisTo;, desséché (tô «xslsrrfv, momie,
do T/a>itv, sécher).
SQUIRRE, mieux squirrhe, gr. ^yip^ô;,
tumeur dure, — D. sqxiirreux.
STABLE, vfr. astable, estaule, L. stabilis
(stare), d'où stabilitatem, fr. stabilité. Du
verbe stabilire : fr." établir.
STAGE, BL. stagium, obligation de résider
dans un endroit désigné, puis résidence,
séjour. Le mot stagium, formé avec le suffixe
BL. agium (= L. aticum) de stare, est aussi
le type du mot fr. éta^e (v. c. m.). — D. sta-
giaire,'B\j, stagiarius, qui instagio est.
STAGNANT, L. stagnans, du verbe stag-
nare, dér. de stagnum = fr. étang; subst.
stagnation, L. stagnationem.
STALACTITE, dérivé du gr. ^a>«xTo',-, adj.
verbal de «rraiàjeiv, tomber par gouttes, lequel
verbe a donné encore le subst. <t7aW/fi6{,
filtration, d'où le dér. stalagmite.
STALAGMITE, voy. l'art, préc.
STALLE, BL. stallum, du vha. stal, statio,
locus. Voy. aus.si étal et installer.
STANCE, dir. de Tit. stansa, .«strophe, qui
vient d'un type L. stantia (stare) = arrêt.
STANGUE, voy. étangues.
STATHOUDER, du hoU. stadhouder = ail.
staithalter; ces mots traduisent exactement le
fr. lieutenant; l'élément stal ne présente pas
hoU. staat = état, mais stad, lieu, place. —
D. stathoudérat,
STATION. L. stationem, arrêt. — D. sta-
tionna; stationnaire, L. stationarius.
STATIQUE, du grec (XTarcxïi, s. o. riyyny
science de l'équilibre des corps.
STATISTIQUE, mot établi par les savants
modernes et tiré du verbe gr. <jt«t({ïiv, éta-
blir, constater. La statistique ne fait propre-
ment que constater les faits. — D. statisti-
cien.
STATUE, vfr. estatue, du L. statua (stare).
La différence de l'accent recommande d'ad-
mettre, du moins pour vfr. estatue, le type
latin statxUa. — D. statuaire, >-ette.
STATUER, prov. estatuir, L. statuere, fixer,
d'où le subst. staiutum, chose arrêtée, fixée,
fr., statut.
STATU QUO OT), formule latine écourtée de
in statu quo sunt (laisser les choses) a dans
l'état où elles se trouvent »»; de là la locution
statu quo traitée en subst., = état de choses
actuel ou ancien.
STATURE, vfr. cstature. du L. statura.
STATUT, estatut, voy. statuer, — D. sta-
tuaire.
STÉARINE, du gr. uriap, graisse.
STÉATITE, gr. artarlrni, m. s.
STÉGANOGRAPHIE, gr. <Trr/atvo>/îxy(a, écri-
ture en signes cachés (-myavoî).
STELLIONAT, L. stellionatus (de stcllio,
lézard, figu rément = fourbe qui change faci
lement de peau).
STENOGRAPHE, mot moderne fait d'un
type gr. orivo'/pxfo^, litt. qui écrit d'une ma-
nière serrée (^Tsvo'i). — D. sténographie, -ique.
STENTOR (voix de), de Stentor, personnage
de l'iliade d'Homère, « le guerrier à la voix
d'airain «.
STEPPE, mot emprunté au nisso.
STÈRE, nom de mesure de capacité, égale
au mètre cube; prob. du gr. rd 'jTsptdv, con-
tenu cubique, de <sripi6i, solide, massif.
STÉRÉOMÉTRIE, gr. aripiofurpioc, mesure
des corps solides (tnpîd;).
STÉRÉOTYPE, mot moderne, fait du gr.
vTiptôi, solide, fixe, et rùnoi, type, donc pr.
type immobile (opp. aux caractères mobiles).
— D. stéréotypie, stéréoiyper.
STÉRILE, L. sterilis. — D. stérilité, L,
sterilitatem.
STERNUM, du gr. ^t^v^v. m. s.
STBRNUTATION, -ATOIRE. du L. sternu-
tare =• fr. éternuer,
STIGMATE, L. stigma, -atis,gv. trlyfit, pr.
point, marque, spéc. marque que laisse le fer
sur la peau des esclaves, flétrissure. — D.
stigmatiser.
STILLATIÔN, L. stillationem, de stillare,
couler goutte à goutte.
Stimuler. L. stimulare, exciter (de sti-
mulus, p. stigmulus, aiguillon).
STIPENDIER, L. stipcndiaH (de stipen-
dium, solde).
STIPULER. L. stipulari. — D. stipulation,
STOCKFISCH, mot ail., = poisson séché.
L'élément stock (bâton) vient de ce que les
poissons à sécher sont suspendus à des bâtons.
STOÏQUE, L. stoïcus, gr. <yTor<(^; (de <iToà,
portique, parce que Zenon enseignait sa philo-
sophie sous un portique à Athènes). — D.
stoïcien, stoïcisme.
STOMACAL, STOMACHIQUE, du L. stoma-
chus (aTo>«z««)» estomac.
STORAX ou styrax, mot latin, gr. ffrupstf.
STORE, du L. storea, couverture tressée,
natte faite de joncs ou de cordes ; it. stqja, esp.
estera (p. estuera),
STRABISME, gr. ixxp%%itii6i (de «rpaSo',-,
louche).
STRANGULATION, du L. strangulare = fr.
estrangler' étrangler,
STRAPASSER, de l'it. strapazzare, maltrai-
ter. Voy. plus haut l'art, estrapade. L'étymo-
logie stra (préfixe) -|- po>zzo, fou, attribuée à
l'it. strapazzare^wc Diez^ donc traiter comme
un fou, railler) est conte.«îtable. — D. stra-
poison, mauvais peintre, d'où strapassonner .
STRAPONTIN, de l'it. strapuntino, dér. de
strapunto, matelas, hamac.
STRAS, composition imitant le diamant, du
nom de l'inventeur de cette composition.
STRASSB, variété de estrasse (v. c. m.).
STRATAGÈME, L. strategema, gr. 9r/>oc-
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SUB
476
suç
r^yri/ix, tactique militaire, puis ruse de
guerre.
STRATâ61> gr. ^rp^rri/S;, conducteur d'ar-
mée (ffT/saro;, armée, a/îiv, conduire;; stra-
'é^>, gr. ffT05tT*ïyfa, d'où stratégique^ -iste.
STB^TirifiR, lat. mod. stratificare (de
stratus f couché, étendu). — D. stratifica-
tion.
STRIBORD, esp. estribord, de Tags. steor-
bord, angl. starboard, suéd., dan. styrbord,
ail. steuerbord, — C'est le même mot que
tribord (p. estribord}.
STRICT, mot savant, du L. strictus (strin-
gere), serré; type aussi de^^roi^ (v. c. m.).
STRIDENT, L. siridentem; strideur (Buf-
fon , L. stridor.
STRIB, L. stria, — D. stnê^ L. striatus;
striures.
STROPHE, grec nroo^ri, m. s. (pr. évolution
du chœur sur le théâtre grec).
STRUCTURE, L. structura (struerc).
STUC, it. stucco, esp. estuquc, angl. stuc,
stuke, du vha. stucchi, croûte. — D. stuca-
teur d'après Fit. stuccatore.
STUDIEUX. L. studiosus fstudium).
STUPÉFIER, L. stupeficare' p.stupefacere;
STUPÉFAIT, L. stupefactus, d'où subst. stupé-
faction.
STUPEUR, L. stuporem; stupide, L. stu-
pidus, d'où stupidité^ L. stupiditas.
STYLE, L. styhts, gr. nxùio;, pr. aiguille,
burin pour écrire, puis manière d'écrire, enfin,
manière en général. — D. styler, faire au
style, habituer, dresser.
STYLET, it. stiîettOy dim. de stylus, au
sens naturel de poinçon.
STYLOBATE, grec ^TuloSiTUi, litt. base de
colonne (de arO^î, colonne, et BAû, ,3afvûi, pr.
se tenir sur ses pieds).
SU, part, de savoir; anc. 5ert, d'un type L.
saputus Cit. saputo). — D. insu (à V).
SUAIRE, L. sudarium, « linteum quo sudor
detergitur ».
SUAVE, L. suavis (dont l'ancienne langue
avait fait suef, sovef— prov. suau). — D. sua-
vité. L. suavitatem.
SUBALTERNE, BL. subalternus.s^ày formé
de sub alterno, donc litt. placé sous les ordres
d'un autre.
SUBIR, L. sub-ire, que les Anglais tra-
duisent littéralement par to under-go,
SUBIT, L. subituSy mot de facture savante,
dont l'anc. langue a fait correctement soude
(cp. soudain de subitanus),
SUBJECTIF, relatif au sujet (suhjectus).
SUBJONCTIF, L. sub-junclivus.
SUBJUGUER, L. sub-jugare, mettre sous le
joug.
SUBLIME. L. subUmis, haut, relevé. — D.
sublimité, L. -itatem ; sublimery t. de chimie,
L. sublimare, élever, en BL. coctione perpur-
gare.
SUBMERGER, prov. somcrgir, it. sommer-
gère, L. sub-mergere, dont le supin submer-
sum a donné submorsionem, fr. submersion.
SUBORDONNER, L. sub-ordinare, mettre
Eous les ordres de qqn. (la forme du composé
est apdatée à celle du simple ordonner). — D.
subordination, L. subordinationem.
SUBORNER, L. sub-onmre, pr. préparer,
former en secret. — D. suborneur, -ation,
-em,ent.
SUBRÉCARGUE, de l'esp. sobrecargo, « qui
a la surveillance d'une cargaison *».
SUBRÉCOT, le surplus de l'écot : cest un
composé du L. supra et le mot écot (v. c. m.).
SUBREPTICl. L. subrepticius (sub-ripere),
enlevé, dérobé, clandestin.
SUBRBPTION. L. subreptionem.
SUBROGER, L. sub-rogare, substituer. —
D. subrogation, L. subrogationem.
SUBSÉQUENT, L. sub-sequentem.
SUBSIDE, L. subsidium (sub-sidere), ré-
serve, aide, secours. — D. subsidiaire, L.
subsidiarius ; verbe subsidier.
SUBSISTER, L. sub-sistere, rester, conti-
nuer d'exister. — D. subsistance, L. subsis-
tentia, d'abord action, puis moyen de sub-
sister.
SUBSTANCE. L. substantia, traduction du
gr. ùnô'sra'jii, être, essence, nature — D. sub-
stantiel, L. substantialis ; substantif, L. sub-
stantivus.
SUBSTITUER, L. sub-stitnere, mettre à la
place. — D. substitut, L. substitutus ; substi-
tution, L. substitutionem.
SUBTERFUGE, L. subterfugium\ subst. de
suhtei^fugere, fuir sccrôtemeut. s'esquiver.
SUBTIL, vfr. soutil, soutif, prov. sobtil,
sotil, esp. sutil, it. sottile, du L. subtilis (pr.
finement tissé). — D. subtilité, L. subtilitatem ;
subtiliser (en vfr. soutiller, it. sottîgliare).
SUBVENIR, L. sub-venire, venir en aide
(type aussi do soutenir). — Subst. subvoition,
L. suhvcntionem", d'où subventionner,
SUBVERTIR, L. sub-vertere; supin subver-
surn, d'où subversion, subversif.
SUC, L. succus.
SUCCÉDANÉ, L. succedaneus, substitué.
SUCCÉDER, L. succedere (sub-cedere, venir
après), supin successum, d'où L. successus, fr.
succf^s; L, successionem, -orem, -ivus, fr. suc-
cession, -eur, -if, et les termes mod. succès
sible et snccessibilité.
SUCCÈS, L. successus (v. l'art, préc), pr.
issue, suite d'une affaire. Composé insuccès.
SUCCESSEUR, -ION, voy. succéder.
SUCCIN, L. succinum (succus), m. s.
SUCCINCT, du L. succinctus (sub-cingerc),
serré, court.
SUCCION, d'\jn type latin suctionem, subst.
de sugere, sucer (supin suctum).
SUCCOMBER, L. suc-cumbere, être couché
dessous; cp. l'ail. unterUegcn, succomber.
SUCCULENT. L. succulentus,m. s. (succus).
SUCCURSALE, dérivé du L. succursus, =
fr. secours.
SUCER, it. succiare, suzzarc, d'un type
latin suctiare. tiré de suctum, supin de sugere.
Voy. aussi succion. — D. suceur, suçoir, suçon
(v. c. m.); suçoter.
SUÇON est une variété populaire de succion
(lat. sttctionem); en passant du sens abstrait
au concret, il est devenu masculin, comme
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SUI
— 477 —
SUP
cest le cas pour nourrisson, poinçon, vfr.
prison (prisonnier).
SUCRE, it. zucchero, esp., port, asucar,
vha. 2ucura, nha. zucker, ni. suiker, angl.
sugar; de l'arabe sokkar, assohkar; cp. le
persan shahar, gr. ck^.yjxpo'f^ L. saccharum, —
D. sucrer, -ter, -erie, acy. suer in.
SUD, esp., it. sud, port, sul, de Tags. sudh,
angl. south, nord, ifuc/r, néerl. -jiarf.
SUER, wall. souwer, L. sudare. — D.suée,
frajeur subite; «we^^ô. — Sueur, L. sudo-
rem.
SUFFIRE, L. sufficere (cp. confire de con-
ficere). — D. suffisant, d'où suffisance.
SUFFOQUER, L. suffocare (sub + faux),
étouffer. — D. suffocation.
SUFFRAGANT, du L. suffragari, pr. voter
pour, puis seconder, aider.
SUFFRAGE, L. suffragium.
. SUGGERER, L. suggerere (sub-gerere, litt.
mettre sous (s. e. la main), fig. fournir, insi-
nuer); supin suggestum, d'où suggcstionem,
dans la basse-latinité = avis, conseil, fr. sug-
gestion.
SUICIDE, formé, avec le pron. L. sui ■=■ de
soi-même, sur le pati*on des subst. homicide,
parricide, etc.; cp. ail. selbstmord. Ce mot,
qui dit pr. - occision de soi-même »», ne re-
monte qu'au xvui® siècle et le supplément du
Dict de Trévoux, publié en 1752. en attribue
la paternité à l'abbé Desfontaincs. Montesquieu
ne l'emploie pas; il dit •• homicide de soi-
même tf ou •« mort volontaire ». Voltaire .s'en
sort dans son Commentaire sur l'Esprit des
lois en 1778 et il est accueilli, la même année,
dans la 3'' éd. du dictionnaire do l'Académie.
— D. se suicider, expression mal faite, puis-
qu'on ne peut pas suicider un autre, cepen-
dant justifiée par Génin (Récréations philolo-
giques).
SUIE, prov. suia, sueia, suga, cat. sutje
(masc). Le type immédiat du mot français est
le prov. suga, qui, selon Diez, vient, à son
tour, de l'adj. ags. sôtig (contracté on sotg)
== angl. soot^, dérivé d'un subst. ags. sôt,
angl. soot, néeil. soct, suie, d'où vient aussi
gaél. suith, suithe. Le Gloss. de Douai a siue,
cehii de Lille sieuée (sieue ?); les formes wal-
lonnes sont sife, seuve, souf,
SUIF, it. sevo, sego, esp. sebo, prov. seu. du
L. sébum, sevum, La forme fr. «mi/ peut se
déduire de seuf(cp. tuile p. teule du L. tegula,
suite p. seutej, qui, en effet, est sous la forme
fém. seuve, signalée par Grandgagnage.
Selon les règles, serwm, devait faire sefon soif
ou seu (forme vfr.). Il se peut qu'il y ait dans
suif une substitution à une forme ancienne
soif (cp. nuit, huit, anc. noit.oit, etc.), et que
cette substitution ait été motivée par le besoin
de distinguer deux homonymes. Notez la forme
rouchi sieu, régulièrement tirée du radical
set. — D. suiver, suiffer.
SUINTER ; ce verbe ne vient pas de suer,
comme on est tenté de croire ; que forait-on de
la terminaison? D'après Diez, il est p. suiter
(cp.. pour l'insertion de n, cingler* p. sigler,
ronfler p. rofler); quant à suiter, c'est le vha.
suisan ("nha. schwitsen), angl. stoeat, néerl.
sweeten, suer. — Subst. verbal suint.
SUITE, vfr. seute, sieute, du subst. lat.
secta, formé de sequi, suivre; cp. tuile (vfr.
teule) de tegiUa.
SUIVRE, vfr. seitre, sieure, sivre, suivir,
prov. segre, seguir, it. seguire, de l'infinitif
barbare lat. sequere p. sequi. — D. suivant,
subst. 'fém. suivante), puis prép. (cp. en L.
secundum également tiré de sequiK
SUJET, vfr. sougit, L. sub-jectus, soumis,
exposé à; de là sujet, subst., personne « placée
sous » l'autorité d'un gouvernement »• (cp. Tall.
unterthan). Quant au subst. sujet, comme
terme de logique et de grammaire, d'où se sont
déduites différentes autres acceptions (entre
autres celle de personne en général), il exprime
la substance formant la base de la proposition ;
le mot traduit le gr. ùnoîoy-n ou ùitô^sT^;. Le
mot substance répond à une idée primitive
semblable. — D. assiifettir,
SUJÉTION, L. subjectionem, soumission.
SULFATE, SULFITE, du radical suîf, qui
est dans L. sulphur, soufre, en chimie sulfure,
d'où aui^si les a^j. sulfureux, -ique.
SULTAN, dir. de l'arabe soultan, qui lui-
même vient d'un radical chaldéen sjalat,
dominer. Voy. aussi Soudan,
SUMAC, it. sommaco^ esp. sumaquc, port.
sumagre, hoU. smak, de l'arabe sommah,
m. s.
SUPER, t. de marine ; le sens propre parait
être • aspirer «. Voy. sovls soupe,
SUPER ., préfixe marquant supériorité, ac-
croissement ou excès; du L. super, au-dessus,
sur.
SUPERBE, adj., L. superbus, orgueilleux,
magnifique, d'où le 2\\hsi. superbia., fr. superbe,
SUPERCHERIE répond à l'it. soperchieria,
soverchieria, outrage, tromperie, dérivé de
l'adj. soperchio, = qui excède, qui dépasse la
mesure (employé aussi comme subst. p. su-
perfluité, puis p. outrage et supercherie).
L'it. soperchio répond à un type latin non
classique superculus, dér. du L. super; il
marque donc excès en tout genre (cp. outrage,
de ultra). — Ménage, malgré sa familiarité
avec l'italien, a commis la bévue d'imaginer
une contraction do super -tricherie. Roquefort
et Bescherelle ont versé dans la même
erreur.
SUPERFÉTATION, subst., du L. super-
fetare, produire en sus, par surabondance.
SUPERFICIE, mot savant, L. superficies
(faciès) ; ce mot fait double emploi avec sur'
facH. — D. superficiel, L. superficialis.
SUPERFLU, L. superfluus, traduit exac-
tement par l'ail, iiberfiiissig. — D. super-
fluité.
SUPÉRIEUR, L. superiorem (comparatif de
super us). — D. supériorité,
SUPERLATIF, L. superlativus (de super-
lotus, porté outre mesure, exagéré).
SUPERPOSER, = poser par-dessus.
SUPERSÉDER. forme savante de surseoir,
SUPERSTITION, L. super stUionem. — D.
superstitieux, L, superstitiosus.
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SUR
478 —
SUR
SUPPLANTER. L. sup-plantare {de planta,
plante du pied), pr. renverser qqn. en lui
donnant un croc-en-jambes
SUPPLEER, du L. suppïere, compléter. Ce
verbe est de facture moderne et ne s'accorde
pas avec celle des analogues emplir, accom-
plir (on trouve en vfr. soupplir) ; il vaut donc
mieux partir d'un type fréquent. suj)pletare,
qui répondi*a aussi à une autre forme ancienne
souploier, — D. suppléant, supplément (d'où
supplémentaire), L. supplementum.
SUPPLICE, L. supplidum. — D. verbe
sujjplicier.
SUPPLIER, L. suppUcare fpr. plier le
genou). — D. suppliant. Au type latin ressor-
tissent directement : les subst. supplique et
supplication (L. supplicationem).
SUPPLIQUE, it. supplica, voy. supplier.
SUPPORTER, L. supportare, pris dans
l'acception de suflferre (sub-ferre). — D. sup-
port, supj)ùrtable.
SUPPOSER, de poser, d'après le L. suppo-
nere, dont le part, suppositus (mis sous la
dépendance de qqn., = subditus), a donné
fr. supjxtst* suppôt, et L.suppositionem (trad,
du grec ûtto&sîi;), fr. supposition,
SUPPÔT, voy. l'art, préc.
SUPPRIMER, L. supprimere{premere; cp.
ail. tinter driichen); du supin suppressum, le
Bubst. suppressio, fr. suppression,
SUPPURER, L, suppurare (pus).
SUPPOTER. L. supputare, m. s.
SUPRÊME, L. supretniis. — D. supréma-
tie, mot moderne, façonné arbitrairement
d'après les mots primatie, aristocratie et
sembl.
1. SUR, prép., vfr. et v. it. sor, du L.
super (d'où supr, sur). Les formes vfr. sovi*e,
soure, sore^ seure, it. sopra, sovra, esp.,
port., prov. sobre, accusent pour type le L.
supra. Sur est moderne, dit Paris (Rom.,
X, 51); il a remplacé seur par l'effet de la
proclise (cp. l'article du p. deu, prudhomme
p. preudhomme). — Comme préfixe, sur
marque position supérieure, addition et excès.
2. SUR, acide, du vlia., ags., nord, sûr, lîam.
suer, soer, an^l. sour, nba. sauer, m. s. —
D. suret, surelle, oseille (pic. suriele, wall.
snral, flam. suerick, angl. sorrel).
SUR, vfr. segur, sëur, prov., cat. segur,
esp., port, seguro, it. sicuro, du L. securus
(litt. sans souci). — D. sûreté et (forme sa-
vante) sécurité, L. securitatem; verbe assurer
(v. c. m.).
SURâNNER, v n., gagner plus d^un an
d'âge, vieillir. — D. suranné.
SURBAISSER, baisser par-dessus, dépri-
mer.
SURCROÎT, subst. verbal de surcroître,
accroître avec excès .
SURDITÉ, L. surditatem (surdus). Voy.
sourd.
SUREAU, anc. surel. D'après Diez, c'est le
vfr. seU augmenté du suflBxe dimin, arellus ;
cependant le philologue allemand se demande
comment il faut accorder avec cette explica-
tion la forme vfr. seUr, et si l'on peut, dans
celle-ci, voir la forme seûreau dépouillée de
la terminaison eau (== ellus). — Voici ma
manière de voir jusqu'à meilleure information.
Le type est le L. sabucus, sureau; de là prov.
sauc, esp. sauco^ val. soc, vfr., pic. séu, séhu
(wall. saou, lang. sahuc)\ d'un type dimin.
sabucellus viendrait séusel, seusel, suzeau
(Paré), et par la substitution régulière de r à
s, seurel, surel, sureau; le type sahucarius,
enfin, aurait déteiminé, par sëuyer, la forme
$uye7\ consignée par Nicot. Quant à la forme
séur, je n'y vois pas plus clair que Diez. —
Je citerai encore pour mémoire, et pour
guider les recherches, les formes sus (Pals-
grave), wall. de Namur seusse, et le dér.
champ, su^ain^ = sureau. — Pour Tobler
(Rom., VI, 131;, l'r est l'effet de l'épenthôse.
Sabucus, devenu seic, a produit le dim. seU-el,
puis seUrel, d'où surel, sureau, mais ici
encore le vfr. seiir reste embarrassant.
SURELLE, SURET, voy. sur 2.
SURFACE, type super- fades p. superficies
(d'où la forme savante super fide).
SURFAIRE un prix, c'est pr. le faire avec
exagération, le porter trop haut ; par conver-
sion de régime, on a fini par dire « surfaire
une marchandise » et même « surfaire l'ache-
teur »•.
SURGE, laine non lavée, non dégraissée.
Cette laine, dit G. Paris (Rom., VII, 103), se
disait en latin «* lana sucida », et surge est le
môme mot que sucida. Cette équation est
savamment démontrée au moyen de la succes-
sion de formes suivante : sucida, sudica, suria,
surjc, surge (cp. vfr. mirje, mirge de medi-
cum).
SURGEON, vfr. sorjon; c'est pr. une chose
qui sort (quœ surgit) du pied d'un arbre.
Jadis sorjon (- petit surjon d'eau », Montai-
gne) était synonyme de sorce* source et dési-
gnait l'eau qui sort de terre. C'est un dérivé
de surgere, fr sourdre. J'estime cette étymo-
logie plus correcte que celle tirée du L. sur-
culus, rejeton, par un primitif surcus,
SURGIR, L. surgei'o. Voy. aussi sourdre.
SURJETER, coudre en je^an^ les deux bords
d'une étoffe l'un par-dessus l'auti^e. — D.
subst. verbal surjet.
SURMONTER, monter par-dessus, franchir,
cp. ail. iiber-steigen . — D. swrmontahle.
SURMULET, poisson; p. sor mulet (mulet
saur) ; mulet, dim. du L. mullus.
SURNAGER, formé de tuiger, d'après le
précédent du L. super-natare,
SURNOM, nom ajouté (voy. sobriquet)^
verbe surnommer.
SURNUMÉRAIRE, L. supranumerarius
(de supra nu7nerum)', cp. ail. iiber-zàhlig , —
D. surnumérariat.
SUROS, de sur -f- os; it. soprosso.
SURPASSER, passer, aller plus haut qu'un
autre.
SURPLIS, vfr. sorpelis, prov. sobrepclitz,
BL. superpelliceum. Voy. pelisse.
SURPLOMBER, dépasser l'aplomb, avoir le
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sus
— 479 —
SYN
haut plus avancé que la base. Voy. aplomb,
— D. subst. verbal surplomb.
SURPRENDRE, prendre ou saisir qqn. en
venant par au-dessus^ sans qu'il puisse s'en
apercevoir, prendre à l'imprévu, fig;. acquérir
frauduleusement, étonner (cp. les expr. ail.
tiba^-falleti, ûber-raschen). D'autres expli-
quent le sur, moins bien à mon avis, par
« prendre qqn. sur\Q fait ». — D. surprenant,
surpiise.
SURSAUT, 1. attaque brusque (cp. sur-
pinse), 2. saut en l'air, = L. supersaltus
subst. de supersalire. Cp. souh^esaut,
SURSEOIR, L. super-sedere, cesser, discon-
tinuer. — D. surséance et sursis, suspension,
délai.
SURTOUT, adv., par-dessus tout^ choses;
subst., pièce d'habillement ou de vaisselle,
mise par-dessus les autres.
SURVEILLE, jour au delà de la veille, en
comptant en arrière, cp. sur4endemain,
SURVEILLER, veiller sur, cp. ail. Uber-
wachen. — D. surveillant, -ance,
SURVENIR, L. super-ventrCy arriver à l'im-
prévu .
SURVIVRE, L. super-vivere, — D. survi-
vant, d'où survivance. Par analogie, on a tiré
de vie, L. vita, le composé survie.
SUS, adverbe, prov. *i^,esp., it. suso; c'est
le L. susum (forme accessoire de sursum =
subvorsum), vers le haut, en montant, abrégé
en sus dans la locution susque deque, de haut
en bas. — Composé : de-sus' dessus. Notez
aussi en-sus. — Dans quelques compositions
romanes et techniques {suscTnption, susdit,
etc.), le préfixe sus équivaut pour le sens au
L. supra, — Le préfixe latin sus (dans sus-
cipere, sus-tinere, etc ) est une variété de
5w^ par la forme intermédiaire subs; cp. os
(dans os-tendere) p. obs, ob, et as (dans aspor-
tarc) p. abs, ab; parfois, cependaiit, il repré-
sente sus = sursum.
SUSCEPTIBLE, L. susceptibilis (Boëce) =
qui facile suscipit, le verbe sus-cipere (supin
susceptum) étant pris dans le sens de ««éprou-
ver, être sensible » (cp. suscipcre dolorem,
invidiam). — D. susceptibilité,
SUSCITER, L. sus-citare, soulever.
SUSCRIPTION, mot fait avec Tadv. fr. sus,
en imitation du L. supra-scriptio ; opposé à
souscription, L. sub-scriptionem.
SUSPECT, L. suspectus, part, passif de
suspicere, soupçonner. — D. suspecter, L. sus-
pectare, synonyme de soupçonner (l'un et
l'autre se rattachent «u verbe specere, voir).
SUSPENDRE, du L. suspendere, tenir sus-
pendu, interrompre, arrêter. Au supin suspcîi-
suta se rattachent : participe suspensus, fr.
suspens, suspendu de ses fonctions, subst.
participial suspensa*, fr. suspense, adv. in
suspenso, fr. en suspens ; suspensorium, sus-
pensoir^ -aire ; sus\iensïoïiQm, suspensiœt ; sus-
pensivus, suspensif. — Voy, aussi soupente,
SUSPENS, voy. l'art, préc.
SUSPICION, L. suspicionem, voy. soupçon,
SUSTENTER, L. sustentare (fréq. de sus-
tinere).
SUTURE, L. sutura, couture {suere).
SUZERAD^; on croit ce mot formé de
susum, fr. sus, comme souverain de supra. —
D. suzeraineté.
SVELTE, de rit svelto, dégagé, agile, lequel
vient du verbe svellere (fait du L. ex-vellere),
arracher, étirer, dégager. — Ceux qui rap-
portent it. svelto à svegliato, fr. éveillé, com-
mettent une grave erreur.
SYCOMORE, L. sycomorus, gr. vwôfiopoç,
litt. fi^nier-mùrier.
SYCOPHANTB, gr. avAOfkvrvi, pr. dénon-
ciateur de figues fraudées, puis on général
délateur, calomniateur.
SYLLABE, L. syllaba (ail. silbe), du gr.
9uX>a6i$, ce qui est pris en une seule émission
de voix; du gr. ^wÀla/ttSàveiv , prendre ensem-
ble, L. comprehendere. — D. syllaber, sylla-
baire. Un autre dérivé du même verbe grec
• est ïû).i>2f i,-, fr. syllepse, pr. action de lier en-
semble.
SYLLABUS, terme ecclésiastique, récapitula-
tion sommaire des erreurs doctrinales, signa-
lées dans les allocutions, encycliques et autres
documents officiels du Souverain- Pontife ; du
L. syllabus, sommaire, résumé (du même
verbe awÀia/A^àvtiv qui a donné syllabe),
SYLLEPSE. voy. l'art, préc.
SYLLOGISME, L. syllogismus, du gr.
(TuU9yiT/«05 , calcul, raisonnement. — D. syllo'
gistique, gr. ffuiXo/un/o';.
SYLPHE, ail. sylphe, papillon, génie élé-
mentaire de l'air ; tient sans doute au grec
lik^ri, mite (cp. salamandre, génie du feu;. —
D. sylphide,
SYMBOLE, L. symbolum, du gr. <TÛ/i«9iov,
signe, marque, de au^u-Sàilsiv , deviner,
expliquer, traduit littéralement par le L. con-
jicere (d'où conjecture). — D. symbolique, gr.
vufjL^oXiitôi ; symboliser, -ism^e,
SYMÉTRŒ, gr. oufifjLtrplx, juste mesure,
accord, concordance, proportion. — D. symé-
trique, -iser.
SYMPATHIE, gr. cu/ATrat^ra, que les Latins
ont traduit exactement par com-2)assio. — D.
sympathique, -iscT.
SYMPHONIE, gr. oujiffjivicc, litt. ==^ L. con-
sonantia^ accord. Le vfr. en avait fait chifonie.
SYMPTÔME, gr. aùfiïïrotfix , coïncidence ,
accident qui accompagne une maladie (de
ffu^TrcTTTiiv, coïncider). — D. symptomatique,
gr. ^y/*7rTW/AaTixc4.
SYNAGOGUE, gr. ffuv3t/«y>i, réunion, assem-
blée.
SYNALLAGMATIQUE, adj. du gr. auvà).-
Xa/fir, objet d'échange, contrat.
SYNCHRONE, du gr. 9v/xpovos, simultané.
— D. synchronique, synchronisme,
SYNCOPE, gr. au/xon^ (xotttîiv, couper),
1. raccourcissement par la suppression d'un
terme, d'un élément, 2. aflaiblissement subit,
défaillance. — D. syncoper,
SYNCRÉTISME, gr. au/xpïjriî/Ao;, mélange.
SYNDÉRàSE, t. d'ascétique, remords do
conscience; on a, pour origine, proposé gr.
9w-Tr,pn'Siit observation, garde, mais Tadou-
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TAB
— 480 —
TAC
cissement dur, pourquoi? Un linguiste mo-
derne a imaginé la composition allemande
siinde, péché, -|- reissen^ arracher; je la cite
à titre de curiosité.
STNDIG, L. syndicus^ gr. -juv^ixo,*, conseil
dans un procès (Jfxi?), avocat, procureur.
SYNECDOQUE, gr. auvi/iox'î' compréhen-
sion (implication d'un sens dans un autre).
STNÉRÊSE» gr. «wa^pt^t,-, contraction.
STNODB, L. synodus, gr. vùjoBoi, compa-
gnie de route (ô5o;), puis compagnie, assem-
blée en général. Le mot français devrait être
du genre féminin, comme les correspondants
gr.. lat. et ail. — D. synodal,
SYNONYME, gr. awv-wvu/xoi , =• qui dé-
nomme concurremment (avec un autre mot).
— D. synonymie^ 'ique.
SYNOPTIQUE, grec ^u^onruôi, qui fait em-
bra.sser divers objets d'un seul coup d'oeil.
SYNOVIE, t. médical, forgé par Paracelse
au moyen de ^uv + wo» (<»uf) ou plutôt lat.
oviim.
SYNTAXE, grec aûvrali; (litt. == co-ordi-
natio). arrangement.
SYNTHÈSE, gr. <tûv3mi;, liU. = L. com-
positio; adj. synthétique, gr. owv5jti/.o;.
SYPHILIS, voy. siphilù. — D. syphili-
tique, syphiliser,
SYSTÈME, grec vxt-txf.iioL^ -xroit réunion de
plusieurs choses pour former un tout, assem-
blage, composé organique; par sa facture
[txj* + UrtiiiK^ le mot correspond exactement
au L. con-stitutio. — D. systématique, grec
T
TABAC, it. tabacco, csp. tabaco, mot né en
Amérique ; c'était en premier lieu le nom du
tube dans lequel les indigènes fumaient le
tabac; la plante elle-même s'appelait cohiba.
D'autres font dériver le mot de l'Ile de Tabaco,
une des petites Antilles, d'où l'on pense que
le premier tabac fut apporté en Rspagne. Je
ne sais qui a raison. — Les Anglais disent
tobacco, les Allemands tabah (aussi tobak, tu-
bah). — D. tabagie, tabatière, smctabaquière,
it. tabacchiera.
TABARIN ; ce fut d'abord le nom donné à un
farceur, vers le commencement du xvii* siècle,
à cause du tabard (aussi tabar) ou petit man-
teau qu'il portait. Tabard se trouve dans l'it.
tabarro, esp., port, tabardo, angl. tabard,
cymr. tabar, grec du moy. âge racfxTt&piov,
mais l'étymologie en est inconnue.
TABELLION, L. tabellionem, notaire.
TABERNACLE, L. tabemaculum (tabema),
tent«, petit temple.
TABIS, taffetas onde, calandre, it. tabi,
néerl. tabijn; &ng\.tabby, ail. tabin. *Tabis,
satabis, tabith, sorte d'étoffe de soie faite par
ondes dont on établissait des robes et des
jupes et aujourd'hui des garnitures pour les
livres. Huet pense que ces mots ont été faits
du royaume de Thibet, Thébeth, d'où venaient
ces étoffes, n Ainsi s'exprimait Roquefort. La
vérité est que le mot représente l'arabe attabi,
m. s. Celui-ci, nous apprend Dozy, vient d'une
rue de la ville de Bagdad, nommée d'après
Attab, petit-fils d'Omaya, et où se fabriquait
cotte étoffe. Vs final du vocable fr. est adven-
tice et s'est communiqué au dérivé tabiser.
TABLATURE, descriptions ou indications
diverses dans l'enseignement de la musique,
faites sous forme de tableau ; au ûg. = chose
difficile, embarrassante ; dér. d'un verbe tabu-
lare, faire des planches ou tableaux (tabula),
TABLE, patois taide, prov. tauJa, csp.
tabla, it. tavola, du L. tabula, qui signifiait :
1 . planche, ais (d'où s'est déduit le sens mo-
derne = mensa); 2. morceau plat de métal ou
de pierre servant à écrire ou graver, d'où l'ac-
ception écrit, liste, registre; 3. peinture sur
un panneau de bois, tableau. — D. attabler,
entabler. — Sont encore issus de table ou
tabula : Tableau, tableT, type latin tabu-
lellus. De là la langue des feuilletonistes s'est
permis de lancer le dim. tableautin. — Ta-
BLKTTK, petite planche, pièce plate, petite
tabula à écrire. — D. tabletier, faiseur de
tables ou planches à jouer (échiquiers, tric-
tracs, etc.); de là tabldtei'ie. — Tablature,
voy. ce mot. — Tablier, 1 . échiquier, damier,
de tabula = planche à jouer (d'où aussi le
verbe tabler, poser, caser les dames sur l'échi-
quier); 2. parquet ou plancJier d'un pont;
3. objet de vêtement, servant à préserver les
habits quand on se trouve à table, soit pour
travailler, soit pour manger; ou bien cette
dernière acception vient-elle de tabula, comme
signifiant chose plate et mince? Cp. en L. tabu-
larepalaii, employé par Végèce p. le voile du
palais.
!IABLOIN, terme d'artillerie, plate-forme
faite de madriers pour placer une batterie do
canons, dér. de tabula, (par un type tabulo-
rium) ?
TABOURET, dérivé de taboiir* tambour,
donc pr. un petit siège à forme de tambour.
TAC, maladie contagieuse des moutons;
m'est avis que ce mot est analogue à l'expres-
sion clou, L. clavus (d'où la maladie dite cla-
veau ou clavelée); or, nous verrons dans l'art,
suiv. que ^ac signifie en effet clou. — D'après
Brachet, c'est le L. tactus, contact, au sens
de contagion, de lèpre, qu'on trouve à ce mot
dans la version de la Bible dite Itaîa.
TACHE, marque, souillure, it. tacca, coche,
cran, tache, vice, taille, taccia, tecca, tache,
— D'autres rejetons du mémo radical lac se
rencontrent dans les idiomes romans ave 3
diverses significations; nous citons it. tacco,
talon (pr. pièce plate) de soulier, wallon tac,
plaque, fer-blanc, rouchi tacq, pièce de terre,
langued. tacho, clou à tête plate ; it. taccone.
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TAC
— 481 —
TAI
fr. tacon, morceau de cuir (pour raccommoder
des souliers; cp.fr. rataconer= raccomomder,
rapiécer), esp., port, tacon, talon do bois pour
souliers, et tachon, galon, clou à tête dorée,
fr. tacon, ulcère contagieux do certains
oignons, taquon, t. d'imprimeur, pièce plate
mise sur le grand tympan ou sous les carac-
tères trop bas; les ouvriers champenois
appellent tache leur tablier de peau. Il est
probable que toutes ces i^ariétés sont de la
même famille et découlent d'une racine tac,
désignant toutes sortes d'objets faisant saillie
ou relief sur une surface plane, ou, pour nous
servir du mot même, « faisant tache » . Tantôt
l'objet en relief est plat lui-même, tantôt
pointu. Cette racine se retrouve tant dans
l'élément celtique que dans les idiomes ger-
maniques : nous citerons gaél. tac, corn, tach,
clou, angl. tack, pointe, crochet, nôerl. tah
(ail. zacke), dim. fr. taquet; verbe néerl.
taeken, ags. taecan, angl. taJte, empoigner,
prendre. C'est du même primitif tac que pro-
cèdent encore nos verbes fr. attacher, atta-
quer (v. c. m.) et détacher, — Notre mot
tache, dans son acception marque, souillure,
est donc identique avec le même mot signifiant
morceau, pièce plate; une transition de signi-
fication analogue se rencontre dans le mot
allemand fleck, qui signifie à la fois pièce
d'étoffe, pièce de terre (d'où fticken, ra-
piécer) et tache. — Burguy pose la ques-
tion s'il ne faut pas séparer étymologi-
quement le mot fr, tache ou taiche des autres
vocables rapportés ci-dessus, et le rattacher
directement au goth. taikns, ags. tAcun,
tacn, etc. (ail. mod. seichen), qui signifie
marque, signe. Il est toutefois disposé à la
résoudre négativement, comme l'avait déjà fait
avant lui Diefenbach, et à accueillir la manière
de voir de Diez, qui est celle qu'il a repro-
duite dans son livre et que nous avons suivie à
notre tour. — Si l'on voulait disjoindre tache^
taiche'' des autres mots cités, une autre éty-
mologie se présenterait, réunissant toutes les
conditions voulues de sens et de forme. Nous
déclarerions tache pour le subst. verbal de
tacher, et tacher pour la représentation d'un
tyi>e L. tactiare, toucher, meurtrir, tiré du
part, tactus; nous citerions à l'appui, pour la
îovmQ, pUchier plisser, de plie tus, et pour le
sens, le L. maca*, dim. macula, do macare* ,
fouler, presser (voy. notre article macqucr). —
D. tacher. — On ne saurait traiter l'art, tache
sans, rappeler le vfr. taiche, tcche = qualité
distinctive (bonne ou mauvaise). Je le tiens
pour identique avec tache; le sens qui les relie
est l'idée « point saillant, marque distinctive •».
Tâche, vfr. tasche, tasque, angl. task, ou-
vrage imposé; prov. tasca^ tascha, BL. tasca,
taxa^ impôt sur les terres, champart. Ces
mots dérivent du L. taxare (cp. lâcher, de
laxare) et signifient ce qui a été adjugé, assi-
gné à qqn., ce qu'on l'a taxé. — D. tâcher,
pr. prendre à tâche, chercher à réussir dans
ime entreprise.
TACHER, voy. tache, — D. fiéq. tache-
ter; cps. entaclier.
TACHER, voy. tâche,
TACHYGRAPHE, du gr . T^xu/pâ?©,-, qui écrit
vite. — D. tachygraphie.
TACTTE, mot à forme savante, L. tacitus;
TACITURNE, L. tacttumus, d'où tacttumité^ L.
-itatem.
TACT, L. tactus ftangere), le toucher ; tac-
TiLE, L. tactilis, palpable; tactuel.
TACTIQUE, gr. «î raxtuiî, s. e. tI/vt», art
de ranger, de disposer (rarTsiv) des troupes.
Pour le sens fig., cp. stratagème. — D. tacti'
cien.
TAFFETAS, it. taffetà, esp. tafetan, angl.
taffety, taffeta, ail. taffet, néerl. taf, du per-
san tâftah, tissu.
TAIE, vfr. toie ; d'après Ménage, suivi par
Diez, du L. theca (&>i/>7), étui, gaine, enve-
loppe. Diez appuie cette origine du grison
teija (teigia), = gaine et housse de lit, qui
s'accorde avec theca, comme gris, speija avec
spica, — Avant de connaître cette étymologie,
j'avais noté celle de tega (togere), pr. couver-
ture ; je ne l'abandonne pas définitivement ;
elle est acceptable au point de vue tant du
sens (cp. L. tegumenium, couverture, housse,
enveloppe) que de la forme, au même titre que
celle de theca, — Le vha. Jiiecha, ail. mod.
zieche, taie, parait être congénère avec taie,
L't germanique se retrouve dans le dim. champ.
tiquette = taie d'oreiller, ni. tijk, angl. tich.
Le mot taie, dans le sens médical de pellicule
formée sur l'œil, s'accommode en tout cas
mieux avec l'étymologie tega. Il pourrait être
tiré du prov. tàca, tache, si la forme toie
qu'on lui trouve en vfr. ne postulait un radi-
cal tec ou teg,
TAILLAHDIBR, voy. tailler, — D. taUlan- ^
derie,
1. TAILLE, coupe, tranchant, stature, etc ,
it. taglia ou taglio, esp. taja, prov. talha;
subst. verbal de tailler (v. c. m ).
2. TAILLE, impôt. Ce mot, à mon avis,
représente un type tacula, dimin. du BL.
tacus, impositio (charte de Charles le Simple
de 916), dont je ne fixerai pas l'origine (p.
tascus, taxits, de taxare f). Il peut, cependant,
je n'en disconviens pas, facilement être ramené
au mot précédent; cp. le terme accise {v. cm.)
et assiette des impôts = L. assccta (secare).
— D. taillable, taillon,
TAILLER, d'après Diez, du L. talea, bou-
ture, scion (cp. paille, it. paglia, du h.pal^a) ;
opinion appuyée par le verbe inter-taleare
(Nonius Marcellus), couper (un surgeon). Une
origine du goth. dailjan, partager, pour la-
quelle s'est prononcée Chevallet, ne s'accorde
nullement avec la lettre. — D. taille, sub-
stantif verbal (v. cm.); taillade, it. iagliata,
d'où taillader; taillant, tranchant, outils
tranchants (surtout ciseaux), d'où taillandier;
TAILLEUR (cp. l'ail, schncider), angl. tailor;
taillis, jeune bois mis en coupe réglée;
TAILLOIR, plat pour tailler (d'où le v. flam.
talioor, holl. ttljoor, ail. teller, voy. notre
art. assiette). — Composés : détailler, en-
tailler.
TAILLEUR, -IS, -OIR, voy. tailler.
31
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TAL
482 —
TAN
TAIN, écourtô de estain étain (v. c. m.);
cp. préle^ p. espreUe, pâmer p. espasmer,
TAIRE, d'une forme barbare tacëre (cp.
plaire àeplaceré). En vfr. on avait aussi taisir,
forme plus correcte, puisqu'elle respecte Ve
lonjç do la bonne forme lat. tacëre.
TAISSON (champ, tachoii), it. tasso, prov.
tais et taisô, esp. texon, BL. taxas et taxo,
-onis; du goth. thahs\ forme (hypothétique)
antérieure à dahs^ ail. moà^dachs. — Rônsch
(Grôb. Ztschr., I, 420) rattache BL. taxusci
ail. dachs à lliébreu thachasch, m. s. — D.
taisscniière, conti*acté en vfr. taisnière, tes-
nière, d'où tanière (v. c. m.); cp. maisnage"
mesnage* ménage^ j^. maisonage.
TALC, it. talco, ail., angl. talh, de l'arabe
talaq (d'origine persane). — D. talcairc, toi-
cique,
1. TALENT, poids d'or ou d'argent, L. ta-
lentum (du gr. TàÀavrov, 1 . balance, 2. l'objet
2. TALENT, autrefois = désir, envie, vo-
lonté, gré, signification propre encore à l'it.
talento, esp. talento, talante, prov. talen,
talan,wa\\. dalant. Comme le mot préo., celui-
ci découle du gr. ràlvyrov, balance ; il marque
propension, inclination. — D. taîeiiter\ ata-
lejiter', avoir à gré, désii-er. entale7iter* , ren-
dre désireux; cps. maltahniC maittalent,
mauvaise volonté, haine, rancune.
3. TALENT, aptitude à faire qqch., habi-
leté ; c'est le mot préc. avec une acception dé-
duite. Du sens inclination à celui d'aptitude, il
n'y a pas loin. — Ou bien faut-il voir dans cette
signification « don naturel » une allusion au
talent de l'Evangile, qui est le »» trésor », l'en-
semble des facultés que chacun a reçues de
Dieu, pour qu'ij les fasse valoir en les mettant
en œuvre? — La forme écai*te l'étymol. ail.
t/tcil, teil, part, lot, que j'ai vu tenter ces der-
niers temps.
TALION, du L. talio, -mtwaalis).
TALISMAN, it. talismano, esp. talisman;
direct, du persan tilismân, plur. de tilism
(arabe ttlsam), qui à son tour reproduit le
bail-grec ri)itfisx^ image magique.
TALLE, branche qu'jin arbre pousse à son
pied, esp., it. talh, du L. thalhts (^^rjoi),
m. s. — I). t aller,
TALMOUSB, soufflet, coup de poing; de
taler, frapper (voy. taloche) et mouse, dans
les patois = museau, visage (cp. le terme
casse-museau). — Je ne me charge pas d'ex-
pliquer te mot comme signifiant une espèce
de pâtisserie. Par l'élément tal, il tient sans
doute à l'a ne. talemelier, boulanger, pâtis-
sier, que Littré explique par taler, battre
-|- mêler.
TALMUD, de l'hébreu talmoud, doctrine,
enseignement.
1 . TALOCHE, coup de main sur la tête ;
dérivé d'un verbe taler, frapper, meurtrir,
qui se trouve dans plusieurs patois, et dont je
ne connais pas l'origine. Cp. talmouse.
2. TALOCHE, anc. = bouclier. Ce mot est
p. tateloche (type tahulaceus)^ comme on expli-
♦que très plausiblement le vfr. talevas, m. s.,
par une transposition de tavelas, donc comme
le corresp. de l'it. tamlacciojype de L. tabul-
accus. On nomme encore taloche une planche
mince et carrée pour étendre le plâtre.
TALON, it, tallone (le double l est irrégu-
lier), esp., port, talon; dét. du L.to/u5, che-
ville du pied, talon. — D. talonner, marcher
sur les talons de qqn.; talonnière,
TALUS, pente, du L. talus, talon, parce
que le talon du pied va en pente par diminu-
tion dépaisseur. — On écrivait jadis aussi
talut, de là le verbe dér. taluter.
TAMARIN, it., esp. tamarindo, de l'arabe
thamar hindi =^ datte indienne. — D. tamo
rinier.
TAMARIS, aussi tamarisc, it. tamerice, du
L. tamarix, m. s.
TAMBOUR, it. tamburo, esp., port, tambor,
atambor, vfr. tahor, tabour, prov, tabor. On
déi ive généralement ce mot du persan tom-
bùr, arabe tonbur = cithara. — D. tabourer,
tabouler', it, tamburare, frapper comme sur
un tambour; tambourin, d'où tambouriner;
tabouret (v. c. m.).
TAMIS, prov. tamis, it. tamigio, vénitien
tamiso, esp. tamiz. Diefenbach y voyait un
dérivé du celt. /a/n»ia, mettre en pièces. Dans
ce cas la terminaison is («= it. igio) devrait
répondre à un suffixe latin itium, mais,observe
Diez, non seulement le BL. dit tamisium^
mais encore un type tamitium aurait néces-
sairement fait en prov. tamisi ou tamitz et
non pas tamis. Le pliilologue allemand rap-
porte donc de préférence tamis au néerl.
teems, tems, m. s. Mais d'où vient temsf Diez
ne s'en occupe plus qu'en citant le vha. ze-
misa^ son. Reste à savoir si tems n'est pas un
emprunt au BL. tamisum ou tamisium. La
porte aux conjectures est donc encore ouverte.
— L'angl. a taminy, tammy, blutoir, mais
ces formes représentent le fr. estamine* éta-
mine et sont étymologiquement distinctes de
tamis. — D tamiser.
TAMPON ou tapon, angl. tampion, BL.
tappo, esp. tapon, dér. de tape, m. s. (terme
de brasserie). Tape est l'ags. taeppe, angl. tap,
ail. 2apf{Ci!o\x it. zaffb), m. s. — D. tampon-
ner.
TAN, écorce de chêne moulue. D'après
Frisch, de l'ail, tanne, sapin, le tan s'étant fait
(et se faisant encore) avec de l'écorce de sapin ;
d'après Diefenbach et autres, du breton tann,
chêne, mais Diez objecte que ce mot est étran-
ger aux langues celtiques et même au breton,
à l'exception du dialecte de Léon. En ce der-
nier point, il se trompe; Chevallet cite plu-
sieurs composés celtiques de tann. — D'où
que vienne ce subst., le verbe tanare remonte
très haut dans la basse latinité. — D. verbe
tanner (rouchi <e/ier, champ, tenner, v. flam.
tanen, tet/nen); la signification métaphorique
qui s'y rattache, tourmenter, lasser, fatiguer,
se rencontre déjà chez les trouvères; cp. esp.
surrar, corroyer les peaux, &g. pousser à
bout; tanin.
TANAISIE, angl. tanst/, vfr. t€7uiise: c'est
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TAN
— 483 —
TAP
la forme écourtéed'a^a^KWte (du gr. i^availv,
immortalité). L'esp. dit tanacelo et atanasia.
TANGER, vfr. te^icery tencher; de là subst.
vfr. te7tce ou tençon, insistance, dispute, que-
relle. D'un type lat. tentiare, tiré de tentas,
part, de tendere, s'efforcer, lutter, dispute^
(voy. Baist, Grôb. Ztschr., VI, 119). L'étyra.
par tentas de Ui^ere doit être écartée. — Le
Vocabulaire d'E?reux présente l'adj. tenceuat
ss contentiosus.
TÂNGHS, angl. tench, du L. tinca, m. s.
TANDIS, aussi longtemps, pendant ce temps
(signification ancienne de cet adverbe), du L.
tamdiu. L'adverbe d/w, romanisé en jdi, et,
avec r* adverbial, en dis, se trouve aussi
dans Jadis, Chevallct et Littré expliquent
tandis par tantos dies; en effet, le mot a pris,
dans l'ancienne langue, parfois cette valeur
par confusion, mais le prov. tandius, corré-
latif de qu'andius, témoigne en faveur de l'é-
tymologie tamdiu,
TANGENTS, du L. tangentem^ qui touche,
subst. tan^ance /TANQiBLK, L. tangibilis [ioXL-
gere).
TANOUX, dépôt terreux qui se trouve
en certaines baies et qui est un excellent en-
grais. Non pas de l'ang. dung, fumier, comme
pense Roulin (ap. Littré), mais, selon Joret
(Rom., IX. 303), de l'ail, tang, angl. tangei
tangle, espèce d'algue ou fucus ; le fucus sert
à fumer la terre comme la tangue; il n'est donc
pas surprenant qu'on ait donné à la seconde
le nom du premier. — D. tanguter, engrais-
ser de la terre avec de la tangue.
TANGUER, balancer de poupe à proue;
d'origine inconnue ; d'après Roulin, de tangue,
fange, vase (v. c. m.); ce serait pr. s'enfoncer
dans la tangue par l'avant. — Joret est disposé
à rapporter tanguer à l'island. tangy, « a point
projecting into the sea », ou « the pointed end
by which the blade is driven into the handle » .
11 compare pour le sens cp. ail. stampfer,
•• pilon », et stampfen^ • tanguer » . Cela mérite
confirmation. — D. tangage.
TANIÈRE, pr. le trou du taisson, voy. taiS'
son. N'était la forme vfr. taisnière, qui appuio
l'étymologie que nous avons suivie, le mot se
déduirait plus naturellement de l'it. taJîa,
caverne, tanière (se ti*ouve aussi dans un texte
latin de 1245), que l'on prend, À défaut de
mieux, pour une forme tronquée de sottana,
pr. la souterraine .
TANNE, petit bulbe durci dans les pores de
la peau ; de l'anc. fr. tanne, couleur de tan,
la tanne (pr. marque qui reste sur une peau
d'animal après qu'elle a été préparée) est ainsi
dite de sa couleur (Littré).
TANNER, voy. tan. — D. tannée; tanneur,
tannerie.
TANT, L. tantum. — D. tantet et tantin,
d'où dJm. tantinet; tantième,
TANTE ; la forme ancienne (encore en usage
dans les patois) est ante = an^l. aunt, prov.
amda, et vient du L. amtta. La langue d'oîi
avait en outre la forme accusative antain (cp.
nonain, putain). La prosthèse du t est pure-
ment euphonique; à l'époque où Ion ne disait
plus m" ante (cp m*amie), reculant devant la
forme mon ante (à Valancicnnes on dit cepen-
dant m'n ante, et Jean Lemaire des Belges a
ton ante), on a dit ma-tante, comme on
dit encore a-t-on, voilà-t-il. L'ail, tante est
tout à fait moderne et pris du français, Littré
pense que tante est pour ta ante, et est devenu
synonyme de aiite par le même procédé po-
!)ulaire qui a donné le wall. mononk, p. oncle
mon mononk = mon oncle). — Canello (ap-
prouvé par Paris; voit dans tante un redou-
blement hypocoristique de ante; peut-être
a-t-on dit d'abord an tante. Cela est plus facile-
ment imaginé que démontré.
TANTINET, vfr. aussi tantelet, voy. tant.
TANTÔT, p. ta7it tôt, voy. tôt.
TAON, prov., vfr. tavan, esp. tabano, it. ta-
fano, du L. tàbanus,
TAPABOR, mieux tapabord (Corneille et
Richelet), esp. de bonnet de campagne, qu'on
portait pour aller à la mer; de l'anc. expres-
sion taper à bord, aller à l'abordage (Littré,
Suppl.).
TAPAGE, dér. de taper, — D. tapager,
d'où tapageur.
1. TAPE, coup de la main, subst. verb. de
taper.
2. TAPE, bouchon, ail. zapf, voy. tampon,
— D. tapette.
TAPER, frapper, d'une racine tap, répan-
due partout pour exprimer l'action de battre,
surtout battre à plat. — D. tapage, tapin, ta-
poter. Cps. tapecu (tape-cul), bascule.
TAPINOIS lEN), voy. tapir.
TAPIOCA, mot brésilien.
TAPIR (SB), se blottir dans le but de se
soustraire aux regards; de là vfr. et prov.
tapin, caché, prov. a tapt, vfr. en tapin, d'où
tapiner, cacher, déguiser, d'où en tapinage,
auj. en tapinois = en cachette. — Pour l'éty-
mologie de tapir, Frisch. a pensé à tap,houchon,
pr qqch. de roulé, de ramassé ensemble, et
Diez, à l'appui de cette manière de voir, rap-
pelle le fr, cacher (v. c. m.), qui au fond dit
la même chose, c.-à-d. presser, serrer. Se
tapir serait donc se peloter, se mettre en
paquet. Du Cange dérivait le mot de taîpa,
taupe; mais, sans parler du sens, qui pourrait
bien s'y opposer aussi, Diez pense que l'élision
de / serait un fait trop insolite pour oser lui
donner raison. D'un autre côté, le linguiste
allemand ne disconvient pas que l'adj. champ.
taupin, secret, est on effet une forme créée
par assimilation à taupe. — Littré doute que
tapir ait pu produire unadj. tapin; ce doute
est fondé, mais nous avons un fait analogue
dans lapin, p. clapin, de cîapir. Le terme
tapinois est. paraît-il, né au xvi® siècle; je me
l'explique par une assimilation au mot voisin
sournois.
TAPIS, ^To\.' tapit, it. tappeio,es,^., port.
tapete, tapitz, du L. tapes, tapete et tapetum
(gr. Tiîiïïi), étoffe de laine à longs poils qui
servait de tapisserie pour les murs d'un appar-
tement, de tapis pour les planchei*s, etc. —
Cornu (Rom., VII, 351) remarque avec raison
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TAR
— 484
TAR
qu'à cause de son s final, fr. tapis ne peut
venir ni de tapétem, ni de tapétum^ mais qu'il
représente le dim. gr. TaTrcnov, latinisé en
tapétium, — D. tapisser, it. tappezzare;
tapissier, tapisserie, dont langl. a feit tapes-
try.
TAPON, voy. tampon.
TAPOTÉE, fréquentatif de taper,
TAQUS, t. d'imprimerie, plaque de fonte ou
de bois, voy. sous tache, — D. verbe toquer,
en imprimerie, presser la taque sur une
forme.
TAQÏÏER, voy. taq^ie, — D. taquoir.
TAQUET, piquet, crochet, de tac, clou ; voy.
sous tache,
TAQUIN, vilain, chiche, chicaneur, etc., it.
taccagno, esp. tecano; de là les verbes it. tac-
cagnare, fr. taquiner, avoir l'humeur taquine,
quereller, contrarier pour des riens. La source
de ce mot est germanique; c'est, suppose-
t-on, quelque forme bas-allemande (toa^, tach,
hoU. taig^ taeg), répondant au haut-aUcmand
zâhe, tenace, avare. Cp. le dérivé néerl.
taeyaerd, homo tenax, avarus (Kil.); les
Latins employaient de même tenax dans le
sens d'avare. — Cependant, nous préférons
citer ici le verbe tagghen, renseigné par
Kiliaen et traduit par disceptare, vitilitigare,
altercari ; ce verbe répond mieux au radical
du mot fr. ; à notre avis, tagghen est la forme
néerl. correspondant au haut-ail. zanken,
disputer. — Littré rattache taquin à tac,
clou = « ce qui attache »• ; la liaison des sens
me semble forcée.
TAQUINER, voy. l'art, préc. — D. taqui-
nerie,
TARABUSTER, prob. une forme extensive
du vfr. tabuster et tabuter, faire du tapage
(prov. tabustar, tabussar, it. tambussare;
subst. prov. tabust et talabust, it. trabusto,
bruit, vacarme); mots d'origine inconnue.
TARAUD, voy. tarière. — D. tarauder.
TARD, du L. tardus, m. s.; de là a(\j. tar-
dif, prov. tardiu, esp., port, tardio, it. tar-
dive; verbe TARDER, L. tardare; cps. retarder,
attarder, — Le vfr, targier, wall. targt,
taurgt, pic, norm. targer représente le type
L. tardicare.
TARE, déchet, diminution sur le poids
d'une marchandise, prov., it., esp. tara; de
l'arabe tarah, écarté, tarh, chose laissée en
arrière, rebut. — D. tarer, causer de la tare,
endommager, gâter; de là lepart.-a(y. taré,
avarié, gâté, mal noté.
TARENTELLE, danse nommée d'après la
ville de Tarente.
TARENTULE, it. tarantola; cet insecte
tire son nom de la ville de Tarente, où il est
assez commun.
TARER, voy. tare,
TARET, voy. tarière. Congénère avec L.
teredo, gr. t«/&»35«ûv, teigne.
TAR6E, it. targa, esp., prov. tarja; du
vha. zarga, défense, abri, ags. targe, nord.
targa, bouclier. L'ail, mod. tartsche est réem-
prunté du roman. — D. dim. target, targette;
verbe se targuer, pr. se couvrir de qqch.
comme d'un bouclier, fig. se prévaloir avec
défi ou ostentation. En vfr. targier signifiait
protéger.
TARGUER (SE), voy. l'art, pi-éc.
TARIÂRE (dans les dialectes terère, terière),
prov. taraire, esp. taîadro p. taradro, du L.
tara^rwm (Isid., 19, 19) = gr. rkptrpov (rtlptiv);
les gloses de Cassel portent taradrus. Tara-
trum autorise à supposer l'existence d'un
ancien verbe latin tarare, dont relèvent direc-
tement les subst. taraud, instrument pour
faire des écrous, taranche, grosse cheville, et
taret, mollusque qui troue le bois des digues
et des vaisseaux. Du même radical vient le
L. tarmes, ver qxii ronge le bois, d'où it.
tarma, esp. tarma, it. tarlo, ver rongeur. —
Les langues celtiques ont un mot corres-
pondant à taratimm, savoir cymr. taradr,
bret. tarar, tarar, tarer., terer = foret. Les
formes dialectales terère, terière découlent
peut-être directement du L. terebra {ci^. pau-
pière de palpebra), dont le dimin. L. terebel-
lum a donné le prov. taravel, tarière, trépan.
TARIF, it. tari/fa, esp. tarifa, de l'arabe
tarif, annonce, publication. — D. tarifer; néol.
tarificaiion,
TARIN, chardonneret; dans les dial. tairin,
tirin, térin; selon une conjecture de Diez, du
pic. tère, tendre (L. iener}\ l'équivalent ail.
seisig vient de môme, dit-on, du mha. zeiz,
tendre.
TARIR, du vha. tharrjan, darrfan, dessé-
cher.
TARLATANE, prob. d'origine indienne. Ou
le mot aurait-il quelque rapport avec l'it. tar-
lata, piqué des vers (dér. de tarlo)% Le Mila-
nais dit tarlantanna p. tiretaine.
1 . TAROT, basson. Cet instrument de mu-
sique tire peut-être son nom des trous dont il
est pourvu et appartient ainsi à la famille du
subst. tarière,
2. TAROTS, jeu de cartes, de l'it. taroccho
(ail. tarok), dont j'ignore l'origine. Notez que
tarot signifie aussi un dé dont chaque côté
porte son nombre de trous noirs. Dans cette
signification, le mot se confond étymologique-
ment avec le préc. Il se peut que le nom du
dé se soit transporté aux cartes, à cause du
dessin de leur revei-s. — D. taroté.
TAROUPE, d'origine inconnue. — Dans le
Mans, r= chanvre grossier.
TARSE, gr. r&p^oi, m. s., pr. claie (voy.
Larousse). — D. tarse, tarsien, tarsier,
TARTAN, étofie de laine à carreaux; de
l'angl. tartan, que les étymologistes anglais
croient être roman et identique avec l'esp.
tiratana (fr. tiretaine), espèce de soie mince.
TARTANE, it., esp., port, tartana, espèce de
petit bâtiment de la Méditerranée; du BL.
tarida, tareta et tarta, qui vient de l'arabe
(égyptien) taridah, nom d'un vaisseau affecté
spécialement au transport des chevaux.
TARTE, p. torte, it. torta, du L. torta (tor-
quere), chose faite en spirale, BL. torta panis
Vulgate), miche de pain. Le même L. torta
ail. torte) a donné également le mot tourte,
La supposition d'après laquelle la forme
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TAT
— 485 —
TAU
tarte, BL. tarta, est simplement une modifi-
cation de torte ou torta, ne me semble pas
être à Tabri de toute objection. Il doit, en
tout cas, y avoir eu, pour opérer ce change-
ment do 0 en a (que l'on rencontre du reste
encore dans prov. tartuga p. tortuga, fr. tor-
tue), rinfluence de quelque autre mot de fac-
ture et do signification similaires. L'it. a
p. tarte aussi la forme tartara, et le BL. la
forme tartra. La tarte, c'est un point â noter,
implique plutôt l'idée d'un gâteau plat que
d'une pâtisserie montante, à forme con tordue.
Vossius pensait au L. tracta, pièce de pâtis-
serie allongée; .««a coiyecture n'est pas à
dédaigner; tracta, tarcta, tarta est une filia-
tion régulière et admissible. — D. tartelette ,
tartine,
TARTRE, prov. tartari, it.,esp., port.tor-
taro, BL. tartarum; la pierre de vin a été
ainsi nommée, d'après Paracelse, « parce
qu'elle brûle le malade, comme l'enfer (Tàp-
T«oo;) ». — D. tartarique, tar trique.
TARTUFE; la valeur actuelle de ce mot se
rattache au héros de la célèbre comédie de
Molière. Quant à la question, fort débattue,
des sources d'où Molière a tiré le nom de son
personnage, nous n'avons pas à la traiter ici.
Cependant, nous signalons à nos lecteurs deux
notices qui peuvent les initier aux éléments
de cette controverse : l'une, celle de M. Des-
barrcaux-Bernard, a été insérée dans le Bul-
letin du Bibliophile, publié par Techener,
année 1859, p. 24; lautro est de M. Géninet
figure dans ses Récréations philologiques, 1. 1,
p. 293 et suiv. Nous extrayons de la dernière
ces quelques lignes, qui en forment pour ainsi
dire la substance : « Molière n'a pas inventé
le mot Tartufe, il l'a pris tout fait dans la
langue italienne vulgaire, où il s'employait
déjà comme épithète, non pas, il est vrai, dans
l'acception d'hypocrite que le chef-d'œuvre de
Molière lui a imprimée irrévocablement, mais
avec un sens métaphorique voisin de celui-là. »
Nous retrouverons le vocable en question eu
traitant du mot truffe. — D. tartuferie,
1. TAS, amas, prov. ^o^j. de l'ags., angl.
tass, néerl. tas, amas de blé; cp. gaél. dais,
cymr. dâs. — D. tasser, entasser, détasser.
2. TAS, enclume portative; il se pourrait
que tas fut le L. taxus, primitif inusité de
taœillus (petit bloc, petit cube), qui a donné
tasseau, sinon le subst. verbal de vfr. tasser,
battre à plat, que je présuppose avoir existé
d'après l'anc. subst. tas, coup plat (voy. ma
note Baudouin de Cîondé, p. 406;
TASSE, prov. tassa, esp. taza, port, taça,
it. tazsa; de l'arabe tassah, bassin, coupe (du
verbe tassa, tremper).
TASSEAU, tassel\ it. tasselo, du L. taxU-
lus (voy. tas 2).
TASSETTB, dim. du BL. tascia, tassia,
formes variantes de tasca, pera, sacculus
(= ail. tascheî).
TÂTER, Uister\ BL. et it. tastare, prov.
tastar, ail. tasten, angl. taste. Ce verbe roman
représente le fréquentatif du L. taxa7*e {ku\\x-
gelle : taxare prcssius crebriusque est quam
tangere). Tastare est donc une forme contrac-
tée de taxitare. Au fig., tâter, toucher, est
devenu synonyme d'éprouver, essayer. — D.à
tâtons (cp. à reculons); talonner (mot très
ancien dans la langue) ; tattllonner, d'où tatil-
lon (popul. tatouillon).
TATOU, it. tatusa, esp. <ato; mot brésilien.
TATOUER, angl. tattoo, ail. tàttowiren;
mot d'origine polynésienne ; dans l'ile d'Ota-
hiti, tataù signifie marque, signe, écriture.
TAUBE, banne de toile étendue par-dessus
des marchandises; du nord, tjald, tente
(^ angl. tilt), ou, ce qui parait plus naturel,
directement du v. flam. telde (l'ail, selt). De
là vfr. taudir, couvrir, abriter, et taudis,
hutte, refuge, plus tard logement misérable.
TAUDIS, voy. taude. — D. dim. taudion,
TAUPE, L. talpa. — D. taupier, taupière,
taupinée, taupinière.
TAUR* ou tor (fém. taure), L. taurus. —
D. taureV taureau^ d'où taurillon,
TAUREAU, voy. l'art, préc.
TAUTOLOGIE, gr. rauroio/fa, subst. de
TxuTo)o'v9; = «• qui dit la même chose ».
TAUX est considéré par Diez comme la
forme nominative du vfr. tail, masc. de taille
(cp. it taglio, impôt), et l'anc. verbe tausser
comme le dérivé de taux. Cela me semble peu
probable ; l'emploi de la finale nominative s
pour la dérivation est insolite ; je ne connais
que le verbe foncer (do fond, nomin. fons),
qui présente ce phénomène, mais ce mot ne
remonte qu'au xv* siècle. — Taux, loin
d'avoir produit le verbe vfr. tausser, en est le
dérivé, et quant à tausser, il représente
L. taxare. — Dès 1861, javais écrit : - Taux
est le subst. verbal masc. de taxare; la forme
fém. du même mot est taxe, it. tassa ». En
1869. Littré a imprimé : « Taux est le masc.
de taxe ». En 1872, où parut ma deuxième
édition, je m'exprime ainsi : « Taux est le
subst. verbal de tausser ». J'ai donc été sur-
pris de lire, en 1882, dans un article consa-
cré à notre mot par M. Fœrster, dans Grôb.
Ztschr., Vf, 1 10, que Scheler s'est placé » sur
les épaules de Littré » en considérant taux
comme un masc. de taxe. — Quant à la forme
tausser = taxer, elle a sa raison, selon Fœr-
ster (voy. aussi Ztschr., U, 166, note), dans la
règle de phonétique, d'après laquelle lat. ac
devant consonne devient au ; donc tacsare =
fr. taitsser. — En justifiant la forme tausser
relativement à taxer, je me suis prévalu dans
ma dernière éd. des mots épaule, fantôme,
orteil O'ai lâché les deux derniers dans mon
Appendice à la quatrième éd. de Diez), et en
cela, le successeur de Diez a raison de me
blâmer. J'aurais mieul fait, pour le change-
ment de ac (devant cons.) en au, d'alléguer
'austour autour ([ai. ^acceptorem) ou *saume,
somme (lat. sagma) ou d'autres encore, si
toutefois le changement en question doit, pour
le français, être porté dans les principes pho-
nologiques rigoureux. — Il est utile de rappe-
ler ici que lat. taxare s'est francisé, 1® par
'tausser, d'où taitx; 2** par tâcher (par le
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TEM
— 486 —
TEN
type tascare); 3^ par t(wer (forme savante),
d'où taœe.
TAVSLSR» moucheter, tacheter, du vfr.
tavelé ■= L. tabella, échiquier. — D. tave^
lure.
TAVERNE» L. tahema. — D. tavemier,
BL. iabernariiis (voy. Quicherat, Addenda).
TAXER, L. taxare, 1 . blâmer, censurer, 2,
estimer, évaluer. — D. taxe, taxateur, 'Ution.
— Voy. aussi taux.
TE, TOI, du L. te, — Toi est la forme toni-
que régulièrement issue du lat. te; f«, par
contre, est la forme atone et proclitique; il en
est de même de me et se relativement à moi et
soi, et de que interrogatif (L. quid) relative-
ment ^quoi.
TECHNIQUE, gr. T€xv«<f«, de riyyr„ art,
d'où aussi le cps. gr. rtyvoXo/lu, fr. technolo-
gie, science qui traite des arts et métieis.
TE DEUM, cantique d'actions de grâces,
nommé ainsi d'après les paroles initiales :
« Te Deum laudamus », nous te louons.
Dieu.
TÉGUMENT, L. tegumentum, couverture.
TEIGNE fautr. aussi tigne), mite, vermine,
it. tigna, prov. teina, du L. tinea. Le nom de
l'insecte s'est transporté à une sorte de gale
oui vient à la tête, signification secondaire
déjà propre au L. tinea, dans Fortunat. —
D. teigneux, L. tineosus. Les mots teignasse
ou tignasse, mauvaise perruque, et tignon,
coiffure du derrière de la tête, chignon, sont-
ils de la même famille? Nous n'oserions
l'affirmer, bien que Bescherelle ajoute à sa
définition de teignasse : coifie enduite d'un
onguent contre les teignes (voy. aussi ft-
guasse).
TEILLE. TEILLER, voy. Hlle 1.
TEINDRE, it. tignere, esp. tenir , du L.
titigere, — D. subst. part. : 1. masc. teint,
2. fém. teinte; teinture, L. tinctura.
TEINTE, voy. l'art, préc. — ■ D. teinter,
teinté.
TEINTURE, voy. teindre, — D. teinturier,
d'où teinturerie; on disait jadis aussi teindeur
et teinteur.
TEL, L. talis.
TÉLÉGRAMBfE, se rapporte à télégraphe,
comme gr. ypàfifiix, écrit, à yp&fOit qui écrit.
TÉLÉGRAPHE, mot moderne fait sur un
tvpe imaginaire tijH-yporyoç, pr. qui écrit à
distance. — D. télégraphie, d'où télégraphier,
'ique^ 'iste.
TÉLÉPHONE, d'un type gr. T«i>f-?uyoc »
qui parle loin.
TÉLESCOPE, grec rnlk'WO'KOi, litt. qui voit
loin.
TÉBfÉRAIRE, L. temerarius; témérité. L.
temeritatem.
TÉMOIN, vfr. tesmoing, du L. testimonium,
témoignage, preuve ; en EL., le mot a pris le
sens concret de testis (cp. le mot record). —
D. tesmoignier' témoigner, d'où subst. témoi-
gnage.
TEMPE, anc. temple, prov. templa, it.
tempia, du plur. neutre L. tempora, les
tempes {r changé régul. en l).
TEMPÉRER, vfr. temprer, du L. tempe-
rare, mélanger convenablement, modérer. —
D. tempérant, L. temperans; tempérance, L.
temperantia; tempérame^it, L. temperamen-
tum, =■ combinaison proportionnelle de qua-
lités diverses, juste mesure; température, L.
température, pr. juste proportion, constitu-
tion régulière, puis, par extension, état acci-
dentel, spéc. état sensible de l'air. — La trans-
position de la liquide dans le verbe roman
temprare (p. temperare) a produit la fonne
tremper, prov. trempar, cp. en latin les loc.
temperare œs, vinum, tremper le cuivre, le
vin.
TEMPESTIF*, L tempestivus (tempus), qui
vient en son temps ; intempestif, L. intem-
pestivus.
TEMPÊTE. L. tempesta, p. tempestas. —
D. tempêter, tempétueux, L. tempestuosus.
TEMPLE, L. templum. — D. templier,
TEMPORAIRE, L. temporarius.
TEMPORAL, relatif aux tempes, L. tempo-
ralia (du L. tempora, tempes).
TEMPOREL, relatif au temps, L. tempo-
ralis (de L. tempus, -oris, temps).
TEMPORISER, it. temporeggiare , dérivé
roman de tempus, -oris, pr. gagner du temps,
hésiter.
TEMPS, vfr. tans, tens (formes survivant
dans le terme de grammaire anglaise tense),
du L. tempus (it. tempo), Vs final est un reste
de l'ancien nominatif latin, comme dans corps,
fils et autres.
TENACE. L. tenncem (tenere); ténacité,
L. tenacitaiem.
TENAILLE, prov. tenalha, it. tanaglia, du
L. tenaculum (ou plutôt d'un fém. tenacula),
instrument pour tenir. — D. tenailler, tenail-
lon.
TENANCIER, de tenance*, dér. de tenant,
voy. tenir.
TENBER, mot anglais, de to tend (p. attend),
être de service.
TENDON, voy. l'art, suiv.
1. TENDRE, verbe, L. tendere, 1. tendre,
déployer, tirer, 2. se diriger vers (l'ail, zie-
hen réunit également ces deux acceptions).
— D. part. prés, et a<y. tendant, d'où ten-
dance, tendeur, -erie, tendon, extrémité du
muscle, it. tendine, fait d'après un type L.
tendo, gén. tendonis ou tendinis (cp. en ail.
sehnen, tendre vers, et sehne, tendon). — Du
participe tentus, tendu, vient le BL. tenta,
fr. tente, cp. L. tentorium. Les formes it.,
port., prov. tenda, esp. tienda. =- tente, re-
présentent des subst. verb. radicaux attendre
(cp. esp. prenda, gage, prise, de prender ,
prendre). Autre dérivé du part, tentus : subst.
tenture. Voy. aussi tancer. — Au parti-
cipe L. tensus ressortissent le BL. tensa, tesa,
pr. étendue, largeur des bras étendus, d'où it.
tesa, vfr. teise, nfr. toise (cp. mois de mensis,
pois* (auj. poids) de peitsum),
2. TENDRE. a(\j., L. tener, teneri. — D.
tendresse et tendreté (L. teneritatem) ; tendre-
let, tendron; verbe (slcûûî attendrir.
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TER
— 487 —
TER
TENANT, voy. tenir. — D. tenance', fief,
possession, d'où teitancicr,
TÉNÈBRES, L. tenebrœ. — D. ténébreux,
L. tenebrosus.
TÉNBMENT, dér. de tenir. BL. tenemen-
tum (id quod qiiis ab aliquo tenet;.
TÉNBSMS, L. tenesmus, gr. rtm^fiôi
(Tt(v«), pr. tension.
TENEUR, subst. féminin, continuité, suite,
enchaînement de paroles, du L. tenorem
(masc), m. s. Comme terme do plain chant,
L. ténor a pris le sens de « action de tenir
la note dominante »», puis celui de taille dans
son acception musicale, de là it. tenore, fr.
ténor ^ taille, spécialement haute-taille.
TÉNIA, L. tœnia (rstivfa), pr. bandelette.
TENIR, L. tenere. — D. tenable; masc.
teneur, qui tient; tenant, 1. qui tient contre
ou pour, 2. qui tient une terre d'un autre,
vassal, 3. = attenant, 4. continuité; tène-
ment, tenure; te7tue, action de tenir ou de se
tenir, puis spéc. manière dont les troupee
sont vêtuesou entretenues, uniforme; tenailles
(v. c. m.); en chirurgie tenettes (c^. pincettes),
tenon (v. c. m.).
TENON est généralement considéré comme
un dér. de tenir; les divers applications du
mot, cependant, me font plutôt y soupçonner
un dér. du néerl. tinne, angl. tine, extrémité
pointue, dent,
TÉNOR, voy. teneur. — D. ténorisant.
TENSION, L.taxsionem (tendere). Le même
primitif a donné aussi tenson teitçon, prov.
tenso, it. tensone, querelle, puis dispute entre
poètes, sorte de poésie. Voy. au.ssi l'art, tan-
cer,
TENSON, voy. tension,
TENTE, voy. tendre 1 . — Au sens chirur-
gical de sonde, le mot est le subst. verbal de
tenter, tâter.
TENTER, L. tcntare (fréq. de tendere). —
D. tentation, -ateur. L. tentationem, -atorem;
tentatif, L. tentativus, d'où subst. tentative;
tentacule, L. mod. tentaciilum ; tente, sonde.
TENTURE, voy. ^e/icfrc, 1.
TÉNU, vfr. tenve, du L. tenuis. — D. té-
nuité, L. tenuitatem.
TÉORBE, esp. de luth, de Fit tiorba.
TEROER ou TERSER, TIERGER, du L. ter-
tiare, m. s. (de tertius, troisième).
TERCET, de lit terzetto (de terzo, troi
sième); cp terzina.
TÉREBINTHB, L. terebinthus, gr. npi
Cev^oç. — D. térébenthine,
TÉRÉBRANT, -ATION, du L. terebrare,
perforer.
TERGIVERSER, L. ter giver sari, pr. tour
ner le dos. — D. tergiversation .^ -ateur.
TERME, L. terminus (cp. lame de lamina)^
borne, limita, fin; au moyen âge = ratio,
modus, d'où Tacception moderne «» le mot, en
tant qu'il détermine, ou pris dans un sens
déterminé ». — D. atermoyer. Mot savant :
terminologie, explication des termes.
TERMINAL, L. termina/» (terminus).
TERMINER, L.terminare (terminus). -^ D.
terminaison, -able.
TERNAIRE, L. temarius (terni).
1. TERNE, adj., sans éclat, d'où le verbe
ternir, angl. tarnish; selon Diez, du vha.
tarni, voilé, verbe tamjan, voiler, obscurcir.
L'étymologie L. terrenire(de terrenus), enduire
déterre, mise en avant par Ménage, est dénuée
de fondement. — Si l'étym. de Diez ne satisfai-
sait pas, j'en tiens une autre en réserve, savoir
lat. teter, sombre, obscur, d'où tetrinus (je
trouve dans les vieux gloss. tetricus), d'où fr.
terne; cp. vernir de vitrinire (par Tadj. vitH-
nus de vitrum). — Bugge /Rom., IV, 366;
favorise mon étymon 'tetrinus et allègue,
pour le sens, it. tetro^ ténébreux, esp. tetrOy
noir, sombre.
2. TERNE, réunion de trois nombres, L.
ternus.
TERNIR, voy. terne. — D. ternissure.
TERRAIN, voy. terrein,
TERRASSE, BL. terracea, levée de terre,
— D. terrassier; verbe terrasser,
1. TERRASSER, faire des levées de terre,
de terrasse. — D. terrassement.
2. TERRASSER, jetôr par terre, abattre, de
terre au moyen de la terminaison péjorative
asser (cp. fricasse7% rêvasser).
TERRE, L. terra. — D. terrage, redevance
sur les fruits de la terre ; terrasse (v. c. m.);
terreau, terrein [y. c, m.); terrestre, L. ter-
restris; terreux, L terrosus; terrien, qui
possède des terres, aussi = terrestre ; terrier
(V. c. m.); terrine, vase de teri*e; territoire,
L. territorium,d'où par .syncope terroir (terre
considérée par rapport à l'agriculture j; verbes
terrer, couvrir de terre, et terrir, prendre
terre.
TERREAU, de terre. — D. terreauder ou
terreauter.
TERREIN (l'orthographe terrain est fau-
tive, car elle pèche contre l'étymologie), it.
terreno, du L. terrenus, adj. de terra,
TERRE-PLEIN, do terre+plain (L.planus).
L'origine du mot réclame l'orthogr. terre-
plain (cp. de plain-pied). Cependant Tit. ter-
rapieno montre qu'on s'est expliqué le mot
par « bastione ripieno di terra » (de teri-e
plein).
TERRER, voy terre, — Cps. enterrer, dé-
terrer.
TERRESTRE, L. terrestris (terra).
TERREUR, L. terrorem, d'où les nôolo-
gismes terroriser, -isme, -iste.
TERRIBLE, L. terribilis (terrere).
TERRIEN, voy. terre.
TERRIER, d*un type latin terrarius /terra).
Signifie : 1. relatif aux terres («papier terrier»
ou terrier tout court) ; 2. trou dans la terre ;
3. esp. de chien basset, fouissant la terre.
TERRIFIER, L. terrificare (Virgile).
TERRINE, voy. terre. — D terrinée.
TERRIR, voy. terre. — Cps. atterrir.
TERRITOIRE, voy. terre, — D. territo-
rial, L. territorialis.
TERROIR, voy. terre.
TERSER, voy. tercer.
TERTIAIRE, L. tertiarius (tertius).
TERTRE, vfr. aussi telire, prov. tertre,
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TET
— 488 —
THY
Etienne dérivait co mot da gr. Té/&&/5ov,
sommité d'une chose ; Dicz, revendiquant le
mot à l'élément latin, l'explique par terrœ
torxis^ élévation de terre; pour la négligence
de l'accent, placé sur la syllabe <o, et l'élision
de la voyelle accentuée, il rappelle le mot
trèfle de irifolium. Ce qui vient à l'appui de
l'étymologie de Diez, c'est le tennegr. yjîiofjo;,
qui signifie la même chose et qui est formé
de la même manière. — Je trouve dans Frois-
sart plusieurs fois terne = tei^re; ce mot peut
s'expliquer soit par un type terrimis ( i bref;,
contracté en termis^ ou par la mutation
de te7'te en teme^ analogue à celle de ordidre
en ornière. Les dial. wallons ont aussi temc^
tieme^ tièiie, à lÀégetiérf
TES, voy. mes.
TESSON, débris de poterie, est p. teston,
dér. de test, têt (v. c. m.).
TEST, voy. têt.
TESTAOe, L. testaceus (testa\
TESTAMENT, L. testamentum (testarij.—
D. testamentaire,
TESTER, L. testariy déclarer ses dernières
volontés. — D. testateur^ L testatorem,
TESTICULE, L. testiculus (testis), dont le
prov. a régulièrement fait testil. L'étymoJogie
testis est ainsi expliquée par l'Elucidarius :
« quar so testimoni que hom es mascle e pode-
ros de generar ».
TESTIMONIAL, L. testimonialis (testimo-
nium).
TESTON, monnaie, ainsi nommée à cause
de la teste du roi qui y est gravée, it. testone.
TESTONNER, peigner les cheveux, de teston
= tête ; donc pr. arranger la tête.
TÊT, TEST (d où tesson, v. c. m.}, du L.
testum, couvercle en terre cuite, pr. objet
creux, rebombô. Le sens s'est spécialisé en
celui de fragment de poterie. Anciennement
test signifiait crâne (cp. it. tcschio^ d'un type
testuhis). — D. testacé^ L. testaceus.
TÉTANOS, mot grec signifiant tension.
TETARD, voy. l'art, suiv.
TETE, teste*, du L. testa, pr. vase de terre
cuite, fragment de poterie, puis ^^. «= crâne.
Le mot burlesque et populaire a fini par se
substituer au mot propre caputià'oii îv.chef).
Dans le principe, testa se rapportait à caput,
comme auj. caboche, houle et autres expres-
sions semblables se rapportent à tête. — D.
têtard, 1 . le peti^ de la grenouille, 2. chabot
(mot qui vient de cap comme têtard de tête)\
têtière, têtu, entêté. — Il est intéressant de
noter que la notion première du sanscrit
hapâlas., tête (d'où gr. xif ai>î) est également
celle d'écale, têt.
TETER, TETIN, TETINE, TETON, voy.
tette.
TETRA — , élément initial de composition,
annonçant que la chose exprimée par le sim-
ple est au nombre de quatre; du gr. rïrp-x,
p. rïropx = TiTcap-x, quatre. Ex. tétracorde^ à
4 cordes (xo>5oi) ; tétraèdre, à 4 bases (iopa),
tétragone., à 4 angles (ywvf a)
TETTE, it. tetta, zitta, esp.,prov. teta;
d'origine germanique : ags. tite^ angl. teat.,
ni. tel, basall. titte, ail mod. :iit2e. Cp. le
gr. TirOï?. m. s. — D. subst. tetin, tétine,
teton^ verbe teter.
TEXTE, L. textus (texere), pr. tissu, puis
fig. suite ou enchaînement d'idées, et suite de
mots. — D. textuaire^ textuel.
TEXTILE, L. textilis {de texere, tisser).
TEXTURE, L. textura (texere); c'est la
forme savante du mot ordinaire tissure,
THAUMATURGE, gr. ^x^u«T0jy/6;, faiseur
de miracles.
THÉ, it. tè, esp. té, angl. tea, ail. tJiee, du
chinois tschâ (dialectes tha, the). La forme
tscha a donné le russe tschai, et les fonnes it.
cià, esp. cha. — D. théière.
THÉÂTRE, L. theatrum, du gr. Si xrp^v (de
àiâ^Oxf), voir(cp. L.spectaculum despectare).
— D. théâtral. — Le circonflexe est arbi-
traire.
THÉISME, THÉISTE, mots savants faits du
grec ^îo:, comme déisme, déiste ont été faits
du L. deus,
THÈME, gr. &iy.«, sujet posé (do &i«, vl^ai,
je po.se). Autre dérivé de âiw : subst. &"«;,
action de poser, d'où L. thesis, fr. thèse.
THÉOCRATIE, gr. '^lovpv.tl-x, pr. gouverne-
ment de Dieu (par l'organe de ses ministres).
TUÉODICÉE, mot scientifique créé par
Leibnitz, et formé de &erfi, Dieu, et U^ioi,
juste, la théodicôe traitant de la justice do
Dieu.
THÉOGONIE, gr. ^loyo/.cx, génération des
dieux.
THÉOLOGIE, gr. ^toyo/h^ science de Dieu.
THÉORÈME, voy. théorie.
THÉORIE, gr. ôsoj/aîa (de &swjost», voir, exa-
miner), spéculation, science ; de là théorique^
&JW/SI/OJ, et théorétique, ^totpriri^é;, — Théo-
rème, gr. &:ojoïj/*3c, objet de l'examen, propo-
sition établie par la science.
THÉRAPEUTIQUE, gr. âspariuTi/ïj, s. e.
Tj/vïj, branche do la science médicale qui a
pour objet le traitement des maladies; de
SîcaTTîùîiv, servir, soigner, guérir.
THÉRIAQUE, vfr. triade, L. theriaca, du
grec &*3/iia/.i, s. e ç>at/3uaxx, remèdes contre les
morsures d'animaux [^oy^o-*, animal). Voy.
aussi triacleur.
THERMES, L. thermœ, s. e. aquae, gr.
^ipfjix, s. e. w^ara, eaux chaudes, bain chaud.
— D. thermal.
THERMOMÈTRE, litt. mesureur (fiirpoi) de
la chaleur (^ipuôi),
THÉSAURISER, BL. thesaurizare, d'après
le gr. &>3i3tupi^iiv, m. s. (de ^fitoLMpô;, L. the-
sauriis, fr. trésor).
THÈSE, voy. thème.
THON, it. tonna, ail. thtinfisch^ angl.
tunny, du L. thunnus, gr. &ûvv9î.
THORAX, gr. &cijo«|, tronc, buste, puis poi-
trine, estomac. — D. thœ^achique (mieux tho-
racique).
THURIFÉRAIRE, L. ihuriferarius\ pr.
porteur d'encens [thus, thuHs).
THUYA, L. thya outhyia, gr. &utx.
THYM, L. thymum, gr. &u/aov.
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TIL
489 —
TIM
THTRSE, L. tfijjrsus (&û;''«î)-
TIARE, L. tiara, gr. nioa.
TIBIA, mot latin, r(^guliérement francisé
sous la foiTTie Hr/e. — D. iibial, L. tibialis.
TIC, it. ticchio, mouvement convulsif. On
tient généralement ce mot pour une onoma-
topée, comme tic-tac, mais il me fait l'effet d'ap-
partenir à la même famille que ail. jiuchei\,
. bas-saxon tuckett, angl, tuff^ ainsi que Tall.
sechen (provincialisme), qui sont des formes
renforcées do ziehen {siegen), ags. teogan,
tirer, tirailler. Cp. spasme de <x7rà-îtv, tirer. —
Diez incline â voir dans it. ticchin, tic, caprice,
bizarrerie, le vha. siki, chevreau, en rappro-
chant capriccio, caprice, qui vient de capra,
chèvre. — D. tiquer.
TIÈDE, du L. tepidus (par tep*dus). — Le
prov. tebe^ vfr. tèce (esp. tibto), sont produits
par le rejet du suffixe idus.commopdiet rance
(v. c. m.). — Les dialectes wallons ont
têne, tiène, — D. tiédeur ^ tiédir, attiédir.
TIEN, voy mien.
TIERCELET, voy. tiers. — Le nom de cet
animal, comme c'est le cas pour plusieurs
autres noms d'armes, a donné l'it. terzeruolo,
pistolet de poche, ail. terserol.
TIERCER, voy. tiers.
TIERS, fôm. tierce, L. tertius. — Xy.mh?>t.
tierce (terme de musique) ; ticrcer (en termes
d'agriculture aussi tercer, terscr), L. tcitiare;
tiercelet^ dimin, de l'it. tersuolo, esp. tor-
sueJo, port, tresô, prov. tersol, vfr. terciol,
angl. tiercel, tarscl et tassel, qui viennent du
BL. teHioJus, accipitris species minor, ou
plutôt le mâle de l'autour, ainsi nommé, selon
les uns, parce qu'il est d'un tiers plus petit
que la femelle, selon d'autres, parce que le
troisième de la nichée se trouve toujours être
un mâle.
TIGE, régulièrement tiré du L. ft^ia, jambe.
— D. tigette.
TIGNASSE, TIGNON, voy. teigne. — Ces
mots ne tiendraient-ils pas au prov. tcnher^
t^îindre, subst. tenh, couleur, fard, avec le
sens primordial de cheveux teints, faux che-
veux?
TIGRE, fém. tigresse, L. tigris, gr. rfy/îi;.
— D. tigrer.
TIL, tilleul, forme masc. de tille {y, c. m.),
correspondant à l'it. tiglio.
TILBURT, mot anglais : le nom du carros-
sier qui inventa cette espèce de cabriolet.
TILDE, t. de gramm. Voy. titre.
TILLAO, du nord, thilia, suéd. iiija. ags.
thille, vha. dili (ail. mod. diele), lambrissure,
parquet (cp. vha. thil, ima pars navis). Mais
comment se rendre compte, demande Diez,
l'auteur de cette étymologie, du suffixe acî
Serait-il l'effet d'une assimilation au mot BL.
astracum = pavimentum domus? Pour ma
part, me rencontrant sur ce point avec Mé-
nage, j'avais imaginé un type tegulacum (de
tegcre), séduit par l'analogie de l'ail, verdeck
(de decken, couvrir), mais j'avoue que ce type
est quelque peu forcé. On peut, du reste, éta-
blir aussi que tillac est issu de tille, qui exist<3
également comme terme de marine désignant
une portion du tillac. L'étymologie tegula
(tig'la) pourrait être appuyée du d'im. tillette,
qui signifie petite ardoise, et dont l'origine du
L. tegula (cp. champ, teille., ags. tigel, angl.
tile) ne parait pas contestable. — L'csp. tillà,
port, tilha, tillac, sont empruntés du fran-
çais.
1 . TILLE, anc. teile^ teille; ce mot signifiait
d'abord tilleul (cp. angl. teil-tree); auj. il ne
s'applique plus qu'à la peau fine et déliée
entre l'écorco et le bois du tilleul ; puis, par
extension, à l'écorce des brins de chanvre ou
de lin. Du L. tilia, qui signifie 1. tilleul,
2. aubier, écorce. — De la forme teille vient
le verbe teiller; de tille, l'équivalent tiller. —
Au type dim. tiliolus répond le fr. til:.kul.
2. TILLE, terme do marine, voy. tillac. —
M. Petilleau (ap. Littré,Suppl.)pense que ce
tille n'a rien à faire avec tillac et n'est que la
transcrir»tion de l'angl. till, petite caisse.
3. TILLE, hachette des tonneliers, des cou-
vreurs et autres artisans, a C'est un mot ger-
manique, qui signifie, dans les dialectes de
l'Allemagne, « petite hache, erminette, hache
des tonneliers » ou quelques autres instru-
ments pareils ; dans les dial. norvég. et suéd.
teksla, holl. dissel, yha.. dehsala, nha. dechsel.
« Tille est peut ôre modifié pour (i7« d'une forme
antérieure tislc. » (Bugge, Rom., III, 158). —
Joret(Rom., IX, 435) préfère nord, telgja, un
instrument à tailler.
TILLEUL, voy. tille 1.
TIMBALE, direct, de l'it. timballo. Ce
dernier est une modification, faite sous l'in-
fluence du L. tympanum (gr. rû/xTravov), des
formes taballo, ataballo, qui, ainsi que l'esp.
atabal. viennent de l'arabe thabal (avec l'ar-
ticle, altabl, attabl), m. s. — D. timbalier.
1. TIMBRE, du L. tympanum, tambour
(comme diacre de diaconus, coffre de cofinus,
pampre de pampinus). — Le mot timbre
signifie d'abord timbale, puis une cloche frap-
pée par un marteau, puis, par métonymie, le
son que rend le timbre, enfin, son de voix en
général. Par ressemblance avec une cloche,
on a nommé timbre, en termes de blason, le
casque qui surmonte l'écu (et tout ce qui se
met sur l'écu pour distingiier les degrés de
noblesse ou de dignité), puis aussi populaire-
ment la tête (« avoir le timbre fêlé, être tim-
bré »). — Quant à la signification « cachet,
marque imprimée sur un papier »•, elle pro-
cède, pensons-nous, également du mot gr.
TÛ'zTTxvîv, dans l'acception d'un instrument
servant à frapper (tûttuv). Cp. Tall. stempel
de stampen^=-fv. estamper (d'où estampiller).
— D. timbrer.
2. TIMBRE, « un certain nombre de peaux
de martre ou d'hermine »», voy. D. C, v® tim-
brium. — C'est le même mot que l'ail, zim-
mer pris dans le même sens, dont l'origine
n'est pas connue.
TIMDE, L. timidus (timere); mot d'intro-
duction savante. — D. timidité, L. timiditA-
tem ; verbe intimider, BL. intimidare.
TIMON, L. temo^ temonis (BL. timo)^ tra-
verse, timon. — D. timonier.
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TIR
— 490 —
TOC
TIMORi, L. timoratits (saint Jérôme), de
timor, crainte.
TIN, aussi tein, t. de marine, morceau de
bois servant d'appui, prob. du L. tignum,
poutre. Le dérivé tinter = assujettir avec des
tins, serait, dans ce cas, librement formé, sans
respect de l'étymologie.
TINCTORIAL, dér. du L. tinctorhis {Wn-
gere), qui sert à teindre.
TINE, L. tina, vase pour le vin. — D.
tinette,
TINTAMARRE, d'après Pasquier, un com-
posé de tinter, faire sonner une cioclie, et de
marre^ instrument pour fosser la vigne;
« anciennement, dit-il, les vignerons avertis-
saient leurs compagnons de se retirer en tin-
tant ou en frappant avec des pierres sur leurs
marres «. De là viendrait le sens de vacarme,
de clameur.
1. TINTER, sonner, L. tinnitare, fréq. de
tinnire, m. s. — D. tintement, — La forme
L. tiniinare (Catulle) a donné subst. verb.
tintin, altéré en tintouin.
2. TINTER, t. de marine, voy. tin.
TINTOUIN, voy. tinter 1.
TIQUE, it. zecca, du bas-ail. tehe, haut-ail.
sèche, angl. tihe, tick, m. s. — Dim. tiquet,
nom vulgaire des altises.
TIQUER, de^ic (v. c. m.).— D. tiqueur.
TIQUETÉ, tacheté, pointillé, peut être tiré
soit de tique insecte (cp. moucheté de mrOuche),
ouduv. flam. tik, point (donc pointillé). —
Il me semble inutile d'expliquer le mot, ainsi
que je l'ai vu faire je ne sais plus où, comme
une forme tronquée de étiqueté, marqué (cp,
angl. ticket = étiquette).
TIR, subst. verbal de tirer.
TIRAILLER, fréq. de tirer. — D. tiraille-
ment, tirailleur
TIRASSER, dér. péjoratif de tirer. — D.
tirasse, filet pour prendre des cailles, ce filet
étant tiré par le chasseur.
TIRELIRE (déjà dans J. de Meung), petit
pot avec une fente, d'où Ton ** tire les lires »
(ou francs). Telle était ma premièi-e manière
de voir, mais je dois l'abandonner pour deux
raisons : d'abord, le mot it. tira-lira n'existe
pas, et en fr. lire ne s'est jamais dit p. livre
(franc). Puis tirelire avait anc. un autre sens,
savoir réjouissance. J'ai noté dans Watriquet
de Couvin (xiv« siècle), p. 129, le passage sui-
vant : •* Mais jangleur mesdisant, gent de
poure matire Et amassour qui font d'argent
grand tirelire... Cilz ont grâce et avoir en
France et en l'Empire. »» A l'avis de Littré, un
mot de fantaisie et peut-être une modification
de l'interjection de joie turelure.
TIRER, it. tirare, esp. , port. , prov. tirar, du
goth. tairan, vha. zeran, néerl. teren, angl.
tear, scindere, rumpere, lacerare, delere.
Cette étymologie, généralement admise parmi
les étymologistes sérieux (Ménage, et d'après
lui Bescherclle, Dochez, etc., avaient imaginé
de faire venir tirer du L. trahereU, est-elle
bien la véritable? Il faut le croire, puisqu'il
ne se produit rien de mieux. Du reste, la filia-
tion des idées lui vient à l'appui ; le sens fon-
cier est : faire un mouvement brusque et
rapide pour détruire, pour arracher ; de là se
déduit l'idée de tirailler (cp. l'affinité de forme
et de sens entre l'ail, sehren, détruire, et
zcrren, . tirailler, distendere, vellere). L'ail.
reissen signifie également à la fois déchirer
et faire un mouvement rapide, tirer (tracer
des lignes), — D. subst. verb. 1. masc. tir,
2. fém. tire (dans « à tire-d'aile, tout d'une
tire »); tiracU, tirage, -eur, tiret, tirant, tiroir,
tirasser, tirailler; comiposés: attirer, détirer,
étirer, retirer, soutirer. Toutes les acceptions
modernes peuvent se ramener à celle de « mou-
voir en sens de longueur, soit en approchant,
soit en éloignant »» ; tirer une arme à feu ne
s'explique que comme formule faite sur celle
de «« tirer l'arbalète ou l'arc «.
TIRETAINE,de l'esp. tiritana,voj. tartan.
TISANE, it.. esp., prov. tisana, du L. pti-
sana, BL. tisana, décoction de gruau (îtrc^àv/j).
Pour l'apocope du p initial, cp. prov. tizia,
p. phtizia, vfr. tisique, p. phtisique, saume,
p. psaume. — Le p s'est déplacé dans la
forme prov. tipsana.
TISON, it. tizzone, esp., prov. tizon, du L.
titio, 'Onis. — D. tisonner, tisonnier. — A
un type latin titius se rattachent les termes it.
tizzo, esp. iizo, d'où le verbe it. attizare, esp.
atizar, prov. atizar, atuzar, et fr. attiser.
TISSER, vfr tissir et tistre, prov. tei^ser,
du L. texere. Le part, tissu se rapporte à l'in-
finitif <w<r<? (cp. it. tessuto de tessere). — D.
tissu, subst. part.; tisserand, gâté du vfr.
teisserenc (c. flamand p. fl^menc) ; ce dernier
dérive du subst. vfr. tissier (tisserand) par le
suffixe germ. inc, ing (= vfr. enc)\ tissure,
tissage.
TISSERAND, voy. tisser. — D. tisserande-
rie.
TISSU (vfr. tissut), voy. tisser. — D. tis-
sutier.
TITILLER, L. iitillare. — D. titillation.
TITRE, angl. title, du L. titulus, inscrip-
tion, .signe, marque, cause, prétexte; cp.
épitre de epistola. — D. titrer, titidaire, L.
titularis. — Le L. titulus a donné aussi l'esp.
tilde, nom du signe typographique par lequel
on distingue le mouilhment de Yn,
TITUBER, L. iitubare. — D. titubation.
TITULAIRE, voy. titre.
TOAST, mot anglais qui proprement signifie
rôtie. La signification •• santé » vient, dit-on,
de l'usage qu'ont les Anglais de mettre parfois
du pain rôti dans leur vin pour boire les
santés. On orthographie aussi en fr. toste,
d'où le verbe toster. Toste et toast viennent du
L. tostus, rôti. — D'après Wedgwood, toast
pourrait bien n'être que la corruption de l'ail.
stoss (lisez plutôt stosst) an, qui est la for-
mule usuelle pour inviter à choquer les
verres.
TOC, sub.st. verb. du verbe toquer. Voy.
toucher.
TOGAN, V, le mot suiv.
TOGANE, vin nouveau de la mère goutte.
Bugge (Rom , IV, 366) rapproche le mot
masc. tocan = saumon qui a moins d'un an,
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TOM
— 491 —
TON
et rit. xigiionnoUOt petit poisson qui a moins
d'un an (litt. qui est de cette année), et pense
que tocan est issu d'un prov. peis d'ogan
(poisson de cette année), devenu, par l'effet
de la consonne précédente, pm iogan. En
supprimant pei$, on a dit togan (cp. dinde p.
poule d*Inde), Pour le c du mot fr., cp. celui
de marcotte f vfr. parcamin = pergaraenum.
C'est ainsi que tocane répondrait à un prov.
gota d*ogany goutte de cette année.
TOGSIN, p. toqitC'Sin, cps. de toquer =»
toucher (v. c. m.) et vfr. sing^ «n, --= cloche.
Ce subst. sin, qui correspond au v. it. segno,
port. 8tno, est le L. signum, qui dans le BL.
a pris le sens de signal et, par métonymie, de
cloche de signal.
TOGE, L. toga,
TOI, vfr. tel, du L. te. Voy. te,
TOILE, L. tela, — D. toilette, nappe de la
table où se déposent les objets servant à l'or-
nement ou à rajustement d'une personne, puis
tout ce qui couvre le meuble pourvu de la
toilette, lequel meuble lui-même s'appelle
aussi toilette (pour ce transport d'idée, cp.
bureau). Par une métonymie ultérieure, le
mot s'est transmis à l'action de se parer ou de
s'habiller.' — Les Italiens disent tavoletta, pr.
petite table, et toeletta, forme empruntée au '
français. Marot emploie toilette dans le sens
de tissu très fin, et il se pourrait bien que le
sens moderne du mot vînt de celui de linge
fin. — Autres dérivés de toile : toilter^ toile-
rie, verbes entoiler, rentoiler,
TOILETTE, voy, toile.
TOISE, voy. l'art, tendre. — D. toiser.
TOISON, it. toêone, esp. tuson, du L. ton-
sionem, action de tondre. Le sens abstrait
s'est concrétisé en celui de produit ou d'objet
de la tonte (cp. potion).
TOIT, vfr. aussi teit, prov. teg^ tet, esp.
techoy it. tetto, du L. tectum (tegere^. — D.
toiture, L. tectura.
TOLE, plaque de fer battu; variété gra-
phique de la forme ancienne et dialectale
tauie, «" L. tabula, planche, tablette (cp.
parole de parabola^ it. fola de fabula),
TOIiiRER.L. tolei^are.—D, tolérant, -ance.
TOLLII, impératif du L. tollere, enlever. La
signification actuelle de ce mot « cri d'indi-
gnation n vient historiquement du « toile
hune n, que se mirent à crier les Juifs contre
Pilate pour qu'il fit mourir Jésus-Christ.
TOMATE, esp., port, tomate, cat. tomatec,
tomaco; du mexicain tomatl,
TOMBAC, it. tombacco^ esp. tumbage, port.
tambaca., du malais tambàga, cuivre.
TOMBE, L. tuniba, gr. TwytA«o«. — D. adj.
tombal \ subst. tombeau, d'un type tumbelliis,
dim. detumba.
TOMBER, vfr. tumber (qni avait aussi le
sens actif « faire tomber »), esp., prov. tum-
bar, port., prov. tombar,it.{âim.)tombolare,
angl. tumble. On peut hésiter, dit Diez, entre
deux étymologies, savoir 1. nord, tumba,
tomber la tète en avant; 2. le L. tumba, au
sens de tas, tertre (tomber serait pr. faire tas).
A l'appui de la dernière, Diez allègue la locu-
tion ail. iiber den haufen toerfen, jeter à
terre, litt. jeter par-dessus tas, puis l'esp.
tropellar, renverser, de tropel, tas. On pourrait
tout aussi bien alléguer l'expression familière
« faire un cumulé » (= faire la culbute), qui
rappelle naturellement le L. cumulus, tas. —
Ménage en était réduit à imaginer pour type
de tomber un verbe latin ptomare (du grec
nzSifir, chute;, d'où tomare, tobare, tombare!
— L'ancienne langue avait aussi une forme
tnmer (encore en Lorraine on dit teumei, en
Champagne ^um^r, à Liège et ^KOixxv tourner),
et l'it. a tomare p. culbuter, descendre. Diez
rattache ces formes privées de b au vha.
tumon, nha. taum^ln, tournoyer, trébucher,
sauter. D'après Littré, tumer est la forme pri-
mitive, et tumber une forme postérieure et
modifiée de tumer, qui a fini par prévaloir. —
D. tombée, tombereau (v. c. m.).
TOMBEREAU, angl. tumbrel, du verbe
tomber, de môme que le bourg., champ, tume-
reau, tumerel^ vient de la forme tumer. Le
tombereau est une charrette dont on « ren-
verse n la caisse. — D. tombrelier, tombelier,
conducteur du tombereau.
TOMBOLA, mot italien, jeu de loto, subit,
verbal de tombolare, tomber, échoir.
TOME, L. tomus, du gr. ràiioi, pr. section,
division. — D. tomer, d'où tomaison.
TOMENTEUX, dér. de L. tomentum, bourre.
1. TON, a^. possessif, voy. mon.
2. TON, subst., L. tonus, gr. rrfvos (pr. ten-
sion). — D. tonique, tonalité.
TONDRE, L. tondëre, p. tondëre. — D.
tonte, subst. participial, d'un type tonditus
(cp. pente, vente, ponte, etc.), d'où tonture,
tontice ou tontisse, tondeur, tondaison. — Du
supin L. tonsum : les subst. tonsionem, fr.
toison (v. c. m.), et tonsura, fr. tonsure,
TONLDBÏÏ, tonliu, du BL. tonleium, cor-
ruption de telonium («iwvscov), bureau de per-
ception des impèts, dér. de T«ià»>i5, fermier
des impôts.
TONNE, prov. tona. Ce mot se rencontre
dans tous les idiomes germaniques (p. ex.
vha. tunna, nha. tonne), mais on lui suppose
une origine étrangère ; les gloses de Cassel et
de Schelestadt indiquent tunna comme un vo-
cable latin. La racine tun ou ton semble être
une variété de la racine tin de tina. — D.
tonnage; dim. tonneV, tonneau, fém. tonnelle,
chose faite en forme de tonneau, voûte en
plein cintre (angl. tunnel), puis espèce de filet
pour prendre des perdrix.
TONNEAU, voy. tonne. — D. dim. ton-
nelet, tonnelier,
1. TONNELET, petit baril, voy. tonneau.
2. TONNELET, t. de théâtre, petit panier
qui relevait le pan d'un habit à la romaine;
c'est le même mot que le précédent.
TONNELIER, voy. tonneau, — D. tonnel-
lerie.
TONNELLE, voy. tonne. — D. tonneler.
TONNER, L. tonare (tonus).
TONNERRE, vfr. toneire, tonoire, prov.
tonedre, du L. tonitru.
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TOR
— 492 —
TOR
TONSURE, voy. tondre. — D. tonsitrer^
L. tonsurare (S. Grégoire).
TONTE, voy. tondre.
TONTINE, d'après le nom de l'inventeur de
ces établissements, Laurent Tonti (1653). —
D. tontinier,
TOPAZE, L. topazion (roTràJi-îv).
TOPER, it. toppare, ail. toppen, consentir à
une offre. De la racine top^ onomatopée pour
exprimer le bruit de )a poignée de main par
laquelle ce consentement est confirmé. C'est
donc une modaliété de taper. — D'autres, à
tort, pensent que c'est le même verbe que l'esp.
topar^ rencontrer, ou le primitif de l'it. in-
toppare, heurter, trébucher.
TOPINAMBOUR, mot américain.
TOPIQUE, litt. = local, puis = (médica-
ment externe) appliqué sur une place déter-
minée ; du gr. Tomxo; dér. de totto;, lieu.
Subst. fém. topique, doctrine des lieux com-
muns, du gr. Ta Toitmà, lieux communs.
TOPOGRAPHE, gr. Tonoypifoi = qui décrit
les lieux (rdiroi). — D. topographie, -iqiie.
TOQUE, it. tocca, esp. toca; mot celtique :
cymr. toc, coiffure. — D. toqiiet.
TOQUER, variété de toucher. L'expr. fig.
être toqué rappelle l'ail, einen tickhaben, avoir
le cerveau dérangé, de ticMen, mot populaire
pour toucher; cp. l'expr. fr. avoir reçu un
coup de marteau. — D. toc, subst. verbal;
tocadc ou toquade; voy. aussi tocsin,
TORCHE, prov. torcha, pr. faisceau, amas
de choses tordues ensemble (en t. de blason on
appelle torque le bourrelet rond qui se pose
sur le heaume), bouchon de paille, brandon
fait d'un bouquet de paille (funale tortitium),
puis flambeau en général. Que ce mot vienne
directement de quelque ancien subst. torca
(tii-é de torcare ou plutôt torquare, primitif
du surnom Torquatus), ou par BL. tortia (it.
torcia), d'im participe tortus, il se rattache en
définitive au verbe latin torquere, = fr. tor-
dre (on disait autrefois aussi tortis, d'un type
L. torticius). — D. torcher (v. c. m.), tor-
chon, -ettc, torchère.
TORCHER, BL., torcare, detergere, dér.
de torca, fr. torche = bouchon ou rouleau de
paille servant à nettoyer. Les étymologistes
modernes le ramènent au type lat. torticare.
— D. torchis.
TORCOL ou torcou, genre d'oiseaux grim-
peurs « qui tord son cou » (Meunier), it. tord-
coUo, esp. torcecueilo,
TORDRE, it. torcere, esp. , port, torcer, de L.
torquére p torquère, — D. tordage, tordeur,
TORE, L. torus, nœud, renflement. — D.
toron.
TORÉADOR, mot espagnol, du verbe torear^
combattre les taureaux {toro).
TORMENTILLB (plante), de tourment (à
cause qu'elle apaise le tounnent des dents,
dit 0. de Serres).
1 . TORON, assemblage de plusieurs fils de
caret, tournés ensemble; la lettre se refuse à
la rigueur à une étymologie par tordre; mais
le wallon dit simplement toir (oi = o), et l'on
peut admettre que <or(î=tortum), étant devenu
un mot d'usage populaire, ait pu engendrer le
dérivé tœ*on, comme tour = turnus a fait
touret, comme pi a fond a ùM plafonner.
2. TORON, t. d'architecture, voy. tore,
TORPEUR, L. torporrem.
TORPILLE, sort« de raie, qui frappe d'une
commotion électrique et engourdit la main de
celui qui la touche, puis engin sous-marin;
d'un type dim. torpicida, dérivé de torpère,
être engourdi. La torpille, comme poisson, se
disait en latin torpédo, L'ital. dit torptglia et
torpedine.
TORQUE, voy. torche.
TORQUER, type L. torquare, p. torquére.
Cp. extorqua', — D. torquette, certaine quan-
tité de marée entortillée dans do la paille. —
Au sens fig. du L. torqucre, faire du tort, se
rapporte le vieux mot torquet, piège, moyen
d'induire en erreur.
TORRÉFIER.L. torreficare\ p. torrefacere,
dont le subst. torrefactioa donné torréfaction.
TORRENT, L torrentem, qui dessèche, brû-
lant, impétueux, puis, comme subst., ruis-
seau rapide. Littré déduit le sens de ce dernier
de torrerc, au sens de dessécher : •• un cours
d'eau qui se dessèche l'été »». — D. torrentiel,
torrentueux.
TORRIDE, L. torridus, brûlant.
TORS, L. torsus, part, passé de torquére,
tordre (forme concui*rente de tortus). — D.
torser et torsade, frange tordue.
TORSADE, voy. tors.
TORSE, de l'it. torso, trognon de chou ou
de fruit, puis statue sans tête, lequel répond
au piém. trous, esp., port, troso, prov. etvfr.
tros, tors, fr. trou de chou. Comme le vha.
turso, torso, nha. dorsch, trognon de chou, il
vient, selon Diez, du L, thyrsus, gr. aûs^oî,
tige des plantes. Pour le transport d'idée, cp.
le subst, L. truncus, tronc, et adj. truncus,
coupé, mutilé (d'où en fr. trognon, tronçon).
TORSION, L. torsionem (torquére).
1. TORT, subst., it. torto, esp. tuerto, prov,
tort, BL. tortum -= injustice, lésion, dom-
mage, du L. tortus (torquére), tordu. C'est
une métaphore corrélative à celle de droit
= j^^t qui rappelle la ligne droite. On
trouve encore dans les patois le verbe tordre,
p. porter dommage, préjudicier, comme en
latin déjà torquére signifiait torturer, tour-
menter.
2. TORT, a^., tordu, L. tortus (torquére),
TORTICOLIS, d'abord un adjectif, puis
substantif; de tortum collum, cou tordu (l'ita-
lien dit coUotorto et torticollo).
TORTILLER, d'un type torticulare (tortus).
— D. tortille, tortillage, -ement, -is, -oti.
Cps. entortiller.
TORTIS, L. torticius (tortus).
TORTU, d'un type BL. tortuus ou tortucus
(extension de tortus). — D. tortue (v. c. m.);
verbe tortuer; adj. tortueux, L. tortuosus,
d'où tortuosité.
TORTUE, esp. tortuga, prov. tortuga, tar-
tuga, du BL. tortuca, tartuca (dév. de tortus^
tortu). En anglais le mot est tortoise. L'it. a
la singulière forme tartaruga, La tortue a.
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TOU
— 493 —
TOU
dit-on, pris son nom de ses pieds tortus.
L'ail, nomme cet amphibie schildkrdte, litt.
crapeau à bouclier; Fit. dit de même botta
sctidaja.
TORTUEUX, voy. tœ^u,
TORTURE, L. tortura (torquere).— D. tor-
turer. — Cp. tourment de torynentum, autre
dérivé de torquere.
TOSTB, TOSTER, voy. toast.
TOT, promptemont, it. tosto, prov. tost. On
s*est beaucoup torturé pour éclaircir Torigine
de cet adverbe roman, qui s'est substitué au
L. statim ou illico. L'explication la mieux
soutcnable est celle qui le rattache au part.
L. tostus, qui vient de torrere et signifie brûlé.
Le même verbe torrere n'a-t-il pas donné
torrens, brûlant, puis violent, impétueux, ra-
pide? Diez, de son côté, cite à l'appui de cette
explication les expressions it. caldo càldo^ tout
à coup, et vfr. chalt pas (= passu calido,
promptement, cp. en ail. suisse fusS'Voarms).
Le sens de tôt s'accorderait davantage, d'après
l'opinion de Diez, avec une étymologie qui
verrait dans tosto une contraction de tot-cito,
c.-à-d. tout vite, d'où toç*to, tosto (cp. it.
amistà deamicUatem et destare dede-excitare);
pour la composition avec totus, cp. it. tutto
in un tempo, fr. tout à Vheure, M. Rajna
voit dans it. tosto un redoublement de isto (là,
en ce moment-là). — Composés : bientôt, tan-
tôt, sitôt, aussitôt, plutôt.
TOTAL, BL. totalis (totus). — D. totalité.
TOTON, L. totum, le tout : le dé appelé
toton a une des faces pourvues de la lettre T
désignant le mot totum, parce que, lorsque
le dé présente cette face, le joueur gagne tout.
TOUAILLE, vfr. toaile, toeille, angl. toioel
(BL. toacula), linge pour se laver les mains;
ce mot n'est en aucune façon une corruption
de toile, comme on a prétendu. La simple
comparai.son de l'it. tovafflia, de l'esp. toalla
(cat. tovalla) et du prov. toalha engage à re-
jeter cette absurde étymologie. Le mot est
germanique et vient du vha. dudhilla (mha.
tweheîe, nha. swehle), m. s., dérivé du vha.
duahan, laver. C'est à la même famille qu'il
faut rattacher le verbe vfr. touailler, tooiller,
laver ; mais il faut en distinguer, je pense, le
vfr. toouiller^ tociller, brouiller, troubler,
souiller, dont le mot actuel touiller, mélanger,
remuer, est la forme contracte. Voy. mes notes
sur Baudouin de Condé, p. 500, et Gloss. des
Chroniques de Froissart s. toveillier.
TOUCAN, mot brésilien, que l'on rapporte
au cri de l'oiseau.
TOUCHER, variété chuintante de toquer (cp.
moquer et moucher), it. toccare, esp., port.,
prov. tocar. Il se peut que ce mot soit issu do
la racine onomatopée toc, comme taper vient
de la syllabe imitative tap. C'est à une moda-
lité vocale de toc que se rattache le latin TAC
ou T AG, dans tar/o* tango = toucher. — Diez
est d'un autre avis, qui peut-être doit préva-
loir. Il voit dans toccare la représentation
romane du vha. zuchôn (ail. mod. zuckcn),
tirer, arracher. Cette signification originelle
du verbe toucher se reconnaît encore, dit-il,
dans l'expr. vfr. se toucher de qqch.^ = se
séparer deqqch., échapper, et dans la locution
nfr. toucher de Vargerd, qui rappelle ï^.geld
einziehen. Pour la filiation des idées tirer et
toucher, Diez allègue encore les verbes L.
stringere, qui a dé môme les deux accep-
tions , et atUngere = toucher et prendre, puis
le goth. tehan = toucher, comparé à son simi-
laire angl. take == prendre, tirer à soi. —
Schacht fait venir tocare du goth. daupjan,
vha. toufân, immerger, qu'il identifie avec
mha. tuppen, nha. tupfen, pointiller; il se
dispense do dire de quelle manière ; pensait-il
à un intermédiaire topicare (d'où top'care,
tocare)^ — Boucherie explique toucher par un
type latin *tudicare (de tud, racine de tundere,
frapper). Il ne trouvera pas grand crédit,
d'autant moins qu'il faudrait disjoindre toquer
et l'it. toccare. — D. touche, touchant, adj. et
prép.; toucher, inf.-subst.; cps. attoucher (cp.
L. attingere), retoucher.
TOUER un navire, angl. Une. Ce verbe se
rattacherait très bien au BL. tocare, au sens
de tirer, qui. selon Diez, est le sens primordial
de ce mot (voy. l'art préc); cp. louer de
locare. Cependant, il semble plus naturel de
le rattacher au subst. néerl. touw, angl. tow,
ail. tau, nord, taug, = câble. — D. toue,
touage.
TOUFFE, vfr. toffe, v. angl. tuff, corres-
pond au mot suisse jniffe = poignée de qqch.;
on connaît la correspondance qui existe entre
le z haut-ail. et le t roman. Ce mot zuffe est
une variété littérale du mot ail. zopf=^ toufle
de cheveux, lequel, à son tour, n'est que la
forme haut-allemande d\\ bas-ail. topp =»
nord, toppr, ags., angs. top, touffe de cheveux,
sommet d'un arbre, d'où vient le vfr. tope, nfr.
loupe, et son dimin. toupet Cp. aus.si BL.
toppus, faisceau. — Littré identifie avec touffe
le tufa latin, qui se trouve dans Végèce avec
la valeur d'un étendard fait de plumes. — D.
touffu.
TOUFFEUR, de l'adj. touffe, suffoquant,
cité sous étouffer,
TOUILLER, remuer, mélanger, brouiller;
voy. sous touaille. — Mon étymologie tocu-
lare y lancée en 186 1 , doit être anéantie, le mot
étant d'abord toeillcr,
TOUJOURS, = tous jours ; cp. le vfr. tosdis,
toudis = totos dies.
TOUTE, dimin. toupet, toupillon, voy.
touffe.
TOUPET, voy. touffe, toupe. Le sens déduit
M sommet, tête » (cp. angl. top) a donné lieu
aux locutions « le feu lui monte au toupet,
avoir du toupet ».
TOUPIE (angl. top, ail. topf), en Norman-
die toupin; \fr. topoie (Jean Bodel); de la
rac. top = pointe, extrémité, rac. identique
avec le top, tof, d'où touffe et toupet. Cette
racine se rencontre également dans les idiomes
celtiques. C'est d'elle aussi que procède le
nord, top et vfr. toupon, bouchon, pr. cho.so
conique. Littré propose en outre vfr. toupin,
prov. topi, pot (de l'ail, topf, m. s.), à cause
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TOU
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TRA
de la forme ronde de la toupie, mais les éty-
mologistes ail. sont d'avis que c'est plutôt
topf, toupie, qui a donné naissance à tc>p/*, pot,
que l'invei-se. — D. toupiller,
1. TOUR, fém., L. turris. — D. tourelle.
2. TOUR, masc., prov. tortit 1. mouvement
en rond, subst. verbal de tourner (v. c. m.);
2. machine ou appareil du tourneur (dim.
modernes touret, tourillon), du L. tornus,
gr. To>v9^, primitif du verbe tomare, fr. tour*
ner.
TOURAILLB, t. de brasserie, étuve pour
sécher le grain germé, du L. torrcre.
1. TOURBE, substance combustible, it.
torba^ esp. turla^ wall. (par transposition)
irouf, pic. troube, trouble; du vha. surba,
ags. twr^all. mod. torf, m. s. — D. tourbewo,
tourbière,
2. TOURBE, multitude, L. turba,
TOURBILLON, dérivé d'un type L. turbi-
cula (d'où tourbille*), dimin. du L. turbo^ 4nis
(it. turbine), m. s. — D. tourbillonner,
TOURB, du L. turdus, grive et espèce de
poisson. — D. tourdelle,
TOURDILLE (gris), couleur de cheval, dér.
de L. turdus, grive.
TOURELLE, dimin. de tour 1.
TOURET. TOURILLON, voy. tour 2.
TOURISTE, mot d'introduction anglaise,
dér. de tour, au sens d'excursion, voyage.
TOURMENT, L. tormentum (torquere), cp.
torture. — D. tourmenter,
TOURMENTE, orage, bourrasque; est-ce le
subst. verbal fémin du verbe tourmenter, ou
vient-il de quelque type barbare turbimentum,
de turbo, tourbillon? J'incline pour la pre-
mière explication ; tourmenter = agiter vio-
lemment, s'y prête parfaitement. — D. tour-
mentcux.
TOURNELLE. dim. de tour (lat. turris)\
cela i>arait historiquement juste, mais n'en
est pas moins phonétiquement un problème ;
comment expliquer l'existence simultanée de
tourelle et tournellef Cette dernière forme
(elle remonte au xiii* siècle/ serait-elle due à
une influence do l'ancienne forme ail. turn
(ni. toren) concurrente de turmt
TOURNER, angl. turn, mouvoir ou se mou^
voir en rond, changer de direction, it. tar-
nare, esp., port.. prov. ^oniar, du L. tomare,
façonner au tour (L. tornus). On est porté à
croire que la langue vulgaire latine employait
déjà tœ'nare dans le sens de vertere, ce sens
se produisant dans les plus anciens documents
de la moyenne latinité. Le roman tomare^
n'était le L. tornus, venu du grec rrfpi'o*, s'expli-
querait aussi parfaitement par une contrac
tion de L. turbinare, volvere, vertere (voy,
Quicherat, Addenda). — Subst. verbal, it
esp., port, torno, prov. torn, fr. tour (cp
four, jour, de fom,jorn). De tour viennent
les locutions adverbiales : 1. entour (v. cm.),
it. intorno (cp. environ), d'où à Ventouret le
subst. alentours (v. c. m.) et le verbe entourer
(v. cm.); 2. autour. Dérivés de tourner :
tournant, -eur^ -ée, -ure, tournoyer (v.c.m.),
tournailler, tourniquet (voy. tournoyé^'). —
Composés : vfr. atoumer, diriger vers, pui«
préparer, arranger, habiller, ornei:(cp. dres*
serj, d'où vfr. cUoi^n, nfr. atour; — bistoumer
(v. c. m.); — contourner, subst. contour;
— détourner, subst. détour; — pourtour
(v. c. m.); — retourner, subst. retour,
TOURNESOL, traduction du gr. i^Uor^émof,
« qui se tourne vers le soleil ».
TOURNOI, subst. de tournoyer.
TOURNOIS, terme de monnaie, L. Turo-
nensis, frappé à Tours.
TOURNOYER, vfr. toumier, faire des évo-
lutions, corresp. du prov. tomeiar, it. tor»
neare, esp., port, tomear; d'un type tomicara
(d'où provient aussi le subst. it. tomichetto,
fr. tourniquet), Subst. verbal tournoi, prov.
tomei, esp., it., port, tomeo,
TOURTE, ail. torte, voy. tarte, — D. tour-
ter tourteau,
TOURTEAU, voy. tourte, — D. tourtdet,
•elette,
TOURTEREAU, -ELLE, L.turturellus,-eUa,
dim. àeturtur, primitif conservé dans le vieux
mot fr. tourtre, angl. turtle,
TOUSELLE, blé sans barbe, féminin du vfr.
tousel, touseau, imberbe (pr. tondu, lisse), puis
= damoiseau, mignon. Dimin. de tosus ^a
tonsus, tondu, ras.
TOUSSAINT, fête consacrée à « tous les
saints «•.
TOUSSER, voy. touœ.
TOUT, du L. totus, ou, strictement parlant,
d'une forme vulgaire tottus (Rom., X, 42).
TOUTEFOIS, pr. en tout cas; voy. fois. An-
ciennement on disait aussi toutevoie et toutes
voies = it. tuttavia, esp. todavia,
TOUTENAGUE, aussi tintenague; du per-
san toùtiyânûk, litt. «. analogue à la tutie (v.
c m.).
TOUX, L. tussis. — D. tousser; en vfr.
toussir, d'après L. tussire,
TOXIQUE, L. toxicum (T«^/<»v;. De là toxi-
cologie, science des poisons.
TRABAN, it. trabante, suéd. drabant,
behéme drabanti, ail. trabant. On rapporte
ces mots à l'ail, traben, trotter, courir; le
traban serait ainsi pr. un piéton, un coureur.
Littrô paraît préférer l'étym. trabc, bâton de
bannière, aussi hallebarde, qui est L. trabes,
poutre.
TRABE, voy. l'art, préc.
TRAC, 1. allure du cheval, de la racine
trac, aller, marcher, qui se rencontre dans
presque toutes les langues germaniques (voy.
tracasser) ; cp. néerl. trekhe^i, tirer, aller ; —
2. trace, piste, angl. trach; parait être le
subst. verbal masc. de tracer ; on peut toute-
fois aussi y voir le nord. trak?ia{p, tradha),
dér. de trôda, marcher, fouler le sol. On
trouve en BL., dès le vu* siècle, traco, -onis,
pour voie, surtout voie souterraine.
TRACAS, subst. verbal de tracasser.
TRACASSER, d'abord mettre en agitation;
puis au sens neutre, s'agiter, courir çà et là
comme une béte traquée ; peut être considéré
comme une forme péjorative de traquer. Il
peut, cependant, çn être indépendant et être
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TRA
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TRA
rapproché de Técoss. traïk, courir çà et là,
du bavarois tràckeln (suisse trocheln), être
indécis (la racine Irak tient sans doute au tra-
gère latin, foi'me antérieure de trahere^ sans-
crit trah, marcher, courir, gr. '^pi'/j>», courir).
Il vaut la peine, pour confirmer cette dernière
étyra., de rapprocher de tracasser un syno-
nyme vfr. : c'est trepeiller (= courir çà et là,
être inquiet) qui vient du vfr. trepcr, faire
des pas, sauter (étymologiqucment identique
avec le néerl. liHppen, ail. trippeln, angl.
tripf faire des petits pas, voy. trépigner), et
d'où vient vfr. trepeil, inquiétude, tourment,
tracas. — D. tracas, tracassier.
TRACE (it. traccia, esp. traza, prov. trassa),
subst. verbal de tracer,
TRACER, tirer des lignes, it. tracciare,
suivre la piste, esp. trazar, tracer. D'un type
latin tractiare, tiré, d'après le génie roman,
du L. tractus, part, de trahere, tirer des
lignes, faire des traits, (cp. chacer* chasser,
de captiare), — D. trac, trace (v. ces m.) ;
subst. part, tracé.
TRACHÉE-ARTÈRE, gr. rp%itl% àpnnpix,
artère raboteuse.
TRACTION, L . tractionem (trahere) .
TRADITION, L. traditionem, action de
transmettre [tradere). Le même subst. latin,
avec le sens • action de livrer », s'est francisé
en trahison (v. trahir), — D. traditionnel,
TRADUIRE, L. tra-diicere, 1. transférer
(cp. traduire devant les tribunaux); 2. faire
passer d'une langue dans une autre ; cp. les
termes analogues fr. translater ei angl. trans-
late (de (ranslatum, supin de transferre), et
ail. iibertragen, ilbersetzcn, — D. tradui-
sible. Du L. traductorem, -tionom : fr. tra-
ducteur, -tien,
TRAFIC, voy. l'art, suiv. L'ancienne langue
avait aussi la forme féminine traficque,
TRAFIQUER, it. trafficare, prov. trafe-
guare, sp. trafigar, trafagar, port, trafegar;
de là le subst. verbal trafic, it. traffico, prov.
trafec, trafcy, esp. trafago, trafico, port, tra-
fego, trafico. L'origine de ce mot n'est pas
encore tirée au clair. « Il est remarquable,
dit Diez, que le v. port, trasfegar, transvaser
[^= L. transmcare' de vices), signifie aussi
« faire commerce », et que le cat. trafag, com-
merce, artifice, signifie aussi transvasement.
Mais si trafegar est identique avec Tanc. tras-
fegar, il faut qu'il y ait eu dans les subst. v.
port, trdsfego, n. port, trdfego, trdfico, un
transport de l'ac^îent sur le préfixe, ce qui est
très exceptionnel. »» — Le sens primitif parait
exprimer mouvement inquiet, choc des inté-
rêts, et survivre dans lelangued. tra fi, tracas,
trouble, désordre ; aussi Wedgwood rattache-
t-il le mot au verbe cymr. trafu, remuer,
agiter. — Si le sens primordial du mot était
•* commerce, négociation ••, on pourrait à la
rigueur partir d'un adj. barbare traficus (de
trans-ficere) au sens de « qui transmet, négo-
ciateur ». Toujours est-il que toutes les formes
citées ne s'y prêtent pas aisément.
TRAOACANTHE, gr. Tpxyixavax (épine de
bouc^. Voy. aussi àdraga)U,
TRAGÉDIE, L. tragœdia, gr. rp^yaSi». —
D. tragédien.
TRAGIQUE, L. tragicus, gr. rpa/iAÔ;.
TRAHIR, anc. traïr^ it. tradire, du L. tra-
dere (pr. livrer) = prodere ; cp. envahir, de
invadere. — Du subst. traditionem : fr. trahi-
son^ traïson; de traditor : fr. traître (v. c. m ).
TRAILLE, pont volant, d'après Diez, du L.
tragula (tragere' = trahere), employé par
Varron pour traîneau, claie, herse; selon
d autres, p. tiraille.
TRAIN, anc. traïn, trahin, it. traino. esp.
tragin, cat. tragi, prov. trahi, marche, allui*e,
trace, suite, attirail; dérivé de trahere, tirer.
Pour la relation entre tirer et marcher, cp.
l'ail, ziehen, qui réunit les deux acceptions,
le L. ducere, etc. Le type immédiat de traïn
doit avoir été un subst. L. trahimen; ci^.gain,
anc. gain (dans le cps. regain) = it. gua-ime.
Les formes it. et esp. paraissent calquées sur
la forme fr. ou prov. — D. trainer (anc. traî-
ner, trahiner;.
TRAÎNER, voy. train. — D. traîne, traî-
neau, -ée, -ant, -ard, -asse; cps. entraîner,
TRAIRE, it. tratTC, esp. traer, du L. tra-
cere ou tragere, forme primitive de trahere;
cp. faire de facere. Le mot traire^ anc. d'un
usage aussi fréquent que le <irer d'aujourd'hui,
a rétréci son application à l'action de tirer le
lait d'une vache. — Du part, latin tractus : le
part. fr. trait, d'où le subst. partie, fém.
traite, étendue de chemin, lettre de change
tirée sur qqn., transport de marchandises,
commerce, trafic. — Dér. du fr. traire; subst.
trayon, bout du pis d'une vache.
1 . TRAIT, L. tractum ftrahçre), pr. chose
tirée ou tracée ; de là : flèche, corde, ligne,
marque, etc. (cp. l'ail, zug).
2. TRAIT, action de tirer (- d'un seul trait »),
du subst. L. tractus (trahere).
TRAITE, voy. traire.
TRAIIER, L. tractare, fréq. de trahere,
tirer; donc tirer beaucoup ou en tous sens,
manier, cultiver. — D. Iraitable, traitement,
traiteur, traité, (L. tractatus).
TRAÎTRE est la forme contractée du vfr.
trahitre, traître et vient du L traditor (qui
dans le bas-latin portait l'accent sur la seconde
syllabe); au cas-régime, l'anc. langue avait
trahitour = L. traditôrem, — D. traïteus',
traïtreus, resté dans l'adv. traîtreusement. —
Voy., sur l'histoire de ce mot, Tobler, Ver-
mischte Beitrâge, p. 81.
TRAJET, L. trqfectus (tra-jicere), tra-
versée.
TRALE, nom vulgaire du mauvis, vfr.
trasle, du vha. throscela, ags. throsle, angl.
throstle, ail. mod. drossel.
TRAMADj, trémaiC, it. tramaglio, angl.
tramel, BL. tremaculum. Ce dernier substan-
tif, qui représente la forme normale, se
décompose, d'après Diez, en tre «=■ très, et
macula, maille; donc filet à trois mailles;
cp. le L. tri-licium, d'où it. traliccio, fr. treil-
lis. Le wall. dit tramaïe pour treillis ; le piô-
montais a trimcy.
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TRA
— 496
TRA
TRAME, L. trama, — D. tramer.
TRAMONTANE, do l'it. tramontana, nord,
puis vent du nord, étoile du nord ; de trans
montes, au delà des montagnes (des Alpes).
L'anc. fr. âisaït tresm^mtaine,
TRAMWAT, mot anglais, abrégé de Outram-
tcay (d'après OiUram, le nom d un ingénieur
anglais).
TRANCHER, autrefois trencher, prov. tren-
car, trincar, trinchar, esp., jK)rt. trincar,
it. trinciare, couper, rompre, pic. trinquer,
L*étymologie de ce verbe est encore controver-
sée. Le verbe transcindere, allégué pour type
par Roquefort, ne mérite qu'une mention de
curiosité. Il faut également rejeter L. trun-
care et transsecare, ainsi que le type mons-
trueux trenuicare, que l'on fait dériver de
l'ail, trennen, séparer, diviser. Langensiepen
propose, avec trop de subtilité, le type fictif
dirimicare, d'rimicare, d'rimcare, de diri-
mere; l'irrégularité de t p. rf n'est pas sans
précédent, mais si elle paraissait trop cho-
quante, l'auteur de cette étymologio recom-
mande la filière suivante : L. intcrimere (pr.
enlever du milieu, détruire, tuer), interimi-
care, intrtmicare, trincare (cp. it. tra p.
intra), A propos de cett« dernière étymologie,
Diez conjecturerait plus volontiers interne-
care, que Prudence emploie dans le sens de
détruire et qui pourrait avoir donné nais-
sance au prov. entrencar, briser, d'où, par
aphérèse, trencar, etc. — Littré opte pour
truncare; trencher serait p. troncher comme
vfr. vnJejité p. volonté, La difficulté des formes
avec i {trinciaré) no lui semble pas assez
importante pour invalider cette origine. Au
Suppl., il allègue en confirmation de son étym.
une foi-me troinchier recueillie dansFloovant
(xiii® siècle), V. 153. — D. tranche, tranchant,
tranchée (p. le sens •« douleurs de ventre »,
cp. l'expr. analogue ail. leibschnciden), tran-
chct, -oir, retrancher.
TRANQUILLE, L. tranquiîhis, — D. tran-
quillité, L. tranquillitatem ; tranquilliser,
TRANS-, élément de composition d'un grand
nombre de mots de provenance latine. C'est
l'adv. ou prép. trans, au delà, à travers. On
l'a appliqué aussi à quelques verbes du fonds
non latin, p. ex. ty^anshorder, transpercer.
Dans la couche ancienne de la langue fr. , le
préfixe latin trans s'est régulièixjment converti
en très (cp. L. mansus.^ vfr. mes), dont la
finale s s'est eflacée dans l'orthographe mo-
derne devant les consonnes autres que 5 : ex.
trespasser' trépasser, tressaillir, La forme
corresp. it. et prov. est tras (en it. aussi tra).
Le mot très = L. trans sert aussi d'adverbe
pour marquer, sinon l'excès, du moins le haut
degré : très grand = excessivement grand,
it. tras grande, cp. en ail. ûbcrgross. L'anc.
langue en faisait un usage bien plus étendu ;
elle disait, par exemple : si très grand Ja plus
très belle gent,
TRANSACTION, L.transadionem, subst. de
transigei^e (litt. pousser outre, jusqu'à bout) =
fr. transiger. — D. transactionnel.
TRANSCENDANT, L. transcendentem, litt.
qui va au delà (des limites ordinaires). — D.
transcendance.
TRANSCRIRE. L. transcribere ; subst.
transcriptio, fr. transcription,
TRANSE ; ce mot signifie en premier lieu
les angoisses de la mort ; c'est Tesp. ou port.
trance (masc.) = moment suprême, pas de la
mort. Ce mot trance, suivant les lois phoné-
tiques do la langue esp., correspond à l'it.
transito (L. transitus). passage de la vie à la
mort (cp. le mot trépas), ô!oii transita, trance^
transe, Frisch cite à l'appui une forme ail.
usuelle en Suisse : transt = tran.se. Jusqu'ici
nous avons reproduit l'opinion de Diez. Nous
nous permettons à notre tour une petite va-
riante d'explication. Nous partons du verbe L.
trans-ire, au moy. âge = trépasser, mourir,
do là le verbe fr. transir, anc. = mourir,
plus tard = être glacé, c.-à-d. perdre le sen-
timent do la vie ; or, le subst. transe peut très
bien être considéré comme le subst. verbal de
transir et signifier torpeur, frayeur ; de sorte
qu'il n'est pas nécessaire de supposer un em-
prunt direct à l'espagnol. Cp. faille de faillir,
couvine", de convi*nir. D'ailleurs, les éty-
mologistcs ont renoncé à l'explication de
l'esp. trance par transitas. En angl. trance
équivaut à extase. — Ménage proposait stnn-
gere, serrer, et Nodier en était encore une
fois réduit à la ressource de l'onomatopée.
TRANSEPT, mot technique, formé de L.
trans, et de septum, enceinte; donc espace
transversal.
TRANSFÉRER, L. transferere, forme bar-
bare p. trans fen*e; du part, barbare trans-
fcrtus vient le subst. transfert,
TRANSFIGURER, L. trans- figurare,
TRANSFORMER, L. trans-formare.
TRANSFUGE, L. transfuga,
TRANSFUSER, L. transfusare\ fréq. do
trans fundere , par le supin transfusum, d'où
aussi subst. transfusionem. fr. transfusion,
TRANSGRESSER, L. transgressare\ fréq.
de transgredi, dont le supin transgressum a
donné transgressorem, -ionera, fr. transgres-
seur, transgression,
TRANSIGER, voy. transaction,
TRANSIR, voy. transe.
TRANSIT, mot savant, L. transitus, pas-
sage.
TRANSITIF, L. transitivus; transition,
L. transitionem ; transitoire, L. transito-
rius, passager.
TRANSLATER, angl. translate, voy. tra-
duire.
TRANSLATION, L. trans-lationem (trans-
ferre).
TRANSMETTRE, anc. iramettre, L. trans
mittere, supin transmissum, d'où transmis-
sion, L. transmissionem, et transmissible, L.
transmissibilis.
TRANSMUER, L. trans-mutare, d'où trans-
mutationem, fr. transmutation,
TRANSPARENT, mot nouveau fait àçtrans,
à travers, et du part, parentcm, qui parait,
qui luit. C'est une imitation du gr. ciapocvï-;,
diaphane. — D. transpare^ice.
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TRA
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TRA
TRANSPIRER, du L. (fictif; trans-spirare,
s exhaler à travers, sortir d'une manière in-
sensible.
TRANSPLANTER. L. tmns-plantare,
TRANSPORTER, L. tram-portare. — D.
substantif verbal transport.
TRANSPOSER, déposer, d'après L. trans-
ponere, dont le supin transpositum a produit
transpositionem, fr. transposition.
TRANSSUBSTANTIER, mot théologique,
changer une substance en une autre. — D.
transsubstan tiation.
TRANSSUDER. L. (fictif) trans-sudare,
L'anc. langue disait tressuer, transpirer.
TRANSVASER, it. iravasare, mot nouveau,
= faire passer d'un vase dans un autre.
TRANSVERSAL, mot scientifique, tiré de
transversiis, voy. travers.
TRANTRAN. aussi train-train, d'après Lit-
tré, subst. verbal de l'anc. verbe trantranei\
qui représente, selon lui, le néerl. tranten,
trantelen, se promener çà et là. Le mot train
n'y serait donc pour rien.
TRAPÈZE, BL. trapesium, dér. du gr.
rpàTTiJa, table, puis toute surface carrée.
TRAPPE, prov. et BL. trappa, esp. trampa,
it. (dim.) trappola, du vha. trapo, piège, tré-
buchet. — D. attraper (v. c. m ).
TRAPU, vfr. trape ; Diez admet la possi-
bilité que trape soit venu, par transposition,
du gaél. tarp, monceau (cymr. talp) ; cepen-
dant, il préfère le rattacher au mha. dapfer,
tapfer, solide, ramassé, lourd, gros (= ail.
mod. tapfer, fort, brave), d'où vient le subst.
vha. taphaH, monceau. On voit de la même
manière se correspondre pour la lettre le
verbe mha. tapfern, maturare,et le fr. traper
=» egregie succrescere (Dictionn. de Tré-
voux). Auj, on dit encore d'un melon qu'il
trape, qu'il grossit. Trape peut en effet aussi
bien venir du groupe tapar que tremper de
temperare.
1. TRAQUENARD, 1. cheval mai-chant une
espèce d'amble appelé entre-pas, puis 2. cette
allure elle-même. Nicot traduit le mot par
asturco. Hier. Victor par chtnea, hacanea;
Monet le définit par •» qui va Tamble, qui
marche un pas serré, doux, mesuré et
vite ». D'où vient-il? Il faut écarter l'étym.
tricanaHus de tricare, « quod intricet pedes »»
(Borel, Saumaise). Le P. Labbé dit :
•♦ Trac vient du bruit que font les chevaux en
marchant, et le même bruit fait que nous di-
sons •• il va son traquenard «». Littré tire la
valeur de notre mot de celle du suivant (v.
celui-ci). Diez rapproi-he Fit. traccheggiare,
faire lentement, traîner. — Pour moi, il me
semble difficile de le séparer do trac = allure
du cheval ; pour le reste, je ne saurais rien
en dire, sinon qu'il a pu se former par un
subst. intermédiaire traquon, d'où verbe tra*
quener et subst. traqtienard (qui serait donc
simplement = marchant l'amble, equus tolu-
tarius).
2. TRAQUENARD, piège, trébuchet; do
traque-renard f Cq n'est pas impossible. Lit-
tré rattache notre mut au même radical que
t7'acaner, dévider de la soie (dont l'origine est
inconnue). Il voit aussi dans traquenard 1 une
simple déduction de sens; « le piège, qui Cbt
du genre dos trébuchets, a donné son nom à
l'allure dans laquelle le cheval semble trébu-
cher »».
TRAQUER, pr. tirer des toiles autour d'un
bois pour y faire entrer le gibier; du néerl.
trekken, tirer. Cette origine du mot n'est pas
assurée; il est difficile de le séparer d'un
thème lat. tract (cp. it. tracciare, suivre la
piste); la forme fr. peut n'être qu'une variété
dialectale de * tracher, tracer comme attaquer
do attacher. — M. Ulrich voit dans le thème
traccare une forme romane commune issue de
tracticare (de tractum), — D. traque, action
de traquer; truqueur, traquet, piège; peut-
être aussi tracasser (v. c. m.).
TRAVAIL, it. travagîio, esp. trabajo, port.
trabalho, prov. trabalh, trebalh^ anc. tour-
ment, chagrin, peine, puis ouvrage (même
enchaînement que dans le L. labor). On s'est
bien torturé pour fixer l'origine de ce mot
roman. Ferrari le fait venir de trtbulum, tri-
bulare, Sylvius de trans-vigilia, veille, insom-
nie, Muratori et autres de l'it. vaglio, tamis
(traoagltare serait pr. == secouer i, Wachter
du cymr. trafod = travail ; d'autres, moins
aventureux, du gaél. treabh, labourer (cp.
l'ail, arbeiten, pr. labourer, travailler la terre,
et le fr. labourer = L. labo}*are, travailler).
Diez ne croit pas devoir sortir du domaine
latin ; il voit dans travail un rejeton du verbe
travar (d'où le fr. en-traver), arrêter, empê-
cher, qui lui-même procède du subst. L. trabs
(vfr. tref), poutre. Travar, c'est pr. mettre
des bâtons dans les roues, entraver ; de là
se dégage l'acception contrarier, tourmenter.
Voici, en définitive, l'enchainement des for-
mes et des acceptions : Trabs, poutre, barre ;
— de là le type trabare, d'où esp. travar,
mettre des entraves (cp. le fr. embarrasser
de barre) ^ arrêter, empêcher, tourmenter,
contrarier, — puis la fonne diminutive tra-
baculare, ou -iculare, avec les mêmes signi-
fications, d'où travailler, traveiller, etc. —
De là le subst, verb. travail, 1. (sens propre)
appareil composé de poutres pour tenir en
respect les chevaux vicieux; 2. (sens fig.) con-
trariété, peine, tourment (cp. embarras). Du
subst. verbal travail s'est de nouveau dégagé
un verbe travailler, de seconde formation,
signifiant se mettre en peine, se donner du
mal, s'efforcer, exercer ses forces sur qqch.,
comme labor, peine, a donné laltorare, ti*a-
vailler. — L'angl. a travcl = faire du che-
min, voyager ; le vfr. donnait la même accep-
tion au verbe traveiller et le bavarois arbei-
ten a \& même sens. C'est la peine, l'effort,
envisagés à un point de vue spécial.
TRAVAILLER, voy. l'art, préc.
TRAVÉE, d'un type latin trabata, dér. du
L. trabs, trahis, poutre.
TRAVERS, du L. trans-versus, tra-versus,
placé (pr. tourné) en travers, oblique ; de là :
subst. masc. travers (l'idée d'obliquité a dé-
gagé le sens moral irrégularité, bizarrerie,
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TRÉ
— 498 —
TRE
caprice), fém. traverse; les locutions adverb.
detravei's, à travers , au travers de, l'adj.
traversier, le subst. traversin, oreiller qui
occupe toute la largeur du lit, etc. ; le verbe
traverser, passeï* à travers.
TRAVERSER, voy. l'art, préc. — D. tra-
versée.
TRAVESTIR, it. travestire, d'un type latin
irons vestire, faire changer de vêtement.
TRAYON, dér. de traire (v. c. m.).
TRÉ..., préfixe, voy. trans.
TRÉBUCHER, esp., prov. trabucar, sens
actif = renverser, jeter à terre, sens neutre
= tomber à la renverse. Selon Diez, ce verbe
est un composé du préfixe trans, tra et du
vfr. bue, qui signifiait tronc, buste du corps
humain (voy. buste 2) et que l'on croit iden-
tique avec it. buco, buca, cavité, trou. Comme
analogie, il cite l'it. irambustare, renverser,
de busto, buste. Trébucher qqn. serait donc
pr. faire dévier le tronc de sa direction natu-
relle en passant sur quelque obstacle. —
Nous n'avons pas une foi entière dans cette
étymologie. Évidemment, l'on ne peut guère
séparer trabticher trébucher, de l'it. traboc-
care, lancer, jeter, renverser. Qr, ce verbe
ital. dérive do trabocco, baliste (cp. accabler,
pr. abattre, de cadabula). Ou faut-il, en sens
inverse, dériver trabocco, l'insti-ument, du
verbe traboccare, et voir, comme le pense
Diez, dans ce dernier, une simple variété de
trabucareî — Au Suppl., Littré observe que
l'it. traboccare û^nxfiQ pr.jetersurla bouche,
comme le vfr. aclenler jeter sur les dents.
Mais en admettant le primitif ôr^ca, L. bucca
pour traboccare, comment le fr. a-t-il trébu-
cher et non pas trvbouchcr? pourquoi le prov.
distingue-t-il les voyelles dans trabucar (tré-
bucher) et dans abocar (lenvei^ser)? — Si l'on
trouvait quelque part le type trabuscarc, rien
ne serait plus facile que d'expliquer le mot
par •♦ mettre une bûche à travers »» pour faire
tomber ; mais le radical ne se rencontre que
sous la iforme bue (non pas buse). — Enfin, no
pourrait-on pas invoquer un primitif /raôuca,
trabucus, dérivé de trabs avec le sens de
poutre mise en travers, traverse (cp. carrvca,
massuca et tant d'autres;? Cp.en ït.trabacca,
baraque, autre dérivé de trabs, — De trabu-
cus f apporté à trabs, viendrait le dimin. ti-é-
buchet, 1. obstacle, piège, 2. barreau, fléau,
levier d'une balance. Les subst. prov. trabuc,
esp. trabuco, it. trabocco =r-- baliste, s'accom-
moderaient aussi d'un primitif trabs.
TRÉBUCHET, it. trabocchetto, voy. l'art,
préc.
TRÉFILER, type trahis- fil are, passer le fil
à travers la filière. — D. tréfileur, -erie.
TRÈFLE ne peut venir du L. trifolium que
par un déplacement de l'accent primitif : tri-
folium, triflium, trèfle. L'accent sur o est
respecté dans le vfr. trefeul, prov. trcfeuil. —
D. treflier, chardonneret.
TRÉFONDS, d'après NicotetDu Cange,con.
ti action de terrœ fundus. Cette étym. est par-
tagée par Darmesteter ; d'abord te^- fonds.
d'où, par méiBi\iè&e, tréfonds {c^.'ii. tremuoto
= terrée motus). D'autres expliquent le mot
par très -|- fond^, fonds, allant au delà du
sol, c.-à-d. sous le sol. Grandgagnage est con-
traire à l'ét. tei-rœ fundus et démontre que
tres-fo7ïds est simplement une forme superla-
tive de fonds n'ayant en soi d'autre significa-
tion que celle de ce dernier ; pour ainsi dire
archi-fonds. 11 aurait pu à ce sujet invoquer,
comme formation, le BL. transceTisus (1138),
plus tard trecensus, rente d'un fonds de terre
(voy. Du Cange). — D. tréfoncier.
TREILLE, prov. trelha, du L. trichila, tri-
che, tnclia, berceau de verdure. — D. verbe
treiller", d'où treillage et treillis, assemblage
de barreaux de bois qui se croisent en forme
de treille.
1. TREILLIS, voy. l'art, préc. — D. <ret/-
lisser,
2. TREILLIS, toile grossière, vfr. trelis,
treslice, it. traliccio, esp. trelis, du L. trilix,
tissu de trois fils (licium), qui est aussi le
type de l'équivalent ail. d^Hllich.
TREIZE, du L. tre-decim, cp. seijse de sede-
çim, onze de un-decim,
TRÉMA, du gr. xpf.fia, trou, puis les
points percés dans les dés à jouer.
TRÉMAIL. voy. tramail,
TREMBLE, it. tremula, du L. tremida, s.
e. populus, peuplier tremblant. — D. trem^
blaie.
TREMBLER, it. iremolare, esp. tremblar,
BL. tretyndare, de l'adj. L. tremulus (tre-
mere), agité, tremblant. — D. trembloter,
TRÉMIE, forme altérée des vieux mots tré-
muie, trémoie^ it. tramoggia, sic. trimoja,
prov. tremueia. Selon les uns, de L. trimodius
(la trémie envisagée comme i-ljnfcnnant très
tnodios); selon d'autres (et c'est à eux que
nous donnons raison, la trémie étant toujoure
dans un état de ti*emblement) ; tramoggia
serait pour trema-moggia [moggia =-fr. muie
représente le L. modia p. modius, boisseau ),
donc pr. = boisseau tremblant. Cp. l'expr.
angl. mill'hopper,(~ trémie), litt. sauteur do
moulin, et les expr. BL. tremellum, tremula.
TRÉMIÊRE (rose), du L. tretun-e, tvenihlcr;
cp. l'ail, zit ter-rose. Comme cette rose en réa-
lité n'a rien qui justifie cette origine, Legoa-
rant explique son nom par une corruption
d'outre-mer. — Selon d'autres de Tremier,
impoi-tateur de la plante (?j.
TRÉMOIS, blé de trois mois, BL. treme-
sium, du L. trimense, s. e. triticum.
TBJÈMOUSSER; on est tenté d'y voir le radi-
cal latin tremere, mais il resterait à justifier le
sufSxe ousse7', à moins de trouver quelque
type italien tremoszo, treniozzare. Diez expli-
que le mot par un vocable barbare trans-
motiare, se remuer fort (trans marquerait
l'excès comme dans tressaillir). Ce qui appuie
cette étym., c'est le participe it. mosso, de
rnuovere, mouvoir.
TREMPER, transposé de l'anc. temprer, it.
temjj^rare, angl. temper; voy. tempérer. —
L'application du sens •» durcir, aciérer » au
lat. tempe?'arc se rencontre dès le iv® siècle
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TRÉ
— 499 —
TRI
(Ronsch., Jahrbuch, XIV, 339). — D. trempe;
détremper,
TREMPLIN, selon Brachet, de lit. t7'am'
peîlino, mais je cherche en vain ce mot dans
les dictionnaires ; je crois plutôt que tremplin
est une forme nasalisée de trepeUn et vient du
vfr. trepeler, dim. de treper, sauter (voy.
trépigner). Ou bien il vient, comme l'it. tram-
polif échasse, directement de l'ail, trampeîn,
angl. tramp, trample, trépigner, marcher,
fouler.
TRENTE, it. trenta, esp. treinta, di^ L.
iriginta. — D. trentième, -aine,
TRÉPAN, it. trepanOf trapano, du grec
Tfiifrzxvov, m. s. — D. trépaner,
TRÉPAS, voy. l'art, suiv.
TRÉPASSER, anc. tres-passer, it. Ira-pas-
sare, outre- passer, puis fig. passer de la vie à
la mort, mourir. Voy. aussi l'art, transe, —
D. subst. verbal trépas, mort, autref. = pas-
sage en général.
TRÉPIED, it. treppiede, du L. tri-pes, gén.
tripedis, à trois pieds.
TRÉPIGNER, p. trepiner, dérivé du vfr.
treper, sauter. Treper, triper, appartiennent
à la racine trap, trip, à laquelle se rattachent
les mots germaniques trappen, trappeln,
irampeln, trempeln, trippeln, néerl. trippen,
angl. trip, etc., qui tous expriment mouve-
ment du pied. Cette racine se trouve égale-
ment dans le celtique. Voy. aussi le mot ^rem-
plin,
TREPOINT ou trépointe, litt. (chose) piquée
à travers.
TRÈS, voy. irans,
TRÉSAILLE, pièce de bois pour maintenir
les ridelles d'un chariot; ce terme est sans
doute de la même famille que trésillon, mor-
ceau de bois pour serrer deux cordages ou
pour séparer des ais nouvellement sciés. En
l'absence de toute autre information, je fais
dériver ces mots de très, anciennement le cas
sujet de tref, pièce de bois, qui est le latin
trabs ou trahis. Nous aurions-lâ un de ces
cas où Vs accidentel du nominatif a persisté
dans la dérivation (cp. fond, nomin. fons,
verbes fonser, foncer, enfoncer; L. j^^^tens,
iv, puch et (avec Ys de flexion) puis, d'où
jmiser). Je rattache au môme tre's, pièce de
bois, un verbe hypothétique estresiîîer, mettre
des étançons pour soutenir des teires ou des
murs, d'où nous est resté le terme technique
ètrésilîon, pièce de soutien.
TRÉSILLON, voy. l'art, préc.
TRÉSOR, it., esp. tesoro (v. esp. tresoro)^
prov. thesaur, du L. thésaurus (gr. ^toLucôi),
D'où vient Vr de la forme française ? Est-ce
ime simple insertion euphonique, comme dans
fronde de funda, ou une transposition de l'a
linaU Diez pense que cette insertion, parti-
culière aussi au napolitain trasoro, remonte
très haut, puisque l'ags. a trésor et le vha.
treso, triso, et que ces mots germ. sont d'im-
portation romane. Il se peut, dit-il. qu'elle
soit basée sur une raison étymologique. Il est
établi que le mot latin thésaurus a été pré-
cédé d'une forme the)isaurus, qui, s'étant con-
servée parmi le peuple, a pu passer dans le
roman (on en trouve une trace dans le breton
tensaour). De tensaur se serait produit tnesor,
puis trésor (pour n changé en r, cp. la forme
latine frestra, qui se trouve chez Papias p.
fenestra, fnestra),
TRESSAILLIR, du type trans-salire, sauter
fort [trans préfixe de l'excès). — D. tressail-
lement,
TRESSAÏÏT, en termes de monnaie, inéga-
lité entre deux essais d'une même espèce ; d'un
type trans-saltus ; c'est donc un terme analo-
gue à ressaut «=« resaltus; cp. le mot saillie,
TRESSE, anc. trece,it. treccia, prov. tressa
(esp. tren^a, port, trança). Les étymologies
L. tricœ, embrouillement, confusion, ou grec
&pfÇ, gén. rpixoi, cheveu, sont insoutenables.
Mieux vaut celle tirée de l'adv. rplxx, en trois
parties, d'où a pu se produire un subst. tri"
chea, puis treccia (cp. L. brachium, it. brac-
cio). Cette manière de voir, qui est celle de
Diez, a pour elle le rapprochement de l'it.
trina, prov. trena, synonyme de treccia et
venant du L. trinus, triple. Elle se recom-
mande en outre en ce que le mot latin trichea
n'est pas trop hypothétique, puisqu'il fournit
en même temps le primitif de trichila, d'où
fr. treille, — D. tresser, -eur, -oir.
TRÉTEAU, anc. trestel, BL. trestellus,
angl. trestle; selon Diez, du néerl. drie-stal,
siège à trois pieds. Cela me semble probléma-
tique, et je préfère l'étymol. L. transtrum,
proposée par Diez en seconde ligne. Trans-
trum, traverse, poutre — dim. transtéllum
— fr. trestel constituent une série de formes
parfaitement correctes, et je renonce à la con-
jecture transitellus, trastellus, que j'avais
posée dans ma première édition. D'après
Littré, du cymr. trestyl, m. s., dér. de traxost,
poutre.
TREUIL, anc. = pressoir, auj. = machine
pour soulever des fardeaux; c'est le prov.
trolh. Celui-ci est p. torlh et vient, comme
l'it. torchio, torcolo, pressoir, du L. torculum,
m. s. Uorquere, tordre, tourner).
TRÊVE, vfr. trive, triutoe, it., esp., pi'ov.
tregua, port, tregoa^ BL. treuga, L'ancieiino
acception de ces mots est sûreté, « sécurités
prœatita rébus et personis, discordia nondum
finita » ; de là s'est déduite celle de suspension
d'hostilités. Du vlia. triuwa, triwa, goth.
iriggua, confiance, sécurité ; de triggua vient
tregua (par transposition treuga)y^o\x tregva,
treva, trêve.
TRIACLEUR, charlatan, fanfaron, pr. ven-
deur de ihériaque; du vfr. triacle p. triaque
= L. theriaca.
TRIANGLE, L. tH-angulus, d'où triangu-
laire et trianguler, d'où triangulation.
TRIBORD, p. stribord (v. c. m.}.
TRIBU. L. tribus,
TRIBULATION, L. tribulationem, du verbo
tribulare, écraser, tourmenter, affliger, d'où
it. tribolare, vfr. tribler, écraser, ainsi que les
anc. termes tnbouler et tribouiller, remuer,
troubler, tourmenter.
TRIBUN, L. iribunus (tribus). De là : tri-
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TRI
— 500 —
TRI
ounatns, fr. tribunal^ et tribunal, pr. le siège
plus élovô où siègent les tribuns ou les magis-
trats, fr. tribunal, \jq sens « siège élevé •»
s'est conservé dans le mot BL. tribwm, fr.
tribitne.
TRIBUNAL, TRIBUNE, voy. l'art, préc.
TRIBUT, vfr. ireiU, du L. tributum. —
D. tributaire, L. tributanus.
TRICHER, vfr. trecher, it. trcccare, prov.
tricliar, Diez, rejetant, pour des scrupules
pbonologiques, l'étymologie L. tricari (i long),
faire des difficultés, des détours, rattache le
mot au néerl. trek, trait (cp. l'expr. fr. « faire
des traits »»), subst. du verbe trekhen, mha.
trechen, tirer; cp. l'angl. /ricA, tour de main,
trait d'adresse. — StQrm incline pour l'éty-
mon tricari^ repoussé par Diez. Ve dans le
vfr. irecher, it. treccare se justifie pleinement,
dit-il. si l'on admet pour la basse latinité le
redoublement du c radical (triccare), de mémo
que les formes romanes nous obligent d'ad-
metlre un type gluttus p. glûtus, cuppa p.
cûpa (Rom., V, 172). — D. tricheur , triche-
rie^ \i\'. trecerie.
TRICOISE, champ, trecoise, tenaille, du
néerl. trek-ijser^ fer à tirer. — Je tire cette
étym. de Diez; mais trek-ijser a-t^il jamais
signifié tenaille? Auj. il ne signifie que filière.
Dans Palsgrave, je trouve, comme équivalent
de pinces, estriquoires, et le rouchi dit estn^
caisse. Cela nous porto vers étriquer. —
D'après Littré, qui s'appuie sur des textes,
tricoises est une altération de turcoiscs; donc
tenailles à la turque. Mais, à mon avis, les
formes turcoise, tntcoise, sont tronquées do
estrucoise, esturcoise, mots constatés par
Godefroy et évidemment altérés de e^tricoise.
TRICOLORE, L. tn-color' (cp. bi-color), à
trois couleurs.
TRICOT, 1. subst. verb. de tricoter, 2. =
bâton, voy. trique,
TRICOTER, former des mailles avec un fil,
pour estricoter (cp. pâmer p. espasfnei'), de
l'ail, strichen, m. s. (pr. faire des nœuds). —
Littré préfère l'étym. tricot, bâtonnet ; l'aiguille
en bois aurait été nommée une petite trique, —
D. triccÀ, subst. verbal.
TRICTRAC, mot de fantaisie; anc. tictan,
onomatopée tirée du bruit que font les dés
lancés sur le damier.
TRIDE, t. de manège, vif, prompt, angl.
tridc; emprunté à l'angl. ou l'inverse? L'ori-
gine m'est inconnue et je décline les conjec-
tures L. iritus au sens de " exercé, habile »»
(Mnller) et angl. tread, fouler (Littré).
TRIDENT. L. tri-dentem, à trois dents.
TRIENNAL, -AT, du L. tri-ennis (annus;,
de trois années.
TRIER, prov., cat. <nar, angl. try. Suivant
Diez, du L. tritare, fréq. de tere^^e (sup. tri-
tum), broyer. Le sens actuel se serait dégagé
de la locution « granum terere »», battre le
blé, c.-à-d. séparer le grain de la paille. Le
philologue allemand invoque en sa faveur !e
prov. triar lo gra de la palha, le norm. tril-
îer et rouchi triîier^ qui ré[K)ndrait à un type
tritularc, puis Fit. tritare, qui signifie à la |
fois broyer et examiner de près. Je me rends
volontiers à l'autorité de Diez ; pour ma part,
j'y avais vu le L, ex-lricare, it. strigare,
démêler (chute du préfixe comme dans pâmer
p. espasmer, dans les patois saier p. essayer).
— D. triage (\îr. tri, trie),
TRIGAUD, BL. tricaldus, du L. tricari,
user de finesses. — D. trigauder, -erie.
TRI6LB, poisson, du gr. rplyXvi, m. s.
TRIGONOMÉTRIE, mesurage {/itrpioc) des
triangles (r/jfywvov).
TRILLE, it, trillo, tremblement de voix ;
verbe it. trillare, fr. triller, ail. triUem^ angl.
trill; probablement une onomatopée; le mot
danois trille, suéd. Unlla, rouler, rapproché
de l'expr. fr. roulade, mérite cependant d'être
pris en considération.
TRILLION, formé de très, comme billion
de bis; c'est lo troisième ordre en partant de
million comme premier; million = 1000 mille;
billion = 1000 millions; trillion = 1000 bil-
lions.
TRIMBALER, mot populaire, forme nasa-
lisée de triballei*, qui signifie agiter, secouer,
danser, et qui semble être une modification
de tribotder (voy. tribulation)! Ou bien faut-il
y voir une contraction du mot équivalent
trinqucbaler (Rabelais), lequel est peut-être
pour treque-baller (néerl. trekken) = tirer,
remuer le paquet? En Hainaut, trikbale, et
dans le rouchi, trinkebale désignent des char-
rettes à la main pour traîner des fardeaux.
L'idée première attachée au verbe parait, en
eflet, avoir été •• traîner par les chemins -.
Voy. aussi triqueballe.
TRIMER, marcher vite, se fatiguer; Che-
vallet le tire du bret. tremeni, cymr. tramvoy^
courir çà et là ; Diez rapproche v. esp. trymar,
courir çà et là, et le basque Irimatu, se fati-
guer ice dernier de provenance romane). Le
mha. présente trimen, l'angl. trim^ signifiant
vaciller, balancer. En Normandie, on dit
trami'r,
TRIMESTRE, L. trimrMtHs. — D. trifnes-
triel,
TRINGLE ; Diez ne connaît pas l'étymologie
de ce mot, il rappelle seulement, en suivant
Ménage, le BL. tarin gœ, broches en fer, mais
sans dire d'où vient ce dernier. Je crois que
tringle ne veut dire autre chose que « règle »,
car on dit encore tringler pour tracer une
ligne; cela favorise l'étymologie suivante :
tringle p ctringlc (cp. trésillon, t. de marine,
p. étrésillon, pâmer p. épàmer, etc.), d'un
type strigula (avec n intercalaire), dimin. du
L. strix, raie, rainure, caimelure. — D. trin-
gler, tringlette.
TRINGUEBALLE, voy. triqueballe,
TRINITÉ, L. trinitatem (trinus). -— D. tri-
nUaire.
TRINQUER, it. trincare, de Tall. trinken,
boire.
TRINQUET, mât de misaine des bâtiments
gréés en voiles triangulaires, it. trinchetto,
esp. trinquete; d'origine incertaine. Le mot
désignant d'abord la voile (triangulaire), Diez
allègue l'csp. irinca, assemblage de ti*ois
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TRI
— 501 —
TRO
choses, mais aussi it. trinchc^ esp. trîncas^
cordafçes à lier. Mnller cite le L. triquetrus,
triangulaire. Storm (Rom., V, 186) reconnaît
ce dernier comme l'original. De là, par dissi-
milation hHquHo, triketto, puis par nasalisation
(phénomène fréquent devant les gutturales),
trinketto, — L'esp. irinca, triticas accuse un
type 'trtnica, triple, formé de trinus comme
um'cus de imus (Bugge).
TRIO, mot italien.
TRIOLET, petit poème de huit vers, dont
le premier vers se répète après le troisième et
le sixième. Le nom vient de la triple répétition
du premier vers ; rac. tri = L. t7us, ires.
TRIOMPHE, L. trmmphus, — D. triom-
pher, triomphateur , -al.
TRIPE, esp., port, tripa, it. trippa, boyau,
puis, par métonymie, ventre (d'où tripaiU*^
ventru); on trouve aussi angl. tripe, anc.
flam. trijp, cymr. et basque tripa, mais ces
mots semblent importés du roman. L*étymo-
logie du mot est encore douteuse. Voici, en
attendant, ma conjecture : tripe est pour
esiripe (cp. les mots tringle et trique) et vient
de Ûall. striepe, stinppe, courroie, lanière.
Cette étymologie ne s'accorde pas avec itnpe
dans sa signification de ventre, mais cette
dernière, comme je l'ai dit, est secondaire.
Par contre, elle a pour elle la forme bretonne
stripen et BL. stripa. Ce qui la rend suspecte,
c'est qu'elle ferait du terme fr. la source des
autres mots romans cités, et qu'un ancien mot
BL. estripa ne se trouve que comme nom
d'étoffe, qui est, toutefois, encore une des
acceptions du fr. tripe, — D. tHpctte, tri-
paille, tripière, triperie, verbe étriper.
TRIPLE, L. triplex ou plutx^t triplus, —
D. tripler,
TRIPOLI, sorte de craie, selon Beschorelle,
de la ville de Tripoli en Syrie.
TRIPOT, voy. l'art, suiv.
TRIPOTER, brouiller, mélanger. Le mot
exprime confusion, ou pluti^t mouvement
désordonné, le va-et-vient sans but déterminé ;
ne serait-ce donc pas un dimin. du vîv.triper,
treper, marcher, faire des petits pas (le champ,
dit en effet tripoter, avec le sens de frapper du
pied, danser), dont il a été question sous tré-
pigner? Le sens « place rései-vée aux joueurs
de paume » , puis « maison de jeu « , attaché au
subst. tripot, s'accorderait assez bien avec
cette étymologie ; c'est la place pour les mou-
vements, les ébats. — Ou bien faut-il partir
d'un subst. tripot, marmite, qui serait fait de
pot, sous l'influence de L. tripus, tripodis,
trépied? Mais alors, d'où vient tripot au sens
de jeu de paume? Tout cela reste encore à
débrouiller. En toiit cas, le L. tripudiare,
danser, trépigner, doit être écarté. — D. tripot,
tripotage, tripotier.
TRIQUE» bâton, p. étriqué (cp. tain p.
étain, champ, train p. estrain, etc.), du
néerl. strijken, frapper (ail. sireichen), angl.
strike. — D. tricot, gros bâton; triquet, petit
battoir au jeu de paume; triquer, aussi tricoter,
donner des coups de bâton.
TRIQUEBALLE, litt. traîne-balle, traîne-
fardeau. Do triquer = néerl. trekken, tirer.
Tringucballe est la forme nasalisée du même
mot. Verbes -. triqueballer, tringuebaler, d'où
par contraction, trimbaler (y. c. m.). Cp.
brimbaler, Voy. Darmesteter, Composés,
p. 197.
TRIQUE-MADAME ou tripe-madame ; j 'aban-
donne à la fantaisie d'autrui le soin de tirer au
clair l'origine de cette appellation populaire
de la petite joubarbe. Voy. Littré.
TRIQUER, au sens de choisir, séparer, trier,
ne peut guère s'accorder avec un type tricare
ou extricare (voy. l'art, trier) ; aussi Dicz le
range-t-il sous le mot roman t7*eccare = néerl.
trekken, tirer, extraire. Cp. triqueballe.
TRIQUET, voy. trique,
TRISTE, L. tristis, — D. tristesse, L. tris-
titia; verbe iocûùî attrister,
TRITURE, L. tri^wra (terere), broiement.—
D. triturer, L. triturare,
TRIVIAL, L. irimalis, m. s., de trivium,
endroit où aboutissent trois chemins {ires viœ),
carrefour. De là se déduit le sens « commun,
rebattu, vulgaire ". — D. trivialité,
TROC, subst. de troquey\
TROGART ou TROISQUARTS. instrument
de chirurgien, mauvaise orthographe p. trois-
carres, instrument à trois carres {carre ==
angle, face).
TROGHE', dim. TROCHET, bouquet natu-
rel de fleurs ou de fruits ; ce mot pourrait
bien être de la famille de l'ail, traube, grappe,
vha. drupo, par l'intermédiaire d'une forme
BL. drupea, trupea. Quelques dialectes ail.,
du reste, présentent la forme trauch, et le
wall. a troke, grappe, bouquet. : — Ou troceh
serait-il une transposition de torche, et signi-
fierait-il proprement faisceau ? Un autre dérivé
de troche est le t. d'agriculture trochée,
TROËNE, en bot. Ligustnim vulgai*e; anc.
formes troine, tronne, troesne. Forme origi-
naire fictive : 'tnig-inus. Pour la dérivation,
cp. les noms d'arbre quercinus, fraxinus,
carpinus (fr. chêne, frêne, charme). Pour le
radical germ. trugi, Bugge renvoie à vha.
hart-trugil{hart, dur), auj. hartriegel [Covnw^
sanguinea, aussi Ligustrum vulgare), dont
l'origine est soigneusement examinée dans
l'article du savant linguiste suédois (Rom.,
m, 158).
TROGNE, piémont. trogno; Palsgrave :
troignettc, petit visage ; selon les uns du cymr.
truoyn, Cornouailles tron, museau; Diez pré-
fère le nord, triona (dan. tiyna), groin de
cochon. Du français vient le néerl. ironie.
Diez indique aussi le L. truo, -onis (corbeau
de mer), employé par Cff»cilius pour un
homme à gros nez et dont a pu très bien déri-
ver une forme trogno, trogne,
TROGNON parait, d'après Diez, venir du
vfr. iron, m. s., comme rognon de rein;
quant à iron, il pourrait être abstrait de tron^
çnn. — L'esp. dit truncha di una col, le sarde
a truncu, p. tronc de chou. — Voy. aussi trou
de chou.
TROIS, vfr. treis., du L. ires, — D. troi-
sième.
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TRO
— 502 —
TRO
TRÔLER, mot germanique : ail. trollen,
angl. troil, trowl^ rouler, puis courir çà et là.
Il faut prob. disjoindre de ce mot le vfr. traxir
1er, qui est le L. ou it. travolare, traverser
rapidement, s'envoler.
TROMBE, anc. trompe, it. iromba, voy.
trompé*.
TROMBLON, p. trombelon, de l'it. tromba,
tube, arme à feu.
TROMBONE, mot italien, augmentatif de
tromba, trompette.
TROMPE, esp. , port, trompa, it. iromba,
prov. trompa et iromba. Du L. tuba, avec
insertion de r (cp. trmiar p. tonar, tonner) et
de m (cp. prov. pimpa p. pipa). Cette étymo-
logie de Guyet, reprise par Diez, se confirme
par la circonstance qu'en it. iromba signifie
aussi tuyau, tube (comme en latin le mot tuba
n*est que le fém. de txibus). — D. vfr. trom-
per, publier à son de trompe; dim. trompette,
it. trombetia, — Le fr. trombe (it. iromba)
est-il identique avec trompe = trompette ou
plutôt = tuba, ou représente-t-il une transpo-
sition du L. turbo (d'où ioiirbillonj'i Nous
inclinons pour la dernière opinion, d'autant
plus que le L. turbo, au sens de toupie, s'est
également transformé en esp. trompo et
trompa, et le fr. trompe lui-même signifie
parfois une coquille en forme de toupie. (Voy.
aussi l'art, tromper.) L'étymologie tuba, du
reste, peut au besoin aussi s'appliquer à la
trombe d'eau, par laquelle on entend une
u colonne •• d'eau qui s'élève en tourbillon à la
surface de la mer; aussi les Allemands la
nomment-ils wasser-trompete (aussi toasser-
hose, pr. culotte d'eau). — Si l'on n'avait
à faire qu'au fr., nous rattacherions trowî/)^,
aussi bien que trombe, au L. sirombus (grec
nrpôii^oi), objet en spirale, à forme conique,
puis aussi tourbillon ; la chute de 1'^ initial
n'est pas sans précédent (cp. pâmer). — Une
dernière étym. de trompe.^ celle de Settegast,
doit être enregistrée ici, d'autant plus que
G. Paris la tient pour très vraisemblable : L.
triump{h)are est devenu irumpare, comme
quieto est devenu queto ; ce verbe a pris le
sens de « faire entendre un son joyeux,
bruyant »; de là le subst. trompa, fr. trompe,
angl. irump, de là aussi l'ail, trumpf, la
carte victorieuse. G. Paris n'approuve plus
M. Settegast quand il pose iriumphare
comme le primitif de tromper, décevoir
(Rom., XII, 133.)
TROMPER, décevoir, v. esp. trompar. L'é-
tymologie de ce mot est loin d'être fixée. Il ne
faut pas perdre de vue qu'avant de dire « trom-
per qqn. •• on disait « se tromper de lui n (cp.
se jouer de qqn. et jouer qqn.). Or, •• se trom-
per de qqn. »» signifiait d'abord s'amuser, se
moquer de lui. D'après Génin, le mot se rat-
tache au subst. trompe, en tant que celui-ci
signifiait guimbarde. Que ce soit la guim-
barde ou la trompette qui a donné naissance
à l'expression, peu importe (cp. en ail. einem
etwas vorblasen, vorpfeifen, au ûg. == en
débiter à qqn.), cela reviendrait, pour la fixa-
tion de l'idée qui y était primitivement atta-
chée, à la même chose. — Diez pense que
tromper, décevoir, duper, ,yient de trompe =
toupie (L. turbo) et veut dire pr. faire tourner
qqn. dans un cercle, au lieu de le conduire
droit au but. Une fois qu'on a recours à turbo,
autant vaudrait, quant à la lettre, partir du
verbe turbare = troubler; mais dans l'un ou
l'autre cas on ne se rendrait pas bien compte
de l'ancienne tournure « se tromper de qqn. ».
Citons encore l'étymologie suivante de Valois
le Jeune : L. stropha, ruse, artifice, d'où siro-
phare, puis, par la chute de Vs initial, tro-
pare, nasalisé en trompare. — Tobler (Gôt-
tinger gelehrte Anzeigen, 1874, p. 1044)
admet aussi l'identité de tromper, décevoir,
avec tromper, jouer de la trompe. — D. trom-
peur, -erie; cps. détromper.
TROMPETTE, voy. trompe. — D. trompeter.
TRONC, L.truncus. — h.ironçon(v.c.m.)\
verbe tronquer, L. tnmcare. — Le terme
d'architecture tronche (d'où ironchet) repré-
sente la forme féminine de iruncus.
TRONGE, TRONCHE, variété féminine de
tronc. — D. dim. ironchet.
TRONCHET, voy. l'art, préc.
TRONÇON, peut dériver de iruncus, tronc,
par un type L. truncio (cp. arçon de arc),
mais Diez préfère, avec raison, y voir le dérivé
direct de irons (v. pi. loin s. trou de chou). —
D. tronçonner, vfr. ironconer.
TRONE, anc. trosne (s intercalaire), du L.
thronus, gr. &po»oi, siège. — D. trôner, dé-
trôner.
TRONQUER, voy. tronc.
TROP, it. troppo, est le même vocable que
BL. troppus (voy, troupe); il exprimait en
premier lieu une grande quantité en général,
puis excès de quantité ou de mesure. Au xvi*
siècle encore, trop était synonyme de beau-
coup ; on disait ainsi trop mieux.
TROPE, L. tropus (gr. rpônoi), litt. tour-
nure.
TROPHÉE, angl. irophy, it., esp., port.
trofeo; du L. iropœum, qui est le gr. rpoTralov.
Le ph p. p serait-il l'effet de quelque confu-
sion entre les synonymes grecs arpo^aloç et
T/î07rato«| Au reste, pour fow. ph substitué kp,
rappelons les mots fr. golfe et it. Isifile p.
Eypsipyle.
TROPIQUE, du gr. t/jo^ixo';, L. tropicus,
m. s., litt. tournant.
TROQUER, vfr. trocher, esp., port, troear;
d'origine douteuse. En désespoir de cause, on
a mis en avant l'ail, trug, tromperie, ou le gr.
xpoxpi, course circulaire. Diez émet deux con-
jectures : l. de rpoiTTfî, tour, changement, ou
plutftt de l'adj. rponmôi (cp. trqpica = chan-
gements, mot employé par Pétrone), d'où tro-
plcar, trop*car, troear; 2. du L. vids, tour,
changement, d'où le composé ira-vicar, irait-
car, troear. Langensiepen y voit une transpo-
sition de ^orgwar, et compare, pour le sens,
l'ail, verdrehen = veHauschen. — Le mot fr.
troquer, ainsi que l'angl. truck, parait tiré
directement de l'espagnol. — D. subst. verb.
troc.
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TRO
— 503 —
TRO
TROTTER, it. trottare, esp., prov. trotar^
gaél. trot, cymr. trotio. L*expi*ession latine
« ire toJutim »•, = aller au trot, permet de
supposer, avec Saumaise, un verbe latin to/u-
tare, contracté en tluiare, d'où, par la muta-
tion de / en r, trutare, trotare. — D. trot, trotte,
trotteur, trottoir, trotiin, trottiner, vfr. tro-
tier, qui répond au L. tohiiariiis. $
TROU, voy. trouer,
TROUBADOUR, voy. trouver,
1. TROUBLE, adj. verbal de troubler (cp.
les adj. lâche, combh).
2. TROUBLE, subst. verbal de troubler.
TROUBLER, vfr. torbler, du L. turbulare,
dim. de turbare, troubler. — D. trouble,
TROU DE CHOU n'est pas. comme pense
Littré, une simple variété de tronc de chou,
bien qu'il dise la môme chose : Trou est ici,
d'après Diez, une altération de vfr. tours,
trous, aussi par nasalisation irons; c'est le
même mot que it. torso, esp., port, trozo,
prov. tros (tros del cauî), qui signifient tro-
gnon, tronc, tige et qui sont = L. thyrsus,
tige, pousse.
TROUER, picard treuer, wall. trawer, prov.
traucar, BL. traucare. Les étymologies par
gr. Tpxiu'j ou goth. thairkô sont impossibles.
Par simple conjecUiro, Diez propose pour trau-
car, la forme provençale d'où émane le mot
français, un type tra-bucar, dans le sens de
percer (cp. it. buco, creux, trou, bucare, creu-
ser', d'où trab'car^ traucar {c[). aul de acolus,
faula de fabula). C'est la seule étymologie
plausible et correcte que nous ayons rencon-
trée. Les langues celtiques présentent cymr.
trwch, bret. troch, incision, coupure. — D.
subst. verb. trou, prov. trauc, BL. traugus
(loi des Ripuairos), anc. cat. troc; subst. part.
trouée.
TROUILLE, résidu do la fabrication des
huiles, subst. verbal de trouillcr, dér. de
trouiV ou treuil, pressoir.
TROUILLOTTE, voy. trublc,
TROUPE, esp., port, tropa, prov. t'>^op, ^=»
grex (l'it. tiruppa est tiré du fr.). La loi Alle-
mannique présente déjà le mot troppus p.
troupeau. Quant à son origine, on a longtemps
tâtonné. On s'est adressé au gaél. drobh, m.
s., mais celui-ci est, selon Diez, l'angl. drove,
qui à son tour est l'ags. drdf, subst. de dre'fan,
= ail. mod. treiben, faire aller (cp. L. agmen
do agere) Le cymr. tore, troupe, répond au
L. turba, Diez, jusqu'à meilleure information,
s'est déclaré en faveur d'un type turpa, gâté,
sous l'influence germanique, du L. turba. De
là, par transposition, procéderait trupa, tru-
pus. — L'obscurité qui régnait jusqu'ici sur
troupe parait devoir se dissiper par l'étymo-
logie mise en avant, dès 1872, par Storm
(Rom., r, 490). n rattache BL. troppus au
germ. thorp, torp (auj. dorf, village), dont le
sens premier, comme il le démontre, a été
assemblée, multitude, troupe, troupeau. L.
turba, dit-il, est sans doute de même origine
que thorp, mais n'est nullement la source
directe de troppus. La métathèse troppo de
torpo est un procédé fréquent et bien connu.
— Nous devons observer que la latinité du
moyen âge présente aussi, avec le sens de
troupeau, la forme stropus. — D. esp., port.,
prov., vfr. tropel, fr. troupeau; troupier;
verbe at-trouper. — Le BL. troppus, grande
quantité, a donné aussi l'adv. trop (v. pi. h.j.
TROUPEAU, voy. troupe,
TROUSSE, vfr. tourse, subst. verbal de
trousser; de là gaél. trus, paquet, ail. tross,
bagage. — D. trousseV trousseau, trousse-
quin (cp. en ail. l'expr. sattel-pausch, litt.
bourrelet de selle).
TROUSSEAU, voy. trousser,
TROUSSER, anc. trosser, prov. trossar;
c'est une forme transposée du vfr. torser,
mettre en paquet, = it. torciare, tordre en-
semble, ficeler, esp. a-troiar, amarrer la
vergue au mât. Or, torser, torciare représenta
un type tortiare, dérivé à la façon romane de
tortus, part, de torquere, — Cetto explication
de Diez n'est pas agréée par M. Fôrster (Grôb.
Ztsdir., III, 563). Selon lui, trousser, vfr.
trosser (o fermé), no peut venir de tortiare
(o ouvert), qui ne pouvait produire en vfr.
qu'un verbe iorcier. Il faut, par conséquent,
dit-il, trouver un étymon à voyelle radi-
cale ô ou û, G. Paris (Rom., IX. 333) oppose
à ce jugement trop catégorique d'autres déri-
vés du thème tor avec ou, tels que tourner.^
tourte; pourquoi pas tourserow trousser f De
son côté, il propose pour et. lat . thi/rsus =
it. torso /trognon); fr. trousse en serait la
forme féminine. On trouve fréquemment les
expr une torse, une trousse d'herbe, de foin,
de là le sens •» paquet » en général, puis
•» valise », etc. — D. trousse, paquet, fais-
ceau, d'où trosseV, trousseau (it. torseUo) ;
troussis, retrousser, détrousser, 1. détacher
ce qui était troussé, 2. dépouiller qqn. dô son
bagage^^
TROUVER (vfr. aussi trover, truver; au
prés., dans les syllabes toniques, Vo ou ou .se
modifiait en eu, cp. mourir, prés, meurs,
prouver, subst. preuve), it. trovare^ prov.,
cat. trobar. Ce vocable, qui dans les langues
néo-latines, a supplanté le L. invenire, a beau-
coup occupé les étymologistes. Du Gange pro-
posait pour origine le vfr. treû, qui, représente
le L. tributum ; les agents du fisc auraient
désigné par trenvé les impôts perçus. Cetto
conjecture est de toute invraisemblance. O a
s'est attaché aussi au part. vha. trofan, atteint,
rencontré, trouvé ; mais ce serait le squI cas
de la dérivation d'un verbe roman d'un parti-
cipe allemand. Grimm suppose, pour expli-
quer trouver, un verbe goth. drupan, qm
corraspondrait au vha. trefan (ail. mod. tref-
fen), comme goth. trndan répond à Vall. tre-
trn. Cette étymologie, observe Diez, peut satis-
faire, si l'on veut se cx^ntenter d'un mot ima-
giné pour le besoin de la cause: Selon lui, il
n'est pas nécessaire de sortir de l'élément
latin. Dans le verbe « trouver «, dit-il. les
notions chercher et trouver se rencontrem,
l'une est corrélative de Vautre (cp. ^^^«f«;
gnare = fr. gagner, qui d'abord signifto
poursuivre, puis atteindre, obtenir; L. conse-
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TRU
— 504 —
TRU
quif poursuivre et atteindre). Et du reste, le
nens pcx^tique de trobar ou trouver, faire do
la poésie (d'où troubadour et trouvère), n'em-
poi*te-t-il pas celui de recherche, méditation?
Mn partant donc du sens premier chercher,
on peut fort bien rapporter trobar au L. tur-
bare (transposition de la liquide comme dans
troubler) = remuer, fouiller. Ce qui vient à
l'appui de cette étymologie, c'est que Ton
trouve en effet, avec le sens naturel du latin
turbare, en v. port, trotar, n. napol. stru'
l'are (= disturbarc), et coiHrotare[= contur-
bare). — L'it. controvare et fr. controuvm'
(v. c. m.), nous l'avons dit, est, comme compo-
sition d'un verbe roman avec con, d'un carac-
tère tout à fait inscilite ; cette singularité n'en
est plus une si, comme le pense Diez, le mot
trouver est d'origine romaine, et si controuver
ne fait que reproduire, avec un sens détourné,
le L. conturbare. — Dans un petit poème
dévot du XII* siècle, publié par Gaston Paris
en 1865, on rencontre la forme torcèrent p.
trouvèrent; ce qui pourrait appuyer l'opinion
de Diez. — Celle-ci, cependant, ne résiste plus
à l'examen minutieux de la phonologie subtile
de nos jours; G. Paris (Rom , VII, 418) y a
découvert des défauts sérieux, et se sent forcé-
ment renvoyé vers un type lat. ti'opare, dérivé
du BL. tropus (rpônoi), dans son sens musi-
cal « variation dans une mélodie ». Tropare
serait donc soit « varier un air •• . soit plus
généralement « composer ou inventer un
air », ce qui concorderait fort bien avec l'an-
cien sens de trouver = composer musicale-
ment ou poétiquement (cp. prov. trobaire, fr.
trouvère). De ** composer » se dégagera faci-
lement c^lui de « inventer, découvrir », qui a
fini par l'emporter. Diez déjà tenait l'esp.
trobar pour emprunté au français; Paris
pense qu'il en est de même de l'it. trovare.
L'exemple du Psautier d'Oxford, cité par Lit-
tré à l'appui d'un trouver fr. = turbare
(troubler) perd toute valeur quand on sait que
truverent y traduit lat. invenerunt. — D.
prov. trobador, poète, d'où fr. troubadour,
vfr. troveoi" (au cas-sujet prov. trobaire^ vfr.
trovère, aïij. trouvère).
TROUVÈRE, voy. trouver.
TRUAND, prov. truan({éTn. truanda), esp.
truhan, port, truào, vagabond, gueux ; d'après
Diez, d'origine celtique : cymr. tru, truayi,
trwch, misérable, Comouailles tru, triste.
La latinité du moyen âge présente truannus,
mais aussi tnUanmis. Cette dernière forme
peut avoir été déterminée parle vha. truhting,
compagnon, BL. trotingus, jongleur. L'anc.
néerl. a troutoafit, trawant, truioant; c'est à
tort, je pense, qu'on fait venir ces mots de
l'ail, trabant. Les formes prov. et v. esp.
trufan sont des métamorphismes faits sous
l'influence de truffa. — Du Cange posait pour
étymologie le vfr. treu, tribut; les treuans
seraient pr. les collecteurs de l'impôt ; il négli-
geait le fait que la forme truant est antérieure
à l'époque où treû (tribut) s'est contracté en
treu. — D. truander, truanderie.
TRUBLE, aussi trouble, wall. traûl, tntl.
filet de pèche en forme de sac, attaché au
bout d'une perche; peut-être du L. tribula,
fléau, par assimilation de forme (cp. affubler
de affibulare). En vfr. trouille, d'où trouil-
lottc, espèce de truble sans manche.
TRUC. esp. de billard, esp.fn<co,it. trucco;
d'après Diez, de l'ail, druckcn, anc. nord.
thryckia, ags. thryccan, pousser, presser (cp.
prov. /nie, coup, choc). — Est-ce de ce jeu
que vient l'expr. avoir le trucî Car certaine-
ment il faut écarter lall. trug, tronnperie.
TRUCHEMAN ou MENT, voy. drogman.
TRUGHER, mendier. Si le radical de truand
est trut , comme il y a lieu do supposer
d'après BL. trutannus, notre verbe pourrait
bien être connexe et représenter un type tru-
ticare.
TRUELLE, diminutif de Irua (BL.), cuiller,
truelle; le L. trulla, m. s., est p. truilla.
1 . TRUFFE, corps végétal, aussi trufP^ (cat.
trumfo, trumfa, plante bulbeuse). On a déduit
ce mot roman du L. tuber (primitif de tuber-
cidum), devenu trufe par la transposition de
l'r et le changement de b exif; le plu r. neutre
tubera aurait, comme souvent, déterminé le
genre féminin du mot fr. Quant aux formes
it. tartufo Ol Milan tartuffol, dans le Piémont
tartifla), fr. tartufle, qui signifient, sinon
précisément la truffe, toujours quelque autre
végétal bulbeux, elles représentent, comme
le pensait déjà Ménage, la combinaison L.
terrœ tuber, employée par Pline pour dési-
* gner ime sorte do plante tuberculeuse (Diez
cite à l'appui le sicil. tirituffidu); tartufo,
d'après cette manière de voir, serait une
forme euphonique pour tartruffo, etc. — Diez
serait disposé à sanctionner sans réserve
l'opinion qui explique truffe par tuber, si les
dialectes ne présentaient pas généralement
des formes sans r (ainsi genev. tufelle, lan-
guedocien tufeda, etc.). Il se demande s'il
faut rapporter ces formes à l'it. tufo, vapeur
(voy. le mot étouffer), soit à cause de la qua-
lité pulvérulente de la truffe ou à cause de
son odeur, ou bien s'il faut les prendre pour
des mutilations de tartufo. Il penche pour la
dernière opinion, ce qui nous ramène à tuber.
— La forme it. tartufola a donné, par dissi-
milation, l'ail. Aar^o/^/, pomme de terre, anc.
et encore dans lesdial. tarloffel, ïû.tartuflur ;
le n. prov. trufa a revêtu la .même significa-
tion. — D. truffer, garnir de truffas; subst.
truffière.
2. TRUFFE*, aussi trufle, vieux mot français
signifiant cont« en l'air, plaisanterie, four-
berie, it. truffa, esp., port., prov. trufa. C'est
le même mot que le précédent ; le langage a
transporté le nom d'un petit fniit à une baga-
telle, une niaiserie. — Les italiens em-
ployaient tartufo dans le sens de « homme
de petit esprit ». La comédie s'en est emparée
pour dénommer par là certains personnages
niais ou vils; c'est à la comédie italienne que
Molière a emprunté le nom de son célèbre
personnage. — Génin rapproche ingénieuse-
ment, pour expliquer la métaphore, la valeur
du li.fungus, champignon, fig. sot, imbécile,
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TRU
505 —
TUL
et d\\ fr. coniichon^ ciironiUe, etc. — Nous
soumettons à de plus expei-ts que nous la ques-
tion de savoii si le mot fr. trufle ne pourrait
pas être mis en rapport avec le mot tribuhts,
qui était chez les Latins le nom do la châ-
taip^ncou, autrement dit, tmtffe d'eau, et si une
altération en trubihis, trubhiSy truflus^ est
admissible ou non (cp. iribnla devenu truble).
Quoi qu'il en soit, l'angl. triflct bagatelle,
sottise, plaisanterie (v. angl. aussi trnflc), y
répondrait parfaitement pour lo sens et la
lettre. — D. truffer ^ plaisanter, railler, trom-
per; tmfferie.
TRUIE, vfr. troic (Geste de Liège). W.trqja,
anc. esp. troya, prov. tnieia, BL. trqja. Les
Romains appelaient « porcus trojanus ••, un
cochon servi à table et farci d'autres animaux,
par allusion au cheval de Troie. « machina
fœta armis n, comme a dit Virgile. De ce
terme porco di Trqja s'est naturellement pro-
duit le mot troja pour désigner une truie
pleine. C'est par un procédé analogue qu'on a
fait en esp. bernia, gros drap de laine, de
panno (Tlbernia, et en it. ficato (voy. foie) du
L.jccur ficatum^ pr. foie d'oie engraissé de
figues. Le terme troja, truie, remonte très haut
dans la basse latinité. — Chevallet rattache
truie au BL. tro/;a, qu'il interprète comme
féminin du celtique (écoss., irl.) torch, porc
mâle. Cotte forme <ro^a jette en effet quelque
doute sur l'étymologie troja, patronnée par
Diez.
TRUITE, angl. trout, du L. tructa (Isidore),
qui parait venir du gr. t/j-w/t»?.-, esp. de thon
(iitt. le mangeur).
TRUMEAU, jarret de bœuf. « Nos pères di-
saient trum'*! pour jambe, cuisse, gigot de
mouton ; ce mot fut ensuite employé pour dési-
gner un mur solide et massif placé entre deux
portes ou fenêtres, puisa une glace appliquée
sur cet intervalle ». Roquefort, dont nous
venons de citer les paroles, fait venir trumeau
du gr. Tpùuvj, trou « parce que l'os s'en sépa-
rant aisément, il reste un grand trou au mi-
lieu du trumeau «.Cette explication. j'ai hâte
de lo dire, ne m'inspire aucune confiance ; j'y
substituerai la conjecture que voici : tru-
meau, gigot, serait \)0\xv tumel (r intercalaire),
tenant au vfr. tumer, s'agiter, sauter, gam-
bader, comme gigot, selon moi ^v. c. m.),
vient d'une rac. gig exprimant remuement,
agitation. C'est un souvenir de tremere qui a
peut-être donné naissance à l'orthographe
trumeau. On a, d'ailleurs, aussi dit tremeau
p. trumeau, de sorte que même un type tre-
mellus (tenant soit au verbe trimer, marcher,
soit au L. tremere, être agité) ne serait pas
trop aventureux ; pour la substitution de m à
e, on aurait à l'appui le cas de jumeau p.
gémeau. — Diez dérive notre mot de l'aÙ.
trumm, qui primitivement signifie une pièce
courte et grosse ; mais le mot français, dans
toutes SOS applications, emporte l'idée d'une
chose allongée. — Dans l'anc. langue, trumeau
a dû avoir désigné un vêtement de jambe : d'où
l'adj. vfr. estrumele, privé de ses chausses
(voy. G. Paris, Rom., X, 591).
TU, L. tu. De tu et de toi on a fait tutoyer'
TUBE. L. tubus, Voy. aussi tuyau,
TUBERCULE, L. tubercuîum. — D. tuber-
culeux.
TUBÉREUSE, plante bulbeuse, du L. tube-
rosus, bulbeux.
TUBULÂIRE, dérivé du L. tubulus, petit
tube.
TUDESQUE. it. tedesco, du vha. diutisc,
ail. mod. deutsch, allemand.
TUDIBU. juron; expliqué par Meunier par
" Dieu me tue ! «
TUER, avant de revêtir la signification de
« occidere » (vfr. occire), signifiait mettre
(une chose) à l'abri du danger et s'appliquait
particulièrement au feu : tuer le feu ou la
chandelle, c.a.d. l'éteindre; tuer le vent (d'où
lo subst. tue-vent), c'est le rendre inoffensif;
l'expr. tuer un animal ou un homme dit donc
au fond • le rendre inoffensif «. Notre mot se
retrouve dans les cps. it attuêare et stutare,
apaiser, comprimer, éteindre, dans le prov.
tudar, attuzar, estusar, éteindre, étouffer,
tuar, tuer. Cette histoire du mot justifie plei-
nement l'étymologie L. tutare^,ÎBc\\ï\iàe tutus,
sur, hors de danger . C'est à Diez que revient
le mérite de cette solution étymologique ; seu-
lement il s'adresse dir. au L. classique tutari,
protéger (du mal), détourner (le mal). — Littré
n'approuve point cette manière do voir; il
part d'un sens foncier frapper, assommer et
ramène le mot au latin tuditare, choquer,
frapper, ou même à tudarc (qu'il présuppose
d'après BL. tudanus, marteau). Tuer la chan-
delle serait pr. frapper dessus. — Un primitif
tuditare est tout aussi inacceptable que tudare
(voy. Mussafia, Beitrag, p. 52). — Une nou-
velle étymologie est développée par Ascoli
(Saggi romani. 36;. Il s'adresse au L. totus, ou
plutôt tutus (d'où aussi it. tutto) ; de là tutare,
eœtutare (= it. stutare), achever. On peut
alléguer en faveur de cette manière de voir
les expr. analogues : terminare et extermi-
nare, fr. assommer (de summus), achever,
ail. aile machen, den garaus machen, —
Nous ne rappelons plus que pour mémoire les
étymologies gr. ôOnv, .sacrifier, ou ail. tôdten
(vha. todjan), tuer, quelque accréditées qu'elles
aient été jadis. — D. tueur, tuerie,
TUF, direct, de l'it. tufo, qui est = L.
tophus.
TUILE, vfr. teule (p. eu devenu ui, cp.
sîtite p. seute)^ du L. tegula (cp. vfr. reule de
régula, prov. teun de toiuis). Tegula s'est
francisé aussi .sous la forme teille, mot champ.
= tuile. — D. tuilier, -me, verbe tuiler,
TULIPE, e.sp. tulipa. angl. tulip, ail. tulpe,
irl. tulp; ce sont des formes écourtées de it.
tulipano, esp. tulipan, qui viennent du per-
san dulband, turban. La fleur a pris son nom
de sa ressemblance avec un turban. — D. tuli-
pier.
TULLE, tissu, d'origine inconnue ; on a cru
généralement que ce tissu tenait son nom de
la ville do Tulle, mais le Suppl. de Litti*ô
nous apprend que le tulle ne s'est jamais
fabriqué ni à Tulle, ni dans les environs.
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UME
— 506 —
UNI
TUMIÏÏR, L. tiimorem; tuméfier, type
tumeficare, p. tumefacere (d'où tuméfaction).
TUMULÂIRE, L. tumularis (tumiilus).
TUMULTE, L.tiimuUus. — D. tumultueux,
tumuhuaire, L. tumultuosus, -arius.
TUNIQUE, L. timica.
TUNNEL, voy. tanne.
TURBAN, anc. turbant, esp., it. turbante,
BL, tuîipantvjf, tulipus ; du persan duJband,
m. s. (voy. tulipe).
TURBINE, t. de mécanique, mot savant tiré
du L. turbo, tnrbinis, toupie, mouvement de
rotation.
TURBITH, nom de plante, mot oriental ; les
Arabes écrivent turbadh.
TURBOT, angl. turbot, cymr. torbwt, gaél.
turbaid, néerl. tarbot. Selon Huet, approuvé
par Diez, du L. turbo avec le suffixe roman
ot. Dans les Vocabularies do Wright, on trouve
les mots BL. turbo, turbis traduits par angl.
but. Les Grecs ont de même appliqué le mot
jiôfitoi, =» turbo, à un poisson de la même
espèce que le turbot. — L*all. dornbutt, tur-
bot (angl. thombut), composé de dom, épine,
et butty nom de la famille des poissons dite
pléonectes, n'a pas de parenté avec turbot ; il
parait même façonné par imitation du mot
roman et pour simuler un sens.
TURBULENT, L. turbuJentus. — D. tur-
bulence.
TURP, mot anglais, signifiant gazon. Voy.
aussi tourbe.
TURGESCENT, -ENCE, du L. lurgescere, se
gonfler.
TURLUPIN, nom théâtral que prit un acteur
de l'ancienne farce, qui vivait sous Louis XIII.
— Le mot s'appliquait au moyen âge à une
secte dliérétiques, mais l'origine en est incon-
nue. — D, turlupiner^ -ade.
TURNSP, mot anglais ^a navet, dans lequel
E. MOller reconnaît les éléments celt. tum,
rond -\- gaél. neip = L. napus,
TDRPITUDE, L. turpitudincm (turpis).
TURQUOISE, it. turchese, esp., prov. tur-
quesa; de turquois, SlUC. adj. de Turc; la
couleur bleue s'appelle turchino en italien.
TUTELLE, L. ttUela, d où tutélaire, L. tu-
telaris.
TUTEUR, L. tutorem (tueri).
TUTIE, esp. d'oxyde de zinc, port, tutia,
de l'arabe toutiyd, m. s.
TUTOYER, voy. tu.
TUYAU, tuyeV (d'où Tangl. tewel), esp.,
prov. tudel; ce mot ne peut pas venir, comme
le prouvent les formes esp. et prov., de tubel-
lus, dimin. de tubus ; il dérive, selon Diez, du
nord, tuda, dan. tud, néerl. tuit = tuyau. —
D. tuyauter. — Au même radical que tuyau
se rapporte le terme technique tuyère.
TYMPAN, mot de forme savante, L. tym-
panum^TÙuTtavov deTVn-«, frapper). Voy. aussi
timbre. — D» tympaniser (cp. tambouriner,
ail. aus4rommeln).
TYPE, L. typus, gr. tûto« (de Trn-«, frap-
per). De là le terme technique typographie,
art d'imprimer (pr. d'écrire) avec des types
mobiles.
TYPHON, espèce de tourbillon, port, tufâo,
angl. typhon, du chinois taï fong, grand vent
(Littré)
TYPHUS, BL. typhus, du gr. tO^jo;, vapeur,
fumée, puis appliqué par Hippocrate A une
espèce de fièvre. — D. typhoïde, gr. Tup9«iJ»ï;
du genre du typhus.
TYRAN, vfr. tirant, angl. tyrant, L. iy-
rannus, gr. rv/javvo^. — D. tyrannie, 'ique,
'iser.
U
UBIQUITÉ. UBIQUISTE, mots modernes,
dérivés de l'adverbe L. ubique, partout.
UHLAN, mot allemand, tiré du polonais
ula, lance.
UKASE, mot russe, dér. du verbe ukasat,
indiquer, prescrire.
ULCÉRÉ, mot de formation savante, du L.
nlcus, plur. idcera. — D. ulcérer, -ation, -eux,
L. ulcerare. -ationem, -osus.
ULTÉRIEUR, L. nlteriorem (comparatif de
ulter).
ULTIMATUM, mot diplomatique formé de
7(ltimare* au sens de « faire un dernier avis »,
de ultimus, dernier.
ULTRA, mot latin, ~ fr. outre, employé
en composition et marquant excès, exagéra-
tion.
ULTRAMONTAIN, it. vltramontano,de ultra
montes, au delà des monts (des Alpes).
UMBLE. nom de poisson, variété de ombre ^
L. umbru.
...UME, terminaison ==lat. ...udinem. Diez
est d'avis que le suffixe urne répondant à lat.
udinrm, ud*nem. ne peut s'être produit par
évolution phonétique normale ; que le génie
créateur roman, en présence de ce suffixe, a
tout bonnement eu recours au suffixe lat. umen,
qu'il a appliqué p. ex. aussi dans it. asprume,
prov. frescum, et qui se transforme, suivant
les langues, en uma. tim, um^, esp. umbre.
Ascoli s'évertue inutilement à établir la filia-
tion formale suivante : udine, udne, unne,
umne (d'où esp. umbre), enfin itme.
UN, L. tmus. — D. unité, L. unitatem;
unième.
UNANIME. L. una7timis (uno animo), d'où
unanimité, L. unanimitatem.
UNIFORME adj., L. uniformis, de là subst.
uniforme, p. habit uniforme; uniformiser,
uniformité, L. uniformitatem.
UNION, L. unionem[\xmxs). — D. unioniste.
UNIQUE, mot .savant, L. unicus (unus).
UNIR, L. unira (unus). — D. uni; cps.
ré-unir, dés-unir.
UNISSON, L. uni-sonus (Boôce), traduction
du grec fJLOvorôvo; ,
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VAC
— 507
VAI
UNirt, L. unitcUem. — D. unitaire.
UNIVERS» L. universus, tout entier. — D.
universel, L. -alis, d'où universalité {L. uni-
versalitatem^Priscien); université, L. iiniver-
sitatem, ensemble, généralité, communauté,
collège.
UNIVERSITÉ, institution de haut enseigne-
ment, litt. ensemble des membres d'une com-
pagnie, voy. univers, — D. universitaire,
URBAIN, urbanus (urbs), opp. de rusticus.
— D. urbanité, L. urbanitatem.
URB, L. urus,
URÊTHRE, L. urethra (Coel. Aurel.), du
gr. où/jii&oa, conduit de l'urine (oOpl«, uriner).
— Uretère, du gr. oxiprivitp, m. s.
URGENT, L. urgentem (urgere), pressant.
— D. urgence. L. urgentia (iv* siècle).
URINE, L. urina (du gr. ov/»ftv, pisser). —
D. urinai, -aire, -eux; verbe uriner,
URNE, L. uma.
URTIGAIRB, -ATION, duL. urtica, francisé
en ortie (de urei^e, brûler).
US, L ususinû).
USER, d'un type L. usare, fréq. de uti,
se servir. — D. usage (d'où adj. usager),
usance,
USINE, BL. usina, «» officina qusevis ad
aquas exstructa. Ce mot est-il tiré de uti (su-
pin usum), par rapport à la concession ou droit
dHuser de l'eau, ou est-ce une altération du L.
ustrina, lieu où l'on brûle, atelier à feu? La
plus ancienne signification étant celle de
machine mue par l'eau, la dernière étymologie
parait inadmissible.
USITÉ, du L. usitare, fréq. de usare* (voy.
user).
USTENSILE, du BL. ustensilia pour uteyi-
silia (it. uten$ilt)\ peut-être Y s provient-il
d'une assimilation à i^s^tT, d'où outil {v, c. m ).
USTION, L. ustionem (urere).
USUEL, L. usualis (usvis).
USUFRUIT, du L. ususfructus, abréviation
de l'expr. lat. usus fructusque, l'usage et
les fruits ; de là usufruitier et usufruciuaire,
L. usufructuarius.
USURE, L. usura (uti), 1. usage, jouis-
sance, détérioration d'un objet par l'usage;
2. jouissance du capital prêté ; 3. ce que l'on
paye pour cette jouissance, intérêt. Le sens
moderne péjoratif « intérêt exagéré, illégal »»
(d'où usuraire, usurier) est survenu.
USURPER, L. usurpare,
UTÉRIN, L. uterinus (eodem utero natus).
UTILE, L. uHlis (uti). — D. utilité, L. utili-
tatem(d'où utilitaire); verbe utiliser. Pourquoi
les modernes ont-ils forgé de utilis, fertilis
les verbes utiliser, fertiliser, tandis que liabi-
lis, dsbilis ont fait, d'après le génie latin,
hahilitare, débiliter f Après avoir introduit
ces a4iectifs utile, fertile, qui sont contraires
au génie français (aussi en vfr. at-on utle), il
fallait aussi appliquer à leurs dérivés le mode
dérivatif latin.
UTOPIE, mot forgé du gr. où-rônoi, non-
lieu, c.-à-d. lieu qui n'existe pas. Thomas
Morus a nommé ainsi le pays imaginaire où
il place son gouvernement fictif. Le nom du
pays s'est transporté à ce gouvernement même ;
puis le mot est devenu synonyme de rêverie,
idéal. Rabelais s'en est également servi pour
désigner le royaume de Grandgousier. — D.
utopique, utopiste.
VACANCE, voy, vacant.
VACANT, L. vacans, part, de vacare, être
vide, inoccupé. — D, vacance, \ . temps pen-
dant lequel une place est inoccupée ; 2. temps
pendant lequel on est sans ocx;upation, loisir,
repos.
VACARME, anc. uyacarme, du cri néerl.
toacharme, malheur à toi, misérable (proh
dolor! Kil.). Comp. le Roman du Renard, IV,
p. 239. « Flament seut, si cria uxiskartne »^.
Pour la transition de sens, cp. les mots alerte^
alarme, — Je doute fort de l'interprétation
donnée ci-dessus au fiam. wacharme et suivie
par Littrô. En tout cas, l'interj. ail. \Joeh! n'a
rien à y voir; à mon avis, wach est = vxik,
éveillé, ici comme interj. = debout, sus !
VACATION, 1. action de vaquer à une
aflaire, puis le temps qu'on y met, 2, = L.
vacatio, cessation de fonctions.
VACCIN, du L, vaccinus (vacca), qui vient
de ou qui se produit sur la vache. — D. vac-
ciner, d'où le subst. verb. vaccine.
VACHE, prov., esp., port, vaca, it. vacca,
du L. vacca, Voy. aussi l'art, bâche. —
D. vacher, vacherie.
VACILLER, L. vacillare (rac. vac, cp. l'ail.
wack-eln et loank-en).
VACUITÉ, L. vacuitaiem (vacuus).
VADE, terme de jeu ; de l'it. vade = fr. va
(impératif); cp. l'expr. do jeu va et va-tout),
VADE-lOICUM, mots latins sign. • va avec
moi, accompagne-moi ».
VAGABOND, L. vagcUmndus (vagari). —
D. vagabonder, -âge.
VAGIN, mot savant, à forme masc., tiré de
L. vagina, type aussi du fr. gafne, gaine, —
D. vaginal.
VAGIR, L. vagire, — D. vagissement.
1. VAGUE, subst., ne vient pas de unda
vaga, mais du vha. %Dâc, goth. vegs, v. fiam.
toaeghe (ail. mod. tooge, angl. toare), =
vague.
2. VAGUE, adj.,L. ro^w*. errant, non fixe;
verbe vaguer, L. vagari. Dans terres vaines
et vagues et autres applications, cependant, le
mot représente plutôt le.L. vacuus, vide.
VAGUEMESTRE, de l'ail, wagenmeistcr,
maître des équipages.
VAIGRE, t. de marine, de l'ail, toeger,
toeiger, planche de revêtement, dan. waeg,
suéd. toâgg. paroi. — D. vaigrer.
VAILLANT, forme mouillée du part, valant,
du L. valentem, qui a de la valeur, de la
force, vigoureux. — Cp. la forme veuillant
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VAL
— 508 —
VAR
A cAté de voulant, vfr. douillant à côté de
dolaut, — D. vaillance , L. valentia.
VAIN, prov. ra«, L. vaniis, — D. vanité^
L. vanitatem. Pour la loc. en vain, cp. gr.
ce; xsvo'v.
VAINCRE (vfr. veintre), L. vincei^e. — D.
vainqueur.
VAIR, it. vajo, du L. varius^ de couleur
variée, bigarré. — D. vairon, m. s., aussi
nom d'un poisson à couleurs très variées (on
écrit aussi véron),
VAISSEAU» vaissel', angl. vessel, vfr. vas-
ciel, it. vascello, prov. vaissel, esp. baxel;
du dim. L. vascellum p. vascidum (vas). La
forme féminine est vaisselle, employé pour
l'ensemble des vaisseaux (vases) ou plats ser-
vant â la table et reproduisant le plur. neutre
vascella.
VAISSELLE, voy. l'art, préc.
VAL, plur. vaux (dans « par monts et par
vaux »»;; val se présente sous la forme raie
dans « à vau-Veau «, fuir à vau-de^oute, et
dans vaudeville (v. c. m.;. Du L. vallis, —
D. vallon, vallée (s. c. m.); adv. aval [y. cm.)
et verbe a-vcder, faire descendre. — La langue
des trouvères présente, p. petite vallée, le dim.
vanciel. d'un type vallicellus.
VALÉRIANE, lat. mod. i^a/enana; d'origine
inconnue (on a songé à L. valere, venir en
aide !); l'ail, en a fait baldrian.
VALET, anc. vaslet, qui est pour vasselet,
le dim.de vassal; ce mot signifiait autr. jeu ne
homme placé en apprentissage auprès d'un
chevalier, pour devenir écuyer ; puis apprenti,
enfin = domestique, serviteur. De vaslet, par
la mutation s en r, s'est produite la forme
varlet (cp. vfr. marie, p, ma^le, mâle) et par
assimilation celle de vallet. Le mot sert aussi
â désigner divers objets technologiques. — D.
valetaffe, valetaille, verbe familier voleter.
VALÉTUDINAIRE, L. valetudinarius (vale-
tudo), maladif.
VALEUR, L. valorem (valere). — D. valeu-
reux.
VALIDE, L. validus (valere); opp. invalide.
— D. validité, L. validitatem; valider, rendre
valide. Voy. aussi ravauder.
VALISE, de l'it. vaiigia. Voici l'étymologie
de celui-ci proposée par Diez : L. vidulus,
malle en cuir, valise (Plante), de là vidul-itia
(cp. en L. capillus et capillitiumi, contracté
régulièrement en vellitia, velligia (cp. it.
strillo, hauts cris, de strididus), d'où (e atone
passant régulièrement en a) vallegia (gloses
d'Alfric) et valigia. De valise vient le mha.
velis, d'où l'on a forgé le mot fellisen, auj.
felleisen, simulant une combinaison de fell,
cuir, et eise^i, fer; pour ainsi dire « cuir
à serrure ». — Ascoli pose la question : Les
valises ne seraient- elles pas les valeurs, c'est-
à dire les choses de quelque prix que le voya-
geur mène avec lui (Saggi lad. 512, note)? —
Devic mentionne l'arabe vualiha, ** saccus fru-
mentarius, cophinus magnus «, et le persan
walitchè, ** grand sac » , mais il ne sait si ces
mots sont indigènes dans ces langues. — D.
dévaliser (cp. détrousser).
VALLÉE, angl. valley, prov. vallada, it.
vallata, dér. de vallis, fr. val.
VALLON, dimin. de val.
VALOIR, L. valere {vaux p. vais, vaudrai
p. valrai). — D. valable; value, subst. part.
VALSER, de l'ail. iDalzen,m. s., pr. rouler,
tourner. — D. valse (ail. vxiljier); valseur.
VALUE, it. vnluta, voy. valoir. — D. éva-
luer; composé plus-value.
VALVE, L. valva, porte.
VAMPIRE, mot venu d'Allemagne, mais, à
ce qu'on dit, d'origine serbe.
VAN, L. vannus. — D. dim. vanneaux,
grosses plumes des oiseaux de proie, à cause
de leur ressemblance avec le van; vanneau (it.
vannelld) est aussi devenu le nom d'une espèce
d'oiseau, à cause de sa huppe, qu'il peut,
comme une penne, dresser et baisser à volonté ;
vanniei*, faiseur de vans; verbe vanner, L.
vannare.
VANDALE, destructeur, du nom des Van-
dales (par allusion au pillage de Rome
en 455). — D. vandalisme.
VANDOISE, nom de poisson, aussi vandèse ;
d'origine inconnue.
VANILLE, it. vainiglia, esp. vainilla et
vainica, dimin. de l'esp. vaina, gousse, qui
représente le L. vagina, — D. vanillier.
VANITÉ, L. vanitatem (vanus). — D. vani-
teux.
VANNE, vfr. venne^ du BL. vama, digue,
haie, clôture, dont l'origine est incertaine;
Diez suppose une contraction de viminea,
chose fait« de branches flexibles [vimen), en
vimna, d'où venna.
VANNEAU, VANNER, voy. van.
VANNIER, voy. van. — D. vannerie.
VANTAIL, p. ventail, voy. vent.
VANTER, it. vantare, prov. vantar, du L.
vanitare (saint Augustin), fréq. de vanare,
dire des futilités, mentir, fanfaronner (le prov.
a à la fois vanar et vantar). Quelques-uns font
erronément venir vantei* de venditare, cher-
cher à vendre, faire valoir, vanter sa marchan-
dise. Malgré l'affinité de sens entre le L. ve7i'
tosus et le fr. vantard, et bien que les Alle-
mands disent wind machen p. se vanter, il
serait faux de rattacher vanter à ventus, vent.
— D. x^anterie, vantard.
VAPEUR, L. vaporem. — D. vaporeux, L.
vaporosus; vaporiser, évapo7'er.
VAQUER, 1 . être vacant, interrompre ses
occupations ou prendre ses vacances, 2. se
livrer à, s'occuper de qqch., s'y appliquer; du
L. vacare, 1. être vide, être libre, 2 avoir le
temps, le loisir de faire qqch., y consacrer ses
loi.sirs. — D. vacant, vacation [v c. m.).
VARAN, esp. de lézard d'Egypte, de l'arabe
ouaral, lézard.
VARAIGNE, forme variée de varenne.
VARANGUE, du suéd. (plur.) vranger, les
côtes du navire.
VARECH, 1. fucus, plante marine que la
mer arrache en montant et jette sur le rivage.
2. navire coulé, débris quelconques rejetés par
la mer; de l'ags. vrac, qqch. de rejeté, angl,
torech, débris de navire; cp. goth. vrikan.
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VAS
— 509 —
VEI
suéd. v^'àka, pousser, heurter. — D'après
Liebrecht, varech vient en ligne directe du
nord, vegrek, épaves maritimes.
VARENNS. Ce mot est étymologiquement
identique avec garenne (v. c. m.). De « lieu
défendu à la culture »» s'est dégagé le sens
« lieu inculte »• .
VAREUSE, blouse; mot de date récente;
d'origine inconnue.
VARICE, mot de formation savante, L.
van'x, 'ïcts. — D. variqueux^ L. varicosus.
VARICELLE a l'air d'être undim. do varice^
mais en fait, c'est un diminutif mal fait de
variole.
VARIER, L. variare fvarius). — D. va-
riantCf variation^ L. variationem; variable,
L. variablis; variabilité.
VARIÉTÉ, L. varietatem.
VARIOLE, BL. variola, dim. de varius^
bigarré, tacheté; Tit. a vajuola, l'esp. viruela;
ces formes parlent en faveur de notre étymolo-
gie et contre celle de varus, pustule. Le fr.
vérole est p. vairole et procède de l'adj. vair
(v. c. m.) = variîus. La forme espagnole sem-
ble avoir été déterminée par une influence de
virus.
VARLET, voy. valet.
VARLOPE, rabot, riflard; mot altéré du
néerl. voorloop, litt. avant-coureur (c.-à-d. qui
précède les autres plus finsj; cp. le terme
wallon analogue coureresse. En limousin gar-
lopo^ esp. garlopa. — Je ne me CAche pas
que le g initial de ces derniers favorise plutôt
l'ét. de Diez, qui propose un mot supposé
néerl. vx'er-loop = qui va en retour {weer).
1. VASE, masc.,du L. ro^um, forme acces-
soire de vas.
2. VASE, fém., bourbe (en norm. aussi
ga^e), du néerl. voase, ags. va^e. Voy. aussi
gazon — D. vaseux.
VASISTAS (aussi gâté en vagistas), petite
fenêtre servant à espionner ce qui se passe ;
mot populaire moderne, tiré de la phrase ail.
« ioa« ist dos », qu'est-ce? qu'est-ce qu'il y a?
VASQUE, bassin rond et peu profond, d'un
adjectif vasicus (vas)? ou vasque est-il pour
vascle et représente-t-il le dim. L. vasculumî
Le mot vient dir. de l'it. vasca, bassin (dans
des documents du vu® siècle on trouve basca).
Il est sans doute indépendant du BL. vase us,
vacuus. inanis.
VASSAL, prov. vassal, it., port, vassallo,
es[). vasalloy BL. vassallus. La Loi des Alle-
mands a le simple vassus, au sens de servi-
teur. L'anc. langue attachait à vassal le sens
général de •« homme n et de « combattant «,
et l'on y trouve le dér. vasselage, employé
pour vaillance. Comme l'a déjà établi Leibnitz,
le mot vient du cymr. gioas, jeune homme,
serviteur. On explique également le suffixe al
par une influence de la forme cymr. gioassawl,
servant. Dim. valet {v. cm.). Subst. marquant
l'état de vassal : vassalité et vasselage. De
vassus vassorum vient le fr. vavasscur (prov.
vasrassor), tronqué en vasseur tout court.
VASTE, L. vastus, — D. vastité', L. vasti-
tatem; vastitudc, L. vastitudinem.
VAUDEVILLE; ce mot est, comme on sait,
d'abord le nom d'une chanson. Il est altéré de
vau-de-vire, qui tire son nom du val (ou vau)
de Vire en Normandie, où cette espèce de
poème prit naissance au xv® siècle. Voy. les
cours de littérature. — D. vaudevilliste.
VAU-L'EAU (A), = à val Veau (voy. val) =
en descendant l'eau. — Expression de forma-
tion et signification analogues : à vau-de-
7'oiUe.
VAURIEN, cp. les expressions f ai-néant,
va-nu-pieds, etc. L'ail, dit, comme le fr.,
taugenichts, le néerl. deugniet.
VAUTOUR, du L. vulturius, dér. de vultttr.
Cette étym. parait être la bonne ; mais pour-
quoi vautour et non pas, selon la règle, cou-
tour f Je pense que c'est un efibt de dissimila-
tion. On trouve d'ailleurs vfr. votUeur. Cp.
aussi vautrer p. voutrer.
VAUTRE, espèco de chien pour la chasse
au sanglier, vfr. veltre, viautre, viiUre, it.,
prov veltro., == L. vertragus. Loi salique vel-
tntm, mot d'ongine celtique. — D. vautrait,
anc. vautroy, équipage pour la chasse au san-
glier.
VAUTRER (SE), autref. voltrer, voutrer;
la forme primitive est voltrer, qui cori-espond
à l'it. voltolare, lequel dérive de volto, parti-
cipe it. du L. volvere, rouler. Cette étymolo-
gie est confirmée par la forme concurrente
vfr. voûter =• voltare; Bestiaire de Gervaise,
288 : El tais (= boue) se voûte maintenant.
— Littré, se fondant sur la forme viutrer,
dérive le verbe du subst. viutre (fr. mod. vau'
tre, v. c. m.) = it. veUro, lévrier. Se vautrer
serait, selon lui, se rouler comme font les
lévriers.
VAVASSEUR, voy. vassal.
VEAU (d'abord vedel, forme prov., puis
vé-el, aussi vtel, enfin ve-au, veau), du L. vttel-
lus. De la forme anc. véel viennent le verbe
vêler et le subst. 7)élin, pr. peau de veau.
A la forme vedel se rattache vedelet, pâtre qui
soigne les veaux.
VEDETTE, de l'it. vedetta. La facture de ce
dernier ne se prête en aucune façon à une
dérivation de ved-ere, voir. Diez suppose avec
raison un changement do veletta en vedetta
(cp. L. amylum, fr. amidon) \ov, veletta, qui
signifie vedette, est un déiivé de veglia ==
L. vigilia.
VÉGÉTAL, dér. du L. vegetus, plein de
vie; vÉGKTER, L. vegetare, pris dans le sens
neutre de vegetum esse. — D. végétation,
L. vegetationem ; végétable, anc. = végétal,
L. vegetxibilis.
VÉHÉMENT, L. vehementem. — D. véhé-
mence, L. vehementia.
VÉHICULE, L. vehiculum (vehere).
VEHME = mha. vëme, condamnation,
punition, tribunal secret.
VEILLE, it veglia, subst. verbal de veiller;
non pas de lat. vigilia (qui a l'accent sur le
second i).
VEILLER. L. vigilare. — D. veille (y. c. m.),
veillée, veilleur, -euse; cps. éveiller, d'où
réveiller, surveiller.
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VEN
— 510 —
VER
VBINS, L. vena. — D. veineux, L. veno-
sus; neiner. Voy. aussi renelle,
VELCHI, de l'ail, toàlisch, wdlsch, gau-
lois.
VÊLER, voy. veau.
VÉLIN, peau de veau, voy. veau,
VELLÉITÉ, terme philosophique formé de
l'infinitif latin veîîe, vouloir.
VÉLOGB, L.velocem, — D. vélocité, L. velo-
citatem.
VELOURS, anc. veJous (IV est intercalaire ;
cp. vfr. jalours p. jalous, survivant dans le
néevl. jaloersch) ; du L. villosus, velu. L'it.
dit velluto^ l'esp. veludo; ces formes sont cor-
respondantes du fr. velu et viennent dn L. vil-
lutus. D'un diminutif veluet vient angl. ce/-
vet, velours; im autre diminutif se trouve
dans l'anc. langue fr. sous la forme velluau
= BL. velludellum, pannus sericus villosus.
Quant au verbe velouter, il est fait soit d'après
l'it. vellutare, ou librement déduit de velous'
(cp. taluter de talus).
VELTE, mesure de capacité. De l'ail, viert,
viertely mesure de capacité, pr. quart, quar-
taut. Bugge, auteur de cette étym. (Rom., III,
160;, rappelle les formes variées verte, verlc,
vergue et pense que trois mots différents sont
ici confondus : l. notre velte ou verte;
2. vergue, antenne =» virga; 3. ver le =
virgula. — D. velter.
VELU, voy. velours. — D. velvote p. veluote,
plante à tiges velues.
VELVOTE. voy. velu.
VENAISON, angl. venison, du L. venationem
(venari), chasse, produit de la cliasse. Le verbe
venari a donné veiier, courre un animal
domestique pour en attendrir la chair ; vena-
torem, vfr. veneeur, auj. veneur, ài'oix vénerie.
VÉNAL, L. venalis. — D. vénalité.
VENDANGE, L. vindemia (i consonnifié).
Le prov. dit vendcnha. — D. vendanger
(.— L. vindemiare). Le L. vindemia a fourni
le nom au mois dit vendémiaire.
VENDIQUER, mot savant, employé dans La
Fontaine pour revendiquer, du L. vindicare
(dont la forme franc, normale est venger).
VENDRE, L. vendere. — D. vente, it. ven-
dita, = L. vendita ^cp. rente, pente, etc.);
vendeur, vendable, revendre.
VENDREDI, it. rcnej'cfi, du L. Veneris dies.
Le prov. retourne les termes et dit divendres;
l'espagnol (sans dies) dit tout court vierncs
(p. vienres), le prov. de même aussi venres.
VÉNÉFICE, L. veneficium.
VENELLE, petite rue; p. veinelle, pr.
petite veine? Cela rappellerait la métaphore
du mot artère = rue principale d'une ville.
Enfiler la vénielle signifie prendre la fuite ;
avoir la ve7iette, gagner peur. 11 n'y a cepen-
dant pas de rapport de famille entre venelle
et venette. Roquefort explique ce dernier
assez cavalièrement par « peur pareille à celle
du gibier poursuivi par les veneurs ». Notre
opinion est que venette dérive de vener,
expression populaire p. vesser, contraction de
vesiner; cp. la loc. avoir la foire. Quant à
veiwlle, si l'explication ci-dessus ne satisfait
pas, nous émettrons une autre conjecture :
dim. du BL. venna, haie, buisson (voy. vanne)^
qui se prête assez bien pour expliquer la
locution en question. D'autres ont plus hardi-
ment expliqué venelle par un dim. vianeUa,
de via, chemin. — Il est bon, pour se diriger
dans les recherches, de noter que Du Gange
cite un document du xiu* siècle portant la
forme latine vanella, via strictior.
VÉNÉNEUX. L. venenosus (venenum).
VENER, VENEUR, VÉNERIE, voy. venai-
son.
VÉNÉRER, L. vencrari. — D. vénération,
-able, L. venerationem, -abilis.
VÉNÉRIEN, relatif à Venus, gén. Veneris.
VENETTE, voy. venelle.
VENGER, prov. vengar, venjar, esp. ven-
gar, it. vengiare, du L. vindicare (cp. manger
de mand*care). — D. vengeur, vengeance,
revenger et revancher (v. c. m.).
VÉNIEL, L. venialis (venia).
VENIN, vfr. velin et veiHn ; du L. venenum*
Pour la confusion de la finale lat. en (us, a,
umi, avec in (us, a, um), cp. pullicenus :
pcncssin ,racemus : raisin, catena : chaîne'
d'où chaîne, sagena : seine' (d'où seine), per-
gamenum : parchemin; aussi étvenne,strefia,
variait jadis entre estrene et estrine. — D.
venimeux, envenimer; m p. n par euphonie,
comme dans étamer de étain, vfr. leonime •=»
leoninus.
VENIR, L. venire. — D. subst. part, venue.
VENT, L. ventus. — D. venter, venteux^
L. ventosus; vcniail (orthographié aussi van-
tail), pr. soupirail (par où l'on respire), puis
aussi battant de porte (cp. venteau, porto
d'une écluse); cps. contreve^it, paravent;
verbe éventer, d'où éventail (v. c. m.). — Ro-
quefort a commis la colossale méprise de pla-
cer l'adj. éventuel sous la rubrique veivt!
VENTE, voy. vendre.
VENTILER, L. ventilare (ventus), remuer
à l'air, agiter, scruter. — D. ventilation,
-ateur.
VENTOUSE, prov., esp., it. et BL. vcntosa,
pr. soupirail, donnant passage à l'eau ou à
l'air; de là les différentes applications techno-
logiques et médicales de ce mot. Ce que nous
appelons ventouse en chirurgie s'appelait chez
les Latins cucurbita, chez les Grecs «xûa, pr.
courge; Juvénal a cucurbita vcntosa. Du
L. ventosus (ventus), primitif aussi du nom
de mois républicain dit ventôse. — D. ven-
touser.
VENTRE, L. venter. — D. dim. ventricule,
L. ventriculus; ventrée, -ière, ventru, se ven-
trouiller; ventriloque, L. ventriloquus (qui
parle du ventre) ; verbe é-ventrcr.
VENTREBLEU, euphémisme p. ventredieu;
cp. morbleu, sacrebleu.
VEPRE, du L. vesper, soir.
VER, prov., vfr. rerm, L. vermis. — D. vé-
reux, piqué des vers; véroter, chercher des
vers. Ces dérivés sont faits en négligence du
radical primitif verm.
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VER
— 511 —
VER
VÉRACB (néol.), L. verax. — D. véracité,
L. veracitatem.
VÉRANDA, dir. de l'esp. baranda, port.
varanda, mot d'origine orientale : malais
baranda, persan baramadah; sansc. varanda,
portique. ^
VERBE, L. r^erbum, pr. parole. — D. ver-
bal, L. verbalis (de l'expr. procès-vey'bal vient
le verbe verbaliser); verbeux, L. verbosus,
d'où verbosité; verbioffe (d'où verbiager), d'un
verbe ancien verbier, type L. verbicare,
VERD. voy. vert.
VERDICT, mot d'introduction anglaise, du
L. veredictum; Tall. dit wahr-spruch.
VERDIER, garde forestier, BL. viHdarixts,
dér. de viride, verdure, feuillage; cp. le terme
gruyer(w. c. m.). — D. verderie.
VERDURE, voy. vert. — D. verdurier,
'ière.
VÉREUX, voy. ver.
VERGE, L. virga. — D. vergé, barré, rayé ;
verger, mesurer avec la verge; vcrgeure;
enverger (v. c. m.); dim. vergette, d'où ver-
geter.
1 . VERGER, vei-bc, voy. verge.
2. VERGER, subst., prov. vergier et ver-
dicr, du L. viridiariutn, forme concurrente
de viridarium (viridis).
VERGLAS, composé de verre et do glace,
donc pr. verre glacé. On trouve aussi en vfr.
vergiel {jgiel = it. gielo, L. gelu, glace).
A cause des formes vfr. wereglas, wall. war-
gless, Littié explique le mot par •• gare à la
glacxî »». Cela mo semble bien risqué, sur-
tout en présence du parmesan vcdergiasz =
verglas, et du rouchi tooirglache (woir = vfr.
voire, verre).
VERGNE. voy. verne.
VERGOGNE , vfr. aussi vergonde, prov. ver-
gtmha, it. vcrgogna, du L. verecundia, subst.
de l'adj. verecundiis, pudique. — D. déver-
gondé (v. c m.).
VERGUE (cp. prov. vergua), comme verge,
du L. virga, baguette, pièce de bois longue.
— D. enverguer (v. cm).
VÉRICLB, du L. vitriculus (vitrum).
VÉRIDIQUE, L. veri-dicus. — D. véridi-
cité.
VERIFIER, BL. verificare; subst. vérifica-
teur, vtrification.
VÉRIN, nom d'une machine en forme de
presse; n'est pas, comme on a avancé, un dér.
de vei% par allusion à la forme de la vis ou de
Técrou, mais de la famille du L. teru; voy.
v?'ine.
VÉRITÉ, vfr. verte, L. veritatem. — D. véri-
table (cp. équitable de équité, charitable de
charité).
VERJUS, p. vert jus, jus de fruit encore
vert. — I). verJiUé.
VERLE, jauge pour mesurer les futailles,
de rirgula, dim. de L. virga, fr. verge.
VERMEIL, it. vermiglio, du L. vermiculus
(dim. de vermis), pr. petit ver, puis = coc-
cum, teinture écarlate, cochenille. Le mot
s'est appliqué surtout à la couleur que l'on
donne à l'or, pour rendre son feu plus vif et
qui est composée en grande partie de vermil-
lon, puis à l'ai'gent doré. En agriculture ver-
meil se disait d'un lieu où il y a des vers. * —
Dim. vermillon, cinabre, couleur vermeille.
VERMICELLE, de l'it. vermicelli, petits
vers.
VERMIFUGE, du L. vermis, yQV,-\-fugare,
chasser.
VERMILLER, chercher des vers [vermis). ,
VERMILLON, voy. vermeU.
VERMINE, prov. vermena, d'un type adjec
tival verminus (vermisj. — D. verminière.
VERMISSEAU, anc. vermicel, du L. vermi-
cellus, forme accessoire de vermiculus (cp.
arbrisseau, ruisseau),
VERMOULU, pr. moulu par les vers; de là
vermoulure; de vermoulu, au mépris des
règles, on a abstrait un verbe se vermouler.
VERMOUT, de l'ail, loermuth, absinthe
(celui-ci étymologiquement = racine contre
les vers).
VERNAL, L. vetmalis (de ver, printemps).
VERNE, ou vergne, aime (arbre), prov.
verna, vern. Du L arbor verna = arbre prin-
tanier ? Diez préfère une étymologie celtique :
cymr. gwern, marais, d'où la combinaison
coed gwern, aunes, pr. arbres de marais (on
trouve aussi tout court gioem = aune).
VERNIR, d'après Ménage, approuvé par
Diez, d'un type L. vitrinire, dérivé de ri/n-
nus, adj. de vitrum, verre (cp. prov. veirin).
Diez appuie cette manière de voir sur le sens
identique des verbes it. vitriare. esp. vedriar,
sarde imbidriare; cp. aussi l'ail, glasiren,
vernir, glacer, de glas, verre. Il repousse
comme origine le vha. bernjan, rendre lui-
sant, le germanique b initial ne s'aâaiblissant
jamais en i?; n'était ce scrupule phonétique,
le mot s'accommoderait très bien de l'ail, bern-
stein (pr. pierre luisante), ambre, succin, cette
substance fournissant un vernis très usité.
L'ancienne poésie appliquait fréquemment à
l'écu l'épithète verni et vernis (voy. des exem-
ples dans Bormans, Texte de Cléomadôs,
p. 199. et Gachct, Glossaire); le premier est
le participe passé do vernir, le second répond
à un type adjectival en icius. — D. subst.
vernis, collatéral de it. vernice, esp. berniz
et barnis, prov. vernitz (gr. mod. ^tpHxi,
angl. variîish, ail. firnis).
VERNIS, voy. l'art, préc. — D. vernisser
(it. verniciare, prov. verîiissar), d'où vernis-
sure.
VÉROLE (autr. vairole) vient de vair, ver'\
donc, comme variole, du primitif lat. varius .
Un autre dérivé de xxiir ou ver est vérette =
varicelle, et véron p. vairon, nom d'un pois-
son (cp. héron p. hairon). — D. vérole.
VERON, voy. l'art, préc.
VERRAT (p. v^crrac? cp. esp. verraco), dér.
du L. verres (vfr. ver)\ on rencontre aussi les
formes verrou, ver au, verrot.
VERRE, vfr voire, it. vetro, prov. veire,
régul tiré du L. vitrum, dont la langue
savante a fait vitre. — D. verrier, -ière, -erie,
verreux, verroterie.
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VER
— 512 —
VES
VERROU, anc. verrouil (d'où le verbe i(?r-
rouillcr), prov. vcrrolh, du L. veniculiim,
petite bi'oche.
VERROUILLBR. voy. verrou.
VERRUE, L. verruca.
l.VERS, subst., L. versus (vertere; cp.
orpofT^i de «T/ssyw). — D. verset, vei'sicule, L.
versiculus; verbe versifier^ L. versificare,
subst. versificatiotif-ateur, L. versificationem,
-atorem.
2. VERS, prép., L. vei^sus (pr. tourné).
Composés : rnivers, devers.
VERSATILE, mot de facture savante, L. ver-
satiits. — D. verscUilité,
VERSÉ, exercé, du L. versatus (versari).
VERSEAU, terme d'astronomie; d'après
Littré, la saison où il faut verser (retourner)
la terre ; d'après Moisy = verse-eau, une tra-
duction populaire de L. aquarius, m. b.
VERSER, it. versare, prov. versar; du L.
versare, fréq. de vertere; propr. retourner,
renverser. Le sens répandre, faire couler, est
déduit de l'idée renverser un vase ou l'incliner
pour en faire sortir le liquide. Le sens origi-
naire « retourner » (La Fontaine disait encore
verser un champ, imitant en cela le versare
glehas d'Horace) reparait dans les composés
cnvei'ser\ renverser. — D. versant, pente d'une
montagne d'où découlent les eaux ; à verse ^
locution adverb. = en versant (de là le subst.
averse); versement, verseauiw c. m.).
VERSION, L. versionem (vertere), action de
tourner, puis de traduire.
VERSO, sous-entendu folio, mots latins =
au feuillet tourné.
VERT, fém. verte (autrefois, selon la règle,
verde),à\x L. viridis. — D. verdûtre, verdelet,
verdet, verdier (oiseau), verdeur, verdure,
verdir, verdoyer (it. verdeggiare, esp. ve^^-
dear),
VERT-DE-GRIS est une forme corrompue ;
au xiiï® siècle, on trouve verie-gres, au xiv",
vert de grice; Littré conjecture comme forme
première vert aigret, le vert produit par
l'aigre, l'acide.
VERTÈBRE, L. vertcbra (vertere). — D.
vertébré, L. seviahvniws^vei'tcbral.
VERTICAL, L. vertical is, perpendiculaire,
dér. du L. vertcx, -icis, point culminant, som-
met do la tête, zénith.
VERTIGE, it. vertigine, du L. vertigo, -ïnis
(vertere), tournoiement. — D. vertigineux, L.
vertiginosuB. On a conservé le mot L. vertigo
pour caprice, fantaisie.
VERTU (anc. aussi = force, courage), du
L. virtutem. De là prov. vertudos, it. virtuoso^
fr. VERTUEUX ^le mot virtuose est emprunté de
l'it.); verbe évertuer, prov. es-vertudar.
VERTUGADIN, dér. de Ve?>^.vertugado (vfr.
vertugade), m. s., dont j'ignore l'origine.
D'après Littré, le mot espagnol, aussi pro-
noncé et écrit verdugado, dérive de ter du go ^
pr. scion, baguette, lequel vient du L. viridis,
vert. Cette étymologie ne m'inspire aucune
confiance et le synonyme esp. guarde infante
pourrait bien m'autoriscr à supposer que l'in-
vention du vertugadin visait, pour une raison
quelconque, à protéger Vinfante et que ce sont
bien les éléments ver^u et garder qui se
cachent sous le tenue bizarre que les modistes
du xvi« siècle ont imaginé ix)ur l'engin de
toilette nouvellement inventé.
VERVE, du L. vejta, tête de bélier, orne-
ment de sculptuie ; de là l'acception : fantaisie
d'artiste, caprice. Un développement analogue
d'idée se remarque dans le mot caprice, do
capra, chèvre. Seulement, on se demande, à
l'égard de ce demiei*, si le sens figuré ne re-
pose pas sur un autre point de vue impliquant
une allusion au caractère bizarre de la chèvre.
Ménage voyait dans verve, enthousiasme,
l'inspiration du verbe divin ; le P. Labbe pen-
sait à vertere; entre vertige et verve, il y a en
effet de l'aflSnité, mais il faut aussi se mettre
en règle avec la forme des mots ; or, verve ne
se prête en aucune façon à un radical vert.
D'autres se sont adressés à l'ail, werfen, ni.
v>eipen, jeter (donc pr. élan d'esprit); Roque-
fort y voyait le mot vertu! Fôrster (Ztschr.,
IV, 381) dit que l'ét. par verva ne.st nulle-
ment assurée ; l'examen de l'emploi du mot
dans l'ancienne langue indique plutôt le sens
« verbiage, folle parole, proverbe »» . Cela favo-
rise l'étym. verba, plur. de vei*bunx; mais le
passage de rb en rv serait tout à fait excep-
tionnel, car morve = 'morba (p. morbus)
n'est pas sur. De son côté. G. Paris observe
(Rom., X, 302) qu'il professe depuis longtemps
la même manière de voir ; pour la forme, il
rapproche vein^eine de verbena et le latin verva,
pluriel de vUn'f = verbum. Suchier (Roman.
Forschungen, I> oppose la forme piém. verver
et propose l'ét. verhcra, mais Paris ne croit
à l'existence de ce mot piém. vej'ver que sous
la forme ver vei' (Rom., XII, 133j. — Citons
encore, pour la fin, la bizarrerie d'un savant
allemand, qui voit dans verve le L. fervoi\'
VERVEINE, L. verbena.
VERVELLE, voy. l'art, suiv
VERVEUX, filet, anc. vervcu; c^ mot est,
d'après Pott, suivi par Diez, la représentation
fr. de l'it. vcrtovello ou bertovello, nasse, qui,
à son tour, est le L. veriebolum (Loi saliquo;
ou plutôt vertebellum (cp. en fr, la forme va--
velle, gonds dans la quille d'un bateau foncet,
pour y accrocher le gouvernail ; aussi anneau,
cylindre). Or, vertebolum est un dimin. de
vertebra, et tire sa signification du verbe ve)'-
tere; la nasse est ainsi nommée parce que lo
col est retourné en dedans ; aussi l'orifice de
la nasse s'appelle-t-il de même en it. ritroso
==» retroi'sus (pr. retourné;. — La forme
limousine vertuel se rapproche plus sensible-
ment du type vcrt'bcllitm.
VESGE, vfr. vesse, vache, it. veccia, vesza,
angl. vetch, fitch, v. flam. vitsen, ail. vncke;
du L. vicia. — D. v^sceron.
VÉSIGATOIRE, du L. vesicare,\iVoà\x\ve des
vessies, d'où aussi x^ésicant. — Vésicule, L.
vesicula, petite vessie.
VESOU, jus de la canne à sucre : d'après
Roulin, de vfr. vcsc, vessie, à cause des vessies
ou cloches que produit le dégagement du gaz
acide carbonique.
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VEU
— 513 —
VU)
YISPÉTRO, « de vesse, petet rot, à cause
des propriétés carminatives attribuées à cette
liqueur n (Littré). Je connaissais c^tte étymo-
logie. mais je n'osais pas la prendre pour
sérieuse.
VBSSE, L. visium (du verbe msire), mot
radicalement identique avec l'ail, fiess, fiest,
angl. fizsle, vcjse, — D. vesser. — Au lat. visire
répond wall. vesi. Du même primitif latin
vient le verbe vfr. vesiner, d'où berrichon
véner, rouchi vetier^ d'où, selon moi, l'expr.
avoir la veneite (v. pi. h.). Le wall. dit dans
le même sens avii l'cèse (vov. Grandgagnage).
VESSIE, L. vesica, vessie, ampoule, cloche,
d'où le verbe L. vesicare, se gonfler, et l'adj.
vesicatorius' , fr. vésicatoire. — D. vessigon.
VESTE, dir. de l'it. vesla, habit, robe, qui
vient du L. vestiSy vêtement. — D. veston,
VESTIAIRE, L. vestiarium (vestis), garde-
robe.
VESTIBULE, L. vesiibulum, cour d'entrée.
VESTIGE, L. vestigium,
VÊTEMENT, L. vestimentum (vestire).
VÉTÉRAN, L. veteramis (vêtus). — D. vété-
rance, mot formé comme si le primitif était
vétérajit,
VÉTÉRINAIRE, L. v€terinarhts(àe veterina,
s. e. bestia, bête de traie ou de somme).
VÉTILLE, d'après Diez, du L. vUiha, mar-
chandises en osier, treillis, etc. (choses de peu
de valeur) ; il cite à l'appui le L. gerrœ^ qui
signifie l . choses en osier, 2. baKatelles, bali-
vernes. D'autres font venir le mot de tUiliU-
gare, chicaner, mais cette étymologie est for-
cée. — Pour ma part, je ne vois pas pourquoi
vétille ne serait pas un dimin. de vetiis, mar-
quant d'abord une vieillerie, chose usée, sans
valeur. Raynouard rattache le mot, peut-être
avec raison.au prov.,esp. veta, cordon, bande
(«= L. vitta), et allègue le passage suivant :
« paubre lairon pent hom per una veta », qu'il
traduit « pauvre larron on pend pour une
vétille n. — Brachet dit tout court : du pié-
montais tetilia, m. s. — D. vétiller, -eux.
VÊTIR, L. vestire, — D. vêtement, L. ves-
timentum ; véture, prise d'habit; cps. re-vétir,
dé'Vétir,
VETO, mot latin = je défends, je m'oppose.
Le vferbe vetare se trouve en prov. et esp.
sous la forme vedar, en vfr. véer, en it. vie-
tare.
VÉTUSTÉ, L. vetustatem (vêtus).
VEUF, voy. veuve.
VEULE, vieux mot = mou, faible, léger,
primitivement = vain, vide. D'après Diez, la
forme veitle procède de la forme vole (Rute-
beuf : « pensée vole ♦»). Or, vole vient de vola,
le creux de la main, soit qiie l'on ait pris
creux dans le sens de vide, soit sous l'in-
fluence de l'expression composée vanvole,
chose futile (Rom. du Renard, 1, p. 147), qui
signifie pr. vana vola, main vide, et que l'on a
interprétée par vain et vole, combinaison fré-
quente chez les anciens.
VEUVE, du L. vidua, par l'intermédiaire
de vfr. tedtc, veve (cp. L. tennis, vfr. tenve, et
pour le changement de e en eu, plsvir devenu
pleuvir). Les mots parallèles des autres lan-
gues sont prov. veuva, vesoa, it vedova, esp.
viuda, port, viuva, valaque vèduvë. néerl.
wedutoe, angl. loidoio, ail. wittwe. — Le cor-
respondant masculin de veuve est veuf. — Le
latin viduus, au sens déduit de privé de, non
rempli, s'est francisé, dit-on, par vide, mais il
l>ourrait bien y avoir là une erreur (v. c. m.).
— D; veuvage.
VEXER, L vexare (vehere), pr. secouer,
ballott<*r, tirailler. — D vexation, vexatoire.
VIABLE, p. vivable; cp. viande pour
vivande. Le mot étant d'introduction récente,
il a été tiré peut-être par les médecins de la
formule vitœ habilis, apte à la vie ; étymolo-
gie donnée par Littré. — D inabilité.
VIADUC, formé de mœ ductus, d'après l'ana-
logie de aquœ ductus, fr. aqueduc.
VIAGER, dérivé du subst. viage, cours de la
vie, ressources pour vivre, revenu annuel; ce
viage a pour type soit une forme vitaticum,
soit L. viaticum =; provisions de ix)ute, moyen
de subsistance (voy. viatique).
VIANDE, prov. vianda, it vivanda, anc.
nourriture en général ; la forme ancienne et
complète est vivande (de là : vivandière), du
L. vivenda, mot de façon barbare devant
siî<nifier « ad vivendum necessaria •». Le sens
ancien de pâtïire subsiste encore dans les dé-
rivés (termes de vénerie) viander, pâturer, et
viandis. Guiot de Provins dit des chanoines
réguliers qu'ils étaient nobles vivandiers (qu'As
faisaient bonne chère).
VIATIQUE, L. viaticum (via), argent ou
frais de voyage. S. Grégoire emploie déjà le
mot au sens de sacrement administré aux mo-
ribonds. Viaticum est aussi le type du mot
voyage.
VIBRER, L. vibrare. — D. vibration.
VICAIRE, vfr. viguier (v. c. m.), L. ticarius
(vicis), qui tient la place d'un autre, lieutenant,
substitut. — D. vicariat, -al, verbe vicarier.
1. VICE, défaut, L. vitium. — D. vicieux,
L. vitiosus ; vicier, L. vitiare, corrompre.
2. VICE-, élément prépositif de composition
du L. vice, à la place de, abl. de vicis, alter-
native, cours, lieu ; vice-roi est celui qui gou-
verne vice régis, à la place du roi.
VICENNAL, L. vicennalis, de vicennium
(viccnti annij, espace de vingt ans.
VICINAL. L. vicinalis{de vicinus, fp. voisin).
Un chemin vicinal est un chemin qui relie des
localités voisines.
VICISSITUDE, L. vicissitudo.
VICOMTE, p. vice-comte, BL. vice-comitem.
— D. viccjmté.
VICTIME, L. victima, animal offert en sacri-
fice. — D. victimer, L. victimare.
VICTOIRE. L. tfictoria (vincere). — D. vic-
torieux, L. victoriosus.
VICTUAILLES, vfr. titailles, L. victualia
(victus*. Devitailles vient r-avitai/ler.
VIDAME, contraction de vice-dame, à Genève
vidomne, du L. vice-dominus.
VIDANGE, voy. l'art, suiv. — D. vidanger.
VIDE, vfr. vuide, vuit, voit, prov. vuei;
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VIG
— 514 —
VIN
selon Tét. reçue, du L. viduus. — D. videra
autr. vuidei' ; de là vidante, propr. action de
vider, et vidure; cps. dé-tider (v. c. m.).
é'Vider, Voy. aussi veuve, — L'étymologie
viduus, à lavis de Schuchardt» ne convient
qu'à it. vedovOt fr. 'tedve, veuf, veuve. L'ori-
gine de vfr. voit, vuit, vuide, nfr. vide, it.
voito, voto, est le participe vocitus (cp. roçiius
de roffare),dn verbe bas-latin vocare =- vacare.
Pour la forme, cp. L. cogitare devenu it. coi-
tare, cotare, vfr. cuidier. Voy. Schuchardt,
Rom . IV. 256, et Thomscn. ib , p. 257-262,
ainsi que mon Appendice à la 5* éd. du Dic-
tionnaire de Diez, pp. 765 (votOj et 818 (vide).
VIDECOQ, en Normandie tico, un des noms
de la bécasse; altération de l'angl. tooodcock
= coq des bois.
VIDIMÏÏS, mot latin » nous avons vu ; de
là le verbe vidimer, apposer le vidinius.
VIDREGOME, grand verre à boii-e, = ail.
wiedcrhcmim.XïXi, retour; ce verre a été appelé
ainsi, dit-on, parce qu'il fait le tour de la
table, chaque convive le vidant à chaque santé
qui se porte. Je doute do cette interprétation ;
si le mut ail existe ou existait' je ne lai jamais
entendu et Sanders ne le porte pas), j'imagine
que le nom lui est plutôt venu do l'occasion
du festin : le retour d'un ami. Ou le mot
vidrecome ne serait-il pa«<: plu^ôr f^rtro sur le
terme ail. iciV/A^mm-humpcu, le grand bocal
de bienvenue^
VIDUITB, terme safcant pour veuvage, L.
viditi totem. Voy. veuf.
VIE. L. vita.
VIÉDASE. imbécile: mot du Midi, composé
vit, et ase, âne (Littré .
VIEIL (avec 1'* du nom., vieh', d'où vieux),
prov. vtelh, it. recchio, vef/iio, esp. virjo^ port.
veîho, du L, vetulus, contracté en vetius, d'où
veclus, toutes formes dont l'existence est
constatée. — D. vieillot, vieillard, vieillir,
vieillesse, -erie. — Le L. vêtus a laissé au
vfr. la forme indéclinable vies (cette opinion
est contestée).
VIELLE, instrument de musique, formé du
L. vilella, comme viole est fait de vUula; voy.
viole. — D. vielle^', d'où vielleur.
VIERGE, vfr. virge, prov. verge, du L. virgo,
'inis. Du thème virgin vient le vfr. virgine,
prov. vergaia et angl. vtrgin.
VIEUX, voy vieil.
VIP, L. vivus. — D. vivifier, L vivificare;
a-viver, ramver.
VIGDl, du port, vigia, veille, sentinelle,
espion, .<ubst. verbal de vigiar, veiller.
VIGILE, forme savante de veille »v. cm.);
vigilant, -ance^ L. vigilantem, -antia.
VIGNE, L. vinea. — D. vigneron (cp.
bûcheron)^ vignette (les premières vignettes
représentaient des pampres et des raisins ; cp.
le {^vme cul-de-lampe) \ vignoble (v. c. m.).
VIGNETTE, voy. l'ai-t. préc.
VIGNOBLE (se trouve déjà dans Gaydon) ;
d'après les uns, le mot est gâté de vignole (cp.
it. vignuola; on disait autr. vignolette, p. pe-
tite vigne); d'après Diez. de vi^ii opulens,
obondant en vin (pour l'apocope de ens, il cite
serpe p. serpens) Peut-être le mot est-il modi-
fié de vinobre el désigne-t-il proprement un lieu
où l'on fait du vin, prov. obrar =^ operari.
VIGOGNE, it. vigogna, esp. vicuna, port.
vigunha; en latin rcientifique, camelus vi-
cunna; du péruvien vicunna.
VIGUEUR, L. vigorem. De la forme vfr.
vigour vient l'a^j. vigoureux, BL. vigorosus,
et le verbe vfr. raviyourer,
VIGUIBR, prévôt, forme prov. du L. xnca-
rius, lieutenant. — D. viguerie.
VIL, L. vilis — D. vileté{v(r.vilte, vieute,
prov. viutat); verbe avilir,
VILAIN, it. villano, BL. viUanits{de villa),
pr. habitant de la campagne (voy ville), rus-
tique. Le mot vil a peut-être contribué à fixer
les acceptions modernes de vilain, — D. vile-
nie, action de vilain ; villanellc, poésie pasto-
rale.
VILEBREQUIN, anc. aussi virebrequin, dans
les patois vuilberquin, biberquin, etc. ; ce mot
représente le flamand wielboorken, composé
de xciel, roue, tour, et de boorhen, petit foret
/décoré?/!, percer); donc pr. foret à tour. L'al-
tération de vile en vire peut s'être produite
sous l'influence de fr. virer, tourner. C'est du
français que viennent esp. berbigui et port.
berbcquim. Le Duchat expliquait le mot par
gyrans verucum! Frisch y voyait le bas-ail.
winboreken (do winden, tourner, et bohren,
percer, cp. l'ail, loindel-bahrer, m. s.). —
Falsjrrave présente la tonne altért^e vibriquet.
VILENER. VILENIE, voy. ville.
VILIPENDER, L. vilipendere, mépriser.
VILLA, forme lat. ou it. de ville (v. c m.).
VILLAGE, voy. l'art, suiv. — D. villageois.
VILLE, L. villa. Dès les premiers temps du
moyen âge, le .sens primitif de villa, savoir
maison de campagne (encore propre à lit.
villa), s'est modifié en celui de hameau ou de
village. Par extension, le mot s'est appliqué à
une- ville de campagne, opposée à la cité ou
au bourg, défendus par un château. De ville
dérive villain\ auj. vilain, it. villano, prov.
vilan, d'abord •= pay.'^an, homme de la cam-
pagne, puis, selon les préjugés du citadin, =
grossier, vil, bas, laid ; c'est de cette dernière
acception que relève le subst. vilenie, et le
verbe fr. vilener, injurier, outrager, désho-
norer, dont le part, vilené a pris une acception
spéciale en termes de blason. — De ville, dans
son acception d'établissement rural, vient le
terme collectif mï/o^e, pr. réunion de plusieurs
fermes.
VILLÉGIATURE, de l'it. villeggiatura, dér.
du verbe villeggiare, séjourner à la campagne
(villa),
VIMAIRE, du L. vis major, force majeure.
VIN, L vinum, — D. vinave, L. vinarius;
vineux, L. vinosus (d'où vinosité)\ vinée,
vinasse (it. vinaccio), vinicole (nôol.), = qui
cultive le vin.
VINAIGRE, p. vin aigre, it. vino agro,
angl. vinegar. — D. vinaigrer, -ettc, vinai-
grier, vinaigrcrie,
VINDAS, cabestan; on dit aussi guindas
(v germ. =^m fr.); voy. le moiguinder.
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VIR
— 515 —
VIS
VINDICATIP, du L. mndicare (fr. venger).
VINDICTE, it. vendetta, L. vindicta,
"VINGT, L. viffinti. — D. vingtième, -aine,
1. VIOLE, primitif inusité de violette, it.,
esp., prov. viola, vha. viol, mha. viel, auj.
veil, dim. veilchen; du L viola (dim. du
gr. lov). — D. violacé, -at, -ier, -âtre, et sur-
tout violet et violette,
2. VIOLE, instrument de musique, prov.
viula, viola, it., esp., port, viola, Diez tient
la forme prov. vi-ula pour la plus ancienne,
car, d*aprôs lui, viula a pu dégénérer en viola^
mais non pas viola en viula. Or, mu/a repré-
sente le BL. vitula. Ce dernier est, d'abord,
par transposition, devenu viittla (cp. prov.
veuza de vedua, ieuna de ^«««îVr), d'où (par
la chute du t, cp. rolar de rot'lare) viula,
viola. Or, i72Yu/a (qui est aussi le primitif de
l'équivalent ail. fiedel) vient du L. vititlari, se
réjouir litt. gambader comme uu veau, vitu-
lus) ; la viole était l'instrument de la joyeuse
compagnie (« vitula jocosa », dit un poète
cité par Du Cange). Comme vioh vient de
vitula, ainsi vient vielle (v. c. m.) de la forme
variée vitella. — D. it. violone et violoncello,
d'où nos mots fr. violon et violoncelle.
VIOLENT, L. violentus. — D. violence,
L. violentia; verbe moderne violenter.
VIOLER, L. violare. — D. subst. verb. viol,
VIOLET, -ETTE. voy. viole l
VIOLON, voy. viole 2. — D. violoniste,
VIOLONCELLE, voy. viole 2.
VIORNE, it. viburno, du L. vibumum,
m. s.
VIPÈRE, L. vipera. Ce mot est de façon
savante; la vraie forme ancienne est vivre,
vuivre, voivre, guitsre, voy. pi. h. givre 2 et
pi. b vivre.
VIRAGO, mot In tin «^ femme robuste.
VIRELAI, ^ vire-lai, de virer; donc lai
en rond, rondeau.
VIRER (rouchi virlei" p. vtreler), esp , port.,
prov. virar, BL. virare (Loi des Allemands j.
Diez rejette l'étymologie gyrare communé-
ment reçu*», la syllabe ^i ne chunjî^eant jamais
en vi; il fait dériver le verbe du vfr. vire^ dial.
ital. vira, vera = cercle,' anneau. Or, ce
subst. vire représente le L. viria^ espèce de
bracelet (dim. viriola, •= fr. virole, cercle,
esp., prov. virola, d'où le cat. virolet =
girouette). Au dire de Pline, viria et viriola
(= esp., prov. virola) sont des vocables celti-
bériques, et Guill. de Humboldt avait même
cru les retrouver dans le basque viruncatu,
tourner, en quoi le grand linguiste s'est
trompé, ce mot basque représentant, selon
Diez, le L. verruticare, tourner. Diefenbach
(Origines Europtese) démontre que le thème
vir de viria se produit tout autant dans des
vocables celtiques désignant courbure, ron-
deur, tournoiement, sans que toutefois on soit
autorisé à les admettre pour sources directes
du mot roman, car Diefenbach est bien d'avis
que le v initial roman ne peut répondre ni au
celt. V (= cymr. gw, gaél. /*), ni au germ
V, to. (Voy. aussi l'art, guirlande.) Le prin-
cipe que 10 germanique ne peut devenir v en
roman exclut donc Tétym. flam. wieren, tour-
ner, qui a été mis en avant ; cependant, ce prin-
cipe n'est pas absolu, comme le prouvent les
mots vacarme, vague, varenne, vilebrequin
et vogues*. Au verbe virer se rattache : viron,
cercle, circuit, dans l'expression en mrow (cp.
entour, à Ventour), d'où le verbe enviixtnner.
Le Sage fait dire à Sancho : « Le papillon, à
force de viromier autour d'une chandelle, finit
par se brûler *» Subst. verbal vireme>it. Cps.
rcvirer, d'où revirement. — Storm (Rom., V,
187, dérive virerai vibrare, brandir. Pour
la forme, il allègue it. lira de libra; pour la
transition de l'idée brandir à celle de faire
tournoyer, il rapproche angl. swing, brandir,
et svoing a ship, faire tourner un navire. Il
aurait pu citer encore l'ail. schioenke}i, qui
signifie brandir, agiter et faire tourner.
VIRES, en t. de blason, anneaux concen
très, voy. l'art. préc. — Dim. de vire: vireton,
flèche tournoyante.
VIREUX, L. vii'Oitus (virus).
VIREVOLTE, de l'it. giravolta (« movi-
mento in giro »). Le fr. dit aussi virevousse
(pour vousse = volte, voy. l'art voiite).
VIRGINAL, L. virginalis; virginité, L. vir-
ginitas (virgo, -inis).
VIRGULE, L. virgula (virga), trait d'écri-
ture.
VIRIL, L. virilis (vir). — D. virilité.
VIRLIQUE, t. de jeu, de l'ail, vier gliche
(gleiche), litt. quatre égales (s. e. cartes).
VIROLE, voy. virer, — D. virole.
VIRTQEL, néologisme formé de L. virtutem,
force, puissance, fr. vertu; it. virtuale,
VIRTUOSE, voy. vertu.
VIRULENT, -ENCB, L. virulentus, -entia,
VIRUS, mot latin = venin.
1. VIS, subst. masc, vieux mot, = visage,
conservé dans l'expression vis-à-vis = face à
face, tête-à-téte; c'est le L. visus, vue, action
de voir, qui, au moyen âge (peut-être sous
l'influence de l'ail, ge-sicht, visage, de sehen,
voir), a pris la vuleur du L. vultus vfr. vout).
— D. visage, terme augmentatif; visière,
chose qui garantit le vis. — L'expression vfr.
il jn*est vis est le L. visum est mihi; ce visum
latin est aussi au fond du mot avis (v. c m.).
2. VIS, subst. fém., vfr. visr. Le vfr. vis, viz
et prov. vitz signifiaient aussi escalier tour-
nant ou limaçon. Le mot représente le latin
vitis, vrille de vigne, pampre; en BL. = vis
de pressoir et vis en général; en it. nous
voyons de même le mot vite réunir les accep-
tions de vigne et de vis, et en prov. mod. vis
signifie sarment, jet de la vigne La forme viz,
qui a précédé vis, représente le radical vit,
plus la finale du nominatif 5. Cette étymologie
vitis satisfait pleinement, et il y a lieu de
croire que le flam vijse, vis (verbe vijssen,
visseri est emprunté du roman. — D. visser.
— L'angl. vice est tiré de fr vis.
VISA, mot tiré de la formule de chancel-
lerie » visa est », (la pièce) a été vue (et
approuvée). — D. viser, apposer le visa.
VISAGE, voy. vis, — D. en-visager, dé-
visager.
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VIV
— 516 —
VOI
VISCiRS, mot savant, du plur. L. viscera,
— D. viscéral.
VISXR, porter la vue, regarder, d'un type
visare, fvéq de videre. — D. visée. — A dis-
tinguer : viser = mettre le visa, qui vient
immédiatement de t?ï.ja(v. c. m.).
VISIBLE, L. visibilis, — D. visibilUé,
VISIÊRB, voy. vis 1.
VISION, L. visionem. — D. visionnaire,
VISITER, L. visitare (fréq. de visere) —-
D. visite (terme savant Visitation), visiteur.
VISQUEUX, L. visœsus (de viscum, ■= fr.
ffui). — D. viscosité.
VISSEE, dér. de rw 2 (v. c. m.).
VISUEL, L. visualis' (visusj.
VIT, = lat. pénis, du L. vectis, en BL =
vcreti-um.
VITAL, L. vUalis (vita). — D. vitalité,
vitaliser.
VITGHOURA, du polonais m/c^wr, fourrure
de loup ; c'est en imitation de celui-ci que les
Allemands ont forgé leur mot équivalent wild-
schur, liit. fourrure de bête fauve, puis sur-
tout garni de fourrure.
VITE (mieux crte,, anc. viste, prompt, alerte,
it. visto. Diez, dans la première édition de sa
Grammaire, s'était prononcé en faveur de
l'étymologie L. vepetus, avec intercalation
de s. Des scrupules lui sont venus à ce sujet,
et dans son Dictionnaire il exprime l'opinion
que le mot italien est antérieur au mot fr. et
qu'il ne représente autre chose qu'une forme
écourtée de awisto, prévoyant, avisé, cir-
conspect ; il allègue, pour justifier cette tran-
sition du sens • circonspect, attentif, vigilant »
en celui de «• prompt dans ses mouvements,
vif », l'analogie de î'adj. alerte tv. c. m.), pr.
sur ses gardes, puis vif, allègre. Diefenbach
iCeltica), après avoir reproduit l'étym. vegetus,
pose en outre les conjectures suivantes : 1 . it.
visto, vu, le mot signifierait « à peine vu, ou à
première vue, d'un coup d'œil n ; 2. corruption
de vividus (ce qui est tout à fait improbable).
Enfin, il pose la question si le synonyme
basque fite est emprunté de vite. — D. vitesse.
VITRE, forme savante de verre, vfr. voire,
du L. vitrum. — D. vitrer, -âge, -ail, vitrier,
-erie, vitrine. La science a tiré de vitrum les
termes : vitrifier, vitreux et l'it. titriuolo,
d'où fr. vitriol.
VITRIOL, voy. vitre.
VIVACE, L. vivacem (vivus). — D. viva-
cité.
VIVANDIÈRE, voy. viande.
VIVAT, mot latin = - qu'il vive ». ; cp. l'ex-
pression lat salve.
VIVE, dragon de mer; prob. le même mot
que vfr. vivre, sev\ient (voy. vivre}.
VIVIER, it. vivojo, L. vivarium, réservoir
d'animaux, surtout de poissons; de là aussi
vha. tciwari, auj. weiher.
VIVIFIER, voy. vif.
VIVIPARE, L. tivi-parus (vivum parère).
VIVRE, L. vivere. Le parf. vesquis (plus
tai'd vescus, vécus) reproduit le latin ric-si
transposé en vis-ki. — D. vivre, infinitif sub-
stanti\é; tivoter; cps. revivre, survivre.
VIVRE, adj., t. de blason, de vivre, mot vfr,
reproduisant le L. vipera. Voy. givre 2.
VIZIR, de l'arabe toastr ou loejsir, pr. chargé
(de fonctions), du verbe toajgara, porter.
VOCABLE, L. vocabulum (vox), d'où voca»
hulaire.
VOCAL, L. vocalis (vox). — D. vocaliser,
d'où vocalise, ou vocalisation.
VOCATION. L. vocationem (vocare).
VOCIPÉRBR, L. vociferari. — D. vociféra-
tion.
VŒU, prov. vot, it. voto, du L. voium
(vovere); = 1. promesse faite aux dieux,
2. souhait, désir. Du même subst. latin la
langue savante a tiré le terme vote, vœu ex-
primé par le sufirage. — D. vouer, prov.
vodar, du L. votare*, fréq. de vovere.
VOGUE. V. l'art, suiv.
VOGUER, it. vogare, esp. vogar, port.,
prov. vogar, nager sur l'eau, du vha. magôn,
altéré en vx)gôn (d'où l'ail, toogen, flotter), se
mouvoir; cp. i'expr. vha. in toagô toesan =■ fr.
être en vogue. — D. vogue, mouvement d'un
navire, fig. = cours, réputation, dans •« avoir
la vogue, être en vogue ".
VOICI, VOILÀ, = vois-ci, vois-là.
VOIE, L. via. — D. voyer, L. viarius,
inspecteur des chemins, d'où voirie p. voierie.
Le subst. voie est au fond des composés :
avoyer (vfr.), mettre sur la voie, convoyer
(V. c. m.), eixvoyer (v. c. m.), dévoyer (cp.
L. conviare, inviare, deviare) et forsvoyer',
fourvoyer, mettre hors (voy. fors) de la route.
Voie a en outre poussé les rejetons : voyage,
pr. cheminement it viaggio, esp. viage.ipvov,
viatge), qui, par sa facture, répond au L. via"
ticum, pr. argent do voyage, mais employé
déjà avec l'acception moderne dans Venantius
Fortunatus. — En ital., via a servi aussi à ré-
pondre à la question «combien de fois »» ; una
via, une fois (cp. le nord, gang, allée, venue,
le néerl. reis, voyage, et keer, tour, it. volta,
tour, qui tous signifient également *» fois »).
De ce même via, durci en fia, vfr. fie, dérive
it. fiata, vfr. fiede. fiée, foiée, wall. feie, =*
fois. Cependant, le mot fr. fois (v. c. m.) ne
représente pas le L. via dont nous parlons ;
ce dernier n'a plus galère de trac« dans la
langue actuelle, car l'anc. expression toutes-
voies (esp. todavia, it. tottavia), sous l'influence
de fois, s'est transformée en toutefois.
1. VOILE, masc, it. vélo, L. vélum. —
D. voiler, L. velare; cps. dévoiler; dim. voi'
lette.
2. VOILE, fém , it. vêla, du L. vêla, plur.
de vélum ; donc une simple variété du mot
préc. — D. voilier, voilure, voilerie.
VOIR, contraction de vfr. ve-oir; du L.
videre. Du part, vu (vfr. ve-u) vient le subst.
participial vue (it. veduta).
VOIRE «anc. , avec 1'* adverbial, voires), du
L. vere. Autrefois t?otr »= L. verus, s'employait
aussi comme adjectif.
VOIRIE, voy. voie.
VOISIN, vfr. vesin, du L. vicinus. — D.
voisiner, âge; avoisinant.
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V.OL
— 517 —
VOU
VOITURE, it. veUura, du L. vectura (ve-
here), transport. Sens modernes : 1. transport,
2. charge, cargaison, 3. moyen de transport,
véhicule. — D. voiturer; voiturier et (d'après
rit. veUiirino) voiturin,
VODC. L. vox, tocis.
1. VOL. subst. verbal de voler =» dérober.
2. VOL, subst. verbal de voler = se mou-
voir dans les airs.
V0LA6B, prov. volatge, du L. volaticus
(Sénèque : volaticus et levis; Cicéron : o aca-
demiam volaticam!). Cp. Tall. flaUerhaft,
m. s , de flattern, voltiger.
VOLAILLE, nom collectif, vfr. aussi voleille,
volille; du L. volatilia, plur. de Tadj.
volatil is, dont les savants ont fait volatils.
— D. volailler. — L'étymon volatilia est
approuvé par Littré et Brachet ; cependant il
m'est suspect; la syncope vokU'lia, retran-
chant un t bref, mais accentué, me semble
inadmissible et j'opine pour un type volalia.
VOLATILE, animal qui vole, voy. l'art,
préc. Le latin volatilis, dans son acception
figurée « léger, fugitif ", a donné le t^rme de
chimie volatil, d'où volatiliser, -Ué. — La
double / dans le terme collectif volatille, se
lustifie par la finale plur. ilia.
VOL-AÏÏ-VENT . sorte de pâtisserie feuilletée ;
pour vole-au vent à cause de la légèreté de la
pâte.
VOLCAN, it. vulcano, du L. vulcanus, feu.
fiamme. — D . volcanique, -iser.
VOLE, terme de jeu de cartes; d'où vient ce
terme? Du L. vola, paume de la main (cp
• faire toutes les mains «•) ou gâté de volte,
tour, ou enfin du verbe voler, ûg, =* faire
rapidement?
VOLÉE (type volata, action de voler), 1 . =
vol, 2. bande d'oiseaux, fi^, troupe, gens de
même rang. 3. mouvement (ou explosion) de
plusieurs choses à la fois.
1. VOLER, se mouvoir dans les airs, L.
volare, — D. vol, volée (v. c. m.); volant;
dim. voleter (cp. L. volitare); volière.
2. VOLER, prendre furtivement: d'après
Diez, une forme écourtée de en-voler, prov.
envolar, it. involare,qm reproduit le L. invo-
lare f pr . voler sur), employé dans le sens de
« faire incursion, dérober, enlever »» (cp . Cic.
involare in possessionem). Il est inutile de
recourir à in-volare. L'acception •» prendre
furtivement «• peut être envisagée comme
dérivant directement de voler ■■ L. volare;
ce ne serait qu'une extension du terme de
vénerie « voler la corneille, le héron, etc. «
= faire la chasse. Involare a donné le vfr.
embler (voy. emblée) qui signifie dérober,
enlever, mais ce verbe parait plutôt être un
composé de volq, main. — D. vol, voleur, dim.
volerean, La Fontaine), volerie.
1. VOLET, pr. colombier à volets, puis
pigeonnier en général ; cp. pour cette manière
de généraliser les significations, les mots
réverbère, foie, truie, etc.
2. VOLET de fenêtres. Je suppose que le
sens propre de volet dans cette application est
aile, comme l'instrument pour voler. Les
volets seraient envisagés comma dos ailes ou
des battants do fenêtres. Cp. le terma volant
d'un moulin, d'une robe.
3. VOLET, tablette pour trier des graines,
appartient à la même famille que volige,
planche mince de sapin, et volice^ voliche,
latte à ardoise. L'origine da ces mots mest
inconnue; sontce des dérivés du L. vola,
paume de la main?
VOLIQE. voy. volet 3. — D. voliger.
VOLITION, L. volition'im' , mot forgé par les
philosophes, da L. voler e, forma barbare p.
velle.
VOLONTÉ, L. volunta'em. — D. volontaire,
vfr. volontier, L. voluntarius ; de volontier il
nous est resté (avec 1'^ caractéristique des
adverbes» l'adv. volo)itiers.
VOLTE. t. da manège, de Tit. volta, tour,
évolution, lequel est un subst. participial du
verba volgere. = L. volvere (cp. récolte de
revolvereu Da volte vient le verbe voUer,
t. d*escrime, changer de place; d'où volte-face,
litt. =« tourne-visage.
VOLTIGER, pr. tournoyer, de Vit. volteg-
giare dér. de volta, voy. l'art, préc.). — D.
voltige^ voltigeur,
VOLUBILIS, sorte de liseron; mot savant
tiré du L. volubilis (volvere) «= qui s'enroule
facilement (cp. le nom de plante convolvulus),
— De L. volubilis, = qui tourne facilement,
prompt, rapide, vient le subst. volubilitatem,
fr. volubilité.
VOLUME, L. volumen (volvere), rouleau,
livre. — Du sens étymologique tour, circon-
férence (pr. courbure), s'esi déduit le sens
« grosseur, étendue dans l'espace <*. — D.'
volumineux; Sidonius déjà emploie volumi-
nosus dans le sens de • glomerosus, convo-
lutus n,
VOLUPTÉ, L. voluptatem. — D. volup-
tueux, L. voluptuosus ; voluptuaire, L. -arius.
VOLUTE (mot savant , enroulement, L.
voluta ( Vitruve); du part. L. volutus (volvere),
tourné, roulé. — D . voluter.
VOMIR, L vomere. — D. vomissement,
vomitif ; vomique, subst. =» L. vomica, acy.=a
L. vomicus.
V0RA06, L. voracem. — D. voracité.
VOTE. voy. vœu. — D. voter.
VOTIF, L. votivus.
VOTRE, VÔTRE. BL. voster p. vester.
VOUER, prov. vodar,ài\ L. votare*, fréq. de
vovere Composés : a-vouer (v. c. m.); dé-vouer,
qui a son précédent dans le L. dsvotare, fréq.
de devovere.
V0U6E, anc. sorte de lance à deux tran-
chants, auj. esp. d'épieu de vénerie; en prov.
vezoig. L'original de ce mot est. comme l'a
démontré M. Meyer (Ztschr. X, 173), lat.
vidutium, qui dans des glossaires gréco-latins
traduit gr. ^UiMx (tuyau à deux pointes).
VOULOIR, it. volere, prov. voler, du L.
volêre, forme barbare p. velle. Le part. vfr.
veillant, veuillant, s'est modifié en veillant
dans les composés bienveillant, malveillant,
VOUS, pronom. L. vos. — D. vousoyer,
VOUSSOIR, -URE, voy. l'art, suiv.
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WAL
— 518 —
WIII
VOUTE, vfr. voïte, it., prov. volta^ de
vertus, volittuSf- part, de vohere, tourner,
courber. — D. votUer. — Les dt3rivés vouS'
seau, -oir^ -itre présupposent un verbe vousser,
qui, de son côté, accuse un type latin voVtiare
p. volutiare. — Voy. aussi entrevoies.
VOYAGE, voy. voie. — D. voyager, -eur,
VOYELLE, L. voc.alis.
VOYER, voy. voie.
VOYOU. D*après Nisard (Curiosités, p. 174
et suiv. ), pour voirou, forme populaire de
warou, garou loup-jçarou); d'après Fran-
cisque Michel • Dict. d'argot), de voie (•* Thomme
de la voie publique, de la rue *•).
VRAI. vfr. et prov. verai, d'une forme déri-
vative latine veraciis (cp. prov. ybriai, fait du
L. ebriaciis àévAeebriiis; cp. aussi Cambrai^
Douai , dii L. Cameraciim, Duaciim), Le
simple verus existait dans l'anc. langue sous
les formes ver (d'où avérer), veir et voir
(voy. voire), — Composés : vraisemblable,
-ance.
VRILLE, cirrhe de vigne, puis foret; forme
syncopée p. Vi^rille (cp. vrai p. rej*ai); ce mot,
comme ses connexes it. verrina, laceret. piton
à vis, rouchi, vérin, vis, fr. vérin, machine
pourvue de vis, ne vient pas de virare, tour-
ner (les dér. de ce dernier conservent tous
leur t radical intact), mai.s du L veru ou
verum, pique, broche à rôtir (cp. pour Fit.
verrina le dérivé L. veruina, javeline, em-
ployé par Plaute). Le mot vrille, par exten-
sion, s'est appliqué aux cirrhcs de la vigne.
— L'étymologie ci- dessus est proposée par
Diez ; avant de la connaître, je pen.sais que
vrille était une forme dimin. d'un primitif
germ. vrig ou vric, racine d'où sont sortis
une foule de mots germaniques à base nasa-
lisée loring, wrink, aussi hring, etc., mar-
quant chose tournée, tortue, cercle, etc.; à
cette même famille xorik, wrak, toroh, appar^
tiennent p. ex. les mots flam. toronghel, spira,
cinnus, angl. wriggle, serpenter, et ail. ranke,
vrille. Je suis encore porté à croire que 1er
sens de foret est postérieur au sens bota-
nique, et qu'il y a ici le même transpoi-t d'idée
que celui que nous avons remarqué dans le
mot vis. Ou bien vrille, par un type vritula,
vritUa, ne tiendrait-il pas au v. flam. vrijten,
angl. xcreeth (ags. vridan), tourner, tordre?^
Mais de nouvelles explications se sont pro-
duites, qui devront probablement l'emporter.
Ainsi Bugge (Rom., III, I50y objecte aux et.
avancées par Diez et par moi, la circon<îtance
qu'au xiv« siècle le mot n'avait pas d'r. Il
prend donc viille, ville pour lat. viticiila
(petite vigne) et vrille pour une forme ana-
logue à fronde p. fonde. Comme moi, il envi-
sage le sens - foret » comme dérivé, ce qui
corrobore l'opinion admise pour vis (lat.
vitis). Pour Tobler aussi, vrille représente
lat. viticula, devenu successivement ve-ille,
puis par insertion de r /'voy. VB.Ti. grammaire),
vérifie, vrille. Il n'admet pas, comme Bugge
et Paris, que Vr ait été introduit d'emblée
après V, ce qui serait un procédé sans exemple.
Voy. Kuhn, Ztschr.. nouvelle série, III, 4, et
Grôb. Ztschr.. I. 481.
VUE. voy. voir.
VULGAIRE, L. vidgaris fvulgus). — D. vitU
garité, vulgariser.
VULGATE,. du L. vulgata se. scriptura,
version do l'Écriture sanctionnée pour l'usage
public.
VULNÉRABLE, L. vidnerabilis (vulnerare);
vulnéraire, L. vulnerarius (vulnus).
VULVE, L. vulva, forme accessoire de volva
(volvere), pr. enveloppe, gaine.
W
Observ. Les quelques mots du dictionnaire
français commençant par to sont d'importation
étrangère. Fort peu d'entre eux sont d'un
usage commun.
WAGKE, t. de minéralogie, ail. loacke.
WAGON, de l'angl. waggon, chariot, qui est
l'ags. vaegcn, ail. wagen, char, pourvu d'une
terminaison romane.
WALLON, dérivé du thème wal = L. gai,
gallus, gaulois, appliqué dans la suite par les
Allemands aux Gallo-Homains. Le même
thème se retrouve dans valaque, valais, et
dans l'adj. vha. wal ah, nha. wàlsch par lequel
les Allemands désignent tout ce qui est roman
en opposition au tudesque. Le mot wallon
s'est restreint aux habitants de l'extrémité
septentrionale de la Gaule, aux Belges parlant
roman ; la langue wallonne est l'idiome parlé
par ces habitants et constitue un des dialectes
de la branche romane française. L'ail, wdlsch
signifiant ce qui est non-allemand, comme bar"
barus s'appliquait à tout ce qui était non-
romain, on comprend l'acception de déni»
grement attachée à la forme française de
ce mot welche ou velche. Voy. aussi l'art.
Gaule.
WARNETTE. d'origine germanique; com-
posé de garn, fil, -f- net, auj. nets, filet. Voy.
Grimm, v. garnnetz. — D. warnetteur.
WELGHE, voy. velche et l'art, préc. — D.
toelcherie.
WHISKY, eau-de-vie de grain, an^l. whis-
key, altéré du celt. gwisgi, uisge, eau ; com-
posé uisge-beatha, eau de vie (angl. usque-
baugh).
WHIST, mot anglais; pr. l'interjection par
laquelle on commande le silence; le jeu de
cartes de ce nom a été ainsi nommé, disent
les étymologistes anglais, parce qu'il requiert
du silence.
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ZIB
— 519
ZOO
X
OasKRV. Les mots commençant par x sont
tous d'importation étrangère et appai'tiennent
à la terminologie scientifi'iiie.
XÉRASIB, maladie des chevaux, da gr.
Inyxiix^ sécheresse (de «17^9;. sec/.
XTIiOORAPHIE, art d'imprimer ou de gra-
ver sur bois (ÇiÀov). On trouve déjà sur une
inscription grecque leverba çuXo/papîTv, écrire
sur du bois.
XTRIS, glaïeul piant, gr. |wp{;, m. s.
Y, it. iDi, m, i, V. esp. et prov. Ai, y. du L.
ibi, là (cp. en àQinde).
TAOHT ; ce mot nous est venu directement
des Anglais, qui à leur tour le tiennent des
Hollandais ; Kiliaen : iaght^ liburnica, celox,
navis prœdatoria ; le môme mot signifie
chasse; c'est donc pr. un vaisseau pour faire
la chasse.
TATAOAN, mot turc, signifiant coutelas.
yiSBLB, formo variée de hièble (v. c. m.).
T£USE, p. ieuse, forme diphthonguée du
prov euse^ it. élce^ du L. ilex, ilicis^ m. s.
TfiUX, p. ieux^ forme diphthonguée p. eux,
plur. df^eul = œil (v. c. m.).
YPRéiU, aussi ypereau, esp. d'orme, ori-
ginaire, dit-on, de la ville à'Ypres.
ZAIN, it., esp. saino^ cheval d'une couleur
unique; d'origine inconnue. Djzj demanda si
ce n'est p is une altération de l'arabe açamm,
qui se trouve avec le sens da zain.
ZàBRE, it. sebro, aniçl.. ail. zebrj, esp.
cebra; d'après Mahn d'origine africaine —
D. sébré.
ZÉDOUAIRE, racine médicinale, BL. iedoa-
ria. it. zettorsario, vfr. cAtoualy vha. citavoar,
zilvnr (auj. zitvoer). De l'arabe zelwàr.
ZÊLIi. it., esp., port, zelo, angl. zeal, du
L. zehis (J-îi^;), envie ardente, émulation. —
D. zélé; zélateur, L. zalator, du verbe zelare,
avoir du zèle. — Voj. slmssï jaloux.
ZÉNITH, mot écourté de la formule arabe
SEMT-er ras, le chemin de la tête. La finale h
est contraire à l'étjmologie et n'existe pas
dans rit , esp. et port, zenit. — Voj. aussi
nadir et azimut.
ZÉPHYR, L. zephirus (Jisuî^;).
ZÉRO, gâté de l'arabe çafrun, cifrun, m.
s. , pr. = vide (en arabe mod. et en turc, le
zéro s'appePe syfr). Voy. aussi l'art, chiffre,
ZEST, ZESTB, nom qu'on donne à une
petite peau dure qui sépare les parties de la
noix, puis à une petite tranche de l'écorce des
oranges, des citrons, etc ; au fig. le mot
signifie « chose de peu de valeur, bagatelle «>;
de là l'expr. •• je n'en donnerais pas un zaste »
et l'interjection zest! — Zeste vient, d'après
Diez, du L. schistus (t^itto,). séparé, divisé. Il
est probable que le mot désignait à l'origine
les parties de la noix ; celles-ci s'appellent de
même en dial. de Gôme fis, du L. fissus,
sjnonyme de schistus,
ZIBELINE, it. zibellino, prov. et vfr. sebe-
lin, esp., port, cebellina, zebellina, v. flam.
sabelijn, BL. sa^ellinui, dont le primitif
sabellum répond au vfr. et angl sable, ail.
zobel (voy. l'art, sable). Le mot est originaire
du nord-est del'Europe; cp. l'appellation russe
sobol, serbe et valaque samur,
ZIBÎÏTH, it. zibeUo, voy. civette,
ZIGZAG, ail. zickzach, combinaison onoma-
topée tenant peut-être à la famille allemande
zicke (ziake) et zach3, chose allongée en
pointe.
ZINC, de lall. zinh; le nom allemand de
ce métal n'est pas de date ancienne, et Ton
suppose que c'est le même mot que l'ail, zinn,
étain, muni du suffixe slave k, qui aurait été
emprunté au. slave pour spécifier le sens de
zinc. D'autres tiennent le mDt pour congénère
avec l'ail, zinke, branche, fourchon, parce
qu'à la fonte, le zinc se fige par fourchons. —
D. zingner.
ZINZOLIN, violet, rougeàtre. aussi gingeo-
lin, selon Ménage de l'arabe yiolgolan (Devic
orthographie djoVgolan), semence du sésame
dont on fait cette couleur.
ZIST. variété phonétique de zest^ employé
dan» la loc. « entre le zist et le zast » = entre
deux choses dont l'une vaut l'autre.
ZIZANIE, ivraie, du L. zizania (gr.
J.îivcov). m. s ; Tespr. fig. « semer la ziza'
nie f, c.-à-d. la mauvaise graine, a fait de ce
mot le synunyma de discorde, mésintelli-
gence.
ZODIAQUE, L. zodiacus, gr. Jw^ta/o;. s. e.
itû'.i?;. le cercle dos J^5ia, signes d'animaux,
ou constellations (J-ûît^v p. ^'>jt5i9v, dim. de
{'iov, animal). — D. zodiacal,
ZONE, L. zona, gr. {<)v^, ceinture.
ZOO-, élément initial de composition, disant
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zou
— 520 —
ZUT
animal (du gr. {«^v); p. ex. zftologie, des-
cription d'animaux, soolithe, litt. animaU
piei^e (i(^»,-). zoophijte^ litt. animal-plante
(fWTo.), zootechnie, art {rkx»^) relatif à l'élève
des animaux.
ZOSTiBE, varech, L. zoster, gr. {vfrrp.
m. s.
ZOUAVI, soldat d*un corps français en
Afrique, tirant son nom de celui d*une tribu
kabjle appelée zouaoua.
ZUT, interjection de dMain ou do refus,
qui, comme la plupart des interjections,
échappe à l'analyse étymologique. Si on en
trouve des traces en sanscrit, c'est que les pro-
duits spontanés de la voix humaine naissent
sous tous les climats.
FIN.
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ADDITIONS ET RECTIFICATIONS
■ I m-*^
Les mots précédés d*aii astérisque manquent au Dictionnaire
ÂIOLl. La forme vfr. otV^ manquant encore
dans Godefroy, il m*importe de citer le passage
qui me Ta fourni : c'est le Bestiaire de Ger-
vaise, v. 831 et 862 (voy. Rom., 1. 1, p. 437).
AINS*, le type généralement admis aujour-
d'hui pour cet ancien adverbe est lat. antius*^
comparatif de ante (cp. postius*, d'où fr.
puis),
ALLER. Malgré la longueur de cet article,
le champ aux conjectures reste encore ou-
vert; une nouvelle solution du problème en
question vient de se produire sous le patro-
nage d'un nom bien connu et bien autorisé.
Dans la dernière livr. de Grôber'sZtschr. (XI,
247), H. Rônsch développe avec autant de
confiance que de modestie une conjecture de
grande valeur et d'un grand attrait. L'idée
fondamentale qu'il s'agit de rendre étant le
mouvement des rfewo? jambes et des rf^wo? pieds,
il part de L. ambo, d'où, d'une part, un dérivé
ambukire, générateur du fr. aller, d'autre
part, un fréq. ambitare, d'où le thème roman
concurrent andare, et qu'il faut distinguer de
Yambitare = amb- (à/t-A) -\~ itare, auquel je
rapporte îv.^at^ter, hanter. La lettre est moins
favorable à ce raisonnnement que l'idée, car
l'équation ambitare = it. andare^ à côté de
vfr. conte =^ comitem, est-elle soutenable? En
présence d'autres cas analogues de nef p nt
(voy. Flechia, Archiv. glott.. II. 340 , je n'en
doute pas. D'ailleurs, l'/inilogie du gr. ^jotrâv,
qui est, d'après Rônsch. une forme mutilée
de àtt^otrâv (dérivé de ^/*?>», iusoîv) comme
pensent les hellénistes, — vient à l'appui
de la nouvelle étymologie. Pour l'équation
amhulare (qui est également issu de ambo)
= fr aller, Rônsch y voit un cas d'assimila-
tion de consonnes non moins étrange que it.
spalla de spatu/a, sollo de soltulus^ {\)\qz).
AMADOUEE. Tobler fZtschr., X, 577) a éta-
bli que de toutes les étym. tentées jusqu'ici
sur ce verbe 'lequel figure déjà dans Nicot!,
aucune ne résiste à la critique, et voici celle
qu'il avance : Il part du mot picard synonyme
amidouler {amidouier, dans mon texte, est
un lapsus typographique), qui évidemment
repose sur la phrase populaire « ami doux **
et dont il justifie la facture; donc d'abord amt-
douer*, d'où, par une déviation naturelle,
amadouer. Il rend compte aussi du dévelop-
pement de ridée qui a fait naître le subst.
amadou (que l'Académie n'a inséré dans son
Dict. qu'en 1740).
AMBAGT Signalons encore tardivement
l'opinion de Mahn démise dès 1876), qui décom-
pose ambactus par Tanc. celt. ambi 4- armo-
ricain ahetu:f, diligent (de aketi, être dili-
gent). Je manière que ambactus dirait exac-
tement la même chose que le gr. àfiflnoloi,
serviteur.^
AMITIÉ. De Tancienne finale -Het, -tié =
lat. 'tatnn, il ne reste à la langue moderne
des traces que dans les trois subst. amitié,
moitié et pitié; sur la cause probable de leur
conservation, voy. G. Paris. Rom., IV, 128.
ATTACHER et ATTAQUER. Ulrich explique
Ztschr., IX, 429) le thème roman taccare par
le type tacticare; le sens foncier serait donc
m toucher, mettre la main à «•.
BAFOUER. Selon Tobler (Ztschr., X, 577),
ce verbe est issu de bes-fouer et de même ori-
gine que fouet (v. c. m.), d'où fouetter. C'est
donc un péjoratif de verberare, mais au mo-
ral : maltraiter, gourmander. Cp. en ail.
geisseln, fouetter, fig. bafouer, de geissel,
fouet.
BARAGOUIN. Le néerl. bargoensch, argot,
est-il connexe ?
BASCULE. L'étymologie donnée par Meu-
nier n'est pas aussi assurée qu'elle en a l'air.
Il faut tenir compte des formes bascli, bascid,
W5eï</(Frioul) biscolofNaples), it. bisciancola,
qui signifient la même chose et ne s'en accom-
modent guère. La tentative de ramener toutes
ces formes à un type lat. fictif bis-anculare
(BL. ancla «=» ancula, pompe à puiser de
l'eau), faite par Caix (Studi, nP 206) est par
trop risquée. D après Caix, le mot bascule se
rattacherait donc au L. anculare •• fare ail*
altalena «* (composé exanclare, pomper), dont
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— 522 —
la connexitéavec gr â»T)âv n'est pas douteuse.
Explication hardie, pense G. Paris, mais qui
mérite toute considération. — Dans le patois
messin, on dit bocitl pour une longue poutre
au bout de laquelle il y a un seau et qui,
en la faisant basculer, sert à tirer de l'eau
(Rom..V, 198).
BSBLNIQUE. A propos de cette interjection.
Schuchardt (Literar. Centralblatt, 1873.n<» 14)
rapproche dans les dial. ital. les mots bar-
ffiiich, barffniff barlich^ berlich, diable; en
outre, lexpr. vénitienne jo^r berliche^perberio-
che, d'une manière ou de l'autre ; en Tyrol, ber-
lichete berlochete, exclamation quand on se
jette par terre ; il cite enfin le rouchi « faire
tout berlique berloquen^ faire tout de tra-
vers. Mais y a-t-il là moyen de retrouver
la valeur de notre fr. bernique?
' BESI, nom gén'^rique de plusieurs espèces
de poires; Berry bezige, poire sauvage; voy.
le Gloss. du Centre par Jaubert, d'où il résulte
que bezit dans divers patois de France, signifie
sauvageon. Le mot paraît indépendant de
goth. ba$i^néev\,beStbesie, ail, beerc =baie,
ainsi que de ags. basa, succineus
BIGN£. Les formes avec r dans les dialectes
ital. biergna^ brogna/ït. bernocchio, sont-elies
congénères î
BOUFFER. Nous avons placé sons cet
entête les mots rebuffer et rebuffade; comme
il est difficile, vu leur valeur actuelle, de les
séparer du mot italien rabbufjo =• rebuffade,
il nous importe d'insérer ici l'opinion émise
par Caix (Studi, n° 469 j, d'après laquelle ce
rabbuffo est indépendant de it. rabbiiffare,
ébouriffer, et représente une métathèse de
baruffo; quant à celui-ci, Caix y voit le vha.
piruofan, auj. berufen^ au sens de «faire des
remontrances » . Je n'adhère pas à la distinc-
tion faite entre les deux verbes it. rabbiiffare,
et s'il faut renoncer à mon étym. bouffe , je
m'adresserai plutôt à rabbuffare, = ébourif-
fer; cp. les acceptions métaphoriques prêtées
au terme fr. houspiller.
BOULE. Le rouchi dit bourle, bourlet^
bourht^ qui sont prob. de la famille de bour-
relet, '
BRAGUER; voy. Storm, Rom., V, 172. Je ne
veux pas omettre, à propos de bragard, que
Nicot rattache ce mot à bragues (le même mot
que braie,, espèce de caleçons que ne por-
taient que les élégants; mais y a-t-il moyen
de tirer vanité de ses caleçons?
BRAIRE. Schuchardt y voit la même racine
brag qui est dans l'ail, souabe braigen, brâgen^
m. s., ladin bragtr, sbi'ogir, lomb. bragid,
vénit. sbragiar.
BRELAN. Peut-être, pense G. Paris (Rom..
VIII, 618), vfr. berlenc = brelan tient-il de
vfr. bellinc, bellin, it. bilenco^ oblique, que
l'on explique par bis (particule péjorative;
+ vha. slinc, gauche.
BRETELLE. Je serais disposé à voir dans
ce mot une altération populaire de braietelle^
dim. de braiette, lui-même dim. de braie,
courroie, ceinture.
BRETTE. D'anciens te^Ltes romans du Frioul
et du Tyrol offrent brittola, brituîa, signifi int
couteau pliant, ce qui rend l'origine bretonne
peu probable.
BROUÉE. Signalons ici une intéressante
étude de M. Joret (Kom.. IX, 1 19). où les-
mots français brotte, brouée, brouitie, bmine,
brouillard^ s*ébrouer 'v. c. m.) sont tons
placés .«ous le primitif germanique vha. prot,
prod, angl. broth dans ses diverses acception*^
« eau bouillante, écume, vapeur qui s'élève
d'un liquide en ébullition, vapeur aqueuse (ail.
mod. brodem) *..
BRUIRE ; strictement, ce verbe renvoie à un
type latin brugëre, comme luire à lucêre
(p. lucrre-,
CAHUTE. Diez décline avec raison une
explication du mot par ail. kaue, réduit,
cage (-= lat. cavea -\- fr. hutte; il est d'avis
que le mot était déjà à l'état de composé avant
son passage an français; la forme anc. cahuette
lui semble issu de cahuteite, comme serviette
de servitette.
CALOTTE. Le BL. reticulum (coiffure de
femme I se trouve traduit par colle dans les
glossaires du moyen âge. Voy. ma Lexicogr.
lat. des XII* et xm* siècles, p. 135.
CAMAIL Buist Grôb. Ztschr., V, 560) fait
dériver le mot du gr. /ïj^o; (aussi /a.tto;),
L. camus (Isidore), muselière, licou, menton-
nière.
CAPORAL. J'ajoute que le BL. caporalis se
trouve dès 1364, et it. caporale, dans J. Vil-
lani. Un poème français de la croisade 'voy.
Rom., VI, 492) donne co77)<?î'a/ correspondant,
dans un texte latin de Baudri, à corpalatium
(garde du corps), sur lequel voy. DC. au mot
cura palatii, sous cura 7.
CHACUN. L'emploi de chasque au delà du
xvi'' siècle est maintenant constaté par un bon
nombre d'exemples; voy. Grôber Ztschr., I,
399.
CHANTEPLEURE; Caix (Studi, n'» 18; voit
dans ce mot une métamorphose populaire
de L. canna impleloria. C'est très admis-
sible.
CHÉNEAU. L'accent aigu sur Ve est anor-
mal ; il faudrait au même titre chenal au lieu
de chenal. D'anciens textes et des dialectes
ont aussi la forme chenelleet quenelle.
CHENET. L'anc. langue présente avec la
valeur de chenet les foi-mes cheminel^ -eau,
'Ot, dérivées de caminus, * cheminée »» ; on
serait donc tenté d'expliquer notre chenet par
chem'netf d'autant plus qu'on ne trouve pas
d'anciens exemples de chienet^-el, petit chien,
au sens de chenet.
CHÈRE. Ascoli (Archivio glotîol., IV,
119-22) dérive it. cera^ ciere, de L. cera^
cerea, figui'e en cire, et tient la locution clas-
sique far bunna cera pour une simple imita-
tion du fr. faire bonne chère.
CHIER. On ne peut plus se refuser aujour-
d'hui à l'explication étymologique de ce verbe
par L. cacare., défendue en dernier lieu par
Cornu (Rom., V II, 354); il me semble juste
d'ajouter ici qu'elle avait été aflSrmée déjà
trois ans auparavant par G. Paris (Rom., IV,
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— 523 —
123, note 4). Voy. aussi Waldner, dans Her-
rigs. Archiv, etc., t. LXXVIII (1887), p. 422.
CHIPIE. Pourrait aussi dériver de chipe =»
chiffe et signifier soit une personne qui se
préoccupe de cliiffes icp. le dérivé chiner) ^
soit déguenillée. Je tiens chipie pour un anc.
participe fém. à sens actif = chipiée,
CONTRACTER et le subst. verb. contrat
sont de formation savante, p. C07itraiter, coH'
trait.
*CONTRE-PETTERIE, dérive de l'ancien
contre-peter, rendre un son de travers, d*où
les sens « contrefaii*e, singer, équivoquer ».
COULEUVRE. Ce mot présente plus d'une
difficulté phonétique sans qujs le grand public
s'en doute ; elles ont été relevées et discutées
dans la Romania par Darmesteter (V, 147),
Havet (VI, 433 et suiv.) et G. Paris (X, 49);
nous y renvoyons les spécialistes.
CRAPAUD. Voy. aussi mon Appendice ad
Diez, 5^ éd., p. 790.
CUIVRE; n'est pas, selon Baist (Grôb.
Ztschr , VII, 116', = lat. cupreum, mais
= cyprium. — Notez encore les anc. formes
cuecre et coiï>re,
DARTRE. En rhéto-roman, on dit dier^iet.
DÉLECTER. Le vfr. delechicr ne peut venir
directement de delectare (comme je l'ai inci-
demment fait entendre sous empéchery^ je le
tire de delectus (part, de delicere) par l'inter-
médiaire d'une forme dérivative delectiare. Il
est distinct, à mon avis, de 'delecquer, lécher.
DÉTRACTER. L'anc. langue avait le pri-
mitif detraire dans la même acception, subst.
detrait = médisance, et detraiteur = détrac-
teur.^
DÉTRAQUER ; doit se confondre étymologi-
quement avec it. straccare, lasser, ennuyer,
incommoder; or, M. Ulrich (Zeitschr., IX,
429) est d'avis que le type roman traccare est
issu d'un type lat. vulg. tracticare; cela don-
nerait donc à détraquer le type lat. distracti-
care. — Godefroy cite un exemple de se des-
traquier = se séparer.
DOLÉANCE. Littré présuppose Teitistence
d'un anc infin. doleier ou doloier; c'est peu
probable. Le fait est que doleant est déjà dans
le Frajrment de Valenciennes.
DRAPEAU, voy. drap.
ÉCUEIL et les autres parallèles romans
accusent pour type immédiat scoc{u)lus et non
scopulus ; c'est uinsi que vieil vient de vetiu)-
lus par l'intermédiaire de tecHus, On a mis
aussi notre écueil en rapport avec le vha.
scellan, auj.5c^e/^n, fendre, briser; onditd'un
vaisseau : " es zerchelUe an den klippen », il
échoua contre les rochers; mais comment
rendre compte de la voyelle radicale et de la
mouillure?
EFFRAIE, ce mot (anc. es fraie \ a été expli-
qué inutilement par une transposition de fre-
saie.
EMPÊCHER. D'après ce que j'ai dit au mot
fléchir y il ne peut plus être question des équa-
tions impactare = empêcher, fîectere = flé-
chir, delecher = delectare, posées dans cet
article.
'ENDBANS, = dans l'espace de, au bout de
(appliqué au temps), forme syncopée de endc'
dans. Cette expression prépositionnelle, ren-
due dans la langue normale soit par circonlo-
cution ou par en ou dans tout court, est
encore en pleine vogue dans le pays que
j'habite, soit dans le langage des actes publics,
soit dans la conversation ; c'est à ce litre que
je la signale; cest un provincialisme digne
d'exister soit comme facture, soit comme sens.
Il intéressera l'auteur de la « Note sur l'Hist.
des prépos. franc, en, enz, dedans, dans »
(Paris, 1885, 22 p. in-12), M. Arsène Darmes-
teter; cet explorateur romaniste, dont la
finesse du sens est un des traits caractéris-
tiques, conviendra ({WQendeans est plus expres-
sif et précis que dans.
2. ERRER. Pour le sens <* agir •>, cp. Chan-
son de Roland, 167 : «• Pour cels de France
vuelt il del tout errer. »
ESTROPIER. D'après Schœtensack. p. e^-
cropier et appartenant au même radical que
l'ail, hruppel (impotent, contrefait, rabou-
gri). Cela mérite examen. «
FAGNE et FANGE. En traitant ces articles,
je ne connaissais pas encore celui d'Arbois de
Jubainville 'Mém. de la Soc. de linguist. de
Paris, II, 72), et je tiens d'autant plus à le
signaler, que ce philologue y développe une
opinion conforme à celle émise par feu Grand-
gagnage, dès 1845, dans son Dictionnaire, et
qui lui avait échappé.
FICHER. Ulrich établit pour ce verbe,
comme pour l'it. ficcare, un typo commun
ficticare, d'un supin fictum, concurrent de
fi^um (voy. Diez. I, v® fitto).
TIGUE. L'expr. faire la /?^wcditpropr. faire
un geste d'une signification obscène et vient
de l'it. fica =s cunnus. En esp. far la fisga a
la même valeur, mais doit en être étymologi-
quement séparé.
FLÉTRIR 1. L'ancien adj./fai5/re, primitif
de ce verbe, est, d'après W. Meyer (Ztschr.,
XI, 254), une variété de flaiste, et celui-ci
régulièrement produit du lat. flaccidus par le
même procédé qui a donné boiste (boite) de
buxida, moiste, moite (v. c. m. ) de muccidlts. —
Au même passage cité, en note, on m'impute
une erreur que je n'ai pas commise ; c'e-^t
flétrir 2 que je dérive du thème flat, mais non
pas celui dont il est question.
FLIN. C'est à ce même /fin, .«ilex, pierre à
feu, que remonte, depuis le xvii*^ s., l'ail.
flinte, fusil, ainsi que et le mot populaire fr.
flingot, vieux fusil
FRACASSER. Ulrich rattache, sans se pré-
occuper de la finale, le radical frac à un verbe
fraccare^ issu de fracticare (fractum); il cite
l'analogie formative entre tracas et fracas,
l'un issu de tract, l'autre de fract.
FRELATER. La forme fralater est posté-
rieure à frelater et a été abandonnée. Le
sens premier « transvaser » est signalé par
Nicot.
FRESAIE. M. Holthausen fZtschr.,X, 293)
est d'avis que l'initiale f pourrait s'être pro-
duite sous l'influence du germ.foresaga, équi-
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— 524 —
valant à L. pir^aça, ot que ce mot aurait
donné naissance à un lat. vulgaire *fresaga.
W. Meyer {ib. , XI, 255 conteste cette opinion
à cause de l'absence d'identité logique entre le
mot germanique et le gallo-roman prœsaga.
Il s'explique plutôt l'initiale de fresaie{p.pre'
saû') par ut»e fusion de ce mot avec le syno-
nyme effraie, 11 admet, toutefois, qu'une in-
fluence de fraisé (puisque, dit Littré, on a dit
que la fresaie portait une sorte de fraise au-
tour du cou) est aussi possible.
OALI. Je rappelle ici Baud. de Condé,
p. 166, v. 393 :
A tes cro'>8 inustiau* as soros
Et A tes plas pies plains de gale*.
GRAPEliLE, grateron;. du th^me grap^
accrocher (cp. grappin ^ crochet, ancre).
HABIT. Il est difficile de se refuser à l'étym.
L. hàbituSf mais il faut admettre en même
temps que, quoique d'une haute antiquité, il
soit venu au français sous l'influence du lan-
gafre savant ou que l'on ait accentué habitiis,
HOUSPILLER. Comment expliquer le siibst.
vfr. houssepailler, valet d'armée, palefrenier?
Sans doute de vfr. hausser, brosser, balayer
+ paille'i
UUAB*. Notez vfr. dehure\ que j'ai relevé
dans La Veuve, par Gautier le Long (v. 373) et
qui parait signifier chauve :
Nous AvoDS chaiens un brehier.
Un defeû, un dehuri.
IL, pronom. L'étymologie L. ille, quel-
que assurée qu'elle paraisse, ne résiste pas à
l'objection •« pourquoi pas el, comme illa fait
elle, illos, els' fd'oii eux) »? La cause de cette
inconséquence n'a pas échappé à des cher-
cheurs aussi pénétrants que MM. Mussafia et
Cornu (voy, surtout le travail de ce dernier
Rom., IX, 360) ; elle vient de ce que il ne pro-
cède pas de ille, mais de la forme concurrente
et archaïque illic et que la persistance de Vi
est un eflet de l'influence régressive de Vi atone
final sur la tonique précédente. — D'autre
part, M. Homing (Romanische Studien, IV, 2)
nous a démontré que tï, dans son emploi de
pronom neutre, emploi relativement tardif
dans la langue, ne répond pas à son primitit
naturel illud, qui postule c/, mais qu'il esf
l'eflct d'une application abusive du masc. il.
JONGLER L'ail, gaukeln, jongler, avec le
subst. gaukler, bateleur, jongleur, bouflbn,
paraît difficile à séparer du lat. jocM/arz ; ce-
pendant Grimm, par des raisons diverses, judi-
cieusement développées, n'en croit pas moins
devoir lui revendiquer uneoriginegermanique.
JUGE. Ce subst. ne s'accorde ni avec le cani-
su]et JudeXf ni ave^ le* cas- régi me fudicem;
Diez le considère donc comme abstrait du
verbe juger, bien que cette abstraction soit
insolite pour les subst. à signification per-
sonnelle.
2. LAI. Voy. sur ce mot une étude spéciale
par d'Arbois de Jubainville, Rom., VIIÏ, 422;
il part de l'irl. lôid^ plus tard laid.
LÉCHER. Ulrich fait remonter le type
roman leccare à un type lat. barbare licti'
care, de lictum', part, de lingere,
LOGHER. Une étym. par L. luxare, déboî-
ter, est combattue par P. Meyer, Rom., XI,
618, sur des arguments phonétiques décisifs.
LORGNER L'anc. adj. lorgne, louche,
parait être abstrait du verbe.
LUKE. Ce mot érant étranger aux textes
du moyen âge, G. Paris juge qu'il est em-
prunté à l'italien et reproduit Ht. ubbia,
appréhension superstitieuse, mauvais présage
(Rom., IV, 499). — Dans le florentin, on
trouve lubégine, humeur mélancolique; dans
le Frioul, lubie,
MALADE. Pour L. mole hab'tus devenu ma-
lade ; cp. coude de cubitus, cubUus.
MALANDRni. Ajoutez que l'observation de
Paris est amenée par l'adj. tnalendos, souf-
frant, dans la Vie de Saint-Alexis, str. 111.
'MARCHEPIED, it. marciapede; selon Lit-
tré, «» marche pour poser les pieds », selon
Meunier (et il a raison) •• lieu que marche
(foule) le pied » .
MASSACRE. Le mot ne date que du
XVI* siècle, et est sans doute altéré du thème
macecl ; j'ai relevé dans les Enfances Ogier,
3685, maceclerie, boucherie, et ailleurs mase-
crier, bourreau.
MiGïïE. Parmi les étymologies ^malheu-
reuses; tentées, citons encore le gr. /*iÀxa, lait
aigre^
MENISQUE. Le même mot se voit en vfr.
sous la forme menois (pierre précieuse).
MINCE. Notez en it. mincie, verbe ammen-
cire, pour lesquels un primitif *minutire (pro-
posé par Caix) est insoutenable.
* lÔNQUE, en Belgique, lieu où le poisson
frais est mis aux enchères; du flam. mijne,
minhe, m. s. D'après les lexicographes néer-
landais, du verbe mijnen, uit-mijnen, mettre
aux enchères, adjuger publiquement à celui
qui crie myn, mien (à moi î) Cela paraît être
fondé, mais pourquoi minhe concurremment
avec mijnet Est-ce une forme diminutive?
2. MOTEÏÏ. Lisez L. mûtulus p. mutilus.
Il se peut qu'en bas-latin on ait dit miUôlus ;
alors l'étymologie de Diez serait sauve pour
la lettre.
MUGIR. Je trouve en vfr. en effet muïr,
mais le plus souvent muire (mi faisant diph-
thongue), ce qui accuse un type latin barbare
mugère,
NANTIR. Je dois i^jouter que l'esp. prenda,
gage, ne vient pas de prender, prendre, mais
du V. esp. pendrar^ transposé enprendar =
L. pignorare de pignus, gage; voy. Cornu,
Rom.. IX, 135.
2. NOUE. Est, selon Schuchardt, = esp.
pg. naca, plaine, mot basque, d'où, d'après
Al. de Humboldt, le nom géogr. Navarra.
ORFROI. Darmesteter, Composés, p. 23,
se prononce pour aurum Phrygium, d'où a
pu facilement se produire or f rois (p. s issu de
1 g, cp. les mots fraise, gencive, gésier).
OUI. D'après l'étymologie nouvelle attribuée
I ci-dessus au pronom il (v. c m.), il faut poser
I pour vfr: oïl l'équation = hoc illic. Voy.
, Cornu, Rom., IX, 1 17.
I PARRAIN est aussi ancien que parrin et
I accuse un type hL.patranus (Fôrster).
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— 525 —
PINGER. Ulrich retrouve dans ce mot le
même thème pict, dont il déduit pt^w^rivoy.
pi. b.), en procédant ainsi : pictiare, it. pi»-
jtare, pinzare, fr. (avec nasalisation) pincer,
PIQUIR, picard picher, it. piccare, se rap-
porte, d'après Ulrich, à un type picticare
qui remonte à un thème ptct, le même qui a
donné le génois pittà, piquer, prov. pitar,
béqueter, vfr. apiter, toucher de la pointe des
doigts (mot cité par Diez I, v^pito, mais omis
dans le dictionnaire Godefroy), voy. Grôber
Ztschr., IX, 429.
POUR. Presque tous les composés français
avec pro' sont savants, la forme populaire est
pour-. Pour reproduit la forme du latin vul-
gaire por; si ce dernier n'a pas fait selon la
règle peur, mais pour, c'est qu'il est toujours
proclitique et que son o est dès loi*s atone ;
voy. Paris, Rom , X, 45.
'PRÉGNÂNT. Ce mot, surtout comme terme
didactique, est encore assez vivant pour qu'il
ne mérite pas d'être inséré ici. Son premier
sens est « gros (en état de gestation) «, d'où se
dégagent aisément les sens modernes (cp. en
latin la connexité entre lat. gravis et gravi-
dus). L'étym. L. prœgnaniem s'impose à vue,
mais elle se voilait un peu sous la forme
ancienne prenant et encore plus sous celle de
praing, prains, praigne (v. imprégner), qui
représente régulièrement le cas-sujet prœg-
nans owprœgnas.
PUER. L'anc. langue, au lieu de puanteur,
disait pueur = L. putoretn.
RAIRE. Une forme barbare latine radare
a donné le fr. réer.
RANGER D'après M.Beauvois (Revue crit.,
1870, n° 5, p. 67j, un mot raingo n'existe pas
en laponais.
IlEGROQUEVILLER. Schœtensack interprète
cette forme par re-ccque-v^'iller (de vrille).
REFRAIN. D'après 0. Schultz (Ztschr., XI,
249), le sens foncier du fr. refrain est retour,
redite, répétition ; il répond ainsi à une appli-
cation du L. refringere suffisamment con-
statée.
REGIMBER. Sur la (orme regiper « lat.
repedare), voy. Fôrster ad Lvoner Ysopet,
V. 2656.
REGRATTBR. G. Paris (Rom., IX, 483)
tient l'it. rigattiere et fr, regrattier ]^ut deux
mots distincts.
REGREITBR. L'étym. de Diez est aussi
patronnée par G. Pans (Saint-Alexis, 26 e).
REPROCHER. Caix«Stud., n<> 115) propose
un type fictif reprohicare; c'est un effort
inutile, ce me semble.
RICANER. Pour la solution du problème
étymologique attaché au vfr. rccaner^ voy.
les indications données par Fôrster (au v. 877
de TYsopet de Lyon) et Van Hamel s. v caner
du Gloss de son éd. de Li romans de Cari té
et Miserere du Rendus de Moiliens.
RIÉBLE, alternant avec rèble, qui est la
forme première ; la synonymie du mot avec
grateron engage À lui assigner un type latin
radibulum, par contraction rabuhtm, de L.
radere, gratter, mais il faudrait rahle.
'RINGARD est propr une barre servant à
« tourner ». et parait tenir à la famille germa-
nique hring, vring, exprimant cercle, tourner
en rond .
RISQUER. Canello déduit it. risicare de
L. resecare, au sens de fendre les flots à
rebours, d'où celui de s'exposer au danger
(Arch. glott., XXm. 418).
ROIDfi. A distinguer de ce mot : 1 . vfr.
ruistSy qui signifie a) sauvage, fort ; b) roide,
escarpé; 2. roiste (parfois, sans s, roité),
qui ne signifie que •< escarpé *• et qui est
le même que le synonyme prov. rausi et de
son côté différent de ruiste, Fôrster ad
V. 11692 de son Chevalier as deux espées,
me blâme avec raison d'avoir, dans mes
Notes de Jean de Condé et mon Gloss. des
Chron. de Froissart, rattaché roiste à roide.
Quant â ruiste, c'est une variété de ruste,
rustre = L. rusticus (v. rustaud),
SAC. Quoi qu'en ait dit Caix (Studi,
n° 530), le fr. saccader est tout à fait indé-
pendant de L. succutere (ou esp. sacudir),
G. Paris estdu même avis (Rom., VIII, 620).
SAULE. Vfr. saus reproduit le nom. latin
salix.
SOIjAS*. L. solaiium requérant en fr. la
forme solais, mieux vaut considérer l'ancien
soUjls comme le subst. verbal de solacier.
SOLEIL En vfr. on avait aussi, d'après le
même type latin, une forme seloil.
SOIF. A.scoli explique la finale par la filière
suivante ; sitis-sede-see, d'où, par épenthèse,
sève =^ fr. soif.
SOUBRETTE. De vfr. soubrct du L. sob^nus^
sobre, prudent, rusé, espiègle (.Mahn).
'SOUQUER. On a proposé pour ce terme
de marine l'ail, sucken, l'intensif de siehen,
tirer, mais il n'est pas admissible qu'une
lorme exchisivement baut-all. se soit commu-
niquée au langage maritime; une transfor-
mation de saquer (opinion de Jal) est encore
moins probable.
SPARADRAP. En présence de la forme span-
darapum et dans la pénuiie de tous rensei-
gnements ultérieurs sur la provenance et la
première forme du mot, on est tenté d'y voir
une corruption populaire d'un composé où
entraient le subst. drap et soit vfr. espardre,
spardre (lat. spargere), soit (pour spanda-
rapum) espandre, spandre (lat. expandere).
Le terme parait né en France.
STRAPASSER. Caix (Studi, n° 62) divise le
mot italien par strap-azjt are et y voit le verbe
strappare (voy. estrapade) avec le suffixe
péjoratif (cp. svelazsare, spelazsare et a.).
G. Paris (Rom., VIII, 649y accepte cette ma-
nière de voir, mais la trouve contradictoire à
une remarque de l'auteur (p. 205), d'après
laquelle fr. estrapasser et esp. estrapazare
seraient des formes parallèles, non dérivées
du mot italien, car strappare n'existe ni en
français, ni en espagnol, et fr. estrapasser ne
date que du \sV s.
TAC. L'étym. L. tadus me semble pécher
contre la phonétique; ce mot latin se fut frun-
I cisé par tcit; cp. vfr. entait p. intact.
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— 526
TAPINOIS. TAPIR. Malgré Taffinité des
idées et l'identité de la racine, ce n'est pas au
grec runiivài, bas (au propre et au fig.;, que
ces mots doivent leur origine; cependant,
comme en tapinois a surgi dans le monde des
savants au xvi« s., la finale de cette loc.
adverb. pourrait avoir été créée sous in-
fluenre du mot jjroc.
TIÉDS . Aux formes anciennes citées, ajoutez
tieve et tedde.
TRISILLON. Godefroy renseigne estresiU
Ion, aussi estesillon, avec la valeur de
bâton.
TRIBAR, TRIBARD, probabl. un composé
de goth. triu, bois, et du german. bar, chose
qui sert à fermer ou à empêcher, bâton, ver-
rou (voy. barre) ; Tall. traduit exactement par
holZ'Sperre,
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ERRATA
REMARQUÉS PENDANT l' IMPRESSION.
AMADOUER. Deuxième colonne, ligne 16, lisez : amidouler pour amidouier,
AMER Corrigez ... urne pour ... tume,
' ANDOUILLER. Ajoutez à l'article: « Voyez Bugge (Rom., IV, 349). ».
ASSENER. Lisez : locution pour locutiod.
BRIN. Ligne 7, lisez : du pour an. ^
BRUSQUE. A la ligne 10, lisez : IV, 352 au lieu de Ifl, 351.
CHARADE. A l'avant-dernière ligne de la 2^ colonne, page 99, lisez : caragius pour
caraynus; à la dernière de l'article, lisez : XYii" pour xii®.
CHARIVARI. Vers la fin, lisez: péjorative pour préforative.
EMPÊCHER. Ligne 13, lisez : epi e pour en c.
FADE. Ligne 11, fermez la parenthèse après rade.
POURCHE-PIERE. Ligne 3, lisez : ferrea pour ferra.
POURREBUISSON. Ligne 2, ôtez la virgule après la parenthèse.
GAINE. Lisez : Gaine. — Ligne 2, il faut : raffina pour vaffîna.
GROLLE. Corr. W. Meyer pour Ed. Meyer.
HAMEÇON. Dernière ligne, mettez : hamïca pour hamicium.
HOCHER. Ligne 3, lisez : 90 pour 98.
INGÉNIEUR. Ligne 1, lisez : engigneur pour engigneus.
1. MORVE. Ligne 1, lisez : pori. mormo pour morma.
2. MOTEU. Ligne 7, corr. mutulus pour mutilus.
ÔTER. Ligne K3, lisez : là pour la.
PASSER. Page 380, 1" colonne, ligne 3, effacez les mots : • dans une foule de substan-
tifs composés ".
RABOTER. Ligne 8, lisez : rabot pour rebot.
RUCHE. Dernière lignf, corr. rucher pour ruche.
SECOUER. Ligne 5, lisez : Blandin pour Blondin.
SERPILLIÈRE. Dernière ligne, mettez : 234 pour 238.
SORNETTE. Avant-dernière ligue, lisez : verbe pour verhe.
SOUL (on a oublié le circonflexe).
VARECH. Dernière ligne, lisez : vagrek pour vegrek.
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uut m\ 13 \n:
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^S-'*
►^Jt^