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Full text of "Dictionnaire du patois forézien"

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DICTIONNAIRE 



DU 



PATOIS FORÉZIEN 



VI 

Les antiquités, les annales historiques, l'archéologie 
du Moyen-Age, la noblesse, les titres anciens, con- 
servés dans les archives, ont été étudiés avec un 
zèle fort louable, et si tout n'a pas été fait, tout a 
été du moins entrepris. 

Il est cependant une remarque qui nous a frappé, 
c'est qu'à côté de ces études historiques et héraldi- 
ques, il ne s'est produit aucun ouvrage pour faire 
connaître notre pays dans ses coutumes et ses tra- 
ditions, son langage et sa poésie, en un mot dans 
sa vie intellectuelle et morale. Pour connaître les 
véritables mœurs d'un peuple, dit quelque part Jean- 
Jacques Rousseau, il faut étudier ce peuple dans sa 
vie privée, dans ses usages et ses habitudes de cha- 
que jour, car s'arrêter aux gens qui représentent 
toujours, et c'est le cas des personnages historiques, 
c'est ne voir que des comédiens. 

Les chroniques et les légendes foréziennes sont 
encore enfouies dans la mémoire de nos vieillards. 
Interroger et fouiller ces archives vivantes de la 
tradition, recueillir ces légendes et ces chroniques 
serait une tache toute patriotique, qui demanderait 
plus de persévérance que de savoir, et offrirait plus 
d'agrément que de travail. Cette tache, nous l'en- 
treprendrons avec plaisir si notre bonne volonté et 
des recherches consciencieuses peuvent suppléer 
entièrement au talent qui nous manque. 



1 



VII 

Aujourd'hui nous parlerons du langage des Fo- 
réziens, demain de leurs vieilles habitudes que n'a 
pu niveler la herse de la civilisation. 

Le Forez offre d'intéressants sujets d'études et 
d'observations sous le rapport de ses mœurs primi- 
tives et de son histoire. 

Si nos paysans ne possèdent ni les grandes ver- 
tus, ni les grands vices qui rendent un peuple re- 
marquable, ils ont en échange une foule de quali- 
tés d'une importance secondaire, au dire des phi- 
losophes, mais qui ne sont point à dédaigner. 

Sobre et économe, doux et hospitalier, sans ran- 
cune (nous ne disons pas sans jalousie), sans jac- 
tance et sans ambition, le Forézien est le type de 
l'honnête homme et du véritable ami. Il ne professe 
qu'un froid dédain pour l'activité turbulente et l'as- 
tucieuse adresse de son voisin l'Auvergnat, mais il 
a les défauts de ses qualités : aussi la timidité et 
l'apathie de son caractère lui ont attiré plus d'une 
fois le reproche de béotisme, et, dès le Moyen-Age, 
les Mangc-bâcon, Tard-venus et autres Malandrins 
de même sorte se disaient : « Allons piller les Oi- 
sons du Forez ! » 

Mais si nos Oisons de Foréziens se sont laissés 
quelquefois plumer, ils ont cependant montré, dans 
maintes circonstances, qu'il pouvait être dangereux 
de loucher à leurs croyances et à leurs sillons. 



VIII 

Un jour, déjà loin de nous, nos paysans se sont 
réveillés de leur torpeur proverbiale. Ils ont saisi 
leur Crucifix-à-ressorls accroché au maiHeau de leur 
vaste cheminée, et bouclant sur le genou leurs 
grandes gamaches de toile bise, ils se sont battus en 
braves, à la suite du Roi de Chevrièrcs, un paysan 
héroïque qui eut la sublime audace de prendre ce 
titre, alors qu'il n'y avait plus de roi en France 

S'il est vrai, comme l'a dit Leibnitz, que les mots 
sont les lettres de change de l'entendement, l'his- 
toire étymologique des langues est la meilleure his- 
toire des progrès de l'esprit humain. Nous avons 
été maintes fois à même de constater la vérité de 
cette observation. Et l'abbé Grégoire, dans son rap- 
port sur la nécessité et les moyens d'anéantir les 
patois et d'universaliser Vusage de la langue fran- 
çaise, avoue que la connaissance et l'étude des idio- 
mes féodaux est utile pour jeter du jour sur les 
monuments du Moyen-Age. Il aurait pu étendre cette 
utilité à d'autres sciences, comme nous l'explique- 
rons ailleurs. L'ex-député de la Constituante s'in- 
digne contre la féodalité « qui conserva la disparité 
des dialectes pour ressaisir les serfs fugitifs ! » (Si 
non è vero, è ben trovato ! ) « Il n'y a plus de pro- 
vinces, s'écrie-t-il, et il y a encore trente patois qui 
en rappellent les noms ! » (Et nous sommes certains 
que l'on a omis dans le nombre le patois forézien.) 



IX 

« La langue politique n'existe pas en patois ! » (Nous 
avouons ne pas le regretter beaucoup, si Ton entend 
par langue politique l'argot des plubs.) « La pau- 
vreté des patois resserre l'esprit, nuit à la propa- 
gation des lumières et conserve les superstitions. » 

Nous vous accordons cela, Monsieur Grégoire, 
mais le patois conserve, outre les superstitions, et 
Dieu sait où vous limitez le sens de ce mot, con- 
serve, disons-nous, le souvenir des vieux usages 
nationaux, au lieu d'importer une anglomanie ridi- 
cule; la vieille gaieté française, bien préférable à 
notre décorum maussade; les affections du foyer et 
de la famille, au lieu d'un socialisme impossible; la 
confiance et la bonne foi, au lieu de la défiance et 
de la duplicité, et enfin l'antique religion du Christ, 
au lieu du doute qui nous assiège et du panthéisme 
qui nous envahit ! 

Que les pédants sourient et continuent de railler 
les patois. Savez-vous comment on nomme chez nous 
ces gens qui dédaignent le langage et la condition 
de leurs pères, et ne sachant ni patois ni français, 
parlent meta-Dio mela-Diablou? On les nomme des 
recoupés. Et quand ils viennent, sous la noire che- 
minée où leur mère suspendait leur berceau, racon- 
ter à des auditeurs ébahis les merveilleuses aven- 
tures de leurs voyages ou leurs hâbleries philoso- 
phiques, les bons vieux paysans secouent la tète 



X 

d'un air de doute et murmurent avec une malicieuse 
bonhomie : EU ant vœii petâ lou lûp sus la peira 
de boes ! 

Au reste, le patois a trouvé souvent des défen- 
seurs plus éloquents que nous. 

« C'est une étrange destinée que celle du patois, » 
a dit Charles Nodier, « cette belle langue rustique, 
mère indignement rebutée de nos langues urbaines 
et civilisées, que ses filles ingrates désavouent et 
qu'elles vont persécuter jusque sous le chaume, tant 
elles craignent, dans l'éclat de leur prospérité usur- 
pée, qu'il ne reste quelque part des traces de leur 
roture. » 

Il y a, comme on le voit, une distance fort grande 
entre les idées rétrogrades de Charles Nodier, le 
philologue, et les pamphlets de l'abbé Grégoire. 

Certes nous avons foi au progrès et à l'avenir 
autant qu'un autre. Nous croyons au progrès ration- 
nel et raisonné qui s'accomplit lentement, mais non 
à ce progrès hàtif et prématuré dont veulent nous 
gratifier, malgré nous, quelques esprits brouillons, 
assez semblables à la mouche du coche. Nous pen- 
sons que Dieu a marqué du doigt l'espace que par- 
court l'humanité à chacune de ses étapes : vous 
aurez beau pousser à la roue, nous doutons qu'elle 
aille plus vite. « Qui s'imagine encore aujourd'hui 
que notre époque a été régénérée simplement parce 



Xf 

qu'il y a un demi-siècle on a incendié quelques 
vieux pigeonniers à créneaux? » a dit Victor Hugo, 
dans son Foyage aux bords du Rhin. 

Nous avons la religion du passé; nous ne sommes 
pas de ces flls sacrilèges de Cham qui soulevèrent 
la tunique de l'ancien monde pour rire de sa nu- 
dité ! Et de même que l'on réserve dans sa demeure 
une place aux images des aïeux, de même l'on doit 
garder, dans un coin de son cœur, le souvenir de 
leurs actions, de leurs vertus, de leurs croyances. 

L.-Pierre GRAS. 



Les patois sont les derniers débris des 
innombrables dialectes qui constituaient la 
langue parlée dans l'ancienne France. C'est 
par ces restes, tout informes et défigurés 
qu'ils soient, que l'on peut acquérir encore 
une certaine connaissance des intonations 
et de l'accent qui caractérisaient ce vieux et 
pittoresque langage. Aussi, tandis que les 
amateurs des littératures locales rassemblent, 
avec un zèle inquiet et passionné, les récits, 
les légendes, les poésies et les chants les 
plus obscurs des muses populaires, les éru- 
dits ne recueillent pas avec moins d'ardeur 
tout ce qui peut servir à l'élude philologique 
des idiomes provinciaux. Il en est temps, du 
reste, car bientôt ils auront disparu, et rien 
alors ne pourra plus donner aucune idée des 
inflexions si variées, de l'étrange harmonie 
de ces dialectes dont le français, dans sa 
correction monotone, n'a conservé, en au- 



XIV 

cune manière, le caractère profondément ori- 
ginal. 

L'intérêt qui s'attache à cette double étude 
philologique et littéraire, les ressources qu'elle 
peut fournir à l'histoire générale de la langue 
française, déterminent nettement le plan à 
adopter dans de semblables recherches, et 
signalent en même temps les écueils qui s'y 
rencontrent et que l'on y doit éviter. 

Dans l'état des connaissances actuelles, 
des glossaires spéciaux pour les patois de 
nos diverses provinces sont devenus d'une 
indispensable nécessité et sont destinés à 
compléter et à contrôler les lexiques d'une 
portée plus générale. Pour que des publica- 
tions de cette nature aient quelque valeur, 
il importe donc qu'elles se restreignent à des 
localités particulières et de peu d'étendue, 
afin que les détails y présentent un certain 
caractère d'ensemble et d'unité. Il faut aussi 
qu'elles soient rédigées par des écrivains fa- 
miliarisés avec l'usage de ces idiomes, car 
rien, dans ce cas, ne peut suppléer aux ren- 
seignements fournis par la pratique. On doit 
éviter également de grossir ces dictionnaires 
particuliers de termes étrangers ou de mots 
rançais altérés par des terminaisons patoi- 



XV 

ses. Un danger plus grave encore est l'abus 
des interprétations étymologiques dans les- 
quelles il est si facile de se laisser entraîner. 
Tout auteur est enclin à accorder une impor- 
tance exagérée à l'objet de ses recherches ; il 
se passionne pour son œuvre; il voit tout en 
elle. Aux yeux de certains archéologues, la 
moindre sculpture grossière d'un vieil et vul- 
gaire artiste de village se rattache aux gigan- 
tesques et mystérieux symboles de l'antique 
Egypte; de même aussi, pour quelques phi- 
lologues, les mots les plus informes d'un 
patois défiguré touchent directement au gaé- 
lique, au sanscrit, à toute la série des lan- 
gues indo-germaniques ; ils jalousent, pour 
les patois de leurs provinces, la célébrité 
des dialectes des Gantabres et des Escualdu- 
nacs, et la gloire des Klaproth et des Adelung 
les empêche de dormir. C'est en cédant à de 
telles préoccupations que des études qui, 
dans leur étroite sphère, auraient pu fournir 
quelques données précieuses à la science, 
sont détournées de leur but et sont condam- 
nées à n'aboutir qu'à un ridicule résultat. 

On n'a pas assez remarqué, peut-être, que 
nos patois ne sont plus, en somme et depuis 
longtemps, que des idiomes tronqués et pro- 



XVI 

fondement défigurés, non-seulement par les 
causes qui tendent à modifier toutes les lan- 
gues, mais aussi par suite des envahissements 
de la langue française dont l'action sur les 
dialectes provinciaux est, pour ainsi dire, 
immémoriale. Cette dernière langue, en effet, 
n'est pas une création moderne; son indivi- 
dualité est aussi ancienne que celle d'aucun 
des autres dialectes parlés dans l'ancien 
royaume de France; sa suprématie ne s'est 
pas établie, comme on l'a donné quelquefois 
à entendre, par le despotisme littéraire de la 
capitale, mais par l'initiative spontanée des 
provinces françaises qui, par là, faisaient un 
sacrifice volontaire à l'unité nationale. 

Aux plus belles époques de la gloire des 
troubadours et des trouvères, les poètes s'ex- 
cusaient souvent de leur style provincial. 
Dans notre Forez, en plein treizième siècle, 
alors que nobles et vilains parlaient un même 
idiome très -caractéristique, on se servait 
aussi, quoique rarement et plus ou moins 
correctement, de la langue usitée de l'autre 
côté de la Loire. Il s'est conservé une lettre 
écrite par un ecclésiastique forézien, en 1250, 
et dont la suscription est telle : « A la reli- 
« giose et honeste dame suer prioresse de 



XVII 

« St-Thomas, qui est entre St-Romain et 
« Lesigneu, Guy de Preisseo le prebstre, 
« salus en Deu et à tôt le convent. Dame, 
« sache, etc. » 

Plus tard, néanmoins, le dialecte local 
était encore d'un usage général, et on le 
parlait à la cour du comte de Forez, Jean I er . 
On possède encore divers comptes de dépen- 
ses, rédigés par des officiers de son hôtel, 
dans les termes que voici, et qui ne laissent 
aucun doute à cet égard : 

« L'an de notre Senyor 1322, lo mercres 
« après la Tossayns, jo Paches de la Varena, 
« comensey à faire lo dépens de mes senyors 
« Raynau et Johan de Foreys qui demoriant 
« à Paris, liqual sunt écrit en icet papier... 
« Pru mai rement la dimène d'avant la saint 
« Luc evangelica, partiront li dit min senyor 
« de Monbrison è furont lo seir à Clépeu 
« avoy madame de Mercueil. E prumeyra- 
« ment à un garson qu'alet de Monbrison à 
« Cyvreu per aporter una cela, 5 deniers 
« tournois, etc. » 

Mais si Ton se servait exclusivement de 
l'idiome local dans les rapports ordinaires, 
il n'en était pas de même dans les correspon- 
dances et le$ relations d'apparat. Les hom- 



XVIII 

mes d'un rang élevé s'efforçaient alors d'em- 
ployer la langue parlée à la cour de France. 
Par exemple, vers le même temps, le secré- 
taire du comte écrivait, sous sa dictée, de 
l'Ile-Jourdain en Languedoc : « Sire de la 
« Roe, frère Artaud de St-Romain, comman- 
« deur de Chazelles, s'est dolu... Nous, qui 
« ledit frère Artaud avons cher et tenons 
a por bon amy. .. nous voulons et vous man- 
a dons que, par honor et paour amort deldit 
« frère Artaud et de grâce especial... si le- 
« dit frère Artaud a à faire avez nostres gents, 
« li fassiez faire bié droict... ne ne soffrez 
« que l'en li mette point d'empeschement en 
« son droict, car nos sçavons bien qu'il ne 
« veut point dou nostre. A Dieu que vous 
« gart. Doné à Liste en Albigeois, sabmedi 
« après Quasimodo, l'an de grâce 1327. » 

Moins de trente ans après, le français avait 
encore gagné du terrain; les registres admi- 
nistratifs se rédigeaient dans cette langue, et 
en 1365, Renaud de Forez, régent du comté 
pour son neveu, écrivait à deux de ses offi- 
ciers : « Thomas et Humbert, nous vous 
« mandons que vos registres Pierre Galva- 
« gnhon, de la Prevostié de Lavieuz. Autreyé 
« per nos el jour d'uy, à Cleppay ; ad ce es- 



XIX 

« cript à Cleppay le 27 6 jour de décembre. » 
Enfin, lorsque les ducs de Bourbon héri- 
tèrent du Forez, ils y implantèrent plus for- 
tement la langue française déjà familière aux 
gens instruits ou d'une condition élevée. Le 
français était exclusivement usité dans l'hôtel 
ducal; les principaux officiers, originaires, 
pour la plupart, du Bourbonnais ou du Beau- 
vaisis, ne connaissaient guère d'autre idiome. 
Les seigneurs foréziens qui leur furent ad- 
joints ne manquèrent pas d'imiter leur ma- 
nière de s'exprimer, et, dès ce moment, par 
toute la comté de Forez, le français fut 
adopté par tout ce qui se piquait de bon ton 
et de bonne éducation. A Paris, un gen- 
tilhomme forézien ne se reconnaissait guère 
plus qu'à un léger accent et à certains ter- 
mes du crû qui pouvaient lui échapper, tout 
comme maintenant un Provençal ou un Lan- 
guedocien trahit son origine par des inflexions 
de voix caractéristiques. 

Cependant le dialecte local se conservait en- 
core dans les habitudes ordinaires , et beau- 
coup de personnes de bonnes familles, mais 
vivant retirées dans leurs terres, eussent été 
assez empêchées de parler correctement une 
autre langue. Il y avait, assurément, des 



XX 

Foréaiennes parmi ces dames lyonnaises qui, 
au rapport du Bon Serviteur, applaudissaient 
« en leur patois » aux beaux coups de lance 
du jeune Bayart. Les guerres civiles de la 
fin du seizième siècle, la grande révolution 
sociale qui suivit, l'éclat littéraire du règne 
de Louis XIV, continuèrent ce que le mou- 
vement régulier des siècles précédents avait 
lentement commencé. Une dernière et vio- 
lente secousse acheva enfin l'œuvre qu'a- 
vaient également favorisée les efforts tentés 
sous Louis XV et Louis XVI, pour perfec- 
tionner l'agriculture, accroître l'industrie et 
multiplier les voies de communication. De 
notre temps, beaucoup de Foréziens ne sau- 
raient s'exprimer dans la langue de leur pro- 
vince, et, dès- à- présent, on peut annoncer 
comme inévitable, sinon comme prochaine, 
la disparition d'un idiome dont la ruine se 
préparait depuis si longtemps. 

Cet exposé rapide, ces exemples qui au- 
raient pu être multipliés davantage, prouvent 
suffisamment combien le patois forézien a dû 
être profondément altéré par les envahisse- 
ments du français, et combien actuellement 
il doit être loin de sa forme pure et originale. 

Mais non -seulement le patois forézien, 



XXI 

comme tous les autres dialectes provinciaux, 
est déchu de son caractère primitif, mais il 
manque aussi d'unité. 

Mille causes réagissent sur la forme d'une 
langue : la position géographique, le climat, 
la pauvreté ou la richesse du sol, les profes- 
sions, les mœurs et les besoins des habitants, 
les événements historiques, les révolutions, 
les découvertes; toutes ces causes se sont 
manifestées et ont agi dans le Forez plus 
vivement que nulle part ailleurs. 

Situé sur l'extrême limite des pays de lan- 
gue d'oil et de langue d'oc, dans le voisinage 
de Lyon, cet immense entrepôt, ce rendez- 
vous commercial des négociants de toutes 
les provinces de la France et de toutes les 
contrées de l'Europe, le Forez a du à cette 
position des changements nombreux et in- 
cessants dans son dialecte propre. En outre, 
cette province a eu tour-à-tour pour maîtres 
des princes français ou allemands, les rois 
de Bourgogne et les rois de France, les com- 
tes de Lyon et les ducs de Bourbon ; elle a 
été, pendant les grandes luttes du xiv e et du 
xv e siècle, sillonnée par les bandes italiennes, 
espagnoles et anglaises, et, plus tard, par 
les rudes boute-feu des guerres religieuses, 



XXII 

recrutés sur tous les points de la France. 
Pendant la paix, les belles-lettres y ont tou- 
jours trouvé des disciples fervents, des Mé- 
cènes généreux, et ces goûts littéraires n'ont 
pas été sans porter atteinte à la langue popu- 
laire. Enfin, à l'époque moderne, l'établisse- 
ment de grands centres industriels y a fait 
surgir une population toute nouvelle et non 
moins distincte du reste de la population par 
son langage que par ses mœurs et ses habi- 
tudes. 

Entre toutes ces causes de modification et 
d'altération de l'idiome local, la plus active 
néanmoins a été la configuration topographi- 
que du pays lui-même. Le département de la 
Loire est formé par une large vallée ouverte 
entre deux chaînes de montagnes détachées 
du vaste massif qui forme l'extrême et der- 
nière pointe des Cévennes. La Loire, descen- 
dant des sommets abruptes du Rouergue, se 
glisse à travers cette masse de rochers pour 
s'épancher dans la plaine; là elle coule sur 
un vaste et fertile plateau qui s'abrite, au 
levant, au pied des montages du Lyonnais, 
et, au couchant, s'incline vers un vallon, le- 
quel, semblable au fond desséché d'un lac 
immense, est borné par les pics élevés de 



__. j 



XXIII 

Pierre-su r-Haute et du Montancel, et par un 
autre vallon plus verdoyant et plus frais, où 
serpentent les eaux fameuses du Lignon ; au- 
delà le sol affecte une disposition plus uni- 
forme ; les deux chaînes de montagnes s'écar- 
tent et s'abaissent, la Loire hésite, se détourne 
lentement, et la plaine du Forez vient se con- 
fondre avec les campagnes du Charollais et 
du Nivernais. 

Ces délimitations topographiques corres- 
pondent assez bien avec les divisions politi- 
ques qui partageaient anciennement ce terri- 
toire, et déterminent en même temps certai- 
nes nuances de langage qui pourtant ne sont 
pas aussi absolues qu'on pourrait se l'ima- 
giner. 

La partie moyenne et méridionale du dé- 
parlement formait l'ancien comté de Forez 
proprement dit, y compris le pays de Jarez 
qui occupait les montagnes au sud du Lyon- 
nais, et où s'échelonnent les villes industriel- 
les de Rive-de-Gier, St-Chamond et, plus loin, 
St-Elienne, dont les patois sont si rudes. 
Bien au-delà de St-Etienne se dresse St-Bon- 
net-le-Château ; le patois y a beaucoup d'ana- 
logie avec celui du Yelay, tandis que du côté 
des montagnes de l'ouest, il se rapproche 



XXIV 

davantage de celui de l'Auvergne qui en est 
limitrophe. Mais c'est dans la plaine, près 
des bords de la Loire où s'étalent St-Galmier, 
Unias et Feurs, dans les vallons où dorment 
Montbrison, Boën et St-Germain-Laval, c'est 
là que l'on doit chercher le vrai patois foré- 
zien. Plus loin, dans les cantons formés de 
l'ancienne baronnie de Roannais, dont les 
comtes de Forez ne possédaient qu'en partie 
la souveraineté, l'idiome local perd déjà de 
son individualité; il s'affadit et se mêle avec 
les patois du Lyonnais, de la Bourgogne et du 
Bourbonnais, tout comme le pays lui-même, 
partagé autrefois entre différents seigneurs, 
se morcelait et confondait les domaines des 
ducs de Bourgogne, des comtes de Forez, des 
sires de Beaujeu, des seigneurs de Roanne et 
des chanoines-comtes de Lyon. 

Le type spécial de ce patois est une forme 
mixte, indécise, qu'il tient sans doute du ca- 
ractère même des habitants de la plaine, tout- 
à-fait différent de celui des montagnards. Le 
langage de ceux-ci, rude comme leurs mœurs, 
a conservé quelques traits de son origine et 
quelque chose de son accentuation primitive. 

Anciennement, en effet, le dialecte parlé 
dans les montagnes du Forez était essentiel- 



XXV 

lement Languedocien ; c'est ce que prouve le 
texte de la charte de St-Bonnet-le-Château, 
octrovée en, 1224, et dont voici le début : 
« En Robertz, seignor de Saint-Bonet, donet 
« à totz les ornes et a totas las fennas que 
« sériant sos ornes que maison penriont et 
« auront à Saint-Bonet, los usatjes e bonas 
« coldumnas aitals quant sunt escritas en 
« aquesta présent chartra, etc. » Une confir- 
mation de ces franchises, donnée en 1272, 
est rédigée dans le même dialecte : « E nos 
« Mo lien s Peires, seignor de la Roa et de 
« Mont-Pelus, seignor de la terra de Saint- 
« Bonet, per nom de la. Dalphina nostra 
« moiller... volguesmes, etc. » A Lyon, la 
langue d'oc prédominait aussi, mais avec 
des variations notables. Quelques exemples 
montreront ces différences. 

Une ancienne inscription , trouvée dans 
cette ville, porte ces mots : « L'an 1352, fit 
« Micheles Pass'us, citiens de Lian, édifier 
« ceta chapella, l'outar et lo crucifis... » 
Le syndicat de 1355, document plus intéres- 
sant encore de la langue vulgaire, est conçu 
ainsi : « Ly pueblos de la Universita de Lyon 
u assemblas en l'eglesi de San Nises, al son 
« de la grossa campana. . . fant et ordonnons 



XXVI 

« conseillours de la dicta cita deys le jorn de 
« Chalendes que serants 1355, etc. » Une 
courte note du même temps a plus d'analo- 
gie avec le patois lyonnais moderne : « La 
« velly de Notre -Dama de la Chandelura 

« 1362, fut huvria una taly de 6000 

« flurins, li quala fut fety por lo rey de 
« Francy par la composytiont qui fut fety 
a pour les entrés de la cita de Lionne cui 
« Diou gart... et fut hordenas por la fere 
« Guillaume de Varey dit Plotun et Humbert 
« del Puey... et s'ension icy après qui con- 
te sentiront de la fere et li nunt de selos. » 
En rapprochant ces textes des fragments 
de la langue usitée, vers la même époque, 
à la cour du comte de Forez, qui sont cités 
plus haut, on reconnaît que le patois foré- 
zien tenait à peu près le milieu entre ceux 
qui étaient parlés à Lyon et dans les monta- 
gnes; il participait de leurs caractères, mais il 
était beaucoup moins accentué dans la forme 
des mots et dans l'intonation. C'est ce carac- 
tère mixte et adouci qu'il a conservé jusqu'à 
ce jour, et il y a encore, comme par le passé, 
une différence notable, sous ce rapport, entre 
la langue de la plaine et celle de la monta- 
gne, bien plus énergique et plus pure. Mais 



XXVII 

quoique la première présente beaucoup moins 
d'originalité, beaucoup moins d'attrait, quoi- 
qu'elle soit à peine parlée dans la moitié du 
département, même sans compter le langage 
particulier des bateliers de la Loire, dont les 
traces se retrouvent tout le long de ce fleuve, 
malgré tout cela, elle n'en doit pas moins être 
regardée comme étant le type du vrai patois 
forézien; comme telle aussi elle doit rester 
le but unique et spécial des recherches des 
philologues foréziens. 

Tel est donc ce dialecte, indécis, restreint, 
profondément altéré et envahi par les idiomes 
voisins. On peut juger par là des difficultés 
que présentait son étude. Ce n'est pas ici le 
lieu et il ne m'appartient pas de dire si l'au- 
teur a triomphé de ces difficultés; mais si 
l'on a reconnu quelque justesse dans les rè- 
gles que j'ai cru pouvoir fixer à cet égard, 
on devra remarquer aussi qu'il les a judicieu- 
sement observées, ou, pour mieux dire, que 
ma théorie était simplement l'exposé d'un 
plan très-heureusement exécuté par lui. 

A. STEYERT. 

Lyon, Novembre 1863. 



PREMIÈRE PARTIE 



DICTIONNAIRE 



ABREVIATIONS. 



Adj. Adjectif. 
Adv. Adverbe. 
Ang. Anglais. 
Ar. Arabe. 
Auv. Auvergnat. 

B. Breton. 

Bas. lat. Basse latinité. 
Bo. Boyron. 
Bq. Basque. 
Br. Bressan. 

C. Celtique. 

Gh. L'abbé Chapelon. 

Ch. A. Antoine Chapelon. 

Ch. J. Jacques Chapelon. 

Conj. Conjugaison. 

D.C.S.DuCange, supplément. 

Esp. Espagnol. 

Et. Etymologie. 

Ex. Exclamation. 

Fam. Familièrement. 

Fig. Figuré. 

G. Gallois. 

G. é. Gaélique écossais. 

G. i. Gaélique irlandais. 

Gr. Grec. 

H. Hébreu. 



lt. Italien. 

Lang. Languedocien. 

Lat. Latin. 

Litt. Littéralement. 

Ly. Lyon ou Lyonnais. 

M. A. Ballet foresien, attribué 

à Marcellin Allard. 
Mont. Montagne. 
Part. Participe. 
Per. Personnel. 
PI. Pluriel. 
Pr. Préposition. 
Priv. Privatif. 
Pro. Pronom. 
Prov. Proverbe. 
R. Roquefort. 
Rom. Roman. 
Roq. Ro quille. 
S. m. Substantif masculin. 
S. f. Substantif féminin. 
Sa. Savoie. 
Sy. Synonyme. 
V. a. Verbe actif. 
V. n. Verbe neutre. 
V. p. Verbe pronominal. 
Vx ou Vx fr. Vieux français. 



Abada s. m. Vagabond, vaurien. « Car j'ai fat pisqu'în 
abada. » GH. J. 

Abadâ y. n. Errer, vagabonder. (Heb. abat}, errer?) 

Abadâ (s) v. p. Prendre la clef des champs, se divertir, 
vivre en liberté. 

AlMMl£ ▼• a. Weher les troupeaux , les conduire aux 
champs, les mettre à Y abada. 

AIKmIa (à, T) loc. .adv. A l'abandon, sans règle. (Voir 
Badâ, ouvrir, lâcher.) 

Ab*è s.. f., Prise d'eau d'un moulin. (Baie, ouverture). 

Abonda v. n. Envoyer les troupeaux sur la montagne, 
au printemps, à Pierre-sur-Haute. (Même mot qxïAbadâ v.a.) 

Abaragni v. a. Faire passer les bestiaux d'un pré déjà 
pâturé dans un autre, leur faire sauter la baragne, le fossé 
qui sépare deux champs. 

Abatent s. m. Ancien volet à coulisse, que l'on élève 
ou que Ton abaisse, à~ volonté. 

AbanmA ou Abômâ v. a. Charger d'un impôt, assu- 
jettir à- certains droits* On nommait cens abômé, au moyen- 
âge, un cens solidaire avec des fonds étrangers. 

AbequA v. a. User, appauvrir un terrain, une vigne, 
par défaut d'engrais ou de culture. Au figuré , amaigrir, 
exténuer, en parlant de la faim, de la maladie. La flore Va 
abequot, la fièvre Ta usé, Ta miné. 



4 

Aberâ, Abualâ y. a. Abreuver, vx fr. Abeurer. Voir 

D. C. et R. (glossaires). 

Aberft v. n. Ressentir une douleur. « Me souaipiquot le 
daèj vou m'abère jusqu'à l'épate, » je me suis piqué le doigt, 
ça me fait mal jusqu'à l'épaule. 

Abero s. m. Abreuvoir. Abero d'usai, auget d'une cage. 

Abero s. m. Blessure, piqûre. 

Ablalâ v. a. Faire des rigoles, des bialasures pour l'irri- 
gation d'une prairie. 

Ablatô v. n. Mal réussir. 

Ablat v. a. Amadouer. « Ey creiant bion de Yabiata. — 
Avouai lio vin de countrabanda. » Bo. (lang. abiada, amiada). 

Abiœure, Abiorageou, Avlôre, etc. s. m. Breu- 
vage. (Bas. lat. aberagium.) 

Aboucha (s') Aboeht (s 1 ) v. n. Tomber sur la face, 
sur la bouche, s'aboucher, vx fr. 

Abouehon (à 1') loc. adv. Tomber à Yabouchon, tom- 
ber sur le nez. 

Aboundâ v. n. Suffire à. On dit vulgairement à Lyon, 
abonder à faire quelque chose. 

Abourlao-rive adj. Précoce, en parlant des fruits, 
des légumes. Se dit aussi d'un enfant né avant le sacrement. 
(Lat. aborior, commencer.) 

Abourmâ (s') y. p. Se rapetisser, se pelotonner, quand 
on a la fièvre, etc. « Te Vabourmes ccuma una matrua chiùra 
de trenta saos, » tu te pelotonnes comme une mauvaise 
chèvre de trente sous. (Voir se débourmâ.) 

Abousâ v. a. Détruire, abattre, renverser. . 

Abousâ v. n. Tomber sur la face, être courbé. « ïabousiô 
sus le coup et me crurô pano, » je tombai sur le coup et me 
crus perdu. Roq. 



o 

Abrauda v. a . Attiser, propager. « La ployé est abrandaj* 
la pluie tombe à verse. « Le fœu est abrandot, » le feu s'at- 
tise, l'incendie se propage. « La misera s'abrande à San- 
Tsiéve, » la misère est générale à St-E tienne. 

AbulA v. n. Mesurer une distance au jeu de boules. 

Abat A t. n. Quitter, viser à un but. 

Acaci (s') v. p. Se baisser. 

Acala (s') y. p. S'apaiser, en parlant du vent. En fr., on 
dit caler doux. (Esp. acallar.) 

AcatA (s') y. p. Se baisser, à la façon des chats. 

Accani adj. Fatigué, épuisé de lassitude, de maladie. 

Accore, Accoure adv. Quand? à quelle heure? in- 
ter. « Accoure vindrot-au? » quand viendra-t-il? (G. ac, 
pendant. R. accourt). 

AccotA y. a. Tenir dans ses bras, caresser. Accota quau- 
qxCun signifie aussi se serrer près de quelqu'un. 

AccoulA y. a. Lier, attacher la vigne. 

Aceoutl, Accoutchf y. a. Embrouiller. Chivcmx 
accoutchis, cheveux gras, collés ensemble. V. Dêcouti. 

AccuchoniiA y. a. Entasser, amonceler, mettre en 
cuchon. 

Achabi y. a. Gaspiller, perdre inutilement. 

Achaboeu-airi adj. Prodigue, dissipateur. 

Achat! (s') y. p. S'appliquer a quelque chose. 

Achira, Kchlrae s. f. Mauvais terrain rempli de ro- 
chers. V. Chirat. 

AchoupA (s') y. p. Être surpris, trompé. 

Aclapendon (en) loc. adv. S'assetâ en aclapendon, 
s'asseoir les jambes croisées, comme les tailleurs. 

Aclapl adj. part. Accroupi. 

Acle s. m. Ecorce d'arbre, morceau de bois. Rom. ascla, 
id. de asclar y fendre. Etre maigre comme un acte, prov. 



6 

Aetorong s. m. pi. Copeaux, brindilles de bois. 

Aeràpfcisf (s*) vp. S'asseoir sur les talons. 

Aeronpeton (en) loc. adv. Se mettre en aercttpeten, 
s'asseoir sur ses jambes croisées. On dit aussi à croupeton. 

Aeroiiponriâ (s 1 ) v. p. Se baisser, s'asseoir sur les ta- 
lons. (S'accroupir.) 

Addûre, Adjure y. a. Apporter, amener, conduire. 
Adduzi le côuevau, Apportez le balai. « Si os addudë voufra 
ferma, » si vous amenez votre femme.(Lat. adducere, amener.) 

Adenef v.a. Agacer, irriter. «La fruti perde àdencieles 
dents, » les fruits Verts agacent les dents. Dans le patois 
francisé de Lyon : donner la dence. 

Adlo-Coumand, formule d'adieu usitée à Mont- 
brison et à, St-Etienne, et qui signifie probablement : « à 
Dieu je vous recommande, » malgré les explications plus sa- 
vantes qu'on en a données. 

Adlousslas, Adloueha-iiâ, formule d'adieu dans 
la montagne , k Dieu soyez. La seconde forme est l'abré- 
viation de « à Dto seyas, menas, » « à Dieu soyez", enfants, » 

Adoufod v. a. Réparer, arranger, orner, et par anti- 
phrase, assommer, écraser. En Auv. châtrer. Casa adoaba, 
cuir tanné, par oppos. à cœUpeloux, cuir velu. (C. adoba, 
rns., d'où vient radouber un vaisseau. Esp. adobar ) 

Adouncen adj. Mauvais ouvrier, qui gâte l'ouvrage. 

Adonne adv. Alors, en ce temps-la. Vx français. 

Aêtres s. f. pi. Arrhes d'un marché. 

Aêtres, Attrés s. m. pi. Auvent, balcon, galerie d'un 
chalet, d'où le prov. : connaître les aitres dune maison. (Lat. 
atrium, vestibule, auvent.) 

Afan, Afanament s. ni. Travail, peine, chagrin. (Ar. 
afan, Esp. afan, afanar. Vx fr. a faner, etc.) 



7 

Aflutâ t. a. Gagner péniblement, faire dj/ftcjJsmeut une 
cil ose. 

AfanA (s') v. p. Se dit des poules qui cessent de pondre. 

Afanageon sm. Produit d'un travail pénibte» «Cotsi 
tôt soun afanageou, » manger tout son avoir. 

AAuaceia s. m. Ouvrier, homme de peine, manœuvre. 

Affarâ v. a. Caresser. (G. farr. Bq. affariâ, apprêtej.) 

Aflarâ<(&') v.p. Se lisser les cheveux; faire sa toilette, 
en parlant des chats. 

Alitera adj. Gracieux, avenant. « Lou groin bien affa- 
râ, » le visage propre, le menton rasé, etc., d'où faraud, 
élégant. 

Aflalien adj. Malheureux, misérable, affamé- (G, fallig.) 

jjb.lTegi v. a. Presser, durcir, serrer. 

Afllqiiets, AJfotftaii* s. m. pi. Parure, ajustements 
de femme. 

AAfttonlâ v. a. Orner, ajuster, parer. (Esp. afetiar.) 

Aflbrebtv. a. Affirmer quelque chose, rendre fort» 

Agaein s. m. Cor aux pieds. Très-usité à Lyon. (B.) 

Aglapl adj. Englué, collé. 

Agomels. f. Douleur, chagrin. (Rom. a priv. goné, joie.) 

AgoiurÀ v. a. Tromper. (B. gwrr.) 

Agouraeu-alrl adj. Celui ou celle qui trompe 

AgourrUtd v. n. Fréquenter les govrrines, les femmes 
de mauvaises mœurs. . 

A£ff*fl£ v. n. Plaire, être agréable. (Esp. agraflar. Bas 
lat. agratare.) 

Agrell v. a. Chiffonner, froisser. 

Agrê von, Agrlôle s. m. Houx, arb. (Lat. agrifolium, 
aigrefeuille , à cause de ses piquants.) On contracte de 
même trifohum, trèfle, en triôle. 



8 

Agrimodon. V. grimodon. 

Agroumi (s') v. p. Se reserrer, se rapetisser. (Àuv. 
yroumer, peloton.) 

Aguiehi (s*) v. p. Se percher, en parlant des oiseaux. 
Au fig. se dresser sur la pointe des pieds. 

Agutlli s. f. Espèce de plante ombellifère à fleurs 
bleues. 

Aguinehi v. n. Viser h, lancer des noyaux de cerise, 
guigner. ( Qui Tient de guigne, cerise.) 

Aigri s. m. Levier. 

Aigua s. f. Eau. (Lat. aqua.) Aigua-lissi, litt. eau douce, 
réglisse. Aigua dau brandau, eau-de-vie. Aigua dau rivati, 
eau courante. Aigua-bulliot, ou bullion-nei, potage sans lé- 
gumes. Aiguardant , eau-de-vie ; voir aiguardante. Aigua 
dau tronfà, pour de nœutron fo, l'eau de l'ancienne fontaine 
du pré de la foire, à St-Etienne. Aigua de Leiri, eau de la 
Loire. (Les noms de rivière ne prennent généralement pas 
l'article. On dit Lignon, Leiri, au lieu de le Lignon, la 
Loire, etc.) 

Aiguageou, Aiguai s. m. Droit payé pour avoir 
l'eau dans les prés, les jardins, pour l'arrosage. (Lat. aqua.) 

Aiguageou, Aiguasse s. m. s. f. Inondation , crue 
d'eau, trombe d'eau. « L'annie dau grand aiguagecu, » Tan- 
née de la grande inondation. (C. ai-galach, force de l'eau.) 

Aiguardante s. m. Litt. eau ardente, eau-de-vie. On 
nommait ainsi, au moyen-âge, un breuvage fait avec la rhue. 
(Esp. Aguardiente.) 

Alguettes s. f. pi. Petit ruisseau, chemin creux envahi 
par les eaux. 

Aiguïe s. m. E\ier, égout. 

■ 

Ailai adv. Là-bas. 



9 

AHU, JEuilli s. f. Aiguille. On dit de même . par con- 
traction, ailloun pour aiguillon. 

Ainche s. ni. Hameçon. (Vx fr. haim.) 

Airelle s. f. Myrtile, plante très-commune dans les jas 
de Pierre -sur-Haute. Le fruit de cette plante. 

Aises s. f. pi. Toute sorte de vases, d'ustensiles. 

AissaguA, Aissavâ v. a. Laver. Aissavâ la baya , 
battre, essanger le linge d'une lessive. 

Alssoutâ. v. a. Mettre à l'abri, à la soute. 

Alvage s. m. Sorte, espèce. Un aivage de fruits. On dit 
ironiquement d'un enfant difforme et chétif : « vou est un 
gente aivage, » c'est un bel héritier ! un beau rejeton ! (D, C. 
herage, race.) 

AjaMA v. a. Renverser, coucher à terre. 

Ajaftgl-ia part. Etendu sur le dos, couché. 

Ajassi v.a. Presser, fouler la vendange. 

AJa&gî (s') v. p. Se coucher. (Lat. jacere.) 

Alabrande s. f. Salamandre. « N'aurans de ployé, les 
alabrandes s'emodont , » nous aurons la pluie, les salaman- 
dres sortent de terre. 

AlelUo s. f. Charrette, char de foin. 

Alleuta s. f. Flageolet. (Litt. alouette.) 

Alla s. f. Ce mot, qui signifie proprement l'aile , a aussi 
d'autres sens tout particuliers. L'alla d'un couévoUj le man- 
che d'un balai. L'alla d'un boes, la lisière d'un bois. 

Allanguâ v. a. Langueyer les porcs. 

Allangnâ v. n. Répliquer, raisonner. 

Allanguoeu-airi adj. Qui réplique. 

Allauves s. f. pi. Sarments, copeaux, menu bois qui ne 
fait qu'une flambée. * 

Allicattes s. f. pi. Petites tenailles. 



40 

AltongÀ v. a. Placer en temps et lieu. (Lat, allooare.) 

Alluchâ v. n. Guetter, regarder sournoisement. 

Al-poyl adv. En haut. (V. poy.) 

Alyïn pr. adv. A côté» 

Imarson s. m. Amertume. 

Amat st Pétrin. Le mot doit plutôt s'écrire ma, maie, 
du lat. mactra. 

Amatâ (s*) v. p. Se blottir, se baisser, se cacher. 

Ambanes. f. Ancienne mesure de poids pour le pain. 
Un gros pain rond. Au fig. bedaine, panse, fanon d'un 
bœuf. 

imbé. Aitbé pr. Avec Âmbè jm, avec moi. 

Amliessl s. f. Ancienne mesure pour le bois. Nous trou- 
vons dans un acte de la fin du xm e siècle : une ambessi de 
famille de 500 faix Vambessi, une charge de bois pour 
chauffer les fours, à 500 fagots la charge. 

Amblgnon, Ambiisnon s. m. Nombril (Vx ambon, 
du lat. umbilicus. 

Ambres, m. Osier blanc. (SaUœ viminalis.) L'écorce en 
est jaune comme l'ambre. 

Amerellle s. f. Lien d'osier. 

Amesft (s') y. p. S'apaiser, en parlant du vent. 

AmiralUâ (s') y. p. Se mirer. 

Amltoue-auaa adj. Affable, caressant. 

AmoUft ta. Aiguiser sur la meule. 

Ampan s. m. Largeur de la main, les doigta écartes. 

Amplan s. m. Soufflet, taloche. (Lai alapam date, don- 
ner un soufflet ) 

Ampowiai, Ampetiln s. m. Framboisier, framboise. 

Anâ v. n. Forme du Yerbe aller, dans la. montagne. Otite 
anas? où allez-vous? 



il 

AdUr s. f. Litt. Ànée , charge d'un âne. Mesure- pour le 
bois. Mesure pour le Tin équivalant approximativement à 
l'hectolitre. 

v. a; Cacher, dérober. (LaL arcam, secrets.) 
s. m. pi. Montants, jambages d'une porte, 
d'une fenêtre; (G. ancfc, étroit, d'où tient angle.) 

Anehe s. f. Fontaine, robinet en bois ou en cuivre d'une 
cuve; On dit : vendre du vin à l'anche de la cuve. (Gr. an- 
cheô, couler. D. G. ahha, cellier, cuve.) 

AtnttoMft t. a. Renverser, entraver, donner un croc en 
jambe. 

Aaerite s. f* Besoin, épuisement. « Être à l'aœrks» 
tomber d'inanition. 

Andan.Andanas. m. s. f. Àndain, tas de foin, ce que 
l'on abat d'un seul coup de faucille, d'où les verbes anda- 
gnà et âesandagnà , faire et défaire les andains. (Esp. an- 
dam, rangée.) Voir D: G. gloss. 

Andanfceure s. f. Rangée d'andains. 

Andâre ad}. Pressé, qui se donne beaucoup de peine, 
qui est en retard. (It. andure, aller, marcher.) On doit peut- 
être écrire en dare. (G. dare> agitation violente.) 

Andeletra, Aodere s. f. Sorte d'étrier en fer sus- 
pendu à la crémaillère, sur lequel on appuie une poêle. Cet 
ustensile porte, suivant les localités, les noms d'andeleira, 
servante ou Chambrière. En Àuv. andeleira signifie au prop. 
une servante, une domestique. (D; C. andektè, fer plaeé sur 
le feu pour disposer le bois.) 

Ander s. m. Chenet, landier. 

Anellle s. f. Béquille. (Lat. amlis, de vieille femme.) 

Attgllenftl s. m. Eglantier. 

AngoHntr s, m. Fruit de l'églantier. (Voir boyard.) 



12 

Anheu, Anhei, Anhod, Anhut adv. Aujourd'hui. 
Les Gaulois comptaient le temps par nuits, et cet usage se 
conserva jusqu'à la fin du ix e siècle '. On disait dans les actes : 
comparoir devant les nuits. Nous croyons néanmoins que ce 
mot vient simplement de hodie, d'où le vx fr. hm. On disait 
encore, au xvn« siècle, jusqu'à hui, jusqu'au jour d'hui. 

Animau s. m. Colin-maillard, jeu. 

Antvei s. m. Petit serpent appelé ailleurs borlie, borgne. 

Anouâ (s') t. p. Suffoquer, s'étrangler en toussant. 

Alton s. m. Ane, partie d'un pressoir, pièce de bois dans 
laquelle passe la vis, de pression. (Gr. onos, m. sign.) 

Anon s. m. Ane. On donne ce surnom, par moquerie, 
aux habitants de Montbrison, depuis plus de trois siècles. 

« François I er entrait à Montbrison, 

« Et le bailli lui lisait sa harangue. 

« Or, tout auprès, un âne, vieux grison, 

« Complimentait le Sire dans sa langue. 

« En ce moment, rapporte un vieil auteur, 

« Qu'on aurait tort de supposer menteur, 

« Le Roi François, gaillard et bon apôtre, 

« Leur dit : « Messieurs, parlez l'un après l'autre. » 

11 existe une autre version. 

« D'un vieux vin de Purelle ayant bu deux bouteilles, 
« Le Roi dit au bailly, mais sans songer à mal : 
« Les gens de ce pays ont, dit-on, des oreilles 
« Longues... à faire envie à certain animal... » 
« Le bailly répondit : « leur longueur vous étonne 
« Et Votre Majesté daigne s'en occuper ! 
« Eh ! c'est que nous n'avons encor trouvé personne 
« Capable de nous les couper ! » 

Suivant une autre tradition , les Montbrison nais offrirent 
a l'un des quatre ou cinq Rois de France qui visitèrent leur 



J3 
rille, une ânesse blanche, présent qui n'était nullement ri- 
dicule au Moyen-Age, et serait plus difficile à trouver au- 
jourd'hui qu'un merle blanc. Le roi fut enchanté du cadeau, 
et il tenait tellement à son âne qu'il avait juré la mort de 
celui qui lui annoncerait le trépas de la bête ; ce qui n'em- 
pêcha pas la bête de crever. Le difficile était d'en porter la 
nouvelle à Sa Majesté. Quelqu'un se dévoua et arriva tout 
en pleurs auprès du Roi : 

— Hélas! Sire, l'âne 

— Eh bien ! que lui est-il arrivé ? 

— Sire, l'âne !. .. Sire, l'âne ! . . . 

— Il est mort ! s'écria le Roi. 

— Sire, ce n'est pas moi qui l'ai dit! répliqua le messa- 
ger qui, du reste, en fut quitte pour la peur. 

Ces anecdotes sont apocryphes, et il faut chercher ailleurs 
l'origine de ce surnom, soit dans une allusion au caractère 
doux et patient des Montbrisonnais, soit dans F afflue nce des 
ânes que des marchés importants attirent dans leur ville. 

Les habitants de Ghagnon et de Luré portent le même 
surnom que les Montbrisonnais. 

11 existe aussi, en Franche-Comté, un village nommé Pre- 
tin, si nos souvenirs sont exacts, que l'on nomme l'Académie 
des Anes, et Ton y renvoie les intelligences obtuses. 

Voir, pour les surnoms des villages et villes : gaga,jaluffe, 
eamisard, bleus, etc. 

Anqueu adv. Avant, plutôt, d'abord. (Lat. ante- 
quam.) 

Aôrot s. f. Œuvre ou plan, chanvre fin pour faire le 
linge. (Voir à Chinéve les noms des différentes préparations 
du chanvre. 

Aparâ v. a. Préparer, tendre pour recevoir. « A f tare 



14 
tounchapai, toun devwti,» tend ton chapeau, ton tablier. 
(Esp. aparœr. — G. é. apparan> tablier.) 

Aperet#t (s') y, p. Devenir paresseux. 

Apeltft v. a. Attendre. « Apeitez aoustris ! » attendez, 
vous autres! (Lat. expectore.) 

-Api s. m. Céleri. (Lat. opium.) 

Appa s*f. Crampon de fer. 

Apparâ y. a. Polir un morceau de bois. Coûtai appara, 
ou à para, outil de menuisier. 

Appétit s. m. Estimation. A Y appétit de 600 sols. 

Apptâ y. a. Voler. 

Appl v. n. Atteindre à, toucher. 

ÀpptalA, Applata y. a. Appuyer, étayer. Pédre 
l'appiôte, perdre son point d'appui . 

Appinelil t. a. Guetter, regarder sournoisement, es- 
pionner. (Lang. Espinehounâ.) 

AppinehlHmorltet s. m. Curieux, espion. (Yoinâfor- 
Iktâ.) 

Appleelil v. a. Fournir, servir, ajuster. Ben applechis, 
bien accouplés. 

lApponerâ (s 1 ) y. p. S'efforcer de, s'appliquer à, em- 
ployer son pouvoir* 

Appaundaille s. L Rallonge, ce qu'on ajoute H une 
chose pour L'allonger. 

Appoundre y. a. Réunir, faire joindre, atteindre à... 
(Lat.. apponere.) 

Apprlmâ y. a. Amincer, rendre prime. (Voir ce mot.) 

A*wi adv.i Ici. 

A#|aot pro. démonstratif. Ce, cet. Aquo d'aqui, celui-ci. 

Arais 9 Ardl locution imper ative. Allons, marche! 

AvmuM <a*) y, p. S'accrocher, s'arrêter. (Tarmade ma- 
rine, aramber, accrocher un vaisseau pour l'abordage.) 



15 

Ara* s. m. Labour. «Avl est à Tarât, » il est aux champ*. 
Revenir de Parât, etc. (Lat. arare.) 

Arat s. m. Terre labourée. (Esp. arada. Du lat. aratus.) 

Arbtt J U m s. m. Vantard, suffisant. En fr. fani. qui fait 
des embarras. (Esp. arbolario, brouillon, écervelé.) 

ArMllon s. m. Débris de ferraille. « Sourâ quattque ar- 
billon, » amasser quelque bien. 

Avfloiadler-ière adj. Pillard, voleur. 

Areanetta s. f. Sarcelle, oiseau. 

Archi s. f. Arche, coffre où les paysans serrent leurs 
veyés , c'est-a-dire leurs habits , leur Knge , leur argent , en 
un mot tout ce qui leur appartient. Et tel est leur respect 
pour tout ce que M. Proudhon appelle le vol , qu'un des ju- 
rons favoris du montagnard est moun archi! La clef du 
coffre, ou la cheville qui en tient lieu, remplace souvent le 
gros bouton de cuivre, commensura , qui retient la partie 
antérieure des broyés, le pont. 

A St-Etienne, les arches étaient des réservoirs pour le 
poisson, en bois de chêne, et placée, au pré de la foire, sur 
la rive droite du Furens. C'était le rendez-vous des filous et 
des vagabonds. Les arches n'existent plus que dans le sou- 
venir des Gagas. A Montbrison, la rue des Arches a la même 
origine. 

On appelle arche toute espèce de coffre : il y a l'arche a 
l'avoine, l'arche aux fromages, l'arche au bacon, etc. (Lat. 
arca.) 

Arehlère s. f. Arc, cintre d'une porte. Ce mot, assez 
commun dans les anciennes chroniques, a toujours été tra- 
duit par- meurtrière, d'où tiraient les archers. « Débet pre- 
parari munis portœ usque ad archeriam. » (Devis des répa- 
rations exécutées au château de-Brignais, en 1370.) Les 



16 
Routiers au xrv e siècle, par P. Allut. Lyon , 1860, in-12, et 
compte rendu (A. Steyert) dans la Gazette de Lyon, 30 juil- 
let 1860). 

Arehlpot s. m. Espèce de mets particulier aux mon- 
tagnes du Forez, et usité seulement pour les noces ou les 
fêtes paroissiales. C'est une véritable olla podrida fortement 
épicée, composée de viande de bœuf et de pieds de porc 
hachés avec du pain blanc, et que l'on remue avec une 
grosse branche de laurier. L'archipot est le mets par excel- 
lence, le grand pot au feu, Yarchipot! 

Arët s. m. Bélier, mouton non habillé» (Lat. aries, 
Esp. ariete.) 

Arguât s. m. Furoncle, clou, mal excessivement har- 
gneux et incommode. 

Arlôte s. f. Branche flexible pour attacher, lien, hart. 
(Voir riôte, rieusse.) 

Arjalla s. m. Sorte de genêt épineux. 

Arlandl s. m. Voleur, pillard. 

Arma, Armetta s. f. Âme, petite âme. Pâ moun 
arma! juron. Les armettes, les âmes du Purgatoire. Arma- 
lasse , se dit d'une personne molle, lente à marcher, conva- 
lescente. 

Armaille s. f. Ancienne forme du mot armoire. (B. 
armell.) Le luxe des paysans, consiste en partie dans les 
belles armailles de chêne bruni, avec des ornements eu 
cuivre découpé et repoussé. Ce meuble est toujours compris 
dans la dot d'une fille. 

Armella s. f. Protubérance qui se forme sur un fuseau, 
un peloton, quand on dévide longtemps sur le même point. 

Armon s. m. Arroche, bette, pi. {Âtriplex kortensis.) 

Arma, Arta s. f. Teigne , insecte dont la larve cause 



47 
des ravages dans les étoffes, dans la laine, etc. Au fig., para- 
site, avare. 

Arôre* Araire s. f. Charrue primitive, sans roues ni 
versoir. Il existe une légère différence de forme entre les 
arôres de montagne et celles de la plaine. Les principales 
parties de l'arôre sont : la maître, bloc de bois qui forme le 
corps de la charrue ; la quoua ou Vestêve, le manche ; les 
orilles ou oreilles; Yechambousson ou la chamboussi, litt. 
jambe de bosuf, pièce adaptée à la maître et qui se recourbe 
^ en avant; la tenaille, ou tardai la, vis qui sert à rapprocher 
ou éloigner la chamboussi du corps de la charrue; la prôla, 
cheville placée à l'extrémité de la chamboussi, qui sert de 
timon, et à laquelle on attache la chaîne, chanêva, corres- 
pondant au joug; la veille ou soc, adaptée au bout de la 
maître et retenue par une morle ou virole de fer. 

Arpa s. f., Arplon s. m. Griffe, doigt de pied. On 
dit d'un homme à l'agonie , qu'il est su Varpa de la mort. 
« L'arpa de Veimbition lo tsiranchi si fort. . . » la griffe de l'am- 
bition le tourmente si fort. Roq. La Pereyoux. (Esp. Arpa.) 

Arpalant s. m. Escogriffe, agent de police. 

Arrap v. a. Saisir, empoigner, se coller. (Lat. rapere. ) 
« Et que te rias pas tout Vitio — La chamisi arrapa au 
« quio. » M. A. 

Arre v. n. Avoir soin des troupeaux. 

Arreairc s. m. Celui qui prend soin des bestiaux» 
(6. i. aireachy gardeur de troupeaux.) 

Araeament s. m. Ajustement, ornement, train, équi- 
page. (Vx fr. arrai, d'où vient désarroi.) 

Arrêt* Derrière. « Arrei de la eau, » derrière la haie. 

Arrelsi (s*) v. p. S'apprêter. «Arreisi-te donc unabre- 
sa, » M. A. Ajuste-toi donc un peu. 

2 



18 

Arrêt»! t. a. Garnir, orner. 

Arria s. m. Embarras, confusion. Vieux mot employé 
par Villon. (G. ariar.) 

ArroupA v. a. Envelopper. 

Arrousrô t. a. Amasser, entasser. 

Arslcon s. m. Petite fourmi. 

Arslœu s. m. Orgelet qui vient au bord de la paupière. 

Artabalarta (à 1') loc. adv. Au hasard. (Prov. artabal) 

Artlfton s. m. Mite ou ciron, acarus du fromage. 

Assa excl. Or sus! assa, menas, allons, enfants! 

AftsablA t. a. Égoutter, d'où sabler le vin. 

AMai|Â (s*) t. p. Se désaltérer, boire avec plaisir, avaler 
sa salive. « Par miox z'assadâ — Vou faut z'affartà. » Chan- 
son de Babochi. 

Assapâ y. a. Heurter, achopper. « Un lozou m'assupet, 
je bouquiô la charreira, » Ch. Un caillou me fit trébucher, 
j'embrassai le payé. 

Asslgi v. a. Encuver le linge d'une lessive. 

AmIvâ v. a. Donner à manger, rassasier. (Lat. cibus, 
nourriture.) Voir Civadâ. 

Aftsûre v. a. Achever, finir. Vider un verre, une bou- 
teille. Assitre d'entounâ, vider d'un trait, sans s'arrêter. 

AsrarA t. a. Assurer. Une locution très usitée est m'as- 
sure, pris dans le sens de peut-être, je suppose. « Auvùukot, 
m'assure, anheu, »> il viendra, je pense, ce soir. 

Asftu* adv. En haut. (Voir Sus.) 

Aflirat, Alflfftut adj. Accablé de fatigue, épuisé. 

AMuyageou s. m. Achèvement. 

AMuyoeu adj. Dissipateur, prodigue. 

Atapa s. f. Morceau d'étoffe qui couvre le carreau des 
dentelières. 



19 

Atap t. a. Couvrir, cacher. Une vieille auvergnate ma- 
lade disait à son neveu : « atêpot-me ! quand faraé la papa, 
te baiîaraéle tsaudru à litsàde,» c'est-à-dire, en faisant al- 
lusion à son héritage : couvre-moi bien, quand je ferai la 
bouillie, je te donnerai le chaudron à lécher. (Esp. tapar. 
Lang. atapâ, etc.) 

Atope s. f. Cachette. Jouer à Yatape, à la recondaille , 
à la cachette; ces trois mots ont le môme sens. 

Atapt (s') v. p. Se cacher. D'où vient se tapir. 

Ates s. f. pi. Plantes desséchées, des légumes. 

AtlpÀ v. a. Alourdir, rendre pesant, engourdir, au 
moral. 

Atou s. m. Broche, rôtissoire. Vx fr. astier. (Lat. asta, 
de hasta, pique.) 

Atra Participe passé du verbe être, qui a formé les mots 
mal-atru, qui est mal, ben-atru, qui est bien. Atra a quel- 
quefois le sens de ce dernier mot. « "Ren prus atra ni plus 
héroux. » M. À. 

Atrot adj. Funeste , malheureux. Un dzour atrot, un 
jour malheureux. 

Au pr. Avec. Au te , avec moi ; au se, avec lui ; au z-el- 
lous, avec eux. 

An, Aul, A* Al II, al et aul s'emploient devant les 
voyelles. 

Aubes g. f. pi. Etincelles. 

Auehâ. v. a. Retourner sens dessus dessous. 

Auch s. f. Oie. Ce mot est du celtique pur. (Bas lat. auca .) 

Augment s. m. Acquisitions faites après le mariage. 
« La varckeiri et Vaugment, » la dot et les acquêts. 

Aulagne* Allogue s. f. Noisette. (Lat. avellana 
nux.) 



20 

Aulagnl s. m. Noisetier, coudrier, d'où les noms pro- 
pres Olagnon, Ollagnier. 

Aura s. f. Vent, air. Il y a quatre sortes de vents : la 
cizampa ou bise (nord), la travarse ou mountaneiri (ouest), 
le vent (midi), le matinal (est). (Lat. aura.) 

« Quant le matin at court avant meijour 
« N'aurans de ployé avant trae jours. » 

Quand vou plot pa la bisi, 
Vou moille jusqu'à la chemisi. 
Quand vou plot pa le vent, 
Vou moille jusqu'au pan. 

Les aures se contrassont. 

Aurtao s. m. Abri. « Se betta à Vauriao, » se mettre à 
l'abri. (Les lettres B et V étant équivalentes, nous pensons 
que le mot français abri vient de auriao, avriao> abriao, abri.) 

Aurisse s. f. Grand vent, orage. 

Autarlaux s. m. pi. Caillettes, boulettes de viande 
hachée. (R. astereaux, tranche de viande roulée et grillée, 
à'astier, broche.) 

Aux s. m. pi. Culottes, brayes. Pourtâ lous aux, prov. 
Être maître chez soi. Ce mot doit s'écrire hauts, car il vient 
de haut-de-chausse , de même qu'on a fait bas de bas de 
chasse. En tous cas Y h aspirée est inconnue en patois. 

Avala, v. a. Abaisser, baisser. (D'aval, en bas.) 

Avallsquo , impératif du verbe avalir. En lang. dis- 
paraître, s'évanouir. Ce mot est très-usité dans le midi. 
Nous trouvons dans Rabelais : avalisque, Satan , pour vade 
retrà, Satanas. Dans un noël de Chapelon, le berger dit à 
l'ange, par moquerie : « Si vous me trompez, je vous dirai 
avalisque. » Ce que l'éditeur du poète stéphanois n'a pas 
compris du tout, parce que ce mot est tombé en désuétude. 



21 

Avari v. a. Dédaigner, abandonner. Se dit aussi des 

œufs qu'un oiseau cesse de couver. 

« Et lous bos avarirant Yherba 

« Niô-ben lou caconnet lam.... » M. A. 

Les bœufs dédaigneront l'herbe — et les bousiers l'ordure, 
ayant que 

Aveille s. f. Abeille. Dans le Forez, comme dans d'au- 
tres anciennes provinces, les abeilles sont les amies de la 
famille, et participent à ses joies et à ses chagrins. Quand 
il meurt quelqu'un dans une maison, on leur fait porter le 
deuil en attachant un morceau de crêpe à la ruche. S'il sur- 
vient, au contraire, un mariage ou un baptême, on y attache 
un ruban rouge. Virgile ayant appris à tout le monde que 
les abeilles aimaient la musique, on poursuit les essaims en 
fuite à grand renfort de casserolles, mais il est défendu de 
mal parler ou de jurer autour des ruches. La reine, que nos 
paysans , plus savants que les savants , ont de tout temps 
nommée la mère, périrait immédiatement. 

Aveindre y. n. Atteindre à. 

Avenseift v. n. Suffire à, devancer. 

AventA v. n. Amener à soi, atteindre. Au fig. aboutir, 
réussir, être convenable, séant. 

AverAv. a. Détourner, ôter, dispenser quelqu'un de 
quelque chose. (Lat. avertere.) 

AviA v. a. Ranimer, faire revivre. 

AvirondA v. a. Parcourir en tournant. (De virer.) 

Ayf»A v. a. Regarder. (Lat. vider e.) 

Avi* s. m. Etau. 

Awo Imp. abs. Allons, arrive! 



22 



B 



Babaraucbi s. f. Fantôme, épouvantail. 

Babau s. m. Loup, croquemitaine dont on menace les 
enfants. Petit homme qui descend par la cheminée. Dans 
Théocrite, une nourrice menace son enfant de la baboue et 
du marmot. (Rab.) (C- bab, petit, d'où l'angl. baby, et le 
franc, bébé.) 

Babau, Bobo s. m. Léger mal, en langage enfantin. 

Babet s. m. Pomme de pin. V. belot. 

Bachassl s. f. Pétrin, coffre pour pétrir le pain. La 
bâchasse et le dressoir sont les principaux meubles d'une 
ferme, et sont toujours frottés et cirés avec le plus grand 
soin. On raconte, en plaisantant, qu'une brave vieille femme, 
dont la vache était malade, s'adressait, en ces termes, au 
bon saint de bois de son église, lequel saint avait été fabri- 
qué avec le même arbre que son pétrin : 

« San Barthomio, frâre de noûtra backassi, 
Gmrissi noutra vaehi. » 

Baebassola,Bacbasson s. f. s. m. Auge pour faire 
boire ou manger les bestiaux. Caisse à mettre les cendres. 

Baebat s. m. Auge à pourceaux, abreuvoir. «Bâcha ad 
aberandum » Acte de 1300. (Diminutif de bac.) 

Bacholla s. f. Voir bachassola. 

Baebot s. m. Petit bateau, barque. (Très-usité à Lyon.) 

Bacon s. m. Lard. 

« Bettas la man au bacon 
« Copas large, copas long 
« Baillas n'en un boun transon. » (Noël.) 



23 

En 1340, un bacon, ou porc gras, valait 20 sous tournois. 
(Testament de Jean Puy, de Montbrison.) 

Badâ y. a. Ouvrir. Badâ, la porte. Bada-goule, bada-béj 
niais, qui ouvre la bouche, d'où vient badaud. — Deux pay- 
sans, se rencontrant au marché, se tiennent le dialogue sui- 
vant, que Ton s'accorde à trouver très-spirituel : 

« Quant ta chiôre bada-bé ? 
« — Trei vingt sâos, sarra-quio. 
« — La baillaras pas pâ un ecu ? 
« — La baillarîns pas ren, omi! 

« Combien ta chèvre, badaud ? 
« — Trois vingt sous, serre-fesses. 
« — Tu ne la donnerais pas pour un écu ? 
« — Je ne la donnerais certes ! pas. 

BMulon s. m. Petit morceau de bois pointu aux deux 
bouts que les enfants font sauter. Le jeu du baculon. 

Badola s. m. Homme de peu de sens, badaud. (Esp. 
badulaque.) 

Bagnou, Bagnon s. m. Baquet, cuvier pour la 
lessive. 

Bajallë, Baijaque s. m. Bavard, bredouilleur. 

Balai s. m. Genêt dont on fait les balais communs. Il 
ne faut pas croire que ce mot patois vienne du français ; 
c'est tout-à-fait le contraire qui a eu lieu. En celtique et en 
breton balau signifie genêt. C'est au celtique que nous 
avons emprunté le nom moderne du balai. Yoir couévou. 

Balant s. m. Equilibre. 

BalloaJfe s. f. Balle d'avoine, enveloppe du grain. 

BallouHère s. f. Paillasse faite ordinairement avec la 
ballouffe. 

Bambanâ, Bambarda v. n. Flâner, aller lente- 
ment, d'ici et de là. (Esp. bambanear, vaciller.) 



24 

Bambane s. f. Femme molle, sans énergie. 

Bambes s. f. pi. On dit faire des bambes dans le sens 
de bambanâ. 

BanA v. a. Huer, tourner en ridicule. 

Bana s. m. Mari trompé, imbécile; d'où vient benêt. 
« Si vou'étes couéfi, banâ, — prenez par tout essouJblâ, — fou 
chapai, la chapelieri^ — una neiri , — una gronda neiri. » 
Chanson de Babochi. 

Baraban s. m. Dent de lion, pi. salade. 

Baqmolft s. f. Plaisanterie ou châtiment, consistant 
à frapper le derrière de quelqu'un contre terre. Faire la 
baquiole, culbuter. (Vx fr. baculer.) 

Barataten s. f. pi. Choses de rebut. Un plein grenier 
de barafutes. 

Baragne s. f. Endroit stérile, couvert de ronces; la 
levée d'une terre ordinairement abandonnée aux brous- 
sailles , fossé qui sépare. « La liera ère écondue dîns les ba- 
rognes. » Le lièvre était caché dans les buissons. 

Baranque adj. Embarrassant, chose mise au rebut. 

Baraton s. m. Espèce de fromage blanc fait avec la 
baratte ou résidu du battage du beurre. 

Baraud, Baraodon s. m. Petit pâtre employé dans 
la plaine à garder le menu bétail. (En Berri bouaron, qui 
vient de bos, bovis.) 

Barbellâ v. n. Bavarder, radoter. 

Barbelle s. f. Radotage, conte. 

Barbelles s. f. pi. Petites racines des plantes. Bavures, 
ce qui s* attache au bord d'un vase. 

Barbellora-ousa adj. Radoteur, bavard, baveux. 

Barblot s. m. Sarment planté provisoirement et qui 
prend racine. 



25 

Barbota v. u. Bavarder. Germer, en parlant des graines. 

BarbouUloun s. m. Brouillon, qui ne sait ce qui dit, 
qui bredouille en parlant. (Esp. barbullon.) 

Bardra-ua adj. Edenté, échancré. Un plat barchu 
qui siert de lichifrois. Un plat ébreché qui sert de lèchefrite. 
(De brèche, par transposition de lettre.) 

Bardaraehe* s. f. pi. Bavures restées au bord d'un 
vase. 

Bardella adj .Tacheté. Nom d'amitié donné aux vaches. 

Bardin adj. Le sao-bardin est le gros intestin du porc. 

Bardolre s. f. Hanneton (très-usité à Lyon). 

Bardane s. f. Punaise (très-usité à Lyon). 

Bardot s. m. Ane, bourrique. Celui sur qui retombe 
tout le travail, tous les reproches. 

« De la quoua dan bardot 
« I rCant fat una saucissi 
« Qu*a mrvi de fricot 
« A toute lajustici. 

De la queue de l'àne — ils ont fait une saucisse — qui a 
servi de fricot — à toute la justice. (Chanson CH.) 

BargnÀ v. a. Montrer les dents, en parlant des chiens. 

Barin-barallll s. m. Jeu cité par Chapelon. H con- 
siste à. placer un objet dans une main, à tourner les poings 
l'un sur l'autre en disant : barin-barailli , qvCuna sarailli? 
« Quelle serrure est-ce ?» et à, faire deviner dans quelle 
main est caché l'objet. 

Baritan s. m. Etamine, étoffé qui sert à faire les cri- 
bles, les tamis. 

Barltellâ v. a. Tamiser la farine. 

Baritella s. f. Jeune fille folâtre. 

Barltelleri s. f. Tamis pour la farine. Ce mot a été 



26 
usité jusqu'au vu« siècle. On le trouve dans l'inventaire du 
couvent des Carmes de Lyon , fait en 1572], après le départ 
du baron des Adrets. 

Barltet s. m. Tamis, tie-tac d'un moulin. Les meuniers 
foréziens sont loin de jouir d'une grande réputation de- pro- 
bité. Au lieu de prendre dans le sac qu'on leur donne à 
moudre Yécuettée de grains que leur accorde l'usage, ils en 
prennent plutôt trois, suivant en cela le conseil du bâtit et, 
qui va répétant par son tic-tac : « Prends par te, par me, par 
Vânou. » Prends pour toi , pour moi, pour l'âne! (D.G. ba- 
retet.) — (Ces quatre derniers mots viennent de baritan.) 

Barlet s. m. Petit tonneau, barillet. Gelai qui rend du 
vin donne, suivant l'usage, au voiturier qui vient le cher- 
cher, un barillet de 2 ou 3 litres. 

Barliaere s. m. Huissier, terme de mépris. Les huis- 
siers, ou âépendeurs de crémaillère, jouissent en Forez, 
comme ailleurs sans doute, de la réprobation universelle. 

Barllaud adj. Imbécile, idiot. 

Barlia*assi adj. Surnom donné aux habitants de la 
plaine, que l'on nomme aussi ventres-jaunes, à cause des 
courges dont ils font grande consommation. 

Barllerâ v. n. Saisir, comme font les barliaères. 

Barmat s. m. Haie formée de gros arbres. 

Barnaa s. m. Feu de joie du mardi gras et du diman- 
che des brandons. On dit barnau dans la montagne, railli 
dans la plaine, et lunœre dans le sud-est, près du Lyonnais 
et du Dauphiné. 

Barnola s. f. Panier d'osier pour mettre le poisson. 
Petit réservoir à la suite d'un bateau. 

Barrât s. m. Vase à battre le beurre. « Séque un barrât 
pertusavez lou quio, » GH. De plus, une baratte trouée au fond. 



27 

Barreari, BarrejrÂ, v. n. Avoir de la peine à faire 
quelque chose, travailler péniblement. Barreyà sa viot, ga- 
gner sa vie avec peine. 

Barri s. m. Muraille d'une ville, fortifications. En.Esp. 
barrio, quartier d'une ville. (G. Bar, clôture, d'où barreau, 
verrou, etc.) 

Barroulft, Barreulâ v. a. v. n. Dégringoler. «Mous 
eclots m'ont fat barreulâ lous degrés, » mes sabots m'ont fait 
tomber dans l'escalier. (De bas et rouler, rouler en bas.) 

Barronntâ v. a. Radoter, se mêler de tout, ruminer 
quelque chose . 

Barrountâ (se) v. p. Errer, flâner, se promener. 

Barrot s. m. Char rustique composé d'une simple claie 
placée sur deux roues. 

Bartailly s. f. Ustensiles de ménage. À Lyon: bartas- 
serie de cuisine. 

Bartau, Barton s. m. Pot à eau. 

Barta s. f. Pot, vase. 

Bartavelà v. n. Déraisonner, ne savoir ce que Ton 
dit. « Son lingueron pointsu bartavelove ainsi, n Roq. Sa lan- 
gue pointue bavardait ainsi. 

Bartavella s. f. Crécelle, femme bavarde. 

Bartavelom, Bartavet s. m. Bavard, idiot. 

Basque s. m. Bâtard. 

Bataere s. f. Grand vase en bois à deux anses, em- 
ployé dans la montagne pour mettre le lait. 

Batafl s. m. Petit cable, corde. (Bords du Rhône.) 

BaialAttou s. m. Jeu fort ancien, cheval fondu. (Bâ- 
ter l'âne.) 

Batao s. m. Tresse de chanvre. Voir chiné ve. 

Batiltovm s. m. Maillet. 



28 
BattUounâ. y. a. Battre le linge avec un maillet. 
Hanche s. f. Iris d'étang. 

Hanches s. f. pi. Fanes des légumes, des pommes de 
terre, plante desséchée. 
Banale s. m. Taureau. 
Baudlllà v. n. Être nuageux, couvert, en parlant du 

ciel. 

Baudlllom adj. Incertain , prêt à pleuvoir, en par- 
lant du temps. « Le maè d'aôt est baudilloux. » 

BauyA t. n. Regarder avec étonnement, bayer aux 
corneilles. 

Bayard s. m. Baies rouges de l'églantier nommées plus 
communément gratte-cul. 

Bayard adj. Rouge, en parlant des chevaux, des va- 
ches. Un chivau bayard, una brave bayarde. 

Bayardey s. m. Eglantier. (Rosa canina, rose des 
chiens. ) 

Bayet adj. Rouge. Voyez bayard. 

Bayette s. f. Lucarne sur un toit. 

Béate s. f. Bigotte (très-employé). 

« Y diont que les beyattes 

« Ne se mandant pas, 

« S'ei trovont un bon rencontre 

« Le laissant pas passa... (Chanson.) 

BeattUes s. f. pi. Bagatelles, choses de peu de valeur. 

Beaune s. f. Espèce de raisin de qualité médiocre, 
d'où le proverbe : « être de beaune, » être de reste. Il y a 
deux sortes de beaunes : la beaune gamaèse , plant primitif 
du Forez , et la beaune brenette qui fait un vin âpre et dur. 
Voir pour les plants de vigne : moucheraud, gamaê, rouœ-de- 
liôra, mornand. 



20 

Beehieot s. m. Bout de branche cassée, bâton à corbin 
pour atteindre à quelque chose. 

Beehu s. m. Sorte de pioche à deux dents, pour le fu- 
mier. 

BeinA y. a. Détremper , faire macérer des légumes 
secs, etc. (Br. beiTiâ, id.). 

Belet adj. Ajoute à grand-père et grand'mère. Ce mot si- 
gnifie bisaïeul, bisaïeule. En Auv. rere-belet, arrière grand- 
père (G. 6e/, source, tête). 

Beletto s. f. Fourmi (du côté du Velay). Voir mazotte. 

Belettâ. v. a. Désirer ardemment , dévorer des yeux, 
être gourmand comme la belette. 

Belot, Belin s. m. Agneau. — Pomme de pin nom- 
mée aussi chiôreîle ou petite chèvre, peut-être parce qu'elle 
rebondit en tombant sur le sol. (Esp. bellote, gland). 

Beluve» s. f. pi. Etincelles poussées par le vent. (Auv. 
beledge). 

Beluze s. f. Sorte de terrain de la nature du cheminât. 

Benals y. a. Rassasier, contenter. 

Benaise s. m. Aise, satiété, c Lo gloutons affarnos chi- 
quàvont liou benaiso. » Roq. 

Benalftl (se) y. p. Se trouver heureux, bien aise. — 
Etre rassasié « As-tu prou mingeot, es-tu benaisi? » 

Benatrn adj. Bon. 

Beulô-be adv. Peut-être bien. (Auv. beleoule-be). 

Benna s. f. Sorte de vaisseau en bois pour la vendange, 
la lessive, la houille. Mesure de capacité pour le charbon. 
Chez les Gaulois, la benne était une espèce de véhicule de 
panier d'osier porté sur des roues. « Benna, linguâ gallicà, 
genus vehiculi appellatur. » (César, Comm.). 

BenolUe adj. Pansu, obèse. 



âo 

Benon s. m. Petite benne, pour la lessive ou la ven- 
dange. 

Bessaere s. f. Terre bêchée ou à bêcher. On dit bessi, 
bêche ; bessâ, bêcher. 

Beseou s. m. Jumeau. 

BeMon, Basson s. m. Premier lait d'une vache qui 
a vêlé. On dit aussi laibèii. Le premier jour, on le fait boire 
à la vache; le second, on s'en sert pour délayer la pâte avec 
laquelle on fait des matefaims-raides. 

Betou conj. Peut-être. 

Bettft, Bouta v. a. Mettre. 

Bette, Bitte s. f. Chèvre. 

Bettet s. m. Chevreau. 

Benrlâ, BorlA v. n. Crier, meugler. « EssorKont 1o 
public à forci de borlo. » Roq. (C. beuî, bouche). 

Bezottô v. n. Bégayer. 

Bezonnr s. m. Jeu cite par Chapelon. 

Bezugnes s. f. pi. Hardes, mot correspondant au fran- 
çais familier affaires. 

Blal s. m. Bief, prise d'eau, canal. 

Bie, Bialœure s. f. Rigole pour arroser les prés, 
faite avec une pioche de forme particulière nommée jalèe 
ou jaillére. 

Blehe, Bichon s. f. s. m. Grand ou petit pot en terre. 

Blehet s. m. Boisseau, mesure pour les grains équiva- 
lant approximativement au double décalitre. 

Blchl s. m. Pot en gré ou en ctain pour mettre le vin. 
(lt. bicchiere, verre.) 

Ble s. m. Bouleau, artre. 

Blife s. f. Veines temporales. Lorsqu'un enfant vient au 
monde, s'il a la biffe apparente, on dit qu'il sera malin. 



3i 

Btganelia v. n. Boiter. 

Blganehe s. m. Boiteux. 

Bigot s. m. Pioche à trois dents, pour le fumier. 

Blgaseajou s. m. Bagage, butin. 

Blgasse adj. Bigarré, de couleur pie. Una vachi bigasse. 

Blgeard adj. Même signification. 

Bllou, Bilette s. f. Gabriel, Gabrielle, nom propre, 
diminutif. 

Blsouard-de adj. Qui est du coté de la bise, du nord. 
Les bisouards passent pour rusés. 

Blelalgne s. m. Délicat, dégoûté. 

BItorft-se. Tortu, contrefait. 

Blane s. m. Monnaie fictive encore en usage en Forez. 
Les pièces de 6 blancs, frappées pour la première fois en 1 549 
et abolies en 1660, valaient 2 sols 6 deniers. On dit encore 
C blancs au lieu de 2 sous et demi. 

Blanque s. f. Feuille, en parlant du papier. 

Blauda s. f. Blouse, vêtement peu employé en Forez. 
(Blaud, Moud, vêtement gaulois.) 

Blava adj. Pâle, blanc. « Vieilli pru$ blava que la 
mort* » M. A. 

Bloffl s. f. Boue. 

Blotte s. f. Tige de chanvre tillée ou chenevotte. « Blotte 
dau corou, » tisonnier, fourgon, piquefeu. 

Blou s. m. Balle des grains du 6eigle et du froment. 
(G. 6uZ, balle d'avoine.) 

BUayA v. a. Tiller le chanvre. 

Bobe s. f. Grimace, moue de la lèvre inférieure On 
disait aussi babou. « Pamrge luy feist la babou, » en signe 
de dérision. 

11 y a à Vienne la rue de la Bobe, ainsi nommée a cause 



3-2 
d'une tète antique de Jupiter encastrée dans un mur, et dont 
la lèvre inférieure était proéminente (Chorier). 

Bobo s. m. Huppe (oiseau). 

Boeharle s. f. Fauvette (oiseau). 

Boccon s. m. Morceau, bouchée. Un boccon de pan, une 
bouchée de pain. (liai, boccone, de bocca), par extension. 

Bode, Boudet s. f. s. m. Petite vache, veau. 

Boeme, Boyme adj. Hypocrite, trompeur. 

Bœnft v. a. Voy. beinâ. 

Boene s. f . Borne, d'où deboenâ, arracher les bornes. 

Boemies. f. Fagot de tiges de chanvre, botte de foin. 

Bofl)ft v. a. Manger (fam.). 

Boge s. f. Sac de farine de la contenance de 425 kilos.; 
sac. (G. bog, bolg, sac de peau, enveloppe, de 6o/g, ventre, 
et, par extension, tout ce qui s'arrondit. (Voir bougeole, dans 
le sens primitif). 

Boju adj. Creux, enfoncé, vide. 

Borda s. f. Maison, cabane. 

Borde, Borgne s. m. Petit serpent aveugle qu'on 
trouve dans les prés. 

Borde s. f. On dit fceu de borde pour un grand feu, un 
feu ardent. 

Bordes s. f. pi. Poussière. 

Borde s. m. Rond en osier à l'extrémité du timon d'un 
char et dans lequel on met la cheville ou playuri. 

Borgnleâ v. n. Regarder en clignant les yeux. 

Borgnaquin, Borgnfoandosfle s. m. Qui cli- 
gne souvent les yeux, qui a la vue faible. 

Borlle s. m. Borgne, privé d'un œil. Aigua-bwlia ou 
bouillon-nei) eau bouillie, potage. 

Borrat s. m. Gros nuage d'orage. 



33 

BotA v. n. Réussir, aboutir, arriver. « L'affaire botte 
mal, » l'affaire tourne mal. 

Botet s. m. Champignon. 

Botlerlat s. m. Gros saucisson , nommé aussi Bon- 
Jésus, et que l'on mange au réveillon de Noël. (Lat. botellxts, 
Esp. botarga.) 

Botte s. f. Outre, tonneau. Au siècle dernier, lorsque 
les chemins n'étaient pas entretenus comme aujourd'hui, on 
portait le vin dans des bottes ou outres en cuir. On dit en- 
core, en terme de marine, des boutes pour embarquer l'eau. 
(Esp. bota). Ce mot se retrouve du reste dans toutes les lan- 
gues : hébraïque, saxonne, grecque, etc. 

Bouehae s. m. Petite fenêtre d'un grenier, d'une 
é table. 

Boueharïn adj. Qui est des bois, forestier. 

Boadifle s. f. Toupie. 

Bouffa v. a. Souffler, attiser, Bouffa-fœu, qui souffle le 
feu, cendrillon, servante. ... 

Bouffëttes s. f. pi. Soufflet pour le feu. (Esp. bofetada.) 

Bougeole s. f. Bedaine, panse, ventre. Yx bouge, ren- 
flement. Voir boge. 

Boulllat s. m. Endroit marécageux, tourbière. Voir 
nante, narse, mouille, vivier, sabomllaU 

Bonliguâ v. a. Secouer, remuer, tourmenter. 

Bouquâ v. a. Embrasser. A bouquâ se dit toujours a la 
fin des rondes et des brands. 

Bourbe s. f. Boue épaisse. Voy. piètre. 

Bourde s. f. Perche garnie d'un morceau de fer h son 
extrémité, instrument de pêche. 

Bourdls, Bourdlmage s. m. Désordre, pêle-mêle, 
embarras, paille hachée, broussailles. 

3 



34 

Bourelri s. f. Vieille vache qui ne porte plus, vache 
taurinée. (C. bour, taureau.) 

Bourgnon s. m. Essaim d'abeilles {Auv.). 

BoUron s. m. Araignée. Les mères qui donnent un 
raisin à un enfant n'oublient jamais de lui recommander 
de ne pas avaler le bourwi. Cet insecte tisse sa toile dan* 
le ventre, et Ton ne tarde pas à en mourir, dit-on. 

Bourra s. f. Petite pluie âne» 

Bourra* Borrft v. n. Pleuvoir finement. 

Bourrasse v. n. Même signification. 

Bourre s. f. Sorte de jeu de cartes. 

Bouta, Bout! s. m. Mollet, gras de la jambe. 

BoutÀ v. a. Mettre. 

Boutassat s. m. Bourbier, au fig. 9 mauvaise soupe. 

Boutasse s. f. Réservoir d'eau, citerne. 

Boutifle s. f. Vessie, gonfle. 

BoutBlon s. m. Petite grappe laissée par les ven- 
dangeurs. 

BOutUlounâ v. n. Grapitier, ramasser les boutillons. 
Au Moyen-Age, on disait Âlleboter, allebotewr. 

Boutin-lna s. m. s. f. Chevreau, chevrette. 

Boutsas s. f. pi. Lèvres. (Auv. id.) 

Boirtna s. f. Vache. Ce mot qui n'est qu'arfj. en fran- 
çais, est substantif en patois. 

Boye, Boyaude s. f. Fille, enfant. (Ang. boy, petit 
garçon.) 

Bragard adj. Elégant. Du temps de Rab. on appelait 
mignons bragarâs, les jeunes gens qui se distinguaient par 
la magnificence de leurs frayes. 

Bragardlse s. f. Elégance, parure. 

Braise s. f. Miette. Pris adv., una braise signifie un peu, 



35 
d'où le verbe s'ebresà, s'émietter. (G. breson, brason, même 
sign., d'où vient certainement le nom de Montbrison, tou- 
jours écrit Montbruson jusqu'au xrv e siècle, et non d'une 
déesse Briso qui, dit-on, préside aux songes, mais qui plutôt 
a fait rôver debout certains étymologistes.) 

Bramafim adj. Misérable, affaibli par le jeûne, qui 
brame la faim. 

Bran s. m. Pampre, branche de vigne. 

BraneellÀ (se) v.p. Se balancer.(C.&raiicitf , balançoire.) 

Brand s. m. Branle, danse. 

Brandons s. m. pi. On nomme dimanche des Bran- 
dons, le premier dimanche de carême. Ce jour-là, aussitôt 
la nuit venue, des milliers de feu de joie s'allument à la 
fois sur la montagne et dans la plaine. On en donnait le 
signal autrefois en jetant un flambeau allumé du haut 
de la plus haute tour du château à Montbrison. « Le soir 
des brandons, quand on jetait les flambeaux du haut de la tour 

en bas, où ils estaient vus de tout le pays » (P. Fodéré). 

En Bretagne , dans certains villages , un ange mécanique 
descendait du haut du clocher, un flambeau à la main, et 
venait mettre le feu au premier bûcher. 

Branqniolâ (se) v. p. Se balancer. 

Braqua v. a. Ecraser, tiller les tiges du lin. 

Brassonla v. a. Bercer. 

Bran s. m. Bourgeon. 

Brava s. f. Génisse. (D. C. brama.) 

BravardÀ v. n. Mélanger les troupeaux dans les pâtu- 
rages, h, Pierre -sur-Haute. 

Bravarde s. f. On appelle maîtresse bravarde la plus 
belle vache d'un troupeau, celle qui porte la clochette et 
conduit les autres. 



36 
Brave adj. Beau, bien vêtu. (C. brav, G. briaw.) 
Braya v. a. Se mêler de tout, faire le maître, porter les 

brayes. 

Brayes s. f. pi. Culottes , pantalon. Ce dernier mot 
n'est nullement usité. On nomme Jeanna à brayes une femme 

qui se mêle de tout. 
Bren s. m. Son. «Aufaitïânoupa avâédebren» (prov.). 

Il fait Tàne pour avoir du son. 

Bresson, Brou89on s. m. Goulot. « Sans brousson 
ni maneilles, » sans anses ni goulot. 

Bretagne s . f. Plaque de fonte, derrière le foyer, qui 
chauffe la pièce contiguë. 

Bretlllon s. m. Filet de la langue des petits enfants. 
On dit d'un bavard « Quo que ny a coupot le bretillon a bè ga- 
gnot sous cinq saos, » celui qui lui a coupé le filet a bien ga- 
gné ses cinq sous. 

Breutl, Breil s. m. Bocage, taillis, d'où les noms 
propres Breuil, Dubreuil. (Du C. Brus, est venu Brosse, les 
Brosses, le Brochet et le mot français broussaille.) 

Brlnque s. f. Rosse, mauvais cheval. 

Briffa s. f . Gloutonnerie, période où les vers-à-soie man- 
gent le plus. (( Âuseimble înregimentdemagnisàla briffa.» 
(Roq.). 

Briot s. m. Cellier, cuvier. 

Brlseallle s. m. Yagabon, mendiant. 

Broche s. f. Aiguille de bas. (C. brocha). Le proverbe 
« Enfant comme les broches » vient peut-être du mouve- 
ment du jeu des broches. 

Brogf , Brougî v. n. Réfléchir, rentrer en soi-même, 
se repentir. « Que vou est que te brngi? » à quoi penses-tu ? 

Bronenla s. f. Salutation, courbette. 



37 

Brouta v. n. Se dit du lait qui tourne, qui caille par 
la cuisson. A Lyon, brouter. 

Brnre v. n. Crier, faire du bruit. 

Bru s. m. Ruche d'abeilles, essaim (par mimologie). 

Bru s. m. Petite seille pour traire les vaches. 

Buda v. a. Brûler. (G. buclâ.) 

Bugne, Baguette s. f. Sorte de gâteau cuit dans 
l'huile, beignet. Au fi g., personne sans énergie, sans ca- 
ractère. 

Buta s. f. Beurrée, fromage blanc, baraton. On dit: 
una bura de neigi, une ondée de neige. 

Bures s. f. pi. Le dimanche des Bures ou des Brandons, 
premier dimanche de carême. Voir Brandons. 

Buri s. m. Beurrier, baratte pour battre le beurre. Le 
couvercle se nomme Yéçuelle ; la motte est la petite palette 
ronde au bout du manche. 

Burlet s. m. Gros bâton pour jouer à la caye ou à la 
chiôre. 

Baron s. m. Chalet des montagnes de l'Auvergne, que 
l'on nomme loge ou jas sur le versant du Forez. 

Buya s. f. Lessive (Lang. bugad). Le chiôri ou fluri, est 
le drap qui sert à mettre les cendres. On dit d'un homme 
sans énergie : « Vou est un Jean de la buya. » c'est-à-dire il 
n'est bon qu'à faire la lessive. Mena la buya, couler la les- 
sive ; Vaissaguâ, l'essanger; la jeta, la faire sécher, etc. 

Buyasson s. m. Petite lessive. 



38 



G 



Cabelot s. m. Tabouret. 

Cabiotte s. f. Hutte, cabane. 

Caboehl s. f. Clou à grosse tète. 

Caca s. m. Gâteau, friandise, enlang. enfantin. 

Caeaborllon (à). A l'aveuglette. Voir Borlie. 

Caeamiigal s. m. Jouet, amusement d'enfants. 

Caeamarlou s. m. Surnom des habitants de Saint- 
Bonnet-le-Château et des localités voisines du Vêla y. Ce so- 
briquet ne fleure pas baume. 

Cacha 1 v. a. Pincer, blesser, meurtrir. « Lou travouai 
ne cache pas sous daès, » le travail ne meurtrit pas ses 
doigts. On disait autrefois cacher. On raconte qu'un prédica- 
teur ayant dit devant la cour de Louis XIV : « Chacun sait où 
son soulier le cache, » un gentilhomme fit observer qu'il fau- 
drait un soulier bien grand pour cacJier un homme. 

Cachou s. m. Rave sans chavisse, c'est-à-dire sans les 
feuilles. 

Cachou s. m. Pépin de fruits, de légumes. « Lou ca- 
chons de gourde font de bouna hiaole, » les pépins de courge 
font de bonne huile. 

Caco, Cacagnto s. m. Œuf. 

Caeolla s. f. Brou de noix, enveloppe dure des fruits, 
coquille d'oeuf. D'où le verbe decaeola. 

Caeonet s. m. Bousier, insecte qui vit dans l'ordure. 

Cadatte, Cadette s. f. Dalle de pavage, seuil, per- 
ron, trottoir (très-usité à Lyon, où l'on dit, dans une langue 
inconnue à l'Académie : « Ooh ! canante, réveille le gone que 



39 
dort sus la suspente, dis-lui d'alkr jeter les esquevilles ms la 
cadette, » au lieu de : « Femme, réveille l'enfant qui dort sur la 
soupente, et dis-lui d'aller Jeter les balayures sur le trottoir. » 

Cadène s. f. On nomme ainsi, dans les bateaux du 
Rh6ne, le pieu eu Ton enroule le câble ou la chaîne. (Lai. 
catena, chaîne.) 

Cadoulas. f. Loquet. Voir Câtolle. 

Caftiron s. m. Recoin obscur. 

Cafarotta s. f. Coin, trou, cabane. 

Cagni s. f. Paresse, fainéantise. 

Cailledl s. f. Vase en bois où Ton fait cailler le lait. 

Calsâ (se) v. p. Se taire , s'apaiser. (Rom. se coiser, se 
tenir coi, du lat. quietus.) 

Calanda s. f. Vache dont le frontal et le museau sont 
blancs. 

Cale s. f. Ancienne coiffure que portent encore quel- 
ques vieilles femmes. (C. eal, tête.) 

Câlina, Calûre s. f. Ravin, pente d'un coteau, vallon. 

Daman adj. Joyeux, qui aime à s'amuser. 

Cambin s. f. Aubaine, profit, occasion. 

Camliroiitte s. m. Maraude. Les ouvriers de Saint- 
Etienne, quand ils chôment d'ouvrage, s'en vont parcourir 
les campagnes en mendiant. Ils appellent eela o aller à la 
cambroutte. » 

Camtohon s. m. Fruit du tilleul, petite dragée. Au 
temps de Louis XIV on nommait ainsi une sorte de bonbon. 

Camlsard s. m. Ce mot sous lequel on désignait les 
calvinistes des Cévennes, à la fin du xvii e siècle, est aujour- 
d'hui le surnom des Sauvagnards ou habitants de Sauvain. 

CA-mount. Ca-vonal adv. Là-haut, là-bas, dans 
l'endroit où est la personne qui parle. 



40 

Campana s. f. Cloche. Au fig., femme dégingandée , 
sans tenue. (Lat campana.) 

Campanalre s. m. Clocheteur, sonneur. Le clocheteur 
des trépassés existait encore dans les petites Tilles du Forez, 
au commencement de ce siècle. A la mort de quelqu'un, il 
parcourait les rues en criant : « Réveillez-vous et priez pour 
le pauvre corps de N...j qui est trépassé. » Il eût mieux valu, 
croyons-nous, prier pour son âme. 

Canealne* s. f. pi. Pelures de rave séchées, que Ton 
mange frites dans l'huile, en carême. 

Canestar s. m. Grande corbeille d'osier. (Esp. ca- 
nasta., lat. canistra*) 

Caplau s. m. Chef, tête, puis chapeau. (Lat. caput) 

Capltô v. a. Rencontrer, trouver. 

Capot s. m. Terme de jardin. Petite éminence où Ton 
sème les melons, concombres, etc. 

Caramentran s. m. Fête du Mardi-Gras, carême- 
entrant. Mannequin que Ton brûle ce jour-là. Il y a deux 
caramentrans : le vieux* qui se célèbre le Mardi-Gras, et le 
jeune, celui du dimanche des Bures. Le mannequin ou effi- 
gie que l'on portait en procession ce jour-là, est le manducus 
des Latins. « Elle avait un masque en façon de teste d'hom- 
me avec de grosses et amples maschoires, et de grandes 
dents qu'elle faisait peter l'une contre l'autre, ouvrant une 
grande gueule, afin de faire fuir les spectateurs en riant. » 
Voir Plaute, in Rudente. Voir au mot mâche-croûte des dé- 
tails sur le carementran de Lyon. 

Garealœure s. f. Cachette de noix ou de pommes vo- 
lées, que les enfants font dans le foin. Trouva la carcalœure, 
loc. prov., signifie vendre la calebasse, vendre la mèche. 

Carcamelà, Careavelâ v. n. Tousser. 



41 

Careamella s. f. Sobriquet de vieille femme, qui 
tousse toujours. (Esp. carmala.) 

Carémi s. m. Nom donné dans plusieurs villages de la 
Loire et du Rhône à quelque sculpture grotesque de l'église 
que les enfants feignent de tuer à eoups de pierre, le samedi 
saint. Le carémi de Mornant en Lyonnais était célèbre encore 
vers 1830. Les ouvriers qui se rencontraient faisant leur tour 
de France, se demandaient en signe de ralliement : 

— « As-tu passé par Mornant ? 

— « Oui. 

— « Qu'as-tu vu ? 

Si l'interrogé répondait : « Toi vu Carémi, » il était re- 
connu pour un vrai compagnon. (Cochard, Notice sur St- 
Symphorien-le-Château.) 

Carau s. m. Coin, foyer, cheminée. 

Carpan s. m. Soufflet, giffle. 

Carplno s. m. Agent de police. 

Carreau s. m. Petit métier à dentelles. 

Carrela v. a. Ressemeler les souliers. 

CarreUeureft s. f. pi. Semelles , et par extension 
souliers. 

Carrlolœures s. f. pi. Ornières tracées parles chars. 

Carte 3. f. Cruche. 

Carte s. f. Ancienne mesure de superficie. Mesure de 
capacité pour le vin, qui varie suivant les pays : la carte 
vaut 15 litres en Auvergne, et seulement 8 litres à Boen. 

Carte, Carton s. f. s. m. Mesure de capacité pour le 
blé, boisseau contenant 2 décalitres \ /2, 25 litres ou le quart 
de cent. 

Casftl, Casse s. f. Casserolle. Grand poêlon à deux 
pieds et à long manche, pour faire la bouillie. Cassi-resoliure, 



4* 
poêle à frire. Il y a & Lyon la rue Ça*$e*Frctid*, ou, selon 
toute probabilité, la cuisine n'a jamais, «Humé de grands 
fourneaux. (Vx fr. cam. E«p. <*«>♦) 

Cassot s. m* Même signification. 

CatstoaumlHe s. I Bkuet, centaurée, pi. 

CstfaUlon, date* s. m. Petit caillot dans la pâte. 

Cathlèra s. i . Grand fauteuil en bois placé au coin de 
la cheminée et réservé auebef de Ja Canaille, {Ut. utihedra, 

chaise, chaire). 
Catôehe, Catarôche s. f. Grosse bûche, btehe de 

Noël. Dans le Midi, catsi-fau, casse-feu. 

Catolla s. f. Loquet, petit morceau de bois qui sert à 
fermer une porte de buffet. 

Câtolle adj. Lent, traînard. 

Catsa s. m. mauvais fromage, see, qui s'émieite. 

Catsâ v. a. Presser, blesser. Voir Cacha» 

Causse s. m. Espèce de mouton de 1* Hautfrtaire. 

Causse s. m. pi. Haies, clôtures. (G. eau, m. «ign.,d'où 

vient quai.) 

Cavard s . m. Lieu, endroit. « En couard qu'au seye 
cura, — Par son parouchîn au m'aura. » M. A. En quelque 
endroit qu'il soit curé, il m'aura .pour son ptrotolien. Çou- 
nùtre le eeward, connaître le bon coin. 

Caye s. f. Truie. — Pièce d'un pressoir que l'on place 
sur les cayons. — Sorte de jeu très-usiïé, et que des bas» 
reliefs antiques nous prouvent avoir été connu par les Ro- 
mains. Ce jeu , simulacre d'attaque et de défense , se fait 
avec l'instrument de la sape appelé truie, d'après Yegèee, etc. 

Cayon s. m. Porc, cochon. (G. cai.) 

Cayons s. m. pi. Blocs de boÎ6 que l'on metsur la table 
du pressoir. 



43 

Canon s. m. Masure, maisonnette. Voir Chaïaux. 

Cetoelâ. ▼. a. Secouer, ébranler. 

Cegiiy s. m* Serin -vert, qui niche dans les oseraies du 
Rhône. 

Cent adj. Fort. « Au m'a baillot uncop si cent, » il m'a 
donné un coup si fort. 

Cetu, Cetnl pro. dém. Ce, celui-ci. 

Châ (à). Loc. distributive. à ckâun, un à \m;à chà-pot, 
peu-à-peu; à chârveij quelquefois, peut-être» 

ChaMtres. m. Licou. (C haMstre f esp. wbe&tto.} 

Chabord s. m. Gros rhume de poitrine. 

Chalay s. m. Rafraîchissement. 

Chalendes s. f. pi. La fête de Noël, l'époque de Noël. 
C'était aux chalendes que l'on nommait les consul* à Lyon. 

Challa s. f. Espace déhlayé de neige, ou Ton met des 
lacets pour prendre les oiseaux. Sentier tracé dans la neige. 

Challaye s* f. Fougère, pi. 

CMalondan s. m. Bûche de Noël, de chatendes- 

Chamara* ou Airlllon t. m. Plante qui a l'odeur 
de l'art. 

Chamarat s. m. Ornement. « Lou chamarat de mes 
amours. » M. A. 

Cbambaille s. f. Jarretière. De chambe, ou jambe. 

Chamberon s. m. pi. Petites poutres placées eu 
travers de la cheminée et auxquelles on suspend les jambons 
pour les fumer, et les ételles pour les faire sécher. 

Chambetta &. f. Croc-en-jambe. 

Chambra s, m. Terrain d'aHuvion sur les bords de la 
Loire, limoneux et très-fertile. 

ChambouMi s. f. Partie de la charrue. Voir Atvre, 

CbambrlUe (à) loc. adv. Sur le dos. 



44 
Chambûelc s. m. Charbon, maladie des grains. 
Chaminaax s. m. pi. Chenets. On les nomme aussi 
dans la montagne chiôres dau fué^ littér., chèvres du feu. 
Chamoutta s. f. Petite éminence, grosse motte dans 

les prairies. 

Champases. m. Voir Chambon. 

Champan s. m. Porc âge de 2 ou 3 mois. 

Champer v. n. Lancer des pierres. 

Chamusî v. n. Moisir. 

Oumâ v. a. Boire à gogo , jusqu'aux chanes ou fleurs 
du vin. 

Chana s. f. Chenal, gouttière. —Table à rebors et gou- 
tière pour pétrir les fourmes. 

Chaiiaux. s. m. pi. Grands chenets. 

Chaneay, Chança s. m. Cercueil, bière. (De châsse). 

C/handelom s. m. Petit cierge. Lorsqu'un enfant est 
malade, on fait les chandelons. Voici en quoi consiste cette 
cérémonie : on colle trois petits cierges au mur de la che- 
minée. L'un est en l'honneur de la Vierge, l'autre de saint 
Fortunat ou tout autre saint patron des enfants ; le troisième 
est pour la mort ! Le cierge qui finit de brûler le pre- 
mier indique s'il faut mener l'enfant en pèlerinage, ou si 
tout remède est inutile. 

Chandlllon s. f. Tige de chanvre tillée. 

Chane s. f. Fleurs du vin, que Ton nomme famillière- 
ment à Lyon des gendarmes. 

Chanforgifte s. f. Cornemuse, musette. 

Chani adj. Odeur de chani, odeur de renfermé; temps 
chani, temps froid ; poumes chanies, pommes aigres. Un quar- 
tier de Lyon et plusieurs villages du Forez portent le nom 
de Bourgchanin. 



45 

Chaninat s. m. Sorte de terrain argileux, pierreux et 
inculte. 

Chanon s. m. Etui. Du roman chas , aiguille. On dit 
encore ce mot pour désigner le trou d'une aiguille. 

Chantoeu, Chantai s. m. Chanteau, quartier de 
pain. On disait autrefois le premier chanteau, le second ehan- 
teau de la lune. (Gfr. kantos, le coin, l'angle.) 

Chantre s. m. Fifre. 

Chapi s. m. Auvent, hangar. 

Chapltella s. f. Etable, cabane, hangar. 

ChaplÀ v. a. Ecraser, blesser. 

ChaplÀ v. a. Couper le pain pour la soupe. (Bas. lat. 
capulare. On trouve dans Rab. « miettes et chaplis de pain. » 

Chaplé s. m. Piqueur de meule. 

Charamante s. f. Mot collectif désignant les outils, 
les ferrures qui servent pour l'agriculture. 

Chardâv*a. Hargner, exciter. Faire chardâ les chiens. 

Chare s. f. L'endroit le plus profond d'un étang; — où 
l'avoine réussit très bien dans Yassec. 

Chargnet s. m. Fête, réjouissance publique. Voir dans 
Chapelon la description des charguets. 

Charnat» Carnuat s. m. Carnaval. 

Charret? Chiorl s. m. Drap pour la lessive. 

Charreire s. f. Rue, chemin. (Esp. Carrera.) 

Chartuerie s. f. Sorte de char rustique. 

Chfttrelet? Châtelet s. m. Jeu qui consiste à viser 
et à renverser un châtelet ou petit tas de noyaux, de châtai- 
gnes, etc. 

Chatilllon, Chatil s. m. Chardonneret , oiseaux. 
Chatrillet-balard, linot. 

Chattanmltta s. f. Colin-maillard, jeu. 



46 

Chaaeha v. a. Presser, fouler. (Lat. calcare.) 

Chauelia-vtelUl s. f. Cauchemar, lutin qui est censé 
le produire. 

Chaumagfie s. f. Marais, prairie humide. 

Chauftse, Chaase s. m. Chêne. 

ChauMère s. m. Entremetteur, celui qui fait faire un 
mariage. Au Moyen-Age, on nommait deschaussaUles le ca- 
deau que la mariée faisait à ses garçons d'honneur. 

Chaussida s. f. Sarretula arvensis, plante. 

Cliaiisslrl, Charohfrl s. f. Tannerie. Ce mot est 
très-anciennement usité , et Tient de chausse. Chêne , qui 
fournit le tan. On disait encore chockiére au xvn* siècle. 

Chavâ v. a. Creuser; aufig. trouver, déterrer. « Onte 
as-tu chavot iquo mot ? » où as-tu été chercher ce mot-la ? 
(Esp. cavaty du lat. cmare.) 

Chavagni; Chavant s. m. Chouette, duc, oiseau 
de proie qui enlève les poules. Au fig. vieille femme laide 
et méchante. 

Chautagne s. f» Nom donné au roitelet à cause de sa 
ressemblance comme grosseur et couleur avec une châtaigne. 

Chavagse, ChaviMe s. f. Feuilles, fanes des lé- 
gumes, raves, carottes, etc. 

Chava-tourta s. f. Cauchemar, 
la chava-torta que de n<m 
Chauche les gens tant qu'elU pœut. 
Le cauchemar qui, la nuit, 
Oppresse les gens tant qu'il peut. 

Chavatrou s. m. Charançon, insecte qui creuse, qui 
ckave le bois, le grain, etc. 

Chavelœure s. f. Ruban de fil pour attacher. A Lyon, 
chevillière. 



47 

€bfKTOlcm s. m. Coiffure. 

Chavon, Chapon s. m. Sarment replanté. 

Cbazaere, Cftftzeraasl s. f. Panier où l'on met 
sécher les fromages. (Esp. qaesera, fromagerie ; ang. cheese; 
dulat. caseus, fromage.) 

Secouyon*, sus iquettes blettes, 

La chazerassi de les crottes* — M. A. 

Chaftam, Cfaeiaax s. m. pi. Ruines, masure». Du 
lat. casa, maisonnette; d'où tiennent les noms très-nombreux : 
Chazaux, Chazal, Chazelle, Chaise, la Chaise-Dieu, Caze, 
Cazalis, etc. 

Chelre v. n. Tomber. 

Chelnt, Chalot, CHatell s. m, Lampe. 

CfaemlsoHes. f. Robe de dessous, en molleton gris-bleu. 

Cher, Chier, SWer, s. m. Rocher. Vieux mot roman, 
d'où les noms : du Chier, Bûchez, etc. (Esp. sierra, Ar. sier). 

ChMtons. m. Minois chiffonné; petit enfant. (Esp. 
chico.) 

CMnèTe s. m. Chanvre. Lorsque le chantre est coupé, 
on le met fmsâ, rouir. On le place en matte sur le bord de 
l'eau et on le fait Bêcher à Yepandao. On le réunit en fagots 
ou ooetttejpourle faire bluyà, tiller. La filasse est réunie en 
coumba ou ballot, pour être écrasée sous la meule. On en fait 
ensuite des tresses ou battaos. Dix ou quinze battaos for- 
ment une messie. Lorsque le chanvre est peigné, on le sé- 
pare en cewre ou plan, qui se file pour le linge , et en pt- 
gnœures, bourres ou étoupes* 

Chlii4ae0, Che4et s. m. Blaireau. (■Ckienrteysson 
ou teysson, en tx fr.) 

Chintres, Ofttatittrefi» s. m. pi. Sillons tracés en 
tète d'une terre labourée. 



48 

Chièraton, Chûraton s. m. Fromage de chèvre. 

Chiôra, Chûra, Clraère s. f. Chèvre; cMwa- 
martina, bécassine ; chiora-moutta, chèvre sans cornes. On 
dit cabre dans le voisinage de l'Auvergne. 

Chiôrella s. f. Litt. petite chèvre, pomme de pin. 

Chioretta, Chabre s. f. Cornemuse faite d'une 
peau de chèvre. Instrument rustique en usage dès l'anti- 
quité, composé d'une outre, d'un bourdon et de deux cha- 
lumeaux. (Traité de la Musette, par Bourgoin, Lyon, in-folio, 
4672.) 

Chlôrot, Chûrot s. m. Chevreau. On nomme les 
chevreaux lous meynas de Pâques , à cause de la ressem- 
blance de leur bêlement avec le vagissement des enfants, et 
parce que les chèvres mettent bas aux environs de Pâques. 

Chlquet s. m. Petit verre de liqueur. (Esp. chisguete, 
petit coup de vin.) 

Chlrat, Chiratel, Chirei s. m. Tas de pierres. 
On appelle chirats les amoncellements de pierres que l'on 
voit sur les pentes du Mont-Pilat et qui proviennent de l'é- 
boulement des pics supérieurs renversés par quelque com- 
motion inconnue. Le pic des Trois-Dents, déchaussé par les 
neiges, crevassé et presque émietté sous l'action de l'atmos- 
phère, est destiné à former des chirats dans un temps plus 
ou moins éloigné. Le proverbe les pitres s'en vont toujours 
au chiré correspond au proverbe français : l'eau va toujours 
à la rivière. 

Chironâ v. a. Bois chironé, bois vermoulu. 

Chlvae, Chivada s. f. Avoine. (Esp. civada.) 

Choplâ, Clioplâ v. a. Ecraser. Au fi g. mépriser. 
Chopià lous arteis, marcher sur le pied. 

Choquet s. m. Hoquet. 



49 

Chorlre s. f. Poutre. Dans la charpente des toits qui 
forme un triangle, la chorire est la grosse poutre qui est la 
base du triangle, les tinàillôn& sont les deux autres côtés. On 
appelle puncillon la petite pièce de bois qui partage le trian- 
gle en deux parties égales. 

Choudane, Clioudtnatifle s. f. Bouillon blanc, 
molène, pi. 

Chougnft t. a. Manger, fam. 

Chu. Ici. Là-chu, là-haut; de-chu, la-bas ; « vins n'avant 
c/w, » Tiens ici. 

Omette s. f. Fruit épineux d'une espèce de chardon, 
vulgairement nommé chien. 

Churlôle s. f. Bécassine, oiseau, fiéchùre, chèvre ; son 
cri ressemble au bêlement de la chèvre. 

Cine, Clnelle s. f. Fruits de l'aubépine. Lorsque la 
sécheresse empêche les grains du raisin de grossir, on dit 
qu'il vire en cinelle. 

Cira s. f. Fromage blanc. 

OvadA (se), v. p. Se promener lentement, flâner, 
comme si Ton était en civière, en voiture. 

Clvada (se) v. p. Se nourrir, manger. (Lat. tibus, nour- 
riture). 

Ctvada s. f. Repas, dîner. 

Ctvelot s. m. Haie, clôture. 

Clvetta s. f. Chouette. 

Cizampa s. f. Bise, vent du nord. — Àdj. Terme de 
mépris; femme dont les vêtements sont en désordre. 

Claquettes s. f. pi. Côtes de bœuf dégarnies, avec 
lesquelles s'amusent les enfants. Castagnettes. 

Clavelelrl s. f. Vrille, foret. 

Clavlo s. m. Hameçon. 

4 



50 

Clavls. m. Plaque d'or que les femmes portaient jadis 
au cou. 

Clavetft v. a. Clouer, attacher. « Ores que te veqitia 
elaveta su Varore. » 

Clianson s. m. Pinson, oiseau. 

Cllapa, Clapa adj. Tiède. 

Cllot s. f. Demi-porte à hauteur d'appui, pour fermer 
les. é tables, les maisons. 

Clœu, &I1111 s. m. Fagot de paille. (G. glum). Nous 
trouvons le mot glm } employé dans le même sens dans les 
comptes d'Anne Dauphin e, comtesse de Forez. 

Clum&cle s. m. Crémaillère. 

Clurcere s. f. Cendrier, endroit où l'on met les cen- 
dres. Voir Ecîiôre et Flourey. 

Clussl? Clousst s. f. Poule-mère, ou plutôt qui veut 

couver. 

Iclossi,ivagrouâ. 

Il ant appel clussi 

Ma poura sieu Fluria. 

En esp. gallina clueca, en patois jalena clussi. 

Cœu s. m. Cuir. Ccm adouba, cuir tanné ; cœu peloux, 
cuir velu, brut. 

Cceupte s. f. Penchant d'une montagne. 

Collon s. m. Morceaux de cuir adaptés aux deux par- 
ties du fléau, écoussoUj et réunis par la meiana. 

ColomMne s. f. Fumier de pigeon. 

Côme s. f. Chevelure, crinière. (Lat. coma.) 

Coehe s. f. Morceau de fer au bout du fuseau, peson. 

Commeninra s. f. Gros bouton double en cuivre, 
qui sert à retenir la partie antérieure des brayes. 

Comprâ v. a. Acheter. (Esp. comjsraiyïulat. comparare.) 



51 

Coiteor, Caneora s. m. Hanneton. (Vx fr. cancoile.) 

Concorne, Caneorne adj. Radoteur, qui bour- 
donne comme le hanneton. 

Ceneornâ v. n. Radoter. 

Condet (à). A la cachette, jeu. (Lat. abscondere, ta- 
cher.) 

Copet, CoMet adj. Jouâàptd-coblet, jouer à cloche- 
pied (à pied-coupé). 

Coquelle s. f. Casserolle en fonte. (Lat. coquere, 
cuivre.) 

Coquetl s. m. Coquetier, nom donné aux maraîchers 
qui emportent les fruits et les légumes à Lyon et à. St- 
Etienne. 

Cora s. f. Ver de cota, aigreur d'estomac lorsqu'on a 
trop bu d'eau. 

Corbuslne s. f. Salutation. 

Corda s. f. Bande. 

Cordels s. m. pi. Double étrier en fer adapté au joug, 
dans lequel passe la queue de la chartueiri. 

Corla s. f. Gourde. 

Corniflâ v. a. Avaler, dérober. 

Corllllère s. f. Ficelle ou lanière de cuir, qui sert, 
de l'extérieur d'une porte, à soulever le loquet placé en 
dedans. C'est la chev Mette des contes de fées : Tirez la 
ckevilletie et la bobinette chéra. Au xv f siècle , le courrail 
était un petit verrou. 

Cornièle s. f. Trachée-artère. On dit la corniôle d'un 
choux, pour la tige. 

Corsellle, Croissallle s. f. Petits poissons blancs 
pour empoissonner un étang, une rivière. 

Ce» s. f. Pierre à aiguiser. (Lat. cos») 



52 
s. f. Iris des étangs, pi. 

€oaa s. m. Coup, fois. « Sopro gnus coué timbros, » R. 
à neuf heures sonnant. Çénquanta coua, cinquante fois. 

Couage s. m. Fête qui se célèbre dans la montagne, 
après la naissance des agneaux. 

Couanâ y. n. Jacasser, cancaner. « Ei couanont tourna 
des oyes que vant au blâ, » elles jacassent comme des oies 
qui vont au blé. 

Couard s. m. Viande de l'arrière, train du bœuf. 

Couasson s. m. Culot, dernier né d'une famille, 
d'une couvée. Queue d'un char. 

CouurÀ y. a. Enrouler. Çoubrâ la moilh, enrouler le 
câble. 

Couchon s. m. Le but d'un jeu de boules. 

Conçu s. m. Primevère. 

Coucourla s. f. Courge, citrouille. 

Coué, Couvet s. m. Petit étui en bois dans lequel on 
me t la cos. 

Coueiti s. f. Fournée de pain cuite. 

Coueltl (se), CouetA (se) y. p. Se presser, se hâter. 
A la coueti, h la presse. (C. escoui). En. rom. coiteus, em- 
pressé, désireux. 

« ...qui coiteus de soi replegier, 
« Va tantost Belesme assiéger. » 

(Guillaume Guiart, 472). 

Couéri adj. La couéri saisoun, l'arrière saison. 

« N'attends pas la couéri saisoun 
« Que n'a ni forci ni raisoun. » M. A. 

Couevetta s. f. Plumeau, balayette. — Brochette en 
bois pour le jeu de piquaronio. 



53 

CouevetÀ t. a. Brosser. 

Conevl v. a. Balayer. 

Coaevou, Conlvre s. m. Balai. Voir Econbat. (G. 
scuba; B. skuba; esp. escoba; lat. sœpa.) 

Confllâ v. a. Gonfler. « Loti triôle confie les vaches, » 
le trèfle fait gonfler les vaches. 

Couffin s. m. Foyer. 

Conhard s. m. Communal, paquage inculte, plein de 
rochers. 

Conlâ v. n. Glisser. 

Coulade s. f. Salut. « Un chinqu'accoumençave à faire la 
coulade, » un chien qui commençait à faire la révérence. Ch. 

Coulelgne s. f. Quenouille, sorte de canne ou roseau. 

Coulœre s. f. Sac en laine ou en toile pour passer le 
lait, pour filtrer. 

Coumba s. f. Ballot de chanvre. 

CountarjÀ y. n. Bavarder, causer. 

Connvi y. a. Accompagner, reconduire. (Lat. cum.) 

Coupet s. m. Occiput, la nuque. « Le cowpet me daou, » 
la nuque me fait mal. 

Couqnâ y. a. Embrasser. 

Couquées s. f. pi. Espèce de beignet-gâteau. 

CouquWard s. m. Mendiant , pèlerin qui porte les 
coquilles. 

Conra s. f. Mou, poumon. 

Conra s. f. Assemblée, cour. On fait la courd dans les 
veillées, on s'assemble pour casser les noix, tillcr le chanvre! 

Conral, Cora s. m. Chêne, arbre. De là vient le nom 
de St-Bonnet-de-Cowreaua? , près duquel est le village de 
Roure, nom qui a la même signification en latin. Le château 
de la Corée a la même ctymologic. (C. cora.) 



54 

Couramiau s. m. Surnom des habitants de St-Cha- 
mond, parce qu'au lieu de suivre les préceptes de la cuisi- 
nière bourgeoise : « Pour faire un civet, prenez un lièvre, » 
ils préfèrent prendre un chat, ils wurrent aux miao. 

Courbât 9 Courvat s. m. Homme marié sans en- 
fants. (Peut-être de corrival, homme qui a un rival. Nous 
lisons dans Rab. : « Ne me sera corrival ce beau Jupin, » 
Jupiter ne me rendra pas corn... 

Courllle s. f. Convolvulus, plante traînante. 

Courjon s. m. Baguette, branche d'arbre. 

Coussire v. n. Gémir, geindre. 

Coutelle s. f. Taupe-grillon, courtilière. 

Couti, Cotsi v. a. Manger. 

Coutrelre s. f. Charrue. 

Couvent, Covelnt s. f. Piquette, boisson faite avec 
des airelles, despelousses. (Couver, fermenter,) 

Crâ (à la). A l'abandon. 

Craches s. f. pi. Etincelles de fer dans les forges. 

Craehi s. m. Char rustique à deux roues. 

Crama, Creml v. n. Brûler sans flamme, roussir. A 
Lyon : cramer. (Gr. hramb.) 

Craquelet, Craquelin s. m. Sorte d'échaudé en 
pâte sèche très-feuilletée. 

Crase s. f. Ravin. 

Creelv. n. Grincer; faire créa la porte, se faire creti 
les dents. « Cortaud que fat creci lo mango de sa puva. » 
Roq. Cortaud qui fait craquer le manche de son pic. 

Cremasson s. m. Fromage. 

Cremillo-la adj. Flambé, roussi. 

Cremoclc s. m. Noir, homme, noir, le diable. Vardegi 
lo cremoclo, Rive-de-Gier l'enfume. 



55 

Crenel s. f. Crédit. 

Crelpl s. f. Râtelier. Au fig. menton. Leva la oreipi, 
lever la tête, être fier. 

Creltl s. f. Coiffé. 

Oessant s. m. Faucille de moissonneur en forme de 
croissant. 

Cret s. m. Berceau. 

Cret 9 Créa s. m. Montagne. 

Créa s. m. Noyau,, coquille. « Un plan sachon de creus, 
un petit sac plein de noyaux. « Un râpai d'artoulan fat d'un 
creu de cereîsi, » un appeau d'ortolan fait d'un noyau de 
cerise. Ch. 

Creuslo, Crlslo s. m. Lampe de veillée, souvent 
citée dans les anciennes chroniques et nommée, dit-on, 
croisieu, à cause de sa forme en croix. Mais notre ûreusio n'a 
jamais eu la forme d'une croix, et ressemble assez exacte- 
ment à la lampe romaine (de creuset?). 

Crlmoy s. m. Crémaillère. 

Croqua s. f. Coup, bosse, plaie. 

Crot s. m. Courlis, oiseau dont le cri annonce la pluie. 

Croapay s. m. Colline, coteau. 

Croassa v. a. Bercer, balancer. 

Croassa (se) t. p. Se dandiner en marchant. 

Cueh t. a. Mettre en tas. 

Cueh (se) y. p. Se percher. 

Caehau s. m. Perchoir. 

Lous hommes criant au cuchau, 
Les poules fialayent. 
Les hommes étaient au perchoir, 
Les poules filaient. 

(Chanson du monde renversé). 



56 

Cuehon s. m. Tas, meule de foin, de gerbes. Le but 
d'un jeu de boules. 

Cuchounâ v. a. Entasser. 

Cuerta s. f. Couverture. 

Cuerzelâ y. a. Couvrir, fermer avec un couvercle. 

Culard s. m. Lutin, follet. Il a la forme et la grosseur 
d'un boisseau et porte une lanterne sur le dos. Pendant la 
nuit, il s'en va sautillant le long des chemins et entraîne 
les passants dans les fossés, puis les abandonne en ricanant. 
Voir Lequin. 

Cundire v. a. Assaisonner. (Lat. cundire.) 

Cailler, Kunler s. m. Râpe à tabac, petit moulin 
portatif. 

Cunzôre, Confères, f. Amas de neige entassée 
par le vent. (Lat. congeries.) 

Cunzûre s. f. Beurre, assaisonnement. (Esp. cundido, 
huile.) 

Curafué s. m. Piquefeu, tisonnier. 

Curailles s. f. pi. Semailles. 

Curette s. f. Morceau de fer au bout du razai ou ai- 
guillon, avec lequel on cure, on enlève la terre du soc. 

Cari v. a. Semer. 

Corset, Cuvarsel s. m. Couvercle, ancienne forme 
romane de ce mot. 
Cuxaères s. f. pi. Ciseaux. 

Cytène s. f. Mauvaise herbe qui pousse dans les terres 
labourées. 



57 



D 



DagnA v. a. Tiller le chanvre. 

Dallla s. f Faux, le fer de la faux ; au xvi e siècle, un 
dail. (G. dailli x esp. dalle.) 

Bailla t. a. Faucher* 

Daôre t. n. Faire souffrir. Voir Bâte. 

Daôre (se) v. p. Se vouer, se donner* Quand un enfant 
est triste et maladif, on dit qu'il se dao, c'est-à-dire qu'il 
veut être conduit en pèlerinage à quelque chapelle votive. 

Dara s. m. Mouvement , agitation. « A que m'a-t-ou 
sarvi de mena tant de darâ ? » A quoi m'a-t-il servi de me 
donner tant de mouvement ? 

Barbon, Drabon s. m. Taupe. Suivant une. tradi- 
tion forézienne , les fées s 1 étant révoltées oontre Dieu, fu- 
rent changées en darbons et condamnées à ne jamais voir le 
jour. Les pattes de la taupe ressemblent à de petites mains : 
«Ce qui prouve bien la vérité de cette métamorphose. » 

Dardenna s. f. Pièce de deux liards. 

Dardewtâ v. n. Marcher lentement, flâner. 

Dardolla y. n. Même signification. . 
. Darnea s. m. Pie-grièche , oiseau. II y a le damea 
rouge j le darnea-pendard , etc. Ce dernier, au dire des 
paysans, est chargé d'exercer la justice parmi les petits ani- 
maux. On trouve souvent fixés aux épines des buissons, des 
insectes, des lézards gris exécutés par lui en punition de 
leurs méfaits. De là vient son nom de pendard. La pie- 
grièche grimpereau suspend en effet sa proie aux buissons. 
La blessure faite avec ces épines est très-dangereuse. 



58 

Darrelrlot s. f. Arrière saison. 

Daru adj. Triste, ennuyé. 

Daudon, Daudou s. f. Claude, Claudine, nom pr. 
diminutif. 

Daugnâ y. a. Oppresser, fatiguer. 

Davalgne s. f. Prune. Voir Dravouenne. 

Débanageou s. m. Trouble, discorde. 

Débarmé s. m. Vallon, ravin. 

Débanmà y. a. Décharger d'un impôt, transporter les 
droits de mutation. Voir Abaumâ. 

Déblfot adj. Ivrogne, vaurien, qui ne sait rien faire. 

Déblavft y. a. Moissonner. Vx emblaver, semer. On 
dit encore emblavure pour une terre ensemencée. (Lat. 
bladum.) 

Déboenâ y. a. Enlever les bornes d'un champ. Voir 
Boena. 

Débourmâ (se) y. p. Se redresser, s'étirer. Voir s'A- 
bourmâ. 

Débraya (se) y. p. litt. Quitter ses broyés. Au fig. se 
dédire d'un marché. 

Débrigua adj. Frippé, usé. 

Débullt y. n. S'affaisser, tomber, en parlant dm pain 
qui est trop levé. 

Déeaeolâ y. a. Eplucher, enlever la cmola, la coquille. 

Déeal y. n. Dégringoler. (Gr. dialaô, descendre.) 

Décay adv. Là-bas, en deçà. « Quand vtendrot décay, » 
dans quelque temps. 

Déebarnî y. a. Contrefaire quelqu'un, s'en moquer, 
en dire du mal. 

Déeoumblâ. y. a. Déterrer les pieds des ceps. 
[Deuxième façon de la vigne.) 



59 
t. n. Tomber en faiblesse, d'inanition. (De 
part, privative, et cœur.) 

Déeoutt, Déglossi t. a. Démêler les chevoux. 

Décontlau, Déeou&sou s. m. Démêloir, peigne. 

Décuchî v. a. Renverser, jeter à terre. (De part, pri- 
vative, et cuM, élever.) 

DefferÀ v. n. S'en aller, partir. « La fairi est $nia> le 
mondou déferont, » la foire est finie, le monde part. 

Dégatô v. a. Ecosser, enlever les cosses, les gâtes. 

DégouemA y. n. Prendre mal au cœur, être dégoûté. 

Dégougnî (se) v. p. Se disloquer. 

Delngûn pro. indéf. Personne. Voir Leingùn. « N'y o 
deingùn dïns la mouéson? » Y a-t-il quelqu'un dans la 
maison? 

Déjadt adj. Vieux, ruiné. (Du temps jades.) 

Déj amant (se) v. p. Se disloquer. 

Délia s. f. Temps fixe de labourage, deux ou quatre 
heures de travail. (Délier les bœufs.) 

Délouyl v. a. Disloquer. 

Démise s. f. Défroque, hardes. 

Démodt v. a. Jeter à bas, renverser. 

Dempeu, Dendépeu pr. adv. Depuis. 

Denei s. f. Sensation produite sur les dents par les 

acides. 

Los lignons de Prouvenci 

Ne bettount pas la denci. 

Les ognons de Provence 

N'agacent pas les dents. 

Denna s. f. Madame , dame. 

Dénia (se) v. p. Se dit d'une poule qui abandonne le 
nid où elle fait habituellement ses œufs. 



60 

Dépatoftllâ t. p. Se dégager, se déboucler en pariant 
des premières feuilles des plantes. 

Bépeilll adj. Déguenillé, Voir Peitti. 

DépelotA v. a. Ecorcer, enlever le pelot. 

Dépondre y. a. Pégueniller, déchirer. 

Dépondu part. Déguenillé. 

Déprouflt v. a. Ruiner, gâter. (De priv. profit.) 

Deqnet s. m. De bon dequet, de bonne grâce, comme 
il convient. (Lat. decet, il convient.) 

Musa, vou est aujord'hœu qu'on faut de bon dequet 

J acquêt â noutron saô couma de parrouquet. 

Muse, c'est aujourd'hui qu'il faut de bonne grâce 

Jacasser notre aise comme des perroquets. Ch. 

Dératelot adj. Ecervelé. 

Dérna s. f. Rouelle de veau. Dérna enfoùeria, rouelle 
aux épinards, fricandeau. 

Dérompre v. a. Défricher une prairie. - 

Désalmâ v. a. Faire perdre courage. (Des part, priva- 
tive, et âme.) 

Désandagnâ v. n. Éparpiller les andains de foin. 

Désert adj. Eveillé, intelligent, en parlant d'un enfant. 

DéftondrA v. a. Déparer. Voir Ondrâ. 

DesslÀ v. a. Rassasier, désaltérer. 

Dessla (se) v. p. Se désaltérer,. se rassasier. 

Déte 9 Dêton s. f. s. m. Cruche, cruchon. 
Pu l'heroux magistrat s % emparant d'una detsi 
Lorgi comme in togneau, plena d'èga benetsi, 
La lance à tour de bras su los autros démons. 
Puis l'heureux magistrat s'emparant d'une cruche 
Large comme un tonneau, pleine d'eau bénite, 
La lance à tour de bras sur les autres démons. 

Roq. (Pereyoux). 



61 

Detriâ v. a. Arracher à. . . , distraire de . .. Sevrer un enfant. 

Dévoila t. n. Descendre, aller en aval. 

Devanti, Devantan s. m. Tablier* « Un devantau 
de fayenci, » tablier blanc à, grandes fleurs, comme les an- 
ciennes faïences. 

Dévia (se) y. p. S'en aller, se retirer. (Lat. de hors, via 
chemin.) 

Devis s. m. Conversation, entretien. Vx fr. 

Devitou s. m. Dette. (Lat. debitum-) 

Diâ, Diê excl. Certainement, sans doute. Prise interr., 
vrai? tout de bon? Diê que donc! indubitablement, assuré- 
ment. Ce mot rappelle le juron^des Grecs Lia, par Jupiter! 
Ma Dia, oui par Jupiter ! Ne Dia, non par Jupiter ! — Au 
xv e siècle, on disait de même dans beaucoup d'anciennes 
provinces : OuiDea! Nenni Beat 

DiKkn s. m. Lundi. Les paysans ont conservé aux noms 
de la semaine Tordre des mots latins : Dilûn, dies lume ; 
dimars, dies martis ; dimêcre, dies mercuris; dijô, dies jo- 
vis; divendre, diesveneris; dâande, dies sabbati. —Laâio- 
menchi, ladimège, etc. — On dit aussi, d'une façon abso- 
lue : lun, mars, mêcre, etc. , surtout lorsque le nom est pré- 
cédé de l'article, le mêcre, le.jô, le vendre, le sande, au lieu 
de le dimécre, le dijô, elc. — Cette dernière forme est cel- 
tique. Les Celtes disaient : Vhun, lundi, bien avant que la 
langue latine fût parlée. 

Dodre adj. Tendre, meurtri. Voir Daodre. 

Dorai» adj. Entêté, têtu. 

Dorfte» Dauftge s. f. Cosse des légumes, fèves, hari- 
cots, etc. (D. C. dauxe.) 

Dote s. f. Douleur, meurtrissure. « Semai tôt farci de 
dotes, » je suis tout farci de douleurs. 



62 

DouMi, DeurMi s. in. Char double, à quatre roues. 

Doublon s. m. Taureau âge de deux ans. 

Douille s. f. Goulot d'un arrosoir. 

Douille s. f. Doloire, sorte de hache pour couper le 
marc du raisin. 

Drabounl s. m. Taupinière. 

Drageâ v. n. Fendre l'eau, en parlant d'un bateau . 

Dralve s. m. Van. 

Dravouenne 9 Draveuenni s. f. s. m. Prune, 
prunier. 

Dravaigne, Dravaçnat s. f. s. m. Même signif. 

Drayâ v. n. Patauger dans la boue. 

Draye s. f. Chemin boueux, glissant. 

Drelu s. m. Diminutif d'André, nom propre. 

Drlgaudft, Driguâ v. n. Sauter, gambader. 

Drlndoulâ. t. a. Secouer, ébranler. 

Drouaehe s. f. Marc du raisin après la pressée. Il se 
nomme gêne auparavant. 

Drugi s. f. Surabondance, profusion de bien ; fumier, 
engrais. Se plaindre de drugi, de trop de bien-être. 

Draçî t. n. Etre joyeux, sauter, jouer, en parlant des 
enfants, des chats, des chevreaux, etc. « Lous chats drugeont, 
n'aurons de ployé, » les chats jouent, nous aurons la pluie. 
(C. drugeal.) 

Dua, Dlot s. m. Fouet. 

Duagsâ v. a. Fustiger, fouetter. 

Dullin adj. Délicat. 

DuMiaos. m. Morceau de laine pour emmailloter les 
enfants. 



63 



E 



EbAubî, EbAudî v. a. Réveiller, secouer du som- 
meil. D'où le salut ordinaire des paysans : « Seyeznxms 
ebaudits tretous vez chi vos? » êtes -tous tous bien éveillés 
chez vous? au lieu de dire: comment vous portez- vous ? 
(On trouve dans Rabelais: nesbaudit les esperits animaux,» 
réveille les esprits.) 

EbArliAude* s. f. Eblouissement, étincelle. On 
nomme ainsi les petits globules irisés qui dansent devant 
les yeux, lorsqu'on a trop regardé le soleil en face. 
« Dessus choqua chauda, 
« Couma Vebarliauda, 
« Au veut l'averti 
« Luyant de plaisi. » (Chansons de Babochi.) 

EbejÂv. n. Faillir, tomber en défaillance. « jfbvn cœu 
ebejo, » j'ai mal au cœur. 

EblAt-Aftgl adj. Imbécile, idiot. Voir Jabiat. 

Eblcliâ v. a. Déchirer, mettre en haillons. 

Eberllâ v. a. Eborgner, crever un œil. 

Eberlie s. m. Aveuglement. « Traire de poudra d'é~ 
borlio, » jeter de la poudre aux yeux. 

EbeulUâ, Ebeill v. a. Ecraser, éventrer. (D. G. bas 
lat. exboellare.) 

EbrAieâ, Ebrelsâ v. a. Endetter, mettre en miettes. 

EehAndlllA s. f. Coup de soleil. 

EehAndillen s. m. Tige de chanvre teillée, chenevotte. 

Ech André, EebAndt v. a. Réchauffer, échauffer. 
(Lat. incandescere, brûler.) 



64 

Eeharâ v. a. Blanchir, parer. « J'ai, Dio marci ! echarat 
maconcienei. » Gh. J'ai, Dieu merci ! purgé ma conscience. 

Echaravet s. m. Bousier, coléoptère qui bourdonne à 
l'approche de la nuit. On dit proverbialement d'une per- 
sonne qui se met à l'ouvrage très-tard : « Auî eit couma ' 
tous echaravets, au s'emode à la nœu. » Il existe plusieurs 
ruisseaux et torrents qui portent ce nom en Forez et en 
Lyonnais, un notamment à Vaise-Lyon, dont il est fait men- 
tion dans des actes des xi e et xn e siècles. Ce mot, dont nous 
ignorons la racine, pourrait bien signifier boueux, vaseux. 
Dans ce cas, le nom de Vaise, et celui de son ruisseau au- 
raient le môme sens. (Wecharavet Tient scarabée.) 

Echargnï, Eehargnâ v. a. Blâmer, railler, contre- 
faire quelqu'un. 

Echichî y. a. Ecraser. (Esp. Acuchar.) 

Echïngles. f. Sonnette, clochette, d'où le verbe echin- 
glâ, sonner. 

Echiron s. m. Epine de bois qui entre' dans la chair. 

Echoteii s. m. Peloton de fil, de laine, etc. 

Eclieree s. f. Partie supérieure du moule à fromage, 
dans les montagnes de Pierre-sur-Haute. 

Eclière, Eclftot s. m. Gendre. L'endroit où se mettent 
les cendres se nomme clufœure. Voir aussi Flourei^Iuraere. 

Eclot, Egclop s; m. Sabot. On disait naguères, en 
termes de vénerie, les éclots d'un sanglier. (Bas. lat. esclava.) 

Eolontl s. m. Sabotier. (Auv. esclopie.) 

Eeloaton s. m. Petit sabot ; tabatière. 

Eeluâ v. a. Enlever l'herbe mélangée a la paille, éplu- 
cher le giûn. 

Ecendre v. a. Cacher ; s'econdre, se cacher. (Lat. abs- 
condere, auv. scondre.) 



65 

Eeergnlôlâ y. a. Etrangler. 

EcorpelÀ (s*), Eeoupetâ (s*) v. p. Se tourmenter, 
se donner de la peine. 

Eeouâ y. a. Secouer, ccosser les légumes. 
. Eccouasftandre y. a. Déchirer, tirer d'ci, de là, 
mettre en lambeaux. Habit eceouassandu. 

Ecouatâ (s') y. p. Se battre, en parlant des chiens. 

Ecenbat s. m. Balai , torchon fixé au bout d'un long 
manche pour nettoyer un four. On dit d'une femme mal 
vêtue qu'elle ressemble à un ècoubat de four, de même qu'en 
français on dit : habillé comme un manche à balai. (Esp. 
escoba, espèce de genêt, et par extension balai.) 

Eceiiérâ (s') y. p. Avoir la peau des cuisses gercée par 
le froid, etc. 

Eceurre y. a. Battre le blé, frapper quelqu'un. 

EeoMMlar s. m. Batteur de blé. 

Eceusseu s. m. Fléau à battre le blé. Uecoussou se 
compose d'un manche ou essiot, du fléau proprement dit, ou 
lavarjat; de deux morceaux de coliou ou cuir troué, adap- 
tés à Yessiot et à. la varjat, et réunis par la meiana, ou corde 
en peau d'anguille. 

Ecramayi y. a. Ecraser. 

EcrapelA(s')y.p. Au pr.s'écartcler,au fig.se tourmenter. 

Ecucbi y. a. Ecraser. Voir Echichi. 

EfFeran, Efferain s. m. Seconde qualité de pain. 

Eflleare s. f. Cendre. 

Efleuer (s') y. p. S'écraser, s'aplatir. 

Egailla y. a. Disperser. On connaît l'ancien mot d'or- 
dre des Vendéens : Egaillez-vous, mes gars ! 

Eff*t s.m. Vieux cheval, rosse. (Auy. egua, jument ; du 
lat. equus, equa.) 

5 



66 

Egraugnâ v. a. Egratignure. 

Eguâ v. a. Régler, égaliser, « Tôt s'ègue pa lo miox, » 
tout va pour le mieux. (Lat. Mquare.) 

Eimmandâ (s') v. p. Partir, s'en aller. Voir s'Emoudâ. 

Elncfaafeta (s') v. p. S'embrouiller, s'embarrasser. 

Elrâ, Eirt, Urî y. a. Ouvrir. (Lat. ap-mre.) 

Elmon s. m. Intelligence, esprit. 

Elavlounâ t. a. Elaguer, tailler la vigne. 

Eliouge s. f. Eclair. 

EWouède, Elieude, Elucdc v. imp. Il fait des 
éclairs. (Lat. elucet, B. luc'hedû) 

Emaranehâ y. a. Tailler, émonder un arbre. Casser 
les branches de la vigne. 

Embaillar s. m. Civière, char. 

Emberâ v. a. Elever, nourrir. « Aul o embero un usai 
que minge sou, » il a élevé un oiseau qui mange seul. 

EmboMou s. m. Arrosoir. Douille d'ernbossou, pomme 
d'arrosoir. 

Embontâ t. n. S'enfoncer dans une terre meuble. 

Embringua v. a. Embarrasser. 
' Embringue s. m. Embarras. 

Embouessî v. a. Tromper. (Esp. embaucar.) 

Emeillâ (s') v. p. S'étonner, s'émerveiller. 

Emiaulot adj. Maigre, long, efflanqué. 

Emoadâ v. a. Envoyer. 

Emoudâ (s') v. p. Partir, se hâter. Voir Uoudà. 

Emoindre v. a. Traire les vaches. 

Empein adj. Attaché à..., enclin à... (Lat. impensus 
ad,..) 

Empenlâ (s') v. p. S'attacher, s'adonner à... (Esp. 
a'empenar, s'opiniàtrer, s'exposer courageusement.) 



67 

Empleitl s. f. « Tant qu'à l'empleiti de la mort. » M. A. 
Jusqu'à l'article de la mort. 

Eneanehl s. f. Accroc, chose qui accroche, embarras. 

Eneanehl (s*), Eneanebâ (s') y. p. S'accrocher, en 
parlant d'une robe, d'un iilet, etc. (Esp. enganchar, accrocher.) 

Ende, Endepœa pr. Depuis. 
« Endé la cima dans chavios 
« Tant qu'à les ongles daus artios. » M. A. 
Depuis la cime des cheveux jusqu'aux ongles des doigts de pied. 

EndôdrÀ y. a. Meurtrir, rendre dôdre. 

Endruge t. a. Fumer, rendre druge. 

Enfe*eî y. a. Empoisonner, droguer. 

Enfeselment s. m. Drogue, poison. 

Enganâ y. a. Embarrasser dans un obstacle. (Esp. En- 
cachar (se), s'embarrasser dans un passage étroit ; du G. Ing, 
embarras.) 

Envola v. a. Avaler; au fig. détruire. 

Engranâ y. a. Plonger, endurcir. 

Engrenlllâ y. a. Recoqueviller. 

Engrotat adj. Endormi, inhabile, malade. (Lat. œgro- 
tare.) 

Enqueu ad y. A présent, maintenant. 

Enftergeti s. f. pi. Entraves aux pieds des chevaux. 
(Lat. inferrare.) 

EnnartA y. a. Elever. 

Enroa s. f. Gros morceau de pain. 

Entannou adj. Terme de mépris, en parlant à un en- 
fant, un gamin; litt. entamé. 

Entremet s. m. Séparation en planches dans les 
étables. 

Entraîna (s') v. p. S'enfermer. 



68 

Envorpâ v. a. Envelopper. 

Epalllère, Eparon s. f. s. m. Pièce de bois, bâtons 
qui garnissent les à-côtés d'une charrette. 

EpalUUâ (s') v. p. Ecarter les jambes. 
« Vou plot, vou sovlilie, 
« Lou diablou s'épallille. » (Prov.) 

11 pleut, il fait soleil, le diable écarte les jambes. 

Eparmenta adj. Bien muni, bien monté, ajusté. 

Epeli v. n. Eclore. (Lat. ExpellU être chassé hors.) 

Epelet s. m. Mauvais ouvrier. 

Epiées s. f. pi. Outils. Menus objets servant au labou- 
rage, à. l'attelage des bestiaux. 

Epouffot adj. Asthmatique, suffoqué. 

Eputiâ v. a. Ecraser. 

Equevilles s. f. pi. Balayures, épeluchures. Très- 
usité à Lyon. (Esp. escobilïa; B. skubien; au Moyen-Age, 
escuvilles ; de ecoubat, balai.) 

Equifellal s. f. Equipée, folie. 

Ërennâ v.a. Ereinter, accabler, assommer de coups, etc. 

Eseablllat adj. Eveillé, alègre, joyeux. 

Escot s. m. Espèce de serge, étoffe qui se fabrique dans 
la Lozère. 

Eseupl s. m. Crachat. (Esp. escupir; lat. soopeo; B. 
scopein, cracher.) 

Espaiilou adj. Bossu (Vclay). 

Espargi s. f. Délai. Frondre d'espargi, prendre de la 

marge. 
Espère s. m. Affût. A V espère d'una liora. 

Essart, Essert s. m. Défrichement, endroit défriché . 

D'où les noms propres : Essertines, les Essarts, Issartaise, 

Essertel. 



69 

Eftsartâ v. a. Défricher; t. n. Remuer les jambes. 

Emayette s. f. Morceau d'étoffe étroit le long d'une 
chemise de femme. 

EMementa s. m. pi. Semences, grains et légumes de 
choix pour ensemencer. 

EMlot s. m, Manche du fléau à battre le blé. 

EsftouMa v. a. Oublier. 

EftftonrÀ v. a. Exposer h l'air, éventer. 

Essourllâ v. a. Etourdir, essoriller. 

Efftève s. f. Manche de la charrue. (Lat. stiva.) Voir 
Arôre. 

Efttot s. m. Herminette, outil. 

Cita, Etot* Ce mot n'est guères usité que dans les locu- 
tions suivantes : laisso m'èta, laisse-moi tranquille ; grand 
laisso m'êta, grand dadais, imbécile /qui dit toujours laissez- 
moi la paix. 

Eteral y. a. changer la litière des bestiaux. 

Etopon s. m. Barre de pressoir, pour serrer la vis. 

Etavani adj. Ebahi, étonné. 

Etella s. f. Bois à brûler, éclat de bois, bûche. (Esp. 
estallar, se fendre; D. G. estaille; B. astell.) 

Etfadê s. f. Colle de tisserand. « Haras-pas ma tiala, 
mingearias moun étiadé. » (Proy.). Tu ne feras pas ma toile, 
tu mangerais ma colle, c'est-à-dire : Nous ne pouvons vivre 
ensemble, nous ne serions pas d'accord. 

Etogi, Etougea y. a. Epargner, ménager. 

Etoupon s. m. Bouchon. Etoupon oVuna bouttd, bou- 
chon d'une outre, et par extension bonde de tonneau. (Esp. 
tapon.) 

Etoyi v. a. Faire sortir, lâcher les troupeaux. 

Etripâ v. a. Déchirer, mettre en pièces. 



70 

Etrema v. a. Ramasser, recueillir. 

Etrot s, m. Bonde d'un étang, Tanne d'an moulin. 

EtrouMe s. f. Chaume, champ de blé moissonne. 
(D. C. Estoblagium.) 

Etu adv. Tout-à-l'heure, de suite. 

Etait v. a. Echauder, préparer un tonqeau, une cuve. 

Euly s. f. Aiguille. 

Evancle adj. Qui a le ventre vide. 

Evanlâ v. a. Jeter à terre, renverser. 

Evanlà (s') v. p. S'étendre. 

Evarachî v. a. Disperser, mettre en désordre. . 

Evlallla s. f. Soufflet, giffle. Voir ViaiM. 

Evolage s. f. Immersion d'un étang. 

Explllat adj. Vaurien, vagabond. Voir Pillaraut. 

Ezlalâ, Evlala v. n. Gourrir d'ici, de là, en parlant 
des bestiaux piqués par Yeziale. 

Ezlale s. f. Gros taon qui tourmente les bestiaux. (Lat. 
ezialus.) 



F 



Fadard, Fadourle s. m. Idiot, imbécile d'esprit. 
(Fils de fade, de fée.) Très-usité dans le Midi, où l'on dit 
fada. 

Factné adj. Criminel. Courir comme un fariné, courir 
comme un ensorcelé. (R. facinner, sorcier, d'où le mot fran- 
çais fasciner.) 

Fagana s. m. Mauvaise odeur, telle que celle d'un 
facchino italien, ou crocheteur échauffé. (La Monnoic : Glos- 
saire des Noèls.) 



71 

Faran s. m. Jeu cité par Chapelon, probablement fa- 
rinfarailly ou barin barailly. 

Faraud adj. Elégant, coquet. 

Faraud (se) v. p. Soigner sa personne, faire sa toi- 
lette. 

FaraMe s. f. Bourdis ou poignée de paille liée, torche 
de résine. (C. far, lumière.) 

Farbella s. f. Frange, dentelle, guenille. 

Farbelonse adj. f. Femme mal Têtue, déguenillée. 

Fardelet s. m. Lutin. 

Farettes s. f. pi. Fredaines. 

Fareypl s. f. Fête, réjouissance. 

Farjo s. m. Forgeron. 

FariJnailles s. f. pi. Fiançailles: (Vx (v. fermailles, 
promesses.) 

« Jacques dau quio a fat farmaiiîes 
« De treis noués, de treis chatagnes, 
« D*un pataé de quatrou saos ; 
« Jacques dau quio rCeit pas trop saô. » 

(Branle-chanson) . 

Farmalllon s. m. Ruban qui attache la quenouille sur 
la poitrine des fileuses. Voir Saut exile. 

Farnelrl s. f. Provision de vivre ou d'argent. Office, 
endroit où Von met les fruits. « Mïngeâ sa farneiri, » man- 
ger son bien. 

Faraelron s. m. Garçon meunier qui dirige un moulin. 

Faron s. m. Mèche de lampe. (Esp. faron, lanterne ; 
C. far, lumière.) 

Farraman s. m. Terme de mépris. Grande femme de 
mœurs équivoques. (D. C. faramanni, qui se livre aux 
étrangers.) 



72 

Fatraftae adj. f. Se dit d'une femme qui veut se mêler 
de tout, qui fait du fatras. 

Fan, Fayard s. m. Hêtre, arbre. Les paysans n'ont 
souvent d'autre lit que des paillasses garnies de feuilles de 
fayard, qu'ils nomment ironiquement plumes de rossignol. 

(C. fau.) 

Faussa (se) v. p. Se tromper, faire erreur. 

Faut s. f. Faix, fagot. 

Favette s. f . Crainte, peur, panique. (Très-usité à Lyon. ) 

Faye s. f. Bois de hêtres, d'où les noms propres très- 
répandus de la Faye, la Fai, Fayolle, etc. 

Fenlère s. f. Grenier à mettre le foin, fenil. 

Feneftron s. m. Grenier à foin. 

Fennag§on s. m. Douillet, délicat comme une femme. 
Garçon qui rôde toujours autour des femmes, des ferme. 

Fert v. a. Frapper. Féru et fiardu, frappé ; {tardant, 
frappant. (Vx fr.) 

Feron s. m. Nom du Furan à St-Etienne. 

Fessl s. f. Fagot, faisceau. 

Feye, Flot, Feyette s. f. Brebis, agnelle. Maynade 
feye, agneau ; rogearonde feye, fromage de brebis. Dans cer- 
taines localités on dit au singulier una feye, et au pluriel 
de flots. (Lat. fêta, D. G. feda.) 

Flalar s. m. Fuseau, filet à pécher. 

Flarde s. f. Toupie. 

Flarde s. f. Plaisanterie, moquerie. 

Flan s. m. Fardeau, faix. Traire de fiaux , porter des 
fardeaux. 

Filandre s. f. Frange. 

FUllâtre, Flllat s. m. s. f. Gendre, bru. Très-an- 
ciennement employé dans les actes. A Ghalmazcl, à Cousan, 



73 
le fîlliâfrc devait une brebis au seigneur, le lendemain de 
son mariage. 

F1M6» Flèlattâ v. n. Siffler, s'enivrer, se griser. 
« T'as fiôlot, Liaudina, 

« Tas fiôlot ! 
n Vou eit dm vin dau euro, etc. » (Bourrée.) 

Flêlay s. m. Sifflet, fifre. 

Florey s. m. Nom du mois de juin. « hou vettiéme fio- 
rey, » le huit juin. 

Flache s. f. Marécage. Un pré en floche est un pré hu- 
mide, d'où les noms propres les Floches, Flachères, etc. 

Flaine s. f. Taie d'oreiller. 

Fiat s. m. Souffle, haleine, et par extension vue, aspect. 
(Lat. flatus.) 

Flemme s. f. Paresse, dégoût du travail. Ce mot, qui 
n'est pas français, se dit dans toute la France. 

Fleu s. f. Crème, fleur du laitage. 

Floehi s. f. Surplis de prêtre. 

Floretta s. f. Fleur de froment. « Utia poumpa de 
floretta, » un petit pain de pur froment. 

Flourey s. m. Cendre. « Couevi lou flourey, » balayer 
les cendres. 

Flouri s. m. Drap de lessive, où l'on met les cendres. 

Flvraère s. f. Cendrier, endroit où l'on met les 
cendres. 

Flux. s. m. Jeu des vagabons à StrEtienne. Ce jeu est 
souvent cité par Rabelais. « Vou se filotte ailleu qu'au jeu de 
flux* » (Babochi.) 

Fœtau s. m. Crible pour le grain. 

Foillarët adj. qui fait pousser les feuilles. Le vent 
foillarèt est un vent de printemps. 



74 

Fol. Fou s. m. Hêtre, arbre. 

Follgatadj. Imbécile, à demi-fou. 

Fomora, Foumarf; Floi s. m. Fumier, engrais. 
Terme de mépris. 

Forlgnat s. m. Forézien. Les Auvergnats nomment 
ainsi par moquerie les habitants du Forez, qui le leur ren- 
dent bien, témoin le proverbe : « D'Auvergne il ne vient ni 
bon vent, — ni argent, — Jii braves gens. » 

FoueMella s. f. Partie inférieure du moule à fro- 
mage. (D. C. nomme foisselle le panier où sèchent les fro- 
mages. Il est à côté de la vérité , comme dans un grand 
nombre de ses interprétations.) 

Fouetta s. m. Tablier. (Du côte du Velay.) 

Foulllaee s. f. Premier lait d'une vache qui a vêlé, et 
qui sert à faire les matefains raides et les fouaces. (Voir Le- 
bèt, Busson.) 

Fouillât s. m. Pan d'habit, de chemise, etc. (De feuille.) 

Foullët s. m. Follet. On donne ce nom aux tourbillons 
de poussière que fait le vent dans les chemins. En Irlande, 
les fées dont le follet est certainement cousin-germain, dé- 
ménagent, dit-on, dans ces tourbillons. Voir pour les noms 
du lutin, fardelet, lequîn, tra ou dra, etc. 

Foullletta s. f. Mesure pour le vin, équivalant au 
demi-litre. Ne pas confondre avec la feuillette lyonnaise, 
qui est Fhectolitre ou plutôt la demi-pièce. 

Fonrma s. f. Fromage fabriqué dans les chalets, sur 
les montagnes de Pierre-sur-Haute. Les fourmes sont ron- 
des ; leur hauteur est de 25 à 30 centimètres, leur diamètre 
de 8 à 10. Cinq fourmes, liées ensemble avec de la paille, 
forment un lien de fourmes. On les vend dans les marchés 
de la Loire et des départements voisins. Celles qui sont 



75 
blanches et creuses, ce qui provient d'une mauvaise pâte, 
se nomment putes, tout simplement et sans malice. Au xvi e 
siècle, les fourmes valaient 6 à 8 sols pièce, 30 ou 40 sols 
le lien. Ce prix a quintuplé depuis. 

Fourmeire s. m. Marchand de fromages. Voir Sounailli. 

Fournaè s. m. Cheminée. La grosse poutre de la che- 
minée porte le nom de trat dau fournaè ou trafournaè. On 
donne au fils aîné d'une famille le titre à'héreti dau tra- 
fournaè, héritier du foyer; on lui accorde du reste tous les 
avantages que permet la législation actuelle sur les héri- 
tages et les successions. C'est comme Ton dit, pour l'aider à 
soutenir la maison. Dans les anciennes fermes, les chemi- 
nées sont immenses, et, suivant le dicton, unecharette de foin 
passerait dans la gaine. Autrefois, le foyer n'était pas adossé 
au mur, et Ton pouvait faire le cercle tout autour. Les pou- 

■ 

très transversales, auxquelles on suspend les jambons et les 
ételles, se nomment jugœres, chamberoux, etc. 

Fourni, Furnille s. m. Four, fournil. La locution 
proverbiale : Envoyer quelqu'un sur le four, signifie envoyer 
promener quelqu'un. 

Fouyagge s. f. Fouace , gâteau, sorte de matefains 
délayés avec la fouillace, le busson. (D. C. fouliacea.) 

Fraîche s. f. Temps de repos accordé aux ouvriers 
après le repas. A Rive-de-Gier, les apprentis verriers avaient 
naguères le droit de mouler deux bouteilles pendant la 
fraîche. 

Frairine s. f. Mot collectif pour désigner les frères et 
sœurs d'une famille, et par extension une communauté, une 
association, une frari. On dit : faire un arrangement avec sa 
frairine; et les notaires de campagne savent parfaitement 
ce que signifie cette locution. 



76 

Franla s. f. Frange, guenille, et par extension un ivro- 
gne, un mauvais sujet qui traîne la franla. 

Franllassi s. f. Femme sans ordre, mal vêtue, mal- 
propre. La terminaison assi est augmcntative, comme en 
italien accio. 

Frarl s. f. Réunion, corporation, d'où vient confrérie. 

Frau, Fraot s. m. Bois défriché. Plusieurs endroits 
portent ce nom. (B. fraost, inculte.) 

Freehuron s. m. Elégant, mignard, fat. 

Frellages s. f. pi. Vieilleries. 

Freteaux s. m. pi. Pièces de bois coudées pour la 
confection des bateaux. 

Frezille s. f. Copeau, éclat de bois. 

Frieaude s. f. Nourriture, régal. «Lafricaude delous 
cayons. » M. A. D'où vient fricot. 

Frïngageou s. m. Ornement de toilette. 

Frïngarl s. f. Coquetterie, élégance. D'où l'adj. fr. 
fringant. 

Fromental s. m/ Terrain fort, argileux, propre à la 
culture du froment. 

Fromogeou s. m. Litière, fumier d'une étable. Terme 
de mépris. 

Fromogi v. a. Enlever le fumier avec le bigot. 

Fromogla s. f . Litière, fumier, faire la fromogia, net- 
toyer une écurie. 

Frougnî (se) v. p. Se frotter contre quelqu'un ou quel- 
que chose. 

Froulllâ v. a. Voler, tromper, tricher. 

Frouillon s. m. Trompeur, tricheur au jeu. Au xvi e 
siècle, freîot avait la même signification. 

Frasques s. f. pi. Hardes, vêtements. Voir Veye. 



77 

Frusqulu s. m. Nom d'un saint apocryphe qui per- 
sonnifie la propriété. Manger son saint-frusquin, signifie 
manger ou dépenser son bien. Cette locution est très-usitée 
à Lyon. 

Fumade», Fumée» s. f. pi. Pâturages dePierrc- 
sur-Haute, que les bestiaux engraissent de leur fumier. 

Fan s. m. Fumée. 

Furft t. a. Creuser, chercher. « Se furâ la cabochi, » se 
creuser la cervelle. 

Furgnl s. f» Souris. Nous ignorons si ce mot est très- 
répandu ; nous l'avons entendu à Noire table. 



G 



Gaffâ v. a. Dévorer, manger. 

Gaffa s. f . Vaurien, mange-tout. 

Gaga, GragMSl adj. s. m. s. f. Surnom des habitants 
de St-Etienne-en-Furan. Des étymologistes trop savants ont 
trouvé l'origine de ce mot dans gagate, terme qui, en grec, 
eu latin, en espagnol, signifie pierre noire, jais, etc., ce qui 
prouverait, clair comme le jour, que les Romains se chauf- 
faient avec la houille. En C. gag, gagau signifie : fentes, 
trou, ouverture, et pourquoi pas puits de charbon ? 

Nous pensons que ce sobriquet a été donné aux Stépha- 
nois à cause de la sonorité et de la volubilité de leur patois 
qui contraste étrangement avec le parler lent et mesuré des 
habitants de la plaine. Dans d'autres provinces, gagasser si- 
gnifie parler rapidement et d'une façon gutturale. 

Gagnagl s. m. Jachère. On dit une terre en gâgnage. 

Gaffni s. m. Genêt, plante. 



78 
Gaîue s. f. Paresse, flânerie. 
Gala (se) v. p. Se réjouir. (Anglo-saxon, gai.) 
Galer, Galelga adj. Joyeux, fringant. On disait autre- 
fois une galloise pour une femme de mauvaises mœurs. 
Gale-bontemps, homme sans souci, Roger-Bontemps. 

Galina, Galinetta s. f. Poule, poulette. (Lat. ga- 
lina.) 

Gallnaère s. f. Perchoir pour les poules. Auvent de- 
vant la porte des églises de campagne. 
Gallstran s. m. Garçon décontenancé, qui se tient mal. 
Galorou s. m. Plaisir, amusement, gaîté. «Lamaynat 
d'iquai tion être plan de galorou. » Ch. La jeunesse d'alors 
était pleine d'entrain. 
Galoupa s. f. Vaurien, mauvais sujet. 
Ganiaelie, Gamaehon s. f. s. m. Guêtre en cuir 
ou en toile blanche qui montait jusqu'au genou. Quelques 
vieux paysans portent encore des gamaches. 
Gamaè s. m. Cépage de médiocre qualité. 
Gambey s. m. Ventre. « Voit rend pas lou gambey aussi 
dû qu'una piera. » Ch. Cela ne rend pas le ventre aussi dur 
qu'une pierre. (B. gambé, voûté, arrondi en bosse.) 

Ganaè, Ganaèse s. m. s. f. Fermier, fermière. Au 
Moyen-Age, gaigneur, gaignére, signiûait laboureur. Du C. 
gwen, récolte, gain. Ce nom de gwen se trouve souvent, dans 
de très-anciens titres, appliqué à l'automne, saison des fruits. 
Voir D. C. D'où les noms propres gagnères, gagnât, etc. 

Gandola s. f. Petite tasse à boire. Nous en avons une 
en argent, portant la date de 1700 et le nom de notre tri- 
«aïeul, et dont le fond est formé d'un écu (monnaie) aux 
armes de Prusse. 

Gandouéri v. n. Se réjouir, bambocher. « Vamour 



79 
me ganduère, et lou vin may, » L'amour me plaît et le vin 
aussi. (C. ganta, plaisanterie.) 

Gandouésl, Gandolse s. f. Plaisanterie , joyeu- 
se té, farce. Les Ganduaises de Guill. Roquille , poète de 
Rive-de-Gier, sont célèbres, au moins dans notre dépar- 
tement. 

Ganlpa, Ganlpella s. f. Mauvais sujet. Faisons ob- 
server, en passant, que le vocabulaire des injures patoises 
est d'une variété extraordinaire. Ce mot étant un des plus 
répandus, nous profitons de l'occasion pour renvoyer le lec- 
teur désireux de tenir tête à une revendeire gagasse, aux 
mots : sampa, suarpi, liarpa, dépoilli, gaffe, peilli, far aman, 
gaupa, garauda, louéri, franla, vourpa, rippa et autres amé- 
nités. 

Gaparou s. m. Fromage blanc. 

Gâpian s. m. Gabelou, employé aux octrois muni- 
cipaux. 

Garauda s. f. Femme de mauvaises mœurs, coureuse. 

(taraudes s. f. pi. Guêtres. 

Garagnat, Garagnami adj. Se dit d'un enfant qui 
fréquente les enfants d'un autre sexe. 

Gares s. f. pi. Joues. On dit aussi les gares dau quio ! 

Garet s. m. Sale, malpropre. Terme de mépris. 

GargufUi s. f. Ce mot est usité dans la locution char- 
cha garguilli, chercher querelle. 

Garlbaudaille (h, la). Locution adverbiale. En dé- 
sordre, à l'abandon. 

Garlpotte s. f. Lutin, feu follet, qui entraine les cu- 
rieux imprudents dans les fossés et les mares d'eau. 

GarlIÀ v. n. Loucher. 

Garltat-agei adj. Qui louche. (Roman guérit») 



80 

dama s. f. Fagot de branches de pin, aiguilles de pin, 
broussailles pour allumer le feu. (B. gar et garouhein, ai- 
guillon ; G. é. pioun-cfirarm, pin.) 

GaraaMon s. m. Bois de pins. 

Garon s. m. Abcès à la langue des porcs. 

Garon s. m. Tête de mouton. Les garons en daube sont 
un des mets préférés du peuple. 

Gâte s. f. Ce que l'on use dans un certain espace de 
temps. 

Gati s. m. Lange d'enfant. 

Gratta s. f. Gosse de légume, d'où le verbe dégatâ. 

Gaupa, Gampa s. f. Coureuse, femme de mauvaise 
vie. 

La gaupa vêt chattâ dins tout lou msinageou, 

Et me fat de z'effants que ri ont pas moun visageou. Ch. J. 

La gueuse va chatter dans tout le voisinage, 

Et me fait des enfants qui n'ont pas mon visage. 

Gavot s. m. Montagnard, d'où la gavotte, danse dos 
montagnards. 

Geargeal ou JTarjal s. m. Ervum irsutum, plante 
qui grimpe le long des blés , et quelquefois en si grande 
abondance qu'elle couche les tiges. 

Gemma s. f. Perle. « La fina gemma de mous yox. » 
M. A. (Lat. gemma.) 

Gène s. m. Marc de raisin au sortir de la cuve» Lors- 
qu'il est pressé, on le nomme drovacJie. (R. gen, D. C. gen.) 

Geôl&v. n. Pleurer. (B. gwela.) 

Gère (se) v. p. Se coucher, dormir. « La x>iat et lou 
gère, » la table et le lit. (Lat. jacere.) 

Gerla s. f. Cuvier, baquet. (G. jarL) 

Gerllou s. m. Petit seau pour traire les vaches. 



81 

Geûn s. m. Plainte, gémissement, 

Glgauda s. f. Enjambée. 

Glgua s. f. Jambe, gigot de mouton. 

Gin, Gès conj. Point. 

Gingols adj. De travers. Voyez dans Rabelais : Guin- 
gois, qui a l'esprit de travers, de quà hinc, de quà hoc; 
vin guinguet, d'où guinguette , Tin vert qui fait faire la 
grimace. 

Glnguâ t. n. Boiter, branler, être en équilibre, comme 
le prouve le dialogue suivant entre deux maçons : ' 

— « Oh ! Jean, addu lo mourtia, la pirra gingua. 

— « Gingua que gingua, portou pas lo mourtia avant 
d'ave dîna. » — (G. ging y boiteux.) 

Glsclou s. m. Serpent, couleuvre. « Un bâton qu'eit 
curi de la pai d'un viox gisclou. » Ch. Un bâton recouvert 
de la peau d'un vieux serpent. 

Gllafa s. f. Boue et neige fondue. (C. glaff, pluie.) 

Gnlac s. f. Dent. Faire la gniac, faire la grimace, en 
faisant claquer les dents. 

GnlaeÀ v. a. Mordre. (Flamand, knagen, mâcher.) 

Gnôgne, Mioche s. f. Jeune personne, niaise, béte. 

Gobille, Gobië s. f. Globule, bille, jeu des enfants. 

Gôgna s. f. Grimace, calinerie, caresse. Les gagnes, les 
joues. 

Gôgnard, Gôgnand s. m. Câlin, grimacier. On dit 
à Lyon grand gognand. (Ital. gogna, libertin, vaurien.) 

Gogue s. f. Friture de miche, trempée dans du hit. 
Espèce de beignets. (D. G. gogue, "amusement.) 

Gone, Gonelle s. m. s. f. Garçon, fille, gamin, ga- 
mine. Un gone se dit à Lyon pour un gamin. Dans le. Forez, 
ou dit grande gonelle d'une fille qui manque de réserve, de 

6 



82 
contenance. En hottentot gona, signifie enfant, gamin. (Du 
gr. goneôy engendrer.) 

Gôm», €tôna adj. Habillé. On dit aussi à Lyon mal 
gôné, mal vêtu. (It. gona< gonella, robe; angl. gown.) 

Gorgolla s. f. « Beire à la gorgolla, boire au goulot, 
& la bouteille. (It. bere à gorgota.) 

Ctorg oMon s. m. Aigreurs d'estomac, vapeurs, ver de 
cora, voir ce mot. (It. gorgozza, œsophage.) 

Ccorlaneliî v. n. Vagabonder, mener une vie de fai- 
néantise. 

Qorlanehla s. f. Vagabondage, paresse, ivrognerie. 
Tel est le titre d'une des meilleures poésies de Roq., le poète 
des Pereyoux ripagériens. 

Ctorre s. f. Truie. Vieille vache, viande de vache salée. 
(En C. gorre* truie.) Il est possible que l'on ait appliqué ce 
mot à toute sorte de viande salée , comme celle du porc. 
Ce mot était anciennement usité en français dans le pre- 
mier sens. La reine lsabeau de Bavière avait mérité, par la 
dissolution de ses mœurs, le surnom de grand' gorre, que lui 
avait donné le peuple parisien. En 1544, Jean d'Abondance 
fit imprimer à Lyon la Chanson de la Grand' Gorre, in-16. 

GSrauftMfk v. n. Bavarder, parler. 

Gowlivet s. m. Saucisson de mauvaise qualité fait avec 
les boyaux du porc. 

Crouère s. f. Morceaux de pomme que l'on enfile en 
chapelet pour faire sécher. 

Gouéran s. m. Pâté fait avec des gouères, et que Ton 
fait cuire au four sur des feuilles de choux. 

€tongî v. a. Remuer la tête en signe d'approbation ou 
de refus. 

Gauiila s. f. Serpe, serpette. 



03 

Goulllard s. m. Goitre. 

Gouillarde s. f. Espèce de hache, de grande serpe 
pour tailler les haies. 

Gouillat s. m. Mare d'eau stagnante, bourbier. (C. 
gouil, dormant; laith, eau.) 

Goulue s. f. Femme de mauvaise rie. (G. gouhin,G. 

wirme.) 

Goulâ. t. a. Manger avec avidité, gloutonnement. 

Croula s. f. Bouche, gueule. « Se faire petâ la goula,» 
s'enorgueillir, se gonfler les joues. 

Goungounâ v. n. Murmurer, grogner. 

Gourba v. a. Se moquer de..., ridiculiser. 

Gourba s. f. Moquerie, jouet. « Et par caramentran 
me sarveisse de gourba. » Roq. Et pour carnaval me serve de 
mannequin. 

Gourd s. m. Creux profond dans une rivière, tourbil- 
lon. (Lat. gurges, gouffre; C. gord, eau dormante; it. gorge 
tourbillon.) Ce mot est très-généralement et très-ancienne- 
ment employé. Nous trouvons, dans des actes des xn e et xm e 
siècles, mention de plusieurs gourds dans la Loire, le Li- 
gnon, etc. Le gourd bleu dans le Lignon, près de St-Gcorges- 
en-Cousan, est cité dans un aveu de fief de 1200, sous le 
nom de gourd noir. Aux gourds célèbres se rattachent assez 
souvent des légendes qui trouveront place ailleurs. 

Gourda, Corla s. f. Courge , citrouille , gourde de 
pèlerin. 

Gourgulllon s. m. Têtard, petite grenouille. Cha- 
rançon, insecte qui ronge le blé, les légumes, cosson, ca- 
landre, etc. (Esp. gorgojo; lat. gwrculio; it. gorglione.) 

Gourïn, Gouriiia s. m. s. f. Vaurien , vagabond, 
femme de mœurs équivoques. (Esp. gorrona 9 femme de mau- 
vaise vie.) 



84 

GourinU y. n. Vagabonder, marauder, fréquenter les 
gourmes. (Esp. gorronear, mendier.) 

Gourla s. f. Gaule, bâton. 

Gourlâ, Gourleyi v. a. Secouer, ébranler. On dit 
à Lyon se groler. 

Gournlflâ v. n. Voler, mendier, d'où écornifler.. 

Gourri, Goret s. m. Petit cochon. Terme de mé- 
pris, à St-Etienne. (Nom du lutin breton.) 

Goutta s. f. Petit ruisseau qui descend des montagnes. 
Plusieurs lieux en Forez ont conservé ce nom : Lagoutte, 
Goutteclar, Gouttenoire, etc. 

Crovar s. m. Ordre, direction d'une maison, d'où gou- 
verner. 

Goye s. f. Serpe, goy, va? fr. (C. goy, tortu, recourbé 
en forme de serpe.) 

Grabotâ. t. n. Gratter, éplucher, examiner comme 
grain a grain. (Lat. gravellum, vx f. grabeau, grain de sa- 
ble.) Voir Rab. 

Graboton s. m. Enfant qui gratte la terre, qui grabote. 

Graflgnâ v. a. Egratigner, écorcher. (lt. graffiare.) 

Gralla s. f. Charbon mi-gros. 

Graila s. m. Morceau, bloc. 

Grallasson s. m. Morceau, pierre. 

Gramin s. m. Mauvaise herbe qui envahit les cultures. 
(Lat. gramen, gazon.) 

Grasse-Poule s. f. Mâche, blanchette, herbe et sa- 
lade (valerianella olitoria). 

Grassoulâ (se) v. p. Glisser sur la glace. 

Gratallle (à la). A la grate, locution adverbiale. A l'a- 
bandon ; jeter quelque chose à la grataille. (C. gart, li- 
béralité.) 



85 

Graton s. m. Reproche, réprimande. Très-employé à 
Lyon. (VoirD. C. rogaton.) 

Gratons s. m. pi. Petits morceaux de graisse de porc 
rôtis. Ce sont les sommades des Grecs. (Voir Plutarque, 
trad. Amiot, traité 20, du manger chair.) 

Grailla, Grailla s. f. Corneille, corbeau. D'où plu- 
sieurs noms de lieux et de personnes. 

Grava 1 t. a. Grimper, monter à un arbre, gravir. 

Gredft, Gridâ y. n. Crier. (It. gridare.) 

Grelut, Grelucbon s. m. Avare, gueux (Lyon). 

Grelet s. m. Grillon, scarabée. Il y a le grelet noir ou 
grillon, le grelet vert ou tailleur, carabe doré. 

Griffon s. m. Houx, plante. 

Grillon s. m. Sécheresse ; herbe sèche, espèce d'im- 
mortelle. 

Grlmatoere s. f. Nom donné par les paysans à la po- 
lice, qui, pour eux, n'est qu'un grimoire. 

Grimodon* Se mettre en grimodon, s'accroupir, se 
blottir dans un coin. Voir s'agroumi. 

Griotte s. f. Cerise aigre-douce, que Ton conserve à 
l'eau-de-vie. A Paris les griottes se nomment cerises, et les 
cerises, griottes. (Cerasus capraniana.) 

Griottées s. f. pi. Criblures de grains. 

Grlspfgna v. a. Crisper, en parlant des nerfs; énerver. 

Grlte 9 Gritou s. f. Marguerite (nom propre dimi- 
nutif). 

Grlvay s. m. Ecumoirc. « Touta faiti à partus couma 
un màtru grivay. » Ch. Toute trouée comme une mauvaise 
ccumoire. 

Grivella s. f. Gui, plante parasite dont les baies ser- 
vent d'appât pour prendre les grives au lacet. Voir Vêque. 



86 

Groua t. a. y. n. Couver. (Esp. guero, œuf couvé). 

Grouber s. m. Grosse meule de blé. 

Groué s. f. Croûte, morceau de pain. 

Groufnoa s. ra. Croûton de pain. (Lat cugnus, coin, 
angle.) 

Groula v. n. Marcher lentement, traîner la groula. 

Groula, Groula s. f. Savate. On dit à Lyon grolle. 

Groulasslfc y. a. Aller, marcher lentement, traîner la 
groula. 

Groulœre, Groulaure s. m. Savetier, qui traîne 
la groula. 

Groulu s. m. Pansu, obèse. 

(rroamâ y. n. Attendre quelqu'un avec impatience. 

Guaret s. m. Terre inculte. Plusieurs lieux en Forez 
portent ce nom. 

Guarifauda s. f. Espèce de cerise. 

Guelet adj. Gai, joyeux. Voir Galey. 

Guéra ou plutôt Eguérâ y. a. Aplanir un boisseau 
plein, y passer Yegaère. 

GuernlpUle, Guenftppe, Ganlppe s. f. Vau- 
rien, mauvais sujet. Quelques- uns le font dériver de pilleur 
de guernes, ou poules (gallina). Ce mot daterait des guerres 
des Anglais. (It. galuppo, gueux, déguenillé.) 

Gnia s. m. Fouet. 

Gulgnoebe s. f. Chien de fusil. 

Guigne s. f. Marelle, jeu. Le palet qui sert pour ce jeu. 

GuiM, Guillon s. f. s. m. Forêt, ainorçoir. 
« Chauchâs pas tant la guillij 
« Ouai, ma figua, ouai! » (Vieille chanson). 

Guftrande s. f. Femme de mauvaises mœurs. 



87 



H 



Habilla v. a. Châtrer. 

Haler& t. n. Souffler, haleter. 

Handrllll s. f. Guenille, haillon. Trainâ l'handrilli. 
(Esp. Andrajo, chiffon, haillon.) 

Harla s. m. Embarras, confusion. Voir Aria. 

Harpeyî v. a. Herser un champ. 

Harquetô v. a. Ajuster, orner. Ben harquetat, bien 
équipe, bien monté. 

Haasirarat s. m. Petite éuiinence dans les prairies. 

Haustau s. m. Maison, logis, hôtel. (Employé par Gh., 
usité à Lyon.) 

Hauts s. m. pi. Culottes , hauts de chausses. (Outre 
cette étymologie que nous avons citée & Âux> nous devons 
rappeler que hosen en B., uosa en ital., heuse et hwatatu en 
vieux français signifient aussi culottes, et chausses dans le 
sens de bottes, guêtres.) 

Herl, Hère adv. Hier. (Lat. km.) 

Heurt, Hort s. m. Jardin. « Allons vez V heurta » al-, 
Ions au jardin. Ce mot est encore employé dans les aetes ; 
on dit une terre située sous les heurts. (It. orto, esp. huer ta, 
lat. hortus.) 

Horta s. f. Provision de voyage. « N'avons una bouna 
horta, ne pouvons moudà, » nous avons de bonnes provi- 
sions, nous pouvons partir. 

Hortallll, Hortolageou s. f. s. m. Légumes, jar- 
dinage, (ît. ortaggio, légumes.) 



88 

Mouche excl. Terme exclusivement employé pour ap- 
peler les porcs. (B. hmc'k, porc.) 

HoafSU; Hoossi excl. Pour chasser les chiens. Ce 
mot, usité dans beaucoup de provinces, n'est pas français. 
(It. uscire, sortir, s'en aller.) 

Huehâ (se) v. p. Se balancer. 

Hueliet s. m. Petit bateau percé de trous, où Ton met 
le poisson en réserve. Voir Barnolla. 



Imbiorn adj. Maladroit. 

Imbrlnguâ v. a. Embarrasser. (1t. imbrigare.) Voir 
Embringua. 

Immola v. a. Faire un mollard, transporter et entasser 
la terre. 

Impente s. f. Rame placée à l'arrière du bateau et qui 
tient lieu de gouvernail (bords du Rhône). 

Inchaplâ v. a. Aiguiser et redresser une faux 
émoussée. 

Inehat adj. Délicat, d'un goût difficile. (Ir. inghean, 
jeune fille.) 

Incoullle s. m. Houx, arbrisseau. Voir Agriéle. 

Ingannâ v. a. Tromper, embarrasser. (It. ingannare.) 

Inglnlat adj. Volage. 

Intraflchi adj. Maladroit. 

Io, Iou, Jeu, Jou, Jlpron. Je. (Voir la grammaire.) 



89 



Jablat-aftftl adj. Imbécile, idiot. 

Jablôla s. f. Gage à poulets, diminutif de jaivi, d'où 
le mot français geôle, prison. L'enseigne de la cage, rue du 
même nom, à Lyon, représentait une tour de prison. (Esp. 
jaula, B. cabia, jabia, du C. cab, habitation, prison.) 

Jabolat adj. Imbécile, idiot. 

Jabri s. m. Babil, ramage. 

Jâele s. f. Sorte de perche pour pécher les grenouilles. 

Jacobines, f. Petite chambre sous les toits, mansarde, 

Jaére (se) v. p. Se coucher, s'étendre. (Lat. jacere). 

Jal, Jau, Jaillar s. m. Coq. Le geai se nomme le 
jau des bois. (Lat. gallus.) 

Jallla s. f. Sorte de pioche. Voir Jalé. 

Jalllon, Jatllounetta s. m. s. f. Petit coq, petite 
poule. 

Jaivi s. f. Gage. « La jaivi d'un uzai qu'a benprou de 
eusins. » Gh. La cage d'un oiseau qui* ne manque pas de 
cousins (le coucou). 

Jalé, Jaliœre s. m. s. f. Taille-pré, sorte de pioche 
pour faire les rigoles ou bialceures. 

Jalena s. f. Poule (Lat. gallina.) 

Jalenel s. m. Poulailler x perchoir. 

Jalouffe 9 Jarousse s. f. Fourrage légumineux 
(ervum monanthos). 

Jambre, Tsambre s. m. Ecre visse. 

Janouère, Janouérat s. m. Genièvre, genévrier. 



90 

Jaqulllà v. a. Exciter, faire aboyer les chiens. 

Jar s. m. Les bateliers de la Loire nomment ainsi les 
courants où l'eau frise les cailloux, le lit de la rivière. 

JTar, JTaurl s. m. Taureau. (Dans les langues Scandi- 
naves, iarl signifie chef.) 

JTarbolla s. f. Cerise noire des montagnes. 

«farderet? Creargeal s. m. Plante légumineuse qui 
nuit aux céréales. 

JTardom adj. Malpropre. 

Jartaura s. f. Perte, désordre. Faire jar t mm, avoir 
mauvaise façon. (Lat. jactura.) 

JTas, JTat s. m. On nomme jas les pâturages qui cou- 
vrent les montagnes de Pierre-sur-Hautc. Litière des vers 
à soie ; les bestiaux en sont très-friands. Gtto ; prendre un 
lièvre à jat. Etre à jat, être couché, être malade. Ce mot 
signifie aussi endroit, lieu, place. 

Jasserle, Jat s. f. s. m. Hameau situé dans les jas et 
composé d'une douzaine de loges ou cabanes couvertes en 
chaume. 

JTassler s. m. On nomme maître jassier celui qui est à 
la tète d'une jasserie. 

Jaune s. m. Ce nom est pour les bouchers, k Saint- 
Etienne, la plus sanglante insulte. On sait que les Juifs, 
nommés aussi jaunes dans le Midi, à cause des habits de 
cette couleur que la loi les obligeait à porter, tuent eux- 
mêmes les animaux dont ils se nourrissent. Il est probable 
que les bouchers de St-Etienne ignorent qu'on ta* traite de 
juifs, lorsqu'on les appelle jaunes ; mais , eu bons chré- 
tiens, ils ont le droit de se fâcher de cette injure. 

JTaunery s. f. Chatière, trou pratiqué au bas d'une 
porte pour laisser passer les chats. 



91 
<( Si par d'hounettes raisouns 
« Qmuquùn se trace on présoun, 
« Passouns ny par lajawiery 

« Una neirij 
« Una gronda neiri. » Babochi. 

s. f. Littéralement Pamre- Jeanne. 
Nom donné poétiquement à la bise qui gémit dans les hautes 
cheminées, pendant les veillées d'hiver, et au rouge-gorge 
qui vient mendier au bord des fenêtres quelques miettes de 
pain, quand les champs sont couverts de neige. 
Jannetoella s. f. Petit genêt. 
JerapelUna s. f. Vieil habit en lambeaux, guenille. 
JfolA v. n. Jaillir, en perlant des liquides. 
Jfnguetta s. f. Mauvais vin, piquette. Voir Qingois. 
J+selou s. m. Joseph (nom propre diminutif). 
JFoarnallâ s. f. Journal de vigne. La journalée com- 
prend ordinairement de 800 à 4 ,000 ceps. 

J+uveiftftanne s. f. Gentiane, plante médicinale, 
abondante dans les montagnes de Pierre- sur-Haute (gen- 
tiana lutea). 
Jubattre (se) v. p. Se débattre, se démener. 
JTugelonx-oiisa adj. Niais, béte. 
JugONres s. f. pi. Petites poutres placées en travers 
d'une cheminée, auxquelles on suspend les jambons pour 
les fumer et les ètelles (éclats de bois) pour les faire sécher. 
Junele, JTunllé s. f. Lanière de cuir qui sert à lier 
le jwn ou joug aux cornes des bœufs. 



92 



Labrane s. f. Salamandre. Son souffle fait mourir, au 
dire des paysans. Voir Alabrande et Taurina. 

Laie s. f. Claie sur laquelle on transporte les gerbes 
pour les élever en meules, en plongeons. 

Laidl s. f. Mauvaise herbe à piquants, qui croit dans les 
jardins, et dont les lapins sont friands. 

Lambretan s. m. Vaurien, ivrogne. Voir Ganippe. 

Lampétarl s. f. Etoffe de soie que Ton fabriquait à 
St-Etienne dès la fin du xvi e siècle. D'où lampas. 

LandÀ v. n. Courir, être poursuivi. Flâner, aller lente- 
ment. (B. landreâ, flâner.) 

Landore s. m. Flâneur, paresseux. Dans Rabelais : 
« Un fainéant... et qui bransle les jambes assis sur une bou- 
tique. » (Ed. 1711, Amsterdam, tome VI, page 72, Com- 
mentaires.) 

Ladite, Lène s. f. Fossé, gare, bras de rivière (usité 
à Lyon). 

Laosse, Louche s. f. Cuiller. {Lat' cochlear.) 

Lardiehi, Lardenna s. f. Mésange, oiseau. 

Larmuze, Lermlze s. f. Lézard gris, reptile. 

Lassotlli s. f. Bouillie, purée. 

Lât, Lâré s. m. Côté. De tous lous làts, de tous cotés. 
(Esp. ladoj lat. lotus, it. lato-) 

Laure, Laurella s. f. Lèvre, petite lèvre. 

Là- voué, Layan, Léen adv. Là-bas. 

Layde s. f. Droit levé sur les denrées apportées à ira. 



93 
marché. Ce mot, que l'on trouve souvent dans des titres an- 
ciens, est encore usité. 
Lebët s. m. Premier lait d'une vache qui a vêlé. 
Lèche s. f. Jonc des marais , ou laiche. ( Lat. lacus , 
marais.) 

Lèchere s. m. Etang, marais. Dans les vieux actes des 
xrv* et xv e siècles, les étangs sont nommés en latin le&cheria. 
Lenffun, Lelgun, pr. ind. Personne, aucun. (Es p. 
ningun.) 
Lencl, Lenelo s. m. Drap de lit, d'où linceul, 
Letza s. f. Petit-lait. « Au beit le lat, te beis la letza, » 
il boit le lait, et toi le petit-lait. 
Levrelrladj. Léger, prompt. 
Maraud s. m. Imbécile, idiot. 
Liard s. m. Mot générique qui signifie argent. 
« Lous garçons n'ont gin de liard, 
« Les filles gin de soulars, 
« Hardi donc ! la fêta ! » 
Les garçons n'ont point d'argent, 
Les filles point de souliers, 
En avant la fête ! (Bourrée). 
Ltarpas. f. Ivrogne, vaurien. 
LiarquÀ v. a. Lapper, en parlant des chiens. 
LieurnA, Lurnà v. n. Regarder en flânant. 
Llèehe s. f. Tranche de pain, petit morceau. 
Lière s. f. Alisier, arbre. D'où plusieurs noms de lieux : 
le bois de la Lière, le gourd de la Lière, etc. 
Llette s. f. Tiroir. 

UgouMa s. f. Sabre, épée, par plaisanterie. Ce mot, 
employé par Ch., est encore usité dans l'argot lyonnais. 
Llnffalna s. f. Fanfreluche, ornement. 



94 

Lin&orua,liitigainas. f. Pièce d'étoffe ajoutée pour 
élargir. 

lilngvelran s. m. Méchante langue. 

Llodaff, Llédau s. m. Imbécile, idiot. Au commen- 
cement de ce siècle, Liôdou ou Liaudou était un mendiant 
de St-Àn thème. 11 y avait aussi un limidou du temps de 
Chapelon. 

Liera, Luère, Lûre, lièvre s. f. Lièvre. « Countà 
de cornes de liera, » conter fleurette. 

Mtte s. f. Mesure de superficie pour les vignes. Espace 
compris entre deux rases. 

Iiluche, Llche s. f. Ivrognerie, fainéantise. Fainéant, 
ivrogne. Ce mot appartient aussi à l'argot lyonnais* 

Llusetta s. f. Gesse , plante légu mineuse ( tatkyrns 
aphaca). 

Ijlvrie s. f. Livrée, ruban. Ce mot n'implique, en patois, 
aucune idée de servilité. 

Llvrorée s. f. Etendue de terre que Ton peut ense- 
mencer avec un livrot ou bichet de blé. 

Iiivrot s. m. Ancienne mesure de grains dans le Forez. 

Loche s. m. Sorte de petit poisson. 

Loge s. f. Chalet des montagnes de Pierre-sur-Hautc. 
Petite maison de campagne dans les vignobles. La loge ren- 
ferme, au rez-de-chaussée, le cuvage ou cellier, et au-dessus 
une petite chambre. On y va boire en société le dimanche, 
et quand vient le soir, il n'est pas rare de voir, dans cer- 
taines localités, les femmes aller aux loges en procession, 
chercher leurs ivrognes de maris. 

Louelri s. f. Femme de mœurs équivoques. (1t. lova, 
courtisane.) 

Louffa s. f. Vesse. (It. loffa, vento senza romore!) 



95 

Losa s. f. Espèce de marne qui durcit et s'émiette à 
l'air. Les falaises des bords de la Loire eu sont formées* 

Loioa s. m. Caillou, pierre. « Un lozm m'assupet. » 
Ch. Un caillou me fit trébucher. (Esp. lozza, pierre.) 

Lourde s. f. Enfouissement, vertige. 

Luche s. m. Prii, premier rang. 

Luftanna s. f. Petite cerise douce. 

Lusarnâ v. n. Luire, en parlant du soleil. 

Lusarna s. f. Ver luisant, insecte. 

Lu«at adj. Malin, rusé. On dit à Lyon gros tus, gros 
farceur. 



M 



MA« Mâtgne cotij. Seulement, que, quoique, pourvu 
que... (It. maéche.) 

Maealam s. m. Petite meule de gerbes. 

Maearaude s. f. Giboulée. 

Maearlau s. m. Geai, oiseau. 

Mâebe s. f. Espèce de s2Abde(valerianeUa<Mtoria), Voir 
Rampon, Grasse-poule. 

Mâelie-Craâte s. m. Le màche-croûte est Le manne- 
quin de carnaval que Ton promenait jadis. C'est le mardi- 
gras actuel que nous avons tous vu jeter au Rhône, et qui 
était, avec Jean-de~Bavière, le grand épouvantait des enfants. 
On portait autrefois Mâche -Croûte au bout d'un bâton doré, 
et Rabelais qui avait habité Lyon, comme Ton sait, en rend 
compte de la façon suivante : 

« C'estoit une effigie monstrueuse, ridicule, hideuse et 



96 
« terrible aulx petits enfants, ayant les œils plus grands que 
« le ventre, et la teste plus grosse que tout le reste du corps, 
« avecques amples, larges et horrificquesmaschouercsbien 
« endentelées tant au dessus comme au dessoubs : lesquelles 
<( avecques l'engin d'une petite chorde cachée dedans le 
« baston doré l'on faisait Tune contre l'aultre terrificque- 
« ment cliqueter, comme à Metz Ton fait du dragon de sainct 
« Clément. » 

Mâcha y. a. Meurtrir. Cop mâchât, coup sans effusion 
de sang. (B. mâcha, presser, fouler.) 

MâehurÀ y. a. Noircir, charbonner. (It. macchiare.) 

M&ele s. m. Vapeurs, rôt, maladie exclusivement. 

Magnelet s. m. Petit corsage d'enfant, brassière (de 
maynat.) 

Hagnen s. m. Chaudronnier ambulant. Ce mot est très- 
ancien et très-répandu. (It. magnano > serrurier.) Les éty- 
mologies de ce mot sont nombreuses. Ménage le fait venir 
à'œramen; d'autres le tirent de manuarius ; d'autres le font 
dériver de Limagne, parce que la plupart des chaudronniers 
sont Auvergnats. Nous en omettons, et non des meilleures. 

Magnl, Haut s. m. Ver à soie, d'où magnanerie. 

Malllarde s. f. Vache de couleur rouge. 

Maille 9 Môtllc s. f. Câble, cordage. « Coubrâ la 
maille,» enrouler le câble (terme des mariniers du Rhône). 

Maillon s. m. Rouleau de bois. Petit anneau de verre 
en forme d'olive ayant plusieurs trous, terme de fabrique. Il 
y a à l*yon, côte des Carmélites, l'enseigne du Maillon-d'Or. 

Malllou««a, Mayouesa s. m. Fraise, framboise. 

Maître s. f. Partie principale, bloc qui forme le corps 
de la charrue. 

Maleneognl s. m. Malade , faible de constitution, 



97 
d'une santé débile. (It. makncomco, triste, malade, mélan- 
colique). 

Malheurta adj. Ensorcelé, maudit, sur lequel on a 
jeté un sort. 

Maml s. m. Espèce de lutin qui prend ordinairement la 
forme d'un lièvre pour perdre les chasseurs. 

Mamlan s* m. Pomme de pin. 

Mandoula s. f. Amande, Amandier. 

Mandrat, Malandrin s. m. Synonyme de Man- 
drin. Ce brigand célèbre est encore en grande réputation 
dans le Forez, (lt. malandrino, brigand.) 

ManelUe, Manille s. f. Anse d'un seau, d'une 
cruche. 

Manelt s. m. Sonneur de cloche. 

Mango, Mangon s. m. Manche d'un outil. Ancienne 
forme du mot manche, d'où mal mangounot, mal emmanché, 
et te démangougnâ, se démancher. 

Manôre s. f. Manœuvre, ouvrier à la journée. 

Mantl s. m. Nappe, couverture , morceau d'étoffe qui 
borde la cheminée. Serviette pour envelopper le pain. (D. C. 
tnantile, it. mantile, nappe.) 

« Un bai manti tout fin blanc de buya, 

« N'eit que lous rats l'ont un pot partusa. » Ch. 

Une belle nappe toute blanche de lessive, 

Si ce n'est que les rats l'ont un peu trouée. 

Marft v. n. v. a. Travailler péniblement, piocher avec la 
more. 

Mara s. f. Houe, pioche. 

Maralre s. m. Manœuvre, terrassier. Ce sont ordinai- 
rement les Veleyats ou habitants de Velay, qui font ce tra- 
vail fatigant. Leur sobriété est proverbiale. (B. marrer.) 

7 



98 

MaranehÀ v. a. Tailler, éinonderun arbre. 

Maraud s. m. Chat, matou. 

Marehon s. m. Poutre, chevron. 

Mardiaoual! Mardlanonlexcl. Jurement des 
montagnards. (It. madie, par ma foi ! ) 

Mare s. f. Rive droite de (a Loire, et Galarne, rive gau- 
che (usité à Roanne.) 

Maréchale s. f. Première couche de la houille. 

Marella s. f. Petite marguerite sauvage, matricaire. 

Marenda s. f. Goûter, collation. (II. merenda, en sa- 
voyard, merenda.) 

Mare-nu adj. Entièrement nu, né-nu. 

MargoulUl s. f. Poule d'eau, oiseau, (lt. marangone, 
mergo, plongeon.) 

Margoulllou s. m. Bavard, qui parle sans savoir ce 
qu'il dit, qui barbote. 

Mari (se) v. n. S'égarer, se perdre. (It. smarrida, égarer.) 

Maroehi, Maluenl s. f. Gros maillet. Téta de ma- 
rochi, grosse tête. 

Marpailla v. a. Gaspiller, dissiper follement. 

Marreln s. m. Terre, gravier. 

Marsi v. n. Sécher. « Laissa marsi les foilles, » laisser 
sécher les feuilles, (lt. marcire, se flétrir, se pourrir.) 

Mas s. m. Métairie, ferme, terre labourable , d'où les 
noms propres : Mas, Dumas. (Lat. mansus.) 

Masafeou s. m. Village, hameau, ferme. Usité encore 
à la fin du xvi« siècle. 

Massacre, Mansard adj. Maladroit. 

Massetâ s. f . Charretée, charge d'un massot. 

Massot, Massou s, m. Sorte de char rustique à deux 
roues. Le char à quatre roues se nomme char^deurbli. 



99 

M assorte s. f. Jeu. Voir Caye. 

Massoullla s. f. Touffe, fagot. « Una massouiUa de 
bouéssoun, » une haie de broussailles. (It. maechia, buisson, 
broussailles.) 

Matafam s. m. Sorte de crêpe très-épaisse qui forme 
la base de la nourriture habituelle des paysans. 

Matolla s. f. Boule de neige. Neige qui s'attache aux 
chaussures. 

MatollÀ y. n. Faire des boules de neige. 

Maton s. m. Tourteau de suif et de son pour engraisser 
les porcs. Pan maton, pain fait avec le marc des graines d'où 
l'on extrait de l'huile. (D. G. matonus.) 

Matroulllî t. n. Mâcher, manger. 

Matra adj. Malotru, chétif. 

Matte s. f. Echeveau, flotte de fil, paquet de chanvre 
peigné. (It. matta % matassa, echeveau.) 

Matte s. f. Baguette de tambour, palette pour battre le 
beurre « Qu'ei faut pâ tambourtô lo secours de duei mottes.» 
Roq. Qu'il faut pour tambouriner le secours de deux ba- 
guettes. 

Maulou adj. Maudit. « Maulou seit loujour,» maudit 
soit le jour. 

Mautraire v. n. Etre malheureux, ennuyé ; avoir de 
la peine. 

Maze,Mazotte 9 Mazua 9 Moseille s. f. Fourmi. 
(Allemand ameise, B. merienen.) 

Mazout! s. m. Nid de fourmi. 

May adv. Davantage, et aussi, plus. (Lat. magis, B. muy.) 

Mayérl s. f. Chêne, arbre. Grosse poutre de plafond. 
« Vou ne ley veut ni planchi ni mayères. » Ch. On n'y voit 
ni plancher ni plafond. 



» 



100 

Mayeri s. f. Tas d'échalas, piquets pour les ceps. Ce 
mot se retrouve dans des actes de la fin du xiir 2 siècle. 

Mayllana, Mlllana s. f. Peau d'anguille qui réunit 
les deux parties de Yècoussou ou fléau ; toute sorte de corde- 
Nous trouvons ce mot dans Rabelais : « Force vent à travers 
les méianes, c'est-à-dire à travers les cordages. (Pantagruel, 
livre v, p. 83.) 

Maynat s. m. s. f. Enfant. La maynat, la famille, la 
jeunesse, la troupe. Voir Chéruel : mesnage, mesnil, maison 
entourée de terre; meignie, mesnie, suite d'un seigneur» de 
arimania. (It. masnada, Esp. manada, rom. magnat, maynat, 
toute espèce de réunion et plus généralement la famille, la 
tribu. Quelques-uns le font dériver du latin mei nati, mes 
enfants. 

Hedâ v. a. Mêler, mélanger, « La seigla s'eit méclo 
parmei noutron fromeint. » Roq. 

Aleelia, Ifeclall s. f. Fourrage, mélange pour les 
bestiaux. Mélange de grain. Le second mot signifie particu- 
lièrement mélange frauduleux dans la marchandise. (Esp. 
mezelar.) 

MéjonrnÀ v. n. Dîner, faire le repas du milieu du 
jour. 

Melebâ v. n. Réussir, aboutir. « Te n'as pas ben me- 
chu, » tu n'as pas réussi. 

Melllao s. f. Bouillie, marmelade, purée. 

Melloye s. f. Carex, herbe. 

Menétrâ, v. a. Tremper et préparer la soupe. (1t. mi- 
nestrare 9 dresser le potage.) 

Henases s. f. pi. Choses de peu de valeur. Menues par- 
ties du cochon : côtelettes, queue, oreilles, etc. Lorsqu'un 
chef de famille tue un porc, il invite les jeunes gens qui 



UBB 



101 
font la cour à ses filles, à Tenir manger les menuses et boire 
sur le doux. (It. minuzzane, fragments, morceaux.) 

Mento, Montœu adv. Peut-être. 

Mepole s. f. Nèfle. (It. nespola.) 

Mère t. a. Moissonner. (Lat. metere.) 

Mesaêre s. f. Fourmilière. On dit d'un enfant qui a des 
poux : Vou est una mesaêre. 

Meftt v. a. Couvrir, remplir. 

Meiiageon s. m. Domestique, valet. 

MeMle s. f. On nomme ainsi la réunion de 40 ou 15 
tresses de chanvre ou battaos. 

Messolar s. m. Sabot d'un animal. 

Meta s. f. Borne, but. (Lat. meta, It. meta.) 

Met» s. f. Moitié. « Un ânon de meta n'est jamais bien 
bàtot. » Un âne qui a deux maîtres n'est jamais bien bâte. 
— « Parla meta Dio, meta diablou, » parler moitié français, 
moitié patois. (It. meta.) 

Metlara s. f. Farce, bagatelle, jeu. 

Mette s. m. Ancien nom du boisseau. (Lat. metior y me- 
surer). D'où vient le mot de métérée, mesure de superficie, 
étendue de terrain que Ton peut ensemencer avec un bois- 
seau. Il y a la métérée ordinaire et la métérée large. 

Meya, Mellll s. f. Meule de foin, de blé, etc. 

Meytan, Mitait s. m. Milieu. « Au mitandou chamïn 
accule à cacasson. » Roq. 

Mezère s. f. Suint de laine des moutons. 

Mlan- valet s. m. Second valet d'une ferme. Moyen- 
valet. 

Miarle s. f. Bille ou cognet de tabac a chiquer. 

Migearl s. m. Pillard, vaurien. 

Mlgotte s. f. Fraise. Voir Mailloussa. 



102 

Mlgouri s. m. Cerises cuites avec de la farine entre 
deux feuilles de choux. Très-usité à Boën, Saint- Germain- 
Laval, etc. 

Mlngolët adj. Chétif, grêle. (It. mingherlino.) 

Mftôletta s. f. Ventre de chevreau. Présure. Voir Quai. 

MlôsÀ y. a. Pincer, serrer. 

Mira, moura s. f. An esse, mule. 

Mlralllët s. m. Tiercelet, petit oiseau de proie. 

Mitâtu s. m. Jeu cité par Chapelon : Mistatu,qu'a$-tu? 

Mogeâ v. n. Creuser, fouir en parlant des taupes, des 
porcs, etc. 

Mollle s. f. Remous d'un fleuve. Câble. 

MÔ1À v. a. Lâcher, laisser, abandonner. 

Mollard s. m. Tertre, remblai, éminence, colline. 
D'où les noms propres : Mollard, Dumollard, etc. 

Mollon s. m. Mie de pain. 

Mondament ad. Tant mondament que seye, si peu que 
ce soit; tout mondament, très-peu. 

Morellli s. f. Rond en osier dans lequel on place la 
cheville d'un timon. 

Morinou, Morellli adj. Noiraud. On dit un cheval 
moreau. (It. morato, morello.) 

Morlletâ v. a. Espionner, épier. Voir Mourliet. 

Motta s. f. Jeu. A la motta ou à la tape; la motta à 
cachi ou Vatapa, ou la recondaille. 

Motta s. f. Revanche. 

Motta-prey s. f. Même jeu que la motta. Ce mot si- 
gnifie tapé, pris. 

Mottella, Moterla adj. Blanc. Una vachi moterla, 
une vache blanche. Nous trouvons dans un compte de dé- 
pense des comtes de Forez reproduit dans Y Histoire des 



103 
ducs de Bourbon et des comtes de Forez de La Mure : blio 
vin egre moterle, vinaigre blanc. 

Mouaêre s. f. Sel, saumure. 

Moucherand s. m. Cépage, sorte de raisin noir plus 
court que le gâmé ; les mouches l'affectionnent à cause de sa 
douceur. 

Mouehon s. m. Bout d'un câble, d'une mèche, d'une 
chandelle. (Esp. wioco, It. moccolo, lumignon , champignon 
au bout d'une chandelle.) 

Monda v. n. S'en aller, partir. Ce mot appartient aussi 
aux patois bressan, savoyard, etc. (Lat. moveo, se mouvoir ; 
mutare, changer de lieu.) 

Moue s. m. Battoir pour laver le linge. 

Monéni s. f. Toupie. (Rab. parle du moine et de la 
trompe, dans sa nomenclature des jeux de Gargantua.) 

Monenou s. m. Morceau de fer chauffé placé dans une 
boîte de bois, pour réchauffer les pieds. 

Mouille s. m. Soufflet. D'où camoufflet. 

Mouyre, Mouge, Mouldre v. a. Traire les vaches. 
(Lat. mulgere.) 

Mouille s. f. Endroit marécageux. 

Moulllœres s. f. pi. Pluies, humidité. « Les mouil- 
lures fant puri les triffes, » l'humidité fait pourrir les pom- 
mes de terre. 

Honna s. f. Guenon, femme laide, vieille vache. (Esp. 
mona, 1t. monnino.) 

Mouneirl s. f. Tanière, cabane. 

Mounelrl, Môgnl, Mânl s. m. Hanneton-foulon, 
insecte. Littéralement hanneton-meumer ou plutôt voir Ma- 
gni, vers. 

Moural s. m. Visage, figure. (Esp. moro, Rab, mourre.) 



104 

Mouret, More adj. Noir, tirant sur le bruu. 

Mourra v. a. Réprimander, tancer. 

Mouriclti adj. Brun. 

MourlllÀ v. a. Mourillâ un cayon, c'est lui mettre un 
clou ou un anneau dans le groin pour l'empêcher de fouiller 
la terre. 

IHourïn s. m. Petit insecte, espèce de charançon. 

Mourina s. f. Poussière du crin et de la laine. 

Mourlyi v. n. Mâcher. 

Mourllët s. m. Cafard, blatte. Appînche-mourliët, es- 
pion qui écoute aux portes. 

Mournaehes s. f. pi. Tenailles de forgeron. 

Mourtalsi, Mourtl s. m. Mortier à piler le sel, les 
aulx ou ails, etc. Le proverbe lou mourti sint ious aux équi- 
vaut au proverbe français : Bon chien chasse de race. 

Moussella s. f. Plante des prés dont les feuilles res- 
semblent à celles du pissenlit. 

Moutlala s. f. Belette. (Lat. mustella.) 

Moutte adj. Une chèvre moutte est une chèvre sans 
cornes. 

Movible adj. Meuble, facile à remuer, en parlant d'un 
terrain. (Lat. rnoveo.) 

Mua s. f. Catastrophe, malheur. 



isr 



Nadre, Mare adj. Lâche, sans courage. (D. C. natrix.) 
Nalsa v. n. Rouir le chanvre. (D. C. noez, S.) 
Naôte, Nfarse s. f. Fondrière, marais, tourbe, prairie 



105 
marécageuse dans les hautes montagnes. (C. naute, lieu 
aquatique, sol mouvant.) 

Naquerot, Nambot s. m. Nain, petit homme. 

Neflâ (se) y. p. Se porter. « Au ne se nèfle pas ben y » il 
ne se porte pas bien, il couve une maladie. C'est un des 
rares mots patois qui expriment un état physiologique. 

Melrt s. f. Littéralement noire. Mais ce mot a une foule de 
significations : paresse, flânerie, puce et surtout bouteille. Le 
peuple de St-Etienne et des environs ne nomme jamais une 
bouteille autrement qu'wna neir j. « Oh! frâre > payis-tu una 
neiri? » La chanson de Babochi, intitulée la Neiri, est un 
petit chef-d'œuvre. 

\engun pr. imp. Quelqu'un, personne. 

I%'e»siadj. Imbécile, ignorant. (Lat. nescius, Esp. necio, 
necia. 

Mat, Mroii s. m. Œuf que l'on laisse dans les nids 
des poules pour les faire pondre. 

Mat, Mata* s. f. Nichée, troupe. Niât d'Abram se dit 
dune famille nombreuse (comme celle d'Abraham), mais 
avec l'idée de voleur, en souvenir des juifs. 

Meu s. f. Neige. On dit plus généralement Yhuvar pour 
la neige elle-même. (Esp. nieva, It. neve.) 

Mô-ben adv. Même , peut-être bien. Nié seul, signifie 
seulement, pas. 

Môle* IVûMe s. f. Nuage, brouillard, nuée. (It. ne- 
bula, Esp. niebla, Lat. nubila, B. niûl, G. niai, etc.) « Les 
niàles s'aceatount, » les nuées s'abaissent, le brouillard traîne . 

Mopolle s. f. Nèfle. 

Xdque s. f. Chouette. (Lat. noctua.) 

ftovia, M lova s. f. Fiancée, mariée. (Esp. novia, du 
lat. nubere.) 



106 

Nourraln s. m. Carpe pour empoissonner les étangs. 
Le nourrain est plus gros que la feuille ou menu fretin. 
Petit cochon de lait. 



O 



9 An prép. Avec. Voir Au. 

Obroumâ v. a. Ecraser. 

Ogment s. m. Augment, acquêt. On nomme ogment, 
dans les anciens contrats, les acquisitions faites pendant la 
durée du mariage. On lit dans Ch. « V ogment et la varcheri^ 
la dot et les acquêts. 

Ollagiii s. f. Noisette. Voir Aulagni. 

Omase s. m. Ancienne redevance mentionnée dans les 
terriers; un des quatre ventricules des ruminants. (Lat. 
omasum. 

Oml excl. Non, certes ! bah ! hélas ! (1t. oimé.) 

Ondressâ v. a. Parer, préparer. (Angl. dress.) 

Onglettas. f. Dé en fer blanc, à l'usage des brodeuses 
au tambour. Ongle, griffe. 

« Tai encore Vonglette 

« Demajolinette,etc. » (Chanson.) 

Onté, Vonté adv. Où, d'où. (It. onde, Esp. onde, du 
lat. unde.) 

Onzaère s. f. Ce mot est usité dans la locution pro- 
verbiale ; prendre des onzaères, s'enhardir, prendre cou- 
rage. (De oserl) 

Onzœres. f. Cheville pour retenir l'essieu d'une roue. 

Ores, Iores, Voares adv, Maintenant, Tôt oures, 
tout de suite. (It. ora.) 



i07 

Orlon s. m. Bord, tour. (It. orîo.) 

•ralquet adj. Bête. 

Ouehe s. f. Coche pour le pain. 

Ouehe, Houehe s. f. Bonne terre. 

Oulllâv. a. Œiller ou remplir un tonneau jusqu'à la 
bonde ou œil. 

Onla, Oura, Ura s. f. Marmite, pot de terre. D'où 
St-Bonnet-les-Oules. (Esp. olla, Lat. olla.) 

tara s. f. Bien, ce que l'on possède. 

Ouragnf, Outagnl s. f. Grosse noisette. 



Paehl s. f. Marché, convention. (Lat. pactum.) 

Pagnotte s. f. Espèce de gâteau, dans lequel on fait 
entrer des feuilles de buis béni et qu'on donne aux bestiaux 
quand ils sont malades. 

Paillât s. m. Corbeille en paille tressée pour mettre le 
pain. 

Pailletta s. f. Sorte d'échelle couverte de paille, sur 
laquelle on met sécher les fromages. 

Paisset, Paisfteau s. f. Echalas pour la vigne. Au- 
trefois on disait pel de vigne» (Lat. paxillus, de palum ; C. 
peyssel.) 

Palantre adj. Lent. 

Palar s. m. Sorte de pioche plate. 

Paleingun adj. Ivrogne, vaurien. 

PaleyAv. n. Souffrir, pâlir. 

Paleyi v. a. Remuer comme avec une pelle. 



108 

Paleyri s. f. Pelle de boulanger, barre de bois, digue, 
pierre. (D. C.) 

Palaetta s. f. Courbette, culbute. 

Pan de liôra s. m. Littéralement pain de lièvre, es- 
pèce de trèfle salé ; laite ron, plante. (It. palazzo ai lèpre.) 

Pana y. a. Essuyer. On disait encore au xvi e siècle un 
pannemains pour un^essuie-mains. (Lai. parmus, haillon.) 

Pandoerl s. f. Ravin. 

Panlada s. f. Espèce de beignets faits avec de la fa- 
rine de maïs. 

Panonssa s. f. Torchon. Au fig., c'est une expression 
de mépris pour désigner un homme sans énergie. 

Pantre s. m. Paysan. 

Papa s. f. Bouillie. 

Paparaut, Paparanehl s. m. s. f. Epouvantait, 
fantôme, moine-bourru. (B. papa, It. pappa.) 

Paraphique adj. Estropié, paralytique. 

ParbouchA (se) v. n. Se bien nourrir, bien vivre. 

P arçon s. m. Portion, part. 

Parey s. f. Muraille. (Lat. paries, d'où paroi.) 

Parfoutllet s. m. Sorte d 1 œillet à fleurs blanches ou 
jaunes, à mauvaise odeur, qui croît dans les prairies. On le 
nomme aussi bouquet de grôles ou de corbeaux. 

Parpatllon s. m. Papillon. (It. parpagliom.) 

Parpin s. m. Dalle, pierre tombale. 

Parrasina s. f. Corruption de poix-résine. 

Par se, Par si s. f. s. m. Pêche, pêcher (qui nous vient 
de la Perse). 

Partaere (à) loc. adv. Morceau par morceau. 

Partelet s. m. Couteau de cuisine pour partager la 
viande. 



mm 



109 

Partu«ot-*a adj. Troué. Du \x fr. pertuis, trou. 

Parvondella s. f. Espèce de gâteau rond. 

PaMagrand s. m. Mesure pour le vin. 

Pa»serat s. m. Moineau, passereau. 
« Vou est lou curot de vez Lapra, 
« Aul a pardu soun passera^ 
« Ah! marluron, lurette, etc. » (Chanson). 

Pa&serella s. f. Sorte de gros moineau qui niche dans 
les clochers. 

Pastonnade s. f. Carotte. (U. pastinana.) 

Patellas. f. Bouillie. 

Patella s. f. Ecuelle. (C. padelle, poêle, casserolle ; 

It. padella.) — (Conrad Strildiot : « VeUem commede- 

retis ex vestrâ patelle, quod supponeretis vestram mulierem, 
et permitteretis me commedere ex meâ patellâ, id est sinere- 
tis me eam tangere » 

Patet, Patetta adj. Lent, mou. 

Patouna s. f. Petit pain fait avec les raclures du pétrin. 

Patte s. f. Guenille, chiffon. (Très-usité à Lyon.) 

Pattère s. m. Marchand de guenille, chiffonnier. 

Pattln s. m. Linge, torchon. 

Pau s. m. Planche, piquet pour porter un baquet, une 
benne. (Lat. palum.) 

Paura, Pauraflfti s. f. Frayeur, panique, terreur. Les 
vieillards parlent encore en frémissant de la pauram de i 793. 
« La paurassi, déjoue sèche comme ïnaclou. » Ch. (U. paura.) 
' Pêcher on s. m. Marais, pré humide. 

Pêehie, Pêeholre s. f. Réservoir d'eau, petit étang. 

Peçon s. m. Petit morceau de fer au bout d'une toupie. 

Pecou s. m. Manche de bois, pied de table, de chaise. 
(Columelle emploie le mot pecollus dans le même sens.) 



no 

Pège 9 Pegolle s. f. Poix, résine. 

Pejat, Peju s. m. Savetier, à cause de la pège dont il 
se sert. 

Peilla s. f. Guenille, lambeau d'étoffe. Au /Kg., femme 
déguenillée, de mœurs équivoques. On disait autrefois une 
peille de terre. (D. C. pecia fera».) — (C.pilletm, guenille.) 

Pelllant, Pelllandrot adj. Yagabon, vaurien, qui 
traîne les petites. 

Petlkm s. m. Pan de chemise, d'habit. 

Pelailll s. f. Canaille. (D. C. pelagia.) 

Pelât s. m. Vaurien, canaille. 

Pelant s. m. Jeu du papegai ou perroquet. 

PelUeures s. f. pi. Franges, bout de ruban sans trame. 
Filet que l'on place devant les yeux des chevaux, des bœufs. 

Pelions s. m. pi. Cils des paupières. 

PellounA v. n. Cligner fréquemment les yeux. 

Pelluehl s. f. Poil. 

Pella s. f. Truie. 

Pellouzella s. f. Petite châtaigne commune à Chuyer, 
Pavezin, Pelussin, Maclas, etc. 

Pelot s. m. Enveloppe dure des fruits. D'où le verbe 
depelottâ. 

Pelousfll, Pialoussi s. f. Prunelle des haies. On 
s'en sert dans les campagnes pour faire de la piquette. 
*Kenvolou raid'iquaivin de pialousses. » (Vieille chanson.) 

PtftouMi} Peloussat s. m. Arbrisseau, buisson qui 
produit les pelousses. 

Penard adj. Vieux radoteur. « Gros viox père penard, 
que barboutas vou iqui? » Ch. A. Ce mot se trouve dans 
Rabelais. Un commentateur le traduit par vieillard usé, et 
ajoute : Les poignards étaient passés de mode au XVI e siècle. 



-J 



Ml 

Per s. m. Maître, monsieur. Au Moyen- Age, ce mot si- 
gnifiait seigneur, baron, pair. 

Per s. m. Chaudron qui sert de foyer aux bateliers du 
Rhône. (C. pairr.) 

Perat s. m. Caillou, pierre., morceau de charbon. 

Perelrl s. f. Mine, carrière. 

Pereyou s. m. Mineur. 

Perolî, Perorom s. m. Chaudronnier. (De per.) 

Pérolla s. f. Chaudière. Faire pérolla , faire cuisine. 
(D. C. parolla, Auv. peyror, C. peyrol.) 

PessI s. f. Barre de fer, levier, pic. 

Peta-liôre s. f. Terme de mépris pour désigner une 
mauvaise terre, un champ inculte {pète-lièvre). On dit aussi 
dans le même sens tarra de champétiôla. 

Petaoto s. m. Sabot (onomatopée.) 

Petas s. m. Morceau d'étoffe, pièce. (Esp. pedazo.) 

Petassa y. a. Raccommoder. 

Peté s. m. Pilon pour mortier. 

Péterat s. m. Pot en grès pour mettre le vin. 

Petlôtouiia y. n. Faire des enfants. 

Petra», PetraMat s. m. Lourdaud, grossier, paysan. 

Peuenl s. f. Couteau. 

Peula* Beulâ v. n. Se gonfler par l'humidité. Se dit 
du blé mouillé qui germe avant d'être levé, après la moisson. 

Peu-flan* ad?, prép. Ensuite, après. 

Peylat s. f. Fricassée, poêlée. 

« Catharina, 
« Barba fina> 
« Quio gras, 
« Vira la peylat, » (Ronde.) 

Peyta v. a. Attendre. Voir Âppeità. 



U2 

Pezetta s. f. Pois. 

Pezetta s. f. Flocon de neige. 

Plaluo s. m. Mauvaise herbe qui croît dans les terres, 
dans les vignes (equisetum ervale). 

Plassâ v. a. Piocher. 

Piassl s. f. Pioche à deux becs pour essarter les prés. 
La piassi-jaillé est le jalé (voir ce mot). Le pi-piassi a l'un 
des becs en forme de pic. (D. C. piasse, sorte de hache.) 

Plat s. m. Morceau d'étoffe, employé dans le sens de 
pièce qui en est dérivé. 

Piaf s. m. Trace. La piat d'una Uôra. (It. piota, plante 
du pied.) 

Platâ v. n. Marcher. 

Pfataadj. Pelé. « Piatasus loucrânou, » chauve. 

Plearlat s. m. Cotteret, paquet de menus morceaux de 
bois (très-usité à Lyon). 

Plcarlous adj. Chassieux. 

Plearle, Plquerle s. f. Chassie, humeur des yeux. 

Plcaronio, Piqua-Rognon s. m. Jeu très-ancien, 
connu dès le xrv e siècle sous le nom de piqueromier. (D. C. 
pica.) Voici en quoi consiste ce jeu. Les enfants se placent 
en cercle ; l'un d'eux, armé d'un petit piquet de bois, tourne 
tout autour en chantant : « J'ai perdu la couèvette. » Et il 
laisse tomber le morceau de bois derrière l'un des joueurs. 
Celui-ci poursuit le premier en le piquant dans le dos, jus- 
qu'à ce qu'il ait pris sa place dans le cercle, et recommence 
à son tour le même manège. Si celui derrière lequel est le 
morceau de bois ne s'en aperçoit pas, l'autre, au tour sui- 
vant, le ramasse et en pique le joueur distrait en le pour- 
suivant jusqu'à ce qu'il ait retrouvé sa place. Picaronio est 
employé familièrement pour nez. 



113 

Pielâ v. a. Se diriger vers..., tomber sur..., rencontrer. 

Pi-Côte s. f. Courte-échelle. Faire pi-côte, aider quel- 
qu'un à grimper sur un arbre ou un mur en lui faisant un 
étrier avec les mains croisées. 

Ptoou s. m. Pédoncule, tige des fleurs, des fruits. 

Pidanehi s. f. Portion de viande, ce que Ton mange 
avec le pain. (Au Moyen-Age, portion monacale.) 

Pidanehi v. n. Ménager sa portion en mangeant du 
pain. 

Pi-de-Gorrhe s. m. Pic en fer pointu pour arracher 
les pierres, le gorrhe. 

Pigna-Griva s. m. Avare. Littéralement peigne-grive. 
On dit aussi ecorcha-pœu, écorche-poux. 

Pignère s. m. Peigneur de chanvre. A Montbrison, la 
rue Simon-Boy er n'est connue que sous le nom de rue des 
Pignères. 

Pignorehi s. f. Femme délicate, de goût difficile. 

Pignorehft v. a. Eplucher. 

Pi$nonla 9 Epignoula s. f. Douelle de tonneau 
cassée. 

Ptye adj. Pie, tachetée, en parlant de la robe des 
vaches. 

Pillaraut s. m. Chiffonnier. (B. pillawer.) 

Pllliot s. m. Poussin, poulet. (Lat. puîîus.) 

PimpÀ v. a. Etre élégant, d'où pimpant. 

Pinada s. f. Bois de pins. 

Pinateau s. m. Même signification. 

Pineau s. m. Sorte de Cépage. Liqueur faite avec du 
vin-cuit et de l' eau-de-vie. (D. C. pignolus.) 

Pingouilli s. m. Etui (d'épingle). 

Ptn0irieotin s. m. Jeu cité par Chapelon. 

8 



114 

Ploeella s. f. Pucelle. Nom donné à la reine de mai, 
remplacée quelquefois par un jeune garçon, que Ton nomme 
piôcet. 

P1Ô1& v. n. Crier comme un poulet. 

Plôsa, Ptôson s. f. s. m. Puce, puceron. Terme de 
commisération en parlant d'un enfant chétif. 

Plôtre s. f. Bouc. Ce mot est usité dans les chroniques 
du xm e siècle. 

Piquet s. m. Pomme de pin. Voir Belot, Chiôrella, etc. 

Piquœre s. f. Corsage piqué, vêtement de femme. 

Plrallll s. f. Fête, réjouissance. 

Plro-Glorloux , Plarre-Lorlaét s. m. Loriot, 
oiseau. 

Pisâ v. a. Piler, écraser. (Lat. pimere.) 

Plseron s. m. Pilon à mortier. 

Pisé s. m. Mur en terre. Ce genre de construction est 
très-usité en Forez. 

Plstolla s. f. Monnaie nominale valant dix francs. (Esp.) 

Plstolla s. f. Mouche de barbe, impériale. 

Pitrougnâ v. a. Manier, pétrir. 

Plva s. f. Pioche longue et étroite pour le jardinage. 

Plva s. f. Tronc d'arbre, tige. 

Plva, Pivolla s. f. Peuplier, arbre. 

Plan s. m. Œuvre, la partie la plus Une du chanvre filé. 

Planard adj. De la plaine. Les habitants de la plaine 
de Forez se nomment aussi ventres- jaunes. 

Planât s. m. Plateau sur une montagne, endroit plane. 

Plançon s. in. Epieu, branche d'arbre. 

Plane s. f. Traîneau chargé de pierres pour herser la 
terre avaat d'ensemencer. 

Plâtre s. m. On nomme ainsi dans presque tous les 



115 
-villages du Forez la place qui est devant l'église. Il y a aussi 
à Lyon la place du Plâtre, près l'église St-Pierre, qui est 
probablement le plus ancien temple de la Tille. (Lat. platea.) 

Platte s. f. Petite perche (poisson). 

Playurl s. f. Cheville du timon d'un char. 

Plongeon s. m. Meule de gerbes. 

Plot s. m. Tabouret, billot de bois. 

Plotâ et Deplotâ v. n. Placer ou enlever les plots 
placés sur la table d'un pressoir. 

Plotta s. f. Patte d'animal. 

Poche s. f. Grande cuiller. 

Pœretta s. f. Grande chaudière. 

Pognas. f. Espèce de gâteau, de beignet. (D.G. expogna.) 

Pompa s. f. Petit pain rond fait avec du froment. (En 
Auv. poumpa.) 

PonÀ v. a. Apporter, déposer. 

Popelon s. m. Bout du sein. (It. papillà.) 

Poplan s. m. Pis d'une vache. 

Porenaud s. m. Celui qui habille, qui châtre les porcs. 

Porenet s. m. Porc frais. 

Porenetâ (se) v. p. Se brûler. 

Portlfleat s. m. Embonpoint, santé. 

Poftffi v. a. Téter, boire. 

Possl-Vaehl s. m. Gros crapaud qui, dit-on, tête les 
vaches. 

Pot& v. a. Pétrir, machiner. « Potâ de brioches. » 

Potelrl s. f. Machination, projet. Littéralement pâtière. 

Pou s. m. Bouillie. 

Pouâv. a. Tailler la vigne, les arbres, etc. (Esp.podar.) 
Le mot pouer la vigne est employé par La Mure, au xvn e siè- 
cle. (It. pot are, tailler.) 



116 
Ponehons. m. Petite enveloppe des fuseaux de den- 
tellières, pour garantir le fil. Cette enveloppe est en corne, 
en carte ou en écorce. 
Pouézâ v. n. Enfoncer dans l'eau, dans un marais. 
Poaeiœre s. f. Marais, citerne. 
Ponlatl s. m. Jeu de cartes, nommé aussi tibi, cité par 
Ch. et que l'on jouait autrefois en carême. 
Pouli adj. Joli, gracieux. (En Langucd. pouîido.) 
Poumatî s. m. Pommier sauvage. 
Poumentâ v. a. Epargner, ménager, diminuer. Ce 
mot est l'opposé de aug-menter. 

Poupa s. f. Pousse de vache. (It. poppa, mamelle.) 
Pourpu, Porpu adj. Gros, obèse. 
Pousselri s. f. Paillasse. 

Pontet s. m. Cruche, vase pour mettre l'eau. (G. pata, 
vase, vaisseau.) 
Pouyâ v. n. Monter. (It. poggiare.) 
Pouyau s. m. Monceau, tas. 

Pouzl, Pouezaere s. m. s. f. Sorte de cuiller en 
bois de forme particulière, pour puiser. 
Pouzouera s. f. Seau en bois pour l'eau, scillc. 
Poy, Pœu, Puy s. m. Montagne, sommet. (C peuch, 
It. poggio, colline, montagne.) D'où les noms propres : Puy, 
Dupuy, Poy, Poyard, Poyet, Deïpeuch, etc.; St-Romain-k- 
Puy, près Montbrison, le Puy-de-Purchon, à. Chandieu. 

Poyet s. m. Eminence, petite montagne. 11 est à remar- 
quer que le mot celtique poy a fourni les dérivés correspon- 
dants à ceux du mot français mont : poy, mont ; poyet, mon- 
tagne; poyau, monceau; pouyâ, monter. 

Pranlère s. f. Dîner des cultivateurs qui a lieu dans 
la matinée. (Lat. prandium, G. preiniaw, prendre son repas.) 



H7 

Praniéron s. m. Sieste après le repas. 

Praôt s. m. Homme de confiance, eipert. 

Prime adj. Mince. Lèvres pnmes, lèvres minces (Lyon.) 

Prln adj. Mince, fin. 

Prln adv. Doucement, d'une façon parcimonieuse. Grand 
filo prin, qui file doux, lâche. 

Prôla s. f. Partie de la charrue. (Bresse, prôlure.) 

Prou adv. Assez (vx français). 

Pua s. m. Pioche à deux dents pour enlever le fumier. 

Publc s. f. Peuplier (arbre). 

Pude s. f. Huppe (oiseau). 

Pudonehl s. f. Sorbe, corme. 

Pudon, Padre s. m. Sorbier, cormier. 

PagnatA v. a. Donner une poignée de main. 

Punassi s. f. Excrément des poules, des dindons, etc. 

Punelllon s. m. Pièce de bois dans une charpente. 
Voir Chorire. 

Putafloâ v. a. Perdre inutilement. 

Patuïii s. m. Pièce de bois sur laquelle on place les 
tonneaux, dans une cave. 



Q 



Qnadrette s. f. Jeu de cartes, à quatre, que n'ont pas 
encore détrôné le béziguc ou le piquet. 

Quadruple s. m. Décime, gros sou. Le quadruple vaut 
quatre dardennes ou pièces de 2 liards. 

Qnafï, Cafi v. n. Etre couvert de fruits ou de fleurs, 
en parlant d'un arbre. 

Qualsî (se) v. p. Se taire. (Rom. se coiser, se tenir coi.) 



118 

Quant adv. Combien. « Quant de veys? » Combien de 
fois ? (Lat. quanti.) 

Quarre v. a. Chercher. (Lat. quœrere.) 

Quartalée s. f. Mesure de surperficie, qui vaut quatre 
cartonnées. 

Quay s. m. Vessie de chevreau qui sert à cailler le lait, 
présure. (Esp. quœso, fromage.) Voir Miôletta. 

Queux, s. m. Pierre à aiguiser. (Lat. cos.) 

Qulehon s. m. Tas, monceau. Voir Cuchon. 

Quignon s. m. Morceau , croûton de pain. (Lat. cu- 
gnus, coin, angle.) 

Quigne-Cuvc s. m. Hoche-queue (oiseau). 

Qulnâ v. n. Grogner, en parlant des porcs , grincer. 
(C. keinây gémir.) « Lo pavé n'ein (lammette et fat quinà 
Vessi. » Roq. 

Qulnet s. m. Jeu qui se fait avec un morceau de bois 
taillé en pointe aux deux extrémités. En frappant sur une 
des pointes avec un autre morceau de bois , on lance le 
quinet en l'air et on le rejette comme avec une raquette. 
(Vx fr. quinette, bâton noueux dont se servent les vieilles 
gens pour se soutenir.) 

Qulnquatna s. f. Fête d'une ville, d'un village où 
Ton jouait peut-être jadis h la quint aine. Voir, dans Chape- 
Ion, les descriptions de la quinquaina de Villars, du Pelant 
du Chambon, du Charguet de St-Chamond, etc. 

Quinson, Quissu s. m. Pinson (oiseau). 

Quloa v. a. Creuser. 

Qulolasson s. m. Caleçon, pan de chemise, coussin 
pour s'asseoir. 

Quore, Quière exçl. Cri pour appeler les pourceaux. 
(Gr. corw, porc) 



119 



R 



Rabat s. m. Tapage, tumulte. Voir Tarrabat. Le rabat 
des ténèbres, le Vendredi-Saint. 

Rachat s. m. Appeau. 

Rachl s. f. Teigne. (Esp. rascar, gratter; G. rach, tei- 
gne; It. raschia. 

Raclet s. m. Outil. 

Raclorou s. m. Ramoneur, noireau (terme de mépris). 

Radlssi s. f. Gâteau, brioche. 

Radooelrl s. f. Femme de mauvaises mœurs. (B. rï- 
dourés.) 

Raffcrdallle, Rafotallle s. f. Débris, chose de 
peu de valeur. 

Raftrad s. m. Seconde couche de houille au-dessous de 
la maréchale et au-dessus de la bâtarde» 

Raffet s. m. Catarrhe, toux. 

Rafet, Rafolla s. m. s. f. Conte, radotage. 

Rafetâ, Raftrala v. a. Radoter. Ce mot avait jadis le 
sens de rapiécer, raccommoder. 

Rafouloux adj. Radoteur. 

Ras® s. f. Racine d'arbre, souche. (Esp. raiz, D. C. ra- 
cha.) D'où les noms propres : la Rajasse, Rajat, etc. 

Ragler s. m. Celui qui arrache les souches d'arbre. 

Raçueirl s. f. Rapière, épée. 

Rallll, R&li s. m. Feu de joie qui se fait le Mardi- 
Gras et le dimanche des Brandons. Les Gaulois allumaient 
des feux sur les montagnes, en signe de ralliement. (D. C. 
farassia, faire un raz.) 



120 

Ralve, Ronve, Ronre s. m. Chêne. 

Ramâ s. f. Ondée de pluie. (G. ram, averse.) 

Raniat 9 Ramaé s. m. Racloir pour le pétrin. 

Rame s. f. Morceau de fer, espèce de raclette au bout 
d'un long manche pour les fours, les cheminées. Vx fr. ra- 
mon, d'où vient ramoneur. 

Rame s. f. Fanes des plantes, des légumes. 

Ramella s. f. Mauvais couteau. Par terme de mépris, 
femme de mauvaise vie. (Esp. ramera.) 

Rampon s. m. Mâche , blanchette , sorte de salade 
(vaîerianelîa olitoria). 

Ranehët s. m. Recrudescence de froid. 

Rana s. f. Grenouille. (Lat. rana.) D'où les noms de 
chanteraine, etc. 

Ranglfranchl s. f. Jeu cité par Ghapelon. 11 consiste 
à disposer de certaine manière des cailloux sur un carré 
traversé par deux diagonales. 

Ranquet s. m. Hoquet, râle, agonie. (1t. ranto.) 

Râpai s. m. Appeau. 

Rapaux s. m. pi. Rameaux, huis, d'où les noms de croix 
des Rapaux, dimanche des Rapaux. Le mont d'Izoure fournit 
le buis à la ville de Montbrison, et il est toujours d'usage 
d'offrir au propriétaire des bois une fourme ou une radisse 
en échange de ses rapaux. 

Rapllî v. a. Ramper, parvenir en rampant. 

Rat s. m. Caprice, fantaisie. (Ge mot est celtique.) 

Rata-Rao s. m. Bugrane, arrète-bœuf, plante (ononis 
spinosa.) 

Ratapenna s. f. Chauve - souris (rat à pennes ou 
plumes). 

Rata- Voulait s. f. Chauve-souris, rat qui vole. 



121 

Rat-Couerlo s. m. Ecureuil. Dans le Berry, ou dit 
cJiat-écurieux. 

Ratella s. f. Foie des animaux, rate. 

Ravanchâ v. a. Démancher. 

Ravanchot adj. Tortu, estropié. 

Ravat s. m. Mouton frisé à longue laine des montagnes 
du Forez. 

Ravlsaet s. m. Roitelet, nommé aussi chaut agne, rei- 
p3taret, rei-barthaud, rei-barnabet. 

Raz s. m. Ancienne mesure pour les grains Un raz 
d'avoine, etc. 

Razal s. m. Aiguillon, manche de bois. 

Raze s. f. Sentier creux, rigole. 

Raz-Ibut adj. Plein jusqu'au bord. (B. rez-ribu$ r bords 
d'une mesure.) 

Razounâ v. a. Piocher la vigne, première façon de la 
vigne. 

Razun s. m. Racine (Esp. raiz.) 

Rebatelrl s. f. Gaillarde, poissarde. (Esp. rabanera, 
poissarde.) — (D. C. au Moyen-Age, rabater, faire un bruit 
extraordinaire, de rabat, nom du lutin en Norwège.) 

Rebatelres s. f. pi. Les joues. 

Rebotâ y. a. Rouler. « Ein tabulant dous pids, rebote 
doux gros yos. » Roq. En frappant du pied, roule deux gros 
yeux. 

Reboula, Revolla s. f. Festin qui suit les moissons, 
la fenaison. Clôture d'une fête. La dernière gerbe de la 
moisson. 

Reboulà, Revoulâ v. a. Finir une noce. Regretter 
quelque chose, en être dégoûté. 

Rebounâ v. a. Provigner la vigne. 



122 

Rebouuaé s. m. Provin. 

Reboutô v. a. Remettre. 

RebusA v. n. Radoter. 

Reebavâ v. a. Creuser, déterrer. (Esp. recavar.) 

Reebevà (se) y. p. Etre mal travaillé, en parlant d'un 
terrain. 

Reeondallles. f. Cachette. (Lat. dbscondere, cacher.) 

Reeotft (se) y. p. Se blottir. 

Reeourâ v. a. Rattrapper, recouvrer. 

Reerœure v. a. Dépasser, devancer. 

Reculte s. f. Petit fromage blanc. (It. ncotta, fromage, 
lait de beurre.) 

Reeundre v. n. Résonner, quand on frappe sur quel- 
que chose. (Lat. cundere, forger.) 

Redeln s. m. Saindoux. 

Redonda v. n. Résonner, retentir. 

Redûre y. a. v. n. Accompagner, reconduire quel- 
qu'un, s'en aller, s'en retourner. (Lat. reducere.) 

Regonfe s. f. Abondance. 

Regoublllonner v. n. Goûter, faire réveillon. 

Regulncbt v. n. Se redresser, regimber. 

RelUt s. f. Soc, tranchant de la charrue. 

Ret-Pare-Grand, Reina-M are-Grand s. m. 
s. f. Arrière grand-père, arrière grand'mère. 

Rei-Petaret s. m. Un des noms du roitelet, roi-pétaud. 
On donne aussi ce nom au hanneton mâle dont le corselet 
est soyeux. 

Rejonloux adj. Grondeur. (Esp. regonar, gronder; 
C. regoni, se fâcher. 

Rejotta s. f. Nasse en osier pour prendre le poisson* 
(D, C. regetoore, machine à prendre les oiseaux.) 



_J 



r 



123 

Rejulnt s. m. Tenir de rejuint, garder à vue, tenir 
serré. 

Relevau s. m. Corset. 

Remlageon s. m. Pèlerinage. (R. romi-vaige, voyage 
à Rome.) On appelait jadis romieux les pèlerins venus de 
Rome. (Esp. romeiia, pèlerinage ; It. romeaggio.) 

Remlftftlllf y. a. Froncer, rider, plisser. Remissili lou 
wd, froncer le nez. Unapouma remissillia, une pomme ridée. 

Renna s. f. Grenouille. (Lat. raina.) 

RennA v. n. Gronder, geindre. 

Renna s. f. Plainte, gémissement. 

Repelli (se) y. p. S'habiller de neuf. 

Repoaêtre »• m- Goûter, repas des paysans. (Lat. 
repaAcere.) Les habitants de nos campagnes suivent encore 
la vieille maxime : 

« Lever à cinq, disner à neuf, 
« Soupper à cinq, coucher à neuf, 
« Fait vivre Yhomme neuf fois neuf. » 

Repousftaè s. m. Perche garnie d'une roulette pour 
pêcher* les grenouilles. 

Reslmolla s. f. Grappe laissée par les vendangeurs. 
(Esp. racimo, It. racimolo.) 

ResImoll v. a. Grapiller. (Esp. racimar, It. racimolar.) 

Reftouletrl s. f. Poêle trouée pour rôtir, rissoler les 
marrons. 

Retirante s. f. Habitation. 

Retraire v. n. Avoir de la ressemblance. « Ma ferma 
que retrat de sa reina grand' mare. » Ch. (It. ritrare, res- 
sembler à...) 

« Dau pie ou de l'épata, 

f Le poulin retrat de la cavala. » Prov. 



J\sl,vcZvl,) 



124 

Retrat adj. Abandonné, mis de côté. 

Retrat s. m. Rebut. (Lat. retrahere,' mettre en arrière.) 

RetroublA t. a. Faire le premier labourage d'une 
terre. 

Retrouble s. f. On nomme ainsi la seconde récolte 
d'une terre, la récolte alternée, quand il n'y a pas de ja- 
chère. 

Réveillez s. m. Quête que faisaient jadis les jeunes 
gens en allant chanter devant les portes des chansons com- 
mençant ordinairement ainsi : Réveillez-vous. 

Revlôre, Revwre s. m. Regain. 

Revondre, Rebondre v. a. Couvrir, plonger. 
*y\ v -.VU- ; < : ^ * ^ Rebondu de fumi. — Rebondu de talents, rempli de talents. 

Revondre (se) v. p. Se plonger. 

Revorgeâ (se) v. p. Etre dans l'abondance. « Se re- 
vorgeà dins la piautre, » se vautrer dans la fange. 

Revorgî v. a. Chercher, déterrer. 

Rleambolla s. f. Mûre des buissons. 

Rleandalna s. f. Racaille, séquelle. 

Rieusse, Rulsse s. f. Lien, hart, câble, corde. 

Rlgotâ v. a. Réchauffer. 

Rlgotta s. f. Voir Recuite. 

Rlgnes s. f. pi. Crochets de portefaix. 

Rlngua, Rlngalle s. f. Mauvais cheval, rosse, 
cheval de 24 sous. (Esp. rengo, éreinté.) 

Rio, Ru, Rul s. m. Ruisseau. (Esp. et It. rio, C. ru.) 

Rlôte s. f. Querelle, dispute. Charchâ note. On dit a 
Lyon chercher garguille. (B. nota, Angl. riot, It. nota.) 

Rlôte, Arlôte s. f. Lien, corde, branche de chêne. 
(D. C. reorta, Auv. redorte, coussin tortu; du lat. retw- 
quere.) > 



I 



125 
Rlppa s. f. Fainéant, lâche. 

Riqua s. f. Vieille vache. 

Rlquâ t. a. Encorner, heurter. 

Rlsa s. f. Ruisseau, petit cours d'eau. 

Rlvarl s. m. Tumulte. Le rivari du monde* 

Rocha s. f. Milan, oiseau de proie qui enlève les poules. 

Rogatons s. m. pi. Restes. Vx fr. corvée, reproche. 
Voir Graton. 

Rolion s. m. Rond, cercle. « Se tegni en rolion, » se 
tenir courbé. 

Rombenet s. m. Buis, rameau, rain-bémt. 

Aompre v. a. Piocher la vigne (quatrième façon de la 
vigne.) 

Ronebâ v. n. Grogner, bourdonner, ronfler. (Esp. 
roncar.) 

Ronchon s. m. Ron-ron. (Esp. roncon, bourdon.) 

Ronday s. m. Couteau de chasse. 

Roua s. f. Roue, carton des dentelières, sur lequel se 
piquent les épingles. 

Roubâ v. a. Voler. (It. rubare.) 

Rouchaln s. m. Festin, retour de noces. 

Roagcaron, Rougeret s. m. Petit fromage de 
brebis. 

Rougnl s. f. Gale. « Charchî rougni, » chercher que- 
relle. 

Rouillât s. m. Mauvais pré ennuyé par les joncs. 

Rouillât s. m. Hutte mobile pour les pâtres dans les 
montagnes. 

Roula s. f. Tas de foin. 

Roupa s. f. Habit, casaque. « Una roupa de filosella. » 
Roq. — « Duas ropas guarum una de veloux nigro, » deux 



J26 
habits, dont l'un de velours noir. (Testament de Guy de 
Cousan, 14...). 

Roure, Rouve, Ratve s. m. Gbéne. (Lat. robur.) 
D'où les noms propres : le Roure, Duroure, Derory, Rouvre, 
Rouvray, etc. 

Roux-de-Iitôra s. m. Cépage , raisin blanc et roux. 
Les lièvres et le renard l'arrosent, dit-on, en p...assant. 

Ruarne s. f. Ronce, broussaille. 

RulMe s. f. Bâton. 

Rulliard adj. Groguon, bourru. 

Rullî v. a. Guetter du regard. 

Rumâ y. n. Brûler, avoir un goût de brûlé en parlant 
d'un mets, et surtout du lait. On dit à Lyon remuer. 



S 



Sa s. m. Sapin. 

Sabardïn ou Sae-Mardïn s. m. Saucisson fait 
avec le plus gros intestin du porc, et que l'on réserve pour 
le réveillon de Noël. 

Sabeesa, Tsabessa s. f. Frontal des vaches, des 
boeufs. 

Sabouillat s. m. Bourbier, creux plein d'eau formé 
par le sabot des bestiaux. 

SaboulA v. a. Troubler, secouer . 

Sade adj. Agréable au goût, sain. (Lat. sadus.) 

8aé s. m. Ancienne mesure pour le vin, valant approxi- 
mativement 20 litres. 

8aetl, Sarra, Rassa s. f. Scie. (Auv. rossa, scie ; 
Esp. serrar, scier.) 



127 

Saêtre, Sceytre s. f. Faucheur. 

Sagnat s. m. Petit pâquis marécageux près des fermes 
où l'on envoie paître les veaux. 

Sagnl, Saigne s. f. Prairie marécageuse, saignée par 
des rigoles. Tourbière. D'où les noms propres Dessaigne, 
Lassagne, Sagnon. (G. sagne, jonc de marais.) 

Sala* (se), Saler (se) v. p. En celtique sal signifie sur- 
sis; de là vient la locution des enfants au jeu : Je me sale, 
c'est-à-dire je me repose, je demande un sursis. 

Sallta s. f. Oseille. 

Saluyard s. m. Variété de Cépage, raisin noir à grosses 
graines. 

Sampa s. f. Femme de mauvaise vie (très-usité à St- 
Etienne.) 

Sampanna s. f. Femme sans soin, sans ordre. 

SampelllA v. a. Secouer, tourmenter. 

SandrolllA v. a. Tremper. 

SandrotllI, Sandroulllon s. f. s. m. Qui lave la 
vaisselle, cendrillon. 

Sangletta s. f. Petite sangle, jeu des enfants. 

Sanlllon s. m. Salière. 

Sansollli v. a. Même signification que sandrouilld. 

Saneotta s. f. Sangsue. 

Saôme s. f. Anesse. On dit en français bête de somme. 
(Du saxon saum, fardeau.) 

Saône s. f. Pièce de 10 centimes, décime (féminin de 
sao 9 sou). 

Saqua, Saehon s. f. s. m. Poche, sac. 

Saqua (se) v. p. Se glisser, se faufiler à travers. « Je 
me saquou à travars de tous lous mousquetairou. » Ch. 

Saqueyt (se)v.p. Se remuer, se démener. (Esp. sacxidir.) 



-'V 



128 
Sardeirl s. f. Petite cerise noire des montagnes. Voir 

Jarbolla. 

Sardeirl adj. Noir, nom donne aux vaches. 

Sarfusa s. f. Cerfeuil, espèce de sauce, vinaigrette. 

Sarpantans. m. Trompette que les enfants font avec 
des tiges d'oignon. 

Sarpelleiri s. f. Guenille. 

Sarpftassl, Sarplasson s. f. s. m. Femme ou en- 
fant qui se démène toujours, qui ne peut rester en place. 

Sarrâ v. a. Fermer, ranger, renfermer. (Esp. cerrar, 
B. serra, C. ser, fermer, clore.) 

Sarrâ v. n. Geler fort. 

Sarra-Qulo s. m. Eglantier, églantine {rosa canina). 

Sarrasson s. m. Fromage fait avec du lait écrémé. 

Sarrat adj. Ferme, solide. Téta serra, bonne caboche. 

Saubre, Sœupre v. a. Savoir. L'infinitif saubre est 
peu usité, mais il a formé les temps suivants : saubu, su; 
que ji saubeissi, que je sache, etc.) 

Sautaret, Sautariot s. m. Sauterelle, jeu des en- 
fants. Voir Quinet. 

Sautellll s. f. Petit ruban qui retient la quenouille à la 
poitrine des fileuses. Voir Farmaillon. 

Snuvaglna s. f. Bète fauve. (It. et Esp. salvagina.) 

8avâ v. a. Dégager la Sève. Les enfants qui font des 
sifflets frappent avec le manche de leur couteau sur Técorce 
pour la séparer du bois, et chantent en mesure ce refrain 

« 

patriarchal : 

« Sava, sava, quio de Madama ! 
« Savassieu, quio de Monsieu ! » 
Sayt v. a. Faucher, scier. (Esp. Segar.) 
Seeytalro* Sarrou s. m. Scieur de long. 



129 

Seeytol s. m. Scie à eau. 

Sebotura s. f. Repas après les enterrements. (Esp. 
cebadura, aetion de se nourrir.) 

S e&re y - a - Suivre. 

Segrolâ v. a. Secouer, ébranler. On dit à Lyon si- 
groller. Au Moyen-Age, escrouller signifiait , non renverser 
comme aujourd'hui, mais simplement ébranler. Voir dans 
Rabelais l'épisode de la sorcière. 

Selgne s. m. Monsieur, sieur. Biau-seigne, expression 
de pitié correspondant au pecaire des Provençaux, au povre 
des Bordelais, au povero des Italiens, etc. 

SelW s. f. Seau de bois. (G. saill, seau.) 

Selllon s. m. Petit seau de forme particulière, pour 
traire les vaches. 

Selpl s. f. Oignon. « Chacun frouttet ses dents de la 
quoua cVuna seipi. » Ch. (Lat. Cèpe») 

Selt, Seize prép. Soit. 

Sella s. f. Chaise. 

Semounà v. a. Offrir. 

SemooHO s. m. Sonneur, chantre d'église. 

Senella, Cinella s. f. Fruits de l'aubépine. Petite 
graine de raisin. 

SenleulÀ t. n. Tourner une manivelle. 

Sent adj. Fort, ferme, vigoureux. 

Seqaant pr. ind. Beaucoup, plusieurs. Sequant de veis, 
quantes fois. 

Seque pr. ind. Ce mot n'a pas de correspondant en 
français. Bailla-me lègue, donnez-moi quelque chose. — Et 
sèque par z'an bettâ? et dans quoi faut-il le mettre? — Vou 
n'y o Sèque, il y a de quoi. — Et sèque un âtou, et aussi, de 

plus, une broche. 

9 



130 

Sequouyo s. m. Panier à salade; latte pour abattre les 
fruits. 

Sequun, Sequuna. Certain, quelque, d'aucun. 

Serein! s. f. Piège pour prendre les oiseaux. L& sereine 
a la forme d'une raquette. C'est une branche d'arbre plice 
en cercle et garnie de nœuds coulants en crins de cheval. 

Séron adj. Entête, dur. 

Servante s. f. Sorte d'étrier en fer suspendu à la cré- 
maillère, et sur lequel on pose la poêle. 

Séterée, Septerée s. f. Ancienne mesure de super- 
ficie, valant 16 cartonnées. 

Sétive s. f. Mesure de superficie pour les prairies, éten- 
due qu'un homme peut faucher en un jour. La sétive vaut 
4 métérées ou cartonnées. 

SétounA v. a. Scier. 

Seur, Sûr s. m. Aire à battre le blé. (Auv. sôhr.) 

Siclâ v. n. Crier, siffler. 

Simon, Simousse s. m. s. f. Lisière de drap pour 
emmailloter les enfants, faire des bretelles, etc. (Esp. -cata- 
lan., simosa.) 

Singletta, Tchingletta s. f. Clochette. (Lang. 
esquinlo, saxon skilla. Ce mot se trouve dans la loi salique.) 

Stôrâ, Seberâ v. n. Neiger ou pleuvoir finement. 
(C. sin, neige; sior, glace.) 

Siora, Slbera s. f. Pluie mêlée de neige, giboulée. 
On dit le vent de la sibere pour la bise. (Auv. isshira, B. 
chira, vent impétueux et neige.) 

Slot s. m. Tamis de crin. 

Siot s. m. Maladie des pourceaux, grands poils qu'ils 
ont dans le gosier et que l'on extrait avec des signes de croix 
et des pincettes. 



*3I 
Sirlgnetta, Cirlgnetta s. f. Cime, sommet. 

Slvâ v. a. Faucher, couper, scier. 

Soehla s. f. Petite charrue. 

Solle s. pi. Plante du pied. 
. Somma s. f. Anesse ; hotte. Voir Saôma. 

$ortrul 9 Chatroullll s. f. Petite lamproie (poisson.) 

Souazl, Suerpa s. f. Femme de mauvaises mœurs, 
terme de mépris. Rabelais dit quelque part : Tu seras dam- 
née comme une serpe. Ce que les commentateurs se sont em- 
presses de traduire par serpent, personnification du diable. 
(Esp. soez, vil, abject.) 

Soubrl s. m. Gouttière. (Lat. subrigare, couler des- 
sous.) 

8oue 9 Souda s. f. Loge à pourceaux. (Lat. sus, porc.) 

Sonia v. n. Avoir coutume. (Vx fr* soûler, du latin 
sofco.) 
« Ysoxdiant tous lous ans abattre. îou peïaut. » Ch. 

Soulagea v. a. Voir quelqu'un avec plaisir. (Vx fr. 
soûlas.) 

Soulfttrou adj. Désert, en parlant d'un endroit, d'un 
chemin. 

Souletta s. f. Semelle de cuir que Ton coud à la sol le 
d'un bas. (Esp. suela.) 

Souna y. a. Appeler. 

Sounallll s. f. Sonnette placée au cou des bestiaux. 

Sounallll s. m. Pâtre des jasseries de Pierre-sur- 
Haute. 

Souparon s. m. Réveillon de Noël, petit souper. 

Soura y. a. Gagner, acquérir. 

Soure s. f. Bien. 

Sourmalsl* Semaêsa s. f. Broc, vase pour le vin. 



432 

Soute s. f. Abri. Se mettre à la soute. On dit encore la 
soute aux poudres. (Hébr. south, ce qui couvre.) 

Stulsion s. m. Purin, résidu du fumier des c tables. 

Sue, Supt, SA s. m. Montagne, sommet arrondi, hau- 
teur. « A la san Lit, — Lîhivar est au su. » Prov. — A la 
saint Luc (18 octobre), la neige est sur la montagne. (Auv. 
succar, C. suc.) 

Suehœres s. f. pi. Petites poutres placées en travers 
dé la cheminée, auxquelles on met fumer les jambons et 
sécher les ételles. 

Suersailli s. f. Source. 

Sugna y. a. Soigner, dans le sens de surveiller, re- 
garder. 

$uln, Sun s. m. Sommeil. « Tas sien, vais tejaére, » 
tu as sommeil, vas te coucher. La chanson des berceuses 
commence ainsi : Sun, sûn, sùn, véne, vène, véne ! (G. G. B. 
hûn, d'où le latin somnus. Us et Yh ne sont que des aspi- 
rations.) 

Supaftl (à la) loc. adv. Au crépuscule, à bord de nuit. 

Surdels. m. Montagne, éminence, sommet. 



Table s. f. Planche. Planche.de jardin. (Esp. tablar.) 
Tabiard adj. Bête, imbécile. 
Tabus s. m. Tintamarre, embarras» peine. 
TabutA, TaboulA, Tambuta v. n. Cogner, faire 
du bruit en frappant. (Gr. tuptô, frapper.) 



133 

Taehl s. f. Gros clou. (Esp. tâcha, G. tach.) 

Taeon s. m. Morceau, bout. (It. taccone, bout, mor- 
ceau.) 

Taillant s. m. pi. Ciseaux. 

Talllon s. m. Morceau. (It. tagliare, couper par mor- 
ceaux.) 

Talaurlna s. f. Salamandre. « Gorgi de talaurina, » 
mauvaise langue. 

Talenrl, Tialeurl s. f. Cheville qui sert à fixer le 
joug des bœufs. 

Talot s. m. Morceau de bois suspendu à une corde, que 
Ton attache au cou des porcs, des vaches pour les empêcher 
de vaguer. 

Tan s. m. Nœud du bois. 

Taneot s. m. Plante de pois secs. (On dit aussi àtes.) 
Morceau de bois. 

Tandio conj. Pendant ce temps, tandis que. 

Tanet s. m. Lutin-follet. 

Tanflâ v. a. Frapper. 

Tanlla s. f. Taloche, coup. 

Tantarlna s. f. Mouche bovine, cantharide (par alté- 
ration), œstre, taon, eziàle. Lorsqu'un berger voit une vache 
dans le champ d'un voisin, il n'a qu'à crier : 
« Moucha tantarina, 
« Piqua la bovina, z-z-z, » 
et la vache s'enfuit au galop. On sait que la jalouse Junon 
envoya ces mouches pour mettre en fureur la belle Io, mé- 
tamorphosée en vache par Jupiter. 

Tant que conj. Jusqu'à. 

Taône s. f. Taon, grosse mouche. 

Tapau s. m. Lourdaud, 



134 

Tarau adj. Un vent tarau est un vent très-violent, qui 
emporte la terre. 

Tarrabat s. m. Tapage. (Vx fr. rabat.) 

Tarrabàte adj. Turbulent, tapageur. 

Tarrablau adj. Imbécile, à demi idiot. 

Tarrasse s. f. Terrine en grès. 

Tarrdre s. f. Morceau de fer plat au bout de l'aiguillon, 
et qui sert au .laboureur h, enlever la terre attachée au coûtre 
de la charrue. 

Tarfarefjt s. f. Crète dceoq (rhinantus msta), plante 
à fleurs jaunes, qui croît dans les prés. 

Tartarelsas. f. Vermine, misère. « Engendré de tar- 
tareisa, » qui engendre la misère. 

Tartaruches s. f. pi. Ce mot n'a pas de correspon- 
dant en français. « Aul est dîns les tartaruches, » il est 
perdu. 

Tat s. m. Maladie des pourceaux; boutons qui leur vien- 
nent aux gencives. 

Tatar s. m. Porc ; cri pour appeler lès porcs, (Auv.) 

Tavan s. m. Grosse mouche. C'est le mâle de la taéne. 
Le tavan est noir, la taùne est jaune, 

Tavella s. f. Bâton, trique. (Usité à Lyon.) 

Tavenna. Tovenna s. f. Sillon tracé au bord d'un 
champ, dans un sens perpendiculaire aux autres sillons. 

Tazoucrcs s. f. pi. Ciseaux. (Esp. tijeras.) 

Tchâbremasse s. f. Espèce de chouette dont le cri 
imite le bêlement de la chabre ou chèvre. 

Teni v. n. Courir risque de..., craindre? appréhender. 
(Lat. timerc, craindre.) 

Tenipâ (se) v. p. Se tenir sur ses gardes. 

Tcndilli s. f. Partie de la charme. Yoir Avéra, 



135 

Tendraerl s. f. Génisse qui vient de faire son pre- 
mier veau. 

Terrât s. m. Rigole, petit conduit souterrain ou dé- 
couvert. 

Teus s. m. pi. Tessons. 

Thaè s. m. Tilleul, orme (arbre). 

Thenaô s. m. Travail pour ferrer les chevaux et les 
vaches. 

Thl-assuconj. Ici, en haut. (It. quassu.) 

Thl-avoè conj. Ici-bas. Voir Ça-vouaè. 

Thlot, Thlas. m. s. f. Résine de pin, bois résineux, 
torche. 

Timbra v. n. Timbrer, résonner, craquer. 

Tina s. f. Cuve. (Esp. tinaja, grande cruche de terre ; 
C. tine, cuve ; It. tinaja, cellier.) 

Tina, Tlnetta s. f. Chèvre. (C. Une), d'où le nom du 
rocher de Perotine ou pierre aux chèvres, à Noire table. 

Tlnaillon s. m. Pi èce de bois de charpente. Voir Chorirv. 

Tlnallly s. m. Cellier, cuvage (de tina). 

Tlonta v. a. Tourmenter, corner aux oreilles. 

Tlranehi v. a. Tirailler de côté et d'autre. (It. tiran- 
neggiare, tourmenter. ) 

Tirant, Tlra-LIre s. m. Tire-langue, ortolan, 
alouette-canabière, à cause de son chant. 

Tirant adj. On nomme lait-tirant, le lait qui sort diffi- 
cilement du pis de la vache. 

Tlta* Tla excl. Cri pour appeler les poules. 

Tochl s. f. Réprimande. « Sous pei?ia de la tochi. » 

Toehiv. a. Ce mot ne signifie pas seulement toucher, 
mais conduire, mener. « Tochiloit brand, » mener un branle. 
— « Tochi les vaches, » conduire les vaches. 



136 
« Vei chi nous, se mariount tous, 
« N'y o ma me que toche Fânou* 
« Mais moun temps vfndrot 
« Tocharot l'ânou que voudrot. » Chanson. 

Tochillon s. m. Chose de peu de valeur. 

Toeson s. f. Sorte de drainage primitif. 

Toile s. f. Foin étendu pour être séché. 

Tôma. Tourna s. f. Fromage blanc. (C. tom, chaud, 
fromage caillé par le feu.) 

Tos, Tou s. m. Petit aqueduc souterrain, tuyau de drai- 
nage, bonde d'étang. (Auv. touar, Lyonnais thus, aqueduc.) 
On lit dans les arrêts de Papon : « A Rouanne y a un canal 
ou tou souterrain, etc. » 

Touailla s. f. Nappe, serviette. (Esp. toalla,C. touilla.) 

Touïn s. m. Pinson (oiseau). 

Tourna v. a. Ce mot est tout-à-fait explétif et rem- 
place la syllabe re dans la formation des verbes. Tourna* 
faire, refaire ; tournà-dire, redire. 

Tourtai s. m. Matefaim, crêpe» 

Tourtellon s. m. Gâteau, tentrte. 

Toutoula s. f. Tige d'oignon ; trompette que font les 
enfants avec des tiges d'oignon. 

Tra, Tratra, lira s. m. Lutin. C'est le drac du Lan- 
guedoc, le sotré des Vosges, Yéphialtes des Grecs, etc. 

Tracî v. a. Traverser. 

Tracolla, Traeolet s. f. s. m. Piège, trébuchet 
pour prendre les oiseaux, les renards, etc. (ït. tracollo, cul- 
bute, trébuchement.) 

Tracolla v. n. Faire la culbute; au /îg. mourir. (It. 
tranollare, tomber, trébucher, etc.) 

Tracuu4t v. a. Utiliser, mettre à profit. 



137 

TraforÀ v. a. Traverser. (It. traforare, percer à travers.) 

TrageA v. n. Fendre l'eau, en parlant d'un nageur, 
d'une barque ; passer à travers. (It. tragettare.) 

TratnaMl s. f . Convohnlas, plante traînante. 

Traîne s. f. Fièvre. C'est aussi le mot employé dans la 
Dombes. 

Traiti s. f. Vin de traiti, premier vin d'une cuvée. 

Traire v. a. Porter, tirer, traîner ; pleuvoir à verse* (It. 
traere, lat. trahere.) 

Tralnre v. n. Briller, paraître, faire connaître. (It. 
tralucere, lat. translucere.) 

TrampalA v. n. Chanceler, être ivre. (Esp. trambalear.) 

Tranehd s. m. Espèce de hache. 

TrsuuMM* s. m. Morceau. Transon ou alabat de pan, 
morceau de pain. Transon de peillant, morceau de voleur 
(terme d'injure). 

Traquenard s. m. Van mécanique pour les grains. 

Travaml s. f. Vent d'ouest, qui traver$e la plaine du 
Forez. 

Travellen s. m. Percerette, foret, amorçoir. 

Travirf (se) v. p. Se tourmenter. (It. travagliarsi, se 
tourmenter. 

Traven, Trat s. m. Poutre, chevron. (Lat. trois y It. 
trave et tr axone, poutre ; Savoy, traz.) 

Traselri (se) v. p. Se tourmenter. 

TrennA v. a. Tresser la paille. « Trennà ma capotta, 
tresser un chapeau. (Lat. ternus, trois; les tresses se font 
ordinairement à trois brins.) 

Trenna s. f. Chaîne d'oignons, de raves, etc. Tresse. 
(Esp. trenado, fait en tresse.) 

TreMi v. n. Frissonner, frémir. 



138 

Treyvou s. m. Carrefour. (Lat. trivvam.) D'où les noms 
propres : Dutreyve, Trévoux, elc. 

Trezi v. a. Presser entre les lèvres, boire. 

Trlaeres, Trouallles s. f. pi. Pelures, choses de 
rebut. 

Trlallle et Crtvorde s. f. Qualités de planches, dans 
les moulins à scie. 

Trlèlët s. m. Trèfle. (Lat. triofoliitm). « Lou triôlèt 
a couflot la brava, » le trèfle a gonflé la génisse. La petite 
ville d'Ambert a pour armoiries une croix double cantonnée 
de 4 trèfles, avec cette ancienne devise : 
« le trioule en Auvargnat, 
« I la meilloure fuerba dau prat. » 

Troc s. m. Morceau, bloc. On dit à Lyon, comme eu 
Languedoc : Un troc oVarton, un morceau de pain. Arton est 
du grec pur. 

TrocbÀ v. a. Parcourir une route. 
. TroneliA v. a. Emonder un arbre, le tailler. (1t. tron- 
care, couper, tailler, tronquer.) 

Tronfô s. m. Abréviation de noutronfô, notre fontaine, 
nom donné à la fontaine du pré de- la foire, à St-Etienne, 
souvent citée par Ghapelon et d'autres auteurs stéphanois. 
Cependant nous avons entendu nommer, tronfô la fontaine 
commune dans plusieurs villages, peut-être à cause du tuyau 
qui a la forme d'une tronfa ou trompe. 

TroulUA v. a. Presser. 

Trouille s. f. Marc de raisin. Yoir. Drotiache, Gène. 

Troupelas s. m. Bande, troupe. 
. TrOUSStin s, m. Fagot, botte de foin, de paille. 

Truell, Treuil, Treu s. m. Pressoir. Le treuil 
se compose : 1° De la bacfiàsse ou table à rebords jsur la- 



139 
quelle où met le gène ou marc de raisin ; 2° de la chaîna ou 
conche, goulot par où coule le Tin ; 3° de la trappe qui pèse 
sur le marc ; 4° des caillons que Von place sur la trappe ; 
5° de Vâne , pièce de bois au bout de la vis de pression ; 
6° de Yétampon ou barre qui sert à faire descendre la vis. 
Il y a aussi des pressoirs à roue. (Auv. trouée, lat. trolium. 
D. C) 

Treyon s. m. Pioche à trois dents pour enlever le fu- 
mier. Voir Bechu. 

Trnyand, Truyasst s. m. s. f. Malpropre, sale (de 
truie ou truand). 

Tsarot s. m. Lampe de veillée. Voir Chelut et Creusiô. 

Tua-Pœu s, m. Colchique, plante qui pousse, en au- 
tomne, dans les prairies. 

Tuma s. f. Réjouissance, festin, noce. 

Tuasla s. f. Toux, tousse rie. 



U 



Uffa v. a. Huer, crier. (C. udfà.) 

Urdl s. m. Outil. 

Uyard s. m. Oie wix\e,jars. 

s. f. Nid d'oiseau. Au pluriel : des bagatelles. 



Yaehards. m. fromage de vache. An %. paresseux, 
mou. 



140 

Vallant adj. Gourant, en parlant de l'eau, par opposi- 
lion à dormant. 

Vanna y. n. Vaciller. « L'aura fat vanna lou creusio, » 
le vent fait vaciller la lampe. 

Varehelrl s. f. Espèce de terrain tenant le milieu en- 
tre le chambon et la varenne. On nomme yré de YertMre^ 
un pré non soumis à l'irrigation artificielle. Pièce de terre 
auprès d'une ferme. Dot assignée primitivement sur un fonds 
de terre. 

Varenna s. f. Sorte de terrain léger. D'où Tiennent 
beaucoup de noms de lieux et de personnes. 

Varey s. m. Bruit, tumulte. 

Vareyrl s. f. Ellébore, rose de Noël , plante. (Lat. va- 
retrum.) 

Varjat s. m. Partie de Técoussou ou fléau. Voir Eecussou. 

lame s. f. Aulne (arbre), d'où les noms Vernoys, la 
Vernade, Duvernay, etc. (C. gweme.) 

Varon s. m. Venin. « Aul o may de varan qu'un groin 
de buandeiri, » il a plus de venin qu'une langue de buan- 
dière. On dit aussi verun, vérin. Cette dernière forme est 
usitée dans l'Isère, et a donné naissance à l'une des sept 
merveilles apocryphes du Dauphiné. Ainsi la chapelle San 
Verain ou Saint- Vrain est devenue la tour sans venin, où 
les animaux venimeux et même les araignées ne pouvaient 
vivre... dit-on! 

Varra§;nâ 9 DevaragnÀ v. a. Arracher une haie. 
(Provençal, barat, fossé.) Voir Baragne. 

Varsaô s. m. Goûtre de la charrue, versoir. 

Vas s. m. Tombeau, cimetière. Ce mot a été usité en 
français jusqu'au xvm e siècle. Nous avons lu sur une dalle 
tumulaire à la Chapelle-en-Lafaye : Vase des sœurs, 1763* 



141 
Au Moyen-Age le vas était une chapelle sépulcrale. Ce nom, 
que Ton retrouve dans les terriers et dans les -vieux actes, 
est reste à plusieurs anciens cimetières du Forez. (C. vez, 
bez, tombe ; de va, creuser.) 

VMftto s. m. Jeune homme, amoureux, vassal. 

Ventau s. m. Moulin-à-venf. 

Vêpre s. f. Soir, après-dînée. (Lat. vesper.) 

Véque , Vêquat s. m. Gui, plante parasite. Il y a 
le véque dm perei ou du poirier, dau fragnî ou du frêne, 
daupownaè ou du pommier, etc.; mais le véque du chêne est 
presque introuvable. (Lat. viscum, It. vischio, gui et glu.) « Ad 
viscum! viscum! Druidœclamaresolebant. » (Ovide). Au gui ! 
au gui ! criaient les Druides. — Je ne sache pas que le gui 
ait conservé dans l'imagination populaire les merveilleuses 
qualités qu'on lui attribuait jadis. 

Vequlot, Vequlat prép. Voici, voilà. 

Verlna s. f. Vitre. 

Verlme s. f. Câble, corde. 

Ver» s. f. Broche. (Lat. t>eru, d'où verrou.) 

\em 9 Vaè s. f. Fois. Vna vey, quaxtque vey, une fois, 
quelquefois. (Esp. vez.) 

Veya s. f. Ce mot a une foule de sens et correspond exac- 
tement au res des latins. Chose, affaire, besogne, bien, etc. 
Au pluriel, veyés, hordes et affaires dan? le sens familier de 
ce mot. Au xvi e siècle, Papon emploie le mot vée dans le 
même sens. 

\euà v. n. Souffler. « Poyou plus vezâ, » je ne puis plus 
respirer ; d'où la véze, cornemuse, instrument que Ton gonfle 
en soufflant. 

Vezen s. m. Artison. — Putois (animal). — Méchante 
femme. 



142 

Vlallle s. f. Joue. (C. bi, double; aille, contour du vi- 
sage. Ir. Giall, joue , changement du G en B.) 

Viat s. f. Le vivre, la nourriture. La viat et îou gère, la 
table et le lit. 

Vlgne-Blane s. f. Mauvaise herbe, brivoine, eou- 
leuvrée. Ortolan, oiseau. (It. vite-bianca.) 

Vlllaln s. m. Manche en bois suspendu à une poutre 
du plafond, et auquel on accroche la lampe de veillée. 
(D. C. villani , sorte de chandelier de bois. Dans ce cas, 
comme en beaucoup d'autres, Ducange paraît être à côte de 
la vérité, du vrai sens.) 

Villon s. m. Pampre chargé de raisins. 

Vlntin, Vlngtalns. m. Murs d'une ville, petit fossé 
de fortification, certain droit féodal. 

Violet s. m. Sentier, chemin à talons. Diminutif du 
lat. via, chemin. (It. viottola.) 

Vlousfi v. n. Etre abondant, à foison. 

Vlrâ v. n. Tourner. 

Yftra-Foulllat, Vlrl-Foulllet s m. Tripes de 
bœuf, second estomac des ruminants. . 

Vlrondâ v. a. Parcourir en tournant. Virondà la char- 
rem, aller et venir dans la rue. 

Vlronda s. f. Tournée. 

Vlroulët s. m. Gâteau en forme de fer à cheval, 
échaude. 

Vlrounelrl s. f. Espèce de danse montagnarde, mé- 
langée de valse et de bourrée. (De virer, tourner.) 

Vltiira s. f. Moyen de transport, cheval ou voiture. 

Vivier s. m. Fondrière, prairie marécageuse. Voir 
Narse* Mouille. 

Voirie s. f. Rue. 



143 

Volant s. m. Faucille de moissonneur. (D. C. volana ) 

Vonie? Vorglna s. f. Osier noir employé pour la 
\annerïe (Salix purpurea). 

Vourcs, pour Oures et Ores adv. Maintenant, à 
présent. Le V souvent employé comme aspiration. 

Vonrpa s. f. Lâche, fainéant, rosse. (Terme de mé- 
pris.) 

Vouyancî v. a. Vider. 

Voulant adj. Vide, efflanqué. 



FIN Dl' DICTIONNAIRE. 



DEUXIÈME PARTIE 



ESSAI GRAMMATICAL 



CHAPITRE PREMIER 

PRONONCIATION 

Le patois emploie toutes les lettres dont on se 
sert en français, sauf quelques-unes rarement em- 
ployées ou tout-à-fait inusitées, telles que JT, X, Y, 
Z; mais, en revanche, il possède des sons inconnus 
à la langue française. Il faudrait emprunter aux 
alphabets étrangers plusieurs de leurs caractères 
pour rendre la prononciation de certaines syllabes, 
comme aô, œu, eu, aou, qu'il est impossible d'ex- 
primer, et comme l et gl qui se mouillent de même 
que la double II espagnole et le gl italien. 

Exemples : média, ecliaore, mec-llia, ec-lliaore; 
eclot se prononce à peu près eche-liot. 

Une autre différence caractéristique existe pour 
les voyelles m, on, un, qui n'ont pas le son nazal 
qu'elles affectent en français ; nous avons dû mar- 
quer cette différence par un tréma, ainsi in se pro- 
nonce à peu près comme le ing anglais, un s'accen- 
tue comme une et ou, se rend par oim, mais avec 
une expression toute particulière qu'il ne nous est 
pas possible d'indiquer. 

C'est en tenant compte de ces dissemblances de 
prononciation que l'on arrive à reconnaître que 



148 

beaucoup de termes patois ne sont que des mots 
français défigurés par des intonnations spéciales, et 
cette observation, qui est essentielle, nous a permis 
de débarrasser notre glossaire d'un grand nombre 
de vocables dont il aurait été inutilement surchargé. 
Pour suppléer à cette absence, il nous suffira d'in- 
diquer ici les règles générales qui dans le dialecte 
forézien gouvernent ces transformations. 

Les voyelles a, e, t, o, u ont la même valeur 
qu'en français. 

Exception : a se prononce o à Rive-de-Gier, St- 
Chamond, Givors, sur les bords du Rhône, comme 
dans leDauphiné et la Bresse. Ainsi on dira à Rive- 
de-Gier : 

« Et riérons chiz Girord, nos restaura démon, » 
ce qui se prononcera dans la plaine du Forez : 

« Et riérans chiz Girard, nos restaura deman. » 

E muet n'existe guère en patois que dans les ter- 
minaisons des verbes de la seconde conjugaison; 
dans les noms et les adjectifs il se change en a, o, 
ou et t. Exemple : Fenna, hommoii, tâchi. 

É fermé se change en ô et à dans les participes. 

U se change souvent en v comme dans le vieux 
français : ouïr, ovî; alouette, alovelta. Il se pro- 
nonce aussi œu : bu, cru, bœu, crœu. 

Mais c est surtout dans les voyelles composées que 
ces changements sont plus multipliés et plus va- 
riables. 

AI se prononce a et ae : mai, maître, mac, 
maétre. 



149 

AIN se prononce an et à : le pain, loupan; la 
main, la ma. 

AL se prononce au et à: hôpital ,hôpitau ou hopilâ. 

AU se prononce ai et é : chapeau, château, cha- 
pat, châlai. 

ÉE se prononce à : allée, poêlée, écuellée, alla, 
pœllà, ecuellâ. Il faut en excepter année, qui se pro- 
nonce an-nie, sans lier les deux syllabes. 

EL se prononce er et à : ciel et miel, cier, mier, 
châ, miâ, à l'exception de tel, quel, quelqu'un, qui 
se prononcent tau , quau , quauqu'un , à cause de 
leur étymologie : talis, qualis. 

ET se prononce eu, ou mieux avec le son qu'a Ye 
muet dans les monosyllabes me, te, se. Bichet, 
viaulet, rafet, qui se prononcent à peu près bicheu, 
viauleu, rafeu. 

EU se prononce o, ot, at, eu : Dieu, Dio ou Dieu. 

EUR se prononce aire dans les noms qui peuvent 
être qualificatifs : pignaire, parlaire, meissounnaire. 
Il se change en ur dans malheur, bounheur. 

JE se change en uè, u, io : chèvre se dit chiôra, 
chuèra, chûra ; de même pour lièvre, lèvre, fièvre. 

IEU se change en io , iœu , ièu : mieux , Dieu , 
mio, Dio. 

IN se change en t, ië : chemin, moulin, jardin, 
tsami, mouli, dzardië. 

01 se prononce oé, ei, eu : soir, boire, voir, noir, 
sci, beire, vcire, nei; Antoine, François, Antoènou, 
Françoés. Telle était, du reste, l'ancienne pronon- 
ciation française, alors qu'on faisait rimer Fran- 
çois et français. Le nord de la France , ancienne 
langue d'Oil (Oel), la conserve encore. 



150 

01R se change en au : miroir, arrosoir, enton- 
noir, muriau, arrousau, entounau. 

ON se prononce oun, ou et u. Dans les monta- 
gnes, mouton, saucisson, maison, se disent mountu, 
ou mountoun, mouesu ou maisou, etc. 

OU se change en oua, oué, te, œu : cou, coué ou 
coua ; pou, pœu ou pu. 

UI se prononce œu, ot, ou, ua : nuit, cuir, de- 
puis, nœu, cceu, dempœu; puits, pou, pua ; Puy, 
nom propre et montagne, pœu, pot ou poyi. 

UN se change en u dans la montagne : Isacu, 
dengu, chacun, aucun. 

Pour les consonnes, ces transformations ne sont 
pas moins nombreuses, mais elles s'opèrent suivant 
une marche plus régulière et qu'il est plus facile de 
condenser en principes. 

Les principales règles qu'il faut remarquer à cet 
égard, sont l'adoucissement presque constant, les 
substitutions réciproques et l'emploi des sons com- 
posés. 

Ainsi les gutturales g et j se changent : g en dz 
eij en z, ce dernier surtout en Roannais. 

Gl, comme nous l'avons déjà fait observer, affecte 
généralement le même son qu'en italien. Exemple : 
église, il lié sa. 

Les dentales se transforment de même, par des 
sons combinés et adoucis : d en dz, t en ts ou tz. 

Nota. — Dans les montagnes d'Auvergne, au con- 
traire, ces deux consonnes se durcissent, d en gu et 
t en qu. Ex. : Guio, guiablou, guie, Dieu, diable, dit. 



151 

Pour les labiales, outre radoucissement qui est 
très-sensible dans b et f qui se changent en v, il y a 
cette loi de transmutation propre aussi à la langue 
espagnole, qui substitue le 6 au v et réciproquement 
le v au 6. On remarque de plus une autre règle spé- 
ciale au patois forézien, par laquelle le v se change 
en u ou remplace l'aspiration h qui n'existe pas. 
Exemple : inw, un ; vet, huit ; vounge, onze ; voures 
(pour oures), maintenant. 

La substitution du b au v n'est pas la seule, nous 
citerons de plus celle de Ys et du ch qui s'emploient 
souvent l'un pour l'autre. 

Nota. — Ch prend aussi quelquefois le son de 
is ou s dur. 

• 

Enfin, il existe certains sons spéciaux tels que 
celui de / mouillée que nous avons déjà signalé, et, 
plus particulièrement encore, celui de IV qui af- 
fecte, dans notre province, trois prononciations bien 
distinctes : 

A St-Etienne, elle se prononce dure, gutturale, 
frârre, brreyes. 

Du côté de Roanne, elle se roule doucement en 
faisant vibrer la langue. 

A Montbrison, la prononciation en est fade et diffi- 
cile à imiter; la pointe de la langue porte au haut 
des dents, mais sans vibration. 

De plus, par euphonie, IV se supprime quelque- 
fois dans le milieu des mots : morceau, mouçai, 
mais généralement à la fin, soit des noms, soit des 
verbes : jour, tour, j'omo, touo; noir, soir, net, *tt 9 etc. 



J52 

Signalons encore, en terminant, deux faits essen- 
tiels, premièrement l'usage des lettres euphoniques 
beaucoup plus fréquent en patois qu'en français. 

Exemple : Addu z-au, apporte-le ; ly z-au z-ai 
dî7, je le lui ai dit. 

En second lieu, l'absence de l'a? dont le son 
n'existe pas en patois. Nous croyons devoir insister 
d'autant plus sur cette absence, qu'elle se remarque 
aussi dans la plupart des langues européennes, le 
grec, les dérivés modernes du latin , l'italien, l'es- 
pagnol, etc., non plus que dans les idiomes germa- 
niques. La prononciation de cette lettre, qui est 
particulière au français, est remplacée dans les au- 
tres langues par des gutturales fortes ou aspirées. 
Ainsi s'explique cette forme caractéristique des 
prétérits patois, digue, fugaé, vengué , si commun 
dans les montagnes du Forez et qui correspond lit- 
téralement au prétérit des Latins, dixi, vixi, etc. 
Du reste, pour alléguer un fait incontestable de ce 
changement, il nous suffira de citer les Espagnols 
et de mentionner comme unique exemple leur verbe 
inducir, qui fait au prétérit induxe. 

Quant à décider si les Latins prononçaient l'a? 
comme le x ou le * des Grecs ou comme Yx et le j 
des Espagnols, ou comme Yss ou le che des Italiens, 
ou comme le sch ou le g dur des Allemands, ou bien 
s'il faut, suivant la méthode de nos écoles, l'exprimer 
comme en 'français, chose peu vraisemblable, c'est 
une question que nous abandonnons à de plus habiles. 



CHAPITRE II 






r>u nom 

La terminaison des noms masculins patois n'offre 
rien de remarquable; elle suit les règles que nous 
avons données plus haut pour la transformation pa- 
toise de certaines voyelles françaises. 

Les noms féminins se terminent généralement en 
a, et quelquefois en t. 

Le pluriel des noms masculins s'obtient, comme 
en français, par l'addition de Vs. 

Pour le féminin , il se forme tantôt en ajoutant 
un #, tantôt en changeant la finale a en é fermé. 

Remarquons ici la parenté qui existe entre notre 
patois et les langues italienne et espagnole. 

En italien, le pluriel féminin se forme en chan- 
geant a en e. En espagnol , on ajoute simplement 
un s à l'a, qui devient alors long. 

Les différents dialectes du patois forézien parti- 
cipent de l'un et de l'autre. On dira lé fenné ou las 
fennas, suivant les localités. 

Le patois forézien possède un assez grand nombre 
de diminutifs et d'augmentatifs, mais moins cepen- 
dant que l'auvergnat. 



154 

Ainsi Ton dit : nez, nâ; petit nez, nason; grand 
nez, nacre. 

Les diminutifs se terminent généralement en on: 
petiot, éclot font petioton, ecloton. 

Tels sont : bnyasson, crémasson, couasson, /en- 
nasson, garnasson, grailasson, sarpiasson. 

Une autre terminaison ai est aussi très-usitée; 
mais ajoutée aux noms ou aux adjectifs, elle indi- 
que presque toujours une idée de mépris. 

Ainsi bourgeoératybouchérat signifient petit bour- 
geois, mauvais boucher. 

Tels sont boutassat, fomorat, garagnat, haus- 
sier at, grossat, jabiat, cheminât, forignat. 

Le féminin de tous ces noms se termine en as&i. 

Les diminutifs existent aussi dans les noms pro- 
pres André, Joseph, Gabrielle, Marie : Drelu, José- 
Ion, Biletta, Miette; ce qui n'exclue pas les Nanon, 
Marion, Jeanncton, Cathon, Françon, les Piarrot, 
Jeannot, Liaudou, Jacquot. 

Chez les paysans , le fils aine porte toujours le 
nom de maison, le second fils est invariablement ap- 
pelé cadet, les autres portent le nom de leur parrain. 

Ajoutons qu'en patois les noms propres ont un 
féminin : la femme de Martin sera la Martina; celle 
de Barthaud, la Barthauda; celle dePagat, la Par 
gassi. 

Il ne faut pas oublier, d'ailleurs, que les noms 
propres sont encore, en patois, ce qu'ils étaient il y 
a quatre ou cinq siècles , des surnoms, et que les 
véritables noms de famille des paysans n'existent 
guère que sur les cotes des percepteurs. 



CHAPITRE III 

r>B L'ARTICLE 

L'article n'existait pas en latin ; les cas en te- 
naient lieu. Les langues néo-latines (italien, espa- 
gnol, roman) Font emprunté aux langues du Nord. 

Les articles patois sont : 

MASCULIN SINGULIER. 

Lou, lo, lu français : le. 

Dou, dau, déu » du. 

Ou, au, eu » au. 

MASCULIN PLURIEL. 

Lous français : les. 

De lous » des. 

A lous » aux. 

FÉMININ SINGULIER. 

La, lo français : la. 

De la, de lo » de la. 

A la, à lo » à la. 

FÉMININ PLURIEL. 

Lé, las français : les. 

De lé, de las » des. 

A lé t à las » aux. 



156 

Faisons observer en passant que devant un mot 
commençant par une voyelle, on dit aussi au sin- 
gulier pour les deux genres : l\ de /', à F. 

Dans l'article féminin pluriel las, Ys ne se pro- 
nonce pas devant une consonne, mais l'a est long, 
tandis qu'au singulier, il est toujours bref. 

Il est probable que les articles contractés die, au, 
n'existaient pas autrefois en patois. Des et aux ne 
sont jamais employés. 

L'article se supprime généralement devant les 
noms propres de lieux, de fleuves, etc. 

Uaigua de Leiri, de Lignon, de Feron. 
L'eau de la Loire, du Lignon, du Furans. 

Par contre, il se met devant les noms propres 
de femme et tous les prénoms. 



CHAPITRE IV 

§ '. 

Les adjectifs qualificatifs terminés en français par 
e muet, sont terminés en patois, au masculin, par 
ou et o bref. 

Agriablou. 

La terminaison a est générale pour le féminin, 
toutefois en se rappelant que a se change quelque- 
fois en o. 

Agriahla, djenta, malrua, nova, neira, blcuva. 

Il y a aussi, par exception, quelques adjectifs fé- 
minins en i bref. 

. Le pluriel dans les adjectifs se forme comme dans 
les noms ; au masculin, en ajoutant un s ; au fémi- 
nin, en ajoutant un s ou en changeant a en e fermé. 

Ina genla fi lia, de gentas fillas ou de gentè fille. 



158 

§2. 

1° Adjectifs démonstratifs. 
(En français: ce, cet, celte, ces.) ' 

Masculin singulier : 

Quau, quou, iquau. 
Aquë, aquel, qaehi. 
Celui, celu. 
Iquet, iquetou. 

Masculin pluriel : 

Quelous, quctous. 
Aquelous, iquelous, iquelous. 

Féminin singulier : 

Quella, aquella. 
Iquella, iquelta. 

Féminin pluriel : 

Quelé, aquelas. 
Iquelé, iqueté. 

Il y a certainement des nuances à observer dans 
l'emploi de ces adjectifs. 

2° Adjectifs possessifs. 

Les adjectifs possessifs patois n'ont rien de par- 
ticulier. 
Au singulier : moun et ma. 
Au pluriel : mous ou mas et mè. 



159 

3° Adjectifs numéraux. 

Les adjectifs cardinaux désignent le nombre. 

Masculin : un, ton, vùn. Féminin : una. 
» dous. 

» treis. 

» quatrou. 

» cinq. 

» scié, sié, sei. 

» set. 

» vet. 

» not, gnus. 

» dta\ 

Les adjectifs ordinaux marquent Tordre ou le 
rang. 

Proumi. Proumaéri. 

Secound. Secounda. 

Treisiémou^ etc. Treisiéma, etc. 



» 


doué. 


» 


* 

» 


» 


quatre 


» 


» 


» 


» 


» 


» 


» 


» 


» 


» 


» 


» 



CHAPITRE V 

r> u PRONOM 

§ 1. Pronoms personnels. 

Singulier. 

l rc Personne : io, iou, iéu, jou,ji, me. 
2 e Personne : le, tu, quiu. 
3 e Personne, pour le masculin : au, aul, a, al, 
vou, ov, se. 
3 e Personne, pour le féminin : ei, iella, la. 

Pluriel. 

1 re Personne : nos, nosaulrou, ris, n\ 

Au féminin : nosautré. 

2 e Personne : os, vosautrou, v's. 

Au féminin : vosaulré. 

3 e Personne : t, ci, cil, eillou, se. 

Au féminin : ci, iellas 7 telle, se. 

Il convient de faire observer ici que l'usage du 
pronom devant les verbes n'est pas dans l'esprit du 
patois forézien. Ainsi, il est remarquable que dans 
toutes les localités où le patois s'est le mieux con- 
servé dans toute sa pureté primitive, le pronom esl 



461 

complètement supprimé. On peut donc en conclure 
que, de même qu'en latin, sa présence devant les 
verbes n'est qu'une exception à une règle générale. 

§ 2. Pronoms démonstratifs. 

(En français : c<? 9 celui, celui-ci, celte, celle-ci, 
celle-là, ceci, cela.) 

Pour le masculin singulier : aquë, aquë d'échai, 
aquë d'avâ, aquë d'achu, c'est-à-dire : celui, celui 
d'ici, celui de là-bas, celui de là-haut, etc. 

Pour le féminin singulier : aquella, etc. 

Pour le masculin pluriel : aquelous, etc. 

Pour le féminin pluriel : aquellas, aquellé, etc. 

Pour les deux genres (ceci, cela) : aquo, eiquon, 
iquen, vou, ov. 

§ 3. Pronoms possessifs. 

Singulier masculin : 

Lou mio, mino, miéune, mi, (Ta mino. 
Lou tio, tino, tiéune 9 d'à tino. 
Lou sio, sine, chèune, d'à sine. 

Singulier féminin : 

La mia, mina, miéuna. 
La tia, tina, tiewia. 
La sia, sina, chéuna. 

Singulier pour les deux genres : * 

Lou nôtroUy la nôtra. 

Lou vôtrou, la voira. 

Au pluriel, on dit : lou mine, las on lé miné, etc., 

et à la troisième personne : liou, liour, tour, louar, 

(Fàiellouy etc. 

il 



§ 4. Pronoms indéfinis. 

L'un des plus usités dans la langue française, le 
pronom on 9 n'a pas de correspondant en patois. Il 
se remplace par la troisième personne du singulier 
ou du pluriel. 

On eut dit : vou esse dit, il serait dit. 

On y va : eil ey vant, ils y vont. 
On emploie aussi très-souvent dans ce cas la 
forme passive. 

Quauquûn, quelqu'un . 

Quauquare. (\). 

Seiquûn, seïq » e. 

Seiquant. 

Denguûn, ninguùn. 

Ren, rès. 

Tau. 

Aôlrou. 

Quau, que. 
À l'exception de ren et que, tous ces pronoms 
ont un genre et un nombre qui se forment suivant 
les règles générales. 

§ 5. Pronoms relatifs. 

(En français : qui, que, lequel, dont, en, y.) 
Que, quau, quùn, lequûn, dauquûn. 
Les pronoms se déclinent, à l'exception de que. 

(1) La forme de cette expression, qui peut sembler étran- 
ge, est rationnelle et conforme à l'étymologie. On sait en 
effet que le mot rien vient du latin tes et signifie une chose. 

Tu ne vaux rien, signifie : tu ne vaux pas une cfiose quel- 
conque. 



J 



CHAPITRE VI 

- / 3£- 

t 

I>TJ VERBE 

Suivant la situation du sujet à l'égard de l'action, 
il y a, en patois, autant de sortes de verbes qu'en 
français. 

De même qu'en italien et en espagnol, il n'y a en 
patois que trois conjugaisons, comprenant les verbes 
terminés en a, en e, en î : amâ, vendre, fini. 

Il ne faut pas conclure de cette règle que le verbe 
patois appartienne à la même conjugaison que le 
verbe français correspondant. Outre qu'il y a en 
français quatre conjugaisons, il est rare qu'un verbe, 
même avec le même radical, se termine en patois 
comme en français. 

Ainsi sentir, courir, sortir, qui sont de la deu- 
xième conjugaison française, appartiennent en pa- 
tois à la troisième : sïntre, coudre, sôtre. 

Les verbes français s'asseoir, pleuvoir, savoir, se 
disent en patois : s*asselâ, plôre, sœupre, etc. 

Les verbes être et avoir entrant dans la compo- 
sition des autres, il convient d'en donner d'abord la 
conjugaison. 

Nous avons cru être utile et agréable à nos lec- 



164 



teurs en leur mettant sous les yeux les tableaux 
comparatifs du patois avec l'espagnol et l'italien, 
non-seulement pour la conjugaison des verbes auxi- 
liaires être et avoir, mais encore pour les verbes qui 
servent de types aux autres conjugaisons. 



VERBE AUXILIAIRE ÊTRE. 




INDICATIF 


PRÉSENT. 




Patois. 


Espagnol, 


Italien. 


Siœu, soué, seï, 


soy, 


sono. 


Chiais, ei, sei, 


ères, 


sei. 


Eï, ei, i, 


es, 


é. 


Sun, semmon, 


somos, 


siamo. 


Soùn, 


son, 


sono. 


IMPARFAIT. 




Éra, érou, érïn, 


era, 


era. 


Éras, érias, érë, 


eras, 


eri. 


Ëra, ère, 


era, 


era. 


Éran, érian, 


eramos, 


eravamo 


Éras, érias, 


erades, 


eravate. 


Éran, érian, éroùn, 


eran, 


erano. 


PASSÉ ] 


DÉFINI. 




Fugué, fiô, cheguéi, 


fui, 


fui. 


Fuguéré, feyu, cheguéras, 


fuistc, 


fosti. 


Fugué, fœu, chegué, 


fué, 


fu. 


Fuguéran, fuman, cheguéran, 


fuimos, 


fummo. 


Fuguera, fuyutes, cheguéra, 


fuistes, 


foste. 


Fuguéroun, furon, cheguéran. 


, fucron, 


furono. 


Saraé, chereï, 


seré, 


sarè. 


Saras, cheras, 


seras, 


sarai. 


Saro, chera, 


sera, 


sara. 


Saran, sarûn, cheran, 


seremos, 


saremo. 


Saris, cheré, 


sereis, 


sarete. 


Saran, cheran, 


seran; 


snranno. 



165 



CONDITIONNEL. 




Patois, 


Espagnol. 


Italien. 


Sariœu, serin, cheria, 


séria, 


sarei. 


Sariais, sérias, cherias, 


sérias, 


saresti. 


Sari, Serë, cheria, 


séria, 


sarebbe. 


Sarian, serian, cherian, 


seriamos, 


saremmo. 


Saris, sérias, cherias, 


seriades, 


sarete. 


Sarioûn, serian, cherian, 


serian, 


sarebbero 


PRÉSENT DU SUBJONCTIF. 




Seye, chaye, 


séa, 


sia. 


Sias, chayas, 


séas, 


sii. 


Seye, sesse, chaye, 


sca, 


sia. 


Seyan, sessian, chayan, 


scamos, 


siamo. 


Seyas, sessias, chayas, 


séais, 


sia te. 


Seyan, sessian, chayan, 


scan, 


sieno. 


IMPARFAIT DU 


SUBJONCTIF. 




Fuguesse, seyessi, cheguesse, 


fuésse, 


fossi. 


Fuguessias,seyesse,cheguessas, 


, fuésses, 


fosti. 


Fuguessi, seyessi, cheguesse, 


fuésse, 


fosse. 


Fuguessian , seyessian , che- 


fuéssemos, 


fossimo. 


guesson, 






Fuguessias , seyessias , che- 


fuéssedes, 


foste. 


guessas, 






Fuguessian , seyessian , che- 


fuéssen, 


fossero. 


guessan, 






IMPÉRATIF. 




Seye, chaye, 


séa, 


sii ou sia. 


Seyan, chayan, 


séamos, 


siamo. 


Siète, chayas, 


séd, 


siate. 


INFINITIF. 




Être, 


ser, 


essere. 


PARTICIPE 


; passé. 




Éto, ita, atru, 


si do, 


stato. 



m 



KZ 



166 

Les temps composés du verbe être se forment , 
non avec le verbe avoir comme en français, mais 
avec le verbe être lui-même et son participe passé, 
comme en italien. 

Ainsi Ton dit : soué élo, saraé étot, etc. 

En allemand, le verbe être se sert aussi d'auxi- 
liaire à lui-même : Ich bingewesen. 

De là vient la locution vicieuse employée par les 
paysans lorsqu'ils veulent parler français : Je suis 
été, etc. 

VERBE AUXILIAIRE A FI, A FA ERE (Avoir). 





INDICATIF PRESENT. 




Patois. 


Espagnol. 


Italien. 


» • ... 
Ai, ei, 


he, 


ho. 


As, 


has, 


hai. 


A, o, * 


hay, 


ha. 


A van, aveïn, 


habémos, 


abbiamo. 


Avaé, avé, 


habeis, 


avetc. 


An, 


han, 

IMPARFAIT. 


hanno. 


Ayïn, aya, 


habia, 


aveva. 


Ayas, 


habias, 


avevi. 


Ayi, aya, 


habia, 


ave va. 


Ayan, 


habiamos, 


avcvamo 


Ayas, 


babiais, 


avevate. 


Ayan, 


habian, 

PASSÉ DÉFINI. 


avevano. 


Aguio, aguei, 


hube, 


ebbi. 


Agui, agueras, 


hubiste, 


avesti. 


Agui, aguë, 


hubo, 


ebbe. 


Aguimo, agucroua, 


hubimos, 


avemmo. 



Patois. 

Agilité, agueras, 
Aguiron, aguiran. 



Auraé, éurai, 
Auras, éliras, 
Auro, dura, 
Auran, éurein, 
Auris, éureis, 
Auran, éuran, 

Aurin, éuya, 

Aurias, éuyas, 
Auri, éuya, 
Aurian, éuyan, 
Aurias, éuyas, 
Aurian, éuyan, 

Aya, aye, 
Ayessi, ayas, 
Ayesse, aye, 
Ayessian, ayan, 
Ayessias, ayas, 
Ayessian, ayon, 

Avî et avaére, 

Gu, agu, 



467 

Espagnol. 

hubisteis, 
hubiéroD, 

FUTUR. 

habré, 

habras, 

habra, 

habrémos, 

habreis, 

habran, 



Italien. 

ave s te. 
ebbero. 

avrô. 

a vrai. 

avrà. 

avremo. 

arrête. 

avranno. 



CONDITIONNEL. 

habria ou hu- avrei. 

biera, 
habrias, 
habria, 
habriamos, 
habriais, 
habrian, 



avresti. 

avrebbe. 

avremmo. 

avreste. 

avrebbero. 



PRÉSENT DU SUBJONCTIF. 

haya, 

hayas, 

haya, 

hayamos, 

bayais, 

hayan, 

INFINITIF. 

haber, 

PARTICIPE PASSÉ. 

habido, 



abbia. 

abbi. 

abbia. 

abbiamo. 

abbiate. 

abbiano. 



avère. 



avuto. 



Le verbe avoir, dans les temps composés, se sert 
d'auxiliaire à lui-même. 



168 



PREMIÈRE CONJUGAISON AMA. 



INDICATIF PRESENT. 



Patois. 

Am - ou, e, 
is, e, 
e, a, 
an, eu, 
as, 
011, 



Espagnol. 



Italien. 



am — 



o, 


am 


— 0. 


as, 




• 

î. 


a, 




a. 


amos, 




iamo 


ais, 




ate. 


an, 




ano. 



Ain — 



Ara — 



Am — 





IMPARFAIT. 


ayïn, ava, 


am — 


ava, 


ayas, avas, 




avas, 


ayë, ava, 




ava, 


avan, avan, 




avamos. 


ayas, avas, 




avades, 


ayan, avon, 




avan, 




PASSÉ DÉFINI. 


io, ei, 


am — 


é, 


ie, ias, cras, 




aste, 


eï, c, 




o, 


cron, éran, 




amos, 


éras, 




aste, 


éron, érûn, 


FUTUR. 


aron, 


arei, 


am — 


arei, 


ciras, 




aras, 


ara, aro, 




ara, 


aren, aran, 




arémos 



are, areis, 
aron, aran, 



arei s, 
aran, 



am — 



ava. 

avi. 

ava. 

avamo. 

avate. 

avano. 



am — 



ai. 

asti. 

ô. 

ammo. 

aste. 

arono. 



am — erô. 



crai. 

crà. 

eremmo. 

erete. 

eranno. 



169 



Am — 



Am — 







CONDITIONNEL. 


Patois 






Espagnol. 


arïn, i 


îia, 




am 


— aria, 


arias, 


aias, 






arias, 


ari, aia, 






aria, 


arion, 


aian, 






ariamos, 


arias, 


aias, 






ariades, 


arian, 


aion, 






arian, 




PRÉSENT 


DU 


SUBJONCTIF. 


e, 






am 


— e, 


• 








es, 



Italien. 



am — 



erei. 

eresti. 

erebbe. 

eremmo. 

c reste. 

erebbero 



am — i 



îan, 
ias, 
on. 



emos, 

eis, 

en, 



IMPARFAIT DU SUBJONCTIF. 



Am — essïn, esse, 
essias, essa, 
esse, 

essian, essan, 
essias, essa, 
essian, esson, 



Am — â, 



Am — a, o, ado, 



am — asse, am — 

asses, 

asse, 

assemos, 

assedes, 

assen, 

INFINITIF. 

am — ar, 

PARTICIPE PASSÉ. 

am — ado, am 



i. 

X • 

iamo. 

iate. 

ino. 



assi. 

assi. 

asse. 

assimo. 

aste. 

assero. 



am — arc. 



ato. 



Les temps composés se forment avec le verbe 
avoir et le participe passé. 

Tous les verbes terminés à l'infinitif en â se con- 
juguent sur le verbe amâ. 

Tels sont : beltà, essoublâ, abadâ, aissavâ, etc. 



170 



SECONDE CONJUGAISON VENDRE. 



INDICATIF PRESENT. 



Patois, 




Espagnol. 


Italien. 


Vend — e, 




tem — 


-o, 


tem- 


— 0. 


• 






es, 
e, 




• 

e. 


en, 






emos, 




iamo. 


é, 






eis, 




ete. 


on, 






en, 




ono. 






IMPARFAIT. 






Vend — ïn, ia 


» 


tem- 


-ia, 


tem- 


— eva. 


ias, 






ias, 




evi. 


ia, 






ia, 




eva. 


ian, 






iamos, 




evamo. 


ias, 






iades, 




evatc. 


ion, 






ian, 




evano. 




PASSÉ DÉFINI. 




• 


Vend -— ci, iguei, 


tem — 


-é, i, 


tem- 


— ei. 


era, i 


guéras, 




iste, 




esti. 


e, igué, 




io, 




è. 


eran, 


iguéran, 




imos, 




emmo. 


eras, 


iguéras, 




isteis, 




este. 


eran 


, iguéran, 


FUTUR 


ieron, 

• 




erono. 


Vend — rei, 




tem- 


-éré, 


tem 


— erô. 


ras, 






éras, 




erai. 


ra, 






cra, 




erà. 


ren, 






éremos, 




eremo. 


re, 






creis, 




eretc. 


ron, 






éran, 




eranno. 



471 



CONDITIONNEL. 



Patois. 



Vend 



Espagnol. 



Italien. 



Vend — 



Vend — 



Vend 



ria, 




tem- 


— éria, 


tem- 


- erei. 


rias, 






érias, 




eresti. 


ria, 






éria, 




erebbe. 


rian, 






ériamos, 




eremmo. 


rias, 






ériades, 




ereste. 


rion, 






érian, 




erebbero 




PRÉSENT DU SUBJONCTIF. 






e, ou, 




tem- 


-a, 


tem- 


-a. 


• 






as, 




• 

i. 


e, 






a> 




a. 


ian, 






amos, 




iamo. 


ias, 






ais, 




iate. 


on, 






an, 




ano. 




IMPARFAIT DU 


SUBJONCTIF 


■ 




essïn, 


esse, 


tem- 


— iesse, 


tem - 


- cssi. 


essà. 






iesses, 




essi. 


esse, 






iesse, 




esse. 


essan, 






iessemos 


> 


essimo. 


essas, 






iessedes, 




este. 


essan, 






iessen, 




csséro. 






INFINITIF. 






re, 




tem- 

PARTICIPE 


-er, 

PASSÉ. 


tem- 


- ère. 


iu, 




tem- 


— ido, 


tem- 


— uto. 



Les temps composés se forment avec le verbe 
avoir et le participe passé. 

Les verbes terminés à l'infinitif en re et e se con- 
juguent généralement comme vendre. 



472 

Tels sont : econdre , aveindre , appoundre , re- 
vondre, etc. 

Il y a cependant, dans cette conjugaison, beau- 
coup de verbes irréguliers : sœupre, segre, cheire, 
ecourre. 

TROISIÈME CONJUGAISON SERVI. 

INDICATIF PRÉSENT. 



Patois. 



Espagnol. 



Italien. 



Serv 


— e, 


sub — 


■o, 


sent- 


— 0. 




• 




es, 




• 

i. 




e, 




e, 




e. 




en, 




imos, 




iamo. 




e, 




is, 




ite. ' 




on, 




en, 




ono. 






IMPARFAIT. 






Serv 


— ia, 


sub — 


ia, 


sent- 


— iva. 




ias, 




ias, 




• • 

m. 




ia, 




ia, 




iva. 




ian, 




iamos, 




ivamo. 




ias, 




iades, 




ivate. 




ion, ian, 




ian, 




ivano. 






PASSÉ DÉFINI. 






Serv 


— igue, 


sub — 


■i, 


sent 


• • 

— u. 




iguerns, 




iste, 




isti. 




igué, 




io, 




i. 




iguéran, 




imos, 




immo. 




iguéras, 




isteis, 




iste. 




iguéran, 


FUTUR 


iéron, 

• 




irono. 


Serv 


— irei, iraé, 


sub — 


iré, 


sent- 


— irô. 




iras j 




iras, 




irai. 



173 



Patois. 

ira, iro, 
iren, iran, 
ire, iri, 
iron, iran, 



Serv — 



înn, îa, 
irias, ias, 
irë, ia, 
irian, iao, 
irias, ias, 
irian, ion, 



Espagnol. 



ira, 

iremos, 
ireis, 
iran, 



Italien* 

ira. 
iremo. 
ire te. 
iranno. 



CONDITIONNEL. 



sub — iria, sent — irei . 



irias, 


iresti. 


iria, 


irebbe. 


iriamos, 


iremmo. 


iriades, 


ireste. 


irian, 


irebbero 



PRESENT DU SUBJONCTIF. 



Serv — 



e, 

■ 

11 

e, 
ian 

ias, 

on, 



suh — a. 



as, 

a, 

amos, 

ais, 



an. 



sent — a. 
i. 
a. 



ïamo. 

iate. 

ano. 



IMPARFAIT DU SUBJONCTIF. 



Serv — 



Serv — î, 



Serv — i, 



essin, iguessc, 


sub - 


- icsse, 


sent 


— 1881. 


essias, i gués sa, 




iesses, 




issi. 


esse, iguesse, 




iesse, 




isse. 


essian, iguessan, 




iesscinos 


; > 


issimo 


essias, iguessa, 




iessedes, 


i 


iste. 


essian, iguesson, 




iessen, 




isscro. 




INFINITIF. 






A 


sub- 


-ir, 


sent- 


— ire. 


PARTICIPE 


PASSÉ. 






i, 


sub - 


- ido, 


sent- 


— ito. 



174- 

Les temps composés se forment avec le verbe 
avoir et le participe passé. 

Les verbes terminés à l'infinitif en î se conjuguent 
comme servi. 

Tels sont : adenci, acanî, avarî, décharnî, étar- 
ni, etc. 

Aux xvi e et xvn e siècles, les verbes de cette con- 
jugaison se terminaient généralement, à St-Elienne, 
en ter : couchitr % reprochier. 

On appelle irréguliers les verbes qui s'éloignent, 
à certains temps et à certains modes , des règles 
établies pour les conjugaisons qui précèdent. Nous 
n'entreprendrons pas d'en donner la liste, car, en 
patois, les verbes irréguliers sont au moins aussi 
nombreux qu'en français. Nous n'insisterons pas 
non plus sur les verbes passifs, neutres ou prono- 
minaux, ces détails n'offrant rien d'intéressant. 

Mais nous dirons un mot des verbes imperson- 
nels. Tels sont : Isaà, elvouède, siore, il faut, il fait 
des éclairs, il neige, etc. 

Voici la conjugaison du verbe tsallt, falloir : 

Indicatif présent : tsao, il faut. 

Imparfait : is allia, il fallait. 

Passé défini : tsêugaê, il fallut. 

Futur : tséudra, il faudra. 

Conditionnel : Iséudria, il faudrait. 

Participe passé : tséugu, fallu, etc. 



CHAPITRE VII 

I>U PARTICIPE 

Le participe présent n'offre rien de remarquable 
en patois. Cependant on l'emploie quelquefois pour 
remplacer d'autres temps et exprimer une action 
présente ou passée. 

Ainsi Ton dit en patois : aul ère séchant, il sé- 
chait; F aigua vai v allant, l'eau descend. 

Les participes passés de la première conjugaison 
terminés en français par é fermé, se terminent en 
ot ou al. 

Ainsi : bittot, assetot, essoublot, moudot, es- 
sampol. 

Quelquefois IV fermé se change en e muet. De là 
vient que les paysans disent invariablement , en 
croyant parler français : gonfle, trempe, enfle, ar- 
rête, use, etc. 

« Celte vache est gonfle. 

« Je suis trempe de pluie. 

« Il est enfle. 

« L'horloge est arrête. » 

Au lieu de dire gonflée, trempé, enflé, arrêtée, etc. 



176 

Les participes passés de la deuxième conjugaison 
se terminent généralement en u : saubu, écondu, 
revondu, redu> counussu, neissu, paraissu, mor- 
su, etc. 

Les participes passés de la troisième conjugaison 
se terminent généralement en i : epeli, sarvi, fi- 
gni, etc. ; mais il y a beaucoup d'exceptions. 



CHAPITRE VIII 

■de,- 

I>E LADVERBE 

1° Les adverbes de manière sont peu usités en 
patois. 

2° Les adverbes de temps : autravez, tores, Acri, 
onhen, deman, enquœu. 

3° Les adverbes de lieu : on le, donte iqui 9 içai, 
Mai, dedïns, defô, ailai, alyin, alpoyi, a&sw. 

4° Les adverbes d'ordre : pœu, ensiôle. 

5° Les adverbes de quantité : pot, trop^ meiw, 
prou, tant, may. 

6° Les adverbes de comparaison: miox, may, 
meim, étu, courna, quant. 

7° Les adverbes d'affirmation et de négation : 
otiat, gin ou gès. 



12 



CHAPITRE IX 



N*> 



I>E LA PRÉPOSITION 



Les principales prépositions patoises sont : 


Ambè) obé, au, 


avec. 


Endè, endcpœu, 


depuis. 


ChiZ) 


chez. 


Darri, 


derrière. 


Davant, 


avant. 


Dcmpœu, 


depuis. 


Maugrâ, 


malgré. 


Par, 


pour. 


Sobre, 


sous. 


Tandioj 


tandis. 


Véqaio, véquia, 


voici, voilà. 



CHAPITRE X 



--36- 



I>E LA CONJONCTION 



Voici les principales conjonctions patoises : 



Accvurre, 


quand. 


Ma que, 


pourvu que 


Par que, 


pourquoi. 


Mas, 


mais. 


Pas meins, 


cependant. 



CHAPITRE XI 

I>E L'INTERJECTION 



Voici les principales interjections : 
Aia ! aïe ! 



Omi ! 


hélas i 


Dia, Dié, 


• 


Mardia, 


pardieu. 


Adio-coumand, 


adieu. 


Adioussias, 


adieu. 


Feriluè) 


vraiment 


Houche, 




Jfoussu, 




Assa, 


allons. 



CHAPITRE XII 

I>E L'ORTHOGRAPHE 

Les paysans foréziens parlent le patois comme le 
parlaient leurs pères, beaucoup moins bien cepen- 
dant, mais sans se douter davantage que la gram- 
maire soit Part qui enseigne « à parler correcte- 
ment. » Nous n'ajoutons pas « et à écrire correcte- 
ment, » car nos auteurs patois n'avaient pour guide, 
en écrivant leurs œuvres, que leur fantaisie ou une 
méthode personnelle ; et ça été bien pis quand les 
éditeurs s'en sont mêlés. Le Ballet forézien, les 
poésies des Chapelon, et les publications plus mo- 
dernes elles-mêmes sont un mélange incohérent de 
lettres et de mots à défier la sagacité du philologue 
indigène le plus patient et le plus habile. 

L'essai grammatical placé à la suite de notre 
glossaire n'a point, on le pense bien, la prétention 
d'établir des règles invariables pour parler ou écrire 
le patois. 

En effet, cette question de l'orthographe présente 
des difficultés multiples que la langue française 
même est bien loin d'avoir résolues, puisque, de 
l'avis des plus savants philologues, nos grammaires 



182 

et nos dictionnaires français, sans exception, sont 
dépourvus de toute pensée critique et remplis d'in- 
conséquences. Une bonne orthographe serait celle 
qui n'emploirait que juste assez de lettres pour dé- 
terminer d'une manière précise la prononciation 
d'un mot et en rappeler Pétymologie. 

Il n'existe que trois systèmes pour atteindre à la 
solution de ce problème complexe. 

Le premier consisterait à écrire une langue abso- 
lument comme on la prononce. Ce système qui avait 
été souvent proposé , et notamment par des nova- 
teurs du xvi e siècle, n'a jamais pu aboutir. Cette 
uniformité d'écriture et de prononciation, ce rap- 
port de l'orthographe au langage n'existe dans au- 
cune langue. Il est encore moins possible en patois. 
La première et principale raison, c'est qu'il faudrait 
faire un dictionnaire spécial pour chaque localité 
d'un pays, quelquefois même pour chaque quartier 
d'une seule ville. 

Le second système, qui n'est applicable qu'à un 
petit nombre de mots, est celui de l'étymologie. 
Mais il présupposerait une connaissance parfaite de 
l'origine de chaque mot : ce qui n'existe pas. Il de- 
viendrait même impossible en certains cas, par 
exemple pour les étymologies du roman , dont la 
propre orthographe n'a jamais été fixée. 

Reste une troisième méthode pour écrire le pa- 
tois : c'est d'essayer de rapprocher l'orthographe 
des mots patois des mots français correspondants. 

Quoiqu'il présente certainement des inconvé- 
nients, ce système a néanmoins cet avantage réel de 



183 

faciliter la lecture du patois et de défigurer beau- 
coup moins nos idiomes que la prétendue orthogra- 
phe celtique dont on a voulu parfois les affubler. 
La multiplicité des consonnes A, k 9 etc., des traits 
d'union, des apostrophes, ne suffit pas pour donner 
à une langue le caractère qui lui est propre. 

On comprendra sans peine, que les patois étant 
des dialectes qui n'ont jamais été fixés d'une ma- 
nière précise comme les langues qui ont laissé des 
monuments littéraires, et qui ont été élaborées par 
une pratique constante et séculaire, doivent être par 
conséquent plus difficiles à orthographier. 

En présence de ces obstacles, nous avons adopté 
un moyen terme. Ainsi nous avons, suivant les exi- 
gences, fait des emprunts à chacun de ces trois 
systèmes. Dans le glossaire, nous avons ramené les 
mots à une orthographe à peu près uniforme et ré- 
gulière, sans tenir compte des variations qu'ils peu- 
vent subir dans les divers dialectes. Les mots chiôra, 
chuera % chuta, chabre, ne pouvaient fournir des 
articles spéciaux, non plus que anheu, anhui , 
anhot, anhei, qui sont des formes différentes d'un 
même vocable. 

Cependant, dans le chapitre consacré à la géo- 
graphie des patois, nous avons dû suivre une mé- 
thode différente, en raison même du sujet, et nous 
avons écrit les mots comme ils se prononcent, tout 
autant du moins qu'il a été possible de le faire. 



TROISIÈME PARTIE 



HISTOIRE LITTERAIRE DU PATOIS 



CHAPITRE PREMIER 



3^ 



ORIGINES ET IMPORTANCE DU PATOIS 

Le patois forézien est un dialecte néo-latin dans 
lequel sont restés cependant un très-grand nombre 
de mots appartenant à l'idiome parlé primitivement 
dans nos contrées. 

Quelques exemples nous suffiront pour démon- 
trer ce fait. On trouvera dans l'exemple suivant les 
rapports incontestables qui existent entrç le latin 
et le patois : 

Aborior, abouriao; adducere, addure; allocare, 
allongé; œquare, egud; alapa, amplan; anilis, 
aneille; antequam, anqueu; ara tus, arat; aries, 
aret; aperire, erî; atria, aîlres; aura, aura; cal- 
care, chauchâ; catena, cadèna; cathedra, cathière ; 
carabilis (via), chareire; cibus, civada; congeries, 
congère; cundire, cundire; comparare, comprâ; 
coma, coma; expectare, appeitâ ; expelli, epeli; 
flatus, fiai; galina, jalena; hortus, hort ; foras, de 
fô; latus, lai ; mulgere, mouijre; mustella, mou- 
liale; noctua, nôque; quanti, quant; paries, parei; 
retrahere, retraire; sadus, sade; subrigare, soubri; 



188* • 

timere, temà; trabes, trat; translucere, Iralure; 
trolium, treuil; trivium, treive; viscum, vaque, etc. 

Des analogies non moins frappantes existent en- 
tre le patois et l'espagnol : 

Apio, api; arpa, arpa; acallar, acalld; acuchar, 
acuchâ; agradar, agradâ; a fan, afan; agardiente, 
aguardiente ; andana, andain ; aparar, aparâ;h%- 
dulaque, badolat; bambanear, bambanâ; barrio. 
barri; bellote, belot; botta, boula; bofetada, bouf- 
fettes ; carcamella , carcavella; canasta, canestar; 
eabestro, chab; cavar, chavâ; chico, chichon; chis- 
quete, chiquet; quesera, chasaere ; escoba, ecoubat; 
encachar, enganâ; faron, faron; gorgojo, gour- 
guillon; gorrona, gourinna; ningun, nengun; loso, 
losou; mezclar, média; moro, mouret; niebla,mt- 
ble; novia, novie; rascar, râche; raiz, rage; rego- 
nar, rejonioux; rengo, renquël; rio, rio; roncar, 
ronchâ; # eebadura, sebodura; serrar, sarrâ; ta pon, 
elapon; tijeras, tazouères; tinaja, tinailli, etc. 

Il en est de même pour l'Italien : 

Bicchiere, bichi; boccone, boccon; galuppo, ga- 
loupa; gridare, gridâ; gona, gônot; à gorgota, à la 
gorgolla; loffa, louffa; magnano, magnen; malen- 
conico, malencogni ; marcire, marsî; merenda, ma- 
renda; minestrare, menelrâ; morello, moreilli; 
ora, ores; ortaggio, hortolageou ; pastinana, pas- 
tonnade; potare, pouer; poggiare, pouya; poppa, 
poupa; ranto, ranquet; ricotta, rigotte; riota, riota; 
quassu, thi-assus; tinaja, iina; tiranneggiare, ti- 
rancht; tracollo, tracolla; traforare, traforâ; tra- 
gettare, trageâ; vite-bianca, vigne-blanc, etc. 



189 

Pour les langues que Ton a appelées celtiques, il 
est plus difficile de faire des citations certaines. Ce- 
pendant, voici quelques mots authentiques: 

Àstell, accourt, adoba, auch, aireach, ariar, auch, 
barr, beina, bel, bour, bul, bog, bruson, briaw, 
brancell, bucla, euch, cos, cal, eau, cai, cora, 
dailli, farr, fallig, far, gour, galach, gluen, ga- 
rhouein, ging, glaff, gorre, gouil-laith, gouhin, go y, 
ing, jail, keina, laisch, mâcha, regoni, ridourès, 
ram, sal, sagne, suc, strouill, tach, tinhau, g w cr- 
ue, etc. 

Ces vocables ont évidemment donné naissance 
aux mots patois qui suivent : 

Etelle, accore, adouba, auch,area, aria, barri, 
boena, boureiri, breson, se brancellà, brave, buelà, 
cale, eaux, cayon, clœu, se couerli, couevou, cou- 
rai, dailla, faron, garna, gerla, gïnguà, gliafa, gorre, 
gourd, goye, patella, peilla, per, poy, rachi, rama, 
sagni, sarrâ, seilli, tachi, tina, tôma, varne, etc. 

Nous ferons observer à ce propos que nous ne 
prétendons pas donner comme incontestables toutes 
les élymologies que nous avons insérées dans notre 
glossaire. Nous n'affirmerions pas, par exemple, 
que le mot purement lyonnais de gone, enfant, ga- 
min, vienne du hottentot gona qui a la même signi- 
fication; que le mot d'argot rigoler soit tiré du 
sanscrit, ce qui pourrait cependant se démontrer. 
Nous ne dirons pas non plus avec l'abbé *** que 
le mot sac, qui se retrouve dans toutes les langues, 
se soit ainsi conservé jusqu'à nous, parce qu'à l'épo- 
que de la dispersion des peuples et de la confusion 



190 

des langues, sous les murs de Babel, personne n'ou- 
blia d'emporter son sac ! 

Ménage avouait qu'il avait cherché pendant 56 
ans d'où vient ramberge , dans la signification de 
certain goût ou certaine odeur de melon, sans pou- 
voir trouver cette étymologie. Le brave homme y 
perdit son temps et son latin. 

Si les étymologistes ont été parfois puérils et ri- 
dicules, la faute en est à eux-mêmes. Au moins, 
Rabelais savait échapper à ce reproche, en mêlant 
la plaisanterie à ses dissertations scientifiques : 
« Car trincq est ung mot panomphée célébré et 
« entendu de toutes nations, et nous signifie beu- 
« vez. Vous dictes en yostre monde que sac est 
« vocable commun en toute langue, et à bon droict, 
« et justement de toutes nations reçu. Car, comme 
« est l'apologue d'Esope, touts humains naissent 
« un sac au col, souffreteux par nature et mendians 
« l'ung de l'aultre. » 

Quoi qu'il en soit de la valeur de quelques-unes 
de nos étymologies patoises, on reconnaîtra, par 
les exemples certains que nous avons donnés, que 
notre dialecte forézien, formé d'éléments aussi ri- 
ches et aussi variés, aurait pu devenir une langue 
proprement dite, s'il eût pu atteindre à un degré 
suffisant de perfection de forme et de syntaxe gram- 
maticale, et s'il eut produit des écrivains assez puis- 
sants pour l'élever à ce double résultat. 

On a dit bien souvent que si Paris se fut trouvé 
sur la rive gauche de la Loire, nous autres Français 
parlerions aujourd'hui patois... 



n 



191 

Néanmoins, dans son rôle modeste de dialecte 
oublié, le patois étudié sérieusement peut prêter à 
la science quelques lumières et quelque secours. 

Nous ne voulons même pas parler de cette impor- 
tance capitale que tous les patois peuvent présenter 
au point de vue de l'ethnologie et de l'étude géné- 
rale des langues européennes, ou de l'étude spéciale 
du français. Quelques intéressantes que puissent 
être de semblables recherches, nous n'essaierons pas 
de les poursuivre. Un pareil travail demanderait à 
lui seul. plusieurs volumes et des connaissances plus 
étendues, un savoir plus profond que 

Nous voulons nous borner à signaler quelques 
aperçus curieux qui indiqueront pour le patois une 
utilité dont l'application est plus immédiate. 

L'histoire locale pourrait y trouver des éclaircis- 
sements qu'on chercherait vainement ailleurs. Nos 
vieilles chartes, depuis le xn e jusqu'au xvi e siècle, 
contiennent une foule de mots d'un usage purement 
local, et que Ducange n'a pu connaître. Nous trou- 
vons, dans certains actes du Cartulaire de Savigny, 
le mot lista pour désigner une mesure de vigne : 
c'est la lile actuelle du Forez. Papon emploie, dans 
ses arrêts, les mots vée> (os, etc., « chose, propriété, 
acqueduc, conduit, » que le patois dit encore veya, 
ton. On trouve dans l'historien La Mure le mot 
potier, en patois pouâ, pour « tailler la vigne. » Et, 
de nos jours, les annonces judiciaires contiennent 
souvent la mention « sous les heurts, » sous les jar- 
dins, qui appartient au langage vulgaire. Nous n'in- 
sisterons pas davantage sur ce point. 



192 

La géographie provinciale deviendrait aussi , à 
l'aide du patois , d'une étude plus claire, plus fa- 
cile et surtout plus méthodique. 

En jetant les yeux sur le dictionnaire géographi- 
que du Forez, on est frappé du retour des mêmes 
noms appliqués à des lieux quelquefois fort éloignés 
les uns des autres. Ainsi, les deux Cornillons, l'un 
au nord, l'autre au sud du Forez; la Roche-Cor- 
bière, à Rochetaillée ; la Roche-Corbine, à Boën, de 
même que les Poyet, les Crozet, etc., ont certaine-' 
ment la même étymologie. Quelques-uns de ces 
noms sont empruntés au règne végétal. St-Bonnet- 
de-Couraux signifie St-Bonnet-des-CV*énes, du patois 
coura; le nom d'un hameau voisin, la floure (lat. 
robur, chêne), confirme l'exactitude de cette éty- 
mologie. Les villages de la Chassagne portent le 
même nom (en patois, chas son, chausse, chêne). 
Fraisse, fraissinet, est le nom patois du frêne ; olla- 
gnier, celui du noisetier; garnier, celui du pin; 
fau, fayard, fayolle, celui du hêtre ; vargnon, ver- 
nois, la vernade, le vernet, celui de l'aulne, etc. 

Les noms suivants : les Frans, les Essarts, Esser- 
lines, Issartaise, signifient bois et terres défrichés. 

Ceux des Flaches, Flachères, les Sagnes, Pramol, 
Solaigue, Àveise, Aveysieux, indiquent un sol hu- 
mide ou des prairies marécageuses. 

Les noms purement patois de Chambon, Varen- 
nes, Verchère, Chaninat, Bourgchanin, Champas, 
Champages, indiquent la nature bonne ou mauvaise 
du terrain. 

L'établissement, dans l'origine, d'une ferme ou 



j 



193 

d'une chaumière dans une localité, a produit les 
noms de lieux qui suivent : le Mas, Mazet, la Chaise, 
Chasal, Chazaux, Chazelles, Cazalet (de mamm et 
casa, habitation et chaumière). 

C'est à regret que nous nous arrêtons dans cette 
nomenclature de noms de lieux qui nous entraîne- 
rait trop loin. Car nous ne connaissons rien de plus 
intéressant que cette étude géographique de son 
pays, qui est impossible sans la connaissance du 
patois. 

La géographie générale de la France a tout à 
gagner dans ces études de géographie provinciale. 
Les cartes du Lyonnais, du Beaujolais, du Velay, de 
la Bresse, du Dauphiné, nous offrent une multitude 
de noms qui se retrouvent en Forez souvent identi- 
quement les mêmes, quelquefois avec de simples 
différences de terminaison. 

Ces différences sont du reste soumises à des règles 
qu'il serait peut-être possible de généraliser. 

En Lyonnais, par exemple, beaucoup de noms 
anciens se terminent en y : Marcilly, Savigny, Le- 
gny, Grigny, etc. 

Dans la plaine du Forez, nous trouvons : Marcil- 
lieu, Savigneux, Leignieu, Grézieux, indépendam- 
ment de la première forme, dont il existe aussi 
quelques exemples. Le patois les confond du reste 
dans la même prononciation : Savigny et Savigneux 
se prononcent Savignaô. 

Dans les montagnes du Forez, les noms affectent 
la finale ec : Bransiec, Seyssiec, Legniec, Reriec, 
Uliec, Sommeriec, etc. En approchant du Velay et 

13 



194 

de l'Auvergne, la terminaison ac est dominante. 

Cette dernière forme est la plus primitive ; ac, 
latinisé en acus, par les Chartes du Moyen-Age, 
signifie, en Celtique, habitation. La première partie 
du mot est ordinairement un nom propre, et pour 
les localités anciennes, peut-être celui d'un affran- 
chi gallo-romain : ainsi Marcelli-ac, Sabini-ac, si- 
gnifierait habitation de Marcellus, de Sabinus (1). 

Il n'est pas jusqu'au blason, science trop négligée, 
qui ne puisse trouver d'utiles renseignements dans 
le patois. Sans parler des termes que cette science 
a empruntés à la langue romane, et qui peuvent être 
restés dans nos idiomes, les armoiries parlantes de 
plusieurs familles foréziennes seraient incompré- 
hensibles sans l'aide du patois. 

Quelques exemples suffiront pour démontrer que 
notre proposition est sérieuse. 

Grailhe de Montayma porte d'argent au hêtre de 
sinople, accompagné de deux grailles ou corbeaux 
de sable, etc. 

Chirat de Souzy : d'azur au lion d'or grimpant 
contre un chirat ou tas de pierres d'argent. 

Challaye : d'argent à une main tenant trois ra- 
meaux de challaye ou fougère au naturel, etc. 

(1) Il serait facile d'étendre cette observation à d'autres 
départements. Dans celui de l'Ain, par exemple, l'ancienne 
Dombcs a conservé les noms en ieux : Savignieux, Mizericux, 
Reyrieux, Parcicux, etc. Dans la Bresse, les noms se termi- 
nent fréquemment en at : Mezeriat, Ceyzeriat, Chavcyriat, 
Montagnat, etc. Et nous trouvons enfin, dans les montagnes 
de Gex, Çhalex, Ornex, Echevenex, Lelex, etc. 



195 

Les Ollagnier ont un noisetier ou ollagnier dans 
leur blason; les Fayard, Fayeul, La Faye, un fayard 
ou hêtre; les Vernes de Puylaurens, Verne de Ba- 
chelard, La Vernade, etc., un verne ou aulne; les 
Chausse de Sommeriec, un chausse ou chêne, etc. 

Telles sont les observations principales que nous 
avions à présenter au sujet de l'utilité que diverses 
sciences peuvent trouver dans l'étude de nos dialec- 
tes patois. 



CHAPITRE II 



^&- 



DIALECTES DU PATOIS FOREZIEN 

Le patois du Forez appartient à la langue d'Oc, 
non-seulement par les caractères généraux du lan- 
gage, mais encore par la similitude frappante des 
idées, des images, des locutions proverbiales, enfin 
par une parenté de mœurs incontestable. Quelques 
chartes de la fin du xm e siècle, écrites en langue 
vulgaire, nous prouvent qu'à cette époque le lan- 
guedocien était compris et conséquemment parlé 
dans le Forez. 

A la vérité, nous ne pouvons pas dire avec les 
Provençaux : 

« La langue nationale vient d'éclore ! *> 

Non : notre patois, depuis longtemps, bat en 
retraite devant la langue française. N'ayant ni Jas- 
min, ni Mistral pour le reconstituer, il se dénature 
incessamment sous l'influence de la civilisation, et 
bientôt il n'aura plus d'existence à lui. 

La multiplicité des dialectes qui le composent 
est, à notre avis, une preuve évidente de décadence. 

Pour l'étranger, tous nos idiomes foréziens pa- 



197 

missent identiques, mais les nuances qui les distin- 
guent sont parfaitement perceptibles pour l'oreille 
des indigènes, à tel point qu'un paysan, pour peu 
qu'il s'éloigne de son village, est de suite reconnu 
à son accent, et qu'on peut lui dire, sans crainte 
de se tromper : « Vous êtes de tel endroit. » 

Une chose qui parait d'abord invraisemblable, 
c'est que, dans une même ville, les habitants des 
divers quartiers ne parlent pas précisément le même 
dialecte. Les corporations, les professions héréditai- 
res ont conservé des idiotismes particuliers. Nous 
n'en voulons pour preuve que le jargon des bou- 
chers de St-Etienne, bien différent du patois gaga : 
la légende malicieuse prétend qu'ils ont eu un singe 
pour professeur. Â Mon tb ri son, les patois des fau- 
bourgs de la Croix et de la Madeleine, des quartiers 
de Bourgneuf et de la Porcherie, offrent des varian- 
tes analogues. Les villages de Moingt, d'Ecotay, de 
Champdieu, qui en forment pour ainsi dire la ban- 
lieue, se trouvent dans le même cas. Il y a trois 
patois différents au Chambon; et à Roanne, qui 
pourrait confondre un marinier avec un simple 
citadin, en les entendant causer? 

Il ne faut pas croire, en effet, que le voisinage de 
deux villages établisse entre eux une communauté 
de langage. Les patois de Beaulieu, près de Bourg- 
Argental, et de Sury, ressemblent beaucoup plus à 
celui de St-Etienne que celui de quelques localités 
voisines, Tarentaise ou St-Genest, par exemple, 
dont la forme est tout-à-fait montagnarde. St-Genis- 
Terrenoire est voisin de Rive-de-Gier, et pourtant 



198 

le parler sourd et nasal des habitants de ce village 
sonne désagréablement aux oreilles des Ripagériens. 
A Jonzieu, on ne se sert pas des pronoms dans les 
conjugaisons; ils sont usités dans le village le plus 
voisin. 

On peut prévoir dès lors que le classement admi- 
nistratif est loin de cadrer avec les limites philolo- 
giques, dont les causes sont bien étrangères à celles 
qui ont présidé aux circonscriptions territoriales. 

Nous avions eu, de prime abord, l'intention de 
classer les divers dialectes du Forez, en les rame- 
nant à des règles générales, en dressant des tableaux 
où chaque prononciation se touvàt indiquée. Mais 
ce travail, outre qu'il était fort long, présentait aussi 
de grandes difficultés, comme on peut en juger par 
un simple fait. 

Les patois de Feurs, de St-Germain-Laval et de 
St-Just-en-Chevalet, offrent des affinités frappantes. 
Considérés dans leur ensemble, c'est la même lan- 
gue. Ainsi, ceufse prononce ué dans ces trois loca- 
lités. Mais bœuf se dit buai à St-Just, et bou à St- 
Germain et à Feurs ; chèvre se dit chûre à Feurs, et 
chiara à St-Just; yeux se prononce ayes à St-Just, 
yeux à Feurs, et aès à St-Germain ; ainsi de suite. 

En présence de résultats aussi peu positifs, on 
tombe immédiatement dans la confusion. Si certains 
sons paraissent entrer dans une combinaison préa- 
lablement adoptée, d'autres mots, au contraire, ne 
suivent pas du tout le même système. 

Après bien des essais infructueux, nous avons 
renoncé à notre projet. Tel idiome ressemble à tel 



100 

autre : voilà le fait; l'explique qui pourra. Cette 
explication n'est pas impossible, nous en sommes 
convaincus, mais nous devons avouer qu'un pareil 
travail nous a effrayé. On trouverait probablement, 
dans ces variations inexplicables, des études d'eth- 
nologies fort intéressantes, mais ici surtout nous dé- 
clinons notre compétence. 

Toutefois, on peut établir de grandes divisions, 
basées sur des principes certains et universellement 
reconnus. 

Les montagnes qui avoisinent le Velay et l'Au- 
vergne ont conservé un langage plus pur et plus 
Aiergique. Celui d'Usson se fait remarquer par une 
foule de mots originaux, une grande quantité de 
diminutifs, par la forme auvergnate des verbes, les 
v changés en 6, les d durcis, le pluriel des noms 
féminins, etc. Celui de Jonzieu, sur les limites du 
Velay, offre les mêmes caractères. On peut ranger 
dans la même catégorie les dialectes des montagnes 
de St-Bonnet-le-Chàteau : Périgneux, Luriec et St- 
Jean-Soley mieux; ce dernier affecte des tournures 
espagnoles et nous a paru fort harmonieux, surtout 
en comparaison de celui de Marols, village qui ne 
se trouve qu'à quatre kilomètres du précédent. 

Les dialectes de la plaine du Forez sont plus 
lents, plus fades, moins accentués. Si Ton veut 
trouver le vrai patois forézien, sans trop d'altéra- 
tion, il faut aller le chercher dans les montagnes 
de St-Georges-en-Couzan et Chalmazelle, de St-Just- 
cn-Che valet et Cremeaux; car dans les villes de no- 
blesse, de bourgeoisie ou de chicane, comme à 



200 

Montbrison, le français officiel a laissé de profon- 
des traces. 

Les villes manufacturières, au contraire, ont plus 
énergiquement résisté à celte invasion. Sant-Thiève, 
Revardegiy Sant-Chaumont et Gibors parlent un lan- 
gage sonore et criard, un vrai patois de forum, de 
marché public. A St-Etienne, une des principales 
villes de France, le patois est encore profondément 
enraciné; ouvriers et patrons lui conservent une 
égale affection. 

Dans ce qui précède, nous avons omis de parler 
du Roannais. C'est qu'en effet le Roannais ne rentre 
pas dans notre classement philologique. Il appar- 
tient au Bourbonnais, et cette province, si nous ne 
nous trompons, fait partie du pays de langue d'Oil. 
Là, sauf Tidiome professionnel des mariniers de la 
Loire, sauf l'accentuation, le zézaiement, etc., le 
langage n'est que du français dénaturé. La ligne de 
démarcation entre le Nord et le Midi n'est pas nette- 
ment établie, mais on pressent qu'on n'a que quel- 
ques pas à faire pour l'avoir dépassée. 

On comprendra facilement que l'étude géographi- 
que de nos patois, même en la restreignant aux 
grandes divisions que nous venons d'indiquer, de- 
manderait un volume. Nous nous contenterons de 
donner ici quelques spécimens des divers dialectes 
du Forez : chansons, fables ou contes, copiés aussi 
soigneusement que possible, quant à la prononcia- 
tion. La traduction accompagnera les plus difficiles. 



§ I. PATOIS DE LA MONTAGNE 



JLiE PtiJEQlST-^OXJOlVET 

(Conte en patois d'Usson) 

Ein co y aya na fenna qu'aya tris pitits. Se voulia 
dipeitâ de vun; lous envouyé eu béu et lious bailé de 
pis per semenâ per le tchami. Aya dit du dous prou- 
miers : < Semenaris aquelous pis per recounûtre votre 
tchami. Agneré bian loin et laissaris le petiot guiens 
le béu. t 

Lous pitits faguéron aquo que la mère lous aya die. 
Laissaron le pitiot quiens le béu. Mas le pitiot Plen- 
Pougnet, quand vegué que sous frères eron parti, pren- 
gué ein tchami et se souvengué qu'ayan semenâ de pis 
et courigué djuqu'a qu'agué troubà le tchami. Se rende 
vez tchiez-se, troubé la porta sarra et tacouné à la fe- 
nôtra. 

La mère fugué tout attrapa de le vire arriba; criava : 
« More, bada-me. » 

La mère gli badé et gli digue : « D'ont venis, mon 
pitiot? i Et se, gli conté que sous frères Payon perdu. 
Era tout mouilla. Sa mère alliumé le fiât et le fagué 
tcbéufâ. 

Le lendema, lous tourné envouyâ eu béu et lious 
digue de le perdre per tout de bon, et le perdéron. 

Plen-Pougnet, en s'en vegnî, troubé ein biéu qu'ap- 
pelavan le Biéu-Mouré. S'era asseta derrière na pari, 
et le biéu le prengué per ein chardon et l'avalé. 



202 

Le lendema, sa mère agui ein remords de conchensa; 
tutta la neu aya vegu le diable que l'empourtava. 

Se boute à charcha son pitiot, et le sunnava : c Plen- 
Pougnet, vont sei ? » 

En le sunna, passé djouta le Biéu-Mouré, et se, gli 
riponde : « Sei guiens le ventre déu Biéu-Mouré. » 

La mère se désulava de senti son pitiot guiens le 
ventre déu biéu. Sabbia pas couma faire per l'avî, 
quand tout d'ein vun co, le Biéu-Mouré fagué vun 
bousat, et Plen -Pougnet ley se troubé. 



TRADUCTION 

Il y avait une fois une femme qui avait trois enfants. 
Voulant se débarrasser de l'un d'eux, elle les envoya au 
bois et leur donna des pois pour semer par le chemin. 
Elle avait dit aux deux aînés : < Vous sèmerez ces pois 
pour reconnaître votre chemin. Vous irez bien loin et 
vous laisserez le plus jeune dans le bois. » 

Les enfants firent ce que la mère leur avait dit. Ils 
laissèrent le petit dans le bois. Mais le petit Plein-Poing 
(gros comme le poing), quand il vit que ses frères étaient 
partis, prit un sentier et se souvint qu'ils avaient semé 
des pois, et il courut jusqu'à ce qu'il eût trouvé son 
chemin. Il se rendit chez lui, trouva la porte fermée et 
frappa à la fenêtre. 

La mère fut toute surprise de le voir arrivé; il criait : 
t Mère, ouvrez-moi. » 

La mère lui ouvrit et lui dit : « D'où viens-tu , mon 
enfant? » Et lui, raconta que ses frères l'avaient perdu. 
Il était tout mouillé. La mère alluma le feu et le fit 
chauffer. 



303 

Le lendemain, elle les envoya de nouveau au bois et 
leur dit de le perdre pour tout de bon, et ils le perdi- 
rent. 

Plein-Poing, en s'en retournant, trouva un bœuf 
qu'on nommait le Bœuf-Noir. Il s'était assis derrière 
un mur, et le bœuf, le prenant pour un chardon, 
Tavala. 

Le lendemain, sa mère eut un remords de conscience; 
toute la nuit elle avait rêvé que le diable remportait. 

Elle se met à chercher son enfant, et l'appelait : 
t Plein-Poing, où es-tu ? » 

En l'appelant, elle passa près du Bœuf-Noir, et l'en- 
fant lui répondit : « Je suis dans le ventre du Bœuf- 
Noir. » 

La mère se désolait de sentir son petit dans le ventre 
d'un bœuf, et ne savait comment faire pour l'en sortir, 
quand tout d'un coup le Bœuf-Noir fit une bouse, et 
Plein-Poing s'y trouva 1 

Ce conte est peut-être inférieur comme esprit et 
comme intérêt au « Petit-Poucet, » de Perrault, 
mais il nous parait ne pas manquer d'une certaine 
fraîcheur native. Il ne faudrait pas croire, en effet, 
que ces fabliaux soient des réminiscences du spiri- 
tuel conteur dont nos paysans n'ont jamais ouï par- 
ler; ce fut lui, au contraire, qui s'inspira des tra- 
ditions du peuple. Le Petit-Poucet est populaire 
dans nos montagnes. Nous en avons entendu ra- 
conter la légende avec une foule de variantes. En 
voici quelques fragments empruntés au patois de 
St-Jean-Soleymieux. Le nom du héros est légère- 
ment modifié, mais il a la même signification. 



204 

c Le Gros-d'in-Pion parâve in bio; s'ére bittot der- 
rier in tsau. En mindzant le tsau, le bio mindzé le 
Gros-d'in-Pion. Le maître tua le bio, et le tsat que pas- 
set, tourné mindzâ le Gros-d'in-Pion. » 

Le voyage de l'enfant continue. Le cbat fut tué, et 
le chien mange de nouveau le pauvre Gros-comme-le- 
Poing. Hais le loup dévora le chien : nouveau change- 
ment de domicile. 

« Vetiot que lou Lu n'êre bian ennuyot; pouyë pas 
mindzâ lous moutous couma lz autres. Quand allâve 
vez les bardzères, le Gros-d'in-Pion, qu'ère dins son 
ventrou, guélâve : gara, gara, que lou Lu vint mindzâ 
voutrés feyes. 1 

Dans cette situation critique survint le compère Re- 
nard qui conseilla au Loup de passer entre deux pins 
lrès~rapprochés l'un de l'autre, afin que la pression pût 
le délivrer d'un hôte aussi incommode; ce qui fut fait. 

Le c Gros-d'in-Pion » eut aussi une aventure avec 
des voleurs. Il était monté sur un arbre. 

c Au y oyit de vouleurs qu'ayan voulot d'ardzent, 
et l'alIèron partadzâ dins lous boés. Au dizion au maî- 
tre vouleur : baille me iquen mî (bis). Le Gros-d'in-Pion 
qu'ère â la cimo, dizé : et iquen mî (ter). » 

Le maître voleur tua un de ses camarades, de colère; 
mais l'enfant criait toujours : c et ma part. » Si bien 
que le chef des voleurs, après avoir tué tout le monde, 
jeta, dans sa fureur, l'argent au pied de l'arbre, et 
s'enfuit. 

Le petit bonhomme descendit et ramassa l'argent 
c que fuguère tout par se. » 



LA PITETA ET LE LOUP 
(Conte en patois d'Usson) 

Ein co, ly aya na piteta qu'anava vire sa grand'- 
mêre; aya ein pite pagnelou an te ly ayont bouta de- 
guiens ein pite burou et de froumadjous. Quand fugué 
en tchami, rencountré le loup que gli digue : von vas 
piteta? 

— t Vaou vire ma grand'mêre. 

— t Que gli porté, piteta? 

— « Ein burou et de froumadjous. 

— c De quun tchami volis passa? d'aque de las 
peirettas ou de las épieunettas ? 

— c D'aque de las épieunettas, per gny n'en pourta. 

— t Mas ton panier t' empeitara. Baila-me le, ieu te 
le pour tarai. Vaou passa d'aque de las peirettas, et nous 
troubarens vô la porta de ta grand'mêre. » 

La piteta gli bailé le panier. Le loup courigué bian 
per arribâ le proumier. Quand fugué à la porta, ta- 
couné. La grand'mêre digue : quai i aquo ? 

— c Aquou ei votra piteta filla que vous vai vire. 

— c De que m'addiusi, ma piteta? 

— c Ein burou et de froumadjous. 

— c Téra la bobinetta et le Uiquet toumbara. » 

Le loup le fagué, entré, et quand fugué deguiens, 
tourné sarrà la porta et tué la grand'mêre. Bouté soun 
sang guiens vun plat sous la teula, et sa vianda guiens 
le placard, quand n'agué prou mandza, et s'ané dzeira 
guiens le lei de la grand'mêre. 



206 

La pi te ta arribé, tacouné couma se, et le loup gli 
digue : téra la bobinetla, le lliquet toumbara. 

— « Que m'addiusi, ma piteta? gli digue le loup. 

— « Vous addiuse d'épieunettas. Vous addiuya ein 
burou et de froumadjous; ai trouba le loup que me 
lous a preis. Àya péure que me mandzesse et gli lous 
ai dunna. 

— « As bian fait, ma piteta. 

— t Grand'mêre, ai bian fouan. 

— c Bada le placard, troubaras de vianda guiens 
vun plat, et la mandzaras. » 

Le loup gli digue le temps que mandzava : 

— t Mandze la tchar de ta grand'mêre ! 

— « Que dézé, grand'mêre? que mandzavotra tchar! 

— « Te déze de bian l'accoueitâ per te vignî coutchâ. 

— « Grand'mêre, ai bian se. 

— « Bieuva guiens daquel plat qu'ei sous la teula. » 
Quand buvia, le loup gli digue : 

— t Bieuvis le sang de ta grand'mêre ! 

— « Ah! grand'mêre, de que diezé? que bieuve 
votre sang ! 

— t Non, te dieze qu'ai cent ans. 

— t Grand'mêre, ai bian souan. 

— « Vène te coutchâ dzauta ieu. » 

Quand la piteta fugué guiens le lei, troubé de tcham- 
bas tuttas bourruas. 

— « Grand'mêre, qu'avez de bourra per las tcham- 
bas? 

— c Aquou ei de vcgliessa, de trainessa. Ai tant 
traîna per le béu et per las terras. 

— t Grand'mêre, qu'avez las onglas londzas ? 

— « Aquou ei la vcgliessa, etc. 

— c Grand'mêre, avez las dents tant londzas? 

— « Aquou ei per te mandzâ. » 



207 

Et le loup mandze la piteta, et se n'ané bian coun- 
teint. 

Einque, quand troubaris per lous tchamis n'homme 
que vous véudra pourtâ votre pagnelou, Pacoutaris pas, 
faris votre tchami, perçaque vous poueira mandzâ. 



TRADUCTION 

Il y avait une fois une petite fille qui allait voir sa 
grand'mère. Elle avait un petit panier où on lui avait 
mis une petite molette de beurre et des petits fromages. 
Quand elle fut en chemin, elle rencontra le loup qui 
lui dit: où vas-tu, petite? 

— t Je vais voir ma grand'mère.. 

— « Que lui portes-tu, petite ? 

— «Du beurre et des fromages. 

— « Par quel chemin veux-tu passer? par celui des 
petites pierres ou par celui des épingles ? 

— « Par celui des épingles, pour lui en porter. 

— « Mais ton panier t'embarrassera. Donne-le moi, 
je te le porterai. Je veux passer par le chemin des pier- 
res, et nous nous trouverons à la porte de ta grand'- 
mère. i 

La petite lui donna le panier. Le loup courut pour 
arriver le premier. Quand il fut à la porte, il frappa. 
La grand'mère dit : qui est-ce? 

— « C'est votre petite fille qui vous vient voir. 

— « Que m'apportes-tu, ma petite? 

— « Du beurre et des fromages. 

— c Tire la bobinette et le loquet tombera. » 

Le loup le fit, entra, et quand il fut dedans, referma 



208 

la porte et tua la grand'mère. Il mit son sang dans un 
plat, sous la table, et sa chair dans le placard, quand 
il en eut assez mangé. Puis il s'alla coucher dans le lit 
de la grand'mère. 

La petite arriva, frappa comme lui, et le loup lui dit : 
tire la bobinette, le loquet tombera. 

— « Que m'apportes-tu, ma petite ? 

— « Je vous apporte des épingles. Je vous apportais 
du beurre et des fromages; j'ai trouvé le loup qui me 
les a pris. J'avais peur qu'il me mange, et je les lui ai 
donnés. 

— c Tu as bien fait, ma petite. 

— t Grand'mère, j'ai bien faim. 

— c Ouvre le placard, tu trouveras de la viande 
dans un plat et tu en mangeras. » 

Et pendant qu'elle mangeait, le loup lui dit : tu man- 
ges la chair de ta grand'mère I 

— t Que dites -vous, grand'mère? que je mange 
votre chair I 

— c Je te dis de te dépêcher, pour venir te coucher. 

— t Grand'mère, j'ai bien soif. 

— c Bois dans le plat qui est sous la table. » 

Et pendant qu'elle buvait, le loup lui dit : tu bois le 
sang de ta grand'mère i 

— t Oh ! grand'mère, que dites-vous? que je bois 
votre sang ! 

— « Non, je te dis que j'ai cent ans. 

— t Grand'mère, j'ai bien sommeil. 

— t Viens te coucher près de moi. » 

Quand la petite fut dans le lit, elle trouva des jambes 
toutes velues. 

— t Grand'mère, que vous avez les jambes velues? 

— c C'est de vieillesse et de fatigue. J'ai tant traîné 
dans ies bois et dans les terres. 



209 

— c Grand'mère, que vous avez les ongles longs ? 

— t C'est de vieillesse, etc. 

— c Grand'mère, que vous avez les dents longues ? 

— t C'est pour te manger. » 

Le loup mangea la petite et s'en alla content. 

Ainsi y quand vous trouverez par les chemins un 
homme qui voudra porter votre panier, vous ne Técou- 
terez pas, mais vous ferez votre chemin, parce qu'il 
pourrait bien vous manger. 



Comme comparaison, nous donnons ci-après le 
même conte en patois de St-Jean-Soley mieux. 



U 



LA PBTSITA ET LOU LU 
(Counte en patois de Sant-Djuan-Souleimi) 

Lequ'un dio? t lequel dis-je? » telle est la formule 
générale du conteur, embarrassé de choisir dans son 
répertoire. 

Ly ayit una fenna que luyeit sa petsita, et sous maî- 
tres ny feséront parie d'eclots de far. 

t Quand t'auras fignië tous eclots, t'eiras vez ta 
mère. » Quella petsita lous jeteit par les peires par 
lous cassa. 

Quand lous ayit cassot, s'en tornet. En tchemî, trou- 
vet lou Lu. 

— « Ount vais, petsita ? 

— c vez ma mère qu'eit malaoda. 

— « Par quun tchemî vollië passa? 

— « Voile passa par tchemî de les épingles; n'ei 
pourtaraè quauqu'une à ma mère. 

— « Et me passe par lou tchemî de les aiguilles. » 
Lou Lu arrivet à la porta et tabutet. 

— « Qu'ov eit? 

— « Eit me, mère. 

— « Petsita, tira le courdzu. » 

Lou Lu entreit et allit tue la mère. Au betteit le 
sang dïns na bichi et la tsar dïns la liète. Et se dzia 
dïns le let. 

Ores, la petsita arriveit. 



211 

Qu'ov eit ? 

Eit me, badâ-me, mère? 

Tira le courdzu. 

mère, qu'ai fam I 

Vais dïns le tirau, mindzarë tsar. 

mère, qu'ai sei ! 

Prends la bichi, ly a de vin. 

mère, qu'ai chùn 1 

Vins te dzère au me. 

mère, la granda bourra qu'ayez t 

Eit la vieil lessa, 

La trainessa 

Qu'ai tant trainot 

Pa lous bos. 

— t mère, quuné grands onglies qu'ayez ! 

— c Cou eit la vieillessa 

La trainessa 
Qu'ai tant trainot 
Pa lous bos. 

— t mère, quuné grand'dents qu'ayez t 

— « Aquou eit pa te mindzâ. • 
Et la mindzeit. 



IjA petite alouette 



(En patois de Luriec) 



Notro petito alouvetto 
Trop mati s'est leva, 
Oh ! dera, deri, dera. 

Chur na brantso de sauzo 
S'est alla reposa. 

La brantso y n'étant feble 
La laissot toumbâ. 

Rouchigneu sauvatche 
L'est alla leva : 

« Petito alouvetto, 
Te chiais faite ma. 

t Me chio brisa Taie, 
Nai lou cœur blessa. 

c Petito alouvetto, 
Que paurias mindza ? 

< De grans de dzanièvre, 
Si pouyas trouva. 

c Petito alouvetto, 
Pauras plus tsantâ. 



213 

c Qui ne sei pas Pâques 
Et le mais d'avria, 
Tournarae tsantâ. 

c Petito alouvetto, 
Pauras plus voulâ. 

c Quand lous blas sount grands, 
Que les beties tchangeont de piat, 
Que les filles voront tant se maria. 
Tournarae voulâ. 

« Petito alouvetto, 
Pauras plus nitsà. 

c Par délai les roches, 
Vez lous grands bala, 
Tournarae nitsâ; 

Quand ma mena sara grande, 
M'aidarant voulâ. » 



TRADUCTION 

Notre petite alouette, trop matin s'est levée, 
Sur une branche de saule s'est allée reposer. 
T^a branche étant trop faible,, l'a laissée tomber. 
Le rossignol sauvage est venu la relever. 

— c Petite alouette, tu t'es fait mal. 

— c Je me suis brisé l'aile, et j'en ai le cœur blessé. 



214 

— c Petite alouette, que pourrais- tu manger? 

— c Des graines de genièvre, si tu pouvais en 
trouver. 

— c Petite alouette, tu ne pourras plus chanter. 

— t Que Pâques revienne, et le mois d'avril, je 
recommencerai à chanter. 

— c Petite alouette, tu ne pourras plus voler. 

— c Quand les blés sont grands, que les bêtes chan- 
gent de peau, et que les filles ont tant envie de se ma- 
rier, je recommencerai à voler. 

— c Petite alouette, tu ne pourras plus nicher. 

— t Là- bas, derrière les roches, vers les grands 
genêts, je recommencerai à nicher; et quand mes en- 
fants seront grands, ils m'aideront à voler. 



LE PINSON ET I/ALOUE2TTE 

(Patois de Saint- Jean -Soleymieux) 

Le quissu et l'alovetta 
Se maridavon tout dous, 

L'enfant larirette, 
L'enfant lalirou. 

Quand venguèron d'epousâ, 
Au n'ayon ren pa dinâ, 

L'enfant larirette, etc. 

Délai n'en vint un gros lu, 
Au de bacon sus soun bras. 

Par de tsar n'en avans prou, 
Mais de pan, que farans nous ? 

Délai n'en vint un gros tchi, 
Au d'un pan tout entië. 

Par de pan n'en avans prou, 
Mais de vin, que farans nous ? 

Délai n'en vint le renard, 
Au soun barlet sous la quoua. 

Par de vin n'en avans prou, 
Ma dansers, que farans nous? 



216 

La piôse saute dau lie, 

En dansant jusqu'au planchî. 

Par dansers n'en avans prou, 
De violounaire que farans nous? 

Délai n'en vint un gros rat, 
Au soun violu sus le bras. 

Che me paras dau minau, 
Io toutcharin ben ïn pot. 

Dau minau te pararans, 
La minaude ne pouerot. 

Délai n'en vint un gros tsat, 
Qu'emporte lou petit rat. 



TRADUCTION 

Le pinson et l'alouette se marièrent tous deux. 

Quand ils revinrent d'épouser, ils n'eurent rien pour 
dîner. 

De là-bas vint un gros loup, avec du lard sous le bras. 

Pour de viande, nous en avons assez, mais pour du 
pain, que ferons-nous? 

De là-bas vint un gros chien, avec un pain tout entier. 

Pour du paip, nous en avons assez, mais pour du vin, 
que ferons-nous? 

De là-bas vint le renard, avec un baril sous la queue. 

Pour du vin, nous en avons assez, mais des danseurs, 
comment ferons-nous? 



217 

La puce saute du lit, en dansant jusqu'au plancher. 

Pour des danseurs, nous en avons assez, mais un 
joueur de violon, comment ferons-nous ? 

De là-bas vint un gros rat, avec son violon sous le 
bras. 

Si vous me défendez du chat, j'en toucherai bien un 
peu. 

Nous te défendrons du matou, et la chatte ne pourra 
rien sur toi. 

De là-bas vint un gros chat, qui emporte le petit rat. 



LES NOCES JOB L'ALOUETTE 
ET X>U PIGEON 

(En patois de Jonzieu) 



L'aréouvette et le pïndzou 
Faguèron un petit mariadzou, 

La tante Urlette, 
Faguèron un petit mariadzou, 

La tante Urlou. 

Quand au vïnguôron d'epousà, 
Au trouvèron rien par mindzâ. • 

N'en vûnt delaô le bourondjiais, 
Au sa mitso sous le brais. 

Pour de bon pain nous n'avons prou, 
Mais de viande quant ferons-nous? 

N'en vùnt delaô le boutiais, 

Au soun quarquiais sous le brais. 

Pour de viande nous n'avons prou, 
Mais de bon vin quant ferons-nous? 

N'en vùnt delaè le cabaretiais, 
Au soun baricot sous le brais. 

Pour de bon vin nous n'avons prou, 
Mais de verres quant ferons-nous? 



249 

N'en vùnt delaè le verriais, 
Au sous verres sous le brais. 

Pour de verres nous n'avons prou, 
Mais de danseurs quant ferons-nous? 

La piôse n'en sort dau lai, 

En sautant jusqu'au planchiais. 

Pour de danseurs nous n'avons prou, 
Mais de violon quant ferons-nous ? 

Le rat n'en sort dau greniais, 
Au son violon sous le brais, etc. 

Le reste de la cbanson n'offre rien de particulier. 



LE LU ET LE REYNARD 



(Conte en patois de Saint- Jean - S oley mieux) 



Le Lu au le Reynard ayit fait ïn essart de méto, en 
allant à Mountartchi. Quand meyon le blot, ayon bittà 
de burre dïns ina bitchi. Et le Reynard qu'avët ina 
tchïngletta au coué, dizit au Lu : c Me souonon par 
alla de baptisa. • Et aul alleit mindzâ le burre; n'in 
mindzève le quart. 

Et le Lu ny dizeit : c Coument s'appelle iquo petchit? 

— t S'appelle Quart-Mindzot. » 

Tornant mère de blot, n'in meyeron prou. Et le 
Reynard torne faire etchïnglâ soun etchïngle et dizit 
au Lu : c Me souotiont par alla de baptisa. » 

Et le Reynard alleit vez le burre, et n'in mindzeit la 
meto. 

Quand au vegnit, le Lu demandeit : c Coument s'ap- 
pelle iquo petchit ? 

— t S'appelle Méto-Mindzot, » dizit le Reynard, et 
torne mère de blot. 

Tôt d'ïn coua, torneit etchïnglâ sa cloutsetta et dizit 
au Lu : c Me souonon par alla de baptisa. » 

Au mindzeit tut le burre qu'ère dïns la bitchi, et 
ny tchia dedïns, et quand le Lu ny demandeit : c Cou- 
ment s'appelle iquo petchit qu'ant baptisât ? 

— « S'appelle Tut-Mindzot, que ny o ïn petchit pot> » 
dizit le Reynard. 



221 

Et le Lu preneit fam et al lot vire dïns la bitchi; au 
voulît mindzâ le Reynard. 

— c Me mindza pas, ny dizit-au, erïns dïns ïn char- 
nie que ly o bian de lard, mas ny oye ma ïn petchit partsu 
par passa. » 

Le Lu passeit tut de mêmou, et n'in mindzeit dépé 
que n'en poye plus passa. 

Et le Reynard au gueléve : « Couriez, couriez, que le 
Lu mindze tut votrou lard. » 

Ley courrèron au de barres, mas le Lu s'in sauveit, 
et torneit voulî mindzâ le Reynard. 

Au 11 i dizët : « Me mindza pas, io te menarai dïns ïn 
endrët que ly o bian de trueites. » 

Ly attacheron un pagni à la quoua, et au lie de ly 
bittà de trueites, ly bitteron de peires et ly arratche- 
ron la quoua. 

c Iquo coua, dizeit le Lu, te volou mindza. 

— € Me mindza pas, dizeit le Reynard, te farai bittâ 
ina quoua cTétoupa, et te menarai dïns na font que ly o 
bian de burre. » 

Et que n'era ma ina peira blantchi. 
Le Lu sauteit dedïns et s'in niyeit. 
Les bardzères fezèron ïn barnau. 
Et mes cardes ny demourèvon 



TRADUCTION 



Le Loup avait fait un défrichement avec le Renard, 
sur la route de Montarcher. Quand ils moissonnèrent 
le blé, ils mirent du beurre dans un pot (pour leur 
repas). Le Renard, qui s'était attaché une clochette au 



222 

cou, dit à son compagnon : « On m'appelle pour aller 
à un baptême. » Il alla manger le beurre et en dévora 
le quart. 

A son retour, le Loup lui dit : « Gomment se nomme 
l'enfant? 

— c II se nomme Quart-Mangé. » 

Ils recommencèrent à moissonner et firent assez d'ou- 
vrage. Puis le Renard agita de nouveau sa sonnette en 
disant : c On m'appelle pour un baptême. » 

Et le Renard retourna vers le beurre et en mangea 
la moitié'. 

Quant il revint, le Loup lui demanda : « Comment 
nomme-t-on cet enfant? 

— c II se nomme Mi-Mangé, » etc. 

Bref, le Renard recommence le même manège et 
mange le reste. Puis il remplit le pot 

Mais le Loup prit faim, et quand il connut le tour 
que lui avait joué son associé, il voulut le manger. 

— « Ne me mange pas, dit le Renard, nous irons 
dans un charnier où il y a beaucoup de lard, mais il 
n'y a qu'un petit trou pour passer. » 

Le Loup y passa quand même, et mangea jusqu'à ce 
qu'il ne put plus sortir. 

Et le Renard criait : « Courez, courez, le Loup mange 
votre lard. » 

On y courut avec des barres de bois, mais le Loup 
parvint à s'échapper. Il voulut de nouveau manger le 
Renard. 

Celui-ci lui dit : c Ne me mange pas, je te mènerai 
dans un endroit où il y a beaucoup de truites. » 

On attacha un panier à la queue du Loup, et au lieu 
d'y mettre des truites, on le remplit de pierres, si bien 
qu'on lui arracha la queue. 

t Cette fois, dit le Loup, je vais te manger. 



223 

— c Pas encore, dit le Renard, je te ferai mettre une 
queue d'étoupe, et te conduirai vers une fontaine où Ton 
a mis rafraîchir du beurre. » 

Mais ce n'était qu'une pierre blanche. 
Le Loup sauta dedans et se noya. 
Les bergères en firent un feu de joie. 
Et j'y laissai mes peignes à carder. 

Cette conclusion du conteur villageois réclame 
une explication. 

Lorsque quelqu'un raconte une histoire invrai- 
semblable, on suppose toujours qu'il Ta apprise aux 
veillées des cardeurs de chanvre, où l'on ne débite 
que des mensonges, et l'on demande au menteur : 
« Est-ce que tu cardais dans ce pays-là ? » 

Notre conteur prévient la plaisanterie en avouant 
qu'tï y a laissé ses cardes. 

Nous avons entendu aussi une autre conclusion. 
« Je pris mes brayes de papier gris, mais le vent les 
déchira, si bien que je montrais le... dos à tous les 
passants. » 

Marcellin Allard, dans sa Gazzelle françoise, ter- 
mine un chapitre par ces mots : 

« Adonc fut jour, et lou cayon chante t. » C'est 
une parodie de la conclusion des anciens contes : 
alors il fit jour, et le coq chanta. 



ivaoïu&me:nt r>u mariage 
(En patois de la Montagne) 

Quand j'étïns jeune cadet, 

Toujours fringayïns. 
Voulaye bien me maridâ, 

Mais io n'osayïns, 
La ri tou. 
Par avaé prou penna, 
Qu'arrivara ben toujours, 
Acoure qu'où vegne. 

N'ai pas eu restot cinq ans 

Dans le maridageou, 
Qu'ayïns quatris effants 

La mère grossi, 
La ri tou. 

La mère grossi. 
Gin de pan dïns la mouesu, 

Eiquo m'etrossi. 

Quand vegneit de vez le saè 

De ma journada, 
Creyïns de m'alP amusa 

Avoué ma meinada; 
L'un que demande de pon, 
La ri tou, 

L'autre de bûre. 
N'y a gïn dïns la mouesu, 

Faudrot m'enfûre. 



225 



TRADUCTION 

Quand j'étais jeune garçon, j'étais toujours fringant. 
Je voulais bien me marier, mais je n'osais, la ri tou, 
pour avoir assez de peine, ce qui arrivera bien toujours, 
en quel temps que ça vienne. 

Je ne suis pas resté cinq ans en ménage, que j'avais 
quatre enfants, et la mère enceinte. Point de pain dans 
la maison, cela m'assomme. 

Quand venait le soir de ma journée, je croyais m'a- 
muser avec mes enfants; l'un me demande du pain, 
l'autre du beurre. Il n'y en a pas dans la maison, il 
faudra m'enfuir. 



45 



XuA BARDZÈRE 



(Patois de la Montagne, sur un air de bourrée) 



Quand io sères petsita, 

Petsita Margotu, 
M'ayant bittot bardzère, 

Bardzère daus moulus. 

N'en parâve pas guéres, 
N'en parâve ma dous. 

L'y ère ïn qu'ère borlio, 
Et l'autre ère bouétou. 

Io menâve lou borlio. 

Trainâve lou bouétou. 
Lous aye menot paître 

A l'ombre d'ïn bouessu. 

L'ombre n'en fut gué grande, 
He y endormet dessous. 

Délai n'en vint lou lu 
Lous emportet tous dous. 



227 



TRADUCTION 

Quand j'étais petite, petite Marguerite, on m'avait 
mise bergère, bergère des moutons. 

Je n'en conduisais guères, je n'en gardais que deux. 
Il y en avait un qui était borgne, et l'autre était boiteux. 

Je conduisais le borgne, et traînais le boiteux. Je les 
avais menés paître à l'ombre d'un buisson. 

L'ombre n'était pas trop grande, je m'y endormis des- 
sous. De là-bas vint le loup qui les emporta tous deux. 



JL.EJ LOUP ET LA CHÈVRE 
(En patois de Jonzieu) 

L'aoutrou dzour me prou mena ve 
Por ava, au pays bas; 

Venez tous veire. 
Por ava, au pays bas, 

Saô venias pas ? 

Ovigué una tsiôrette 
Que tsantâve alléluia ; 
Venez tous veire, etc. 

Le loup vinguet à so porto 
Se vourit faire badâ ; 
Venez tous veire, etc. 

« Ebri-me, tsiôrette blantso, 
« le t'apprend raé à tsantâ; » 
Venez tous veire, etc. 

— t Oh ! faô-pas, la laedo betiot, 
« Que me vaudriais que mindzâ ; » 
Venez tous veire, etc. 

« L'aoutrou dzour tegniais ma maère, 
c La fagiais pas ma beiarâ ; » 

Venez tous veire. 
« La fagiais pas ma beiarâ ; » 

Saô venias pas ? 



229 



TRAI>TJOTIOÏ* 

L'autre jour, je me promenais par là-bas, au pays 
bas; venez tous voir. Par là-bas, au pays bas, ne venez- 
vous pas? 

J'entendis une chevrette qui chantait alléluia. 

Le loup vint à sa porte et voulut se faire ouvrir. 

« Ouvre -moi, chevrette blanche, je t'apprendrai à 
chanter. 

— i Oh ! non pas, la laide béte, tu ne voudrais que 
me manger. 

« L'autre jour tu tenais ma mère, tu ne la faisais 
pas mal bêler. » 

Il existe aussi des variantes de cette chanson. Il 
s'agit toujours d'un voyageur qui a visité la plaine 
du Forez, et qui raconte les merveilles qu'il a vues. 

c Io ai trouvot doués limaces 
Que labourayant avoué le naz. » 

< Ai trouvot na vieilli égliesi 
Qu'ère touta fracassa. » 

c N'y avet dedans na chiora-bichi 
Que chantàve alléluia, etc. » 



^ 



230 

Un voyage dans la plaine du Forez est le rêve des 
enfants de la montagne, si Ton en croit la bourrée 
bien connue : 

c Quand saras granda, mie, 

Quand seras granda, 

Te proumenaraé 
Pâ la plana, pâ la plana, 

Te proumenaraé 
Pà la plana dau Fourez. » 



mdg^- 



Nous pourrions prolonger cette liste indéfini- 
ment, car les contes et les chansons sont fort mul- 
tipliés dans la montagne. Nous terminerons par la 
description d'une noce auvergnate. Dans le premier 
couplet, car cela se chante au besoin, bien qu'il n'y 
ait ni rhythme ni rime, il s'agit d'une fille qui vou- 
drait bien se marier. Elle prétexte que la petite 
Claudine « qu'a la fessa touta rogni » s'est bien 
mariée, et elle demande à une autre femme la des- 
cription de cette noce. Celle-ci lui répond avec un 
sérieux fort plaisant. 

— « Ant y fat na bella noçada? 
— c Eh I na bella noçada (bis), 
c Bettas aqui : 

< Ny avët de lait avoué d'aiguo, de lait sans n'aiguo, 
de raves coueite au fiot, de raves coueite à l'aiguo, de 
laitië que n'en voulet. Par de pan et de vin, n'y avet 
pas gin. » 



23 i 

— « Ny ant y fat na bella soumada ? 
— < Eh I na bella soumada (bis), 

« Bettas aqui : 

c N'ant bailot treis sôs moins seis blancs; mas si la 
pequita vïn à murî avant un an et n'ein jour, la sou- 
mada tourna rentra dins la mouésou couma ta bouta 
raisou. » 

— « Ny ant y bailot quauqua veya maé? 

— « Eh 1 quauqua veya maé (bis), 

« Bettas aqui : 

« N'ant bailot na grand'terra que ny fant treis zar- 
bottes dedans. N'ant bailot un grand prau, que quand 
l'anou ny fat le raz de l'avena, sa quoua est arrei dau 
vezïn. i 

— t Se sount y ben amusado? 
— «Eh ! ben amusado (bis), 
« Bettas aqui : 

c Ant dansot, ant sautot; dansayant dans Petrablou, 
que fesiant voulâ la bousi jusqu'au trot t » 



TRADUCTION 

— « Ont-ils fait une belle noce? 

— « Eh I une belle noce, par-ci par-là : 

c II y avait du lait avec de l'eau, du lait sans eau, 
des raves cuites au feu, des raves cuites à l'eau, du pe- 
tit lait pour qui en voulait. Quant au pain et au vin, 
il n'y en avait point. » 



*«-. . », . 



232 

— « Lui a-t-on donné une belle dot? - 

— • Eh ! une belle dot, par-ci par-là : 

« On lui a donné trois sous moins six blancs ; mais 
si la petite vient à mourir avant un an et un jour, la 
dot revient à la famille, comme de raison. » 

— « Lui a-t-on donné quelque chose de plus? 
— c Eh ! quelque chose de plus, par-ci, par-là: 

« On lui a donné une grande terre où Ton peut faire 
trois petites gerbes; on lui a donné un grand pré où, 
quand Pane fait le raz de l'avoine (se vautre), sa queue 
se trouve chez le voisin. » 

— « S'est-on bien amusé? 

— « Eh ! bien amusé, par-ci, par-là : 

c On a dansé, on a sauté; ils dansaient dans Pétable 
et faisaient voler le fumier jusqu'au plafond ! » 



mmmaÊtÊ 



§ 2. PATOIS FORÉZIEN PROPREMENT DIT 



-»C_;«- 



LÀ LUISTA 

(Devis entre treis parsounnageous, en patois de Mount- 

bresoun) 



La Nanon, fenna dau quarti, qu'est vuva et qu'a qua- 
trou menas ; 

La Mirauda, que sou hommou n'est pas mort, que la 
tabole quauque vei quand aul est saô ; 

Un Curot, parsounnageou habillot de naé, que ne dit 
pas grand veya. 



Nanon. — Bonjou, Mari on, seyis reveilla aneu? 

Mirauda. — Et ouaé, Nanon, mai vous? D'onte vegnis- 
vous si madïn ? 

N. — Venou de quarre de sa pa sala noutron peurc. 
N'ai plus de truffes ni de bran à ny bailla; faudrot 
mantô le buclâ un d'iquetous jours. 

M. — A-t-au proufilot depeu que l'ayit? 

N. — Oh Diê ! vou n'est ma un petit ricuit. Aul ot prou 
l'echina longi, ma que n'ot gin de ventrou. Et coume 
iquen, voulïns vous demanda, vesina, qu'un jour vou 
est la Saint-Gilles. 

M. — Ma conscienci ! faudrêt que z'au saubeissïn. Avi- 
saris l'armagna. 



234 

N. — Vou est par rapport au jour qu'i se trove. Volou 
pas que moun lard rancessi. 

M. — Surament. Vou est donc una fumella voutron 
eayon, que le tuas en luna nouvella? Le mine est 
un mâle, le tuarans ma en luna vieilli, que nous 
portarot ben à traès semanes. 

N. — Pourrias tôt de mêmou le tua dimars. Je creye 
que vou est un mars de luna. 

M. — Pardounàris, vou est un jour sans luna. La luna 
ne vire ma à cinq heures dau sei. 

N. — N'y en ot ben que diont coume eiquen que la 
luna n'y fat ren, et que lunille, simplille. N'empêche 
que si le mondou tuyant lours cayons en mauvaisi 
luna, le lard ne gounflarët pas dïns la marmita. 

M. — Ma faé I ouae', et si vous le tuyas un mars, una 
supposition, et que Saint-Gilles seyesse un mars, vou- 
tron lard sarët ranci et artisounot. 

N. — Diê, que donc I Ei senont ben les salades en luna 
vieilli, pa les empêcha de mountâ. 

M. — Et les vignes qu'ant de forci, faut ben les pouâ 
en luna vieilli. 

N. — Ei lunont ben lous ignons, et sant ben z'au de- 
manda au marchi. 

M. — Et le boes mal lunot que prend des artisons. 

N. — Ah ! paura fenna, lous anciens n'en saviant mai 
que nous, et lous consaès de la luna sount bons à 
siôre. 

Le curot que passët en lisant soun breviairou : Beati 
pauperes spiritu I... 



235 



TRADUCTION 

Là Nanon, femme du quartier^ qui est veuve et a qua- 
tre enfants; 

Là Miràude, dont le mari n'est pas mort, et qui la bat 
quelquefois, quand il est ivre; 

Un Curk, personnage habillé de noir, qui ne dit pas 
grand'chose. 



Nànon. Bonjour, Marion, vous êtes réveillée aujour- 
d'hui? — Mirauda. Et oui, Nanon, vous aussi? D'où 
venez-vous donc si matin ? — N. Je viens de chercher 
du sel pour saler notre porc. Je n'ai plus ni pommes 
de terre, ni son à lui donner; il faudra peut-être bien 
le tuer un de ces jours. — H. A-t-il bien engraissé 
depuis que vous Pavez? — N. Ohl ce n'est qu'une ché- 
tive bête. Il a l'échiné assez allongée, mais il n'a point 
de ventre. Et comme cela, je voulais vous demander, 
voisine, quel jour se trouve la Saint-Gilles. — M. En 
conscience, il faudrait que je le sache. Vous regarderez 
l'almanach. — N. C'est par rapport au jour. Je ne veux 
pas que mon lard soit rance. — M. Certainement. C'est 
une femelle votre cochon, puisque vous le tuez en nou- 
velle lune. Le mien est un mâle, et nous ne le tuerons 
qu'en lune vieille, ce qui nous portera bien à trois se-" 
maines. — N. Vous pourriez néanmoins le tuer mardi. 
Je crois que c'est un mardi de lune. — M. Faites excuse, 
c'est un jour sans lune. La lune ne change qu'à cinq 
heures du soir. — N. Il a des gens qui disent comme 
cela que la lune n'y fait rien. Et pourtant si l'on tuait 



236 

les porcs en mauvaise lune, le lard ne gonflerait pas 
dans la marmite. — M. Ma foi ! oui, et si vous le tuiez, 
une supposition, un mardi, et que la Saint-Gilles soit 
un mardi, votre lard serait rance et rongé des vers. — 
N. Assurément. On sème bien les salades en lune vieille, 
pour qu'elles ne grainent pas. — M. Et les vignes fortes 
se taillent bien en lune vieille. — N. On lune bien les 
oignons, et les gens savent bien le demander au marché. 
— M. Et le bois mal luné prend bien des vers. — N. Ah t 
pauvre femme, les anciens en savaient plus que nous, 
et les conseils de la lune sont bons à suivre. — Le curé 
qui passait en lisant son bréviaire : Bienheureux les 
pauvres d'esprit!... 



I^B GRAND VALET 
(En patois de la plaine) 

Véquio la Sam-Martin qu'approchou, 

Noutron valet vot s'en alla; 

Vou faudrot ben creitre soun gageou, 

Si voulans le faire demourâ. 

Si ne pardans noutron valet, 

Ne pardrans tout, 
Et ne farans mauvais ménageou, 

Me et vous. 

Voutron valet que sat-au faire, 
Fenna, que vous le ventis tant ? 
Au sot tant ben cribla Pavena 
Et bailla le tour dau van. 
Noutron valet fait mai d'ouvrageou 

Dïns un jour 
Que non pas vous, noutron maître, 

En quinze jours. 

Si vous savias couma je mïngeou 
Tout le long de la saison. 
Me fant mingeâ de pan d'avena, 
Encoure n'est pas trop bon. 
N'avans ben de boun pan blanc, 

De pan moullët, 
Vou est pa madama noutra fenna 

Et soun valet. 



238 

Si vous savias couma je beuve 
Tout le long de la saison. 
Me baillont de vin de pialousses, 
Par ma fô I vou n'est pas trop bon. 
Vous n'y o ben de boun vin blanc. 

De vin clarët, 
Vou est pa madama noutra fenna 

Et soun valet. 

Si vous savias onte je couche 

Tout le long de la saison. 

Me fant cuchî dïns la paille, 

La téta sus lous tisons. 

Vou n'y o ben de bouns laés blancs 

Dïns la maison, 
Vou est pa madama noutra fenna 

Et soun mignon. 



TRADUCTION 

Voici la Saint-Martin qui approche, notre valet veut 
s'en aller; il faudra bien augmenter son gage, si nous 
voulons le faire rester. Si nous perdons notre valet, 
nous perdrons tout, et nous ferons mauvais ménage, 
moi et vous. 

Votre valet que sait-il faire, femme, pour que vous 
le vantiez tant? Il sait bien cribler l'avoine et tourner 
le van (mécanique). Notre valet fait plus d'ouvrage, 
dans un jour, que vous,, notre maître, en quinze jours. 

Si vous saviez comment je mange tout le long de la 
saison. On me fait manger du pain d'avoine, encore 



230 

n'est-il pas trop bon. Nous avons bien du bon pain 
blanc, du pain mollet, c'est pour madame notre femme 
et son valet. 

Si vous saviez ce que je bois tout le long de la sai- 
son. On me donne du vin de prunelles, par ma foi ! ce 
n'est pas trop bon. Il y a bien du bon vin blanc, du vin 
clairet, c'est pour madame notre femme et son valet. 

Si vous saviez où je couche tout le long de la saison. 
On me fait coucher sur la paille, la tête sur les tisons. 
Il y a bien de bons lits blancs dans la maison, c'est 
pour madame notre femme et son mignon. 



LE BOSSU 

(En patois de Boën) 

La Marion de Sant-Sarpi, 

Que se frisoutâve, 
Que se frisoutâve d'içai, 
Que se frisoutâve d'ilai, 

Que se frisoutâve. 

Un boussu vînt à passa, 
Que la regardâve, etc. 

Qu'avisas, paure boussu, 
Sus pas ran ta mia. 

Si te vos que je la siés, 
Faut coupa ta bossi. 

Le boussu z'au volit ben, 
Coupariant sa bossi. 

Quand la bossi fut coupa, 
Le boussu plourâve. 

Plouras pas, paure boussu, 
N'y bettarans na cour la. 

Quand la courla fut betta, 
Le cayon renâve. 

Renas pas, paure cayon, 
N'en trovarans ben n'autra. 



241 



TRADUCTION 

La Marie de Saint-Sulpice se frisait les cheveux. 

Un bossu vint à passer, qui la regardait. 

Que regardes-tu, pauvre bossu, je ne suis pas ta mie. 

Si tu veux que je la sois, il faut couper ta bosse. 

Le bossu voulut bien qu'on coupât sa bosse. 

Quand la bosse fut coupée, le bossu pleurait. 

Ne pleure pas, pauvre bossu, nous y mettrons une 
courge. 

Quand la courge y fut mise, le cochon grognait. 

Ne grogne pas, pauvre cochon, nous en trouverons 
bien une autre. 



16 



LA CIGALOU HT XjA MAZOTTE 



(Fablou en patouais de la Plana) 



Una mazotte, una cigalou 
S'etiant lougis sus un poumi, 
Dans Phort de ma tanta Michallou 
L'une à la cime et l'autre au pid. 



5 



Pendant l'etaé, la chantarella, 
Dempeu le madïn jusqu'au saé, 
Fesët crecî sa bartavella 
Et chantâve le maès de maé. 
Tandio que la brava mazotte, 
Sans pâdre courageou un môument; 
Sourâve dïns sa cafarotte 
De blâ, de segle et de froument. 
Quant vînt l'Invar, la fret, la siôre, 
Le criera n'ayit ren par viôre, 
Niô pas una bresa de pan : 
Beau-seigne t i bramâve la fam ! 
I s'émoudeit, trayant sa penna, 
Vez la mazotte : ah t paura fenna 1 
Prêta me quauques grans de blâ, 
Pa m'empêcha de decourâ. 
Vous rendraé la bouna mesure, 
Aussitôt que je pauris, 
Avant la mi-aôt, vous le jure, 



243 

Et mai l'intérêt que voudris. 
La mazotte n'est pas prétousa ; 
I dizit à la paure hontousa : 
c Et que fesias dïns les meissouns ? 
- « Me ! je chantayïns de chansouns. 
-t Ah ! te chantias, ma bouna mie, 
t Iquen me fat ben grand plaisi, 
« Iores dansa la bourrie, 
c Vous te chassarot l'appétit. » 

Menas, si ma fablou est trop loungi, 
Ne la tretas pas de mesoungi : 
Iquelous que drugeont poulïns, 
Creidez-me, s'affanont roussïns. 



TRADUCTION 

Une fourmi , une cigale — s'étaient logées sur un 
pommier, — dans le jardin de ma tante Michelle, — 
l'une à la cime et l'autre au pied. — Pendant l'été, la 
chanterelle, — depuis le matin jusqu'au soir, — faisait 
crier sa crécelle, — et chantait le mois de mai. — Tan. 
dis que la brave fourmi, — sans perdre courage un 
moment, — entassait dans sa caverne, — du blé, du 
seigle et du froment. — Quand vint l'hiver, le froid, la 
neige, — le cricri n'avait rien. pour vivre, — pas même 
une miette de pain : — la malheureuse criait la faim. 
— Elle s'en alla, traînant sa peine, — vers la fourmi : 
Ah t pauvre femme t — Prêtez-moi quelques grains de 
blé, — pour m'empêcher de tomber d'inanition. — Je 
vous rendrai bonne mesure, — aussitôt que je pourrai, 



244 

— avant la mi-août, je vous Je jure, — et l'intérêt que 
vous voudrez. — La fourmi n'est pas prêteuse; — elle 
dit à la pauvre honteuse : — que faisiez-vous dans les 
moissons ? — Mol ! je chantais des chansons. — Ah ! 
vous chantiez, ma bonne amie, — cela me fait grand 
plaisir, — maintenant, dansez la bourrée, — ça vous 
chassera l'appétit. — Enfants, si ma fable est trop lon- 
gue, — ne la traitez pas de mensonge : — ceux qui 
s'amusent poulains, — croyez-moi, travaillent roussins. 



I^ANE r>EJ MARION 

(En patois de Feurs) 

La Marion moudêve au moulin, 
Përe faire modre soun grain, 
Avec soun petit anou 

Martin trin trin, 

Trelin drin drin, 
Avec soun petit anou, 
Ei roodôve au moulin. 

Pendant que le moulin moulët, 
Le mouni la caressët, 
Le loup mingeave Panou 

Martin, etc., 
A la porta dau moulin. 

Mouni, mouni, vos avis tô 
De veire. moun anou qu'est mô 
Et le loup que le mïnge, 

Martin, etc., 
A la porta dau moulin. 

J'ai dix écus dins moun gossët, 
Prenis-n'en sept, laissis-n'en treis, 
Përe acheta n'autre anou 

Martin, etc., 
Përe acheta n'autre anou, 
Përe revenî au moulin. 



246 



TRADUCTION 

La Marion partait au moulin, pour faire moudre son 
grain, avec son petit àne, elle allait au moulin. 

Pendant que le moulin était à moudre, le meunier 
la caressait, et le loup mangeait Pane, à la porte du 
moulin. 

Meunier, meunier, vous avez tort de voir mon âne 
qui est mort, et le loup qui le mange, à la porte du 
moulin. 

J'ai dix écus dans mon gousset, prenez-en sept, lais- 
sez-m'en trois, pour acheter un autre âne, pour reve- 
nir au moulin. 



XiA OROLA ET LOU RENARD 

(Fable en patois de la Plaine) 

Una grôla, vez Pautrou sei, 

Dïns la chazaère d'un ganei, 

Ayit appia un gros froumageou, 

Et fieri d'iquel héritageou, 

Su un fayard vînt s'aguichî. 

Àdonc, par l'odeur allichi, 

Seigne renard que barrountâve, 

Charchant quauque pilliot pardu, 

Appïnche iquo frut défendu ; 

Et vînt ny dire : c Oh ! que t'es brave 1 

Que t'es faraud, moun bel ami ! 

M'assure que si toun jabri 

A vente à ta roba de seye, 

Vou n'y ot gïn que te valeye. » 

L'uzai creyeit ce que dizit 

Quo boémou mingeô de polailles. 

Au s'en feseit peta les viailles ; 

Et pa mountrâ soun beau gôsi, 

Vequio que noutra beiti neire, 

Voulant ny chanta sa chanson, 

Bade le bê et laisse cheire 

Soun chioraton. 
Au ne toumbeit pas à l'abada ; 
Le renard ny bettit la dent, 
Et ny disit adio-coumand, 
En ny fesant ina coulada : 



248 

« Moun ami, faut pas l'essoublà, 

Sèque un flatteur mïnge à la cochi 

D'iquelou mondou sans cabochi 

Que lous acoutont rafoulâ. 

Quetta liçon vaut ben, je creye, 

Un matru rogearon de feye. » 

L'uzai brogit sus soun fayard : 

« N'y tournaraé plus. » Vou ère trop tard. 



TRADUCTION 

Un corbeau, l'autre soir, • — dans le panier d'un fer- 
mier, — avait dérobé un gros fromage, — et fier de 
cet héritage, — sur un hêtre vint se percher. — Alors, 
par l'odeur alléché, — monsieur renard, qui errait, — 
cherchant quelque poussin égaré, — aperçoit ce fruit 
défendu, — et vint lui dire : c Oh ! que tu es beau, — 
que tu es élégant, mon bel ami ; — je suis sûr que si 
ton langage — est en rapport avec ta robe de soie, — il 
n'y en a point qui te vaille. » — L'oiseau crut ce que 
lui disait — cet hypocrite mangeur de poules. — Il s'en 
faisait gonfler les joues, — et pour montrer son beau 
gosier, — voici que notre bête noire, — voulant lui 
chanter sa chanson, — ouvre le bec et laisse choir — son 
fromage. — Il ne tomba pas à l'abandon. — Le renard 
y mit la dent — et lui dit adieu, — en lui faisant une 
révérence. — « Mon ami , il ne faut pas l'oublier, — 
chaque flatteur mange aux dépens — de ces gens sans 
cervelle — qui Pécoutent radoter. — Cette leçon vaut 
bien, je crois, — un mauvais fromage de brebis. » — 
L'oiseau murmurait sur son hêtre : — < Je n'y revien- 
drai pas. » Il était trop tard. 



CHANSON 



Faite à l'occasion d'une réunion d'ecclésiastiques de la paroisse 

de Gremeaui 



(En patois de Cremeaux) 



Sevos qu'o y a de nouviau 

Dïns noutra parrochi ; 
I fant fêta voué Crcmiaux, 

Sonnont la grand clocbi : 
Vou est lous prêtres dau pays 
Que devons tretous venî, 

La bonna aventura... 

Monsieu chanoine Rouzië, 

Avoué sa barretta 
Et soun ginti mantelët 

De piau de beletta, 
Au nous faé à tous honneur : 
Semblou que vou est Monseigneur. 

Ne faisans ïn biau cadeau 

A noutre n'illiesi, 
In solaé de lous plus biaux, 

In joyau d'illiesi ; 
Ne gli faisans qu'au présent 
Pa prouva que ne l'aman s. 



250 

Ne faisans ïn grand festin 

De rejoyssanci. 
Le biau jor de Saint-Martin 

Permet la licenci. 
Vou est anet que voué Cremiaux 
Mingeont la vachi et lou viau. 



TRADUCTION 

Savez-vous qu'il y a du nouveau dans notre paroisse : 
on fait fête à Cremeaux, on sonne la grande cloche : ce 
sont les prêtres du pays qui doivent tous venir. 

M. le chanoine Rozier, avec sa barrette et son gentil 
mantelet de peau de belette, nous fait à tous honneur : 
il semble que ce soit Monseigneur. 

Nous faisons un beau cadeau à notre église, un osten- 
soir des plus beaux, un vrai joyau d'église; nous lui 
faisons ce présent pour prouver que nous l'aimons. 

Nous faisons un grand festin de réjouissance. Le beau 
jour de Saint-Martin permet cette licence. C'est aujour- 
d'hui qu'à Cremeaux on mange la vache et le veau. 



LA FJXiI-iI QXJE SB VOT MARIA. 

(En patois de Boisset) 

C'est une jeune fille qui veut absolument se marier 
et qui répond, de la manière qui suit, à toutes les ob- 
jections que lui fait sa mère. 

. — Ma filli, n'avans gïn de pan (bis). 
— Mare, de pan ! (bis) 
Ne coueirans noutron levan, 

Je le volou, je le volou ; 
Si vous me marias pas quet an, 
Jamais le temps ne me durarot tant. 

— Ma filli, n'avans gïn de vin. 

— Mare, de vïn ! 
N'en veus venî un gros chïn 
Ses pleines bottes de vïn, 

Je le volou, etc. 

— Ma filli, n'avans gïn de liët. 
— Mare, un liët î 
Nous coucharans dïns le buffet, 
Je le volou, etc. 

— Ma filli, n'avans gïn de draps. 
— Mare, de draps ! 
Nous coucharans dedïns un sac, 
Je le volou, etc. 



252 

-Ma filli, n'avans gïn de violoun. 

— Mare, ïn violoun ! 
N'en veus venî ïn gros rat, 
Soun violoun dessous soun bras, 

Et gnon, gnon, gnon, 
Paurous menas, divartis-vous, 

Je le volou, etc. 



TRADUCTION 

Ma fille, nous n'avons point de pain. — Mère, du 
pain ! — Nous ferons cuire notre levain, je le veux ; si 
vous ne me mariez pas cette année, jamais le temps ne 
me durera tant. 

Ma fille, nous n'avons point de vin. — Mère, du 
vin ! — Je vois venir un gros chien, ses pleines bottes 
de vin, etc. 

Ma fille, nous n'avons point de lit. — Mère, un lit ! 
— Nous coucherons dans le buffet, etc. 

Ma fille, nous n'avons point de draps. — Mère, des 
draps ! — Nous coucherons dans un sac, etc. 

Ma fille, nous n'avons point de violons. — Mère, un 
v jalon I — Je vois venir un gros rat, avec son violon 
éous son bras. Amusez- vous, pauvres enfants, etc. 



§ 3. PATOIS DES VILLES INDUSTRIELLES 



L'JÉLOGE I>E L'AMOUR 

Extrait du ballet forézien 

(Patois de St-Etienne, fin du seizième siècle) 

Ji creis que dessous les étiales, 
Par lous chastiaux et par les viales, 
Par les maisons, par les charreires, 
Ren prus gourri nou se pot veire, 
Ren prus atru, ni prus heroux, 
Alizon, que d'estre amouroux. 
Par les gourières amourettes, 
Les duretés devenont blettes, 
Et çou qu'est blet comma una patta, 
Est long et dû comma una latta. 
Lous maucoussiens, lous simplaras 
N'en devenont tout affaras; 
De pereissoux et mauplaisants, 
Enjosetas et bienfaisants, 
De biguets aussi dreits qu'una auna, 
De plats aussi ronds qu'una pauma, 
De viox renoux et découras, 
Joinoux, juyoux et recouras; 
Et me disiant lous devancis, 
Elli apprend lous ànous à dansî. 



254 

Nio-ben echandirit les gens 
Qu'ariant la mort entre les dents ; 
D'equon nou se saurit passa 
Non prus qu'un jour de trapassâ. 
Viquent doneque les amourettes t 
Viquent les fennes et les fillettes ! 
Vique qu'a envia de les siôre ! 
Vique qu'au trament non pot viôre î. 



TRADUCTION 

Je crois que sous les étoiles, — par les châteaux et 
par les villes, — par les maisons, par les rues, — Rien 
de plus beau ne se peut voir, — rien de mieux ni de 
plus heureux, — Alison, que d'être amoureux. — Par 
les gentilles amourettes, — les duretés deviennent mol- 
les. — Les endormis, les imbéciles, — en deviennent 
tout effarés; — de paresseux et mal plaisants, — dé- 
gourdis et bienfaisants, — de tortus aussi droits qu'une 
aune, — de plats aussi ronds qu'une paume, — de 
vieux, grognons et écœurés, — jeunes, joyeux et ra- 
gaillardis; — et comme me disaient nos devanciers, — 
elles apprennent aux ânes à danser. — L'amour réchauf- 
ferait même les gens — qui auraient la mort entre les 
dents ; — de cela l'on ne saurait se passer — pas plus 
qu'un jour de trépasser. — Vivent donc les amourettes î 
— Vivent les femmes et les fillettes I — Vive qui a envie 
de les suivre 1 — Vive qui autrement ne peut vivre !... 



BBTTA A BEIRE ET BEUS 
(Chanson en patois de St-Etienne) 

Betta à beire 

Et beus, cadet; 
Que trinque et beat de ron ne désespère ; 

Betta à beire 

Et beus, cadet ; 
L'espéronce a dous raisins par tetet. 

Notroun cura prêche que sus la terra, 
Dzio nous a trat seulamont par patsî ; 
Si la via n'est qu'un catza de misera, 
Un po de vin nous aide à la coutsî. 

Parque gremî, se mina les çarvelles, 
Sus l'aveni que pot nous désoulâ? 
Tant qu'au ny aura de vondêmes nouvelles 
De tout malheu vous pot se counsoulâ. 

Beire on trinquant, mémou lou vin de cocbi, 
Miox qu'un Feron neye la vanita; 
Et lou plus fou, sans furâ sa cabochi, 
Sus lous carrouns trove l'égal i ta. 

Que l'ombitioux parvenu se gounfleise 
Sous sa bâteuri et ses reliques d'o; 
Dous deis de vin, si boun marchi qu'au seise 
Ant mai de prix que l'oncens dau bardo. 



256 

On bareulant dessus iquetta bula, 

A lios visïns lous grands portount malheu, 

Fauta d'amâ ce qu'âme la crapula, 

Soun Dzio, soun vïn, garda dou liards de cœu. 

De tous lous lats, par omplire sa saqua, 
Pot-ou rognî couma lou pousseda? 
N'attendouns pas d'avé posa casaqua 
Par qu'un ami trinque à notra sanda. 

Qui sat garda sa eouscionci legéri 
Pot marchî dreit, mêmou devant (ou sort ; 
Et tau que n'est feublou qu'avouai la neiri, 
Ne craint jamais ni la via ni la mort! 

(Chansouns et Brands de Babochi. 
St-Etienne, I853,in-18.) 



TRADUCTION 

Verse à boire, et bois, cadet; qui trinque et boit de 
rien ne désespère. Verse à boire, et bois, cadet ; l'espé- 
rance a deux raisins pour mamelles. 

Notre curé prêche que, sur la terre, Dieu nous a mis 
seulement pour pâtir. Si la vie n'est qu'une pilule 
(catza, fromage sec et difficile à avaler) de misère, un 
peu de vin nous aide à l'avaler. 

Pourquoi gémir, se creuser la cervelle ; sur l'avenir 
qui peut nous désoler? Tant qu'il y aura des vendanges 
nouvelles, de tout malheur on peut se consoler. 



257 

Boire en trinquant, même le vin à crédit, mieux que 
le Furens noie la vanité ; et le plus fou, sans creuser sa 
caboche, sur les carreaux trouve l'égalité. 

Que l'ambitieux parvenu se gonfle, sous son bât et 
ses reliques d'or; deux doigts de vin, si bon marché 
qu'il soit, ont plus de prix que l'encens du baudet. 

En roulant sur cette boule, à leurs voisins, les grands 
portent malheur, faute d'aimer ce qu'aime la crapule : 
son Dieu, son vin, et de garder deux liards de cœur. 

De tous les côtés, pour emplir son sac, peut-on ro- 
gner comme un possédé? N'attendons pas d'avoir posé 
casaque pour qu'un ami trinque à notre santé. 

Qui sait garder sa conscience légère peut marcher 
droit, même devant le sort; et tel qui n'est faible 
qu'avec la bouteille ne craint jamais ni la vie ni la 
mort. 



17 



LOU J-.OTJJP E r r LAGNIAI 

(Fable eu patois de St-Etienne) 

(Xu carou dau fouyi souvont ma mare-grand 
Countâve de raffoles dau loup, dau revenant. 
Par ne pas barbelâ, vouais vous djire on dous moûts 
Lou peu que me souvontou dj'in agniai et dj'in loup. 

Ny ayit eina vei 
Sus lous bôs de Feron, ïn tout petchit agniai 
Sans ron djire à legûn, s'elougniait dau troupai, 
Par beire eina goulâ, œu s'approuchait dau biâ 
Et vit dous pas plus hiaol lou loup I... quai gros rullia, 
Qu'ayit lou vontrou creux, la dont bion émoula; 
Ny ayit mountœu treis jouos qu'œu n'ayit pas djina. 
Quand lou loup vit l'agniai sou et loin dau bargie, 
Œu lichait ses babines, alloungeait soun gousie, 
Peus se posant on maître on faci de l'agniai, 
(Eu fit tous sous effôs par ly djire on français : 
« Mâtru, que fais-tu équi ? As-tu la permission 
De sabouter quel aigua que me siait de boisson ? 
Quella vei je t'y prends, en frac et en délire. » 
Equai porou matru sayit pas que ly djire; 
Ses jambes erian plus raides que de couleignes, 
Œu n'êre pas plus gros que lou pung, baô-seigne ! 
Ny ayit pas trop mouyon de faire resistonci, 

Pouortant œul ozait prouva soun innouçonci : 
« Pardoun, moun boun moussue, mountœu que vous 

[trompas ; 



259 

Veides, vou'etes d'on hiaot, et me ji souais d'en bas. 

L'aigua, moun boun moussue, desçond de vou à me ; 

Peus, souais si mâtru, baô-seigne, fouais regret. » 

« Par treboulâ moun aigua, tu viens quand n'y a légun, » 

Djizit-ai on ruliant des yox couma de pungs. 

t Et crois-tu, vïlani, que j'ai déjà essoublé 

La chassi que toun chien me dounna Pan passé ? 

I ny avait toun bargie, et te tchi ny ères mai. » 

« Me t Et l'y a dous meis que ma mare fit l'agniai ! 

Boun moussue, têtou incoure ma mare. » 

« Et bon, si vou est pas toi, ça doit y être toun frâre. » 

t Vous m'excusaris bon, mais de frâre n'ai rai ; 

Ma mare n'a que me, souais son parmei agniai. » 

c Voides quel effrounté ! si c'est avei d'audaci ! 

C'est lu ou toi, Mandrin, ou querqu'un de ta raci. 

Pas tant d'explications, tes chiens et toun bargie 

Me couron de partout, saô plus onte mïngie; 

M'avez traqua dj'ici et me traquas d'élai, 

Votre maudjita cliqua n'on veut ron qu'à ma pai : 

Et puisque poyou pas vous attaqua de faci, 

Ji volou un par un détrûre votra raci. » 

Tout en djisant eiquon, œu sautait sus l'agniai, 

Et dj'in seul cop de dont œu ny coupait lou couai. 

Vequîa ce que n'on sao; si z'œu voulez pas creire, 

Djirai coumma ma grand, pouèdes œu z'allâ veire. 

Linoaftier (dit Patasson), 1863. 

La mémoire de nos lecteurs suppléera aisément à la tra- 
duction de cette fable. 



A> MOS AMIS I>E VEZ VAR-DE-GI 



(En patois de Rive-de-Gier) 



Gorlanches de l'indrët on te ma vieilli more 

Me fit veire lo jour, presinci de mon pore, 

Vos séides, sins blagô, qu'ov est dues broves gins, 

Quoiqu'i ne seyant pôs revondzus dins Pargeint. 

Enfin, qu'y fariant-ei? La fortsuna volagi 

N'a jamais yu l'invei de gnichî dins Hou cagi. 

Jamais aucun raccroc n'a pu los inrichî : 

I n'ant yu qu'ïn garçon qu'a toujours gorlanchi. 

Ov est de quou ménô, dont lo vacabondajo 

Est soveint lo sujet de quauqui bavardajo, 

Que voué dzire doux mots, portant sins me choquû. 

Au gny a pro par darrei que sant me provoquô, 

De faisou d'imbarras, de têtes farigoles, 

Que sont pus dins le côs de dzictô dues paroles ; 

De noviaux parvegnus, que j'ai vus, dins ïn tsomps, 

Pouro comma de rats et sins réputation, 

Et qu'à l'bora d'inqueu vodriant sus ma conduitsi 

Barfolî choque jour et n'in reglô la suitsi..... 

N'attaquarai jamais de gins à caractero 

Que vant Hou drët chamin ou que cognusso guèro. 

Mais par quelo pédants que creyont tôt savei, 

Que sont par raisonné plus sots que de panei, 

Quand lo tonar de Dzo viendrit sus ma carcassi 

Brure, et me menacî de m'eboillî la faci, 

Rin ne paura jamais arrête mon transport 



261 

Que me tenant la paix, je liou dzirai plus rin 

Ov est par vos galô que j'essayo d'écrire. 
Par la gorlanchari sus votron général. 
Traités me, so vos plait, de franc original ; 
Dzites sins vos génô : lo garçon chiz Roquilli 
N'est qu'ïn grand folligat que traîne la guenilli. 
Que les môtrues raisons n'arrachont pôs l'honneur. 
J'amo miox rin avei que d'être ïn grand seigneur, 
Mais que la brôvetô occupeise sa plôci : 
Dins lo fond de mon cœur, véqua tota la grôci 
Que j'attindo de quou qu'a creyo l'ugnivars. 
Adzo, mps viox amis, je fignesso mos vârs. 

G. Roquille. 
(Ballon d'essai d'un jeune poète forêzien.) 



TRADUCTION 

Vagabonds de l'endroit où ma vieille mère — me fit 
voir le jour en présence de mon père, — vous savez, 
sans blaguer, que ce sont deux braves gens, — quoique 
ils ne soient pas plongés dans l'argent. — Enfin, qu'y 
feraient-ils? La fortune volage — N'a jamais eu l'envie 
de nicher dans leur cage. — Jamais aucun raccroc n'a 
pu les enrichir. — Ils n'ont eu qu'un fils qui a tou- 
jours flâné ; — c'est de cet enfant dont le vagabondage 

— est souvent le sujet de quelque bavardage, — que je 
vais vous dire deux mots, pourtant sans me choquer. 

— Il y en a assez, par derrière, qui savent me provo- 
quer, — des faiseurs d'embarras, des têtes à l'envers, 



262 

— qui ne sont pas dans le cas de dicter deux paroles; 

— de nouveaux parvenus, que j'ai vus, dans un temps, 

— pauvres comme des rats et sans réputation, — et 
qui, à l'heure d'aujourd'hui, voudraient, sur ma con- 
duite, — bavarder chaque jour, et en régler la suite.,. 

— Je n'attaquerai jamais des gens à caractère — qui 
vont leur droit chemin ou que je ne connais guère ; — 
mais pour ces pédants qui croient tout savoir, — qui 
sont, pour raisonner, plus sots que des paniers, — 
quand le tonnerre de Dieu viendrait sur ma carcasse 

— bruire et me menacer de m'écraser la face, — rien 
ne pourra jamais arrêter mon transport... 

Qu'ils me laissent la paix, je ne leur dirai plus 
rien... 

C'est pour vous amuser que j'essaie d'écrire. — Pour 
la flânerie, je suis votre général. — Traitez-moi, si 
cela vous plaît, de franc original ; — dites, sans vous 
gêner : le garçon de chez Roquille — n'est qu'un grand 
fou qui traîne la guenille. — Ces mauvaises raisons 
n'arrachent pas l'honneur. — J'aime mieux ne rien 
avoir que d'être un grand seigneur, — pourvu que 
l'honnêteté occupe sa place — dans le fond de mon 
cœur; voici toute la grâce — que j'attends de celui qui 
créa l'univers. — Adieu, mes vieux amis, je termine 
mes vers. 



§ 4. PATOIS DU ROANNAIS 



>oOo< 



IjES REPROCHES A. CATHERINE (i) 

(En patoia de la Côte-de-Renaison & de St-Haon) 

Ton himeur est. Catherine, 
Plus aigre qu'un shenin vard ; 
On ne sat que te shagrine, 
Ni que gagne ni que pard. 
Qu'on saye sadze ou qu'on badine, 
Avè tei ou est sou pour sou, 
Et coume in fagot d'épine, 
Te piques par tus lus bouts. 

Si ze parle, te t'offenses; 
Te grondes, si ze me tais ; 
Quand ze me plaigne, te danses; 
Si ze riou, ze te déplais. 
A toun oreille ma faite, 
Mes sanshons ne valont ren ; 
Et ma tant douce musette 
N'est qu'ine musique de shen. 

(1) Cette charmante chanson, fort connue et déjà impri- 
mée en français, si nous ne nous trompons, est en pur patois 
de la Côte-de-Renaison et de St-Haon. Elle nous a été obli- 
geamment communiquée par M. le docteur Noelas, de Saiut- 
Haon-le-Chàtel, qui a introduit quelques pièces patoises dans 
les légendes qu'il a publiées et dans celles qu'il va bientôt 
faire paraître. (Shenin, chemin, signifie pomme sauvage, fruit 
acide; bredin, niais, imbécile.) 



264 

D'in pot plan de marzoulaine 
Quand ze te fsis in présent, 
Aussitout, par moun etrenne, 
Te Tas cassa, mei présent. 
Si z'avain cru moun couradze, 
Après iqueu biau grand marci, 
Ma man, dins iquele radze, 
Te cassa la gule aussi. 

L'autre zour, d'in air honnête, 
Quand ze t'ôtis moun shapiau, 
Pus vite qu'ine arbalète, 
Te le Fsis sauter dins Pieau; 
Et pus, d'in air d'arrogance, 
Sans dire ni quoi ni qu'est, 
Te me baillis l'ordonnance 
De m'approusher loin de tei. 

Quand z'aime ine créature, 

Ah ! bourgne, ou est par tout de bon ; 

Sus pas malin de ma nature, 

Pas pus qu'in sheti muton. 

Mais quand moun poure savei-faire 

N'est paya que de rebut, 

Nom d'in shen î dins ma coulère, 

Sus pis qu'in tourai cornu. 

Satredienn' ! veis-tu, Catherine, 
Ze n'y pouyou pus tenî, 
Ze crève dins ma bedaine, 
Ou faut shandzer ou fini. 
Te me prins par ine bushe, 
Parce que z'ai l'air lut bredin, 
Mais, tant à l'icau vô la crushe, 
Qu'elle se casse à la fin. 



CHEZ PIOIV (1) 



(Chanson en patois des montagnes de la Madeleine.) 



Arrivant cheu Pion aneu de la nuit 
Disunt : chiers amis, laissons leu dormi, 

Ouisquant y fera zour, 

No battrons lo tambour ; 

Trompatte et viole zeurra, 

Tant qua ça leu ravaillira. 

Quand leu cheu Pion funt ravaillés, 
Via deux zigens ben estraillés ! 
Allons! meus chiers amis, 
C'eu d'auzourd'hi que faut parti 
Leu rei nos avertit, 
Faut ben li obéi. 



(1) En 1754, M. de Berthelas, receveur des tailles a Re- 
naison, envoya ses recors au hameau appelé Chez-Pion, au 
milieu des montagnes de la Madeleine. Les habitants, qui 
n'avaient jamais voulu payer d'impôts, s'emparèrent des 

pousse-culs, et leur firent chauffer le dos devant un four 

allume. Mgr l'intendant de Lyon, en apprenant cette sédi- 
tion, envoya des dragons qui cernèrent le village pendant 
la nuit et empoignèrent les coupables, sur le malheur des- 
quels on fit cette chanson. 

Nous devons la chanson et la notice qui raccompagne a 
l'obligeance de M. Alphonse Coste, de Roanne. 



266 

Jacob Béliot emmanouté : 
Adiou Ferriére (i) et moun curé! 
Adiou femme et enfant ! 
Dans ceu force rude moument 
Preneu exemple à mei, 
N'insulteu pas leu rei. 

Hi ! la Marion I Hi ! la Braillon t 
Qua démène bon soun cotillon ; 
Portàve lau zambon 
A lau Messieu de voué Lyon, 
Por sauver son mounon 
Qu'essiau dans leu chambron. 

Que nos a causé notre malbeu ? 
Mossieu Berthelas notre seigneu. 
Mossieu de la Rama (2) 
N'en auriau pas tant fat. 



(1) Ferrières, village sur les limites du Fore* et du Bour- 
bonnais. 

(2) M. Ramcl, prédécesseur de M. de Berthelas dans la 
charge de receveur des tailles. 



ERRATA 



Page 96, au mot Màcle, ajoutez : maladie exclusivement 
réservée aux hommes, ou plutôt principe de toutes leurs 
maladies, comme la Mère est le sicge de toutes les infir- 
mités féminines. Une grolle brûlée remet en état le mâcle 
dérangé, de même que l'application d'une écuelle en bois, 
frottée d'ail, guérit souverainement les maux de mère. (Lat. 
Masculus.) 

Les fautes de typographie, inévitables dans un ouvrage 
de cette nature, peuvent être facilement corrigées parle 
lecteur. Nous rappellerons seulement que dans le Diction- 
naire, les U ont été quelquefois remplacés par des N : ânou, 
armou, etc. 



TABLE 

Pages. 

Fréfacc v 

Introduction xm 

PREMIÈRE PARTIE. 

Dictionnaire 1 

DEUXIÈME PARTIE. 

.Essai grammatical 145 

Chapitre premier. — Prononciation 1 47 

Chapitre H. — Du Nom 153 

Chapitre 111. — De l'Article 155 

Chapitre IV. — De l'Adjectif 157 

Chapitre V. — Du Pronom 160 

Chapitre YI. — Du Verbe 163 

Chapitre VII. — Du Participe 175 

Chapitre VIII. — De l'Adverbe 177 

Chapitre IX. — De la Préposition 178 

Chapitre X. — De la Conjonction 179 

Chapitre XI. — De l'Interjection 180 

TROISIÈME PARTIE. 

Histoire littéraire du Patois 185 

Chapitre premier. — Origine et importance du Patois. 187 

Chapitre II. — Dialectes du Patois forézien 196 

S 1. Patois de la montagne. 

Le Plen-Pougnet 201 

La Piteia et le Loup 205 

La Petsita et lou Lu 210 



270 

La petite Alouette 212 

Le Pinson et l'Alouette 213 

Les noces de l'Alouette et du Pigeon 218 

Le Lu et le Reynard. 220 

L'agrément du Mariage -.»».. 224 

La Bardzère 226 

Le Loup et la Chè\re 228 

S J3. Patois forézien. proprement dit. 

La Luna 233 

Le grand Valet 237 

Le Bossu 240 

La Gigalou et la Mazotte 242 

L'Ane de Marion 245 

La Grola et lou Renard .......: . . 247 

Chanson 249 

La Filli que se vot maria 251 

$ 3. Patois des villes industriel le*. 

L'Eloge de l'Amour 253 

Betta à beire et beus 255 

Lou Loup et TAgniai 258 

A mos amis de vez Yar-de-Gî 2£0 

S 4. Patois du. Hoanuais. 

Les Reproches à Catherine 263 

Chez Pion 265 



Lyon , iaipr. de Vve Moug'm-RusanU , rue T "pin, i$. 



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EN VENTE 



Chez MM. Aug. BRUN, rue du Plat, 13, Lyon; 

DUMOULIN, quai des Grands-Augustins, 13, 

CHEVALIER, place de PHôtel-de- Ville, Saint- 
Etienne ; 

LAFOND, libraire, Montbrison ; 

DURAND, libraire, Roanne. 



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