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DICTIONNAIRE
DU
PATOIS FORÉZIEN
VI
Les antiquités, les annales historiques, l'archéologie
du Moyen-Age, la noblesse, les titres anciens, con-
servés dans les archives, ont été étudiés avec un
zèle fort louable, et si tout n'a pas été fait, tout a
été du moins entrepris.
Il est cependant une remarque qui nous a frappé,
c'est qu'à côté de ces études historiques et héraldi-
ques, il ne s'est produit aucun ouvrage pour faire
connaître notre pays dans ses coutumes et ses tra-
ditions, son langage et sa poésie, en un mot dans
sa vie intellectuelle et morale. Pour connaître les
véritables mœurs d'un peuple, dit quelque part Jean-
Jacques Rousseau, il faut étudier ce peuple dans sa
vie privée, dans ses usages et ses habitudes de cha-
que jour, car s'arrêter aux gens qui représentent
toujours, et c'est le cas des personnages historiques,
c'est ne voir que des comédiens.
Les chroniques et les légendes foréziennes sont
encore enfouies dans la mémoire de nos vieillards.
Interroger et fouiller ces archives vivantes de la
tradition, recueillir ces légendes et ces chroniques
serait une tache toute patriotique, qui demanderait
plus de persévérance que de savoir, et offrirait plus
d'agrément que de travail. Cette tache, nous l'en-
treprendrons avec plaisir si notre bonne volonté et
des recherches consciencieuses peuvent suppléer
entièrement au talent qui nous manque.
1
VII
Aujourd'hui nous parlerons du langage des Fo-
réziens, demain de leurs vieilles habitudes que n'a
pu niveler la herse de la civilisation.
Le Forez offre d'intéressants sujets d'études et
d'observations sous le rapport de ses mœurs primi-
tives et de son histoire.
Si nos paysans ne possèdent ni les grandes ver-
tus, ni les grands vices qui rendent un peuple re-
marquable, ils ont en échange une foule de quali-
tés d'une importance secondaire, au dire des phi-
losophes, mais qui ne sont point à dédaigner.
Sobre et économe, doux et hospitalier, sans ran-
cune (nous ne disons pas sans jalousie), sans jac-
tance et sans ambition, le Forézien est le type de
l'honnête homme et du véritable ami. Il ne professe
qu'un froid dédain pour l'activité turbulente et l'as-
tucieuse adresse de son voisin l'Auvergnat, mais il
a les défauts de ses qualités : aussi la timidité et
l'apathie de son caractère lui ont attiré plus d'une
fois le reproche de béotisme, et, dès le Moyen-Age,
les Mangc-bâcon, Tard-venus et autres Malandrins
de même sorte se disaient : « Allons piller les Oi-
sons du Forez ! »
Mais si nos Oisons de Foréziens se sont laissés
quelquefois plumer, ils ont cependant montré, dans
maintes circonstances, qu'il pouvait être dangereux
de loucher à leurs croyances et à leurs sillons.
VIII
Un jour, déjà loin de nous, nos paysans se sont
réveillés de leur torpeur proverbiale. Ils ont saisi
leur Crucifix-à-ressorls accroché au maiHeau de leur
vaste cheminée, et bouclant sur le genou leurs
grandes gamaches de toile bise, ils se sont battus en
braves, à la suite du Roi de Chevrièrcs, un paysan
héroïque qui eut la sublime audace de prendre ce
titre, alors qu'il n'y avait plus de roi en France
S'il est vrai, comme l'a dit Leibnitz, que les mots
sont les lettres de change de l'entendement, l'his-
toire étymologique des langues est la meilleure his-
toire des progrès de l'esprit humain. Nous avons
été maintes fois à même de constater la vérité de
cette observation. Et l'abbé Grégoire, dans son rap-
port sur la nécessité et les moyens d'anéantir les
patois et d'universaliser Vusage de la langue fran-
çaise, avoue que la connaissance et l'étude des idio-
mes féodaux est utile pour jeter du jour sur les
monuments du Moyen-Age. Il aurait pu étendre cette
utilité à d'autres sciences, comme nous l'explique-
rons ailleurs. L'ex-député de la Constituante s'in-
digne contre la féodalité « qui conserva la disparité
des dialectes pour ressaisir les serfs fugitifs ! » (Si
non è vero, è ben trovato ! ) « Il n'y a plus de pro-
vinces, s'écrie-t-il, et il y a encore trente patois qui
en rappellent les noms ! » (Et nous sommes certains
que l'on a omis dans le nombre le patois forézien.)
IX
« La langue politique n'existe pas en patois ! » (Nous
avouons ne pas le regretter beaucoup, si Ton entend
par langue politique l'argot des plubs.) « La pau-
vreté des patois resserre l'esprit, nuit à la propa-
gation des lumières et conserve les superstitions. »
Nous vous accordons cela, Monsieur Grégoire,
mais le patois conserve, outre les superstitions, et
Dieu sait où vous limitez le sens de ce mot, con-
serve, disons-nous, le souvenir des vieux usages
nationaux, au lieu d'importer une anglomanie ridi-
cule; la vieille gaieté française, bien préférable à
notre décorum maussade; les affections du foyer et
de la famille, au lieu d'un socialisme impossible; la
confiance et la bonne foi, au lieu de la défiance et
de la duplicité, et enfin l'antique religion du Christ,
au lieu du doute qui nous assiège et du panthéisme
qui nous envahit !
Que les pédants sourient et continuent de railler
les patois. Savez-vous comment on nomme chez nous
ces gens qui dédaignent le langage et la condition
de leurs pères, et ne sachant ni patois ni français,
parlent meta-Dio mela-Diablou? On les nomme des
recoupés. Et quand ils viennent, sous la noire che-
minée où leur mère suspendait leur berceau, racon-
ter à des auditeurs ébahis les merveilleuses aven-
tures de leurs voyages ou leurs hâbleries philoso-
phiques, les bons vieux paysans secouent la tète
X
d'un air de doute et murmurent avec une malicieuse
bonhomie : EU ant vœii petâ lou lûp sus la peira
de boes !
Au reste, le patois a trouvé souvent des défen-
seurs plus éloquents que nous.
« C'est une étrange destinée que celle du patois, »
a dit Charles Nodier, « cette belle langue rustique,
mère indignement rebutée de nos langues urbaines
et civilisées, que ses filles ingrates désavouent et
qu'elles vont persécuter jusque sous le chaume, tant
elles craignent, dans l'éclat de leur prospérité usur-
pée, qu'il ne reste quelque part des traces de leur
roture. »
Il y a, comme on le voit, une distance fort grande
entre les idées rétrogrades de Charles Nodier, le
philologue, et les pamphlets de l'abbé Grégoire.
Certes nous avons foi au progrès et à l'avenir
autant qu'un autre. Nous croyons au progrès ration-
nel et raisonné qui s'accomplit lentement, mais non
à ce progrès hàtif et prématuré dont veulent nous
gratifier, malgré nous, quelques esprits brouillons,
assez semblables à la mouche du coche. Nous pen-
sons que Dieu a marqué du doigt l'espace que par-
court l'humanité à chacune de ses étapes : vous
aurez beau pousser à la roue, nous doutons qu'elle
aille plus vite. « Qui s'imagine encore aujourd'hui
que notre époque a été régénérée simplement parce
Xf
qu'il y a un demi-siècle on a incendié quelques
vieux pigeonniers à créneaux? » a dit Victor Hugo,
dans son Foyage aux bords du Rhin.
Nous avons la religion du passé; nous ne sommes
pas de ces flls sacrilèges de Cham qui soulevèrent
la tunique de l'ancien monde pour rire de sa nu-
dité ! Et de même que l'on réserve dans sa demeure
une place aux images des aïeux, de même l'on doit
garder, dans un coin de son cœur, le souvenir de
leurs actions, de leurs vertus, de leurs croyances.
L.-Pierre GRAS.
Les patois sont les derniers débris des
innombrables dialectes qui constituaient la
langue parlée dans l'ancienne France. C'est
par ces restes, tout informes et défigurés
qu'ils soient, que l'on peut acquérir encore
une certaine connaissance des intonations
et de l'accent qui caractérisaient ce vieux et
pittoresque langage. Aussi, tandis que les
amateurs des littératures locales rassemblent,
avec un zèle inquiet et passionné, les récits,
les légendes, les poésies et les chants les
plus obscurs des muses populaires, les éru-
dits ne recueillent pas avec moins d'ardeur
tout ce qui peut servir à l'élude philologique
des idiomes provinciaux. Il en est temps, du
reste, car bientôt ils auront disparu, et rien
alors ne pourra plus donner aucune idée des
inflexions si variées, de l'étrange harmonie
de ces dialectes dont le français, dans sa
correction monotone, n'a conservé, en au-
XIV
cune manière, le caractère profondément ori-
ginal.
L'intérêt qui s'attache à cette double étude
philologique et littéraire, les ressources qu'elle
peut fournir à l'histoire générale de la langue
française, déterminent nettement le plan à
adopter dans de semblables recherches, et
signalent en même temps les écueils qui s'y
rencontrent et que l'on y doit éviter.
Dans l'état des connaissances actuelles,
des glossaires spéciaux pour les patois de
nos diverses provinces sont devenus d'une
indispensable nécessité et sont destinés à
compléter et à contrôler les lexiques d'une
portée plus générale. Pour que des publica-
tions de cette nature aient quelque valeur,
il importe donc qu'elles se restreignent à des
localités particulières et de peu d'étendue,
afin que les détails y présentent un certain
caractère d'ensemble et d'unité. Il faut aussi
qu'elles soient rédigées par des écrivains fa-
miliarisés avec l'usage de ces idiomes, car
rien, dans ce cas, ne peut suppléer aux ren-
seignements fournis par la pratique. On doit
éviter également de grossir ces dictionnaires
particuliers de termes étrangers ou de mots
rançais altérés par des terminaisons patoi-
XV
ses. Un danger plus grave encore est l'abus
des interprétations étymologiques dans les-
quelles il est si facile de se laisser entraîner.
Tout auteur est enclin à accorder une impor-
tance exagérée à l'objet de ses recherches ; il
se passionne pour son œuvre; il voit tout en
elle. Aux yeux de certains archéologues, la
moindre sculpture grossière d'un vieil et vul-
gaire artiste de village se rattache aux gigan-
tesques et mystérieux symboles de l'antique
Egypte; de même aussi, pour quelques phi-
lologues, les mots les plus informes d'un
patois défiguré touchent directement au gaé-
lique, au sanscrit, à toute la série des lan-
gues indo-germaniques ; ils jalousent, pour
les patois de leurs provinces, la célébrité
des dialectes des Gantabres et des Escualdu-
nacs, et la gloire des Klaproth et des Adelung
les empêche de dormir. C'est en cédant à de
telles préoccupations que des études qui,
dans leur étroite sphère, auraient pu fournir
quelques données précieuses à la science,
sont détournées de leur but et sont condam-
nées à n'aboutir qu'à un ridicule résultat.
On n'a pas assez remarqué, peut-être, que
nos patois ne sont plus, en somme et depuis
longtemps, que des idiomes tronqués et pro-
XVI
fondement défigurés, non-seulement par les
causes qui tendent à modifier toutes les lan-
gues, mais aussi par suite des envahissements
de la langue française dont l'action sur les
dialectes provinciaux est, pour ainsi dire,
immémoriale. Cette dernière langue, en effet,
n'est pas une création moderne; son indivi-
dualité est aussi ancienne que celle d'aucun
des autres dialectes parlés dans l'ancien
royaume de France; sa suprématie ne s'est
pas établie, comme on l'a donné quelquefois
à entendre, par le despotisme littéraire de la
capitale, mais par l'initiative spontanée des
provinces françaises qui, par là, faisaient un
sacrifice volontaire à l'unité nationale.
Aux plus belles époques de la gloire des
troubadours et des trouvères, les poètes s'ex-
cusaient souvent de leur style provincial.
Dans notre Forez, en plein treizième siècle,
alors que nobles et vilains parlaient un même
idiome très -caractéristique, on se servait
aussi, quoique rarement et plus ou moins
correctement, de la langue usitée de l'autre
côté de la Loire. Il s'est conservé une lettre
écrite par un ecclésiastique forézien, en 1250,
et dont la suscription est telle : « A la reli-
« giose et honeste dame suer prioresse de
XVII
« St-Thomas, qui est entre St-Romain et
« Lesigneu, Guy de Preisseo le prebstre,
« salus en Deu et à tôt le convent. Dame,
« sache, etc. »
Plus tard, néanmoins, le dialecte local
était encore d'un usage général, et on le
parlait à la cour du comte de Forez, Jean I er .
On possède encore divers comptes de dépen-
ses, rédigés par des officiers de son hôtel,
dans les termes que voici, et qui ne laissent
aucun doute à cet égard :
« L'an de notre Senyor 1322, lo mercres
« après la Tossayns, jo Paches de la Varena,
« comensey à faire lo dépens de mes senyors
« Raynau et Johan de Foreys qui demoriant
« à Paris, liqual sunt écrit en icet papier...
« Pru mai rement la dimène d'avant la saint
« Luc evangelica, partiront li dit min senyor
« de Monbrison è furont lo seir à Clépeu
« avoy madame de Mercueil. E prumeyra-
« ment à un garson qu'alet de Monbrison à
« Cyvreu per aporter una cela, 5 deniers
« tournois, etc. »
Mais si Ton se servait exclusivement de
l'idiome local dans les rapports ordinaires,
il n'en était pas de même dans les correspon-
dances et le$ relations d'apparat. Les hom-
XVIII
mes d'un rang élevé s'efforçaient alors d'em-
ployer la langue parlée à la cour de France.
Par exemple, vers le même temps, le secré-
taire du comte écrivait, sous sa dictée, de
l'Ile-Jourdain en Languedoc : « Sire de la
« Roe, frère Artaud de St-Romain, comman-
« deur de Chazelles, s'est dolu... Nous, qui
« ledit frère Artaud avons cher et tenons
a por bon amy. .. nous voulons et vous man-
a dons que, par honor et paour amort deldit
« frère Artaud et de grâce especial... si le-
« dit frère Artaud a à faire avez nostres gents,
« li fassiez faire bié droict... ne ne soffrez
« que l'en li mette point d'empeschement en
« son droict, car nos sçavons bien qu'il ne
« veut point dou nostre. A Dieu que vous
« gart. Doné à Liste en Albigeois, sabmedi
« après Quasimodo, l'an de grâce 1327. »
Moins de trente ans après, le français avait
encore gagné du terrain; les registres admi-
nistratifs se rédigeaient dans cette langue, et
en 1365, Renaud de Forez, régent du comté
pour son neveu, écrivait à deux de ses offi-
ciers : « Thomas et Humbert, nous vous
« mandons que vos registres Pierre Galva-
« gnhon, de la Prevostié de Lavieuz. Autreyé
« per nos el jour d'uy, à Cleppay ; ad ce es-
XIX
« cript à Cleppay le 27 6 jour de décembre. »
Enfin, lorsque les ducs de Bourbon héri-
tèrent du Forez, ils y implantèrent plus for-
tement la langue française déjà familière aux
gens instruits ou d'une condition élevée. Le
français était exclusivement usité dans l'hôtel
ducal; les principaux officiers, originaires,
pour la plupart, du Bourbonnais ou du Beau-
vaisis, ne connaissaient guère d'autre idiome.
Les seigneurs foréziens qui leur furent ad-
joints ne manquèrent pas d'imiter leur ma-
nière de s'exprimer, et, dès ce moment, par
toute la comté de Forez, le français fut
adopté par tout ce qui se piquait de bon ton
et de bonne éducation. A Paris, un gen-
tilhomme forézien ne se reconnaissait guère
plus qu'à un léger accent et à certains ter-
mes du crû qui pouvaient lui échapper, tout
comme maintenant un Provençal ou un Lan-
guedocien trahit son origine par des inflexions
de voix caractéristiques.
Cependant le dialecte local se conservait en-
core dans les habitudes ordinaires , et beau-
coup de personnes de bonnes familles, mais
vivant retirées dans leurs terres, eussent été
assez empêchées de parler correctement une
autre langue. Il y avait, assurément, des
XX
Foréaiennes parmi ces dames lyonnaises qui,
au rapport du Bon Serviteur, applaudissaient
« en leur patois » aux beaux coups de lance
du jeune Bayart. Les guerres civiles de la
fin du seizième siècle, la grande révolution
sociale qui suivit, l'éclat littéraire du règne
de Louis XIV, continuèrent ce que le mou-
vement régulier des siècles précédents avait
lentement commencé. Une dernière et vio-
lente secousse acheva enfin l'œuvre qu'a-
vaient également favorisée les efforts tentés
sous Louis XV et Louis XVI, pour perfec-
tionner l'agriculture, accroître l'industrie et
multiplier les voies de communication. De
notre temps, beaucoup de Foréziens ne sau-
raient s'exprimer dans la langue de leur pro-
vince, et, dès- à- présent, on peut annoncer
comme inévitable, sinon comme prochaine,
la disparition d'un idiome dont la ruine se
préparait depuis si longtemps.
Cet exposé rapide, ces exemples qui au-
raient pu être multipliés davantage, prouvent
suffisamment combien le patois forézien a dû
être profondément altéré par les envahisse-
ments du français, et combien actuellement
il doit être loin de sa forme pure et originale.
Mais non -seulement le patois forézien,
XXI
comme tous les autres dialectes provinciaux,
est déchu de son caractère primitif, mais il
manque aussi d'unité.
Mille causes réagissent sur la forme d'une
langue : la position géographique, le climat,
la pauvreté ou la richesse du sol, les profes-
sions, les mœurs et les besoins des habitants,
les événements historiques, les révolutions,
les découvertes; toutes ces causes se sont
manifestées et ont agi dans le Forez plus
vivement que nulle part ailleurs.
Situé sur l'extrême limite des pays de lan-
gue d'oil et de langue d'oc, dans le voisinage
de Lyon, cet immense entrepôt, ce rendez-
vous commercial des négociants de toutes
les provinces de la France et de toutes les
contrées de l'Europe, le Forez a du à cette
position des changements nombreux et in-
cessants dans son dialecte propre. En outre,
cette province a eu tour-à-tour pour maîtres
des princes français ou allemands, les rois
de Bourgogne et les rois de France, les com-
tes de Lyon et les ducs de Bourbon ; elle a
été, pendant les grandes luttes du xiv e et du
xv e siècle, sillonnée par les bandes italiennes,
espagnoles et anglaises, et, plus tard, par
les rudes boute-feu des guerres religieuses,
XXII
recrutés sur tous les points de la France.
Pendant la paix, les belles-lettres y ont tou-
jours trouvé des disciples fervents, des Mé-
cènes généreux, et ces goûts littéraires n'ont
pas été sans porter atteinte à la langue popu-
laire. Enfin, à l'époque moderne, l'établisse-
ment de grands centres industriels y a fait
surgir une population toute nouvelle et non
moins distincte du reste de la population par
son langage que par ses mœurs et ses habi-
tudes.
Entre toutes ces causes de modification et
d'altération de l'idiome local, la plus active
néanmoins a été la configuration topographi-
que du pays lui-même. Le département de la
Loire est formé par une large vallée ouverte
entre deux chaînes de montagnes détachées
du vaste massif qui forme l'extrême et der-
nière pointe des Cévennes. La Loire, descen-
dant des sommets abruptes du Rouergue, se
glisse à travers cette masse de rochers pour
s'épancher dans la plaine; là elle coule sur
un vaste et fertile plateau qui s'abrite, au
levant, au pied des montages du Lyonnais,
et, au couchant, s'incline vers un vallon, le-
quel, semblable au fond desséché d'un lac
immense, est borné par les pics élevés de
__. j
XXIII
Pierre-su r-Haute et du Montancel, et par un
autre vallon plus verdoyant et plus frais, où
serpentent les eaux fameuses du Lignon ; au-
delà le sol affecte une disposition plus uni-
forme ; les deux chaînes de montagnes s'écar-
tent et s'abaissent, la Loire hésite, se détourne
lentement, et la plaine du Forez vient se con-
fondre avec les campagnes du Charollais et
du Nivernais.
Ces délimitations topographiques corres-
pondent assez bien avec les divisions politi-
ques qui partageaient anciennement ce terri-
toire, et déterminent en même temps certai-
nes nuances de langage qui pourtant ne sont
pas aussi absolues qu'on pourrait se l'ima-
giner.
La partie moyenne et méridionale du dé-
parlement formait l'ancien comté de Forez
proprement dit, y compris le pays de Jarez
qui occupait les montagnes au sud du Lyon-
nais, et où s'échelonnent les villes industriel-
les de Rive-de-Gier, St-Chamond et, plus loin,
St-Elienne, dont les patois sont si rudes.
Bien au-delà de St-Etienne se dresse St-Bon-
net-le-Château ; le patois y a beaucoup d'ana-
logie avec celui du Yelay, tandis que du côté
des montagnes de l'ouest, il se rapproche
XXIV
davantage de celui de l'Auvergne qui en est
limitrophe. Mais c'est dans la plaine, près
des bords de la Loire où s'étalent St-Galmier,
Unias et Feurs, dans les vallons où dorment
Montbrison, Boën et St-Germain-Laval, c'est
là que l'on doit chercher le vrai patois foré-
zien. Plus loin, dans les cantons formés de
l'ancienne baronnie de Roannais, dont les
comtes de Forez ne possédaient qu'en partie
la souveraineté, l'idiome local perd déjà de
son individualité; il s'affadit et se mêle avec
les patois du Lyonnais, de la Bourgogne et du
Bourbonnais, tout comme le pays lui-même,
partagé autrefois entre différents seigneurs,
se morcelait et confondait les domaines des
ducs de Bourgogne, des comtes de Forez, des
sires de Beaujeu, des seigneurs de Roanne et
des chanoines-comtes de Lyon.
Le type spécial de ce patois est une forme
mixte, indécise, qu'il tient sans doute du ca-
ractère même des habitants de la plaine, tout-
à-fait différent de celui des montagnards. Le
langage de ceux-ci, rude comme leurs mœurs,
a conservé quelques traits de son origine et
quelque chose de son accentuation primitive.
Anciennement, en effet, le dialecte parlé
dans les montagnes du Forez était essentiel-
XXV
lement Languedocien ; c'est ce que prouve le
texte de la charte de St-Bonnet-le-Château,
octrovée en, 1224, et dont voici le début :
« En Robertz, seignor de Saint-Bonet, donet
« à totz les ornes et a totas las fennas que
« sériant sos ornes que maison penriont et
« auront à Saint-Bonet, los usatjes e bonas
« coldumnas aitals quant sunt escritas en
« aquesta présent chartra, etc. » Une confir-
mation de ces franchises, donnée en 1272,
est rédigée dans le même dialecte : « E nos
« Mo lien s Peires, seignor de la Roa et de
« Mont-Pelus, seignor de la terra de Saint-
« Bonet, per nom de la. Dalphina nostra
« moiller... volguesmes, etc. » A Lyon, la
langue d'oc prédominait aussi, mais avec
des variations notables. Quelques exemples
montreront ces différences.
Une ancienne inscription , trouvée dans
cette ville, porte ces mots : « L'an 1352, fit
« Micheles Pass'us, citiens de Lian, édifier
« ceta chapella, l'outar et lo crucifis... »
Le syndicat de 1355, document plus intéres-
sant encore de la langue vulgaire, est conçu
ainsi : « Ly pueblos de la Universita de Lyon
u assemblas en l'eglesi de San Nises, al son
« de la grossa campana. . . fant et ordonnons
XXVI
« conseillours de la dicta cita deys le jorn de
« Chalendes que serants 1355, etc. » Une
courte note du même temps a plus d'analo-
gie avec le patois lyonnais moderne : « La
« velly de Notre -Dama de la Chandelura
« 1362, fut huvria una taly de 6000
« flurins, li quala fut fety por lo rey de
« Francy par la composytiont qui fut fety
a pour les entrés de la cita de Lionne cui
« Diou gart... et fut hordenas por la fere
« Guillaume de Varey dit Plotun et Humbert
« del Puey... et s'ension icy après qui con-
te sentiront de la fere et li nunt de selos. »
En rapprochant ces textes des fragments
de la langue usitée, vers la même époque,
à la cour du comte de Forez, qui sont cités
plus haut, on reconnaît que le patois foré-
zien tenait à peu près le milieu entre ceux
qui étaient parlés à Lyon et dans les monta-
gnes; il participait de leurs caractères, mais il
était beaucoup moins accentué dans la forme
des mots et dans l'intonation. C'est ce carac-
tère mixte et adouci qu'il a conservé jusqu'à
ce jour, et il y a encore, comme par le passé,
une différence notable, sous ce rapport, entre
la langue de la plaine et celle de la monta-
gne, bien plus énergique et plus pure. Mais
XXVII
quoique la première présente beaucoup moins
d'originalité, beaucoup moins d'attrait, quoi-
qu'elle soit à peine parlée dans la moitié du
département, même sans compter le langage
particulier des bateliers de la Loire, dont les
traces se retrouvent tout le long de ce fleuve,
malgré tout cela, elle n'en doit pas moins être
regardée comme étant le type du vrai patois
forézien; comme telle aussi elle doit rester
le but unique et spécial des recherches des
philologues foréziens.
Tel est donc ce dialecte, indécis, restreint,
profondément altéré et envahi par les idiomes
voisins. On peut juger par là des difficultés
que présentait son étude. Ce n'est pas ici le
lieu et il ne m'appartient pas de dire si l'au-
teur a triomphé de ces difficultés; mais si
l'on a reconnu quelque justesse dans les rè-
gles que j'ai cru pouvoir fixer à cet égard,
on devra remarquer aussi qu'il les a judicieu-
sement observées, ou, pour mieux dire, que
ma théorie était simplement l'exposé d'un
plan très-heureusement exécuté par lui.
A. STEYERT.
Lyon, Novembre 1863.
PREMIÈRE PARTIE
DICTIONNAIRE
ABREVIATIONS.
Adj. Adjectif.
Adv. Adverbe.
Ang. Anglais.
Ar. Arabe.
Auv. Auvergnat.
B. Breton.
Bas. lat. Basse latinité.
Bo. Boyron.
Bq. Basque.
Br. Bressan.
C. Celtique.
Gh. L'abbé Chapelon.
Ch. A. Antoine Chapelon.
Ch. J. Jacques Chapelon.
Conj. Conjugaison.
D.C.S.DuCange, supplément.
Esp. Espagnol.
Et. Etymologie.
Ex. Exclamation.
Fam. Familièrement.
Fig. Figuré.
G. Gallois.
G. é. Gaélique écossais.
G. i. Gaélique irlandais.
Gr. Grec.
H. Hébreu.
lt. Italien.
Lang. Languedocien.
Lat. Latin.
Litt. Littéralement.
Ly. Lyon ou Lyonnais.
M. A. Ballet foresien, attribué
à Marcellin Allard.
Mont. Montagne.
Part. Participe.
Per. Personnel.
PI. Pluriel.
Pr. Préposition.
Priv. Privatif.
Pro. Pronom.
Prov. Proverbe.
R. Roquefort.
Rom. Roman.
Roq. Ro quille.
S. m. Substantif masculin.
S. f. Substantif féminin.
Sa. Savoie.
Sy. Synonyme.
V. a. Verbe actif.
V. n. Verbe neutre.
V. p. Verbe pronominal.
Vx ou Vx fr. Vieux français.
Abada s. m. Vagabond, vaurien. « Car j'ai fat pisqu'în
abada. » GH. J.
Abadâ y. n. Errer, vagabonder. (Heb. abat}, errer?)
Abadâ (s) v. p. Prendre la clef des champs, se divertir,
vivre en liberté.
AlMMl£ ▼• a. Weher les troupeaux , les conduire aux
champs, les mettre à Y abada.
AIKmIa (à, T) loc. .adv. A l'abandon, sans règle. (Voir
Badâ, ouvrir, lâcher.)
Ab*è s.. f., Prise d'eau d'un moulin. (Baie, ouverture).
Abonda v. n. Envoyer les troupeaux sur la montagne,
au printemps, à Pierre-sur-Haute. (Même mot qxïAbadâ v.a.)
Abaragni v. a. Faire passer les bestiaux d'un pré déjà
pâturé dans un autre, leur faire sauter la baragne, le fossé
qui sépare deux champs.
Abatent s. m. Ancien volet à coulisse, que l'on élève
ou que Ton abaisse, à~ volonté.
AbanmA ou Abômâ v. a. Charger d'un impôt, assu-
jettir à- certains droits* On nommait cens abômé, au moyen-
âge, un cens solidaire avec des fonds étrangers.
AbequA v. a. User, appauvrir un terrain, une vigne,
par défaut d'engrais ou de culture. Au figuré , amaigrir,
exténuer, en parlant de la faim, de la maladie. La flore Va
abequot, la fièvre Ta usé, Ta miné.
4
Aberâ, Abualâ y. a. Abreuver, vx fr. Abeurer. Voir
D. C. et R. (glossaires).
Aberft v. n. Ressentir une douleur. « Me souaipiquot le
daèj vou m'abère jusqu'à l'épate, » je me suis piqué le doigt,
ça me fait mal jusqu'à l'épaule.
Abero s. m. Abreuvoir. Abero d'usai, auget d'une cage.
Abero s. m. Blessure, piqûre.
Ablalâ v. a. Faire des rigoles, des bialasures pour l'irri-
gation d'une prairie.
Ablatô v. n. Mal réussir.
Ablat v. a. Amadouer. « Ey creiant bion de Yabiata. —
Avouai lio vin de countrabanda. » Bo. (lang. abiada, amiada).
Abiœure, Abiorageou, Avlôre, etc. s. m. Breu-
vage. (Bas. lat. aberagium.)
Aboucha (s') Aboeht (s 1 ) v. n. Tomber sur la face,
sur la bouche, s'aboucher, vx fr.
Abouehon (à 1') loc. adv. Tomber à Yabouchon, tom-
ber sur le nez.
Aboundâ v. n. Suffire à. On dit vulgairement à Lyon,
abonder à faire quelque chose.
Abourlao-rive adj. Précoce, en parlant des fruits,
des légumes. Se dit aussi d'un enfant né avant le sacrement.
(Lat. aborior, commencer.)
Abourmâ (s') y. p. Se rapetisser, se pelotonner, quand
on a la fièvre, etc. « Te Vabourmes ccuma una matrua chiùra
de trenta saos, » tu te pelotonnes comme une mauvaise
chèvre de trente sous. (Voir se débourmâ.)
Abousâ v. a. Détruire, abattre, renverser. .
Abousâ v. n. Tomber sur la face, être courbé. « ïabousiô
sus le coup et me crurô pano, » je tombai sur le coup et me
crus perdu. Roq.
o
Abrauda v. a . Attiser, propager. « La ployé est abrandaj*
la pluie tombe à verse. « Le fœu est abrandot, » le feu s'at-
tise, l'incendie se propage. « La misera s'abrande à San-
Tsiéve, » la misère est générale à St-E tienne.
AbulA v. n. Mesurer une distance au jeu de boules.
Abat A t. n. Quitter, viser à un but.
Acaci (s') v. p. Se baisser.
Acala (s') y. p. S'apaiser, en parlant du vent. En fr., on
dit caler doux. (Esp. acallar.)
AcatA (s') y. p. Se baisser, à la façon des chats.
Accani adj. Fatigué, épuisé de lassitude, de maladie.
Accore, Accoure adv. Quand? à quelle heure? in-
ter. « Accoure vindrot-au? » quand viendra-t-il? (G. ac,
pendant. R. accourt).
AccotA y. a. Tenir dans ses bras, caresser. Accota quau-
qxCun signifie aussi se serrer près de quelqu'un.
AccoulA y. a. Lier, attacher la vigne.
Aceoutl, Accoutchf y. a. Embrouiller. Chivcmx
accoutchis, cheveux gras, collés ensemble. V. Dêcouti.
AccuchoniiA y. a. Entasser, amonceler, mettre en
cuchon.
Achabi y. a. Gaspiller, perdre inutilement.
Achaboeu-airi adj. Prodigue, dissipateur.
Achat! (s') y. p. S'appliquer a quelque chose.
Achira, Kchlrae s. f. Mauvais terrain rempli de ro-
chers. V. Chirat.
AchoupA (s') y. p. Être surpris, trompé.
Aclapendon (en) loc. adv. S'assetâ en aclapendon,
s'asseoir les jambes croisées, comme les tailleurs.
Aclapl adj. part. Accroupi.
Acle s. m. Ecorce d'arbre, morceau de bois. Rom. ascla,
id. de asclar y fendre. Etre maigre comme un acte, prov.
6
Aetorong s. m. pi. Copeaux, brindilles de bois.
Aeràpfcisf (s*) vp. S'asseoir sur les talons.
Aeronpeton (en) loc. adv. Se mettre en aercttpeten,
s'asseoir sur ses jambes croisées. On dit aussi à croupeton.
Aeroiiponriâ (s 1 ) v. p. Se baisser, s'asseoir sur les ta-
lons. (S'accroupir.)
Addûre, Adjure y. a. Apporter, amener, conduire.
Adduzi le côuevau, Apportez le balai. « Si os addudë voufra
ferma, » si vous amenez votre femme.(Lat. adducere, amener.)
Adenef v.a. Agacer, irriter. «La fruti perde àdencieles
dents, » les fruits Verts agacent les dents. Dans le patois
francisé de Lyon : donner la dence.
Adlo-Coumand, formule d'adieu usitée à Mont-
brison et à, St-Etienne, et qui signifie probablement : « à
Dieu je vous recommande, » malgré les explications plus sa-
vantes qu'on en a données.
Adlousslas, Adloueha-iiâ, formule d'adieu dans
la montagne , k Dieu soyez. La seconde forme est l'abré-
viation de « à Dto seyas, menas, » « à Dieu soyez", enfants, »
Adoufod v. a. Réparer, arranger, orner, et par anti-
phrase, assommer, écraser. En Auv. châtrer. Casa adoaba,
cuir tanné, par oppos. à cœUpeloux, cuir velu. (C. adoba,
rns., d'où vient radouber un vaisseau. Esp. adobar )
Adouncen adj. Mauvais ouvrier, qui gâte l'ouvrage.
Adonne adv. Alors, en ce temps-la. Vx français.
Aêtres s. f. pi. Arrhes d'un marché.
Aêtres, Attrés s. m. pi. Auvent, balcon, galerie d'un
chalet, d'où le prov. : connaître les aitres dune maison. (Lat.
atrium, vestibule, auvent.)
Afan, Afanament s. ni. Travail, peine, chagrin. (Ar.
afan, Esp. afan, afanar. Vx fr. a faner, etc.)
7
Aflutâ t. a. Gagner péniblement, faire dj/ftcjJsmeut une
cil ose.
AfanA (s') v. p. Se dit des poules qui cessent de pondre.
Afanageon sm. Produit d'un travail pénibte» «Cotsi
tôt soun afanageou, » manger tout son avoir.
AAuaceia s. m. Ouvrier, homme de peine, manœuvre.
Affarâ v. a. Caresser. (G. farr. Bq. affariâ, apprêtej.)
Aflarâ<(&') v.p. Se lisser les cheveux; faire sa toilette,
en parlant des chats.
Alitera adj. Gracieux, avenant. « Lou groin bien affa-
râ, » le visage propre, le menton rasé, etc., d'où faraud,
élégant.
Aflalien adj. Malheureux, misérable, affamé- (G, fallig.)
jjb.lTegi v. a. Presser, durcir, serrer.
Afllqiiets, AJfotftaii* s. m. pi. Parure, ajustements
de femme.
AAfttonlâ v. a. Orner, ajuster, parer. (Esp. afetiar.)
Aflbrebtv. a. Affirmer quelque chose, rendre fort»
Agaein s. m. Cor aux pieds. Très-usité à Lyon. (B.)
Aglapl adj. Englué, collé.
Agomels. f. Douleur, chagrin. (Rom. a priv. goné, joie.)
AgoiurÀ v. a. Tromper. (B. gwrr.)
Agouraeu-alrl adj. Celui ou celle qui trompe
AgourrUtd v. n. Fréquenter les govrrines, les femmes
de mauvaises mœurs. .
A£ff*fl£ v. n. Plaire, être agréable. (Esp. agraflar. Bas
lat. agratare.)
Agrell v. a. Chiffonner, froisser.
Agrê von, Agrlôle s. m. Houx, arb. (Lat. agrifolium,
aigrefeuille , à cause de ses piquants.) On contracte de
même trifohum, trèfle, en triôle.
8
Agrimodon. V. grimodon.
Agroumi (s') v. p. Se reserrer, se rapetisser. (Àuv.
yroumer, peloton.)
Aguiehi (s*) v. p. Se percher, en parlant des oiseaux.
Au fig. se dresser sur la pointe des pieds.
Agutlli s. f. Espèce de plante ombellifère à fleurs
bleues.
Aguinehi v. n. Viser h, lancer des noyaux de cerise,
guigner. ( Qui Tient de guigne, cerise.)
Aigri s. m. Levier.
Aigua s. f. Eau. (Lat. aqua.) Aigua-lissi, litt. eau douce,
réglisse. Aigua dau brandau, eau-de-vie. Aigua dau rivati,
eau courante. Aigua-bulliot, ou bullion-nei, potage sans lé-
gumes. Aiguardant , eau-de-vie ; voir aiguardante. Aigua
dau tronfà, pour de nœutron fo, l'eau de l'ancienne fontaine
du pré de la foire, à St-Etienne. Aigua de Leiri, eau de la
Loire. (Les noms de rivière ne prennent généralement pas
l'article. On dit Lignon, Leiri, au lieu de le Lignon, la
Loire, etc.)
Aiguageou, Aiguai s. m. Droit payé pour avoir
l'eau dans les prés, les jardins, pour l'arrosage. (Lat. aqua.)
Aiguageou, Aiguasse s. m. s. f. Inondation , crue
d'eau, trombe d'eau. « L'annie dau grand aiguagecu, » Tan-
née de la grande inondation. (C. ai-galach, force de l'eau.)
Aiguardante s. m. Litt. eau ardente, eau-de-vie. On
nommait ainsi, au moyen-âge, un breuvage fait avec la rhue.
(Esp. Aguardiente.)
Alguettes s. f. pi. Petit ruisseau, chemin creux envahi
par les eaux.
Aiguïe s. m. E\ier, égout.
■
Ailai adv. Là-bas.
9
AHU, JEuilli s. f. Aiguille. On dit de même . par con-
traction, ailloun pour aiguillon.
Ainche s. ni. Hameçon. (Vx fr. haim.)
Airelle s. f. Myrtile, plante très-commune dans les jas
de Pierre -sur-Haute. Le fruit de cette plante.
Aises s. f. pi. Toute sorte de vases, d'ustensiles.
AissaguA, Aissavâ v. a. Laver. Aissavâ la baya ,
battre, essanger le linge d'une lessive.
Alssoutâ. v. a. Mettre à l'abri, à la soute.
Alvage s. m. Sorte, espèce. Un aivage de fruits. On dit
ironiquement d'un enfant difforme et chétif : « vou est un
gente aivage, » c'est un bel héritier ! un beau rejeton ! (D, C.
herage, race.)
AjaMA v. a. Renverser, coucher à terre.
Ajaftgl-ia part. Etendu sur le dos, couché.
Ajassi v.a. Presser, fouler la vendange.
AJa&gî (s') v. p. Se coucher. (Lat. jacere.)
Alabrande s. f. Salamandre. « N'aurans de ployé, les
alabrandes s'emodont , » nous aurons la pluie, les salaman-
dres sortent de terre.
AlelUo s. f. Charrette, char de foin.
Alleuta s. f. Flageolet. (Litt. alouette.)
Alla s. f. Ce mot, qui signifie proprement l'aile , a aussi
d'autres sens tout particuliers. L'alla d'un couévoUj le man-
che d'un balai. L'alla d'un boes, la lisière d'un bois.
Allanguâ v. a. Langueyer les porcs.
Allangnâ v. n. Répliquer, raisonner.
Allanguoeu-airi adj. Qui réplique.
Allauves s. f. pi. Sarments, copeaux, menu bois qui ne
fait qu'une flambée. *
Allicattes s. f. pi. Petites tenailles.
40
AltongÀ v. a. Placer en temps et lieu. (Lat, allooare.)
Alluchâ v. n. Guetter, regarder sournoisement.
Al-poyl adv. En haut. (V. poy.)
Alyïn pr. adv. A côté»
Imarson s. m. Amertume.
Amat st Pétrin. Le mot doit plutôt s'écrire ma, maie,
du lat. mactra.
Amatâ (s*) v. p. Se blottir, se baisser, se cacher.
Ambanes. f. Ancienne mesure de poids pour le pain.
Un gros pain rond. Au fig. bedaine, panse, fanon d'un
bœuf.
imbé. Aitbé pr. Avec Âmbè jm, avec moi.
Amliessl s. f. Ancienne mesure pour le bois. Nous trou-
vons dans un acte de la fin du xm e siècle : une ambessi de
famille de 500 faix Vambessi, une charge de bois pour
chauffer les fours, à 500 fagots la charge.
Amblgnon, Ambiisnon s. m. Nombril (Vx ambon,
du lat. umbilicus.
Ambres, m. Osier blanc. (SaUœ viminalis.) L'écorce en
est jaune comme l'ambre.
Amerellle s. f. Lien d'osier.
Amesft (s') y. p. S'apaiser, en parlant du vent.
AmiralUâ (s') y. p. Se mirer.
Amltoue-auaa adj. Affable, caressant.
AmoUft ta. Aiguiser sur la meule.
Ampan s. m. Largeur de la main, les doigta écartes.
Amplan s. m. Soufflet, taloche. (Lai alapam date, don-
ner un soufflet )
Ampowiai, Ampetiln s. m. Framboisier, framboise.
Anâ v. n. Forme du Yerbe aller, dans la. montagne. Otite
anas? où allez-vous?
il
AdUr s. f. Litt. Ànée , charge d'un âne. Mesure- pour le
bois. Mesure pour le Tin équivalant approximativement à
l'hectolitre.
v. a; Cacher, dérober. (LaL arcam, secrets.)
s. m. pi. Montants, jambages d'une porte,
d'une fenêtre; (G. ancfc, étroit, d'où tient angle.)
Anehe s. f. Fontaine, robinet en bois ou en cuivre d'une
cuve; On dit : vendre du vin à l'anche de la cuve. (Gr. an-
cheô, couler. D. G. ahha, cellier, cuve.)
AtnttoMft t. a. Renverser, entraver, donner un croc en
jambe.
Aaerite s. f* Besoin, épuisement. « Être à l'aœrks»
tomber d'inanition.
Andan.Andanas. m. s. f. Àndain, tas de foin, ce que
l'on abat d'un seul coup de faucille, d'où les verbes anda-
gnà et âesandagnà , faire et défaire les andains. (Esp. an-
dam, rangée.) Voir D: G. gloss.
Andanfceure s. f. Rangée d'andains.
Andâre ad}. Pressé, qui se donne beaucoup de peine,
qui est en retard. (It. andure, aller, marcher.) On doit peut-
être écrire en dare. (G. dare> agitation violente.)
Andeletra, Aodere s. f. Sorte d'étrier en fer sus-
pendu à la crémaillère, sur lequel on appuie une poêle. Cet
ustensile porte, suivant les localités, les noms d'andeleira,
servante ou Chambrière. En Àuv. andeleira signifie au prop.
une servante, une domestique. (D; C. andektè, fer plaeé sur
le feu pour disposer le bois.)
Ander s. m. Chenet, landier.
Anellle s. f. Béquille. (Lat. amlis, de vieille femme.)
Attgllenftl s. m. Eglantier.
AngoHntr s, m. Fruit de l'églantier. (Voir boyard.)
12
Anheu, Anhei, Anhod, Anhut adv. Aujourd'hui.
Les Gaulois comptaient le temps par nuits, et cet usage se
conserva jusqu'à la fin du ix e siècle '. On disait dans les actes :
comparoir devant les nuits. Nous croyons néanmoins que ce
mot vient simplement de hodie, d'où le vx fr. hm. On disait
encore, au xvn« siècle, jusqu'à hui, jusqu'au jour d'hui.
Animau s. m. Colin-maillard, jeu.
Antvei s. m. Petit serpent appelé ailleurs borlie, borgne.
Anouâ (s') t. p. Suffoquer, s'étrangler en toussant.
Alton s. m. Ane, partie d'un pressoir, pièce de bois dans
laquelle passe la vis, de pression. (Gr. onos, m. sign.)
Anon s. m. Ane. On donne ce surnom, par moquerie,
aux habitants de Montbrison, depuis plus de trois siècles.
« François I er entrait à Montbrison,
« Et le bailli lui lisait sa harangue.
« Or, tout auprès, un âne, vieux grison,
« Complimentait le Sire dans sa langue.
« En ce moment, rapporte un vieil auteur,
« Qu'on aurait tort de supposer menteur,
« Le Roi François, gaillard et bon apôtre,
« Leur dit : « Messieurs, parlez l'un après l'autre. »
11 existe une autre version.
« D'un vieux vin de Purelle ayant bu deux bouteilles,
« Le Roi dit au bailly, mais sans songer à mal :
« Les gens de ce pays ont, dit-on, des oreilles
« Longues... à faire envie à certain animal... »
« Le bailly répondit : « leur longueur vous étonne
« Et Votre Majesté daigne s'en occuper !
« Eh ! c'est que nous n'avons encor trouvé personne
« Capable de nous les couper ! »
Suivant une autre tradition , les Montbrison nais offrirent
a l'un des quatre ou cinq Rois de France qui visitèrent leur
J3
rille, une ânesse blanche, présent qui n'était nullement ri-
dicule au Moyen-Age, et serait plus difficile à trouver au-
jourd'hui qu'un merle blanc. Le roi fut enchanté du cadeau,
et il tenait tellement à son âne qu'il avait juré la mort de
celui qui lui annoncerait le trépas de la bête ; ce qui n'em-
pêcha pas la bête de crever. Le difficile était d'en porter la
nouvelle à Sa Majesté. Quelqu'un se dévoua et arriva tout
en pleurs auprès du Roi :
— Hélas! Sire, l'âne
— Eh bien ! que lui est-il arrivé ?
— Sire, l'âne !. .. Sire, l'âne ! . . .
— Il est mort ! s'écria le Roi.
— Sire, ce n'est pas moi qui l'ai dit! répliqua le messa-
ger qui, du reste, en fut quitte pour la peur.
Ces anecdotes sont apocryphes, et il faut chercher ailleurs
l'origine de ce surnom, soit dans une allusion au caractère
doux et patient des Montbrisonnais, soit dans F afflue nce des
ânes que des marchés importants attirent dans leur ville.
Les habitants de Ghagnon et de Luré portent le même
surnom que les Montbrisonnais.
11 existe aussi, en Franche-Comté, un village nommé Pre-
tin, si nos souvenirs sont exacts, que l'on nomme l'Académie
des Anes, et Ton y renvoie les intelligences obtuses.
Voir, pour les surnoms des villages et villes : gaga,jaluffe,
eamisard, bleus, etc.
Anqueu adv. Avant, plutôt, d'abord. (Lat. ante-
quam.)
Aôrot s. f. Œuvre ou plan, chanvre fin pour faire le
linge. (Voir à Chinéve les noms des différentes préparations
du chanvre.
Aparâ v. a. Préparer, tendre pour recevoir. « A f tare
14
tounchapai, toun devwti,» tend ton chapeau, ton tablier.
(Esp. aparœr. — G. é. apparan> tablier.)
Aperet#t (s') y, p. Devenir paresseux.
Apeltft v. a. Attendre. « Apeitez aoustris ! » attendez,
vous autres! (Lat. expectore.)
-Api s. m. Céleri. (Lat. opium.)
Appa s*f. Crampon de fer.
Apparâ y. a. Polir un morceau de bois. Coûtai appara,
ou à para, outil de menuisier.
Appétit s. m. Estimation. A Y appétit de 600 sols.
Apptâ y. a. Voler.
Appl v. n. Atteindre à, toucher.
ÀpptalA, Applata y. a. Appuyer, étayer. Pédre
l'appiôte, perdre son point d'appui .
Appinelil t. a. Guetter, regarder sournoisement, es-
pionner. (Lang. Espinehounâ.)
AppinehlHmorltet s. m. Curieux, espion. (Yoinâfor-
Iktâ.)
Appleelil v. a. Fournir, servir, ajuster. Ben applechis,
bien accouplés.
lApponerâ (s 1 ) y. p. S'efforcer de, s'appliquer à, em-
ployer son pouvoir*
Appaundaille s. L Rallonge, ce qu'on ajoute H une
chose pour L'allonger.
Appoundre y. a. Réunir, faire joindre, atteindre à...
(Lat.. apponere.)
Apprlmâ y. a. Amincer, rendre prime. (Voir ce mot.)
A*wi adv.i Ici.
A#|aot pro. démonstratif. Ce, cet. Aquo d'aqui, celui-ci.
Arais 9 Ardl locution imper ative. Allons, marche!
AvmuM <a*) y, p. S'accrocher, s'arrêter. (Tarmade ma-
rine, aramber, accrocher un vaisseau pour l'abordage.)
15
Ara* s. m. Labour. «Avl est à Tarât, » il est aux champ*.
Revenir de Parât, etc. (Lat. arare.)
Arat s. m. Terre labourée. (Esp. arada. Du lat. aratus.)
Arbtt J U m s. m. Vantard, suffisant. En fr. fani. qui fait
des embarras. (Esp. arbolario, brouillon, écervelé.)
ArMllon s. m. Débris de ferraille. « Sourâ quattque ar-
billon, » amasser quelque bien.
Avfloiadler-ière adj. Pillard, voleur.
Areanetta s. f. Sarcelle, oiseau.
Archi s. f. Arche, coffre où les paysans serrent leurs
veyés , c'est-a-dire leurs habits , leur Knge , leur argent , en
un mot tout ce qui leur appartient. Et tel est leur respect
pour tout ce que M. Proudhon appelle le vol , qu'un des ju-
rons favoris du montagnard est moun archi! La clef du
coffre, ou la cheville qui en tient lieu, remplace souvent le
gros bouton de cuivre, commensura , qui retient la partie
antérieure des broyés, le pont.
A St-Etienne, les arches étaient des réservoirs pour le
poisson, en bois de chêne, et placée, au pré de la foire, sur
la rive droite du Furens. C'était le rendez-vous des filous et
des vagabonds. Les arches n'existent plus que dans le sou-
venir des Gagas. A Montbrison, la rue des Arches a la même
origine.
On appelle arche toute espèce de coffre : il y a l'arche a
l'avoine, l'arche aux fromages, l'arche au bacon, etc. (Lat.
arca.)
Arehlère s. f. Arc, cintre d'une porte. Ce mot, assez
commun dans les anciennes chroniques, a toujours été tra-
duit par- meurtrière, d'où tiraient les archers. « Débet pre-
parari munis portœ usque ad archeriam. » (Devis des répa-
rations exécutées au château de-Brignais, en 1370.) Les
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Routiers au xrv e siècle, par P. Allut. Lyon , 1860, in-12, et
compte rendu (A. Steyert) dans la Gazette de Lyon, 30 juil-
let 1860).
Arehlpot s. m. Espèce de mets particulier aux mon-
tagnes du Forez, et usité seulement pour les noces ou les
fêtes paroissiales. C'est une véritable olla podrida fortement
épicée, composée de viande de bœuf et de pieds de porc
hachés avec du pain blanc, et que l'on remue avec une
grosse branche de laurier. L'archipot est le mets par excel-
lence, le grand pot au feu, Yarchipot!
Arët s. m. Bélier, mouton non habillé» (Lat. aries,
Esp. ariete.)
Arguât s. m. Furoncle, clou, mal excessivement har-
gneux et incommode.
Arlôte s. f. Branche flexible pour attacher, lien, hart.
(Voir riôte, rieusse.)
Arjalla s. m. Sorte de genêt épineux.
Arlandl s. m. Voleur, pillard.
Arma, Armetta s. f. Âme, petite âme. Pâ moun
arma! juron. Les armettes, les âmes du Purgatoire. Arma-
lasse , se dit d'une personne molle, lente à marcher, conva-
lescente.
Armaille s. f. Ancienne forme du mot armoire. (B.
armell.) Le luxe des paysans, consiste en partie dans les
belles armailles de chêne bruni, avec des ornements eu
cuivre découpé et repoussé. Ce meuble est toujours compris
dans la dot d'une fille.
Armella s. f. Protubérance qui se forme sur un fuseau,
un peloton, quand on dévide longtemps sur le même point.
Armon s. m. Arroche, bette, pi. {Âtriplex kortensis.)
Arma, Arta s. f. Teigne , insecte dont la larve cause
47
des ravages dans les étoffes, dans la laine, etc. Au fig., para-
site, avare.
Arôre* Araire s. f. Charrue primitive, sans roues ni
versoir. Il existe une légère différence de forme entre les
arôres de montagne et celles de la plaine. Les principales
parties de l'arôre sont : la maître, bloc de bois qui forme le
corps de la charrue ; la quoua ou Vestêve, le manche ; les
orilles ou oreilles; Yechambousson ou la chamboussi, litt.
jambe de bosuf, pièce adaptée à la maître et qui se recourbe
^ en avant; la tenaille, ou tardai la, vis qui sert à rapprocher
ou éloigner la chamboussi du corps de la charrue; la prôla,
cheville placée à l'extrémité de la chamboussi, qui sert de
timon, et à laquelle on attache la chaîne, chanêva, corres-
pondant au joug; la veille ou soc, adaptée au bout de la
maître et retenue par une morle ou virole de fer.
Arpa s. f., Arplon s. m. Griffe, doigt de pied. On
dit d'un homme à l'agonie , qu'il est su Varpa de la mort.
« L'arpa de Veimbition lo tsiranchi si fort. . . » la griffe de l'am-
bition le tourmente si fort. Roq. La Pereyoux. (Esp. Arpa.)
Arpalant s. m. Escogriffe, agent de police.
Arrap v. a. Saisir, empoigner, se coller. (Lat. rapere. )
« Et que te rias pas tout Vitio — La chamisi arrapa au
« quio. » M. A.
Arre v. n. Avoir soin des troupeaux.
Arreairc s. m. Celui qui prend soin des bestiaux»
(6. i. aireachy gardeur de troupeaux.)
Araeament s. m. Ajustement, ornement, train, équi-
page. (Vx fr. arrai, d'où vient désarroi.)
Arrêt* Derrière. « Arrei de la eau, » derrière la haie.
Arrelsi (s*) v. p. S'apprêter. «Arreisi-te donc unabre-
sa, » M. A. Ajuste-toi donc un peu.
2
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Arrêt»! t. a. Garnir, orner.
Arria s. m. Embarras, confusion. Vieux mot employé
par Villon. (G. ariar.)
ArroupA v. a. Envelopper.
Arrousrô t. a. Amasser, entasser.
Arslcon s. m. Petite fourmi.
Arslœu s. m. Orgelet qui vient au bord de la paupière.
Artabalarta (à 1') loc. adv. Au hasard. (Prov. artabal)
Artlfton s. m. Mite ou ciron, acarus du fromage.
Assa excl. Or sus! assa, menas, allons, enfants!
AftsablA t. a. Égoutter, d'où sabler le vin.
AMai|Â (s*) t. p. Se désaltérer, boire avec plaisir, avaler
sa salive. « Par miox z'assadâ — Vou faut z'affartà. » Chan-
son de Babochi.
Assapâ y. a. Heurter, achopper. « Un lozou m'assupet,
je bouquiô la charreira, » Ch. Un caillou me fit trébucher,
j'embrassai le payé.
Asslgi v. a. Encuver le linge d'une lessive.
AmIvâ v. a. Donner à manger, rassasier. (Lat. cibus,
nourriture.) Voir Civadâ.
Aftsûre v. a. Achever, finir. Vider un verre, une bou-
teille. Assitre d'entounâ, vider d'un trait, sans s'arrêter.
AsrarA t. a. Assurer. Une locution très usitée est m'as-
sure, pris dans le sens de peut-être, je suppose. « Auvùukot,
m'assure, anheu, »> il viendra, je pense, ce soir.
Asftu* adv. En haut. (Voir Sus.)
Aflirat, Alflfftut adj. Accablé de fatigue, épuisé.
AMuyageou s. m. Achèvement.
AMuyoeu adj. Dissipateur, prodigue.
Atapa s. f. Morceau d'étoffe qui couvre le carreau des
dentelières.
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Atap t. a. Couvrir, cacher. Une vieille auvergnate ma-
lade disait à son neveu : « atêpot-me ! quand faraé la papa,
te baiîaraéle tsaudru à litsàde,» c'est-à-dire, en faisant al-
lusion à son héritage : couvre-moi bien, quand je ferai la
bouillie, je te donnerai le chaudron à lécher. (Esp. tapar.
Lang. atapâ, etc.)
Atope s. f. Cachette. Jouer à Yatape, à la recondaille ,
à la cachette; ces trois mots ont le môme sens.
Atapt (s') v. p. Se cacher. D'où vient se tapir.
Ates s. f. pi. Plantes desséchées, des légumes.
AtlpÀ v. a. Alourdir, rendre pesant, engourdir, au
moral.
Atou s. m. Broche, rôtissoire. Vx fr. astier. (Lat. asta,
de hasta, pique.)
Atra Participe passé du verbe être, qui a formé les mots
mal-atru, qui est mal, ben-atru, qui est bien. Atra a quel-
quefois le sens de ce dernier mot. « "Ren prus atra ni plus
héroux. » M. À.
Atrot adj. Funeste , malheureux. Un dzour atrot, un
jour malheureux.
Au pr. Avec. Au te , avec moi ; au se, avec lui ; au z-el-
lous, avec eux.
An, Aul, A* Al II, al et aul s'emploient devant les
voyelles.
Aubes g. f. pi. Etincelles.
Auehâ. v. a. Retourner sens dessus dessous.
Auch s. f. Oie. Ce mot est du celtique pur. (Bas lat. auca .)
Augment s. m. Acquisitions faites après le mariage.
« La varckeiri et Vaugment, » la dot et les acquêts.
Aulagne* Allogue s. f. Noisette. (Lat. avellana
nux.)
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Aulagnl s. m. Noisetier, coudrier, d'où les noms pro-
pres Olagnon, Ollagnier.
Aura s. f. Vent, air. Il y a quatre sortes de vents : la
cizampa ou bise (nord), la travarse ou mountaneiri (ouest),
le vent (midi), le matinal (est). (Lat. aura.)
« Quant le matin at court avant meijour
« N'aurans de ployé avant trae jours. »
Quand vou plot pa la bisi,
Vou moille jusqu'à la chemisi.
Quand vou plot pa le vent,
Vou moille jusqu'au pan.
Les aures se contrassont.
Aurtao s. m. Abri. « Se betta à Vauriao, » se mettre à
l'abri. (Les lettres B et V étant équivalentes, nous pensons
que le mot français abri vient de auriao, avriao> abriao, abri.)
Aurisse s. f. Grand vent, orage.
Autarlaux s. m. pi. Caillettes, boulettes de viande
hachée. (R. astereaux, tranche de viande roulée et grillée,
à'astier, broche.)
Aux s. m. pi. Culottes, brayes. Pourtâ lous aux, prov.
Être maître chez soi. Ce mot doit s'écrire hauts, car il vient
de haut-de-chausse , de même qu'on a fait bas de bas de
chasse. En tous cas Y h aspirée est inconnue en patois.
Avala, v. a. Abaisser, baisser. (D'aval, en bas.)
Avallsquo , impératif du verbe avalir. En lang. dis-
paraître, s'évanouir. Ce mot est très-usité dans le midi.
Nous trouvons dans Rabelais : avalisque, Satan , pour vade
retrà, Satanas. Dans un noël de Chapelon, le berger dit à
l'ange, par moquerie : « Si vous me trompez, je vous dirai
avalisque. » Ce que l'éditeur du poète stéphanois n'a pas
compris du tout, parce que ce mot est tombé en désuétude.
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Avari v. a. Dédaigner, abandonner. Se dit aussi des
œufs qu'un oiseau cesse de couver.
« Et lous bos avarirant Yherba
« Niô-ben lou caconnet lam.... » M. A.
Les bœufs dédaigneront l'herbe — et les bousiers l'ordure,
ayant que
Aveille s. f. Abeille. Dans le Forez, comme dans d'au-
tres anciennes provinces, les abeilles sont les amies de la
famille, et participent à ses joies et à ses chagrins. Quand
il meurt quelqu'un dans une maison, on leur fait porter le
deuil en attachant un morceau de crêpe à la ruche. S'il sur-
vient, au contraire, un mariage ou un baptême, on y attache
un ruban rouge. Virgile ayant appris à tout le monde que
les abeilles aimaient la musique, on poursuit les essaims en
fuite à grand renfort de casserolles, mais il est défendu de
mal parler ou de jurer autour des ruches. La reine, que nos
paysans , plus savants que les savants , ont de tout temps
nommée la mère, périrait immédiatement.
Aveindre y. n. Atteindre à.
Avenseift v. n. Suffire à, devancer.
AventA v. n. Amener à soi, atteindre. Au fig. aboutir,
réussir, être convenable, séant.
AverAv. a. Détourner, ôter, dispenser quelqu'un de
quelque chose. (Lat. avertere.)
AviA v. a. Ranimer, faire revivre.
AvirondA v. a. Parcourir en tournant. (De virer.)
Ayf»A v. a. Regarder. (Lat. vider e.)
Avi* s. m. Etau.
Awo Imp. abs. Allons, arrive!
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B
Babaraucbi s. f. Fantôme, épouvantail.
Babau s. m. Loup, croquemitaine dont on menace les
enfants. Petit homme qui descend par la cheminée. Dans
Théocrite, une nourrice menace son enfant de la baboue et
du marmot. (Rab.) (C- bab, petit, d'où l'angl. baby, et le
franc, bébé.)
Babau, Bobo s. m. Léger mal, en langage enfantin.
Babet s. m. Pomme de pin. V. belot.
Bachassl s. f. Pétrin, coffre pour pétrir le pain. La
bâchasse et le dressoir sont les principaux meubles d'une
ferme, et sont toujours frottés et cirés avec le plus grand
soin. On raconte, en plaisantant, qu'une brave vieille femme,
dont la vache était malade, s'adressait, en ces termes, au
bon saint de bois de son église, lequel saint avait été fabri-
qué avec le même arbre que son pétrin :
« San Barthomio, frâre de noûtra backassi,
Gmrissi noutra vaehi. »
Baebassola,Bacbasson s. f. s. m. Auge pour faire
boire ou manger les bestiaux. Caisse à mettre les cendres.
Baebat s. m. Auge à pourceaux, abreuvoir. «Bâcha ad
aberandum » Acte de 1300. (Diminutif de bac.)
Bacholla s. f. Voir bachassola.
Baebot s. m. Petit bateau, barque. (Très-usité à Lyon.)
Bacon s. m. Lard.
« Bettas la man au bacon
« Copas large, copas long
« Baillas n'en un boun transon. » (Noël.)
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En 1340, un bacon, ou porc gras, valait 20 sous tournois.
(Testament de Jean Puy, de Montbrison.)
Badâ y. a. Ouvrir. Badâ, la porte. Bada-goule, bada-béj
niais, qui ouvre la bouche, d'où vient badaud. — Deux pay-
sans, se rencontrant au marché, se tiennent le dialogue sui-
vant, que Ton s'accorde à trouver très-spirituel :
« Quant ta chiôre bada-bé ?
« — Trei vingt sâos, sarra-quio.
« — La baillaras pas pâ un ecu ?
« — La baillarîns pas ren, omi!
« Combien ta chèvre, badaud ?
« — Trois vingt sous, serre-fesses.
« — Tu ne la donnerais pas pour un écu ?
« — Je ne la donnerais certes ! pas.
BMulon s. m. Petit morceau de bois pointu aux deux
bouts que les enfants font sauter. Le jeu du baculon.
Badola s. m. Homme de peu de sens, badaud. (Esp.
badulaque.)
Bagnou, Bagnon s. m. Baquet, cuvier pour la
lessive.
Bajallë, Baijaque s. m. Bavard, bredouilleur.
Balai s. m. Genêt dont on fait les balais communs. Il
ne faut pas croire que ce mot patois vienne du français ;
c'est tout-à-fait le contraire qui a eu lieu. En celtique et en
breton balau signifie genêt. C'est au celtique que nous
avons emprunté le nom moderne du balai. Yoir couévou.
Balant s. m. Equilibre.
BalloaJfe s. f. Balle d'avoine, enveloppe du grain.
BallouHère s. f. Paillasse faite ordinairement avec la
ballouffe.
Bambanâ, Bambarda v. n. Flâner, aller lente-
ment, d'ici et de là. (Esp. bambanear, vaciller.)
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Bambane s. f. Femme molle, sans énergie.
Bambes s. f. pi. On dit faire des bambes dans le sens
de bambanâ.
BanA v. a. Huer, tourner en ridicule.
Bana s. m. Mari trompé, imbécile; d'où vient benêt.
« Si vou'étes couéfi, banâ, — prenez par tout essouJblâ, — fou
chapai, la chapelieri^ — una neiri , — una gronda neiri. »
Chanson de Babochi.
Baraban s. m. Dent de lion, pi. salade.
Baqmolft s. f. Plaisanterie ou châtiment, consistant
à frapper le derrière de quelqu'un contre terre. Faire la
baquiole, culbuter. (Vx fr. baculer.)
Barataten s. f. pi. Choses de rebut. Un plein grenier
de barafutes.
Baragne s. f. Endroit stérile, couvert de ronces; la
levée d'une terre ordinairement abandonnée aux brous-
sailles , fossé qui sépare. « La liera ère écondue dîns les ba-
rognes. » Le lièvre était caché dans les buissons.
Baranque adj. Embarrassant, chose mise au rebut.
Baraton s. m. Espèce de fromage blanc fait avec la
baratte ou résidu du battage du beurre.
Baraud, Baraodon s. m. Petit pâtre employé dans
la plaine à garder le menu bétail. (En Berri bouaron, qui
vient de bos, bovis.)
Barbellâ v. n. Bavarder, radoter.
Barbelle s. f. Radotage, conte.
Barbelles s. f. pi. Petites racines des plantes. Bavures,
ce qui s* attache au bord d'un vase.
Barbellora-ousa adj. Radoteur, bavard, baveux.
Barblot s. m. Sarment planté provisoirement et qui
prend racine.
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Barbota v. u. Bavarder. Germer, en parlant des graines.
BarbouUloun s. m. Brouillon, qui ne sait ce qui dit,
qui bredouille en parlant. (Esp. barbullon.)
Bardra-ua adj. Edenté, échancré. Un plat barchu
qui siert de lichifrois. Un plat ébreché qui sert de lèchefrite.
(De brèche, par transposition de lettre.)
Bardaraehe* s. f. pi. Bavures restées au bord d'un
vase.
Bardella adj .Tacheté. Nom d'amitié donné aux vaches.
Bardin adj. Le sao-bardin est le gros intestin du porc.
Bardolre s. f. Hanneton (très-usité à Lyon).
Bardane s. f. Punaise (très-usité à Lyon).
Bardot s. m. Ane, bourrique. Celui sur qui retombe
tout le travail, tous les reproches.
« De la quoua dan bardot
« I rCant fat una saucissi
« Qu*a mrvi de fricot
« A toute lajustici.
De la queue de l'àne — ils ont fait une saucisse — qui a
servi de fricot — à toute la justice. (Chanson CH.)
BargnÀ v. a. Montrer les dents, en parlant des chiens.
Barin-barallll s. m. Jeu cité par Chapelon. H con-
siste à. placer un objet dans une main, à tourner les poings
l'un sur l'autre en disant : barin-barailli , qvCuna sarailli?
« Quelle serrure est-ce ?» et à, faire deviner dans quelle
main est caché l'objet.
Baritan s. m. Etamine, étoffé qui sert à faire les cri-
bles, les tamis.
Barltellâ v. a. Tamiser la farine.
Baritella s. f. Jeune fille folâtre.
Barltelleri s. f. Tamis pour la farine. Ce mot a été
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usité jusqu'au vu« siècle. On le trouve dans l'inventaire du
couvent des Carmes de Lyon , fait en 1572], après le départ
du baron des Adrets.
Barltet s. m. Tamis, tie-tac d'un moulin. Les meuniers
foréziens sont loin de jouir d'une grande réputation de- pro-
bité. Au lieu de prendre dans le sac qu'on leur donne à
moudre Yécuettée de grains que leur accorde l'usage, ils en
prennent plutôt trois, suivant en cela le conseil du bâtit et,
qui va répétant par son tic-tac : « Prends par te, par me, par
Vânou. » Prends pour toi , pour moi, pour l'âne! (D.G. ba-
retet.) — (Ces quatre derniers mots viennent de baritan.)
Barlet s. m. Petit tonneau, barillet. Gelai qui rend du
vin donne, suivant l'usage, au voiturier qui vient le cher-
cher, un barillet de 2 ou 3 litres.
Barliaere s. m. Huissier, terme de mépris. Les huis-
siers, ou âépendeurs de crémaillère, jouissent en Forez,
comme ailleurs sans doute, de la réprobation universelle.
Barllaud adj. Imbécile, idiot.
Barlia*assi adj. Surnom donné aux habitants de la
plaine, que l'on nomme aussi ventres-jaunes, à cause des
courges dont ils font grande consommation.
Barllerâ v. n. Saisir, comme font les barliaères.
Barmat s. m. Haie formée de gros arbres.
Barnaa s. m. Feu de joie du mardi gras et du diman-
che des brandons. On dit barnau dans la montagne, railli
dans la plaine, et lunœre dans le sud-est, près du Lyonnais
et du Dauphiné.
Barnola s. f. Panier d'osier pour mettre le poisson.
Petit réservoir à la suite d'un bateau.
Barrât s. m. Vase à battre le beurre. « Séque un barrât
pertusavez lou quio, » GH. De plus, une baratte trouée au fond.
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Barreari, BarrejrÂ, v. n. Avoir de la peine à faire
quelque chose, travailler péniblement. Barreyà sa viot, ga-
gner sa vie avec peine.
Barri s. m. Muraille d'une ville, fortifications. En.Esp.
barrio, quartier d'une ville. (G. Bar, clôture, d'où barreau,
verrou, etc.)
Barroulft, Barreulâ v. a. v. n. Dégringoler. «Mous
eclots m'ont fat barreulâ lous degrés, » mes sabots m'ont fait
tomber dans l'escalier. (De bas et rouler, rouler en bas.)
Barronntâ v. a. Radoter, se mêler de tout, ruminer
quelque chose .
Barrountâ (se) v. p. Errer, flâner, se promener.
Barrot s. m. Char rustique composé d'une simple claie
placée sur deux roues.
Bartailly s. f. Ustensiles de ménage. À Lyon: bartas-
serie de cuisine.
Bartau, Barton s. m. Pot à eau.
Barta s. f. Pot, vase.
Bartavelà v. n. Déraisonner, ne savoir ce que Ton
dit. « Son lingueron pointsu bartavelove ainsi, n Roq. Sa lan-
gue pointue bavardait ainsi.
Bartavella s. f. Crécelle, femme bavarde.
Bartavelom, Bartavet s. m. Bavard, idiot.
Basque s. m. Bâtard.
Bataere s. f. Grand vase en bois à deux anses, em-
ployé dans la montagne pour mettre le lait.
Batafl s. m. Petit cable, corde. (Bords du Rhône.)
BaialAttou s. m. Jeu fort ancien, cheval fondu. (Bâ-
ter l'âne.)
Batao s. m. Tresse de chanvre. Voir chiné ve.
Batiltovm s. m. Maillet.
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BattUounâ. y. a. Battre le linge avec un maillet.
Hanche s. f. Iris d'étang.
Hanches s. f. pi. Fanes des légumes, des pommes de
terre, plante desséchée.
Banale s. m. Taureau.
Baudlllà v. n. Être nuageux, couvert, en parlant du
ciel.
Baudlllom adj. Incertain , prêt à pleuvoir, en par-
lant du temps. « Le maè d'aôt est baudilloux. »
BauyA t. n. Regarder avec étonnement, bayer aux
corneilles.
Bayard s. m. Baies rouges de l'églantier nommées plus
communément gratte-cul.
Bayard adj. Rouge, en parlant des chevaux, des va-
ches. Un chivau bayard, una brave bayarde.
Bayardey s. m. Eglantier. (Rosa canina, rose des
chiens. )
Bayet adj. Rouge. Voyez bayard.
Bayette s. f. Lucarne sur un toit.
Béate s. f. Bigotte (très-employé).
« Y diont que les beyattes
« Ne se mandant pas,
« S'ei trovont un bon rencontre
« Le laissant pas passa... (Chanson.)
BeattUes s. f. pi. Bagatelles, choses de peu de valeur.
Beaune s. f. Espèce de raisin de qualité médiocre,
d'où le proverbe : « être de beaune, » être de reste. Il y a
deux sortes de beaunes : la beaune gamaèse , plant primitif
du Forez , et la beaune brenette qui fait un vin âpre et dur.
Voir pour les plants de vigne : moucheraud, gamaê, rouœ-de-
liôra, mornand.
20
Beehieot s. m. Bout de branche cassée, bâton à corbin
pour atteindre à quelque chose.
Beehu s. m. Sorte de pioche à deux dents, pour le fu-
mier.
BeinA y. a. Détremper , faire macérer des légumes
secs, etc. (Br. beiTiâ, id.).
Belet adj. Ajoute à grand-père et grand'mère. Ce mot si-
gnifie bisaïeul, bisaïeule. En Auv. rere-belet, arrière grand-
père (G. 6e/, source, tête).
Beletto s. f. Fourmi (du côté du Velay). Voir mazotte.
Belettâ. v. a. Désirer ardemment , dévorer des yeux,
être gourmand comme la belette.
Belot, Belin s. m. Agneau. — Pomme de pin nom-
mée aussi chiôreîle ou petite chèvre, peut-être parce qu'elle
rebondit en tombant sur le sol. (Esp. bellote, gland).
Beluve» s. f. pi. Etincelles poussées par le vent. (Auv.
beledge).
Beluze s. f. Sorte de terrain de la nature du cheminât.
Benals y. a. Rassasier, contenter.
Benaise s. m. Aise, satiété, c Lo gloutons affarnos chi-
quàvont liou benaiso. » Roq.
Benalftl (se) y. p. Se trouver heureux, bien aise. —
Etre rassasié « As-tu prou mingeot, es-tu benaisi? »
Benatrn adj. Bon.
Beulô-be adv. Peut-être bien. (Auv. beleoule-be).
Benna s. f. Sorte de vaisseau en bois pour la vendange,
la lessive, la houille. Mesure de capacité pour le charbon.
Chez les Gaulois, la benne était une espèce de véhicule de
panier d'osier porté sur des roues. « Benna, linguâ gallicà,
genus vehiculi appellatur. » (César, Comm.).
BenolUe adj. Pansu, obèse.
âo
Benon s. m. Petite benne, pour la lessive ou la ven-
dange.
Bessaere s. f. Terre bêchée ou à bêcher. On dit bessi,
bêche ; bessâ, bêcher.
Beseou s. m. Jumeau.
BeMon, Basson s. m. Premier lait d'une vache qui
a vêlé. On dit aussi laibèii. Le premier jour, on le fait boire
à la vache; le second, on s'en sert pour délayer la pâte avec
laquelle on fait des matefaims-raides.
Betou conj. Peut-être.
Bettft, Bouta v. a. Mettre.
Bette, Bitte s. f. Chèvre.
Bettet s. m. Chevreau.
Benrlâ, BorlA v. n. Crier, meugler. « EssorKont 1o
public à forci de borlo. » Roq. (C. beuî, bouche).
Bezottô v. n. Bégayer.
Bezonnr s. m. Jeu cite par Chapelon.
Bezugnes s. f. pi. Hardes, mot correspondant au fran-
çais familier affaires.
Blal s. m. Bief, prise d'eau, canal.
Bie, Bialœure s. f. Rigole pour arroser les prés,
faite avec une pioche de forme particulière nommée jalèe
ou jaillére.
Blehe, Bichon s. f. s. m. Grand ou petit pot en terre.
Blehet s. m. Boisseau, mesure pour les grains équiva-
lant approximativement au double décalitre.
Blchl s. m. Pot en gré ou en ctain pour mettre le vin.
(lt. bicchiere, verre.)
Ble s. m. Bouleau, artre.
Blife s. f. Veines temporales. Lorsqu'un enfant vient au
monde, s'il a la biffe apparente, on dit qu'il sera malin.
3i
Btganelia v. n. Boiter.
Blganehe s. m. Boiteux.
Bigot s. m. Pioche à trois dents, pour le fumier.
Blgaseajou s. m. Bagage, butin.
Blgasse adj. Bigarré, de couleur pie. Una vachi bigasse.
Blgeard adj. Même signification.
Bllou, Bilette s. f. Gabriel, Gabrielle, nom propre,
diminutif.
Blsouard-de adj. Qui est du coté de la bise, du nord.
Les bisouards passent pour rusés.
Blelalgne s. m. Délicat, dégoûté.
BItorft-se. Tortu, contrefait.
Blane s. m. Monnaie fictive encore en usage en Forez.
Les pièces de 6 blancs, frappées pour la première fois en 1 549
et abolies en 1660, valaient 2 sols 6 deniers. On dit encore
C blancs au lieu de 2 sous et demi.
Blanque s. f. Feuille, en parlant du papier.
Blauda s. f. Blouse, vêtement peu employé en Forez.
(Blaud, Moud, vêtement gaulois.)
Blava adj. Pâle, blanc. « Vieilli pru$ blava que la
mort* » M. A.
Bloffl s. f. Boue.
Blotte s. f. Tige de chanvre tillée ou chenevotte. « Blotte
dau corou, » tisonnier, fourgon, piquefeu.
Blou s. m. Balle des grains du 6eigle et du froment.
(G. 6uZ, balle d'avoine.)
BUayA v. a. Tiller le chanvre.
Bobe s. f. Grimace, moue de la lèvre inférieure On
disait aussi babou. « Pamrge luy feist la babou, » en signe
de dérision.
11 y a à Vienne la rue de la Bobe, ainsi nommée a cause
3-2
d'une tète antique de Jupiter encastrée dans un mur, et dont
la lèvre inférieure était proéminente (Chorier).
Bobo s. m. Huppe (oiseau).
Boeharle s. f. Fauvette (oiseau).
Boccon s. m. Morceau, bouchée. Un boccon de pan, une
bouchée de pain. (liai, boccone, de bocca), par extension.
Bode, Boudet s. f. s. m. Petite vache, veau.
Boeme, Boyme adj. Hypocrite, trompeur.
Bœnft v. a. Voy. beinâ.
Boene s. f . Borne, d'où deboenâ, arracher les bornes.
Boemies. f. Fagot de tiges de chanvre, botte de foin.
Bofl)ft v. a. Manger (fam.).
Boge s. f. Sac de farine de la contenance de 425 kilos.;
sac. (G. bog, bolg, sac de peau, enveloppe, de 6o/g, ventre,
et, par extension, tout ce qui s'arrondit. (Voir bougeole, dans
le sens primitif).
Boju adj. Creux, enfoncé, vide.
Borda s. f. Maison, cabane.
Borde, Borgne s. m. Petit serpent aveugle qu'on
trouve dans les prés.
Borde s. f. On dit fceu de borde pour un grand feu, un
feu ardent.
Bordes s. f. pi. Poussière.
Borde s. m. Rond en osier à l'extrémité du timon d'un
char et dans lequel on met la cheville ou playuri.
Borgnleâ v. n. Regarder en clignant les yeux.
Borgnaquin, Borgnfoandosfle s. m. Qui cli-
gne souvent les yeux, qui a la vue faible.
Borlle s. m. Borgne, privé d'un œil. Aigua-bwlia ou
bouillon-nei) eau bouillie, potage.
Borrat s. m. Gros nuage d'orage.
33
BotA v. n. Réussir, aboutir, arriver. « L'affaire botte
mal, » l'affaire tourne mal.
Botet s. m. Champignon.
Botlerlat s. m. Gros saucisson , nommé aussi Bon-
Jésus, et que l'on mange au réveillon de Noël. (Lat. botellxts,
Esp. botarga.)
Botte s. f. Outre, tonneau. Au siècle dernier, lorsque
les chemins n'étaient pas entretenus comme aujourd'hui, on
portait le vin dans des bottes ou outres en cuir. On dit en-
core, en terme de marine, des boutes pour embarquer l'eau.
(Esp. bota). Ce mot se retrouve du reste dans toutes les lan-
gues : hébraïque, saxonne, grecque, etc.
Bouehae s. m. Petite fenêtre d'un grenier, d'une
é table.
Boueharïn adj. Qui est des bois, forestier.
Boadifle s. f. Toupie.
Bouffa v. a. Souffler, attiser, Bouffa-fœu, qui souffle le
feu, cendrillon, servante. ...
Bouffëttes s. f. pi. Soufflet pour le feu. (Esp. bofetada.)
Bougeole s. f. Bedaine, panse, ventre. Yx bouge, ren-
flement. Voir boge.
Boulllat s. m. Endroit marécageux, tourbière. Voir
nante, narse, mouille, vivier, sabomllaU
Bonliguâ v. a. Secouer, remuer, tourmenter.
Bouquâ v. a. Embrasser. A bouquâ se dit toujours a la
fin des rondes et des brands.
Bourbe s. f. Boue épaisse. Voy. piètre.
Bourde s. f. Perche garnie d'un morceau de fer h son
extrémité, instrument de pêche.
Bourdls, Bourdlmage s. m. Désordre, pêle-mêle,
embarras, paille hachée, broussailles.
3
34
Bourelri s. f. Vieille vache qui ne porte plus, vache
taurinée. (C. bour, taureau.)
Bourgnon s. m. Essaim d'abeilles {Auv.).
BoUron s. m. Araignée. Les mères qui donnent un
raisin à un enfant n'oublient jamais de lui recommander
de ne pas avaler le bourwi. Cet insecte tisse sa toile dan*
le ventre, et Ton ne tarde pas à en mourir, dit-on.
Bourra s. f. Petite pluie âne»
Bourra* Borrft v. n. Pleuvoir finement.
Bourrasse v. n. Même signification.
Bourre s. f. Sorte de jeu de cartes.
Bouta, Bout! s. m. Mollet, gras de la jambe.
BoutÀ v. a. Mettre.
Boutassat s. m. Bourbier, au fig. 9 mauvaise soupe.
Boutasse s. f. Réservoir d'eau, citerne.
Boutifle s. f. Vessie, gonfle.
BoutBlon s. m. Petite grappe laissée par les ven-
dangeurs.
BOutUlounâ v. n. Grapitier, ramasser les boutillons.
Au Moyen-Age, on disait Âlleboter, allebotewr.
Boutin-lna s. m. s. f. Chevreau, chevrette.
Boutsas s. f. pi. Lèvres. (Auv. id.)
Boirtna s. f. Vache. Ce mot qui n'est qu'arfj. en fran-
çais, est substantif en patois.
Boye, Boyaude s. f. Fille, enfant. (Ang. boy, petit
garçon.)
Bragard adj. Elégant. Du temps de Rab. on appelait
mignons bragarâs, les jeunes gens qui se distinguaient par
la magnificence de leurs frayes.
Bragardlse s. f. Elégance, parure.
Braise s. f. Miette. Pris adv., una braise signifie un peu,
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d'où le verbe s'ebresà, s'émietter. (G. breson, brason, même
sign., d'où vient certainement le nom de Montbrison, tou-
jours écrit Montbruson jusqu'au xrv e siècle, et non d'une
déesse Briso qui, dit-on, préside aux songes, mais qui plutôt
a fait rôver debout certains étymologistes.)
Bramafim adj. Misérable, affaibli par le jeûne, qui
brame la faim.
Bran s. m. Pampre, branche de vigne.
BraneellÀ (se) v.p. Se balancer.(C.&raiicitf , balançoire.)
Brand s. m. Branle, danse.
Brandons s. m. pi. On nomme dimanche des Bran-
dons, le premier dimanche de carême. Ce jour-là, aussitôt
la nuit venue, des milliers de feu de joie s'allument à la
fois sur la montagne et dans la plaine. On en donnait le
signal autrefois en jetant un flambeau allumé du haut
de la plus haute tour du château à Montbrison. « Le soir
des brandons, quand on jetait les flambeaux du haut de la tour
en bas, où ils estaient vus de tout le pays » (P. Fodéré).
En Bretagne , dans certains villages , un ange mécanique
descendait du haut du clocher, un flambeau à la main, et
venait mettre le feu au premier bûcher.
Branqniolâ (se) v. p. Se balancer.
Braqua v. a. Ecraser, tiller les tiges du lin.
Brassonla v. a. Bercer.
Bran s. m. Bourgeon.
Brava s. f. Génisse. (D. C. brama.)
BravardÀ v. n. Mélanger les troupeaux dans les pâtu-
rages, h, Pierre -sur-Haute.
Bravarde s. f. On appelle maîtresse bravarde la plus
belle vache d'un troupeau, celle qui porte la clochette et
conduit les autres.
36
Brave adj. Beau, bien vêtu. (C. brav, G. briaw.)
Braya v. a. Se mêler de tout, faire le maître, porter les
brayes.
Brayes s. f. pi. Culottes , pantalon. Ce dernier mot
n'est nullement usité. On nomme Jeanna à brayes une femme
qui se mêle de tout.
Bren s. m. Son. «Aufaitïânoupa avâédebren» (prov.).
Il fait Tàne pour avoir du son.
Bresson, Brou89on s. m. Goulot. « Sans brousson
ni maneilles, » sans anses ni goulot.
Bretagne s . f. Plaque de fonte, derrière le foyer, qui
chauffe la pièce contiguë.
Bretlllon s. m. Filet de la langue des petits enfants.
On dit d'un bavard « Quo que ny a coupot le bretillon a bè ga-
gnot sous cinq saos, » celui qui lui a coupé le filet a bien ga-
gné ses cinq sous.
Breutl, Breil s. m. Bocage, taillis, d'où les noms
propres Breuil, Dubreuil. (Du C. Brus, est venu Brosse, les
Brosses, le Brochet et le mot français broussaille.)
Brlnque s. f. Rosse, mauvais cheval.
Briffa s. f . Gloutonnerie, période où les vers-à-soie man-
gent le plus. (( Âuseimble înregimentdemagnisàla briffa.»
(Roq.).
Briot s. m. Cellier, cuvier.
Brlseallle s. m. Yagabon, mendiant.
Broche s. f. Aiguille de bas. (C. brocha). Le proverbe
« Enfant comme les broches » vient peut-être du mouve-
ment du jeu des broches.
Brogf , Brougî v. n. Réfléchir, rentrer en soi-même,
se repentir. « Que vou est que te brngi? » à quoi penses-tu ?
Bronenla s. f. Salutation, courbette.
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Brouta v. n. Se dit du lait qui tourne, qui caille par
la cuisson. A Lyon, brouter.
Brnre v. n. Crier, faire du bruit.
Bru s. m. Ruche d'abeilles, essaim (par mimologie).
Bru s. m. Petite seille pour traire les vaches.
Buda v. a. Brûler. (G. buclâ.)
Bugne, Baguette s. f. Sorte de gâteau cuit dans
l'huile, beignet. Au fi g., personne sans énergie, sans ca-
ractère.
Buta s. f. Beurrée, fromage blanc, baraton. On dit:
una bura de neigi, une ondée de neige.
Bures s. f. pi. Le dimanche des Bures ou des Brandons,
premier dimanche de carême. Voir Brandons.
Buri s. m. Beurrier, baratte pour battre le beurre. Le
couvercle se nomme Yéçuelle ; la motte est la petite palette
ronde au bout du manche.
Burlet s. m. Gros bâton pour jouer à la caye ou à la
chiôre.
Baron s. m. Chalet des montagnes de l'Auvergne, que
l'on nomme loge ou jas sur le versant du Forez.
Buya s. f. Lessive (Lang. bugad). Le chiôri ou fluri, est
le drap qui sert à mettre les cendres. On dit d'un homme
sans énergie : « Vou est un Jean de la buya. » c'est-à-dire il
n'est bon qu'à faire la lessive. Mena la buya, couler la les-
sive ; Vaissaguâ, l'essanger; la jeta, la faire sécher, etc.
Buyasson s. m. Petite lessive.
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G
Cabelot s. m. Tabouret.
Cabiotte s. f. Hutte, cabane.
Caboehl s. f. Clou à grosse tète.
Caca s. m. Gâteau, friandise, enlang. enfantin.
Caeaborllon (à). A l'aveuglette. Voir Borlie.
Caeamiigal s. m. Jouet, amusement d'enfants.
Caeamarlou s. m. Surnom des habitants de Saint-
Bonnet-le-Château et des localités voisines du Vêla y. Ce so-
briquet ne fleure pas baume.
Cacha 1 v. a. Pincer, blesser, meurtrir. « Lou travouai
ne cache pas sous daès, » le travail ne meurtrit pas ses
doigts. On disait autrefois cacher. On raconte qu'un prédica-
teur ayant dit devant la cour de Louis XIV : « Chacun sait où
son soulier le cache, » un gentilhomme fit observer qu'il fau-
drait un soulier bien grand pour cacJier un homme.
Cachou s. m. Rave sans chavisse, c'est-à-dire sans les
feuilles.
Cachou s. m. Pépin de fruits, de légumes. « Lou ca-
chons de gourde font de bouna hiaole, » les pépins de courge
font de bonne huile.
Caco, Cacagnto s. m. Œuf.
Caeolla s. f. Brou de noix, enveloppe dure des fruits,
coquille d'oeuf. D'où le verbe decaeola.
Caeonet s. m. Bousier, insecte qui vit dans l'ordure.
Cadatte, Cadette s. f. Dalle de pavage, seuil, per-
ron, trottoir (très-usité à Lyon, où l'on dit, dans une langue
inconnue à l'Académie : « Ooh ! canante, réveille le gone que
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dort sus la suspente, dis-lui d'alkr jeter les esquevilles ms la
cadette, » au lieu de : « Femme, réveille l'enfant qui dort sur la
soupente, et dis-lui d'aller Jeter les balayures sur le trottoir. »
Cadène s. f. On nomme ainsi, dans les bateaux du
Rh6ne, le pieu eu Ton enroule le câble ou la chaîne. (Lai.
catena, chaîne.)
Cadoulas. f. Loquet. Voir Câtolle.
Caftiron s. m. Recoin obscur.
Cafarotta s. f. Coin, trou, cabane.
Cagni s. f. Paresse, fainéantise.
Cailledl s. f. Vase en bois où Ton fait cailler le lait.
Calsâ (se) v. p. Se taire , s'apaiser. (Rom. se coiser, se
tenir coi, du lat. quietus.)
Calanda s. f. Vache dont le frontal et le museau sont
blancs.
Cale s. f. Ancienne coiffure que portent encore quel-
ques vieilles femmes. (C. eal, tête.)
Câlina, Calûre s. f. Ravin, pente d'un coteau, vallon.
Daman adj. Joyeux, qui aime à s'amuser.
Cambin s. f. Aubaine, profit, occasion.
Camliroiitte s. m. Maraude. Les ouvriers de Saint-
Etienne, quand ils chôment d'ouvrage, s'en vont parcourir
les campagnes en mendiant. Ils appellent eela o aller à la
cambroutte. »
Camtohon s. m. Fruit du tilleul, petite dragée. Au
temps de Louis XIV on nommait ainsi une sorte de bonbon.
Camlsard s. m. Ce mot sous lequel on désignait les
calvinistes des Cévennes, à la fin du xvii e siècle, est aujour-
d'hui le surnom des Sauvagnards ou habitants de Sauvain.
CA-mount. Ca-vonal adv. Là-haut, là-bas, dans
l'endroit où est la personne qui parle.
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Campana s. f. Cloche. Au fig., femme dégingandée ,
sans tenue. (Lat campana.)
Campanalre s. m. Clocheteur, sonneur. Le clocheteur
des trépassés existait encore dans les petites Tilles du Forez,
au commencement de ce siècle. A la mort de quelqu'un, il
parcourait les rues en criant : « Réveillez-vous et priez pour
le pauvre corps de N...j qui est trépassé. » Il eût mieux valu,
croyons-nous, prier pour son âme.
Canealne* s. f. pi. Pelures de rave séchées, que Ton
mange frites dans l'huile, en carême.
Canestar s. m. Grande corbeille d'osier. (Esp. ca-
nasta., lat. canistra*)
Caplau s. m. Chef, tête, puis chapeau. (Lat. caput)
Capltô v. a. Rencontrer, trouver.
Capot s. m. Terme de jardin. Petite éminence où Ton
sème les melons, concombres, etc.
Caramentran s. m. Fête du Mardi-Gras, carême-
entrant. Mannequin que Ton brûle ce jour-là. Il y a deux
caramentrans : le vieux* qui se célèbre le Mardi-Gras, et le
jeune, celui du dimanche des Bures. Le mannequin ou effi-
gie que l'on portait en procession ce jour-là, est le manducus
des Latins. « Elle avait un masque en façon de teste d'hom-
me avec de grosses et amples maschoires, et de grandes
dents qu'elle faisait peter l'une contre l'autre, ouvrant une
grande gueule, afin de faire fuir les spectateurs en riant. »
Voir Plaute, in Rudente. Voir au mot mâche-croûte des dé-
tails sur le carementran de Lyon.
Garealœure s. f. Cachette de noix ou de pommes vo-
lées, que les enfants font dans le foin. Trouva la carcalœure,
loc. prov., signifie vendre la calebasse, vendre la mèche.
Carcamelà, Careavelâ v. n. Tousser.
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Careamella s. f. Sobriquet de vieille femme, qui
tousse toujours. (Esp. carmala.)
Carémi s. m. Nom donné dans plusieurs villages de la
Loire et du Rhône à quelque sculpture grotesque de l'église
que les enfants feignent de tuer à eoups de pierre, le samedi
saint. Le carémi de Mornant en Lyonnais était célèbre encore
vers 1830. Les ouvriers qui se rencontraient faisant leur tour
de France, se demandaient en signe de ralliement :
— « As-tu passé par Mornant ?
— « Oui.
— « Qu'as-tu vu ?
Si l'interrogé répondait : « Toi vu Carémi, » il était re-
connu pour un vrai compagnon. (Cochard, Notice sur St-
Symphorien-le-Château.)
Carau s. m. Coin, foyer, cheminée.
Carpan s. m. Soufflet, giffle.
Carplno s. m. Agent de police.
Carreau s. m. Petit métier à dentelles.
Carrela v. a. Ressemeler les souliers.
CarreUeureft s. f. pi. Semelles , et par extension
souliers.
Carrlolœures s. f. pi. Ornières tracées parles chars.
Carte 3. f. Cruche.
Carte s. f. Ancienne mesure de superficie. Mesure de
capacité pour le vin, qui varie suivant les pays : la carte
vaut 15 litres en Auvergne, et seulement 8 litres à Boen.
Carte, Carton s. f. s. m. Mesure de capacité pour le
blé, boisseau contenant 2 décalitres \ /2, 25 litres ou le quart
de cent.
Casftl, Casse s. f. Casserolle. Grand poêlon à deux
pieds et à long manche, pour faire la bouillie. Cassi-resoliure,
4*
poêle à frire. Il y a & Lyon la rue Ça*$e*Frctid*, ou, selon
toute probabilité, la cuisine n'a jamais, «Humé de grands
fourneaux. (Vx fr. cam. E«p. <*«>♦)
Cassot s. m* Même signification.
CatstoaumlHe s. I Bkuet, centaurée, pi.
CstfaUlon, date* s. m. Petit caillot dans la pâte.
Cathlèra s. i . Grand fauteuil en bois placé au coin de
la cheminée et réservé auebef de Ja Canaille, {Ut. utihedra,
chaise, chaire).
Catôehe, Catarôche s. f. Grosse bûche, btehe de
Noël. Dans le Midi, catsi-fau, casse-feu.
Catolla s. f. Loquet, petit morceau de bois qui sert à
fermer une porte de buffet.
Câtolle adj. Lent, traînard.
Catsa s. m. mauvais fromage, see, qui s'émieite.
Catsâ v. a. Presser, blesser. Voir Cacha»
Causse s. m. Espèce de mouton de 1* Hautfrtaire.
Causse s. m. pi. Haies, clôtures. (G. eau, m. «ign.,d'où
vient quai.)
Cavard s . m. Lieu, endroit. « En couard qu'au seye
cura, — Par son parouchîn au m'aura. » M. A. En quelque
endroit qu'il soit curé, il m'aura .pour son ptrotolien. Çou-
nùtre le eeward, connaître le bon coin.
Caye s. f. Truie. — Pièce d'un pressoir que l'on place
sur les cayons. — Sorte de jeu très-usiïé, et que des bas»
reliefs antiques nous prouvent avoir été connu par les Ro-
mains. Ce jeu , simulacre d'attaque et de défense , se fait
avec l'instrument de la sape appelé truie, d'après Yegèee, etc.
Cayon s. m. Porc, cochon. (G. cai.)
Cayons s. m. pi. Blocs de boÎ6 que l'on metsur la table
du pressoir.
43
Canon s. m. Masure, maisonnette. Voir Chaïaux.
Cetoelâ. ▼. a. Secouer, ébranler.
Cegiiy s. m* Serin -vert, qui niche dans les oseraies du
Rhône.
Cent adj. Fort. « Au m'a baillot uncop si cent, » il m'a
donné un coup si fort.
Cetu, Cetnl pro. dém. Ce, celui-ci.
Châ (à). Loc. distributive. à ckâun, un à \m;à chà-pot,
peu-à-peu; à chârveij quelquefois, peut-être»
ChaMtres. m. Licou. (C haMstre f esp. wbe&tto.}
Chabord s. m. Gros rhume de poitrine.
Chalay s. m. Rafraîchissement.
Chalendes s. f. pi. La fête de Noël, l'époque de Noël.
C'était aux chalendes que l'on nommait les consul* à Lyon.
Challa s. f. Espace déhlayé de neige, ou Ton met des
lacets pour prendre les oiseaux. Sentier tracé dans la neige.
Challaye s* f. Fougère, pi.
CMalondan s. m. Bûche de Noël, de chatendes-
Chamara* ou Airlllon t. m. Plante qui a l'odeur
de l'art.
Chamarat s. m. Ornement. « Lou chamarat de mes
amours. » M. A.
Cbambaille s. f. Jarretière. De chambe, ou jambe.
Chamberon s. m. pi. Petites poutres placées eu
travers de la cheminée et auxquelles on suspend les jambons
pour les fumer, et les ételles pour les faire sécher.
Chambetta &. f. Croc-en-jambe.
Chambra s, m. Terrain d'aHuvion sur les bords de la
Loire, limoneux et très-fertile.
ChambouMi s. f. Partie de la charrue. Voir Atvre,
CbambrlUe (à) loc. adv. Sur le dos.
44
Chambûelc s. m. Charbon, maladie des grains.
Chaminaax s. m. pi. Chenets. On les nomme aussi
dans la montagne chiôres dau fué^ littér., chèvres du feu.
Chamoutta s. f. Petite éminence, grosse motte dans
les prairies.
Champases. m. Voir Chambon.
Champan s. m. Porc âge de 2 ou 3 mois.
Champer v. n. Lancer des pierres.
Chamusî v. n. Moisir.
Oumâ v. a. Boire à gogo , jusqu'aux chanes ou fleurs
du vin.
Chana s. f. Chenal, gouttière. —Table à rebors et gou-
tière pour pétrir les fourmes.
Chaiiaux. s. m. pi. Grands chenets.
Chaneay, Chança s. m. Cercueil, bière. (De châsse).
C/handelom s. m. Petit cierge. Lorsqu'un enfant est
malade, on fait les chandelons. Voici en quoi consiste cette
cérémonie : on colle trois petits cierges au mur de la che-
minée. L'un est en l'honneur de la Vierge, l'autre de saint
Fortunat ou tout autre saint patron des enfants ; le troisième
est pour la mort ! Le cierge qui finit de brûler le pre-
mier indique s'il faut mener l'enfant en pèlerinage, ou si
tout remède est inutile.
Chandlllon s. f. Tige de chanvre tillée.
Chane s. f. Fleurs du vin, que Ton nomme famillière-
ment à Lyon des gendarmes.
Chanforgifte s. f. Cornemuse, musette.
Chani adj. Odeur de chani, odeur de renfermé; temps
chani, temps froid ; poumes chanies, pommes aigres. Un quar-
tier de Lyon et plusieurs villages du Forez portent le nom
de Bourgchanin.
45
Chaninat s. m. Sorte de terrain argileux, pierreux et
inculte.
Chanon s. m. Etui. Du roman chas , aiguille. On dit
encore ce mot pour désigner le trou d'une aiguille.
Chantoeu, Chantai s. m. Chanteau, quartier de
pain. On disait autrefois le premier chanteau, le second ehan-
teau de la lune. (Gfr. kantos, le coin, l'angle.)
Chantre s. m. Fifre.
Chapi s. m. Auvent, hangar.
Chapltella s. f. Etable, cabane, hangar.
ChaplÀ v. a. Ecraser, blesser.
ChaplÀ v. a. Couper le pain pour la soupe. (Bas. lat.
capulare. On trouve dans Rab. « miettes et chaplis de pain. »
Chaplé s. m. Piqueur de meule.
Charamante s. f. Mot collectif désignant les outils,
les ferrures qui servent pour l'agriculture.
Chardâv*a. Hargner, exciter. Faire chardâ les chiens.
Chare s. f. L'endroit le plus profond d'un étang; — où
l'avoine réussit très bien dans Yassec.
Chargnet s. m. Fête, réjouissance publique. Voir dans
Chapelon la description des charguets.
Charnat» Carnuat s. m. Carnaval.
Charret? Chiorl s. m. Drap pour la lessive.
Charreire s. f. Rue, chemin. (Esp. Carrera.)
Chartuerie s. f. Sorte de char rustique.
Chfttrelet? Châtelet s. m. Jeu qui consiste à viser
et à renverser un châtelet ou petit tas de noyaux, de châtai-
gnes, etc.
Chatilllon, Chatil s. m. Chardonneret , oiseaux.
Chatrillet-balard, linot.
Chattanmltta s. f. Colin-maillard, jeu.
46
Chaaeha v. a. Presser, fouler. (Lat. calcare.)
Chauelia-vtelUl s. f. Cauchemar, lutin qui est censé
le produire.
Chaumagfie s. f. Marais, prairie humide.
Chauftse, Chaase s. m. Chêne.
ChauMère s. m. Entremetteur, celui qui fait faire un
mariage. Au Moyen-Age, on nommait deschaussaUles le ca-
deau que la mariée faisait à ses garçons d'honneur.
Chaussida s. f. Sarretula arvensis, plante.
Cliaiisslrl, Charohfrl s. f. Tannerie. Ce mot est
très-anciennement usité , et Tient de chausse. Chêne , qui
fournit le tan. On disait encore chockiére au xvn* siècle.
Chavâ v. a. Creuser; aufig. trouver, déterrer. « Onte
as-tu chavot iquo mot ? » où as-tu été chercher ce mot-la ?
(Esp. cavaty du lat. cmare.)
Chavagni; Chavant s. m. Chouette, duc, oiseau
de proie qui enlève les poules. Au fig. vieille femme laide
et méchante.
Chautagne s. f» Nom donné au roitelet à cause de sa
ressemblance comme grosseur et couleur avec une châtaigne.
Chavagse, ChaviMe s. f. Feuilles, fanes des lé-
gumes, raves, carottes, etc.
Chava-tourta s. f. Cauchemar,
la chava-torta que de n<m
Chauche les gens tant qu'elU pœut.
Le cauchemar qui, la nuit,
Oppresse les gens tant qu'il peut.
Chavatrou s. m. Charançon, insecte qui creuse, qui
ckave le bois, le grain, etc.
Chavelœure s. f. Ruban de fil pour attacher. A Lyon,
chevillière.
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€bfKTOlcm s. m. Coiffure.
Chavon, Chapon s. m. Sarment replanté.
Cbazaere, Cftftzeraasl s. f. Panier où l'on met
sécher les fromages. (Esp. qaesera, fromagerie ; ang. cheese;
dulat. caseus, fromage.)
Secouyon*, sus iquettes blettes,
La chazerassi de les crottes* — M. A.
Chaftam, Cfaeiaax s. m. pi. Ruines, masure». Du
lat. casa, maisonnette; d'où tiennent les noms très-nombreux :
Chazaux, Chazal, Chazelle, Chaise, la Chaise-Dieu, Caze,
Cazalis, etc.
Chelre v. n. Tomber.
Chelnt, Chalot, CHatell s. m, Lampe.
CfaemlsoHes. f. Robe de dessous, en molleton gris-bleu.
Cher, Chier, SWer, s. m. Rocher. Vieux mot roman,
d'où les noms : du Chier, Bûchez, etc. (Esp. sierra, Ar. sier).
ChMtons. m. Minois chiffonné; petit enfant. (Esp.
chico.)
CMnèTe s. m. Chanvre. Lorsque le chantre est coupé,
on le met fmsâ, rouir. On le place en matte sur le bord de
l'eau et on le fait Bêcher à Yepandao. On le réunit en fagots
ou ooetttejpourle faire bluyà, tiller. La filasse est réunie en
coumba ou ballot, pour être écrasée sous la meule. On en fait
ensuite des tresses ou battaos. Dix ou quinze battaos for-
ment une messie. Lorsque le chanvre est peigné, on le sé-
pare en cewre ou plan, qui se file pour le linge , et en pt-
gnœures, bourres ou étoupes*
Chlii4ae0, Che4et s. m. Blaireau. (■Ckienrteysson
ou teysson, en tx fr.)
Chintres, Ofttatittrefi» s. m. pi. Sillons tracés en
tète d'une terre labourée.
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Chièraton, Chûraton s. m. Fromage de chèvre.
Chiôra, Chûra, Clraère s. f. Chèvre; cMwa-
martina, bécassine ; chiora-moutta, chèvre sans cornes. On
dit cabre dans le voisinage de l'Auvergne.
Chiôrella s. f. Litt. petite chèvre, pomme de pin.
Chioretta, Chabre s. f. Cornemuse faite d'une
peau de chèvre. Instrument rustique en usage dès l'anti-
quité, composé d'une outre, d'un bourdon et de deux cha-
lumeaux. (Traité de la Musette, par Bourgoin, Lyon, in-folio,
4672.)
Chlôrot, Chûrot s. m. Chevreau. On nomme les
chevreaux lous meynas de Pâques , à cause de la ressem-
blance de leur bêlement avec le vagissement des enfants, et
parce que les chèvres mettent bas aux environs de Pâques.
Chlquet s. m. Petit verre de liqueur. (Esp. chisguete,
petit coup de vin.)
Chlrat, Chiratel, Chirei s. m. Tas de pierres.
On appelle chirats les amoncellements de pierres que l'on
voit sur les pentes du Mont-Pilat et qui proviennent de l'é-
boulement des pics supérieurs renversés par quelque com-
motion inconnue. Le pic des Trois-Dents, déchaussé par les
neiges, crevassé et presque émietté sous l'action de l'atmos-
phère, est destiné à former des chirats dans un temps plus
ou moins éloigné. Le proverbe les pitres s'en vont toujours
au chiré correspond au proverbe français : l'eau va toujours
à la rivière.
Chironâ v. a. Bois chironé, bois vermoulu.
Chlvae, Chivada s. f. Avoine. (Esp. civada.)
Choplâ, Clioplâ v. a. Ecraser. Au fi g. mépriser.
Chopià lous arteis, marcher sur le pied.
Choquet s. m. Hoquet.
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Chorlre s. f. Poutre. Dans la charpente des toits qui
forme un triangle, la chorire est la grosse poutre qui est la
base du triangle, les tinàillôn& sont les deux autres côtés. On
appelle puncillon la petite pièce de bois qui partage le trian-
gle en deux parties égales.
Choudane, Clioudtnatifle s. f. Bouillon blanc,
molène, pi.
Chougnft t. a. Manger, fam.
Chu. Ici. Là-chu, là-haut; de-chu, la-bas ; « vins n'avant
c/w, » Tiens ici.
Omette s. f. Fruit épineux d'une espèce de chardon,
vulgairement nommé chien.
Churlôle s. f. Bécassine, oiseau, fiéchùre, chèvre ; son
cri ressemble au bêlement de la chèvre.
Cine, Clnelle s. f. Fruits de l'aubépine. Lorsque la
sécheresse empêche les grains du raisin de grossir, on dit
qu'il vire en cinelle.
Cira s. f. Fromage blanc.
OvadA (se), v. p. Se promener lentement, flâner,
comme si Ton était en civière, en voiture.
Clvada (se) v. p. Se nourrir, manger. (Lat. tibus, nour-
riture).
Ctvada s. f. Repas, dîner.
Ctvelot s. m. Haie, clôture.
Clvetta s. f. Chouette.
Cizampa s. f. Bise, vent du nord. — Àdj. Terme de
mépris; femme dont les vêtements sont en désordre.
Claquettes s. f. pi. Côtes de bœuf dégarnies, avec
lesquelles s'amusent les enfants. Castagnettes.
Clavelelrl s. f. Vrille, foret.
Clavlo s. m. Hameçon.
4
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Clavls. m. Plaque d'or que les femmes portaient jadis
au cou.
Clavetft v. a. Clouer, attacher. « Ores que te veqitia
elaveta su Varore. »
Clianson s. m. Pinson, oiseau.
Cllapa, Clapa adj. Tiède.
Cllot s. f. Demi-porte à hauteur d'appui, pour fermer
les. é tables, les maisons.
Clœu, &I1111 s. m. Fagot de paille. (G. glum). Nous
trouvons le mot glm } employé dans le même sens dans les
comptes d'Anne Dauphin e, comtesse de Forez.
Clum&cle s. m. Crémaillère.
Clurcere s. f. Cendrier, endroit où l'on met les cen-
dres. Voir Ecîiôre et Flourey.
Clussl? Clousst s. f. Poule-mère, ou plutôt qui veut
couver.
Iclossi,ivagrouâ.
Il ant appel clussi
Ma poura sieu Fluria.
En esp. gallina clueca, en patois jalena clussi.
Cœu s. m. Cuir. Ccm adouba, cuir tanné ; cœu peloux,
cuir velu, brut.
Cceupte s. f. Penchant d'une montagne.
Collon s. m. Morceaux de cuir adaptés aux deux par-
ties du fléau, écoussoUj et réunis par la meiana.
ColomMne s. f. Fumier de pigeon.
Côme s. f. Chevelure, crinière. (Lat. coma.)
Coehe s. f. Morceau de fer au bout du fuseau, peson.
Commeninra s. f. Gros bouton double en cuivre,
qui sert à retenir la partie antérieure des brayes.
Comprâ v. a. Acheter. (Esp. comjsraiyïulat. comparare.)
51
Coiteor, Caneora s. m. Hanneton. (Vx fr. cancoile.)
Concorne, Caneorne adj. Radoteur, qui bour-
donne comme le hanneton.
Ceneornâ v. n. Radoter.
Condet (à). A la cachette, jeu. (Lat. abscondere, ta-
cher.)
Copet, CoMet adj. Jouâàptd-coblet, jouer à cloche-
pied (à pied-coupé).
Coquelle s. f. Casserolle en fonte. (Lat. coquere,
cuivre.)
Coquetl s. m. Coquetier, nom donné aux maraîchers
qui emportent les fruits et les légumes à Lyon et à. St-
Etienne.
Cora s. f. Ver de cota, aigreur d'estomac lorsqu'on a
trop bu d'eau.
Corbuslne s. f. Salutation.
Corda s. f. Bande.
Cordels s. m. pi. Double étrier en fer adapté au joug,
dans lequel passe la queue de la chartueiri.
Corla s. f. Gourde.
Corniflâ v. a. Avaler, dérober.
Corllllère s. f. Ficelle ou lanière de cuir, qui sert,
de l'extérieur d'une porte, à soulever le loquet placé en
dedans. C'est la chev Mette des contes de fées : Tirez la
ckevilletie et la bobinette chéra. Au xv f siècle , le courrail
était un petit verrou.
Cornièle s. f. Trachée-artère. On dit la corniôle d'un
choux, pour la tige.
Corsellle, Croissallle s. f. Petits poissons blancs
pour empoissonner un étang, une rivière.
Ce» s. f. Pierre à aiguiser. (Lat. cos»)
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s. f. Iris des étangs, pi.
€oaa s. m. Coup, fois. « Sopro gnus coué timbros, » R.
à neuf heures sonnant. Çénquanta coua, cinquante fois.
Couage s. m. Fête qui se célèbre dans la montagne,
après la naissance des agneaux.
Couanâ y. n. Jacasser, cancaner. « Ei couanont tourna
des oyes que vant au blâ, » elles jacassent comme des oies
qui vont au blé.
Couard s. m. Viande de l'arrière, train du bœuf.
Couasson s. m. Culot, dernier né d'une famille,
d'une couvée. Queue d'un char.
CouurÀ y. a. Enrouler. Çoubrâ la moilh, enrouler le
câble.
Couchon s. m. Le but d'un jeu de boules.
Conçu s. m. Primevère.
Coucourla s. f. Courge, citrouille.
Coué, Couvet s. m. Petit étui en bois dans lequel on
me t la cos.
Coueiti s. f. Fournée de pain cuite.
Coueltl (se), CouetA (se) y. p. Se presser, se hâter.
A la coueti, h la presse. (C. escoui). En. rom. coiteus, em-
pressé, désireux.
« ...qui coiteus de soi replegier,
« Va tantost Belesme assiéger. »
(Guillaume Guiart, 472).
Couéri adj. La couéri saisoun, l'arrière saison.
« N'attends pas la couéri saisoun
« Que n'a ni forci ni raisoun. » M. A.
Couevetta s. f. Plumeau, balayette. — Brochette en
bois pour le jeu de piquaronio.
53
CouevetÀ t. a. Brosser.
Conevl v. a. Balayer.
Coaevou, Conlvre s. m. Balai. Voir Econbat. (G.
scuba; B. skuba; esp. escoba; lat. sœpa.)
Confllâ v. a. Gonfler. « Loti triôle confie les vaches, »
le trèfle fait gonfler les vaches.
Couffin s. m. Foyer.
Conhard s. m. Communal, paquage inculte, plein de
rochers.
Conlâ v. n. Glisser.
Coulade s. f. Salut. « Un chinqu'accoumençave à faire la
coulade, » un chien qui commençait à faire la révérence. Ch.
Coulelgne s. f. Quenouille, sorte de canne ou roseau.
Coulœre s. f. Sac en laine ou en toile pour passer le
lait, pour filtrer.
Coumba s. f. Ballot de chanvre.
CountarjÀ y. n. Bavarder, causer.
Connvi y. a. Accompagner, reconduire. (Lat. cum.)
Coupet s. m. Occiput, la nuque. « Le cowpet me daou, »
la nuque me fait mal.
Couqnâ y. a. Embrasser.
Couquées s. f. pi. Espèce de beignet-gâteau.
CouquWard s. m. Mendiant , pèlerin qui porte les
coquilles.
Conra s. f. Mou, poumon.
Conra s. f. Assemblée, cour. On fait la courd dans les
veillées, on s'assemble pour casser les noix, tillcr le chanvre!
Conral, Cora s. m. Chêne, arbre. De là vient le nom
de St-Bonnet-de-Cowreaua? , près duquel est le village de
Roure, nom qui a la même signification en latin. Le château
de la Corée a la même ctymologic. (C. cora.)
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Couramiau s. m. Surnom des habitants de St-Cha-
mond, parce qu'au lieu de suivre les préceptes de la cuisi-
nière bourgeoise : « Pour faire un civet, prenez un lièvre, »
ils préfèrent prendre un chat, ils wurrent aux miao.
Courbât 9 Courvat s. m. Homme marié sans en-
fants. (Peut-être de corrival, homme qui a un rival. Nous
lisons dans Rab. : « Ne me sera corrival ce beau Jupin, »
Jupiter ne me rendra pas corn...
Courllle s. f. Convolvulus, plante traînante.
Courjon s. m. Baguette, branche d'arbre.
Coussire v. n. Gémir, geindre.
Coutelle s. f. Taupe-grillon, courtilière.
Couti, Cotsi v. a. Manger.
Coutrelre s. f. Charrue.
Couvent, Covelnt s. f. Piquette, boisson faite avec
des airelles, despelousses. (Couver, fermenter,)
Crâ (à la). A l'abandon.
Craches s. f. pi. Etincelles de fer dans les forges.
Craehi s. m. Char rustique à deux roues.
Crama, Creml v. n. Brûler sans flamme, roussir. A
Lyon : cramer. (Gr. hramb.)
Craquelet, Craquelin s. m. Sorte d'échaudé en
pâte sèche très-feuilletée.
Crase s. f. Ravin.
Creelv. n. Grincer; faire créa la porte, se faire creti
les dents. « Cortaud que fat creci lo mango de sa puva. »
Roq. Cortaud qui fait craquer le manche de son pic.
Cremasson s. m. Fromage.
Cremillo-la adj. Flambé, roussi.
Cremoclc s. m. Noir, homme, noir, le diable. Vardegi
lo cremoclo, Rive-de-Gier l'enfume.
55
Crenel s. f. Crédit.
Crelpl s. f. Râtelier. Au fig. menton. Leva la oreipi,
lever la tête, être fier.
Creltl s. f. Coiffé.
Oessant s. m. Faucille de moissonneur en forme de
croissant.
Cret s. m. Berceau.
Cret 9 Créa s. m. Montagne.
Créa s. m. Noyau,, coquille. « Un plan sachon de creus,
un petit sac plein de noyaux. « Un râpai d'artoulan fat d'un
creu de cereîsi, » un appeau d'ortolan fait d'un noyau de
cerise. Ch.
Creuslo, Crlslo s. m. Lampe de veillée, souvent
citée dans les anciennes chroniques et nommée, dit-on,
croisieu, à cause de sa forme en croix. Mais notre ûreusio n'a
jamais eu la forme d'une croix, et ressemble assez exacte-
ment à la lampe romaine (de creuset?).
Crlmoy s. m. Crémaillère.
Croqua s. f. Coup, bosse, plaie.
Crot s. m. Courlis, oiseau dont le cri annonce la pluie.
Croapay s. m. Colline, coteau.
Croassa v. a. Bercer, balancer.
Croassa (se) t. p. Se dandiner en marchant.
Cueh t. a. Mettre en tas.
Cueh (se) y. p. Se percher.
Caehau s. m. Perchoir.
Lous hommes criant au cuchau,
Les poules fialayent.
Les hommes étaient au perchoir,
Les poules filaient.
(Chanson du monde renversé).
56
Cuehon s. m. Tas, meule de foin, de gerbes. Le but
d'un jeu de boules.
Cuchounâ v. a. Entasser.
Cuerta s. f. Couverture.
Cuerzelâ y. a. Couvrir, fermer avec un couvercle.
Culard s. m. Lutin, follet. Il a la forme et la grosseur
d'un boisseau et porte une lanterne sur le dos. Pendant la
nuit, il s'en va sautillant le long des chemins et entraîne
les passants dans les fossés, puis les abandonne en ricanant.
Voir Lequin.
Cundire v. a. Assaisonner. (Lat. cundire.)
Cailler, Kunler s. m. Râpe à tabac, petit moulin
portatif.
Cunzôre, Confères, f. Amas de neige entassée
par le vent. (Lat. congeries.)
Cunzûre s. f. Beurre, assaisonnement. (Esp. cundido,
huile.)
Curafué s. m. Piquefeu, tisonnier.
Curailles s. f. pi. Semailles.
Curette s. f. Morceau de fer au bout du razai ou ai-
guillon, avec lequel on cure, on enlève la terre du soc.
Cari v. a. Semer.
Corset, Cuvarsel s. m. Couvercle, ancienne forme
romane de ce mot.
Cuxaères s. f. pi. Ciseaux.
Cytène s. f. Mauvaise herbe qui pousse dans les terres
labourées.
57
D
DagnA v. a. Tiller le chanvre.
Dallla s. f Faux, le fer de la faux ; au xvi e siècle, un
dail. (G. dailli x esp. dalle.)
Bailla t. a. Faucher*
Daôre t. n. Faire souffrir. Voir Bâte.
Daôre (se) v. p. Se vouer, se donner* Quand un enfant
est triste et maladif, on dit qu'il se dao, c'est-à-dire qu'il
veut être conduit en pèlerinage à quelque chapelle votive.
Dara s. m. Mouvement , agitation. « A que m'a-t-ou
sarvi de mena tant de darâ ? » A quoi m'a-t-il servi de me
donner tant de mouvement ?
Barbon, Drabon s. m. Taupe. Suivant une. tradi-
tion forézienne , les fées s 1 étant révoltées oontre Dieu, fu-
rent changées en darbons et condamnées à ne jamais voir le
jour. Les pattes de la taupe ressemblent à de petites mains :
«Ce qui prouve bien la vérité de cette métamorphose. »
Dardenna s. f. Pièce de deux liards.
Dardewtâ v. n. Marcher lentement, flâner.
Dardolla y. n. Même signification. .
. Darnea s. m. Pie-grièche , oiseau. II y a le damea
rouge j le darnea-pendard , etc. Ce dernier, au dire des
paysans, est chargé d'exercer la justice parmi les petits ani-
maux. On trouve souvent fixés aux épines des buissons, des
insectes, des lézards gris exécutés par lui en punition de
leurs méfaits. De là vient son nom de pendard. La pie-
grièche grimpereau suspend en effet sa proie aux buissons.
La blessure faite avec ces épines est très-dangereuse.
58
Darrelrlot s. f. Arrière saison.
Daru adj. Triste, ennuyé.
Daudon, Daudou s. f. Claude, Claudine, nom pr.
diminutif.
Daugnâ y. a. Oppresser, fatiguer.
Davalgne s. f. Prune. Voir Dravouenne.
Débanageou s. m. Trouble, discorde.
Débarmé s. m. Vallon, ravin.
Débanmà y. a. Décharger d'un impôt, transporter les
droits de mutation. Voir Abaumâ.
Déblfot adj. Ivrogne, vaurien, qui ne sait rien faire.
Déblavft y. a. Moissonner. Vx emblaver, semer. On
dit encore emblavure pour une terre ensemencée. (Lat.
bladum.)
Déboenâ y. a. Enlever les bornes d'un champ. Voir
Boena.
Débourmâ (se) y. p. Se redresser, s'étirer. Voir s'A-
bourmâ.
Débraya (se) y. p. litt. Quitter ses broyés. Au fig. se
dédire d'un marché.
Débrigua adj. Frippé, usé.
Débullt y. n. S'affaisser, tomber, en parlant dm pain
qui est trop levé.
Déeaeolâ y. a. Eplucher, enlever la cmola, la coquille.
Déeal y. n. Dégringoler. (Gr. dialaô, descendre.)
Décay adv. Là-bas, en deçà. « Quand vtendrot décay, »
dans quelque temps.
Déebarnî y. a. Contrefaire quelqu'un, s'en moquer,
en dire du mal.
Déeoumblâ. y. a. Déterrer les pieds des ceps.
[Deuxième façon de la vigne.)
59
t. n. Tomber en faiblesse, d'inanition. (De
part, privative, et cœur.)
Déeoutt, Déglossi t. a. Démêler les chevoux.
Décontlau, Déeou&sou s. m. Démêloir, peigne.
Décuchî v. a. Renverser, jeter à terre. (De part, pri-
vative, et cuM, élever.)
DefferÀ v. n. S'en aller, partir. « La fairi est $nia> le
mondou déferont, » la foire est finie, le monde part.
Dégatô v. a. Ecosser, enlever les cosses, les gâtes.
DégouemA y. n. Prendre mal au cœur, être dégoûté.
Dégougnî (se) v. p. Se disloquer.
Delngûn pro. indéf. Personne. Voir Leingùn. « N'y o
deingùn dïns la mouéson? » Y a-t-il quelqu'un dans la
maison?
Déjadt adj. Vieux, ruiné. (Du temps jades.)
Déj amant (se) v. p. Se disloquer.
Délia s. f. Temps fixe de labourage, deux ou quatre
heures de travail. (Délier les bœufs.)
Délouyl v. a. Disloquer.
Démise s. f. Défroque, hardes.
Démodt v. a. Jeter à bas, renverser.
Dempeu, Dendépeu pr. adv. Depuis.
Denei s. f. Sensation produite sur les dents par les
acides.
Los lignons de Prouvenci
Ne bettount pas la denci.
Les ognons de Provence
N'agacent pas les dents.
Denna s. f. Madame , dame.
Dénia (se) v. p. Se dit d'une poule qui abandonne le
nid où elle fait habituellement ses œufs.
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Dépatoftllâ t. p. Se dégager, se déboucler en pariant
des premières feuilles des plantes.
Bépeilll adj. Déguenillé, Voir Peitti.
DépelotA v. a. Ecorcer, enlever le pelot.
Dépondre y. a. Pégueniller, déchirer.
Dépondu part. Déguenillé.
Déprouflt v. a. Ruiner, gâter. (De priv. profit.)
Deqnet s. m. De bon dequet, de bonne grâce, comme
il convient. (Lat. decet, il convient.)
Musa, vou est aujord'hœu qu'on faut de bon dequet
J acquêt â noutron saô couma de parrouquet.
Muse, c'est aujourd'hui qu'il faut de bonne grâce
Jacasser notre aise comme des perroquets. Ch.
Dératelot adj. Ecervelé.
Dérna s. f. Rouelle de veau. Dérna enfoùeria, rouelle
aux épinards, fricandeau.
Dérompre v. a. Défricher une prairie. -
Désalmâ v. a. Faire perdre courage. (Des part, priva-
tive, et âme.)
Désandagnâ v. n. Éparpiller les andains de foin.
Désert adj. Eveillé, intelligent, en parlant d'un enfant.
DéftondrA v. a. Déparer. Voir Ondrâ.
DesslÀ v. a. Rassasier, désaltérer.
Dessla (se) v. p. Se désaltérer,. se rassasier.
Déte 9 Dêton s. f. s. m. Cruche, cruchon.
Pu l'heroux magistrat s % emparant d'una detsi
Lorgi comme in togneau, plena d'èga benetsi,
La lance à tour de bras su los autros démons.
Puis l'heureux magistrat s'emparant d'une cruche
Large comme un tonneau, pleine d'eau bénite,
La lance à tour de bras sur les autres démons.
Roq. (Pereyoux).
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Detriâ v. a. Arracher à. . . , distraire de . .. Sevrer un enfant.
Dévoila t. n. Descendre, aller en aval.
Devanti, Devantan s. m. Tablier* « Un devantau
de fayenci, » tablier blanc à, grandes fleurs, comme les an-
ciennes faïences.
Dévia (se) y. p. S'en aller, se retirer. (Lat. de hors, via
chemin.)
Devis s. m. Conversation, entretien. Vx fr.
Devitou s. m. Dette. (Lat. debitum-)
Diâ, Diê excl. Certainement, sans doute. Prise interr.,
vrai? tout de bon? Diê que donc! indubitablement, assuré-
ment. Ce mot rappelle le juron^des Grecs Lia, par Jupiter!
Ma Dia, oui par Jupiter ! Ne Dia, non par Jupiter ! — Au
xv e siècle, on disait de même dans beaucoup d'anciennes
provinces : OuiDea! Nenni Beat
DiKkn s. m. Lundi. Les paysans ont conservé aux noms
de la semaine Tordre des mots latins : Dilûn, dies lume ;
dimars, dies martis ; dimêcre, dies mercuris; dijô, dies jo-
vis; divendre, diesveneris; dâande, dies sabbati. —Laâio-
menchi, ladimège, etc. — On dit aussi, d'une façon abso-
lue : lun, mars, mêcre, etc. , surtout lorsque le nom est pré-
cédé de l'article, le mêcre, le.jô, le vendre, le sande, au lieu
de le dimécre, le dijô, elc. — Cette dernière forme est cel-
tique. Les Celtes disaient : Vhun, lundi, bien avant que la
langue latine fût parlée.
Dodre adj. Tendre, meurtri. Voir Daodre.
Dorai» adj. Entêté, têtu.
Dorfte» Dauftge s. f. Cosse des légumes, fèves, hari-
cots, etc. (D. C. dauxe.)
Dote s. f. Douleur, meurtrissure. « Semai tôt farci de
dotes, » je suis tout farci de douleurs.
62
DouMi, DeurMi s. in. Char double, à quatre roues.
Doublon s. m. Taureau âge de deux ans.
Douille s. f. Goulot d'un arrosoir.
Douille s. f. Doloire, sorte de hache pour couper le
marc du raisin.
Drabounl s. m. Taupinière.
Drageâ v. n. Fendre l'eau, en parlant d'un bateau .
Dralve s. m. Van.
Dravouenne 9 Draveuenni s. f. s. m. Prune,
prunier.
Dravaigne, Dravaçnat s. f. s. m. Même signif.
Drayâ v. n. Patauger dans la boue.
Draye s. f. Chemin boueux, glissant.
Drelu s. m. Diminutif d'André, nom propre.
Drlgaudft, Driguâ v. n. Sauter, gambader.
Drlndoulâ. t. a. Secouer, ébranler.
Drouaehe s. f. Marc du raisin après la pressée. Il se
nomme gêne auparavant.
Drugi s. f. Surabondance, profusion de bien ; fumier,
engrais. Se plaindre de drugi, de trop de bien-être.
Draçî t. n. Etre joyeux, sauter, jouer, en parlant des
enfants, des chats, des chevreaux, etc. « Lous chats drugeont,
n'aurons de ployé, » les chats jouent, nous aurons la pluie.
(C. drugeal.)
Dua, Dlot s. m. Fouet.
Duagsâ v. a. Fustiger, fouetter.
Dullin adj. Délicat.
DuMiaos. m. Morceau de laine pour emmailloter les
enfants.
63
E
EbAubî, EbAudî v. a. Réveiller, secouer du som-
meil. D'où le salut ordinaire des paysans : « Seyeznxms
ebaudits tretous vez chi vos? » êtes -tous tous bien éveillés
chez vous? au lieu de dire: comment vous portez- vous ?
(On trouve dans Rabelais: nesbaudit les esperits animaux,»
réveille les esprits.)
EbArliAude* s. f. Eblouissement, étincelle. On
nomme ainsi les petits globules irisés qui dansent devant
les yeux, lorsqu'on a trop regardé le soleil en face.
« Dessus choqua chauda,
« Couma Vebarliauda,
« Au veut l'averti
« Luyant de plaisi. » (Chansons de Babochi.)
EbejÂv. n. Faillir, tomber en défaillance. « jfbvn cœu
ebejo, » j'ai mal au cœur.
EblAt-Aftgl adj. Imbécile, idiot. Voir Jabiat.
Eblcliâ v. a. Déchirer, mettre en haillons.
Eberllâ v. a. Eborgner, crever un œil.
Eberlie s. m. Aveuglement. « Traire de poudra d'é~
borlio, » jeter de la poudre aux yeux.
EbeulUâ, Ebeill v. a. Ecraser, éventrer. (D. G. bas
lat. exboellare.)
EbrAieâ, Ebrelsâ v. a. Endetter, mettre en miettes.
EehAndlllA s. f. Coup de soleil.
EehAndillen s. m. Tige de chanvre teillée, chenevotte.
Ech André, EebAndt v. a. Réchauffer, échauffer.
(Lat. incandescere, brûler.)
64
Eeharâ v. a. Blanchir, parer. « J'ai, Dio marci ! echarat
maconcienei. » Gh. J'ai, Dieu merci ! purgé ma conscience.
Echaravet s. m. Bousier, coléoptère qui bourdonne à
l'approche de la nuit. On dit proverbialement d'une per-
sonne qui se met à l'ouvrage très-tard : « Auî eit couma '
tous echaravets, au s'emode à la nœu. » Il existe plusieurs
ruisseaux et torrents qui portent ce nom en Forez et en
Lyonnais, un notamment à Vaise-Lyon, dont il est fait men-
tion dans des actes des xi e et xn e siècles. Ce mot, dont nous
ignorons la racine, pourrait bien signifier boueux, vaseux.
Dans ce cas, le nom de Vaise, et celui de son ruisseau au-
raient le môme sens. (Wecharavet Tient scarabée.)
Echargnï, Eehargnâ v. a. Blâmer, railler, contre-
faire quelqu'un.
Echichî y. a. Ecraser. (Esp. Acuchar.)
Echïngles. f. Sonnette, clochette, d'où le verbe echin-
glâ, sonner.
Echiron s. m. Epine de bois qui entre' dans la chair.
Echoteii s. m. Peloton de fil, de laine, etc.
Eclieree s. f. Partie supérieure du moule à fromage,
dans les montagnes de Pierre-sur-Haute.
Eclière, Eclftot s. m. Gendre. L'endroit où se mettent
les cendres se nomme clufœure. Voir aussi Flourei^Iuraere.
Eclot, Egclop s; m. Sabot. On disait naguères, en
termes de vénerie, les éclots d'un sanglier. (Bas. lat. esclava.)
Eolontl s. m. Sabotier. (Auv. esclopie.)
Eeloaton s. m. Petit sabot ; tabatière.
Eeluâ v. a. Enlever l'herbe mélangée a la paille, éplu-
cher le giûn.
Ecendre v. a. Cacher ; s'econdre, se cacher. (Lat. abs-
condere, auv. scondre.)
65
Eeergnlôlâ y. a. Etrangler.
EcorpelÀ (s*), Eeoupetâ (s*) v. p. Se tourmenter,
se donner de la peine.
Eeouâ y. a. Secouer, ccosser les légumes.
. Eccouasftandre y. a. Déchirer, tirer d'ci, de là,
mettre en lambeaux. Habit eceouassandu.
Ecouatâ (s') y. p. Se battre, en parlant des chiens.
Ecenbat s. m. Balai , torchon fixé au bout d'un long
manche pour nettoyer un four. On dit d'une femme mal
vêtue qu'elle ressemble à un ècoubat de four, de même qu'en
français on dit : habillé comme un manche à balai. (Esp.
escoba, espèce de genêt, et par extension balai.)
Eceiiérâ (s') y. p. Avoir la peau des cuisses gercée par
le froid, etc.
Eceurre y. a. Battre le blé, frapper quelqu'un.
EeoMMlar s. m. Batteur de blé.
Eceusseu s. m. Fléau à battre le blé. Uecoussou se
compose d'un manche ou essiot, du fléau proprement dit, ou
lavarjat; de deux morceaux de coliou ou cuir troué, adap-
tés à Yessiot et à. la varjat, et réunis par la meiana, ou corde
en peau d'anguille.
Ecramayi y. a. Ecraser.
EcrapelA(s')y.p. Au pr.s'écartcler,au fig.se tourmenter.
Ecucbi y. a. Ecraser. Voir Echichi.
EfFeran, Efferain s. m. Seconde qualité de pain.
Eflleare s. f. Cendre.
Efleuer (s') y. p. S'écraser, s'aplatir.
Egailla y. a. Disperser. On connaît l'ancien mot d'or-
dre des Vendéens : Egaillez-vous, mes gars !
Eff*t s.m. Vieux cheval, rosse. (Auy. egua, jument ; du
lat. equus, equa.)
5
66
Egraugnâ v. a. Egratignure.
Eguâ v. a. Régler, égaliser, « Tôt s'ègue pa lo miox, »
tout va pour le mieux. (Lat. Mquare.)
Eimmandâ (s') v. p. Partir, s'en aller. Voir s'Emoudâ.
Elncfaafeta (s') v. p. S'embrouiller, s'embarrasser.
Elrâ, Eirt, Urî y. a. Ouvrir. (Lat. ap-mre.)
Elmon s. m. Intelligence, esprit.
Elavlounâ t. a. Elaguer, tailler la vigne.
Eliouge s. f. Eclair.
EWouède, Elieude, Elucdc v. imp. Il fait des
éclairs. (Lat. elucet, B. luc'hedû)
Emaranehâ y. a. Tailler, émonder un arbre. Casser
les branches de la vigne.
Embaillar s. m. Civière, char.
Emberâ v. a. Elever, nourrir. « Aul o embero un usai
que minge sou, » il a élevé un oiseau qui mange seul.
EmboMou s. m. Arrosoir. Douille d'ernbossou, pomme
d'arrosoir.
Embontâ t. n. S'enfoncer dans une terre meuble.
Embringua v. a. Embarrasser.
' Embringue s. m. Embarras.
Embouessî v. a. Tromper. (Esp. embaucar.)
Emeillâ (s') v. p. S'étonner, s'émerveiller.
Emiaulot adj. Maigre, long, efflanqué.
Emoadâ v. a. Envoyer.
Emoudâ (s') v. p. Partir, se hâter. Voir Uoudà.
Emoindre v. a. Traire les vaches.
Empein adj. Attaché à..., enclin à... (Lat. impensus
ad,..)
Empenlâ (s') v. p. S'attacher, s'adonner à... (Esp.
a'empenar, s'opiniàtrer, s'exposer courageusement.)
67
Empleitl s. f. « Tant qu'à l'empleiti de la mort. » M. A.
Jusqu'à l'article de la mort.
Eneanehl s. f. Accroc, chose qui accroche, embarras.
Eneanehl (s*), Eneanebâ (s') y. p. S'accrocher, en
parlant d'une robe, d'un iilet, etc. (Esp. enganchar, accrocher.)
Ende, Endepœa pr. Depuis.
« Endé la cima dans chavios
« Tant qu'à les ongles daus artios. » M. A.
Depuis la cime des cheveux jusqu'aux ongles des doigts de pied.
EndôdrÀ y. a. Meurtrir, rendre dôdre.
Endruge t. a. Fumer, rendre druge.
Enfe*eî y. a. Empoisonner, droguer.
Enfeselment s. m. Drogue, poison.
Enganâ y. a. Embarrasser dans un obstacle. (Esp. En-
cachar (se), s'embarrasser dans un passage étroit ; du G. Ing,
embarras.)
Envola v. a. Avaler; au fig. détruire.
Engranâ y. a. Plonger, endurcir.
Engrenlllâ y. a. Recoqueviller.
Engrotat adj. Endormi, inhabile, malade. (Lat. œgro-
tare.)
Enqueu ad y. A présent, maintenant.
Enftergeti s. f. pi. Entraves aux pieds des chevaux.
(Lat. inferrare.)
EnnartA y. a. Elever.
Enroa s. f. Gros morceau de pain.
Entannou adj. Terme de mépris, en parlant à un en-
fant, un gamin; litt. entamé.
Entremet s. m. Séparation en planches dans les
étables.
Entraîna (s') v. p. S'enfermer.
68
Envorpâ v. a. Envelopper.
Epalllère, Eparon s. f. s. m. Pièce de bois, bâtons
qui garnissent les à-côtés d'une charrette.
EpalUUâ (s') v. p. Ecarter les jambes.
« Vou plot, vou sovlilie,
« Lou diablou s'épallille. » (Prov.)
11 pleut, il fait soleil, le diable écarte les jambes.
Eparmenta adj. Bien muni, bien monté, ajusté.
Epeli v. n. Eclore. (Lat. ExpellU être chassé hors.)
Epelet s. m. Mauvais ouvrier.
Epiées s. f. pi. Outils. Menus objets servant au labou-
rage, à. l'attelage des bestiaux.
Epouffot adj. Asthmatique, suffoqué.
Eputiâ v. a. Ecraser.
Equevilles s. f. pi. Balayures, épeluchures. Très-
usité à Lyon. (Esp. escobilïa; B. skubien; au Moyen-Age,
escuvilles ; de ecoubat, balai.)
Equifellal s. f. Equipée, folie.
Ërennâ v.a. Ereinter, accabler, assommer de coups, etc.
Eseablllat adj. Eveillé, alègre, joyeux.
Escot s. m. Espèce de serge, étoffe qui se fabrique dans
la Lozère.
Eseupl s. m. Crachat. (Esp. escupir; lat. soopeo; B.
scopein, cracher.)
Espaiilou adj. Bossu (Vclay).
Espargi s. f. Délai. Frondre d'espargi, prendre de la
marge.
Espère s. m. Affût. A V espère d'una liora.
Essart, Essert s. m. Défrichement, endroit défriché .
D'où les noms propres : Essertines, les Essarts, Issartaise,
Essertel.
69
Eftsartâ v. a. Défricher; t. n. Remuer les jambes.
Emayette s. f. Morceau d'étoffe étroit le long d'une
chemise de femme.
EMementa s. m. pi. Semences, grains et légumes de
choix pour ensemencer.
EMlot s. m, Manche du fléau à battre le blé.
EsftouMa v. a. Oublier.
EftftonrÀ v. a. Exposer h l'air, éventer.
Essourllâ v. a. Etourdir, essoriller.
Efftève s. f. Manche de la charrue. (Lat. stiva.) Voir
Arôre.
Efttot s. m. Herminette, outil.
Cita, Etot* Ce mot n'est guères usité que dans les locu-
tions suivantes : laisso m'èta, laisse-moi tranquille ; grand
laisso m'êta, grand dadais, imbécile /qui dit toujours laissez-
moi la paix.
Eteral y. a. changer la litière des bestiaux.
Etopon s. m. Barre de pressoir, pour serrer la vis.
Etavani adj. Ebahi, étonné.
Etella s. f. Bois à brûler, éclat de bois, bûche. (Esp.
estallar, se fendre; D. G. estaille; B. astell.)
Etfadê s. f. Colle de tisserand. « Haras-pas ma tiala,
mingearias moun étiadé. » (Proy.). Tu ne feras pas ma toile,
tu mangerais ma colle, c'est-à-dire : Nous ne pouvons vivre
ensemble, nous ne serions pas d'accord.
Etogi, Etougea y. a. Epargner, ménager.
Etoupon s. m. Bouchon. Etoupon oVuna bouttd, bou-
chon d'une outre, et par extension bonde de tonneau. (Esp.
tapon.)
Etoyi v. a. Faire sortir, lâcher les troupeaux.
Etripâ v. a. Déchirer, mettre en pièces.
70
Etrema v. a. Ramasser, recueillir.
Etrot s, m. Bonde d'un étang, Tanne d'an moulin.
EtrouMe s. f. Chaume, champ de blé moissonne.
(D. C. Estoblagium.)
Etu adv. Tout-à-l'heure, de suite.
Etait v. a. Echauder, préparer un tonqeau, une cuve.
Euly s. f. Aiguille.
Evancle adj. Qui a le ventre vide.
Evanlâ v. a. Jeter à terre, renverser.
Evanlà (s') v. p. S'étendre.
Evarachî v. a. Disperser, mettre en désordre. .
Evlallla s. f. Soufflet, giffle. Voir ViaiM.
Evolage s. f. Immersion d'un étang.
Explllat adj. Vaurien, vagabond. Voir Pillaraut.
Ezlalâ, Evlala v. n. Gourrir d'ici, de là, en parlant
des bestiaux piqués par Yeziale.
Ezlale s. f. Gros taon qui tourmente les bestiaux. (Lat.
ezialus.)
F
Fadard, Fadourle s. m. Idiot, imbécile d'esprit.
(Fils de fade, de fée.) Très-usité dans le Midi, où l'on dit
fada.
Factné adj. Criminel. Courir comme un fariné, courir
comme un ensorcelé. (R. facinner, sorcier, d'où le mot fran-
çais fasciner.)
Fagana s. m. Mauvaise odeur, telle que celle d'un
facchino italien, ou crocheteur échauffé. (La Monnoic : Glos-
saire des Noèls.)
71
Faran s. m. Jeu cité par Chapelon, probablement fa-
rinfarailly ou barin barailly.
Faraud adj. Elégant, coquet.
Faraud (se) v. p. Soigner sa personne, faire sa toi-
lette.
FaraMe s. f. Bourdis ou poignée de paille liée, torche
de résine. (C. far, lumière.)
Farbella s. f. Frange, dentelle, guenille.
Farbelonse adj. f. Femme mal Têtue, déguenillée.
Fardelet s. m. Lutin.
Farettes s. f. pi. Fredaines.
Fareypl s. f. Fête, réjouissance.
Farjo s. m. Forgeron.
FariJnailles s. f. pi. Fiançailles: (Vx (v. fermailles,
promesses.)
« Jacques dau quio a fat farmaiiîes
« De treis noués, de treis chatagnes,
« D*un pataé de quatrou saos ;
« Jacques dau quio rCeit pas trop saô. »
(Branle-chanson) .
Farmalllon s. m. Ruban qui attache la quenouille sur
la poitrine des fileuses. Voir Saut exile.
Farnelrl s. f. Provision de vivre ou d'argent. Office,
endroit où Von met les fruits. « Mïngeâ sa farneiri, » man-
ger son bien.
Faraelron s. m. Garçon meunier qui dirige un moulin.
Faron s. m. Mèche de lampe. (Esp. faron, lanterne ;
C. far, lumière.)
Farraman s. m. Terme de mépris. Grande femme de
mœurs équivoques. (D. C. faramanni, qui se livre aux
étrangers.)
72
Fatraftae adj. f. Se dit d'une femme qui veut se mêler
de tout, qui fait du fatras.
Fan, Fayard s. m. Hêtre, arbre. Les paysans n'ont
souvent d'autre lit que des paillasses garnies de feuilles de
fayard, qu'ils nomment ironiquement plumes de rossignol.
(C. fau.)
Faussa (se) v. p. Se tromper, faire erreur.
Faut s. f. Faix, fagot.
Favette s. f . Crainte, peur, panique. (Très-usité à Lyon. )
Faye s. f. Bois de hêtres, d'où les noms propres très-
répandus de la Faye, la Fai, Fayolle, etc.
Fenlère s. f. Grenier à mettre le foin, fenil.
Feneftron s. m. Grenier à foin.
Fennag§on s. m. Douillet, délicat comme une femme.
Garçon qui rôde toujours autour des femmes, des ferme.
Fert v. a. Frapper. Féru et fiardu, frappé ; {tardant,
frappant. (Vx fr.)
Feron s. m. Nom du Furan à St-Etienne.
Fessl s. f. Fagot, faisceau.
Feye, Flot, Feyette s. f. Brebis, agnelle. Maynade
feye, agneau ; rogearonde feye, fromage de brebis. Dans cer-
taines localités on dit au singulier una feye, et au pluriel
de flots. (Lat. fêta, D. G. feda.)
Flalar s. m. Fuseau, filet à pécher.
Flarde s. f. Toupie.
Flarde s. f. Plaisanterie, moquerie.
Flan s. m. Fardeau, faix. Traire de fiaux , porter des
fardeaux.
Filandre s. f. Frange.
FUllâtre, Flllat s. m. s. f. Gendre, bru. Très-an-
ciennement employé dans les actes. A Ghalmazcl, à Cousan,
73
le fîlliâfrc devait une brebis au seigneur, le lendemain de
son mariage.
F1M6» Flèlattâ v. n. Siffler, s'enivrer, se griser.
« T'as fiôlot, Liaudina,
« Tas fiôlot !
n Vou eit dm vin dau euro, etc. » (Bourrée.)
Flêlay s. m. Sifflet, fifre.
Florey s. m. Nom du mois de juin. « hou vettiéme fio-
rey, » le huit juin.
Flache s. f. Marécage. Un pré en floche est un pré hu-
mide, d'où les noms propres les Floches, Flachères, etc.
Flaine s. f. Taie d'oreiller.
Fiat s. m. Souffle, haleine, et par extension vue, aspect.
(Lat. flatus.)
Flemme s. f. Paresse, dégoût du travail. Ce mot, qui
n'est pas français, se dit dans toute la France.
Fleu s. f. Crème, fleur du laitage.
Floehi s. f. Surplis de prêtre.
Floretta s. f. Fleur de froment. « Utia poumpa de
floretta, » un petit pain de pur froment.
Flourey s. m. Cendre. « Couevi lou flourey, » balayer
les cendres.
Flouri s. m. Drap de lessive, où l'on met les cendres.
Flvraère s. f. Cendrier, endroit où l'on met les
cendres.
Flux. s. m. Jeu des vagabons à StrEtienne. Ce jeu est
souvent cité par Rabelais. « Vou se filotte ailleu qu'au jeu de
flux* » (Babochi.)
Fœtau s. m. Crible pour le grain.
Foillarët adj. qui fait pousser les feuilles. Le vent
foillarèt est un vent de printemps.
74
Fol. Fou s. m. Hêtre, arbre.
Follgatadj. Imbécile, à demi-fou.
Fomora, Foumarf; Floi s. m. Fumier, engrais.
Terme de mépris.
Forlgnat s. m. Forézien. Les Auvergnats nomment
ainsi par moquerie les habitants du Forez, qui le leur ren-
dent bien, témoin le proverbe : « D'Auvergne il ne vient ni
bon vent, — ni argent, — Jii braves gens. »
FoueMella s. f. Partie inférieure du moule à fro-
mage. (D. C. nomme foisselle le panier où sèchent les fro-
mages. Il est à côté de la vérité , comme dans un grand
nombre de ses interprétations.)
Fouetta s. m. Tablier. (Du côte du Velay.)
Foulllaee s. f. Premier lait d'une vache qui a vêlé, et
qui sert à faire les matefains raides et les fouaces. (Voir Le-
bèt, Busson.)
Fouillât s. m. Pan d'habit, de chemise, etc. (De feuille.)
Foullët s. m. Follet. On donne ce nom aux tourbillons
de poussière que fait le vent dans les chemins. En Irlande,
les fées dont le follet est certainement cousin-germain, dé-
ménagent, dit-on, dans ces tourbillons. Voir pour les noms
du lutin, fardelet, lequîn, tra ou dra, etc.
Foullletta s. f. Mesure pour le vin, équivalant au
demi-litre. Ne pas confondre avec la feuillette lyonnaise,
qui est Fhectolitre ou plutôt la demi-pièce.
Fonrma s. f. Fromage fabriqué dans les chalets, sur
les montagnes de Pierre-sur-Haute. Les fourmes sont ron-
des ; leur hauteur est de 25 à 30 centimètres, leur diamètre
de 8 à 10. Cinq fourmes, liées ensemble avec de la paille,
forment un lien de fourmes. On les vend dans les marchés
de la Loire et des départements voisins. Celles qui sont
75
blanches et creuses, ce qui provient d'une mauvaise pâte,
se nomment putes, tout simplement et sans malice. Au xvi e
siècle, les fourmes valaient 6 à 8 sols pièce, 30 ou 40 sols
le lien. Ce prix a quintuplé depuis.
Fourmeire s. m. Marchand de fromages. Voir Sounailli.
Fournaè s. m. Cheminée. La grosse poutre de la che-
minée porte le nom de trat dau fournaè ou trafournaè. On
donne au fils aîné d'une famille le titre à'héreti dau tra-
fournaè, héritier du foyer; on lui accorde du reste tous les
avantages que permet la législation actuelle sur les héri-
tages et les successions. C'est comme Ton dit, pour l'aider à
soutenir la maison. Dans les anciennes fermes, les chemi-
nées sont immenses, et, suivant le dicton, unecharette de foin
passerait dans la gaine. Autrefois, le foyer n'était pas adossé
au mur, et Ton pouvait faire le cercle tout autour. Les pou-
■
très transversales, auxquelles on suspend les jambons et les
ételles, se nomment jugœres, chamberoux, etc.
Fourni, Furnille s. m. Four, fournil. La locution
proverbiale : Envoyer quelqu'un sur le four, signifie envoyer
promener quelqu'un.
Fouyagge s. f. Fouace , gâteau, sorte de matefains
délayés avec la fouillace, le busson. (D. C. fouliacea.)
Fraîche s. f. Temps de repos accordé aux ouvriers
après le repas. A Rive-de-Gier, les apprentis verriers avaient
naguères le droit de mouler deux bouteilles pendant la
fraîche.
Frairine s. f. Mot collectif pour désigner les frères et
sœurs d'une famille, et par extension une communauté, une
association, une frari. On dit : faire un arrangement avec sa
frairine; et les notaires de campagne savent parfaitement
ce que signifie cette locution.
76
Franla s. f. Frange, guenille, et par extension un ivro-
gne, un mauvais sujet qui traîne la franla.
Franllassi s. f. Femme sans ordre, mal vêtue, mal-
propre. La terminaison assi est augmcntative, comme en
italien accio.
Frarl s. f. Réunion, corporation, d'où vient confrérie.
Frau, Fraot s. m. Bois défriché. Plusieurs endroits
portent ce nom. (B. fraost, inculte.)
Freehuron s. m. Elégant, mignard, fat.
Frellages s. f. pi. Vieilleries.
Freteaux s. m. pi. Pièces de bois coudées pour la
confection des bateaux.
Frezille s. f. Copeau, éclat de bois.
Frieaude s. f. Nourriture, régal. «Lafricaude delous
cayons. » M. A. D'où vient fricot.
Frïngageou s. m. Ornement de toilette.
Frïngarl s. f. Coquetterie, élégance. D'où l'adj. fr.
fringant.
Fromental s. m/ Terrain fort, argileux, propre à la
culture du froment.
Fromogeou s. m. Litière, fumier d'une étable. Terme
de mépris.
Fromogi v. a. Enlever le fumier avec le bigot.
Fromogla s. f . Litière, fumier, faire la fromogia, net-
toyer une écurie.
Frougnî (se) v. p. Se frotter contre quelqu'un ou quel-
que chose.
Froulllâ v. a. Voler, tromper, tricher.
Frouillon s. m. Trompeur, tricheur au jeu. Au xvi e
siècle, freîot avait la même signification.
Frasques s. f. pi. Hardes, vêtements. Voir Veye.
77
Frusqulu s. m. Nom d'un saint apocryphe qui per-
sonnifie la propriété. Manger son saint-frusquin, signifie
manger ou dépenser son bien. Cette locution est très-usitée
à Lyon.
Fumade», Fumée» s. f. pi. Pâturages dePierrc-
sur-Haute, que les bestiaux engraissent de leur fumier.
Fan s. m. Fumée.
Furft t. a. Creuser, chercher. « Se furâ la cabochi, » se
creuser la cervelle.
Furgnl s. f» Souris. Nous ignorons si ce mot est très-
répandu ; nous l'avons entendu à Noire table.
G
Gaffâ v. a. Dévorer, manger.
Gaffa s. f . Vaurien, mange-tout.
Gaga, GragMSl adj. s. m. s. f. Surnom des habitants
de St-Etienne-en-Furan. Des étymologistes trop savants ont
trouvé l'origine de ce mot dans gagate, terme qui, en grec,
eu latin, en espagnol, signifie pierre noire, jais, etc., ce qui
prouverait, clair comme le jour, que les Romains se chauf-
faient avec la houille. En C. gag, gagau signifie : fentes,
trou, ouverture, et pourquoi pas puits de charbon ?
Nous pensons que ce sobriquet a été donné aux Stépha-
nois à cause de la sonorité et de la volubilité de leur patois
qui contraste étrangement avec le parler lent et mesuré des
habitants de la plaine. Dans d'autres provinces, gagasser si-
gnifie parler rapidement et d'une façon gutturale.
Gagnagl s. m. Jachère. On dit une terre en gâgnage.
Gaffni s. m. Genêt, plante.
78
Gaîue s. f. Paresse, flânerie.
Gala (se) v. p. Se réjouir. (Anglo-saxon, gai.)
Galer, Galelga adj. Joyeux, fringant. On disait autre-
fois une galloise pour une femme de mauvaises mœurs.
Gale-bontemps, homme sans souci, Roger-Bontemps.
Galina, Galinetta s. f. Poule, poulette. (Lat. ga-
lina.)
Gallnaère s. f. Perchoir pour les poules. Auvent de-
vant la porte des églises de campagne.
Gallstran s. m. Garçon décontenancé, qui se tient mal.
Galorou s. m. Plaisir, amusement, gaîté. «Lamaynat
d'iquai tion être plan de galorou. » Ch. La jeunesse d'alors
était pleine d'entrain.
Galoupa s. f. Vaurien, mauvais sujet.
Ganiaelie, Gamaehon s. f. s. m. Guêtre en cuir
ou en toile blanche qui montait jusqu'au genou. Quelques
vieux paysans portent encore des gamaches.
Gamaè s. m. Cépage de médiocre qualité.
Gambey s. m. Ventre. « Voit rend pas lou gambey aussi
dû qu'una piera. » Ch. Cela ne rend pas le ventre aussi dur
qu'une pierre. (B. gambé, voûté, arrondi en bosse.)
Ganaè, Ganaèse s. m. s. f. Fermier, fermière. Au
Moyen-Age, gaigneur, gaignére, signiûait laboureur. Du C.
gwen, récolte, gain. Ce nom de gwen se trouve souvent, dans
de très-anciens titres, appliqué à l'automne, saison des fruits.
Voir D. C. D'où les noms propres gagnères, gagnât, etc.
Gandola s. f. Petite tasse à boire. Nous en avons une
en argent, portant la date de 1700 et le nom de notre tri-
«aïeul, et dont le fond est formé d'un écu (monnaie) aux
armes de Prusse.
Gandouéri v. n. Se réjouir, bambocher. « Vamour
79
me ganduère, et lou vin may, » L'amour me plaît et le vin
aussi. (C. ganta, plaisanterie.)
Gandouésl, Gandolse s. f. Plaisanterie , joyeu-
se té, farce. Les Ganduaises de Guill. Roquille , poète de
Rive-de-Gier, sont célèbres, au moins dans notre dépar-
tement.
Ganlpa, Ganlpella s. f. Mauvais sujet. Faisons ob-
server, en passant, que le vocabulaire des injures patoises
est d'une variété extraordinaire. Ce mot étant un des plus
répandus, nous profitons de l'occasion pour renvoyer le lec-
teur désireux de tenir tête à une revendeire gagasse, aux
mots : sampa, suarpi, liarpa, dépoilli, gaffe, peilli, far aman,
gaupa, garauda, louéri, franla, vourpa, rippa et autres amé-
nités.
Gaparou s. m. Fromage blanc.
Gâpian s. m. Gabelou, employé aux octrois muni-
cipaux.
Garauda s. f. Femme de mauvaises mœurs, coureuse.
(taraudes s. f. pi. Guêtres.
Garagnat, Garagnami adj. Se dit d'un enfant qui
fréquente les enfants d'un autre sexe.
Gares s. f. pi. Joues. On dit aussi les gares dau quio !
Garet s. m. Sale, malpropre. Terme de mépris.
GargufUi s. f. Ce mot est usité dans la locution char-
cha garguilli, chercher querelle.
Garlbaudaille (h, la). Locution adverbiale. En dé-
sordre, à l'abandon.
Garlpotte s. f. Lutin, feu follet, qui entraine les cu-
rieux imprudents dans les fossés et les mares d'eau.
GarlIÀ v. n. Loucher.
Garltat-agei adj. Qui louche. (Roman guérit»)
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dama s. f. Fagot de branches de pin, aiguilles de pin,
broussailles pour allumer le feu. (B. gar et garouhein, ai-
guillon ; G. é. pioun-cfirarm, pin.)
GaraaMon s. m. Bois de pins.
Garon s. m. Abcès à la langue des porcs.
Garon s. m. Tête de mouton. Les garons en daube sont
un des mets préférés du peuple.
Gâte s. f. Ce que l'on use dans un certain espace de
temps.
Gati s. m. Lange d'enfant.
Gratta s. f. Gosse de légume, d'où le verbe dégatâ.
Gaupa, Gampa s. f. Coureuse, femme de mauvaise
vie.
La gaupa vêt chattâ dins tout lou msinageou,
Et me fat de z'effants que ri ont pas moun visageou. Ch. J.
La gueuse va chatter dans tout le voisinage,
Et me fait des enfants qui n'ont pas mon visage.
Gavot s. m. Montagnard, d'où la gavotte, danse dos
montagnards.
Geargeal ou JTarjal s. m. Ervum irsutum, plante
qui grimpe le long des blés , et quelquefois en si grande
abondance qu'elle couche les tiges.
Gemma s. f. Perle. « La fina gemma de mous yox. »
M. A. (Lat. gemma.)
Gène s. m. Marc de raisin au sortir de la cuve» Lors-
qu'il est pressé, on le nomme drovacJie. (R. gen, D. C. gen.)
Geôl&v. n. Pleurer. (B. gwela.)
Gère (se) v. p. Se coucher, dormir. « La x>iat et lou
gère, » la table et le lit. (Lat. jacere.)
Gerla s. f. Cuvier, baquet. (G. jarL)
Gerllou s. m. Petit seau pour traire les vaches.
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Geûn s. m. Plainte, gémissement,
Glgauda s. f. Enjambée.
Glgua s. f. Jambe, gigot de mouton.
Gin, Gès conj. Point.
Gingols adj. De travers. Voyez dans Rabelais : Guin-
gois, qui a l'esprit de travers, de quà hinc, de quà hoc;
vin guinguet, d'où guinguette , Tin vert qui fait faire la
grimace.
Glnguâ t. n. Boiter, branler, être en équilibre, comme
le prouve le dialogue suivant entre deux maçons : '
— « Oh ! Jean, addu lo mourtia, la pirra gingua.
— « Gingua que gingua, portou pas lo mourtia avant
d'ave dîna. » — (G. ging y boiteux.)
Glsclou s. m. Serpent, couleuvre. « Un bâton qu'eit
curi de la pai d'un viox gisclou. » Ch. Un bâton recouvert
de la peau d'un vieux serpent.
Gllafa s. f. Boue et neige fondue. (C. glaff, pluie.)
Gnlac s. f. Dent. Faire la gniac, faire la grimace, en
faisant claquer les dents.
GnlaeÀ v. a. Mordre. (Flamand, knagen, mâcher.)
Gnôgne, Mioche s. f. Jeune personne, niaise, béte.
Gobille, Gobië s. f. Globule, bille, jeu des enfants.
Gôgna s. f. Grimace, calinerie, caresse. Les gagnes, les
joues.
Gôgnard, Gôgnand s. m. Câlin, grimacier. On dit
à Lyon grand gognand. (Ital. gogna, libertin, vaurien.)
Gogue s. f. Friture de miche, trempée dans du hit.
Espèce de beignets. (D. G. gogue, "amusement.)
Gone, Gonelle s. m. s. f. Garçon, fille, gamin, ga-
mine. Un gone se dit à Lyon pour un gamin. Dans le. Forez,
ou dit grande gonelle d'une fille qui manque de réserve, de
6
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contenance. En hottentot gona, signifie enfant, gamin. (Du
gr. goneôy engendrer.)
Gôm», €tôna adj. Habillé. On dit aussi à Lyon mal
gôné, mal vêtu. (It. gona< gonella, robe; angl. gown.)
Gorgolla s. f. « Beire à la gorgolla, boire au goulot,
& la bouteille. (It. bere à gorgota.)
Ctorg oMon s. m. Aigreurs d'estomac, vapeurs, ver de
cora, voir ce mot. (It. gorgozza, œsophage.)
Ccorlaneliî v. n. Vagabonder, mener une vie de fai-
néantise.
Qorlanehla s. f. Vagabondage, paresse, ivrognerie.
Tel est le titre d'une des meilleures poésies de Roq., le poète
des Pereyoux ripagériens.
Ctorre s. f. Truie. Vieille vache, viande de vache salée.
(En C. gorre* truie.) Il est possible que l'on ait appliqué ce
mot à toute sorte de viande salée , comme celle du porc.
Ce mot était anciennement usité en français dans le pre-
mier sens. La reine lsabeau de Bavière avait mérité, par la
dissolution de ses mœurs, le surnom de grand' gorre, que lui
avait donné le peuple parisien. En 1544, Jean d'Abondance
fit imprimer à Lyon la Chanson de la Grand' Gorre, in-16.
GSrauftMfk v. n. Bavarder, parler.
Gowlivet s. m. Saucisson de mauvaise qualité fait avec
les boyaux du porc.
Crouère s. f. Morceaux de pomme que l'on enfile en
chapelet pour faire sécher.
Gouéran s. m. Pâté fait avec des gouères, et que Ton
fait cuire au four sur des feuilles de choux.
€tongî v. a. Remuer la tête en signe d'approbation ou
de refus.
Gauiila s. f. Serpe, serpette.
03
Goulllard s. m. Goitre.
Gouillarde s. f. Espèce de hache, de grande serpe
pour tailler les haies.
Gouillat s. m. Mare d'eau stagnante, bourbier. (C.
gouil, dormant; laith, eau.)
Goulue s. f. Femme de mauvaise rie. (G. gouhin,G.
wirme.)
Goulâ. t. a. Manger avec avidité, gloutonnement.
Croula s. f. Bouche, gueule. « Se faire petâ la goula,»
s'enorgueillir, se gonfler les joues.
Goungounâ v. n. Murmurer, grogner.
Gourba v. a. Se moquer de..., ridiculiser.
Gourba s. f. Moquerie, jouet. « Et par caramentran
me sarveisse de gourba. » Roq. Et pour carnaval me serve de
mannequin.
Gourd s. m. Creux profond dans une rivière, tourbil-
lon. (Lat. gurges, gouffre; C. gord, eau dormante; it. gorge
tourbillon.) Ce mot est très-généralement et très-ancienne-
ment employé. Nous trouvons, dans des actes des xn e et xm e
siècles, mention de plusieurs gourds dans la Loire, le Li-
gnon, etc. Le gourd bleu dans le Lignon, près de St-Gcorges-
en-Cousan, est cité dans un aveu de fief de 1200, sous le
nom de gourd noir. Aux gourds célèbres se rattachent assez
souvent des légendes qui trouveront place ailleurs.
Gourda, Corla s. f. Courge , citrouille , gourde de
pèlerin.
Gourgulllon s. m. Têtard, petite grenouille. Cha-
rançon, insecte qui ronge le blé, les légumes, cosson, ca-
landre, etc. (Esp. gorgojo; lat. gwrculio; it. gorglione.)
Gourïn, Gouriiia s. m. s. f. Vaurien , vagabond,
femme de mœurs équivoques. (Esp. gorrona 9 femme de mau-
vaise vie.)
84
GourinU y. n. Vagabonder, marauder, fréquenter les
gourmes. (Esp. gorronear, mendier.)
Gourla s. f. Gaule, bâton.
Gourlâ, Gourleyi v. a. Secouer, ébranler. On dit
à Lyon se groler.
Gournlflâ v. n. Voler, mendier, d'où écornifler..
Gourri, Goret s. m. Petit cochon. Terme de mé-
pris, à St-Etienne. (Nom du lutin breton.)
Goutta s. f. Petit ruisseau qui descend des montagnes.
Plusieurs lieux en Forez ont conservé ce nom : Lagoutte,
Goutteclar, Gouttenoire, etc.
Crovar s. m. Ordre, direction d'une maison, d'où gou-
verner.
Goye s. f. Serpe, goy, va? fr. (C. goy, tortu, recourbé
en forme de serpe.)
Grabotâ. t. n. Gratter, éplucher, examiner comme
grain a grain. (Lat. gravellum, vx f. grabeau, grain de sa-
ble.) Voir Rab.
Graboton s. m. Enfant qui gratte la terre, qui grabote.
Graflgnâ v. a. Egratigner, écorcher. (lt. graffiare.)
Gralla s. f. Charbon mi-gros.
Graila s. m. Morceau, bloc.
Grallasson s. m. Morceau, pierre.
Gramin s. m. Mauvaise herbe qui envahit les cultures.
(Lat. gramen, gazon.)
Grasse-Poule s. f. Mâche, blanchette, herbe et sa-
lade (valerianella olitoria).
Grassoulâ (se) v. p. Glisser sur la glace.
Gratallle (à la). A la grate, locution adverbiale. A l'a-
bandon ; jeter quelque chose à la grataille. (C. gart, li-
béralité.)
85
Graton s. m. Reproche, réprimande. Très-employé à
Lyon. (VoirD. C. rogaton.)
Gratons s. m. pi. Petits morceaux de graisse de porc
rôtis. Ce sont les sommades des Grecs. (Voir Plutarque,
trad. Amiot, traité 20, du manger chair.)
Grailla, Grailla s. f. Corneille, corbeau. D'où plu-
sieurs noms de lieux et de personnes.
Grava 1 t. a. Grimper, monter à un arbre, gravir.
Gredft, Gridâ y. n. Crier. (It. gridare.)
Grelut, Grelucbon s. m. Avare, gueux (Lyon).
Grelet s. m. Grillon, scarabée. Il y a le grelet noir ou
grillon, le grelet vert ou tailleur, carabe doré.
Griffon s. m. Houx, plante.
Grillon s. m. Sécheresse ; herbe sèche, espèce d'im-
mortelle.
Grlmatoere s. f. Nom donné par les paysans à la po-
lice, qui, pour eux, n'est qu'un grimoire.
Grimodon* Se mettre en grimodon, s'accroupir, se
blottir dans un coin. Voir s'agroumi.
Griotte s. f. Cerise aigre-douce, que Ton conserve à
l'eau-de-vie. A Paris les griottes se nomment cerises, et les
cerises, griottes. (Cerasus capraniana.)
Griottées s. f. pi. Criblures de grains.
Grlspfgna v. a. Crisper, en parlant des nerfs; énerver.
Grlte 9 Gritou s. f. Marguerite (nom propre dimi-
nutif).
Grlvay s. m. Ecumoirc. « Touta faiti à partus couma
un màtru grivay. » Ch. Toute trouée comme une mauvaise
ccumoire.
Grivella s. f. Gui, plante parasite dont les baies ser-
vent d'appât pour prendre les grives au lacet. Voir Vêque.
86
Groua t. a. y. n. Couver. (Esp. guero, œuf couvé).
Grouber s. m. Grosse meule de blé.
Groué s. f. Croûte, morceau de pain.
Groufnoa s. ra. Croûton de pain. (Lat cugnus, coin,
angle.)
Groula v. n. Marcher lentement, traîner la groula.
Groula, Groula s. f. Savate. On dit à Lyon grolle.
Groulasslfc y. a. Aller, marcher lentement, traîner la
groula.
Groulœre, Groulaure s. m. Savetier, qui traîne
la groula.
Groulu s. m. Pansu, obèse.
(rroamâ y. n. Attendre quelqu'un avec impatience.
Guaret s. m. Terre inculte. Plusieurs lieux en Forez
portent ce nom.
Guarifauda s. f. Espèce de cerise.
Guelet adj. Gai, joyeux. Voir Galey.
Guéra ou plutôt Eguérâ y. a. Aplanir un boisseau
plein, y passer Yegaère.
GuernlpUle, Guenftppe, Ganlppe s. f. Vau-
rien, mauvais sujet. Quelques- uns le font dériver de pilleur
de guernes, ou poules (gallina). Ce mot daterait des guerres
des Anglais. (It. galuppo, gueux, déguenillé.)
Gnia s. m. Fouet.
Gulgnoebe s. f. Chien de fusil.
Guigne s. f. Marelle, jeu. Le palet qui sert pour ce jeu.
GuiM, Guillon s. f. s. m. Forêt, ainorçoir.
« Chauchâs pas tant la guillij
« Ouai, ma figua, ouai! » (Vieille chanson).
Guftrande s. f. Femme de mauvaises mœurs.
87
H
Habilla v. a. Châtrer.
Haler& t. n. Souffler, haleter.
Handrllll s. f. Guenille, haillon. Trainâ l'handrilli.
(Esp. Andrajo, chiffon, haillon.)
Harla s. m. Embarras, confusion. Voir Aria.
Harpeyî v. a. Herser un champ.
Harquetô v. a. Ajuster, orner. Ben harquetat, bien
équipe, bien monté.
Haasirarat s. m. Petite éuiinence dans les prairies.
Haustau s. m. Maison, logis, hôtel. (Employé par Gh.,
usité à Lyon.)
Hauts s. m. pi. Culottes , hauts de chausses. (Outre
cette étymologie que nous avons citée & Âux> nous devons
rappeler que hosen en B., uosa en ital., heuse et hwatatu en
vieux français signifient aussi culottes, et chausses dans le
sens de bottes, guêtres.)
Herl, Hère adv. Hier. (Lat. km.)
Heurt, Hort s. m. Jardin. « Allons vez V heurta » al-,
Ions au jardin. Ce mot est encore employé dans les aetes ;
on dit une terre située sous les heurts. (It. orto, esp. huer ta,
lat. hortus.)
Horta s. f. Provision de voyage. « N'avons una bouna
horta, ne pouvons moudà, » nous avons de bonnes provi-
sions, nous pouvons partir.
Hortallll, Hortolageou s. f. s. m. Légumes, jar-
dinage, (ît. ortaggio, légumes.)
88
Mouche excl. Terme exclusivement employé pour ap-
peler les porcs. (B. hmc'k, porc.)
HoafSU; Hoossi excl. Pour chasser les chiens. Ce
mot, usité dans beaucoup de provinces, n'est pas français.
(It. uscire, sortir, s'en aller.)
Huehâ (se) v. p. Se balancer.
Hueliet s. m. Petit bateau percé de trous, où Ton met
le poisson en réserve. Voir Barnolla.
Imbiorn adj. Maladroit.
Imbrlnguâ v. a. Embarrasser. (1t. imbrigare.) Voir
Embringua.
Immola v. a. Faire un mollard, transporter et entasser
la terre.
Impente s. f. Rame placée à l'arrière du bateau et qui
tient lieu de gouvernail (bords du Rhône).
Inchaplâ v. a. Aiguiser et redresser une faux
émoussée.
Inehat adj. Délicat, d'un goût difficile. (Ir. inghean,
jeune fille.)
Incoullle s. m. Houx, arbrisseau. Voir Agriéle.
Ingannâ v. a. Tromper, embarrasser. (It. ingannare.)
Inglnlat adj. Volage.
Intraflchi adj. Maladroit.
Io, Iou, Jeu, Jou, Jlpron. Je. (Voir la grammaire.)
89
Jablat-aftftl adj. Imbécile, idiot.
Jablôla s. f. Gage à poulets, diminutif de jaivi, d'où
le mot français geôle, prison. L'enseigne de la cage, rue du
même nom, à Lyon, représentait une tour de prison. (Esp.
jaula, B. cabia, jabia, du C. cab, habitation, prison.)
Jabolat adj. Imbécile, idiot.
Jabri s. m. Babil, ramage.
Jâele s. f. Sorte de perche pour pécher les grenouilles.
Jacobines, f. Petite chambre sous les toits, mansarde,
Jaére (se) v. p. Se coucher, s'étendre. (Lat. jacere).
Jal, Jau, Jaillar s. m. Coq. Le geai se nomme le
jau des bois. (Lat. gallus.)
Jallla s. f. Sorte de pioche. Voir Jalé.
Jalllon, Jatllounetta s. m. s. f. Petit coq, petite
poule.
Jaivi s. f. Gage. « La jaivi d'un uzai qu'a benprou de
eusins. » Gh. La cage d'un oiseau qui* ne manque pas de
cousins (le coucou).
Jalé, Jaliœre s. m. s. f. Taille-pré, sorte de pioche
pour faire les rigoles ou bialceures.
Jalena s. f. Poule (Lat. gallina.)
Jalenel s. m. Poulailler x perchoir.
Jalouffe 9 Jarousse s. f. Fourrage légumineux
(ervum monanthos).
Jambre, Tsambre s. m. Ecre visse.
Janouère, Janouérat s. m. Genièvre, genévrier.
90
Jaqulllà v. a. Exciter, faire aboyer les chiens.
Jar s. m. Les bateliers de la Loire nomment ainsi les
courants où l'eau frise les cailloux, le lit de la rivière.
JTar, JTaurl s. m. Taureau. (Dans les langues Scandi-
naves, iarl signifie chef.)
JTarbolla s. f. Cerise noire des montagnes.
«farderet? Creargeal s. m. Plante légumineuse qui
nuit aux céréales.
JTardom adj. Malpropre.
Jartaura s. f. Perte, désordre. Faire jar t mm, avoir
mauvaise façon. (Lat. jactura.)
JTas, JTat s. m. On nomme jas les pâturages qui cou-
vrent les montagnes de Pierre-sur-Hautc. Litière des vers
à soie ; les bestiaux en sont très-friands. Gtto ; prendre un
lièvre à jat. Etre à jat, être couché, être malade. Ce mot
signifie aussi endroit, lieu, place.
Jasserle, Jat s. f. s. m. Hameau situé dans les jas et
composé d'une douzaine de loges ou cabanes couvertes en
chaume.
JTassler s. m. On nomme maître jassier celui qui est à
la tète d'une jasserie.
Jaune s. m. Ce nom est pour les bouchers, k Saint-
Etienne, la plus sanglante insulte. On sait que les Juifs,
nommés aussi jaunes dans le Midi, à cause des habits de
cette couleur que la loi les obligeait à porter, tuent eux-
mêmes les animaux dont ils se nourrissent. Il est probable
que les bouchers de St-Etienne ignorent qu'on ta* traite de
juifs, lorsqu'on les appelle jaunes ; mais , eu bons chré-
tiens, ils ont le droit de se fâcher de cette injure.
JTaunery s. f. Chatière, trou pratiqué au bas d'une
porte pour laisser passer les chats.
91
<( Si par d'hounettes raisouns
« Qmuquùn se trace on présoun,
« Passouns ny par lajawiery
« Una neirij
« Una gronda neiri. » Babochi.
s. f. Littéralement Pamre- Jeanne.
Nom donné poétiquement à la bise qui gémit dans les hautes
cheminées, pendant les veillées d'hiver, et au rouge-gorge
qui vient mendier au bord des fenêtres quelques miettes de
pain, quand les champs sont couverts de neige.
Jannetoella s. f. Petit genêt.
JerapelUna s. f. Vieil habit en lambeaux, guenille.
JfolA v. n. Jaillir, en perlant des liquides.
Jfnguetta s. f. Mauvais vin, piquette. Voir Qingois.
J+selou s. m. Joseph (nom propre diminutif).
JFoarnallâ s. f. Journal de vigne. La journalée com-
prend ordinairement de 800 à 4 ,000 ceps.
J+uveiftftanne s. f. Gentiane, plante médicinale,
abondante dans les montagnes de Pierre- sur-Haute (gen-
tiana lutea).
Jubattre (se) v. p. Se débattre, se démener.
JTugelonx-oiisa adj. Niais, béte.
JugONres s. f. pi. Petites poutres placées en travers
d'une cheminée, auxquelles on suspend les jambons pour
les fumer et les ètelles (éclats de bois) pour les faire sécher.
Junele, JTunllé s. f. Lanière de cuir qui sert à lier
le jwn ou joug aux cornes des bœufs.
92
Labrane s. f. Salamandre. Son souffle fait mourir, au
dire des paysans. Voir Alabrande et Taurina.
Laie s. f. Claie sur laquelle on transporte les gerbes
pour les élever en meules, en plongeons.
Laidl s. f. Mauvaise herbe à piquants, qui croit dans les
jardins, et dont les lapins sont friands.
Lambretan s. m. Vaurien, ivrogne. Voir Ganippe.
Lampétarl s. f. Etoffe de soie que Ton fabriquait à
St-Etienne dès la fin du xvi e siècle. D'où lampas.
LandÀ v. n. Courir, être poursuivi. Flâner, aller lente-
ment. (B. landreâ, flâner.)
Landore s. m. Flâneur, paresseux. Dans Rabelais :
« Un fainéant... et qui bransle les jambes assis sur une bou-
tique. » (Ed. 1711, Amsterdam, tome VI, page 72, Com-
mentaires.)
Ladite, Lène s. f. Fossé, gare, bras de rivière (usité
à Lyon).
Laosse, Louche s. f. Cuiller. {Lat' cochlear.)
Lardiehi, Lardenna s. f. Mésange, oiseau.
Larmuze, Lermlze s. f. Lézard gris, reptile.
Lassotlli s. f. Bouillie, purée.
Lât, Lâré s. m. Côté. De tous lous làts, de tous cotés.
(Esp. ladoj lat. lotus, it. lato-)
Laure, Laurella s. f. Lèvre, petite lèvre.
Là- voué, Layan, Léen adv. Là-bas.
Layde s. f. Droit levé sur les denrées apportées à ira.
93
marché. Ce mot, que l'on trouve souvent dans des titres an-
ciens, est encore usité.
Lebët s. m. Premier lait d'une vache qui a vêlé.
Lèche s. f. Jonc des marais , ou laiche. ( Lat. lacus ,
marais.)
Lèchere s. m. Etang, marais. Dans les vieux actes des
xrv* et xv e siècles, les étangs sont nommés en latin le&cheria.
Lenffun, Lelgun, pr. ind. Personne, aucun. (Es p.
ningun.)
Lencl, Lenelo s. m. Drap de lit, d'où linceul,
Letza s. f. Petit-lait. « Au beit le lat, te beis la letza, »
il boit le lait, et toi le petit-lait.
Levrelrladj. Léger, prompt.
Maraud s. m. Imbécile, idiot.
Liard s. m. Mot générique qui signifie argent.
« Lous garçons n'ont gin de liard,
« Les filles gin de soulars,
« Hardi donc ! la fêta ! »
Les garçons n'ont point d'argent,
Les filles point de souliers,
En avant la fête ! (Bourrée).
Ltarpas. f. Ivrogne, vaurien.
LiarquÀ v. a. Lapper, en parlant des chiens.
LieurnA, Lurnà v. n. Regarder en flânant.
Llèehe s. f. Tranche de pain, petit morceau.
Lière s. f. Alisier, arbre. D'où plusieurs noms de lieux :
le bois de la Lière, le gourd de la Lière, etc.
Llette s. f. Tiroir.
UgouMa s. f. Sabre, épée, par plaisanterie. Ce mot,
employé par Ch., est encore usité dans l'argot lyonnais.
Llnffalna s. f. Fanfreluche, ornement.
94
Lin&orua,liitigainas. f. Pièce d'étoffe ajoutée pour
élargir.
lilngvelran s. m. Méchante langue.
Llodaff, Llédau s. m. Imbécile, idiot. Au commen-
cement de ce siècle, Liôdou ou Liaudou était un mendiant
de St-Àn thème. 11 y avait aussi un limidou du temps de
Chapelon.
Liera, Luère, Lûre, lièvre s. f. Lièvre. « Countà
de cornes de liera, » conter fleurette.
Mtte s. f. Mesure de superficie pour les vignes. Espace
compris entre deux rases.
Iiluche, Llche s. f. Ivrognerie, fainéantise. Fainéant,
ivrogne. Ce mot appartient aussi à l'argot lyonnais*
Llusetta s. f. Gesse , plante légu mineuse ( tatkyrns
aphaca).
Ijlvrie s. f. Livrée, ruban. Ce mot n'implique, en patois,
aucune idée de servilité.
Llvrorée s. f. Etendue de terre que Ton peut ense-
mencer avec un livrot ou bichet de blé.
Iiivrot s. m. Ancienne mesure de grains dans le Forez.
Loche s. m. Sorte de petit poisson.
Loge s. f. Chalet des montagnes de Pierre-sur-Hautc.
Petite maison de campagne dans les vignobles. La loge ren-
ferme, au rez-de-chaussée, le cuvage ou cellier, et au-dessus
une petite chambre. On y va boire en société le dimanche,
et quand vient le soir, il n'est pas rare de voir, dans cer-
taines localités, les femmes aller aux loges en procession,
chercher leurs ivrognes de maris.
Louelri s. f. Femme de mœurs équivoques. (1t. lova,
courtisane.)
Louffa s. f. Vesse. (It. loffa, vento senza romore!)
95
Losa s. f. Espèce de marne qui durcit et s'émiette à
l'air. Les falaises des bords de la Loire eu sont formées*
Loioa s. m. Caillou, pierre. « Un lozm m'assupet. »
Ch. Un caillou me fit trébucher. (Esp. lozza, pierre.)
Lourde s. f. Enfouissement, vertige.
Luche s. m. Prii, premier rang.
Luftanna s. f. Petite cerise douce.
Lusarnâ v. n. Luire, en parlant du soleil.
Lusarna s. f. Ver luisant, insecte.
Lu«at adj. Malin, rusé. On dit à Lyon gros tus, gros
farceur.
M
MA« Mâtgne cotij. Seulement, que, quoique, pourvu
que... (It. maéche.)
Maealam s. m. Petite meule de gerbes.
Maearaude s. f. Giboulée.
Maearlau s. m. Geai, oiseau.
Mâebe s. f. Espèce de s2Abde(valerianeUa<Mtoria), Voir
Rampon, Grasse-poule.
Mâelie-Craâte s. m. Le màche-croûte est Le manne-
quin de carnaval que Ton promenait jadis. C'est le mardi-
gras actuel que nous avons tous vu jeter au Rhône, et qui
était, avec Jean-de~Bavière, le grand épouvantait des enfants.
On portait autrefois Mâche -Croûte au bout d'un bâton doré,
et Rabelais qui avait habité Lyon, comme Ton sait, en rend
compte de la façon suivante :
« C'estoit une effigie monstrueuse, ridicule, hideuse et
96
« terrible aulx petits enfants, ayant les œils plus grands que
« le ventre, et la teste plus grosse que tout le reste du corps,
« avecques amples, larges et horrificquesmaschouercsbien
« endentelées tant au dessus comme au dessoubs : lesquelles
<( avecques l'engin d'une petite chorde cachée dedans le
« baston doré l'on faisait Tune contre l'aultre terrificque-
« ment cliqueter, comme à Metz Ton fait du dragon de sainct
« Clément. »
Mâcha y. a. Meurtrir. Cop mâchât, coup sans effusion
de sang. (B. mâcha, presser, fouler.)
MâehurÀ y. a. Noircir, charbonner. (It. macchiare.)
M&ele s. m. Vapeurs, rôt, maladie exclusivement.
Magnelet s. m. Petit corsage d'enfant, brassière (de
maynat.)
Hagnen s. m. Chaudronnier ambulant. Ce mot est très-
ancien et très-répandu. (It. magnano > serrurier.) Les éty-
mologies de ce mot sont nombreuses. Ménage le fait venir
à'œramen; d'autres le tirent de manuarius ; d'autres le font
dériver de Limagne, parce que la plupart des chaudronniers
sont Auvergnats. Nous en omettons, et non des meilleures.
Magnl, Haut s. m. Ver à soie, d'où magnanerie.
Malllarde s. f. Vache de couleur rouge.
Maille 9 Môtllc s. f. Câble, cordage. « Coubrâ la
maille,» enrouler le câble (terme des mariniers du Rhône).
Maillon s. m. Rouleau de bois. Petit anneau de verre
en forme d'olive ayant plusieurs trous, terme de fabrique. Il
y a à l*yon, côte des Carmélites, l'enseigne du Maillon-d'Or.
Malllou««a, Mayouesa s. m. Fraise, framboise.
Maître s. f. Partie principale, bloc qui forme le corps
de la charrue.
Maleneognl s. m. Malade , faible de constitution,
97
d'une santé débile. (It. makncomco, triste, malade, mélan-
colique).
Malheurta adj. Ensorcelé, maudit, sur lequel on a
jeté un sort.
Maml s. m. Espèce de lutin qui prend ordinairement la
forme d'un lièvre pour perdre les chasseurs.
Mamlan s* m. Pomme de pin.
Mandoula s. f. Amande, Amandier.
Mandrat, Malandrin s. m. Synonyme de Man-
drin. Ce brigand célèbre est encore en grande réputation
dans le Forez, (lt. malandrino, brigand.)
ManelUe, Manille s. f. Anse d'un seau, d'une
cruche.
Manelt s. m. Sonneur de cloche.
Mango, Mangon s. m. Manche d'un outil. Ancienne
forme du mot manche, d'où mal mangounot, mal emmanché,
et te démangougnâ, se démancher.
Manôre s. f. Manœuvre, ouvrier à la journée.
Mantl s. m. Nappe, couverture , morceau d'étoffe qui
borde la cheminée. Serviette pour envelopper le pain. (D. C.
tnantile, it. mantile, nappe.)
« Un bai manti tout fin blanc de buya,
« N'eit que lous rats l'ont un pot partusa. » Ch.
Une belle nappe toute blanche de lessive,
Si ce n'est que les rats l'ont un peu trouée.
Marft v. n. v. a. Travailler péniblement, piocher avec la
more.
Mara s. f. Houe, pioche.
Maralre s. m. Manœuvre, terrassier. Ce sont ordinai-
rement les Veleyats ou habitants de Velay, qui font ce tra-
vail fatigant. Leur sobriété est proverbiale. (B. marrer.)
7
98
MaranehÀ v. a. Tailler, éinonderun arbre.
Maraud s. m. Chat, matou.
Marehon s. m. Poutre, chevron.
Mardiaoual! Mardlanonlexcl. Jurement des
montagnards. (It. madie, par ma foi ! )
Mare s. f. Rive droite de (a Loire, et Galarne, rive gau-
che (usité à Roanne.)
Maréchale s. f. Première couche de la houille.
Marella s. f. Petite marguerite sauvage, matricaire.
Marenda s. f. Goûter, collation. (II. merenda, en sa-
voyard, merenda.)
Mare-nu adj. Entièrement nu, né-nu.
MargoulUl s. f. Poule d'eau, oiseau, (lt. marangone,
mergo, plongeon.)
Margoulllou s. m. Bavard, qui parle sans savoir ce
qu'il dit, qui barbote.
Mari (se) v. n. S'égarer, se perdre. (It. smarrida, égarer.)
Maroehi, Maluenl s. f. Gros maillet. Téta de ma-
rochi, grosse tête.
Marpailla v. a. Gaspiller, dissiper follement.
Marreln s. m. Terre, gravier.
Marsi v. n. Sécher. « Laissa marsi les foilles, » laisser
sécher les feuilles, (lt. marcire, se flétrir, se pourrir.)
Mas s. m. Métairie, ferme, terre labourable , d'où les
noms propres : Mas, Dumas. (Lat. mansus.)
Masafeou s. m. Village, hameau, ferme. Usité encore
à la fin du xvi« siècle.
Massacre, Mansard adj. Maladroit.
Massetâ s. f . Charretée, charge d'un massot.
Massot, Massou s, m. Sorte de char rustique à deux
roues. Le char à quatre roues se nomme char^deurbli.
99
M assorte s. f. Jeu. Voir Caye.
Massoullla s. f. Touffe, fagot. « Una massouiUa de
bouéssoun, » une haie de broussailles. (It. maechia, buisson,
broussailles.)
Matafam s. m. Sorte de crêpe très-épaisse qui forme
la base de la nourriture habituelle des paysans.
Matolla s. f. Boule de neige. Neige qui s'attache aux
chaussures.
MatollÀ y. n. Faire des boules de neige.
Maton s. m. Tourteau de suif et de son pour engraisser
les porcs. Pan maton, pain fait avec le marc des graines d'où
l'on extrait de l'huile. (D. G. matonus.)
Matroulllî t. n. Mâcher, manger.
Matra adj. Malotru, chétif.
Matte s. f. Echeveau, flotte de fil, paquet de chanvre
peigné. (It. matta % matassa, echeveau.)
Matte s. f. Baguette de tambour, palette pour battre le
beurre « Qu'ei faut pâ tambourtô lo secours de duei mottes.»
Roq. Qu'il faut pour tambouriner le secours de deux ba-
guettes.
Maulou adj. Maudit. « Maulou seit loujour,» maudit
soit le jour.
Mautraire v. n. Etre malheureux, ennuyé ; avoir de
la peine.
Maze,Mazotte 9 Mazua 9 Moseille s. f. Fourmi.
(Allemand ameise, B. merienen.)
Mazout! s. m. Nid de fourmi.
May adv. Davantage, et aussi, plus. (Lat. magis, B. muy.)
Mayérl s. f. Chêne, arbre. Grosse poutre de plafond.
« Vou ne ley veut ni planchi ni mayères. » Ch. On n'y voit
ni plancher ni plafond.
»
100
Mayeri s. f. Tas d'échalas, piquets pour les ceps. Ce
mot se retrouve dans des actes de la fin du xiir 2 siècle.
Mayllana, Mlllana s. f. Peau d'anguille qui réunit
les deux parties de Yècoussou ou fléau ; toute sorte de corde-
Nous trouvons ce mot dans Rabelais : « Force vent à travers
les méianes, c'est-à-dire à travers les cordages. (Pantagruel,
livre v, p. 83.)
Maynat s. m. s. f. Enfant. La maynat, la famille, la
jeunesse, la troupe. Voir Chéruel : mesnage, mesnil, maison
entourée de terre; meignie, mesnie, suite d'un seigneur» de
arimania. (It. masnada, Esp. manada, rom. magnat, maynat,
toute espèce de réunion et plus généralement la famille, la
tribu. Quelques-uns le font dériver du latin mei nati, mes
enfants.
Hedâ v. a. Mêler, mélanger, « La seigla s'eit méclo
parmei noutron fromeint. » Roq.
Aleelia, Ifeclall s. f. Fourrage, mélange pour les
bestiaux. Mélange de grain. Le second mot signifie particu-
lièrement mélange frauduleux dans la marchandise. (Esp.
mezelar.)
MéjonrnÀ v. n. Dîner, faire le repas du milieu du
jour.
Melebâ v. n. Réussir, aboutir. « Te n'as pas ben me-
chu, » tu n'as pas réussi.
Melllao s. f. Bouillie, marmelade, purée.
Melloye s. f. Carex, herbe.
Menétrâ, v. a. Tremper et préparer la soupe. (1t. mi-
nestrare 9 dresser le potage.)
Henases s. f. pi. Choses de peu de valeur. Menues par-
ties du cochon : côtelettes, queue, oreilles, etc. Lorsqu'un
chef de famille tue un porc, il invite les jeunes gens qui
UBB
101
font la cour à ses filles, à Tenir manger les menuses et boire
sur le doux. (It. minuzzane, fragments, morceaux.)
Mento, Montœu adv. Peut-être.
Mepole s. f. Nèfle. (It. nespola.)
Mère t. a. Moissonner. (Lat. metere.)
Mesaêre s. f. Fourmilière. On dit d'un enfant qui a des
poux : Vou est una mesaêre.
Meftt v. a. Couvrir, remplir.
Meiiageon s. m. Domestique, valet.
MeMle s. f. On nomme ainsi la réunion de 40 ou 15
tresses de chanvre ou battaos.
Messolar s. m. Sabot d'un animal.
Meta s. f. Borne, but. (Lat. meta, It. meta.)
Met» s. f. Moitié. « Un ânon de meta n'est jamais bien
bàtot. » Un âne qui a deux maîtres n'est jamais bien bâte.
— « Parla meta Dio, meta diablou, » parler moitié français,
moitié patois. (It. meta.)
Metlara s. f. Farce, bagatelle, jeu.
Mette s. m. Ancien nom du boisseau. (Lat. metior y me-
surer). D'où vient le mot de métérée, mesure de superficie,
étendue de terrain que Ton peut ensemencer avec un bois-
seau. Il y a la métérée ordinaire et la métérée large.
Meya, Mellll s. f. Meule de foin, de blé, etc.
Meytan, Mitait s. m. Milieu. « Au mitandou chamïn
accule à cacasson. » Roq.
Mezère s. f. Suint de laine des moutons.
Mlan- valet s. m. Second valet d'une ferme. Moyen-
valet.
Miarle s. f. Bille ou cognet de tabac a chiquer.
Migearl s. m. Pillard, vaurien.
Mlgotte s. f. Fraise. Voir Mailloussa.
102
Mlgouri s. m. Cerises cuites avec de la farine entre
deux feuilles de choux. Très-usité à Boën, Saint- Germain-
Laval, etc.
Mlngolët adj. Chétif, grêle. (It. mingherlino.)
Mftôletta s. f. Ventre de chevreau. Présure. Voir Quai.
MlôsÀ y. a. Pincer, serrer.
Mira, moura s. f. An esse, mule.
Mlralllët s. m. Tiercelet, petit oiseau de proie.
Mitâtu s. m. Jeu cité par Chapelon : Mistatu,qu'a$-tu?
Mogeâ v. n. Creuser, fouir en parlant des taupes, des
porcs, etc.
Mollle s. f. Remous d'un fleuve. Câble.
MÔ1À v. a. Lâcher, laisser, abandonner.
Mollard s. m. Tertre, remblai, éminence, colline.
D'où les noms propres : Mollard, Dumollard, etc.
Mollon s. m. Mie de pain.
Mondament ad. Tant mondament que seye, si peu que
ce soit; tout mondament, très-peu.
Morellli s. f. Rond en osier dans lequel on place la
cheville d'un timon.
Morinou, Morellli adj. Noiraud. On dit un cheval
moreau. (It. morato, morello.)
Morlletâ v. a. Espionner, épier. Voir Mourliet.
Motta s. f. Jeu. A la motta ou à la tape; la motta à
cachi ou Vatapa, ou la recondaille.
Motta s. f. Revanche.
Motta-prey s. f. Même jeu que la motta. Ce mot si-
gnifie tapé, pris.
Mottella, Moterla adj. Blanc. Una vachi moterla,
une vache blanche. Nous trouvons dans un compte de dé-
pense des comtes de Forez reproduit dans Y Histoire des
103
ducs de Bourbon et des comtes de Forez de La Mure : blio
vin egre moterle, vinaigre blanc.
Mouaêre s. f. Sel, saumure.
Moucherand s. m. Cépage, sorte de raisin noir plus
court que le gâmé ; les mouches l'affectionnent à cause de sa
douceur.
Mouehon s. m. Bout d'un câble, d'une mèche, d'une
chandelle. (Esp. wioco, It. moccolo, lumignon , champignon
au bout d'une chandelle.)
Monda v. n. S'en aller, partir. Ce mot appartient aussi
aux patois bressan, savoyard, etc. (Lat. moveo, se mouvoir ;
mutare, changer de lieu.)
Moue s. m. Battoir pour laver le linge.
Monéni s. f. Toupie. (Rab. parle du moine et de la
trompe, dans sa nomenclature des jeux de Gargantua.)
Monenou s. m. Morceau de fer chauffé placé dans une
boîte de bois, pour réchauffer les pieds.
Mouille s. m. Soufflet. D'où camoufflet.
Mouyre, Mouge, Mouldre v. a. Traire les vaches.
(Lat. mulgere.)
Mouille s. f. Endroit marécageux.
Moulllœres s. f. pi. Pluies, humidité. « Les mouil-
lures fant puri les triffes, » l'humidité fait pourrir les pom-
mes de terre.
Honna s. f. Guenon, femme laide, vieille vache. (Esp.
mona, 1t. monnino.)
Mouneirl s. f. Tanière, cabane.
Mounelrl, Môgnl, Mânl s. m. Hanneton-foulon,
insecte. Littéralement hanneton-meumer ou plutôt voir Ma-
gni, vers.
Moural s. m. Visage, figure. (Esp. moro, Rab, mourre.)
104
Mouret, More adj. Noir, tirant sur le bruu.
Mourra v. a. Réprimander, tancer.
Mouriclti adj. Brun.
MourlllÀ v. a. Mourillâ un cayon, c'est lui mettre un
clou ou un anneau dans le groin pour l'empêcher de fouiller
la terre.
IHourïn s. m. Petit insecte, espèce de charançon.
Mourina s. f. Poussière du crin et de la laine.
Mourlyi v. n. Mâcher.
Mourllët s. m. Cafard, blatte. Appînche-mourliët, es-
pion qui écoute aux portes.
Mournaehes s. f. pi. Tenailles de forgeron.
Mourtalsi, Mourtl s. m. Mortier à piler le sel, les
aulx ou ails, etc. Le proverbe lou mourti sint ious aux équi-
vaut au proverbe français : Bon chien chasse de race.
Moussella s. f. Plante des prés dont les feuilles res-
semblent à celles du pissenlit.
Moutlala s. f. Belette. (Lat. mustella.)
Moutte adj. Une chèvre moutte est une chèvre sans
cornes.
Movible adj. Meuble, facile à remuer, en parlant d'un
terrain. (Lat. rnoveo.)
Mua s. f. Catastrophe, malheur.
isr
Nadre, Mare adj. Lâche, sans courage. (D. C. natrix.)
Nalsa v. n. Rouir le chanvre. (D. C. noez, S.)
Naôte, Nfarse s. f. Fondrière, marais, tourbe, prairie
105
marécageuse dans les hautes montagnes. (C. naute, lieu
aquatique, sol mouvant.)
Naquerot, Nambot s. m. Nain, petit homme.
Neflâ (se) y. p. Se porter. « Au ne se nèfle pas ben y » il
ne se porte pas bien, il couve une maladie. C'est un des
rares mots patois qui expriment un état physiologique.
Melrt s. f. Littéralement noire. Mais ce mot a une foule de
significations : paresse, flânerie, puce et surtout bouteille. Le
peuple de St-Etienne et des environs ne nomme jamais une
bouteille autrement qu'wna neir j. « Oh! frâre > payis-tu una
neiri? » La chanson de Babochi, intitulée la Neiri, est un
petit chef-d'œuvre.
\engun pr. imp. Quelqu'un, personne.
I%'e»siadj. Imbécile, ignorant. (Lat. nescius, Esp. necio,
necia.
Mat, Mroii s. m. Œuf que l'on laisse dans les nids
des poules pour les faire pondre.
Mat, Mata* s. f. Nichée, troupe. Niât d'Abram se dit
dune famille nombreuse (comme celle d'Abraham), mais
avec l'idée de voleur, en souvenir des juifs.
Meu s. f. Neige. On dit plus généralement Yhuvar pour
la neige elle-même. (Esp. nieva, It. neve.)
Mô-ben adv. Même , peut-être bien. Nié seul, signifie
seulement, pas.
Môle* IVûMe s. f. Nuage, brouillard, nuée. (It. ne-
bula, Esp. niebla, Lat. nubila, B. niûl, G. niai, etc.) « Les
niàles s'aceatount, » les nuées s'abaissent, le brouillard traîne .
Mopolle s. f. Nèfle.
Xdque s. f. Chouette. (Lat. noctua.)
ftovia, M lova s. f. Fiancée, mariée. (Esp. novia, du
lat. nubere.)
106
Nourraln s. m. Carpe pour empoissonner les étangs.
Le nourrain est plus gros que la feuille ou menu fretin.
Petit cochon de lait.
O
9 An prép. Avec. Voir Au.
Obroumâ v. a. Ecraser.
Ogment s. m. Augment, acquêt. On nomme ogment,
dans les anciens contrats, les acquisitions faites pendant la
durée du mariage. On lit dans Ch. « V ogment et la varcheri^
la dot et les acquêts.
Ollagiii s. f. Noisette. Voir Aulagni.
Omase s. m. Ancienne redevance mentionnée dans les
terriers; un des quatre ventricules des ruminants. (Lat.
omasum.
Oml excl. Non, certes ! bah ! hélas ! (1t. oimé.)
Ondressâ v. a. Parer, préparer. (Angl. dress.)
Onglettas. f. Dé en fer blanc, à l'usage des brodeuses
au tambour. Ongle, griffe.
« Tai encore Vonglette
« Demajolinette,etc. » (Chanson.)
Onté, Vonté adv. Où, d'où. (It. onde, Esp. onde, du
lat. unde.)
Onzaère s. f. Ce mot est usité dans la locution pro-
verbiale ; prendre des onzaères, s'enhardir, prendre cou-
rage. (De oserl)
Onzœres. f. Cheville pour retenir l'essieu d'une roue.
Ores, Iores, Voares adv, Maintenant, Tôt oures,
tout de suite. (It. ora.)
i07
Orlon s. m. Bord, tour. (It. orîo.)
•ralquet adj. Bête.
Ouehe s. f. Coche pour le pain.
Ouehe, Houehe s. f. Bonne terre.
Oulllâv. a. Œiller ou remplir un tonneau jusqu'à la
bonde ou œil.
Onla, Oura, Ura s. f. Marmite, pot de terre. D'où
St-Bonnet-les-Oules. (Esp. olla, Lat. olla.)
tara s. f. Bien, ce que l'on possède.
Ouragnf, Outagnl s. f. Grosse noisette.
Paehl s. f. Marché, convention. (Lat. pactum.)
Pagnotte s. f. Espèce de gâteau, dans lequel on fait
entrer des feuilles de buis béni et qu'on donne aux bestiaux
quand ils sont malades.
Paillât s. m. Corbeille en paille tressée pour mettre le
pain.
Pailletta s. f. Sorte d'échelle couverte de paille, sur
laquelle on met sécher les fromages.
Paisset, Paisfteau s. f. Echalas pour la vigne. Au-
trefois on disait pel de vigne» (Lat. paxillus, de palum ; C.
peyssel.)
Palantre adj. Lent.
Palar s. m. Sorte de pioche plate.
Paleingun adj. Ivrogne, vaurien.
PaleyAv. n. Souffrir, pâlir.
Paleyi v. a. Remuer comme avec une pelle.
108
Paleyri s. f. Pelle de boulanger, barre de bois, digue,
pierre. (D. C.)
Palaetta s. f. Courbette, culbute.
Pan de liôra s. m. Littéralement pain de lièvre, es-
pèce de trèfle salé ; laite ron, plante. (It. palazzo ai lèpre.)
Pana y. a. Essuyer. On disait encore au xvi e siècle un
pannemains pour un^essuie-mains. (Lai. parmus, haillon.)
Pandoerl s. f. Ravin.
Panlada s. f. Espèce de beignets faits avec de la fa-
rine de maïs.
Panonssa s. f. Torchon. Au fig., c'est une expression
de mépris pour désigner un homme sans énergie.
Pantre s. m. Paysan.
Papa s. f. Bouillie.
Paparaut, Paparanehl s. m. s. f. Epouvantait,
fantôme, moine-bourru. (B. papa, It. pappa.)
Paraphique adj. Estropié, paralytique.
ParbouchA (se) v. n. Se bien nourrir, bien vivre.
P arçon s. m. Portion, part.
Parey s. f. Muraille. (Lat. paries, d'où paroi.)
Parfoutllet s. m. Sorte d 1 œillet à fleurs blanches ou
jaunes, à mauvaise odeur, qui croît dans les prairies. On le
nomme aussi bouquet de grôles ou de corbeaux.
Parpatllon s. m. Papillon. (It. parpagliom.)
Parpin s. m. Dalle, pierre tombale.
Parrasina s. f. Corruption de poix-résine.
Par se, Par si s. f. s. m. Pêche, pêcher (qui nous vient
de la Perse).
Partaere (à) loc. adv. Morceau par morceau.
Partelet s. m. Couteau de cuisine pour partager la
viande.
mm
109
Partu«ot-*a adj. Troué. Du \x fr. pertuis, trou.
Parvondella s. f. Espèce de gâteau rond.
PaMagrand s. m. Mesure pour le vin.
Pa»serat s. m. Moineau, passereau.
« Vou est lou curot de vez Lapra,
« Aul a pardu soun passera^
« Ah! marluron, lurette, etc. » (Chanson).
Pa&serella s. f. Sorte de gros moineau qui niche dans
les clochers.
Pastonnade s. f. Carotte. (U. pastinana.)
Patellas. f. Bouillie.
Patella s. f. Ecuelle. (C. padelle, poêle, casserolle ;
It. padella.) — (Conrad Strildiot : « VeUem commede-
retis ex vestrâ patelle, quod supponeretis vestram mulierem,
et permitteretis me commedere ex meâ patellâ, id est sinere-
tis me eam tangere »
Patet, Patetta adj. Lent, mou.
Patouna s. f. Petit pain fait avec les raclures du pétrin.
Patte s. f. Guenille, chiffon. (Très-usité à Lyon.)
Pattère s. m. Marchand de guenille, chiffonnier.
Pattln s. m. Linge, torchon.
Pau s. m. Planche, piquet pour porter un baquet, une
benne. (Lat. palum.)
Paura, Pauraflfti s. f. Frayeur, panique, terreur. Les
vieillards parlent encore en frémissant de la pauram de i 793.
« La paurassi, déjoue sèche comme ïnaclou. » Ch. (U. paura.)
' Pêcher on s. m. Marais, pré humide.
Pêehie, Pêeholre s. f. Réservoir d'eau, petit étang.
Peçon s. m. Petit morceau de fer au bout d'une toupie.
Pecou s. m. Manche de bois, pied de table, de chaise.
(Columelle emploie le mot pecollus dans le même sens.)
no
Pège 9 Pegolle s. f. Poix, résine.
Pejat, Peju s. m. Savetier, à cause de la pège dont il
se sert.
Peilla s. f. Guenille, lambeau d'étoffe. Au /Kg., femme
déguenillée, de mœurs équivoques. On disait autrefois une
peille de terre. (D. C. pecia fera».) — (C.pilletm, guenille.)
Pelllant, Pelllandrot adj. Yagabon, vaurien, qui
traîne les petites.
Petlkm s. m. Pan de chemise, d'habit.
Pelailll s. f. Canaille. (D. C. pelagia.)
Pelât s. m. Vaurien, canaille.
Pelant s. m. Jeu du papegai ou perroquet.
PelUeures s. f. pi. Franges, bout de ruban sans trame.
Filet que l'on place devant les yeux des chevaux, des bœufs.
Pelions s. m. pi. Cils des paupières.
PellounA v. n. Cligner fréquemment les yeux.
Pelluehl s. f. Poil.
Pella s. f. Truie.
Pellouzella s. f. Petite châtaigne commune à Chuyer,
Pavezin, Pelussin, Maclas, etc.
Pelot s. m. Enveloppe dure des fruits. D'où le verbe
depelottâ.
Pelousfll, Pialoussi s. f. Prunelle des haies. On
s'en sert dans les campagnes pour faire de la piquette.
*Kenvolou raid'iquaivin de pialousses. » (Vieille chanson.)
PtftouMi} Peloussat s. m. Arbrisseau, buisson qui
produit les pelousses.
Penard adj. Vieux radoteur. « Gros viox père penard,
que barboutas vou iqui? » Ch. A. Ce mot se trouve dans
Rabelais. Un commentateur le traduit par vieillard usé, et
ajoute : Les poignards étaient passés de mode au XVI e siècle.
-J
Ml
Per s. m. Maître, monsieur. Au Moyen- Age, ce mot si-
gnifiait seigneur, baron, pair.
Per s. m. Chaudron qui sert de foyer aux bateliers du
Rhône. (C. pairr.)
Perat s. m. Caillou, pierre., morceau de charbon.
Perelrl s. f. Mine, carrière.
Pereyou s. m. Mineur.
Perolî, Perorom s. m. Chaudronnier. (De per.)
Pérolla s. f. Chaudière. Faire pérolla , faire cuisine.
(D. C. parolla, Auv. peyror, C. peyrol.)
PessI s. f. Barre de fer, levier, pic.
Peta-liôre s. f. Terme de mépris pour désigner une
mauvaise terre, un champ inculte {pète-lièvre). On dit aussi
dans le même sens tarra de champétiôla.
Petaoto s. m. Sabot (onomatopée.)
Petas s. m. Morceau d'étoffe, pièce. (Esp. pedazo.)
Petassa y. a. Raccommoder.
Peté s. m. Pilon pour mortier.
Péterat s. m. Pot en grès pour mettre le vin.
Petlôtouiia y. n. Faire des enfants.
Petra», PetraMat s. m. Lourdaud, grossier, paysan.
Peuenl s. f. Couteau.
Peula* Beulâ v. n. Se gonfler par l'humidité. Se dit
du blé mouillé qui germe avant d'être levé, après la moisson.
Peu-flan* ad?, prép. Ensuite, après.
Peylat s. f. Fricassée, poêlée.
« Catharina,
« Barba fina>
« Quio gras,
« Vira la peylat, » (Ronde.)
Peyta v. a. Attendre. Voir Âppeità.
U2
Pezetta s. f. Pois.
Pezetta s. f. Flocon de neige.
Plaluo s. m. Mauvaise herbe qui croît dans les terres,
dans les vignes (equisetum ervale).
Plassâ v. a. Piocher.
Piassl s. f. Pioche à deux becs pour essarter les prés.
La piassi-jaillé est le jalé (voir ce mot). Le pi-piassi a l'un
des becs en forme de pic. (D. C. piasse, sorte de hache.)
Plat s. m. Morceau d'étoffe, employé dans le sens de
pièce qui en est dérivé.
Piaf s. m. Trace. La piat d'una Uôra. (It. piota, plante
du pied.)
Platâ v. n. Marcher.
Pfataadj. Pelé. « Piatasus loucrânou, » chauve.
Plearlat s. m. Cotteret, paquet de menus morceaux de
bois (très-usité à Lyon).
Plcarlous adj. Chassieux.
Plearle, Plquerle s. f. Chassie, humeur des yeux.
Plcaronio, Piqua-Rognon s. m. Jeu très-ancien,
connu dès le xrv e siècle sous le nom de piqueromier. (D. C.
pica.) Voici en quoi consiste ce jeu. Les enfants se placent
en cercle ; l'un d'eux, armé d'un petit piquet de bois, tourne
tout autour en chantant : « J'ai perdu la couèvette. » Et il
laisse tomber le morceau de bois derrière l'un des joueurs.
Celui-ci poursuit le premier en le piquant dans le dos, jus-
qu'à ce qu'il ait pris sa place dans le cercle, et recommence
à son tour le même manège. Si celui derrière lequel est le
morceau de bois ne s'en aperçoit pas, l'autre, au tour sui-
vant, le ramasse et en pique le joueur distrait en le pour-
suivant jusqu'à ce qu'il ait retrouvé sa place. Picaronio est
employé familièrement pour nez.
113
Pielâ v. a. Se diriger vers..., tomber sur..., rencontrer.
Pi-Côte s. f. Courte-échelle. Faire pi-côte, aider quel-
qu'un à grimper sur un arbre ou un mur en lui faisant un
étrier avec les mains croisées.
Ptoou s. m. Pédoncule, tige des fleurs, des fruits.
Pidanehi s. f. Portion de viande, ce que Ton mange
avec le pain. (Au Moyen-Age, portion monacale.)
Pidanehi v. n. Ménager sa portion en mangeant du
pain.
Pi-de-Gorrhe s. m. Pic en fer pointu pour arracher
les pierres, le gorrhe.
Pigna-Griva s. m. Avare. Littéralement peigne-grive.
On dit aussi ecorcha-pœu, écorche-poux.
Pignère s. m. Peigneur de chanvre. A Montbrison, la
rue Simon-Boy er n'est connue que sous le nom de rue des
Pignères.
Pignorehi s. f. Femme délicate, de goût difficile.
Pignorehft v. a. Eplucher.
Pi$nonla 9 Epignoula s. f. Douelle de tonneau
cassée.
Ptye adj. Pie, tachetée, en parlant de la robe des
vaches.
Pillaraut s. m. Chiffonnier. (B. pillawer.)
Pllliot s. m. Poussin, poulet. (Lat. puîîus.)
PimpÀ v. a. Etre élégant, d'où pimpant.
Pinada s. f. Bois de pins.
Pinateau s. m. Même signification.
Pineau s. m. Sorte de Cépage. Liqueur faite avec du
vin-cuit et de l' eau-de-vie. (D. C. pignolus.)
Pingouilli s. m. Etui (d'épingle).
Ptn0irieotin s. m. Jeu cité par Chapelon.
8
114
Ploeella s. f. Pucelle. Nom donné à la reine de mai,
remplacée quelquefois par un jeune garçon, que Ton nomme
piôcet.
P1Ô1& v. n. Crier comme un poulet.
Plôsa, Ptôson s. f. s. m. Puce, puceron. Terme de
commisération en parlant d'un enfant chétif.
Plôtre s. f. Bouc. Ce mot est usité dans les chroniques
du xm e siècle.
Piquet s. m. Pomme de pin. Voir Belot, Chiôrella, etc.
Piquœre s. f. Corsage piqué, vêtement de femme.
Plrallll s. f. Fête, réjouissance.
Plro-Glorloux , Plarre-Lorlaét s. m. Loriot,
oiseau.
Pisâ v. a. Piler, écraser. (Lat. pimere.)
Plseron s. m. Pilon à mortier.
Pisé s. m. Mur en terre. Ce genre de construction est
très-usité en Forez.
Plstolla s. f. Monnaie nominale valant dix francs. (Esp.)
Plstolla s. f. Mouche de barbe, impériale.
Pitrougnâ v. a. Manier, pétrir.
Plva s. f. Pioche longue et étroite pour le jardinage.
Plva s. f. Tronc d'arbre, tige.
Plva, Pivolla s. f. Peuplier, arbre.
Plan s. m. Œuvre, la partie la plus Une du chanvre filé.
Planard adj. De la plaine. Les habitants de la plaine
de Forez se nomment aussi ventres- jaunes.
Planât s. m. Plateau sur une montagne, endroit plane.
Plançon s. in. Epieu, branche d'arbre.
Plane s. f. Traîneau chargé de pierres pour herser la
terre avaat d'ensemencer.
Plâtre s. m. On nomme ainsi dans presque tous les
115
-villages du Forez la place qui est devant l'église. Il y a aussi
à Lyon la place du Plâtre, près l'église St-Pierre, qui est
probablement le plus ancien temple de la Tille. (Lat. platea.)
Platte s. f. Petite perche (poisson).
Playurl s. f. Cheville du timon d'un char.
Plongeon s. m. Meule de gerbes.
Plot s. m. Tabouret, billot de bois.
Plotâ et Deplotâ v. n. Placer ou enlever les plots
placés sur la table d'un pressoir.
Plotta s. f. Patte d'animal.
Poche s. f. Grande cuiller.
Pœretta s. f. Grande chaudière.
Pognas. f. Espèce de gâteau, de beignet. (D.G. expogna.)
Pompa s. f. Petit pain rond fait avec du froment. (En
Auv. poumpa.)
PonÀ v. a. Apporter, déposer.
Popelon s. m. Bout du sein. (It. papillà.)
Poplan s. m. Pis d'une vache.
Porenaud s. m. Celui qui habille, qui châtre les porcs.
Porenet s. m. Porc frais.
Porenetâ (se) v. p. Se brûler.
Portlfleat s. m. Embonpoint, santé.
Poftffi v. a. Téter, boire.
Possl-Vaehl s. m. Gros crapaud qui, dit-on, tête les
vaches.
Pot& v. a. Pétrir, machiner. « Potâ de brioches. »
Potelrl s. f. Machination, projet. Littéralement pâtière.
Pou s. m. Bouillie.
Pouâv. a. Tailler la vigne, les arbres, etc. (Esp.podar.)
Le mot pouer la vigne est employé par La Mure, au xvn e siè-
cle. (It. pot are, tailler.)
116
Ponehons. m. Petite enveloppe des fuseaux de den-
tellières, pour garantir le fil. Cette enveloppe est en corne,
en carte ou en écorce.
Pouézâ v. n. Enfoncer dans l'eau, dans un marais.
Poaeiœre s. f. Marais, citerne.
Ponlatl s. m. Jeu de cartes, nommé aussi tibi, cité par
Ch. et que l'on jouait autrefois en carême.
Pouli adj. Joli, gracieux. (En Langucd. pouîido.)
Poumatî s. m. Pommier sauvage.
Poumentâ v. a. Epargner, ménager, diminuer. Ce
mot est l'opposé de aug-menter.
Poupa s. f. Pousse de vache. (It. poppa, mamelle.)
Pourpu, Porpu adj. Gros, obèse.
Pousselri s. f. Paillasse.
Pontet s. m. Cruche, vase pour mettre l'eau. (G. pata,
vase, vaisseau.)
Pouyâ v. n. Monter. (It. poggiare.)
Pouyau s. m. Monceau, tas.
Pouzl, Pouezaere s. m. s. f. Sorte de cuiller en
bois de forme particulière, pour puiser.
Pouzouera s. f. Seau en bois pour l'eau, scillc.
Poy, Pœu, Puy s. m. Montagne, sommet. (C peuch,
It. poggio, colline, montagne.) D'où les noms propres : Puy,
Dupuy, Poy, Poyard, Poyet, Deïpeuch, etc.; St-Romain-k-
Puy, près Montbrison, le Puy-de-Purchon, à. Chandieu.
Poyet s. m. Eminence, petite montagne. 11 est à remar-
quer que le mot celtique poy a fourni les dérivés correspon-
dants à ceux du mot français mont : poy, mont ; poyet, mon-
tagne; poyau, monceau; pouyâ, monter.
Pranlère s. f. Dîner des cultivateurs qui a lieu dans
la matinée. (Lat. prandium, G. preiniaw, prendre son repas.)
H7
Praniéron s. m. Sieste après le repas.
Praôt s. m. Homme de confiance, eipert.
Prime adj. Mince. Lèvres pnmes, lèvres minces (Lyon.)
Prln adj. Mince, fin.
Prln adv. Doucement, d'une façon parcimonieuse. Grand
filo prin, qui file doux, lâche.
Prôla s. f. Partie de la charrue. (Bresse, prôlure.)
Prou adv. Assez (vx français).
Pua s. m. Pioche à deux dents pour enlever le fumier.
Publc s. f. Peuplier (arbre).
Pude s. f. Huppe (oiseau).
Pudonehl s. f. Sorbe, corme.
Pudon, Padre s. m. Sorbier, cormier.
PagnatA v. a. Donner une poignée de main.
Punassi s. f. Excrément des poules, des dindons, etc.
Punelllon s. m. Pièce de bois dans une charpente.
Voir Chorire.
Putafloâ v. a. Perdre inutilement.
Patuïii s. m. Pièce de bois sur laquelle on place les
tonneaux, dans une cave.
Q
Qnadrette s. f. Jeu de cartes, à quatre, que n'ont pas
encore détrôné le béziguc ou le piquet.
Quadruple s. m. Décime, gros sou. Le quadruple vaut
quatre dardennes ou pièces de 2 liards.
Qnafï, Cafi v. n. Etre couvert de fruits ou de fleurs,
en parlant d'un arbre.
Qualsî (se) v. p. Se taire. (Rom. se coiser, se tenir coi.)
118
Quant adv. Combien. « Quant de veys? » Combien de
fois ? (Lat. quanti.)
Quarre v. a. Chercher. (Lat. quœrere.)
Quartalée s. f. Mesure de surperficie, qui vaut quatre
cartonnées.
Quay s. m. Vessie de chevreau qui sert à cailler le lait,
présure. (Esp. quœso, fromage.) Voir Miôletta.
Queux, s. m. Pierre à aiguiser. (Lat. cos.)
Qulehon s. m. Tas, monceau. Voir Cuchon.
Quignon s. m. Morceau , croûton de pain. (Lat. cu-
gnus, coin, angle.)
Quigne-Cuvc s. m. Hoche-queue (oiseau).
Qulnâ v. n. Grogner, en parlant des porcs , grincer.
(C. keinây gémir.) « Lo pavé n'ein (lammette et fat quinà
Vessi. » Roq.
Qulnet s. m. Jeu qui se fait avec un morceau de bois
taillé en pointe aux deux extrémités. En frappant sur une
des pointes avec un autre morceau de bois , on lance le
quinet en l'air et on le rejette comme avec une raquette.
(Vx fr. quinette, bâton noueux dont se servent les vieilles
gens pour se soutenir.)
Qulnquatna s. f. Fête d'une ville, d'un village où
Ton jouait peut-être jadis h la quint aine. Voir, dans Chape-
Ion, les descriptions de la quinquaina de Villars, du Pelant
du Chambon, du Charguet de St-Chamond, etc.
Quinson, Quissu s. m. Pinson (oiseau).
Quloa v. a. Creuser.
Qulolasson s. m. Caleçon, pan de chemise, coussin
pour s'asseoir.
Quore, Quière exçl. Cri pour appeler les pourceaux.
(Gr. corw, porc)
119
R
Rabat s. m. Tapage, tumulte. Voir Tarrabat. Le rabat
des ténèbres, le Vendredi-Saint.
Rachat s. m. Appeau.
Rachl s. f. Teigne. (Esp. rascar, gratter; G. rach, tei-
gne; It. raschia.
Raclet s. m. Outil.
Raclorou s. m. Ramoneur, noireau (terme de mépris).
Radlssi s. f. Gâteau, brioche.
Radooelrl s. f. Femme de mauvaises mœurs. (B. rï-
dourés.)
Raffcrdallle, Rafotallle s. f. Débris, chose de
peu de valeur.
Raftrad s. m. Seconde couche de houille au-dessous de
la maréchale et au-dessus de la bâtarde»
Raffet s. m. Catarrhe, toux.
Rafet, Rafolla s. m. s. f. Conte, radotage.
Rafetâ, Raftrala v. a. Radoter. Ce mot avait jadis le
sens de rapiécer, raccommoder.
Rafouloux adj. Radoteur.
Ras® s. f. Racine d'arbre, souche. (Esp. raiz, D. C. ra-
cha.) D'où les noms propres : la Rajasse, Rajat, etc.
Ragler s. m. Celui qui arrache les souches d'arbre.
Raçueirl s. f. Rapière, épée.
Rallll, R&li s. m. Feu de joie qui se fait le Mardi-
Gras et le dimanche des Brandons. Les Gaulois allumaient
des feux sur les montagnes, en signe de ralliement. (D. C.
farassia, faire un raz.)
120
Ralve, Ronve, Ronre s. m. Chêne.
Ramâ s. f. Ondée de pluie. (G. ram, averse.)
Raniat 9 Ramaé s. m. Racloir pour le pétrin.
Rame s. f. Morceau de fer, espèce de raclette au bout
d'un long manche pour les fours, les cheminées. Vx fr. ra-
mon, d'où vient ramoneur.
Rame s. f. Fanes des plantes, des légumes.
Ramella s. f. Mauvais couteau. Par terme de mépris,
femme de mauvaise vie. (Esp. ramera.)
Rampon s. m. Mâche , blanchette , sorte de salade
(vaîerianelîa olitoria).
Ranehët s. m. Recrudescence de froid.
Rana s. f. Grenouille. (Lat. rana.) D'où les noms de
chanteraine, etc.
Ranglfranchl s. f. Jeu cité par Ghapelon. 11 consiste
à disposer de certaine manière des cailloux sur un carré
traversé par deux diagonales.
Ranquet s. m. Hoquet, râle, agonie. (1t. ranto.)
Râpai s. m. Appeau.
Rapaux s. m. pi. Rameaux, huis, d'où les noms de croix
des Rapaux, dimanche des Rapaux. Le mont d'Izoure fournit
le buis à la ville de Montbrison, et il est toujours d'usage
d'offrir au propriétaire des bois une fourme ou une radisse
en échange de ses rapaux.
Rapllî v. a. Ramper, parvenir en rampant.
Rat s. m. Caprice, fantaisie. (Ge mot est celtique.)
Rata-Rao s. m. Bugrane, arrète-bœuf, plante (ononis
spinosa.)
Ratapenna s. f. Chauve - souris (rat à pennes ou
plumes).
Rata- Voulait s. f. Chauve-souris, rat qui vole.
121
Rat-Couerlo s. m. Ecureuil. Dans le Berry, ou dit
cJiat-écurieux.
Ratella s. f. Foie des animaux, rate.
Ravanchâ v. a. Démancher.
Ravanchot adj. Tortu, estropié.
Ravat s. m. Mouton frisé à longue laine des montagnes
du Forez.
Ravlsaet s. m. Roitelet, nommé aussi chaut agne, rei-
p3taret, rei-barthaud, rei-barnabet.
Raz s. m. Ancienne mesure pour les grains Un raz
d'avoine, etc.
Razal s. m. Aiguillon, manche de bois.
Raze s. f. Sentier creux, rigole.
Raz-Ibut adj. Plein jusqu'au bord. (B. rez-ribu$ r bords
d'une mesure.)
Razounâ v. a. Piocher la vigne, première façon de la
vigne.
Razun s. m. Racine (Esp. raiz.)
Rebatelrl s. f. Gaillarde, poissarde. (Esp. rabanera,
poissarde.) — (D. C. au Moyen-Age, rabater, faire un bruit
extraordinaire, de rabat, nom du lutin en Norwège.)
Rebatelres s. f. pi. Les joues.
Rebotâ y. a. Rouler. « Ein tabulant dous pids, rebote
doux gros yos. » Roq. En frappant du pied, roule deux gros
yeux.
Reboula, Revolla s. f. Festin qui suit les moissons,
la fenaison. Clôture d'une fête. La dernière gerbe de la
moisson.
Reboulà, Revoulâ v. a. Finir une noce. Regretter
quelque chose, en être dégoûté.
Rebounâ v. a. Provigner la vigne.
122
Rebouuaé s. m. Provin.
Reboutô v. a. Remettre.
RebusA v. n. Radoter.
Reebavâ v. a. Creuser, déterrer. (Esp. recavar.)
Reebevà (se) y. p. Etre mal travaillé, en parlant d'un
terrain.
Reeondallles. f. Cachette. (Lat. dbscondere, cacher.)
Reeotft (se) y. p. Se blottir.
Reeourâ v. a. Rattrapper, recouvrer.
Reerœure v. a. Dépasser, devancer.
Reculte s. f. Petit fromage blanc. (It. ncotta, fromage,
lait de beurre.)
Reeundre v. n. Résonner, quand on frappe sur quel-
que chose. (Lat. cundere, forger.)
Redeln s. m. Saindoux.
Redonda v. n. Résonner, retentir.
Redûre y. a. v. n. Accompagner, reconduire quel-
qu'un, s'en aller, s'en retourner. (Lat. reducere.)
Regonfe s. f. Abondance.
Regoublllonner v. n. Goûter, faire réveillon.
Regulncbt v. n. Se redresser, regimber.
RelUt s. f. Soc, tranchant de la charrue.
Ret-Pare-Grand, Reina-M are-Grand s. m.
s. f. Arrière grand-père, arrière grand'mère.
Rei-Petaret s. m. Un des noms du roitelet, roi-pétaud.
On donne aussi ce nom au hanneton mâle dont le corselet
est soyeux.
Rejonloux adj. Grondeur. (Esp. regonar, gronder;
C. regoni, se fâcher.
Rejotta s. f. Nasse en osier pour prendre le poisson*
(D, C. regetoore, machine à prendre les oiseaux.)
_J
r
123
Rejulnt s. m. Tenir de rejuint, garder à vue, tenir
serré.
Relevau s. m. Corset.
Remlageon s. m. Pèlerinage. (R. romi-vaige, voyage
à Rome.) On appelait jadis romieux les pèlerins venus de
Rome. (Esp. romeiia, pèlerinage ; It. romeaggio.)
Remlftftlllf y. a. Froncer, rider, plisser. Remissili lou
wd, froncer le nez. Unapouma remissillia, une pomme ridée.
Renna s. f. Grenouille. (Lat. raina.)
RennA v. n. Gronder, geindre.
Renna s. f. Plainte, gémissement.
Repelli (se) y. p. S'habiller de neuf.
Repoaêtre »• m- Goûter, repas des paysans. (Lat.
repaAcere.) Les habitants de nos campagnes suivent encore
la vieille maxime :
« Lever à cinq, disner à neuf,
« Soupper à cinq, coucher à neuf,
« Fait vivre Yhomme neuf fois neuf. »
Repousftaè s. m. Perche garnie d'une roulette pour
pêcher* les grenouilles.
Reslmolla s. f. Grappe laissée par les vendangeurs.
(Esp. racimo, It. racimolo.)
ResImoll v. a. Grapiller. (Esp. racimar, It. racimolar.)
Reftouletrl s. f. Poêle trouée pour rôtir, rissoler les
marrons.
Retirante s. f. Habitation.
Retraire v. n. Avoir de la ressemblance. « Ma ferma
que retrat de sa reina grand' mare. » Ch. (It. ritrare, res-
sembler à...)
« Dau pie ou de l'épata,
f Le poulin retrat de la cavala. » Prov.
J\sl,vcZvl,)
124
Retrat adj. Abandonné, mis de côté.
Retrat s. m. Rebut. (Lat. retrahere,' mettre en arrière.)
RetroublA t. a. Faire le premier labourage d'une
terre.
Retrouble s. f. On nomme ainsi la seconde récolte
d'une terre, la récolte alternée, quand il n'y a pas de ja-
chère.
Réveillez s. m. Quête que faisaient jadis les jeunes
gens en allant chanter devant les portes des chansons com-
mençant ordinairement ainsi : Réveillez-vous.
Revlôre, Revwre s. m. Regain.
Revondre, Rebondre v. a. Couvrir, plonger.
*y\ v -.VU- ; < : ^ * ^ Rebondu de fumi. — Rebondu de talents, rempli de talents.
Revondre (se) v. p. Se plonger.
Revorgeâ (se) v. p. Etre dans l'abondance. « Se re-
vorgeà dins la piautre, » se vautrer dans la fange.
Revorgî v. a. Chercher, déterrer.
Rleambolla s. f. Mûre des buissons.
Rleandalna s. f. Racaille, séquelle.
Rieusse, Rulsse s. f. Lien, hart, câble, corde.
Rlgotâ v. a. Réchauffer.
Rlgotta s. f. Voir Recuite.
Rlgnes s. f. pi. Crochets de portefaix.
Rlngua, Rlngalle s. f. Mauvais cheval, rosse,
cheval de 24 sous. (Esp. rengo, éreinté.)
Rio, Ru, Rul s. m. Ruisseau. (Esp. et It. rio, C. ru.)
Rlôte s. f. Querelle, dispute. Charchâ note. On dit a
Lyon chercher garguille. (B. nota, Angl. riot, It. nota.)
Rlôte, Arlôte s. f. Lien, corde, branche de chêne.
(D. C. reorta, Auv. redorte, coussin tortu; du lat. retw-
quere.) >
I
125
Rlppa s. f. Fainéant, lâche.
Riqua s. f. Vieille vache.
Rlquâ t. a. Encorner, heurter.
Rlsa s. f. Ruisseau, petit cours d'eau.
Rlvarl s. m. Tumulte. Le rivari du monde*
Rocha s. f. Milan, oiseau de proie qui enlève les poules.
Rogatons s. m. pi. Restes. Vx fr. corvée, reproche.
Voir Graton.
Rolion s. m. Rond, cercle. « Se tegni en rolion, » se
tenir courbé.
Rombenet s. m. Buis, rameau, rain-bémt.
Aompre v. a. Piocher la vigne (quatrième façon de la
vigne.)
Ronebâ v. n. Grogner, bourdonner, ronfler. (Esp.
roncar.)
Ronchon s. m. Ron-ron. (Esp. roncon, bourdon.)
Ronday s. m. Couteau de chasse.
Roua s. f. Roue, carton des dentelières, sur lequel se
piquent les épingles.
Roubâ v. a. Voler. (It. rubare.)
Rouchaln s. m. Festin, retour de noces.
Roagcaron, Rougeret s. m. Petit fromage de
brebis.
Rougnl s. f. Gale. « Charchî rougni, » chercher que-
relle.
Rouillât s. m. Mauvais pré ennuyé par les joncs.
Rouillât s. m. Hutte mobile pour les pâtres dans les
montagnes.
Roula s. f. Tas de foin.
Roupa s. f. Habit, casaque. « Una roupa de filosella. »
Roq. — « Duas ropas guarum una de veloux nigro, » deux
J26
habits, dont l'un de velours noir. (Testament de Guy de
Cousan, 14...).
Roure, Rouve, Ratve s. m. Gbéne. (Lat. robur.)
D'où les noms propres : le Roure, Duroure, Derory, Rouvre,
Rouvray, etc.
Roux-de-Iitôra s. m. Cépage , raisin blanc et roux.
Les lièvres et le renard l'arrosent, dit-on, en p...assant.
Ruarne s. f. Ronce, broussaille.
RulMe s. f. Bâton.
Rulliard adj. Groguon, bourru.
Rullî v. a. Guetter du regard.
Rumâ y. n. Brûler, avoir un goût de brûlé en parlant
d'un mets, et surtout du lait. On dit à Lyon remuer.
S
Sa s. m. Sapin.
Sabardïn ou Sae-Mardïn s. m. Saucisson fait
avec le plus gros intestin du porc, et que l'on réserve pour
le réveillon de Noël.
Sabeesa, Tsabessa s. f. Frontal des vaches, des
boeufs.
Sabouillat s. m. Bourbier, creux plein d'eau formé
par le sabot des bestiaux.
SaboulA v. a. Troubler, secouer .
Sade adj. Agréable au goût, sain. (Lat. sadus.)
8aé s. m. Ancienne mesure pour le vin, valant approxi-
mativement 20 litres.
8aetl, Sarra, Rassa s. f. Scie. (Auv. rossa, scie ;
Esp. serrar, scier.)
127
Saêtre, Sceytre s. f. Faucheur.
Sagnat s. m. Petit pâquis marécageux près des fermes
où l'on envoie paître les veaux.
Sagnl, Saigne s. f. Prairie marécageuse, saignée par
des rigoles. Tourbière. D'où les noms propres Dessaigne,
Lassagne, Sagnon. (G. sagne, jonc de marais.)
Sala* (se), Saler (se) v. p. En celtique sal signifie sur-
sis; de là vient la locution des enfants au jeu : Je me sale,
c'est-à-dire je me repose, je demande un sursis.
Sallta s. f. Oseille.
Saluyard s. m. Variété de Cépage, raisin noir à grosses
graines.
Sampa s. f. Femme de mauvaise vie (très-usité à St-
Etienne.)
Sampanna s. f. Femme sans soin, sans ordre.
SampelllA v. a. Secouer, tourmenter.
SandrolllA v. a. Tremper.
SandrotllI, Sandroulllon s. f. s. m. Qui lave la
vaisselle, cendrillon.
Sangletta s. f. Petite sangle, jeu des enfants.
Sanlllon s. m. Salière.
Sansollli v. a. Même signification que sandrouilld.
Saneotta s. f. Sangsue.
Saôme s. f. Anesse. On dit en français bête de somme.
(Du saxon saum, fardeau.)
Saône s. f. Pièce de 10 centimes, décime (féminin de
sao 9 sou).
Saqua, Saehon s. f. s. m. Poche, sac.
Saqua (se) v. p. Se glisser, se faufiler à travers. « Je
me saquou à travars de tous lous mousquetairou. » Ch.
Saqueyt (se)v.p. Se remuer, se démener. (Esp. sacxidir.)
-'V
128
Sardeirl s. f. Petite cerise noire des montagnes. Voir
Jarbolla.
Sardeirl adj. Noir, nom donne aux vaches.
Sarfusa s. f. Cerfeuil, espèce de sauce, vinaigrette.
Sarpantans. m. Trompette que les enfants font avec
des tiges d'oignon.
Sarpelleiri s. f. Guenille.
Sarpftassl, Sarplasson s. f. s. m. Femme ou en-
fant qui se démène toujours, qui ne peut rester en place.
Sarrâ v. a. Fermer, ranger, renfermer. (Esp. cerrar,
B. serra, C. ser, fermer, clore.)
Sarrâ v. n. Geler fort.
Sarra-Qulo s. m. Eglantier, églantine {rosa canina).
Sarrasson s. m. Fromage fait avec du lait écrémé.
Sarrat adj. Ferme, solide. Téta serra, bonne caboche.
Saubre, Sœupre v. a. Savoir. L'infinitif saubre est
peu usité, mais il a formé les temps suivants : saubu, su;
que ji saubeissi, que je sache, etc.)
Sautaret, Sautariot s. m. Sauterelle, jeu des en-
fants. Voir Quinet.
Sautellll s. f. Petit ruban qui retient la quenouille à la
poitrine des fileuses. Voir Farmaillon.
Snuvaglna s. f. Bète fauve. (It. et Esp. salvagina.)
8avâ v. a. Dégager la Sève. Les enfants qui font des
sifflets frappent avec le manche de leur couteau sur Técorce
pour la séparer du bois, et chantent en mesure ce refrain
«
patriarchal :
« Sava, sava, quio de Madama !
« Savassieu, quio de Monsieu ! »
Sayt v. a. Faucher, scier. (Esp. Segar.)
Seeytalro* Sarrou s. m. Scieur de long.
129
Seeytol s. m. Scie à eau.
Sebotura s. f. Repas après les enterrements. (Esp.
cebadura, aetion de se nourrir.)
S e&re y - a - Suivre.
Segrolâ v. a. Secouer, ébranler. On dit à Lyon si-
groller. Au Moyen-Age, escrouller signifiait , non renverser
comme aujourd'hui, mais simplement ébranler. Voir dans
Rabelais l'épisode de la sorcière.
Selgne s. m. Monsieur, sieur. Biau-seigne, expression
de pitié correspondant au pecaire des Provençaux, au povre
des Bordelais, au povero des Italiens, etc.
SelW s. f. Seau de bois. (G. saill, seau.)
Selllon s. m. Petit seau de forme particulière, pour
traire les vaches.
Selpl s. f. Oignon. « Chacun frouttet ses dents de la
quoua cVuna seipi. » Ch. (Lat. Cèpe»)
Selt, Seize prép. Soit.
Sella s. f. Chaise.
Semounà v. a. Offrir.
SemooHO s. m. Sonneur, chantre d'église.
Senella, Cinella s. f. Fruits de l'aubépine. Petite
graine de raisin.
SenleulÀ t. n. Tourner une manivelle.
Sent adj. Fort, ferme, vigoureux.
Seqaant pr. ind. Beaucoup, plusieurs. Sequant de veis,
quantes fois.
Seque pr. ind. Ce mot n'a pas de correspondant en
français. Bailla-me lègue, donnez-moi quelque chose. — Et
sèque par z'an bettâ? et dans quoi faut-il le mettre? — Vou
n'y o Sèque, il y a de quoi. — Et sèque un âtou, et aussi, de
plus, une broche.
9
130
Sequouyo s. m. Panier à salade; latte pour abattre les
fruits.
Sequun, Sequuna. Certain, quelque, d'aucun.
Serein! s. f. Piège pour prendre les oiseaux. L& sereine
a la forme d'une raquette. C'est une branche d'arbre plice
en cercle et garnie de nœuds coulants en crins de cheval.
Séron adj. Entête, dur.
Servante s. f. Sorte d'étrier en fer suspendu à la cré-
maillère, et sur lequel on pose la poêle.
Séterée, Septerée s. f. Ancienne mesure de super-
ficie, valant 16 cartonnées.
Sétive s. f. Mesure de superficie pour les prairies, éten-
due qu'un homme peut faucher en un jour. La sétive vaut
4 métérées ou cartonnées.
SétounA v. a. Scier.
Seur, Sûr s. m. Aire à battre le blé. (Auv. sôhr.)
Siclâ v. n. Crier, siffler.
Simon, Simousse s. m. s. f. Lisière de drap pour
emmailloter les enfants, faire des bretelles, etc. (Esp. -cata-
lan., simosa.)
Singletta, Tchingletta s. f. Clochette. (Lang.
esquinlo, saxon skilla. Ce mot se trouve dans la loi salique.)
Stôrâ, Seberâ v. n. Neiger ou pleuvoir finement.
(C. sin, neige; sior, glace.)
Siora, Slbera s. f. Pluie mêlée de neige, giboulée.
On dit le vent de la sibere pour la bise. (Auv. isshira, B.
chira, vent impétueux et neige.)
Slot s. m. Tamis de crin.
Siot s. m. Maladie des pourceaux, grands poils qu'ils
ont dans le gosier et que l'on extrait avec des signes de croix
et des pincettes.
*3I
Sirlgnetta, Cirlgnetta s. f. Cime, sommet.
Slvâ v. a. Faucher, couper, scier.
Soehla s. f. Petite charrue.
Solle s. pi. Plante du pied.
. Somma s. f. Anesse ; hotte. Voir Saôma.
$ortrul 9 Chatroullll s. f. Petite lamproie (poisson.)
Souazl, Suerpa s. f. Femme de mauvaises mœurs,
terme de mépris. Rabelais dit quelque part : Tu seras dam-
née comme une serpe. Ce que les commentateurs se sont em-
presses de traduire par serpent, personnification du diable.
(Esp. soez, vil, abject.)
Soubrl s. m. Gouttière. (Lat. subrigare, couler des-
sous.)
8oue 9 Souda s. f. Loge à pourceaux. (Lat. sus, porc.)
Sonia v. n. Avoir coutume. (Vx fr* soûler, du latin
sofco.)
« Ysoxdiant tous lous ans abattre. îou peïaut. » Ch.
Soulagea v. a. Voir quelqu'un avec plaisir. (Vx fr.
soûlas.)
Soulfttrou adj. Désert, en parlant d'un endroit, d'un
chemin.
Souletta s. f. Semelle de cuir que Ton coud à la sol le
d'un bas. (Esp. suela.)
Souna y. a. Appeler.
Sounallll s. f. Sonnette placée au cou des bestiaux.
Sounallll s. m. Pâtre des jasseries de Pierre-sur-
Haute.
Souparon s. m. Réveillon de Noël, petit souper.
Soura y. a. Gagner, acquérir.
Soure s. f. Bien.
Sourmalsl* Semaêsa s. f. Broc, vase pour le vin.
432
Soute s. f. Abri. Se mettre à la soute. On dit encore la
soute aux poudres. (Hébr. south, ce qui couvre.)
Stulsion s. m. Purin, résidu du fumier des c tables.
Sue, Supt, SA s. m. Montagne, sommet arrondi, hau-
teur. « A la san Lit, — Lîhivar est au su. » Prov. — A la
saint Luc (18 octobre), la neige est sur la montagne. (Auv.
succar, C. suc.)
Suehœres s. f. pi. Petites poutres placées en travers
dé la cheminée, auxquelles on met fumer les jambons et
sécher les ételles.
Suersailli s. f. Source.
Sugna y. a. Soigner, dans le sens de surveiller, re-
garder.
$uln, Sun s. m. Sommeil. « Tas sien, vais tejaére, »
tu as sommeil, vas te coucher. La chanson des berceuses
commence ainsi : Sun, sûn, sùn, véne, vène, véne ! (G. G. B.
hûn, d'où le latin somnus. Us et Yh ne sont que des aspi-
rations.)
Supaftl (à la) loc. adv. Au crépuscule, à bord de nuit.
Surdels. m. Montagne, éminence, sommet.
Table s. f. Planche. Planche.de jardin. (Esp. tablar.)
Tabiard adj. Bête, imbécile.
Tabus s. m. Tintamarre, embarras» peine.
TabutA, TaboulA, Tambuta v. n. Cogner, faire
du bruit en frappant. (Gr. tuptô, frapper.)
133
Taehl s. f. Gros clou. (Esp. tâcha, G. tach.)
Taeon s. m. Morceau, bout. (It. taccone, bout, mor-
ceau.)
Taillant s. m. pi. Ciseaux.
Talllon s. m. Morceau. (It. tagliare, couper par mor-
ceaux.)
Talaurlna s. f. Salamandre. « Gorgi de talaurina, »
mauvaise langue.
Talenrl, Tialeurl s. f. Cheville qui sert à fixer le
joug des bœufs.
Talot s. m. Morceau de bois suspendu à une corde, que
Ton attache au cou des porcs, des vaches pour les empêcher
de vaguer.
Tan s. m. Nœud du bois.
Taneot s. m. Plante de pois secs. (On dit aussi àtes.)
Morceau de bois.
Tandio conj. Pendant ce temps, tandis que.
Tanet s. m. Lutin-follet.
Tanflâ v. a. Frapper.
Tanlla s. f. Taloche, coup.
Tantarlna s. f. Mouche bovine, cantharide (par alté-
ration), œstre, taon, eziàle. Lorsqu'un berger voit une vache
dans le champ d'un voisin, il n'a qu'à crier :
« Moucha tantarina,
« Piqua la bovina, z-z-z, »
et la vache s'enfuit au galop. On sait que la jalouse Junon
envoya ces mouches pour mettre en fureur la belle Io, mé-
tamorphosée en vache par Jupiter.
Tant que conj. Jusqu'à.
Taône s. f. Taon, grosse mouche.
Tapau s. m. Lourdaud,
134
Tarau adj. Un vent tarau est un vent très-violent, qui
emporte la terre.
Tarrabat s. m. Tapage. (Vx fr. rabat.)
Tarrabàte adj. Turbulent, tapageur.
Tarrablau adj. Imbécile, à demi idiot.
Tarrasse s. f. Terrine en grès.
Tarrdre s. f. Morceau de fer plat au bout de l'aiguillon,
et qui sert au .laboureur h, enlever la terre attachée au coûtre
de la charrue.
Tarfarefjt s. f. Crète dceoq (rhinantus msta), plante
à fleurs jaunes, qui croît dans les prés.
Tartarelsas. f. Vermine, misère. « Engendré de tar-
tareisa, » qui engendre la misère.
Tartaruches s. f. pi. Ce mot n'a pas de correspon-
dant en français. « Aul est dîns les tartaruches, » il est
perdu.
Tat s. m. Maladie des pourceaux; boutons qui leur vien-
nent aux gencives.
Tatar s. m. Porc ; cri pour appeler lès porcs, (Auv.)
Tavan s. m. Grosse mouche. C'est le mâle de la taéne.
Le tavan est noir, la taùne est jaune,
Tavella s. f. Bâton, trique. (Usité à Lyon.)
Tavenna. Tovenna s. f. Sillon tracé au bord d'un
champ, dans un sens perpendiculaire aux autres sillons.
Tazoucrcs s. f. pi. Ciseaux. (Esp. tijeras.)
Tchâbremasse s. f. Espèce de chouette dont le cri
imite le bêlement de la chabre ou chèvre.
Teni v. n. Courir risque de..., craindre? appréhender.
(Lat. timerc, craindre.)
Tenipâ (se) v. p. Se tenir sur ses gardes.
Tcndilli s. f. Partie de la charme. Yoir Avéra,
135
Tendraerl s. f. Génisse qui vient de faire son pre-
mier veau.
Terrât s. m. Rigole, petit conduit souterrain ou dé-
couvert.
Teus s. m. pi. Tessons.
Thaè s. m. Tilleul, orme (arbre).
Thenaô s. m. Travail pour ferrer les chevaux et les
vaches.
Thl-assuconj. Ici, en haut. (It. quassu.)
Thl-avoè conj. Ici-bas. Voir Ça-vouaè.
Thlot, Thlas. m. s. f. Résine de pin, bois résineux,
torche.
Timbra v. n. Timbrer, résonner, craquer.
Tina s. f. Cuve. (Esp. tinaja, grande cruche de terre ;
C. tine, cuve ; It. tinaja, cellier.)
Tina, Tlnetta s. f. Chèvre. (C. Une), d'où le nom du
rocher de Perotine ou pierre aux chèvres, à Noire table.
Tlnaillon s. m. Pi èce de bois de charpente. Voir Chorirv.
Tlnallly s. m. Cellier, cuvage (de tina).
Tlonta v. a. Tourmenter, corner aux oreilles.
Tlranehi v. a. Tirailler de côté et d'autre. (It. tiran-
neggiare, tourmenter. )
Tirant, Tlra-LIre s. m. Tire-langue, ortolan,
alouette-canabière, à cause de son chant.
Tirant adj. On nomme lait-tirant, le lait qui sort diffi-
cilement du pis de la vache.
Tlta* Tla excl. Cri pour appeler les poules.
Tochl s. f. Réprimande. « Sous pei?ia de la tochi. »
Toehiv. a. Ce mot ne signifie pas seulement toucher,
mais conduire, mener. « Tochiloit brand, » mener un branle.
— « Tochi les vaches, » conduire les vaches.
136
« Vei chi nous, se mariount tous,
« N'y o ma me que toche Fânou*
« Mais moun temps vfndrot
« Tocharot l'ânou que voudrot. » Chanson.
Tochillon s. m. Chose de peu de valeur.
Toeson s. f. Sorte de drainage primitif.
Toile s. f. Foin étendu pour être séché.
Tôma. Tourna s. f. Fromage blanc. (C. tom, chaud,
fromage caillé par le feu.)
Tos, Tou s. m. Petit aqueduc souterrain, tuyau de drai-
nage, bonde d'étang. (Auv. touar, Lyonnais thus, aqueduc.)
On lit dans les arrêts de Papon : « A Rouanne y a un canal
ou tou souterrain, etc. »
Touailla s. f. Nappe, serviette. (Esp. toalla,C. touilla.)
Touïn s. m. Pinson (oiseau).
Tourna v. a. Ce mot est tout-à-fait explétif et rem-
place la syllabe re dans la formation des verbes. Tourna*
faire, refaire ; tournà-dire, redire.
Tourtai s. m. Matefaim, crêpe»
Tourtellon s. m. Gâteau, tentrte.
Toutoula s. f. Tige d'oignon ; trompette que font les
enfants avec des tiges d'oignon.
Tra, Tratra, lira s. m. Lutin. C'est le drac du Lan-
guedoc, le sotré des Vosges, Yéphialtes des Grecs, etc.
Tracî v. a. Traverser.
Tracolla, Traeolet s. f. s. m. Piège, trébuchet
pour prendre les oiseaux, les renards, etc. (ït. tracollo, cul-
bute, trébuchement.)
Tracolla v. n. Faire la culbute; au /îg. mourir. (It.
tranollare, tomber, trébucher, etc.)
Tracuu4t v. a. Utiliser, mettre à profit.
137
TraforÀ v. a. Traverser. (It. traforare, percer à travers.)
TrageA v. n. Fendre l'eau, en parlant d'un nageur,
d'une barque ; passer à travers. (It. tragettare.)
TratnaMl s. f . Convohnlas, plante traînante.
Traîne s. f. Fièvre. C'est aussi le mot employé dans la
Dombes.
Traiti s. f. Vin de traiti, premier vin d'une cuvée.
Traire v. a. Porter, tirer, traîner ; pleuvoir à verse* (It.
traere, lat. trahere.)
Tralnre v. n. Briller, paraître, faire connaître. (It.
tralucere, lat. translucere.)
TrampalA v. n. Chanceler, être ivre. (Esp. trambalear.)
Tranehd s. m. Espèce de hache.
TrsuuMM* s. m. Morceau. Transon ou alabat de pan,
morceau de pain. Transon de peillant, morceau de voleur
(terme d'injure).
Traquenard s. m. Van mécanique pour les grains.
Travaml s. f. Vent d'ouest, qui traver$e la plaine du
Forez.
Travellen s. m. Percerette, foret, amorçoir.
Travirf (se) v. p. Se tourmenter. (It. travagliarsi, se
tourmenter.
Traven, Trat s. m. Poutre, chevron. (Lat. trois y It.
trave et tr axone, poutre ; Savoy, traz.)
Traselri (se) v. p. Se tourmenter.
TrennA v. a. Tresser la paille. « Trennà ma capotta,
tresser un chapeau. (Lat. ternus, trois; les tresses se font
ordinairement à trois brins.)
Trenna s. f. Chaîne d'oignons, de raves, etc. Tresse.
(Esp. trenado, fait en tresse.)
TreMi v. n. Frissonner, frémir.
138
Treyvou s. m. Carrefour. (Lat. trivvam.) D'où les noms
propres : Dutreyve, Trévoux, elc.
Trezi v. a. Presser entre les lèvres, boire.
Trlaeres, Trouallles s. f. pi. Pelures, choses de
rebut.
Trlallle et Crtvorde s. f. Qualités de planches, dans
les moulins à scie.
Trlèlët s. m. Trèfle. (Lat. triofoliitm). « Lou triôlèt
a couflot la brava, » le trèfle a gonflé la génisse. La petite
ville d'Ambert a pour armoiries une croix double cantonnée
de 4 trèfles, avec cette ancienne devise :
« le trioule en Auvargnat,
« I la meilloure fuerba dau prat. »
Troc s. m. Morceau, bloc. On dit à Lyon, comme eu
Languedoc : Un troc oVarton, un morceau de pain. Arton est
du grec pur.
TrocbÀ v. a. Parcourir une route.
. TroneliA v. a. Emonder un arbre, le tailler. (1t. tron-
care, couper, tailler, tronquer.)
Tronfô s. m. Abréviation de noutronfô, notre fontaine,
nom donné à la fontaine du pré de- la foire, à St-Etienne,
souvent citée par Ghapelon et d'autres auteurs stéphanois.
Cependant nous avons entendu nommer, tronfô la fontaine
commune dans plusieurs villages, peut-être à cause du tuyau
qui a la forme d'une tronfa ou trompe.
TroulUA v. a. Presser.
Trouille s. f. Marc de raisin. Yoir. Drotiache, Gène.
Troupelas s. m. Bande, troupe.
. TrOUSStin s, m. Fagot, botte de foin, de paille.
Truell, Treuil, Treu s. m. Pressoir. Le treuil
se compose : 1° De la bacfiàsse ou table à rebords jsur la-
139
quelle où met le gène ou marc de raisin ; 2° de la chaîna ou
conche, goulot par où coule le Tin ; 3° de la trappe qui pèse
sur le marc ; 4° des caillons que Von place sur la trappe ;
5° de Vâne , pièce de bois au bout de la vis de pression ;
6° de Yétampon ou barre qui sert à faire descendre la vis.
Il y a aussi des pressoirs à roue. (Auv. trouée, lat. trolium.
D. C)
Treyon s. m. Pioche à trois dents pour enlever le fu-
mier. Voir Bechu.
Trnyand, Truyasst s. m. s. f. Malpropre, sale (de
truie ou truand).
Tsarot s. m. Lampe de veillée. Voir Chelut et Creusiô.
Tua-Pœu s, m. Colchique, plante qui pousse, en au-
tomne, dans les prairies.
Tuma s. f. Réjouissance, festin, noce.
Tuasla s. f. Toux, tousse rie.
U
Uffa v. a. Huer, crier. (C. udfà.)
Urdl s. m. Outil.
Uyard s. m. Oie wix\e,jars.
s. f. Nid d'oiseau. Au pluriel : des bagatelles.
Yaehards. m. fromage de vache. An %. paresseux,
mou.
140
Vallant adj. Gourant, en parlant de l'eau, par opposi-
lion à dormant.
Vanna y. n. Vaciller. « L'aura fat vanna lou creusio, »
le vent fait vaciller la lampe.
Varehelrl s. f. Espèce de terrain tenant le milieu en-
tre le chambon et la varenne. On nomme yré de YertMre^
un pré non soumis à l'irrigation artificielle. Pièce de terre
auprès d'une ferme. Dot assignée primitivement sur un fonds
de terre.
Varenna s. f. Sorte de terrain léger. D'où Tiennent
beaucoup de noms de lieux et de personnes.
Varey s. m. Bruit, tumulte.
Vareyrl s. f. Ellébore, rose de Noël , plante. (Lat. va-
retrum.)
Varjat s. m. Partie de Técoussou ou fléau. Voir Eecussou.
lame s. f. Aulne (arbre), d'où les noms Vernoys, la
Vernade, Duvernay, etc. (C. gweme.)
Varon s. m. Venin. « Aul o may de varan qu'un groin
de buandeiri, » il a plus de venin qu'une langue de buan-
dière. On dit aussi verun, vérin. Cette dernière forme est
usitée dans l'Isère, et a donné naissance à l'une des sept
merveilles apocryphes du Dauphiné. Ainsi la chapelle San
Verain ou Saint- Vrain est devenue la tour sans venin, où
les animaux venimeux et même les araignées ne pouvaient
vivre... dit-on!
Varra§;nâ 9 DevaragnÀ v. a. Arracher une haie.
(Provençal, barat, fossé.) Voir Baragne.
Varsaô s. m. Goûtre de la charrue, versoir.
Vas s. m. Tombeau, cimetière. Ce mot a été usité en
français jusqu'au xvm e siècle. Nous avons lu sur une dalle
tumulaire à la Chapelle-en-Lafaye : Vase des sœurs, 1763*
141
Au Moyen-Age le vas était une chapelle sépulcrale. Ce nom,
que Ton retrouve dans les terriers et dans les -vieux actes,
est reste à plusieurs anciens cimetières du Forez. (C. vez,
bez, tombe ; de va, creuser.)
VMftto s. m. Jeune homme, amoureux, vassal.
Ventau s. m. Moulin-à-venf.
Vêpre s. f. Soir, après-dînée. (Lat. vesper.)
Véque , Vêquat s. m. Gui, plante parasite. Il y a
le véque dm perei ou du poirier, dau fragnî ou du frêne,
daupownaè ou du pommier, etc.; mais le véque du chêne est
presque introuvable. (Lat. viscum, It. vischio, gui et glu.) « Ad
viscum! viscum! Druidœclamaresolebant. » (Ovide). Au gui !
au gui ! criaient les Druides. — Je ne sache pas que le gui
ait conservé dans l'imagination populaire les merveilleuses
qualités qu'on lui attribuait jadis.
Vequlot, Vequlat prép. Voici, voilà.
Verlna s. f. Vitre.
Verlme s. f. Câble, corde.
Ver» s. f. Broche. (Lat. t>eru, d'où verrou.)
\em 9 Vaè s. f. Fois. Vna vey, quaxtque vey, une fois,
quelquefois. (Esp. vez.)
Veya s. f. Ce mot a une foule de sens et correspond exac-
tement au res des latins. Chose, affaire, besogne, bien, etc.
Au pluriel, veyés, hordes et affaires dan? le sens familier de
ce mot. Au xvi e siècle, Papon emploie le mot vée dans le
même sens.
\euà v. n. Souffler. « Poyou plus vezâ, » je ne puis plus
respirer ; d'où la véze, cornemuse, instrument que Ton gonfle
en soufflant.
Vezen s. m. Artison. — Putois (animal). — Méchante
femme.
142
Vlallle s. f. Joue. (C. bi, double; aille, contour du vi-
sage. Ir. Giall, joue , changement du G en B.)
Viat s. f. Le vivre, la nourriture. La viat et îou gère, la
table et le lit.
Vlgne-Blane s. f. Mauvaise herbe, brivoine, eou-
leuvrée. Ortolan, oiseau. (It. vite-bianca.)
Vlllaln s. m. Manche en bois suspendu à une poutre
du plafond, et auquel on accroche la lampe de veillée.
(D. C. villani , sorte de chandelier de bois. Dans ce cas,
comme en beaucoup d'autres, Ducange paraît être à côte de
la vérité, du vrai sens.)
Villon s. m. Pampre chargé de raisins.
Vlntin, Vlngtalns. m. Murs d'une ville, petit fossé
de fortification, certain droit féodal.
Violet s. m. Sentier, chemin à talons. Diminutif du
lat. via, chemin. (It. viottola.)
Vlousfi v. n. Etre abondant, à foison.
Vlrâ v. n. Tourner.
Yftra-Foulllat, Vlrl-Foulllet s m. Tripes de
bœuf, second estomac des ruminants. .
Vlrondâ v. a. Parcourir en tournant. Virondà la char-
rem, aller et venir dans la rue.
Vlronda s. f. Tournée.
Vlroulët s. m. Gâteau en forme de fer à cheval,
échaude.
Vlrounelrl s. f. Espèce de danse montagnarde, mé-
langée de valse et de bourrée. (De virer, tourner.)
Vltiira s. f. Moyen de transport, cheval ou voiture.
Vivier s. m. Fondrière, prairie marécageuse. Voir
Narse* Mouille.
Voirie s. f. Rue.
143
Volant s. m. Faucille de moissonneur. (D. C. volana )
Vonie? Vorglna s. f. Osier noir employé pour la
\annerïe (Salix purpurea).
Vourcs, pour Oures et Ores adv. Maintenant, à
présent. Le V souvent employé comme aspiration.
Vonrpa s. f. Lâche, fainéant, rosse. (Terme de mé-
pris.)
Vouyancî v. a. Vider.
Voulant adj. Vide, efflanqué.
FIN Dl' DICTIONNAIRE.
DEUXIÈME PARTIE
ESSAI GRAMMATICAL
CHAPITRE PREMIER
PRONONCIATION
Le patois emploie toutes les lettres dont on se
sert en français, sauf quelques-unes rarement em-
ployées ou tout-à-fait inusitées, telles que JT, X, Y,
Z; mais, en revanche, il possède des sons inconnus
à la langue française. Il faudrait emprunter aux
alphabets étrangers plusieurs de leurs caractères
pour rendre la prononciation de certaines syllabes,
comme aô, œu, eu, aou, qu'il est impossible d'ex-
primer, et comme l et gl qui se mouillent de même
que la double II espagnole et le gl italien.
Exemples : média, ecliaore, mec-llia, ec-lliaore;
eclot se prononce à peu près eche-liot.
Une autre différence caractéristique existe pour
les voyelles m, on, un, qui n'ont pas le son nazal
qu'elles affectent en français ; nous avons dû mar-
quer cette différence par un tréma, ainsi in se pro-
nonce à peu près comme le ing anglais, un s'accen-
tue comme une et ou, se rend par oim, mais avec
une expression toute particulière qu'il ne nous est
pas possible d'indiquer.
C'est en tenant compte de ces dissemblances de
prononciation que l'on arrive à reconnaître que
148
beaucoup de termes patois ne sont que des mots
français défigurés par des intonnations spéciales, et
cette observation, qui est essentielle, nous a permis
de débarrasser notre glossaire d'un grand nombre
de vocables dont il aurait été inutilement surchargé.
Pour suppléer à cette absence, il nous suffira d'in-
diquer ici les règles générales qui dans le dialecte
forézien gouvernent ces transformations.
Les voyelles a, e, t, o, u ont la même valeur
qu'en français.
Exception : a se prononce o à Rive-de-Gier, St-
Chamond, Givors, sur les bords du Rhône, comme
dans leDauphiné et la Bresse. Ainsi on dira à Rive-
de-Gier :
« Et riérons chiz Girord, nos restaura démon, »
ce qui se prononcera dans la plaine du Forez :
« Et riérans chiz Girard, nos restaura deman. »
E muet n'existe guère en patois que dans les ter-
minaisons des verbes de la seconde conjugaison;
dans les noms et les adjectifs il se change en a, o,
ou et t. Exemple : Fenna, hommoii, tâchi.
É fermé se change en ô et à dans les participes.
U se change souvent en v comme dans le vieux
français : ouïr, ovî; alouette, alovelta. Il se pro-
nonce aussi œu : bu, cru, bœu, crœu.
Mais c est surtout dans les voyelles composées que
ces changements sont plus multipliés et plus va-
riables.
AI se prononce a et ae : mai, maître, mac,
maétre.
149
AIN se prononce an et à : le pain, loupan; la
main, la ma.
AL se prononce au et à: hôpital ,hôpitau ou hopilâ.
AU se prononce ai et é : chapeau, château, cha-
pat, châlai.
ÉE se prononce à : allée, poêlée, écuellée, alla,
pœllà, ecuellâ. Il faut en excepter année, qui se pro-
nonce an-nie, sans lier les deux syllabes.
EL se prononce er et à : ciel et miel, cier, mier,
châ, miâ, à l'exception de tel, quel, quelqu'un, qui
se prononcent tau , quau , quauqu'un , à cause de
leur étymologie : talis, qualis.
ET se prononce eu, ou mieux avec le son qu'a Ye
muet dans les monosyllabes me, te, se. Bichet,
viaulet, rafet, qui se prononcent à peu près bicheu,
viauleu, rafeu.
EU se prononce o, ot, at, eu : Dieu, Dio ou Dieu.
EUR se prononce aire dans les noms qui peuvent
être qualificatifs : pignaire, parlaire, meissounnaire.
Il se change en ur dans malheur, bounheur.
JE se change en uè, u, io : chèvre se dit chiôra,
chuèra, chûra ; de même pour lièvre, lèvre, fièvre.
IEU se change en io , iœu , ièu : mieux , Dieu ,
mio, Dio.
IN se change en t, ië : chemin, moulin, jardin,
tsami, mouli, dzardië.
01 se prononce oé, ei, eu : soir, boire, voir, noir,
sci, beire, vcire, nei; Antoine, François, Antoènou,
Françoés. Telle était, du reste, l'ancienne pronon-
ciation française, alors qu'on faisait rimer Fran-
çois et français. Le nord de la France , ancienne
langue d'Oil (Oel), la conserve encore.
150
01R se change en au : miroir, arrosoir, enton-
noir, muriau, arrousau, entounau.
ON se prononce oun, ou et u. Dans les monta-
gnes, mouton, saucisson, maison, se disent mountu,
ou mountoun, mouesu ou maisou, etc.
OU se change en oua, oué, te, œu : cou, coué ou
coua ; pou, pœu ou pu.
UI se prononce œu, ot, ou, ua : nuit, cuir, de-
puis, nœu, cceu, dempœu; puits, pou, pua ; Puy,
nom propre et montagne, pœu, pot ou poyi.
UN se change en u dans la montagne : Isacu,
dengu, chacun, aucun.
Pour les consonnes, ces transformations ne sont
pas moins nombreuses, mais elles s'opèrent suivant
une marche plus régulière et qu'il est plus facile de
condenser en principes.
Les principales règles qu'il faut remarquer à cet
égard, sont l'adoucissement presque constant, les
substitutions réciproques et l'emploi des sons com-
posés.
Ainsi les gutturales g et j se changent : g en dz
eij en z, ce dernier surtout en Roannais.
Gl, comme nous l'avons déjà fait observer, affecte
généralement le même son qu'en italien. Exemple :
église, il lié sa.
Les dentales se transforment de même, par des
sons combinés et adoucis : d en dz, t en ts ou tz.
Nota. — Dans les montagnes d'Auvergne, au con-
traire, ces deux consonnes se durcissent, d en gu et
t en qu. Ex. : Guio, guiablou, guie, Dieu, diable, dit.
151
Pour les labiales, outre radoucissement qui est
très-sensible dans b et f qui se changent en v, il y a
cette loi de transmutation propre aussi à la langue
espagnole, qui substitue le 6 au v et réciproquement
le v au 6. On remarque de plus une autre règle spé-
ciale au patois forézien, par laquelle le v se change
en u ou remplace l'aspiration h qui n'existe pas.
Exemple : inw, un ; vet, huit ; vounge, onze ; voures
(pour oures), maintenant.
La substitution du b au v n'est pas la seule, nous
citerons de plus celle de Ys et du ch qui s'emploient
souvent l'un pour l'autre.
Nota. — Ch prend aussi quelquefois le son de
is ou s dur.
•
Enfin, il existe certains sons spéciaux tels que
celui de / mouillée que nous avons déjà signalé, et,
plus particulièrement encore, celui de IV qui af-
fecte, dans notre province, trois prononciations bien
distinctes :
A St-Etienne, elle se prononce dure, gutturale,
frârre, brreyes.
Du côté de Roanne, elle se roule doucement en
faisant vibrer la langue.
A Montbrison, la prononciation en est fade et diffi-
cile à imiter; la pointe de la langue porte au haut
des dents, mais sans vibration.
De plus, par euphonie, IV se supprime quelque-
fois dans le milieu des mots : morceau, mouçai,
mais généralement à la fin, soit des noms, soit des
verbes : jour, tour, j'omo, touo; noir, soir, net, *tt 9 etc.
J52
Signalons encore, en terminant, deux faits essen-
tiels, premièrement l'usage des lettres euphoniques
beaucoup plus fréquent en patois qu'en français.
Exemple : Addu z-au, apporte-le ; ly z-au z-ai
dî7, je le lui ai dit.
En second lieu, l'absence de l'a? dont le son
n'existe pas en patois. Nous croyons devoir insister
d'autant plus sur cette absence, qu'elle se remarque
aussi dans la plupart des langues européennes, le
grec, les dérivés modernes du latin , l'italien, l'es-
pagnol, etc., non plus que dans les idiomes germa-
niques. La prononciation de cette lettre, qui est
particulière au français, est remplacée dans les au-
tres langues par des gutturales fortes ou aspirées.
Ainsi s'explique cette forme caractéristique des
prétérits patois, digue, fugaé, vengué , si commun
dans les montagnes du Forez et qui correspond lit-
téralement au prétérit des Latins, dixi, vixi, etc.
Du reste, pour alléguer un fait incontestable de ce
changement, il nous suffira de citer les Espagnols
et de mentionner comme unique exemple leur verbe
inducir, qui fait au prétérit induxe.
Quant à décider si les Latins prononçaient l'a?
comme le x ou le * des Grecs ou comme Yx et le j
des Espagnols, ou comme Yss ou le che des Italiens,
ou comme le sch ou le g dur des Allemands, ou bien
s'il faut, suivant la méthode de nos écoles, l'exprimer
comme en 'français, chose peu vraisemblable, c'est
une question que nous abandonnons à de plus habiles.
CHAPITRE II
r>u nom
La terminaison des noms masculins patois n'offre
rien de remarquable; elle suit les règles que nous
avons données plus haut pour la transformation pa-
toise de certaines voyelles françaises.
Les noms féminins se terminent généralement en
a, et quelquefois en t.
Le pluriel des noms masculins s'obtient, comme
en français, par l'addition de Vs.
Pour le féminin , il se forme tantôt en ajoutant
un #, tantôt en changeant la finale a en é fermé.
Remarquons ici la parenté qui existe entre notre
patois et les langues italienne et espagnole.
En italien, le pluriel féminin se forme en chan-
geant a en e. En espagnol , on ajoute simplement
un s à l'a, qui devient alors long.
Les différents dialectes du patois forézien parti-
cipent de l'un et de l'autre. On dira lé fenné ou las
fennas, suivant les localités.
Le patois forézien possède un assez grand nombre
de diminutifs et d'augmentatifs, mais moins cepen-
dant que l'auvergnat.
154
Ainsi Ton dit : nez, nâ; petit nez, nason; grand
nez, nacre.
Les diminutifs se terminent généralement en on:
petiot, éclot font petioton, ecloton.
Tels sont : bnyasson, crémasson, couasson, /en-
nasson, garnasson, grailasson, sarpiasson.
Une autre terminaison ai est aussi très-usitée;
mais ajoutée aux noms ou aux adjectifs, elle indi-
que presque toujours une idée de mépris.
Ainsi bourgeoératybouchérat signifient petit bour-
geois, mauvais boucher.
Tels sont boutassat, fomorat, garagnat, haus-
sier at, grossat, jabiat, cheminât, forignat.
Le féminin de tous ces noms se termine en as&i.
Les diminutifs existent aussi dans les noms pro-
pres André, Joseph, Gabrielle, Marie : Drelu, José-
Ion, Biletta, Miette; ce qui n'exclue pas les Nanon,
Marion, Jeanncton, Cathon, Françon, les Piarrot,
Jeannot, Liaudou, Jacquot.
Chez les paysans , le fils aine porte toujours le
nom de maison, le second fils est invariablement ap-
pelé cadet, les autres portent le nom de leur parrain.
Ajoutons qu'en patois les noms propres ont un
féminin : la femme de Martin sera la Martina; celle
de Barthaud, la Barthauda; celle dePagat, la Par
gassi.
Il ne faut pas oublier, d'ailleurs, que les noms
propres sont encore, en patois, ce qu'ils étaient il y
a quatre ou cinq siècles , des surnoms, et que les
véritables noms de famille des paysans n'existent
guère que sur les cotes des percepteurs.
CHAPITRE III
r>B L'ARTICLE
L'article n'existait pas en latin ; les cas en te-
naient lieu. Les langues néo-latines (italien, espa-
gnol, roman) Font emprunté aux langues du Nord.
Les articles patois sont :
MASCULIN SINGULIER.
Lou, lo, lu français : le.
Dou, dau, déu » du.
Ou, au, eu » au.
MASCULIN PLURIEL.
Lous français : les.
De lous » des.
A lous » aux.
FÉMININ SINGULIER.
La, lo français : la.
De la, de lo » de la.
A la, à lo » à la.
FÉMININ PLURIEL.
Lé, las français : les.
De lé, de las » des.
A lé t à las » aux.
156
Faisons observer en passant que devant un mot
commençant par une voyelle, on dit aussi au sin-
gulier pour les deux genres : l\ de /', à F.
Dans l'article féminin pluriel las, Ys ne se pro-
nonce pas devant une consonne, mais l'a est long,
tandis qu'au singulier, il est toujours bref.
Il est probable que les articles contractés die, au,
n'existaient pas autrefois en patois. Des et aux ne
sont jamais employés.
L'article se supprime généralement devant les
noms propres de lieux, de fleuves, etc.
Uaigua de Leiri, de Lignon, de Feron.
L'eau de la Loire, du Lignon, du Furans.
Par contre, il se met devant les noms propres
de femme et tous les prénoms.
CHAPITRE IV
§ '.
Les adjectifs qualificatifs terminés en français par
e muet, sont terminés en patois, au masculin, par
ou et o bref.
Agriablou.
La terminaison a est générale pour le féminin,
toutefois en se rappelant que a se change quelque-
fois en o.
Agriahla, djenta, malrua, nova, neira, blcuva.
Il y a aussi, par exception, quelques adjectifs fé-
minins en i bref.
. Le pluriel dans les adjectifs se forme comme dans
les noms ; au masculin, en ajoutant un s ; au fémi-
nin, en ajoutant un s ou en changeant a en e fermé.
Ina genla fi lia, de gentas fillas ou de gentè fille.
158
§2.
1° Adjectifs démonstratifs.
(En français: ce, cet, celte, ces.) '
Masculin singulier :
Quau, quou, iquau.
Aquë, aquel, qaehi.
Celui, celu.
Iquet, iquetou.
Masculin pluriel :
Quelous, quctous.
Aquelous, iquelous, iquelous.
Féminin singulier :
Quella, aquella.
Iquella, iquelta.
Féminin pluriel :
Quelé, aquelas.
Iquelé, iqueté.
Il y a certainement des nuances à observer dans
l'emploi de ces adjectifs.
2° Adjectifs possessifs.
Les adjectifs possessifs patois n'ont rien de par-
ticulier.
Au singulier : moun et ma.
Au pluriel : mous ou mas et mè.
159
3° Adjectifs numéraux.
Les adjectifs cardinaux désignent le nombre.
Masculin : un, ton, vùn. Féminin : una.
» dous.
» treis.
» quatrou.
» cinq.
» scié, sié, sei.
» set.
» vet.
» not, gnus.
» dta\
Les adjectifs ordinaux marquent Tordre ou le
rang.
Proumi. Proumaéri.
Secound. Secounda.
Treisiémou^ etc. Treisiéma, etc.
»
doué.
»
*
»
»
quatre
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
CHAPITRE V
r> u PRONOM
§ 1. Pronoms personnels.
Singulier.
l rc Personne : io, iou, iéu, jou,ji, me.
2 e Personne : le, tu, quiu.
3 e Personne, pour le masculin : au, aul, a, al,
vou, ov, se.
3 e Personne, pour le féminin : ei, iella, la.
Pluriel.
1 re Personne : nos, nosaulrou, ris, n\
Au féminin : nosautré.
2 e Personne : os, vosautrou, v's.
Au féminin : vosaulré.
3 e Personne : t, ci, cil, eillou, se.
Au féminin : ci, iellas 7 telle, se.
Il convient de faire observer ici que l'usage du
pronom devant les verbes n'est pas dans l'esprit du
patois forézien. Ainsi, il est remarquable que dans
toutes les localités où le patois s'est le mieux con-
servé dans toute sa pureté primitive, le pronom esl
461
complètement supprimé. On peut donc en conclure
que, de même qu'en latin, sa présence devant les
verbes n'est qu'une exception à une règle générale.
§ 2. Pronoms démonstratifs.
(En français : c<? 9 celui, celui-ci, celte, celle-ci,
celle-là, ceci, cela.)
Pour le masculin singulier : aquë, aquë d'échai,
aquë d'avâ, aquë d'achu, c'est-à-dire : celui, celui
d'ici, celui de là-bas, celui de là-haut, etc.
Pour le féminin singulier : aquella, etc.
Pour le masculin pluriel : aquelous, etc.
Pour le féminin pluriel : aquellas, aquellé, etc.
Pour les deux genres (ceci, cela) : aquo, eiquon,
iquen, vou, ov.
§ 3. Pronoms possessifs.
Singulier masculin :
Lou mio, mino, miéune, mi, (Ta mino.
Lou tio, tino, tiéune 9 d'à tino.
Lou sio, sine, chèune, d'à sine.
Singulier féminin :
La mia, mina, miéuna.
La tia, tina, tiewia.
La sia, sina, chéuna.
Singulier pour les deux genres : *
Lou nôtroUy la nôtra.
Lou vôtrou, la voira.
Au pluriel, on dit : lou mine, las on lé miné, etc.,
et à la troisième personne : liou, liour, tour, louar,
(Fàiellouy etc.
il
§ 4. Pronoms indéfinis.
L'un des plus usités dans la langue française, le
pronom on 9 n'a pas de correspondant en patois. Il
se remplace par la troisième personne du singulier
ou du pluriel.
On eut dit : vou esse dit, il serait dit.
On y va : eil ey vant, ils y vont.
On emploie aussi très-souvent dans ce cas la
forme passive.
Quauquûn, quelqu'un .
Quauquare. (\).
Seiquûn, seïq » e.
Seiquant.
Denguûn, ninguùn.
Ren, rès.
Tau.
Aôlrou.
Quau, que.
À l'exception de ren et que, tous ces pronoms
ont un genre et un nombre qui se forment suivant
les règles générales.
§ 5. Pronoms relatifs.
(En français : qui, que, lequel, dont, en, y.)
Que, quau, quùn, lequûn, dauquûn.
Les pronoms se déclinent, à l'exception de que.
(1) La forme de cette expression, qui peut sembler étran-
ge, est rationnelle et conforme à l'étymologie. On sait en
effet que le mot rien vient du latin tes et signifie une chose.
Tu ne vaux rien, signifie : tu ne vaux pas une cfiose quel-
conque.
J
CHAPITRE VI
- / 3£-
t
I>TJ VERBE
Suivant la situation du sujet à l'égard de l'action,
il y a, en patois, autant de sortes de verbes qu'en
français.
De même qu'en italien et en espagnol, il n'y a en
patois que trois conjugaisons, comprenant les verbes
terminés en a, en e, en î : amâ, vendre, fini.
Il ne faut pas conclure de cette règle que le verbe
patois appartienne à la même conjugaison que le
verbe français correspondant. Outre qu'il y a en
français quatre conjugaisons, il est rare qu'un verbe,
même avec le même radical, se termine en patois
comme en français.
Ainsi sentir, courir, sortir, qui sont de la deu-
xième conjugaison française, appartiennent en pa-
tois à la troisième : sïntre, coudre, sôtre.
Les verbes français s'asseoir, pleuvoir, savoir, se
disent en patois : s*asselâ, plôre, sœupre, etc.
Les verbes être et avoir entrant dans la compo-
sition des autres, il convient d'en donner d'abord la
conjugaison.
Nous avons cru être utile et agréable à nos lec-
164
teurs en leur mettant sous les yeux les tableaux
comparatifs du patois avec l'espagnol et l'italien,
non-seulement pour la conjugaison des verbes auxi-
liaires être et avoir, mais encore pour les verbes qui
servent de types aux autres conjugaisons.
VERBE AUXILIAIRE ÊTRE.
INDICATIF
PRÉSENT.
Patois.
Espagnol,
Italien.
Siœu, soué, seï,
soy,
sono.
Chiais, ei, sei,
ères,
sei.
Eï, ei, i,
es,
é.
Sun, semmon,
somos,
siamo.
Soùn,
son,
sono.
IMPARFAIT.
Éra, érou, érïn,
era,
era.
Éras, érias, érë,
eras,
eri.
Ëra, ère,
era,
era.
Éran, érian,
eramos,
eravamo
Éras, érias,
erades,
eravate.
Éran, érian, éroùn,
eran,
erano.
PASSÉ ]
DÉFINI.
Fugué, fiô, cheguéi,
fui,
fui.
Fuguéré, feyu, cheguéras,
fuistc,
fosti.
Fugué, fœu, chegué,
fué,
fu.
Fuguéran, fuman, cheguéran,
fuimos,
fummo.
Fuguera, fuyutes, cheguéra,
fuistes,
foste.
Fuguéroun, furon, cheguéran.
, fucron,
furono.
Saraé, chereï,
seré,
sarè.
Saras, cheras,
seras,
sarai.
Saro, chera,
sera,
sara.
Saran, sarûn, cheran,
seremos,
saremo.
Saris, cheré,
sereis,
sarete.
Saran, cheran,
seran;
snranno.
165
CONDITIONNEL.
Patois,
Espagnol.
Italien.
Sariœu, serin, cheria,
séria,
sarei.
Sariais, sérias, cherias,
sérias,
saresti.
Sari, Serë, cheria,
séria,
sarebbe.
Sarian, serian, cherian,
seriamos,
saremmo.
Saris, sérias, cherias,
seriades,
sarete.
Sarioûn, serian, cherian,
serian,
sarebbero
PRÉSENT DU SUBJONCTIF.
Seye, chaye,
séa,
sia.
Sias, chayas,
séas,
sii.
Seye, sesse, chaye,
sca,
sia.
Seyan, sessian, chayan,
scamos,
siamo.
Seyas, sessias, chayas,
séais,
sia te.
Seyan, sessian, chayan,
scan,
sieno.
IMPARFAIT DU
SUBJONCTIF.
Fuguesse, seyessi, cheguesse,
fuésse,
fossi.
Fuguessias,seyesse,cheguessas,
, fuésses,
fosti.
Fuguessi, seyessi, cheguesse,
fuésse,
fosse.
Fuguessian , seyessian , che-
fuéssemos,
fossimo.
guesson,
Fuguessias , seyessias , che-
fuéssedes,
foste.
guessas,
Fuguessian , seyessian , che-
fuéssen,
fossero.
guessan,
IMPÉRATIF.
Seye, chaye,
séa,
sii ou sia.
Seyan, chayan,
séamos,
siamo.
Siète, chayas,
séd,
siate.
INFINITIF.
Être,
ser,
essere.
PARTICIPE
; passé.
Éto, ita, atru,
si do,
stato.
m
KZ
166
Les temps composés du verbe être se forment ,
non avec le verbe avoir comme en français, mais
avec le verbe être lui-même et son participe passé,
comme en italien.
Ainsi Ton dit : soué élo, saraé étot, etc.
En allemand, le verbe être se sert aussi d'auxi-
liaire à lui-même : Ich bingewesen.
De là vient la locution vicieuse employée par les
paysans lorsqu'ils veulent parler français : Je suis
été, etc.
VERBE AUXILIAIRE A FI, A FA ERE (Avoir).
INDICATIF PRESENT.
Patois.
Espagnol.
Italien.
» • ...
Ai, ei,
he,
ho.
As,
has,
hai.
A, o, *
hay,
ha.
A van, aveïn,
habémos,
abbiamo.
Avaé, avé,
habeis,
avetc.
An,
han,
IMPARFAIT.
hanno.
Ayïn, aya,
habia,
aveva.
Ayas,
habias,
avevi.
Ayi, aya,
habia,
ave va.
Ayan,
habiamos,
avcvamo
Ayas,
babiais,
avevate.
Ayan,
habian,
PASSÉ DÉFINI.
avevano.
Aguio, aguei,
hube,
ebbi.
Agui, agueras,
hubiste,
avesti.
Agui, aguë,
hubo,
ebbe.
Aguimo, agucroua,
hubimos,
avemmo.
Patois.
Agilité, agueras,
Aguiron, aguiran.
Auraé, éurai,
Auras, éliras,
Auro, dura,
Auran, éurein,
Auris, éureis,
Auran, éuran,
Aurin, éuya,
Aurias, éuyas,
Auri, éuya,
Aurian, éuyan,
Aurias, éuyas,
Aurian, éuyan,
Aya, aye,
Ayessi, ayas,
Ayesse, aye,
Ayessian, ayan,
Ayessias, ayas,
Ayessian, ayon,
Avî et avaére,
Gu, agu,
467
Espagnol.
hubisteis,
hubiéroD,
FUTUR.
habré,
habras,
habra,
habrémos,
habreis,
habran,
Italien.
ave s te.
ebbero.
avrô.
a vrai.
avrà.
avremo.
arrête.
avranno.
CONDITIONNEL.
habria ou hu- avrei.
biera,
habrias,
habria,
habriamos,
habriais,
habrian,
avresti.
avrebbe.
avremmo.
avreste.
avrebbero.
PRÉSENT DU SUBJONCTIF.
haya,
hayas,
haya,
hayamos,
bayais,
hayan,
INFINITIF.
haber,
PARTICIPE PASSÉ.
habido,
abbia.
abbi.
abbia.
abbiamo.
abbiate.
abbiano.
avère.
avuto.
Le verbe avoir, dans les temps composés, se sert
d'auxiliaire à lui-même.
168
PREMIÈRE CONJUGAISON AMA.
INDICATIF PRESENT.
Patois.
Am - ou, e,
is, e,
e, a,
an, eu,
as,
011,
Espagnol.
Italien.
am —
o,
am
— 0.
as,
•
î.
a,
a.
amos,
iamo
ais,
ate.
an,
ano.
Ain —
Ara —
Am —
IMPARFAIT.
ayïn, ava,
am —
ava,
ayas, avas,
avas,
ayë, ava,
ava,
avan, avan,
avamos.
ayas, avas,
avades,
ayan, avon,
avan,
PASSÉ DÉFINI.
io, ei,
am —
é,
ie, ias, cras,
aste,
eï, c,
o,
cron, éran,
amos,
éras,
aste,
éron, érûn,
FUTUR.
aron,
arei,
am —
arei,
ciras,
aras,
ara, aro,
ara,
aren, aran,
arémos
are, areis,
aron, aran,
arei s,
aran,
am —
ava.
avi.
ava.
avamo.
avate.
avano.
am —
ai.
asti.
ô.
ammo.
aste.
arono.
am — erô.
crai.
crà.
eremmo.
erete.
eranno.
169
Am —
Am —
CONDITIONNEL.
Patois
Espagnol.
arïn, i
îia,
am
— aria,
arias,
aias,
arias,
ari, aia,
aria,
arion,
aian,
ariamos,
arias,
aias,
ariades,
arian,
aion,
arian,
PRÉSENT
DU
SUBJONCTIF.
e,
am
— e,
•
es,
Italien.
am —
erei.
eresti.
erebbe.
eremmo.
c reste.
erebbero
am — i
îan,
ias,
on.
emos,
eis,
en,
IMPARFAIT DU SUBJONCTIF.
Am — essïn, esse,
essias, essa,
esse,
essian, essan,
essias, essa,
essian, esson,
Am — â,
Am — a, o, ado,
am — asse, am —
asses,
asse,
assemos,
assedes,
assen,
INFINITIF.
am — ar,
PARTICIPE PASSÉ.
am — ado, am
i.
X •
iamo.
iate.
ino.
assi.
assi.
asse.
assimo.
aste.
assero.
am — arc.
ato.
Les temps composés se forment avec le verbe
avoir et le participe passé.
Tous les verbes terminés à l'infinitif en â se con-
juguent sur le verbe amâ.
Tels sont : beltà, essoublâ, abadâ, aissavâ, etc.
170
SECONDE CONJUGAISON VENDRE.
INDICATIF PRESENT.
Patois,
Espagnol.
Italien.
Vend — e,
tem —
-o,
tem-
— 0.
•
es,
e,
•
e.
en,
emos,
iamo.
é,
eis,
ete.
on,
en,
ono.
IMPARFAIT.
Vend — ïn, ia
»
tem-
-ia,
tem-
— eva.
ias,
ias,
evi.
ia,
ia,
eva.
ian,
iamos,
evamo.
ias,
iades,
evatc.
ion,
ian,
evano.
PASSÉ DÉFINI.
•
Vend -— ci, iguei,
tem —
-é, i,
tem-
— ei.
era, i
guéras,
iste,
esti.
e, igué,
io,
è.
eran,
iguéran,
imos,
emmo.
eras,
iguéras,
isteis,
este.
eran
, iguéran,
FUTUR
ieron,
•
erono.
Vend — rei,
tem-
-éré,
tem
— erô.
ras,
éras,
erai.
ra,
cra,
erà.
ren,
éremos,
eremo.
re,
creis,
eretc.
ron,
éran,
eranno.
471
CONDITIONNEL.
Patois.
Vend
Espagnol.
Italien.
Vend —
Vend —
Vend
ria,
tem-
— éria,
tem-
- erei.
rias,
érias,
eresti.
ria,
éria,
erebbe.
rian,
ériamos,
eremmo.
rias,
ériades,
ereste.
rion,
érian,
erebbero
PRÉSENT DU SUBJONCTIF.
e, ou,
tem-
-a,
tem-
-a.
•
as,
•
i.
e,
a>
a.
ian,
amos,
iamo.
ias,
ais,
iate.
on,
an,
ano.
IMPARFAIT DU
SUBJONCTIF
■
essïn,
esse,
tem-
— iesse,
tem -
- cssi.
essà.
iesses,
essi.
esse,
iesse,
esse.
essan,
iessemos
>
essimo.
essas,
iessedes,
este.
essan,
iessen,
csséro.
INFINITIF.
re,
tem-
PARTICIPE
-er,
PASSÉ.
tem-
- ère.
iu,
tem-
— ido,
tem-
— uto.
Les temps composés se forment avec le verbe
avoir et le participe passé.
Les verbes terminés à l'infinitif en re et e se con-
juguent généralement comme vendre.
472
Tels sont : econdre , aveindre , appoundre , re-
vondre, etc.
Il y a cependant, dans cette conjugaison, beau-
coup de verbes irréguliers : sœupre, segre, cheire,
ecourre.
TROISIÈME CONJUGAISON SERVI.
INDICATIF PRÉSENT.
Patois.
Espagnol.
Italien.
Serv
— e,
sub —
■o,
sent-
— 0.
•
es,
•
i.
e,
e,
e.
en,
imos,
iamo.
e,
is,
ite. '
on,
en,
ono.
IMPARFAIT.
Serv
— ia,
sub —
ia,
sent-
— iva.
ias,
ias,
• •
m.
ia,
ia,
iva.
ian,
iamos,
ivamo.
ias,
iades,
ivate.
ion, ian,
ian,
ivano.
PASSÉ DÉFINI.
Serv
— igue,
sub —
■i,
sent
• •
— u.
iguerns,
iste,
isti.
igué,
io,
i.
iguéran,
imos,
immo.
iguéras,
isteis,
iste.
iguéran,
FUTUR
iéron,
•
irono.
Serv
— irei, iraé,
sub —
iré,
sent-
— irô.
iras j
iras,
irai.
173
Patois.
ira, iro,
iren, iran,
ire, iri,
iron, iran,
Serv —
înn, îa,
irias, ias,
irë, ia,
irian, iao,
irias, ias,
irian, ion,
Espagnol.
ira,
iremos,
ireis,
iran,
Italien*
ira.
iremo.
ire te.
iranno.
CONDITIONNEL.
sub — iria, sent — irei .
irias,
iresti.
iria,
irebbe.
iriamos,
iremmo.
iriades,
ireste.
irian,
irebbero
PRESENT DU SUBJONCTIF.
Serv —
e,
■
11
e,
ian
ias,
on,
suh — a.
as,
a,
amos,
ais,
an.
sent — a.
i.
a.
ïamo.
iate.
ano.
IMPARFAIT DU SUBJONCTIF.
Serv —
Serv — î,
Serv — i,
essin, iguessc,
sub -
- icsse,
sent
— 1881.
essias, i gués sa,
iesses,
issi.
esse, iguesse,
iesse,
isse.
essian, iguessan,
iesscinos
; >
issimo
essias, iguessa,
iessedes,
i
iste.
essian, iguesson,
iessen,
isscro.
INFINITIF.
A
sub-
-ir,
sent-
— ire.
PARTICIPE
PASSÉ.
i,
sub -
- ido,
sent-
— ito.
174-
Les temps composés se forment avec le verbe
avoir et le participe passé.
Les verbes terminés à l'infinitif en î se conjuguent
comme servi.
Tels sont : adenci, acanî, avarî, décharnî, étar-
ni, etc.
Aux xvi e et xvn e siècles, les verbes de cette con-
jugaison se terminaient généralement, à St-Elienne,
en ter : couchitr % reprochier.
On appelle irréguliers les verbes qui s'éloignent,
à certains temps et à certains modes , des règles
établies pour les conjugaisons qui précèdent. Nous
n'entreprendrons pas d'en donner la liste, car, en
patois, les verbes irréguliers sont au moins aussi
nombreux qu'en français. Nous n'insisterons pas
non plus sur les verbes passifs, neutres ou prono-
minaux, ces détails n'offrant rien d'intéressant.
Mais nous dirons un mot des verbes imperson-
nels. Tels sont : Isaà, elvouède, siore, il faut, il fait
des éclairs, il neige, etc.
Voici la conjugaison du verbe tsallt, falloir :
Indicatif présent : tsao, il faut.
Imparfait : is allia, il fallait.
Passé défini : tsêugaê, il fallut.
Futur : tséudra, il faudra.
Conditionnel : Iséudria, il faudrait.
Participe passé : tséugu, fallu, etc.
CHAPITRE VII
I>U PARTICIPE
Le participe présent n'offre rien de remarquable
en patois. Cependant on l'emploie quelquefois pour
remplacer d'autres temps et exprimer une action
présente ou passée.
Ainsi Ton dit en patois : aul ère séchant, il sé-
chait; F aigua vai v allant, l'eau descend.
Les participes passés de la première conjugaison
terminés en français par é fermé, se terminent en
ot ou al.
Ainsi : bittot, assetot, essoublot, moudot, es-
sampol.
Quelquefois IV fermé se change en e muet. De là
vient que les paysans disent invariablement , en
croyant parler français : gonfle, trempe, enfle, ar-
rête, use, etc.
« Celte vache est gonfle.
« Je suis trempe de pluie.
« Il est enfle.
« L'horloge est arrête. »
Au lieu de dire gonflée, trempé, enflé, arrêtée, etc.
176
Les participes passés de la deuxième conjugaison
se terminent généralement en u : saubu, écondu,
revondu, redu> counussu, neissu, paraissu, mor-
su, etc.
Les participes passés de la troisième conjugaison
se terminent généralement en i : epeli, sarvi, fi-
gni, etc. ; mais il y a beaucoup d'exceptions.
CHAPITRE VIII
■de,-
I>E LADVERBE
1° Les adverbes de manière sont peu usités en
patois.
2° Les adverbes de temps : autravez, tores, Acri,
onhen, deman, enquœu.
3° Les adverbes de lieu : on le, donte iqui 9 içai,
Mai, dedïns, defô, ailai, alyin, alpoyi, a&sw.
4° Les adverbes d'ordre : pœu, ensiôle.
5° Les adverbes de quantité : pot, trop^ meiw,
prou, tant, may.
6° Les adverbes de comparaison: miox, may,
meim, étu, courna, quant.
7° Les adverbes d'affirmation et de négation :
otiat, gin ou gès.
12
CHAPITRE IX
N*>
I>E LA PRÉPOSITION
Les principales prépositions patoises sont :
Ambè) obé, au,
avec.
Endè, endcpœu,
depuis.
ChiZ)
chez.
Darri,
derrière.
Davant,
avant.
Dcmpœu,
depuis.
Maugrâ,
malgré.
Par,
pour.
Sobre,
sous.
Tandioj
tandis.
Véqaio, véquia,
voici, voilà.
CHAPITRE X
--36-
I>E LA CONJONCTION
Voici les principales conjonctions patoises :
Accvurre,
quand.
Ma que,
pourvu que
Par que,
pourquoi.
Mas,
mais.
Pas meins,
cependant.
CHAPITRE XI
I>E L'INTERJECTION
Voici les principales interjections :
Aia ! aïe !
Omi !
hélas i
Dia, Dié,
•
Mardia,
pardieu.
Adio-coumand,
adieu.
Adioussias,
adieu.
Feriluè)
vraiment
Houche,
Jfoussu,
Assa,
allons.
CHAPITRE XII
I>E L'ORTHOGRAPHE
Les paysans foréziens parlent le patois comme le
parlaient leurs pères, beaucoup moins bien cepen-
dant, mais sans se douter davantage que la gram-
maire soit Part qui enseigne « à parler correcte-
ment. » Nous n'ajoutons pas « et à écrire correcte-
ment, » car nos auteurs patois n'avaient pour guide,
en écrivant leurs œuvres, que leur fantaisie ou une
méthode personnelle ; et ça été bien pis quand les
éditeurs s'en sont mêlés. Le Ballet forézien, les
poésies des Chapelon, et les publications plus mo-
dernes elles-mêmes sont un mélange incohérent de
lettres et de mots à défier la sagacité du philologue
indigène le plus patient et le plus habile.
L'essai grammatical placé à la suite de notre
glossaire n'a point, on le pense bien, la prétention
d'établir des règles invariables pour parler ou écrire
le patois.
En effet, cette question de l'orthographe présente
des difficultés multiples que la langue française
même est bien loin d'avoir résolues, puisque, de
l'avis des plus savants philologues, nos grammaires
182
et nos dictionnaires français, sans exception, sont
dépourvus de toute pensée critique et remplis d'in-
conséquences. Une bonne orthographe serait celle
qui n'emploirait que juste assez de lettres pour dé-
terminer d'une manière précise la prononciation
d'un mot et en rappeler Pétymologie.
Il n'existe que trois systèmes pour atteindre à la
solution de ce problème complexe.
Le premier consisterait à écrire une langue abso-
lument comme on la prononce. Ce système qui avait
été souvent proposé , et notamment par des nova-
teurs du xvi e siècle, n'a jamais pu aboutir. Cette
uniformité d'écriture et de prononciation, ce rap-
port de l'orthographe au langage n'existe dans au-
cune langue. Il est encore moins possible en patois.
La première et principale raison, c'est qu'il faudrait
faire un dictionnaire spécial pour chaque localité
d'un pays, quelquefois même pour chaque quartier
d'une seule ville.
Le second système, qui n'est applicable qu'à un
petit nombre de mots, est celui de l'étymologie.
Mais il présupposerait une connaissance parfaite de
l'origine de chaque mot : ce qui n'existe pas. Il de-
viendrait même impossible en certains cas, par
exemple pour les étymologies du roman , dont la
propre orthographe n'a jamais été fixée.
Reste une troisième méthode pour écrire le pa-
tois : c'est d'essayer de rapprocher l'orthographe
des mots patois des mots français correspondants.
Quoiqu'il présente certainement des inconvé-
nients, ce système a néanmoins cet avantage réel de
183
faciliter la lecture du patois et de défigurer beau-
coup moins nos idiomes que la prétendue orthogra-
phe celtique dont on a voulu parfois les affubler.
La multiplicité des consonnes A, k 9 etc., des traits
d'union, des apostrophes, ne suffit pas pour donner
à une langue le caractère qui lui est propre.
On comprendra sans peine, que les patois étant
des dialectes qui n'ont jamais été fixés d'une ma-
nière précise comme les langues qui ont laissé des
monuments littéraires, et qui ont été élaborées par
une pratique constante et séculaire, doivent être par
conséquent plus difficiles à orthographier.
En présence de ces obstacles, nous avons adopté
un moyen terme. Ainsi nous avons, suivant les exi-
gences, fait des emprunts à chacun de ces trois
systèmes. Dans le glossaire, nous avons ramené les
mots à une orthographe à peu près uniforme et ré-
gulière, sans tenir compte des variations qu'ils peu-
vent subir dans les divers dialectes. Les mots chiôra,
chuera % chuta, chabre, ne pouvaient fournir des
articles spéciaux, non plus que anheu, anhui ,
anhot, anhei, qui sont des formes différentes d'un
même vocable.
Cependant, dans le chapitre consacré à la géo-
graphie des patois, nous avons dû suivre une mé-
thode différente, en raison même du sujet, et nous
avons écrit les mots comme ils se prononcent, tout
autant du moins qu'il a été possible de le faire.
TROISIÈME PARTIE
HISTOIRE LITTERAIRE DU PATOIS
CHAPITRE PREMIER
3^
ORIGINES ET IMPORTANCE DU PATOIS
Le patois forézien est un dialecte néo-latin dans
lequel sont restés cependant un très-grand nombre
de mots appartenant à l'idiome parlé primitivement
dans nos contrées.
Quelques exemples nous suffiront pour démon-
trer ce fait. On trouvera dans l'exemple suivant les
rapports incontestables qui existent entrç le latin
et le patois :
Aborior, abouriao; adducere, addure; allocare,
allongé; œquare, egud; alapa, amplan; anilis,
aneille; antequam, anqueu; ara tus, arat; aries,
aret; aperire, erî; atria, aîlres; aura, aura; cal-
care, chauchâ; catena, cadèna; cathedra, cathière ;
carabilis (via), chareire; cibus, civada; congeries,
congère; cundire, cundire; comparare, comprâ;
coma, coma; expectare, appeitâ ; expelli, epeli;
flatus, fiai; galina, jalena; hortus, hort ; foras, de
fô; latus, lai ; mulgere, mouijre; mustella, mou-
liale; noctua, nôque; quanti, quant; paries, parei;
retrahere, retraire; sadus, sade; subrigare, soubri;
188* •
timere, temà; trabes, trat; translucere, Iralure;
trolium, treuil; trivium, treive; viscum, vaque, etc.
Des analogies non moins frappantes existent en-
tre le patois et l'espagnol :
Apio, api; arpa, arpa; acallar, acalld; acuchar,
acuchâ; agradar, agradâ; a fan, afan; agardiente,
aguardiente ; andana, andain ; aparar, aparâ;h%-
dulaque, badolat; bambanear, bambanâ; barrio.
barri; bellote, belot; botta, boula; bofetada, bouf-
fettes ; carcamella , carcavella; canasta, canestar;
eabestro, chab; cavar, chavâ; chico, chichon; chis-
quete, chiquet; quesera, chasaere ; escoba, ecoubat;
encachar, enganâ; faron, faron; gorgojo, gour-
guillon; gorrona, gourinna; ningun, nengun; loso,
losou; mezclar, média; moro, mouret; niebla,mt-
ble; novia, novie; rascar, râche; raiz, rage; rego-
nar, rejonioux; rengo, renquël; rio, rio; roncar,
ronchâ; # eebadura, sebodura; serrar, sarrâ; ta pon,
elapon; tijeras, tazouères; tinaja, tinailli, etc.
Il en est de même pour l'Italien :
Bicchiere, bichi; boccone, boccon; galuppo, ga-
loupa; gridare, gridâ; gona, gônot; à gorgota, à la
gorgolla; loffa, louffa; magnano, magnen; malen-
conico, malencogni ; marcire, marsî; merenda, ma-
renda; minestrare, menelrâ; morello, moreilli;
ora, ores; ortaggio, hortolageou ; pastinana, pas-
tonnade; potare, pouer; poggiare, pouya; poppa,
poupa; ranto, ranquet; ricotta, rigotte; riota, riota;
quassu, thi-assus; tinaja, iina; tiranneggiare, ti-
rancht; tracollo, tracolla; traforare, traforâ; tra-
gettare, trageâ; vite-bianca, vigne-blanc, etc.
189
Pour les langues que Ton a appelées celtiques, il
est plus difficile de faire des citations certaines. Ce-
pendant, voici quelques mots authentiques:
Àstell, accourt, adoba, auch, aireach, ariar, auch,
barr, beina, bel, bour, bul, bog, bruson, briaw,
brancell, bucla, euch, cos, cal, eau, cai, cora,
dailli, farr, fallig, far, gour, galach, gluen, ga-
rhouein, ging, glaff, gorre, gouil-laith, gouhin, go y,
ing, jail, keina, laisch, mâcha, regoni, ridourès,
ram, sal, sagne, suc, strouill, tach, tinhau, g w cr-
ue, etc.
Ces vocables ont évidemment donné naissance
aux mots patois qui suivent :
Etelle, accore, adouba, auch,area, aria, barri,
boena, boureiri, breson, se brancellà, brave, buelà,
cale, eaux, cayon, clœu, se couerli, couevou, cou-
rai, dailla, faron, garna, gerla, gïnguà, gliafa, gorre,
gourd, goye, patella, peilla, per, poy, rachi, rama,
sagni, sarrâ, seilli, tachi, tina, tôma, varne, etc.
Nous ferons observer à ce propos que nous ne
prétendons pas donner comme incontestables toutes
les élymologies que nous avons insérées dans notre
glossaire. Nous n'affirmerions pas, par exemple,
que le mot purement lyonnais de gone, enfant, ga-
min, vienne du hottentot gona qui a la même signi-
fication; que le mot d'argot rigoler soit tiré du
sanscrit, ce qui pourrait cependant se démontrer.
Nous ne dirons pas non plus avec l'abbé *** que
le mot sac, qui se retrouve dans toutes les langues,
se soit ainsi conservé jusqu'à nous, parce qu'à l'épo-
que de la dispersion des peuples et de la confusion
190
des langues, sous les murs de Babel, personne n'ou-
blia d'emporter son sac !
Ménage avouait qu'il avait cherché pendant 56
ans d'où vient ramberge , dans la signification de
certain goût ou certaine odeur de melon, sans pou-
voir trouver cette étymologie. Le brave homme y
perdit son temps et son latin.
Si les étymologistes ont été parfois puérils et ri-
dicules, la faute en est à eux-mêmes. Au moins,
Rabelais savait échapper à ce reproche, en mêlant
la plaisanterie à ses dissertations scientifiques :
« Car trincq est ung mot panomphée célébré et
« entendu de toutes nations, et nous signifie beu-
« vez. Vous dictes en yostre monde que sac est
« vocable commun en toute langue, et à bon droict,
« et justement de toutes nations reçu. Car, comme
« est l'apologue d'Esope, touts humains naissent
« un sac au col, souffreteux par nature et mendians
« l'ung de l'aultre. »
Quoi qu'il en soit de la valeur de quelques-unes
de nos étymologies patoises, on reconnaîtra, par
les exemples certains que nous avons donnés, que
notre dialecte forézien, formé d'éléments aussi ri-
ches et aussi variés, aurait pu devenir une langue
proprement dite, s'il eût pu atteindre à un degré
suffisant de perfection de forme et de syntaxe gram-
maticale, et s'il eut produit des écrivains assez puis-
sants pour l'élever à ce double résultat.
On a dit bien souvent que si Paris se fut trouvé
sur la rive gauche de la Loire, nous autres Français
parlerions aujourd'hui patois...
n
191
Néanmoins, dans son rôle modeste de dialecte
oublié, le patois étudié sérieusement peut prêter à
la science quelques lumières et quelque secours.
Nous ne voulons même pas parler de cette impor-
tance capitale que tous les patois peuvent présenter
au point de vue de l'ethnologie et de l'étude géné-
rale des langues européennes, ou de l'étude spéciale
du français. Quelques intéressantes que puissent
être de semblables recherches, nous n'essaierons pas
de les poursuivre. Un pareil travail demanderait à
lui seul. plusieurs volumes et des connaissances plus
étendues, un savoir plus profond que
Nous voulons nous borner à signaler quelques
aperçus curieux qui indiqueront pour le patois une
utilité dont l'application est plus immédiate.
L'histoire locale pourrait y trouver des éclaircis-
sements qu'on chercherait vainement ailleurs. Nos
vieilles chartes, depuis le xn e jusqu'au xvi e siècle,
contiennent une foule de mots d'un usage purement
local, et que Ducange n'a pu connaître. Nous trou-
vons, dans certains actes du Cartulaire de Savigny,
le mot lista pour désigner une mesure de vigne :
c'est la lile actuelle du Forez. Papon emploie, dans
ses arrêts, les mots vée> (os, etc., « chose, propriété,
acqueduc, conduit, » que le patois dit encore veya,
ton. On trouve dans l'historien La Mure le mot
potier, en patois pouâ, pour « tailler la vigne. » Et,
de nos jours, les annonces judiciaires contiennent
souvent la mention « sous les heurts, » sous les jar-
dins, qui appartient au langage vulgaire. Nous n'in-
sisterons pas davantage sur ce point.
192
La géographie provinciale deviendrait aussi , à
l'aide du patois , d'une étude plus claire, plus fa-
cile et surtout plus méthodique.
En jetant les yeux sur le dictionnaire géographi-
que du Forez, on est frappé du retour des mêmes
noms appliqués à des lieux quelquefois fort éloignés
les uns des autres. Ainsi, les deux Cornillons, l'un
au nord, l'autre au sud du Forez; la Roche-Cor-
bière, à Rochetaillée ; la Roche-Corbine, à Boën, de
même que les Poyet, les Crozet, etc., ont certaine-'
ment la même étymologie. Quelques-uns de ces
noms sont empruntés au règne végétal. St-Bonnet-
de-Couraux signifie St-Bonnet-des-CV*énes, du patois
coura; le nom d'un hameau voisin, la floure (lat.
robur, chêne), confirme l'exactitude de cette éty-
mologie. Les villages de la Chassagne portent le
même nom (en patois, chas son, chausse, chêne).
Fraisse, fraissinet, est le nom patois du frêne ; olla-
gnier, celui du noisetier; garnier, celui du pin;
fau, fayard, fayolle, celui du hêtre ; vargnon, ver-
nois, la vernade, le vernet, celui de l'aulne, etc.
Les noms suivants : les Frans, les Essarts, Esser-
lines, Issartaise, signifient bois et terres défrichés.
Ceux des Flaches, Flachères, les Sagnes, Pramol,
Solaigue, Àveise, Aveysieux, indiquent un sol hu-
mide ou des prairies marécageuses.
Les noms purement patois de Chambon, Varen-
nes, Verchère, Chaninat, Bourgchanin, Champas,
Champages, indiquent la nature bonne ou mauvaise
du terrain.
L'établissement, dans l'origine, d'une ferme ou
j
193
d'une chaumière dans une localité, a produit les
noms de lieux qui suivent : le Mas, Mazet, la Chaise,
Chasal, Chazaux, Chazelles, Cazalet (de mamm et
casa, habitation et chaumière).
C'est à regret que nous nous arrêtons dans cette
nomenclature de noms de lieux qui nous entraîne-
rait trop loin. Car nous ne connaissons rien de plus
intéressant que cette étude géographique de son
pays, qui est impossible sans la connaissance du
patois.
La géographie générale de la France a tout à
gagner dans ces études de géographie provinciale.
Les cartes du Lyonnais, du Beaujolais, du Velay, de
la Bresse, du Dauphiné, nous offrent une multitude
de noms qui se retrouvent en Forez souvent identi-
quement les mêmes, quelquefois avec de simples
différences de terminaison.
Ces différences sont du reste soumises à des règles
qu'il serait peut-être possible de généraliser.
En Lyonnais, par exemple, beaucoup de noms
anciens se terminent en y : Marcilly, Savigny, Le-
gny, Grigny, etc.
Dans la plaine du Forez, nous trouvons : Marcil-
lieu, Savigneux, Leignieu, Grézieux, indépendam-
ment de la première forme, dont il existe aussi
quelques exemples. Le patois les confond du reste
dans la même prononciation : Savigny et Savigneux
se prononcent Savignaô.
Dans les montagnes du Forez, les noms affectent
la finale ec : Bransiec, Seyssiec, Legniec, Reriec,
Uliec, Sommeriec, etc. En approchant du Velay et
13
194
de l'Auvergne, la terminaison ac est dominante.
Cette dernière forme est la plus primitive ; ac,
latinisé en acus, par les Chartes du Moyen-Age,
signifie, en Celtique, habitation. La première partie
du mot est ordinairement un nom propre, et pour
les localités anciennes, peut-être celui d'un affran-
chi gallo-romain : ainsi Marcelli-ac, Sabini-ac, si-
gnifierait habitation de Marcellus, de Sabinus (1).
Il n'est pas jusqu'au blason, science trop négligée,
qui ne puisse trouver d'utiles renseignements dans
le patois. Sans parler des termes que cette science
a empruntés à la langue romane, et qui peuvent être
restés dans nos idiomes, les armoiries parlantes de
plusieurs familles foréziennes seraient incompré-
hensibles sans l'aide du patois.
Quelques exemples suffiront pour démontrer que
notre proposition est sérieuse.
Grailhe de Montayma porte d'argent au hêtre de
sinople, accompagné de deux grailles ou corbeaux
de sable, etc.
Chirat de Souzy : d'azur au lion d'or grimpant
contre un chirat ou tas de pierres d'argent.
Challaye : d'argent à une main tenant trois ra-
meaux de challaye ou fougère au naturel, etc.
(1) Il serait facile d'étendre cette observation à d'autres
départements. Dans celui de l'Ain, par exemple, l'ancienne
Dombcs a conservé les noms en ieux : Savignieux, Mizericux,
Reyrieux, Parcicux, etc. Dans la Bresse, les noms se termi-
nent fréquemment en at : Mezeriat, Ceyzeriat, Chavcyriat,
Montagnat, etc. Et nous trouvons enfin, dans les montagnes
de Gex, Çhalex, Ornex, Echevenex, Lelex, etc.
195
Les Ollagnier ont un noisetier ou ollagnier dans
leur blason; les Fayard, Fayeul, La Faye, un fayard
ou hêtre; les Vernes de Puylaurens, Verne de Ba-
chelard, La Vernade, etc., un verne ou aulne; les
Chausse de Sommeriec, un chausse ou chêne, etc.
Telles sont les observations principales que nous
avions à présenter au sujet de l'utilité que diverses
sciences peuvent trouver dans l'étude de nos dialec-
tes patois.
CHAPITRE II
^&-
DIALECTES DU PATOIS FOREZIEN
Le patois du Forez appartient à la langue d'Oc,
non-seulement par les caractères généraux du lan-
gage, mais encore par la similitude frappante des
idées, des images, des locutions proverbiales, enfin
par une parenté de mœurs incontestable. Quelques
chartes de la fin du xm e siècle, écrites en langue
vulgaire, nous prouvent qu'à cette époque le lan-
guedocien était compris et conséquemment parlé
dans le Forez.
A la vérité, nous ne pouvons pas dire avec les
Provençaux :
« La langue nationale vient d'éclore ! *>
Non : notre patois, depuis longtemps, bat en
retraite devant la langue française. N'ayant ni Jas-
min, ni Mistral pour le reconstituer, il se dénature
incessamment sous l'influence de la civilisation, et
bientôt il n'aura plus d'existence à lui.
La multiplicité des dialectes qui le composent
est, à notre avis, une preuve évidente de décadence.
Pour l'étranger, tous nos idiomes foréziens pa-
197
missent identiques, mais les nuances qui les distin-
guent sont parfaitement perceptibles pour l'oreille
des indigènes, à tel point qu'un paysan, pour peu
qu'il s'éloigne de son village, est de suite reconnu
à son accent, et qu'on peut lui dire, sans crainte
de se tromper : « Vous êtes de tel endroit. »
Une chose qui parait d'abord invraisemblable,
c'est que, dans une même ville, les habitants des
divers quartiers ne parlent pas précisément le même
dialecte. Les corporations, les professions héréditai-
res ont conservé des idiotismes particuliers. Nous
n'en voulons pour preuve que le jargon des bou-
chers de St-Etienne, bien différent du patois gaga :
la légende malicieuse prétend qu'ils ont eu un singe
pour professeur. Â Mon tb ri son, les patois des fau-
bourgs de la Croix et de la Madeleine, des quartiers
de Bourgneuf et de la Porcherie, offrent des varian-
tes analogues. Les villages de Moingt, d'Ecotay, de
Champdieu, qui en forment pour ainsi dire la ban-
lieue, se trouvent dans le même cas. Il y a trois
patois différents au Chambon; et à Roanne, qui
pourrait confondre un marinier avec un simple
citadin, en les entendant causer?
Il ne faut pas croire, en effet, que le voisinage de
deux villages établisse entre eux une communauté
de langage. Les patois de Beaulieu, près de Bourg-
Argental, et de Sury, ressemblent beaucoup plus à
celui de St-Etienne que celui de quelques localités
voisines, Tarentaise ou St-Genest, par exemple,
dont la forme est tout-à-fait montagnarde. St-Genis-
Terrenoire est voisin de Rive-de-Gier, et pourtant
198
le parler sourd et nasal des habitants de ce village
sonne désagréablement aux oreilles des Ripagériens.
A Jonzieu, on ne se sert pas des pronoms dans les
conjugaisons; ils sont usités dans le village le plus
voisin.
On peut prévoir dès lors que le classement admi-
nistratif est loin de cadrer avec les limites philolo-
giques, dont les causes sont bien étrangères à celles
qui ont présidé aux circonscriptions territoriales.
Nous avions eu, de prime abord, l'intention de
classer les divers dialectes du Forez, en les rame-
nant à des règles générales, en dressant des tableaux
où chaque prononciation se touvàt indiquée. Mais
ce travail, outre qu'il était fort long, présentait aussi
de grandes difficultés, comme on peut en juger par
un simple fait.
Les patois de Feurs, de St-Germain-Laval et de
St-Just-en-Chevalet, offrent des affinités frappantes.
Considérés dans leur ensemble, c'est la même lan-
gue. Ainsi, ceufse prononce ué dans ces trois loca-
lités. Mais bœuf se dit buai à St-Just, et bou à St-
Germain et à Feurs ; chèvre se dit chûre à Feurs, et
chiara à St-Just; yeux se prononce ayes à St-Just,
yeux à Feurs, et aès à St-Germain ; ainsi de suite.
En présence de résultats aussi peu positifs, on
tombe immédiatement dans la confusion. Si certains
sons paraissent entrer dans une combinaison préa-
lablement adoptée, d'autres mots, au contraire, ne
suivent pas du tout le même système.
Après bien des essais infructueux, nous avons
renoncé à notre projet. Tel idiome ressemble à tel
100
autre : voilà le fait; l'explique qui pourra. Cette
explication n'est pas impossible, nous en sommes
convaincus, mais nous devons avouer qu'un pareil
travail nous a effrayé. On trouverait probablement,
dans ces variations inexplicables, des études d'eth-
nologies fort intéressantes, mais ici surtout nous dé-
clinons notre compétence.
Toutefois, on peut établir de grandes divisions,
basées sur des principes certains et universellement
reconnus.
Les montagnes qui avoisinent le Velay et l'Au-
vergne ont conservé un langage plus pur et plus
Aiergique. Celui d'Usson se fait remarquer par une
foule de mots originaux, une grande quantité de
diminutifs, par la forme auvergnate des verbes, les
v changés en 6, les d durcis, le pluriel des noms
féminins, etc. Celui de Jonzieu, sur les limites du
Velay, offre les mêmes caractères. On peut ranger
dans la même catégorie les dialectes des montagnes
de St-Bonnet-le-Chàteau : Périgneux, Luriec et St-
Jean-Soley mieux; ce dernier affecte des tournures
espagnoles et nous a paru fort harmonieux, surtout
en comparaison de celui de Marols, village qui ne
se trouve qu'à quatre kilomètres du précédent.
Les dialectes de la plaine du Forez sont plus
lents, plus fades, moins accentués. Si Ton veut
trouver le vrai patois forézien, sans trop d'altéra-
tion, il faut aller le chercher dans les montagnes
de St-Georges-en-Couzan et Chalmazelle, de St-Just-
cn-Che valet et Cremeaux; car dans les villes de no-
blesse, de bourgeoisie ou de chicane, comme à
200
Montbrison, le français officiel a laissé de profon-
des traces.
Les villes manufacturières, au contraire, ont plus
énergiquement résisté à celte invasion. Sant-Thiève,
Revardegiy Sant-Chaumont et Gibors parlent un lan-
gage sonore et criard, un vrai patois de forum, de
marché public. A St-Etienne, une des principales
villes de France, le patois est encore profondément
enraciné; ouvriers et patrons lui conservent une
égale affection.
Dans ce qui précède, nous avons omis de parler
du Roannais. C'est qu'en effet le Roannais ne rentre
pas dans notre classement philologique. Il appar-
tient au Bourbonnais, et cette province, si nous ne
nous trompons, fait partie du pays de langue d'Oil.
Là, sauf Tidiome professionnel des mariniers de la
Loire, sauf l'accentuation, le zézaiement, etc., le
langage n'est que du français dénaturé. La ligne de
démarcation entre le Nord et le Midi n'est pas nette-
ment établie, mais on pressent qu'on n'a que quel-
ques pas à faire pour l'avoir dépassée.
On comprendra facilement que l'étude géographi-
que de nos patois, même en la restreignant aux
grandes divisions que nous venons d'indiquer, de-
manderait un volume. Nous nous contenterons de
donner ici quelques spécimens des divers dialectes
du Forez : chansons, fables ou contes, copiés aussi
soigneusement que possible, quant à la prononcia-
tion. La traduction accompagnera les plus difficiles.
§ I. PATOIS DE LA MONTAGNE
JLiE PtiJEQlST-^OXJOlVET
(Conte en patois d'Usson)
Ein co y aya na fenna qu'aya tris pitits. Se voulia
dipeitâ de vun; lous envouyé eu béu et lious bailé de
pis per semenâ per le tchami. Aya dit du dous prou-
miers : < Semenaris aquelous pis per recounûtre votre
tchami. Agneré bian loin et laissaris le petiot guiens
le béu. t
Lous pitits faguéron aquo que la mère lous aya die.
Laissaron le pitiot quiens le béu. Mas le pitiot Plen-
Pougnet, quand vegué que sous frères eron parti, pren-
gué ein tchami et se souvengué qu'ayan semenâ de pis
et courigué djuqu'a qu'agué troubà le tchami. Se rende
vez tchiez-se, troubé la porta sarra et tacouné à la fe-
nôtra.
La mère fugué tout attrapa de le vire arriba; criava :
« More, bada-me. »
La mère gli badé et gli digue : « D'ont venis, mon
pitiot? i Et se, gli conté que sous frères Payon perdu.
Era tout mouilla. Sa mère alliumé le fiât et le fagué
tcbéufâ.
Le lendema, lous tourné envouyâ eu béu et lious
digue de le perdre per tout de bon, et le perdéron.
Plen-Pougnet, en s'en vegnî, troubé ein biéu qu'ap-
pelavan le Biéu-Mouré. S'era asseta derrière na pari,
et le biéu le prengué per ein chardon et l'avalé.
202
Le lendema, sa mère agui ein remords de conchensa;
tutta la neu aya vegu le diable que l'empourtava.
Se boute à charcha son pitiot, et le sunnava : c Plen-
Pougnet, vont sei ? »
En le sunna, passé djouta le Biéu-Mouré, et se, gli
riponde : « Sei guiens le ventre déu Biéu-Mouré. »
La mère se désulava de senti son pitiot guiens le
ventre déu biéu. Sabbia pas couma faire per l'avî,
quand tout d'ein vun co, le Biéu-Mouré fagué vun
bousat, et Plen -Pougnet ley se troubé.
TRADUCTION
Il y avait une fois une femme qui avait trois enfants.
Voulant se débarrasser de l'un d'eux, elle les envoya au
bois et leur donna des pois pour semer par le chemin.
Elle avait dit aux deux aînés : < Vous sèmerez ces pois
pour reconnaître votre chemin. Vous irez bien loin et
vous laisserez le plus jeune dans le bois. »
Les enfants firent ce que la mère leur avait dit. Ils
laissèrent le petit dans le bois. Mais le petit Plein-Poing
(gros comme le poing), quand il vit que ses frères étaient
partis, prit un sentier et se souvint qu'ils avaient semé
des pois, et il courut jusqu'à ce qu'il eût trouvé son
chemin. Il se rendit chez lui, trouva la porte fermée et
frappa à la fenêtre.
La mère fut toute surprise de le voir arrivé; il criait :
t Mère, ouvrez-moi. »
La mère lui ouvrit et lui dit : « D'où viens-tu , mon
enfant? » Et lui, raconta que ses frères l'avaient perdu.
Il était tout mouillé. La mère alluma le feu et le fit
chauffer.
303
Le lendemain, elle les envoya de nouveau au bois et
leur dit de le perdre pour tout de bon, et ils le perdi-
rent.
Plein-Poing, en s'en retournant, trouva un bœuf
qu'on nommait le Bœuf-Noir. Il s'était assis derrière
un mur, et le bœuf, le prenant pour un chardon,
Tavala.
Le lendemain, sa mère eut un remords de conscience;
toute la nuit elle avait rêvé que le diable remportait.
Elle se met à chercher son enfant, et l'appelait :
t Plein-Poing, où es-tu ? »
En l'appelant, elle passa près du Bœuf-Noir, et l'en-
fant lui répondit : « Je suis dans le ventre du Bœuf-
Noir. »
La mère se désolait de sentir son petit dans le ventre
d'un bœuf, et ne savait comment faire pour l'en sortir,
quand tout d'un coup le Bœuf-Noir fit une bouse, et
Plein-Poing s'y trouva 1
Ce conte est peut-être inférieur comme esprit et
comme intérêt au « Petit-Poucet, » de Perrault,
mais il nous parait ne pas manquer d'une certaine
fraîcheur native. Il ne faudrait pas croire, en effet,
que ces fabliaux soient des réminiscences du spiri-
tuel conteur dont nos paysans n'ont jamais ouï par-
ler; ce fut lui, au contraire, qui s'inspira des tra-
ditions du peuple. Le Petit-Poucet est populaire
dans nos montagnes. Nous en avons entendu ra-
conter la légende avec une foule de variantes. En
voici quelques fragments empruntés au patois de
St-Jean-Soleymieux. Le nom du héros est légère-
ment modifié, mais il a la même signification.
204
c Le Gros-d'in-Pion parâve in bio; s'ére bittot der-
rier in tsau. En mindzant le tsau, le bio mindzé le
Gros-d'in-Pion. Le maître tua le bio, et le tsat que pas-
set, tourné mindzâ le Gros-d'in-Pion. »
Le voyage de l'enfant continue. Le cbat fut tué, et
le chien mange de nouveau le pauvre Gros-comme-le-
Poing. Hais le loup dévora le chien : nouveau change-
ment de domicile.
« Vetiot que lou Lu n'êre bian ennuyot; pouyë pas
mindzâ lous moutous couma lz autres. Quand allâve
vez les bardzères, le Gros-d'in-Pion, qu'ère dins son
ventrou, guélâve : gara, gara, que lou Lu vint mindzâ
voutrés feyes. 1
Dans cette situation critique survint le compère Re-
nard qui conseilla au Loup de passer entre deux pins
lrès~rapprochés l'un de l'autre, afin que la pression pût
le délivrer d'un hôte aussi incommode; ce qui fut fait.
Le c Gros-d'in-Pion » eut aussi une aventure avec
des voleurs. Il était monté sur un arbre.
c Au y oyit de vouleurs qu'ayan voulot d'ardzent,
et l'alIèron partadzâ dins lous boés. Au dizion au maî-
tre vouleur : baille me iquen mî (bis). Le Gros-d'in-Pion
qu'ère â la cimo, dizé : et iquen mî (ter). »
Le maître voleur tua un de ses camarades, de colère;
mais l'enfant criait toujours : c et ma part. » Si bien
que le chef des voleurs, après avoir tué tout le monde,
jeta, dans sa fureur, l'argent au pied de l'arbre, et
s'enfuit.
Le petit bonhomme descendit et ramassa l'argent
c que fuguère tout par se. »
LA PITETA ET LE LOUP
(Conte en patois d'Usson)
Ein co, ly aya na piteta qu'anava vire sa grand'-
mêre; aya ein pite pagnelou an te ly ayont bouta de-
guiens ein pite burou et de froumadjous. Quand fugué
en tchami, rencountré le loup que gli digue : von vas
piteta?
— t Vaou vire ma grand'mêre.
— t Que gli porté, piteta?
— « Ein burou et de froumadjous.
— c De quun tchami volis passa? d'aque de las
peirettas ou de las épieunettas ?
— c D'aque de las épieunettas, per gny n'en pourta.
— t Mas ton panier t' empeitara. Baila-me le, ieu te
le pour tarai. Vaou passa d'aque de las peirettas, et nous
troubarens vô la porta de ta grand'mêre. »
La piteta gli bailé le panier. Le loup courigué bian
per arribâ le proumier. Quand fugué à la porta, ta-
couné. La grand'mêre digue : quai i aquo ?
— c Aquou ei votra piteta filla que vous vai vire.
— c De que m'addiusi, ma piteta?
— c Ein burou et de froumadjous.
— c Téra la bobinetta et le Uiquet toumbara. »
Le loup le fagué, entré, et quand fugué deguiens,
tourné sarrà la porta et tué la grand'mêre. Bouté soun
sang guiens vun plat sous la teula, et sa vianda guiens
le placard, quand n'agué prou mandza, et s'ané dzeira
guiens le lei de la grand'mêre.
206
La pi te ta arribé, tacouné couma se, et le loup gli
digue : téra la bobinetla, le lliquet toumbara.
— « Que m'addiusi, ma piteta? gli digue le loup.
— « Vous addiuse d'épieunettas. Vous addiuya ein
burou et de froumadjous; ai trouba le loup que me
lous a preis. Àya péure que me mandzesse et gli lous
ai dunna.
— « As bian fait, ma piteta.
— t Grand'mêre, ai bian fouan.
— c Bada le placard, troubaras de vianda guiens
vun plat, et la mandzaras. »
Le loup gli digue le temps que mandzava :
— t Mandze la tchar de ta grand'mêre !
— « Que dézé, grand'mêre? que mandzavotra tchar!
— « Te déze de bian l'accoueitâ per te vignî coutchâ.
— « Grand'mêre, ai bian se.
— « Bieuva guiens daquel plat qu'ei sous la teula. »
Quand buvia, le loup gli digue :
— t Bieuvis le sang de ta grand'mêre !
— « Ah! grand'mêre, de que diezé? que bieuve
votre sang !
— t Non, te dieze qu'ai cent ans.
— t Grand'mêre, ai bian souan.
— « Vène te coutchâ dzauta ieu. »
Quand la piteta fugué guiens le lei, troubé de tcham-
bas tuttas bourruas.
— « Grand'mêre, qu'avez de bourra per las tcham-
bas?
— c Aquou ei de vcgliessa, de trainessa. Ai tant
traîna per le béu et per las terras.
— t Grand'mêre, qu'avez las onglas londzas ?
— « Aquou ei la vcgliessa, etc.
— c Grand'mêre, avez las dents tant londzas?
— « Aquou ei per te mandzâ. »
207
Et le loup mandze la piteta, et se n'ané bian coun-
teint.
Einque, quand troubaris per lous tchamis n'homme
que vous véudra pourtâ votre pagnelou, Pacoutaris pas,
faris votre tchami, perçaque vous poueira mandzâ.
TRADUCTION
Il y avait une fois une petite fille qui allait voir sa
grand'mère. Elle avait un petit panier où on lui avait
mis une petite molette de beurre et des petits fromages.
Quand elle fut en chemin, elle rencontra le loup qui
lui dit: où vas-tu, petite?
— t Je vais voir ma grand'mère..
— « Que lui portes-tu, petite ?
— «Du beurre et des fromages.
— « Par quel chemin veux-tu passer? par celui des
petites pierres ou par celui des épingles ?
— « Par celui des épingles, pour lui en porter.
— « Mais ton panier t'embarrassera. Donne-le moi,
je te le porterai. Je veux passer par le chemin des pier-
res, et nous nous trouverons à la porte de ta grand'-
mère. i
La petite lui donna le panier. Le loup courut pour
arriver le premier. Quand il fut à la porte, il frappa.
La grand'mère dit : qui est-ce?
— « C'est votre petite fille qui vous vient voir.
— « Que m'apportes-tu, ma petite?
— « Du beurre et des fromages.
— c Tire la bobinette et le loquet tombera. »
Le loup le fit, entra, et quand il fut dedans, referma
208
la porte et tua la grand'mère. Il mit son sang dans un
plat, sous la table, et sa chair dans le placard, quand
il en eut assez mangé. Puis il s'alla coucher dans le lit
de la grand'mère.
La petite arriva, frappa comme lui, et le loup lui dit :
tire la bobinette, le loquet tombera.
— « Que m'apportes-tu, ma petite ?
— « Je vous apporte des épingles. Je vous apportais
du beurre et des fromages; j'ai trouvé le loup qui me
les a pris. J'avais peur qu'il me mange, et je les lui ai
donnés.
— c Tu as bien fait, ma petite.
— t Grand'mère, j'ai bien faim.
— c Ouvre le placard, tu trouveras de la viande
dans un plat et tu en mangeras. »
Et pendant qu'elle mangeait, le loup lui dit : tu man-
ges la chair de ta grand'mère I
— t Que dites -vous, grand'mère? que je mange
votre chair I
— c Je te dis de te dépêcher, pour venir te coucher.
— t Grand'mère, j'ai bien soif.
— c Bois dans le plat qui est sous la table. »
Et pendant qu'elle buvait, le loup lui dit : tu bois le
sang de ta grand'mère i
— t Oh ! grand'mère, que dites-vous? que je bois
votre sang !
— « Non, je te dis que j'ai cent ans.
— t Grand'mère, j'ai bien sommeil.
— t Viens te coucher près de moi. »
Quand la petite fut dans le lit, elle trouva des jambes
toutes velues.
— t Grand'mère, que vous avez les jambes velues?
— c C'est de vieillesse et de fatigue. J'ai tant traîné
dans ies bois et dans les terres.
209
— c Grand'mère, que vous avez les ongles longs ?
— t C'est de vieillesse, etc.
— c Grand'mère, que vous avez les dents longues ?
— t C'est pour te manger. »
Le loup mangea la petite et s'en alla content.
Ainsi y quand vous trouverez par les chemins un
homme qui voudra porter votre panier, vous ne Técou-
terez pas, mais vous ferez votre chemin, parce qu'il
pourrait bien vous manger.
Comme comparaison, nous donnons ci-après le
même conte en patois de St-Jean-Soley mieux.
U
LA PBTSITA ET LOU LU
(Counte en patois de Sant-Djuan-Souleimi)
Lequ'un dio? t lequel dis-je? » telle est la formule
générale du conteur, embarrassé de choisir dans son
répertoire.
Ly ayit una fenna que luyeit sa petsita, et sous maî-
tres ny feséront parie d'eclots de far.
t Quand t'auras fignië tous eclots, t'eiras vez ta
mère. » Quella petsita lous jeteit par les peires par
lous cassa.
Quand lous ayit cassot, s'en tornet. En tchemî, trou-
vet lou Lu.
— « Ount vais, petsita ?
— c vez ma mère qu'eit malaoda.
— « Par quun tchemî vollië passa?
— « Voile passa par tchemî de les épingles; n'ei
pourtaraè quauqu'une à ma mère.
— « Et me passe par lou tchemî de les aiguilles. »
Lou Lu arrivet à la porta et tabutet.
— « Qu'ov eit?
— « Eit me, mère.
— « Petsita, tira le courdzu. »
Lou Lu entreit et allit tue la mère. Au betteit le
sang dïns na bichi et la tsar dïns la liète. Et se dzia
dïns le let.
Ores, la petsita arriveit.
211
Qu'ov eit ?
Eit me, badâ-me, mère?
Tira le courdzu.
mère, qu'ai fam I
Vais dïns le tirau, mindzarë tsar.
mère, qu'ai sei !
Prends la bichi, ly a de vin.
mère, qu'ai chùn 1
Vins te dzère au me.
mère, la granda bourra qu'ayez t
Eit la vieil lessa,
La trainessa
Qu'ai tant trainot
Pa lous bos.
— t mère, quuné grands onglies qu'ayez !
— c Cou eit la vieillessa
La trainessa
Qu'ai tant trainot
Pa lous bos.
— t mère, quuné grand'dents qu'ayez t
— « Aquou eit pa te mindzâ. •
Et la mindzeit.
IjA petite alouette
(En patois de Luriec)
Notro petito alouvetto
Trop mati s'est leva,
Oh ! dera, deri, dera.
Chur na brantso de sauzo
S'est alla reposa.
La brantso y n'étant feble
La laissot toumbâ.
Rouchigneu sauvatche
L'est alla leva :
« Petito alouvetto,
Te chiais faite ma.
t Me chio brisa Taie,
Nai lou cœur blessa.
c Petito alouvetto,
Que paurias mindza ?
< De grans de dzanièvre,
Si pouyas trouva.
c Petito alouvetto,
Pauras plus tsantâ.
213
c Qui ne sei pas Pâques
Et le mais d'avria,
Tournarae tsantâ.
c Petito alouvetto,
Pauras plus voulâ.
c Quand lous blas sount grands,
Que les beties tchangeont de piat,
Que les filles voront tant se maria.
Tournarae voulâ.
« Petito alouvetto,
Pauras plus nitsà.
c Par délai les roches,
Vez lous grands bala,
Tournarae nitsâ;
Quand ma mena sara grande,
M'aidarant voulâ. »
TRADUCTION
Notre petite alouette, trop matin s'est levée,
Sur une branche de saule s'est allée reposer.
T^a branche étant trop faible,, l'a laissée tomber.
Le rossignol sauvage est venu la relever.
— c Petite alouette, tu t'es fait mal.
— c Je me suis brisé l'aile, et j'en ai le cœur blessé.
214
— c Petite alouette, que pourrais- tu manger?
— c Des graines de genièvre, si tu pouvais en
trouver.
— c Petite alouette, tu ne pourras plus chanter.
— t Que Pâques revienne, et le mois d'avril, je
recommencerai à chanter.
— c Petite alouette, tu ne pourras plus voler.
— c Quand les blés sont grands, que les bêtes chan-
gent de peau, et que les filles ont tant envie de se ma-
rier, je recommencerai à voler.
— c Petite alouette, tu ne pourras plus nicher.
— t Là- bas, derrière les roches, vers les grands
genêts, je recommencerai à nicher; et quand mes en-
fants seront grands, ils m'aideront à voler.
LE PINSON ET I/ALOUE2TTE
(Patois de Saint- Jean -Soleymieux)
Le quissu et l'alovetta
Se maridavon tout dous,
L'enfant larirette,
L'enfant lalirou.
Quand venguèron d'epousâ,
Au n'ayon ren pa dinâ,
L'enfant larirette, etc.
Délai n'en vint un gros lu,
Au de bacon sus soun bras.
Par de tsar n'en avans prou,
Mais de pan, que farans nous ?
Délai n'en vint un gros tchi,
Au d'un pan tout entië.
Par de pan n'en avans prou,
Mais de vin, que farans nous ?
Délai n'en vint le renard,
Au soun barlet sous la quoua.
Par de vin n'en avans prou,
Ma dansers, que farans nous?
216
La piôse saute dau lie,
En dansant jusqu'au planchî.
Par dansers n'en avans prou,
De violounaire que farans nous?
Délai n'en vint un gros rat,
Au soun violu sus le bras.
Che me paras dau minau,
Io toutcharin ben ïn pot.
Dau minau te pararans,
La minaude ne pouerot.
Délai n'en vint un gros tsat,
Qu'emporte lou petit rat.
TRADUCTION
Le pinson et l'alouette se marièrent tous deux.
Quand ils revinrent d'épouser, ils n'eurent rien pour
dîner.
De là-bas vint un gros loup, avec du lard sous le bras.
Pour de viande, nous en avons assez, mais pour du
pain, que ferons-nous?
De là-bas vint un gros chien, avec un pain tout entier.
Pour du paip, nous en avons assez, mais pour du vin,
que ferons-nous?
De là-bas vint le renard, avec un baril sous la queue.
Pour du vin, nous en avons assez, mais des danseurs,
comment ferons-nous?
217
La puce saute du lit, en dansant jusqu'au plancher.
Pour des danseurs, nous en avons assez, mais un
joueur de violon, comment ferons-nous ?
De là-bas vint un gros rat, avec son violon sous le
bras.
Si vous me défendez du chat, j'en toucherai bien un
peu.
Nous te défendrons du matou, et la chatte ne pourra
rien sur toi.
De là-bas vint un gros chat, qui emporte le petit rat.
LES NOCES JOB L'ALOUETTE
ET X>U PIGEON
(En patois de Jonzieu)
L'aréouvette et le pïndzou
Faguèron un petit mariadzou,
La tante Urlette,
Faguèron un petit mariadzou,
La tante Urlou.
Quand au vïnguôron d'epousà,
Au trouvèron rien par mindzâ. •
N'en vûnt delaô le bourondjiais,
Au sa mitso sous le brais.
Pour de bon pain nous n'avons prou,
Mais de viande quant ferons-nous?
N'en vùnt delaô le boutiais,
Au soun quarquiais sous le brais.
Pour de viande nous n'avons prou,
Mais de bon vin quant ferons-nous?
N'en vùnt delaè le cabaretiais,
Au soun baricot sous le brais.
Pour de bon vin nous n'avons prou,
Mais de verres quant ferons-nous?
249
N'en vùnt delaè le verriais,
Au sous verres sous le brais.
Pour de verres nous n'avons prou,
Mais de danseurs quant ferons-nous?
La piôse n'en sort dau lai,
En sautant jusqu'au planchiais.
Pour de danseurs nous n'avons prou,
Mais de violon quant ferons-nous ?
Le rat n'en sort dau greniais,
Au son violon sous le brais, etc.
Le reste de la cbanson n'offre rien de particulier.
LE LU ET LE REYNARD
(Conte en patois de Saint- Jean - S oley mieux)
Le Lu au le Reynard ayit fait ïn essart de méto, en
allant à Mountartchi. Quand meyon le blot, ayon bittà
de burre dïns ina bitchi. Et le Reynard qu'avët ina
tchïngletta au coué, dizit au Lu : c Me souonon par
alla de baptisa. • Et aul alleit mindzâ le burre; n'in
mindzève le quart.
Et le Lu ny dizeit : c Coument s'appelle iquo petchit?
— t S'appelle Quart-Mindzot. »
Tornant mère de blot, n'in meyeron prou. Et le
Reynard torne faire etchïnglâ soun etchïngle et dizit
au Lu : c Me souotiont par alla de baptisa. »
Et le Reynard alleit vez le burre, et n'in mindzeit la
meto.
Quand au vegnit, le Lu demandeit : c Coument s'ap-
pelle iquo petchit ?
— t S'appelle Méto-Mindzot, » dizit le Reynard, et
torne mère de blot.
Tôt d'ïn coua, torneit etchïnglâ sa cloutsetta et dizit
au Lu : c Me souonon par alla de baptisa. »
Au mindzeit tut le burre qu'ère dïns la bitchi, et
ny tchia dedïns, et quand le Lu ny demandeit : c Cou-
ment s'appelle iquo petchit qu'ant baptisât ?
— « S'appelle Tut-Mindzot, que ny o ïn petchit pot> »
dizit le Reynard.
221
Et le Lu preneit fam et al lot vire dïns la bitchi; au
voulît mindzâ le Reynard.
— c Me mindza pas, ny dizit-au, erïns dïns ïn char-
nie que ly o bian de lard, mas ny oye ma ïn petchit partsu
par passa. »
Le Lu passeit tut de mêmou, et n'in mindzeit dépé
que n'en poye plus passa.
Et le Reynard au gueléve : « Couriez, couriez, que le
Lu mindze tut votrou lard. »
Ley courrèron au de barres, mas le Lu s'in sauveit,
et torneit voulî mindzâ le Reynard.
Au 11 i dizët : « Me mindza pas, io te menarai dïns ïn
endrët que ly o bian de trueites. »
Ly attacheron un pagni à la quoua, et au lie de ly
bittà de trueites, ly bitteron de peires et ly arratche-
ron la quoua.
c Iquo coua, dizeit le Lu, te volou mindza.
— € Me mindza pas, dizeit le Reynard, te farai bittâ
ina quoua cTétoupa, et te menarai dïns na font que ly o
bian de burre. »
Et que n'era ma ina peira blantchi.
Le Lu sauteit dedïns et s'in niyeit.
Les bardzères fezèron ïn barnau.
Et mes cardes ny demourèvon
TRADUCTION
Le Loup avait fait un défrichement avec le Renard,
sur la route de Montarcher. Quand ils moissonnèrent
le blé, ils mirent du beurre dans un pot (pour leur
repas). Le Renard, qui s'était attaché une clochette au
222
cou, dit à son compagnon : « On m'appelle pour aller
à un baptême. » Il alla manger le beurre et en dévora
le quart.
A son retour, le Loup lui dit : « Gomment se nomme
l'enfant?
— c II se nomme Quart-Mangé. »
Ils recommencèrent à moissonner et firent assez d'ou-
vrage. Puis le Renard agita de nouveau sa sonnette en
disant : c On m'appelle pour un baptême. »
Et le Renard retourna vers le beurre et en mangea
la moitié'.
Quant il revint, le Loup lui demanda : « Comment
nomme-t-on cet enfant?
— c II se nomme Mi-Mangé, » etc.
Bref, le Renard recommence le même manège et
mange le reste. Puis il remplit le pot
Mais le Loup prit faim, et quand il connut le tour
que lui avait joué son associé, il voulut le manger.
— « Ne me mange pas, dit le Renard, nous irons
dans un charnier où il y a beaucoup de lard, mais il
n'y a qu'un petit trou pour passer. »
Le Loup y passa quand même, et mangea jusqu'à ce
qu'il ne put plus sortir.
Et le Renard criait : « Courez, courez, le Loup mange
votre lard. »
On y courut avec des barres de bois, mais le Loup
parvint à s'échapper. Il voulut de nouveau manger le
Renard.
Celui-ci lui dit : c Ne me mange pas, je te mènerai
dans un endroit où il y a beaucoup de truites. »
On attacha un panier à la queue du Loup, et au lieu
d'y mettre des truites, on le remplit de pierres, si bien
qu'on lui arracha la queue.
t Cette fois, dit le Loup, je vais te manger.
223
— c Pas encore, dit le Renard, je te ferai mettre une
queue d'étoupe, et te conduirai vers une fontaine où Ton
a mis rafraîchir du beurre. »
Mais ce n'était qu'une pierre blanche.
Le Loup sauta dedans et se noya.
Les bergères en firent un feu de joie.
Et j'y laissai mes peignes à carder.
Cette conclusion du conteur villageois réclame
une explication.
Lorsque quelqu'un raconte une histoire invrai-
semblable, on suppose toujours qu'il Ta apprise aux
veillées des cardeurs de chanvre, où l'on ne débite
que des mensonges, et l'on demande au menteur :
« Est-ce que tu cardais dans ce pays-là ? »
Notre conteur prévient la plaisanterie en avouant
qu'tï y a laissé ses cardes.
Nous avons entendu aussi une autre conclusion.
« Je pris mes brayes de papier gris, mais le vent les
déchira, si bien que je montrais le... dos à tous les
passants. »
Marcellin Allard, dans sa Gazzelle françoise, ter-
mine un chapitre par ces mots :
« Adonc fut jour, et lou cayon chante t. » C'est
une parodie de la conclusion des anciens contes :
alors il fit jour, et le coq chanta.
ivaoïu&me:nt r>u mariage
(En patois de la Montagne)
Quand j'étïns jeune cadet,
Toujours fringayïns.
Voulaye bien me maridâ,
Mais io n'osayïns,
La ri tou.
Par avaé prou penna,
Qu'arrivara ben toujours,
Acoure qu'où vegne.
N'ai pas eu restot cinq ans
Dans le maridageou,
Qu'ayïns quatris effants
La mère grossi,
La ri tou.
La mère grossi.
Gin de pan dïns la mouesu,
Eiquo m'etrossi.
Quand vegneit de vez le saè
De ma journada,
Creyïns de m'alP amusa
Avoué ma meinada;
L'un que demande de pon,
La ri tou,
L'autre de bûre.
N'y a gïn dïns la mouesu,
Faudrot m'enfûre.
225
TRADUCTION
Quand j'étais jeune garçon, j'étais toujours fringant.
Je voulais bien me marier, mais je n'osais, la ri tou,
pour avoir assez de peine, ce qui arrivera bien toujours,
en quel temps que ça vienne.
Je ne suis pas resté cinq ans en ménage, que j'avais
quatre enfants, et la mère enceinte. Point de pain dans
la maison, cela m'assomme.
Quand venait le soir de ma journée, je croyais m'a-
muser avec mes enfants; l'un me demande du pain,
l'autre du beurre. Il n'y en a pas dans la maison, il
faudra m'enfuir.
45
XuA BARDZÈRE
(Patois de la Montagne, sur un air de bourrée)
Quand io sères petsita,
Petsita Margotu,
M'ayant bittot bardzère,
Bardzère daus moulus.
N'en parâve pas guéres,
N'en parâve ma dous.
L'y ère ïn qu'ère borlio,
Et l'autre ère bouétou.
Io menâve lou borlio.
Trainâve lou bouétou.
Lous aye menot paître
A l'ombre d'ïn bouessu.
L'ombre n'en fut gué grande,
He y endormet dessous.
Délai n'en vint lou lu
Lous emportet tous dous.
227
TRADUCTION
Quand j'étais petite, petite Marguerite, on m'avait
mise bergère, bergère des moutons.
Je n'en conduisais guères, je n'en gardais que deux.
Il y en avait un qui était borgne, et l'autre était boiteux.
Je conduisais le borgne, et traînais le boiteux. Je les
avais menés paître à l'ombre d'un buisson.
L'ombre n'était pas trop grande, je m'y endormis des-
sous. De là-bas vint le loup qui les emporta tous deux.
JL.EJ LOUP ET LA CHÈVRE
(En patois de Jonzieu)
L'aoutrou dzour me prou mena ve
Por ava, au pays bas;
Venez tous veire.
Por ava, au pays bas,
Saô venias pas ?
Ovigué una tsiôrette
Que tsantâve alléluia ;
Venez tous veire, etc.
Le loup vinguet à so porto
Se vourit faire badâ ;
Venez tous veire, etc.
« Ebri-me, tsiôrette blantso,
« le t'apprend raé à tsantâ; »
Venez tous veire, etc.
— t Oh ! faô-pas, la laedo betiot,
« Que me vaudriais que mindzâ ; »
Venez tous veire, etc.
« L'aoutrou dzour tegniais ma maère,
c La fagiais pas ma beiarâ ; »
Venez tous veire.
« La fagiais pas ma beiarâ ; »
Saô venias pas ?
229
TRAI>TJOTIOÏ*
L'autre jour, je me promenais par là-bas, au pays
bas; venez tous voir. Par là-bas, au pays bas, ne venez-
vous pas?
J'entendis une chevrette qui chantait alléluia.
Le loup vint à sa porte et voulut se faire ouvrir.
« Ouvre -moi, chevrette blanche, je t'apprendrai à
chanter.
— i Oh ! non pas, la laide béte, tu ne voudrais que
me manger.
« L'autre jour tu tenais ma mère, tu ne la faisais
pas mal bêler. »
Il existe aussi des variantes de cette chanson. Il
s'agit toujours d'un voyageur qui a visité la plaine
du Forez, et qui raconte les merveilles qu'il a vues.
c Io ai trouvot doués limaces
Que labourayant avoué le naz. »
< Ai trouvot na vieilli égliesi
Qu'ère touta fracassa. »
c N'y avet dedans na chiora-bichi
Que chantàve alléluia, etc. »
^
230
Un voyage dans la plaine du Forez est le rêve des
enfants de la montagne, si Ton en croit la bourrée
bien connue :
c Quand saras granda, mie,
Quand seras granda,
Te proumenaraé
Pâ la plana, pâ la plana,
Te proumenaraé
Pà la plana dau Fourez. »
mdg^-
Nous pourrions prolonger cette liste indéfini-
ment, car les contes et les chansons sont fort mul-
tipliés dans la montagne. Nous terminerons par la
description d'une noce auvergnate. Dans le premier
couplet, car cela se chante au besoin, bien qu'il n'y
ait ni rhythme ni rime, il s'agit d'une fille qui vou-
drait bien se marier. Elle prétexte que la petite
Claudine « qu'a la fessa touta rogni » s'est bien
mariée, et elle demande à une autre femme la des-
cription de cette noce. Celle-ci lui répond avec un
sérieux fort plaisant.
— « Ant y fat na bella noçada?
— c Eh I na bella noçada (bis),
c Bettas aqui :
< Ny avët de lait avoué d'aiguo, de lait sans n'aiguo,
de raves coueite au fiot, de raves coueite à l'aiguo, de
laitië que n'en voulet. Par de pan et de vin, n'y avet
pas gin. »
23 i
— « Ny ant y fat na bella soumada ?
— < Eh I na bella soumada (bis),
« Bettas aqui :
c N'ant bailot treis sôs moins seis blancs; mas si la
pequita vïn à murî avant un an et n'ein jour, la sou-
mada tourna rentra dins la mouésou couma ta bouta
raisou. »
— « Ny ant y bailot quauqua veya maé?
— « Eh 1 quauqua veya maé (bis),
« Bettas aqui :
« N'ant bailot na grand'terra que ny fant treis zar-
bottes dedans. N'ant bailot un grand prau, que quand
l'anou ny fat le raz de l'avena, sa quoua est arrei dau
vezïn. i
— t Se sount y ben amusado?
— «Eh ! ben amusado (bis),
« Bettas aqui :
c Ant dansot, ant sautot; dansayant dans Petrablou,
que fesiant voulâ la bousi jusqu'au trot t »
TRADUCTION
— « Ont-ils fait une belle noce?
— « Eh I une belle noce, par-ci par-là :
c II y avait du lait avec de l'eau, du lait sans eau,
des raves cuites au feu, des raves cuites à l'eau, du pe-
tit lait pour qui en voulait. Quant au pain et au vin,
il n'y en avait point. »
*«-. . », .
232
— « Lui a-t-on donné une belle dot? -
— • Eh ! une belle dot, par-ci par-là :
« On lui a donné trois sous moins six blancs ; mais
si la petite vient à mourir avant un an et un jour, la
dot revient à la famille, comme de raison. »
— « Lui a-t-on donné quelque chose de plus?
— c Eh ! quelque chose de plus, par-ci, par-là:
« On lui a donné une grande terre où Ton peut faire
trois petites gerbes; on lui a donné un grand pré où,
quand Pane fait le raz de l'avoine (se vautre), sa queue
se trouve chez le voisin. »
— « S'est-on bien amusé?
— « Eh ! bien amusé, par-ci, par-là :
c On a dansé, on a sauté; ils dansaient dans Pétable
et faisaient voler le fumier jusqu'au plafond ! »
mmmaÊtÊ
§ 2. PATOIS FORÉZIEN PROPREMENT DIT
-»C_;«-
LÀ LUISTA
(Devis entre treis parsounnageous, en patois de Mount-
bresoun)
La Nanon, fenna dau quarti, qu'est vuva et qu'a qua-
trou menas ;
La Mirauda, que sou hommou n'est pas mort, que la
tabole quauque vei quand aul est saô ;
Un Curot, parsounnageou habillot de naé, que ne dit
pas grand veya.
Nanon. — Bonjou, Mari on, seyis reveilla aneu?
Mirauda. — Et ouaé, Nanon, mai vous? D'onte vegnis-
vous si madïn ?
N. — Venou de quarre de sa pa sala noutron peurc.
N'ai plus de truffes ni de bran à ny bailla; faudrot
mantô le buclâ un d'iquetous jours.
M. — A-t-au proufilot depeu que l'ayit?
N. — Oh Diê ! vou n'est ma un petit ricuit. Aul ot prou
l'echina longi, ma que n'ot gin de ventrou. Et coume
iquen, voulïns vous demanda, vesina, qu'un jour vou
est la Saint-Gilles.
M. — Ma conscienci ! faudrêt que z'au saubeissïn. Avi-
saris l'armagna.
234
N. — Vou est par rapport au jour qu'i se trove. Volou
pas que moun lard rancessi.
M. — Surament. Vou est donc una fumella voutron
eayon, que le tuas en luna nouvella? Le mine est
un mâle, le tuarans ma en luna vieilli, que nous
portarot ben à traès semanes.
N. — Pourrias tôt de mêmou le tua dimars. Je creye
que vou est un mars de luna.
M. — Pardounàris, vou est un jour sans luna. La luna
ne vire ma à cinq heures dau sei.
N. — N'y en ot ben que diont coume eiquen que la
luna n'y fat ren, et que lunille, simplille. N'empêche
que si le mondou tuyant lours cayons en mauvaisi
luna, le lard ne gounflarët pas dïns la marmita.
M. — Ma faé I ouae', et si vous le tuyas un mars, una
supposition, et que Saint-Gilles seyesse un mars, vou-
tron lard sarët ranci et artisounot.
N. — Diê, que donc I Ei senont ben les salades en luna
vieilli, pa les empêcha de mountâ.
M. — Et les vignes qu'ant de forci, faut ben les pouâ
en luna vieilli.
N. — Ei lunont ben lous ignons, et sant ben z'au de-
manda au marchi.
M. — Et le boes mal lunot que prend des artisons.
N. — Ah ! paura fenna, lous anciens n'en saviant mai
que nous, et lous consaès de la luna sount bons à
siôre.
Le curot que passët en lisant soun breviairou : Beati
pauperes spiritu I...
235
TRADUCTION
Là Nanon, femme du quartier^ qui est veuve et a qua-
tre enfants;
Là Miràude, dont le mari n'est pas mort, et qui la bat
quelquefois, quand il est ivre;
Un Curk, personnage habillé de noir, qui ne dit pas
grand'chose.
Nànon. Bonjour, Marion, vous êtes réveillée aujour-
d'hui? — Mirauda. Et oui, Nanon, vous aussi? D'où
venez-vous donc si matin ? — N. Je viens de chercher
du sel pour saler notre porc. Je n'ai plus ni pommes
de terre, ni son à lui donner; il faudra peut-être bien
le tuer un de ces jours. — H. A-t-il bien engraissé
depuis que vous Pavez? — N. Ohl ce n'est qu'une ché-
tive bête. Il a l'échiné assez allongée, mais il n'a point
de ventre. Et comme cela, je voulais vous demander,
voisine, quel jour se trouve la Saint-Gilles. — M. En
conscience, il faudrait que je le sache. Vous regarderez
l'almanach. — N. C'est par rapport au jour. Je ne veux
pas que mon lard soit rance. — M. Certainement. C'est
une femelle votre cochon, puisque vous le tuez en nou-
velle lune. Le mien est un mâle, et nous ne le tuerons
qu'en lune vieille, ce qui nous portera bien à trois se-"
maines. — N. Vous pourriez néanmoins le tuer mardi.
Je crois que c'est un mardi de lune. — M. Faites excuse,
c'est un jour sans lune. La lune ne change qu'à cinq
heures du soir. — N. Il a des gens qui disent comme
cela que la lune n'y fait rien. Et pourtant si l'on tuait
236
les porcs en mauvaise lune, le lard ne gonflerait pas
dans la marmite. — M. Ma foi ! oui, et si vous le tuiez,
une supposition, un mardi, et que la Saint-Gilles soit
un mardi, votre lard serait rance et rongé des vers. —
N. Assurément. On sème bien les salades en lune vieille,
pour qu'elles ne grainent pas. — M. Et les vignes fortes
se taillent bien en lune vieille. — N. On lune bien les
oignons, et les gens savent bien le demander au marché.
— M. Et le bois mal luné prend bien des vers. — N. Ah t
pauvre femme, les anciens en savaient plus que nous,
et les conseils de la lune sont bons à suivre. — Le curé
qui passait en lisant son bréviaire : Bienheureux les
pauvres d'esprit!...
I^B GRAND VALET
(En patois de la plaine)
Véquio la Sam-Martin qu'approchou,
Noutron valet vot s'en alla;
Vou faudrot ben creitre soun gageou,
Si voulans le faire demourâ.
Si ne pardans noutron valet,
Ne pardrans tout,
Et ne farans mauvais ménageou,
Me et vous.
Voutron valet que sat-au faire,
Fenna, que vous le ventis tant ?
Au sot tant ben cribla Pavena
Et bailla le tour dau van.
Noutron valet fait mai d'ouvrageou
Dïns un jour
Que non pas vous, noutron maître,
En quinze jours.
Si vous savias couma je mïngeou
Tout le long de la saison.
Me fant mingeâ de pan d'avena,
Encoure n'est pas trop bon.
N'avans ben de boun pan blanc,
De pan moullët,
Vou est pa madama noutra fenna
Et soun valet.
238
Si vous savias couma je beuve
Tout le long de la saison.
Me baillont de vin de pialousses,
Par ma fô I vou n'est pas trop bon.
Vous n'y o ben de boun vin blanc.
De vin clarët,
Vou est pa madama noutra fenna
Et soun valet.
Si vous savias onte je couche
Tout le long de la saison.
Me fant cuchî dïns la paille,
La téta sus lous tisons.
Vou n'y o ben de bouns laés blancs
Dïns la maison,
Vou est pa madama noutra fenna
Et soun mignon.
TRADUCTION
Voici la Saint-Martin qui approche, notre valet veut
s'en aller; il faudra bien augmenter son gage, si nous
voulons le faire rester. Si nous perdons notre valet,
nous perdrons tout, et nous ferons mauvais ménage,
moi et vous.
Votre valet que sait-il faire, femme, pour que vous
le vantiez tant? Il sait bien cribler l'avoine et tourner
le van (mécanique). Notre valet fait plus d'ouvrage,
dans un jour, que vous,, notre maître, en quinze jours.
Si vous saviez comment je mange tout le long de la
saison. On me fait manger du pain d'avoine, encore
230
n'est-il pas trop bon. Nous avons bien du bon pain
blanc, du pain mollet, c'est pour madame notre femme
et son valet.
Si vous saviez ce que je bois tout le long de la sai-
son. On me donne du vin de prunelles, par ma foi ! ce
n'est pas trop bon. Il y a bien du bon vin blanc, du vin
clairet, c'est pour madame notre femme et son valet.
Si vous saviez où je couche tout le long de la saison.
On me fait coucher sur la paille, la tête sur les tisons.
Il y a bien de bons lits blancs dans la maison, c'est
pour madame notre femme et son mignon.
LE BOSSU
(En patois de Boën)
La Marion de Sant-Sarpi,
Que se frisoutâve,
Que se frisoutâve d'içai,
Que se frisoutâve d'ilai,
Que se frisoutâve.
Un boussu vînt à passa,
Que la regardâve, etc.
Qu'avisas, paure boussu,
Sus pas ran ta mia.
Si te vos que je la siés,
Faut coupa ta bossi.
Le boussu z'au volit ben,
Coupariant sa bossi.
Quand la bossi fut coupa,
Le boussu plourâve.
Plouras pas, paure boussu,
N'y bettarans na cour la.
Quand la courla fut betta,
Le cayon renâve.
Renas pas, paure cayon,
N'en trovarans ben n'autra.
241
TRADUCTION
La Marie de Saint-Sulpice se frisait les cheveux.
Un bossu vint à passer, qui la regardait.
Que regardes-tu, pauvre bossu, je ne suis pas ta mie.
Si tu veux que je la sois, il faut couper ta bosse.
Le bossu voulut bien qu'on coupât sa bosse.
Quand la bosse fut coupée, le bossu pleurait.
Ne pleure pas, pauvre bossu, nous y mettrons une
courge.
Quand la courge y fut mise, le cochon grognait.
Ne grogne pas, pauvre cochon, nous en trouverons
bien une autre.
16
LA CIGALOU HT XjA MAZOTTE
(Fablou en patouais de la Plana)
Una mazotte, una cigalou
S'etiant lougis sus un poumi,
Dans Phort de ma tanta Michallou
L'une à la cime et l'autre au pid.
5
Pendant l'etaé, la chantarella,
Dempeu le madïn jusqu'au saé,
Fesët crecî sa bartavella
Et chantâve le maès de maé.
Tandio que la brava mazotte,
Sans pâdre courageou un môument;
Sourâve dïns sa cafarotte
De blâ, de segle et de froument.
Quant vînt l'Invar, la fret, la siôre,
Le criera n'ayit ren par viôre,
Niô pas una bresa de pan :
Beau-seigne t i bramâve la fam !
I s'émoudeit, trayant sa penna,
Vez la mazotte : ah t paura fenna 1
Prêta me quauques grans de blâ,
Pa m'empêcha de decourâ.
Vous rendraé la bouna mesure,
Aussitôt que je pauris,
Avant la mi-aôt, vous le jure,
243
Et mai l'intérêt que voudris.
La mazotte n'est pas prétousa ;
I dizit à la paure hontousa :
c Et que fesias dïns les meissouns ?
- « Me ! je chantayïns de chansouns.
-t Ah ! te chantias, ma bouna mie,
t Iquen me fat ben grand plaisi,
« Iores dansa la bourrie,
c Vous te chassarot l'appétit. »
Menas, si ma fablou est trop loungi,
Ne la tretas pas de mesoungi :
Iquelous que drugeont poulïns,
Creidez-me, s'affanont roussïns.
TRADUCTION
Une fourmi , une cigale — s'étaient logées sur un
pommier, — dans le jardin de ma tante Michelle, —
l'une à la cime et l'autre au pied. — Pendant l'été, la
chanterelle, — depuis le matin jusqu'au soir, — faisait
crier sa crécelle, — et chantait le mois de mai. — Tan.
dis que la brave fourmi, — sans perdre courage un
moment, — entassait dans sa caverne, — du blé, du
seigle et du froment. — Quand vint l'hiver, le froid, la
neige, — le cricri n'avait rien. pour vivre, — pas même
une miette de pain : — la malheureuse criait la faim.
— Elle s'en alla, traînant sa peine, — vers la fourmi :
Ah t pauvre femme t — Prêtez-moi quelques grains de
blé, — pour m'empêcher de tomber d'inanition. — Je
vous rendrai bonne mesure, — aussitôt que je pourrai,
244
— avant la mi-août, je vous Je jure, — et l'intérêt que
vous voudrez. — La fourmi n'est pas prêteuse; — elle
dit à la pauvre honteuse : — que faisiez-vous dans les
moissons ? — Mol ! je chantais des chansons. — Ah !
vous chantiez, ma bonne amie, — cela me fait grand
plaisir, — maintenant, dansez la bourrée, — ça vous
chassera l'appétit. — Enfants, si ma fable est trop lon-
gue, — ne la traitez pas de mensonge : — ceux qui
s'amusent poulains, — croyez-moi, travaillent roussins.
I^ANE r>EJ MARION
(En patois de Feurs)
La Marion moudêve au moulin,
Përe faire modre soun grain,
Avec soun petit anou
Martin trin trin,
Trelin drin drin,
Avec soun petit anou,
Ei roodôve au moulin.
Pendant que le moulin moulët,
Le mouni la caressët,
Le loup mingeave Panou
Martin, etc.,
A la porta dau moulin.
Mouni, mouni, vos avis tô
De veire. moun anou qu'est mô
Et le loup que le mïnge,
Martin, etc.,
A la porta dau moulin.
J'ai dix écus dins moun gossët,
Prenis-n'en sept, laissis-n'en treis,
Përe acheta n'autre anou
Martin, etc.,
Përe acheta n'autre anou,
Përe revenî au moulin.
246
TRADUCTION
La Marion partait au moulin, pour faire moudre son
grain, avec son petit àne, elle allait au moulin.
Pendant que le moulin était à moudre, le meunier
la caressait, et le loup mangeait Pane, à la porte du
moulin.
Meunier, meunier, vous avez tort de voir mon âne
qui est mort, et le loup qui le mange, à la porte du
moulin.
J'ai dix écus dans mon gousset, prenez-en sept, lais-
sez-m'en trois, pour acheter un autre âne, pour reve-
nir au moulin.
XiA OROLA ET LOU RENARD
(Fable en patois de la Plaine)
Una grôla, vez Pautrou sei,
Dïns la chazaère d'un ganei,
Ayit appia un gros froumageou,
Et fieri d'iquel héritageou,
Su un fayard vînt s'aguichî.
Àdonc, par l'odeur allichi,
Seigne renard que barrountâve,
Charchant quauque pilliot pardu,
Appïnche iquo frut défendu ;
Et vînt ny dire : c Oh ! que t'es brave 1
Que t'es faraud, moun bel ami !
M'assure que si toun jabri
A vente à ta roba de seye,
Vou n'y ot gïn que te valeye. »
L'uzai creyeit ce que dizit
Quo boémou mingeô de polailles.
Au s'en feseit peta les viailles ;
Et pa mountrâ soun beau gôsi,
Vequio que noutra beiti neire,
Voulant ny chanta sa chanson,
Bade le bê et laisse cheire
Soun chioraton.
Au ne toumbeit pas à l'abada ;
Le renard ny bettit la dent,
Et ny disit adio-coumand,
En ny fesant ina coulada :
248
« Moun ami, faut pas l'essoublà,
Sèque un flatteur mïnge à la cochi
D'iquelou mondou sans cabochi
Que lous acoutont rafoulâ.
Quetta liçon vaut ben, je creye,
Un matru rogearon de feye. »
L'uzai brogit sus soun fayard :
« N'y tournaraé plus. » Vou ère trop tard.
TRADUCTION
Un corbeau, l'autre soir, • — dans le panier d'un fer-
mier, — avait dérobé un gros fromage, — et fier de
cet héritage, — sur un hêtre vint se percher. — Alors,
par l'odeur alléché, — monsieur renard, qui errait, —
cherchant quelque poussin égaré, — aperçoit ce fruit
défendu, — et vint lui dire : c Oh ! que tu es beau, —
que tu es élégant, mon bel ami ; — je suis sûr que si
ton langage — est en rapport avec ta robe de soie, — il
n'y en a point qui te vaille. » — L'oiseau crut ce que
lui disait — cet hypocrite mangeur de poules. — Il s'en
faisait gonfler les joues, — et pour montrer son beau
gosier, — voici que notre bête noire, — voulant lui
chanter sa chanson, — ouvre le bec et laisse choir — son
fromage. — Il ne tomba pas à l'abandon. — Le renard
y mit la dent — et lui dit adieu, — en lui faisant une
révérence. — « Mon ami , il ne faut pas l'oublier, —
chaque flatteur mange aux dépens — de ces gens sans
cervelle — qui Pécoutent radoter. — Cette leçon vaut
bien, je crois, — un mauvais fromage de brebis. » —
L'oiseau murmurait sur son hêtre : — < Je n'y revien-
drai pas. » Il était trop tard.
CHANSON
Faite à l'occasion d'une réunion d'ecclésiastiques de la paroisse
de Gremeaui
(En patois de Cremeaux)
Sevos qu'o y a de nouviau
Dïns noutra parrochi ;
I fant fêta voué Crcmiaux,
Sonnont la grand clocbi :
Vou est lous prêtres dau pays
Que devons tretous venî,
La bonna aventura...
Monsieu chanoine Rouzië,
Avoué sa barretta
Et soun ginti mantelët
De piau de beletta,
Au nous faé à tous honneur :
Semblou que vou est Monseigneur.
Ne faisans ïn biau cadeau
A noutre n'illiesi,
In solaé de lous plus biaux,
In joyau d'illiesi ;
Ne gli faisans qu'au présent
Pa prouva que ne l'aman s.
250
Ne faisans ïn grand festin
De rejoyssanci.
Le biau jor de Saint-Martin
Permet la licenci.
Vou est anet que voué Cremiaux
Mingeont la vachi et lou viau.
TRADUCTION
Savez-vous qu'il y a du nouveau dans notre paroisse :
on fait fête à Cremeaux, on sonne la grande cloche : ce
sont les prêtres du pays qui doivent tous venir.
M. le chanoine Rozier, avec sa barrette et son gentil
mantelet de peau de belette, nous fait à tous honneur :
il semble que ce soit Monseigneur.
Nous faisons un beau cadeau à notre église, un osten-
soir des plus beaux, un vrai joyau d'église; nous lui
faisons ce présent pour prouver que nous l'aimons.
Nous faisons un grand festin de réjouissance. Le beau
jour de Saint-Martin permet cette licence. C'est aujour-
d'hui qu'à Cremeaux on mange la vache et le veau.
LA FJXiI-iI QXJE SB VOT MARIA.
(En patois de Boisset)
C'est une jeune fille qui veut absolument se marier
et qui répond, de la manière qui suit, à toutes les ob-
jections que lui fait sa mère.
. — Ma filli, n'avans gïn de pan (bis).
— Mare, de pan ! (bis)
Ne coueirans noutron levan,
Je le volou, je le volou ;
Si vous me marias pas quet an,
Jamais le temps ne me durarot tant.
— Ma filli, n'avans gïn de vin.
— Mare, de vïn !
N'en veus venî un gros chïn
Ses pleines bottes de vïn,
Je le volou, etc.
— Ma filli, n'avans gïn de liët.
— Mare, un liët î
Nous coucharans dïns le buffet,
Je le volou, etc.
— Ma filli, n'avans gïn de draps.
— Mare, de draps !
Nous coucharans dedïns un sac,
Je le volou, etc.
252
-Ma filli, n'avans gïn de violoun.
— Mare, ïn violoun !
N'en veus venî ïn gros rat,
Soun violoun dessous soun bras,
Et gnon, gnon, gnon,
Paurous menas, divartis-vous,
Je le volou, etc.
TRADUCTION
Ma fille, nous n'avons point de pain. — Mère, du
pain ! — Nous ferons cuire notre levain, je le veux ; si
vous ne me mariez pas cette année, jamais le temps ne
me durera tant.
Ma fille, nous n'avons point de vin. — Mère, du
vin ! — Je vois venir un gros chien, ses pleines bottes
de vin, etc.
Ma fille, nous n'avons point de lit. — Mère, un lit !
— Nous coucherons dans le buffet, etc.
Ma fille, nous n'avons point de draps. — Mère, des
draps ! — Nous coucherons dans un sac, etc.
Ma fille, nous n'avons point de violons. — Mère, un
v jalon I — Je vois venir un gros rat, avec son violon
éous son bras. Amusez- vous, pauvres enfants, etc.
§ 3. PATOIS DES VILLES INDUSTRIELLES
L'JÉLOGE I>E L'AMOUR
Extrait du ballet forézien
(Patois de St-Etienne, fin du seizième siècle)
Ji creis que dessous les étiales,
Par lous chastiaux et par les viales,
Par les maisons, par les charreires,
Ren prus gourri nou se pot veire,
Ren prus atru, ni prus heroux,
Alizon, que d'estre amouroux.
Par les gourières amourettes,
Les duretés devenont blettes,
Et çou qu'est blet comma una patta,
Est long et dû comma una latta.
Lous maucoussiens, lous simplaras
N'en devenont tout affaras;
De pereissoux et mauplaisants,
Enjosetas et bienfaisants,
De biguets aussi dreits qu'una auna,
De plats aussi ronds qu'una pauma,
De viox renoux et découras,
Joinoux, juyoux et recouras;
Et me disiant lous devancis,
Elli apprend lous ànous à dansî.
254
Nio-ben echandirit les gens
Qu'ariant la mort entre les dents ;
D'equon nou se saurit passa
Non prus qu'un jour de trapassâ.
Viquent doneque les amourettes t
Viquent les fennes et les fillettes !
Vique qu'a envia de les siôre !
Vique qu'au trament non pot viôre î.
TRADUCTION
Je crois que sous les étoiles, — par les châteaux et
par les villes, — par les maisons, par les rues, — Rien
de plus beau ne se peut voir, — rien de mieux ni de
plus heureux, — Alison, que d'être amoureux. — Par
les gentilles amourettes, — les duretés deviennent mol-
les. — Les endormis, les imbéciles, — en deviennent
tout effarés; — de paresseux et mal plaisants, — dé-
gourdis et bienfaisants, — de tortus aussi droits qu'une
aune, — de plats aussi ronds qu'une paume, — de
vieux, grognons et écœurés, — jeunes, joyeux et ra-
gaillardis; — et comme me disaient nos devanciers, —
elles apprennent aux ânes à danser. — L'amour réchauf-
ferait même les gens — qui auraient la mort entre les
dents ; — de cela l'on ne saurait se passer — pas plus
qu'un jour de trépasser. — Vivent donc les amourettes î
— Vivent les femmes et les fillettes I — Vive qui a envie
de les suivre 1 — Vive qui autrement ne peut vivre !...
BBTTA A BEIRE ET BEUS
(Chanson en patois de St-Etienne)
Betta à beire
Et beus, cadet;
Que trinque et beat de ron ne désespère ;
Betta à beire
Et beus, cadet ;
L'espéronce a dous raisins par tetet.
Notroun cura prêche que sus la terra,
Dzio nous a trat seulamont par patsî ;
Si la via n'est qu'un catza de misera,
Un po de vin nous aide à la coutsî.
Parque gremî, se mina les çarvelles,
Sus l'aveni que pot nous désoulâ?
Tant qu'au ny aura de vondêmes nouvelles
De tout malheu vous pot se counsoulâ.
Beire on trinquant, mémou lou vin de cocbi,
Miox qu'un Feron neye la vanita;
Et lou plus fou, sans furâ sa cabochi,
Sus lous carrouns trove l'égal i ta.
Que l'ombitioux parvenu se gounfleise
Sous sa bâteuri et ses reliques d'o;
Dous deis de vin, si boun marchi qu'au seise
Ant mai de prix que l'oncens dau bardo.
256
On bareulant dessus iquetta bula,
A lios visïns lous grands portount malheu,
Fauta d'amâ ce qu'âme la crapula,
Soun Dzio, soun vïn, garda dou liards de cœu.
De tous lous lats, par omplire sa saqua,
Pot-ou rognî couma lou pousseda?
N'attendouns pas d'avé posa casaqua
Par qu'un ami trinque à notra sanda.
Qui sat garda sa eouscionci legéri
Pot marchî dreit, mêmou devant (ou sort ;
Et tau que n'est feublou qu'avouai la neiri,
Ne craint jamais ni la via ni la mort!
(Chansouns et Brands de Babochi.
St-Etienne, I853,in-18.)
TRADUCTION
Verse à boire, et bois, cadet; qui trinque et boit de
rien ne désespère. Verse à boire, et bois, cadet ; l'espé-
rance a deux raisins pour mamelles.
Notre curé prêche que, sur la terre, Dieu nous a mis
seulement pour pâtir. Si la vie n'est qu'une pilule
(catza, fromage sec et difficile à avaler) de misère, un
peu de vin nous aide à l'avaler.
Pourquoi gémir, se creuser la cervelle ; sur l'avenir
qui peut nous désoler? Tant qu'il y aura des vendanges
nouvelles, de tout malheur on peut se consoler.
257
Boire en trinquant, même le vin à crédit, mieux que
le Furens noie la vanité ; et le plus fou, sans creuser sa
caboche, sur les carreaux trouve l'égalité.
Que l'ambitieux parvenu se gonfle, sous son bât et
ses reliques d'or; deux doigts de vin, si bon marché
qu'il soit, ont plus de prix que l'encens du baudet.
En roulant sur cette boule, à leurs voisins, les grands
portent malheur, faute d'aimer ce qu'aime la crapule :
son Dieu, son vin, et de garder deux liards de cœur.
De tous les côtés, pour emplir son sac, peut-on ro-
gner comme un possédé? N'attendons pas d'avoir posé
casaque pour qu'un ami trinque à notre santé.
Qui sait garder sa conscience légère peut marcher
droit, même devant le sort; et tel qui n'est faible
qu'avec la bouteille ne craint jamais ni la vie ni la
mort.
17
LOU J-.OTJJP E r r LAGNIAI
(Fable eu patois de St-Etienne)
(Xu carou dau fouyi souvont ma mare-grand
Countâve de raffoles dau loup, dau revenant.
Par ne pas barbelâ, vouais vous djire on dous moûts
Lou peu que me souvontou dj'in agniai et dj'in loup.
Ny ayit eina vei
Sus lous bôs de Feron, ïn tout petchit agniai
Sans ron djire à legûn, s'elougniait dau troupai,
Par beire eina goulâ, œu s'approuchait dau biâ
Et vit dous pas plus hiaol lou loup I... quai gros rullia,
Qu'ayit lou vontrou creux, la dont bion émoula;
Ny ayit mountœu treis jouos qu'œu n'ayit pas djina.
Quand lou loup vit l'agniai sou et loin dau bargie,
Œu lichait ses babines, alloungeait soun gousie,
Peus se posant on maître on faci de l'agniai,
(Eu fit tous sous effôs par ly djire on français :
« Mâtru, que fais-tu équi ? As-tu la permission
De sabouter quel aigua que me siait de boisson ?
Quella vei je t'y prends, en frac et en délire. »
Equai porou matru sayit pas que ly djire;
Ses jambes erian plus raides que de couleignes,
Œu n'êre pas plus gros que lou pung, baô-seigne !
Ny ayit pas trop mouyon de faire resistonci,
Pouortant œul ozait prouva soun innouçonci :
« Pardoun, moun boun moussue, mountœu que vous
[trompas ;
259
Veides, vou'etes d'on hiaot, et me ji souais d'en bas.
L'aigua, moun boun moussue, desçond de vou à me ;
Peus, souais si mâtru, baô-seigne, fouais regret. »
« Par treboulâ moun aigua, tu viens quand n'y a légun, »
Djizit-ai on ruliant des yox couma de pungs.
t Et crois-tu, vïlani, que j'ai déjà essoublé
La chassi que toun chien me dounna Pan passé ?
I ny avait toun bargie, et te tchi ny ères mai. »
« Me t Et l'y a dous meis que ma mare fit l'agniai !
Boun moussue, têtou incoure ma mare. »
« Et bon, si vou est pas toi, ça doit y être toun frâre. »
t Vous m'excusaris bon, mais de frâre n'ai rai ;
Ma mare n'a que me, souais son parmei agniai. »
c Voides quel effrounté ! si c'est avei d'audaci !
C'est lu ou toi, Mandrin, ou querqu'un de ta raci.
Pas tant d'explications, tes chiens et toun bargie
Me couron de partout, saô plus onte mïngie;
M'avez traqua dj'ici et me traquas d'élai,
Votre maudjita cliqua n'on veut ron qu'à ma pai :
Et puisque poyou pas vous attaqua de faci,
Ji volou un par un détrûre votra raci. »
Tout en djisant eiquon, œu sautait sus l'agniai,
Et dj'in seul cop de dont œu ny coupait lou couai.
Vequîa ce que n'on sao; si z'œu voulez pas creire,
Djirai coumma ma grand, pouèdes œu z'allâ veire.
Linoaftier (dit Patasson), 1863.
La mémoire de nos lecteurs suppléera aisément à la tra-
duction de cette fable.
A> MOS AMIS I>E VEZ VAR-DE-GI
(En patois de Rive-de-Gier)
Gorlanches de l'indrët on te ma vieilli more
Me fit veire lo jour, presinci de mon pore,
Vos séides, sins blagô, qu'ov est dues broves gins,
Quoiqu'i ne seyant pôs revondzus dins Pargeint.
Enfin, qu'y fariant-ei? La fortsuna volagi
N'a jamais yu l'invei de gnichî dins Hou cagi.
Jamais aucun raccroc n'a pu los inrichî :
I n'ant yu qu'ïn garçon qu'a toujours gorlanchi.
Ov est de quou ménô, dont lo vacabondajo
Est soveint lo sujet de quauqui bavardajo,
Que voué dzire doux mots, portant sins me choquû.
Au gny a pro par darrei que sant me provoquô,
De faisou d'imbarras, de têtes farigoles,
Que sont pus dins le côs de dzictô dues paroles ;
De noviaux parvegnus, que j'ai vus, dins ïn tsomps,
Pouro comma de rats et sins réputation,
Et qu'à l'bora d'inqueu vodriant sus ma conduitsi
Barfolî choque jour et n'in reglô la suitsi.....
N'attaquarai jamais de gins à caractero
Que vant Hou drët chamin ou que cognusso guèro.
Mais par quelo pédants que creyont tôt savei,
Que sont par raisonné plus sots que de panei,
Quand lo tonar de Dzo viendrit sus ma carcassi
Brure, et me menacî de m'eboillî la faci,
Rin ne paura jamais arrête mon transport
261
Que me tenant la paix, je liou dzirai plus rin
Ov est par vos galô que j'essayo d'écrire.
Par la gorlanchari sus votron général.
Traités me, so vos plait, de franc original ;
Dzites sins vos génô : lo garçon chiz Roquilli
N'est qu'ïn grand folligat que traîne la guenilli.
Que les môtrues raisons n'arrachont pôs l'honneur.
J'amo miox rin avei que d'être ïn grand seigneur,
Mais que la brôvetô occupeise sa plôci :
Dins lo fond de mon cœur, véqua tota la grôci
Que j'attindo de quou qu'a creyo l'ugnivars.
Adzo, mps viox amis, je fignesso mos vârs.
G. Roquille.
(Ballon d'essai d'un jeune poète forêzien.)
TRADUCTION
Vagabonds de l'endroit où ma vieille mère — me fit
voir le jour en présence de mon père, — vous savez,
sans blaguer, que ce sont deux braves gens, — quoique
ils ne soient pas plongés dans l'argent. — Enfin, qu'y
feraient-ils? La fortune volage — N'a jamais eu l'envie
de nicher dans leur cage. — Jamais aucun raccroc n'a
pu les enrichir. — Ils n'ont eu qu'un fils qui a tou-
jours flâné ; — c'est de cet enfant dont le vagabondage
— est souvent le sujet de quelque bavardage, — que je
vais vous dire deux mots, pourtant sans me choquer.
— Il y en a assez, par derrière, qui savent me provo-
quer, — des faiseurs d'embarras, des têtes à l'envers,
262
— qui ne sont pas dans le cas de dicter deux paroles;
— de nouveaux parvenus, que j'ai vus, dans un temps,
— pauvres comme des rats et sans réputation, — et
qui, à l'heure d'aujourd'hui, voudraient, sur ma con-
duite, — bavarder chaque jour, et en régler la suite.,.
— Je n'attaquerai jamais des gens à caractère — qui
vont leur droit chemin ou que je ne connais guère ; —
mais pour ces pédants qui croient tout savoir, — qui
sont, pour raisonner, plus sots que des paniers, —
quand le tonnerre de Dieu viendrait sur ma carcasse
— bruire et me menacer de m'écraser la face, — rien
ne pourra jamais arrêter mon transport...
Qu'ils me laissent la paix, je ne leur dirai plus
rien...
C'est pour vous amuser que j'essaie d'écrire. — Pour
la flânerie, je suis votre général. — Traitez-moi, si
cela vous plaît, de franc original ; — dites, sans vous
gêner : le garçon de chez Roquille — n'est qu'un grand
fou qui traîne la guenille. — Ces mauvaises raisons
n'arrachent pas l'honneur. — J'aime mieux ne rien
avoir que d'être un grand seigneur, — pourvu que
l'honnêteté occupe sa place — dans le fond de mon
cœur; voici toute la grâce — que j'attends de celui qui
créa l'univers. — Adieu, mes vieux amis, je termine
mes vers.
§ 4. PATOIS DU ROANNAIS
>oOo<
IjES REPROCHES A. CATHERINE (i)
(En patoia de la Côte-de-Renaison & de St-Haon)
Ton himeur est. Catherine,
Plus aigre qu'un shenin vard ;
On ne sat que te shagrine,
Ni que gagne ni que pard.
Qu'on saye sadze ou qu'on badine,
Avè tei ou est sou pour sou,
Et coume in fagot d'épine,
Te piques par tus lus bouts.
Si ze parle, te t'offenses;
Te grondes, si ze me tais ;
Quand ze me plaigne, te danses;
Si ze riou, ze te déplais.
A toun oreille ma faite,
Mes sanshons ne valont ren ;
Et ma tant douce musette
N'est qu'ine musique de shen.
(1) Cette charmante chanson, fort connue et déjà impri-
mée en français, si nous ne nous trompons, est en pur patois
de la Côte-de-Renaison et de St-Haon. Elle nous a été obli-
geamment communiquée par M. le docteur Noelas, de Saiut-
Haon-le-Chàtel, qui a introduit quelques pièces patoises dans
les légendes qu'il a publiées et dans celles qu'il va bientôt
faire paraître. (Shenin, chemin, signifie pomme sauvage, fruit
acide; bredin, niais, imbécile.)
264
D'in pot plan de marzoulaine
Quand ze te fsis in présent,
Aussitout, par moun etrenne,
Te Tas cassa, mei présent.
Si z'avain cru moun couradze,
Après iqueu biau grand marci,
Ma man, dins iquele radze,
Te cassa la gule aussi.
L'autre zour, d'in air honnête,
Quand ze t'ôtis moun shapiau,
Pus vite qu'ine arbalète,
Te le Fsis sauter dins Pieau;
Et pus, d'in air d'arrogance,
Sans dire ni quoi ni qu'est,
Te me baillis l'ordonnance
De m'approusher loin de tei.
Quand z'aime ine créature,
Ah ! bourgne, ou est par tout de bon ;
Sus pas malin de ma nature,
Pas pus qu'in sheti muton.
Mais quand moun poure savei-faire
N'est paya que de rebut,
Nom d'in shen î dins ma coulère,
Sus pis qu'in tourai cornu.
Satredienn' ! veis-tu, Catherine,
Ze n'y pouyou pus tenî,
Ze crève dins ma bedaine,
Ou faut shandzer ou fini.
Te me prins par ine bushe,
Parce que z'ai l'air lut bredin,
Mais, tant à l'icau vô la crushe,
Qu'elle se casse à la fin.
CHEZ PIOIV (1)
(Chanson en patois des montagnes de la Madeleine.)
Arrivant cheu Pion aneu de la nuit
Disunt : chiers amis, laissons leu dormi,
Ouisquant y fera zour,
No battrons lo tambour ;
Trompatte et viole zeurra,
Tant qua ça leu ravaillira.
Quand leu cheu Pion funt ravaillés,
Via deux zigens ben estraillés !
Allons! meus chiers amis,
C'eu d'auzourd'hi que faut parti
Leu rei nos avertit,
Faut ben li obéi.
(1) En 1754, M. de Berthelas, receveur des tailles a Re-
naison, envoya ses recors au hameau appelé Chez-Pion, au
milieu des montagnes de la Madeleine. Les habitants, qui
n'avaient jamais voulu payer d'impôts, s'emparèrent des
pousse-culs, et leur firent chauffer le dos devant un four
allume. Mgr l'intendant de Lyon, en apprenant cette sédi-
tion, envoya des dragons qui cernèrent le village pendant
la nuit et empoignèrent les coupables, sur le malheur des-
quels on fit cette chanson.
Nous devons la chanson et la notice qui raccompagne a
l'obligeance de M. Alphonse Coste, de Roanne.
266
Jacob Béliot emmanouté :
Adiou Ferriére (i) et moun curé!
Adiou femme et enfant !
Dans ceu force rude moument
Preneu exemple à mei,
N'insulteu pas leu rei.
Hi ! la Marion I Hi ! la Braillon t
Qua démène bon soun cotillon ;
Portàve lau zambon
A lau Messieu de voué Lyon,
Por sauver son mounon
Qu'essiau dans leu chambron.
Que nos a causé notre malbeu ?
Mossieu Berthelas notre seigneu.
Mossieu de la Rama (2)
N'en auriau pas tant fat.
(1) Ferrières, village sur les limites du Fore* et du Bour-
bonnais.
(2) M. Ramcl, prédécesseur de M. de Berthelas dans la
charge de receveur des tailles.
ERRATA
Page 96, au mot Màcle, ajoutez : maladie exclusivement
réservée aux hommes, ou plutôt principe de toutes leurs
maladies, comme la Mère est le sicge de toutes les infir-
mités féminines. Une grolle brûlée remet en état le mâcle
dérangé, de même que l'application d'une écuelle en bois,
frottée d'ail, guérit souverainement les maux de mère. (Lat.
Masculus.)
Les fautes de typographie, inévitables dans un ouvrage
de cette nature, peuvent être facilement corrigées parle
lecteur. Nous rappellerons seulement que dans le Diction-
naire, les U ont été quelquefois remplacés par des N : ânou,
armou, etc.
TABLE
Pages.
Fréfacc v
Introduction xm
PREMIÈRE PARTIE.
Dictionnaire 1
DEUXIÈME PARTIE.
.Essai grammatical 145
Chapitre premier. — Prononciation 1 47
Chapitre H. — Du Nom 153
Chapitre 111. — De l'Article 155
Chapitre IV. — De l'Adjectif 157
Chapitre V. — Du Pronom 160
Chapitre YI. — Du Verbe 163
Chapitre VII. — Du Participe 175
Chapitre VIII. — De l'Adverbe 177
Chapitre IX. — De la Préposition 178
Chapitre X. — De la Conjonction 179
Chapitre XI. — De l'Interjection 180
TROISIÈME PARTIE.
Histoire littéraire du Patois 185
Chapitre premier. — Origine et importance du Patois. 187
Chapitre II. — Dialectes du Patois forézien 196
S 1. Patois de la montagne.
Le Plen-Pougnet 201
La Piteia et le Loup 205
La Petsita et lou Lu 210
270
La petite Alouette 212
Le Pinson et l'Alouette 213
Les noces de l'Alouette et du Pigeon 218
Le Lu et le Reynard. 220
L'agrément du Mariage -.»».. 224
La Bardzère 226
Le Loup et la Chè\re 228
S J3. Patois forézien. proprement dit.
La Luna 233
Le grand Valet 237
Le Bossu 240
La Gigalou et la Mazotte 242
L'Ane de Marion 245
La Grola et lou Renard .......: . . 247
Chanson 249
La Filli que se vot maria 251
$ 3. Patois des villes industriel le*.
L'Eloge de l'Amour 253
Betta à beire et beus 255
Lou Loup et TAgniai 258
A mos amis de vez Yar-de-Gî 2£0
S 4. Patois du. Hoanuais.
Les Reproches à Catherine 263
Chez Pion 265
Lyon , iaipr. de Vve Moug'm-RusanU , rue T "pin, i$.
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Chez MM. Aug. BRUN, rue du Plat, 13, Lyon;
DUMOULIN, quai des Grands-Augustins, 13,
CHEVALIER, place de PHôtel-de- Ville, Saint-
Etienne ;
LAFOND, libraire, Montbrison ;
DURAND, libraire, Roanne.
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