Google
This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's bocks discoverablc online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover.
Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the
publisher to a library and finally to you.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prcvcnt abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automatcd qucrying.
We also ask that you:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain fivm automated querying Do nol send aulomated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project andhelping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep il légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search mcans it can bc used in any manner
anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite seveie.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders
discover the world's books while hclping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web
at|http : //books . google . com/|
Google
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages apparienani au domaine public cl de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
A propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adressefhttp: //books .google. com|
DICTIONNAIRE
HISTORIQUE ET CRITIQUE
DE PIERRE BAYLE.
TOME NEUVIEME.
L.
DE L'QIPRlkaatlE DE FAIN, PLACE DE L'ODÉON.
^.
'■'^..
ex
DICTIONNAIRE .^su
HISTORIQUE ET CRITIQUE
DE PIERRE BAYLE.
NOUVELLE ÉDITION ,
AUGMBMTBB DE HOTBS BXTRAITBS DB GUAUl^BPli, 'OLT, LA MON VOIE ,
Z..-J. LBCLBEC, LBDUGHAT, PEOSPE& XàBGHAlf D , ETC., BTG.
TOME NEUVIEME.
\
PARIS,
DESOER, LIBRAIRE, RUE CHRISTINE
1820.
DICTIONNAIRE
fflSTOMQUE ET CRITIQUE
DE PIERRE BAYLE.
Ju ABÉ(LoinsË), courtisane et plusieurs pqësies de son inyentioii
Maine et par du Verdier Vau- (B) On connaîtra mieux son carac
Privas. Elle florissait à Lyon sous tère par le passage que je citerai. ]
Henri II , l'an i555 (a). Ses œu- If °f. cl^ange rien aux paroles de du
vres V furent imorimees la mé- "^r°^«'* ^°J^*« ^^ » ^**-" (3) »
' /A\ 17 1^ courtisane Ijronnoise (autrement nom^
me année (AJ. liUe ne ressem- ^ce /a ie//e Cordierepour estre ma-
blait pas en tontes choses aux riée a un bon homme de cordier)
courtisanes; car si d'un coté elle pigu<^^fort bien un cheual, h raison
était de leur humeur, en ce qu'el- tri'^'TJ^X^:^^^^^^
le voulait être bien payée de ses Lays : femme y au demeurant, de bon
faveurs ^ elle avait de l'autre cer- et gaulard esprit et de médiocre
tains égards qu'elles n'ont pas heauté : recevait gracUusement en sa
pour les hommes doctes ; car elle (x) La Croîs da BIain«, pa^, 991.
feur donnait la passade gratuite- uï^.^:, Ja'^^ ^-P"-*» »*««*^-
ment. On connaîtra mieux son * Les «atre» de LomM UM ont W réimpri-
, 1 . mies a Lyon, chez J. Detoames, i55o, m-iD.
caractère par le passage que je LeMonnoîe, dans ses noies sarUCrolx an Mai-»
g*\%arek\ (TK\ »' t ^^^^ ^''^ édition de Ronen, Jean Garou ,
Cl icrai \D), jjj^ jg Niceron et Gou|et parlent de eette édition
y . -11 ïi * ^ qne M. Brnnet(dans ton Mmnuel du libraire')
Elle était fille d un nomme Charlv , dit déclare n'aToir pas en occasion d» voir. Une so-
Lalié. C'est à tort que Leclerc ëcrit Labbe. ciété de gens de lettres donna nne nonTcUe édi*
Son mari , nommé Énnemond Perrin, faisait *^^^ ^^ CEu»r»s dt Louise Charfy , Lypnnaise^
commerce de câbles et de cordes- de U le **• Lahé, surnommée la belUCordièfe, Lyon,
nom de belle cord&re donné k Loiise Labé. îï'n'f* i^*"' D»P»"« .'Tf» . P«tit in-S».
» , » Il * M. Delandine , dans ses ManuserUs de la Bi'
ijoarsalarueouelle hliotMque de fyon , lll , ^3o , dit que Char-
• 1 1 ▼ •- v 1 - ^^ les-Joseph de Rnob, mort le so iniflet 175$,
article à Lomse Labé, extrait de Colonia , fnt éditeur de ce dernier Tolnme .11 fant qn*il
et conservé jusqu'à noe jours 1
demeurait à Lyon. Chanfepié a consacré
xiicerua et x-arooin. y ait erreur, on dans ce tait on dans ta date
(a) La Croix du Maine , »«£•. Qll. ^* *• ™"'* ^ ^^^ • '"* «▼•>*/»»« imprimer nn
» r o 9- Discours sur la personne et les ouvrages do
/à^ r> £■ . Louise Labé y Lyonnaise^ Lyon, Delarochet
(A} lyes œuures turent imprimées à 1750 , in-ia de 63 pages. La dernière édition de
Ljron , l'an i555.j Elles comprennent V- 1***»» "' ^« Brest, t8i5 , in-S«., tiré k cent
un dialogue en prose française . inti- '^J?*i?*î?"î'**'*v n • hm- .v
».,i^ * ri 1. ^j^ r> w "g«*»«> *"" (3) Dn Verdier , Van - PnTas , Bibliothèque
tuU: le Débat de Folie et d^ Honneur; française » ;ya^. Saa.
TOME a.
2 LABÉRIUS.
maison seigneurs f gentilshommes , cusa 1^ mieiu .qu'il put dans le
et autres petwnnes de mérite fti^ec r^oloflfue (A); et malignement il
entretien de dettes et Ascùurs , musi' W. ^ ^t ^ ^\ ^••^ ^
quTtant h la uoix au! aux instrumens ^^, coulcr quelques traits contre
oh elle estoitfort duicte , lecture de César (B) , qui déterminèrent ce
bons liin^es latins , et vidgaires iia- prince à le mortifier un peu , en
lier^ et ^^P^^^^^ ^^rni^^'^cota^n ^^^«^^^ ^^ préférence sur lui à
Te%^^e7'^ol^l'ureTren >V» \Tr "n autre poëte (C). Labërius fut
communiquoit priwement les pièces raille par Ciceron ce jour-là (â),
plus secrètes qu'elle eust , et pour et lui rendit bien le change (D).
dire en un moi fauoit part de son jj ^jourut dix mois après Jules
corps a ceux qui fo/icoyent ; non ^, ,r\ c ^ ^^
toutes fois à tous , et nuUement h César (6). Ses vers n ont pas ete
gensmechaniques et de uUe condition^ méprisés par Horace autant qae
quelque argent que ceux là luy eus- \q^ s'imagine (E). M. Morëri a
sent^ uoulu donner. EUe ainm les fait quelques fautes (F).
scavans hommes sur tous, lesfauon-- *" "• i1mc«h*co ««uvc» v* j,
santde telle sorte que ceux de sa (a) Cest-à-dire , U jour qu'il joua pour
cognoissance avoient la meilleure part complaire à Jules César,
en sa bonne grâce , et les eust préférés ^t) Eusebius , in Chronico.
a quelconque grand seigneur , et fait
courtoisie a l'un plustost gratis , qu'a (A) // s'en excusp, le mieux qu'ilpid
H autre pour grand nombre d'escus , élans le prologue, ] M acrobe nous l'a
qui est contre lacoustume de celles conserve , et a dit fort sensément
de son mestier et qualité. Ce passage qu'un mattre , lors même qu'il sup-
a été cit^ dans la suite de la Critique pHç ^ use d'une espèce d'autorité à
Générale du Calvinisme de Maim- laquelle on ne saurait résister (r).
bourg (4) 1 et l'on y a joint cette re- Laberium asperce libertaUs equitem
marque (5) : « Démosthéne eût été romanum Cœsar quingentis millibus
ï> bien aise oue la courtisane Lais inwitat^it , ut prodiret in scenam , et
» eût ressemblé à cette autre : il inse ageret mimas quos scriptitabaU
» n'aurait pas fait le voyage de Co- S^d potestas non soliim si inuîtet ,
» rinthe inutilement, ni éprouvé ged etsi supplicet, cogit. Undè se
m Qu'à lêUfêtUns un auteur comme un sot Loberius à Ùœsare coactum inprolo-
• J prix dUirgent doit payer son éeot. » go testatur kis versibus :
Cette femme faisait en même temp6 NeceuitM , coius cmnu tnaiveni iiiip«uin
déshonneur aux lettres et honneur : Voluerant mnlti e0agere,paDci polnerant,
elle les déshonorait ,» puisqu'étant Q" ma d«tra«|t ««iiè «triuoi. a«njii«. ?
duteur elle menait une vie de cour- nuBu» timor, vis nnlla , noUa auctorius
tisane : et elle les honorait , puisque MoTere polmt in jnvent& de statu :
les Savans étaient mieux reçus chez Eçcein.enectântfacilèlabefec.tloco
zz . Y • vin excelImtM mente clémente ediut
elle sans rien payer, que les igno- Submiiiapiacidèbiandiloquen.oirmtio7
rans prêts à lui compter une bonne EtenimîpslDtnegarecmnibilpotuernnt,
somme. Honiinem me denegare qnis poaset pati? etc. (s).
(4) teure XVIII , pag. SqS. (») ^^J^ ^^V^^J^^ .^^^"^1 '"^'
(5) Ik même . pag. 5g6. contre César. ] C est Macrobe qui
nous l'apprend (3). In ipsa quoque
tAB'ÉRIDS (DÉCIMUS), che- actione subindè se qua poterat ulds-
valier romain , et poëte , réussit f^^^^^^ '^""^^^ ^^'^ ^XT' » ?"* ^^
V ' 11 ' I 1 ?• J 7i>r' lut flaens cossus pnBnpientique se
admirablement a faire des Mi- simûis%xclamabat:
mes. Il n'osa j-efuser à Jules Cé-
sar de monter sur le théâtre pour (0 Auwne au plus .• Quod eat poteiiUs»imnai
, .« '._, imperandi genns , rogabat qui |nhnm potcrat<
jouer une de ces pièces , (juoiqiie prœ/at. Cemon. Nupi,
cela fût fort messéant à sa con- (') MacroWu., Sammai. , Uh. ii, cap. r//,
dition et à son a^e. il s en ex- (3)MacrQb., ibidem, pag. 344.
\
LA^ÉRIUS.
Porri , QiiirUes ! liberUtem perdinnu-, (J)) // fut TcàlU par CicélVn €e
et paulo pàst aâjecit : i^^^ -là^et lui ren£t bien le chan-
„ , . ... ^ . g^* 1 Après que Labërias eut louë sa
Nccesie est mallw timeat . quem malti Ument. pj^^ ^ Cësar lui fit présent d'une ba-
Quo dicio unwersitas populi ad so- gue , et lui donna permission de 6e
lum Cœsarem oculos et om cOfwertit , retirer. Labërius s'en alla chercher
notantes impotentiam ejus hdc dica- une place au quartier des chevaliers ;
citate lapidatam. Le père firiet n'a mais ils firent en sorte qu'il n'y en
pas bien pris garde à ce passage ^ car trouyàt aucune. Cicëron , le voyant
il suppose que Laberius ne piqua dans l'embarras , lui dit : Recepissem
Ce'sar que long-temps après. Proce- te ,nisianffust€ sederem, Mirumy lui
dente tempore ipsum Cœsarem of" Téponàit la.utre, si oj^ustèsedes, qui
• fendit y.et maxime hoc uersu soles duabus sellis sedere (8).,Cice'ron
PorrJ^ , Qairite. ! liberl.tem perdimo, , ^""^^^^ îl'"j^« P^f" ^^UX COUps J il se
. moquait deu^benus , et du grand
Itemetisto nombre des sénateurs de nouvelle
Neceise cit mnltos timeat , 4{aem mahi ti- cre'ation , simul et illum respuens , et
"*•■* M^- in nouum senatumjocatus , cujus nu-
lui
un ^ ^ . . . ^ „ , ,, ,
Publium vertit fauorem, Is , . . pro- n'avoir été bon ami ni de César', ni
ductus Romœ per Cœsaris ludos om.- de Pompée : Cîcero mule audiebat
nés qui tune scripta et opéras suas tanquam nec Pompeio certus ami-
in scenam locauerant prouocatnt , ut «"* > aec Cœsari , sed utriusque adu-
singuli secumpositd inuicem materid lator(ïi). Je remarquerai en passant
pro tempore contenderent. Nec ullo <Çie Macrobe a confondu Içs places des
récusante superavit omnes ; in quis chevaliers avec celles' des sénateurs :
et Laberium '• undè Cœsar arridens ^ a cru que les sénateurs s'asseyaient
hoc modo pronuntiavit : sur ce qu'on nommait les quatorze
V .^ .-v •. ¥ V • 1 o bancs (i a), et il s'est trompe. C'était
Farente tibi me Tictiu es, Laben , i Syro : i i j i *^'"' •'»*'"»i'«. ^ ctoii.
''la place des chevaliers depuis la loi
Statimque Publio palmam et Labe- de noscius Othon.
rio annidum aureum cum quingentis Sie libitum vano gui nos disUnxit OthoniUi)
seslertUs de£t. TuncPMius ad La- (£) Ses i-ers n'ont pas été méprisés
bermmjecedentem au : Qui cum con- par Boràce autant que Von s'ima-
après, composa un Alime , où il dé- I^«c tamen hoe tribuens ^ dederim quoque cm*
I Ikli** "^"^ sont journalières s, iJ.h'^.% pulchru poënuua mi-
sur le théâtre comme ailleurs j et que rer (i4) ; '
s'il était déchu du premier ranc, la . • • i . i ,, tv .
même disgrâce arriverait à celufqui eti^gnons-y la note de M. Daçier :
lui sucerait (6). Mettons ici ces pa- " ^Z^",^ l" condamne pas ki La-
rdes d'Aulu-feelie (7 ) : C. aMem » ^""!'i*"'^"'°'°* ' «^ "« T»»™
Cwsarem ita Lobera LdedUentia et " ?'* '"^°« »«» ouvrages ; il n'en
arrogantia offendebat , ut acceptions „, „ . ... ,,
et pfobatioris sibi esse PuUiiquhm g ^r^i^' "'.'fF' ("• W- 3^
ri—"' j' .. •* (9; *d0m^ ibidem, etlib. VII , cap. III ,
Laberu numos prœdicaret, p^i sg,. ^^„ ^„- skah^,, \ conirovers.
>«f2^!:«.- ;? •^* •'^- • ^^' »*»''"«• Obj-idens tamo viro lubricum fidel
(o) Seanenustatameommissioiie, mimo noYo fj__ m-^-^k i.a Vit -1- «•«'"»•«"» y* ««.
>nteh«cit bos Ter.«. : * Hem Macrob., /,*. VII, c«^ (// , pag. 58a.
jyin possunl primi esse omnes vmni im l««- C") Seneca , controrers. ^VIII.
pore. ( > '/ Y"°* Geero dixtt , ntsi angastè sederera.
Summum ad gradum otm cluritatù venerù, seomma fuit in C, Cœsarem , qui in senatum
ConsisUs œgri; et quam descendas, décides. ?«*«"• ««"» midtos admittebat , ut eos quatuor^
Concidi ego , cadet qui sequitur , tous est pu- ««"'« ^'~' ^Çf* "<"» J»0"««<- Macrobios ,
bUcaf » ^ ' ' ^ Sitnnuï,iUb.FII,cap.flI,pag.SB^.
Macrobius, ibidem , pag. 3^5. (>3) Javenal. , sat; III , vs. x5g.
17) A. Gellins , lib. XVII, cap. XIV. (i4J Horat. , sat. X , Ub. I, vs. 5.
4 LÀBOURLOTE.
31 poé'mes parfaits. Ausn n^^taient-iU romains s'i^seyaient. Coocluez de là
j» pas faits pour -cela. Car les mimes nécessairement que Labérius ne de-
V n^ayaient que des plaisanteries ol>- vait point sa chevalerie à un bienfait
•ji scènes. Cest pourquoi Ovide les de Jules Cësar. Tout ce qu''on peut
» appelle Mimos obscœna jocantes , dire est qu'il dérogea par la com-
» et leur seul but était de faire rire plaisance qu^il eut d'actionner une
M le peuple. ^ Jules Scaliger avait pièce de théâtre , et qu'il fut réhabi-
» bien compris la pensée d'Horace , il lité par Jules César , 1 anneau qu'il en
» n'aurait pas condamné le jugement reçut pouvant être regarde comme
» qu'il fait ici des mimes de Labé- de nouvelles lettres de nobles8,e ; mais
j» nus (i5). cela ne disculpe point M. 'Morëri. Se-
(F) M* Moréri a fait quelques faU' nèque confirme ce qu'on vient de
tes. 3 ***• L® prénom de Labérius lire (19).
•n'est pas Décius , mais Décimus. a**. Il , ^ 1. « >. i .. - . , .
survécut SI peu a Jules César , qu il (Lib^ium) deindè e^uestri itlum orduu ,^ddi-
n'était pas nécessaire de dire qu il tum justU ire sestum in aquetUio .• omnes ita M
tdvait du temps d* Auguste. 3®. Il coiirctmferunlMvenienUmnonTecipmr«nt.Stt-
n'est pas vrai qu'il ait ?eçu des pré- «• , ~-»'OTer.. XVlll, «*/«.
sens â'Auguste. 4». Et que Macrobe LABOURLOTE (Claudê), Fun
le dise. zr. Il est faux que César lait 1 1 i -^ • 1
fait chevalier romain.Voici comme ^« iplus braves capitaines de son
parle Labérius dans le prologue de la siëcle , ne fut redevable de sa
farce qu'il joua par complaisance fortune qu'à son courage ; car il
pour cet empereur : ^^^it de si basse condition , qu'on
Ergb bis trieenif annit aetis sine notd^ J' _ .«^ ^ >*i 'x •*. t
Eqie, Eomanus Lare agressa, ,neo, QlSpUte eUCOfe S il était LorraiH
Domum re^ertar mimus (16). ^^ FfanCOmtoîS (û). Oit dît Ou'il
C'est une preuVe invincible au'il était ^^^^y^ ^j^ barbier du comte Char-
chevalier romain indépendamment y i-aa- nu/Av . 9*1 i-
de César. Ce qui a trompé Moréri les de Mansfeld (A) , et ^d lui
avec plusieurs autres (ij), est que Ce- rendit un service signale (B). II
sar, a la fin des jeux, donna une ha- passa par tous les degrés de la
guc à ce farceur , comme nous l'ap- j^i\[^^ jusques à celui de com-
prend Macrobe : mais u est aise de j i j ^ n
trouver là même une preuve de la mandant des troupes wallonnes
justice de ma censure. Voici le pas- au service du roi d'Espagne {b).
sage tout entier : Deindè cUm Lahe- \\j avait plus de bonheur que
riusinfineludorumannulohonoratus de conduite dans son fait (C);
a CcBsare ei^estigio in quatuordecim . ... , . ^ . ^ '
ad spectandum tramiit, uiolato or- car jajnais il ne S engageait plus
dine , et ciim detrectatus est eqdes volontiers à une entreprise , que
Homanus , et càm mimus remissus , lorsqu'elle était fort périlleuse
ait Cicero prœtereunU Laherio et se^ ^^^ jj ^^^ ^^^^^^ ^^ diverses OCCa-
due quœrenti , recepissem te, nisi ^/ ,^. /• «i <•
angustè sederem (18). Il est évident «ions (D) , et enfin il fut tue
que Macrobe dit que l'ordre des che- d'un coup de mousquet , le 24 de
valiers fut déshonoré en deux ma- juillet 1600 (E) pendant qu'il
niéres : i®. parce qu'on refusa une ri
J**^6o^r'"' ^**'"'"'"" •"' """• ' '°'"- ^^' tb) 7£riâ^otZ^ii^^%ulU suœ su/^
U) M.crobi»s. S.iuni.1., Ub. II, cap. Fil, /'«f '" «^ ^"'^«"'^ 7*''"^^* T?** '"''"
pag 343 » r » larvum honorum gradtis ad tribunatum eivo
(i,) J«/« Oisnr l'avait sifort goùt^i,u'il U *^' ^allones aliquot annosmagnâ cumjau
Jit chevalier. Dacier, Kema^aet tnr Horace , degubernavU. Angelu» GaUuccius , de BeUc
fom. VI, pag. 607. belgico, lib. XIII ^ pag. m. 35.
(18) mcrobioa, Satanul. , Ub, II, cap. III, (f) Tôyea Strada, dec. II, lib, VIII, pag
pag* Sag. 5l3i
LABOURLOTE. 5
faisait travailler à un retranche- sat^ait de bons remMes)tour les hles-
ment entre Bruges et le fort Isa- î"'** '' Z"'?'^ ^«^, ^'^1«*< . "«* f «^* ^«^^
^,, •, ^-1° j ./a cuno5i^e ^t m chante , et non pas
belle. Il eut beaucoup de part la nécessitéjuiauaient inspirée, Lon^
skUTL actions barbares aue les trou« miA rI*Aiihi0niÇ (K\ i*annnrtp mu». L/t^
aux actions barbares que les trou^ que d'Aubignë (5) rapporte que La
ajoute : regretu
fit dominicain ^ et une fille qui ses supérieurs , non de ses compa"
épousa Robert de Celles , baron gnons qui, outrés denine,^ ne pou-
de Foi , au pays à. Liège proche r^LTKX^: ^Zt::^ '
de Dînant {d). (B) . . . . Et qu'il lui rendit un service
sw^-ryn- . • i i« i -i »ii^ . • «ff/wi/^.l D le tîra de PembarTas d'uu
JfrL^''^ a ':Î64 '"''''*" f>^8-fâcEeux mariage. Un auteur que
mee an 093 , p ^. :§. j,^^ ^.^^ ^,^^ ^^^^ ^^^ croire. Voici
(A) On dit qu'a auait été barbier ««s paroles : « On dit qu'il gagna les
<iu comte Chirles de Mansfeld. ] »^ Ij^Mes grâces de Mansfeld parole
Bongars l'assure dans une lettre écrite » délivrer de sa femme incommode 5
à Camérarius , le 6 d'août i5q6 , en « mai» je n'en crois nen : il était
lui mandant des nouvelles du siège » trop honnête homme pour faire un
de Hulst. Quelques-uns, dit-il (i) , » coup si vilain (6). » L action serait
écrit^entqi/onratuéLabourloteOi), effectivement très-vilaine , quelque
cethommesicélèbns par sa hardiesse et plawir qu elle eût pu causer au com-
par son courage. Il auait été autrefois *?•>•? q"» me fait dire que 1 incredu-
barbier de ce comte Charles de Mans- }}^^ «« cet écrivain pourrait être mal
feldgui mourut en Hongrie. Le cardi' fondée, est que GroUus a désigne
nalseseruaitprincipalementdelahar^ cette action ; marque évidente qu'il
diesse de ce Labourlote et du conseil ne jugeait pas que le bruit qui en
de Rone (^V Celui qui a publié, en courait fût vain. Rapportons ses pa-
1693 , l'Histoire de l'archiduc Albert, idoles \ elles en valent la peine ; on y
n'avoue pas que Labourlote ait été apprend le mente du défunt, avec
barbierî mais il nedit rien qui puisse quelqu^ circonstances bien expn-
prouver le contraire. Sa naissance , ™ees. Huc (7) auoque se Claudius
dit-U (4), tient de celle des grands BuHota transtulerat , bonamque et
hommes, qui sont souvent douteuses, extremam navauit operam; traiectus
La Lorraine sel* attribue, la Bourgo* globo uir nobdis audaciœ, Lotharinr
gne la hù dispute. Le nom de Claude gus^ortu, ourandis olim vulnenbus
'favorise Us Bourguignons. ly oit qu'il vitam toleraverat : mox perfacinus
soit , il est certain qu'il nous est venu haudhonestum conciliatus Mansfeld
de bon lieu. Le grand nombre d'enne- dio ferebatur , dictus uxorem ejus
mis qu'il a eus sont des convictions de sustulisse : sed nactus honores , ita se
sonruériu extraordinaire. lafoudre de gesserat y ut mereri majora semper
V envie passe les buissons, et elle s' atta-^ judtcaretur, quo mors ejus nec luctu
che aux hauteurs. Ils disent qu'il était ^P^ duœm , nec apudipstus novitaU
de basseextraetion, etqu'Uauait manié mvidentes gaudio carmt (8).
ixempts de passion en parient
autrement. Ils disent qu'en effet il mosus magis quhm cautus , accersere
sœpè non expectare moitem visus est. ,
( I ) Lettres de Boagir» , pag. 493 , édit. de ia
ffaje 16^ (5) Hiitoire nniTcrselle, (ont. ///, liv. V^
remarque (E). (6) Histoire de l'arcliidae Albert , 2iV. IF" ,
(3) Ce#l airui qu'il faut Iraduir» le Roinii pag. a64>
coDiiljo de Bongars f et non pawdu Rosni , eom- (7) C'est'h'-dire ^ au fort d'Isabelle.
me on n fait dans la version de ses Lettres. (8) Grotiai , Historiarom de Rebos belgicie
(4) Histoire lie rarehiduc AUiert* liy. IV, lib. JX, ad ann. 1600, pag. m. 579.
pag. a63. (9) De Bello belgico, lib. XUf, pug. m. 35*
LABOURLOTE.
natunt
'ilëcri-
Ence
)>^é assuj^ de la victoire. C'était à temps*là toates les nouvelles jiësavan-
)) lui qu'on confiait les coups de main . tageuses à l'Espagne étaient crues ans-
» Ceux qui n'aimaient pas qu'on les si aisément qu'aujourd'hui (i 4) celles
» hasardait tant , ou qui se voyaient qui sontdësayantageuses à la France.
» éclipsés de ses succès , le traitaient (E) Il fut tué,., le ^^ juillet 1600.]
)) de téméraire heureux (10). » L'auteur de l'Histoire ae l'archiduc
taille de Nieuport,- l'an 1600. Voyez phe sert a l'histoire de cehraye nom-
le père Gallucci (i i) : je crois qu'à se me : elle mérite donc d'âtre copiée ici.
trompe à l'égard de la dernière blés- «c II est enterré à Lopogne , dans une
sure : je n'ai point yu d'autre histo- » tombe relevée sons cette épitaphe :
rien qui en parle ; et d'ailleurs ils di- » Ici gtt noble et illustre seigneur, mas-
sent tous que Labourlote , peu de » sire Claude Labourlote, chevalier,
jours après la bataille, conduisit à » etduconseildeguerreduroî, colo-
meuport un secours considérable , » nel de douze compagnies Luxem-
qui contribua beaucoup à faire lever » bourgeoises, seigneur de Bemstein,
le siéjge que le prince Maurice avait » de Boncour, de la Vallée, de Lo-
mis «Ëvant cette place. Quant à la m poene et de Basi. Il fut tué an fort
blessure de Hulst, elle ne fut j>as » Isaoelle, prèsd'Ostende, lea4 juil-
1596 : il n'était point désabusé vingt une épitaphe , il ne faut pas v chan-
jours après ; car il assura , dans sa ger la moindre lettre ; il en faut re-
lettre du 37 d'août de la même année, tenir les barbarismes et les solécismes,
que Labourlote était mort de ses si l'on y en trouve , ou bien il faut
Blessures (13). Voila comment les mi- avertir que l'on n'en rapporte que la
nistres mêmes des princes sont sujets substance. Voici l'épitapne telJk que
à débiter de fausses nouvelles, et à M. le baron le Roi fa donne (16) ; je
n'en savoir pas promptement la faus* crois qu'elle ne diffère presque en rien
seté. Ib devraient être plus circon- de VongÎDal.Iejreist noble et illustre
spects là-dessus que ne l'était celui seigneur messire Gldude de Labour-
dont je parle , de qui d'ailleurs la ca- lotte , chevalier et du conseille de
pacite mérite beaucoup d'éloges. Mais guerre, colonel de douze compagnies
quand on le suit de près , on ne sau- luxembourgeoises , seigneur de Ber-
rait s'empêcher de dire qu'il croyait lestein, seigneur de Boncour, la P^al-
trop légèrement les nouvelles agréa» lée. Loppoigne , Basy : lequel a esté
blés, et qu'il les communiquait trop tué lez Ostende, pour le senHcedesa
à la hâte à ses amis. En voici une majesté , le i({ de julette 1600. Priez
preuve tirée de la même lettre où il Dieu pour son âme.
assura que Labourlote était mort: (J^) Il eut.... part aux actions bar--
f^ous aurez apparemment de la joie bares qua les troupes de VAmirante
quand uous apprendrez que le roi commirent... l'an tSgd.] Leurs extor-
d! Espagne est mort, et que les Espa" sions et leurs inhumanités donnent
gnols ne veulent point recevoir son de l'horreur à ceu:t qui les lisent dans
^s pour roi y comme étant né d'un les histoires. Lisez la description que
mariage incestueux. Rideas etiam d'Aubigné en a faite en peu de mots,
ciim intelliges regem Hisp. mortuum, dans le chapitre XlX du V^. livre de
(10) Histoire de rarcbidiic Albert, pag. 364. (>3) Idem, ibidem, pag. 49**
(11) In Historii Belli belgici. (14) On écrit ceci Van i6g5.
(ta) BurloUt post Rosnium ex pubieribtu (i5) Histoire de l'arcbidac Albert, ;7aj^. 364.
ohiit. Bongarsii Efisl. , pag, 5oo ,' /dit. de U (16) /n Topograpbiâ Gallo-Brabuntia, i/n^ri-
Maje, 1695. mée à Amsterdam , 1693, in-folio ^ pàg. 74.
LACYDË. 7
son troisième ▼oloflie. Quelques sei- sût (C). L'amitié d'une oie pour
tragei , il montra une uache , disant : trop bfl (Ë). Ce que Numénius
autant que cette béte. Notez que FA- raconte de lui a tout l'air d'une
mirante qui commandait ces troupes plaisanterie fabuleuse (F). M,
efait le même François de Btendose Vr '• û -.. a o . .«
dont j'ai parlé ci-dàsui (i8). - ' Moreri a feit des fautes tres-gros-
(G) // laissa un fils, ] Je redresse siëres (G)« La différence que le
ici mon auteur; il devait dire que La- përe Rapin trouve entre Arcësi-
lui-ci fut moine; ainsi la succession devint inquiète sous celui-là, et
de leur père fut pour leur sœur. Vovez contrariante sous celui-<â. Il est
la Topographie du Brabant wallon ^^^^^^^ ^^^ -^n^^js ^jj^ ^^ f^^
plus, contrariante que sous Arcë-
(17) Pag, 718. *.| *
(lëSCitation (64) tU VartieU Gaiooifts VII. »"»•
tom. VU, paf, aSa. . . ^ ,, « . . (ff) Rapin , Rëflexions sur la pliiloaophi* ,
,»aï?74 "*' ***''^'^ ' '«^•^rpa^.m.S^e, ^ ^
(A) Quelques-uns prétendent qu'il
son maître; mais je crois qu'ils se judanç'AjictéhfiUAç **T*/)f«c vpSvot, Ar-
trompent (A). Il se trouva pau— cesUas primas mediaim inuexit acade^
vre dans sa jeunesse , et ne kissa !^"! ^}^ A*xîi<ftiç iç-iip â w fittt
pas de se rendre illustre par son ^^^J^ prini^ps fuit ïa). J'aime
assiduité au travail , outre qu u mieux m'en rapporter à Cicëron. qui
ïthode
^ If • ^ ' r> Ti ' primo non admodum probati
game, avait fait faire (B). Il re- proximè à Lacyde solo betehta est :
pondit à ce prince qui le man- post autem eonficta a Cameade ofU
dait à sa cour, qu'il fallait re- ^^^J^^rtus ah Arcesild {^). La plu-
j 1 1 • 1 . • . 1 part des auteurs conviennent que
garder de loin le portrait des fcaméade a e'të le fondateur de Ja
rois {d). Il fégenta l^a pbiloso- troisième académie. Ils supposent
phie viogt-six ans (c), et se dé- donc que Lacyde s'attacha sans inno-
mit de sa charge en faveur de î.**^^'^ f "^ ^^S^* WA^ l^rS.
j , , P / y»x Ti • • Voyez la remarque (A) de 1 article
deux de ses écoliers (/). Il imi- Caiiiiéade.
tait son maître dans une chose (B ) // enseigna dans un jardin
louable , c'est qu'il aimait à faire qu'Attalus, roi de Pergame .avait
du bien sans se soucier qu'on le J?"f/"î!!l^ V""' iJ**^^^ •^^"^5^"
(a) Diog. Laërt. , lib. IV^ nupi* 5g. xMfrt» ùtro *ATTax3fcr to5 0ctvi\ii»ç, xati
(c) Hétaii Situe dans V Académie. JJi j„ |„„„i„ ; „„«. ,4'.
(rf) Diog. Laerl. , lib. IV, num, 60. (,) /j^m, ihid.^ num. Sg. Voyes-le aussi in
(e) Idam, ibid-^num. 61. Proam. , num. 14. ,
(/) Idem , ibid, , num. ^, (3) Cicero , Academ. QqiBst. , lib, IV ^ c. VTT
8 ' LACTDE.
Atmùikt^t iaf AÙrtS 4rpMii>epf vit». Za- non in publiea , non in balneis , non
cfdeB .igitur in jictuiemid scholam noctu. non interdiu digressus (lo).
nab^at in horto quem Attalus rex Quaua elle fat morte, Lacy de lui fît
Jiericuravcrat^ Lacydiumqueàbipso des funérailles aussi magnifiques
appellatus est (4)« ^i tous joiipMZ â que si elle eût été son fils ou son
cela Fenvie qu'il eut d'avoir Lacyde frère (ii).
à sa cour , tous comprendrez claire- (E) Il mourut de paralysie pour
ment qu'il aimait la philosophie. M. avoir trop bu.] 'H TtxiuT» Jh dLÙ*rS
Menace s'est fort abusé ici : il appli- irttfoJKvm i » 7e^\uvfmAi. Mortmis est
meut d'un autre Attalus à l'agricul- conte que Lacyde et un autre philt
ture. Cette confusion chronologique sophe, nomme Timon, furent couTÎés
est lin peu étrange. pour deux jours à un festin , et que
(C) // aimait a faire du bien sans s'accommodant à l'humeur de la
se soucier qu'on le sût. ] C'était l'une compagnie ^ ils burent copieusement,
des bonnes quadités d'Arcésilas , Lacyde quitta la partie le premier
comme on l'a vu dans la remarque jour , et il se retira dés qu'il sentit
(I) de son article. Voyons un récit de ^u'il en tenait. Timon le voyant par-
Plutarque (8). Pource €pjien la phi- ^ cria victoire; mais le lendemain
losophie les enfans naissent senuflu" il succomba le premier : fl. ne put
hles a leurs parens, Lacyde, un des vider la coupe qu'on lui avait portée.
disciples (g) de Arcesilaus, assistoit Lacyde lui rendit le change. Voilà
en jugement avec plusieurs autres a qui est bien vilain. Des philosophes
un sien ami nommé Cephisocrates , ne devraient jamais disputer pour
accusé de crime de lœse majesté : en une telle victoire : non-seulement il
plaidant laquelle cause l'accusateur est blâmable de la remporter , mais
requit qu' il eust a exhiber son anneau, aussi d'y aspirer ; et <}uoique l'igno-
lequel il avoit tout bellement laissé minie duvainc^ueur soit dç droitplus
tomber à terre : dequoi Laejrdes s' es- grande^ que l'ignominie du vaincu ,
tant apperceu , mit aussi tost le pied celui-ci ne laisse pas de mériter une
dessus, et le cacha , pource que toute flétrissure. Combien de philosophes
la preuve du fait dont il estoitaues- chrétiens, combien même detheolo-
tion dépendait de cet anneau. Après giens , ont imité Timon et Lacyde !
la sentence donnée Cephisocrates ab' (P) Ce que JVuménius raconte... a
sous à pur et à plein , alla remercier tout l'air d'une plaisanterie. ^Yoici
et carresser les juges de la bonne le précis de sa narration (i 4): lacyde
Lacydes : et lui conta comme le cas enfermait ses provisions leur était
estait allé , sans que Laejrdes en eust inaccessible ; il y mettait lui-même ,
dit mot h personne, et il en tirait lui-même ce qu'il fallait,
(D) L'amitié d'une oie pour lui fut ®' jamais il ne le laissait ouvert : mais
fort singulière.] nie le suivait par- pour n'être pas embarrassé de la clef ,
tout , dans la maison et dehors , de ^^ ^^ mettait dans un trou (i6) c[u'il
nuit et de jour. Lisez ces paroles de cachetait , et après cela il faisait
Vline ipotest et sapientiœ videriin"
tellectus his ( anseribus ) e«c. /te J^''^^^''''W!t'^''K i^fl'^^'âJ^'*^'
.^^ jj ,' r y rore* aussi Athenèc. lib. XIIl. pag.Gno.
cornes perpétua adhœsisse Lacfdi t„) ^»., /i*. r/A Hi.i. Animal., ca;,,
philosopho dicitur , nusquam ab eo , XLL
Ci a) Di<^. Laërt. , lib* IV^ num. 6i.
(4) Diog. Laërt. , lib. IV^ num. 6o. (i3j Athen. «'/(&. X, eap. X, pag. 438.
(5) Menag. , in Diog. Laërt. , {. /f^, num. 6o. 04) ^omenioc, apud Easebiam, Pnepar.
(6J Platarch. , in Demetrio. ErangeL, lib. XI T, eap. FU, pag. 734 et
(7) Justin., lib. XXXV J. sequent.
(8) Plntarchna , de Diicrim. Adulât, et Amici, C*^) ^* tttfAUOV , penus.
pag. 63 : je m« sert de la version «i'Amyot. (>6) Je ne.m'aliaehe pas au grec , oU ilj a
(q) Pluuraae venait de rapporter un bienfait ï»ff T» »to7\oir yp atp/juLr *7o f , cavl «uMam io
(«l«À/ <l'ArcéciUi« arcoli
LACYDE. 9
mber son cachet dans k dépense soutenaient qu'ils n'ataient rien dé-
Î) pax le trou de la serrure. Ses cacheté , et qu'il avait oublié d*ap-
ets ayant découvert cela , le trom- poser son sceau. Il leur étalait de
^renl: tout à leur aise : il leur fut grands discours pour leur faire voir
elle d'avoir la clef , et de la remet- qu'il se souvenait exactement d'avoir
e où il l'avait mise , et de cacheter cacheté , et il passait même jusques au
trou : ils burent , ils mangèrent y serment. Vous voulez vous divertir ,
s dérobèrent tout ce que bon leur répondaient - ils , et vous moquer
>ml)la , non sans se moquer de lui. de notre simplicité. Un philosophe
: s''a.perçut de son oâté fort aisément coihme vous n'a point d opinions,
e \aL diminution de son vin et de ni de mémoire; car vous souteniez
ss cLenrées: etyUe sachant a^uis'en l'autre jour en notre présence que
»x*exi<lre, il se souvint d'avoir ouï la mémoire est une opinion. Il les
Lire qu'Arcésilas enseignait que nos réfuta par des raisons difierentes de
en s ni notre raison ne comprennent celles des académiciens ; mais ils re-
'ien ^ et il attribua le vide de ses coururent à un stpïque qui leur àp-
^outeilles et de ses paniers à cette prit a répliquer à leur maître , et à
:ude deS' connaissances humaines. Il santeries. Le pis fut qu'ils continué-
(e servit même de cette expérience rent à piller les provisions , et qne
lomestique , pour prouver qu'il avait Lacy de voyait disparaître ses meubles
-aison de suspendre en toutes choses de jour en jour. Il se trouva bien
ion jugement. Je ne vous allègue embarrassé : ses principes , au lieu
>oiiit un ouï-dire , représenta-t-il un de lui être favorables , lui étaient
our gravement à quelqu'un de ses contraires ; et il fallut qu'il se con-
Loxis ; je sais par moi-même ce que duistt comme le peuple. Tout , le
[e "vais vous conter : j'en puis parler voisinage fut rempli de ses clameurs,
sans aucun doute. Lâ-dessus il lui et de seS plaintes^ il protesta partons
aarra d'un bout à l'autre l'aventure les dieux et par toutes les déesses qu'il
de son garde-manger. Zenon, conti- était volé (iS) : enfin il'i)rit le parti
aua-t-iî , que pourratt-il dire contre de ne sortir point , et de garder à vue
un argument de cette force , qui m'a la porte de sa dépense (tg). Que ga-
démontré si clairement l'acatalepsie ? gnait-il en disputant avec ses valets ?
N''ai-je pas raison de me défier de U employait contre eux la méthode
toutes cnoses , puisqu'ayant fermé, des stoïciens , et ils lui répondaient
cacheté, décacheté , rouvert de mes par la méthode de l'académie : ils le
propres mains , je ne revois plus dans battaient de ses propres armes. Voici
ma dépense ce que j'y avais laissé ?
J^y retrouve seulement mon cachet , /,g) niray lîc TâLuN>:ayov , tovc o^cito-
eut de sa bévue , et prit la résolution eomUii vieinos inclamare , appellan àeos t sm-
de garder mieux son cachet. Ses valets P^ *** '"**». prokfacinus indigmtm , pn' deos
ne s en mirent point en peine ; et soit „^gZienîa , ^um homini gtii^icribus in qJrelis,
<{U lis eussent appris des stoïciens , ubifidem. non impelrat , sine arts ntUura suffpe-
OÙ d'ailleurs , à «fisputer contre lui , *'«'«'• <?»»• luidem omma magno clamore. de-
US aecacneterent sa ciei sans se sou- rt^|^„de*iini. Nameniu» , api»d Euiebium , Pne-
cier de la remettre sous un pareil par. eTangel., Oh. XIF^ cap. Fllyp. ^36, B,
scellé. Ils en remettaient un autre , iig)olKovpoçltv ^xoç vou rnjtAtku ^faKA-
et quelquefois même ils n'en remet- Bnfjitijaç. Domi dàneeps htwrebat perpétua , ac
taient aucun. Il se fâchait quand il proceUm suafoiihus axsidebat. idem, ibidem,
voyait leur friponnerie l mais ils lui <;♦«* «rorfurtion me semble meilleure tiue celle
" *■ ' de In. &iu)uu«, dans ses noies sur Diogene
« «, -Xairce^ pog. 533. Sempet amicnm cellu penan-
{fj) To rct^tioy f penur, li» cusloacm donù relirait.
lo LÂCTDE.
guellelut risBue de cette affaire. Vou- la fondation d'ane aca^I^naie pal
rnt se délivrer une fais pour tontes eyde. 3^. Il ne lidlait point tnett
de la peine insupportable ^où il se mort à la quatrième année de la
manière dans les ëcoles , et nous vi- imprimenrs avaient omis quel
Tons d'une autre dans les maisons, chose au premier calcul, ilsn^ea»
Ôv/l^v Sk ùt ov^y, tf^fXMv, thr%tSi/utit9t point erre au second ar'ec la jast<
oT'To 0ip^èy «vT^ ipx*^"^» «9rfft«xi^4*^ <{ui se trouve ifii. Il faut donc^
ro.^Akhmty I^N, TflcvTflt, ^ «"«««Ac, tf assure qfu'ils ont snivi la copie.
*ra^ JïwTùiCtuc hÂyrat i/uûfy ê.Khan A que peut'On faire de plus absun
^m/utf. Kerum uii nihil agit , secum que de remarquer qn'Arcësilas a vi
iffse cogitans f quo sua swi wersùlia la^iao". olympiade, et que Ltacyi
reoideret ; tanaem animi sensumpa" son disciple , est mort la denû^
Ihm, ac sinefueo aperiens , nimirum , année de la 34** olympiade (aa) ? i
inquit , famuli , aliter hœc in schold Quand même on eût mis sa moH
disputamusy aliter tdtdmus (20). l'an 4 de l'ol3rmpiade iS4 9 ^° ^^
Ce conte est joli , et il eût pu pren- pas laissé de se tromper , car il 1
dre entre les mains de M. de la Fon- mourut qu'environ la iF. année de
taine nne forme tonfc-à-fait divertis^ t\j*. En voici la prenre : Diogéi
santé ^ mais qui ne voit cru'on l'a foreé Laërce remarque q[ue Lacvde aja
à plaisir par une frauae pieuse des commencé d^éfre le chef de Pacadi
stoïciens ? Cette méthode est de tous mie , la 4** année de la tS4^. oIjiï
les temps et de tous les fienx : on a piade , mourut après avoir enseigi
toujours cherché , et l'on cherche en* ta phâosophie vingt-six ans^ "BrttÀ
eore à tourner en ridicule la doctrine *na% ^ o-XoKât^Z*''^ «/>çeu<f roc, ta» Tfraéfii
et la personne de ses adversaires; trit tmc «rcrapTiic «ou Tptautoç'îiç u
et afin d^en venir à bout , on suppose lKctrQ^iiç\OM/JLiriàiiàÇy *nif v^ùt^ç i^i
mille fables , pour peu au'on trouve ^n^'et^ivo; ff 'v»o^ toT; tixo^iv %nni. OM
un prétexte d outrer malicieusement autem. citm scholam admirâstrare ca
les conséquences de leurs opinions, pisset quarto annà centesimœ trigt
On a suivi cette passion avec tant simœ quartce olympiadis , viginti se\
d'aveuglement contre les pjrrrho- annis in sehola consumpHs (aS). 5^
niens , qu'on a mis â part non«seule* C'est une absurdité que de troayei
ment la bonne foi , mais aussi la dans ces parolps que Lacyde com-
vraisemblance ; car ils n'ont jamais mencait a se mettre en réputaiion^^^
nié que pour les usages de la vie hu- après avoir enseigné pingt-^six am
maine , u ne fallût se conduire par (a4). 6°. Il ne serait euère raisonna^
le témoignage des sens. Ils ont seule- ble de le dire de quelque professeur
ment nié qn'il fût certain que la que ce fût ; car s'il passe vingt-ciod
nature absolue des objets est toute ans d^exercice sans être estimé , il
tellequ'elle parait. Notez que Diogène court risque ordinairement parlaot
Laè'rce (ai) s'est contenté d'observer de mourir sans réputation,
que notre Lacyde , ajant cacheté Notez que le père Hardouins'abase
rentrée 'de sa dépense , jetait son à l'égard du temps de la mort du phi-
cachet dédans , et que ses valets em- losophe Lacyde. Obiisse dicitur, dit-
ployèrent ce cachet pour dérober des il (aS) , anno ^oljrmp. cxxx. Il cite
provisions sans qu'il le pût décou- le page 130 de Diogène Laërce, édi*
vrir. ^ tion de Londres, 1664, i/i-^ofto. Mais
(tj)3f, Moréri afcdt des fautes très- outre que Ton y trouve (26) l'olym-
erossières."] 1°. Au lieu oe dire que piade i34 , et non pas la i3o*. , il
le père de Lacyde était natif de Ci-
rène , il fallait marquer que Lacyde (aa) M. VUtkti U dit mous U mot Arcésilaoi .
Îr était né. a**. Il ne fallait pas adopter (a3) Diog. Laën. , Ub. iF, num. 61.
'erreur de Diogène Laërce, touchant («4) Moréri ne cite ^u» Diogine Ltërce.
(95) Hardainn* , in PUnittin, lUf. X , eap.
(ao) Nàmeniaf , apud Entebiom , Pnepar. XXI Jj pag. 4o8.
Evans. , Ub. XIV^ eap. VII^ pag. 786 , C. (a6) CesU'à'dire , dans le grec , car dans U
(ai; DIog. Laërtf lib. IV^ ruun. Sq. version laUne Us mprimeurs ont oubUé qwwXtt.
LACISIUS. LAÎS. 1»
: sûr qu'dl« coûceTDé k commen- Latran , au XVP. siècle , était de
Exi^ent de la profession de Lacydè , Vérone {a). Il enseigna la lan-
mon point sa mort. Le père Labb« latine dan» le prieuré de
le le philosophe Lacyde mourut la que Pierre Martyr y était nneur
îx-niérç année de la i34«. olympiade, ^^j. et ayant goûté avec lui le»
aclqu'un me demandera peut-être sj j ^ ^es protestons , il le sui-
'.rrtrcl?:^^!*?»::^.^^ vit'en AUemVe. ou ils en;fr.
:i peut donner deux preuves. La i""*. Fent une profession ouverte ,. i ao
ît qu'il ne fut chef de IMcole acadé- jg/^ S'étant arrêtés quelque
àique qu'après la mort f Arcësilas ^ ' . 2 j^h , et puis à Bâle
»8), et nous savons qu'Arcésilas a ^™Pf ^^ l^ùr-L h Stras-
tëcontemporaind'Eumènes, prince (c) , ils furent attires a »tras
e Pergame (^9) , qui ne succéda à bourg par Martin Bucer, qui pTOr
►hilëtère qu'en la i^g®. olympiade. ^^^ ^ Pierre Martyr une chaire
-e père Labbe le marque ain^ (3o); ^^fesseur en théologie, et à
3s haisons de ce phdosophe avec J»« P'"*"'. . , ^^^ç^JLn A^ la
;«niènes demandent quHl ait v^cu Paul Lacisms la profession de la
usqu'à la iSo«. olympiade. Cela langue . grecque {d). Ce aernier
tant , on ne peut pas dire que son j^Q^rut à Strasbourg je ne sais
uccesseur soit mort la 4«. année de ji / n Sa version latine des
'olympiade 1S4 ; car sa régence a 3^?"^,^^> tJ^* Jl« f«t îmnri- -
luré vingt-sU aks. Ma a«. preuve Chihades de Tzetzes tut la^^ri-
st tirée de ce qu'Attalus, roi de mée avec le grec, lan 1340? a
>ergame, avait fait faire le jardin de g^je chez JeanOporin (/).
'académie où Lacyde enseigna , et
Tu'il voulut faire venir à sa cour ce ^^^ Melcli. Adam. , in Vit» PetrvMartyrw,
philosophe. Il n'y a guère d'apparence p^ff. 33.
ifue ces deux choses se rapportent au (^) idem , ibidem.
premier an de sf)n règne, c'est-à- (c)ldemyibid.,pag,36.
dire à Pan 3 de la ï34*. olympiade ld)Tden^, ibidem.
(3i). Disoné donc que Lacyde ne {e) Idem , ibidem, pag. 35.
mourut pas l'année suivante : souve- ^ ^f) Epitome Bibtioth. Gesneri, pag. 667.
nons-nous que s'il n'eût enseigné que
fort peu de mois dans ce jardin , on L A ï S , fameuse COUrtiSane ,
serait absurde de ne lui donner d'au- ^i^ît d'Hvccara, ville de Sicile
tre école que celle-là , et d'observer JY!^%':.^1^^ enGrëce .
«lême qu'elle prit son nom de lui, (^)- ^Ue fut transportée en we
Il faut donc quHl y ait enseigné plu- lorsque sa patne eut ete jpuiee
sieurs années, et par conséquent qu'il par Nîcias , général des Athe-
ne soit point mort un an après r gj^ s'établit à Corinthe ,
qu'Attalusmontasurle trône. Séthus ^ .,:.", ,1,^ j„ monde la
èalvisius(3a)acommislamémefaute qm était la ville du «^^^^^J^
que le père Ubbe. plus propre aux femm^ Ue son
(a,) L. père L.bbe, chnmoi. fr«ç.. u>n.. métier (B) ; et elle y fit un; si
ii,pag.'ioitài'ann.deRo,ne5ii' grand fracas , quon ne vit }a-
(«8) DioglBo Laêrce» /tv. /f^, nain. 60, Al © . \ ^^«-HcariP nui attirât
^ae La^de est U seul f« aU tdsigni sa maiS de COUrtlSanC qui aiuriic
chtdre penfiani sa vie. pluS de -mOude (C). tillC avait
(3o Labbe, ch«ioi.f«nç., loi».//, w: été avertie par une espèce ae
ass. ^ révélation qu'elle se signalerait ,
% S'i« c.tui!:!'::;. ""aZl^t^ «t q«'elle ferait un grand gain ;
pas. m 368. car elle avait songé que Venus
LACISIUS ( Paul ) , chanoine lui apparaissait pour lui anpon-
régulier de la congrégation de cer l'arrivée de quelques chalands
s
12 ' LâIS«
trës-riches (D). Les orateurs les au'elles s'en défirent cmellemenj
plus illustres , et même les phi- Elles l'attirèrent dans un templi
fosophes :les plus sauvages , de^ de Vénus , et l'y assommèrent |
vinrent anioureux d'elle. Person« coups de pierre (c) , ou seloi
ne n'ignore que Démosthène alla d'autres , en lui jetant sur la tet^
tout exprès à Gorin the pour avoir les chaises qu'elles trou veren t soim
une de ses nuits , mais la taxe leur main. Tous les auteurs n^
u'elle y mettait le rebuta (E). conviennent pas .'qu'elle soit mop
^n n'ignore point non plus l'at- te de cette façon (L). J'ai dit en
tachement qu'eut pour elle Dio- un autre endroit (d) , qu'elle ût
gène le cynique (F). Il la trouva son apprentissage sous le peintre
tout-à-fait traitâble , quelque Apelles. Il semble en enet que
pauvre , et quelque malpropre ce fut lui qui enleva son puce-
4]u'tl fût ; et cela est beaucoup lage , si l'on s'arrête aux auteurs
plus étonnant que de voir qu'elle que )'ai allégués. Voyez (e) de
aijt eu tant de liaisons avec le quelle manière il répondit à ceux
philosophe Aristippe, qui était qui se moquèrent de lui , sous
la propreté et la politesse même, prétexte qu'il avait choisi une
On prétendit qu'il n'en était pas novice : mais si l'on entre dans
aimé et on l'en railla. La réponse les discussions^ on trouve de quoi
qu'il fit là-dessus est fort cava- douter de ce conte (M). La con-
lière(G). Il y en a qui disent (a) jecturede ceux qui disent qu'il
' que l'envie qu'elle portait à une y a eu deux courtisanes nommées
autre courtisane (a) , l'engagea à Laïs (N) , est fondée sur ce que
donner accès aux pauvres aussi- la chronologie nés souffre pas que
bien qu'aux riches , afin de se l'on applique à la même femme
signaler par la multitude de ses tout ce qui se dit de Laïs. Il n'y
soupirans. Mais d'autres soutien- a point d'apparence qu'elle fut
nent qu'elle ne se donna pour fille d'Alcibiade ( JT) « ui qu'elle
Îieu de chose que quand elle fut ait été auteur (0). Nous avons
gée (H) : quelques-uns préten- une épigramme d'Ausone qui est
dent qu'elle ne servait alors qu'au fort jolie , touchant le miroir de
maquerellage (I). D'autres disent cette impudique (F). J'ai oublié
que le plaisir qu'elle trouvait à de dire qu'elle fut si amoureuse
se distinguer par le grand nom- d'Ëubates , qu'elle l'obligea à lui
bre de personnes qui recher- promettre qu'il l'épouserait (Q);
chaient ses faveurs, ne l'empê- mais il trouva les moyens d'élu-,
cha point de' quitter Corinthe , der cette promesse. De quelques
oii elle avait. toujours une foule charmes qu'elle fut pourvue, il
de galans ; et de s'en aller en ne lui fut pas possible de vaincre
Thessalie, pour y chercher un la continence du philosophe Xé-
jeune homme dont elle était pas- nocrate (R). Elle se défendit un
sionnée (K). Les femmes de ce jour fort adroitement contre Eu-
pays-là conçurent Unt de jalou- (,) y^„ u, remarque (K).
sie contre cette belle créature ^ {d)DansParticied^kvvLLEA,tûm.T^pag.
i65, remarque (E).
(u) AtUen. , lib. XJIJ, pag. 588. (e) Là même,
ib) Cétait Phryné, (/) roj-es la remarque (T),
LAÏS. i3
rîpide , qui la censurait avec rai- SicUiemic (5; , sans marquer ^en par-
* ^o' X, ^- .^^^^\>À o»^ Uculier la ville d'où elle ëtait : mais
ion (S). Tatien a reproche aux ^t^ënëe, au livre XIII , page 588 ,
3aïens le monument qui avait cite trois auteurs (6) , qui disent ex-
Eté érigé aux débaucbes de cette pressëmenl qu'elle était d'Hyccara
ffarcer%). Il nomme Turnus le dans la Sicile. L'un de ces trois ëcri-
D ^ vo/ ..o'. «4. Jk* vams remarque quelle alla esclave à
sculpteur qui 1 avait tait , et des- c^^^nthe. 'A^' U *»A:^t*x«Toç >fvo/*lvi.
là Ton doit conclure que c était 5"jc,v «ç Kopiv8ov. ^x gfuo ( oppido Hyc-
un fameux maître dans cet art- caris) captiua Corinthum venitirù.
mention, je ne lerai quuuc ic- cite (9) synesius qui la nommée
marque pour les fautes de M. Mo- *T*x*/)jko¥ ivJ>A9ro«ft)v , Hyccaricum
réri, et pour celles de quelques f^f^^'T.; ^^^ f *"*ï? ^^î.^^* ^^*^
* » iJt . . /rr\ T •« (10) Neanthes , auteur d un livre des
autres Dictionnaires (Ij. Jamais hommes illustres , qui a dit qu'elle
il n'y eut de hardiesse plus ex- ^tait nëe à Crastus , ville de Sicile.
travasante que celle d'Antoine II cite même Timëe , comme ayant
de Siévara II a débité ton- ^^\ qu'elle ëtaitd'Eucarpia dans la
w= viu^vaio.. même île. Cependant nous venons de
chant Laïs mille faussetés ridi- yoir que Timëe, citëparAthënëe,la
cules (V) , comme s'il les avait fait native d'Hyccara j et comm?
trouvées dans les livres des an- d'aiUeurs personne ne fait mention
Ti ' ^«f. l^«11» #*i^A ^A d un lieu de Sicile nomme ^ucarpùz,
ciens. Peu s en est fa lu que je j^ trouve très-vraisemblable la Tonl
n'aie passe sous silence 1 aventure Jecture de Bèrkelius ( 1 1 ) , savoir
dji sculpteur Myron (X). qu'Etienne de Byzance se servit d'un '
exemplaire de limëe , où les copistes
(^) Tatian., contra GrœcoSfpa^. m. 170. avaient mis £i/»a^;n«i pour "TjtJtdtpa.
Casaubon (12) observe que la patrie
{k) Elle était tf Hyccara , ville de de Laïs, tout de même que celle
Sicile. ] C'est Plutarque qui nous d'fiomère, et celle de quelques autres
l'apprend , lorsqu'il parle de la prise hommes illustres , n'a pas etë bien
de cette ville (i). On en venait les connue 5 et il cite Solin quia dit :
habitans , et Laïs fut vendue comme Laïs eligere patriam maluit quant
les autres : on la transporta au Pélo- fateri{\^). Casaubon ajoute quequel-
ponnèse; elle était encore fille (a), ques-uns la font naître à Pancarpia
Quelques modernes assurent qu'elle aans la PLrygie ; mais apparemment
fut vendue a Corinthe (3) ; mais ils sa mémoire le trompa (i4) : il se sou-
n'ont point consulté Pausanias , ni vint confusément devoir ju qu^on la
son traducteur , qui leur eussent faisait nattre à Eucarpia dans la Sici>
appris clairement qu'elle fut vendue le, lieu dont Etienne de B^zance fait
à Hyccara , et puis transportée à mention dans l'article d'Éucarpia de
Corinthe. Pausanias s'accorde en tout Phrygie ': ses idées se brouillèrent
avec Plutarque ; il dit comme lui là-dessus : il s'imagina qn''il avait lu
qu'elle était encore une ' jeune fille que Pancarpia dans la Phrygie était
(4). Solin s'est contenté de la faire
' ■' (5) Solin. , cap. V.
t ST» . «T. .* »^« «r I (6) Polimon, Nympbodore ei Timée.
j^iL^ir^ti^- "'• '"^"^'-" l,jp,.»..yuaW.. >,u^.
(»)*Et» xo^nf . rirçinem etianuwm. Idem , (8) /» «'«« T*««for.
in Nv:ifi,pa^.,533, C. (g) In voce EvKAfirtA.
f3) Tbomcnt , <!• varift Hiat., lih. I, cm, (lo) /n voceT^fUtç'oS.
LXXXJ. L'un des commentaUur* des EmWè- . j ,^ Slephâo. Voce EùacLùmàL.
mtê A^Alatt. pag. m. 33o. Dû V«rdier Vau- ) '- .V exs.
PrW..,DiTe;.Î.Lçon.,«,V. ///, chap. FI, <xa) I» Athen.. ;.<^. 869.
pag. m. 184. (»3) Sobn. , cap. V.
14) n«rira ouffatf . JdbiupueUam. Pansa- (»4) ''«tT" Pm«do , ia Stepbannm, vo«e
«îa», Ub. Il, pag. lis. EUKAfTTtA.
,4 LkïS.
la patrie de Laïs , selon quelqoes Venus on certain nombre de ces C7e
ëcnvams. Le sieur Pinëdo va infini- tureSyS^ils obtenaient les faveurs qui
^^^^ ^^ W»»MM*^« ^^-^m — ■ — -— — — — — _^_ __ , , _ .^ .^— ^^ ,
ment plus loin que Casaubon , sur le lui demandaient j et que Xénopbi
parallèle dHomére avec cette cour- le Corinthien lui fit un sembiaK
tisane : il prétend oue plusieurs yilles yœu , en cas qu'il Yainc|utt aux jev
se disputèrent la gloire d'avoir pro- olympiques. Ajr«nt obtenu sa Tictoin
duit Diïs (i5). il s'acquitta de son yœu fort exadf
ce qu'en dêoite Ltoncnias. u assure au sacnuce qu u lui onm , après s«
que les Corinthiens d^ leurs prières retour des jeux olympiques. Ces vingts
solennelles demandaient aux dieux cinq filles entonnèrent même le ca^
d'augmenter le nombre des courti- tique que l'on chanta pendant qot
sanes (16). Il cite Athénée, qui ne dit Ton immolait la victime. Voyez ton-
nullement cela. Mais voici apparem- chant le putanisme de Connthe , lo
ment ce qui a trompé Loticnius \ il Adages d^Érasme (lo) , où il cite d!
s'est reposé trop bonnement sur ces endroit notable de Strabon C^o).
paroles d'Érasme : Tantus Corinthi Cela suffit pour justifier mon texte,
nonos habebatur meretricibus , ut et en même temps pour faire voir qiK
quemadmodum ex autoribus docet les païens ne pouvaient pas dire, qne
Athenceus , ilUc in templo yenerU les abominations qu'ils publiaient dt <
prostarent , àtque in solemnibus pre^ leurs dieux n'étaient que des contes '
dbus illud adai soleat , ut dii auge- poétiques : car voici une ville trés-
fent meretricunt numerum. Quin et florissante qui témoigne par ses lois
illud refert meretrices facto sacro et par son culte public , qu'elle croit
Veneri , civitatem extremo periculo que les courtisanes faisaient Unservice
laborantem servdsse placatd F'enere agréable à Vénus en se prostituant,
(in). Erasme outre les choses.^ Athé- et ^ue leur intercession auprès d'elle
née dit seulement qu'il y avait à Co- était souverainement efficace pour
<- rinthe une ancienne loi qui ordon- détourner les malheurs publics. Cest
nait que, lorsque la ville ferait faire une marque qu'ils ajoutaient foi aux
des supplications à Vénus pour quel- contes que l'on faisait des adultères de
que affaire d'importance , on asscn- cette déesse.
blerait le plus grand nombre de {C) Qn ne uit jamais de courtisane
courtisanes que Pou pourrait , afin qui attirât plus de monde. ] C'est de
qu'elles assistassent à la pompe delà quoi Properce ,(ai) rend un témoi-
procession , et qu'elles priassent cette gnage bien formel :
déesse , et demeurassent les dernières j^^„ ^ compUbant EpfymtB («) Zaido,
dans son temple (18). Dans le reste ades,
Érasme a été un fidèle rapporteur; -^^ cujus jœuit Gracia tota foret.
car il estvrai qu'Athénée dit que l'on Les expressions de Plutarque sont
croyait que les prostituées de Corin- aussi fortes qu'elles pouvaient être :
(iq) Eraiiin. , in proverhium , Non est cnjusli-
(x5) CelehMt mereUioes urbes etiam si Dits bet Corinthnm aspellere. * C'est le /•'. de U
plaeet itluslnuil t de qud (Laide) deeertabant IF^. centurie de ta /'«. ehUiade^pag. m. i3a.
quadam civilates haud sews ae de Homero, (at>)Strabo, Uh. Vll^pag, 961.
Pinedo , in Voce Kpetç'ôff. Voye%-le aussi sur le (ax) Properl. , lib. II ^ eteg. FI.
mot*'TKKAfOl . (aa) Ceslrh-dire^ CorinthUe; .car l'ancien
(16) Lotichiu. , in Petnmiam , pag, »3a. J^J»»^^ '*/*"/^'' Corinlhe était Ephyra. Plin,
(X7) ErMBi. , KopiTÔw^éçrôçt» , >„ pro..«*. id * * 3. pfXf ,1. ,' in Amatorio , pag. 767.
est «cortatiODibns ac Instna indnigeref lenoci- ^ ' , ./ ** it \
n\um<{neexeTeere. C'est U proverbe LXr III, (a4) ATTù^pctTAO-a, ^»y «U»» ifctç-aiv
centur. III, chiliad. IF, pag. m. go4* Kfù^A /miyAV ç'peiTOV. HagmunaUonanama'
u (18) AibenafBs, lib. XIII , pag. 5^3 , ex torum clam sublerfugiens exerciUm* Idemi
Cbamarlconle Heracleote , in tibro de Piodaro. ibidem.
■■MV>!«««>'S^!aS!41
1
J
1
LÀlâ. i5
rt dViVot/âiv Aico» Aai/a twv ioi^/Awi ( Latdi) eilifii estet Cotinthiy f^enus
i/vMv KAivokvnoeLrùn, wc cvc^Xi^f «rodai Melœnis iwe JYigella dormienti noc"
w 'BxKi/a., fiuthXii Jh vtttç îua^i «y tu se ostendU y et adventum prœnun-*
ipi/Aflt;^MTac âAXai9tf-Aic« InaMiditfistis' ciauUamatorumquiforeatpecuniosiS'
%ud dubiè qwd Laïdi obtigerit. No' simi, ut memorat Hrperiaes Actione
lis illa et tant multis amata viris secundd contra Anstagoram (39).
itœ sui desiderio Grœciam inflam- (£) Démosthène alla tout exprès
\ai'ity atque adeo de qudduo maria a Corinthe pour avoir une de ses
srlaverant. Voyez son ëpitàphe dans nuits ; mais la taxe le rebuta."]
i remarque (K). Cette historiette a été habilite fort
La demoiselle Jaequette Guillau- joliment â la.franç^se par M. le Pays
ne assure, â la page nn de ses Dames (3o). Voici comment Aulu-Gelle la
Llustres (a5) , «c que run des princi- rapporte (3i) : Laïs Corinihia ob ele'
> pauz galans de Laïs , courtisane gantiam venustatemque formas gran^
» publique , loi fit faire une statue dem pecuniam demereoat : conuen-
* semblable à celle de Pallas , «t y îusque ad eam ditiorum hominum ex
» fit mettre cette inscription : A la omni Grœcid célèbres erant : neque
» divinUé de Laïs , pour avoir triom" admittebatur , msi qui dabat, quod
> phé des esprits de tous les philoso^ poposcerat, Poscebat autem illa ni-
> phesj et du courage de tous les con- mium quantum. Hinc ait natum esse
> quérans, » Je voudrais qu'on eût illudjrequens apudGrœcos adagium,
nté <juelque bon auteur, ou pour ov 9r<«v<roc eîv^pot U Kopiydoy M* ô ^rxuvç.
Le moins quelque auteur; caria per^ Quod frustra iret Corinthum ad Laï-
sonne y dont j'ai rapporté les paroles aem , qui non quiret darequod posce-
Q^est pas d'une telle exactitude retur. Ad hatic ille Demosthenes
qu''on se puisse bien fier à son t&r clanculum adit ; et ut sibi copiamfa-
moignage. cei^t , petit : at Laïs /au^aç S^aX/^àç
(D) Elle avait songé que P^énus irAKAfToypoposcit.ffoafacitnummi
lui apparaissait pour lui annoncer nostratisdenariumdecemmiUia.Tali
l'arrivée de queùues chalands très- petulantid muiieris atque peoUniœ
riches,^ Ce fut Vénus , surnommée magnitudine ictus expavidusque De-
M^lxnis ou la Noire, qui lui apparut, mosthenes avertit; et discedens, ^go.
Elle avait un temple sous ce titre-la inquit , pœnitere tanti non emo. Sed
dans un faubourg de Corinthe (a6). Grœca ipsa, quasjerturdixisse, le-
On a cru que ce surnom était fondé pidiora sunt , oi/x dfoufMu , inquit -,
sur ce qa'ordinairèment parlant , les fAupimf S^xi*^^ /utitAfAiKttAi,
hommes trayaillent à la multiplica- (F) Un n'ignore point l'attache-
tion de leur espèce pendant la nuit ment qu'eut pour elle Diogènele cy-
(^7) , et non pas durant le jour com- nique,"^ Elle lui faisait la courtoisie
me les bétes(a8). Si ce fondement du toute entière; il la baisait gratis,
surnom Melœnis était solide , on ne C'est ce (jue le valet d'Aristippe re-
trouverait pas que Vénus , en tant présentait à son maître , en le voyant
•desjours et des nuits. Mais quoiqu'il que d'autres n'en jouissent point»
en soit, il y eut un orateur qui fît mais afin d'en jouir moi-même,
meûtion de ce songe dans l'un de ses *Ov««^o/i(iToc {t/^o oîxiTot/, Sti a-ù fitv
plaidoyers. Vous iravez qu'à lire ces *vtw roa^urai ÀpyùptQV iiiuç , n Sk ^rpcT-
paroles d'Athénée : î jmu 'A^^oJVtji « xtt J^io>lv«i nrm xi/»< ovyMïJrraUy àffr%-
tn Kopivd» » MfXAivic »AXo(//a?ji , yc/xTO( xfhéuro , ly»^ AAtJi X^^pttyS vokkJL ,
êin^àUfOfMl» , flUKTvIT laO/Ç'Sf I^O^V ^0- h a «It/TOC etVTMC ÀTCtÙvAltt» , t^ÙX **VtA fAH
xurAhAfretv. oô 'T^rtp/dVx /uivnjuLoywêi ly «xxoc (Sa). Aristippe était l'homme
*tS kata 'Apiç'fltvopay /kt/<r<A>' Huic _
(a5) Ce Ui^fffiaimpnm/ a Pans , f^meK. (3 J^ Oans s0s Amitié , Amoari et Amoarettes.
fâS ÏS^^S Vlli ^ Vt ^^•> ^"*- ^•"- ' ^"^^ ^" • "• '' '=«''•
197) iocm , uù. ri Ai, cap. ri. wr»» e -• • fi .-^ » v^.^«
C»8} ûm/Wr 7w» *i^rà, ciiacion (45) 4W«r- ^^^'^ '* Sotionii lihro eut utuîus, K»/>*C
ticle i» troitiima ilac de Gvttti lom. Fil , AfCAX9fl«ec.
pdf. 393. (3b) Athenv , I<fr. X///, pag. 588.
i6 LAÏS.
dm moods U pliu eoinmode pour tes vutripm ;t^irrA» uérisiippiis'qui
AMStresMi ; if nVn ëtait point jaloux, dem aptâ^i se uittupemnti qm
«t peu lui importait qnVllet prodi- amaret , rt^pamdu : A vbto ^
puassent é d'autres les mêmes UTeors el piioe VË^npMtto anutri me y i
qu'il en retirait. Cest ce qu'il dëcla« utrwpte tihcnêert^eseori^S). Dai
ra â Diogéne qui lai avait dit p3) : autre rencontre , Arirtippe rep
f^ouê eouchéz autc une femme pubti- une chose <loiit plnaîeon autfui,
que f ou quittez'la , ou sores cynique parl^ , et €pii témoigne qo'fl
commn moi. TVoui^s-i'oiu absurde , qu'il allât souvent cihez Laïs , il
lui répondit Aristippe , d habiter taitnullement l'e9<:]aTedesapi9
dan» uns maison qui a seryi de logis Càm esset ahfccluiM habeneml
à pluêieur» autres , ou de s*embar- da , habeo . inaasit , non habé\
quer »ur un vaisseau qui aportéplu" Laide (37). La réponse estpio^r*^
iinurt pasênger»? lYon , repondit dans Athénée (3S)f ix^ mm ai |
Diogéne : Tout de même y reprit Âris- fuu, habeo et non haheor. PIf.
tippe, il n'est nullement absurde da- auteurs font mention de cette"»
voir affaire avec une femme que pluf se. Dioeène Laêrce ne l'oabiki
sieur» autres ont déjà connue (34). dans la Vie d* Aristippe , etvoi^
Voici une description divertissante quelle maniii^ La<:tanceiiiap/>i^
de l'équipage sous lequel ces deux Aristippo Cynenaicorum nu^
philosophes rôdaient autour du lo- cum Laide nobiii scortofuA tm
gis do Laïs , si nous en croyons tudo^ quod flagitittm gratnsHU'
le Tassoni : Ma che bel t^ere Dio^ 'losophiœ doctor sic defendtU
gène einieo col mantello di roma- diceret^ fnulUun inier se, et caïc
gnuolo squardato , e rappezzato , la Laulis amatores interesse, faôii
haH>a squalida , senza camicia , e haberet Laidens , ald verô à h*
lordo , e pidoochioso far delVinna- haberentur. Oprœclara, et iniu^
morato ^ passegfnando lungo la porta bonis sapientia : huic vero lihef^^
délia famosa Laide, et dallaltra disâpUnam dores j ut ditcennt'^
parte compaiire il suo riuale Aristip' bere meretricem. j£liquid uiUr^'-
po , tutto profumato , ed attilato , perditos , interesse dicebai , ^
sputando zibetto, e mirarlo di torto, e quod illi bona sua perdertnt} f
isvargli il muro ; e la signora starsi gratis luxuriaretur. Inquotsst»^
alla gelosia , pigliandosi gusto di pe- pientior merttrix fuit , quaf^'
derli passeggiaro al sereno (35). phum habuit pro lenone^v^^*
(G) La réponse que fit Ut-dessus omnis juuentus doctoris ejr«nplo<^
Aristippe est fort cavalière, 1 Je ne authoritate corrupta , sine uU^f'
pendant je m'en nourris avec beau- du la pensée du philosophe. I^^
coujf déplaisir. C'est Plutarque qui d' Aristippe était : Je pais chez '^
m'apprend cela : ses paroles n'ont je suis en possession de ce droit W
pas été bien entendues par Amyot ; mais elle ne me tient pas sousiy'^
car il suppose qu' Aristippe répondit, je demeure toujours te maître ^^[
je n'aime ni les poissons , ni le uin , commerce : je le puis quitter ^ ^f
Î quoique j'en use agréablement. Voici heure si je le ueux. D ne voulait p^'°
e grec j on n'y trouve point cette
pensée. 'A/iiV»5rwoç tS xarnyafoZi/ri (36) PluUrcl». , m Anutorio , ;«i^. 7^
A0Ud^Ç wpoc eti/TOf, «C ou ^IXOÔOTIÇ , «TO- (37) Cicero, cpist. XXVI, fi». IX ** '•*
xfnaifAtvoç or» »eti roi oiioy oÏita» luù litres.
(39) LaeUBt. , m. III , cap. J^^^f^
(33) Athen. , Ub. XIII , pag. 58S. "•• »«4- ^ , .^^
(34) Voyn U* NoavdlM Lettres de U Çritl- (4o) £;t«»» yviONUL Grmei àucerfh^
ane du CalTÎnisme, pag. 55o. Ilr a danslaïli' tini hâbere nuilierem , d» eo qui od f^^
btiothique fraoçaife de dn Vcrdier, pag. ûSg, *tÊO jure eiun voUhat^ verUiUibal... If**"' f^
un fort joli pointe sur cela , eomposépar Pierre lionû exempbun hahes apud TerenM'^.^'l a.
4« Brecb , Bordelais. '^ dri^I.t.rB. 58. Qois Cbry«dem kfj»'*' \1
(35) Tusonif Peasicri DiTerti, tib. VII^ eap. de re Muretus variar. Leet. Vl, 7. Me»»/ '
XI, pag. aaS. Dtof«n. Laërt. , Ub. 11^ nmn. 75.
LAÏS. ^ ,,
, i^re , comme le suçpoge Uçtance , rrer ce qu'eUe . leur eût rabattu
.^o ce commerce ne lui coûtait rien. Voyez le grec d'Élien que ie cite en
^. .us avons vu ci-dessus la plainte de note (45). Atiënëe la dënelnt beau-
té ^a valet sur les dépenses d^Anstippe coup plus accommodante II dit
,^,cet égard. Je ne dois pas oublier qu'elle ne faisait point de différence
^e ce philosophe dedia a Lais quel- entre les pauvres et les riches où
F-v^u f "!:ï*Sf WO- iTi*»/,/»*»»/^* ^xoi»-,oy S 9riyi.TA (46). Elle
McC ^) <?"«/?"«* - «*«* soutiennent ne prenait rien de Diogène. Apna^
,(2^ elle ne se donna pour peu de cho- remment elle imitait les médecins
^ que quand elle fut âgée.] Epicrate charitables qui traitent les pauvres
,,i^ aes vers ou il la traita cruellement, pour rien : mais elle se dédommageait
^. /rsqu elle eteit jeune, dit-il (4^) , elle sur les riches , comme font plusieurs
^^^it 81 fiere a cause de ses ricbesses , médecins qui ne prennent rien des
; .l'on avait plus de peine a la voir pauvres.
, yà voir Pharnabaze. Mais présente- ri)... Om^//ï«>»c-w»« «w,^'#-»^ -
-ent ou'elle est vieille, ilfest très- çu'e]le-;^'s?rll'^^^^^^
^ ,3ile de lui faire tout ce qu'on veut : retlage. ] Il n'y avait point de divi-
d:>i^7*b*>^'-«R*r*<>«^«U/a^mctin- nitéSansle paganisme qui fût plus
.^.Ifëremment les vieillards et les jeu- fidèlement servie par ses ministres
,^s hommes : elle est devenue si que la déesse Vénus ; car pour l'or-
^,jmble et si débonnaire qu'elle dinaire, les femmes qui se prosti-
^.nd la main pour demander la pas- tuaient faisaient durer leur prostitu-
„de. C est Athénée qui rapporte ces tion autant qu'il leur éUit possible •
^,^.rs dfipicrate : d les tire J'un ou- et quand les rides de la vieSlesse le!
^ -âge intitulé Anti-Lais. M: BaïUet privaient de tout second , eUes n'a-
;i oublié dans sa collection des anti. bandonnaient pas le service • elles s*.
- est impossible d accorder ensemble mettaient à faire des écoliéres et à
.s auteurs qui parient de Lais. Elle ménaeer des entrevues. C'est ce aue
^ .:ait presque inaccessible selon Epi- Claudien a dit de Laïs.
*'patc , quand elle était jeune. Un au- -, . ,.
^•e auteur dit qu'elle fut nommée f ~^f iiT""'^->^^T'' ^-^Ar«fa LaU
^^ xme a cause de son humeur farou- Canities, dum turba pr^cax, noctisq^i^dU
ae, et à cause qu'elle rançonnait -^"*^^^'** t'iraropulsaiurfonuatactu^
^S amans (43) : elle voulait trop Ca- ^^^^l^''f'*"^j*^"P*lÇulo damnante senectus,
j'aer , et ne faisait point quartier là- ^^ ^^y^ -i-^ 'uccingU Una minU.
.essus (44)« En particulier elle usait DiUetumque dih quamw longœva lupanar
''une avarice démesurée à l'égard ^*'*»** *' '■*"'««' '«<"*•'» quosperdidit a-
^ es étrangers ; car comme ils devaient '*"
!^ artir bientôt, elle voyait qu'ils n'au- , ^^l^i ™c fait souvenir de ces inva-
^^aient pas le loisir de marchander , ^'^àes dont nos gazettes nous ont parlé
'h que si elle ne prenait pas d'eux quelquefois, ae pouvant plus porter
'out à la fois une grosse somme, elle 1®^ armes, ils sont envoyés sur les
Vaurait point l'occasion de recou- <5^5^^ pour y faire faire l'exercice aux
milices. Si vous voulez une antre
; (4.J piog. Laërt., /»*. /, n. 84, 85. Comparaison , considérez cette mule
>^'x//r;-T'5To "''"'^ f^^'r J^i^^orien .rec nous parle
1, (43)"C>riA*i^pit*rA|/vHixAAfm-«M'v- (4»). Ayant rendu de longs services
t« ^é àuitm tI •^•Ti/^of toSto toS; «ISo^ç ^^ peuple d Athènes, elle fut exemp-
t>/>ioT»T*; xai Sri ^roxi/ i^eiTTiTo, xAk \^^ du travail , avec permission d'al-
;Ti^«xxov^ct/)^T»»fif«y,<2T«ct^*xx«T- ^^'^ P^;*/® °" <^P^ voudrait; mais
TOfAiimy 9*TT0». Lais etiam Axin. nunc^ P^^f ''^^^^ P^' ?""*'^1' ^"^ s'allait
*ata est. Quod ejus eognomen ingenii smi^Uiam mettre au-devant deS Chariots , et en-
vdarguebat , ^uodque nimium quwstum exige- courageait en quelque facon les bétes
Vnt 'dZZtTi^i:r.r:%t:t^ltSlT ^«o™™« *ï«i 1^« paient. Ce qui fut
«p. XXXr. Voyez aussi L chap\ v'du L^ *^^^^ *I"® ^^^ ordoDua qu'elle fût
Kil, ou Von cite pour cela Ariftopbane de Bt- „-^ ^. ,
iance. ' (45) Ci-destut , citation (4^).
(44) Neque aJmittebatur nisi gui dabat quod (4^) ^t^«o. , Ub. XIII, pag, 588.
*oposcerat! poseebat autem illa nimium quan- (4?) Claudiân. , Ub. /, in Eatropiom , vs. qo.
um. K. C.n.«. Ub. /. cap. FUI. (48) Plut.reh. , m Vitâ M. C.toni..
TOME IX. o
i8 LAlS.
nourrie toute sa vie aux dépens du chercher un jeune homme dont ei
public. était passionnée. ] Ce qu'on Tient (
Je ne dois pas oublier une bërue roir (5i) sur la paurretë et suri
du trés-docte Barthius. Il a cru (4q) inaquerellages de Laïs , ne s'accori
2ue Synësius nous donne l'histoire de point avec ce que dit Plutarque ; c
aïs, dans la lettre où il est parlé il assure que quand cette courtisa
d'une courtisane qui fut d'abord la sortit de Corinthe, elle y avait lu
concubine d'un maître de navire , et armée de galans , et que les feniiDt
puis celle d'un rhétoricien , et puis de Thessalie ne la tuèrent qu'a cauf
celle d'un valet, et puis femme pu- qu'elles portaient envie à l'éclat d
'blique, et enfin maquerelle. Il est sa beauté (5a). Le Thessalîen dm
sûr qu'il ne s'agit point là de L^ïs , elle devint amoureuse s'appelait Hij
mais de la mère d'un rhétoricien polochus , si nous en croyons Plu
nouveau marié avec la nièce de Sy- tarque ; mais Athénée le noma
nésius : mésalliance qui déplaisait Pausanias (53). Ils conviennent Toi
extrêmement à cet auteur. Voici le et l'autre que le temple de Vent.
passage tout entier. Ilxifv t î ^m ti xi- dans lequel elle fut tuée , acqnit c
yùunv ooru xAi^roi vv/A^ioy i/uûy /AMrfbBtf surnom qui marqua ce crime; ilfi'
dTToa^/uifùwot y%uAXoyùth'r*ç AÙvh éjro surnommé , selon Plutarque, le t«B
«rîfc h ^Nibt» Aflti/bc 'H yàp Aaïç , 1 ^n tic pie de Vénus Homicide , *A^f'J^
jf^ xoT'Oy^A^oc, Â/Jjsa^o/by , mv'Txxa^i- âv Jjbo^ôvoi/ , et selon Athénëe, le tm
xof . '£» Sixixifitc f MTN/ulvoy , odcv « xA\xi- pie de Vénus Profanée , thoniiç '
9r«tic H n-*xùZa'A rov ^miCghtov. Kci4 aCth ^^o^tmc. On bâtit un tombeau à h
TTùiKùu fAh f^AXXflucst/fTo tAvxKw^JiT' SUT la rivièrc de Pénée, avec cet.:
^OTJi* ivitrcL /Ah TOI pNTOfli , Ktù To^TM épitaphc :
**î x^d«* tÎ; ^ox«- Jf^iiT* xa^Air^i TsccT.^-oÔ i.^iO.«x*./A:*««»*"t«^
f t ■ s * '"• <«* 9rooc ttXxiiv
x<*T<Xt/ert , T«& tv ilxixi'* ^*iJ))Tp/Cfi, ic«î ^*»*^*> ?» ''^*'"»'«'' ^P^f . ô/»«4" '^
To7ç f Ivoïc *vTi**eiV««n'y. Nisi forte ali- ^ î*'^'»^*^» . _
^um/ éiiciint qui et sponsum nobis h ^•'JJ*' ^ •» «*^«»'»'« etTT*Xi»ow ^
matris eenere uerbis efferunt , eenus „ . ,.*^* , ^ . ,.
e/Eis àfamosd illd ÏTaïde dùctntes. -^"'"'fe ' "-«"'"•"«'• *'>'**«'"
iSfam Laïs {dixit jam quidam histO- Gracia ^formd ieahiu œquipnrandâ ^r.
rtarum scriptor) mancipium fuit _ ta et m seMuttemredaetu en
Brçcaricum, çmçtumex Sicdid "^X^tZI^'iSiZZ^l^î^-^
unde nobis venu illa pulchrorum fi-
Uorum mater quœ celebrem illum pe- Athénée réfute çar-là ceux qui d
périt. Et ipsa quidem oUm scortum saient qu'elle avait été enterrée dai
fuit Naucleri neri, deindè rhetoris le faubourg de Gorinthe nommé Cr
similiter heri , tertii deindè post illos nion. Il est pourtant vrai qu'(
consenti, et clam cit^itatis , deindè voyait son monument dans ce fa
rugas aestuit, aauitas jam
puellas in ed instituit , hospiiibusque n'eussent point son corps , ils voul
pro se substituit (5o). Voici une per- rent sans doute lui ériger un mou
sonne dont on pouvait assurer que la
dernière condition était pire que la (5«) Dont Us deux mnarqnet jrréeédenu
première , car sa prostitution était (Sa) '£xf7 é)k aMv ai yv^(t7}t%i ùtto c
moins pernicieuse que son maque- vot/ tuù ^nxot/ J)«l to ««txxoc %U Upoi 'A^
reliage. «Vthc Tr^cAyAy^ua'àn KAvi\*uo-Ay kaI
(K) Elle fut en JTiessalie, pour y ^dlipety. Ihi verb eam muUer»» iHTiDiA I
ciBiTUMHit et mmulatione impuhm , in i
(4q) Barthiaf , Animtdv. ad lib. I Claadiani EJ""» ^*"«"' adductam lapidibus obrue*
in Eutropium. v/. gS. pag. lagi , edit. M1.40. «"Urch. , m Amalorio . p«p. 768 , A.
(5o) Synetius , «pi»l. III . png. m. ai. Je me <**) ^**»«'»- » ^'^' ^^^^' ''"*• ^^^
fers de ta iraduelion de Thomas Naogeorgus, et (^4) Idetn^ ibidem,
de Védition de Bdle, i558 , in-8<>. (55) Pausan. , lib. II, pag. 45.
LAIS. * iq
-nent. Ils jr iîrent graver une lionne reur inour<)t debout (60*): mais,
lont les pieds de devant étaient ap- selon les principes des païens, il fal-
puyés sur un bélier (56). Voyez les lait qu^une courtisane, pour mou-
Emblèmes d'Alciat (57). Selon Pausa- rir glorieusement , fût dans une tout
nias, le. galant aueLaïs alla chercher autre posture j et Laïs, eu son espèce,
dans la Thessalie se nommait Hip- fit ce que Vespasien prescrivait aux
postratus. Au reste, la conjecture de empereurs.
Geusius ne me paraît point solide. Il (si) On trouve de quoi douter de ce
croit que les &mmes de Thessalie conte r\ Souvenons-nous que la nais-
îminolerent Laïs à Ve'nus, comme sance de Laïs doit être placée sous
une victime qui s'était rendue odieu- l'an 4 de la 89®. olympiade , et qu'A-
se à cette dresse par l'ambition de pelle^ étant sur mer fut contraint par
J_ «-/!• Tir .!_ j. 4»_ J l<i_l > Al T *.
qu'elles l'eussent pu tuer fort com- mencer, pour le plus tôt, que dans
modément en d'autres lieux, f^erisi- la 11 4*. olympiade. La supposition la
mi/e est , dit-il (58) , quod hœc Laïs plus commode pour les auteurs de ce
sud et pulchritudine Venens ipsius dû règne de Ptolomée. Il serait donc
gloriam affeétdsse, imo obscurdsse , né l'an i*'. de la 91*. olympiade.
et ita inmgnationem et iram ejus in Mais , selon cela , n'eût-il pas été âgé
se excitasse videbatur. Nam quare de près de qii atre-vinct- quinze ans
ipsam non in alio loco, inforo , pla- lorsque Ptolomée, fils de Lagus, com-
te^ , vel œdibus occiderunt ? auare mença son rèene ? et y a-t-fl aucune
ipsam in f^eneris templo lapidibus et apparence qu'à cet âge-là il eût été
scamnis ohruerunt, nisi propterea , en état de souffrir la mer, et de faire
ut Laida Veneris œmulam coram ipsd ce ,que l'on suppose qu'il fit à la cour
f^enere in sacrificium mactarent? d'Egypte ? Ce grand âge aurait-il été
(L) Tous les auteurs ne conviens passé sous silence par tous les écri-
nent pas qu'elle soit morte de cette vains qui nous restent? On ne peut
J'acon,'] Il y en a qui disent (5q) qu'un lever ces difficultés qu'en augmentant
noyau d'olive l'étrangla : ainsi sa la durée de la virginité de Laïs, c'est -
mort fut assez semblable à celle d'A- à-dire qu'en supposant que ce peintre,
nacréon. D'autres prétendent qu'elle âgé de vingt ans , la fit venir au repas
mourut dans l'acte vénérien (60). lorsqu'elle était déjà parvenue a la
Pour une personne qui s'était vouée quarantième ou à la trente-cinquième
au service delà déesse Vénus, c'était année de sa vie. Or c'est supposer des
une mort glorieuse, c'était mourir choses tout-à-fait contraires à la vrai-
au lit d'honneur , et en signalant sa semblance , et aux récits que l'on
fidélité. C'est comme quand un euer- trouve dans les auteurs. Il serait bien
rier est tué dans une nataille. Quel- plus raisonnable de supposer que
qu'un a dit qu'il fallait qu'un empe- l'âge d'Apelles était le double de ce-
(56) P.«.n. . ibidem. l?}/"" ,^*'«- La plus grande probabi-
(57) Le LXXir:, pag. m. 339- l'*^ ^^^ 3^^ ^®"® ^Hf Commença de
(58) Jacobns Geaaiai, theologus et mediew bonne heure son vilam métier , et
Frisiiu , in Traelain de Yictimis hamania, part, qu'ainsi Apelles ne fut Poiot SOn Cor-
//, png. 48a, 483. rupteur. Notez que la fontaine de Pi-
(5q) Ptolem. Hepb«.t. , apud Pfaotiam, pag. ^ène , d'où l'on prétend qu'il la voyait
"W/Wi A«^ ^, T.x.c/T«^' *^iÔ*- ^.^.^J^i^'^^SSf 'V^,"^"*^ ^« ^^^P.P^ :
M ^ifow/SvJi. ^^^^ ^ Connthe. C'est pourquoi , si
j4e ne taU quidem obierat jam : eian subige- (go*) Imperatorem ait stantem mori oportere.
retur mortua est. VwpaM.naa . apud Saetoa. , m VMpaa., cap.
PhileUernt, in V^natrice, apud Atben. , lib. XaIK.
XIII, pag. 587. Vore% Bigar. d« des Accorda , (61) Ci-dessus , citalion (9) de Varikle Aul-
Uv. I, folio 181, versoj i8a et 191- tM , tom. II ypag. x64i
30 ' LA iS.
lliistoire ^tait Tmtable , il foadrtiC mrradr» au lecteur ? En lecoad li
conclore qnHl arait lait da s^onr Plutarque , pariant de Laïs, tille
d^» cette Tille , et je ne crois point la concobine d^Alcibiade , dît expi
qu'aucon auteur ait dit cela pontife- sëment quVUe ëtait native d^Hjca
ment. «n Sicile (65) , et qu*el]e en fut tra
(N) On conjecture au il y a eu deux Dortée esciare. Ainsi, selon PI utaq
courtisanes ftomnu'esiéOÛ.^CeVieAoni. la même Laïs qu^ Athénée nomm«
des Aineniens aans la sicue , c eso- «|uc •& «^cuc qui aemanaa une gro
dire Tan a de Tc^ympiade qi . Elle somme à Démosthéne , est différa
puisque uemostnene n osa auer a lk>- miere , seaon Auienee , aurait pm
rinthe quVn cachette , afin de jouir dé la Sicilienne qui fut T-endue du
de Laîs , il fallait c^n^il ne fÛt pas un Hjrccara Tan a de la ^i«. olympi^ .
jeune écolier, mais on homme qui et serait encore plus incapable qa::
arait acquis beaucoup de réputation, seconde d'Athénée d'avoir reçu o^
On doit donc supposer que pour le Tisite de Démosthéne. En trobûs'
moins il ayait trente ans ; ainsi Laïs lieu , la grosse somme demandée àc<<
aurait eu alors soixante-sept ans (63). orateur suppose^ manifestement çj
n n'y a donc nulle apparence , ni que 1^ courtisane était encore bien jeu»
Démosthéne se fût soucié de la Tofr, ^n ne fait pas tant la rencherie >.
ni qu'elle lui eût demandé une grosse delà de trente-cina ans. Or , coms
somme. Ce fut donc une autre I^îs ^J ^ beaucoup d aoparence qae .
qui la demanda à Démosthéne. Il y concubine d'Alcibiade était déjà m^
a donc eu deux courtisanes nommées de Laïs lorsqu'Alcibiade mourat b
Laïs. La difficulté sera très -grande , ''•• année de la 94*. olynipiade . i
quand même on supposera que Dé- faudrait dire que Laïs était pour l
mosthène fit ce voyage de Corinthe moins plus Egée de vin^ aus que D;
h l'âge d'environ vingt ans ; car notre mosthène ; et sur ce pied-là , si et;
Laïs eût été presque sexagénaire. Je orateur , âgé de trente ans , eût £21;
vois que plusieurs auteurs se fondent 1^ voyage de Corinthe afin de coa
sur un passage d'Athénée , où il est cher avec cette courtisane , il iarai(
dit qu'AIcibiade menait toujours avec aimé une femme de cinquante n^,
lui deux concubines , savoir : Dama- jni t^ait â près de quatre miUf
sandra , mère de la jeune Laïs (6i) , francs l'une de ses nuits (66). Pn.!
et Théodote , qui eut soin de ses tu- moi , an lieu d'admettre deux Laiv
nérailles quand il eut été tué dans un j^aimerais mieux dire que les auteur
bourg de la Phrygie. Ce passage d'A- gi^cs, qui observaient mal la chr>
thénée a quelque lorce ; car il suppose noiogie (67) , ont appliqué a la cour
qu'il y avait eu une Laïs avant celle tisane de ce nom une aventure de Dt
qui était fille de Damasandra : mais il mosthène qui concernait une autn
reste néanmoins beaucoup de diffi- fille de joie. Notez qu'en un aatr
cultes. En premier lien , Athénée ,
qui rapporte tant de choses concer* (gs) TAt/Titc \iywn Bi/yaripA ytritrit
nant Laïs, n'use jamais de distinc- A*i<r*, t»? KopivÔ/*» /uiv îrpiir«n,wi:
tion; tout va comme s'il n'y avait ja- B*7TAf , U It 'Txm^mt , 2ijttx«oi; t
mais eu qu'une Laïs. S'exprime -t-on xiVyuAToç , Ai>ju<ixi»T6? ^vA^iraf. r^ .
ainsi quand on est persuadé qu'il y ferma JtUam fuisse Laîd*m^<pim dicta fuUC.
en a deux , et quand on veut l'ap- "«'**« ♦ ^"^"» Hjceari$ SieAim oppiduio fwM
*^ '^ capUva àbducia. PluUrcb. , in Alcib. , subji-.
pag. ai 3, D.
(63) DemonheM naqna ran 4 de la «jS*. poposcU , hoc facit numi nostraîit denarimn n
oljmptade. f^o7«ExerciU»ion« Palfneru, np$id cem mittia. A. Gellios, Ub. /, eap^VllI ly
Lloyd, t'Mtf Lais, ei0;^af< Mvnasmm, inDiog. nariom Aetem. aillia jonl , xe/on GasMod
Laën. ^ hh. II y num. 7$^ trois mille si^t cent tingt^demx livres , moniM.^
(64) Tïc ActîiToc *rîïc iturifA^JuniripA. àe France.
Juniorit Laldis matrem. Atben. , lib. XllI , (67) A^^q^ea Scaligtr , in Ensebium, num. -y
pag. 574. P^S' "•• 49-
LâÏS. 21
;u Athénée dit qu'Alcibiade , étant chassant cela en un bracelet d'ar-
n^jral d'armée , avait avec lui deux gent ^ i( sert aux morsure^ des chiens
»iic u bines, Timandra, mère de Laïs enragés, et aux Jieure^ tierces et
Corinthienne , et ThëodoteTAthé- quartes. Cest insinuer fort claire-
.exine (68). Cela insinue clairement ment qilt ces deux femmes avaient
tie T'imandra était déjà mère de Laïsj fait un livre de remèdes. Le père Har-
; il est sûr que la même Laïs , qui douin assure que S^lpe avait écrit de
a.it née en Sicile , a été nommée la remediis ma/{e2)n6u« (76). L'autre pas-
or inlhienne. Plutarque le dit for- sage de Pline , où Laïs et Éléphantis
lellement (60). Notez aussi qu'Athé- sont associées, insinue la même chose.
ëe donne a ta mère de Laïs tantôt le Quœ Laîs et Eléphantis inter se con-
om <le Damasandra , tantôt celui de traria prodidére de ahortiuis , carbone
^imaodra , et qull attribue à Théo- è radice brassicas , yel myrti , uel ta-
Ole le soin des funérailles d'Alci- mariais in eo sanguine exstincto : item
îade ; mais Plutarque attribue à usinas non concipere tôt anms , quot
'imandra et d'avoir été la mère de grana hordei contacta ederint : quœ-
«aïs , et d'avoir enterré Alcibiade que alia nunoupa%fére monstnpca 9
70). aut inter ipsas pugnantia : cum hœc
(O) // n*y a point d' Apparence fecunditatem fieri iisdem modis , qui-
} IL elle ait été auteur, ] Pline (71) a bus illa sterCUtatem , prœnunciaret ,
it^ deux choses qu'il avait lues dans melius est non credere (77) : c'est-à-
es écrits d'une femme nommée Làïs. dire , selon la version de du Pinet ,,
A Vassocie la première fois avec Ëlé- quant a ce que lacortizanne Laïs {*'),
)hantis , et la seconde avec Salpe , et et la poétesse Eléphantis (**) , disent
)eu après il fait mention d'une sage- du sang menstruel, et pour faire fan-
'emme , nommée Sotira. On sait qirÉ- dr^ l'enfant au t^entre de la mère ; et
éphantis avait composé des livres du charbon de racines de choux , ou
remplis d'impudicités. Voyez la re- de meurte , ou de tamarix , esteint
marque (P) de l'article Hélène, et auditsang,il n*y a oi'dred'y adjou-
Suétone an chapitre XLIIl de la Vie ter foy, car V une contrarie du tout
de Tibère, et Martial dans l'épigram- au dire de Vautre. Autant en est-il
me XLIII du XII'. livre. Galien té- de ce qu'elles disent , qu'une saumc
moigne (7a) qu'Éléphantis avait écrit demeurera autant d'années à retenir
un traité de Cosmétique. Pai marqué que de grains t^orge elle aura man-
ailleurs (73) le sens de ce mot. Satpe gez , qui auroyent esté infectez de
était de l'île de Lesbos (74) , et avait sang menstruel. Mesmes ces -deux
fait un ouvrage de plaisanterie ou de cortizannes disent sur ce fait plu-
jeux et de divertissemens ; mais il n'y sieurs choses monstrueuses , et aus-
a pas beaucoup d'apparence que Pline quelles ne faut adjouster aucune foy:
l'ait alléguée par rapport à cet on- car ce que l'une dit estre bon pour
vrage: Laïs et Salpe , dit-il (7$) , ca- avoir denf ans , l'autre le tient propre
num rabiosorum morsus, et tertianas pour garder d'en at^oir. Ce traducteur
quartanasque febres , menstruo in la- s^est ingéré de décider une chose que
nâ arietis nigri , argenteo bracchiali Pline n a point marquée. Il dit har-
incluso , c'est-à-dire , selon la version diment qu'il s'agit ici de la courti-
de du Pinet , Laïs et Salpe , toutes sane Laïs , et il entend sans doute
deux fort renommées courtizannes , celle qui fait la matière de cet arti-
disent qu* enueloppant du sang mens- cle. S'il l'avait ainsi décidé dans une
truel en laine d un bélier noir , et en- note marginale, il se serait rendu
bien moins téméraire ^ mais il le
(68) Atbea. , lib. XII, pag. 535. donne Comme la propre version des
(6g) Plnurch., in AleU»iade, subfn., pag. termes de l'original. C'est une har-
iti. ai3.
(70) Ibidem. (76) Hardnin. , in Indice Anlor. Plioiî, p. ii8.
(71) Plia. , lib, XXFIH, cap. Vil, (v}) ?'>«• . '**• XXriJI, cap. VII, p. 587..
(71) Clend. , in librU iWr<i rùTraUf. ( ') C'esioUune eortisann, sicilienne, qui se
tmW T^^ V 9* Ȉ.\ jt retira a Connthe , OU elle eut telle vogue , au il
/ ,x ^ . ,*,„l, coucher une nuict avec elle.
VV. TÎ.. • ' *•*• ^'^* ''•*• *•• ' '*'• (*') C'estoit une paillarde qui fit parier d'elle
(:5) PLn. , lib. XXFIII, cap, VU , p. 588. par Vinfame poésie qu'elle fit.
22 lais.
diesse inexcusable. Le père Hardouin s^en fallait guère que les traces <
a été infîniment plus retenu ; il avoue embrassemens n'y demeurassent i
âu'il ne sait P^b si Pline a cite Pune primëes aussi-bien qu'aux chairs <\
es deux courtbanes qui se nom- les courraient. OSrot /jtif toi a-ù/jifiti
maient Laïs, et il qualifie fage-fem- xeti T^i/^iptl riç A«uJhç T«t fAitity •(
me , obstetrix , celle que Pline a ci' yf^^uSt durnc MyiÇta^ett *rÀ or<t i
tée (78)* Si je ne voyais point de infnwwfjLhtÊ Jbiciiv' rotyetpùav rsûir
remèdes de fièvre tierce et de fièvre jmk»ùu ^i ô^oiok ^î ài7rA>ÂnrnT0L a-urxTi
quarte dans les paroles de Pline , et /AAKi/rr*rcLt tn o'a.fxt , xeu 'rtuc i^aTus.
si je n'y voyais que des remèdes de dyxAXêut ùirttMt, CœterUm tant c^^
stérilité' et des recettes d'avortement, cinna , tam delicata Laidi niembn
je serais plus dispose à croire qu'il a ut pressiiis adtrectan* dicas lenui t
cité un ouvrage fait par notre Laïs , ductilia ossa. Nom eaferé ûna eu:
ou attribue à cette fameuse courti- carne impressos digitos recipiunt te-
sane ; car il n'y a guère de gens aussi nerrima , ceduntque amplcjtis amut-
informés de tout ce qui peut ou faci- rum ulnis (81).
liter, ou empêcher la conception, ou - (P) Nous auons une épigramt.
faire sauter des fœtus, que les per- d'yiusone.'.touchant le miroir de cett
sonnes qui font le métier de Laïs ; impudique.'l Ausdne n'a fait que tn-
métier qui embrasse le malheureux duire une epigràmme de Platon, qui
art de rendre office à celles qui ont à est dans l'Anthologie. Il y a bien
craindre le déshonneur; métier, en réussi.
un mot , qui se termine par-la , qui Zau anu^ Vmgri specukun du« : dignum
trouve là son réduit lorsque l'âge ne habeat »»
favorise point les autres fonctions. . MumaœUrnum forma rmùsurium.
Jnais , après tout , je ne trouve pomt /^^ ^
vraisemblable que notre Laïs ait fait QuaUssum noXo^nualiter^m nequeo (H
survécut à si
iui devint
o'çposition avec ceux d'iïue autre vi- g;^abfe"1jeirr'rccoWe avec les au-
laine femme, nommée Eléphantis. Je teurs dont j'ai parlé dans les rem.11-
ne sais si une honnête matrone, ex- g^eg (H) et (if, mais non paè avec
perte en secrets, et accoucheuse de plutarque. Voyez la remarque (K).
FI"f'?r;A^'l ?ir vf ""PP '"^ Vous trouverez dans les Commen-
Lais : car ce nom , aussi-Dien aue ce- j. -^ 1 v^ii* jwi • ^ 1
lui âe Chrysi» et de Thaï, , et gem- ^"^' *" '? emblème» d Alcat quel-
ui ui^ ^i»'i. «^ ^j. ' » j • «lae» vers latins ou 1 on représente
hh'Ji^.^^L A^ "Î"''f» fort joliment le5 doléances ^e Lais.
^? ,.r.^^.,>^t!f '^^ "V^' Hles étaient fondées sur deux rai-
ce fut sans doute a cet usaee que Ion 1 ^ • « t ». 9 Ti
«u^^r^^^^A^ ^««- „« i:^£» • r * *o^* ' 1* première , c est qu'elle se
s accommoda dans un livre qui fut •«.■.«.j'il' i^n
. '17 H "•' Toy ait toute délabrée quand elle con-
imprime en France vers le commen- r«. :* _• • 1^ ^^c^uu
^^Z^^t. A,. YVïe «;Ao1« - 1 *•* sultait son miroir: la seconde, c est
cément du XVI«. siècle , sous le titre „„»^ii^ oo«f.;t - .V^ lo» fl, .' a.
Rome. Aristenet a donné le nom de "?"?, f "ÎLI f„TJâ*iF""^"* "'
Laïs à «on amie (79) : entendez par ce ?''• ^^^ '*'">* ^"^ '**='>''»'=•
mot-là non-seulement sa maîtresse , ^* tamen idem animas stimulot suh ptaort
une fille qu'il aimait (80) , mais aussi ^t noilVfnTifeMda corda Deo;
une fille dont il était aimé et favorise Sic seeum t Fa6ie nimium vivœior, s mens,
sans réserve; car il dit qu'elle avait CurdudumhmcanusetifUtqutpuella ma-
ies os presque flexibles , et qu'il ne n«(83)?
La vérité est que sous son nom on re-
(78) Haraum. , in lodiee Antor. Plinii , pag. présentait l'état d'une vieille courti-
(7g) F'oj'e* ta première lettre. Iljr d/crii Us (81) Idem, ibid. , pag. 6.
beautés de celle maîtresse fon partieulièreinent. (8a) Ansoniiu , epigramm. LT.
(80) Aett^x Twy i/uhf ipoD/MiyNV. Amieam (83) Etnbleoi. Alciati, paf . SSo, edii, Paiav.^
emm Laida. An5tgen. , rpist. I , lib. /, inil, 1601 ,1/1-4^.
m
le de Venise, jiccepipridem a uiris proprietate certaminum. Il ne s^ac-
z/cct soli, id scriptum fuisse in quart- corde pas aCvec Élien sur toutes les cir-
jti meretricem Kenetanty quœ asta- constances.
lapso 9 seu decusso flore , quoiies (R) // ne lui fut pas possibU de
in speculo conspiceret ,fronte jam uaincre la continence de Xénocraie. }
igis obsitâ j miserè contahescebat , Laïs fit une gageure qu'elle oblige-
nt AiZo segniiis ardore tentiginis pre- rait ce philosophe à se divertir avec
ebatur (84). Horace a fourni la ta- elle au jeu d'amour. Elle fit semblant
lature de cette pensée : d'être effrayée , et, sous ce prétexte ,
Dices, heu {quaties U speculo .ideris aile- «"?/« '^^«^g»* ""^^^ *»j.î «J Y Pa»»* k
rum) , T^^^^ 9 roais sans qu'il la touchât.
Qu4B mens est hodie eur eadem non puero Quand on la somma de payer cette
^ s -^î*-' ' • . • I j . caeeure , elle répondit qu'elle n'avait
Aut eur nu animis meottimes non redeunt ^..■•/ '■ .^^ ..
genœ (85) ? point pané par rapport a une statue,
(Q) Elle fut si amoureuse d'Euba- ™«i? P^'• ^^PP^rt a un tomme C'est
es , qu'elle l'obligea à lui pixym^ttre %°" ^^ »° ^^f "^^ mterpréte d'Horace
fu'U l'épouserait \ Il faUait que sa (f?). raconte e fait. Diogene Laerce
passion fût bien violente, puisqu'elle attribue cela a la courtisane Phryné,
roulut s'engager sous les lois del'hy- f ^^ parle- pomt de gageure. Il dit
aiénée (86) , qui ne lui eussent pas ^^o) qu elle se retira ohez Xénocrate
permis de continuer librement sa *^"* prétexte qu'on la poursuivait ;
prostitution. Elle s'ouvrit à Eubates et comme il n y avait au'Un hfc dans,
ie l'envie qu'elle avait de l'épouser, la maison eUe pna le philosophe d^-
[1 fit semblant d'y donner les mains : fJ"^^'^ ^^ «"« ^n occupât une parhe.
car il craignait ses mauvais offices ! Il 7 consentit. Après cela elle lui fit
mais il ne ^ucha point avec elle ; il d autres demandes qui n'aboutirent à
renvoya cette affaire après les ieux où "en De la vint que quand on lui de-
il devait disputer le prix. Il y fut manda comment les choses s'étaient
vainqueur , et ne songea point à sa P*?f «f,« ' «'|« répondit qu eUe se le-
promesse de mariage. Il s'en retourna ^?^* ^ «"R^ès d'une statue , et non pas
i Cyrène , sa patrie , et se contenta ^ auprès d un homme. Quelques-uns
de prendre avec soi le portrait de disaient que les disciples de Xeno-
Lais. H crut moyennant celia, qu'il se- crate mirent une fois Lais dans son
rait homme de parole. La femme qu'il ^^^,?* ^^ ^ ^'^î* " '*T!"j^ garder la
avait à Cyrène se crut obligée à^ré- conUnence, qu il souffrit diverses foi*
compenser une si belle con&ncnce : ^^ °° î»^ ^^ des incisions aux parties
c'est pourquoi elle fit ériger une sta- «atureUes, et qu on y appliquât le feu.
tue à son mari. J'ai bien peurqu'Élien, ^Z'" ** ^^'^^f ^?^' ^*P*x«ta*xiv*i^i/-
qui rapporte cette histoire (87) , n'en 7^ '^°*1^ iUfÔHT*<, tôt cft ot/T-c tncu
ait ôtétoutle sel. Clément d'Alexan- •W*/»' ' f^* .«*' •^»/f'^^ »*' *«''7*t
drie la rapporte en moins de mots ^^^^f**^ v^ro^incu vt^ to *iJb«oy. La
(88) : mais il nomme Aristote celui ^^"P° H^^'-^P'^''.'/^'. 9'^f^'"'^ 7'^
qu'Élien nomme Eubates: et il cite discipulosUidemUhmjecisseinlec-
le livre d'Ister ^tpi i/iiwoç iôx«T , €/e tulum tradunt , dlumque adeojui.se
contmentem , ut cum se ad libidmem
W) Ibidem. incitari prœsensisset y et secare et ure-
S S";:i*^* ? • £**• '^r •"• ^- X re i^erenda sœpè pateretur (91). On ne
(86) Hpct^i, Aurr^u Biff^oT^r^ K^. ^.- j^j^ ^^^ ^^^^^^ j^j „i de l'auteur
^^y^,u Xf^,vi'^f,<n^,,yx.,. Ardenii^imk ^ ^„ traducteur. Celui-ci
amava^ et de nuUnmomo sermonem attuUt. o >
.Cliin. , Var. Hiii. , Ub. X, cap. H.
fS»]) Idem , ibidem. AristoteUs amantem Laidem solus despexU.
(SSj'Ort KuANyfltlOC 'Aùiç-vrihUÇy Attira, <^^ mereUiei Uaque jurdfset, seream esse in
» '• . .'.^...Z ' • \ ^ m patrisun abductunun , si ei adversut certantes
»jt»<rA1 «Tfpi»p*^OTOÇ, OlMfAUlMi Ol/T T? ^adversariosin oUauibusopemtuluset .posiqukm
trcUfé. , H /ÂMl ct^«ÇtiV flK^TNf CiC TJfV TTA- id perfeeit\ tepidè à se senptumJusjttraneUtm
W/k, tî avuyrùdiPutf AÔrS TI»* VùOç exequens , efus^/uam similUmam Çyrenm statuit
X«pM»W •*7'*^'' TOF Spiwî, yf»«4<y*t- ^ig) /„ Hor«t.. sat. III. lib. Il,
KÇ «IÎT»Ç mç ovt ^«AJra v*o»ot«tji» (go) Diog. Laërt. , lib. IV, num, 7.
^wi«L y «Tknin? tk mvfnrnf. Et Cjrenmu (gi) Idem^ ibidem.
24 LAlS.
aioate d« ion chef que Xe'nocrate aen- ètrt , et lerait d'une dangereuse oi
tit Tenir la rébellion de la convoitise séquence -, c*e8t pourquoi le pbilcM
(93) ^ et pour ce qui est de Diogéne phe Antisthène (08) la corrigea
Laërce, il ne nous dit point ce que cette façon : Asa-x^oy riy aùa^fof à
devint Laïs ; il la met au lit du pni- /b«N k£i /a» /b»«. Ce qui est sale |
losophe , sans dire ce qu'elle y fit, ni sale, soit qu'il le paraisse^ soit ^"^'l^
comment elle en sortit; et au lieu le paraisse pas h ceux qui le font, m
d^achever la narration de cette aven- bée attribue cette correctioii à Dion
ture particulière , il se jette sur un le Cynique (99) , et non pas à Âm
fait général , c'est-à-dire sur les re- stbéne, comme a fait Plutarque (i«v
mèdes que Xénocrate avait employés II y a lieu de douter de cette ad
en divers temps pour être à Tépreuve versation ; car puisau'Euripide mori
de Pamour. rut la 93^. olympaae (loi) , lors^
(S) Elle se défendit un jour f oit Laïs ne pouvait avoir qu^envîri
adroitement contre Euripide qui la quinze ou seize ans , on ne Toit at
censurait auec raison. ] Euripide , la cune apparence que ce poète soit »
plume à la main , se préparait à com- tré en matière avec cette courtisan,'
poser quelque chose dans un jardin, ni sur ce point, ni sur aucun autnJ
Laïs le voyant dans cet état Faborda, On s'en convaincra plus aisément, 4
et lui demanda (98) ce qu'il entendait l'on considère qu'il passa les demi^!
par certains termes dont il s'était res années de sa vie à la oour d'ir,
servi dans l'une de ses tragédies (94) ehélaiis , où aucun auteur ne dit qai
pour désigner en général un homme Laïs aitjamais été. Supposez tant qv^
<j^ni commet des actions sales. Il fut vous plaira deux courtisanes de et
étonné de l'impudence de cette ques- nom , vous n'éclaircirez pas la chose;
tion , et lui répondit : p^ous êtes t^ous' car la première doit être celle qui fat
même du nombre des ^ens que je dési- vendue quand Hyccara fut pillée par
gne (95) : elle se mit a rire , et lui Nicias. Or , selon le scoliaste d'A-
allégua un vers (96) où il disait qu'une ristophane , elle n'avait alors qae
actionn'était point sale, à moins que sept ans. Par cette chronologie, ce
celui qui la taisait ne la «rût sale : scoliaste propose une fort bonne dif-
T/«r'a/V;tfOM'>»'ro7«;t/>»i"^vo*c<J^»«i acuité, sur ce qu'il est mention de
Ecquid verb turpt est, nui qui utuntur sic La»» daus le Plutus d' Aristophane ,
puuni (97)? comédie qui fut jouée dans un temps
On ne nous a point appris si Euripide où Laïs ne pouvait pas être encore U'
fut terrassé par cet argument ad homi- meuse ( i oa) . La difficulté s'évanouirs,
nem, ou s'il répliqua quelque chose ; si Fon suppose qu'il faut lire Naïs au
mais il est sûr que Laïs ne pouvait lieu de Laïs dans le Plutus de ce poète.
pas se tirer d'îïflaire plus finement , ni Vous trouverez cette correction dam
embarrasser plus subtilement son cen- Athénée (io3). Il est sûr qu'il y a eu
seur. Cette maxime étendrait le péché une courtisane nommée Nais , et ap-
philosophique aussi loin' qu'il le peut paremment plusieurs auteurs l'ont
(q,)Ci.m.e.dlibidiBemi.ciur>pn»ensi.sct. Confondue avec Laïs. C'est peu t-étre
(93) Ti'^ot/x6/*ivoc ïyf^ctçi, T/»«t>»Jici ^^«^ ?*" *I" E"np»d« ^ntra en con-
"EV^^^iV^c^roié; versation.
:,::•.•:•• Q»»^»*« P<»***^.. (98) Vore% Brod«as , MUcelUo. , Ub. ri ,
Co^ilisb cnm scnbcrc* in tmgœdii: ^^^ X/Jt.
Abi in inalam rem etiV^p^AC^roii ? (99) ^o^m Liopardut, EmcDd«t., Uh. /,
Maclioii., apud Atben. , iib. XIII ^ P^g* 58a cap. r II.
(94) Dans la Médér. OnJ trouve ce ven t (loo) PloUrcb. , de andienil. Poët. , pag. 33.
«,.>■•>. % \ i . ^# (loi) yore% la remarque (EXi) de son ariieU.
Epp AKrXf^oi» KAt rrUfCùy /*ict»^OM. ^i^ FI, pag. 370. '^ ' '
, ^ <,, , /• *7*^*» (loi) ifoctè et acutè dubium inovH^ aitque
(95) . . . 2c/ \df UlcU «ne f ^M do»l«( Aristcphanem dieere ea qum rationi Umporum
'AtO'XpOVwlç, nequeunt eonvenire , quippe cum eo tempore
.... et tu porri, inquit, TÎderii ^«o '''«^'n fabulam dabat nonpoluent Lais
Atere turpia. ««• *'«Wè celebru, qutppe quœ a JVicwf un^e-
Apud Alhen. , Iib. XIII. ratore eapia sit in Sicilidsepunnu. Vale»ioi,
(d6) C'est le 5«. 9ers de TÉol* d^uripide , Not. in «ota. M«n»M« «d Harpocrat.^*^ , jj^
di^t édition de Bar.«. . ^ ' (««3) Alli«««. , Ub. XI II, pag. Sg». Voye^
(97) Machon. , apud Atben. , Iib. XIII. «ussi Flarpocralion , voce N«K.
LAÏS. 25
(T) Je ne ferai qu'une remarque d'esclave. Cette faute n'a été corri-
our les fautes de M. Moréri, et.,.: g««e , ni par M. Uoyd, ni par M. Hof-
utres dictionnaires.-] La i'«. faute man. J'ai de la. peine à croire que
le M. Morëri est de dire que Laïs Charles Etienne ait pris dans de bons
ivait l'an Lio de Rome. Ce serait auteurs ce qu'il conte : i". que Laïs
voir reçu vers la fîta de la iii«. étant allée en Thessalie s'y fit telle-
ilympiade : jugez si cela peut con- ment aimer par les jeunes hommes
enir a une personne qui fut trans- du pays , qulls versaient du vin de-
wrtée de Sicile à Corinthe , l'an a vant sa porte ; a°. que les femmes
le la 91 «. olympiade. On ne peut thessaliennes, mues d envie , la poi- ,
3as recourir à l'hypothèse de deux cnardèrent pendant qu'on faisait des
Lais , puisqu'outre que M. Moréri dévotions au temple de Vénus, aux-
^^..^ petite faille de iSicile nommée sur la inessaiie uuc peste qui
Wcare. Cette Laïs est manifestement finit qu'après que 1 on eut bâti le
uiquinaUa en Sicile qu'avec m- queue science u pnoprieiusa lapcrw
;ias t Laïs n'avait-elle pas déjà six tion de sa fille. Or cette amoureuse
3U sept ans ? 3«. Il n'est pas vrai que Laïs fut en triomphe du temps du re-
La\% soit allée au camp d'Alexandre; nommé roi Pfrrlius,. lequel
îlle était morte depuis long-temps étant jeune de seize a dix-sept ans
lorsqu' Alexandre naquit. Pour cette W»« en Italie pour faire la guerre
faute c'est Amyot qui l'a causée ; car aux Romains Cette amourew
n'ayant point entendu un passage de se Laïs demeura un long temps au
Plutarque (106) où il manque quel- camp duroiPyn'hus, et avec luiuint
que mot, il s'est avisé de traduire en Italie et si retourna avec lut de la
que Laïs atteinte de tamour d'Hip- guerre et se retira en la ville
polochus quitta le mont àt A- de Corinthe pour illec faire sa de-
crocorinthe et s'en alla honnes- meurance , auquel lieu elle fat sery
tentent au grand camp d' Alexandre. «"« et poursuivie par maincts rois, sei--
Charles Etienne se trompe . quand gneurs et princes. Il rapporte ensuite
il dit qup Laïs se transporta de Sicile Paventure de Démosthène , et il con-
à Corinthe , afin que sa prostitution dut par dire que Laïs mourut- à Co-
fût plus lucrative. Elle n'avait que riuthe, âgée de soixante et douïe ans,
sept ans lorsqu'elle passa à Corinthe, Comment a-t-on la hardiesse de pu-
et ce ne fut point de son bon gré blier des mensonges si grossiers ? Il
qu'elle y passa 5 elle avait été ache- y a plus de cent trente ans entre la
tée dans Hyccara par un homme qui naissance de Laïs et l'expédition de
l'ameua avec lui en Grèce sur le pied Pyrrhus contre les Bomams, et plua
de quarante entre la mort de Démo-
(io4) Amyoc , iradmetion de U Vie d^ÀldbU-
de , « ln/in. (107) L'édition de Paris , i6so , a le mol qu'il
Aflti^A. (loA) Aiit de Gaévar«, ÉpUre* dorées, Uv.
(io5) Dans U Traité de TAmour, pag. m. /, pag. m. s6a de la traduction française do
796 , édil. iit-8«., i6ai. Gnterry.
n
36 LAlS.
stliène et cette même expédition. Ce- cest la courtisane Lais ^ui/aU
Sendant cet imposteur n'a pas laiss<$ réponse si ingénieuse,quoiqu'Z4ûk
imposer \ des gens d'esprit j car n en parle point, lui qui nous ai
c'est après lui crue Brantdme a débité sen^e si soigneusement tous les Ai
beaucoup de fa oies concernant Flora mois de cette belle dante. Si la e
(109). Je ne dis rien de du Verdier jecture de quelques n&odemes t
Vau-Privas , qui a débité que Laïs juste , il ne faudrait pas s^étoi
demeura long - temps au camp du au'Atbénée ne dise rien de ce Ê
roi Pynhe en Italie (iio^. Il avait d'esprit de Laïs; car ils prétend
lu cela dans Guéyara , et l'avait pris ({u'Ausone en est l'inveiiteiir (ri
pour une monnaie de bon alloi. je veux dire qu'ayant su la cépo^
(X) IJ aventure du sculpteur My^ de l'empereur Hadrien, il feignit<j
ro/i.] C'est une des ridicules aven" Laïs s'en était servie, et il bâtit 1
tares d'un amoureux en cheveux dessus une épigramme. Je crois ^
^ris. Myron , vénérable par sa tête cette réponse vient d'une feoi
blancbe , fut trouver Laïs pour lui plutôt que de l'empereur Hadrie
demander une nuit ; on le renvoya car on ne devine pas aisément 1
sans presque le vouloir écouter. Il bonnes raisons , pourquoi un vid
crut deviner la cause d'im si grand lard apréi un refus se serait imagii
dédain , et il espéra que pourvu qu'il que sous l'apparence d'un honui
se présentât avec des cheveux brunis, qui n'aurait pas les cheveux gris,
on l'admettrait à la jouissance. Il fit obtiendrait de ce prince ce qu^
donc changer de couleur à sa che- avait à lui demander. On convprcn
velure , et retourna vers Laïs : Sot facilement pourquoi il aurait fom
que vous êtes , lui dit-elle , vous ve^ cette espérance , s'il avait sollicit
que
Canu. rJgabai Laidû noctem Hfyron : personnages de peu de goft t et de peu
TtiUt repulsam protinus, d exactitude, Ont Confondu avec se:
Camamque lensU : et eaputfuUgin» . boUS mots CeUX qu'il ne faisait qnc
//i^rX^^-a». M,»n, «•«»?,»«'• n «^ain» «l»ell"e part «
Orabat onuum priui. Qu^ 1 OU suppose que Lais répondit a
Sed iUaforinam cum eapiUo compantns ^ Myron : peut-étre avait-il lu. que
v^i!^"^,'^ "*"* ''"T 7*** I ^ r cette réponse fut faite à quelque au
r ortdts» et ipsum , sed volens ludo fmt ^ . , *. « ^ - ^ .•
Sic est adorta caUidum : *' * tre galant par quelque autre courti-
Ineate , ^uid me , quod recustm , roga$ f sane 'y il en fit le conte devant ses amû :
Pain negavijam tuo. la chose allant de bouche en boucht
Costar a fait une liste de quelques perdit ses principales circonstances,
bons mots qu'on attribue à différen- "e sorte qu'enfin ce fut Hadrien qoi
tes personnes; il a mis cette réponse P^ssa pour l'inventeur (ii4).
de Laïs. Spartien, dit-il (i la) , m- Je ne finirai point cette remarque,
conte qu'un vieillard qui avait la tête ^^^^ «lire que M. Costar loue trop a
touu blanche, ayant été refusé de ^^^ ^^^ «e Laïs : j'avoue que cetu
quelque grâcedeC empereur Hadrien, réponse ne manque pas de vivacité,
la lui vint redemander peu de jours et qu'elle était propre à mortifier le
après , s'étaru peint les cheveux du galant , et à donner à la courtisane
plus beau noir qu'il put rencontrer, le plaisir de se moquer du bon hom-
Ce prince, ayant reconnu sa fourbe, ™e: mais enfin elle raisonnait très-
lui répondit avec esprit. Ce que vous ™al » et contre les réçles de son art .
désirez de moi , je l'ai déjà refusé à J^ l'ai refusé au fils, a plus forte rai-
votre père. Cependant dans Ausone, , . . «
(ii3) ScaUgerin hune locnm Aasonii. BaptliU
tom, yj.pag. 498 , reinarqueÇB). (,,^^ j^^ .„, 'pE»Hma ext^ NamfaU
(iioVDu Verdier, Diverseï LeçoM , hf. III, gHam dieaeulu,, Undi iUud quoque innoutù,
ehap. ri, pag, loS. quod qtàun euidam caneseenti auiddam negdt'
(m) Autonitta, epigr; XYIt, pag. m. 17. set , eidem iteiùm peUnli , sed infecto capiu%
(lia) GoiUr , Suite de la Difeue de Yoitore, respondit, jatn hoc patri tuo negavi, Sptru».,
pag. 55. in Hadriano , cap. Xa.
LAMBÉGlUS. a?
„ fe ry>fuserai-je au père. Voilà le les propositions de la «ine de
rincipe d'une courtisane ; c'est sur Suède , qui lui conseilla de se re-
i pivot qu'elle fait rouler ses raison- ^^^^ ailleurs. Il quitta donc et
emens : mais celle-ci- au ^^»^l f^^^^ et sa patrie , et fit un
ippose que , puisqu'on ferme la sa icuiiuc ^ ^ ,
o?te au père, vleaiard cassé, on la voyage a Vienne; don, après
oitfermeraufils,ieunehommeplein ^yoïi. eu l'honneur de Saluer sa
e vigueur. C'est abandonner son • ^^ impériale , il passa à Ro-
rincipe et ses lois fondamentales. J „. v fit nrofession publique
Il fallait au reste que Myron ne me , et y nt proiesswn puui.4
6t point jeune, loi-sq»» Lais était du catholicisme. Il avait abjure
lans sa pompe : il florissait dans la depuis long-temps la religion lu-
!7«. olympiade (Il 5), sept on huit ^y^ien^e (B) ; mais il n'avait pas
,ns avant qu'elle vînt au monde. ^^^^ ^^ j^ professer. Il retour-
(^.5)PlM«., m. xxxir,cap.viii,pae. jjj^j Yjenne vers la fin de l'an
' LAMBÉCIUS ( Pierre ) , l'nn .66a , et y fut trfes-bien reçu de
les plus savans hommes de son ^ «"»!>«'«"'? J"!,]!.^* ^^.'Z
Aecfe , naquit à Hambourg, l'an «on s«.'«,:^**!*>*^«=""^ J* *"
,628. Il ^la étudier de 1>onne smte bibliothécaire en chef , avec
eure dans les pays étrangers , le titre de son conse^e^^^^^^
lux frais du do^t/ Luc Holsté- son historiographe (f )• " <^«°»«[-
aius , son oncle ; il fit de si grands va cet emploi jusques à sa mort ,
progrès, qu'à l'âge de ditneuf et s'y acqmt une t'^-^'eUe 'f-
^nsl p A un ouvrage (a) qui P^tation par les ouvrages qud
fut extrêmement applaudi. Il publia (G). Il f»'»^"?'* ^ P''^"
s'arrêta huit mois à Toulouse "eurs autres qu il ^ eut pas le
chez l'archevêque Charles de temps d achever, et*»* ^o'» "«*
Montchal, et deux ans à Rome mois d avril 1680 (c){U;.
chez le cardinal Barberin. Il fut (6) d. a? nm>emb. 166a. pnfectum Si-
faitprofesseur en histoire a Ham- ,g^/^ „.«, »pr«iw ejusdem gaa
boure.le 1 3 de janvier l652, Maah.'MauchUrus I^.D.'^e abdteaverat,
et on^ui donna le rectorat du ^^f«^:n.r"t1i221^urf;i«
collège de celte ville, le 12 de \nfrà,ciiation{c),pag,5^,ciUxntuneUt.'-
janvier 1660. Il avait pris en t^rfi^ LamWcius , ^wi sara «««. rf««* /« «-
France le degré de docteur en '^^fï^^JcMoliérusJsagogcadHistorum
droit quelques années aupara- cbersonesiCimbric», par*. ///, pag*. 537
vant. Il eut mille chagrins à es- *" **^' ,, „ ^ 'n
suyer dans sa patrie ,'tant parce J^Vn n^^ur^u. ^r.a^e ,«.
que les écoliers ne voulaient pas ^^^^^^ savans qu^ls se comportent a
lui obéir , qu'à cause que ses en- regard du mariage , comme Pompo-
nemisl'accusërentd'hétérodoxie, nius Atticus à l'ëgard de la poësie ,
et même d'athéisme, et criti- -j^^^rJ^^^^^^^^
quërent aigrement ses études et ^guic^t tâter pour n'ignorer pas
ses ouvrages. Un malheureux ma- quel plaisir c'est. Mais je ne pense
riage quMl contracta (A) , l'an pas que Lambecius se proposât une
* »«5*^ »1 ,11 ÎpIIp fin • car il épousa une vieille
1662, ayant mis le comble à ses J^JJ^^^e ,^t comm^^^ était fort ri-
infortunes , il écouta volontiers ^y^^ ^ il çg^ vraisemblable qu'il n es-
(II) /»«<«/« : Lucubrationum GeUianarum (0 Cornel. Ncpof , in Viiâ âltiô , cap.
Prodromus» , XV III.
vlS lambécius.
Sera da son mariage que le plaisir leterio persuamm ^ ad ponlificioi i
e posséder beaucoup de bien. Cette fecisse (3).
espérance fut bientôt trompée. La (C) // t'acquit une très^belle ré
dame était si avare, qu'elle ne per- talion par les out^rages qu'il puhA
mettait point que ses richesses Tus- Disons quelque chose de ceux qv
sent à Tusage de son mari. Elle se avait donnés ai| pablio avant «
déclara si prompteroent sur ce cba- d'être bibliothécaire de l'^empern
pitre , c^uM n Y avait pas plus de Le premier fut son Prodrome Lm
quinze jours que les noces étaient brationum Gellianarum , imprima
célébrées, lorsque Lambécius plein Paris, l'an t647* ^ second fat , ■
de dégoût et de lassitude de sa con- ne me trompe , Origines Hamba,
dition , sortit du logis et de sa pa- genses , siue Liber rerum Uamburgt
trie pour n'y retourner jamais. Voici siumprimus ah U, O. et u4, C. h
mon témoin. Ad hœc aduersa post- ad A, laaS. Adjecta est tum dupk
quam tœdium conjugii , inauspicato Vita Ansgarii a Remherto , et Gui
A. 16621 cum uetulâ diuite , sed donc scripta , ac notis Lambecii illu
parcd , atgue ai^ard (A. \6^ Ham- trata , tum diplomatum libri huji
Durgi dejunctd ) contracti accessit^ historiamillustrantium Enneas^]}
haud dijficulter a Christind , Sue- avait dessein de continuer cette hs
corum regind , Uamburgum delatâ y toire jusqu'à son temps, mais il d
persuaderi sibî estpassus, ut, duo- donne que le II*. livre. Liber secw
bus post nuptias nebdomadibus uix dus rerum Hamburgensium ah A
elapsis , patriam et uxorem d. \\. C, i3)5, ad A. 139a, unacumd
Apr. A, 1663. desereret ac yindo- plomatum uetustorum, lucem eiaj
bonam commigraret(i). , Jèrentium , Mantissd Ohronologi
(fi) // aidait abjuré depuis long" cd et Auctario Ubii ab A. 808 ai
temps la religion luthérienne,'] m- 107a , Dissertatione de Asino a
vertisseur ; après auoi le jésuite tandem Joh, Christiani, L, Èarom
Jacques Sirmond acheva l'œuvre à h Boinéburg , et H, Conringii »
Voyons les preuves que l'on donne dans cet article. Ambo libri ( in qui
de ces faits. Cœtui ecclesiœ roma-^ bus , prœter nimii in patriam ciffecti
nœ publiée se aggregauit {^). Sacris uestigia , passim obvia , et ab eodeit
enim ejus diii antejam erat initiatus , subindè projluxerunt , ^AfopâjxàLTÈ
cum in Batat^id a Barth. JYihusio , nihil facile reprehendas) summd è
Apostatd celebri, ac studiorum ipsius ligentid etfide sunt congesti, et run
academicorum Ephoro , tîim in Gai- rationum singularum ueritas loa
lid a Jac Sirmondo , jesùitarum doc- scriptorum ac diplomatum antiquis
tissimo ; sed externd lutheranismi simorum , cum judicio selectis , cojo
prqfessione dues incautos hactenùs Jirmata (6). lambécius fit impri
fefellerat. Constat id mihi ex illus- mer â Paris un in-folio, l'an i655
tris Gudiiy quo famiUariter ille apud où il déploya une grande érudition
exteros est usus , narratione , et Cral^ Je parle de ses Ammadi>ersiones a
lied , quam idem asserwabat , Claud. Codini Origines ConstantinopoUiû
Sarrauii , senatoris Parisiensis, ad nas , et ad anonymi ercerpta et a
Salmasium epistold. Huic enim ille Leonis Jmp. Oracula. Je ne dis rie
jam A. 1647 ' significat\, Lambe- des harangues qu'il publia, l'an 166(3
cium, Holstenii ex sorore nepotem , ni de quelques -autres livres qu'on
à Sirmondo in jesuitarum eum so-
cietatem pertrahere COnatO , et Mil- (^) Moller. , in Itagoge ad Histor. Chcrsom
CimbricK , pttg- Hit P'^g' 538.
(a) MolUr. , Isagoie «d Hiatoriam Cheraoaest ^4) Imprimé à Hambourg , l'an i65a , in-4
Cimbrlcie , part. III^ pag. 538. (5) Imprimé h Hambourg, l'an »66i , in-4
(*) V. epist. «d Ren. Franc. Slosiam , Ub. I (6) Moller., in Isagoge ad Histor. Cbenoni
Operis de Biblioth. Vindob. , inserlanu Cimbricc, part. III, pag, 54i<
LAMBERT. 29
e lui : ic passe à ce Taste ouvrage perhibens, ad d, i\. Mart. A. 1680.
ti'il a compile à Vienne, et dont mon Successor autem ipsius , Van. JYes-
.cteur se pourra former une juste seUus , qui hydropem mortem ejus
iée nar ces paroles de M, Baillet : acceUrdsse testaturC) , ad M. apn-
» pas encore achevé , et c est la mort Cimbricae, pan, III^ pag. 540.
> âe l'auteur qui nous a envié un LAMBERT , évêque de Liège ,
, ouvrage si ^"^^^Jf ^^^" ^^^^^^ ou pour mieux dire, de Maes-
.> tant. M. Lambecius avait entrepris ^ . Ç^ ^, . '. .
« dans ce grandouvrage l'explication tncht. C est une opinion assez
des manuscrits de cette bibliothé- générale , comme on Ta dit ail-
que ; et c'est ce qu'il a fait d'une fg^rs (û) , qu'il fut tué par les
aTat^'TudlsIrd? Mre& ordres de Pépin à la suggestion
» tout ce qu'il avait d'érudition et d'Alpaide ; mais la chose n est
» d'industrie ; en quoi il s'est fort p^s fort certaine. C'est ce qu'on
»> distingué de tous les faiseurs de ya discuter (A). Tant dé gens ont
« catalogues dont tious venons de vie . Qu'elle en est défi-
IB %,%; ^.^,»».m«x^-— -, ~ •. CUIIIUUSCC liai IC 91CUI UU XJU3V< UC
iplendide M.,s l^.utear aurau jjontandre. En voici le titre :.
pu renfermer 4a substance ae lous a»? ^, • •_ 7 ^
» ces grands discours de tant de vo- Le Courtisan (Jirétien immole
» lûmes dans un espace beaucoup çy^ victime d'état à la passion
„ plus étroit, s'il eût voulu avoir ^^ ^^ cour : OU saint Lambert ,
)> gnificence et la majesté de son crifié pour les intérêts de l hon^
» prince (7).» neur conjugal.
(D) Il est mort au mois d aurU ^^^^ ^^^.^^^ «T Alpaïde , tom. T ,
1680.] Je me fixe à cette date , parce ^^^' ^53
gu'en cela je trouve plus diçne de ^,^^^ ^^ ^,^^ ^^ discuter. ]
/oi Nesselius (8) , aue ceux qui met- ^^ J^ ^^^^.^^ ^J ^^^^^^ ^ , J
tent la mort de Lambecius au mois ^^^^^ ^^ j^^. ^ ^^^^^ ^^^^ j,^^ ^^
de septembre 1679 (9). Un pourraïc .. . ...
béciusmourut;l'unditque ce fut |^ Launoi faisait tant valoir. Ce
la peste , l'autre que ce fut 1 hy^o- ^^^^^^^^ ^^ ^^^^^ point d'autre
pisie.iTenn i»/ciftomi«i5/ii/.. C )i^e^^^ ^^^^^ ^^ massacre qui fut commis
te lUum rtennensi epidemid obusse ^^ j^ personne de saint Lambert ,
• Sar ami. édition, de cet o.^.ge. Voye. I« aue le meurtre de deux frères, jJarens
Manuel du Uhraire , par M. Branet , 3«. edi- Jg DodoU. CeS deui freres avaient
tîon , tom. II, pAg, 317 et 3i8. maltraité Lambert , et à cause de cela
(,) aûUcl, Jogerten. de. S*t.m. «om. // , .^^ ^^^^^^ ^^^^ ^^^ j^^^ p^^.^^^ jç ^^
'"(8) î'*« j«rc««/ A L«mWciii« J«nx U charge prélat. Dodon , seigneur puissant ,
de bibliothécaire. . ct dc beaucoup de Crédit auprès de
(9) H enningui Witte /« /a««, in Diano BiO- , «. . «. ii- . r ii«
(•) /« Inlrod. «a Hisl. S«. iof., pa^- 6a- Brabant., (i*. Vil, cap. Il, pag. »5o.
3o LAMBERT.
Pépin, ne voulut, ni laisser ce meurtre hœc ratio ualuefit in ■ Godescal
impuni , ni s'en venger sur des per- inquit Mahillon , cur eam caus
sonnes peu considérables : il résolut dissimulayit Stephanus qui sub i
donc de se défaire de saint Lambert , tremis Carolinœ stirpis re^ibus vi
pour l'amour duquel ses deux cou- bat ? Sanè longé atrocior èratfabi
sins avaient e'te ma3sacrës. Voilà selon de Caroli MartelU damnatione , qm
Godescalc l'unique raison de la mort tamen Hincmarus Hsmorum arcnie
de cet ëvêaue : il ne dit rien de scopus , Adreualdus , aliique ai
Pépin , ni d Alpaïde j a". M. le Boi lores imperanie Carolo Calt^o M
(3) observe que le premier qui a telli abnepote in vidgus jactare n
imputé le meurtre de saint Lambert dubitdrunt. Undè omninb incerti
à Pépin ^ est un chanoine de Liège , t*idetur an Landebertus ob increi
nommé Anselme , qui vivait dans le tum depellicatu Pipinum cœsus si
onzième siècle. Ce chanoine ne laissa at uero alienum. omnind uidetur
pas de dire avec ceux qui Pavaient tanU principis bonitate et clément
précédé , que Dodon fit massacrer ut cœdis illius fuerà auctor (6). I
saint Lambert , afin de vençer la père Jourdan , cité par M. le Roi i
mort de ses deux parens ; mais il rap- doute point que Pépin n'ait époœ
porta aussi comme une autre traoi- Alpaïde dans toutes les formes , apn
tion ce qui concerne le ressentiment avoir renvoyé Plectrudc. La loi ckri
d' Alpaïde contre ce prélat ; 3°, l'on tienne , il est vrai , défendait a
observe (3) que Sigebert (4) supprima sortes de diuorces , et ces mariages
l'ancienne cause dont tous tes au- mais néanmoins les lois humaiiâs l
teurs avaient parlé , et ne fit mention permettaient encore en ce temps-là
que de la nouvelle cause dont An- même parmi les chrétiens. Ces seconé
selme avait commencé d'enrichir le mariages n'aidaient rien de fionteui
monde. Voyons de quelle manière les ni d* infâme dans le monde (n). Cd
erreurs s'augmentent successivement historien (8) observe que Pépin 6
et peu à peu. Les; auteurs qui sont Alpàide étaient séparés, il y am
venus après Sigebert n'ont rien dit long^temps , lorsque Lambert fut m
de l'ancienne cause , ou bien ils l'ont sassiné, Van 708. Alpaïde , ajoute
confondue avec ^ la nouvelle , et ont t-il , n'y eut point de part , pim-
ajouté à celle-ci cent circonstances qu'elle était séparée, de Pépin dès l
inconnues aux premiers ^ historiens commencement du siècle , et retiré
(5). M. le baron le Roi cite des au- dans un monastère»... Adon a été U
silence de Godescalc. On veut que , même M. le Roi , observe que non-
pour ne pas irriter les successeurs de obstant les canons , on se mariait en
Pépin , il ait supprimé la vraie cause ce temps^là avec une seconde femme,
du martyre de saint Lambert. Le père pendant la vie de celle qu'où a?air
Mabillon a répondu qu'on a oien répudiée , et que Pépin se serrit df
o«é publier que Charles Martel était cette coutume. Il dit pourtant que
damné : pourquoi donc n'aurait-on d'autres soutiennent que jamais Pepû
pas eu la hardiesse de dire que son ne répudia Plectrude , ni n'épousa
père avait fait mourir un évéque ? f7« Alpaïde, et que Béda favorisées
(a) J.cobu.leRoi. in Topogr. Hi.i. G.U- ««f^'n^Ç"*- " ^f^i^on d'ajouter qaû
Brab»nt., Ub. VU , cap. II , juig. aSi . ex ®" Vraisemblable que, par flatterie
Carolo le Cointe, Aonal. cccleaiatt Fraacor., pour les descendans de Pépin qui re-
tom. IV, pag. 476. gnaient en France , les historiens sup-
(3) Idem '*/'»V!î'''p posèrent qu'Alpaïde fut épousée (g-
(4) Sanctus Lambertus Ptpmwn principem in- x- ^ vy,
crepare ausus , gubd pellieem Mpaidem Plec^ (6) Idem , ibidem.
T^*/S:^.^''-'J'j/,^?r'i-''"\''^ Z>o- ?75 Jourdan., Histoire de France et de U
donejratre tpsiusMf^aidts leodu martjmuitur. Maiwn royale , \om. III, pag. 56q et JLiu du
Sigebertiis , eui ChritU ann. 6q8 , qno mortem gar Ip B«i >•. T»»».....k »f-. /^ii » L'
eiicti Lamberti malè eonsi^ai 3 Bcohn, le J2^|«^«~ » «« Topograph. Hiat. Gallo-Brabaut,
Roi, in Topogr., Hiat. Gallo-Brabant. , p. aSi. f§i\ /*;//«>.- i- p«: li. s
(5 Jacobu. le Roi, in Topogr. Hirt.^.llo- i^clri^Z^^T'i "'^'n^^P'^g' »53.
» V IL Vf Tt ^ V....W- {g) Certe hatid parum jimile ven est Jfnxûtf
Brabant. , tib. ri, cap. Il, pag, *5a. hoe in prineipum suorum gratiam auctores, tfu.
LAMBERT. 3i
On Toit dans le Supplément de eas è contrario incertis ac fahulo-
"irévi les raisons de M. Godeau , sis narraiionïbus inepte ohscurdrint ,
ntre ceux qui dans ce fait-ci se atrocihusque menais fœddrint' (lo)»
nforment à la chronique de Sige- C'est être au fait : c'est mettre la
rt ; mais ces raisons ne font que main sur la plaie : Toilà l'origine de
oduire des brouilleries. Une chose tant de mensonges impertinens. La
e parait certaine , c'est au'il ne multitude ^ de panégyriques et de
rt de rien par rapport à la vraie vies produira toujours cet cfiet : per-
iuse du meurtre de saint Lambert , sonne ne se contente des merveilles
3 savoir si Alpaïde fut ëpousée que les prëcédens auteurs ont débi-
lon les formes , ou si elle demeura tées : on en invente donc de nou-
>xicubine ^ car puisque l'église con- velles j et cela bien plus en faveur
amnait sévèrement les mariages qui du livre , et de son auteur, qu'en
; contractaient après un divorce , faveur du héros du livre.
évéque Lambert n'aurait pas laissé Exceptez , je vous prie , les légen-
'appeler concubinage le commerce daires , car très-souvent ils ont plus
e Pépin avec Alpaïde , quand même à cœur la réputation du saint que
epin l'aurait épousée. Ainsi , en toute autre chose ; mais c'est parce
apposant le mariage , on n'ôt6 point que plus elle est grande , plus eue est
I vraisemblance â l'opinion de ceux capable d'augmenter le nombre des
ui assurent que Pepin fut censuré, dévots, et des charités pieuses. Met-
It comme une maîtresse de prince a tons ici un beau passage de Louis
tresque toujours plus de crédit qu'une Vives , où l'on voit la condamnation
emme légitime , il n'est nullement de ce faux zèle qui a farci de tant de
lécessaire, afin de comprendre qu'Ai- fables l'histoire des saints. Quœ île
»aïde a pu obtenir de Pepin qu'on ils sunt scripta , prœter pauca quœ-
I I mourir l'évéque censeur, que Pepin dam , multis sunt commentis fœdaia ,
'eût épousée selon les formes. La dum qui scrihit affectui sua indulget ,
'aison chronologique du père Jour- et non quœ egit diwus , sed quœ ilie
lan est , ce me semble , ce qui se egisse eum vellet , exponit : ut uitam.
peut dire de plus fort contre Sige- £ctet animus scribentis , non ueritas.
>ert. Fuére qui magnœ pietatis loco duce-^
(B) Tant de gens ont écrit sa uie , rent mendaciola pro religione confin-
juelle en est défigurée.'] Cette re- gère : quod et periculosum est , ne
narque est du përe Mabillon : M. le t^eris adimatur jfides propter falsa ,
>aron le Roi me l'a fournie. Sanctus et minime necessarium : quoniam pro
Landebertus,.... plures habuit uitœ pietate nostrd tant multa sunt uera ,
^,guE scriptores : Godescalcum Dia- ut falsa tanquam ignaui milites atque
:onum Leodiensem supparem ; Ste- inutiles oneri sint magis , quhm auxi-
ihanum episcopum Leodiensem, in- lio (ii).
:unte sœculo x ; Anselmum ejusdem (lo) Mabilloniiu , m Conutaenurio «d Yium
7Cclesiœ canonicum medio sœculo XI \ S. Lambertî , ap%uL baron^m h» Roi , in To-
Nicolaumitidemcanonicum, etRei- '^f'?'^^T^'''^^l:'^/^^^ n- • r •
itjr ■» t r\ (II) LudOT. Vives , d« tradendw DjMipliaw .
nerum Monachum sœculo xii; De- m,, r, p, m. 36o. Ftde etiam , lib. II, p\
nique /Egidium jiureœ rallis cœno- 9» i gi*
hitam medio sœculo xiii. Felicior T AMPT7"DT /T7«.«,«^.- \
certèfuturus , si uel unicum eumque ^ I^^^BERT (FRANÇOIS ) , moine
diligentem habuisset. At S. Lan- tranciscainnatifd Avignon*, fut
deberto , id quod pluribus sanctis , un des premiers qui se défroquë-
accidU,* ut dum auctores alius post rent en France , pour embrasser
^^•^^^/^Œe'^^'rn J« '«théranisme. Il arriva à Wit-
temberg au mois de janvier 1 523
'jliilSH^'llL ÏSr^u!^u:^:iliJl W- « enseigna la théologie , et il
ce naceptus credereiur, sturrjtio generillwua ^^ Scl»e»»ûni et au tome XXXIX des JUe-
indi nota inurtr^tur. Hadr. V«1«Îd« , Rerum moires de Niccron.
Francicanim , tom. Ill, lib. XXllI ^ pag. ("^ ^**3r^ Seckeadorf, Hist. Lutheran. ,
379 1 «/'«<' I< Ro'>i ibidem lib. 11, pag. 4o.
37. LAMBERT.
commença par j eipliquer le ( A ) // vublia plusieurs tu
prophète Osée. Le commentaire jl^'f • ] ^^ t^taloçue d'Oiford <
*^,.\/.. !.'*£.*• tient ceux~ci : tjomnientaru h
qu il fit sur ce prophète fat im- gelieiin Régulant Minoritarum,.
prime à Strasbourg, 1 an 1025, palamjit quid de Monachonm
in-^". Il le dédia àFridéric , duc g^^ sentiendum sU, in-8^ *; C
de Saxe, et inséra dans son épî- "«;.'»{«"">» ^"f* , ^bdiam U,
tre dedicatoire la relation du Strasbourg, i5a5, i/i-S°.5 Fan
martyre de Jean Castellan , qui omnium J'erè rerum theologica
avait été brûlé à Metz, pour avoir ^' Paradoxa , in-S*. j Defidè
suivi la réformation. Il joignit ^^^^^^^one in EccUsiam et adjt
^ . , tt/« i- tena ejus , deque ^ocatione Mat
au commentaire sur je IV . cha- personem,in-S\;£xegesisinÀ
pitre d'Osée, un traité : De ar- cal^psin ^ â Bâle, iSSg, in-S". C
bitrio hominis verè eaptwo conr édition de son commenUire sur
ira impies liberi arbiirii ad- 1"^^^^" ^'r SP*' ^"^ P"*"!''^™
"^ ,, , ,. / _ g, . VOICI ce que DuUinger nous appn
sertores. 1 1 avait pubhe en j 524, ;>/. François Lambert , ^iom/w ^<
la ni
son commentaire sur le Ganti- et de grande piété , âforttnv&
que des Cantiques ; et en le dé- *"' l'Apocalypse , lequel avd
diantà François I"., il remar- ^"^^'^"57*7 ^^ ^'"''^ *" ^i^
»•! -11". ' i unwersité de Marpoure , et àtf
que qu il avait déjà envoyé à ce composa et fit imprimer sevik
prince son traite du mariage: d'exposition en ladite uille, tan ù
de sacro et fideli Coniusio^ et (0- Gesner fait mention au w»
»•! •. • 1 X* « •! meûtaire de notre Lambert sur J*
qu il y avait mis une lettre ou il ^^ rÉvangile dHaint Luc y
lui rendait compte des raisons L'Épitome de Gesner articule >
pourquoi il était sorti du papis- thesis verbi Deiet infentorumhff*
me * , et avait épousé une f«mme ""'" ' Confessio de Symbolo f«^'
[b) : il publia plusieurs autres ZHJm ^n rumpendi ç^Z^T^
^ ' ^ . * itr' • monem uocant , m qua spectmr.
commentaires sur 1 Ecriture , et test quid Marpurgensi collo^pio e}
divers écrits de controverse (A) , fectum sit (3) 5 de prophetidy ^
qui sont depuis lone-temps assez 'j?'*^» Unguis, deque litterdetsp^^
• Ti *. u j Commentarius de causie exccecam^
inconnus. Il eut beaucoup de „,^Uorum sœculorum ;inJctaAr,
part a 1 estime de Luther (B). Je stolomm et lAhros Regum, de cx^
ne sais pas bien le temps ou il hatu regni filii perditionis ; deàf
quitta Wittemberg; mais je crois renHdstimulicarnis ^tSatanœn^
^ r*^ K.a * • • (B) Il eut beaucoup déportai»
quece fut en l526, et je sais timeJe Luther.] Ce r^fon£iteuTf
qu il s établit a Marpourg , et de lui en ces termes dans une Ut^-
qu'ily fut professeur en théologie qu'il écrivit à Spalatin : JdestJf
et qu'il y mourut, le 18 d'avril ^''«^^ *'^« Senanus, uero nom
t'^ / V Ti r * i> j • ' rrancucus Lambertus , imagi"*^
i53o (c). Il fut 1 un des pnnci- ^^^que nobilis , inter minoiHas k
paux instrumens dont le land- gintiannosyersatus, etgeneraliv^^
grave de Hesse se servit pour in- i,
trnrlnirp la rpfrkrmofinn AsktiA eoe * Il en exista nne Iradaciion frança»»'*"*,
troauire ta retormation aans ses .u,, ^e : Déclaration de u mgu et m *
états (C). Cordeliers , traduction dans laquelle L»»^
• r« »M ' •» j.j .• • ^j I loi -même dit qu'on 4 retranché plu»i«n» *='"' ^
Ce petit écrit a étë réimprime dans e ^ . Bollinger , Pr/face de ses cent Ser-.'
tomeI\àe»JmanUatesliUerariaàeSché[- .„ TApocalypse. Je me sers de la tradnc^^^
horn. Il y occupe douae pages. française imprimée ehet Jean Cresf»f,"
{b) Ex Gesoeri Bibliotb.,yb/jo 2^g verso^ i558\ in-So.
et 25o. (3) Imprimé pour la deuxième fo'f '^ ^""^
(c) Seckendorf, Hist. Lutheran., lih. Il , bourg , l'an tSiS , in-8<*.
pag. ^i. Freher. , in Tlieatro, pag. io4- (3) Imprimée Van i53o.
LAMECH. 33
'orte leeendum est , Générales (4), gile de lahit Lii.c (^), ne serait pas
ficio functus , ob persecutionem rapporté à son yeritable temps , et il
ri*/, et pauper factus. De integri- y aurait là un tamen un peu mal
te uiri nulta est dubitatio : testes place. Mais il y a de Papparence que
mt apud nos , qui illum et in Fran- Luther écrivit cela au mois d'août
à. et in Basiled audierunt ^ tum Ba- i526 , d'où il faut conclure que le
leensis suffraganeus ille Tripoli- tamen va fort bien , et que le voyage
'.nus , cum Petlicano , dant illi pul' de Zurich fut rompu, parce que
irum testimonium. Et quanquam Lambert fut appelé au pays de Hesse
os ahundemus Uctoribus optimis ^ comme je m'en vais le dire.
f.men , si quid poterit , non abjicie-i (C) Il fut l'un des principaux in-
'.us : mihi per omnia placet t^ir, et strumens dont le lamùraue se sentit
itis spectatus mihi est , quantum pour introduire la réjormation dans
omo *spectaH potest , ut dignus sit , ses états."] On l'avait recommande' à
tient in exilio paululumjeramus et ce prince comme un homme distingué
wemus. Sed tu meam nâstijaculta- par sa piété , par son esprit et par
•tn y ut non sit opis meœ illum alere , son savoir, et capable die confondre
^ret i^ieinti aut triginta florenos , in Hombourg, le ai d'octobre i5a6.
im collocandos , donec vel a suis Lambert y exposa a la dispute pu '
ibulibus , pelproprio stjpendio sese blique cent cinquante-une proposi-
istentet de labore suo (5). Noufap- tion» luthériennes, et les soutint
renons de ce passage que notre d'une manière victorieuse contre les
im Régula. Il paraît par une autre pourg , et à celui des hôpitaux il
ttre de Luther que ce prosélyte se établit des ministres luthériens dans
reparant à s'en aller à Zurich pour les édises , et il fit abattre les images,
xe plus près de la France , on tâcha Lambert fut choisi pour professeur
B lui obtenir de l'électeur de quoi en théologie dans l'académie érigée
•urnir aux frais du voyage (7). Si à Marpourg , l'an i5a7 (10).
îtte lettre de Luther eût été écrite à
palatin au mois d'août (8) l5a3 , il f») Scripserat tamen Lambertus Wiuember-
.udr»it.croi« que Lambert changea ilirrS'l^.'ë^S^SlLrp'^A'r'^:
e dessein parce qu on lui donna de mms , in Camieum Salomonû , et Butoriam
emploi dans l'académie , et ainsi ce ^"««* Idem , ibid. Noteà qu'il dédia son Coq.
ue M. de Seckendorf ajoute, qu'il »«!»«•»;«'««'»« C«|iqae de Salomon à Frw^
• ■ / • 7 1 '<iJt.. f<>(' '* • 1 «t rar faint Lac a George Svalatin
vait néanmoins composé dans Wit- etau'ainsi Chjxxmu» se trompe. ^ *
;mberg , et dédié à l'électeur l'Expo- 60) Tiré de Seckendorf, Hist. Lntfaeran. lib.
ition de quelques prophètes , et du ^^ .V"* ««« Cbyinens. fV'» ««*« /e Tbéôtre
-• ^ j^. r^^^az ^ * j «n "• rem Freber, pag. 104; et noie» aue selon
antique des Cantiques, et de l'Evan- Fréber, et plusiiurs aJ^s, l'aeaLmie X
Marpourgfutjondée Van j5a6.
(4) Je croirais qu*il vamdrait nùeux lire Ga«r- r k-KrT?ryn •
i«ni. Li A M bCiH, ISSU en droite li-
^HJttnU t:i.;J.tL\^iiTpM gnedeCaïn, était de la septic-
[?i l^::oZi'XJ:\J^Li:': 'in , °^^ génération à compter depuis
«y. 4"- Adam. L Hcnture Sam te (a) re-
(8) Seckendorf marque ee mots ; mais il ne
Marque point l'année. (a] Gcnes. , cht^, IF",
TOME ÎK. 3
marque qu'il eut deux femmes , un hom»
^ dont l'une s'appelait Hada, et voire un j
l'autre Tsillaj et l'on croit que meurtri j
34 LAMECH.
homme moi estant
ivoire un jeune homme me
meurtri^ car si Caïn esi
celte remarque n'est pas sans sept/ois au double , Ijjj
mystère, puisqu'elle sert à nous $era sep tante^^sept fois X\
faire voir de quelle source est nombre de ^ens prétende
premièrement venue la polyga- veut dire qu'il avait tu
mie. Elle n'a pas commencé dans (D) , et Tubal-Caïn ; carc'
les descendans deSeth, qui crai- tradition assez répandue q
gnaient Dieu , mais dans la pos- mech , qui avait fort aimél
téritc corrompue et dépravée de se, continua à s'y occupe
Caïn , et par un Lamech (A) , qui même qu'à cause de son
dit lui-même à ses deux femmes âge il ne voyait presque |
qu'il tuerait un homme. Une (c). Il menait alors avec h
telle origine , dit-on , ne saurait fils Tubal-Gaïn , qui non-
étreque flétrissante. Quoi qu'il en ment lui servait de çuide
soit , le mariaee de ce premier mais qui aussi l'avertissait 1
transgresseur oe la loi monoga'!- quand il fallait tirer sur /ai
mique établie dans le paradis Ûi^jour donc que Caïn était
terrestre , ne porterait point la ché entre des broussaî'i^»^'!
marque de réprobation , si l'on de de Lamech , voyant ren
en jugeait par les bénédictions quelque chose en cet endroit
temporelles ; car il en sortit des l'en avertit , et là-dessus *
enfans qui eurent l'adresse d'in- mech ne manqua point de ti
venter plusieurs bonnes choses sa flèche et de tuer Caïû-j^
(B). Or les inventeurs des arts fut extrêmement fâché, en'H
ont été si estimés, qu'on les a tit tant son guide qui^v^^
presque tous mis au nombre des mort sur la place. Voilà, ^^^"^^
dieux. C'était donc une grande le moyen de donner un ^
gloire, et par conséquent un bien son discours , qui est te/ sewt
temporel insigne en ce temps-là , Vulgate , Occidi virum i^ '^
que d'avoir 1 esprit qui est né- nus meum ^ et adolescentulf
cessaire pour inventer; mais ce Ui^orem meum; où il <ï'*^"^
n'est nullement une marque que entre la manière dont il
Dieu ait approuvé la polygamie l'homme , ce fut par une b
de Lamech. Il n'est fait mention sure ; et la manière dont"
dans la Genèse que de quatre • le jeune garçon , ce M p^'"'
enfans de cet homme {b) ; mais , contusions qui lui rendir^J*
selon Josèphe (c) , il en eut soixan- corps tout livide. Il y a i^" J
te etdix-septde ses deux femmes, surdités dans ce conte et
Le discours qu'il tint à celles-ci les circonstances dont on
est une énigme pour moi (C) : compagne (E). Suidas yeu^j
j'avoue ingénument que cela me Lamech ait tué deux frères
passe. Je tuerai, leur dit-il {d) , ^^^ ^,^^ p^^ .„ ç^„. . ^«^^^
{b) Voytt la remarque (B). 23 ci 24. Heidegg. , Hist. Patriarch ,
(c) Antiq. , Uh. /, cap, //. pag. 2t i. ^ ,
{d) Gcnes. , chap, IF. Je rapporte la ver- (/) D'autres disent que son ^'"
sion de Genèue, un de ses valets.
LAMECH. 35
n: 'xh ; et qu'il ail épousé leurs Lainech , que comme d^un excellent
rtTimes (e), exploit, au lieu que les théologiens
' ^ '* , . soutiennent, avec raison , qu'elle a eu
SI (^V ous trouvère:^ plusieurs re- dessein de flétrir la polygamie dans
^i^'rils sur tout ceci dans une sa naissance.
<se (h) qui fut soutenue à Wit- , (^) L'adresse d^iiwenter plusieurs
-i %f zî o IL , • oo/i/ic5c^o*es. Jabel et Jubal, fils de
i^mberg , lan 1673, subprœsi- Hada , Tubal-Caïn et Nahlmâ ^i la
L n» Joh. TVllhelmi HlUlgeru soeur, qui avaient Tsilla pour mère ,
Q'L , sont les quatre enfans de Lamech
„,/) Suida». wceAtf^«;t- mentionnés dans l'Écriture. Jabel in-
i^r**) De Homicidio et Vindictâ Lameclii. yenta les tentes ; Jubal invenU quel-
■'■"- ques instrumens de musique \ Tubal-
jrA) Et par un Laniet^!\ Cest un Caïn inventa divers instrumens d'ai-
j^\^isant homme que Fauteur du Po- rain et de fer. L'Écriture Sainte, qui
I ns
lof^-'jme
,•; qui en aurait eu trop d'une (i). l'art de travailler la laine , et de faire
..traite d'action héroïque la réso- de la toile (6).
Jion que prit Lamech d'en épouser (C) Le discours qu'il tint a ses
''' ux (a) , et il le loue extraordinai- femmes est une énigme pour moi.] Ce
jcr-'nent d'avoir été le premier ^ui n'est pas une petite affaire que de
>(i,ainina avec beaucoup d'attention savoir comment l'original du dis-
.. t ordre de Dieu , croissez et muUi- cours de Lamech doit être traduit.
^^iezy et qui l'ayant bien examiné, se La version de Genève, que j'ai rap-
' 'it en devoir d'y obéir selon toute portée, se sert du futur, 7e tuerai , et
a -tendue de ses forces, en sema- représente Lamech comme un homme
i^ant à deux femmes (3). Personne qui aura reçu une blessure avant que
avait osé l'entreprendre ^vant lui : ae tuer : mais la version vulgate a
f- souvenir de la faute d'Eve , et la traduit par le temps passé , fai tué ;
r >iisidération du bannissement d'A- et pour la blessure on ne sait à qui
;^ani , avaient rendu les gens trop elle en veut ^ car cette phrase , occidi
, m ides là-dessus. Lamech fut le pre- uirum in t^ulnus meuni , est un bar-
' iier qui osa franchir le pas avec un barisme qui ne signifie rien en latin ,
' ?ura^e héroïque , sans avoir égard et qui signifiera tout ce qu'on vou-
ïux difficultés qu'il avait envisagées : dra dès qu'on sera délivré du joug
(( commenta, non pas en paroles, des règles de la grammaire. Quel-
^aais en actions , le texte de la loi ques internrètes fort savans dans la
universelle, croissez et multipliez, langue de l'original (7), ne tradui-
oi qui est un véritable comman- sent , ni par le prétérit , ni par le
leraent , et non pas une simple bé- futur : ils réduisent le tout a une prô-
lédiclion (4). Par ce moyen il rompit position conditionnelle , je tuerais
a glace, et donna un bon exemple à un homme par blessure , et même un
'^eux qui vinrent après lui. Voilà jeune homme à coups de bâton ou a
comment "^ — ..-■ — » ~..*^. — «',;*^:t ^^..^^ jt^ ^^; — . .•/- — « ,.^../,.- — ^
lîntèté
sa marotte : il croyait que lEcriture ia véritable construction d une pé-
a'avait parlé du double mariage de riode qui est tout aussitôt au futur
qu'au prétérit , et aussitôt à l'optatif
{x)Voyt%les NooT. de la Rêpnbli(|ae des qu'à l'indicatif ? Mais quand on pour-
Lettrc* , avril i685 , an, I et II. rait vider l'affaire avec le sens gram-
(i) Poljrgam. trismpb. . pag. 188. matical , on ne serait pas fort avancé :
(3) Ibidem, pag, ,9,. ^ resterait à examiner ce que Lamech
(4) tp*e autem nnstÊper habUif omnibus un- 1 j*^' j /^
minenlibus et prmconeepO, JiJUultaUbus heroi- ^ ^oulu dire a SCS dcux époUSCS : Or CC
co fffumo hoe primas ausus, el proprio faeto ,-,,.. » >. . ^,. . — . ^
verba legis eatholicœ ( ereseiu et muUipUeami- (5) Jo«^pbe lafaitJllU de Tubal-Cain.
ni ) non benedictoria laniitm , sed simul impe- (6) -dpud Genebrard. m Chron. et in margine
tuoria , explanare , et bono exempta omnibus vertionis gaUicee Joscpbi.
uis posteris prseire volait. Ibiil. (7) Âpud RiTetnm , Oper. tom. I , pag. 186.
36 LAMECH.
•Vil pas noe petite difficulté. Kîen ne je me suis tû , Seigneur , narcf i
mte pofatt moins éloigné de la vrai- c''est tous ^ui Tavez fait, (fn ne [
temblance qoe la {>en8ée de ceux qui donnerait jamais cela â un aot
^prennent tout ceci pour une fanta- non-inspiré. Au reste , je ne prête
ronnene de Lamech (8) : d'autres le pas comoattre, généralement parlj
preiment pour une menace qu'il ^^^^ Ia pensée de ceux qui prennent p
é ses femmes de les tuer , si elles con- des marques d'inspiration , dans
tinnent à lui rompre la tête par leurs récits de Moïse , certaines singnb
criaiUeries et par leurs disputes (9). tés qui sont de telle nature qaH
Mais d'autres , au contraire , le pren- semble pas qu'un auteur les eât
nent pour une interrogation destinée mais employées , s'il avait été le 1
à les consoler de leurs alarmes : elles recteur ae son ouvrage (la).
craignaient que quelqu'un ne le tuât; (E) Il y a mille absurdités dam
il les rassure par ces paroles : Ai-je conte et dans les circonstance \
tué un homme ? etc. V accompagnent.'] 1". C'est une suj^i
(D) Un grand nombre de gens pré- sition assez mal bâtie que de dire d
tendent qu'il ueut dire qu'il at^ait tué Lamech était presque aveugle (i3
que c'est la plus vraisemblable inter- dans un temps où son âge décrci
prétation du discours de Lamech. Il Tempéchait de voir le gibier, etî
en apporte deux preuves. Première- faisait avoir besoin d'un guide Ç
ment, dit- il, la postérité de Caïn Tavertît quand il fallait décocher I
s'est étendue jusques au déluge ; et flèche. 3°. 11 est absurde de suppôt
cependant Moïse fa borne à Lamech crue la raison qui porta cet homii^
.K .. ^ . „^. j.„*. :, «... ^ . . ^"-femmes' ^•
qu'elles
grande
génération de Lamech qui le tua. En soit qu'elles ne pussent résister à w
second lieu, dit-il , la seule raison excessive lascîveté, soit à cause del
pourquoi Moïse a voulu raconter le férocité de ses enfans (i4). Quelle i|
meurtre commis par Lamech , est parence qu'à cet âge il ait pu donn
afin d'indiquer la mort misérable de sujet à deux femmes de se pUind
Caïn. Je pourrais réfuter ces preuves de ses trop fréquentes caresses? ff.
en plusieurs manières ; mais je me est absurde de dire que quand L
"contente de dire que Pérérius suppose mech eut commis ce double mearti
un fait qui n'a aucune apparence : ses femmes refusèrent de coucherai
après la septième génération (
intention , aurait-il laissé à cet égard cela , dis-je , est absurde ; car hil
tant de ténèbres impénétrables dans loin que Dieu* eût menacé Caïn 1
le chapitre quatrième de la Genèse? faire périr ses descendans après
La mort de Caïn avait-elle rien de septième génération , il l'avait assi
a eu une semblable intention , il fau-
drait lui appliquer ce verset de l'É- . (") g«»'^- j^ >; R*P»Wiq«e àe, Letw
▼angile '- Jamais homme ne parla (iZ) n y en a guile font tout-à-fau ai^e*é
comme fait cet homme (t ) » et se- F'ojre» Poijgamia triamph. , pufg. 1R5.
crier : Tacui , Domine , quia fecisti , ('4) Banctraduni historiam , LameckM
' •^ senectuU malè traeUiiutn eue ab Uxoribu.* ,
^8) Vide Rivetam, Oper. , tom. ^^ag. 187. propter ninuam ejut libieUnem algue lascuft»
(q) Vide Hcidegg. , Hiitor. Patriarch. , tom. veî propier IrueuleiUa jUiontm ejus infft
I , pag. aia. Pereriu* , in Genea. , cap, IV^ vs. aS, i4-
(10) Pcreriof , ia Genea. , capé IV , vs. (i5) Gedalia in Caten. Fab. et Hottini
aS , a4-, Hiitor. Oriental, apud Lyaenim , Polrsti
(fi) ÉrangUe aelonaaint Jean, cA^xp. F/Z , tn»mph.,pa^. iga.
9t» 46. (16) Mitn Eaira, apud emmdem.
LAMECH. LAMIA. 37
ena ses deux femmes à Adam , et LAMECH , ffls de Mathusa-
l'il le pria de Woir les catéchiser, j^^ ^t pèrede Noé, était le neu-
ir le refus quelles lui faisaient de •» 1*^ , '. ., .
ur lit ; et qi?Adam ayant commen- y^eme homme depuis Adam in-
la mercuriale, fut interrompu c) us (â). Il vécut sept cent soixan-
- ^^ Vossius'
Sîgismond
nr : faites premièrement tomber uos. ^cicnius a lourre aans la version.
insures sur vous-même ^ vous qui de Josëphe un fait qui n'est pas
ipuis tant d'années viuez séoaré de dans Je texte grec de cet histo-
nre femme ^ quant au lit? Je laisse _• _, •,:/•, o„„JÎ;« ^,,»a J« « A*. •*
I peu d'accôrà qu'il y a entre l'âge "^" 3"*^- «^^^^^^ H^ ^^*'î* «^«t'
u'on donne âLamech et son empres- encore en vie du temps de La-
fment à faire entendre raison à ses mech. Ce critique, en censurant
eux femmes sur le chapitre de la ceUe faute , en a fait une autre :
puissance: je ne dis point que la jj ^ confondu Lamect , père de
retendue récrimination aurait été j^ » v»*" x^«*«i;.o** , l^^i c ««7
naginée avec unpeu plus de justesse, ^^^ > avec JLamecu issu de Cain ».
c'eût été Lamech qu'Adam aurait conune nous l'avons montré dans
msuré à la requête et sur les çlain- Ja dernière remarque de l'article
is de ses deux épouses ^ mais je dis précédent,
ue la séparation de ut entre Adam " »**.«*•.
t Eve après la mort d'Abel, n'ayant , v q^^^ f^^ y
uré, selon les rêveries des rahbins , ih\T\^^^J%*FtLiM\^A' - a . /
ue cent trente ans, il est absurde 1 f' 5 *-»• 14.
e supposer qu'on en fit reproche à t a -M" t a r «n
dam, comme d'une chose qui du- l^AMl A , tamille romaine,
ait encore quand Caïn fut tué« Vos- C'était une branche de la maison
Lus lejeune a confondu, sîhr cette ma- des fiiiens (A) , et apparemment
lere, Lamech le bigame avec Lamech, ^\\^ „>„ a^^Ù J \ jl^ Z j
.ère de Noé. JuÂorum est fahella] ^Hen y était entrée que par adop-
it-il (17), Lamèchum de uxoribus ^^^^'f car on la fait, descendre de
onquestum esse apud Adamum , i7- LaUUS (a) , fîls de Neptune , et
xm his jussisseut ad maritum rewer- roi des Lestrvffons , qui deraeu-
^rentur ac sut facertnt copiant. Istas ^'^. j^^« 'ii »
cspondisse.4iamo ut ipse prias suœ «"ait jians une Ville ou OU nom-
atisfaceret conjugi, à qud jam per ^9l Qc^jus Formiœ . C'est le sen-
entum et triginta annos propter timent d'Horace (B). Une aussi
celus Caïni esset separatus. Ve- ancienne généalogie que celle
um quisadeo sit nebes ut non videat j . "*/i.*»«?*t
larr^tiuncuUm hane esse ineptUsi- dont ce poète flatte ^LIUsLaMIA^
nam ? Ex ed sequer&tur Lamèchum son ami , est sans doute cause
^ui a Setho septimus fuit dih fuisse que Juvénal, voulant désigner
inteq^mSethus nas^eret^'.&n est ^^^ jame de la première qualité,
ibsurde de supposer que Tubal-Cain, i> j » • » * 1 * '
eune garçon encore , fut tué par son * «designeepar ces paroles : quœ-
propre père : comment aurait-il été dam de numéro LaMIARUM {d).
['inventeur de divers instrumens d'ai- 11 y a beaucoup d'apparence que
u% 'A?,°i^r ï^,"*"'^*^f ^«jî! Î;* celui à qui iïorace adresse l'ode
§te r Au reste , Josephe n'a rien dit de -vxttt j* ttto i- ^ i
;e prétendu meurtre de Lamech : f^^" ™ ^^ ' "vre , et dont
linsi Tostat , qui le cite pour cette il parle en divers autres endroits
rieille tradition ( 18) , n'a pas été bien avec d^ marques d'estime était
iervi de sa mémoire.
, M V - n- . j V. . w j- («) Homère, Odyssea, /i*. X, w. 81,. /flil
(.8) r4i Pcrerium, in Gtacs. cdir. /^ , i*^ grande i^dle.
V4. »3 , 34. {JkyJxnen, , tut. VI, fs» 383.
38 LAMIA.
père de Locios Alius Lami a [c) , flX";^« iSt^îTl/^ /,«„«
a ui mourut vers le fi u de l'empire D«nominaios , et nepoium
J _,._ , ,, o^ J l> Per memore* genus oinne Jastos z
de Tibère , I an 700 de nome , jutor» ah nu» ducu onginmm ;
après avoir été gouverneur de la <??„^:^:r:"«r:<-'^^-
Syrie (C) , d'oii on 1 avait tire Uaonbut unuissê Ljnn
pour lui donner le gouvernement ^^/^ZT^^m^im étaient aussi foi
de Rome. Il fut honore de tune- ^^y^^ y^^^ aujourd'hui sur le chai
railles de censeur (d). De lui tre des génëaloçies. De combien ^
descendait peut-être ^LIUS La- familles ne disaient-ils pas , qu'ellî
MIA , mari de Domitia Longina , descendaient ou. d'un compagn^
AiA , "»«" .^. , • A. ^11 1 d'Hercole , ou de quelque autre pe
laquelle Domitien lui ôta. 11 le go^nage des temps fabuleux ? SUii
fit mourir quelque temps après Italiens a cru que Lamas avait rffi
(D). Il y a eu aussi LuCIU* ^LIUS dans Caïète (3). Voyez la Géograpb
LAM.A îui, pour avoir embras- ^-^f ^t ". ^,111^;
«rPtPiir anrM la mort Ap César "* la-dessus le rendit recommanJJ
prêteur après la mort de i.esar , ^^^ Extremo anni mors J^lii Lam\
1 an de Rome 7 1 1 . Un croit que funere censorio celehrata , qiù adà
c'est lui qui ayant passé pour nistrandœ Suriœ imagine tandem v^
par 1 action (5^
du feu (E). Consultez les Famil- que (6).
les Romaines de St^enuius, et ^(D) ^i-ius Lamia DomitienJ
VOnamasticon de Glaudorp (e). f ;:rdatte'd7Dotm;^'i
, , _, , ^ , . ^ GIN A , et l'y cite les autorités uéce
(c) Glandorp , Onomasl. . ra^ 14 le fait ^^^^^^ Juvénal fait allusion â la mol
u marte gui mourut tan nlao» (Test le faire % i • j 1 iir-
trop'vivri. -^ de ce Lamia, dans la 1V«. satu-e:
(d) Voyez la remarque (C) , citation (23). ^''^ '''J**^ postquàm Cerdonibus esse li»^
(e) Pag. 14 et sequent. Caperat" koe noeuU LanUarum emde nuulu
^^] ^^'f/' une branche de la mai- (£) Lucius ^luts Lamia"... . ars^
son des Mliens. ] Les Antonius, em- passépour mort,... recouura le seX\
pereurs de Rome , étaient sortis de j^ent par l'action du feu.'] Voici «
cette maison : elle contenait sept ou „u'en dit Valère Maxime : L. quof
huit branches , toutes plébéiennes ; t^rniœ prœtorio yiro œquè ^o«i
celle des Catus, celle des Tuberons , fuisse super rogum constitit (S) M^
celle des (jallus , celle des Stilons , ^^n fait aussi mention (9).
celle des Prsconius, celle des Séjans,
et celle des Lamias (1). Personne ne (3) Et regnata Lamo Cajeta. SU. lui , •<
dit que les iEliens descendissent de ^^^J iV'i^^' '^'y** ^V*/ïf* *'* Dausqoii
Lamus roi de» Lestrygons et on le < ^J_ SC.^U^"/; c^. xxril
disait des Lamias : il faut donc que ad ann 786.
ceux-ci soient entrés par adoption (6) Idem , Ub. IF , cap. XIII.
dans la famille des autres f j| ^:i^. .'îi.'îf Sp. ^in . «.
(d)... c est le sentiment a Horace.] xiL
Voici comment il parle (a) : (9) Plin. , Ub. FH^ cap. LU.
(0 Fojez Glandorp , Onomasl. , png* 10 et LAMIA , villc dc TheSSal«
(a ) Ode xvn , lib. III , mû. * ElIc cst principalement mémo
LAMIE. 39
able par la bataille qui se donna pre (C). Philostrate les représen-
lans son territoire , entre les te fort lascives (D). Je ne sais si
athéniens, secourus des autres le poisson Lauia (E) n'a pas eu ce
jrecs , et Antipater, gouverneur nom , à cause de ce que les fa-
le la Macédoine. Ce fut après la blés disaient des Lamies , oii si
nort d'Alexandre. Le succès de celles-ci doivent leur nom à ce-
;ette journée fut très-funeste lui de ce poisson. Les fautes de
lux Athéniens et à plusieurs au- M. Moréri ne sont pas considéra-
.res villes de la Grèce (a). Sui- blés (F),
las se trompe quand il dit qu'An- ,.v :r^. - j- ^
. f». 1* 1 ^ «Il /tN (A) Plusieurs disent que ce fut
:ipater perdit la bataille (b). ,,^^ belle femme africaine. 1 II y a
(a) Diodor. Siculus , lib. XFI2I, Pausa- bien des auteurs qui s'accoraent à
\\zs y lib» rn^ pag. ^iS. faire naître Lamie dans l'Afrique.
{b) Suidas , m Aa^uia. Doris, ou Duris (i) le fait \ Hësichius
le fait aussi. Le scoliaste d'Aristo-
L AMIE , fille de Neptune. Les phane {1) assure qu'elle était fille de
jrecs disaient que les Africains Bélus et de Libye. Considérez ce pas-
'avaient nommée Sibylle ; que s^g« d'Euripide :
:'était la première femme qui T/c toi/vo^a to î^ovtiiTiç'o» ^poroTç
îût prophétisé , et que Jupiter Oc/'» ol^t Aa^u»*ç t^c AiCi/s-*«îïc yi-
îut d'elle une fille qui fut nom- ^ "^' . • . r .
née HerOpnyle , et qui fut l une în/ame nomen et Utrum morlaiibus (3) ?
les sibylles (a). D'autres disent Diodore de Sicile raconte qn'Ophel-
jue Laniie fut une belle femme las , roi de C3rréne , allant trouver
africaine (A), à qui Jupiter fit AgaUiocle, qui faisait la guerre aux
j c 1 • 1 T Carthaginois, rencontra un antre ou
des enfans que la jalouse Junon j^ ^^^^8 Garnie était née , disait- on
ht tous périr : ce qui plongea (^). Bochart (5) s'imagine que le nom
leur mère dans une douleur si Lamia dérive du mot punique la-
Purieuse , que non-seulement elle ^«'» » ^,^ ^Jt^"^ ' 5"^ signifie en-
1 • . I • j * j> ^ core auiourd nui , chez les Arabes ,
devint laide , mais aussi d une J^^^^J ' '
. / . , , dévorer.
:ruaute qui la portait a enlever (g) jr^ tradition populaire h auoi
les enfans d'autrui , et à les tuer les poètes se conformèrent sur le théd-
'b). De là vint sans doute la tra- «f^. ] C'est sur* cela qu'Horace leur
d' ."l- ^1 • X • i«« -. ;: donne ses bons avis,
ition populaire a quoi les poe-
les se conîbrmèrent sur le théâtre ^ ;'^':;^^:::^,':%!:^'Zrf:Ma
(B). On parlait de Lamie, ou des eredi,
Lamies , sous une autre idée ; car ^^" ''aC("> ""' "•'"" '"""" '"'**"'
011 disait qu'elles pouvaient se philostratc dit que les Lamies ai-
defaire de leurs yeux , et les re-
prendre quand bon leur semblait. ^'^ ^*^ ^"'**" » '" •'°** A«é;uMt.
Elles s'en dépouillaient dans leur [3] Ê°rfp*dZ'.p»j Bocï..rt.Geograpi.. s.cr. ,
logis , et les prenaient quand el- '**• ' . cap. xxxrii.
les sortaient. C'est l'emblème de ^^^'Ayr^ai tJ^iy«eiç, wtt« ku,} ^^/x*xi
la cunosite et de 1 amour-pro- ^,,^, A^i'; r«te,» InL. h«u,a «
- laxo eonsiium , in quo reginatn Lamiam na-
(a) Pausan. , lib, X, pag. ôvj, Mm essefabulant^r. Diodor. Sical as , Ub. XX,
{b) Suidas , in Aa/xnt. Voyez ce qu*Xs^ai' S 4«- **P**^ Bocbavj. , ibid.
siiis^ in Arist. de Moribus, lih, Vlf^ cap. (5) Ibid.
r y dit d'une Lamie , au pays de Pont, (G) Horat. , de Àrt« Po«tic« , ▼■• 338.
4o LAMIE*
matent fort la chair bumaine (7). piant , posUaquàm cama suât
Parmi les contes de tieiUes ^ en cer- sumpserint (10).
tains pajrs , il v en a quantité où Ton (E) Le poisson Lamia. ] Il est 1
introduit des fées , grandes mangeuses ne grandeur énorme , et d^aner
dVnfans. cite prodigieuse. On lui a trooTé^
C'est l'emblème de la curiosité qneiois au yentre an corps d*hoj
sa maison , et ^ui , quand elle tou- censure Calepin
lait sortir, tirait ses yeux d^une boîte (F) Les fautes de M. Mon\
destinée à les garder , chacun de nous sont pas considérables. ] i*'. Pb
applique curieusement ses regards rin , qui est un auteur moderu
aux défauts de son prochain, et ne se ne devait pas être cité; 3^ ei
sert point de sa vue pour connaître moins le devait-il être avant Soi
ses propres vices. 3®. au lieu de dire que les an
(D) Phiiostrate les représente fort ont donné aux lamies le non à
lasciwesA II dit (q) que, par un pria- res, il fallait dire de larves ;i
cipe de lubricité, elles attiraient les ne fallait point citer Rhodigii
hommes qu^elles souhaitaient de dé- mais Philostrate , d'où, il a tirt
vorer en temps et lieu, etqu^elles se ce qu^il dit des lamies (i3); ô'
plaisaient surtout â manger les beaux tout cas, il fallait citer son Xl
garçons, quand ils étaient devenus livre, et non pas le XUX^.if^
eras à pleine peau. Il nVtait pas trop Leçons antiques ne contiennent
facile , ce me semble , de s^engraisser XXX livres ; 0°. il ne fallait poii
au service de ces impudiques créa- tor Pline , puisqu'il n'a rien à
tures. Philostrate devait songer â poisson qu'il appelle lamia (i3|
- • -- ' . — Woréri avait ^
eût considère
des poissons extr\
liiomède, roi de Thrace , qui faisait dinaires. Cela me fait souvenir^
manger â ses cavales la chair de ses fausse citation que j'ai obserréeii
hôtes. Cela veut dire, selon quelques- Calepin : on y cite Pline, ISb.'i^^
uns , qu'il les contraignait d'assouvir ^4* > immédiatement après ce P
la lubricité de ses filles , jusques à ce ^^^'- Lamia item piscis est {^^
2 u'ils n'eussent que les os et la peau, tamiarum strigum nomenff^
)iomedes Thraciœ rex citm aîiquot lamiœ sint voracissintœ , 0. w
haberet filias salacissimas , cogebat guttur) tanto oris rictu tanUff^
hospites ut earum libidinem satiarent; racitatis ut et loricatum hominf^
dictas ob id equas humanis carnibas ffordsse compertus sit. Itague de
pascere ; equa enim et mulier solœ intelligunt qui Jonam aegl^
animalium appelant marem etiam Pline ne dit nen de tout cela en '
prcpgnantes , undè equiendi uocabu- façon: et en tout cas il fallait c»'
lum , ut ait Aristotetes (*') , tràhitur livre IX , et non pas le XXIX*.
maledicto in fœminas procaces : co- , .^ .. » ., . „ • . :. Lui
j ^ i*' _ 1,^ , (10) Balthaiar Bomfaciu . Historu 1''"
medunt werb cames humanas , cum m) ^^ cap. II ,pag. m. «5.
uiros exsugunt , etcoïtu emaciatos ad (,,) jifit imprimtr son Dici»oBn»ji« .
tabem peraucunt ; ut rectè Salomon i5a3.
(*■) h mulierum consuetudine rei^ocet ('*) ^'•" «* 1^ lAajà «i Hofmao f«f^
adoUscentes , ne frustra gemere inci^ ^^r^t. H.rdouio, in ha.c .oc-»^
, , ^ « , , . ^ , Uh.IX.cap. XXir, croit qu0c'tiiy^
(7) XelfKCùf K«,t fxtOA^A AlBpeofrttOùy pkc» de raie.
i**V. ^*'^*' 'W*'*'* 'Ittina/MW lOTfiitnu/. Phi- . ,.,,
los'irat. , in Vii4 Apollon. , lih. IF. LAMIE , courtisane celei
(?) W"*-"^»' » ^« c»rio.iuf , inu. pag. m. fiUe d'un Athénien nommé C
(9) In vitâ Apollon. , lib, iv. nof (û). De joueuse de flûte q»
(*') Arist., de Genar. Animal., Ub.IV ^eap. ,
K. Idem Hisfl. Animal. , Ub. VJ , tap. 'Jj^VIU. (a) Polemo , apud AtlieDtfum, /'*' ^
(**) Prov. V. , f/. ««. P^f'^77-
LAMIE. 4i
ti?tait de son métier , elle de- tte Antoine de Guévara à l'occa-
t concubine de Ptolomée, pre- sion de Laïs , je le répète à l'oc-
^ir du nom , roi d'Ë^ypte : casion de Lamie« Il a débité au-*
, is avant cela elle s'était ren« tant de mensonges sur l'une que
\-i fameuse dans les fonctions sur l'autre. Brantôme s'y est lais-
-fille de joie (A). Elle fut prise se attraper (L). Gomme M. Mo-
' ,!C plusieurs de ses compagnes , réri n'a donné que trois lignes ,
is la bataille navale que Dé- je n'ai pas beaucoup de fautes de
litrius Poliorcète gagna sur ce commission à lui reprocher (M).
nce , auprès de l'île de Cypre Je suis surpris d'un doute 'de
, Ayant été amenée à Demé- M. Ménage (N),
us , elle lui parut si aimable, Vous trouverez un grand élo*
oiqu'elle commençât à être sur ge de cette Lamie dans un ou-
retour (B), qu'elle fut depuis vrage(^queM. Baudelot donna
plus chérie de ses maîtresses, au public , l'an 1698.
îSt ])0UrqU0i on disait qu'il (1^ /nfi/afe- , Histoire de Ptolomée Aulè.
ait aimé des autres , mais qu'il te, etc. Fojrez -j- le chap. m de la //•.
nait celle-là. lient à essuyer P«'<. t w- 317 «1 ^mc..
'elques railleries sur ce sujet (^) ^^^ s'était rendue fameuse
i) II lacombla datant debiens, ^S^'ï.&tSif ' CoiCse^
i elle se vit en état de faire de paroles : *Et fê to«to»ç Î *f/)»;gijiToç
.andes dépenses (D). Elle excel- nv Ao^ua , th //h à»x*^ avrouS^eia^
it en bons mots et en reparties ^*'^* ^* '*'»' '«"^A:»»» ( «<««•» yÀf AÔhwt
\) ; et comme les Athéniens 0 J» .e;x5'r*<rpo.»'T.,c ) , ^rtpo, <ft «*) to«
-^ \ . , rt . . • « 11 » 1 iP»TMto'c XAuiTùA ynouinn. In fus nO"
>usserent la flatterie à 1 égard i^s aia fuit Lamia , quœ' initia
i Démétrius jusqu'aux impiétés propter artem fuit in pretio habita.
«plus folles, ils dressèrent un Siguidem scienter tibid canebat. Posi
mpleàcette concubine, SOUS le f^^H^ commercio meretricio celcbns
j "y, ^v**^.*w*u^, owMo x,5 ^j^ Lorsque dans une personne de
om de Vehus Lamie (P), quoi- Pautre sexe, l'art de chanter ou de
ae dans une certaine rencontre danser , ou de jouer des instrumens ,
s eusseut eu beaucoup de cha- ?.* une science de louage, je veux
1 • 1 M. 3 M* ' dire qn on en fait métier, et ciuob
nn de Toir lenr aijen t dwlrne i,„^T^ „„ ,„ ,, ^^^44^^ ^^''.^
cette femme (G). Les Thebams assemblées solennelles, c'est le grand
)mmirent la même impiété (c). chemin de l'impureté. Ne tous éton-
e conte qui se lit dans A thé- nez donc point que notre Lamie soit
ée, concernant Démétrius et pafsée du méher de joueuse de flûte à
^^ , wx^u^«,>uaub a^«uAci.iAU9 Cl. celui de courtisane. La pente est fort
amie, est dune telle nature raide et fort glissante de l'un à l'autre,
ue le papier ne le peut souffrir (B) Elle parut aimable a Démé-
n français (H). Je ne sais si '"»V quoiqu'elle commençât hêtre
11- „ „ «.. ^ il. t. * *Mr le retour. 1 J'aurais employé des
iien a rapporte exactement ce ^^^^^, ^^^, propres, à la repr^enter
u il dit de ces deux personnes vieille, si je n^eusse consulté que
). Plutarque rapporte la ma- Plutarque : mais ayant lu dans Athé-
ière dont Lamie critiqua un née fm^eHe eut de Démétrius une fille
. j , * ^.» (a), l'ai cru quil fallait adoucir les
igement rendu sur des matières i^'prission». Voici ce que dit Plutar-
amour (K). Ce que j'ai dit con- Urque : Toti yoS? Un xJyoï/era tîc «/>*?
(A) PluUrcbos , in Demetrîo » pa/^. 896, E. (0 Piu«*rdiof , i« Dematrio , pag. SgS , E.
{c) Polemo f apud Athen. , lib. Vi^p. ai53. (1) ^N^(iî<r^io{ i' l TIoKMf xiit»| ov ^dnfx^ •
42 LâMIE.
jcflti iraxy viwTtpov tùLutnc XA/Sowtf'A toi à»- plaisaient a ce prince , autant
^'t^(0V| fx^dlTN0^ Tn;(^AptTi»Ai jcATi0';i^iv. DassioD Dour ccttc femme depl
«n ÎKfffNp fîitnuivtiç ipAçni , t»v J^ «tx- a ses amis. Ils oie s'en pouvaienti
KmfyufAiMMf ijujuitJiùy. Tuncueroetiam cher; car lors<^ue ses ambassadi
exolesccnte jorrnd multo se niinoiTm eurent yu les cicatrices que Lym
pellexU Demetrium , adeoque lepore chus leur montrait , et sur sescoi^
deuinxit et cepit eum , ut ab aliis et sur ses bras , ils lui réponJÎH
mulieribus amaretur, unius illius ej- que le roi leur mattre en avait as
set amator (3). Je rapporterai ci-des- sur le cou , qui étaient TefTet ^
sous (4) un autre passage c^ui n'est morsures de la furieuse béte Lan
pas moins fort. On dit ordinairement II faut savoir que Lysimacbus s'è
que ^ dans les familles , Tamitit^des- battu contre un lion, et quHlk
cend beaucoup plus qu'elle ne mon- montrait les marques des plaies q^
te : les pères aiment beaucoup plus avait reçues dans ce combat, l
leurs enfans , que les enfans n'aiment termes de l'original ont plus de grJi
leurs pères. On peut dire la même que le précis que j'en donne, 'a^uj
chose ^e l'amour des hommes pour «ro ywi a-iitc vttf itù^rm xctTot n^trpj
les femmes ; ils sont ordinairement ^poc Aun/xAX^^ > ^^^ iiciîyoç àtyen t^-
plus âges que celles qu'ils aiment. M^t(*f h «ri «roK ftupoîc «où tok â<
Mais cette régie souitre beaucoup ^onf »Tfix<U ^SaSimc ùfvx»^ xiottm
d'exceptions : elle en souiTre même »as J^nviito tmv ytiuihn^ àjutt» u.i);
règne
J'en parle dans l'article de Diane de Ôn^/ov ^ny/AAtti, ^Ipciv sv tS Tfd/i'
Poitiers. Nous voyons ici un jeune Aa/juaç. p^enerant ad XéjrsimacL
roi qui se laisse captiver par une aliqui ab Demetrio legati , qM'
femme beaucoup plus âgée que lui. ille per otium altas in cruribui i
Il ne s'en faut pas tant étonner ; car bracniis suis leoninorum unguium t
de vieilles courtisanes , avec quel- catrices ostendit , exposuitque su\
qu es restes de beauté, soutenues de eumleone pugnani, quant ab AUj^
leur routine et de leurs finesses , dro rege cum illo conclusus conn
peuvent mener loin un jeune hom- ruerai, Illi in risum effusi suum qat
me. Quoi qu'il en soit , si Démétrius que regem prœdicauerunt imman
trouva de grands charmes dans La- jerce in collo ferre morsus LArnuB^r^
, la première fois qu'il la vit , il (C) . . . // eut a essuyer qwei<\\^
..: X • 1 i__ _•»/ .• - -_ i_* n i\ >f^»^«r
mie
ne lui en trouva pas moins dans les railleries sur ce sujet.^ 3 ^i s'éton!
privautés qu'ils eurent ensemble, de voir que Démétrius , qui s'él
*«(ri J^i rh Act/x/ct» d'abord dégoûté de Phila, sa femin
Tàf ;g*«xj • tôjutxSç K*>a^Ti<r<t, Mo « cause qu elle commençait a dec
•E»cti»i9îfy*i 8 '. ner , se fût tellement assujetti a
, , . 'rk ^ ■ I ■ > r wiie , qui était deia en décadence (
Idem au Demetrium ab incubante La^ ^ aemanda un jour à Démo ce qu't
imâconcmn^suaviterquesubagitatum ^^^^^^ je Lamie , qui jouait de
/m55e eei</arY?oeflm W^55e(5).Çe ^^te pendant un repas. Oest i
netaitpwntseulemcntlaçhtequila ^■^■^/ répondit Démo. Quand
faisait trouver si charmante a Déraé- ^^ '^ le dessert , uorez-i^oi
trius : eUe lui donnait des morsures ^^.jf ^ De^o , combien de ck
amoureuses (6), qui apparemment Larnie m' envoie? Ma mère, répoi
»;«c «>* A*/*;*c T« <tôKnrfiioç,iê îc 1^^'™°' r^"*^" ^''7'^^ ^'^'" '^^"
" ^ >û/^/ iasre , si uous voulez aussi com
lioreeles ( et non pat Phalereus » comme il va ..,». , .« .-^
d«n. U venion d'Àihenée ) Lamiam tibicinem (?) ?»■«•'«*•"? ' «" Demctrio, jpag.got.
amavitperdiUssimi , ex eâque gnatam Pkilam (8)^Hv (Tl Bttu/XAÇOI Onrt TWf 4»»Xflt
suieepit. kihtnsetut Ub. XllI^pag.S'}^. dpyvi to uti »*ô' ixiiueti ^t/p-p^tfAii
(5) Machon , apud Athenmm , Ub. XIII , ;tpo»ov «dVi w*p«x^*Kt/i*Ç. JUirum fuit
pag. 577. qui Phila deûoreseenle eeiale offensus ft
(6) royei , tome VI , pag. 4^5 la remar- initia , suceùbuisfe Lamiœ , «C tamdiii ja n
que(\) de l'article delndeuxiemeVhonA.. gentemannis dilexiss». Idem, ibid.
LAMIE. 43
ec elle (9). Notez que cVtait une métier que Fon exerçait dans la re-
urtisane <^ui avait servi de conçu- présentation des friige'dies.
ne â Ântisonus , père de Dëmé- (D) Elle se uit en état de faire de
LUS , et qui fut ensuite aimée de grandes dépenses. "} Cest Tordînaire
émétrins (10). PIntarque dit qu^elle que les maîtresses des rois se plai-
t surnommée Mania ^ mais Athé- sent à immortaliser leur nom par
;e (11) parle de Démo et de Mania des bâlimens superbes. Lamie fat de
imme de deux courtisanes. Il 9e cette humeur : elle fit bâtir dans Si-
issa une forte haine entre Lysi- cyone un très-neau portique , dont il
lachus et Démétrius , et cela fut y eut un auteur (16) qui publia une
lit-il , la première courtisane que sur ce sujet (17). Xap/c ^ To^Tay *J«r»
'ai vue sortir du théâtre. Démétrius »a6* içtvrnv >i AetjuuA rS fitinhit ^etpet-
epondit : Je veux qu'il sache que ma oTtfua.^va-et Ji^Tnùi , hpyvpohôyitn «"ox-
utain est plus honnête que sa Pé- xowc kai to hîmi , ovruç mvÔ»»« ^tm
élope (la). Jacques Amvot n'a pas Ji^in Ji* Tjîy ^roxc/Tixiiaty , aç** c/w-o
ntendu ceci 5 il fait dire a Lysi- Auyitiuç rov IctfÉ^u avyyvypA^BeLr /i* 0
lachus : Je n'at^ois jusqu*a mainte' «ai tSv xafAtuSy tic 01/ ^ati/x»ç Ti»
ant jamais ueu qu'une putain jouast Aa/juai 'ExIw'omv âmiBSç ^poo^7fn. Prœ-
n tragédie. Les paroles de Plutarque ter hcec ipsa seorsàm Lamia cœnam
le signifient point cela.' AuoifAetX^f regiparans,à multis pecuniam con-
otéopSy fîç Toy cpaoTA tn? AAfAtietç ih%y* ciliauit , atque oh imniensas sumptus
uy -TrpSrùf %»pAx,iftti iropini ^pofp;^o/xlvM? usque adeb fuit illa cetebrata cœna ,
K fTpetytxiç 07t)ivNc. Lysimachus înseo- ut eam. Lynceus Samius manuauerit
ans eum oh Lamiœ amores, dictita- litteris, Quamobrem Lamiam comi-
tat nunc primum scortum se ex tra- eus quidam appositè ueram Helepo-
ricâ prodiens (i3) scend vidisse. La lim ifOcauit (18). Plutarque venait de
neilleure version du monde n'éclair- parler des grandes sommes que Dé-
sirait pas cette pensée de Lysima- métrius avait obligé les Athéniens à
îhus , SI l'on ignorait une chose rap- donner à Lamia (19) j et il ajoute que
>ortée par Atnénée (i4) ; c'est que cette femme de son côté, et outre
démétrius avait dit que la cour de cela , se fit donner de l'argent par
Liysimachus ressemblait à un théâtre plusieurs personnes , pour le festin
;omique ; il n'en sort que des gens qu'elle préparait à Démétrius.
lent le nom est de deux syllabes. (E) Elle excellait en bons mots et
[î'est ainsi qu'il se moquait d'un Bi- en reparties. ] C'est Athénée qui le
lies, d'un Paris , et de quelque^ au- témoigne, *H J'i , dit-il (20), AttfAtt
;res dont le nom n'était pas plus o-^Ufct ivÔutToc ka) âttix» ^rpoc tÀç
ong, et qui étaient les principaux ebroxpia^tç. Fuit quidem certè Lamia
*avoris de Lysimachus. Quand Ly- dicteriis salsa et acuta , prorshsque
dmacbus eut su cette raillerie, il se in respondendo Alheniensis.
contenta de répondre , qu'il n'avait (F) Les Athéniens .... dressèrent
jamais vu chez soi de putain qui fût un temple a cette concubine , sous le
sortie du théâtretragique.n faisait al- nom de Vénus Lamie. Q Ils en dres-
lusion à Lamie , qui était une joueuse sérent un autre à Léxna , concubine
de flûte (i5) , et par conséquent d'un du même Démétrius (21) , et ils firent
rg) Idem . ibidem. Ic même honneur aux favoris de ce
(io) Aihea. , lit. XIII , pag. 5^8. prince. Les autels , et les libations ,
(ii)Ibùiem. ^ ^ ^ et les cantiques , n'y manquèrent
("y 2aD^povK'i/>Ay iiVflii TJf» tat/Tot/ .
TTQpynt tnç ixtiVot/ riilftXofl'lIC. Casùitsiac (16) // 3*appelaU Polimon. Vojet Aihinée,
\avil Hlius Pénélope suum esse scorium. Flu- Ut, XIII , pag. 577.
'"/^x'?!"^*"**"*^ ''*! • ^j ' ^; . j («7) Compos/pnrun nuteur nomm/Ljnciu».
r«3) Ily a proaenatem dan» la uerston de y ^jUtLiUvif^^iu commencement du IV*. faVr*,
Plutarque. ce qui est ou un solécisme ou une > o\ m . l • wv . • - «^.
faussHé. (**> PluUrcbn», m ï>vmelno , pag. goi.
(i4) Athen. , Uh. XIV , pag. 614. Op) ^OJ'* ^ remarque (F).
(»5) Tiv fltJxHT^i/* AAfjtUy hiytiev. In- («®) A*«"- 1 '•'*• ^''' » fS- *77*
uiiens Lamism tibicinam. Idem, ibid, (31) Idem , lib. VI , cap. XIV , pag. 353*
44 LâMIE.
point. DéméknvL» en fut li ictrpm , On te serrirait aujaurd'liui «lu Ui
Su'ii dit hautement qu^il n'j avait de parvguante , ou â^ épingles de
Ion dans Athènes aucun hourgeois reine , plutôt que du terme de
qui eût du courage. Sa pensée a été Ton. Voyez la note (^5).
misérablement défigurée par le tra- (H) Le conte qui se lit dans Aà
ducteur d'Athénée : il lui fait dire née , concernant Démétrius et JLam
que jamais il rCj aurait dans les en- eit de telle nature que le tpapLer ne
fors un Athénien de grand cœur: peut souffrir en français. 3 JugezH
uidndrante ipso Demetrio quœ tum par ce latin : De Lamid rusvhm Mi
fièrent , palamque dicente apud in^ chon hœc scribit , Demetrium d
feros nuuumunquhmfuturummagni quando inter pocida^ varia, genn
excelsique animt ciuem jitheniensem» unguentorum ostentantem Lantiœ i
Une lettre mise à la place de deux bicinœ , ut illa non ita jucundè oU\
autres (aa) , a causé le prodige ux dixit / nom mhU commatum ci tût
changement de cette pensée. Voici le quant uellicatum , quod improboA
grec d'Athénée r'Art Juit «tMv o-èv omnia petulantiiis Uluderet , innuia
AM^MT^iof ddti/yutf^fiy î^i «ro7ç ^ffvo^i- ut JYardinum quoddam éifferretur
f 0IC9 «Ai xiyui ov^ic f^' fltJTov *AoNvAi»y et citm pudenaum manu confricim
vlT'OVf /jiiyAf *tù jÉpot th 4^A:»V' sçt^ ac digitis contrectdssety dîjrisst^
Cette réflexion de iRmétrius me fait hocy Latma, olfacito, quantum ànk
souvenir d'une exclamation de Ti- quis distet , cognosces : illam ven
hère : Memoriœ proditur Tîberium^ subridentem respondisse , atqui , o
quotiens curid egrederetur, Grœcis miser, omnium longé putidissimim
uerbis in hune moaum eloqui solitum , hoc esse mûU videtut • regentque moi
6 homines ad servitutem paratos ! subjecisse , é regid tamen glande pcr
scilicet etiam illum , qui libertatem Jovem est , 6 Ijamia (36).
publicam nollet , tam projectœ ser- ( I ) . . ,. Jene sais si Élien a rap-
vientium patientiœ tasdebat (a3). porté exactement ce qu'il dit de ca
(G) .... quoiqu'ils eussent , , . du deux personnes, ] Démétrius , ait-
chagrin de uoir leur argent desti- il (37) , qui régnait sur {ant de peu-
né a cette femme, ] Entre plusieurs pies , allait souvent avec ses armes ,
violences que ceux d'Athènes eu- et le diadème sur la tête , chez la
rent à soufirir de Démétrius, rien courtisane Lamie. Il se serait fort
ne les fâcha davantage que l'ordre déshonoré s'il l'avait mandée ; mais
qu'il leur donna de lui compter il allait la trouver chez elle avec un
incessamment deux cent cinquante grand soin. Je fau moins de cas de
talens. Il en fit faire la levée avec ce prince c^ue de Théodore le flû-
beaucoup de rigueur et de précipita- teur , qui rejeta les prières que Lamie
tion ; et lorsque l'argent fut prêt , il lui fît de la venir voir. Voilà l'histO'
leur commanda de le remettre à La- riette de cet auteur : elle m'est siu-
mie, et aux
avait à sa
leur savon,
firent plus de peine aux Athéniens gagna sur le roi d'Egypte. Lamie ne
que la perte de leur argent. 'I^y faisait plus le métier de fille de joie;
«d/)Oi0'/««yov TO âifytiftov, iKixtua^ AAjuttA elle appartenait à un roi. Si.Pon dit
KAljrtûç 'PTffii AÙ*rh irAt^Atç hç a-fMyixA que depuis même qu'elle appartint à
Jbdvvdti* « yÀf AÎo-xOynj rtiç l^njMAç, tcAt Démétrius, elle eut sa maison à part,
n-ù fn/^A rou vpAy/iAroç fiSxhoif iiit»X>^^^ / « r» ^ t m
«t-aA*» J»AA«[«....i. r/T»' >.y« J>«,.« ^«^^.«..^ (*5) On Uvuve dans U Platarqae d'AmTot
To^ç *v8pa5rot/ff. Ubi coactum argentum ^,1^ '^^^ marginale , Et qoiuii m. Umii,
i>iaLt , Ltomiœ JUSSlt la , cœtensque tont le lavon et tonte Teau du monde ne Moroiest
meretricibus quœ circa eam erant , ad nettoyer ni laver c«ax qui ont donné les taleos
smegma prœberi. Pupueit enim dues J-"»*»»*" «^8*» •••• >•• P'PP»" ', ,ï«" «^'î '"
^. Ji^ • ■' ' '^ ^^ I terre» et «eigneonea, temoioi de rimpodicité dt
piuior magis quam jactura , et verha , telJei putaim, peitea exécrables dei étato pubUa,
quibus est USUSy quam exactio (34). et Popprobre éternel de ceux qai »'j lontaotu-
•es « et Trais engins à crocheter les coffra des
(m) 'Et aS'ou , in inferis , pour •*•' Aurou B»»^» «» «!«• P«*««»-
sut «tate. (a6) Athen. , lib, XI ÏI , pag. 577.
(a3) Tacit., Annal. , Ub. lll, eap. LXV. (^i) JElian. , Var. Hirtor. , Uh. XII, tp,
(a4) Plotarehas , in Demetrio, pag. 901 , Â. XVït,
LAMIE. 45
qa^ainsi il est trés-possible qu^on (L) Ouëyara a débité autant de
t vu aller chez, elle Démétrias , je mensonges sur Lamia que sur Laïs.
ponds qu'il n'y serait pas allé Brantôme s'y est laissé attraper, ] II
mme chez une courtisane publi- débite (3o) quelques maximes comme
le , mais comme chez une maîtresse si elles étaient de Lamie , et ce ne
•nt il aurait cru être le seul oui sont que des fictions de Guévara. S'il
uît, et à qui il aurait donné les faut prendre avis sur ce sujet , dit-il
oyens d'être losée magnifiquement. (3i), d'une courtisane qui a esté des
ir ce pied-lâ les censures d'Élien plus fameuses du tems passé , et
nt nulles : car dés qu'un prince grande clergesse en son métier , qui
ïst engagé dans le crime du conçu- estoit Lamia{ faire lepeut-^n) qui di-
nage puolic , c'est la même chose , soit , etc. Un certain François Voille-
it qu'il aille chez sa maîtresse , soit ret , sieur de Florizel , conseiller ,>
l'il la fasse venir chez lui ; et il est notaire , et secrétaire du roi , mai-
ême plus scandaleux de la voir lo- son et couronne de France , a débité
!e dans son palais , que de lui voir (3a) comme une histoire tous les men-
1 logis à part. Je suis fort persuadé songes qu'il avait lus dans cet auteur
le Lamie logeait chez Démétrius , espagnol , touchant les trois courti-
qu'en tout cas Démétrius n'allait sanes Flora , Laïs et Lamie. Tant il est
>int la voir sur le pied d'une cour- vrai qu'il ne faut qu'un mauvais au-
sane qui ouvrait sa porte à tout teur pour en gâter plusieurs autres !
3nant.. C'est néanmoins la supnosi- (M) Comme M, Moréri n'a donné
on d'Élien : c'est sur cela qu il ap- que trois lignes y je n'ai pas beaucoup
uie la morale de son chapitre. de fautes. . . a lui reprocher. ] 1°.
(K) Lamie critiqua un Jugement Cette expression , les Thébains lui
'-ndu sur des matières d'amour. ] consacrèrerà le temple de f^énus La-
oici le fait : Thonis (a8) , courtisa- mie , est trompeuse : elle porte à
e égyptienne , avait demandé une croire que les Thébains avaient un
rosse somme à un jeune homme qui temple de Vénus Lamie , lequel ils
aimait ; U-dessus le marché rom- consacrèrent à la maîtresse de Dé-
>it 5 l'amant se retira sans rien faire, métrius. llfallait donc dire jpour ôter
l lui sembla la nuit , en dormant , les équivoques , que les Thébains bâ-
[u'il jouissait de cette femme : cela tirent un temple en l'honneur de cette
5 guérit de sa passion. Thonis , ayant maîtresse , et qu'ils le nommèrent le
u tout ce mystère, prétendit que le temple de Vénus Lamie. a®. Il n'est
2une homme la devait payer , et pas vrai que Plutarque fasse mention
•assigna devant les juges. Bocchoris de cela : c'était Athénée qu'il fallait
ondamna le défendeur à mettre citer. Charles Etienne (33) a prêté à
[ans une bourse l'argent qu'on lui M. Moréri cette fausse citation,
vait demandé; et à la remuer de (N) Je suis surprU d'un doute de
;t que cette jouissance en songe n'e- /^ femina quam amabat Phalereus
:ait qu une ombre de la véritable (34) ? En la nommant noble il se fon-
ouissance. Lamie , juge compétent de sur ces paroles de Diogène Laêrce :
;n ces matières, dit un jour que ce 'axx^ ig^ xtù %ùy*u7 tviAku AautU
ugement était inique , parce que > r .
l'ombre de la bourse n'avait point gué- (3«) Himoirei da Dames Gdantei , tom, 11^
ri la courtisane de l'envie qu'elle avait •"«• '«/»•
le posséder cet argent , au lieu que le (^') Êpîire» doré» , /«V/v / , p. m. a6o ec
'"""^^ r«* F;*^^ ^ P""""" "^^ "^ (3») Dans un U.re impnn^e' k Londres sou.
leune IV>mme (29), UrigM de Jaeaues J*r. , ,« intituU : Le Préau
d« Fleuri milées. V^e*-y U ehap. FUI du
(aS) a/tait son nom igjptUn t les Grées U ''•* ''•'7 ' f^f' »44 « 'wV.
npnun^rent jirekidiee ou ArtKediee. Voye» (13) Uojà lui a été la citation de Vhnmn{no.
Elîeiï, V«r. Hwior. , Ub. XII , eap, LXIIÎ, et Hofmao a fait la mime chose.
ter notes rf« Kahnios. ^ (34) Meaig. m Diogen. Laf rttvm , lib. V ,
{99) C» PIntarcfa» , ni Deaactrio , pm%. goi. nuiit. 76, pag. a» .
46 LAMPONIANO.
«TM «fM/AivM. Verumurhanâ ac nobili lui pouf un procès (A) oii il n
amicd Lamid uubatur quam ama- jf^[i p^ f^iy^ intervenir COnl
bat. En Vo^ctu^^^j^imi,^^^^ sa partie les offices de ce prince,
sans la moindre répuanancc que La- ., *^ , .. , . ^ ^ jf '
mie maîtresse de Demëtrius Po- il espérait de trouver son corn
liorcéte , ait été aimée de Démétrius te dans une révolution d'éu
Phaléréus ; car la maîtresse de Dé- ^^ ^ j^^^jj besoin de quelque n
M. Ménage a eu raison de censurer et se sentait aussi vain , et aui
Dalechamp, quia traduit ces mots adonné au luxe qu'auparavac
d;Athénée, ^-^^^fJ^l'^V^^^ Ses deux complices étaient Cha
par Demetriiu Phalensus Lamiam les VlSContl et Jérôme OJgiati.(
tibicinem amavit perdùissimè ; mais dernier fut engagé à ce noir COH
il devait aussi censurer Aldobrandin, j^^ j^ j^j^g qu'un maîîî
auia dit aueles Thébains, parcom- K,, \ ^ • j S i -r
plaisance pour Démétrius Pfaléréus, d'ecole , ennemi du duc, lui &
bâtirent un temple de Vénus Lamie, sait voir dans le meurtre de
afin d'honorer la mémoire de sa mat- tyran (B). Quant à Charles \i
tresse Lamie (35). AJdobrandin cite conti , deux raisons puissantes f
'Cœlius Rhodiemus ho. af) , cap. D. il \ . ,pv j * ^_ .
yTt"ois choses à reprendre'^là-de- engagèrent (C). Lamponiano, s
dans. I®. Ce ne fut point par corn- voulant sauver au travers àt
plaisance pour Démétrius Phaléréus femmes , fut tué par un Mon
mais pour Démétrius Poliorcète , ^^^ cadavre mordant la poussie
TnmÈ7u^'A&r, Wu re (D) fut livré à la popufaceîi,
pas Cœlius Rhodiginus. 3°. 11 fallait qui en fît son jouet pendant qn»
dire que lés Athéniens eurent la que temps (c). Pierre Crinitus
même complaisance que les Thé- ^^jj ^^^ ^^^^ ^ j^ louange de a
^^^^' assassin (E).On dit que ce duc d
nS) Tkehanos autem Demetrio blandientes , Milan avait de bellcS QtiaUlC
VenensLanuœ templumexeiUivisse^utLatmm ^ . ^
ab eo amala memoriam eoUrent , seribit Cœliut (a), et qU il gOUVCmait en DOI
S!^,1if;ùiit\î?»:;îrnJ:,6Tn?^;uV.i- prince , sans antre défaut noU
tendre que D/métrius Phaléréus dont il venait Jj|g qu'uue exlrême impudicite
'^'*''"'' qu'il lui était d'autant plus facii
LAMPONIANO (Jean- Ano^), de satisfaire, que les dames d
issu d'une illustre famille mila- sa cour faisaient gloire de leur
naise (a) , fat l'un des trois do- galanteries (F).
mestiques de Galéas Sforce , duc ,^^ , »,.!*:
de Milan , qui conspirèrent COn- romm turbœ ad ludibrium concessus , in
tre ce prince , et qui lui Ôtèrent to la^ueo per cunctas urbU reglones rafu
laviedansreelisede3ainMi.tien- ,^^,^^ lus^^
1 c j ^j ' T. r a n W '««»» » ibidem.
ne , le 2b de décembre 1470- te ^^^ 7^^^ ibidem.
fut Lamponiano qui lui donna les ,». r, . • ^-i' » ,
j • • * Ti r • •*. (A) // était tache contre le dur <!
deux premiers coups. Il faisait j^faL pour L procès.} ^oidYë^
semblant d écarter la foule , et de Vaffaire , selon Paul Joyc. Ad a^
d'avoir des lettres à présenter à dendum immane usque adeb et ;>f 1
ce duc. Il était fâché contre. f"'«*"''^/«5^{»"*''^'*^**"'fr^
illata sibi injuna a Casteluoneo L(
(a) Egnatius, Exemnlor-, lib. UT, cap. mensium antistite, a quo sacri laU
IT, subjln, ^ folio m, 96 verso, fund'd possessione contra jus itUi
LAMPONIANO. 4^
pld tocatione, seperiniquè spolia' inarU spe parandcé gloviœ inflaferat
Il querebatur. Totum autem ejus Cola Montanus litterarii ludi maeis-
uriœ odiique t/enenum verlehat in ter, si ocviso tyranno patriam in li-
incipem , qui a se supptieiter dfh- bertatem assereret ; sœpè Cassios et
séante eam contumeiiam , sœpè Brutos in schold maenis extollens
^atus adifenarium in eatrahendd laudibus ^ qui elorid ducti pulchern-
e prœpotentem , neque adt^ertere , mi facii consUium olim suscepissent
que moUire uoluisset (i). Cela me (7). Tant il est vrai qu'une mauyaîse
it souvenir de Philippe , roi de Ma- leçon est capable de faire du mai , et
doine , qui fut tue par un homme que les princes mêmes doivent tâcher
) qui n^vait pu obtenir de lui la de ne se point faire de petits cnne-
ingeance quUl lui avait demandée mis. Il y en a peu de tels. Cola
un sanglant affront (3). Il ne songea ayant été pris quelque temps après ',
us à se venger de Fauteur de cet tomba au pouvoir de Laurent de
itrage, mais^ du prince qui ne lui Mëdicis qui le fît pendre (8). Le cou-
I faisait pas justice (4). rage qu'u avait inspire à Olgiati, par
(B) Olgiati fut engagé..,,, par l'espérance d'une renommée éternel-
gloire qu'un maître aécole, enne- le , ne se démentit point à la vue *du
I du duc, lui faisait t^oir dans le dernier supplice. Olgiati et son cama-
eurtre ttun tyran. ] Il s'appelait rade eurent le temps de se sauver à
3la Montanus , et avait été précep- la faveur de la confusion que Passas-
ur de Galéas Sforce , qui conser- sinat du duc causa dans l'égKse: mais
rat plus qu'il n'eût été nécessaire comme il n'y avait personne qui osât
souvenir des coups de fouet qu'il leur donner retraite , ils furent pris
^ait reçus de son pédagogue , lui deux jours après. Leur supplice fut
t donner un jour publiquement les proportionné à leur crime ; et voici
rivières sur les fesses nues. Hic ta fermeté d'Olgiati : Olgiatus ipse
Wa quondam Oaleacii pcedagogus mirum uisu audituque uesand constan-
irum in principem odium conceperat lid obstinatum animnm in conspectu
npotenti ejus contumelid percitus , camificis eerens , seseque in ipsâ
uod ille puerilium uerberum nimis morte confirmans hœc contumaci ore
lemor , postquàm adolewit , impe- protOlit uerba ; Collige te , ffieronr-
iumque suscepit, ipsi Colœ tamquam me , stabit vêtus memoriafacti ; mors
nmiti subagrestique prœceptori , ac~ quidem erit acerba , sed tormentum
iptas oUmplagas nudaûs clunibus brève, atque ejusfama perpétua (g).
}ropalam rependijussisset (5). G)la, On sera peut-être bien aise de voir
idi«;né de cet afiront , piqua d'un ici quelques vers qu'il composa dans
rdent désir de^ gloire le jeune 01- la prison. Ils sont une preuve de sa
iati ^ d'une gloire , dis-je , à acqué-. hardiesse; ils insultent le prince qu'il
ir en redonnant à sa patrie la liberté avait assassiné,
ar le meurtre du tyran : il lui rcle- ç^^ „^„ ^^^ ^.^^^ „^^ ^^
a jusques aux nues le mente de phalange*
trutUS et de Cassius. En un mot ce Sternere ^ privatd Galea* dux Sfonia dextrd
ut lui qui, par ses furieuses exhor- 5;"«*^ «'^.*««« ««"«'"*/»«'er* co/fentew
.. V» ' M. j M. M. estantes famuU f nec opes, nec régna, nec
ations, ut concevoir et exécuter cet urtes.
ittentat (6). Olgiatum penè imber- Bine palel humanis qu» sUfidueia rehw ^
fem , leuissimumque adolescentem ^ip^Mhmcsœt^outtumnU este tyranno (lo).
(1) Panlas JotÎos , in Elosio GaleActi SfortJK, ^C) • . Quant h Chartes f^isconti, deux
ift. i//, Elog.,pa^. m. s44. raisons puissantes Vy engagèrent. \
O) Nommé Pausanùu. En premier lieu, il était fâché de voir
U.con^i,,arumtudibrii, exposuerat. Freinsbem. V^.^ ".* Sforces eUSSCnt.USUrpe la do-
Supplem. in Quint. Cnrt. , Ub. /, cap. IX. mination au préjudice de sa famille.
(4) Adoletcent... odium ab auctore ùtiuriœ En second lieu , il avait une sœur
ibidem!*^'"**^ *'"' ''*'"'^*^ con..ert»i. laem , q^g Galéas avait débauchée , et puis
,flg.a45. * ' * * (7)Jov'U5.Elog. Gui, Sfort.,EIog. ttfc. ///, '
(b) flujus Colat diris cohoriationibus eonfurO' ''*^\ y j* ....
lionetn inekomùim ad exilumque ptrductam (*) Idem , ibidem , pag. 9^7.
fuisse^ Olgùttu» ipse ex quœsuone pencripsit. Cq) Tdem , pag. «46.
Idem, ibidem. (lo) Idem ^ pag. «47.
4B LAMPONIANO.
commaoûiii^ à un beau jeune hom- (F) Lus dames de ta courfé
me f son mignon. Germanm tororit gloire de leun e^aiantenes.]h
probro quant Galeacius adamaret , cription quePaiu JoTenoasadi
atque êubigeret^pennovehalurt tant6 de la corruption des femmes
indignantiu» quod eam decoro adoles' pa^s-li est horrible.' Elles i
cent* , qui œtatis florem principi daient la chasteté comme un oli
Jfruendum dediiset , condlidste et â la politesse : elles croyaied
communicdsMe jutpicaretur (ii). Ce s'attacher à cette vertu, c'éb
prince passait pour si impudique, savoir pas vivre j citait retenu
qu'on parlait non-seulement de ses sauvage d'une campagnarde,
amours , mais aussi de ses maquerel- elles ne croyaient pas que co
]ages(i3). Nous avons ici un exemple avec un prince fÙt une action i
de la dociliti^ féminine : la sœur de sëe à Thonnâtetë j elles préten
François Visconti, non contente de que le moyen de relever la cooi
S ratifier de l'usage de son corps le duc de leurs maris par'-dessus les i
e Milan y se prêtait aussi à ses bar- était de leur faire porter des i
daches quand il le voulait. Appa- d'or. Galëas , qui était bel hoi
remment elle n'avait pas beaucoup jeune , vigoureux , et impadi({
de peine â donner cette marque de tempérament, trouvait là sont
complaisance à ce duc , puisque te. Les paroles de Paul Jotc sa
c'était en ûiveur d'un beau jeune sent infiniment les miennes;
homme. pourquoi je les mets ici : tiis a^
(D) Son cadat^re mordant lapouy- quùm boni , spUndidissimiqut ,
sière. ] J'ai pu me servir de cette cipis nomen tueretury premihajA
phrase au sens littéral , puisque Paul famam intempérantes uagcequei
Jove s'exprime ainsi : Ipsius Lampo^ nés. Nam ea tum erat ex muk
niani caJtauer solum lingud et denti* luxuriantis secuU condiiio , in
bus commordens jacebat (i3). prœcipuè nobilioribus matroiùi
(E) Pierre Crinitus a fait des vers totum pudiciiiœ decus çbhumA
a la louanae de cet assassin,^ Ils sont aulœ alienum prorsits et subci^
au second livre de ses poésies (i4)y putaretur , ideoque princeps aài^
et ont pour titre : de viriute Joannis tiam Vhidinis proclinatus , etjitii
Andreœ Lamponiani^ tjrrannicidœ. uigore uenustateque oris supra ot
En voici les six premiers : spectatu dignissimus , procaeS»^,
Parlât oUm sacra Bruti manibus nUnarum oculis et desideriii c«F"
Antiqua viriiu Xialum. 'unè deserutret. Erat enim tio^
Jcjortè Itctafn dum rrpendit hoiUam gatum inter fœminos , ruûh^
F±!l ri^riiiÏ6'2/ac«, Insuir.. /''^"«P" concubixu fieri iniff
Miratafortsmdexieram. earumque mantos qui meptis
„ - , ,.^ „. t^ideri passent, ita excelUre(^
11 ne faut pas s'étonner que Pierre cor/iifrii , ut dignitau cuneios
Crinitus ait loué cet assassin 5 car teirent (in), VoUà sans doute k
nous voyons un hymne ( i5) a la ^^^ain degré de la corruption
ira (10; , gj aueltrue chose empêche q*
soit bannie du 001
, ^ - yi - w^„. qiie l'on attache à l'égal
trouve entre autres éloges t femmes une idée de déshonneu
Morte inserendus ealicolum ehorit vice opposé (l8). C'est la prin^l
jEtemo ab omni labe puram barrière dont la providence àe
ReddU ovafu animam parent.. ^.^^^ ^^^^j^ pour arrêter un pe'
(u) Jori-, «.Elog.G.l«cnSforti«, pag. Pf^g^jf. ^^ ^"^^''1^^ ' ^^ ^fjl
,^j"' ♦ » » »- o cher d'inonder tout le genre IJ'"'
(la) Prineipem enim in amore improbum aV- à la manière deS eaux du de>'
tiueadeb impudenUmpleriquevel/aUoexitÛ- qui n'épargnèrent quC trés-p«l
mabant, ut aliéna Ubultm lenocinit obsequtum Ma
lubsns prmbere crederetur. Idem , U)idem. gens.
Ci 3) Identt ibidem ^ pag. 346. (17) Joviof , in Eiog. Gakacii Sfoitisi
(i4) Pag. m. 833. 943.
(i5j HymDDf ia Uudcm Ballhacarif Gerardi (18) Confttre» ee qui te trouve ci -^'^
fortiMimi tyranoicidc. iom. VII I^ pag. 393 , dans ta remarq»* (
(16) tttua le prince d'Orange , Van i584. l'arlicie Joua» (Arogrimua).
LANCELOT. LANDÀ. LANDAU. 49
r. ANGELOT (Claude), reli- mière, est de Tan 1688; et enfin
:eux bénédictin , était de Paris tout ce qui Si^trouue de pièces et d'ob--
,t\ k ^i»-^j j. serwations a la nn de la nibie de f^f
). «(6) Ayant fait durant sa tré, pour servir d^ introduction à l'in.
jeunesse de fort bonnes études, telUgence de la Sainte Ecriture (2)..
. il fut chargé de l'éducation L'auteur dont je tire ceci assure ( 3 )
• a'un enfant de qualité ; et se ^"^ \^ Graiumaire générale ^et rai-
^ T> X T» 1 sonnée, qui contient les fondemens
retira ensuite au Port-Royal de l'art de parler , est de l'invention
', des Champs, oii il enseigna les de M. Amauld , et de la composition
' liumanités avec beaucoup de <le dom Claude Lancelot.
r fruit. Quelques années après (a)VignealMarTilIe,MilMges d'Hisl. etd.
il se fit reliffieux dans l'abbaye Littém. , >«g. 26.
■I o • j. r« ' -1 -xJ^ {i) La même ^ pag. i^S.
de Samt-Cyran , ou il avait de
^ grandes liaisons .avec le feu LANDA (Catherine) doit être
abbé, M. de Barcos. A la mort comptée parmi les femmes sa^
= de celui-ci , cette communau- vantes. Elle était encore fort
té ayant été dissipée , et les jeune , lorsqu'elle écrivit à Pier-
. moines dispersés , dom Claude re Bembus , en 1626, une lettre
Lancelot se trouva relégué en latine qui a été imprimée par—
■Basse-Bretagne, oit il est mort* mi celles de cet écrivain (a),
depuis deux ou trois ans (c). >» avec la réponse qu'il lui fit. Hi-
a composé plusieurs bons li- larion de C!oste(^),quilanomme
•es (A): il n'y mettait point mal Lâvd a , observe qu'elle était
î»n nom , et on les attribuait en de Plaisance, et tres-^belle , et
énéral à MM. de Port-Royal. sœur du conUe Augustin Lauda ,
(«^ Vigneul MarviUe , Mélanges d'Hist. et ^JLf^"^^ ^" ^'^'"'^ ^^^^ ^^^^
Littéral., ;»ag'. 125. i Trwulse.
, (h) Là même,
, * Leclerc dit qu'U eat mort à Quimperle' , («) <^'Sf* ^ ^"*' du ri', livre des Let-
. i5 avril 1695 *'«» d« Bembus.
(c) Je crois que cela signifie Van 1694 ou , (*) ^"^^^^ ^f Coste, Eloges des Dames U-
i^iron, y ° ^ lustres, iom. II, pag,j2».
(A) // a composé plusieurs bons LANDAU, ville de la basse
^res.3 Lr Nouvelle ^ethode pour j^igace , près de la rivière de
3nrendre la laneae latine * et la ^ • i_ i c x*» j n
[ngue grecque ; fe Jardin des Raci- Q«eich, Sur les frontières du Pa-
es grecques : une Grammaire ita- latinat , à une égale distance de
enne; une Grammaire espagnole} Spire et du Rhin, fut engagée
ne traduction française des fables pour très-peu de chose à Féuéçue
e Phèdre , et une autre de quelques "V. o • i> r ^ •
omëdies de Te'rence j un Traité de «« 'Spire par l empereur Louis
Héinine(i), dont la seconde édition, de Bavière^ Van i3o8y mais
caucoup plus ample que la pre- l^an i5ii elle Jut rachetée par
* I «1..-W-. .. •. J-. - ¥ I . Maximilien P^ ., et rétablie dans
■* Le père Niccron arait dil que Lancelot a t •!. J / \ r>9
it souvent des augmentations à cet ouvrage. tOUtCS SCS libertés (û). C eSt UUC
»1t assnre que l*édition de 1786 ne renferme 1^^ i* •ll^-, ^_,: ^«.««-.^„^«>4. ^^
en qui ne soit dan. la première , datée de i656. ««S dlX VlUeS qUl COmpOSeUt Ce
•a lit dans les Mélanges de ChapeUin que c'est que Y OU. appelle la prCVOtë OU la
Lancelot qne 1 on doit le I/«I«cCtM «^i^'W""^^' . ^
un , qui a en Unt d'éditions. La prefac» et la / v *r tt- . • - n . i
dissertation De vtrd et faUd pukl^tudine sont («) ^«'«^^ Historique, mou d'octobre
c Nicole. 1,702 y pug. aoo. Voyez aussi Louis du mxy^
(1) Je Cai riV. lom. //, pag. 5g6, remarqua EUt de lïlmpirc , dial. VIIl, pag. m. 536,
a) de tartùiU AvT^icKK (D. Jnwa d> et Munster. Cosmogr., pag. /^ji.
TOME IX ^ ' 4
LAMDÀU.
le prévôt d'HaguenaUf ont pré'- fortifiée avec tous les soinâ û
tendu relever immédiatement de ginables. Le fameux M. de \\
Fempire (^) (A)/ Elles furent ce- ban y employa tout son savc
dées à la France par la paix de faire. Les Impériaux, sous le pi
Munsler pour lui appartenir de ce Louis de Bade , la bloquer
la manière qu'elles avaient ap- au mois d'avril 170a , et om
partenu à la maison d'Autriche ; rent la tranchée le 17 de ji
mais peu à peu toute restriction suivant. La place leur lut ren^
a cessé (c). Quelqu'un a dit que par capitulation, le i o de sepU
lesbourgeois de Landau n'avaient bre. Lie roi des Romaios arr
paset^cAioanei/r^,etqu'i]savaient au camp le 27 de fuillet (6).
maintenuleurvilledims le temps aue les nouvellistes publièn
que les autres avaient été pillées de ce siège bous donnera Xi
{d). Gela veut dire, ce me sem- de proposer quelques remarqi
ble, que pendant la longue gner- ( € ) , sans espérer néanmoi
re qui finit par la paix de Muns- qu'elles puissent leur être utik
ter, et qu'en d'autres temps sem« ni guérir la crédulité flatten
blables , ils ne s'étaient point qu'ils savent si bien inspirer, i
obstinés mal à propos à résister n'oublièrent pas de réfléchir «
aux plus forts. Us donnèrent un ce qu'il dura beaucoup (D). I
exemple de cette souplesse, l'an IV*. article de la capitulatioo
1634, comme on le peut voir paru fort singulier, puisqael
dans les mémoires de Puységur gouverneur y demanda que il
(e). Un autre écrivain (J') re- habitans fussent maintenu5 dai
marque qu'ils n'ont point été l'exercice de leurs religions, 1
sujets aux dissensions intestines, que l'on conservât la religion ci
et qu'ils se sont toujours abstenus tnolique apostolique et romain
d'irriter soit en paroles soit en dans sa pureté (E).
actions les princes voisins, et /A^ •>* , j j- -#»
, fe r M. j- TT • {A) C est une des dix villes ?
quen 1 552 les troupes de Henri ont prétendu relever immédiate^
II, roi de France, et celles d Al- de tempire,'] M. Heiss nous expl
bert de Brandebourg, leur firent quera cela. « Haguenau , dit-il j
beaucoup de maux. Le sieur du » %'} la première des villes d'Al^
rL , * f • j r j » dépendantes de la préfecture M
Val assure que le vin de Landau „ jç tribunal était étatli dans la d
est le meilleur vin du Rhin que » me ville. Après le traité de Mui
Von puisse boire (g)- Cette ville » ter, le roi de France y avait d'j
» bord , à rimitation des landgri^i
(ô)Du Val, Descr. de rAllemagne, ,1.159. '' «l'Alsace ses devanciers, conseil
(c) roj-ez la remarque (A). » ce conseil provincial , auquel pn
(d) Du Yal, Acqubitioas de la France , » sidait son grand bailh , ou sfl
pag. 38. » lieutenant. Mais comme elle a eJ
(e) Mémoires de Puységur, Dtffi'. II 3, 123, « entièrement ruinée dans la dei
édition de Hollande , à Vani&S {mal mar- ^ nière guerre , le roi très-chrétM
çué,carUfauti6A^). transféré ce conseil à Brissa
» a transféré ce conseil à Brissai
(1) HeiM , HUt de TEmpire , //
pag. 3d. pag. 45a , édition dt la JETi^'*, i685.
(f) Munster. Gosmogr. , pag. 47».
(g) Du Yal , Acquisitions de la France, (i) Heiss , Hist de TEmpire , II*. pa/i
LAND4U. 5i
[^ettc ville en ce temps-là recon- ud titre plus ibrt: qu'il était leti.r
laissait, ainsi que les autres neuf , » tuteur , et que c était à lui à les
e roi pour protecteur, aux mêmes » conduire. Je leur parlai si forte-
;ou(litioas qu*elles reconnaissaient n ment , que Tintendant qui était
.'empereur et les princes d'Autri- » présent me dit devant eux : Mon-
;he en cette qualité ^ sans déroger » sieur, si ceux qui tous ont précédé
t rimmédiateté , en vertu de la- a leur eussent fait connaître leur de-
Ïuelle ces dix villes prétendaient n voir comme vous faites , le roi se-
emeurer états libres de Tempire. j» rait plus autorisé dans cette pro-
filais comme elles ont été couvain- » vince , et ces messieurs ne feraient
eues du droit de souveraineté dont » pas tant de dépense à tenir des dé-
le roi de France a été revêtu , elles » pûtes à la diète. Ces députés furent
ont renoncé à cette immédiateté , » fort étonnés , et ils se jetèrent à ge-
et se sont soumises entièrement à » noux devant moi. Je crus qu'il mi-
sa majesté très-chrétienne. Les au- » lait leur donner une petite morti-
autres neuf vijlles sont, Colniar, » fication ; j'envoyai le lendemain
Schlestadtf WeissembouT^ , Lan- » cinc^ cents chevaux prendre des
dau , Oberkheim j Katserberk , » bestiaux aux portes de leurs villes.
Munster AU val de Saint- Grégoire, » Cela leur ouvrit les yeux , et leur
Rosheim et Turcheim. » Elles n'a- » fit connaître l'erreur où ils étaient
Lent P9S encore subi ce joug l'an » de vouloir être indépendans de la
73. U s'en fallait bien : vous n'a- m France. Us vinrent une seconde
z qu'à lire ces paroles du duc de » fois pour me parler ; mais je ne
vaiUes : c< Voulant me rendre à Bris- » voulus pas les écouter, et je leur
sac , je passai par Golmar. J'y trou- » fis dire qu'il fallait que je m'en al-
vai que les habitans , pour être si » lasse à Philisbourg(a). » Peu après
près d'une place de la considéra- il dit au roi que la conjoncture était
tien de Brissac , affectaient une fatHyrable pour mettre Colmar et les
grande indépendance. Leur ville autres villes , qui se disaient impéria-
était remplie de tontes sortes de les , sur le pied quelles devaient être
munitions de guerre et de bouche , (3) . Le roi profita bientôt de cet avis ;
ils paraissaient peu disposés à rece- car étant allé en Alsace il s'assura de
voir les ordres du roi , et à s'j Colmar et de Scblestadt (4). Les au-
soumettre. Ils ne firent aucune di- très villes se rendirent aussi sur une
ligence, afin de marquer a mon simple sommation , prenant pour pré-
égard le respect qu'ils avaient pour texte que le roi avait droit sur ces
les personnes à qui le roi confiait places conime grand bailli de Ha-
son autorité. Il y avait encore en guenau , et qu'il s* en était assuré
;e pays-là , Schlestadt, Haguenau , pour empêcher les Impériaux de se
it quatre autres petites villes im- prévaloir de deux postes si avanta-
>ériales; elles étaient fort unies, eeux qu'étaient ces deux villes -là
;enaient en tout temps des députés (5).
î la diète, et travaillaient inces- Je me souviens que l'on raisonna
lamment à prendre des libertés beaucoup sur la réduction de ces
[contraires à l'obéissance qu'elles places, et qu'il y eut des gens qui
devaient au roi. Et quand je fus dirent que c'était une vision que de
sirrivé à Brissac^ ces sept villes, qui prétendre qu'elles pussent conserver
le prétendaient impénales , m^en- leur liberté. Il n'était pas impossible,
voyèrent des députés. Ceux de Col- disaient-ils, qu'elles fussent tout à la
mar étaient à la tête , et portaient fois sous la forme de république , et
la parole. Ils me haranguèrent en sous la tutelle du landgrave d'Alsace,
la même manière qu'us avaient pendant que ce landgrave était Al-
baranffué ceux qui m'avaient fré- lemand ; mais, dès qu'il fut roi de
cédé. Il me sembla qu'ils s'étaient
servis de termes qui ne marquaient («) Mémoire» do dac de N«Ti»Uei , pag. «68
pas assez la SOUmbsion qu^ils de- fg'««'- » '^*"*'" ** ^nuterdam . 170, , a i ann,
vaient au roi, le traitant seule- ' ^3J ri m/«e , paf. «73.
ment de leur protecteur: je leur (4) Mercure HoUradaî* <<« Taii 1673 , p. 479»
répondis qu'il avait à leur égard (5) Là mime.
52 LANDAO.
France, cV'tait une espc*ce de neces- qu^on ne les arniâi à son prëjoân
site qu'elles tombassent tôt on tard car que serait-ce si un monan
sous sa pleine domination. Cela e'tait était obligé de protéger un état *
dans Tordre des affaires politiques , se croirait obligé de lui déclarei
et dans le train naturel des cnoscs guerre ? Uordre des obligations r(
humaines. 11 entra de Tincompatibi- proques répugne à cela ; et parc
Il te dans les attributs de rille libre , séquent ceux qui cfidérent à la Frai
et de ville qui reconnaissait pour son la protection des villes împérù
protecteur ou pour son tuteur un d'Alsace , ouvrirent uécessairenu
roi cfui pouvait avoir des guerres la porte à la pleine domination. T
contre r«mpereur ou contre Tem- compatibilité des titres commes
pire. Les cliens peuvent-ils se décla- dès lors à être semée , et si Fempen
rer contre leurs patrons? S'ils ne le avait établi des places d'a^n^
peuvent pas légitimement , il fallait Colmar et à Schlestadt, pour faire <
que la préfecture d'Haguenau prît suite des irruptions jusqu'à Bi»
partie du corps germanique , il moque
fallait ou qu'elle se déclarât contre simplicité,
la France , ou qu'elle demandât la On raisonna à pen près de ni'':
neutralité. Au premier cas , le roi quand elle occupa Strasbourg , ni
de France avait tout autant de qiii n'avait voulu ou pu conseni
droit de subjuguer et Colmar et les jamais sa neutralité , et qui avait ii^
autres villes impériales d'Alsace , que son pont aux armées allemandes/^ i
de subjuguer les quatre villes fores- quoties. C'était une épine au pm
tiéres. Au second cas , il fallait voir trop grosse pour j être laissée!
si les villes de la préfecture d'Ha- fallait de deux choses l'une , oa '^
gucnau avaient un véritable désir de Strasbourg souhaitât sincèrement 1*
conserver la neutralité , ou si elles tat de neutralité , et l'observât r
en faisaient semblant dans la -seule ligieusement , ou qu'il fût capah'
vue de se maintenir jusques à ce de résister quand on le voulait c^s
Qu'elles se pussent livrer aux troupes traindre à prendre parti. Or n'en l
e l'empereur. Si elles demandaient cela n'était véritable , disaient ri
la neutralité par ce seul motif , elles raisonneurs. Je crois qu'il serait fac^
devaient s'attendre â être traitées de les réfuter à ceux qui enseigne)
comme un ennemi caché , à qui la le droit*pub]ic dans les écoles,
prudence ne veut pas que l'on ac- (B) Le roi des Romains arnva i
corde le temps de faire paraître ses camp le 17 de juilletJ] -Les nome
mauvaises intentions. Mais en cas listes de son parti ont publié que
qu'elles désirassent sincèrement d'être comte de Mélac , gouverneur <
neutres , il restait à examiner si elles Landau , lui envoya le même jour ^
pouvaient se maintenir contre les trompette pour lui faire complime''
troupes allemandes qui eussent voulu et pour le prier de lui foire sa^foir
les contraindre à recevoir garnison, il établirait son quartier, afin qu
11 est visible qu'elles n'étaient pas ny tirât point : mais que lintnpi
assez fortes pour se maintenir en monarque, V ayant fait remercier
neutralité^ et ainsi l'ordre voulait sacitnUté,luiJitdireaumémeten
que la France ne donnât' point lieu qu'il pouvait faire tirer la -oii il y
aux Allemands d'^avoit là des places drait ; que son quartier était part
d'armes , vu surtout que les Espa- ( 6 ). Un officier de la garnison
gnols étaient maîtres de la Franche- Landau rapporte ainsi cette nouv<
Comté en ce temps-là. Il fallait que (7). M, de Mélac envoya un tro
le protecteur et que le tuteur fit pette, le 3i de juillet, a huit hei
valoir son titre , pour ne pas souffrir au matin , au camp des ennemie-
que son pupille se déclarât contre . ^ .
fui. Si ce titre l'obligeait à empocher ^^] f^*"" Huionqae , du «o., dW. .
Sue personne ne maltraitât ces villes (^'j joumal do Siige de Landaa, png- «
'Alsace, il l'autorisait à empêcher ii3, /<2i(. de Pari/, 170a.
LANDAU. 53
mr demander
ade oh était
ince en
li fit réponse « que son quartier Jit ajouter qu'il priait sa majesté de
était à Inphling^ qu'il le remer- ne point trouver mauvais s'il défen-
dait de l'épëe qu'il lui renvoyait dait cette place ^^ la dernière vi-
(8) et qu'il pouvait tirer partout , eueur, pour le s^mce du roi catho-
en servant son roi comme il aVait tique son maître* Sa mtqesté , après
fait jusqu'ici. »I1 est sûr que M. de avoir fait remercier le comte de
[e'iac fit en cela ce qui se pratique Brouay de son compliment, lui fit
epuis long-temps envers les mo- dire pour toute réponse , que son
arques quL assistent â un si^ge. Le quartier serait dans tout son camp ,
Quverneur assiégé leur fait faire ce et que plus sa résistance serait opi-
ompliment. Or, pour ce quiestdela nia trée pour s'opposer a cette con-
éponse du roi des Romains , il faut quête , plus le succès en serait glo~
bserver deux choses ;• l'une que les rieux à sa majesté (lo),
elations des deux partis ne différent Le roi des Romains se fjlt^ estimer
us extrêmement quant au fond ; beaucoup dans ce long siège ; cette
autre qu'étant toujours belle , elle première campagne lui a été fort glo-
est surtout la première fois que l'on rieuse. M. de Mélac , qui le vit le
çi
lus une affaire de cÈoix, mais d'une qui' lui fît mtUe honnêtetés , et qui
spéce de nécessité. J'ai ouï dire à lui dit qu'on croyait dans ^armée
uelques personnes que le feu roi impériale , qu'il avait commerce avec
'Angleterre Guillaume III, employa les démons (i3); à quoi M. de Mélac
ette réponse quand le gouverneur répondit, fc qu'il en avait autant qu
l'une place lui ^ ^ "
tient. Je ne sais
l'une place lui fît faire ce compli- » lui , mais que leur correspondance
. Je ne sais ce c^ui en est ^ mais » était meilleure, puisqu'ils l'avaient
e sais bien qu'il n'a jamais assiégé de » servi mieux que lui (i3). »
lace dont le gouverneur le reconnût (C) Ce q\ie les nouvellistes pu-
ous la qualité de roi. En tout cas , il hlièrent de ce siège nous donnera Heu
l'eût pas été le premier auteur de de faire quelques remarques."] Ceux
ette réponse ; car pour ne rien dire de France ne cessaient de dire qu'il
e ceux qui peuvent s'en être servis n'avançait pas , que la garnison rê-
vant l'année 1667, ^Y ^ preuve im- poussait tous les assauts , et qu'elfe
irimée qu'elle fut mise en usage cette faisait périr une in finité d'A lleniandà .
nnée-la au siège de Lille en Flandre. Les nouvellistes de l'autre parti ài-
jsez ce ^qui suit : Aussitôt que le saient'au contraire que l'on empor-
ointe de Brouay, gouverneur de la tait aisément tout ce que l'on atta-
dace , eut atns que sa majesté (9) quait , que les Impériaux ne pcr-
'tait arrivée au camp , ayant bien daient presque personne , et que les
ugé qu'il n'y avait plus de feinte , il mines aes assiégés étaient toujours
It prêter le serment de fidélité aux éventées , ou que si elles ne l'étaient
fourgeois de la place , dont plus de pas , l'ennemi y mettait le feu si mal
lix mille protestèrent de périr tous à propos , qu'elles, ne causaient a!i«-
luparavant de se rendre. Il envoya cune perte. L'auteur du Mercure Ga-
>nsuite faire une civilité h sa majesté, lant raisonna beaucoup sur les suites
fui fut qu'il lui offrait le okoix des que pouvait avoir la conquête db
dus belles maisons a une lieue aux
nvirons de LUle , même tout ce i'^iP'iîf,"'!' i\^«'T"T^v^*'!/*'2""^^^
, -, .^ , / , , j , i667etiooS, p<i^- 78, ^0, édition d9 Parts .
fu elle aurait besoin de detians la ,668.
fille pour sa maison pendant le siège; (i 1) Journal da Siège de Landan , pag. aç/S:
(19) Conf/rê» ce qui a iU dil dans la remar-
(8) CflaU celle d'un ojfitier dui a»tût été au» (P) de tarliele d'Komwk , num. • , lom,
''ait prisonnier dans une sortie des assiégés. /, pag. 399.
Là mitue , pag. 11 3. (i3) loanial dn Siige de Lindau , pag . sgS ,
(^ Cest^uidire^ Louis XI ^. agO.
&/f LANDAU.
t'^fUjUce, Il prétendit qu'elle coû- nîioa de Landau fit, le 3i à
teit du ftiotni cinq ou iix tniUiont à assura que les AUcMandsovi
IVmfMreur (f^) , et que le nomhv perdu près tU deux mille d
de» troupe iqut ont péri devant Lan^ Wirnet , et aM»e duuxn àt\
d4tu , dott du moine monter à quinze que ie» hailês des asôése
trout^erais qu'elle se monte h beau- doit s'arrêter fart peu à s^
eoup plus ; quoique ces journaux ne gnage sur la perte des ADen
soient /,as fidf/eM. Je ne sais pas de M. le Noble soutient q
quwls journaux des Allemands il vent perdu à ce si<^e Quatre vrinc
piiHer, mais j ai de la peine A croire cent quatre-Tinst-six offid
qu I en ait vu d autres que ceux douze mine soldats on enrJ
fiti iU ont envoyés aux nouvellistes Je crois qu'à Fi^ard dcf quH
de Hollande, et qne Ton voit im- ces il a été trompé par cel
primés dans les Uttres Hûtoriopes , « Le jeune princc^c Bareith
j-t dans le Mercure Politique de la » le {•'. de ce mois, de hi
Haye. Or par ces journaux il ne » qu'il avait recoc devant La
paraît pas que les Allemands aient eu » Passant dn lé au 17 tfaoô
plus de huit cenU hommes tnés de- „ le quatrième prince qaeU
puis le commencement du siège Jus- » nous a enl^ë depuis fo
(lues au commencement de septembre. » de temps, e? dont je sais
On n a point vu dans ces livres-là le ,, de vous annoncer hmortit
jlétail des ^ours suivans , jusques à » seul mois ici (18). » Vnf
la capitulation de la place j mais on d'attention eût aripris à M. V
peut juger qu'il ne contiendrait qu'il s'agit là du dnc Je Fo^'^l
nu environ quarante tués. Le nombre prince de Commerci, dn r^c'
des blessés est incomparablement Soiggons , et du prince àt Bï'
plus grand selon ces journaux . et mais le premier perà'f ^ "1
m^anmoins il y a des gazettes hollan- Pologne , le second en Italie,^
daises qui ont assuré depuis la capi- quatrième réchappa de saJ^^
tiilation, que le nombre des blessés comme on le pouvait apf^'
n était que le double des tués. Ceux- U rétractation de raoteu>M
ci montoient à un peu plus de sept je suppose ou'on avait mal»'''
étaient guéns) à un peu plus de vain qui s'abise à ce pointia :
quatorze cenU. Il est difiioilede con- nombre des princes tués à ««''
ciher oeU avec ce que les mêmes est fort croyable en ce ({^'^^
tftt/.ettes avaient dit , que faute d'in- touchant le nombre des -^^
fantctrie on avait «nfîn Àt^ rrintrainf j u.... • ^^ . ^i'
quaiiio particulière : mais il n'est qui auraient ajoute' foi à I
point ici question de concilier avec tiens, auraient juré qu'au
eux-mêmes les gazetiers , la chose •* ^
serait presque aussi difficile que de (,6) /onrnal An Siéice de Und-. r^\
concilier ensemble les gazetiers des ''«u<«tu*d» MereoreGaUioi, p4#- **'^,
deux partis: il est seulement ques- (i?) L« Noble, EntwUent politt?"^
tion de savoir si les iournaux des as- *'* »<>''«"'*''« «70a , pag. 17. ,
.iégeansreconnaissen^^^^^^^^^ ^J^B^Î'-. Hisu>.^e., .^-^
dont parle M. de Vizé. Observons en (,9) Vojren Us Lettre, nutonqae^ ^ \
passant qu un prisonnier que la gar- d'octohre 170a , pag. 431. ,,i
/ /» M /> I . J (•*») NoTi» que {0 ne fais ic' I'*''^^'^'li
(i4) Mercare Galant de septe,nbre 1703 , pag. Jtexiim que j'ii À fai/t a pUisi'^''/t \
t.K\Ti. i . -il eti/uejtt ne me tvnds point garant»'' \
(t5) U même, pag . 34o. pressions inciviles.
LAKDAU. 55
^ ni cle septembre les affaires- des inexcusable. Pourquoi d^^uisaieat-
^. ^eans n^ëtaient pas plus ayancées ils ainsi les choses? crai^naient-ils de
,, ^^ commencement de juillet, et faire soulerer les proYinces par un
,,aiâme elles e'taient en plus mau* sincère narr^? • Cette crainte , qui
' termes , par le carnage effroyable pent-étre serait raisonnable dans
,^ , la garnison arait fait le aS , le d^autres pays , serait ridicule dans
' t le an d'août , en reponasant les celui où ils écrivaient. On ne sait
'ï {ues des Allemands. Ce sont trois donc à quoi imputer Tembarras où
Îues chimériques. On voit ces ils se jettent par la nécessité de
es dans un Mercure Galant daté trouver un dénoûment , lorsqu'enfin
''' ^d^BkotLt(^i),Ilest inouï qu'après il j^ut annoncer la nouveUe im-
' '' r mois et demi de siège , une prévue de la capitulation. On les
nde armée n'ait encore pris aucun avait accablés de reproches si assom-
''^- dehors de Landau . Cet auteur mans (aa) au sujet de la prise de
"^Vait encore parier de la sorte un Namur, en 1696 , qu'il est étrange
-s après, en raisqi^ant sur ses qu'ils nVn aient point profité. Je
'^pres relations , et sur celles de la pense que le siège des places impor*
" ' ette de Paris , qui n'avaient mar> tantes sera toujours un fâcheux écueil
- aucun progrès des assiejgeans pour les nouvellistes (a3). Je vou-
'- uis la date du i4 d'août ci-^ssus drais qu'ils s'imprimassent fortement
^' rqttée. Ce qu'il y a de plus éton- ({ne la prise d'une place n'est point
"-it est que la Gazette de Paris du sujette, comme le gain des batailles,
"de septembre , jour où l'on savait (al) au pyrrhonisme historique , et
y is Paris la redaition de Landau , qirainsi il vaut mieux y préparer
' :'itinua de parler sur le même ton ; petit à petit les lecteurs , que de les
r sorte qu'elle préparait infiniment en accaoler tout d^un coup lorsqu'ils
'lins à la nouvelle de la capitula- s'y attendent le moins. Tela prasif^sa
'Tk de la place , qu'à la nouvelle de minus feriunt. Le dépit d'avoir été
; levée du siège. On peut demander abusés envenime le chagrin qu'ils
;r -dessus : ces nouvellistes publics sentent d'une capitulation annoncée
rrrv^aient-ils comment les choses se subitement , et qui renverse l'es-
Vssaient devant Landau , ou ne le pérance qu'ils avaient conçue. Je
iraient-ils pas ? S'ils les croyaient ne dis rien des railleries insultantes
ii'tles qu'ils les publiaient, leur à quoi l'on s'expose lorsqu'enfin il
inorance était énorme et inexcu- faut avouer la reddition d'une pla-
i'ble ; car dès les premiers jours du ce devant laquelle les nouvellistes
, ois de septembre , il y avait de avaient fait morfondre les ennemis
rtnples particuliers dans les pro- sans leur laisser faire le moindre
tnces qui savaient très -bien que progrès. On se fait bafouer par les
•>andau ne pouvait tenir tout au plus nouvellistes du parti contraire (a5).
[Ue jusques an 10. On a vu en Hol- Voici encore une chose bien snr-
ande des lettres où ils marquèrent prenante. On ne savait point encore à
>ositivement cette nouveUe. Ne serait- la cour de l'électeur de Bavière ce qui
Sas une espèce d'ignominie à eux que
e n'avoir point d'autres lumières M Dans un imprim/ de 3i pages in-9^. <mi
_..« 1a w^-^^t..jk J J-« _i. a pour titre : Letlrc «a ittetier d« Paris »or le
ïue le rapport des déserteurs , gens %^^^ ^ jjiii..r , p«r l'..i6.r d« SaUt de rE«.
|ai ne cnerchent qu a plaire par des lope.
mensonges agréables , et à se pro- («3) Voye% U remarque (D) de Vartkle Ma-
;urer par-U un accueil utile ? Que si ■•"" " :/T , 1 j ^
.es nouvellistes étaient bien inslruits u[1]i^a^f;o^T;L'C^::i::âdefS:^
le tout ce ((Ul se passait a Landau , partis se disputent mvee un grand attirail d'ob-
leur mauvaise foi était énorme et fections et de r/ponses qui ne peuvent rien prou-
ver au désavantage des Français sans prouver
(«i) Mflrc«f«GalMit, de ;«ill«l i<}«9, pag, autant on plus au désavantage des Impériaux,
»<75. Iiot«% que Landam neftU inveUi fue fers (i5) yoje% , dant la remarque suivante ,
f# «5 de juin. le passage des NouvcUm det cours d« TEarope.
56 LANDAU.
tembre (^ » elle e'tait réduite aux » aui avaient donné ces assauts i
abois , et le gouverneur avait re- » aes milliers d'hommes , il ne
montré au conseil de guerre dés le 4 ^ passé aucune action de cette
de septembre, qu'il était temps de >« ture. La garnison n'était pas a
capituler (37). On prétend (38) qu'en- » nombreuse pour faire de parei
viron le 3a d'août il avait envoyé un » sorties , et les ennemis n'aya
homme (29) au maréchal de Catinat » pas assez endommagé la ph
pour V avertir qu'il ne pouvait plus » pour donner de . pareils assai
tenir que huit jours. Cependant , t'en*' » ainsi la situation où toutes cb<
voyé de France à la cour du duc de » se trouvaient en ce temps -là •
Bavière s'imaginait le Q de septembre » de réponse à ceux qui ont dei
que l'occupation de la ville d'Ulm » ces nouvelles , et qui n*y
obligerait l'ennemi à lever le siège. » ajouté foi que parce qu'ils ont
Son altesse électorale , écrivait-il ce » trop prompts a les croire. Od
jour-lù (3o) , ne doute point que ceci » trouve rien de toutes ces actios
ne fasse abandonner Landau » aui l'on pourrait donner le b*
quand la jonction de ses troupes avec » de batailles , dans le journal ç
celles de France sera faite une fois, » vous venez délire (3a). »
nous donnerons tant d'affaires au roi Finissons par ce passage du md
des Romains et au prince Louis de auteur (33) : « H est constamio:^
Bade , et si dangereuses en ces pays- » vrai qu'il ne se fera point de y
ci , que Landau ne leur paraîtra pas » sans que l'empereur soit oblig'-i
ussez important pour les retenir de » rendre cette^ place ( 34 ) , en t
t autre côté du nhin. L'électeur de » qu'elle ne soit pas reprise aTaot
Bavière écrivit au roi de France » temps-là. Toutes les fois que le ■•
ce qu'une personne , qu'il avait en- » a bien voulu donner la paix 1
» voyée au camp impérial devant » prince a rendu , pour la sûretr 1
» Landau , lui avait fait rapport que » cette même paix , les places gy i
» cette place pouvait encore tenir » avait en delà du Rhin , et l'i:
» quinze îours , en sorte qu'on pour- » consenti en même temps qu'il ;^
» rait la secourir encore à temps » dât toutes celles qu'il possédait^
» après la surprise d'Ulm (3i). » Si » deçà , et l'on s'en est fait comE
ces paroles peuvent servir de conso- » une règle , à cause que le Rhi
lation ou d'excuse aux nouvellistes » forme une espèce de barrière. » J
de Paris, je me féliciterai de les avoir m'étonne que celui qui païkdel
rapportées. sorte ait ienoré que par la paix <
Quelques-uns d'eux, qui s'étoient Nimègue , la France demeura en po
laissé tromper paroles relations fa- session de Brissac et de Fribour:
buleuses qui venaient d'Alsace , ont deux places très-importantes au A
désabusé eux-mêmes le public qu'ils au Rhin. Je pourrais ajouter qaei
avaient trompé; car voici ce que pai* de Munster la laissa maître
l'on trouve dans un ouvrage de l'au- de Philisbourg aussi -bien quel
teur du Mercure Galant. «Quant Brissac. Où est donc la règle doot t
» aux relations chimériques qui ont ^wus parle?
3) couru des sorties prétendues , où (J>) Les nouvellistes n'oublient
M l'on assurait que nous avions tué pas de réfléchir sur ce que le siège i
» deux ou trois mille hommes, et Landau dura beaucoup. J Je n'ai q
j. des assauts furieux donnés aux de- faire parler un homme qui a inlit
>» hors de la place , où l'on n'en fai- ment de l'esprit. 11 nous fourni
» sait pas moins perdre aux ennemis non-seulement le commentaire J
notre texte , mais aussi des assors
faS) Joarul au Siège de Lândaa , pag. a4o. mens pour la remarque précédent)
(at) Là même, P^g* '^S*
(aS) Mercure Historique, i«pCc/n&re 170a, (3a) Journal du blocM «t dn ciége de U ^•'
pag. 317. «> du fort de Landau, pae. 3i8. M. de ^-^
(39) Cet homme fut arrftéparles assiégeons. n*est point l'autêur de ce Jonmal ; mais U:
Là même. joint des réflexions ^ depuis la page aga jusqv
(3o) yojrei les Lettres Historiques èPoctohre à lafin.
1707, pag. ^\S. (33) Mercure Galant de septembre 17M.I
(3i) yojre% les NouTclles des cours de l*En< 340| 34*7-
toftf^octobre 170a, pag. 4i3* (34) C'esl^à'dire , Landau,
LANDAU. 57
Ce siège est si avancé qu'on ne fait » tomne, ils perdent mille hommes
qu'attendre la nouvelle d'une capi- >» à l'attaque d'un ouvrage qu'ils
tulation : les Français nous repro- » n'emportent pas ; si le lendemain
chjent la lenteur de cette conquête ; » ils se rendent maîtres du poste , on
mais je ne sais si elle ne leur est » les en chasse le troisième jour^ vous
pas plus honteuse qu'à nous. Son » verrez à la fin qu'on parlera bien-
altesse de Baden a jugé sagement » tôt de lever le siège...... Peut-on
qu'elle devait conserver son monde . » avancer des mensonges si grossiers ?
Avec cette judicieuse précaution » Mais peut-on faire une plus grande
cet habile prince n'a point suivi » injure au public que de le juger
cette route furieuse et meurti'ière » capable d'acquiescer à de si pitoya-
dans les
j cui/C u uuc axjuctï. j-iduiAo.»* »*^*»vn» , .*>,»•» »y*.w« V.. j.^w.. _ «.- — 1/7. * j r
les troupes du Haut-Rhin n'auront portons aussi ce qu'il débita dans
point souffert de fatigue extraordi- celles du mois suivant,
naire , et sortiront de la tranchée « La ville de Landau vient enfin de
comme d'un campement, encore » changer de maître (36)....... Mau-
fraîches et en état de retourner à » vais présage pour la suite. Aussi
une nouvelle expédition. Mais puis- » a-t-on pris en France toutes les
^.y,^*^*^ temps nécessaire aux enne- » verait pas. Jamais on n'a pli
mis pour secourir la place : com- » fié dans la forge des nouvelles qu'à
ment donc n'ont-ils point branlé ? » l'occasion du siège de Landau. Si
ne semble-t-il pas que le prince de » tout ce qu'on a publié dés assiégeans
i*
)
r'
>
)
>
>
»
»
»
»
}}
M
)>
M
i>
»
»
)>
}>
»
son coup, n aurait été à souhaiter
pour l'honneur de M. de Catinat ,
ou plutôt pour celui de son maître,
u'on eût emporté la place en peu
e jours. Le siège traîne en Ion-
3
en étaient bien vite chassés. Ces
» faussetés ne font à présent guère
» d'honneur à M. de Mélac , ni à sa
» garnison. Comment ce brave gou-
^^ J^,«.«. ..~-~ M verneur a-tril gâté tout à coup sa
gueur , et cependant le maréchal , » belle défense ? de quelle terreur
qui devait tenter un secours ou » panique s'est-il laissé séduire ? ne
une diversion , s'éloigne, seretran- » devait-il pas couronner sa valeur
che , comme si le bruit du canon » et pousser à bout la patience des
des assiégeans l'intimidait, et laisse » Allemands? un bon commandant
ur éviter l'assaut
soutient que ces
«** v^-^ .« ,w^j,-^-. ^^ „ „oa*vg*.--«». ien perdu. Main-
Landau procède du flegme et de la n tenant que la ville est prise , de
prudencedu prince de Baden. Com- «quelle douceur assiaisonnera-t-on
tes a i accroissement ae leur repu- » sue nous imaginons pas... que la
tation , ils prétendent que la seule » tranquiUité avec laquelle la France
et vigoureuse défense des assiégés » a laissé prendre Landau diminue
a produit ce retardement. Voulez-
vous en croire leur ioumaliste ? Les ^(35) Noa^elles êe» coan de TEaropi
assiégés tombent devant Landau ^l°»'i7o«. w- 179 ej^m.. , _
lie . mois
assièges lomoeni aevani Lianuau ^^^w' V ■ j . l^ ..*«. »i>»
*■"**■ o. - .11 jî 1^ / Ç^Lamtme .mois de septembre x^,oi y pas '
comme lesteuillesd un arbre secoue 31^. '
par un gros vent sur la fin de l'au- (37) là mf/ne^ pag, US.
58 LANDAU.
• riead^la gloire de cette conquête. I* t^^f* A A> ^^ „ „
- Oo nepeat nier que les auiégët UtendooUpiMMngnmUq^ûf
n'aient fait une Tigonrenie rétîa- jvndire ou rot (Sg). AIm , b
» let rraneaii , iit n'ont succombé (Tofficiers, eo preaaaut tris-Tir i
» que par le trop grand affaiblisse- les attaques, eAt éU bien coir,)
» ment de la garnison. L'on fait dire arec usure par les entrepnsesi
I» i sa majesté trés-chrëtienne , que eussent pu ezëcoter «rant k i
>» si Ton arait pu renforcer M. de la campagne.
» M^ de quinze cents hommes , Je dis cna*. Uen , aoelapenj
» la niace aurait échappe. Triste cou- notre nonrelHste descoon,»
n solation , et qui ne fait qu'aigrir le qu'il serait honteux i M. de Md
» mal I Mats commmt cela cadre- sVtre conduit de la manière nA
» t-il avec ce prétendu bonheur des rapportée dans les Relatieiu de
9 assiéaésAneperdreqnefortpeude ce, est trés-joste. Ce «wtb
» monde dans toutes les attaques ? aurait imité les poètes qoi foi
n U garnison était donc bien modi- merveilles dans les quatre pi«
» cfue ? ce qui serait une négligence actes d'une tragédie ; mais ot/i
» impardonnable dans une forteresse fissent très-m^ dans le denriff
» de cette conséquence. Compensons est celui où les bons poêles eS
» le fait. U vigueur a été réciproque principalement lears forees , rfj
» des deux c6tés : si les Imoénaux fequel ils réserrent ce qa'ib ci
» ont assailli avec beaucoup de cou- plus exquis (4o>. On ne petit
)» rage et de résolution , les Français que tout le monde n'ait m jw
» n ont pas répondu avec moins de extrême surprise la condusioaà
» valeur et de fermeté , avec cette «iége. Ceux même qui étaku
» çirconstence oue le prince de Ba- parti des assiégeans croraieu^f!
» den ayant voulu sagement ménager serait très-sanglante , et qac le ^
» ses troupes , a marché pas à pas , nier assaut serait foneste à i^
» sûr de vaincre , et défiant tons les braves officiers. On appritaBfl«B*
* ghstecles (38). » re que ce fut la ch^c du a»^'
Faisonsauelques notes sur les pen- plus facile , et l'on ne saTiiiî^^
sées ingénieuses de cet auteur, et penser , ni quel serait le "'
disons en i«r. heu oue, dans la situa- Se cette affaire. Us non
ouvelS^ft
tion Où étaient les choses, il eût été A débité plusieurs choses qoi »e
souhaiter pour le bien commun de sa pas la peine d'en parler. Je n^i?
majesté impériale et des alHés, que vu de plus vraisemblable qac i««
la Ville de Landau eût été prise apés que la garnison était tropftib^'î"
un siège de trois semaines. U pnnce s^engager à soutenir le àeroien^
Louis de Bade eût exécuté après cela Nous apprenons par le ionmaia(|
tout ce qu li aurait voulu : les Fran- siège , que dés Ïe7 de sepwobit
çais n'eussent été en état de le tra- de Mélac représenta qt£ilr^'<^
verser en nen 5 mais les mesures que nombre de fort bratis etns à0
la longueur du siège leur permit de garnison, au' U étaU àe rini^
prendre rompirent celles des Impé- roi de les conserver • que les <^
naux, de sorte que le prince Louis Us plus nécessaires nUnquaUiA^^
de Bade ne put nen exécuter depuis me V argent, Us remèdes et les^^
que la ville de Landau se fut rendue, qu'il y avait six jours que fonj^i^
La ressource de la France était que des houillons aux malades avt^^
ce sfégeoccupâtlong-temps l'ennemi: cheual, sans compter que kt^,
le gouverneur de la place reçut une Uons avaient manqué (40. le'^
lettre de M. de Catinat le 10 août, ^
par laquelle on lui marquait de tenir (39) Journ.1 da .iége de L.iid.a , r '4- '
le plus long-temps au! il lui serait (40) Iltud te ad éxttemum etorof^^
possible ,pOur empêcher les ennemis '** Uinquam poêta boni et aetores indipo^^
défaire tt autres entreprises pendant ^"* • ""^ '" *" ."""."jf. z**^ ^ ««"^'î^'S,»
(38; Noutrelles de> coande l'Europe , mois de «d Qaiact. fratrem , epist, /, lib. I-
*ept. 1 70a , ^af . 3 18 . (4 1 ) Journaï du siège de Landio , pH' ***
LÂI9DAU. 5g
>'jrnal rapporte (4^) que lorsque les leur étaient àuvn , que d'exposer au
ttion. Voila d'oà vint qu'on ne avait un bon moyen de ne faire tort à
:: -<nra presque point de résistance, personne , c'était de marquer d'un
. '.-n 3«. lieu , orrétons^nous sur ces côrté que la garnison et les munitions
r-'oles : La garnison était donc bien étaient fort insuffisantes, et de l'autre
iSÊ^iÇ^^c^ ce qui servit une né ffligence que le roi avait pu juger tressage-
Pardonnable dans une forteresse ment qu'elles suffisaient, puisque sur
^ cette conséquence (43). Dès qu'on des raisons capables de contenter
^ , appris que la place était investie , tonte la prudence politique, il avait
Zz S^^^^^^ hollandais publièrent à cru que l'électeur de Bavière se dé-
.'^j. mieux mieux, que la garnison en clarerait'assez tôt pour rendre inutile
^ "ii fort petite , et qu'elle manquait le dessein de prendre Landau.
^ ' plusiears choses nécessaires. Je J'ai lu dans un nouvelliste que la
~, inais des gens qui binèrent ces gtimisonàe cette -place était forte de
^ :etier8 d'amoindrir ainsi la gloire deux mille deux cent» hommes quand
f_ prince Louis de Bade. On y remé- elle sortit , et que les Français disent
Y^ iTst en temps et lieu , répondirent qu'ils n'ont perdu que ^fi soldats au
^f LUtres gen^ , ne vous en mettez pas siège (44)* ^i cela est , elle n'aurait
'^' peine ; car quand la place sera consisté au commencement qu'en
^ cidue , on ne manquera pas de pu- 3611 soldats, nombre infiniment plus
^.Ler une crosse liste de toutes les petit qu'il ne fallait pour la défense
imitions de guerre et de bouche que d'une telle forteresse.
I^'s Impériaux y auront trouvées. On N'oublions pas cette remarque d'un
■'S manquera point non plus de pu- nouvelliste de Paris (45). Les assié
- 'ier que la garnison avait été fort geans « avaient encore beaucoup de
'">inbreuse au commencement , mais » chemin à faire,et des assauts à don-
- ue la principale partie avait péri » ner avant que de s'en rendre maîtres
'^xr le fer ou par le feu des Allemands , » dans les formes,et ils en auraient en-
ffar les désertions , par les maladies. » core eu davantage , et auraient per-
^ n'eit point encore temps d'avouer » du beaucoup plus de monde qu'ils
^ue la place soit bien pourvue; il » n'ont fait,... sans la trahison de
' ^agit de faire espérer aux lecteurs » l'ingénieur qui se rendit dans leur
%i%lle sera prise bientôt. » camp , et qui leur découvrit plu-
''• J'ai admiré le silence de l'officier » sieurs mines ; ainsi la trahison de
'fui a dressé le journal de ce fameux » cet ingénieur et le manque des
^lége. Il aurait dû dire de combien de » choses dont on avait besoiù* dans la
>ens était composée la garnison , lors- » place, sont cause que les Allemands
lue la place fut investie, et lorsqu'elle «s'en sont rendus maîtres. » Les
t>attit la chamade ] mais c'est ce qu'il nouvellistes de Hollande sont tombés
n'a point fait. Ceux qui trouvent du d'accord que l'ineénieur fugitif avait
mystère partout prétendent que par rendu beaucoup de services aux Im- _,
une flatterie politique il a mieux aimé périaux (46) ; mais ce qu'ils ajoutent
diminuer la gloire de la garnison , parait être mal fondé , savoir : qu'i?
que de donner c[uelque atteinte à la Jut surpris en voulant retourner dans
prudence du roi. S'il avait dit que la la place , après apoirpris une exacte
place n'avait pas été pourvue des inspection des travaux t^s a^iégeans^
munitions nécessaires , ni d'une Le prince de Bade voulait qu il fitt
bonne garnison, il aurait accusé d^une d'abord pendu a un arbre sans forme
iàé^\%euce prodisieuse le roi son de procès ; mais cet ingénieur ayant
maître , et donné beaucoup de relief offert de dessécher les fossés ile la
à la longue résistance des assiégés. Or place et de rendre d'autres services
il val«t mieux que ceux-ci fussent ^^^ Le,,,.. Hi.tori,ae. d'oclok,* .:;oa , pag,
frustrés d'une partie des louanges qui 43».
^^ ^ _ . . (45) De Visé , à la fin du Joarnal du siège de
(4e) La mtnM , pmg. a3«. Landau , pag. 307.
143) Nouvelles des cours de TEarope , septeni' (Ifi) Lcttret Histonques, /rp/em^re 1709, pag^
hre 170», pag. 3 18. 365.
fw LANDAU.
9i on lui voulait donner la uie, le gé" prennent , quand^ on aoage qii«
néral Thungen remontra qu'il serait roi de France qui lirre Landaa
bon d'éprou%fer ce qu'il promettait de aue Tempereur i qui il le livre , j
foire , et cet atdsfutgodté, Aussitôt aeux princes qui ont témoigné bc
on le mit aux fers y et on lui fit dire coup de zélé pour Pextirpation
par le bourreau de l'armée qu il n'a^ protestans , et pou r la propagatîoi
wait qu'a songer tout de bon a exécu" la catLolicitë. Était - il necess;
ter ses promesses , Jaute de quoi il d'exiger d'an tel empereur qa'U c
serait pendu a une potence qu on lui servât la religion catholique d
montra (i?). Il n'y a point d'appa- cette place ? N'est<;e pas^ un soin
rence qull ait eu la moindre inten- perflu ? Fallait-il d'ailleurs .lui !
tion de retourner dans Landau ; il tes mains pour l'empêcher d'y aix
savait trop bien qu'il y serait con- l'h^rësie ? Il aurait pu le faire «I
- damné au supplice le plus infâme. Le une ville de conquête ^ car le di
I'oumal du siéee nous apprend que des armes lui permettait cela, à nu
e-a6 d'août « M . de la noussilaire , que le contraire ne fût stipule
« capitaine des portes , eut ordre de accorde par les articles de la capî
» M. de Mëlac de délivrer au bour- lation.Si sa majesté impériale neâ
M reau les ordres de Ladoder (48) , et vaille pas aussi efficacement à réui
y> de faire mettre le portrait dudit toute entière cette ville au corj»
» Ladoder à la potence par le bour- la papauté , qu'à la réunir au col
• •» reau , au bas duquel était écrit : de l'empire , ne aera-ce pas la fji
» Indigne ingénieur Ladoder, traître du roi de France , qui s'est rends
» au roi et à sa patrie. L'on fit mettre protecteur des hérétiques de Landi
» au fort une potence dans la demi- en faisant promettre solennellend
» lune de l'atta^ne , où il fut aussi qu'ils ne seraient point troublés dâ
» pendu en effigie (49). » M. de Melac rexercice de leur religion (5a)? i^
était irrité à un tel point contre lui, espéré , disent quelques-uns , f
• que quand il fut recevoir les otaees la place lui serait rendue par le p
du prince de Bade pour la capitula- mier traité de paix. Prennent-ils bï^
tion , il ordonna nonobstant la ces' garde que pour éviter la disparate
- sion d'armes , que si Ladoder parais- et pour agir consëquemment à 1
sait, on lui fit tirer cent coups de conduite passée, il faut qu^ilâioi
'mousquet , mais les otages dirent mieux recouvrer Landau tout ra^<^
• qu'il auait été blessé la ueiïle au bras lique , 'que de le recouvrer mêle d
• aune balle (5o). diverses religionà? et par conséqoet
Le nouvelliste qui a remarqué que il a dû laisser aux Impériaui Qt
la diversion causée par la surprise pleine liberté d'y convertir par toi
d'Ulm^ n'a pas empêché le roi des les moyens qu'ils verraient être boa
Romains de prendre Landau (5i) , S'il a cru qu'il ne fallait point Ui
ne se souvenait pas des dates. Quel laisser cette liberté qui aurait pu 3
retardement pouvait apporter à la venir très-incommode aux habitai
réduction de Landau roccupation hérétiques, sien un motil.avoQ
• d'Ulm, dont on ne savait pas lanou- procurer l'avantage de ces habit^oi
velle lorsque Landau capitula ? qu'est devenu son zèle cônvertisseui
(£) Le gouverneur demanda que .Quelle inégalité de conduite , quel
^ ' • - ' • ' rularité ne serait-ce pas? Ma» 1
ses inquiétudes seraient un ^
religion catholique superflues ; car il ne devait poi
apostolique et romaine dans sa pu- craindre dans la situation preV»
• reté.^ On n'obtint cet article qu'avec, des choses que l'empereur fît veî
' cette restriction , conformément aux les protestans de Landau : sa mai|H
traités de Munster et de Ryswick. impériale a de trop grandes obli^
Les deux points de la demande s»ir- tiens à tout le parti , et trop d'intér
(47) Leure. Hi.tori,oe.,-,^r. ^^%.,j,ag. iSg. «/« ménager pour introduire dansl
(maestUnomderins/nieurguidfsert^! places de conquête l'espnt de c«
(49) Journal lia «ége de Landau, ^. 3o4,3o5. (St) L'auUur du NoaveUea des cpnn
(50) Lk même , pag. 343. rEorope a poussé ceci très-Jînement dont >
(Si) Hcrcarc Historique, janvier 1703, p. 6. mois ae septembre 170s, pag. 390, "ixi.
LAND9: 6{
'tisseur. On ne saurait donc com- Plaisance , nommé Bassiano Lundi ^
ïndre le motif du IV^. article de la ou Lando , ^i s'était caché sous le
igue capitulation présentée aux nom de Vinyalethes. Pour moi je crois
iëgeams. que c est plutôt Uortensio Lanao , Mi-
Quelques personnes , aui à force lanais ^ aussi médecin , homme d'es-
raffiner se précipitent aans les vi- prit , auteur de plusieurs ouvrages
ns, osent dire que la cour de France latins et italiens y oh il a toujours
stipulé si expressément la conser- affecté de se masquer. Il s'est donné
tion de la foi romaine, afin de don- ce même nom de Philalethes dans un
r à entendre que les catholiques de dialogue qu'il a intitulé : Forcianas
ndau avaient nesoin que l'on pour- Quastiones, où il examine les mœurs
t à leur sûreté sous la domination et l'esprit des divers peuples d^ Italie.
m empereur dévoué aux protestans. Il est vrai que dans ce dernier dialo-
1 ! quelles chimères ! gue il s'appelle Philalethes Pol3rto-
Pour ce qui est de la pureté dans piensis, au lieu que dans celui contre
juelle Ton exige que la religion Erasme c'est Philalethes Utopiensis ,
main e soit maintenue, je n'ai point ou ex Utopiâ civis. Ce qui bien loia
core trouvé de gens qui aient pu de marquer une véritable différence ,
expliquer ce que ce peut être j car fait^ ^oir au contraire que c'est le
prétendre que l'on a voulu préve- même génie qui a produit l'un et l'au-
V ou l'introduction du jansénisme, tre ouvrage. Il s'est aussi quelquefois
i au contraire rintrodnction des nommé Jaortensius Tranquillus , à
atiques superstitieuses , et des maxi- quoi Simler, abréviateur et continua-
es relâchées dont les jésuites et les teurde Gesner, n'a pas pris garde, j
oines infectent la religion , ce serait parlant d'Uortensius Tranquillus , et
i vérité une pensée de visionnaire. d'Hortensius Landus, comme de deux
ura-t-on donc appréhendé quelque différons écrivains. lYous avons de
rte de samaritanisme , aura-t-on £ândo un Commentario délie più
)ulu se prémunir contre je ne sais notabili e mostruose cose d'Italia ,
jel mélange d'opinions lutnériennes in-'df*. : ouf^rage divertissant , au-de-
1 calvinistes avec les points décidés vant duquel n ayant pas mis son nom,
ins le concile de Trente ? Je com- il supplée a cela par un petit avertis-
rends bien gue cela est chimérique ; sèment qui est a la fin , oU, il dit ; Go-
ais je ne sais à quoi me déterminer, di , lettore, il présente Commentario
nato del costantissimo cervello di
LANDO ( HoBTENSIô) , méde- M. 0. L. detto per la sua natnral man-
n natif de Milan , vivait au suetudine il Tranq. Qui ne voit que
YV. siècle. Il est auteur de reslTo^SJ^U^ào^; ;f«",*
lusieurs ouvrages ; et il se plai- TranquiUo ? Ensuite de cela il ya
lit à les publier sous de faux un catalogo degli inventori délie cose
oms. On le croit auteur d'un ^^^ ®i mangiano , e délie bevande
jalogue publié sous le nom de t^^iHZTiLUlikÊA
iulalethes , contre la mémoire SUDNAL ROTUA TSE , qui lues à
'Erasme. Cette conjecture me rebours suivant l'ordre des mots fortt:
araît très-bien fondée (A). Il HORTENSIUS LANDUS AUTOR EST.
fr ^Ai-.- ^:«l^o»,A« ««; ^«* À^Â I^e même à la fin €le ses Paradossi* y
t deux dialogues qui ont ete .^^ ^^, i p^„^„ ^ i,^. ,5,.
ssement attrihnpfi au r^rninAl cincwt"rimu TAUïmTTT -^-_-^T.
lussement attribués au cardinal SWSNETROH TABEDUL , i'est-a-
iéandre (B). dins , HORTENSIUS LUDEBAT. // y
a donc bien de l'apparence que ce n'est
(A) Cette conjecture me parait très- pas Bassiano , mais Uortensio Lando,
'enfondée."] Je m'acquitte ici d'une qui était auteur du dialogue auquel
romesse que j'ai faite .dans la remar- Uérold a répondu : et ce qui me con-
ue (C) de l'article Erasme : Voici firm/e dans cette pensée , est qu'Hor-
v
62
LANGIUS.
unsio , vouUni prouver dans l'un de
ses Paradoxes , que ce n'est pas un
déshonneur «Fétre bâtard , aUèguB
l'exemple de plusieurs hommes de
'^ lettres , de Pierre Lombard , de Gior-
son MainOf de LongyLOuil , de Célio
^ Caleagnini , et d Erasme , parlant
de ce dernier en ces termes : O quanti
letteratî hannoci ancora dato i lurtiTi
abbraecîamenti,etc. hannoci dato on
Erasmo di Roterodamo , e per opra
d*un Talente abbate ce lo dettero.
U ne font pas oublier le recueil de
lettres qu'il fit imprimer à Venise ,
appresso Gabriel Oiolito, Fan i54S »
in- 13. 11 est intitule : Lettere di mol-
tevalorose donne , nelle quaU ohiaru"
mente appare non esser ne di elo^
tmentia ne di dottrina alli huomini
injeriori. On y voit à la fin un pe-
tit avertissement ( i ) de Bartholo»
mœus Pestalossa ^ Bhetus , qui fait
sayoir qu'lTorfenjcuj Lando est celui
qui a ramassé ces lettres , et qui les
a réduites en un volume, â la solli-
citation à^Octawiarms Rauerîa qui ob
insignem animi pietatem Terracinœ
pontifix designatus est (a).
(B) // Jit deux dialogues qui ont
été faussement attribués au cardinal
Aléandre.'] Ce que je m'en vais rap-
porter m'a été communiqué par l'au-
teur ^de la remarque précédente.
■ « Les 'deux dialogues dont l'un est
» intitulé Cicero relegatus , et l'au-
» tre Cicero reuocatus , ne sont pas
)• de Jérôme Aléandre , mais d'Ur-
» tensio Lando, Milanois, surnommé
I» le Tranquille. Ils sont dédiés
M pttSiiHonensiauTnukpiUUs.
» aiolanensiSf q^aî'û a tort de k
» gaer d'Hortensias iandns. Ce i
» dus et ce IVanquillus ne
» qu'un écriTain. Il aimait à dé
» ser son nom, et ne demandait p
» tant pas mieux que de se
» connaître. L' aMOare délie pm
» opéra , dit-il, sous le nom de P
» Hascranico, dans un avertisseï
» an lecteur à la fin de ses f
» doxes, il quai fu M, O. L. M
» detto per sopraname il Tim
» la fin de son Contmentariod'h
» dans un antre avertisseiiieiil
» lectear » sons le nom de Si
» Morra, voici comment il parJe:
» di leUore, etc, (3). A la fin^
» Sermoni funeM. délie bestui
» nomme tout au long et sans
» euisement , If ortensio Lando <
» r*) a TranquiUo. Or ce Lao<ï
» TranquOlo reconnaît dans soD<
» nier paradoxe le dialogaeCÎ
» Relegatus pour son ouvraff • •
» dubit0 eertamente , dit-u,
» molti non si habbino da pmh
» gliare ehe aneorafatto non U
» ta paee eon M, JulliOf <p^_
a softo poco mena di dieci a/uv'
» c&'i'o mandai eon suo granid
» in essigUo ; et plus ba» : <l^
I) scrisso U dgahgo ùHitolato 0»
^ ne Relegato,9
(*') Cêst-èk-dirê , Mm» Ortesâ* ^
ItBMe.
(3) T'oye% la suite dans ta nsmat^f
éUme,
'1. , (^*) ^ ^ loaUfOtde pour delto.
» Pompone Trirulse: et parce que (*3; £„ Parado»» ont paru h r«ûi'.
» l'inscription de l'EpitreDédicatoire i544; «( <•' Dialognca sar Câcciw«'^
» est ainsi conçue , Pompanio Trir "* *^^-
» uultio U, A, S» D.y Henri4seuià
» Cbasteignier *, évéque de Poitiers ,
» a cru que ces lettres H. A. signi-
» fiaient Hieronymus Aleander. Mais
» ou eUes ont été mises à plaisir , ou
» peut-être a-t-on mis par éqnivo-
» que , H. A. pour H. L. A., c'estp-à-
ut dire Hortensius Landus , véritable
» nom de l'auteur. Simler, continua-
» tenr de Gesner, attribue ces dialo-
{:
fi) Il «si en latin.
(a) Je suis redevable de ces particularités a
M. Des-Maixeaux.
* Leclerc dbfarve qu^avant Ghastaignier, qui
ne donna qnVn i6i4 m Nomenclaiura cardina-
lium , du Verdier aT>it , dans wn Sappliment à
la Bibliotbiqve de Geiner « commU la li«te q«e
Bajic relira ici.
LANGIUS(Padl), moine
lemand, ne serait guère coi
par la chronique qiril com]K
s'il n'y eût insère des pla«
contre la mauvaise vie des eo
siastiques , et s'il n'y eût d(»
des éloges à Martin Lutber i
C'est ce qui a été cause q»^
protestons l'ont cité mille et i
le fois. Il était né à Zwicka d
le Voigtland , et il se fit o»"
(a) Voyei Wolfii Lcct, m«nortM<*
// , pag. 169 , et seq.
LANGIUS. 63
édîctin Tan 1487 » au mona- prétexte qae Langîus a compote la
e de Bozau, predie de Zeitz en f^o'^V^^ 4'iwiç cathédrale , o» lui
•^ /A\ T »-LCc •r-Cfkk^,-*!»^^ donne an nom denvédecette ^ghse»
Qie (*). L abbé Tntheme 1 en- Or ce nom ne lui convient poUt.
a,ran i5i5, fouiller dans tous (B) Vossios je trompe.-] Cet ouvra*
couvens d'Allemagne , afin ge de Langiut est une chronique de
ramasser tous les manuscrits rëglMe^piaeopale de Zeitz. L'empe-
^^,^^^^;^r>* ettt^iV h l»;il«c '*"'■ Oukon r«'. fonda cette cathé*
pourra ent servir a lillus- j^^^^ ^^ ^ Le pape Jean XIII
ion de 1 histoire , ou a 1 aug^ k confirma ( 9 ). Langias étend sa
itation du catalogue des écri« Chronique depuis cette fondation
is ecclésiastiques (c). Langius i"«q«€»cn Tannée i5i5 : il ne se con-
•II . ^ \^- ° tente pas de donner rflistoire des
railla aussi pour soi en par- éTéqnii de Zeitz-, il parle aussi de.
rant les bibliothèques; car autres évéques de ces quartiers-là.
t lui fut d'un grand usage lors- (C) Coèjffèteau ne se servit pas
l composa sa Chronique (d) ^«"»« J^^SS^ défaite.'} Du Plessis
. Elle commence, selon Vos- Limcius'*" *
>, à l'an 1468 ; mais il se trom* « Paul U
(B). Coéâeteau ne se servit » discii>h
d'une fort bonne défaite (C), » ^« P<>j?* que Luther vint a parois-
mà il répondit au Mystère lTnl^ZJ^'lâj'''''f'\J^''''^
. , r; j » monastère, s en trouve tout esmeu,
iiquite , OU quelques paroles » et lui rendant un tesmoignace non
Langius furent allouées. Une » croiable ; Ce Martin , dit-il , es-
[exion d'André Rivet, par rap- * *?** «» théologien consumé , pro^
rt k Pistorius qui publia la :t%;:rîaZit'JLTj:t
ronique de ce moine , ran i, ia dignité de sa source , et à sa
83 , ne me paraît pas solide » première pureté et à Vinnocence ,
). Les fautesdeMoreri ne sont * 'inoerité et simplicité euangelique^
i considérables (E). ** bafouant du tout toute philosophie
^^^uaâ«««,i«^.«9 y^M^j, ^ séculière En un autre heu sur
>) Vossius, de Hisl. latinis , pag. fllA. " ^'^ »^3, lui baillant pour com-
•) rdem ibidem ^^ » pagnons Carlostade et Melanthon ,
i) Vignicr. Théâtre de l'Antéchrist, à " »(» traitent et enseignera la sacrée
diee des auteurs cités, ^ tneotogie , baUlans lefourment de
» la parole de Dieu sans aucune
A) Sa Chronique.'} Elle a pour •» poille', c'est-à-dire, sans y mesler
re Chronicon Citicense, Mais ce » ^ philosophie et les srltogismes ,
tst pas à dire que du Plessis en ait » surtout se tiennent a l évangile de
nommer Fauteur moiiîe de Citi- » Christ et a tapostre saint Paul ,
e. CoèfTeteaUy au lieu de le corriger, » qu'ils prennent pour patron etfon-
st servi des mêmes mots. Ceux de * dément, et auec Vestude des let-
vet ne sont pas meilleurs , le Moi- ^ très conjoignent la crainte de Dieu
Ccti^ue. Voyez leurs passages dans ^ ^' ^' semences de toutes uertus
remarque (C). Les étrangers ont * qu'ils sèment es cœurs de leurs
ande raison de se plaindre que les ^ disciples par paroles, par exemples
ançais défigurent de telle sorte les » «* P^^ '«. plume. Et afin qu'on ne
ms propres , qu'on n'y reconnatt » novLS réplique pas que c'estoit de-
us nen. Vossius fait cette remar- » ^a^t que Luther eust fait la guerre
le contre l'illustre M. de Thou (1). » *« papc, voici comme il en parle
lis ici le mal ne consiste pas seule- „ , .
ent à défigurer un nom de TiUe , J*J T'f'^^^^ '« <^^'*^ ^'^i
îSt quelque chose de pis ; car sous deduxit «piseoporum cUitmnum et aUorum in
vieinid jintisUtum ret gestas eommenwrnns.
'i) VoiMm, de Affte bistorid, eap. XII ^ Anb. Minew, m Geogripki» tcdesiaMMl ,pag.
g. 69. is4'
.^i>çrsV
i; ^ Mn témoigiicst plai ibrte-
^-.^
' m.* o« «|iae répond Gxfièteaa.
-' itn 'i> ^4tt«r da Plessîs nous op-
>•>■«. H '*\ul' lintgîns , moine ae
; .M v«f Oîraçfas dff Tabbé Tridie-
*v»<« w»w- qniiRBiii <^[iieUe est
t 4.v«.'-.«rit* jfe rratBStaaas y et la
-. . .n \*i don: il isent en. la pa-
«\u «ttuu a» auteoT. Car fls font
< iirr i ijnigi.g* ài*s rtiuuj toachant
» Laflisr. *f n •rnit enlèrcflBent con-
^ .V .— j tarii.-^ Ufm'^t^mïviMuat' l la. doctri-
, r» «icn. » ae A-^t ÎM^ixth a Diqoim fait
. «r» y^uncts , » prfïfe?Hf<« jOLViuft» t i^ -mort , mai«
.„* .1 . cA/>ar- > MMM a «« <^|fl il a ésnt-vi la même
^. ,*.**. k^tt A«-'<£« > r>.T'Mn#|ti^ er*i «fuit coMsiiees ces
.^ ..V. i» ■jûfcs 'ie loo» » kr9a«k|;«<» d« Lcrtitoa . >wilï-»ftre cnie
.w » . '* /rouvrit/ nem * U^ y: vS«i4an« ce: it"uiga. qa ils
t-o >(:t/iL£s e« «^ct^arv » n^ytH ftf^ut crmrsr ani îb*: auteur
. .;uJv-re. .^iiAM ^eai » a cfl^ t/>fjt emanii^te Jidiisxien et
» inpiite, bérétâqpae «t lOÉtifriîqDe,
» autrement eertc» nt THmwmt-iis
* eoncilttr ee <f olb InT ànit dire
» avee m» prenûen écrs^ Wl ira'on
» ne Mr tr«pe piM aa ahe Je Pisto-
» lins qoî Ta mis en I ■■■ mm , car
» encore qu'il »e «oit iuf caC&aiîqiie,
» ça été qaelqoe temps dfpns^ et il
» éiz\i enc€rre protestant "^nand il
N . . t..«.v<.4U en telle
. \^:t» liai a l'appeut de imr-
, .»„ li:i^r en ra^tetU ; affermant
.{ > , et prouvant qme tef^liâe
,.'ic Je droict dunn n'etf pwtA
'iiiuet'enL le chef des autre* ^
\\ pource y dit-il derechef,
, .<•* (V présent Us ie penecu-
, . : Komtite un autre Athanase ^ » pnWia cette chroniqne amèc qne^
» ., iyv»alcment pour avoir disputé » qnes antres œnrre» des «nraiw
.. . w< . ,'/ifM-, e£ quel(fues autres points » aUemand». Et même il dit qa li Fa-
M ./t ilvctriue rui-es ethanU^que non » Tait eue de Henri Pétros qm de-
V. v,-...t/iit/*£ Us Romains continuent » meorait â Bile pamd les héretî-
., '.mpugner, mais aussi plusieurs » «ne«. An utirplos, ceux qui ont
X ^.^.nmcs tj^s doctes, sur tout les » lait la fourbe «e sont bien persua-
V thomiues;toutesfois ce Martin^ qui » Aéê qu'on aurait peine de croire
X. 4' Vf sans contestation le premier » de Lan|pas , qu'à eût parlé n
V. ,7 le plus sage théologien de nos- » aran geusement, et de lapenonae,
u //v iitii^f , n'a peu estre uaincujus" » et de la doctrine de Lntber; c'est
u ^M's ici y fortifiant et approumnt » pourquoi ils y ont ajouté une mai-
M ^it doctrine par les tesmoignages de » ère et insipide défaite , lui fusant
w l\Mui^ile,de l' apostre saint Paul, » dire que ce qu'il en a écrit, c'a
» mcsvics des lieux originaux des » été non assertiuè, mais admirativè,
M iutcicrîs peivs orthodoxes (3).» Du
Plossis n'oublie pas le correctif ap- , C4) Ponà tjum de Martini LutheH doetnnd
,^.w.: Tvir I ;inffiiia à tant de nrnnn». ^'"p*ii «o» ticuli diteipulus HHmu tusertiitt,
pose çdl LdUglUS a tant ae proposi- ^uod ab^it , sed potiiu almirativè pond , mtpde
lions hardies : et ainsi nous en parle ntdlius adhUe juratut in verba magistrCstd
ce moine, dit-il, non aSSertivé sed ^^n sim et /fgo more stupenjus muUontm , ^iêO-
admirativè , non pour nen affermer , "S,?"- '""*?^'^''^ uni^erjaU et générale
M«.t«i>»« J ■ ^ •*li coneiliuin , quid m lam ardud re tenendum sU
mais pur admiration f êUSpendant son decrelumfueril, paraUu nihilo tamen minute
jugement h la façon de plusieurs «< *»odo et semper h rectè sapientibut doceri,
jusQues a ce que par un concile ce- f«*;r»«."» «"'«'» . 't poUisimimi romanœ eccUsiœ
-^ * •}' '^•^ ^j j j: • r Jtaieio ntec prasentia . et aha aumiiacunû
menique d en ait esté défini. U mea i^ripla ,et corrigenda et exoLin^J^
ae
tub-
cumenique u en au este açpni. je mea t^ripta , et corrigenda et examinanda rub-
mots en note les paroles de Lan- jiçiot lameui ego supra narrata non de Bomar
nii , sed Bomanensibus ^ idest^ non indigents^
é-i\ rx ni • iff^...: *r».ii jif • .1 *jd^}»ndiadeamconfluentibus^descripserim.
(3) Du PUssu Mornti, KjtXktt d'Ini^mté, Langins, apud Woltfim, Lect. memorabU. .
P<^8' 5:3. loin. //, pag. i'j5.
LANGIUS. 65
M non pour rien affirmer , mai$ par w sçait assez qu^ils trouTent bien
» admiration suspendant son juge- m moyen de se frotter ailleurs (6).»
M ment, etc. Vous diriez que ce Lan* Ces dernières paroles font voir ma-
» gius cherchoit maîstre , et estoit nifestement que les lieux communs
» encore irrésolu quelle religion il dont les missionnaires se senrent au
» devoit embrasser (5).» C'est une sujet du mariage des rëformatears ,
Sauvre réponse; il yaudrait mieux et des moines qui embrassèrent la
emeurer muet , que de s^en serrir. religion protestante , ne sont pas
Le père Gretser y a renonce, et a aussi favorables qu'ils se Vimaginent,
trouve mieux son compte â supposer Ils trouvent là un beau cbamp de
oae le bon Paul Langius , mourant déclamation ; les imaees les plus
d'envie de colleter une femme, rfrj odieuses de la sensualité sortent en
gardait Luther comme un héros qui foule de leur plume ; mais on XéT
serait l'exterminateur du célibat, rembarre facilement, parce qu'il n'est
Voyons ce que l'apologiste du sieur que trop vrai que ceux qui font vœu
du Plessis répondit â cette plaisan- du célibatne l'observent pas toujours,
terie , et au subterfuge de Coêfi*e> et que le sens commun dicte que si
teau. les ministres de l'église n'ont pas la
« Paul Langius, moine Citique, don- force de s'abstenir du commerce fér
» ne de si beaux et grands tesmoigna- minin, il vaut mieux qu'ils passent
» ges a la doctrine de Luther, que leur foueue avec leurs femmes, qu'a-
» nostre moine ne les peut souffrir , vec les femmes d'autrui.
» sans accuser ceux qui ont publié (D) Une réflexion d'André Ri-
» son œuvre, d'y avoir adjonsté du *^ct ne me parait pas solide, 1
» leur , tout ce qu'on en produit à Nous venons de voir qu'il prétend
» ce propos, les mesurant à l'aulne^ que Pbtorius aurait fait savoir sa
» des papistes qui corrompent par fraude, après être devenu bon pa-
» additions et n^utilations tous les piste. Je crois qu'il se trompe. Si Pis-
)) escrits qui passent par leurs mains, torius avait altéré le manuscrit de
» Cependant Dieu a voulu pour leur Langius, il ne s'en serait jamais van-
» oster cette objection , qu^ ait esté té. Le bien que l'église romaine eût
» mis en lumière p ' * *^ '^ * ' '* ''*"
» dès lors cou voit
» a enfin esclose
» délité de ceux qui l'ont donné au dans son propre aveu de quoi lo
» public. Il a mieux aimé mal traie- convaincre qu il était un malnonné-
» ter ce pauvre moine en ces mots : te homme. De telles fautes ne s'a-
» Cest ce Langius auquel , , dès le vouent point : elles tirent trop à
» premier petit bruit oe iÉtfangile conséquence.
> luthérien f les pieds dçnangeoient (£) jLes fautes de Moréri ne sont
» desja , pour sauter liors du mona- P^u consicterables."] Il fallait nommer
» ^Cens , estimant arrit^é ce temps ac- la patrie de Langius Zwicka , et non
espouser
^ temps-la, les moines trouvoient bien rius , est corrigée dans les éditions de
» moïen de coucher avec elles sans Hollande. Il ne fallait pas dire que sa
» les espouser, et si autre démangeai- Chronique commence à l'an i^6S :
» son ne les eust tenus, Coëffeteau ««« ». » . «. v
91, •,«ui4o, x«v«u«ïi^au (6) RWei, Remarque» «M URéjpoBseauMyi-
tère d'IoMiaitA, //•• part. , pag. 033.
. (5) Coefieieaa , flipoaie an Hyittr* dUaiqai- (7) Daiu U Moréri de HoUamtt on la nomm»
^>f P'f. latS, laig. Zuricican.
TOME IX. 5
66 LANGIDS.
c^cftii]iefiiatedeVo«êiiuqaej[*aid^jà ceux qui la protégeaient (Â), et
releTée,etqu«ZeaMrqf acopi^(«). ^i alléguaient que Pintroduc-
(8)Z«iikr«,a«HiitM>ca,f«rt./,Mf*a5. tîoQ d'one nouyelle méthode
d'enseignerétaitdangereoae; mais
LAKGIUS (Rodolphe)» gen- enfin il surmonta les obstacles,
tilbommedeWestofaalie, et pre- et il porta son éyéqne à fonder â
vôt de la cathédrale de Munster, Munster une école dont la direc-
Ters la fin du XY*. siècle, se si- tiou Ait donnée à des gens habiles,
gnala par son savoir , et par son n leur marmia la méthode d'en-
zèle pour le rétablissement des seigner, et les livres qu'ils expli-
belles-lettres. Il fit ses premières queraient , et leur ouvrit sa belle
étudesàDevenler, et puisilfut bibliothèque. Cette école ayant
envoyé en Iulie par son oncle, été ainsi établie un peu avant la
doyen de Munster , et s'attacha fin d^ XW siècle , fut très-flo-
aux plus grands maîtres de litté- rissante et servit de pépinière de
rature, Laurent Valla , Maphée littérature à T Allemagne jusques
Végius , François Philelphe , et aux révolutions queTanabaptis-
Theodore de Gasa. Il aconit par me fit à Munster, l'an i534.
ce moyen le bon goût du style Langius mourut, l'an i5i9, â
latin tant envers au'en prose, l'âge de quatre-vingts ans. il pu-
et s'y confirma par diverses com- Wia quelques poèmes qui prou-
positions. Il eut pour compa- vent qu'avant Conrad Celtes l'Al-
gnons de voyage Maurice , com- lemagne avait eu des poètes la-
te de Spîegelberg, et Rodolphe tins assez illustres (a) (B). Ro-
Agricola , et après leur retour en dolphe Agricola dédia à Langius
Allemagne ils travaillèrent tous sa version latine de l'Axiochus de
trois â chasser la barbarie , et ils Platon (b).
furent les premiers qui , par leur
exemple, et par leurs exhorta* (ii)7ïnf«fc David Chytrwua, mSaxoniâ,
.. i» A 1 • 1 V luf. IJI^pag, m,9oet seg. Voyexaussisc
tlOnS, y tirent valoir la bonne A«ra«^i«e de VetcrU Saxoni» Prorinciâ am-
manière d'écrire en latin , et pl««imâ qu» Westphalia hodîè nomlnatur ,
dWigner cette langue. Lau- '^^i^X^i^^,,,^,,^,
ffitts ^ayant ete envoyé à la cour de
Romepar l'évéqueetpar lécha- (A) Il fallut lutter quelques an-
pitre de Munster, sous le pontifi- «««f ^Y*^^ ceux qui protégeaient la
!»-♦ Â^ a:«4o TV -»a/.«.,;ff« ♦-:»« barbane.] L'université de Cologne
cat de Sixte IV, s acquitta très- ^^^y^^^ \^ dessein louable de dn-
bien de sa commission, et re- grius; maisil eut pour lui lessuffra-
vint avec des lettres de ce pape , gf» des Italiens, et ce fut une auto-
l'avaient député ; ce qui fit qu'il et emendationis studiorum doctrinœ
se trouva plus en état d'exécuter ^«'*«'''» > passim in omnibus collegHs
ledessein 5e faire fleurir les bel- ;L:^*°4^Ig^"„Ti3'r//;:o"
les lettres, en bannissant des eco- a£{^uc annos reluetantihus feteris
les la barbarie qui y régnait. Il
fallut lutter queîquesannées avec j^j^'^.T^. c^yf ««»««»•««•«. «*• m.
LANGIUS. 67
barhariei patronis , ae nominatim connatt lei avoir yuf,iilndiquo point
academid Coloniensi , quœ datis ad si estaient des mafiascrits ou des
Conradum Ritbergensem episcopum, ouvrages imprimés.
qui Menrico Swartzburgensi succes-
serat , et summum coUegium , litte- LANGIDS ( JoSEPH ) , natif de
i%e^re?re^i r^t^r^« Kaise«berg («)dans la haute AI-
libellos , in scholu retineri , et muta- ^f <^® 9 et protesseur en mathema-
tiones novas et studiis et discipUnœ tique et en langue grecque à Fri-
periculosas, fat^en flagitahani. Etsi bourg dans le Brîsiraw, travail-
autem erufè et grauiur consilu sui j j^ f g ^ ^ Elementale
causas Rodolphus explicabat : tamen , , J^" *-«*cf/ecrMa*c
ad Italorum doctorum judicia ipsi rnqthemaUcum { O ) ^ qui selon
proyocare necesse fuit. Qui cum Yossius ne fut imprimé (c) que
emendationem doctnnœ in scholis cinq ans après (^.IsaacHabrecht.
care , in responsis ad episcopum suis ta , et J orna de notes et de figu-«
pronuncidssent ; episcopus qui Italo- res , et le fit ainsi imprimer (e)
scholœ coUegio dedU. legium (A) , in-8**. , qui fut sui-
(B) // publia quelques poèmes qui vi quelque temps après d'un in-
prowent qu'auant Conrad Celtes folio y intitulé i Poliaruhea noi^a
VAlUmagneau^t eu des poètes la- (g^ jj ^^^^^ plusieurs années
Uns assez illustres.} Citons encore j , • •» **"^vî»
le même témoin : Primus autem ^ans la communion des proies-
Germaniœ piëta , ipsius Rodolphi tans , après quoi il encrassa la
Agncolœ judicio y at^orum œtate, aU' foi romaine ( /). Je donne le
({uot ante Conradum Celten annis *•..,- j^ ,^. IItoc rr\
celebris, hic Rodolphus LangiusfuU, "^^^ ^^ ^^ "^^®* f^^-
editis, de excidio Hierosolymœ pos' ^^^ CœsaremonUtnus.
ti^mo , de obs^ioneNoi^em , de ^, Vossius, de Scient, m.thcm.p^y. 388.
Paulo apostolo , de Maria f^rgme , ) .' .*, , r« . 1^ j»/^ r 5
^^.. ^.'^ , ' rk J' ' » (0 Ctoenrf^mf /c Catalogue d Oxford mar-
/»oe/nato^c/«ri«.Z)e5rttocom7wciptt/o oueVédUion de iSiii,
et œquali suo Hegius cecinit : ^^ ^ JJV-iAoïirg'.
Jam ferre poëus (e) j^ Strasbourg.
Barbarie in mediâ Wcstphalia ore poleit. /^ ^org^ /^ nn^occ <ie Son Polyaiilliea.
Laagms banc décorât majorumaangoioeclaros, w/ ^ r v j
Monaaiteriaci lantqne decusq^ue aoli :
Primiu Melpomenem qui rara in WestphaU (A) Un FloHlegium.] C'est un re-
ç., doxit, • P «1 cueil alphabétique de sentence» ,
nm canere aaes,mauma a e, tnas. çl'apophtnegmes , de comparaisons ,
Notez que Ghytraeus , en se servant d'exemples et d'hiéroglyphes. Les
du mot ed4tis , déclare que ces poë- écoliers se servent utuement d'un
mes-U avaient e'te' imprimés. Cepen- pareil ouvrage quand ils ont de.s
dant Tabréviateur de la Bibliothé- chries ou des amplifications à com-
que de Gesner (3) , qui marque en- poser. Les hommes doctes s'en pour-
core quelques autres poésies de Lan- raient aussi servir avec avantage , si
fiias , insinue quelque doute j car il tout ce que l'on y cite avait été bien
dit qu'Uerman Hamelman , qui re- coUationnéanxoriginaax.Maison n'a
rien moins fait que cela. Notre Lan-
f>) CommtV«uanwn'a9aUpQùA parlé de l'a- gius se contenta de Copier les com-
?r-^JÎ^^?-f*V"*?J'i'^*'"**''^*^*"'' pilateurs modernes , et entre autres
•( faBtfraupfMt.e(rtf lire Golomenaes, et non par fc,, u'l / \ j .. h
LovtnieB.ei; mais Mt-itrt waib-il oublié de Thomas Hibemicus ( i) , dont l'ouvra-
y^^JI*^^ ^'univenilede Low^ain écrivit aussi à
j^«'eiytt« de Munster, pour traverser Ventrepnse ( i) Dieterieus nihU aliud in Langio reprehen»
ae Laniini. tlit ijuhm credulitatem, qud s» ah ffibernieo de»
(3) Epit. Bibliotb. Gesncri , pag. m. 'ji^. eipi passas est. Tbomaaius , de PlagiOf num. 4^a.
68 LÂTfGLE.
^ , intitule , Flores DoeUnrum , est nmm Grœcarum Litterarum , ibid. ,
(B) Pofyanthea not^aJ] L'antenr a Haies.
sniri dans cet owrra&é la même mé-
thode qae dans le FtorUegium. LHn- L A N G L E ( JeaN - MaXIMILIEN
dex d'Espagne y corrige qnelque» ^e) , ministre de l'Évangile, na-
^^''^'^fv^'T/li^L^l^'je «ê q^t àÉvreux en iSoo. Il fot
livres intitules PoWanthea, Je ne ^ , i, » t- »À^ r ,
pense pas être blâmable, si je rappor- appelé a l€glise reformée de
te le précis de cette histoire. Le pre- Rouen en ioi5 , n'étant alors
mier Polyanthea fut imnrimé Fan w que de vinct-cinq ans. Il v
iSiîi (a'i : c'est rouvrage du moine ^ « »^« i^ F *.• j_
DolîiScusBanasMiraBeUia., auteur «t. toute* les foncUonS de S(m
du Monotessaron Euangeliorum. Le ministère pendant Cinquante-
second fat compile par un libraire de deux ans , toujours avec beau-
Colc^ne-, nommé Matcrnus Cholinus, coup de réputation, de piété et
et nubile 1 an i585 (3). On ajouta au j> m* * /^ j i • j
UaKeMirabelliustoutceaueron deloquence. On a de lui deux
trouva à propos de copier de trois volumes de sermons , l un sur le
oûvraçes qui avaient paru , je veux huitième aux Romains , l'autre
dire du recueil de IBarthoJornœus ^^j, ^j^^^ ^^^^^^ j^ l'Ecriture ,
jimantius 9 et an oenterUiarum Upus . ^ -.. . . - ,'
^luassùnumexptrybatUsinUsJuc- f» une dissertation en forme de
toribus excerptum (4) , et d'un ou- lettre , pour la défense de Char-
vrage anonyme imprime à Lyon, les I*',, roi d'Angleterre. Sept
Cholin outre cela fournit ses propres ^^3 ^^^^ ^ ^^^^ , il tomba dans
recueils. Le troisième, sous le titre de , . • 1 • ^ -^ 1
P^lvanAea no^a , est l'ouvrage de «ne paralysie c[ui Im tenait la
notre Joseph Langius , et fut imprimé langue empêchée ; mais il ne lais-
à Genève, l'an 1600, à Lyon l'an sait pas de plaire et d'édifier
1604, à Francfort l'an 160^^^ par des conversations pieuses et
Terses fois depuis. Le quatrième, sous f , . * , , _,
le titre de Po/yfl»«^fl /wj'miwa , est ingénieuses tout ensemble. Il
divisé en XX livres , et ne diffère idu mourut en 1674 9 ^^^ ^^ quatre-
troisième gu'en quelques augmenta- vingt-ouatriëme année de son
tions Le cinquième , «««y^f ^^'^ J^^ âge , laissant plusieurs enfans (A)
Florileeium magnum seuPoljranthea o.\ , .^, *1 , r -^ i
flonbus not^issimis sparsa , fut publié qui héritèrent de son mente et
à Francfort l'an 1611. Ce qu'il v a de de sa vertu (a).
nouveau dans cet ouvrage est dû aux
veilles de Franciscus Sytvius Insula- {a) On publie cet article tout tel qu'il a
nus. Nous avons parle ailleurs (5) des été communiqué.
^upplémens de Grutérus : ils contien-
nent deux volumes , de sorte que le (A) // laissa plusieurs enfans. ]
Florilegium magnum en comprend Samuel de Largle , son fils atné, na-
trois : le I «■'. est de Sylvius Insulanus ; quit à Londres , et fut porté en France
le a«. et le 3*. , imprimes à Francfort à l'âge d'un an , et y a toujours de-
l'an i6a4 , sont de Grutérus. meure , jusques à ce que la dernière
(C) Je donne le titre de ses autres persécution l'obligea à se retirer en
lipres. 3 Une édition de Juvénal et Angleterre. Il fut ministre à peu près
de Perse , à Fribourg, 1608. Tyroci- dès la même année de son âge que
son père , et servit avec lui 1 église
g...... rage fut imprimé à Paris ^ l'an dans l'autre pour SCS mOBurs graves ,
*^x'« ''"i.'fw-^- r. „,;.«. /T.-«.^ ,* son savoir solide , et une prudence
(S) Dans larUclé eu ijtivrhtiV» {Jtnn$j f re- i*/ r» •/• » ,•
marque {l), tom. Fïl, pag. agS. consommée j hé d'une amitic parU-
LANGUET. 69
culièrearec M. Claade'. Les penécu- cle '*'. Ay&nt lu en Italie un livre
tions de France, et en particulier de Mélanchthon , il Conçut un
celle qui otait aux pères leurs eufans, . ^ 3» ' i • é^
robligèrent à chercher une retraite " g^and desir de connaître ce
en Angleterre. L'université d'Oxford grand docteur, qu'il s'en alla le
se fit un honneur de lui donner le trouver en Allemagne. Il eut
à%^àeJoc\^^Ten théologie sans ^^^^ j^j ^^ ^^^^ | . ^^
qu il reùt demande : et te roi Charles .,axtii i_ K
Il lui marqua aussi son estime , en tes (A). Il le charmait par se$
lui donnant un canonicat dans l'ab-^ belles conversations; car il avait
baye de Westminster. Il était né en réuni la force de la mémoire
ïeru:ri;<^tri terptch^s"^ croir.M.deThou il ne ç^itta
à ses amis , et surtout à ses enfans , c«t:te c^^r (B) que lorsqu on le
à qui il avait donné là. même éduca- soupçonna d'avoir été l'un de
tion qu'il avait reçue de son père. Le ceux qui conseillèrent à Gas-^
nubUc n'a eu encore d'antre écrit dfi par Peucer de publier une ex-
lui., qu'une lettre sur les difierens r . . j , t***»/.»«* ««i* ^^»
entre ceux qu'on appelle épisco- position- de la doctrine de leu-
paux et presbytériens en Angleterre, charistie , conformément à la
C'est M. le docteur Stillin^eet , à confession de Genève. Cet bis-
tem;X%1îrrri'kt î«»ri~ «^-«^ q«'«?fn1r quitté
livres surle même sujet; mais on a la cour de oaxe , ji se retira
ouvrage en peu de temps. L'illustre septembre 1 58 1 à l'âge desoixan-
défunt avait fait aussi plusieurs r^ te-trois ans (^)7ll avait eu
marques critiques sur divers endroits ^^ ""**' ", v^y ** «»«*• ^«
de l'Écriture , et en particulier sur beaucoup de part à 1 estime de
les psaumes , qu'on croit qu'il eût M. du PlessiS Momai (G). On
donné lui-même, s'il eût vécu encore j^ croit auteur de la harangue
v:rirt rdrn,^'7uMu'irîe«bf^ r f«t f<f à Charles IX , le .3
s'être proposés (a). àe décembre 1670 , au nom de
Quant aux autres enfans de Jean plusieurs princes d'Allemagne
MaximUien de Lan^e , le mémoire (jy, Qr^^ ^^ j^j q^e Po^ attribue
que jecitcnen ditnen. \^ ^^^^^^ traité qui a pour ti-
UUl€HmaHâ4jniUUprnnihrBi^ j^ç ; ViNDICIfi CONTRA TyRANNOS
(a) lUmoireeomimint^tt«,7tt'Qn imprime tout (Ë). LeS IcttreS latlUeS qull aVdlt
^l qu'il a été envoji* , , ,
T âwr^xTi-m r9 -t» * Leclerc renvoie anx oMervations quil
LANGUET ( Hubert ) , natif a falUs sur la OissertaUon de Bayle sur le
de Vileaux en Bourgogne (a) , Vindici» contra tyranno». ro^w a^après,
j. .„ V i.*i <ow. X^. mceron ajoute 1 indication de qu«r
Se rendit illustre par son naoïle- ques lettres ou opuscules deLanguet.
té et par sa vertu au XVP. sie- V*) f^ojres la ranai^ueiA).
'^ (c) Thuanus , lib. LXXtV , circajin. ad
(a) Thuanus, lib. LXXJV ^ circajin. ad ann. i58i.
"•«• i58i. (d) Idem y ibidem.
^o LàNGUËT.
écrites à Philippe Siduey furent (4)* ^^ mémoire ne bronchait jamais
impriméesàFrancfort, Tan l633 ""'^ ,^" circonstances du temps ni
, J^ ^ „ ,., .. 'f .. sur les noms propres, et il avait une
{fi\ Celle» qu il avait écrites en g^gacilë extraorâinairc â discerner
la tnéme langue aux Gamerarius les inclinations des sens, et à prë^oir
père et fib , parurent l'an 1640 , l'issue des choses. Celui qui lui rend
et ontété réimprimées a^^^^ îrérS^^EÏ^^^^^^^
qnes autres(/) , 1 an 1 685 : on ^^^i uUum àuram , atù tamprii-
y trouve une belle préface {g) denur et certb , et plané , dilucidè ,
ou il est loué magnifiquement, diserte exponeret , qtdcquid narran
On a publié à Hall , eni Sqq , '^•!!S'Jt'r^h^''l^^ ï? harninum no-
•T _ ' ,, ^^.' minibus faia , non maicits temporum
un gros recueil de celles au il erram , non confundere rerunînego-
avait écrites à l'électeur de Saxe tiorumque seriem. Erat autem in eu
son maître (F) , pendant le cours singularis sagacitas in notandîs na-
de ses négociations. Il ne faut L'L'j!f.iT/n".^ '-«^^
, ,.0 Ti# j fPî_ quisque suopte ingemo deferretur, et
pas oublier ce que M. de Ihou quœ esset voluntatisincUnatio. Con-
raconte d'une conversation qu'il sUiorum etiam solertissimus œstima-
eut avec lui , l'an iSno (G). '**^» ^' eventuum futuromm propi-
'•' . sione admirabilis.
{€)roYBi^MauàeUitétz%, Juillet i^ox. Joignons â ceci ce que M. de la
pag. 23. akSite raconte , cm environ Tannée
(/) QuHl wait écrites à Auguste, éUc- ]H^, ^^ Allemand donna à Languet
leur de Saxe. les Lieux communs de Mëlanchthon ;
{g) Faite par Joachim Camërarius , pe- que Languet , ayant lu ce livre quatre
Ut'Jîls de routeur de la Vie de Mélanch- ou cinq fois la même annëe pendant
**»on- ses voyages , se tira des doutes qui
li^insUsplusétniUs.-] Tout ce que ^"LST„ J?f ^ ^ """ "uTt
i'ai dit U4ss.u« m'est fourni par J^î'^r"^"*"".' «t-'ayant consul i
ioachim Camérariu» ; dans la Tie'de ^u JfA ^ «ÎP""* théologiens ,
Mélanchlhon. ffunc ( Languetum ) 1??''':*"*.>.'«''S\'''' protestante ;
Aonecpmpomcw,ùiimç incendemt Leip,ic 7q„'U logVa rtém^^^ ce
utdenai autorem iluus . etcastimulos ««JL^-J,* « « ?, ««^'"c ^uc^. i>c
perpétua admo^ens perptûerat tan- 5^/^ rZ 'if tl^^T" îll ^"^
Î7-^ .,* .%. a^^»J;^^..^^i^* -. de ce pâys-là , il bntreprit le voyage
iril pût se fixer
dUcé^siz nisi i^r^m per interuilla çTZZ\...T^ \\ITI^ 7?
qaœdam peregnnationum quihus mi. ^ameranus (6) l fut si charme de
Hficè delectabatur , donec PhiUppi J^) ^r'*^ ""^f' Pl^^ippo grata at^ue jueun^
melanctUhoniS iata m tems durautt Unebat, eommemomtio , et oraUo dJ regibus
(3). La conversation de Languet était pnncipùfusque gubemationwn , et alUs sapien-
admirable. 11 parlait savamment sur |jf' ''^^^^ ^^^ocuind prmstanUbus vins homm,
les intérêts des princes ; et il savait à '7?)*/ï3*m/ *
fond PHistoire des Hommes illustres (6) P»p tempore namu in PhUippi Melanch-
ihonisrildJoachitnus Camerarius eleganlis A-
(i) Joach. Caiiierar. , m ViU Mclaiicbt.,p«i?. î"*^" «"/'''*'/"; '"^^'>^.' '"«/':«' *** *"^, ^
fn. 333. vi««*,«..,pi.g. ^^ ^ atelanchthone non tta pndem scripti tee-
/ j\ JiijMff. tione Languetum tanld videndi auetoris cupidi'
>aC,,^ tate incentum fuiste ^ etc. Philih. d* l^ Mbt€ t
(3) Ibidem. ,„ Yita Laagucti, pag. lo.
LANGUET. 71
la lecture d'uB noureau lirre de Mé- parut Tan iS^}. Langoet nVtait point
lanchthon , qu'il ne souhaita rien alors à la cour de Saxe , mais à celle
exécute Pan i549« le troure dans ce 15^7 (lo), nous apprend qu'il arait
récit quelque cnose qui fait de la obtenu de son altesse tilectorale de
peine j car il n'est pas naturel qu'un Saxe la permission de se retirer où il
homme, qui a coUçu tant d'estime voudrait. Il eut touiqurs depuis ce
pour Melanchthon par la lecture de temps-lâ une grande liaison avec cette
ses Lieux communs de théologie , altesse , encore qu'il s'attachât ou
qu'il le prend pour le seul sage de la aux affaires du prince Casimir , ou
terre (7) , fasse un Toyage à Ceipsic , à celles du "prinee d'Omnge. Tout
<^^ y séjourne , et y embrasa la reli- ceci se prouve par ses lettreSypubliëes
gion protestante sans aller voir ce l'an 1699.
uéologien, et qu'il ne soit impatient (0) Il aidait eu beaucoup de part h
de lui faire une visite y que lorsqu'il V estime de M. du Plessis Momai.1
a lu à Bologne un autre ouvrage de Cela paratt par ce passage (11) : «e A
cet auteur. Il n'est pas vrai que Ca- » son arrivée à Anvers M, du Plessis
mérarius dise que cet autre ouvrage » trouve femme et enfans malades ;
était le Traité de Animd , et qu'il ut » un fils mesme que Dieu luy avoit
résoudre Languet à retourner en » donné, en son absence aussitost
Allemagne. Il s^xprime d'une manié- » retiré à luj \ mais outre cela Hf .
re ^ui représente non pas un second, » 'Languet son singulier ami decedé ,
mais un premier voyage , perpulerat ■» lequel madame du Plessis , bien
tandem ut in Germaniam f/eniret (8). » que malade elle-mesme , av<ût as-
Enfin il est bien étrange , que si Ca- » sistéjusques aux derniers soupirs,
mérarius a eu Languet pour disci- » Ses derniers propos furent ; qu'il
pie et pour pensionnaire à Leipsic , » n'at*oit regret tÇ^uc de n'avoir peu
l'an 1548, il lui attribue de n'être >» revoir M. du Plessis premier que
venu en Allema^e qu'en i5^, par » mourir y auquel il eust laissé son
le désir qu'un'livre lu en Italie lui u coeur ^ il eust peu, Qui il avoit dé"
avait donné de voir Melanchthon. » siré de vivre pour voir le siècle
n faut nécessairement qu'il soit en » amender ; mais puis qu*U allait
faute , on que M. de la Mare y soit. » tousjours s' empirant , il n'y avùit
Tontes les apj^arences favorisent Ca- » plus que faire ; que les princes de
mérarius ; car Languet (9) même lui » ce temps estojrent d'estranges gens;
raconte , qu'ayant lu en Italie les » que la vertu jr avoit beaucoup à
Lieux communs de Melanchthon, l'an >» souffrir , et peu k gagner ; qu'il
ï547 > ®* ^y trouvant pas assez d'é- » plaignoit bien M, du Plessis , qui
claircissemens sur la matière de l'Eu- » auroit à en sentir sa bonne part ,
charistie , il prit le parti d'aller con- » et de mauvais temps h passer; mais
sulter l'auteur , et qu'il le vit l'an » qu' il prist courage, que Dieu l'as-
1549. Parlerait-il de La sorte s'il eût » sisteroit. Au reste r adjura de ne-
embrassé le protestantisme à Leipsic » quérir de lujr , en lujr disant adieu
l'an 1548, et si Camérarius avait été » de sa part , une chose : qu'au pre-
son professeur et son h6te la même » mier livre qu'il mettrait en lumière
année dans la même ville ? » ilfeit mention de leur amitié. Cela
{^)S'ilenfautcroireM.deThou, » feit M. du Plessis non long-tems
il ne quitta cette cour , etc.'] M. de » après par une petite préface , à
Thou parle de cela trop en général : >» l'entrée dé la version latine de son
l'exposition de la doctrme de la Cène » livre , de la yerité de la religion
ï> Chrestienne. » Ce qu'il dit a la
(7) MeUutehihonem ab eo tempore fanii asti- louange d'Hubert Languet dans cette
^'^'>vtnliquose€feuHreaepropriisi^ffkcUïms préface, et Cfi que d'autrCS Ont pu-
MdHlgere judicoretf wtiim autam tapera Me-
lanchtkontm. là. , ibid. , pag. g. (,0) Cett la XXriIf. de celles qu'il /ertvit
(8) C«mer. , in Vitâ Melancbtb. , p. m. 334. k Camirarixu lejib.
(9) Uagut. , cpist. XV si] Joaeh. Camerar., (11) Vie de do Plessis Momai , pag. 56, à
¥»1S' m. .7. r«/i tSSi.
72 LANGOET.
bliéturle'mémesujet, a ët^diligem- On t^ëtonne <|a*U n'ait mis aocune
ment recueilli par VoëtiuB (la). L*é- préface â ce kyre-U ^ et que les édi-
pitaphè seule vaut un panegyriaue. lions d'AUemagne étant ordinaire-
Voos la tronrerez dans le m£ne Voé- ment recommandables par les tables
tius. des matières, on n^en yoie aucune
Notez que Languet témoigna une dans les lettres de Languet , qui en
affection très-ardente à M. du Plessis avaient plus de besoin qu^une infinité
au temps du massacre de la Saint- d'autres livres , parce que chaque
Bartbélemi (ij). lettre contient plusieurs faits qui
(D) On le croit auteur de la harari' n'ont nulle liaison avec un sujet gé-
gue faite à Charles IX..,. au nom de néral. Voici le titre de cet ouvrage :
plusieurs princes d' Allemagne. ] M. Arcana seculi decimi sexti. Huberti
Colomiés en donne une très-solide Langueli , legfUi , dunt t^iueret , et
f»reuve dans ses Mélanges Historiques consiliarii Saxonici , Epistolce se-
i4). Il la tire d'une lettre de Languet cretœ ad Principem suum ^ugustam
à son héros Philippe Sidne^f y écrite Sax. DucemetS. R. I. septenwirum.
de Vienne , le i«'. de janvier 1574. Ex 'a:PXEÏ il ^Saxonicodescriptaspri-
(E) On lui attribue le fameux traité mus è Museo edit Jo. Petr.' Ludoui-
qui a pour titre Viiidicije contra Tt- eus. M. l'abbé Nicaise m'avait assur«
KANNos.] Ce que j'ai dit là-dessus dans aue l'on y verrait en tête la Vie de
le projet de ce Dictionnaire , au mot 1 auteur, composée par M. de la Mare-
Brutuê , est trop long pour être com- mais cela ne s'est point trouvé vén-
modément inséré ici. J'ai trouvé plus table. Elle a été publiée à part dam
â propos de le renvoyer sous la forme la même ville de Hall , en inoo , in-
de dissertation à la nn de cet ouvra- 13. Si elle me fût tombée entre les
ge *, mains assez tôt , cet article serait
^ Quelques-uns l'ont fait auteur du meilleur , bien plus plein et mieux
livre de Furoribus Gallicis {ï5) , mais lié. Recourez à AL Bernard (19) , qui
•ans un juste fondement (16). On a donne un précis fort ample et' fort
cru dans sa famille qu'il avait écrit juste de cette pièce : elle est bien
la fameuse Apologie du prince d'O- écrite et bien curieuse,
range, et l'on se fondait sur ce qu'il (G) // ne faut pas oublier... une
.en avait fait tenir un exemplaire à conversation que M. de Tliou eut avec
cbacun de ses parens sur le pied d'une lui. . .] 11 fit connaissance aux eaux de
production de sa plume. Néanmoins Bade avec Languet, l'an 1679 , et fut
urotius (17) attribue cette apologie si charmé des manières et des' beaux
â un autre Français qui se nommait discours de cet honnête homme, qu'il
Pierre de Villiers (18). croyait ne pouvoir jamais s*en sépa-
(F) On a publié... un ^ros^ recueil rer. Voici réloge qu'il lui donne \ je
des lettres qu'il auait écrites a Vélec- le ra])porte parce que Voétius, ni M.
teurdeSaxe....']yL. Ludovicus, pro- Teissier n'en font aucune mention,
fesseur dans l'académie de Hall, a ArgenUna Badam uentum , vbi Thw
procuré cette édition. On lui en serait anus Languetum uacuum nactus ita
encore plus redevable, s'il y avait mordicus per triduum ei adhœsit , ut
joint un indice des matières , et s'il ab eo divelli nonposse putaretur. Ita
avait fait corriger plus exactement les candorhominis iUum ceperat^ insigni
fautes que les unprimeurs ou les co- probitate , judicio non solùm in Une-
pistes ont faites sur les noms propres, m, sed in publicis negotiis , quœ
(xa) DUppui. théologie. . .ol. IF, pag. ,38 T/ "^ *"*. i^ariis pHncipibus magna
etseq. «wp'^i '^ *'"'^'^^'* fide gesseratfOrœditi, adhœcrerum
(i3) Voyet la Vie de M. da Pleafi* , pag. aa. Oermaniœ callentiss. ut Germanos
Voyepy aussi pag. i^. ipsos res patrias suas doceret. Toto
(i4) Pag. i3 et 14. illo tempore cum eo assiduus , nisi
* y^yj" '*"• ^^^ quantum aquis sumendis impendebat,
jBt%Tnrpag!tT ^^^ " ''"'"'' ""'" '""^'^ ^^'^'' ' .'""* hre^^iculuM
C.6) roy..M. de I. Mère.',» Vi,. Lengueii, '^"^ '^""^ perscnptum quod et
pag. 67 ,68. ° ' nunc sen^at, postquam hinc dtscessU,
(f ,) Lib.IlI Belgic. Ann.1. (,g) ^ans les Nouvelle, de I. Rép.Ui,.e de.
(19) Le fflare , m YUI Lengaeti , p. ux, laa. Lettres , mars 1701 , pag. a86 et suiv.
LANSBERGIUS. ^3
ab eo accepit, quo generalis Germa- Ter-Goes xxxix ans plus ou moins ;
rdœ status , sicut hodiè est, comitio- mais dans la page 34i , il ne met que
rumjus , circulorum numerus , con- xxix ans. Sans doute la faute est dé
siliorum ordo descrihUur{io),VLT2L' Fimprimeur ; mais j'avoue que je ne
me , et qu'ensuite il lui demanda en (B) On uerra , , . le titre de ses
riant , si la chose dépendait de votre ouvrages, ] Çhronologiœ sacrœ libri
choix »»■— '^'»wi*«-»»-"'ï»" w»'» f^mm^. ^/** - imDrimës en i6;i6. ProsrYni*
aussi bel
de Cologi*fi i -w». ***/*— w*» — w .,~>^— — — r^ ^ — i, -,
quel pouvait être le but de cette Triangulorum Geometricorum libri
question ne r^ondait rien. Languet IP^, imprimas au même lieu en i63i ;
lui expliqua tout le mystère , et lui Uranometriœ libri. III, imprimés au
dit que ce seigneur allemand e'tait le même lieu la même années Commen-
comte d'Isembourg , qui avait quitte tationes in Motum terras diurnum et
depuis peu l'archevêché de Cologne , annuum , et in yerum aspectabilis cœ^
aèn de se marier ayec Jeanne de ii Tyjpum , où il se-déclare hautement
Lignes , sœur du comte d'Aremberg. pour l'opinion de Copernic, et prë-
II ajouta qu'en Allemagne la suppres- tend même la perfectionner. Il com-
sion du célibat était à charge aux posa cet ouvrage en flamand ; mais il
maisons des grands seigneurs proies- lut traduit en latin nar Martin Hor-
tans ; car au lieu que sous le papisme tensius , et imprimera Middelbourg
ils mettaient leurs filles en religion en ï63o. Fromond, docteur de Lou-
avec une espérance certaine de les vain, le réfuta dans son -4/ït-^m«ar^
voir un îour pourvues de la dignité chus , sive Orbis terrœ immobilis,
d'abbesse dans un trés-riche couvent, Lansbergius, qui ne vécut pas assez
ils étaient obligés de les marier , eux pour répliquer , laissa un fils qui ré-
?[ui vivaient en un pays où les gens pondit a Fromond , et en même temps
bisonnent beaucoup (ai). a Morin , professeur royal à Paris , et
/ ^.n- j.v;i2.«â I rr i^n. « m xi^fi à un Danois nommé Pierre Bartho-
(ai) Filioj omneis quitus hommes proletarii lin. Cette réponse , intitulée JacObl
abundanl , matrimonio etocare unBontur. Id. , Lansbergii medicinœ doctoris ApolO"
ibidem. giapro Commentationibus , etc., im*
LANSBERGIUS ( Philippe ) a primée à Middelbourg , en i633 , fut
tenu raniç parmi les mathéma- réfutée par un nouveau livre de Fro-^
^- • i^v^TTie •« 1 Ti ^♦«:i. mond , imprimé ran 1034 sous le ti-
ticiens du A Vil . siècle. Il était ^^^ j^ pr^^^^^ o^ à'Ant-AristarcH
né en Zélande(a), Tan lOOi yindex. Je iense que la chose en
[h). Il fut ministre de la parole demeura là *^.
de Dieu à Anvers , en i586. ^, ^^^^^^^ ^^ observations m.ér*e. d«. 1.
Depuis il le fut pendant plusieurs BlbUothéque française , XXX, i , dit que u
^ ' , Av « fff r*^^„ «^ 1À CAronofo«ia *«cra n'a qoe trois livres.
années (A) a 1er- Cioes en ^e- *« ^^ ^^^^ critique ; «ur ce ^*on ne trouve
lande : et enfin avant été décla- pa»iePro^^mii«maa.dansi'éditioain-foiiode
, , ., «^ . 1 -mï-j tonte» le» OEuvres de Lansberg , donnée a Mid-
re ementUS y il se retira a Mld- delbonrg, en x663, concint qne c'est appareui-
delbourg(c), où il mourut l'an -rB«iïV.'Lt1.''c:;"J.».Td^^^^^^^
l632. On verra ci-dessous le ti- m BibÙographie as^nomique , année 1619,
. « ,-n\ P>S' 171* *t année lOaS, pag. igi , mentionne
tre dç ses ouvrages (15;. le» Progymmumuta.
, . „ . ,«. ar. ** L'autenr des Oéjtfrvoiion/ insérées dans la
(a) Yosnus, de Scient, mat. pag. Sl^U mUiothéque française reproche encore k Bayle
{b) Tpse , Epist. dedio.Vnr»oaïeirm. j^ ne pas parler de quatre ouvrages de Ph. Lans-
(c) Voasius , de Scient, mathem. , p. 34l* berg , savoir : Çyelometriœ novœ libri duo ; Ho~
- roïogiographa plana ; In quadrantem titm as-'
(A) Il fut ministre, , , pendant plu- tronomicum , tum geomelrieum , nec non in
74 LARROQUE.
LÂRROQUE (Matthieu de) , rétude de l'antiquité avec une
en latin Larroquanus , l'un des ardeur nonpareille. On vît bien-
plus illustres ministres que les t6t des preuves publiques du
réformés aient eus en France , progrès qu'il y avait fait ; car la
naquit à Leirac , petite ville de réponse qu'il publia aux motifs
Guienne proche d'Agen , l'an de conversion d'un certain mi-
1619. Le malheur qu'il eut de nistre(c), qui avait changé de
perdre au sortir de son adoles- parti , fut toute remplie des té*
cence son përe et sa mëre , qui moignaees des përes. Les ouvra-
par leur condition et par leur ges qu'il fit imprimer ensuite
vertu étaient des principaux de élevèrent extrêmement sa repu*
leur ville » fut suivi bientôt après tation (A). Il se forma qntre lui
de la dissipation de Son patri- et MM. Daillé père et fils une
moine , sans qu'on sache de amitié très-intime , qu'un fré-
3uelle fatalité , ou de la fraude quent commerce de lettres en*
equi elle fut l'efiet. Cela, bien tretenait. Le voyage qu'il fit à
loin de le décourager, Tanima Paris lui procura la connaissance
plus fortement à chercher sa de plusieurs savans illustres (B).
consolation tilins les études , et L'église de Charenton résolut de
è joindre aux humanités qu'il l'appeler en 1660; mais l'envie
avait apprises , la connaissance de quelques faux frères fut si vîo-
de la philosophie , et surtout lente , qu'ils firent jouer des ma-
celle de la théologie. Il y fit de chines pour préoccuper la cour
très-grands progrès , et il fut contre lui , de sorte que sa ma-
reçu ministre avec applaudisse- jesté fit défendre à cette église
ment. Il fut obligé d aller à Pa- de jeter les yeux sur un tel sujet,
ris deux ans après son installa- quoique le député général de
tîon au ministère , afin de s'op- ceux de la relision {d) se f&t of-
poser aux chicanes de ceux qui fert de répondre de la bonne
voulaient ruiner l'église. Il ne conduite de M. de Larroque. Le
put les surmonter ; mais il ren- chagriç d'avoir été calomnié fut
contra des conjonctures qui lui bien grand , mais le bon témoi-
furent favorables. Il prêchai quel- gnage de la conscience en fut le
quefois à Charenton , et fut tel- remède. On l'appela pour être
lement goûté par la duchesse de tout à la fois ministre et profes-
la Trémouille , qu'elle le choisit seur en théologie à Saumur. Il
pour ministre de l'église de Vitré accepta l'emploi de ministre, et
en Bretagne , et lui donna dans refusa la profession en théologie,
la suite beaucoup de marques la jugeant peu convenable à l'é-
d'une considération particulière, tude de l'Histoire Ecclésiastique
C'est ce que firent aussi le prince qui était sa forte passion. Il se
{a) et la princesse de Tarente , préparait au voyage de Saumur,
et la duchesse de Weimar {b), lorsque l'intendant de la pro-
II servit cette église environ vince (e) lui défendit de le faire,
vingt-sept ans , et s'appliqua à ^^^ ^«^«.rUn.
{a) Fils de la duchesse de la Trémouille. {d) M. le marquis de Buvigni.
(b) Fille de la même dame. (e) Nommé M. Voisin.
LARROQUE. 7^
On se pourvut contre cette in- expendens «^"«'" ' "'JfJ^^^^
juste défense : 1 église de baumur ^ ^ (mulent (i). Quelque bon que fftt
sollicita vivement la permission ^^ Uvre , il n'égala point rexcellent
nécessaireet l'obtint; néanmoins, ouvrage que le même auteur publia
il ne trouva pas à propos de s'en SS^-S^^^tA^^-ïî/S*!'^
prévaloir , m de jomr d une ^^ ^^^^ éditions en moins de deux
charge en dépit de l'intendant, ^ug , et il a été traduit en anglais. Le
Il s'arrêta doiic encore à Vitré , nom de l'auteur n'avait point paru à
1 -^^ « A,* »**c /^l'ei'vA la première édition : mais il parut a
ou sa plume ne fut pas omve. }« P^^^^^ . ^ ^^y^ ^^ ,^ ,1
Trois des principales églises au ^^ ^^^ ^^-t^ y pamt avec quelque
royaume , celle de Montauban , déguisement, par la faute du libraire
celle de éordeaux.celle de Rouen, qui prit sans doute un q pour un g
lui adressèrent des vocations. Il h^al'BX" tr^u"¥»-«
n accepta que celle de nouen , ^ontroversistes de la communion ro-
et ce fut là qu'il finit sa vie à maine l'ont nommé Larrogue , au
l'âge de soixante-cinq ans , le 3 1 lieu de Larroque. Il fit imprimer à
1 ''. • ne%, « • Genève, en 16*70. deux dissertations
dejanvier 1684, après y avoir ^^Z^^^^,„ ^ iMerio , où
fait paraître , ûon-seulement le q marqua entre autres choses ouel-
mérited'un savant homme , mais ques erreurs du père Pétau touchant
aussi les qualités d'un honnête l^'poque de la condamnation de PW
I ^ i» 1. * r r\ tin. Il réfuta dans une troisième dis-
homme et d'un bon pasteur (/). ^^^^^Vi^'^e que M. David avait op-
II avait joint ensemble tous ceà p^g^ ^ 1^ première. Après cela il prit
diiférens caractëteà(C), qui ne fa plume pour la défense de son bon
sont séparés que trop souvent, ami, feu M. DaUlé, contre deux sa vans
V ^ '4 ^ j 1 « itf ,. ^î anglais. Cet ouvrage a pour titre :
Voyez son éloge dans les Nouvel- \yl^^^^^^ inlgnatUinas Pear-
les de la République des Lettres, ^q^jj- yindicias nec non in Beverigii
à l'article V du' mois de mars Annotationes. Il acheva presi^ue la
jgo^ réplique à la réponse de Bévérigius;
■*• mais ayant été prié par quelquea-
(/) Tiré de rAbrégë de sa Vie, à la uns de ses amis de renoncer à cette
tête de Pouvrage que M. de Larroque , son dispute , il leur accorda sans peine
fiU, publia àLejrde, /'on i688, sons le titre ^^ J^^q^ souhaitaient. Son livre de la
rf« Matttei Larroquam Adversanorum sa- c^^formité de la Discipline des égll-
crorum lQ)n très. wu*»^**« «i «^«« 1 «a An-
ses réformées de France avec les An-
(A) Les ouvrages qu'il fit impn- ciens vint à la suite de ceux dont j ai
mer ensuite élevèrent extrêmement déjà fait mention , et fut suivi d un
sa réputation.'] il publia en i665 une traité de la communion sous les deux
de
on
a
touchant l'Eucharistie y recueillie des la tête d'un ouvrage posthume que
saints pères et autres auteurs ecclé-
siastiques. Cette réponse fut fort esti- (,) Daniel Larroanano» , tn Vite Snminâ Mal-
mée : Mira cum solertid nimis catho- tlneî Larroquani , folio •• 5.
licorum virorum , qui ut legentibus *' On pen»e bien qne Leclerc et Joîy ne sont
fucum facerent sanctorum patrum P** ^c cet avw. A^tn^Ur^mamua
•^ ./ , ■«, (^\ Confère» ce que dessiM y aant la remarqua
textum uel mutUauerant, vel prauo çè-^'devinicUcIx^tyiom. ir.pag.^^.
COmmentO inquinauerant , pias fran- «a ci opuscule dont Ntceron, induit en erreur
^s vel impias dicam nescio , retexit. par Bayle , donne mal le titre , est , du JoIt ,
Mintti sunt omnes mhUque uindican- '^^^^^ - «^î»*' ^» ^K''' ^^.^^ifSZTlspè'-
/?..-. • . . \ • 1 *ji Meaux , de la communion sous Us deux espe-
ftum mtactum sivisse , tantd sagaci- ^^, ^ ^683 ^ in,„ ^ ,„, nom de tille ni d'impn^
t^te ac diligentid ununi quodque menr.
76
LASCARIS.
II. de Larroque , ton fUt » publia Tan xianzenut, eienim nottro opprimé ac-
1688. On n^ trouye point le Traité commodaripotest (5).
de la Nature de Peglise , ni celui de
la Régale ; joignons donc ces deux
écrits aux précedens ^ et disons quant
à Touyrage posthume, quUl a pour
titre : Matthai Larroquani adversa-
riorumsacrorum libritres. Opuspost'
humum. Accessit Diatriha de legio^
ne fubuinatrice in qud expenduntur
veterum kestimonia quibus hacteniu
hœc historia uera habita est, authore
Daniele Larroauano M» FUio. M. de
Larroque le fils * ^ qui avait déjà
donné des preuves de son savoir et
de son espnt , est l'auteur de la dis- rama esse, aut
sertation de Legionefulminatrice. Il """* ^°^' d^^^^ ^^^^^^
nous apprend que M. son père avait Exîndèyas'uir ,' ordMs Tec^et nd.
«ntrepns une histoire ecclésiastique,
et avait achevé les trois premiers
siècles, et commencé le quatrième. Il M«uhw Larroquani .w^fn*.
f.ut en,érer que le pubfic jouir, un ,l^%^fl,r:fX.
jour de ce beau travail. ^„, (H) de tfanicU AM»«iiaAiu , at^ant U pre-
(B) Le (voyage ^'iljvt h Paris lui «••»• «^n*»-
procura la connaissance de plusieurs
sawans illustres. 1 Entre autres celle LASCARIS (CONSTANTIN) abaa-
Hv /AW ^a,T»f JMXoc Tt xiyaAoç 0^
"Sli ùù S^iLmi tifiÇHy o& TOT fî7v t^»-
• • • * Xpiç'ùu ^lAor,
Erat paler mi inr prohus valdè , senex ,
Simplexifue, vUse régula et eerUssimn^
Patriarehus aUer Abmkam / non tam studem
Famd esset tiuàm re vir bonus, contra atqmi
(5) Daniel Larroquanns, in Snmmâ Vil*
éonnaii à Am-
543 V la rema^
plusieurs savans de la communion sance des belles -lettres. Il les
romaine , et nommément a M. l'abbé ^««^r..^^^. •v«-.««;:»-a-««««. x "Mti
de MaroÙes , et à M. de Launoi. On «?««««« ijremieremeiit a Milan,
a trouvé parmi ses papiers plusieurs ®^ " s® ^it appelé par François
lettres de ces deux messieurs , et Sforce. Ensuite il alla trouver à
surtout du dernier (4). Rome le cardinal Bessarion , et
« w« j »* «.,. ^^^ ..t,.^.«, ,^„ ^ v« ,c «i-ecque. JLnlin 1
veux prendre encore quelques vers " ». 9 n
de Grégoire de Nazianze. Id dun- "'^^ , et s y fixa
Grégoire de Nazianze. Id dun- ""^ ; «i s y nxa pour le reste de
taxât subjungamus colophonem huic S^S jours. Il y attira beaucoup
elogio imposituri, quod de suo pa- d'écoliers , et entre autres Pierre
rente nindriim dicebat GregoriusTfa- Bembus *, qui fut élevé à la di-
• Ce Daniel Larroqae se converUt à la foi guité de Cardinal par Clément
catholique dit Joly. • Ilot anle.r de pla.iev. ViL II laissa Sa bibHothéque aU
• ouTraget dont on irooTa le catalogue dans une , ** .«.oa« «.» »**.^ w* x.^«^ «i«
• lettre de M. l'abbé d* Olivel h M. le président Séuat de MeSSlUe : elle était
» Bouhier,_i';iQ, in-19. M. d*01iTet prétend
ne M. de' Larroone est le riri table auteur
VAvis aux Béfugiés, attribué à Bayle. •
opinion de râbbé d^Olivet est sans par-
» qu
» de
Cette
tisau.
(3) Conseiller au parlement de Paris,
(4) Tiré de sa Vie , à la télé du AdrerMirio- «^^'is qûi'dit être arrivé à Messine 1« 4 ™û
nm sàcroram libri très. i492>
* Leclçrc reproche à Bayle de n^avoir pas
donné la date aie Tarriyée de Bembo à Mes-
sine, qu'il naet, d*après la Monnoie , A i49^>
Joly rapporte le texte d'une lettre de Las-
LASCARIS. 77
composée d'excellens livres qa'il caris de fouiller dans toutes le»
avait apportés de Constantino- bibliothèques , et par ce moyen
pie. Le sénat l'avait honoré (a) une infinité de rares trésors de
au droit de bourgeoisie , et le littérature furent transportés en
fit enterrer aux frais du public. Italie. Apres cela Lascaris passa
Son tombeau de marbre , dans en France"^ , et s'y fit estimer de
l'église des cannes ^ a été ruiné Louis XII , qui l'envoya à Yeni-
par les injures du temps , et n'a se , en qualité d'ambassadeur (B).
pas été rétabli (A). Notre Lasca- Il s'en alla à Rome sous le pou*
ris est auteur de quelques ouvra- tificat de Léon X , et fit encore
ges (A). un voyage en Grèce , d'oii il
(à) En IÙ65. amena quelques jeunes gentils-i
(A) Tiré de Jérôme Ragusa , in Eiogiis Si- hommes pour être élevés dans le
culorum. coUéffe que l'on fonda au mont
/A\ r/ s s j i Quinnaf, afin de conserver la
(A) // est auteur de quelques ou- ^ ' ••111
t^ra^es, ] Ils roulent sJr la gram- l>onne prononciation de la lan-
maire grecque. Aide Manuce les im- gue grecque (6). Il retourna en
prima avec quelques autres petits France sous le règne de Fran-
écrits de même nature en grec et en p^:- Ter /fjN p* a^-k« sV élre
latin. Outre cela Lascaris a fait un ^^^,^, ' ^7 ' ^î ^^^^ .? ^ ^^^^
rccucU des hommes doctes qui ont arrête quelque temps , il repa«r-
lleuri anciennement dans la Sici- sa en Italie, et mourut à Rome^
le (0- perdu de goutte, à l'âge d'envi-
(■XZtf/VfHttoHiirôAie Ragusa fa ûw/r/ifanx rou quatre-vingt-dix aus. Il fut
sss Elop d« Siciliens, Ut^re imprinuf à Avi- enterré daus l'éfflise de Sainte-
Agathe. Quoiqu il n eut pas un
LASCARIS (Jeân)'^ se surnom- revenu fixe, il eut toujours de
mait Rhyndacénus {a) , et était quoi fournir à ses dépenses , et
de la maison de Lascaris , qui a cependant il n'était point atten-
donné des empereurs de Gon- tif à ses afiaires domestiques, et
stantinople. Il se réfugia en Ita^ il se plaisait à vivre somptueuse-
lie après la destruction de l'em- ment. Sa paresse ne lui permit
pire d'orient au XV'. siècle , et pas de composer beaucoup de li-
fut reçu par Laurent de Médicis vres (c) (D). Il entendait bien le
avec beaucoup de bonté. Ce latin, et n'avait pas dédaigné
grand fauteur des savans le jugea d'être correcteur d'imprimerie
propre à rassembler les meil- (£). Il faudra examiner la rela-
leurs livres qui fussent en Grèce, tion du Giraldi (F).
et pour cet effet il le députa au J'ai oublié, je ne sais comment,
sultan (A). Cette députation fut une chose qui méritait d'être
suivie d'un heureux succès; car rapportée, c'est qu'il « a le prè-
le grand-seigneur permit à Las- » mier trouvé , ou au moins
* Leclerc observe qa'il s'appelait André' * Leclerc obaenre que Lascaris était en
Jean , quoiqu^il ne prit communëoient que France plusiears années avant la mort de
le nom de Janus. Charles VlII , et que ce fut vers Tan 1496 ,
(«) PaU-^tre à cause d^une ville nommée qu'il donna des leçons de grec àBndé.
Rhyndacos, entre FHellespont et laPkry {b) Tiré de Paul Jove , in £log. eap.
gie, [La Monnoie confirme la conjecture de XXXI,
Bajle.] (c) Exeodem^ ibid.
78 LASCâRIS.
» rétabli et remis en usage , les dipitiU anUquœ 4i^nUaUs yolumina
» grandes lettres , ou pour JJ^^e^'«. «*« '«/««A^ Mivarsn£ur (a).
^. j:^^ :,^l 1^. ^r ^« "• Vjirillas a trouve trop sèche cette
» 1 404 , aes semences morales , l'-r --~-—-™ .*...* «w«*x «««-
7 1 »•! j^j- 31 trui, on l'eût chargé de le travestir
« et autres vers (|U il dëdia à en roman. Voici son narré (3) : £««!:
» Pierre de Medicis , avec une rent de MédicU reçut Lascaris à bras
» à rechercher la vraie figure de jazet , deuxième empereur des Turcs
» ces grandes lettres parmi les *^t*ait de l'Inclination pour la philoso'
n plus vieilles médailles et mo- ^^'^' ^^5'"/' s'é^nt fait expliquer Us
5,..».^«e A^ P«i»*:^,,:«^ ^^\ commentaires d At^erroës sur Aris-
» numens de 1 antiquité {d). tote , il ne seraU pas fâché que Von
{d) Naudë , Addit. à raist. de Louis XI , *^«^^* lesperipatHiciens du naufra-
pagll^^ 304. ^f . ** belles-lettres. Laurent de Me-
dicis promit de lui fournir les choses
(A) Laurent de Médicis .. . le dé- nécessaires pour un t^oyage de Con-
puta au sultan, 3 Deux fois, si nous stantinople , s'iljr'uoulait aller h ce
est croyons Paul Jove , qui ajoute dessein. Lascaris le prit au mot , et
que ce sultan aimait la philosophie , s'embarqua sans autre lettre de
et avait une estime particulière pour créance que celle que Laurent de Mé"
Laurent de Médicis. Il est nécessaire dicis lui donna pour ses facteurs. Il
de rapporter les paroles de cet histo- ne laissa pas' néanmoins de trouver
rien j car il faut que je les compare accès a la porte du grand-seigneur ^
avec celles de M. Varïllas. C'est une m de se faire présenter a sa haw
matiére de critique. Is ( Laurentius tesse , qui le requt encore mieux qu'il
Medices) tum absolt^endœ bibliothecœ ne s'était imaginé. 11^ eurent une
studio tenebatur. Ob id Lascarem , assez longue conversation , et Bajazet
ad conquirenda uolumina Byzantium lui témoigna toute l'estime dont un
eum legatione ad Baiazetem bis m^r infidèle était capable pour la t^ertu
sit : née defuit honesta petentiy nus- de Laurent de. Médicis, et lui permit
quam barbants imperator , quippe (a sa considération ) d'acheter tous
qui erat totius philosophiœ stuaiosus , les manuscrits qui se trouveraient k
Averroisque sectator eximius, et de vendre dans son empire. Sa hautesse
Ztaurentio pnvatim tanquam de il- lui donna de$ gen^pour le conduire ,
lustri cultore uirtutisy optimè senti- et l'escorter aux lieux où il savait
ret , quùm paulo antè Bandinum qu'il y avait eu des bibliothèques,
percussoremjratns , fiigd in Asiam et pour empêcher que ceux qui les
elapsum in catenis ad supplicium avaient pillées , ne vendissent les U-
tradidisset (i) j singulaii quidem re- vres plus qu'ils ne valaient, j^insi
Ugionis , atque justitiœ exemplo ; Lascaris eut la commodité d'aller par
qupd iUe immane scelus in templo toute la Grèce, et d^ assembler ces
ausus , meritd pœnd plectendus cen- rares volumes qui subsistent encore
seretur. Itaque Lascares , tuto abdita dans la bibliothèque du roi. Il n'en
Grœciœ perscrutatus , quitm patriœ apporta toutefois que la moitié dans
opes victoribus cessissent , nobiliora le premier voyage qu'il fît , parce
, » « , . . ^ , que la joie défaire voir a son patron
B^iSw^^'r^îrifXSr/?."," tes auteurs gu^UayaU r^ouyÂau^-
fit arrHar Bandini, et qui V envoya ktMurent de qu on les tînt pOur perdus , le fit re-
Midieist Van 1478. Fore* M. Gnillet, Histoire tournera Florence au bout de deux
de ]tfahomet.II , tom. Il, pag. 3ao et suit: , et -„- nu il en ^nit nnv^i 7ITy>;« T ^,.
pag. 439. NoU% que M. de Wicqnefort a bien '^^^ ^" " *" ^^ P^^' ^^^^ ^^"'
n-r/ la-dessus ; voyet son Traité àt TAmbasM. (a) Jovios , Elojf. . eap. XXXI, pag. m. ,4.
deur , tom, I , pag. m. aSg. (3; VarilUi , Anecdotes de Florence, p. M.
LàSGâRIS. 79
w^nt de Afédicis le renvoya trois mois furent mi> dans la bibliothèque roya-
€tprès ^ et le pria de corUinuer sa re- le , oà ils sont jusqu'à présent con"
cherche partout oàily cwait eu des serves (5).
savant, ïiascaris revit Bajazet ^eten ^ Quand on mVara prouvé que Va-
Tvçut de nouvelles civilités. Il par" rillas ne se fonda point uniquement
courut tout le Péf^ponèse , et revint âur les ëlo^es de Paul Jove, en parlant
range ses manuscnts dans le part des circonstances qu
superbe lieu qui leur était destiné , tées. S^il avait su ce que Paul Jove
lorsque Laurent de Médiois mourut , remarque dans un autre livre , il
et laissa l'Italie dans un, calme qui ne nous aurait donne nne narration
il ura guère. L'armée franqaise entra beaucoup plus paraphrasée \ c'aurait
dans Florence , et dissipa lés livres été une scène toute remplie de déco-
éiussi' bien que les autres meubles de rations. Paul Jove raconte que te
ia maison de Médicis, N'on-seulemqnt Bassa Gherséoglis fit obtenir a Jean
il y a là plusieurs circonstances que Lascaris la permission de visiter ton-
M. Varilus a forgées pour embellir tes les bibliothèques de la Grèce ,
son récit, et pour le rendre plus lorsque par ordre de Léon X il cher-
plein, mais aussi quelques falsiôca- chait )es vieux manuscrits. Nec Ulud
tions des faits ^ car il suppose , i°. que quidem erga litterarum^ studia eximiœ
Lascaris n'avait point de lettre de henignitatis offidum prœtermitten-'
créance pour le grand-seisneur. Que dum videtur , quod Lascari , quem
veulent donc dire ces paroles de Paul suprà memoravimus, Grœcorum nO"
Jove , Byzantium cum leqatione ad bilissimo , pariter atque doctissimo
Sajazetem misit ? o?. que les rares antiquos codices jussu Leonis decimi
Tolumes que Lascaris rassembla sont conquirenti , cunctas GrœcicB biblio-
que
son de Médicis au temps de Char- Bassa , s' étant fait mahométan {>ar
les VIII. Pour réfuter la-dessus cet dépit , conservait au fond de Pâme la
historien , il ne faut que le faire sou* foi chrétienne , et avait un crucifix
venir qu'il a dit lui-même dans un caché dans un cabinet , et Padorait
autre ouvrage (4) , que la maison de pendant la nuit lorsque personne n'en
Médicis fut pillée par les Florentins pouvait être témoin. Il montra ce
avant que les troupes de Charles VIII crucifix à Jean Lascaris , ^ui raconta
fissent leur entrée à Florence. Il dit ensuite toutes ces particularités à
méelailles^ que les étrangers allaient ser une belle fille , lorsque son père
voir avec admiration au palais de la trouvant fort à son goût s'en em-
Médicis. Notes que les livres de cette para , et voulut âtre son maM. Cette
bibliothécTue , qui peuvent avoir été injure outra tellement le fils , qu'il
transportes dans celle du roi de Fran- se retira aux prochaines garnisons
ce , y sont passés par un tout autre des Turcs , et puis à Constantinople
canal que celui de l'expédition de où Bajazet lui fit un très-bon accueil,
Charles VIII. Ce transport est plus et lui promit en mariage l'une de ses
moderne ; voyez te père Jacob. dans filles. Le jeune homme se fit maho-
son traité des bibliothèques : il vous métan , quitta son nom d'Etienne ,
apprendra que Catherine de Médicis et pnt celui d'Achomat et de Cher-
apporta entre autres choses à Henri II séoglis , et devint gendre de Bajazet
son époux , les manuscrits de la ce- (7). Quelles paraphrases , et quelles
lèbre bibliothèque des Médicis, qui brodures ne verrait-on pas dans les
r4) YarillM, Hûtoirt a« Chtrlas VIII , liv. {S) Jacob, Traité d«s DiUiothiqiiM , p. 458.
///, pag. «fo , k VatM, i494, ^HUion de ffol- (G) Jovias, Histor. , Uà. Xtn.fml. m. 9S6.
lund€. (7) Jovias , ibidem , folio a55 vers;
'
8o LASCARIS.
Anecdotes de Florence. si M. Varillas Ce que H. de Wicquefort raconte
eût eu connaissance ae ce passage de cette ambassade n*est guère obli-
latin ? Non , ut cœUriferè omnes à géant, n Le pape , dit-il (la) , recon-
primd pueridd per detectus Christia- » nut trop tard la faute qu^il avait
nis parentibus erepti , sed jam plané » faite , en faisant choix d un minîs-
f^r ( Cherseoglis ) ita a majorum re- » tre impertinenliet ridicule. Jean
Ugione discessit , ut nunqukm ex ar- » Lascaiis , que Louis XII envoya en
cano uerœ pietatis ohUuisceretur. Is » ambassade a Venise en Fan 1 5a3 y
Chersechii reguli in lUjrrico , ad » ne IVtait guère moins. II e'tait sorti
montem Nigrum Jilius , quhm ada^ » d^une maison qui avait autrefois
mata ei sponsa guœ erat è stirpe » donné de grands princes à Fempire
Serviee despoti , ad paratas nuptias » de Conttantinople ,^ et il était fort
duceretur j concupivit eam illico, » savant: il n'avait point de connais-
gu6d esset egregiœ uenustatis , prœ- » sance au tout des affaires du mon-
cadoculoimprobuspaterfOmnemque »'de. Il avait avec cela une très-
pudoreni superante lihidine , sibi sta- n petite mine , accompagnée d^une
fim impotenter excluso filio nuptias » manière de vivre si basse et si sor-
celebrauit, frustra reclamantUfusprO' » dide, qu'il semblait qu'au lieu de
pinquis : qui id ^acinus filio contu- » paraître en ambassadeur , et de
mefiosum patrique et domui infâme » faire honneur au roi son maître ,
detestabantur, ttaque juvenis tantœ » il affectât d'imiter la fausse modes-
injuriœ indignitate commotus , prœci- » tie de ceux qui , se dqnnant en-
pitique actus desperatione y etc (fi), » tièrement à la philosophie contem-
Je donne à examiner à d'autres si » plative , font profession d'une pau-
Paul Jove n'a point confondu , avec » vreté étudie'e , et tiennent un peu
le voyage qu'U suppose que fit Jean » du cynique. Sa commission était
Lascaris en Grèce, sous le pape Léon » d'autant plus difficile , qu'il avait
X , les voyages que Laurent de Médi- » ordre d'empruntej* de l'argent , et
cis lui avait fait faire. Bajazet mourut » de faire une alliance, dans un
avant le pontificat de Le'on X , et je » temps où les inclinations du sénat
doutefort que Cherséoglis ait eu beau- » n'étaient point du tout françaises ,
coup de ci*édit sous le successeur de » parce queles affaires du roi n'étaient
ce sultan , et il est indubitable qu'il )> pas dans un fort bon état en Italie. .
ne fut jamais aussi en état de rendre » jLaurens Suarez de Figueroa , am-
service à Jean Lascaris que sous l'em- » bassadeur de Ferdinand-le-Catholi-
pire de Bajazet. » que , qui ne manquait point de
(B) Louis XII... Venuofaa Denise » profiter du mécontentement delà
en qualité d* ambassadeur."^ ietrouye » république , laquelle ne pouvait
qu'il l'y envoya l'an i5o3 , et l'an » souffrir que le roi lui em^oyàt un
i5o5. Voyez Pierre Bembus dans -» pédant au lieu d'un ambassadeur ,
l'Histoire de Venise (9) , où il rapporte » dit en plein sénat : qu'on devait
les sujets de ces ambassades , et le » juger de quelle manière le roi de
sommaire de la harangue de l'am- » France la traiterait , si après la
bassadeur. Le Vianoli ( 10 ) assure » conquête qu'il prétendait faire du
c^u'en ^507 la république ayant su la » royaume de Naples, il se voyait au-
hgue de Cambrai , congédia Lascaris , i> dessus de ses affaires , et qu'il pût
ambassadeur de Louis aII. Maiscom- » tyranniser l'Italie à son aise ; puis-
ment eût-elle pu savoir alors une » que dans ses incommodités et né-
ligue qui ne fut conclue qu'au mois » cessités il méprisait le sénat à un
de décembre i5o8? Voyez la note » point, que </e lui ent»ofer un phi-
(!!)• . » losophe grec j fraîchement sorti du
(8) JoTitt«, HUtoritr. Ub» XI 11 , folio a55. » collège » *.
Vojren aussi tf ilanchtbon , au livre V de U (C) // retourna en France sous le
Cbronic^ae de Canon , pag. m. 874.
C9) tah. Vt^ folio m. 144 , vêrso^ el lib. VII ^
foUo i5».
fio) Hb
(ix) Jt crois aue par anticipation on appelle * Leelerc regarde comme cnipect ce récit de
ligue de Cambrai Us «ngagemens gui se Wicquefort qui traite, en i5o3, de J[rafcA«meiit
nouaient avant la eonelusion du traité de Cam* sorti du eolUge un homme qei •▼>il elort près
hrai. de loixante am.
(13) Wicqaefort, de TÂmbasMdenr , liv. I,
f 10) Hutorie Veneta, parte seconda, p. 76. f IT* m. 166.
LASGARIS. 8f
règne de François I^'. ^ Paul Joye , piimus litteras graecas Florentiam
n'en ayant rien dit, a été cause que Cosmo Mediceo Florentino duce attu-
M. Varillas n^en a point parle non lit ,^ discipulus Tifernas in Franciam
plus. Sa paraphrase de FHistorien venit , Budaeumque litteras grxcas
italien porte que Lascaris ne sachant docuit ^ deindé Jacus Lascaris mortuo
aue det^enir prit parti avec Charles Laurentio Mediceo Mœcenate suo.
J^IIIy et que , comme il était homme Atque indè litteratura graeca , déserta
tic cabinet , on lui donna l'ambassa- Italiâ , ad nos migravit. Or ce Las-
de de f^enise , dont H s'acquitta di- cares et Budee , comme tesmoigne h
ffnement sous le rèene de ce monar- mesme autheur, ont esté les premiers^
que 9 et de Louis Xll qui lui succéda, a la suscitation desquels le roy Fiym»
JEnfin Léon X , étant deuenu pape j ^ois I". dressa la Bibliothèque de
apjpela Lascaris a Rome pour être de Fontainebleau , et depuis institua les
son co /i5«7 (i 3). Ce fut, selon M, Va- professeurs royaux, comme dit le
rillas , le dernier emploi de Jean Las- mesme autheur» Lascari et Budœo
caris ; et c^est se tromper en plusieurs authoribus , Franc. I bibliothecam
manières , car le pap« ne le iit poii\t Fontenablaeam instruxit , indéque
son conseiller, mais directeur d^un anno i53olinguarumet mathematum
collège grec (i4), et depuis ce temps- professores. l(am caeteri sunt adscrip-
là ce savant homme eut quelquç titii. Il y a bien des choses â criti-
charge à Paris. Je crois que ce tut quer dans ce passage. En i^'. lieu
celle de bibliothécaire du roi , et je Tifernas s^appelait Grégoire et non
me fonde sur une lettre que Jacques pas Ange; a**, il mourut au XV^. siè-
Tusan écrivit à Ange Lascaris , fils cle j comment donc eût-il pu venir à
de Jean, dans laquelle on voit ces Pans, Pan i5a3 ? Le père du Breul
pe'rsequar , illudcertè dicam : ôrœcœ ne devait-il point fair» connattre
litteraturœ quantiim usu, quàntàm au'il n'a point vécu jusques au règne
scientid prœcellat , ex hoc intelligi ae François 1*^. ? En 3". lieu , il est
t^el maxime posse f qubd eum ex cunc- absurde de pre'tendre que Jean Las-
tis t^estri generis hominibus de sen- caris , Grec de nation, ait appris d'un
tentid doctissimorum, delectum, prinr Italien (17) les lettres grecques, 4°.
ceps noster Franciscus accersendum C'est une ignorance crasse que de dire
esse censuerit , ut museo , quod in qu'ea i5a3 lui et Guillaume Budé
hdc urbe longé omnium principe mul- étaient de jeunes écoliers. Budé avait
to celeherrimum speramus excitatum alors cinquante-six ans , et passait
iri y propediem , uelut alter ApoUo pour le plus docte personnage , et
prœsideat. Voici un passage qui n'est pour le plus grand grec de France.
{las exempt de fautes, mais qui ne 5^. Le passage de Génebrard, cité par
aissera pas de servir de preuve. Je le du Breul , signifie que Jean Lascaris
tire du Théâtre des Antiquités de vint en France après Tifernas , et
grecques a Jean Lascares , et Guil- core Pan i5si8 (10). On convainc par-
laume Budé doctes personnages , et là d'une grosse rautc M. Moréri, qui
?'ui ont mis plusieurs belles œuures en a dit qu il mourut peu après que
umiere , comme tesmoigne M, Ge- Léon X eut été fait pape.
nehrard en sa Chronologie en ces ter^ (D) Sa paresse ne lui permit pas de
mes : anno i5a3 Chrysolorae , qui composer beaucoup de liwres. "} On
/ î. V 11 A j . j m 0/ aurait voulu qu'il fît des versions des
(i3) varilla«, Anecdates de Florence, p. 184.
(l4) yoye% une lettre d* Budé parmi celles , . _.. . . . ,.
d¥nume. Ce,t la XXX*. du //*. livre, pag. ('?) T.fern.i /l«,l ItaUen.
,56. (18) Vore* les Lettres d*Eraiime , lib. XT ^
ÇiS) Gesner. , in BIblioth. , Cotio Bg verso. num. 4 , paff. 548; er num. 5, pag. S/i^.
(i6) Du Breul, Antiquités cie Paris , {«V. //, (19) Voyé% les mfmes Lettres, Ub. XX, nutn.
pag. 563 , edit. de Paris ^ iGîg , in-^\ T», i^ag. io3o.
TOMF. IX, ' 6
Sa LASCMRIS.
ccrirains grecs : mais à peine put-on âpes in j»andenda àiohis ad lingua
extorquer de lui la traduction de grœcœ aajrta Uànen fuerunt ? quid,
quelques traiUs de Polybe sur Tart inquam , diciuros remur , li , ^ùjr
militaire (ao). Je rois dois le Catalo- ipntanlkm konorU arti tjrpographicœ
gue d^Oiford son liyre de yeris Grœ- detttlerint , ut non indignant eacisti-
carum Utteranim formis ac causis ntdrint cm suam opérant nauarent.
et ses ëpigrammes grecques. » que ce fut Lascaris qui servit de
(E) // entendait bien le latin , et » correcteur à TÀTicenne imprimé
la même louange. F'alebat latindfa- » adressée au médecin du roi , Jean
cundid , ita ut versus , qui extant , » Ponceau , qu'il mit à la tête de ce
perscriberet (aS). Je pourrais joindre » livre. »
d'antres témoignages à ces* denx-lâ , (F) Il faudra examiner la narra-
et â celui de Tusan (a4)> *i cela était tion du Giraldi. ] Elle porte que le^
nécessaire. Notez que Lascaris ne fut Médicisajant été chassés de Florence,
Sas content de Péloge qui lui fut Janus Lascaris erra quelque temps
onné par Érasme dans le dialogue jusques à ce que Léon X Pattira à
intitulé^ Ciceronianus. Il se joignit nome 5 ^u*apres la mort de ce pape ,
aux mécontens qui firent des vers il fut attiré en France par François
satiriques à Paris contre Fauteur du I'*". , qui sMtant servi de lui pour la
dialosue (sS). Il était trop délicat et fondation d^un collège et d'une bi-
se fàcnait sans raison , car voici les bliothéque , le députa à Venise \ qii^il
termes d'Érasme : de Jano (Lascare) y demeura long-temps ; et qu'enfin ,
quoniam adhuc superest , dicendum après la mort de Clément Vil , il fat
estparciits. Morum comitate generis attiré à Rome par plusieurs promesses
nùbilitaiem prœ sefert , acri judicio de Paul III , et qu'au bout d'un peu
t^iry multœ in epigrammatibus argu- de temjps il y mourut * laissant on
tiœ jpoterat inter Ciceroniani cogno» fils qui se nommait Ange (29). Re-
minis candidatos numerari , nt crc marc^uez d'abord un grand péché
hrce legationes ac regum negotia d'omission : le Giraldi ne dit rien de
reuocdssent hominem h nuisis (36). l'ambassade de Venise sous Louis XII.
Quant à la fonction de correcteur Remarquez après cela qu'il suppose
d'imprimerie , lisez ces paroles de que François I*'. envoya Lascaris à
Henn Etienne (07) : Quid uerb dictu- Venise, en qualité de legaius. Je crois
ros M, illum Musurum et Janum H"'*^ ^ trompe. Notez enfin qu'il
Lascarin putamus , in quihus primis ignore que ce docte Grec était à Ho-
Grœciareuiui$cerecœpit,etquiprin' me l'an i53a, sous le pontificat de
^ ^ ^ Clément VIL Voyez la XXVIII*. lel-
(30) Panlvf loriot, in Elog. , eap. XXXI , tre de Bunel, OÙ il raconte qu'il vit
P'f' 74* à Rome Jean Lascaris cette année-
(ai) Geia. , Bîbl. , folio ig vêrto. j^ ^3^ \
(99) Dans la remarqué {h) de ParUeWM.V" *'
•mut , tom. X.
(93) Jo»m« , in Elog. , eap. XXXI, pag. 74. (jg) Cbevillier , Origiae de rimprimerie,
(94) Ci-dtséM , dans la remarque (C) , eita- pag. 194.
tion (i5). * Leclere et Joly adoptent le récit de Giraldi
(95) yoyei lêé LeUres d'Érumo, pag. io3o, quant k la date de la mort de Lattarii , en ajoa-
io3g, 1044 «< alibi, edit. Londin, tant que la Monnoie la place en i535.
(96) Ërasm. , in Ciccroniano, pag. m. 70. (99) TVW de Liliui Gregorins Grraldas , de
(9n) Henr. Stepban. , in Arlig inMRr. Queri- Poët. anor. temp., dial. /, pag. m. 559.
nonii , apud Almclorcninm , de Vitia Stephaû. , (3o) Bunell. , epiat. XXVIII, pag. 108 , edii.
pag. 140. Tolot. , 1687.
»
M
LASICIUS. 83
LâSICIUS (Jean), gentîlhom- » neront pas , car l'épaisseur de
me polonais (a) au XVI*. siècle , » sa taille montre qu'il n'est né
se fit connaître par les produc- » que pour le ventre , si c*est
tions de sa plume (A). Genebrard » lui que j'ai connu à Paris, et
en a donne un portrait désavan* » que ]'ai fortifié contre les rai-
tageur. Il en fait un vrai protée, » sons des trinitaires ', envi-
une girouette en matière de re- » ron Tan 1567. » Voilà le
Jigion. « Cet homme,» dit-il , discours de Genebrard : on n'y
(6), u favorisa les trinitaires, en- fera pas beaucoup de fond, si
» viron l'an 1 565 ; peu après il l'on se souvient qu'il traitait
fut calviniste, ensuite frère avec une médisance furieuse
bohémien ou picard (B ) ; et ceux qui n'étaient pas catholi-
voilà qu'en i582 il se décla- ques.Lasicius voyagea beaucoup,
re luthérien dans un ouvrage et il eut le caractère d'envoyé
imprimé à Spire , sur la reli- d'ÉtienneBattori,roi de Pologne,
gion des Moscovites (c). Il est II était encore en vie l'an i5oQ.
à craindre qu'accablé de ses Voyez la preuve de ces derniers
péchés il ne devienne maho- faits dans la remarque (B).
M métan l'année suivante , et ,*v /# ^^ ^
puis athée. A cela tend ce ductions'desrph^nl^/oniti^,
3u'il observe dans la page i6 l'épitome de Gesner (i) qu'il avait
e ce livre, qu'il y a beaucoup ^^i^ ^^ ouvrage en sa langue mater-
de variations dans les manu- f.^"^' où il réfutait doctement et so-
.. V fi . 1 .- lidement les nouveaux samosaté-
scnts hébreux , grecs et latms nicns et ariens, et qu'il avait aussi
» de FEcriture , les hérétiques ëcrit en latin un traite contre leurs
en ayant ôté certaines choses, erreurs, adresse à Duditius. On mar-
et en ayant dépravé , changé , ^Z^^^'n- ^^^t^^'S"/ ^'^^^^^^ «««
^ / -^ , ^ ' o ' livre de Vus ôamogitarum , cœteix}-
ajoute quelques autres , ce rumque Sarmatarum et fahorum
qu'il prouve par de beaux té— christianonim : item de Religione
»
»
>l
»
»
M
n
»
»
»
»
s emporte étrangement contre dscanorum clades anno 1577 , â ^^le
ceux qui disent que Mahomet *?^^ ' 5P? ^^^ Religionis Apolo--
est l'antechrist , et qui luiap- f^relttsfrS^^^^Œrt'
Sroprient le nombre 000 , rum autkomm de Russorum , Mos-
ont il est parlé dans le cha- coi^itanim, etTartarorum Religione,
pitre XIII de l'Apocalypse. Il 'Sacnficiis ,et Nuptiarum ac Fune-
ïe déclare le déte^rle ton- &"'"•,!!" ^^VeTb^^"!;
te sorte d mtemperance (d) : dire qu'on y trouve la version latine
ceux qui l'ont vu ne s'en éton- ^^^ Lasicius a faite d'un manuscrit
3ue le grand-duc de Moscovie avait
. . , onné, en 1670 , à un ministre pro-
(6) Genebrardas, Ghronol. Hb, IV , ad testant qui accompagnait les ambas-
ann. i58a, pug. m. 786. sadeurs du roi de Pologne (%^ Oui
{e) rny^z ta remarque (A). " ^ ^' ^
(d) rilie gulœ, bibacitalis, votuptatis , W S*"*^; "r^- ^ , , .
impudUitim paironum agit. Gcnebrardus h. Fr.^i» ?: ÎT' *- **'?" •««»«««' Unii-
Chronol. i4b. IV, pag. 7«6. ,itii Histor. Fratrum Bohem. , pag. 3oi.
»
84 LATINUS.
( loha— <s %iAytai ) ëots» Ckrùtk qn avakiit secooé le joug da |»apc ,
t^Ofpusm aemûrumsmtiraamr Serer- emltriiiinaMiil les vues la cooKsstoii
ntMimi ngis PoùmUt legatoê in 3foa- d^Âo^botirg , les antres la confe^ioB
rotnéom c^mitain» , î^ms a êmeris fuit de BobeMe , il rechercha cmiease-
coneiombus. Hic eum ip90 mmgno ment les raisons de cette diTersité ;
/^o9e&tniB àu€€ , BasHîo ( t^O€atus in qn'û fnt toit la pande Pologne ,
artem Mo$cotneMum die lo imaii ) pois la Bc^m* , FAUemagne , la
coUo^uium hahuit , et in magnàprù- France » et qui! examina très-exacte-
cerumgeniis mufretpuntidjideiâuée ment tont ce qn^il Êdlait ; fntil tij
raiionem redaidà, A quo edam ( die ent point de discipline , ni de con-
3^)umi ) lihmm Euthenieis ehamctt- fession de foi , ^ni Ini plût autant
Tibus {quorum dlic usus est ) enarra-- qne celle des frères de Bobème , et
tum , aceepil , quo summa rrligionis que tronrant qne Ton n'^arait guère
MoseopiitciB eoniinetur. Qui uber a écrit sur ce sujet , il en entreprit
^minû^ohanntljasiûoLaiiodùnatus llnsloire^ ifull j traraïUa plusieurs
Spirœ ^emetMtm anno i58a typisedi- années, et qu'il dressa un oayrafe
lus est , unà eum responsionUms , dirisé en huit parties , et intitule :
qmbus errores Moscoiâtarum dete^ OrigOy Progressus y Resque tant pro-
guntur et refutaniur. RegenTolscius sperœ quhm adversœ , nec non Mo-
a parW de la même chose. Hancfi- res , Instituta , consuetudinesque
da confeêsionem , a se , mandato fratrum Bohemicorum ; qa^environ
principù Moschi, conscriptam • Bo- Pan i585 , il Fenroja aux églises de
Mrta taU senatui ip»ius , eo prœsente Bohème, et les pna de le publier
exhihttl, Tum Bloschus dux respon- après quelles y auraient fait les
tionem , ad hanc Rokytœ confessto- cnangemens et les supplémens quVl-
nem , Uhro eleganter in quarto Bu- les jugeradent nécessaires ; que ne
themds liUeris scripto , et pretiosè voyant point Tenir Fobjet de ses espé-
teld auro textd omato , comprehen- rances , il envoya une copie plus cor-
samf ei in manus porrexit. Author rectedeson ouvrage, Tan iSgg, au ba-
lloquium hoc , et quœstiones uUro son autorité et sa bourse a rimpres-
citrbque inter Moschotâtarum brin- sion de ce manuscrit ^ mais que tout
cipem^et Rokytam ministrum habitas, cela ne servit de rien. Enfin , Pun des
aescripsit laiino idiomaU , Jdh. Lasi- frères de Bohème publia le VIII*. !i-
dus j in theologid Moschot*iticd , vre de cette histoire de Lasicins, Fan
Spirœ Nemetum y an. iS^ ediid : i649> avec des extraits des sept autres.
cum refutaUone superstitionum BuS' Voici le titre de cette édition : Johan-
sicarum , et euangelicoruni, , atque nis Lasitii nobilis Poloni historiée de
ipsiusLutheridefensione {3). On yerra. Origine et Bebus gestis Fratrum
dans la remarque suivante un autre Bohemorum Uber octat^us , qui est de
livre de Lasicius. moribus et institutis eorum ob prœ-
(B) Frère bohémien, ou picard. ] sentem rerum statum (6) seorsim edi-
La préface qui a été mise au-devant tus. Adduntur iamen reliquorum
de «on histoire des frères de Bohème p^II Ubrorum argumenta , et parti-
m^apprend (4) que d'abord il em- cularia quœdam excerpta.
brassa la réfonnation selon le rite ,^, ^ . ^ ^ ., .
ZWinglien , lorsque la petite Pologne (« Qui fut gomemeur de Moraine peu apr^s.
- . 5/" 2 J]^<. «»:i»;o4^..Ai> vo {o) Cesl-a-dire y a cause des tnoeurs convm-
fut réformée par des ministres ye- j,;Ui des frères de BoMme dans /«*>• disper-
nUS de Zurich : au ensuite ayant su sion, ee qui avait besoin qu'on leur motttrdl
que les églises de la grande Pologne , combien ils dé^éne'rtUent de leurs ancêtres.
(3) Adrian. Begenvolicias , Sf«t. HUtorico- LATINCJS ( JeAN ) , MaUFC de
Cbfon •cci««i«™mSi.Tonic.r.,pflf.9«. naissancc , fut transporté en
(4) Fuit Lastetus ille gente Polonui , natalt- _, ' . r .
but EqiiCf , dignitate ed ut à tege Stephano HiSpagnC DCtlt garÇOn , et SerVlt
ad fxt^ros principes legatus adhibereiurireli- v , i ? SnP<î<iP f/i^ t \\
eu» '. auatn seilicët confessionem Polonia minor^ . . - n. t ^ j .: ^, j
^/Jrmâlores suos Tiguro nacta , stuunfecermi. («) Gotiznlès de Coidoue , peUt-J!ls du
yttttM. , pflg' «•• ^''""^ capitaine.
LATINnS. 8S
L'esprit que l'on remarqua en suivant Mendoza au collège (a). Le
lui fut cause qu'on lui laissa maîtrede notre Latinus ne s'appelait ,
j ^ ♦ , . point Mendoza. Vous trouverez dans
prendre part aux leçons qui Hubert le Mire (3) presque mot à
étaient faites à son jeune maître; mot tout ce que Schottus a dit d« ce
et par ce moyen ^1 devint si doc- docte Éthiopien,
te, qu'ayant été affranchi, il ob- ^ (B) ^^ ''^"^^ «« mariage un parti
tint de l'orchevéque de Grenade •^TuaTe^X^i ?4) 'S^ZtZ
la régence de la langue iatme bus propter ingenii ac morum dotes ,
dans l'école de l'église de Grena— matrimomo insuper honestœ nec igno-
de. Il s'acquitta dignement de hitis fceminœ supra conditionem or-
,. 1 ^ j * • .. natus (5). On dit qu'il était bel hom-
cette charge pendant vingt ans ; ^^,^^ ^^j ^st peut-être aussi rare ,
et comme ses mœurs n étaient selon le coût des Europe'eus, que de
pas moins dignes d'estime que ^oir un Maure enseigner la langue la-
son esprit , il trouva en mariage ♦^"^ (^)- ^^um h\c ( Granatœ ) pa-
'^.' c . ^ /-nx Ti Tentum memond aperuit ( quis cre-
un parti fort avantageux (B). Il ^£?)Joannes ^«^V^w^re, Lati-
publia divers poëmes ( ^ ) (C). nus hine dictus, at prœsUintifomid
Quelques-uns disent que Glénard «' musicœ ac poëiicœ in paucis pe-
l'amena d'Élhiopie en Espagne ^^^^S'^l) ,,. .. - ,,
rT\x s. 9'\^9' M. --^ *T?i (t) Il publia €Uuers poèmes. 1 Un
(D) , et qu il l instruisit aux bel- g^^ i^ bataille de Lëpante : un autre
les-lettres. Cela n'est pas vrai : sur la mort de Pie V; et un bon nom-
il sera facile de faire voir leur bre d'épitaphes. Donnons les titres :
erreur. Les fautes de M. Moréri -^"^'««^^«* libnjl siue de uictond
. . nauali Jùanms jfustnaci ad £.cluna~
sont en petit nombre , mais das Insulas; deObimPiir,ejusque
très-grossiëres (Ë). in Philippum regem studio ; de au-
gustd regalium Corporum ex uariis
(6) 'Ti>»ifoiîon Nicol. Antonio , BibUotb. uimulis in unum regale templum
Hi*pan. tom. /, pag, 547. Escurialis translatione , atque illinc
,A\wt .. f » » » o '" Granatense reeinœ Joannœ , epi-
^n \i /^*7 • î" -^ *" *^i^'' grammatum, sivi Epitaphiorum li-^
.] Il le témoigna lui-même dans Iri jj ^ ^ Grenade, 1576. L'inscrip-
".inscription quç don Nicolas An- ^j^^ .,.i rapportée dans la pr^
10 rapporte (1). Hœe Joannes mière remarque est tirée de céder-
yEthiops chnsticola ex Mthwpiâ us- „ier livre: et comme l'auteur observe
quemfansaihectusexcellentiSHmiet ,,^4 ^yait cinquante-huit ans (8),
ini^ictissimi Gonsah Fernanâi a Cor- ^^^^ pouvons connaître , dira-t-on ,
duba ducis Saessœ, Gonsalt^i magni p^^^^^ j^ .^ naissance. Un homme ,
Hispamarum ducis nepotis sen'us , qui est dans sa cinquante - huitième
ab ipso infantiœ lacté simul nutn- ^^née Pan 1576, doit être né Pan
tuSf cnm ipso a rumbus annis libe-
ralibus artibus institutus et doctus , (^)HiedumMendotiumfferoa(U croit que
et tandem libertate donatus , Grw c^est une CkuM d'impreMion , au lieu de Herum)
natœ ab illustrissimo pariter et re- Granala in luJum Utleranum comiiaretur ^ Un-
uerendissimo Petro Guerrero Grw %,^Xxoih. bi.p.n. , pag.i^.
natensi archiepiscopo extra omnem (3) De Scripiorib.»«culi XVI,p«^.Q».
aleam doctissimoy S, Ecclesiœ Gra- (4) Wicol. Anton., Biblioth. fai»pan. , tom. I ,
natœ catWbdrarri grammaticœ et latini p^g- ^7*
sermonis accepit moderandam, quant (5) tdem^ ibidem.
per uiginti annos fœlicUer moderatus (.«) Granatw Unguam taiinam pMcè pr^-
' -J? ty •' • j teneoepit^tlupendo exemplouicathediuntgrum
est. Far- la nous convainquons de hominem latine loifm.Sthçitn$,B,h\ioih. h» f. ,
fausseté le jésuite Schottus , qui a dit pag. 45o.
que ^otre Maure apprit le latin en (7) LndoT. Noanim, m HiapaniA îllnatratl,
pag. 83.
(0 ITiaol. Anton., Blbliolh. hisp. , tom. /, (8) TiredeVitol. Antonio, BibKolb. bUp. ,
pag. 547. *om. /, pag. 54^,
se
une
tonio
86 LATINKS.
] 5i 8.Mai> donDOBS-noui garde de rai- rait-il oarié de U sorte » s^il avait ete
sonner de la sorte ; car encore que les redeTaole de tonte son érudition à
épitaphes et les ëpiminmes de Lati- Jacques Géoaid. comme M. Ballart
nus aient été pabliecs à Grenade , le snpjKMC ? 3®. u ne dit rien ^ui ait
Tan 1576 , Q ne s'ensuit pas que le moudre rapport A la narration de
rinscription dont nous narlons ait M. fiullart. Ma troisième observation
été faite cette annëe-là. Cette consé- me persuade cm'Anbert le IGre s^est
quence serait mauraise , quand mé- trompe lors<|iril a dit ( i4 ) 1 ^ci-
me on serait certain quHl était alors pulum re^iouit (Clenardn«) Joannem
en yie : combien plus serait -elle Laiimtm JEthtopem {quod prodigii
fausse , si l'on suppose qu'il mourut sUmU est) iketamm Uliberuanum,
Fan 1573, comme le porte son épi- cujus poëma exsua pane^rieum de
taphe (9) ? Voici ce que l'on peut nauali Jo. Austriaci oaEchinaâas
dire de certain : puisçiu'il est mort insulas viclorid. Sans doute M« Bul-
l'an 1573 , cette inscription n'a pas lart a été trmnpé par ce passage
<^tc faite apr^ cette année ,^ et ainsi d'Aubert le Mire ; mais il j a joint
l'auteur avait pour le moins cin- une faute qui vient de son crû ; il a
blâmable, au cas qu'il eût pu mar- de l'erreur. Qénard raconte (i5},
qiier l'annëe où Latinus se donnait au'ayant été envojé à firaga pour y
cinquante-huit ans^ car il ne la mar- oresser une ëcole, il produisait ks
2na point. Je voudrais pour la rareté trois valets maures devant ses éco-
u fait, que notre Latinus eût trouvé liers , et leur commandait en latin
place parmi les poètes de M. Baillet. de faire certaines postures. Ces Hai>-
(D) Quelques-u^ disent que Clé- res avaient appris cbeilui assez de la-
Aord tamenn d'Ethiopie en Espa- tin par l'usage, pour entendre ce qu'il
f/ie. 3 L'auteur de l'Académie des leur commandait en cette langue.
Sciences (10) nous dit que Clénard Erant mihi setvuU très , quos supra
sortant de la cour de fez, fut seule- (16) nominaui, non saneperiti gram-
ment smtn ttun disciple éthiopien , matiâ , verian domesticaconsuetudi-
ttvec lequel étéuit arriué h Grenade ne tantum consécutif ut me percîpe-
tnn lôja , il écrivit a V empereur rent , quicquid dicerem , et contra
Chartes V" une lettre élégante ^ et latine responderent , licet identidem
mourut en cette même année ^ et lais-- peccanies in Priscianum. Hos in lu-
sa son disciple éthiopien {connu sous dum productos , dialogos agerejussi,
le nom, de Jean Latin ) si bien ùt- spectantibus diseipuus , et cuni eis
struit aux bonnes lettres , quil a multis de rébus sermonem miscebam ,
composé un beau poème latin sur la atteniissimo auditorio , adeo nUracu-
victoire de iLépante. Plusieurs li loco fuit , quod jEthiopes loque-
raisons me persuadent qu'il y a là rentur' latine, nens Dento, inquam,
quelques faussetés. 1°. Latinus té- salta, etc. Sur ce narré on a pu bâtir
moigne qu'il était encore enfant , facilement que Jean Latinus était un
lorsqu'il fui transporté d'Ethiopie en élève de ce docte grammairien.
Europe (11). Cela ne^ serait pas vrai , (E) Les fautes de M. Moréri sont. . .
s'il était passé d'Afrique en Espagne très-grossières. Jl î**. Il n'est pas vrai
avec Clénard , l'an \S^i. Il avait alors que uonzalés Femand de Cordoue
Sour le moins vinctrsept ans. a^. Il ait fait esclave notre Latinus , lors'
it que , dès son enfance (la), il a été qu'il n'était encore qu'au berceau.
âevé et instruit avec Gonzalès Fer- L'inscription que j'ai raimortée (1^)
nand de Cordoue son roattre , qui insinue clairement , que lui et Lati-
enfin lui donna la liberté (i 3). Au-
(i4) Aab. Mineof , in El«g. B«1g.
Si) EUt est dans NicoU. Aotoaio ubi suprà , î"|) J^»*""». , epirt. , Ub. Il, pmg. 3o3.
ans Moréri. (>6) Ce moi je rmorU u ce* pmroles de U
/.-\ 1I.IU.« (A» f ««» .Q. fS* ^ '• rmter Gulielmum nuDutrum 1res
(II) FoyéM la remarque (A). „„„ ., C.rbonem ; nam sic eo$ nomiD«*It B«-
( 1 1) i# mdibus annie. tendtas .
(13) £1 Uuidtm Ubfrtate donatus. (17) Dans la remarque (A).
LAUDICE. 87
nus étaient à peu près de même âge ; trouvait point de meilleure voie
il faudrait donc que Gonzalès , cou- ^^^ d'empoisonner Mithridate.
cne encore dans le berceau , eût lait ^n » * r. • i> 1
aes «pëditions en Afrique ou sur Elle S y prebara; mais 1 une de
wner , s'il était vrai qu'il eût fait es- ses servantes la trahit , et révéla
clave Latinus. Je voudrais bien sa- le mystère. Mithridate ne balan-
voir ipourquoi Morëri ne s'attachait ç^ j^t à faire mourir une telle
•pas a traduire fidèlement ses ongi- -î* /xtt j /inj'
naux. Il avait le livre de don Hicolas épouse (û). Un moderne (ô) de-
Antonio sous les yeuj: j que ne se bite trës-faussement que ce mo-
Gontentait-il de dire que Latinus narque fut empoisonné en effet
^tait esclave de Gonzalès Fernand de p^^ ^^^ femme ; mais qu'étant
Cordouer Cela sienifie-t-ii que Gon- * . », x-j » -i
zalés avait pris ûi-niiême cet Éthio- accoutume a son antidote, il en
pien, et qu'ensuite (18) il Tavait guérit , quoiqu avec peme. Ceux
mené en Espagne? î®. L'emploi de quis'embàrrassentde ce que Jus-
La tin us à Grenade n'était point uni- i-ijj raconte que Laudice avait
3uement d enseigner les leunes clercs -, , •*! ^ i> 1. j
c la métropolSiae. A enseignait «ccouche pendant 1 absence de
ptibliquemeat le latin à taus venans, son mari (A) , se font dies diffi—
c'était l'usage des écoles des églises cultes de rien. J'ai parlé ailleurs
cathédrales, cwnme M. Jolyl Won- ^^j ^^^^ autre UUDICE , sœuT
trc dans 1 un de ses livres» ô ^ \j est 1 n * & 1 '
une grande ignorance crue d^ nous ^« celle-ci , et encore plus me-
parler d'un poème intitulé ^ustria- chante qu'elle. On a tort de dire
das (19). C'est en vain qu'on se vou- que Justin s'est contredit en par-
drait excuser sur l'original , puisque j^nt de ces deux femmes (B).
Nicolas Antonio ne se sert du génitif ^
uâustriados , qu^en y joignant libros , v -, , . , .. ... ^^rtrwr
^^ ' ^ J J » (^) j'i^ ^g Juslm, lib. XXXV tl^ eap.
irifpag, m. 544»
(18} La narratUn da Moréri notif conduit h (6) Christ. Matthias, Théât. Histor«, pag:
eeuesuiu. m. ^»
C19) <^±^J^ « éUeorrig/e dans le» édi- ^^^ jy^^ VartiùU CappaDOCE , tom. /K ,
uons d» HoOand^. pag. l^i^.r&narque (/) . num. Ill . à-
LAUDICE, sœur et femme
de Mithridate, doit être mise (A) Laudiee optait accouché pen-
dans lecaUlogue des personnes dant l'absence de son mari.-] C^ta^-
j ^11 ^ »*^. c couchement était dan» Tordre : Mi-
de malheureuse mémoire. Son ^j^^^^^^ „^ p^^^^it p^^^ 3,,^ ,^^„.
mari , roulant dans son âme un daliser j la supputation des temps lui
vaste dessein , se déroba de sa permettait de prétendre qu'il ^it le
cour afin d'aller
et avec fort peu _ _ _
tuation des lieux oii il prétcn- de la sorte est que Justin marque que
dait un jour faire la guerre, ce prince fut félicité tout à la fois, et
Laudice , n'apprenant point de de son retour , et de la naissance d'un
11 *^* ,. '^ ,-1 fils (1). On n eût pas ose lui compter
ses nouvelles , s imagina qu il p^^^ ^^^ ^^^^^ fortune un effet Êon-
etait pen , qu'il ne reviendrait teux et incontestable de son cocuage,
plus ; et au lieu de s'afSiger , D'où venaient donc , demandera-t-
elle s'abandonna aux voluptés on les inquiétudes de Laudice? C'est
1 1 . T A j qu'apparemment elle était crosse ,
les plus impures. Le retour de ?„ qVeUe craignait de l'être fs'étant
son mari la mit dans une inquié-
tude très— incommode ; elle avait CO ^^^r gratuIaUonem advemUs mi, et/ttii-
, . j , r . * » ^*«»<»' Jn*«»n- 1 ^^- XXXV II, cap. III , P^ff-
besoin de cacher sa taute^ et n en ^44
88 LAUNOI.
^ÎTertîe zwee tes galant dcpvns ses ministre de l'église réformée ;
^*"^ 1^ **"* ^ Tî*!.'***? ■»«»» ayant commis adultère , et
s adultères .^ ciie ucba at . » * « a « &
jrir mm é^. LauSicc . . . «'«^«nt pomt ip on reliât
€um petUse eum credertî , m cofirii- Cn « «▼eor Ics loiS dc la disd-
bituM anucorum projecta » quasi ad- pHne , il rentra dans la comniu-
mÛMum facimu majore scelert te- ^^^ j^ ^me. Je n'oserais assu-
ratait 'i\ '^^ ** T** î ** *"* dans de grands
ni) On a ton de diir aue Justin anlenrs, qu'il était prêtre i*\
/est contredit en pariant tie ces deux lorsqu'il se fit protestant (A^^ ;
femmes. ] Freinsfcëmias IVn acciuc ^^ ^-jj ^^ y^^^ ^,^„ ^, j^
ou de conioadre proaiaeiisement j.^ , >*i* •'!
lliistoire. ^u£ contradicit sibi auc- dennt après qu il eut renonce a la
for, tfuf historiam miré confondit oommnnion des réformés. Quoi-
(3). Sa raison est que Jastin raconte qu'on l'eût flétri à Sedan d'une
en d*antres lieux: i*. que (4) Lan- jL*„::».^ ♦-^„# x fi»;*;*^, **.«;«;««
j- ^j9A • -^.L -3 r» mamere tout— a-tait icnominieu-
dice , Teure d Ananthes roi dc Cap- ^„. . - '^ î i « *•
padoce, fat tuée par ses sujets pour ««(B)i a cause de son adultère *»,
aroir empoisonné cinq de ses enians 9 il ne laissa pas d'être reçu à bras
a*, que (5) Landice Teuvc d'Ariara- ouverts par les catholiques. Ils
tlies roi de Cappadoce, se maria arec fi.^^* j * «,A»«* «^.,- 1.,; /^\ ^«
Hicomède roiT Bithtnie , pendant f^?^^ ^^ ^^^ P^^f ^"* i^> ^ ^^'^
que son frère Mithridate se prëpa- >«» donna un canonicat dans la
rait â la secourir contre ce même cathédrale de Soissons"^, et la
Kicoméde usurpateur de la Cappa- cure de Saint-Méderic à Paris
doce , au préjudice d^Ariarathes fils /? x f 1 ^,„^i^„« -« lo«,»«*>
du feu rof Ce fondement de l'accu- W' " employa sa langue , sa
sation dc Freinshémius est nul 5 car plume, et tout CC qu il eut d in-
Justin parie de deux Laudices , rei- dustrie à fomenter la rébellion
nef de Cappadoce. La première avait ^es Parisieus (c); et il se rendit
épouse un Anarathes qui mourut • j ' 1,1 j i»i. •x.i
pindant la guerre d'A^ristonicus , ^} considérable dans 1 horrible
enriron Fan 6aa de Rome. La se- faction des Seize , qu il présida
conde ëtait sœur de Mithridate , et ^^ k toutes les assemblées qui
fut femme de l'Ariarathes qui suc- fo^nt tenues pour faire mourir
céda à celui-lâ. Il ny a donc ici ni d 1 ' t> • * -^
contradiction ni confusion. Notez Barnabe Bnsson , président au
que l'on censure Justin dans des cho- parlement de Pans (C). S'il ne
ses qu'il a eu raison de dire , et se ÎÙX sauvé promptement , il
qu'on le laisse en repos à l'éeard de eût tenu compagnie à ceux que
Ïtlusiçurs faits qu'il falsifie. Le sco- ^ ^ *
iasthe Dauphin a renouvelé l'accu- *< Lederc et Joly aToaent qull 1 etaïf .
sation de Freinshémius. •• a tous les récits qui «ont injurieax
pour la mémoire de Launoi , Lecicrc et Jolj
(») Jttsda. , Ub, XXXVI i^ eap. tll, p. 544. opposent le 'seul te'moignage de Jeaa ^m-
(3) Freiosbemîo*, in JusUn. , Ub. XXXFUI^ neau , avocat k Gieo , auteur d un Discours
T/\ ;"".'• 548. chrétien, Paris, r58i ; in^'^.
fW /!?,*"' li v vrir f / '"''* f ■ («) Mémoires de la Ligue . iom, VI, poff.
($) Idem . Ub. XXXVIIl, cap. I. 3 A/ j^ ^^^ historiens ne disent pas
1 AÏTWr^T /-hM \ Il çuon lui ait donné cette cure.
liAUINUI (Matthieu de ) , 1 un *3 j^iy ait qu'il n'eut le canonicat qu'en
des plus ardens ligneux qui fus— '^^ ^u 1684, et qu'il ne fut jamais curé
sent en France*» , avait exercé ^^ff m;^*:^^"!!^ , r . ^r v
I . , j «Tcit. *,•*,! v^%, (^) Mémoires de la Ligue, toi». ^/,/>. 34g.
plusieurs années la charge de (o Thuan,ftft.xcr,^ag'.28o.
*^ Leclerc pense que les mots latins d«
" Ilétaitné, ditLecIerc,àlaFerté-Alez, de Thou, principem locum lenuit , n* ii-
au diocèse de Sens : quoiqu'il signAt Launoi ^ gnifient pas , i la rigueur , que Launoi pré-
on proBouoe Launai, sida.
LAUNOI. ' 89
le duc de Mayenne fit pendre, eosfunctusy uxore etiam ductd, cu-
Twur avoir été les promoteurs j'*^ cUm f?ropUir egestatem œtate jam
du supplice de ce grand person- ^ ^^^ redierat , sed incertâ fide
Tiage {d). Il se retira en Flandre quam mox ut se uerè cathoUcum ap-
(e) ; et je crois qu'il y passa le proharet^fiietiosiiaâdixiuOnxéyat'iA
reste de ses jours *». Il publia J^ "^^^^ chose daiis le livre XCV
, 1* -^ i . ^ (^) 9 avec une addition très-conside-
quelques livres de controverse; rablc : car dans le dënombrement
un entre autres sur les motifs de des raisons qui avaient porté ce per-
son changement (D) , et une ré- «onnage à quitter les réformés , on
ponse aux calomnies qu'il pré- ^'^"^ '^''f' *^ ^*"^S™^^*^ ?"'^^
* , . , . . * K , avait à cramdre ayant été convaincu
réponse
salion d'adultëre(E); et comme i^' ^? '^ ^^T^' '""^ ?"'il .*^^^|gn*î
j . V y I ^^^ -^^"^ "*^ la peine que les protcstans infligent
sa conduite au temps de la lip;ue à ceux qui sont coniwincus d'avoir
a fait voir que c'était un scelé— violé la foi conjugale. Hursàs seu
rat ** , il ne faut point ajouter poenitentiâ ductus , siue uxoris per-
r^: «.,-. ji^^t^c r^.S't « wv ,1^1:^» tœsus , et adulterii pœnam , cujus
foi aux contes quil a publies conuic\us fuerat , metuens , ad sacer-
contre ceux de la religion (t). dotium relictd uxom redierat {3), Je
Celui qui regarde deux préten- rapporterai ci-dessous un autre pas>
dus démoniaques est le plus ri- «^ge , où M. de Thou répète une
ji' 1 /r\ partie de ces choses. Je n allègue
dicule [Kj) . '^ ^çg paroles de du Verdier Vau-
(d) Caycl . Chronologie Novénaire , à ^^^""^f. U^' ^^^^^ ^, Launoi ,
r^ i5qi. premièrement prêtre , puis mimstre
(c) Là-meme, de la prétendue religion réformée , et
*» Leclerc et Joly ne meUent qu'en i(>oo a présent retourné au giron de l'é-
la retraite de Launoi en Flandre. gfise chrétienne et catholique. L'au-
•• Leclerc et Joly prennent la défense de ^^^ité de M. de Thou suffit à prouver
Launoi, et soutiennent quU ne fut pas un ^^ i'avauce. Voyons s'il Y a lieu
des plus ardens heueurs. Ils racontent que j ^j "i ? _ Jl* :_^^ j^
TTo„V; TV -:» :«.,-- ,«-à- »«„ o«#..-'- «« de douter qu on ait eu raison de
Henn IV , six jours après son entrçe , en -. •mm^^.^_' i ¥ • ^4 •«.
i5î>4, fit pubUer une liste de près de 120 ^^^ 4"© Matthieu de Launoi éUit
ligueurs &i;7/a5Co«f»a*/e5, qu il bannit de prêtre quand il se fit huguenot. Si
Paris. GeUe Hste contient quinie prêtres ou l^en doute , je Suis fondé sur le si-
religieux. De Tabsence du nom de Launoi lence que cet ex-ministre garda dans
sur cette liste , Leclerc et Joly tirent la u^g occasion où il semble qu'il eût
preuve qu'U n'était pas du nombre des li- j^ ^^^ je ga prêtrise. Je laisse
gueurs Us plus coupables Q est comme si ^^^^^^ jit-il (SH , ce qu'ils disent
Ion concluait la culpabilité de tous ceux qui , fi-»»» > »* " ** \^j > "»> ^ ^
y sont. Or, on sait comment dans les temps ^^, "«« uocation auparai'ant quils
de troubles et de factions, se dressent les m eussent distrait du sein de l église
listes de proscription. Nous avons vu dresser chrestienne et catholique , et de la
celles du %^juiil%i 181 5. désertion que je fis de la chatge que
fasfoy. Car fay tousjours eu charge
(A) Je n'oserais assurer . . . qu'il et authorité pùhUque , depuis que je
était prêtre lorsqu'il se fit proies- suis sorty des études : et non-obstant
tant. 3 M. de Thou Passure. Mat- ma jeunesse , qui lors estçit bien uer-
thoBus Launœus , dit- il ( i ) , sacri
Suessionum coUegii sodalis , oUm sa- , ^ p ,8, ^ ^^ ^„„ ,5g^.
cerdos , et postea ejeratd majorum rt>- . \i) Thu^n. , ibidem. .
ligione doctnnam protestantium am- (4) Bibliothèque française, pag. 860.
plexus pastorisque qfficio diù inter (5) Défense deMaUhiea de Launoi et d'Henri
Pennetier... contre les fausses accasiitions et per-
(i) Thnan. , Hiitor. , lib. LXXXVI ^ pag. verses calomnies des ministres de Paris, Sedan
SKS, a<< AJift. 1587. Foje* aussi Blaimbourg, et autres, pat. 43, 44. C« livre fut imprimé a
Histoire de la Ligne , Uv. f, pag. 55. Farts ^ ehe% Jean du Carroi, Van «577, in-8«>.
go LAUNOI.
4e t 0( ioin de maturité , m'y suis thieu de Launojr , et Henry Penne-
eomperîé avec louange et honneur, Uer*'y n*agueres ministres de lareli-
au contentement de ceux ausquels gion prétendue reformée: et h présent
Jevoy a faire fjusques h ce qu'aucuns retournez au gyron de P église chré-
ministres et autres de leur secte m' em" tienne et catholique ; le tout mis en
brouillèrent l'esprit de leurs illusions ordre , et disposé en trois liures , par
et rêveries. Et l estime en laquelle ils ledict de Launoy, Uëpitre dëdicatoire
m'avoient était telle, que si tôt que Je (9) au roi Heiiii IU,iious apprend que
me ranaeay de leurparty, qui fut ces deux ministres se rencontrèrent
Van i^o , Us me contraianirem au bourg de Guines au pays recon-
prendre charge entr^eux , me nastans quis , le premier de juin 1576. Pen-
en telle sorte qu'ils ne me donnèrent netier y étant repassé d'Angleterre
aucun temps pour respirer, et advi» quelque temps auparavant, etfautre
ser à ce quiavoy h faire , tant ils retournant tout recentement de HoU
avoient crainte que je leur échapas' lande. Ce fut li , disent'-ils , qu'ils
je : même ils ne me firent proposer 'dressèrent cet ouTrage et qu^ils r^o*
qu'une seule foys; et encores si tôt lurent d'abjurer ouvertement leurs
qu'ils me veirent entrer en matière, hërësies.
se contentans ^lu commencement que (E) // est bien faible dans la j'épon-
favoyjaict , ils me f cirent cesser, et se a l'accusation d^ adultère. 3 H se
m'adjoignirent a leur nombre , pour i^oonnatt homme fragile et subject a
niemfoyeren Champagne, tomber en ce péché (fo). Il n'avoue
(B) il fut flétri a Sedan £une ma* point la faute dont on Taccuse ; mais
mère tout^h-fait ignominieuse, ] Les il n'allègue pour sa justiAcation que
mémoires de la Ligue (6) portent , de petites cnicanes **. Mes accusa^
qu'ayant été convaincu d'avoir en- teurs, dit-il (11) , se sont abMisex au
grosse une sienne cousine à Sedan , 6ù temps faute d'avoir bonne mémoire ;
il exerçait le saint ministère, il y fut car l'an iS'j^j'étoy en Hollande. Ils
pendu en effigie. s'enveloppent en plusieurs variations,
(C) // présida a toutes les assem* ajoute-t-u \ ils disent que c estait i^e
blées.., tenues pour faire mourir B. fille , laquelle m'avoit été baillée en
£risson , président au pariement de depost , c'est-à-dire en garde , par
Paris. ] Voyez la Chronologie Novë- gens de bien et craignant Dieu : et
nairede Pierre Victor Cayet (n) , vous puis après ils disent que e* estait une
y trouverez un plus grand détail que chambrière. Or il y a grande diffe-
dans ces paroles de M. de Tbou : rence entre l'une et l'autre. Car quand
Matthœus Launœus qui olimpresby- une fille est baillée en depost, cela
ter, posteà ejeratd majorum religione présuppose qu'elle est de bonneniai'
mimster uxorem duxerat , ejusque son , et a dequoy vivre ; tellement
pertœsus ad sacra redierat».,. princi- qu'on n'enfaict pas une chambrière
pem locum in iis conciliabuUs semper de six ou sept livres tournois par an.
tenuit (jd>). Cette preuve me suffit, Maisquoy fils vouloient d'avantage
(D) Il publia quelques livres de agraver ce fait supposé. Car le crime
controverse ; un entre autres sur les seroitplus grief de corrompre une
Motifs de sa Conversion.'] Il a pour fUle ae maison baillée en garde , que
titre, la Déclaration et Réfutation ' sic estait une simple chambrière qui se
des fausses suppositions et perverses loue h gaiges pour servir et demeurer
applications a aucunes sentences des autant qu'on se trouve bien servi
sainctes Ecritures , desquelles les mi- d'elle , ou qu'autre occasion la retirp.
nistres se sont servis en ce dernier C'est mal -se défendre; j'ai cité ci-
temps h diviser la chrétienté : avec dessus (13) un écrivain qui dit que
une exhortation auxdits ministres
d'eux réunir, et r^ amener leurs audi- ** Là Monnoie remarqoe que ce »ot se pro-
teurs a l'église catholique , apostoli- ^^ ff,""****!" >. j « # ^
que et romaine , de laquelle us nf se jri 1577.
dévoient pas séparer Par Mat- (10) Défense de Maubîen deLaunoî , p. 45.
** Lederc et Joly tronveal bonnei lei raUons
(6) Tont. yi, pag. 35i. de Launoi. Cela devait £tre.
(7) Tont. î^ folio 5o8 et tuiv. , h l'ann. i5pi. fii) Défeoie deBIattbiett de
(8; Thnan. , lib. Cîl^ p- 44^ 1 ««^ ann. ^fk^x. (i») Dans la remarque (B).
LAUNOI. ^ 91
Lairooi engrossa sa propre cousine, pourrait un maistre rendre compte
C^était apparemment une iîUe qu'on du faiet d'une chambrière , qu'on ne
a'vait envoyée chez lui , pendant les peut pas tousjûurs avoir souhz l^œU
persécutions de France j car alors et soubz la main ? Il vaudrait beaU"
plusieurs personnes de la religion se coup mieux se servir say-méme. Telle
réfugiaient à Sedan. Or, comme Lau- presumption donc n'a aucune vertu,
noi n'ayait pas beaucoup de bien , et 3fais voyant leur fille de bonne mai-
que sa réfugiée n^ayait pas peut-être son supposée estre grosse , ils la dé- .
de quoi payer une pension, il est voient appellera et scavoir d'elle corn-
assez apparent que par des services ment lujr était advenu cela , et qui
domestiques elle le mettait en état de l'avait faite grasse , lors ils eussent
se passer de servante j et ainsi sans cognu la vérité. Mais ils ont oublié
nulle contradiction les uns pouvaient h le faire , pourtant Us ne peuvent
dire qu^il avait couché avec sa chamr alléguer presumption sans se condam-
brière , et les autres^ qu'il avait cou- ner eux-mêmes ; et eneares serait"
ché avec une fille qui lui avait été elle nulle. Il serait aisé de montrer
confiée comme un dépôt. la faiblesse de cette défense , si Ton
Voici une autre prétendue contra- s'en voulait donner la peine : mais
diction. Ils disent, qu'ayant esté can- la chose ne le méritant pas , je dis
vaincu du fait devant le consistoire , seulement que quand même il aurait
je Vai confessé a trois au a quatre fait disparaître cette fille , om eût pu
d'entr'eux , ils sont incertains du avoir des preuves tfés-^onvaincantes
nombre (i3)* Mais ils ne disent point de la grossesse , de sorte qu'il ne pou-
comment j'ai esté convaincu : ce n'a vait point se prévaloir du défaut de
point été, poursuit-il (i 4), estant sur» confrontation ou de celui d'interro-
pris sur le delict par le juge même , gation.
accompagné de ses sergents , et autres La prétendue contradiction que
gens de son siège. Ce n'a pas été par l'on va lire ne vaut pas mieux que
témoignage irréfragable , car on les précédentes. Ils disent que j'ai esté '
n'appelle pas des témoins en telles convaincu devant leur consistoire ,
besangnes. Ce n'a pas été par pre- lequel selon leur dire estait composé
sumption violente , car s'iljr en avait de dix'sept ministres et treize anciens
eu aucune , ils auraient grandement qui sont trente personnes. Or ils me
failli selon leur discipline . même, La maintiennent convaincu par cette con-
presumption se prena au par la trop fession , laquelle , éUsent'iis , j'ai
grande familiarité des parties , au faicte devant trois ou quatre : ce n'é-
par la grossesse dé la femme. S'ils toit donc pas leur consistoire , car il
ont pris presumption pour familiari- s'en fallait vingt-six ou vingt-sefft per-
te j ils nous en devaient advenir et «oisTief (i 5). Vaine et puérue chicane.
l'un et l'autre , afin de nous garder On ne prétendait pas qu'il eût avoué
par bonnes remontrances de tomber sa faute devant tout le consistoire ;
au mal : tellement qu'ils seraient on prétendait que sans l'avoir avouée
grandement à reprendre , d^ avoir devant cette compagifie , il en avait
laissé couler le mal sans s'y apposer été convaincu ; et l'on ajoutait qu'en
par une fraternelle charité y ou par particulier il avait avoué la dette à
censures a ce requises. S'ils ont tiré trois ou quatre personnes.
leur presumption de la grossesse d'i- H se plaint (i6) qnHls condamne-
celle, elle n est suffisante pour m'ac^ rent l'un et Vautre également étadul-
cuser: et eneares mains condamner, tere , et a mesmes peines et amendes.
Ce serait une belle loy , que si une Or adultère selon les distinctions
chambrière fait la folle en la maison qu'on fait de la paillardise , se com-
de son maistre, et se fait faire un en- met entre gents au pargents mariez,
fant^ que le maistreenfust caulpaUe, Cependant ils disent que c estait une
Quelle raison y auroit-il ? Les pères fille , elle n'a pas donc commis adul-
et mères sont souvent bien empêchez à tere en cette signification. Cela fait
garder leurs propres fiUeSjquoy qu'ils pitié ^ car, pour commettre un adul-
les tiennent de près. Comment donc
(i3) Dérenie de M. de Laanoi , pag. 47» («5) Là méme^ pag. 49, 5o.
(i4) Lk mente , p*ig- 4B. (16) Là même , pag. 5o.
\
9a LAUNOI.
tére proprement dit , il n^est pas éont fort suspectes de leur servira
besoin que les deux parties soient deux mains. Tout le monde sait b
mariées j il suffit que 1 une ou Paatre chanson , dont le refrain est ,
le soit. De rJeessiU néceétitanU ,
La dernière chose qu'il objecte est il faut que je houe ma serveuœ *.
ai
es
duigence pour aes lauies louics scm- j désordre d'impureté q
blables : Û nomme les gens et les ^^^^^^^^^.tt des plaintes contre L,
beux; et soit qu'il cherchât une nlus ecclésiastiques non mariés , c'e.t
grande conformité entre le cnmedont ^ toujours par rapport à leuis
on l'accusait, et celui dont if accu- Servantes. On comprend sans peine
sait quelques confrères , soit quil pourquoi c'est plutôt à leur égard .
eût d^autres raisons , il se trouve des f^^ tentations âe part et d'autre , et
servantes mêlées presque toujours j^^ occasions de pécher se combinent
dans ses récriminatoons. [1 nomme un .^ aisément , plus commodément ;
ministre qui a paru a la tète de quel- i^. ^^ ,^ ^.^^^ ^^^ ^^^^^ ,^^ ^^:
ques beaux livres, et que 1 on appe^ ^^^^^^^ relâchés exténuent fort le x>é-
kit en Hollande le schpon predikant ^y^^ ^,^^^ servante engrossée par «on
(18) ; SI nous 1 en voulions croire , ce ^^.^^^ ^a basse latinité nous fournit
beau ministre se serait rendu redou- ^^ ^^^^^ • ^^^ ^^j ^^ ^^ ^ i^^
table aux hôtessespar ses exploits sur ^^ commencement le titre dejbcaria
les servantes , et aurait tres-bien ^^^j^ honntHe ; U servait à JlJsigner
profité de la maxime d un poète ro- ^^^ ^^^^^ ^u une fUle qui sefvait
main (19). Je dirai dans la remarque ^^^^ ^^^ maison, qui apprêtait à
suivante que Launoi n était pas assez ^^^ ^^ ^^j^^ ^^^ j^^^ l^ 3„it^
honnête homme pour pouvoir faire j^ n'J servi qu'à signifier les concubi-
du tort aux gens dont il médisait. ^^^ ^^^ ^leris (ai) : c'est parce que
Faisons une petite digression. H j^ plupart de leurs sei-vantes conti-
faudrait ou permettre le mariage aux ^u *ient à la vérité d'être cuisinières,
ecclésiastiques , ou leur défendre ^^j, ^^ j^^ elles couchaient avec
d avou- de jeunes servantes ; car tout ^^^^^ maîtres. Concluons que la dis-
'avoir des femmes chez eux,qui eus- çg. j^ ^^r^^^ -f^ -^^^^^ ^^ - ^^
sent soin de leur ménage L'intention ^^^^^ qu'il puhÛait contre ceuoc de la
des supérieurs était qu elles se bor- y-^/^v/on.] Quand même on ne feraU
passent aux simples fonctions de sci- pas^ attention aux crimes horribles
vantes; mais elles se laissaient facile- ^^^y commit pendant la ligi
ment^persuader de servir a tout : la ^^^^^^ j^gu de le regarder con
[ue , on
de peine a les y réduire. Depuis la vraisemblance. Il dit (L) que les
reformation de Luther,les prêtres ont ministres réfugiés à Neufcbatel en
peu a peu diminué ce grand scandale; Suisse , ayant résolu de perdre un
mais encore aujourdhui leurs sery an- jeune homme qui avait préféré IV-
tes , à moins que d'être fort vieilles, * ,, _ ,
* Leclcrc soupçonne Bayle d'aroir altère la
, . _, . cbanson et d'avoir t\\x%\k le second vers à son
5*2? J^' . ^. *"*? Poin»- Ce que je pais assurer , ajoute-l-il , c'rst
(18) Cesi'O-diret U beau ministre. qoi, '^^\ ouï chanter cette chanson dès ma plas
(19) Ne $U anciiUe tibi amorpudori. tendre jeunesse , el qnele second ▼ers éuit asfe»
Horat. , od. IV, lib, II. différent de celui de Bajle : il finissait par ma
VoyesT article Buiêkiê, tom. IV^ pag. 140 1 '** *^"'*-
marque (E). (ai) Vojes le Glossaire de M. dn Gange, ou
(ao) Confire% ce que dessus , avee la remar^ "«>« focaria , pag. 469, 470, edit. Parie,
que (Z) de rartiele Bkmt.m YI , tom. Fil, (ai^ Défense de Matthiea de Lenaot,pa&'.
pag. 45i. 38 eTsuiv.
LAUNOL 93
tudtf de la médecine à celle de la » nête , et de maison honorable , et
tbeologie , Faccusérent de plusieurs » la pria luy pouToir dire un mot.
fausses doctrine», mais que l'un des » Ce (|ue luy estant accordé , il luy
plus célèbres s'opposaà leur complot; » dit a Toreule : madamoyselle, meu
qu'ils ne laissèrent pas de poursuivre » des bonnes parties que je voy en
ce médecin : Les uns V appellant sor- i> vous , tant de l^eauté que de tontes
cier , les autres anabaptiste , les au- »' sortes d'bonnestetez, et prinoipale-
tres athéiste. D'autres Iwy disoient ; j» ment de gentillesse d'esprit, je pren
Comment osez - uous bien dire que » la hardiesse vous faire une reques-
i^ous ne croyez pas toute la doctrine » te : mais je youdroy bien n'estre
de M» Calvin , par la bouche duquel » point éconduit. Luy estant repondu
nous parlons tous ? Luy répondant » par la damoyselle , qu'elle ne luy
que Ôaluin était un homme subjet à » pouvoit rien accorder qu'elle ne
Jaillir comme les autres : incontinent » sceust au préalable ce qu'il youloit
i7* s* escrierent. O maudite philoso- » demander, il luy dit: Je vous vou-
phie I O blasphème exécrable ! Car » droy bien prier me donner une
parier contre la doctrine de Calvin , » heure de passe-temps de vostre
et contre V intention et volonté de ces » corps : nou« nous trouverons bien
%fenerables , c'est , selon leur dire , » en lieu , où il n'y aura que vous
parler contre Dieu , et mentir au » et moy. La povre fille toute hou-
Saint-Esprit : et ne font conscience » teuse et estonnée de l'instruction
aucune de poursuyvre la dessus un » que luy donnoit ce philosophe re-
nomme jusques a la mort , s'ils le » formé sortant du prêche , se retira
peuvent atteindre (a3). Ce qu'il fait » de vitesse vers sa mère , à laquelle
peu conforme au style des réformés , (G) . . . Celui qui regarde deux
qu'il n'en faut pas davantage pour prétendus démoniaques est le plus
être persuadé qu'il forgeait lui-mê- ridicule.^ Voici l'abrégé de ce conte.
mar-
Pays-Bas l'ouïrent prêcher
intéressés, si l'on se donnaitla liberté avec tant de satisfaction dans Aï en
d'insérer ici ce mauvais conte. « L'ajr- Champagne , qu'ils le retinrent chez
» né Capel peu auparavant avoit eux comme il était prêt de passer en
» débandé un cercle lunaire de son Angleterre. Ils aimaient et son lan-
» cerveau presque de même qualité, gage et' sa diligence ; il prêchait sou-
» à une dame ae bonne maison : la- vent six fois en divers lieux dans
» quellevenne à Sedan pour occasion Pespace de vingt-quatre heures. Us
» ne vouloit se manifester , ni être l'établirent pour leur ministre à
» cognue d'aucun. Cependant luy Tournai. Pendant qu'il y était , on
» mené d'une trop grande curiosité apprit que les exorcismes de l'église
» fut si téméraire que d'abuser du camolique avaient délivré plusieurs
» nom et authorité de monsieur et possédés. Cela déplaisait aux calvi-
3> madame de Bouillon , pour entrer nistes : ils craignirent que leur secte
» en la chambre de ladicte dame , ne se décriât , si leurs ministres
*» et la voir. Eu même temps il jetta n'avaient pas le don de chasser les
)) un autre traict , lequel rescntoit diables , qui avait paru dans les apo-
M bien autant la quinte essence de très, et qui paraissait encore parmi
M son esprit , qu'une mauvaise et im- les papistes. Ils subornèrent donc
» pudique affection. Car sortant du deux personnes , un homme et une
» prêche meu de je ne sçay (Quelle femme , et les engagèrent à contre-
>} dévotion prit.par le bras une jeune faire les démoniaques moyennant une
» damoyselle flilc belle , bien bon- certaine somme et une rente viagère.
Ces deux personnes jouèrent très-bien
(,3) La mf.n0, pag. 4,. jcu^ rôle ; et là-dessus on pria Mat-
(a4) roy^* austt ce quil raconte dans le II*. ' *^
livre dt sa Déclaration et Réfatation, folio i36
vtrto. (*5) Défense, ,»«jf. 35, 3G.
94 LAUNOI.
tUiea âe Ummei , qai ae laTait rien d'un petit irilbee *" de NoraïAa-
pnéfftn et aei teriBom , qui earait ««, études de philosophie et de
taat d*cffeaee que cet deux démoBia- théologie â Paris , arec un si
^l*^ ♦ *fF« fton^n toon de loo- grand saocês qu'il se rendit un
[r:JfediSl^,"«k terrible ^«pcteur. II fat &it
déaon ^uit mti de leor corp». Le prctre et docteur en théologie ,
fliir»ele fut rëpaoda de tontes parts , Tan i636(A), et il ne fit nulle-
et coiieilia À de Uunoi mie très- ment valoir ces deux caractères
ipraade rénénUon. La fonroene fat « ^^^^^^^ j„ k:.««. ^» • j
alerte quelque teops ap.es . 1 ^"T^^iT /i> t ^"^"^
paroe qoe les deo» personnes qni <ier des bénéfices (15} ; il ne son-
araieut joue la larce , ne'tonchant gea qu'à devenir hdbile homme;
pas la récompense pronûse, intenté- et pour cet effet il continua à
rent an procès anx séducteurs. Un .>^ ' i:.,-^^*- t i»^* j
tisserand^ on cordîerapivirent cela «appi^q»».* f étude avec une
à de Laonoi en Hollande , Fan iS^i extrême assiduité. Il ne se con-
(96), Ce fat le motif de son chance- tentait pas de la lecture de tou-
rnent, si l'on en CToit le cordeher tes sortes de livres , il fréquen-
Seoanas , qai a inséré an lone toate .'. %^ 1 ^ j ^..^ ^i_ ' 1 '^ •
cette histoire dans sa réponsTà l'Ai- ^^ les plus doctes théologiens
oorandes Cordeliers,imDriméeran (Q 9 afin de les consulter sur
1607 (37). n dit que Matthieu de tout ce qui lui faisait de la peine
Launoi, plein de vie, et demeurant à ç^y n profita principalement
Bruxelles, et écrivant iMosieurshTres \ % .* ^*.. '^ -,
contre les cahinistes , Cuvait rendre f f* doctcsconversations du père
témoignage sur ce fait-ld (08). M. de Sirmond (D). Ce ne fut pas pour
Spondè a inséré le précis de ce beau sa propre satisfaction , mais pour
narré dans ses Annales (29) Il n'est r„tilité du public qu'il ramassa
pas nécessaire de montrer rimperti- S a ' 3 - *««^
nence de ce récit : tout le monde sait "^ ?* grand trésor de science;
que les protestans faisaient profes- car il y a très - peu de théolo-
sion de décrier tous les miracles des gîens *• qui aient mis sous la
derniers siècles , et de soutenir qu'ils ^ ^^ plus grand nombre de
n'étaient aucunement nécessaires I. i^-/i??ti """**;■ '^"«^
pour la justification de la réforme, "vres que lui (L). Il attaqua mtre-
Appliqnez ici ce aue j'ai dit dans la pidement plusieurs fausses tra-
remarque (T) de Tarticle de Calvih. ditions (F); et il fut un des plus
(96) Non anlifunt edteehna à Mauhmo it^ feimeS appUÎS deS privilégeS de
têUeetm . ^fuàm peeuaiis non prœHUU litém mo. IVfflîse fallîrATlP il PtAntli'f c*»
v#r# dMtoribtu dmmoniaci eœperunt t lotaquê egUSe gaiilCane. 11 eiendlC Sa
€tt 0a fabula in ffollandid ad anmun M. D. CntlQUe lUSQUe SUr leS dévo-
hWlV, MaUhao à duobus, ChriiUano dé U 1 J 1 ^' "'^*"
ÇutnnoUUriê lextore Uni, et Joanne fFatU, «i r« .'.mi * -ït u ■
ifuithordUneetenditvitamduceneontugsset] rr ^ ^« P«**^ ▼»"«««««* y^*""* «t ««» p»
eommtmonua. Sedalios ubi infrk , pag. 983. Valogne , comme 1 ont dit Dupin , Morëri
(97) Heor. S«aiiliiM , Apologetie. màwttàu» ®^ ,*!f*«** «
Alcoraanm Frtncifctnoram . pag. 980 et teq. Il W ^^ Elogio Joannis Launoi typis tnil'
cite riorentiui Tandcr H|erd« Initiit tomaltann gato Londini l6S5 , inrS^.
Btfigieerum. •» Leclerc ne trouve pas juste cette remar-
rescribere. Idem. Seduli».', ibid. , ;;«^/983. T'-KK^'r l^'1'^'^A """T" *'^î.';•..«5y»•»<»•
(99) Jd annum ,56» , nlm. 5o ^ "J^ ?""«^ * ^S°°^ "ï* «f»**»» des œu-
^' • vfes de Launoi , xnS i , — 32 , cmq tomes en
T AtTWrkT / T-.— \ 1 A* d** volumes in-folio. Il y a insère une Vie
LALIJNUl (JEAN DE) en latin de l'auteur , et un Zû«now«« oui , dit Joly,
LaunoiuS , docteur en théologie P*»?^*"^ servir dample supplément è cet
/lana rnnîv0raîfiS H» Part'e AkLx* article de Bayle. On peut aussi consulter le
dan» 1 UniVCrSUe ae rans , était tome 32 des Mémoires de Niceron.
LAUNOI. g5
lions; et il en aurait coûté quel- dix-sept ans (d)^. C'est un hom-
ques saints au calendrier , si Ton me à qui le public a de grandes
eût suivi ses raisonnemens. 11 obligations. Quand il n'aurait
est bon de voir ce que Gui Patin publie que le livre de Autorita-^
disait là-dessus (G). La matière te negantis Argumenti, il aurait
était favorable au génie gogue- fait un très-grand bien à la ré-
nard de ce médecin , et c'était publique des lettres ; car il a
une si bonne source de plaisan- donne mille belles ouvertures
teries , que bien d'autres gens se par cet ouvrage , pour discerner '
sont divertis à débiter des nar- le vrai et le faux dans les matië-
rations enjouées sur ce sujet (H), res historiques. Il a eu des dé-
II était difficile que ce docte mêlés avec bien des gens , et en-
théologien écrivît tant de volu- tre autres avec le père Nicolaï,
mes contre les maximes des flat- dominicain (P), et avec M. Thier^
leurs du pape(I) , et contre les (c).
superstitions et les prétendues II s'attira sur les bras tout
exemptions des moines , sans l'ordre de Saint - Dominique ,
se feire beaucoup d'ennemis. Il pour avoir attaqué bien libre-
éprouva sur ses vieux jours , ment la réputation de Thomas
qu'il avait choqué un parti fort d'Aquin. Les marques de res-
redoutable. On lui défendit de pect que la prudence et la gra-
tenir des assemblées dans sa vite lui firent mêler dans ses
chambre (6) (K) , comme il fai- censures , ne prévinrent par l'ir-
sait depuis long-temps un jour ritation des dominicains ; car
de chaque semaine ; et on fit des après tout ce n'était pas' une
affaires à son imprimeur (L). Il chose qui empêchât de connaî-
supporta très - patiemment ces tre que le docteur angéliqne
^aucouj
'alléga-
mam (c) : car non-seulement il tion de plusieurs passages des-
avait un livre sous la presse tinés à réfuter les hétérodoxes,
pendant sa dernière maladie (M) , Le père Baron tâcha de justifier
mais aussi il en corrigea les Thomas d'Aquin , et n'y fut pas
épreuves un jour avant qu'il fort heureux. Ce sera un texte
mourût. Il fut enterré aux Mi- qui me fournira l'occasion d'ob-
nimes , comme il l'avait ordon- server diverses choses ( Q ). Le
né par son testament ; mais on père Alexandre travailla avec
n'eut pas la liberté de n^ttre
sur son tombeau Fépitaphe qu'on (rf) Eiog. pag. 3;. // n*étau donc pas né
lui avait préparée (N). J'ai ou- J^4| décembre i6o3, comme HLovéti l'as-
blié de marquer qu'il mourut à * Lederc, <iui adopte la date de naissance
l'hâtel d'Etrée(O) , le l O de mars donnée par More'ri et rapportc'e dans la note
1678 , âgé de plus de soixante et ^utK?rru.^":itJdfîfe;?«tVr.
noii.
{b) Ex eju9 Elogio, pag. 3o. (e) ^oj-ez ce que M. SaUo , Journal des
(c) Voyez, le Mercure Galant, mois de Savansdi* 16 mars i665, dit touchant l'oi*-
mars 1678. ' vrage de M. Thiers tontre M. de Launoi.
en
mois
g6 LAUNOÏ.
beaucoup plus de succès à mon-* àe Launoi prit les ordres sacres
trer^ que Thomas d'Aquiu est le ifH>, et je Bonnet de docteurau n
nci »jt*^ * j 1 c de juin de la même année. Voici ma
véritable auteur de la àomme j^aison. On assufe dans Peloge de ce
de Théologie qui lui est attribuée docteur,quHl commença son cours de
( f). M. de Launoi avait propo- théologie l'an i633, et qu'il s'y avan-
*> J^« J^»4^»o «,^ ni» Çaifl.Vaf/ï'\ Ç* dc tcUc soFtc daus deux ans, que
se des doutes sur ce fait-la(^). ^^^^^^^ ^^^^ surpassait, et qu'U
n ne trouva point d antagoniste surpassa des gens qui avaient beau-
qui gardât moins de mesures coup d'esprit et beaucoup d'eradi-
avec lui que le përe Théophile tion- On ajoute qu'il fut promu l'an-
T> «,j7ii\ T-. t.o «flii'r ru\{nf ^^^ suivante au sacerdoce, et au
Raynaud (R). Je ne veux point ^^^^^^^^ ^^ théologie. Studiûm theo-
passer sous silence (A) , quu logicum ingressus est anno trigesimo
avait rayé de son calendrier tertio * supra millesimum et sexcen-
sainte Catherine, vierge et mar- tesimum , illudque biennio integro
> •/ j*-^-** ^,.^ »^ M,,'^ ita percumt t ut multos insemo et
tvre • et au i/ disait aue sa vie _ <... J s * ^Z \ ,
ijic, ^i. 'l^ ** *** 3 eruditione prœstantes umceret , et a
était une fable ; et pour mon- nemine wincerttur. Ad ordinem sa-
trer au il n'y ajoutait aucune cerdotalem anno insequenti, et ad
foin tous les ans au jour de la theologiœ magisterium euectus (I).
/•.< » .. • * .•/ .7.'«^,*« ,.»^ J ai cru que le devais mettre cette
fête de cette sainte il disait une ^^^^^ .„.^,^„J «^^a. i^. ^«._ _.
messe de
aussi que
contre les' cultes établis sur ^^^ » '* jw ,, ,
^ j-^- r i. 1 «^« ^'^««^«^.^ri* que ce docteur aurait étudie en theo-
traditions fabuleuses, n ont servi f^gj^ ^^^^^ ^^ ^^^^^^ ^^ ^^ ^^^^^^
de rien quant au pubhc (A:). Je depuis qu'il aurait reçu le bonnet. Je
rapporterai le jugement qu'a fait ne veux pas néanmoins qu'on me pré-
de lui M. de Vigneul-Marville {fje ^ M. Moréri; car l'auteur de
^CN n ^ ^««««;^« Aé^ reloge ne s'est pas pique peut-être
(S), Ce me sera une occasion de de btaucoup d'exactiOe sur ces mi-
rapporter une particularité qui nuties de chronologie. N'a-t-il pas dit
n'est pas des plus connues , et (2) qu'après que Jean de Launoi eut
qui ne s'accorde euëre avec le employé cinq ou six ans à étudier la
^ j o 4. •» ' . >•! ^„„;* philosophie et la théologie scolasti-
peu de fraternité qu il y avait ^^^ ^ il commença son cours de théo-
entre ce docteur et les jesmtes , logie , et y mit dfeux ans? Est-ce s'ex-
et avec son amitié pour M. Ar- primer selon la rigueur de l'exacti-
nauld. Le fait est que son opinion *»d« ? ^^^^ M^I^^^^Ji^ négligent qu'O
, A '* •? * • ^ « ait pu être , l'ai préféré son autonte
sur la grâce était contraire aux ^ celle de M. Moréri.
dogmes de saint Augustin (/). (B) ... et il ne fit nullement valoir
ces deux caractères a gagner du,
if) Voyes le Journal des Savans du li bien, et a demander des bénéfices. ]
wembre 1675 , pag. 264. Edit. de Hollan- Ceci demande une remarque 5 car il
^^' „ , T t j e j est si rare de trouver , même parmi
(P-) Voyez le Journal dea Savans du ,2 j^^ docteurs en théologie , quelques
août itno, pag. 22b. j . ji?-* Il
IW Val/un,. p«r. m. 36. personnes guéries, de iWice et de
(0 0,»/.r,«, Seb..t«nus Kortholtu. I ambition , que lorsque 1 on en peu
memorat pag. 9 DiaerUtionis de Puelli. rencontrer quelqu'une , il en faut
* .,- -J , fr\> • « A studium et k tertio sul»stitties , dit Joir,
(A) Voyez la remarque (Q). . ,^«^1,.^ et secundo . et alom il n> aar. «i-
(/) Voyez la remarque {S) vers lajin. cane fauta. » Mais Uavle a cité le païuge ie\
qa^OD lit dans rorigioal ; etainai a fait ansisi l'au-
(A) Il fut fait prêtre et docteur en '«"*" ^^ Launoiana^ pag. 339 de la aeconde
théolosie, V an 1636.] Je n'ai point .PV»\'^"»°";'= '^ ^«^^«^'•" *** ^»»°'>*'
suÎTi M. Morcn , qui assure que Jean (,) nidem. ^
LÀUNOI. 97
aTcrtir soigneusement le public. De géant de faire fortune ne les tirait
tels exemples doivent être consacrés j sans cesse de leur cabinet ? Voréï ce
on doit s^empresser à leur faire ren- que dit un poète (5) . en considérant
cire la justice qui leur est due : cela les obstacles de son métier,
sert à rédification publique; car ce- Je n^oubliepas le testament de Jean
la fait Yoir que la providence n'a- de Launoi. La préface eu était consi-
bandonne pas entièrement le genre dérable. Après les paroles ordinai-
humain à la corruption. Je dis donc res , au nom du père , etc. il y avait :
<fue Jean de Launoi témoigna dés sa j'aurai bientôt Jait, car je n'ai pas
première jeunesse une grande indif- beaucoup de bien (6). M. Ménage ne
ference pour les biens du monde, et disait pas tout^* il y avait aussi la
que ces nelles dispositions ne chan- raison pourquoi le testateur ne lais-
pouvait prétendre aux biens de son men servir des richesses , qu
père (3) , et il ne voulut jamais passer (7). Ceci est remarquable:
écouter les conseils de ses amis, qui M. de Launoi laissa plus d'argent
l'exhortaient à postuler des prében- qu'il n'avait cru qu'on en trouverait
des et des cures. Pour faire cesser cnez lui; marque évidente de son
leurs exhortations officieuses, il leur peu d'attachement aux biens de la
déclara qu'il ne se sentait propre ni terre. Il ne prenait pas la peine de
à chanter , ni a prêcher , et ({u'il ne compter son argent , et il oubliait
voulait pas s'enrichir des biens de quelquefois qull en eût mis en tel
l'église , pendant qu'il ne |)Ourrait ou tel lieu (8). Certum illum (g)fe^
{>a8 lui rendre de grands services par cit Launoius , plus pênes se post obi"
es fonctions de son ministère. Mo- tum signatœ pecuniœ repertum tri ,
nitus aliquando ab amicis, ut parce- quhm prœstandis legatis requirert-
ciam prcebendamué pacantem , eo no- tur ; et reuera longe plus repertum
mine peteret ab eo , oui confePendœ est , plusque quhm Launoius ipso re-
illius munus incumbebat, respondit , perium iri crederet. Sed id tantum
se huic utrique qfficio pariim aptum abest ut ei uitio verti possit; quin
esse a natum y ciim per latera parkm potiiis laudi duci débet, càtn lUud
•firma , perque uocem minime cano- omne quantumcunque fuerit , non
ram , neque uerba apud populum auara manus asserudsset usquam ,
facere , neque psalmos hjrmnosque sed contemptor opum animus domi
decantare posset* Ingerenlibus non- projectum obliuioni penè dedisset,
nulUs idde provenire non modicam JNous avons là une preuve que l'in-
copiam , quaquis commodHis ageret , différence pour les richesses , et l'ex-
continua regerebat , se , si jure illo tréme envie de s'ennchir , peuvent
uteretur, prospicere, rem ita compa- produire le même effet; car il y 9-
ratam iri , ut ecclesia sibi opibus suis des avares qui amassent tant de biens
fructum magnum , ipse nuUum eccle- qu'ils n'en savent pas tout le dé-
sice, aut certè exieuum, ministerio tail (10).
suo afferret, quod factum minime (S) Jdhmc animes mrugo et cumpeeuU
sanè vellet , tanquam iniquum nimiS Gim temel imbuarit , speramut camùnajlngi
et infidiosum (i). 11 ne faut pas s'é- Passe Untndactdro.etUviservandaei^resso.
tonner qu'O soit devenu si savant , ,«,„,. ^•"» • ^'^ ^'^^ P*"- ' *"• '^^'
puisqujapnliquait.à l'étude un es- [^,5i;rr.iS'!«'^^^^
pnt vide de 1 envie damasser du ^uoniam à quo admoUu fuerat sUtdiistubU^
bien , et de parvenir aux charges. nUorîbus ; singulari Deî Bene/leio intellexerat
Combien T a-t-il de sens qui devien- /«"'•«f. "''i^îf^iL**:*;*^".? *<"»' ^««re,
draient fort faabUes , si le soin ron- ' ^g^ ^^ .^^ ^^ ^
(3) Omnem mb ineunle adoUscentid ejcuerat (9) Cestrà-dire, Vexieuteur du testament,
opum eupidittUem^autun dMnA vox Jlagitiorum (lo) Exilis domus est ubi non et midta super^
fintem appeUat. Sedadfirmam esiaum eùm sunt,
pervenUset pmtemam hmrediuuem^ parvnm il- Et dominumfaUunt , et Brosunt/uribus.
lam quidem , Jrairibu^ nepoHbusque reliquit. H«ralias , cpist. "S I , lib. 1, vs. 45.
Ibid. ,pag' S. yoje% ce f ii'Hor«c« dit de LucuUe peu rnupara-
(4) Elo|. Lannoti , pag. 3. f**"'*
TOME IX. 7
9»
LAUNOI.
(C) // fréquentait Us plus doctes
théologiens, j H oe se contentait pas
de cela : il consultait par lettres les
savaus aui demeuraient dans les pro-
Tinces ae France ,' ou dans les pays
étrangers (ii); et quand il alla à
Rome ''^ , ce ne fut pas x>our y voir
les antiquités, ce tut pour y faire
connaissance avec les nabiles gens.
Ceux qu'il j fré<|uenta le plus fu-
rent Luc dlËolstem , et Léon d^Al-
lazzi (i3). Iter etiam suscepit in
Italiam y non qmdem utfluuios in-
spiceret et maria , non ut urbes lus-
trarety non ut yetera arUum monu-
mental noviLSêfe œdificiorum moles
mirabundus intueretuTf sed ut con-
suetudine frueretur eruditorum (i3).
(D) Il profita .... des doctes con-
uersations Si père Sirmond, 3 U lui
allait proposer ses doutes : on lui
répondait sans criailler et sans s'é-
chauQer. Cette manière contentiense
de s'entretenir sur les sciences , trop
ordinaire parmi les savans , n^entrait
S oint dans le caractère de ce jésuite.
uam seu pereunctationen , seu sen-
tentiam , ae maximi momenti capiti-
hus proponentem bénigne audiebat
perspicacissimus et coruatissimus se-
nex y mentem ei suam candide ape-
riebat, et clun esset ab omni quœ in
scholis uiget rixandi consuetudine
alienus , abstinebat a conientione et
pugnd tferborum , locosque indica-
bat , conciliorum aut patrum , qui-
bus innixus ita sentiret (i4)* Ilmar-
quait doucement a son ami les auto-
rités des pères et des conciles , sur
lesquelles il fondait ses sentimens.
M. de Launoi les examinait avec une
grande exactitude, et allait revoir le
père Sirmond , qui Payant ouï dis-
courir sur ces matières, lui répon-
dait : ^u commencement)' Y étais plus
éclairé que vous , mais a cette heure
uous les possédez beaucoup mieux
que moi (i5). Il n'y avait aucun jé-
* Ce fat en 1634 • ^«t Lederc.
(i3) Ihidem.
(i4) rbiû.,pag.%.
(i5) Tune ejus solertiam et sagttcUalem tut-
piciens Sinnandus ^ dhere solehaty cumprimum
loqiU hde de Tê cœpimut , erat in ed fonitan
aliquid quodvaulb mtlms persp«xissem quant
tu : nune veré eutn eam aeeuratè partrueldsii ,
nihil su^erest quod iefugerU, jfuodque pUnihs
ptrfeetiutaue npn tenaas , quàm «f • unquàm
Unufiim. Ibidem.
suite ^ui eût plus de part que de
Launoi à la confidence de cAui-lâ ,
et cette conduite ne plaisait pout
aux confrères. Ciim nuUum habem
inter sodales suos Sirmondus quoam
Jidentiiis loqueretur^ de quo et ifa
nonnunquam conquesti sunt , en-
briiis int^isi uehementer optabat a
Launoio , eui nihil erat auod miniu
erederet quam sibi (16). Ajoutons et
trait du Ménagiana. « Le père Sir-
» mond disait de M. de Launoi, gw
» dès qu'il lui avait entendu <fire
» quelque chose de bon , H allait
» faire un livre (17). »
(E) // y a tr^s-peu de théologiens
qui aient mis sous la presse un plu
rrand nombre de lit^res que lui.]
Voyez-en le catalogue dans l'histoi-
re qu'il publia du collège de Na-
varre, l'an 16^7. Son libraire l'arait
souvent publie à part. Voici un trait
de fine critique qui me semble mé-
riter ici quelque j^ace. « C'était li
»» (18) celui de ses lin^s qu'il aimait
» le plus , soit qu'il çrtt plaisir dans
» ce témoignage glorieux qu'il avait
» rendu au oublie, de la reconnaîs-
» sance au'il avait pour cette mai-
» son de la faculté , qu'il considérait
» comme sa mère; soit qu'il ne fût
» pas entièrement insensible à la
» complaisance de voir tous ses pro-
» près ouvrages étalés dans son li-
» vre. Car il y a inséré le catalogue
» de tous ses écrits, qu'il avait bien
» voulu faire lui-même , tant afin de
» le rendre plus exact , que pour
» expliquer avec plus de facilité les
» titres et les matières mêmes de ses
M plus petits livres , et de toutes ses
» lettres en particulier, jugeant sa-
» gement tjoe tout autre que lui se
» serait aisément rebuté de leur
» grand nombre et de l'ampliflcatioD
» si étendue de leurs titres (19). ji
(F) // attaqua intrépidement plu-
sieurs fausses traditions. ] Comme
l'arrivée de Lazare et de Magdeleioe
en Provence ; l'apostolat des Ganles
de Denis l'Aréopagite ; la cause de la
retraite de saint firuno, fondateur des
(16) Ibidem.
(17) Ménagiana , pag. saS de la premier* édi-
tion de Hollande.
(18) Cesi'à'dire , ^Histoire da collège de Vf
varre.
(igl Baillet, Jagemens des Saran», tom. If^
num. iSg , pag. 171.
LAUNOI. 99
chartreux j la vision de Simon Stoch ; « jusques ici a ses adversaires de le
les privilèges de la bulle Sabbatine. u convaincre de la moindre fausseté' ^
Ceux qui avaient intérêt â maintenir » ni d^avoir fait une mauvaise in-
ces sortes de sentimens jetèrent les » duction sur les tëmoi^^ges des
plus hauts cris contre lui. A leur » écrivains , touchant les points qu^il
dire , c^ëtait un destructeur de la re« » a examinés. 11 est vrai que tout ce
lîgion. Credi vixpotest quantam ini- » que nous avons vu de lui est peu
tio imàdiam his scriptis in se confia- » de chose en comparaison de ce que
t^erit ; licet emm aniiquam atque adeo » nous en devons espérer , s^appli-
g-cnuinam traditionem propugnarçt , » quant , comme il fait, à des etu-
ejusquefidem, utipse sœpe ad locum n des très - sé^rieuses sur des sujets
tcrtuUiani alludens dicere solehat, » importans j mais les plus habiles y
é.x* temporibus assereret , tamen qui » trouveront toujours beaucoup â
historias quas expungehat a teneris h profiter , soit en sa méthode , soit
annis imbiberant , quiye illas credulœ m en la connaissance certaine des
plehi non sine aliquo commodo suo » choses , dont Féglise pure ne trou-
ingerebant , cas sïbieripi œgrè patie- » vera pas moins de sujet de se glo-
bantur, nec qui id tentdsset\mitiùs » riiier , que la superstition infime
incusabant , quant si fimUssima re- u en aura de s'afHiger (a3). »
^ ti j- /rix r. . . . ue Gui
le vous
un pe-
poin te , et il désabusa non-seulement » tit paquet a un' jeune homme de
les véritables savans , mais aussi » Lyon . . . Vous y trouverez entre
quelques personnes de la populace. » autres le livre de M. de Launoi »
î^icit tamen inexpugnabili constan- » où il veut prouver qu'il n'y eut
tid Launoius hominum imperitorum » » jamais de saint René , ni aucun
et malèferiatorum importunas inoffi' » évâque d'Angers de ce nom-là.
ciosasque querelas, et aniles eorum » C'est le même qui a écrit contre
Jabellas ita reuicit , ut nullum jam » saintDenisAréopagite, disant qu'il
patronum ingéniant inter eos , qui » n'est jamais venu en France : con-
aliqud curd ueritatem indagant f mui- » tre le Scapulaire des Carmes , et
to pauciores quam antea apud uul'^ » contre la Magdeleine , prétendant
fum , et apitd eos qui ne litteras^ qui- » qu'elle n'est pas aussi venue en
em nôrunt (21). Il attaqua vigou- » Provence. Cest un. docteur en
reu sèment les moines par deux au- v théoloeie, Normand , homme de
ires endroits (aa) ; car il^ montra la » mauvaise mine , mais savant , et
fausseté des prétendus privilèges en » principalement dans l'histoire ec-
vertu desquels ils ne voulaient pas » clésiastique. Il y en a ici qui l'ap-
reconnattre la juridiction des évê- » pellent esprit rcrré et âme dam-
ques , et il fit voir la nullité des rai- » née , disant qu'il se faut garder de
sons Qu'ils alléguaient pour s'attri- m lui , qu'il ôte tous les ans un saint
huer l'administration du sacrement » du naradis, et qu'il y a du danger
de pénitence. Rapportons ce que - — '^ •*''"- **'* - '» 'î- t\: — i...*
Pabbé de Marolles a dit de lui. « Il a
» qu'u n'en ôte a la fin Dieu lui-
» même. Néanmoins jusques ici pei^-
» trouvé l'art de découvrir les véri- » sonne ne lui a répondu. Un de ses
» tés les plus cachées j et ceux qui » amis m'a dit qu'il avait été long-
» les aiment lui en savent autant de » temps pensionnaire des jésuites
» de se plaindre de lui ,■ pour avoir » n'avoir point voulu donner quel-
» fait de si glorieuses conquêtes. Ils » que approbation à une nouvelle
)> ne lui sauraient pourtant rien re- » aoctrine qu'ils voulaient publier
M procfaer : et il n'a pas été possible
(a3) L'abbede MaroUe» , Héneirea , p, 160.
(ao) Elog- Lânn. , pag. 10. Vt^e* aussi son DéDombrement de* antenri qui
(ai) Ibidem. lut pat donné des lÎYrei, voce Laanoi.
(aa) y<jjre% son EIog« , à pag. 10 , us^ue ad (a4) ^^ "'j « nuUe apport Ace qu'il l'ait f-i- '
pag. t8. mais été»
100 LADNOI.
•y» (a5). » Ce qoe je Tab dire est ca- » *0 vi^uvvt »6 ^n^iai
ffieas : je remçranie de M. Ménage, v P^i ^Uàç tt tay^f turo Ba'xcb
et c^est lui qai parle (36). • 3f. de Ot^v-tme (98).
Launoi , docteur en théologie de la
faculté de Paris , a prétendu que » "!« * ^ne contre cette entreprise,
plusieurs de nos saints n avaient » comme contre le plus horrible de
poinl existé : ce qui a fait dire de lui » *<>«» >«« sacrilèges. Elle a mis ses
à M. Féramus{*). » livres à 1 inquisition , ne pourant
Tb e Lavnei reri iada ator et ladci * ^ ^*"'* traîner Pauteur. Hle Fa
"SaSV-if^'N^^fâ^d^" "• » ^^"f comme un homme suspect
n rf . .» . y . t« . * ^'** *^ *^*» **^ comme un ennemi
/>« mon côU,jaifaa la-dessus cette » des saints. » 11 est sûr qu'Homère
épigramme grecque. ne dit autre chose , sinon que Jupi-
Ti» A«t/f 6»» «*c , oç (Tuf^tm Ooùtt' fer prenant Vulcain par le pied le
viii,«, ' jeto en bas du ciel (29). Si M. Ménage
•pa», «-o/oc TfT«y«f, «t^ro ^n\w ôtcr- disait en conversation la même chose
5rt«wo. T"^ labbé Faydit, il en fiiut con-
/a/iiter ^Ki précipita Fulcain du ^ire trouver plus agréable , et plus
Ciel, d un coup depuid ; mais e est ce susceptible du paraflèle. Quoi qu'il
quifauU beauté de mon epigram- ^^ s^it, voici un passage ^e la suite
me, ElU serait ndieide, si ce vers ^u Ménagiana , où l'Sn impute i
étaUdemoi ; et j ose dire qu eUe est Homère ce au'il n'a noînt A\ï^^ (^.\
. Ménage qu'il faille donner a Ho- ^ .^^t : bon jour et bon an , mon-
mçre : il a citë une partie du nrc- ^ ^^^ ( .^^^j dénicher^z-vous
micr comme 81 elle se trouvait jans „ duciel cette année? M. de Launoi,
1 fliade ; et qui pis est , il a prëten- „ .^^^ je la demande, lui repon-
i";,?"!,/"5îi!r.^fe *1"*^JL?- » ^it : Je ne déniche point duciel
« Quelque savant qu il tût , ait oté „ ^tition des peuples y ont fait gli^
3. du nombre des saints cinq ou six „ ^er sans qu^ils le méritassent , et
!! »co°^";» *ïlV.:lt?:ifl^!?P'Z': » sans l'aveu de Dieu et des savâns.
é cause de l'épi-
faite sur M. de
compare auJu-
«« racauie a« ««"x , " a^un „ piter d'Homère , qui ch^sa du ciel
coup de pied an cul les fit tomber , foute la racailie de» faux dieux
l HVn.i.^i"'f' ""'-Jj^ ^°t^îT » 1« »V <^t«it glissée parmi les ye-
l ,^«°/»"l',Jep»«n'e"td^ni<=«'édu „ Stables, et |ui leu? donnant du
i» trône de la gloire quelques saints ^
» que Rome y avait placés avec trop / «x »» , , /. ,
» de facilité ^ '^ Ca») Toutes les fautes qui sont dans ce grec
sont apparemment d'impression.
»
Ca5) P.tio . lettre XLIX , pas. aoi du /•'. ^i^] ^ÎTS*"'/ "'!?' vf?'/' •"* ^^^' ^^^ *
tome'stU est dat/e du ,8 denove2br^xQSo. tZiuJ^r{ T ^' f/ *Î^Sr"î ^VJ'V '"'
yn<^m^».„t!Ulmtt,m Cf T 1 "» ""•'^"wrw »uju. Semblerait plus favorable à M, Faydit. royear
(a6) Miflâfe Anti.p.,llet , tom. 12, p. a,6. citation [3i); mais au fond il ne lui eslpiintfa-
(*) Dans son Elégie sur le mon de M. do Pny. vorable.
(»7) Extrnil d'un fermon prêché le joar de (3o) Suite dn Méntgiena , pag. îq3, 9q4, /rfi-
Mint Polycerpe , pag. agC. 4/o„ df Hollande. '
LAUWOI. rot
» pied au cul , les fit tomber dn haut t^itio creati (34) dans la cour céleste ,
M de sou trône et des étoiles en ter- si Ton y procédait rigoureusement?
>» re (3i). » Voyez a comhien de yolumes mon-
Si je ne craignais d*étre trop pro' tent déjà les Acta Sanctorum ? On
digue de digressions , je dirais qu^il leur pourrait appliquer ce distique
serait à sounaiter qu'on laissât raire si connu (S5) :
à plusieurs habUes gens ce que fai- Scnpiagigamem quorum, lA pondère molU
sait M. de Launoi. Les faux saints ne TrùUor Encelado hihUopola genût.
se sont pas moins multipliés que les ^ • «^ i*. /• i- i i,
faux nobles : de sorte que comme les ^ q«i soit dit sans préjudice de l'es-
princes font trayailler de temps en ^^"^ 3«5 * o"» » P»"' leurs doctes
temps â la recherche des faux no- compilateurs.
blés , afin de remettre à la condition Î?/*H' "^«J^ ^^^^ ^"^ leur honneur
roturière les usurpateurs de la qua- qu il rqettent beaucoup de fables , et
lité de genUlhomme, il faudrait que ?"« 1^"^ sincérité les expose tous les
le clergé nommât quelques commi»- 3/"" aux mêmes plamtes 3U1 ont été
saires aussi rigides que Boisseau (33), ^^}^ ^^^^^^^ ^' de Launoi, Voyez la
qui examinassent leî titres et les let- F,^*^??? . d« P^^e Papebroch (36) a
très de sainteté. Si les troupes de 1 ^^^«^^«w £m)nim d^un carme qui
réglise triomphante passaient en re- «« ^^"*°1« Sébastien de Saint-Paul;
vue devait de bons commbsaires, vous v trouverez que ce jésuite a
on y trouverait beaucoup de passe- î^^^^^ «" ,*:?\^,°4P.f P^T®»". ^'^^'
volans , non pas parmi Tes soldats , î^^^ ' ^î 5" ^^ ^ (*** P»'' «^^s raisons
mais parmi lesliaute officiers, je veux tres^soUdes. Ces intrus ne sont pas
dire parmi les saints au'on invoaue. ?«f ^y^}f modernes ; ils sont de
la precessum des equinoxes : et au "^ "^*' ^w«-»«^- ^^«.0 ^y... ^« w^«. *«,
lieu qu'un simple retranchement de avait paru mauvaise . s écria que les
dix jours a suSpour cette dernière "««veaux saints le faisaient douter
réformation, il Vaudrait pour faire ^«^ T*«"^ >«^« ^^ questisanti nioj
l'autre , retrancher par cenUines et ^*^^' .'»' Z^»'**' assavduhitare delli
par mUliers. Il y a long-temps que P''''.''^' ^?^^ \™f « ^«^ peut dire au'il
l'année ne peut plus foufnir un jour 7 ^ infiniment plus de certitude dans
â chaque canonisé ; il faut entasser »?« «"5*^ modernes que dans plu-
plusieurs saints les uns sur les au- sieurs des anciens On ne peut dou-
tres dans les mêmes places: et c'est à *«r que ceux-là n aient vécu sur la
présent qu'on peut dire avec Juvé- t^fr^, et Ion a presque des çreuves
' j ^ • démonstratives que ceux-ci n ont ja-
. .*. Necturbadeorum "laîs été. Un homme d'esprit disait
TtMs ut est hodii , contenuufue sidéra paucis l'autre jour dans une bonne comjria-
Numinibus misenun urgebant Jtlanta minçri gnie, que s'il fallait recourir à lln-
*"*' ; . . . tercesMon des saints , il choisirait
Combien trouverait-ou de sénateurs plutôt les nouveaux venus ,^ un Ca-
(3i) Le disOaue grec se trouve ici dans la pistrau par exemple , OU un Thomas
Saite dn Ménagiana , avec quelques fauus ^ ap- de Villeneuve, qu'une sainte Calhc-
paremment d'impression.
(3a) Chacun se sautaient de^la chanson .• ^3/^ jr /, Valéwana, pag. 48 , 49. édiUon
Depuii long-temiM on ne TOit qa« nobl«$ie ^^ Hollande
ct^a^^lâl'Tr^'^^^.io. c.«. ^.(35) r^., les OE«.r« di.e^es d. B.l„c.
Disant : ToiU pour Twu faira Yoir comme i^^ • x " mpnmee à Anvers^ Ion
Je snii geniilhomme , moi, «*^» ^'V*
Je anif gentilhomme. (37) Bessario cardinalie cum inter divos inep-
llaJa ils n^ontpaa achcTé de produire , td quddam ÀirtAino^i Romm quant plurimos
Qn^m oommis de Boisseau referri videret quorum viutm improbdrai , se
Dit et redit, ne cherchant qu'à lear nuire, valde dubUare dixil uttwn vera estent qute ab
Je ▼eux mlnicrire en fana ; antiquis prodiiajuerunt, Bodinus, Mclh. hist. ,
De ce contrat U grosse je rebute , cap. IF, pag. m. 71. Vqre» dans la remarque
J*en ▼eus la nunnte, moi, (F) de l'article Bkllai (Guillaume do) , turn.
JVn YCtti U minute. Iff, P»B- 9^8 , Vapplicalion qu'on a faite de
(33) Juten. , Mt. XiU , vt. 46. *«* paroles de Bcssarioo.
io4 LAUNOI.
aMembiëes : on ne t*j entretenait que » soutenu une doctrine tonte con-
de sciences ^ néanmoins on lui fit » traire dans un livre publia en 1674^
dire que le roi souhaitait quVUes » où les droits du roi , et en nkéme
cessassent (5o). On crut que larche- » temps de tous les princes séculiers,
Téque de Paris fut Pauteur de cette » sont si solidement établis , que cet
affaire , il v eut des gens qui en pri- » ouvrage peut être regarde comme
rent occasion de dire du mal delui. » un des plus utiles à l'état. On y
M. de LauDoi ne se donna pas cette » avait répondu en Italie ; et coname
licence , et ne souflrait pas même » cette réponse ôtait aux princes
c^u'où il était on attribuât cette ac- » séculiers le droit essentiel qu'Us
tion a cet archevêque ; mais il ne » ont sur le mariage pour rendre
laissait pas de dire que , si on Ten » leurs sujets habiles ou inhalHles à
accusait avec raison , on lui imputait » contracter, ce grand homme ne
justement une extrême ingratitude. » s'était pas tû et donnait ses soins ,
Hos animorum inotus utcunque seda- » quand il est mort , à Fimpression
bat Launoius , reique acerbitatem , » de ce qu'il a écrit pour réfuter les
benignd ut potereu interpretatione le- » erreurs de l'auteur italien. Ainsi
niebat. Abstinebatipse semperab ontr » tout son temps a toujours été em-
ni atrocitate yerborum , archtepiscO" i> ployé, ou pour l'église , on pour
pum nec mcusabat ipse , nec incusari » son prince ; et on peut l'appeler
ab aliis , carpwecoram se patiebatur, » non-seulement docteur des droits
Sed tamen cum vir esset candidissimi y* du roi y mais encore défenseur de
pectoriSy dijffiteri non poterat , quin si » la juste autorité des éyéques , des-
id prœstitisset Parisiensis prœsul, la- » tracteur des faux privilèges , et
boraret uehementer ingrati animi ^i- » docteur des libertés de Véguse gai'
tio y quo cœtera omnia facile conti- » licane, » L'auteur de l'éloge de M.
nentur (5i). de Launoi ne s'accorde pas avec le
(L) On fit des affaires h son impri- Mercure Galant , par rapport au livre
meur.] Ce fut en rannée 1675 : il fai- qui était alors sous la presse. Ce
sait imprimer son livre de la Simonie, n'était point , selon lui , une apologie
où entre autres choses il attaque les du droit des princes sur les mariages,
annates , et réfute le jésuite Azorius , mais une réponse au père Alexandre.
c^ui fît un livre vers la fin du XVI'. Il nous dit a l'égard du traité sur ce
siècle pour les pureer de simonie, droit des princes , que M. de Launoi
On fît saisir chez l'imprimeur les le commença à la prière du cardinal
" M. de Launoi étante
'on examinait en Fran-
Lage du duc d'Orléans ,
autres ; mais moyennant une amende frère de Louis Xlll , avec la princesse
de 5o livres cette défense fut levée de Lorraine était valide , rencontra
(Sa). dans la bibliothèque des dominicains
(M) // aidait un livre sous la presse, le cardinal Bentivoglio , et lui pro-
pendant sa dernière maladie. ] Rap- posa cet argument : M les princes ont
Sortons ce que M. de Vizé (53) a dit eu le pouvoir de faire des lois sur
e lui. (( L'on peut dire qu'il est mort les obstacles du mariage, ils l'ont
u en quelque façon la plume à la encore au cas qu'on ne le leur ait pas
» main , puisqu'un jour auparavant ôté. Or ils l'ont eu, et Ton ne saurait;
>» il corrigeait les épreuves cr un livre prouver qu'il leur ait été ôté. Donc.
» qu'il a fait pour défendre les in té- Le cardinal pria M. de Launoi d'écri-
» rets du roi. C'est une réponse à un re sur cette matière , et d'exposer
» écrivain d'Italie , qui depuis quel- cette preuve. Voyez la note (54)-
>» que temps afait imprimer un traité L'ouvrage était petit au commence-
» contre le droit des princes séculiers ment ^ mais avant qu'on le publiât ,
M touchant les empêchemens de ma- l'an 1674 , il était devenu fort gros.
» riage. M. de Launoi avait déjà
(5o) Elo|^. Lavnoii , pag. 3o. (54) Il faudrait eonelure de là que M. Aocil-
(5i> Ibidem fjfag. 3a. Ion se trompe f lorsau'ildit fpng. Ho du li'-
rSï) Ihid.^pag. %S «i seq. tome du Mélange critique de Littératare, que
(SS) Mercure Galant , mois de mars 1678 1 M. de Launoi écrivit ce livre par ordre , mals^
png. 116 , 117 , édition de Hollande. lui et contre son aentimevt.
LAUNOI. io5
Dominique Galésins, éTéque de RuTo quo Launoii nomen eommendaretur
au royaume de Naples , e'crivit con- (58). Voyez les Nourelles de la B^pu-
tre ce livre. M. de Launoi n'eut pas blique des Lettres (5g} , et encore
plat tôt vu Touvrage de ce prélat , plus la lettre à un prélat de la cour
père Alexandre (56). Il s en fallait de notre docteur. Uabbé qui
Îieii que la réponse ne fût achevée , cette lettre , remarque que la cour
orsquHl fut saisi de la maladie dont de Rome maintient ses droits avec
il mourut en peu de jours. On avait plus de politique que la cour de
déjà commencé à imprimer ce der- France ne maintient les siens : il ob-
nier ouvrage. Cela montre que M. de serve que la cour de Rome récom-
Vizé et Félogiste ne s'accordent pas pense magnifiquement ceux qui écri-
8ur le livre que M. de Launoi avait vent en sa faveur ; mais qu'on néglige
sous lajpresse en mourant. en France ceux qui écrivent pour les
(S) On n eut pas la liberté démet" privilèges de l'église gallicane, ^u
tre sur son tombeau Vépitaphe qu'on moins , dit l'auteur de cette lettre ,
lui avait préparée. ] M. de Launoi si j'en étais cru , on ferait connaître
avait fait son testament onze ans a la postérité , par quelque marque
avant que de mourir , et il avait prié ^honneur, l'estime qu'on fait de leur
M. le Camus , premier président à la mérite , et la reconnaissance qu'on a
cour des aides , son ancien et intime de leurs travaux* Mais uous sauez
ami , d'en être l'exécuteur. M. le Ca- comment on le fit a l'égard d'un de
mus s'acquitta fidèlement de cet em- f^os amis. JYous n^ avons point eu
ploi y et fit faire par M. Clément , d'homme plus zélé pour la doctrine
ancien conseiller de la cour des aides, du clergé de France, ni plus infati-
une épitaphe pour le défunt (57). Les gablement appliqué à l'éclairciret a
minimes , l'ayant lue et examinée , la défendre que le bon M. de Launoi,
montrèrent une lettre de leur gêné- qui outre cela était d'un désintéresse-
rai y qui déclarait qu'on ne pouvait ment achevé, Qu'a-t-^n fait pour
point admettre cette épitaphe, puis- honorer sa mémoire ? f^ous le savez.
qu'elle attribuait à de Launoi la On n'a pas seulement voulu souffrir
louange d'avoir toujours soutenu sur son tombeau le petit témoignage
l'orthodoxie *• et quelque temps après que ses amis rendaient a son mérite
ils déclarèrent que les deux puissan- et aux services qu'il avait rendus a
ces , la royale et l'ecclésiastique , l'église de France; on lui avait même
leur avaient enjoint de ne souffrir comme fermé la bouche quelques an-
aucune inscription qui louât M. de nées avant sa mort , en lui défendant
Launoi. Uhi lUam ( inscriptionem ) de continuer certaines corijferences
expenderunt , attulerunt prœposiU qu'il faisait chez lui sur ces matières,
suigeneralis UUeras , quibus renun- et oit, l'on peut dire qu'il se formait
ciabatur, nec probari nec recipi à se plus de défenseurs de nos libertés que
posse inscriptionem , qud jLaunoio partout ailleurs. C'est même comme
laus defensœ perpétua veritatis , et un miracle que nous ayons ce qu'il a
optimœ fam4JB , maximœque venera- fait imprimer durant sa vie pour la
tionis apud probos quœsitœ tribuatur. supériorité des conciles , et contre
Posteh vetitumsibi prcedicdruntregid' l' infaillibilité des papes , et sur d'au-
simul et sacrd auctoritate , ne ulSim très sujets de cette nature ; et nous le
apicemin eapeUdsud extare sinerent, devons a l'invention dont il s'avisa ,
qui fut de le donner par morceaux
(SB) Hnic tikalna eue Tolait : Induis lo€w dans des lettres qu'il adressait aux
pletusimi erratonim in Ubro scriptoris Itali uns et aux autres , sc délivrant par
contempiorum. Elog. , pag. 33. ' j > -^ jr • Z^
K^Qmi AnJL à siioniœ Ube Ubemndas J« "*?/?« ^ ^ Servitude insupporta-
susceperat, M Summam Theologicam Thomm ble de la censure de certains docteurs
A^mnaliUuuittamveroelutauctoriasserentiam. de SOn temps ^ sanS l'agrément des-
ils;; 5î£.iî«T'rj«r.ît;t.:.«'£ q'^> nui pH^Oége n^étaU expédié .
18 no¥embr9 1675. (58) Elog. Ltuo. , pag. 38.
(S*;) Elle cit dmnt Z'£log« , pug. 37. (59) Mois de stptembr* 1686 , pag, iq33.
io8
LAUMOI.
-^f et in eeeUru , âeorum oultust re~
ligionumque sanctiiates eiistunt in
dtes majores . atque mêlions (71).
JuTëiml le plaint aussi de ce que
Sersonoe ne croyait plus Tancienne
octrine des enfers.
EsM* MUquot Maïuit , H tuburrmnaa régna ,
Et contum et S{ygio ramu in gurgite nigrtu ,
^tqu* tmà transir» vadwn lot miUia eymbm ,
J9ee pturi ertdunt , nisi qui nonditm mr* 2Â-
vaniur.
Sed tu 9tra puta (74)
Voilà donc un grand changement
dans les opinions des particuliers \
néanmoins le cultepublic n'avait point
chance' de face , ni au temps de Juvé-
nal m au temps de Cicéron. Citaient
toujours les mêmes fêtes , les mêmes
processions et les mêmes sacrifices ,
non-seulement en l'honneur des dieux
célestes , mais aussi en Phonneur de
Pluton et de Proserpine, et des autres
divinitës infernales. On Terra toujours
plus ou moins une pareille inconstan-
ce d'un c6të , une pareille constance
de Pautre. Ouelques docteurs , plus
éclaires et plus courageux que leurs
confrères, désabuseront une infinité
de particuliers , et n'apporteront au-
cun changement aux cérémonies pu-
bliques. Le Rituel durera plus que
la foi qui lui servait de fondement.
Trop de personnes se verront inté-
ressées à le maintenir , et auront
assez d'industrie pour cela , quoi-
qu'elles ne puissent alléguer que des
argumens fort semblables à ceux c{ue
l'on alléguait a Cotta, dans l'ouvrage
de Cicéron que j'ai cité ci-dessus.
On lui alléguait entre autres choses
les apparitions de quelques divini-
tés ; et pour lui prouver l'existence
de ces apparitions on lui alléguait la
fondation de quelques temples , un
arrêt du sénat , un proverbe. J'atten-
dais des raisons , répondit-il , et vous
m'objectez des bruits populaires.
Tum Lucilius : An tibi, inquit ^a-
bellœ uidentur? Nonne ah A, Pos-
ihumio œdem Castori et PoUuci in
foro dedicatam, nonne S. C de Va-
tieno uides? Nam de Sagrd, Grœ-
corum etiam est uulgare prouerbium :
qui, quœ tiffirmant, certiora esse di-
cunt , (fuhm illa quœ apud Sagram.
Uis igitur auctoribus nonne debes
(70Cicero, 4t Nttari Dconim, Ub. 11 ^
tap. II. i
(73^ Juven. , Ht. II I vt. 149.
mot^ri? Tum CotUt^ rumorihu,
quit , mecum pugnas , Balhe . r^,
autem a te rationes requin (jS '
M. de Launoi se pouvait servir a m
semblable réponse et de plosiraj
autres ; mais, comme je l'ai déjà cil
trop de personnes se trooTaîent û
téresséef à 8*opposer au cbaogeinci
et à maintenir la tradition. H xm:
qu'elles aient bien pesé les coim
quences du principe que l'un des n
terlocuteurs de Cicéron a pos«.
veux dire qu'elles aient bien
S ris que pour prouver ao'ane
ition est véritable , il uut em^
cher que le temps n'en vienne à boi
et se retrancher dans l'intpressii
au'elle fait depub tant de sièrl'
On suppose , dans Cicéron , qu'i
doctrine mal fondée ne peut
yieillir(74)* Quid enim est hoc
eyidentius ? quod nisi cognitum^ coWi
prehensumque animis haberemut ^\
non tam stabilis opinio permantnX^\
nec confimuLVetur diutumitate te»>
poris, nec unit cum sœculis œtatibiar\
Îue hominum inueterare potuisntL^
ïtenim uidemus cœteras opiniontSi
Jictas f etc, (nS). Sans doute il y a
des intérêts plus réels que celui de
conserver ce principe de raisonne-
ment , qui portent les moines à s'op-
Eoser à Jean de Launoi et à ses sem-
lables. Notez en passant que Ioq
emploie dans Cicéron à prouver nae
fausseté le principe de la durée ;
car on s'en sert pour prouver la
réalité et l'existence des faux dietn
du paganisme. C'est donc un princi-
pe qui peut jeter dans l'illusion,- pi
néanmoins £1 maxime , Opiniomn
commenta delet dies , peut valoir de-
Suis long-temps contre le faux ciAu
es anciens Grecs et Komains , puis-
que depuis plusieurs siècles il n'y 3
Doint de pays où leur religion , leui
Jupiter et leur Junon , leur Vénus et
leur Neptune , etc. , soient reconnu*
et adorés. Ainsi leur procès est /•'J'
et parfait , dés que l'on suppose a»'
tôt ou tard la vieillesse fait périr le!
fausses doctrines. Notez , s'il rof-
platt , que ce principe ne saurait
servir de bonne preuve , à moin^
qu'on ne règle quelle est la dura
(73) ClccfO , d« NatnrI D«ornm , lUr- 1^^
eap. V.
(74) Idtm , ibidem , Ub. //, enp. II.
(7$) La tuile ttt ei'deitu$ , citation (70-
LAUNOI. 109
_ 7 li suffit ^our distinguer les erreurs sieurs vieilles traditions. Ih sont**
' '" les vérités. Si mille ans suffisent , louables de s^étre rendus dignes de
^ a te opinion qui a dix siècles sur la ce coup de foudre , et ils feront bien
""' te est véritable; mais si vous ne d'en mériter d'autres. C'est à cet
''' >U8 fiez à aucun terme, c'est en vain égard qu'il est bon d'être un Capa-
"je vous concluez que puisqu'un née (79),
^_ 3gme a duré quatre mifie ans , il ^^ ,^^„^^^^ ^^„^ ^^.^ ^^^^^ ^^ ^^^ ^^^^
5it passer pour certain : vous igno- reaux,
' "ÏZ l^ venir ; vous ne savez pas si le El nous parlant dt Ditu du ton de Det-Bar'
■'" mquième millénaire viendra à bout ^ ****** C*"^
'' e ce qui a résisté aux précédens. Mais en se commettant de la sorte
- .ppliquez ici une pensée d'Horace avec les inquisiteurs , ils se rendront
' '';6). inutiles par rapport à la réformation
^ Il me reste encore une chose à ob- des abus publics; leur critique, fût-
^' erver.
^'- jue les
'puissent rien faire d'utile pendant qu'
'pie les choses ne se traiteront que Le mal est sans remède. Voilà le père
uivant le train d'une dispute litté- Mabillon qui a donné de fort bons avis
- .*aire. Les protecteurs de la fausse dé- touchant le culte de certains saints , et
rôti on ne voudront jamais reculer: sur le discernement des reliques (81),
• Us trouvent trop bien leur compte à qu'a-t-il gagné? On lui répond, me-
ï ne démordre rien, et ils sont assez aecin, guéris -toi toi-même. Réfor-
: puissans pour se garantir de toute mez premièrement le culte que l'on
-contrainte. La cour de Rome les se- fait rendre dans quelques maisons
y condera et les soutiendra. Il semble de votre ordre de Saint-Benoît à des
' que l'église romaine ait adopté la re- saints aussi douteux qu'aucun autre.
licion du dieu 7cnw«5 de la repu- On lui représente le tort qu'il fait à
buque romaine. Ce dieu ne cédait IVglise , et l'avantage qu'il fournit
à rien , non pas même à Jupiter ; ce aux nrotestans (8a). K'est-ce pas fer-
' qui était un signe, disait-on, que le mer la porte à tout le bien qu'il vou-
- peuple romain ne reculerait jamais, lait faire? M. Thiers s'élève contre
t et ne céderait jamais un pouce de les fausses reliques; il discute où sont
î terre à ses ennemis (77). Si quelque les corps des martyrs, il publie des
' pape voulait sacrifier quelque chose dissertations sur ïa sainte larme de
à la réunion des schismatiques , quel- Vendôme , et sur saint Firmin : peine
ques menues dévotions , quelques perdue que tout cela. Le conseil du
traditions surannées , il serait à crain- roj supprime l'ouvrage sur saint Fir-
dre que l'on ne murmurât con- min , comme l'évêque d'Amiens avait
tre lui autant ou plus que les païens condamné une lettre qui avait été
n'ont pu empêcher que l'inquisition la Bibliothèque volante. On fait pé-
de ToUde n'ait condamné plusieurs rir en herbe tous les fruits du zèle
volumes des Acta Sanctorum; et il discret. On bâtit sur le principe que
est certain que cette tempête n'est Tabrogation des vieilles coutumes
venue que des sollicitations des car- >. ^ « « -. . ..^ v . ^
mes, et de queWs autres moines J^f ^on/ Suce , Theb. , la,. X.^njine, a
irrités de ce que le père Papebroch , Paulùn si urdiks anus
et ses adjoints , ont rejeté comme Ges«iâ«eot, potuît falmea mcraÏMe aecuodnm.
apocryphes plusieurs actes et plu- (80) f^oje* , tom. III^ pag. 97 , la remarqur
'^ Jr ir r {k) de l'article B^amm.
t.c\ c ' f 1. _• . C***) ^«'w '« DiMCrtalion «nr le culte «!»•>
('fi)StanepeUm,preUuineharUsquotutarro- gaintslncmiM. r«r« M. Basnage. au //•.
gei minus, eu. tome d. l'Hiaioire de l'ÉglUe. p«g, ,o38. ,o3q.
Horat. , «puL I, vs. 35, /i». //. el THUtoire des Oavrage» des Savans, août
77) ^9T'* « «""• ^//^f ptig' 4>4 1 ^ cUation 1698 , pag. 37a et suiv.
) de tarUcU Jovis». ?8a) VoyeM Us mêmes ouvrages , là mfnc.
(78) V0ye%, tom. f^III^ pag, 4i«i ^ remor- (83) Mois d» mars 1700 , pàg. 356, et mots
fue{h)dePartieleSo'finm. d'avril 1700, pag. 38a.
(4]
1 lO
LAUNOI.
est à craindre, qn*il ne hui point re- nienJus ( 88 ). Ce jésuite Je compare
moer les bornes, et que selon Pancien ailleurs â Ismaèl. Homo Ismaëtita ,
mtnreri)e , U faut laisser le Monsiier cujus nuuuts contra onuies, Joannti
ok à est (84)- ^ prospérité de Rome JLaunoi (89}.
chrétienne tout comme celle de Ro- (g) j^ rapporterai le JMsgement
ne Teut pas qu^on les change. Sea ,» qy^i] arait le défaut dominant des
illa mutari i^etat religio , et consecror , critiques , qui est de ne garder aa-
tis utendum est {96), En nos jours y „ cune mesure, et de détendre les
disait un sous-prieur de Saint-An- ,, ^\as méchantes causes avec opi-
Xomt, gardons nous de noualUésifii), » niâtreté. Ses libres de TExtreme-
(R) Il ne trouva point d'antago- » Onction, de la Fortune d^Arîstote ,
niste oui gardât moins de mesures ^^ ^^ quelques autres , sont de boos
avec lui que Théophile Ray- » ourrara : mais on pentdire, en
naud.'] Vous n'ayez qu à lire son » général , que dans tout ce que et
-^ . _. logi^i --
considéreront seulement ce que je ^ dinaire la question principale n'est
je Tais copier , comprendront sans „ ^^ ^q qu'il traite le mieux ; mais
peine que notre docteur n a jamais „ ^e sont les choses accessoires qui
reçu plus d'injures. Infruniti *firin- „ gont merveilleuses, et par iesquel-
gelnii Joafines Launoyus , oui mhil „ içg souvent il éblouit le lecteor
adeo sacrum fuit y quod non fœddrit „ peu attentif (go).»
scHptione aliqud petulanti ac plus- L'auteur du Journal des Savans a
quam censond. CœlUibus tpsis non soutenu (91), aue jamais rien ne con-
pepercit, imom hoc non semel conis- ^^^ ^^^^^ a M. de Launoi que de
<:avit Isckm in me quoque in- j^fo^re les plus méchantes causes
curnsset, urgente quodam insonuuo- ^^^^ opiniâtreté. Son caractère par-
so Marsyd , qui sua dehna , imo Hc^Uer étaU d aimer la uérité sur
apertè hœretica comrnenta , contacta ^^^^^ ^j^^^ ^ ^ i^ chercher sans
extremU propè digiUs m eo Anlçmu- préug^aon, de la décomnrir librement
raU , œgrè tulit , ex persondamuii ac ^ 7 V auait trouvée , etc. M. de
- Marville a répondu ( 93 )
a deux manières d* aimer la
^ ^ ,. r. , ,«-...*>, June de V aimer pour elle-
lit. Tum mendaciis, calumnus, lo- jnéme, et Vautre de l'aimer par rap-
quaâtaU, scurrilitate , alusquejœ- ^ ^ ^^j Q„g gj^j^^ Augustin
minini generis maculis, quitus sa- f'aime pour elle-même qu'il
tyra venus quhm scriptio ab eo m ^>^^ est pas tout-a-fait de même de
nosexarata, dehonestabatur : ita ut la plupart des critiques, qui nont
Commodi exemflo , Hercules simul ^ amour pour la vérité , que par
terrificus , et fœmina , non msi pel- rapport ou a la gloire de faiseurs de
lacUs ac dolis armata, apparere vo- découvertes, ou, ce qui est le plus or-
laisse in eâ lucubraUone ^ideatur. dinaire , a l'humeur bourrue qui Us
Quœ causa fuit , cur Herculis Com- domine. « Je ne veux pas dire » con-
modiani appellatione visus sit insig- tinue-il « que M. de Launoi ait été
^,^„ _ „ , . . 1 -, » de ces aventuriers 'qui cherchent
iii*i^m"l^'l ' » >a ^«rite «""""e 'es chcTalien
(85) Morihus antiquis res sUa Somana virit' »,,,.,« , - , ... .
^,14, (88) Tfaeophil. Raynaad. , Syntogm. de Loris
Eamu, apud Cicer., cUatum ah Aagast. , de P'oprii.. num. 63 , pag. 67 A'popomp«i.
Civlut. Dei , lia. 7/, cap. XXI. Vide eliam (89) Idem , ibidem, num. 72 , pag. ro
Vulcatinm GaUicanam , in Avidio Casfîo , pag. (qo) Vigncul-Marville, Mélanges d'Hist. et de
m. 445 , tom. I. Liltcratiire , pag. 367.
(86) Quinlil. , lih. i, cap. VI, pag. m. 39. (91) Voyez le III*. tome de Vigoenl-Martil-
(«7) Vojet la préface des nouvelles éditions le ^ pag. a66, édition de Bouen.
du Catéchisme des \tii\il*'» , fait par Pasquicr. (9a) Là même , pag. 267.
LAURENS. III
M erranrcherchaiéntjadisâ faire des LAURENS (ANDRÉ DU) en la-
» prouesses. Mais on ne saurait nier ^^ LaurentiUs , professeur en
3* aussi qu une infinité de gens très-ca- .^'j^ -^^ j^... i%.^* -x ' t
» pables ne l'aient quelquefois re- njedecme dam 1 université de
5» gardé comme un critique outré, Montpellier ( A ), chancelier de
» et <|ui n'a pas toujours trouvé la la même université * , et pre-
», vérité qu'il chérissait. Il ne faut niier médecin de Henri IV, mou-
» pour cela que jeter les yeux sur ^.41^ ,ci j»«^a«. ,^
« les savans qui Vont attaqué, ou ^ut le 16 daoût 1609, comme
» qui lui ont fait des répliques fâ- nous apprend Guy Patm (a) avec
» cheuses.» OnPa pu voir «oa« cott- quelque» autres particularités
uert dépoussière de ses comhau jour- q^i ^^^ ^^^ portées dans le Die-
nauers , et des meurtrissures qui lui *. . jtz tur ' • ».
f^staieritdu conAat{^y On Ijoute tionnaire de Moreri , et que je
qu'au sentiment même de M. Ar- ne veux pas repeter. Je me con-
nauld, il n'avait pas toujours soute- tente de remplir le vide que l'on
nu l'orthodoxie : il s'étaU trop dé- ^ ^^^^^^ ^^ns ce Dictionnaire-là.
dure pour un theoùomen de moindre /% 9 j*j. • j ^* i>
nloiqle saint AugiSUn, et dont Us ^^ ?>. ^^* "®i^ ^^ P^Tt^CuIier
protestans du parti d'Arminius ont des écrits d André du Laurens.
prétendu tirer de grands avantages. C'est pourquoi j'observe qu'il en
naîtrons beaucoup mieux quel était toire anatomique (6) quia été
son sentiment sur cette doctrine , si fort souvent réimprimée , et
nous lisons la préface d;un traité qu'ildédiaàHenri IV , raniSoQ.
cfui n est pas encore public. M. Si- A > . . » •• *v?
mon Ta insérée dans Fune de ses let- «n sest tromne quand on dit
très (q4) , et a fait savoir que le dbc- qu'il profita des conversations
teur de Launoi condamne , dans cet d'Aquapen dente ( C ). Sa patrie
r*"^ISi:?4Te:t^^trt^rn: =;«?«». «té Wen marqaéedans
tafieuse au docteur, et donne une Liindenius renovatus {U). Antoi-
tï%-petite idée de son savoir. Voyez NE DU LaurenS, le plus jeune de
le Journal des Savans du i4 novem- ses frères, fut avocat au conseil
î^n'a^rU^jo'u^'aft'^Trt^ut «» f-"^* - '647, à l'âge de
août i7o3,pag. i3i3, édition de Fraù- quatre-vingt-trois ans. Il fut
buée à k. de Launoi. M. DU LaURENS , conseiller au
parlement de Paris , était leur
^^ ^«/ÎI'XXX?* ie. Lettre. ehoUie, ^Mb)> LoUISE DU LaURENS , fem-
de M. SifflOB, imprimées à Trévoux , /'«• * Du Laurens fut professeur à Montpel-
"•**i«l ancrage e«t imituli : VériiahU Tradi- Iffr 1.^" "î^^ "i • *^^" 1 ^^ '^'''* -î' !f "^^"^
tion derÉghse sur la prédestinnUon et la ^I^er en l6o3 duXcclcrc , qu, cite Astrac,
erOcé, fji,^, ia-ia; et réimprimé dans la se- ^moires de Treuoux 1781, août, /». 1433.
ronde partie dn tome l". âe Joannis Launoii Je remarquerai quel édition de 1740, du i>(C/.
opéra omnia, i73i-3a. Leclerc croit que la Vé- de Bayie^ est la première où , dans la paren-
ritabU Tradition fut publiée , «n 170a , par Si- thèse , après le mot jéndré, on ait ajouté (fu.
noo. Lecletc dit aue bien de* gens croient que C'était une omission ; car dans tout le reste
le livre n'eet pmnt de Launoi , mais quUl contient de l'arUde Bayle lui-même écrit Du Laurens.
ses vrmu santunens. nieeron, an coatnire, dit /-\ d-.;» r-.*i„« vwr /
qu'on doute fort qne ia FentoAfe rraditionwit J±T^' î;.^"'^ ^^^\' ^^IhZ'. ]^^
de Launoi. da moin, en entier, puisqu'on jy ''" ' ' '*""* '^^^** '"*'^ '^ XXriir let-
voit des choses contraires a ses sentimens, et ^^^ P^S' ','7*
qn^oo a*y trouve d*aiUeur» ni sa manière ni aou (^) Tiré de Patin , lettre GGLI, ^. 889 , et
style. lettre CCLXXXII , pag. 5o8 du II", tome.
ni LÀURENS.
me de M. Baltazar, maître j3es Jesseur royal h Montpellier , conm
requêtes , et intendant de lustice f? ^^" «' *^«5"'* f^^ ' *^^^ff » /'«'' *""
T J Â4r -ê. 1-..A. cii^ rotai* conseil pnué, au il eut bien
en Languedoc, était leur fille delapeineàfaireuérifieràTouhu^
(c). On voit dans le Mercure Ga- se (3). Notez qu'il fonda un jardin
lant que Pierre du LauREWS , de médecine proche Tune des por-
docteur de la maison et société *«%,^^ MoBtpellier , et an'il y fit
je, . j . j mettre cette inscription Arsus esta ,
de Sorbonne , ci-devant crand- ^^n Bnarœus (4).
prieur et vicaire général de l'or- ' (B) // publia plusieurs écrits qui
dre ^ '^^ • '-' --* ''—' '^-— -- '^-
ans
d'André du Laurens , premier suivies de trois autres à Francfort,
médecin du roi Henri I V (^f). ''f\ ,*'*'^ '^^ \ ?'«,?, \«/5 et l'an
^ ' 1637. L'ouvrage est intitule :Zfutona
(r) Patin, lettre CCCLVI, pag. 5g du anatomica humani Corporis et singur
///«, tome. larum ejus partium , multis contro-
* n n était que son petit-neveu , dit Le- i^ersiis et obseruatiônibus novis illu-
clerc, André n ayant laissé qu'un fils qui Strata (5). Le mot nouis nous doit
mourut sans postérité. faire entendre que l'édition de Pa-
{d) Mercure Galant, /«/rfer ijoS , pag. ris, 1600, n'est pas la première. Elle
*^*' avait été prëcëdée de celle de Lyon ,
,.%„/. 'j • j ïSgS, i«-8**. , qui est moins ample
(A) Professeur en med^^^^^ j^ 1^ „^,itié. ?ai vu deux versions
l unwersité de Montpellier.-] Il est françaises de l'ëdition de Paris : l'u-
remarquable qu avant que de lui ^^ fut faite par Fraucois Sizé , et im-
permettre d enseigner, on Fobligea rimëe à Paris, l'an 1610 , m-S».
àe faire toutes les épreuves d'un se- fhë jiile Gelée médecin à Dieppe ,
cond doctorat Çam r.g'wy^/omate est Fauteur de l'autre : elle fut iV
Monspehi medicinam publice docen- ^^^^ ^ Paris, in -folio , l'an iCiS,
di munus ohunutsset admitti ta- ^^^ plusieurs autres traités de du
men nonpotuit, doneciurumfactus Laurens (6), traduits par le même
^isset primo medicus haccalaureus , (j^j^ ^^ ^ avaient déjà été pu-
deindh licenuatus , tandemque doc- tliés en français par du Laurens (7) ,
tor , et toues iterum de medicinâ ^u qui avaient été recueillis de se
diP^ii^a;, étant aocteur d'Ayienon, quatri-t^ingi sept
futcontraint,pourdeineurera Mont- ^i^^s traita concernent la goutte , la
pellier, et y exercer une lecture ^ j^ ^^ j^ ^^^^j^ ^ f J^
se faire derechef docteur de l'école f^(^^^^ ^^^^ je viens de faire men-
de Montpellier , comme un simple ^ - **
"^D*?* . .. j * ** (3) Patin, letlreXXVII.pa^. m. 117 ,itt
Patin i^orait sans doute cette /er. tome.
Iiarticulanté , car s'il l'avait sue , il (4) Paolas Freber. , in Thealro , pag. i3a3.
'aurait jointe à celle-ci : Du Lau- (5) ^or«* Lindeniu renoTatns , pag, 47. Oh
rens uint a la cour auec la J f^ oubiiiVêdUion de Lyon , i6%l , in-%».
comtesse de Tonnerre , par la rtcom- , îSlS'ï* ^i' ?'?*•' divise' in trois Uures, a»ec
«.^«^^#;«« ^^ 1 11 -1 f * J^ * ^ ' " Méthode générale servant aa pronosbc et inx
mandation de laquelle iljutfait me- crises des maladies , ei celui desEcrouéU» , di-
decin du roi* par quartier et prO' m/ en <2«iMr /iVr«#, <2ont le premier traite de U
vertu admirable de guérir les écronelles parTsi-
(i) Panlus Freber., in ThtMlto ^ pag. x3a3 , toncbeaent, concédée divinement aaz seols rois
ex II parle Vitamm Virornm doctorum Jani de France, et le second exfdi^ue la nature des
Jacobi Boissardi. écrouelles , elc,
(a)fiioIaD, Recbercb. des Écoles de médecine, (7) Celui de la Geaservatioa de la vae; celui
pag. 8. V^e* aussi pag. 167. des Maladies mélancoliqaes ; ea^Mt <fe« Catar-
« Haari III , dit Ledere. rbes ; et celui de la Vieillesse.
LÀURENS. ,,3
tîon ont aussi paru en latin : on les voit au en a écrit par questions te sieur du
«lans le deuxième tome des œuvres Laurens est une anatomie purement
de du Laurens , à l'édition de Franc- physiologique. Au fait de l'anato-
fort, i6ai , in-folio y avec les jinmh- mie , il a commis de grandes fautes ,
tationes in artemparuam Galeniy et non pas celles qu'ont remarquées
consilia medica. Le Traité des Crises Collado et Laurembergius , qui sont
avait été imprime à part , en latin , dans les Questions, mais je dis dans
à Francfort, Fan i5q6 et Pan 1606, le texte du fait et de /'Histoire ana-
i/i-^. (8). On a oublie dans Lindeniua tomique ; ce qui est si clairement
renoi^atus l'édition latine de toutes démontré , que tout homme un peu
les œuvres de du Laurens , faite à versé en Z'anatomie l'avouera sans le
Paris, en deux volumes in-l^,, l'an pouvoir défendre (10). •
i6a7 y par les soins de Gui Patin , au- Ce Collado , ou plutôt Colladon, a
teur de la traduction latine de quel- outré la critique j car il a prétendu
ques Traités que du Laurens n'avait qu'il n'y avait rien de bon dans l'ana-
écrits qu'en sa langue maternelle. tomie de du Laurens. Cet excès de pas-
La version française de l'Histoire sion a été marqué par Jean Spenin-
anatomique , imprimée i/i*8°. à Paris , gen , professeur en physique à Wit-
l'an 161 o , ne contient point de figu- tembere. Hœcetplura ejusmodi Col-
res ^ mais on n'en usa nas de la sorte lado , dit-il , quœ non hic saltem ,
dans la traduction de uelée , in folio, sed ubique contra Laurentium magno
L'imprimeur qui les supprima allé- fervore scriptitat. Ubi ita se gerity ut
gue entre autres raisons que du Lan- oculati videant omnes, non tam amo^
rens ne les ût mettre que pour agréer ne ueritatis quam antiquitatis , coi-'
a quelques-uns , non qu'il les jugeât dato huic contradixisse viro^ Sed non
beaucoup utiles , mais plutôt servir abjicienda nova omnia , alihs et ipse
d'amusoir qu'apporter de l'avance- hic Colladonis liber è medio tollendus
ment aux étudians. D'ailleurs , il et è bibliothecis foret exterminandus.
déclare lui-même qu'il a laissé met- Quem tamen multa bona , multa acu-
tre a F imprimeur de son œuvre en ^ excogitata continere , non imus
latin y les figures telles que tous les inficias. Intérim etiam non omnia in
anatomistes vulgaires les ont ; des- Ijaurentio falsa , sed plurima vera y
quelles il f a peu de gens qui n'en plurima non absque insigni legen-
soient pourvus , comme de celles des Uum commodo scripta sunt, lallit
sieurs Paré et Guillemeau , chirur' Collado , càm inquit : Laurentii Ana-
giens de no^ rois très-chrétiens , ou tome tota menais scatet , ut de eà
de Charles Etienne , docteur en méde- verè prophetae querimoniam possis
cine en cette université : tellement queri , omois princeps aegrotat , à
que s'il Y a de la faute aux figures vertice ad plantam pedis , et non est
?u'il a fait représenter, il veut qu'on in corpore toto sanitas : adeo omnes
impute au peintre et au graveur, et libri partes ineluibilibus errorum
dit qu'il a assez clairement donné à macuhs imbutae sunt, ut nescio, quâ
entendre ses ùoncepUons en son his- cretâ aut cimoliâ abstergi purgarique
toire , sans qu'il y soit besoin d'au- possint. Fallitet cùm scribit • Docere
cunes figures ; mais de la vue seule- vis , qua; non intelligis , quomod6 id
ment par les dissections annuelles , prastabis ? Non per te sané , non
sans lesquelles on ne saurait jamais enim potes dare quod non habes ,
être parfait en cet art anatomique sed KctTei av/ut^t^nMoç , instar dur» et
(9). Comme ceci est historique à l'é- stupidae coUs, acutum reddere qua6
^ard de cet ouvrage de du Laurens , ferrum valet ,' exsors ipsa secandi.
l'ai cru qu'on approuverait que je Non ùcies sané tuorum librorum
l'insérasse. lectores doctiores , imb si tibi fidant
Je dois ajouter qu'encore que ce indoctiores : sed tum deprehensâ
médecin fût trés-habile dans l'ana- doctrinse toae falsitate justo perciti
tomie , il ne laissa pas de donner lieu zelo , verse et genuinœ medicinae
â la censure. Lisez ces paroles : Ce auxiliatrices manus aiTerent , prse-
...„,.,. , mium clarioris scientiœ eruncatis tuis
(8) Ex I«iMenio renoTato, pag. ^n.
(9) Avit au Ueteurt au-devant de rAaatom'O (10) Riolan , Recberclici des ieole* de méd»*
traduite par FmdçoU Sisi. ciqe, pag. ai4f ai5.
TOME IX. 8
,i4 LAURENTIO,
ex suo aliorumque an unis erroribus (16) de cet Andr^ était d* Arles ^ car
perniciosissimis metent. iVe quid ni- il n'est pas extraordinaire que les en-
mis , Collado ! Amick traotandi pur- fans d'un même homme naissent ie^
blici boni causé qui laborant. Nœvos uns dans une yille , et les autres dam
si habent , et tegendi, et detegendi une autre. J'attendrai donc un pltu
illL Errare humanum , sed errata ample ëclaircissement sur ce soiet ,
stylo atroci et lingud virulentd nO' comme aussi sur ces paroles du lin-
tare, ac è muscd eiephantemfaceref denius renoyatus : ohiit in patriâ ^
inhumanum (il), qui signifient qu'André du Laurent
(C) On s'est trompé quand on a dit unit ses jours à Montpellier; mais en
qu'il profita des leçons d' Aquapen- attendant je douterai peu qu'il ne fût
dente. ] Commentons ceci par un d'Arles , puisque Gni-Patm l'a sur-
extrait d'une lettre de Gui-Patin. M, nomme Arelatensis , au titre de Té-
Hofman (la) . ... remarque en quel- dition qu'il procura Pan 1637 *.
que endroit j que du Laurens a dit une (£) Avec Anne Robert.., laquelU
•certaine uérité anatomique , qui ne lui viycût encore Van 1663.] Patin assure,
serait jamais , dit-il, %*enue aans Ves- dans une lettre datée le a6 décembre
prit , s'il ne tedt apprise de Fabri- 1662 (17), que ce jour-là il lui avait
dus d' Aquapendenie , à la table dw fait donner l'extrême - onction , et
quel il a été quelques années. Or qu'elle avait quatre-vingt-sept ans;
cela est très-faux; ledit sieur du Lau- mais il avait dit ailleurs (18) qu'elle
rens n' ayant jamais étudié qu'a Pa- n'en avait que quatre-vingt et un Pan
ris y sous Louis Duret, durant sept 1661.
années Ainsi il ne fut jamais
a Padoue , ce que je sais fort bien, , C»6) Honoré au Unrent, archets f ^ue tTEm-
/^_-.f ' ■'^ M ' •' / » bnirt' Fore* son article dans le Moreri.
étant il Y a (^infft-trois ans passes , le «. , j. ^ '•• .• ju-, 1.. . ,
,, .'^. .O/. ... « 'x^ii^ ' « * Leclerc dit qu II cit indubiUble qoe da La»-
medecin de la famille de MM. du ,«. éuitnéi Arlet; m«i. Jolyciieaneleiurde
Laurens , qui sont deux conseillers Tabbé Bon«idj , qui porte que An Laurens cuit
d'André du Laurens , n'est mort que (18) Dans la leure CCLI , pag. 38o du m/-
depuis dix ans , d'une fièwre quarte , "»• *^"***
âgé de quatre- tdngt-sept ans , et qui TTuTJxrT rrk xr
n^en a autrefois raconté tout ce que LAUKbJN 1 10( Pi fCOLAS), vul-
j'en ai uoulu (i3). gairement appelé Cola di Rien-
(p)Sapatnen'apasétébienmar- ^ 3 été dans le XIV. siècle,
quée dans Lindenius renouatus. \ Les i» 1 1 1
paroles de l'auteur de ce livre sont : ^ .^^^ ^® ceshommes que la pro-
jVatus in academid MonspeUensi vidence de Dieu emploie de temps
( '4) » c'est-à-dire né dans î'acadé- en temps comme un théâtre où
mie de Montpellier. Cette exT?Tes8ion l'on puisse voir les vicissitudes
serait impropre, quand même lamé- . 1 *r • • j 1 j-,-
re d'André du Laurens serait accou- «' *®* bizarreries de la coodition
chée de lui dans un collège de Mont- humaine (A). Il était fils d'un
pellier. Je ne saurais bien dire s'il petit cabaretier et d'une lavan-
naquit à Montpellier^ L'auteur (i 5) aiëre. L'attachement qu'il eut à
que Ton cite dans le Théâtre de Fré- i> ^^ j j . ^ 1
her l'assure. On ne le réfuterait pas ^ ^^^^^ dans sa jeunesse , et la
solidement par la raison qu'un frère force naturelle de son esprit , le
rendirent fort habile. Il devint
(Kx) Job. Sperling«B, de Formations. Homittis 4.^»- ^îl^^,..^^* ^4. ;i '«. -
in «lero, p«i7„3*, erfi,. jr/a.,,64i.//«<e tres-eloqueut , et il savait par
U^Ce^t^jr^' ^^' ^^^^ ^®* P^*^* beaux endroits de
90ur en médecine'^h Mi^rf*^ " "**" ' '"^•'*'" Cicérou , dc Tîte-Lîve , de Jules
(i3) P.tîn , lettre xxviii, pag. ,,7 du /•». César , de Valère Maxime et de
Utme t elle e*i daiée du 6 de septembn iSân. c ' ' ri • -^ * a
(i4) Merckiin.. in Lindenio renov., p. ^^. ocncque. Il aimait extrêmement
(x5) Pari II viuriim virornm doctorum Je- les aucieuiies inscriptious , et les
Si Jacobi BotMarai , opHif F reber. . in Tbeatro, -.r . i- j' t'/r ti i
pag.iii^. savait fort bien déchiffrer. Il 00-
LAURENTIO. ïi5
Lint une charge dé notaire, qui avec des soldats pour faire venir
en ce temps-là était assez esti* des vivres, il assembla le peuple,
(née pour que des gentilshom- il harangua , il fit des lois , il
mes ne dédaignassent pas de chassa de la ville tous les grands,
l'exercer. Les commissaires des il s'empara des fonctions de ju-
[juartiers de Rome l'ayant dëpu- dicature , et fut déclare tribun
té au pape Clément VI , qui sié- auguste et libérateur du peuple
geait à Avignon , il harangua si en 1 346. La faction des exilés
éloquemment , qu'il s'attira l'es- fut incapable de lui résister , à
lime et la bienveillance de ce cause du peu d'union qui était
pontife , et l'admiration de cette entre eux : ainsi il disposa des
cour. Cela lui donna le courage choses à sa fantaisie , et se vit le
dedéclamer fortement contre les chef d'une nouvelle république
grands seigneurs de Rome qui op- romaine , au nom de laquelle il
primaient la bourgeoisie. Le car- écrivit aux autres états , à l'em-
dinal Jean Colonna lui en voulut pereur , et au pape même. Pour
du mal; mais , ayant mieux cou-* mieux affermir son autorité , il
sidéré cette affaire , il cessa de le condamna bien des gens au der-
rendre odieux au pape. Lauren- nier supplice , et entre autres il
tio s'échauflFa de plus en plus fit pendre Martin de Porto , l'un
contre ces petits tyrans de Rome; des petits tyrans de Rome. II
et il harangua un jour dans le reçut des ambassades de la part
Capitule avec tant de liberté con- de plusieurs princes et de plu-
tre eux , qu'on lui donna deux sieurs républiques , et cita har-
soufHets lorsqu'il eut fini. Un diment le pape à venir séjour-
seigneur de la maison Colonna , ner à Rome avec le collège des
qui était alors camérier de Rome, cardinaux. Il fut si heureux dans
et Thomas Fortifiocca, secrétaire la guerre qu'il soutint contre la
du sénat , furent ceux qui le faction des nobles , qu'il la dissi-
soufHetërent. Il dissimula , et ne pa entièrement. Mais alors il fit
laissa pas de haranguer dans le comme la plupart de ceux qui
Capitole et dans diverses églises , se soulèvent sous le beau pré-
et de faire des emblèmes , le texte de la liberté : ce n'est point
tout afin de marquer la mauvai- la tyrannie qu'ils haïssent , mais
se administration de la justice, les tyrans; ils sont fâchés que
Les intéressés prirent cela pour d'autres qu'eux exercent la souve-
unjeu, et principalement lors- raine puissance. Laurentio n'eut
qu'ils virent que ses harangues pas plus tôt abattu la tyrannie
étaient mêlées de plaisanteries , des autres , qu'il devint lui-mé-
et qu'il menaçait du dernier me tyran. On le traita alors com-
supplice quelques - uns d'entre me il avait traité les autres. Il
eux.^ Apparemment ils crurent fut contraint de s'enfuir, et on
alors que par ses extravagances le pendit en effigie dans Rome
il se mettait hors d'état de nuire ; comme un traître. Après s'être
mais ils se trompèrent : car se tenu caché quelque temps il se
prévalant de l'absence d'Etienne présenta à l'empereur, qui lui
Colonna , qui était sorti de Rome permit, sans néanmoins le lui
fi6 LAZZARELLL
conseiller, d'aller faire la révë- ^, ^.^ ,«,,5:'!ir  ''^
rence au pape. H en fiit dabord Quelques-^uns de ses écfiis suh-
mal reçu ; mais après quelques sistent encore, ] La lettre qu'il écri-
mois de prison , il suivit à Rome yit à ceux de Viterbe se trouve dan«
le légat du pape. Il y releva son un lirre intitule : Prose antiche di
parti iusques au point de pou- Dante Petmrcha,Boccaccio,ed al-
|/a» •.> j ^ ^ j- ^^.^ /iow« e uirtuosi ingegm. On y
voir rentrer en guerre avec les ^^^^^^ ^ussi les harangues ^uc Pan-
Colonnes : mais sa rigueur en— dolphe Francus et Francou Baron-
vers le peuple , et ses exactions celR , ses envoyés à la république de
le rendirent si odieux , qu'on se ^^orence firent au sénat florentin.
*^ *, ,, ^ ' rî Quelques lettres qu'il ecnvit a Char-
souleva. 11 crut que son eloquen- ^g ^ J^i j^g Romains , et à Fempc-
ce calmerait cette tempête , reur Louis de Bavière, se trouvent
comme en tant d'autres rencon- dans le XrV«. tome des Annales de
très. Il se trompa, et eut beau Bzovius (3). Pétrarque fit un beau
* ' , ^ , , poème italien à la louange de Lau-
se montrer au peuple et le na- Je^tio (4).
raneuer à ses fenêtres , on ne , , ^. ,. . „ « ... ,
laissa pas de mettre le feu a son \i\ Ad ann. 1347.
palais. Il tâcba de se sauver en (4) ff BiUioihecâ romaoâ Pr*fp. Mande»].
habit de gueux ; et il était pres-
que hors de péril , lorsqu'un LAZZARËLLI (N.) , natif de
certain petit homme le reconnu t. Gubio en Italie, a été un fort
Un autre lui donna un coup bon poëte. Il fut quelque temps
d'épée à travers le ventre. On le auditeur ou juge à la Rote de
perça de mille coups ) on le trai- Macérata , et puis il se consacra
na par les rues , et on le pendit à l'état ecclésiastique , et fut pré-
par les pieds (a). Il fut deux tre, etprevotde la Mirandole.
]ours en cet état, après quoi les II mourut Tan 16949 à Tâge de
juifs brûlèrent son corps à la plus de quatre-vingts ans. Il pa-
campagne(é). Quelques-uns de blia un ouvrage intitulé la Cic-
ses écrits subsistent encore.(B). céide , qui est quelque chose de
, , . «.^, . « . j «_ fort singulier (A). C'est un re-
la^S Tïre rf« ta Bibhoth. Romaine rfePros- -ij \ m. ^ i
per Mandosio, centurin H, num. 55. cueil de sounets , et de quelques
(à) Ceci sejit le 8 de sepumbre i353. autres sortes de poésies , où il
., ^ , , . ,- déchire cruellement le sieur Ar-
(A) Comme un théâtre oui on puis- • i • • / x *t j r
.e^otr les vicUsitudes ... Je lacon- "ghmi {a) , natif de Lucqucs ,
dition humaine. ] Les païens appe- qui avait ete son collègue à la
laient cela les momens de la belle Rote de Macérata. Il le traite
humeur de la fortune (i) ; mais ils comme si c'eût été un pcrsonna-
auraient pu aiouter que ce jeu finit ^ ^ , , *^. . »
ordinairement à la manière des tra- 6« ^^^^ compose de parues hon-
gédies. C'est sur ce pied-là que fut de- teuses{b). Sa versification est la
nouée la pièce aue notre Laurentio plus aiséei» la plus naturelle , la
joua sur le grand théâtre du monde.
^ , , ... ,j... {a) Auteur de quelques ouifrages^ et nom'
y Ç"/î'"'* humUi magna adfasugtarerum jnément d'un i'olume di CoHsigU criminali .
^'""''•^n'i;t^ttr.r39: ^^ iljit meure sa tailMoJc, Vojre^ la
Dî quasi pilas homineshabent. page 201^ de la Ciccetde.
Plantai , in Captiv. , Proi. , w. aa. (*) Ceslune expression de Balzac. Voytz
Liidit in humanis divina votentia rébus, '« Chevrœana, pag. 276 de la II*. partie,
Ovid. , de Ponto« db. IF, elfg. III. édiU de Hollande.
LAZZARELLI. rr^
lus coulante , qui se puisse voir, gloire du grand prince à qui il écri-
C3n y trouve une fécondité sur- ^i*- .f^«* ?"' <'e* «/i^^rai César en
** . j,. • .• . j espnt et en science , César en dili-
prenante d imagination et de g^^^^ ^ ^„ uigUance , e« courage
pensées ingénieuses et vives ; César ^ et per omnes casas Cœsar,
mais tout cela roule sur un sujet ^'ous auez trompé le jugement, etc,
si obscène , et est animé, d'un ^')' Jî?*^ P<^f f tourne <ïe tous côtds '
-^ . .,. ,.« ^ 1 son Liccio,, et le promène par toutes
esprit SI vindicatif et quelque- goûtes de routes,
fois si profane , que l'on s'en p^ ^arios casas , per tôt dùenmina n^.
peut scandaliser légitimement. r»im(3);
I.a préface de son livre contient f* '^ ^^t un C, per omnes casus. Il
■m ^ j ^ • /• • 1 le suit depuis le moment de -la con-
gés excuses dont je ferai quelque ception , jusques au trépas j et il va en-
mention (B). core plus loin , car il plaisante sur le
cercueil, sur Penterrement , surTë-.
(A) // publia un ouvrage intitulé pitaphe, etc. de cet homme: il le-
la Ciccëide, qui est quelque chose de poursuit jusques à la barque de Ca-
Jhrt singulier, ] Je n'en ai vu que la ron , et il Vy garantit franc et quitte
seconde édition ( r ) : elle est de Tan de tout péage , et il l'exempte même
1693. En voici le titre tout entier : du besoin de s^embarquer. Il suppose'
JLa Cicceide légitima : in questa se- que Caron lui parla amsi :
conda impressione ordinatamente dis- è priuilegio a parttuoi eoneesso,
posta, notabilmente accresciuta, e llpoter sen%tt imbareo ^ « pagamenf^
fedelmente rincontrata con gli ori- ffavere a Caltrty margine Vaeeesso i
•'gi^lideir auto,^ ElleooBtieat deux '''ëHÎ.Z^lu^iâ'rtL^i,:^^.»
parties ■ le titre de la première est le Jhdar di Va deljiume a saU^amento (4^
XÎBs«itfo//zte, et celui dé la seconde , „ a^.j , j yi. • 1
le Sghinazzate. On a désigne sous le ^ ^ ^^^ «« h seconde édiUon les son-
nom de don Ciccio la personne qui "*«*» ^^^ avaient paru les plus profa-
est maltraitée dans cet ouvrage. No- °«^ ' «* ^»** avaient été cause que son.
tez que Ciccio est un mot dont se ouvrage avait été mis dans l'index,
servent les Nanolitains pour dire 5^ concernaient le baptême , la con-
Francesco. Les Romains , au lieu de fif^alion et l'extrême -onction de
Ciccio, disent Cecco. Le grand but Ciccio , et quelques autres sujets sca-
de l'auteur est de prouver que don ^^^^^' 9^ ™ «° ?, ^^^^^, "^e copie
Ciccio est un Coglione, C'est à quoi «januscnte , et l'on ma conseillé
aboutissent tous les trois cent dix- /^ en insérer ici au moins un , afin que
huit sonnets qui composent la pre- ceux qui ne pourront voir la Ciccéide,
mière* partie de la Ciccéide. C'est le Piece peu connue deçà les monts , se
centre de la sphère de
* et je croirais aisément
trouver dans la seconde partie
quoi remplir le nombre de trois cent L'oglio santo.
soixante qui est la division la plus Dalafebre^ daVasma^ gdal'uscita,
ordinaire du cerde. Il ne manque K'2i^'"i^J''^*'''-'".r'"'''f?Ji"'
, . . , , 1 , ,. ^M * i*** rtdoUo tn si caUivo stato
rien a cette sphère de médisance j elle Che'lfean vidno aiv ulUma partita,
est fournie de tous ses degrés, et ils Qua$tdo, tal nnova U poverello udUa,
se terminent tous au même point. Le / \ v •. t ». j jir- •
T 11* ti y f\ "• "*' (1) Voiture, Lettre au dac d'Encaiea, aftrèi
Sieur Lazzarelli , d ou qu'il parte , u bauille de Rocroi , en x643. C'en la CXLl*.
termine toujours sa course à la co- Uure de Voiture.
glioneria de don Ciccio. C'est la chu- C^) ^'*"8»*; » ^"' t '**• A •''• »«4'
te de tous ses sonnets. Cela est vio- ^4) Cicceide, pag. 390.
lent : il n'eût pas été possible à Voi- ., î^> T^-^5f ''^ /^. ''!r'"'*^'' ï"*^ *'" '*'"'"' '"
. j j.. ^. j*^ tivi ^1 il le pna d assuter a sa première messe i
ture de taire nen de semblable a la I© t*en prego, don Ciccio , instantemenle
Che a me non Hce far qneste fonziont,
C^i) -MT. Silvestre, docteur en médecine ^ m'en. Se tu inede^ino noo vi sel présente,
prêta un exemplaire à son retour d'Italie , au Stante cbe le caooniclie saniioai
mois de juillet 1700 , et m'apprit les parliculari- Prohibi!«cono a tutti espressamente
lés penonnelies qui se trament dans cet article. L*u80 di celebrar scnia cogUonî.
n8 LELAND.
Dimnndb Vaglîo sanio . 0 gli fit data . n^^»^ ^ ^ ^ ^ it «
Binum0ndoco,i/ortificaJ ^ * /»c«/itf , />«r trattuilarsi , ehe senti-
Par tuo franco pasiagio à Paîtra vUa. fnenti d un cuore intenta ail' qffesa
MafatiaitParochianUjiMfunûont, d'altri , ti prego il credere , citée U
Fer la menlt uno terupulo gU cors» non mi héiuvJhh^ •.«>»»^ • ^i
D'aider fallaio neW operaziLe; non jni haurebbe pcrmessa mai la
Péri chê in vue» d^appliear l'unùone uoerta di mmandarlo aile stampe, se
S'ui einque fentimenti, tgli t'aeeorss ton si fidasse delV ingcnuita del tuo
CKappUcata l'havea ,opra un cogUone. çuore , che saprh trastullarsi coW
{^) La préface de son liure contient ^^S^Ç^O senza trascorrere colla vo-
des excuses dont je ferai auelque ^^ta a denigrare ne pur col pensiero
mention.! Elle jparatt avoir été faite ^^fi"na incorrotta del suo decantato
par un des amis de l'auteur. On y p^tagonista. f^ii^i dunque JelUe ,
proteste qu'il fut trés-fâchë de la ^^ntrHo lasciar non uoeli di ricor-
1 :x 1. 1 I i iln-nii i*, ^;/:.-^ j^ii> >#_ri_ y
duite en meilleur ëtat. Ses scrupules * ■ . t.-
étaient fondes sur certaines aUusions ' *'* "''^" P'"'" ' "'"^ P"»*« «»*•
aux cërëmonies de l'église, et sur LELAND (Jean), natif de Lon-
l'opposition qui se pouvait rencontrer j_ , v ^w "«*«'""«? '-«u-
entre les devoirs de la charité et ^^f^ ' / appliqua avec tant de
un livre de médisance. On ajoute que ^oiQ ^ la recherche des antiqui-
cet ouvrage n'est qu'un tissu de sail- tés d'Angleterre , et parut si
lies d'imagination et qu'une fougue propre à y réussir, que le roi
poétique qui ne donne aucune at- {r^il; vttt i»u i,
teinte aux sentiraens orthodoxes dont ™^" ^1111 honora d une très-
le cœur de l'écrivain est pénétré ; bonne pension , et du titre d*an-
qu'il soumet toutes ces compositions tiquaire. Cette charge commen-
à la censure de ses supérieurs , et ça et finit en lui. Pour en bien
qu'il déteste tout ce qu'ils lueeront v i j • .,
condamnable} qu'il espère de l'équité *'en^P"«' ies devoirs il parcourut
des lecteurs un juste discernement toutes les provinces d'Angleter-
entre ce oui n'est crii%in ÎAii f^Varirif- i*a il o«a*m:«.» *^... i i /i •
?„7-pr^rtë™;s^^i;!T«Sn ««tant de "Mémoires qu'il lui
uero , e l'uno , e Valtro degli accer- ^^^ possible , il entreprit plu-
far* motivi son degni di un animo sieurs ouvrages Considérables
che professa esattamenteidetlami del (A) : mais il n'eut pas le temps
faX:7'Te;.rpÂZ't,^r'cl^ <»« •«* «<*«ver, m înême de C
queatisuoicomponimentisono unme- avancer. La COur ne lui fournit
ro sfogo di poetico capriccio affatto y point les appointen\ens qui lui
discordante daUa pietk delV animo étaient dus ; et, soi t à cause de
suo , imbewuto de' sagrosanti dogmi ^^i„ c^;* ' -• « ^«"»«î ue
delU cattolica i^eritS ; corne sara "^^l* ' ^""^^ P^^f quelques autres
prontissimo sempre a testijficare col raisons , il tomba dans une noire
sangue stesso , e che gti sottopone mélancolie qui lui fit perdre
tuttoquello, che dal ^tudizio loro t"ste état. On trouve ses ma-
infallibile sara stimato per degno "«SCrits dans la bibliothèque
tTesser dannato, E rijlettendo , che d'Oxford. Ce sont des masses in-
quesu sono piu tosto scherzi di una formes ( C ) , qui témoignent
(6) Pr/fnee de U Ckcêide. néanmoins sa grande capacité.
LELAND. iig
On la connaît encore plus claire- lia, qubdfructum industriœ justœquc
ment par urf ouvrage auquel il ^^^^j^^^^ oppressus, siue quâcunque
mit la dernière main (D) , et qui aliâde causa, ahalienatœ mentis, nul-
serait cligne d'être imprimé (a). Us è religione et philosophid , nullis è
On accusa Camden de s'être fort Medidnâ petitis^ remediis ad pristi-
, , j •* j^ T««« num sanumque statum reuocandœ ,
prévalu des manuscrits de Jean ^gritudinem perpessus est ; uastâ
Leland (b)- M. Smith a réfute intérim observationum , quas in ad-
cette accusation. uersaria sine ordine etproperante oa-
Je ne devais pas oublier de lam^ , prout ipsi occurrissent , con-
,. ,., , T* , Tk • ffesserat , mole relicta {tî).
dire qu'il étudia a Pans sous « ^C) Ses manuscrits,., sont des mas^
Sylvius ; qu'il commença en 1 534 ses informes.] C'est ce qu'on a pu
les voyaffcs qui servirent aux re^ déjà connaître par les dernières pa-
cherches des antiquités britanni- rôle* ^u passage que je viens de rap^
«.ucicucs uca aun^ „ f ,- • porter : en voici la suite j on y verra
ques ; qu il abjura l église romai- ^^ témoignage plus exprès et beau-
ne quelque temps avant sa mort , coup plus circonstancié. Ifàrum
et qu'il mourut le 18 d'avril ( observatimium ) y«fl«wor /i^ro* , irt
ri^f\ loquuntur , in folio , etseptem mino-
1032 (c;. ris formas, manu Lelanai plerâque
(a) Tiré de la Vie de Camden , composée ex parte descriptos , in perpetuam,
par le docteur Tbomas Smith, p» 28 et suw. (psius mômoriam bihliothecœ Bodl.
ijb) Ibidem, Qxon. dono dédit V. Cl. Guilielmus
{c) Voyez Pope Blount , Cens. Aathor. Surtonus , famœ ob editam K^Ui-
pag. 442. cestriensis descriptionem , apud An-
(A) // entreprit plusieurs ouvrages liquarios nostros notissimœ. Keperitur
conside^rahles.]lJn\ïyre de Topogra- q^oque aliud volumen collectionum
phid Britanniœ primœ , in quo ue- YelandiC) inbU^liotliecd Cottoniand.
tintas etiam locoinim , quorum memi- JYonirritabo Lelandi mânes , si dixe-
nissent Scriplores Romani , appella- ,^ ^ totum opus , quod sœpè tractaui ,
lianes spissâ caligine obsitas in lucem ^^-^^ confusum , distractum , nulloque
esset reuocaturus. Cinquante livres rfe Qpdine digestum , limam ubique de-
Antiquitate Britannica , sive de ciuill g(Jerare , et tanquam corpus exsuc
Historid juxta Comitatuum Angliœ ^^^^ ^ exsangue , animâque destiiu-
et W'alliœ , quœ tune temporis obti- ^^^^ prostare (3). Voyez en note le
nuerat , partitionem. Six livres de jugement que cet auteur porte du
I nsulis Britanniœ adjacentibus. ^Troia yaste dessein de Leland (4).
livres de Dfob'ditate Britannica. Voilà ^j)) u^ ouvrage auquel il mit la
ce qu'il promettait dans une requête dernière main."] M. Smith nous en
qu'il présenta au roi Henri VIII , la ^jy^ i^ matière et le mérite. Quantus
37e. année de son règne. Cette requô- ç,er6fuerit Lelandus , si non ex editis
te intitulée *y«re/»a fut mise au jour opusculis Collectaneis , saltem ex
par Balxus (i). ^ eximio opère {quod perfectum reli-
(B) Il tomba dans une noire mélan- ^^^^^ j^ scriptoribus illustribus Bri-
colie qui lui fit perdre l'esprit."] Ser- lannicis , quod in publicam lucem
ion puis-
donne ce
plorandam infelicissimamque sortem . .
Non enim multo postquam fidem (a) Thom« Snûih iW*«..
quod susceperat prœstandi quasi sig- |37^,"J„rSmhh /û. Vit* Cmaeni, p. 3o.
natis tabelbs obstnnxisset, sive ope- ^ > ^.^ ^.^^^ ^^^ ^^ ^^„. ^^^^ ^,^„^.
ris promissi difficultatibus detemtUS, ^^^ profilttur , se multa et magna... quœ infi'
■ sive immensis lahoribusfatigatusfrac- nilam illius industriam, solerliamque, et excels»
tusque , sive dolore nimio et melancho- :^^,{J^ J^^^^Z^u^^^T^^r^^
(.) Tiré de la Vîe Je C.mde. , composée par taniur . mo/in. Id«« . ib,d. .pag. ag-
U docteur Tbom«i Srnub , pag. «9. (5) Idem , xhidtm , pag. li
lao LEMlilCS. LEMIiOS.
Kfici et M,
roi da
povr Tcwojcr aaii<r>tiite Fapebroch SprA. u fiXa* noas apprend qi»
«tti f riMjiilf' 1« jftiLa Scmcu^rmm, ht iâwmmàm^tt pi^HyuMit^T^oatercBcon
Cataioçoe ^Orford ^oone le titre A dna firres â es qvaire-lâ.
le»oDde.qiieloaTnçe<lr//£«»t»- proche de U Tlinoe*, et dl
ims Bnlaruutt S^nptar.lms : de ^etf iBOOt AtfaosfA), était Cameme
40Miw Bnumnuit: ée T-rposTophid, p^T bin dcs cnditnts. EUe ftC'
€<c. , qoll attriboe à lca« LcLkmI , 1^ - ^^ • ^^„^^ j^ i,
. 2 ^ ■ ' t - ■>-■ 9LU1SI iKMiuiiee à cause oe ii
Best pas iflipriar. Je craiiu qn a -"- « . , ,.
B*ait ni» trpoçraphia au Uea de lo- 6«wie dec»e <jm S appela»
pographia , ee cfoi »en caate qa'oa LeoUMIS , Ct â ^BÎ Fon sacmût
mettra Ulami panu le« astevi qui des fiDes^a}. Les Sînties, peu-
•ot écrit de i impffuaene. _i_ j_ •*•■_ ^ ^ i.-*— .
f €; /• BâUi«ikeeâ KfclMithcar. , p^. it;
pie de ThrMe, forent les pre-
vi7m#vTr-c /» -j miers qui rhabitèrent (&}. Elle
LEM^ILS ( LxTiFCS ), mede- n'a^t que deux TÎIles : l'une»
"'•«'î?'*^'* ♦.'^"f * * Zific-Zee nommait Héphesda , l'antre Mj
enZelandc, lezode mai i5o5... ^na (c). Son labrriatfae fiit l'm
L un de ««* pnncipan onrrag» d« qnatres édifices de cette na-
nt celui de OccukuNalm-œ Mi- tare dont les anciens aient 6il
r4Uulit(k).GciUAEiÊELaaKi, niention(B). Les habitam <fe
•on fil» , pratiqua la médrane Lemnos furent les premiers qui
avec tiuxès , de sorte qu'Eric, g'appUquèrent à forger des ar-
roi de Suède , le fit renir à sa nies(J). Ce fut sans doute Fane
détrôné (*). ge ^^^ ^^ Le lieu oii il tomba fol
r^c'^IhliX^ÎL' Ml.îS'Xlli.S: ««"««Pable par une esjoèce de
et d€i iuivanut. terre qui avait de grandes ver*
ib) MeUb. Adam. , in Vit Medieor. p«y . tus. Elle guérit Philoctëte de la
morsure d'un serpent (D). Les
(A) L'un de ses principaux ouura- - - - ...
cuhi
^ , Ta ÎÎ'^V,?^T/*^ T'*''' poètes ont bien chanté le séjour
«ifce/iu de Occultisllatarae Mira- K, ^ , , 9m /•. :■ mi j
il.] Il a été imprimé je ne sais désagréable qu il fit dans l île de
combfen de fois. On'ien marque beau- Lemnos (£), pendant que les
coup dVditioni (i) dans ùndenius Grecs étaient devant Troie. Il J
ronowatus ; mai« on n*y dit rien de la ,
prcmii^re qui fut celle d'Anvers apud ^""^ ^»i î"^ ^afl^U dire ici T^mce »-
OuiUelmum Simonem , l55q, in-8^. ~^.f^~" pour la distinguer de la Th^^
TV......^^ _ .. 'M. t ^ ^ J asutigue, fur laauelle on trouve une ttisser-
tom-
'appelle att'
jourdliui Stâlimène,
afiud iVIeteUihurgum Antistes. La a'. {a) Stephan. Bysant , wce aS/atoc.
édition d Anvcrii,chez Plantin , i564, ib) Idem , i^it^em.
( 0 ClU dont j. m. ».r. «I ds Fmncfori . g^ win ";' 'If " ^^ 'i'^'^K 7* ^^'irw,Ilo-
rtuament/ê itê quglqufiji chaviiTêt, et du Uvre De nii in lib. /, w. 6o8, et scholiasles Ho-
rilii cnnu animi «l corporU incolnmilate rectè '"^''^ '" Iliad. /i^. / , vs» ^9i»
UiUlttfBdl , ^Hi n'waU point tnewt paru* W y oyez la remarque ij?) , à lajln.
LEMNOS. i2r
eut d'autres raj^ons qui donne- Quelques-uns disent qu'ils pas-
rent lieu à la fiction que j'ai sëreut deux ou trois ans avec les
rapportée touchant Vulcain ; car femmes de Lemnos< C'est ainsi
on disait qu'anciennement il que l'ile se repeupla. L'autre
sortait beaucoup de flammes du massacre fit périr tous les enfans
sein de la terre dans l'ile de que ceux de Lemnos avaient eus
Lemnos (F) ', et surtout au som- de leurs concubines athéniennes
met de la montagne -de Mo- (I). J'en parlerai dans une re-
sychle. Il se fît deux massacres marque. Cette île était fort in«
dans cet île-là qui servirent d'o- commodée des sauterelles , et
rigine à des proverbes {f). Le c'est pour cela que chaque ha-
premier de ces massacres est ce- bitant était taxe à en tuer un
lui dont j'ai parlé dans l'article certain nombre , et que l'on y
d'HypsiPYLE , et aurait causé dans adorait les oiseaux qui leur al-
un certain temps une entière so- laient au-devant afin de les ex-
litude , si les Argonautes n'y terminer (K). On y avoit beau-
eussent remédié. Les femmes coup de respect pour Bacchus et
avaient tué tous les hommes , et pour Diane , mais non pas pour
n'avaient point dessein de rece- Vénus(L),qui de son côte n'aimait
voir les premiers venus; car point ce pays-là : elle y avait reçu
ayant appris qu'il y avait un un sanslant affront ; car ce fut
vaisseau qui abordait en leur île, dans l'île de Lemnos que Vulcain
elles accoururent en armes sur la fit paraître enchaînée avec le
le rivage , bien résolues de s'op- dieu Mars {h) , et qu'il donna à
poser à l'invasion ( ^ ) ; mais tous les dieux le spectacle de sa
quand elles eurent su que ce surprise en flagrant délit. Ho-
n'étaient point les Thraces, leurs mère n'est pas de ce sentiment ;
ennemis , qui les venaient atta- il met au ciel la scène de cette
quer , et que ce vaisseau était aventure {£). Les Perses se rendi-
celui des Argonautes , elles dé- rent maîtres de cette île au temps
ployèrent toute sorte de cour- de Darius , fils d'Hystaspes , et y
toisie , et déclarèrent à ces bra- mirent un gouverneur qui la
ves gens qu'ils auraient la per- traita inhumainement (A:). Mil-
mission de débarquer , pouvu tiade la subjugua long -temps
qu'ils fissent serment qu'ils cou- après (/). Hérodote fait là-des-
cheraient avec elles (G). Ils ac- sus un récit que l'on ne peut ac-
ceptèrent la condition , et l'ac- corder avec celui de Plutarque
complirent si agréablement que (M). Ubbo Emmius assure que
l'on eût dit qu'ils ne songeaient les Amazones y dominèrent avant
plus à l'expédition de Colchos ; que les descendans des Argonau-
mais Hercule qui était demeuré tes y habitassent (m). Je vou-
dans le vaisseau les censura de
s'abandonner aux voluptés, et les (*) ^*^'^ acoUasie de Suce in Theb. ,
obligea à se rembarquer (H). ''^l^iu>m^.\ Oàyss, Hb. vm.
(A) Herodot., lib. V, cap. XXVI, XXFtL
(f) ^ojrez Erasme, chil. I , cent, IX ^ (/) Idem, lib. VI, cap. CXL.
num. 27, et chil. II, cent. X, num. 44. {m) Ubbo Emmius, lib. Vil de Vetcri
{g) Apollon. Argon., lib^ /, w. 633. Gracia, pag. 147. NoU» que ^U u fonde
1312 L£MNOS.
drais bien savoir dans quel bon (A) Proche,., du mont Atkos, ]
auteur il avait trouvé cela. J'ai ^°® infinité d'auteurs ont obsenré
lu dans Vitruve que les Ro- 3Sf. a"^^""^ ^^ a^^^a T"***^^
j « * » s'étend jusque sur rue de Lemaos.
mains en donnèrent les revenus Lemnos ab Atho lxxxvii mUL pa$-
aux Athéniens (/i). Si nous avions suum, âramtu paut cxii. m. d. pass.
ce que Strabon en avait écrit , îe ^PP'^, ^^^ > Hephœstium et Mr-
ne doute point que nous n'y '^««'«.'«^^/«^/«'^"«^o/sii^'o ^,^^
. . - i^w^uv ^w uwu» ujr eiaculatur umhram (i). Vous voyez
Vissions des particularités curieu- dans ces paroles de Pline que la dis-
ses : mais cette partie du livre tance du mont Athos à TUe de Lem-
de cet excellent eéo^raphe s'est ?°' contient 87 mUle pas. Solin n'en
perdue ; et oéanmlinf l/Moréri J^U\ve°c?ef ottXû: â^^S
[p) le cite comme un auteur qui témoin oculaire , et par conséquent
en parle assez particulièrement, plns digne de foi que Pline. Rappor-
Lemnos se nomme aujourd'hui *°'*? *** paroles : « L'isle est estendue
Stalimène. Les Turcs l'assiéeè- ' S "'• ^"î ^°°S»^7 ?^Y ^^''P*''' '
4. 1» 7 *» n * **^'**^o'^ » d'oneut en occident, de sorte que
rent ian 147^, et furent con- » quand le soleil se va coucher,
traints de lever le siège. Ce fut » l'ombre du mont Athos , qui est a
alors qu'éclata le ffrand courage *' plus de huit lieues de là . vient res-
j>„_^ 7511^ -.^ ^ -Kir 11 y S i^ pondre sur le port , et dessus le
d une fille nommée MaruUa (p). „ g^^t de l'isle , qui est au coste se-
M. Moreri en a fait mention {g) ; » nestre de Lemnos : chose que ob-
mais il a cru faussement qu'elle »* servasmes le deuxiesme jour de
vivait dans le XIV. siècle. Il >» juin* Car le mont Athos est si haut
a:^.,*^/ \ -mj- i_ .TT 1 '* quencores que le soleil ne fust
ajoute (r) que Mahomet II enleva „ &«„ bas, neantmoins l'ombre tou-
cette île aux Vénitiens. Cela » choit la senestre corne de l'isle (3).»
n'est point exact , puisqu'il ne Voilà un témoignage qui nous doit
l'obtint que par un traité de P«""a^er que les anciens ont eu rai-
v^at*^ !»«»..'/ Q/ \ T tr' •^' son d étendre 1 ombre de cette mon-
paix, Ian i47«(j). Les Vénitiens tagnejusquesàl'ne de Lemnos, mais
Ja conquirent l'an i656 ; \e% au^ils n'ont pas bien connu la mesure
Turcs la reprirent l'année sui- **® cette étendue. Ce serait un inter-
vante après un long siéffe. J'ai V^^^ d'environ treiite-cinq lieues de
^„Ki;-5 i« ^« P ^ 1 •. France (4), si l'on se réglait sur les
oublie la fleur qu'on appelait quatre-TÎngt-sept milles de Pline.
Ijrchms. Voyez la note(/)/ Quel rabais y faut-il faire, puisque
-Bélon ne parle que d'un peu plus de
tur ce que Strabon , lib, XI, pag. 348 , rap- huit lieues ? Nous allons citer un pas-
poru que les AmajMnes waient bâti la sage qui nous apprendra que Plutar-
w//e deMyrina^ son fondement est nul; que était dans la même erreur que
carily^ait plusieurs uUles qui se nom- Pline. Je sai bien que ni l'un ni
"(«TVh^ut%. r//, cap. FIT. ^/^'^ ^' "^^ -\ -'V« ^"^f '^^
(o) Sous le mot Lemnos. Lemnos , mais aussi quel un et Pau-
ip) f^oj-MVianoli, deU' Historia Veoeta , ^^^ '^ ^'^^ soutient ouï dire ces i^ers ,
tom. /, pag: 724* Le mont Atbos couvrira le costé
(q) Sous le mot Stalimène. ^^ ^<»o^ V^'* «>* dedans Lemnos plsnli.
(r) Sous le mot Lemnos. Car l'ombre de ceste montagne at-
T iîl^'ïsS ' ""'''''" ^^°'''' ' ^'""' ^'"^ l'irnage d'unbogufde bronze, qui
(0 La Jleur lychnis ne croissait en au- (i) Plîn. , lib. IF", pag. m. 461 , juxla edi-
cun lieu plus belle qu*en Vile de Lemnos. tionem Harduini.
Elle était née de l'eau ok Fénus tétait la- (*) ^olin. , crrp. XI ^ pag. 3i.
ifée après ai>oir couché avec Vulcain Voyez . (^^ ï'*'»" » Observations de plnsienrs singnla-
Athënëe , lib. Xy, pag. 68i : conférel ce "^Jî îj;- ^' f^^' f^'?' P"'?' »«• 58 . 5ç,.
que dessus, remarque {Hiy) de VaHicleJv- J^].f''' Béographe, donnent ordinairement
Ion , tom. Fin , pag' 525. "" Te^pZ'. '""'"""" '■^'''' ^"^ ""''' ""^
LEMNOS. 123
est en Lemnos , s'estendant une Ion- eux et beaucoup d'autres , par le
giteur par dessus la mer , non moin- témoignage de Pierre B^lon.
are que de sept cens stades : non que (B) Son labyrinthe fut l'un des
la, hauteur du mont qui fait Vombre quatre édifices de cette nature dont
en soit cause ; mais pource que Ves- les anciens aient fait mention. ] Les
loignementde la lumière fait les omr trois autres étaient celui d'Egypte ,
hres des corps beaucoup de fois plus celui de l'île de Crète , et celui que le
Grandes que les corps ne sont (5) . roi Porseuna fit bâtir dans la Toscane.
Les 700 stades de Plutarque font Citons Pline ( 10 ). De Mgxptio et
87,500 pas : il faisait donc l'intervalle Cretico lahyrinthis , salis dictum est.
encore plus grand que Pline et Solin Lemnius similis illis , columnis tan-
ne le faisaient. Apollonius le fait égal tum centum quinquaginta mirabilior
jiiixu^. x«. T^v. — « *..« prouve que, rrn j
suivant l'estimation ordinaire des au- Jecére Zmilus et Molus , et Theodoy
ciens géographes , cela signifie a5o rus indigena. Exstantqueadhuc reli-
stades (6). D'où nous pouvons inférer quiœ ejus , ciim CreUci Italicique
qu'Apollonius diminue de plus de la nulla uestigia exifenï. C est-a-dire ,
moitié la distance que les autres met- selon la version de du Pinet , roda
tent entre le mont Athos et l'île de donc ce qui concerne les labyrinthes
Lemnos , et que cependant il la sup- d'Egypte et de Candie, Celur de
pose beaucoup plus grande queBélon Stalimene (*) estoit de mesme ; hors-
ne l'a trouvée; car huit lieues de mis qu' U y awoit sept uingts colomnes
France ne contiennent que 160 stades, de marbre plus qu'es autres, qui
Notez qu'Apollonius remarque que toutes ai^oient esté faites au tour,
l'ombre du mont Athos parvenait jus- de telle dextérité , qu'un toumoit le
ques à la ville de Myrina. tour oà elles furent faites , tant
^ , V « ./ estoient gais les fers et pyvou qui les
H/>« ft v»ovo^8»oi<riv Ma iturtXKt xo- soustenoient. Au reste , on dit que
>^v» • ^ Zmilus , Rholus , et Theodorus , qui
OprfiKln , n Toovov aVorpoô» Ah/xvov estoient de ladite isle , firent ledit
iova-ety , ^ ^ . , . , labyrinthe : duquel encores y a les
"Oavov U ïvjftof *«v iï/ç-oxoç ôxxa; âywV retiques ; et neantmoins on ne seau-
^*» >^ ^ / X , # ^^ trouver une seule apparence de
'AxpoTtf TM xof>t/<;>« «rxiai* , xcti ««r*;tp» celuy de Candie , ny de celuy de
MvpîvH. Toscane. Ce traducteur suppose que
Cmterhm duhid luee per^entiètu aperiebatur Igg t^ois architectes de Ce labyrinthe
jwit»t5SjS.»„.t...«„a««rf««„- <Staient Lernniens : mais l'original
um, n'assure cela que de Théodore , qui
Quanùim instructior oneraria eonficiat in est peut-être le même qui fit un livre
meridiêm, 1 «#« „ concernant un temple de Junon (1 1).
ustiue{'l). ./»'•' (Q f^ulcain tomba dans cette île..,
„ j c • /-Qv ^ * j et y dressa une forge."] Quelques au-
M. de Saumaise (8) se nrévaut de teurs disent que"^ Jupiter le précipita ,
l'autorité de Stephanus de ^zance ^^ ^j les lemniens ne lui eussent
(9) pourmontrerque,selonPhneet tendu les bras pendant qu'il était
Solm , l'ombre du mont Athos n eût ^^^^^^ ^^ p^j ^\ l„i ç„ aurait coûté
pas pu atteindre jusques à 1 île de ,^ ^^ ^^^^ l^^i^ -1 ^4^ i„i-même dans
Lemi
port
s'étendait ^qu'
les eût confondus plus solidement , ^,„j p,i„,^ m,, xXXVI, cap. XIJI , pag.
m. 3o5.
(5) Plot. , de Facic in orbeLanc , pag. g35, (*) Lemnos. ins.
F. Je me sers de la version d'Amjol. (11) Est itforiassis quem de ade DoriedTu-
(6) Silmas. , in Solinum , pag. m. 184. nonis qum est Sami^ eommentarium condidisse
(7) Apollon., Argoo. , lib. /, vs. 601, pag. VUmvius prodidit in prat/atione , lih.'j^pag.
m. 61. 134- Hurduîn. , in Plinimn , lih. XXXrl, cap.
TR) Salmas. , in Solin., pag, 184. JT///. pag. 3a5.
(9) Sttpb. Byxint. , foce'AÔaç. (i») Lncian., dt Sacrifie. , pag. 354» tom.I.
124 LEMNOS.
céan le recueillirent, et le sauvèrent an*U ny a celui des habUans de
et qu^etant descendu pendant tout le s^uent raconter Vhistoire du Daul-
jour , il tomba dans 1 île de Lemnos , pnin , comme si elle avoit estéfaiu
au coucher du soleil ^ quHl ne lui de n'agueres : tout ainsi est en JLem-
restait que peu de vie, et que les ha- nos raconté de F'ulcany mais divenc
bitans le relevèrent. Homère , me di- ment ; car les uns disent qu'en tom-
rez-Tous, devait un peu mieux se bant luy et son cfùsual se rompirent
garantir des contradictions : mais ce les cuisses , et qu'au lieu mesme par
n*est pas se contredire^ c'est rappor- la wertu de la terre Ufust prestement
ter deux aventures diiférentes. Va- guery {i*]).-
lérius Flaccus suppose aue Vulcain (D) . . . Ze lieu où il tomhafut re-
tomba sur le rivage de Lemnos , et marquable par une espèce été terrt
que les faabitans accoururent à sa qui auait de grandes vertus. Elle
voix , et lui fournirent tous les se- guérit PhUoctète de la morsure d'un
cours nécessaires , de sorte quHl ai- serpent. ] Philosirate rapporte nn
ma depuis tendrement cette île. fait bien différent de la tradition
.. .Jam summU VuUania surgit Commune. 11 dit que Philoctètc ne
Lemnos aquis^ Ubi per variot dejleta labores SOuiint pomt dans 1 fie de LeznnoS les
Jgnipoten* : nec le Furiis et erimine matrum longues douleurS dont On parlait
Terra /usœmeriiùiuepigetmeminisseprio.^^^ ^^ bj.^^^ homme, aioute-t-il
TemporequoprÎMnumfrêmitus inturgereoper- \^o) , jut incontinent guen par le
tos moyen de la terre lemnienne , qu'on
Cœlicoldm etregni sensU no^itaU lumentes ti^e au propre endroit oà f^uleain
Jupiter ; mthenm née store silentta paett : • j' -l S ' i m
Junonem volucri primam suspendU Ofympo, 7««" cheut du Ciel, SI que ceste tem
Horrendum chaos ostendens , pœnamque ba- a la uertU i^appaiser tOUteS SOrteS de
roui. ... maladies violentes et furieuses , et
Mox etlam pavida teiUantem vtneula mairu ^ ^ ja i '' -j.
Solvere . prmrupd Vulcanum ^ertice eœU arrester tOUS flux du sang : mais des
DevolAt t mil nie polo ^ noctemque diemque morsuresdeserpens, il n'y a Seulement
Turhinis in moremf Lemni eum lUtere tandem que celle de Vhrdre qu'elle ffuérisse.
Insonuit : vox indè repens utpereuUt urbem, Vniri niipImiPs nartirfi1arît<S miA ie
AecUvem stopulo inveniunt, miserentque fo^ \°*^i quelques parUCUJames qU6je
ventque *' tire des observations de Pierre Belon j
^ Altemo* œgro ewtetantem po^Ute gressus. qui voyageait en ce pavs-là vci* le
ffinc reduc^ . superas postquam pater annuU ^jliea Ju XVI«. siècle. « Les anciens,
Lemnos cari deo : nec fama noUorjEtnse, » dit^il (19) , ont eu une manière de
Aut Lqtares donalt (i^). . . . t . . . . » terre en moult grande recommen-
Homère assure que Lemnos éUit le * <^*i^« ^^ plusieurs médecines , et
pays du monde que Vulcain aimait le " «P^^'' Pj»"*" *^ J«"r,<*,*»«l «f * ^^ a»*'
mieux (16'' " " grand usage qu'elle fut onc. Les
Disons uie chose qui nous fera voir " ^^^""^ *^ nomment Terra Umnia,
la longue durée des traditions les " ou termW/ato, et les. François
plusfabuleuses.Bëlon, qui voyageait * «em? scc/fee. Geste terre est si sm-
en Turquie l'an i548, nous apprend " 8"^"^^' que les ambassadeurs , qui
* ^ ' '■'^ » retournent de Turquie , en appor-
/ ,x ti .•• j II ^vtwT ,_^ » tent ordinairement pour en taire
paï.YsX" ' ^' ' ^' ' "• ^' « présent aux grands seiçneurs. Car
(i4) Idem, ibidem, lib. /, vs. Sgu » entre autres choses elle est pro-
(i5) Vaier. FUccas, Argonaut. , lib.IT, vs. » pre Contre la peste , et toutes dc-
*fiiPag. m.^x. ,, fluxions. L'on en vend bien chez
(iC) Eiff-AT ^f y %ç Aifyuyov i î/xti/xitov » les drogueurs , qui obtient le nom
*H oî 7'fltiA»v îToxi ^iXTecTN içh flMTA- (17) BéloB , Obscnrat. , U», /, ehap. XXIX,
0-fttV. pag. 68.
Simulabat se iturum in Lemnum pulchri fa- C>8) Pbiloitrat. • in Herotcis. Je me sers de
bricaium oppidum^ la traduction de Yigea&re , tom. II, folio a53»
Quod iUi terrarum multô charissimum est édit. m-4^*
omnium. (ii|) Bélom , Obiervat. , liv. /, chap. XXII,
ITomer. , Odyu. , lib, FIII^ vs. a83 , p. m, a3o. pag'. Su
LEMNOS. 125
ï» de i€rre scellée , mais est pour la » et encores qaUIs en eussent du
u plus part sophistiqude : aussi ne » mesme lieu de Cochino , ils fe-
» s'en, trouve en tout le monde , si- » royent scrupule d'en user, ou d'en
)» non en Tisle de Lemnos. » Il don- » bailler à autruy , si elle n'avoit
ne C^o) la figure de divers sceaux » esté tirée du sixiesme jour d'aoust *
dont on marque cette terre , et il » estimans que quelque partie de sa
rent qu'i/ei£oi£ impossible en recou- » et estimeroyent sa vertu nulle
vrer sinon par les mains de celui qui » s*ils ne la veoyent tirer.» On ne
est souhachif en Visle : et que si la saurait rien dire de plus sensé , et
$foulions voir naturelle, il convenait Y voici deux exemples qu'il allègue.
aller en personne : car il est défendu L'iris croît abondamment par les
aux habitans sur peine de perdre montagnes de Macédoine , et n'était
la teste, d'en transporter. Ilsdisoyent point de haut prix en vente chez les
d'avantage que si quelqu'un des ha- marchands , toutes fois Von a estimé
hitans en avoit seulement vendu un qu'il n'estoit loisible a un chacun de
petit tourtelet , ou qu'il fust trouvé la pouvoir cueillir, ains fallait que
en avoir en sa maison sans ' le sceu ce fust un homme chaste , etfaÛoit
de son gouverneur y il serait jugé a àbrever la terre trois mois devant ,
payer une grande somme d'argent : avec de l'eau sucrée, f^oulans par
car Un' est permis d en départir sinon telles cérémonies appeUser la terre.
it qi
autre chose sinon un pertuis oblique ciennes cérémonies qui concernaient
(33) qui était fermé, et qu'il lui fut la terre de Lemnos. «c Des le temps
impossible de faire ouvrir , car on » de Dioscoride , qui escrivit avant
ne le découvre qu'une fois l'an, le » Galien , l'on avoit accoustumé
6 d'août , et l'on y observe de gran- u mesler du sang de bouc avec la
des cérémonies et grands appareils, » terre pour faire des formes de
<t Par ceste terre , continue-t-il (33) , » tourteaux ; et suyvan t cela il se doit
1) nous prouv«rons combien les ce- » entendre que l'on eust accoustumé
» remonies donnent authorité aux » de faire quelques cérémonies en
» choses viles qui de soy sont de » tuant les boucs consacrés à Venus,
» petite valeur : car comme ainsi » laquelle , ainsi que recitent les fa-
» soit que la terre dont parlons est » blés , feit que les femmes de Lem-
M de moult grande vertu , toutes- » nos sentoyent mauvaise odeur
u fois si elle estoit si commune qu'il » comme font les boucs , et de ce les
M ne fallust qu'en aller prendre à » maris les ayans dedaigneez , toutes
)>'qaien voudroit avoir , le douaire, n d'un commun consentement tue-
M que les hommes luy attribuent » rent tous les hommes de l'isle.
» pour sa vertu , seroit vilipendé, m C'estdelâquelaprestresselesscel-
» si on ne l'avoit rendue précieuse » loit d'un sceau qui avoit l'image
» par grandes cérémonies : tellement » d'une chèvre , dont ils ont pns
» que si on avoit trouvé une veine » leur nom grec Sphragida œgos ,
u en quelque autre contrée de l'isle » qui vaut autant à dire que sceau
jt de mesme terre, que celle de Cochi- » d'une chèvre Galien voulant
» no , nous ne doutons que les Grecs » scavoir la vérité de ceste terre , et
n ne fleissent difficulté a'en user, si » en venant de Troie, qui pour lors
» les Caloieresn'avoient assisté quand » s*appeloit Alexandria, colonie ha-
)» on la tireroit , et qu'on y eust ce* » bitée des Romains , en allant à
» lebré les cérémonies accoutumées : » Rome, passa par Lemnos, et en-
» quist si l'on avoit encor tel usage
{::] " "'Si, ckap. XXm,pag. Sa, " *ï"^ ^'«" ""^^^ *« «*°S ^^ *^*^"^
(aa) Là nJme , chmp. XXrilf^ pag. 6S,
(a3) Ut mfme, clu^. XXIX, pag. 65. (34) Là mfme , pag. 66.
128 LEMNOS.
âens , sentir le ' houe, Lactanee sur le Cmr plut tiAtiUmmt, ^m U bauge, ch t* eeU
5 de la Thébaidt de Stace suU eetu j,^*r'ï^ît»w:!f^"'^-^*V
. . •» ti ^M ^ •'* '*'* ' "*• "** ** poulpe , ou SI dessous tetf
Opinion, car U appelle cette senteur ,giu
aes Lemniades , lUrcinum odorem , ^u ro»ge pal loge un finir de bowfuin.
une odeur bouquine. Dion Chîysos- ^^J!^^^ *'**'^' combien h^ cnùi
tome aussi, oraison 33, dit à ce propos^ Es membres fiaes «n* odeur, lorsqu'étaiit,eU.
ôp«vKrfl«jr*f hiyoun <fV«<^f7pAi w /uMir- J* y * des cens qui , par une trop
XMAç, Comme on dit que f^énus forte attenUon a ces circonstances,
étant irritée contre les femmes des jugeront peut-être que l'on aurait
ciens ne péchaient pas
de la yraiscmblance , lorsqu'ils sup- } amour ou la guerre (43). Il choisit
posaient que les compagnons de Ja- le dernier parti. Mais il est certain
son eurent de la peine à promettre que la rraisemblance ^ ëté suffisam-
8ur le rivage de Lemnos ce qu'ils meut observée dans Tëpisode de
eussent demandé et offert en d'autres Lemnos : le parti que les Argonautes
lieux. Les personnes qui parlemen- suivirent était le plus naturel. Lear
taient avec eux méritaient qu'on les vaisseau é toit en rade, et battu de
payât d'une raison qui a été alléguée la tempête : ils avaient besoin dn
par Catulle contre un certain Rufus , port de Lemnos , il leur était impor-
qui s'étonnait de ne rencontrer que \^^}.^^ débarquer. Ils ne pouvaient
À»a rrnellpA *e faire sans combat , et ils avaient
, . . „ déjà éprouvé la valeur des Lemnia-
^f^^S[^^^'^f';^PJ^ ' des5 car elles s'étaient battues coura-
nufe , veut tenerwn tupposuissejemur. 7 ^ .. ï • / »
* Won tUam rares labefaeusmunerevestis, geusemeut, et n avaient pas ete
Aut perlueidttli dêlieiis lavidis. vaincues. Il fallait, OU renouveler
^^',/:îrS;:riœ'i^1;f^i"*' '«» atUques , <>« «> retirer , oa fci«
ffuno metuunt otfines: neque mirum ; nam ma- serment qu OU accorderait a Ces fem-
la valde est mes-là tout ce qu'elles souhaitaient.
Bestia^neeauicumbelUpueUaeubeu La retraite était hon te use, soit qu'elle
Ouare aut erudelem^nasorum internée pêjlêmt j-. • ^ .y * 1
jiuiadmirandesine,eurfttgiunt(/tx). «e fît sans avoir tenté un second
- , , , . i? ^ 11 / / combat , soit après de nouvelles
Une semblable raison fut alléguée tentatives aussi malheureuses que la
par Horace lorâqu on se plaignait de première. Que peut-on espérer de
sou mépns. l'expédition de Colchos , aurait dit
Quidtibivû,muHermgmdignissima barrit? toute la Grèce, puisque nos héros
Munera eur mihi . giàdt^e taheUas ont échoué à Fîle de Lemuos , où de
"îtCi-£?«Xr«'rnr" "*"-' «impie» femmes le, ont renoussés, et
Pofyput , an gravit hirtutit eubet hireut in les ont Contraints de prendre la fuite:
aUs , La tempête les empêchait d'espérer
n^^V:r^ifjr\filtTn^ «^ bon succès en cas d'un nouveau
Ouu sudor vtetis ^ «' quam malus unatque i . ti . • . 1 ^ , i •
membris comoat. 11 ne restait donc qu a subir
Creteit odor, cum, etc. (49). la loi du serment que l'on exigeait.
C'est-à-dire, selon la version de Ro- Etpeut-étrecrurentiisquelacauseda
bert et Antoine le chevalier d»A- dégoût des Lemniens était passée , oa
«^ notablement diminuée , et qu en tout
™ ' cas ils se pourraient délivrer bientôt
Qt^ me demandeftu,femme sur toutes digne de ce rude î OU g, puisqu'on ne leur
Delephans noirt 7 pour quelle cause a moY • •- "* • "5 _x« i*
Nrroidefouuenceau^nfhpesse narine,^ prescnvait ricu de particulier, m
Pais^tu de dons et de lettres envoy ? quant au tamps, ni quant à d autres
„ ^„. . . , ,', » „^ ., circonstances. Voilà quelles purent
55!^^" sS. " ' "' '^'*'" ' ^""^^ ^tre les considérations qui les obligé-
(4i) Câtul., q>igr. LXX, pag. m. iS'j. Otî-
de, de ArU hmmdi ^ llb. II I^ vs. 1^3, a dit : (43) ^qye», tom. VII, pag. gg, Varticle de
Qoam sepè admonni ne trnx caper iret ia alas, la première GLAvarBA, remarque (C) , et lare-
Nere forent dam a«pera crnra pUisf marque (F) de Varticle Lrcoaii , dans ce ee-
(4a) Horat., Epod., od. XII, vs. i, lume.
LEMNOS.
129
Vrhe tgdatH 4»ti Hk^m, viduUfue t^uatue*
Indulgent thalamis; nirnbosque edueerje Ituiu :
Nec jatn vetlg viat : Zephjrosqua audire 90-
cantti
Vissimtdant; donee nsides Tjrrinthûu i?«r«#
Jjfon tulitf ipse rati invigitans atque intege^
urbis ,
Invidisse deos tantum maris œquor adoriit
Desertasque domot , fraudataque Umporm
sfgni
rota paimm t qtdd et ipse viris ametanUbue
assit ?
O miteri, ele. (45).
fent à jurer , et il ne faut pas croire
qu'ils aient fait fond sur des équivo-
queSjOu sur des réservations mentales,
eu sur le droit qui dispense de l'obser-
vation ceux qui ont £ait un serment
force, et metu cadente in constantem
t'iruTw. Nous verrons dans la remar-
que suivante qu'ils tinrent fort bien
leur promesse.
(U) Hemide qui était demeuré dans
le f^aisseau les 'censura et les r^; ;i:#. -^ * j .. **«
obligea a se vembatriuer.l H y a lieu f *'*•»" ™f"*'!1°t'i* {^^ ' 1"«
d'elle surpris qu'étant aussi adonné i!;"*^! rïl A ^"^"' ^ ^^"^ = '*
qu'il l'était â l'imour des femmes. U w° J l / <*«7«' aao"™use de '
n'ait point Toulu se divertir comme „''„ f*.!L ?"!? ^^ pl"» douces
les autres dans «le de Lemnos: car î!"^' ^fj' '«?<l'e'?e. les remon-
eticore que les Lemoiades , par les {'^"«'«..^««'•«"•«^reTeillérent ces
raisons eiposéesci<lessu5, fussent un „!?* = - j^ rembarquèrent, sans-
objet asseï incapable de tenter, on V^^-3,, ?"'« '?™«°^t>°°8 de»
ne' voit point qu'il ait dû être |.lus „!?,?'Ti.^i'> ^f" ^'^^ »"PP°s«
délicat que ses compagnons. Le^r- VmL "^^''f^ ^^^""^ *,"? ^"P'"^^
ment a^eUes exigeai lui fut sus- 11"- ^ C" i^°"T.?. 't''?!^^:
d^t qu*'':u; .VaTertlTnTexiV^e d^^ éré^^^ss^Se^'r" " ""fJ^
fiance de leurs charmes, et qu'U V lin "u^f^/t^P'^y''..^* 'i''-"
aTait là -dessons quelque chose Jb „,ÎL?^l! I *¥•«>•. =«t^ lyre si
caché, et qu'enfm c. Vêtait pas la E^tt.A^^'n^"^':?*.""^*'' "*
«eine de orendre terre Mais enrore "oe^saient (49). Or d fut nécessaire
rnTouT poTr^^oi f^ aïs "crT f.l'^L""' *,-'»?, «""«''ine ; car
puleux^e lel autres iSi, qui ne rd^L°m:d:,TemTos^""^P^-
cédait a personne en tempérament v*. «^ i-ciuuu«.
imjpudique ? J'avoue que je ne sais
point répondre à cette difficulté , et
qu'ainsi je ne m'arrête qu'au fait,
Apollonius déclare ççjiRercule ne
voulut jamais descendre' en Vile ,
mais demeura toujours dans la nef
Argo , afin qu'il fdt capable de re-
prtndre ses compagnons , qui se
laissaient emporter aux plaisirs qu'ils
prenaient a%*ec les ' Lemniades , et ne
songeaient plus a poursuivre leur
entreprise ; ce qu'il fit d'autant plus
librement , que lui même était exempt
de semblable répréhension (44)» Va-
El /*« ^fiMroT/>09rioif ivùTrtuç fl«A|/<f>/)oyi
/utoxeuvety ,
Alimque alius commiscebatur, et xthUU. f tus-
sent itineris sut,
Nisi quidem revocatoriis monitis^ suai^ique
cantu
Nostro persuasif descendissent ad navem ni'
gram ,
Bemigationem desiderantes , reeordatiaue
fuissent laboris (5o).
w • xa f ''. juisseni iooons lao),
lerius Fiaccus nous représente ces r>^\^„J^ r m. 3 « 1.
jeunes héros si appliqués â consoler ^ff^ •T% ^?"*?- ^^ ^^[^^^"8. Il
CCS veuves de Lemnoa , qu'ils ne "^^ ^^^ "^**^ ^*** séjourner les Argo-
songent plus à se rembarquer. Us //r\v-u- m.- il tw
s'oukent dans l'fle ; le Jeu leur _M5)/.W. FU..,«. W. //, „. 3,.,p„.
plaît , il fout qu'Hercule les tire de
là par la force de ses censures , et
qu'il parle des grosses dents à Jason ,
<'tief de l'entrepride.
(44) Mésiriae , tor lei l^uttres d'Ovi^t, pas.
«5 , 586. * '^ *
TOMF. IX.
m. 101.
/46) Dans VartUU «f'HrrsiVTLE, tom. rill
pag. x55.
(4?) ^or«* Vâleriui Fiaccus, lib. ll\ vs. VA
et seq» ^
(48) 0»id. , in epist, Hypsîpyl.
(49) OTid., M«um. , lib. XI, vs, * rt 4a.
(50) Orpbcos, m Arsonanticis, ¥s. 478, pag:
m. 34.
1 /-
mt^mgmum* dé
fl l»vt #!«» |<e 'îM^ 'i T>^ ><» AtiL#h- ^ a£«ctnrmt ^ lo ■uitnser. se
inifm,9fntfJkM^4e tAnu^T^h» „ie«t « y,^ fert à ani^dre : ils ]f<
Ut pMj% «wi **»• w»^»» *• «MoUSî»* q-Kw il» tAcrcat a«n Inus enncabi-
,f|fyi^U«e >i' ^ ^'»* "^^^ ■oatbrai««es. Cela IblsmTi dune
M^|M« <l« la p««e qœ le» PH»«» çrande ftrnlité , «|û s'étendit et sur
«taMUt frwe «• Mti*«wt la ■^«n^' kan ilMuan, et sor kon champs.
1« «k la f^iuMIe àKùtt^mm, Us col- ^ ,„ |g,|„ troopcanx. Ils dcman-
infkftmt n iwf|pett«e»««t le pOT ^ereot «quelque walaçogncnt à Von-
4\n'«m Uwt twnt amÀ^mé^ qme de ^|^. j^poUoa lenr offdooBa de Etire
U*»'mMtWMi» il» le reBdireiit très- ^^^ Athoûms toute la satisCMrtioA
hfm. U eela fat caofe qttej^ Athe- ^^^ |^„ ,,^| demandée. Ils aJle-
ftufm U» «• elttwefeot. Llnstofien ,^nt déclarer aox Athéeieiis que cV
tUsrMiJi n*e9 donne point d'antre |^| i^^^ intention ; mais quand on
tmâtm ; mais ib ne conrenaient j»as j^^^ ^^^ dcfliande on pays qui re«-
d« cette inyittiee : ils sootenaient genblit à une taUe qu'on arait fait
qne lenr» endos de Ton et de 1 au- j^paier dans le Pr^^née , et quf
tre sexe '^'/î^, allant chercher de 1 eau f^,^ „^i courerte fie toutes sortes
»u% oeuf i>mUineSy «raient re^ un ^ bonnes choses, ils répondireDt ,
tmn$f»ni Affront des Pélas^ , qm , nous le ferons y quand mn nature vùn-
non content de cette injure, se pré- ^,^ ^ ^^^^ff^ p^ys au nâire par ua
purheni h une irroption, et en fa- j^„| ^ noni, dôiu tàngt-quatreheu'
rnni conraincns, L«i Athéniens sou- ^, n^ crurent ne s'engager à ricu ,
tenaient qu'ils eUMcnt pu les itire yo la situation d'Athènes par rapport
mourir^ et que le« ayant seulement ^ Lemnos. Miltiade, plusieurs anoecs
chassés , ils araient fait paraître g^jprès, s'empara de la Chersonnése de
heauconp de clémence. Les Pélasges fhracc, d'où il fit Toilc vers Lem-
nos , et déclara aux habitons qoe la
(lf)»irrti. ,»s»utliwif «>»»'/^'«^*f'"'- condition contenue dans leur pro-
(««) nujlbi hUtiuM miuu.bisiiue cuatrrU ^^^ était accomplie, et qu'il fallait
(Sî) Wifo4o'i. , /i*. ri, cMp. CXXXriï «i par conséquent qu'ils jidasscnt le
tê\u*ni. pays. Les Uépheshens obéirent ; mais
(54) Hirod«t« U namm* ainsi i Ut mutrês dir les Myriniens résistèrent, alléguaDt
itnt llf m«iw. que la Chersonnése n'était point TAt-
(55) Héfodoto oW» jifên w ''«P'-'f f" Ciavit. MUtiade les assiégea , et I«
0n!ofêS'êêcUy0t. contraignit de se rendre. Cest ce que
LEMNOS. i3i
raconte HerodQte ($6). Sa Darration clairement sa pensée; car on ne sait
n^est pas tout-à-fait semblable à celle ce quHl veut dire par ces paroles, JVe-
de Come'lius Nepos , à Fëgard de la mo de Tkoante hoc tradidit. Veut -il
conc^uéte de Ftle de Lemnos; car ce dire que personne n^a rapporte que
dernier historien ($7) suppose que les Lemniades , fayorisées ou assistées
. Miltiade, avant que de suoiuguer la de Thoas, se défirent de leurs ma-
Chersonnèse , s^adressaaux Lemniens ris? Mais ce n^est point le sens d^tié-
pour les sommer de se retirer y olon- rodote. Veut-il dire que tous les an-
complissement des conventions , et Thoas au nombre des Lemniens que
que les Lemniens n'ayant osé résister les femmes firent mourir ? Il se trom -
lui cédèrent Ftle. Cornélius Népos pe en ce cas-là ; puisqu'on trouve
les appelle Cariens , et non pas Pé- des auteurs qui disent qu'ayant dé-
lasges. Il paraît par divers endroits couvert ou'Hypsipyle n'avait pa^ tué
de Thucydide, que les habitans de son père Thoas , elles le cherchèrent
Lemnos furçnt du parti des Athé- si diligemment^ qu'elles le trouwèrenty
uiens pendant la guerre de Pélopon- et le tuèrent (61; ^.
nèse. Ils avaient alors la même lan- Érasme- a fait quelques fautes en
gue et les mêmes lois que les habi- abrégeant la narration d'Hérodote,
tans d'Athènes (58). Il dit (6q) i®. : que les Lemniens en-
Notez qu'Hérodote observe que les levèrent les Athéniennes pendant la
Grecs nommaient actions lemnien- célébration d'une fête de Minerve à
nés les péchés crians , et que cela Brauron. Il faUait dire Diane, et non
Tint, du massacre des concubines pas Minerve, a®. Il ajoute que les
athéniennes, etc. , et de la barbarie concfibines athéniennes ne voulurent
avec laquelle les femmes de Lemnos pas que leurs fils se mariassent avec
s'étaient défaites de leurs hommes , lés filles légitimes des Lemniens. Hé-
<« «% «^ f* ^^ Mita, é^ «B^«#««» ^^^^. m»^^. St. — ^ ^^ I .^» ^^«^ « I E^ ^^ tf^ ^ la ^aa *a 1 ■
qu'un docte critique y trouve des qu'après ce massacre les Lemniens
fautes (59). f^erha Herodoti^ ubi de furent affligés de stérilité et de pes-
Thoantés sermo estt omnino rrtendosa te, et de plusieurs autresmaux. Hé-
sunt. *EiT«tuô* «/o^i o-^io»! xTf/vfiv TOtfç rodote ne fait mention que de la ste-
rraJUçroùç U w 'ATTixtav -yc/ict»*»». milite' de la terre et de la stérilité
^ Avo n:oùrouJi rou ifyw xoj roo^TT^oriftiu des femmes (63). 4®. Érasme lui
•^ '^.x^N'^e-,/^ » (6i) ^o/MMexiri«c, «ur les Epttrw d'Ovide,
1*9-41, îifo^iç-cti *T« T»? ExXAJk T« pag, 56,. yoj«% aussi pag, 5S8.
a-XiT\i4t ipya. ^avta , Ai^uvi* xcLhii^ * L'aol^r de VExamen dt Vartiele Lemnoi ,
6*1 (6o). lYemo enim de Thoante hoc du Dietiohnaire de Ba*le , Examen qui te
tradidit, Isiturduœ uoces, oma 0é*»- *"'"^* •*■"* *• *°™« ^' **" Juçgmens sur quH-
_ , ^1 _ 7 ^^ ^ qwfs ouvrages nouveaux , pense que les parolet
Ti , aut glossemata sunt , aut cor- J'Hérodote ne .ignifient pas : muhere, qum vi-
rupta est prior , et legenduni ^etpet ros suos noi cnm Thoante interemerunt^ mais
©oatlTTOÇ. BarthiuS n'explique pas trop muUeres qum viras suos , qui unà cum Tboante
^ ^ ^ ^ in Lemnoerantf interemerunt EIIcsDesif^nifient
rtJiwt j. ij. «rr ^vvvvrr . ^** : les femmes de Lemnos s* étaient d/ faites
(56) Herodot. , /i*. VI, cap, CXXXFII e« jg Uurs hommes sams 4»4RoifBE Mi» t« aoi
"î<r?r 1- K ' iT-.a Mi.-.j- TuoA» , va»\t : les femmes de Lcmnoî avaient
(58J Thn^dides, hb. ^'A P««. "î* ^^g: l'Île a»«c Thoas. L'auleur de VExam^-n déve-
(59; Barih. , m ÎJUimm, Tbeb. , Ub. V, vs. lop-g ,0. opinion, etconclut quesi Barthius aVst
(60) ^oici J* •;<'r.fu>w Uune de ce grée , dans , „„ ,„, ^^ni il n'e-t pas susceptible.
»M edtuons d Hérodote : Itaqne placitum est ut ' m^ -c ..^ »... z./ r . » vT
«>• ûlio. è matribos AlticisTîsceïto. necareni... J^'^^^^^H^^^' ' ***'' '* ""'* '^»^'»«»-
E« hoc facinore , et illo snperiore feminarnm 1 ' * y/ * ^ ^ ^ , ,
qnat Tiras soos uaji cum Tboante iateremenant, (63) IlitÇfl^fVOi &t »^a» Tf xat< ATTiU^tVi,
■stt rcccptmm eil p«r Gneciam ut laterrima qnae- Pariler famé et liberonim vrbitate vexati. Ile •
qat facinora Lemnia appellentur. rodot. , lik. Kl, eap, CXXXIX.
i32 LEMNOS.
impute très - fau^ement d*aToir dit nated régions Ux etUtm at ter anno
que ces maux-là furent en partie debellandi cas , primo ot^ obtereruh ,
la cause du prorerbe Lemnia mala ; deindè fetum ^ postrtmd adultas : de-
&*. et que l'autre cause de ^origine tertorispœna in eum , ^ui cessauerit.
de ce proverbe fut > que les Lemnia- Et in Lemno insuld aetta mensura
des , ne pouvant supporter la mau- prjifinita est , quam singuli enecata-
Taise odeur de leurs maris , les tué- rum ad magistratus référant. Grae-
rent tous , aseâstëes de Thoas. Il est culos (68) guoque oh idcolunt , adver-
niades ; mais il ne dit point que seauxc[uelesLemniens adoraient. Les
leurs maris sentissent mal , et il as- Égyptiens , dit-il (69) , honorent le
sure que Thoas ne fut pas plus ëpar- bœuf , le mduton , et PichneumoD ,
gné que les autres. Benoît , dans sa pour V utilité et pour le profit qu'ils
paraphrase de Pindare, s'est lourde- en reçoit^ent, comme les habitans de
ment abuïé ^ car au lieu de dire que Lem^os honorent les alouettes^ pour
les Lemniens se trouvère nt incom- ce quelles trouvent les œufs des sau-
modes de la puanteur de leurs fem- terelUs et les cassent.
mes, il assure que celles-ci se trouvé- (L) On y avait beaucoup de res-
rent incommodées de la puanteur de pect pour Bacchus et pour Diane ,
leurs maris (64). On n'a point corrigé mais non pas pour Vénus. ] Thoas,
cette faute dans l'édition de Pindare, roi de Lemnos , était fils de Bacchus
à Oxford 1698. Le scoliaste , dont Be- et d'Ariadne (70) : il ne faut donc pas
nott avait rapporté un passage (65) s'étonner que le culte de Bacchus ait
il n'y avait pas long-temps, pouvait été bien établi dans cette tle-là. Ce
bien le garantir du piège d'Erasme, fut dans le temple de ce dieu qu'Mjp-
M. Moréri y donna tout de son long , sipyle cacha son père, la nuit da
quoiqu'il ne copiât pas toutes les massacre (71). Strabon nous apprend
dans ses Adages. Les Pélagiens , dit- chantes observaient (72). Cette île, an
il ( 66 ) , enlevèrent les fimmes des reste , était si fertile en vin , que cela
athéniens , et en eurent des enfans seul pouvait la faire considérer com-
qu'ils tuèrent depuis , prenant garde me un pays consacré à ce même dieu.
qu'ils avaient des inclinations con- Quintus Calaber la nomme àfATrixita^
traires aux leurs. Et les femmes tuer- c-av , vitihus ahundantem (7 3). Nos
rent leurs maris , j^ar le secours de voyageurs disent qu'elle est encore
Thoas. Chacun voit que c'est mar- trés>-digne de ce surnom (74). Pour
quer d'une manière trop vague , et ce qui est du culte de Diane , je me
trop dissemblable , la raison <^ui por- contenterai de vous indiquer l'en-
ta les Lemniens à faire moiyr leurs droit où Plutarque conte que les
bâtards. Chacun voit aussi que c'est Leiùniens, chassés de leur île, porte-
nous dire que l'action des femmes rent partout avec eux l'image de
fut postérieure au massacre des bâ- Diane , qu''ils avaient enlevée à Brau-
tards. Fausseté aussi énorme que le
prétendu secours de Thoas. (gg; Lb ph^ BnAouinfait ici une bonne noté.
(K) On y adorait les oiseaux qui Cornicularam, dî^U^ è génère «yU est grmccaliu
allaient au -devant des sauterelles ▼el«ruin L.tinor«m : noà Choucas Tocamiu, ni
j: j 1 ^ • _ T XT^l^t ..- . rectè Bellonlus «dmonet, Iib. 6, cep. 3 et 7.
afin de les exterminer, \ Voici un /«^vm . j rv»^ \rk-j IL •
'' . \ *"**r ,,c. \ r •> (60) Plot. , de Uick et 0«ride , »«*. 3So : i«
passage trés-CUneUX (67). In Cyre- meien delavernond'Amjot.
/c/\ f\ ' .' - -, . .fk (70) ÛTidiai, epwt. HrpiîPTÏ. Apollon. , W.
(6ii) QumeUam m Lem„um Penerunt( kr^o^ r j^ ^^ rr^Uialu, apudkizitiec , «JrlÉi
nautw )... et ewn Lemniadtbus muLenbus tjuém Épîlre» d'Ovide, pa». 53*.
inarilos omnes «orum grayeoUnlid offensai , oc- ,«.\ v-i« -di-/! il rr n
cid^mnt , rem habuemni. Par.pb. Pinderi, od. '0 y»»*'' ^ «f «" » '**• V' *"* *^^
IV Pylh. , vag. m. 371. (7») Slrnbo, Ub. X.pag, 3«.
(65) Ad Siroph. y. éd. IV, VjÇtk.^ptig. 33o. (:3) Qo»nt. Caleb. , Ub. IX, w. 337.
(êS) Moréri, tous te mol Lemnos. (74) yore* fiélon , ObMrTAlioof, ttr. /, tha^
(6^)Flku.,la.XI,cap,XXlX,p.m,M, XXK
LEMNOS. iW
roB (75). J^dûrarî aussi qu'Us impri- aborda à T^nare, et rendit de bons
maientla figure de cette diyinité sur services auï Lacëdëmoniens , dans la
leur terre sigillée. Voyez Saumaise guerre contre les Heilotes , et obtint
dans ses Exerdtationes Plinianœ in en récompense le droit de bourgeoi-
Solittumy page ti56. Tous les an- sie, et la liberté de s'unir par ma-
teurs qui panent de la fureur des riage avec les autres bourgeois de
Lemniennes contre leurs maris , ob- Lacédemone^ mais non pas l'entrée
servent que la mauvaise odeur qui aux charges |)ubliques , ni aux con^^
les rendit si dégoûtantes fut un enet seils. Cette exclusion fut cause que-
de la colère de Vénus , qui se voyait l'on soupçonna ces gens de tra'caiUer
négligée et méprisée dans cette tle-U. à brouiller l'état , et là-dessus on
Voyez Apollodore (j6) , Hygin (77) y s'assura de leurs personnes» on les-
le scoliaste d'Apollonius (78) , etc. mit dans une étroite prison ^ en at-*
Nous avons encore une erreur à re- tendant que l'on eût des preuves;
E rocher à Barthius. Il croit que dans pour les convaincre du complot.
L suite les Lemniens
une image de
des plus parfaits
tiquité. Venerem etiam Lemniam , moyen ^ et les laissèrent a leur place,
dit-il {n€^i inier pulcherrima simula- S'éfsint emparés du mont Taigète, ils
era çuttam po$teà. discimus ex Lu- se joignirent aux Heilotes, et se ren-
ciarU imaginihus^ Item Lemniam Mi- dirent si redoutables à Lacédémone ,
nervam , a Lemniis dedicatam , quod que l'on jugea à pcopos de capituler
omnium fuerit Phidiœ operum ela- avec eux. On leur rendit leurs fem-
boratissimum , Pausaniœ ^tticis. Il mes , on leur donna de l'argent et
a raison de dire que la Minerve qui des vaisseaux , et on leur promit
fut le chef-d'œuvre de Phidias , fut de les reconnaître comme parens et
dédiée par les Lemniens. Pausanias comme )ine colonie de Sparte, par-
assure qu'à cause de cela elle eut le tout où ils se pourraient établir.,
surnom de Lemnienne. Voyez le cha- Ils acceptèrent cea conditions , et
pitre XXVIII de son 1". livre ; mais s'allèrent établir les uns. à Mélos , les
Barthius a tort de la distinguer du autres en Crète. Ceux-ci 5 après divers,
simulacre dont Lucien fait mention , combats,se rendirent mattres de Lyc-
Î)eut douter quand on prend garde à mères ils étaient parens des Athé-
a remarque qu'il a faite que c'était niens , et qu'ils se regardèrent com-
leplus excellent ouvrage de Phidias , me Une colonie de Lacédémone (81).
et celui où Phidias voulut bien met- C'est le narré de Plutarque. Ceux qu'il
tre son nom (80). nomme Tyrrhéniens , et un peu*plus.
(M) Hérodote fait , , , un récit que bas Pélasges , sont le même peuple
l'on ne peut accorder avec celui de au'Bérodote nomme Pélasges. Ces
Plutarque. ] Ce dernier auteur ra- deux noms conviennent aux mêmes,
conte que les Tyrrhéniens s'étant gfens (8a) 5 et il ne faut point s'imagi-
emparés de VMe de Lemnos, et de ner que les auteurs, qui ont dit que
l'tle d'Imbros , enlevèrent à Brauron l'tle de Lemnos a été habitée parle»
les femmes athéniennes , et en eurent Tyrrhéniens (83) , diifèrent de ceux
des enfans. Cette postérité fut chassée qui ont dit que les Pélasges l'ont pos-
de ces fies parles Athéniens, qui la sédée. Jusque-là donc if n'y a nulle
regardèrent comme demi - barbare, différence entre Hérodote et Plutar-
£lle fit voile vers le Péloponnèse et que : mais quand ce dernier assure
que la postérité des femmes athénien»
(75) Platarcli. , ée Virtatib. Mnlier.,p. «47. nes enlevées à Braurou par les Tvr-i
(76) il». /, p4»g, M. 55. ^
(77) Cap. r. (81) Titi dm naun^sa , d« Tistata». Mulie-
(78) Tnlib.I, w. sog. «m» t F«<r. «47*
(79) Bart^., inSutiom, fom. ///, pag. ifi6, .(8a) #V*» CfciTÎ.r, in lulil «ntiqul , liA.
■67. il, cap. F; ft Stnbon, lib. V^ pag. t!t^.
{80) T -Sin . M taiati». , |Wf . 5, iom. //. (S3) SeM. ApoUoaii , in Ub. /, vi. &S.
i34 LENTULUS.
rtii^nien» établis dang Ttle de Lemnoi nie dam File qui porta son nom (8^ .
et dant File dlmbros , fut chassée de Notez qaHl avait été tuteur d^Eurvs-
ces fles-U , et que les Athéniens Ten thénes et de Proclès , fils d'Aristodé-
chassérent, il nes^accorde point ayec me, l*un des chefs des Héraclides qai
Hérodote , qui prétend que les Lem- rentrèrent dans le Péloponnèse (87) j
niens tuèrent eux-mêmes tous les et concluez de là qu'il florîssait sût
enfaas qu'ils avaient eus de ces fem- cents ans ou environ avant Bfiltiade.
mes athéniennes. Ces deux historiens lïotez aussi que le scoliaste de Pin-
diffèrent beaucoup k Pétard du temps, dare (88) raconte la chose à peu près
L'un (84) veut que Miltiade ait chassé comme Hérodote ; et que Fun et raa-
lesJLemniens ;1 autre fait cette expnl- tre observent qae Battus , issu d'un
sion beaucoup plus ancienne, ou des Lemniens que Théras avait menés
bien il confond ensemble ce qu'il fal- dans sa colonie , fonda la ville de
lait démêler. L'histoire de ces femmes Cyrène.
qui procurèrent la liberté à leurs On aurait tort de prétendre que
que
Voici le récit d'Hérodote (85). Les Hérodote et I^lutarque ; et je suis obli-
habitans de Lemnos , descendus des gé , comme historien , à rassembler
Argonautes , furent chassés de cette les aventures des habitans de l'île de
tle par les Pélasgcs, qui enlevèrent 4 Lemnos.
Brauron les femmes athéniennes. Ils ^^ i/q^ ^g TWém.
se retirèrent au pays des Lacédémo- {87) Herodot , Mb. /r, cap, CXLVIT,
niens , et firent savoir qu'ils éuient l^) ScholiMtei Pi"J«ri . « oè. 1 V, PyUi., 1-/.
la postérité des Argonautes,, et ^//rr^Vn^ùls^t^ié?^^^^^^
u ayant été chassés de leur patne ,
ils retournaient vers leurs ancêtres , LENTULUS ( SciPIOîf ) était
et demandaient la permifjion de de- ^„ Napolitain qui abandonna
meurer avec eux. Les Lacedemoniens, \*f y ^ *■ . 1 1
se souvenant que Castor et PoUux ' «f "*« romaine , et embrassa la
avaient été de l'expédition de Jason, réformée, au XVI*. SÎëcle. Il fut
firent un très-bon accueil â ces fugi- ministre à Chiavenne , dans le
tifs , et leur donnèrent des terres, et ^^ Gnsom , et il employa
les agrégèrent à leurs tnbus. Ces * «^ , t 1 j »!• j» 'j**
réfugiés contractèrent de nouveaux «« plume a la défense d un edit
mariages , après avoir cédé â d'au- que les ligues grises publièrent
tresles femmes qu'ils avaient amenées Fan 1670 Contre les sectaires (a)
de Fîle de Lemnos. Ils ne tardèrent (^x jj^ nemanquërent pas d'op-
guéres a s'enorgueillir et a vouloir ^ ' ^ ^ ,,1. , *7^ K
dominer , et à commettre de très- V^^^ ^ ^^^ ^°*^ ^^* raisons de
mauvaises actions. On les emprison- tolérance que les reformés alié-
na , et l'on résolut de les faire mou- guaîent aux catholiques romains
rir ; mais leurs femmes les sauvèrent 5 1 ^y- j^ nersécution •
par le changement d'habits dont j'ai ^^^* *®* "^P ^®, persécution ,
parié ci-dessus. On continua dans le «*«» notre Lentulus répondit a
dessein de les châtier du dernier ces raisons. Il est auteur d'une
supplice : mais Théras, qui se prépa- grammaire italienne qui fut îm-
îe"Ldi%t\'t*t l^pro^r'iri:; primée à Genève, l'an .568(*).
emmener avec soi , en sorte que l'on •> ajoute qu il prêcha quelque-
n'aurait rien à craindre d'eux. On lui fois à Ferrare devant la duches-
accorda sa demande. La plupart de gç Renée de France (c); qu'il fut
ces gens-là se dispersèrent^ les autres ^ ^ ^
suivirent Théra8,qui fonda une colo- («) Epitome Biblioth. G«tneri.
(6) IbitUm.
(84) Cest-a-dir» t Hérodote. (c)) Pierre Gilles, Histoire ecclësiasitque
(85) HerodôU , Ub. IF ^ cap. CXLV^ et seq. des vallées de Piémont , pag, 1 10.
LENTULCS. i35
ensuite ministre
Saint-Jean
cerne (d)
ouvrage du ^
avait été envoyé en ces quartiers- chant quelle avait pu être la séctc
1» „ 1^ ♦.r^j j^ «^««««4:e««„« qui donna lieu à cet édit parmi les
la sur le pied de convertisseur, Prisons, au commencement VxVIe.
1 an 1 56o (B)jqu il se vit fort ex«- gj^cle. On feuilleta bien des livres ^
pose aux caprices et à la perse- on consulta même des gens qui
cution de Castrocaro , qui com- avaient de belles bibliothèques , et
mandait dans les vallées du Pié- q"i s'épuisèrent en conjectures En-
uxauuati, uaua *ca Yott^^a ., ^ fin , OU dccouvnt la vraïc date de
mont ; qu à cause de cela il tut r^dition de l'apolo^e , et l'on com-
contraint de chercher une autre prit que les fautes d'impression jettent
demeure^ l'an 1 565 , et qu'il se les auteurs dans rembarras par mille
-. , y-,». ^^ .^^ sortes d endroits. M. Voetius observe
retira a Chiai^enne au pajrs des j^^ sectaires proscrits par l'ëdit
Grisons y où il continua Vexerct' des ligues grises étaient anens , ou
ce de son ministère jusqu'à sa quelque chose de pis 5 et que Lentu-
mort (e). Son Apologie de l'édit l"» donna le détail de ieuw blasphé-
^ r* ' ^ • . ir' mes dans sa préface (i). Il observe
que les Grisons avaient publie aussi (ci) que la réponse oithodoxe de
contre les hérétiques ne doit Lentulus ;>ro cAc«o,c«c., réfutait les
^ , _ que _
dinaire que de voir des gens fu- trouve dans Tépitome de Gesner.
gilifs pour la religion , sonner le (B) // répondit à un ouurage du
tocsin contre les sectes. . i^^«'5« Posseuin , qui aidait été e/t-
i>oye en ces quartters'ta sur le pied
, de convertisseur, l'an i56o. ] Il n'y
{d) Là même , pag^. io5, avait que peu de mois que Possevin
le) Là même, pag. aoi. s'était fait jésuite, à l'âge de vingt-sir
ans (3). Je ne m'étonne donc point
(À) // employa sa plume a la dé- que cette qualité ne lui ait pas été
fense d'unédit... contre les sectaires."] donnée par l'historien qui me jfbumit
L'épi tome de la Bibliothèque de Ge»- ce que je vais dire. Le pape ayant fait
ner fait mention de cet ouvrage de entendre au duc de Savoie qu'il fal-
Lentulus , comme d'un livre qui lait user de contrainte pour convertir
n'était pas imprimé. Ejusdem liber les hérétiques des vallées du Piémont,
de jure magistratuum in puniendis îtfut conclu au conseil de son altesse,
hœreticis , quo Sflvii cujusdam epi" de se conformer à cet avis ; nuds que,
stolam hœreticis patrocinantem rejur pour suivre quelque formalité de
tat y nondum editus. Vous trouvez droict, seroit encores envoyé aux val-
cela à la page 744 de cet épitome , lées quelque personnage propre pour
h l'édition de Zurich, i583. Enfin convaincre les accusés de leurs er-
l'ouvrage fut imprimé â Genève, chez reurs , et , selon le succez d'icelui ,
Jean le Preux , l'an iSga , êii-8°. Eu procéder a ce qui seroit de besoin ; et
voici le titre : Responsio ortkodoxa fut choisi pour ce faire Antoine Pous'
pro Edicto Illustrissimonim D. D. sevin, commandeur de Sainct Antoi-
trium fcederum Khetias adversUs ha»- ne de Fossan (4) 1 homme de grande
reticos , et alios Ecclesiarum RheticOf
rum perturhatores promulgato ; in ^'^S?***"** ^<»**»"» » P*»*''' «««>"• 1 '«'"• ^A
V^ de Magistratds authoritate et ""^f J ',^i,« , ^,^. 386.^
^erboDeidispulatur. Je connais q^el' (4)Aleg.mbe, pag. 4t , remarque que le
ques personnes qui , ayant lu dans cardinal Hercule de Gontague avait donné à
i36 LENTULUS.
répuMioit enlt^eux, mou qui 19 fit prouTCr la messe : le» aiiiiiBtKs l»
cognotM-s par te* aeuons neOn tel ayant propo«5 leurs difficulUSs , . H
qu on Vavott esUme. S. A. Vaecom- » se jetta aux crierie* ..» J™:,.^
pa^na de ses patentes du 7 de Juillet, . aye5 ane colère desmesur^ ^T
nu, hdeelarorent enuorépour^ta- . quoi ceux qui l'avoyent acco'mw-
iUr des preseheurs de doctrine Ares- » prf «5 «noMtrerent fort m^rt
tienae en ses estais, et specuilemem » Eonteux, voyans qu'un pcrso™aa
en ses uaUes de Piedmant , a^e les » de telle reputatio2 entr'eux nW
proi'isions nécessaires pourUur en- » sceu produire aucune raison doot
tr^lenement. Ordonnant à ce. fins à . défense de leur religion, ni ri^
toasayans office ecclestasUque , ou » aussi pour conyaincre l'aitre oa^
secuber , et aux syndiques, conmu- » tie d'erreur , et d'autre part g'estoil
nautez, et généralement a tousses » monstre tant immodeste et inîa-
subjets , de Im preSenUr toute assis- » neux, Lny d'antre part nn i,
taje nécessaire pour l exécution de «revenu i soi mesme , ditoVâ
sa<lite eomimssion (5). C5a homme » ri estait pas ,>enu pour disp,uJrlv^
estant parti<km,e, OU estons. A., » les mi£stn,s , Z^pXtsZ-
,'int droit a Cauour...., et ayant faU ^chasser, et establir en U^rU^
assen^lerU peuple aupnncip<dtem. » <r autres presdieurs, selon uJZ
pU de la »Ue , ,1 monta en chaire , » ge qriifen avoit , 'et sans to^
leut pour son texte Us Uurcs de sa » escouter.nirespoidreautrIchoM
commission, U, expliqua par ampU- , il commanda à *». Antoine MaUn-
•tr^^l°JÏ.\"lï"'¥''^'"'^ "'/"'^ " gre, notainî de Bagnol, de rfdu ?.
prétendait aller/uwe dans les ^al^s » en acte public le commanSmat
,'aisines , coni>a,nere et confond^ les » qu'U faisait aux syndics dS°m-
numstres , les dechasser , ^stabUr en » munautez, et en iur. pei^nZTk
leur place des prescheurs du pape , , tous autres habUans C^ &^
pmu^er la messe estre bonne , Y faire » diacun en son endroU, de descb^
aller tous Us Iiabitans d'ieeâes , et » se, tous les ministres iuSeo,
annoncer lexterminauonconcluet^n- » qui y preschoient , sans pln7l«
tre tous ceux qui ne "o^^ent obéir » escouter en public , ni en prW
y '"i^^T'^Z ^^^- ? '^f ^"^« » «' «*'""»«' part qu'ils euLen?" re-
lamémecho,eàBubuine,danslayâl- „ cevoir et ,lscouter lesTreMbears
ce de Lucerne, et à Lucerne capi- „ qu'Uleurestabliroit, auFsUostZ
'«le delà „aUe ,.,. ^fit assigner Us » les ministre» seroye^t partis rtl
conduct^s des reformez au 26 de „ leur pourvoir d'habiuSon e't cn-
juUlet. Use rendit à l'assemblée as- » treti» convenable, sous^ës'iSnL
>iste de grand nombre de ,iobUsse , «contenues,?, edits'deS A ^e„7
de gens de justice, et d'autres pnn- « ordonnant de lui faire resp;ise dé
eipaux de sa religion , oU il proposa , leur délibération dan» l^i^Toai,
Us causes de sa i^nue , fit lire les „ prochains (8). « Les syndics ï^i
lettres de sa comnussu>n : puis fit firent une r^p^se à laquelle U tl
aussi faire lecture des Uttres , et re- pliqua « le ciiquiesme 'd'août p^
J.Tw^tl V^J",^""^' "Kf-r^t » une ample lettre, disant" W^
escrues a S. A. et a son conseil , Us- » commission comp^n^ Zc^Z
quelUsil auait rapportées, rt Uur « F authanté de cl^J^rles^Tt^
demanda, s'il» avouoyent d'avoir 1. imM/TM'/7/„*— ..o;.„ '^- » •
we7t'oh^'" -ri»- -[et s'ils vou. \ ^ur/J:ZerTrLrc:^f^ %
l^i. n"^' "" "ï" ''* l "'"'r'^ * "* P"""^'' J'^ effectif ^ce.
MTlallSîî, •^l"'^"'^' * •'' 'P"'^"'^ <l"e les mÛUstr^ l «-
(7). U alWgua quelque» rauons pour » rayent, qui i^udnyent toujours
* contredire à ce que ses prescheurs
rmennla etmmandrrie d, Saint-Anuine 0, « diroyent , et feroYent. Sa lettre
loruTJtr*^"*^"^^''^"^^'''"-»^™-»'- * ^»^'t amplifi/e pir des grS
, (5) Pierre Gille.. Histoire cccU,î«.i!qae de. " exhortations a ux reformes de se
église, reformée, des Valïéei de Piiiaont, »«*. '* rangera rcgiise romaine , avec
".'*î\ ?„,.*-• * plusieurs promesses à qui le fcroik
(b) Uillc. , la même ^ P^g- 103.
(7) Là m/,ne, pag. .oB. ^gj ^ ^^^^ ^^^ ^^
LÉON !•'. ï37
» ▼ol<mtâïwment , et sans attendra les reformés des volées par la force
> ^y cstre contraint. H adjoignit à des armes (ii).
> ceste lettre un autre escrit par Quelle étnnge manièTt d« coa^artir lei h4-
j ^ I ecjuel il taschoit de reparer partie ritiqoei ?
n de la bresche quUl avoit faite à sa {tx)Lk mtm» , pag» i«7-
réputation , en rassemblée du 36 » -a^-kt ter ' 1
j oillct : car il aroit ramasse quel- L E O W 1 . , JSurnommC Je
'que peu de passages de Tescnture Grand , prit possession du papat
D saincte ' "* ~ ~ ---->-..
leurs
î , et un peu plus des doc- jg iq de mai 44o* C'était un fort
» leurs de l'ancienne église , pour j^y homme , qui avait bea»-
»# preuTC de quelques parties de la "«*'*'*' ^^*" > 1
>i messe, et aussi de Pusage du celi- coup d éloquence et de courage ,
» bat du clergé. Mais le sieur Soi- et qui entendait les affaires. Les
ji pion Lentufe, Neapolitain , pas- occasions de faire paraître son
» leur de l'«g*"«d%Saint Jehan g^and mérite ne lui manquèrent
■» lui opposa une docte response la- o*"" . • _ . /
>» quelle fut imprimée peu après , pas : il trouva de quoi s exercer
M où il fait voir combien Pousseyin dans les Hérésies qu'il eut à com-
» s^abusoit en l'intelligence de ses battre , et dans les ravages que
3> productions ; et combien 1 église ff -^ Tempirc romain. Son
» romaine nouTeUe s'est esloignée »y""*«" *ct**^i*^ .^^o^u. ^
» en telles choses du bon chemin zèle coûtre les manichéens , con-
» (9). i> tre les priscillianistes, contre les(
n Le revcrendissime Pousscvin ( les pélagiens , contre les nestoriens ,
» plus grands masmes de son parti ^^ ^^^^^^ 1^5 eutvchéens , fut
» l'ornoyent de ce tiltre ) , voyant .„ .•' j'^i^
„ qu'il ie pouYoit reparer les bres- merveilleusement seconde par les
» ehes de sa repuUtion , non plus lois pénales des empereurs, se ve-
» desdain sur les porres fidèles es- Sa députation vers Attila pro-
ï) pars , et escartés parmi les papistes duisit un très-bon effet (B) ; mais
» au plusbas des vaWes, et surtout le miracle qu'on y ajoute n'est
3) a Campillon , et rend. » Il fit .em- , n -, 1} ^ r* \ c n
prisonner les personnes et ravager qu une fable(C ). Son éloquence
les Mens desdits reformés espars n'eut pas le même succës auprès
Ils s'enfuirent pour la plus grande du roi Giséric , et néanmoins elle
partie ; mais ceux qui se laissèrent ^^ ^^ entièrement iufruc-
attraper furent maltraittes. Quelques ^ ^Inx ^ -t . j-i
uns parinfimdté abjurèrent la hsU- tueuse (D). Ceux qui disent qu il se
^ion dans le temple de Campillon le COupa lui-même la main (Ë), pour
5 d'aoust enjpresence de tous les sus^ avoir senti quelques mouvemens
dits qui en firent dresser des actes en i„éguliers pendant qu'une fem-
erande solemnite : puis les delwre- P 1 • "■ ^ • ^ • • . *.
rent, et leur rendirent les biens ratais, nie la lui baisait , et qui ajoutent
desquels toutefois la meilleure partie qu'il la recouvra par ses prières
retourna après au bon chemin (10) ardentes, débitent deux faussetés.
I^ mois daoust fut presque tout em. ^^ meilleure édition de ses ou-
ployé en telles extorsions Pous- n j » /^ ï
seuin jntouma h la cour du duc au vrages est celle du père Quesnel
commencement de septembre, et fit (a). Quelques-uns des livres qu'on
tant par ses odieux et calomnieux lui donne dans cette édition
rapports , que la conclusion y fut ,
du tout confirmée de procéder contre (a) Imprimée à Paris, Fan 1675.
le Journal des Savans du \*J février 1676, et
(9) Lkm(m€, pag. io5. la Bibliollicaue de du l^'in, tom. JII, part.
(10} lÀ tnirn* , p. i«6. // , paf. 164 » édition d* Hollande,
i38
LÉON !•'.
sont attribués par d'autres au-
teurs k saint Prosper (F). De là
est sortie une savante dispute.
Un fameux ministre s'est un peu
embarrassé , en mettant l'époque
de l'antechrist* sous le pape saint
Léon (G). Ce pape mourut l'an
461.
(A) // ne désapprouuait point qu*on
en utnt jusqu'à l'effusion du sang. ]
TOUS en trouyerez *Dieiitôt la preuye
r dans un passage de M. MaimDOurg.
Il regarde le dernier supplice que
l'on ni souiTrir à Priscillien , et à plu*
sieurs de ses sectateurs , et Texil à
quoi plusieurs autres furent condam-
ne's, ce que Sulpice Sévère désapprou-
Ta hautement, comme une chose (f'i/ra
très-pernicieux exemple. « C'est qu'il
» croyait qu^on n'ayait encore rien
» yu de pareil. Pour ce qui regarde
3> l'exil , on ne peut nier qu'il n'ait
» tort. Car tout le monde sait que
» Constantin bannit les ëyâques qui
» refusèrent de souscrire la condam-
3> nation d'Arius , qu'il punit aussi
3> d'exil, ce que les autres empereurs
» ont fait après lui. Pour la peine de
3) mort , il est yrai qu'on ne Payait
^> pas encore imposée jusqu^alors aux
3) nërëtiques ; mais ce n'est pas qu'on
3) ne puisse très-justement user con-
y> tre eux de cette rigueur , comme
3i on a depuis souvent fait. Et sans
» parler de ceux qui ont prouvé dans
3) leurs écrits qu il était non-seule-
3) ment permis , mais aussi très-bon
•» d'en user ainsi , il ne faut que voir
» ce qu'a écrit sur cela saint Léon ,
3» lorsque donnant , comme nous le
3> dirons bientôt, les ordres néces-
» saires pour agir en Espagne contre
» l'hérésie de Priscillien , il loue
M Maxime de cette action, et dit O :
' » que la rigueur et la séuérité de sa
31 justice contre cet hérésiarque et ses
3» disciples, que ce prince fit mourir ,
j) a été d' un Jort grand secours a la
•» clémence de V église. Car bien
» quelle se contente delà douceur du
(*) Profuit tKu istm disHtictio eeeUtitutie»
lenitaU , q^a aUi tacerdotali contenta judicio
cruentas refugit tUtiones .* severif lamen ckris^
tianorum prineipuin conslUutionibus adjuvatur ,
duin ad ipiritale nonnunquàtn recurrunt reme-
dium , qui limant eorportde suppUcium. S. Léo,
rpiit. XCV ad Turib.
» jugement ifue les évéques portent ,
» selon Us canons , contre les héréti-
» ques obstinés , et qu'elle ne t^euUU
» point de sanglantes exéetstions ,
9 elle ne laisse pas d'être beaucouD
» aidée et bien soutenue par les séuc
n res constitutions des empereurs ,
» puisque la crainte d'un si rigoureux
n supplice fait quelquefois que les
» hérétiques recourent au remède spi-
» rituel , pour guérir la maladie
» mortelle de leur hérésie par une
» t*raie conversion (i). »
(B) Sadéputation i^ers Attila pro-
duisit un tris-bon effet.'] Comme c'est
un des plus beaux endroits de la vie
de ce pape , il est juste de l'exposer
ici ayec un peu d'étendue. Attila
s'était rendu maître d'Aquiiée et
l'avait réduite presque en cendres :
il avait tout ruiné sur son passage
depuis Aquilée jusqu'à Pavie et a
milan : il s'était rendu maître de ces
deux grandes villes , et il les avait
traitées comme il avait fait toutes les
autres , en y renversant tout de fond
en comble (3) Tant defâcheusti
nouvelles arrivant coup sur coup h
Rome jr causèrent une grande con-
sternation (3). Le sénat fut assemblé
Sour délibérer si l'empereur aban-
onnerait l'Italie , comme Aé'tius le
lui conseillait : on ne savait quel parti
prendre. » De défendre Rome en rétat
n OÙ elle était , contre cette innom-
» brable multitude de barbares , c^est
» ce qui semblait impossible ; de
» l'abandonner et s'enfuir , pour
» chercher ailleurs un asile , c'était
M la dernière honte à un empereur ,
}) qui deyait plutôt périr honorable-
)> inent , que de yivre après une si
» honteuse lâcheté. Quoi faire donc ?
)) On prit le milieu entre ces deux
» extrémités , qui fut d'envoyer une
» célèbre ambassade à Attila , pour
M obtenir de lui la paix à quelque
» condition supportable. Cela résolu
» de la sorte , on jugea qu'il n'y avait
» personne qui pût mieux s^acquit-
» ter de cette charge que le saint
M pape Léon , â qui la force de son
}) esprit , sa prudence consommée ,
» son adresse à manier les esprits ,
(1) Maimboorg . Histoire àa Pontificat de
saint Lion, Iw. /, pag. 55, 56, édition de
Hollande.
(a) Là mfmê^ liv, Illy p. axg , à Vann. 45>'
(3) Là mime^pag. aïo.
LÉON 1".
139
sa vertu , sa science et son dloquen- inuiolàblement de son eÔlé , après
ce , jointes à sa dignité de souve- quoi tèbroussant chemin , */ s'en re-
rain pontife ^ qui le rendaient tourna au delà du Danube , d'oii il
vénérable à toute la terre , avaient ne revint plus (7).
acquis dans tout le monde la re'- (C). . . Mais le miracle qu'on y
'empereur le conj ura donc de vou- les esprits t
loir accepter cet emploi , ce qu'il romaine ^ c'est pourquoi j^aime mieux
Pour honorer l'ambassade et le lesnon-catholiques. Voici ses paroles
pape qui en ëtait le chef , on lui (8).
» pape qui en ëtait le chef , on lui
>' donna pour adjoints deux des plus
» grands de l'empire , Aviénus et
» Trige'tius, dont l'un avait *ëté con-
» sul , et l'antre préfet de Rome. On
a Je sais ce qu'on dit ordinaire-
ment pour rendre la chose plus
merveilleuse , que les capitaines
d'Attila lui ayant demandé pour-
quoi il avait tant honoré ce pon-
» lesquels était le père de Cassiodore, » tife , jusqu'à lui obéir en tout ce
Î' ajouta quelques sénateurs , entre
e
qui, se laissant emporter à l'affec- » qu'il lui avait commandé , ce prin-
>» tion filiale dans une de ses épîtres » celeur avait répondu en tremblant,
«r), où -' ^ * - j--— -^.-i_u ..
» faisant
» attribue
» cette importante ambassade. Mais » nue le menaçait de le tuer , s'il ne
» dans sa chronique où il parle en » faisait tout ce que ce pape voulait.
» véritable historien , il s'en dédit , » Mais je suis obligé de dire que -,
» et donne tout uniquement à saint » sans étrç incrédule , on peut n'en
» rien croire ; aussi ne trouve-t-on
» Léon , comme font tous les autres
î' auteurs (4). » Attila reçut favora-
blement cette ambassade (5) pr^s de
Manioue^peu loin dé l'endroit oà le
flcuue Mincius se ua décharger dans
le Pô (6) ; et quelque féroce que fût
ce prince , il fit toute sorte d'honneur
au pape. // écouta favorablement sa
harangue, qu'Use fit interpréter, et
la trouva si belle ,' si judicieuse , si
forte et si touchante , que cet Attila ,
<^c fléau de Dieu , cet ennemi du
fjenre humain , dont la vue seule
jetait la terrewdans Vdme des plus
intrépides , et le seul nom faisait
trembler la terre , s'amollit tout h
^oup , deuint doux comme unasneau,
«e loup -
^ant
paix
^ sans exiger aucune fâcheuse con-
^tton , lui promettant de la garder
Uon *7**"»J^"'8. Bi«lMr« do pootiiical de $nut
(5)'7Ï';/V»p«^.aai.
'«mm Ç «îr^"***"** ili>nant«r accepté, ita
'"/«o * 7 ""'""''' P'"«"«wl*Vf rex gaviiUM ett, ut
« DnM •"*" P^'^ciperet. Proiper , in Cbron.
mC !i'^ *"^«to, au par Maimboors, là
^6; U ,nime.
)) pas cette vision dans le bréviaire
» de Paris , depuis que notre savant
» archevêque, monseigneur François
» de Harlay, l'a rétabli dans l'état où
il doit être ; ayant pris grand soin
d'en ôtertout ce qui est apocryphe,
ou fort incertain , et d'y mettre
Sour les leçons les plus beaux en-
roits des^ ouvrages des saints
pères , et les plus conformes au
sujet qui se présente et à la fête
qu'on célèbre. Je dirai donc hardi-
ment qu^on peut sans scrupule
» n'être pas de l'avis de ceux gui
» croient cette apparition : car les
» anciens auteurs comme Jornandés,
qui ont écrit cette légation
» de saint Léon : que dis-je ? saint
Prosper qui était alors à nome , et
nous en a appris toutes les circon-
stances , et saint Léon même qui en
parle dans un de ses sermons {*) ,
ne disent rien de cette vision ,
»
(7) Là même, pag, as4.
(9) lût même,
{*) Serm. in Octa. aposloL
i4o LÉOH V\
» (ru*ilf n^auraient pai tapprimëe »i » baret infidèlM , n^en pat £ûre an-
» elle était Traie. Bien loin de ce- » tant par tes lettres a T^ard des
» la , an lien d*attribner cette con* > hérétiques, n Ces dernières paroles
» descendance d'Attila à la crainte fournissent à rhistorien une transi-
» qn'il eut de cette apparition et de tion heureuse.
3> cette épée menaçante, ils disent (D) Son éloquence r^etit pas le
3» tous d'un commun accord , que ce même succès auprès du roi Giséricy
3) fut un effet de la présence ma- et néanmoins elle ne fut point infruc-
» jestneuse et de la forte élomien- tueuse.^ L'imrpératrice Eadoxia, Teo-
3» ce de saint Léon . qui amollit et ve de Valentinien , avait ^te obligée
» adoucit le cœur de ce barbare \ d'épouser Maxime , qui s'était eni-
» et le saint pape , qui n'avait ear- paré du trône après aroir fait assa»-
3» de de s'en glorider , dit qu'il le siner Valentinien. Ce Maxime eat
» faut attribuer , non pas à l'influen- l'impûdeoce de dire à Eadoxia y One
3» ce des étoiles , comme quelques la passion qu'il avait de la posséder
» profanes le youlaient, mais uni- était l'unique motif qui l'avait pou«é
» qncmcnt à l'infinie miséricorde de à faire périr l'empereur. Endoxia fo-
» Dieu (*) , qui s'est laissé fléchir rieusement irritée éCune si horrible
» par l'intercession de ses saints, et déclaration,... enuojr a secrètement un
» ensuite a daisné adoucir et chaneer de ses plus affidés à Carûuxge , ven
» le cœur des narbares. Il n'j a rien Gisérèc, roi des Vandales y qui s'était
» en tout cela qui marque cette vi- rendu maître de V Afrique , le eon-
•» sion. Ce qui lui a donné coura jurant par tous les plus puissent
» dans les derniers temps , est qu'on motifs qu'elle lui put représenter y
y> l'a trouvée dans l'histoire appelée surtout parla facilité de Ventreprisey
» Miscella y qu'on attribue fausse- tout étant sans défense h AornCy
» ment à Paiu le Diacre. Mais outre comme en pleine paix , de venir au.
» que les anciennes éditions de ce plus têt f^enger la mort de Valentinien
» compilateur ne l'ont pas , ce qui son allié , et de la tirer de Vopprts-
yt fait voir qu'on l'jr a ajoutée comme sion oh elle était sous la tyrannie du,
>i on a vouluysans preuve et sans au- plus cruel et du plus scélérat de tous
» torité , outre que cette histoire les hommes (9). Ce roi barbare , qui
> contient bien d'autres faussetés await alors au port de Carthage une
> toutes visibles , cette apparition bonne armée nat^ale , ne manqua pas
> n'y est rapportée que sur un bruit de se servir de cette occasion : il
3> incertain en ces termes : ^runt monta sur ses vaisseaux, il débarqua.
» postdiscessum pontificis interroga- en Italie sans trouver nulle résistân-
» tum esse uittilam a suis , etc. On ce , il s'avança vers Rome , et sans
» dit qu'après le départ du pape les tirer F épée, iltrout^a que cette ville se
3> cens d'Attila lui demandèrent, etc. rendait h sa discrétion , lui laissant
» Aiusi j'ai raison de dire qu'on peut ouvertes toutes les portes (10). Ce
» ne pas croire cette vision , et qu'il fut alors que saint Léon , voyant son
» ne faut point chercher ici de plus pauvre troupeau exposé à la furcor
3> grand miracle que celui que fît de ces bé tes terocesi, s'alla lui-même,
3> saint Léon , en adoucissant et chan- comme le bon pasteur qui met sa vie
» géant tellement par son éloquence pour sauver ses brebis, « présenter aa
» le cœur du plus féroce , et du plus » roi vandale et arien , qu'il savait
y> formidable de tous les hommes y * être ennemi moftel des cathoiî-
» qu'il en obtint sur-le-champ, sans » qnes , et principalement des évé-
y condition,la paix , et lui fît quitter » ques, sur lesquels il avait déchargé
» l'Italie. Ce qu'il y a en ceci de très- » sa rage en Afrique , en les traitant
i) remarquable est que ce grand hom- » avec une barbare cruauté plus io-
3) me , qui eut le pouvoir de fléchir » humainement que tous les antres.
3) si facilement les cœurs de ces bar- » Cependant ce cruel qui était pr^t
(•) Quorum pr.cibus dMn^ censura, JUxm » d'entrer à Rome, en résolutiona'v
stnunUa ett. Non^ siciu opinantur impiiy Mtel- » mettre tout a feu etd sang, S aireU
iarum afficUbus , sfd ineffabUi Dei omniftoUin'
tis miserieordim députant*» , ^ui eorda fiàren- (g) Matmboiirg, HlsUtira da pontificat ds saiei
tium barbarorum mUigar» dignatut est. Mis- Léon , lif. IV, pag. 946 , à Cann. I^Si*
ceU. , /. i5. (10) Im méme^ pag. *47*
tctuï
rabie
LÉON F'. i4f
a coup & la Tue de cet admi* baiser les mains du pape fut changée
; pontue ; et comme si cette en celle de lui baiser les pieds. D'au-
coup ce cœur de tigre qu _
» avait , eu celui d'un homme rai- dres à un homme indigne. Cùm au-
» sonnable , il lui rendit tout Thon- tem sanctus Léo eam ob causant sa-
) neur qu'on devait au chef de Te- crificare desiisset , idoue in populo
) élise. 11 e'couta paisiblement tout Roniano murmur non le\^ excitaret ,
» ce qu'il voulut dire : et si son elo- impetratnt a Deo ardentissimis pi-eci-
) quence ne fit pas alors le même bus, ut manusabscissasibirestituere-
» miracle qu'elle avait fait en la per- tur. Ex eo tamen tempore , aholiio
» sonne d'Attila , le faisant retouraer ^su manibus pontificis oscula figendi^
» sur ses pas d'où il était venu , elle inductus est usas Jîgendi osculum
> en fit trois autres très-signalés: car pedibus,Scnbunthœc de sancto Leone
«elle fut si persuasive, qu'on lui t^arii ; ac nominatim Sabellicus lib, 5^
» promit, qu'on ne mettrait point ni -Andréas JEborensis tit. de Castitate ,
» la main aa sane, ni le feu aux ac Majolus Id?. i. de Irrégularité
» maisons , et que l'on ne toucherait cop- i4- «• 4-. quiaddit , aliquos asse-
rs pas aux trois principales basiliques; rere , contigisse ut sanctus Léo ma-
» qui sont la Constantienne , celle de num sibi ahscinderet , actus sancto
M Saint-Pierre au Vatican et la troi- erg a se odio , ob malè impositas ali-
» siéme de Saint-Paul hors des murs, cui manus , et prœcipitemindigni ho-
» Il tint parole: et après avoir per- minisinitiationem{ï 2). V&aUur dont
» mis durant
» de Rome
» vaisseaux charge
» Eudocia et Placidia ses deux filles , nation mal conférée , il en rapporte
» qu'il traita tout-à-fait en galant cette origine (i 3) : Ç)iiorfa£?eo5a«i/ie«
» homme. » 9"** hanc narrationem référant ad
(E) Qilelgues-uns disent qu'il se rnanus indisno appositas , uidentur
coupa lui-mémé la main."] Une femme adductiad hanc fabellam de sanelo
dévote et belle fut admise , dit-on , J^eone confingendam , ex lectione re-
le jour de Pâques , selon la coutume, t^elationis ex Moscho descriptœ capite
à baiser la main de ce pontife : il '49 ^''^'* spiritualis. Quod scilicet
sentit Je ne sais quoi qui tenait trop sancto Leone pro peccatis suisfen^en-
dePhumanité 5 et il crut qu'il fallaît terprecato, apparuent ei B, J^etrus,
suivre à la lettre le précepte de Jésus- dicens exordsse se ei omnium eirato-
Christ,si£a main te fait chopper , rum t^eniam , sal^d discussions oec-
coupe-la (il). Maïs comme depuis catorum, si quœ fais sent abeo admis-
cette mutilation il ne disait plus la sa ob indignorum ordinationem. At
de sa main : il l'obUnt. Depuis ce Quelques-uns assurent que la main
temps-là , dit-on , la coutume de q«e saint Léon s était coupée pour
étouffer le feu impudique , ut libidi-
(11) FMruntqui^eriherenieumpimmuUeri» „^ ignem restineueret (l4) , lui fut
giosi admoto pe^lsum , muUere né^ue partie fcndue par la vertu d une image de
eive n^fiM eonseid^ eœni aliquid contraxùse. la Sainte-Yierge \lo) , et que CettC
Theoph. Rarnaud. , Hoplothec. , éect. //, *^ri»
III, cap. X. pag. m. 36â. Ciim ipt9 dU Pas- çs j^^^ ^y^^ *
ehatis^ pro more reeepto , muUercuUun ad fi- (xVklhidtm * » • ^ *»-
gendum maniU sum oseulum adaùsissel , huma- \. / n i \i * !• i • • >• i.
num auippiam pasnn . manus iUius ahsdssione ('4) ?•»/«» ««• *»««« , «*« »»/ri.
temidiavit : seeutus iltam ChrisU vocem : Si m»- («5) Pattlas de Angelii, in Descript. Basilicn
"M toa ccandat'uat te, abscinde eus. W- , ibid,, S. Mari« Blajorif de ofbe, apud Daniel. Pa-
tmt II I^ cap, XX, pag. 4og. pebMehiom , A«ap. td Eshib. Error., pag. 14.
}
1^-2
LÉON I".
9 image était de la façon de saint Luc. même esprit (i^* Tout cela nempi
Saint Antonin et plusieurs autres le che point que H. du Pin ae di^ q«
rapportent ; et néanmoins Baronius a U système ae M'. Vabbé ^ntebni m.
de la peine â le croire (i6). Us sermons qui portent le nom M
(F) Quelques-uru des livres qu'on saint Léon^ lui paraît chimérique ^à
lui donne.,», sont attribués par d'au- que les preuves qu*U en apporUim^
très auteurs h saint Prosper.']Le^Te extrêmement faibles (ao). âien plat,
Quesnel prétend que les deux livres M. du Pin nie la conformité de stylii
de la Vocation des Gentils^ , la Lettre alléguée par M. Antelmi , et la coosé-j
à Démétriade , et les Capitules sur la quence qu^on vent tirer de cette coa-
Grâce et le Libre Arbitre , ne sont ionnité. « Si Ton se donne même U
point de saint Prosper , comme on le » peine de conférer les passages qu^
croit communément , mais de saint » allègue , on Terra qu^il n^y a io-|
Léon. Voyez le livre ( 19 ) intitulé : » cune conformité de style entre 1»
De verts Operihus SS» Patrum Léo- v passages d^un auteur et ceax àt
nis Magni et Prosperi jiquitani , » rautre , quoique les mêmes mob
Dissertationes criticœ yOuibus Capi- » s^ rencontrent. Et draille ursquaoJ
tula de Gratid , etc. , Epistolam ad » il y aurait quelque légère confor'
Demetriadem , nec non duos de f^o^ » mité de style entre les écriU; <k
catione omnium Genlium libros , » saint Prosper et ceux de saint Léor,
Leoni nuper adscriptos adjudicat , et » n'aurait-on pas plus de raisoa dt
Prospero postliminio restituit José- » dire que saint Prosper aurait iioite
phus Antelmius , presbyter et cano- » son mattre , quUl entendait souvent
nicus ecclesiœ ForojuUensis. M. » parler et prêcher , dont il lisait les
Fabbé Antelmi a fortement combattu » sermons , et dont il faisait peot-
cette prétention : il a même soutenu » être des copies pour les garder vi
est que Fun et Tautre des combattans lire dans les entretiens sur la cabale
allègue la conformité du style \ l'un chimérique (aa). Voyez l'article dl-
Sour prouver que ces ouvrages sont rasme (aB) , et celui de Jules II (xj .
e saint Léon , Tautre pour prouver (G) Un fameux ministre s'est un
sont c
Sue M.
-dessus est singulière : il a fait des » avant. Selon lui ', du temps de
tables à deux colonnes , 011 il met en » saint Léon l'idolâtrie était assez
parallèle plusieurs passages de saint » grande dans l'église pour en faire
Prosper , tirés des livres qui lui ap- » une église antichrétienne , et faire
Sartiennent incontestablement , et » de saint Léon l'antechrist même ;
es livres qu'on lui conteste , et il «et néanmoins le ministre écrit ces
fait voir une grande conformité entre u paroles dans la treizième lettre de
les uns et les autres de ces passages. » cette année. Pendant que Vanie-
Ces parallèles à l'égard des sermons » christ fut petit , il ne ruina pas
de saint Léon,nous montrent desfa^ » l'essence de l'église. Léon ef
qons de parler spécifiques , des ex- » quelques - uns de ses successeurs
pressions et des tours si étudiés et si » furent d'honnêtes gens , autant que
concertés , qu'il semble qu'ils ne peu' » l'honnêteté et la piété sont compa-
rent avoir été conçus que par un " ''^* ^-'' — ""
(16) Paprbrocl?. , ihidtn.
* L«clerc et Joly pencent qnc 1« Traiti de Vo-
eatione gentium n ett ni de saint Lion ni de
saint Prosper , qni était très- Tihément dans la
dispnle , mais d^un contempora*n tris-instruit et
très-modiri dont le nom est inconna.
(17) Imprimé à Paris , i/i-Ao. , l'an 1689.
(lé; Vojrt* U Journal des Savans, tGSo, pag.
»9o , S94 I 3«* I 3» I édition dg BolUndi.
» tibles avec une ambition excessive-
» // est certain aussi que de son
(ig) La m(me^ p*^8* 3*i*
(ao) Du Pin , BiUioth. , tom. /// , part. Il,
pag. 157.
(31) Là mime, V*sg. i58.
(la) Pag, i5o et suiv,
(a3) Bemarque (Y) loin. VI„pag. ^Ifl.
(a4) Remarque (N) (om. ^///, pag- kk^»
LÉON X. 143
r» temps l'église se trouua engagée n et ne demanda pas moins le se-
» FOET AVANT DANS t'iDOLATRiE du » couFS dc la prière dcs saints, que
») culte des créatures , qui est un des » tous les autre;s. Voilà donc non-
)) caractères de V antichristianisme ; » seulement un idolâtre, roaisenco-
» et bien que ces maux ne fussent » jw le chef de Tidolâtrie anti-chrë-
>i pas encore extrêmes , et ne fussent » tienne dans le nombre des élus ,
M pas têts quiils TiAJATSAssETUT laper- » et l'idolâtrie n'empêche pas le
M sonne de iéon , qui d' ailleurs ai/ait » salut (a 5). » Comme c'est une dis-
w de bonnes qualités , c'était poup^ pute d'homme à homme , et non pas
» tant assez pour faire les corn- une controverse sur les dogmes gë-
» mencemens de l* antichristianisme, nërauz des deux communions , il
M Vous voyez donc qu'on n'est pas me sera permis de dire que l'auteur
-» damne' , quoiqu'on soit non-seu- embarrassé a pris le meilleur parti
M lement ' idolâtre , mais encore fort qu'il pouvait prendre selon la pniden-
» at^ant engagé dans L'idolâtrie du ce humaine : il s'est tû ', il n'a pas fait
ï) culte des créatures. Si on n'est pas semblant de savoir qu'on eût montré
» du nombre des saints, et qu'il son désordre aux yeux du public.
» faille rayer saint Léon de ce cata- , e\ m a -u m.
)> logue , on est au moins du nombre p,ot«l.n, , ...r 1<5 lettres du mioiÉtre Juriea con-
» des hoiïnetes gens, et le mal de tre r H tctoîre des Variations, pa^. 86, ^«/i<ion<<e
» l'idolâtrie n'est pas si extrême Hollande.
« qu'on en perde le salut. Poussons l^^ON X , créé pape le 1 1 de
» encore. On a démontre dans le 11- , ,r o .» 1 -^ t j
H vrede^rariations-et alUeurs^'), î^^? }^'^,\ « «PPe^^ Jean de
» parles paroles expresses de saint Meaicis"^. 11 avait e te honore du
» Jean C*) > H^^ 1» bête et l'ante- chapeau de cardinal à Tâge de
» christ ont blasphémé et idolâtré quatorze ans, par le pape Inno-
î) dès l<ur naissance , et pendant * * -^tttt * i m.
. toute l'étendue des it^ fours de cent VIII , et long-temps après
.. ge de reconnaître ces attentats , du j'armëe qui fut battue par les
M temps et dans la personne de saint ^ • . ^ i^ 3 -n
«Léon, de saint Simplice, de saint Français proche de Ravenne ,
» Gélasc, et des autres saints pon- Tan i5i2. Il y fut fait prison-
M tifes du cinquième siècle ; mais à nier ; et durant sa détention il
)» la fmilafaHu trancher le mot («). g^ ^^^ épreuve merveilleuse de
» Il est certain que dès ce temps , « *■ j .-.•
)> commencèrent tous les caractè^s J» ^orce des superstitions sur
y» de la héte. Dès le temps de Léon Tesprit même des soldats (A)»
» les gentils ou païens commencé- On prétend qu'il n'y eut rien
). rent a fouler l'église aux pieds; car • contribuât davantage à l'éle-
» le pasanisme , qui est te culte des ^ , , , 111
)» créatures, y entra. Dès lors on ver a la papauté , que les blés-
» commença a blasphémer contre sures qu'il avait reçues dans les
') Dieu et ses saints ; car oter à combats vénériens (B). II fit des
). Dieu ^onjémtable culte vour en ^'^^^ excessives le jour de
^i faire part aux saints , c est blas- r ^ ^ry^ K -i
>yphémer contre Dieu, Voilà donc son couronnement (C) ; et il me-
» le blasphème et l'idolâtrie anti- na une vie peu convenable aux <
M chrétienne établis sous saint Léon, successeurs des apôtres , et tout-
:; îu'f^tautV^^L^ffich';?^; à-faitWuptueuse(D) Useplai.
» et en effet, il est constant qu'U sait trop a la chasse. On dit que
>» n'honora pas moins les reliques , sa vue y était d'une portée sur—
(*») Var.xiii, n. a.. Jpocai. Jyeriiss. aux prenante (E), CoHunc il avait eu
Prot. n, 37 , a8 , pag. 6ia , 6i3.
(**) Jpoe. Xf, 3. Xir, 6. 14. X//7, 5. 6. * H était , dit Leclerc, né à Florence en
(*') Lettrt XIIJ, pag. 99 , 1 , «• ^475 , et fut fait cardinal en 1489.
i44 LÉON X.
des précepteurs (^i) qui rayaient rent qu'on Fempoisonna. Il ne
Cruiitement bien instruit aux tint pas toujours une conduite
lies-lettres , il aima et il pro- agréable à l'empereur Maximi-
tégea les savans et les beaux es- lien (L). Le trafic sordide oii il
I)rits. Il favorisa principalement réduisit la distribution des in-
es poètes , et cela sans garder dulgences ( M ) donna lieu à la
toujours les mesures de gravité réformation de Luther, comme
Sue son caractère demandait (F) . tout le monde sait. Quelques-um
ela parut en plusieurs rencon'-* disent qu'au* commencement il
très I et même dans les privilèges parla avec éloge de ce grand re-
qu'il accorda aux poésies de TA- forbiateur( N). Je n'ai point
rioste (6). Disons en un mot que trouvé que Guicciardin ait mal-
les gens doctes et les bouffons traité ce pontife autant que
partagèrent également son ami- M. Yarillas l'insinue (O) ; mais
tié (6). Il n'eut pas le même l'Apologie de Paul Jove me pa-
goût pour les étuaesde théolo- raît très-faible (P) : elle a fait
gie (H). Je ne voudrais pas ga- mettre en question s'il doit pas-
rantir le conte qu'on fait, qu'il ser pour athée (e). Les autres
traita un jour de pure fable apologistes n'ont guère mieux
toute la doctrine chrétienne (I). réussi (Q). On n'a besoin pour
Il eut l'industrie de mettre en réfuter M. Varillas que de lui-
poudre le concile que l'empe- même. Je lui alléguerai un long
reur et le roi de France avaient passage de ses anecdotes , qui
opposé à Jules II , et il fît triom* contient un abrégé assez juste
pher le concile de Latran ; car du caractère de Léon X (R), etoii
il obtint de Louis XII tout au- je prie mon lecteur d'aller cher-
tant de soumissions qu'il en poii- cher ce qui manque au corps de
vait souhaiter (c). Il obtint de l'article. M. Varillas s'est aussi
François I*'. un avantage beau- trompé touchant Paul Jove (S),
coup plus solide , par le concor- Le& gens de lettres , de quel-
dat qu'ils conclurent l'an 1 5 1 5. que religion et de quelque na-
.Cela ne le rendit point mieux in^ tion qu'ifs soient , doivent louer
tentionné pour la France. Il fit et bénir la mémoire de ce pape
des ligues contre elle ; et il prit à cause de l'attachement qu'il
tellement àcŒur cette affaire-là, eut à faire chercher les manu-
qu'ayant reçu les nouvelles de scrits des anciens. Il n'épargna
la mauvaise fortune des Fran- ni ses soins , ni son argent, pour
çais y il en mourut de plaisir , une telle recherche , et pour
dit-on (J) (K). Ce n'est pas qu'il procurer de fort bonnes éditions,
n'y ait des écrivains qui assu- J'ai deux lettres anecdotes qui
, . „ , , «. 3P • ^. ^ sont une preuve de cela (T) , et
(a) Entre autres , Pierre £gineta , Grec %t * j r • •
de nation , qui expliqua Arutophane dans ^^ » OU SCra SaUS QOUte bien aiSe
Bologne t et qui lui atuiit appris la langue de trOUVer ici.
grecque. Vojreu les Lettres de Langius, pag%
'"\bj Voyez la remarqua (F) , vers lajtn. (*) Voêtius, Disputât., tom. /, pag. 204,
(c) Voyez l'article de Jules II, tom, FJIl,
pag. 445 1 remarque (G). (A) IIJU une éptiewe merveilleuse
{d) AU commencement de décembre iSai. de la force des superstitions sur l'es-
LÉON X. 145
prit même des soldats.'] Les soldats » étaient déjà faites . et le conclare
qui rayaient vaincu lui témoignèrent » commencé , quand il y arri^
Tiva.
une si grande vénération , quUls lui » ( 3 ). Le conclave n^eut pas silut
demandèrent humblement pardon » fini , parce que les jeunes et les
de leur victoire , qu'ils le supplié- » vieux cardinaux persistaient dans
rentdeleuren donner Tabsolution, » une égale obstination, sans une
et qu'ils lui promirent de ne plus m aventure bizarre qui les mit d'ac-
{ porter les armes contre le pape. C'est » cord. Le cardinal de Médicis s'é-
e cardinal Palavicin qui m'apprend » tant agité extraordinairement par
cela y après avoir observé qu'au mé- » le nombre des visites qu'il faisait
pris de l'autorité royale , les Mita- » chaque nuit à tous les cardinaux
Dais regardèrent avec horreur les » de sa faction , son abcès s'ouvrit ,
cardinaux de l'assemblée de Pise. » et le pus qui en sortit exhala une
In Milano con uUipensione delt au- » telle puanteur , que toutes les cel-
totita reale fwon riceuuti non conte ulules, qui n'étaient séparées que
cardinalij grado riueritlssimo nfilla » par de légères cloisons , furent
christianita , nia conte huomini pes" i> empestées. Les vieux cai'dinaux ,
tiferi e scelerati , e comète di scia- » dont le tempérament était moins
gura ne' paesi doue giugnessero. ]#'capable de résister aux malignes
Anzi , non ostante che i Francesi » impressions d'un air si corrompu ,
riportassono la memombil vittoria di » consultèrent les médecins du con-
Rauenna , e conducessero prigione a » clave sur ce qu'il y avait â faire
Mdano il cardinal Giovanni de' Me- » pour eux , et les médecins, qui
dici , legato delV esercito joontifiào , » voyaient le cardinal de Médicis ,
dte poi assunto al pontijlcato prese w et jugeaient de sa constitution
il nome di Léon decimo : non si ten- » plutôt par les mauvaises humeurs
nero i soldati uincitori dalV andare » qui sortaient de son corps , que
con incrcdibil frequenza a uenerar y) par la vigueur de la nature à les
come legato del tdcaiio di Christo il » pousser dehors , répondirent après
lor prigioniero i ricevendone V assolu- » qu'ils eurent été gagnés par les
zione cKegli hauea podestà di dar n promesses de Bibiana , que le car-
loro per iiauer combattuto centro » dinal de Médecis n'avait pas en-
alla Chiesa, con promessione d'as- » core un mois a vivre. Cette con-
tenersene per innanzi {\), » damnation le fit pape, en ce que
(fi) Rien ne contribua davantage » les vieux cardinaux pensans être
h l'élever à la papauté , que les blés- « plus fins que les jeunes leur vou-
telles choses les écrivaips catholiques » rcnt trouver ,,et leur dirent qu'ils
que les auteurs protestans , que sans » cédaient enfin à leur opiniâtreté ,
aucun préambule je rapporterai ici >, à condition qu'on leur rendrait la
les paroles d'un historien français , » pareille une autre fois. Ainsi le
fort passionné contre ceux de la re- » cardinal de Médicis fut élu pape
ligion(a). « 11 n'y avait point encore » sous un faux donné à entendre ,
» trois mois que le cardinal de Me- » n'ayant pas encore trente-six ans
» dicis était rentré dans Florence, » accomplis^ et comme la joie est le
u lorsque la mort du pape Jules 11 » plus souverain des remèdes , il re-
» l'obligea d'en sortir pour aller a m couvra bientôt après une santé si
» Kome. Il se fit porter dans une li- » parfaite , que les vieux cardinaux
3) tière à cause d'un abcès qu'il avait » eurent sujet de se repentir d'a-
» aux parties que la pudeur défend » yoir été trop crédules. » Pour
» de nommer , et voyagea si lente- ne rien dissimuler , je dois avertir
» ment, que les obsèques du pape mon lecteur, que Paul Jove ne met
point l'abcès aux mêmes parties que
lement (4)i
pof . a53.
TOME XI.
sed» abseêssufn
Bomara modUis Uineribus ad eomiiia eonlendiL
10
«46 LÉON X.
ce qui ne nurquerait pas une origi- Rome , et des journées triomphale^
ne honteuse. Par la même bonne des anciens eonsuls, il tâcha ae re-
foi , j^ajoute qae ce pape monta sur nouveler ces beaux spectacles 9 ei il
Rome , de-
iyune ponpe
sienne. Vojei-
tinent, si nous en croyons Paul JoTe. en la description dans Paul Jove (9^
Constat tamen eum, quod à primd II couTient arec Guicciardîn (10)
adoleâcentid opinione omnium sum^ aue cette pompe coûta cent mille
mam conlinentiœ laudem fmsset oucats. Le père Gretser acxruse M. do
adeptus , non importuna auœéUon Plessis de dire qu'elle en coûta un
puaicitiœ castitatique prœsiaia quœ- million , née mitius amt ^iessœus
ait^isse s quando nequaquam pristinœ eum Leone X, quem, aie coronatio-
witœ more tam mulus delicatisque ob~ nis susb decies centena anreoram
5omi« u/erefur (6). lien faudrait con* millia, ftoe est ut uuigb ioquimar
clare crue la dignité papale fut ce qui milionem eonsumpsisse serihit (ii).
perdit les bonnes mœurs de Léon X : Cela se trouve dans Tédition latine
il se gâta où il aurait dû se corrigeR dont le père Gretser se serrait j raaii
Enfin j^observe que ce n*est que par dans l'édition française dont je me
des conséquences qui ne sont pas sers, M. du Plessis Momai ne cite
absolument nécessaires , que 1 on que les cent mille ducats de Gaic-
Seut trouver dans les paroles de ciardin *,
\. Varillas le sens que j'ai rapporté , (D) // mena une fie tout-à-
et cpie M. de Seckendorf leur donne fait foluptueuse."] On ne peut pas
(7). J'en laisse le jugement au lec- accuser Paul Jove d'avoir épar^é
teur. l'encens à Léon X ^ mais d'autre
(C) // fit des dépenses excessives côté on doit convenir qu'il s'expli-
le jour de son couronnement, ^ 11 que assez nettement snr les vices de
voulut être couronné le même jour ce pspe, pour ne laisser pas en peine
qu'il avait perdu la bataille de Ra- un lecteur intelligent. Les plaisin ,
venue et la liberté l'année d'aupara- dit-il, où il se plongeait trop souveat,
vaut , et il monta le cheval turc et les impudicités qu'on lui objec-
Î[u'il avait eu le jonr de cette batail- tait , te];iiirent l'éclat de ses vertus,
e ; car l'ayant retiré des mains des II ajoute qu'un naturel plus facile et
Français a rançon , il l'aima d'une plus complaisant que corrompu le
façon particulière , et le fit nourrir ut tomber dans ce précipice , n'ajant
jusqu'à une extrême vieillesse avec eu auprès de lui que des gens qui ,
un grand soin, yectus est etiam in an lieu de l'avertir de son devoir,
pompd illo eodem equo Thracio in ne lui parlaient que de parties de
quo ad Rat^ennam captus fuerat , plaisir. L'original est plus nerveux
quem ab hostibus pecunid redemptum que l'abrégé que j'en donne; c'est
ita adamayit , ut postea usque ad pourquoi pajoute ici les paroles de
extremam senectutem summd eum raul Jove. Mas prœclaras liheraUs
indulgeniid alendum curdrit (8). excelsique animi virtutesy cùm ni-
Et comme il avait la tète toute rem- mia sc^è vitœ luxuria , titm objecta
plie des magnificences de l'ancienne libidines ohscurabant : ita tamen ^ ut
jucunditate biandœfacilisquè naturœ
JoTiM, in VitlLeonbX,{f5.///,^af. 196. potiiis , ac regid quddam Ucentiâ,
Fuêf ftêi lunsUmeettu vl ob id stiUore» adff quant certo deprauati animi judieio
7^'J!^!^'^'^!^^'^ ««:5W#, q«odj,ri^ in ^a uitia prolabi uideretur , quùm
uinto Jalon ex projluentêsnnieMumeomitium J^quentt blandunUum turàd eubi-
implt¥htat^ ut lanquam à mortiferd tabe infec
tut ^ non diu êupervieturus »*»e ¥»l màdieorum fe) I/fti/B;»r«». , , -., ^ ,
UtUmonio crederétur. Idem , ibid. pag. w8. ('°) Guicci»rd»ii. , Ub. Xi, M. m, Sao vr$o,
(5) Veire» U remarque (0). <« 'L^ritaer. , in Ewm. Mytter. PlcMni ,
tK\ f «.;..- ;« v;t4 i -«-:. v o P*8' ^^i ; cuanl la page 6x8 du MysUre.
(7) Hirtor. Lolberan. , liir. J, pug^ ,qo , ««/. porléi âmn$ cette renurqae «mil telf , qo'n *m
1 , num.^ , et col.*, kuerd E. f,, cournera en iloge, ttadù qtt»*» cnsmi tm fm
(9) JoTÎM , in y M hêonu X , pag» tM) , i3o. on crime.
LÉON X. 147
cuU fores obsessat pemeo» admette" du deffunct pape Léon députèrent un
rentt qui aUomti àocUis verecundi» embassadeuraentf^eux, et l'envoyé'^
que homims sotuios mores cohiberenif rent a cepttpe pour luy porter pàro-
amicorum optimis adea cenrùyenli- le pour tous les autres : 7e pape s* en-
bus , ae lioenter sese iUecebrarum quit combien ils estoient h la suite de
ministns immiscentibus , ne gratiam Xeon , cestujr respond, qu'ils estoient
apud summos principes in lubrico cent. Adrien faisant le signe de la
positam in discrimen addueerent^ si croix, comme estonné de telle super-
ingratum auribus potentium repre- fiuiiéy dit, que quatre luy suffiroient
kensionis qfficium honestatis atque bien , mais qu'd estait content que
beneuolentiœ specie suscepissent. re- douze fussent mis en estât ' , puis
riim honùnem hilatiUUi humanisqite qu'il enfailloit auoir, afin qiCil sur^
sensibuê faeile senfientem mirum ia montast le nombre de ceux que tien»
modum ineitabant plerique eardina" nent les cardinaux. En somme Vo»
les opibus œtateque florentes , qui pinion commune est, que ce pape
illusiri loeo nati, ac iiberaliter eau- doit estre un bon mesnager et encof'
cati, regio luxu vitam in t^naUoni- fre-deniers pour t église , ce qui est
bus, convitnis, atque spectacuHs li^ a yray parler très nécessaire , eu
bentissimè traducebant (12). Un oea esgard à la prodigalité de sonprede-'
après il avoae que ce pape fat aif- cesseur. Voilà ce qu'on trouve dans
famé pour le crime de sodomie (i3) : une lettre de Jérôme Niger C) écrite
Non caruit etiam infamia , qu6d pa- de Rome le premier de septembre
riun honestè nonnullos è cubiculariis i53a. Elle est dans le recuefl de Ru-
{eraat enim è totâ Italid nobilissimi) scelli traduit par Belleforest. Je me
adamare , et cum his teneriiis atque suis servi de la traduction , et de la
Hberèjocari videretur. Sed quis, vel note marginale que iV ai vue.
optimus atque sanctUsimus princeps (E) Sa uue était à la chasse d'une
in hde maledicentissimd aulà liidao- portée surprenante, 3 C'est de ^uoi
non aeulfios uitavit ? et quis ex ad- ron parlera après avoir remarqué la
verso tammaUgnè improbus ac invi" passion extrême de Léon X pour la
diœ tabe consumptus , ut uera de chfisse. 11 s'y plaisait extraordinai-
mumpossetobiectare,noctium sécréta rement, il en connaissait et il en
scrutaUts est*? Je laisse ce qu'on observait les lois bien mieux que
nous raconte sur le luxe de sa table , celles de l'Écriture, et il ne pouvait
successeur de* Léon X , et réforma- autrement , étaient cause qu'on ne
teur de son hixe , comme on va le prenait pas la béte. Il les accablait
voir. L'autre jour les palefreniers {*) d'injures. U était de si mauvaise hu-
meur quand la chasse ne lui réus-
sis) JoTîm f in TiU Leonit X, pag. 188. sissait pas , qu'on 86 gardait bien
(i3)/il«m,«&i<2«m,m. 101. . alors de lui demander des grâces;
* Laclerc et Jolr reprochent à Bajle de n«Toir _, •„ .; -ii^ ^*«:«. u«.,«^.,«^ :t ^J
pasMUcti c«tle .GCDMtion de sodomie , paisqne «aW «« cUe était heufCUSe , il en
dan* u reman{m (K) de son article Mohthàuk sefitait tant de joie , que c'étaient les
(tome X) , Beyle kai-néme dit qn'oa est respon- momeUS leS plus favorables (l 6) pOUr
criminel""* **"* •«««•«*«» d«^"* 1« «'*»"•» obtenir tout ce qu'on lui demandait.
(i\) kiri quoifu» favU Pogio seni, Pogii Paul Jove narre cela fort élégam-
historieifilio , Uemqum Mof nobUi , à guUf in- ment, f^enationibus et aucupiis nobi"
u>mp»ran*ia, m^i^hus doloribia,aùtorto , Uoribus adeà perditè studebat , ut
iMo/ae^tUtimis KeUuonibtu, et in omni generê spurcusimas sœpe tempestates insa-
poptntUimm deUeimnun truàuisnmi$... vtrûm fubresque ventos , etfrequentia man-
fesUvissimis torwnfaeeUis , taUisqut et perur- sionum ac jtinerum incommoda obsti-
hanu seommatîbiu magi* quàm ultit palati te-
noeiniit ohleetahatMir* Idem, ibid. , piag, 191.
(i5) Cîcoikon (6B). (*) ^^ Italien se nommait en m langue , iV«-
(*) Ce motpulefrtniep ne signifie poinUvàiei gro^ et non pea Niger. C*eat ainai qa'il aonwi-
d'ertabte , oins sont des êerviUan pUu honora^ foeit sea lettrea lUlieame. Rs«. crit.
aies , qui aseineni au pstpe « vetUu de rùbes (i€) MoUes aditut , et qum moUirtima Jandi
ionguee, et fespée au eosU , lorsque ilmarehe Temporm
par Home. Yim&l,, £a. , Ub. /K, w. 4*3 st «93.
)48 LÉON X.
natè contemneretifj) In ue- m roit choisir , et ne le pourroit-on
nando autem sicuti prœcepta artis >» abaser. » Paul Joye ne confirme
ad normam exactioris disciplinœ pa- cela qu^en partie ^ «car il assure que
tierttissintè obsewarB erat solitus , Lëon X lisait les ^plos petits caractè-
ita seweritatem asperè admodum uir res fort aisément , lorqu^il mettait le
alioqui lenissimus semper exerçait ; papier proche de -son oeil. Subira-
in eos prœsertim , qui petulanti dis- nebant magna ex parte oris suavita-
cursu aut vocibus temerè editisim- tem , obesœ malœ et ocuU -ctctantes
prouisa feris effueia prœbiùssent : convoluUque et hebetes , pvHim si ad
ita ut cîaros sœpè uiros acerbissimis pupUlam inspicienda propius admo-
contumeliis oneraret. At si quando ueret^ supra fidem acuiisêinU : sup-
imperitid, t*el fortuito errore honur- pliees enim ItbeUos, vel minxitissinùs
num y aut feris subtiliore aliquo in- litteris , et crebris syllabarum com-
speratœfugœ compendio servatis , ^^e/ pendus properanter exaratas ceier-
lis denso in nemore contumaciiis la- rimé et aistincUssiniè lectitabat :
tentibus infeliciter t^enaretur incredi- admota autem eristallo concava ,
bile est quali uultds animique habitu oculorum adem in venationibus et
dolorem iracundiamque prœjerret, aucupiis adeo latè extendere erat
Propterea amicifamiliares ea tempo- solitus , ut non modo spaciis etjimr
ris momenta prot*ocandœ liberalitati bus, ied ipsâ etiam discernendi fe-
maximè adversa sedulb devitabant : licitate cunctos anteiret (ao). Je yieog
quando alias secundiim opimam t^e- de coasulter le livre de Luc Gaunc
nationem , ac prœsertim vario ac que des Accords a cité., je n'y troo-
insigni labore aliquo nobilem , ^maxi- Te point quHl dise que Lëon X ne
ma bénéficia incredibili benignitate voyait goutte en mettant la lettre
collocaret (iS), auprès du nez. Citons Gauric, et
A regard de sa vue , voici un pas- admirons Timpertinence avec la-
lyant faict poser ces lettres Fœil gauche de ce pontife.
» numérales en une table d'attente , stellis nebulosis , oculi dextri aciem
» pour signifier Pan de son pontifi- penitiis hebetavit cum multis lineis
3) cat , furent ainsi interprétées, transuersis, Luna in sextd cœli sta-
» M. CGCC. LX *. Multi cardinales tione sub gentinorum asterismo ad
M cceci credrunt cœcum Leonem deci- martis tetraeonam radiationem de-
» mum. Or diray-je ce mot en pas- fluens, ocuïi quoque sinistri. lucem
» sant, je ne sçay comme on lap- impediebaty adeo quidem quod nec
M pelle borgne , veu qu'il voyoit légère , neque aliquid intueri poterat
}) fort bien en l'air haut eslevez les absque conspicillo magno christalli-
» esperviers , vautours et aigles, avec no , non autem illius aciem prorsiis
}> les lunettes , allant à la chasse fort desiderabat , quoniam salutaris Stella
» souvent : mais en récompense , il Jot^is , lunam trigonicd radiatione
» lisoit mettant la lettre auprès du intuebatur, et ita Utteras lectitabat
» nez , encore n'y pouvoit il voir naso proximiores et oculo , sed cum
y) goutte , comnle tesmoigne Lucas illo vitreo ocello suspiciebat accipi-
» Gauricus in schematibus celestibus. ires, aquilas, astures, altihs volitan-
» Qui m'a fait resouvenir d'un bon tes , et longé mefiiis quhm alii uena-
3) curé, qui ne peut lire es grosses tores, ibatque sœpiiis ad uenationes
7) lettres des livres d'église sans lu- leporum, oaprearum siluestrium , et
}) nettes , et néantmoins - voit fort ifulpium , illasque optimé conspicie-
» bien es plus petits dez qu'on seau- bat , quœ a canibus leporariis et mo-
lossis capiebantur (ai).
^»7) Joyiui . in ViU Leonis X, pag. 196. (F) Il favorisa les poêles
^18) Idem^ pag. 197.
(19) Des Accorda, Bigarrures, chap. XII, ^ao) Jorius, in Vitâ Leonis X, pa^r. ait.
folio m. loS vtrso. (31) Lacas Gaurieus, Geophonensis ^ epl*eO'
* CcfleUres font 1460, et Lion B^était pas pus Civilalensis ^ in Tractatu astrologico io quo
nk k celle époaae : c^est ce que remarane Le- agitnr de prteteritis multomm hominam aecidrn-
clcre« et il est étonnant que Bayle ne lâît pas tibos per proprias eorum genituras ad angnem
observé, après avoir donné lui-même iSi3 com- evaminaiiii ^ folio 18 verso , edit. Venrim apuÀ
me Tannée de rilévalion de Léon « la papauté. Curtium Trojanuin Navè , iSSa , in-4«.
LÉON X. 149
S uns garder, lès- mesures de gra- Idque Léo repente mutuatus à Vir^
t^ité que son caractère demandait."] ^ gifvà , subdtderit ,
Les plaisirs qu'il se donnait avec eux f,-^ ..^ ^„^ „^, . .... , . / /v
M » j j • î. 1 r* 1^ a» ffoc ettam énervât, debiUtatquepedesC^).
dégénéraient quelquefois en bounon> ^ r v 1/
nerie-Quernns, qui avait été cou- Un jour un poète lui présenta quel-
i-onné selenoellement , et promu à la ques vers latins riraés ; le pape pour
clîgnité à^archi'poëte, pouvait passer »e divertir ne lui donna peint d'au-
pour UB ^m;eur *. Il se trouvait aux **"« récompense qu'un impromptu ,
repasde LéonX, et inangpait à la qui contenait pareil nombre de vers
fenêtre les morceaux qu'on lui en- «wr les mêmes rimes. Le poète indi-
voyait de main en main. On lui- don- gpé de voir que Léon ne lui donnait
naît largement à boire du vio du rien lui décocha ce distique : '
pape , mais c'était a condition, qu'il Si tibi pro nmneris numerotfirtuna deduset^
ferait des impromptu sur les sujets Ncn eesetcapititanuteor^ruttuo.
ciu'on lui marquerait. W fallait que ^lo^g i^ ^^^ ^^^^ e^^g^ l„j ^ 3^
il^fonmH deux ver»; libéralité accoutumée faS).. On peut
pour le moins il fournît deux ver»; libéralité accoutumée (a5).. On peut
et s il y manquait , ou st ses vers ne connaître par-là qu'il employait tout
valaient nen, on lui imposait la peir ^^^j. se divertir. Mais voici- un fait
ne de boire son via fort trempe (m). j témoigne clairement l'esprit far-
^'uit diu inier instrumenta eruditœ ^^^j. j régnait alors au pdais du
^oluptaus longe gratissimus, quum p^pe. Un homme ayant quelque cbo.
cœnante Leone porreetis de manu se- ^\ demander à Léon X , et se voyant
inesis obsomis stans injenestra^ues- an^us^ dépuik plusieurs jours pac
ceretur, et de pnncipis lagend per- des délais incommodes qui. lui fait-
potando , subitana carmina Jactita- saienl perdre toute espérance d'ôtre
net; ed demum Uge , ut persenpto introduit, s'avisa de cette ruse.. Il
argumenta bina saltem camuna ad ^^^. entendre au grand camérier de
mensam, tributi nomine soluerentur, ^éon , qu'il voulait montrer au pape
et in pœnamstenU uel inepto lor^è j^g pi^g admirables vers qu'on eût
dilutissime foret perbibendum ( a3 ). jani^is vus. Le caméri^ part de la
Quelquefois le pape se metUit aussi j^^^in , et tout transporté de joie va
à faire des impromptu ayec son ar- ^^e au pape qu'il y avait U un ar-
chi-poëte , ce qui faisait éclater de chi-fou qui serait tres-proprc à le di-
rire la compagnie : quel manque de ^^^^^ ^^^t^it 1^ méthode des cour-
gravité ! Ab hac autem opulentiâhi^ tisans de Léon X; ils cherchaient des
Jarique sagind , i^hertientem incidit gens à demi fous, et ils achevaient
inpodagram; sic ut beUtsstmè ad n- g^ jg^ denionter pour le divertisse-
sum euenmt , aukm de se cancre ^g^^ ^^ chef de l'église (a6). Mais
jussus , m hune hexametrum erupis- jj^ furent la dui>e du prétendu poète
•*'^' • dont je parlé ici ; car dés qu'il fut
Arehipoêlafacit vertus pro mille poids, aupres du pape , il lui avoua la vé-
pnnceps Aoc pentametro ptrarguti ^^ j^j ^ ^^ ,^ ^^^^ ^ j J jj^^'
retponaent: ç^^^ ^^j entendent le latin liront
St pro mille aliis Arehipoita bibit, cela avec plus de satisfaction dans
Tum uerà astanUbus obortus est n- Çes paroles dé Nicius Erythréus.
sus,etdemùmmu(ipmaximus,quiim ^^^ hominum ndtculè insanienUum
Ouemus stupens et interritus, hoc ^«'^^ »<'" minimum delectabatur
tertium non inepte carmen induxis- ^o X ponttfex Max. cujus gna-
^«' • («4) Ibidem.
Pornto . quod fiuiat mihicarmina doetn Fa. (»5> Tiré d'un Uvre irUituU : La s.pe folie ,
Urniutk. traduit dr l italien d'Antome Marie Spclte, hu-
toriograpke du roi d'Espagne, et imprimé à
. , , -, Bouen , i635 , /'•. part. , pag. io3 , xo4.
• Joly ne trouTe pet luffisanta les preuves rap- ^^g) Voye% Paul JoTe , in ViU Leonis X, lib.
portées par Bajie, et qni sont d auunrs trop mo- / y^ ^ag. i8q , igo , lorsqu'il parle du musicien
demes. rvang/Uste Tarascon et du poêle Baraballus.
(ai) JoTÎas, in Elogiis, eap. LXXXIl. foye» , ei-dessous, la eilalion (58) et la suivan-
(a3) Idam^ibid. , pag. igu te {*).
x5o LÉON X.
thonet , quoi cirea te haheifat , da^ aue Léon X amuUi autant Us bouf-
bant opérant , ut eos , quibus leuis jom que les plus doctes ^Italie , et
mens esset , ad insaniam adigerent , Jmsaii Dosser ses humeurs d*un ez-
seque eos esse, qui non essent, ar- tréme a l'autre ( 3o ) , ailéMe ces
bitrarentur. In quo mirabiliter lusus mots de Pierre Arëtiii : « £ bcato
est h quodam, eut petetui aditum « colat che è paza» e ne la pazzia
eonuemendi non dabat : qui citm mul" » 8Ua compiace ad altri e a se stesM.
tos dies expeetdsset y atqste omnes » Certamente Leone hebbe «na nt-
ad pontificem allegaiiones difficiles , j» tura da^ stremo â estoemo , e non
omnes aditus armtos interclusosque » saria opra da ogninno il giudi-
Meret , sedueto pontificii cubicuU » care c)u più ^li dilettasse , o la
prœfeeto in aurem dixit, se etsepoë* » vertu de i dotti, o le cianeie de i
tam , solum prœter cœteros , qui sua » bnffoni, e di cio fa fede il suo ha-
uellet carmina ponUfici iradere, qui- » Ter dato a Tuna e a i'altra specie,
bus lectis obstupesceret, horreretf ad » esaltando tanto questâ quanto
incredUfilem admirationem effèrretur. » quegli.» Pierre Matdnea qui cite
Quo ille audito , vends aique avibus souvent le même Arëtm avait Ineo
ociiis adtfolavit In Leonis cubicutum , plus d'indostrie que M. Ménage (3i}.
atque hilaritate lœtitidque redun- (H) Il n*eut pas le même goût
dans , Inveniemus , inquit , perfectœ pour les études de théologie."} Le car*
insaniœ hominem , qui tibi potuptati dinal Palavicin n'en a pu dLscooTe*
maximœ eriu At itle sine momin- nir; il avoue de bonne toi que Léon
tromissus , ex illis se integumentis X fit plus de cas de ceux qui savaient
simulationis evolvit , causam, cur la fable, les anciens poètes , et Vé-
insaniam simuldsset , aperuit^ ne rudition profane , que de ceux qui
gotium , quod uoUbat , exposait, Ita- entendaient la théologie et lliistouv
aue ille aeridicido eos habuit, quibus ecclësiastiqueé Voici ses paroles ,
ludendus tradebatur ( 3y ). Était-ce elles sont plus franches , et n'ont pas
garder le décorum de la papauté, autant de biais qu'à l'ordinaire.
Sie d'expédier une bulle si favora- Gli oppone il Soaue , ch* egli haueste
e aux poésies de l'Arioste ? Le car- maggior notizia di letiere profane
dinal Hippolyte d'Est, à qui l'Or- che sacre ed appartenenti aua rdi-
lando Funoso de ce poète fat dédié , gione : nel che io non gli contradieo.
en jueea très -bien lorsqu'il deman- HaueTuio Leone ricet^uto da Dio un
da  l'auteur : Messer Lodoico, dove ingegno capacissimo e singolarmente
diapolohauetepigliato tante coglione- studtoso ; ed appena usdlo dalla
rie ? d'où diable avez-vous pris tant fanciuUezza veggendosi posto nel
de fadaises ? Léon X fat innoiment supremo senato aella chiesa , niancà
plus débonnaire pour cet auteur, al suo debito con traseurar nella lei-
«c Presque au même temps qu'il fou- teratura una parte non solamente la
3» droya ses anatbémes contre Martin pià nobile , ma la piii proporzionata
» Luther, il n'eat point de honte al suo grado. E s'accrebbe tal man-
» de publier une balle en faveur des camento quando in eta di trentasetC
» polies profanes de Louis Arioste , anni costituito présidente e maestro
» menaçant d'excommunication ceux délia religione ^ non solo continua
» qui les blâmeraient, ou em^iéche- di donarsi tutto aile cunosità deeli
» raient le profit de l'imprimeur studU profani ; ma nella reggia délia
M (a8). » Nous verrons ailleurs (99) medesiinareligione con maggior cum
qu'il faisait grand cas des pièces co- chiamà coloro a %ut fosser note le
miques. favole délia Grecia e le deliziede'
(G) Les gens doctes et les bouffons pœti , che l'istorie délia chiesa , e la
partagèrent également son amitié.'] dottrina de' padri. Non lascib ei
L'historien Pierre Matthieu ayant dit ueramerae de rimunerar la scoUsti-
ca theologia , onorandola con la por-
(«7) J«naii Nicius EryOïrvni , PiBBcotli. If , pora in Tommaso di f^iOf inEgùIio da
cap. XXXIII, pag. 110.
(aS) David Bloiulel, Examen de la balte d'In. f3o) Mcfthiea , Histoire de Henri IV, G*.
nocent X, pag. 3. f'//, lom. II, pag. m. 716.
(»9^ Dans la remarque (R> de Varliele Ma- (l\) Voyet, tom. II, pag. 307, la rHation
raiATii. , tom. X. (/,fl; de Vartiele AaiiTi» (Pierre).
LÉO» X. i5i
P ''iterbo ,e in Adriano Floretuùo suo TëgUse jromaine. Il nV a point de tri-
successore , e oolV ufficio di^ maestro bunaui dans le monae qui reçussent
dd sacro palazto in Silf^estro da les dépositions d'un pareil témoin ,
I^rierio ; le cui penne illustraronQ jurant <^u'il a vu , ou qu'il a ouï ^ car
inemorUdmente ijfueUa sacra éUscipU- dès qu^il apparaîtrait de la guerre
na. Ma né ce* theologi usa di con- ouverte ou il vivrait avec celui con-
^^rsarc corne ce' pœti; ne promosse tre lequel il déposerait, on déclare-
V ertâdizione sacra corne la profana; rait valables les récusations de Tac-
Idtsciando la ckiesa in quella scar- cusé. Puis donc que les livres de
nn'tfifauagià la seconda (3^). On Yoxk' sûr que le témoignage d'un contro-
drait que ces deux historiens fussent versiste protestant sur un fait qui flé-
toujours de si bopne inteUigence. trit les papes, ni le témoignage d^un
(1) On dit qu'il traita . . . oe . . . controversiste papiste sur un Mit qui
fable, . ., la doctrine chrétienne (**"). ] flétrit les réformateur» , ne doivent
La tradition est qu'ayant ouï alléguàr être comptés pour rien. Le public ,
à son secrétaire Bembus quelque cho- juge choisi du procès, doit mettre à
se de rÉvangile , il lui répondit : on néant tous ces témoignages , et n'y
sait de temps immémorial combien avoir pas plus d'égara qn aux choses
cette fable de Jésus-Christ nous a été non avenues. Il est permis aux parti-
profitable, quantum nobis nostrisque culiers, s'ils sont une fois bien per-
ea de Ckristo fabula profuerit satis suadés de la probité de Baléus , de
est omnibus secuUs notum. On voit ce croire ce qu'il affirme \ mais il faut
conte dans le Mystère d'Iniquité (33) , garder sa persuasion pour soi-même ,
et dans une infinité d'autres livres , u ne la faut point produire aux yeux
toujours sans être muni de citation, du public comme une pièce justifia
ou D'ayant pour, toute preuve que cative de ses prétentions contre sa
Tautorité de Baléus : de sorte que partie. C'est à quoi on ne prend pas
trois ou quatre cents auteurs plus ou assez garde , ce sne semble,
moins , qui ont débité cela en se co- On rapporte un autre conte qui est
piant les uns les autres , doivent être exposé â la même batterie que le
réduits à un seul témoin qui est Ba- premier. On dit que Léon ayant ouï
léus , témoin manifestement récusa- disputer deux hommes , dont l'un
ble , puisqu'il écrivait en guerre ou- niait et l'autre affirmait l'immortalité
verte contre le pape , et contre toute de. l'âme , prononça que l'affirmative
lui semblait vraie , mais que la né-
(3i) PflUvie. , Isioria^ri GonciKo di Tv«ato, cative était plus propre â donner de
'**^{v***f *'''"•""■ 'î/^fj^r' ▼ fxrt l embonpoint, Leonis Xpapœdictum
H.'^ H««irbiLCtC'.irJ^=1r2 «/«* (iutheru,) ^« Mltd dispu-
Bomana. Or roici comme on parle dans celte tatlOne in aud unus immOTtaUtOtem
iogénieue satire de la conr de Rome : Tiia^ animCB defcndebot , aUer oppuena-
Vaducv* ait , paueissimi Roma credunt : ani- . ^ Jirerit tii niiid«m vera videris
marum immortolitaUm , communionem saneto- ^?^ » uixertl , lU quioem VCra ViaCTlS
rum , et infernomm pœruu. Emus. Fermant. cUcere , sed adversaril tui oratlO fa-
Existimo etùm , mi animtum. erederent intawria- cit booum Vultum , id est lûBtiorem
Um, uUgue eam exc^leret quisque, ejusque jnentem(ItaL huon& COXai) ex Epicw
in tansumseeunlur, ni animam premAni tnodis ^ ScUlcet SenUsnttd, L est Luther qui
oauùhur. JUam verà beaionun eommmntonem si dît Cela (34). Si l'on Veut , OU pourra
auid faceretu, etiam eius participes esse wel- croire qu'il a raison ; mais on ne doit
lenLForrodepauustnfemorûmvelverhunidU' ^ •_- «li^« ^_ .^_ a.jl.^ i^ »^ *.
cere inUr preH^ros Kos Quintes pro aniU est P®"»* aUégUCT SOn témoignage : c'est
Fabola ( Pas^iiillor. tomi d«o, Eleutherop. , un homme en guerre ouverte avec le
^ali
poi«tcas^diDalMnMLéoaX|,(Hiall/gtiai}XHtt/oiir et que son serment même ne soit
quelque mot de V Evangile , il fut si osé de lui
dire : Que cette fable de Christ nous a fait de (34) Commentar. , in cap. XIX Genescos,
hien , et k tout notre eolUge l Du Pleuit, Myi- vs. i3 , folio i3« , apud Seclteadorr , HUtoria
tère d'iaifnité, pof. SB^- Lntberaa. , lib. Ilf^pag. 67O, col. t.
52 LÉON X.
loa
point>eçu; il doit ou prouver, on oroneinfidelitatis («d«pTifTo(}culmen
ne rien dire. Un célèbre professeur excederet : pessimaque ejus opéra io
en théologie , à Zurich , rapporte ce coëmendo pontificatu , in omnigenis
conte , sur la foi d^un livre ( 35 ) sceleribus exercendis , id ipsum tes-
qui est aussi rëcusahle que Luther tabatur : sed et pessimaquo^e dicta
même. Oualis fuerit Léo ,.. consta- confirmabant. Namque fassiim eum
bit . . , SI de ejus impietate et affirmabatur domesticis quibnsdam ,
atheismo nonnihil attexuerimus. Ille nuUum se Deum aliquando , etiam
seilicet ôyuo4}i^oc Johannis XXIV, dum Pontificiam Sedem teneret , cre-
animam in corporis domicilio sic in- didisse , quœ ejus uerba libro de
sinuatam statuentis , ut extra illum fîde et ordine credendi , theorem. 4,
carcerem non duret ;jussit aliquando pag. aSg, a6o , légère est (38). On sen
( uti Récusât. S3mod. Trid. part, a, bien aise de voir ici plus au long^ et
caus. 8, pag. a6o , comprobatum uider- en français , le rapport de Jean^Fran-
re est ) personatos pkilosophos duos , çois Pic. « Traitant aussi la question
ceu moriones ex aauerso ad mensam » si les conciles , ou les papes peu-
assistere , quos animi gratid de im- » t^ent errer, aisée a décider pM- iui-
mortalitate animas disputantes audi- » même , puisquHl présuppose qu'Us
ret; alterum qui affirmaret , et qui » peuvent se dévoyer des saintes écri-
impugnaret , alterum. Cumquefinitâ >» tures, il nous discourt que plusieurs
disputatione judicium in arbitrium » concUes ont erré , plusieurs papes
pontijicis hi rejicerent : ille sic défi- » tombé en hérésie 5 souvent adre-
nitâ senteniid controuersiam diremit : » nu que celui qu'on tenait pour
Etsi tu , inauit ad affirmantem , » président de l'églisç , ou n'y prca-
pulchras et bonas rationes habeas ; » dait pas de droit , ou du tout nV
tamen ego sententiam hujus, negan- » pouvait présider } Car, dit-il, i*.
2t5, probo, ceu firmiorem , et quac n l'histoire nous enseigne qu'une fem-
faciat bonum vultum (36). Il rap- » me a esté creiXepape : et je me son-
porte ensuite la réponse qu^on pré- » viens qu'en nostre siècle , un hom-
tend avoir été faite à Bembus : et » me docte approut^éen ses moeurs
comme il a bien senti que toutes les » et qui auoit aquis des honneurs en
choses de cette nature ont besoin » sa religion , prononçait , bien que
d'être prouvées par le témoignage » non du tout publiquement , que
d'auteurs catholiques , voici ce qu'il » celui qui estait tenu pour pape ne
fait ; il allèsue le neveu du fameux » Vestoit point , parce qu'il avait
comte de la Mirandole. Et ne ab hce- » exercée office du pape, premier que
reticis hœc conficta clamitent oî if » d'estre esleu par tes deux parts des
f?*vTi*ç, ejus rei AtÎTo^rriir et ai/thxoo» » cardinaux , contre les lois de l'é-
(37) testem damus , qui et scire debe- » glise , qui décernent , que tel bom-
bât , et causam cur mentiretur non v me , non seulement n'est point pa-
habebat , Johannis Pici Mirandulani » pe , mais mesmes est du tout inha-
comitis nepotem ex fratre minime » bile et incapable pour l'estre , en-
degenerem, qui in illo Pisani et La- » tant qu'il est soubs anatheme. 2*.
teranensis consilii conflictu , quœstio- » JVous nous souvenons aussi d'un
nem tractans , utrùm concilia vel » autre , creu et adoré pour pape ,
pontifîces errare possint, inter alia » que toutesfois plusieurs grands
de Leone hoc loquens ; Meminimus, » hommes croy oient ne l'estre point ,
inquit , pontificem creditum et adora- » et ne le pouvoir estre , scavoir ,
tum , qui nuUum Deum credens , n qui ne croyait aucun dieu, et estait
» au dessus de tout comble d'infide-
ViB) IntUuU : Reeofttio iyiiodi TridentinK. » lité , ce qu il testifioit par ses œu-
%«f i**^'' '^"«""•^ '^'"1 ^'^' , e " »''** tres-méchantes , ayant acheté
//f "'tl'LV.t'c^^^^^^^^^ » ^- P-M^^. etyex^ant toutes
près dans le Tuba Pâci» de Berneggéras, pag. ^^ sortes de VlceS ; COnfirmoit niesmes
a^a , v^'i , edit. 1614. » par ses tTVs-detestaùles propos ; car
i^^) Cependant en que M. Uéiieu^r rapporte „ on affermait qu'il avoit confessé h
n est allef;ue, par le neveu de Jean Pic , que ,. . /*^ • ' j ^ • -^
comme nne chose qu'on disait qu'un pape axait '^ quelques Siens domestiques, que
confessée. Il fi« dit pat qu'U l'eût orne du pape
"""«*• (39) Heicicgg. , nUi. Papalùs , pag. ao5.
LÉON X. i53
» tenant mesmes le siège pontifical , point de> foi, point de religion. Voilà
D il ne crofoit point en Dieu. 3^. ce que dit M. Bivet (49). luttez que la
» lYous auons ouy parler d'un autre , simonie ou Tachât de la papauté ne
» qui t^if^ant avoit déclaré a un sien convient pas à Léon X , si nous en
» familier , qu'il né croyoit point croyons Guicciardin (43).
» l'immortalité des âmes , mais mou- Si M. Heidegger , qui avait une si
)> rant lui apparut , qu'il tfeilloit , et belle mémoire, se fût souvenu de ce-
» lui manifestoit, qu'il en esprout^oit ci , il n^aurait pas cru cjue Jean-Fran-
» l'immortalité, damné au jeu éter- cois Pic était un témoin des impiétés
» nel par un juste jugement iie Dieu de Léon X. Sa méprise peut et doit
» (39). » M. du Plessis a cru que la servir de leçon a bien d^autres gens.
première de ces trois choses regar- Concluons que le devoir d'un boa
dait Jules II, et que la deuxième juge ne permet pas de prononcer
regardait Léon X. CoëiTeteau (4o) se contre ce papp , pendant qu'on n'au-
con tenta de répondre que du Plessis ra pas de plus sures dépositions. On
entrant en la conscience de tout le verra dans d'autres remarques (44)
monde, avait fait cette application si ses apologistes raisonnent bien.
sans preut^e et sans raison ; mais (K) Ûiyant reçu les nouvelles de la
Gretser répondit mieux : il fit voir mauvaise fortune des Français , il en
qu'aucune de ces trois choses ne con- mourut de plaisir, dit^on. ] « Ayant
cernait Léon X , puisque le livre de » r'allumé la guerre entre l'empe-
Jean-François Pic fut imprimé pen- » reur Charles et le roi de France
dant le pontificat de Jules II (4i). » pour chasser les François d'Italie ,
M. Rivet acquieBça ù cette censure : » on lui rapporte en un sien lieu de
voici ses paroles. Quant a l'applica- » plaisir nommé Maliagno les nou-
tion que faisait nostre auteur a Ju- » velles de la prise de Milan et de
les II et à Léon X, de ce qu'ildisoit » Parme sur iceux , dont il entra en
de quelques papes , que plusieurs » tel excès de joye , que la nuict
grands hommes ne tenoient point » mesmes il lui survint une petite
pour tels , pour les raisons qu'il en » fiebvre dont peu de jours après il
apporte, il n'importe au fonds a qui n mourut (45). » C'est de M. duPles-
le pacquet s'adaresse , pourueu qu'il sis que j'emprunte ces paroles. Tous
conste que c'est h des papes , de. l'un les historiens conviennent que Léon
desquels il dit qu'on tenoit qu'il ne X reçut ces bonnes nouvelles avec
ses détestables propos. Si et quand même plusieurs le diraient,
purger Léon X ( duquel je n'en croirais rien ; car ceux qui
I^ieu, j3ar
on. en ueut
possible il ne parloit pas , pour ce meurent de j,oie . meurent tout
quil dédie ses Hures a Jules , sinon coup , opprimés selon toutes les ap-
gu'il les ait amplifiez depuis , comme parences par une trop grande effu-
onfaict) on ne le peut nierd'Alexan- sion de sang dans les ventricules du
T^ ,^J^' Il n'y avait en lui, dit cœur. Si l'on résiste aux premières
Guicciardin (*), 'point de vérité , impressions d'une grande joie, com-
me fit ce pape , on s'en porte mieux
<W^»*Î'' *^"'" '/«*". ^^"««'» 'a 9^^ très raisons ne la causenf pas. La
- . ^"ZST^o'^n^^rroil^/^TcZ "«"«ti"» ^ J?»» Cr^ma seraft beau-
jysusfuerii, iioUum se deum aliqaando , etiam COUp pluS vraisemblable \ car il SUp-
cum calbedram pootlfii^am teneret, credidiise , pose que la mort de Léon X fut SU-
'::r'^<^'^'"^^^^'^^""'> tite = mais au fond il ne la fait point
'cnpsuenim Juiio II. QuomodS igitur reU^ wi^^S^Zi ' w'^rT** *" *' ^"/.ï-"'' '"
"""-^ dld seu hisloriœ seu fahellœLeonem X ^V^l^^ '""l"'**' '^' P""^' ' P"^' ^^^■
'(wotene potttU ? Gretser. , m Esamine Myster. (4^) ^ qr<. la remarque (P).
f?; Vr«<î- S-îS. (44J Dont les remarques (P) ei (Q).
i ) flui. d'IutUe, lir. I. (45; Da Plesiis, Mystère d'Uiquité , p. Sgo.
i54 LÉON X.
subite de la manière qu'an ^cèt de même période qu'un iiomme meurt
joie produit cet effet. Ayant enten- de mort soudaine , et ^u*il meort
du que les François aboient esté vainr d^une petite fièvre mëpnaëe par les
eus h Milan par les gens de Vempe- mëdecioB au commencement ! Gnic-
reur, et chassez hors de toute Vlta" oiardin nj^tait point capable ^ cettf
lie ; ce qui aussi ne s^estoit point fait hévue ; il n'a point dit que cette
sans son moyen : comme en beui^ant mort fàt subit^ (5i) , 6t il n'a point
et faisant grande ckere , il se rss^ lie la mnde joie du pape avec la
jouissoit men^eilleusement de telles fièvre (Sa) , comme la oauae avec son
nout^eUes, on dit qu'il rendit subite^ efiet. Cette liaison est une licence
ment l'esprit t luy qui n'auoit jamais plus que poétique du traducteur.
ereu qu'il y eust enfer ne paradis Notez en passant combien il faut
Apres eeste fie présente (46). Le dis- Prendre garde de près aux termes de
tique de Sannasar (4?) aAiéçué par roriginal, quand en veut traduire
cet auteur, favorise la supposition de fidèlement.
la mort subite; mais néanmoins il (L) Une tint pas toujours une con-
est certain que la maladie dont Léon duite agréable a l'empereur Maxi-
X mourut aura quelques iours (48). miUen* ] 11 avait conçu bonne espé-
Famien ''^ ^- -^^-..^^--J _. -.V'^V, j. i^.. v. -J. ^ ., ^.
la mort
le style
manières de Tacite. Ils sont beaux et ngeût pas trompé lui aussi , il âuraU
bien travaillés. été le seul pape dont j'aurais eu lieu
Il faut que je marque ici une bé- de louer la bonne f<H (53) *'.
vue du traducteur de Guicciardin. C") ^^ ^^fi^ sordide où il réduisà
Les nouvelles uindrent , dit-il , corn- Jf ^distribution des indulgences. ] On
me le pape Léon estoit mort le pre- »*?*'* ^« <^** \»^« e»i^oce de mono-
mierjour de décembre de mort sou- P^^« » ^^ mettait en parU les indul-
daine. Car lui ayant receu au uiUaee g«nces ; les commissaires préposés au
de Magliane , oh il alloit souvent se recouvrement des sommes achetaient
récréer , les nout^elles de la prise de ^" P*P« *«"*• «ommission, enanite de
Milan , il entra en tel excès dejoye, V*'* "* ^ servaient d'une exaction
que la nuict mesmes lui swvint une T^'^^oureose , et ^(ardaient si peu le
petite fieure , pour raison de laquelle ^^^^^^ » q*»'*^» jouaient dans les ca-
s' estant faict le jour cP après porter a *>«««*« *» foculté de tirer les âmes do
Rome, encores que les médecins du PWgatoire ♦«. C'est Guicciardin qui
commencement ne fissent pas cas de "»»»»«• Haueua sparso per lutto d
sa maladie , il mourut dans tres-peu '*>'«*' > *««*« distintione di tempi e
de jours, non sans un grand soup- ^ luoghi, indulgentie ampUssime,
con d'avoir esté empoisonné ( ainsi *»<»« solo per potor giouare con esse
qu'on disoH) par Barnabe Malespine ?"«'û > ««? ancora sono nella uita
son chambrier, qu'on auoit député présente, ma con facultk di potere
pour lui donner h boire (5o) *. Quelle ^^^''^ Questo Uberare l'anime de de-
absurdité de dire presque dans la /""^* "^^^ P^'^ ^^^ purgatorio : U
quali , perche era notorio che si con-
(46) JMn Orépin , État ée l'Église , à Fatm. cedewano solamente per estorquen
1691 , pag. m. 5i6. danari da gli huondni , ed essendo
(47) SaermM^Mttremdnforii re^mrilis hord
Cur Léo non poUrat sumer» ? Vendidtrat. ..»...,. *, . ...
(48) rore. P.ulJove. inVUaLeoni.X, »«*. J^^S^ ^fT *«•*•» ma*p««««. Gmec. , W.
jiOQ. "^ • A/f^, folio m. 4«5f*rfO.
(5a)' Sicevuione incredihile pimcere ; 4«ipr^
Hu» i|u »■ ■ , «an* M noie ^ao;, ècrii aonuKUir -royn a«cfeaid«rr , HMtor. Luamerm., us. à ,
emr Chomodtnr qui eit le Bom du tradaeteur de pag. 43 , eol. t. Fojrn aussi Heid^(g«r, Hitler,
aiedarditt. Ghomodej n'a place ni dani le Mo- Papatàii, pag, aoi.
reri, nidani làBiogr»phUuniv»rs^lU, etc., etc.; •* Leclerc réetue le témoignage de» deux ae-
maia il a un article darti la Croîs du Maine , et tenr» citît par Bayle , et qui nont proteataoa.
wn daoi dn Yeidier. •« Leclerc reicite cela eonitte un trait aatirique.
LÉON X, i55
c^sendiaie inwrudemem^nte da corn- » dan n'aorait pa» manqué de mettro
mistarii deputaU a quest^ esauione , » à la tête de son histoire , s U les
X^m pik patte de* quali compera^a *» avait sues (56).
^alla corte lafaeuuà diessercitare ; (0) Je n'ai point trew^ que GuU>
Jë^Aveva coneiiato in molti luo^hi indi- jardin ait maltraité ce pantife au^
^nalione , e scandale ïissai, e spe^ tant que M^. f^arillas l'insinue.']^ Cet
dalmeiOe neUa Germania , doi^e a aatenr a composé q^uinUté de livres
-wnolti de* nàniuri era veduto , ven- contre la maison d'Aetriche , qni
4:Mere per poc& prezzo, o giocarsi su le auraient été imprimés peut-être ,
tMifeme lafacultà del liberare Vam- si M. Colbert a'eût représenté après
wne de* morti dal purgatorU) (54). la paix des Pyrénées , qn'
'L.e m^ontentement des peuples de- mauvaise grâce de mécontenter les
-vint plus ^rand, lorsqu'on sut Tu- Espagnols par l'impression de tant
sage a quoi ces sommes étaient des- de volumes injurieux. On a vu le
tinées : presque tout l'argent qui «e rfan de ce gros ouvrage dans un écrit
levait'en Allemagne tournait au pro- mtitulé :'la Politique de la maison
fit de la «OBur du pape. et Autriche. L'auteur y prend ies de*
(N) Quelques-uns disent qu'au vans, par rapport à la liberté qu'il
commencement il parla opec éloge de s'est donnée de toucher aiix^ vice^
ce grand réformateur.'] Cette parti- des princes. Je »e^"«, dit-il(57),
cularité ne serait guère connue , si qu'imiter le style et copier l'enuers
Oolomiés n'en eût feit mention : c'est du tableau que Tite-Liue a fait d'An-
ge lui que M. de Seckendorf (55) l'a nibal (*') , et je me suis retranché si
s%xe ayant été averti par un conseil- fort au deçà , qu'on ne verra per-
ler de Spire qu'elle se trouvait dans sonne de quelque condition qu'elle
1«8 Opuscules de Colomiés. Voici ce puisse être, si maltraitée dans mon
<jue c'est. « M. Vossius m'ayant dit Hure que le pape Léon XI' est dans
*» qu'il se souvenait d'avoir lu , dans V éloge que Guicciardin lui dresse
M les histoires tragiques du Bandel , (*») , et dont je n'ai lu nulle part
» un ^oge donné a Lntiier par le qu'il ait été repris C^). Visiblement
j> pape Léon X, j'aUaî aussitôt dans on nous donne là cet éloge de Léon
» sa Inbliothéque , où feuilletant les X comme une jïiéce bien satirique ;
histaires de cet auteur , voici ce car autrement il serait absurde de
1>
^.^«, -^ partie : JVel principio cîardin de quoi rempl
^ cfce la setta luiherana comincio a Le XIÏ«. livre,cilé par M. Varillas,est
» germagliare , essendo di briguta moins propre que les deux suivans à
» moUigentiOiuominij nel'horadU être cité. C'est dans le XIII". livre
M menggio, in easa del nostro tnr- que se trouve la description du tra-
» iuosoêignorL.SdpioneAUellano, fie des indulgences, comme on la
n e di parie cose raggionandosi ^fu- vu ci-dessus. Un trouve dans le XIV*.
» rono alcuni che non poco biasiffut- la censure des grandes dépenses du
rono Leone X ponte fice, che ne i pape , et de son inclination aux plai-
V mostro alcuni punti d'heresia che %.crm>u. ^ «> q,«»^*.— ~ --j.. ^
V fraMartinoLutherokavevasparso modo dalle facende , immerso ad
)> per topera , la quale de le Indul- udire tuUo'l giorno musiche , facétie,,
3i gentie haueva intitolata ; percio-
» che intprudentemenle nspose , che ^^6) Colomiii, Recueil de fta^evXàùxéêypag.
M fra Martino haueva unoellissimo m. m. ^
» ineeeno , e che coteste erano int^i- (57) V^au., PoIUique ae U Maiton d'Au-
>, dâ fraùs6he. Paroles que Sléi- ^^^g*' ^'^' '''''*' -^^ *
(54) Gnicderd. , Ub. XIII. foU^ SgS verso. (* '> ^^ ^ " ; «f!"*' ^
Voye* aussi Fre-Peolo , lib. t. (* ) ^«"' '' "*• '•»«<'• '«» /firtojr*.
(55) HΫtor. Lotberan. , Uh. /, pag. 4o, cet. (*') ^•p P^ ntime par le Bény.
i56 LÉON X.
e buffoni (*) , inclinaio ancora trop^ que ce ne fat point par un maurals
po pik che l'honestà apiaceri ; pare^ naturel, mais par une hun^nr douce,
va dovesse essere totalmente alieno facile , magnifique , que ce pape, ob-
dalle guerre. Enfin on voit dans le se'dé de personnes voluptueuses, in-
même livre un jugement gênerai gagea un peu trop avant dans les
•ur la conduite de ce pane : cela est plaisirs (6i). Cestnne pauvre excase:
mélë de louanges et de blâmes , et ne il y a beaucoup de filles de joio qu'on
peut nullement passer pour une sa- pourrait justifier par ce principe,
tire , ni même pour quelque chose de Elles ne sont point naturellemeot
trop peu respectueux. Voici les pa- méchantes , brutales , cruelles ; un
rôles de Guicciardin. Principe nel grand fonds de facilité, de douceur
tiuale erano degne di laude , e di ui- et de complaisance , les fait tomber
tuperio, moite cose, e cJieingannb assai dans le piège du tentateur. Je rema^
Vespettatione, che quandofu assunto querai en passant que Politien a dit
al ponieficato s'haveva di lui : con- aes merveilles de Léon X. C'est dans
ciosia en e* riuscisse di maggiorpru- une lettre qu'il écrivit au pape Inoo-
ilenza , ma di molto minore honta di cent VIII , lorsque ce jeune garçon
Îuello ch' era giudicatoda tutti {5g). fut fait cardinal. Voyez la note
orsaue cet historien parle de Télec- (6a). a^. Paul Jove dit que si Ton
tion de Léon X, il le fait d'une ma- compare Léon X avec ses prédéces-
niére très - glorieuse à ce pape. Il seurs , on le trouvera fort sage. Si
avoue qu'elle fut exempte de simo- alitfud ex parte eo nomine sugiUan
nie , et de tout autre mauvais soup* inclyta i^irtus potuit , Léo eertè eum
çon , et que la réputation du cardioal superiorum prinoipum J^imd compa-
rrui avait été choisi était très-belle ratusœstimaûoner^ctissimdcontinen-
du câté des mœurs. Senti di questa tiœ laudemferet(63). Cette excuse oe
eleitione quasi tutta la ckristianith , vaut guère mieux que l'autre. 3^ 11
grandissimo piacere , persuadendosi dit que ce pape ayant eu une belle
universalmente gli huomini che ha- renommée par rapport à la continen-
^^esse a essere rarissimo pontefice , per ce , se précautionna enfin contre \&
la chiara memoriadel walore paternOf attaques de l'impure të en renon-
e per lafama che risonawa per tutto çant à la bonne chère, et par des jeû-
della sua liheralita , e henignita , sti- nés réglés. Constat tarnen eum, quod
mato casto e di perfetti costumi , e h prima adolescentid opinione ont-
sperandosi che a esempio dal padre nium summam continentùe lauàtn
hauesse a essere amatore de* letterati , fuisset adeptus , non importuna qua-
e di tutti gli ingegni illustri : la dam pudicitiœ castitatique prœsiàk
quale espettatione accresceva V essere quœsiuisse : quando nequaquam pru-
stata fatta l'eletUone candidamente tinœ vitœ more tam multis deUcatis-
senza simonia , o sospetto di macula que obsoniis utet^tur : itemque animo
alcuna (6o). Voyez dans la remar- %^erè pudico die Mercurii cames non
que (R) la contradiction où Varillas
est tombé.
fr\K wt t ' j n t r (6») yore* ci-desfu* les parole* deVinlioit,
(P) L apologie de Paul Joue me remmnfue (D), ciuuion (»).
parntt très-^aible.l Les moyens de cet (Gs) Ita nauu etfaeuu, ita aitut aiqw edv
auteur pour justifier Léon X se peu- eauut Ua deni^ue erudîuts atque ùutiUÊias^
rent réâuir. à quatre ». .«. B prétend SiL-^^rJlV'^^X'ti::^:^-
gravitate semhu* coneesserit. Ntuiva in eoff*^
biuu t et genuintk : dîiigeniid auoMê pttftiUU
(*) Quali smrU di hmjfùntriê , e di facétie iui impensi eulta est, ul ex illius are non moifi
ptmcessero a papa Leone , si pue raeeoglier dal non verhum dietufœdius, sed ne levitu ^^
tih. à delta Vita di lui del Giovio .• dovepone , unquàm ami etiam Ueenlius exeiderU. Non or
€he Jhron recitau comédie , si fece profession tio ^ non gesUu, non ineessus, in iOo iwmûi/:
difarê inwattire huomini, edeXtre piae^vole*%e non aliud poslremô quod in detariorem jforua
tali t onde il Tarascone si persuase d'estere eonrpicereUtr. Sic in viridi mtau cana matar*-
$ran niusico , il BarahaUo fi laureato porta , uu ^ ut qui loquenUm senes audiant , ffroa»'
e mandaut eu Felefante, ed i parasiU furoa tam in eo , nos patermam eerti indolem «?»•'•
sommamente favoriti. caatus. CuUum pUtatis et religiomis penè fUa»
(S()) Gnicc., m* Xff^, folio 4i6. cumlaetemutrieis exsuxUt etiam tumah incuM-
(6<») Gnict. tUh. Xi, folio. Ss6. huUt sacra medûatau ofieia. Politiaa. , 1"*'^
• l.«(l«re ireaTc qmo Paal Jove, «%£^ae, a V , 6A. l^FTI.
<li'(»N/tr»|i Àt faîM •« 4«MT«iitos« iln >itpc. (63) Joria» , in Vitft LconU X , pag. «9**
LÉON X. iSy
IcTSy dieauiem f^eneris rdhil gustare bue sagement Tes peines et Icfs récom"
r€mter legumen et olera ^ ac die de- penses , sans être à charge â son
tzdjn Satumi cœnd penitàs abstinere, peuple par des impôts , et par des
zc4>rruptâ leffe instituisset (6A), Ceci édite bnrsaux. Mais il est très-rare
^ -y î: i-.-i 1- j._ !?_/;_ » : i *. m. i*
iennent à un souverain en tant que ses dépenses il surcharge ses sujets ,
3I , et les vices qui lui conviennent et pour Pordinaire il distribue ses
a tant qu'homme. Et il nous allègue firâces selon le caprice des ministres
empereur Trajan, si aimé du peuple de ses plaisirs , et par conséquent à
omain , que le comble des souhaite des personnes indignes dont il n'a
a''on faisait pour les empereurs était pas le temps de punir les malversa-
uHls régnassent aussi bien que lui ; tions , trop occupé de ses voluptés
que les vices oe L.eon aemanaent. 11 serait laciie ae prou
C o''étaient pas contraires aux quali- ver que les sujete de Léon X avaient
es d'un bon souverain , mais seule- sur le dos beaucoup de charges. De
nent à celles d'un bon chrétien , et plus , ne songe-t-on pas que la prin-
[u** ainsi on doit pardonner les déré- cipale dignité de Léon était une di*
rlemens de sa jeunesse , puisquHls gnité sacrée , une dignité ecclésiasti-
le l'ont pas empêché d'être un bon que ? Ainsi pour connaître s'il a
>riTice. uilia principis , alla hominis rempli ses devoirs , il ne faut pas
;â^« uitia quis nescit ?hœc uni priuatâ examiner principalement s'il a fait ce
7onditione quiim noceant, etiam ali- que demandait sa dignité temporelle^
fuibusforuisse prosunt î illa i^ero ah on ne le saurait justifier à moins
iir^ potestate , et luctum et calami- qu'on ne montre qu'il s'est acquitté
tatemunwersismortalibus apportant : soigneusement de ce qu'exige l'autre
idéfue uerissimum esse constat pras- dignité, c'est-à-dire à moins qu'on ne
claro quondam populi Romani testi- montre qu'il a observé les préceptes
Ttionio , qui neminem sibi principem de l'Évangile , et qu'il n'a rien ouolié
Trajano meliorem exoptauit , quan- pour les faire pratiquer aux autres.
quant eum ilUcitœ lihidinis ac ebrie- Voilà ses principales fonctions , et
tatis censura notdsset. Sed demus là-dessus son^ apologiste est contraint
aliquid humanitati Leonis , uti'in àtVshsmàxmneT. Inhis vero quœrem
summâ Ucentiâ fervidœ œtatis ac tUvinam respicerent nequaquam se-
prosperœ ualetudims œstum œgerrimè cundd fama prœgravari, est idsus,
sustinenU , postquam in magnis salu" JYam indulgentias cetera pontijicum
tarihusque viriutibus optimi atque ad parandam pecuniam instrumenta
beneficicognomentum facile meruerit adeb plenè atque ajffluenter prouinciis
(65). dédit, ut fidem sacrosanctœ potesta-
Généralement parlant , il faut con- tis eleuare uideretur (66).
venir de la maxime de cet auteur : il Je dirai par occasion que ce mé>
est très-possible qu'un prince soit lange d'autorité temporelle et d'au-
boinine de bien , et en même temps tonte ecclésiastique dans une même
un pauvre roi , c'est-à-dire un roi qui personne , est ordinairem^t la ruine
ne sache point maintenir la vigueur de l'esprit évangélique. Cette combi-
des lois , ni remédier aux maux^ de naison avait lieu parmi les païens
rétat. D'ailleurs il est très-possible (6^) , et n'était pas inutile au bien
qu'un prince observe très-mal les temporel de la religion : elle a servi
régies des mœurs , qui prescrivent notablement aux mêmes fins dans le
aux particuliers ce qu'us doivent christianisme ^ mais elle y a produit
faire ; et que néanmoins il soit un bon une extrême corruption des mœurs.
roi , c'est-à-dire up roi qui maintient
l'ordre dans son étet , et qui distri- ^gg^ j^,i„, .„ yu. L«,n. , pag. igS.
(67) Rex Anius rex idem koaùnum Phmhiquê
($4) Ibidem , pof . lefi, saeerdos.
(65) Ibidem , pag. 19a , 19Î. Virgil. , JBneid. , Ub. II I, vs. 8d.
,58 LÉON X.
L« caractère eccUsiafllK|ne derrait Péyesauc ? Et demandez- pout eom-
préraloir et tenir lieu de principal , ment ? dit Upiimtd : iUestokiAfon
paitqoe Taotre difnitë ireft qn^an mnladviâéê Potier ainsi seuls par um
aocesMnre : cependant , il est pre»- lemondeet a pied y 9fea qu'Us estoUft
que UM^oort abeorbé par son eom- tes ehefsdePégliMeckfétiemneetlkur
pagnon. Joindre ces deux choses Unans de Jésus €^hnst roi des nii.
ensemble , c'est joindre on cadayre Et toi qui n'es que n&sireévesque , tu
à on corpa Tirant ; jonction foneste t*as si Bien monté et as si gnndetm
où le cadavre communique sa pou- de spadassins^ que ta ressemblée pla$-
ritnre an corps Tirant , et ne reçoit test à un satrape qw^ un pasteur dé-
de loi aucune influence Titale (oB). g^' -^ cela réplique te réuéraid:
Le monde , la chair , la partie £nble, mais, mon ami , tu sse eonsidèmpcs
attire â soi les résolutions et les con- ^ue je suis aussi bien eomte et baron
Ûauteur de la Critique générale (70) monsieur , quand ce comte et ham
en parlant de la distinction qu'on a que vous dites estre sera en eider, à
forgée entre un pape qui prononce sera lors monsieur l'éyesqite f Am
ex cathedra , et le même pape qui confus te révérend ssuss mot nspondn
prononce d'une autre manière , a poursuit son chemin (73).
rapporté le bon mot d'un paysan de (Q). . . Les autres apologistes i^osi
réiectorat de Cologne. J'ai cru pen- guère mieux réussi,^ Disons nn mot
dant fort long -temps que ce bon mot sur la manière dont quelques anteon
ne se oonserrait que par tradition , ont voulu justifier Léon X , par rap-
mais je me trompais : il est imprimé port à l'impiété. Coè'fietean (74) n'^'
depuisplus d'un siècle dans des livres lègue point d'autre apologie qae ces
graves. Duaren l'a inséré dans l'un paroles d'Onuphre Panvinius (^5)
e ses livres ('^i), et l'a copié de EratrerumdivinarumdiligensoUef'
Fulgose (7a). Voici en vieux gaulois pator. Rivet (76) lui répuqne:///
toute l'histoire : il est vrai qu'on n'y a assez de profanes et athées qui 0^
Sarlepas nommément d'un électeur sentent exactement les cérémomet,
^Coloene» £ée conte est fort plaisant pour cacher leur impiété sons c»
d'un vulageois allemand , qui tra^ feuilles , qui entre amis disent mtéUes
vaillant en son champ , vid passer son font ad morem, non ad rem, legiiNV
évesque f accompagné de train plus justae , non Diis gratae. Sannaaariutf
t&gne et un satrape que de celui qui qui le fait mourir sans prendre Ut
se dit successeur ou lieutenant d'un sacremens , pource qu'u les amt
apostre : dont estant scandalisé, fut vendus auparavant y ne nous leéonne
eontminot de rire et s'escrier si haut pas tel qu Onuphre le veut peinàn-
que lo révérend fut émeu lui en de^ nemarauez bien que Sannaxar ne
mander la raison* Il respond en son prétend pas que Léon ait refuse Jes
naturel , comme villageois , c'est-^- sacremens. Si ce pape ne coramania
dire comme personne véritable et pas , etc. , an lit de mort , ce fat i
simple t Je ris quand je pense en saint cause de son délire. Jacques Gretser,
Pierre et saint Paul , et que je te outre les paroles de Panvinias t ^'
¥oi en tel équipage* Comment cela dit lègue la bulle de Léon X contre Lu-
ther. Bulla qud Leo Lutheri errorti
(8S) MùTUM ^mmêtiem jungêhët eorpora m- damnât , immanem hanc pseM^
»w. giam perspicuè redarguit (77). C«»
Com^nmimemkmfusmeM»M^miim»onhu* est pitoyable; car quand ce fX^
(TorJSi V"»') •« '«~> . uAt^m^JluentaM n'aurait eu nulle religion , û aurait
CoMplMM in Mtfar» Ungd $ie morte nêemkmt,
I4€« , U. rilt^ M. 4SS. (^}^ Pi«m Vid , dotteur de Sorèemu, "
(6g) CoimIhmo Mf Midir dtbilionm partem, Trails d« b Simow* , chap. Vt.
(70) TVm. //, |Mf . 161 de U troùiètme édition. (74) Ripoose an Mystère a^fniqaila , p- 1»:
X71) P« «Mri* t«eltk niaUter. , ft^. / , emp. (nS) in Vit» Lcomi X.
/r . (76) BcBMr^as %UT la Réponie aa Kfi^^K
(7«) Bant. FalgoaÎM, Facior. 'cl Dieior. a«- d^Ini^ii, //«. pmrt. , pmg. 640.
motab. là, rt^ MF. //. /^i» m, igS. (77) /. EaaaÎM tfyiterii PloitoB. , p- ^-
LÉOF X.
i5g
pourtant stÛTile style ordinaire dans » pour un modèle achevé de k poli-
ra bulle , et fait éclater beaucoup de » tique moderne , et pour le plus
eèle contre un hérétique , qui lui » grand homme de cabinet de son
lisputait une autorité d'où dépendait » siècle \ il le met au-dessus du roi
tout son bonheur temporel. Patavicin » Ferdinai»d-le-Gatholix|«G , et le fait
''J&) , voulant répondre au reproche » triompher en sa jeunesse des ruses
ijue le père Pauf a fait à ce pape , » de ce yieil usurpateur. C'est à lui
d'avoir eu très-peu de soin de la piété , » qu'il attribue le secret de; faire bon
[j^^ y £iit trois choses : il allègue , » gré mal gré seconder tons ses des-
fo. le témoignage de Politien (80): » seins par le conseil d^Espasne. Après
1*^. les jeûnes du pape ; 3^ l<a majesté » avoir établi ces merreilleux prin-
et la bonne grâce avee quoi Léon ce- » cipes , il n'est point de vertus écla-
lébrait la messe. La seconde de ces » tantes qui ne rélèvent la peinture
trois choses , si elle est telle que Paul » de Léon X. Il' forme , dès Ts^ge de
Jov^e l'a rapportée (81) , est , ce me » douze ans^, (|u'il fut fait cardinal,
seml»le , une bonne preuve de reli- » ces vastes projets qu'il exécuta
gion , quand on en pèse bien ' les i> depuis , lors€[u^il fut élevé sur la
circonstances. La première ne signifie » chaire de saint Pierre. H négocie
rien , car lesenfansjusquesà un cer* » avec les États de Venise pour sau-
tai n âge sont toujours persuadés des » ver les débris de sa maison , qui
leçons de leur catéelnste ; ils n'j ep- » avait échoué contre la fortune de
posent a'ncilne objection. S'ik de- » notre Charles VIII. Il ne change
viennent impies , c est quand ils sont » point de résolution pour avoir vu
hors de page , et qu'ils se gÉtent . ou » périr son frère au passage d'une
par un mauvais commerce , ou bien » rivière. Il n'a de pensées que pour
en philosophant de travers. La der- » élever le fils unique que ce frère
niére chose est plutôt un talent du » avait laissé dans le berceau , et
corps qu'un signe de persuasion de » là-dessus il retourne à Konie où ses
Fâine. Voyons ce que dit Paul Jove. » intrigues lui donnent accès à la
Sacra eonfecit , mguiaque eêremo- » faveur du pape Jules II , et le font
niarwn Akfit munia singulaii cum » élire légat dans l'armée destinée
majestate^ utnonfalso nemo supe- » pour chasser le9 Franeat» d'Italie.
riorum pontificum eo augustius^ et » H est fait prisonnier à la bataille de
decentiua aoerifteâssediceretur (89). » Ravenne , mais il se sauva dans une
U y a beaucoup d'apparence qu'Onur » conjoncture fatale pour loi ^ puis-
Shre n'entend que cela , lorsqu'il » aue Jules venait d'expirer; il entre
ébtte que jTiMt rerum ditnnarum di- » dans le conclave où^ il profite si,
ligens ohservator, etsacHs ceremoniis » bien du caprice des jeunes cardi-
deditus. Preuve tout-à-fait équivo- » naux , qui s'étaient mis en tête de
que de piété. » £iiire un pape de leur âge , qu'U
(R) ^ . . . alléguerai un long pas- » ^»' pencher leurs suffrages en sa
sage des anecdotes de Varîllas , qui » faveur. Il se joint aux Espagnole ,
contiera un abrégé assez juste du ca^ » et ménage leur amitié tant qu'elle
ractère de Léon X ] On le trouve » lui est utile pour réUblir sa maison
dans la préface de cet ouvrage , et il » dans les principales fonctions de lai
contient ce qu'on va lire. « Guichar- » magistrature à Florence ; mais dès
» din nous donne (*) ce pape » 9"« H fortune leur tourne le dos ,
» et qu'il découvre que leur conse^
(78) Icter. d«l Gondlio , Ub. /, cap. Il, » »'e8t pae d'humeur à soufirir qu'il
<«g) Sarebbe stato un pêrfeuo ponti/icej $9 » usurpe le duché d'Urbin pour en
con ^uesU havêts&eongiuntà qualehe eogiiUione » investir SOU neveU , il traite avec
deiUeosédeUar€ligione.0dalquantotmd*l^ „ j Français à Cette Condition : U
chnatione alla piata : dtu una e dau aura j , •» - —>«*-»-.«*. m
delU quaU non mostrava haver gran cura. » dreSSe le tameux COUCOrdat , dans
Fra-PAolo, Ittor. del ConcîKo, lih. Itpag» 5. )) lequel il se joue des Stratagèmes et
(So) F'ojrn la renum/tie (P), citation (6a). )> de la longue expérience dtt chan-
(81) f^pytB la remarque (P) , citation (64)*
(8a) Paal. JoTÎtia, in YiU Lconis X, lib. IV , • Cètt Yarillas qui parfe ici ; et c*est ^ Bayle
pag. m. aia. mm Joly raproche de ne donner <|iie dôme au k
(*) Dans Us dou*e premiers article* de ton Léon , quand il fui nommé cardinal. H en ayait
Histoire. quatorze , comme on a m cinlesana.
i6o LÉOH X.
» celier do Prat ; U caresse Francou qjùfii fmrt des office* pour bu en
» i***, tant que ce roi est en état de jPnince et en Eêpagne , afin quV.
j» Idî faire du bien ; mais il n'en a paf lui comtnutdqudi les pièces authenu-
» pins i6t tire tout ce qu'ail préten- Q9ses tlont il eroyaitaê^oir besoin pour
n iait, qu^il le quitte pour se récon- la perfection de son aus^rage ; et 9»
» cilier avec Cbarles^uint. Il pro- se dceom^aii à lui totU entier dam
n jette avec celui-ci une liçue pour les entretiens fré^u^rss et familien.
n rétablir les Sforces dans le dudié . Nos remarques précédentes moatrent
» de Milan. Il réussit plus tôt qu'il que Paul JoTe ne <:acfae pas les dé-
» ne pensait , et reçoit , de la nou- niuts de Léon X; mais il est sûr m
9 relie qui lui en est apportée , une le rice dont parle V . VariOas estcdoi
» joie qui lui donne la mort. » de tous que Paul JoTe lui donne le
(S) M F'ioillas %est aussi trompé moins : il est même vrai qu'il Itù
touchant Paul Joue.^ Cet bistonen , donne la Tertu contraire. Poniifix,
si l'on en croit M. Varillas , n'a pas dit-il (84), cujus nut^ iuffenuim fr
tant fait une histoire qu'une satire à cilemque naturam in spécimen cœu-
l'éeard de Léon X. PaulJoue , dit-il rarum yirtutum omnes iilo tempm
(83) iefaU passer pour un homme laudabanl , elemeniitts agendums^-
hauih limain, et quivouUU toujours hi...... existimavit. Oet anteor nefot
emporter les choses de viue force. Il jamais érêque de Côme; et il n obtint
luiimpuula mime humeur guerrière pojnt de Léon X, mais de Clcmfflt
dont aveât été agité JuUs llySon pré- VH , la dignité episcopale (85j. Cette
décesseur; a Im fait concevoir, avant confidence intime cette admission
même son exaltation , un mépris dé- *".» conseils les plus secrets me pa-
daieneux de tout U resu du sacré raissent une fiction de roman : K
colïéee, fondé surune préséance ima- «en ai trouTe nulle trace dam te
gimure de U maison de Médicis sur ^^^ àe Paul Jove.
les autres éP Italie ; ilfait intervenir (T) Tai deux lettres anecdotes qà
ce mépris dans toutes les actions dfé- sont une preuve de cela. 1 Elles m'ont
clat et même dans les plus augustes été communi^ées par M. de Seide) ,
cérémonies; il le prend pour la source conseiller privé de sa majesté' de
et le fondement ae la guerre obstinée Pruss</. Il a hérité de monsieur son
contre le duc d Urbin , et des autres père une belle bibliothèque , et il Ta
querelles qui survinrent dans toute augmentée très-considérablemeut, et
l'étendue de son pontificat : en un surtout de livres rares et de pièces
mot , il veut que la vanité , mais une manuscrites. Il en a rapport^lusieurs
vanité fière et choauante , ait été sa de son vo jage de Grèce , et il est tm-
plus forte inclination. Si vous étiez en digne de poss'éder un tel trésor \ car
peine de savoir comment Paul Jove a il est fort savant , et il se plaît beao-
pénétré si avant dans l'esprit de Léon, coup à favoriser les sciences. La copie
pour en prononcer un jugement si dé- au'u a eu la bonté de m'envoyerdes
cisif, il vous répond lui-même par deux lettres de LéonX, est fidèle et
avance qu'il a été la créature de ce très-exacte : on a encore roriginal
pape; que ce fut lui qui lui fit quit- écrit de la main deSadolet. Disons en
ter la profession de médecine , et la passant qu'on a imprimé dans le
prétention d'une chaire a Padoue, Nova litteraria Maris Baliici t^
pour s'engager dans l'état ecclésias- Septentrionis (86) du mois de noyem-
tique; quile fitévéquede Came ; qui bre 1699, une lettre qui fut écrite
le choisit pour être son confident , et pour un semblable ^uîet à sa majesté
pour assister aux conseils où se pre* danobe par Le'on X , le 8 de novem-
naient les résolutions les plus impor- bre 1517. Voici celles que j'ai ^
tantes et les plus secrètes rqui Venr- main.
gagea a écrire ^histoire de son temps;
(«4) Jovia», Hûtoriar. Uh. XI ^ sub /"•
(«3) Pféfoùt des Aneedotei de Florence. // yoret-U aussi m ViU Leonia X, pH- ^
eiu Peul JoTe , deni Ma livre , et reloue paru- ,og.
colîcr de Léen X. Deux nuutvaiset citation* S eoe\ *> « j • s^e i tt.u.IG
la^VHhioiZ générale ds PaulJo90 comprend ,. («5) Le i3 de yan^ier .5a8 selon U|b«D..
tlusi7»^s ivres i et il n'a pas fait un tXo%ïpar- ^^' ""« » '«'"• ^^^» W* -"M-
tieulier de e» pape, mais sa Vie. («6) Pag. 348.
LÉON X. ' i6i
nuntium ad nos , ycl âilectofilio Phi-
lippo Beroaldo hihliothecano Palatii
Venerabili fraVri Alherta Moguntin, nosin apostolici mittat. Qtioniam
Et Masdeburgen, Archi-Ëpisco- vero eidem Joanni certam summam
po , Aaministratori Ualherslaten^ pecuniarum hic in urbe enunieraH
jPrincipi Eîeciori ac Germarùœ jecimus proexpensîs Jadis et fie ndis,
Primati. et certam quantitatem debenius , uo-
lumus^^, et ita fraternitati tuœ corn-
LEO PP, -ÎT» mittimus et mandamus , ut postquani
acceperit prœdictum tibrum TitiLiuii,
P^enenabilis frôler , salutem €t ipsi Joanni sohat seu solui faciat
apostolicam benedictionem» Mitti- centum quadraginta septem ducatos
mus d'dectum, Jilium Joannem H&yt- auri de Caméra ex pecuniis indulgen-
mers de Zonvelben , Clericum Léo- tiarum concessarum perillius proi^in*
diensis diœcéseos , nostrum et aposto~ cias infauoremfabricœ Basilicœ prin-
licœ sedis commissarium ad incWtas cipis apostolorum de urhe ; quant
nationes , Germaniœ , Daniœ , Sue- quideni pecuniarum summam in corn-
ciœ, Norvegiœ , et Gothiœ , pro in- putis tuœ fraternitatis cum camerd
quii^endis dignis et antiquis libris qui apostolicd admittemus , prout in prce-
temporum injurié periere , in qud re sentid per prœsentes admittimus et
nec sumptui nec impensœ alicuipar- admitti mandamus*. Juuet prœtereà
cimus y solum ut sicut usque a nostri eundem Joannem saisis conductibus
pontificatus initio proposuimus, quod lilteris et auxiliis , et illi per proi/in-
altissimo tanti^m sit honoret gloria , cias suas assistât pro libris extralien-
viros quotas uirtutum génère insigni" dis , et pro illo etiam fidejubeat , si
tos , prœsertim litteratos , quantum opus est , pro dictis lihris intra cer-
cum Ueo possumusyfoweamus, extol- tum tempus a nobis restituendis et ad
lamus acjuuemus, Jiccepimus autem sua loca remittendis. Quod sifrater-
pcfies fraternitatem tuam , seu in nitas tua fecerit , ut omnino nobis
locis sub illius ditione positis esse ex persuademus , et ingens nomen apud
dictis antiquis libris , prœsertim Ho- uiros litteratos consequetur, et nobis ^
manarum historiarum nonpaucos qui rem cratissimamfaciet. Datum Romte
nohiscordi non parîim forent. Quare apud sanctum Petrum sub annula
càw in animo nobis sit taies libros , piscatoris die XKyi nouembris M.
<juotquot ad manus uenire potuerint , DXVll, Pontificatds nostri anno
in lucem redire curare pro communi quinto.
omnium litteratorum utilitate , fra- j^ Sadoletcs
ternltatem tuam eâ demum qud pos-
^umus affections hortamur,monemus,
«f enixiiis in Domino obtestamur, ut C'est la premicre des deux lettres
-Si rem gratam unquhmfacere animo en question. Voici la seconde : on y
proponit , wel eorunaem librorum verra de quoi pouvoir croire vrai-
oninium exempta fidelileret accuratè semblablement que toute l'histoire de
^ctipta^ uel quod magis exoptamus Tite-Live subsistait alors. M. de Sei-
^P^osmet libros anti^os ad nos trans- del tient de bon lieu qu'on croit
fniitere quanto citius curet , illos sta- qu'un chanoine de Magdebourg , qui
^n receptura , citm exscripti hic était l'un des ministres d'état du mar-
juerint , juxta obligationem per Ca- quis Joachim Frideric , administra-
"^^ram no^tram apostolicam factam , t'cur de l'archevêchë , se prévalut de
«eu quam dictus Joannes commissa- la confusion où étaient les choses ,
^us noster prœsentium lator ad id et ôta de la bibliothèque publique
^(indatum siifficiens habens nomine plusieurs manuscrits, et nommément
'cfte Camerœ deniio duxeritfacien- ce Tite-Live , pour les transporter
«^. Et quia dictus Joannes promisit dans la sienne. Ses héritiers la conser-
•0 is Se breui daturum trigesimum vèrent , mais ils tenaient fort cachés
•î/^"'!î ^(^''"'re Titi Liuii de bello les manuscrits qui n'y étaient entrés
'^"^cdonico , illi commisimus ut eum que par des voies illégitimes. Enfin
^^^nus tuœ fraternitatis daret,ut tout cela périt lorsque la ville fut
J 4a quam primùm posset perfidum ruinée , l'an i63 1 .
TOME IX. Il
i62 LÉON.
VeruroUh Frutnnoitro Alberto Ar- fiUi , abbas et com^entus monastcr
chiepucopo MoguttUn. Pnnapi ''CorwiensU ordinis tancù Benedic
Eleeton et Germamœ PnmaU. PadebornensU dueceseos nostri loci
LEO PP X pietissimi postunt esse testes j ex (jm
ruin bibUotheeâ cùnt prinu quintjt
DilectiJUii (S7 ) , salutem et apo^ historUe Augustœ CornelU Taciùf
stolicam ben^ictionem. RettulU nobis desiderabantar , furto subtructi/uu
dilectus filius Joannes Ueytmers de sent , illique per muUas manîu û
Zonuelhen elericiis Leodiensis diœce^ nostras tandem pervenissent ; nos n
seos , quem nuper pro inquinndis eogntios prias eosdent qiiinque lihn
anliquis libris , qui aesiderantur , ad et correetos à tdris prœdictis liUerat
inciulas nationes Gemtaniœ , Daniœ, in nostrd curid exsistentibus , cui
NorvegicBj Sueciœ et Goihiœ nostrum aliis Comelii prœdicti operibus , (jui
et apostolicœ sedis specialem nuncium extabant, nostro sumptu imprimjt
et commissarium destinauimus , a eimus : deindè pero , re compeni
quodam , quem ipse ad id substitue- unum ex uoluminibus dieti Cornelù
rat , accepisse litteras , quibus ei sig- ut prœmittitur , correctum et impm
mficat in uestrd biblioihecd reperisse sum , ac etiam non inordinatè ligatm
codicem antiquum , in quo omnes de- ad dictos abbatem et cont^entum mo
cades Titi Jm'H sunt aescriptœ , im- nasterii Corwiensis rejnisimus , (juot
petrdsseque a pobis illas posse exscri' in eorum bibliotkecd loco subtraci
bere citm originalem codicem habere reponere possent. Et ut cognoscetta
Jas non fuerit. Laudamus profectb ex ed subtractione potiiis eis comm
uestram humanitatem et erga sedem dum quam incomnioduni ortum , m-
apostolicamobedientiam.f^erUm, di- simus eisdem pro ecciesid monasun
lecti fila , fuit nobis ah ipso usque eorum indulgentiam perpétuant. Qu»
pontificatûs nostri initio ammuSf Piros circa uos et uestrum quemli6et,à
quoyif yirtutis génère exomatos , demum qud possumus affectioru in
prœsertim litteratos , quantian cum virtute sanctœ obedientiœ monemus ,
DEO possumus , extoliere ac juuare. hortamur , et sincerd in domino cari"
Ed de causd hujuscemodi antiquos et tate requirimus , ut si nobis rem grt'
desideratos libros , quotquot recipere tamjacere unquàmanimo proponitist
possumus, prias per t^irosdoctissimos y eundem Joannem in dictam festnn
quorum copia DEI munere in nostrd bibliothecam intromittatis , et exindi
hodie est curid , corngijacimus , dein' tam dictum codicem lÀvii , quamal^
de nostrd impensd ad communem qui ei uidebuntur per eum ad mu
erudiiorum utilitatem diligentissimè transmitti permittatis , illos eosJe»
imprimi curamus. Sed si ipsos origi- omninb recepturi , reportaturiqut ^
nales libros non habeamus , nostra nobis prœmia non vulgaiia. Datu^
inlentio non plané adimpletur, quia Romœ apud sanctumPetrum,suba^
hi libri, uisis tàntàm exemplis , cor^ nulo piscatoris , die prima decemhni
recti in lucem exire non possunt. MDXf^Il, Pontificatds nostri ans!
Mandauimus in camerd nostrd apo- quinto. '
stolicd sii/fîcientem prœstare cautio' • Ja. Sadoletcs.
nem de restituendis hujuscemodi libris
integris et illœsis eorum dominis , LÉON ( AlOISIO , ou LoUlS DE
quam pnmum hic erunt exscnpti .et 1 . • r • • e
dictus \roannes , quem iteràm adprœ- «« l^UnLegïOnensis , professi
missa commissarium deputai^imus , ^Q théologie dans l'université
habet adeandem cameram sujfficiens Salamanqucfa) , fils d'un cent
mandatum,illamobUgandiadresti- homme castillan , entra M
tutionem,prœdictam , modo et formd ifj j •^■, •x*J
quibus eiMebitur. Tantum ad corn- ^ «''«''^ «^S ermites de saint AjJ
modumet utilitatem uirorum erudito- gustin le 2g de janvier i5qg W
heti. d» Bianditbourg^ nrehavêqua de Majance , (^) P^nlippiM Elssios , EacomUst* Au|«
e'tail otuéi arvhev^tfuê de Magdebourg, iva.jfag. 4p.
LÉON. i63
1 entendait bîen le grec et Thé- robserrance plus Aroite. F'icariige-
)reu , et il fit paraître beaucoup "^l^'i^fT' ^^P^^^^^'^f' '""'»f'^
le dextérité a expliquer dans ^^^ laudahiUter rexit , arctioHsque
es leçons l'Écriture Siain te. Il fit vitœ imtiimtfniU,»,, Obiit..... altero
n l588, les rëffles des moines abelectionU die inprouin€ialem(j).
léchaussés quic^mmenç^entà ^^^e^lrc^^ltS^tlt^reC
e produire sous le nom de re- j^,? Je ne sais si Elssius n'a pas en-
lollets. On le fit vicaire gêné- tendu que Louis de Le'on avait jctt^
al de Tordre et provincial*», quelques années le vicaire gênerai de
j» \* fc^. \** ;» ^^»..iif l'ordre , mais qu'on ne le fit provin-
e 22 daoAt iSgi , et il mourut ^.^^ ^^J 1^ ^^^^^ ^^ ^^ ^^^^ , ^^
e lendemain (A) , à Madrid, a comj^rendraitpar-Iâquecetaueustin
'âge de soixante-quatre ans. Il aurait exercé une charge très-digne-
ivait eu une tres-fâcheuse af- men* ; mais la narration d'Elssius
, .m 1 j IV • * serait toujours très-deiectueuse.
aire au tribunal de 1 mquisi- .^. n -. ^ > ^^ r
. . ., , , •..*•' u W ^^ auatt eu une très-fâcheuse
ion ; mais il s en était tire ho- affaire au tribunal de l'inquisition ;
lorablement après quelques an— mais il s'en était tiré honorablement
lées de captivité (c) (B). Je ne ûf^* quelques annétu de captivité. 1
I . . \ ,^ ^ i-* „»«:* A^A Citons un apologiste de M. 1 archevé-
loute point que cela naît etc q„e de Sébaste (a). « Le père Aloïsio
ause*»dune explication quil „ Je Léon, augustin,... professeur
i faite d'un verset du Cantique »» de TÉcriture à Salamanque , fut
les Cantique» (C). Son comraen- »> Pf^s de cinq ans prisonnier dans
, .* ^ !• j^ i»i5'««: » l inquisition d Espagne. Mais ayant
aire latin sur ce livre de 1 Ecri- „ ^^^'J^ ^^^^^^ ^^ j„|^ équitable , il
ure fut imprime à Salanianque, „ en sortit innocent , fut rétabli dans
*an 1 58o (d)m II le publia aussi » sa charge , et on lui fît à Salaman-
!n espagnolVe). On a quelques » q"e une entrée triomphante qui
, *,y ^ t c /Ti\ » couvrit de confusion ses miustcs
mires livres de sa façon ( D ) , ,, censeurs. « Elssius ne fait durer
|ui ont fait souhaiter que le reste que deux ans * là prison de ce pro-
ie ses ouvrages fût mis en lumië- fesseur de Salamanque , et il se plaît
Pg / r\ à décrire les circonstances de son
•^ '* glorieux rétablissement. J?c?té//« ^eroï-
'' Leclcrc dit qu'il faut distinguer le» deux cum spécimen prœclarœ patientiœ ,
:1iarges.G'estce que Bayle, dans sa remarque et magni animi indicium. Chm enim.
A) , reproche à Elssius de n'avoir point fait, aliquorum ini^idiâ sanctœ inquisitioni
(c) Tiré e/'Elssius , ubL suprà, detatus simulque constrictus, ejusdeni
** Leclerc, au contraire, dit que ce fut la carceribus biennium integrum deten-
raduclion espagnole qu'il avait faite du Can- fus fuisset , tandem infmcti animi uir,
if/ne des Cantiques qui le fit mettre en pri- puèUco triumpho , cuhi palmâ et lau
on II avait fait cette traduction pour un de "reâ educitur, ac ueste candidd , in,
M amis qui ne savait pas le latin , et y avait . ' ^ . . . _ '
ïiit un cimmenuire. Des copies en circulé- signum mnocentiœ amictus , prœcone
ent ; et comme il était défendu en Espagne prœeunte , deducitur , pristinisque
le lire la Bible en langue vulgaire, on arrêta honoribus , titulis y ac professioni
■uiear. Âjurès être sorti de prison , il rewit theologicee restituitur. Primam uero
on travail et le publia en latin. lectionem , post tenebras , ut auspica-
d) Tiré <f fiissins , ubi suprà. batur , pleno concessu ad nofitatem
{e) Scholtus, Bibliolh. hispan. , pag. 266.
(/) /c/em, ibid. ^^^ Pl.ilippus EUsiua , in Encomiast. Augns-
( K\ /^ y "lin., p^g' 445'
(A) Un le fit tntaire général et fa) Avia •inrèresanx calbol^nesdesProvîn-
^rnt'mciûZ , le ai août 1 5qi , et il mou- et a-Unirs , sur le décret de rin^uisition de Rome
T^t le lendemain.] On ne laisse pas de T"^a-^'> r«rclie>rlque de Seba.te. r^g^ «t ,
nire qu il gouverna bien la province, . c'est «ne erreur d'El«ins , di5t«t Lederc et
«^ï <in 11 donna un commencement à joiy.
i64 LÉON.
evoeato inquit , dicebamut kesternâ pourra roir en français dans roaTri-
jjg (3\ ge que je cite (5). Je voudrais savoir
(C) Sa détentUm a été cause d'une ai quelque commentateur trcs-con-
explioation qu'il a faite d^un uenet tentdesonëvéquc, etqni ait toujoon
du cantique des cantiques.^ Je parle été du plus fort parti , a expliqué de
du verset où IVpouse dit , je suis cette manière les paroles du Cantit^uc
tombée enfm les mains de ceux qui des Cantiques. Les persécutions ai-
ueillent pour la garde de la ville , et cuisent l'esprit, et donnent d''ad min-
i/s m'ont dépouillée ; ceux qui en dé- blés ouvertures sur le sens mystiqiif
— — — 'agneau pascal était ëgorgë
les épreuves les plus dures et les plus mencement du 14*. j[our de la luDf
difficiles à supporter , et que Dieu (6), et que Je'sus-Christ, qui se cod-
réserue souvent aux plus parfaits, forma à cet usaçe cële'brantlapâquf,
« On sera peut-être étonn^ fl;0Mfe- fut crucifie ce jour-là même (7}:ud
j> t'il , de ce que Te'pouse ta*ouve traite de prohœ matrisJamiUas Off^-
» toujours en son cbemin les gardes cio ; un autre de diuinis IVoniinibui
9 de la ville , dont non-seufcment (8) ; un commentaire sur le psaum'
» elle ne reçoit aucun secours , mais XXVI (9). Notez que cet écrivain e^t
3) même en reçoit des injures et de un de ceux qui appliquent à Mahoniet
» mauvais traitemens. Est-il croyable les prédictions des apôtres toucluat
» que ceux qui sont établis supérieurs l'antecbrist (10).
„ âes fidèles et qui gouvernent les ^^ ^^ ^^^^^^ ^^^ g^
» églises de Dieu < car c est a eux .Le pire D.niel a donné nae TnEdueûondM
» que la garde de la ville et de ses Sjstime d'un docteur espagnol stu- la dermkn
j) murailles est confiée), loin de leur pdque de Noire Seigneur J/*us-Chrùt, e*a
„ donner le moindre .ecourj , aiili- •S^J^THZuc^^S^Sn'S/tlVC,
» cent et persécutent souvent les gens paris, i(i65, in-19.
3» de bien et ceux qui aiment plus (6) Ce»t-à-dire , U soir du four que ncus
» leiH- Dieu ? Cependant c'est ce qui "^'r"J't"' '' n^.i «.u u- ^
» nous obliçe de croire véritable (i) idem, ibidem.
» toute la suite de ce divin cantique. (g) imprima à Salamanque ^ tan i58e n
3, Et certes , comme il n'y a rien de «585 EImîos. Encomi..t. A»g.,g«^. 443
•11 J ^1 „ .,*;!« «., C»») yoT'* Heidegger. , tn BijeUr. B*M.
» meilleur, nen de plus utile au Magoi , pa*. 70 , lom! /. ' .
» salut, que de bons éveques qui
, sont fiàèlcs aux devoirs de leur l^qj^ (Pierre Cieca Di; ), au-
9 sacré ministère, au contraire les ,, 1 • , • ^ j* ti^ ' 11
l injustes et méchans pasteurs qui teur d une histoire du Pérou. II
» font servir a leurs desseins et à sortit d'Espagne , sa patrie , à
> leurs intérêts l'autorité qu'ils ont l'âge de treize ans, pour aller en
» reçue pour gouverner le peuple de Amérique, oii il séjourna dix-
X Dieu , sont pernicieux a tous en ^ ^ ' / n h '
> général , et principalement aux ««pt années (a). Il y remarqua
» plus gens de bien etaux plus grands tant de choses singulières , qu'il
» saints, et ne sont bons qu'à les ^ résolut à les mettre parécnt.
» perdre. Il y a toujours eu un grand j,^^ rapporterai quelques-unes ,
» nombre de ces sortes de pasteurs j * * -z f e •
7> dans l'église , et c'est d'eux propre- quand ce ne serait que pour faire
3) ment qu'il est parlé dans ce verset voir l'injustice de ceux qui pré-
» du cantique que j'explique. » 11 tendent que les chrétiens ont
dit plusiWs autres cBos^^^^^^ appris aux peuples de l'Amëri-
là , et encore plus marquées : on les rr *^ » t* / * . ^ 1
' ^ que a être mechans (Aj. Cela ne
f 3) F.IsMU», in Encomiakt. Angiutiii. , p- 443*
(4) y^of* '" ^^'* ■incira aux cathQli^nei
itÈ Pfovincea-Uoie» , pag. 6,7. (a) Cieçt , in Proœmio.
LÉON. i65
[xcut être vrai qu'avec bien des traitement que les habitans de ce
restrictions. Il se peut faire qu'il l^^Y^'^ faisaient à leurs prisonniers
-.1 *■ ^ Y de euerre. Ils les réduisaient a la
f ait eu daus ce nouveau monde condition d'esclaves, et les mariaient
quelques endroits dont les ha»- et mangeaient tous les enfans qui
!)itans grossiers et simples sui— venaient de ces mariages ; et puis ils
ment bonnement et frugale- mangeaientles esclaves mômes quand
^1 I . , 1, . ^ >-i ils les voyaient nors d état de procréer
tuent les lois naturelles, et qu lis des enfans. Mangia^ano i figliuoU
Je soient accoutumés par leur de quel schiai^i , e poi mangiauano
:ommerce avec les chrétiens à 5'^* Istcssi schiatfi quando erano tanto
la fourberie et à la débauche; ^T^'' ^^ non pote^ano generare
, , -, , , , ' (a). La première fois que les £spa-
mais , généralement parlant, la gn^ig entrèrent dans cette vallée, un
corruption des Américains était seigneur nomme Nabonuco les vint
si brutale et si excessive , qu'on trouver amiablement , accompagné
n'eh peut avoir assez d'horreur. ^« quelques femmes : la nuit étant
» j * . 1 ^. , , . venue , deux d entre elles se couché'
Le dessein de notre Cieça était rent tout de leur long sur un tapis ,
de faire une histoire entière du une autre se mit de travers afin de
Pérou en quatre parties (ù) : on servir d'oreiller à Nabonuco pendant
no coi'f «^^:»i- e»,'l i«o »^k».r»* «« que les deux autres lui serviraient de
ne sait point s il les acheva? on ^^^^^^^ ^ ^^ ^.^ ^^^ ^^^ ^^^^_1, ^
sait seulement que la première et prit par la main une quatrième
partie fut imprimée à Séville, femme qui était très-belle , et quand
l'an i553. Il l'avait commencée on lui demanda ce qu'il en prétendait
l'an i54. , et il la finit l'an ,55o ^rù ^^ZT^^^tTei^J^tX
(c). il était a Lima , ville capita- core d'un enfant qu'elle avait eu (3).
le du royaume du Pérou , lors— L'auteur observe qu'au pays de Quita
(d). Let ouvrage a ete traduit à prendre garde au ménage (4). On
eu ilalien(B). acbrait le soleil dans le Pérou , et l'un
Scriit'^Z" f^'^'^fr ^"*^"^,A Ba>Uothec. ^^^jf j^ j^j ^^ff^r six dents que Ton
(? Cieça^; \n7n/op'er5: '^'' «'«tait arrachées (5). Il y avait^ dan.
jd) Ij/fm, ibidem, ce çays-la bien des provinces ou 1 on
JK ' avait perdu entièrement les idées de
( ^Êh'^^ rapporterai quelques- l'honneur par rapport â la chasteté.
unes i*^and ce ne serait que pour Un de leurs divertissemens était de
Jaire i/oip L'injustice de ceux qui pré- chanter les belles actions de leurs
tendent que les chrétiens ont appris ancêtres ; ils faisaient cela en dansant
aux peuples de l'Amérique a être au son d'un tambour , et en buvant
ifiéclians,\\\ dit que les grands sei- jusqu'à s'enivrer, et puis ils pre-
Rneurs'dans la vallée de Nore ta- naient telle femme que bon leur sem-
cnaient de prendre chez leurs enne- blait , et jouissaient d'elle sans que
^^f autant de femmes qu'ils pou- personne y trouvât nul sujet de blâme.
valent ^ et qu'ils couchaient avec Alcuni pigliano quelle donne , che
cUes , et qu'ils nourrissaient délicate* gH piacciono , et condottele in certe
nient les enfans qu'ils en avaient : case , sfuocano con quelle la lor lus-
Tè^^ 3"® les ayant nourris jusqu'à suria , non se lo recando a biasmo ,
^ge de douze ou treize ans , et les perche non conoscono quai dona si
voyant bien engraissés, ils les tuaient conserva con la verecondia ^ ne ten-
^t les mangeaient : c'éUit pour eux
«ne viande délicieuse (i). Parlons du (») î^'"«. ^J.j'"'^M<' »? ''"'"*-
/ » _. (3) Idgm , ihidem , foUo »4«
Y/V ï'f''" ^'«Ç»! Hiitori* At\ Pcru , ««». h) htem ibitlêmy eap, XL y folio'r.B vtrso.
*^'*foUo ot, a3. '^ (5; Idem, cmp. XUX.faUo Q9.
i66 LÉON.
f^ono conio di ftonore , e manoo ri- (8). Diodore de Sicile attribue le mè-
/fuanc/aiMi a/ mom/o (6). Voilà ce qu'il me goût aux habitans des Iles que
faut bien faire §cntir à ceux qui nous nous nommons aujourd'hui Majorque
Tiennent tant parler des bonnes et Minorque (9). Il assure que, dans la
mœurs des Américains , et qui prë- ciflëbratiou de leura mariagesyl^e'poux
tendent que nous avons appris à ces ne jouissait de Fe'pouse au'après que
nations-ui à être méchantes , depuis tous les parens et tous les amis c^ui
que nous leur avons apporté la lu> avaient été priés au festin nuptial
roiéro évangéliqae. Les Espagnols les avaient joui d'elle chacun selon le
plus débauchés n'avaient jamais vu rang que son âge lui donnait (lo). Il
en leur pays ce qu'ils virent dans le était bien surprenant qu'une nation
nouveau monde , je veux dire que aussi lubrique que celle-là (11) fût si
les femmes courussent après eux avec peu jalouse; car pour l'ordinaire
des transports enragés d'amour , et plus on est enclin à cette brutalité ,
munies de certains secrets destinés à plus estF-on sujet à la jalousie. Témoin
augmenter le plaisir. Voici sur cela les Turcs et les Maures. Ceux-ci sont
quelques lignes italiennes : DTeW Is- bien éloignés de Thumeur des Ame-
torie deW Indie narra Amerigo Ves" ricains de la province de Cartfaagène :
pucci d'ester capitale ad una certa ils demandent sur toutes choses une
cosia , doue trouh femmine di tanta épouse qui ait bien conservé son pu-
libidine, che corne spiritate correuano celage ; et s'ils n'en sont point cod-
dietro a' suoi marinari , perche usas- vainc^ le lendemain de leurs noces ,
jero con esso loro ; e dice , che havc ils la renvoient à ses parens. Voyez
yano un sugo di non s6 che erha , col la relation de Maroc publiée par M.
quale hagnando le parti gerUtali de de Sain t-Olon, l'an 1695. On a trouvé
gli huormni , non solo cagionano , ut des peuples proche la mer Rouge ,
citius , ac saepiùs érigèrent, sed etiam qui sont jaloux de cela jusqu'à la fu-
quod eorum pénis in insolitam ex- reur ; ils ne seraient point sûrs de
crescerct magnitudinem : il che pia* leur fait , si l'on n'eût pris des le
cçi^a loro mirabilmente (7). berceau certaines mesures qui eoga-
Yoici bien pis-. L'auteur raconte gent le nouveau marié à commencer
que dans la province de Carthagéne, par une espèce d'opération de chirur-
les hommes regardent comme un dé- gic. Le latin du cardinal Bembusfcn
faut la virginité de la fille qu'ils entendre ce que c'est. Aliis post Iws
doivent épouser; et c'est pour cela relictis populis , mare Hubrum ingres-
<[u'ils ne consomment le mariage qu'a« si, complures nigrorum item, et bono-
près qu'elle a été bien purgée de cette rum hominum, ac hellofortium ciuiia-
tache par ses parens ou par ses amis, tes adierunt : qui natis statimjoeminis
On emploie en quelques endroits le naturam consuunt , quoad urinœ
bon office de la mère , mais de peur exilus ne impediatur ; easqM^^ùm
de tromperie , on veut que cela se* adolei/erint , sic consutas i^Êf^tri-
fasse en présence de témoins. Incerte monium collocant ; ut sponst prima
parti délia proyincia Cartagena , cura sit , conglutinatas atque coatitas
quando maritano le figliuole y et che puellœ orasjenv intersci/uiere f tanto
la sposa deve andare a tnarito , la in honore apud homines barbaros est
maare délia giouane in pre^entiad' al- non ambigua ducendis uxoribus yir-
cunisuoi parenti le toglie la uirginilà ginitas (la). Faut-il que l'homme soit
con le dita , si che riputayano , die sujet à des folies si diamétralement
Jfusse piu honora mandarla a marito opposées !
cosi corrotta, che con la sua virginita^ devenons aux Américains. La plu-
Matra questi costumi usati da loro ,
era miguordi alcune terre , che i pa- W <^»«ç«, cap. XLTX, folio 99.
m,^^*: ^ ^«».*^.' *^^1:^..^^^ /y. ..;.■«■.'.. ;#^ iu) Leur ancien nom est^aXkiiTc».
renti , o amici , togheuano la uiraimta ^^^^ ^iod. Sicul. , m. V , cap. XVlîl.
allagioyane, e conquesta conditione ^..^ ^„ p.^^^^/^, ^,^.,„, ^. ,^^^.^^
la mantavanO^edUmantO la rtceueua <f„and un corsaire Uur amenait de, femmes à
vendre , ilt donnaient trois ou quatre mdfexpoHf
(d) Pietro Gieça , DiitoriM.del Pera , eap. une femeUe, Diodor. Sicnlus, lib. ^, eap.
XLl^ folio 8a verso. XFlF.
(7) ÀiesKandro TsMoni, Peasieri diverft , lib. (laj Pctrui Dembiu , nitt. YeneC. , lib, f7,
f^. cap, XXXt P^S' >4^* folio nu i3o.
LÉON. 167
part guërk^nt eux-mêmes le mal ridiem uersus s atque in edpopuli sub
qu'il y aurait dans leurs mariages si rege hélium eum Jftnitimis gerente oc-
les fiancées allaient filles au lit nup- currerunt : quorum fœminœ virum
tlal. On dirait quHls ne se fient qirà passœ nullampartem corporis , prœ^
eux-mêmes : ils ne laissent rien à faire ter muUehria , pirgines ne illam qui-
aux parens ni aux amis , je yeux dire dem^ tegehant (17). Cela est fort sur-
qu'avant ^ue de parler ni de fian- prenant , puisque partout les lois de
cailles , ni de contrat, ils font tout ta bienséancesont plus relâchées pour
ce qu'il leur plaît avec celles quUls les femmes que pour les filles,
épousent dans la suite: (Ci mantat^ano Notez que cette déprayation ef-
allafoggia de i lor uicini ; ed odo dire, froyable , qui avait éteint les lois de
che alcurU, 6 la maggior parte , pri- Thumanité et de la pudeur, et qui
ma che si ntaritano f togliono la uir- avait plongé ces peuples dans la
ginità a quelle, che s'haueano da cruauté et dans la férocité de l'an-
maritare , mescolandosi con quelle thropophagie, et dans l'impudicité la
lussurio*amente (i3). Au reste , ce plus monstrueuse , n'avait point
n'est pas le goût général de l'Améri- éteint ou suffoqué les idées de la re-
que de mépriser ainsi la virginité.- ligion. Ils croyaient l'immortalité
n y a plusieurs nations américaines , de l'âme : cela paraît par toutes leurs
où tous les maris la demandent : mais cérémonies funèbres (18) ; ils ado-
ïa plupart ne la trouvent point; ils raient le soleil (19) , ils croyaient un
y épargnaient pas même le sang
et pochi troi^ano le moglie t^er^ini (li). humain (a f ) . L'auteur remarque cent
Ce que l'auteur observe à l'égard de et cent fois qu'ils servent le diable ;
la sodomie est afî'reux : on la prati- mais sur le pied d'un être qui a un
quait hautement et publiauement : très-grand pouvToir, et qiii nonob-
non ostante chauessino moite donne «tant sa méchanceté a quelque chose
bellissime , tuttauia ( si corne da loro de la nature divine. Indiani di Ta-
intesi) usat^ano publicamente U tristo cunga credono Vimmortalita deW
vizio délia sodomia , ed anco se ne anima , quanto intendiamo da loro ,
vantauano alla scoperta (i 5). Et il y e che ui sia un creatore del tutto.
avait même des temples où elle était Considerando la grandezza delcielo ,
exercée comme une action de piété U muouimento del sole, délia luna ,
(iC) ; abomination qui ne s'est point ed aïtre cose marauigliose ^ quan-
vue dans le paganisme de Pancienne tunque acciecati dal demonio , cre-
M.^M.. -_ - - habbia possanza in
alcuni conoscendo
-- o - i c corne è sempre
que dans Cieçaau'il y eût des peuples buggiardo , e gli traita pessima-
dans ce monde-là qui ne couvrissent mente, lo hanno in odio , ma pur
point les parties qu on appelle hon- Vubbidiscono per timoré , credendo
feuses ; mais d'autres relations Tas- che sia in lui qualche deita (32). Il
surent positivement, et avec cette observe que leurs prêtres vivent
circonstance fort étrange que les saintement , et qu'on les honore
personnes de l'autre sexe qui avaient beaucoup (aS).
encore leur virginité ne cachaient (B) Son ouwrage a été traduit en
rien , et que celles qui ne 1 avaient
plus cachaient seulement les parties . . „ . « . «• . ir . ii «rr
^^^urfM^-.Uispamsultenoratentan' ri;',\^;?;J;"*^"' "'•*-^*»"' ***• ^^'
^wus terra est objecta, continens (,8) yox„ Cieça, c«p. rill, Ximi,
pauio minus decies centena millia X/, ei passim alibi,
passuum ab Hispaniold protensd mO" C»9) Idem, cap. XLIII, folio 87 -, tt cap.
f «3) Ci«ç« , cap. XLIX t folio gg. (ao) Idom , ibidem.
|'4) idem^ cap. XIX^ folio 87 rorto. (»«) Idem , cap. IF ^ folio 8
(«5) Idem , cap. XLIXJolio qq verso, roriz XX, folio Sg.
«*"" cap. Ut^foHo lo^Xerso. (ai) Idem, cap. XLI, folio 8* vertu.
(»6) Idem , «op. LXIF, fol» ia8.. (a3) Ibidem.
verso ; et cap.
i68 LÉON. LÉONCE.
italien.'] KîcoU< Anionio (^)reinar- qui mettent Vu pour le 6 , et }%*
({»« f|ue l*édilion espagnole de Se- poor Ti. Pen donnerai c^t exemple
ville i553 , in-folio , tut suivie Fan- Cuju* (rei maritimae) aident poW-
née suivante parcelle d** Anvers in-8^., tica tracUUio, disposition et ^réu-
et par une édition italienne de Rome, gut^ematio à Magno Philippo nostro
i555, in-3^. ]1 dit qu^Angustin de Uispaniarum rege tuœ solicim-
Gravaliz
italieni
race à Venise, appresso
letti. Tan iSSr , ira-8^. Cest l'édition E]orriaea,dan8 P^pttre liminaire d^oD
page ces paroles : In F'inegia , ap- jours l^psius au lien de Lipsius,
pressa Domenieo de' Farri , a<^ iii5-
tnntia di M. Andréa jirriuahene CO /«««toV .• Repeijo ■«lem.is ad L ■■!«.
M.D.LVl. Nicolas Antonio n^a ^(i* S*Sw;;i/t4";
poiut connu cette édition. Il dit
qu^on souhaite beaucoup les autres T-^r^-Mirii? i a* y
parties de cette hbtoire (a5). , LLOJNCb , en latm Leontius ,
philosophe athénien vers la fin
(»4) mcoi. Antonio , Biblioth. Script, hiip. , j^ jy». siècle • eut une fille qu'il
lom. lit pag. 1^6. ,. . ' * >-i *
(aS; Ari^»« midè ab omnibus desiderantur. eleva dux sciences , et qu il ren-
jjem, ibidem. Jit très- habile. Voyant d'ail-
T •■«./% TkT y -r^ . « X leurs qu'elle ne se distiDfuait
, ^'^pN (GoTCALES Ponce de) ^,^^i^ ,„ avantage du
etmt de Sev.lle , et v.vait au ^ ^ ,^, ^^^ ^ ,.^
XVI siècle II demeuraitaRo- prit , if crut que le savoir et la
me, 1 an .585 , et ilypubl.aen ge^mélui tiendraient lieu depa-
latm une réponse (a au livre trimoine. C'est pourquoi il^«e
qu un prolestant d Allemagne ,„j ^^^ ^.^^ ^^^^ testament :
nomme Leonhart Waramund -i j^ _^ . . „ ™ u-^ « s. j
.^ r .^ , 1 i- r il donna tous ses biens à ses deux
avait ecnt poy la cause de Ge- ^j^ ^^^^^^ j .^^^j^^ ^^ ^é^^^ ^^
thard Truchse», archevêque de ^^.^^^ ^ ^^g,,^ l'occasion de
CoIoc:ne. il s echauna beaucoup - « i» • r ^
j o , . 1 / parvenir a lempire : car ce fut
dans cette réponse ; et , selon la 'i. _ ; „^ « i«\« 'j» 4*1. ' •
ji ji' 1 '^ -1 11 :è9 elle qui, sous le nom d Athenais.
iode d alors , il accabla d une ^_„^ • «™«ki^ x v^ _«.J
que pas de lecture. ^^,^1,^ .^^^^^^ ^ ^^ ^^^-^ .
(«) c>eH un fn-^o. rf^ i85 pages. ^ause du testament de son père ,
la contraignit d'implorer la pro-
(A) // n'écrit pas mal en latin tection de Pulchërie ; et de Jà
pour un Espagnol.'] Je ne veux pas vint son bonheur (a). Le père
oJ^%rVê^el±te"ila^ Garasse a mal rapporté ceci (A).
tine,et qui s'en sont sei^vis purement
et éloquemmcnt. Ma pensée est que ^, ("'^ ^^^** ; ^'^^ ^' Ménage , Histori»
pour Fordinaire les écrivains de f" ierum philowpharum , in c«^ Diogenb
1 '4.4 -• ^ » !• ^ . ït Laertti , pac-. aûo , les passages entiers de
cette nation se négligent trop là- /'Aucto; Chronici Paschalis, rff Socrate, J-R-
dessus. 11 y en a qui ne prennent vagiius, rfe Nicëphorc , touchant les unies
pas même garde a l orthographe , et du ustanuitu de Léonce.
LÉONCLAVIUS. ^^}
Consultez la dissertation que je quie , il ramassa ie trës-bons
^itç/^) ^ matériaux pour composer 1 ùis-
toire ottomane ; et c'est à lui
(b) SeLast. Kortholtus , de PueUis Poe- ^ j^ public cst redevable de la
iriis , pag. 12 et se^. meilleure connaissance que Ton
ait de cette bistoire (A). Il j
joint à rintelligence des lan
roTA^'iVD;;;-:^',^^^^^^^ «ayantes ?^"«^^^^^^^
filles, r une de rari beauté, elles rendit tres-propre à bien réussir
\iutres grandement difformes, n'assi- ^ans la traduction des basiliques
gnapour mariage a Ta première que /gx g^g autres versions furent
sa beauté seulement , disant qu'elle ; (j ' quoique les critiques
était la mieux pourvue , comme en esumees , 4U 4 *^^„„p- Sien
^JTet sa beauté la fit impératrice ; et aient prétendu y trouver bien
donna tous ses biens aux deux au- Jes défauts (C). Ce qu il putjlia
très, ^disant quawec tout cela elles ^^ Cœsarius mit fort en colëre
auraient bien de la peine a troui^er j ^ giHj (D). l\ mourut à
parti : car pour les terres qui d'elles^ Jacques ae miii \, j
n.émes sont belles, bonnes et fertiles. Vienne en Autricbe , au mois de
jOieu ne leur donne autre douaire :^{^ l5g3 (c), âge de pres de
^ue ce/m-/« , etc. Tous les auteurs soixante aus(£Q.
qui parlent d'Athénais lui donnent
cJeux frères, et non pas deux sœurs : ^^^ Melch. Adam. , in Vitis Philosopher. ,
£fcinsi , l'on ne saurait assez condam- ' pagr, S^g.
ner la licence d'un moderne qui , ^d) Thuan. , Histor. , lib^ CIV, subjin.
Mon content de convertir des fré-
Tes en sœurs, donne a celles-ci une (A) Le public lui est redeuableae
laideur effroyable , et suppose que la meilleure connaissance que l on
leur père tint des discours désobli- ait de l'histoire ottomane. ] Voici ce
céans qu'Une tint jamais. que M. de Thou dit de lui, Juns
^ Romani Grœcique consultissimo , et
(1) Somme ihéologique, liv. II, pag, i8a. rerum Turcicarum apprimè perito,
ad quas Unguce ipsius Byzanlind
LEONCLAVIUS ( Jean ), l'un pei^grinatione comparatam cogm-
des plus doctes personnages du tionem , exactam f^^J^^T^^
■xt-^tK - 1 '* * ' i««o U Grœcœlectionem,et acre ac admi-
Xyr. Siècle, était ne dans la "^^^^j^didum attulit,quodnon
Westphahe, et bien gentilhom- ^^^^^ sciiptis ab ipso dum vweret
me. 11 passa près de deux ans à pubUcatis, sedin Us quœ post mor-
la cour du duc de Savoie, pour ««.'« ^>* ^^^«^ ^^'J;. ^J'^f '^^^^^
les affaires de Lazare Suendius ^rr^rr^zi^fir^^^
{a)', et puis il voyagea iong- duo , prior est Ubitinarius index Os--
temps à la suite du baron Zéro- manidarum , posterior continet epi-
tini. Il vécut aussi quelques an- stolas de rebus^ Turcids '^^^'J^j;^'
, Y ,1^ i«K;U. On factio de prœsentirerum Turcicarum
nées chez le baron de Kiltz. On /^^^^ . Jnnales Turcici cum supple-
l'avait appelé àHeidelberg, pour „^nto, etpandectis Historiœ Turci-
la profession eft grec ; mais la c« ( i ). Ce dernier ouvrage n'est
mort du prince Casimir rendit rP^«"^«"\?l";L*^^tr^^^^^^^
\. . ^M /i\ n^ livre compose par les 1 urcs mêmes ,
cette vocation .inutile (ô). Fen- . ^^^^ aire des Annales turques,
dant le séjour qu'il fit en Tur- que Jérôme Beck de Léopoldsdorff ,
arahassadeur de Ferdinand , apporta
(a) C'était un général (Tarmée, de Constantinople Tan i55i. Fcrdi-
(b) 7ïrt' rfe Melchior âdam, in Vitis Pbi-
losoi.horum , pa^. Byg. (0 Thuan. , lib. CIF, suhfin.
1
170
LÉONCLAVIUS.
nand I08 fit traduire en allemand » phaaus, qui paulo ante obitun
par Jean Spiegel (a) ; et puis Léonr » milita scripsit ^d me contra Leuo-
clavius les traduisit en latin (3). m claviieditionemXenophontis.Lean-
(B) La traduction des Basiliques.'] » clavius habebat scorta secum. Clu-
Je Teux dire de Tabrëgé des BasiU- » sinseum novit familiarissimè(7). »
que» : son ourrage a pour titre P^ei^ Voilà ce qu'on trouve dans le se-
sio et Notœ ad Synopsim LX libro- çond Scaligérana. Le savoir de Léon-
rum Basilicorij seu\unii^ersi Juris clavius j est plus loué que ses
Romani, et ad Nouelias Imperato- mœurs, puisqu'on 3r assure qu'il avait
rum. Il fut imprimé à Bâle , Tan des garces chez lui. N^oublions pu
iS^S. Melehior Adam en parle ainsi son Jus Grœco-Romanorum (8) en
(4) : Euulsat^it cum annotationihua deux volumes in folio, et ses Nota
sexaginta iibrorum 0eLn}jKSi , hoc ad Paratitla seu ad OoUectionem
est umuersi Juris Romani auctorita- ConstiluUonum. Ecclesiasticarum (9)
te principum Romanorum in grœ* in-8®.
cam linguam. traducti, eclogam siue (C) Ses autres t^ersions furent
synopsim ante non uisam ; item JYo- estimées , quoique les critiques aient
uellarum anteh non publicatanim prétendu y trouuer bien des défauts.]
librum, M. Teissier voudra bien « Il est un des plus célèbres tradac-
Sue je remarque que la manière » teurs que TAllemagne ait jamais
ont il rapporte ce titre peut abuser » portes. Il nous a donné la vcrsioa
les lecteurs : il a aussi donné au pu-
blic , dit- il (5) y sexaginta lihros 0cl-
ctXtxSi eclogam sit/e Synopsim , et
DTouellns cum notis. C'est marquer
les Basiliques tout entières , et un
second livre intitule ecloga sit^e Sy-
nopsis ; et par conséquent c^est am-
plifier et brouiUer la chose. Le même
auteur
»
de Xénophon retoacbëe par trois
fois { celle de Zozitne ; des Anna-
les de ConstarUin 3fanasses ; de
celles de Michel Glycas ; de Ta-
brégë des soixante livres des Baù-
liques ; divers ouvrages de saint
Grégoire de JVasùanze Il a
encore corrige les versions de
assure . en citant Melehior » Dion "par Xylander, et de Chaf-
Adam, que Scaliger appelle Leoncla- » oondyle parClauser (to).» M. Bail-
uius le plus docte jurisconsulte de son let dont j'emprunte ces paroles , If'i
temps y et le met même au-dessus du accompagne des louanges que V-
grand Cujas (6). C'est de quoi Mcl- Huet a données à ce traducteur. Elle^
chior Adam ne dit rien ; et d'ailleurs sont très-avantageuses. Les notes sur
ce que l'on trouve à la louange de Zozime , dans l'édition d'Angleterre
Léonclavius dans le second Scaligé- 1679, ne donnent pas une telle idée
rana est fort au-dessous de cet éloge, de la capacité de notre homme. Hen-
« Léonclavius est le meilleur qui ait ri Etienne le critiqua vigoureuse-
» écrit des Turcs. Leunclavius fuit ment sur la traduction de Xénophon
» Westphalus , sed non barbarus : (11), et eut des plaintes fâcheuse^ à
» benè intellexit Graeca Constanti- essuyer de la part de son adversaire,
nopolitana et inferioris aevi ; om- M. Ëaillet parle de cette dispute :
nia cjus scripta sunt utilia , imo voici ce que Melehior Adam nous
necessaria j Graeca jurisconsulto- en apprend. JUtem tamen ei super
» rum intellexit , sed authorum ve- istd interpretatione Xenophonted cri-
» terum non intellexit , ut H. Ste- ticam et grammaticam mot/it Henri-
cus Steplianus , uir et tjrpographus
(a) /nt«rprt<« d« la langue turque auprès de clarissimus , editd in ejus errores in--
V^!"T" \ .. e , rk.1. -J sienes inquisitione autoschediasticd.
(i) /innaleieUam SnllaxïOTnmOthmnntaBrnm, J? ^ I r /^ • J Os ^h^wtn
à Turcif sud lingna .cripio, . H studio Hiero- Montra et Leunclduius deStepJmno
nymi Beek k Leopolsdorjf ConstaniinopoU ad- conquentur , quod contra Jidem aor
veetos , jussutfue Ferdinaiidi Casaris interprète
TureicoJ. Spiegel germaniei translatas , Léon- /_% Scaligérana , pag. m. «Sç.
c^^ius. latini redditos iUustra^it , et adannum ^3. ^^ ^ f„^.„^ ^ Francfort . iSffS.
1388 utane auxit. MelcbHMr Adam, m Viii» plii- ; ; " -, ^ ^ , ./ » ^
liMOphonim . pag. a83. (i)î ^ Francfort . iSqS.
(4) Ibidem. , ('"^ Baillet , JuKcmens des Saran» , *>«. i' •
(5) Teissier , Additions anx Éloges , iom. 11,^ """»• ^3? , pag, 45t.
pan. 187. (m) '^or*», ei'dettntf eilation (7), Upastai^
(6) Taiafîar^ Ut mtme^ pag. 186. du Scaligérana.
LÉONICÉNUS. 171
mm y et prœur qfflcium ueri boni, sa vertu l'était encore davantage.
Xenophpntis h se latine redditiexem- Qq ne peut pas être plus dégagé
F^dar, sicutetZozimi, detinuent. rLt i«i i-* A t
yrzssus est Stephanus , accepisse se ^^^ \j^l àes plaisirs des senS. La
ii/am Xenopkontis uersionem ab an- sobriété, la chastete, 1 éloigne-
tiU Ubrand, mUitum incurid, belli ce fut à cette grande pureté
tempore aliquot libri incendio periis" de mœurs qu'il attribua la vi-
sent ; nesciuisse , an in illorum nw goureuse santé (B) dont il jouit
jwtero Xenophon a Leuncla^io t^ersus , z^^^^S à une extrême vieillesse ;
itiisset, 1 andem . interjeclo anni am- ' ^.^ , ^ , • ^ •
j,liùs spatio , libram in^entum fuisse, car il vecut quatre-vingt-seize
situ obsitum, et membrand crassd , ans (G). Il faut bien que son mé-
qudinfolutuseratjCOnservatumiiT). rjte §oit éclatant, puisque les
^l^"" ^"'i' ^"r^'^. ^ f Tîî^i deux Scaliger en ont parlé avec
mit tort en colère JacQues de nilli,\ „ .^.«^ ' ""' ç *■
Leonclavius
de Cœsarius, frère de saint George de croire ce que l'un d'eux dit, que
Nazianze, lesquels il avait traduits Léonicénus , persécuté du haut-
CD latin. On dispute si cet ouvrage ^^^\ j«^^ „„ :J«,««o«^ <.'Anmi<«r«:«-
doit être attribue à Cœsarius. fe mal dans sa jeunesse, S ennuyait
l>^re Labbe a renvoyë cet examen à de vivre , et se porta presque à
une autre fois. Plura, dit-il (i 4), se tuer (£). Cet habile médecin
aduersùs Leunclavium primumeorum composa plusieurs beaux ouvra-
SŒ,?/L'^;r«"Lf4fr:' S^(^h et faisait fort bien des
în decimam orationem sancti Na- verS (G). Il mourut 1 an l52/j.
zianzeni, quœ alias expendemus ac ïl s'était érigé en grand critique
curaUhs. Lambécius(i5) prendhau- jg Pline, ce qui ne plaisait pas
teroent le parti de Léonclavius contre . , ^^ j-«^*,vi^ r««i««««;^,,e
les invectives de Jacques de BiUi. V*? * ***° ^**"P^® Ça cagnmus ,
dont ie rapporterai les paroles
[;3lS^QLtr.;r.rktS£ir4h: (H)- Elles font beaucoup d'hon-
prsecipuè Tcrb théologie. ueur à Leouicenus.
(s4) De Script ecci« iom, /. p«^- "7. n ng s'attacha poiut à la pra-
pag. 3i «< fqutn. tique ^ et lorsqu on lui en deman—
T*r»wirï?i«TTo /M X , da la raison, il répondit , qu'il
LÉONICÉNUS (Nicolas), ne rendaitplus de services au public
a Vicence en Italie, lan 1428, ^^ enseignant tous les médecins ,
enseigna la médecine dans 1 uni- s'i\\ti.t vu les malades (c).
yersite de Ferrare pendant plus ^ Q^g^j j.^j jit «ii était né à
de soixante ans (a). Il était non- Vicence, je n'ai fait que suivre
seulement tres-habiledans sa pro- ^ fo„]g ^^^ écrivans; mais i'au-
fession,mais aussi tres-bien verse ^^^^ jù faire connaître leur er-
dans les belles-lettres. Il fut le ^^^^ n^ ^'^nt g compris le
premier qui traduisit en latin les ^^^ j^ l'épithète P'iceniinus
œuvres de Galien (6). Quelque .£, ge donnait : elle signifie
admirableque fut son érudition, Seulement qu'il était né dans le
(«) Mcrcklînus, in Lindcniô renovato, p. (c) Idem mihi respondit Nicolaus Leoni-
837. yojrez aussi Konig , Biblioth. , p. 4®J. cetms Fertariœ, demiranti car artem medi-
{b) Primus graca Gafeni voltimina latine candi guam prqfitebatur ipse non exerceret ,
in terftrei ando siudiosie perdiseenda démons- plus, in/ptit, ago dncens omnes medicosm
trauit. Jovius , Elogior. cap. LXX. Erasm. , Apophthe^. , Ub. HT, pftff- nt, lt)3.
17a LÉONICÉNUS.
Vicenlin. Le lieu de sa naîssaa- la bonne vie ne produit pas toajoui»
^ T • ^ -.- :*»i:»^ l'effet auc Leonicéaus lia attribue.
ce se nomnie Li/m^o en italien ,^ ^^ de» gens qui eussent pu lui
{d) , et Leomcum en latin,- c est aisDuter la couronne de la chasteté
pour cela qu'il s'est surnommé et de la sobriété, et dont la conscien-
Léonicénus. ^f ^'^^^} pas moins nette que U
sienne , dont néanmoins les jours oot
(d) Leandro Allierti , Deccritt. di tutta été courts et mauvais : ils n'oot
Italia ^/oUo m. fy]o, guère rëcu , et ils ont été scavent
malades.
(A) La sohriétéy la chcutetë^ Véloi- Joignons à Paul Jove un antre té-
snement de V avarice , parurent en moin. J'ai lu dans Melchior Adam
lui d'une façon eminente.'] S'il n'eût une chose d'où il semble que l'on
qu li prerii
dormait peu , il s'abstenait du Tin et nesse pour la cause de sa longue rie.
des femmes j il ne lui importait Audiifit in Italie ( Joannes Laa-
point qu'on lui donnât à manger gius) Nicolaum Leonicenum ,
une chose plutôt qu'une autre ; il Vioscoridis illustmtorem : qui annua
prenait sans choix la nournture œtatis attigil nonagesimum sextum ,
qu'on lui présentait , et il ne savait ciim ampliiis sexagienta annos Ferra-
pas même discerner une pièce de nae docuisset. Hic dixity se viridi
monnaie d'avec une autre. C/^/ ef (^mi vegetâque uti senectâ , quia castom
niaximè abstinens , somnique minimi , juventutem virili stati tradidisset,
prœsertim uero Veneris continentissi" edidiique opusculum , in quo omni-
mus f usque adeb molliorls witœ ifo- bus œgris salutem et vita m restitui
luptaies ahdicavit , ut peeunias , couciliarique posse docuit{/i). Vous
luxuriœ instrumenta, necagmld qui" voyez dans ce passage qu il ëtait
dent monetœ nota contemneret ; l'auteur d'un livre destine à soute-
ohlatum , et nulld delectum curd nir que l'on pouvait restituer la
cibum caperet; nec unquhm de for*' santé à tous les malades. 11 exceplait
tund qaereretur...,. Eumhercleper- sans doute ceux qui n'avaient poiol
fectum stoïcum putdsses, nisi honesto d'autre maladie que la vieillesse, et
cri liberatis hiïaritas affuisset (1). pour le moins il avouait que cette
(B) Ce fut a cette grande maladie-là est incurable. 11 en fit
pureté de mœurs qu'il attribua sa l'expérience ; car voici ce que Lan-
idgoureuse santé. 3 Paul Jove en gius , témoin oculaire , dit de lui.
parle comme le lui ayant ouï dire. Ferrariam igitur uenimus , uH
Quîim ego aliquando comiter ab eo Leonicenum , eleganlioris medicina
peterem , ut ingénue proferret , quo- illustratorem , eaentulum. ferè , el
nam arcano artis uteretur , ut tanto jam ex senio marasme tabescentem ^
corporis atque animi uigore vitia se- conuenimus : quem , sentie œtatis
nectutis eluderet : f^iwidum, inquit, ejus dccus reveriti , perplexis de er-
ingenium perpétua , Joui , vltœ in~ roribus Plinii problematibus obtun--
nocentid, salubre vero corpus , hila- dere nolebamus (5). La lettre oà
ri frugalitatis prœsidio facile tue- Langius dit cela est sans date : cVst
mur {1), On venait de dire (3) que pourquoi elle ne peut pas nous faire
Léonicénus , à Tûge de quatre-vingt- juger si Paul Jove ne s abuse point à
dix ans,avait les sens tout-à-fait bons» l'égard de la vigueur qu'il attribue
et la mémoire très-vigoureuse \ qu'il au vieillard Léonicénus.
marchait sans bâton, et qu'il n'était (C) lt*uécut quatre- vingt' seize
nullement courbé , quoiqu'il eût la ans."} Naudé se trompe lorsqu'il le
taille haute. Prenez bien garde que fait vivre plus d'un siècle. Je rap-
(,) JoT-m., Elojior. cap. LXX , pag. m. 16,. po^te SCS parolcs, parce qu'elles con-
(9) Ibid.y pag. i63.
(i) Pervertit ad nonagetimum annum integitr- (4) Melch. Adam. , m Vilii Hedicor,, pag.
rimis *entihu$ , i^egeld^ue memorid ^ nec incur- ï4° » *4«'
vd quidem eerPtee , quiAm esset staluête cetsiorit (5) Joannes Ltngtuf , «piit. nMdicin. II , U^
et sine tcipione venerabilii. Idem, iLidtm. //, pag. m. 47».
LÉONICÉNUS. 173
tiennent d'autres faits bien singu- Animalium ; de Plinii et plurium
liers. Uippocrates , Qalenus , Aven- aliorum medicorum in medicind Er-
x^ooTy Leonicenus , cogitate vos quart- roribus ; de tribus doctrinis ordinatis
t.u.Tn tempore, laco , vivendi ratione sccundiim Galeni sententiam ; île
inter se discrepantes , hoc uno vi- fomiaUud uiriute ; de Dipsade et plw
ZtE termino plané conveniunt , quem ribus aliis Serpentibus ; Ouœdam de
Gmnes ultra centesimum annum pro-' Herbis et Fructibus , Animalibus ,
traxére(6). Metaltis.; de Morbo Gallico , sii^e
( D ) Les deux Scaliger en ont Neapolitano ; contra suarum Trans-^
parlé avec éloge.'] Voici en quels lalionum obtrectatores Apologia ; un
termes (7) : Leonicenus a pâtre sem- livre intitule : Antisophista, qui a fait
per imprimis comntendatus , et medi- dire à Paul Jove (10) que nemo erro- ,
corum sai temporis facile princeps res sophistarum importuna garmli^
Judicatus. Voilà pour le père. Voici tate cuncta fœdantium eloquentiiis
pour le fils. De eo t^iro non nisi ho- atque ualidius confutavit (11) (quàm
norificè prœdicare debemus; uel eo Leonicenus). Il traduisit en langue
nomlne quod primus philosophiam italienne Tbistoire de Dion , et les dia-
et medicinam ipsarn cum humaniori- loeues de Lucien , pour faire plaisir
buslitteris conjunxit. Primus finim à Hercule, duc de Ferrare,q^ui n'en-
ille nos docuit , homines qui sine bo- tendait pas le latin (13). J'ai oublié
mis liueris medicinam tractant , esse de parler de son traité de fripera y
sinUles iis qui in alieno foro litigant contre lequel il y eut un savant bom-
•gN me qui écrivit , comme nous l'ap-
(fe) ... Hun d'eux dit que Léoni- prend Rbodiginus (i3). JVec mefal-
cénus , persécuté du haut^mal dans Ut ex eruditioribus quemdam edito
sa jeunesse , s'ennuyait de inure , et etiam libello Marassum h i^iperd dis-
se porta presque a se tuer,] Mirum parasse y quo Nicolai Leoniceni viri
prœterea , continue-t-il , accepi de undecunque scientissimi (14) placita
\^iro.Apueritid,imobcunabulisip' uberius de hujus animales naturd
sis, ad 3o annum morbo comitiali convellat,
adeb tentadatur , ut ciim ad se redie- (G)... Et faisait for tr bien des pers.^
rat y pertœsus vitœ penè sibi manus Le Giraldi rassure . Erat et Leonice-
afferret. Sedpost trigesimum annum nus merito inter poëtas collocandus ,
plané eo malo defunctus , omnibus . nam ciim, senex optimos uersus face-
membrorum oc sensuum oJficUs inte- ret , et interduni è grœco in latinum
ger, nulld morbi suspicione ad^ an- transferret, tum injuuenili sud œtate
num pen^enit. Et si benè memini , non modo medilalos argutè et docte
triduo antequhm decederet è i^iid , composuit , sed etiam ut sœpè mihi
operamdederat lectioni. Voilà un sort memorare solitus fuit , ex tempore et
bien digne d'envie , non pas à cause imprœmeditata carmina cecinit (i5).
que Leonicenus vécut quatre-vingt- . (H) // s était érigé en critique de
seize ans : ce serait très-peu de cbose PUne Je rapporterai les paroles
sans le reste , et un grand mal plutôt Je Calcagninus. ] Elles se trouvent
qu'un bien 5 mais à cause qu'il con- dansune lettre qu'il écrivit à Érasme,
serva dans cette vieillesse l'usage le 6 de juillet iSaS. Zeomce/ias me-
de son esprit et de sa mémoire , et de dicus , dit- il (16) , jam menses aliquot
ses sens , et que sa dernière maladie
fut très-courte (9). (,o) Jovîu» . m Elogiis , cap. LXX, p. 162.
(F) Leonicenus composa plusieurs (n) il du autsi que imperitorum latratibiis
beaux OUV^rageS. ] La traduction de pubHcaiis summS eloquentia commeoUriis oc-
plusieurs traités de Galien , celle des ^^"/"'V/*'''*?: .
*i » • jiH' i. a. Il (ïa) Idem, ibidem^ pog. i63.
Apborismes dHippocrate et celle .ajcœiiu. RhodiRio., Antiq.Uci., i.A. f-/,
du I«% livre d'Aristote, de parttbus cap. XVl^ pag. m. 398.
(i4) •" rappelle no^tri temporiii plané cory-
(6) NaadMU», in Penude Qnieat. Utrophilol., phjei.s, au livre XX FI, chap. XXX.
pag. m. 44* (i5 Liliu» Grcgorius Gyraldus , da Poël. suo-
(7) Scalinerana prima , pag. m. 97. rum lempor. , di<U. Il, pag. m. 564.
(8) Joseph. Scatigcr , epist. XIX, pag. 104. (i6) ytpud Erasni. , in epiat. LIV , lib. XX ^
(9) ^' parle ainsti^ ayant ^ffard au patsage Pf^S' '^*9- ^i- Pope Blouot attribue ceci à
de Scaliger , et non pas à celui de Laogiuj. Erasme.
1^4 LÉONIN.
hune uUœ mimum absoli^U , vir ad étaient faites d^ tous les endroits
œurnUaUm notas, quemegouUimum j^ l'Europe. Il succéda à Gabriel
heroum et aurei iecuU reltqutas ap- m# j • r
pellaham. Ex UU enim œtau qàœ Mudœus , premier professeur en
magnum habuit ingeniorum prouen- jurisprudence, Tan i56o, etde-
tum, et Uermolaos, Politianos, Picos, puis ce temps--là il vit croître de
Merulas , Domitios nobU tuUt hic J^^^ ^^ i^^^ „ réputation; de
ulumus accessit jam prope centena" ' . ' , s •
rius , inteeris , quoi mirum widek »ort« que les grands seigneurs
possit 9 adhuc sensibus, MuUa scrip^ et les magistrats du Pays-Bas se
«'/, mulia vertu è Graecis, multa in mirent à le consulter et à Tho-
Sylva medicajam conclamata nohis ^^^^^ ç^^^ ^^^^ - ^^-^^^
restttuit. Aduersus barbaros meatcos , , it i -"^ /•• »
perpétuas ùiimicitias exerçait : quin tres-mal ensemble lui conherent
et viÏTLium , a quo proposito frustra leurs affaires les plus secrètes
hominem sœpè déterrai , inclementer et leurs différens , et ne refusé-
ninUs temper ir^Musest Demquc ^ arbitrage; mais à
quod paucis contigit j fwens posten- -r • •*- ^ i i
tatemsaam vidit fejas ohitum acerbe cause de 1 opiniâtreté de leur
tuli y tum privato nomine , fuerat haine, il ne les put pas récon-
enim nuhi prœceptor , tum publico t cilier. 11 eut Thonneur d'être
uidebamenvnf^ml^Û^^^ aîmë intimement du prince d'O-
insignem plagam accepisse, i* «« ^ i
'^ range , et ce fut lune des rai-
LÉONIN ( Elbert , ou Engel- sons qui le portèrent à ne ren-
bert) y en flamand <feZieeiv, natif trer jamais dans le parti da roi
de rile de Bommel en Gueldre , d'Espagne , depuis qu'il eut
a été l'un des bons jurisconsultes une fois embrassé celui des sei-
du XVP. siècle , et fort habile gneurs et des provinces qui tou'
dans les affaires d'état. Il étudia lurent maintenir leur liberté. Je
premièrementdanssapatrie,puis rapporte ci-dessous ses autres
à Utrecht , ensuite à Emmeric , raisons (B). Il fut établi chance-
enfin à Louvain. Il ne se con- lier de Gueldre après le déprt
tenta pas d'apprendre les belles- de l'archiduc Matthias, l'an 1 58 1.
lettres dans cette dernière ville II fut l'un des ambassadeurs que
sous le docte Pierre Nannius, il les états envoyèrent au roi de
y étudia aussi le droit , et il France après la mort du prince
obtint ses licences en cette fa- d'Orange, l'an i5849 et il porta
culte l'an i547< Il alla ensuite à la parole dans l'audience qu'ils
Arras , pour y apprendre la lan- eurent de Henri III (a) , et dans
gue française , et au bout d'un les conférences totichant l'offre
an il retourna à Louvain , et s'y de la souveraineté. Il harangua
maria avec une fille du premier à la Haye au nom des mêmes
professeur en droit civil (A). Une états , le comte de Leicester que
charge de professeur en droit la reine Elisabeth leur avait don-
canonique étant venue à vaquer né pour gouverneur. Il s'insinua
dès le second jour de son maria- dans la familiarité de ce comlet
ge , il fut nommé pour la rem- et dans celle des autres seigneurs
plir. Il le fit très-dignement , et il anglais , et leur conseilla aeier*
se rendit célèbre tant par ses le-
çons , que par les réponses qu'il ^/«\ '"^'^î u ''C^î'* ''^ '" îî"/*?^^" "^TJ
î ' * * . 1 4 • ^ 1 • SiraUa , d<5 Cello bclg. , dec. ilj ho. F, pfg»
fît aux questions de droit qui lui m. 333 1 33/|.
LÉONIN.
cer 1
175
'autorité avec beaucoup de embarqué avec les État«, il continua
modération ; mais d'autres con- invariablement cette route jasa ues à
seils prévalurent II mourut à ^e tTsW^r^o^ulV/tl^ »
Arnheim , le 4 W de décembre pas une chose extraordinaire que de
1598, âgé de soixante et dix-neuf voir des gens qui meurent dan» le
ans(c). Il ne fit jamais profes- P^^H qu'ils ont pris au commence-
^ j 1 1' ' * *1 * ment cTune faction , ou d une reVo-
sion de la religion protestante , lu^on : mais si les suites de cette
et 11 se gouvernait un peu trop entreprise ont été longues et em-
cavaliërement sur ce chapitre brouille'es , tantôt favorables , tantôt
(C). Nous avons divers ouvrages désavantageuses vous voyez ordi-
iJ^^ A»^^« /'Tk^ nairement les mêmes personnes quit-
ae sa laçon {U). ter et reprendre trois ou quatre fois
le même parti ; et c'est quelquefois
Cb) Son épUaphe^ dans Swert, Athen. par un pur hasard que l'on finit
l>«lg- » P*^g' a^ . porte que ce fut le 6. comme Ton a commencé. La mort les
(c) Tire «fcValèreAiidjrë,Ba»Uoth.belg., gaisit lorsqu'eUes sont revenues au
poff. 17g et suii^. premier gîte 5 quelques années de
plus eussent fait reprendre peut-être
(A) // se maria a Louuain afec une l'autre écharpe. Le véritable moyen
fil/e du premier professeur en droit de se garantir des variations , c'est ou
c«V//.] Elle avait nom Barbe de Hazc d'embrasser par un zélé ardent de
(1). Si son mari mérita d'être surnom- religion le parti qui se soulève , ou
mé Longolius à cause de la grandeur d'irriter tellement son prince , qae
de sa stature (a), elle eût mérité un l'on ne puisse jamais prendre confian-
surnom particulier à cause de la Ion- c® dans l'amnbtie promise. Rien de
gueur de sa vie. Valère André conte *oat cela ne fut cause <le la constance
qu'elle vécut cinquante > deux ans de Léonin , constance qui fut tW:s«
avec son mari, et trente-six ans en longue, et sans nulle interruption,
-viduité (3). Elle avait pour le moins Quels furent donc »eê motifs ? les
douze ans lorsqu'elle fut mariée. Joi- voici. Il jouissait de la confiance et
pour le moins im an entre les licences poins , dit-il , une fausseté (5; 5 mai<i
et le mariage de Léonin : les licences ^ ne trouva pas à propos de «ervir
sont de l'an i^*]. H faut donc dire des gens qui le soupçonnaient à f^a%,
nue Léonin se maria, l'an i548 : or ^^ plus , il fut conseiller d'état du
il mourut l'an 1 5-** ^ " * '* " 11- -^-.-liî » - .
on donc dire qu'
il mourut l'an i5g8. Comment peut- ** nouvelle république. Le«principa-
[u'il vécut cinquante- \^ affaires lui avaient été confiées ;
(4) ; mais nous eu devons conclure comme 11 eut fallu faire s'il y (ai
qu'il épousa Barbe de Haze,l'ani 546, passé (6). Cotre cela , il voulut
et que Valère André a eu tort de ne suivre le conseil de Solon , aueÛMn*
pas voir sa fausse supputation. les guerres civiles un honnête homme
(B) Je rapporte ci-dessous ses autres doit embra<«er le parti qui esl le plus
raisonsJ] On vit en lui une constance faible et le plut environné de (hnf^tir.
qui est assez rare j car s'étant trouvé Sed etSotonisdictum , inquit, ac con^
silium ob oculos habebam , qu/ffX A^.
(0 Yaler. Aaareas,BU>Uodi.bclf.,|»«^. 197. »«« ^^ «« cii^Uibus dissensionihuM
Ta) tdftn , ibidem. ,,% tr • , •
anno*
BrujceUim ^ sUs reversa anaisXXXM ma- ZZlZ^e ^d^erltuT^.L'î-''''*^*''^» '^^V'^"'
nio su^ucU, Uem, ibidem . ^. r^. T^ZTn:!:^.^^:^;, ZH ' ^llî^t ^T'':
(4) Elu est untlé entière dans TAlbcD» bd- pag. ttf. ' *^"'^''' »'*•»"
si» de Swert , pag. t»5 , m5. <6; ÏJem ^ibidem.
176
LÉONIN.
partem eligere debeat inferiorem , et laborat^i , ut nindiim subtiles dispw
magis penculosam {rj) , Il faut être tationes è tvpublicd ejicerentur , de
bien pnilosophe pour donner un tet auo membii in oratione ad ordinei
conseil , et plus encore pour le suivre, habita , quœ post primam. centuriam
Mais d'où vient que Solon ne conseil- consUiorum meorum impressa est (8v
lait pas de s'attacher au parti de la Sainte- Aldegonde ne lui trouvait rien
raison ? Je crois qu'on pourrait re'- qui ne fût aimable , hormis le trop
pondre que les diflferens partis qui se grand eloignement des matières théo-
»>rment dans les républiques , allé- loçiques : vous demeurez érhoué ,
guent chacun les pre'textes du bien lui ecrivait-il , à vos maximes , ne
public , et cela avec un tel attirail faire tort à personne , vivre honnéte-
d'objections et de réponses , c|u'ile8t ment, etc. Il me semble que c'est
difficile aux particuliers de bien dé- presque tenir pour très-inutile tout
mêler le droit et le tort. Que reste- le travail des prophètes et des apôtres,
t.- il donc à faire que de choisir la JElbertus Leoninus,Haggeus ^Ibada,
faction la moins puissante ? il n'est aiiique interjjrocei-es religioni refor-
pas si malaisé de la discerner. Elle matœ nunquam nomen dederant. lUe
doit être préférée , tant parce qu'il honestate cwili contentas religionem
est de la générosité de secourir les omnem susque deque habebat : uti
infirmes contre les puissans , qu'à eum ipsi graphicè descripsit Pkil.
cause que l'engagement à commettre Marnixius in sélect. Epist. Belge
des injustices est beaucoup plus iné- rum centur» a, epist. 44- *' Nihil enim
vitable dans la faction qui a plus de » est in te quod non sit suayissimum,
forces que dans celle qui en a moins. » si hoc unum dénias , quad nimium
Vous m'aliez dire que celle-ci ne » es atlieologus. Dum enim tuis Ulis
serait pas plus modérée si elle était '• fomiulis , quid dicoformulis ? im-
aussi puissante que l'autre. Je veux » mo oraculis . Nenùrusm lœdere , ho-
vous en croire : mais pendant que » nestè t^were , aliisque tanquam
l'impuissance lui ôtera les moyens de » scopulis inhasrescis , tnderis mihi
tyranniser , vous devez y être uni » apostolorum omnium ac propkela-
afln de ne point participer aux vio- » rum laborem omnem propè inanem
lences. Si elle devient supérieure , » ducere (9). » L'endroit où Grotius
passant .
me de Solon, et avec le correctif que miers (10) ayant commence par les
j'y ai joint , c'eSt-à-dire qu'on ne affaires , vieillirent dans le repos :
sache pas qui a droit ou qui a tort mais le troisième , étant sorti de
quant au fond. l'ombre du cabinet pour se produire
(C) // se gouvernait un peu trop au grand monde, donna tout le reste
laissât au jugement de Dieu et des lement ce que les préceptes des an-
anges tout ce qui surpasse la portée ciensphilosophesdonnaient pour but:
de l'esprit humain. Il faut plutôt, il n'avait presque aucune passion. 11
disait-il , honorer et admirer la divi- suivit le parti républicain , non par
nité, que la définir. Bannisons de la intérêt ou par préjugé , mais parce
république les subtilités de la dis- qu'il s'y rencontra. Elbertus Leoni-
pute. Ego simpUcem religionem am- nus in umbrd studiorum quondam
plectendam semper prcBdica%fi , et educatus , et ante pacem Gandauen-
etiam nunc prœdico , pror&us diuina ««'» regiarumoartium minister, tune
ethumaniingeniicaplumexcedenlia, summus Geldriœ juridicus consHus
diidnUati et secreto Deiatque angelo- publicis immoriebatur , homo natuîu
rum judicio relinquens : honorandam
potiàs et admirandam dit^initatem ^fV^T.''^'f' ^'iP:.^^\ .
* y in' 1 • j- K^^.'^i (q) Voetias , de PoIlUa eccieuast. , utm. II,
quant depnienaam judicaut. Lmxe -„]/ /5g. » "• » •
(lo) £« eomt0 dé Culembourg , et SainU'Al-
(7) Valer. AnJr. , Bibliolh. belg. , pag. 198, degonde.
LÉONTIUM. 1^7
consecutus , quo veUrum magistro- en prît Sa part , Ct qu'il ne
rum prœcepta nituntur, ut affectu g»^^ cachait à personne (a\ Ceux
ne ne omni cacaret , adeo quiaem , . '- j f i 't
ut partes quoque non stiJio ullo , V^^ prétendent que les medisan-
seaquiasicinvenerat,sequeretur{\i), ces, qui ont coum contre ses
(D) Nous avons divers ouvrages de mœurs sont des impostures ma-
5«/^ço/i.] La plupartont paru après |- g^ ^^ S^S ennemis, n'a-
sa mort : vous le connaîtrez par le» °, . . . ,.i •! /
dates ajoutées aux titres suiyans : vouent pomt qu il se soit passe
Centuria Consiliorum , à Anvers , rien de malhonnête entre lui et
i584 , in-folio. On voit a la fin de cet Léontium ; mais ils ne sauraient
ouvrage Oratio habita in conventu disconvenir qu'il n'ait marqué
Orainum Crenerauum , jintuerpiœ , i .^ >'i -^ ^
anno 1579, tempore Colloqmi Colo- ^^^^ «^S lettres qu il avait pour
niensis , de bello , religione , et pace elle beaucoup d'amitié (^). Ils
per Belgium. Ses sept livres Emen- en peuvent tomber d'accord sans
dationum siue Observaùonum furent ^^^j^ donne lieu à de fâcheu-
imprimes a Arnneim , lan 1010 , in- *■ • , i -,., ^ ,
i°. I^rœUctiones ad lit. Cod. de jure »«« conséquences. LUe fut OU la
Emphfteutico , à Francfort,^ ï6o6 , femme , ou la concubine de Mé-
i«-8". j adlib. Q. Cod, in quo\ituli et trodore , et elle eut un fils de
legesomnes aà instar pwcessds cri- j^j qu'Épicure recommanda aux
minalis explicantur, a Coioeiie. iQoAf ' ^^ * t
w-4». Commentarius ad Ut, D. de exécuteurs de son testament.
usufrdctu , Lichse , 1600 , i/i-8°. Sa Cela fournit une preuve contre
dissertation de Trapezitis Belgiivul' la lettre oil ' l'on suppose qu'elle
humeur bourrue
de ce vieux ga-
S'ression (i3), et qui demeurèrent lant(c). Quelques-uns croient
ans le cabinet d'tlbert Zosius son qu'elle est la même Léontium
petit-fils (.4) , avocat d»Utrecbt, ^^j p^^ maîtresse du poêle Her-
(11) GroiiM, flistor. àt Reba. beigieis, //*. niésianax(A). Il cst plus certain
FJi, pag. s<3S\ edii. Jmsieiod., i658 , i/i-ia. qu'elle s'applioua tout de bon à
(la) Tir/d0 Valère André, Biblioih. bêle., ^U'I « «1,5 / 4 ^ * *
pig. ,99. ' ** ' philosopher ( B ) ; et que même
(i3) Valère André, là même^ en donné Us elle s'érigea en auteur(C). Notez
04) E fiiiâ iiepot. Idem, ibidem. V^f son Métrodore était l'un des
principaux disciples d'Epicure.
LÉONTIUM , courtisane Elle eut une fille qui se gouver-
athénienne ^ se rendit fameuse na trës-mal , et qui périt de
premièrement par ses impudici- mort violente, comme on le verra
tés, et en second lieu par l'étu- ci-dessous (D).
de de la philosophie. La seconde J'ignore d'où Louis Vives a
profession aurait réparé la honte tiré la raison qu'il donne pour-
de la première , si Léontium quoi elle fit un livre contre
avait renoncé au commerce de Théophaste. Il prétend qu'elle
l'amour des qu'elle se fut avisée le fit à cause que ce philosophe
de philosopher ; mais on prétend
qu'elle ne rabattit rien de ses (a) Tiréd'à.thénée, lib. xrn, pag. 59S.
f ' j ^ m t Tai rapporte ses paroles dans l'article
desordres , et qu en devenant d'ÉwcuaE , tom. ri, pag. 182 , citation
l'écolière d'Epicure , elle se pro- (94)-
stitua à tous les disciples de ce ^^l ^^''^ ^'^î^*' ^i*^"' ''*• ^' '^'^/
_i :i V rk j-A ^^ fï (c) roret Varticle cf'EpicuBE, tom. ri,
philosophe. On dit même qu'il pag, 182 , ranarqut (i).
TOME IX. 12
ttires.
,^8 LÉONTIUM.
avait public plusieurs bonnes <r,i/Ep/*»<riiT*f /i «ri fxt>frA ^^^4*:
choses concernant le mariage ^^^ ^^j ^C..^ ^^ /^. ^^^^^ ^^^^^^.^^
(E). tHvfAtfi. Phœnix Colophonius ïambo-
» rum scriptor eam excisionewn deplo-
(A) Quelques-uns croient au elle ^a^ii . nam Hermesianacta qui etegoi
est la même Léontium , qui fut mat- gcripsit , ad illud usque tempua su-
tresse... d'JIermésianax.] Athénée {i) perstitem fuisse non crediderim ^ ne-
parle de cette mattresse , et il rap- ^^^ enim is in aliqud carminum
Sorte même une assez longue tirade guorum parte excisant Colophonem
e verSjpriseduIllMiTredesclëgies non deflesset (fi). Vous voyez qu'il
3u'Hermësianax composa en faveur venait de narler du poète {Phénix ,
c Léontium. M. Ménage (a) est per- ^atif de Colophon , qui ayait fait
Buadéque cette femme ne diffère point pleurer ses muses sur ce sujet. Noii>
de la bonne amie d'Epicure 5 et par-la pouvons recueillir de ce passage de
il censure Vossius qui a mis (3) Her- Pausania8,qu'Herme'sianax a e'te con-
mésianax au nombre des poètes dont lemporain d'Épicure , et qu^'ainsi la
le temps est inconnu. Les vers de ce chronologie peut fort bien soufliir
poëte,rapporlésparAthéBée,contien- qu'ils aient aimé la même Léontium.
** . ».*>» ^-« ~~- — B — — Lysimachus , qui ^^^.^^ x» »».»»> «^
d'amour. Parthénius a tiré de ce me- Colophon , est l'un de ceux qui par-
:i^^%^\Tt «♦l«YYlTe «l^eoeKia. *^_i-f _*. i__ A» -^' Mexannre
de bon a
t que le
peignit comme
TctfAlovTi.il est évident qu'il faut lire méditante. Léontium Epicuri cogi-
AtorTi» et non cas Aiott» (5). M. Mé- tantem (9).
nage ajoute qu'Hermésianax composa (C) Elle s'érisea en auteur.'] ElJc
sur la ville de Colophon sa patrie, un écrivit contre Théophraste , qui était
excellent poème dont Pausanias a le plus ferme appui de la secte d'A-
Sarlé (6). Vossius a trompé sans doute ristote et l'ornement de son siècle.
[. Ménage par ces paroles : Herme- Cicéron témoigne qu'elle écrivit cet
sianax Colophonius poé'ta elegiacus ouvrage fort poliment. JYon modo
de patrid Colophone egregiwn car- Epicurus, dit-il(io), et Métro-
men condidit , ut ex Pausanid cog- dorus , et Hermachus contra Pytha-
noscere^ est ( 7 ). Pausanias ne donne goram, Platonem , Empedoclèmque
point lieu à luiimputercela.il se dixerunt,sedmeretriculaetiam Léon-
contente de dire qu il ne croit pas iinm. contra Theophrastum, scribeir
Ïu'Hermésianax fût en vie , lorsque ^usa est, scito quidem illa sermone
ysimachus détruisit la ville de Co- ^t Attico , sedtamen tantum Ep' -
lophon : car , ajoute-t-il , Hermesia- hortus habuerit licentiœ , et se
icun
soletis
de connaître le but de l'auteur. H
(i) Lib. XIII ^ pag. 597. veut exagérer la licence que l'on se
(») MeD.xias, Hi.tor. Mnlief.m obilosoph. , ^on„ait dans l'école d'Épicure : aiin
«a £aic«m DiogenisL«ertti ,paf. 49», niwn. 70. . , ••iii' iv..
(3) In Tr.ct.t. de Poêi. ^cil ^^ «^^eux réussir il allègue la har-
(4) Meiamorph. . cap. XXXIX. dicsse de Lcontium , femme debau-
(5) Foy*» Vossin», de Poëi. gr«c. , pag. 574. chée, qui osa prendre la nlume cop-
(6) Est autem Hermetianax ille, idem qui de tre Théophraste. Maîs quelque habile
patrid Colophone egregium carmen condidit
Pausanite memoratum. Menagini , Hiitor. mu- (g) Pansao. , lih. I, pag. S.
lier. PhilMoplianim , pag. 498. (g) Pliiûn», lib. XXXV, eap. XI, p. m î36.
(7) YoMiaa« de Poetit gracia, pag- go. (10) De NatnrA Droriun, /lA. /, c. XXXIII-
LÉOVITIUS. ,79
rhetoricien que fût Cicëron , il a que Laodice qui a fait mourir le sien,
beaucoup moins rëussi que Pline à jouit d'une grande dignité (i3).
donner une forte idée de Pindignitë (E) /^iVè* prétend qu'elle fit son
qu'il trouvait dans l'entreprise de ZiVns contre Théophraste , a cause
Leontium. Nous apprenons de Pline que ce philosopha auait publié plu-
que Faudace de cette femme fit naître sieurs bonnes choses concernant le
un proverbe dont le sens e'tait , qu'il mariage. ] Il est vraisemblable que
ne restait plus qu'à s'aller pendre , de tels écrits devaient déplaire à une
puisque les habiles gens étaient ex- femme qui ne se mariait point , et
poses à de tels affronts. Ceu uero qui avait des galans \ mais cette pro-
nesciam aduersiis Theophrastum, ho- habilité n'excuserait point Louis Vi-
minem in eloquentiâ tantum ut no- vès , si sans avoir lu le fait dans
men dit^inum indè ihuenerit, scrip- quelque auteur digne de foi , il le
sisse etiant feminam, et proyerifium donnait pour constant, comme il le
indè natum, suspendio arborent eli' donne par ces paroles : ^ouum ma"
gendi (il), lis non est , odisse bene monentes :
(D) Elle eut une fille qui sed in hoc ipso materiœ génère Théo-
périt de mort uiolente , comme on le phrastus , quiim de conjugio grauis-
i^erra "] Cette fille s'appelait D a- simè multa scripsisset , meretrices in
HAÉ. En fait de galanterie elle suivit se concitayit : et prosiliit Leontium ,
le train de sa mère : je ne sais point Metrodori concuhina , quœ adt/ersiis
si elle se mêla tôt ou tard de pbilo- tantum et facundid et sapientid ui-
sopher. Athénée n'en dit rien, et il rum, librum sine mente , sinefironte
est l'unique auteur qui m'ait appris euomeret{i^). Voilà une chose que
craelque chose touchant cette femme. Cicéron n'a point remarquée , ni
Il dit fia) qu'elle se jeta dans la pro- Pline non plus, quand ils ont parlé
fession de courtisane , et qu'elle de- du livre que Leontium publia contre
vint concubine de Sophron, gouver- Théophraste (i5). C'est pourquoi on
neur d'Éphése. Elle s'insinua aussi n'eût pas dû- la débiter sans une
dans les nonnes grâces de Laodice, bonne citation. Cela est infiniment
jusqu'à être sa conseillère et la con- moins nécessaire à l'égard des faits
fidente de tous ses secrets. Ayant su qu'on trouve partout. J'observerai en
que Laodice voulait faire mourir So- passant que la traduction française
pouvait pas répondre sur la matière . m'étonne ; car je m'imagine que la
3u'on donnait à examiner. Il obtint cause de ces omissions est que Plan-
u temps pour rappeler ses idées, tin nç se servit pas des éditions que
mais il ne comparut plus : il se Vives avait revues et augmentées,
saura la nuit à Corinthe. llaodice x x x *
n'eut pas plus tôt découvert que Da- ^('^) *AT*yo/*lviir iTi •«•« to» x^n^vov
naë avait été cause de cette évasion , w»*"»^» «c ^ftiwtiaç o< ^oxxo) »*T*<|>çof ot/-
qu'elle la condamna à être précipi- « «^ A*/»*'» »t* »?« 'tov ^ffo^iyô? ^ei
te'e. Danaé, sachant le péril qu'elle «?»f^* «riiw*, TowtwT»» ;tApiTA îta^aI
courait , fut assez fiére pour ne vou- Jo« ^tu/Aùyhu^ ï^pCÂnea, AaoJVjmi «Te «ro»
loir rien répondre aux questions de »f^.«»^ «wroxTiif<t<r«t , tmmxawthc ti^îc
Larodice ; mais elle ne fut pas muette «^«O^T*». Chm ad prtteipiUum dueeretur ,
en allant au lieu du supplice: il lui dùcù^fàmuitis non injuria Deos eonumni.
échappa un murmure tréS-msoient mihi gratiam du rependunt ! qubd autem Lao-
contre la divinité. C'est ai^ec raison, ^i'^ maritum suum interfecêrît, in maximo ho-
dit-elle, que plusieurs personnes mé- ,7^^to"' ^*^" ' '**' "' ^^' ^^ " ^^^'
prisent les dieux ; car toute la ré- "(«4) L«Jo^- Vive» , inprœfat. Tmciatûs de
compense qu'ils jn' accordent pour Fœinin& christianâ , pag. m. 17a.
avoir sauvé la vie de mon mari, c'est C'^) ^V» '« remarque (C).
queje i>ais Are précipUée, pendant LÉOVITIUSrCïPRIEN), fa-
(."/Aihîa. |".*.'x///, pag, 593. meux astronome , était né dans
i8o LÉOVITIUS.
, r - r« ^^' deux planètes est toujours amto-
censure (A). Louis Guyon, CO- ble .- soit qu'on prenne V autorité dt
piant Bodin en vrai plagiaire , Platon au Timée , et des Hébreux ,
n'a su se servir de ce qu'il lui Ç« ^"^"f ^"* ^ corruption du monr
- , - .^ .,,. • •! "« se fait successwement par eau,
dérobait (B) ; mais il nous ap- ^„,-^ ^^^ y-^„. Joignez à ce passage
prend une chose très-curieuse , celui de la page 554(3) , où l^n vmt
touchant les alarmes ou Léovi- précisément que cet astrologue avait
tins jeta les gens par sa fausse ^i^ l*,^*), ^","^^?^e « l'ao i584.
/,.' . j ^1 i! j j Puisqu il l assitre si fort . au on il en
prediclion de la fin du monde doit aucunement douter, pourquoi
(C). Ce grand astrologue mourut a-t-il taillé des Ephéméndes pour
àLawingen, Tari l5j^{a) (D). 5J^«'« ans après la fin du monde?
Sa mort lui épargna quelque ^^ie'oTde «boM^Tefa' Z
confusion. *. ^ _ r
(a) Bucholcer. , in Ind. chronol. , pag.
' ^^' M. de Thou (5) , et plusieurs autres
awenu, et n'f a pas grande appa- lui-là que Bodin rapporte Tiguoran-
rence qu'il puisse avenir ; mais il ce de Lëoyicius sur la prise de Si-
n'await pas prédit ce qui auint un geth.
an après sa prophétie , que sultan (B) Louis Guyon , copiant Bodin
reur et de V armée de l'empire , *a/M contient presque rien qui ne soit tiré
aucun empêchement Mais c'est de Bodin, tant pour les faits que
merveille que Léovice n'avait rien pour les paroles j et cependant Bo-
tm au changement étrange de trois din n'y est pas cité une seule fois.
royaumes de ses proches voisins ; D'ailleurs Louis Guyon se sert très-
comment pourrait-il avoir connu la mal des remarques de Bodin ; je n'en
fin du monde y qui ne fut onc ré- donnerai au'une preuve. Xeomcc (7)
vélée aux anges ? Car pour toute avoit prédit , dit-il (8) , pour chose
raison, il ne dit autre chose, sinon asseurée que Maximilian, empereur,
qu'il faut que la religion de Jésus- seroit monarque de l'Europe , pour
Christet le monde prennent fin sous la chastier la tyrannie des autres pritir
triplicité aquatique, puisque Jésus- ces ce qui n'est point encore a'
Christ naquit sous la triplicité aqua- venu , et n'y a pas grande apparence
tique : voulant inférer un autre délur
ee ; en quoi il ri y a pas moins d'im- (3) CvpHen L/ovice assura par ses /eriit,
^:u*j «?.- ^'.'^-.l,-.....^-» . *«.V ^>.'/i» 9"« '*7*« àe ee monde viendra Pan mil cina
piéte que d ignorance : soit au on l,„t ocuinte et quatre, Vrocul ùahïo , dit^U ,2
tienne la maxime des astrologues, terumaaTentum filiiDei etlioainis inmcjettaie
qui disent que jamais planète ne gloris ««e pnenanciat. Bodin , ibid. , pag. 554-
ruina sa maison ; or il est certain que (4) Ibidem.
(S) Tbuaa. , lib» LIX^ pag. Sog.
(0 Bodin , de U Répabliqne, /iV. IV, pag. , (6) ^"1°° i «« ^'•' f'olume de ses Dirent»
m. 6^. Vore» la page 638 de Vidition latine I^^Çon». pag- «77 «' ^"»*'-
de i6oi , in-%^. (?) C^est ainsi qu'il le nomme toujours.
fa) C'esi'rtfdire^ Sigeth. Vcijre% Ve'dition latine (8) Gnjon , Leçoos àifene» , voktm. Il, pag.
de BmUh , là même. 583.
V
LÉOVITItJS.
i8r
qu*il puisse avenir. Ce sont les pro- » pier: mais Pantagruel le tanea ,
près termes de Bodin : ils étaient de » lui disant ; ou nous 8eit>ns tous
fort bon sens dans Pori^inal , mais » perdus, ou tous sauvez^ si tous
ils sont absurdes dans le copiste ; » perdus , qui portera ton testament
car lorsque Guyon les emnloya , il y « à tes parents ? si nous nous sau-
avait fort long-temps que Vempereur » Tons, ton testament sera nul. Or
Maximilien était mort (9). N'ayait-on » le pauvre peuple ignorant , de
donc pas bonne grâce de dire qu'il » mois en mois fai^oit ieusnes et
n'y aidait pas grande apparence qu'il » force biens aux ecclésiastiques ,
devînt le monarque de l'Europe ? u à fin d'allonger le temps du grand
£odin , qui s'était servi de ces ter- » et dernier ju^ment. Geste opinion
in£s.dans son e'dition française , par- » estoit proce'de'e de Cyprian Léo-
ce que Maxirailien vivait encore ^ » vice Allemand (11).» Voilà un au-
11 'eut garde de les laisser dans son teur qui insinue que les gens d'église
édition latine , h laquelle il travail- fomentaient adroitement cette te]>
lait (10) apr^slamort de cet empe- reur"*^, afin de s'attirer des offrandes,
reur. Ils péchaient en eau trouble. Ils sa-
(C) Guyon nous apprend une cho~ vent profiter de tout. Je lui sais bon
se curieuse touchant les alarmes oU gré de sa remar(|ue , sur la contra-
L-eouitius jeta les gens ^ar sa prédic diction où l'on tombait. On croyait
tion de la fin du monde,"] Servons- fermement la fin- du monde, et l'on
nous des paroles de Louis Guyou. faisait son testament : quelle absur-
« L'an 1 584 il courut un bruit près- dite l je m'étonne que M. Petit (12)
» que par toute la chrestienté , se soit souvenu de deux ou trois pré-
n que sans dout& la fin du monde dictions de cette nature faites par
» aviendroit ceste anné^. Et tous les Stoffler et par Régiomontanus , et
» mathématiciens astrologues l'a- qu'il n'ait rien dit de celle de notre
» voyent asseuré dans leurs aima- Leovicius.
3> nachs , mesmes plusieurs curez Un homme de beaucoup d'esprit ,
us
^ait
prindrent le saine t sacremenc , d'un livre de cet astronome. Je ne
» ayant jeusné et s'estants confessez change rien à sa lettre. « J'ai trouvé
» avant. Mesmes en aucuns bourgs >, un petit in-4®. de Leowicz de Con-
j» de ce pays , et de la Marche , que » junctionibus magnis insigniorihus
» je ne veax nommer, ils firent leur n superiorum Plantarum , etc, in
j> testament ; et m'estant trouvé là , » quartâ monarchie cum eorumdem
7) je leur remontroy que si toutes „ effectuum historicd Expositione, Il
» personnes perissoyent , qu'ils ne » marque les conjonctions de Sa-
» pourroyent trouver d'héritiers , » tume et de Jupiter depuis J.-C.
» mesmes aussi que tous les biens pe- » et un peu devant jusqu'à l'an r564,
» riroyent. De mesme remonsti-a » et y joint quelques particularités
» Pantagruel à Panurce, qui estant » de Thistoire qu'il prétend avoir
» sur la mer , agitez d une épouvan- ^ rapport aux circonstances de ces
» table tourmente , Paniirge voyant » graiidesconjonctions. Ilfait ensuite
V travailler comme les autres à ab- » dans tout son livret , mille grands
» battre les masts , et voiles , à faire » événemens , dont il fait honneur
>i le ject , il ne parloit que de faire
» son testament , et hurloit et crioit ^„j Cnyon , Leçon. dWerse.^ , 90I. ïl , pag.
» qu'on lui apportast encre et pa- 577, 578.
Joly nie qne Gnyon iasiooe qne les gens d'^
(9) Lonis Gnyon date l'/pUre d^dicatoire du «l»»» fomenUieot celle terreur ; mais il convient
//•. volunu^ U »•». juin x6i3. MaximUien qne Gujon ■ dit que p/i«ie«rj «ur/r et pnfa«ca-
mourui Van \^*j6. t^*"' '° parlaient dans l*églîse k leurs paroissiens.
(10) Van i583. Vcyetsa Républiqve en la" (ta) Petit, intendant des fortifications. Dis-
lin , Ûb. ly^ pag, m. 6aSf edit. 1601 , ii>>8o. Mrtat. sur U natovc des Comètes, p. 337, 338.
,8a LÉRI..
» ans ^dipMs, comètes et conionc- haitaiC qu'on loi enTOT^t quel-
» tioDiitentinienlbienindipeaw g^^ pasteor» dans le Brésil.
: ^ru'"co%^TélT,^Z «fit Troyage avec 1« dm
» Saturne en Pisces^ an mois de mai ministres que I église de GeneTe
» t583, et la conjonction de près- j envoya, l'an i556. Ils arrÎTè-
» que toutes les planètes en Jries, ^^ ^ y^^ j^ Coliffni SOUS le
» sur la fin de mars , et au commen- . . ^ . ^
, cernent d'arril ,584, «urne d'une tropique du capncome, au moi*
-» éclipse de soleil au 9o«. degrë du de mars i557. Len parttt de ce
» Taureau. Il ne doute pas que tout pays-là avec quelques autres , le
> cela nWne une comète, et que / J^ janvier l558, et arriva au
» la comète n^amene la fin du mon- . \ m . • j
« de, .ur la fin du tricone d'eau et Port de Blavet aa mois de mai
» le commencement au tri^one de de la même année (^). U com-
s feu. Il en rapporte une raison ad- posa une Relation de ce voyage
» mirablc que rexpënence a de- j^j • ^ ^^ j^^^^g j^ J^
9 mentie. Le monde , dit-il , a com- ?«/ '*. *.j*-f t^
, mencë par la conjonction dans le T^^J^ ( ^ ) > f\ ^^"^^ Lescarbot a
» trigone de feu , donc il finira par insère le précis dans son histoire
9 le trigone d'eau. Je réponds i^. de la nouvelle France. Il fut re-
> nego antecedem ; a«. nego coiu^ ministre après son retour de
» quenUam, Ce n est pas tout : 1 an f, . , . ,^ . .
• î 584 , ou pour le plus tard l'an * Amérique : je ne sais pas bieu
j» 1 588 y est la fin du trigone d'ean ; oii il exerça son ministère'*'^;
» donc le monde finira en ce temps- mais je n'ignore pas qu'il se
> là , car ce ne serait pas la peine xrouyik à Sancerre , quand cette
» d attendre encore 8oo ans, pour -ni.. •» » « ^ jr o ti
» trouver encore une fin du trigone v^lle fut assiégée , l an i SyS. Il a
» d'eau et une évolution entière , au- publie la Relation de ce siëge ,
» trement le monde durerait près gt de la cruelle famine- que les
» de 6 4ooans ce qui est manifeste- assiégés souffrirent. Le maréchal
> mentcontre la prophétie, ^uoacum . i r^i «^ i • i e
» prophetid manifesté pugnat , etc.» de la Châtre lui donna un sauf-
(D) // mourut a Lawineen!'] C'est conduit pour aller oii il voudrait
une ville de Souabe, sur le Danube, avant même que la capitulation
Lepricius y faisait sa résidence ordi- f^^ conclue (i/J. Il s'en aUa à
naire. Ce fut la que Tycho-Brahe -j ^ ^ .
M de Tbott » est trompe quant à la j^j Jédiaut la relation de son
ville où Leovicius mourut : il dit i n ' -i t • • i *
que ce fut à Augsbourg (i4). voyage du Brésil. Je n ai pu de-
(i3)G.Meiidii.\ in ViUTychom.Brabei,/i*. terrer eucore la suite de ses
p«f;. ^« » "o'""»' ^ Operum. Il nomme avcnturcs **. La Groîx du Maîoe
(i4) Tbnan. , lit. Lix , pag. tog. a tait trois tautes (B).
LÉRI (Jean de), ministrepro- ^^^ co«u^,,. Relation.
testant *« était Bourguignon (a). ^^^ xhuan. , lib. xri.pag. m. 335. r^r^
Il étudiait à Genève**, lorsqu'on ««*" "Vanllas, Histoire de l'Hérésie, AV.
J rr T. 08 *i Papillon, dans sa B<&/iofA^ue£fe ffour-
♦» Il était né 4 Léri, près de laMargellc, g-og^nc, dit sur l'autorité de de Thou , qnc«
et non i la Margelle , comme on le dit com- f»* * ^^ Cbarité-sur-Loire.
munément. (<0 Hlstorîa de Sancerri Obsidione, pag.
(a) Natif de la Margelle, terre de Saint- 4? » 4^» ^dit. ffeidelb,, iSjt).
Seint, au duché de Bourgogne, •* H mourut après i6iO; car en 161 1 il
** Joly doute que Léri ait étudié «Genève, était, dit Joly, îk Lisle, près do MuBtriciùcr.
LESBOS. i83
J'ai vu son Histoire mémora- rence que Ton puisse canvertir ces
ble de la ville de Sancerre. Elle P^"P^^' \ l'évangile , puisaue non-
^ ^ . • ' • oo i> f / seulement us ignorent la dinerenc&
fut imprimée in-S . ,lan 1574, j^ ^^e et de la vertu, mais aussi
et contient 253 pages. L'abrëgë, Pexisteace divine. Bonum à malo
qu'on en publia en latin à Hei- f^on secemunt; denique vitia quœ
delberg , apud Joarmem Mares- f «^"''^ ^« cœtens gentihus naturaU^
1 r? \r r /!• • ter arsuit , loco virtutis habent : sal-
Challum lan 157b, ne contient temuitiorumtumtudinemnonagnos'
que 5o pages £nr-8°. > cant, adeo ut hac in re a brutis parUm
différant. Cœterum , quod omnium
(A) // composa une relation de ce perniciosissimum est, Uxtet eos an sit
yjage,'] Les discours qu'il faisait Deug ^ tantUm ahest ut legem ejus
, uel potentiam et bo
lirentur ; quojît utpr
_„ adempta spes lucrifa
nuscrit à une personne qui le lui di eos Christo : quod ut omnium est
renvftya par des gens à qui on Fôta grauissimum, ita inter cœtera maxi-
à la porte de Lyon. Ne pouvant le 'jnè œgrèferimus (S). Il filoute qu'oit
recouvrer , et le tenant pour perdu , lui objectera que ce sont des tables
il se mit à le composer tout de nou- rases qui recevront aisëment la cou-
veau, et le perdit encore une fois; leur évange'lique , puisqu'elles n'ont
car s'ëtant sauvé de la Charite-sur- rien qui y soit contraire. Il ne rë-
Loire à grand* hdte pour s'enfermer pond autre chose à cette objection si
dans Sancerre au temps de la Saint ce n'est que la diversité des langues
Barthëlemi, il laissa tous ses livres est un grand obstacle , et que les
et tous ses papiers exposés à la pille- truchemens que l'on pourrait em-
rie. Mais lorsqu'il y songeait le moins ployer étaient papistes. Audio qui-
il recouvra son premier travail à d^m qui mox objiciet eos tabulam
Lyon , l'an 1 576 , et le publia l'an- rasam esse quœ facile suis possit de-
née suivante (i). Il s'en fit plusieurs pingi colonbus , quod nativo hujus-
e'ditions *. Je me sers de la troisiè- modi colorum splendore nihil habeat
me, qui est celle de l'an iSg^,pour contrarium, Sed nôrit ille quantum
les héritiers d'Eustache P^ignon. J'en impendiat idiomatum diuersitas. Ad-
ai cité bien des choses en quel- de quod desunt nobis interprètes .,
ques endroits de ce Dictionnaire (2). qui Domino sint fidèles (6).
On a fait beaucoup d'attention à une (B) La Croix du Mahteafait trois
chose que l'auteur remarque (3) ; fautes."] i®. Il a dit (7) que Jean de
c'est qu au regard de ce qu on nom- Léri était ministre à Genève , l'au
W€ religion parmi les autres peuples, i558 ; a°. que l'ouvrage de Jean de
il se peut dire tout ouvertement que Léri est la traduction de l'histoire
non-seulement ces pauvres sauvages d,'ùn voyage fait au Brésil 5 3**. que ce
n'en ont point, fnais qu'aussi s'il y a yoyage fut fait l'an i555.
nation qui soit et vive sans Dieu au
monde , ce sont vraiment eux (4). J^) Richier , dans une ^«««J^*/*/^
T '. . . iv j>' w ^ France j4ntarclique , le 3i de mars tSS'j. Elle
Le ministre Pierre Richier avoue ^,j ^^ ccxxxvih. parmi Us Leur» de
le même fait dans une lettre qu'il Calvin.
écrivit de ce paVS-là. Il V témoigne (6) Richier, là même. Confe're% nvecceeiUs
«jnn r.a.^^¥ aIJ:^ ■^«;- ».,r..,»^ o«^« Pensées diverses sur les Comètes, num. X19 et
son regret de ne voir aucune appa- \-^a„,.
(7) La Croix da Maine , Bibliothèque fran-
C») Tir4 de la préface de Jean de Léri. çaise, pAg» aS?* '
*Joly observe que la première édition n'est
r .ts.'fr.'.'-SSl^'.ïrsSri p.h.'.':: LESBOS , Ue de U mer Egée
1600. L'aoteor le traduisît Ini-méme en latin, pfOChe de 1 HellespOnt et dU
y«nève , x586 et i.'>q4. De Brv et Parchas ont *^ .. .1^ l«i„*J^ Ât.^:* f«
inséré dan, leurs coU?ctioos la «lation de Léri. COIltment QC 1 ASlC , était ta-
jom? x/jfViX/?^'"'^'*'""'*^'"''***""**"' ™c^se par ses bons vins {a) , par
(3) Foy„ le Thvre de Saumur.préface du , . _,. ... _,__ _-,- s vir v^^^^
Traité de 1. Sauerslilion. (") PI'» . '**• ^'^' <^- ^'' '* ^^' ^"^^^^
(4) Jcan'de Léri , préface. La Gerda , sur Virgile, Georg. , lib. lU vs. 90.
i84 LESfeoS.
son marbre (b) , par la fertilité mâles de Mitylène au-dessus de
de sou terroir , par les hommes l'âge de puberté , ne £ùt mise
illustres qu'elle avait produits en exécution ; mais paf bonheur
(A) y et par beaucoup d'autres le contre ordre des Athéniens ar-
choses. Cadmus ou Gadmilus , riya lorsque l'on se préparait aa
l'un des Cabires, y habita, et y massacre. Thucydide donne lâ-
devint përe de Prylis qui fut un dessus un fort grand détail (k).
trës^grand devin , et fort con- On attribue aux Lesbiens une in-
traire aux Troyens (c). Elle te- vention qui est si abominable
nait le septième rang entre les que la langue française ne peut
plus grandes îles de la mer Mé- servfr à l'exprimer (C). Peu de
diterranée (B). Les Grecs , sous gens ont fait mention de roracle
la conduite de Graiis , arrière- de cette île-là (D). Elle se nom-
petit-fils d'Ores te , fils d'Aga- me aujourd'hui Mételin :*j'en
memnon , y établirent une co- parlerai sous ce mot , et je ras-
lonie(^), qui devint si floris- semblerai plusieurs choses que j'o-
sante qu'elle et la ville de Gume mets présentement,
passèrent pour la métropole de ^^^ ^ ^^^ ^^^
toutes les colonies grecques qui
composaient l'Éoliae , et qui (A) Elle était fameuse pitr les hom-
étaient environ au nombre de rnes illustres qu'elU auait produits. -[
. ^ / X T» • 'i. j rittacus , run des sept sages , le poète
trente (e).Pausanias prétend que Akëe, la fameuse Sapho, le rfcéto-
Penthilus, fils d'Ores te , fut ce- ricien Diophanes, rbistorien The'o-
lui qui s'empara de l'île de Les- phanes , étaient natifs de la ville de
bos(/). Elle avait eu plusieurs Mitylène, comme aussi Potamon
^ Tk\' M. ' / \ Lesbocles , et tnnacoras. La Yille
noms : Pline en rapporte six (g) ; ^'Érèse fut la patrie % Thëophrasic
et néanmoins il ne parle pas de et de Phanias , disciples d'Aristote.
celui d'Issa , que Strabon (A) , ni Le musicien Arion dont l'aventure
Hésychius, n'ont pas oublié. Elle ?f " célèbre, était de Méthjmne.
^< ,, r-^'ii -j ' Un compte parmi les illustres Lès-
ent )usqua neuf villes consider- bje^, riSstofien Hellanicus, Terpan-
rables; mais au temps de Stra- dre le musicien, et Callias qui inler-
bon et de Pline à peine en res- prêta les vers d'Alcée et les vers de
tait-il quatre, savoir, Méthymne, t^^ ^ ' ^' ^^'i'^^ !f catalogue que
É, * T» L M. TiJF-M. T / '\ otrabon nous a laissé. On n'y trouve
rese, Pyrrha et Mitylene (z). pointlepoëteLesches, qui avait com-
Les Lesbiens abandonnèrent le posé une petite Iliade , et qui était de
parti des Athéniens pendant la î-esbos (a).
guerre du Péloponèse, et en fu- <^^ P^^, tenait le septième rang
^ ^ -i n.' f • . . entre les plus grandes îles de la mer
rent châties rigoureusement , et Méditerranée. ] Consultez M. Bo-
peu s'en fallut que la sentence chart (3) qui allègue sur pe sujet le té-
qui condamnait à mort tous les moignage d'un grand nombre d'écri-
vains. Cela lui sert de fondement pour
{b) Plinius , lib. XXXFI, cap. VI. donner une étymologie phénicîenue
(c) Voyez la remarque (B). du mot Lesbos ; car 11 trouve que ce
{d) Strabo , IW. XIIT, init. , pag. 4oo. mot-là signifie a J septiniam , sous-en-
(tî) Idem , ibid.^ pag. 428.
(/) Pausan. , lib. III, cap. II, p. m. 207. <}) ^""^ ^' Strabon , Ub. XIII , pmg. 4»4t
(A) Strabo /.»./. w ^, (,j „^,.^, ^^ ^^ ^ „
(<) Plinius , M. r, cap. XXXI , p, m, 021. pag. m. 4t5 , 416. *
LES'ÎOS. i85
tendez insulam : et il suppose que d*a- Pile de Lesbos , qu'un cheral de bois
bord les Phéniciens nommèrent ainsi serait la machine ayec laquelle ils
la ville qui était dans l'île^ et puis Tîle subjugueraient la ville de Troie,
même. Il prouve par Tautorité d'É- (C) On attribue^ aux Lesbiens une
sont doctes et spirituelles ; mais il gnerai pas en français cette vilenie ,
me semble que les Phéniciens au- mais je m^abs tien cirai même de rap-
raient eu besoin de beaucoup de porter e^ latin une partie des choses
temps pour savoir . que cette île-là que des e'crivains fort graves ont em-
ëtait la septième des grandes- îles de ployées dans leurs livres pour l'ex-
la Me'diterrane'e. Une telle connais- pliquer. Mais puisque le grand Éras-
sance suppose plusieurs navigations, me n*a pas cru qu'il dût exclure du
et plusieurs comparaisons entre la recueil de ses proverbes celui qui
Sicile , la Sardaigne , et les autres îles était venu de là , il me doit être per^
qui composaient cette pléiade , ou ce mis de copier quelque chose de ses
nombre septénaire: et l'on ne voit recherches. Aiunt , dit*il (7) , turpi-
pas que ceux qui cherchent de nou- tudinem quœjfer os peragitur yfetla-
veaux psiys, et qui découvrent des tionis opinor, aut irrumationis , pri-
habitations , et qui sV établissent, miim à Lesbiis auihoribus fuisse pro^
attendent long-temps a les nommer, fectam, etapudillosprimum omnium
M. Bochart ne se prévaut pas des pa- fœminam. taie quiddam, passant esse.
rôles de Lycophron qui nous ap- Interpres hujus rei testem citât Theo-
prennent que Oadmus séjourna dans pompum in Ulysse... et StratiJem in
portons le passage de Lycophron : MiKhovo-cty >i^ hurCtilf to«« f i/^îroTdtî,
'Hç /jLti a^ K*J)uoff a<^)iX' •» îripipp^TA» (?«« combibones jam suos contaminet.
"ÎTo^i ^vrtuo-cu Svo-fAtySv ^oJV»^It>»v, Je ne pense pas qu'il ait attrapé
TlripTOT gf Atxavtoc àBtJov o^opoy , la pensée d'Aristophane à l'égard de
Tmv ûiùBopiaJfAecy a-uyKO/rttoita.yr'nii ces paroles :
ITpt/Xiv, ^ ^ AoKtTç ^ yuoi xtù ActC/k katùL nroùç
Uiinam te , Prjli^ Cadmus in insuld Mihi at videre Labde juxta Letbios (S).
Issdnon genuisset^ hoslium dueem, Yesp. z337.
àognatorum tuorum e^ersorem, ' ï^c sens qu'il y donne paraît bien froid
Vaum ad opûma verissimum (4). ct forcé. Il ne faut pas trouver étrange
que c'est Mercure qu'il désig
par ce nom-là ; car il le fait petit-fils plutôt par conjecture que par au-
d'Atlas, et père de Prylis. Le com- cun trait d'érudition propre à prou-
mentaire d^saac Tzetzès nous ap- ver ou à éclaircir. Alludit, dit-il (9) ,
5 rend (5) que Lycophron se sert ici adfœditatem Lesbiam. £ Tanta mihi
u mot Cadmus par abréviation , au prurigine i^ideris correpta ut uel me-
Heu de celui de Cadmilus dont il dium t^irum glubere ,teriisLYiriYoraTe
s'était servi dans le vers i5a , et qui possis"] fartasse id etiameo dictum est
est le nom que donnaient les Bœotiens ^^od eam diuaricatis crurïbus decum-
au dieu Mercure (6). Il nous apprend oentem uideret. Galien a fait mention
aussi que Mercure eut de la nymphe àe la turpitude Lesbienne , mais sans
Issa un fils nommé Prylis qui , gapie' ^r^me , sur U p^.eH,e M(r^.if «*t. c'est
par les presens de Palamède , prédit i, tXX: de la rif. centurie de la Jlir
aux Grecs , quand ils abordèrent à chil. , pag. m. 795.
C4)Lyeoph«m. .s. «g, pag. io.edii. Oxon., (8) AmlopW., m 'ExxXHtr.^Çot^^*.^
i6g-, w » r o > (9) TanaaHilIas Faber , m hœc verba Ansi»-
(5) Txeii., in Ljcopbron. , w/. as3. pbanî» , Aat^ÊJk JtatTai TOi/f A«<r/6iot/c , epi»t.,
(G) /dem, ibidem ^ v*. 319. Hb. 11^ pag, 967, a68.
i86 LËSBOS.
expliquer ce que c^éUit 11 ne jugeait miner les anciens auteurs, ou il (aot
pas que cela fût n^essaire dans un souffrir que, pour débrouiller le sens
temps où tout le monde entendait d'un mot difficile, on allègue lenn
cette expression ; mais après plu- pai^oles. Cependant , je n^ai point
sieurs siècles une infinité de mots voulu employer tous les témoigna-
grecs sont devenus extrêmement diffi- ges de Mercurial; il faut s'assujettir
ciles â entendre , et il a fallu que les quelquefois aux scrupules de Li
critiques aient bien sue pour deyiner mode.
ce que les anciens ont voulu dire. Le (D) Peu de gens ont fait mention
docte Mercurial lâcha de trouver le de l'oracle de Vîle de Lesbos. 3 Phi-
sens de ce passage de Galien. Gale' lostrate , si je ne me trompe , est le
nus ^ dit-il (lo), lo de Simp. nied, seul qui nous en apprenne des noo-
cap, I. Xetwcratem damnans , quod velles. Il dit (ii) que Philoctète par-
slercora œgris uoranda daret , pro- tit volontairement de l'île de Lem-
brum. ait grauius esse , xo^^o^«t')/ov , id nos , après que Diomède et Néopto-
esty stercoritforum audire, auamfel- lème , uls d'Achille, l'en eurent re-
latorem , aut cinœdum, Subjungit (fuis au nom de toute l'armée grec
deinceps : xcù <r»y âua-xpf^v^ymi fAûihXoi que , et déclaré V oracle qu'ils avaient
/SJ^xt/TToyutâct Toi/( ^o»yiitiÇoy<reic , tmv en touchant ses flèches , î^enu ....
xt^ict^oy<rapy. Qui uero sint phœnicis' de Lesbos : « Car ajoute Philostrate,
santés , et lesbiassantes apudipsum , » les Grecs usent de leurs oracles
nullibi explicatum habetur. Ego ita- » domestiques , comme de celuj de
que repeno , spurcissimam quandam » Dodone , et du Pythien , et de
apud Phœnices libidinis speciem ex- » tous les ai^tres , où se rendent des
titisse , qud uiri *** lingebant , quâue » prédictions approuvées , et qui ont
interdum impurissimos homines Ro- » vogue et Réputation , ainsi que de
manos usos esse memoriœ mandatum » la Bœoce et rhocide : mais comme
est. Nam Seneca JHos cun- » Lesbos ne ^st gueres esloicnée de
nilinsos frequentissimè diffamatos , » Troye , les Grecs qui estoient là
apud Inartialem est reperire ; qui » devant y envojrèrent à l'oracle,
jorlassè phœnicissare aicebantur , » lequel se rendoit la par Orphée.
quod lahia sanguine rubea sœpissimè » Pour aultant qu'après le cruel mas-
generent : unde Martialis .... Jam. » sacre qu'en firent les femmes Thra-
i'erb Xftf^idi^tiv , quid esset , ab aliqui- » ciennes , sa teste estant parvenue
bus explicatur , obscœnum fuisse tur- » en Lesbos , s'y arresta sur une ro-
pitutUnis genus , quo uiri inguina » che , du dedfans laquelle se ren-
puerorum , vel virorum , ore et labiis » doient ces oracles , si que non sea-
tractabant , irrumationem alias uoca- » lement les Lesbiens se servoient en
tam , et sicUti phœnicissantes labra n leurs prédictions et devinemens de
rubicunda sibi reddebant , sic les- » ce chef, mais tous les autres Eo-
biassantes alba. Ob quod Catullus » liens encore , et les Ioniens leurs
ad Gellium : u proches voisins qui v venoient an
Nejcio quid » conseil , et de Babylone mesme :
» car il prédit tout plein de choses
Hesychius tamen aliter videtur senr- » aux roys de Perse , et entre autres
sisse, sed qud autoritate aut ratio ne » à l'ancien Cyrus , auquel on dit
ductus , ignoro. J'ai supprimé quel- » qu'il donna une telle response : Ce
ques mots et quelques passages dans » qui est h moy , 6 Cyrus , est a toff
cet endroit de Mercurial : ce n'est » voulant par-là liiy donner a en-
pas que je prétende que ce savant » tendre qu'il viendroit occuper les
médecin n'ait pas eu droit dé rap- » Odrysiens et l'Europe, ^e fait Or-
porter tout ce qu'il a rapporte'. Un » phe'e autrefois acquit beaucoup de
commentateur ou un interprète , qui « pouvoir et crédit par sa grande
nefait que se servir de l'autorité d'un >» sagesse et science , mesmem eut à
écrivain tel que Martial , connu de >> l'endroit des Odrysiens , et de toos
toute la re'publique des lettres , ne » les autres Grecs qui célèbrent ses
peut pas ^tre blâmé. Ou il faut exter- ^ , „, .. ...... „^.,
(il) Pbilostratns , tn Heroicis, i/t Phiioctei»
(lo) Hieron. Mercurial»», Variamm Lectio- Je me ter* de la traduction de Vigênère , foli9
uuin lih. /r, eaff. XII l^ pag. m. aji , «a. «53 du //•, tome^ édition in-4».
LESCARBOT. LESLIE. 187
. mystères. Mais par ce que dessus il LESLIE (a), maisonillustred'É-
. -vouloit aussi designer à Cyrus ce ^^cca îeeii/l'iin^ACT^Ki'n/^i'no,-.*»^,^
. .ïui luy deroit fmableme^t arri- cosse,issud un des principaux gen-
> ver : car s'estant haiBarde de don- tilshommes qui allèrent de Hon-
» ner iusqu^an delà du Danube con- grieen Angleterre, et puisd'An-
» ti-e les Massagetes et Issedoniens , gleterre,en Ecosse ( A), avecla rei-
> peuples de la Scythie , il y fut mis ^^ Marguerite (b) , environ l'an
.» a mort par une femme qui leur v / ^^ti > 1 • r>
.> commandait , laquelle luy couppa ' ^7^ W' I* « appelait BarTHÉLEMI ,
K> la teste tout ainsi que les Thra- etil épousa l'une des filles d'hon—
» ciennes ayaieqtfaità Orphée (la).» neur de celte reine, et en eut un
' rCï») On a ici. un exemple du galimatias des fils nommé MalcollÛe. QuelqUCS-
r^jaonses des oracles du paganume ; etw que j« . « ».•-
f^^utr^n voir de plus tire' par Us cheveux que ^US OlSeUt qqC Sa temme était
l'^jrpiication de ta réponse faUe à Cjrnu ? propre soBur de la reine. li se fit
I^ESCARBOTCMarc), avocat tellement estimer du roi d'Ecosse,
en parlement, a composé une «^*^® ^'^tres actions pour avoir
liistoire de la Nouvelle-France construit et courageusement dé-
(A). Il avait séjourné quelque fendu la forteresse d'Edimbourg,
temps en ce pays-là. Depuis il V^ ** ®° o^*^^* ^^^ récompenses
suivit en Suisse Pierre de Castille, très-honorables (B). Il mourut
ambassadeur de Louis XIIL Et "^Y"^^^ d années, et couvert de
comme il aimait à faire des rela- S*<>^^«' ^^^ }^^^,' ^es succes-
tions des pays 011 il voyageait, seurs en droite ligne parurent
il fit le tableau des treize cantons avec éclat, tant par les nouveaux
en vers héroïques et le publia à bienfaits qu ils obtinrent de leurs
Paris, l'an 161 8. Il était né à prmces , que par les mariages qui
Vervins ià). ^ allièrent aux plus illustres fa-
, , ,„..,, „ milles , îusques à David de Les-
(a) Lescarbot , Histoire de la nouyelle • *,. '^^ i. -^*« i
France, li*^. II, chap. v, pag. m. 179. ^^^ > q^i était le huitième depuis
Bar thélemi . Ce David , après avoir
(A) lia composé une histoire de la ç -. 1 «up--e dan- ]« p«lpotinP
IVouuelle France. ] Elle contient les '^" ^* guerre dans la Palestine,
JVat^igations , Découvertes et Hahi- contre les ôarrazins,pendant sept
tutions faites par les Français es ans , revint en Ëcosse ; et quoi—
Indes orientales et Nouvelle France , qu'il eût quatre-vinffts ans , il se
sous l'aveu et aiitorité de nos rois i.»..;* «? fi» «« ^h, ^„: A,* i«
très-chrétiens , et les diverses fortu- ™^"^ ®* ^} V"^ ^^^ ^"^ *"* J^
nés d'iceux en l'exécution de ces cho' premier qui S appela baron de
ses depuis cent ans jusques à hui, Leslie. Ses descendans finirent à
figures d'icelle. Je me sers de la se- Leslie, qui mourut fort endetté,
conde édition, qui est de Paris, chez Sa veuve épousa Jean Forbes ,
Jean MiUot , 161 1 , in-S^ Cet ouvrage q^i payant les créanciers devint
est assez cuneux : lauteur y entre- * -j^i^u- ■ j t-
mêle plusieurs remarque, de'littéra- POSSesseur de la baronie de Les-
ture. Il commence _par la description (*«) ^^ Français écrivent et prononcent
du voyage de Jean Vërazzan, Floren- H*lfJ^7 ^'*7 ?" ''" Lesl«as.
tin , qoi fut envoyé en Amérique par ^^^ f f' a été canonisée : ^est celle quon
■c ' ^ . T__ 1, «^ .c / ir 'i^T '■ nomme sainte Marguerite. Voyez l article
François I«r.,l an i5a4.yoilaleprc. Drummond, icm. F/, ;,^. 19, auteate,
micr voyage qui ait été fait en ce vers U commencement,
pays-là sous les auspices de la cou- (<•; Mnlcolme, TU-, dunom, régnait alors
ronne de France. en Ecosse.
1
i88 LESLIE.
lie (d). Tons les Leslies qui sub- la fois trois généraux y an ea
sistent aujourd'hui descendent Ecosse (F) , un en Allemagne
de deux branches collatérales, sa- (G), un en MoscoTÎe {f) (H).
voir de celle de Rothes , et de J'en parle dans les reaiarqne».
celle de Balquhane. La branche Le fameux évéque de Rosse , sons
de Rothes commença à Normafto le règne de Marie Stuart , était
Lesli£, frère de David, et s'ac- de cette maison (I). Moréri ea
crut merveilleusement en biens parle sous le mot Leslei.
et en dignités. George • arrière- * », ^ ^ ,. . . v ^
.-. nPjj *T jr*i {f)Tiréd^unlwretmpnmeà Grtaz.Pa
petlt-hlS de JNormand , tut lèpre- ,^ apud hœrcdes Wadmanstadii, et «u
mier qui s'appela comte de Ro- £«W:Lauru8Lcd«anaexpUcata, sWe clarior
THEsW. La /roite ligne masculi-, :^„7„tir.ï'.'rrcurŒL.tÙt
ne de ses deSCendanS a fini , 1 an lis, officils, domiaiis, gestisque celebnon-
1681, par la mort de JeAW de bu8brevilerindicati»,quibus à scxceolbel
_ ' * , . ^- , __ , amplius annis prosapia illa floret ; ex yariB
nOTHES , que le roi Lharles 11 avait autWibus, manuscriptis , et testimoniis fide
créé duc , et élevé aux plus gran- ^^^ »»> "o»"* collecu.
des charges (C). Les branches col- (A) Maison illustre d'Ecosse issue
latérales sont en grand nombre d'un des principaux gentilshommei
(D), et de l'une d'elles descen- ml passèrent de Hongrie en.. . .
1^*4 T. __ T - • Ecosse. \ 11 descendait- dit-on, du-
dait Jacques DE LESLlE,qm se SI- „« trèJncienne famili; hongroise,
gnala dans les armées du çrand et nommément d'un Leslîe , qui était
duc de Moscovie , où il était CO— gendre d'un empereur. Originem
lonel. Pour ce qui est de la bran- ^^^^ duxisse asseritur ex peruetmto
che de BalquSane. elle com- Z"5r,^^'r^C:t:^:^,":^l
mença en la personne de GeoR- nia referunt familiœ monumenta ,
GE , second fils d'A^DRÉ , lequel perlubetur exstitisse magnus impera-
André était le sixième seigneur '°"* locumtenensy cujus etiam fUm
Ji^ï^y^:i^ • T> *.!_ M • o ei inthoHconsortemestconcessa.Ah
de Leshe depuis Barthelemi , fon- j^^ ^^^ ^^^^^^ Leslœorum cogno-
dateur de la famille. George , mine waHa ad hœc usque tempom
premier baron de Balquhane , ^^aa in Hungariâ suum nomen deri-
obtint du roi David Bruse plu- »''^''"«/> quœ inter Leslinia , Lessi-
' LIA , Leles ac alm temporum t^Kusi-
sieurs seigneuries , et mourut tudine deaominationem immutanùa
lan i35i. Sa postérité, divisée possunt recenseri (i).
en diverses branches (E) , a pro- (fi) ^' • • • obtint des recompenses
duit plusieurs personnes de grand très-honorables.] La manière dont
r -^ M r\ '' . •. ^ . le roi Malcolme se servit pour savoir
mente *. On y comptait tout à les terres qu'il lui donnerait, a quel-
que chose de singulier. Il Toulut que
FoVbes "PP'"'^^^ *""''* * '*• •>^'"^''* notre Barthelemi allât tout un jour à
,.',,, . cheval vers les provinces du Nord ,
tU^cUbfr'^^''^ '"' r(»rto««t ÇMB le ^j jj j^j jonna un miUe à la ronde
* Joly «
de George
XVI*
tom.
nom du père' Archange. Sa Yiè , écrite en œstimationis apud regem Malcol-
italien par Rinuccini , a été traduite en fran-
çais par le père Fr. Barrault, sur le manur- (0 Lauros Leilauna, pag. i. Voyex tout U
scrit, et imprimée sous ce titre : Le Capucin ^^ ^ '"" »«"""«*« «" «»»7" <** <?«« articU, dont
écossais, histoire merveilleuse et très-fféri- ^PV'J^h r^ i i ». -,• /
LESLIE. 189
rx.iM.in y prœsertim ob arcem Edirdfur- cundo ad régna rewerso ^ factus est
j^rësem ualidè h. se munitam , et stre- primo regianan excubiarum prœfec
■M. 14^ dein propugnatam) ut eum non tus , mox thesaurarius , et omnium
io/ùm Equitem j€uratum creârit , et Scoticarum copiarum generalis,paulb
\ot€> i^Uce tempore dictcé arci prœjece- post supremus commissarius , ac de-
^it j sed prœtereà in prœstltorùm ob- m,um usque admoriem magnus regni
^ccfuiorwan. mercedem el concesserit, cancellarius ; creatus fuit ab eoaem
'^t , uhiT)vj&FE.jiiTdn^iv(GO septent^onem rege dux </e Eothes , e2 marchio de
i^crsus super eodém equù lind die iter Bambrigh , etc. quœ dignitas etiam
ageret , intra quamcunque provin- ad mares posteras det^oluta fuisset ,
ciézm ad pabulandum semel descen- nisi eis caruisset.
dcret , eum totum circumcirca agtum (D) Les branches collatérales de
cz£/ mille pdssushœredilario jure suum Rothes sont en grand nomhre.^ Il Y a
fixceret. Primo itaque descendit ad celle des seigneurs de Lindors, celles
Y^GUih f nunc dictum LzshiB in Fifd ; des seigneurs de Newmarke , celle
etlterd vice apud Innerlepad in An- des barons de Newtoune , celle des
giisid ; tertio apud Feskie , seu Eskie , sieurs de Finrassie , celles des sieurs
in Merniâ ; quarto apud Cdshnie in de Burdsbank , celles des sieurs de
ÎMLarrid', et ultimatim demiim ad /o- Aikenway et celle des sieurs de Pit-
cum dein Leslie nuncupatum in Gw namon (6). ^
riothd , ubi equus defecit : reducem (E) ha, postérité du baron de Balqu-
ciim rex interrosaret ubi equum, rçli- faane dit^isée en diverses branches. ]
quisset , responmsse ei dicitur. At the Outre la ligne directe il y a la bran-
Lesse Ley beside the mair. Latine : In che des sieurs de Kincracie , celle des
campo niinori prope majorem , tune barons de Wardes , celle des sieurs
rvjc advertens locum cognomini con- de Bueharne , celle des sieurs de Clis •
i^enire •' Lord Leslet sball thou be , son , celle des sieurs de NewlesUe ,
and thy heirs after thee. Latine: celles des sieurs de Kininvie, celle
Dynasta de Leslet eris tu , et hsere- des barons de Pitcaple , celle des
des tui post te : simulque donaiionem sieurs de Crichie ^ celles des comtes
omnium illafum possessionum illi de Rossie (n).
confirmauit ; quam et ratam habuit (F) . . . On y comptait tput a la
^iexander primas , ejus Jilius ; uti fois trois généraux ^ un en Ecosse....^
hdc super re adhuc tempore Joannis U était de la branche de Kininvie ,
LiESLiEi Episcopi Rossensis exstabat fils de George , sieur de Drumvir.
diploma regium apud baronem de II apprit le me'tier des armes en Al-
Leslie , muitiqae ex hisfundis etiam- lemagne , et eut de très - grands
Fzuin à comité de Rothes Leslie , ceu emplois dans les arme'es du roi de
superiore suo depem^nt (3). Suéde. Quand il fut de retour en son
(C) Jean de Rothes , que le roi pays , il eut le génëralat de toute
CJiarles II av^ait créé duc , et élei^é l'armëe d'Ecosse. Il fut fait comte de
eut que deux filles , dont Paînée fut laissa que des filles (8)
mariée au comte de Haddington (4) 9 (G) un en Allemagne.'] Il
et la cadette au'marquis de Montrose, s^apipelait Walter , et e'tait fils de
et puis à Jean Bruce , baron de Rin- Jean , dixième baron de Balquhane.
losse. Le fils de Paînëe a pris le nom II alla jeune en Allemagne , et porta
et les armes de Leslie , et sera comte les armes au service de l'empereur.
de Rothes après la mort de 'sa mère Le service qu'il rendit à sa majesté
(5). Voici les charges dont Jean de impériale quand Walstein fut tuë, lui
Rothes fut honoré par Charles II. Hic yaïut un régiment et plusieurs au-'
Joannes post infeïicem pusnam ad très récompenses. Ferdinand III le fît
Worcester cUii. in Anglia captiuus comte de l'empire , maréchal de
detinebatur ; rege dein Caroîo se- camp général , conseiller du conseil
Ci) Laoros LtsiKana , ybli'o 4' (6) Ibidem,
(4) Tl est de la famiUê Hamiltotu \i) Ibidem.
(5; Lannu LesTsana. (8) Ibidem,
igo LFSSeViLLE.
privé et gouverneur d^une province naculn , barbatis cœsis , et CœumL
(9). Il fut ambassadeur de S. M. im- finibus longé , latèque in Sclavomi
periale à Rome et ailleurs, et on Pen- propegatis J'elioiterexpugndsti ; pau-
Yoya à la Porte pour la ratification ca Tuorum millia ad JerTtatdzam
de la paix conclue Pan 166^. Il était contra Ottomanici exercitÉÎs robar
déjà chevalier de la Toison d or. Le je- fnrd induatrid , et fortUtâ^iine ser-
suite Paul Tail'crner y son confesseur, vdsti ; ac démuni ad glonœ Tac
a publié une relation de cette ambas- cumulum Pçnles Esseckianos , et
sade de Constantinople. Le comte ciuitatem inter hostes cum ejciguâ mi-
Walter Leslie mourut à Vienne , le 4 iàum ntanuplurium dierum confecta
de mars 1667 , âeé de soitante-un itinere flummis mjectis audaeter in-
ans : il s'était mané avec Anne Fran- cinerdsti , festÎPisque quasi igniïms
çoise de Dietrichstein, fille du prince Tuos triumphos adorndsti : quod si
Maximilien de Dietrichstein , grand- biennio solàm lot , et tantas launat
filsd'ÀLEXAirDiiE, quatorzième baron (H). . , un en Moscofie. 3 H s'app^
de Balquhane. Il Pavait appelé auprès lait Alexandre , et il était de la
de lui en Allemagne depuis long» branche de Grichie. Il parvint au gé-
temps , et lui avait servi d'un très- néralat , après une longue suite de
bon patron. Ce neveu monta du plus grands services qu'il rendit aux dacs
bas deeré de la milice à la charge de de Moscovie dans leurs armées, et il
maréchal de camp général. Il épousa fut gouverneur de Smolensko. 0
Marie-Thç'rése de Liechtenstein , fille mourut Pan 1661 , à Page de quatre-
du prince Charles de Liechtenstein , vingt-quinze ans. Il y avait alors en
duc de Troppau , de laquelle il n'a Moscovie sept colonels , plusiean
point d'enfans. U laissera tous ses capitaines , et autres bas officiers da
biens a deux neveux (10). Voici les nom de Leslie (13).
titres-qu'on lui donne dans une épttre (I) Le fameux éuéque de Rosse étais,
dédicatoire (it) : Jacobo S. A. I. de cette maison. "]}! était issu àe ^Aki-
comiti de Leslie, libero baroni de colme, fils d'AiiD ré, troisième baron
Balquhane , domino Neostadii ad de Balquhane. Son pcre était un faa-
Mettouiam, Pettouii, Pemegg , etc. bile jurisconsulte, qui après avoir
«y. C M. camerario , et consiliario voyagé ^n Italie , en France , aux
actuaU intimo , consilii aulœ bellici Pays-Bas et en Angleterre , monrot
Int» Aust. prœsidi, generali campi le 16 de mars i554« ^ prélat dont
mareschallo, pedestris regiminis coio- nous parlons eut beaucoup de part à
nello,etc. Les éloges qu'on lui donne Pestime de la peine Marie, qui loi
dans la m^me épître sont en grande donna une charge de conseiller à la
partie ceux-ci. Tu ex uiginti , quibus cour souveraine d'Ecosse et à son
per Germaniam , Hungariam , Bel- conseil privé , et l'employa dans les
gium interfuisti prœliis , nunquam ajSaires d'état. Il fut ensuite coadja-
victus , plerumque p'tctor discessisfi : teur de l'abbaye de Lindors , et enfin
, intra ultimum tantism biennium , quo évéque de Rosse. Il rendit de grands
antè grawiorem œgritudinem Tuam services à cette princesse , et fut
castra frequentare licuit , yienr\fim emprisonné en Angleterre pour Pa-
introducto opportune prœsidio immi" mour d'elle , quoiqu'il fût ambassa-
nentem contra hostem proindè muni-' deur du roi son fils. Il négocia ponr
visti , et allatis postmodiim à Te ipso sa liberté à Rome , à Vienne et dans
inter primos , suppetiis ejus elibem- plusieurs autres cours ; et pais il
tionem insigniter promouisti , Tarta- mourut a Bruxelles , l'an iSpS. II a
ros a superiore Austriâ non semel composé plusieurs livres , et ^trc
fortiter rejecisti; P^irouitizam , Bre- autres une histoire d'Ecosse (i 3).
souizam , Slatinam, aliague propue' ,, , . ....
,._ >..*., .^r». (") Lanro» LeslsaDa, ibuUm,
(9) Supremus confimum Selavowa ae Petn- /,3) ibiJem .folio T. On U eUesous le Mm
tmprtBfeetus. li» Johanne» Lesteni.
n (10; Lanras Le»lKaiia.
I^M) c.«. du L.U,., L..i«„. /,.« r« LESSEVILLE (Ewstachb Le-
LESSEVILLE. 191
CLERC DE),évéquede Coiitance, dans riiôtel de ville avec pl^-
était fils de Nicolas Leclerc de Les sieurs députés tant du parlement
SEVILLE , seigneur de Thun et que des autres compagnies , et le
d'Eucquemont, mort doyen de peuple, comme tout le monde
la chambre des comptes, et de sait, s'étantému, et ayant mas-
Catherine le Boulanger, sœur du sacré plusieurs des députés , et
président le Boulanger, qui avait entre autres le sieur le Gras,
été prevot des marchands, et qui maître des requêtes, qui avait
mourut dans la grand'chambre épousé la sœur de celui dont
en opinant. Comme Nicolas Le- nous parlons , quelques bateliers
Antoine
mort jeune
troisième, ayant avant lui «^ a<iuvci icin ^uic. vjc»i. puui-
vE,seigneur d'Eucquemont, quoi ils le furent enlever du mi-
jeune, et Charles, mort lieu de l'assemblée , et le condui-
- prit le parti _ _
bonne , ce qui pour lors n'était Soissons , et la baronie de Saint-
pas ordinaire ** aux gens de nais- Ange , et fut chanoine d'honneur
sance. Il n'avait pas encore vingt ^^ chapitre de Brioude , qui don-
ans, lorsqu'on le nomma recteur «« le titre de comte. Enfin le roi
de l'université : et ce fut lui qui lui donna l'évéché de Coutances ,
le premier *» fit aller l'université vacant par la démission de Clau-
en carrosse , au lieu qu'aupara- de Auvri , trésorier de la Sainte-
vant elle allait toujours à pied ; Chapelle à Pans. Quoiqu'il n'ait
ce qui avait fait dire à Henri IV P»» vécu long-temps après , il n'a
que sa fille aînée , parlant de l'u- pas laissé de s'attirer l'estime et
Diversité, étaitbien crottée. Eus. l'amitié de tout son diocèse , oii
tache eut tant de vocation pour son nom est encore en vénéra-
l'église, qu'on remarque qu'il se ^ion. Il était particulièrement
fit prêtre sans avoir encore au- recommandable par une grande
cun bénéfice *^ Il fut docteur de capacité , et par une connaissan-
lamaisonet société de Sorbonne, ce profonde de la théologie, et
et bientôt après le roi Louis XIII de la Jurisprudence. Comme il
le choisit pour un de ses aumô- ^^^^ docteur de Sorbonne , et
niers ordinaires. Il traita dans 9^'"^ avait été quatorze ans cou-
la suite d'une charge de conseiU seiller au parlement , il était éga-
ler au parlement ; et fut pour- Renient versé dans Tune et dans
vu de la cure de Saint-Gervais à l'autre de ces sciences; ce qui le
Paris, dans le temps des troubles, rendait l'arbitre des affaires les
ce qui lui sauva la vie : car étant Pj'^s importantes delà pro-
vince. Il mourut à Paris le 4 de
*' Leclerc cite des exemi»les pour prouver décembre l665, pendant Tas-
que la remarque n'e«t pa» juste. semblée du clerffé , à laquelle il
** Leclerc doute de cette circonAtance. âa.'*. jj *» Fc\ m '
•> Uderc tro«e I. ren««iu. ridical., 1. *.**** ^«P"'* » «* ("' «"tf « *"''
fait trriTuttoui les jotin. AugustiDS, dans la sepulture de
I , combftKtxt y €[aHs forent roincïi
coop de fiiodre ; que les campa-
, M M «M lu |iu*/4« I0I4I f«/ ^Mi/ « Af g^^ âtnées entre le moot Ve-
tave et Poizoolo forent nommée
^ t.N i H\ i«OjNv^ ^ ^u lnliu Lœs' Phlegrœi campi à caose de ceb.
//r,«'.Wi«\ 1 ct.4ic'iàt un peuple fort et que les feox dn mont Vésai^f
II u 11.(1 , M tue cii huiw pi\>i'hede sortent de ceux qui brûlent les
i k cU\ Liiu \illc c««pit^<» était Lestryeons dans les enfèfs. E
Ky\\< <w A poUc it! uuiii J<# tVr«> prétend qn'Homëre , Pindare.
tu M * .. A\ Uuauuc U ièomugt# PoWbe au livre II , et Straboi
I,. :m^ ' *'^'. ^'w Ift ville Uv ta*^ au lÎTre V , assurent ces chose»
». ... '<;. i/t^l .iiaïuc 4U0 La— [g)^ Il se trompe ; les Lestrrçoiis
i iMi lU,. LiaUv^^uaci^ et tiU KiecuItiTaîent point la terre, nuis
r\ Nkj.w • ! .'u.i.L !mUo ( ' : >ei» ils aTaient des troupeaux 'h.
( (.. • l't.. • ..i .o>v4« cU'aUu> ^iil* Homère s*cst montré fort i^no-
V > .) ^> K'. v(u« V ic^aait lors- rant de la sphère, lorsqu'il les
«1 . l .\ . \ iSotôu, ^uil uuUom- a situés dans un climat 011 les
Ky\ . . .1 ' «^ > iaïail lu^tk^é tous nuits étaient fort courtes (/}. 11
U \\y K > l i. i\ vxc J^ > s*i1s ne est faux que Thucydide ait cro
. lu. V ■■ «^iUNv^ apvx's avoir VU que les Lestrygons étaient un
\y \x .X u a Uv Tuu deux (e). 11 peuple fabuleux {k) : il dit seale-
, l i.i .1 >4 v^uo Iv9^ Lestrygons ment qu'on a raconté que les pins
.. .1 y y V' |>vau- Ucii mangeurs anciens habitans de la Sicile
' Il . unu .,r\ M, Woréri,aulieu étaient les Lestrygons et les Ct-
1, Jiu ni.», remarque qu'ils dopes , mais qu'il n'a rien à mar-
. /W i/c lu chair crue. On quer de leur origine , et qji'il ne
(., ut ponil ^*ils passèrent de sait ni d'oii ils étaient venus , ni
^o.it tu lulio, ou d'Italie en ce qu'ils étaient devenus (/).
,.. .\ . tii.ivs au ue peut douter de ,,.,»« » j
, , * c • •! V^) '^^y^* '« livre de Thomas Bosiiu , oe
U in » ljMiHM'tueutenûlClie,pulS- itaU» statu antiquo et no^ adTersùs lU-
..lu \^ . V aiupagues de la ville de cUiavellum , ;?«y. m. 64.
l . ,.aiuuu s'appelaient . Campi f^.^^^»""- ' ^^^'^ 'o^ ^' "'• ^'
/,./.,„• c)/« t ( D). Ovide suppose ^j^^ Briunnicu. , in Juy». . «t. XIV, ».
u ii'ili i'iaîeut Grecs d Origine(y^). 20 , l'assure pourtant.
\\ kA bàr qu'Homère les compa- (0 Thucyd., nb. vi, inu, , pag. m. 410.
U' a des céans « mais sous ce pré- ^ (A) Zciir uille capitale était celle
li vU;-là DOziuS n'a pas dû dire qui a porté le nom de FomUes,'} Cicè-
ron ne nous permet pas d^en douter;
v.n f oyez les vers eTHonce que je rap" car il applique à la ville de Formies
y ./ /,' diins la remarque (B) de P article La- Pépithète qui a été donnée par Honiè-
Mi \ , taaiillo romaine, dans ce volume, pag, yg à la ville où Lamus et Antiphates
^" ,, ^, ,., -. Q ont récrié. Si in hancm>À7rv>Aii veivt-
.; , . iT .... ris Aatiç-pï/vovinv (i) ( Jromuas dico)
il l.w>iitLi 1 I» Homer. , ibidem, • ^ ' •/ l^ • s • /•
. . ,f j VTTTT *A rri ^ qui fremitus hominum? quamirati
^./, ' »<.) »•» Hiiraca , ode XVlI, lib. III, ««•'•' '
MiUu* liai. , pag.m, 368. ^^^ Cett-hdirt, longé distantes bibcouapor-
,«^ \limuiiui, iWyM. , ^ifr. X, pj^ 117. ^, Lwstrygoniani. C« deux mou gréa toiu
A 1 ^ lil. , l'a*lor, , Ub. ly, vs. 69. «l'Homère» Odyii. , lib. X, w. 8a.
te
»
LEUCADE. igS
Tiimi (a) ? Voyèa aussi Horace à i'ode preuves rapportées dans ki remeurque
l\ll du ÏII«. livre, et joignez y ces pre'cëdenle ces paroles de Pline; Esse
>a rôles -dfe l'ode précédente : ocflhar'um senera ; et quidem plura ^
Tfec Lœstrrgonid Bacchus in amphord "quœ corporwus humants i^escerentur,
X^anguescU mihi ; . indicauimus. Idipsumincredibile for~
>ar où il veut signifier 4e vin de Fo^*^ tasse , nî cogitemus in medio orbe
nies. Pline est bien positif: Oppidum terramm , ac Sicilid et Italiâ fuisse
^ormice, Hormiœ prius olimaictum; gentes hujus monstîi, Cy dopas et
U cjcistimauére , antiqua Lœstrygo- iLcestrygonas {>]),
zuTTt sedes (3). C^) Les campagnes de la idlèe de
(B) uintiphates,..., aurait mangé Léontium s'appelaient Carapi Laes-
ous les députés d'Ufysse,'] C^eit ainsi trygonii. ] Voyez Pline (8) , et so,n
lue je demande permission de quali- commentateur,le père Hardomn, qui
fier les trois hommes qu'il envoj^a rapporte un passage de Polybe où il
reconnaître le pays. Vous allez voir est dit que ceux qui avaient possédé
Tu'Antiphates en mangea un , et leterritoire de Léontium s'appelaient
qu'il déchargea sa rage sur les navires Lestrygons. Il cite aussi ces paroles
d'Ulysse , de sorte qu'il n'y en eut de Silius Italicus :
qu'un qui en échappa. Prima Leontinos vastdrunt pi^liu campos ^
_ .... Regnatam dura quondam L<BsUyeone ter^
Jwidh Lami vëierem LéBstiygonu^inquit^in ram(Q),
yenùrnu: Jntiphales terrd regnabat in illdi. VoyeZ les nOtcS de Dausqueius Sur
JUissus ad hune ego sum^ numéro comitanle ceS paToIes drt même poetC ,p0st di"
/''"'/"'"•'. , .... ,i.- rum Antiphate sceptrum et Orclùvea
Vixqwifugâ ^utesiut salus , ctfmite^iw , m^fc»- ^ / ^ A ^ -^ ^'-^pca,
TerUus h nobis Lœslry^onis ''"f'»«j('»''| (,) pi;„h,, , uj,, yu^ ^ap. IF. pag. m. 6.
Ora craore ,uo : fugienUbus xnstal , ei ag^ wy ^^^^^^ ,^.^ ^^. ^^^^^j^ «^ ^^^
^ "**". , , ^ «. -f ,««- #,-1.^ (9) SUius Italiens , lib. XIV^ vs. 117 , pag^
-Coneiua Antiphates f eoeuHt , et saxa trabes' m. Sqi ^ 1 F"»»
_...'?*** », (1*0) Idem. vs. 33, pa*. 58f.
-Conjiciunt : merguntque vu-os , merguntque * ' » » r s -
Vna tamen , ijîua nos ipsumqnt fehebat Vljrs- LEUCADE , Cil latîn LeuCOS ,
Em* u'œ)\ t , i i > . i i i » ^ ^^^^ ^^ commencement une pé-
^ -/V ^ V , T . „_ ninsule attachée à la terre ferme
De là vient tiue ce barbare Lestrygon j„. -/x ni
a servi d'exemple quand on a voulu «? ^ Acarnanie (û); mais elle dé-
parier de la cruauté et de l'inhospi- vint une île par le travail des
talité. Quis non Antiphaten Lœstry- Corinthiens (^). Ils coupèrent
po„arfe».oi.6t.^ditOvidedansla l'isthme, et bâtirent aupr^es du
-eléeie du II«. livre de Po/îto. Ailleurs , ' .,, ... ^,,
il s^st exprimé ainsi : «anal une ville qu ils appelèrent
Neciucomuierisurbemi^nrrgonis^fùiuhm pucaûe , où ils transportèrent
Sentibus, obliqua quasobitisteraqud {5). les habitaus delà Ville de Nëri—
Je laisse plusieurs autres passages , et tus. Ce trava:il ne facilita pas
me contente de ces vers de Sidonius beaucoup la navigation (c) -, et si
Apollinaris j^^^g ^^ croyons Pline, les sables
^J'r'i^ f'^''^'^ '^^i'T]S':^t'i^^fjr'rkn.« que les vents accumulèrent refi-
AntiphaUB mensas y et Ttuwica régna 1. hoan- x . * lo t
«iv, rent un isthme (A). Nous dirons
AiqueU}^^in^^eniofrauaalun.luceCjrclo^ daUS l'article de SaINTE-MaURE
(C) Les Lesargons ont passé pour W ^e qui concerne son état prë-
desmangeursdltommes.'] Ajoutez AUT ^a) SiraBon, lia, /, pag. 40 ; et lib, X,
pag,3iu
(9) Ciceto, ad Attic. epist. XIII, lib. Il, {b) Cypsélus les avait envoyés pour fon-
(3) Pitaliis , lib. III, cap* V^ pag. m. 335. der des colonies sur cette côte.
(4) Ovid., MeUiB. , Ub. X/K, vs. 933 : cela (c) Voyez Gasaubon , sur Strabon , ad
est ùri du X*. livre de f Odyssés. pag. 3ll.
(5) Ovid. , elog. X , Ub. IF d« Ponto. (d) Cest le nom que V(le de LewMde porte
ifi) Sidon. ApolHn. , carm. XXII , p. m. i^o. aujourd'hui,
TOME IX. l3
194 LEUCADE.
ient. Qaant k ton état ancien avait ëtë isole oar Teffort d'une ten
il me semble que si quelque cho- P*'® '.*? ^« ^^^'^^î P»» marcruer une
' -.^ ^»jV 1^^^ *or»r»/^..**S opposition entre le trarail des habi-
se mente dea être rapporte , ^^^^ ^^ ^^j^j ^^ ^^^^ ^^ ^^ ^^
c'est la cérémonie de la precipi- donc dire que les habitans isolèrent
tation<(B). il semble qu'il y ait leur pays. Mais en ce cas-lâ où troo-
eu des personnes qui s'enca- ▼eronspous la vërité de ce que Plint
. A * 1 JL avait dit dans le chapitre XC du JI«
geaient tous les ans, comme â n^re , perrupit maJz^^^adaVL
prix fait, a donner un tel spec-» événement aurait précède sansdoote
tacle (C). la guerre contre Pbilippc ; mais dam
ces temps ante'rieurs nous trouroni
(A) Si nous en c
sables iv firent
«emble pas être exe._^.
'diction j car dans le chapitre XC du (^) ^^ cérémonie de la précipiUh
II*, livre , il met Leucade entre les ^ion.'] llyavait sur le promontoire de
pays qui ont été détachés de la terre Leucade un temple d^pollon , et il
ferme par un coup de mer ,- ailienrs(i) fallait selon l'ancienne coutume ,6, ,
il attribue cela au travail des habitans. que tous les ans au jour de la fête
Leucadia ipia peninsula quondam «^ ce dieu , l'on précipitât du haut
Neritis appellata , opère accolarum "® ce promontoire quelque criminel,
nhscissa a contihenU , ac reddiiaven- ^^^" ^^ détourner les maux dont on
torum flatu coneeriem arenœ accu- Pouvait être menacé ^ mais on atta-
ma/ammm. Strabon , aux deux en- chait à ce criminel beaucoup de plo-
droits que j'ai cotés (a) , le favorise à "^^^ et beaucoup d'oiseaux , dont on
l'égard du dernier passage , mais non espérait que le vol rendrait moins
Eas quant au premier. Ovide (3) sem- """^^ ]^ chute de ce misérable. On
le lui être plus favorable à l'égard tâchait de le recevoir au bas de ce
• '* ' (^n songe qu'il fait précipice sur de petites barques ran-
ur les changemens 6^®* ^^ xo^rA , et si on le pouvait
sauver , on le bannissait. Voilà ce que
l'on faisait par l'autorité publique,
de l'autre , quand
Sarler Pythagore sur
e la nature :
I/icnttr ilauœj donee eonjinta pontus
AbsiulU^et média tel lurent reppulu unda, rance de faire cesser les peines que
Mais après tout ou ne saurait entiè- ^>™oi>r ^^ur faisait souffrir , se pré-
Tement disculper Pline , non pas ÇipiUient du haut de cette montagne,
même par l'expédient officieux du T '^^"î "^"^ ^^ \^iX'\^ fut nommé
père Hardouin , qui veut que l'on ^* '^"^ ^^^ amoui^ux (7) Strabon
reconnaisseque Leucade a éte^reiointe "O"» fPprend que Menandre avait
deux fois à la terre ferme; ce qu'il débile que Sapho, eperdumentamou.
prouve parce qu'au temps de la guerre T"*® - y\^^oxi qui la me|)nsait fut
des Romains contre Philippe , roi de ^^ Première qui se précipita de Lea-
Macédoine, Leucade était une près- *^''*'^.^ ' ** "*® ^^^ ^^l'! *^f Menandre:
qu'tle (4) , et que du temps de Tite î"^'^ apparemment il n a point cite
Live et de Strabon , c'était une tle. *?"* ^« passage , car on ne voit point
Selon cela ce pavs avait été isolé dans ***"* ^? ^^ ** "^^^ ' que Sapho ait faitla
le temps qui sVcoula depuis cette F^™»*?''^ ce saut périlleux. D'ailleurs
guerre des Romains iusqijes à l'em- 2>trabon ne se range pas à l'opinion
pire d'Auguste , et il était redevenu (5) Opera ^colarum abscUsa continenU iu
Senmsule dans le temps qui s écoula reddUa veniorumjlatu. PJi». , Ub. IV ^ cap. 1.
epuis Auguste jusques a Pline. S'il (6) Strabo, Uh, X, pag. Su.
(7) Propterek dicebatur tactu iUê ctt^ptA *rmi
(0 Plinin» , lib. IV, cap. /. ipayT»». Sc«liger., in Aa»on. , Cupid. crucif.
(a) En note , au commencement du Uaetê. To 3ixp.(L To Too^c tparatc TTAi/tiv WWiç'lO-
(4) ^ tivio, /**. XUII. Sir»bo , Ub. X.pag. 3ii.
LEUCADE. ig5
le ee poète ; il dit que ceux qui ont Tai dit qu'on ne trouve pas Calyce
Approfondi plus exactement Fanti- dans le catalogue de nos sauteurs de
:{uité , témoignent que ce fut Cëpha- Leucade. Elle était devenue amoa«
le qui fit le premier essai de ce vio- i^use d'un jeune homme nommé
Lent remède , pendant ses amours Évathlus, et avait inutilement prié
tique, il dît que Vénus, après la mort deurs , et Calyce s^alîa précipiter à
d''Adonis, le chercha partout , et le Leucade (n). Je crois que si l'on
trouva enfin à Argos , dans ,1'tlc de comptait bien , Ton trouverait un
Cypre, au temple d'Apollon Érithien. peu jilus de femmes que d'hommes
Comme elle ne fit point un mystère qui firent ce saut périlleux.
de sa passion poui* Adonis à ce dieu, (C) // semble qu'il y ait eu
il la mena sur le rocher de Leucade , àes personnes , qui s'engageaient tous
et lui dit de se précipiter dece lieu-là. les ans.. à donner ce spectacle.']
Elle le fît j et , se trouvant délivrée de Un passage de Servius a inspiré cette
son amour , elle en voulut savoir la conjecture à Élie Vinet(ia). Voici
cause. Apollon lui fit réponse qu'il les paroles de Servius : Fœminas in
savait, en tant que prophète , que Ju- sut amorem trahebat (Phaon) in queis
fiter se sentant saisi d'amour pour fuit una quœ de monte Leucate citm
unon,venait régulièrement s'asseoir potiri ej^is nequiret , abjecisse se €&'•
sur ce roc, et apaisait ainsi la violen- citur; undè nunc auctorave se quo"
ce de sa flamme. 11 ajouta qu'un fort tannis soient qui de eo monte jaciunt
srand nombre de gens de 1 un et de in pelagus{\^), Vinet pense qu'on
Fautre sexe s'étaient guéris du mal pourrait rétablir ce passage en cette
d-'amour, eo sautant du haut de cette manière , undè nunc auctorare S9
montagne. On trouve dans cet en- auotannis soient qui se de eo monte
autres en perdirent la vie. Je n'y ai prenaient de faire ce saut, comrat
pas trouvé Calvce , et j'en ai été moins d'^autres s'engageaient pour une cer^
surpris que de n'y pas voir l'infor- taine somme à s'entretuer dans l'am-
tunée Sapho. Elle nous apprend dans phithéâtre. Les curieux feraient bien
la lettre où Ovide lui a servi de se- d'approfondir cette particularité par
crétaire , que Deucalion amoureux leurs recherches. Il est certain que
de l'indifférente Pyrrha, fit le saut de l'on s'engageait par vœu à faire ce
l.eucade , sans se faire de mal, après saut : cela paraît par la réponse d'un
quoi il cessa d'être amoureux, et Pyr- Lacédémonieu qui fut insulté , à cau-
rha commença de Taimer (9). Divers se qu'il reculait â la vup de ce précipi*
auteurs (lo) ont parlé de cet étran- ce. Je ne sayais pas , dit-il (i4) , que
ge remède d'amour, et il y en a mon uœu aurait besoin d'un autre i^œu
même qui ont dit qu'on faisait aussi encore plus grand. Les vers de Mé-
ce saut poar une autre chose , savoir nandre,rapportés par Strabon (i5),té-
pour apprendre des nouvelles de ses moignent que Sapho fit un vœu A
parens. Apollon avant que de se précipiter^
c'est-à-dire apparemment qu'elle cou-
rs) Pio1miii«,iil«d*H£pliestioii,^«dPbot., sacra cette action à cette divinité..
Ba»li«ibec. , ««« .9. , P-^. 49«. jiai oublia de dire qu'il y a deux ver»
^^^ ^"^a^lre'^^'' ^•^"*' '^""'" d'Anacréon touchant Ve saut det
Misit^ et itimto corpore pressii aqutu. amoureux. Scaliger les rapporte (16),
Aise mora s versus amor tetigU tentit»
eitna Prrrhœ („) ^\tnc\iom% , apuâ Atb«ngeum, Ub. XIF,
Peetora ; Deuemliùn igné levatus erat. ^^^ ///^ p^.. 619.
- Oirid. epUlol. Saph. , ▼•. 16?. ^,,^ j^ f^^^^ ^ Cupidîn. crocif.
(to) A«ip«liof y. libro ïUniorWi, e. VUt. ^,3^ j„ jg^ ,,5. jjj
ithcBM*. «I*. XIV ^ cap. Ht, Semas, la ,,/v pi-ta«l.ii. .1. A«Antit1, T..*»
rdog. VIII . .'#. 5q , et in %neid. , Ub. UI, w. i*4) PI«Urcb«f , m Apophtb. Ueoa.
Capitl. cracil. (16/ I" Ciria Vir|U. , |Nif ■ 69.
196 LEUCIPPE.
maïsjepenie crue ceux qui disent devient l'idole (G) favorite ie5
te trompent. P^^ célèbres malhematiciens.
(17) ar. d« LoDgeçiem, Vi« de Saplio. (A) // 110 faut point s'arrêter au
témoignage tte Posidonius.^ Selon»
LEUCIPPE , philosophe crée. *«i»f ig^age, i} faudrait croire qu'an
On n'est point d'accord sSr le ?hu^'2I.^^?v-*;?^^^^ nomnié Moj-
r. , * . cùus , qui vivait . avant le siège de
heu de sa naissance ; mais près- Troie , a inventé les atomes | car
que tous les auteurs conviennent ▼oid ce que Strabon nous apprend :
qu'il a inventé le sjstëme des ^ f* ^** nf^'J"»»»» wiç-iu^rA», kôu «
atomes, et qu'il ne faut point Z ^'iJ.Z^^fv^''*'^*^^'^'^
s'arrêter au témoignage de Posi- ;t/,4iû., yryofiroç. Imh si Posidonio
donius (A). On ne saurait nier credimus ^ antiquum de atonUs dog"
qu'en certaines choses le systë- "^ ^,Sf^^ *** » hominis Sidonii qui
me cartésien ne soit semblable s^itufSiDÎri^lmr/"' i^^^'''
, .,, j T • /«N ^""8 rjnmncus remarque la mémt
aux hypothèses de Leucippe(B); chose, et de la même manière que
et l'on doit blâmer Épicure de Strabon, c'est-à-dire en citant Posi-
ce qu'il n'avouait pas qu'il eût ^**°'*i* ^]^^ 3® "^ ^^ quelle mar-
prolité des înventio^is d2 ce phi. Ja^dt^r^n i1'è.2ïï dTs ï^^
atomes n'ont pas usé du dis- "j-f^^ ^^f '''''' * '^^P'*"", *^
. *^ . , ,., nieres de son maître (3) , vous ferei
tinguo avec tout le som qu il comme le docte Thomas Burn^
1 aurait tallu (Dj. ^ui ne croit point qu'il faille donner
Je me suis souvent étonné de ^ Moschus l'invention des hypotbè-
ce que Leucippe,et tous ceux qui f* ."ï"^ Le»cippe et Dëmocnte ont
P- i. ' * > * soutenues, f^ides rem totam in unius
ont marche sur ses traces, n'ont Posidoniifidemreferri, ^àeZZ
point dit que chaque atome était Jideutrumqueauthoremsubdubiian;
animé. Cette supposition les eût ^""* itaque atomorum hrpothêsin
tirés d'une partie de leurs em- ^''^'««"e Uucippum aut "bemocri-
, /Tj^v *^. t . • . , tu™ multo plures , et probatiores
barras (E), et n est point çlus fidei vastes affirment : etinteralios
déraisonnable que 1 éternité et 7*u;m* ipwW Posidonii «/«c^M/wG-
lapropriétédumouvement^qu'ils <î®ro j his ego libentiiis assentior ;
attribuaient à leurs corpuscules ^^j^ > ciim idem Cicerohui^: phi^
- j- • '1.1 ni. >_ ^ »•! ^osopho taisidici notam adjicere non
indivisibles. ObservobS qu il y a f^ereatur : Quœdam etiam Posido-
eu une secte de philosophes &ius, pace magistn dixerim, com-
orientaux qui admettait l'hypo- , . ^ ^ , _.,.
thèse des atomes et du vide (F) : o>) A^iAkLrr.. j^i l- «i; '
mais lis 1 avaient rectifiée ; car ^oi/c {^subaudi i^*f av iT»*! ^à «ré» hrmi
ils attribuaient à Dieu la créa- s"©»^"* ) § « ^« t« dp^^mifAv T*»T»r
tion des atomes. Disons aussi que ^f^^^ t»» |6|*», x*î ofc Ix.^*» a js^mU
le,ide,q«eGas,endiavaitrétaSli/,;',,ÎX»r:;4;<r^°^
et que ileSCarteS avait renverse , eiEpicurusMo,nos(di%erunteuermrumommum
gdguc peu 4 peu le aeSSUS, et namsUstaUtendum^etutaUStoîeusPosUo'
niur y à Moteko viro quodam Phœniee addiÈC
(«) Bi«. foin d, r«.ouer, il niaU ,u, X'^,"" ^'^""' •*»"•"•«••»'«»•'*«-.
LEUCIPPE. 195
vnÎDMci Tidetar ( 4 )• Apparemment s'élançant (6). Cest \ç manège que
X^osidonius tenait un peu de la mala- M. Descartee aui^it donné à sa ma-
rient, ou qui ne sont pas de notre chasse au centre des tourbillons cette
Sarti ; et 1 on aime mieux chercher matière subtile, et u la circonférence
anales temps etdans les pays les plus les globules lés plus massifs (7). Pai
éloignés un autre inventeur. parlé ailleurs (8) de ceux qui disent
(B) On ne saurait nier qu'en cer- qu^à Tégard des tourbillons et des
taines choses le système cartésien ne causes de la pesanteur , Descartes
soit semblable aux hypothèses de est le copiste de Kepler. Ils de-
Jieucippe,'] La maladie dont je viens valent ajouter que Kepler est le co-
de faire^ mention a paru dans notre piste de Leucippe.
siècle par rapport a M. Descartes ; (C) On doit blâmer Epicure , de ce
on ticnc de le dépouiller de toute la quil n'auouait pas qu'il eût profité
gloire de Tinvention , pour la parta- des inventions de Leucippe.] C^est la
gcr entre plusieurs autres jpbiloso- maladie des grands esprits : ils
pbes anciens et modernes. Je n^en^ avouent difficilement qu'ils soient
tre poiat dans cet examen ^ je me redevables de leur science aux lu-
contente de dire qu'en certaines cho- migres de leur prochain \ ils veulent
ses on a raison de prétendre qu'il n'a qu'on sache qirils ont tiré tout de
fait que renouveler de vieilles idées : leur propre fonds , et qu'ils n'ont
car , par exemple , l'hypothèse des point eu d'autre maître que leur gé-
tourbiUons n'est-elle pas de Leucip- nie. On a fait ce reproche à Épicure,
pe ? Le savant M. H net le prouve lui qui n'avait fait que réformer en
très-clairement. In uarios vorlices, certains endroits le système de Dé-
clit-il (5), SLue mundos primam ne- mocrite , dont Leucippe était le pre-
runi materiam distribuerunt Leucip' mier auteur. Cicéron nous va témoi-
pus y Democritus et Epicurus ; undè gner toutes ces choses. Ista enim a
és.ristimemus meritone in vorticum uobis quasi dictata redduntur : quas
horum inuentione tantum se jactet Epicurus oscitans hallucinatus est ,
cartesiana schola, j4c de his quidem eàmquidemgloriaretur, ut uidemusin
manifesta res est apud Dwgenem scriptis , se magistrum habuisse nul-
J^aërtium et Hesjrchium illustrium. lum : quodf et non prœdicanti, tamen
^iebant (^) enim corpuscula ex in- facUè crederem : sicut mali œdijicii
finitate simul collecta , Aivnv Àirtùyéu- domino glorianti , searchitectum non
"^ Çte^At , vorticem ejfficere ; et KûLVài nrh habuisse Xenocratem audire
*tqZ fxinu «t?Tlp«»9vv 9r«p»/ivf7ad«t* > tiM^r- potuit : quem uirum, ? dii immortales i
Beu y av^^i^tnàu , renitente medio et sunt qui putent audiuisse , ipse
circumvolvi : ex hâc- uertigine par- non vult. Ci*edo plus nemini. Pam-
ticularum secessiones et conjunctio- philum quendam, Platonis audito-
nes oriri; ex conjunctionibus enasci rem, ait à se S ami audilum
globosum acervum o-ùçnpLO. a^dupw- Sed hune Platonicum mirificè con-
J'tç. On trouve de plus dans le systè- temnit Epicurus : ita metuit , ne
me de Leucippe , les semences de ce quid unquam didicisse tàdeatur. In
Srand principe de mécanique que JYausiphane Democriteo tenetur :
^ I. Descartes emploie si efficacement j quem ciim a se non neget auditumy
savoir, que les corps qui tournent s'é' vexât tamen omnibus contumeliis,
loignent du centre autant qu'il leur Atqm si hœc Democritea non audîs-*
itst possible. L'ancien philosophe en-
seigne que les atomes les plus subtils (6) Tdl yuif Xf^rret ;i|:»^cry ùç to t^t»
tendent vers l'espace vide comme en j^^vov ôrjr%^ ^«Tro/uivet, tà Sk KtttTrài a-up,'
fjLiv%if* "Exilia qmd«m ad exleriut vaeuum
(4) T. BametiM , Arabaol. pbiloMpb. , lift, conlendrrm vehU dismlùintia t eœt*ra eonsisun,
/, 7ap. F/, pag. 3i4 , edU. Anuulod. , 1694. Diogen. Uërl., in Lenoppo , Uh, IX, num. 3i.
(5) Petrui Daniel Haetin» , Ceiuara philosoph. (7) ^«r« ^ ^onroal de Leipsic , 1689 , pag.
Carte«iaa«, c«^. VIU^ pag. m. 3t3 , ai4' >87 * '^*
{♦) Laen. «< Hwych. , m Leacippo, D«mo< (8) Dans VarOcU Rk»L>R , lum. Kitl, pag,
oilo «t EpM«ro. 55a , rttnarque (D).
»98
LEDCIPPE.
$et , çuid tmài^nu f Quid eât in pkjT' ane Ton n*a nul goût ni aocmie idé
êicU ipicuri non à Demoerito ? iVam ae la Tëritable pfajsîcfue. Atoqou
eUi qùœdam eommutavit^ ut, quod donc qae dans les paroles de Lac-
paulo antè de, inelinatione atomo- tance que Ton Ta lire, il T a et de
rum dixi; lamen pleraque dicit ea* bonnes et de mauvaises oSîections :
dem; atomos f inane ^ imagines ^ in* ce qui procède de €X qu'il confond
finitatem locorum , innumerabilita^ des choses qu^il aurait falla distin-
temque mundorum , eorum ortus et gaer. JVon est , inquit , prouidenùa
interitus , omniaferèf quibiis natU" opus, sunt enim semina per inant
ne ratio continetur(g). Le père Les- PoUtantia , quibus inter se temeri
calopier remarque qu'Hcfraclite aussi conglobatis uniuersa gignumur, ai'
•*est vanté de ne devoir à personne que concrescunt. Curigitur illanon
ce qu'il savait , et que par-là il té- lentimus , aut cernimus ? Çuia née
moigne qu'il ne tenait point à honte colorem habent ( inqiût ) nec ealo-
d'être frappé de la maladie sacrée, rem ullum,nec odorem : saporisqiuh
c'est-à-dire de l'arrogance (lo). Voilà que et humoris expertia sunt , et tam
un étrange nom donné à l'orgueil, minuta, ut secari ^ ac dii^idinequeant.
On pardonnerait cela à ceux qiii au- Sic eum , quia in principio jalsum
raient connu la fierté des ecclésias- susceperat, consequentium nrum ne-
tiques sous les papes de Rome. Si cessitas ad deliramenta perduxit.
quelque sorte de vanité méritait ce Ubi enim. sunt , aut undè ista cor-
nota , ce serait en quelques rencon- puscula? Curillanemo prœterumun
très celle des personnes qui se glo- Leucippum somniavit ? ^ quo De-
rifient de ne devoir leurs lumières , mocritus eruditus hœreditatem stut-
ni à leur lecture , ni aux leçons des titiœ reliauit Epicuro. Quœ si sint
Î Professeurs. Vous prétendez donc , corpuscula , et quidem solida ut di-
cur peut-on dire , avoir été inspirés, cunt, sub oculos certè uenire possunt
(D; Ceux qui se sont tant moqués (i i). Il dilate ces objections dans an
de l'invention des atomes, n'ont pas autre livre. Primiim minuta illa se^
usé du distinguo avec tout le soin mina , quorum concursu fortuite tù-
que sur leurs qualités. Il a très-bien habuit, solus mentem? qui profectè
réussi sur le premier point , mais il solus omnium cœcus , et excors fuit ,
est pitoyable sur le second. Les épi- qui ea loqueretur, quœ nec œger
thètes de fou , de rêveur , de vision- quisquamaelirare,nec dormiens possit
naire , sont dues à quiconque veut somniare. Quatuor elementis con-
que la rencontre fortuite d'une infi- stare omnia philosophi veteres disse
nité de corpuscules ait produit le rebant. Ille notait , ne alienis vesti-
tnonde , et soit la cause continuelle giis videretur insistere ^ sed ipsorum
des générations : mais si l'on donne elementorum alia voluit esse primar-
Jes mêmes titres à ceux qui préten- dia , quœ nec videri possint , née
dent que la diverse combinaison des tangi, nec ulld corporis parte sentiri,
atomes forme tous les corps que nous Tam minuta sunt (inquit) , ut nulle
voyons , on fait voir manifestement sit actes ferri tam subtilis, qud seeari,
ac dividi possint : undè illis nomen
X$r?"n'l:/* r*'!!'/ '^r""' i^ Â é"*^' imposuit atomorum. /Sed occumbat
■^J^r l . L) aulrei font le même reproche à Y.o\- .•*,». ..
cure ,- Voyex Gauendi , in fjui Viil , lib. /, 9ap. « , quod SI una cssct omnibus , efl-
IV ^ eilib. y^eap. I r.t II. dcmquc natura , non possent res
(lo) Iferadiiut, apud Lairtlum,lib,q, de efficere diversos , tantâ varietaîe ,
à se <iiilicis*é g ui qui nihil tcirei adoleseens^ ergo levia esse, et aspera , et rotun'
vir niktl ign0raret , citm tamen Xenophanem da , et angulaia , et hamata. QuOlUO
''ll^^^nlAf/rn^w^^^ meliUs fuerat tacere , quàminusus
tacro morbo lenen ; tic enun arroganltam ae- «^ ^
raclUut ipse vocitahat ^ «f0ty yo0>ov. Leicalo- ^
picr , Comment, io Ciccr. , da Nalura Dcorom , (ii) Lactoalins , Divioai:. Inutitot. , lih. III
pag. loi. cap. XFII, pag. m. lyo.
1
LEUCIPPE. 1^
mm mUenAiles , tant inanes , habert pour la diTision actuelle , toutes les
^mguam! Et qmdem uereor, t^e non sectes sont obligées de la fixer quel«
tinùs délirant videatur , qui hœc que part. 11 est trop visible quril j
t^tet refellenda, Respondeamus ta~ a nécessairement une infinité de cor-
éen uelut aliquid dicenti. Si levia puscules qui ne sont jamais divisés ,
lAWit et rotunaa, utique non possunt et cela suffit a rendre nulles les ob-
'zt^iceni se apprehendere , ut aliquod iections de Laciance par la Yoie de
orpus ejffîctant ; ut si q^is mUium la rétorsion. Pour juger bien saine-
dit in unam coaementationem con" ment du système de Leucippe, il en
twingere, leuitudo ipsa granorum in faut juger comme le docteur Tliomas
t^issani cotre non sinat. Si aspera , Burnet. Voici ce qufl en a dit (i 4) :
t angulata sunt , et îiamata , ut Ad hanc sectam eîeaticani oggrega^
ossint coliœrere , diuidua ergo , et ri soient Leucippus et Democritus ,
ccabilia sunt; hamis enim necesse t*iri celphres et eximii, qui hypotho"
st y et angulis eminere, ut possint sin atomorum inuexerunt ; quœ li-
\mputari, /laque quod amputari , cet , mea sententia ,falsa sit et malè
\c diuelli poiest , et uideri poterit , et fundata , dédit tanien occasionem
eneri (la). ^ philosophandi strictiks et accuraiius.
On se moquerait aujourd'hui d'un Hi enim non quœrunt corporum prin»
lomme qui -ferait de semblables ob' cipia , aut agendi tares inter nume*
ectious : car depuis qu'on a banni ros, proportiones, harmooias , ideas ,
es qualités chimériques que les qualitates aut formas elementares,
colastiques avaient inventées, le utabaliisfactumest :sedipsaadeunt
eul parti que l'on prend est d'ad- corpora^ eorumque conditiones phy-^
aettre des parties insensibles dans sicaset mechanicas examinant j mo*
a matière, dont la figure, les an- tum,figumm, partium situm, tenui*
;les , les crochets, le mouvement, tatemautmagnitudinem,etsimilia:et
a situation , fassent l'essence parti- ex his cujusque uirlutes œstimant, ac»
;ulière des corps qui frappent nos tionesdefiniunt,effectaexplicant,id^
ens. Cicéron a introduit un person- que reciè solidèque, ut mihi yidetur^
la <;equi a montréù Lactancela fauso hucusque. Quod uero lias minutias
e méthode de n'user pas du distin-- indivisibiles esse uellent , aut innatum
riM^o ; car il fait tomber la môme impetum habere , aut inclinationes
[imalifîcation sur la figure des atomes, ad certa loca^ aut denique inanibus
ït sur leur rencontre fortuite (i3). spaliis disjungi , hœc et hujusmodi^
Les modernes ont mieux distingué : non tantiim gratis dicta sunt, sed
Is rejettent l'éternité des atomes et etiam clarœ rationi rejragantun Ut-^
leur mcMivcment fortuit ; mais en cunque , ciim uiam aperuerint ad sa-
retenant à cela près l'hypothèse de niorem disserendi methodum circa
Leucippe, ils en font un très-beau res phjrsicas, et in lidc parle de re-
^ystème. C'est ce qu'a fait Gassendi , publicâ litterarid non malè meruo"
qui ne diffère de Descartes quant rint, illos laude sud ne iraudemus.
tions de Lactance contre rmdivisi' eussent pu repondre a une^ ODiec-
bilité des atomes sont les plus faibles tion qu'*iis n'ont jamais pu résoudre :
qu'on puisse faire aux atomistes : les c'est celle que PluUrque propose à
sectateurs d'Aristote et ceux de M. l'épicurien Colotés(i5), et que Ga-
Descartes en proposent de bien plus lien a étalée très-fortement , comme
nerveuses^ mais après iout ils ne peu- on l'a vu ci-dessus (i6). Elle consis'
vent parvenir qu'a la division possi* te en ceci ; que chaque atome étant
ble de toute sorte d'étendue , car destitué d'âme , et de faculté sensiti-
ve , on voit manifestement qu'aucun
(la) Tdem, lib. de Ira Dei , cap. X,p. 533. assemblage d'atomcs ne peut devenir
(i3) Ista enimJlagUia Democriti^ sive eliam "
anle L.uc.ppi, '/'%'^^'P;^'^''[l^^'^"lll':X' (,4) Arch«olog. Philosoph. . lih. /, c. JT/^,
nurvala qtuedain et quasi adunca : ex his ef- P » * ' '
feeturu esse cœlmn aîque terram , nuUdeogente (i5) PluUrchu» , •àr. Coloten , pag. 1 1 n
nature ^ ted toncursu^^dam forltùto, Ciccro , (x6) Citation (68) dé Varitel^ £»icuk ■ , <
♦le Naiarâ D«Of. , U!>. f, eap. \\iF. Vi, png. 178.
nbo . LEUCIPPE.
un être anime et sensible. Mais si n^ont point dit qne les atomes foi-
chaque atome ayait une âme et du teotdquésoudevie, oudeaeotimeot,
sentiment . on comprendrait que et ils ont considéré Pdine comme od
les assemblages d*atomes pourraient composé de plusieurs parties. Usoni
être UB compo<^é susceptible de cer- soutenu que tout sentiment cessait
taines modincations particulières, par la désunion , ou par Fanal jse des
tant à regard des sensations et des parties de ce composé. Voyez ci-des-
connaissances, qu^Â Fégard du mou- sous (19) Pexamen d'une obserration
Tement. La diversité que Von re- critique de Piutarqae contre Épicuiv.
marque entre les passions des ani- On eûttrouyé un autre grand avantage
maux raisonnables et irraisonnables, dans rhjrpothèse des atomes animée;
s^expliquerait en général par les com- car leur indivisibilité eût pu fournir
binaisons différentes des atomes. Il quelques réponses à robjection io-
plus éclairés, et n'y-aient pas ajou- sances. Cette objection est fondée sur
té cette pièce nécessaire ; car le choc Funité , proprement dite , qui doit
de la dispute , et la facilité de cor- convenir aux êtres pensans ; car si
riger ce qui manque aux inventions une substance qui pense n'était une
d'autrui , pouvaient les mettre en que de la manière qu'un globe est
état de porter leur vue plus loin que un , elle ne verrait jamais tout dq
n'avait fait notre Leucippe. On a arbre ; elle ne sentirait jamais h
quelque lieu de croire que Démo- douleur qu'un coup de bâton excite.
crite avait remédié en quelque façon Voici un moyen de se convaincre de
à ce grand besoin de Fhypothèse. cela. Considérez la figure des quatre
Les passages que j'ai rapportés en un parties du monde sur un globe ^ tous
autre endroit (17) semblent nous ap- ne verrez dans ce globe quoi que re
firendte qu'il donnait une âme à tous soit qui contienne toute l'Asie , m
es atomes, et l'on peut confirmer même toute une rivière. L'eudroit
cela par le témoignage de Plutarque : qui représente la Perse n'est point ie
« Democritus met que toutes choses même que celui qui représente Je
» sont participantes de quelque sor- royaume de Siam ; et vous distinsuez
3) te d'ame, jusques aux corps morts, un côté droit et un côté gauche oans
» d'autant que manifestement ils sont l'endroit qui représente l'Euplirate.
» encore participans de quelque cha- Il s'ensuii de là que si ce globe était
» leur , et de quelque sentiment , la capable de connattre les figures dont
» plupart en étant déjà éventée. » on Fa orné, il ne eon tiendrait rien qui
C'est ainsi qu'Amyot a traduit le grec pût dire : je connais toute l^ Europe ,
que je mets en note (18). Mais comme toute la France , toute la uille dtJiïïi-
nous n'avons plus les écrits de Dé- sterdam , toute la f^istule : ehiqo^
mocrite , il n'est pas aisé de donner partie du globe pourrait seulement
sur ce point-là un précis juste et connattre la portion de la figure qui
exact de ses pensées ; et , quoi qu'il lui écherrait ; et comme cette portioa
en soit, nous savons qu'on n'a pas serait si petite, qu'elle ne rcpréseD-
suivi cette notion dans la secte des tcrait aucun lieu en son entier, i'
atomistes. Épiéure ni ses successeurs serait absolument inutile queleglob'
fût capable de connattre ; il ne resul-
(i^) Tom. V\ pag, Ji';'i ^ remarque (P) de terait de Cette Capacité aucun actc de
rarticlB DîmocKiTi. Connaissance ; et pour le moins c«
(18) 'O ^f Ah^oxf iTO{ vAfTA fAtrix*tf seraient des actes de conaaissaDce
^«{T/ '^'VXJf ^oîstc , Koj rùL^jtn^À «rwv ow- fort diiférens de ceux que nous eipt-
fliATuv , cTioTi^adM JtidL^ttvSç Tifoc Btp/uûu rimentons ; car ils nous représentent
**i«iV?i»vix6w/*i'ri;t«'»'ow 9rxtio»oc«riflc?r- tout un objet, tout un arbre, to"'
y<0/X8V0C/. Democritus porrà omnia ait tfuan- UU chcval , Ctc. , prCUVC évidente qU*
dam habere nmmmn eùam cadavera .,fuàd le SUÎ et affecté de tOU te l'image dcCf»
hae semper persptcuè allquid ohlinfnnt caloris <* w *^ ***, vvrut.^ < Eiiiag«. «
*i/ensM, mnjorip'rU! «Mpiratd. PluUrch. , de fio) Dant U remarque (Q) de Panide M
Plac. Pbilo». , Ub. IF, cap. ir, pag, 908 , F, pc^ie Lwohèce , dans ce volume.
LEUCIPPE. 20Ï
point corporel , ou matériel , ou un soit partagée eu une infinité' de por-
compose de plusieurs êtres. S'il e'tait tions; et vous supposez que la portion
tel , il serait très-inseusible aux coups qui échoit à une partie de Târoe quitte
de bâton, vu que la douleur se divi- cette partie , et s'en va placer sur
serait en autant de particules qu'il y d'autres. Mais cette manière de corn-
en a dans les organes frapi>és. Or ces munication n'augmentera point le
organes contiennent une infinité de sentiment ; car si à mesure qu'une
S articules ; et ainsi la portion de la partie de l'âme communique sa dou-
ouleur qui conviendrait a chaque leur , elle la perd , c'est un moyen •.
partie , serait si petite qu'on ne la assuré de prévenir l'augmentation
sentirait pas. Si vous me répondiez que l'on appelle intensive (ai) , et
que chaque partie de l'âme commu- ainsi la difficulté subsiste en son en-
nique ses passions aux autres , je vous tier ; on ne voit pas d'où peut venir
ferais deux ou trois répliques <iui qu'une douleur divisée en une infi-
Tous replongeraient dans le bour}>ier. nité de parties soit un sentiment in~
Je TOUS dirais en i«'. lieu , qu'il ne supportable. Vous direz donc qu'une
parait pas plus possible que les par- partie de l'âme communique sa dou-
communiquent __
il est très-certain que chacune d'elles semblable à la sienne. Mais mon ob-
earde la portion du mouvement qui jection revient. Cette sensation sem-
lui est échue, et qu'elle n'en commu- niable produite tout de nouveau n'est-
nique rien aux autres. Poussez un elle pas reçue dans un sujet divisible
globe ; le mouvement que vous lui à l'infini ? elle se divisera par con-
communiqnez se distribue également séquent en une infinité de parties
à toutes les particules de ce mobile ; tout comme la première, et par cette
à chacune selon sa masse ; et depuis division chaque sujet , ou chaaue
ce temps-là jusques à ce que le globe morceau delà substance n'aura r|u un
cesse de se mouvoir , il ne se fait degré de douleur si petit , si mince y
point un nouveau partage de mou- q^u'on ne le sentira point. Or l'expé-
vement entre ses parties. Pourquoi rience ne nous apprend que trop le
îgard de la douleur que vous pour- infinité d inutilités. Vous ne pouvez
riez exciter dans ce ^obe-là par un trouvervotre compte au'en supposant
coup de pied? Ne devez- vous pas dire «ne 'chose inconcevanle , c'est que
que cette douleur se répand par tout Pimage d'un cheval , et l'idée d'un
le globe , et que chaque partie du carré , étant reçues dans une âme
globe en prend à proportion de sa composée d'une infinité de parties ,
masse , et retient ce qui lui échoit ? se conservent toutes entières dans
En !i«. lieu , je vous fais cette petite chaque partie. C*cst l'absurdité des
question. La partie A de l'âme, com- espèces intentionnelles que les sco-
ment commu nique- t-elle sa douleur lastiques n'osent presque plus mettre
aux parties B et C , etc. ? La leur en ava^t. C'est une absurdité bcau-
donne-t-elle en s'en défaisant de telle coup plus grande que celle de ces
sorte que la même douleur en nom- docteurs qui disent que l'âme est
bre c^ui était dansla partie A se trouve toute dans tout le corps, et toute
ensuite dans la partie B ? Si cela est , <3ans chaque partie (aa). Mais je vous
voici le renversement d'une maxime passe cela, et je me contente de vous
trèa-certainc et très- véritable , que demander si votre supposition n'en-
jes accidens ne passent pas d'un sujet (»i) !••* phitùsophes de V/cole nomment ex«
tensîTc la propagation d'une qualité en diffé-
rentes parties du sujet , el intenaive Vaequisi-
«.•__ j j^i^^ > i^ ^ «._
« l'autre (ao). Voici encore le renver-
8emf>Tit At^ ^^. .^~^^~^. ^..^*^~*:^»> renies parties au sujet , el intenaive l'aequtst-
Wincnt de vos propres prétentions. „•„„ d/nomea«x degr/s dans la mime parues
ïo) AcLÎdetUia non migratkl de subjecto in du *ujet.
*'itf^•c^un^. (,a^ Tou in lato el tou ia tlnsulis parlibas..
• •-....,, , •'•" , .7'" •••" .7 "" »^»r ^
"
:: 7"
..:. ' ::■■ r '" ^^-.^T/r ^^* ^a^^:::!: -^ -^
L
• TTf LEUCIPPE. «o3
.^ ^ indivisible , et ils n'avaient ils ne leur donnaient aucune gran-
^^s de droit de supposer des deur, et ils les faisaient tous sembla-
'' ^ nnimés , que d^en supposer blés les uns aux autres (ag). Maimo*
' *-s , et de leur donner la vertu nides les presse beaucoup (3o) sur ce
' . Il est aussi malaisé de con- cfu^ils étaient contraints de nier qu'un
cette vertu dans un atome , mobile allât plus vite qu'un autre ,
concevoir le'sentiment. L'e'- et que la diagonale d'un carré fût
et la durée remplissent dans plus longue que l'un des côtés. Ces
!S toute la nature d'un atome, embarras les pointaient à dire que les
' e de se mouvoir n'y est pas sens nou^ trompent , et qu'il ne se
*"' • "se j c'est un objet que nos idées faut fier qu'à l'entendement (3i):
■ ^t étranger et extiinsèque à quelques-uns même se portèrent à
du corps et de l'étendue , tout nier l'existence delà figure carrée
me que la connaissance. Puis (3^). Disons en passant qu'ils pou-
{ne les atomistes supposaient \caient rétorquer ces difficultés à leurs
îurs corpuscules la force de se adversaires , et défions tous les parti-
•ir , pourquoi leur ôtaient-ils sans de la divisibilité a l'infini , de
•sée ? Je sais bien qu'en la leur satisfaire aux raisons qui prouvent
nt, ils n'eussent pas évité toutes que la diagonale d'un carré n'est pas
-nr- ficultés : on eAt pu encore les plus longue que l'un des côtés. Au
■ ' 1er d'objections trcs-insolubles reste , ces philosophes arabes suppo-
c Mais ce n'est pas peu de chose sèrent en partie ce que j'ai dit que
• T e parer une partie des coups. Leucippe eût dû supposer ; ils ensei-
>..- trquons que die très-grands phi- gnèrent que chaque atome des corps
Les avaient fait consister les vivans était vivant , et que chaque
âpales propriétés de l'âme dans atome des corps qui sentent était
.•ce de se mouvoir (a6). C'était sensitif y et que l'entendement rési-
:et attnbut quHls l'avaient carac- dait dans un atome. Il n'y avait point
ée et définie. Eût-on pu trouver de dispute entre eux sur cette doc-
. âge que ceux qui donnaient aux trine ; mais à l'égard de l'âme ils se
àts le principe du mouvement , partagèrent en deux opinions : les
eussent donné une âme ? uns dirent qu^elle consistait dans
^ Ilya eu une secte de philoso- l'un des atomes dont Thomme par
s orientaux qui admettait les ato- exemple est composé ; les autres la
»• et le uide. ] Le fameux rabbin composèrent de plusieurs substances
imonides parle amplement de cette très-subtiles. Le même partage se vit
te de philosophes : on les nommait parmi eux touchant la science : les
paiians (a^). Ils s'exerçaient prin- uns la posèrent dans un seul atome ,
salement sur ces quatre points (38): et les autres dans chacun des atomes
. Que le monde n'est pas étemel; qui constituent lé savant (33). F'itOf
. qu'il a été créé; 3°. que son créa- ex ipsorum sententid , existit in und-
ur est unique ; 4°» qu'il est incorpo- audque particuld corporis uiuentis.
\. Ce rabbin rapporte les douze Ita dicunt , quamvis particulas
rincipes qui leur servaient de fon- animantis sensu prœditi , sensilem
eœent. Le second était qu'il y a du quoque esse. Dfam vita , sensus , in-
ide , et le troisième que le temps tellectus , et sapienlia ipsis sunt ac-
st composé de momens indivisibles, cidentia , non miniis quom JVigredo
1 ne paratt pas que leurs atomes fus- et Albedo, De anima dissentiunt.
^Dt tels que ceui^ de Leucippe ; car Quidam statuunt , animam esse acci'
dens existens in uno aliquo atomorum
il.
(>7) ^ore* la note marginale de Baxlorfe, /.^x yj^^ .... -
^J^ commencement du chip. LXIX de la I'*. î?^ {f *? ' **'*''" • W' '^S*
PWie de ta traduction du More NcTochim , sire ^^^^ Ibidem , pag. 1 5o.
7 fi'" P*'P'«"'om , dé Mo]>e Mainlbnides.
^,j'7^,^'*""«»''J«, ihidem, cap. LXXIIt,
(3i) Ibidem y pag, i5i.
(3a) Ibidem.
(33^ Idem , ihidem , png i?» , i53.
^^^ LEUCIPPE.
ineocontinetur.Aludicunt^animam aerniére sphère câcste îl nV .«*
esse composoam ex vnulti* *..i.«-#- **'^""»«=»«^ 'rV • ceicsie u n y araïf
«m« ,X«««," ZcXn^J^ r""/* '"'''• ¥' philosophes cbrc-
luibeniihus Juonnâ^n^ H^cddam tiens faisant profession de ses dogmes,
««6en*^ta, ,„o »™«^„r « co„j„„- ont en«:ign/ce que Plutarque Ittri;
sub.U,nùjLeUu!'Ji}j\fi"^..' 5"«»««toïrien?, que tout est plei.
Ulosanimam çuogue inS^a^^à tL.^J^ vide inOni. Ils le nomment
(ofL"^ dlTJ ViA I f ""^ «l<5finition ne convient pas L
riuJufvï^céikh^T^,ti,'f'^. espaces imaginaires. Pour ce qui est
vCx^a^âtn^^^^T^T'"-^ H '" pl<!nitude du monde , ils l'ont
ride ■ a» mio I ».,^J...rï n • "". '• **•.. C"" et précieux à la nature,
DemJtrius' MaS^' ?» T^""' P-H?'"» o°t ««' qu'elle avait «né
stoïciens en«>.-<»,^!^!7f J -.l"®'^ aimait mieux violer ses lois que de
&ân,Trnd:?et''q:e*C^d^ V^^"^ f^^ fourrât qV
monde il V » ..»^:J.° 5 • 7^^ P?''- ™* '"' descendre les corps
?u°Ari.t«t/l^ Tide infini ; éP. léger. , et monter les corps nesam,
mond?aut„û„fJ^ T* *'T M ^"tes les fois que le vide £ menace^
^ dpml^l-? "^^ •'•"* *® *"'• disent-ils : ces mouvemens sont con-
ajouUit-il , le ciel est ie feu. Je ne tent les élémens . mais ôue faire i
Xh^ -?* .^•""°*' ? .de-bit^ une cela ; de deux mauT n'est^-ïl pS^^-
«emblabledoctnne ; maisje sais bien mis et juste d'éviter le pire' L«
deù du° ciel" 3fif 1'^" "•"!"'"' PtUosopies modrm« se ^sontblfn
3"là du To?^'! "° '''^•'' "''^"' "H «ucJesseur TorriceUi ramenèrent U
aew du monde ; car nen ne serait d«>ctrine du vide • Gassendi le
t::t:Zt^Tlx^'^'^^''^r V^^^ resuura'enr'du sysût'â:
e? W^/ P K-' "° "P«ee.7>de Lucippe , la mit i la m<3e , et pré-
.eiené en c^ rdrÔfn^";;^ '?" '' '° • ^«"dit'l^avoir prouv<!e d^mourtralÎTe.
Heu ni v^^.^w ^^ ''5T/J" «nent. M. Descartes se déclara pour
d!rn';., 1 ' ' ^"Ç* ' *" •**'* **" 1« Pletu , et poussa la chose beaucoup
„Zh^„1 '• """* °i" ""? ï"";* plu» avant que ne faisaient iL secU-
^iderdw '„''?'■ '\°!,"^*î'''* »«"" ^'AriHote; carnon-seulemenf
vide qu en tant qu on le définissait il souUot qu'il n'y avait point de
I^mnW ""Î^".^ 'Z'. Pî^"^°*^ ^® ^^® les termes que de prëtendre que le
iimplement et gënëralement pour ce vide fût un espace où il nV avait
llim "" n «A.^ 5îi "^^ ^o°t»|°t aucun point de corps. On trouva un grana
t^oipi, U eût dit qu'au delà delà paradoxe dans fû/e/i/iïe qu'il ëublb-
f;M) hcr^u ^u'iiraut lire nuim^ue . et ainsi ^^^ «°^^f l'espace et le corps , et l'on
fv^mtiM H0 cêf phUoMophas sérail aue chaque ^na qu 11 diminuait la tonte-puissao-
*^ï^ti .*''"'; •"«"*"«;*• . . ce divine , puisqu'il enseignât que
4' tlïlTX: t "S^t' '^'""- • ''*• " ' Dieu mém^ ^gisslnt par J^l ,
C*^.^ Air<ki«itl, d« Cœlo, Ub. ifeap. IX, "6 pourrait pointfairequ'uu tonneau,
'^^ •<*• ^*» demeurant tonneau, ne fût rempli àix
tEUClfPE. ao5
"^uelquô matière. C'est sans doute demande ce que c'est que ces espaces
une conséquence de son dogme , mais qui ont réellement les trois dimen-
qui nlntéresse point la toute-puis- sions , et qui sont distincts du corps
sance de Dieu : il ne s agit point de et qui se laissent pénétrer par les
cette toute-puissance, il s'agit seu- corps, sans leur faire nulle résistance
lement de satoir si tout ce qui a trois ils ne saren* que répondre et peu
dimensions est un corps. Les raisons s'en feut qu'ils n'adoptent la chimère
de M. Descartes ont paru très-fortes de quelques péripatëticiens ciui ont
a bien des gens : ils ont cru qu'avec osé dire que l'espace n'est autre
sa matière subtile on accordait ai>é- chose que l'immensité de Dieu (Ai)
ment ensemble le mouvement et la Ce serait une doctrine bien absurde
plénitude , et ils ont trouvé du para- comme M. 4mauld l'a fait voir dans
logisme dans les prétendues démon- les écrits (4a) où il prétend que le
strations de M. Gassendi (37). Le règne père Malebranche semble attnbuer
du plein semblait donc plus affermi à Dieu une étendue formelle Notez
que jamais, lorsqu'on a vu avec beau- que M . Hartsoecker , bon physicien
coup de surprise quelques grands et mathématicien , a pris un milieu
mathématiciens dans un autre senti- entre Descartes et les nouveaux 'sec-
ment. M. Huigens s'est déclaré jxiur tateurs du vide : car si d'un côté il
le vide (38) : M. Newton a pris le prétend que le mouvement serait im-
même parti et a combattu fortement possible dans le système cartésien , '
sur ce pomt-la 1 hypothèse de M. Des- il veut de l'autre que l'étendue fluide
cartes comme une chose mcompati- où les corps nagent et voltigent très-
. I . . .. 1. 1» • . 'y ,, — w-*» «^i ^c^i deux choses:
je lui ai OUI dire que 1 existence du l'une , que ces grands mathémati-
vitle n est pas un problème , mais ciens aui fidmnnt^^^h — »:i j
un
démontré
démontré. Il ajoutait que l'espace pensent aux pyrrhoniens. Voici com-
vide est incomparablement plus ment. L'esprit de l'homme n'a point
grand que 1 espace plein Cette no u- d'idées plus nettes ni plus distinctes
velle secte protectrice du vide se que celles de la nature et des attri-
représente 1 univers comme un espace buts de l'étendue. C'est là le fonde-
infani où 1 on a semé quelques corps, ment des màthématiffues Or ces
qui en comparaison de cet espace ne idées nous montrent manifestement
sont que comme qjuelques vaisseaux que l'étendue est un être qui a des
dispersés sur 1 Océan , de sorte que parties les unes hors des autres et
ceux OUI auraient la vue assez bonne qui est par conséquent divisible
pourdiscernercequiestplem,etce et impénétrable. Nous connaissons
qui est vide , s écrieraient par expérience l'impénétrabilité des
^PPar^t rari nanusin gurgUe uasto (4o). corps , et si nous en recherchons la
u qu il y a d embarrassant pour les source et la raison à priori nous la
. «==.l.ai;o 11 esi «en , et que c esc une qui contient sous soi deux espèces
pure privation. Quand donc on leur mais comme une espèce qui n\ que
(3:) ror*» l'An de penser , ///*. part. , àes individus au-dessous de soi (2a)
€nap. XFIII^ nttm. IV ^ pag. m. 3a8 ei suiv, Vf^y
pag. ^96, donne ta tablalure des réponses que /re, parUedesa Pltvsiaue .br*X »«* %?
MM. de Port^Rqyal/ont à Gassendi. * (&i) Voyen en^l^îsTliS^i ^' "*■ ^î*
(38) Voje» son Dilcoan de U eue de Pe- V^ .684? ^ ' tmpnmée
T^j V;,n. . E.. , a. /, .s. „8. 41?/^" o.?^r/«' "^ ^"^^ • ''-^'"
»o6 L^VIUS.
D'où non» conclomii que 1m attri- I^VIDS, poêle latin. On ne
buU quisetrouTentdansuneAen. j,jj j^j -^ j il a ,écu
due, se trouTent aussi dans tonte . 4, , ^**«m« *t « vcuu,
autre. Cependant voici des mathë- mais il y a beaucoup d apparence
maticiens qui démontrent quMl y a que c'a été avant Cicéron. Il
du vide , c'est-à-dire une étendue avait fait un poème intitulé
indivisible et péne'trable , en sorte ir-^/^.,^„.„/^ «»iefr x j- r
qu'un globe de quatre pieds et l'es- ^^otopcegnia , c est-^^^àire Jeux
pace qu'il remplit , qui est aussi de « amour. Aulu-Gelle {a) en cite
notre
qu'il se trouve qui
nous a trompe's mise'rablement. Elle un poëme intitulé les Centaures.
nous avait persuadés cjue tout ce qui Feslus le cite au mot Petrarum.
est étendu a des parties qui ne peu- t_ ^^^„^,.„«„„; ^„^i /. ,
vent être pénétries ; et voici l'exis- Je remarquerai quelques faute»
tence d'un espace démontrée ma- \^)'
tbématiquement , d'un espace , dis-
je, qui a les trois dimensions, qui (") ^°*^*- ^"»f;» '•*• ^^. ^P- XXIK.
est immobile , et qui laisse passer et ^*) ''" Apologiâ.
repasser d'autres dimensions sans se
remuer , sans s'entr'ouvrir. La se- W Je remarquerai quelques fau-
conde chose que j'ai à dire est que '«*• ] Puisque Vossius (i) a reconnu
le système de Spinosa s'accommo- ^«8 ^«"^c dernières citations que je
derait très-mal de cette double éten- marque , il est bien étrange au'il ait
due de l'univers , l'une pénétra* mjs Lsvius parmi les poètes doot on
ble , continue , et immobile ; î'au- «ait seulement qu'ils ont vëcu avaot
tre impénétrable , et séparée en Charlemagne. Mais cette méprise est
morceaux qui sont quelquefois A légère en comparaison de la faute d'un
cent lieues l'un de l'autre. Je crois auteur (a) , qui a corrigé dans Aula-
que les spinosistes se trouveraient ^eWe Liuius , au lieu de Lœi*ius , et
bien embarrassés si on les forçait prétendu qu'Aulu-Gelle a cité Livius
d'admettre les démonstrations de Andronicus. Comment aurait-on cité
M. Newton. de ce Livius un passage où il s'agit d'u-
J'ai rapporté ci-dessus (45) une re- °« loi (3) faite l'an de Rome 656'^ coni-
marque des philosophes de la secte ™?°V. d»s-je , aurait-on pu citer sur
des parlans. Le rabbin Maimonides Çela Lmus Andronicus, qui était dé-
la réfute de cette façon (46) : Hanc jahommefaitl andeRome 5i4? car
rationem si considera^eris , int^enies ^^ J?"?/""® ,T ^^^ comédies cette
illam superstructam esse propositîoni annee-la (4). L auteur que je réfute
ipsorumpnmœ et quintœ , ac p?x>indè Pretend que ftœvius et Pacuvius ont
nuUius esse ponderis. Potest enim fleuri après Livius Andronicus : mais
illis dici, corpus Dei non est , ut di- » avait-il point vu dans Aulu-Gelle
citis uos , compositum ex conjunc- «"^ chose qui prouve manifeste-
tione particularum ejusmodi indiui- ment que ce Livius n a pu avoir
duarum , anales ipse creauit ; sed est connaissance de la loi Licinia ? Aulu-
coTjJus unum continuum, nullam nisi y^^e nous apprend (5) que Nœvius
in cogitatione admittens diuisionem, ^t puer des comédies lan 5 19 de
La réponse que ce rabbin suppose f ome , et ciu'il avait porté les armes
au'on pourrait faire ne s'éloigne pas « *» première guerre punique,
de la prétention de ceux qui admet-
tent un espace positif qui soit la di- CO D«Po«t. lâi.
vinité elle^éme. <*^ i6a'"'*'^' ^*'°*'* * •"•«"^▼- « A. GcUi»m
(3) C*etl la loi somptuaire de Lieinitu,
(45) CiUUion (93). (4) Cfst la pmnière qui aU él/ fçuAà Berne
(46) Moues Mnanoni^M , Merr NeTOetiini , F'qr's Cicéron , in Bruto.
pag. 176. (5) Lib. IVIJ, cap. XXI.
LEDWENTZ. LICINIA. 20
LEUWENTZ, ville de Hon- gouvernèrent mal. LuçJus Mé-
fine. Je n en parle que pour re- tellus , grand-pontife , n'ayant
lever deux grosses fautes du Sup- point puni assez rigoureusement
plement de Moreri (A). ce désordre , fut tire en cause
{\) Je n'en parle que pour relei^er JfrJ^®^?"^ ^ ^? requête de Sextus
tieux grosses fautes du Supplément "educeus , tribun du peuple. Le
^«J/oreW] 1° Assurer que cette grand-pontife n'avait condamné
i^ille dépend de l archiduc d'^utri- que Tunef^) des trois vestales
che, c'est tromper son lecteur ; car 2t ^ ♦ u i ^ vesiaies,
c'est déclarer , ou que cette ville est f, ^J^. absous les deux autres
annexée à rarchiduché d'Autriche , W- Licmia était l'une de ces deux
ou qu'elle appartient à un prince <lerniëres; cependant elle n'était
distinct de sa majesté' impériale , et pas moirm rnnT.okU « ii
connu sous le titre d'archW d'Au- T^ .'^*^''*^ _?^"Pfbïe que celle
triche. L'une et l'autre de ces deux ^"^ tut condamnée. Elles étaient
choses sont fausses. Il n'^ avait rien toutes deux fort décriées à cau-
de plus facile que de bien entendre se de la multitude de le'urs fa-
cette phrase de M. Baudrand, que l-ns Pfpl]*.cc^^^^k- . " „6*
l'on n'a pas entendue , sub dominio ?°V et elles se déchiraient l'une
^ustriacorum etiamnum. M. Bau- ^ ^"«^re. U abord elles n'avaient
drand écrivait son dictionnaire (i) ©u à faire qu'à un petit nombre
avant que les Turcs eussent fait des de bons amis , et cela soii«î Ip
pertes dans la Hongrie, et pendant vml^ ^'„« J ®
qu'ils jouissaient de^ leurs dernières ^^^'f "^ "'', Sf^^^ «^cret, et eri
conquêtes , et nommément de Neu- ^^^C'arant a chacun qu'il était le
hausel dont il venait déparier. C'est seul à qui l'on fît cette ffrâce •
pour cela qu'il crut devoir dire que mais ensuite le nombre des par^
la maison d'Autriche possédait en- tiVi'^oric r«„if- r j> ""par
core Leuwentz : car avant dit que *'^'P^°s multiplia d'une étrange
cette ville dépendait du gouverne- ^^^*® > parce que plus elles per-
ment de Neuhausel , il portait tous sévéraient dans le désordre plus
iZllIl^T ^ ^"^'- ^";^"^ Warte- était-il facile de les en convain-
nait aux Turcs, puisqu'on leur avait ^-^ l?li^„ .. • x i " ^""vdiu
cédé la possession de*Neuhausel par* ^^«•^"f, avaient donc à crain-
le traité de l'an 1664. La a«. faute ^^^ ^^^ délateurs; et ne trouvè-
est trés-absurde. M. de Souches , qui rcnt point de meilleur raoven
battit les Turcs à Leuwentz , Fan de les nblmi:>i- a« e;]-^«
1664, n'était point^eWrfl/^e5F7v./,- ^^ il! J f^ ?? Sj^^nÇe , que
çais\ quoiqu'il fût Français de na- ^^ '^' admettre à la dernière fa-
extrêmement prôné la part qu'ils eu- *'^ °^'<''^"«' "«^couveris par des
rent, l'an 1664, à la défaite des Turcs pjamtes éclatantes. Le mal alla
an passage du Raab. M. Baudrand est si avant, que les deux vestales
à couvert de cette critique, quoique ne firent plus difficulté de sp li
«a phrase grandi clade ajectifuére ^^^, x «1 - """^uiie ae se Ii-
h Souchio^duce Gallo , soit un peu ^^^^ ^ plusieurs galans , au su et
trop équivoque. au VU les uns des autres {c). Je
(I) Jlfui in^prùnék Paris . Van .68.. f '''''' ^'''^"^« , ^"^«^ * q^^Ique
T T/-TxrT 1 , *®™P® ^^ *^'"' ^^°°^ intelligen-
L<ltiiJ>ilA , vierge vestale, pu- ^
nie pour ses ipipudicités,environ («) T^H» s'appelait Émiiia,
Tan 64o de Rome. Il y eut tout ^*)^*~°i'"P«ï»anu«,i/iOrat.proMilone.
à U foi. trois mul« qui se p.?^HTrvS'.u,7^.-6*.&8;"^'"
ao8 LICINIA.
ce et qu'alors Émilia fut Tin- (A) Lon donna commùsionk Lu-
iroductnce de son frcre auprès ^^ ^^ ^^^^^ ^ Asconius Pé-
de Licinia , et celle-ci 1 mtro- dianus nous l'apprend en cette ma-
ducirice de son frère auprès niére : Ob quam set^erîtatem quo
d'ÉniiUa. Quoi qu'il en soit, il u^n^re Sextus Peduceus uibunus
est sûr que chacune délies avait ^^^^^ ^^ totumque collesium
pour galant le frère de 1 autre pontificum malè judicdsse de ince*-
(d\ Plusieurs personnes de l'un tu ulrginum vestalium , qubd unam
et l'autre sexe, libres , esclaves, niodh jEmiliam danmauerat , absd-
savaient la mauvaise vie de ces ^.^^ ^ populus hune Cassium creaiii
vestales; et néanmoins leur cri- aui de eisdem virginibus quœreret,
me demeura caché pendant fort isque et utrasque easetprœterea cofif
lonff-temps, eu égard à ce qu'on K«nes aUas niimaeUamutexistima'
*""o„ , " ' B 1 ^j^ ^^^ aspentate usas damnai^tt. Aa
appelle le public, bnfin un cer- ^^^ d'alias, ^e voudrais lire alios;
tain Manius , qui avait ete le car le nombre des vestales était trop
premier instrument , ou le pre- petit, pour qu'on puisse dire après la
Lier maquereau de cette déLu- Z^^^:^^t^%7.^!Z
che , se porta ^our délateur. 11 ^^^ ^, plusieurs autres d'Asconios
n'avait point été affranchi , ni soient les galans , les maquerelles ,
récompensé selon l'étendue de ses etc., des vestales. Dion remarque
' ^^, -f ^'«;iu»fe r-Vtflit <T«e les vestales criminelles envelop-
esperances, et d ailleurs c était 4 ^^ ^^^^ ^^^^ malheur quantité
un homme qui se plaisait a taire J^ g^^g . ^j ;/^„^, ^^ ^r^wç-oT^ «tt/Vaù tsÎ
du mal (e). J'ai déjà dit que le ^.^ ôxlôpow ko} tîîc *»V;t^v>»ç «<^)Xo? , av-
grand-pontife , luge né de ces a:»^^^ ^ f» **' f^^'' A*«>*>^» «^'l^;
sortes de pèches , n eut point la ^^^~, ^^^^^^q,. ;>^£,,^£;^, ^es^^x/.!
sévérité nécessaire. Le mecon- -^ quidem maximam mali ac de-
tentement que l'on eut de sa decoris partem tulére , sed tamen
mollesse fut cause que l'on don- alios quoque plurimos in gravUsim
• • s. T .,o;.ic r<>cciiie mala conjecére. et umt^ersam civUar
na commission a Lucius Cassius ^^^ ^^^ Lure penurba^ére (q).
d'examiner tout de nouveau ce ç^) Mania sa compagne, qui rus' é-
procès (A). C'était un juge ri- tait dii^nie qu'avec un seul chet^alier
eoureux et inflexible , comme je romain. ] Si ses compagnes avaient
e . ,.^ 1 *j«i,: t;o;«;« gardé les mêmes mesures qu'elle , u
l'ai dit en parlant de lui. Licinia ^^ ^^^^ apparence qu^elles an-
n'eut garde de lui échapper : raient.violë leur règle impunément.
comment aurait-elle pu éviter Peut-être même que Martia n'aurait
le dernier supplice , puisque perdu ni sa bonne renommée ni la
ic «c.*A* Yr ' r -1 ' p^jjj ^^^^^ commis pour repa-
Martia sa compagne, qui ne ^^r la mollesse des premiers juges, le
s'était divertie qu'avec un seul j^op rigide Lucius Cassius. Mat^w*
chevalier romain (B) , ne l'évita /*« -r» t« *aô* aMi *«« ^/»oç •»* t"*
pas? La sévérité de Cassius à re- î^»« ?f;t«^»ô»- ^h J^ix-te., ù ^^jr^.
chercher et a punir les compli- ^^. .^^,^^ ^po«*Tix*^tv ,v.... ^« Toi^r,
ces fut si grande , cju on crut ^^) ^^ç xox*<wç oiî /uÔTav «r*» fxi>;^-
Qu'elle avait passé les justes bor- ôivr»» ixxA *«!< tSv Axxa»» «•aTT»? t«»
nés ( f^ AiTifltÔévT»? V» o-u/ACtCmitùTos «reiJiff*»-
(rf) Dio , «&&fcm. (i) Toye», «om. /F, pa|r. 497 y «'^*«'» ^ii-
(e) Ifttdcm. •i«« LoiioïKB» (Luciu») , remar^u* (B), au pn-
( /*) y'orez dans ta remarque (A) ks pn» nUer alin*â.
ro/M «fAMoniot Pedianut. ^ (0 E«erpu es Diwe , W «»6.
LYCOPHRON. %0Q
ir^ Mccrcia guidem seorsim cum uno quelques jours d'autres hdtes ;
équité nom, rem habuemt, ac for- ^^i^ ^^g q^'o^ Savait oii il lo-
tassis IcUere votuisset , nisi latius por~ •. *■ •. -i .
Zta quœsUo eam guoque inJl^U- ^Se«»^ OU envoyait ordre au maî-
set Itaque odie admitsi tanti tre de la maison de le chasser ;
sceleris nonmododecont^Uitis^ sedde et enfin OU publia une ordon-
omnibus qui delati erantsuppUcium ^^^^^ ^^ laquelle on condam-
5um»«»m (3). C'est une chose remar- ..,* ^^ j^^ i- ii ,
quatle, et qui fait bien voir l'empire «^it » une amende applicable à
du tempérament, que tant de vesta- Apollon , et telle qu on jugerait
les aient succombé à Pincontinence , à propos » quiconque le logerait,
malgré le supplice affreux et l'infa- ^^ daignerait lui parler. Cha-
mie prodieieuse a quoi elles s expo- * ^v '• « t j x
saient (4) , et malgré la punition ac- c un ayant obei a cet ordre , Ly-
tnelle de leurs compagnes. Minutius cophron fut quatre jours sur le
Félix a touché cela (5). pavé sans manger ni boire. Pé-
(3) Eicerpu ex Dione , pag. fe6. riaoder , touché de compassion ,
(4) rojrézles Peintes diverse, sar le. Comè- gç ^fl ^lorS à luî parler, et lui
te>,p<i/?. 5e8. ' * j 'u • \ »-i
(5) Cwn pgnè in piurihus virgimbuf , et gua représenta deoonnairement qu il
nescienie, sil incestum vindicatum t in résidai» Valait bieU miCUX SUCCCder à
impttniiatemfecerit,n0n4:asUtaftutior,sedim- seS richeSSeS et à Sa COUrOUUe ,
pudteitiafeUcior.MiaiatimaYdiXipag.m.'i^. ., ^ .fit
•^ que de se rendre misérable par
LYCOPHRON, fiîsdePériau- u» ressentiment mal entendu,
der, roi de Corinthe, eut une Toute la réponse qu'il en tira
destinée fort singulière. 11 était fut un avis de payer l'amende ,
âgé de dix -sept ans, lorsque puisqu'il avait parlé lui-même
Mélise, samëre, fut tuée parPé- à.son fils. Périander, connaissant
riander , et il avait un frère (a) que le mal était sans remède ,
qui avait dix- huit ans. Proclès, envoya Lycophron à Corfou, et
leur aïeul anaternel ,. roi d'Epi- l'y laissa sans songer à lui , jus-
daure , les fit venir auprès de qu'à ce qu'il eût pris garde que
lui : et lorsqu'il les renvoya à sa vieillesse ne lui permettait
leur père, il leur dit qu'il fallait plus de bien remplir les fonc-
qu'ils se souvinssent qui avait tions de la royauté. Alors l'inca-
tué leur mère. Cette parole tou- pacité de son autre fils l'obligea
cha tellement Lycophron , qu'é- d'envoyer offrir à Lycophron le
tant de retour à Corinthe il s'ob- gouvernement. Cette proposi-
stinaànepointparler àsonpère, tion fut tellement méprisée ,
ni pour l'interroger, ni pour qu'on dédaigna même de parler >
lui répondre. Périander , outré au messager. La sœur de Ly co-
de cette conduite , le chassa de phron lui fut dépêchée , et lui
sa maison ; et ayant su de son représenta vainement tous les
fils aîné ce que Proclès leur avait avantages de l'autorité souverai-
dit, il envoya défendre à ceux ne. Enfin on lui envoya propo-
qui donnaient retraite à Lyco- ser de venir régner à Corinthe ,
phron , de le garder davantage et que son père irait régner à
chez eux. Le jeune homme, con- Corfou. Il accepta ces conditions ;
traint de sortir , trouva pour mais les habitans de Corfou le
(-) Diogène Laërcc, in Vit* Periandri, le *"^"'^?*' pOUr prévenir cet échan-
nomme Cjpakie. ge qui ne Icur revenait pas. Yoi-
TOMF. IX. l4
a,o LYCOPHRON.
là. ce me semble, comment il Priam , est l'oracle qai prédit tonte
* ' . /, . if 1. ' ' j^ 1^ „«- ces choses : ce nVst pas néanmoins
fallait faire 1 abrège de la nar- ^jj^ ^^^ p^^j^ . ^j^. ^^^ ^^ j .
ration d'Hérodote {b) (A). rôle est un homme qui rend un fidèle
, compte à Priam de ce que Cassandre
ib) Tiré d^EiToAoU , lib. il/, cap. L et prophétisait (i). Dection , Ora5,et
*"^"*'*'* Théon , avciient fait des notes sur ce
(A^ roilh comment il fallait poéme , qui se sont perdues (a). U
faire l'abrégé de la narration éfHéro- commentaire de Tzetzes subsiste eo-
i/o/e. ] IMogène Laèrce (i) a estropié corc. Entre les critiques moderne.
cette narration. M. Moréri ne s'est Guillaume ^Canterus et Jean Meor-
Fâ '' "
d'
dit
retourner
toujours d'y nuenir , est démenti «re ae i oriRinai ; car eue est ion
formellement par Hérodote. M. Hof- difficile à entendre, et toute henssee
man dit la même fausseté. de termes barbares.
La raeilieare édition de ce poète
(i) Diog. Laëru , in Vit Pericadri. est celle qui a paru à Oxford , Tan
1697 , in-folio, M. Potter , qui Tj
L Y CO PH RON , poète grec, procurée, n'a rien oublié de tout ce
Vous trouverez dans Moréri d'où qui éuit propre à la rendre recom-
il était, et quand il vivait.^Le mandable II a corrigé le teite grec;
XI tçtaii,, ^v ^«« j 1 • » il a misa coté de chaque vers de iyco-
poeme que nous avons de lui est phron la version latine de Guillaume
Tin ouvrage très — obscur (A) ; Cantérus:elleestenprose. Ilamisau-
mais il me semble qu'il fallait dessous du texte le commentaire d'I-
^^ 1^^^»* ,,»o rv^on/^A saac Tzetzés , accompagné de correc-
avoir non-seu ement une crranae .. .. j ri- • r ^ .■ n j -
, \. . "^^ ^ & tionset de A<rzn<F//eo/{o/Fe5. Iladoo-
^erudition , mais aussi beaucoup ^^ ^ part la version de Scaliger qui est
d'esprit , pour composer un tel en vers iambiques ; et puis les notes de
livre. Voyez dans M. le Fèvre Cantérus , le commentaire de Mcar-
/ \ ^ :\.c.,:«^ l« -^^^oA^e c» sius , et le sien propre qui est très-
(a) une infinité de pensées sa- «a^ak Tout cell est soutenu déplo-
yantes et ingénieuses sur les te- sieurs indices exacts et commodes.
' nëbres de cet ouvrage. Je ne sais Notez que M. de Boissieu assure 3'
pourquoi il débite que Suidas que son père, qui entendait bien
^ ^ ^ „«».,^ i.»«\,^,^o JI«o plusieurs langues , et qui s était ren-
nous a conserve les noms des §^ j,j^^^^^ autant par les lettres que
douze ou treize tragédies que par les armes , avait fait un commen-
Xycopbron avait composées ; car taire sur Lycophron; mais il nemar-
on trouve dans Suidas le titre que pas si cVst un ouvrage qui eût
j • ** ^i'^« J^T ,,«^«i,«^- été imprime. Au reste , il ne faut pa»
de vingt tragédies de Lycopbron. ^^^ .,i^j^jj^ ^^^ ^^^;^^ Bertraud,
Ce poète fut tue dun coup de natif de Kicz en Provence, est le
ilëcbe , et il n'y a qu*Ovide qui premier qui ail traduit en latin ce
nous apprenne celte particularité poèïne de Lycopbron. Il traduisit
^D. ^K * aussi le comm^taire de Tzeties.
\"r L^une et Tautre de ces deux versioni
(a) Vie ae. Poètes grecs , pag, m. i36 e« f|''-?°* ^inP/i'»^^** ensemble à Bâie ,
^uw* "an i558. Cantérus (4) a parle de es
(A) Le poème que nous avons de («) ^'«r** Canterni, Noi. *m Lycopbroo.>*t
lui est un ouvrage très-obscur, ] Il .(») '^qr*» yo»siii. , de l'oët. gr«ci..p«,<.6i.
est intitulé Merandra et contient oi^^^^^^T^:^ ^7%^
nne longue suite de prédictions. L'au- ,633,11^.40. » » /- ■
leur suppose que Cassandre , fille de (4) Gnnier. , pr»f. in Ljcopbron.
LYCORIS. a,i
1 583. On n'y narle de Lyconhron que apiîd Magnetes in Dianœ templo , ut
sur le pied d'un auteur dont quel- ex eoâem Zenone traditArnobius. ie
ques ouvrages se trouvaient en ma- m'e'tonne que M. le Fèvre n'ait point
nuscrit dans la bibliothèque de Vien- parle de ce passage d'Ovide.
ne (5) ; et lorsqu'on parle de Bernard
Bertrand on ne marque que sa tra- LYCORIS. C'est le nom que
duction d'EustaOïius stir i>/onr^^^^ Virgile donne à une célèbre
u4Jer, deiSitu Otvis, imprimée a Bâle ^ . i» ^^ACi»ic
chez Oporin , et sa version du livre courtisane que d autres au-
de Galien<ie Humoribus, imprimée à teurs nomment Cythéris. Il en
Strasbourg, Pan 1 558. Je voudrais parle dans sa X'. éffloffue, et
que Ton imprimât la Glose interli- t-i„ „^„„ ^/v^e,vU« „ • /a\
néaif^ et les noies grecques que M. ^^1* pour consoler un ami (A),
NicoUe a écrites de sa main sur le qm était au désespoir de ce qu'elle
texte grec de Lfcophron (6). C'est lui préférait Marc Antoine. Nous
un très -excellent manuscrit , à ce avons parlé amplement ailleurs
ïr.7:'Zllt:^tï:'î^±;r, <-) <?« l'aUachLent de Marc
Deveu de M. l'abbé de Bourzeis , l'a- Antoine pour Cytheris ; mais
vait prêté. nous n'avons pas assez fait con-
(B) Il fut tué d'un coup de flèche, naître l'histoire de cette femme.
ctilny a au O^idequinous appren-- ti- «,„„ J«,.« :«: _ ^ > '* -^
r^e cette plrticularité (8).] Vilère- J'^^"^ donc ici que c était une
^udré Dessélius (9) , qui prétend que lameuse comédienne que Volum-
Tbéodoret en parle , s'est trompé , nius aima , et qu'il affi*anchit
commeJesavantM.deBoissieurob- (B). Ce fut la raison pourquoi
serve (10). Il fait voir que Theodoret 11 •. 1^ ^ , ,, *. ^.
se parle point de la mort de Lyco- ^He prit le nom de Volumnia,
phron , ni même du lieu de sa se- a^ns les voyages qu'elle faisait
pulture : car au lieu de Lycophrone avec Marc Antoine par les villes
il faut lire Leucophryne : cela paraît d'Italie. Marc Antoine lui faisait
par ce passace d Arnobe (i i) : Leuco- j 1 1,.
phryn^ monumentum in fano apud "ndre beaucoup d honneurs,
Magnesiam Dianœ esse ^ Myndius et la mettait dans une litière
f^rofiteUir ac memorat Zeno, Voici ouverte, et faisait suivre l'équi—
esparolesdeM.deBoissieutZJeoôim pajre de sa propre mère , qui ne
LiYcophronis ne verbum quiaem apud ^ ° •. > *■ ^ r -, { *■
illum ( Theodoretum ) reperiiur : «f^^ait qu au cortège de la cour-
deindè Theodoreti locus (}^) ubi tisane (Z>). Ce fut dans cette
ex Zenone , Lycophronem in Dianœ rencontre que des lions furent
Magnesiœ templo conditum esse re- attelés au carrosse de Marc An-
(S) Noie* tfue cet paroles tU vtpitome lU toine(C). Un autre auteur dit
Gesner , au mot Lycophron , w- 558 , in Bi- seulement que Ic traiu de Cy thë-
bliotucca impren. Viennse, sont fautives ^ car .,,.'■ . . J
au lieu d'impreê». il faut im^ptrut. FIS u était pas moiudre que ce^
ufatZZl^'àl'''^'''''^'"'"'-^""'' J»» de la mère de son galant(D).
C7) Là mime. Il aurait dit une chose encore plus
(8) vtque eothumatum pnisse Lycophrona vraisemblable , s'il avait jdit aue
narrant^ . _ ' , . ^
Bmreai in fibrit mitsa sagitta tuiu ceux qui demandaient des gra»
y^o.^l^t^X^i::;i^.pas. œs à Slarc Antoine sollicitaient
'7i'o) romiBent., in Tbîn , pag. .07. {à) Dars l'articlh </j FcLVlK , fo;n. K/,
(,t) An,**. , lih. FI, pag. m. «q3. P"S'' 6ît3 , remarque (L).
(laj Theodoret. , «6. F fil de Gnce. Affec». *) ^ ojrcz, surtout ceci, /Vr^ic/r F ULYW,
CMral. <«'«• '^'f pag. 623, remarque .L;.
212 LYCORIS.
plus humblement auprès de sa autemGiMusamapUCythenJemme'
* ». f î.» JU o« ,»k^o retru:em hbertam K^olumnu Œ).\\m
maîtresse qu autres de sa mère. ^.^ ^^ ^^ ^^ ^^^ ^^ conJdienBe ;
Servîus nous eut fait bien du maisBOuâ rapprenons d'ailleurs. Oq
plaisir y s'il nous eût marqué sait que la courtisane Cythëris, mat-
avec plus de précision en quel tre«f de Marc Antoine , se faisait
*^ .. »^ .• _ « ,:„:i. appeler Volumnia (5). Pourquoi , 51
temps cette courtisane suivit ce n'est à cause que Volumniusravalt
Marc Antoine à l armée (L). Je aflVanchie ? Or laCythérisde Marc
ne pense pas qu'elle l'ait suivi en Antoine était une comédienne ; il
Asie pendant la bataille de Phi- [autdonc que celle dont Senrius parie
,. *,T^, T >rk 'j Fait été aussi. U ne reste qu a proflTtr
lippes (F). Lorsqu Ovide remar- ^^^^n^ ^^^ aimée de VolTumnius. En
que que le nom de Lycoris est voici la preuve tirée d'une lettre de
connu depuis l'Orient jusqu'à Cicéron ( 6 ) : Accubueram hord no-
rOccident (c), ie ne doute point nd,,,,apudrolumniumEutrapelam^
,., , '^ ' 1 A^ et quidem supra me jttUoui , infra
qu'il n'ait en vue les vers de rerrius.,., infrhEutTnpelumCfike'
Gai\u.s concernant cette COUrtl- rishccubuit/lneoigitur^inquù^con'
sane. Cicéron rapporte une vwio Cicero ille quem adsp«ctabant ,
raillerie ou Fulvie avait peut- <^«;"f <>*°' ^H' '"''i obueitebant
saxiii^.At^ w»* ►* T *^ • sua ? non , me Hercule y suspicatia
être moins de part que Lycoris sumiUam afforv-.sed tamenneJm^
(G). tippus quidem ille Socraiicus erubuil
Il est visible que Cythéns est Kl m»
(A)r.- "■ ' ^
consoler
croit
Caïus
PoUion. Mais comme Servius ajoute
qui
été
^c
nifestement qu'il a confondu le poète prés ; « ad hune amorem Ub.'},^
Cornélius Gallus avec l'orateur Asi- » Si alludit scribens ad eumdemVo-
nius Gallus ( i ). Celui qui obtint » lumnium , ut nihil sit tam «»«^VÎ'
d'Auguste le gouvernement d'Egypte » «Juod non alicui venustum essevi-
immédi^tement après la conquête de » deatur (8). » Cela se rapporte uni-
ce royaume , est le poète Cornélius quement au mauvais goût touchant
Gallus. C'est apparemment à lui que les bons mots. Cicéron veut dire qa"
Virgile adresse son églogue de conso- n'y en a point de si plat ni de si fade
lation , sur les infidâités cruelles de q«i ne paraisse beau à quelqu un. A»
la courtisane Cythéris. Celui à qui ce reste , on ne trouve pas de ^ueiie
poète parle composa quatre livres de manière Cythéris passa des mains de
poésies sur ses amours (3). Il nous Volummus en celles de Marc Antoine;
en reste quelque chose , si l'on en ^q ^j^. ^^ . ^
croit quelques critiques. ^g) y^hebaïur in ess^do Trih. pUbU: licv>»\
(B) C'était une,., comédienne que laureatiameeedfhatU^inUr quos operldltciitA
Volumnius aima.et quil affranchit.'] Mika portabatur, quam ex oppidis mumap^
Servius témoigne que latvcorisde .':;*rr::™ "(^''.fr^ll^^Xr^r
Virgile était la courtisane LytnériS , lvmhiaih consalulabam. Cicer. , Pbilipp "'
que VolumniuS avait afiranchie : Hic cap. XXIV. Dans la onzième leUre da a-
* Uvre à* Auieut \ il nomme Cjthètu celte »••■»
(i) In ecloftam X Virgilîi. y"* Mare Antoine menait avec lui PluUf<l«.
Ca) Voyez Scallger, in Euscbii Chron. , num. »" Antonio, pag. o^o , la nonvne Cjlhént.
199' , P^8- 167. (6) ^V»i- XXVI , lib. IX ad T.mil.
(3) Jtnorum auorum de Çnhende lihros (?) i« XXXII*. du livre VII ad Famil.
striptil quatuor. Servina , in fclo|(. X Virgilii. (8) Abram in Cicrr. Orat. fm. Ilf p» ^^
LYCORIS. a, 3
mi ce fut par la cession de Volumiiius, mimus et Sacculio sanrào capti. Uoa
%>\i par 1 inconstance et Pingratitude Brutus quhm contemnoret , adductos
<ie la mattresrse. Je croirais plutôt le ad eum accusayerunt amici ejus ne
Cela paratt pak* ce passage de Cicë- 3®. qu'il remarque que Brutus ne fai-
Tou{g):Scripsiady4ntoniumdelega^ sait n al cas de ces deux personnes.
tione , ne si ad Dolabellam sotum Cela ne convient point au Volumnius
scripsissem , iracundut homo commo- dont parle Cornélius Ife'pos. Mais
t^eretur : qiiod autem aditus ad eum diantre c6té riinmeiir railleuse lut
éfifficilior esse dicitur , scripsi ad Eu- conrient parfaitement ; la dëman-
trapelum , ut is ei meas litteras red-- geaison , dis-je , des bons mots, qui
qui
Voluronius, si je ne me trompe , que le tenaient en prison. Une lettre de
Cicéron a parle dans la XIII*'. phinp- Cicéron, qoe j^ai citée (i6), témoigne
piaue , en donnant la liste des cigna- que .Volumnius Eutrapélus ( in) était
raaes de jeu de Marc Antoine (lo). grand diseur de bons mots. 'Cicéron
Nous allons entendre ComéliasNépos, ne craignait que lui en ce genre de
<]ui nous apprendra queVolumnius , perfection , et lui recommande deux
ami intime de Marc Antoine , avait choses : Fune de ne point soulTrir
une charge considérable dans les qu'on attribue à lui,Cicéron,les mau*-
t:roupes de cet ami. Familiares ejus Taises pointes , les sots quolibets et
( M. Antonii) ex urbe profugientes les méchantes turlupinades que l'on
ouanthm potuit texit{ Atticus ) : qui- débitait à Rome sous son nom , pen-
dus rébus indiguerunt adjuuit : P. dant son absence ^ l'autre de protéger
t^ero f^olumnio ea tribuit ut plura h le plus qu'il pourrait l'empire de
parente proficisci non potuerint. . . . l'urbanité , contre les funestes irrup-
(11), L. Jâlium Caliaium... propter tions de la mauvaise plaisanterie.
magnas ejus ^/ricanas possessiones N'est-ce pas nous représenter Volura-
in proscripiorum numerum a P. Ko^ nius comme un bel esprit ? Quibus
lumnio prœfecto fabrum Antonii^ ah- in litteris omnia mihiperjucufwafue"
sentent relatum , expédiait (13). La runt , prœter illua , quod pariinh
maison de ce Volumniu^ fut Fasile de diligenter possessio salinarum mea-
Pomponius Atticus pendant les fureurs rum à te procuratore defenditur. Aïs
de la proscription triumvirale ( i3). enim , ut ego discesserim, omnia om^
Il est impossible , ce me semble, de nium dicta , in his etiam Sestiana , in
décider si notre Volumnius est le iwe conferri. Quid ? tu id pateris ?
mf^me que celui qui fut tué de sang nonne défendis ? non resistis ? equi-
froid par les gens de Brutus (i4)- Les dem sperubam , ita notata me reli-
raisons d'en douter sont : i^. que quisse gênera dictonim meorum, ut
Plutarque traite manifestement de cognosci sud sponte possent (18).
comédien celui que les gens de Brutus Après ce» paroles, Cicéron explique à
tuèrent. *Hv /l tiç Boxo^/xvioc MiJmoç xaj quoi il veut que l'on reconnaisse si
^oLxouxiety ^«xaTo^oiof , «XttJco'rK, oÛç iy un bon raotest de lui, et prie Volum-
oùJ^vî xovtt Tidf^uivot; tùu "Bfoùrooy rtfao-A- nius de garantir, même avec serment
y^yru 01 ^ixoi Kttvmyhpùvy y ùt ùùA vt/» (19) > que tout ce qui n'est pas mar-
TotT Xf'^fiv KO.) OTMTtTtiy ^^oç vC^y AÙrSt que à ce coin vient d'ailleurs que de
àir%XofJihovt. Evat quidam Polumnius Cicéron. Urbanitatis possessionem ,
fQ) Epîst. VIII , lih. XFêà Anié. (i5) Idem , ibidem.
(10) Addite JntoniieoUusores et todaUs Eu- (i6) La XXXIl*. du Fil: livre ad Famll.
trapftum , Melam, Cœlium , ece. Philipp. XIII, (,,) // jTiii apparemment ainti surnomma à
(irea mit, eaifse de son humeur fae/tieute. Voye% Varùele
(11) C. ITepoi, in Vît* Altid, cap. IX. «I'Ekaimk, totn. Ft^ pag. aao, citatiçn Ci3).
{it) Ibidem, eap.Xn. (,8) Cicero , cpist. XXXII , lib. Fil •à
Ô 3) Ibidem , eap. X, Famil.
(i4} PluUrch. , in Bruto, pag. I0o5» (tg) Vt- saeramento eoniendas mea non esse.
2i4 LTCORIS.
amabo , quîbuavU inUnUetU defenda-' Cicéron. Je n'ose- assorer la méma
mus s in qud te unummetuo , content- chose ; j'aime mieux dire non liquet :
no cœteros (ao). Voici un autre éloge j'avoue seulement que Topinioa de
bien fort : Opus est huic llmatulo et ce critique me paratt beaucoup pins
polito tuojuaicio , et ilUs interioribus probable que celle d'un homme qui
lUteris mets quitus sœpè verecundio' alErmerait le contraire. Il me reste à
rem me in loquendo facis (ai). Un remarquer touchant notre Yolom*
homme de ce mérite et de cette qua- nius , qu^on croit qu'Horace a parlé
lité peut-il être le comédien dont de lui, en disant qu'Eu trapël us don-
Plutarque fait mention ? Et n'est-il nait de très-beaux babits à ceux à qui
Cas plus vraisemblable que ce comé- il voulait rendre de mauvais offices.
ne décide rien. Je crois que Plutarque plois les plus.vils.
aurait pu se tromper facilement , par
la raison que je m'en vais dire. Vo- V \'f^K\ *»''«"7«* «oc*/» 9oUbat,
lumnius, selon toutes les apparences , Cum puUhris tunicu suinei noya consUia a
lâcha tellement la bride à son génie j>pes .•
railleur et goguenard , qu'il ne carda ?%"*/*' *" '""*" ' "^f^ po'^ponet honestam
1 j^ «. fi9^ Ufficiwn t nummos ait» nos pascet : adimum
pas plus de mesures , et qu'il n'eut jf^rax erit , oui olàorU ag^ mercde ^
pas plus d égard aux bienséances et lum (»S).
à sa qualité, qu'un comédien de pro- /r«v n ,. y. , ,
fession. Cela était presque inévitable (C) Des lions furent attelés au car-
à un homme qui, comme lui, avait le ^"'^ /« ^Pj;^ Antoine. ] Il fut le
talent des bons moU , et une liaison premier qui les fit servir a cet usage
intime avec Marc Antoine, le plus parmi les Romains. /«^o juAAV/i£ eo*
libéral de tous les hommes envers primujque Romœ ad curruni junxU
ceux qui le savaient divertir, et en- ^' Antonius , et qmdemcwiU hello
vers les comédiens , dont sa maison ^"'^ dimicatum esset in PharsaUcU
était toute pleine. ^fiTMmcaTOjjflnum, ^^^npis , non sine quodam ostento
gui ciim de wectigaUbus eximebatur , temporum generosos spiritus jugum
ut militibus daretur y tamen infligi subirai illo pi^digio signifie ante :mim
magnum Bjcip. vulnus putabamus : î'"?^ '^^ ^f<^^"^ "' <^""* '"*'«« ^J^'
hune tu compransoribus tuis et collw ^^9 *"/"*« ^°'"î'*î , ^J.'^,"* lUanan
soribus dii^idebas : mimos dico et mi- calamitatum fuit (a6). Selon ces pâ-
mas , P.C.. in agro campano col- ^oles de Pline, ce nouveau spectace
locatos (aa). Nous avons vu ci-dessus »« Ç?/""' en Itahequ après la bataille
(23) que Volumnius était l'un de ses -^f Pharsale : il semble pourtant que
joueurs : le passage que \e viens de pceron dise le contraire dans une
citer donne la même qualité aux co- lettre (27) qu il écrivit a Atticus avant
médiens et aux comédiennes. Il arriva cette fameuse journée : Tu, Antowi
donc peut-être que Volumnius, mêlé 'f^^^.^ pertimescas caue : mhil est Ulo
tous lesjoursaveccette sorte de gens homme jucundius.U veut dire , ce
chez Marc Antoine , et plaisantant me semble , qu Atticus ne devait pas
et houffonnant autant qu^eux , se fit ^^^f^^'^y/T °^ ^^ ,^"® *® lieutenant de
traiter de comédien , et que Plutar- Ç^^^J *^*isait traîner son carrosse par
que le prit bonnement pour un hom- ^es lions. 11 assurerait cela plus clai-
me de ce métier. Un savant critique rement, si la conjecture de Victonus
(a4^ assure que le Volumnius de Plu- ^^^^ certaine. Ce docte cntiaue (a8)
tarquene diflère point de/ celui de T^"* q^o^ J^^e leombus au lieu de
lenombus , dans, le passage de la W.
(ao) Cicero,epiit. XXXII, l\h. riIadTmll,
(ai) Clcero , ad Yolnmiiiam , epUt. XXXIII, (a5) Horat. , epist. XVIII , vs. 3f, Ub, I.
fit. r// ad Famil. (a6) Plin. , /ift. FUI, cap. XTI, p. m.
(33; Cicero , pbilipp. Il, cap. XXXIX. 161.
(a 3) A la citation (10). (37) La XIII: du X». livre.
(a4^ Petras Victorini , dans U CiciroB dt (aS) Voye» le Cieéron de GrvTÎiw, cpi«L ad
Cr«viiu, epitl. ad Famîliar., lom. /, pag. 4^4. Àuicnn , 'tom. 11^ pag. iBi.
LTCORIS.
ai5
>Iiilippiqae que je mets en note (39).
>es raisons sont spécieuses, et je croi-
rais sans peine qu'il a raison , comme
/*a cru le père Abram (3o). En ce
sas - là Plutarque (3i) et Pline n'au-
raient point agi en fidèles historiens ;
3ar il est indubitable que les paroles
de la 11°. philippiqne concernent les
promenades que Marc Antoine fit
faire par les villes d'Italie à la comë- '
dienne Cythéris , pendant que Cësar
fit la guerre en Espagne aux lieu te-
naâs de Pompée , un an avant la ba-
taille de Pharsale. Au pis aller, je
veux dire,po8ant le cas qu'il ne fallût
point avoir égard aux paroles de Ci-
céron , nous ne laisserions pas de
convaincre André Alciat d'un gros
mensonge ; car il a suppose que Marc
Antoine ne se servit a'un attelage de
lions , au'après avoir fait mourir le
père de l'éloquence.
Romanum postqukm «loquium , Cicérone p»*
rempto ,
Perdidernl palrit» pesUs acerba sua ,
Jnscendit etirrus victor , iunxilque leones ,
Cbmpulil et durum colla subire jufium :
Maanarùmot cessiste suis jénlomus arinis
Amba^e hoc cupiens significare duces (3a).
Ce mensonge (33) est d'autant plus
inexcusable , que l'auteur y a fondé
un éloge de Cicéron et quelques mo-
ralités.
(D) Le train de Cythéris n'était
pas moindre que celui de la mère de
Cicéron , rejecta mater amicam im^
puri filii tanquhm nurum sequebatur
(34)< Voilà les idées que Cicéron nous
communique ^ et voici celles de Plu-
tarque (35) : 'O /i KeÙ TelC TTOXiK f ^l«V
• Xet-TTOI/Ç % T0 TNC /AlCrpOC AÙftQU ^Tipil-
^roTTfc «jeoxoudovv. Hanc urbes pera-
(99) y^ehebalur in essedo trihunu» plebis :
liclores laureali nnlecedebant , inter quos aperid
lecticd mima portahatur... Sequebuiur rh^da
€um Unonibus comités nequitsuni , cap. XXIV.
(3o) Abram io Cîc«ron. Oral. , <. // « p. 645.
(3i) Il rapporte au temps d'apris la batailla
de Pharsale les >^i(iyrtç SLffJLATiy ÔTroÇtùy/un-
y 01 leonibus jancti cnrrus ^tn Antonio, pag,
gso , B.
(3i) Alcîât., cmblem. XXIX.
(33) Il a (été remarqué par les commentateurs
des Emblèmes . et par le pire Abram in Cicer.
Oral. , tom. Il, pag. 64Â.
(34) PbiUpp. II , cap. XXir,
(35) /n Antonio, pajf. 930, jt»
grans eireumdueebat lectioa ; lecticam
ejus nonminor comitatus quam matris
ipsius sequebatur. Ni lui ni Cicéron
ne parlent pas de la femme de Marc
Antoine ^ cVst une marque qu'il n'é-
tait point alors marié. Voyez l'article
de FoLviE (36).
(E) En quel temps cette courtisane
suiwit Mai'c Antoine a Varmée. 3-
Nous savons qu'elle le suivit au delà
des Alpes.
Gallff quid insanis? inquit ttua cura, Z.rcorîr
Perque nives altum^ perqua horrida castra
jecuta est (3^).
jyune insanus amor duri me Martis in armis
Tela inter média atqua ttdversos detinel hos" '
tes.
Tu , procul à patrie ( ne eit mihi credere , }
tantum ,
jifpinas , ah l dura , nives ^ et frigora Pheni
JUe une sola vides t ah l ta ne frigora Itedantt
Ah I libi ne teneras glacies secet aspera plan*
tas (38;.
Mais aurait-elle suivi Marc Antoine
lorsqu'il allait servir dans les Gaules
(39) sous Jules César , ou lors(|u'il s'y
retira après avoir été battu à Modène ?
J'aimerais mieux prendre ce dernier
parti , parce qu'autrement il faudrait
dire que Virgile mettrait l'appareil
à une fort vieille plaie ^ il consolerait
un homme dix ans après que sa Ly-
coris lui aurait été infidèle. Les Bu-
coliques de Virgile sont postérieures
à la mort de Jules César; et par con-
séquent si Lycoris avait abandonné
Gallus pour s en aller dans les Gaules
avec Marc Antoine , pendant que
César y faisait la guerre , Virgile au-
rait exercé sa muse sur une amou-
rette, ou sur une infidélité surannée.
Mais en supposant fautre partie de
l'alternative , la plaie de Gallus était
toute fratche , et ainsi les vers de
Virgile pouvaient venir fort à propos.
Selon cette dernière supposition ,
Marc Antoine s» souvint peu de sa
parole. Il avait promis à Fqlvie , l'an
709 , de renoncer pour jamais à sa
comédienne (4o). 11 la quitta appa-
(36) Remarqua (L).
(37) Virgil. , eclog.. X, vs. 99.
(38J Ibidem^ vs. 44*
(3g) Itj alla deux fois; i*. après le retour
d Ei:YPte , oU il avait serx'i en 698 , sous Gabi'
nius; a*, après avoir Ae fait questeur. Voje*
Cicéron, Phtl. II , cap. X.ÏX ^ XX. Ilfutques»
teur dans les Gtiules y sous Jules César ^ l'an
703, à ce que dit Hirtias.
(4o) yoyei l'article Fvltii, tom. FI, pag.
asa , remarque (L), eitatiçn (81).
2i6 LYCORIS.
rAmment pour un temps , et ee fut (F) Je ne penêe ptn qu'elle Fait
interralle que Galliis t^em- Muiui en Asie après la ha
dans cet interralle aue Galliis s em- svuvi en Asie après la bataUlt de
para de Cjthëris. âUl n'eut pas le Philippes, ] Un bel esprit est wxxf
temps de yersifier ses quatre lirres moins de ce sentiment ( 44 )• -^o^
avant aue la eoerre de Modéne lui Antoine était Jou de la comédienne
dëbauciiàt sa Cythëris, il r emploja Cjrthéride (c'est la réponse qu'il sop-
les années suivantes ; car il n'est pas pose avoir été faite par FuWie à Hé-
nécessaire de supposer qu'il n'j avait léne , sur la question si elle excita
pas parmi tant de vers beaucoup de Marc Antoine son mari à faire U
reproches de perfidie. J'ai remarqué ^vkeTreàAuaaste): et j'eusse bien fotdu
ci-dessus que la lettre où Cicéron me uenger de lui en me faisant aimer
se justifie de s'être trouvé à un repas d^ Auguste ; mais Auguste était dijji'
avec Cythéris , passe pour avoir été cite en maîtresses. Il ne me trouva m
écrite l'an 7o3. C'est une difficulté assez jeune , ni assez belle ; et qud-
contre ceux qui voudraient dire que (pte je lui fisse entendre fuil s'em-
Cythéris alla dans les Gaules avec oarquait aans la guerre citnie faute
Marc Antoine y avant la rupture de d^ avoir quelques soins pour moi y d
César et de Pompée. Yojet la note me fut impossible d'en tûvr aucune
(4i)« Mais j'avoue que je ne vois rien complaisance. Je uous dirai mérnSyti
qui me porte à croire que l'on ait t^us voulez ^ des uers{/^5) qu'il fit sur
bien deviné la date de cette lettre, ce sujet , et qui ne sont pas trop '
d'exactitude queje n'eusse souhaité. ^*J/
Joignez aux paroles de la note celles- Qoe des faatet d'Antoine on me fera ptttf ?
ci (4a) : Hic Gallus ainatdt Çrtheri- Q«îi' 7°»^ i"* !• •«'^« FuUie?
dem mer^stricem libertam rotumnU , . !r?ômnîr«n t.?«!i* "''l' ^ w« ««i
^ , ' A ce compte oa rerrail le retirer Tcn wk
^W9, eO spntO , eunwn Antontum Mille Apoetee mU telûfeite».
ad Galliai est seeuta : propter quod Aimc-moi , me <Ui-ell«, ou eombeiiow. K»
dolonmGalliimncfidetureoiuolari _„ îî?''. .j , »...^ __l
nr^ilius. Nec nos débet moyen, Ml...tb.«iUrf.! AlKm..»»»..»».^^
Georg^orum.haneeclogamsicreU- „^„^ ,,,»„^ îfaprè. la bataiUe de
«ua. ^am l.ceteonsoletwr,ned Gai- phiUpp,, «^ B™ta. et Cassiu. P<i-
lum,tamen aUius intuenUyUuperatio rfrent. Auguste était alors en ItaUe.
est. Nam et "i Galto vnpatientia et Maro Antoine en Asie. Hou. .tous
turpis amons ostendaur , et aparté ^n dans l'article de Glaphrra qu'elle
htcAnlomus earpUurmtmicus Au- ^^ „„, dame gilante qoi
* '/€ît"j f- Bomanummo- J,,it gamé les bonne, grâces de M»«
rem , Cythens est m castra conntata. Antoine , et l'on ne v^t point qu'e»
FinusonsiHircetteremarqaeduméme „ ^ ' 14 Cythéris fût arec lui. Je
GommenUteur : il y eut en même „,„;, j^^^ ^-^ „, „ , ^^^
i!?-S' r^,'L'""n!f! i'ïk*^°f ' ment de nom dans fépigrammed'Aa-
L^7e;^^?'^i4e°sTt:L^±"t'^,t R-î-9» »'^î»i' PO™t'.« .uiet*
point qu'en cas de refus elle excite^
(40 Sur ces parles de Virgile, "^"^ ^^^c Antoine à faire la guernj i
.... Perqne horrida eesira mcum est. Auguste : elle menaçait de prendre
il du , Horrida lemper, nane propter bella civi- l^S armeS : et nouS avODS VU u3°^
JÎB , et subtiliter hîc tangit Antonium, ut snprii ///» «j ,.. , j « _. rre
dictam e.(. VoUh oui pnuu» que Ltcoris s'en ^^^^ Noareaux Dialogue* dei Morli , U •
aUadanr les Gaules avec Marc Jntoine , pen- ^T/k^^^^' *?' ' i .• j «Ci-
dam U guerre civiU aui s'éU^a entre OclZe et ,.^1^ ^ / Tr "^"î'*'* VT. ^'^T' '*"*,'" ^'^ ^t
Marc Antoine, sous le consulat d'Hirùme et de î'-, ' i*^', "^^ ' *P'8',\?'^' ConsitUet ai^u P^
Pansa. «»•»»«•• Uele de [la première] Gi.k9aiMA,iom. VU, P^S-
(4>)*SerTiua . in edog. X , init. ^//iTTT-^^^* . - . rAi-
it.
LYCORIS. 11x7
son article qu'elle les prit en effet, tes te ni tam cansà^ penisse, populum
et que , san» Pinterventioii de sqn m te dicaeem etiam reddidisti, SciL
mari , elle mit en combustion toute populus lusit in nomine rei , et quod
ritalie j de quoi Marc Antoine la Antonius dixerat se rei snae , ia est
querella rudement lorsquHl la reyit. rerum snarum causé in urbem venis'
(G) Oicéron rapporte une raillerie se, populus, ut est dicait, eum cunni
oit F'uluie auait peut-être moins de moris causa venisse dixit , et dicaci-
part que f^j'coris.'] On reproche dans tatis materiam inuenit in eo verbo,
la II", philippique, à Marc Antoine,]e D^s la page 71 du même liTre , vous
tour quHl avait joué a sa femme. Il trouyerez ceci : Probavi alibi ex Ci-
était entré de nnit dans la Tille com- cerone inphilippicd 9. de Marco jin-
me un courrier dépêché par Marc tonio , qui rei 9U.m causd se yenisse
Antoine , et il avait donne à Fulvic dicebat, populumque his ¥erbis dica-
n'être pas reconnu en donnant la nom signijiaxre* Sic MarUalis :
lettre à Fulvie : mais pendant qu'elle p^^,. ^^ï. ,- .,„, ^^ ^,^ ^^^ ,et^,.
la lisait il se fit connaître , et lui
sauta au Cou. On vonlut savoir pour- ^« <^*' > podici tuo et cunno , 6 uxor.
quoi il avait tenu cette conduite qui ^- ^^ Valois (5a) censure indirecte-
avait alarmé toute la ville : il ré- "*ent Scahger , qui in Priapeia ex
pondît qu'il était venu pour son af- ^mobii nescio quibus locis et ex
taire. Cela fit courir une raillerie ^^^rsione earminum Orphei ait men-
contre lui. Citons les paroles de Ci- *"lan* '«"» uocari. Je ne crois point
céron(48). O hominem nequam ! q^e Scahger se soit trompé : le mot
^•r^o ut te catamitum nie opinato ne* avait sans doute une signification
ciim ostendésses , prœterspem mulièr f""! étendue parm» les Latins , que
adspiceret , iccirco urbem terrore 1« ™.?* ^£^'J^ P«™* 1«* Français :
noctumo , Italiam muliorum dierum or , il est sûr que le mot ajffaire se
metu perturhdsU? Et domi quidem prenid quelquefois potir les parties
caussam amoris habuU,fons etiam naturelles de 1 un et de Fautre sexe.
turpiorem, ne L. Plancus prœdes Cela est si vrai , que des gens mêmes,
suos uenderet, Productus in concio- «1"^ ^^ savent que peu de français,
nem a Trib. Pleb. càm respondisses , »®«* nfâtruite de cette signification.
te rei tuœ caussd yenisse , populum ^'^^ oui faire cent plaisanteries à de»
etiam dicaeem in Us reddidisti. Ma- i«uBes Hollandais qui avaient oui
nuce a fait une note là-dessus, qui Jprêcher un mome à Spa. Le prédi-
est plus vague que celle de M. de ^teur avait pour thème Funçortan-
quod . _ . - .
concubitum potest. irfais voici Tau- courant toutes les occupaUons en-
tre noie : elfe est dans le Falésiana mm«lle« » il représentait qu'elles
(49). ruinaient notre affaire. Messieurs et
Custode,, UcHca, Onifione, , Panuiu^, ^"^ > disait-il prenez garde à
^d lato* stola demissa, et ciraundata palla ^OUS , 51 UOUS faites ceci OU cela
PUtriik» , ifiM inrideant pure appareil ubi yous gdterez yotre affaire. La ré-
tem (5o), pétition trop fréauente de cette cx^
•ca e«{ cunnum. Quod noto primus, pression amena plusieurs auditeurs^
O f^"^ Ciceronem PhiUppica a au sens grossier et burlesque du mot
y hominem nequam! ergo ut te ca- affaire ; de sorte qu'il y en eut qui
^anutum, etc. (5i) , eàm respondie-- plaisantèrent long-temps. On a pu
r«-> v^^ M . , ^ ,,. Uredans le Cheyrceana (53) , « Qa'un
6.|^^p:^'';tti:i:"è'r- '^'""'- •• ««?tilhomme ^Unt vena.Toir an
WCicero.Phii. ii,cap. XJCX/. » pnuce , pour le remercier delà
J49; ^ ta pag» ,„ , édition de ffoUande.
r?.» /'"*•* *"• "• *"• 9* • '»*• '• C^O V.léMina , pa0. 121.
manaué ^" * '^''<'*"«'i f'Mion (4«) , ce qui (53) Che*rtwin , /*•. part, , pag' 5?, édition
* '^** de Hollande,
1
2i8 LYCURGUE.
» bonté qall ayait eae de recom- emparer très - fiicilèment , s'il
» mander ses intérêts à une dame ^^g^ y^ulu 86 prévaloir des oc-
9 de grande Tertu , lui témoigna • - i • '« * •. m..
>.v ^ -^ i' j» • 5' •* casions oui lui ea étaient oner-
» quU se trout^ait bien dauoirjatt ^««*""» h.**' *"* ^"' *^»'«*^"'' "
» passer son affaire par le canal de t€S(0), Vous trouverez cela dans
» madame *** , et il fut tourné en le Dictionnaire de Moréri , avec
» ridicule par ceux qui avaient plusieurs autres faits que le ne
» écouté son remerciment.» J ai une * r ». • • . t > »iL- :i
autre chose à remarquer contre H. répéterai point. Je m arreteraia
de Valois. Dans les vers d'Horace une chose ^ue cet auteur ni
gu'il rapporte , le mot res doit signi- . point touchée. Les rëgleoiens de
er en général mfliY?Aaw//5e; le poète Lycurffue contre le luxe sont
iiesebomepasalapartiequeM.de . . «° ti •*. r * K.'iin
Valois nomme en latin : il se répand tres-beaux. Il avait fort b^a
sur tout le reste que Phabit couvre, compris que , pour empêcher
Les paroles qui précèdent et celles que le courage des Lacédémo-
qui suivent manifestent ce sens-là. ^iens ne s'amollît , il fallait les
Voici celles qui suivent : ,, . , , i ^ ' * ««
^ . éloigner de la volupté; et que,
Jllera nil obstat t Cois tibi vent vider» eti ^ \ 'i • '\ C ll»i»
Vinudam,neeruremalo/nesitped€turpi: POUr leS en elOlgaCr , li tallail
Metiri pofjisocuio laïur : an tibi rnavis igur faire perdre la pensée de
M n*tdiai fien preitumque aveUier ^ tuuè , ...<^ , *ai
Quàm MSACSM oslendi? S CUnchir , Ct ICUF CU Otcr 16$
Je crois donc que ceux qui toumé« moyens. La manière dont il
rent malignement les paroles de voulut que les enfatis fussent
Marc Antoine avaient pour le moins élevés, était fort propre à les
autant d eeard au sens qui a été j j , i j / :- :i
adopté par Scaliger, qu'à celui que ^^^^''f ^^ bons soldats; mais il
M. de Valois explique : et comme étendit trop loin la méthode de
d'ailleurs c'est l'esprit de la médi- les rendre forts et courageui,
sance de s'attacher à ce qui est le puisqu'il voulut que les ieunes
Ïilus criminel , je ne doute pas que ^u */. ^ » ? * -^^
'on n'en voulût à Marc Antoine par ^"^5 ^.ssent les mêmes exercices
rapport à sa maîtresse, la comédienne que faisaient les jeunes garçons;
Cythéris , plutôt que par rapport à et qu'elles dansassent toutes nues
sa femme légitime : car puisqu'il j^yant eux, et se moquassent
proteste dans sa lettre qu il renon- •,, ? , 3 -U«
cerait désormais à la comédienne , ^^ eux , ou les louassent , selon
c'est un signe que le peuple romain qu'ils s'acquittaient mal ou m^
était encore persuadé qu'il la voyait, de ce qu'ils avaient à faire (A).
Et voilà enfin le commentaire du ^^^^^ ^.ji^ ^^^i^^x. tout nus
texte de cette remarque. , ^ ^n -m»'. -^ . 1*
^ devant elles. N était -ce pas i«
LYCURGUE y législateur de moyen de les rendre dévergon-
Lacédémone, vivait je ne sais dées? Et se faut-il étonner après
quand. La diversité des opinions cela , que les filles de Lacede-
est trop grande et trop embrouil- mone aient été en si mauvaise
lée là-dessus (a) , pour en tirer réputation (Bj ? Je ne sais pas s'il
quelque chose de bien certain, raisonnait juste , lorsqu'il pré-
11 donna des preuves extraordî- tendait que ces usages exciteraient
naires de sa générosité par le les jeunes gens à se marier (C)>
soin qu'il prit de conserver la La forte envie qu'il eut que 1^
couronne à celui à qui elle ap- Spartiates fussent robustes lui
partenait, lorsqu'il eût pu s'en fit faire des rëglemens Sur le ma-
(tf) Voyes Scaliger, Ânimadvert. in Eu* (6) Voyes Plutarque , dans la Vie àt^'
ttbium , num. Ii3a, pag. 63. curgue.
»
LYCURGDE. 319
viage , qui méritent d^étre con- J'ai quelque chose à observer
damnés. Il voulut que les maris contre Fauteur de Lacëdëmone
ne s'approchassent de leurs fem- ancienne et nouvelle (H). Il est
xnes qu'à la dérobée , et qu'ils se trop galant homme pour s'en fâ-
levassent de cette table avec une cher.
l)onne partie de leur appétit (D).
Passe pour cela ; mais il permet- W ^^ voulut que les jeunes filles
tait aux vieillards qui avaient ^"«"''«î "^"«f^'^'^'^^?^---"-
^ - *, les jeunes gai\:ons,et au elles dan"
une ]eune lemme de Ja commu- sassent toutes nues devant eux , etc.']
niquer à un jeune homme bien Je m'en vais rapporter les paroles de
fait(E) : et d'autre côté il per- Plutarque (i). « Il (a) regardait re-
mettait à un tel homme d'aller " ^ucationdes enfans comme la ^lu»
*7^. " **v*^»** « ^ grande et la plus importante af-
faire des enfans chez son pro- „ foire d'un législateur. C'est pour-
chain , d'accord de partie avec le
mari. Cela ne valait rien ; c'était
autoriser l'adultère , et même le
maquerellage des maris. De la
même source vint le règlement
barbare contre les enfans qui
ne semblaient pas promettre en
Tenant au monde , qu'ils seraient
un Jour bien faits et bien vigou-
reux. Lycurgue voulut que Ton
s'en défît (F) : n'était-ce pas une
injustice criante? L'impie Vanini
n'en tomberait pas d'accord (c).
Il serait facile de critiquer en
d'autres choses les lois de Ly->
curgue (d). Mais il y a un point
en quoi il est plus louable que
Numa Pompilius; c'est ^u'il ne
permettait point que Ton mariât
les filles dans une trop gratide
jeunesse (G). Aristote raisonne
assez amplement sur cela, et il
est facile de juger que ses re*
marques sont judicieuses , et
qu'elles ne s'éloignent point des » . . _ . , „ -
-xnotifsquiavaientportélesGrecs l ^Z^Tp^ttr^^uJ^l
» quoi il y pourvut de loin en ré-
glant tout ce qui regardait les
mariages et les naissances ; car il
ne faut pas croire ce que dit Aris-
tote, qu ayant tenté de récler et
de réformer les femmes , il y re-
nonça ne pouvant venir à bout de
» leur licence effrénée , et de la trop
» grande autorité qu'elles avaient
» prise sur leurs maris , qui , à cau-
» se des fréquentes expéditions de
» guerre où ils allaient, étaient obli-
» gés de les abandonner a leur con-
» daite, et pour le» empêcher d'a-
» buser de cette liberté , se voyaient
» réduits à les flatter , à les adoucir,
» et à les appeler leurs dames et
» leurs mattresses. Au contraire , il
prit d'elles tout le soin qu'il était
possible d'en prendre. En effet,
pendant qu'elles étaient filles, il
endurcissait leurs corps, en les
exerçant à la course , à la lutte ,
à jeter le palet et à lancer le ja-
velot , afin que le fruit qu'elles
concevraient dans la suite , trou-
vant un corps robuste et vigou-
reux , y prit de plus fortes racines,
et qu'elles-mêmes , fortifiées par
ces exercices , en eussent plus de
facilité , de force et de courage
»
»
»
»
»
»
»
»
à ne pas permettre que les fem-
mes assistassent aux assemblées
oii la conversation était trop libre.
(c) Voyez Farticle DéjotàRUS , tom,
y y pag. 44' « remarqut (F) , a%>ant U
premier alinéa.
(d) Voje» les Remarques de M. Dacier,
sur la Yie de Lycurgue , qvfil a traduite du
grec de Plutarf|ac,
toute sorte de délicatesse et de
mollesse , il les accoutuma à pa-
raître en public toutes nues, de
même que les jeunes garçons , et à
danser en cet état devant eux , à
» certaines fêtes solennelles, en chan-
(1) In Lycurgo , pag. fyj. Je me sers d» la
traduction de M. Ducier.
(9) Cetl-Ordire , Lycurgue*
»
u
»
^20 LÏCURGUE.
» tant de beUe» chansons, où eUes en Uur faisant connattre qutlla
>. lançaient â propos des traits de det^aient ^participer a la eloin da
X raillerie qui picjuaient jusqu'au hommes, et aspirer à ta même aé-
» vif ceux qui avaient mal fait leur nérosUé et a la même uertu. PluUr-
» devoir , et où elles donnaient au que oubliant cette apologie trente
y* contraire de grands éloges â ceux pages après , avoue <fac Numa Pom-
>• aui avaient fait des actions dignes pilius réduisit les mies , beaucoup
» de mémoire. Par ce moyen elles mieux que ne fit Lycurcue, à la bien-
» embrasaient le cœur des jeunes séance de leur sexe ; et que laK-
» cens de 1 amour de la gloire et de cence que Lycurgue leur accorda,
» la vertu , et excitaient entre eux les exposait aux satires poétiques.
>» une noble jalousie. Car celui dont ''Et. /i ^*x^oy i ^ii»i o-i* 7t/f^i,m ^«-
>» on avait tant vanté les belles ac- x**à icatIç-axt*! t« Noc/m* tmc Ti 6»-
» tions, et qiii voyait son nom ce- xv «*i »ô«7*,oy. Jt <ft Voû A««ow>ot/, wt
» lebre parmi ces jeunes filles, s'en T(i^««y i,yàL7tt7rtAuhiii ^aX 05xw oSm,
» retournait tout fier rl^a ]nM.i«iffi>a «.«?. -...-^ ?-.'.„__/ *..
*» sentaient atteints, leur étaient plus EùpiviJhc. Prcetereh curam puetlarm
» sensibles que n'auraient été^ les restrinxit ad pudorem mulithrem et
» plus sévères remontrances et les t^recundiam Numa arctiUs ; 1x010-
» plus rudes corrections j d'autent gi soluta prorshs et fluxa in jocot
» plus que tout cela se passait en incurrit poëtarum. ^Ât^ùjutn^i^Aç enim
» présence de tous les citoyens , des uocant eas , uelut Ibycus, quod in-
» sénateurs et des rois mêmes. » cessu coxas retegerent : et àrJfifum
W •• Se faut-il étonner après quasi virosas et in viros insano ar-
cela , (fue les filles de Lojcédémone aentes amore , ut Euripides (5). Les
ment été en si maut^aise réputation.'} deux vers d'Euripide , cités par flo;-
On les appelait montreuses de cuis- tarque , ne prouvent pas assez plei-
ne*, et enragées de jouir du mâle : nement ce que j'ai ici à prouver j de
médisances qui, de l'aveu même de là vient que je rapporte tout le pas-
Plutarque,étaient fondées sur la trop sage de ce poète : on y verra que la
grande liberté que Lycurgue donnait nudité , et la coutume de faire ses
»»y OW/ÎV CtiTXfhf tlx*9 AtJhuÇ /«««•*- (6) Oùr£y, /gou^OITOTK,
f*oij d^ix» »«ti Çsxo» iôt^Uç iutpyéi^fTO, A< i»» vioio-ty t^tfnjuicda-aLt (7) /e/uasf,
awM <fpoyH^4Toc ro Bnxu vrttpiyêotf ot/» Tvjutyoîn fAJtipoîÇy Kcts Triyrxw *»«»j«*'
Aytivouç, tiç fAnJ^ty wtto» Auri kas «pi- roif,
Ji>f x«i ^tXVTifAitLi iA%<rùunàLii aZ'o'a.i, C'est- ^fô/uitn/ç ^etXetiç'rfAÇ *t 00 fltF«<r;t<T««
a^dire , selon la version de M. Da- «/«oi ,
cier : Et quant a ces filles qui se Kw»*ç tx^^»^' *fT« BàiVfitéi^tn Xf*^U
montraient ainsi nues, il n'y at^ait IBj /u^h yu^AÎKAç irti^pontG TTAMt-n-
la rien de honteux , Sparte étant le Netfue , « velit aUqua
trône de la pudeur (4) , et l'intempé- ^"*"* Spanana ,possU esse easiar
rance ny étant pas même connue. îfudis feiLribus , et tmJcU laxatif,
t,e£a les accohtumait seulement à Cunuf , et palmstreu non toUrandas tmihi ,
des mœurs simples , leur donnait une Commune* habent .• deindè an mirarioporUtf
men^eilleuse émuUtion à qui aurait le ^' ''*"* "^'''^ '""^"^' ''"'^ '
corps plus robuste et plus aispos,et leur ,P^^ ^*"*' ♦ *'• **"•*"• I^T*"'»» «« ff"«« '"•'
m- 5ig.
(3) In Lycorgo , pag. 48. (7) llja dans Platarqae , in P*r»ll. Lfciirp
(4) Je ne crois pas 9u« Platarque ait voulu et Nuime, piv. *fi y *^%fT^p-(iu<ny , «« ^«e (<
aire autre chose , « ce n est que la nudité de traducteur a tres-mal rendu par tasUiiI; carie
ces filles n excluaient point la pudeur , et n'était poète ne veut pas dire qu'elles pilUni la maiton,
point jointe avec dt» passions lascives. mais qu'eUes en sortent, tfu'eUes la déstrtf^^
LYCUIGUE. 2îii
Ceux <fui aiment le vieux gaulois se* dëmone fussent hotmétefl. Des filles
roDt bien aises de trouver ici la tra- ainsi habillées , qui s'en allaient pro-
duction qu'Anavot nous a donnée de mener avec des garçons , avaietit
cet endroit de Plu tarque :« La garde bientôt les oreilles accoutumées à
» des filles à marier par les ordon- toutes sortes de vilains mots. La
^. ^«««Aoa Aa Niivna »st/^if Tklnspshrnil:- conversation ne nouvait âfr» mi'nno
» par trop libre et trop franche , a de casser pour des benêts (9) , s'i-
w donné aux poètes occasion de maginent qu'il faut entreprendre
» parler , et de leur donner des sur- beaucoup plus que ne permet la cou-
» noms qui ne sont pas gueres ho- tume , laissaient en repos leurs mains
w nestes , comme Ibycus les appelle et leur langue auprès de semblables
M Phienomeridas , c'est-à-dire mons- filles. Joint qu'elles n]avaient la per-
» trans la cuisse, et Andromanes , raission de montrer ainsi leurs par-
» c'est-à-dire enrageansl d'avoir le ties , ^u'afin de trouver un homme 5
» masle: et Euripides dit aussi d'elles, car des qu'elles étaient mariées ,
• FilUs qui hors Uurs maisons paumelUt «l^cs disaient adieu aux nudités. C'est
• Sortent ayons des garçons avec elles , Plutarque qui noÙS l'apprend. Ilvy-
- Montrons à»nud le* cuisses deseouvertes , BeLIOuhw ^i TIIOÇ iià, T» TfitC uh Jeo-
• Aux deux côtés de leurs cottes ouvertes. ^.^ J --»/.—«.««- «J, J4 ^ .. '^' '^ »
» Aussi a la venté, les flancs de leurs x«xt/^/*i»Ac tîç rùv/ji<^Ayïç àù^avnv /ort
>, cottes n'estoient point cousus par (if^„) ^^If ^iv eÔ^ac, iy^aç tùouy hl,
» embas , de sorte qu en marchant ^^ç j^i yuyaÂxAç^ a-éêÇuy roùç ipcoy^tAç.
^i elles monstroyent à nud la cuisse Quœrenti cur Spartani uirgines de-
» descouverte, ce que Sophocles don- tedas , muUeres frelatas in publicunt
ji ne bien clairement à entendre par emitterent ; Quia , inquit, yirginibu8
» ces vers : quœrendi sunt uiri, mulieribus opéra
• Vous cKanteret la robuste jmcelU aaitda Ut servent maritos (10). Je
• Hermione , lacoUfde \^ueUe J^iggg ^ ij. ^ Martial , aut libiài-
m Sans nen cachera Ventourde la cnuse^ ^ j r j ' •• «-wm*»
• Qui sort dehors toute nue, ee pUsse. nosa I^dœas iMceiUsmonus palœs-
» Pourtant dit-on qu'elles estoycnt f^ (' ! ]•. J'*» '^n ^a»* pl"8 fort que
» audacieuses, viriles et magnani- *«« médisances des poètes. Les Lacé-
« mes contre leurs maris mesmes les '^oniem, occupes depuis dix ans a
„ premiers (8). » Il ne faut plus s'é- ]*° ^i^^' et rappelée par les plain-
tonner de ce qu'Euripide assure , ^ f^. *«"" femmes aui ne s'accom-
qu'a était impossible qu'avec une ^T^IV)^ nullement d'une " loncuc
telle éducation les femmes de Lacé- ^'^'*^*f ('^) ' renvoyèrent à Laoede-
raone les plus jeunes de leurs soldats,
(8) TS ykf ovTi To? WAf)Ôi»ixo2i ;t»T«»oc ^\ leur permirent de coucher indif-
fltî TTTipuytç oùz »<r*y Àitpfttp^t^fau x«- féremment avec tout autant de fem-
Ttfdiv, atxx* Ày*yrrv<ro^yTo ka) vuyttyf mes qu'ils voudraient. Cette jeunesse
yvfjLywylMyh T» ^tt^i'Cuy Toy ^ii/>oV fut très-bien reçue j marque évidente
KAt À<^iç(tTdL To «y6/*ivov tipnxfly 2o<j>o- q«e les femmes de Lacédémone n'a-
iUAi ff TovTOK* vaieut aucune vertu. Les enfans qui
^ » y ^ , u \ naquirent de ce commerce fondèrent
K*i ta.y y«p>oy *«t «ç-oxoc X^r,»y ^^^ ^j^jo^iç ^ Tareute. Aucun d'eux
^'Oyaty (g) M. M... allait en Bretagne avec madame
. \ * A ' . / ' _A '* marquise de Lavardin , pour voir madame
Aïo «AI 6/)A«n;Tf/»rtl^Xl>oyT«ll <),JVfoflAl, de Se'vigny. Jl /taU dans le carrosse de la mar-
xcii TTfiOÇ «HÙtqÙç Tr^Sray dyS'feêJ'us voùç <iwse , et dans le chemin f per iiOB parer troppo
AvSpdÇ. Sane virginum tunicta imte non ha- «°8^'°'»« » '»» conlaU des douceurs , et lui pre-
bebant pinnas consutas , sed explicahantur , e( ""'J,*" /"*'"' P^^Jes baiser. Madame de La-
totum ince.su aperiebanl fémur : id quod cla- ^*', i^l"' "* '3'"' ' ?*'c'*'^''o' 'i'"*^ ''*$??•
rissin^ hisce .ersibus ostekdit SophocÙs : t'^t'^ P""'" J*/''""' ^' S,' L^""*.'*" "•"
^ , • . . w ■ nagiann , pag. 378 , ediUon de Hollande,
StoU c.rel , tnn.cam loap.ns Hermione (.^j pi„j. ;„ Apophih. Lwon. , p«^. a3a.
DiUbidam ret«eit fémur lUTeucnla. > \ u • » v w -*«'"•» F"*»- »—•
tWi procaciores duunturfiu.se , e« p„,m/,„ ^„) ^1,^ ^^^ ^^^^^ ^
»% ?• /. !ï ^«^^'^ P^"'"*=**- «" P- #«»» »duitatem revocarentur. Ju.iin. , /,ft. ///.
rail. Lygurgi et numie Pompiiii , fra^. 7<7. cmr.tV, »•*■»•!
222 LYCURGUE.
ne sayalt qui était son père. liaque raison de celles qui ne le sont pwnt,
leguntjuvenes ex eo generemilaurfiy et que nVtant pas une chose rare',
qui post jusjurandum in supplemen- que celles qui ne sont point belles
tum vénérant t quihus Spartam re- reçoiyent de la nature un notable
missis promiscuos omnium femina- dédominageinent dans les parties que
rum concubitus pernûsére ; maturio- les habits cachent , il fallait donner
rem futuram conceptionem rati, si lieu à toutes les filles de faire agir
eam singulœ ver plures viros expe- toutes leurs forces. Apparemment il
rirentur» Ex his natiy ob notam ma--' espe'ra que celles qui ne pourraient
tei^ni pudoris , Partheniœ uocati, pas donner de Tamour par les char-
Qui cum ad annos •x.'x.Tt peruenissent, mes du Tisage , dtaleraient d'autres
metu inopiœ (nuUi enim pater exis- attraits qui leur gagneraient le cœur
tehat), etc. (i3). Je n'ai rien dit de de quelque jeune homme. Voyez dans
l'impndencelasciye queles jeunes fil- Alhënee le bonheur de deux pavsan-
^«x. ««. , 7™' auroiLs , sur qui les iiiies aecocuaient
re de 1 église re- des railleries insultantes, po^Taient
js enormitës à l'o- à la faveur de leur nudité, se faire
avoir loue les La- valoir, et conquérir le cœur d'une
qu'un père de l'egl
proche entre autres énormités „ ^^ auvcui uc icuniuuiLe se j
racle d'Apollon , d'avoir loue les La- valoir, et conquérir le coeur d
cëdémomennes : femmes, ajoute-t-il^ belle sans que l'étoile s'en mêlât,
qui contentaient la nature avec qui n'en déplaise à Juyënal(i7). CVtait
bon leur semblait. Oi/Toç x*i tÀc^Aa- donc se prëcautionner contre la lai-
xccTai^fitfy iTTAmt yvf ttiKAC ÀSim oic «y deur , et faire en sorte que personne
*^ih()ù<n fMyivfAiyttç. Uic idem et La- n'échappât aux traits de l'amour, et
cœnasmuUereslaudat^licentersecum ne pût se plaindre d'être lësë dans
quilibuslibet uiris commiscentes (i4). son marche, pour n'avoir pas eu la
(C) Il prétendait que ces montre de la marchandise. Mais nV-
usages exciteraient les jeunes gens a tait-ce point introduire dans un
se marier.-] T^OMS apprenons de Plu- commerce où l'honnétetë doit ré-
tarque que Lycurguc prescrivit cette gner , les prétendues commodités des
éducation et ces nudités aux filles , fieux de prostitution qu'Horace a tant
afin qu elles donnassent de lamour cele'bre'es?
aux jeunes garçons (i 5). O était en-
core une amorce , dit-il , pour le Hegihus hic ma est; vbi equos menamur,
mariage , je parle de ces danses et apenos
de ces combaU que ces jeunes filles • {iZ^^'^V "*•/'/»«*" ("' '»p') ''"<'"
r*. • ^ y -^ ^ 1 f^ Molu fuUa pede est , emptorem indueat
ainsinues,jaisaient devant les jeunes hiantem^
gens qui étaient attirés , comme dit Çubd pulchrœ dunes , brève quod caput, ar-
jRlaton. non par une nécessité eéomé" __ duacervix.
.' • * _ f -^ - I y _ if oc ilU rfcle , ne cornons optima Lrnceit
tnque^ mais par une nécessite plus for- ConumpUre oculis : ffrp^e/cœaorfiUn,
te encore, et qui trient d un attrait d a- Qua mala sunt , specles : 6 crus, S bnuhui :
mour, Lycurgue considéra peut-être _ vemm
que le nombre des belles femmes '^''^S" '^;*/^^;* • ^'•"'* '^'"■^ » «^ P'^' '*»•
étant partout fort petit , en COmpa- Matronœ prnùrfaciem nil cemere possis.
Caetera, ni Catià est, deinissti veste tegettù'.
(i3) Jnslin. , lib. II I^ cap. IV, ^^ inlerdicta pelés, vallo circumdtua (nam te
'' (i4) Tlieodor. de Graec. Affect. , serm, X, HocJacU intanum) nudim ùbi ùnn qfficieai
pag.^lo. res:
/■^ç^*u•_ ^ * '_^'"_^— ^ CusUtdes , lecliea, eini flânes y ■parasilœ .
(«5) Hî ^.y ot/y ic*i T*t/T* ^*po(/*»'r.- ^^ ,^^, J,^,^ ^^,;^,^ ^^ ci^u,i!!u^ païU,
xd îrpoc yoijuLoy xtya di tac Tro/Ltiretç «ray
frAfBiyav, ka) toLç Àtto^uthç, Kett rovc {\^) A Vénus aux belles fesses. Yia.\hnrvyf»
ÀySvdLç iv o-^u tSv vg«v , ÀyofAtyui o» 'A^poSirrf. Athen.^ lib. Xfl,subjînem. Onur
yiùtJUttflKOjiç, ÀXX* CMVTIXfltîç («C ^JJ«y n rapporté cf lie histoire avec }*lusienrs aUfra-
l TTx/»/rM« ^ J'»M^*,^„> V, f «''on*, comme on le fera voir peut-être dam
0 nheiTUV) AyetyKAtç, Et quanquamhi quelque article. ^
quoque ad nupUas erant sttmuli , pompas dteo ^ '
virginum^ vesUum detractionem , certamina , (*?) • • • • Polum est et pnrtibus ilUs
qua inspeetantibus adoleseentibus peragebanl , Quas sinus abscondit t nam si tibi sidem
non geometricis sed amatoriis ( ul ail Plato ) cessent ,
eon/Hihtijr. Pliitiircli. , in Lycorgo , f^ag. 48. Se- NU faciet , etc.
ioa la irer>ioti de M. Dueier , pag. 146. J»*fn , »«t. TX, %-t 3».
LYCURGUK
223
PlurimM • ^um invideant pwh apporere tibi
rcm*
jtllera nil obstal t Cois tibi penè videre est
Ut nudam t ne cnioremalo, nesilpedelurpit
Metiri poisÎM oeulo leUus : an tibi mavis
I ntidias fieri f preliumque auelUer antè
Quàin merctm ostendi (18) ?.....
N'était-ce point inspirer aux filles
Teffronterie des yeux , qui est pire
que reffrontcrie des oreilles ? C'était
le moyen, dira-t-on , d'e'mousser la
pointe d'une curiosité qui est fort
rongeante. Mais cette prétendue rai-
son n'a pas empêché les nations ciyi-
lisces d'inspirer au sexe beaucoup
d'horreur pour les nudités en pein-
ture; et voici un lé^slateur de La-
cedéraone qui laissait voir aux ieu-
nes filles les nudités en orisinal. Il
faut l'envoyer à l'école des Komains
(19). La curiosité dont je parle a été
délicatement touchée par M. de la
Bruyère. « Tout le monde connaît
» cette longue levée qui borne et qui
» resserre le lit de la Seine , du coté
» où elle entre â Paris avec la Marne
» qu'elle vient de recevoir : les hom-
» mes s'y baignent au pied pendant
» les chaleurs de la canicule; on les
») voit de fort près se jeter dans l'eau ,
» on les en voit sortir, c'est un amu-
» sèment : quand cette saison n'estpas
» venue, les femmes de la ville ne s'y
» promènent pas encore; et quand
» elle est passée , elles ne s'y promé-
» nent plus (ao). »
Denys d^Halicarnasse loue les Ro-
mains d'avoir constamment voulu
que les atblètes eussent des ceintu-
res : l'ancienne Grèce avait pratiqué .
la même chose ; il le prouve par des
passages d'Homère , et il dit que les
Lacéaémoniens furent les premiers
auteurs de l'abolition de cette sage
coutume, et il nomme le Lacédémo-
nien qui commença à paraître en-
tièrement nu aux jeux olympiques
de la i5*. olvmpiade (ai). C'est une
remarque qui flétrit cette nation. Il
faut ajouter que la nudité des athlè-
tes fut cause sans doute qu'il y eut
(18) Horat. ,saC. II, Uh, I, vs. 85.
(19) NU dictu fœduM vùiif M* hae limîna
tangat ,
Intra quœ puer est «
Juvenal., sat. XIV, vs. 44*
fao) La Bruy&re , Caractirei on Mœara cle ce
^«clfl , pag. a6'i, a(tg de ta huitième «édition ^ à
Pari
\(k^.
(ai; Dionyi. Haiieani., lit. Fit, e. tXVl.
des lois qui condamnèrent à être
précipitées du haut d'un rocher tou-
tes les femmes qui auraient la curîo-
sité ou la hardiesse d'être specta-
trices des jeux olympiques (aa).
(D) IL voulut que les maris ne
s'approchassent de leurs femmes qu'a
la aérohée , et qu'ils se levassent de
cette table auec une bonne partie de
leur appétit. ] Je me servirai encore
de la traduction de M. Dacier (a3).
«t Ceux qui se mariaient étaient obli-
» ces d'enlever leurs maîtresses , et
» il ne fallait pas les choisir trop pe-
» tites ni trop jeunes , mais dans la
» vigueur de l'âge et en état d'avoir
» des enfans. Quand il y en avait
» quelc{u'une d^cnlevée , celle qui
» faisait le mariage la prenait, lui
» rasait les cheveux, la vêtait d'un
Il habit d'homme avec la chaussure
» de même , et après l'avoir couchée
» sur une paillasse, elle la laissait
» là toute seule sans lumière. Le
» marié, qui n'était ni ivre ni éner-
» vé par les voluptés, mais sobre à
» son ordinaire , comme ayant tou-
» jours mangé à la table commune y
» entrait , déliait la ceinture à son
» épousée , et la prenant entre ses
» bras , la portait dans un autre lit.
V II demeurait là un peu de temps
» avec elle, et s'en retournait en-
» suite modestement dans la cham-
» bre où il avait accoutumé de cou-
» cher avec les autres jeunes gens , et
» continuait toujours de même, pas-
» sant les jours et les nuits avec ses
» camarades , et n'allant voir sa fem-
» me qu'à la dérobée , et avec toutes
» les précautions possibles , pour
» n'avoir pas la honte d'être aperçu.
» La jeune mariée , de son cote, ne
» s'épargnait pas à chercher des ru-
» ses et des stratagèmes qui leur
» donnassent le moyen de se trouver
31 ensemble sans qu'on les vît. Ce
» commerce secret durait quelque-
» fois si long-temps , que très-sou-
» vent des maris avaient des enfans ,
» avant que d'avoir vu en public
» leurs femmes. Toutes ces diificul-
n tés ne les accoutumaient pas seule-
» ment à la tempérance et à la sa-
M gesse , mais elles leur rendaient le
» corps vigoureux et fécond , et en-
faïl Paa«an. , Hb. V^ cap. VI.
(93) Via da Ljenrxne , pag. t47« C'est dans
Plutarqoe , pag, 48.
3ia4 LYCDRGUE.
M tix*lcnai«iit toujours nooYelle Tar- en cette manière (37) : c Aprtt avoir
» dvur de leurt premiers feux ; de » établi une si grande pudeur et un
» nuini^re q«*iU elaicnt toujours aus- » si bon ordre dans le mariage , il
» si amoureux que le premier jour ,
M et nullement rassasies ni languis*
w «««us, cimime ceux cnii sont tou-
u jours pr^ tle leurs femmes avec
» une eulît^re liberté , et sans au-
» eune conlriftinle. Car en se quit-
» travailla à en bannir toute vaine ia-
» lousie , qui n'est qu'une maladie de
» femme , en faisant passer pour
» bonnéte et raisonnable, non-seu-
» lement de chasser de son ménage
» les désordres et les violences, mais
» tAUt , il« *e Uisiuiienl Tun ji Pautre » encore de permettre à ceur qui en
' HU iv*te de Uamme Ir^rire , et » étaient dignes d'avoir des eufans
UH merwnUeux désir de se re-
^ wùrs » le« auteurs moilemes ont
rsAi^vMuw» iur *NP n^lement, et voici
\H» vi«Vw a dît tottis Guvon (^4^. Li"
%^» ^uv » ,V<î*/»ifeiir«4» iMcrdenione ,
ki,H*.u'«l el «/«^iimit futf /es mariez
•v\xN«AM'*«t he^Hcimp Je plaisir et fo^
ù^h' en itur maria^ , et qui du-
i\«*^vhI fî»it h^n^furment , et quen^
^K'tish\*ùtmt «*e*' enfÀiu jiî)rr no&iu^
K»x /»OMr re /♦un» ùtjenait , ^ue /e*
^Mnt*» *H> ei>McA4»s«iae4iMm^; tmais
« ♦/* js* reif^vnmuetl de jour en quel"
y««» /leu secfvl, qu'ils ^ frejxtenias^
s^>it . *Mr la %\4MfHé wief et e»
l^fîle i^uMlile «e (n>ii««4/e tmeil/eur
^v»<«.xt : i«i«*$# </••>*• M-t«tJil Je cestefo'
\\*-%^ !\m me s\t^othiissoit pas tant ,
«M>*v\ i^s fen^n'nes en estorent plus
f^Ai'Unh. il r « une autre raison
««MVV4 « «ftir /e courir ensemble jour^
>> '.*♦». ^ _? »_ ^
>
m
»
1»
»
»
»
en commun , et se moquant de
ceux qui poursuivent et vengent
par des meurtres et des guerres
sanglantes le commerce qu'on a
avec leurs femmes. Un vieillard
donc c(ui avait une jeune femme ,
et qui connaissait quelque jeune
homme bien fait et bien né , pou-
vait , ^ sans blesser les lois ni la
bienséance, le mener coucher avec
elle , et l'enfant qui naissait d'une
race si ndble et si généreuse , il
pouvait le recevoir et l'avouer
comme s'U était à lui. D'an autre
coté un homme bien fait et bien
né, qui vorait à un autre une fem-
me fort belle, fort sage, et d'une
taille à norter de beaux enfaos ,
pouvait de même demander au ma-
ri la permission de coucher avec
elle , pour avoir des enfans bien
^.â». ^^ \^i ^ ». • 1 1
miirHtrntjUjt mespriser la femme , et » ùÀts et bien formés, qui des deux
tn tlcMtTr 4l\uitres : et la femme de » côtés viendraient de ce qu'il y avait
mesme de rechercher un autre homr- » de meilleur et de plus honnête.
liK» ^ et cela se void ordinairement : n Car premièrement Lycurgue pre*
Mussi qtie donnons trest^et à leurs fre^ » tendait que les enfans n'apparte-
quenuttions soutient , leurfaisoit ne- » naient ^ en particulier aux pè-
mmt>«lter leur amitié. Etpourceste » res, mais à Tétat. C'est pourquoi il
tMiM.te les enfans et filles que produi- » voulait que les citoyens eussent
t\\%^Ht ces mariages, seroyent plus » pour leurs pères les plus gens de
n»/»M*re« el valides : aussi que l'on » bien, et non nas les premiers ve-
%'s*id communément , que ceux qui » nus et des nommes ordinaires.
nî*H\cnt du coït font souuent des en-
fsitts mutilez ou imbecilles (25). Et
\^>{>^ndant commanda y que les enfans
d\\>i\^beissans aux pères et mères Jus'
its^Ht mis dans un sae, etjettez dans la
m^r ('i6).
nus
D'ailleurs il trouvait beaucoup de
sottise et de vanité dans les ordon-
nances qu'avaient faites sur les ma-
riages les autres législateurs , qui
cherchaient pour leurs chiennes
» les meilleurs chiens, et pour leurs
»
\}^) Il permettait aux vieillards » juroens les meilleurs étalons, n'é-
uHk 0Vtiicnt une jeune femme de la » pargnant ni soin ni argent pour
^^\»H»HHniquer a un jeune homme bien
t,^^ ) Plutarque continue son récit
^ •
L'A 4^ tvMlU Guyon, dÎTencs Leçons , tom. ///,
iV ^Vm/VV«b c# auédit Joabert, tom. f'///,
«^jk. «*Hit/« «^'MiKLicivs, remarque {U)y
s»»
^,< 1^, «4v me t\*Hfiens point travoir lu cette
tr» — — o ^v»..
es avoir de leurs maîtres 4 et qui
9 renfermaient leurs femmes dans
» leurs maisons, et les tenaient M
» captives , afin qu'elles n'eussent
» des enfans que d'eux , quoiqu'ils
» fussent souvent insensés, dans un
(a7)Platarcbiu, m LjrorKO, pag. 48, 49,
suiyant la version de Af. Dader.
LYCURGUE, 225
» âge eaduc, ou valétudinaire. Com- pendait de lui de la laisser avec ce
» me si ce ii*ëtait pas le malheur second mari , ou de la reprendre. Au
i> et le dommage des pères et des lieu que le Lacédémonien , quand
» mères , que les enfans naissent ain- quelqu'u^^ lui demandait sa femme
» si vicieux et défectueux pour avoir pour en avoir des enfans , il la pré-
» e'té engendres de personnes tarées , uàt sans la quitter, et son mariage
» et au contraire leur bonheur et subsistait .toujours de même; encore
» leur avantage, ^uand ils naissent bien souvent^ comme nous V avons
M bien faits et bien conditionnés , dit , s'il voyait un homme bienfait
» pour être sortis de parens bien dont on pût espérer une bonne et bel"
» sains et bien robustes. » le race , il le priait de lui donner des
Bannir la jalousie est sans doute enfans , et le menait a sa femme. La
délivrer d'une ^ande et affreuse pe»- note marginale de M. Dacier mérite
te les gens mariés ; cependant Lycui^ d^tre rapportée. Cela est vrai de
gue était bien blâmable de la chasser Lycurgue , dit-il , mais il ne paraît
par un remède qui était pire que le nulle part que Numa ait eu le mime
mal. Elle n'est au fond qu'un mal dessein : il serait même aisé de prou"
physique qui a ses usages dans le ^er que cette communauté des fem-
monde (aS) ; car elle contribue plus ^nes ne commença pas a Rome sous
sont un mal moral. Or, selon la bonne courir à d'autre témoin qu'à Plu-
morale 9 il ne faut jamais guérir par tarque même. Voyez le discours qu'il*
un crime ce qui n'est qu'un mal met en la bouche d'Hortensius ; j'en
physique. M". Dacier (ag) blâme jus- parle ailleurs (3i). Bodin, que j'ai
tement Lycurgue d'at'oer^flm^étoii- réfuté en ce même endroit, ignore
te 5orCe a'honnéteté et de bienséance ce que Plutarque impute à Numa :
a des vues chimériques sur V utilité s'il l'avait su, sa critique n'aurait
du public, comme si ce qui est hon~ pas tant mérité d'être critiquée. Il
teux pouvait jamais être utile. On est difficile qu'un auteur qui a écrit
{>eut même dire que ce grand légis- autant de livres que Plutarque ne se
ateur bannissait toute sorte de poli- contredise souvent.
tesse , en donnant lieu aux femmes (E) Les enfans qui ne semblaient
défit -\
serve parmi toUs les peuples civili- » les mattres d'élevei: leurs enfans à
ses , le genre bumain tomberait par- » leur fantaisie \ mais sitôt qu'un en-
tout dans une sale et brutale gros- » faut était né , il fallait que le père
sièreté. » le portât lui - même dans un lieu
Au reste , Plutarque prétend que » appelé Lesché , où les plus an-
Numa Pompilius imita en quelque ■» ciens de chaque tribu , qui y
façon Lycurgue. Par la communau- » étaient assemblés, le visitaient, et
té des femmes et des enfans, dit-il » s'ils le trouvaient bien formé, vi-
(3o) , ils voulurent l'un et l'autre » goureux et fort , ils ordonnaient
hannirdu mariage toute sorte déjà- n qu'il fût nourri, et lui assignaient
lousie, mais ils ne prirent pas le mé- » une des neuf mille portions pour
'ne chemin ; car le mari romain , qui » son héritage ; et si au contraire ils
aidait assez d' enfans , et qui n'en dé- » le trouvaient mal fait, délicat et
strait pas d'avantage , donnait sa » faible , ils l'envoyaient jeter dana
femme a celui qui n'en avait point, » un lieu appelé Apothetes , qui
et qui venait la demander, et il dé- » était une fondrière près du mont
.89
(3o) A, Pcrall. Lycargi et Noms, pag. 76, (3i) Dan* Tarûcle Ho&TtMiiVf, tom, Fllt,
teion la version de ât. Oicier , pag. 36a. pag. aaS , cUation (Sa).
TOlktE IX. l5
226 LYCURGUE.
» puisque dés sa naissance il se trou- » contraire , les mariaient à âonu
y» vait compose de manière , que de » ans et au dessons , prétendant que
» sa vie il ne pouvait avoir ni for- » par ce moyen la femme plus pure
» ce y ni santé. Cest pourquoi aus- » et plus chaste , non - seulement
» si les sages-femmes ne lavaient pas » pour le corps , mais aussi pour les
» dans Teau les enfans naissans , » mœurs , s^accoutume mieux aax
» commepartout ailleurs; niais elles » manières de son mari, ikinsi Fan
» les lavaient avec du vin , pour » est plus selon la nature pour avoir
» éprouver s^ils étaient de bonne » des enfans , et Pautre plus selon
» constitution et de bonne trempe : » la morale , pour bien vivre eo-
» car on dit que ceux qui sont epi- » semble en bonne intelligence, dans
» leptiques et maladifs , ne pouvant , » une parfaite union. » Xe partage
» résister à la force du vin qui les que fait ici Plntarque entre ces
M pénètre, meurent de langueur ; et deux législateurs ne parait pas juste,
» que ceux qui sont bien sains, en et n^est guère obligeant poar le sexe.
» deviennent d^une complexion plus Cet auteur trouve dans Jes règlemeos
» dure et plus forte (Sa). » de Lycurgue le bien physique, et
(G) // ne permettait point qu'on dans ceux de Nu ma le bien moral.
mariât les JiUes dans une trop gran- N'est-ce pas dire qu'après l'âge de
de jeunesse. "^ Écoutons Plotarque , se- douze ans un bomme a sujet de crai&-
lon la version de M. Dacier. « Le dre de ne plus trouver dtans sa com-
]> temps auquel l'un et l'autre (33) pagne ni la pureté du cœnr , ni celle
» voulaient que Ton mariât les filles , du corps (35)? N'est-ce point s'ériger
» répond aussi à la manière dont ils en satirique ? Il fallait donner tout
» les élevaient. Car Lycurgue ne les l'avantage aux lois de Lacédémone ;
» que la compagnie de l'bommc leur des enfans , et à la vie des raères.
» étant donnée lorsque la nature la Aristote donne sur cela quelques
» demandait , fût plutôt pour elles préceptes fort bien raisonnes. II veut
» un commencement d'amour et de (36) que l'on ne marie les HUes qwa
» plaisir, qu'un principe de baine et l^^ÇC de dix -huit ans , et les garçons
u de crainte , si on les contraignait à l'âge de trente-sept. 11 remarcfoe
» avant le temps : et encore afin que que tes babitans de toutes les villes
» leurs corps fussent plus forts et où les mariages se contractent entre
» plus robustes pour supporter les de trop jeunes gens , sont infirmes et
» erosseâses , et résister aux douleurs petits , et que cette bâte de marier
» de l'enfantement , les enfans étant lait mourir en coucbe un plus grand
» la seule fiu 'qu'on se propose dans nombre do femmes. Il rapporte tch
» le mariage (34)* Les Romains , au racle célèbre qui fut danné aux Tré-
zéniens , dont le sens était q^'di
version
sur
sur cet enaroK , rappone un passage a ariilOM, ^trvtliri
ouUvreVIIIdesVoXiiit^xkti^ohceUeAiifùiA^ exmiy
oidoiinance de Ljeurgue est approuv/e. qu US mounuent , parce qu ils fTt-
(33) Cety^dire , Ljcurgne et Numa. riaient des femmes trop jeunes , et non
m)'TwpïiAvKoùfywvi'nrtipouçKetilp- parce qu'ils cueillaient leurs fn^^^
yiartç fv/jt^ôovroÇf o^uç m cjutKtA Jio- auant qu'Us fussent mûrs (37). Ari^-
fÂiiTHç j(^ «rîïc ^ùa-%atfy Xàuitùç ti xeti ^*- . , , .» .1 t. , . . --.
*/-« J.-uS. . -^v. t t ^ ^ifi tendum.velut ad nihil aUud nuberent^ ^f»"^
XtAS Af^X» /JAXXOV « /Xltrouç KcLé<pùCou «rf panJnrfum. Plutarch. , în Numâ , ;r. ;:, ^.
Vfpd ^wni fiM^of^huVyKtU rà «yw/*4T* (35) Owt» -vÀp «fr fxâxiç'A x*i to <r»"-
KAt VAcm^At, œt W ot/^t» àlKKQ yAfAW i^J tS yA/uoZyri ytritr^At, ita poûnimm
fAVtOty N Tfl Twc TtXiaTtaç ipycit, Ljeurgus corpus et mores puros ilUhaUtsque in muimmt^-
maturâ* et viri appetenles eloeat^ quo ea eon- ri censenles perventuros. Pin t. , ibidem,
socialio impeUente jam naturd , benevolenUee' (36) Âriatot. , lib> VU de Kepublicâ , f«f-
et amoiis potiits qtiam çdii et timoris eonlra nor XVI.
turam coactamm estel ingressic, corporaque (37) Je me sers des paroles de M. Dacier,
firmiora estent ad uterwn Jerendwn atque eni- Remarques tiir Numa, pag. 4»i.
1
LYCCRGUE. 237
tote observe que les en^^ns , qui ne JEqunre , nae tauri menUs
sont guère plus jeunes que ceux à qui ^^ ^*'»"'«"» iolerare pondu».
ils doivent la vie, n'ont pas de res- *. '. ; ; ; ; ; ; Toiieciip'idinem
pect pour eux, et que de là naissent ImmitU uvw -. jam tibi Uvidos
cent desordres domestiques. Voilà un Distinguet auiumnus racemos
inconvënient de morali ; il en tou- , Purpureo .ar^us colore C4x).
che un autre de même espèce , puis- ^^^ î"***?"? ^ «*** obligent les pnn-
qu'il concerne la chasteté. "'Eti iï x*i «es a négliger cette loi ; témoin la
^/»Àc aw<t>ûo<riv»v trvui^i^i T<iç ixcT^wic conduite de Charles -Quint envers
ir,éi7^<tt7rp%TCvrii^<uç'tUoXùiç''or%pAiyÀp Marguerite sa fille natureUe. Elle
mcti é'ùKodtn lieu XptKrifJLtiAt rctlç ruyow » «»'?*« 9^"« ^«^ ^^ lorsaud la pro--
<ncui, Prœterek yerb et ad tempe- "»** ? Alexandre de Médicis , afin
rantiam adjut^at elocare paulo œtate «« détacher le pape Clément VU \
grandiores, fidentur enim esse in- ^f* intérêts des Français ; et le ma- ^
temperantiol^s ac libidinosiores eœ nage Jut acheué at^antqu elle en/edt
quœ waldèpuellœ mbus venereis usœ douze (42). Pour le dire ici en pas-
sunt. C'est aux médecins à raisonner sant , cet empereur violenta la na-
sur ces paroles : mais il n'y a per- tu^'e d'une manière toute opposée
sonne qui, sans aller si avant, et ^ans le second mariage de Margue-
sans sortir de ce qui paraît aux con- "te. « La jeune veuve ne fut de long-
versations , ne soit en droit d'assurer » temps remariée , parce que Chai-
qu'un mariage précoce ne permet » les , qui avait trouve son compte
point à la pudeur de prendre d'assez » dans les premières noces de cette
en
femme
libres en sa présence , diminue de la » » Cosme de Médicis ," successeur /
moiUé envers celles qui ont , ou qui » ^ Alexandre , qui la demandait
ont eu un mari. On les regarde com- » avec d autant plus d msUnce ,
me des personnes initiées , à qui l'on » q" A. n aurait eu par ce moyen ni
ne doit point cacher les mystères ; »> douaire a payer, ni dot a resti-
de sorte que les filles qui se marient « t"^'- *-« P^"**» /'ai* convenable;
fort jeunes, n'ont pas le temps de »> mais Charles prétendait acheter par
s'accoutumer à un extérieur sévère , » les secondes noces de sa fille 1 a-
qui a plus d'influence qu'on ne s'i- » m^^ie du pa^e Paul III , comme il
raagine sur l'intérieur. Les Romains » avait acheté par les premières celle
étaient si persuadés du mauvais eflet » ^e Clément VII. Et de fait , il 1 ac-
des discours libres, qu'ils ne souf- " corda a Octavien Famese qui na-
ces. Puen obscœnis uerbis nouœnup- ^^ Menagiana pour faire croire
tœ aures returant (Ao). Le conseU que c est celle dont M. Varillas a
d'Horace devrait être une loi partout, voulu parler *. « Je ne sais de qui
comme dans Lacédémone. Voici ce ^^^^ Hor.i.,od. v , fi*. //.
conseil. ^,j VariUaj , Histoire de François I". , Uv.
Nondiun auhûeid ferre jugum valet XTlt, pag- m. 387.
Cervice; nondùm munia comparu f-k^ J)u Bois, .
(43) VariUes, Bisloire de François I**., Uv.
(36) Virgo de convivio abdieatur ideb qubd XI 11^ P^S- 387'
majoris noslri virginis acerbœ aures venereis * ï,a Monooie . dans le Menagiana de 1715,
f^eabulis imAiii nolueruat. Varro, in Agathone, n,^. III , paj;. 3ia , dit que Bayle pouTait sans
apud Noniam Mart^nm , Voce Acerbum, pag. bésiler reconnattre qne Varillas n'a point en
*"' *47- en Tuc d*aatre épigramme qac celle que transcrit
f 3()) Confire% ce que dit saint Cjrprien , tom. Bayle. L'autenr est , comme le dit encore Bayle,
F//, png. 3o6, article GvÂaiiri , citation (17;* Jacqnes Bonja , en latin Jacobus Bugius. Outre
(40) Varro , in Agatbone, apud Noniom BIÂr- les corrections indiquées par Bayle pour les a*.
eellum, Voce Returare , pag. m. 167. et 5*. vers , la Monnoie pense que dans le 1*'.
.^ LICURGUE.
.^ « ..4»4 Im4I(^ it|>iKrMiiiiH* ^ mais une très-bonne partie de la gaieté
«•If. «M 4«vx «M«U4«, cil l<« Kujct en qu^ils cherchaient â table. Voda h^
«;h( iM4i«, 4 «•«««(* I raisons qui firent que cette natira
établit cette cootume. Si quelque
, . . » . ^u. ^t *. MtM, M'MM» «MNu, £(»iBme se trouvait a on festin c'é-
V ^. ^.-*^-^ Uit une femme à tout faire. Hle a*.
.« ^. ^.. -K- ^^» MMte rlarait par-là que non-seulement ij
.\. u^,, M..^ -.^ -*-^ *M- •••ii*-« aY arait rien qoe Ton ne pût Sin
.-. u. ur «*. «iÀ ^ndWr *■ .*• P"=*fce, mais aussi qu'elle
, 1 . ^. *5*** *■■* réâ|pMe à sonfiiir tout pa-
tMmHfeCMl. ^eqme ulia in uirorum
V -.w , .». % lria««^j. •*.*»c yift lï*» s^-m^tmoRs mrtmmAi.hat jnuUer , jùa
k • \. — , ••• —». .- v'*« •itk.v**** <»•« jriivf» «MB MmJaienaodo, t^erirn
-- -•î' .»«*-'.f':^ M ff2«cajpe77ca^Mjc<:47). Muret cite
i--*^— -- ». »^»îi *«c à«?«s. «« tew yirtiiigcj. H allègue
- . .^ . .-«. '.^ .t»jr A rrTKMae <çk kàà Thaïs dans Té
. -~ — — - • i^w»- i aufc "vs'M.-re an czvsixer qoî demandait que
- r ^-. K «fc.Tr^ it n>mg ?-im|ihii i liât do festin (48\
. , * i - - 1. . ^ ■ ^cr^ . X siltr*rtÊ! -3- ^foe Câcéron rapporte
' » .' '• < *. ^ . %. .u. ti..u&. :«r ôc Pjmpxuisaee Je B«bnas que Yer-
.^ . .^ ^.wfc^.»N..>> .l'A i>.u> rt^^ni. re» wtLti ^ânçpcîieKFkilodainos bonr-
w ..^.v..^ .>^ :^ .£ AUK- 9^»- ÇfTCfiii dr LtfBPKHine, poor un des-
0 V-. .* ^' .; TK^iErsup- itein impudiçie, t.<tf beorceois , Fao
! . . :-, ._^ K *•. i-ae j aac à de» |?rincipiii& in Eea , ne Tonlut
.\ .... . * ..***^,.K .- 3r crt «r- iamaifv snaiirxT çrie a fille fût amenée
^..'-: .\t ^^ ▲ H.>w>.u>^it tx^.U'ti. Kq à la cluanhur eu. rÎMtâw comme Ro'
'«.M •- « *- î«r« :w*«rteii«Ju, brios le Bonfaaisiic. PosteàqMiam satis
.. ^^.. . * ».♦'.« » i'vb»ervaU#>o caltPe rcB Ruhru niaa. esi : QuœsOy
il ^ '--. \^ Jt «Munr Aft» «ii«^ d«« irKfuU^ PhiiodaaK^ atrmd nosJiUani
V* '.: A. ;Krt*r q<»<f les anciens f^ f swnumâ .pmttiàiÈr , eljamid
V V - -'--.••-i.'-,a:îort »sjiîirmentquele« <»^<ïfa'*, d paras taaety abstupuU
.-> 1. ixNA>Uî«Mrttt t>OLnt aux fe»- nomiais ùnpntki ^nt» : imstare Ru-
;« ^ v^> W> bonune« étant ^JCAniia- briiu: ttimiUe^ xtf ^Lqmid r^sponde-
L. . ^ . \ l'.a 1er |>lu>» librement, il <^tait f^t ^ negas^ù morù csaie Gnecorum ,
!>_-. .'i/Kile qu^il ne leur échappât '^ <^ comdi>io »i'iw—i meetÊmberent
. \ ^ ' ^ ^ A]jt«.'rie« <>pi>a6ees à la pudeur. fnuUereê (4q)- Vo«s tvjvx là que Phi-
il> I luit-iit donc ofléns^ les chastes l^^mus allègve pctorVcs raisons que
fi ilU"» iiii vue; et s'ils eussent vou- <^ n''^tait pas la niwinsnt ponni les
lu Kl lucua^er , ils eussent perdu ^recs. Qudqoes saraMs ont cru que
cette excuse fat ta^v«tfêe. jfais Muret
t\ f«v( lir« iain firmiar, et dmae àt eHU ftUê leur Oppose le temoûn^ge d*un crand
U u* Ju.ii.« 4«. voici: orateur (5o), et a^Atln le confir-
\ <lott»« «M . ve«Te 4e Le«»4re , ^cr par les paroles de Cornélius
VAtMcmeal pour mot vicoureus. wr^ ^ , r~ ,7^ w vkmticuu»
A viugi iV|x.tt«« 0jU« q»i, uop jeu««iirop '^«P*« qu <"» » pa lire a-dessus (5i),
t«a4r«, et par celles qn^on peut voir au
N> peut •«mir ewor ni «oaU^er m«« few cUpitre X du Vl«. livre de Vitru-
Hym«», qui «M offert !«# pl^.i» U« plm ^^^T " «»* P" alléguer qu'a k cour
doux même de Macedome , on n'admettait
Loraaue pour eux \h\M* de gltee, point les princesses aux festins que
Et qu. a-». »oD .rd«tir me e. refu.e toa«, l'on donnait à des ëtranfiers et aae
nelaH : ai dan* toa c«nrU pitie troove place, «>M«ugcrr», ci. 4uu
Aendt moi moo premier Afe ou moa premier
•P0"«' (4?) MnretM, Variât. Leet., fi». F//, «V-
(i4) Suite du Ménagiaai , pag. 197, /Jî/ioit (4») Tereni, , Ennacb. , œc /f^. «. /.
*^^ ('*'"''' .. p, .^ „, (49)Cieero inVerre«,U./.c«p.XJff'/.
(4^) hamtnarib. , Elog. , lih. lll^ pag. 10, tom. /, edU. Grav.
eJii xd^ : il U nomme Bugiu.. ^5^) jvbmw/ I.»u«.
«K r«»i^ J« Luviii , rfan/ ce volume. ,^; ^ citeiion ($), " * ' """" ''''<»/'««
LYCURGUE.
aag
la complaisance que l'on eut pour paroles. « Qui aurait dit que les
yles députés du roi de Perse, eut des » femmes auraient ajouté le
suites qui prouvèrent que Ton eût » tabac et Teau-de-vieà tant de
bien fait de leur refuser ce qu'ils » débauches dont elles font yanitë
demandèrent; car dès qu^à leur prière » depuis plus de trente ans? Elles
on eut fait entrer les dames , ils se » ne portent encore que des barillets
donnèrent des libertés qu'il fallut pu- m d'eau*-de- vie à leur côté : qui' sait
nir à coups de poignard. Legati bb- » si avec le temps elles n'y porte-
nignè earcepti, inter ^pulasychrietate » ront point de barils. » Voilà ce
crescente , rogant Amyntam,, ut ap- qu'un médecin de Paris (56) a publié
paralui epularum adjieiat jus fami- dans un ouvrage imprimé l'an 1696
iiaritatis , adhibitis in conuivium suis (5*]). Si Ovide , le plus commode ca-
ac jilii uxoribus , «/ apud Per- suiste de la terre, est le directeur que
sas habeH pignus ac fosdus hospitii. ces buveuses ont choisi', elles de-
Quœut f^eneruntfpetulantiùs Persis vraient pour le moins se contenir
eas contrée tarUibus ,. fiUu^ Amyntœ dans les bornes qu'il a marquées :
uélexander rogat patrem,. rjespectu il veut bien que les femmes boivent ^^
œtatis ac grauitatis suœ abiret convi- mais non pas qu'elles boivent trop.
uio , pollicitus se hospitum tempe- Il les en détourne par la menace
raturum jocos y etc. (5a). Enfin Mu- d'une peine qui devait être pire que
ret observe que les Romains se con- le simple deshonneur ; car autre-
tentèrent d'interdire aux filles la ment les personnes à qui il parte
liberté de se trouver aux festins. J'ai n'eussent point considéré comme un
rapporté aillçurs (53) avec quelle se- grand mal ce qu'il leur annonce.
vérité ils défendirent aux femmes
l'usage du vin ; mais au temps de Sé-
nèque cette coutume ne subsistait
plus : la corruption était si grande
qu'elles s'enivraient autant que les
nommes. JYon mutata fceminarum,
natura , ditr-il (54) t *«^ *^ita est. JYam
cùm firorum licentiam œquavennt ,
corporu7nquoqueuiriliumi>Uiaœqua-
uerunt, IVon miniis perwgilant , non Me voilà assez loin de mon sujet, je
miniis potant , et oîeo et mero §^iros m'en rapproche par le secours d'une
provocant : œquè inuitis ingesta vis^ citation qui prouvera ce que j'ai dit '
ceribusper os reddunt, et vinum om- touchant la diminution de respect à
ne uontitu remetiuntur : œquè nivem l'égard des mariées. Le thevalier
rodunt,solatiumstomachiœstuantis. d'Her , écrivant à une de ses
On peut presque remarquer en Fran- cousines qui faisait scrupule de se
ce une pareiUe métamorphose , s'il marier clandestinement, lui étale les
en faut croire ceux qui y voyagent, commodités qu'elle trouvera dans
11 n'y avait noint de loi qui défen- un état où elle sera femme, et pas-
dîtaux femves de boire du vin : sera encore pour fdle. ^01*5 serez j
cependant elles ne buvaient presque lui dit-il (59) , madame de la F. ,
que de l'eau au temps de nos pères j ^^ ^^ ^ous appellera mademoiselle
mais on assure que depuis un cer- de Her p^ous serez encore de
tain temps , elles se plaisent fûrieu- V aimable troupe des filles , qui pa-
sèment aux meilleurs vins, et aux raitront vos pareilles , et le sejj^nt
liqueurs les plus fortes ; et il est à peut-^tre. Pous pourrez n'entendre
craindre qu'elles ne tombent peu à point certaines choses que des indh-
peu ou même rapidement dans les crets disent Quelquefois, et il vous
excès du pays conquis (55). Lisez ces sera permis d'en rougir , au lieu que
{5^)3u3Ûn,,lib. FIJ, cap. m, pag. m. (S6) M. Bernier natif de BtoU.
17a , ifjZ. (57) Jl a pour titre : Réllesioas , Peasées
(53) Tom. Kl, pag. ^Sg , arllcle Exuir a , el Bons-Mots, Anecdotes, par le slenr Pepin-
a(a(jon(4Q). caotU FojrejfjiapageSS.
(54) Seneca, epist. XCV . pag. m. 3ç>4. (58^ Ovid. , de Arte amato»., Ub. lll, v- 761.
(55) PV«», tom. ri, pag. «6e, article Eà- (Sg) Libres do cbevalier d'Her. , ''*• P-T* »
iii»,eiteliba(5S). • lettre XLTI , pag. %\5 ^ édition de HçilaniU,
jfytitu ett, deceaique magis potare puelias ,
Cum Veneris puero non malè , Bacehe ,
Jaeis.
Hoc tfuoque , quà patiens caput e'st : animus.-
que peaesque-
Constenl : nec^ quee sint tingula, bina vide.
Turpe jacens mulier mullo madcjacta Ljmoi
Digna est coneubiuu quosUbet Ma pati.
Née sotnnis potitd tutunt succumbere mensd:
Per tomnotfieri muUa pudenda soient (58).
23o LYCURGUE.
si votr^ mariage était déclaré , il me perpétuelle rebute plus les yeux
faudrait que uous prissiez un air un qu'elle ne les tente ; et si iH}us met-
peu moins innocent , et plus capable ; tez une fois dans t esprit l'intégrité
enfin yous consen^rez toutes les mi- des mœurs de la nation , vous de-
nauderies de fille : cela sera déli' meurerez persuadé de ce bon mot
/. — . — ~ ^^«...^?#>.„^»« I ^- ^11^- jg Sparte notaient poin
inéteté publique les cou
érulement parlant y je ru
pas que leur excuse fût
elle leur doit tout ce qu'elle est, une excuse pour nous : mais enfin il
Vous pourrez les mettre en usage h y a encore aujouréPhui quantité de
f égard de M- delà F» mime , lieux dans l'Amérique septentriona-
vous serez une demi-fille pour lui; U, ou les femmes paraissent toujours
et tant que vous ne porterez pas son dans l'état île celles qui dansaient a
, il vous restera auelque sorte Sparte ; et cependant tous nos uoya-
roit d'être un peu plus composée, geurs assurent que le crime en est
nom.
de droit
haut et clair, ensuite des fiançailles je ne vous donnerais jamais bonne
dans les formes , et puis des noces opinion de leur modestie, f^ous en
où. tous les parens vinssent dire des croirez bien plutôt les satires piquan-
sottises (6i). tes des Athéniens, et ntéme celle d A-
(H) J'ai quelque chose à observer .ristote, qui, tout Macédonien qu'il
contre l'auteur de Lacédémone an- était, avait demeuré trop long-temps
cienne et nouvelle."] Je n'ai que trou à Athènes , pour jn'y avoir pas con-
choses à lui objecter •'
1®. Je voudrais q"''
tâch<^ de faire Fapologie de la nudité qu'il a dit des Lacédémoniens dam
des filles de Lacédëmone. M. Dacier fe second livre de ses Politiques.
a eu le goût bien meilleur : il s'est Quand lycurgue a entrepris d'in-
haatement déclaré pour le bon par- traduire a Sparte la fermeté et la
ti ; il a trouré tyie Lycurgue sacrifia patience , c'est une chose évidente
les lois de la bienséance , et les im- qu'a l'égard des hommes il y a réus-
pressions de la pudeur , à de faus* si ; mais il s'y est pris plus négU-
ses Tues de politique. gemment du côté des femmes , car
2®. je ne vois pas que Fapologie elles y vivent dans une mollesse et
soitfondée sur d'assez bonnes raisons, un dérèglement général. Il ajoute
C'est ce qu'oh va examiner : voici les que Lycurgue essaya vainement de
paroles de M. Guillet(6a) : Les filles l^s réformer; en quoi il est démenti
de Sparte dansaient toutes nues en par Plutarque. Ce qu'on nous dit la
public; et peu de gens sont persua- de cette habitude de l*œil , et de
dés qu'il ^ eût de la modestie a ce Pobjet qui dispose à l'msensibilité ,
spectacle. "Je m'imagine que les La- est bon et solide généralement par-
cédémoniennes avaient pourtant leur Jant, et c'est une des remarques de
raison , et que la chose étant toute Balzac contre le fameux sonnet de
commune parmi eux , elle ne faisait JoJ>. L'auteur du sonnet (63) fut ac-
pas dans leur âme une impression ' ' i. /-»*x -. — ;-:
t les sales désirs qe i imagina- » compassion ; et irameaiatemcni
ûon. L'émotion ne vient que de la „ après , il désire qu'elle s'accoutu-
nouveauté du spectacle. Une coutu'
raKicItf Go Axmi , tom. VU^ pag. 3o6. * \ ' " ' 'i'ili..'-
\^) L.cW*n.on« .ncienoc et noaTclIe , pag. Aecoutomex-voM *»-/"•
i§7 , éOidon de HolUnde. D'u" »»onirae ^ui «uffro «l •« pUinl.
LYCURGUE. a3i
» me à voir cet objet. Par conséquent où de telles nouveauté pussent être-
» il désire ce qu^l craint. Cette ac- innocemment introduites.^ C'est en
» coutumance a voir devant âter à vain que Ton s^eiTorce dVfTaiblir le
» sa dame rém6tion <|u'il voudrait te'moignage d'Aristote. Il n'y a rien
» qu'elle eût , il la prie d'une chose de plus grave et de plus sensé' que
» qu'il a témoignée de ne vouloir e livre où ce philosophe parle si mal
» pas. Il prendra la peine , s'il lui des Lacédémoniennes (66) : l'esprit
» plaît , d accorder cela , et se sou- de partialité ne parait point dans cet
» viendra cependapt de ce vieux ouvrage ^ et ainsi , au lieu de dire
n mot , dont l'université retentit de* que les médisances des poètes ont
» que par le passage des yeux, quand des poètes. Au reste , il n'est pas vrai
i> ils sont une fois bien assurés, elle que Plutanme ait démenti Aristote
» ne saurait être surprise. Quand daojs le faitdont il s'agit. Il est clair ,
» les yeux ont contracté habitude et .quand on lit avec attention, que ce
» familiarité avec les plus étranges philosophe ne parle que de la cou^
V objets, ces objets, de farouches tume qu'avaient les Lacédémoniennes
» qiTils étaient , devenant apprivoi- de mattriser leurs maris. Lycurgue
if ses , et entrant dans l'âme comme voulut réformer cela , en 6tant aux
)> amis, ils n'y excitent plus de tu- femmes l'empire qu'elles exerçaient^;
>* multe , çt nçn ne s'émeut â leur mais n'ayant vu aucune apparence
» vue. A force d<p voir des monstres, d'y réussir, il se désista de son entre^
3> ce ne sont plus monstres aux yeux prise (69) , sans négliger néanmoins
» qui les voient. Les spectres me- de Êdre plusieurs rè^emens qui se
V mes et les furies , armées de leurs rapportaient au sexe , et qui le ren-
» torches et de leurs serp^ns , per- daient très-propre à produire des
» draie^ leur force -et leur horreur enfans robustes. C'est en vertu de ces
M dans. notre imagination, par Vaç,- rè^lemens que Plutarcpie a démenti
» coutumance de les voir. A plus for- Aristote ; mais il est tombé dans le
» te raison, etc. (65).. » Mais, quelque sophisme que l'on nomme ignoratio
solide que puisse être cette doctrine , Elencki .* u n'a point.su de quoi il
je ne sais si on la peut appliquera était question. Lycurgue.^' dit-il <68),
notre sujet , puisque les filles de La- régla d'abord tout ce qui i:egardaU
cédémone ne paraissaient Qxies qu'en ,les mariages et les naissances ; ciW
certains jours de.x:érémQni<Q , et .que il ne faut pas croire ee que dit Aris^
le reste du temps elles portaient un tote j qu'ayant tenté tie régler et de
habit qui ne laissait voir que leurs réformer tes fommes, il jr renonça ,
cuisses, pétrit le moyen d'irriter la
corruption, san& disposer â l'insen*- (66) "Omi yà,^ c»» «"om? ô* yoyuoâiT»;
sauvages où la nudité se pratique. K«^Mf ^f oc ««'«te^itv «ixoKaaidtf , »«< <rpv-
Celles-ci sont de tout temps en pOS- <^f p«>C. Nom énm. touim eivitatêm lator lêgmn
session de cet usage : mais^yCUrCUC velUt ad toUrandot ëtperfenndo^ labores tfM
intro4u«ù k M^té dan, une ,iiie >;s^r«;f,r».;j^;;'~n*"»:f?:^.r«7";^*
ou elle n était pas connue , et |^A~ negUsentem te prmhiùl. Viintnt enim inleiftp&-
dant ff ue tous les peuples voisins ranUr et luxuriosh , ad omne scilicel intemve»
ob8eryaK>nt la bienséance. On ne rT/'d^K^il^ûârX' fc-l^iét"'
saarait donc l'excuser. Enfin, la ver- (67) rèU /i 7*Tat«*«<, ^ao-Ï fùv iyty
tu des Américains , si ce que les i^,;^„.îer*» tof Avxwf^yw i^i toi)ç »•-
voyageurs en disent, est véritable, ^^^^ ^ «T' «tfTlxflowo» , àa^hai ^*xi».
Ariitotele», iib, JI de Repoblica , c^p. /A,
(65) Btkae , h iafin du Socrate cbrities, pag. pttf. 347- * .
m. 142. . (69) Plut., in Lycurgo, pag. 47. ^
a32 LYGURGUE.
ne pouuanl venir a bout de leur li- nomerides , ne se fondait point sur ce
cence effrénée, et de la trop grande qu*elles portaient un habit si conrt,
autorité qu'elles avaient prise sur mais sur ce que leur habit , fendu de
leurs maris. Il est visible c^ue Plu- chaque côté, laissait Toir lein:» cuis-
tarque raisonne mal : un législateur, ses. C'est Plutarque qui nous donne
qui abandonne Tentreprise de sou- très - clairement cette raison de la
mettre les femmes à leurs maris , nV raillerie d^Ib^cus 171). Je mVton-
bandonne pas pour cela tous les soins ne que Cragius ait pu commettre
qui se rapportent à Véducation des la faute que To» va lire. £œ (mo-
mies , à leur mariage, etc. ; et néan- lieres ) , instituto ueteri , vestes su-
moins Toici Plutarque, qui, pour prà genua decurtatas defercbant.
montrer qu'Aristote n'a pas eu rai- Undè ^autojuutfii'tç dictas sunt €tb Iby-
son de dire que Lycurgue renonça eo poëtd, ut testatur Plutarchus ,
à Pentreprise de réformer la domi- tanguant quœfemora nuda ostcnde-
nation des femmes , allègue des rè- tint (7a). Peut-on dire qu'un babit
glemens de Lycurgue qui ne tendent qui ne ya c[ue jiisqu'au genou laisse
qu'à exciter les garçons à se marier , voir les cuisses? Le haut de chausses
et qu'à faire en sorte que les enfans crue les hommes portent depuis tant
soient robustes. On trourerait un de siècles ne prouye-t>îI pas le con-
million de pareils sophismes dans traire dans toutes les variations par
Plutarque , si l'on prenait la peine où la mode le fait passer ? 3**. Il «est
de les bien chercher. , Il rapporte pas vrai , généralement parlant ,
dans la page suivante une réponse <jue l'habit des Lacédémoniennes fût
qui suppose manifestement cette vé- si court. L'autorité de Clément A-
nté de fait, que les maris â Lacé- lexandrin est mal alléguée. Cragius
démone étaient dominés par leurs ne l'a pas prise du bon coté. Oi/J^^à^,
femmes. C'est une marque que Ly- dit ce bon père (73) , vTrip yoiu jcec-
curgue ne réforma point cet abus, ddt^c^ «re^c AttKcthetç ^etai ^cL^hcvf
Remarquez bien qu Aristote recon- iç'ùfjo^eu ttAXÔf ùùJ'h yaip juApoç ^toth
naît dans le même heu , ^e Lycurgae À'Trvyv/umoîia^ett yuyatKU tt/7rpé^U . Cesi-
fit des lois pour la multiplication des à-dire, // n'est pas beau de porter
enfans (69)* des robes qui n'aillent que jusquau-
Ma 3". remarque est sur ces pa- dessus du genou ^ comme on le dit
Sophocle qu'une femme fa
vous l'apprendra , si vous voulez voir cune partie de son corps quelle
comment il a décrit celui d'Mermio- qu'elle soit. D'abord on voit la qae
ne , dans uh fragment que Plutar^ Clément Alexandrin ne prétend pas
que rapporte; il était si court, que que cette véture lacédémonienoe
le poète Ibycusy en s'en moquant, les laissât voir les cuisses ; mais qu'il la
appelait Phaenomerides. Il est sûr , blâme de ce qu'elle laissait voir les
que la tunique d nermione était 1 on peut conserver a ce passage
entr'ouverte , et qu'elle laissait pa- la vérité nécessaire , sans supposer
raître les cuisses : a". Ibycus , appe- que Clément Alexandrin ait préten-
laot les filles de Lacédémone Phas^ ai# que les filles de Lacédémone al-
laient toujours ainsi vétae6 : il sufHt
(«9) Boi/\^ivoc yêLù ô vofAoBirm tic qu'elles çarussent en cet état , auand
*^«Vot/« «v*! Twic 2^*/>T.*T*ç, ^/)o«C- fllcs allaient à la chassc; quand cUcs
ytrM ^oùç votJtac «ti ^miVoc/c ^owt- luttaient , on quand elles faisaient
6<l.t'n'AléetÇ» fffam dira velUtUuorlegis qnam , ^ tr • j ? » j m .
ci^eis ad quampiurùnoi Uberof prLr»ando,. V'^ , refnarqut (B) citaUonJB),
ArisloteUs , lib. II 4e Republicâ , cap. IX ^ ' ,/•?») Cragiaii , de Republ. LMedasm. , lib.
pag. a47 , <?.> J^'* c«P- 'A, pag. m. i55.
(70) LacérUmone ancienne et nonveUe , pag. (73) Clem. Aleuodr, , »^P«(Uf«go , /ifr. // ,
i"-!, eap. X, pag. 204.
' $
LYCDRGDE. 233
{uelque autre exercice. Or , cela ne liers pointus {**) , et ne s'habillait que
;)rouye point que leur habit fût fort de petits manteaux courts , qui ne cou-
sourt : cela prouve seulemeiit qu'elles taraient que le haut des cuisses : Inerat
\e troussaient jusqu'au-dessus du ge- eiperegrinus hahitus in nutriendis co-
Qou , afin de n'en être pas embarras- mis , in calceandis pedibus rostratis
$ées. C'est ce qu'il faut supposer ne- calveis , in uestiendo corpore palliolis
cessairement , ^ —.-.:-« — '— —-. ..:—,i: — :j:,.^.^^*^^*^^^^*:i.,.,/^ii\ m»:.
veuille accuser
îiere ignorance ^
filles de Lacëdémone une longue et Lacédémoniennes , ne Tenait point
large robe , mais retroussée sur le de ce que leur jupe était trop cour-
genou quand elles chassaient : te ; car si elle eût ressemblé à nos
Cui mater medid sese udu obuia sihd, culottes de page , OU aux habits dont
Virginis o* habitunujue gertns^ et virgini» parlent Martial et DubraviUS , OU nc
arma
se fût pas contenté de les appeler
StàKtuKM phœnomerides. Il n'y a personne qui
Naw^ile hùmeritde'morehabiiein suspende- J^c comprenne fort aisément , que si
ratarcum leur jupe , qui était fendue des
^'"'^vtnUs ^^'"^"^ **""** diffund^re Jeux côtés , sans être cousue au bas
NcDAjTBwu'îroDOQu.iiiro.cotitcTAFniwi- de* fentes, ne fût descendue qu'un
Tis (74). peu au dessous des fesses , elles eus-
sent fait beaucoup pis que montrer
"Tes eussent mar-
ies poè'tes , qui
»^ VI iw. 1- ~ ^ ^ -T««x/ui. «3M v*c fc«MKiB-là plus de liber-
ter qu il ne fût long ; car cet auteur té qu'aujourd'hui Se s'eiprimer gros-
d t que quand elles se délaçaient gièJemeit , leur eussent donné^une
^T^ .* un certain point , elles ^pithète beaucoup plus forte que
lai saient paraître leurs cuisses de- ^^^^ ^^jj^ àe pùZmerides , mon-
puw leurs pieds. C est ainsi qu'il e^^^s rfe ciiiwes. Il n'est pas néces-
exprime {i^). On peut donc comç- 3^^^^ d'éclaircir plus amplement cette
wr pour une chose certaine , qu'a pengg'e
sufventle îrompen^r^aiTo^ Au reste la mode des habits courts
rait dire quelque clîose en leir fa- fût été portée a déplus grands excès a
veur,àlMgard du raisonnement la cour de France (*•), si ce qu on lit
qu'ils ont fondé sur le fait. Un ha-
bit pourrait être si court, qu'il lais- (*')C«i»>.tp«aiitti qu'il faU«tj^*iidre le c«^
Goi.».*- «1 • -cr ^ eeurojtmtif de DubraviUS. Lei •oulienqu 11 ap-
serait voir les cuisses. Voyez ces pa- p«Ue ra#fra<i se nommaiem en français «ooliers à
rôles de Martial , potUaines , c*eat*ii-dire , à la potonaise, espice
Dimidiasque noies GelUea paUa tegU (n6) t **«■««•■?>*»• . dont le bec était recourbé en forme
pf #.A .... T\ i_ \ o vy / de prone de navire- «la maniirc des patins. Cer»
eice que DubraVlUS observe des mo- uins sabou ont retenu quelque chose de ce ros-
Ues, qu un ^qÎ ^q Bohême (77) apporta tntm des souliers à poufnines , appelés d'ailleurs
de France : // laissait croître ses ehe^ •'"" P*' Méaerai, sur l'an i365 de son Abrogé
vpwr ■frx',^ 1 1 -^ j chronologique. On peut Toir sur ce mot la note
^euxjort longs , se chaussait de sou- 3, ,„, i^^ap. Vlfdu II*. lirre de Rabelais.
f ,\ jf. Rbm. caiT. •
r Si ;'T5>ï-f^^neid , Ub. /, .»/. 3f4. ^,g) Dubrarius , Histor. Bobem. , lib. XX ,
" f EjcaXiÎto i^ Ktù 0 Tav iretfBiieùv «V^ V»Uaiana , pag, m. 61.
A**Coi'. //« «,.#^«. j- L . .• . . française en fait d'habits :/*««/« ner ii< l#mpa*
»-«.■«/« r^-^^ïr/'"*"?'' ""^ ^^rginum "'pranetam ^esUmentorum nimiam defotmi^
'olyUseû^„^S^r^ ?'*^'^ '"V^ ?'""*' '«'•"»» 'cHptores tradunt : ita »| ioculatoriam
^^S'-^'^aJ,::::^^;^^^ ^^»^-B'^rrançosk.e.t^^ Cre.
phanomeridéiM —«^i-î- . i i ' d^ ii "'"'^*^ diderun non defuuse Mis et laseiviam atque su-
»«»r.i;i MuSî fîî;?' •'"/•. ^?""»/?î^ perbiant, quoUdiana gentis maU. It^e yel
P«g. 85 ' ^^' *"*•"'*• ' ***• ^' *• ^'^* ^giistid] uel laxitale l'item breuitale , ^I Ion-
(76) MMrt:»i m. v^iir i-i F gitudine vettimeiUorum , Galli setnper peceant.
{')-)\ J j \ *!"«'•"*• XCIII, lib. /. Apparemment qne , comme l'insinue Gagoin , on
''' ^"* "* ** maison de Luxembourg, ne tarda guéres à «e lasser de ces habits courts.
234 LYCURGDE.
dans im auteur italieu qui ayécu ren Cassius.'] Cela paraît par ces parole«
la fia du XV^. siècle était vrai. Il d^Ammien Marcellin. yerùm ille, îl
suppose qu'un Yoyageur italien dé- parle de Pempereur Julien, yudïcil^ia
daigna d'aller en France, tant à cause Cassiis tristioret Lyeurgis causante
que les Français étaient ignorans , momenta œquo jure perpenduu ,
qu'à cause que leur monarque portait suum cuique trihuebat , nusquam k
un habit si court qu'il ne couvraitpas vero abductus y acrius in caJumnia-l
les parties qu'on ne nomme pas. Cur, tores exsurgens quos oderat multo-
obsecro , trans Alpes non projectus ? rum hujusmo<j^ petulantem, sœpè de-
Quod scirem Galles maxime stolidos mentiam adusque discrimen experuu,
^sse , corpusque curare magis quant dàm esset adnuc humilis et privatm
animum colère : regemque eorum (i). Plutarque obserye qu'on disait dr
quamtfi* splendidissimum tam breid ce Lycurgue qu'il trempait sa plume
tamen uestilu incedere , ut pudenda dans la mort , pensée qui ne s'accor-
non velet , ac si cynioorum sectator de pas mal avec le reproche qu'on
sii instUutorum (79). faisait à Dracon , d'avoir mis ses lois
»••• , qao: qu'il e» toit , ik p»«i».ient encore, P**" *^5"* ' ^^^ ^\^^ *^« l'encre , mû^
et plus ooe iamaii, six-TÎogtf ans «pris , paisque ^^^*^ du sang (î). ErXt Si tLaÙ tw fltnx
le roi Charles V fut obligé d'en hannirU mode, «ri» <f»:/XAJUÏr , »<ù tii xojLoùpymf T-»
et d autres encore non moins ridicules , par édiU a>»xxMltii rT.» i^^-^^^m 2^^,^^ •
dont parle Méxerai , sur l'année . 365 : et cepen- '^'l^^H*" > ««'f. «f «XA«rtî cLTcLTTtLç, en xxi
dant. Uni est vraie la remarque de Gagnin . le '^"'^ O^^iç-af tyioc/c Xf^rtiv^ AuMAvfyn w
même mode des habits couru éuît de nouveau t*i\Alt dxxâ BûLVàir» XP^^^'^a. «ro? x±XAtui
sur la fin du XV«. siècle , suivant le témoicnage TT^J,;^ ^w^-. *^^- • ^'f^ Z.
ocnlairedeJoviruPontan. Bbm. CUIT. Urbis eUamcustooia ei mandata Jmt.
(79) Jovian. Ponianu», wscftaiofo Aaiooio*, et maleficorum comprehensio. Quoi
pag. m. n5i. quidem omnes expulit , adeo ut so-
LYCURGUE , orateur athé- ''^T'^ Â'^J!f^'"* \''^'^.
„• „ i»! j T I . S^^ ^^ contra malos scribere , ta
nien , fils de Lycophron , et pe- quicalamumnonatrafnento sed morte
tit-fils d'un autre Lycurgue que. imbueret (3). Diodore de Sicile le
les trente tyrans firent mourir, représente comme un accusateur très-
florissaitenmêmetemmanpni?- P^^",*^*/*}' "^«^5?^ » ««^.^^ P^'^
fui Lr-
quot^it
reniait|T!e
^ concenie
U'^) «;«^^«Ç? ««« f'nplois pu- %^ jy^^p^ ,^^ comment quel-
Wics {a). Ce fut un juge tout-a- ques fautes. ] i«. Il fallait dire en gé
fait sévère , et qui va de pair avec itérai qu'il chassa tous les malfaiteon
le préteur Cassius (A). On parle ^^^' ** *®° simplement tous Us/ai-
assez amplement de lui.daL le ^/J^^Ï'atSt^^î.'^.'::
supplément de Moren ; mais exercices, ni qu'il ait étët?^s-*oi«^ii<
non pas sans commettre quel- ... „ ,,. ... ^«,,
— /• * rn% AI *« « (i) Amm. Marcellm, tift. XXIf. cap. UX,
ques fautes (B). On le confond F«>.«.3a». .«v .
quelquefois avec Lycurgue le lé- ^ ^') a«^*J»ç vç-tpùit tvJoMpumv , «ire»
gislateur de Lacédémone (b). • ^' ^l *'J"*'^'^« ««^ «fti^lxai o« roùç tv*««
N y Q ^p<t3U»^ typtt^ii, Poitmodumlepidi^aàDt'
(a) PluUrchos, in ViU* decem Rhetorum. "'"'7 '«"^SJ"* '>'^con"n rwn au^unemo «^
p^^ JJA, * ^"p^um, ,,^,^ fe^r^x. PluUrcb. , m Solone , pag^. 87, E.
/ANT -j V . - » .«.,.. (3) Plutarchns, in Vitii decem ' RhcCoraai ,
{,0) L.mdenbroch ., in Âmmian. Marcellin., pag. 8ii.
m. XXIT, cap /X. et Conadus , in Cicer. (ù)*l\i Jlf muoirâvrot if to7ç Kvywt ma-
pour Lyaitgw de Lacedemone cebu qufil aussi Dcnjs d'Halicamasse , in Ceasori Trt
/a//ai/ prendiie pour VoraUur athénien, Scriptorum . pag. m. 191 , igB.
t k\ rf ^ , (5) Cicero , ad Atlicum , epîst. XIII , hjk. I.
(A) Ce /ur M» 7ii^c tout-a-fait se- (6) PluUrque, in Vitia decem RhmUtnm , «
ï'ène , et qui ua de pair avec le préteur sert du moi »*»o*/^oç , malcficu.
LYDIAT. 235
imqueun dans les jeux qui se celé' de la 1 1 1*^. olympiaide , mais il <ltait
nient en présence du peuple ; 3i^. Il Pun des plus fameux orateurs que
i fallait pas dire que quand il se fit ceux d'Amènes refusèrent de livrer à
)rter au sénat pour y rendre lui' Alexandre (i 3). Quel âge ne faudrait-
éme publiquement un compte exact il pas lui donner quand il mourut ,
; toutes ses actions, elles furent si estait de lui qu'Aristophane a parlé
uées de tout le monde ; il ne fallait dans sa comédie ? Ce poète faisait-il
is , dis-)e , déhiter cela , sans obser- mention de gens obscurs ? 5<*. Quand
iT au'il s'ëleva un accusateur dont on dit que sur le témoignage de Dé'
rëiuta les calomnies (7) ; et il ne mosihène les fils de Lycurgue furent
liait point passer sous silence qu'il bientôt remis en liberté , on déclare
it accuse diverses fois (8) ^ 4^. Les manifestement que Démosthène të-
fthéniens, s'il en faut croire le Sup* moigna de leur innocence ;. mais cela
lément , le regardant comme un est taux. Il e'tait alors en exil , et il
ersonnage qui auait en lui quelque écrivit aux Athéniens qu'on les blâ-
hosededitfin,luiconsacrèrent,après mait du traitement qu'ils faisaient
z mort , un Ibis ( oiseau d'Egypte aux fils de Lycurgue (i4)' Là-dessus
imblable h peu près a une cicogne) , on les relâcha. Ce ne fut point parce
e même que le hibou auait été con' que,surle témoignage de Démosthène,
jicré à Aénophon. C'est n'entendre on les crut injustement accusés. 6^.
ien dans les paroles de Plutarque , 11 ne fallait point citer Hérodote ,
ir quoi l'on se fonde 5 voici comment qui , étant mort avant que Lycurgue
myotles a traduites : On surnommait rat au monde , n'a pu rien dire de lui.
ycurgus, I bis , qui est une cigogne La citation de Pausanias est souffra-
oire , et, disait-on , communément a ble , quoiqu'il n'ait dit ( 1 5) qu'une pe-
ycurgus VIbis, a Xénophon le Chat' tit^ partie de ce qu'on rapporte ^ mais
uant. Cepassaçe de l^lutarque (q) est n'avoir pas cité Plutarque , c'est une
D fort mau vais état ; mais il est omission qui ne se peut pardonner,
ourtant aisé de voir qu'il ne signifie
•as ce que Ton débite dans leSup- («') D'*^* Sicul., Uh. XVII, eap. XV.
élément. Le docte Henri Valois nous p) Si»'»/'* ri'*/ 1'"",»*"***''" ®^'' ^'
idera à l'entendre : Undè (10), dit- ^''^ '^•'"'" ' ''*' ^' ''"*• '»*
I , etiam Ibis cognominatus esse ui- LYDIAT (Thomas), Anglais de
ietur , quoa sciUcet ut Ibu anffues , . , ,. ^\ " / .,
ic ipse noxios ciues^ et peregrinos «ation , publia quelques écrits
xpelUreu Aristophanes in Auihus au commencement du XVI*. *
V. i3g6 ) : siècle , dans lesquels il attaqua
*iC»c hwMÙfym^ x*j/j«<|>»vTi ivxrtpis. fos sentimens de i^caliger , et
Quanquàm scio scholiastem ejus cog' ^COX d'Arîstote, etc. (A). Scali-
lominis aliam afferre ^causam, quod gÉ?f se fâcha fort Contre luî > et le
cilicet Mgypto oriundus , aut quod réfuta avec beaucoup de hauteur.
ongis crunbus esset Lycurgus. oed xt 1 n i ' î. j
lo^^tram sententiam confxrJare uide- ^oyez les Prolégomènes de ses
ur Plutarchus in Lycurgi Rhetoris cauons chronologiques. Il y mit
Vitâ: ubiet uersum illum Aristopha- une ëpîgramme grecque (a) qui
lis adducit, sed mendosum (ti). Il ^3^ (^^^ désobligeante pour Ly-
ne vient un petit doute. Cette comé- j-^/^i- •/•*? '^ v"^
lie d'Aristophane fut jouée l'an II de* diat. Celui-ci fit de nouveaux livres
a 91». olympiade (la) i et Lycurgue contre Scaliger , et sur quelques
lon-seulement était en vie , l'an II autres matières (B) , et mourut
m 7l^1^ ' ** Rx"" ' r*' ^^ * ^' * L«cl«" observe qu'U fallait dire XVQ.
(9) Ibidem, pag. sls, /). ^«^7 ." » P",*^^'^ .^^î« remaroue qui est
(10) aest-àdire , parce qu'il accusaU aigre- *'^J^*;«; Chaufepie ajouU quelques parli-
neni et arthmment. culantes a cet article.
(«i)HtDrie.V«lmin»,înàmim«n.M»fc«llra., (**) Vossius en trowa la version latinr.
th. XXri ^ cap. IX, pag. m. 3ai. dans Pexemplaire de Scaliger, et la publia.
C") ViiU Sam. Petttr Miscdlaoea, lih. I , f^ojre% , tom. VIIl, pag. 266, la remarque
"P- X. (O) de t article Hôspital (Michel de X),
^^ LYDIUS.
le 3 d'avril 1646, à l'âge de thëoloçie le jouet des athf5«. JGTa^
soixante et quatorze ans (b). quaquam ratus oporure me conutt
tumesse eo quod tmlgo soUtumeue^
(*) Witte, inDiar. Biogreph. msponderi ad hujusmodi do^mià
dansliJ^lif/ ^^Z^"**. ^<^riU..,,, hliorum contraria , scUicet uerm «I
mentirrC ^„' ^- "• f^jiK,/"» ««!>«« l'origine les fonUinesN.
ZnuL^l . ^ ■P'VF&ctio artno- treScaUger, et sur quelques «m
ZTLt.T'"^ ""^ "' conrfi«/o«- m««ii««f] C'est ce .^i p.ratep
c««*£^ „^^ ' •■ '""• '"^'" * >« !"'« q"e je ▼"» donner , rtW
Saril J?"" n" "?«'.'»«'» ««^e* « ne piniJt aucune trace da«! U
*teMar„m iïem Duquuiuo phjrsioh- bibliotQque du .ieur Konig. Zfef*
nïr^/wtT^°"''"î '^""'^'^ gÙB Isagpgicorum , à Londres , .&>;,
com^ JiS^^^"- 9"^^'" ''"''*»* "O'^to hùcusgue contk Scaligtm
ri^m»/ ^•^- ''■''5''"''".^*!?>'''«- "«" ^i^»-* , la même , ifeo , b-J*
r«,m»^^.^ '' *"*"'*"?"'"' min,„ni, làméme, .foi , inXi
««ywe i^ne sûbterraneo juxth genui- LYDIUS ( MaKTIN ) , ministrt
namanuquitûs receptajn earum sen- de l'évanffile avant auiUé le
AT. ir fut imprimé à Londres l^^^^^mat à cause des persecD-
i6o5, W-80. L'auteur déclare' tions, se retira au Pays-Èas,laD
son avis au lecteur . mi'il «'» «.^ . /Ï-A -.* i\,* r J.— -« tWo-
Lydiat
Tan
dans son avis
souffrir que_
dtt les gens
rence entre
jcuce entre la matière céleste et la "*^^*'> ^^ " avau eie pnntip«y
matière ëlémenUire , et qu'on allé- collège de la Sapience , à He/rf«-
f dL''cwJ?^"J^i'ti'^"''î.', ^"'^^7 ^^'•g ' avec Zacharîe Ursm(fl).H
±eî: i^&4tue^^^^ ;-a J- fils qui furent^ j
(2). Il soutient que c'est rendre la ^^^^' i^^LTHASAR LydIUS, iaine,
(.) sc.ii,ér.n. , .oce Lydi..' commença d'exercer son m'^
LIÉBAUT. 23^
>re k Dordrechl , vers l'an 160 3, primés ensuite m- la. 2°. Agonistica
t mourut Tan 1620 (*). Il com- ^'^^'^- „^'*- ^^^r""* ^P^rsio ad ffùto-
1 _ i- ^ /AN * X »"««"* Jrassioms'^Jesu-Christi. Outre
3sa quelques livres (A), et eut eela il a fait un livre intitule ll^
uatre fils qui furent ministres, gium gloriosum , et un dialogue de
'aîné s'appelait Isaag, et mou- Cœnâ Domini.
it ministre de Dordrecht , lais- ^?* héritiers ont quelques ouvriges
Cl 'tut quiln'avaitpointpubliës.M.vanTil
int un fils nomme Matthied, Ministre et professeur à Do^tëcht,
ui est mort ministre , environ ayant vu le manuscrit du Syntagma
an i685 , et qui avait une belle sacrum de Me militari, et celui de la
ibiiothéque. Jaques Lydius , se- aissertation^e7i*r«we/i«a, les jugea
1 £1 j Tî 1*1! '4.' • "^gï^es de voir le jour , et conseilla à
ond fils de Balthasar , a ete mi- «n libraire de les publier. Ce conseil
istre de Dordrecht ; et a com- a été suivi , comme il paraît par le
osé divers livres (B). L'autre fils volume imprimé à Dort , 1/2-4° , Tan
e Martin Lydius s'appelait Jean, l^^/ '^"' *^^ ti^^-^ i JgcobU Lydii
1 ^ "^ • • 5 « n J oyntagma sacrum de Re mUitan r
1 exerça son ministère a Oude- ^ec non de Jurejurando Dissertatio
vater en Hollande , et publia Philologica : Opus posthumum et
plusieurs ouvrages (G). Ses deux ^"f^^^^ «ruditione commendatum, cum
ils ont été ministres. Il n'y a ^^"P* ^"^'^ ^{^S^ritissimè incisis ,
. . A. • ^ j r -Il • Ç^o^ ^^nc pnmum ex tenebns eruit ,
)eut-etre point de famille qui notisque éustrauit Salomon ^an Til
lit fourni plus de ministres que iheologus Dordracenus, Voyez le
:eller-Ià. journal d'Utrecht ( 3 ) , et celui de
Leipsic (4).
(6) Henn. Witte, Diar.Biograph., pari. (C) Jean Ltdius publia plusieurs
% pag. 36. out^rages.^ Il fît imprimer à Leyde ,
f K s M T *'^" 1010 , un livre de Prate'olus in-
( A ) Balthasae Lydids composa titulë Concilia Ecclesiœ Christianœ ,
,?m^"' io'^'-^A?^^^^'*/^"''^''" «t y joignit sa critique. Cinq ans
lûmes m-8°. , intitules JTaldensia , *,rés il publia dans la même ville la
VJI \ ^««^^'^^«'o ^erœ Ecclesiœ vïe des f apes , composée par Robert
iemonstraiaex Confesswmbus Ta^ Barnes et par Jean Baléus f et conti-
t^^??- ^' .^^A^T':"''*; ^"^ }"' nuée jusques à son temps. Il était
21 ^"Vi?P?™^ n T""^^!^^ ' ^ ^^^ *'*"*«"r ^« ^«"« continuation. Il avait
ni ' .^* î ''"'''^ f Dordrecht 1 année donné une édiUon de Nicolas de Clé-
auteur sont : Faculaaccensa Histo- „n glossaire.
nœ fraldensium ; jYovus Orbis, seu
Nai^igaUones primœ in Americam (3) *V«~' çctoft. 1697 , pa^. 488 et w^.
(j\ ■'^ (4; ^ense junio xfjgS , pag. 949.
poè'iucs qu 11 puoiia en uamana , m , . . . ^^ . _
ae son Roomschen Uylenspiegel (a) , ris , au XVI*. siècle , avec quel-
jmçrimé à Dort , l'an 167 1 , i/l-8^ ; que sorte de succès. Il y épousa
«nais VOICI deux ou trois livres qui NiV^l*» l^ffAnnA ¥ r,,,: à* •*
te'moignent qu'il était Versé dans les ^ , ^ , ^T^ A^ , %^'^ '^"
belles-lettres, i"", Sermonum contai- vaute, et h lie de Charles Etienne
^alium libri duo ^ yuibus variarum (A). Il publia plusieurs Hvres
V^!^]^ '"'''** '''',!}^'^'' '■« ^^oreex- (B) , dont quelques-uns furent
'^^qûe%:i:±'':^^^^^^^ : ^-<^-*« - ^-— ^-^ es . et
^narrantur. Ils furent imprimés à réimprimes souvent. Il quitta
"ort , l'an 1643 , 1/1-40. On les a im- Paris je ne sais pourquoi , et s'en
(») Witie, Dkr. BiograjMi. , p€U-L II, p. 36. , * Joly donne quelipies dëtaib sur Nicole
i"J Cett'k-dire , le« Absurdité* de» papules. Etienne et sur ses ouvrages.
ti38 LIÉBAUT.
retourna dans sa patrie (G) , ou tëe par Mercklinus, ne £iit roenttoi
il mourut le ne sais quand *. çiue de troU ouvrages de Jean Liébiot
* Thésaurus sanitatis paratu facUu .
' Leclerc remarque mie - Liébaut ëtait en- à Paris , chez Jacques du Pu j , i5;; :
• core à Paris, en iSg'!, et signa avec les de prœcai»endis ourandisque ucrufit
- autres docteurs en médecine ÏActe rap^ CommeiUarius ; Scholia in Jacm
- f;or«« par Bayle lui-même, remarque (B) Uollerii Commentaria in lib, r,\
- de l'article d'Antoine Abelli. . Cette Aphorismorum Hippocratis *. Om
note contient au moins deux fautes : i». 1 ar- ^,u%lië les plus Cuneur de SCS livre.
ticle Aolome Abelli (voye* tom. I, p- 07) . * • ^ -T . î^ ■
n'a point de remarque (B) ; 2«. /ans U 5? »<>°* ««?» H^^ traitent des mala-
remarque (A> , la seule qu'ait cet article, W» des femmes , et ceux quicoo-
Bayle parle du serment de fidelitë prêté i Cernent l'ornement et les beautés des
Henri IV par l'université' de Paris, le 22 femmes. Il les composa en latin. IL
avril 159^ ; mais il ne rapporte pas cet acte; furent ensuite mis en français: mai-
il 1« 7PP«VV- "^""V..** 7°^°'* " ** P*»** le traducteur se rit oblige en gwl-
372 de 1 Histoire du collège de JXavarre, par ^„-o -««««.^*-^- a — » H • • 1
t' • m • i. i ■» • . j*^ qucs rencontres a sauter Joneûul
Launoi. Mais on chercherait vainement dans 7ts vi ..^ ,, î ,&"^
cet endroit la signature de Liébaut. Launoi , ^^^ ' P^^^ *I4 " ^^^^^ /*Ua décrut
2ui a transcrit racle même du serment , ne ^^^ Choses qui eussent choqué la pa-
onne des signatures que celles des professeurs ucur. I*fons verrons ci-dessous quoc
et docteurs de Navarre. C'est dans l'Histoire ne peut pas dire que Lie'baut n^att
de l'Université de Paris , par Egasse du Bou- ët^ que le traducteur d'un médecin
lay, tom. VI, pig. 817, que se trouve la italien. Il ne fut que cela à regard
;?^elrd/vVrrfilr'î/"iL^^ ^ÏJ* ^'"° ™^*ï«"'' allemand nommé Gas-
la peine de veriber la note de Leclerc, la — .««j ixT^m 3 m. -i . i • ••
copiée san; rien dire, et jusqu à la fausse in- f*'^ ^^^^"^ ' ,^<>^* »1 t»?^"»^»» ei,
dication de la remarque (B). Voye* , ci- tj*»™?*" ^«8 ^uatres livre» des SecreU
après, la remarque (C) et la note. * ^^ médecine et de Chimie (6). 11 ent
bonne part â un livre d'agricalturr
(A) // épousa Nicole Etienne , qui qoe l'on estima beaucoup , et dont
était savante et fille de Charles on a plusieurs éditions ( 7 ). Cet ou-
Etienne."] La Croix du Maine (1) fait vrage est intitulé la Maison rustf
mention de trois ouvrages qu'elle ^^^c* Charles Etienne en fut le premier
avait faits , mais qui n'étaient pas im- auteur: Liébaut son gendre le retoa-
primés. 1®. Réponse aux Stances du «ha et raugmenta notablement. lUat
mariage écrites par Ph. des P, {1) ; traduit en anglais , en flamand et œ
a°. Le mépris d^amour; 3°. Apologie allemand (8).
pour les femmes contre ceux qui les Notez que la traduction française
méprisent. Jacques Grévin (3) * fut ^c* deux ouvrages dont j'ai parlé ci-
amoureux d'elle , et la rechercha en dessus a été imprimée diverses fois-
mariage ; et comme il était poète ,
il composa une infinité de vers sur * ^^1 obserre que 1« lUndemut nnatetu
ses amours, et à la louange de sa S!'i?J!.* /^''rr-*"" lï"^ inùùtuli.Jdoipk,
la- 1 ^'i -M. /\i ^ T Dttfoeeii de febnbus liber I leetionum. M"»
HlC0le,quil nommait Olympe. Le P-pilIon ni Éioy ne parlent de ce» o»î«fe. Lii^
volume de ses vers d'amour eut à l>*ut*v>it promis un Traité sur la manière <'<-
cause de cela le titre d'Olympe. C'est ?*'" ^^ */^*'" ' ""'• *• "r"''* ■'• P" " ^
M.i^.")/W?^^T'^ delà Croix du '"('5] ParlLnipU, dans UcH^, Xliu^
Maine (4). Un autre emportala proie, la^re, pag. m. ^43, ajant rap^rté ieuir^
car cette fille ne fut point femme de cautions ^u'on doit observer pour Uver la stén-
Jacques Grévin , mais de notre Jean ^' ^i T"?!' *' '"!''*?« S"« ''«c<* i^'"^
I i«<hiiifr "* •"'* altentè .tans stimale* du mesme anoor e»
' ^ KD) Il publia plusieurs Itures.} La t«n>p« contenn» : et qne toua deux «e coodoÎMit
Bibliothèque des Médecins, auemen- f" '*'î'"- '*'°° ** '°'^"* *ï"'»* «»' <*«»«'t « «
' ^ livre latin , qni eat à Trai dire awex p«n !">»-
/.\ n:ui->.Li « ^w». nwle à déclarer en françoif pour l'effrciiée péfu-
C.) Bibhotbéqae française , pag. 358. lance, de. homme. , nécl^MiîTtoulesfoi, pTl»
\V t. esi-a-dtre , apparemment Philippe dei génération : croyez le latin.
°/a"ji#^j . , , . , , „ (G) Cet ouvrage d^ Wolpbius *$t en Udn
{ij Médecin de la duchesse de Perrare. yoje% la Croix du Maine, pag, -xi^.
* Joly obterre que J. Grérin éuie médecin (7) CelU dont /« me sers est de JTwien.f*»
deU ducbesie de SaToie, et non de la dncbefse David Befthelin , en 1G66, in 40.
//xr-ÎI*' Li r • <•) ^o^'* Paeenissem»nt au lecteur. F. Aolb.
(4) Bibkotbiqae rranfane , pag. 187. Languicr , théologal de Bie'e , en est Fautar.
LIGARIUS. 239
me sers dé la première édition, » néve. Ce livre de la maladie des
Liébaut , n'est qu'une
Marinellus , qui l'a-
italien sous le titre de
^u corps humain. Elle est de Lyon , » la Comara (11). » Je ne sais com-
594- Il "
[ans cet
les caractères de la beauté' de cha- rit a Paris cette année 1 584 ; car s'il
rue partie du corps , soit à Te'gard demeurait alors à Paris , il n^n ëtait
les remèdes qui peuvent rectifier point sorti peu après la mort de
es accidens désagréables. Vous y Charles Etienne , et c'est pourtant ce
rouverez un chapitre (9) de lapuan- que signifient les termes de Gui Pa-
\eur des excrémens , etpremieremenf tin. Notez que Charles Etienne mou-
ies matières fécales. L'auteur sou- rut l'an i5o6 *. Il n'est pas vrai que,
:ient que c'est une chose importan- le livre de Liébaut, sur la maladie des
te : donc , ajoute-t-il , pour rendre femmes , ne soit au une traduction de
la damoiselle aymable , en tout et Marinellus. Je n ai point la première
par tout belle , et accomplir Sa beauté e'dition de l'ouvrage de cet Italien ,
de toutes les perfections que Von je n'ai que celle de Venise . oppressa
pourroit souhaiter en un beau corps , Giovanni Valgrizio, 1574» inA^, C'est
nous chercherons les moyens pour une édition augmentée et corrigée
corriger lafœteurde ses excrémens, (la) , et qui a pour titre non pas la
si est excessive. On serait bien ridi- Comara, mais le Médecine parienen-
cule si l'on se plaignait que les oreil- ti aile infermita délie donne. Je l'ai
les délicates sont offensées par de comparée avec l'ouvrage de Jean
tels discours ; mais les médecins se- Liébaut , et je l'en ai trouvée très-
raient encore plus ridicules , s'ils différente. Il est vrai que l'auteur
avaient égard a de telles plaintes. Ils français dit beaucoup de choses que
sont obligés d'écrire de cette ma- l'italien avait dites ; mais après tout
nière : c'est leur métier ; les mena- on ne peut pas l'accuser de n'être
gemens du père Coton (10) ne sont qu'un traducteur (i3). Marinello
pas leur régie. n'eut point les mêmes scrupules que
(C) Il s'en retourna dans sa pa- celui qui mit en français le livre de
trie. ] Voici un passage de Gui Patin. Jean Lielïaut : il expliqua en langue
« Pour ce qui est de Jean Liébaut , vulgaire cent choses qu'il aurait
» c'était un médecin bourguignon , mieux fait , ou de supprimer, ou de
^ qui ne fit jamais ici fortune. Il ne décrire qu'en latin (i4). Merckli-
» était gendre de Charles Etienne, nus ne connaissait point cet ouvrage
>' qui mourut accablé de dettes dans de Jean Marinello , ni celui de gli
^ le châtelet. Après cette mort , Lié- omamenti délie donne , publié pour
» haut s'en alla mourir à Dijon son la seconde fois par le même auteur ,
» pays *. Sa femme s'appelait lîi- Pan i574-
» cole Etienne : elle était nièce du , .^ . ,_ ^/.^/.«t r .
» grand RobertÉtienne; lequel quit- jj^^HT' CCXCVI. w. 57a du
» ta Paris après la mort de Fran- «JotyrenuniaeqaeCli. Etienne est mort en
» Cois !«»•. , se voyant privé de son «564-
»> ton maître et persécuté par les . <}») ^îi' '*» ''^°"^' fï'^^l* ^''J"^';' "'
uiai>,B«. V.. |^»,.o*,v«i.*. I^a. ^o d* Van \9&l^ et a pour titre dans le Catalogue
» SOrboniStes , pour se retirer a Ge- d'Oxford .-TratUtoditutte rinCrmilà délie don
ne , corne cnrani dcbbono que' mali che potiono
(9) C*«t le XLIV*. du ///•. livre. . «ciogliere il legame del matrimonio.
(10) On Fa loud de ee tfu'il um d'un trèa- (,3) ^0701 l'article Marimbllo, tom, X.
bonnÉte biauem«nt de parole» pour exprimer la • <,/^) ^-oye» , par exemple , lefeuiUet tg ver-
towie des bêtes a laine. rojre% TApologie de Ga. ,^^ ^j, ^ j^ani^ des conseils à un mari qui n'a
*J*» P*** »«>• point d'en/ans, et qui souhaite éPen avoir.
* Papillon , dana >a Bibliothèque de Bourgo-
(fie, dit que P. de TEstoile a donné la date de * v^ . n tttc /r\ \ 1* a
• inort de Liébaut dans >on Journal de Henri LiLrAIllUa (V^UINTUS), llCUte-
• ni't'^J'u ï* ' ; ^'***"V ^^^'"«J.»»»»' "'«"- nant de Caïu8 Considius qui com-
">» ï a la fin dn mois de jnin i5g6) sur nne i • 1 19 t r * î-
- pierre oii il fat contraint d« s'asseoir en la me mandait daOS 1 AlFique 611 quall-
■ GervaisLanrentà Paris. nEloT dit qne Liébaut .» 1^ ^^^ ^^^t „>«^^„:t\« «;
n«irotleaiiaini5g6. tC QC prOCOIlSUl , S acqUltta SI
a4o LIGARIUS.
biea de sa charge, que les habi- que Gicëron prononça pour Tac-
tans du pays souhaitërent pas- cusé cette admirable harangue
sionnément de n'avoir point qui changea d'une façon tout?
d'autre gouverneur que lui , singulière les intentions de Jaks
lorsque Gonsidius se retira. Ib Cësar (A). Notre Ligarius fut ab-
obtinrent ce qu'ils demandaient, sous à pur et à plein. Il ne sepi-
et continuèrent de se bien trou- qua guère de reconnaissance .
ver de la conduite de Ligarius. car il fut l'un des complices de
Ils voulurent le mettre à leur Brutus et de Cassius (B). J'aurai
tête lorsqu'ils prirent les armes deux fautes à reprocher au père
au commencement de la guerre Rapin (d) .
civile de César et de Pompée ; ^^^ y^^^ ^ remarqu;, (A) , «^ ujb,.
mais comme il souhaitait de s en
retourner à Rome , il refusa de (A) Cicéron prononça pour ligit-
s'engager dans les afiaires publi- ^' *'*"* admirable harangue ma
^ o , , . ^ changea ... les intentions de Jules
ques. On le laissa un peu en re- césar, ] On ne peut rien ▼oir de pins
pos après que Publius Accius Va- beau que cette narangue. PompoDÏos
rus eut accepté le commandement Atticus en fut charme (i) j Comâios
(a). Voilà ce que Cicéron expose ^^^"^ *' ^PP^"» l'admirèrent et
V' , 1 -j^ >•! 1!*^ *^ en envoyèrent un exemplaire à JaJei
dans le plaidoyer quil fit pour c^sar (a). On ne peut comprendre
Ligarius. Il passe sous silence les pourquoi le jurisconsulte Pomponios
autres choses , et avoue seule- l'a lo"^e «i maigrement : £xtat Ci-
ment en général que sa partie T^Z:T^'i^^Slr'p'^%'t
avait embrasse les intérêts de gario, Budë trouve le mot satis mû
Pompée. 11 y a beaucoup d'appa- placé devant un superlatif : on loi
rence que Ligarius s'était montré répond (4) qu'en plusieurs rencon-
fort contraire à Jules César qui ^^ ^^±,^^^'1^^^, ^^'^
néanmoins lui fit grâce de la vie Pomnonius aura donc dit ^ue roni-
(b) , après la défaite de Scipion son de Cicéron pour Liganns est as-
et des autres cbefe qui avaient re- ^®* beUe. Or c'est un âoge dispro-
nouvelé la guerre en Afrique, ?;;Jirfu'v-m/^%rda„sl™r
pour la cause que Pompée avait position et dans l'action, et jamais
soutenue. Cette grâce n'empêcha peut-être le succès de ses harangues
point que Ligarius ne se tînt ca- ^® ^"? P\"s insicne. César n'avait pas
fjUÀ u^«a A^ l'Tfoli'a Qac f..l>..Ac ^* dessein d'absoudre Liganus, et néaa-
che hors de 1 Italie, bes frères et ^^^^^ jj j^ g^ ^ ^,^^^„t p'^ ^^ ,
ses amis , et nommément Cice- Tëpreuve des émotions qai s'éleTé-
roQ (c) y n'oubliaient rien pour reut dans son Âme pendant que G-
lui obtenir de César la permission jf ''^? haranguait. L accusateur fut si
j * j , n^ Jt ^* •!« lâche de 1 issue de sa cause, qu'il re-
de rentrer dans Rome , et ils es. ^^„^^ ^„ i,^„^^„ (g^ ^ ^, ^,'J^^j^ ,
peraient d'en venir a bout; mais la profession du droit civil. Voyons
sur ces entrefaites Tubéron se le narré qu'on trouve dans l'ouvrage
déclara dans les formes l'accusa- , ... ,,„:.*.
. if' • ^ i* . 1 (i) Ctcero, eput. XII ad Attacnm,/. X///.
teur de Ligarius. Ce fut alors (,) /d. , epUt. xix e/»*d*« i,^„.
,n)Tinide Cicéron. in orationé pro Q. 4^>x^/7»;°;^'^.^4\.^"«- ''"-* '^' '"^
*fÂ)Hirtiu.,deBelloarricaao,p. m. 467. Jji)/<îr« /« Nou. de Rnpcri , i.Po-po...
ic) Cicero, epist. XTV, tib. VT, ad Fami- (5) Pomponi».. de Orig. Jarie, Ub, JlLeMp.
LIGARIUS. 241
d^un jésuite sur la comparaison de de ruban. Il est certain que Plntar-
I>einosthéD« et de Cicéron. Consultez que s^est exprime aussi fortement que
aussi le Chevraeana (6). ceje'suite: on en pourra juger par
« Cicëron . . . entreprit la défense ces paroles de la traduction <r Amyot
'> de Q. Ligarius son ami , accuse (8) : « Et dit-on davantage que Quin-
ï> d'avoir porté les armes contre Ce- » tus Ligarius estant accuse d'avoir
» sar
, cjuoiqu
'il fût obligé par bien » porte' les armes contre César , Ci-
î> des raisons d'être dans ses intérêts. » céron le prist à deffendre , et que
» César , qui l'avait déjà condamné » César dit à ses amis qui estoient
» dans son cœur, ayant toutefois une » autour de luy : Que nous nuira
fort grande curiosité d'entendre » d'ouir Cicerou qu'il y a long-temps
Cicéron , qu'il n'avait point enteu- » ( 9 ) que nous n'ouismès : car au
» du depuis long-tempa, à cause » demeurant Ligarius est quant à ma
» de son engagement dans la guerre » résolution pieça tout condamné ,
» qu'il venait de finir , dit à quel- » pource que je le tiens pour un
M ciues-uns de ses amis qui voulaient » mauvais homme , et pour mon en-
» 1 en détourner , qu'importe? enten- » nemy. Mais Cicéron n'eust plustost
» dons-le; la résolution est prise , il » commencé à entrer en propos ,
M n'en sera ni plus ni moins (*')• » qu'il l'esmeut merveilleusement ,
3> Mais eet orateur parla si fortement » estant son parler si plein de bonne
» pour la défense de sou ami , cru'il » grâce , et si véhément en affection
y> toucha le cœur de César , malgré )> qu'on dit que César changea sur
-n la résistance qu'il fit pour ne pas » l'heure de jj^lusieurs couleurs ,
» se laisser fléchir : et Cicéron ayant » monstrant évidemment à sa face
» dit quelque chose de ce qui se pas- » qu'il sentoit toutes sortes de mou-
» personne : et comme s'il eût été » car alors César transporté hors de
3> enchanté du discours de Cicéron , » soy tressaillit de toute sa person-
>i il laissa tomber des papiers qu'il » ne , de sorte que quelques papiers
» avait entre les mains. Il ne put en- » qu'il tenoit luy tombèrent des
» fin résister à tant de charmes , ni » mains, et fut contraint malgré luy,
» à cette manière fine et délicate » contre son préjudice , d'absoudre
M dont il le loua (*') ; et quelque ré- » Ligarius. \) Marquons deux fautes
» solution qu'il eût prise de se dé- du père Rapin. Il suppose que César
» fendre contre la rnétorique d'un n'auoit point entendu depuis long-
» orateur si puissant , il fut contraint temps Cicéron : il se trompe : car il
» de pardonner à Ligarius. Je ne dis n'y avait que peu de m«^is que (Sicé-
» rien d'une pareille grâce que Ci- ron avait récité devant César la ha-
» céron obtint pour le roi Déjotarus, rangue pro Marcello. En voici la
» et pour son ami Marcellus, qu'il preuve : Facigitur, qnoddehomine
» obtint de cet empereur qui était si nobilissimo et clarissimo , M. Mar-^
» maître de ses résolutions , et si cello fecisti nuper in curid , nunc
» difficile à se laisser persuader (7).» idem, inforo de optimis, et huic omni
Le père Rapin n'est ici nullement Jrequentiœ probatissimis fratiilus.
coupaole de la faute qui était si or- Ut concessisti illum Senatui , sic da
dinaire au sieur Varillas , historien hune populo (10). Ce serait une excu-
qui ne rapportait jamais une aven- se pour ce jésuite que de pouvoir
ture toute telle qu^l la trouvait dans alléguer qu'il s'est conformé à la
les auteurs ; car il la brodait à sa narration de Plutarque , mais enfin
mode , et lui ajustait une garniture ce ne serait pas son entière justifica-
tion : il aurait suivi Plutarqae dans
((^AUpage-)S d, la V* .jarûB , iiition £ j^ £ J'ajoute qu'il n'est pas
de Hollande ; mats note» que lejatl s y trouve ' J ^ r**^
avec quelques petites altérations. ,^. _, , . ,,. a ^.
(•») Pluiarck, , in C^cer. (8) Plntarchns , m Vita Ciceron., pag. 880.
(**) Nibil sole» oblÎTuci, nifi Injurias, pr. Lig, (9} Ce n'est peu le sens de Platarqae peut'
(7) Rapin, Comparaison «le Démostliine et ^^re. yoje% ^ ci-dessous ^ citation (xi).
de Cicéron , chap. XKI ^pag. 63, édition de (10) Cicero , pro Ligario, cap, XII y p. a3i ,
Hollande. edit. Grœv. , 1698.
TOME IX. 16
242 LIMËUIL.
certain que cet auteur greo impute A Plutarque ne nous permet pu àt
César ce qu^Amyot et le traducteur douter. « Or y avoit-il un des arau
latin prétendent quHl lui imoute : on m de Pompeius , nommé Caius U^t-
a vu ci-dessus les paroles d Am^ot ; » rius qui , pour aToir suivy son par-
et voici la version latine impnmëe » ty avoit esté accusé devant César.
avec Forisinal de Plutarque: ÇuiJ » et César Fen avoit absous ^ maisot
obstat quin Ciceronem tanto inter- v luy sçacliant pas tant de gré de soi
vtUlo audiamus dicentem? Ce latin » absolution, comme estant iodi^t
répond à ce grec : Ti x^xi/ti ^Jïoi ;tf ^vo</ » de ce que pour la tyrannique do-
Kixj^tfvoc ixava-oA xit'Ovto;. La question » mination il avoit esté en danger,
est si hà. ;t^ovov signiHe en ce lieu-U » il luy en estoit demeuré fort aspre
depuis long-temps , après un long » ennemy en son cqgur , et si estoit
temps, Comme le supposent ces deux » au reste fort familier de Brutm,
traducteurs , ou sUl ne vaudrait pas » lequel Talla voir malade en son
mieux traduire un peu de temps , » lict , et luy dit : O Ligarius , en
comme a fait le docte rabricius. Quid » quel temps es-tv malade ? Ligarioi
est causée , traduit-il (ii) , cur Cice- » incontinent se souslevant sur le
ronem orantem aiiquandui non au- » coude et luy prenant la main droi-
diamuA ? On m^objectcra peut-être » te : Si tu as , dit-il , Brutus, To-
que ce sens est un peu absurde, puis- » lonté d'entreprendre chose di^e
que César ne prétendait pas écouter » de toy , je suis sain (lA). m Appiea
une partie de la harangue de Cicé- ( 1 5 ) compte Quintas Liearius par-
ron , et sortir de rassemblée avant mi ceux que Brutus et Cassius en-
que cet orateur eût fini. Mais je ré- gagèrent dans leur complot ; et il
ponds que J'iÀ Xfiiou pouvait être rapporte ( i6 ) la manière dont pé-
parmi les Grecs une façon de parler rirent sous la proscription des trium-
tout-à-fait semblable à notre exprès- virs deux frères qui s'appelaient Li-
sion française un peu. Or quand garius.
quelqu'un dit allons un peu uoir ce- ^ ,„ «, , . «
îa : lions enUndre w peu ce pvM- ^^''^Tull^Zn "-^l-'lî'nefL'AZ
cateur : nen n empêche que nous mettre en pein» de et que Plultiraue lui donne U
n'allions entendre UW peu l'oraison pre'nom Ca^us ; c'est un pe'ehé de méminre.
funèbre dun tel, il ne veut pas dire (>5) Appi*n. , d« Bell, civil., /**. //, pa^.
uoir a demi , entendre h demi , il n'a "* /jl)*/^^ ,-^,-j ^ jy „ »#, 3/3
pas dessein de sortir du temple avant ^* m,ii ., «r^* 4*t 4-
Il ^".^•V!T°S'^°"^ ";,,'"**!.'?: LIMEtJIL ( Isabelle de u
ble , 1 idée la plus naturelle gu on _ _ ^
puisse attacher aux paroles de César. *OUR DE 1 URENNE {a] , DEMOISELLE
L'autre erreur du père Kaçin est de) , fille d'honneur de Catherine
que Cicéron obtint pour le roi Déjo- de Médicis , vérifia par sa con-
rus et pour Marcellus la même grâ- j._:*_ i_ 1 ^ _„> ^
îtT.. i^?."/it^';;^n.'"ii!LTw ^U. «lu'te ïe bon mot qu'on trouve
ce que pour Liganus. men n est plus _ , __ . ^ x» 1
faux ; car en i«'. lieu, il n'obtint aans le Ménagiana {b)j que la
point l'absolution de Béjotarus (ta) ; charge de fille d'honneur d'une
et en a", lieu , ce ne fut point lui , ^eine est trës-mal aisée à exercer.
if..'^'^^^' Ti^?^i^!!! ^t^^Z.^l Elle succomba sous le poids de sa
mais
MaTcéllùr^L; n:«6ue p^Ma^- f."^ ?".c^omba SOUS le poids de sa
cello ne fut qu'un remercîment de la dignité a la vue de toute la cour;
faveur que César venait d'accorder car elle accoucha chez la reine
aux prières de toute la compagnie. 5^1,5 ^y^^^ ^^.é mariée. Le prince
Voyez ce que Cicéron narre lui-mê- j n^^AÀ 1«; «««;* f«;* ^f* ^-
me dans une lettre à Sulpicius (i3). ^^ ^ônde lui avait fait cet en-
(B) Il fut l'i*n des complices de tant. II S est eleve la-dessus une
Brutus et de Cassius. ] C'est de quoi dispute de chronologie (A). Et
o™'o L?Jrîotï;'a?3'';3?rGr^^^ («) VariUsa . Histoire de Charles IX. /*..
pro ^. Liigario, cag. aâi, eau. Urtev. v / _ ',.... i r» • .^ .tA'.
(.2) Voye* lesr.maraue, (D) .( (E) de Variir ^> /'««'• ^^ ' *«''''»'» d^Paris , ./..I2, iWf
cle DÉJOTAkoc , iom. r; pag. 439 et 440. (A) ^ag. 323 de la première édition ue
(i3) C'est la ry*. du ir: Uvre adF«miliaret. Hollande.
LIMEUIL.
243
l 'bailleurs les écrivains sont par- » pour balancer la maison de Guise
' *- ■» . » qui s'ëlevait trop , eut compassion
— ^ » q
(G): » une manière ae roman qu'
~t d'autres, qu'elle ne perdit point » t"^e le prince de Condé, où l'on
es bonnes grâces de la reine (D). « ;°i* plusieurs traits tistoriques
,^ P ., • • 1 ^ '^ » très - curieux , et très - iidelement
^n un mot , il y a ici beaucoup « rapportes. Même aventure arriva à
le variations (£). Quoi qu'il en » une autre fille de la reine au bout
►oit , elle était fille de Gilles de " <le deux ou trois ans : Catberine
a Tour , seigneur de Limeuil (c), " ^^. ^^^'''}^ ' ff^f, aperçue que le
' . o . „ . W » pnxice aunait cette jeune démol-
it se maria ensuite avec icipion „ geiie , se voulut servir de l'occasion
Sardini, baron de Ghaumont-sur- » pour pénétrer ses desseins ^ c'est
Loire , etc. , noble Lucquois {d) » pourquoi elle excite la jeune fille ,
'F). Elle rabroua un jour extrê- '' ^"> apparemment n'avait pas be-
^ '^ ,, I 1 ^ soin de solliciteur pour cela , a ne
oiement 1 homme du monde „ point faire la prude. M. de Méze-
le plus terrible , je veux dire » rai vous le dira mieux que moi
le connétable de Montmoren- » C)- J^ reine tacha d'enchaîner le
^- /^•^ T^ .^-r^^^^.f^*.»; «« ^««, '* prince de Condé à la cour par les
Cl (G). Je rapporterai un pas- ^ ^^^^^^ ^^ ^^ ^^^^^^^ ^ ^/^^^ ^^^
sage de Brantôme , qui la con- » appas de l'une de ses filles d'hon-
cerne , qui est assez curieux (H). » neur, qui n'ayant rien épargné
Sa sœur aînée , fille d'honneur de " /'«"'' ^«^''' ^? nmîtresse , s'en trou-
^ ax. • j lur^j' • * î. » t^a incommodée pour neuf mots . et
Ca thenne de Medicis , mourut à ^ ^^, ^^^^^ ^^^^ l'entruien di U
la cour. Brantôme en parle (I). » cour^ a qui de semUahles accidens
» donnent plutôt du divertissement
tom
toire
(rf) I^ Laboureur, Additions 4 Çastelnju, „ ^^^g- ^t j^^^t épousée , si l'ami-
ire de Charles' IX, 7iM. F, pag, 612. » '"a* « «Ût pare ce coup en 1 enga-
» géant dans un autre mariage (a)....
(A) // s' est éUué la-dessus une dis- » fi ^^^ fit de si fortes remontiances
pute de chronologie. ] C'est à quoi »» [ )? <ï" *^ l'obligea de rompre par
l«ns doute les deux amans ne s'at- » IÇ lien conjugal toutes ses perni-
tendaient pas : ils ne s'imaginaient » cieuses atteches avec la maréchale
point que leurs caresses produiraient » «^ Saint-Andre , qui, en tâchant de
une matière de dispute entre les au- « <l<>?''^«r ^« ^ «"«^^ au prince , en
teurs à cent ans de là. Voici le fait. « P^it tant pour lui, qu elle acheta
Commençons par ces paroles de la cri- » ««n contentement au prix de sa
tique gciérale de l'Histoire du Cal- » ^rrc de Valéry, quelle lui don-
vinisme ( 1 ). « Le prince de Condé " Jf • "
» étant devenu amoureux d'une des Plusieurs personnes se sont aper-
D filles de la reine , nommée made- Ç»es qu il y a deux insignes faussetés
!> moiselle de Limeuil , lui en conta dans ce récit , car il n est point vrai
>. si bien , qu'ils en vinrent à ce qu'on q"C la demoiselle de Luneuil ait ac-
appelle fa conclusion du roman, couche en 1 année i56i , et qu une
Elle en eut un fils dont eUe accou- ^^^^ ^^^ ^ honneur de la reme soit
cha sous le règne de Charles IX, le tombe® <la?8 la faute de celle-là avec
25 de mai i56i , dans le Louvre *® V^^^^ ^® ^^^^ quelques années
»
méme-j mais la reine , qui en ce
temps - là avait besoin du prince
(i) Critiqve générale, leUn III , p*g. 45 de
la troisième /duion.
après. Il y a néanmoins des opiniâ-
(*') Mettrai , Abrégé chronol.^ ad ann. i563.
M. de Thou, l. 35.
(9) Critique géDérale , leUre III, pag. fyj.
(*') Méiwai^ têbi suprk.
244 LIMEUIL.
très qui pemstent à soutenir que la roman parle de la première grot-
date qui se trouve dans le roman que sessc, et M. de Mëzerai de la lecofD-
la critique de M. Maimbourg a cite , de. Je ne saurais xne persuader qa'ib
est juste , et par conséquent que le aient raison ; car encore que la cou;
prince de Condé débauclia en peu de de France fût en ce temps-là fort dt*
temps ^eux filles d'honneur de Ca- rëclée , il n'entre pas dans Tespri
thenne de Mëdicis. Cette consëquen- qirune fdle de la reine ait pu acco(i>
ce est trcs-certaine, si Fauteur de ce ciier au Louvre • Fan i56i , et tom-
roman ne s^est point trompé; car on ber en rechute trois ans après, sois
ne saurait nier que l'une des filles la même qualité de fille de cette
d'honneur de cette reine n'ait accou- reine. On gardait encore quelqcei
ché Tan 1 564 , ensuite de son com- mesures : on avait encore quelqna
merce avec le prince j mais encore égards pour la voix publique. Brn-
un coup , l'auteur du roman a débité tome qui le savait d^rieinal nous k
z n^ _» •. -.: « r»..*^ Ji* * • -~- - • •'•
que
1*00 te la suite du livre fait voir ma» Médicis n'ont jamais eu de mrilleor
nifestement que l'auteur parle d'une temps , crue celui qu''enes ont passe
amourette qui précéda l'emprison- auprès d elle, parce qu'elles avaiest
nement du prince , et l'arrêt de mort une aussi grande liberté de goûter
donné contre lui au mois de novem- les joies du mariage , que de i^
bre i56o. C'est donc de l'auteur, et abstenir, pouvu qu'elles eussent Fba-
non pas des imprimeurs , que vient bileté et l'industrie de ne pas dere*
le chiffre i56i. On ne peut pas dire nir grosses. Il fallait donc qu'il je^f
qu'il s'est servi volontairement d'une à craindre quelque disgrâce , quand
antidate , selon les privilèges du on n'avait pas cette industrie : il fal-
poè'me épique et du roman : car lait que cette reine fît à peu prn
comme son livre est toiit parsemé de comme les Lacédémoniens, qui cb)*
dates aussi exactes que celles de Mé- fiaient , non pas le vol , mais le peu
zerai , soit touchant la mort de Fran- d'adresse à le cacher. Nous Ycrroûi
cois II et celle du roi de lïavarre , bientôt que la Limeuil fut disgra-
soit touchant l'absolution du prin- ciée. Ceux qui en demandent des pretr
ce , etc. , il faut croire qu'il a pré- yes se font une horrible idée de Ci-
tendu donner la vraie date des cou- therine de Médicis.
ches de la demoiselle. Les circon- (B) Les écrivains sont partagés mr
stances du jour , et du mois , et du ^, suites de cette ai^eniure. ] l«
Heu , quHl a si soigneusement mar- meilleurs historiens conviennent que
quées , confirment ce sentiment, vu la reine -mère prêta la main aai
qu'elles ne servent de rien pour l'é- amours du prince et de la LimeoiJ.
conomie de la pièce : il ne les touche Voyez dans la remarque précédente
qu'en passant , afin de piquer l'atten- (^) un passage de Mézerai : il est tiré
tion de son lecteur par une parti- de son Abrégé Chronologique. Eu
cularité oui est assez rare dans cette voici un qui est pris de sa grande
sorte de livres. A quoi bon aurait-il histoire (5) : La irine n'ayant rien
anticipé de deux^ ans la grossesse avancé par cette uoie (6) . . . j'aww
d'une fille de la reine ? Le roman n'^ d^un autre moyen plus subtil , ^w
gagne rien : cela eût été tout aussi était de gagner le prince par U*
on à deux ans de là , afin d'amener appâts des caresses et des uoluptés ,
l'intrigue où on la voulait. La lec- auxquelles les dmes les plus ^res se
turc de la pièce Ife fait voir évidem- laissent enchaîner sans contrainte
ment. Il faut donc que cet auteur
ait été tromçé par des mémoires où ^3^ ^^^„ y^^.^,^ Ga«ac«« , £.«. ni,
lan 1 5o I avait été mis pour lan 1 504. pag. 4a , cUaUon (4).
J'ai vu des gens qui , après quelques (4) yiU citation (*').
réflexions sur cette matière, s'ima- (5) Méxerai , HUtoire d« France, tom.II.
cinaient que la demoiselle de Li- P"^- »i? » ^ '''»""• «564-
Leuil avait fait deux fois le saut jS\^„r/r';r;if Co"n.^^
avec le prince , et que l auteur du ChdtMon.
LTMEUIL. 245
Fille le traita auçc des démonstrations » contribuer à retenir le prince dan»'
Vune amitié cordiale et d^une par- » ses chat nés. Mais c'était exposer 9,
faite confiance ; elle lui fit donner » trop de risques une vertu médiocre^
le soufernement de Picardie y premier » que de la commettre avec un amant
sitjet de son mécontentement , et ren- i> qui se servait des moindres avanta-
c/re tous les respects qu'on doit a un » ges en amour , comme en guerre
passe-temps y, et les charmes de la » en prit tout de bon , et pour soa
hellp Limeml , une de ses filles , la » malheur ne fut pas la seule de la
servirent si bien dans ses intentions , » cour dont le cœur se trouva insen-
qu' il 'oublia pour un^temps toutes au' » siblenuent engage (7). » Il raconte
très pensées, dont Eléonore de Roy e y ensuite les amours de la maréchale
son épouse , femme d'une austère de Saint- André pour ce prince , et
chasteté , mourut de déplaisir : lequel les libéralités extraordinaires qu'elle
accident causa beaucoup de joie a la lui fît ; et puis il ajoute (S) : <i La
reine f parce que cette dame étant d'un » demoiselle de Limeuil fit des ré-
naturel impérieux , et fort affection- » flexions fort éloignées de la vérité
née à la religion hueuenote , était le 9 sur une aventure sLpeu commui\^.
plus piquant aiguillon qui réueUlât » Elle supposa le prince moins amou-
le courage du prince. Mais d'autre » reux, ou plus intéressé qu'il n'était,
part la maison royale et elle-même ta et s'imagina que , puisqu'il avait
souffrirent un grand scandale de ces » accepté la terre de Saint-Valeri ,
amourettes , parce que la Limeuil , » il voulait tout de bon épouser la
s^étant abandonnée à la passion du » maréchale. Sa jalousie en augmenta
prince plus quelle ne dei^ait ,fut si » de sorte , que , n'avant point assee
impruaente , et prit si mal ses mesu- » de biens pour égaler la libéralité
res f qu'elle accoucha dans sa garde- i» de sa rivale , il lui prit envie de la
robe au su de tput le monde; à raison » surpasser , en accordant au prince
de quoi elle la chassa avec ignominie, » ce qu'elle avait de plus cher. La
mats non .sans qu'elle parlât bien » grossesse , qui suivit de bien pr^a
hautement. M«]Varillas n'a point ou' » sa faute , la rendit publique , et la
blié cette intrigue. Voyons un peu ce » demoiselle fut honteusement chas-
qu'il en dit. a L'amour se mit de la » sée de la cour. »
» partie , et seconda les artifices de (C) . . . . // x ^^ ^ ?"' prétendent
» la reine. La demoiselle de Limeuil que la demoiselle fut cnassée."] Méze-
» était la plus belle de ses filles d'hon- rai et Varillas viennent de nous l'as-
» neur , et le prince en devint si pas- surer , et il n'y a point de doute que
» sionné , que la princesse sa femme cela ne soit véritable. Un auteur sa-
» s'en étant aperçue , en mourut tirique en tombe d'accord , dans un
» de jalousie. Éa régente , attentive écrit très-injurieux à la reine-mère :
» aux moindres occasions d'affermir il avoue que la demoiselle fut envoyée
» sa puissance-, regarda cette con- dans un couvent (9).. M< le Laboureur
» joncture comme l'une des plus fa- rapporte un fragment de cette satire,
» vorables qui lui pouvait arriver, qui ne sera point mal placé ici. J'y
» Elle s'imagina que comme les Châ- joindrai le préambule de M. leLabou-
» tillons avaient engagé le prince reur , parce qu'on y trouvera une
» dans l'hérésie , en lui faisant épou- autre cause des amourettes du prince,
» ser leur nièce , elle pourrait aussi et le temps auquel la demoiselle se
» le ramener â la communion de
» réélise en lui donnant pour fem- (7) V«rinM , Hîiioire de Charles IX , Lv.
» me une fille qui avait l'honneur '"/.f^^^'^**- ^ ^^^^^'^àfann^iSS^.
» d'être sa parente , dbnt les charmes ^ i,r^7j l^einlu) ^ Ch.rle. IX d.
» arrêteraient son inconstance , et Vanll.., à l'édiùon de Paris , ûi-ia , 1684, Uv.
» lui tireraient les secrets du calvi- V, pag. 604 , parlent , qae la reine la fit coo'
» vinisme. Elle commanda sur cette J"^'* ,?•' ■'» ^« ••• T»*"» ^? chambre, nommi
^ ^ j .^ «ij 'ii^j^ Gentil, aa couTcnt de* Cordehèrei de la viUe
» présupposition a la demoiseUe de i»AatMnne. Je crois que M, «i'Hoiier afaa ces.
» ne rien oublier de ce qui pourrait Notes.
246
LIMEUIL.
9
»
délivra de son fardeau. « (lo) Parmi
„ ce« nouyelles , il est parle de Fac-
,1 couchement de la belle de L . . . .
, Tune des filles de la reine , à propos
„ de quoi il sera bon de remarquer
9 cpie , depuis la paix d^Orlëans , le
j^ prince de Conde étant demeuré à
3> la cour , il ne crut pas pouvoir
]» mieux faire pour lever tous les
y soupçons qu^on pourrait avoir de
n lui , que de se jeter dans les plai*
y sirs du temps , et d*y faire une
9 maîtresse. La reine , qui crut que
^ ce serait un lien pour le retenir ,
ji né fut pas fâchée que cette demoi-
u selle, d^une des premières maisons _
du royaume , souffrît ses vœux et j'uin'îsé^. Puis^donc q'ueirâemiîsell*
> Sêd eêtiipro tam Uvi re
• Sic non debebal trmetare ,
• Al excusare mudicutn ,
• Tempu* , personam , et locam.
m JUiM iMnJitudUer
• Quœ Jaeittnt nmiiUer,
» Pndit vtnit nundum.
• PueUum este morUuttn ,
m Et fuit magna jaettara
m De tam pulehrd creaturd^
• Qum nimc 9$l eum eœUUbtu
• Rogans Dmm pro ptUrUnu ,
• Elut patri sU meliurm
» La reine s^ofiensa d^autantplt'
» de ce désordre, arrivé dans sa ma-
» son , qu^il fut si public qu^on ne k
» put celer; mais le temps apais
u tout , et puis la demoiselle se mi-
ria. » La cour arriva â Lyon la ai-
ses services , ne
pas que cette
'* "^î?/ !?Î?*P*^ ^^r accoucha pendant ce voyage, on p«t
amitié dût passer la raisonnablement supposer que »■
galanterie ; mais soit que la fille ne ^^^^^ ^j^^ ^^ mondele i5 mai de U
pût résister à la qualité et à la rai- ^^^^^ ^^^^^ ^^ ^^^^ p^ateor
son d état jointes ensemble, ou du roman aura bien marqué le jour,
bien a l'estime de ce pnnce , ou ^^j, ^^^ l'année,
qu'elle espérât de 1 épouser un jour, ( jj^ ^^^^ d'autres qu'elle ne pef
comme 1 on dit qu il lui avait pro- dit point les bonnes grices de la m
que Léonore de Koye ^^ ç,^^^ l'opinioS de celui qoi
ui était dune santé composa le roman dont j'ai parle. ^
mis , au cas
sa femme , qui
M
c,< *,-^«.,.« » ....w»» , ^^ «x,«v .«V a». ^ iruise qui seleifait trop , eut cm-
vêlé par la naissance de ce fils,i)en- -^^ ^ i^ fragilité humaine. H
dantle voyage de Lyon. C'est ainsi Suppose que la demoiselle contiooa
qu en parle ce libelle ( 1 1) . ^ fonctions de fille d'honneur aupWs
• Puella iUa nohiUs ,
• Qum erat tam amahUis ,
• àommitii aduUerium
• EtnuperfecitJiUum,
• Sêd dicunt matrem neginam
• JUi fuisse (•)
• El quod hoc paUebatur
• Ut principem luefaretur,
• At muUi dictMt quod polar
• Non est prmceps , sed est alter ,
• Qui régi est à secrelis ,
• Otnnibus est notas saiis.
» Contra hanc tamen regina
• Se ostendit lantitm plena
m ChoUrd , ae si nescîsset
• Hoc quod pueUafecissH ,
• Et dédit illi custodes
• Superbos nimis et rudes ,
• Mittens in monasterium
• Quarere rejrîgerium.
de la reine , et qu'elle tâcha de porter
le prince à ne point prendre les cr-
imes, Mademoiselle de Limeuilj dit-jl
(i3j , compagne de mademoiselle an
Rouet (i4) , etJiUe d* honneur comm
elle , que le prince de Condé avaà
autrefois aimée , jusqu'à en venir ^
une familiarité dont elle at^aà tU
quelque temps incommodée yfii ^^
ce qui lui fut possible pour cowertiF
la passion qu il apait de combattre^
en une autre où elle trouvait q^ <'
combat acait quelque chose de /'^
agréable. Elle sauait son penchant y
et tout if aillant qu'il était , e^« ^
doutait point qu'il ne fUt aussi senti'
ble h l'amour qu'à la gloire. £^^f!.
écrivit , et le pria de considérer ?» **
allait faire la guerre à unepersonm
à qui il ne l'avait pas toujours fai^^ »
(lo) Le Labonrear , Adclitions ans Mémoires
de Cnteloaa, tom. 11^ pag. 3^1.
(il) Celaient des nouvelles en rime prostA-
que y adressées sous le nom de Jean Pkiloglu- „ ^^ ^^ ,^ , »,-»..., ^..« ^^^j^.m,»j — .
Laboareur , li m/m« , pag. 389. , %„ ^j... j wr ti j ,t»i
(*) Supplée» hardiment lucinam, ou même , (") ^"8' 7°» ^àthon de HoUande , m-
■aÎTantla remarque de H. Etienne, pag. i54 de («3) Pag. iSa. *
aes Hypomnèse», matronam. R«m. caiT. (i4) Ma^esse du roi de Navarre,
LIMEDIL. a47
améPB de ses ennemis. Cet auteur lorsque la reine essaya de rengager à
abuse; car il est sûr que la reine fit épouser la marëchale : si cela est ,
lettre cette fille dans un couvent, que deviendra Fe'mulation dont parle
t qu'elle ordonna qu'on l'y tînt de M. Varillas : cette émulation qui fai-
ourt (i5). Il ne fallait pas supprimer sait que ces deux dames combattaient
ela dans le Discours merveilleux de à qui serait plus prodigue de ses fa-
ac t^ie de Catherine de Médieis.YojoriB veurs envers le prince ? Ce n'est
out ce que l'auteur de cette satire qu'une chimère selon le système de
bserve touchant la Limeuil. 11 dit Mézerai ; car Eléonor de Koye vivait
i6) que le prince de Condé commen- encore (ig) lorsque la Limeuil ac-
a d'en être amoureux pendant sa coucha , et ainsi avant que le prince
krison , et que cette demoiselle était fût veuf, cette demoiselle était sortie -
* une des filles que la, reme-mère lui ignominieusement de la cour , et
if'ait baillées pour le débaucher, avait été enfermée dans un monastère.
omme l'ambition trouve tout loisible Elle ne disputait donc pas le terrain
iourt^u qu'elle atteigne a ses desseins, à la maréchale; elle n opposait pas
%.près avoir parlé de la paix qui fut le présent de son pucelage à la do-
conclue le 18 de mars iâ63 , il dit nation de la terre de Valeri en Ga^
17) que la reine, pour mettre le tinois.
orince de Condé en mauvaise repu- (F) Elle se maria ensuite avec Sci-
lation enyers les siens , l^entretenait pion Sardini , baron de Chaumont
loujours aux dépens de l'honneur de sur Loire , etc. , noble Lucquois. ] Je
de lïïM dire qu'elle avait en cela suivi Mademoiselle de Limeuil, dit-il (ao),
V exemple de sa maîtresse , et accom- après être accouchée tâcha de se con-
pli son commandement. Voilà tout ce soler de la perte des hautes espéran-
qu'il. dit : la bonne foi exigeait qu'il ces qu'elle avait conçues, en épousant
avoii.ât que la Limeuil fut chassée et Geoffroy de Causac , seigneur de
encloîtrée. Frémon , qui l'aimait depuis long-
(E^) Il y a ici beaucoup de varia- temps, etqu^elle avait négligé depuis
tiores.] Dans le Discours merveilleux qu'elle avait été en intrigue avec le
on assure que le prince aimait la prince de Condé. Au reste , Scipion
Limeuil dès le temps de sa prison , Sardini était l'un des partisans ita-
après la journée de Dreux ; mais M. liens qui firent fortune en France sous
de Mézerai et M. Varillas assurent Catherine de Médicis. J'ai lu le con-
qu'il ne l'aima qu'après la première trat (21) passé entre messieurs du
paix: Varillas assure que la régente se clergé de France et lui , le 4 de mars
proposa de marier cette demoiselle i588 , pour les offices de receveurs
avec le prince , et que la demoiselle alternatifs , et deux contrôleurs des
se flattant de cet honneur n'épargna décimes héréditaires , en chacun dio-
rien pour y parvenir : mais l'autre cèse de ce royaume , et autres levées
historien n'attribue qu'à la maréchale de deniers. Il y est qualifié noble
de Saint- André l'espérance d'épouser homme Scipion Sardini , gentilhomme
le prince. Varillas assure que le prin- lucquois , demeurant en cette ville tle
ce fut aimé tout à la fois de ces deux Paris , paroisse Saint Severin. C'est
pucelage
dit rien touchant cette émulation : il ^ ^^^ ^^^^^ ,^ ,3 ^ .„.„^, ^^ ^^ ^..
suppose (18) que le pnnce était veuf jntuU accoucha pendant le voyage de Lyon ; Ja
cour entra dans Lyon à la nù-juin i564-
^ r\ v^^ I _ t^.- • j j 1 (30) Galanteries des rois de France, tom. /,
(i5) roye%la prose latine nm/e de la re- ^ ^^ ,55 » »
muirqueprecedenU. ^ , «. ^ ^ ^ (^i) Il est au second Ui^reduHecneilAe^MiU,
(»6) Diicoars menrciUeas de la Vie de Galbe- ,èg|enicns , contraU et autres choses coocemaot
rine de Médius , pag m. 4». 1^ clergé de Fraoce ^ folio lao et suiv. , ^dil. de
(17) Là tneatcy pag 4^- i6i5, in-B^.
(i8) Mêlerai , Histoire de France, lom, il , (aa) Voye%, tom. III , pag. 175, la citation.
pag. i33. (B) de l'article Bavoivs.
a48
LIMEUIL.
iziiéme encore que celui dont Bassoni- Brantôme qui la concerne , et qui tsi
pierre parle quelquefois dans ses assez curieux, "] Je ne crains pas qae
mémoires , et dont je trouve cette les connaisseurs se déclarent contre
particularité à la page ai du Thuana. ma conjecture , quand ils auront bien
» La vie de Castruccio Castracani examiné les circonstances du récit
» iJe gli Interminelli . faite par ÂIdo que Ton va lire. Il est difficile de d>
M Manuoci , est fort belle , et toute pas trouver la Limeuil et le prince (ie
M autre que celle qui a été écrire par Condé.
« Machiavel.... Cette vie mérite 4*etre « J'ay (a5) connu un autre prince,
]» curieusement recherchée. Je n^en » mais non pas si grand (26) , lequel
» ai jamais vu qu'une , entre les
y» mains du seigneur Scipione Sardini,
» qui venait aussi d'un Interminelli ,
I» et qui avait invité Manucci à faire
M cette vie. Je crois cju'elle est im-
V primée à Lucques , in-4°. 9 en ita-
V lien. C'est une belle pièce. »
(G) Elle rabroua le connétable
de Montmorenci. ] Donnons ce récit
tout tel qu'on le trouve dans Brantô- » où estoit sa peinture. Or le prince
me : « Un jour au siège de Rouen y vint a épouser une fort belle et
» (aS) , ainsi que la reine alloit au » honneste princesse de par le mon-
M fort de Sainte Catherine de Rouen, » de, q^ui luy iit perdre le goût de sa
» durant ses premières nopces et sa
» viduité (27) , vint à aimer une fort
» belle et honneste demoiselle de par
» le monde , â qui il* fît , durant
» leurs amours et soûlas y de fort
» beaux presens de carcans , de ba-
ues , pierreries , et force autres
elles nardes , dont entr'autres il
y avoit un fort beau et riche miroir
» rencontrer mademoiselle de Li- » et persuada tant monsieur son nu-
» meuil , l'une des belles et spirituel- » ry , qu'il envoya demander à sa
1} les filles de la cour , et qui disoit » première mabtresse tout ce qu'il
D aussi bien le mot , et vint tout à » luy avoit jamais donné de plus
» cheval la saluer pour causer avec » exquis et de plus beau. Cette dame
» elle , et l'appelloit sa maîtresse, et » en eut un erandcreve-cœur, mais
V tousiours la vouloit accoster, car )e » pourtant elle avoit le cœur si grand
» bon Ibomme n'estoit pas ennemy de » et si haut , encor qu'elle ne fust
>» la beauté ny de Tamour , fust ou » point princesse , mais pourtant
» par effets ou par paroles ; car il » d'une des meilleures maisons de
* avoit eu de bonnes pratiques en » France, qu'elle luy renvoya tout
» bonnes humeurs , ne fit pas grand » pour le mieux décorer , elle prit
u cas de luy , car elle estoit altiere » une plume et de l'encre , et luy
» quand elle vouloit . et commença » ficha dedans des cornes an beau
» à le rabrouer fort , et renvoyer » mitan du front , et délivrant le
1» monsieur le connestable , qui luy » tout au gentilhomme , luy dit :
» dit, et bien ma màistresse , je m'en » Tenez , mon amy , portez cela â
9 vais , vous me rabrouez fort^ Elle 1»^ vostre maistre , et que je luy en-
» luy respondit , c'estbienraisonque » voye tout ainsi qu'il me le donna,
» vous rencontriez quelque personne » et que je ne luy ay rien osté ny
» qui vous rabroue , puis que vous » adjouste , si ce n'est que de luj-
» estes coustumier de rabrouer aussi » mesme il y ait adjouste quelque
>» tout le monde. Adieu donc, dit-il, » chose du depuis : et dites à cette
» ma màistresse , je m'en vais , car
V vous m'avez donné la mienne (34)* >'
(H) Jç rapporterai un passage de
Ci3) Eouenfut assi/gtf pendant l'autotnne de
x56a.
Ca4} Braolôine , Klo^e de ce cooatflable , au
/«. loine de set Wéiuoirei , f/dg. m. ni , ija.
(a5) BrantAme , Mémoires des Dames galaalc*,
lom, //, "pAg. 1^93.
(a6) il veiuut de parler de Faventure <f *■
4ris'gr«nd prince souverain.
(37) J'ai de la peine à croire que la Limeuil
ait continué sa galanterie avec le prince depm*
qu'U fut veuf; car il le devint pei^dutU ^iktile
était dans un monastère»
LINACER. 249
» belle princesse sa femme , qui l'a escriuoU bien ) de toute la cour, mais
» tant sollicité à me demander ce non point scandaleux pourtant , si -
> qu'il m^a donné, que si un seigneur non plaisant ; niais asseurez-t^ous
y de par le monde ( le nommant par quelle (ag) la repassa par le fouet a
> son nom , comme je sçay ) en eust bon escient, avec deux de sescompa-
i fait de mesme a sa mère , et luy gnes , qui en estoient du consente-
» eust répété et osté ce qu'il luy avoit ment , et sans qu'elle avoit cet hon-
» donné pour coucher souvent avec neur de luy appartenir h cause de ta
» elle par son pardon d'amourettes maison de Touraine , alliée de celle
M et jouyssancé , qu'elle seroit aussi de Boulogne , elle l'eust chastiée
» pauvre d'affiqucts et pierreries que ignominieusement par le commande-
i> dame de la cour ; et que sa teste ment exprès du roy (3o) qui detestoit
V qui en est si fort chargée aux de- tels escrits. Dans Peloge de Catheiine
» pens d'un tel seigneur , et du de- de Médicis il remarque que cette ûlle
» vant de sa mère , (|ue maintenant mourut à la cour. Il nous apprend
M elle seroit dans les jardins à cueil- ailleurs un fait singulier touchant
» lir des fleurs pour s'en accommoder, cette fille. Durant sa maladie , àxi-iX
» au lieu de ces pierreries : or qu'elle (3i) , dont elle trespassa y jamais elle
» en fasse des pastez et des chevilles, ne cessa , ains causa tousjours ; car
» je les luy quitte. Qui a connu cette elle estoit fort grande parleuse , bro-
» demoiselle-là, jugeroit bien qu'elle cardeuse, et très-bien et fort aproposy
» avoit fait ce coup , et ainsi elle- et très-belle avec cela : quand l'heure
» mesme me l'a raconté , car elle de sa fin fut venue , elle fit venir à
M estoit très libre en paroles ; mais soy son valet ( ainsi que les filles de
» pourtant elle s'en cuida trouver la cour en ont chacune un) quis'ap- •
» mal, tant du mary q'ue de la fem- pelloit Julien , et scavoit très-bien
» me, pour se sentir ainsi descriée : jouer du violon : Julien, luy dit-elle,
M à quoy on luy donna blasme, disant prenez vostre violon , et sonnez-moy
» que c'estoit sa faute , pour avoir tousjours jusques a ce que me voyez
» ainsi dépité et désespéré cette pau- morte ( car je m'y en vais ) la de"
» vre dame , qui avoit fort bien faite des Suisses , et le nUeux que
n gagné tels presens par la sueur de vous pourrez ; et quand vous serez
» son corps. Cette demoiselle , pour sur le mot, tout est perdu , sonnez-le
» estre l'une des belles et agréables par quatre ou cinq fois le plus pi-
» de son temps , honobstant l'aban- teusement que vous pourrez : ce que
» don qu'elle avoit fait de son corps fit t autre , et elle-mesme luy aidoit
i> à ce prince , ne laissa à trouver un de la voix , et quand ce vint , tout
» party d'un très riche homme , mais est perdu, elle réitéra par deux fois ;
u non de semblable maison , si bien et se tournant de l'autre costédu che-
» que se venant à reprocher l'un à vet , elle dit à ses compagnes , tout
» 1 autre les honneurs qu'ils s'estoient est perdu à ce coup , et a bon escient ,
» faits de s'estre entre- mariez : elle et ainsi deceda, P^oilk une mort
» qui estoit d'un si grand lieu de joyeuse et plaisante ; je tiens ce conte
» 1 avoir espousé , il luy fit res- dé deux de ses compagnes , dignes
M ponse ; et moy j'ay fait plus pour de foy , qui virent jouer le mystère.
» vous <jue vous pour moy ; car je Ceux qfui feront une liste des person-
i> me SUIS deshonoré pour vous re- nés qui sont mortes en plaisantant, ne
M mettre vostre honneur ; voulant devront pas oublier cette demoiselle.
D inférer par là , que puis ou'elle
M l'avoit perdu estant fille , il le luy (»9) C'est-à-dire, Catherine de M/dicit.
» avoit remis l'ayant prise pour (io) Cestà-dire, de Henri II.
» femme. » ^ *- ir (3i) Dam» g»Unte», to™.//,|ia^. 341.
(l) Sa sœur aînée,... BrantSme en » wm- » -nn« ért^ k » -è '
parle.Ji Voici en quels termes (28) : LINACER (Thomas) , medecm
p**ti
,M""**"'* '*'"'' '^''"*"' ''"* "' ^"us Chalcondyle, et sous Po-
!i5o LIN ACER.
* _
lilîcn, et se distingua si haute- donnés , cclui-U au IV*. tome (i)dej
ment par sa politesse et par sa ^"gemens des Savans , celui-ci à h
j f. *» . j \»#i' page 570 et 377 de sou Censuracc
modestie , que Laurent de Medi- Ubriorum authorum.
cis le donna pour compagnon (6) Il dédia au Priace Artiu ia
d'étude à ses enfans. Il fut en- version latine de la Sphère de Pro-
sui te h Rome , et y fut fort estimé i'^:? „f ^"if'''' V^^ ^^ George Lilius
j»rf 1 •• i> i Tî'* * v3) 1 assurent j et cependant Erasme
d Hermolaus barbarus. Jlitant re- raconte aue cet ouvrage futdëdiéà
tourné en Angleterre , il fut don- Henri Vli, qui n'en fit aucun état,
né pour précepteur au prince parce qu'un enrieux lui représeDU
Artus , fils aîné de Henri VII, et S^^^nn^^I^^L^.?? %P'''''^^^p '""
,,-A. , . ,.. j', duction de rroclus. J homce Junacro
lui dedia la version latme de la pessimè cessit quod ^rodum h se de-
Sphëre de Proclus (B). Il s'était nu6 versum régi hujus patri dlcâral.
associé avec deux autres Anglais Andréas quidam Tolasat^s C4),/?to-
{a) pour la traduction d'Aristote; <^PtorXvci^^iprincipis, et in regnum
^ ' V J • /• 1 J * patefnum succès sun , nisi mors an-
mais ce dessein tut abandotine teuenisset , cœcus adulator, nec adu-
par ses camarades. Il traduisit latortantiim,sedetdelatorpessimus,
en latin quelques Traités de Ga- regem admonuit hoc libelli jam olm
i:^ ^é. ui* é. ^ fuisse uersum à nescio quo ; et erat^
hen, et publia un savant ouvrage -^^edmiserè. Hanc ob causam re^ et
de Emendata latini sermonis munus aspematus est, et in Lina-
StruCturâ (C). Il fut médecin du crum velut in inipostorem înexpiabi-
roi d'Angleterre et de la princes- ^^ concepit odium (5). Érasnie nous
•> /r . ^ ^ w ''• conte la un furieux capiice de Han-
se Marie, et légua une maison au ^ yjj ^
collège des médecins (D). Il mou- . (C) Il publia un savant ouura^e
rut à l'âge de soixante-quatre ans de Emendata latini sermonis Stroc
'y est point.
i5i 5, et il reçut l'ordre "de pré— à la princesse Marie, comme on
trise (d). Érasme le loue beau- î'f «^ure dans les paroles suirantes
• •! 1 • . . .1 1 A (o) î oea et de iLmendata latini ser^
coup J mais il lui attribue le mé- ^ninis Structura , ex prœstantissimc-
me défaut qu à Paul Emile (F) , rum authorum observatione campa-
it est d'avoir eu trop de peine à se situm uolumen , paulb antea , quàm
contenter de son travail , et d'à- ""'j^ excederet çubUcavit adscrip-
1 , ^, '^, ta prœtatiuncula Marue Henrtci oc-
voir voulu le retoucher et le po- ^Ji^^ Catharind Hispanâ conjuge
lir trop souvent. fiUœ , laudatissimœ indolis , et ad-
(a) Latimer et Crociniu». (,) Pag. 84 , 85 e« 871 .
{b) Tiré de Paul Jove, in Elog. Viror. (a) Jorins, in Elog. doct. Viror., p. m. xifi.
doctor. , cap. LXIIl. Voyes aussi Lilius, (3) Georg. Liliiu, m Elog. quorand. Anglo*
ad calcem Jovii BritannisB Descript. , pag. mm, pag. gi.
92 et seç. (4) C'jétail un moine augustin , naUfde Tour
(c) Linacer sacerdotio auctus est pro quo '««'^ f * ^«*'»' tût fallu par conséquent nommer
omnes musas foHunœ gratias egisse arbi' J» ^°]^""1 '. *"* Î1^"/"f'\ J://i r"*""!^
#««« !?..:-♦ VY-VTv t-i. vtir ■ s r« ^- Bernard M And reaa , oanj t BiDiUmie de GesB«r,
tror. Epist. XXXIX, lib. FUI, mUrEras- ^ ,^g^ ^, ^;„ i'EnooVm«.tioo« Angmti-
f»'^'^^' nianum de Philippe EImïu» , pag. la^.
(d) Pope Bloant , Cens. Aulh. , pag» 3jJ. (5) Erasm. , epiit. XIV, Ub. XXVI, p. ikA-
(*) Le latin de cet ouvrage nVst qu*naç trt'
(A) L'un des plus savans person- duction de Tanglais. L'édition de liobeH Etiea-
naees de son siècle. 1 Consultez n^ «-4'».» »547, contient cette épître dédJ«-
IViS n •!! * I. i> _. ui i otAM^^M. toi re, laquelle, en effet, n'e»t que de ▼iDgt-<rotf
MM, Baillet et Pope Blount, qui ont iig„e.\ gro»se lettre. Reh. cair.
recueilli plusieurs éloges qu'on lui a (6) Georg. Liliui , in Elog. quor. Angi.,^. 93.
LINACER. a5i
mirahili ^irtutum omnium concentu , Paul Emile."] Je ne rapporte point
^xd omnem gratiam promerendam les éloges quHl lui a donnés : on les
rmatœ principi y cui renot^ato pruden- trouvera dans son Ciceronianus , et
Zissimi patris exemple Uenricus rex dans plusieurs endroits de ses let-
MlÀnacTum, a tuendd sanitate prasfec- très. Je m'étendrai seulement sur ce
tum adhibuit. M. fiaillet (7) citant la qu'il le blâme d'avoir eu le goût
Ï>agc d'où je tire ce latin , assure que trop difficile. Nec multiim ahfuit ab
'auteur rajpporte qu'Érasme et Budé hoc mtio , dit-il (i3) , après les paro-
louérent Linacer d avoir fait ce trai- les qu'on a vues ci-dessus (i4) , où il
të-là. Je ne trouve, point ce fait dans décrit l'humeur de l'historien Paul
mon édition. Emile, Thomas Linacrus Anslus,
(D) // légua une maison au collé" uir undequaquè doctissimus. n lui
^e des médecins. 2 Ces mots sont la écrivit une 'lettre l'an i5ai, dans la-
traduction des termes dont George quelle il l'exhorte à ne pas tant faire
Lilius s'est servi. Londini obiit , ho' languir le public , et à ne le priver,
nestd domo in ed urbe , medicorum pas si long-temps de la lecture des
collesio ex testamento relictd (b). ouvrages que Ion attendait de sa
Paul Jove s'est ainsi exprimé : Hones- plume avec impatience. Il lui dit
tam, domum Londini medicorum col- qu'il est à craindre que sa conduite
legio dedicauit (9). Ni l'un ni l'autre ne paraisse plutôt une cruauté
n'a été assez exact : car il fallait dire qu'une précaution modeste. At tu
%jue Linacer fit bâtir à Londres le si mihi permittis, ut libéré tecum
collège des médecins, et qu'il fut agam, sine fine premis tuas omnium
le premier qui en eut la présidence, eruditissimas lucubrationes , ut pe-
C'est ce qu'on assure dans son épi- riculum sit , ne pro cautti modesto-
taphe(io). On y dit aussi qu'il fon- que crudelis habearis , quistudiahu-
da trois leçons publiques en méde- jus seculi tam lentâ torqueas ex-
cine, deux à Oxford, et une à Cam- pectatione tuorum laborum , ac tam
bridge. diii fraudes desideratissimo frUctu
(E) // mourut à Vâge de soixante- tuorum uoluminum. Fortassè terret
quatre ans."] J'aurais dit que ce fut te nostrum exemplum, sed etiam at-
au mois de février i5a5, si j'eusse que etiam i^ide , dum studiosiits uitas
suivi la narration de l'auteur anglais, nostram culpam, in diuersum deflec
c[ui a été imprimée avec Paul Jove ; tas (i5). Le défaut dont on blâme là
car voici les termes de cet écrivain , notre Linacer n'est pas fort commun
Jjondini obiit sepultus est in parmi les auteurs , et néanmoins on
<&V£ Pauli templo maximo , ad sep- peut dire qu'à certains égards il ne
tentrionalis portas ingressum, eoferè l'est que trop j car pour l'ordinaire
iempore , quo Franciscus Gallo- ce ne sont pas les mauvais auteurs ,
rum, rex ad Ticinum in Cisalpinis ou les écrivains médiocres , qui en
pugnans, h Cœsareams ducibus cap^ sont coupables , ce sont les plus ex-
tus est (11). Mais il vaut mieux dire, cellentes plumes. Userait â souhaiter
comme a fait M. Moréri , que Tho- que ceux qui publient tant d'ouvra-
mas Linacer mourut le 20 d'octobre ges mal tournés , mal digérés et qui
i.')24. M. PopeBlountle ditaussi(i3)j ne servent presque de rien a la ré-
el^ cependant il rapporte l'épitaphe publique des lettres , outrassent la
de ce médecin, dans laquelle le jour maxime qu'il faut garder un écrit
de la itiort est le 7 d'octobre iDa4* cl^ns son cabinet pendant neuf ans
(F) JSrasme le loue beaucoup, mais (16). Il serait bon qu'ils se piquas-
il lui attribue le même défaut qu'a sent d'un excès de délicatesse , et
qu'ils ne crussent jamais avoir mis
(7) Bdllet, JnsemsBt des SaTans, tom. IK^ la dernière main a une composition.
pag. 85.
(9) jôviai, Elogior. pag. 146. (1$;) CUation (a) de VarticU Emile (Paulj .
(10) y^pud Pope Bionnt, Ccoaiira celcbr. Au- *•"»• ^*fP'8' »4»'
tlior. ,j»a^. 377. (i5) Idem f Erasiuns, cpiat. III, lit. XIV ^
(f I) Georgios LiltiiS| in Elogiia qiiorund. An- pttg- 655.
glorom , pag. q4' (t6) Noiiumque prematur in annUm.
(ta} Pope Bïoont, Cen!i. Anthor. , pag. 377. Horat. , de Arte Poct. , vs. 388.
252 LINACER.
Raremeikt arrive-t-il outils aient cette craiqte : ils laisseat donc passer des
pensée. 11 ne faudrait point regret- mois tout entiers sans revenir à cette
ter quHls Feussent souvent. Mais il pénible tâche ; et ainsi quand on le
est fachenx qu'un trés-habile homme figure que leur livre est bien aTancé,
soit semblable à ce fameux peintre parce qu^on nlgnore pas qu^ils Tonl
qui ne se pouvait résoudre à s*ima- entrepris depuis dix ou douze annéo,
giner que ses tableaux fussent finis , ce ne sont encore que des morceaax
supra modum anxice rent avant que i ouvrage
mimre/ur(ApeIles) dixit omnia première forme. Il se privent par-}i
sibi cum iilo paria esse aut illi melio- eux-mêmes de la gloire à quoi ils
ra : sed uno se prœstare^ qubd ma" avaient pu aspirer. Quelques -nu
num ille de tabula non sciret tollere : sont plus heureux , us s'obstinent
memorabili prœcepto, nocere sœpè au travail, et a force de limer et de
nimiam ditigentiam {l'j). Ces paroles polir leurs compositions sans aucan
qui ont le goût de q__ _ . ^ •
Linacer j et d^ailleurs elles nous ap- écrit ^ car il y a un certain degré de
prennent qu'un soin trop exact , trop correction au delà duquel on ne sao-
tendu, trop opiniâtre, fait souvent rait rien faire qui, au lieu de T)er
du tort. Vous allez lire l'application fectionner l'ouvrage , et de lui doo-
faite par Érasme. Peculiariter autem ner plus de nerf et plus de force,
conveniet ( proverbium , manum de ne 1 amaigrisse et no le dessèche,
tabula) in quosdam soriptores satis Perfectum opus absolutumque estt
accuratos,et morosœcujusaamdiligen» necjam splendescitlimdy sed atteritar
tiœ, qui sine Jîne prémuni suas lucur (19). Piine le jeune, qui se sert de
hrationes , semper aliquid addentes , ceà paroles dans un endroit de ses
adimentes , immuiantes , et hoc ipso lettres , se sert de la même pensée eo
maxime peccantes , quia nihil peccare un autre lieu pour montrer à son
co/za/i2ur(i8). Qu'arrive-t-il de cette ami les désordres d'une correction
Seine trop scrupuleuse ? Un grand outrée. Diligentiam tuam in retrac"
ommage pour le public , et beau- tandis openhus valdè probo* ^f|
coup de préjudice pour ceux qui la tamen aliquis modus , pnmian, (fuô^
{prennent. Lie public demeure trop nimiacuradeteritmagis,quàmenufi'
ong-temps frustré du bien qu'il re- dat ; deindè , quod nos a recenûonr
tirerait des compositions des grands bus reuocat, simulque nec absom
auteurs, quand même elles seraient priora, et inchoare posteriora no'
éloignées de la perfection qu'ils eus- patitur. P^ale (ao). Quintilien, ^p^
sent pu leur donner. 11 en demeure grand maître, pose le même priuci-
frustré pour toujours assez souvent , pe, et le développe admirablement,
{)arce qu'ils meurent avant que de et déclare qu'un écrit que l'on ne
es avoir rangées en une forme d'où cesse de retoucher et de refondre ,
leurs amis ou leurs héritiers puissent perd sa vigueur naturelle. /^°/°
tirer quelque parti. Ceux qui com- retranche, dit-il, ce qui était samj
posent avec un esprit difficile , et qui on lui 6te le sang ; on le rend sem-
corrigent avec une extrême sévérité blable à un corps tout couvert dj
leurs productions , se rebutent enfin cicatrices. Que ce qu'il dit est beau.
de leur travail , et craignent de le Et ipsa emendatio jinem habeU S»f*
toucher. Ils le regardent comme une enim qui ad omnia scri^ta tanQua^
torture et comme une croix , et ils vitiosa redeant ; et quasi nihil fr *''
diflerent le plus qu'ils peuvent d'y rectum esse quod primum est, "•J*
mettre la main 5 le souvenir de ïa lias existiment quicquid est aini">
fatigue qu'ils ont essuyée à trans- idquefaciantquoUesUbruminrmi^
former une page leur inspire de la resumpserint , similes medicU eua^
inteera secantibus. Accidititaqnt'Jf
(i7)Plimu«, 7iA. TTX^.ca;». X///. . °
(18) Eravni. , chil. /, cent. ///, num. 19, (19) Plinios, epi»t. XI, Uh. V.
pag. ni. 4o5. (ao; Identj epiit. XXXV, Ub. IX.
J
LINACER. 253
cieatrieosa tint, et exanguia, et cura blés, pourvu qu'il n'aillent pas ius-
^ejora, SU igitur aUquando quod qiies a l'excès (26). Le trop est la seule
j^laceat , aut certè quod sufficiat : ut chose qui les puisse faire blâmer avec
o^M5 poliatlima, non exterat (^j). quelque sorte de raison. JVon amo
L orateur Calvus fut un exemple de ce nimiàm diligentes, disait un illustre
cfue l'on vient de lire. Il exerçait sur parmi les anciens Romains (27) Je
ses écrits une inciuisition trop sévère, dirai encore deux choses avant gue
et il leur donnait la discipline si ru- de finir. Il y a des auteurs qui ont
«iement , et si superstitieusement , cent fois plus de peine à se conten-
cfu'il les réduisait à une espèce de ter au commencement de leur ou-
langueur. Accuratius quod dam di- vrage , que dans la suite. Les ratures
cendi et exquisitius afferebat genus: les changemens,etlesautresmargues
, q ^Pf^ ----- ■ — 7 ■- M-« * wx. «wuaiuuctuans je ma-
TFietuensque ne uiuosum colUgeret , nuscrit d'un traité de Platon (28) et
etiam verum sanguinem deperdebat. dans celui de Pétrarque. Voici 'un
Jtaque ejus oratio, ninùd religione passage de Muret ou l'Arioste se
auenuata ,etc. M. puintUien ai>- trouve mêlé pour une semblable
pelle cela être calomniateur de soi- délicatesse. u4udii^ià maximis uiris .
même (23). Voici la métaphore dont quique id facillimè nasse poterant
s est servi un auteur moderne. « Il y Zudouicum AHostum, nôbilissimum
» a des esprits stériles lesquels ayant nobilissimœ domûs prœconem in
» fait un eifort en leur vie , ne se duobus primis grondions illius 'poé-
» lassent jamais de le peigner jus- ntatis sui t^ersibus plus quàm credi
» quesàce que ils lui arrachent les potest labordsse, neque sibi priiis
>5 cheveux , et au bout du conte c'est animum explere potuisse, quhmchm
» uft avorton (24). » Mettons Sanna- illos in omnem partem diu multiim-
zar entre les modernes qui ont eu. la aue versdsset. Idem accidit et nobi-
maladiede l'orateur Calvus. On n'a iissimo Etruscorum poétarum Fran-
pu s'empêcher de blâmer ce poète cisco Petrarchœ : cujus ex auto^^ra-
d'apoirfait gémir et crier son poëme pho, quodhabuit t^ir prœstantissfmus
sous la lime durant un si long espace Petrus Bembus , facile cernitur
de ten^Sy et de Vauoir trop usé et ernn in limando secundo item poëma-
trop affaibli sous prétexte de le polir tum suorum wersu sœpè suddsse (20)
déplus en plus (25). M. de Vigneul Marvifle dit : « Ou'il
Les recueils , dont je viens de me » y a des écrivains qui ont une peine
décharger en cet endroit , ne paraî- j> infinie à commencer , et qui con-
trent pas hors d'oeuvre à ceux qui » rent quand une fois le chemin est
sauront ce que j'avais à prouver. Il w ouvert.Les premières lignes de l'his-
fallait que je prouvasse que la peine » toire de M. de Thou lui coûtèrent
qu'avait Linacer à se satisfaire dans » plus que tout le reste j mais dès qu'il
ses compositions était un défaut. Cela » eut surmonté cette première diffi-
semble un paradoxe : il était donc » culte, il courut en écrivant.» L'au-
que i on sache que ceci sion d'un ouvrage qu'ils veulent
ne regarde point en général tous faire réimprimer coûte plus que la
oeux qui s appliquent avec rigueur première composition. Ils s*appli-
à retoucher et à réformer leurs quent, et avec plus de plaisir et
écrits. Us tout bien, ils sont tres-loua- avec plus de scrupules, à corriger
C«i) QuiBlil. , Ub. X, pag, m. 4M. (a6) Fojrex M. de Vigneul-M.rTille. à la vat^
(aa) Cicero , in Brnlo , cap, LXXXII. a 24 <^« '« Mélanges , edU. de Rouen\ i6qQ.
(a3) Inveni qui Ciceroni erederent eum (Cal- (27) Scipion V Africain» Voyez Clcérôn de
Tom) nimiâ contra se calumnid verum sangui' Oratoro, iih. 11^ folio m. 84, jrf *
nem perdidUse. Quint. , Ub.X, cap. I , pag. (,8) Celai de Repubiicâ. Voje* Oeny. d'Hali-
^V/\r» * 1 . ^, carnasse , de CoHocal. verbor. , cap. Jirc///
(a4) Garasse, Apologie, pag. 3i3. pag. ,„. 69. ' ''-*'''"»
(«5} Bajllet, Jagemens snr les Poètes, tom. fag) Muret., Variar. Lect. Ub. XVHI cao
///, pag. 14a. F///, pag. m. 1207. ' '^*
a54 LYNDE. LINGELSHEIM.
une copie imprimée qu^une copie ma- moignages et confessions de nos plus
nuscrite. Mais la plupart du temps doctes aduersaires , a la fraye an-
c'est une peine perdue ^ car il n'y a cienne foy catholique , dont on faa
Î[ue fort peu de gens, ^ui comparent maintenant profession en fesUie
es éditions : et à moins que de les d'Angleterre , et autres églises n-
comparer entre elles patiemment et formées (i). Celle du second traité a
liabuement , on ne connaît pas l'im- pour titre : la f^oye esgarée , ftà-
Sortance des corrections. Tel endroit sant fourvoyer les esprits foihles et
'une seconde édition qui ne contient yacUlans es dangereux sentiers éttr-
pas plus de lignes que dans la jire» rehr ^ par des apparences coloréa
mière, ou même qui n'en contient d'escritures apocryphes , de tradt-
pas tant , est converti de plomb en lions non escriies , de pères douteiu,
or ( 3o ) j mais où sont les gens qui de conciles ambigus , et d'une préten-
s'en aperçoivent ? J'ai parlé ailleurs due église catholique. Le chevalier
(3i) de ceux qui composent ou sans Lynde fut engagé a ce travail »ar Dix
peine ou avec peine , et j'en parlerai cartel de deffi qu'un jésuite lui en-
encore ci-des8oua(3a). voya en ces mots. « Que le chevalier
„ >/»«»iv ^ j i9\j '* Lynde, .on ceux de son party,
{io) Conf(fre% ee que detsut ^ remarque (T) de ,, «;^«..,««1# ^ i , F**V J
l'articledeliAi.zAc(J,h. Gntt), iom7llI,png. * prouvcnt, par quelques hons au-
7 a- » theurs, que l'église des protestans
>. (^0 î]»»»- f^ll, pag. 3o7 , remarque (G) de » ait été visible en tous BASes , et
'!tf/>^wZ-- .r^^,• • j M " principalement es siècles aunan-
me qui avait bien lu : et iJ donna
LYNDE (HuMFREl), chevalier ^^ ^^^ ^^^ tour à sa réponse, et
anglais*, natif de Londres (a), y «^j>eaucoup de passages notables Je
pullia deux livres de contrée/ ^^v^" tt^ /oTKr^^^^^^
se y 1 un en 1020, 1 autre en J d3o. répondit à la F'oye seure. Il était Ab-
Ils se vendirent fort bien , et ils S^i^, et il s'appelait Robert JenisoD .
ont été traduits d'anclais en !f réponse fut imprimée en anglais à
r . T J 1 Tà/r . Rouen, l'an i63i , m-S*». (3).
français par Jean de la Monta- ' ^ ^
gne. J'en parlerai ci-dessous (A). («) Je me sers de VédiUon de Pé^ri,, dm
Le chevalier Lynde eut des em- Î!"ï. ^"ff "^' ' '1^' ' *""**; : f "' ^ '^r
. - , «5 - . , "^^ , *" «;J- J« du la même chose quant a la yrrtûm du
S lois considérables : il fut juge Traïuf suivant.
e paix et député à la chambre ,ei"l'^'^" '''" ^^^ àédicau>tre de laVaj.
des Communes (ù). Il mourut le (3) ^«r«» Aiegambe , pag. 41a.
;i?ti:i;tSlc)' '""^ '' ''''- i-if gelshe.m (geohçb m.
^ r w chel), précepteur, et puis con-
* Les traducteurs anglais de Bayle ont Seiller de l*électeur palatin {a) ,
ajouté à cet article quelques particularités florissaît au Commencement du
que Cbaulepié a reproduites dans son Dic- ■v\Tfte •» i ¥i '. - f . «
tionnaiue. Avll . siecle. Il était ne à Stra«-
(«)^Vitte, in Diar. Biograph. , ad ann. bourg {b). Il a paSsé pOUF l'ao-
' ib) Idem, ibidem. tcur d'uu livrc intitulé : Idolum
(c; Idem , ibidem. Hallense , oii Lipse^est fort mal-
..v c, , ,. , traité (A), Il entretenait corn-
(A) \^^ j^r^^.ff contrôler- ^^erce de lettres avec Bongars;
** Jurent traduits en français . wm^»*^,
par Jean de la Montagne. J'en par- ™^^* ^° .*^ trom|)e quand on as-
lerai ci-dessous.'] La traduction fran- sure qu'il avait été son sécrétai-
çaise du premier de ces ouvrages , re, et qu'il a publié les lettres
faite sur la sixième édition anglaise, ' 1 r
a pour titre : la Voye seure , condui-- («) Scaligérana , pag, m. lA i.
sant un chacun chrestien, parles tes- {b) Idem , pag, m. 162.
LINGELSHEIM. 255
Cfu'ils s'étaient écrites (B). J'ai dit en deux endroits (7) que Lbgel-
ait ailleurs (c) qu'il fut le dépo- t^'"^ «tait auteur de ce livre. Bau-
... , v/1 ^ ,-•*, mus coniectura comme Scaliser, et
SI taire du manuscrit de M. de assura que la voix publique était
fliou. conforme à sa conjecture : tant il
est vrai que l'on est sujet à se trom-
(c) Dans PaHicle de Cambes f tom. IFj per dans ces sortes d'attributions
j>ag. 373, i-emarque (H). f^iro grav4, et sapienti Johanni Lin-
gelshemio ojfficiosam salut^m nun-
(A) // a passé pour l'auteur d'un ciari cupio. Consentiens Jama est
li*^re où Lipse est fort maltraité, 2 cum esse auctorem libelli de Idolo
Il en envoya des exemplaires â ses Hallensi adyersàs Lipsium , et id
amis (i), et il leur demandait leur ipse conjeceram cùm primiim in ma-
pensée , avec je ne sais quel empres- nus meas ueniu JVon est quod pa-
sement qui sentait l'auteur. On fut trem pudeat suœ prolis , càm non
donc assez excusable de s'imaginer puduerit tantum uiriun taies nugas
ciVL*i\ avait fait Vldolum Mallense. effutire in dedecus nntepartœ famœ
Scaliger, ce grand critique, se fonda (o ). M. Teissier (9) a suivi la foule.
sur ^autres raisons : il crut trouver Selon toutes les apparences , Lin-
dans cet ouvrage le génie de Lin- gelsheini apprit à Bongars que Dé-
^e\s\ie\m, Autor de Idolo Hallensi naisius était l'auteur de cette idole de
est Lingelsheim. disait-il (a). Hall : voyez sa lettre CLVIL Ce livre,
Ccstluiquim'^n a enuoféunexeni- au reste, fut imprimé l'an i6o5 ,
plaire Je reconnais en de Idolo inr^°. , sous ce titre : Dissertatio de
J£allensi les traits de l'esprit de Lin- Idolo Hallensi Justi Lipsii mangonio
geisheim; je le connais fort bien: et phaleris exornato atque proaucto.
il m'a envoyé le lit^re , et prié de lui J'ai lu dans une lettre de Lingelsheim
en écrire mon jugement. Voilà de ses (lo) que Goldast passa pour l'auteur
discours de conversation : sa plume de cet ouvrage , et que VAmphithea-
les confirma dans «ne lettre cru'u écri- trum honoris le donnait à scaliger.
vit à Lingelsheim touchant Vldolum Une autre lettre de Lingelsheim nous
Hallense (3) , où il lui attribua cet apprend que Goldast avait eu soin
ouvrage , et lui en dit beaucoup de de l'impression , et que cela lui fit
bien - — *~ -' — * -* ^ — ' ' '*''* — "*"■*'■ '- — *
sius
dit-
Idolo Hallensi est Denaisius asses- certè omnium bonorum cum magno
seur de la chambre impériale ; et applausu acceptus est , sed focetiœ
parce qu'il vit entre les Jésuites il ne Hue scholasticœ commoverunt nostros
désire être nommé, M. Placcius a academioos , adeo ut rector distrac-
fort bien fait d'observer que le ju- tionem libelli edicto inhibuerit, etjam
gement de ce souverain critique n'é- vindictam spirant magistri , eo quod
tait pas toujours bien sûr. Hdc sanè nimis contumeliosus sit interpres in
uice errauit , et infoliciter crisin suant totum ordinem ; et quia Gotdastum,
quant ipsemet tantoperè prœdicare editorem hujus ludi ex typographo
solebat, exercuit lieros ille criticorum cognoverunt, et stilis et telis in iÛum
hypercriticus (5). IL cite Melchior insurgunt , atque eliani aulicos in
Adam (6) , qui a donné cet ouvrage partes trahunt , quos nimis rustica-
à sonTéritame auteur, Pierre Dénai- tim ille teiigerit (ii). Dans une autre
sius : il remarque que Golomiés igno- lettre , il observe que le carme (la),
rait la vérité sur cette affaire , ayant ^^^ ^^ ,^ Clef de. Lettre. , ^ng. -53 et .85
Opusculornm , edit. UUraj. , i66g.
f i) Voyn Scaligéraaa , voce LingeUliemias , (S) Baudia. , epist.,X « cenlur. IJ, p. m. 167.
tt les Lettre, de Lingelsheim , pag, .\^. (9) Addition, aux Eloges , totn. 11^ p. 383.
(a) Scaligérana, ibidem, ('°) *-"* "' *'«"■' '* Becueil de. Lettre.
(3)rore. se. Lettre., Ub. IV, epistola «7»«» « 9«>';"^» »'"^'-!'''*^/'«« »68^^^
CCCXk. • » /' •" fil) LingelUieim,eput. LVIlad Bongar.ium.
.,s.c[-' t\ • • 0^3 ^' s'appelait Anasta.iu. Gochlettus. Son
(4) ScaUgcrana, uoce Denauia.. ,,^^^ „4 ,„t,^„^^' , P«l„tra honori. D. Vlrgini.
(5; Placciu. , de Anonymt. , num. Si , p. 18. Hallensi. pro JasloLipaio , contrà DiuerUtiouem
(6; In Yiti. JttrisconsuU. , pag. 44?* mcntilî Idoli Hallensi. , 1607.
a56 LINGENDES.
regarda comme Fauteur de 1 Idole, tus £ingeUfieimius idaem vir
Lingelsheim aurait roulu que Bon- publicd dienitate constitulia , et a^
m
gramma tus ohnigra , ubi monastico illos commerciuin liUerarum mutntn.
acumine suspicionem suam prodit Comparez cela avec la préface da li-
quasi tu autor esses, Cogitat^i , anne braire , vous serez épouvante m
per oratorem regium qui Bruxellœ d'habiles gens soient sniets à preodr?
est, si est tibi amicuSy negotium bes~ le change d'une manière si eaoniK.
Uœ illi ereari posset oh atroces inju- La destinée des auteurs est déplora-
rias quas in te effundit , ciim tamen ble , car lors méme^qu^ils croient ap^
author libri non ^sis , et quam volup- ]>liquer le plus forteinent lear attec
tatem in maledicendo. cepit , eandem tion , ils prennent mal le sens d'u
in lite molesta et infamid quœ con- passage très-facile s je crains extir
demnatos injuriarum manet , per- mement ^ue cela ne me soit anirc
dat (li). une infinité de fois. Voici ce que le
Lipse ne répondit rien j c^était le libraire de Strasbourg expose à la têb
meilleur parti quHl pût prendre : de son édition. Lègues hic Bongsna
ses amis lui font honneur de ce silen- et Lingefshemii epistolas muUd endr
ce ; ils disent quMl méprisa eénéreu- tione et uariis prudentiœ ehcumenùt
sèment cet adversaire, et qu*a Pexem- plenas , heneficio nohilissinù amplu-
pie d'un dogue qui passe son chemin simœque dignitatis uiri qui Inchts
sans se détourner pour aller mordre Reip. ad Heluetios legatus à claiin'
un petit chien qui aboie contre lui , mo t^iro Dn. Francisco VeyrœM eu
il ne daigna s'abaisser à combattre ut lucent vidèrent , acceph. ffss vt-
l'anonyme. C'est ainsi qu'on parle nerandus hic senex , qui in contukr-
presque toujours lorsqu'on ne sait que nio illustris Bongarsii duodecim t^
répondre. Exindh maledicta acer- nos eidem ab epistolis fixerai, de-
bionn nescio quis terrœ Jilius, Idoli scripsit intégras. Le libraire parle la
Uallensis {6 Lucianeam blasphemiam de deux personnes ^ de la prenait
igné Tartareo expiandam ! ) titulo sans la nommer , et de la seconde en
ementito, sparsit in uulgus, Sed pru- la nojamaxit François f^eyraz. Celai-
dentioribus amicis suadentibus y Lir- ci avait fourni les lettres à l'antre.
sius siluit , et judicio coniemsit , at- qui avait été député , de la rille ii
Îue adeo contemtu solo nofuni istum Strasbourg, en Suisse. C'est sans doate
^orphjrrium uincendum esse censmt. de Veyraz qu'il faut entendre '<x^
Sic foré generosior molossus impor- le libraire expose dans la dernière
tunum catulum stolidè adlatrantem partie du passage que i'ai rapporta-
prœterit, nec dente aut pugnâ dignu" c'est Veyraz qui ii ét^ secrétaire ^f
tur (i4)« Bongars pendant douze ans , c'est H
(B) On se trompe quand on assure qui a copie les lettres que ce libraire
uil avait été secrétaire de Bongars, a publiées. Il y avait long-temps <?•!'
stolœ editœ sunt^ireentor. an. 1060, , a\ v v .• i ^ * m
.-,«/. \ r - 7j® L (»*) '^py» l article Bovoabs, 1o«. "'<
i«-ia (17). Erat Bongarsius virsuo eiutuon (18).
(i3) LiDgel.heid[, epist. LXXVI ad Bongar. LINGENDES * (ClACDE DE)î
sium , poff. aaS.
fi4) Auber. Miraus, in Vilâ Lipsii, ad ann. • Joly observe que l'aLbë de Vixoliei,
/^\W'k"*r-^" o 1 u- . li. f Tvrir P*8«» 90 et 178 de ses Mémoires, io-Wi^'
Mtf. 3o6. » J » » t écrit Z>e/in^enrf«. Cette or tbograpbe a 5'*
(,6) IlfaUait dire LengeUhemii. conservée dans ledition doaoée par Goaje--
(17) FoyeB Vartide BoiioAai, tom, Ill^pag. en trois volumes in-l2 ; mais dans la t^"
558 , remarque (H). de cette édition in-i2 on lit • Lingendes (J*/
LINGENDES.
237
'un
eiirs
des plus célèbres prédîca- » mence des passions, et à là gran-
du XVIP. siècle, naqmt à » ^?"^ des figures ; et iUtait di IV
,-. ,. 1, £. *.£..*■'• » VIS de cet ancien , qui tenait qu'un
boulins 1 ani 59 r , et se fi t )esui- „ discours était fait lorsqu'il n'y avait
« à Lyon l'an 1607. Il enseigna » plus que les paroles à trouver.
[ uelque temps la rhétorique et » Après la mort de ce père , on pu-
es belles-lettres ; mais comme il " ^^'* ®" *^'>^ plusieurs de ses ser-
» mons
.,, . « j-vruo , qu'on trouva écrits de sa
vait une merveilleuse naissance „ ^ain ; et on en a déjà fait deux
>our la chaire, on l'appliqua » éditions (i). Mais cette langue n'é-
>resque toute sa vie à prêcher : » tant pas entendue de tout le monde,
ît il s'acquît de ce côté-là une » fcT, ^^*'"*' T' ""f '°"''*'n
,, r \ ^. fi ^^ » » quon les donnât en français. Il
.elle réputation , qu il y eut très- » semblait que la chose était d'au-
3611 de prédicateurs qui l'égalas- » tant plus tacile, qu'on n'aurait pas
ient , et qu'aucun ne le surpas- » même la peine de les traduire. Car
provincial
province de France. Il fut député » f *es mettre en'lumière tels qu'on
l "- iu:» X à^^A «,,« »ecAr»iti^^o » les trouverait. Cependant la diver-
trois fois a Rome aux assemblées „ ^^^ ^^^ ^,^3^ ^^^J^^^ ^^^^^ j^^ ^.^_
a^enerales de la société ; et mou- » férentes copies des mêmes sermons
rut à Paris supérieur de la » a fait connaître qu'elles étaient
cnaison professe, le 12 d'avril » peu fidèles. C'est pourquoi on a
r?r» ,t K ^ _ 1» » I) luffé a propos de traduire ces ser-
1660 (A),etnon pas en 1 année „ J„8„3 L/ l'original latin, Js
1600, comme 1 assure Moreri. » néanmoins négliger ces manuscrits
Dn a publié ses sermons après sa » français , dont on a retenu les ex-
tnort : l'en dirai quelque chose » pressions autant çu'il a été possi-
1 ^ * ' T.1 / A \ Ti > » We* ^^ a aussi aioute des transi-
ie tres-remarquable (A). Il n a- „ ^^^^^ j^^ expositions, et quelques
V'ait publie que deux ouvrages (B). * . * ^
(a) Ed nominis celebriiate per Galliam
annis 36 , ut qui eum illo in munere supe-
rârit inventus sit nosirâ œtaie nemo , et vix
ullus qui aquaverii, Natan. Sotuel, Bibl.
icript. «octet. Jesu, pag. i53.
» omemens qui ne sont point dans
» le texte latin de l'auteur, mais qui
qui
» se trouvent dans tous les recueils
» des écrivains , et que la chaleur
» du discours lui fournissait sur-le-
.^ ^ ^„^. » champ : de manière que cette édi-
(l) Tïnfrf«NatairSolael,Ba)lioth, script. » ^^^^ trançaise n'est pas une simple
■ociet. Jesa, pag. i53. » traduction de la latine. Mais la dif-
]) férence qu'il y a entre ces deux
(A) Je dirai de ses sermons queU » éditions, c'est que la latine donne
que chose de très-remarquable. ] Je » les sermons tels que l'auteur les
ne fais que rapporter ce que dit »■ écrivait ; la française les donne à
M. Gallois , quand il parla des Ser- » peu près tels qu'il les prononçait.
mons sur tous les évangiles du caré- » La première fait voir l'analyse^ du
me , par le réuérend père de Lingen- » discours ; la seconde en montre les
des, imprimés à Paris, en deux volu- » parties jointes ensemble. L'une est
mes f/i-8''. , l'an 1666. « C'est unecho* » plus utile à ceux qui veulent faire
» se assez surprenante que le père de » des sermons; et l'autre est plus
» Lingendes , dont toute la France a » propre pour ceux qui ne veulent
» admiré l'éloquence, n'étudiât point » que les lire. L'édition latine est
» les termes dont il se servait, et s'en » aussi beaucoup plus ample que la
» mtt si peu en peine qu'il compo-
9 sait en latin les sermons qu'il de- (1) La premâre ««c âe l'an ifi6i . 111-40.
» vait prononcer en français. Mais ce ^/"f •*" "e*^*' *2 ''"*'** **** •«oiom de c»
» Çrand homme ne pensait qu à la \^prim^s .n fran^ai, . de Umê,ni manihr» qua
* force du raisonnement , à la vehe- /«« Sermon» dtt Carême.
TOME IX.
'1
258 LINGEMDES. LIPPOMAN.
» française ; car de tous les sermons » comte soafirit ce cLangemenf^quor
» qui sont dans Fëdition latine , on » qnUl aimât de Lm^endes ^ maû il
» n*a choisi que les pièces, les pki» » ne haïssait pas CrosiUes , et voolat
» achevées , et seulement autant » obéir de honne grâce au roi
» qu'il en faut pour composer un ca- » Mais enfin de Lingendea foi réta-
» réme (a). » » bli (i). »
(B) // n*auait publié que deux ou" (B) Le poète de Liitgbndes étià
orages, ] Vun en latin , l'autre en son cousin. 1 Voici ce qu'en dit le
français : f^otit^um Afonumentum ah même abbë de Marolles (2) : tf A ecri-
urbe MoUnenù Detphino oblatum » vait avec rëputation dès les anum
anno i63q, i/i-4°. Conseils pour la » 1607 et 1610, et il se voit de lui
conduite ae la vie *. » un poê'mé pour la naissance de
» M. le duc de RetbëloiS', et cet autre
(ï) Jooraal âm Sâvan», du 4 <i*«mi 1667, » gi fameux au sujeidu bannissement
pag.mtS/i. » d'Ovide , qui se lit devant les Mé-
* Joly rectifie les titres de ces den onvraget: . ' u j i ^ j >.• j
le I*». it incituU : Nojeenti Galliamm Delphi- » tamorphoses de la traduction de
nourbit MoUnatuisvotivumMonimtniiunjPmri*, » NlColaS Renouard. » A- force Sm-
J. Camiuet, i638 ; le second • pour litre : Adns- ter PoUtien , si nous en croTOns Col-
réimprima trots fois sons le titre de Quelques ^ue Jt^oUtien même dans quelques-
Avis pour bien vivre selàn Dieu , Roaen, 1660 , unes de SeS pièces *,
li-iV ^*"'* '^' """* ^•"*^**"' *^*^» (C) Cette famille subsisU encore.]
Nicolas de Lingendes, frère de Vé^t-
LINGEHDES(jEAPr DE), natif que de Sarlat, fut maître ordinaire
de Moulins , et cousin du prëcé- ^^ ^ ^""^^ **" T*' 9^ \ ^?^^J^5 ^ ^
, I !; " ' ,,,V Tj. *^' pagne pour la négociation du m3-
dent , fut un célèbre prédicateur, nage de Louis Xllf avec Anne d'Ao-
et parvint par cette voie à l'évé- triâie. Il ëpousa en premières noce^
cbe de Sarlat, et puis à Tëvêché ^arie d'Abra de Raconis, tante de
deMâcon*. Il prononça Forai- S^^^^^L^^Tr* ' ^""^"^M^fs
^ .. J *, . '^VTTT t vaur, et en eut Charles de Linges-
son funèbre de Louis AlII , à des , maître d'hôtel du roi , sous-
Sain t-Deny 5. Elle fut imprimée doyen des chevaliers de Saint-Hicbel,
peu après (a). Il fut donné pour «t père de Jean-A-ogustih- de Li-cgei-
précepteur à M. le comte de Mo- "^^ ' capitaine de cavalerie (4).
ret (A) , fils naturel d'Henri IV, , /«î «émoî»» a» i'.bbé d« Mwiites, f. 4',
1. /» T ••* T 4*» a rarm. 1010.
an 1619. Le poète de LiNGENDES (,) Démembrement des ..tenr..
était son cousin (B). Cette famille (3) Art poétique, discours de F/ioqumes, r
•■•.___ _ /n\ 33, a /tf/în lia wliwite cioT par Bjûttet.JMe»"»
subsiste encore (LJ. ,nr les Poete* , num. 1448; pag. ,34.
* Le poète Lingendes mourut astei jcsae ei
* Il y fut, dit Leclerc, nomm^ le 1 1 noyem- 1616 , dit Joly qui «joute q«e c*est.à tort ipe >«
bre loSo , et il donna, en l65d, les Constitua Dietionnsire de Tréroox donne Lingendescoa«<
Uones synodales. ^' premier mi ait fait des stanecs en fraBçs»
(a) Voye. Vabbé de Ma„,nes, dans U ^outr.r'; !«?&!" '^'^ '" ''*'' '
Dénombrement des aatears qui Ini ont donné ^ 4 j j,^^ j„ ^^^^ OeUnt du moi, de /«•
des Uyres. xf~
(A) Ilfut donné pour précepteur h LIPP.OMAIÏ (AloïsIo), natif
M, le cornu de MoreU ] « Il n'y de- de Venise (A) , fut un des savans
1) tention même de madame la corn- re9. La première fut , oe me sem-
» tesse de Moret et de ses frères , le ble , celle de Portugal. Il était
„ chevalier de B^eU et de la Ferrie- évêque de Modon et coadjuteur
» re , on subsUtaa CrosiUes en sa , A , . ti /» ^ ^ ^^k
w place, qui leur ëtait auparavant «« Vérone , lorsqu il fut envore
« le plus agréable du monde. Le de Boulogne à Rome avec ^^*
IIPPOMÀN. aSg
[ues autres prëlats (à) , poar porte à BouloAie , et il / ahr&h des
ilaider ïa cause de la tf anslatîott ^^q«e<q«i, n apP^*?^»^ point cette
In rnrtriU Pan i^/ft <'tl\ TT ^ranstatioiï, étalent demeurés à Treti^
lu concile, lan i54b (B). II te. Cest pour cela qae les lëgats de-
vait opine iortement dans cette putérent un certain noiAbre d'ëvé-
ssemblée contl-e la pluralité des q^es an paj>e , pour rendre raison de
y^o, a OU w pape juies lll je » ijruaiard, Tantoée 1546. C'est uteo
appela an bout de deux ans (e). ^ très-bonne inypression. H Tint â
1 le fit Tannée suivante Tun des " ^f\^ trouver la veuve, et l'obligea
rois présidens d» concile (/). l ^t"^^^^ ï^^:^\^l
'auIlV 1 envoya en Pologne lan » patience, pour travailler à Vim-
556 , pour y réprimer les pro- ^ pression du second volume , Ca-
ves des protestans C^). H l'eleva " îf"'' f ^^Sf'^^y' ^"' fut achevée
1" * u*j^ D 1» i^tro " 1 année i555. ElTe est en la même
1 eveche de Bergame l'an 1 558, « forme et de la même beauté que la
t le fit son secrétaire (h), Lippo^ » précédente. Ces édifions sont mê-
nan mourut te l5 d'août i55û " ^^^^ d'bébreu, de grec et de toute
0. Il publia beaucoup de livres ''J^'T ^^ ^J"""^ caractères. « h ne
r\ n j-* ^ >•! £^ A* sais Comment accorder ceci avec pi u-
C). On dit qu il fit paraître une sieurs bons catalogues, qui marquent
;rande cruauté contre les^sectai- que la Caiena in Exodum estim-
es, pendant sa nonciature de P^i^^^^à Paris, l'an i55o. Les autres
•oloffne CD). ouvrages de Lippoman sont : Catena
^ ^ ^ in aUauoi Psalmos; une compilation
(fl) Palavic. , HSat; ConcU. Tiid,, m. X, ^^^ V^s des Saints , en huit vblu-
ap. Xr, num. 2. . mes *. Conjîrmatîone di tutti gti
(h) Fra>Paolo, Httt. dii Goilcile de Trén- Dogmi Catholici , con la subuersione
e ; ^i''; /A PJ*g' rit,7âf^ à l'imn. 16^7. di tutti ifondamenti detli moderni he-
(c) là '"eme lif.. IlÉ, pers lajtn, pag. retici , à Venise , i553. Espositioni
(^PaW. , Hist. Concil. Trident., lib, J?fe«;^';f^/''^f ^^ 'Simbolo apostolico ,
'l cap. II, num. 6. ' '^ ;^f «Ç ^^^Jr^ > f tc.
(e) /rfem, ibUterh, cap VllT, num. 6. W ^« «** qu il fit paraître une
(f) Idem , ibidem^ cap. XIII^ num, i. grande cruauté contre les sectaires...
(ff) Idem , Hù. XIIT, cap. XIII, num. 3. ©n Pologne. ] Selon l'auteur que je
yy^^^i:J'^^^P'X^^^''^»»\^ citerai, Lippoman fut le premier
(f) iifcm , lÀu/em . cap. IX, /lum. 4. nonce apostolique que l'on eût vu en
fk\ Ti '* '•* s-r j rr ' - T ce pays-là. li se servit du supplice dé
l.ULlTL'i^K ^ ^^'"**; ^ nf' ^"elq^es juifs pour intimider les hé-
is disent qn'd était d'une famille réHanp« A fAriU j>«^„^«* :i- .,1.
,- "" - « I-IU..X» «u qui «au son pe- femme avait vendu une hostie à quel-
"•œ^r>T!!^'iro™e -ï"- i"^^ • «^^ <ï"« - -P- -
'our plaider la cause de la transla- (i) P.Ut. , Hùl. Concil. Trid. . lib. X
[onJuconci/e, /'an 1548.] Les légats t^- xr. '
lu pape , ne voulant point continuer n ^?^ Ch^rniiw, Orignw de l'Imprimai* a*
c concile à Trente , l'avaient tnm,- "^ «) i!rt.iit?; ',t <*. J«,.« T-..™.
26o LIPPOMAN.
araieBt tiré » à coups d^aiguilles, une ( sUicet ) eoncilium Lotdeenu regn-
fiole de sang, pour guérir la plaie tù ad rogum damnaret, Lata in Jk-
de la circoncision. On surprit un or- dœos sententia, Hi ad roeum dedudi
dre du roi pour les faire brûler. Ils palam libéré dicere : a Nunquîmm
protestèrent de leur innocence sur le » hostiam emimu* uèl aciwus con-
pûchcr. Le roi ayant su comment la » Jiximus, Nosenun nequaauam en-
chose s'était passée , en conçut une » dimus hoitiœ inesse Dei cor^m •
grande indignation contre Lippoman. » Imo scirruis Deo nullum eorpm,
Néanmoins on fit une relation de tout » sanguinemife esse : et more ma-
cela sous le nom du roi , laquelle fut » non crtdimus , Messiam nonfuta-
envoyée à Rome , pour y grossir les » rum fuisse ipsum Deum , sedeja
documcns des miracles dans les archi- » unctum et legatum : Comperim
▼es. Je m'en vais rapporter les paroles » quoque habemusfarinœ nihil im»
de récriyain polonais qui narre ceci» » sanguinis. Ihstamur ad uUinm
Il commence par un reproche de basse » nos nullo sanffuine cput haben. '
naissance à Lippoman ( 5 ). Primas His auditis cruactitatis LippomaM-
id officii apua noS gessit Aloysius nœ et pontificiœ odniinistripicemer-
lÀppom&nuaF'enetus^nomo, utjacta denUm ori miserorum infudtwi
testantur , pen^icax et crudelis. Quod Tarn horrendum omni ex parle fac-
tanib miniis mirandum , quanto nus monumentis Romanis ùuertua
A.perm.nlhile.th«»iUc««.«rgiim.lu.«. ««/"^ miraculé i^ulgatum,r^isn^
^ mine , ad concilianaam va, jicUe /i-
Dioebatur enim eum incerte pâtre ^^^ ^ adpositv, Id scripti a Ms^
fuisse natum. Hune quamprimàm ^^^ traditum régi, indignaùontmû
nuncii terrarum in comitio uiderent, iramejusexciyit,animumquehLipf^
extemplb eum, compelldntnt : Salve, mano auertit. Unie rex in os dictn
progenies viperarum. Talemsereip- non eruhuit : se facinus illud immm
sa fuisse Lippomanus probai'it. Vi- detestari : et nequaquam adeo mm
dens enim dogma eorum de sano- captum esse , ut hostiœ isd saifH'
îissimo , ut i^ocant , sacramento in „g^ inesse credat *, Du Sanssai ^
magno persan discrimine y coacto gure que Lippoman fut si haï des sa
Loviciam pontijîcum omnis generis taires qu'il pensa mourir plusieoR
conuentu , h re sud judicdrunt exem- f^jg p^^ j^u^ attenUts {%).^-^
plum seueritatis , uel potiiis ferita- Sponde (g) prétend que le miraci*
tis , ad incuiiendum populo sibi ^^i p^^ut alors sur rhostie, enW
varenti metum , et dissentientibus j^g mains de ces misérables joi^.
horrorem in aliquo ex infimâ vul- ^^^ ioj^^é sur trois raisons : la def
gi fece idebque impundis statui,.., ^^^^^ f„t que le nonce Lippoœ»";
Hinc impetu in Judœos quam odio déchiré par les libelles des hércU
publico îaborantes , tam innocentiœ ques , et courant risque de U "«i
prœsidiis defectos , facto , très è gre- j^^^^^ besoin que la Providence lu'
ge eorum etfœminam quandam Do- conciliât une grande autorité. Sudl;^
Tolheam Laziciam in vincula corne- j^g Hosius, évêque deWannie>\^
cemnl. Capita accusationis hœc fue- soigna une extrême indignation <i|
runt ; Laziciam cîim de more solenni ^^ ^^^ Pierre-Paul Vergicr, àéiÔJ^
aniè Paschatos festum ad sacram un livre au roi de Pologne, avait de;
communionem accederet , occultatam gg Liopoman , nonce apostolique,»
in ore hostiam Judœis yerididisse : une <fispute publique dont le roi «^
hos acubus eam confîxisse : indè am- ^^^ jg i^-g (\o),
pullam sanguinis, quo ad sanandum
infantium circumcisorum vulnus opus « i^i^^ prétend que le loag pw»»» ^ ^
habeant , collegisse (fi) Mandata bieniedoi proare ^m cet aateur etl >»'Si'
nomine regio aa Borcum (7) per diS' »o«ie croyance. ^^^
positos équités misère , ut Judœos ex («) T'ntùm m odium seeutriofwnj^^
mente Ugatl apOStollCl et Spintûs S, jj,,^ prcteg0nte inJoUunù revÂuI. S>f^'
in Coatinoat. Bclbrm., de Script ecciou^'
(5) Stanitlani Lubiraiccini, Bill. Rcfomutio- num. 4 7.
BM Polonic» , pag. 76. (g) Jtf tuuu i566 , mum. 7 , pag. «• »>'
(6; lii mime, pag. 78. (,o) ^qr*» V/pUre dédienUnrt i» f»»^
(7) Citait U gouverneur du lieu, «TRoiius eùnlre tee Prolégomiftcs de BfOt)»-
LIPSE. â6i
LiTPSE (Juste) , en latin Lip-- rieure de TiçKse rétormée , il ap-
lus '*y a été un des plus savans prouva publiquement les princi-
ritiques qui aient fleuri au XVI". pes de persécution qui se prati-
iëcle. Je pourrais rapporter beau- quaient par toute l'Europe con-
;oup de choses curieuses sur son tre cette église. On Tembarrassa
:liapitre ; mais comme d'autres étrangement lorsqu'on lui fit voir
a) les ont déjà ramassées, et les conséquences de son dogme
l'ont pas même oublié ce qui (C) ; et ce fut sans doute Tune des
concerne son éducation et la raisons qui l'obligèrent à sortir
>réiiiaturité de sa science (b) , je de la Hollande. On lui avait offert
me vois réduit à ne parler que une profession à Pise , avec pro-
ie ce qu'ils ont négligé. Un des messe qu'il y jouirait de la liber-
plus grands défauts qu'on repro- té de conscience (D); mais il re-'
che à Lipse^ est l'inconstance en fusa cette vocation « Il se fixa à
matière de religion (A). On fon- Louvain, oiiil enseigna les belles-
de ce blâme sur ce qu'étant né lettres d'une manière qui lui fut
catholique il professa le luthé- glorieuse; etily mourut le23de
ranisme pendant qu'il fut profes- mars i6o6j dans sa cinquante-
seur à lène (c). Ensuite , étant neuvième année. Il se trouva des
retourné dans le Brabant , il y protestans qui ne secondèrent pas
vécut à la catholique : et puis , la passion de quelques-uns de
ayant accepté une charge dans leurs confrères , pour diffamer
Vacadémie de Leyde, il y fit pro- ce savant homme (E). Il se ma^
fession de ce qu'on nommait le ria à Cologne avec une veuve, en-
calvinisme. Enfin il sortit de viron l'an 15^4 » et il n'en eut
Leyde , et s'en retourna au Pays- point d'enfans. Quelques-uns di-
Bas espagnol , ou non-seulement sent que c'était une très-mé-
il vécut dans la communion ro- chante femme (F) ; mais il assure
maine , mais aussi il se jeta dans qu'il vécut en paix avec elle. Je
une bigoterie de femme ; ce qu'il ne sais si je dois dire que son
témoigna par des livres impri- écriture était très-mauvaise (G),
mes (B). Ce qu'il y eut d'étrange et que sa conversation et sa mine
dans sa conduite , et qui ne lui ne répondaient point h l'idée
a pas été pardonné , fut qu'étant qu'on s'était faite de lui (H). Ses
k Leyde dans la profession ex té- amis ne rabandonnèrent point
^ après sa mort à la critique de ses
* Joly renvoie au tome XXIV des Mémoi- «i.-^^e^r-^^ fi\ i^ :i "t»»^** jt
res de Siceron , en ajoutant que dans les An. adversaires (I) ; maiS il était dlf-
tiquUtUes romcuta àe¥sp\Àn^y réimprimées uClle eu bien deS choseS défaire
à Leyde en 17 13. in-S-. , on Toit divers ^^ apologic. Je ne mets poiut eu
iraites de Juste Lipse qui ne se trouvent 1? 1 «■ />
pas dans le recueiide ses œuvres. , ce raug-ia ce que le perc Garasse
(fl) jM;.Teissier, Additions aux Eloges de se crut obligé de ceusurer W).
M. de Thou , tom. 11^ pag. 38l «< a32 ; Bul- » • -^ '1 -n
lart. Académies des Sciences, «omT/J, />««-. Lipse Se Vit aCCUSe pluS d UUe
"93- fois d'avoir été plagiaire , et ne
(6)BaUIet,Enransce'Ièbres, DAfi-. 184. „^„1.^* «^:«# J™^ J> J
(c{c.ite^Vc5*tond«rfl„„V.«5/u5i'a« ^oulut pomt demeurer d accord
an, Lipsins , epist. Lxxxvil.ceitf. iiiMis- qu'ou l'en accusât justement (K).
t'^%Ci'^\':^^i^i:X::;. ^^ » •»» ««t"» '« ?>«» grands
nd Gfrman. et Gallos , p4ig. 70». (rf) yojret la remarque (I).
/,
ranle
362 LIP5E.
UBTÎh , k quoi il ail été exposé, la rationem' redifere potset , ddectim
maladie qu'il gagoa daus iin re- '%î ""n'^PY^f?^' qu^mJcman
pas (L). L. est une chose étrange Christo , ^o^w abnegdsset tt dtu-
q^'un style latin aussi mauvais ruiss€t ; rupondehat mSû in àm
que le sj^en , ait pu créer une *'*^ ^ *" pne^entid M, Heuncih-
secte dans la république des let- ^ST V'&''''i^ ""^^ ^ntmykm
««w »• .p*l^^w ^**^ » ».» j^^ Schlusselburgi , ('diu anuccrt
très (M). yoye% en note une coUega t Ego ChrUtum non abruti-
ÎAaie de M. Teissier (e). ^î , /lec desenù^ Ucèt lue luthemm
J'ai déjà parlé (/) du mépris doctmnam non profiuar,etcmd:
»•! ,»-*♦:«/-.-.« -^Iio;„«^:«^.j^ vuuanis converser, Wam omms rcli-
qu il s attira par ses Histoires des • ^^ „„i,^ ^^jjgj^ ^„„j „y^ „,„„
miracles de la bainte Vierge ;. et idem. Et apud me lothenna d
mais je ne savais pas alors ce que calFinistarumaoctrUiaparipassuaBh
Joseph Hall " »•■'>-
Cela mérite d
credo , càm hœc religio œquk ta
(e) Lips«, après avoir t^tj'tts^'à sa qua- probeUiT ac isia » U tandem poubjir
nU-cinqu&me année dans la reUgion ^ium futurum , ÇualU imûo fmli.
protestons^ embnusa la catboiigtie,Teiaêierf ^tj •' ii^ jl- J^rimb
Addition, ;«« Éloge,, tom. ll,pag,Z'^\ ^^ Ç*^ responâebat, sJnpen^
édit. d*mrecht, ië^.Il aidait vingt^inç esse. Stcutiet et^enU^UsteijUusm
MU lorsqu'il se Jll protestant la première de inuocandd Hallensi Maita v«,
fois. Remarquez en passant da«5 ces pv(^
{/) Dans la remarque Çà). les Je zélé outré d'un rigide lath^
rien. Schlusselburgins nomme apo-
(A) Un de ses plus grands défauts stasie et abnégation de Jésos-Ciirûn^
....... est l'inconstance en matière de changement de luthérien en cam*
religion.'] Le récit du docteur ScbVas- niste. Je pourrais citer beaucoup 0^'
selburgius ne sera point mal placé çrivains qui , sur le chapitre ae u
dans cette page , et nous apprendra religion , ne regardent Jaste^ h^
aue Lipse comptait pour la même que comme une girouette; mais qu"
[iose (Tétre luthérien, ou calviniste, tous suffise de trouver ici le jagem^'
on paniste. Talis ambiguœ pelargi- de Boéclérus , et Fairis qu il ^o^nc
eœ fiaei erat Luoiani iimUis , cothur- aux étudians. Nonfuerit openxpTt-
no uersatilior et èficureus philoso- tium , àii-i\ (o^) y s ingula examine'^ >
pkus y Jostus Lipsius , olim cottega chm potiks unit*ersim monendi n/^
meus et professor oratoriœ facuUaiis jut^enes studiosi , ae taies ans^^
>» uniyefsitat^ J^n^nsi . in TTuârin^ nés T.insin -VAlint maeristro dlSCCK»
d , uhi ma^
3 reiigionu
^ jifimiahat ^
ut unam , œternani et diùinam ueri- eepa ^ ragus , in omnes formas n>°'
totem agnoscere , romanique anti-- taoilis : qui modo aliquid ^^^)
christi idololatriam et blasphemiam modoadimererurskmeu^iat:i^^^
damnare.. Ad Lugdunum Baiat\ ue^ neoesse est accidere homiid vt^<^ ^
niens , fiebat apostata , ut Pelargus, gione serio nunquam imbuio , f^^f^'
àbnegdbatque agnitam et adproba" rumque litterarum penitUs exp^rtt.
tam veritatem ; quamt^is hoc diffite^ (B) // témoigna sa bigotene Pf
retury dicens se christianum esse , des livres imprimés.\ L^un de c^
née Ckristum deseruisse, nec abne- vresapour titre : Jusli Lipiii- "^^
gdsse. Id de hoc uiro uerè dieere et yirgo HaUensis : benejicia i^^
testaripossum. JVam càm ad ipsum
anno Christi M. D^ LXXXHy œsti- (i) Conradot SchlnMelb. , in R«P<**'?'^
*»o tempore in reditu meo ex Antuer- ctlamoiofum Scriptum Cbriitoph. ^^^'^
piâ , w academU Leidensi , ubi pro- ^7;*»^ » V4 "55 * ^*'"**' ** *""^ '
Jessor erat, inidserem , ut veterem (,) Boîderu. . DÎMerui. de PoliticUliP''
amieum, et ex ulo quœrerem , qui cap.K^pag.i^^^i^
LIPSE. â63
wniraeulA fide atque ordine descripta Quekpies protestans Remirent con-
C3). Un a«tre intitulé , JusU LipsH tre lui d une -grande force : il ies
Jt^iva SicàènUertêis sive eupricoUis : laissa dire , et ne répondit qu'en trés-
wtoifa eius bénéficia et admiranda (4)* {x^n de mots à Tun d'eux : voyez sa
31 y aaopte les plus petits contes et Hejeetiuneula a la fin de la f^irgo
les traditions les plus incertaines^ui AêpricolUs. On souhaitait qu'il se
se punissent ramasser sur >ce sujet* dëfendtt contre Pautenr du Traité c/e
Quelques-uns de ses amis l'avaient Idoio ffallensi (8) , et contre Thom-
^vonla détourner de ce travail , et ilm «on (9) qui le réfuta entre antres ma-
avaient allégué l'incertitude de «es tières surla f^tr^o t^ic^miensis ; mak
'Kraditioiis , et le tort qu'il se «ferait ; il refosa de s'engager dans ces dis«
mais leurs conseils ne le purent dé- putes (10} , et fit sagement. Vove%
t^oumer de son entreprise. j4t mali dans la remarque (E) ce que Baumus
tamt morosi quidam et prauè sapientes disait des livres de dévotion de ce
Tson occuhè déterrent aut improbanty critique. Voyez aussi la remarque
Zanquam h notrationibus pariim oei*- <N). «
tis , ut aiunt , et opinione seepe nixis, ^ Il ne faut pas oublier que l'on a
^ofi debere taèibus obsoUfiefi aucto- dit que Juste Lipse ne composa de
T'ilatem noitram si quant habemus , tels ouvrages qu'a fin de persuader
€iisse9Uio (5). Les vers qil"il fit, lors- qu'il n'était point tiède et in^fférent
c[u'il s'y donne , qu'à cause des hom- vrages de commande , et que les je-
mages excessifs qu'il y rend i la suites les lui extorquaient. Kspai-
Sainte Vieïige. Ipse pennam argen- ^nç Lojotitœpreeibus, quœ fim imperii
team {noc potuit pretiosius quidpiàm) apud lÀpsium habenl ^ hanc operam
in templo antè aram f^ipginis suspen- ab eo pet extorserunt , pel eblanditi
dit , et pios hosce versus subscripsà : sunt ; t^l utrumque. Nom ut ipsi ho-
Hanc, DrvA , Pbv5a» iaterpreiem mentis TMitermoHim possident, ita ipse illis
néo'Xii^p-^'^àùi nÛiil negare potest {11),
Per«Iu»p«ti«antBToUTii«therw, En ce cas il peut être compaéaux
S.r.iS:?P™±r;s:;S:;uî"'"' ■ Ple»«m6esà lou.ge ,ç.icriaientplus
Ofcrau lemper, aaMqiiB CoMCTikHTiAai que les parens du défunt. Le poète
Dracribere, et vulgare; ^a» Citilia , Lucilius noUS l'apprend :
Qo« KiLiTijtiA atqae poliobcitica :
QaB,R.oKA, ■AamTimiJf an adstmxit tnam : • Mereede auof
Tariaque lace scripla prisci nccali Ccnduetmjlent ulieno in funem prmficm ,
Affecit , et perf odit î hanc Pbitvak tiU MnHù H cupMot seindunt , M ebonant magu.
Nanc, DirA, menih conaecravi Livtioi. Horace n'en dit guère moins :
^.m aumioe Ul«c iocTioala aunt luo. ^ . ^^^^ ,„,^ ^ , ^^^
P«r,* é bcDipritatif anra perpetim Eà/acmnt pn^è pbun doUnUbus ex antmo :
H«c ipirci I et fan» fagacia in TÏcem , p . ^ laudator* movetur (i 3).
Quam Pkwba peperit, ta perenne gandmm ' » «•««««'r» movecar ^is;.
Viumqne , Oita , Livaio pares tno (6). (G) On l embarrassa étrar^ement
Il légua , par son testament , sa robe lorsqu'on luijit uoir les conséquences
fourrée à la même Notre-Dame ; ce de son dognie de la persécution.] Voi-
€|ui fît dire qu'il en usait de la sorte, ci ce qu'on trouve là-dessus dans le
parce que les miracles qu'il avait ^gj ^. Teisai-r , Elog. , tom. Il, pag, 383,
tant célébrés mouraient de froid (7). U nomme Lingelmius : UfaUaà dire Liogebhe-
i_. _, , ,, ^ , miui , qui n'est pourUtnt point l'auteur. yore%
3) /( /• eomposa lan i6o3. l'article LtHomiantiM, dans ce volume , p. a54 .
^) Il le composa fan tOo^. remarque (A).
I\^a*k'"V SPi ^^^'^'TT'J^ "ï* '!?• (<») M, T«.»wr . là m6ne, U nomme Thoma-
Oj Aabcrt , Mineua, m Vita Lipsii ) 0. m. 93. "*' ' ' «i -«»»•«•
n) Cui Virgini Hatlensi marient laeemam *y'.-,. .«?•.«*••• ,
juam pMieeam testamento legavU : in quo , (") Mir»..s , in Yil4 Lip^ii , pag. i4 , aS.
non potuit, quinfacetorumhominumurbanita^ (ii) ^ojv» Crenins , animadv. Pbilolog. et
tem incurreret, qui quidem ridieuli, sed non HistOP. , part. 1^11, pag. 55 , qui n'oublie pas
admodum religiosi, ideb laeemam pellieeam t« passage de Scaliger dont un voit une partie
Kirgini un relietamajehant, qubdefusmirtt- dans la citation suivante. Koye» autsi ta
euUt , quai tantoperi in eœlum laudihus effere- XXVII». lettre de Patin.
httt^frigerent ad populunu Nieins ErjtKnBas , (i«) Scalig., epist. G Vf , lib. tl.
finacotb. III, pag. 6. (i3) Horat. , de Arte poel., »s. 43i.
2i64 LIPSE.
Commentaire Philosophique sur con^ » çant à baisser comme oeloi àt Pé>
trains-Us J* entrer (i^). « Tai ru un » ridés, lorsqu'il se laissa entoartr
» autre embarras qui a du rapport A » le cou et les bras d'amulettei et à
» ces matières daus un traiUS ae Juste » remèdes de femme; et étant tout
9 Lipse. Cet homme ayant été ruine » infatué des jésuites, entre les bru
j) par les guerres du Pays-Bas trouva » desquels il se jeta lorsqu^il rit que
j) une retraite fort honorable à Leyde » le petit méchant livre en questios
9» où on le lit professeur , et il ne fit » serait regardé de travers en Hol-
3» point scrupule d^abjurer extérieu- » lande : cela lit qu^il s^évada farti*
j» rement son papisme. Pendant ce » vemenlde Leyde. Pour reyeoiran
» temps-la il fît imprimer quelques » petit livre ^ c'est une méchante
3i livres de politique , où il avança » rapsodie de passages qui autorisent
» entre autres maximes qu'il ne faut » toutes les impiétés païennes sur
j9 souffrir qu'une religion dans un » quoi on fondait la persécution bor*
» état , ni user d'aucune clémence » rible des premiers chrétiens , et
» envers ceux qui troublent la reli- » d'autres passages qui disent tout le
D ffion, mais les jpoursuivre par le » contraire. Et comme l'auteur dV
3» fer et le feu , aun qu'un membre » sait avouer la force de ces mots
» périsse plutôt que tout le corps. » £/ne, 5eca , il se servit de méciiaD-
» Clementias non h(c locus. UrCfSC » tes distinctions qui revenaient à
» ca, ut membrorum potiùs aliquod, » ceci , qu'il ne fallait faire mourir
» quant totum corpus intergat (*). » les hérétiques que rarement etse-
I» Cela était &)rt malhonnête à lui , » crétement , mais que ponr les
j» entretenu comme il était par une » amendes , les exils et Tes notes
» république protestante qui venait » d'infamie, les dégradations, il ue
» de réformer la religion ^ car c'était » fallait pas les leur épargner. Tout
» approuver hautement toutes les ri- m cela tombe par terre par les ré-
» eueurs de Philippe II et du duc » flexions ci-dessus. » Nous rappor-
j» d'Albe. Et c'était d'ailleurs une terons plus amplement dans VM-
» imprudence^ terrible et une exé- tion à cette remarque ( G ) ce qui
» crable impiété , puisque d'une concerne la dispute de Koornbertet
3» part on pouvait conclure de son de Juste Lipse.
j) livre qu^l ne fallait souffrir en Koôrnhert n'est pas le seul qui Tait
j> Hollande que la relieion réformée, maltraité sur cette matière ; car le
» et de l'autre , que les païens ont je'suite Pétra Sancta ayant fait des
répondu (i8) : Conquennt
» Théodore Koornhert ( 1 5), et poussé Je autore notarum swe stricturaran
» dans l'embarras ; car il fut obligé in proditoriam Justii Lipsii Episio-
•n de répondre en louvoyant , et en lam , qui quiim in JBelgio faderalo
» déclarant que ces deux mots Ure, uixisset , et illustrissimorun ordinm
» seca , n'étaient qu'une phrase em- stipendiariusfuisset , postquam insa-
j> pruntée de la miîdecine, pour si- lutatis hospitibus benè meritis abiissel^
V gnifier, non pas littéralement le feu stylum in eos conuertit , et advenus
» et le fer , mais un remède un peu rempublicam eorum , consilia submi-
» fort. C'est dans son Traité de und nistrauit. Quisfueritautorstrici^^'
3t Reli^ione, que l'on voit toutes ces rum illarum^ seu notartim fdUeorfM
» tergiversations. C'est bien le plus
» méchant livre qu'il ait jamais fait, (^6) yorë%, touchant cet Strietor», ^^ p
» excepté les impertinentes histoires marque (E) de l'article PoTEAifvt, lom. XH-
» et les fades poésies qu'il fit, sur ses - («7) ProdiU etiam rtcentis$imh dumh*t
%. «-:a»»4/^..«.o <m..^.-Alr*..tto ^.YiovxaIIab seribo . calumnut eadem de sociHalt noiv* <*
7 i"\?. "' sur quelques chapelles iibello^uemauctorimcnbU,Sir\cxutar>'^^^
» de la Vierge , son espnt COmmen- « in quo impHmis acerbusimè invehUurinJ"'
tum Lipsium. Petra SancU, Not. in 'P'^
(i4) Comment. , Philo*.; //*. |»art. , p. iSS Molinaei ad Balxacom , pag. c)6. Le livre i'^*'
et suiv- ira Stnet» Jut imprimé ranièS^.
(*) Civil. Doetr., '. 4 1 «• 3. (i8) Rivet., Gaiti|at. Notarnm in ffitl w
(iS) y^orê% la remarque (C) de VatticleKjooM^U' Falxacam , eap. X/i, num. là Operumi^'
.«T, io«t, rm, r»i' »4. ///. F««- «35.
LIPSE: 265
i^noran t sed quUquU iilç fu^rit , pâbliqaeraent ( da ) , et que dans
jjatriœ fuit amarUissimus , et Lipsii une oraison funèbre qui fut impri-
J^xiudium eallentissimus JYescio mée, il déclara que Dieu araitdon-
43/t cui LipsiaruL tanlopevè placent , ne à son église la maison de Saxe ,
et qui ifersihus delectari t^iaeris , li- pour ruiner la peste de la papauté.
henter ledurus sis eos quos anno 1 579 De bello Smalcaldico locutus causco
jjrœfixit ad Zelandos libro adt^ersiis bonitatem à Saxone, fortunam ei
tenebrionem quendam, Editifuerunt martem ab imperutoi'e steUsse dicet ,
Zum Leydœ apud Andream Schoute- et Saxonic0n generosankstîrpem
zium,et quo animo fuerit , aut esse ad Dei hostes extirpandos, errores
yinxent, indicant.uiudiillumj . evertendos , pestem pontifigiam ejc-
cindendam donalam diviniths et con,'-
Duplîcî. He.perii rapî.tîs TÎncla tyraoni cessom EcCLESliE esse (a3). On aVOUC
MaUioci : atque armis asseritispatriam : ..| ■ • «. ^ t J
Asseritiaqae fidem, palrum aed lurbat Ibe- qu il ne Communia poiut a Le^de ^
rua. mais on prouve (a4) P^^ plusieurs
EcceiierUm «cceCdemiarbaibicardelio. extraits de SCS lettres, que pendant
Teram alii patriam: led ta, Feusnee, tuen 1-» ,' «i 1 •*. r
Perge fidem, «t Gdei qai faciont tenèbra. V^^I sejouma il regardait la cause
Scriptis Hlueere ta» ; sont vera ministri des Espagnols comme le mauvais
Base munia , ingenio digna lûo et genio. parti , dont il souhaitait la ruine , et
•,. , » ^ y. .^ j qu'il lui échappait plusieurs exprès-
rides quo loco tum Juent apud ions qui sentaient le protestant <a5).
J^psium Hispanue rex , quo romana yoici des circonstances plus préci-
fiàesetreligiotqutposieafactusest g^^ ^^ ^^^ ^g^^l^ avec Théodore
rehgionis transfuga, infide et con- Koornhert. Dès que son Traité de
stantiam Axxo^rço^jtxxoç, ut loqmtur politique, où il approuvait les per-
Wontacutus (19). Ces vers de Lipse J^cutions de religion, eut paru , l'an
deshonorent sa mémoire , qiiand on ,5^ Koornhert , grand zélateur de
les compare avec 1 aveu qu'il a fait , la Tolérance, lui eWit son senti-
cîu'iln était a Lejde protestant qii'en ^^^^ ^^^ ^^ livre-là , et ne laissa
apparence , et que son cœur e^it -^^ ^^^g réplique les réponses qu'il
catholique. Voici cet aveu : 'Sedal^^i^^tiet enfin il publia un ouvrage
t^a calumnia, m religione mutavi. ^^^3 jj ti^^e de Processus contra h^
^ego , m sede uestra , non m sensu reticidium et coactionem conscientia^
Jm, et ut m peregnnauone corpons ^^^ jj ^^ ^.^^ ^^^ magistrats de
non amnu requiem illic elegu In Ley de , et en envoya des exemplaires
Umpore , ut meum ingemum est , ^ui magistrats des autres villes , et
quielh modesteque me habui : an in j^g ^^^^^^ . se donner bien de garde
sacra aut ntus uestros transwi? nec ^^g gentimens de cet écrivain. La pu-
irnpuihntta hoc dicet( IÏ0). noyait bUcation de cet ouvrage chagrina
beau faire et beau dire; lui et tous ^j ^^ ^^^^^ ^ ^^^^ „^ ^^^^^
ses apologistes étaient incapables d'é- ornement de l'académie de Leyde ,
luder les preuves qu'on alléguait ii obtint des magistrats un acte de
pour faire voir que son style avait complaisance quî pouvait le qonso-
Y ^Z* Tr^ '^ ' X^.T- ' '■ c«t auteur , en leur dédiant son livre,
devant Tilemannus Heshusius qui ^^ ig„, ^^ ^t fait ni service , ni hon-
était alors (ai) recteur de l'aca- „g„ ^j ^^iU^. . .y, „.i„terdi.
demie . ju ù embrassait sincèrement ,^j^„J pourtant son ouvrage 5
la religion luthérienne , communia q„,j,, ^^ pe^etuient la lecture aux
habitans : mais qu'ils les exhortaient
pu'«?.!pJL^«rH":rri5l'ntUti/2::^ «»»" ^^ lirei'exceUente réponse de
tuo Rotweido , in Antidiatrihis ; ibi Lipsii ba« r \ o r
bebis Utinitatem et erudîtionem expeoMm, et de . v'*) Eamqxie profesnonem sacra eanœ ibi-
ca iudicittin quod tibi non arridebit. *•*" «"" /« eommunicabone pubUcè ohsignaviU
(.0) Lîp.in., in RejectiuncttU, ud ealeem ^';'t\^'J'' "**'° ?*"'°1' '.f**;- '7' ^
Virginia Afpricollts. C'^) Dmert. de Idolo Hallensi, pag. 16.
(ai) Cest-k'tUrBf vtrt lafét» de taifH'Mich»l {»4) Jbidem^ pag. aa ef seq,
1^73. (aS) ïbidtm^ pag. 17, i8«
3t66 LIPSE.
Juste LipM. Ds déclarèrent qu'ils es- ni operu , qai est le V». de ion Trait
tunaieot très - parttcuUéreaient ce de Poliêicis JusU L^siù Usez m
professeor. Cet acte ne le contenta pariées {09) 1 iUud non omittenduR
yM pleinement, et il ne fat pas bien est, quo seipsum prodà damneUfu
f «*»« ^'apprendre que Koomliert , re- Lipiiuê ; œiemo cum dedeconfana,
levé d'une loagoe maladie, travaiUait quant unam uidetur in omni witâ mt
à répliquer. On dit que par la faveur sitnsse. Cum enim in prioribos Poli-
de quelques villes il tâcha d'obtenir ticoram suorum editionibos lib. j,
que les états de HolÉlnde défendis- cap. ^,proUbenate religionis, adw
■ent de réfuter ses écrits de politique; sus pontificiam orudelitatem et Hispi-
mais que Gérbard de Lange, bourg- nicam inquisitionera (qwannemk-
mestré de Tergou , s'y opposa en se nus unquamprobavil)quœdam$crf
servant de ce discours : Si ce que sisset : in posterioribus editioaikt,
Lipse a écrit est urai, on ne pourra tanquam non h neÙgione modôj «^
ie combattre aue faiblement , et nous h sand simul mente defecisset,paT-
Y serons confirmés par cette faiblesse tim omisit ea {scilicet quœ in Frein-
même des écrits que ton publiera shemianâ editione reponuntuT n. 1,
contre : mais si quelqu'un y découvre Q, la ) partim simplieiter et mgenw
ce que nous n'y voyons ^as , quelque dicta mutavit. Boécléras rapporte
fausseté dommageable a la patrie , quelques autres changemens desex-
quel mal fteut faire la correction ? pressions de cet homme,
Lipsc se retira de Hollande peu après, (D) O/i lui await offert uneprofa
•ous prétexte d'aller faire un petit fion à Pise, avec promesse qu'il r
tour aux eaux de Spa pour le bien jouiraU de la liberté de consaenee.]
de sa santé. Il ne revint plus , il ren- Acidalins raconte (3o), qne Merw
tra dans le papisme , et protesta dans rial , nécociateur de l'affaire , lui
«^-.1-.* fci u^^^. j. « .> -.«^ le grand-duc avait /ait
une chaire de profe-
, . « ,* . ^ -^«. -«-o .académie de Pise, itk
fessé une autre ^uandil s'était trou- . le privilège de croire tout ce qui
ré aux lieux ou l'ancienne n'était voudrait sur la religion, et que «
pas reçue. Cela fait croire à bien des prince avait obtenu à Rome cette t^
gens que c'était un hrpocrite. Quel- férance pour ce savant homme, h
ques-uns crurent que le chagiîn que ni^me temps Acidalius ajoute quek
lui causa Koornhert , et la crainte bruit courait que ce professeur arut
que les Hollandais ne succombassent embrassé la foi romaine en AUem^'
dans la guerre contre l'Espacnol «ne : et il assure que Lipse , en rcfu;
(«7) , le firent changer de parti. Quoi gant la chaire de Fisc, nVaitallegw
qu il en soit , Koornhert , détenu au pour raison que l'infirmité <1« **
lit , et atteint de la maladie dont il santé, et la Astance des lieux, »^
mourut, ne laissa pas de travailler à loneinquitatem ^ et vaUtudidsi^'
sa répUque , et de l'achever. Ses hé- cilUtatem, Il n'avait garde d'allégnw
ritiers la firent traduire du flamand son protestantisme 5 car il était aseï
en latin, et la publièrent (a8). disposé à k profession publique de
Il faut noter que Lipse avait fait la religion romaine. Mais néaniDOU»
couler quelque petit mot contre Fin- nous voyons ici qu'on le prenait «n
Suisition espagnole , aux premières Italie pour un très - bon eàii^^
ditions , mais il l'ôta des suivantes, te , puisqu'on lui négocia à ^omt»
Boéclérus lui a dit là dessus ses véri-' liberté de conscience. 11 y a ^^^
tés dans le chapitre de nœuis Lipsia- lettres de Lipse (3i) d'où nous pou-
^^ vons inférer qu' Acidalius était m
(96) Ce fui eken les femites de Mt^mee ^u*il
fil son abjumiion. Il souhmit^^u'Me detmwdt ,, «
eaehe'e pendant quelque UmpKVoretVLxnea»^ in («)) Boetlerns, d« Polil. ÎAfnt , pag. Wi
VU« Lipiii , pag. m. 17. (3o) Dans sa W. lettre , /erite de tw'f"
(37) F'oje» Grotiiu, Hûtor, , Ub. V, pag, m. /» mois de janvier i5gs. ..
378. (3,) La /". de la centurie «d luto ^ ^Jj
(a8) Tir^ de quelques extraiu latins que Von iHno» , et la II I*. de la III: eenuirie «*
m'a communiqués de VH'itXaxre flamande de U gai. Dans eelle-ei il dit que le P*^""ZtA
Rifondetion dcGérhanl Brancft, pag, 765 et de venir à Borné t Ipte ^onAîgt eêfal b»*^
eeq. , ad ann, iSgou tcceater nimc me BomiA invittvtt*
LIPSE. «67
instruit de ce qu'U didaU ; mais non desunt nohit rationes quibut sœ-
elles ne parlent pas de Tofire de la culoplanumetperspicuumfiet,Qaià
liberté de conscience. aoliduia crepct et picte tecfcoria lin-
(E) Il y eut des protestons qui ne g»» (36). lï nous anprend dans la
secondèrent pas la passion de quel- même lettre, que Scali^r avait trou-
ques-unsde leurs confrhres, pour dif' v^ fort mauTais que Thomson eût
Jamer ce sauant homme,'\ Un minisire îa^t un livre si vx<^ent contre Lipse
nommé Lydius , voulant publier les (S;). Il dit aussi <|ue c est ignorer les
lettres que «on père avait reçues de lois de liiamanite, et les droits des
Juste Lipse , fut insUnunent supplié belles-lettr^ , que de prétendre que
Êar Baudius de ne le pas faire ; par ks savans doivent épouser les uns
audius , disrie , qui sachant que ly- contre les autres l^s guerres d état, et
dius persisUtt dans son dessein , se les querelles de religion , et que pour
prépara à écrire contre lai en faveur lui il ne suivra jamais ces maximes ,
de tipse. Perstat in ineœpto, utser- pendant qu'il lui restera une goutte
wionewi tuum audio. Sed quia sibi de bon sens. JVon dissimula j nec un-
sunUt eam UcenUam u$ faoiat qum Çuam dUsimulabo , inlsreedere mthi
sunt, contra morem bonorum , contra cum Idpsio, extra causamrel^wniset
Jas getuium , conf rà jus humanitatis : Ubertatis , ob quam publicè belle de-
Jaxo dicat se nactum, qui hdc in eertamus, ommajurasummosnecessi-
parte causam amioi et quondam doc tudinis, quœ cum ullo moHali esse pos-
tons indefensam esse non patiaiur 9unt. JVumquam lUdrunt Gn^is , et
(3a). Ce n'est pas que Baudius ap- ignorant quid humaniores Utterœ ,
prouvât les deux ouvrages de Lipse quidhumanitas ipsaflagitet, quiob
sur les miracles de la Sainte Vierge : ««*» rem ustatasimmicitias pronuscue
au contraire , il en parlait avec le omnibus indioendas esse arbitrantur.
dernier méj^ : mais il croyait que /» eo oensu non erU Baudius, quam^
les lettres que les amis s'entr'écri- ^^ sanam ammi mentem obtmebit
vent doivent être un secret inviola- (38). Grutérus, qui avait des lettres de
ble (33). iVb« au^rf ejus Divas uUo Lipse, ne voulut^amaisles commu-
^ colore defendipossecenseam, sed in- mquer a ceuît qui les lui demandè-
Usrim non est tollenda è t^iid uitœ so- rent, pour en faire part au public.
cietas,quodfaoiuntquilitteras,hoc H ne voulut pas fournir des armes
est amicorum colloquia absentium , contre 1 honneur de ce savant hom-
forhs éliminant m) Deest seilicet me- -^V*" eptstolas amici multi a
hostU, et seges ac materies metendœ mepetierunt, qiùbUs sewpernegaui
gloriœ nonsuppelit, nisi ex labe et quod nollem quidquam ex us depromi
ruina ceUbratissimi in Utteris viri, et ^ndè ei aliquid inureretur infamiœ
uia pupucauone f^treinum^ quious -^s-?*-»!-^ •«*««« ^-^ — .|,»^ ~— ^ — - ^
sœpè incolumi auihore lumUfragium ne avait ecntes a Camerarius : il les
exoptayi (35). Encore que Lydius fût offrit à Goldast pour être imprimées
un grand prédicateur, Baudius ne (40- Goldast avait déjà fait a Lipse
laissait pas d'espérer d'en avoir fort la supercherie dont j'ai parlé en un
bon marché. Eliamsimultiim in con^ autre lieu (4^»)-
cionibus valeai , vereor tumen ut hic (36) Bsaaivs, epiit. LVI, wnt. IT, pag. 341.
stare possit. Fervida ingénia plerumr (3?) ^f" «'* '«"« '»*''» inerttdUum^ et tfuod
que tnolenUam naturœ et nrofundam "^f"*^ seripiorem multmjecuonis • w. quod
" I :•."■*"•*•""* r«»««M M? c* i^f vj »*»*t*» • tuprà modum modestta ^ervescUy quo nomme
ambltionem velare soient prœclaro gti^m serib reprehentus est ab hen>e ScttUgero.
schemate zeliy quod est euerriculum Bftoditu , epist. LVI , teni. JJ,.pag. 34a.
et mantile multarum frai^dum^ Sed (|8) nidem, . -^ . . p . _
epiit. CCCXCIII , inter «as qum «d Goida«toin
C3a) Bandiof, cpût. LVI , centor. //, pag. striptw prvdiamnt anno x688.
■»• »4»' (4o) roje* le Recueil de» iettr«f écrita k Gol-
(33) Idem , ibidem, dast , publié Van 1688, pag. 3gi.
(34) Idem , ibidem , pag. 34». (40 Goldwt publia quelques leures anecdotes
(35) Voyem Patio , lettre XXVII , pag. ia4 du de Linae, «011^ le titre de Lîpaii Xtt-^sma..
I". volume , oitUeite aussi du Moalia tt H>c- (40 ^ fartide de Goldait , remarque (I),
kermaa. tam. Kit ^ P^* '<*'•
a68
LIPSE.
Il faut coQTenir , comme Baudius
rassure , que les lois de la générosité
ne permettent pas que Ton se pre-
Tailie de ce qu'un homme peut avoir
écrit confidemment à ceux avec qui
il entretient commerce de lettres.
Les païens n^gnoraient pas cette vé-
rité ; car voici comment on relança
Marc Antoine , qui avait récité de-
vant le sénat quelques lettres qu'il
avait reçues de Cicéron. At etiam
Hueras , quas me sibi misisse diceret ,
ncitauil, homo et humanitatis expers^
et yitœ communis ignarus, Quis enim
unqsthm qui paulum modo bonorum
consuetuainem nSsset , lifteras ad se
ah amico missas , offensione aliqud
interpositd , in médium protulit , pa--
làmque jiecitafit ? Quià est aliud
tollere è uitd uitœ societatem , quhm
totlere amicorum colloquia alfsen^
tium ? QuUm multa joca soient esse
in epistolis , quœ prolata si sint ,
inepta videantur ? quhm multa séria,
neque tamen uUo modo ditadeanda ?
Sit hoc inhumanitatis tuœ (43). Bien
des gens croient qu'en faveur de la
religion il est permis de violer cette
belle loi , c'est-à-dire lorsqu'on
peut décrier un homme qui a écrit
contre notre religion , ou qui par sa
révolte pourrait ébranler la foi des
•impies ; et ainsi ils ne font point de
scrupule de publier jusqu'à des bil-
lets de cet homme-la , s'il leur' en
tombe des copies entre les mains. Ils
seraient peut-être plus scrupuleux •
s'ils étaient eux-mêmes la personne à
3ui l'on aurait écrit ces billets \ car
n'est pas aussi contraire à la loi dont
nous parlons , de publier une lettre
qu'un autre a reçue, que de publier
une lettre que l'on a reçue soi-même.
Voyez Tavertissement des Considéra-
tions générales sur le livre de M.
Brueys , imprimées à Koterdam en
i684* On y divulgue un secret que
M. Brueys avait écrit à un ami. Voyez
aussi les Nouvelles de la République
des Lettres (44) y àaxks l'extrait des
Dialogues de Photin et d'Irénée , où
Ton inséra une lettre de M. Ranchin.
Le jurisconsulte Baudouin reproche
a Calvin d'avoir imprimé plusieurs
lettres qu'il lui a?ait écrites (45).
(43) Cicero , PhiVpD. 11, eap. tV»
(44) ^"X'' à* àieét^rm t685 , pa/r* 1)37.
(45) BaUhiio. , Reipiu. Il ad Jo. CalTiik ,
Voyez le père Qoerael contre la sen-
tence de Farchevêaue Ae HaUnes,
fondée en partie sur les papiers qu^oQ
lui avait saisis. Il cite Aicol. de (}le-
mangis, epist. XLIII.
(F) Quelques-uns disent que sa
femme était une très^méchante fem-
me. 3 « Le bon homme lÀpse cnii
i> avait une méchante femme , a ait
)» quelque part en ses épitres , qa^l
» y a quelque secret du. destin dans
» les mariages (46). s» Voici le passade
dont Patin entend parler : Uxortm
duxi, dit Lipse (4?) « mei maàs ani-
mi quhm amicorum impulsi. Sedf ut
ille ait ( 48 ) , to /xh dp «•»« §irin»n.i
Oio) AvToi , â Diis fataliter hoc decre*
tum , et concorditer sanè uiximuSf
Jructus tamen matrimonii , idestU-
%portuniXé
sa femme , qui était extraordiiuun-
ment superstitieuse. M. Teissierljd)
assure cela sur la foi de Scaliger,
dont il cite la CXX«. lettre du p.
livre. J'ai parlé à des gens qui m'ont
fait des contes de l'humeur bourrae
de cette femme. Ils les avaient oai
faire à des veillards qui avaient to
Lipse.
Quelques marchands du Pajs-Bas
racontèrent à Florimond de RemoDO,
l'an 1600 , que Lipse s'était marié. H
l'en félicita \ mais Lipse lui répondit
que cette nouvelle l'avait bien fait
rire , et qu'il y avait long-temp»
qu'il était dans cette prison. Ai de
conjugio f quod tu à mercuHalibus
nostris audieras, qukm risum mih
mot*it ! Ego , tnr optime , non recens
in eam nassam ueni , sed annosjt^
uiginti-sex custodia hœc me habet. U-
héros tamen nullos genui , nec hune
conjugii fructum aut ienimenUtm
Deus deaU (5o).
(G) Son écriture était très-mauvai-
se.'] Il l'avoue lui-même , et il réfate
par-là ceux qui prétendaient atoir
(46)P«tia , lettre CCXCIY, pag. 565 d»
JI*. iome*
(47) Epûl. LXXXVII, cenlur. III mictU.,
pog- tu. 3i3.
(48) F'oici ce que dit Aobert le Mire , d*iu ^
Yie de Lipte, paf . ta : Sed al ille ait* tic tr»i
infal'u^ etjataleni virofaminteque torwn t*f*
Euripidet otim monnit , tâpiias usa didieit>
(4g) Additioas anx Eloge* , tout, il, p» ^^
(5o) Lipeiôf , epitt. LXXII , eentw. ta ^^'
OMnoe et Galles , pag. m. 70$.
LIPSE. .969
imprima sur Torigiiiai la harangue cfe Flndex weritatis advûrshs Justum
duplici Concordidi sur son original , Lipsium libri duo» Prior insanam,
dis-je , très-bien ëcrit. Ego belle et ejus religionem politicam , fatuam
niundulè scribo ? dit-il (5i), F'ellem, nefariamque de Fato , sceleratissi-
sed totam Europam testent jtdHO^y^dL- mam de fraude doctrinam refelUt,
^ietc hujus habeo , et querelas qubd Posterior -i^tuj^dL^ûivùu Sicheinien-
autosrapha mea œgrè uel non legant, sis , id est Idoli Aspricollis , et Deœ
Conurmons cela par ce passage de li^neœ miracula conuellit. Uterque
Gabriel Naudé (5a) : «e Ce digne ëco- Upsium ab orco Gentilismum. revo'
3> , ^ ^ _j^ ._ . . __
» les deux ou trois premières lignes attaque ou défendu sur des matières
» des lettres que Lipse lui écrivait , de littérature. Vincent Contarini ,,
» parce que tout le reste ëtait griiTon- successeur de Sigonius dans la chaire
» né d'une étrange sorte. Nancèlius de Padoue , critiqua (55) assez doc-
» en disait autant de Fécriture de tement Juste Lipse , Fan 1609 , cù'ca
M Ramus. » frumentariam Romanorum largitio-
re,
tait^
le Mire (53) sur ce fait-là : In gestu , de dent , fut bien repoussé. II pre-
cultu y sermone , modicusfmt : adeo tendit (56) que le dogme de Lipsius
ut plerigUe , quibbs magnos viros sur la destinée est une ivraie chimère
per ambitionem acstimare mos est , sans fondement , et le blâma ( 57 )
YÎso aspectoaue Lipsio quaererent fa- d'avoir dressé des mausolées a ses
mam , pauci interpretarentur ( * ). trois petits chiens , dont le premier
Constdit certè exteros, quos m ultimd s'appelait Mopsus , le «eco/K? oapphi-
etiam tSarmatid , ejus videndi audien- rus , le troisième Mopsulus j comme
dique gratid ( u£ olim magni illius il se t^oit dans le Hure qui porte pour
lÀuii) fréquenter uenisse scimus , cum titre : Delicix christiani orbis. Je ne
Lipsium vidèrent ^ eundem sœpè re- puis agréer , continue-t-il , toutes^
quisivisse, ces inventions ridicules et profanes ,
(I) Ses amis ne l'abandonnèrent d'autant que c'est dire en bon fran-
point» . . a la critique de ses adver- çais , quoique l'intention des auteurs
saires.'] Le jésuite Scribanius , selon puisse être bien dij^érente , unus in-
Fespérance de Lipse (54) , se porta teritus est hominis et jumentorum ,
pour son défenseur. Voyez son OrfAo- et œqua est utriusque conditio. Le
aoxœfidei controuersa , sa Defensio censeur de la Doctrine curieuse de
lipsii posthuma , etc, Claude Dans- ce jésuite soutient (58) que le destin
quéius , chanoine de Tournai , pu- enseigné par Lipsius est conforme au
blia Fan 1616, un livre qu'il intitula sentiment de Thomas d'Aquin. 11
D. Mari£ AsPEicoLiis 0ATMATOTP- ^apporte (59) qa'Aubertus Mirœus.. .
rOT Scutum .... alterum item J. n'a pas oublié l'affection que Lipsius
Lipsii Scutum : utrumque adversiis avait aux chiens . et la nom même de
Agricolœ JTiracii satyricaspetitiones, trois qu'il avait chéris sur les autres. . .
11 veut dire <|n'il répond jà un ouvrage il les avait fait peindre en un tableau
que George THomson , Écossais , pu- avec leur nom a chacun d'eux , leur
hlia à Londres, Fan i6oÇ,sous ce titre: âge , leur poil et quelques vers au-
aessousy oii il avait rencontré non
(5i) Lipsias , ep'ui. LXVIII, eentutm ad Ger- moins ingénieusement que plaisani"
"/?*'> ÎJ.?*****Î'Ï?'*"^'"* ^i^ "»««*• ^^^ «« inscriptions qui sont
(5«) Diaiog. de MMCurat, pag, 3o3. ' '
5J^^'J,rrr:k£i/:: rf^-s^ «f ) g«.-. . «.«ri., c^^, ,.,. 343.
I*e0s*it .- «1 opus et usmi fuerU^ non deeril ami' ^*^> '^ même, pag. 904.
ca mliqua manus (et Carolum Seribnnium.., (58) Cenrare de la Doctrine CHrieu e , pmgi
^^ûgnabM ) quœ Lipsium Hon patielur inttl' "*• '%*
teai. Mirvuf, in Vitft Lipiîi, pag. aS, (5g)
Là même, pag. i6aa
270 LIPSE*
rapportés dans te livre intàtuié , Se- invHart se piuseuUim toUnt , et in
lectae christianî orbw DeHci«. P'oila sese largHts mentm im^enr^en» ^ régen-
ce que Garasse prend pour êombeau tè , insoUto horrùre oonheptus , eum
que inscription ou quelque vers , Ud oôittme l'an des principj
dresse une épitaphe, un mausolée repsa ; on le fit boii^ drauCant , et on
Quant à tépitapke du seul Sappht* le pensA taier. S'il eût été Itadren on
rus,qmse trouve dans le Ih^re susdit ^ Espagnol , cette- aventure ne serait
Select» Delieiae , ete, , c'est une pièce pas surprenante ; car ih est vrai qu'à
supposée f que même le compilateur de telles set» on repas académikjae ,
F*, ouertius ri a pasosé mettre auprès un repas' de promotion dans des nui-
dés trois inscriptions qui se trouvent veVsiC^s septentrionales , e&t une oc-
rons le titre Lovanensia , et que sans caision aussi përilieafteq[ti'aiie bataille
doute' quelqu'un a moulé Jaciéement rangée à un colonel, â moins qu'ils
sur fuucription de lÀpsius de sov^ n'obtiennent di\»penM d» fair« raison
chien Sapphirus , pour exercer son â chaque santé. Mais lin&e cftait un
esprit , comme il est facile à voir par Flamand : nlmporte ; ii -sucxsomba ;
la simple lecture. Le censeur ajoute il fut vaincu dans nne jonte bachi-
gue la prétendue profanation que que par des Francs-Comtois : il loi
arasse trouve là est une chimère ; en coûta presque la vie. Les règles
il s'ëtend assez là-dessus , et fait voir Itesplnsgénërares-so^lfreiit exceptioD.
l'impertinence de la raison qu'on (If) {/est une chose' étnanjge qu'un
avait fondée sur le unUs est interitus^ style laHn ausei mauvais que le sien
etc. M. Desmarets (60), qui a cru que ait pu créer une seote dane la répw
ce critique de Garasse était un ano- blique des lettres, ] a Lipsias es&caose
njine docteur de Sorbonne , s'est » qu'on ne fait guère état de Cicé-
trompe : il eût dû lui donner le nom » ron : lorsqu'on en- faisait état , il
de Charles Ogier (^) , et lui ôter le » y avait de pitis grands homme» en
titre de Sorbonista. » éloquence que maintenant (63). »
(K) Il se vit accusé . . . d'avoir été C'est Scaliger qui' parle ainsi : nfeuif*e
plagiaire 9 et ne voulut point demeU' évidente que la secte des mpsiens
ter d'accord qu'on Ven accusât jus^ s^était fort accrue. MaiS'O'est ici qu'on
fôme/i<.] Muret et PétrusFaber furent doit s'écrier.-
ses principaux accusateurs. Les pié- Oinùtatort»^ setvumpèea»^ ut mihi ntpi
ces de ce procès ont été dil igemment ^^'•«i '^P^ /»««« •'«»*'» '«o»^« omwim* (63)
recueillies par Mi Thomasius , danii llfaut bien aimer les mauvais mode»
son traité de Plagio litterario ; et par les , quand on est capable de préférer
M; Crénius , dans la VIÏ*. partie db le style de Lipse à celui de Paul Ma-
g?s Ahimadversiones Philologicœ et nuce , oû à celui de Muref^ ; un st^e
Àistoricœ. <{ui va par sauts et par bonds , kénssé
(L) La maladie qu'il gagna- datte de pointes et d'ellipses , à' un style
un' repas."] Voici les paroles de Ni*- bien» lié et coulant^ et qui développe
cius Érythréu^ (6r) : Sœpiùs in vite toute la pensée. Lipse est d'autant
manifestum vitœ discrimen adiit; ter moins excusable ,• qu'il était passé du
in puerili cetate ... deindè lethali' bon goût au méchant goût. Il écrivait
mowo penè sublatus estDblis, quœ bien dans sa jeunesse; cela paraît
Sequanorum est academia, ubiquiim danfr le livre qu^U dédia au cardinal
luculentd oralione P^ictorem» Giseli- de Granvelle (64) , et dans l'oraison
num, inter medicos allectum , /àtt- funèbre du duc de Saxe; 11' se gâta en
dàsset , ac statim deindè , opiparo vieillissant. Sa tivisième centurie
conPivio exceptus esset ^ inquo , ut d'Epîtres , disait Scaliger ( 65 ) , ne
mos estillarum regionum y convivœ vaut rien du tout: il a tlésappris h
parler ; je ne sais quel latine est. Un
(60) Samuel Mâresiai , in Sainte I(eroriii*t.
•dirrtâ , pag. 56. {Si) Scà\i%enm ^ voee Liprim , pa^. m. 14s.
(*) Il Tallait dire PrançoU Ogier, frère d« (63) Horat. , eput. XIX, v*. 19, /Of. I.
liarles. Rw* c»''' (^4^ •^" ^arix Lcctiones , Van i566.
(61) PInacolh. UI , pag. 6. (65) In Scaligerania, voe9 tipMua, pof. t43.
LIP5£i> 271
i^K^Yant humaniste a cru faire honneur (69). Mak cet ouvrage est si rempli
% son père qui était un théologien de digressions, que Fauteur n'y vient
illustre ; il a cru , dis-je , lui faire à son but presque jamais. 6n ne laisse
tionneur en publiant son mépris pour pas de connaître qu'il désapprouvait
le langage que Juste lipse mit. à la extrêmement le style de Lipse. Voyez
mode. Imprimis verbfastidiohat scri- dans un livre de Balzac (70) le Kiri
h^ndi illam nouam formam , ^uam magni judicjum de imitatione Lipsia"
m^agnus cœteroquin uir Justus lapsiuM nœ laUnitaUs : vovez aussi les paroles
séxculo nostro obstrusit , auamque, de protius (71). Il ne ^aat pas crain*
s ^rvum pecus , imUatores plurimi ar- dre qu'une affectation semblable fasse
r^puerunt , quanwis impari felicitaie secte dans notre langue , quand m^me
(JBS). Il rapporte le jugement que le président de Novion ( 7a ) revien-
Faisaient du même style Jacques Pon- drait au monde.
tan us et Marc Velsérus. JNos Jusîi (N) Ce que Joseph Hall a publié
JL,ipsii excellens ingenium , summam*" touchant ses Histoires *des Miracles de
^2ie doctrinam suspicimus , etprœdi- la Sainte Vierge mérite d'être rappoi^
cankus , nec de studiis nostris quem^ té. ] Ayant raconté un prodige qui
^uéim melius meritum statuimus. Ab servit de punition à un prevot qui
cjits autem idiotismo , et excogitatd avait fait couper la langue à un mar-
hceresi in scribendo , pluribus , et tyr protestant, il s'écrie : « Sus donc,
apinorjusUs de causis refugimus y et n Lipsius , va maintenant escrire les
Harremus. Marcum Velserum ipsi » nouveaux miracles de la déesse , et
Li_psio amicissimum profitentem meis » confirme la supperstition par des
aiM-ribus audivi : malle se in scribendo » évenemens estranges. Vous tous
Jk^uretum , quàm lipsium posse ex- » qui l'avez veu , jugez si jamais la
pr^niere. Adeb , cujus probabat inge- » cnapelle de ffalfe et de Zichem a
niMim , et scientiam summoperè , ejus » produit chose plus notable. Nous
nopitiam , et plus œquo exquisitam et » rencontrons par tout des pèlerins
affectatam dicHonem non probabat » allans faire leurs dévotions vers
(€•7). Enfin il rapporte que Scaliger , » ces sienes dames : je ne sçai si je
prêt à rendre l'âme , témoigna qu'il » les dois nommer deux danîes , ou
abhorrait cette affectation de style. » bien une en deux chasses. Si elles
Il fallait que la chose luittnt au cœur, » sont deux , pourquoi n'en adorent-
puisque même dans cet état-là , où » ils qu'une? Si elles ne sont qu'une,
des oDJets infiniment plus importans » pourquoi fait-elle â ÈickemlsL cure
devaient attirer son attention , il » qu'elle ne pourrait faire a îfalte ?
voulut apprendre à la compagnie ce » Oh ?queUe grande pitié qu'un esprit
qu'il en pensait : « Jam in agone mor- » si haut et relevé au dernier acte de
» lis constitutus ( ut refert Clarisse' » sa vie ait esté sujet à resverie !
» jnus Daniel Heynsius , in epistold » Nous avons chéri et adhiiré , si
» ad Isaacum Ùasaubonum ) hoc » besoin estoit , tous les bons fruicts
» KOMÔiiBêç noui stili admodiim exe- » et l'engeance masculine de ce cer-
» cratus est. Sic enim de eo scribit » veau : mais qui pourroit supporter
» Meynsius : Justi Lipsii affectatio- » ces vierges simplettes , n)ibles
» nem in stilo vehementer fastidire » avortons d'une vieillesse radotante?
M solebat : in iis prssertim , qua se- » L'un de ses plus grands mignons
» nex scriçsisset , et nonnunquàm » médit, l'ayant appris de sa propre
» litteras ejus cum indignatione le-
» eebat : eodem modo te guoque ..(69^?* '^î>'«»îî^«'»ff««« («< «>«w»r «ntiyua-
» fudicare, cert6 scio (68). « Henri ^^--J*^;;^-'- ^"^ ^*J^--^ i-digUam) pn-
Etienne publia un livre de 56o pages, (70) J la fin du Soerate Chrétien , p. m. aa8.
l'an iSqS , contre la latinité de Lipse (71) Sud quédam etoquenua pUfot^u» aUt-
dent (Lipsiiu), nam cumfioridum ipsi et pro'
(66) Philippw P«reiu , m Vill Dandit P«r«, dieendi genus , coneisum ^fuidem née sinèfeeti-
pag, m. 18. vitale , sed verh noyum obtentu antiqtù : quod
(67) Jacobai PonUnas , h soe. Jetu ,^ Varia- àtm imitarentur quitus ingenii judieiiqua non
mmBerum, qnœH. XXXI ^ apud Pbîlippum idem fuit ^ ad comtptis.tiina qtueque devenlum
Pareom, ibidein , pag. ig. est. Grol., Hist. , lib. V^ pag. m. 378.
(6S) Pbilip|iiu Paréos, io Vill H. Parei, (v^) ^l tt^ait un stjrU laconique ^ sentenUeux ,
pag. iQ, aiiout coup/.
37> LYSERUS.
» bouche , qoe l'aîsnrfe de ees deux temberg l'an 1577. A pane nt-
. Tiédies fat par lui engendrée con- jj f^jj paraître ses tolens djo
u oeue , mise en lumière , et bapti- .. » f- /•% g» .. f >
m sée dans l'espace de dix jours : \e c«"e église , qu il fat agregc au
» le crus , et n'en fus point esbahi. nombre des professeurs en tliéo-
» Ces actes de supersUtion ont un logie. Il fut un des principanx
• père et une saçe-femme invisible, directeurs du livre de la Concor-
» outre ce cni u n est pas séant qu un , j. ^ .,
> éléphant demeure èois ans à en- de * , et il exerça vigoureuàe-
» gendrer une souris. U me fut dit meut la charge de missionnaire
» en la boutique de son Moret , non (A) , pour le donner à signer â
• sans quelque indignation , que ceux qui étaient dans les emplois.
» nostre roi (73) ayant bien considère ,1 ■ , . t tr
» le livre , et leu auelques passages I^ ?«Sista a toutes les assemblée
» d'icelui , le jetu a terre ayec cette qui furent tenues touchant ce
9 censure, damnation h celui qui l'a livre, OU touchant la réunioQ
. fait et à celui qui le cfvit. Je ne j calvinistes et des luthériens,
» m enquiers pas si c est une histoire . , . , . , ,
> Tcritablc , ou un de leurs contes. q"i était négociée par les ageos
«Bien suis-ie asseurë que cette sen- du roi de Navarre. Ghristieo,
» tence ne leur causoît pas tant de électeur de Saxe , ayant succédé
• mescontentement que de joye à (c) à la dignité de son père, mais
9 moi (n/i), » ^ ' p 1 , » * • ■
'^ non pas a pou luthéranisme n-
(73) Cest'à'dire^ Jacques /". , roi de la ffide, fut ravî de voîr oue Lyscnis
Grand* Bretagne. i • • a^ i * J**-^„.
(74)Jo.epii. Hâii.Epi.tresmeiiiei,f'«. J/crt- lui communiquat les conditioQS
de^pag.n'jetsuii^antes.Jemeset^delatra' avantaffCUSCS Qu'oU lui offrait
dueuon de iëqQtauat . unpnmee a Genwe l an ^ . , .^ , »i-
1627. -« *- ^ Brunswick (B). Il le congédia
T TrcTÎ-nTTc / 1> . , de bon cœur , et au crand regret
r LYSERUS (PoLTCâRPE), Ce- jç ^, .^ Lysérnfne fui d'à-
lebre théologien de la confession ^^^^ {. ^^ J- j^^^ ^ Bruns-
d Angsbourg naquit a Winen- ^^k; iiais il y fut ensniteinton
den au pays de Wirtemberg , le ^^^^ '^^ ,^ ^^^ ,^ ^ Wittemberj
.8 de mars .552. Il n avait que ,^^ ,^ ^./^^ Christien; et il
deux ans lorsque son père («) ^^^ f^^ ^.^.^^^^ ^^ ^^^^ . p^
mourut : mais sa mère se rema- j^ v k / n 9 a. i< «niite
. ^ ,, * , . , ' de, 1 an 1004. Il s arrêta la louw
nant (i), lui procura un beau- ^^ ^ et^ploya son temp,
nere qui eut un ^rand soin d^ non-senlement aux fonctions iu
lui. Le» progrès qu il fit pendant ^i^i^tère , mais aussi à Yéàao-
son enfance le firent lucer disne *• j • • ^, -♦ à
r,A M ' j 1 ^ 11' °j tion des leunes princes, ei a
detre eleve dans le collège de composer des livres (C). Ilmor
lubmge, aux dépens du pnnce ^^ ^ ^^ j^ ^^^^^^ ^(^^ ^
de Wirtemberg. « employa si je treize enfans (D). et grand-
bien son temps qu il fut installe . ^ ^^ ^^^.^ peUts-fils et dW
au ministère 1 an .573, et au fetite-fille. Son testament fut
doctorat en theoloeie 1 an 1 070. ^ j r -x ' „^r& les
c y ^ ^- '^j-^j*' une preuve de chante envers 1»
oa réputation se répandit de tou- ^
tes parts, de sorte qu'Auguste, " Polycarpe Lys^nw, amèp©-peUt-fiI« jj
électeur de Saxe, l'appela pour celui dontparleBayle, ne confient p«.^
A. • • * Ji 1»' i' j \XT's. Joly , que son bisaïeul ait eu aucone [»"
être ministre de 1 église de Wit- famVuxUvre de la Concorde; maU a """i;
J^u'ii fut un des premiers à souscrire ^ ^
^_^ ormule.
(p) Avec Luc Opiaiuler^/hwi'KA- lluoloj^Un, [c) T.' m i .')66.
LYSÉRUS, 273
pauvres et envers les étudians Ckm aliud agens Lyserus , eondiUo"
nécessiteux (E). Il avait eu à «« o;?t>iwe occû5io/ici» a^u^Brunsui-
* ^/ IC'? '^®*"^^"P °® querelles i^tteris, ostendUset : responsum plané
a) (r ;. ÀTr^oo-^UHrot tuUt : ut frueretur, quam
fj^ ^'ji xr- ' Mil. **^^ oblatam puUret, felicitate : ec-
id) Tire de sa y ^e, -composée par Melcb. ^^^^^ WiUeinbergensi de alio pasto-
^dam, OUI fa lira presque toute de :on . . .0 ,, ^^ aAi.\j )in:i\a~
Oraison funèbre, Dro/ioiic5e»«r Léon. Hut- ^^ prospectum m. Hoc respon^o pr-
Lerus. «'««* consternât i non lilleris modo , sed
etlegatis ad ai4am électoral emmisiisy
(A) // exerça uigoureusefnent la causas plané sonticas exposuerunt ,
charge de missionnarre. ] Je me sers ob quas de retinendo Ljsero sint sol-
de ce raot en conside'ratit les courses Uciti : ueritm irrita plané conatu.
qu^il lui fallut faire.de ville en ville (C) // employa son temps h com^
pour exiger les signature8,et pour de'- /?ojcr c/ei libres.'] Les principaux
grader les ^ • . tt 1 4.. /^.-.--.•_ n . . ^
remarque
et considère:
gien allemand : inciderant ministerii ^dscen^ionis Dominicœ , et missionis
iijsius H^iitebergfinsis primitiœ in il- Spiritûs Sancti tiomiliis aliquoi ex>^
tud ipsum tempus , quo ingcnti cura pUcaia , à Leipsic , 1610 i/j-4 } Schola'
maximisqueimpensis electoris Saxon. Babylonica ex cap. 1 Danielis, quam
u4UGUSTI liber christianœ concor- subsequuntur Colossus Babylonicus ,
4liœ collectas, conscriptus ei. plurima-- Fornax Babylonica , Cedrus iriaby-
rum ecclesiarum calculo approbatus lonica , Epulum Babylonicum , et
fuerat. In hoc ergo opère féliciter pro- Aula Persica. Commentariorum in
moue ndo parles minime postremas sus- Genesim tomi f^l ; le i**". sur Adam:
tinuil Polycarpus,dum demandatoac le a«. sur Noe' ; le 3*. sur Abraham ;
voluntate electoris , unk cum teliquis le 4*« sur Isaac j le 5®. sur Jacob :
iid hanc rem deputatis nobilibus et le 6*. sur Joseph. Harmoniœ Euan-
iheologis • non Jf^ittebergce modo , gelicœ, à Martino Chemnitio inchoa-
sed et Torgœ , Lipsiœ , Misenœ et tœ , Continuatio , seu f^itœ Jesu-
alibi subscriptiones ab illis exposcere Cliristi secunditm quatuor Euangelisr-
necesse habuil , qui pubficis docendi tas expositœ libri très. J'ai dit ail-
muneribus i^el in ecclesiis vel in scho- leurs ( 3 ) qu'il publia un ouvrage
lis tum erant prœjecti. Tanto autem d'HasenmulIerus. Cela fît nattre une
tamque arduo laboresuperato,etc (i). dispute entre lui et le je'suite Jacques
(B) Christien.,.. fut raui que Lysé- Gretser , laquelle il abandonna après
rus lui communiquât les conditions la deuxième re'plique (4) : il ne pré-
auantageuses au on lui offrait a voyait point de fin, s'U avait voulu
Brunswick. ] Il ne songeait à rien toujours re'pliquer 5 il aima donc
moins qu'à le? accepter , et il croyait mieux sonner la retraite. Mais à l'é-
sans doute que cela ne servirait qu''à gard d'un ministre suisse (5), qui en-
lui procurer l'avantage d'être retenu, seignait que Dieu a e'iu tous les hom-
avec des témoignages utiles de la hau- mes à la vie e'ternelle , le combat fu^
te estime qu'on avait pour lui. Qui beaucoup plus opiniâtre , car il dura
fut étonne? ce fut LyseVus , quand il dix-sept ans. Cum isto , inqit^m , to-
Tit la réponse de l'électeur ; car il tis annis septendecim pugnai^it (6).
n'y eut plus movén de remercier Je ne parle point de plusieurs livres
MM. de Brunswick : il fallait accep-
I er ce qu'ils ofiraient. Ce fut un coup J-^^ P""' ''f ""'' J*»«»o«, tom. Fin , pag.
detoudre pour les zélés ^ on fit en di) Cumif^uUd ingoUtadUnH Jacobo G,»t-
VaiO cent remontrances à la cour, Voi- *ero , ob pulUtcatam hisionam HasenmuUeria-
ci les paroles de Melcllior Adam (a) : "*"** publieum eiintereejfU errtamen t in quo
^ ' posi utiatn alqu« allfram velitationem iUud pot"
,.«.,. • n» 1 »T . *^ usurpandum sihi slatuU :
Ci) Spixeliu, en Templo Honons reierato , CeHe r«pu|;nanti : cedcndo TÎclor «bibis
^"S- "• MeUh Àda,n , in Vilit Jheol , ji.g. 801.
(a) Melcb. Adam. , m Viiî» Theolog. , pag. (5) Sarouel Bub^rua. f^oje» VarUcle de Hck-
800. Voyet aussi Spixéliua, in Templo Bonoria Km» , tom. VITÎ, pag. 3or , remaraueCE)
I «leraio , pmg. i3. (6> Mricb. Adam. , m Vitis Tbeol. , p4ig. W»
TOÎVÎT. IX. j3
j>74 LYSÉRUS.
que notre Lys^rus publia en aile- la conduite quW avait tenue à Toc-
mand (7 )• casîon des signatures du formulaire,
(D) il fut père de treize enfans. ] et qui maltraita surtout fces théolo-
Entre atitres , de Poly carpe et de giens de Wittemberg. Lyséruspriti
Guillaume , c(ui ont eu divers em- partie ce Jean Major avec tant de for-
plots eccit^siastiques et académiques, ce , quHl ne se donna point de repni
et ont publié plusieurs livres. Poly- iusques à ce qu^il Tcût fait chasser de
CARPE Lyséucs, néà Wittemberg, le qo racadémie. Il se fit beaucoup d^enne-
Dovembre i586, fut ministre et pro- mis par cette victoire ; et à son loar
fesseur à Leipsic, etc. 11 mourut le i5 il succomba sous leurs efforts : il per-
de janvier i633 , laissant plusieurs dit tousles ëtablisseraens qu^il aToit
enfans. Voyez le Théâtre de Paul Fre- à Wittemberg. Tant il est vrai qu'en
hcr à la page 45'J , 4^3 : vous y trou- certaines occasions, il est plus utilf
verez le catalogue de ses livres, de se contienter d^un médiocre aTan-
GviLLAUME Ltséros y son frcre, na- tage sur ses adversaires , que de W>
quit à Dresde , le a6 d'octobre »5gi. pousser à bout. Mais où sont les gcn*
Il fut professeur en théologie à Wit- qui se puissent modérer lorsqiHls m\
temberg , etc. , et mourut le 8 de le vent en poupe , et que leur far-
février 1649» laissant plusieurs en- tion dominante leur permet de ^
fans de l'un et de l'antre sexe. Voyez venger ? Sub initium anni 86 suprd
le même Théâtre de Paul Fréher à la sesquinûllesimunnurbas collegiolnto-
page 542 , 543 : vous y trouverez le logico lyittemhergensi dari cocfit
catalogue de ses livres. Joannes Major poeta , komo deip^-
Notez que son Syslema Thetico- ralœ lei^iiatis ^ qui editis in publicum
Exegelicum n'a été imprimé qu'en carminibus , religionis sinceritatem et
1699. Vdyez le journal de Leipsic au honorum i^irorurriy theoloqorum cum-
mois d'octobre de la même année , à primisjfamam wellicare Aaïul thi it-
la page 47^ et 474 • vous y trouverez f^rat , cujus improbis conatihm dn
le nom et les qualités ae quelques Polycarpus tiim publiée tiimprii'anm
personnes de cette famille. magno spiritu se opposuisset, tandent-
(E) Son testament fut une preuue que effecisset, ut poëta Jf^ittebergens:
de sa charité envers,». les étudians né- academid sit proscriptus ; d. ci non
cessiteuT.'] Voici les paroles de Mel- potest quos quantosque crabrones tune
chior Adam : Testamento cauit , ut éxcitauerittam in J^uld quaminacû-
quotannis in die Polycarpi et Elisa- demid , quantamque ini^idiam iiti
Dethaî , certa quœdam pecuniœ sum - apud multos attraxerit ; quœ posien
ma impenderetur, in lautiorem uic- sine grapî ecclesiœ scandajo in ner-
tum eorum , qui'communi mensd ute- vum if a erupit , ut Polycarpus totà
rentur ( 8 ). Cet auteur nous apprend ecclesid et academid rectamantejnnc-
là (9) une chose qui mériterait peut- tione sud exciderit (11). Sa retraite »'
^Atre un peu de réformation. Les le mit pas à couvert de la niorsu-
apparemment que
moins souvent de la condition dont la moitié du tort,
il nous parle. '.
(F) // auait eu h soutenir beaucoup J"\f,^'^^'"' ' '" '^•"P** "*"^'^* '*•""•'
de querelles. ] Rapportez ici ce que (la) ifeque verb in hae quamumvlt splendM
j'ai dit ci -dessus (10), et ajoutez -y *t'i^oneconsiiUttu*,faltorumjfrutrum veitfnâ-
une chose crue Melchior Adam n^ ^* "^''"^ 'fM'''' P''^^- *«**« » P'^B- »î-
Joint dite. II y eut un poète nommé , vct^utto ^t x j
èau Major, qui fît des vers contre LpKRUS (Jean) , anteur de
, c • M. j . .. ^ plusieursécrits touchant la polv-
{'j)bpitehua en donne la lut0 . pag. xo. * • it % -kI h 'i i
h) Meich, Adam., in Viij, ihwi, pag. Soa- gamic. Vojez Ics r^ouvclles de la
al^iar::::^^ République des Lettres (a);ti
primis forUinm studiosos , quaUt plerumque i ^ m, - j» .» t^r ^ o ^
€sse soient^ Uudiis iheologicis qui se maitcipa^ W ^«•* « ««"*" îW», art. /, pag. 370 rf
rkni , pros0queretur; teatamt>nio cavit , etc. suiv. Vayet aussi l'article Lamech , dansa
\Ho) Dant ta remarque ^Cj. volume^ pag. 35 , remarque (A).
LYSET. lysim;achus. 27s
joîgnez-y ce qui suit. 11 avait un si Àmyot avait bien traduit ce
îrère aîné surintendant de Té- que Plutarque en a rapporté (A),
^lise de Magdebourg. Il était dans
I a derniè*e misère à Amsterdam ^.^]J} ^mjrot auait bien traduit ce
« 7-1 r • 'j. • • ^"® Jrlutarque en a rapportée Voici
lorsqu'il y faisait imprimer son les^^voXesU) . Or yauoit-il^autour
dernier Jivre [b) , dont le libraire d'Alexandre , comme l'on peut pen-
ne lui donna que vingt diicatons : ^c? plusieurs personnes ordonnées
«t pendant:même sa milgdie , il P^"'' ^^ '^''^^^^'^ ^^ bien nourrir, com-
.•. r, fj ^ 1. •_' me gouverneurs y chambellans .viais-
etait loge dans XXÛ galetas immC: ^^^^ et précepteurs : mais Leonidas
<3iatènient sous letoit<(c). Je tiens estoit cetuy qui a^oit la supennten-
eela d'un de ses amis qiii le^v4si- dance par dessus tous les autres ,
tait souvent. ' homme austère de sa nature , et pa-
. rent de la roine Ofympias : mais
Je ne dois pas oublier que quant a luy il hayssoit ce nom de
l'ouvrage de Polygamiâ<, qu'il maistre , ou précepteur ; combien que
fit imprimer sous le nomade ^^^ ^oit une belU ethonoraUe charge ,
Z/2-0 . j fut condamne par un ar- d* Alexandre, a cause de la dignité
rêt de Chri^tien V, roi de Danne- ^^ *« personne , et de ce^qu'il estoit
rnarck , et que Tauteur fut banni P^^^^^ ^" /'^'«'^« •. ^^is celuy qui
de tous les états de sa maiesté l^eu et qmat^mt le titre de
ae lOUS les eiais ae sa majesté n^aistre , estou un Lysimachus natif
danoise *. Il y servait en qualité du pays d'Arcanie (2), lequel n'avoit
de ministre d'armée. Un théolo- ^^f^ de bon ny de gentil en soj .-
gien danois, nommé Jean Bruns- ^^^pourcequ il senommoitPhœnix,
^ '/. ^ T * et Alexandre AchUles , et PhUippus
man, réfuta ce livre par un autre p^eus , il tenoit le second Ueu , après
qu'il intitula : Monogamia vie— le gouverneur, La faute de cette ver-
ayait publié en allemand un trai- qu'Alexandre s'appelait Achille', et
té polygamique intitulé i^a^/Co- que Philippe s'appelait Pélëe. Cela
nigliche Marc aller Lander (d). f^* absurde j Plutarque ëiait trop
" ' habile pour débiter de semblables
{b)TlJltt imprimé Vani6Si,somUtUre causes. Mais voici son sens : il dit
de Polygamia triumphatris. , in-/^<*, que Lvsimachus, dépourvu d'ailleurs
(c) . . . , Quem uguia sola tuetur de politesse > se rendit agre'able par
A Plu»iây molles ubi reddmt.offu co- les nouveaux noms dont il orna son
^7*"* , .«^ esprit , et qu'il emprunta d'Homère.
Juvenal. , sat. IIT, w. 2oi . Le roi , disait-il , est Pëlëe : le prince
• Voye«, tom. VU. pag. 49, l'article son fils est Achille, et moi le suis
GEDDicus,wmarqae(P),cit»tion(i2),et Phënix. Cela ëtait fort canable de
* 1^ '-n^IuF*. tome des Observât. Selec ^^^^^^^^^^^^^^ : ^^5«.,Pi^iJ:«
lie, imprimées à Hall, Van 1702, pug. 42. ^" ^«,^ ^^'.^YP?. ' "^ >*^'^ réveiller de
'^ /TOT grands objets. Ce precepteu r- se fit ai-
LYSET. rorez LizET *. "^^^ par cette invention, et ce fut lui
^ . qui , après Leonidas , occupa la pre-
• J'ai ajouté ce renvoi , et mis à leur ordre "*»^re place dans la maison du jeune
alphabétique ( on suivant le système de'Bayle
<fui ne compte IT que comme I) les articles . fO ^T^b.^'*^* ^ traduction de Pluurque ,
Ltsim ACBU8 , LiSMAMm et LiSOL A. « f/? 7»5 ^Alexandre , chap. n .pag- 14a ,
ediUon dert^Qs , che% P terre Gadlard. ibi5 ,
in-8».
LYSIMACHUS, précepteur (a) ^"«^^ "insi qu'il y a 'dans Vedition dont
d'Alexandre. Je n'en dirais rien />,'-^'««,;«i:!'''"'''°"'''*'''*'"'*"'^°'"''^
376 LISMANIN.
prioce« Pai toach^ dans un autre en- reine lui avait fait présent (<f], si
droit (3) la distinction de gouver- confirma dans ses soupçons con-
neur et de précepteur : vous 1 allez . i»» i- • fi
voir clairement dans les paroles de tre 1 église romaine, en conférant
Pliifarqne , qu'il faut que je copie avec Jean Tricessius (ei , qui ou-
afin que mes lecteurs puissent con- tre cela lui prêtait les livres da
rattre Terreur d A myot AiaWiT^ ..,.. réformateurs (n. lldevinthien-
jL-t, x*xl hùT^ç KC.S x.^4n i^o ^i *ot suspect d heresie ; mais il joua
*r»f *xx»T , /ifltTo À^ictjuA KAt <r»y oùi/o- de tant d adresse , que 1 eveqoe
*ri»T*, Tfc^it/c •Axté'fltyjTjjoi/ xati ketôw^M- de Cracovie ne put jaYnais le con-
fie x*xc«;^.iroc , ô cTf TÔ «r;tiïi"* j'^^ 'rct.- yaincre d'avoir les livres de Lo-
^m/îyA.W^*A:oc;^/7:tv..'Axct/,viy, th^r et de Calvin.. Il evila les
Âxxo/um oi/Ziy ï;t»v Àç-iroy, ot» jT* tett/TÔy pîeges que ce prélat lui tendit a
yfctiy eùiô/uA^tv *oiyi»A, Toy /• 'Axtf «ty- Rome. Lismanin y était allé l'aa
/poy 'AAsi/xi*, n«xé* <ri Toy *iW^oy, , 5^^ ,^ féliciter de la part de
/eo/urifl* pœfhgogi nomen cum 1» reine Bonne, le nouveau p^pe
honesio et specio&o conjunctum ojjîcio Jules III [g). L'évéque écrivit a
repuffiabat, atque ab aliis tUgnUatis Rome que c'était un hérétique
et nece:^situ<nnh caïud nutrUius A- ^^^j^^ ^. ^,., p^^j^j^ j^ ,^^^^6
lexawlri etre.ctor vocabaiur : die qui . ^ ,, ^ ,
speclem pœdagoifi et i^ocabulum su- en prison , et 1 empêcher de re-
mebat Lysimachus , natione Acar- voir jamaii» la Pologne. < et avu
narif urbanitatenuîld prœditus erat arriva un peu trop tard; Lisiua-
alid , sed . qubd Phœnicen nomi- „• .»_„ ««*^ 5*t jà:^ ««nris
' y//i .»„ ™ ^ i.-// ti'n s en retournait deia auprès
naret se , Alexandrum , AchiUem , j , • • n
et PWippum, Pelea, ideo gratus de la reine sa maîtresse. \)^
^rat , et secundum locum tenebat (4). qu'il fut arrivé à Varsovie , ou
elle faisait sa résidence, il reçut
(i) Dan* rarticl» kcmihhn. tom. I.pag. iSS, j i *. j • j r» i Si
remarque (C) ^ ' des Icttres du TOI de Pologne, 31-
(4) Pinurcbu*, m Aies., pag. 667, B. gismond Auguste , fi Is de celte
---,-,.-,--- ^T^ ... reine, qui le chargeait de tra-
LTSMANÏN (François), natif cailler à la faire revenir de sa
de Corfou, docteur en theolor colère, car elle était fort irritée
gie et corde ler célèbre (a) , en- j^ ^e que ce prince s'était maHé
tradans I église protestante ; mais ^..^^ Hg^be Radzivil (B). Il 6l tro«
il ne s arrêta pas ou il devait, car voyages pour mettre la paixeutre
il poussa jusque dans 1 arianis- 1^3 j^^^ ^^ines (C) : Je roi en fut
nie. Cela se fil p^r degrés. Il si content, qu'il lui fit promettre
était confesseur de Bonne Sforce, i^ premier evêché qui vaquerait.
reine de Pologne , et son predi- Sur ces entrefaites Lélius Socia,
cateuren langue italienne , etc. qui arriva en Pologne, l'aa .55r
(h) (A), lorsque Jean Tricessius , ^^j ^ conseilla à Lismanin de je-
homme docte et de qualité , re- ^^^ j^ froc , et de s'en aller dans
pendait clandestinement a Cra-
covie les semences de la réforma- ^^ '*'^- ; P^S" ^- ...
tion (c). Lismanin , tort ébranle ochim Ttatu. à résina Bond sUn obinui-
par la lecture d'un livre dont la ""»' totam religtonem romnnam in $«*?>;'
• cionem traxeral. Histor. Reformai. P»'""'
(a) Biblioth. Antilrinitariorum , pag. 34. ^'"(/J'/i.v/em , pag. 2r,
(b) Ibidem. ^) Ibidem , pag. 24.
1^) Hifltorta Reformât. Polonics , pag, t8. Jh) Ibidem , pag. 40.
LISMANIN. «277
les pays réformés, et en Suisse ture divine; l'antre (jçi) soutenait
principalement. Lismanin aurait la prééminence de Dieu le përe.
suivi ce conseil, s'il n'eût vu dans Mais lorsqu'il . eut eu quelques
l'esprit du roi une forte disposi- conférences avec Blaadrata , Tan
tion à la réforme. Il l'entretint i55« (F), il commença de dou-
dans ce goût, et il reçut même fer du mystère de la Trini-
de lui une commission de voya- té ;. et il se rendit si suspect
ger pour acquérir les lumières d^arianisme, qu'il fut déféré au
qui leur étaient nécessaires afin consistoire de Cracovie C^). Tl se
de dresser un meilleur gouver- justifia mal ; et comme Blanflrafa
nement ecclésiastique (i) (D). Il eut des fauteurs , et que d'autres
Tit l'Italie , la Suisse , Genève , disputes avaient divisé déjà les
Paris, et s'-acquitta fidèlement de esprits , on ne vit que confusions
sa commission ; mais , étant re- dans tous les synodes. Lismanin
tourné à Genève , il s'y maria , chercha un milieu pour accorder
par le conseil de Calvin et de les parties : il voulait que Ton
Socîn, et malgré les remontran- s'en tînt à l'autorité de quatre
ces très-judicieuses deBudzinius, pères de l'église (r); et pour cet
son secrétaire (E). Le roi de Po- effet il fit un centon de divers
logne en fut si fâché , qu'il aban- passages de ces quatre pères, qui
donna son projet de réformation, aurait servi d'asile à plusieurs
quoique Lismanin lui eût fait te- sortes d'interprétations. Ce pror-
nir les lettres de plusieurs minis- jet fut rejeté. Alors Lismanm se
très touchant cette affaire {k). Le retira-à Konigsberg dans la Prus-
premier synode qui fut tenu en se, et y mourut misérablement
Pologne :/) par les réformés, écri- environ l'an 1 563 {s) (G). La plu-
vit à Lismanin, qui était alors en part de ceux qui parlent de lui
Suisse- (m), une lettre fort obli- ignorent son nam (H), ll.n'écri-.
géante pour le prier de revenir, vit presque rien (I).
Il partit de Suisse, l'an i556, et , , ^ , , .,t> m ..• -
A ,, ni» » -1 (v) It s*appelaU Fsiul Gonenui.
S en alla en Pologne, ou il se ^^^ jj^^^^^^ Rçf«,rinat. Poloaicœ , pa^r-
tint caché quelque temps; car il ii8.
n'ignorait pas qu'il y avait contre* . (r) ^aint Ambroise , saint Jérôme , saim
, .O t^ " , •' ... Augustin , 5ai»« Cbrysoslome. /6irfcm, /»a^.
lui une sentence de proscription ^çg^ y^j^^^ la remarque (l).
{n). Plusieurs grands seigneurs {s) ibidem, pag.i^a,
intercédèrent pour lui, de sorte ,.,„,. - , ,
,.,,.«. ^ • 1,. ^^ «,^„ (A) Il était confesseur de*..,, la
qu'il lui fut permis de se mon- JJ^^ Polos^ne^t son prédicateur
trer. Il n adhéra point (Tabord a.^^ langue italienne , etc.] Pour ex-
deux novateurs, dont l'un (o) pliquer ici cet et crefer^ , je rapporte
soutenait que Jésus-Christ n'é- la liste entière des charges de Lisma-
' ^ 'A- *. ^1^-. i« «« nin : Theolosiœ noctor , monacnus
tait point médiateur selon la na- ^^„„„vc<.«,» 5 Circiter anno . 5^6
jam erat Bonœ reginœ (malri Sigis'
(i) Ibidem , pag. 4i. mundi ^ugusti régis) a concionibus
(k) Ibidem, pag. 43. Italicis et confessionibus sacns : nec
(/) A Pintzwie , l'an i555. Ibid., pag. 55. non f rancis canorum seu minontarum
(m) Ibidem , pag, 57. w» Polonid prouincialis , et omnium
(n)'md. , pag. 65. cœnobiorum monialivjn regulœ clariB
{o) Il se nommait Fran?oii Stanearus. ephoros , qui uulgo COmmiSSanus dv
/
S78 ■ LISMANIN.
cUur , atque parochus Chouiensis ( 1 ) . (C) // fit trois t'ojrages pour mettn
(B) Cette reine..,,* était irritée la paix entre les deux reine*. ^^^rké-
Je ce que ce prince s'était marié at^ec gociation eut pins d^éclat que de
Barbe Radzivil.'] Uauteur que je cite succès ; et si elle fut agréable au roi,
observe que ceux qui commencèrent elle fut fort désagréable à la reioe
dans la Pologne le grand ouvrage de mère , qui n^était rien moins que ce
la rèformation, firent une grande que son nom signifiait (3). Quo of-
faute : ils s^opposérent â ce mariage Jicio postquam susceptis anno i55i
de Sigismond, pendant que les ève- m, Januar, Febr. et Martio Craco-
ques leurs plus grands persécuteurs i4am tribus itineribus majori.cumrt-
■ y donnaient I41 mains. En s^opposant gis quamreginœ Bonœ graxid {publiée
aux inclinations du prince , et à sa enim in temple arcis , et in magna
passion favorite , ils le disposèrent à aulœ frequentiâ , imprudens tamen^
rejeter la réformation ; mais ceux rege scil. id procurante , legationem
qui applaudissaient à son mariage conciliationis reginarum socnts et
gagnaient son cœur, et se mettaient nurds peregit) perfunctus est , rex ah
en état d^obtenir de lui la liberté eo tempore eum caruni sibi habuà
tout entière de persécuter les lutbé- (4)* Un panégyriste de Bonne Sforce
riens. Impediebat ueritatîs in regio remarque qu'elle se rendit partisane
corde progressum industria ^t vigi' des seigneurs et des palatins de Po-
lantia astutiaque pontificum Roma- logne qui n'aidaient pas approiwé et
norum , latera regia semper clau- mariage-là , ne i^ulant pas i^oir nile
dentium , aures ejus occupantium , roi son fils ni sa femme , qui ne porU
insignia regni et cor régis , custodiam pas long - temps la couronne polo-
legum tenentium , oracula regia eden- naise , étar^t morte assez souaainc
tium.,., et quod tiim ferè maxime nient à Cracouie, non sans soupçon
tempori et reous eorum accommodum de poison Par la mort de la reine
erat , matrimonium regium cum Bar- Barbe les dissensions et les troubles
bard Radziuillid , Stanislai Gaofoldi du royaume de Pologne furent apai-
Palatini Trocensis relictd uidud , ses , et le roi et la reine JBonne sa
fœminà ad invidiam pulcherrimâ ini- mère se réconcilièrent (5)5 mais les
tum , approbantium et defendentium, reprocbes qu^elle lui fit sur cette
JVam ciim multi eliam ex illis qui mésalliance , repoussés par des re-
i>eritati et reformationi fauere cœpe- proches de même nature , rompirent
rant , connubium illud, utpote ciim oientôt la paix. La reine «c après leur
privata et priuatim , inconsulto se- » première réconciliation, ayant sou-
natu , contractum destruerent , è '> vent reproché au roi son fils ,
contra Maciejoviusilley tum Andréas » qu'il avait épousé en seconde»
Lebridçi^ius ,„ Episcopi, aliique pri- >' noces une simple demoiseUe veuve
mores pontificii illua adstruerent , >' d*uu simple gentilhomme , qui
factum est , ut rex auersum ab illis » n'était p^s de si bonne maison que
animum ac fai^orem in hos con^^er- » celle de Kadzivil , dont cette dn-
terit.... Itaqiie boni illi wiri, ueritatis » me était issue , Sigismond Auguste
fautores graviter in eo , quod in hoc » repartit trop brusquement à la
. negotio régi tanto conatu se opposue- » reine sa mère , qu'il n'avait pi!«
rint , errat^erant : osores uero ejus et » fait tant de déshonneur à la royale
adi/ersarii eorum contrariée parti se « maison des Jagellons et à la cou-
apjplicantes régis gratiam in se deri' » ronne de Pologne , époasant pu-
u.2runt. /ideo et hic uerum apparuit
iUud Christi oraculum : filios tene- , <^) LUleras h rege... aceepU, quibus eiman-
brarum nrudentiores esse in gênera- „^^ suœreginœ Bonœ , cui cumprtJ. nupu,
tione sua quam flhos luClS (2). Su illof fila régis erant ingratœ , et animum exai-
ne fut pas plus utile , il fut dit moins P^rdranl satis naturd malignum. Nam, non lê-
plus glorieux aux réformateurs de la '"'" *" '""" quispiam tusU.-
Pologne, d'avoir été si peu politi- Q«libi conque bon«.acr,.clumtmRerÎ5unaii,
<^ ^ ~ o» ^wM yv*xM.t. Imposuit nomeo , omnibus irapotuit.
'i*"®** ffitt. Reform. PoUm. , pag. 36.
(i) Biblinlh. Antitriritiir. pag. B/}. (4) Itli-m ^ ibitl. , pag. 87.
^•1) Sunislaus Lubienifciu», «isioria Rrrorm. (5) Hilar. de Co^ie, Élog. de» Dame* illii»lm,
Poloaica:, pag. 9»- lom. /, pag. am.
LISMANIN. 479
>* bliqueinent et en la face de Te'glise duite dans Tex^cution d^un dessein
» cette très-belle yeuve , en laquelle aussi important que celui-lù. Il ne
» les grâces du corps et de rcsprit faut point qu^on objecte que jamais
» récompensaient ayantageusement le, roi de Pologne Sigismond Auguste
» ce qui manquait à sa naissfince , ou ne Je cbargea d^une telle cammi«-
» plutôt à celle de son premier mari sion ; car il est facile de faire voir le
» Gastold , que non' pas elle qui contraire. Les originaux des lettres
» s'était marie'e secrètement après la que plusieurs ministres ayaient re •
» mort du feu roi Sigismond-le- mises à Lismanin , et qu^il ay^ait en-
» Grand, de sainte et de louable yojées au roi de Pologne , tombèrent
M mémoire, à un bomme de basse entre les mains- du seqpré taire de Lis-
» condition nommé Pappacoda (6). » manin , trente ans après la mort de
(D) Il reçut..., une commission de ce prince, et on les rendit publiques
t^oyager pour acquérir les lumières... (lo). Il est certain que Gesner, JBul-
nécessaires afin de dresser un meil- linger, et Calyin écrivirent à ce mo~
le tir gouvernement ecclésiastique. ] narque , et que leurs lettres , avec
TQ^allez pas vous imaginer que sc'i Jusieurs autres qui furent écrites à
lettres de créance portassent, qu'il des seigneurs polonais sur Pafiaire de
avait ordre de ^instruire des bonnes la réformation , coururent par tout
manières de réformer la religion. Il le royatime , et cbagrinèrent extré-
n^ayait reçu cet ordre que verba- mement les bons catboliques. Urebat
Icment , et le roi n'^avait ^point voulu malewolos Lismanini exemplum , sed
qu'ion lui rendît compte de cette af- et missœ virorum. prœstantium. Con-
Taire par écrit , mais seulement de radi Gesneri , Henrici Bullingcri ,
vive voix. Lismanin ne laissa pas de tiim Joan. Caluini ad regem Uiterœ ,
lui en écrire. Le prétexte de son • quœ et ad proceres regni ac équités
^oya^e fut celui-ci. On le chargea weritatis evangelicœ sectatores scriptœ
fie voyager, afin d'acheter plusieurs per ora et manus plurium fei^eban-
bons livres pour la bibliothèque du tur (ii). Il est sûr aussi que sa ma-
roi. Ce n'était pas uniquement un j esté polonaise fit réponse aux, lettres
prétexte , car il fut eifectivement des trois docteurs que j'ai nommés,
chargé d'acheter des livres , et il en Littene illœ {\^)fld Lismaninum per
acheta même beaucoup qu'il envoya Budzinium ministrum ejus missœ
en. Pologne (7). De negotio religionis fuére, qui et litteras regias quibus
amplilis colloquentes , decreuerunt , Gesnero ^ Calvino , et Buïlingero, res-
ut Lismaninus , ministri regii (facto- pondit , ad eos pertulit (i3). Mon au-
ne/» vulgo uocamus) nomine , biblio- teur se plaint de celui qui a publié
thecam regiam sumptibus ejus omni les lettres de Jean Calvin. 11 l'accuse
librorum genePe instrueret , nec non d'avoir supprimé les louantes que
t.*iros doctos et pios adiret ^ ecclesias Calvin avait données à Lismanin, dans
uarias , earum instituta et ritus ac ses lettres au roi de Pologne. Moneo.
regendi formas perlustraret , deque amantes veri ex qfficio uiri christiani
omnibus Iiis à reditu suo^ regem in- et fid&lis scriptoris , ut quâ ratione in
strueret (fi).... Lismaninus régi per legendis celehrium auctorum scriptis,
litteras poslea totum negotium expo- circumspectos eos esse oporteat , ui-
suit , contra ejus tamen mcntem , qui deant , non bond fide in edendis illis
reditum ejus et narrationem viuœ epistolarum grauium. apographis ab
uocis , non litteras et mutam narrtuio- infestis weiitati hominibus actum eise.
nem , expectabat (9). Lismanin fit
paraître peu de discrétion et de COn- (10) Née non UUerasauas eeUh^rrimî inHel-
»eUd viri ad eum serîpsem : quarum aulographa
(fi) HiUrion de Coate, lit même ^ pas. ao4. 3« anni* a morte repis in manu* Budtinii p^r-
Voye% Its paroles lie M. de Thon, lom. If^ pagm venerunl, ita ut qu.* induftrim eontervtoion/m
î35 , citation (18) de l'arUde AiiAoo»{f»a- iUorum Hrhrnmu.*. fforuni apographahîc omit-
belle d*). to ; c'um htee fam ducum lueftn viderint. Idem ,
(7) Libros jussu et impensi* regiis eoëmlof^ ibid.,p/rg. 44*
hi^niiio pOiUfuant duxrral uxorrm ad *tunsu/f (ii) Thid. , pag. 55. ^
indi misit. LubieaieriiM , in Hitt. Reformât. (f») C'est- hdirr ^ celles que le sjrnodn de
Polooicir, p*ig' 4^1 44* Pinitovie écrivit à Lismanin.
(8) idem, ibidem , png. 4** (i3} Liibipniecins, liiit. Ucrorm. Polonice ,
fg) Ihid. , pag. 4i. png. 53.
28o LISMANIN.
Nom ne quid disrimulem : epistola , marier , <}u*il eAt *>endu compte de u
quant ad regem Augustuiti ÙahirttMt comraissioii au roi de Pologne. Toat
noms decembr. çid lO liv. dederat , ce qui est permis n'est pas poar c«la
satis conlatè contra pontificiam ar- faisable : 1 importance est de prendre
ro^nntiam scrinta , ertat quidem in- toujours bien son temps. Budzioiui
ter epistolas Caluini pag. iSg, sed représenta cette maxime à son nuitir,
Zdsmanini nomen initio epistolas pa- avec beaucoup de solidité- mais ii le
riim cnndif/è agens etlitor ejns omisit trouva inflexible, il ne put jamais Hq-
(14 . Il rapporte une lettre de Calvin duire à différer son maria«'e. Le soci-
Bclon la teneur de Toriginal : si vous nien que je vais citer blâme judiciea-
la comparez avec celle qu'on a im- sèment cette précipitation , ettrourc
primi^e , vous trouverez bien des mauvaisque les conseils de'Calvin, et
omissions dans celle-ci ^ on en re- ceux de Socin , aient eu plus de cre-
trancha tout ce passage (i5) : fi!qui- dit que ceux de Budzini. Quod ta-
demoptimo t^iro et fideliseruo Christi men ( mandatum régis) paulo poU
Franc. Lismanino , quiim a me con- neglexit , postqukm Ircnet^am retvr-
silium peterel , auctor esse non dubi- sus , ne cum horrido cucuUo in Po-
tavi , vt isthàc statim concederet , si loniam rediret , uxorem duxisset
quis forte operd e}us usas Jïient , auctore Calvino et Lœlio Socino ' qui
saltempioejus desiderio libeUter sub- pauto postfjurim Cracoviœ sementun
scripsi : nec ueritns sum ne ejus pro- ueritatis jecisset , Geneuam eodem
fectio quasi intempestit^a majestati anno redierat ; qud tamen ntox Cal-
uestrre dispfireat, cujus prœsentiam i^ini ingenium uel non ferens uel me-
multis modis utilem erperientia ipsa tuens , relictâ, Tiguri sedem firerat)
ostendet. Quod si palam a rege ip- sed contradicente Budzinio , rninistn
sum proferri mox a primo ingressu suu , et ob oculos ponentc re'^is in-
nondum commodum videbitur^ ntihi dignationem , qui eum sumplibus suis
tamen per sacrum Chrisli nomen ro- in exteras regiones ad omnia periu-
ganda suppliciter et obtestanda est stranda et exploranda able^drit et
V, M. ut rectè currenti saltem allun- tantorum conatuum alium euenlum
de patefactam t'iam curet {16). Voilà quam ablegati sui , ejusque mo-
une preuve convaincante de la mis- nachi , nuptias expectet , fide etiam
sion de Lismanin , ou plutôt de la promissi sibi datd, tum et successum
commission que le roi son mattre lui ejusmodi matrimonii y quod ma^is
avait donnée de prendre langue avec œdificata subruere , quhrn aliquid
les re'formateurs , et de s'instruire œdifîcare possit , infaustum ; quoi
des meilleurs moyens de réformer la eliam reipsa euenisse suo loco ViV/«6r-
Pologne. En même temps voici une mus. Sed surdo cecinit. IVanique mo-
tout ce qui déplaît. Et qui nous as- tias properans , quod instituit , efftc-
surera que l'on n'y fait point d'ad- tum dédit , et accepta uxore , Genevœ
ditions et de changemens? mansit. Quod ejus factum rex mo-
(E) // se maria... malgré les re- lesté ferons ab incepto de exploraruU
montrances très-judicieuses de,... son religione resiluit (18). Corrigez une
secrétaire (17).] Je veux que notre faute qui se trouve dans l'Eistoirc
homme fût fortement persuadé de la universelle de Jean Laetus. Il dit que
nullité de ses vœux , et que son esprit Lismanin sortit du cloître de Craco-
non moins que sa chair conçût de la vie avec quelques autres moines pour
répugnance pour la loi du célibat ; il se faire protestant (19). Qui ne croi-
fallait néanmoins qu'il attendît a se rait en lisant cela , que cet homme,
(i4) Lubieniiciu. , Hwt. Reform. Polon. , (18) Lubieoiecîu», m Hist. Reformât. Polo»..
(.7) On donne ceue qunlUe'kBudùniu. dan. ÙLl CW«T 'fllX T-»»-''»^ J"'
LISMANIN. 281
•uivi d«Ouelques confrères, abjura ]56i ; mais il est certain que Lisma-
dans là Pologne sa religion ? Ce n'est nin s'en retourna en Pologne cinq
pas néanmoins ainsi que la chose se ans ayant que Ton y mandât Gentilis.
passa : les cortleliers de Cracovie qui II est encore certain que ce ne fut
se firent protestans procédèrent Lis- pas afin de combattre la divinité de
manin (^o). Celui-ci dissimulait, et Jésus-Christ 5 car il ne parut adopter
ne jeta bas le masque qu^à Genève , Parianisme qu'après avoir vu les dis-
pendant le voyage que le roi lui fai- putes de Stancarus , et qu'après avoir
sait faire, et qui avait pour prctexfe conf<^é avec Blandrata , qui était
l'emplette de plusieurs livres pour la retourné en Pologne deux ans après
bibliothèque de sa majesté. Sop ma- lui. Quant à Paul Gonésius, il n alla
riage a donné lieu à Florimond de point joindre Gentilis ; car il était en
dire , que François Lisinan , moine Pologne dès l'an i556 (25).
apostat , qui depuis s'approcha de ( G) // mourut misérablement à
t^^lcoran, soutint fort le menton a Konigsberg, environ l'an i563. ] Il
ces nouveautés, plus pour l'amour tomba en frénésie , et se jeta dans un
d'une femme dont il se coiffa ^ que puits où il se noya. Quelques-uns
non pas de l'Evangile (ai). disent que sa femme , fort suspecte
{Y ) Il eut quelques conférences de lui avoir fait porter des cornes ,
avec Blantfrata , l'an i558. ] Je ne fut la cause de cet accident funeste,
sais pas si avant que Lisnianin eût Regiomonti , ubi apud ducem Borus'
fait le voyage dont j'ai parlé , il siœ degebat , in phrenesin lapsus ,
avait servi de patron à ce Blandrata , ( cui a juventute obnoxius erat ) in
et l'avait introduit auprès delà reine puteum decidit , atque ita submersus
de Pologne sur le pied d'un bon m é- est , circa annum ut colligo i563.
decin ; inais du moins est- il bien sûr Budzinius cap. ag hune casum nar-
qu'il l'introduisit auprès d'un grand rans , dicit , ciim ed de re scnitare-
prince après son retour. lia sors tulil tur , relatum sibi eise , uxorem ejus
ut Blandrata , qui medicinam diii in ( quœ jam antea adulterio suspecta
Polonid primàm , deindè in Trans- erat ) hujus interittls causam fuis-
sylvanid apud reginas fecerat, eo se (16).
rêver teretur: ubi ninditm facile illi (H) La plupart de eeuT qui parlent
aditus ad nostros patuit , quantumvis de lui ignotent son nom."] Nous avons
à D. Johanne Calvino diltgenter prce- cité un homme qui l'appelle Lisinan.
monitos; illumprœsertim in illustriss. D'autres le nomment Lismannus (27),
et prœstantiss. alioqui principis eu- ou Lis m a ni us {nS).
jusdam gratium insinuante Lismani- ( I ) // n'écrivit presque rr>/i.] Voi-
no quodam Corcyrensi , magnœ tum ci ce qu'on trouve là-dessus dans le
apud Polonicas omnes ecclesias auc- recueil des écrivains antitrinitaires
toritatis viro (22). Je remarquerai ici (29) ' Litterœ ad generosum domi-
un anachronisme du père Maim- num Stanisfaum Ivanum Karnins-
bourg. Il assure que Gentilis étant cium (3o) , datœ Pinczoviœ , die 10
allé e/i Po/o^^/ic, où Blandrata l'avait septembris an. i56i. M. S. in quibus
mandé, Lélio Socini , Siennois , et sente ntiam Stancari oppugnat , ac
Matthieu Gribaldus aMvrentVy^oin- multis testimoniis patrum , probat ^
dre , et que Pierre Stator, . . . Lis- pat rem esse causam ac originem filii,
nianinus , . . . Gomésius (23) , , . . et eoque majorem : porro se ipsum ah
Ohin y accoururent , pour y com- arianismo sibi objecto purgat ; Stan-
battre ouvertement la divinité de Je- caro autem sabellianismum imputât.
SCS Cbrist (24). Il met en marge Pan _ . ,,, /« - 1 < j ,
^ *^ ° BLAjfSB4T&, tom. III y pag. 458, a lajîn de la
remarque fD).
(ao) Labienieciai , in HUtor. Refona. PoIob., (»5) Lubieoieçia», in Histor. Reform. Polon. ,
pag. a3. P^S' »"•
(il) Florimona de Rémond . Histoire de rBé- (^^) BîM'Oib. Antitrinil. , pag. 35.
"»«e , Uv. /K, ehap. VI It^ pag. 453. (a?) Hoornbeek, Apparat. , pag. 3i.
(sa; Bexa, epist. LXXXT. (a8) .Spondanua , ad ann. i56i , num. 33.
(a3t II fallait dit* Gon^ins. (ag) Biblioili. Aniitritiil. , pag. 35. Fojet la
(a4) Histoire de rArianisrae, /iV. XIT, pag- ï«"*^« LXXXl de B4»e , pag. m. «J7.
j*» , 35a du II I^. tome , édition d* Hollande, Oo\ Cette leflre eft imprim/e dan» rRiatoria
Vore% un semblable anachronisme dans l'article Reformalionis Polonica , pag . 1 1<> «< t**f'
a82 LISOLÂ.
Ab hoc umpore an$d ex hdc epittoU dent , et il employa aa/bîen et i
wTeptJycœpit Grtgorius Pauli , in l'avantage de la maison d'Âolri^
ecclesUCraco^ieiui JortiUMurgere ^ ^, , de sa pïurae,
eminenUam Dei pains : prout rejert ^'"^ iwwa «T^a cai^ua "'^ *~ "i^i-,
Budziniusy qui dictam eputolam ope- et toute la Vigilance d un habile
riê suihistorici cap. ^o insérait. Ère- négociateur. Il n'avait pas ploi
*"' ^^pM?""^^ doctrinœ de sanctissi-- jg ^^^m^ ^^^ ,, lorsqu'il exerçait
nui J nmtate , quam Atancaro et atus a i « i i. j **' *
quibusdam opposait , pmmissd ad ^^ Angleterre la charge de r«.
ïygem Sigismundum Augustum epi- dent de I empeur Ferdinand III,
stold apologeticdkal.junii i563, Cra- (J)), \\ s'en acquitta si bien, qu'on '
couiœ scriptd Subscripserunt ei cum Jui continua cet emploi plus de
Ipso y Félix Cruciser supenntendens wi'»** '^
eccUsiaruminmi^onPolomd, alu- quatre ans. Il était envoyé ex-
que circit^r triginta seniores et mi- traordinaire à la COU r d Espagne,
nisiri : inier quos erat , Gregorius au temps de la mort de PhDip-
Pauli senior in ditione Craco^densi, pe IV, en l665(A). Le livre qu'il
yipologia nœc excusa est typis ^ an- V .^ \ „ »•«»«• ?j
«o i565. Le centon dont j'ai pai^ë intitula : Bouclier dEtat et de
dans le corps de cet article fut im- Justice 9 est fort bon (B). Il J
primé j néanmoins Lubiéniéci us ne réfuta solidement ce que la Frao-
l'avait point vu. Pour la singularité ce avait publié touchant les Pwu
du fait, le rapporterai les paroles , , *. .. ,. ,1
qui témoignent qne Lismanin vou- ^e la reine surdwers états delà
lait terminer par l'autorité des pères monarchie cCEspagnCy Tan 166-.
les différens des ministres. Lismani- Je ne doute point qu'il ne soit
nustamensiudiaredintegrandœcon- Pa^teur de plusieurs petits OD-
cordiœ vel stabiliendœ rei resumere ; ^ 1 t? • i •
média ad hanc nm obtinendam ido- vrages contre la France , qui hi
nea quœrere : ad ulùmum quatuor sont attribues; mais je crois aussi
iUorum ecclesiœ quarti seculi doctO' qu'on lui en donnait plusieurs
rum Ambrosu, Hieronymi Au- ,.| ^^ ^^j^^j^ pas : artifice de
gustini, et Cnrysostonwauctontatem ^v " • j
qaasipartibusdissidentibusconcUian- libraire, pour donner coursa
ois commodum médium piy>ponere •' une méchante piëce. Il se rendit
hinc centonem ex iUis consuere. Id odieux à la France par cette ma-
scripti, licet lacem uiderii , uidere -^ d'écrire; et il y eut des
mitu noncontigit iôi). _ . ,\ X - . .
° Français qui le maltraitèrent
(3i)LubienicciiM, in Hiiiu Berorm. Poion. , beaucoup daus Quelques livrcs.
lis se plaignirent de soiy humeur
LTSOLA (Fbançois de) s'est emportée et satirique, qui n'é-
rendii illustre par ses ambassa- * pargnait pas même la personne
des en plusieurs cours de l'Eu- du roi très-chrétien. Il se justifia
rope. Il était de Besançon'^yetil là-dessus fort sérieusement (C).
entra au service de l'empereur, Je pense qu'il n'y a personne qui
environ l'an 1639 (a). Depuis ce ait écrit contre lui d'une manière
temps-là jusques à sa mort il fut plus ingénieuse et plus piquante
attaché aux intérêts de la cour queM. Verjus (c)(D) ; c'était pour
impériale avec un zèle trës-ar- repousser de grosses injures.
14 'oublions pas que M. de Lisola
* Il était de Salins , dit Leclcrc sur le
témoignage de Tahbd d'Olivet. {b) Richard, Description àc la Franche-
(a) Dans ta préface du Dcnoûment de» Comté , dans £*Atlas de Blaeu.
latrigueH du temps, (m;>riineran 1673,0» (c) // s'appelle présentement comte de
observe yw'il a servi trente^trois ans sans re- Crécy , et il a été Pun des plrnipotentinires
proche , souf deux empereurs. de France ^ nu traité de Rx^wick, Fan 1607
LISÔLA. 283
ut honoré de la qualité de ba- comte de Chava^nàc remarque (i)
•on. Il mourut avant l'ouver- que le baron de Lisola avait arrêté la
-, »f 1 wr< « conclusion du maciaee de 1 infante
ure des conférences de Nime^ue. ^^gc l'empereur, et au ait fak. résous
1 y aurait été sans doute pléni- drele roi, auparavant sa mort, d'en-
>otentiaire de sa majesté impé- tretenir par un des articles une ar-
•iale , et peut-être aurait-il mieux '"^^ dans les pays héréditaires , pour
: * n M secourir la r lanâre , le MUannis y et
eussi que ne firent ses succès- l'^mpereur. Le comte de Marsin en
eurs, à reculer le traité de paix, devait être le général. Le comte de
I était, dit-on, plus propre à Chavagnac devait la commander sous
■«;««. ^^r.4^;»,-.^^ .«.r ««««««\.,,»;. Marsin. Il aioute que le baron reçut
aire continuer une guerre au a j j *' ^a i* -/\*
/i7x &"*'*•*' ^ « ordre de passer en Angleterre (a) , et
a terminer (£-) : et il savait tel- s'embarqua à Barcelone sur une flû-
eineut jeter l'alarme dans les te ^fîn dépasser à Final , et traversa
esprits , qu'il animait à se liguer le Piémont , et se rendit,en Franche-
Puin mpmes nui avaipnfr 1p V^liis Comté avec madame sa femme et ma-
eux: mêmes qui avaient le plus de„,oiseiie sa fille (3), ^m est une
ie passion de demeurer neutres, des plus honnêtes personnes qu'on
\e me garde bien d'af&rmer ce pût voir (4).
me bien des gens ont dit , qu'il „ /B) ^ ^'^'^ 9"f'*^ intitula Bouclier
\. r->;l«**-x^: *« i j ^ ^ dEtat et de Justice , est fort bon. \
le faisait point scrupule de semer y^.^^ ^^ ^^^ j, ^^ L>onne en écrivit
ians plusieurs cours , comme des au roi son maître. « J'avais oublié de
ettres interceptées , je ne sais » dire touchant le livre que les Es- '
rombicn de plans et de projets »' pagnols ont publié pour réponse
J, ii. *. i>* » X* J» »> au Traite des Droits de la reme ,
i alliance, ej;d instructions dam- „ lequel est intitulé Bouclier d'État
iassadeurs, qui faisaient voir que » et de Justice ( qui doit être de la
a France voulait dévorer toute » composition de Lisola ) , que le
l'Europe; toutes pièces qu'il for- « sentiment de van Beuningen est
..1*. A :r ^1* . » que ce livre -la a pleinement et
^eait lui-même dans son cabinet, ,, ^onvainquamment détruit toutes
dit-on. Je demanderais de fortes „ les prétentions du roi sur la Fran-
preuves de cela , avant que d'y » che-Comté , Namur , Limbourg ,
âjouterfoi: et d'ailleurs ces frau- « Hainaut , Artois , etc. , sans que
y xi • 1 i » Ion y puisse faire une bonne re-
Jessontbienbonnespourlepeu- „ pH^^fe de notre part, en sorte
"ce
apparence
sur
1 J -f J ' fil » le tsraoant, pour le droit aeciévo-
lieur de se rendre désagréable au „ i^^i^n 5 d'où il conclut qu'il ne
roi de Pologne (F) , comme je le m doit demander qu'une satisfaction
ilirai ci-dessous, en citant M. de » proportionnée à cette prétention-
Wicquefort. On a cru qu'il fut le "" ^^ .' «' qu'ayant promis qu'elle se-
*. ^ * 1 ^ • ■ I « rait modérée , il en tire mainte-
premier auteur et le principal „ ^^nt la conséquence que la Fran- .
directeur du dessein qu'on exé- » che-Comté , et «quelques autres
eu ta dans Colos^ne , sur la person- » places devraient suflire à sa majes-
nedu prince Guillaume de Furs- '' ^- "" L'^P^stiUe que M. le Tellier
temberÇ (G) , durant les COnfé- ^,j Mémoire. An comu de Cb...gn.c, p»4N
rences de la paix , le 1 4 de février «46» ^diuonde Hollande.
M^ * (9) Là mente , pag. a5i. \
(i) Là m^me , pag. -,53. V,
(4) Là mfm*> , pag. ^^n, \
(A) // était envoyé extraonlinaifV (5) Mémoire» de M. de Lyonne. înterccpeé.
. ; '^ i> r« ^ 1 P*r ceas de la j[(«raMoa de Lille ,. le sirur He«
a ta cour d Lspagne , au temps de Ton , roarrier du rabinet, le» portaolde l'armé*
fa monde Philippe //'", en 10o5. ] Le a Paris, r*n iftî; , pag. 18 «.'« i'impii't.twn d*
^84 LISOLA.
"iV^^^Ï ^ ?•' •""*"'' •*• ** *^*^- » pas de le poKr, comme il ann«
pèche de M. de Lyonne par ordre du » souhaité, jamais aucune pièce d<
roi , coQUent ces paroles : On peut » sa façon n^a paru de son su et à
espérer auecfonfiement que te senti- » son consentement. 11 est vrai q«
mentdeuanBeuningen, touchant ce » l'aviditë des libraires leur alàl
Uvre^ln^neserapassuiui. » ramasser quelques fragmens nu
(C) // se justifia la-dessus fort se- » agences de deux ou trois autres à
neuscTMnt, ] Voici ses paroles ; il y » ses ouvrages, qu^ilsont missousli
parle de lui-même en tierce per- » presse avec tant de défauts, qa
sonne. Il fait paraître dans toutes ses » l'auteur même a de la peine à k
actions une estime toute particulière » reconnaître 5 mais il a sujet de «
pour la nation française ; il la re- » plaindre de ce que la nialired
connaît comme l'une des nourrices » quelques-uns , et ricnorance à
des sciences et des arts, polie dans » quelques autres , lui attribofl
ses discours et dans ses écrits , agréa- » souvent des fruits qu'il d'à f
*^'*f '^ conversation , fertile en » produits (8) , et qui ont descarao
grands hommes , abondante en bons » téres si contraires aux siens , (^
soldats, industrieuse, hardie, et ap- >» pour peu qu'on veuille lai \è
pliquée au travail. Il a des senti- «justice, on demeurera facilemd
mens pour sa majesté très chntienne, » d'accord que ce sont des enfin
ÇUi passent justfues h l'admiration; il » supposes. »
enpar*e en toute sorte de rencontres Pour n'en faire pas à deux fob
avec autant de respect que ses pro- rapportons ici ce qu'il repond aœ
près sujets ; il loue avec tous les élo- reproches d'avarice et de violenw
ges possibles les beaux règlemens « 11 l'iittâque par son fort lorsqu'il
^' 7 / ^ ""* *''"'* ^^^ ^y^^^^ y «' " '® *^*e en termes couverts dètn
su lui voyait appliquer son grand » gagné parles États, etdVP*
geme et sa puissance à des conquêtes » un principe d'inte'r# et d'ambv
moins dangereuses et plus éloignées , » tion : c'est mal connaître snn gp
U accompagnerait ses desseins du » nie et celui des Provinces - Unies
plus ardent de ses vœux {6). Vojous » 11 est aussi peu d'humeur à reffr
comment il se justifie sur le chapitre » voir qu'elles le sont à donner:"
des libelles (7) : « Cet écrivain l'ac- » n'est pas la méthode des repoW'^
» cuse d une démangeaison démesu- » ques populaires de faire de seB-
» rée de se produire en public par » blables profusions (9) . . . Anfoii<li
» ses écrits, et je puis dire avec tous j> cliAcun sait le peu d'appiicati<«
» ceux qui le connaissent , que c'est » que le baron de Lisola a pour «
M l'une J- » - ^ . ». ^.
u sions
» de sa vie , il ait employé „.. ...„- .„., ,.„„ , „^ , „ .
» res de loisir à la composition de m gence qu'il fait paraître dan^ses
» plusieurs ouvrages , dont il aurait )> propres intérêts. L'ctat où ij ^
» pu attendre autant d'approbation » trouve, après les belles occasion
» que de ceux qu'il a été obligé de » qu'il a eues de s'enrichir, faitcoo*
» mettre^en lumière, jamais les sol- « nattre évidemment qu'il ajus?"^
» licitations de ses amis n'ont pu » ici plus travaillé pour le P"^"f
«vaincre la répugnance qu'il a » que pour soi-même : quelques""'
» toujours eue à les exposer en pu- » nistrès de France pourraient ^^
» bhc , et hors du Bouclier d'État » dre un témoignage authentique a*
» qu'un commandement absolu et >> la manière dont il reçoit des op
» une nécessité indispensable l'oblî- » de cette façon ; toute h contrit
» gèrent de mettre au jour, avec
« une précipitation qui ne lui permit C®^ Conf/re* ao^e cfei ets paroi» df^^
'^ a34 : Il montre au'il nr connutt fort w»'/"^; J
rinUét^^M .«ro t» •• I ^^^^. .. - lomqti'il impute la lettre <ie<i Eluti-G*"*'*!''
paalin'df?n^T ' **"? CCCCLXirt . piu^P du biron de Li.ol.. Le« bon. eonM..^;J
\tpàonV ' '*""• » '''^'^ ^' '"''' *"'"•- »'" <•'■—» P" »« •»«"•« j«*eme«i; e« \'^^^
t/i\ m ▲ .j » . tonnerai pluâ désormais »i le» ilO»»'"*'*", Ai
W " "■««• . P'S- ■ •• (q) Lk mime , pag. 9.
LISOLÀ. a85
pérlale d^osera en sa fayeur, c[u'il (D) Il n'y a personne qui ait écrit
y a plus de trois ans qu^il sollicite contre lui d'une manière plus ingé-
ardemment son mattre de lui ac- nieuse que M, F'erjus.'] On at-
corder pour prix de tous ses ser- tribue au baron de Lisola le livrçt
Tices , une petite retraite , ou il qui a pour titre , la Sauce au f^erjus
puisse passer en repos le re^te de ^i3), pièce tout-à-fait sanglante con-^
ses jours, hors du tracas des afl'ai- tr.e celui dont le nom est désigné.
res. Si les oflices de ses ennemis lui Cette allusion , et le titre tout entier
pouvaient procurer auprès de son de ce libelle, ont fort déplu au père
maître ce bonheur, auquel il aspi- Bouhours : je rapporterai un peu au
1 1. :i-. «_ J 'r : i. j ' l^ „..V'i _ V:* m j * __ __
par la lâcfie et par Tindigne voie à M. de Lisola. « Un homme à quo-
des injures et des calomnies : je » libet ne manquera pas de jouer sur
sais auHI se tiendrait redevable à » un nom dans des écrits injurieux,
leur naine, et dirait de bon cœur » Il intitulera un libelle : la Sauce
salutern ex inimicis (lo). » Voilà » au f^erjus , et dira ensuite, les
tour ce qui concerne Paccusation » raisins qui ne peut/ent jamais
^avarice : passons à Tautre. Quant » mûrir, sont bons a faire du Ver-
i sa conduite dans les affaires publi- » jus. La France approuve ces des^
jues , tous les ministres de l'empereur » seins par son ministre h la cour de
9eu%*ent donner fidèle témoignage >» Brandebourg , et la sauce court
lu' il n'a jamais rien propose de wio^ » risque de n'être par des meilleures,
lent , ni dUnjuste ; qu'il a toujours » puisqu'on y niet trop de f^erjus. Il
porté les choses a l'union et a la dou" » faut avoir le goût méchant , pour
ceur.
marchai
maxime
tous
tés , il a mis ses soins et son étude a » n^airoerais point autant la plai-
chercher les uoies d'accommodement; » santerie de ce prédicateur si fa*
il a réuni M. l'électeur de Brande- » meux qui , préchant devant un
bourg h la Pologne , et ne trouua » grand prince^ et ayant pris pour
point ef obstacle à sa négociation , que i> son texte, omnis carojœnum, com»
ceux que les ministres de France y » mença par dire, monsieur, Join
avaient mis. Tout le monde sait » de t^ous,J'oin de moi ,Join de tous
qu'elle facilité il apporta à la paix » les hommes ^ omnis caro fcenum,
d'OUue ; aifec quel empressement il a » Mais à parler sérieusement , la
travaillé a celles de Portugal et » turlupinade du ministre de Vien-
d'Aix-la-Chapelle ; et les soins qu'il » ne, et celle du prédicateur de Pa-
a employés pour l'affermir par une » ris, se valent bien : l'un oiJensela
solide garantie '• il a souvent sollicité » majesté de Pempire par un mot
des ligues défensives qui sont lesjon- » grossier et ridicule, en voulant la
démens de la paix et de la sûreté des » soutenir^ Tautredéshonore lasain-
é/afs; il a toujours déconseillé au- u teté de la parole divine , par une
tant qu'il a pu les offensives, qui peu- » expression basse et bouflbnne. L'un
vent donner de la jalousie , et exciter u et Vautre blesse la dignité de notre
de nouveaux troubles ; il demeuré » langue , qui ne peut soufl'rir qu'on
même d'accord qu'il souhaite la sub- » plaisante mal à propos et grossié-
sisiance et la conservation des Pro- » reraent»i3),»
vinres- Unies , parce qu'il les consi- (E) il était, dit on, plus propre a
dère comme les boulevards de l'em- faire continuer une guerre qu'à la
pire , et les plus fermes appuis des terminer.'] Ce fut donc pour lui un
Pays-Bas , les. médiateurs et les ga- emploi très-agréable que celui dont
fans de la paix {i\). l'empereur le chargea, pendant la
(>e) ZÀ mt$ney pag. ii. (la) Imprim/Van 1674*
Vil) DénoAment des TatrigaM Ja tempi, (i3) Bouhourt , Rcnarqaes inr la langoe
^*i- <4- françaite , piig. m, 4«8* ,
28(> L ISO LA.
guerre de Charles Gustave , roi de » parmi les sénateurs. La reine , qai
Su^de , contre la Pologne ; car voici « ne le pouvait pas ignorer, et (^li
Suède, l'empereur envoya offrir sa» « latin de Pomëranie iraient dire à
médiation a celle-ci par le comte de f Lisola , que les cabales qud jci-
PotUns(uen , uice-cliancelier de Bo-^ » sait dans le royaume , empéchaienî
heme. Filles avaient déjà commencé a » leurs majestés de le plus admettre
traiter sans médiateur ; les Suédois » à l'audience. Lisola , pour s'asst:-
étaient persuadés (fue l'intention de » rer de leur intention , et pour sa-
V empereur était d'aigrir les choses » voir "si en cela il y avait qnelqcf-
plutôt que de les accommoiler. Ils » chose au delà du personne) , et q
savaient que si la négociation se de- » les défenses 8*éteiî il raient jiisqcc'
vait faire par îles médiateurs , on ne » à la Négociation qu'iJ avait à fairf
se pouvait passer de ceux qui y » de la part de Tempère or son nui-
avaient déjà travaillé a Lubeck ; que » tre, demanda à voir le roi, qui
V empereur avait tâché d'obliger le » lui fit dire, que s'il avait quelque
Moscovite a déclarer la guerre h la » proposition à faire , il lé pourait
Suède y et même que fjessinsky , que » ftiire par écrit. lÀsola refusa d ]«•
le roi de Pologne avait envoyé à » faire , et en donna avis à la cour
f^ienne, en avait remporté quelque » de Vienne, d'où on lui fit réponse:
assurance de secours. Le comte ar^ » Que l'empereur était d'autant plu'
riva à Thorn au mois de décembre; » étonné du procédé dti roi de Pn-
mais parce que le roi était en des » logne , que devant que d'en mer
mouvemens continuels , il ne lui put » d'une manière si opposée h la bon
parler que le 5 d'avril de tan- » ne intelligence qui devrait etn
née suivante, et il ne le vit plus » entre des princes voisins , et si pn-
depuis ce temps-là; et s' étant rendu » chesparens, et au droit des gcr.<
avec Lisola dans l'armée de Polo- » même , il en det^rait avoir fan
gne , il renonça lui-même a la quali- » se^ plaintes. Le roi de Polô^nt
té de médiateur ( 1 4). » écrivit depuis, sur ce sujet, à IV-m-
(F) // eut le malheur de se rendre » pereur j et son résident, Vespasien
défagréable au roi de Pologne. '\ » Landscoroûsky, seconda de ses offi-
M. de Wicquefort nous va réciter ce- » ces les raisoils du roi son maître
ci d'une manière qui fournira quel- « mais l'empereur , à qui il imnor-
ques traits pour le tableau de notre » tait d'empêcher l'élection d'uo
baron. « Je joindrai à l'exemple » prince français , approuva la con-
» (V^ppelhoom(i5) celui de Fran- « duite de son ambassadeur. Toute-
» cois baron de Lisfila , ambassadeur » fois considérant qu'il ne lui poizr-
„ .esprit, • - - il
.1) agréable au roi et à la reine de » instance même, et sous un autre
et de la rei-
tou jours em-
» en faveur d'un prin-ée français, il » coup de suffisance» c|uoiaue sou-
u s'opposa assez ouvertement aux in- » vent avec peu de succès (lO).» L'ai:-
» trigues qui se faisaient pour cela teurdu Traité curieux sur T E nlhr-
ment du prince de Furstembet^ {\';)
(i41 Wic<{uerort, Traité de rAmbaistclear , avoue que Lisola était malheureux :
fm. //', pag- a:59' ^ il lui donne d'ailleurs de grands ëlo-
(x5) B/sident de Suide a la Haye , que le roi
ton maiire ne^voului point rappeler ^ quoique (i6) Wicquefort > de TAmbaMadeur, tom /,
ffigftiettrt les Étal* , <*»> 1667 v eussent d/elare pag. 3ot , 3oi.
qu'ils ne voulaient plus traiter a\-ec lui. (17) Tmprim/ l'an 1676.
' LIVINÉIUS. 287
;es; et comme tout ce q\i'il dit sert de l'enlèvement. On croit qu'il fit un
I Fhistoire de ce baron, j'en rappor- livre pour justifier cette action. Le
crai un long fragment. « (18) Lisola sieur Deckhe'rus en parle ainsi. Gu-
> a cru ces choses , mais nous avons lielmi principis Furstenbergii deten-
> nos (19) de'faitesj il est vrai que com- tio , ad Cœsaris authoritatem , tran-
> me on le craignait e'tant vif, on se quillltatem impei'ii, pacis promotio-
• contente de l'attaquer après sa* nem , justa , penztUis , necessarta :
> mort ; ce qui n'est ni généreux ni authore Christophoro Woi.$f>ngo ,
> hon-néte , et marque notre faibles- anno MDCLXXIP^ publicàta , il-
) se o u notre timidité levons lustri stylo y experientid profundd,
) en donnerai cent exemples (20) , consummatd eruditione prorsùs ex-
i s'il faut , pour montrer que l'on cellens , ab orhe erudito adscnbi
't accuse à faux un homme que l'on meruit prœ-illustri Antonio Pehïan-
.> n'oserait regarder en face, s'il vi- dro, VAistto^qui susceptam modestam
>i vait. M.-d'Ambrun (21) parle plus nominis detectionem gratiosè inter-
n modestement; et tout ce qu'il lui pretari non dedignabilur : Causa
» objecte, est qu'il l'appelle un au- enim ibi pro honore imperatoris et
a teiir connu par ses écrits enyeni- salute imperii magnijîcè defensa ;
M mes contre la France , sans les neque styli Mars P^enusque Portne-
j> censurer : tant ce génie était fort rdm seHo dissimulare P'isi ; quamuis
» et admiré de tous ceux qui jugent hodie illustrent dom. Franciscum ba-
>» sainement des choses. Il avait une ronem de Isola , negotiatoribus iiTi-
ï» force d'esprit qu'on ne peut conce- tœ pacis immixtum ^ authorem videre
w voir , beaucoup de facilité, une et eligere maluerint {'i3). Par occa-
» pénétration grande, voyait loin, sion , je dirai qu'il attribue au même
» parait ou portait adroitement les auteur un livre anonyme contre la
» coups, possédait la politique, n'i- France, imprimé environ l'an 1673.
M gnorait aucun de ses ressorts, avait Voici ses paroles : JEodem tempore
» au zèle , écrivait merveilleusement prodiit Consilium status secretius
j) et sans peine , et enfin il publiait régis. Galliarun^ , gallicè et germa-
it des pièces excellentes quand on ne nicè mani/'estatum , die Franzoçische
» croyait pas même qu'il les avait Rathstube j non A-inè yeri coi^jecturd ,
ïj commencées (aa) Or avec suœque rei, indè spe , hinc jii^tu, à
j> ces qualités essentielleSjLisola avait Germants arreptum , a Ghllis cum
M du malheur, et est mort perpé- indignatione rejectum : ut ex libella
il tuellement traversé , quand l'em- nuper in contrarium edito, Dotninum
ï> p ère ur touché de ses services, et Francfscum baronem de IsoLl*au/^/o-
» pour lui en donner le prix juste, rem incusante, curioso '^Hostrœ l'ei-
» Pavait appelé à Vienne, le flattant publicœ t^indid patescit (24). ; • '
)) de cent espérances. C'est briller /^vp.,, . e • .• »j i: *
t r^ ^. i ni ' i M. it (23; Deckhcrus , de Script» Adespotis , pag.
w sur la fin , et un reste d éclat d un ,6^, edk. i(m.
» astre qui expire, après avoir éclai- (n^) Idem ^ ibidem y pag. tZ^.
i> ré toute la terre, n -^t-At»t*^ -r »▼ ^tv, '^
(G) On l'a cru l'auteur du dessein LIVINEIUS OU LIVINEUS
qu'on exécuta sur la personne du (Jban) était né à Dendermondè :
prince Guillaume de Furstemberg.-] ^ais parce que dës les premières
Les Français supposèrent touiours »* 1 * • •. -^ r^* n
comme un fait incontestable, que «^«^^S ^^ sa VI e , il avait ete ele-
le baron de Lisola fut le promoteur ve à Gand , d'oii il était origi-
^ „ . , naire , il se donna le surnom de
(i9) Traité curieux , pa/». i3. /^ » • C ' '» -^
\içi) V auteur parle comme s'il AailFrançaU, UanacnSlS. OâL mère eta^t SŒUf
^tfn%%'t-£l!'r.i':^Z:'^'ù. j, ^\ docte Lévinus Torrentius,
Met% y qui publia un livre sur les droits du roi eVCqUe d AuverS, Il etudia IcS
it la succession d'Espagne , l'an iSnA- i^es pa- 1 'xJ « r»^! *. 1 -i »
roUs qu'on cHesont iLtns la préface. Il regar- humaUlteS 3 LolOgnC , et la theo-
daii Lbola comme l'auteur d^n écrit imprima J^^ie ^ LoUVam. Il fit enSUÎte UU
a Ltege t l an tOf}^, tnlituie 1 Orateur Françai*. < n
Céuiiilareyulatioitdela\t»nniue que ée prélat VOyaSC 3 Rom^, et Se rendit aS-
vait faite au tvi, à Mett. le Ho de juillet iGnZ. • j.. ^. U'Ul* «1..^^ ^>. ^». _— ' ^
(a,; Traité carieu» , pag. i6. ' ^ sidu aux bibliotheques , et prin-
tivait
288 LIZET.
cîpalcmenlàceneduVatican(a). pitres du lirrc !•'. P^ariarum Ucti-
11 eut de TatUchement à la lan- 7,""' '^i^ ailuersariis Jacohi Oreuenh
eue grecque, ce qui fui attira si Ton observe ce cjue les journaliste
Painitié du cardinal Guillaume de TreVoux ont fait savoir au public.
Sirlet, et du cardipal Antoine Us disent que M. Tollius a eu laum
Caraff. (6). Il mit en Utin quel- tl^t^^^rt^L^S^
ques ouvrages des pères grecs , et jore Studite,.qu'il a insérée avec 1«
s'il eût vécu davantage y il eû^ grec , dans son Insignia ilinerii Itah-
publie bien des livres (A). 11 ci, l'an 1696. Ils ajoutent ^u'cne/er/f
mourut à Anvers, le l3 de jan- trajiucteur paraît a^oœ eu moins d.
*"""■" ^ 'j . * soin a expliquer le grec que de readrt
vier I Syg , a 1 âge de cinquante- son latin inexplicable • il s'est p'us
deux ans , et fut enterre aie- appliqué a chercher des mots ialins
dise de Notre-Dame , où il avait extraonlinaires qu*a s'instruire du
V. » 1 * ^4 ^u*.«^:«-» /^\ J ^^ sens des mots gr^cs ; mais ils s éton-
ete cbantre et chanoine (c) Les ^^^^ j^j T^m^,'^,-, ^^^ ^^ ,,^
jésuites achetèrent sa bibliothe- gi^n de ce style-fn pour rouurageàu
que à fort bon marche. père Slrmond, duquel il avoue qud
. V « «T , * 1 « w> 1 «-11* I a lu plusieurs écrits. Comment na-i-
V "^ ^' ^îL^*iir ir "*^- .^^*^• il pa^ ^e.nti la diffcrence de celte lati-
beljç., pag. D27, 628. Fores aussi DaTid f. , Jr * - j> t . i
Lindafius:/i6.///deTene4mondâ p.iJi/^. nite obscure , affectée daueclenyk
{b) Swert. , Alhen. belg. , pag. 444. toujours clair , simple auec noble ic,
(S) David Lindanus, lib. III de Tenerte- élégant sans affectation y du père Sir
monda, pag. 2l^. mond ? Ils remarquent que la vérita-
ble wersionque ce père aj'aite du Tes-
(A) // mit en latin quelques ouura- dament de Tliéodore Sludife fut Im-
ges des pères grecs, et s'il eût vécu ^^„^ée l'an 1606 , dans Tédition des
davantage , il edt publié bien des H- ouvrages du père Sirniond , en 5 to-
ures. ] Sa version latine des traités de lûmes in-folio : mais qu'elle avait Jejk
Grégoire de Nysse , et de saint Jean .„ j^^g /^ ,o,„g g .f^^ annales de
Chrysoslome , de Firginitatt , fut f^aronius , h Vannée 8a6 , nombre 5o.
imprimée à Anvers , chez Plantin , (y^n^ ^^^ m, Tollius Vi«r/fciic anpèrt
l'an 157g, m-4<»ii). Celle des Caté- S irmnnd avait paru de s tannée \6m,
chéses de Théodore Studite, acconj- ^^^^ /^ ^^^ ^^ ^on véritable auteur
pagnée de scolies , fut imprimée j^„„ Livintius. Ils concluent que
après sa mort par les soins d'Aubert ^ Tollius n'a pas bonne grâce df
lé Mire, à Anvers, l'an i6oQ,i/i-8*»<a). g'écrier : « Qu'il a connu trop UrJ
Celle de la Dispute de l'empereur An- „ ^^ le docte jésuite ne savait ni
dronic contre les îuifs, fut imprimée „ g^g^ „i Jatin, et que l'estime qu'on
à Ingolstad , par les soins de Pierre „ ^ ^^^j. \^\ „'est fondée que sur la
Stévart, l'an 1616, m-4° (3). 11 fit des „ prétention (7). »
corrections et des notes sur les douze Eflectivement , c'est là une lourde
anciens panégyristes , et cette edi- faute,, et qui donnerait beaucoup df
tion est d'Anvers, typis Plantimams, chagrin à M. Tollius s'il ét^it en yie.
pide et d Athénée , etc. (5). toutes les autres connaissances n'em-
On n'aura guère bonne opinion , pèchent pas qu'on ne juge mal des
ni de sa capacité , ni de sa latinité , choses,
si l'on consulte les trois premiers cha-
(6) Ch ouvrage fut imprima i IngoljtsJ,
(i) Valer. Aodr., Bikiiotb belg. , pag. S18. ''«» '«^S- ^ , , ^ .^ ,
(«)Labbe, l)i«erl. de Scriplor. eccleiia»l. , (v) Tir/ du Joumnl de Trèvomt, juiliettyl
tom. It^ pag. 4o3. *"^- C-*-*» V^S' »»»8 etsuiv.^ édit de France.
(3) Valer. Andr., Bibliolli. belg., pa;. 5a8. t trwr^m t\ >
(4) Idem , ibidem. LIZET (PiERREÎ , premier pre-
f 5) David Liodanos , <i£. f /f de Tcn«r«mon- •j. • [^ a tx • 1
A», pag. «44- sident au parlement de Pans. Je
LIZET. 'aba
l'en parle que pour éclaircir cer- àe princes (a) ; et d'ailleurs le cardi-
► • «o ^ko.cic ««o M Mnrpri n'a ^^^ "® Lorraine voulait avoir dans ce
taines choses que M. Moreri n a ^^ j^^^^^ ^^. ^^ j^. ^^^^^^^
pas assez étendues. Cela regardé rien. Voici la querelle qii'il fit à Li-
a disgrâce de Pierre Lizet (A) et zet : il l'accusa d'avoir parlé insolem-
les livres de controverse (B). Il ™ent dans le conseil de sa majesté :
*i j^ :.,:« »/;/?/ kr,A le fondement de l'accusation fut CTue
nourut le 7 de luin i554 , âge ^^^^^ ^^ ^^^1^^ p^^ ^p.^^^ ^^j^^^^^
le soixante et douze ans : consul- gt tête nue, dans un conseil où le
lez son épitaphe , à la page 822 cardinal présidait. Il dit hardiment
les Antiquités de Paris. 11 avait q»>l «e voyait là aucune personne
,, *i j A, • ^ !>„„ qui méritât de lui une telle soumit-
-eçu 1 ordre de prelrise , 1 an ^^^^ j^^.^ .^ ^^ ^^^^j^^ p^.^^ ^^^^^
1 553 (û). J'ai parle de lui dans première fermeté ; il céda lâchement
a remarque (E) de l'article Bé- sa charge, et s'alla même jeter aux
3A , au suiet de la répudiation de pi^ds de ce cardinal pour lui exposer
, ' . jj » , . ^ sa misère , et pour le prier qu on en
la reine d Angleterre. eût pitié (3). Cette misère fui était
Consultez les notes sur la Con- glorieuse ; et s'il n'eût pas terni cette
fession catholique de Sanci *, à gloire par la soumission rampante
la page 424 de l'édition de l'an où iU abaissa , on le pourrait regar-
'*^ V*^b^ TT • T? • '1 "*'■ comme un des hommes illustres
1699, et Henri JLtienne, a la^q^i ont paru à la tète du premier
page i85 et 5o7 de l'Apologie parlement de France. Il n'avait pas
l'Hérodote (b) , oii il dit heau- «P po«ce de terre , après avoir été
:oup de mal des mœurs de ce Z^^T^l^^^^l
président. lui.. La compassion que l'on eut de
sa pauvreté fit qu'on lui donna l'ab-
(a) Du Breul , Antiquités de Paris , pagr^ baye de Saint- Victor , par la démis-
"•322. sion de Louis de Lorraine, cardinal
• Leclerc et Joly disent crue le renvoi que Jg Q^^^^ ( ^ ), Le p^^e du Breul , en
•ait ici Bayle est aussi "aïeule que celui ^^^^^ ^ j^ jy^^^^ ^^ j ^
ru on fera«t aux ouvrages de Jurieu pour sa- «•«.«. „tA •* r •.. i -»
Joir ce qu'on doit penfer de Bayle. *^ comme SI tout 8 était fait le même
{b) AVédition d^An^er, i56a i?»^' ^^^""^ la même séance,- mais
^ '■ M. de 1 hou ne dit point cela , et il
(A) La disgrâce de Piem JJzet. ] i°»i°.f "*•"« 'f contraire. Quoi qu'il
[)n eu parle^de telle sorte djin» le en soit, rapportons les termes du père
DictionSairede Moréri , que l'on fait ^" ^reul. « Monsieur le presiSent
uger que Ta duchesse deValentinois » '»«='!"«'' ^^ Thou... décrit élegam-
>tle cardinal de Lorraine en furent » «"«»' ,«» t^™'* fi"'.' ? .''«"»e
es promoteurs , comme deux cause» " Pour laquelle ce bon justicier se
iiflërentes. Or i'est tromper le lec- » démit de son état de premier pre-
•^1 j- „i „* \i j.,^i,«„„« » sident, et accepta labbaye de Samtr'
eur: car le cardinal et la duchesse ,,. . » ^-^ „ î-i i j -^ ^t^i.uv-
le doivent passer ici que pour une » Victor, soit qu .1 la demanda , ou
eule cause. Le cardiîial Intéressa » q" on lui offrit j ( car on ne le pou-
'arabition et l'avarice de cette dame » ^»". ^^^''/ ' '"1°" ,P0,"^ «"™e
eu dessein qu'Q ayait formé d'éloi- » P"i»s^ble de mort ). Icelui dit-.l,
j 1- ^ « • ««1.,: ^1 : » appelé au conseil privé ( ou le car-
[ner des charges ceux qui ne lui plai- ,^* i j i • ^ ^ • j *^ ^***
aient pas î après quoi 11 fit une que- '' ^^"^1^*^ Lorraine présidait, non
elle d'Allemand à Pierre Lizet , de « "^^^'^^''^ «° ^"*^"*« *ï»^ "« ^^^e-
açîuelle les suites furent que ce pre- (,) roretPanicleGviMz (Claude) , lom. f7/,
nier président quitta sa charge (i). pag. 365, citations (i6) et (17}.
^68 Guises étaient fâchés contre lui , (3) Lizetus qui se inilio vinun prehuarat^ in
I cause qu'il avait empêché qu'on ne consUmUd minime perseverci^it.y ueriim se ad
T ^ A. 1 1 *i ^ 1 J.'.. Lothanngi peaes humilUer abjeeit. et lenavo
eur donnâtdansle parlement le titre ,„et„ pereuUur turpiter magisiraiu cessit.
* Thaaa. , Ub. VI , pog' 1^3, ad ann, i55o.
(i) Thnantu , Hict. , Ub. VI ^ pag. la» , ad (4) Du Breul , Antiquités de Paris, pag» 3s3
\nn. i55o. de Védiiion d» i63g , in'4o.
' TOME IX. 19
200 LIZET.
» roi )j ci requis dédire aon opinion, Cour, en 1 5i 5 (7) , et deux ans apr
n répondit franchement , 70 ne con~ il fut honoré de la charge d'at'oca.
» nais personne en la compaf^nie de^ général du roi.
n
j, sentant p _
» céda à injures, rappelant arrogant, avoue' que ces livres étaient peu à
j» et le menaçant du roi. Ce qui eties de la réputation de Pierre U7f\,
X) ébranla ce bon vieillard , âgé de voyons ce qu^en dit M. de Thou. /a
» soixante-huit ans , et trop timidd , quo ( Sanvictoriano cœnobio ) nh
» qui ne persévéra en sa constante quum œtatis exegit extremd clamuli
» réponse, ains au contraire se jeta minime priori vitœ etfamœ mpoa-
» aux genoux dudit cardinal, et lui dente , dàm litterarurn sacrarum /kk
» demanda pardon, ex firo congres- mo rudis , iheologicis libris in id<-
» su primo, mulier posteriore factus, otio scriptis se deridendum projnnâ-
9 II ne laissa pourtant à déclarer son uit; quitus contrario scripto arfijkm
» innocence et intégrité, et protester ridieulo sub Benedicti PassavanL
u que pour avoir été trois ans con- nomine a Théodore Rezâ , ut cndi-
39 seiller au parlement , douze ans tur, responsum est (S). Le père di
y» avocat du roi, et vingt ans premier fireul prétend que Pierre Lizet fit nur
j) président , il n'avait pas acqiris au- partie de ces livres de controvew
n tant de terre qu'il y en avait sons avant sa retraite de Saint - Viclor.
que
» de Soissons, sis à Paris en la rue être traduite en français. Et quan''
3) Saint -Jacqu es , près l'église Saint- il fut président , il composa &ix livm
3} Yves. Lequel logis retenait le nom De mobilibus ecclesiae perceplioni-
1) de ladite abbaye jusques au temps bus (10). Depuis il composa im^
u des aliénations des biens d'église , li^fres : le premier, de la Confesswi.
» que monsieur Jacques Légier, tré- auriculaire; le second , Que la ^r^^
» sorier de monseigneur le cardinal fession monastique ne répugne a U
M Charles de Bourbon, l'aîné, l'ache- liberté éuangélique ; le troisième tii
» ta (5). » Il y a là plusieurs choses intitulé , de V Aveuglement de notn
qui ne sont point dans M. de Thou, et siècle. Si le père du Breul ne se trom-
dont quelques-unes sont certaines ; pe pas , M. de Thou est coupsblf
car il est certain que Lizet fut con- d'une faute considérable. Ce qu'il y
seiller au parlement de Paris pendant a de certain , est que tous les cinq
trois ans, etc. Son épitaphe le témoi- ouvrages, dont Ce père donne letitrr,
gne. Qui olim qb heroïcas animi sui furent publiés ensemble en deux to-
dotes, uirsingulari memorid , et sum- lûmes (1 1) , depuis que Lizet se fui
tndjuris prude ntid in supremum Pat- enfermé dans 1 abbaye de Saint-^w-
risiensis centuriœ senatum h regeLo- tor; car on en fit une édition àj^an?,
doïco XII adscitus senatoris muneiv l'an i55i et une autre à Lv"».
triennio functus est. Deindè trium- Fan 1 55a. Le Catalogue d'Oxford^""'
yiratus regii aduocati munus XII mention de celle-ci en ces termes:/^
annis duce Francisco I féliciter obi- S. scripturis in linguas bulgares nf>^
vit, Ac demiim ob suas uitœ integnta- yertenkis per modum dialogi ; de ûtf
tem , in summum curiœ magistratum
evectus, justitiœ habenas XX anno- in) Louis XI I mounu U x**. janvienitS,*
mm cuniculoUa moderatus est ut ^TsTri^.j^^ul'rrp. tC^T^- 1,
OUI rellglOSœ domÛS abbas , UOtente (9) Du Breul , Antiquiléi de Parii , p««- ^^^
Jlenrico secundb , ûeret , dignus om- (10) Il fallait dire prKceptioDibo».
nium calculo uideretur (6). Par cette ^ C»0/o«" ^roui'f* dans la BiWioiH" «
epitaphe on convainc M. Moren de AKemi Momig»», uirîque jureconsulti.P"-
deuX mensonges contenus dans ces mi prwaidii in aopremo rrgio Fraoa>rum c<>'^.'^
Tiaroles , on le nomma conseiller de la ^o"® ^«bbatiâque commend«uni S. y'f'o"''
"■ ... «dversU* Pseudo-CTangelicam hiere»ii» "'*'■' ^
(5) Do Breul, Antiquitû de Paria , pag. 39a. commentarii IX daobna exciui rolomi*ib«- ^*'
Là même. tetiat 4 • 'pud Poncelum 1« Preux i&5i>
(5)
(6)
LIZEt. ja^i
i.culari confessione ; de monastico avoir prises ^un pitoyable liure que
i/istituto ; de hujus sœculi cœcitatione je n avais pas vu. Mais je veux bien
^t circumx^eniione ; de môbilibus ec~ aussi leur donner l'exemple de ce
clesiœ prœceptionibus»Ce que je vais que Von doit faire quand on est
copier augmente les brouilleries. Pe- tombé dans quelque faute. Je recon-
tri Lizetii jurisconsulti , dian sequen- nais donc celle-ta. j'ai eu tort d'à-
tem coniponeret librum in supremo uoir regardé M. Mallet cpmme le
Francoruntconsistorio regii advocati y premier auteur de toutes les extravw
etposteaabbatiscommendataniSanc' gances dont son livre est plein. Il y
ù-f^ictoris , summique senatus Pari- en a quelques-unes qui lui sont pro^
siçnsis protoprœsiais , de môbilibus près i et ce sont les plus grossières,
ecclesiœ prœceptionibus tractatus sex Mais f ai découvert par le livre dont
libres continens ; Ejusdem de sacris je viens de parler, que souvent il n* a
utriusque instrumenti libris in vulga- fait que suivre aveuglément cinq ou
re eloqiUuni minime vertendis , rudi- six auteurs du siècle passé , dont il
que plebi haudquaquam invulgandis, est honteux au nôtre d'avoir conservé
Diaiogus inter Pantarcheum et JYeo- les ouvrages , tant ils sont indignes
ierum; Ejusdem de auriculari confes- du soin qu'on a pris de les tirer de
sione lib. i ; de monastico instituto V oubli oii nos ancêtres , plus sages
lib. I; de hujusce sœculi cœcitate ac que nous, les avaient laissé ensevelir.
circumventione Diaiogus inter spirita- M. Arnauld parle là d'un certain re-
lem et muizdanum. Ouœ omnia ex- cueil de divers traites, dont le pre-
cudit Lugdhini in-\°^ Sebastianus Gri- mier est celui de Pierre Lizet. Il ex-
phiusy i553 (la). Un peu après que plique cela dans un autre livre , où
ces livres eurent paru, Bèze , <^ui il nous apprend (14) que l'assemble'e
était encore un jeune homme , sa- du cierge de France ordonna l'an
nedictus Passavantius , envoyé à Ge- un recueil d'auteurs du dernier siècle
ncve par Pierre Lizet, pour savoir ce qui ont condamné les versions en lan-
qu'on y disait de ses ouvrages , lui gue vulgaire , tant de l'Écriture que
rend compte de la commission. Il des offices divins. Et en effet , ajoute-
faut mettre cette pièce entre les Ju- t-il , ce livre a été imprimé soûs ce
venilia Theodori Btezœ. Voyez^ les titre scandaleux , collectio quorun-
Kouvelles Lettres contre le Calvinis- dam gravium authorum , qui ex pro-
me de M. Maimbourg , à la page i44f fesso , vel ex occasi(ftie, sacrae Scrip-
et les notes sur la Confession catholi- turae , aut divinorum officiorum , in
que de Sanci , à la page 4^4 ^c l'edi- vulgarem linguam translationes dam-
tion de l'an 1699. nârunt. Et pour titre courant dans
Je pense qu'on ne sera pas fâche tout le livre , Collectio autorum ver-
de trouver ici le jugement de M. A r- siones vulgares damnantium. C'est
nauld sur l'ouvrace de Piçrre Lizet , un fatras des plus impertinens au-
touchant les versions de l'Ecriture teurs qui aient écrit sur cette matière,
en langue vulgaire. Il n'y a qu'un mêlés avec quelques bons , mais qui
point , dit- il (i3) , où, ils pourront ne disent rien de ce que parte le titre
peut-être se plaindre avec quelque de cette collection , ou qui disent tçut
fondement , que j'ai traité M. Mallet le contraire. C'est un livre d'un pré-
avec injustice. C'est en ce que je puis sident Lizet , qui roule tout entier sur
en avoir parlé en divers endroits , cette folle pensée , que quand la Bible
comme s'il était le premier auteur de a été traduite en latin au commence-
plusieurs choses fort impertinentes , ment de l'église , ^/ y avait deux
que j'ai reconnu depuis qu'il peut sortes de latin , l'un conforme aux
règles de la grammaire qui n'était
0 3) Ceci e/t copi/Ju SappIemeniamEpiio- entendu que des savans, et, l'autre
Verfe^ir'***'*'/^^*"'"*"*' '"*°" ^°'°"*° ?"* n'était pas astreint a cesi^gles ,
Ci3) ArnauW , préface, de la Lecture de Pécri- (i4) Arn. . Défense des Versions... contre In
lure iainte. C'est le III'. tome de sa Nouvelle Sentence de TOfficul de Paris , du 10 avril 1688
"efeiut du Nouvean TesUmcntde Mons. pag. 160. '
392 LOGES.
gui était le seul que le peuple entenr Pleau en Limousin. Son zèle ponr
M, et qu'ainsi la uersion latine de ^^ religion réformée , dont elle
t Ecriture ayant ete faite en ce pre- u,. 4 'l - ' ««m. eue
mierlaUn,'ce n'avait pas été propre- "' ^^^)^ «« Vie une constante
ment une version en langue vulgaire : profession, sa piété et la grao-
ce que ce président devenu abbé éund deur de son âme, parurent avec
hautes Us autres lan^uesM.Simon „^ ^j ^ j ^ ^ , g ^
(i5) na eu nen à dire pour la de- . j ^ 1 j -\
fense de ce mauvais écrivain. Vie , dont les dernières années,
L'Épitome de Gesner fait mention et quelques autres aussi , avaient
de deux autres livres de Pierre Lizet, été traversées de plusieurs cha-
VvLXi de Autoritate ecclesiœet Potes- „«:„- ^#>«v^ao»;^»^« y a\ ^1
taupapœ. l'autre de Hœf^ticis , et §"^; domestiques (A). Cela sans
eorttm/7cew5. On imprima (!6) après Qoute lui ht taire de trës-bon-
sa mort son traité de la manière de nes réflexions sur le néant des
procéder, tant à l'instUution et déci- créatures. Elle avait eu neuf en-
sion des causes criminelles que ci- r-_. rT>v ^^ „^^ ^ - r ^
pUes , ensemble Informe et manière *ans (15J , et une sœur qui fut
d* informer esdiies causes ciuiles et cri- mariée avec M. de Béringhea
minelles. La Croix du Maine , qui (C). Les remarques apprendront
m'apprend cela ne savait pas aue combien elle était estimée, non-
Lizet mourut l'an loSA. Il le fait -*»«!«,«*»« fr^«-.vi j
fleurir l'an 155; (17). ^ seulemen t des plus grands espnts,
tels que Malherbe et Balzac (D :
(i5) For*» «/ Nouvelles ObsevTatioBS ssr Ie« rnuk^ nii««îi ripc t\Iiic ^^o>*,J^ * *
Terilont /u NouTe.a TesUment. ™*** aUSSl deS ptUS grands pnn-
(16) à T/ron^ l'aniSS'j^ par la diligence de CeS (E). NoUS rapportCrOnS Utt
Z^Ys le Charon, Parisien, hz Croix du M.a\ne f ^^„ta r««««*CA.i..r ^— -T TUT Tkr '
pai./^oi.Du\eràieryBu-Pny^» ne parle point COUtC CUrieUX , quC M. MexiagC
de celte /dilion. mai* de celle de Parit ^ iSS5. a rCCtiflé fE).
£e CaUlogu« de U Btbliotbéque de M. de Thoa, .j^ . ixr* /■
/'•. pnrl. , pag. a^S, fait mention de l'édition M. QC WlCqueiOrt ObsCrVC OUC
tX^l^i-^î^^^n^P'^X-^^'. '°''^«'°« ^«* I-^g" «-«'■' biau.
H donne ce livre a VL P. Lisset , coinmeàun COUD de VOUVOir SUP l'eSUrÙ de
auleur différent de Petriu LizeUn». Cest une jêm ^ j ,' -n r^ i , "
faute. M. le duc d: Orléans , et quà
(17) La Croix da Haine , pag, 4*3. cause de Cela OU défendit les as-
LOGES * (Marie Brukeau (û), ^^/w^/^e^ qui se faisaient cAej
DAME DES ) a été une des plus il- ^^^^ W*
lustres femmes du XVU*. siècle. {b) Wicquefort, Mémoires touchant les
Elle fut mariée , l'an 1699 , Ambassadeurs, /^ag^. 552, arfrt.rfc/tfffaje.
avec Charles de Rechignevoisin ,
écuyer, seigneur des Loges , qui C-^) Quelques années de sa vie
quatre ans après fut gentil- T'^^' '''^' ^''^ff^^'^l ^^ plusieurs
H 1- • j 1 11 chagrins domesUques.^ C'est le sort
homme ordmaire ^ la chambre ordinaire des personnes de son sexe,
du roi. Elle mourut le 7 juin qui se distinguent par uu grand esprit
I «4 1 , et fut enterrée en un lieu ^o.^tifi^ des lumières de Tetude j c>sr,
» Il •*!_•• 11^ * ^ • dis-ie , leur sort assez souvent li
qu elle avait choisi elle-même , a ^„J «engagent dans les Hens 'da
deux cents pas de la maison de la mariage. Mes ne devraient pas le
faire : assez d^autres auraient soin
* Joly renvoie ij article Malherbe, où que le monde ne pérît pas. C'est
qu une seule lois , et pour reovoyei
{a) Et non /^^ BUm^u , comme dit Hila- ^.j q^^^^ Catonem ci.ila. ienora^ù? rer
rion de Coste, Eloge» &ei Dames , tom. Il, puii nec imeUexU niii ciita perdidit. Sente*,
pag. 669* episi. LXXIX. Ordinairement on cite celé
LOGES.
moins. s'est répandue dans le royaume : en
(B) Elle avait neufenfans.'] Il n*en tout cas, il n'a pas été' moins l'admi-
restait qae cinq de viyans , trois fils rateur de la dame dont nous parlons,
et deux filles , lorsqu'elle mourut. Les lettres qu'il lui a écrites en sont
L'un des fils porta les armes en Hol- un téipoignage public ; et l'on ne
lande (») , et s-'y maria ayec une de- s'aperçoit pas moins de son estime-
moiselle de la famille de VanderMyle. pour elle en considérant ce qu^l en
Ilneresteque des filles de ce mariage, dit à ses amis, qu'en considérant ce
(C) et une sœur qui fut ma- 5"'^^ ^"î ^crit à elle-méine. Il avoue
Tiée auec M. de Béringhen. ] De "^°s ,pn endroit de ses ouvrages ^
ce mariage était sorti M. le marquis J"® s'il est devenu meilleur ménager
de Béringhen , mort à l'âge de quatre- °® son encens, il en a principalement
vingt-neuf ans au mois de mars 169a, l'obligation aux bons avis qu'elle lui
après avoirété pendant fortlong-temps ^onna. « La bonne madame des
premier écuyer du roi. Cette alliance " Loges , dit-il (5) , me fit de terri-
a donné de petites-nièces fort illus- " ^^«* réprimandes sur ce sujet quel-
qui ont paru depuis peu sous le titre " P^^^ termes) 5 queje me laissais exr
de Voyage d* Espagne, etc., est une " croquer mes louanges à tous ceux
de ces petites-nieces. Il y en a deux » <I"i. faisaient semblant de valoir
lèvent par leur piété toutes les au- " ^^ vertu, cï ce qui s' ensuit, i) En un
très belles qualités dont elles sont autre endroit (6) où il fulmine con-
omées. tre le style burlesque , qui devenait
(D) Elle était estimée non- ^^op a la mode au grand;^ regret
seulement de Malherbe et àe principalement de ceux qui s etaienf
Baïza'c ^j'Vo'uv se faire une juste idée pc^^^s <^?> g^o^*"^ P^r le ityle grave ,
de l'esprit de madame il ne croit pas
suffirait de considérer ^^tte hérésie I
que MffiiVrbe était un de ses plus empire , s'il ne la condamne par un
de l'habileté et de l'esprit de madame ^^ ^^ ^^?^', pas avoir assez foudroyé
aeihahiletéetderespntdemadame " uc ..lyxu pa^^^v^xi a«c^ luuuiujrc
des Loges , il suffirait de considérer ^«**^ hérésie fondamentale dans son
-- empire, s il ne la condamne par un
arrêt de cette dame. Cette sorte de
assidus courtisans, et qu'il la v'isitait arrêt ae ceue aame. ^ette sorte de
règlement de deux jours Vun (4). ra^^cne, dit-il, sent plus la comé-
Qui dit Malherbe, dit un homme «*« î'"* la conversation , et plus la
qui ne louait, et qui n'estimait près- f'^^f 7"« f'* coniedie. Ce n est pas
que personne , et l'un des premiers radier en honnête homme. Madame
et de's plus grands maîtres qui aient ^«^ ^^S^f ^'f^*', ,'. ^^ ^'^^ aimerait
goût et le jugement de no- autant uoir faire l ivrogne ou le Cas-
tre nation en matière d'ouvrages. *^^^ '"''" ^"« **"«'' *^«'» ^«''
formé le goût
uantage , elle n estimait pas plus un
comme si S/ni(jue avait dit t Catonem saiim ss- pareil jargon qu'une épée de bois au
culum parùm inteilnit. ^o^es CosUr , LeUrea , coté, et ae la farine sur le visage,
f !'Z"^- ^V. * ^ , , . , M. de Bautru , qui n'était pas natu-^
pSy%:ii'Li:V.Z',':^:^^^^^^^ rellement grand admirateu^rj)^^^.
«'.'. p«i?. 68, qu'entre les gpnt.Uhommes fran- mirait sans doute cette dame , puis-
çaii empioyca en l'armée des États, qui accom- que pour marquer le peu d'adfresse
Sri%'l/'''T-?'"'''w'"'^A^""^^^^^^ d'un homme qui ne savait pas pro-
Frince a Orange Frid<'rie Henn, lorsaud eut r^. ji ^ .. j^^i*
^dience de celte reine à jimsterda,n\ riaient "^er de la COUVersatlOn dcS bcaUX
'«' sieura de Béringhen , frire de moDsieor le CSpritS , en leS mettant SUr deS cllO-
premier écuyer de notre roi triachrélien , et
e. Loge», maître de camp. Voje* aussi p. 74. (5) Dissertations . h la fin du Socrate Cbré*
.y' Ce sontmesdemoiselUs de la Luteme , tien , pag. i^S.
,M 'J' '" ^*'''«"''«- (6) Kntrei: XXXVIH.
W; Entretien XXVIl de Balsac. (7) Coaiar, Lettre», vol. /, pag. 187,
LOGES.
ar
» Tajant pris à la snùe lecture
» tîtie, il demanda ooeplameeldi
» papier, sar leqael il écrint ces dii
» Ter» :
ws dignes dVax , il se serrit de ces
quatre exemples :
// mhi0 mmx AQàbrogt
Bal»a», BoUftu, Comact el madmmr deS'
Logtâ (S).
Je ne crois pas qne cens qui se
connaissent en preuves, puissent dou-
ter du rare mérite de cette dame ,
après avoir fait réflexion sur Ce que
je viens de dire.
(E) maii aussi des plus
grands princes, "i Balzac sera mon . Que d^ femme, et d^ kabiu.
temom. oi vous ne conmussez pas, «r ^ i 1 \
dit-il (9) , Urâvie, ceUe nymphe que * Madame des Loges ayant la it
y ai tant louée, et que je pleure si amè" » vers de Malherbe, piquée d'hOT
» neur et de zèle , prit la même [io-
» me, et de Tantre côté du pap
» écrivit ces autres vers :
Omoiame Vmaamtr de ce gtxu Mm*
Ê^fmbte iCm^oir riem iffgtoré^
lt9 meifttmr est towÊiotir* de gmirrt
£« prone de moire emré.
Tontes ces doeirimes nomvAef
Ife plaûeM ^mauejotles cervelet.
Pour moi , eomine wme hmmUe brebis,
Soas le houlette je m» range .*
// n'est permis d'ainter te change
rement, je vous avertis que c est feu
ma bonne amie madame des Loges ,
qui durant sa tde a été appelée plus
dune fois , et par plus a un acadé-
micien , la céleste , la divine , la
dixième muse, etc. qui a été estimée
dedans et dehors le royaume par les
télés couronnées ,par les demi-dieux
de notre siècle, par monseieneur le
duc d! Orléans, par le roiaeSuèdej
le duc de Weimar , etc. Toi quelque
opinion que les vers qui célèbrent sa
mémoire (Je parle de t éloquente Ura-
nie) valent bien ceux qu'un certain
Antipater, Sidonien, a faits sur la
mort de la savante Sapho.
(F) IVous rapporterons un conte cu-
rieux que m. Ménage a rectifié."]
Ccst une aventure qui a été publiée
en deux façons. Voici comment M. de
Balzac la débite dans son entretien
XXXVII.
a . Malherbe était undes plus assi-
» dus courtisans de madame des
>» Loges , et la visitait règlement de
V deux jours Pun. Un de ces jours-
» là , ayant trouvé sur la table de
'» son cabinet le grof» livre du minis-
)) tre Dumoulin contre le cardinal
» du Perron (10) , et Tenthousiasme
(8) CoBtar , Lettres, voL / , paf(. laS.
(q) Dans la XIII*. lettre du TI*. livre de*
Lettres choisies : il l'/crit à M. Ménage, en lut
envoyant les vers qu'il avait faits sur la mort de
madame des Loges- Ils sont imprimas parmi
ses Poésies latines. En voici quelques-uns .*
Vi(U ego progeniem regum, capitaardaa mnndl
Uranles hanstis obstopuisse soni.< ,
Borbonium genns et cognatâ i stirpe Navarrse
Belliquias et cai Maatna sceptra dédit,
liane cotuit, lecla; capttiii dulcedine cliartae.
Ille lui Victor magnns , Ibère , Getes,
Et dudiim, patriâ dùm praeparat arraa sub ursâ,
Mi^crnt buic cultus niincia signa soi.
Tlnjus et Ambrosios avidn bibit nnre lepores,
VVymarius , mngno noo minor ipse Grte.
(loy C'est celui qui est inlituU r Nonveanté du
Cest vous , dota Veusdaee nouvéU
A rejeté Cantiquite ,
Et UumouUn ne voits rappelle
Ou à ee que vous aees fuiu/.
rous aime* mieux croire à la mode:
(Test bien la foi la pUss commode
Pour ceux que le monde a charnus.
Les femmes r sorU vos idoles ;
Mats a gramd tort vous les aimes ,
F'ous qui tt^avet. que des parties.
» La conclusion des deux épi^J''
» mes plaira sans doute aux pr»»»'
» nés , et à ceux qui font les galant
» Pour moi je tiens que sur les m»-
» tières de religion , îl faut toujours
» s'éloigner du genre comique. U
» première n'est pas assez gwve Y^^
» un homme qui parle tout de bon
» et l'autre est trop gaillarde poof
» une femme qui parle à un nom-
» me.»
M. Ménage , croyant que la cDO>f
s'était ainsi passée , fit imprimer ce
récit dans ses observations sor «>
Êoésies de Malherbe , tout tel f^
[. de Balzac l'a débité Mais voici et
qu'il a mis à la fin du livre.
« Depuis cette note écrite et iin-
n primée, j'ai su de M. de Racan, q»^
» c'était lui qui avait fait ces vpr« -
» que M. de Balzac attribue à >I^'-
» herbe , et que M. de GombauW
» avait fait ceux qu'il donne a w^'
>» dame des Loges, et que la r»'^^
» s'était passée de la sorte. Mad->n>f
« des Loges , qui était de la reUpî'"^
M prétendue réformée , avait pi^Y'
» M. de Racan le livre deDamcû»"'
« le ministre , intitulé U Boudi^^
ipisme, imprimé la première loi' " l^Ù
m- folio , en 1627. yoretla Bîblîotbéqa* ^^
de Colomiés , pag. 38 1 Sg.
Papisme, imprima la première fois^
LOGES. 295
tfe la, £'oi , .et Payait obligé de le lecteurs. M. Menace Payant transfère
lire. M. de Bacan , après l'avoir dans l'un de ses livres était prêt à
lu , iit sur ce livre celte ëpigram- le répandre encore de toutes parts ;
me , que M. de Balzac a altérée en le hasard voulut que MM. de Bacan
plusieurs endroits : et de Gombauld vécussent encore, et
• Bien aué Dumoulin en son ii.re désabusassent M. Ménage avant que
• Semble n'avoir rien ignoré^ SCS Observations sur Malherbe se ^en-
» T^ meilleur etttoujoursde suivre dissent. Voilà d'où vient que le pu-
- ^ ^^''^ **; "^'r* *»^- ,, blic n'est plus dans l'erreur. Si ces:
» Toutes ces doctrines nouvelles j ^ /• x ^
- JVe plaisent qu^aux folles éervêUes. "Cux messieurs fussent morts sans
» Pour moi ^ comme une humble brebis f avoir parlé de Cela à M. Ménage, ou
• "ir *'*?". ^" '"*'." P«^5"'" "f '•«'»«• » s'ils lui en eussent parlé en un autre
• Et n ai tamais aune le change -_ •%_ -i * »• •.
. Que deifemmes et des habiS, *emps ,^ la première narration aurait
_, ▼ . / » »» ir t peut-être encore tout son crédit..
> L ajant communiquée a Malherbe Combien y a-t-il d'autres faits , et
> qui l'était venu voir dans ce beaucoup plus importans , qui pas-
o temps-la , Malherbe 1 écrivit de sa gç^j j^^ge en âge , et de génération'
» main dans le livre de Dumoulin, ^^ génération , sans que personne en
» qu il renvoya au même temps^a connaisse la fausseté , faute de ces
« madame des Loges de la part de rencontres fortuites qui ressemblent
» M. de Bacan. Madame des Loges , ^ U conversation de M.. Ménage avec
» voyant ces vers écrits de la main M. de Bacan et avec M. de Gombauld?
»> de Malherbe, crut qu ils étaient Quoi qu'il en soit , voilà madame des
» de lui; et comme elle était extraor- l déchargée du blâme d'avoir
w dinairementzélee pour sa religion, composé des vers un peu trop «ail-
» elle ne voulut j)as qu ds demeu- j^^ds. On ne peut nier que fiSzac
» rassent sans réponse. Elle pna ^7^^^ ^^ ^^^^^^ j^ trouver que la fin
« donc M. de Gombauld , qui était ^^ IVpigramme est peu conforme à
.> de la même religion , et qui avait j^ modestie et à la pureté qui doit
» le même ze e, dy repondre. M. de ^^- ^^^^ ^^^^ j^^ ^^^-^^^ ^^ 1,^^^
^> Gombauld(jelesaisdelui-m,eme) sexe. Ce n'est pas qu'il faille adopter
» qui croyait comme madame des j^ téméraire et la trop rigide maxime
.> Loges , que Malherbe était 1 auteur j^ ^^^^ j prétendent au'une femme
» de ces vers , y répondit par 1 epi- j reprocherait à unliomme qu'il
» gramme aue M de Balzac attri- ^.^ j^^ paroles, déclarerait en
M bue a madame des Loges , et qu il _ a-_ _ ^^^. _„,_,, . .., , •_ ....
„ fois, que M. de Balzac a attribué à ^^^^^ ^^ ^^^^^^ ^^^^ • n'admire-
„ cette dame des vers ou eUe n a- ^^^^ ^ jg Bacan, s'il était vrai qu'il
reirain est, ^^ ce qu il aurait appris à M. Ménage
• Ahï c'en est fait', jecide i la rigueur du ]es méprises de Balzac , et qu'il n'au-
T '"'^' • • - - -^ . • -«-#. rait pas laissé d'insérer tout ce récit
• Je vais mottnr{ je me meursi je suumort; , ,/^- ^ . 1 tt* j n» i
. . de Balzac (12; dans Ja Vie de Mal-
>i qui est de feu M. Habert Cérisi, herbe, sans le rectifier le moins du
V l'un des plus beaux esprits de no- monde ?
» tre temps. »
Qui ne voit là un exemple de l'in- (n) M. Ménage , dans ses ObserTatioos snr
certitude historique? M. de Balzac VL»\hnhe .cite souvent cette \\e^ comme faite
• . :>,.,«« A c^w, ««; »« par M.àea.acan.Morén n' lapoint su: tlsest
croyait communiquer a son ami un ''^„u,nt/ de dire dans Vartide de Malherbe,
fait très-certain , un morceau incom- qu'on attribuait cette "Vie à Balzac
parable d'anecdotes , et infiniment (i«> Tai oui dire que ce récit a hé joint ,
agréable à quiconque souhaite de paru„eliceneedeUbraire,àla\\edeWMU
,r , ^ , * Il herbe 1 dans l édition de x6*f^ii. Les licences des
bien savoir ce CJUOn appelle person- iij,raire$ devraient être citéeuen exemple plus
tUllUés. Il l'avait persuadé a tous ses que celles des poètes, car eUes les surpaséent.
agS LOGNâG.
L0G5AC, ou LOIGNAC, ou (A)LoowAe..., ou pl»tâtttvsfit\
LONGNAC , ou plutôt LAU- " P"»'*r* P"' 1*» remarjiues .uWj^
_, __ ._ beaucoup
de part à la faveur de ce prince. ««}"«»«•«. ^% «^^ semble 5 car M
-, r . . ^ * • . n celle que Dupieix . qui était du m*-
Il était brave , et sur ce pomt-Ià nie pays , a employée ; et Ton sail
il avait trës-bien établi sa repu- que la diphthoogue au est fort cou-
tation par quelques duels , et par >nune dans les noms propres en et
des querelles que la maison de P'^"'»- Cette diphthongue « pro-
^ . * , . • . * . . .T>> M. nonce comme lo a Pans et dans lei
Guise lui avait suscitées (B), et provinces voisines ; et de lî vint que
dont il s'était tiré honorablement, les auteurs mirent un o et non pas oa
Il fut capitaine des quarante-cinq «" dans la première syllabe du nom
gentilshommes ( C ) , qui furent ^« ^^ ^*^T ^f.,"^? 11^ ^J^^^^f™
o . . , ^, ^ ' ^ , w*«^"i. gjj passant qu'il faut être bien attcn-
choiSlS pour la plus grande sûre- tif si l'on veut entendre une ham-
té de Henri III. Il fut aussi mai- gue latine prononcée par des Pari-
tre de la garde-robe (a) , et gen- siens ; car ils prononcent de la mê-
tilhomme de la chambre de ce '^"J^^ f^'^'ltZi ''L^^r.T'^J.rTZi^
fj\rr 1 j ^^^ » **' **^®^ "C plusieurs auires
prince {ù). lout le monde con- mots qui ne signifient rien de sou-
vient qu'il l'anima à se défaire blable.
du duc de Guise (D) , et qu'il fut (^) /' «•'«'« très bien établi sa ré-
posent à l'exécution ; mais on ne ^^ X^/^fc^ of^ r^
S accorde point sur la manière lui avait suscitées. ] Le baron de Bi-
dont il y participa (E). On ne ron (i) eut une querelle, l'an i585,
s^accorde point non plus sur sa ^^^^ '^ ''^"'' '^^ Carencx, fils aine
disffrâcp- rar Ips tin«î Hi«Pnt font ^" ^^^^ ^^ ^^ rauguyon /^onr
disgrâce, car les uns disent tout phéntièrede la maison de Caumont,
court qu il tut chasse à cause qu il qu'ils désiraient avoir tous deuJtn
demandait un gouvernement , et mariage. Cette querelle se termina
les autres disent qu'on lui accor- P^r "" combat de trois contre mis-
j -«-. ^>.*./:ji>' Biron , Loienac et Janissac , a ""
da un gouvernement afin de le- ^^,^^ l^^J^ Car^^y , d'Estissaca
loigûer de la cour (F)j et ils /a ^A^tre (3). L'auteur qui m'apprend
ajoutent que par uoe perfidie de cela raconte dans une autre histoire
du Guast , ilsperdit ce gouverne- (^^ ' « ^"« Î^^P"\« ?»*« ^^,^"^ *^'Çf''*
. . •*.':!•*' c » non s était retire en Angouleroc
ment, et se vit réduit a se confi- „ ^^ ^^j ^^^^^ ^^^^^ j/l>^f,t de
ner dans la Gascogne , sa patrie. » premier gentilhomme de sa cham-
II y fut tué quelque temps après. » bre le sieur de Loignac, ce seigneur
Il semble que MM. de Thou et "* avait été comme une butte où, F'
xfc •! . >•! 'a 'x i_ 1 » la persuasion du duc de Ouise,
Davila assurent qu il était chez le „ ^^^^ leg princes de la Ligue avaient
roi lorsque le moine Jacques Clé- .» décoche leur envie. Le chevalier
inent tua ce monarque (c). Je ne » d' Au maie , peu auparavant la mort
sais si les Laugnacs , qui furent » ?" ^",<^, ^^ .^"^« ', s'en était re-
. X j 1 1 « j » tourne a Fans , et devant qu y ai'
tues en duel sous le règne de « le^il avait dreJsé au dit seigneur de
Louis XIII , descendaient de c&- » Loignac une querelle sur le sujet
lui-ci (G).
(i) Cttlui ifuijul d/capiU en i6o3.
(a) rojrez la remarque (F) , citât. (20). (,) Tire' de Cay,i , Histoire de la Pm , f"^
{b) Vojrez la remarque (B). 319 verso.
(c) Voyez la remarque •F) , citations (26) (3) Cyel, Chronologie novioûre, «•• i,
<;/ (»7). /o2io loy.
LOGNAC. 297
» âe quelles passions amonreuscs » bien que, la maison de Guise , tou-
» ( ce qui advient d'ordinaire entre » jours ennemie des favoris , ne 1«
» jeunes seigneurs ). Loignac était » souffrirait pas long-temps en ce
» nardi, homme adextre aux armes, » poste-là (6). »
» et qui sVtait dégagé de plusieurs • (E) On ne s'accorde point sur la
» duels ; sa qualité de premier gen- manière dont il participa au meurtre
» tilliomme de la chambre du roi du duc de Guise. ] 11 y a des auteurs
» IMgalait même aux duels avec les qui assurent que ce duc , « voyant
» m^axids étrangers, et les lui défen- » que le conseil n'était encore com-
3» dait avec ce^x qui n'étaient de sa » mencé , voulut aller a la chambre
» qualité. Cette simulté donc et se- » du roi, et ayant passé le long de
D minaire de querelle pour Famour » Tallée qui y conduisait , entrant
-» fit juger à Loignac que le duc de » en la cnambre de sa majesté , il
» Guise et les princes de la ligue le » aperçut le sieur de Longnac qui
» voulaient ôter de la bonne fortune » était assis sur un coffre de bahu ,
» que les bonnes grâces du roi lui » les bras croisés , sans se bouger.
j» donneraient. j> On trouve dans » De longue main, il avait soupçon
d'Audiguier (4) plus de circonstances » que ledit sieur de Longnac avait
que dans Cayet du duel de Biron et » entrepris de le tuer, et estimant
de Carency. » qu'il était là poUr l'attaquer , il lui
(C) Iljut capitaine des quarante- » voulut impétueusement courir sus,
cinq gentilshommes.'] Citons Méze- » et mettant la main sur son épée ,
rai , qui nous apprendra la cause de '> la tire à demi : mais le sieur de
la création de cette nouvelle compa- *» Longnjic et quelques autres , lui
gnie. « Épernon, monté au plus haut » voyant entreprendre un tel effort
» degré de la faveur dont Joyeuse » à la porte de la chambre du roi ,
M comwnençait à déchoir, ne cessait » le prévinrent , et à l'instant le ter-
1» vers complots pour le faire périr. » ceux qui ont" écrit ces histoires im-
» Il avait 1 adresse de persuader au » primées à Genève (7) \ mais l'opi-
» roi qu'ils étaient faits contre sa » nion de la ligue est toute contraire
» personne sacrée; et par ce moyen » à celle-là (8). » La relation dont
» il le porta à mettre' à l'entour de j'ai parlé ci-dessus (9) porte que Loi-
» lui cette fameuse bande des qua- fi'/zac ai^ec 5on e/7ee (10) s'arrêta dans
» RAWTE-ciNQ , lesqucls il lui choisit la chambre où se devait faire l'exé-
j> lui-même , peut-être pour la fin cution , et où le roi avait mis huit
» que l'événement nous montrera, des quarante-cinq. Ces huit avaient
» C'étaient tous Gascons que l'ardeur chacun un poignard. Le duc de Guise,
» de faire fortune rendait capables en entrant dans cette chambre , sa-
» de tout : Lognac en était le capi- lua ceux qui y étaient : qui se lèvent,
» taine (5). » le saluent en même temps , et le sui-
(D) T'out le monde confient qu'il vent comme par respect ; mais ainsi
anima Henri III à se défaire du duc qu'il est a deux pas près de ta porte
de Guise. ] « Avec cela le duc de Ne- du vieux cabinet,..., fut tout soudain
» vers et Lognac , capitaine des qua- saisi au bras par le sieur de Mont"
» rante-cinq , irritaient sans cesse sery l'aîné et tout d' un temps est
» son indignation : le duc de Nevers par lui-même frappé àfun coup de
» parce qu il haïssait irréconciliable- poignard dans le sein , disant : Ha !
» ment le duc de Guise ; et Lognac , traître , tu en mourras. En même in-
» parce qu'ayant en quelque façon
j> succédé à la faveur d'Epemon , (6) £« même, pag. 3a4.
» comme en second avec Belleearde , ,, J.'l Ç'"J-«-'?'>* ' {" Mémoire, de U Ligue et
.. 1 , .,0 ' rHistoire des Cinq rois.
» cousin germain de ce duc, il savait (g) Cayet, Chronologie novinaire, tom. /.
foUo io5 verso.
(A) D^Audigaier , Usage des Daels , chap. fg) Citation (4y) de VartieU Hbhki If I, tom.
■aaT///, pag. 436 et suivantes. VI il, P^g- ^o.
(5) Mêlerai, Abrégé chroaol. , tom. V^ pag. (10) f^qr«« Marcel , Histoire de France , <«w.
*»• 3«». /r,p«i^.63o.
2«j8 LOGNAC.
stant le sieur des Effranats se jette h autres. Laugnac n'étant point à
ses jambes , et le sieur île Saint- A/a- ceux que le roi auait choisis, ausù ne
Unes lui porte ^ par le derrière, un le frappa-t-U pas, quoiqu' il fût par-
grand coup de poignard près de là ticulièrement son ennemi: toutefois,
gorge , dans la poitrine, et le sieur il s'était bien offert a sa majesté pour
tle Jfjoignac un coup dt^pée dans les Paltaquer homme a homme ; mais U
reins ( 1 1 ). « D^autres relations disent roi jugea Qu'il y jurait en cela autant
» duc de Guise voyant auprès de la dans aucun autre, historien, etc^esti
» cheminée Longnac , qu'il savait Crillon que Ton attribue constda-
» être son mortel ennemi, fît quel- ment d'avoir oûert à Henri III de le
» ques pas en arriére pour mettre défaire du duc de Guise par un duel.
» 1 ëpëe à la main ; qull se dëbar- Davila raconte que Crillon ayant fait
» rassa d'abord de ses assassins \ et cettç offre , en refusant la cominis-
» que Longnac apercevant qu'il ve- sion de faire tuer le duc, laissa ce
» nait droit à lui , lui donna dans le monarque dans un extrême perpleii-
» ventre un grand coup d'e'pée qui të , qui dura jusqu'à ce que Lognac
lis de faire faire l'exéca-
» le renversa ^ qu'il mourut quelques lui eût promis
» momens après (lOi). » Davila sup- tion. Je rappc
pose que Lognac ne le blessa point , historien , parce
et qu'il ne firque le pousser le voyant l'histoire de* notre Laugnac. Lasciod
venir à lui^ qu'après ce choc, le duc, rè grandemente dubbloso di queUo
({ui avait reçu plusieurs blessures , dovesse operare , e stette in queita
tomba par terre , et rendit l'âme, perplessita sino al giorno ifigesimo
Dopo molle ferite nel capo , e per primo , nel quale confidato il ne^o-
ogni parte del corpo urtato finalmen- tio h Lognac uno de' gentilhuomn
te da Lognac , al quale s'era Impe- délia caméra sua , il quale gih àd
tuosamente at^i^entato , cadè innanzi duca di Gioiosa era stato introdotio
alla porta délia guardarobba , ed iwi alla corte ; e per la gratia , per U
senza poter projerir parola fini gli manière , e per la gentilessa de' coi-
ultind sospiri délia sua uita (i3). tumi, già cominciaua ad auanzarsi al
M. de Thou affirme que Loniac le luogo de' mignoni , egli senza molto
voyant venir à lui en posture mena- riguardo promise conalcunidelU quo-
cante, lui tendit l'ëpëe enfermëe dans rantacinque , che dependevano stret
le fourreau , et le fit tomber (i^). Il lamente da lui, di eseguire pronta-
ne fut que spectateur de la tragédie, mente quesïo fatto (17).
si l'on s en rapporte au rëcit de M. de (F) £es uns disent qu'il fut cJuuse
Thou. Il s'appuyait contre un coffre, a cause qu'il demandait un gouver-
lorsque le duc se débarrassa des as- nement, et les autres disent quojt
sassins , et marcha vers lui à dessein lui accorda un gouvernement ap^
dele charger eût -on dit: Ciim in de V éloigner de la cour."^ « Lesiear
Monpesatum Loniacum, quicum Ro' » de Loignac, fort favori du roi,
gerio Bellagardio Terme in cubiculo » le supplia de lui donner un ^oo-
aderat , arcœ genu altero innixum » vernement et une place de sûre re-
protensis hrachiis et contractis pugnis » traite , à cause de l'inimitië que la
lendere t^ideretur, quasi ipsum pe- » maison de Guise lui portait,- «a mf'
titurus (i5). Dupleix est plus positif, » jestë lui ayant demande s'il n'avait
il fait faire toute l'exëcotion aux huit » point de plus particulière occasion
#„NT^r._, «...,«. . fît » que celle-là pour lui demander «'î^
(II) Marcel. Hiatoire de France , tom. Ir, ^, i î! «^ 1..: l^i-
pag. 63» , 63a. » place de retraite pour lui , i^»
(lï) VarilUi , Histoire de Henri III , Uv, » gnac lui ayant rëpondu que non,
Xf :^P^g- }^9^yl95;^dUion de Hollande. „ ^^ „^q l'inimitië de lai maison de
(13) ua»iia, Ub. IX^pag. m. 535. n • v -m. .^»n<1po€'
\J) Lonia^us ensem pof rectum , «I erat va- » GuiSC en était une asseZ S^^f"
gind tecius , venienti objicit , euju.f primo ini- » Casion : SortCZ prësentcmcnt ue D
pultu jain viribus animi et corpori» linqurntibus - -, ^ , . -,. • * w • irf rM-
in tapetnn subslraiwn toio corpore eoncidit. (^^^) Dupleix, Histoire de Henri lli.P"
Thuanu.H, Ub. XCHI , pag. «46 "»• '^i.
(i5) Idem^ ibidem. (17; Davila, lib. IX ^ pag. 533.
LOGNAC. 299
»> cour , lui dit le roi , et que jû ne » pour se maintenir en bonne opi-
^ vous Toie jamais, puisque vous dér » nion envers le peuple , il sort tout
» sircz d'autre sûretd que d'être au- » aussitôt par la porte de derrière ,
» près de moi ; Totre humeur n'a » et se retire dedans sa chambre ,
^> point trompe mon jugement ; je me » laissant la place à M. de Bellegarde.
» cloutais bien que vous tiendriez de » Le roi, qui ne voulait mécontenter
» l'ingratitude , et ne tous souvien- » tout-à fait Longnac , lui avait au-
» driez de l'obligation que vous me » paravant donne le gouvernement
» devez pour les bienfaits que je vous » d'Anjou et.de la Touraine 5 et
» ai faits. Loignac ayant reçu contre » lui disait souventes fois qu'il s'y de-
» son espérance une telle parole du » vait retirer. Mais lui , prévoyant
» roi , a l'heure même sortit de Blois, » que s'il désemparait )a place, il
>« et allant passer par Amboise , se )> serait seulement gouverneur en par-
» retira en Guyenne, où peu après ^ chemin, et que l'efTet en demeure-
» îl fut tué (Tun coup de pistolet , » rait par^evers ceux qui avaient le
» ainsi qu'il sortait de son château » gouvernement des villes , demeu-
» pour aller à la chasse , par un gen- » rait toujours en cour auprès du
» tilhomme , sien voisin , contre qui » roi , lequel enfin ne le pouvant
» il avait querelle (iS), » Voilà le ré- » plus voir, lui dit qu'il lui avait
cît de Pierre-Victor Cayet , et len » déjà fait assez de fois démonstra-
promise
certains cas Henri 111 sut faire pa- » qu
raître de la fermeté et de la gran- » tout-à-fait , ou qu'il ne le vît plus
tleur. Nous allons voir un narré bien » qu'aux vendredis, jours qu'il reser-
diiTérent. » rait pour faire sa pénitence. Lon-
(c Le roi sur le commencement » gnac se voyant du tout débutté de
» de l'an i588, avait fait deux mat- » la faveur de son maître, et qu'il
j> très de sa garde-robe : les seigneurs » n'y avait plus de répit en son fait,
3> de Bellegarde et de Longnac ; celui- » commence de faire un trait d'un
» là pour une aflèction naturelle » homme désespéré, qui ne Yespirait
» qu'il avait en lui ; celui-ci pour en » dedans son âme qu'une vengeance,
>i avoir été grandement prié par le » conseil toutefois qui ne lui est suc-
» seigneur d'Épemon. Mais comme » cédé , mais depuis a été fort bien/
» ce qui provient du fonds de notre » ménagé par un autre. Il fend le
» nature prend plus fortes et longues » vent une belle nuit , et se retire à
>» racines en nous que l'amitié qui » Amboise (ao). » C'était une ville
î) nous est acquise par les inductions de son gouvernement, et où du Guast,
n d'autrui ; aussi commenca-t-il de qu'il estimait sa créature {ai) , com-
» se lasser et attédier de Longnac , mandait. Il y fut bien accueilli , et il
)> spécialement depuis la mort de proposa à ou Guast le dessein de se
>» M. de Guise 5 et ce pour autant qu'il prévaloir de ce qu'ils avaient en leur
» avait été le premier qui avait in- puissance les prisonniers d'Henri III
v duit le roi de commander ce meur- (ai). La cour se douta de ce complot,
w tre , qui lui était si malheureuse- et négocia pour en prévenir les sui-
» ment réussi. De manière qu"*il com* tes : iLongnac protesta qu'tï conser-
» mença de là en avant de ne le voir uerait très-lidèlement au roi la uille,
» d'un bon œil. D'une chose vous le château et les prisonniers.,.. Mais
îï puis-je assurer, que trois semaines pour bien dire , il comptait sans son
i> auparavant qu'il quittât la cour , liôte ; car il mit cette première im-
5j quelque sage courtisan me dit : pression dans la tête de du Guast ,
>) Voyez vous ce monsieur , quelque qui en sut fort bien faire son pro^
» bonne mine qu'il fasse, il est du fit (a3). « Il y avait dedans le châ-
>» tout déferré. Car entrant devant le
j» monde dedans le cabinet du roi , («©) Pasqnier, Leurei, Uv. XIII ^pag. GS
et suiv. du lom. II.
(18) Cajet, Cbronologîe novinûre ^ folio i33 (ai) Lkmfme^ pag- 66.
veno. (aï) Les parent et nmis au due de Gui«e.
(iç)) A lajin de la remarque (I) de V article \^l\ Pasqnier , Lettres , Uv. XIII ^ tom. II,
ï'giiEi III, tom. VIII^ pag. 39. pag, 67.
3oo LOGNAC. V
M teau deux compagnies ^ oelle de du entre le jeune Bellegarde et hti, cour
» Guast et d^un autre Le Guast , me elle avait fait autrefois entre la
3» d'une finesse hardie , donne une ducs de Joyeuse et d'ILpemon ; àHt
•» fausse alarme , et fait entendre â la fit pencher tout d'un coup du cou
V Lon^ac qu'il y avait des gens qui de Belleearde , en refusant a hit-
» rôdaient l'autre côté du pont, et dé- gnac la charge de grand écuyer, pour
» siraient s'en faire mattres ; qu'il se- la lui donner. Le chagrin qu'il m oit
3> rait bon de leur donner quelque le porta a dire trop ouvertement an
» al sarade . Longnac, auquel les mains majesté. .... qu'it aemandait pour da^
» démangeaient , et qui ne se défiait rUtsre grâce une place de sûreté t^ii
» en rien de du Guast , prend cette lui servit de retraite. M. Varillas np
» charge , suivi de l'autre compa- porte ensuite la repense que Cayct
» gnie , va battre les chemins ; mais suppose que le roi lit. Voilà toute si
» enfin il trouve que ce n'était rien narration. Combien de choses esseih
*» que vent et que fumée. Et â son tielles n'y manque-t-il point? £(a
» retour , pensant rentrer au lieu auoi songeait-il en liant la disgrlce
» dont il était sorti , on lui fait vi- ne Laugnac avec les menées ae do
» sage de bois , et à tous ceux de sa Guast ? Quel à-propos e^-ce que »
» suite. Vous pouvez juger en quel la? L'omission des faits qui pouvaient
» misérable état il se trouva d'être servir de lien à ces choses , et fonroir
» supplanté, et de la faveur de son une transition raisonnable à Thisto-
» mattre , et du lieu dedans lequel rien , n'est pas la moindre de ses
» il avait établi la ressource de sa fautes. Rien n'est plus digne de Tat-
» défaveur. Se voyant de cette façon tention d'un critique que de sembla-
» écorné , il est contraint de repren- blés défauts ; et rien n'est plus pro-
» dre ]a rout^ ancienne de sa maison pre à raffiner le goût et le jueement
» en Gascogne, et la compagnie de d'unauteur, que d'être averti ae cette
» soldats celle de Blois. Le Guast s'ex- espèce de méprises.
» cuse de ce fait ( ainsi l'ai-je ap- I^otez ces paroles de M. de Thoa
» pris de sa propre bouche ) doutant (^) : Tarn, c'est-à-dire lorsque Jac-
y> quHl avait eu certain avis que Lon- que Clément donna un coup de coa-
3> gnac était arrivé à Amboise pour teau à Henri III , Mompesacus , Lo-
» le tuer , et se rendre absolument niacus , et Joannes Levius Mirapi-
» maître de la place : et que , pour censis , qui aderant , hominem ictu
» éviter ce danger , il l'avait voulu régis attonitum superanti ira pretir
>» prévenir (q4)' » Nous ferons ci-des- sum humi sternunt , statim innume-
sous une réflexion sur cette excuse ris vulnerihus confossum interficiunt.
de du Guast. Davila dit (27) que Mompesat , Lo-
Si j'avais eu à choisi];' entre le nar- gnac et le marquis de Mirepoixygeo'
ré de Victor Cayet et celui d'Etienne tilshommes de la chambre do roi,
Pasquier, je n'aurais pas imité M. Va- jetèrent le corps de Jacques Clément
rillas , qui donne toute la préférence par la fenêtre. Je crois que dans Vna
'ii celui-là , sans dire un seul mot de et dans l'autre de ces deuxhistorieps,
ce qui est contenu dans celui-ci. Il la virgule entre les deux premiers
raconte (aS) la convention faite par noms est une faute , car Mompesat
du Guast avec la ligue pour la déli- était l'un des* noms de notre laa-
yrance des prisonniers , et les condi- gnac (a8). Que s'ils entendent par
tions sous lesquelles Henri III fit avor- leur Loniacus et Lo^nac celui àoni
ter "tette convention par les avanta- je traite dans cet article , ils s'abu-
^es qu'il accorda à du Guast ; et puis sent ; il n'était plus à la cour,
il ajoute que le contre-coup de ces Au reste, du Guast ne méritait pa»
deux conventions rejaillit sur Lon- d'être cru , quand il alléguait l'ex-
gnac Le roi se dégoûta insensible- cuse que Pascjuier rapporte. L'actioo
ment de lui; et quoique sa majesté qu'il voulait justifier semblait si noi-
eût jusque-là tenu la balance égale re , si infâme , si perfide , qu'il n'y »
(a4) Pasqai«r, Leur» , liv. XIII. tom. II , («6) Jliaaii. , lib, XCFI^pag. 3oo.
P^S' 67. (a7)1)avila, lib. X,pag.5S6.
(a5) VariUaf , Bûtoira d« Henri III , //„. XI, (a8) M. de Thon , ci-deisut . eiiaMn{i^)y^
png. ao5. nomme Mompetatam Loniaciim. «
\
j LOYER. 3oi
point de mensonge que Ton ne dût » gue , par le baron de Megelas, et
inventer pour la couvrir. Et c'est as- » l'autre ici, auprès de Bicétre, par
sez la coutume de ceux qui commet- » le baron de Kabat (3i). Deux bra-
tent de semblables crimes, de soute-^ » yes barons, qui ne sont pas moins
nir que sans cela ils eussent éXé per- » discrets et courtois que braves, et
dus , et qu'ils avaient de très-bons » qui sont venus à bout de deux bra-
avis du dessein qu'ion avait forme » ves hommes. Je ne connaissais pas
contre leur vie. Ils ne mentent pas » le fils ; mais le sang qu'il tira par
toujours , mais ils mentent très-sou- » diverses plaies de celui qui le tua ,
vent \ et cela suffit pour rendre sus- » rend témoignage de ce qu'il e'tait.
pectes d'imposture toutes les apolo- » Pour le père, je l'ai vu quelquefois
gies de cette espèce , à moins qu'on » en la compagnie du baron de Ro-
ne les appuie sur des argumens cer- » quefeuil( un autre courage des plus
tains. U n'était pas impossible que » généreux du monde) et cbez la feue
Laugnac prît des mesures pour sup- » reine Marguerite , où il faisait mer-
planter 1 autre ; car il y avait peu » veilles de dis'puter en philosophie ,
d'honnêtes gens en ce temps-là , soit » et faire paraître la connaissance
à la cour , soit dans le parti de la li- » qu'il avait des bonnes lettres, v
eue : mais la pre'somption est toute ,, v ^ , . ^ «
contre du Guast. C'était un malhon- p ^^'^ ^''t '*/' ff"i'u-^- '* J?''fï''^'"' ^«
nete homme , et il le fit voir bieAitot m. 71.
après, puisqu'il voulut livrer à la
ligue les 'prisonniers dont Henri ïll LOYER (PlERRE LE) , conseiller
profit. Malheureux prince . , . , ,
qui était oblige de récompenser les tait un des plus grands hommes
trahisons les plus infâmes de ses su- de son siècle (A) , et tout ensem-
jet^. Malheureux siècles ! où l'assassi- i^ip jg_ nlus grands viç'n *-
nat, le panure, la déloyauté, étaient „ * . Ç • ti
les moyens ordinaires de s'agrandir, ^^s que 1 on vit jamais. Il enten-
Sièclé pire que celui de fer , et dont dait parfaitement les langues
chacun pouvait dire : * orientales ; mais il s'infatua tel-
Nunc alas agitur, pejoraque sfcidaferri lemeut d'ctymolOffîeS amÇnéeS dc
Temponbus ^ tiuorum sceUn non iiwenil ipsa i,, ,, >•! j- • •%•
Nomen ^elànuUopotuUnaiura métallo (^g), 1 UebreU , qu il Se rendit FldlCUle
(G) Je ne sais si les Laugnacs qui (B). Il prétendait aussi trouver
furent tués en duel descendaient dans Homère tOut ce qu'il voulait
de celui-ci. ] D'Audiguier l'assure : il ^Qy jj ^^ouva le village de sa
avait OUI raconter que 1 un de ceux • "^ . ^
qui se battirent pour le baron de Bi- naissance , et son propre nom ; et
ron, demeura le dernier à uainciv, et de peur qu'on ne l'aCCUsât de se
ayant porté finalement par terre son van ter d'une connaissance extra-
ennemi, lui donna plusieurs coups ordinaire, il déclara que c'était
a epeesans le pouuoiraé/iéuerdetuer, ' 1 «**
telUment qu'il fut contraint de le lais- ^^^ ^^ Remamues sur la Vie d'Av-
ser en vie , voyant ses compagnons rault , pag, 168.
s'en aller, après avoir demeuré néan- - c'est Ménage qui donne la date de i54o ,
moins longuement tout seul à cheval et cependant il dit que Loyer mourut en
pour le voir mourir (3o). «Si c'est l634, à quatre-vingt quatre ans. Leclerc
») Loignac, COntinue-t-il, il en a été croit qu'U faut lire « à quatre-vingt-qua-
puni en ses successeurs : car les i®*^*® *°* • ; et il donne pour preuve que le
derniers Loignacs , père et fils, ont Lo;^er fréquentait le Weau dès 1570, et
'. . . n ^ A ' J 1 J • quil fit imprimer en i572 une idylle et
ete tous deux tues en duel depuis ^^.j ,^£.,3 i^ces couLne'es aui jeux
quatre ou cinq ans :1 un en Rouei- floraux. La date de i55o , proposée pour
(>ft) Juven.l . Mt. Xm , v/. a8. *^^^^« ^« ^a naissance de le Loyer , dans la
(3o} D'Audiguier , de rUsago dei Duels, pi»^. remarque critique ci - après , paraît une
H^^- ^ meilleure rectification.
ê **
3o2 LOYER.
la grâce de Dieu qui opérait dans pédantesque. Le caractère d'es-
soa esprit tous ces merveilleux prit qui fait d'abord badiner et
effets. Ou voit dans sou livre des folâtrer avec les muses , sert de
Spectres une lecture prodigieuse; ^emede ordinairement contre le?
mais quelque savant qu'il Put , et mauvais effets d'une application
cela avec un si grand mélange de trop forte à étudier. II répand h
folie , il k été entièrement incon- la politesse sur l'érudition qu?
nu à Yossius et à Colomiés (D). l'on acquiert, quelque proMt
Ce dernier ne l'a point mis dans qu'elle soit , et il empêche qu'une
sa Gallia Orientalis» Pierre le grande et vaste lecture n'étouô'
Loyer mourut à Angers , l'an et n'accable de son poids la vîts-
1634 > âgé de qualre-vingt-qua- cité et la raison naturelle. Noire
tre ans (*). le Loyer fut une exception a
Gabriel Naudé , lui rendant cette règle générale. Il gâta par
justice à l'égard de la lecture et ses études le bon fonds d*espnt
du savoir, se moque bien ouver- que la nature lui avait donné:
tement de ses prétentions tou- si le grec lui ébranla le cerveau,
chaniOrphée ^ leplus grand sor^ l'hébreu acheva de le perdre.
cier qui ait jamais vécu , disait-
il , et le plus grand nécromant ^ (A) C* était un des plus savm
demies écrits n'étaiem farcis tT^iJ^'^'r^V"^^^^
que des louanges des diabLes^ grœcè et taStè,7iebraicè, ambiant:
comme de Jupiter Alastor, dé-- chaldaicè doctissimus , sed jum «
mon vengeur et exterminateur, quo uersahatur plané ignams (i] A)
Voyez le chapitre IX de l'Apolo- ? beaucoup de gens de ce caractm:
. •' , r, * f ils n Ignorent non aue ce qu us 01
me des grands hommes accuses yraient le mimx savoir. Un cod>«/
de magie. Voyez aussi le Che- 1er comme lui devait entendre la ji-
vraeana , à la page 3o de la II'. risprudence, et n'avait que faire w
.• ' ^^ dcrht^breu ni de l'arabe ,cepeD<faD(
' X. •' 1 !• ' j j* 1 il ne savait rien en droit, et il ej^i'
J'ai oublie de dire que les vers profond dans les langues orientai
qu'il composa dans sa jeunesse ne Continuons d'entendre les e'Jogcs qi";
présaf;eaient point qu'il serait un M. Ménage lui a donnés (a). Ai^rt-
four ce qu'il devint. Ils ne le me- ^J'^f ^ *** »"«^«*' ^^"^L^Ccm
I r ^ • ^ j 1 j *• ' j ^tait un erand personnage, t.''""
naçaient ttomt de la destinée de „„ j^, hommes du monde qui ami
Postel et de Cahier, doctes et fols le plus lu, comme le témoignent st*
(b). Ils étaient remplis de vivaci- ouvrages , ses Colonies, ses '^P^l^t
1' *j ^^«:iUco»c Af /l'i'nvon sa Paraphrase sur le Ma gnipcai'i^
te , et de gentillesses , et d mven- ^^^.^ ^J^^ ^^^^ ^ ^^^^^^ ^^^^ji ,
tions ingénieuses et gaillardes ^H.;, écrit d^s vers grecs , latins et fra«-
et par-là on devait conjecturer çais. Etudiant en droit a Toukmf^
que s'il s'enfonçait dans l'érudi- d remporta aux jeux floraux lef^
tion, il acquerrait une littérature ^f ^'^glantine (3). // a fait me fj^^
,.' «^*i«»^* ****•' •* ^ dte en uers Jrancais , intitulée la ' .
polie et assaisonnée d agremens , phëlococugie , sur laquelle Ro^'^^
et non pas un savoir bourru et a fait ce quatrain:
(*) Il était donc ne en l55o , et non pas ^,) Menag. , in Vitâ Pétri MnAXi, p^S- **,
en 1540, comme le «lit M. Bayle. Rem. CRIT. {^j Remarqoes lur la Vie de Pierrei/'**
[Voyez ma noie sur le texte.] pag. 1 68. ^ ^
ip) Épitre dédient, de la Gonfession ca- (3) Ce Jut l'an 1579 , a ce que ii^^
tholique de Sancy. dn Maine , pag, 4o3.
LOYER. 3„3
^vr^ri^tsrr^wr " r°^"" .*f ""=?• ^«»' ^/»» <^» co.
Ou les coeiu puissent voler : wlonies Idumeanes. ^pres cette
Pour eux trop petite est la terre. » grande prophétie qu'on me àet^j'a
Voyez la Croix du Maine et du '' îl"^^' Aomére ^ient a dire ce i^ers.
Verdier Vau-Privas dans leurs Biblio- " ^ ^ ^^riesse , en parlant , à Ulysse,
théques Françaises. «. 2àv f St/^« t« Ï;^» ^ctxh yipctu
(U) 7/ * injatua tellement d etyn^o^ eixxa. «xmacç.
loi^ies amenées de l'hébreu qu'il se t?» ,. „
i^Ttdit ridicule.] « Dans ses livres des '' ft personne, ce dul ombre d'An-
» Colonies Iduraëanes (4) il fait '' f'^^^^f son fis d Ulysse, n'a en-
« venir de la langue hébraïque ou "* '^^''^ l'''' ^°3^®^ ' ^} toutefois bien
» chaldaïque, non-seulement les noms " ^?P°^^ * ^' ^^ ^"' * ensuit, qui tou-
» des Tilles de France, mais ceux des " ""''^ '''' ''"^'^ ff'^' ^"^ «o"« <^« ^o«^
^> villages d'Anjou, des hameaux , '' '^''^ y '''''^^ X ^'^ez entièrement ,
» des maisons, des bordages , des ^ nirpoç A«,>of , 'AviT^vx^oç, T^^oç
» pièces de terre , des morceaux de * Tx«/«.
» pre. Je A'rai donc premièrement
3> dit-il à la page mn, que le uillag
» d'JJuillé (c^estle lieu de sa nais
»> sance) ej« rf'Ahalë om Oholë d'É- '* 'IT P/"* «T moins : concédant a qui
» ^ecA/ei , qui est Ada om Gada , ^ ^*''^'^, '^'«^ /«''^ ^'ewajr. Cc/^ï
» /èmme d'Ésaû, et mère d'Ëlîphaz. '* J *W'^ « ceux qui me liront pour
:» Près d'HuUlé, et a demi -mille '' iout garentage : combien que je ne
» sur la riwière de Loir, se t^oit en '* ^^^^ ^^^^ garentir ce qui est notoi-
» un coteau un petit hameau de mai- * ^"^ent nuen dans Homère. Il n'y
» sons, appelé Bassetas, que je dé- ^ ^ pomt de sattisdation que d'une
» r/Ve c?cBassemath et de Bassemtis , ** ^^*^ ^^^ ^^^^ sienne, ou doublée
» autre femme d'Esau, et mère de '* ««*«'« sienne. Et Homère m' attrl"
M Raguel, aïeule de Jémhh , et bis- " ^".^ ^^ ^^'•*'» ?/*'' ce faisant, est
w flieu/e </e Job (5). » M. Ménage, ** ^'^'^ ^' ^^'^ rf«M«rc. jê^ quelque
ayant rapporte trois ou quatre autres " J^Çon .çr^ on tourne le uers d'Ho-
exemples de même force , ajoute : ^ ^^re , il sera toujours mien : et le
Tout le Hure est rempli de semblables '' P^f yendiquer pour mien. Il y a
ohsen^ations ; ce qui me fait dire haï- ^ ''^^ lettres qui restent de tout ce
diment que nous n' auons pas fait une ^* ^fP ' ^" ^^ pourrait à l'aventure
grande perte dans la perle de dix ou ^ ^^^ superflues , et ne le seraient
douze uolumes d'autres Hures de co- ^* pourtant. Ce sont les lettres numé^
lonies du même auteur (6). Je ne sais '* ''^^^* grecques àect, X, k, qui dé-
si M. Bochart ne souhaitait pas que ^ notent le temps que serait révélé le
la perte eût etë plus générale. ^ ^^^ 5"" **' P^^^ ^^ <!c ^£rs d'Ho-
{C) Il prétendit trouver dans Home- l ^fj^^^,^^ ^^^^^n de Christ î6ao.
re tout ce quHl voulait,]{'j) « Ce Pierre ^,SJT?^f?'^ '^ ^ "" '"'''''' **^^ ^«
,, le Loyer trouvait di même toutes ^"Z'^^" '. ^^ ^« ^f ^ ^ssez parlé
,) choses dans Homère. Il y a trouvé ^^ ''^ T' '^ ^««^^'/•- Ç'^eje ne
), dans un seul vers , son nom de bap- '* ^PP^"^^ Point pour gloire que j'en
« téme , son nom de famille , le nom " ^'P.^^J ^'^\ Pj^rce que je ne pou-
. du village où il avait pris nais- ^ ^2" f î ^V 'i"'^^^ ^"^ «Jl^" «^'^'
« sance, le nom de la province où est "" "^y^^Y ^'''^'^ ^^^oy, Ceciseï^
« situé ie village et le nom du royau- "" n7 davantage pour valider mon
. me où est sftuée cette province, l .%?. f ^'''^'''"1' ^^^^^^^ons
« Dans une chose aussi peu croyable ' f^^^^/^'''*^ des peuples, qui m'es-
>. qu'est celle dont je parle , (e me '' ^'T "'f^'^^f'-^^I'^^re a eu beau
. sens obligé de rapporter ili ^es "^ ^'"^^'^ ^ ^^Sj^^ ^^ beaucoup de na-
& l^xws: 11.1 se» ,^ ^^^^^ ^^^ l'écorce de ses fables;
(4) Imprimés h Paris , Van ,6ao . in-go. '* ** ^^^7^^, 9^^'*^^ «« devait avoir uk .
(5) Ménage, Remarques sur la Vie de Pierre * ^* Siècles a uemr qui découvriroit
Ayrauh,pfl/f. i66, 167. » ce qu il avoit pensé si bien cacher.
(6) Là même , pag. 167.
[:) Là mime , pa^. 167. (*) Fers i83 de tOdjss/e A.
3o4 LOYER.
H Je ne me wante point pour cela sça- mes estudes en droit , composé ans
» t/oirplus que les autres. Mais qui heures de loisir quelques ceuvres pot-
» vouara impugner la grâce de Dieu tiques tissues de dit^ers stile et argu-
» coopérante en moy r C'est ce qiCa ment , ainsi quil me uenoit en l'esprit,
» découvert Homère , jusques a nom- pour me recréer après mes plus gra-
» mer le petit village ou, je prendrois ves et sérieuses occupations y et Us
)» trui naissance , ajin que je ne me mettant ensemblement en un assez
» glorifiasse point en mon imbécillaé juste volume ,j' avois délibéré des Ion
» et bassesse , ains en Dieu qui me de lés dédier à feu de bonne et iUmin
n fait ce que je suis , et qui me rend mémoire, monseigheitk de la V±-
» assez puissant et vigoureux , en ce lette vostre père j amateur des bon-
» quUl me conforte (8). » 11 n'y avait nés lettres et de poésie , et le lustre et
rien à retrancber dans ce long passa- ornement ( comme chacun sçait ) non
(g) une conjecture qui fait foi de cette Toutesfois comme la mort , ou plus-
iimorance. Il croit que Loerius de tost le malheur commun ^ Veust oste
Spectris a été dit pour Lavaterus, de ce monde (la) lorsque la France
(E) Les vers qu'il composa dans sa^ esperoit plus de luy d'ayde et de se
jeunesse étaient remplis de vivaci-^ cours , je fus destourné de mettre mes
l^ et d'inventions ingénieuses et œuvres en lumière ^insi quelque
f aillardes. ']hes pièces qui se trouvent temps , j'allajr supprimant et cachant
ans le livre intitulé (lo) : les OKu- cequej'avois composé en majeunesit^
vres et Mélanges Poétiques de Pierre et n'avais plus volonté de l* exposer à
le Loyer, Angevin. Ensemble la co- la veue du public jusques à tant que
médie Néphélococugie , ou la Nuée venant en ceste ville de Paris , /?our
DES Cocos , non moins docte que face- pratiquer, à la suitte du parlement,
lieuse, sont celles-ci : les Amours de les lois que i'avois apprises aux esco-
Florc l quelques odes ^ quelques idjrl- les , j'ouy le récit de voz vertuz , et
les • premier et_ second Bocage de comme ne dégénérant et forlignant
l'Art d'aimer 5 Sonnets Politiques ou en rien de celles de vostre père , vom
Meslanges ; le Muet Insensé, comédie^ aimiez les bonnes lettres , et par sut
la comédie Néphélococugie ; les Fo- tout la poésie , comme un gentil et
latries et Esbats de Jeunesse : il y a honneste passe-tems , et propre a la
dan» ce recueil quelques poésies' lecture du gentil -homme. Ce qui
grecques et latines , mais en petit m*enhardit de feuilleter encores par-
nombre. VElegia f^irginis vetulœ , my mes papiers , et ramasser avec les
au feuillet a5o, est fort iolie. L'au- oeuvres faites en Tholose , ce que j ai
teur dédia son livre à M. de la Va- fait depuis , ensemble de limer et
lette le ieune (11), gentilhomme or- corriger exactement ce qui seroit vi-
dinaire de la chambre du roi : l'épître tieux et mal ordonné : et digérer le
dédicatoire est datée de Paris, le 9 tout en bon ordre et disposition , à fn
septembre 15^8 , et nous apprend que de le bailler h l' imprimeur , et le met-
c'était la première fois que l'auteur tre à la veue de tous souz ifostre nom,
faisait imprimer ses poésies. Ayant duquel estant gardé et soustenu,il
pieqadans Tholose a la poursuite de sera désormais hors du danger des
envieux et medisans (i3).
(8) Confére% avec ceci ce que Montaigne, Je ne sais comment accorder ccla ,
E»MÎ. , /*.'. ///, chap. X, rapporte d'un con. ^j ^^,^^ j^ ç^^^^^ j^ j^^j^^ ^ ,^ ^j
seiller de sa connamaiwe. ^es paroles ont été i tt n- xr r» • ^' i »
appliqu/es dans les Nouvelle, de la République aVCC du Verdier Vau-Pnvas , doot
àt» Lettres, nov. 1686, pag. xaR6. Voye» aussi
Gonçalez de Salon , de Duplici viventium lerrâ. /v>^/./ t 9 ^ • j u
(q) Cestla D\\\^.,pag. m. ^iq. J\^) ^'>' »" i5:3, «ue c« monsueurdeU
(?i; Cesl un in-,a de âQfeuilfeU , qui fut f«''«' mourut : vojre* le père Anselme , H., t
acheJé d imprimer à Paris . ^our Jean Po^^y, ^e. grand, Offic.er, V^S-^^^
U Tde septembre 1678 : on a mie auùtre 1579. (»3) L? Loyer, épUre dédicatoire de tes 0E«-
Du Verdier asiure que le Uvrefyt imprimé par ▼'*» poétiques.
Jhel VJngelier. ^ (i^) La Croix do Maine , pag. 4o3; et aote*
(tij Oest celui qui fut due d'Épemon. qu'il ignore l'édition de l'an iSjS,
LOYER. 3o5
Piin assure que Pierre le Loyer fit portables qu'elles paraissent aniour-
imprimer h Paris, tan iS^ô, un d'hui , elles ne sont que du miel en
ces contenues dans le recueil dont je s'en justifie le mieux qu'il peut dans
parle ci-dessus, ajoute ces mots : Il sa préface. Il dit que ses amis l'ont
aidait auparavant mis en lumière une assuré que le docte et beneuole lec-
pai^lie aesdites compositions , sous le teur excuserait aisément quelques pe-
titre de Erotopegme ( 1 5) ou Passe- tites gentillesses lasciues meslées ai^ec-
f emp s d'amour ,imp, in-S°. par ^ bel ques choses sérieuses et doctes, les-
V Angelier, iS^ô (16). Si ces deux quelles autrement ayant uersé aux
bibliothécaires né se trompent point, bons Usures tu doibz excuser , attendu
Pierre le Loyer fut bien harai, ou que f ai imité en cecf j^n poète grec ,
plutôt bien impudent , puisau'il osa qui a traitté peu s'en faut pareil ar-
aire qu'il avait difTéré jusqu en 1678 gument au mien. Le grec que je dis,
la publication de ses poésies. Pou- c'est Aristophane comique (ao).
vait-il bien s'imaginer que M. de la II ayotie que Plutarque {au
Valette , amateur de la poésie , igno- livre de la comparaison de Ménan-
rerait l'édition de l'an 1576? Du Ver- dre et d* Aristophane) a comparé les
dier Vau-Privas a inséré dans son ou- comédies de ce dernier aux amours
quatrains du Bocage
mer , et divers morceaux de la Nuée phane , il continue de cette manière
cl«s Cocus. Ces morceaux sont- des (21) : Que si quelques Catons vou-
por traits où le caractère de plusieurs loient censurer mon livre pour estre
sortes de personnes est représenté sa- lascif, je leurdiray ce qui fut dit a Ca-
tîriquement. Je suis surpris qu'il n'ait ton quièstoitallé voirla celehrationde
ou une version des vers latinsquej'ai ( 23 ) ? Aussi vous, Catons, voulez
citiî's dans l'articlq de Lycurgue (18). lire mon livre afin de le reprendre,
Épigramme d'une dame infortunée Ne' le lisez , ainsi ne vous fera- il
cx\ époux : point de mal au cerveau; et si vous le
En mes bas ans favofs en mariage Usez , ne le reprenez point , ains plw
Un homme meur et d'ans et de courage ; tOSt excUSez la licence qui estoit per-
Et maintenant que j'ay mon âge meur , ^^-^^ g„ /^ ^j-^^y/g comédie de se railler
.l'ajr un enfant tout mollasse et sans cœur. ,. , .
L'autre pressoit mon corps trop jeune et ^t se gaudir assez lascivement; et si
tendre^ j^enuse, estimez que c'est avecques
Qui ne pouvoit le ioug encore prendre; „^o„ patron Aristophane. Jacoit
Et eestiiY-cr . lorsque forte te suis. ^ , * -, •^'•j-^# '
Sans me toucher Rendort toutes les nuictfy 7" ^^^ '«^^ laSClvetej ai tel respect que
prononce pour esmouvoir risée aux
Il y a des grossièretés dans le pas- spectateurs , ains je les figure par cir-
sage que du Verdier a tiré de la Ne- conlocutions et patvllès ambiguës et
phélococugie 5 mais quelque insup- h deux ententes , observant partout ce
^ „ ^ . . que les Grecs appellent VûtTroy , et
^i5) Faute a impression pour £rotopegn>e.
(,6; Du Verdier , BibUoihéqoc française, ^„) l^ Loyer , Œuvres poéUqnes , fol. 163.
C17) rare» sa Bjbbothéqae française, pag. („) yoyet , tom. VI , pag. 491, la remarque
10 18 et suw. • (B) du premier article Floka, citation (g). '
(18) VojeM dans la remarque (G) de l'article (a3) f^oy« , dans la remarque (A) , fpx vers
Ae Ltcvrobi , le législateur j dans ce volume , de Ronsard, ils sont awdevant des OEuvres
jfog. ai8 , le passage de la Suite du Ménagiana. poétiques de Pierre le Loyer , ai'«c plusieurs au-
(19) Le Loyer , OEnvres poétiques , /oj/o lai très que les amis de l'auteur composèrent à sa,
vrrso. louange.
TOME IX. 20
3o8 LOYOLA.
foule prodigieuse d'audileurs. Il (K) , soit en faveur des orpLelinî
se souvint des affaires que ses II se vit exposé aux plus nlriellïf^
compagnons lui avaient recom- médisances (L) ; ce quineTein-
mandées , après quoi il passa par pécha point de travailler à Iol;
mer à Gênes , et s'en alla à Ve- ce qui pouvait servir à la gloip
nise, où ils le rejoignirent , le 8 et à rafTermissement de sonoî-
de janvier i537 {J), En les al- drç. Il y eut des personnes il*
tendant il ne se tint pas oisif : il l'autre sexe qui voulurent se sou-
gagna des âmes , et il fit connais- mettre à sa discipline (M); maii
sance avec Jean-Pierre CarafTa la peine que la direction de troi)
(II) , qui a été pape. Comme ils femmes lui avait donnée, W
s'étaient engagés par vœu au bligea à délivrer pour toujonri
voyage de Jérusalem , ils se pré- de cette fatigue sa société. Arat
parèrent à cette course ; mais ils fait confirmer son ordre par le
Voulurent avant toutes choses sa- pape Jules III, l'an i55o, il
luer le pape , obtenir sa bénédic- voulut se démettre de son gêne-
tion et sa permission. Ils allèrent ralatj mais les jésuites n'jwc-
donc à Rome , et y obtinrent ce lurent point acquiescer. Il garda
qu'ilssouhaitaient. Etant retour- donc cette charge jusquesà»
nés à Venise pour s'y embarquer, mort, c'est-à-dire jusques au
ils n'en trouvèrent aucune occa- dernier de juillet 1 556 {g). L'an-
sion : la guerre qu'on avait avec teur que je cite ayant reconns
la Porte fit cesser entièrement le de bonne foi , que son sain!
transport des pèlerins. Là-dessus , Ignace n'avait pas eu le don Jf'
pour n'être pas sans rien faire , miracles , et ayant même pre-
ils résolurent de se répandre dans venu les objections qu'on pou-
les villes des Vénitiens. Ils y prê- vait craindre de ce c6té-Iâ, lu-
chèrent dans les rues, et puis averti sans doute qu'il s'était trop
ils allèrent dans les villes d'aca- avancé, et qu'il n'était pas Jna
demie pour gagner des écoliers , prudence de faire de tels aveux
et enfin ils retournèrent à Rome, devant le public. Quoi qu'il f^
Ce fut là qu'Ignace forma le plan soit, il se rétracta dansunnou*
d'une nouvelle société , que le veau livre , et raconta je ne ^^^
pape Paul III confirma , l'an combien de miracles du ^oco^-
1 540 , avec quelques limitations, teur de son ordre (N)» ^^ ^''
et l'an i543, sans limitations, allé jusques à prétendre gu^D-''
Ignace fut créé général de ce bouche les paroles de ^w^
nouvel ordre, l'an i54i. Il se avaient la vertu de consterner
tint à Rome pendan t que ses com- les démons , et de les contrainai*
pagnons se répandaient par tou- à crier merci (0). Vous trouverez
te la terre , et s'occupa à diverses dans Moréri, que le fafcP^^'
choses, soit pour la conversion béatifia Ignace , l'an lôogft»^
des juifs (I) , soit pour la conver- que Grégoire XV le mit aucaU-
sion des femmes de mauvaise vie ,
(g) Tiré de la Vie d'Ignace àe Ur>^^
(/) Ils étaient partis de Paris le 5 de no- composée par RiLadëneira.
pcmbre i536*, et n* avaient pas attendu le (h) Et non pas Tan \6o5 ^ comme l
terme dont ils étaient cont^enus, • Sotuel , Bibl. societ. Jesu , pag- *•
LOYOLA. 309
ogue des saints, l'an 1622. In- nés qui étaient nées avant eux,
locent X et Clément IX ont aug- et qui exposent les souverains à
nenté les honneurs de ce»iiou- de continuelles révolutions (S) ,
reau saint (P). Mais , quelque les protestans au carnage , et la
hose qu'on fasse pour lui , il n'y morale chrétienne au plus dé-
Lura rien de plus surprenant à plorable relâchement que l'on
lire sur son sujet , que la puis- puisse appréhender (T). Pour re-
ance prodigieuse que son ordre venir à Loyola , je dois dire que
'est acquise en si peu d'années , la maison où il naquit s'appelle
lans le vieux monde et dans le présentement la Santa Casa^ et
rLouveau , malgré les fortes op- que la reine douairière d'Espagne
positions, de ses adversaires. Je en a fait cession aux jésuites (V);
ne pense pas que jamais aucune et qu'on prononça trois sermons
Communauté ait eu autant d'en- sur sa béatification , qui furent
nemis et au dehors et au dedans, très-fortement censurés par la
que les jésuites en ont eu , et en Sorbonne (X) , et qui redoublè-
ont encore : cependant leur au- rent saps doute le chagrin d'É-
torité , qui est montée si promp* tienne Pasquier (Y). Il s'éleva
tement à un si haut point , sem-^ quelques differens en France
ble plutôt croître tous les jours touchant le jour de sa fête (Z) ,
que diminuer. Les seuls livres après que le pape Urbain VIII
qu'on a publiés contre eux for- eut publié la bulle de sa canoui-
meraient une nombreuse biblio- sation.
tliéque. Ils peuvent dire que bien Sa Vie a été publiée par près
des gens les condamnent par de vingt écrivains : l'un d'eux se
prévention (Q) ; et ils ne man- nomme Jean-Eusèbe de Niérem-
quent pas de s'en prévaloir , afin berg. Son ouvrage fut censuré
que, sans prendre la peine de ré- rudement, si l'on en croit le
pondre aux plumes qui les mal- père Baron (AA.). Il n'est pas né-
traitent , ils aient un lieu com- cessaire que j'ajoute que le jésui-
mun général qui affaiblisse les ac- te Bouhours est l'un des histo-
cusations (R). Mais il est certain riens de son patriarche : c'est un
qu'il y a des gens qui , sans pa- fait assez connu. Ce que Grotius
raître préoccupés , soutiennent a dit de Loyola et des jésuites ,
que plusieurs choses ont rendu n'est pas le moins bel endroit de
justement odieuse cette société, son Histoire {i). Ses expressions
On n'acquiert pas une si grande sont choisies , graves, nobles : ce
puissance , disent-ils , et on ne la sont des traits bien marqués.
conserve pas si long-temps , sans On n'y trouve rien qui ressente
le secours d'une politique hu- l'invective : tout y sent une âme
maine très-raffinée. Or n'est-ce qui possède sotf sang froid, et qui
point l'encyclopédie de la mau- sait tenir la balance en équilibré.
vaise morale quant aux péchés Mais plus il se montre exempt de
spirituels? D'ailleurs , ce sont les haine et de partialité , plus est-il
jésuites qui ont poussé le plus capable de persuader une chose
ardemment et le plus loin les >.. ^ .. „. , ... .,, ^ .--^
conséquences de plusieurs doctri- ci seq.
3o6 LOYOLil.
scachanlhien a quelles personnes)' ac- \\ donna des preuves d'un granij
commode mes paroUes, courace au siéffe de Pampelonne
Ces excuses n'empêchent pas qu on r . ^y -i ri. * i_i ' j»
ne le doive blâmer d'avoir suivi jus- W > «^ ^^ 7 ^^^^ même blesse d un
qu'à l'excès la coutume de son temps, coup de canon qui lui fracassala
Sa comédie, qui est pleine d'inven- jambe droite. Pendant qu'il gué-
tion , et assaisonnëe de beaucoup d'es- hissait de cette blessure, il forma
Drit et de sel (la) > serait sans doute i ^ i »• j
meilleure , si elle était moins chargée ^^ résolu ion de renoncer aux va-
de paroles sales, et si toutes les des- nites de m terre , et d aller à Je^
criptions on tous les portraits ressem- rusalem , " et puis de mener un
blaient à celui-ci, où rien ne révolte g^^re de vie foré distingué. De
qu'il fut guéri y il prit le chemin
de Notre-Dame deMonserratfi ;
et lorsqu'il y fut arrivé , il fit
appendre ses armes sur Tautel
de la Sainte Vierge , et se consa-
cra à son service la nuit du 24 de
mars i522. Il imita autant qu'il
Ï>ut les lois de Fancienne cbeva-
erie (c) (A) , en se rangeant sous
les étendards de cette milice spi-
rituelle. Il partit ayant le jour,
et s'habilla en pèlerin , et s'ea
alla à Manrésa, oti il séjourna
environ un an parmi les paarres
de l'hôpital , et dans toutes sor-
tes de macérations. Ce fut làquil
écrivit son livre des Exercices spi-
rituels (B). S'étant embarqué à
Barcelone pour son voyage de
Tïotez que presque dans toutes les Jérusalem , il arriva à Caïëte dans
poésies de le Loyer il y a beaucoup cJnq joy^s et ne voulut point
d'ordures. Il avait une sœur qui fit un ^ ■t'' ^ . • ^^««s
quatrain de fort bon sens , 2t qu'il a continuer son entreprise ^m
misa la tête de ses œuvres poétiques : avoir reçu la bénédiction du pa-
pe. Il vint à Rome (d), à'on,
après avoir fait la révérence à
Hadrien VJ, il s'en alla à Yeajse.
Il s'y embarqua le i4 cle juillet
les chastes oreilles :
Ze cruel Mars esmouvanl les courages
ytux fiers combats ^ aux meurtres , aux eaf
nages ,
Parmj la plaine eniaseoit à monceaux
Les corps humains , paslures des eorbeaux,
Batoit lesforl%f demanteloit les villes^
Ou let renaoii esclaves et servilles
Dessout les lois des fortes garnisons^
£'ui i'emparoient des plus riches maisons ,
es butinoienl et en J'ai toienl partage
Comme du bien de leur oropre héritage ,
Guerres^ combats ^ procès mal^intentet ^
Contentions ^fraudes , imviete* ,
L'ambition , torgueuil et l avarice
De l'homme estaient Vordinaire exercice :
On ne voioit plus régner la vertu ,
Dessus dessoub» tout estait ahatu.
Et Vaction des hommes déréglée
D'aucun esgard ne se voioit réglée ^
Qui la vertu , qui le vice servait ^
Otù tous les deux en même temps suivait ,
Chose incroyable , et ensemble de vifie
Et de vertu s*armoit en sa malice ,
"Bref^ un chacun selon sa passion^
Begloii son ame et son affection ,
Sans autrement se soucier de suivre
Le beau chemin qui conduit à bien vivre «
S'il ne voioit que son profil y feust
Et que beaucoup de gain il en receust (a5).
^1 »o% amours sont du tout vrayes ,
yous estes malheureux vray^ment;
Mais si elles sont pures bayes ,
Que sert feindre tant de tourment ?
(-*4) l'C Loyer, OEnvrei poétiques ,^Zio aaa.
(:%S)Ihidem. ^^^ ^^ lesiégeque les Français y nùrfj
Trwv/^T 4 ,t \ r 3 rani52i^elauifutsuitfidelareddUwndi
LOYOLA (JGWÀCE de) , fonda- la place.
teur des jésuites , naquit Tan {b) En Catalogne , à une journée de Bar-
1491, dans la province de Gui- ''''l^'cumautem m pro/anis Ubris kgisid
puSCOa en Espagne. Il fut élevé à mitm quo nwi milites oUm inaugurahan-
fa cour de Ferdinand et d'Isa- ^r , ut cjiis ritus imaginem quamdamsr
J a cour oe 1 ermnana ei a 15a ritualiterin serepr^sentaret, novis contra
belle 'y et des que son âge lui per- dlabolum aimis acdnctus, etc. Ribadenwra,
mit de porter les armes , il cher- '» Vitâ ignatii Uh /, cap. /^^/''^f;*,
^ . * . , ' . , (<i) Il y arriva le jour de Pâques Jlflirtf
cha les occasions de se signaler. 1523.
LOYOLA. 3o7
i 523 , et arriva à Joppé le der* berté qu'aux conditions de Com-
lier d'août , et à Jérusalem le 4 plute. Ce fut alors qu'il résolut
le septembre de la même année, d'aller à Paris. 11 y arriva au
!Vyant satisfait en ce pays-là sa commencement de février 1628,
lévote curiosité , il s'en revint à avec une ferme résolution de bien
Venise , d'oii il fut s'embarquer étudier ; mais la misère oii il se
à Gènes , pour retourner à Bar- trouva réduit , qui l'obligea à
celone , oii il s'arrêta , comme mendier par les rues , et ' à se
à un lieu trës-coznmode au des- mettre dans l'hôpital Saint- Jac-
sein qu'il avait d'étudier la langue ques , traversa extrêmement son
latine. Je ne parle point des aven- dessein. Il se servit de plusieurs
tures miraculeuses de son voyage expédiens pour lever tous ces ob-
(C); je n'aurais jamais fait , si je stades : mais à mesure qu'il se
voulais copier là-dessus son bis- délivrait d'une fâcheuse difBcul-
torien. Ilsemitaux rudimensde té, iL s'élevait d'autres embar-
la grammaire , l'an 1 5^4 ; et ras ; parce que l'on aperçut que
trouvant que la lecture d'un li- l'empressement avec lequel il
vre d'Érasme ralentissait sa dé- exhortait les jeunes gens à la spi-
votion (D), il ne voulut plus ouïr ritualité , les portait à une ma-
parler de cet écrivain , et s'atta- nière de vie très-particulière. On
cha à Thomas à Kempis. Au le déféra à l'inquisiteur de la foi;
bout de deux ans on jugea qu'il et peu s'en fallut qu'on ne lui
avait fait assez de progrès pour donnât le fouet au collège de
être admis aux leçons de philo- Sainte-Barbe* (F). Tous ces em-
sopbie : il s'en alla donc à Com- barras n'empêchèrent point qu'il
plute, l'an 1 5a6. Sa vie de men- ne fît son cours de philosophie
diant , son équipage , et celui des et son cours de théologie, et qu'il
quatre compagnons qui s'étaient n'attirât un certain nombre de
déjà attaches à sa fortune, et les compagnons qui s'engagèrent par
instructions qu'il donnait à plu- vœu à une nouvelle vie. Ils firent
sieurs personnes qui s'attrou- cela dans l'église de Montmartre,
paient autour de lui , obligèrent le 1 5 d'août 1 534 9 et ils renou-
l'inquisition à examiner ce que vêlèrent deux fois de suite au
c'était. La chose alla si avant même lieu , et à pareil jour, et
qu'on le fit mettre en prison (E); avec les mêmes cérémonies, leur
aoii il ne sortit qu'à condition engagement. D'abord ils n'étaient
qu'il s'abstiendrait de dogmati- que sept , en y comptant Loyola
ser pendant quatre ans (e). Cette même; mais enfin ils furent dix.
loi ne s'acconunodait nullement II fut arrêté entre eux qu'Ignace
à son dessein : ne voulant donc retournerait en Espagne pour y
pas s'y soumettre, il se retira à régler quelques affaires , etqu'en-
Salamanque , oii il continua de suite il s'en irait à Venise , et
discourir sur des matières de dé- qu'ils partiraient de Paris le 25
votion. On l'emprisonna tout de de janvier i537 , pour l'aller re-
nouveau , et on ne le mit en li- joindre. Il s'en alla en Espagne
, , BM , . ,,... T . 1 JL , l'an i535 : il y prêcha la repen-
[f) Ribaaencira, m Vila Jgnat. , lib, 1, _, » /• • ^
cap. xii\ pag. 73. tance (G) , et s y fit suivre par une
3i« LOYOLA.
Wn/Hicf tik <ie itf wvwtokre ; noû o«& r»^M9Î ; ans» le AwUfem. ^li <
Af^twf Co^Aam*.*. \\ ^c^'ti r^n'iin hmut' «r le les j«t4<ixbe» racontâxiit : iifiiii âoiî
À\e.ùi% ^tutfKmft ^^a^rt/ii C'.f/«ro< , Vils «iisi^at rrai ? Im^cnri smjtc *paM^
f^. le frai a/rt^irr à*'% fzerr.ie.tB ipiri- mn^io iSSiejsm.itèraam man/gOàKerxr^ztt
ln^H ffn'i <vnt f,nir''i «orw l« non» «il imnffo , j<ff/ rt ioori&reTtf > yhantus
M^me J;rnace le lirre rl*^ Conititn- Canus . ra*7«.« s?i^_retix^ri:««M^ «ï o/.vf-
fî/>r»* ^Î4*^ ia t.rffn*,^%n\^, rie irisai , l/>f>- Mj , eu» PiuaH MtvttLn orsiL zrr'j
rtM'il all^ f*ire m to'ir ch#?ï ea^ dèr.atorr^jm , C*yfnpîa.ùtmja
^^
i
pt:nA»r»f. qri''f| roulait danâ »a f.i4te le primano , ej^hfèai^tMt Jo^nmea S
fif^^^n (Van ft/>»i^el rrrâre. Ce bene- ««^oj pr.wiui T'>îetanas ^ tfmi Lhrtk^n.
Au.Un , <j'»i inH ain<î ^ainfc Ignace aa iltum cupiebat ab e»> impwchari , rir*-
fiom^re ^1«* pl.ijjiairK^ , se fortifie da poruum retuiit , itiAi/ e«e ûx «û: ^Lf-
i'^'moSttn^y^f: iï^nn Istmf^nx jë^nite , puncto Lbro damnaiL^ne dl^mum ,
< nf il a mal pri» la perne^ ; car ce prêter Cani dispuncuoneM , et jb^-
4*tntfr n^a dit autre r hose ^inon «ne gUlaliones , af «la illum a/uaam nev
_fi f(fXu\H*fUT *\f'.^ W:n^:4\'lr\.tT^^ a.^^iàUi //li Oriandinus , adJiio DeTr^nt^t
lie *e< fli vîn^'i iMmi/rc^ ^aint ]j»nace , Bartholomœi Torris , postea. Cîma-
jfft'.tr former I*'* On^litiifions de la rien.%i3 prœaulîs , dogio eorumdem
ejttn f »» ^n i T . Cela reuf. -il di re q ne ExercUlorum ( 1 3j .
troi^ m'>infr4 de^arnt lienoU dictèrent Oo attribae quelques aatres livrer
ce* Om^tilfilion* à Ijçnacc comme a a ce mcrrac auteur, uue lettre de rc-
im copiste ? Dbri iocwtatem Jesc ^<' ligin.<td obedienlid €id Lusitaniœ socios
deri tharam iancUt Jienedicto , in acfilios , écrite de Rome , le 36 de
eujuM êinu Lutel'ut; pnmkm delineata mars i553 : elle a e'té insérée dans la
ait ; et pnutntodUm Catsini sancto Bi]>Iiothéque des Pères. Une lettre de
J'undatori illud diure$»o, tanctissimuê rellt^iom perfectione ad Uispaniœ 40-
patriarcha illiun loci prœ.%e» , multa cios , . écrite le 4 de mars 1 547 * elle
lumirut et rrrlate» ajjflatui exordêse est imprimée en latin dans le recueil
i^i-tui est. Hoc Caëtanus ad exceptât des lettres des généraux des jésuites.
inifd per êanclum Ignatium h tribus II y en a une autre Tersion latine
monachis constitniiones sncietatis Je- (i4) , im2)riméc à Cracovie, Fan 1607,
•0 irnxiti quasi quod dixi, sanctum dans le recueil qui a pour titre,
Ji0nedictum^(utpiumcstarhUrari,) Tlmsaurus spirltualium rerum ad
qw
dicUU»e santto Ignatio t^elut ama- trouve dans l'Histoire des Jésuites,
nuensis , suas constitutiones (10). composée par Orlandin , et ailleurs.
NoIpz «n passant (1 1) que ce môme H avait fait un ouvrage sur la Trinité,
iMinédictin soutiont , que le jésuite avant que de s'être mis à l'étude. On
qu'il «îto commit un péché mortel , ne sait comment ce livre s'est perdu.
en mnttant un autre nom que le sien Personne ne doute qu'il ne soit l'au-
k la t<îto do ion ouvrage (la). Un je- tcur du livre qui a pour titre , Con-
fluite nommé Jean Klio a fort mal- stitutiones societatis Jesu decem in
traité cet nocusnteur d'Ignace. Il me partes distributœ ; mais quelques-
rtHiio à dire une choHO touchant le uns croient que Jacc^ues Lainez est
livre des Exercices. On tAcha do le l'auteur des Déclarations, qui y sont
fiilro condamner en Espagne , l'an jointes. Le père Sotuel réfute cette
if)63. Melrhior Canus s y eïm)loya opinion (t 5). Ce livre des Constitu-
vlvpmrnt , etParchryc^quo do Tolrde tions, etc. fut imj)rimé la première
ii'ttiirait pav 6i^ fâché que cola eût
(i3) Tlieopltil. Rayiuud. , ^e m»Iis et bonu
(10) Tli»npUllai Hêynittdui, Hoplotli., seet. Hbria, num. 5i4 « P*ig- m. 393.
//i i/Hê //| M^. X//| i»ngo m» 9&6. (14) IntUuUe : De Terrore spiritùs riti ia no-
{\\) thiUitnt biaexciUndo.
tï%) CëHlê TmiUÙ9 Aquivocition» , eontn (i5) C'est celle de Théoplnle Raynaad, tome
J»tn &«ril«<. XrIJl , TracUta contra Clemeaten Scotwa.
LOYOLA. ' 3i3
fois à Rome chez les iësuites , Tan suspicionem movit : ciunque de rchus
i558, in-^. Depuis on le publia dans diuinis eum percunctatns essem , intil-
la même irille en latin et en espagnol, ta hœrcdca respondlt, quippe qui idio^
in-folio , l'an 1606. La version latine ta , planèqiie rudis et indoctus esset,
fut faite par Jean Polancus , secré- Inrùcus ejus causa confusus, iste, in-
taire de Fauteur (16). quit , non est hœreticus , sedjatuus ,
(C) Je ne parle point des aventures credoque eum lucida habere intentai-
miraculeuses de son t^oyage.] Le seul la , jamque adeo propter conjunc
rëcit de ses visions extatiques rem- tionem lunœ non esse usquequaque
que la lecture d'un
qui se trouvent'dans son his- liure d'Erasme ralentissait sa «?eVo-
toire. Voyez le docteur Stillingfleet tion."] Ce livre d'Érasme a pour litre ,
(17) , qui tire de là une bonne preuve Enchiridion militis Christiani. Tout
que les je'suites , aussi-bien que les le monde le regarde comme un écrit
autres moines , ont un institut fondé où la pureté du style est jointe avec
sur le fanatisme". Il cite Melchior les plus sages régies de la morale
Canus
d'
tion qui le soupçonnait de Thérésie qui
des illuminés, ne l'emprisonnât (18). mour divin: c'est pourquoi il le prit .
Melchior Canus ajoute que Loyola en aversion , et ne voulut jamais lire
lui conta hors de propos mille choses les écrits de cet auteur 5 il voulut
touchant ses vertus , et touchant ses même que ses disciples ne les lussent
révélations , et qu'il parla de l'un point. Kibadénéira nous va raconter
de ses camarades comme d'un grand ce fait. In hdc studiorum, valœstrd
saint. Ce prétendu saint,interrogé par versanti , pii quidam ac aocti t^iri
Melchior Canns, débita plusieurs hé- consilium dederunt, ut Erasmi Rote-
résies par ignorance. Loyola , pour rodami , qui eo tempore bonœ latini-
l'excuser , allégua que ce n'était pas taiis auctor hahebatur , libellum de
ïin hérétique , mais un fou qui avait milite christiano legeret, ut sermonis
de bons intervalles , et qui alors à scilicet elegantiam cnm pietate cou-'
cause de la nouvelle lune, n'était pas jungeret. Cujus consilii confessarius
bon catholique • Ciim aliquando Ho- etiam ad reliquos auctor accessit.
mœ essem , Innicum istum uidere Quod cùm Ignalius simpliciterfecis-
rnihilibuit : qui in sermone sine ulld set, obserifavit illius libelli lectione
occasione cœpit suam commemorare refrigescere in se spiritum Dei , et
justitiam , et persecutionem , quam deuotionis sensim ardorem î^stingui.
passas esset in Hispanid nullo suo Qud re animadwersd , librum de ma-
tnerilo. Multa etiam et magna pras- nibus omnino abjecit , et ita est a\^er^
dicabat de ret^elationibus , quas dit^i- satus , ut nec ipse ampliiis legerit
nitiis habuisset , idque nullâ ejus rei ilUus auctoris libros , et passim in
necessitate ; quœ fuit occasio , cur societate nostrd legi uetuerit (21).
eumpro homine f^ano haberem , nec (E) La chose alla si avant qu'on le
de revelationibus suis quicquam ei fit mettre en prison. ] Avant d'en
crederem Çig) Quendam so- venir là , on avait fait des enquêtes
ciorumpro sancto prceàicare cœpit , sur sa vie et sur sa doctrine , et on
^^i ciim accitus uenis set j illico fiomi- lui avait seulement enjoint de se
lis non satis incolumi capite mihi chausser , et ne pas faire porter à ses
compagnons le même habit. Mais
(16) Tire' du même Sotuel, pag. t et 9. quand on eut remarqué qu'une veuve.
parens
niu», paff, 3,^ j„ f^///e. io,ne de la Momie (-30) Ià<-m , npud eumdrm . pag. 63.
*^"'"ï"*; rai) Ribadeneira , in Vit- Igootii , lib. /, cap.
Uyj Alclch. Canni , apud Scioppium , ibid. XIII ^ pag. Gg.
3i4 LOYOLA.
tonne pas que Ton s^alarmât a la vue Tautrede ces deux faits , et qu^ilyaal
du grand ascendant que prenait cet mieux s'en tenir à la narration sui-
homme sur le beau sexe. On continua vante. « Étant de retour à Barcelone,
offrirent leurs bons offices ^ mais il » sais ou , et il avait toujours tant
les en remercia. Interroge s'il ëtait » devisions, qu'il ne pouvait se res-
l'auteur du pèlerinage de la veuve , » souvenir d'un seul mot de ce qu'il
il re'pondit qu'au contraire il l'avait » apprenait. Ceci l'obligea de prier
déconseillé , craignant que la Jeune » son maître à genoux avec beaucoup
fille , qui était très-belle , ne s^expo- » d'humilité , . . . qu'il lui (**) plût
s.1t pendant cette course à quelque » de l'attacher ponctuellement à une
inconvénient (a3). La sentence lui fut » leçon , comme il faisait les autres
prononcée le ^2^. jour de sa prison , » écoliers , et de le fouetter après
et il fut mis en liberté (24)- On le » cela bien serré s'il manquait (ag).»
traita plus durement à Salamanque Vous voyez que tout se réduit a la
(a5). simple résolution de souffrir d'être
(F) Peu s'en fallut qu'on ne lui fouetté , en cas que l'on n'apprît
tîonnât le fouet au collège de Sainte- point sa leçon : et que ce fut à Barce-
Barbe. ] Considérez bien ce narré de lone , a l'âge de trente-trois an» , et
M. Jurieu (a6). // vint a Paris Van non a Paris à Tâge de trente-sept ,
1 5a8, et étant bien convaincu de son que l'on se voulut soumettre à ce
ignorance , il entra dans le collège châtiment. Je sais bien qu'à Paris
de Montaigu ; il y recommença ses même Ignace voulut se soumettre an
classes, se mit dans la sixième pour y fouet j mais ce fut après qu'on lui
apprendre une seconde fois la gram- eut appris que le principal du collège
maire,et pria son régent de lui régler (3o) avait résolu de le lui faire don-
nes leçons , et de lui donner le jouet ner ; et il sentit plusieurs combats
comme aux autres écoliers , quand il entre la chair et l'esprit , avant que
manquerait a les apprendre. Il avait de se déterminer à souffrir cette igno-
alors trente-sept ans : c'était un fort minie (3 1). Ce ne fut point au collège
plaisant spectacle , de voir trousser de Montaigu , mais à celui de Sainte-
la chemise de ce vénérable saint , au Barbe , ou l^on eut dessein de le
milieu d'une troupe de petits garçons fouetter j et la raison n'était pas qu'il
spectateurs de la comédie (;2n).,.,]Vous n'apprtt pas bien sa leçon : c'était à
fouet dans le collège de pratiquer les conseils de spiritualité
Montaigu ^en présence des petits éco- dont d les infatuait. Or, bien loin
liers. On affirme là deux choses: l'une que le principal du collège exécutât
que non-seulement Ignace pria son sa résolution , qu'au contraire quand
régent de le fouetter, mais aussi qu'il il eut ouï Ignace , il se jeta à ses pieds
fut fouetté: l'autre que ce fut à Paris, pour lui demander pardon ( 33 )•
dans le collège de Montaisu. Je pense
que l'on se trompe dans l'un et dans fe?) Ef^'^ *'*• à irentetroi* au.
*■ f**) Jnaff.^ l. X. e. lo.
(**) Ortandin. Hitt. , Z. X, n. 47.
.(aa) Entre atUres, Thérèse de Carderuu et (ag) Stillingfleet , du FanatiMu de rÉgliie
El/onor Mascaréna^ qui fut enruite gouver- romaine, pa^. apS.
nanle de Philippe II. Ribadedeira , in Vilâ (3o) Il s' appelait Jacques Govéa. [ Voy«,
Ignai., Uh. /, cap. XIV^ pag. 73. tome VII, pag. 166 , ce qae Bayle en dii «ou»
Ca3) Nihil eerti minus : immb hoe tihi affir- le nom d* André Govéa , dana le trate et dani la
mo percursalione* ejusmodi in universum Mis note on citation («). j
dissuasisse me, ne filia ed eeUUe ac formd in (3i) Fores Ribaden. , Uh. 11^ cap. Itl.
^cHJus/fuam petulantiain incurreret. Idem , ibid., (3a) Qiud muUa ? prehensd manu Goveams,
'"'/^'A E- D • j "*' canationetn Ignalium adduxil, lue repenti
va4) Ex Ridadeoeirâ , lib. /, cap. XI F. se omnibus inspeclanUbus , Uli ad pedes abjicU,
(a5j Idem^ ibid. , cap, XV, laehrymis veniam petit t se nimis creduUtm , d-
(26) Jnrien, Apologie pour la Réfomatton, luûi virum sanetiun clamât y qui non inunteti
/'•. partie j chap. I^pag. 5o. crucialdr ter tore , sed Dei lartiiun honore la»'
(t'j) Là m^me , pag. Si , 5a. gaiHr. Ribadeneira , lib, II, cap. III, pag. tf-
r
LOYOLA. 3i5
Notez qu'Ignace étudia dans le colle'- stitutum , ae sacrilegum , furuUtùs
ge de Alontaigu la langue latine (33) ; tollendum curavit (37).
mais je n^ai point lu qu'il y ait fait (H) // fit connaissance avec Jean-
toutes ses classes^à commencer parla Pierre Ùaraffa. ] Qui fut jpape , sous
sixième , comme l'assure M. Jurieu. le nom de Paul IV , et qui alors s'é»
Il est Yrai que l'on serait excusable tait joint avec quelques autres dé-
de l'inférer de ces paroles de MafTée : vots (38) , pour former la congréga-
Igitur ad Montis acuti collegium tion qu'on nomma les théatins. Ceux-
itare quotidiè , atque inter procacium ci ont eu dans ce siècle une fort
puerorum grèges maturd jam cetate grosse querelle avec les jésuites.
vir grammatica rudimenta repetere Voyons l'usage que M. Arnaud en
non dedi^natus c*« (34). Voyez Pas- fait. On peut juger, dit -il (Sg), en
3uier,qui se moque bien plaisamment s' adressant aux jésuites , de votre peu
es études et de rignorance de Loyola de sensibilité , par la manière si aigre
(35). Il ne savait pas alors que cet et si dure dont vos écrivains (4o) ont
homme serait bientôt invoqué : il traité les tJiéatins , pour avoir • dit
s^exposait à la faute du non putdram dans la vie du bienheureux Cajétan :
(36)-. Je ferai là-dessus une réflexion Que saint Icnace, quatre ou cinq ans
dans la remarque (Y). avant l'établissement de votre société,
(G) // prêcha la repentance. \ demeurant chez les théatins, à Ve-
II cria entre antres choses contre le nise , lorsqu'il v passa au sortir d'Es-
concubinage des prêtres , qui ne pas- pagne, l'an iSSô, avait élé si édifié
sait presque plus pour malhonnête ; et si touché de la sainteté de ses hô-
car leurs servantes prenaient hardi- tes , qu'il demanda à être reçu parmi
raent la coiffure d'une femme ma- eux : mais que le bienheureux Cajé-
riée,et en usaient avec eux comme tan ne voulut pas lui accorder ce
s'ils eussent été maris légitimes, qu'il demandait , parce que Dieu lui
Ignace fut cause que l'on fit des lois avait fait connaître qu'il fonderait
sévères contre cet abus. Quibus gui- un autre institut plus appliqué àl'ac-
dem operibus et vitœ exemplo , pru- tion. Que cela soit vrai ou non , au-
dentidque tantîim apud illos homines rait-ce été un sujet de vous mettre si
profecit , ut errores multos corrige- fort en colère , et de continuer une
»^t; vitia , quœ in sacerdotum etiam guerre si échauffée pendant près de
mores irrepserant , et longâjam con- trente ans , s'iZ était vrai que vousfus-
suetudine honestalis nomen obsède- siez aussi peu sensibles que vous di-
sant, emendare non destitit : multcf tes , a ce qui ne touche que la répu-
fjue constituit , quœ ad hominum mo- tation de votre société ? M. de
''w conformandos , pietatemque au- Sponde (4i) remarque que Jean Slei-
gcndam pertinerent. In his severœ dan , et quelques autres à sa suite ,
^gcsfiierunt ejus opéra latœ a ma- ont dit faussement que les jésuites
gistratibus , de aled , de concubinatu furent fondés par ce Jean-Pierre Ca-
sactrdotum. Nam citm patrio more ratfa. Ce qu'il y a de certain,
^rgines , quoad viro traderentur , ca- ajoute-t-il , est que , comme les jésui-
pite aperto essent , pessimo exemplo tes vinrent au monde peu après les
fnidtœ, ciim apud clericos turpiter théatins, et presque sous le même
^i^erent, perindè caput obnubebant , habit, on les nomma théatins , et on
Je si legitimo eis matrimonio junctœ
fuissent : quibus Jidem, quasi mari- i^^) Ribadendra, in Vi»a Ignatii, eap. F^
^^^ , prœstabant. Quod nefanum inr ^'^^J'f: ... ,, ^r _ ,_
V ./ (381 Idem, lib. II ^ cap. rl^ pt*g- ^oq,
n-i, T (3q) Morale pratique des Jésuites, tom. Ili ,
(«^ Lutetiœ primum in MonUs Âeuti Gym- pagT^'^S.
^iS*» \°***lj^«*taiis prmeeptoribus refor^ ^^^j Johannes Rho. M. Arnaud eût pu ajouter
r-fT^LT J"* ';V" "'l"^ ""**" bimmum Franciscus Sacchinus, qui a joint à la partie de
'j^ consumpnt. Idem, ibidem , cap, I, pag. /'Histoires des jésuites 'compose par Orlandin,
(^\ iff ip une préface et un Traité cuins ait aocloritatis
-^^7 • *" ^*''' '*"■***» '•*• '» ^«P- <^uocf in B. Cajeuni Thien^i Viiâ de «ancto Igna-
^1^ ' -- tio traditur à Jobanne Bsptistâ Castalilo, insti-
j ^ / '^«•qoîcr, Catéchisme des Jésoîles , iie. tis^e îpwm ut in Theatinomm Ordinem admitte-
Y»/2, «^^«Cicéroii, de Oflic. , ^ifr. l^cap. (40 Spondanus. <i(i aan. i555, num. 8. Il .
"'• cite Sieidan. , Ub. XX ri.
3i6 LOYOLA.
leur donne encore ce nom en Espa- eues au courent des Magdelonnettes,
CQC et en Italie. Si, en revanche , on pourvu qu^elles s^engageassent à une
donna celui de jésuites aux théatins , éternelle clôture , et à tous les Toeux
il faudra moins sY'tonner du roeu- de Tordre. Cette condition un peu
songe de Sleidan. L'auteur que j'ai dure retardait le fruit que Ton avait
tant cite avoue que ces deux ordres attendu de Tinstitution de ce cou-
de clercs réguliers se suivirent de si vent; elle excluait toutes les femmes
prés , et furent semblables en tant de maric'es , et toutes les filles et veuves
choses , au'on donna aux jésuites le qui voulaient bien se retirer de la
titre de tiiéatins. A quihus t^ulgi er- corruption , mais non pas s'assujet-
roj'e falsa theatinorum in nos est ap' tir aux lois d'une longue pénitence.
pellatio, cognomenque transfusum. Il y avait donc deux sortes dedebau-
JVam càm onlo uterque, noster et chces pour qui il fallait travailler.
illorum , clericorum regularium sint. Celles qui craignaient le ressenti-
eodemque fei'mè tempore nali, neque ment de leurs maris avaient besoin
hahitu vaïtlè ihssimiles , populus ru- d'un lieu d'entrepôt où elles fussent
dis ezternd specie deceptus , alie- en sûreté, jusqu'à ce qu'elles eussent
num nomen nostris imposuit, Romœ fait leur paix avec eux. «Celles qui
primùm ; undè in alias deindè urbes voulaient quitter le crime , sans re-
influxit , et in remotas etiam provin- noncer d'ailleurs aux plaisirs honné-
cias penetrat^it ({2). tes, avaient besoin aussi d'un lieu
(I) // s* occupa soit pour la qui ne fût pas un couvent, et qui leur
cortf'ffriton^e* /«[/*.] Il nourrit dans fournît de quoi subsister pendant
la maison des jésuites quelques juifs qu'elles ne gagneraient rien au mé-
qui s'étaient fait baptiser ; et à force tier de courtisane. C'est pourauoi
de sollicitations , il obtint qu'on en- Ignace fit blitir des appartemens aans
tretiendrait , dans une certaine mai- l'église de Sainte-Marthe , dans les-
son destinée à cet usage, tous les quels on fonda une nouvelle com-
juifs qui embrasseraient la vraie foi. munauté pour cette espèce de repen-
A sa prière, le pape Paulin ordonna ties (46). Permultœ ex iis nuptœ
qu'ilsconserveraient tous leurs biens, sunt, quœ hoc perfugio excludun-
et que s'ils étaient enfans de famille, tur : quihus tamen locus aliquis dan-
et que malgré leurs pères et mères ils dus est , quo se recipiant , dum ma-
ee convertissent, tout le patrimoinje ritis reconciliantur , ut a ^itœ hones-
serait pour eux (43). Et quant aux tate , quam petunt , ahsit periculum,
biens acquis par usure, et dont le vé- Porrb alias emergere quidem exfœ-
ritable mattre serait inconnu, on or- cihus illis vellent, sea non continua
donna qu'ils seraient donnés aux se diuturnœ pœnitentiœ dedere : ne-
juifs convertis. Jules III et Paul IV , que si ut pessima fugiant paratœ
ajoutèrent une nouvelle ordonnance, sunt, sectari idcircb optima concupis-
c est que toutes les synagogues d'Ita- cunt : quihus receptum ad tempus
lie seraient taxées tous les ans à une dari cœnohii illius (47) leges non si'
certaine somme, applicable à l'entre- nunt. Ignatius igitur^ ut omnium sa-
tien de ces prosélytes (44)* I^cs con- luti consuleret : et ne aua essetyquœ
vertisseurs de France ont imité de nos uictus quœrendi difficultatem suœ tur-
jours une partie de ces règlemens. pitudini prœtexeret, locum perop-
(K) Soit pour la com^ersion des porlunum instituendum curai^it, quod
femmes de mauvaise uie. ] En ce omnium esset commune perfugium
temps-là leur nombre était prodi- (48). Il fut le premier qui consacra à
gieux (45) : celles qui se voulaient cet édifice une bonne somme d'ar-
retirer de cette infamie étaient re«r
^uattumfaeiebfinl ( major en'im per id temput,
rt^\ n-u.j.. • • V.* T * ^ morum in urbe licentia , qua sanelissimoruta
#.-../««„«—«>. /■•-•""'«'" "•'«^'" •►;* '" compressa est) et urbt ipsamereLrtcus tordibus
io «T,;? P«'-*"*«'« ^'Olunuilem *^enu:nubus, obsolescebai. Idem, ibid.
Dona tpsorum omnia intégra omnino essenU Ri' rin\^i t » » f
baden., Uh. III, cap. IX, pag. 21 3. ^^^fO On la nomma la communauté de la
(44) Tiré de Ribaden. ;fn VitI Ignatli , Grâce de la Sainte Fterge.
pag. ai3. (4?) C est-a-dire , le couvent des Magdelon-
(45) Magna Bornée mulierculamm earum vi- neiet.
iébdUir mùUiiudx) , quto ex prottitut4 pudieUid (48) RibadencIrB , in Vit! Ignatii , pag, ai4>
LOYOLA. 3i^
gent : son exemple fut suivi par plu- res n'en prennent pas assez de soin ,
sieurs personnes , et principalement ou même qu'elles en deviennent les
voirie ge'ne'ral des ie'suites à la danger, Illudetiamexcogitai^it^ in lu-^
3 de plusieurs filles de joie, qu'il brico uersanti uirginum pudiciiiœ quœ
de
tête
amenait* ou à l'e'glise de Sainte-Mar- ratione succurreret : nî yidelicet puel-
the , ou chez des femmes de qualité laris castitas , aut matrum turpilu-
qui se chargeaient de les instruire, dine incuridue deflorescej^t , aut
In hoc autem diuœ Marthœ cœno- paupertate. Quamobrem prœclaruTrty
hium, mulierculas a turpi quœstu omnique laude dignum cœnQbium
ahductas ipsemet sœpenumerb , ne constructum est , sanctœ Catherinœ ,
périrent , t'c/ in matronœ alicujus ut uulgo wocant y de funariis :
honestœ domum , instituendas ad uir- in quod , tanquam in asrlum arcem"
tutis studium, id cetatis vir, et ge- que transferuntur adolescentulœ ,
neralis prœpositus deducebat (49). ^"<^ Jn periculo pudiciùœ uersan-
Qaand on se mettait à lui dire, que tur{b'x),
les soins qu'il se donnait pour la (L) // se vit exposé aux plus fu^
conversion de ces de'bauche'es e'taient rieuses médisances, ] Ribade'neira
«ne peine perdue, vu qu'elles e'taient n'est point entre' dans le dc'tail , et
endurcies au pëché, et qu'elles se je ne crois point avoir aucun livre
replongeraient bientôt au vomisse- où les particularités de ces medisan-
ment , il répondait qu'il croirait tous ces soient expose'es. Je dirai donc seu-
les travaux de sa vie bien employe's , lement après cet historien, qu'Ignace
s'il pouvait faire que ces créatures ayant fait mettre dans riiôtel de
s'abstinssent seulement une nuit d'of- Sainte-Marthe une femme mariée qui
fenser Dieu ,* et qu'étant mcme per- s'était laissé enlever par son galant ,
suadé que le lendemain elles se re- s'exposa à l'indignation de ce ravis-
plongeraient dans leur infâme com- seur , qui , étant un homme fort em-
merce, il ne laisserait pas de tra- porté, ne se contenta pas de jeter
vailler de toutes ses forces^^ à sauver des pierres f)endant la nuit sur la
ce petit espace de temps (5o). Citin maison où sa maîtresse était enfer-
autem Ignatio objiceretur, in curan- mée , mais de plus il diffama les jé-
dis hitjusmodi mulierculis malè ope- suites par toute la ville, .et sema
ram poni , quippe quœ in uitiis jam contre eux cent pasquinades. 11 les
occaltuissent , jacilèque reuerteren- accusait de toutes sortes de dérégle-
tur ad vomitum : Minime sanè , in- mens , et des crimes les plus impies
quit Ignatius ; sed si omnibus meœ et les plus sales. Il préoccupa de telle
vitœ curis atque laboribus id possim sorte contre eux la ville de Rome ,
^fficere, ut uel unam noctem, pec- qu'ils n'osaient presque se montrer 5
cato uacuam prœterire •istarum ait- car ils rencontraient partout des gens
qua uelit : omnes ego quidem nervos qui les insultaient et les maudis'
contendam , ut i>el illo tam exiguo saient. Je rapporte les paroles de Pd-
tempore Deus ac Dominus noster non badéneira , afin qu'on ne croie pas
offendatur : etiam si sciam illam sta- que j'amplifie. Ut erat t^ir acer , ac
tim adingenium redituram (5i). S'il Jerox , et in ipsum Sanctœ Manhœ
eut soin de réparer le passé , il n'ou- cœnobiumfurere nocturnis lapidalio-
blia point le mal a venir, lllsavait nibus cœpit, et in nostws iniquis cri-
que l'honneur de plusieurs filles est minationibus debacchari : multaque
en péril, soit à cause qu'elles sont in uulgus spargere , quœ non soliini
pauvres , soit à cause que leurs mè- falsa essent , sed dictu etiam turpis'
sima. Eoque processit (gratid for-
sîUt'?' '^■'^"'"* ^^?*t"^;- r «^«è, qud vatebat plurimùm , et au-
(5i) Le pire dr la Mainferme, in Clypeo tonlatejj^tus) Ut Ignatll nomen pu-
««•ccni. FoDtebrald. Ordinis , dissert. IV^ pag. bUck insectaretJir , et lacevarct , et ea
ilî; JJ^i'rr*'* f* f^' exemple pour iustifier Ho- nostrîs pcv sc , et suos corum obuce-
Dfrt a Arbrissel du grand soin qu'il prit des ^ ' -^
/'/m de joie. Vojet la remarque (D) de Varti-
"«FojiTMaAtj), lom. VJ , pag. 5o6. C5a) Ribadeneira , in Vili Ignatîi, pag. a 16.
3i3 LOYOLA.
ret , quœ honestè audire non postent, autres obtinrent du pape la pcrmis-
Famosos prœUrea libelloa confecit , sion de faire les méofies vœux que le«
et i^idgo jactauU , quibus niulta nefa- jésuites (55). Ignace ne s'y opposa
ria, et impura, multa impia, et scC' qu^aprés qu^il eut éprouve la pei-
lerata continebantur : ut nostris uix ne extrême qu'elles lui donnaient.
in publicum prodire , vix cum homi- Voyant donc que cela incommode-
nHfMts de ipsorum satute agere liceret : rait sa compagnie, il représenta si
ita aut conuictis ah improbissimo quo' fortement ses raisons au pape , qu^il
qucj aut maledictis excipiebantur iropétra la décharge de ce fardeau.
(53). Ignace supplia le pape de nom- Mirum est trium muliercularum gu-
raer des commissaires qui examinas- bematio , quantiim illi molestîœ et
sent ces accusations. Elles furent exa- occupationis paucis diebus attulerit.
minées par le gouverneur et par le £rgo pontificem maximum docet ,
vicaire de Rome , qui déclarèrent quanto ea res impedimenta sodetaii
dans leur sentence, rendue le lo sitjutura ; orat , obsecratque ponti-
dVoùt 1543» que estaient des calom- ficem , ut se prœsenti moles tid, socie-
nies. Il y eut un prêtre à Rome qui tatem metu perpétua liberet : neque
noircit terriblement la réputation permittat nostros homines y aliis in
des jésuites. Il les accusa d'nérésie , rébus magnis , utdibus , necessariis
et de révéler le secret des confôs- occupatos, hdc mulierum curd minus
sions, et de commettre des choses necessarid implicari, Quod lUique
que la pudeur défend de nommer , et pontifex , rationes Ignatii probans ,
qui rendaient Ignace digne du feu. societati dédit : Utterasque apostoU-
Voyez en marge les paroles de Riba- cas scribijussit, quibus nostri in per-
déneira (54) , qui observe que ce pré- petuum ab onere monialium eximun-
tre fut suspendu , et privé de ses bé- tur, et quarumcunque mulierum cu-
néfices , et condamné à une prison ra sub obedientid nostrorum in com-
perpétuelle pour des crimes que le muni , uel alias uiuere t^olentium ,
temps révéla enfin. Car quant aux annoï5^'j,i3 calend.junii. Quo non
accusations que je viens de rappor- contentus Ignatius , ut locum hune
ter , les Jésuites ne s'en plaignirent maxime periculosum communiret ,
point : ils les laissèrent tomber sans omnesque aditus obstrueret , illud
rien dire. etiam anno |549 ab eodem Paulo 111
ÇSL) Il f eut des personnes de V au- impetrayit, ne curam monialium,
tre sexe y qui voulurent se soumettre *«" religiosarum quarumlibet perso-
h sa discipline. ] Vous ne voyez narum recipere teneamur, per laie-
guère de religion parmi les moines ras aposiolicas impetratas , uel in nos-
qui n'ait des couvens de filles, et je terum impetrandas : nisi de indulto
ne sais si l'on pourrait nommer plu- *'^o ? «« ordine nostro, expressamfa-
«ieurs fondat-eurs, qui pendant leur ci£nt4is mentionem (56).
qu __
qui embrassassent sa règle. Isabelle riens , la Sainte Vierge lui accorda
Rosella , sa bienfaitrice , eut Cant de un tel don de continence , que de-
passion de le revoir, qu'elle alla |)uis qu'il fut son chevalier lusques
«l'Espagne à Rome pour se mettre a sa mort , il ne sentit pas même le*
sous sa discipline. Elle et quelques comraencemens d'une tentation im-
pudique. Il pouvait donc fréquenter
(53) Ribtdeneira , lib. III, cap. XIII, pag. les femmes impunément , et se con-
9a8. - server au milieu de toutes ces fiam-
Ç54) ItwidUB jtimulii incUaius ita exarsit , ut nzes, aussi entier que les trois Juifs
falsis illum odiosisgue *"'?«"f ;?"'f «J/" ^:i: dans la fournaise de Babylone. Les
aiain vocare, nostrosque inJamuB lobe asper- , 1 t • 1
fiere eonareiur. Nam et haresis calumniam , et plUS grandes liaisons aveC le sexe
MudUaruin eonfassionwn sacratissinia jura wo- n'auraient pas c'tC pour lui Une OC-
tata, et alia\ quœ honesth dici non possunt ,
non etl verecundatus objicere : tft Ignatium ip- .„. - . .,., «.,-, ,
fitm vivwnjlammh cremandum jaeiare. Riba- (55; Idem, ibtttem, cap. Air , pag. »3?
ieiwim, «M. , png a'y. (^fi) Rihadfnpîra , in VitH Ignatii , pn^. l'i.
LOYOLA. 3 19
cupation qui eût mëritë qu'on lui pond : Qui a connu l'intention de
ùt dit Dieu , ou gui a été son conseiller ?
„ . , ' , . Dieu seul fait des choses merveillew
Penculosœ plénum opus aie œ J t * 1 ' ^ 1 - 1
Tractas y et incedis ver ignés S€S , et COmme C est lui seul qui les
SupposUos cineri doioso (67). peut faire , tPest aussi lui seul gui
A cet ëgard il avait le don des Hir- connaît les temps et les lieux oii les
pes (58). Ce que l'on dit de certains miracles doivent être faits, et par les
soldats charmés, qu'ils n'ont rien à prières de qui. Ut solus ille hœcpo-
craindre , quoiqu'ils s'exposent à une iest efficere, ita ille solus notait quo
furieuse grêle de mousquetades , est ^oco , quo tempore miracula et quo-
l'imace de la continence de Loyola : rum precibus facienda sunt (63). Il
les œfllades les plus lascives, les ca- ajoute que tous les saints n'ont pas
resses les plus tendres , et en général eu le don des miracles , et que les
tout
voul
vertu, iciui.rt.li. nwviTïi iUMj#*ju*-v» ».»*«*>. ^' f - X X. j' n
Bien entendu que l'on s'en rappor- passe les autres en sainteté. Car ce
tera aux paroles de Mafiëe (Sg). J'ai n'est point par les actions miracu-
lu un parallèle de Luther et de leuses , mais par les actions de cha-
Loyola (60) , où l'on observe que Lu- rite, qu'il faut juger de la sainteté
ther, sans aucune grâce extraordi- des personnes. Il prouve cela par
naire, vécut dans un chaste célibat rautorité de saint Gréçoire, par des
jusqu'à l'âge de quarante-deux ans, raisons tirées de 1 Ecriture, et par
et que s'^nt marié ensuite, U ne des exemples. Neque omnes sancti
blessa point la pudeur et la piété : ^^ri miraculis excelluerunt ; neque
et qu'après tout la chasteté de Loyo- q^i Mopum aut magnitudine prœsti-
la ne mériterait aucune louange, terunt , aut copia, idcirco reliquos
puisqu'il n'y a point de vertu sans sancUtate superârunt. JYon enim
une victoire disputée contre les pas- sanctitas cujusque sigms sed chan-
-CrtTie rfiT^ ^^ œstimanda est (04). Il fait voir
TnV Ribad^neira se rétracta et P" l'Écntare , que le don dés mira-
racoL)enesais combien de'mira- ^'^^ «»' ^'"'°f^ quelquefois aux faux
cfes duyondat^ur de son ordre. ] Le ^""jf^J"; «* *° tve^çen de paroles
Xra«. ctapitre du Ve. livre de la Vie «^ ^^\ *"?* "% 1"? !«' protestans
de saint Ignace, composée par le je- Peuvent dire de plus fort contre
suite Riballénei^a est fort remarqua- J«»^ ^^ leur approchent que Lu-
vi^ Ti AM. t}' ther et aue Calvin n ont pas eu ce
We. n commence par cette obiec- j ^ H"^ ^•"'*" ** w«.. ^ .- .
f,*«« fc \ c^' ^ ^ "' don. Je ne dis pas cela , continue-t-
tion (62) : Si tout ce gue uous venez ., ., ^ . . ' , _ .
^a ^' ^ ' j> > ' * ^ ^ 1^ "^t pour exténuer cette vertu , mais
t«?-5*'r'"'; ?" ^^JZ afin de faire entendre au lecteur
'^^t^ àe Loyola n a point eu ce^ prudent qu'il faut se remettre de
rf^rZ^S /""'^rjvT^ f? tout cela à la providence du bon
de tant d autres saints? h <iMX^xyTK- ^.^^^ ^„i distAbue ses dons com-
(57) Borftt. , Ode I , Ub. II. me bon lui semble. Il rapporte en-
(58) Vpjre% les remarques de Vartide Hi»- «uite quelques raisons pour lesquel-
^'f^rv-^^l'^T'^'^'r'', , ,7/ les Dieu a pu permettre, et cela
die usqueld ulUmum .it^ omnis libidinis sen- en favcur même des jcsuitcs , quc
«• carueriL Seckendorf, Hirt. Lntheran. , Ub. leur fondateur fût prive du don des
^'•jP«»-3i5, ex Mfti&io, in Viift Ignatii miracles. Il faut l'entendre lui-même.
fpj\'j jo t , , ■,.3 Hœc dixerim non ut miraculorum
KW) Apud SecKCndorf. , ibidem. , j^-.^,./*-.
,(6.) Bdc guidem asslrUone cn.niiaiis la:is ^im eleucm , sed ut prudens lector
^etiruiUtr ^ quœ non efl vinus quandb cupidita- intelllgat , rem tOtam JJCO COmmit-
ithms non exereetur quas vincat. Idem , ibid. tendant : qui dona sua unicuique dis-
wrifi!"^!" f''"""'*"' ( ^o"» ) '• ^^^^» tribuit , prout uult. Potuit ille , pro
(6aj Sed dicat aUquis, si hac vera sunt, ^"^ Occultâ sapientld , nostrœ hoc
^ Pf'ofectb sunt ^ quid causa est quamobremiù- imbecUHtati dare , ne miracuUt un-
♦«M ianctiuu minus est testata miraculis ? et, quam jactare possemus. Potuit utiii-
.'"^*tonun sanelorumvila, stgnis declamt/if ' *
'^ntiUimque operationibus insignital Ribaden, , (63) Rîbaden. , ibidem , pas. S&o.
''*• f^, cap. Xni, pag. 539. (64) Ibidem.
320 LOYOLA.
tati , ut authorc in$Ututi nostri minus spes suas prodigerent , pauperlaûs ,
illustri , à Je su potiiis , quàm ab illo, dedecoris , atque ignominiœ sese telis
nomen traheremus : et nostra nos au- ohjicerent , et tôt lahorum , periculo-
pellalio sacra moneret , ne ah illo rumqiie offen^nt incursibus ? Il a
oculos unquam dirnowei^mus : quem oublié une circonstance qui rend ici
non soliim , ut communem humani plus sensible a certains égards le
generis liberatorem ac principem , merveilleux; c'est qu'il a paru dans
sed etiam , ut prœcipuum ducem co~ la vie de Loyola , depuis son voyage
1ère, atque imitari debemus , mini- de Monserrat , jusques à ce qu'il se
^tam hanc societatent, sui nominis fût fixé à Rome , tant de marques
florioso titulo decorantem. Potuit d'égarement , et tant de signes d'un
oc etiam tribuere temporibus , qui- esprit démonté , insensé , ruiné par
bus hfBc miraéula necessaria non sunt le fanatisme , qu'il est étonnant que
(65). Enfin il dit (GG) , que la manière des personnes d'un savoir solide ,
dont la compagnie des jésuites a été comme Lainez et Salméron , se soient
instituée, son agrandissement, et les attachées ù lui , et que son ordre ait
miracles qui ont été faits par quel- sitôt passé par-dessus la tête de tous
ques-uns de ses membres, sont une les autres. Mais, en tournant la mé-
assez forte preuve que c'est l'ouvrage daille de l'autre côté , on comprend
de Dieu , et fournissent assez de que cela même diminue le merveil-
jnoyens de donner l'éclat des mira- leux ; car rien n'est plus propre à
clés à la vie de son fondateur. C'est tromper le monde que tout ce qui
ainsi que les anciens pères ont ob- paraît surnaturel en folie , en extra-
servé que la prompte propagation de vagance , et en sottise. Quoi qu'il en
l'Évangile par toute la terre , encore soit, nous avons ici un fameux jc-
quc les instrumens dont Dieu se ser- suite contemporain (68), qui avoue
vait n'eussent rien de considérable clairement que son fondateur ne fit
selon le monde , et qu'ils trouvassent jamais de miracles ; mais il ne mon-
de fortes oppositions, est un miracle rut pas dans la profession de cette
si éclatant , qu'il suffirait seul à foi : il changea bien de langage dans
Erouver la divinité du christianisme, un autre livre (69). Il est vrai que la
es protestans allèguent la même plupart des miracles qu'il rapporte
chose , quand on leur demande quels furent faits par saint Ignace déjà
miracles Luther et Calvin ont faits mort. Voici comme il parle (^o):
pour soutenir leur mission. Citons Quia verb postremo quinti libri ca-
encore Ribadéneira. Quid admira- pite de miraculisbreuiteregimus quasi
bilius , dit-il {6']),*qucim militarem nullaj'ecisset, autaddemonstrandant
hominemy ferro et castris assuetum , ejus sanctitatem necessaria nonessent,
a spiritu Dei alienum , ita immuta- statui nunc ea paullb fusius expo-
tum , ut non soliim ipse Chrlsto mili- nere , non omma quidem (res enim
taret, sedsacrœ mditiœ antesignanus nimis in longum excurreret) sed par-
esset , et prlnceps ? Quid inusitaliiiSy tem duntaxat eorum quœ JDeus ejji-
qukm tôt homines ingenio , studio , erre per servum suum dignatus est.
œtate florentes, ab Ignatio egeno ac Quamt^is enim cùm anno iS'ji pri-
despicatOy nullâ magnd uel litterarum mùm i^itam. ejus latine scriberem alia
scientid , f^el sermonis elegantid et nonnulla miracula ah eo facta no^
copia , hue adduci potuisse , institu- uissem , tamen adeo mihi certa et
tum ut fitœ cursum abrumperent , explorata non erant ut in vulgns
edenda mihi persuaderem ; postch
(65^ Rlbadeneira , lib. V , cap. XIII , pag. f/gro quœstionihus de ejus in divos
(66) Tanlum ahest ut ad vitam Ignatii illus- ._.! _ . ■ . n- . ■
trandam miracula déesse uideantur , ut multa, W ^"/«f f^<» ."";' ^"'O"'»'» » Çuomasn a
eaque prœstantissima , judicem in mediâ luce puerosanclissimœipnusvitœ Spkctatoe atfjue
versari... Nam sive initia hujus societatis , .«Ve admtrator fut , pUmoremac ma,ori rerumjide
. insiitntum speclemus , sivepropagalionem, con- 'crihere potero. Kibadcneira , in prœfat.
secutasque ex eâ utilitaies , miracula certè C69) Dfliir TAbrcRé rie la Vie de saint Ignace,
nulla desiderabimus : cum lam muUa iis rébus ^»'t' publia lorsqu'on faisait des informations
miracula inesse deprehendamus, per quce Deut, pour sa canonisation.
et hoc opttt suum esse^ et radicis naturam , ex (70) Ribadcneira , in Vitn Tgoalii in compen-
trunco 0.1 tendit y et fructu. Ibidem ^ pag. S^î. (^iiim redaciS, cap. XFIII ^ pag. lai , edit.
(67) Ibidem, Iprensis^ iGxa.
LOYOLA. 3îi
VRlatione publiée hahitis gravibus et diligence exacte aTec laquelle il «"en
idoneU testibus fuerunt comprobata. était informé. De plus, un jésuite
Emmverb Deus ut servum suum ex- qui aurait su Tan lô^a , que son fon-
lollat in terris tam frequentibus eum dateur a fait des miracles , et qui ne
in aies miraculis dignatur, ut mearum se serait abstenu de les insérer dans
partium esse ducam litteris hic man- un ouvrage public , que parce que
dare nonnulla è publicis actionibus ses lumières là-dessus n'étaient pas
sumpta. Remarquez bien qu'il ne par- telles qu'elles doivent être lorsqu'on
le que de la première édition , qui fut imprime des faits semblables , avoue'
celle de l'an 1572 : il ne dit rien de rait-il que son fondateur n'a fait nuls
la seconde y qui fut celle de l'an 1687, miracles? raisonnerait - il sur cela
et qu'il augmenta beaucoup. Il y avec tant d^étude ? répondrait-il si
ajouta plusieurs choses, ou qu'il exactement aur objections? Son de-
avait apprises depuis par le témoi- voir sans doute serait de se taire ^
goage oe quelques personnes de très- jusques à ce qu'il fût parfaitement
grand poids , amis intimes d'Ignace, éclairé : et il y^ a bien de l'apparence
on dont un examen fort sévère lui que Ribadéneira eût pris ce parti ,
avait montré la certitude , quoiqu'il et que tout ce qu'il a dit après coup
les eût regardées comme douteuses est peu sincère , et rempli d'obli-
auparavant. Multa mihi necessario quités. 17'oublioBS pas de dire que si
addenda judicaui, Primùm nova quce- quelque chose était capable a'étre
dam , quœ post libellum excusum , amené à la pleine certitude durant
gravissimi uiri , et Ignatio waldè fa- l'intervalle des deux éditions , c'é-
miliares , et antè societatem conditam taient les miracles de Loyola , faits
inlimi necessarii , quasi testes ocu- surprenans , qui s'impriment dans la
lati de ipso Ignatio nobis retulerunt, mémoire plus que tous les autres , et
Tùm aîia , quœ dubia antea mihi qui se répandent de lieu en lieu avec
erant , et diligenti postea inquisitione plus de bruit que tous les autres. Les
inuestigata , certa esse comperi (71). amis intimes, les comparons insé-
CoDcluons de là que les miracles de parables d'Ignace , n'auraient-ils rien
saint Ignace ne sont point des choses dit là-dessus à Ribadéi
Ignace ne sont point des choses dit là-dessus à Ribadéneira, eux qui
, , _ qu il inouta à son livre l'an 1587 ,
cet auteur ait pu tirer de l'incerti- Cela rend suspect, pour ne rien dire
tude dans cet intervalle de temps. Et de pis , tout'ce qu'on publie des mi-
néanmoins il nous assure qu'en l'année racles que l'on prétend avoir été faits
iS^i, il savait quelques miracles de par lenace , avant la seconde édition
son fondateur, mais non pas avec de Ribadéneira. Les autres miracles
tonte la certitude nécessaire pour du même saint sont ^n très-grand
les publier. Il n'y eut rien sans doute nombre , si l'on en veut croire ses
parmi les choses dont il n'était pas bons amis. Voyez les deux remarques
alors parfaitement assuré , dont il suivantes.
recherchât plus soigneusement la cer- (0) On prétend qu'en sa bouche les
^tudequedes miracles de son apôtre: paroles de F'irgile avaient la vertu
i de dire dans de consterner les démons et de les
bienheureux contraindre a crier merci» ] Le conte
point fait de miracles, porte qu^l^ace Lojrola n'eut pas
n résalte nécessairement que ses en- plus tôt récité l'endroit de Virgile où
(juétes les plus exactes ne lui avaient il est dit qu'Énée et Didon entrèrent
nea appris de certain sur ce cha- dans une caverne , que la femme pos-
pitre ; car si elles lui avaient décou- sédée qui le priait de la secourir, fut
yert quelque certitude, il aurait joint renversée par terre , et que le diable
3 sa seconde édition ce grand article la quitta , et demanda pour grâce de
avec plus d'empressement , que les n'être point enfermé dans la caverne
autres choses qu'il n'y ajouta que éternelle. 11 obtint la permission
parce que d'incertaines,, elles lui d'aller partout où il lui plairait,
étaient devenues certaines par la pourvu qu'il n'obsédât plus aucun
(71) liam , in prmfatioHê , «Jii. xSS?. Lomme. Masenmullerus enim in His-
TOSIE IX. ai
l_
322 LOYOLA.
tor. Jcsoit. cap. S , pa^g. 3g6 ^r Tur- On toU là-dessus un livre qui fat
riano refert , quod aiufuando Romœ imprimé à Païenne y Fan 1668. Uii
fotmina quatdam à diabolo obscssa consimilùi narrantur contîgisse in
Ignatium Loiolam tecuta sit , et cia- Sicilid Regalbuti diceces. Catanens'n^
mdrit : Tu solus me libérant et ju- ubi imago paprracea aancli Jgnatii
vare poie*. Tune Loiolam. Récitasse anno Dom. 1666 è disitojudit prodi-
yenum, f^irgilii : giosè sanguinem , etnae omnia rxa-
Spdacaa Diao, âm% ctTr«t«"«* cudcm. minata accuratè , atqMse ab episcopo
Quduoceaudilddœmonemmulienm ^ tUustnsstmo D. Fr. 3Jichaele
prottruuUse ac egredientem clamas- ^ngelo Bonadus , olan gênerait st-
se : OfiliyLoiola, tu ceu leo me ad ^aph. ordints A. Francisa de Ob'
speluniam injerni abire cogis; sed seruanua approbala et mandata ty
fogo te, ne me œiemœ speluncœ P« P^normi 1668 (76). \ojezla rc-
injicias, Posteh Ignatium illi dixisse: marque ou je parlerai des trois ser-
yade quocunque uolueris, modo nul- ™®?f* ,, _. , . ,
lum amplius hominem obsideas; ac iSl) lU peuuent dire que bien des
statim dœmonium magno cum strepi- Çf"^ ^^* condamnent parpréuenuon]
u eeressum esse {ni). " est certain que tout ce quon a
(P) Innocent X et Clément IX ont P"^lie contre eux est cru aTcc une
augmenté les honneurs de ce now ^&^^ certitude a peu près par leurs
f^eau saint,'] Je me servirai des pa- ennemis , tant calboliques que pro-
roles du père Nathanaèl Sotucl. Eunr- tesUns. 11 est même vrai qu on en
dem (Ignatium) ojficio ecclesiastico renouvelle 1 accusation, toutes les
ubique terrarum coli jussit Innocen- wis que 1 occasion s en présente dans
tiusX. P. M. sub ritu semidupUce quelque livre nouveau. CepeDdant
die ao octobris anno 1644. ^uxit cul- «eux aui examinent avec quelque
lum Clemens IX. P. M. et ad ritum s««*te d équité les apologies mnom-
duplicem et^ejtit die 11 octobris iGG'j ^r?P*es que les jésuites ont po-
M). Cet auteur ajoute que l'on a bliees, jr trouvent à 1 égard de cer-
dcjà consacré à saint Ignace plus de *f »n« i*»t« d assez bonnes justilica-
cinquante églises en divers pays du «^^^ns , pour faire qu un ennemi nu-
monde (74) , et que les miracles faite sonnable abandonne raccusation. J en
par ce saint pendant sa vie et après vajs^ donner un exemple,
sa mort , sont si nombreux et si il- .^^^ '^'o »* P^rut un livre sa
lustres, qu'ils peuvent remplir tout glant contre les jésuites (77), où Ion
un livre ; car outre ceux dont il est assura (78) que l'abbé du Bois avait
parlé dans sa Vie , et dans la bulle de soutenu , et soutiendrait au père Co-
sa canonisation , le père Bartoli en ^^ , que sentence avait été donnée
rapporte cent bien certifiés. Alphonse contre lui à Avignon, pour avoir
de Andrada en rapporte plusieurs engrossé une nonnain *. Le père to-
autres , qui ont été faite à Munébréga *pn , repondant à ce libelle , pro-
dans l'Aragon , où l'on vénère une Nuisit (79) la lettre que l'on va lire.
(73) Johannei Chriatiinos Frommann , de , n. t3
F.Vcinat. , lib. III, part. IX, cap. IF, num. W ^^^^ . P«^- > « 3.
i5 , pa/f . m. 949. (77) Jniilulé. Anti-Coton.
(73) Sotael, in Biblioili. «ociet. Jeta, pag. 3. (78) Anti-Colon , pag. m. 63.
(•;4) Àinpliut tfuinauaginta tempia in variis * Voici ce qu*on lit dan« le DufalUr»^ ' *^
erbii regionibus modo numerantur in illiut ho- • pire Coton avait en » dil-oo , une amoarrtte <■
norem dedicata. Mem , ibid. Ce livre de Sotael » Daupliiné. Coton ^ di»ail Scalinrr ficfl''^'^'"*
fut impriin/ l'an 1675. » tecunda , an mot Coton) , scribebatad A^a-
(-5) Bfferl centum ex authenticis desumpta * ««'« »" Delphinatu. Liiterœ sunt inureept^
doc'umenlit nost^r Daniel Bariolut de Vitd * Chamiertu* habel. Prul-être •««•e»»''* "
tancU Ignatii, lib. V, et permuUa reeen^et " prétendneé lettre» qui auraimt donne li««»
noster Alphonsus de Andrada, opère de mi- » roman de la Nonnain d: Avignon engrosnc
raeulis patralis Munehregœ m Aragonid , ubi • pM ce jesmte. • ^ • - 1 tm
{tiè eolitur imago admirabilit tanctî Ignatii. (7g) Réponse apologétique k rAoti-CoUWi
acm, ibid. pag- 109-
LOYOLA. 323
ehose qui contrariât h la dignité et. tcstation authentique , qu'au père
qualité de sa profession » et en parti- Coton , qui alléguait tout ce que les
culierce de quoi V Anti- Coton le char- procédures j uridiques les plus exactes
^e : dans lequel Anti-Coton .pour ce pouvaient demander. Ce ne peut être
aue je suis fait auteur d'une ca- que l'effet d'une prévention outre'e.
lomnie manifeste , dont on charge II est arrivé aux jésuites la même
ledit réuérend père Coton ; je dis chose qu'à Catilina : qn ût courir
franchement que je ne sais ce que contre lui des accusations dont on
c'est , et que toujours f ai connu ledit n'avait nulle preuve , mais on se fon-
révérendpère Coton pour uénérahle dait sur ce raisonnement général
et bon religieux. En témoignage de puisqu'il a fait telle chose, il est
quoi j'ai écrit et signé cette mienne bien capable d'auoir fait celle-ci et
présenta déposition, A Paris , en celle-là , et il est très-apparent quHl
mon étude , cette treille Saint-Denis a fait le reste. L'historien Salluste a
martyr, 1610. L'abbé du Bois Olivier, solidement marqué cette illusion (8a)
Et l ai cachetée de mon cachet. Outre qui n'est pas un sophisme de l'école '
cela , il produisit quatre attestations mais un sophisme de ville. Il y a
(80) , unes et reconnues pour authen- onze ans que l'on publia à la Ikye
tiques, uraies, et légitimes par des un livre intitulé la Religion des Jé-
notaires royaux de la taille de Paris, suites. L'auteur avoue que la préven-
La I «. était signée Louis Beau , tion contre ces messieurs est si céné-
protonotaire du saint siège aposto- raie , que de quelques attestations
tique, et scellée de son cachet , et de d'innocence qu'ils se fortifient , il ne
ceux de deux archevêques subsécutifs leur est pas possible de désabuser le
en la métropolitaine d' Avignon, àes- monde. Il faut savoir, dit-il (83)
quels il avait été vicaire général du- qu'on ne peut rien dire de si terrible
rant tout le temps du séjour du père contre les jésuites , bien que douteux ,
Coton en Avignon, La a«. fut signée qui ne devienne vraisemblable a cause
par qumze personnes , (im faisaient de leur caractère , et de ce qu'on sait
et représentaient tout le clergé d'A- qu'Us sont capables de faire. Il en
^'ignon. La 3«. fut signée par les donne deux exemples : l'un est le
deux consuls d'Avignon et leur as- bruit qui se répandit non-seulement a
sesseur, et scellée du scel de la mai- Ucydelberg , mais par toute l'Eu-
sou consulaire. La 4». fut donnée rope , qu' ils avaient aposté un fauv
par lévêque d'Orange. Ces quatre esprit revenant de Vautre monde, qiù
attestahons s accordent non -seule- toutes les nuits criait aux oreilles du
ment à démentir l'auteur de l'Anti- vieux duc qu'il n'y avait point de
toton, comme un calomniateur in- salut pour lui , a moins qu'il n'exter-
rame, mais aussi à combler d'éloges mindt l'hérésie et les hérétiques de ses
<le bonne et de' pieuse conduite le nouveaux états , suivant le conseil
pere Coton. Outre ces attestations, des pères jésuites. Le duc , las de ces
messieurs d'Avignon écrivirent à ce (dsions , voulut s'en éelaircir. Il s'en
jesmte en ces termes (81) : « Si ces ouvrit a Vun de ses officiers , qui lui
» attestations des prélats et des con- promit de conjurer l'esprit tres-effi-
» suis ne bastent, nous ferons signer cacement sans oraisons , ni eau bé-
» |a plus grande partie des gentils- nite. IJofficier se cacha sous le lit du
» hommes , docteurs , bourgeois , prince , et quand l'esprit vint , il le
» marchands , et autres de la ville.» sabra de manière qu'il en demeura
1 °^i **? ®^ ^'<^° P«"*^ produire rien fort blessé , et l'on dit qi^il en est
ue plus fort Dour justifier un accusé, mort. Cet officier qui avait fait le
^pendant il y a eu une infinité de coup eut l'indiscrétion de le dire a sa
gens qui n'ont pas laissé de croire
31e la nonnain fut engrossée, et que (8») Sdo fuisse nonnullos qui ila existima'
* on rendit sentence contre le pere rent.juvenlutemquœdontumCaUUnaifrequen-
Plus il» r • « ?Î^J !:• ^ l . •\ îi r " «'«' «*"' '»'«f"i 7»«« 1»^d cuiqnam id
ï »U8 ae loi a 1 Anti-Coton qui n'allé- eompenum foret , kae fama vHlehat. Sallu$t.,
S^ait aucune preuve , ni aucune at- »" 8«^*° CatiUn. , pag. m. 33.
rRn\ m • ^®^^ Religion àet\è»uixe»\ pmg. 'yj, éflit. de
g v^ PfP«n«e« l'Anti- Coton, pa^. «oo. la Haye ^ 1689. Voret Bernrgg. Tnba Paci» ,
324 LOYOLA.
fefftmt , toniré Ut déftnm expresses qu'elle ne paraisse vraisemblable , k
f^ est rien que les jésuites n'aient tenté persuader à ses lectears, que cette
pour se justifier de ce fait. Le duc a nistoire de Vienne est certaine ; et
fait de rigoureuses défenses dans ses puis il dit (88) : Ce/a peut donc être
états de parler de cela. Les jésuites faux ; mais jamais on ne cessera de
ont tii^ des attestations et des signa-' le regarder comme probable , yu la
titres des protestans même, de la faus- conduite ordinaire des bons pères.,.,
seté de cette histoire ; mais ils auront (89). Ceux qui croiront que V histoire
beau faire , jamais ils ne détruiront de f^ienne est fausse , la croiront
les soupçons que ces bruits faux ou pourtant vraisemblable. Si elle est
vrais ont imprimés dans V esprit des fausse , au moins elle servira h jus^
peuples ; parce qu'on les connaît ca- tifier ce que je disais tout à l'heure ,
paÙes de cette friponnerie, par d'au- que la naine contre la société est
très qui ne valent pas mieux. Il en exti^me, dans l'église romaine même.
rapporte quelques-unes en général , Voyez la note (90).
je yeux dire sans circonstances de Sans tout ce grand nombre de ré-
temps , et de Heux , et de personnes ; pétitions , on aurait fort bien corn-
et après avoir enseigné à rejeter leurs pris sa pensée. Il reut dire qu'on n'a
attestations du Palatinat, il conclut qu^à puolier hardiment tout ce qu'on
ainsi (84) ' Quoi qu'il en soit , que voudra contre les jésuites , on peut
l'historiette soit une histoire ou une s'assurer qu'on en persuadera une
fable , on sait ce qu'ils savent faire , infinité de gens. Je crois qu'il a rai-
et c'est assez pour rendre la chose son , et que pour le moins en ceci il
vraisemblable. L'autre exemple est sera un bon prophète. C'est sans
que depuis peu les jésuites avaient doute dans cette assurance qu'il a
comploté d'empoisonner l'empereur publié l'historiette de Vienne, quoi-
en lui donnant la communion (85). qu'il la crût fausse. Mais si d'autres
Le prince en fut averti , et ne com- auteurs en ont usé comme lui , que
munia pas le lendemain , et même il deviendront tant de faits que les en-
trouva moyen de faire prendre au nemis des jésuites ont publiés? N'au-
jésuite l'hostie empoisonnée , et le je- rait-on pas lieu de croire qu'ils en
suite ne manqua pas d'en mourir, ont divulgué plusieurs dont ils con-
L'empereur et la cour de prenne , naissaient la fausseté , où qu'ils re-
selon sa dévotion , ordonna le secret gardaient comme très-douteux, et
sous de terribles peines , au peu de qui néanmoins à leur compte parat-
personnes qui en étaient. Il ne fut traient certains , et seraient reçus du
pas pourtant bien gardé ; il se ré- public comme une chose très-véri-
panait au moins un peu. Et ce gen- table ? Je ne saurais m'imaginer que
tilhomme d^honneur (86) jurait que les règles de la morale souffrent qu*on
la chose passait pour certaine dans abuse ainsi d'une prévention publi-
f^ienne (o'j) On ne la donne pas que : elles nous ordonnent d'être
pour vraie , poursuit l'auteur , et équitables envers tout le monde , et
même pour dire tout, on n'a pas de ne représenter jamais les gens
grande disposition h la croire ; mais plus perdus qu'ils ne le sont. J'avoue
quelque fausse qu'elle puisse être , sans peine à cet auteur, que cette fa-
jamais les jésuites n'empêcheront cilite , avec laquelle le public se
persuade tout le mal qu'on dit des
(84) Re1i|ioB des {ituitct, pag- 7g. jésuites , est une marque d'une aver-
(85) Là même, pag. 80. sion affreuse contre la société (91) ;
(86) Ctsl celui dont VawAeur pari» en eee
termes t pag. 79 : Un gentilliomme , parfaiu-
neat hommî d^tonnear . qai est au wmc« d'un W J« '"^«^ . VS- «»•
grand prince d^Allemagne , revint de Vienne il (89) La mime, pag. 83.
y a qnelques mois, et rapporta comme nne cboae iff^) On verra dans la remarque (BB) , eerê
»&re et vraie Tbistoire qui »uit : savoir au^on lajin , qvkil a couru depuis ce temps-Us, un au-
avait voulu empoisonner t empereur dans l'acte trejaux bruit de conspiration je'suitiqua contre
de la communion. l'empereur.
(87) RelisioB de* jcinilM, pag, 81. (gi) Religion de» iitaitw, pag. 84>
LOYOtA. SaS
•t }e ne nie point que cette aversion pécha pas que le liyre ne fiit ^endu
ne fournisse des cousequences très- sans périls et sans autre précaution
quer cette énigme : comment étant meur await été condamné , ne furent
si bons , si officieux et si aimables , ni exigées , ni payées y ce Jut une
ils sont pourtant si terriblement haïs , pièce par forme pour fermer la hou»
jésuites (g4). Mais raient été bien fâchés qi
on Fembarrasserait peut-être , «i on ^«5 débité. Cela n'a pas empêché non
lui demandait l'explication d'une plus qu'il n'ait été imprimé dans ce
moe/is
qui soDt haïs comme la peste dans N'est-ce point parler avec le dernier
toutes les communions difliérentes de mépris de son souverain , que de re-
la .leur, et qui ont un nombre infini présenter la Hollande si timide et si
d'ennemis dans la leur propre ; et de peureuse a l'égard de l'Angleterre ?
qui on ne saurait rien publier qui Quand cette prétendue frayeur serait
ne parût vraisemblaUJe, pendant que véritable , un bon sujet ne la cache-
M. Daillé et M. Claude conservent rait-il pas ? La révélerait-il au pu-
partout une bellel réputation ? Quoi blic ? Avouerait-il que les ordon-
qu'il en soit , je doute que cet écri- nances de l'état contre un livre ne
Tain ait eu toute la prudence d'un sont qu'une vaine formalité dont les
fin disputeur, lorsqu'il a tant insisté libraires se moquent ? Je laisse le
sur cette grande disposition du pu- reste j c'est un abîme au bord duquel
blic à croire tout ce qui s'imprime la prudence veut que je m'arrête,
contre les jésuites. Cela est plus pro- Mon indiscrétion serait cent fois plus
Î>re qu'il ne pense à leur conserver blâmable que celle de cet auteur, si
curs amis , qui croiront sans peine je ne jetais un voile sur ce dont il a
que l'on s'est trop prévalu de cette eu la témérité de se vanter, et si je
préoccupation , pour publier les bis- ne m'écriais , procul hinc , procul
toires les plus mal fondées. Et com- este pinfani. Il a sacrifié à la ten-
nie dans le fond c'est un erand dé- dresse paternelle les choses gu'il dé-
faut — J'^-- --- — ^^ ^^— -• 1- «i -*-
certain, il y a plus d'indiscrétion gion des Jésuites, ne soient la même
que de bonne foi à révéler cette pcé- personne. Il n'est pas malaisé de le
Tention, Un ennemi bien rusé dé- reconnaître ; car les éloges , qu'on
couvrirait-il ce faible? Mais en ma- donne au premier de ces deux ou-
tiere d'indiscrétion oet auteur est in- vrages dans le dernier, ne peuvent
comparable. Ne dit-il pas dans le venir que d'un père idolâtre de ses
même livre (9$) que l'Esprit de M. Ar- eufans , et frappé d'une singulière
nauld ne fut interdit en Hollande , prédilection pour l'Esprit de M. Ar-
quà cause de la frayeur où le pays nauld, fondée sur ce que c'est un
était alors de se brouiller auec les ouvrage qui, à double titre, estl'en.r
•^^glais ? N'apprend-il pas au pu- faut de son esprit , car il l'a. fait h
blic (96) que cette interdiction n'em- son image et semblance ; il s'est lui-*
même ici dépeint (98).
.. (p) yojn la Dissertation de Tortiinins Ga-
lindai Cantal^cT , ât Cansis pubiici erga jesuîtat (97) ta mfme,
. "- .^^'« fit dans un recueil de piîcet ifuifut (9^) Dans la page 7a de la Religion des j£-
i^primé à Geniva, Paii i63o, squ* U titre de mîtes, voiu trouverez ces paroles : Pour jtiger
Arcava «ocicUtis Je«u. équitablement , diaent-ils , de Tesprilt de J/L Av-
(93) Religion de.<* jésuites , pag. 84< iiauld, tel que Tautear satirique le dépeint, et de
Wil'kmfmetpag. •jS. Tesprit de cet aateur tel qu'il s^est découvert
/^\ ^ '"^"*«« P^g' 44* ^*°* '^^ li^i'0 t il f*^^ avouer (|ne rien n*cat si
vy>) tk mioief pag. 4<S> Kinblabh que cm denu «tprita, cl tga'an. peut
326
LOYOLA.
(R).... ÎU ne manquent pas de s* en
pji^aloir , afin,... qu'ils aient un lieu
commun général qui affaiblisse les
accusations, ] Autrefois ils répon-
daient à tous les livres que Ton pu-
bliait contre eux ; mais enfin ils se
sont lassés de ce travail. La raison
qa''ils allèguent de leur silence est ,
ÎruHls ne sont pas plus obligés de ré-
uter les satires de leurs ennemis que
le roi de France de faire répondre
aux gazettes d^ Amsterdam. Pourquoi
ne uQuàraient^il pas , c'est le père le
Tellier qui parle (99) , Que les jésui-^
tes eussent pu négliger ae répondre à
des libelles qui ne sont , a leur avis ,
ni moins fabuleux , ni moins mépri-
sables que les gazettes tt Amsterdam ,
et que tes systèmes historiques ou pro^
phétiques de M. Jurieu ? Doit^ent-ils
être plus délicats sur le fait de leur
réputation , que ne le sont ceux que
Dieu a mis sur nos têtes ? JVe doi-
vent-ils pas , ou du moins ne leur
est-il pas permis après ces grands
exemples , dé mépriser ce qui ne tou-
che que leur honneur particulier ?
Voici d'autres raisons: elles sont pri-
ses de l'inutilité des réponses et de la
disposition d'un certain public , à
S rendre pour vrai tout ce qu'on lui
onne contre eux (100). « On n'a pas
» sitôt répondu à quelqu'une de leurs
7t satires , qu'ils en ont six autres tou-
3) tes prêtes à publier. Ils en tiennent
» des magasins tout pleins : on leur
» en envoie de toutes les parties de
7> la terre. Celles qui furent réfutées
» il y a cent ans , ou dont le monde
» se moqua sans qu'on les réfutât y
» ils les rappellent aujourd'hui avec
» la même nardiesse que si c'étaient
>j des pièces nouvelles, ou qui fussent
» demeurées sans réplique j et ceux
» qui les suivront à quarante ou cin-
» quante ans d'ici , feront la même
n chose de celles qu'on invente de
» nos jours , toutes méprisables et
» toutes méprisées qu'elles, sont. Que
» servira-t-il , par exemple , aux jé-
«ans se tromper, prendre le portrait de t*nn pour
le portrait de Tautre. On cite Lettre apologéti-
que pour M. Ârnauld.
(99) Défenne dci nouveaux Chrétiens , /'*.
part. , pag. an , imprimée à Paris ^ Van 1687.
Tai d/jà cité une partie de ce passage dans
L'article de BELiitMiH , tom III ^ P<*g' ^70 t
citation (i';). Vojret aussi la remarque CE.) de
^'artic/eBraTitLiKa, tom. Tll^pag. 38o.
(100) La métne ; pag. 28,
» suites de la Chine , d'avoir été les
» premiers et presque les seuls qui
» se soient soumis , et sans la moin-
» dre résistance , aux vicaires apo-
» stoliques , dès qu'ils j ont paru en
» 1684 ; puisque cela n'a pas empé-
» ché leurs ennemis de publier, en-
» core l'été passé, par la plume de
» leur secrétaire, le gazetier de UoU
)> lande , que le saint père était ez-
» trêmement irrité contre lès jésui-
» tes de ce qu'ils ne voulaient pas
» reconnaître les évêques qu'il en-
» voyait à la Chine ? Peut-on douter
» que dans quelques années ce men-
» songe ne revienne à son tour suris
» scène ? De même que servira-t-il
» aux jésuites d'Allemagne d'avoir
» une attestation signée par qaa-
)} tre des principaux conseillers de
» monsieur l'électear palatin, tous
}) protestans , dans laquelle ils té-
» moîgnent que l'histoire du jésuite
» contrefaisant une voix du ciel ,
» pour tromper ce prince et Tanimer
» a la la destruction de l'hérésie ,
» n'est qu'une pure fable ? Cet acte
» empêchera- 1- il qu'un jour, sur la
» foi du gazetier de Hollande , quel-
» que bon protestant qui continuera
» 1 Histoire jésuitique , ne fasse un
)) chapitre de cette chimérique aven-
» ture ? Pourquoi ne s'y attendrait-
» on pas , lorsqu'on voit les plus gra-
» ves auteurs de ce parti - îà , nous
» débiter sérieusement le conte des
» Emballeurs d'Amiens , avec tou-
» tes les circonstances capables d'en
» faire une histoire ridicule?
» Après cela, que le gazetier hollan-
» dais ne se repente point d'avoir pu-
» blié , par exemple , que ce sont les
» jésuites qui , par leur avarice et
» par leurs méchans conseils , ont
» engagé l'empereur dans la dernière
» guerre de Hongrie j que le peuple
» de Vienne , irrité contre eux pour
» ce sujet , en massacra plusieurs
» lorsqu'ils voulaient se sauver , â
» l'approche de l'armée ottomane ;
>» que c'est eux qui brûlèrent Stoc-
» kolm l'année dernière ( c'étaient
» un peu auparavant quatre Turcs
» déguisés qui l'avaient fait ) , etc.
» QtTil ne se repente point d'avoir
î> publié toutes ces sottises-là , ni
» cent autres de la même force , et
» qu'il ne change pas de style à IV
» venir. Si on les méprise dans ce
LOYOLA.
D TÎnç^tième ou le trentième tome de clergé. L'opinion que
y> )a Morale pratique (loi). » Vous ont reçu de Dieu le glaive pour pu-
voyez avec combien d'artifice ils se nir les hérétiques , est encore plu»
{)re'va1ent de la préoccupation de universelle que la précédente , et a
eurs ennemis , et ils vérifient la été réduite en pratique parmi les
roaiime h quelque chose malheur est chrétiens depuis Constantin jusqu'à
bon : ils profitent de la haine qu'on présent, dans toutes les communions
a contre eux , fruuntur diis iratis. chrétiennes qui ont dominé sur les
Il est certain que leurs ennemis autres , et à peine ose-t-on écrire eu
leur feraient beaucoup plus de mal , Hollande contre une telle opinion,
s'ils mesuraient mieux les coups Ce ne sont donc pas les jésuites qui
qu'ils leur portent; car dès qu'on ont inventé ces deux sentimens; mais
entasse péle-méle les accusations bien ce sont eux qui en ont tiré les con-
fondées avec celles qui ne le sont séquences les plus odieuses et les
point , on favorise l'accusé ; on lui plus préjudiciables au repos public :
donne lieu de rendre suspectes de car de la jonction de ces deux prin-
faux celles qui sont véritables. Il faut cipesils ont conclu , et cela en croyant
être bien aveugle pour ne prévoir raisonner trés-conséquemment , qu'il
pas que plusieurs libelles qui parais- faut déposer un prince hérétique , et
sent tous les jours contre la société extirper l'hérésie par le fer et par le
(loi) , lui fourniront de bonnes ar- feu , si on ne la peut exterminer au-
mes. Si elle payait les auteurs pour treraent. Si les souverains ont reçu le
publier c " ' '
rait dire
argent,
faite su _
llé-
tnition
qu'on puisse infliger à un hérétique
ligion. est sans doute la prison , Texil , la
{^) Les jésuites... ont poussé... les confiscation des biens; et par con-
conséquences de plusieurs doctrines séquent un roi hérétique doit pour
qui étaient nées aidant eux , et qui le moins être détrôné par le peuple,
exposent les souverains a de conti- son souverain et son commettant ,
nuelUs révolutions.] L'opinion que s'il m'est permis de me servir de ce
l'autorité des rois est inférieure à mot wallon dans une matière où il est
^elle du peuple , et qu'ils peuvent foft propre , puisque selon le pre-
être punis par le peuple en certains mier principe , les monarcjues ne
<*as , a été enseignée et mise en pra- sont que des commissaires à qui le
tique dans tous les pays du monde , peuple , ne pouvant exercer par lui-
âans tous les siècles et dans toutes même sa souveraineté , en recom-
les communions chrétiennes qui ont mande les fonctions et l'exercice ,
avec la réserve et le droit inaliénable
Ooi) Défenie des «ooTeanx Chriilens , /". dc les leur ôter quand ils s'en acquit-
^rt , paff. 3i. yoye% , sur tout ceci Us répon- tcnt mal. Or , il n'y a point de cas
^»T. lont. //, pag. 1x9, et dans U remarque POSSlblc d otCI^ aUX monarCJUCS , par
(K) de l'article Bcllahkiit, tom. 111, pag. î6q. ies formes judiciaires , les biens dont
-^*\f'"'^^'^^i' ^nkooznmYiU tom. Klh [U sont déchus de droit , en vertu
f ' ^ . remarque (F) , vers la fin. ii* t\* *. > 'a.Ui:«
^-4) Ar..„M ; MorMe pr.,.q»e , tOm. ///, ^^S loiS qUC DlCU VCUt qU OU établis-
'«. dfraiire. sc ccutrc l'heresie ; comme , dis-je ,
328 LOYOLA.
puis qa^tls sont hérétiques , il s'en- ment qui engage à désobéir aux lois
suit qu'on peut recourir à Tartifice , de Dieu est nul eseentiellement. Voi-
afin de leur faire subir les peines là sur quels fondemens on a bâti le
qu^ils ont encourues de droit ; c'est- sjstéme qui a rendu le» jésuites si
a-dire qu'on peut former des eon- odieux , et qui a fait avoir une hor-
spirations contre leur personne, puis- reur si juste des maximes que pla-
an'autrement ce glaive que Dieu a sieurs d^ntr'eux ont débitées. Ils ont
onné au peuple comme au vérita- bâti sur un fondement qu'ils avaient
ble souverain , pour la punition des trouvé tout fait : ils ont élevé censé-
hérétiques , demeurerait inutile, quence sur conséquence à perte de
D'autre côté , si les souverains ont vue , sans s'étonner de la laideur des
plus de vigilance les hérétiques qui tre l'art de raisonner. Je n'examine-
violent la première table , que les rai point si en effet la dialectique les
meurtriers et les larrons qui violent a pu mener par toutes ces conséquen-
la seconde \ car les infractions de la ces ^ la matière serait trop odieuse,
première sont des crimes de lèse-ma- Je me contenterai de dire quelaFran-
jesté divine au premier chef , et at- ce , ayant vu périr tout de suite deux
taquent Dieu airecteroent ; au lieu de ses rois , sous le pernicieux pré-
que les infractions à la seconde l'at- texte qu'ils étaient fauteurs desbéré-
taquent d'une manière plus indirec- tiques , ne crut point pouvoir mieux
te. C'est donc le devoir des ecclé- ruiner cette malheureuse gradation
siastiques d^animer les souverains à de conséquence , qu'en renversant
la punition des hérétiques violateurs le^ principe primitif d'où on la fai-
du décalogue quant à la première ta- sait couler. C'est pour cela que la
ble ; et si les princes se relâchent à chambre du tiers-état (to5) voulat
celle qu'ils pourraient avoir de pu- dre d ailleurs qi
ijrr les homicides et les voleurs. Il torité des monarques. J'ajoute à ce-
faut même leur représenter que si le ci une observation de M. Juriea : il
danger inévitable de perdre l'état les ne peut pas être suspect de partia-
oblige à accorder des édits de tolé- lite pour les jésuites , et néanmoins
ranee aux hérétiques , ils ne sont te- il est sûr qu'il a loué ce raison-
contre les voleurs et les meurtriers , qui ne les font point mourir. Voyons
dès que le péril qui aurait contraint les paroles de M. Jurieu (io6).
de faire trêve avec eux serait passé. « J'explique n^ pensée (107) , et
a<jt;uiuci 1 iuipuuii.c oau9 ot i«-i*v»io d xrj.ais comme je crues aune a**
aussi criminels devant Dieu aue s'ils » part qu^il est permis de punir
raccordaient au vol j à Fadultère et
à l'homicide: et la seule chose oui (io5)J!;^an i6i5.
pourrait les disculper serait de dire (>«»6) Vr«i Sysi&m* éc réglîM, pag. 638.
aue , pour éviter un plus grand mal, ('.»:) ^w paroles de ce passage «nppi^
»■ • • r *ii:ui^ jI if^4.^«. ^j. J^ 1»^ "» ttaliaue . sont Urées dun livré de m- re»-
la nime infaillible de 1 état et de l é- „^ ^.,J,^ , ^ ^ PApoIcgU pour u
glise y il a fallu promettre de saspen- Riformaiioa.
LOYOLA. Sag
» hérétiques dudemier supplice, je nû dant des siècles entiers. Notez que
M condamne f"'^"-'^"' '"^ ''■'"'•* " -^ -'*' -'-* '— '*' —•- v:-- «
» Les uns et >
u mon sentiment.
pour Fexpliquer 7e suis pour ceux qui ne lesfo
» davantage. Car tous les gens qui mourir y et f opine qu'on suive teur
» ont peu de pénétration auront pei- exemple.
» ne à démêler les sentimens de 1 au- (T) et la morale chrétienne au
]> teur. Us jugeront qu^il a pris là un plus déplorable relâchement que ton
» plaisant milieu. U trouve qu^il est puisse appréhender.]Ce ne sont point
» trés-permis et par conséquent très- les jésuites qui ont inventé les réser-
» juste de faire brûler les calvinis- Tations mentales , ni les autres opi-
9 tes , mais pourtant que le meilleur nions que M. Pascal leur a reprochées
» est de ne le faire pas : quelque (109) , ni même le péché philosophî-
3» discoureur incommode raisonnera que (110). Us ont trouvé tout cela
» ainsi. Il n'est jamais permis de dans d'autres auteurs, ou formelle-
» faire souffrir la mort qu a ceux qui ment , ou de la manière qu'un dog-
» la méritent. S'il est permis de faire me est dans le principe qui le pro-
*> mourir les calvinistes, ils méri- duit par des conséquences. Mais corn*
» tent assurément la mort. Or , com- me on a vu dans leur compagnie un
» ment la raison, la justice et i'é- plus grand nombre de partisans de
» qaité ]^uvent- elles permettre ces opinions que dans les autres com-
» qu'on laisse vivre dans la société munautés , et qu'entre leurs mains
» publique des gens qui méritent la les maximes relâchées devenaient fé-
» mort r Je sais bien qu'un souve- condes de jour en jour , par l'ap-
» rain peut sans crime aonner la vie plication avec laquelle ils disputaient
" à un meurtrier f à un larron , à des sur ces choses , on les a pris à partie
)> rebelles qui méritent la mort ; nommément et formellement. Mal-
» mais on suppose que ce sont des heureux fruits de la discorde : la
» gens repentans qui sont tombés méthode d'étudier y a eu pour le
» une fois dans le crime , qui y ont moins autant de part que la corrup-
^ renoncé , et qui s'engagent à n'y tion du cœur. Avant que de régen-
" aans ae semoiaDie^i laisser vivre sopnie: on s est tait une naoïinae ae
» des hérétiques qui méritent la pointiller sur toutes choses ^ on a er-
^ mort par leur hérésie , et qui per- gotisé mille fois sur des êtres de rai-
et déclarent son : on a ouï soutenir autant de fois
» sévèrent pourtant
> vouloir persévérer dans leur héré- le pour et le contre sur les questions
> sie. J'aimerais tout autant dire des universaux, et sur plusieurs autres
^ qu'il est tuste de faire mourir les de même nature ; on a tellement
» larrons , les homicides et les sor- tourné son esprit du côté des objec-
^ ciers qui protestent qu'ils vole- tions et des distinctions,que lorsqu'on
» ront , qu'ils tueront et qu'ils em- manie les matières de morale , on se
* poisonneront autant de gens qu'ils trouve tout disposé à les embrouil-
j> pourront , tout autant qu'on les 1er. Les distinctions viennent en fou-
J> laissera vivre. » • le : les argumens ad hominem vous
M. Jurieu raisonne aussi bien dans obligent à vous retrancher de tou-
te passage qu'il raisonne mal dans tes parts , et à relâcher aujourd'hui
an autre livre (108) , où il soutient
(tocîS Dang Ism Lrtirea nrovîneialei.
w/viftf-
laquells
pas rimpunité dont les états définition on établît qu'afin qu'une action soit
de Hollande les laissent jouir pen- '**»■* » *' /f "' 1^ Valent se puUse déterminer
^ lui-mime à droite ou a gauche , sans être néeet-
(10H) pane la VIIX*. lettre du Tableau dn site d'ailleurs. Or cette définition »st la pku
MMoiuiisttc. commune dans C église romaine.
^
33o LOYOLA.
une chose , demain ane aatre. Toat imprimé à Salamanque , Tan i68g. Il
cela est fort dangereux : disputez a pour titre : Auety^uaciones de las
tant quHl TOUS plaira sur des ques- antiguedades de Cantahria (ii5).
tiens de logique , mais dans la mo« L'auteur s'appelle Gabriel de Hénao ,
raie contentez-Tous du bon sens et nom qui a paru à la tête de plusieurs
de la lumière que la lecture de PB- in-folio , et entre autres au-devant
yangile répand dans l'esprit : car si d'un livre qu'on pourrait intituler
vous entreprenez de disputer a la fa- Relation curieuse du paradis. Ga-
con des scolastiques , vous ne saurez briel de Hënao est unjésuite , profes-
iientôt par où sortir de ce labyrin- seur en théologie dans le collège
the. Celui qui a dit que les livres des royal de sa compagnie, à Salamanque.
casuistes sont l'art de chicaner avec II n'a entrepris de déterrer les anti-
Dieu (i it), a eu raison : ces avocats quitës de la Cantabrie , que parce
du barreau de la conscience trou- que c'est le pays où Ignace de Loyola
vent plus de distinctions et de subti- est né. Il dit qu'aujourd'hui cette
lités que les avocats du barreau ci- province comprend le Guipnscoa , la
vil. Ils font du barreau de la con- niscaye et le pays d'Alava. Ces deux
science un laboratoire de morale où dernières contrées ont produitles an-
les vérités les plus solides s'en vont eétres de saint Ignace : la première
en fumée , en sels volatils, en vapeur, lui a donné la naissance dans le ter-
Ce que Cicéron a dit touchant les ritoire d'Azpeytia : car le château de
subtilités de logique (ii^) , convient Loyola est situé dans ce territoire,
admirablement à celles des casuistes : Les fonts baptismaux de l'église de
on s'y prend dans ses propres filets ; Saint-Sébastien d'Azpeytia , dans les-
on s'y perd ; on ne sait de quel côté quels Ignace reçut le baptême , sont
se tourner, et l'on ne se sauve qu'en tons les jours un objet ae dévotion,
se relâchant presque sur tout. Ceux Les femmes grosses y accourent , et
qui ont lu le livre du père Pirot (n 3), désirent passionnément que leurs en-
m'avoueront qu^l est plus aisé de le fans y soient baptisés et qu'on leur
censurer , et de sentir qu^il contient donne le nom d'Ignace ou d'Ignacia ,
une mauvaise doctrine , que de ré- afin que cela leur porte bonheur. Le
soudre ses objections. château de Loyola où il naquit sub-
Au reste , quoique les jésuites ne sisteencore,ets'appellela*Srtnta Ca-
soient pas les inventeurs des opinions *a. Louis Henri de Cabrera et Thé-
relichées , et qu'elles soient soute- rèse Henriette Velasca de Loyola ,
nues tous les jours par d'autres gens , marquis et marquise d'Alcanizas et
ils ne doivent pas trouver mauvais d'Oropésa, derniers possesseurs de ce
qu'on s'en prenne à eux ; car on se château , en firent une cession solen-
règle sur un principe dont ils se ser- nelle , l'an i68r , à Mariane d'Autri-
vent eux-mêmes par rapport à la tra- che , mère du roi d'Espagne à présent
duction de Mons (ii4). régnant (i i6). Cette princesse le don-
(V) La reine..,. d'Espagne a fait »» Tannée suivante aux pères jésui-
cession de la maison où naquit Igna- ^s, afin qu ds y fondassent un col-
ce , aux jésuites.-] Vous trouverez le lége de leur société ; et ne se réserva
détaU de cette affaire dans un livre q«.e le droit de patronage, tant pour
soi pendant sa vie , qu après sa mort
(m) Fofet U Journal des Savaoi, du 3o POur le roi Son fils , et pour les rois
mart i665 ^pag. m. a/jg , et et> que M. Bemier, d'Espagne qui succéderont â SOU fils.
Abrégé de C^evdi, tom. ri lUv. II , chap. jf^jg ^^1^ imposa aux donataires la
r II l ^ pag. m. 5w t rapporte du preimer pré' ^ « '^ . •«. v ' y i
jûienide Lamoignon. '^*' '^ *^ même charge qui avait ete annexée â
(lit) Dialeetici ad extremum ipti te eomputt' la cession qui lui en fut faite , c'est
guni suis acwninibus^ et muUa quœrendo repe^ qu'il ne Serait permis de démolir au-
''ïtlhiZ "'^.f.Z f^^'r" T '^'rVr;* cune muraiHe du château , et qu'on
aissoivere ^ sea ettatn qutout antè exorsa et pO' , - t At* ' r
tiits detexta propi reiexaniur. Ciccro, de Oret-, SC contenterait dC batir aupres (l I7).
Ub.II.eap.XXXyni.
(ii3) IiuiluU L'Apologie des castiistes. (, ,5) ^o/e» le Joaroal de Leipsie , «nx^Sup-
(ii4) ytyre% les Observations du père le Tel- plémens , lome /, tect. X, pag. SaS , 5«6.
lier, sur la Défense de la version française du (i>6) On écrit ceci le a3 de novembre 1695.
NouTeau TesUment, imprimé â Mons, pag. 377 (> t'^) Ne scilicet uUum profuUai eoUeg'Ufa'^
9t tuiv. bricd parie tem demolirijas ètset , sed antiquit
r
LOYOtA. 33 1
Si Âpres avoir indique un livre eu- (X) On prononça trois sernwns sur
rieux de Gabriel Hénao, je n'en disais sa béatification censurés par la
pas quelque chose, on se pourrait Sorbonne.] Paul V a^ant bëatiiié
plaindre que je n'aurais fait qu'irri* Ignace» Tan i6og, les jésuites en Ji-
ter mal à propos la curiosité au lec' rent fête solermelle par toutes leurs
teur. Je dirai donc que ce jësuite pu- maisons , collèges et noviciats , oii ils,
blia un volume in-folio y Van i652, choisirent et prièrent les plus grands
intitulé JSnipjrreologia , seu Philoso- théologiens, et qui n'étaient de leur
phia Christiana de Empyreo cœlo , ore/ns, cîe^aire le panégyrique (lao).
où il étale si distinctement le bon- Valderrama , prieur des augustins de
hear du paradis , qu'il dit (i i8) qu'il Séville , fit le sermon, le 5i de juillet
y aura une musique dans le ciel 1 avec 1610. JPierre Déza, dominicain de
des instrumens matériels comme sur Valence, le fit le 36 de janvier 1610.
/a /erre. Mais son détail , si je ne me Jacques Rébullosa , dominicain de
souverain plaisir h baiser et embras» traduiait d'espagnol en français ces
ser le corps des bienheur^x ; qu'ils trois sermons , et les publia a Poi'
se baigneront, à la vue les uns des tiers, l'an 1611. On y trouva quatre
autres ; qu'il y aura pour cela des articles que la faculté de théologie
bains très-agréables ; qu'ils y nage- de Paris , assemblée dans la salle de
Tùni comme des poissons ; qu^Us chan- Sorbonne, le 1 "*■. d'octobre 1 6 1 1 , fou-
teront aussi agréablement que les ca' droya d'une terrible manière.
landres et les rossignols. Que les « Le premier est en la première
an^es s'habilleront en femmes , et » prédication de frère P. die plaidé-
qu'ils paraîtront aux saints avec des » rame y page ^\ et 55. Nous savons
habits de daines , les cheveux frisés , » bien que Moïse , portant sa ba-
àes, des festins y des ballets. Que les » tout ce que bon lui semblait, jus-
f^mmes chanteront plus agréablement >* ques à submerger Pharaon avec
que les hommes , afin que le plaisir » son armée , dans la mer Rou^e ;
soit plus erand; qu'elles ressuscite» » mais c'était l'ineiTable nom de Dieu
Tont avec les cheveux plus longs ; et » que le docte Tostat , évêque d'A-
qu' elles se pareront avec des rubans » vila , dit avoir été gravé en cette
et des coiffures y comme en cette vie , » verge ou basuette , lequel opérait
et leurs petits mignons d'enfansy ce » ces merveilles. Ce n'était pas si
qui sera avec un grand plaisir *, » grand cas que les créatures , voyant
M les ordonnances de Dieu leur sou-
pap. 537. ' » Ce n'était pas aussi grande
(118) Vofet le f". volunu! dé la Morale pr«- » Veille que les apôtres fissent tant
V* \^"*' ''^* , . .. ^ » de miracles , puisque c'était au
[itQ] Vans son livre m^i/ute : Orcunation des jti' i <. i.
f^^A^n. le ciel. Foje^ la Morale Vr.rqae » "«.™ ^%P\^^^ V^^ la vertU ctpoi»-
"iméme^pag.in^. » voir qu il leur en avait donne, le
* Al*occMioa deceue citation de Ffrnriqars, » marquant de son cachet, In nomi"
âylemiraiiépar Jolydecalomoiatciir. Il est, ,, ne meo dœmonia ejicienty linguis
«Jit Joly, déraonlre dans \a Défense des nou- t -_ * M * ,? n
r-»* Chréiiens , que Hennque. n'a j.maî. » loqueutur nOVlS , CtC. MaiS qu I-
ecrit le livre intitulé : Occupations det saints » gnacé , aVCC SOn UOm écrit en pa-
d«nj fociW, et qu'il est même probable qn'iln'y î> picr , faSSC pluS de miracleS OUC
M«a»*'i eu un tel livre au monde Or Bayie avait r 7 r -x
A P/f'.*"^ *'«•' nouveaux Chrétiens, qu'il cite le Tellier f aotenr da la Difente des nouveaux
«jaoi I article Loiola, noies gg , loo, loi, et Chr/Ueni); a». qa« peut être mima n'avait-il
aoDi II avait rapporté des fragniens dans {«article pas lu en entier la Défense des nouveaux Chré-
«j-tAaMi», reniar«|u« (E;, tom. III, pag. a^o. tient; 3«. que Baylis n'a pus invantê le paaaaj;»
«■I» ■ontlrs raisonnemens de Joly contre Bayle, qu'il transcrit d'après la Morale pratique.
P«or la défense de qui on peut répondre i». qu'il (no) Mercure Français , tom. Il y. pag. m.
peut a atotr pas trouvé bonnrs les raisons du père a64 , à l'ann. i6n.
33a LOYOLA.
» Moïse, et autant que les apôtres : h autre çi^h Jéêiu-Chmt, il eitesté^
a> que son signet ait tant d'autorité crahle , et retient du blasphème et
» y^vLT les créatures quelles lui obéis* de V impiété. Quant au dernier arti"
» sent soudain ; c^est ce ^ui le nous c/e , il u deux parties contraires ,
» rend grandement admirable. Le l'une desquelles détruit Vautre r la
» second f' page ^i delà même prédis dernière, à la t^éràé, est catholique et
» cation. Tandis qn^gnace virait, approuvée^ sauoir que le pape est le
» sa vie et ses mœurs étaient si gra- uicaire de Jésus'Christ en terre : mais
» ves , si saintes et si relevées , même la première , savoir que le pape est
» en Topinion du ciel, qu'il n'y' avait légitime successeur Je Jésus' Christ j
» que les papes, comme saint Pierre, est une proposition manifestement
» les impératrices comme la mère fausse et du tout hérétique. Signé C.
» de Dieu, quelque souverain mo- Peiii^Jean ^ curé de oaint'-jPierrû
» narque comme Dieu le nére et son (i33).
» saint fils , qui eussent le bien de Le père Solier publia une apologie
» la voir (i2t). Le troisième est en * très -hardie et menaçante (1^4)'
» la prédication de frère Pierre Dé' où il dit entre autres choses qu'il fal-
» za , page m et i la. Sans doute les lait se souvenir que l'on parle popu*
» autres fondateurs des ordres reli- Xairemetktès sermons et déclamations^
» gieux furent envoyés en faveur de surtout au genre qu'ils appellent
» l'église, etc. lYot^issimè autem die- démonstratif et encomiastique , qui
» bus istis loquutus est nobis infilio reçoit plus facilement les aniplifica-
» suo Ignatio , quem constiiuit Kœre^ tions que le déltbératif ou judiciaire
» (/eut unit^ersorum , et auquel il ne (ia5). et qu'il est aisé de connaître
» manque autre point de louange quand le prédicateur avance une
3» que , per quem fecit et secula. Le conception plutôt pour délecter l'c
» quatrième est en la prédication de reille, que pour enseigner sérieuse
y^ jrère Jacques Rébultosa, page ^O'j. ment ses auditeurs (136). Il fit voif
» Le martyr Ignace portait une tant que Louis de Grenade , saint Anto-
» particulière affection au saint père nin et saint Bernard ont fait des ap*
» et pape de Rome , comme au légi- plications de l'Écriture aussi fortes ,
» time successeur de Jésus-Christ , ou même plus fortes que celles dont
» et son vicaire en terre (laa). » on se plaignait. Il cita plusieurs pas-
La faculté opina et décréta sur le sages ae l'Écriture (137) pour justifier
premier article , que cette forme de cette pensée de Valderrama : Tandis
parler par laquelle le nom de la créa' qu'Ignace uiwait , sa fie et ses mœurs
ture est égalé au nom de Dieu tout- n'étaient connues de tous , et n'y
puissant; les miracles faits au nom avait que Dieu le père et son fUs qui
de Dieu , amoindris ; et finalement eussent le bien de la uoir ; mais sou"
que les miracles qui n'étaient pas en- dain qu'il fut mort , tous les courti'
core certains étaient préférés h ceux sans au roi étemel accoururent pour
?fue l'on devait tenir a' une foi catho' le voir (ia8). Il demanda (1^9) si
igue indubitable , était scandaleux / ,% r> ^ c^
* ' ri L ' - .■ • • {i^3) La mente, pag.mo»
se, erronée , Masptiemante et impie. • ceKe opoloxie n'eai pa« du p&K Solier (Sa-
Quant au second, que cette assers lerius)^ maii d« GMpard Ségairan. Voilà du
tion, laquelle feint que Dieu reçoit "?»" f« <!"» «»*i') P*' »« pire Fran^oii de la
Quelque bien de la vision de la créa- ^'*; ^}^* '" M/moires («.lé. m.nn«r,u)
YMooyMc. utcrt Mc te* k»* •*/#•»«© m» «./cm apologéuaues pour la compagnie de Jésur^ en
ture , est de soi détestable , fausse et France, dont Joly rapporCe «n paiiMf(e. Maia iea
manifeste hérésie. Quant au troisiè- bibliolUécaire» de» jésuitat, dont Bayl« fait meo-
me, Oil on a approprié le texte de »ion dao» .. note f «14) ne parlent p.. pi», d.
.' n . "•*/;/". r," , ^ ** cette apoloaie a larticle 5/^u(ran , qu a raittcle
samt Pau/, Jiovissime autem, etc. , SoUrius.
' (ii4) £" biblioth/eaires de* j/suitee n'em
(m) Hoaptnien, à U page ti de son Hiato- parlent point, non plus que de U version des
ria jesnitica , <lonn« à ces paroles un ridieufe trois Sermon».
tout parUeulier; il let traduit ainsi : Denique (t«5) Mercure Françan, tom. II ^ pag. «67.
Mooarchs supremo , dro patri , eiDM|a« sanctia- (*»6) Là même , pag. j*}v.
aimo filio, «o* intaeri ei ridere Unqnàm es (ii*;) Entre autres^ celui des Vror€jAt.^€hap,
-^infulari grati furrit conceMum. VII T^ vs. 3i :
(la») Mn-cure Françaia , tome II, pag. a65. Delitîie mete ease cam filiia hommam.
Vojen austi le /". (orne de la Morale pratique, (i«8) Mercure Françaia, tom. II , pag, a0f.
pag. as. ^lag) Là mSme , pag. a68k
LOYOLA. 333
meig , Tox enim tua^dulcis et faciès (i3i). Je n^oublie point que Scioppius
tua décora, ce serait mal traduire , ce (iSa) a fort plaisanté sur un endroit
serait blasphémer ou paraphraser le de ce sermon de Pierre Dëza. G^est
ta Yoiz est douce et ton regard* de yersellement ce qu'ils demandaient,
bonne grâce. Il ne répond rien sur dans un siècle ayare , dur et sourd
la quatrième proposition qui fut cen- â la charité.
surëe , et il paratt ignorer qu'elle Hospinien , en parlant de cette af-
Teût été. Ce n'est pas qu'il n'entre- faire , a dit une chose qu'il a sans
prenne de justifier quatre articles ; doute persuadée a bien des gens , et
mais il suppose que le quatrième aui néanmoins semble très-fausse. Il
était celui->ci : « Il n'y a que l'ordre de ait que les jésuites composèrent eux«
» Saint'François qui fasse des mira' mêmes ces trois sermons ^ mais que,
» clés en matière de pauvreté volon^ pour faire plus d'honneur à leur
» taire (i3o). Car un frère-laide son saint Ignace , ils firent accroire que
» ordre , dit-il ^ avec le cordon qui des dominicains espagnols les avaient
» lui sert.de ceinture « en sa main , prêches. Il ajoute que cette fraude
» fait plus de miracles que ne fit fut découverte (i3o). Le sens com-
» jamais la verge de Moïse , parce mun se soulève contre cette accusa-
is aue celle-là ne tira que de l'eau tion ; car , prenez que les jésuites
» d'une pierre, et celui-ci tire pain, soient aussi méchans qu'il vous plai-
» vin , chair, et tout ce qui lui fait ra, vous ne tenez rien : il faut de
» besoin, des poitrines plus dures que plus que vous supposiez qu'ils sont
» les rochers. » Il justifie tout cela stupides et sots comme des enfans :
en deux manières : i°. En disant que puisqu'il n'y a que des benêts qui
c'est une de ces pensées qu'on prédi- soient capables d'ignorer que dans
cateur avance , non pas pour dogma- deux mois , pour le plus tard , ils se-
tiser sérieusement , mais pour cha- ront couverts de honte aux jeux du
touiller l'oreille de ses auditeurs ^ public , s'ils se hasardent de faire
a*^. en soutenant qu'au pied de la let- imprimer faussement que tels et tels
trela proposition est véritable. Mais, moines, désignés par le lieu de leur
dit-4l, quand on t^udrait la prendre résidence, par leur dignité, par leur
h l'étroit du garrot, et auec toutes les nom , ont prêché telles et telles cho-
rigueurs de 7 école , n est-il pas vrai ses , un tel jour, dans telle ville. De
que c'est une plus grande œuure de pareils mensonges ne peuvent man-
jiéchir un cceur acéré en malice et en- quer d'être bientôt réfutés par un
durci en impiété ^ que de faire jaillir démenti public et juridique , qui
l'eau claire des rochers ? Saint Ber- rend le menteur éternellement l'ob^
nord n'a't-il pas dit en ce sens , que jet de la risée de ses ennemis. S'il n'y
Jésus-Christ a été plus miraculeux a que des benêts qui soient capables
en la conversion de MaricMagde- de ne pas prévoir comme très-pro-
hine , qu'en la résurrection de son chaine cette rude mortification , il
frtre Lazare ? Il aurait bien fait de n'y^ a crue des brutaux et des stupides
8'en tenir à la première raison , c'est- qui , l'ayant prévue , soient capables
à-dire de représenter unic^uement de s'y exposer. Ainsi toutes les appa-
qu'il faut faire grâce aux saillies d'un
orateur , et que l'éloquence de la (i3i) yoye% rHîsloire de* Onvragn dei Sa-
chair, principalement parmiles moi- V?'' '«<>*' ;^'«<>f «69Ç, r-ér- 555, e*. tom.
^ F \ • '^ n * j ri. pag. 556, la remarque («) da VarUclm
nés, et le jour d'un panégyrique, f^amçois d'A.me. '
est en possession d'une licence pires- (,3,) Seioppi», Isfam. Famiani Strad», pag,
quesans bornes. Mais cela n'empêche iS^.
point qu'on ne doive censurer quel- 033) Fram suboluit tandem et deprehensum
^ est très hat coneiones à jenutis eonseripia* ,
(i3o> Là mime , pag» 971. Oest Déza qui se hahiuuet puhlieatas fuisse. Ho^pinian. , Histo-
"H'il ie teUe pensée ^ pag» i5i. ria jeiullica , Ub, /, pag. >i , edit. x68t.
334 LOYOLA.
leurs intérêts , et fort observés car qu'il faudrait prendre pour trouTer
des ennemis alertes , n'ont point la bote au gîte ? Ne serait-ce pas les
suppose les trois sermons que Fran- conduire , comme par la main , à la
coisSolier fit imprimera Poitiers : découverte de l'imposture ? Lesjan-
ct puisque les jansénistes (i 34) n'en sénistes ont reconnu publiquement
attribuent aux jésuites que la tra- c^uc l'attestation des capucins de Pa
dnction française , c'est une preuve ns contient un faux exposé (i36).
reuse aux capucîhs de Paris^ Ils pré- ment par la négligence des correc-
tendirent que l'approbation d'un de teurs. Vous y trouvez f^alderranna ,
leurs pères , mise au-devant du livre et yualderranna au lieu de yalder^
d'Amadœus Guiménius, était suçpo- rama ; Doza ,au lieu de Deza ; Tes-
sée. BTous déclarons , dirent-ifs , tatus , au lieu de Tostatus ; TiUsac
au* aucun des nôtres rCa approuué ce an lieu de Filesac (137) 5 Ducal au
liure ; et bien plus , ya'i7 ny a eu et lieu de Duval (i38),
qu'il n'y a dans notre congrégation (Y) et qui redoublèrent sans
aucun relisieux provincial , qui s'aj>- doute le chagrin d' Etienne Pasquier.]
Selle Luisius de Valence , qui a été La nouvelle de la béatification d'I-
eux fois ministre provincial de l'or- gnace ne pouvait être que désagréa-
dre des frères mineurs, de Saint-Fran- ble à cet écrivain, grand ennemi des
Cois , capucins de la province du jésuites , et qui depuis peu s'était
Sang de Jésus-Cbrist dans les royau- moqué de leur fondateur dans un
mes de Valence et de Murcie , maî- ouvrage public (iSg), jusques à prê-
tre ès-arts , premier professeur et dire en quelque manière , que les
lecteur jubilé de la sacrée théologie, artifices dont ils se servaient à Rome,
et conseiller qualificateur de Finqui- pour le faire canoniser, ne leur réas-
sition de l'un et l'autre royaume , e« siraient pas (i4o). On peut donc
que nous n'avons en Espagne aucune croire que son cbagrin augmentait à.
province qui soit ainsi appelée. Nous mesure que la pompe de cette béati-
protestons aussi que ces pompeuses fication faisait plus de bruit par toute
qualités , dont on revêt l auteur de l'Europe. Je ne conçois point de plus
cette approbation empruntée , sont rude mortification que celle qu'il eut
très-éloignées de la simplicité dont en voyant béatifier un homme dont
nous faisons profession. Nous décla- H avait dft tant de mal. S'il eût é«ë
rons ces choses sur le témoignage de de la religion , il se fût moqué du
notre très'révérend père générait qui jucement de la cour de Rome; mais
nyant appris que ce li^re paraissait \l faisait profession de la catholicité :
avec cette approbation , a témoigné H ne pouvait donc nier que ses mè-
re que nous venons de dire. Cette in- disances n'eussent été réfutées de la
scription en faux fut réfutée dans tous manière du monde la plus authenti-
ses chefs par des actes authentiques , que , et qu'il ne se vît condamné par
et revêtus de tout ce que la procédure toute l'église romaine , qui acquiesça
juridique la plus exacte peut de- au décret du pape. Ce fut une très-
mander de formalités (i35). A quoi mauvaise défaite que de dire, comme
songeaient les bons capucins de Pa- firent ses enfans dans leur réponse à
ris? Pouvaient-ils bien se persuader . ,^ „ „„. . . , n j c
Ml 1 •! • M. -.-«,««,..,« (i 36) Fore» rHiitoire des Onrraeei des Sa'
que d'habiles imposteurs marque- y^)^» ^ Uis de jamier 16SS , pag. j^.
raient tant de caractères, nom pro- ^,3^^ il demanda la cemure des quatre arti-
pre nom de dignité , nom de rési- clés extraits de* trois Sermoni .
Ci 38) H s'opposa a la censure , e(
on tCett
CaniprordniD , imprimé h Cologne , Van i68a. XF du I*'. livre , pag. m. 1^7 et suiv.
LOYOLA. 335
Garasse , quHl n^ayait point cru que ils se perdent dans la bonne fortune ^
le fondateur des jésuites serait un ou dans d^autres conjonctures que
jour be'atiû^. Cest un inconye'nient la suite des affaires générales amène.
fâcheux dans la communion de Rome, Vous avez honte de les avoir pre'co^
qu^on est exposé au péril de se voir nisés j on vous en fait des reproches
contraint de chômer la fête des mal plaisans. On éviterait cela, si
mêmes gens qu'on avait satirisés , et pour dire qu'un homme est louable,
de les invoquer dévotement. Cela on usait du même délai que Solon
doit rendre plus circonspects les au- pour dire qu'il est heureux (i43)*
leurs critiques. J'attaque un homme , Mais â l'égard de la censure et de la
doivent-ils penser , qui sera peut- critique , vous n'êtes pas même en
être dans les. litanies avant que je sûreté quand vous attendez que les
meure : prenons garde à tout , et gens soient morts : il viendra peut-
Eensons à l'avenir. Il est vrai que être un pape qui mettra au nombre
ouis XII ne crut pas qu'un roi de des saints celui que vous aurez mal-
France dût venge'r les injures d'un traité, et qui vous dira : Adora quod
duc d'Orléans; mais que savons-nous incendisti. Recommandez- ffous a Vin."
si les béatifiés sont de cette humeur? tercession delà personne que uous
Les curés de village ne disent-ils pas auez offensée. Je ne sais si les Fran-
mille et mille fois que les saints en- çais qui ont inédit d'Innocent XI , et
voient la peste , la famine, etc. , pour pendant sa vie et après sa mort (i44)>
Îiunir le peu de soin qu'on a eu de n'éprouveront pas ce fâcheux destin,
eurs chapelles et de leurs images ? Cela ressemble à ces arrêts de parle-
Si la faute de ces indévots est châtiée ment qui contraignent à épouser la
par un désastre public qui tombe même îille qu'on avait déhonorée.
même sur les innocens (i4') » ^^ cen- (Z) // s'éleva quelques différens ,
seur particulier , l'auteur du Caté- en France , touchant le jour de sa
chisme des jésuites , n'a-t-il pas su- féte.^ M. Heidegger raconte que le
jet de crisindre le ressentiment de pape, ayant assigné à Ignace le même
saint Ignace ? Les plus sages têtes lour de fête qui appartenait depuis
ordonnent d'être réservé sur le cha- long-temps à saint Germain (i45) ,
pitre de l'éloge : les jésuites effacèrent des fastes ecclé-
QuaUm commandes étiam au,ue Btiam aspi^ siakiques le nom de Saint Germain ,
ce , ne mox pour mettre a la place le nom de leur
Incuûanî aliéna uhipeecntapudorem {i^i). fondateur ( 1 46 ). Les Français s'en
Et il semble que, pour suivre exacte- scandalisèrent à cause de leur gran-
ment leur conseil, il faudrait a tten- de vénération^ pour saint Germain,
dre à louer une p
mort l'eût garantie
constance. Vous aviez »««« «« «^.u- ^f * , -. -, * ^ *> ^
me qui cachait bien ses défauts : il a 1?*^ a Rome. La cause, portée a Rome,
perdu cette adresse ^ il s'est décrié i"' décidée de la manière que l'on
partout. On vous blâme de votre en- ^^ ^oi*". Le pape ordonna que la fête
cens. Peut-être même qu'il est deve- ^^ saint Germain et celle de saint
nu votre ennemi ; qu'il vous a per- Ignace seraient célébrées le même
séculé à toute outrance : cela vous a jour; mais que, s'ils ne pouvaient
dessillé les ;reux; vous avez connu ce P^s s'accorder ensemble, Ignace,
çiu'il cachait. Vous l'avez chargé d'in- ^^^
jures 5 on vous met aux ï>rises avec )inteohitum nemo, supremaque fanera débet.
voug-même. Ces inconvéniens ne se- Ovidii», Metam. , Ub. Iil, vs. ï36.
raient pas arrivés si vous aviez eu S'«f' '* j*"' i\ ^. réponse que Solon fait k
plasdefenteuràdistribuervoslouan- p^^'^.lr * I^cap.X^Xll,
ges. De plus, les cens de mérite n'ont (144) yoye% U remarqué (G) de l'article Ik-
pas toujours le don de persévérer ^ hocbwt XI, tom. FllI^ pag. 371.
(145) Savoir la 3i de juilieL
'*40 . • . . Sespè Die»piter (i46) Eb impudenliœ... provecti sunt^ ut ex'
•"«(tfctiM , incesto addidU integrum. ft^'iù '* ealendario ipso romane , emto nomine
. Horat. , od. II, va. 91). saneti Germant qui eum sihi diem haetenùt ven-
..('yjRoraV, cpUt. XVIII, fx. 76, Uh. I ^ dieaverat, Itfnatium tuiun substituèrent. Hei-
*** ''*. degg, Hiil. Papatùs, pag. ^S^.'
336 LOYOLA.
comme le pins jeane , serait oblige que Vincent Baron n'est point crojra-
d'attendre Fannëe bissextile , où il Me sur cette matière , et que la con-
aurait pour lui seul la journée inter- damnation du lirre de méremberg
calaire. Lis ad pontificem delata ri-' ne concerne que la seconde édition
diculè iuidecita est j ut eodem die (i5a), et se trouve modifiée par un
simul Germanns et Ignatius célébra- donee corrigatur. Il ajoute que la
retur : qubd si simul stare nolle yide- troisième âition , augmentée de la
rentur, expectaret Ignatius, ceu re- Vie de François Xarier , s'est débi-
centior, annum bissextilem, et diem, tée sans nul obstacle,
qui tum intercalatur, sibi eximium (BB) Grotius soutient que la prof es-
haberet ( i47 )• ^e voudrais que sion de jésuite n'exclut pas le maria-
M. Heidegger eût cité quelque bon «e.] Voici ses paroles : Transgressi
auteur ; car je n'ai pas trouvé tout 7„ ntorem non una habitant omnes.
cela dans la Lettre à un conseiller du Angustum videhatur societatis incrc
parlement, sur un écrit du père An- menla parietihus includere : dikt bo-
nat. On voit cette lettre au premier m,^^ ^t covjuges (i53). Pasquier,
tome du Recueil des pièces concer- plaidant contré les jésuites. Tan 1 564,
nant le Nouveau Testament de Mons. assura (i54) que leur compagnie est
Or voici ce que l'on trouve à la page composée de deux manières de gens ,
593 : « Qui ne sait qu'aussitôt que dont Us premiers se disent être comme
Il saint Ignace fut canonisé , les je- ^e la grande observance , et les au-
» suites le mirent dans la place de j^, ^e la petite. Ceux de la grande
» saint Germam,évéqued'Auxerre, observance sont obligés a quatre
» qu'ils effacèrent insolemment du t^œux , parce qu^outretes trois ordi-
]» calendrier , où l'on n'aurait plus maires d'obéissance , pauvreté et chas-
» vu ce grand nom si vénérable à ^^^^ ^ £^ en font un particulièrement
» toute la France, s'il, n y eût été en faveur du pape... Ceux gui sont de
» remis par un arrêt du parlement la petite observance , sont , sans plus ,
» de Pans, rendu sur un excellent astreints a deux vœux: Tun regar-
» discours de M. l'avocat général. » ^ant la fidélité qu'ils promettent au
M. Heidegger aurai* pu citer Jean p^pe , et Vautre l'obéissance envers
Lactus (148), ou plutôt Jacques Rae- Uurs supérieurs et ministres. Ces der-
vins (149), cité par Jean Laitus; mais „ig„ ^ vouent pas pauvreté ^ ains
de quoi servirait cela? leur est loisible de tenir bénéfices sans
(A A) La P^e d Ignace par J.^E. dispense , succéder a pères et a mères ^
de Niéremberg fut censurée rude- ^ acquérir terres et possessions , comme
ment , si l'on en croit le père Baron."] s'ils ne fussent obligés ii aucun vœu
Ce dominicain assure que le censeur, «fe religion (i55) Cette même or-
qui avait été chargé d'examiner cette donnance fait que toutes sortes de
Vie , rapporta aux juges qu'elle était personnes peuvent être de cette reH-
si pleine de fautes , qu'elle méritait gion. Car comme ainsi soit qu'en
d'être effacée depuis le commence- cette petite observance Von ne faste
ment îusques à la fin. Adeb mendo^ t/ceu ni de virginité ni de pauvreté t
sum l&rum ut esset inemendabilis f et aussi y sont indifféremment reçus
a capite ad calcem spongid détendus i prêtres et gens laïcs, soient mariés
nonnulla etiam notavit quœ storrut" ou non mariés , voire ne sont tenus de
chum et indignationem audientibus résider avec les grartds observantins.
moverunt (i5o): Le père Papebroch Mais leur est perynis d'habiter avec
(i5i) , en répondant à un carme qui U reste du peuple y moyennant qtjCa
lui alléguait ce passage , a obsei*vé jours certains et préfixes ils se rendent
a la maison commune d'eux tous ,
(x47) Beidegg. , ibidm. POur parUciper h leurs simagrées.
048) In Compenaio Biitor. nnîTerwlis.paf . Mais voici ce qui lui fut répondu par
m. 534*
(i4q) in HUlorift Poaljficnm Rom«Bor. , pag.
m. 3ii. (i5i) Cest cdU da Madrid, i63i.
(i5o) VittceatÎM Baroniu, i^ud SebasUamim (i53) Grotivi , Huttir., Ub. 111% pag, m. V}^.
k MUicto Panlo Carmelium , in libcllo sopplici. ji54} PaMoier . Rechercbei de U Fnnce , tir.
(i5i) Daa. Papd>rocli. , Revponi. ad rxhibi- /'/, ehap. aLIII^ pag. m. 3a3.
tioncm Error. I p«^* >86. ((55} Là mtmt^ P^g. 394*
LOYOLA. 337
lejësaite Richeome (i56) : « La cin- (157) principalement sur la critique
» auieme mensonge est au mesme des yœux simples que Ton fait faire
» playdoyé ou ayant discouru en aux jésuites ; mais il ne m^a point
» resveur sur la règle des jésuites , et paru qu^il ait réplique un seul mot À
» dict à force menues et simples regard de ces deux espèces de jésuites
9 mensonges, en fin il adjoute une qu'il ayait annoncées au monde, les
M des plus grosse taille euceincte de uns mariés , les autres non mariés.
» plusieurs autres disant: Cestemes' Cela me fait croire qu'il reconnut
» me ordonnance faict que toute sorte son erreur. Le janséniste qui publia,
» de personnes , etc.,.. Et après avoir en 1688, une Apologie des Censures
u bien bavasse , il attache la queue à de Louvain et de Douai, suppose
» sa chimère, et conclud : Tellement (i58) qu'il y 2i des* jésuites cachés ^
» que suit^ant ceste lojr et règle il qui , sans en porter l'habit , ne lais^
» n'est pas impertinent de uoir toute sent pas d'être du corps , et sont lais~
h une taille jésuite. Ceste mensonge ses dans le monde pour les intérêts
» n'est comptée que pour une, mais de la société; mais il ne dit point
» elle en contient autant que de pa- qu'on leur permette de contracter
» rôles. Il a plus de vingt ans que mariage. Ce serait en vain que l'on
» i'ay hanté celle compagnie et eu* tâcherait de justifier Grotius par le
» rieusementleu ses constitutions, je témoignage de l'écrivain anonyme
» n'ouy jamais parler d'observance qui fit imprimer, en i68a , un petit
» petite ou grande entre les jésuites, ouvrage intitulé: V Empereuret lEntr
» ie n'en leu jamais aucun mot ny en pire trahis , et par qui et comment.
» leurs livres , ny aux bulles des pa- Cet anonyme annonce le même fait
i> pes expédiées pour leur establisse- que Pasquier , ^t soupçonne même
V ment. Et aux uns et aux autres , les 1 empereur d'être un jésuite de la se-
» vœux de chasteté , pauvreté et coude classe. Mon ombrage, dit- il
» obeyssance sont si exprez , que ( 1 69) , sur la majesté impériale se re~
"personne n'en peut doubter : au double. d'autant plus qu il est public
» reste, qui jamais vit jésuites ma- que dans la société jésuitique Uy a
» ries entre les jésuites? ains qui de plusieurs sortes de religieux , y en
» rouyt jamais dire qu'à Pasquier ? » ayant non-seulement de porter l'ha"
Il arriva peut-être â Grotius de se bit, mais de se marier, et pouuoir
fonder uniquement sur le témoignage être rei^êtus de toutes sortes de char^
de Pasquier , et de le tenir pour in- ges et dignités : que si sa majesté im-
coDtestable , puisqu'il n'était pas ap- périale, par un trop grand zèle pour
parent que lx>n eût osé débiter une sa religion , s^était dans ses jeunes
fausseté de cette nature, en plein ans engagé malheureusement dans
parlement, dans une cause si solen- cet ordre, sous les dispenses que je
i^elle } mais le plus sûr est de se délier suppose , il ne faudrait plus se kur-
des apparences , et de ne jamais juger prendre d^aucune de ses démarches
sur le rapport d'une des parties, ^u- contre le parti protestant; car encore
^i et alteram partem : gardez une qu il ne fût que du petit ordre, qui
oreille pour l'accusé , injormez-wous est celui oii il est permis de se marier,
des contredits de chaque partie , est et de poui^oir être revêtu de toutes son-
une régie qu'il ne faut jamais aban- tes de charges et de dignités , il est
donner. Le démenti que l'on donna à pourtant t^rai que pour tout le surplus.
Catéchisme des Jésuites , ou il rema- faire la paix et la guerre tout ainsi
^a plusieurs choses qu'il avait déjà que le général de la société le juge-
avancées, et les soutint contre les
apologistes de la société. 11 insista (iS'])Ju livre TT, chap. IX «tsuiv.
(i58) Apologie bistoriqne des deux censaret
,. (i56) RépooM ae Reni ie 1. Foo pour le. re- J« .l'Oa^-i» «» J« Doaai .ar la matière de U
''P*w de U compagnie de Jé.o«. ehop. XLIl, Ornce , f,ag. iS5. f^e^aussi /a Que.iion cu-
!►•« «1. ,o«. Alïgîmbe, pag, iit/nous ap^ rieuse « M. Arn.uld e.t Wréuqae 7 pay. 9a, gS,
P»'"' ÎM RicbeoL. s» diéldsa sa^ le titre de de la seconde édUjon.
"«A de la Fon. 0^) P^g- >58 «< /ufV.
TOME IX. aa
338 LOLLIUS.
rait convenable pour Vintérét de la sage çarti que la maison d'Âutriclie
cour papale et de sa société, Laguei^ pouvait prendre , yu la situation des
fie qu'il fait perpétuellement contre choses depuis la paix particulière de
teuse et flétrissante de la dernière 1697 , ^e ue doute pas qu'il ne se fût
(160),.... tout cela sent fort une obé- rendu le promoteur d'une nouTelle
dience qui ne connaît point d autre à peu près semblable à celle que l'on
devoir^ ni d'autres règles de justice et a vue ci-dessus (164). Les Lette-es His-
de piété que le commandement absolu toriques du mois d'octobre de cette
de son s^érieur: et je ne uois rien de année-lâ contiennent ceci : « Il y a
la part de ce prince , soit en sa ma- » quelque temps qu'on a rëpandu
nièrede vivre et ses applications per- » que les jésuites avaient trame une
pétuelles en comédies jésuitiques , » conspiration contre l'empereur et
musique, ou pèlerinages, tantôt en » le roi des Romains, et qu'il y en
une relique, tantôt en une autre, avec jt avait même déjà un qui ayait ëte
tout ce qui nous peut marquer ses in- » exécuté. On écrit de Vienne que
elinations naturelles ou d'habitude » c'est une pure calomnie. Aussi
qui démente cette opinion. Encore un » l'empereur , pour désabuser le pu-
coup , ce serait impertinemment » blic , a-t-il ordonné à son consea
manquer de respect insolemment à L'auteur des Lettres Historiques uou-
sa majesté inipénale. Ces écrivains- ne la version française de cet acte
là seraient traités trop obligeamment, impérial,
si on leur disait ,/a£re/ufâf 5 <fe5preu- , ^,. ^ , ,^
ves, et vous m^ alléguez des contes Jllè]Eê^J:'aZZt^^Z^^2: i'"^^^^'-
(iGi)jcar ils débitent le plus souvent, 46i! ^ a ^ton^nes d octobre x697.p-^.
non pas ce qu'ils ont ouï dire , mais
ce qu'ils forgent eux-mêmes dans le LOLLIUS (Marg) , consul de
creux de leur cerveau. Celui que j'ai Rome, Tan 733. L'empereur
cité, et M. Jurieu apprêtèrent bien à Auguste lui donna de grandes
rire au monde ^ l'un soutint que les ° j ^""« «^ giauu»
jésuites trahissaient la maison d'An- marques de son estime; car non-
triche en faveur de la France ; et Seulement il l'honora du gouver-
l'autre , qu'ils seraient toujours dis- nement d'une trës-belle provin-
posés à trahir la France en faveur de ^p f„\ ]»«„ -or». ,«•:«. îi 1^ c*
fa maison d'Autriche (162). Ce qu'il ^^ ^?^ ' ^ ^'^ 7^9; mais il le fit
y a de certain est que la condiiite ^^^^ gouverneur de Caius César,
que la cour impériale a tenue depuis son petit-fils , lorsqu'il envoya
plusde douze ans (i63) est une preuve ce jeune prince dans l'Orient,
':T^^Cor^.'r^ro:^iCr rr y -?««- ««j- *-f «■-«*
sont très-conformes aux intérêts tem- °^ * empire. La conduite de Lol-
porels de l'empereur, préférablement ^itis fit éclater dans ce voyage les
aux avantages de la catholicité prise mauvaises qualités qu'il avait fi-
bien vu que la signature de la paix de «Pparcnces de la vertu. Sa dissi-
Nimègue était le meilleur et le plus mulation avait été si heureuse ,
f.6.) ceiu a. m^^, „ ^8. rïrT '"! ^''''*"*'*' ^^ *°"
(161) numotilm mecum pugnas : ego autem laiOlC j U avait paSSe pOUr impre-
l^'S;rm.':^rV.%7.•, L^Vrt^r; ««We à rargem (A). Les présens
pag. 108 , /a citation (-jS) de C article Lacmoi / n ^ „ , ^ , ,
(Jeande). • (a) Celte tfm'on Jt de la Galttie^ de la
( i6«) yaye» M. Aniania , an ehap. IX de la tycaonie, de PTsaurie H de la Pisidie, après
/»♦. partie de TApologie ponr le* cadioIi4p>rs. *« "^ort du roi Âmùtlas. Voyez le père No-
h te
ram
(i63) On écrit ceci en 1700, ri«, Cenot. Pisan.
LOLLIUS. 339
immenses qu'il extorqua pendant les ëloges dont ils sont reconnus in"
qu'il fut auprès du jeune César, ^\^f^', '. ^^ ^"* ^r^^''* qu'Horace se
!i . ^ * , •' - .' récrie ICI sur les annarences . c^est-â.
très défauts dans ce même em- car nous apprenons d'un célèbre his-
ploi; car afin de se rendre plus ^""t^ *^"*^ '''' Jf^^'""'. cachait admi-
r, ' . ., • 1 S- rablement ses mauvaises qualitës (2) .
nécessaire , il entretenait la dis- ç^^ j^ entretenait le désordre entre
corde entre Tibère et Caïus César Tibère et Caïus César.'] C'est ce qu'on
(B) ; et l'on croit même qu'il ser- peut inférer de ces paroles de Sué-
vait d'espion au roi des Parthes , *one (3) : Namque priuignum Caium
H -^. 1 1 • 1 onenti prcepositum cum uisendi era"
pour éloigner la conclusion de </4rr«>mfe«*yûmi,m(Tiberius) «/«--
la paix. Caïus apprit cette trahi- niorem sibi sensit ex criminationibus
son (C) , lorsqu'il s'aboucha avec ■^» Lollii comitîs et rectoHs ejus,
ce monarque dans une île de ^^^\ Pf T*^*. «"«^«^^ plus clairement
vi^ 1 -. / \ .. •! M. par le témoignage que Tibère rendit
1 Euphrate (c) , et il conçut une | QuiHnus , gouverneur de Caïus Cé-
telle haine pour son gouverneur, sar. Datusque rector C. Cœsari Ar-
que celui— ci s'en désespéra : il se meniam obtinenti Tiberium quoque
fit mourir lui-même (D). Il avait ^^,^f agentem coluerat, auod tune
, _. 1, 00 / »v ^ patefecit in senatu , lauaatis in se of-
vamcu les Besses 1 an 788 {d), et ^^(^^ ^^ incusato M. Lollio.quem
ayant porté tout de suite la guer- autorem C Cœsari pravitatis et dis-
re dans l'Allemagne , il y avait cordiamm arguebat (4).
rD««n 1-.^ «AU^^ff- . -mnCo ;i ovra.'f a>« (C) Coius apprît Cette trahison. '\
reçu un affront ; mais il avait eu Considérez ces paroles de Paterculus.
sa revanche (E) , et réduit les ç„o tempore M. Lollii quem ^eluti
Allemands à faire la paix* Marc nioderatoremjuuentœfîUi sui Augus-
L0LUU8 , son fils , fut consul on '"* «*^« uoluerat, perfidia et plena
ne sait en miellé année et laissa *"^^<>^' ^^ uersuti animi consUia per
ne saii en quelle année , ei laissa p^^^^,^ indicata Cœsari (5) ,fama
une hlle , qui lut femme de Cah- pulgai^it.
guIa(F), comme je le dis dans (D) LoUius se Jit mourir lui-mé-
les remarques (G). '"^•J C^st Pline qui nous l'apprend.
JH. Lollius infamatus regum mune-
{^)^ojrez les remarques (D) et (G). ribus in toto Oriente interdicta ami-
&\ n**","l"';/i?- "' '^^' ^J citia a C. Cœsare Augusti filio ue-
{d) Dio, lib. Lir.pag. m. 6ia. ^^^^^ ^.^^^ ^g^ g^jj^ témoigne la
{K) n auaU passé pour imprenable ™^.°îe chose (7). Paterculus , plus
irar^ewï.l Entre plusieurs autres vomn de ce teraps-la , doute si Lol-
^oges , Horace lui donne celui-là ; "«» se fit mourir : Cujus mors intra
Non ego te meh paucos dies fortuita an uoluntaria
Chartis inomaium lilen , i^^^\^ ignoro (8) ; mais il assure que
Totve tuos patiar lahores LolHus ne vécut guère depuis l'en-
/"jwi, z:oM, carper» Uvidas Ucvue de Caïus CésaT et du roi des
VMivionM. Est animuf Ubi
Berumque prudent , et secundU
Temporibuj dubiisque reetuj , (i) Sub legato M. Lollio homine in omnia
^index avarafraudit , et ABtTivkR* peeuniœ quam reelèjaciendi cupidiore , et inter
Conjutque non uniiu anni^ Patercalas, lib. II ^ cap. XCVIl.
J A **f '"**'*" bonus atqutjidus (3) Sueton., in Tiberio, cap. XII »
J«der honestum prmtulU utiU , bt (4) T.cit. , Annal. , Ub. III, cap. XLVIII,
. yicuiTsua^ictorannair). Cnl'::"^^ H Tîoltj/;^^^
V'ÎOiqu un poète de cour ne fasse U Canaris ira vulgavit.
gttère conscience de donner aux gens (^) P**"- » '»'*• '^» *«''• ^^^''•
(7) Solio. , eap.LIII fpag* m. 85.
^0 Hçwi.^ od. IX , Ub. IF. (8) Pateresltts, lib. II, cap. Cil.
34o LOLLIUS.
Parthes. Il semble que Sa^tone fasse toute la discute fut réduite à la ques-
Tivre quelque temps Lollius depuis lion si Agrippine serait prdfërëe à
sa disgrâce; car il dit que Caïus Ce- PauUiue, ou a Élia Pëtioa. Jugez si
sar , fâche contre LoIlius , s'apaisa cela peut conyenir à une femme d'en-
envers Tibère , et consentit qu'on le viron cinquante ans. Paulline Depou-
rap]7elât à Rome. Is ( Caius Ca;sar ) vait pas être de beaucoup plus jeune,
forte tune M. LolUo qffensior , fa- si elle était fille de notre Marc Lol-
oiUs erorahiUsqueinidtricumfuaic^). lius, qui sortît de Rome avec son
(^) Il y auaU reçu un affront, mais ëlève environ l'an r^i , et mourut
i/ aidait eu sa retranche.] La honte fut deux ans après : or la dispute dont
plus grande que la perte dans l'échec je parle ëclata l'an de Rome 8oi. Il
de notre Marc LoUius (lo). On v per- n^est pas aise de bien décider si celui
clit l'aigle de la cinquième légion à qui Horace adressa la II*. et la
(il). Eusèbe , sans parler d'aucune XVIIl'. lettre du premier livre, est le
disgrâce de Lollius, assure que les même que celui à qui il adresse l'ode
Germains furent battus par ce gêné- IX du Iv«. livre. M. Dacier , qui l'af-
raljl'an 4 de la igo*". ohrmpiade. firme, croit par conséquent que ces
Scaliger (la) prétend qu'Eusèbe se trois pièces sont adressées à Marc
tromj>e , et quant au fait , et quant à Lollius, gouverneur de Caïus César.
Tannée ; mais puisque Dion assure II croit même que Lollius avait cette
que les Germains ayant su les prépa- charge lorsque Horace lui écrivit la
Tatifs de guerre de Lollius, et le XVIII». lettre, qu'il suppose que l'on
voyage qu Aaçuste faisait en Gaule peut dater de l'an de Rome 743 (18).
avec une armée , se retirèrent dans 11 v a deux choses à observer contre
leur pays , et firent la paix , et don- cela : 1*^. Aucun historien ne fait men-
nèrent des otages (i3), il est ap- tion que Lollius ait eu cette charge
parent qu'ils avaient été battus en avant que ce jeune prince fût envoyé
quelque rencontre, comme Eusèbe le en Orient, a*. Il n'est nullement vraî-
suppose. semblable que si Horace avait écrit
(F) Son fils fut consul (i^) et cette lettre au gouverneur de Caïus
îaissa une fille femnie de Caligu- César, il n'eût rien marqué qui se
la."] Il y a bien des auteurs qui disent rapporta à cet honneur. Or il est
<rue Lollius , gouverneur de Caïus certain qu'on ne trouve dans cette
César , était le père de cette fille (i5): lettre aucune chose qui fasse conjec-
c'est un mensonge^ Lollia Paullina turer que Lollius avait été jugé digne
«tait la petite-fille de ce Lollius: d'être préposé à l'éducation du petil-
pouvonsinierer solidement de la cou- seils au gouverneur
currence où elle fut avec Agrippine grand empire, sans insinuer pour le
quand il fut question de remarier moins qu'il parle à un homme très-
1 empereur Claude. Tout ce qu^il y capable de faire leçon aux autres sur
eut de dames recommandables par la ueriucwile C19), et qui instruisait
leur naissance , par leur beauté, par actuellement un Jeune prince par le
leurs richesses , entrèrent en lice pour choix d'un grand monarque ? La mé-
^ispu ter ce mariage (17) ^ mais enfin me raison me persuade que Lollius
n'était'pas encore gouverneur du jea-
(ç)) SnetoQ. , in Tiberio, cap. XllI. ne César (ao), lorsqu'Horace luiadres-
' ("») LoUionam (cUJem) majorif infamlm, sa l'odc IX du IV«. Hvre. Le poëtC se
Y^n^^deirun^u. Suétoo., rn At.go.to, ca;.. fût-il dispensé de le louer de ce côté-
(11) Pâierc., lïh. JT, cap. XCFII. 'à ? De plus, Horace s^adresse à un
(la) Scalig. , Animai, ib Eusrb. ,p. m. 171. homme qui avait poTté Ics armes au
(i3) DIo, Ub. Lir, pag. 6ia.
<i/,) TmcUe dit. Annal., Ub. XIT, cap. l, , l'^^.îf-.^**]"^, ?" Horac» , fom. X^pag.
que LotUa PautUna éiaU fille M. Lollii cônsn. ^«J 1 t^ti'°" *** BoUande.
laria. Oq) Cest sur c^la que rouU la XVIII*. lei-
fi5) SoKo, cap. Lin, le dil. ï? i" ^"^ 'ÎV" f Horace. y^e% les no^s de
) À TU TV \.^^ TTVYtr 9>e ■« Daaer , ta mérite , «"m. IX , pag. \$$.
(16) Ltb. iX, cap. XXXr, png. m. 335. (,o) M. Dacier, .nr Horace , tom jr, pag.
(17) yojft Tacite, cité dans la remarque m. 94a, croit que Lollius avait déjà eetu
suivante. charge.
, LOLLIUS. 34i
commencement de sa jeunesse dans Cujus Memmiî Reguli uxorem âuxit,
Texpédition d'Auguste contre les Can- impellens eum ut uxoris suœ patrem
tabres. eise se scriheret (aS). Si vous 80uhai>
Miliiiam puer, et Cantahriea hella tulisti , tez de Yoir Uixe note de Casaubon SUr
Sub duee. qui templû Parihorum signa re- cet endroit dfe Suitane , Hsez ce qui
ElnuÙTsi\uid abest,rtalhadjudicatar- ^"^* ' ^' SOUVeoez-VOUS que ce qu*il
mis (il). rapporte de Dion est au livre LIX , à
Ce peuple fut subjugue en l'an- ^^^ page 745. ^<« £uje6/ii*,.scriberet,
née 729 , lorsque notre Lollius gou- "«'"^« '« dotaii instrumento , nam ut
vernait la Galatie. Par cette remar- ^^'^^^ ^^^^ légitimé %*idei^ntur, om^
que, le père Noris (aa) fait voir '"^ solemma sunt seruata. Maritus
qu'Horace n'a point écrit à Marc Loi- i^itur pro pâtre fuit , qui eam Caio
lius, gouverneur de Caïus César, la de^ponsauit, dotem dixit , et ad no^
lettre dont nous parlons. M. Daoier ^.''» "^^ritum perdtixiu Auctor Dio»
(ii) a beau dire qu'Aucuste fit son -""î^ intelhgimus Suetonii sequentîd.
Lollius avait eu dispense d'âge pour f*"^® (^Y- ^ .
être consul l'an 73a , il n'affaiblit J»!?**» a faire avec aucun homme.,
point la preuve du père Noris. Disons J^i^ssamjecit interdicto cujusquam in
donc avec ce savant auteur, qu'Ho- perpetuum coitu M, Neuf ans après
racen'apointécritlalKetlaXVIlK ^^ divorce, Paullme étala tous ses.
lettre du I". livre à Lollius, gouver- avantages pour supplanter ses rivales
neur de Caïus César, comme Glandorp ^"PF^? °« * empereur Claude qu'clle^
l'a prétendu à la page 547 de son O/io- voulait épouser j mais sa faction fut
masticon, mais au fils de ce Lollius. "î^^^^ forte que la bngue d Agnp-
(G) Comme je le dis dans les P*?®*. ^^«^ Messalinœ conuulsa
remarques.'] C'est ici que l'on trou- P^ncipis domus orto apud iiberios
vera Particle de Lollia Paullina, certammequisdehgeret uxorem Claw
petite-mie de notre Marc Lollius. Son ^'^ cœltbis vitœ inioleranii , etconjw
premier maH s'appelait Caïus Mem- S^'?. «"'/'««« obno:tio, IVec minore-
mius Régulus : il était consul lorsque a^àituJeminœexarserantySuamquœ'
Séjan fut tué : quelque temps après , qwi nohdUatem , Jomiam ^ opes con-
éUnt à la tête d'une armée (a4) , il «^««''« > acdiena tanto matrimonia
reçut ordre d'amener sa femme à ostentareSed maxime amliffebatur;
Rome pour la marier avec l'empereur ^^^^^ Loltiam PaulUnam , M. LollU
Caligula. Je dis pour la marier; car consularisjiliam, et Juliam Agrip--
ce prince ayant ouï dire que l'aïeule /''"^f* ' ^f.'^"'».'''' S'ej'^'"» • ^"'<^
de Lollia Paullina avait eu une très- ^'*"''* » dhCalUstus yfoMtores ade-
grande beauté , commanda tout aussi- ^^^ ' «« ^4'i* °«^"'^, « /«'«'^'^ Tu-
tôtàMemmius de venir lui donner ^ronum, lYarcisso Jouebatur. C est
en mariage sa femme , et d'agir dans %^^^\ ^"?, V^™ Tacite au chapitre
le contrat comme un père qui marie ' 'A^^ V''* ^'^f^ ^^ Annales. Le fa-
sa elle. Lolliam PaulUnam C. Mem- '^o" l»* PO^"' Paulline alléguait
mio, consulan exercitûs regenti nup- ?"«» comme elle n avait point d en*
tamfactd mentione apiœ ejus , ut fans, elle serait une bonneljelle-mère
quondam pulcherrimœ y subito ex pro' aux enfans de Claiide : Callistus ,
i'incid euocauit , ac perductam h ma- continue le même Tacite ....... longé
rito conjunxit sibi. Y oiU ce que dit reclius Lolàam tnduci quando nullos
Soe'tone dans le chapitre vinet-cin- - .» ^ , .
quième de la Vie de Caligula , et voici ^»*> ^?"'»'" : "r ' r^?: „ ,
ce que dit Eusèbe dans sS Chronique : t»^) ^T ^ •'^^*,'^~* ''** n*t;Xiy*y ^.o-
ht) Horat. , ep'ii». XVTII , lib. /, w. 55. «t» <JW«op»c ctùriç iyiyttnt. Ad pressens ve-
(m) Noris, CenoUipb. Pitna. , pa^. a55. »^ exturbatd Paullind ut sterili , sed reerd
(i3)Remar(|aessur Borace, tom. /X, ;». Z77. 1"«« tatieUu ejus ipsum ceperal. Dio , Ub.
(^ Selon Oimt, liv. IFlIt ,paB, 731, il LlX.pag. ^Sj.adann. 791.
"«(< gomemetw de Bfysie et de Macédoine. (37) Suelott. , l'ia Catig. , eap, XXI^
34* LONGIANO.
Uberoê genuiitet , uaeuam œmulatio^ avTiîi; AvnriX**f»f *v<ff*, ««i tavc iiif
ne, et pritdgnis parentU loco futu-^ ta; iTmaxi^Atù y liimt ^St $X^f*r^*
ram. Mais le favori qui agissait pour Multos illustres et nobiles fœminas
Agrippine allélgua aes raisons plus nonnulla intndia perdidit : in quarum
fortes, si bien que ce fut en sa faveur numéro fuit Lollia Paullina: quœab
3ue Claude se déclara. Ce triompha ed propterea necata est , quod se
evait effacer la haine que la concur- Claudio nupturam esse aUquando
rence de PauUine avait excitée dans speray^erat s cujus caput ad se perla'
le cœur d' Agrippine : cependant la tum quiim non agnosceret , os ejus
rivale heureuse n^oublia rien pour manu sud aperuit , ut dentés inspice-
perdre la malheureuse ; elle la fit ac- ret , quos illa nonperindè ut cœterœ
' caser d'avoir consulté les devins et soient habuerat (3o). Par la somme
iptuosité prodi
tion de la principale partie de ses gieuse de ses vétemens. Pline, qui Pa-
biens. On ne lui laissa qu'environ cent vait vue, nous apprend que même
trente mille écus. Les paroles de Ta- dans des occasions qui n'étaient pas
cite que je vais citer nous appren- des plus pompeuses, elle portait sur
dront quelque chose du parentage de ses habits et à sa coiffure pour qna-
PauUine. Atrox odii Agrippina , ac tre millions de pierreries. LoUiam
ZéOlliœ infensa f quod secum de ma- Paullinam, quœjuit Caii principis
trimonio principis certawisset; moli- matrona , ne serio quidem ac solenni
tur crimina , et accusatorem , qui cœHmoniarum, aliquo apparatu , sed
objiceret Chaldaeos , magos , interro- mediocrium etiam sponsalium cœnd ,
gatumque Apollinis Clarii simula- ^ndi smaragdis marearitisque oper-
chrum super nuptiis imperatoris. tant : alterno textu julgentibus , toto
JExin Claudius , inauditd red , multa capite, crinibus , spiris , auribuSy col-
de claritudine ejus apud senatumprce» lo , manibus, digitisque ; quœ summa
fatus , sorore L. Volusii genitam , quadringenties H-S* colUgebat : ipsa
majorem ei patruum Cottam Messali- confestim parata nuncupationem ta-
num esse, Memmio quondam Regulo bulis probave, Dfec dona prodigi prinr
nuptam ( nam de C. Cœsaris nuptiis cipis fuerant , sed avitœ opes, pro-
consulto reticebat ) addidit perniciosa uinciarum scilicet spoliis partœ. Hic
in Rempub. consilia, et materiem est rapinarum exitus : hoc fuit quare
sceleri detrahendam. Proin, publica- M, Lollius infamatus regum mune-
lis bonis, cederetltâlia. Ita quinqua- ribus in toto Oriente , interdictd ami-
gies sestertium ex opibus immensis citid a Cajo Cœsare Augusti filio
exuli relictum (28). Agrippine ne uenenum biberet^ utneptis ejus qua»
pouvant contenter sa haine sans la dringenties H -S. operta spectaretur
mort de sa rivale, la fît tuer dans le ad lucernas (3\). J'ai dit ailleurs (Sa)
lieu de son exil (39) ; et , pour être qu'Ussérius s'est trompé , en préten-
assurée que c'était la tête de PauUine dant que cette femme fut mariée à
qu'on lui apportait, ce qu'elle ne Caïus César, petit-fils d'Auguste,
pouvait pas bien connaître au visage, , ^ , ..
elle lui ouvrit la bouche , car eUe sa- {^° Ï^P^'^V '"iî"^** • Ç^i-ÏJ* '"* ,„
vait ffue les dents de cette dame (30 Plm. , /ift. /X, ca;r. XXX r, p. m. 335.
vait que les aents ae ceue aame (3:,)DantVanicU de C^^tovun, tom. ir,
avaient quelque chose de^ singulier. pag.Zig.remaniue (I). Le pire Nori», Ce»o-
"USiit S'i TiVAC xeti T»v Ivi^tL^Si yuvoLtKav taph. Pissa. , pag, 189 , a relevé eeUe m/prite
xl,x, ri,^ a,am'« i^uf ixTl/x T.,i LONGIANO (Fahstos da) , au-
tiirJKrin%' TJIV T« xtf^Axity ctMç ko/uut- teur italien , au AVI*', siècle, pu-
Biîo'Af ctÙTK /uji yvupia-Aa-A, o-o t« ç'opiA blia un. livre sur le duel , et qUel-
(,8) T.cît. . Annal. , Ub. XII, cap. XXII , V^^s obscrvatioiis sur Cicéron et
ad ann. Soa. suP igg mounaîes Fomaînes. On
r»Q) In LoUinm miliitur tribunus . à quo ad -. yi •.. i'.tw*
moriem adigeretur.ldtm, ibiâw. CTOlt qu il avait traduit D106CO-
LONGOMOHTAN. 343
ride en italien , av£^nt que Mat- cela l'université de Copenhague,
thiol publiât une traduction sem- et dans un an il s'acquit de telle
blable (a). J'ai parlé ailleurs {b) sorte l'estime des professeurs ,
de lui au sujet de la traduction qu'ils le recommandèrent forte-
d'un ouvrage de Guévara. ment à l'illustre Tycho-Brahé.
Cette recommandation fut effîca*
|«'«^rï^^rrH)TV:^L* ce. Longomontaa fut très-bien
Gu^YARA., iom, FIT, pag. Baô. reçu de ce fameux astronome
qui se tenait alors dans l'île
LONGOMONTAN (Christien 3'Huëne. Je parle de l'année
(û)), grand astronome, profes- ,530. n demeura pendant huit
seur en mathématique à Co- ^ns auprès de lui , et l'aida beau-
penbague au AVII% siècle , et ^^^^ ^ g^jt à observer les astres ,
chanoine de Lunden * , naquit j^jt ^ dresser les calculs ; et il se
lan i562, dans un village de montra si exact , si laborieux et si
Danemarck {b). Il essuya au com- i^^i^iie , que Tycho-Brahé l'estima
mencement de ses études toutes ^^ l'affectionna très-particulière-
les incomniodites à quoi se doi- ^^^^ (c) , et qu'ayant quitté sa
vent attendre les écoliers qui sont patrie pour s'aller établir en Al-
comme lui fils d'un pauvre la- lemagne , il souhaita passionné-
boureur(A). Il vécut tantôt chez ^^ent de l'avoir auprès de soi
son père , tantôt chez une tante, (^), Cela paraît par des lettres,
tantôt chez un oncle, toujours qu'il lui écrivit l'an 1698 et l'an
aux prises avec la mauvaise for- , 5^^ (^), Longomontan acquies-
tune , et contraint de se parta- ç^ \ ^e désir de Tycho-Brahé ,
ger entre la culture de la terre , ^^ f^ le joindre dans le château
et les leçons ^ue le ministre du jg Bénach , proche de Prague
lieu lui faisait. Eufin quand il (/). H lui fut d'un grand secours
eut atteint 1 âge de quinze ans , ^^^3 ^^^^ les travaux astronomi-
il se déroba de sa famille , et s'en q^gs ; mais comme il avait envie
alla à Vibourg, ou il y avait un j'yne chaire de professeur dans
collège. Il y passa onze ans , et ig Danemarck , Tycho-Brahé
quoiqu il fût obligé de gagner consentit de se priver de sa pré-
sa vie , il ne laissa pas de s'appli- gg^ce , et des services de cet élè-
quer à l'étude avec une ardeur ^g^ ^^ [\ i^[ jonna un congé (ff)
extrême (B) , et entre autres rempli de marques d'une estime
sciences il apprit fort bien les très-glorieuse. Il eut soin aussi
mathématiques. Il alla voir après jg lui fournir amplement de quoi
r-\ Pi - r-u •. 1.1 - j soutenir la dépense du voyage.
[a) Et non pas Christophlo , comme dans r ./ O
Moréri, après Yossius , et dans le Catalogue LongOmOUtau , rètOUrnaut en
d'Oxford, et dans le Diarium de Jfitte.
Niceron a donné un article à Lonffomon- , v -,_ . _ r» a^ h,:^^^
tan .I... i>.^ VTTTTT* j ■*- • (c) Ex eodem ixMsendo , ibiaem.
un, dansletomeXVlII*. de ses Af(f/fto</v5; )J „ . . ,r.,.L i u i ,l
et d'après Niccron , Chaufepié a donne un >''' Gassendus , ni Vitâ TycU. Brak , Itb.
petit article comme supplément i celui de ^^ P*^- 45»-
Bsijie. (e) Identt ibidem,
(6) Âb obscure Cimbria Panscid Longe if) Idem, ibidem , pag, 4^.
Montanus cognominatus fuit. Gassenclus , in (g) Il est date' de Prague , le /i d'août
VitâTychon. Brah., /i6. ///,«u^/n.,p«j'. t6oo. royez Gassendi, m YitI Tyehou.
"• • 43o. Brah. , li'b. V, pag, tft^
344 LONGOMONTAN.
Danemarck , prit un grand dé- n^eût point manqua de lui dire :
tour, afin de voir les endroits ^^^^ expliquez une chose obscure
d'où Copernic avait contemplé ^^;:;j^°^ftS:rj*:*J^
les astres {h). 11 trouva un bon simum.
patron en la personne du chan- (B) Quoiqu'il fdt obligé de gagner
celier (i); et après avoir eu chez ^,^ j;^ , ^^ ne laissa pas de s'appliquer
!,■.; 11^ omr^lrvi* K^n^^f A rt\ ;i r.,«. ^ ' étude auec une ardeur extrême, 1
lui un emploi honnête (h) , il fut Voici les expressions de Gassendi (i) :
pourvu d une charge de profes- Moratus ilteic xi annospartim indus-
seur en mathématiques dans l'a— ''•'^ uictum parans , partim indêfesso
ans qu il avait perdu sa femme , ^ ^ ) ^' ut^J^s qu on a de lui
qui était sœur de Gaspar Bartho- tn^.T iT.fîLi^'^'*^^/ ^.'"P"^''^' î ^?
1 • , X T T 1 11- VOICI le catalogue ( 4 ) : Systematir
Im (m). Les livres qu on a de lui mathematid pars /, siwe ^fithmetica,
fontconnaître sa grande capacité Hafn. , i6ii , in-S'*, -, Cyclometria è
(C). Il s'amusa à rechercher la Lunulisreciprocèdemonstrata,E3LÎi\.,
ouadrature du cercle et préten- }^^^ KnôJ:fi'^;IrÀ'Jstff ',
dit 1 avoir trouvée; et fut com- iG2a, in-4° ; i64o , 1 663, in-folio. •
battu sur cela très - fortement Inuentio quadraturœ circuli , Hafn.,
par un mathématicien anglais ^^^^^^'^^'h Coronis problematicaex
(D). Il changea quelque chose ^^^^^^^^rium numerorum , etc.,
\ ^ , .« ^ j \i t t> 1 ' ibid., 1637 , in-40. ; ProWemate f/uo
dans Je système de Tycho-Brahe. seometnca, ibid. , i638, in-4«>. ; Pro-
La réflexion d'un auteur moder— blema contra Paulum Guldînum dé
ne, sur les inconvéniefts , et sur circuli mensurd ,ihïà. , i638, in-4'*.^
les motifs de cette espèce de ré- R^tundi in piano seu Circuli absoluta
, ^4**^v,« **c IV me/Mura, Amstel., 1644» in-4 -î EW/>-
torme, ma paru digne detre y%ict proponionis sesquiteniœ .YLbîu, ,
rapportée (E). i644> in-4°. 5 Controuersia cum pellio
,.. r o f . «... . ^^ *^^^^ Circuli nieruurd, ibid., i645,
/ ^5"/ T'^'".''''.''*^''?'^'"'^'*'''?'''*?'' in- 4'*- 5 ^dmiranda operatio trium
vUer redeiindum mvisere loca in quibus ob" „„JL«'-„^ « « « î,^ r"^
seruâsset Copevnicus. Idem , ibiLm. numerorum^Q, 7 ,8 ad Circmen-
W // Rappelait Christien Ftiis de Barrir surandum, ibid. , l645 , in.40. • Caput
^yg^ tertium ubn pnmi de absolutd men-
(*) Longomontan. , epist, dedic. Aâtro- surd Rotundi plani , una cum eUncho
nom. Danicœ. CjTclometnœJ, ocaUgenet appendice
(/) Gassend., in Vitâ Tych. Brah. , Ub. de defectu canonis,etc, ; ibid., 1646,
r/, pag. 473. in-4°. 5 Geometriœ quœsita XIII , de
(m) MoUer. , Hypomn. ad Alb. Barthol., cyclometrid rationali et uerd, ibid.,
de Scriptis Danor. , pag, i85. i63l , in-4°. ; Introductio in theatrum
i K\ ri '* * £t ji PI astronomicum , ibid. , i63q, in-4°. ;
JtVr ^T/ '^«" r«"^r '^?T I>isp.deMathiscosindole,ihid., inV
^Z? T ^'''. *ï"^ïv' ^ ^"PfP^* i63fe. Disputationes astr^nomicœ sex\
F. rTo^ -J°! °"a d;^'°'".«'*.^l^«jr ibid. , inV 162ÎI. 5 de Ch,x>noiabi^
le nom de son jjere au frontispice de ' •w»«»vw
ses livres j car il s'y donnait le nom /,^r. „.«-!-. •- v.a t 1. «vu
® .^'îf/.'^"?* I-ongomontanus Se- ///; ,„5^n., pa/r- »»■ 43o. ' »■•»•«'
uerini jilius. Les sa vans ne pratiquent (a) Vihurgi seholœ r^ctor. Wiiia , in DIari»
guère cela que lorsque leur père a été Bîographico, ad ann, 1647.
lustre dans la republique des lettres. ^ ^? Conferjnœ suprk citai. (a4) rf« VanieU
Un adversaire , qii eût prétendu que ^.l^Vx^ Î^TI'^' '^7' f^'^! w.48«.
1 ^.»»»«.^m4>»« «^^'*»:«. *^ Ml ** (4) Albert Bartholinu» , de Scriptis Daoornm ,
Longomontan n était pas illustre, êOon V édition dsVLt^krv», 16^ ^ pag. 'iS,^
LONGOMONTAN. 345
htstùrUo, êeu Tempore , Disputatio drature du cercle \y qui est técueil oU
nés très , ibid. , 1627 , iii-4°. &est la les plus grands génies ont échoué
liste qaePon troave dans le traita du jusqu'ici. En quoi il ne fut pas plus
sieur Albert Bartholin , de Scriptis heureux que les autres , malgré la
Danorum, Elle n^est pas complète. 11 bonne opinion qu'il auait de son tra-
{'^ manque plusieurs dissertations phi- uaiL Le sieur Jean Pell , Anglais
osophiques, astronomiques, et cnro- professeur des mathématiques au col-
nologiques que Longomontanus avait lége d'Amsterdam (la) , j^ remarqua
exposées à la dispute dans son audi' d'abord beaucoup de paralogismes :
toire en divers temps. Vous en trou- et (*') t^oya'nt que le point de la diffî'
verez le catalogue dans un ouvrage culte consistait dans la preuve d'*un
que M. Mollërus a intitule^ : ad librum seul théorème , il en fit premièrement
Alherù Barlholini de Scriptis Dano^ la démonstration par lui-même , et il
rum posthumum Hjrpomnemata His- voulut proposer la chose a tout ce
tonco-Cntica paucula è plurimis se- qu'il connaissait d'habiles mathéma-
lecta (5). Vous y trouverez aussi (6) ticienSf pour leur en demander leur
que le sieur Witte ( 7 ) n'a pas eu sentiment. Ceux qui examinèrent (**)
raison d'attribuer à George - Louis la cliose et qui lui envoyèrent leui's
Frobénius la Cyclomëtrie de Loiigo- démonstrations, furent iP/, de Rober-
montan , imprimc'e sans nom d'au- val , M, le Pailleur, M, Carcavi ,
leur, à Hambourg , l'an 1627. Le M. Mydorge , et le père Mersenne
manuscrit de l'Apologie que Longo- revenu de son voyage d'Italie dès le
montan avait faite pour Tycho-Brahë commencement de juillet ; mjrlord
contre Craigius, médecin écossais, fut Candiche ou Cavendish , et M, Hob^
mise en dépôt chez Georges From- bes , d'Angleterre ; Jean -Adolphe
mius, qui lui succéda en la chaire Tassius ', mathématicien de Ham-'
de Copenhague (8). Je ne pense pas bourg ; Jean ^ Louis Wolzogen, libre
qu'elle ait été imprimée. Tycbo-Brahé baron cP Autriche , gentilhomme de la
1 exhortait en 1698 à se bâter de l'a- chambre du roi de Pologne , carte"
chever , afin qu'elle pût servir d'ap- sien d études , etsoeinien de religion i
pendix à son Traité des comètes (9)5 le père Bonaventure Cavaliéri , /fa-
titre : Capnuraniœ Éestinctio , seu maticiens de Hollande, M, Descartes
cometarum in œtherem sublimationis envoya aussi h M. Pell une courte
Rejutatio (lo). démonstration sur le même sujet, qui
(D) II..,, prétendit avoir trouvé la servit a autoriser merveUleusement ce
quadrature du cercle, c« /ut combat- qu'il avait avancé contre Longomon-
tu... par un mathématicien anglais.-} tanus. M, MoUérus rapporte ( 1 3 ) :
M. BkiUet a parlé de cette querelle. >"*• Que Longomontan se glorifia , mê-
M. Descartes , dit-il ( 1 1 ) , se trouva ^e dans son épiUphe , d'avoir trouvé
dans l'engagement avec les premiers la quadrature du cercle , et que
mathématiciens de t Europe, depren- Gaspard Bartholin fit un poème pour
dre part au fameux différent qui s'é- l'encenser là-dessus ; mais que Tho-
leva cette année entre Longomonta- ™as Bartholin, fils de Gaspard, n en
nus et Pellius , touchant la quadra- jag«a pas de la sorte, et trouva dans
tore du cercle. Longomontanus l'entreprise de Longomontan plus
avait entrepris de démontrer la qua- d'esprit et de travail que de succès;
a°. que Claude Hardi , conseiller au
(5)/m,»nW l'un ,699. r<^e^ Us pages «*»?»«?«* de Paris, réfuta (i4) les pa-
>W , 189. !w- -i^ • r o ralogismes de Longomontan ; 3\ que
J6) A la pags 187.
(8 &»^^ ^'.*»!;P.5î" V*i '!''»• /.? Vr (") '' ^ /■«* «nnià. h Brida,
fug. 473. » J » » f^i^ Yfi^ aohhian. auclar. , p^tg, i5 st 10.
(9) fàem , ibid. , lib. IF, pag. 45a. (**) I^p'torp. Spscim. philos. Caries., p. 14.
(10) ItUm, ibid, , Ub, IF , pag, i4a , tkd («3) J®*»- Molleras , Hypomn. , pag, 187.
"T" \*5^«ti ^^^> '^*"' **"* Elenchus Cyclometriae Longo-
(11}^ BaïUct , Vie d« DMcartM, t»m. II, pag, monUni , imprime à Paris , in-40. tans nom
*n* m Camn, i6^. dTauteur,
LONGVIC.
346
I
Jean Pellius, le principal antagoniste
de ce professeur danois , insëra dans
son ouyraee ce que les plus excellens
mathématiciens du siècle lui avaient
communiqué. Quorum suffragia , ao
demonstrationes theorematisy in cujus » naient point en vingt- quatre heu-
le système de Tycfao, qui e'tait d«
donner à la terre un mouyement
diurne de circonvolution sur ses
)) axes: et-par ce moyen, les planètes
]> le soleil et les étoiles fixes ne tour-
n
»
probatione totius contrôla, cardo uer-
tehatur , dubii , unh cum Pelliand ,
in Joh. Pellii Controversiœ de verâ
Circuli mensurâ , inter Longomonta-
num ac se , an. i644 exort» , parte 1 \
Amstelod,, an, 1647, in-^, , excu^
sa, occurrunt (i5). M. MoUerus avait
déjà observé que les amis de Longo-
montanus réfutèrent ses antagonistes
sur d^autres chefs. Pierre Bartholin ,
son disciple, répondit en i63a (16)
aux objections de Martin Hortensius ,
insérées dans la préface du Commen-
taire de Philippe Lansbergius , de
Motu terrœ diumo et annuo. George
Frommîus , dans son traité de Mediis
ad astronomiam restituendam neces-
»
»
u
res autour de la terre , mais chaque
planète faisait lentement sa révolU'
tion d'Occident en Orient , et les
étoiles lixes le petit mouvement
qui fournit le cercle en a5,ooo ans,
comme la lune fournit le sien en
vingt-sept jours, le soleil en un an,
et les autres à proportion de leur
éloignement et de la grandeur de
leur cercle. Mais quoique ce sys-
tème , qui n^était qu^une petite ré-
formation de celui de Tycbo , sans
aucun dérangement , puisse^ être
soutenu par de très-bonnes raisons,
néanmoins peu de gens y ont ap-
plaudi, par le peu de créait de son
» auteur , et la grande réputation de
«ani5, publié l'an 164^, fît l'apologie p ceux qui Pavaient précédé; les
de Vlntroductio in Theatrum astro^ » ' ' • 1 . -
nomicum, ouvrage que Longomontan
avait publié contre Jean-Baptiste Mo-
rin, Pan iCSg^ mais à Pégardde la qua-
drature du cercle , on ne put pas le
justifier. Ses travaux ne furent pas si
heureux. Haud œquè fe lices fuerant
Longomontani conatus cycLometrici ,
circa ueram circuli quadraturam , )> par la pente naturelle qu'on a de
êcopulum tôt ingeniorum subtUium » vouloir toujours raffiner sur les
naufragiis infamem (17). » autres, quoique souvent ce raffîne-
(£) Il changea quelque chose dans » ment n'aboutisse qu'à tout gâter ;
le système de Trcho'Èrahé, La re- ■» cru'a force de vouloir concilier deux
uns voulant que si la terre est au
centre elle soit immobile ; mais que
si elle a du mouvement il faut quelle
en ait un semblable à celui des au-
tres planètes. En un mot, on a cru
que celui qui a imaginé ce système
» sur les deux qui partageaient alors
» tous les esprits, ne l'avait fait que
flexion d'un auteur moderne,... m'a
paru digne d'être rapportée. ] a II y
» a eu un quatrième système , à qui
liOnçomontan , l'un des principaux
»
» opinions opposées on prend un par-
» ti moins juste que ceux auxquels
» on refuse de se soumettre (18). »
^, , * *^ Ces dernières paroles sont suscep-
disciples de Tycho , a voulu don- tibles d'un grand et beau commen-
ner vogue , en prenant quelque taire , où l'on pourrait insérer bien
chose de tous les autres et essayant des raisons et bien des exemples,
d'éviter tout ce qu'on leur objectait
de plus fort. Il voyait que l'on (1%) M. U r[oh\e , baron de Saint- George ,
avait i/eine à souff/ir dans celui f"//;- 'T/i^i'7«^^^
de Tycho l'incompréhensibilité du *""P^'' ' '**'" ^' ''^^' ^
mouvement rapide qu'il donne aux LONGVIC (JACQUELINE Db) (a),
étoiles fixes , et dans celui de Lo- , , j nV * ^ -:^- .. ÂtÀ
pernic l'immensité de l'espace qu'il duchesse de Montpensier , acte
met entre le ciel de Saturne et les une dame de grand mente (A) ,
D étoiles fixes ; pour parer à l'un et et de grand crédit (B) , vers le
» à Pautrelde ces inconvéniens , il ne jj^{\[cn du XVP. siècle. Elle était
. faisaitqu un petit changement dans ^^^^ ^^.^^^ ^^ j^^^ ^^ Longvic
»
»
{ (i5) Joh. MoUenu, Hyporan. ^pag. 188.
(16) Dans son Apologie pr9 Obienrttionibiu
et HjpothMibas Tych. Brabci.
(17^ Idem , ibid.f pag. 187.
(C) , seigneur de Givn , et
fut
(«) Jacoba Lonriana , flans M. de Tho».
LONGVIC. 347
mariée, en i S38, à Loui$ deBour- peut-être aussi avec sou inclina-
bon II*. du nom , duc de Mont- tion , elle se sauva en Allemagne,
pensier (b). Elle fut la favorite de l'an 1 672 , y abjura le papisme ,
Catherine de Médîcis ; et si elle et fut mariée deux ans après au
avait vécu dans le temps que prince d'Orange. Des trois autres
cette reine lia les intrigues qui filles de Jacqueline de Lonevic
pensèrent perdre le royaume , et du duc de Montpensier , il y
elle lui aurait peut-être fait pren* en eut deux qui persévérèrent
dre de meilleures résolutions (c). dans la vie monastique à laquelle
Peut-être aussi que ses bons con- on les avait sacrifiées , et une qui
seils et son adresse n'eussent rien épousa le fils du duc de Nevers
pu opérer contre une âme de (d) (G). Elle avait suivi en Espa-
cette trempe , dont l'ambition gne la reine Elisabeth (e) , qui
était un feu dévorant. Quoi qu'il l'aima beaucoup (H). Si Jacque-
ensoit, elle mourut à la veille line avait converti son époux,
des grands troubles de religion , elle aurait épargné bien du sang
le 28 d'août 1 56i . Elle avait net- à ceux de la religion , et bien des
tement fait paraître pendant sa angoisses aux personnes de son
longue maladie , ce de quoi son sexe ; car il en usait avec la der-
mari l'avait soupçonnée depuis nière dureté , comme on le peut
long«temps , savoir qu'elle était liredansBrantôme(y*). Leur fils,
de la religion (D) ; et ce fut sans quoique bon catholique , ne sui-
doute par ses catéchismes parti- vit point les ligueurs. Quand cette
culiers , qu'elle jeta dans l'âme dame n'aurait faitf[ue procurer
de quelques-unes de ses filles les à la France un chancelier d'au-
semences de réforme qui fructi- tant de mérite que Michel de
fièrent quelque temps après ; car l'Hôpital (I), on devrait bénir
Françoise de Bourbon , sa fille sa mémoire ; car il n'était point
aînée , mariée l'an i558 avec possible de choisir un meilleur
Henri Bobert de la Marck , duc sujet que celui-là : et personne
de Bouillon , professa ouverte-* ne pouvait être autant que lui
ment la religion réformée , sans le soutien de la monarchie dans
que les soins incroyables que son une conjoncture si périlleuse. La
père se donna pour la faire rêve- sagesse et la fermeté de ses con-
nir (E) produisissent aucun effet, seils auraient été le bras d'Hec-
Ckarlotte , la quatrième fille de tor (g) , qui eût maintenu le re-
ce duc , avait été mise dans un pos public , si les destinées , plus
couvent , contre l'avis de sa mè- puissantes que toute l'industrie
re (F) , qui souhaitait de la ma-
rier avec le duc de Longueville. (^ ^^P^'^ Ansdmc, Histoire de la Mai-
T71I r ^ 11 5 T • son royale , Dflg-. 3oo.
Me fut abbesse de Jouarre; mais (^) jhuanus , Ub. xxviiL La Place , de
comme ce genre de vie ne S'ac- l'Etat de la Religion et République, /if. VI,
cordait pas avec les lumières que , ^f^ 5?^**" ^ï,*?"'' ^"^ Montpensier , au
, *^ , . • T f ^ • tome III de ses Mémoires. Voyez l'articie
sa mère lui avait données, m BAhzjAyT,tom.m,pa^.S,remarç.{C).
.. (g) Si Per^ama dextrâ
\p) Le père Anselme , Histoire de la Mai- Defendi passent , etiam hdc defensafuis-
»«rojalc,pfl^.3o6. sent.
{e) VoyeM la remarque (A). Virgil. , Mn. , lif>. II, vs. aj)!.
348 I LONGVIt
des hommes , n^eiissent permis à^Aspue (6) au Li^e; leauei ptusani
que les malintentioûnés le tra- ^ ^*'^ Ujoursainct Manihensui-
^_ . ^i9vi* M. É* vant » parla audict connestablc ^ et
versassent, et lobbgeassent enfin p^u y profita. Nous yerron» ci-des-
à se retirer. sous (7) qu^on l'a blâmée d'avoir tout
gâte par le conseil qu'elle donna aa
(A) Elle a été une dame de grand roi de Navarre.
mérite. ] M. de Thou en parle fort (B)... et de grand crédit.'} On croit
honorablement. Sub id tempus Jaco- (8) que sans elle le duc de Bouillon
ha Lonuiana Mompenserii uxor V, n'aurait pas pu conserver le soavei^
kal, iept, ex tabe decessit, uiriliani^ nement de Normandie après la mort
mo et prudentid supra sexum insigniê de Henri II , comme il le conserra.
quœ semper publicœ tranquiUitati stu^ Mais écoutons BranVÀme, qui nous
auerat, et si diutiiis vixisset , motus dira bien d'autres nouvelles du crédit
qui postea secuti sunt impeditura cre- de cette dame. Après avoir dit pour-
debatur{\)» Le président de la Place quoi sous le règne de François I*'.,
ne lui rend point un témoignage le duc de Montpensier ne réussit gaè*
moins glorieux. Si elle eust plus Ion- re , par rapport à ses prétentions sur
guement t^escu, dit-il (a) , Ion estime les biens du connétable Charles de
que les troubles ne fussent tels sur- Bourbon , il ajoute (9) : « Du temps
uenus, que depuis ils sunnndrent , » du roy Henrv, il en eut quelques
pource quelle estoit d*une part fort ^ Hpées , par le moyen de madame
aimée et creuê de la roine^ et dautre^ » Jaquette de Long- vie , de la mai-
le roy de Navarre se sentoitfort obli- >> son ancienne de Givry , issue de
gé a elle t qui seruoit d!un lien pour " celle de Chalon et des palatins de
tes unir et entretenir en paix et ami- ^ Bourgogne. Cette dame, nsadame
tié. Elle estoit femme de bon entende' '* la duchesse de Montpensier y da
ment , et clair voyante aux affaires ' "
mesme d*estat. Ce fut à elle que l'ar-
chevêque de Vienne (3) eut recours
comme à la dernière ressource , lors-
qu'il vit qu'on allait opprimer les
»
1»
par un
tems du roy François , ^.^ u»
moyen que l'on disoit alors , mon-
sieur d'Orléans la servant , quel
mal pour cela ? ( monsieur de Jlos-
tain, qui vit encore, le sçayt bien )
princes du sang , sous le règne de '' eut grande faveur à la cour , mais
François II. 11 lui envoya un nomme » elle n'y put rien faire à cette suc-
Ïtour lui dire que si elle ne tenait pas * cession, pour la raison que j'ay
a promesse qu'elle avait donnée de ^ dite \ aussi qu'elle estoit jeune , et
traverser la maison de Guise , tout » non si spirituelle comme elle le fut
était perdu (4). Le président de la » depuis. Du temps du roy Henry
plus au connétable de Montmorenci » second vint à son règne , où elle
qu'à elle , qu'on ne remédiât au mal. d put beaucoup , car je l'ay veu goo-
Ladicte dame de Montpensier , dit- » verner si bien le roy et la reyne ,
il (5) , ayant entendu ce propos , en- » que j'ay veu aussi deux fois de mes
cote qu'elle fust timide ,feit donner » yeux , aue le roy faisoit recom-
congé audict personnage , qm avoit » mander la cause de madite dame ,
parlé a elle pour aller aux bains » qui faisoit tout', et son mary peu»
et solliciter contre la sienne pro-
(i) Tlm.n. , Uh,XXVIIl, ad ««n. iS6i.
(a) La Place , de fjÊtat de la Religion et Rép.,
H». Vt^ folio 91 5 verso.
(3) Charles do MariUae.
(4) yoye» M. de Tbon , au eommêneomont du
X^yi: Uvro t el U président de la Place, de
» pre. Cela estoit fort commun 2 la
» cour ; et si vis une fois M. le eardi-
]) nal de Lorraine , de la part du roy
•» en parler à messieurs ae la cour ,
» qui l'avait aussi envoyé quérir à
l*Eui de la Religioa et R^. , /iV. Kl , fol. loo » son hostel de Cluny , lors que le
vxrso. D'Anbigné, liv. II, ehap. XXI , so
irompo , en disant ^uo Marillae vint lui^mtmt (6) /{ eiU fallu dire de Spa.
trower U duchesse. K\ p^ns ia remarque (!) .
(5) La Pbee, de rEtel de U Religion et (8) La Place ,/o(<o 9i5.
A«p>,/o/. loi verso» (g) Branldme, MÎmoirci, tom. II l^ p» vjS.
LONGVIC. 349
» roy alla à Orléans , et leur recom- croire de ce que dit M, Varillas (la) ;
3> manda le droit de ladite dame , que la duchesse attacha son mari
a> (elle y estoit présente ) jusques à aux inte'rêts de MM. de Guise, qui
j> dire que le roy la vouloit gratifier ne se défièrent point de ce duc ,
» en cela ; qu'il renonçoit pour sa mais le souifrirent à la cour pendant
» part et son droit à cette succession, qu'ils en écartèrent les autres prin-
» et qu'il n'en vouloit nulle portion ces du sang : tant parce qu'ils le coi-
s> ny part, et qu'ils passassent et cou- naissaient plein de haine pour les
» lassent cela le plus légèrement pour calvinistes, que parce que tout le
y» luy qu'ils pourroient. Pour fin cet- monde s at^ait que Jacqueline de Long-
» te princesse et ce prince , et les t^ic sa femme , U gouvernait absolu-
» leurs les uns après les autres ont m^nt , et que cette princesse atfait
» tant travaillé, sollicité etplaidoyë une si étroite liaison wec la reine-
» qu'ils en ont eu pied ou aisle, fors mère, au* elle ne jferait jamais que
» la duché de Chastelleraut , que les ce qu'il plairait à sa majesté (i3).
» roys par cy-devant n'a voient voulu C'était là le lieu de débiter ce que cet
» desmordre, et l'a voient mise à leur auteur a débité dans la vie de Char-
j> propre , laquelle depuis donnèrent les IX, touchant le huguenotisme de
» pour appennage à madame leur cette duchesse ; mais on ne sait pas
V sœur naturelle légitimée, que nous toujours, quand on fait un livre, ce
» avons veu long-temps appeler ma- que l'on sait lorsc£u'on en compose
» dame de Chastelleraut , aujour- un autre ; et de là viennent tant de
» d'hui madame d'An^oulesme. » différentes hypothèses de M. Varil-
Sur ce témoignage je me crois en las.
droit de m'inscrire en faux contre ce (C) Elle était fille puînée de Jean
CTue dit le père Anselme {10), que le de Longuic."] Françoise de LongFÎc,
roi François /*'. restitua au duc de sa sœur aînée, fut femme de l'amiral
Montpensier une bonne partie de la Chabot, et laissa postérité (14}. Le
succession de la maison de Bourbon^ père Anselme a donc dit fort impro-
comme le duché de Chatelleraut , le prement que Jacqueline fut héritière
comté de Forez , et la baronnie de de Jean de Longvic. Il donne la mê-
Beaujolais et de Bombes , et même me qualité à Françoise. L'expression
le comté de Montpensier, qui fut ne serait pas 3 uste , quand même on
érisé en duché et pairie , Van i538 , aurait donné à chacune la moitié des
aiMuelfutjointleDauphinéd'Aw biens paternels.
vergncy avec la seigneurie de Corn" (D) Son mari avait soupçonné,
braille, l'an i543. M. de Thou s'ac- qu'elle était de la religion.'] Voyons-
corde incomparablement mieux avec ce qu'en dit le président de la Place
Brantôme qu'avec ce père; car il (i5). « Elle desiroit que le duc de
assure que Charles de Marillac écri- » Longueville espousast la troisième
vit à la duchesse, en i56o , que le » (16), destinée par le père à estre
temps éUit venu où elle était obli- » religieuse à Frontevault , au grand
gée d'agir contre la maison de Guise, » regret de ladicte dame, ainsi qu'elle
puisqu'elle avait recouvré le pays de » feit entendre à son mari par ses
Beainolais et celui de Dombes , et » propos , ne lui celant ce dont il
ou%^.^^>w» ~« N- / quelle avoit fait p£
été^absurde de fui parler de ïa sorte, » roistre durant sa dicte maladie
si la restitution avait été faite sous » ( qui fut longue ) . estant à Fon-
François I". Je ne sais ce qu'il faut ^^^^ ^^ Cargument du XXIW. livr, de
. THistoire àt l'Hérésie.
(10) Hutoire Je U Maison royale , pag. 3o6. ^^^. V.rillaa, Uvre XXIII de rHisloire de
(ixl Mandmtorum tununa hitc erat itl tpsajt- l'Hérésie , pag. m. tU.
mtsa Belloiocensibus ac Dumbaribus recepUt Rep. , /ofio «i5 l'wo.
nuo fidem liheranl, Thuan., lih. XXVI y init. (16) Cet atUeur ne savait pat qu'Us avotenl
La Place, felio fO,dUla mStne^host. einq/SUes.
35o LONGVIC.
» tainebleao , et le roi â Reims pour se. lï arriva le contraire dans la dis-
j» son sacre , où elle demanda un pute de M. Pëyéqae de Meanx et de
» ministre de ladicte relision, pour M. Claude : mademoiselle de Daras
» conférer arec lui du jaict de sa adjugea le prix au champion catho-
}» conscience. Malo luy ayant esté lique.
» envoyé, qui luj refusa de luj (F) Charlotte at^ait été mise
» administrer le sacrement de la dans un couvent contre Vauis de sa
» cène , qu^elle demaudoit , pour an- mèreJ] Ceci me donne lieu de toa-
» tant qu'elle estoit seule, et n'y cher à une contradiction de M. de
» aroit autre pour communier avec Thou. Il dit dans le livre XX VTII ,
i» elle : remonstrant ledict Malo (|u'i- que Jacqueline de Longvic était indi-
» celuy sacrement n'estoit institué gnée de la clôture de sa Charlotte
» pour estre particulièrement admi- pour deux raisons ; l'une qu'elle l'a-
» nistré , comme estoit bien le bap- vait destinée au duc de Longijeville ;
» tesme , ains pour estre communie à l'autre qu'elle lui avait déjà remar-
» plusieurs fidelles ensemblement : que de la répugnance pour la vie
» dont toutesfois elle ne se pou voit religieuse (30). Dans le Ll«. livre il
» contenter , voulant en toutes sor- dit qu'elle l'éleva à la religion pro-
» tes faire déclaration de la religion testante, mais en secret parla crainte
» en laquelle elle vouloit mourir.» de son mari; et ensuite ifdit que cette
M. de Thou (17) rapporte en sub- Charlotte , n'ayant à peine qu'an an ,
stance la même chose. M. Varillas fut jetée dans le couvent de Jouarre :
(18) l'a adoptée purement et simple- f^ix annicula in Jouariense mona.-
raent : marque évidente qu'il n'a terium conjecta. Si elle n'avait qu'un
noint cru que ce fût un conte à la an , tout ce qu'on a dit de son in-
nuguenote ; car s'il l'eût cru , il eût struction et des marques de sa repu-
fait une longue parenthèse pour nous gnance est faux et impossible. Il faut
le dire. sans doute ou que ce grand historien
(E) Françoise sa fille aînée ait été dans des distractions d'esprit
Son père se donna des soins incroya- peu ordinaires, ou , ce qui est plus
hles pour la faire ret^enir.'] Entre vraisemblable , qu'il ait entendu par
autres choses , il fit disputer devant anniculus un âge plus avancé que
elle deux docteurs de Sorbonne et celui d'un an. Mais se trouve-t-il de
deux ministres , aux mois de juillet bonnes autorités pour ce sens-lâ '*'?
et d'août i566. Cette conférence ne (G) Une de ses filles épousa le
put se tenir dans l'hôtel de Mont- fils du duc de lyeuers."] On l'appelait
f^ensier, parce que ce prince vou- le comte d'Eu. Je ne trouve point en
ut exiger que les ministres ne prias- quel temps il se maria ; mais je me
sent point Dieu avant l'action, à défie du père Anselme , qui dit (qi)
quoi ils ne voulurent point consen- qy^Anne de Bourbon fut mariée par
tir. La partie fut donc rompue ; mais contrat du 6 de septembre i56i , auec
on la renoua quelque temps après , François {'27^) de Ôlèues, 11^. dunom,
et on l'exécuta dans rhôtel du duc duc de Neuers , et qu'elle mourut
de Nevers. J'en parle ailleurs (19). sans enfans. Van 1572. Car quelle
Les deux docteurs étaient Simon Vi- apparence qu'on ait marié cette pnn-
gor et Claude de Saintes; les deux cesse huit ou neuf jours après la mort
ministres étaient Spina et Sureau. 11 de sa mère ? Je n'insiste point sur ce
parti
victoire ; mais le bon fut pour les «lonasUcam vitam consenùre.
ministres que la duchesse leur de- *JolydUqnetonteUf.ntedeM.aeTbouewi-
«»<%...... ^* »^* 'il • J 1^ .. 9ih\e en ce qa u na pa» dit que Cbarintle fol
meura , et C était le pnx de la cour- „î,eden« foi? «n couvent de Jo^trre; u preniire
il PSge d*nn an ; la seconde beancovp pins tard ,
(17) Lib. XXVIIT^ pag. m. 56a. et lorsque son père s'aperçnt que sa Aère lai
(18) Histoire de Charles IX, tom. /, pag. 71. inspirait le calvinisme. Joly développe la con-
yc^e* la remarque (B) de l'article SouBisi fecture dans nne longue noie.
(Jean de Partbenai , seigneur de) , iom. XIII. (ai; Histoire des Offic, pag. 3x3. /
(\çii) Sovt U mot Ros»« , tnm. XTI , rf- f^a) Ltfpr/udent Ae\»Vl*ce , ai Jlf. de TIton
margue (B;. le nomment H<'nri«
LONGVIC 35i
qu*a dit le président de la Place (33), assez au )ong la mort et la religion de
que le duc de Niuemois mourut peu ce duc (28) ; et comme il remarque
après le mariage de Henri de Clèves, que le marquis d7sles son frère , et
son fils,avec Anne de Bourbon; d'où il la marqaîse sa femme assistaient aux
faudrait conclure que ce mariage pré- exercices de pie'të avec lui , et qu'ils
céda la mort de la duchesse de Mont^ firent même la cène tous ensemble le
pensier , si l'on ne prenait point jour de Pâques, 20 de mars i56a (29) •
garde que ceux qui mettent la mort comme , dis-je , il remarque cela
du duc de Nevers au 1 3 de février sans dire Jamais un seul mot de la
î56i , se règlent r"~ ^ — —.*■—«- — -: j..>.i — — .i /?_- j- •. 1 . ,.
durait encore de <
à Pâques (a4). Or . , , . :-- »..„„
clair que ce duc mourut après Jac- ne voyait deux auteurs qui s'y op-
queline de Longvic , et qu'ainsi ce posent : l'un est le père Anselme
qui a été cité du président de la Pla- assurant que cette dame décéda l'an
ce ne réfute çoint le père Anselme. 1572 j l'autre est Brantôme , qui en
J'aimerais mieux me prévaloir de parle comme de la t^euue du comte
Brautome, qui dit que le comte d'Eu d'Eu^ depuis M, de JVet^ers (3o)
alla épouser en Espagne la princesse lorsqu'il donne la liste des dames de
Anne. C était, dit-il (26), le plus la cour de Catherine de Médicis.
beau prince à mon avis que j'aie ja- (H) La reine Elisabeth.
Tnais vu , et le plus doux et le plus l'aima beaucoup, ] Brantôme m'î
aimable; nous le tenions tel parmi prend (3 1) que cette fille de M.
nous y et lorsqu'il s'en alla épouser Montipensier, très-sage . très-vertueu-
madame sa femme en Espagne (26) , se et belle princesse , et pour telle
fille a M, de Montpensier , il y fut tenue en France et en Espagne ,
aussi tout tel estimé et admiré autant avoit été nourrie quelqup temps en
de ceux de la cour , que de tout le Espagne avec la reine Elisabeth de
pays. A qui croirons-nous , ou à France , estant sa coupiere , lui don-
Brantôme -qui dit que la princesse nant a boire , d'autant que la reine
fut épousée en Espagne , ou a M. de estoit servie de ses dames et filles , et
de Dreux, par la faute d an ensej- ou engagé ce diamant, le vit entre
eue du duc de Guise, qui laissa dé- les mains de la demoiselle qu'elle
fait
vers
it savoir que ce jeuae duc de Ne- 1 autre. Brantôme a raison de l'en
srs avait eu connaissance de la vé- louer : mais quel désordre ! Ce côm-
rité. C'est apparemment pour cela te vécut peu de temps depuis ses
que Jacqueline de Longvic avait vou- noces, et il ne laissa pas d'être infi-
lu être sa belle-mère. Bèze rapporte dèle à sa femme.
, , (I) Elle procura a la France le
iiS^ *'• ï'Etat de la ReUgion et Répnbl. , p>l. chancelier de l'BSpitaL']
'\Zm.I^ Ubooreur est de ceu:clh , ton. II, ^' ^^ '^^'^^ ^^^^ ^^"^ appren Jce fait
peg. io6 de* Additions k Gattelnaa. Mais Théo- (a8) Histoire ecclésiastiqoe , liv. VI ^ p. a4i.
«ioredcBèze, Uv. V^ pag. 749, remarque (39) Bize, Histoire ecclésiastique. /iV.V. ».
^ressèment que ce duc mourut le x4 de février •j48 , 740.
r'cx*^™'?*"^*"' l'année en janvier. (3oj BrantAme , Discours de Gatlierine de Mé-
rn V ^'' ** Laboureur, là même. dicis , dans le tome des Dames illustres.
; ( fin i56i , là mémet pag. 107. (61) Dames Galantes, tom. //, pas. 3q6.
^^)Tom.t,pag.%i^. {i^)Lib.XXir,subj!n. ^^ ^
35a LOKGUS.
Jaeobœ lA^mfiaitœ JÊQnpcMÊteru uxQ- iw-a„- ^» » -^., ^^T^.
ris cammendaîiome ^puHrn C4itkari^ ^^"f ** ^« Q»^»- M. Hnct
fur amûcitid prœewuè Jlanimij ex* (^) » ereque d ÀTrUM^ies , qui est
ce£fO ingenio muaier^ et quœ cns- on grand jnge en tontes matiè-
;^ tnr?^^:::^ ^^u ^' •»^.,^« »»i*« ^^ «» oc
GmsùUÊormm tiolemùMm Jam exper- J^*» ™*!* " 7 remarqne ans»
uam proprio WÊCtu ÛÊcemieiat, eiéÊd beanconp de dê&nts , entre les-
impermmmiik<Uantieerti^im4Êm*^iMm qoels le pins grand sans donte
astendehal , « aliquem dcùgena cu^ consiste dans les obscénités oui
niciasa consiUa nt^nceret^oja une * 7 «ronTCnt (B). Cela est encore
ample paraphnse de ce laUn dans pl^^ éloigné de la politesse de nos
Yaiillas, à la TÎe de François II 33) , romans , que la conduite de la
oà Fon troore aussi (34, cornaient la Yw^rmi-A jIa I^...,^- ii
docliessedeMontpensilrcontiiboai «^'««Jf <*« Longns : eUe aime
sanrer le prince de Condé , sous le "^P *^' > «* accorde des baisers
même règne. Cet historien ne lui est trop promptement (C). On croit
pas siiaTorable dans la Vie de Char- que Longos a fourni Kdée d'une
ï^^r^^t.^1.^ f>«t-5 fo^ P'-te qui «gne
a la r^ence en ÙTeur de la rcini- <*^^ quelques romans : la berge-
mère. Lts perauuionsy dit-il (35) , re Terse à boire, et boit un pea
de U duchesse de Mon^nsUr, que la première , et puis elle pré-
cô, des ChdtiUons , des caly'uûstes et «?»^r > q^ H faut qu'il applique
des plus zélés catholUpies,,. La faeiliié les leTres précisément à l'en-
^ ce prince fut la cause ou r occasion droit Oïl elle avait appliqué les
de tous les maux qw. ajmeerenl la -:-_,__,^ #n\ o^ * ■ i
France durant si long-temps. Mais **^™«^ W- Personne parmi les
I)uisqnll aToue que le connétable et «nçiens ne parle de Longue , CC
'amiral , au lieu de le détoumerdun qui fait qu'on ne saurait bien
si honteux désistement , /> confir- dire en quel temps il a vécu ♦. On
mèrent par cette seule raison (^ y ^ '^
que son inconstance les embarrassait (« ) De l'Origine des Romans , pag. 65, 66,
trop y et qt^ils disposeraient plus ai- edit. laiimœ.
sentent de la reine , après t avoir obli- * L ouvrage de Longos a été long-temps
fée par un bienfait aussi considéra- imprimé ayec lacunes. Dans un voyage qu il
le qu'était celui de porter le premier ** •" '**^« ** ^807, M. Courier feuilieu
prince du sang h lui céàerla régence, J" ««««^t àt la bibliothëoue de l'abbaye
il n'y a pas tant â crier contre la ^•?»»7»««' *' \^ prtnuerUure lui parut
"- ■'. *. 1*-» *«"•'- j u rL ; mtier dans ce manuscrit. Dans un nonvesa
nëgociaùon de cette duchesse. M. de ^^y^^e qu'a fit à Florence, en noTemi»e
Thou ne la blâme pomt (37). 1809. M. Courier copia de ce mamucrit
ce qui mançtiait dans les imprimés. - Après
(33) Pag. 195 H $w». , mUom de HeUande. ' •▼o»«'.«>p|é , dit M. Courier , tout le mor-
F'eyes aussi pag. 164. * ^**** uedit , pour marquer dans le volomo
(34) Pag, sgS. • J «"droit du supplément , j'y mis um
(35) Tom. /, pag. g , à Famn. iSfio. il du • feuille de papier , sans m'apercevoir
U If cgociation de b cUicbeMe de Mon^nsier • qu elle était barbouillée d'encre en des-
avec le roi de Navarre. • sous. Ce papier s'étant collé an feuillet j
(36) D/rob/0 à Théodore de Bèse, Bisteire • fit une tacne qui couvrait quelques mots
ccelénaftiqoe, Uv. IF, pag. ^06, • de quelques lignes, • // s^agU dans ce
(i^) Lib, XXK, pag. S»S. passage, dit encore M. Courier, de sivoir
qui baisera Chloé. La tacbe était dans si
T niar'T'C. \. • F*" V^^'*^^^ birgeur de celle d'un écu de cinq
JLUnuLdy sophiste grec, au- francs; eUe était un peu plus longue qœ
teor d'un liyrC intitulé noiucvcxoe, î^ » •* quelques Uches moindres on écU-
» ^A L J:«^ n é^ 7 / A . • boussures étaient a côté. LoraqnVm dél
c'est-à-dire, Pastorales (A; , qui u feuUîe de papier, (c« quiSîEw
LONGUS. 353
a plusieurs éditions et plu- sieurs versions de son ouvra-
racnt n'eut pas lieu au moment de Tacci- D ^ '*
dent ) ; on vérifia du moins sur la copie
manuscrite, faite par M. Courier, et ou duction de mess ire JacqitesJmjrot^enson
reconnut qu'aucun des mots couverts d'encre vivant évéque d'Juxerre et grand aumônier
ne présente dans la copie aucun doute, au- de France, revue, corrigée, complétée , de
cune incertitude. La tache d encre fit grand nouveau refaite en grande partie par Paul
bruit dans la littérature grecque. Un Vno- Louis Courier^ vigneron , membre de la lé-
nyrae fit insérer un article dans le Carrière gion d'honneur , ci-devant canonnier à che^
Milanese du 23 janvier 1810. M. Furia , bi- val, aujourd'hui en vnson à Sainte-Pélagie^
Wiotbécaire de ïa bibliothèque Laurentiane , Paris, Corréard , in-8\ , contenant la lettre
dont le manuscrit faisait partie lors de Tac- à M. Renouard, etc. Je crois devoir ajou-
cident , écrivit une lettre : al sig. Domenico 1er que c'était par jugement de la cour d'as-
Valeriani direttore delli studj nel liceo di sises du département de la Seine , du 28 août
Vimercate , e prof, di eloquensa eflosofia. 1831 , que M. Courier avait été condamné à
Celte lettre, datée du 5 février 1810, fut deux mois de prison , comme coupable d'ou-
impritoée dans le tome X de la Collezione trages à la morale publique dans un écrit in-
d'opuscoli scieMiJîci e lelterarj ( pages 49 à. titulé : Simple discours de Paul-Louis, vi-
70), et des exemplaires en. furent tiiés à gnerop de la Chavonnière , aux membres
part sous ce titre : Délia scoperta e subita~ du conseil de la commune de Vérels , depar-
nea perdita di una parte inedita del primo tement d' tndre-^t-Loire , à Voccasion d'une
libro dépastorali di JLongo,fatta in un co- souscription proposée par S. E. le ministre
dice dell' abhazia Fiorentina, ora esistente de l'intérieur pour ^acquisition de Cham"
nella pubblica imp. biblioteca mediceo- Aorrf, Paris, 1821 , in-8^ de 28 pages, dont
Laurensiana. in-8°. de 24 pages , avec une il existe une seconde édition. Dans cette
planche ou foc simile de la tache d'encre. brochure très- plaisante , M. Courier appe-
M. Courier , étant allé de Florence à lait par leurs noms les vices des courtisans
Rome , trouva dans cette dernière ville du successeur de Scarron et du courtisé.
d'autres manuscrits de Longus , et donna à On peut aussi, pour 1 histoire de la tache
Rome, en mars ou avril 1810 , et à ses frais, d'encre et les éditions de 1810, consulter le
nne édition tirée à cinquante-deux exem- Catalogue de la Bibliothèque d'un amateur
plaires seulement , de l'ouvrage de Longus, (M. A.-A. Renpuard} , ^om III, pag. 181 ,
flwc les variantes de Rome et de Florence. Il 182, i83, i85, 106 et i8». M. Kenouard et
distribua en même temps le fragment de M. Courier sont d'accord parfait sur un
Florence , imprimé séparément, M. Courier point , la cause de 1 humeur de monsignor
fil ensuite imprimer : Daphnis et Chloé , Furia. Furia feuilletait depuis des années le
traducHûn complète d'après le manuscrit de manuscrit dans lequel ^tait le fragment. Il
l'abbaye de Florence: Florence, Piatti , venait même d'imprimer une prolixe et
i8io,in-8o., tirée à soixante exferoplairas. minutieuse description dans laquelle, com-
C'éUit la traduction d'Amyot ; mais M. Cou- me le dit très-bien M, Courier, la seule par-
rier , outre l'addition du fragment, y avait tie de ce manuscrit qui soit intéressante est
fait un grand nombre de corrections, dont aussi la seule dont Furia ne parle point ; et
quelques-unes de pur style. M. Antoine Au- cela parce qu'il n'a pas su l'y apercevoir.
gttslin Renouard , libraire à Paris, ayant, C'était le cas ou jamais d'avoir du dépit.
dans sa Notice sur une nouvelle édition de la Bayle , dans la remarque (E) , parle des
traduction française de Longus^ parAmyot, éditions et traductions du roman de Longus.
el sur la découverte d'un fragment grec de La première édition de celle d Amyot est de
cet ouvrage, parlé du malheureux accident i559 , comme Bayle le dit.
de la tache d encre, M. Courier publia peu
après une Lettre (datée de Tivoli , 20 septem- (A) // est auteur éTun Iwre intitulé
ire 1810), à M, Renouard, sur une tache noi^svixat, c'est- à -dire Pastorales.']
d'eiKre faite à un manuscrit de Florence , i^ ^^^ pastoralia lu dans Vossius
">^ . de 23 pages, sans nom de y.lle m ^ Morëri , lui a fait juger que
Q imprimeur, mais imprimée en Italie. Une •* ^ ' J o M^^
lettre de M. Courier, et datée de Paris, p^t ouvrage est envers; Longus, dit-
1". oclobre 1812, est ajoutée par les curieux il » laissa quatre libres de vers pas^
à son édition grecque de Longus. L'année toraux OU églogues , que Godefroi
suivante , M. Courier fit paraître : Les Pas- Jungernian nous a donnes en latin
toralti de Longus, ou Daphnis et Chloé, avec des remarques de sa façon; et il a
traduction complète d'après le texte grec ^édié cet oui^rage a son cousin Louis
d^medleurs manuscrits. Pans. F. Didot , CaméraHus. Les pastorales de Lon-
'oio, 10-80. tire à six cents exemplaires. ^ . ^ , . , . ,
La traduction d'Amyot a été en partie con- g.»» «ont en prose : le traducteur )a-
wrvée. Enfin une troisième édition a paru ^l". s app^ile bodctroi Jungerman ;
co décembre 1821 sous ce titre : Les Pasto- et il était inutile de remarquer qu'il
'aies de Longus, ou Daphnis et Chloé ^ ira- de'dia cette version à Louis Camc'ra-
TOlttE IX. a3'
35Î - LONGUS.
mis son cousin. Vossius, de c^ui Mo> et chagrine ne peut souffrir que Ton
réri a tité cette particularité, a eu publie des aventures de mauvais
des raisons de la fourrer dans son exemple. Voici les devans qu^il prit
livre , tir<^s du temps et du pays où contre eux : ses paroles méritent
il cciivait; car ce M. Camérarius d^étre rapportées, parce qu"!} y a
^tait fort connu en Hollande , où il bien des auteurs dont la vertu et la
airait été ambassadeur du roi de Sué- sagesse pourraient être chicanées , si
de : cVst ce que Vossius ne manqua Ton nVpposait a la critique farou-
pas d^ajouter (i). Moréri, qui n^a- che et maligne des faux Calons le
vait pas les mêmes raisons, devait bouclier de ce traducteur de Longus.
négliger cette queue , ou en tout cas Dicam hïc quod sentio, dit*il (5) :
il devait dire tout ce que Vossius Nonferamjudices ,nosird in causa ,
avait dit \ par-lâ il eût donné lieu à Caperatâ fronte Catones , qui sine
ses lecteurs de se faire 'quelque idée dubio me altuni stertere^ aut cucur-
de celui auquel on avaiC dédié la bitas pingere mallent , quam tanto
version de Longus. De plus habiles cariatu^ tam immanes nugas agerc, ,
Pens que M. Moréri ont cru c^ue les t^itioque fartasse mihi uerient , quotl
astorales dont je parle étaient en logos hosce amatorios ( quid enim
vers. Malincrot a été dans cette er- quœso est y quod non felUcaremaJig-
reur ()) , comme le remarque le nitas possitr ) haud tamen illepidos ^
sieur Koaig(3) , oui de son côté nec inficetos y latine conuei'sos , gran-
ignore qu^avant Péaition de Junger- dionttate , tuaù ^iyo?«( ^fv ihtjuAç ié»
man (il le nomme Jugerman) ces vfÔTm , in lucem edere sategerim. O
Pastorales eussent paru en latin. formidabilem censorum severitatem î
(U) dont le plus grand dé- Quorum censura actum erit de Ho-
faut consiste dans les obscénités qui mero, homine ab ipsis gratiis Jîcto ,
s'y trowent,'] Je croiî< que ce fut à i'eneiysos amores , adulteria , incesta ,
cause de cela que M. Huet n'acheva scelera jprolixè describente : quent
pas de le traduire en latin : car il tamen Alexander tanti fecit , ut suo
nous apprend qu'il entreprit cette puluillo noctibus singulis subdiderit ;
traduction dans sa jeunesse , avant ^ctum de Aristophane , auem nihiio-
qu'il connût parfaitement le carac- miniis Johannes ille Antiochenus ,
tcre de cet ouvrage , et combien cette summorum theoloeorum lumen , qui
lecture pouvait nuire aux jeunes propter aureum eloquenliœ fiumen ,
gens , et convenait peu à des person- Çhtysostomi cognomen obtinuit , noc-
nes âgées. Quitm puer essem , hune turnd diuturnâque t^ersasse manu , h
aulorem latine interpretandum sus- »'*'•'* f^'le dignis memoriœ proditum
cepi y cum nondiim satis haherem est, Nullum equidem Doëtantm in-
exploratum, quid in eo laudaUle es- taenias , quin multa multorum scelera
set y quid vitiosum ; et quantiim ejus nef aria narret , non quidem ad bo-
lectio pueritiœ damnosa sit , quhm nos labefactandos , corrumpendosquc
pariim etiam œtati nrovectiori décora ntores ; sed potiiis ad eosdem emen-
(4). Celte raison n^empécha pas un dandos , atqueflagilia illa detestan-
professeur de Franck er de traduire da, abominanda. Multo miniis viù-
ce roman, et de le donner au pu- Utigatores y ( quorum seges in hoc
hlic avec de savantes notes, Fan seculo densa est) homines , ut Pli-
léôo. Il craignit la censure de cer- '"«* ««^ > ^^ uenena natos , qui nul-
taines gens, dont l'humeur. austère '"f'* aliud abominati spiritUs prœ-
mium nouércy quam odisse omnia :
(t) Operam suam dicavit eontobrino juo tu- Al^ potiiis rerum humanarum œquos
dovieo Camêrnrio tùm eleetori PaUuino à eon- miJù œstimat0res exOptO. Ce profcS-
Milii, potteàstr€nUsimiSuitdia,r^0UUgatoad jcur de Franéker s'est vu indispen-
/«"/'[rr ^'^"'' """• '""" • «ablement obligé, dans son comiSen-
(i) iJingiu xfphista scripsU heràleo carminé taire, à toucher les impuretés de Lon-
jif a$norihus Daphnifiù ei chloes libris quatuor, gus : mais il l'a fait en v apposant
U»llincr. Paralipom. , de HUt. grec, pag. ig. g^ détestation. Oue pouvait-il faire
(3) DibIJolh. , pag. 48o. ^ '^
(4) Petru» Daniel flnetiva , de Origine Fabn- (5) Prtrn* Moll., Snecanus, J. V. F). »t Gr.
Uni m romenen»ium , interprète Guliclmo Pyr- Ling. professer ordinariuf in Acad, Franekf
ri.eoc , pni- 67. rand , eputoXa âeditatof. Long» Putonlia».
LONGUS. 355
dayantage ? Opus alioqui tam obscc contabidt , cùni nuîlam ejus patient
num est, ces paroles sont de M. Huet Pilipendere posset (îo)......,. At illa
(6) , ut qui sine mbore légat , eum uicissim , dato osculo , i^estem illius ,
cfnicum esse necesse sit. Cet alio^ jamlotiatquedenudati,induebat(ii),
gui se rapporte à un grand de'faut Toutes ces choses seraient des mons-
qu'il renaat de remarquer. C'est que très dans les romans d'aujourd'hui.
Longns commence son Uttc à la nais- On ne pardonne point au marquis
sance de son berger et de sa bergère, d'Urfe les faveurs légères «ju'il fait
Tieillesse(7).
du vrai caractère de cette espèce mes de l'accusation : c'est Astre'e qui
d'écrits. Il les faut finir au jour des parle. Cest t^ous, dit-elle (fa), en
noces , et se taire sur les suites du jetant les yeux sur d'Urfé, c'est uous
mariage. Une héroïne de roman qui êtes, l'auteur de Vinjure dont je
grosse et accouchée est un étrange me plains , et votre plume téméraire a
personnage. j^^ des traits dans mon histoire , qui
(C) La bergère de Longus ac- "«« blessent dans la partie de l'dme
corde des baisers trop promptement.-\ ^ P}^^ sensible. Je ne sms pas plus
Vous n'avez pas lu cinq ou six pages , délicate qu une autre, poursuiuitelle,
que vous trouvez Daphnis extasie du j'excuse les emportemens amoureux y
T^1o;o;. ^m'.,« K«;aA.. ^a eo K<>r0^rA \n\ lorsqu'une passion toute pure les pro-
baiser surpris galamment
jamais ma pudeur, et je
^ de petites privautés que
irlZ7 \ih{i^Z'^B\>M,''itocce "osculum l'amour inspire , et que la raison ne
admirabUe est ; quippe spiritus meus condamne pas. Mais quand je consi-
txultat, cor exitit, anima liquescit : dère que je sms une des m^ berge-
at tanusn iteràm suauiari cupio (8). res que vous présentez Wpeladon
Une lacune gai est dans la même toutes nues , de quel œil^ye re-
page nous empêche de savoir les oir- garder une aventure si mjuneuse a
constances de ce baiser. Peu après on ma vie ? et ne puisje pas croire, ou
trouve ffu'il manie les tétons de sa Ç«e vous avez eu mauvaise opinion de
bergère (Q) sans qu'elle s'en fâche. mapudeur,ou que vofis m avez prise
Cette pauvre fille Vayant vu tout nu, pour une esclave que vous vouHez
fondit d'amour ; eUe ne vit rien en t^endre a ce berger? Si je ne mejlatte
lai que de très-aimable : elle fut si pomt dans ma beauté, je crois que
peu effrayée de cet objet, qu'elle mon visage tout seul pouvait bien
s'en apprisha hardiment , et qu'a- ff^re une conquête : U y avait assez
près avoir baisé son berger, elle de feu daris mes feux pour brdler un
Paida  reprendre ses habits. 'H cœur ; et je puis dire , sans présumer
//il yJif Vtr^v Ôp5«r* Ai^f.v , i^*»- «r^ » que ma nuduen était point de
fl«S» «fiîrwrrt -- --*^-- --» :«-^«-n-A l essence de ma victoire. C'est un de-
(6J H..t, a« Orig. Fabal. Romanen.. , p. 67. avec raison qu'elfe est absurde selon
{7) Pfjutetiant viiium ettperversa elprmpottê'
rayent mconomia, A pastorum eunahuUs iMptk r,^> 11,1^^ j,ag. ,8.
orda»^H9ixineommnupUudetVMt: ad eo- , f jaj.^ --. ,«
mtione'pfogrtdiiur. H.m , ibid«.. (") P«rnjMe rifonnk ,p»g. i36 <fJi«.o« de
rRMJm«. la. r ^«. •• mAit FrAiul»r HoUande. V^jn^Jameme^pag.iS'j, rarti-
JJi)Um^,kb.I,pag.t%,edu.Franeker., ^i^xriIIdéFédUd'JpoUon.
, k'v h" t f < \ f t • ' (i3) Confère* ce qui a été dU dont la r^mar-
fg) KaShmv aurnç us rd ç'tpyct rat A:«- ^ue (C) di VarUele <rHT»«»Ti.i, tom. FUI,
fci. Mm» sud pectori UHtu admotd. Ibidem, pag, i56.
356 LONGOS.
les lois da roman. Prior amat ffjrs" façon (17). Ab hoc ( Longo) (18) Fw
mina , dit-il (i4) y ^^ parlant du H- stathius sumsisse t^idetur hoc e/egans
vre d^Eustathius , où le héros ne ré- urbanitatis genus , qud Hysminam
pond rien à une de'claration d^amour pocula ministrantem indiucit , et qud
que lui fait son hëroïne : Prier amo~ parie poculilabra delibans labris suis
rem et Jatetur et offert' dnemodestidj ipsa tetigerat , eadem Hjrsminiœ Ih-
^ine pudoPB , 4ine arte : Atque his bituro tangenda leniter offerentem.
blanaitiis neque monetur HysminîaSf Eustatfaius pourrait avoir tiré de plus
neque respondet. Laudabile id qui- haut cette belle galanterie: car nous
dem est , si ad leges moralis pnito' la trouvons dans Lucien. Ce raiUeur
sophiœ ; ineptum si ad romanensia introduit Junou qui reproche à Jupî-
prœcepta exigatur. Voyez ci-dessus t«r de boire les restes ae Ganjmède ,
( 1 5) Tfaëagéne raillé de ce quUl donne et d'appliquer sa bouche précise-
un souiTlet â Chariclée parce qu'elle ment au même endroit de la tasse
le voulait baiser. On dirait que ma- que Ganyméde, 'Ev/oti S^* %«ù À'jrùytv-
<lemoiselle de Scudéri est la première o'etftf toc movov , tSi»H.ttç ixtift»' xeti ttiotto;
qui ait banni du roman une écono- ÀTroXACon tnv kù^jxa , oToy virQKwirtéi
mie qui faisait tort à son sexe, et en ô ttùnr», wvttç , odcv xttù «tt/Toc fTu ,
général à la bienséance ; elle crut in- xa.) Uûtt ^po0ii/3/«o9-c rà, ^uMy ht», juti
troduire des nouveautés en donnant viiift â^a, xeit ^inh^ , Interdàm auîem
aux héroïnes beaucoup de pudeur , ubi soliim degustdsti , porrigis ipsi .-
et aux héros beaucoup de tendresse ; deindè ipso bibente caucem arripis ,
«'est pourquoi elle se crut engagée et quantum in ipso restât y ebibis ,
dVn proposer ses raisons dans la pré- qud parte ipse bibit , et ubi labia
face de son Ibrahim , qui est le pre- nppUcuit , ut et bibas simul, et oscu-
mier de ses romans. Voici ses paro- leris (19).
4es (16) : f^ousy verrez, lecteur, {si Du temps d'Ovide , les dames oe
je ne m^^rompe ) la bienséance des . présentaient point le verre où elles
choses etj§6s conditions assez exacte- avaient bu , mais le calant tâchait
ment observée : et je ritù rien mis en de le leur ôter , afin d appliquer ses
mon livre que les dames ne puissent lèvres au même endroit où les leurs
lire sans baisser les yeux et sans rou- avaient été appliquées. C'est un pré-
fixer. Que si vous ne voyez pas mon cepte d'Ovide (30). Je crois que cela
héros persécutée amour par des fem- est encore en usage dans plusieurs
mes , ce n'est pas qu'il ne fût aima- pays du monde. Molière le fait prati-
hle f et qu'il ne pût être aimé ; mais quer dans l'une des scènes de son É-
c'est pour ne choquer point la bien- tourdi (ai).
séance en la personne des dames , et Saint Jérôme , décrivant les imper-
la vraisemb'ance en celle des hom- tinences des galans, ne dit nen de
mes , qui rarement font les cruels , celle-là , mais il s'en approche un
et qui n'y ont pas bonne erdce. En- peu ; car il parle des viandes qu'on
fin, soit que les choses doivent être présentait après les avoir goûtées (aa).
ainsi, soit que j'aie jugé de mon héros Crebra munuscula et sudariola , et
par ma fowlesse , je n^ ai point voulu fosciolas , et pestes on applicitas , et
mettre sa fidélité à cette dangereuse oblatos et begustatos cibos , blan-
épreuve,ètje me suis contenté de n'en dasque et dulces litterulas sanctus
jaire pas un Hilas , sans en vouloir amor non habet, Mel meum , lumen
faire un Hippolyte, meum , meum desidenum , omnes de-
(B) Le berger.^, applique ses lèvres
précisément h l' endroit oii\aher^èTe a- C«7) H"«»' » ^ O"»* F^k»*- Român*^,
vait appliqué les siennes.'] Le tTàduc- ^^/'Pii., , .„ ,. ..^ ,.,
teurde'^wl'Huet explique cela de cette ,rX:ir^l!':r'"'^" "^^ '"' "^
(19) Lacianus, in Oialogo Deoratn, paS- "'•
(i4) Haet. , de Ong. Fabnl. Romanent. , ia9, «>m. /.
pag. ot. (ao) Fae primu* rapiat iUiug laeta lahellù
(tS) Dans rarliel» HiLiOBoai , tom.FII^ Pocula ^ tfu^que bibU parte puella bibat.
paff. 654 . remarque (C). Orid., de Arte amat. , lib. /, ¥*. 5:5.
(i6) Préface rf'Ibrahim ïïasia ,/oUo iiij. No- («0 !>» IF** du IV. acte.
«I quê ce n'tfii paselle^ mais M. de Scudéri , (is) Hieronym., epist. II ad.NepotUa., pag.
pnj'rèrë , qui parte. m, ai3.
LORME. 357
Ucias , et lepores , et risu dignas ur^ fit cet ouvrage dans sa vieillesse (3o),
banitates , et cèleras ineptias amato- et pendant que le cardinal de Gran-
rum in comœdiis erubescimus. Il dit velle , auquel il l'a de'dië , e'tait vice-
ailleurs (a3) , s/7ec2a^(5 a/tena o«cu/a roi de Naples. M. Teissier (3i) ne
et prjEgcstatos cibos. Voyez le pré- parle point de la traduction de Lon>
cepte d'Ovide (a4)- gus , dans le dénombrement des œu-
(E) On a plusieurs éditions etplu-^ vres de Gambara.
sieurs versions de son oui^rage."] Ce ro-
man, traduit en français parAmyot, (3o) Obstat
fut imprimé à Paris, en iSSq. LaU- Ingenium tenue ^ etjamfesso in corpore vl-
rent Gambara en a fait une version , ob longZnœtaiemin^alUlm
ou plutôt une paraphrase en vers la- (3,) Éloge, tirés de M. de Thoa, «o,«. //,
tins , qui est fort blâmée par Vos- p«g. 45.
sius («5). Il trouve que non-seule-
ment Gambara y cbange y ajoute , LORME (Philibert de) , l'un
V retranche plusieurs cboses : mais i ^ -n 1 -^ . • n
aussi qu'il ignore souvent ce que ^^^ meilleurs architectes qui fus-
Longus a voulu dire. La version en sent en France au XVI*. siècle ,
prose de Godefroi Jungerman est sans était de Lyon. Il fut aumônier
comparaison meilleure. Elle fut im- ordinaire de Henri II et de Char-
pnmee a tianau , avec le texte grec 1 ^ -.v / > * 1.1. » j c • . v^i •
et des notes , l'an i6o5. Il en avait ^^^ lA {a) , et abbe de Samt-Eloi
déjà paru une autre version à Heidel- de Noyon (ô), et des Saints-Ser-
berg, Tan 1601 {a6) : et avant cela gius et Bacchus d'Angers (*).
l'ouvrage avait été imprimé seule- q;^^^ ^insi que ses abbayes sont
ment eu crée, a Florence, chezrni- i.« r /. * ^ • -^k-
lippe Juncta , l'an i5q8, sur le ma- quahfiees (c) par Antoine Mi-
nuscrit de la bibliothèque de Louis zauld , dans lepître dédicatoire
Alamanni , avec des notes de Raphaël du Noi^a et mira artificia com-^
Columbanius. On parle d'une édition parandorumfructuum , datée de
1/1-0°., en grec et latin , par les Com- Vi • 1 cr j 1 f-n f
melins , l'an 1606. J'ai dit quelque Pfris , le I .de novembre i564.
chose ci-dessus (27^) de Tédition de On le nomme abbe de Livri dans
Franeker. Au reste, je ne saurais com- la Vie de Ronsard , et Ton ajoute
prendre ce qui a porté Vossius à dire »ii ^^^ ^„ démêlé avec ce ffrand
qu il y avait cent soixante-dix ans * ... ,.. . /-• ^i_ • 3^ ■»*■ r
que Gambara avait fait la version de P?^.^, (A)» »" Catherine de Me-
Longus : car il s'ensuivrait de là qu'il dicis lui donna le tort. Il publia
y aurait -présentement (a8) i>lu8 de divers ouvrages d'architecture
deux cents ans qu'elle a été faite j et
néanmoins M. de Thou ne place la
mort de Gambara qu'en l'année 1 586 («*) I>« Verdier Vau-Priras , Bibliothèque
(^9). Il est vrai qu'il lui donne l'âge française , pag. 949.
de quatre-vingt-dix ans: mais il est . (-J) S< non ^«jprèf de Noyon , comme o»
d'autant plus impossible de trouver ^^f^'^ "^^ ^ ^°^«" ' ««« ^ ^'""'^ ^^
là de quoi ajuster le compte de Vos- *l iy^jcune ( Du-Chêne , Antiquités de»
8IU8, qu'il est certain que Gambara y^H^ ^^ p^^^^e^ ^t^.^ ^;i^p j\^ ^^^^^
d^Ànjuu) a mal nomme Saint- Serge cette
(a3) Idem , epiat. XLVII. abbaye , laquelle , soit dit en passant , est
,(a4) £< auodcunque cibi digUis Ubaverit bors des murs d'Angers. Labbë Châtelain,
«"*» dans son Vocabulaire Hagiologique , dit
Tu pet» » dtmique, petes, *it uhi tacta Saint-Sierge et Saint-Baca , et c'est comme
) ci r , , . j r ■ j /•-»- écrit .Sai/iKvcr^e. On dit toujours ^amr-.Çer-
(a6) Je n avance cela que sur la foi ifu Ciata- . c •* c t\ r t • 1
log,e d'0»ford . oh vou> trouve,^ a\a fin de la f*''.«^«**? SamUSierge. De torme lui-même
page 3»7 , et Gr. Lat. Heid. , x6ox , inr^'*. écrivait Soîntr-Serge. ]
(37) Dans la rentarque (B). (c) Ornatissimo viro ac Domino , D. Phi"
(18) On éeril ceci Pan iSçVi- liberto ab Ulmo , S. Eligii Noviom. et SS.
(89) Tbaanu , lib. LXXXir, pag. 76. Sergii et Bacchi Andegav. abbati.
358
LORME.
dont vous pourrez voir les titres
dans la Croix du Maine *.
* La Bibliothèque de U Croix an Maine,
ilaouelleBaylerenroie, est loin de donner
des détails aatisfabent nir les ouvrages de Ph.
deLorme. Cet habile architecte donna , i<*.
NoMtifelies invaiiitmê vour bien bastir et à pe-
Utt/yais , tpouvées n aguerres par Philibert
de Lorme , Lytmnois , architecte , conseiller
et aulmonier ordinaire du feu roi Hoirie et
abbé de Sainl^Éloy lez Nejron , i56l , in-
folio, et arec un nouveau frontispice , 15^6.
3<>. Le premier tome de Carchitecture de Phi-
libert de Lorme , conseiller et aulmonier or'
dinaire du roi ^ et abbé de Saint Serge lez
Jngiers^ Paris, 1567 , in-folio. L'extrait du
privile'ge est daté du i5 septembre M. D. LXI;
mais il est dit dans tel extrait que Timpres-
eion fut achevée le 29*. jour de novembre
l5Sn. L*ëp!tre dëdicatoire est du a5 de no*
vemi>re M. D. LXVIL Ce doit donc être par
faute typographique <»ie Fextrait du privi-
tége se trouve daté de H. D. LXI. L^onvrage
a neuf livres; en tête du !*'#« de, Lorme
prend les titres de : abbé de Saint Élojr le»
If<wtm , et Saint Serge le» Jngiers, et na^
gtâtre* d^lvry* A la fin de TépUre dédicatoire
il parle dVn second Tolume aui n*a pas vu le
jour. Les Œuvres de Philioert de Lorme ,
Paris, Regnauld Chaudière, i6a6, in-folio,
sont la réuuton et réimpression des deux ou-
vrages; les Nouvelles inventions y forment
les livres X et Xf. Detournelle a publié , en
1800, Méthode de charpente de Philibert
de Lorme , architecte vivant au milieu du
Xyf. siècle , deux planches in-folio sans
texte, mais avec explications marginalea.
Detournelle distribuait en même temps un
feuillet imprimé comme prospectus ou an-
nonce de ces deux planches.
La Monnoie , Leclerc et beaucoup d autres
disent que Ph. de Lorme mourut vers 1577.
Les éditeurs de la nouvelle édition du Gai-
lia christiana ( tome IX , colonne 1073 )
disent qu'il mourut au mois de janvier 1570.
. (A) // eut un démêlé auec Ronsard.]
Ge çoete fit une satire « quHl appe-
y loit la Truelle crossëe \ blasmant
» le roi de ce que les bénéfices se
>» donnoient à des maçons et autres
» plus viles personnes , où partlcu-
y lierement il taxe un de Lorme, ar-
» cbitecte des Tuilleries , qui aroit
» obtenu Tabbaye de Lirry * , et du-
» quel il se trouve un livre non im-
* Leclerc croit , et J0I7 répète que c*cst ane
faute d'appeler de Lorme abbé de ZiVrr; et là-
dessns iU disent que J. Foarré , abbé coromeuda-
laire de Livry «rant la luorC de Henri If, eut
pour sttceeMeur Antoine Abellv. iVnttVfvryau^
Fb. de Lorme était ou avait été abbé, ainsi qu'on
Ta TU àêtu la nete que j*ai ajoutée ci-dessus sur
te teste.
» pertinent de rarchitectnre. Et ne
» sera hors de propos de remarauer
» icy la malreillance de cest aboé ,
n qni , pour s'en venger , fit an jour
» fermer Fentrëe des Tailleries à
» Ronsard , qui suivoit la ro3me mè-
» re : mais Ronsard , qui estoit assez
» piquant et mordant quand il vou-
» loit , à rinstant fit crayonner sur
» la porte . que le sieur de Sarlan lui
» fit aussi tost ouvrir , ces mots en
» lettres capitales , FORT. ^REVE-
» RENT. HABE. Au retour, la rojrne
V voyant cet escrit , en présence de
» doctes hommes et de l'abbë de
n Livry mesme , voulut sçavoir que
3» c'estoit , et Foccasion. Ronsard en
>» fut l'interprète , après que de Lor«
» me se fut plaint que cet escrit le
» taxoit : car Ronsard lui dist qu'il
» accordfoit que par ane dooce iro->
» nie il prit ceste inscription pour
» luy , la lisant en françois , mais
» qu'elle luy convenoit encore mieux
» la lisant en latin , remarquant par
» icelle les premiers mots raccourcis
» d'une ëpigramme latine d^Ansone,
» qui commence Fortunam rcueren-
» ter habe , le renvoyant pour ap-
» prendre à respecter sa première et
» vile fortune , et ne fermer la porte
» aux Muses. La royne ayda Ronsard
» à se venger , car elle tança aigre-
» ment l'abbë de Livry , après quel-
» ques risées , et dist tout haut que
n les Tuilleries estoient dédiées aux
» Muses ( î ). » Du Peyrat rapporte
cette histoire , et y joint un préam-
bule fort désobligeant pour notre de
Lorme , et qui peut-être n'est pas
bien fondé ; car rauteur de la Vie de
Ronsard n'a point fait une semblable
remarque , et néanmoins elle eût pu
servir à justifier Ronsard. Quoi qu'il
en soit , voici les paroles de Du rey-
rat : Comme la modestie de ce cna'
pelain de Guillaume^le-Oonçuéranty
roi d* Angleterre , le fit honorer de
Vë\*éché au Mans , et louer d'un cha-
cun ; l'insolence au contraire, et tnr-
gueil d'un ecclésiastique de la cha-
pelle de la reine mère Catherine de
Médicis , l'exposa à la risée de la
cour et de cette grande piincesse : il
s'appelait Philibert de Lorme , le-
quel ayant , par la faiseur de sa mai-
tresse , obtenu l'abbaye de Livry ^ se
méconnaissait grandement , et son
(1) Dinet , Vie de Ronsard, ;ra^. m. t44*
• LORME. 359
outreciUJance fut cause quç.ce grand cet article beaucoup plus long,
Ronsard.VHomère des Français, jit gj j^^ Patin avait publié le livre
contre lui une satire intitulée ; la ,.j j ^ -^ ^^ f^j^.^ ^gj^
Truellfi crossëe (a) *. Il donne les 3r^ , t , . £1 •
deux vers d'Ausone , dont on n'a Notre de Lorme laissa un fils qui
que les trois premiers mots dans n'eut pas moins de réputation
la Vie de Konsard. Voyez la cita- q^g j^j dan» la profession de la
tio"* (3)« médecine *. 11 pratiqua dans
(») Du Prjral, AnUqnité» de 1» Chapelle da PaHs avecbeaUCOUpde SUCCès (G),
Roî.pa^. ao4. , „ . ctilfit d*ailleurs beaucoup d'hou-
*Leclerc pense que le P«ece que du Peyral , 1 ,^ ..'^
«ppelle une «alire , e.t lont simplement le sonnet neur a SOU art par Sa lOUgUC Vie.
d« Ronsard .dre«é> GuiU.ume Auberi, «voc.l ç;^g^^„^ d'aunéeS, il Se Sentait eU-
poitevin , et qne Toict : ^ 1 •
Peoses-lu , mon Aubert, que Tempire de COre aSSCZ de VlgUeur pOUr VOU-
France loir se remarier (D) : uous vovons
Soit nias chéri du ciel que cellni des Médois , *"" ''^ chioiice ^ J J .
Que cellui des Rofnatns.queeelini des Grégeois, ^ela daUS leS lettres de (iUl ratin.
Qniwnt de leurBrandeuriombésen décadence? -, . ,. rwi-iM «o rom^irî') pf—
Notre empire mpurra/.mmiunirinoonslance J ai OUI dire qU il SC remaria CI-
çon, phe , Joly transcrit des vers latins de Joseph
Pour richement lymbrer le haut d'un écusson gçj,|jgep ^n Ilionneur de l'auteur d'un TVai-
Dime crosse hondrable au lieu d'une Irtaelle. j , ^^^^ à J. de Lorme.
Mais de quoi sert rhoaneur d'e«:r.re uni de |J «« ^^J^ ^ ' ^^.^ .^. 7^^^ ^^^^^^ ^^^^^ ^^
Pulsqu'oaTei sent plu. rien quand la parque Radier a publié une f^ttrej^rinçue où Fan
cruelle , prowe tfue l'abbe Joly s^esl trompe m vre-
Qai des muses n'a loîn , sons a mis k Tenveri. nant François Umeau , médecin , ( en latin
Ce «onnet ne se trouve pas , dit Leclerc , dan. Ulmus ) pour Jean de Lorme ( en latin Ul-
IWiiion in-folio de Œuvre, de Ronsard , donnée meus , aussi médecin , et en attribuant à ce
par lui-mftme en i584 ; mais il se trouve au revers ^rnier un Traité De lienc , dont Umeau est
du feuillet 68 de la Continuation premiir^«l '*- muteur.
conda dtii Jtnours de P. de Ronsard^ Kendo- « j^^ g|^ ^^ j^^^^ ^g Lorme s'appelait
moi,, Rouen , iSS'j , petit in-So. Charles. - On apprend , dit Joly , un grand
{i)Poriunam reverenurhabe , qmaunque re- ^ ^^^y^^^ de particularile's sur ce célèbre
„. ''*"*t f • ^»^A:g^ In^ • médecin, dans un livre que l'abbé do Saint-
D.v«, ai exdi Vrosred^reloco. ^ ^^^^.^ .^^. j,^^^.^ ^^^l^^ familièrement
• pendant les six ou sept dernières années de
LORME( N .*■ DE), l'un des plus -»J« ; 'i,^t'^^^'^:,^u^:'aZ
fameux médecins de France, vers m. de Lorme, premier médecin et ordinair^
la fin il M YVT« cîisrlp Pt au COm- de trois de nos rois , et ambassadeur à Clè-
la hn du X\ 1 . siècle et au COm ^^ U duc de m^ers , s^est seruipour
meacement du XV 11 . , était ae ^,l^,re près de cent ans, Caen, Mann Yvon ,
Moulins en Bourbonnais. Il fut 1682, réimprimé en >683 in.12 en pli»
. \tr , J , ' -KK petits caractères. Dans les deux éditions,
premier médecin de la reine ma- ^^ig^^ ^^ ^e dit Joly, on trouve et le Por-
rie de Médicis : et , après avoir trait en petit de m, de Lorme tqui n'est autre
•' C ^1 . L U ^^,1.. ;i chose que la Vie de Charles de Lorme) , et la
SUIVI fort long-temps la cour , il j,^^^ ^^^ j.^^^^ ^^^ j^^^j^^i ^^ saint-Ma,-
se retira à Moulins à cause de sa Un, etc. a fait imprimer. Cette liste, awez
vieillesse , et y jouit tranquille- f-t^î^I-^Voly^^ru ^^^
nient de la gloire qU il avait aC- ^are qu'elle n'est. Ce qui a pu faire croire à
quise( A). Je nesais point le temps Jo^^ <^ue .e^P.H™« r^wSl^'^t
«le sa mort **, et j'eusse pu taire ^ ^^^^ éditions ne sont pas rangées
dans le même ordre. Le frontispice de la se-
Leclerc dit au il s'appelait Jean. conde promet des augmentations : j'avoue ne
36o LORME.
qa'on crut que cela ne servirait sein défaire, 1 M y roulait insérer
qu'à hâter sa mort; mais au con- ^'^''^^gf <*". médecin qui fait le sujet
traire rpla ne servit au'à fairP ^^ ^^\^^^^^^' ^ ^ autrefoU ramassé
traire cela ne servit qu a laire bien des mémoires pour fain: des élo-
mourir la jeune temme. bile ga- ges latins des Français illustres en
gna unepbthisie auprès de ce bon science, a V imitation de M. Scéi^oU
vieillard, et n'en put jamais eue- ^^'Sainte-Marthe, a quoi je pourrai
rir (E). La conversation de ce ZZlIrL ml T'^t ^^'^"^
^, V ' , . 1 • 1 1 .Ti ^ soirées ; mais le nombre des ma-
M. de Lorme était admirable (F). Udes me fait peur; c'est ce qui fait
Il avait été médecin de Gaston ^ je n'ose le promettre absolument.
de France , duc d'Orléans , mais ^^"^ m'obligerez de demander à
•I » 4. I • nionmeur de Liorme s il voudrait bien
il ne conserva guère cet emploi m'en.oyer quelques mémoi^s de jeu
(a) . Il exerça beaucoup plus long- monsieur son père , que je sais bien
temps celui de médecin des eaux ayoir été un grand personnage , et
de Bourbon. Nous verrons ci-des- ^"9",^^ > sais quelque chose de bon
>-i 4. i> d Q /r>\ 7"* JT mettrai hardiment touchant
sous qu il mourut lan 1678(6). /„ ^4,^^ ^ ^/„„.g ^^ Médicis ,
/ , T, .. . ^^o^v-rr ,, . ^""^ laquelle monsieur du Laurens
(a) P»lm, Ultrt CCCCXV , pag. i3S du désapprouvaU la saignée , trompé
■ ■ par un passage d'Hippocrate , qui dit
(A) Il se retira a Moulins, h came l^'H ^ {TJ"' tt'^^T"' f"^""' '*
de sa .vieillesse, et f jouit trinauille- Z^^Iu!^' «"«"te ?1^<> '«1»»
.jt t^L. f't \. ^ -I ^^^ ^csiois 2 et au contraire monsieur
ment de la eloire qu il auait acquise.! j^ f^,^^ „ ' , •* - w^M^raf
11.. ° 1 «^ i> u A 1 '• ^ • "^ luorme soutenait et pressait la sai-
La lettre .(ue le sieur Bachot lu. ëcn- „ (,^ p,,;„ ^j^^t/ ?J„jf ^"^
y.t, et qu'il publia a la tête de son |^„j„, '^^ p^, furent congul^sTrt
ivre des Erreu.^ populaires (I), con- confirmèrent l'avis de M. de LorAi"
tient ceci : « S il vous agrëe, ceux- r„ _,,• , „i_ ^ " . , "rrae.
» là seront bien dégoûtés qui ie l'au- ^ '^TZ^^ '?/*"** ' "'-f."*"'"
» ront agréable; pulsqueno, rois.no» l'-ii" „//T7" ^'°f" ^ continue-
^^ i^« : ^ * • ' ^ t-il , plus beaux , p/uj ciineux et
» reines, les princes et princesses ^/..'ï.-c*^«;^ ^ t-«*f*c«*u. cl
J17 *^^t • a-^r P^"-s historiques que ceux de monsieur
» de France et de Lorraine, ont tant "Vj^ c-..* Lt X -^ ^^ muri^icui
» fait de si long-temns, et font encore tdf^^l n '^' T"'"'''- ''*«?
» d'état de vous et âe vott* mérite , ^^±^'2."/./""''^ -?"'"""'' ^''•.
. . j. ' t. est dommage qui! naît pas exécuté
>, que rien ne vous a pu tant dis- ^^ b„„ dessein. P^s^ecuie
» traire de leur service ordinaire que (C) Son fils pratiqua dans Pa-
» l'impuissance de suivre désormais „•, «^ec ieaacouB^e s^cès.l Bachot
» la cour, que votre grand âge et dan, la lettre que j'ai citée ci-dessus;
" ^^^r^t vieillesse, pluscom- g'exprime ainsf, À parlant à M. dé
.. blée d'honneur que d années, vous Lorme le père -Je uous rends.Z.Z
» a envie : vous retirant content , et ^/>,««*^ ^.. * • * /^ *
• j * * jïL compte au sujet de cet œuure que uous
j> comme assouvi de tant d honneurs, ^„^f, „„:„.^ J „ ^ r ^ ,." ,*
j * . • . ' ^^^cz anime par $H)s exhortations , s d
» dons votre maison, en votre pa- ,.^.,^ *^i„i* i^ v ^-^ > >f * *
. . % 1 ' lïL * vous pLait de l avoir aereable ^ eJ. a
)» tne , ou chacun a vu Thonneur mnncîi»». oo*,^ ^/- /» t^*^*^ > «* «
' . * . . . T monsieur votre pis, run des nlus
» que notre tres-auguste roi Louis- /i,^.^„ ^* t^^ '^^ ' -^ » •'^i
» que notre tres-auguste roi Louis- /ir»w»c -f A-x,„^^»«w#. j ^^
*T P.'»-* 1. Jf^in^s et beaux esprits de son ase
» LE-JusTE vous a fait, retournant p* dp r^ «/^/./^ ^^\,^f^ ^^/ ■ "^
... 1 T i .et «e ce Siècle en notre profession .
» victorieux de Languedoc, au mois ^«*„^- ;/ ^^ r^-^ ^ /; •' '
» de décembre i6il et la reine sa i ^-^f^ reconnaître en toute
» ae aecemnre loaa , et la reine sa la cour , et dans la populeuse ville
>, mère, vouloir Wer chez vous au ^e Pans. Bachot ëcrivait cela en
„ commencement Je 1 année lôt^S , ,626. Il a mis â la tête de son ouvra-
>, pour indice de leur bienveillance.» ge „„« lettre que de Lorme le (ils ,
r B) J eusse pu faire cet aiHicle «on allid, conseiller du roi, et son
beaucoup plus long , si M. Patin médecin ordinaire , lui avait ëcri-
aidait publie le livre qu U avait des^ t^ en lui envoyant un sonnet de sa
fi) Voyes, tom.VlII.pag. Jon, touchant (,) Patin, lettre CCCLXIII, pag. 85 dm
cf livre , ta^n de ta remarque (E) de l'article JII^. tome.
JouBBRT. (3) Là mime , pag. 87.
LORME. 36i
façon ( 4 ). Notez qu'il engagea pigramme d'Etienne Pasquier , que
M. Gaulmyrt , son cousin , à faire l'on a vue ci-dessus (8). Cette lettre
des vers latins à la louange de ce est datée de Paris, le ij de janvier
traité de Bachot. Ils sont au-devant 1670. Elle prouve que M. de Lorine
du livre. demeurait alors dans cette ville , et
(D) chargé d'années , il se qu'il avait été marie deux fois.
sentait encore assez de uigueur pour (E)... Sa femme gagna une phthisie
i^ouloir se remarier, ] Citons sur cela auprès de ce bon uieillard , et n en
un
ces.
« Quand vous avez dit à monsieur de sunamite (9) , 'elle eut bien sujet de
» Lorme que monsieur Blondel vou- s'alfliger en voyant les mauvais effets
âge ,
» Dieu soit loué qu'il saute encore : homme décrépit de coucher avec un
» mais l'antimoine en a bien fait enfant bien gras et bien pptelé , mais
» tomber qui ne relèveront jamais , qji'il est dangereux à celui-ci d avoir
» etnesauterontplus.Dieu le veuille un tel voisinage. Néanmoins on voit
» bien conserver et ramener de Bour- arriver assez rarement ce qui arriva
» bon en
» pense à
» une belle
u dra choisi
» mourir d'u«w .^«..~ ^j,^^ * -i^ v 1 • 'ii
» trer avec honneur en la sainte sy- ne payait pas son tribut a la vieillesse
>» nagogae (5). » Dans une lettre du par l'affaiblissement de sa mémoire
30 d'octobre de la même année il dit (10) et de sa science , il le payait par
ccci{^): J'apprends que monsieur de une autre chose , c'est-a-dire par la
lorme est paru de Lyon , et qu'il s'en folie de vouloir se remarier. Tant il
retourne a Bourbon et a Moulins ; est vrai que la vieillesse est un péage
ok il a dessein de se remarier. Il fait qui n'admet point d'exemptions pu-
bien , si c'est pour le salut de son res et simples ! Il y aurait bien des
dme; car pour son corps je crois qu'il raisons à rapporter de part et d autre
n'a plus guère besoin de ce meuble sur la question si les mariages tels
àe ménage. Ce dessein n'était ni exé- que celui de M. de Lorme sont plus
cuté ni abandonné quand le même mal assortis que ceux qui ressem-
Palin écrivit la lettre où se trouvent hlent à celui de Publicius et de Sep-
ces paroles : « Je vis dernièrement ticie , deux personnes fort âgées.
« monsieur de Lorme qui était un peu Valère Maxime nous apprend au Au-
» indisposé , mais avec la même vi- guste cassa le testament de Sépticie ,
» gueur d'esprit qu'en parfaite santé, par lequel elle avait laissé tout son
» Tout âgé qu il est , on dit qu'il hien à son mari au préjudice des
»» veut se remarier , et quelqu'un enfans qu'elle avait d'un autre lit.
» pousse à lui mettre cette folie dans Cet auteur élève jusques aux nues la
»' la tête , pour l'amener au trium- justice de cet arrêt. Si ipsa œquitas
» virât, qui sera un dangereux joug "^c de re cognosceret , possetnejus-
» pour lui , et peut-être faUl. le sou- '*"* «"« grauiîis pronuntiare ?^pe»^
» haite que ce soit pour le salut de «" q^^ genuisti ; nubis effœta ,
w son âme, et pour la chaleur de ses testamenti ordinem piolento animo
^ pieds (7^ » Il rapporte ensuite l'é- confundis : neque erubescis ei totujn
#/x /«• .. > A* patrimoniumaddicere,cujus pollincto
\^) o est un sonnei aerostiche ; on le voWaw ■* ' j mt
at^ani du livre du sieur Bacliot , avec un autre -«% » x*t\ j i» *• * i»« * _
»«»nelrfei|f.deLorm«/*pire. (S) Eemarque (N) de VarUcU Be» , tom.
(J) P.tio, leure CCCCVII, pag. 107 du ///. W- 4o6.
''''. tome. y r o ^^^ Voye% , iom. Vit, paff. 3% , VarUcle
<6) Le même, letlre CCCCXXI, pag. aSi. GwiLLmkTK » remarque (A), à /'alinéa.
v7j •£« même , leUre DVI , pag. 490i * (><>) Vojet la remarque suivante.
302
LORRAINE.
jam corpori marcidam seneduteni
tuant subsirauisti ( 1 1 ). On devrait
peut- être, parmi les chrétiens, casser
plus souvent c^ue l'on ne fait les con-
tracts de mariage qui joignent en-
semble ou deux extrémités de même
nom , ou deux extrémités opposées ,
deux vieillesses , ou Page caduc et la
fleur de Tàge.
(F) . . . Im coiweraation de ce M,
de Lorme était admirableJ] Deux pas-
sages de Gui Patin feront ici tout
mon commentaire. « Je vis hier (ia)
» M. de Lorme, par visite chez lui ; il
» me fit grand accueil, nous causâmes
9 ensemble une bonne heure , nous ne
» fûmes muets ni Tun ni Fautre ; il est
3» admirable en son entretien , aussi'
» bien qu'en toute autre chose ^ il a
» une mémoire admirable pour son
» âge de quatre-vingt-cinq ans;
» je pense qu'il mourra en sa vieille
» peau , avec son antimoine dans le
» coeur et dans la tête ; et néanmoins,
» ce qui me console , c'est que j'es-
» père^ qu'il n'en prendra jamais ,
» aussi n'en a-t-il pas besoin (i3). »
Quelques semaines après on lui rendit
une autre visite. Je vis hier M. de
Lorme , qui a encore l'esprit bien
uert et une mémoire prodigieuse • ces
deux facultés sont en lui fort pigou-
reuses , et ne sentent rien du uieil"
lard ; mais pour le reste je n'en ré-
ponds point j maximus est aretalogus :
f apprends qu'il n'a pas 'bonne main
pour la pratique , nonobstant sa pré-
tendue et assez mystique polypnar'
macie; il est d^une puissante cower^
sation , il sait beaucoup de bonnes
choses, et les débite men^illeusement
bien , M qui plus est , il est fort rete-
nu y ^aand il est question déjuger du
mérite de plusieurs sauans , qui ont
yécu en France depuis tantôt cent
ans y il y emploie heureusement son
jugement et sa charité, nemini facit
injuriam , nuUi quîdquam detrahit
débitas laudis : h tout prendre , c'est
UM grand homme , qui pour ses per-
fections a de grandes obligations a
Dieu et a la nature ,je poudrais seu-
lement qu'il fut moins hâbleur, quand
U est question de louer quelqu'un qui
le mérite moins ; mais il me semble
(M)Valer. Mavimu», lib. VU, cap. Vil ,
nwn. 4 % pftg' m. 64^.
(la) Ôrsta dir^ ^ U^th nm'emhrr i^Gq-
(<9) Patio, leilre DI , pag. 4^g.
qu'il fait cela tout exprès , pour ne
point passer pour glorieux et médi-
sant ; et a quelque chose cette retenue
est fort bonne (i4)* Do premier de
ces deux passages l'on peut inférer
qu'il était né Tan i584.
(G) // mourut l'an i^80 Ma preuve
sera tirée de ce passage du Mercure
Galant : « Nous avons perdu un mé-
» decin aussi ancien que fameux:
» c'est M. de Lorme , qui a toujours
» fait ce oui a passé en proverbe à
» l'égard aes médecins , à qui on ne
» manque jamais de dire qu'ils aient
» â se guénr eux-mêmes. Il avait mis
» en vogue une tisane appelée bouil-
» Ion-rouge , dont mille gens se sont
» bien trouvés. Les grandes sommes
» qu'il a employées pour faire des
M expériences , sont des marqoes du
» plaisir qu'il se faisait de n'tgnorer
» rien dans son art. Il est mort à
» l'hôtel de M. le maréchal Je Créqui
» où il demeurait , après avoir vécu
» plus de cent ans. Il avait encore
» l'esprit vif , et j'ai vu des vers de
» lui fort bien tournés , qu'on m'a
» assuré qu'il avait faits depuis quin-
» ze jours (i5). » Je ne pense pas
qu'il ait vécu plus de cent ans , et
j aimerais mieux m'en tenir au calcul
de M. Patin , selon lequel il serait
mort à l'âge de quatre-vingt-quatorze
ans.
(x4) ^ iK^fn«,1eUre DIII,^^. 4^6 : elUesl
datée du xi de décembre 1669.
(i5) Mercure Gklent, du moi» de juillet
1678, pag. i4> I 143 1 édition de Hollande.
LORRAINE (Charles de), car-
dinal et archevêque de Reims * ,
fils de Claude , premier duc de
Guise , naquit au mois de février
i525 [a). C'était un homme qui
avait de trës-grandes qualités;
* Joly trouve que cet article montre à de-
couvert la partialité de Bayle , et il ne fait
que deax observations , renvoyant à Tarticle
que Gh. de Lorraine a dans les Éloges de
quelques auteurs français y Dijon, 1^4^ t
ia-8''. , qui a pour auteurs Joly lui-inéine,
Mitjbiult et autres.
(cq  commencer Vannée au mois Je jan-
vier Murëri , qiii le fait natlre Van iSiy, se
trompe. Son e'pitaphe porte tju*il mourut
Vil Kal .Tan. 1^74 . et ffu'il vécut annos 4p«
mcnscs lo, dios 8, lieras 4- ^"J'fs le Womcii-
clutor Cardïjiahum , pag. iî\Vt
LORRAINE. 363
maïs il en abusa, au grand préju- vigueur que la cour de Rome
dice de la France (A) , pour satis- avait redoutée (d) (E). Il trouva
Caire son avidité insatiable d'ac- plus à propos , pour les intérêts
quérir des biens et des dignités, de sa maison , de s'humaniser
11 recueillit une succession très- avec le pape. Son crédit , qui
amplede bénéfices, l'an i55o, par avait souffert un peu de dimînu-
la mort du cardinal Jean de Lor- tiofi par la mort du duc de Gui-
raine , son oncle (B)*, dont il ne se , son frère , se releva quelque
paya point les dettes (C) , quoi- temps après (F). On l'a regardé
qu'il l'eût promis aux créanciers, cotnme le principal auteur de la
En ménsLe temps il s'insinua par guerre d'Italie , oii ce duc de
de basses complaisances dans les Guise pensa perdre toute sa ré^
bonnes grâces de la duchesse de putation. On citera sur ce sujet
Yalentinois (b), et s'acquit une un passage de Brantôme qui mé-
autorité extrême , faisant élever rite d'être lu (G). On en citera
aux pins belles charges du royau- un autre qui témoigne la vanité
me les personnes qui lui étaient de ce cardinal , c'est-à-dire , la
dévouées. Il n'attendait pas ton* fierté avec laquelle il parla à la
jours que ces charges fussent va- duchesse de Savoie , en la baisant
cantes ; il savait fort bien les ôter par force (H). Remarquez bien
à ceux qui les occupaient. Le que c'était un baiser de cérémo-
premier président du parlement nie. Il aimait assez les autres bai-
de Paris en fit une triste épreu- sers (I) , comme Brantôme nous
y^ (c). Ce cardinal , qui avait eu l'apprendra. J'ai parlé ailleurs (c)
sous le règne de Henri II un cré- de sa haine contre la religion
dit presque sans .bornes, se vit protestante, et des écrits satiri-
enc'ore beaucoup plus puissant ques à quoi il fut exposé pour
«ous le règne de François II ; car cette raison. J'aurais pu marquer
lui et le duc de Guise son frère , qu'il fut comparé à Senèque dans
gouvernaient tout le royaume à l'une de ces satires (K). On se
leur fantaisie , sous prétexte moqua un peu de lui lorsqu'il
qu'ils étaient oncles de la jeune reçut dans Paris un affront san-
reine Marie Stuart. Il parut glant du maréchal de Montmo-
heaucoup dans le colloque de renci (L). Il mourut le 26 de dé-
Poissv par son éloquence et par cembre 1 574* Vous trouverez
son érudition ; et il est fort vrai- des choses curieuses sur cette
semblable qu'il ne consentit à la mort dans le Journal de Henri
tenue de cette assemblée, qu'afin' m (y*). La reine d'Ecosse, sa
d'avoir lieu de faire paraître qu'il nièce , fut assez fine pour éluder
parlait bien , et qu'il avait de le dessein qu'il eut de lui retenir
1 esprit (D). Il parut aussi beau- ses pierreries (M). J'ai oublié de
coup dans le concile de Trente; marquer qu'il fut le principal
mais il n'y soutint pas les libertés , . .,
de r^fvli'cA ^11* * * 1 (a) rojrezFn-Paolo^ traduit par Xmelot,
ae 1 église gallicane avec toute la z^;. yjif^ pag. 794, ella marge de la pufre
W) ^ojret la rertiarque (C). (e) Dans les remarques de rariicle Guise
^^ f^-^** /*a/tic/« LizET, dans ce volume, (François) , tom. VTI, pnfr. 3()8 «'t suiv.
P«^ 189, remarque (A). (/) Journal de Henri III , ri l'ann. i57 1.
LORRAINE.
f\^\r.^4^ ^ 1 ^'j- /• ^*' SI célèbre dans l'histoire , et gui
On conte que la prédiction at^ait l'esprit extrêmement uif et pé-
dun astrologue lui fit souvent nétrant, le naturel ardent, impétueux
peur , et contribua beaucoup à ^^ |'*o/c«« , une rare éloquence natU'
la peine qu'il se donna de fire wl '«v-T-fV'? ^J ^'''''"^
AAC^ j 1 -. j. , 7" ^'* ** *** **"' attendre des person-
détendre le port d armes sous le ms de sa quaUté, et que son éloquen-
apprendra que 'insu te qu'il re- '^^^«*/^'y*«<''o."*'«* ^'«'w^^,^'»^
^i,# A., . * ^ T j "wuttç 4u 11 re le cabtnet,a imaginer et h uouloiren-
çut en sortant de la maison d'une treprendre de grandes choses et de
courtisane (0) l'obligea à faire ^^^^s desseins ; mais aussi le plus
aller toute la cour k Saint-Ger- ^^^^l^^^^^P^^^foib^e^quandils'agis'
^a.n .nalgré l'ancienne coutu- T^i^ T^ÈJÎT::!^^ ^T^
me. JN oublions pas qu'il prêcha peut nier qu'a n'ait eu toute sa uie
en diverses occasions ; mais , bon "'** passion démesurée pour Cagran-
Dieu ! que ce fut d'une manière ^'i'^'^^^J^ ^^jnaison (a). Ces pa-
Ki*on ÀX^l^^À^ A^ 1» •* ' ' ^^^^^ "® ^'*- Maimbourff, précédent
bien elo gnëe de esprit evange- l'endroit où il raconte que ce car-
lique . 11 prenait les choses sur le dinal forma dans le concile de Trente
ton de l'Alcoran , et comme un ^® premier plan de la ligue,
vrai successseur de Mahomet et ^^\ ^^ '^«^"«^''^ une succession très-
non pas comme un successeur des ITÙrlTdJ'"''"'^^" '/^i'*i ' ^^° :,^''7
^^4/ ., ' v^«»cui uc» la mort de.., son oncle. ] Le cardmal
apôtres : il ne prêchait que la Jean de Lorraine at^aU cherché son:
guerre et que l'efiTusion de sang établissement en France , a l'imita-
it) ; mais en témoignant ce zële îî^" î^'t. ^"^ ^ ^""^ sonfi^re , et
barbare contre les protestans de l^X'^yi' ''^ '''*"' "^^ ^''"?'^ T
f • -1 r • • r'^T'^ ''«■"» "<^ cres 6t des plus anciennes lois de
trance , il faisait pension a des l'église. Il était en même temps ar-
protestans d'Allemagne (Q). Au- chei^éque de Lyon , de Reims et de
tre scène de comédie. ^''^'"*?^,i. éuéque de Metz , de
I oui, de Kerdun, de Térouane, de
( K\ Ji ^..r,'* ^ *-Â j T -^"Ço/i, d'Alhy et de Valence; et
(A) // aidait de très-grandes quali- abbé de Gorze , de Fécamp , de Clw
^U d^''^ / ^'ir ''*"'''-, T ' ^-'^'''^ ""y ^' ^ Marmoutier (3). ^on neveu
Ciirt M T^M^^""'" T «<^ recueillit point toute cette succès-
r.^^^? W^ •^ \ ^"'^'''f • r ^ "«" ' «"^^ seulement une très-bonne
cardinal ëtait un homme tout de partie (4). L'ëyéchë de Metz fut donné
Si' ^""^""T ^^r-^"^ ' ^\ "1™"/°* » ^«^«^«^ ^e Lënoncourt , qui contri-
» sans cesse des intrigues et des fac bua beaucoup à faire tomber cette
\ ..?"• P*^"'^,«Sr*^^*'-. «* ™^"«°i ville sous le pouvoir de la France,
» aussi capable de les inventer avec peu de temps après (5).
» viTUcite , comme son aînë de les t««««j-« i t j t
« exécuter avec prudence : extrême- Ah^tflJ'i^ ^^*° ^^ ^«.^«"^ *^«l^
» ment âpre à amasser du bien, haut ^^'^''"''^ '^" °^ "^ ^°"**^*^ P^»*^' ^'^-
» en paroles*et vindicatif, néanmoins . .--,
» couvert, craintif et dissimulé, hor- JOM«erai, Histoire de France, <««i. ///,
» mispourleressentimentdesiniuresi ''7») M«imboi.rg, Hi.toîre de U Ligue , Z.V. /.
» au reste , qui par l'aide des belles j>ag. « . iàiiÀon de HoUande,
» lettres qu'il avait acquises , et par f3)V«riUa«, Histoire de François I»'., \i»,
a les charmes de l'éloquence qui lui ^^^ ' '"'•** '^^' ^ ''*""* '^^•
« éUit naturelle , avait cet avautage J) ^^g'/;-^;;--^- «-««^ ^^Z'-
« de se faire écouter de tout le mon- (5; Thu.». , Ub. Vl , p. ,m , ad ann. .55o .
LORRAINE. 365
férer jusqu'après sa mort à jouir de la controverse (9). M. Maimbourg
sa dépouille. Lisez ce qui suit. « 0 so\x\ieiit({\ie c'est une de ces malignes
» vilaine et détestable ingratitude , conjectures qu'on a faites assez sou-
i) n'ayant patience que le feu cardi- f^ent , au désavantage de ce grand
w nal de Lorraine son oncle , par la prélat , qu'on a voulu en cette occa-
quant , , _ _ .
M naturel que ses nepveus , l'enrichist doute empéchél^ tenue de ce colloque
» de sa despouille par son decez , il (10). Je le crois aussi : car sous le
» esloingnée de violence : et trouva changenient c[ui fût arrive à son
M façon de luy faire envie de s'esloi- crédit , il avait encore assez de pou -
» gner de la cour , luy aposta des voir pour rompre la confe'rence , si
» serviteurs tels qu'il luy pleut , le elle lui eût déplu *. N'avait il pas e'te'
» destitua de ceux qui estoyent les cause , par la remontrance qu'il fit a
» pli ' ' " "
» que
» qu'il ^ ^ . „ , .
» mist tout en chemise , tellement aux huguenots ,^ et qu'elles allèrent
» qu'enfin une mort bien soudaine tenir leur lit de justice au parlement
» l'emporta au retour de l'élection de Paris , pour prendre de nouveaux -
» du pape JuUes III (7). » Ceci est expédiens? N'avait-il cas été' cause
tiré d^ine Remontrance adressée aux que les résolutions, qui furent prises
princes du sang, et insérée par Louis dans cette assemblée , produisirent
de Reynier, sieur delà Planche, dans l'édit de juillet, si terrible et si acca-
son Histoire de François II. blant pour ceux de la religion ? N'a-
(C) . . . dont il ne paya point les vait-ii point^ par-là triomphé de la
dette*.] 11 faut entendre M.de Thou.
At Carolus Guisianus , qui demiim
Lotaringus dici cœpit , ciim , patruo
TiiortuOyOpulentissimorum sacerdotio- tout cela , il ne doit pas être malaisé ,
rum possessionem adeptus esset , ne- ce me semble , d'empêcher le collo-
quaquam grande œs alienum ex solvit que de Poissi. Il est donc probable
sicuti receperat , quo ille mersus pie- que le ^ cardinal de Lorraine , ravi
rosque creditores secum una mersit. d'une si belle occasion de faire bril-
Is in arctiorem Pictaviensis familia- le» son savoir et son éloquence , con-
riiatem , quœ totum régis animum tribua puissamment à la tenue de ce
occupaueraty turpibus ohsequiis cum colloque. Outre qu'il était assuré que
se insinuauisset , auctor illi fuit quo la doctrine des calvinistes y serait
i^gni nesotiorum administrationem condamnée par les évêques ; ce qui
penks se haberet, ut , efc. (8). fournirait de nouvelles armes aux
(D) // ne consentit a la tenue du catholiques zélés et persécuteurs,
colloque de Poissi qu'afin de faire Ceux qui connaissent la vanité de
paraître qu'il parlait bien , et qu'il ce cardinal , par les marques qu'il
avait de l'esprit."] M. Varillas avoue , v v n «• . • j r-u 1 iv
que ce cardinal la souhaita , par la J^^bs ' °"' ' *" ^^ ' '"'"• ' '
trop bonne opinion qu'il avait de son (10) Maimbourg , Histoire au Calvinisme ,
éloquence , et par le désir de dispw pag. ai a.
ter contre des personnes qui avaient * J°'7 pen«« qn*il y • contradiction entre cette
finploré tout leur temps i l'étude de ^^«"J*'''»» à^ B-y'« •» i'.Mentimeot qu'il a
r j^ vuMM^ «*i»f i^timy^ u. » ^lu, %, %*%^ donné quelques lignes plus haut à 1 opinion de
Maimbourg.
(6) Cmi-à-AV» , U cardinal Charles de („) VariUaa , Histoire de Charles IX , tom.
J^rraine. j^ ^g, 5^.
L^^kf^ ^^•°****» HUtoire de Fraafois II, pag. (ta) // ne faut pas confondre cet édit du aS
«\ /*"*'*"* '56i , avec celui qui fut donné le mois
(8) Thoan. , 2i6. Vl^ad ann. i55o, pag. de janvier i/îGa , pour supprimer Védk de
"■>• juilUl.
366
LORRAINE.
eD donna dans le' concile de Ti*eDte ,
blâmeront sans doute M. Maimbourg.
On Youlut imiter à la clôture de ce
concile Tusage des acclamations et
des prières , qui s^ëtait pratique dans /
Téglise orientale: et ce fut (i3) le
cardinal de Lorraine qui prit non-
seulement le soi» de composer ces
acclamations , mais encore la peine
de les entonner ; ce qui le fit blâmer
universellement de vanité (i4) » cette
fonction qui edt été bonne pour un
diacre'i et qui autrefois était toujours
faite par les diacres ), paraissant peu
décente pour un cardinal prince.
Ayant été capable de donner dans
une si pufiriïe ostentation , il est
tout-à-fait apparent qu'il souhaita
dVntrer en lice arec les ministres ,
en présence de toute la cour , afin de
faire paraître son esprit et son élo-
quence. 11 sMtait si fort attaché an
gouvernement de Tétat y et aux in-
trigues de la politique » quHl avait
lieu de craindre qu^on ne le crût un
méchant théologien. A la vérité , il
pouvait croire qu'on Pexcuserait d'a-
voir oublié les idées qu'il avait ap-
prises dans les écoles ; mais plus il
était apparent que sa profonde habi-
leté dans les affaires politiques ferait
croire qu'il n'était pas fort versé dans
les matières de controverse , plus se
persuadait-il qu'il acquerrait de la
Sloire en faisant voir qu'il les enten-
dit à fond , et qu'il en pouvait dis-
courir éloquemment et savamment.
Voilà l'écueil où sa vanité échoua :
et l'on peut dire qu'une vanités le
guérit d^ne autre ; car s'il n'eût pas
eu l'ambition de faire dire qu'il ex-
cellait jusque dans les choses les
plus éloignées de ses continuelles
occupations , il eût trop méprisé le
rang et la naissance des ministres ,
pour vouloir entrer dans une dbpute
réglée avec eux. Je voudrais que
Montaigne eût parlé de lui dans le
{ii\ foyet Fra-Paolo, traduit par Amdot,
iiv. yilt, pag. 789. Voyn autti Mizerai ,
Abrigi chrooolog., tom. F^ pag. 83.
(i4; Dan* Ut m(mê Hutoire de Fn>P«oto ,
pag. 794 % parmi le* ehoat» dont C0 cardinal
fui blaînîf en France , vott* trowe% qu'on lui di-
*aii qD*il poorait bie« m patMr ia compoier les
aedamationi , encore plut de lei entonoer. Et
e^eit aÎMÎ , njout* Vmtloriên « 4|ne «ouveot le*
geoa , Taina pour un peu de ftp*'' V^^^ pcnaent
ge|ncr , penlent lovl à la foia eeUe qa*ils ont
acquise.
chapitre de ses Essais ( tS ) où il re-
marque , qu'i/ advient le plus souvent
que chacun choisit plutôt a discourir
du métier d'un autre que du sien ,
estimant que c'est autant de nouvelle
réputation acquise .... Voyez com"
bien César se déploie largement à
nous faire entendre ses inventions k
bâtir ponts et engins , et combien au.
prix d va se serrant , où il parle des
offices de sa vaillance^ et conduite de
sa milice. Ses exploits le vérifient assez
capitaine excellent , il se veut faire
connaître excellent ingénieur , qualité
aucunement étrangère. La théologie ,
dira-t-on , est le métier d'un
me
cardinal : je répondrai que cela souf-
fre trop d'exceptions ; et qoe si c'est
un cardinal pnnce , ou premier mi-
nistre d'état , la théologie n'est pas
S lus de sa profession , que de celle
'un général d'armée *.
(£) // ne soutint point au concile
de Trente les libertés de l'église gal-
licane avec toute la vigueur que la
cour de Rome avait redoutée."] « Le
» cardinal de Lorraine arriva à
» Trente accompagné d'un grand
» nombre d'évéques , et y prit telle
» autorité , que le pape en ajant
M conçu jalousie , l'appàait entre ses
» familiers , le petit pape d'au delà
i> des monts. Il savait qu'il venait
» avec intention d'agir de concert
» avec les Impériaux , pour faire
» donner quelque contentement aux
» luthériens ( lesquels il désirait dc-
» tacher des huguenots , s'étant pour
» cet effet abouché lui et son frère
» avec le duc de Virtemberg , et au-
» très princes de cette croyance , à
» Saveme ) : c'est pourquoi il avait
» bien pourvu à se fortifier contre
» lui par un grand nombre d^évéques
M italiens , que de tous côtés il en-
I» voya à Trente avant que ce cardi-
» nal y fût arrivé. Quelques mois
» après sa venue , on reçut deux
» grandes nouvelles au concile : l'une
» de la mort du roi de Navarre;
» l'autre , à quelaues mois de là, du
1» |uiin de la bataille de Dreux. Toutes
» deux firent croire au cardinal que
» son frère allait devenir mattre de
» la France : et cette considération
» augmenta fort son pouvoir dans le
» concile ; et par (Conséquent celui
(liO Ce*t le XFI: du J«. Uvf.
* Joly dit que c'en trop dirOf et il a raison
LOÏIRAINE. 367
M des ambassadeurs avec lesquels il » par de grandes et solemtiisées pa*
» ëtail bien uni du commencement. » rôles ^ ou bien monsieur le cardinal
» Ils proposèrent donc , selon la » son frère, qui en estoit allé prendre
M charge qu'ils en avaient, tnente^ » langue, et sonder le sue jusqu'à
» quatre articles de re'formation m Rome , et puis- tout 'légèrement
i> Le cardinal de Lorraine les eût sans » avoit pousse monsieur son frère à
» doute appuyés fortement^si la mort » cela. Il se peut entendre qUe mon
» du duc de Guise ne fût pas surve- » dit seigneur de Guise l'entendoit
» nue j mais comme la bonne fortune » et de l'un et de l'autre ^ car <;omme
M de ce frère lui avait fort élevé le »» j'ajr ouy.dire, qu^aiosi mon dit sei-
» courage , sa perte le rabaissa infî- » gnenr repetoit souvent telles paro^
M niment ; il ne songea plus qu'à » les devant monsieur le cardinal, le-
» s'accommoder avec le pape ^ et re- » ^uel pensant que ce fust une pierre
» lâchant d0 ses grands desseins , » tirée dans son jardin , il en enra-
» obligea aussi tous les évéques de sa » geoit , et se faschoit fort sous bri-
» brigue à relâcher : ainsi les légats , » de (19). » Les deux fautes dont
u et autres gens dépendans delà cour Brantôme parle , sont celle de Lo.^is ,
» de Rome , demeurèrent les maitres foi de Hongrie , et celle de ^don Se-*
» du copcile , et y firent passer bastien , roi de Portugal. Louis mou"
» beaucoup de choses selon leurs rut en une bataille quil donna contre
» intentions (16). » les Turcs , non tant pour raison , que.
(F) Son crédit , . , , se relet^a quel- parla persuasion et opiniastreté d*un
que éemps après, ] En voici une mar- cardinal , qui le goui^ernoit fort , lur
que. JLes gardes destinés pour la alléguant qu' il ne se falloit me sfier aie
«i£re£^ du cardinal de Lorraine eurent la puissance de Dieu , n^de sa juste
ordre de ne l'accompagner pas seule- cause ; que quand il n'auroit que par
ment jiuque dans le Loui^re , mais manière de dire , dix mille Hongres ,
même de ne le pas quitter a V autel , estant si bons chrestiens, et comhat-
et de mêler ainsi l'odeur de la poudre tans pour la querelle de Dieu , il dé-
fi canon et de la mècJie , parmi /'o- fairoit cent mille Turcs : et le poussa
deur de F encens et des autres par» et le précipita tellement a ce point ,
fums sacrés (17). Ce fut Charles IX , qu'il perdit la bataille; et se uoulant
qui lui accorda cette faveur , comme retirer tomba dans un marais ^ oit il
le remarque M. Âuberi (18) , en par- se suj^oqua. De mesme aiTiua au roy
lant d'un privilège presque semblable dernier de Portugal , Sébastian , lè-
accordé au cardinal de Richelieu. quel se perdit misérablement , quand
(G) On citera un passage de Bran' estant par trop foible de force , il se
tome , sur la guerre d'Italie : il mérite hazarda à donner la bataille contre
d'être /m. ] « Tant y a que telles deux Us Mores qui estoient trois fois pluà
M fautes sont arrivées par telles gens, forts quelujr; et ce, sur la persuasion^
M qui veulent manier les armes , et les presckemens et les opiniastretez
n n'en sçavent le métier : Et c'est (f aucuns jésuites , qui luy mettaient
» pourquoi ce grand di\c de Guise , en aidant les puissances de Dieu, qui
w après qu'il fut grandement trompé de son seul regard poui^oit foudroyer
» en son voyage d'Italie , il disoit tout le monde , mesmes quand il se
» souvent , vaime bien l'église de banderoit contre Iuy ; comme certes
» Dieu ; mais je ne feray jamais en- c'est une maxime très-ueritable. Mais
» trcprise de conquestes sur la paro- pourtant il ne le faut tenter, ny abu-
M le et sur la foy d'un prestre. Vou- serde sa grandeur; car il a des se-
» lant par là taxer le pape CaraiTe , crets que nous ne scauons pas. Au- ^
M dit Paul quatrième , qui ne lui cuns ont dit que les jésuites le faisaient
M avoit tenu ce qu'il avoit promis et disoient en bonne intention^ comme
il se peut croire; autres, qu'ils auoient
^»^.^*^"*^**'''*f*!i'^"°****"T*î.î?7*^i* esté apostez et gagnez du roy d' Es-
vae. 4ao. (Test dans le discourt de l église au ^ *^ F ' • • "^ »
X^-.irtc/*.if«nii. i56a,i563. r<>r««iwW pogne , pour faire ainsi perdre ce
tu page 6t du F*, tome. jeune et courageux roy , et tout plein
(17) AuWi, Histoire dn cardinal de Riche- Je fgu; afin qu'après il pust plus .
lîea , liV. //, jpag, 87 du I". tome , ediUon rfe *' ./ 7 /- r r
BoUande, iGuS. (19) Brantôme, Damct Galantes , lom, 11^
(18) Là même, pag. 88.
368 - LORRAINE.
aisément empiéter ce qu'il a empiété » chrestienté. Monsieur le cardinal
depuis (ao). JPour un lecteur qui me » aussi eut tort dVser de revauchc
blâmera d^avoir allonge cette remar- » si dure : mais il est bien fascheux
que par le récit de ces deux faits , il » à un noble et eenereux cœur , de
y en aura plus de cent qui ro^en re- » Quelque profession qu^il soit , d^en-
mercieront dans leur cœur. Cest » durer un affront. »
pour Élire plaisir a de telles gens, aue {1) Il aimait assez les aiUres boi-
ve donne quelquefois plus a étendue sers. ] Ce que Ton va lire est un mor-
a mes remarques que le texte ne le ceau de la comédie que les gens du
demande. Ils éprouvent avec plaisir monde jouent. Par les gens du mon-
qu^en cbemin faisant ils rencontrent de, jVntens aussi bien plusieurs prin-
plus de cbosesquHls n'en cherchaient . ces de Féglise , que les laïques les
(H) La fierté avec laquelle il parla plus attachés à la terre. Laissons par-
a la duchesse de Savoie, en la bai- 1er Brantôme: il nous apprendra que
sant par force.'^ 11 ^OYtoit de son na- le cardinal de Lorraine nVtait pas
turef {^\) beaucoup de respect aux moins libéral en matière de charité
dames. « Mais il Poublia et non sans qu'en matière de galanterie. Très-
» Buject à Tendroit de madame la libéral , dit-il ( 23 ) , puis -je Tap-
■^ duchesse de Savoye, donne Beatrix peller , puis qu'il rCeut son pareil en
» de Portugal. Luy , passant une fois son temps : ses despenses , ses dons ,
y par le Piedmont , allant à Rome ses grçusieusetez en ont fait Joy , et
5, pour le service du roy son maistre, sur tout sa charité envers les pauvres.
» visita le duc et la duchesse ; après // portoit ordinairement une grande
y, avoir assez entretenu monsieur le gibecière , que son valet de chambre ,
)> duc , il t'en alla trouver madame qui luy manioit son argent des me-
D la duchesse en sa chambre pour la nus plaisirs , nejailloit d'emplir tous
), saluer , et s'approchant d'elle , les matins de trois ou quatre cents
), elle , qui estoit la même arrogance escus : et tant de pauvres qu'il ren-
}, du monde , luy présenta la main coniroit , il mettoit la main a la gibe-
pour la baiser : monsieur le cardi- ciere , et ce qu'il en tiroit sans consi-
nal impatient de cet affront s'ap- deration le donnait sans y rien trier.
proche pour la baiser à la bouche , Ce fut de luy que dit un pauvre aveu-
et elle de se reculer j luy perdant gle, ainsi qu' il passoit dans Rome et
patience , et s'approchant de plus que Caumosne luy fut demandée de
» près encore d'elle , la prend par la luy , il jetta a son accoustumée une
yf teste , et en dépit d'elle la baisa grande poignée d'or , et s'escriant
w deux ou trois fois , et quoy qu'elle tout haut : 0 tu sei Christo , o vera-
» en fîst les cris et exclamations à la mente il cardinal diLorrenna! c'est-
» portugaise et espagnole, si fallut-il à-dire, ou tues Christ, ou le cardinal
yf qu'elle passast par là. Comment, de Lorraine. S'il étoit aumosnier et
)) dit-il , est-ce à moy à qui il faut charitable en cela , il estoit autant
» user de cette mine et façon ? Je libéral es autres personnes , et prin-
» baise bien la reyue ma maîtresse , cipalement a V endroit des dames les-
duchesse crottée ? et si veux que me il est aujourdhuy ; et pour ce en
» vous sçachiez que j'ay couché avec estoient-elles plus friandes , et des
» des dames aussi belles, et d'aussi bombances aussi et parures. J'ay ouy
» ou plus grande maison que vous, conter , que quand il arrivait a la
» Possible pouvoit-il dire vrai. Cette cour quelque fille ou dame nouvelle
» princesse eut tort de tenir cette qui fust belle , il la venoit ausài-lost
» grandeur a l'endroit d'un tel prin- accoster , et l'arraisonnant , il luy
» ce de si grande maison , et mesme disoit qu*il la vouloit dresser de sa
» cardinal , veu ce grand rang d'cgli- main* Quel dresseur ! Je crois que fa.
i> se qu'il tient , qui ne s'accompare peine ny estoit pas si grande , corn-
et qu'aux plus grands princes de la me a dresser quelque poulain sauva-
(,o) BraoïAme , D.«e« GaUnte., pag. 87 . !?« • «"*"' i'^"'' ^^''^ disoit-on qu'il n'y
(si) Là même ^ pag. 364< (aa) Là même , pag. 36i et suii:
, LORRAINE. 369
ûi'oit^gueres de dames ou filles resi- tiinent autant son esprit^ sùn éloquen-
dentés a la cour , ou fraUchement ce , son zèle enuers sd religion , le
tenues , qui ne fussent desbauchées sen^içe de son roi , et sa bonne fortu-
ou attfapéei par* la largesse dudit ne d'hêtre né en un siècle oà il fût si
monsieur le cardinal ; et peu ou nul- nout^eau et si rare , et quant et quant
les sorU elles sorties de cette cour si nécessaire pour le bien public
femmes et filles de bien. Aussi uojroit- dauoir un personnage ecclésiastique
on pour tors leurs cqffi'es et grandes de telle noblesse et dignité , suffisant
gamerobbes plus pleines de robbes , et capable de sa charge : si est-ce qu'à
de cottes , et d'or et cF argent , et cte confesser la vérité, je n'estime sa ca^
soye , que ne sont aujourd'huy celles pacité de beaucoup près telle , ni sa
de nos reynes et grandes princesses uertu si nette et entière , ni si ferme
de ce temps* J'en ayfait l'expérience que celle de Sénèque, Or ce liur^ de
pour Ca^oir ueu en deux ou trois, qui quoi je parle, pour uemr a son but
avoient gagné tout cela par leut de- fait une description de Sénèque très-
vant ; car leurs pères , nteres et ma- injurieuse , tffo,nt emprunte ces rc-
rys ne leur eussent pu donner en si proclies de Dion l'historien , duquel
grande quantité. je ne crois nullement le témoignage.
Le même Brantôme assuré (23) que (L) // reçut un affront sanglant du
la fille bâtarde de ce cardinal , nom- maréchal de Montmorenci, ] Quoique
mée Arne k*) y suivit en Espagne la Charles IX eût défendu le port aot-
princesse Elisabeth , fille de Henri II mes, le cardinal de Lorraine ne laissa
et femme de Philippe II , et ^u'on pas de s'approcher de Paris avec une
lai fît ëpouser Besme ^ Fassassin de troupe de gens armés, et de préten-
Vamiral. dre dVntrer dans la ville avec cette
(K) Il fut comparé a Sénèque dans escorte j II avait une permission scel-
une... satire,"} On ne s'en étonnera lée du ^rand sceau ^ d'avoir des gar-
das quand on saura que Fauteur de des qui fussent armés (aS). Le mare-
ce parallèle prenait ce philosophe chai de Montmorenci, gouverneur de
poar un méchant homme. Servons- Paris , le savait bien ; mais il voulait
nous des paroles de Montaigne : elles que le cardinal lui envoyât faire
sont dignes de son bon goût. Parmi compliment sur celu , et il lui envoya
wie milliasse de petits livrets , dit- comnmnder par un prev6t des maré-
il (34) , que ceux de la religion pré- ahaux de faire poser les armes a ses
tendue réformée font courir pour la gens. Le cardinal ne laissa pas de
défense de leur cause , qui partent passer outrOk Le maréchal bien accomr
parfois de bonne main et qu'il est pagné alla a la rencontre , le chargea
grand dommage n'être occupée h dans la rue Saint-Denis,,.* Les gens
meilleur sujet , j'en ai vu autrefois du cardinal s'écartèrent ca et la et
_ _ pauvre feu roi rent tous a l hôtel de Cluny qui était
Charles IX avec celui de Néron , le logis du cardinal. Le lendemain le
o^ppariefeu M* le cardinal de Lor- maréchal passa et repassa avec bra-
raine avec Sénèque : leurs fortunes vade devant sa porte.,. Le prévôt des
d'avoir été tous aeux lés premiers au marchands de la part €lu parlement
gouvernement de leurs princes , et accommoda cette affaire : il obtint du
quant et quant leurs mœurs , leurs cardinal qu'il sortit de la ville ; et du
conditions , et leurs déportemens. En maréchal qu'il laissât les armes aux
Quoi h mon opinion il fait bien de gardes de ce prince, suivantla permis-
i honneur auait seigneur cardinal ; sion du roi dont il lui montra la co-
car encore que je sois de ceux qui es- pie (an). Ou lira plus agréablement le
. ,. _ , récit de M. le Laboureur (28). « Il lui
U3} BrantAme « au Diseonrs lor ramiral de
^isû » à la page 174 du III*, tome des Mé- (^S) Miterai , Abrégé chronologiqae , tom, V
■W'e». pag.î^.
(*) Ne wrait-ee point Ânne^ et ne #era!t*ce (96) Le due de Guise.
P^int nne faufe d'impretsion du Brantdme, lÎTre (27) Ceci arriva au mois de ianvier i565.
TU eo «M d'âilleor» tout plein 7 Rc«. c»it. Vore% M, de Thon , /iV. XXXV 1 , pas. 743.
•^'i) Montaigne , Easais , liv. II, ehap. (iS) Le Laboureur, Additioni aux Méinoires
AAA// , pag. m. 70a, 703. , de Caatclnan , lom. II, pag. 377.
TOMB IX. 34
370
LORRAINE.
fit dire cÎTilement qu'il ne le rccc- • ^« J[*2"*"" * 'rmnfoit î Oh l fuf eeiu
» Trait point aTCC cet ëqaipage guer- , Di^^iTdL pUin jour aw/wl rempfy a*
» rier , et le mëpris qu il en fit joye
l'oblicea d'autant plus de se COm- • Je condamnay enroy, inique et déloyal^
.. o , f , . - n a A la eruetle mort le juste sang royal. »
.. mettre a l'extrémité, qui tut de „ , , ,
» repousser la force par la force , et II parut d'abord une lettre ( ag ) qui
»
sent souffert qu'on les desarm-at : dinal , et contenait p
u comme il fut tait sans autre perte, sances contre la maison de Montra o-
» que l'un des siens qui se voulut renci et contre l'amiral de Coligni.
» mettre en défense , et dont le car- La réponse fut trés-vigoureuse ; elle
„ -_ __ passa. .
» sa maison de l'hôtel de Cluny, où de Paris n'eût fait de'fendre le de'bit
» il fut quelques iours sans se mon- de pareils ouvraees. Ce même histo-
» trer , et enfin il se retira de nuit rien observe que Louis Reynier, sieur
» en son archevêché de Reims, pour delà Planche, passa pour l'auteur du
» méditer plus en sûreté des desseins premier écrit que l'on vit paraître :
)> de vengeance , non publique , com- c'était une relation du fait en faveur
» me espéraient ses amis , mais se- du maréchal. Il remarque aussi que
» crête et de cabinet, telles que sont , ^ ^ . , .. ... ir r ,» j»
* ^i»v«. *.•.***/ */ , ^ju* (m%) Cet /cnt est mtiluU. 'L,etlrte d'un seignew
» celles de ceux de sa condition, d« p.y, j^ H.ya.ut envoyée à no «icD ▼oUia el
pas
» belles, et principalement dans une cardinal de Lorraine , jadU pnnceJmngmMre
1 • 1 ^"1 r _» r :..^ ~., <,M..»^;V>nl des royaumes de Jérusalem, et de Napiei , due
» plainte au'lls font faire au cardinal ^^ ^^^^ par fantaisie d'Anjou et de Pn>^nce,
» du peu de secours qu on lui prêtait «^ maintenant simple gentilhomme de Fiai'
» pour l'exécution dîe ses desseins, naut, i565, «n-8o. Elle en ntrémemeot vive,
"^ •! «1« n^nai . «t contient des chose* bien curieuse*, sarlont
» ou U parie ainsi . concem.ni U KénéaloRie de» ChitiUons ei de*
. Mesmes Pari* entier, duquel U eomperage Lorrains et totich.nt les cases d'.nîmitié entre
• Envers mon frère et mor obUgeoit le cou- l'amiral de Cohgni et le duc de Giitse. C est
-^ "^ • dommage qu on ne connaisse pas lauteur de cet
• Me délaisse du tout. Je le puis voir ainsi, écrit : peut être est il du sieur de U Plaacbe.
. Quant près saint Innocent me Jil Montno- dont M. Bayle parle un peu apr^is; mai., de
rencr quelque part qu u vienne, 11 est certainement de
• Descendre de vistesse , et gagner une porte, bonne main. Je voudrai» .eulrment qu'on b> eût
. Ma garde desanna , et mit à pied; de sorte pomt approuvé et loue hautement I assassinat de
. Qu'elle ainsi mise en blanc grand dé,-hon- PoUtol. Etes vout a comparer, d.ton an cardi-
nal (jol. CLi verso.) en contetl , en résolution,
neur en a
^ Vi . en autorité, en conduite, en expérience, «n
I Ah'i 'qùe'i*'ar de' d/pit qu'en abaissant ma hardesse,à François Je tfran^ votre frère?
corne " M/ray { Jean PoUrot-Meray. Fore* Mexer.i ,
. n meut en public recevoir telle eseome. Abrégé chronol. , tom. V, pan- 73.) , noir« Ub/-
. Sans que de se mouvoir nul homme fit sem- rateur , nous a laissé un exemple beau et dmn
llanl pour l'ensuivre. Je sait bien quil ne faut pas
• "En toute la cité, et que d'un cœur tremblant être si cruel que vous, mait ;> nie que ce /oit
. A luy le lendemain j'envoray me soumettre, cruauté défaire justice d un tyran qui n eut one
• Le requérant vouloir octroyer et penneUtre ni pitié, ni humanité. Qoont dit d« plu* 1«»
. Me retirer armé, de Crainte des mutins. plus einporlés ligueurs en favrnr des J«i»n.^«r
. Ce que de luY encor tant brave je n'obtins ^ et des Clément ? Ne jparatt-il point par-là que la
» Ains m'en allay de nuit , emmenant un bon passion aveuglait les écrivain^ des deux parti»? Le
nombre . *'*•"*■• ''* *'*"* réponne est fort singulier . et poor-
• Des miens t si qu'enfuyant avois peur de rait bien avoir servi de nio'léle à M. du Bon-
mon ombre. «het lorsqu'il fit celui-ci : Réponse à la requeu
• Oh l quel fttois-je lors, 0 combien diffèrent que M. de Prantae, prince dusang imaginaire,
n Bstvit Clutrles nouveau, de ce Cfiarles pa- s'est pertuadé avoir présentée au roi ; Pari»,
f.f^f^t Jaquin , x6t57 , in folio, Rbm. c»it.
LORRAINE. 371
le seatiment le plus commun fut que (N) Il fut le principal promoteur
ce raarëcbal n^avâit point agi en ha- <^un édit qui rendit semestre le pat^
l)ile homme, puisqu'il aima mieux lement de Paris."] M. de Thou en
irriter par un erand affront , mais parle sous Tan i554y comme d'une
peu dommageable , un ennemi très- chose presque inconnue; et il observe
puissant , que de le ruiner tout-à-fait, aue Jean Daurat, pre'cepteur alors
iMomorantiiprudentiampleriquetunc aes pages du roi, fit des vers un peu
requirebant , quipotentes inimicos le- trop hardis , aiîn ûe flatter le cardi-
l'issimo danino irritare , quant perde- nal de Lorraine II compara le parle-
ra ciim posset , maluerit. Le prince de ment à Pandrogyne de Platon. Jn
Conde'leblâma de cette conduite (3o), eam rem Joan. uluratus , tune auli-
et disait souvent que si Montmorenci corum puerorum prœceptor et mox
ne voulait que se divertir , il en fît professer regius uir diuini ingenii ,
trop ; et que s'il y allait tout de bon , carmen elegantissimum, sedpetulanti
il n'en fît pas assez (3i). Peut-être ce libertate in gratiam cardinaiis Lolha-
" ' urgebat,
ôrdinem
androgfno Plaionico comparât (33).
doutable. , Notez que Pasquîer observe que les
La même année, le cardinal de Lor- choses furent remises en leur premier
raine s'embarrassa dans un démêlé état au bout de frfoij ans (34). M. de
qui ne lui réussit point. La scène de Thou le dit aussi.
cette querelle fut le pays Messin , où (0) Le passage que f alléguerai sur
Salcède, qui en ëtait bailli, s'opposa ce sujet nous apprendra,.,, F insulte
Tigoureusement aux entreprises du qu'il reçut en sortant de chez une
cardinal. Cela fut nomme Guerre courtisane. ] Le cardinal «c sortant
cardinale, dont on imprima tout aus- » un grand matin de la maison de
sitôt une relation. , » la belle Romaine, courtisane re-
(M) La reine d^ Ecosse.,, éluda le » nommëe du temps de Henry, loge'e
deisein qu'il eut de lui retenir ses » en la cousture de Saincte Catheri-
pierreries] Marie Stuart , après la » ne, avait failli d'estre mal traite
mort de François II , son man , passa » par certains ruffians, qui cherchent
en Ecosse. Le cardinal de Lorraine , » volontiers les chappes cheutes à
son oncle, c'tait d'avis qu'elle lui lais- » l'entour de telles proyes. Dequoy
sât en de'pôt ses pierreries . jusqu'à » estonne'e sa saincteté, se persuadant
ce que la fortune eût décide du suc- w et donnant à entendre , ùuc les he-
cès de son voyage ; mais elle, sachant » retiques luy dressoyent des embus-
forl bien de quel esprit il ëtait mené, » ches , tratna la cour à Sainct Ger-
Ini répondit que se hasardant elle- » main , et fut cause que la royne
niéme à tous les périls de la mer , >» mère ne voulant quoy Qu'il en fust
^'He aurait tort d'avoir plus de peur » abandonner le roy son nls tarit soit
pourses bijoux que pour sa personne. » peu , rompit la coustume' aupara-
Voyez en note les paroles de M. de » vant inviolable , qui portoit que
Thou (3a). » les roynes , advenant le decez de
(3o^ Cmi Condœus.... fadum improbavit , » leurs maris, ne departoyeut de la
tubindè dictitans Momorantium si qwdem foeo » chambrc de quarante jours , et ne
'^Z^: p'j"7"A'n àebuerU; «, .«"«. "^'j« » voyoycnt clartë de soleil ny de
P«g- 744. » lune , que leur mary ne fust en-
(3o Jjn Turc tlisaU cela des tournois. Voye% » terre. Tost après , estans despartîs
1684 art "/'t* '' Ripnbiiqucde» Leitres, nov. „ igs estrangers , il fut fait edit de-
(bV) "Sùt^dl^Pri^^l conûlium dederai Lo^ » ^ndant tout port d'armes et spe-'
deponeret, donee de sui itineris , - .*."»'•
«^ntii/orliena staluisset t uenun illa tfnm avun- » «t précédentes , OttrOyCCS a qui qUC
^«"g'niiim probe nisset, argutè respondit, » ce fust s'il n'avoit confirmauon du
'* ««n* paritulo eommiOerel » non videro^
lA xr/v'^'^" ^"*"' "** cavertU Tbnanot , (33) Tdëm, Ub. XIII, subfin. , pag. m. «78.,
x^ ^ ^**'**^ mil., p€tg. m, 58o, ad tutn. rB4) Païqaier, Recherches, liv. Il ^ ehap,'
IV t pag. m. 65.
372 LORRAINE.
^ » roj , de sorte que ceux de Guise Us ministres , dit-il (Sg) , gagnaient
n et les leurs demeurèrent seuls ar- auparavant le peuple parpré€hes et
» mez. Dayantage ayant a suspects exhortations , aussi monsieur le car^
» les habillemens qui couroyent alors dinal de Lorraine a t^Qulu faire le
» comme les manteaux longs (35) , et semblable entre nous. Il aprenùère-
j» les chausses larges ( et de fait aussi mefU prêché en V église JNctre-Dame ,
» estoient ils par troj^ excessifs , car ouï tt une incrédible affluenee tfaudi-
» le manteau alloit jusques sous le leurs. Et depuis en V église Saint-
» gras de la jambe, et sans manches, Germain-de-tAuxerroisy toutes les
» et les hauts de chausses estoyent fériés et octaves de la Fête-Dieu par
n d'une aulne et demi de large , ou entresuite de journées , lui prêchant
» cinq quartiers (36) , ils mirent en un jour, et le lendemain le minifue
n fait au conseil priyd d'en défendre (4o) dont je vous ai ci-dessus écrit:
M Tusage , d'autant que là dessous se admonestant sur toute chose le peu-
» pouToyent aisément cacher des ar? pie qu'il fallait plutét mourir, et se
» mes. Et disoit-on que le cardinal laisser épuiser jusques a la dernière
>i aToit ceste matière d'autant plus à goutte au sang , aue de permettre ,
» cœur qu'un necromantienluy avoit contre l'honneur ae Dieu et de son
» progQostiquë à Rome , qu^il seroit église , qu'autre religion eût cours en
» tué d'uu baston â feu par l'envie la France que celle que nos ancêtres
M qu'on lui norteroit, et pour les en- avaient si étroitement et religieuse-
» nemis qu'u feroit en France , estant ment observée. Ce m'a été cliose
» eslevë au plus haut degré d'hon- aussi nouvelle de voir prêcher un
V neur. Ce qui le tenoit en géhenne cardinal , comme peu auparavant un
» et \uy causoit grandes inquiétudes ministre. Il a excité grandement le
» ( vray salaire Se ceux qui Yont aux peuple aux armes. Il n'est pas que
» devins , ) lors mesme que tout les plumes mêmes des poètes ne s'en
» ployoit sous luy (37). » L'nistorien mêlent. Bref on ne corne autre chose
qui me fournit ce narré assure que que feux , guerres , meurtres , et
messieurs de Guise ne comparurent saccagemens. Si vous voulez voir
point à la magnifique entrée de Fran- quels furent les fruits de ces sermons
cois II à Orléans, le 18 d'octobre i56o. sanguinaires, consultez le même
Et disoit'On que cestoit de crainte de P^squier (40. « Il seroit impossible
rencontrer quelqu' un désespéré fpar- » de vous dire quelles cruautez bar-
ce qu'un magicien ( comme nous » baresques sont commises d'une part
avons dit ) avoit prédit au cardinal » et d'autre. Où le huguenot est le
estant h Rome, que son frère et luy » maistre , il ruine toutes les images
mourroyent de mort violente et de » (ancien retenail du commun peti'
basions a feu , de sorte que pour évi- » pie en la pieté) démolit les sepul-
ter cela ils craignoient telles assem- >' chres et tombeaux , mesmes pas-
bUes , encor qu'ils eussent fait de-- » sant par Clery il n'a pas pardonné
fendre de porter aucunes pistoles , » à celuy du roy Louys unziesme ;
pistolets^ ne harquehuses sur peine de » enlevé tous les biens sacrez et
la i/<e (38). Notez que la prédiction » vouez aux églises. Eu contr^-
de ce magicien se trouva fausse : car » eschange de ce , le catholic tae ,
le cardinal ne mourut point de blés- » meurdrit , noyé tous ceux qu'il
sure, mais de maladie. » cognoist de ceste secte , et en re-
que le citerai n est m un laiseur ae " ^^wix%. icui» vcugcauves pnvccs
libelles , ni un huguenot j c'est le fa- ** «ur leurs ennemis aux despens de
meux Etienne Pasquier. Parce que » la querelle publique. Et combien
» que les chefs facent contenance de
(35) Kortft Henri ÉUcnoe , 4k fa votf* ao8 f/« /a \ n y ^..- i> rir n j
son Dialogue du Nouveau langage françaia iu- J.^^) P"^»»*'. Lettret, Iw. ir,pag. aSi rf-
.. • » « « F I". tome.
/4C»V» 4t *j^ - • . - • I» Ci» (4o) C'^ttùt Mre Jean de Hans. natif ie
m Cette mode re^iM en^ron Pan «660. Snint- Quentin, •'Pa.quier en paHe ,là Jme,
(37) Lonii Reymer, «leur de la Planche , Hii- »«*. ao3.
loire de Françoif il , pag. 98 et ag. ft,) Pagqaicr , Lettrti , U», /f, fom. /, fog.
(38; Louti UeTnier, lit mfme , pag. 6x8. 93a , a33.
LOTICHIUS. 373
» n'*approuTer tels deportemcns , si de Genève ; maïs c'étaient néanmoins
» les passent ils par connivence et de mauvaises voies de soutenir sa re*
» dissimulation. La P^iii^ vaut mieux ligion. C'était un pur machiavélisme.
» que la guerre. » Quoique aujour- Conférez avec ceci ce que je dis en
d''hui les lecteurs ne yoifnt ces un autre lieu (44)*
choses qu^en eloignement , ils ne J'ai parlé de quelques sermons de
laissent pas de concevoir de l'indi- ce cardinal : les lettres de Languet
guation contre ce barbare sermo- nous apprennent qu'ils ne furent pas
en allumant par tous les coins du les prêcha à Reims pendant le ca-
royaume la guerre civile. Il était réme. Cardinalis Lotharingicus h ri'
assuré de fuivre toujours la cour, à gidlorihus pontificiis accusatur luthe-
Tabri de tout danger, et de toute ranîsmi. Per nanc quadragesimam
peine ; et que pendant que les pro- concionatusestRhemiscumnonparvd
vinces seraient un théâtre de car- laude, Utinam nihil aliud unquhm
nage , il continuerait à se veautrer egisset (45) ! Il avait déjà fait paraître
dans les voluptés 9 aue son- luxe , sa qu'il sounaitait qu'on réformât bien
pompe, sa bonne cnére , ses amou- aes choses, mais ee n^étaient (|ue
rettes , ne souffriraient point d'in- des ruses , comme Languet le devina
terruption. Cestlà un sujet de scan- bien. Càm pîxesettim cardinalis Lo-
dale qui doit augmenter prodigieu- tharingicus jam pulchrè simulet se
sèment Fhorreur que fait aux âmes omninô expetere , ut fiât aliqua
véritablement chrétiennes , un pré- emendatio in religione , et fatetur
dîcateur boute-feu , cornet de guer- koc esse plané necessarium. Ego
Tes , et de supplices , et de tuerie , sanè in ea re ipsi nân credo , sed
homme qui à proprement parler existimo , ipsum hoc ideb facere ,
n'est point de la religion de Jésus- quia Met aduersando se nihil posse
Christ , mais de celle de Saturne , et proficere , et sperat se sic agendo
qui dans le fond pratique ce que les posse plura impedire , sed tamen pa-
prêtres de Carthage pratiquaient an- riim proficit (46). Ce qu'on dit dans
ciennement en l'honneur de ce faux une autre lettre , datée de Paris le
dieu. Ils lui immolaient des hom- 36 de novembre i56i , est beaucoup
mes ,*et s'imaginaient cjue sa reli- plus fort, puisque ayant narlé de la
giondemandaitde telles victimes (4a) < conversion publique de Févéque do
(Q) // faisait pension h des proies- Troves , on ajoute , que le cardinal
tans d Allemagne,] On trouva leurs de Lorraine faisait semblant d'avoir
nonks au livre des comptes de l'inten- la même intention ; car, pour&uit-
dant de ce cardinal. Un écrit de Zan- on , il prêche* à Keims de telle sorte
chius fait foi de cela. Certum mihi ou'il ne parait guère éloigné du lu-
est , quod jam dicam corhm Deo : uiéranisme (47)*
Audiui ex uiro harum rerum perito . ,,,v -. -,,r ^a 1 ^ j
^ j%j j' f . Il (44) Tom* Fit, pag. 367 , 9»rs la fin de
etjide dtgno, se m ld>ro thesau-^ FanicU Gvnm ÇFruvçoi, due dt).
rarii illius cardinalis Lotharingie (45) Lanfiiet., epist* XLIV, Uh» Il^pag^
paucis antè annis i^itd defuncti , non- "»• fV/» ««'"! *P."H,?iXv '^^^ "^'
nullorumsermanorwn tùologiœdoc [^) S:3,a;£l"S"'r&.'^.^
torum et pastorum nonùna ifldlSSe : Ure # « aliquid taU cogÛAre : nom Rhemù ita
quihus pensiones annuos , ex archie- eonàonatur^ ut videaturnon nmlûim à nostris
piscopatuprœsertimMetensi assigna, f^'.^] ?iL':%^! {îk?':;:^^^^'' '"
hanlur. In quem,ueronnem non fuisse
scHptum (A). Il ne fa^it point douter LOTICHIUS CPlERRÉ ) , abbé
que le cardinal ne se proposât den- _ i c i«* • au
trctenir la discorde entre les luthé- du COUVent de bolitaire en Aile-
riens d'Allemagne , et les docteurs magne, dans le comté de Hanau
(4») rare* Lacune. , «1*. /, c«p. xxi. («) > naquit Fan 1 5o i . 1 1 fut re-
(43) Hieron. Zancbins , Respont. ^cl Wil- , v „ ^ . .». — ».
lieliSi. Holdernm . «nu. i566. pag, 90, apud {a) Pur UMfauied'tmpression apparent-
Hoornfc., Summi Conirovan., pag. m. 11%. ment. Il y a dans loi Jugomonu dw ôarans
374 LOTICHIUS.
tiré des écoles de Leipsic k l'âge reste de sa vie répondit à ce
de seize ans , afin d'être consacré grand zële , par des actes de piété
à la vie monastique dans le cou- et de charité. Son église , son
vent de Solitaire (Â). Il reçut école, et plusieurs savans, éprou-
l'ordre de prêtrise en iSsS, et vërent les effets de son humeur
en fit paisiblement les fonctions libérale. Il mourut chez le comte
jusqu'en 1624 9 c'est-à-dire jus- de Hanau , le 23 de juin 1567.
ques à ce que la guerre des pay- Son corps fut enseveli deux jours
sans l'eût contraint de se réfu- après dans l'abbaye de Solftai-
gîer avec son abbé et ses confrè- re (c).
res auprès des comtes de Hanau. ,^n -, . ^ rn,^*. , « ht'I'
r^ , , (c) Tïreaa Thëitre de PaulFreueros , /y.
Cet abbe ayant ramené son mon- 213. Frëhcrus cite la Bibliothèque poe'tique
de dans le monastère , après que ^^ Jean-Pierre LoUchius.
ces furieux troubles eurent été LOTICHIUS (Pierre) , neveu
apaises, commit la conduite de du précédent, prit le surnom de
son eghse à Lotichms (b) , qui Secundus * , afin de n'être pas
ayant lu les livres de Luther et confondu avec son oncle. Il na-
de Melanchthon , se trouva ca- q^it ^ Solitaire, le 2 de novem-
pable de prêcher et de faire tou- ^^e 1528. Son père («) , quoi-
tes les autres fonctions de sa ^^^'^\ ^g f^t qu'un bon paysan ,
charge mieux qu'auparavant, ^e laissa pas de le destiner aux
L'abbe mouTut l'an 1 534 ; et Lo- études ; et il ne s'en faut pas
tichius , qui lui succéda , pensant étonner , vu ce qui vient d'être
tout de bon à réformer cette ab- jj^ de l'abbé Lotichius. Cet oncle
baye , y ouvrit une école oii un ^yant remarqué par les progrès
grand nombre de jeunes gens queson neveu fit à l'école de Soli-
furent instruits , dont plusieurs taire, qu'il était très-propre aux
devinrent ministres de la parole sciences , résolut d'en prendre
de Dieu , après avoir continue un soin tout particulier, et l'en-
leurs études à Wittemberg et à ^^ ^ à Francfort, ou Micyllus
Marpourg. Il établit hautement enseignait les belles-lettres avec
la religion protestante dans son beaucoup de réputation. Ayant
monastère et dans tous les lieux ^pp^is là beaucoup de latin et de
qui en dépendaient , 1 an i543 , ^ ^^ ^j^^^ g^^^^re les règles
et il écrivit une belle lettre en la- 3^ p^^t poétique , à quoi son in-
tin à l'abbé de Fulde, pour lui clination le portait extraordinai-
prouver la justice de sa conduite, rement, il fut envoyé à Mar-
11 fut la principale cause de la Yan 1 5^4, et puisa Wit-
courageuse resolution que les temberg, oii Melanchthon et Ca-
ministres du voisinage prirent j^érarius attiraient une infinité
de rejeter Iz/i/^nm en 1649. Le j^ ^1^^^^. j^^ jeu^e Lotichius
sur les Poètes, toTW. ///, pag. 272, Nassau «Les additions que Chaufepi^ a faites i
pour Hanau. cet article sont extraites des Mémoires de
(*) 'L'Index Thiiani nomme SolUar le Niceron , tom XXVI.
bourg que M, de Tbou appelle Solidarium {a) Il s'appelait Louis Loticius. Mélanch-
Oppidum. Rem. crit. ihon changea ce mot en celui de Lotichius
(b) Ecclesim Solitariensi ut inspectorem ( qui lui sembla plus emphatique ) pour
pratftcit, Paul. Freher. , Theatro , pag. 2i3. Pierre Lotichius Secundus , son écolier.
LOTICHIUS. 375
acquit bientôt Faniitié de ces de retour eu Allemagne, qu'il
deux illustres professeurs , celle songea au voyage d'Italie. 11 le
de George Sabinus qui était un fît comme celui dé France aux
fameux poëte, et celle de plu- dépens de Daniel Stibar; mais il
sieurs autres savans. La guerre eut le malheur de lier société
qui s'éleva dans la Saxe, l'an 1 546, avec un grand nombre de per-
obligea Mélanchthon et ses col- sonnes. Il logea à Bologne avec
légués à sortir de Wittemberg. un jeune chanoine de Munich
Le premier se retira à Magde- qui , pouvant trouver au logis
bourg (6), et y fut suivi par uiie hôtesse fort commode, alla
notre Lotichius; mais lorsqu'il faire l'amour dehors (d), L'hô-
en sortit afin de chercher une tesse, aussi éperdument amou-
meilleure retraite , Lotichius au reuse que jalouse , lui prépara
lieu de le suivre, prit parti dànst un philtre : mais par malheur
les armées. Ce genre de vie n'in- Lotichius , trouvant sa soupe trop
terrompit point entièrement son grasse, l'échangea contre celle
commerce avec les muses, et ne du chanoine (C), et devint fu—
dura pas beaucoup (A); car on rieux tout à coup. Il fut soulagé
sait que des l'an i548, il vivait en vomissant une partie de ce
paisiblement parmi ses livres à philtre : néannioins , il eut une
Erfort. Peu après il retourna à fièvre maligne qui lui fit tomber
Wittemberg , oii la paix avait les ongles , et dont il pensa mou-
perm.is à Mélanchthon d'aller rir. Hubert Languet , son boa
continuer sa charge. Il y acheva ami , voyageant en Italie , le
sffs études de philosophie , et puis trouva en ce pitoyable état à
ri s'en alla en France , étant gou- Bologne, (a malignité de la
verneur des neveux de Daniel drogue opéra tellement sur Xo—
Stibar, doyen du chapitre de tichius, qu'il ne se passa point
Wirtzbourg , homme de grand d'année sans qu'il eût quelques
mérite et intime ami de Joachim accès de cette première maladie,
Camérarius. Ce fut en i55o qu'il jusques à ce qu'enfin il en mou-
commença ce voyage, qui dura rut. Avant que de quitter l'Ita^
près de quatre ans (B). Il s'ar- lie , il reçut à Padoue le degré de
réta beaucoup à Montpellier; et docteur en médecine. Quelque
apparemment lui et ses élèves y temps après son retour en Aile-
auraient souffert bien des ava— magneiî fut appelé à Heidelberg,
nies (c) , pour avoir mangé de pour y être professeur en cette
la viande pendant le carême, si science. Il accepta cet te vocation,
Clusius , qui était logé chez Ron- et s'en alla à Heidçlberg l'an 1 557*
delet, n'eût intercédé auprès du II y gagna l'estime et les bonnes
dominicain qui faisait l'office grâces de l'électeur palatin Othon
d'inquisiteur. On en fut quitte Henri , et de tout le monde : et
pour de l'argent. A peine fut-il comme il avait toutes sortes de
(d) Tîim forte (utjft) amartjbris, (fund
{b) Le Théâtre de Frehérus, jfag, 1^49 t domi habehat, ut ait Tcrenlius. Id impa-
du à Marpourg. tientiùs ferens hospita j'uvenis formosissimi
(e) On les menaçaii dg lût chligw à faire amore capta , etc. Hagius , in Yità Lolichii ;
amende honorable. pag-. (J3 , cdit. 1609.
376 LOTICHIUS.
raisons d'être content de son em- beaucoup infërieures à celle dont
ploi , il n'accepta pas les offres il était impossible qu'il eût con*»
qui lui furent faites à Marpourg, naissance(^).
ou de la cbarge de professeur en
médecine , ou de celle de pro- ^^ ''^•^' ' a-deuaui, atatum (3o).
fesseur en poésie. Il ne jouit pas (A) // pHt parti dans les armées.
.long-temps de cette douce con- Ce genre de vie n* interrompit po^nt
dition. Il fut attaqué de son entièrement son commerce auec Us
mal au commencement de n<>. CjJ'ee~ «t~ ''^^ ÎSt^X?
vembre i5oo, et en mourut le en leur adressant la parole (i) :
7 du même mois. CéUit un y^, ^^ ,^ u^^, ,.„^, r«*«i« «
homme d'un fort bon commer- ^ , ««"» , ,
ce, la candeur et la smcerite deJi
mêmes («) (D). On publia un '"s^:^":s^z::;::.''fjzisr^
recueil de ses poésies , lan 1 56 1 . . ., ^ , , «
(E). II contient tant de ven, t^:^JZ.nA.^''ÀâT:,
d amour , qu on crut que rau- M. Baillet n'auraient pas raûon de
teur avait besoin là-dessus d'un dire en général , que ce qu'il y a de
morceau d'apologie. liagius y remarquable, c' est que-LotxciAuscont^
A -n /T?\ T A •« '1 ' • posait ses uers parmi le tumulte du
travailla(F). La quatrième elegie ^^„^^ et sous L armes {^),
du second livre a quelque chose (B) Son voyage de France..,, dura
de surprenant : elle roule sur /"^^ ^^ quatre ans."] Ce fut la durée
un songe qui semble être une ^f tout le royage (3) Or comme ils
rj. ..*' ^j , , Tirent d abord Pans , Rouen , Dieppe,
prédiction du saccasement de Lyon , et qu'ils allaient à pied pres-
Magdebourg(G). Je ferai diver- que toujours (4) , n'ayant au'un di-
ses observations sur ce sujet , qui ^^1 à eux onze pour porter leurs haw
seront plutôt des conjectures, des , il est sûr qu'ils ne dem^eurèreni
f T X* • pas à Montpellïer l espace de quatre
qu une explication qui me sa- années , comme l'a ^dit un babile
.tisfasse pleinement. On a trou-» homme (5). Ils y demeurèrent de
vé étrange que Juies-César Sca— *"**« pl^s de deux ans : Ciatf. hiennio
liger n'ait pas loué LotichiuS (H). ^'«?! «fj;"^ ehampUii^fonè inacade-
^ .^* , , • .^ 1 "tm Mompehand uixissent, dit Ha-
On aurait eu plus de sujet de gîus dans la page 47.
s'en étonner, si la réputation (C) Lotichius,... échangea sa soupe
de Lotichius n'était pas princi- contre celle du chanoine.] De la ma-
palement fondée sur des ouvra- «i^'lf ^f H^gius raconte la chose,
* ' 9 ^ ^^ f • • r , ce fut dans la soupe que le phiRre
ges qui n ont ete imprimes qu a- fut donné : mais il se trompe étran.
près la mort de ce Scalieer^ gement, s'il s'imagine, comme il
niais le silence de ce critique semble le faire , que les lUliens don-
n'est point au fond surprenant , "^"^^ ** "T ^,^.'"''^^';^ V^' ^'''"'
. '^ , ., *fT.. ' vaffes enchantes que les Grecs ap-
puisque les premières éditions peUent /.W/iroi^. Jusparare, dilril
des poésies de Lotichius (/) sont
rOEIeg.XI.W. /.
(a) TH de 4a Vie» composée par Je«i <») ^«>g«nent sur lei Poêtei , lom. tll.p^.
Tiagivt^^ son bon ami. et publiée tfïngt-cing *',!, » .... . •. _ . .„-i
f .,„1\. y s y r M-^1.:. TuT 1 u" ^ (3) n^vertenUts tandem tgiturpoit exaetuM
ans apf^ la mçrt de LoUchms. Melçhior .^ jr^^i guadriennium exGuUiU. H«siM, in
^dain, Mt YUis Mcdicorum, pag. il 2, a Vii« Loticbii , po^. 56.
donné un abrégé fort étendu de cette Vie. (^) /j^„ ^ p^^. ^, ^ ^^,
W) Celle de Paris , i^Sl , i» 8». , e{ cellfi (5) Tai»sîec , AdditioQs «ax Éloges, io«i. / ,
de Leipsie^ i5i>2. pag. 907.
LOTICHIUS. 377
é
(6) , ne«cio quod malè temperatum ac non negarent (11). Hagias assuré que
conciUàtum Circœum , Itali mines- les plus grands poètes d Allemagne
tram iUud, hoc pUltron Grœci vo- ont témoigné publiquement 1 estime
cant. Les Italiens entendent simple- particulière qu'Us avaient pour les
jnent par nUnestra , ou menestra , vers de LoticEius} et il prétend que
du potage , de la soupe. selon l'opinion commune , Lotichius
(D) Cétait la candeur et la sin- Calait tes plus exce^ns noetes an-
fWf4' mémesA Sonhistorien en donne Çiens_et modernes , et qu il était pré-
ou' on lui eût donnée : ci aiusi 1* ic- -7 — -~ ^--/ - * j „:* «.,:o
itifa tous le» partis qui lui furent t»'V.^«/° "V^Sf*"* •!** '""'^"l'.'î,?^
^ieisui nec idtœ longioris comcium p-and* honimes , et nommément
yœmineum^e genus f aut lactare sn'e fabriçe , Posthius , et Melj^sus ont
■iconnubuformnœquesuMliorU nAU donne la palme à Lotichius en fait
/ X •' ' de vers élégiaques. Hagius, a tout
(E) OnpubUa un recueil des '""^'^ "V"' ^:°°?,' Th^sltl'^r
• • . J. f„i.;-u:.,. i'-,_ .<M. T nommément que par rosUuus et par
poesus de Lotichius ,/ an 1 56 .] «dissus , et il ne dit rien des troU
SroireTrvTnre â'L't cCl -'- • A^P-f-»» "i^^^^^^^^^
réloge du meilLr poète que son "^^^XcVu^C^e'Snr ^oét^
«ècle et l'Allemagne eussent ru. jeJtichius .procurée par CLnéra-
Dcpuis cette édition on en a fait plu- ^ j, ^ ,^^^^ la première ;
^is ans entre la mort de ïolichius. ^^ «-fg, f„L V^as^irP^
j «if ' • «^ 11 ir a. et eiusdem UarminuTn uoeuus au,
et y a joiht de son cru un petit ana- ^a lettre qu'U m'écririt là-
chronisme sur le jour mortuaire « , j^^^^ient égarée parmi
S^oS^e "111e .Tn-o^eitlÀ^li .- ''''-" ^ Wf^À Z
Tho„, qui a mis cette même mort SUThi^'éîi^ onltl '"
rasS^XLtoTsre'Fréhér:: «de, mais je mo sou^e«s .^'^«e
/ > •««* «.,««.; t^/^^'a o«o ««^^^ lo wi/...!- marquait en détail plusieurs carac-
(q) met aussi tro « a^s entre la mort , H ^ ^ ^^ ,^jj^
d^ Lotichius et édition de ses vefs. ^^,3 ^.^^jj ,„tre autres choses que
M. de Thon (10) a mis ce poète au- "'«Fl'*^"**" ^ ^«j^^,: «: Am^oJ^i^
dessous d'Éobanus Hessus. ' Caméra- J^^^^^;^v.^,f„l^M Kortrû
nus prétend que si celui-<!i était en ('4) °« «Y î™"'',f,P°'?*\"; Çf/'X
Tie, il se reconnaîtrait inférieur â me fit "vou' qu il a inséré bien des
,..'■- c J * 1? t - o f choses touchant notre rierre Loti-
Lotichius. Sedet Eobanus et 6ahi- ^. ^ dissertation de £nlhu.
nu3, st filmèrent , cuni omnia m Loti- ^'^'"^ ***"** f" ** •«^^-„j:« a itîoI
chu seriptU mJgnoperè probaivnt , 'f^moPoeUco , impnmee i Kiel,
tUm eleeantid et suavitate atque ex- ÎJ^x^^S?" • - -•// à r».„»i^„:o
pHme,âii>etustatUsimHitudi^emcon- , (^) ^"^J!" «FYi^ma« * j «Poloçe
untione, se ab hoc aUcubi superari ^'» '"" d amour.] H avoue ( i5)
(il) Camerarius, m e/iul. dedicatorid Ofti-
(6) Hagias . iit Vill LolichH, pag. 63. "" ^'^^ i^.ï*'Sî.'-i i
(7) irfem , ihtd^m, • . 3j' Sébaalien , dont on a parlé , «om. T f //.
(8; Thoanua, ZiA. XXF/, juhjln. ^^g. Spo, remarque (C) d* rartic/e KoRTaoLT.
(q) Thratr., pA^. ifSo. * ' *"
(lo) Thun., lib. XX^J, *u!'J!h,
itg. 5ç)3, remarque {Kj) de l at
M 4) Oans ta remarque {G),
\iS) In Vita LoUchii.
378 LOTICHIUS.
qa^êtant fort jeune il faisait souvent Sic propagar» laborat
réflexion , ayec quelque sorte d'ë- ^"«'«^ naturm temina guûque sum,
taêl°irZ.'t 'l« if P^°*«» ^^ f <"" réduire cette explication au
l«n«™~ V, TiV ""?'«"«■>* langage humain, et à. a juste «m-
?^^jT ^ ' F?""*' ^" **"•"' *■• » ^°">" dire que fe même tempëra-
carlmi/. .*''' îl "' *"°y«"t »"- ment qui dispose un homme à être
wmmt """""^ ***^°' R»«t« le «"3 suscepUble d'amour.
On ne prouverait pas facilement cette
ViUt faiifaïui rtrwn dlterimina viti , thèse ; car , Outre qu'il y a plusieurs
Smptgrm,4mitut,frigomtmpiiuti: personnes qui Ont le talent de k
«"c'r^r^irfoZr:".'':^^^^''^' ?»<«"* »«'".«»«' <»'•"• tempérament
* , 1 , . , . amoureux , il est certain aucune in-
Aprés ces Tcrs de Lotichius il en cite finité de gens , qui ne savent point
trois de Virgile. faire de vers, sont plus furieusement
'^'pice aratra jugo referunt sutpentajuvenci^ tourmenlés du feu de Famour, qUC
Et sol ereseentes dectden» dupUeat utnbrut; Ceux dont les poésies SOnt les plUS
"^'l^Tri?^^' ^"^ '""" "**"'"' '"'"'' tendres. Combien a-t-on imprime de
vers d'amour qui ne sont qu'un ieu
;n poe
lique t
^ t ^~~ ^ ^^^ **, .- ^«-„ .^<, élégie& «^
feu de 1 amour divin , et non pas nëes ,• il tâche même àe rênche'rir
1 amour vénérien , qui brûle les poe- sur ce qu'il a lu , il invente de nou-
***• Teaux tx)urs , il étudie les caractères
Cur valum par, magna suos decantet amoré, ^®* Ç*"^ lugobres. C'est afin de faire
Cirons, Haei candide, et caussamrogas? admirer ses vers: c'est afin d'exer-
Aeeipet non iUos Venerisfax improha^ vt- cer sa veine sur des pensées qui fas*
jEternilZorgeneronuurUnuminU. ^^^} honneur à SOn esprit, et qui
gt .. , . .,. , puissent en même temps flatter l'ob -
Cette réponse est ridicule ; c'était jet qu'il adore. Il y en a môme qui
prendre Hagius pour un enfant. Il ne sont point amoureux quand ils
n en parle pas comme il devait ; car composent de semblables vers. Théo-
il se contente de dire qtie Mélissus dore de Bdze était de ceux-là. Uios
lui expliqua beaucoup mieux tout le honos uiros non pudet qiiicquid de
mystère (i6). Mélissus lui représenta poëticœ Candidœ amonbûs lusi, {lusi
aue 81 quelque chose est très-capable autem certè pUraque , ueteres illos
d attirer les cœurs, et de verser jus- imitatus, priusquàm etiam per œta-
çïu au fond des moelles ses charmes um , quid istud rei esset , inteUige-
insurmontables , c est l'amour qu'un rem) ad castissimam et Uctissimam
objet modeste et pudique allume. Le fœminam accommodan, Id autem
ciel le plus pur, a|oute-t-il , forma cet non aliter se hahere quhm dico , non
amour, et lui assigna pour trône les udantàm testari possunt quibuscum
cœursembrasés(i7).Lesastresontsoin peridtempusuixi, uerUmeUanires
de nourrir ce feu : et comme les poètes ipsa déclarât : quhm nullos unquam
reçoivent du ciel les influences qui tiberos ex uxore susceperim , in mets
«ont la cause de la poésie , il ne faut autem illis carminibus , Candidam
pas s étonner qu ils sentent si vive- prœsnantem superis commendem ;
ment le feu de l'amour} car ces in- qubd tum mihi nimirumUlud ficU-
ttuences ayant la même origine que tium argumentum, ut alla subindè
lamour(i8J,l excitent et l'entretien- multa occurreret (jg). Voyez dans
**®^t. ces dernières paroles un^'exemple de
. _-. ., , , la conduite des poètes : ils se don-
* V.rg.1. , eclog. II, .,. 66-68. „ent des sujets imaginaires , afin d'à-
«{:'i&:7„:r^^^^^^^^^ ^oi.r occasion de âébiter quelques
ii'j)PunorhancmtkeroU,ngenerauitHintrk* traits d esprit. MaiS VenOUS a 1 apolo-
Succemas juftit régna tenerefibra», glC de LotlchlUS.
(iS) Habent alimenta ealores
Kivida tidereisfoia perenne fueis. (19) Brsâ , in epistold derticatarid PoiaaI.
LOTICHIUS. 379
II eat quatre maîtresses successi- (G) La IV*. élégie de son II* /i-
vemént , et il fit pour elles beaucoup ure roule sur un songe qui
<le vers (20) : il ne se proposa jamais , semble être une prédiction du saccor-
que Ton sait cela. Nonfecit id non prise par les troupes impériales.
honestèf quia et caste amauit Loti- Voici la remarque de M. Morhof.
chius et sine crimine ac scelere ; si Illud singiilare in hoc viro et prope-
wnodo castissimi poètœ verhis uersi- modàm diuinum est , ac plus quant
busqué dignamur aliquam habere poêticum tvBouTttta-ptov arguit, quodin
non dubiam fidem, sic etenim ipse- elogiâ 4» lib. a, ad Joachimum Ca-
met de amoribus suis canit, et Clou- merarium scriptd tristissimd obsidio-
dia sua, nis et expugnationis Magdeburgen-
sis fata integro seculo prœdixeriU
.........;.. FeUeiurarsi Ji^g omnino notatu digna, ac elegia
InquB ,yonuUumcnm^anu>refuiL .^^^ pulcherrima est. Uœc Ule aurea
Non ego i«, mea lu» , deceptani fraudé r#- camiina , quod mîrerîs , inter armo"
'*>»"" . rum strepitus ipse miles scribebat (aS).
Nonspotium rapto turpe pfidore tuU. Lolicbius vit en songe une grande
MJn mtni tunt testes . st mentior , aguore vatto .,, •/ / ^ ^1^11 • j*
Okruar,etmutispijeibuseseaiMUm(ii). Ville assiégée , et une fille qui se di-
sait la protectrice du lieu , et qui se
L^apologiste remarque que les pri- plaignait des malheurs qui désole-
viléges de la poésie permettaient à raient cette yille, et qui en feraient
Lotichius d^exercer sa muse sur les un monceau de cendres. Il ne nomme
beautés de la terre; car c'est un art point la ville , et il ne sait même si
qui embrasse la contemplation, et elle était sur le Rbin ou sur le Da-
Texplication de tout ce que l'uni- nube, ou sur l'Elbe, mais il croit
vers a de beau. Fecit Lotichius , id que c'était sur l'Elbe. Il faut pour-
primàm jure poëlices optimo , ad tantqu'il ait caractérisé Magdebourg,
quam scilicet rerum omnium pulcher- puisqu'on a donné à son élégie ce
rimam quœ magnd hdc uniuersitate titre : de Obsidione uri)is MagacbuV"
orbis continentttr, cœlestium terres- gensis. 11 y a sans doute ici quelque
d'amour , et ne voulut point se pri- Smalcalde (14) > pl"s assuré apparem-
ver de cette galanterie , qui lui fut ment des bons succès de Cnarles-
d'ailleurs avantageuse pour polir ses Quint, que de ceux de cette ligue,
muses. £!x quo illud saltem consecu- Son imagination se répandait sur les
tus estcommodiyUt molles amores suites que courraient avoir les vic-
cantando mollius carmen deduceret, toires de Charles - Quint (a5) . Peut-
£nf in, il avait besoin de cette agréable être en songeant il tomba sur cette
occupation , af^n de chasser les pen- supposition , c'est que l'empereur
Bées chagrinantes dont il se trouvait châtierait sévèrement Magdebourg ,
persécuté (39). si l'am»ée des alliées était battue.
Un poète se prépare tout aussitôt «
boka/fomuun^rtdles, ae CUudiam quidem ''"^"** maximam. Quod poêla ipse de seso
prinùim sitam multo earmine eelebratam f mihi "'^fif ^.f 'î'^'f"'' • . , , ,
verà non incognitam , tubfuscam , non infor- Molli, êteph qaidcm deduerre carmiDa tento,
mem née inamabUem puillam : deindi Calli- No" *■"»«" »» P""» ««"bu» illa probem.
rhoen , aUernin CeUiberam Uinicatam , formo- Sat mihi ait rigida» inteidum fallere car«â ,
tam : hine pecorit cuttodem , religiotam nimis SoUmenque mali prasmia magoa \oco.
Ilalam Panaridem : ac postremuin non verà (33) Morhofius , Poljhiit. , liù» /« eap» XiX^
nomine dictant PhyUida Jfierogenain. Ha- pf^g» ^^»
giut, in Vitâ Loticbii. (a4) Je parle selon ta supposition de M. Mor-
(ai) Idem^ ibidem, faof , qui n'est pat certaine.
(a«) Obleeialionent eam mnimi honestam ad (a5) Note* bien son 5*. vert :
lentendae animi curas , molestias , mgiitudinee Somnia luni coaAt hcc imitata mrak.
38o LOTICHIDS.
déplorer les malheura d'une Tille que Lotichius fit ce sonjse dorant le
saccagée : Tune de ses fictions est siège de Maedebourg, ran i55o ou
qae la déesse tutélaire fait sesplain- Fan i55i. Il était facile de s^imagi-
tes f etc. (a6). Quand on se réveille ner que Maurice , électeur de Saxe ,
on brouille aisément les espèces , qui commandait à ce siège de la
Ï>arcQ (Tu'on ne se souvient pas de part de Pemperenr ; prendrait la
eur orare : on oublie celles qui ser- ville . et la traiterait crueUement.
vent de liaison , et de là vient que Lotichius , agité de cette crainte, se
Ton s'imagine c^ue les idées que Ton représenta en songe le sac de la
a encbatnees soi-même les unes avec ville, et se jeta sur les fictions poê-
les autres y nous sont venues tout à tiques. Il ne manqua pas d'introdui-
couj) par inspiration. Il est presque re la déesse tutélaire qui protestait
aussi facile de se faire des svstémes de son innocence et de sa fidélité ,
sur les afiaires générales en dormant encore que Pempereur la chassât de
qu'en veillant : une infinité de per- sa demeure , etc. Le lendemain il
sonnes , après avoir lu de grandes trouva cette matière si propre à être
nouvelles dans la Gazette , se font traitée en vers , qu'il en fit une élé-
un plan admirable des suites qu'elles gie , à laquelle il donna lui-même le
pourront avoir. Dans un quart d'heu- titre deObsidione urbis Magdebur-
re ils mènent le victorieux à la ville gensis. Je crois bien qn'il s'imagina
capitale du vaincu ; ils se représen- qu'il y avait quelque chose de prê-
tent des trônes renversés , ils font phétique dans ce songe : c'est qu'il
changer de face à tonte l'Europe ; et ne se souvenait point du commen-
s'ils sont poètes ou orateurs , ifs joi- cément de sa rêverie , c'est qu'il
gnent à tout cela le plan d'un beau ignorait qu'il eût enfUé lui-même
poème, ou d'une belle harangue. Ils toutes ses visions, comme les nou-
en tiennent les figures toutes prêtes : vellistes enfilent eux-mêmes en veil*
ils se représentent même l'air et les lant toutes les suites qu'il leur plaît
paroles des députés qui viendront de supposer aux siéees et aux batail-
porter les clefs des villes. On peut les (27). Or comme le siège de Mae-
assurer que toutes les heures du debourg fut terminé , non par là
jour il se passe de telles choses dans prise de la ville , mais, par un traité
la tête de plusieurs personnes. Leur de paix , Lotichius se désabusa sans
âme , quand ils dorment , n'est pas doute lui-même : il connut la fau9-
moins active â l'égard de ces chimèr seté de ses songes y mais ses vers se
res. Elle fait des plans à perte de vue. conservèrent, et virent le jour après
C'est peut-être ce que fit Lotichius sa mort. Que sait-on même s'il ne
cette nuit-lâ. J'ai dit la raison pour- feignit pas qu'il songea cela? Les
quoi il n'aurait point dû s'apercevoir poè'tes ne se donnent-us pas tous les
en se réveillant qu'il était l'auteur de jours cette licence ? Après avoir bien
cette suite de visions , comme ceux examiné tout ceci , je trouve plus
qui bâtissent des châteaux en l'air vraisemblable de dire qu'il ne son-
pendant qu'ils veillent, savent et gea point ce qu'il raconta, mais qu]à
sentent qu'ils en sont les vrais au- Fexemple de plusieurs poè'tes il fei-
teurs , sans qu'aucune intelligence gnit qu'il avait songé ces choses,
étrangère se fourre là pour leur ré- Depuis la première édition de cet
vélerl'avenir; ce qui fait aussi qu'ils ouvrage, j'ai appris par une lettre
n'y trouvent aucun présage. de M. Kortholt (a8), quelques narti-
Voilà une observation que l'on cularités qui m'obligent a réfléchir
pourrait faire en admettant la sup- encore un coup sur cette matière,
position de M. Morhof , savoir que 1°. H est certain que l'élégie de Ob-
Lotichius fît ce songe avant la ba- sidione urbis Magdeburgensis ne se
taille de Mulberg, où l'armée de la , . „ , . . . »r j 1 n v
Mais cette supposition n ayant aucun nin , pag. m. 3^8 et suivantes ^ nous a donnée
fondement , j'aimerais mieux dire du caractère dé ces messieurs, soU qu'Ut tuent
trop d'espérance^ soit qu*U tuent trop de dé'
(36) Voyr% ce qui sera eiti de Bafuc , dans la fiance»
remarque (K; de l'article Teomi* (Paul) , tom. (a8) Sébastien , dont on a parle €i'denut ,
XIV ^ à Voeeatidh d'un bois coupé,- cilalion {il).
LOTICHIUS. 38i
ttoure twint dans le recueil de poé- I. Je dis premièrement , que soit
sics crue Lolichius fit imprimer à que Lotichius eût composé cette élë-
Paris chez Vascosan , et dont IVpt- gie pendant qu'il portait les armes ,
tre dëdicatoire est datée de Paris le soit qu'il l'eût composée pendant le
i3 de fëTrier i55i. S'il date selon le siège de Magdebourg, et cela ou en
style qui était alors en usage dans conséquence d'un songe , ou sous la
leroyaume de France, c'était le mois fiction d'un prétendu songe, il n'a
de février i55a. Il savait donc que la point dû l'insérer parmi les pièces
viUe de Magdebourg ne craienait qu'il publia à Paris, l'an 1 55 1. J'en
plus rien: car elle s'éteit délivrée du ai donné les raisons. Mais rien ne
sie'ce par un traité de pacification , l'obligeait â la déchirer : il arriva
au mois de novembre i55i (ag). S'il donc apparemment qu'il la conserva,
data en commençant l'année au mois et l'ayant depuis retouchée , et polie
de ianvier le sîége de Magdebourg diverses fois, il lui donna une beauté
durait encore , et n'était pas prêt à ffu'il n'eût pas été capable de lui
r> •_ rk...ii^ » «^;«- l'a Aa*a nnW Hr>tin<>r au temns de la nremière edi->
au ««ti^agement et de l'incendie de médiocre : on la trouva pî
Maedebourc; et quand même l'on papiers après sa mort ; on 1 y trouva,
serait certain qu'il l'avait déjà com- dis-je, telle qu'il l'avait améliorée
posée on ne laisserait pas de croire par la correction, et on l'envoya à
au'il se serait bien gardé de l'insérer son ami Camérarius , pour être im-
dans l'édition de ses vers latins, a*, primée avec ses autres écrits (3i)- Ce
M Kortholt qui se connaît bien en sont là des conjectures fort vraisem-
pôésie. et qui a conféré les diverses blables: et ainsi, ceUes que l'avais
éditions des vers de Lotichius , trou- proposées dans ma première édition
ve une grande différence entre celle ne perdent point ce qu elles pou-
de Paris, i55i, et celles qui ont suivi vaient avoir de solidité. Les poètes ,
la mort de l'auteur. Il trouve Loti- naturellement amoureux de leurs
chius un poète médiocre dans les pie- ouvrages , ne défont pas volontiers ce
ces de l'édition de Paris (3o), en com- qu'Us ont bâti ; ils le conservent soi-
paraison de l'étet où elles paraissent gneusement, lors même que l'occa-
depuis qu'elles eurent été corrigées , sion est toute changée , et surtout
et en comparaison des nouvelles poé- s'ils se persuadent qu'ils ont bien
sies que l'on voit dans l'édition que traité le sujet, et qu il a été fort
Camérarius procura. D trouve, en un propre a recevoir de 1 ornement,
mot, que Lotichius, l'an i55i, n'éteit M. Ménage ayant oui dire que M.
'^ 1 x*^ «^.«x Corneille ^fait moH- rnmnoaA iin«
que l'est celle de Obsidione urbis pourquoi il s'en ht honneur dans le
Maedehureensis. D'où il faudrait public, après même que l'on eut su
conclure qu'elle fut faite lorsque cet- que M. Corneille n'eteit pas mort. Il
te viUe-là ne courait plus aucun ris- a conserve si bien cet ouvrage , qu il
que • et qu'ainsi le songe qui la me- Ta inséré dans les édiUons de ses
naca'it d^une entière destruction, ne poésies ; et même depuis que son
peit point être expliqué par leshy- ennemi Cotm Fen eut raiU^ forte-
Sothèses que j'ai aÛéguées. C'est une ment. Voici la raillene : je la crois
chose qui a du rapport au temps à chargée d une fausse supposition ;
venir , et par conséquent à la ruine car je suis perauadé que la nouveUe
de Macdebourg, en i63i , comme de la mort de M. Corneille avait cou-
M. Moâiof le prttcnd. J'ai deux ré- ru effecUvement. Il y a plfu de dix
pUques à faire. «»«> « ««^ Cotin qui parle (3a) , que
(sq) Voyes DftTÎd CbyUKvs , in Saxonit , Uh, (3i) ComsuUex la dernière leUre du F*, livre
XFîif pag. m. 44i. de Joachim Camirarins.
(îo) Faite* servir eeei contre la plainte dt (3i) Cotin. Ménagerie , pag, 3i , idition de
Jf. Horho/t dans la remarque (Hj. la Haje, iG66.
384 L0DDU9.
£nt comiàttre par an grand !■«■ wmàt : wê/ôm je le ^rois nias rai-
nombre de lirreBqa'ilapi^liés , ?5Î*** ^ ^"" •*« ^î *^a^ï» ; c*
u,t«T«,,'eapn^.iiêuit i:^^^:.^*;^ ^^' J^'
medean de ^profinoon , et bKt priser ks aoteun qu'à les estimer ,
▼enédans l'etodedcs belles-lel- ^ p«Hé si aTsntageasement de ce
Le commentaire qn^ pu- ''•"■"■taire sur Pétrone. « Loti-
PÂt*MnA ^ Fnn^i^^ » cmiu,ci-de¥aiit médecin, et
renone , a rrancron , , tenant historiographe, a faii
1J;« «•» P««^«A X 17*.«...#Ul.» » ciiiiu,ci-<ie¥ant médecin, et main-
blia sv Feirone , à Francfort , , ^^^^^^ historiographe, a fait deux
lan 1029, repond a ces deux » rolames in-foi. , Iterum Germani-
rJités (A). La réannpenae de » cmrmm , et j^ot-élre que le troisiè-
dédicace de ses épierammes • ■■« «t aussi imprime : si tous les
fat umt^t «in« (B). Il fat : :s'.^'sr^fS~;étï:ir
appelé k Rintel, pour j être » son Pétrone , in-foUo, fort aug-
profasenr en médecine (a). • mente , comme il en avait le des-
ê^ VÀnaÛM Am Hûwn». donTcnS^ il^ * **"* il J a dtjk long-tcmpS. Cc
AMJmfÂT^LÎîS^t^a^^S^ il tZ ■ dernier est un liyre excellent, et
gement àé^mkt que Ifajle, dbm a {«- * ^ auteur uu lort savant homme. Il
marque (Â), porte da tzarail de Lotichins * arait eu le dessein de le faire rëim-
•inrPélnNie.Le volume qui contient ce tn- > primer ici, STec toutes ses aug-
mii eat intîtnlé : Jn Petnmii Smirrioam > mentatious, in-ff^o; mais je re-
eommadarU, swe examus medico-phUoto- » pondis qu'il était impossible y
pkiei, MbmsiibellU yucwtfnrfoningi. Franc- , ajrant ici Hop de moines, de i^
(«)'^<r?^û« dédicatoin^ dk um * î^tes»/taulres gens ennemis des
^^^^ «r;r„ ^cpum owioiuwv « «m „ hcUcs-lettres , qui croiraient avoir
» gagne les pardons s'ils avaient em-
(Â) Le eammeiUainc qt^il pubUa » péché une telle impression (a). »
êur Pétrone répond a ce* deux qua- (B) La récompense de la dédicace
iiiés. 1 Car il y explique à part tout de ses épigrummes fia tOMU-h-fait
ce qu il ^ a dans Pétrone qui a du mince.'\ Non-seulement il les dédia à
rapi>ort a la médecine ; et puis dans Maurice , landgrave de Hesse , mais
bne autre partie il donne des notes aussi il lui en donna de sa propre
critiques et philosophiques sur ce main un exemplaire. Ce prince fen
même auteur. U parait avoir plus de remercia par une épigramme (3) et
lecture et de mémoire que de péné- ce lut li toPt le présent qu'il lui fit.
tration et de jugement. Voici l'estime CéUit imiter un grand empereur (4).
que Goldast faisait de ce commen- Celui qui m'apprend cette particula-
taire: Mitto tibi Lotichu commenta- rite dit aussi ou'il a dédié un très-
riain PetroniumcumaUorum notis... grand nombre de livres aux princes
fddes quantkm abs tuo insiituto acju- et aux républiques , sans que cela lui
dicio Lotichius dissideat. Folebam ait jamais procuré un sou.
hontinetn amicum hdc occasione ad
lectionem ueterum medicorum dedw (^) ^^^^,UttnCXll du /«. ume,
cere,çuorumUlumpr^siuexpen.m '"^^l^^nrtr^Lt.'T^'^^Siî^-
et neçUgenUm esse ad^ertebam, Sed aiusiriJùmo Mauriac Hossùb Lak^TmUoù^
judjplO destitUtUS nec in bonis auctO^ «eripxci, et m prmtenUanun obtuUtt gttt eiêpi-
ribtlSUersatUS,nobisundiguaQUecomr f*??^ meharisUcon kononrii loeo redona-
pila^1>quœ adgrandienkufilibrum ;;::i:^1!tZ:?^ '''^'''^^
conuasareexCornucopid, Calejpino, (4) Fayt* «• ^m Macrobe, Sato».]., lib.
Textoris Qfficind , Erasmi ChUiadi" ^^i <?«p. I^, tuhjSn, , dU d'Jugusu.
bus, et consimLlibus scriptis poterat, TATTnTTW j i t» t* •
ut tandem monstrosum, korrendum , LXJ^^VEi , dans le Uaut-Poi-
et insanum magnum istud eommen- tou(A) , aux confins de l'Anjoa
tum pareret, Ade6 sibi phUautia pla- et de la Touraine, et au dio-
LOUDUN. 385
sentiment du peuple , qui en présent. Cette dame de la mai-
attribue la fondation à Jules Ce- son de Rohan , en faveur de la-
saT(a). Elle se fit considérer quelle Moréri dit que l'érection
dans les guerres civiles du XVr. s'était faite, est la dame de la
siècle (B) , tant à cause de son Garnache, dont j'ai parlé en son
château , que le roi Louis XIII lieu,
fit démolir en i633 {b) , qu'à
cause de sa situation. Le duc (^) Dans le ffaut-Poitou.'j Coulon
d'Anion târha Pn vain dp ^P^n J ."»" «ans la table de son livre des
a Anjou lâcna en vam de s en. j^-^^é* de France, que Loudun est
rendre maître, lan i5bg (c) ; en Touraine. M. de MaroUes a été
mais le roi de Navarre la sou- dans la même erreur; car il a dit (i)
mit très - facilement vingt ans ^^9 loudun fait partie dé la Tou-
après (d). On y voit plusieurs Z^^J^lCJ^sAlt^^âî::'^
couvens : celui des carmes est Loudun est aussi dans ce diocèse. Ce
le rendez-vous de plusieurs per- qu'il y a de vrai , c'est que rëlection
sonnes dévotes , qui y vont en °® Loudun dépend de la généralité
pèlerinage à Notre-Dame de r^- %;"^^}, ,, ^, considén^r durant
coui^ranceie). Celui des Ursuh- les gueiTes ciuiles du Xf^I^, ùède. ]
nés se rendit extrêmement célè- Voici une historiette c^u\ fait honneur
bre, lorsqu'en l633 et l634 à cette ville D'A ubigné raconte (2)
1 . *. j 1 • j quen looQ , Pluviaut, avec soixante
on parla tant de la possession de f^^^eg j^ coureurs , étint à vue d'An-
plusieurs de ces religieuses (C). ville, où le duc d'Anjou était logé,
Ceux de la religion perdirent en »^'^ sortir quatre-vingts cavaliers qui
ce temps-là le collège qu'ils y «'«'««; ^«^ gf"^^"^ ^^ '« ^^r, comme
^ /T%\ T j • j ceux de Guise, ISnssac , Pompadow\
avaient (D). Leur dernier synode Peruaques , Lanssac, Jerssai, Fonl
national fut tenu dans cette taine et autres. Il les attendit de pied
ville, depuis le 10 de novembre ferme j le combat fut rude, et renou-
l65û, jusques au 10 de janvier vêlé deux fois; mais nul des gens de
ac T j 'm.' \ M. • 3 rluviaut ne quitta sa place. D'Ande-
Xt>bo. Loudun a ete la patrie de j^t paraissant avec douze cornettes,
plusieurs hommes de lettres , obligea les courtisans à se retirer ,
comme de Salmon Macrin, de avec deux de leurs morts et plusieurs
Scévole de Sain te- Marthe , de blessés Ils voulurent savoir k quels
T 1 ^ f Ti 11 ITT "I f[cns ils avaient eu affaire. JLa Curee-
Jules-Cesar Bullenger, d Ismael %rsaut qui, avec Clermond, la Bar^
Bouillaud , d^Urbain Chevreau , bée et autjvs chercheurs de coups de
etc. Quelques-uns la nomment pistolets , tenait a gloire de suivre ce
en latin Juliodunum ; mais ce ^^^P^^f^iriejiux occasions seulement,
, • /i7\ T ^^ "®" "^ nom^mer ces galans , re-
nest pas son vrai nom (h.). Le pondit que c'était la compagnie de
géographe du Val {f) a eu tort Pluviaut ; et Lanssac ayant repli-
ât dire qu'elle a titre de duché : ?"«' • comment, les sires de Loudun ?
-»*i -3 ij. ' nyr ' • *! ^ Comme la plupart étaient de ce lieu
8il avait consulte Moreri , il ne ^^ ^^ ,ette qualité , le duc de Guise
se tut point exprime par le temps cria • Laissons ce discours , ils sont
' * »r ' c • » Ttr .u 171 HM tous bien gentilshommes.
,«, Voyez Samte- Marthe , m Elog. Mar ^^.^ ^^ \ossession de plusieurs re-
(t') Mercure Français . tom. XX, p. 768. ^'^'«"*«* ^^ Loudun.] J'en ai parlé
(c) D'Aubigné , tant, lll^ vag. 223. ..« ^ ^, ' •, ■• ..-
Il r\ r<i • A -• •• ' j -xT-w f«) Dans le Dénombre ment de cenx qui loi
(J Du Chêne , Antiquités des VUIcs. ^„; ^.i, p,^,g„^ j, l^u„ li^,„^ ^ „ot CU-
'<*'• Là ményf. yreaa.
(y Dans son Traité de la France, p. 1^4» {*) Histoire uoÎTerielle, tom, /, pag, 3fl».
TOMK IX. 25
cnni
386 LOUDUN.
amplement daiM 09 autre lie« (3) ^ » un iimocent. Tout le crime da pau-
mais je ne sarais pas alors une chose » Tre Grandier était d'avoir débaQ-
que i ai lue depuis quelques jours , et » chë ces religieuses» et s^il leur aTait
que je rapporterai après avoir fait » fait entrer quelque de'mon dans le
connaître , par occasion , une faute » corps, ce ne pouvait être que celui
du père Laboe. 11 dit (4) qu^eu i566 » d^impunitë (7). Or comme ces juges
la possédée de Loudun , si célèbre , » avaient e'té voir ces religieuses tout
fut délivrée parla sainte Eucharistie, » aussi-bien qu^il avait pu faire, et
en présence de plus de dix mille hom~ » peut-être eu commerce avec elles
mes , et entre autres de flofimond de » tout aussi-bien que lui, car il f
Rémond, qui se fit ensuite catholique, » avait bien à dire que ce ilàt des
de huguenot qu'il était. Au lieu de » vestales , ils hésitèrent quelque
Loudun , il fallait dire Laon . qui est » temps sur ce c^uHls avaient a faire;
une ville e'piscopale dans la Picardie: » mais s'ëtant laissé gagner à la fin a
ce fut là que Florimond de Kcmond » la faveur , ils aimèrent mieux se
vit cette fumeuse posse'dce , comme » montrer injustes en condamnant
il le raconte en deux endroits de ses » un innocent, que de se mettre eui*
ouvrages ^5). M. de Sponde (6) rap- » mêmes en sa place en voulant le
porte ce fait , et se sert du mot Lau^ » sauver. Car on les eût pu accuser
dunum. Cest peut-être ce qui a » après tout aussi-bien que lui d'être
persuadé au père Labbe que cette » sorciers, et je ne sais pas ce qui en
aventure sYtait passée à Loudun. » fût arrivé , son éminence étant
M. Moréri a commis la même faute x toute- puissante comme elle Té-
dans Tarticle de Florimond de Ké- » tait (i5). » Je n''ai garde de garantir
mond. que tout cela soit véritable , et je ne
On assure dans les Mémoires de saurais me persuader que Laubarde-
M. d^Artagnan , que Grandier fut mont ait tenu aux juges le discours
Tune des ma'heureuses victimes du que Ton a vu ci-dessus. Cétait un
cardinal de Richelieu. « On lui avait méchant homme, me dira-t-on: tran-
» fait accroire quUl était sorcier seat , passe , répondrai-je ^ mais cela
» et qu^il avait envoyé une légion n^eût point suffi au carainal de Ri-
» de démons dans le corps des reli- chelieu ; il eût fallu outre cela qu'il
» gieuses de Loudun. Sur cette accu- eût de l'esprit et de l'adresse : or que
» sation , le sieur de Laubardemont, peut-on voir de plus éloigné de la
» qui était à la tête de ses commis- vraisemblance, que de dire que le
» saires , Pavait condamné , contre président d'une commission est ha-
» le sentiment de quantité de ses bile dans ses méchancetés , et qu'il
1) iuges, à être brûlé tout vif. Il leur parle comme on fait parler celui-ci
'Artagnan?
» obligera souscrire * ' "
ire à un jugement Et, pour dire tout ce que je pense,
» si rempli d'injustice, que s'ils s'y je ne suis guère persuadé que l'on ait
» opposaient avec toute la vigueur trouvé ce fait-là dans les papiers ou
» que devaient avoir des gens de dans les recueils de M. d Artagnan.
» DÎen , on leur donnerait des com- C'est une addition , ce me semble, ou
» missaires à eux mêmes, qui les con- de celui qui a mis en ordre cesMé*
» vaincraient bientôt d'avoir eu ])art moires, ou plutôt du correcteur
» à ses sortilèges , parce qu'il n'était d'imprimerie (9). En tout cas, M. d'Ar
» pas plus sorcier qu'ils le pouvaient tagnan n'y donnerait pas un grand
» être. Il avait bien moins de tort poids ; car au* temps de la diablerie
» en leur parlant de la sorte , qu'il de Loudun , la figure quUl faisait,
» n'en avait de vouloir faire mourir et les lieux qu'il fréquentait , n'e-
.,. _ ,, . , ^ , «.,- taient propres qu'à lui apprendre sur
(3) Dans Vartiele Cbahoib», tom. Vll^ j>ag. i r n jrr
*H'*,\ - , , ^, 1 . # . V (7) '«w'* d'impression pour impudiché •■
(4) Labbe , CbroDologie françaue , tom. V, impureté r r v
'"'f ; >??• .. , .,. .. . (8)Mémoire»deM.d'Arlagnan, M*. i6o*«
(5) Dans son livre île rAntechriRt, et dans g^iv. , /dit. de i-oo. *
l'ouvrage Ae la Nai»«ince et Progrès de THéré- (^) jVo<*» qu'à y a des corr^etntrs qm, k U
fie , iiV. il^ cap. XII. prière des libraires, examinent si un manuscrit
(6) Spondanut, Annal, ecclei. , aii ann. i560, m/rite d'être impnm/, et qui en retranchent ou
num. 3x> r ajoutent ce qu'Us jugent à propos.
LOUDUN. 387
«ette matière-U les nouyelles lesjplus altri misteri il sudetto padre Benigno
incertaines et lés plus populaires, credeva fermamente a queste tue ui-
Jlfais ne nous amusons point a me- sioni , e visitationi celesli , e che Dio
nager la me'moire d^un aussi brave non le concédera si non a te pura-
liomme que celui-là'. Il n'en a point mente, M. Silvestre (i3), revenant de
de besoin : les Me'moires qu'on a pu- Rome , m'a communiouë une copie
blies sous son nom sont supposés de- manuscrite de l'acte ae l'inquisition
puis le commencement jusques à la où se trouvent ces paroles-là, et dont
Jio : ils viennent de la même main voici le titre : Ristretto de V Abjura
c{ue ceux de M. L. C. D. R. dont je semipuhlica seguita neV sont' officio
parlerai ci-dessous (10). in perso na di fra Pietro Paulo di
y Ski dit ailleurs (11) une chose qui san Gio : JEuangelista Romano al
a semblé incroyable à quelques per- Sacello di.casa Granisi, in etad'an-
sonnes^ c'est que le prêtre Grandier ni quafnnta , inquisito altre uolte
eût pu paraître dans la chambre de nelta cilta di Napoli, ed in quelladi
la religieuse comme un spectre res- Spoleti, Je ne parle point aes infa-
semblant au feu directeur des ursuli- mies dont ce moine fut convaincu en
nés. Il faut donc que je confirme ma qualité de quiétiste , ni des impure-
pensée, afin de la rendre plus croya- tés abominables qu'il reconnut avoir
ble. Bien ne me saurait venir plus à commises avec ses décotes. Cela fait
propos pour cet eflet que l'abjuration dresser les cheveux , et fait compren-
que l'on a fait faire à Rome , depuis dre en même temps que puisque l'in-
deux ans (13), à un aogustindéchau^ quisition s'est contentée de condam-
sé , coupable de molinosisme. Il fut ner à une prison perpétuelle cet
convaincu d'avoir trompé le père Bé- augustin déchaussé, on doit convenir
nigne par de prétendues révélations, qu à certains égards ce tribunal, est
11 voulut lui persuader que Ujs choses d'un,e clémence et d'une douceur ex-
qu'il lui avait dites en plusieurs ren- traordinaire. Mais, laissant là ces sor-
contres étaient vraies et saintes , et tes de réflexions , je me contente de
qu'il était un saint plus grand que dire que par des faits avérés juridi-
tous ceux du paradis. 11 recourut quement, et incontestables, nous sa-
pour cela au témoignage de saint Gaé* vous que le secret de faire paraître
tan , et se montra au père Bénigne les morts , et d'exciter des visions de
sous la figure de ce saint. Il lui fit la Sainte Vierge, est connu et prati-
avoir aussi de prétendues apparitions que dans les monastères. Pourquoi
de la Sainte Vierge , et il se servit donc nierait-on que le curé de Lou-
d'illuminations artificielles , et de dun ne se fût montré à la religieuse
Ï plusieurs tons de voix. Rapportons, comme étant le confesseur décédé?
es termes de so*n abjuration : Con- Je n'ai jamais pu me persuader que
fessasti che le uisioni succedenti era- tout ce qu'on conte des apparitions
no opère tue, e parimente le reue- delà Sainte Vierge, et dont une infi-
lationi del padre Benigno, mentre nité de livres sont tout farcis , soient
tu gP apparisti con l'habito di san ou des mensonges, ou des illusions
Gaetano, con un bellissimo e can- des sens. 11 y entre beaucoup de réa-
didissimo giglio in mano, e barba lités. Les imposteurs entrent <;n per-
posticcia. Il tutto facesti ed operasti sonne dans les chambres, et pronon-
cer far gli credere che le cose dette cent actuellement des paroles sous le
da te in piu e div^ersi occasioni erano nom et sous la figure que bon leur
ueridiche e santé , e che tu eri un san- semble : les vapeurs , les maux de
to maggior di tutti i santi che stanno mère , ne font point que des religieu-
in eieio. Facesti apparire la Beatissi- ses voient et entendent ceci ou cela
ma F'ergine a forza di lume contra- (i4). Leurs sens sont réellement frap-
facendo la voce hora in un modo y ed
hora neU altro, e per questi tuoi ed ^^^^ Confire* c, qu» dessus, citation (,) de
l'article LAXZAftBi.Li , dans ce volume, pag. ii4»
(10) Dans la remarque (k) de VarlicleScuou-' (,^-^ Cest'adire, nVn sont pat toujours la
BUe (C.harle* de) , tom. XIII. cause; car au reste je ne prétends pas nier
(11) Datu la remarque (K) de V article Ci AH- qu^elles ne le soient quelquefois % et que la seule
Bitm y tom yilf pag. 3o3. ^ impression que fait le récit ou là lecture d'une
(is) On écrit ceci Van i7««. vision, ou une vision artificielle, ne produise
L-
388 LOUET. LOUIS VII.
pës par des objets ; Tillasion ne con- Sainte-Marthe ont été les premiers >
siste qu*en ce qu'elles attribuent à ou des premiers qui , par une licence
une faveur céleste ce qui ne dépend poétique , ont appelé Londun Julio-
que de Tartifice bumain. Les «ngas- dunum^ afin de taire participer leur
trimytbes, ces personnes qui })arlent patrie à la gloire de Jules César. Se-
du ventre, et qui dirigent si bien Ion lui, son plus ancien nom est C7i-
Tair de leurs poumons qu'il semble trum Lansdunum ; celui de Losdu-
que leur voix vient d'une cave ou num est plus nouveau. On lui a don-
a'un galetas , sont propres à tous ces né aussi le nom de Laucidunum , de
petits mystère^. Ce sont des gens de Laudunumetàe Lodunum.OuïïïSiumt
service , et Ton peut par leur moyen le Breton lui a donné ce dernier au
faire accroire à plusieurs personnes livre VIII de sa Pbilippéide.
3ue les moT'ts soufl'rent beaucoup
ans le purgatoire , et viennent prier LOUET ( GeoRGE) , conseiller
leurs bériliers de faire dire des mes- ^u parlement de Paris, fit un
ses. Prenez carde aux exceptions -i j> *» • r -. • • •
que j'indique^ dans la note ( .4). recueil d arrêts qui fut imprime
(B. Ceux de la religion perdirent,., à Pans après sa mort*. Le sieur
ie course Qu Us y ai^aienu] L'histo- de Rochemaillet eut soin de cette
rien
{J^jCeua'de la religion perdirent,., à Paris aprës sa mort*. Le sieur
coîlt'ge qu'Us y aidaient.] L'histo- de Rochemaillet eut soin de cette
de VÉiVtde Nantes raconte (i5;, édition, l'an 1600, ^/l-4^ , et la
Que les reformés de Laudun avaient j rj- , '. . • c^' . ^ * ?
perdu leur collège des Vannée i635 , ^edia a AntomeSeguier qui avait
et que Lauhardeiuont X at^ait logé les fourni le manuscrit , et qui était
prétendues possédées. Depuis cela président au parlement de Pa-
ils n'aifaient pu-trouwer de moyen ni j.^^^
de se faire rendre leur bien , ni de se
Jaire indemniser de ce qu'il leur aidait • n él9^ mort en x6o8 , dit Lederc. Je
coûté. Mais la cour passant a Lou- n'ai pas besoin de dire que cet article est
dun Tan i65o, ils s'adressèrent au posthume.
président Mo'é qui était alors garde
des sceaux. La conclusion fut qu'à LOUIS VII , roi de France,
la prière de la reine , ils se contenté- fyj g^cré à Reims , le 25 d'octo-
rent d'une somme fort au-dessous du % ^ q./\ ^» '
prix de leur colûge , qui leur était ^f^ I i3i (û) , et régna avec son
offerte au nom des ursulines. Cette père jusques au I . daoûlliSy,
somme égalait a peu pi'ès le quan de et puis tout seul jusqses au mois
la valeur des hdtimens , et n'était pas ^g septembre 1 1 80 . Il épousa Éléo-
la moitié des intérêts. Voyez dans cn^ ^a u' •»•' S n -ii
le même auteur (.6) la perfidie nor ,mi^e et héritière de Guillau-
dont on se servit , pour tâcber de faire me, IX '. du nom , duc de Guien-
perdre l'exercice à ceux de la religion, ne , l'an 1 1 87 {b). Cette princesse
(E) Quelques-uns la nomment en ^^^jt un trës-grand parti , soit à
iatm Juliodunum {*) : nwis ce n est- j t. * ' •-. '
pas son vrai nom.] M. Valois le ieune ^^use de sa beauté , soit a cause
dit (17) que Macrin et Scévole de des belles provinces que son père
.lui avait laissées ; mais on pre'-
atse* souvent la pertunsion d autres visions ou -, tii/*..« • i>
il .rentre point /artifice. tciid qu elle f ut trcs-impudiquc,
(.5; Histoire Hei'LdiideNani«,<om.//7, et ouc son mari aurait eu de
(16) Tvm. iir, part. II, pag. ^58 etsuiv. , justcs raisous dc taire casser son
h Vann. i684< i6H5 • • i i i •
(*; Fanciiei, 1. 4, cil 14, de set Antiquit/s, mariagc , si la prudence liumai-
«roit que Loudun pourrait bien «ire certain lien ^g g^^jj p^ sOuffrir Ou'il rCnon-
(le la Toiiraine , apprie. dit 11, anciennement 1 ^ ^
Caitium Juliens^. Et là même il remarque que çât par CC dlVOrCC a la pOSSeSSlOD
ce liru , appelé /.(/fiOf/unum par Idace ou Fré- j j i • Jt'lî'l^^-»^»-
dégaire . a elé nommé Juhodunum par Macrin . deS graudS bieUS d iî^leODOr.
pour faire lionneur à I.oudun, t* pnlrir, comme
«cette ville .vail eu JuleaCcaar pour fondateur. ^^^ Mé«er« , Abrëgë cluODolog. . to«. W ,
Aev. cuit. ' ' •-, o ■ o »
fi-) HadrUn. Vjtlewiis Noiil. Galliar-, pag, V^^S- m. ÔS^.
^65 et 450. {Jb) JM méme^ pag. 557.
LOUIS VII. 389^
Tous les historiens le blâment ces croises. Je rapporterai ce
d'avoir ëtë plus jaloux que poli- qu'en dit Brantôme ( D ). Les
tique ; car enfin ne pouvant plus chagrins qu'elle causa à son mari
soutenir le poids de sa jalousie , dans cette croisade, ne furent
et du déshonneur qu'il préten- pas les moins sensibles disgrâces
dait que la vie déréglée de son à quoi cette expédition l'exposa,
épouse faisait rejaillir sur lui, Sai nt^ Bernard n'avait point pro-
il poursuivit chaudement sa sé^ niis ces mauvais succès (E) : au
pàration éCavec sa femme , et contraire , il avait fait espérer
l* obtint par la sentence des pré-- de grandes victoires, et s'éton-
lats du royaume , qùil avait na si peu des murmures qu'on
assemblés à Baugenci^ Van 1 162 fit éclater contre lui, qu'il fallut
(c). Il fit ce que Marc Aurële que des personnes moins zélées ,
aurait fait en pareil cas; mais il et par conséqi^ent plus capables
aurait été plus habile s'il eût imi- de raisonner sur les suites , l'em-
té cet empereur (A), je veux dire, péchassent de s'engager à une
si pour l'amour de la dot il avait seconde croisade (y*). Louis eut
rejeté toute pensée de divorce, lieu toute sa vie de se repentir
Il restitua à la princesse repu- de la faute qu'il avait faite , en
diëe tout ce qui lui appartenait : permettant que l'héritage du
et par-là il mit en état son plus duc de Guienne passât entre les
dangereux voisin d'opprimer la mains des Anglais. Il fut obligé,
France;, car le roi d'Angleterre pour résister au roi d'Angleter-
{d) , préférant les intérêts de sa re , de tenir une conduite trbs-
grandeur à la honte d'épouser injuste en elle-même, et d'un
une princesse répudiée et dé- pernicieux exemple à tous les
criée (B) , alla pour ainsi dire rois : c'est qu'il excita les fils de
en poste à Bordeaux(e), dès ce prince à se rebeller contre
qu'elle se fut offerte à lui après leur père , et qu'il les protégea
le divorce, et conclut fort promp- dans leur rébellion ; mais il le ^
tement son mariage avec elle, faiblement, et avec ^\ peu de
Il sacrifia sans répugnance , et bonheur , qu'il contribua beau-
même avec beaucoup de plaisir, coup plus à la glore de son en-
à l'ambition la délicatesse du nemi , qu'il ne lui causa de pré-
poiut d^honneur. Gomme si les judice. Éléonor se trouva très-
galanteries d'Ëléonor n'avaient "^^^ ^^ son second mariage. Elle
pas eu un théâtre assez spacieux ^^* pour le moins aussi jalouse .
dans l'Europe, le roi de France ^^ second mari (F), que le pre-
l'avait menée en Asie, où l'on mier l'avait été d'elle. Mais le se-
prétend qu'elle acheva de se ^^^^ max\ lui fut bien plus rude
perdre (G), faisant très-peu d'at- ^^ ^f premier : il la fit mettre
tention à la sainteté des lieux en prison, et l'y tint étroitement
qu'elle allait voir avec les prin- enfermée toute sa vie , comme
(c) Là même^pag, 570. ®" ^^ Verra dans nos remarques,
{d) C'était Benri II. Il ne régnait pas en- avec la Suite de l'histoire de Cet«
T)* D. Larrey, Héritier* è. Guienne, ^ reine (G). Louis mourut le 18
r«y- 6i. (/) yojrez la rtmarqne^ (B) , vtrg la fin.
ton.
{
39» LOUIS VII.
9VL %0 tk septembre ttSo(g)f Bnrrfaat tlcha de Ten détourner, en
deux ans aprè» aroir fait un Jm disant que «'il la répudiait il
j ,v .. ^ , faudrait lui rendre 1 empire (a). Wons
voyage de dévotion en. Angle- avons ici un roi de» France qui prati-
terre» Il en avait fait un sem* qaa si exactement ce principe, qu'on
blable à Saint-Jacques en Gali- peut assurer qu'il fut scrupuleux,
ce, non pas l'an ll 52, comme i>on. seulement au delà de ce cfu'un
., ; . ,f . ,.' ^g, prince le devait être , mais aussi plus
Mezerai 1 assure, mais 1 an II 55 qu'un particulier ne l'aurait été'.
(H). Il fît sacrer à Reims son Four prouver cela je me servirai des
fils Philippe , le premier de no- paroles d'un historien moderne ,
vembreii79. Il l'avait eu d' A- grand partisan d'£^^^^^^
,. j ^, '•7 . ., tira, dit-il , (o) , sur-le-champ dans
hx de Champagne , sa troisième ^^s états de Guienne , dont le roi
femme. Je ne me snis pas arrêté Jit sortir ses garnisons , sans retenir
sur le détail chronologique de o^icune place ; quoique ayant deux
ses actions , parce qu'on le peut ^i^'f^ f mariage qu'il garda au-
, ' r_ , _ -. 1 , . * près de lui , il semble au il eut pu ,
trouver dans M. Moreri. sous prétexte d'assurer leurs preien-
(g) Mëxcrai, Abrégé chronol., tom. II, «'^'^ f« ^^ succession de Uur mère ,
pag, 5tô. *^ saisir des Jorteresses de la duché.
Peut-être qu'il en usa ainsi par po-
(A) Il aurait été plus habile s'il eût litique , pour ne point soulever la
imité Marc Âurèle. 3 Quand on re- Guienne, dont les peuples temuans
présenta i cet empereur que puis* et jaloux de leurs droits rCaiwaient
<7'
répudier , il répondit : Mais si je la attendre que la mort de cette prin-
rëpudie^ il faudra que je lui resti- cesse en mît sesjilles en possession.
tue sa dot , c'est-à-dire que je me Peut-être aussi que ce fut une déli-
dépouille de l'empire. JFaustinam catesse de conscience , ne croyant
satis constat, apua Cajetam condi- pas qu'il pût avec justice retenir Us
tiones sijfi et nauticas et gladialorias états d'une princesse qu'il avait ré-
elegisse : de qud quiini diceretur An- pudiée. D'ailleurs , il avait perdu
tonino Marco , ut repudiaret , si non depuis peu les deux plus habiles
occideret , dixisse fertur : Si uxorem hommes de son état, l'abbé Suger
dimittimus , reddamns et dotem. et le comte de P^ermandois , qui
Dos autem quid erat, nisi imperium moururent la même année : et comme
quod ille ab socero, volente Adriano , ils avaient eu toute la direction du
adoptatus , acccperat (i) ? Cette ré- royaume sans qu'il s'en mélnt, il se
pon se est très-digne d'un empereur trouvait par leur mort aussi étonné f
philosophe : on y voit que Marc Au- qu'un homme que ses guides aban-
réle savait accoraer ensemble les de- donnent au milieu d'une Jorét, Tant
voirs de ces deux titres. S'il eût re- il importe a un souverain de s'in"
tenu l'empire après le divorce , il eût struire de bonneheure des intérêts de
fait une action injuste, il eût donc son état, et de le gouvervier par ses
mal soutenu sa qualité de philoso- lumières , et non par celles de, ses
phe. S'il eût mieux aimé se réduire ministres. Cependant la reine Jiléo"
a une vie privée , que d'être cocu , il norj'ut alors bien heureuse que Louis
n'eût point aimé la grandeur et l'au-
torité, il eût donc mal soutenu sa (i)Ka/ toi rou Bo^ppov tycLirtov/uiinu
qualité d'empereur. La justice de sa At/*r& ««ti tLotxùovroç ttirovijui^a.fféAt , xai
maxime n'avait pas été inconnue à ttotî ciVoyToc' ot/xouy xcù «r»? yrpùîx.A aÙ'
Bnrrhus , gouverneur de Néron ] car tm , tt^utiçi tnv «yc/uoviotr àttô^qç. Burrho
lorsque ce prince voulut répudier UiîquidemresistenU^etpi'ohibénteiUaMrfjfu-
Octa^ie , fille de l'empereur Claude , ^*?'ï.' '\ '""''i^'"',^ ^t^îT '*'* v/i:^*'"' "*'
(i) CapitoIiou«, in Marco Aarelio , e. XIX , (3) M. de Larrer, dans son Héritiirt dt
pag* m» i6a , tom, /. Guienna, pag. 60 , a Vann. ii5a.
LOUIS VII. %i
TTII 9 plus moine que roi, écoutât (B) Lb roi à^AngUtmré ptéféra
plutôt les scrupules de sa conscience les intérêts de sa grandeur h la hohte
Î'ue les mouvemens de son ambition, d^épouser une princesse répudiée et
e n'^ai rien voulu retrancher de ce décriée, ] Un passage de Me'zefai Ta
passage : tout m'y a paru bien pense nous apprendre deux choses qui
et propre à instruire le lecteur. Un étonnèrent les gens de bien et les
autre écrivain moderne raisonne sur gens d^bonnenr : les uns s'étonnèrent
les motifs de Louis VU , sans y mêler que le roi de France déféra trop
du scrupule de conscience. Voici ce aux lois sé?ères de FÉvangile ; et les
quHi dit : « Louis étant retourné des autres, qu'un héritier présomptif de
» saints lieux , .avait fait casser son TAngleterre ne déférât pas assez aux
a> mariage avec Éléonor d'Aquitaine, lois derhonneur humain, v. Louis VII
3> sous prétexte qu'ils étaient parens, » étant de retour de la Terre Sainte,
» mais en efiet pour punir cette » songea à se défaire de sa méchante
•» reine d'un commerce suspect » femme, bien qu'il en eût deux fil-.
» qu'elle avait eu en Orient avec un » les , Marie et Alix. Pour cet efiet ,
» Turc nommé Saladin , et d'autres » ayant déclaré an pape qu'elle était
» débauches trop publiques pour >» ^a parente au degré défendu , il fît
» pouvoir être tenues secrètes. Le » assembler un concile à Beaugency,
» chagrin lui fit faire ce divorce » où les évéques secrètement avertis
i> avec si peu de précaution, que, » du vrai sujet de ce div^'ce , pro-
» contre toutes les règles de la poli* » noncèrent la nullité de ce raa-
» tique, il renvoja Eléonor dans son » riage, Éléonor l'ayant aussi pas-
2» pays, qu'il lui rendit; ne croyant » sionnément souhaité que lui ^
» peut-être pas qu'il y eût ou un » parce , disait-elle , qu'il était pin*
» homme assez hardi pour épouser » tôt moine que roi. Et véritable-
» une princesse qu'il aurait repu- » ment bien loi en prit, car s'i)
» diée, on un prince assez peu déli- j) n'eût été un peu moine, il l'eût
M cat pour prendre une femme dé- » châtiée d'une autre façon , et n'eût
» criée , et dont il avait eu deux fil- » pas été si consciencieux que de lui
» les. L'événement fit voir qu'il s'é- » rendre la Guienne et le Poitou ^
3> tait trompé. Henri, alors duc de » mais il les eût confisqués pour
» Normandie, passa par-dessus cette » son crime, en lui faisant au reste
» délicatesse, pour faire déj>it à » grâce de la vie , s'il l'avait jugé à
» Louis, et encore plus pour join- » propos. Mais il ne faut pas s'éton-
» dre la Guienne à tant d'autres » ner s'il commit une si lourde faute
S) belles terre» qu'il possédait en » en matière d'état , où il avait peu
» France , par lesquelles il se voyait » d'expérience , en ayant toujours
» en passe d'y être .un jour aussi n confié les négociations , en un mot_
» puissant que le roi (4)- » Joiçuez à » tout le gouvernement et la direc-
ceci le passage de Mézerai que je cite » tion, à son ministre l'abbé Suger ,
dans la remarque suivante. » lequel mourant l'année d'aupara-
Au reste , je ne prétends pas éta- » vant l'avait laissé aussi étonne quo
blir un parallèle entre Faustine et la » le serait un homme qui aurait per-
reine Éléonor. Les plus médisans ne » du son guide en un pays désert
disent pas de celle-ci ce que l'his- » et inconnu. Les plus gens de bien
toire dit de Faustine. Elle allait elle- » trouvèrent étrange cette scrupu-
même choisir des galans au bord de )> leuse restitution , et les gensd'hon-
la mer , parmi des bateliers et des » neur s'étonnèrent encore de voir
matelots , et cela parce que pour l'or- » que Henri, à qui Etienne n'ayant
dinaire ils allaient nus (5). On en- » point d'enfans avait après sa mort
tend bien ce que je veux dire. » cédé le royaume d'Angleterre ,
(4)Z«^ired'Orléaii«,HisioirtdMR*T6luiioii« » épousàt cctte princesso dont le li-
d'Aagietcnre , tom. J,paf(. i53, i54. j, bertinage était si public , qoe Je
(5) Cuju, (M. Aurelii Aotonini) diyinaomnia • ,^^ • j ^„g^ ,„n j,i„.
iomi nttUuteque faeia conmUaque : qua tm- '"* ,», r . , ^| . i ^, / ,i-
prudenUa regunda, c.oninfiis aliaminavU t qu€B » plc gentilhomme eût la lîlchelé CtÔ
(fi lantuin petulaniite proruperai, uiin Campa- » mettre ce déshonucur dans sa mai-
nid gtdens amana Uuorum obsidêret ad lêgen- ^ son (6). »
do» 0x naulieit quia plerutnquê rtudi agunt , ap' ^ ^' ^
ùont. Aurai. Virior. , in OeMiribur , |». m, i3>. (6) MéierM, Hiit. 4*Fm*c«, r^l. //,/». »o».
394 LOUIS VIL
•» duc d'Antîocbe , oncle de madicte qu'elle s'estait tant aecousttsarmée à
» dame , et par le moien desquelz le garçonner tu^ec euxparmy les armes,
» Toy s^attendoit bien aroir secours tentes et pavillons, elle se pouvait
}> et aide audict pays , pour parfaire contenir, qu'elle ne garconnast aussi
» soD 'entreprinse : neantmomslma- entre les courtines, comme cela se
» dicte dame , sans propos , cause , voit souvent. Je m'en rapporte h nos-
» ne raison , et pour une legieretë , tre rojrne Leonor, duchesse de
3} voulut laisser le Toy son espoux , Guyenne , qui accompagna le roy
3> et s''babandonoer au souldan Sala- son marjr outre mer et en la guerre
» din , dont elle avoyt veu limage et sainte , pour pratiquer si souvent la
» pourtraicture, et en ce faisant, gendarmerie et la soldatesque, elle
» trabir le roy et toute son armée , se. laissa fort aller a son honneur,
» le tout par le conseil dudit Hay- jusques^la qiûelle eut affaire avec les
» mond son oncle. Laquelle maul- Sarrazins, dont pour ce le roy la
» vaise et damnée entreprinse ne fut répudia; ce qui nous cousta bon.
u exécutée , comme Dieu le voulut , Pensez qu'elle voulut esprouver si
» au moyen de la grand diligence ces bons compagnons estaient aussi
» que le roy feit de se retirer de ce braves champions à couvert comme en
» danger, dont il ne se declaira {a- pleine campagne; et que possible son
» mais à madicte dame. Toutes^ois humeur estait d'aimer les gens vail-
» il a tousjours porté ce faix sur le lants, et qu'une vaillance attire l'au"
» cœur, et ne se fie aucunement en tre, ainsi que la vertu; car jamais
» elle, et vouldroit bien faire di- celuy ne dit mal , qui dit que la vertu
i% vorce sil voyoit que la cbose fust ressemblait le foudre , qui perce tout,
yt raisonnable, et que Dieu n'y fust Voyez la suite à la note (a5).
» ofiensé. Car ainsi qu'il dict, ne (JE.) Saint Bernard n'avait point pro-
» sera jamais assuré de la lignée qui mis ces mauvais succès."] Ayant ordre
» viendra délie. » L'auteur ajoute de précber la croisade par tonte la
que Varcevesque de Bourdeaux dési- cbrétienté, il comme uça par laFrance.
rant qu'on fit la séparation ^our aul- a II fit assembler un concile natio-
tre cause que pour la petulencç et » nal à Chartres , dans lequel il fut
mauvaise volonté dont on chargeait » cboisî pour chef généralissime de
ladicte Alienor, proposa un aultre ■» cette expédition ; mais il le refusa
moien plus honneste, qui fut que le » et se contenta d'en être la trora-
roi et elle estoient parens , voyre en » pette. Il la publia partout avec
degrez prohibez de contracter ma-' » tant de ferveur , avec tant d'assa-
riage. Cette ouverture fut acceptée, » rance de bon succès, et comme on
et l'on fonda là-dessus la dissolution » le croyait , avec tant de miracles ,
du mariage. La reine advertie de ce » que les villes et les bourgs demeu'
3ui s'estoit passé, tomba esvanouie » raient déserts , tout le monde s'en*
'u/te chaire ou elle estait assise , et » rôlant pour cette guerre (a6). »
Jut plus de deux heures sans parler. L'empereur Conrad , parti avec une
ne povoir plorer, ne desserrer les armée de soixante mille chevaux ,
dens. Et quand elle fut un peu rêve- arriva à Constantinople sur la fin de
nue , commença de ses clers et vers mars Ii47 (27). Louis se mit en lûaf'
yeulx regarder ceulx qui luy avaient
premièrement dit la dure nouvelle,, ^,5^ ^elte retneLeonot ne fut pas la seule
en leur disant , etc. (33). quiaeeompagna en celle guerre sainte le roy ton
(D) Je rapporterai ce qu'en dit marr% mais a^^ant elle ^ et avec elle ^ et aprit^
Brantôme. -] Il parle d'Éléonor sur pluiieurs grandes princesses el dames a^c leurs
,, i'T'iLiA BJ J marrs se croisèrent ^ mats non leurs jambes ^
un mecnant pied : il blâme fcdouard (^n'èlUs ouvrirent et eslargîrent a bon escient,
III d'avoir confiné sa mère dans un si qu'aucunes y demeurèrent y et les aiuret en
château pour des amourettes. Petit retournèrent de trè, bonnes uesses ; et sous la
I, r -^ 3'«.*i//\ ft ^ couverture de vtxiter le Saint-Seputchre varmf
jorjait, dit -Il (24), putsquil est tant d'armes , faisolem à bon efciem l'amour. •
naturel, et que malaisément, ayant aussi comme f'ajr dit, les armes et l'amour con-
pratiqué les gens de euerre, et viennent bien ensemble ^ tant la sympathie en
* * ° ° est bonne et bien conjointe. Le méa*, f. Si>*
(>3) Boncbct , Anaalei d*Aqiiitai<k« .folio. 80. (a6) Méierai , Abrégé chronologique, /om. //,
(a4) Brantôme , Mémoirca dèa Dam«« gaUttlea, P»g' ^4* à l'aan. 1146.
font. //, pag. 3ii f 3ia. (a^) Lk mima , pag. 565.
LOUIS VII. 395
che la deuxième semaine apréa la reproches cyUrê la réputation de saint
Pentecôte de la même année , et ar- Bernard (3*, qui semblait aUoirprO"
riva en Syrie pendant le carême de mis tout un autre éuénement que ce"
Tan 1148. Manuel, empereur de Con- lui-la. De sorte que lorsque le pape
stantinople , fît mêler du plâtre et uoulut, a deux ans de la ^ luijaire
de la cnaux dans les farines qu'il prêcher une autre croisade ^ et fobli-
foumissait à Conrad, et lui donna ger h passer lui-même en la Terre
des guides qui , après av^oir promené Sainte , afin que plus grand nombre
Parmëe par de longs détours oii elle de gens le suiuissent , les moines de
consuma toutes ses munitions , la H- Cîteaux en rompirent toutes les mé-
trèrent demi-morte et languissante sures , de crainte d'un second mal-
entre les mains des Turcs qui la heur, qui eut pu être plus grand que
taillèrent toute en pièces, de sorte le premier {32).
qu'il n'en resta pas la dixième partie (F) Eléonorfut jalouse du se-
(28). Louis courut les mêmes risques cond mari.'] Servons-nous des exprès-
que Conrad ; néanmoins il s'en sau- sions d'un historien moderne (^ue
Ya arec plus de bonheur que de pru- nous avons déjà cité (33). a La reine
dence. Il gagna une bataille au pas- » Éléonor, la personne du monde à
sage du fleuve Méandre , mais il n' en » qui il convenait le moins d'être
tiixi aucun fruit : car après cela pe » jalouse d'un mari , l'était à outran-
ce tenant pas sur ses gardes , il reçut » ce , et en avait sujet. Henri était
un notable échec a un détroit de mon- » décrié pour les femmes , et le mo-
tagne. Enfin il parvint a Antioche , » nument qui nous est resté de la
dont Raimond, oncle paternel de la » fameuse Rosemonde est un témoi-
reine sa femme, tendit alors la prin- >» gnageà la postérité du dérèglement
cipauté. Ce fut là qu'il découvrit le » de ce prince. Celle qui , au tem])s
commerce de sa femme avec Saladin, » dont je parle , causait la jalousie
et qu'il se vit sollicité à la rupture » de la reine , était Alix de France ,
de son mariage. Il ne trouva point » accordée avec le prince Richard ,
d'autre remède pour éviter ce scan- » et donnée comme sa sœur Margue-
dale , que de tirer son épouse la nuit » rite à élever à son beau-père , qui
d' Antioche, et de l'envoyer toujours » eu était devenu amoureux. Piquée
devant en Jérusalem. Lui et Conrad a de cette passion, et en même temps
assiégèrent Damas, et réussirent dans » de la crainte, que si le fils était
cette entreprise aussi mal que dans j) vaincu, le père irrité ne se portât à
tout le reste , /7ar* l'énorme trahison » quelque extrémité contre lui; Éléo-
des chrétiens mém^s de ce pays-la. j) nor sut si bien persuader à Richard
Ainsi ces deux princes détestant leur » et à Geoffrdi qu'il était de leur in-
méchanceté..... ne songèrent plus » térêt de ne point se séparer de
qu'à leur retour (29). Louis étant » leur aîné, au'elle les engagea à
monté sur ses vaisseaux rencontra » entrer dans la ligue des mécon-
sur sa route Varmée navale de ces » tens. » Afin que tous mes lecteurs
perfides, qui le guettaient pour V en- entendent ceci , je dois dire que le
lever. Comme ils en étaient aux fils aîné du roi d'Angleterre et de la
mains , ou même , selon quelques au- reine Éléonor , s'était rebellé contre
teurs, qu'ils l'emmenaient prisonnier, son père. Il avait enlevé la princesse
arriva par bonheur l'armée de Moger, Marguerite de France, fille de Louis
roi de Sicile 9 leur ennemi capital , VII, qui devait être sa femme, et
conduite par son lieutenant , qui leur que le roi d'Angleterre élevait dans
fit bien Idcher prise , ayant bnllé , son palais. Selon quelques historiens
pris et coulé a fond quantité de leurs (3^) , c'était elle qui causait la jalou-
vaisseaux (3o). Le mauvais succès sie d'Eléonor, et c'était Éléonor (35)
de cette croisade, qui avait tant fait ___
de veuves et d'orphelins , tant ruiné J}') ^^^y" ''".ï"^'* ^""^'^" » *^'"- ^^^» ''^^'
, , . ' ' », 1/ sok% remarque {i).
de bonnes maisons, et tant dépeuple (*3a) Méxerai , Abtégi chronologique, tom, II,
de pays , excita des murmures et des pag. 569.
'^ ^ ^ '^ (33) Lg p-gré d'Orl^sns , RéToIntlôii d'ilngle-
(a8) La métne, pag. 566. terre , tom. /, pag. jUS, h Vann. 117a.
(99) Lk mâiM, pag. 667. (34) D« L^rrey , Béritrire et Gnienne, p. 80.
(3o) La mém», m Vann. 1149. (35) La mfmt , pag. 87.
LOUIS VII.
hoD , comme dans la sulfe eUe enga- eu un fils. Enfin <^aiÂam m^U.
pendant àue le rofe' ^"'l 'l""'/'' P''^"^'"'"" f"" ^« ««»rde AVAa^
De» qu , fut repassé en Angleterre , marier Jlec uni autre. C'est do^
• Wewf^' /r'i'''""~^~°" ^^àe Navarre, uoulanx faire Un,^.
V^™„. • " *"'^ «^««««ra «ont & riag:* de la princesse Béreneère a^
Py'b'en dierement la satisfaction permission, avant qu'U partUd'An-
queUeavaa cherchée dans une uen- ^Uu-rr^. d, »^»„„2- 1 C.- :,^ ,7 "
„.'..!! — y'—"itr:iu. ta sausToction permusion, auant au il Dartild'An-
quellea^ait cherchée dans nie uen^ %leterre, de négocier ce^traUé II Z
^tZTdrtl^nrf '''Vf ""' ''' ^uifut pas dijfâile d'en XTk^^^^
Sr36/ ' ^^""^ '^^ ''^'' ^^'^^ ""y^' ^"'''«' d'habileté qu'elle en
(Cs ' 7 iî ^^^^^^^ et le parti paraissant d'ailleurs
^iJ^; .... qui,.., la fit mettre en pri-- «» JYauarrois aussi At^antageux au' il
son toute saisie, comme on le uerra... l'était effecUi^ement (io). Elle aJena
oi^ec la suite de l'histoire de cette ensuite la princesse de Navarre en
reine.] Pour ôter le sens éauivom,« Sicile à son fil» .t„; ..«.™™ i!
ujant, autant a naùUeté quelle en
aidait, et le parti paraissant d'ailleurs
son touti
' in a"*^ «-watwtne ae cette cu^mte la princesse de Plavarre
d^eke n'T^fi"''-^^ j^"' 1^ ^^"'.^ ^ '^" ^^'^ *ï"^ consommai;
ae cette phrase-, je dois dire qu^É- mariage avant que de faire voUe vers
ut prisonnière jusqu'après la Terre Sainte. Éléonor retourna en
lu roi son époux. Ce prince Angleterre, d'où eUe passa en AUe-
Lan II 88. Richard, son troi- macne , l'an 1194 , pour dëlivrer
^*^^c uVs, lui succéda. Il était alors Richard, prisonnier du duc d'Au-
en france, ou il avait fait la ffii#»rr« triche (^i). Richard *.>on* «,^-» r»-
a son père à
mière
en
reine
sonnière
lui succéda. Il était alors Richard, prisonnier du duc d'Au-
ou il avait fait la guerre triche (ii). Richard étant mort l'an
I^r^Ci!" * t<>«;*« outrance. La pre- "99, elle cabala pour faire tomber
A cnose qu il fît après son retour la couronne sur la tête de Jean , son
I Angleterre , ce/u« de délivrer la fils , comte de Mortaing, à l'exclu-
'^ne II. leonor sa mère, qui était pri' sion d'Artus, son petit -Gis, quoi-
^Y^JT, S"""" '""'^ ^''^ (^7). Il la qu'elle eût plus de tendresse pour
TJfi A " rï?"™« (38) lorsqu'à Artus que pour Jean , et qu'elfe fût
îousir^.?^"^^^?''*"^*^'^*^'^^.!^- Ç^^rsuaàée que les prétentions de
âme la^^oH "'^^^ dans son Jean étaient injustes (4.). Mais son
ame la porta a faire un vniracr« «« amhitinn fnf In e^.iU ..^„i« j
'.vr. ..Mbfc^ , grince
honneur , parce
w/* é I . o-^ - , # ayant besoin d'elle,
eue porta les choses à l'extrémité. «^ ^^ ferait régner at^ec lui (A3). Ce
t.omme elle avait tout pouvoir sur comte est le même que celui qui est
''esprit de Richard, elle tâcha de le nommé Jean -sans-Terre. Par la paix
'^egoater de ce mariage, en lui don- qu'il fit avec Philippe-Auguste, roi
nant des soupçons de la conduite que de France , l'an laoi , il fut dit que
son père aidait tenue auec cette jeune l'infante de CastiUe, sa nièce, épou-
P^^cesse; et uofant que ses soupçons serait Louis., fils unique de Philippe
ne suj/isaient pas , elU ajouta que La reine Eléonor, nonobstant son
grand âge , alla quérir cette infante,
(36)ïpe Larr«y . Héritiirc de Guienne vàg *^ petite -fille, k la COUT de Tolède ,
go , a rann. 11^3. t #'»«•
en Û^^J^'T ^'fi'^.i' * Richard, et mise (4») Là même , pag. ,40.
nXilî '"" ^'"" '"'^"" * *• ^u'eUefût (43) Là même. Voyez aussi le pire d'Orléws
Bcvolationi d*ADglctcrre, lom. I, pmg. »8t.
LOUIS VIL 397
et t amena en Normandie (44)' EUô attribue ; car depuis sa liberté elle
fut assie'gée dans Mircbeau par le fît paraître autant que jamais son
faire, dit-on , pendant la vie d'Ele'o- voile de l'ordre (47). Elle avait fait
nor. Cette reine mourut charge'e beaucoiip de bien à cette maison (48)-
d'années et de péchés. Servons-nous c'est pourquoi on la représente dans
des phrases de M. de Mézerai. « Cette le nécrologue de Frontevaux comme
» femme, consommée en toutes sor- ime des plus vertueuses princesses
» tes de méchancetés, vécut plus de du monde ^. tant il est sûr que pour
V quatre - vingts ans , entretint la obtenir de messieurs les moines une
)> guerre durant plus de soixante, et attestation de bonne vie, au milieu
'.,.„-„ .oyez
» son on pourrait dire d'elle ce que la remarque (I) de l'article de saint
» le poète grec a dit de la femme . Grégoire. Migrauit a seculo domina
» de Ménélas , qu'on a souffert , non Aliénons regina Franciœ et u^ngliœ,
» pas dix ans , mais quatre cents , ducissa Aquitaniœ ^ quœ niiore resiœ
ït pour une telle femme, et h fer et la soholis suce mundum illustravit. r{o-
1» flamme (45). » Sa fécondité ne mé- hilitatem generis , uitœ decora^^it Ào- •
rite qu'une partie des épithètes que nestate, morum ditauit gratiâ , uirtu-
l'on a données à la fécondité de Ju- tum, floribus picturawit^ et incompa-
qui régnèrent la laissèrent jouir de c'est le 3i de mars 1204, comme l'as-
la régence ; mais d'ailleurs ils causé- sure M. Moréri , il s'ensuit que MM.
rent mille maux à leur patrie. Ils de Mézerai et de Larrey se sont
eurent du^ cœur comme des lions ; trompés , quand ils ont dit que Jean-
mais c'était moins un véritable cou- sans-Terre n'osa tuer son neveu Ar-
raçe , qu'une hardiesse déterminée à tus pédant la vie de sa mère. M. Pins-
mepriser les malédictions de la re- son mf KioUes , que j'avais prié de
xfommée, et à regarder d'un œil froid consulter le père de la Mainferme
l'atrocité des plus grands crimes. En m'apprit que ce religieux était mort'
un mot , ils ne firent honneur ni à et que le père Labbe , dans ses Ta-'
la France d'où ils étaient originaires, bleaux Généalogiques (5o) , et le père
tant du côté paternel que du côté Anselme dans son Histoire de la
maternel , ni à l'Angleterre l'héritage maison royale de France (5i) , mar-
de leur père. La mort d'Eléonor est quent le temps de la mort d'Éléonor
mise au 3i de mars 1204, par M. Mo- comme Moréri.
réri, qui ajoute qu'étant sortie de
prison l'an i iq4 , elle se retira dans (47)^^ ultimumtanto nobis ejffecuz est ,.|„-
* ^ 1 ^^ ' ^ ' 1 • j ****** .itncenssimtB dtleeUonis , quœ relieiané>r
un monastère, et n^urut a celui de alias quasi respuens, s^elamen noslriVZZ
Fronteuaux. Il SCTirompe de cinq *u'cipere ^ et in nostrd praelegU eccUsid sme-
ibidem.
(44) De Larrey, Héritière de GuîenDe,pa^. (49) Ex Necrologio Fontls-Ebraldi , apud l«
«4ï. Mainferme, in Cljpeo nasc. Ordin. Foatebrald.
(4?) Mézerai, Histoire de France, (ont. //, pag. i58.
png. 139. (5o) T ai vérifié que cela est sûr. Voyez Us
(46) Beversus indi filiam Cœsaris Juliam Tableaux ?enêalo;[[iques de ce jésuite , pas. 4q,
quam in matrimonio MarceUus habueral duxii édil. de Paris , i6(i4.
hjcoretn , fenUnam neque sibi wque reipuhUeaf (fit) Toi vérifié cela. Voyez THistoire de 1^
feiicis uteri. Patercnlu» , Ub. JI, eap, XCllI. Maison royale , pag. ^8.
39S LOCIS VII
ce III. 0*0* ylleoman ngimm..... Ah Ani C^mUm ■ r«Lf««,!?T^Tf^
CœUstuuum pmomm . Uemrum^ f\r- r_ . . _ - ÎT "■"■"r « «-
^,^-W»/^M«««^^ 'oti«-«t fa piété ao^^^^î;^^
ane parie Vossias a L> paee 8a de ion vertn C«^»,sL- ^I?_I^ «aie» la
^AasterflaiBi63a:cestaBmorceaa der^ .'H ^^Tl!?^ . ï^'*'
des additioas de son oamse. H >e ^d^ît. »^T ^'™' " °'»*""
«Tait p» e-cor. eela fc^all fit fc fl ^^1^»^ re^T^^r» «*»"•
l«*e de fe-u-es «Tante. ^ «âr ,« «fcm leS^ A^^X»
r // /u i» «,r*çe rfe J«^«,o, ., lu,«ai»«. H «> a rfeo de^l^
d«,pa™JesdeH«zerat. . O.— e fa fa go«T«e. ^^T^^^^^^^
• deTotvm e.Ten les relique» de comme hri.o. ,„rat à emé^e"
. «mtTlloiBas de Çmtorberr croi»- pieté le plo. gnnd boah^Td^t 1«
. «U, par I exemple »è«e d« roi l^mple, ^«ii^t jooirT»!^ ri pe^
" ™^,- <ru «!« »» penecuteor âant^aib pralicf^Bt toate, le. ra-
. etut dcTenu «n adorateur : le rot ï« de fa poUliqie, U «• raidirà"e
. LooB passa ea Angleterre , fit ^ .écarter jamak'de» ,*-!„ ^f^ %
» P~«^«>riou tombeau et y laissa fa morale de l'Eranrife, lui IT «,
" ^r> ™>'* «aniues de » pieté sajet, ,e,o.t iafailUblement h proie
. , oa .Le pru«» aTaU deja fau « de» autre» uatio.» , et tout le J^ude
dltSeMrai .33 . . D u était peut mouastoque, <p.'i porter une cooron-
. perme aux rou de France, ce dit »e, rt qull ferait Ibien de céder «
" iirJ" ^r~' «i^p«a«r de, pface à in prince moin» «rru^uî^
a bâtarde». Or il coarat an bruit que '^t^yvMKUM..
» Constance ^54 l'était. Voil^our- \f^mbt'm'fi^(sk' "*** """
• ^. ^"îf' ^»", '^.W.*^ Cette maxime regarde principale-
. même ; et sou» pret«te d aller en p«„ de cette piété qui c,^itei
» pelermage a Sa«t-Jacqoe, en Ga- lUire bâtir de magnifiqae. é^ i
. l.çe,pai«.parfacoarde«>obeao- étendre par fa To"d«? armelfaT îi!
. père, le plu, maso.fiqoe pnnce «te, de a religi»,. et à «iTrper
E^/ltH- "F^ 4^ rn'^;4it/f^2.'"gî:"dih-r:
^irSivP î-=^dei:--r^'s-«-l5ii
priBcipaJe» de Uuw VJL // fut peu quite'. Je la politique : ie parle à'unt
^ZmV'"* ffr^^nde» entreprises , Conscience qni ^pr^re toutoan
T^laZu^jfZ ^"' '^f'^^'^^' toutes le. maximes de Fart de i^er,
Ue ia Vigueur ; ma^ aussi pwux , q„i «ont contraires à l'exacte probi^
(5») Mézeni, Abrégé elirttaologiqae, lom, *^' ^^^ vcrto est sans doute prëjo-
i^^^irmflVtlfT' "'î r ' . ^«ciable par rapport an bien tempo-
M#. 583. «•^wwH.ji^e , f»OT, //, pfffudiee amx pUu paissmiu prinemt. La mmùom
* d' Âiiiriehf ta smii t U Fmmee le sent.
LOUIS XI. 399
.rel f à cause qu^elle ne permet pas les princes se sont tellement raffinés,
que Von résiste aiix attaques et aux que celui qui uoudrait aujourd'hui
cabales de rennemi. Louis VU en est procéder rondement enuers ses voi-
ua exemple (58), quoiquHl faille sins , en serait bientôt la dupe.
ayoner que ses scrupules étaient d'un
tour fort particulier : car ils ne Fem- ^OUIS XI , roî de France , ne
λéchaient point d exciter a la révolte , ^ ,,' .0 f\
es enfans contre leurs pères , ni de f isourges , 1 an 1423 , succéda
ftroteger cette rébellion ; mais ils ne à Charles VII son père , l'an
ui permettaient pas d'être marié à 1461. Ce fut un prince très-ha-
uiie bâtarde; ils le contraignirent à Y,{\e dans l'art de régner : il
faire un voyage pour savoir si son ,, .. » j ^1
éoouse était fille légitime du roi Al- ^lait consomme dans les ruses
phonse. 11 craignait d'ofl'enser les lois de la politique, et il les em-
du royaume. Pourquoi ne craignkit- ploya trës- Utilement pour se
il pas d'offenser la loi de Dieu, qui ^j^^^ j^ ^i,,^ embarras; mais
ordonne que les enfans honorent ni r -*• 1
leurs pères? ^"^^ '® contondirent quelque-
Je finis par un passage de M. Ame- fois {a) , et Ton s'en étonne moins
lot de la Houssaye , où il cite Ma- quand on considère qu'il n'y
ch\^ye\.<^yhommeditAl dans lécha- ^tait pas uniforme; il passait
» oi/TYî 1 5 tfe ^0/1 /'r/zzce, qui voudra j»„„^* „f '^:*» . i» * /a\
«faire profession d'être parfaitement dune extrémité a 1 autre (A) ,
» bon, parmi tant d'autres qui ne reserve jusquà 1 excès pour l'or-
» le sont pas , ne manquera jamais dinaire , ingénu sans bornes en
» de périr. C'est donc une nécessité quelques rencontres. On a eu
» que le prince qui veut se mainte- * • * j^ j- y., ,.
»nir, apprenne à pouvoir n'êt,^ pas ^«^^^^^ ^^ ^^^ qu il se rendit
» 'bon quand il ne le faut pas être (*). autant considérable en ses vices
» Etdans son chapitre \^, après auoir comme en ses vertus ^ s* étant en
y^ dit que le DHnce ne' doit pas tenir /'^^^ ^^ en Vautre point attaché
» sa parole lorsgu eile fait tort a son __ ^ , •. > /i\ -mi n .
,) intérêt, il auoue franchement , que f "^ extrémités {b), \\ ne fut ni
î) ce précepte ne serait pas bon à bon fils , ni bon përe , ni bon
» donner, si tous les hommes étaient frëre, ni bon mari. Des l'âge
» bons i mais qu'étant tons raéchans jg seize ans il se rendit cbef de
» et trompeurs, u est de la sûreté .. • . ,. '^ » . • .
>. du priuce de le savoir être aussi. F''*^ > «* ^jan* ete contraint
)) Sans quoi il perdrait son état , et de rentrer dans son devoir , il
» par conséquent sa réputation ; ménagea d'autres occasions de
I» étant impossible que le prince qui révolte, et persévéra dans cet
» a perdu t un , consert^e l autre ... ^ , , ,
« ( 59). » Quelques pages après il «^P"* jusques a la mort de son
-parle ainsi : Il faut interpréter plus père(B) ; et même depuis ce
équitablement qu'on ne fait de certai- temps-là il fit paraître d'une
nés maximes d'état, dont la pratique f scandaleuse son bumeur
est devenue presque absolument ne j » . ' , n \ ti »
cessaire a cause de la méchanceté et dénaturée ( L ). Il n eut aucun
de la perfidie des hommes. Joint que Soin de l'éducation de son fils,
et il maria ses filles d'une ma-
(58) Vay^ Upire Maimbourg Hi.toire des ^J^re qui fit VOÎr Qu'il UC sè SOU-
Croisatles, Uv. III, png. m. 357 *' "iv., ou il . . ^ 1 ^ «»^ wv»*
montre tju^ Itf.f fcrupules de ce monanfue furent Ciait paS de ICUr bonheUr(D).
la cause fie la ruine de set affaires à Vexpédi- r\^ «.-^«.^^ J ^..>:i £1.
ITon delà Terre Sainte. *''^ '^ ^^ prétend qu il fit mouHr son
(*) PluUrqne dit que s'il fallait absolument
remplir tous les devoir» , et observer toutes les f\ «r^^-. XT»-:!!»- tr* . • j t • -wt
rhjes de la iuHice pour bien régner , Jupiter ,. ^''l ^""^^^ ^"i"**' Ç^lO*'* d« ^"^^ XI,
m$me n'en serait pas capable. «*'• ^. P^ff- '»• J^^. ^^''
(5g) Amelot , pr^ace de la traduction fran^' (*) Pwqaior , Lettres , /tV. /// , pa^,
faise du Prince dCe MachiaTcl , pag. 3. m. 154*
4oo LOUIS XL
frcre(E); et îl est sûr qu'il eut avant qae d'en être averti {f),
des maîtresses et des bâtardes C'est nne marque de son impa-
(F). La paix qu'il fit avec l'An- tience ; et après cela il ne faut
gleterre , Tan 147^ , fut plus jpoint s'ëtouner qu'il ait établi
utile que glorieuse : ou l'en les postes (^). Il faisait payer
railla ; mais au fond il fut ex- exactement la solde de ses gens
cusable (G) : car vu le grand de guerre , et il leur défendait
nombre d^ennemi&puissans qu'il sévèrement de faire tort à per-
avait à craindre , il valait mieux sonne , et punissait les contreve-
s'humilier que faire le fier. De nans. Cela faisait que son rojag-
deux maux il faut éviter le pire : me , quoique bien chargé d'exac-
ce fut un coup de prudence; tions , ne laissait pas d'être
l'on ne doit pas à contre-temps riche (L). C'est à lui que l'on
se piquer de cœur romain. Louis attribue l'établissement de la loi
XI leva beaucoup plus d'argent qui soumet à la peine capitale
dans son royaume , et foula bien ceux qui n'ont point d'autre
plus ses sujets y que n'avaient part à une conspiration que de
fait ses prédécesseurs; et néan- n'avoir pas révélé ce qu'ils en
> moins les dépenses pour sa per- savaient (M). Il était sujet à des
sonne furent si petites , qu'on caprices , et à des humeur:» qui
ne peut le disculper de mesqui* tenaient du badinage , et c'était
nerie(H), Celles de sa maison quelquefois la règle de ses fa-
furent sur le même pied. On veuiB e t de ses bien faits (19). Com-
peut dire la même chose de ses me il avait une passion déme-
ambassades ( I ) ; mais à d'au- surée de prolonger sa vie , il n'y
très égards il était prodigue (c) ; eut personne qui se ressentît au-
ct il avait des pensionnaires qui tant de ses libéralités que in
lui coûtaient beaucoup dans les médecin. Il lui laissa prenare
pays étrangers. Il dépensait beau- une autorité absolue (O). Il eut
coup en espions , et pour la chas- beaucoup de crédulité pour Tas-
se, et pour les dames (K); et il trologie; mais je ne sais ce qu'il
récompensait largement ceux faut juger d'un conte que cer-
qui étaient les premiers à lui tains auteurs ont publie, qu'il
apporterlesgrandesnouvelles.il préféra enfin un âne à ses as-
donna quatre cents marcs d'ar- trologues (P) , et qu'il jura que
gcnt à Philippe de Comines , et cette bête lui tiendrait Heu dé-
au seigneur de Bouchage , qui lui sormais d'oracle , quant aux pré-
avaient donné la première non- dictions qu'il prétendait de ces
velle de la bataille de Mo rat (^j. gens-là. Je ne répéterai point
Il disait quelquefois, \e dorme-' ce que j'ai narré ailleurs (A) tou-
rai tant à celui qui m apportera chant la fausseté de sa dévotion.
telle nouvelle {e). Il s'entretenait Pasquier en juge sainement, et
souvent de l'issue des affaires n'a pu être censuré qu'avec in-
. ^ __ „ , . , rr. * 1 . (y*) ^'' même.
(c) f oyez Matthieu . dant ta Vie , lib, (^) ^^ même . pag. 6dS.
XI, pag. 099 , 700. (/,) 2?an* les Pen«eVs diverse* «ur le» Co-
{d) Là même , pag. 700. mètes , num. i52 , lô^. yoyez aussi Varil-
(«; f.i) même. Il cite Philippe de Comines. las , Histoire de Louis XI , /iV. X, pag. 33i).
LOUIS XI. 4oi
justice sur ce qu'il a, dit de ce le 3o d'aoÀt i483 , après de si
point-là et de quelques autres longues et de si dures incôm—
( i ). Il n'y avait jamais eu en moditës de corps et d'esprit (T),
France aucun roi dont la con*- qu'il n'y a guère de personnes
duite cruelle et les extorsions assez barbares pour souhaiter un
approchassent tant de la tyran- pareil état à leur plus cruel en-
iiie , que celles de Louis XI (Q). nemi. On peut bien le mettre au
Nous verrons dans un autre en- nombre des princes en qui le
droit de ce Dictionnaire (^} la malheur surpasse fort le bonheur
soamission absoluequ'il exigeait (m). Il fit un acte de religioa
du parlement de Paris. Au res- sur lequel un auteur moderne a
te , il eut des qualités éminentes, pense des choses qui méritent
et qui lui furent très-nécessaires ; d'être examinées(V ). Ceux qui
car sans cela il n'eût jamais pu ont dit qu'il ne savait rien , et
soutenir la monarchie contre les qu'il ne favorisa les lettres au-
ennemis domestiques et étran- cunement , ont été bien réfutés
gers , contre tant de factions de par Gabriel Naudé (ti). Je ne
ses sujets , et contre les rudes donne pas la suite chronologi-
attaques du duc de Bourgogne que de ses principales actions ;
secondé pai* l'Angleterre. Non- vous la trouverez dans Moréri
seulement il conserva ses états copiée presque mot à mot du
' au milieu de tant d'assauts , mais livre du père Anselme (o). Ce qui
aussi il les agrandit ; car il réu- doit être aussi entendu des au-
nit à la couronne d'Anjou le très monarques français. M. Va-
Maine et la duché de Bourgo- rillas se trompe sur la cause
gne, et il acquit la Provence(/). qu'il allègue de l'antipathie des
11 ne tint qu'à lui d'y ajouter Français et des Espagnols (X). Il
tous les états de la maison de n'a pas mal réussi à développer
Bourgogne par le mariage de les machinations de la guerre
l'héritière avec le dauphin (R) ; du bien public , et les ruses avec
mais une fatalité surprenante lesquelles on les déconcerta , et
l'étourdit à un tel point, qu'il l'on dissipa cette terrible conj u-
ne put sacrifier une passion per- ration (p). Cette matière était
sonnelle au phis solide avantage favorable à son génie , et au tour
qu'il eût pu procurer à la France qu'il avait donné à ses études ;
pour le présent et pour l'avenir, mais il y a un livret oii nous
On le blâma d'avoir souffert que voyons avec plus de netteté le
ses ennemis fissent des conquêtes plan de cette entreprise , et les
en Allemagne , et d'avoir pro- moyens employés par Louis XI à
longé une trêve qui leur donna la dissiper (Y).
lieu de travailler à de nouveaux
agrandissemens. Cette critique (mi rqycs,ci-rfes5U5, ««««/on (121), &5
était mal fondée (S). Il mourut ^ ^^^ rojrez son u^re intuulé : kààitions à
{}) rorexU remarque Ç^), vers la fin, rHistoirc de Louis XI.
(*) Dans VaHicU Vaquerie , tom. Xir, {o) Intitulé : Histoire de U Maison royale
remarque (A). de France.
'l\ Maltb. , Histoire de Louis XI , liv. X, (p) Voyez son Histoire de Louis XF , aux
pn^.Coi. ' livres lll et IV .
TOME IX.
26
4o2 LOUIS XL
Les réflexions de M. Joly (q) (B) // se rendit chef de parti
sur la vie de ce monarque sont ^^ ménagea d'aiures occasions de re-
trcHudicieuse*. J'en rapporte- j:/;;,^,.^^^^,^;^^: cC'
rai un morceau , qui nous servi- les Vil lit une reforme qui « ne pou-
ra d'occasion de rectifier une » ^^it plaire aux grands ni aux ca-
remarque touchant le Kosier des ** pifaincs . qui s'engraissaient de la
/;„p--2./7x * » ™^sere du peuple Ils Pinterrom-
uuerrcsv^; . „ pirent par une dangereuse ëmo-
'q) Voyez la préface de son Codicille d'or, » î">^ ' 4»'on nomma la PraguerU.
pag.^eiiuw. , édU. de 1666. » Les ducs d Alençon , de Bourbon
*On peut, surlw historiens de Louis XI, » f t de Vendôme , le bâtard d'Or-
consulter la Bibliothèque historique de la » leans et plusieurs autres en e'taienl.
fronre (seconde e'dition) , tom. II, numéros » Ils se plaignaient que le roi ne
iions ,
marguable
de Louis XI , par Duclos , 17 45-46 , 4 vol. " t" """" •"/"-"- u«c iiguc eon-
in-i2. On diit regretter irpertTdJ travail » *re ses ministres. La TnmouiUe
dcMonlesquieu : Montesquieu avait composé » même , qui était disgracie , se joi-
une Histoire de Louis XL Son secrétaire » gnit avec eux , afin de rentrer, par
ayant jeté au feu le manuscrit mis au net, » quelque moyen que ce fût , à la
au lieu du brouillon , Montesquieu , trou- » cour (a). » Pour donner plus de
vant ensuite ce brouillon sur sa table, crut poids à ce complot , les coniures
que son secréuire avait oublié d exécuter*» ^^^.^^4 ^ leur tête le dauphin , et
ordres, et le jeta également au leu. La oi- _,..ui:a«— * ,. '•! ? • ^* 1 .
hlioihéquede ta Fralce qui donne ces détaiU. P«bUerent qu ils n'avaient pour but
II , 201 , ajoute que cet accident n'est point 4«e *|i retormation des desordres, et
arrivé dans la dernière maladie de Montes- de faire en sorte que toutes choses se
quieu, comme la dit Fréron , mais en 1789 fissentdçrénai^antparV autorité àe et
ou 1740. Gabriel Brizard , mort le 23 jan- prince, réglée par l'avis des princes
vier 1793, avait entrepris une Histoire de du sang (3). Ils dressèrent sous son
louis X( qui devait avoir trois volumes ; il ^^^ j^^ i^^^^^ ^^^ ^^y^^ d' Au^^ersne
n a publié qu un Discours historique sur le . -„*„^„ «,^ • » » . ^
carkctère et la politique de Louis XI, par ^J autres prouinces ou Us croyaœntces
un citoyen de la section du Thédtre-Fran^ desseins pouuoir être approui^és
çais, Paris, Garnery , l'an II de la liberté mais toutes les uilles eurent horreur
(1791) , in-8°. M. Alexis Duroesnil a don- de cette émotion (4) y et comme le roi
né le Bè^nede Louis XI, 1811, in -8°., ne s'endormait pas, et qu'il attaqua
seconde édition , augmentée <^une introduc- vivement les conjures partx>ut où ils
tion et des morceaux supprimés par la cen- firent ferme , ils furent contraints de
.«ne imp^uiU, 1819, .n-8->. Dans le itfer- recourir à sa clémence , et de lui re-
cuve de France, 1800 , tom. I, 260, et III, ^^x|.^« i« J„ u- r< A l -ii •
35i, on trouve des/rao;ne«5 i'i^neWoirJ f^^^J^ le dauphin. Cette brouiJIerie
inédite de Louis XI. On a attribué ces mor- *?' étouffée en moins de neuf mois (5).
ceaux à Fontanes. Ils en sont. Cela fait voir que ceux qui comparent
les peuples à des coquettes ont qiiel-
(A) Il passait dHune extrémité a que raison. Il y a des jours où celles-
Z'flMtre.] Voici ce qu'un historien dit ci ne sont prenables ni par des sou-
de lui : tt II savait mieux que prince pirs , ni par des présens : le lende-
» du monde gagner les hommes, de- main, on en vient à bout sans aucune
» couvrir les secrets de ses ennemis, peine. Disons aussi qu'il y a des con-
ï> les embarrasser de dëûances, di- jonctures où les manifestes les plus
)) viser les plus unis : mais dans la plausibles de ceux qui prennent les
» joie il ne pouvait ;"etenir ses se^ armes contre leur souverain n'e'bran-
ces
xéso~
» qu'il faisait par toutes voies , plus lution.
«souvent mauvaises que bonnes (a) Kàm^,/ie,p«^. aSS, aSg, i ra/w 1440.
» (1). » (3) Matthiea, Histoire île Louis Xf, Uv. /,
, chap' yi, pag. m. 18, 10.
ri) Mexerai , Abrégé chronologique, tom. Ilf^ (4) ta mÉme , ehap. Vil, pag. ao.
à Vann. 1472 , pag. m. 3aa. (5) Là même, ehap. XI, p. a8 . k Vann. i44o.
LOUIS XI. 4o3
Le roi ayant pardonne à son fils , » contraignit même les courtisans
*•— * -;. A» J« 1.,: -♦ i«. 4:*. ^u .. ^.,: «î-t*»: «. uax '. j. i • , • •
, abattre
éleuer ce
tion , et principalement par la de- )j siennes (la). »* Un autre historien
faite de quatre ou cinq raille Suisses dit que par les plumiers déportemens
auprès de Bâle (6) , qui se défendi- de ce roi, on Jugea qiCil embellirait
rent le mieux du monde. Il se dëfîait les auspices de son règne d'autres
du naturel de son fils , et le tenait trophées que de la clémence. Il déS"
un peu de court; mais le jeune prin- appointa quasi tous les ojjiciers et
ce se cabrait trop fièrement , et l'on serwiteurs du roi Charles , son père ,
dit même qu'il donna un bon soufflet prenant un extt^me contentement a
à la belle ^gnès, maîtresse du roi (7). défaire ce qu'il auait fait ,
Cela, joint à d'autres choses^ obligea ce qu'il auait élewé , et d'
son
pour
s'y retira
maître avec beaucoup de hauteur, et uant les règles de son art, il aidait
avec des exactions insupportables (9). contraint le roi malade de manger.
Il fit des intrigues avec les princes Celui qui m'apprend cela ajoute que
voisins , et ne songeait plus à retour- le prétexte que prenait Êouis aI
ner à la cour : il reçut ordre d'y re- de rendre inviolable jusqu'à la fin
venir , et n'obéit point 5 et sachant l'autorité du souverain, n'est pas re-
que Charles VU prenait des mesures cevable : il a raison ; mais s'il a cru
Ï>oiir s'assurer de lui , il se sauva à que ce fut le véritable motif de ce
a cour de Bourgogne , et il se fit de prince 5 s'il a cru, dis-je , qu'on vou-
la tellement craindre , que son père lut suivre l'esprit de Ûomitien (i5) ,
se procura la mort par une trop gran- il se trompe. Le médecin ne fut
de abstinence , dans la seule vue d'é- Puni que parce que Louis XI eut de
uiter qu^il ne l'empoisonnât (\o).Mé' Paversion pour une personne qui
zerai a raison de dire que Charles VU avait tâche' de sauver la vie à Char*-
eût pu être nommé heureux , s'il les VII.
avait eu un autre père et un autre (D) // n'eut aucun soin de tédu-
fis (li). cation de son fils, et il maria ses
(C) Il ^t paraître son humeur files d'une manière qui fit - oir qu'il
dénaturée après la mort de son père.] ne se souciait pas de leur bonheur. 1
Cette mort « lui causa une joie trop « 11 fut mauvais père ; et quoiqu'il
» grande pour être entièrement ren- » eût eu si tard son fils unique , qui
» termce au-dedans de lui-même, et » fut depuis Charles VIII , qu'il n'y
il en donna des marques qui ne fi- » avait aucune apparence que ce
» blanc et d'incarnat l'après-dînée
}> du même jour qu'il l'avait pris. Il
» apporté la première nouvelle , au » il ne laissa pas de le regarder com-
» delà de ce qu'il attendait de sa li- » me la personne qui lui était la plus
» béralité. Il ne porta le deuil qu'une » redoutable. Il ne prit aucun soin
» seule matinée, et on le vit vêtu de
(il) Vanllas , Histoire de Loais XI , liv. X ,
pag. 344 , 345.
(i3) Matthiea , Histoire de LooiiXl, liv.JI^
(6) 7:an i444- '*^''- ^^' '"'^- ^^•
(•;) Matthiea, Histoire de Lonis XI , /iV. /, (i4) La Mothe-le-Vsyer, lostract. du Dau-
chtip. A y, pag. 48. // cite Aobert Gnaguia. P*»»"-. V'g- 43 t 44 ^^ ^•'- «orne.
(è) Lh mime , pag, 5o. (i5) Ui dometticis persuaderai ne bono qui-
^9) T.k mfmey pag. 5«. dem exemplo audendam esse patroni neeem ^
(10) VaiilUs, Histoire de Lonis XI , liv. XI , Epaphrodiium à libelUs, eapitalî pœnd tondem-
pn^. 360. navil ( DomilianuA) quod posl desliltUionem Ne-
(11} Méxerai , Abrégé ehroBoIopi{nef i0m. ro in adipiscendd morte manu efus adjuiut exi"
/// , pag. s84« À Vann. xifix. stimahalur. Saeton., in Domit. , cap, XlV.
4o4 LOUIS XI.
M de son éducation ; il nVn permit Louis XI haïssait Jeapne , sa fille ,
3» Taccés qu'à des «gens de basse parce qvC elle était noire, petite et
» condition, il le iit nourrir dans uodtée.^ Le seigneur de Lesquiére ,
» Toisiveté et dans les délices; et la son gouverneur, la cachait souvent
> seule maxime qu^il lui apprit, fut sous sa robe longue anand le roi la
» que Ton était incapable de régner rencontrait , afin qu^il ne s'affligeât
» quand on ne savait pas dissimuler, de sa vue.
M Anne de France, sa fille atnée, (E) On prétend qu il fit mourir son
>» était tout-à-fait bien faite ; mais frère. ] Commentons encore ceci par
» elle avait plus d'esprit , sans com- les paroles de M. Varillas. ce Encore
» paraison , qu'il n'aurait voulu » que Louis , pour suivre le conseil
» qu'elle en eût ; et ce fut pour l'bu- » que François Sforce lui avait don-
» milier qu'il la maria avec un ca- » né , eût apanage son frère du du-
>i det de la maison de Bourbon, d'un » ché de luirmandie , il le lui ôta
» génie tellement au-dessous du mé- » peu de temps après que la ligue du
» diocre, que sa majesté n'avait pas » bien public fut rompue; et il n'en
» a craindre qu'il entrât dans aucune » apporta d'autre raison sinon que
» intrigue contre son service. Jeanne m cette province faisait alors le tiers
de France , sa seconde fille , était » du revenu de la France , et que son
• «.<••«. 1 'J* ^ M. ' M. 't. J M. •• •
» si contrefaite que les médecins as- » cadet aurait été trop riche en la
V} _ .
» de son sang , de 1 épouser, quoi- » d'Aquitaine et l'abbé de Brantôme
» qu'il eût assez lieu de prévoir » prétendent qu'il fit empoisonner
» qu'elle serait malheureuse avec » son frère par l'abbé de Saint-Jean-
» lui (i6). » Il s'était obligé à don- » d'Angéli (19). m J'ai rapporté ail-
ner des troupes au duc de Calabré , leui's (ao) les paroles de Brantôme
qu'il était , il n'avait garde de choisir (F) Il eut des maîtresses et des hâ-
pourgendreunsihonnetehomnie.il tardes."] J'observe cela comme une
n'exécuta ni Vune ni l'autre des pro^ preuve de la qualité de mauvais mari
messes tm' il hii avait faites..,..,. Le mie je lui ai donnée. Il fut marié
comte de Beaujeufut préféré h ce deux fois : premièrement , avec Mar^
tune de ce cadet de la maison de âgée de vingt -six ans (aa). Hall et
Bouréon ne devint pas meilleure pour Grafton , deux historiens anglais, as-
• avoir épousé Anne de France. On surent qu'elle fut désagréaMe a son
lui présenta a signer un contrat de mari à cause de la puanteur de sou
mariage aui aurait fait passer tous haleine (ii3}.Buchanan s'emporte con-
les biens de cette maison a sa femme, tre eux, et les réfute en premier lieu
s'il ne se fût avisé de l'éluder par par Monstrelet, quia dit qu'elle était
quelques mou auxquels on ne prit belle et vertueuse j en second lieu ,
^-- I- . ^ * « i^ .• - par ui ^ ' ' '
Franci
_- , . point
cela il ne lui fît jamais aucun bien
(17). Pierre Matthieu (18) observe que ^^'^j^gT*"'*" ' Histoire de LùuhXi.Ly.x,
(ao) Dans les Pensiei dÎTenei «nr las Comè-
(16) VarilUt , Histoire de Lonis XI , liv. X , tes , pag. 46a.
pag. 36i. // particularise dans Vépître dédiea- (3,) MaUhîea , Histoire de Lonis XI , iif. T,
loir* , la mauvaise éducation de Charles VIII. chap. XVllj pag. a56.
(«7) VarillM , Histoire de Lonis XI , liv. X , (a,) Anselme , Histoire niaimloglque de U
pag. 36a. rojei aussi pag. 3a5. Maison de France , pag. laS.
(18) Matthieu, liisloire de Louis Xr , /iV. X , (a3) f^oje* Buckaoen , in Histor. Seotia, Itt
chap. XI, pag. 606. X, pag. m. 356.
LOUIS XL
4o5
par écrit qu^ellie fut aimde de son boise, le t*^ . jour de décembre i483y
Beau-pére , de sa belle-mére et de son âgée de trente-huit ans (36) . Je ne
mari , et qu^elIe fut fort louée -dans sais donc pas pourquoi M. Varillas a
une pièce de poésie qui fut faite sur eu recours au silence des historiens
sa mort. Le témoignage de Monstrelet de Savoie i Louis , dit - il ( 27 ) , fut
ne réfute point les histonens anglais, adonné à l'amour volage On a lu
par 1 enaroii qu
L'auteur écossais est suspect. Un do- les; ^... mms a cela près les historiens
niestique ne se croit pas obligé à pu- de Savoie ne l'accusent pas d'avoir
blier que sa maîtresse était haïe dans maltraité la reine Charlotte, safem--
la naaison de son époux , et il ne me. On va voir dans un passage >de
fait point scrupule de débiter le con- Pierre Matthieu qu'elle ne fut euére
traire. C'est un lieu commun d'élo- heureuse. «< La première année de son-
ge. Les louanges funèbres ne prou-, » séjour , Charlotte de Savoie fut
vent rien contre la mauvaise humeur
d'un mari. On pourrait prouver par
des exemples modernes que des prin-
cesses bien mécontentes , et de leur
époux , et de leur beau-père , ont été
louées après leur mort le plus magni-
fiquement du monde , et par les poè-
tes , et par les prédicateurs. Quoi
qu'il en soit , voici le passage de Bu-
chanan : Quantam illam existimabi-
mus vel mentiendi licentiam , vel ma-
ledice/îdi libidinem , qud , in ejusdem
régis Jiliam , utuntur : quam, obvris
graveoîentiant ( nihil enim in mores ,
homines alioqui tam impudentes , au-
debant conpngere ) maiito scribunt
amenée à Namur pour consommer
le mariage qui avait été traité cinq
ans auparavant; mariage qui, poup
avoir été fait à regret , fut aussi>
sans amitié. Quand le duc de Bour-
gogne donna au dauphin sa pen-
sion de douze mille écus , Olivier
de la Marche écrit que ce fut ù la
» charge ciu'il l'épousât, ce qui mon-
» tre qu'il n'en avait grande envie.
Elle jjT fît un fils qui fut nommé
Joachim.... L'enfant mourut incon-
tinent après , et laissa un extrême
regret iu père , qui n'étant pas en-
core en ses défiances «que l'âge lui.
amena , désirait de le voir grand ,.
»
}>
»
fuisse ingratam ? uit Monstreletus » connaissant bien que les enfans qui
illorum temporum scriptor œqualis , '""* *" '' ^ -^-^ - j »
et probam fuisse , etformosam, me-
moriœ prodidit : et qui librum Plus-
cartensem scripsit , eique reginœ , et
naviganti , et morienti , fuit cornes ,
scriptum reliquit , eam , dum uixit ,
egregiè caram socero , socrui , et ma-
rito fuisse , epitaphiumque carmen ,
omni laude plénum , gallicis uersi-
bus , Oatalauni ad Matronam ( quo
in oppido decessit) fuisse publieatum,
quoa in scoticum sermonem uersum,
plerique nostrorumadhuc habent (a4)*
Mézerai assure que Louis XI n'aima
guère sa première femme à cause de
quelque imperfection secrète , et
naissaient tard étaient de bonne
heure orphelins. La perte de eet
enfant , qui le premier luL avait
donné le nom de père , lui fut si
sensible qu'il fit vœu , à ce que dit
Philippe de Comines , de ne con-
naître autre femme que la sienne ;
et néanmoins, en plusieurs endroits
de sa Chronique , on le voit parmi,
des femmes; on en trouve de per-
dues , on en voit de mariées , et
les maris de basse fortune élevés,
aux charges , et infinis autres traits,
qui ne sont pas d'une continence
» égale à celle d'Alexandre (a8). >)
On verra cirdessous (29) des particu-
qu'ainsi il n^en eut point d'enfans larités touchant ses gaîanteries ; mais
(a5j. Il épousaensecondes noces Char- ce qui suffit à persuader que Char^
lotte de aavoie. Ce second mariage fut lotte de Savoie ne fut guère neureusc,
consommé a IVamur , l'an i^S'j. Elle
fut fort maltraitée de son mari, durant
plusieurs années , et mourut à ^m-
(i4) Bncban. ,
(3 5) Méxerai ,
lllfpag. 35o.
ibidem., png. 357.
Abrégé chroaologique
(Onik
(26) Anselme, Histoire genéalogiqae de la
Maison de France, pag. laS.
(27) Varillas, Histoire de Louis XI, lif. X ^
pag 363 , 364.
(a8) Matthieu, Histoire de Louis XI, /|V. /^
chnp. XXy,pag. 5g , 60.
(39) Dans la remarque (K)<
4o6 LOUIS XI.
est que son mari, en mourant, re- part (35) Les Romains eussent
commanda â son fils de ne pas se fier plustost perdu leur estât que de penr
â elle j car , dit>il , j^ai toujours trou- ser a faire cela ; car il ne se trouve
yé qu'elle favorise le Bourguignon jamais en sept cens ans qu'ils ont eu
(3o). Jugez s'il pouvait Paimer, quoi- guerre à toutes ruttions , qu'ils ayent
3 ne d^auleurs il la crût bonne et pu* demandé la paix^ sinon aux Gaulois,
ique. Mézerai , après avoir dit tou- qui les tenoient assiégés au Oapitole,
chant la première épouse de ce mo- après auoir bruslé leur ville , dont ils
n iirque, ce qu'on a vu ci-dessus, ajou- tirèrent leur raison bien tost après ,
te : // eitt aussi peu visité la sMOfide, et à Coriolan. Tout au contraire , es-
neût été le désir éP avoir, un héritier tant vaincus par la puissance du roy
(3l). Prenez bien garde à ce qui suit. Perseus ( ne voulurent pas recevoir
« Tout donnait de l'appréhension au le vainqueur a la paix , s il ne se sou-
» roi Louis \ il tenait toujours sa fem- mettoit lujr et son royaume a leur
» me éloignée de lui ; et ces demie- mercy , jacoit qu'il offrist de leur
» res années , il l'avait reléguée en payer tribut. Et comme le roy Pyr-
» Savoie (32). » Philippe de Comi- ihus , après avoir eu quelques victoi-
nés remarque que cette reine n'était res y et receu quelque perte , envoya
point de celles oii son mari devait ses ambassadeurs a Rome pour traic-
prendre grand plaisir , mais au de ter la paix a la forme des grands
meurant fort bonne dame (33). seigneurs qui sont au pays é^autruy ;
(G) La paix quil fit avec l'Angle- on luy fist response qtûil sortist pre-
terrefut plus utile que glorieuse ; on mierement d'Italie , autrement qu'on
l'en railla f mais au fond il fut excu- ne parlast point de paix , qui estait
sable. ] Je m'en vais citer un auteur la réponse d'un peuple magnanime
qui n'est pas des plus célèbres , mais qui sçntoit ses forces assés grandes
qu'importe ? Il suffit qu'il parle de pour faire teste à l'ennemy : chose
très-bon sens. iVbu5 trouvons , dit- qui serait mal-seante à un prince foi-
il (34) 9 que Louys unzieme du nom , hle , qui doibt, comme le sage pilote,
roy de France, se trouvant 9rop pres' caler les voiles, et obeïra la tempeste
se ^affaires, demanda la paix au roy qu'il ne peut éviter , pour surgir au
d'Angleterre Edouard quatrième , port de salut; et n' asservir pas la ne-
si tost qu'il lesceut entré en Picardie, cessité a l'ambition , comme fit le vai-
et tacheta bien cher, se souciant peu vode de Transilvanie , qui dict hault
que le comte de Lude et autres ses et clair , qu'il aimerait m,ieux estre
favorisy F appellassent le roi couard *, esclave du Turc qu'allié de Ferdi-
comme Va escrit le politique Ange- nand : ce qui luy advint aussi. Pierre
vin , parce qu'il nefaisoit cette paix Matthieu rapporte qu'Edouard « avait
qu'a dessein de des-unir et affaiblir » fait passer avec lui une douzaine
ses ennemis j tandis qu'il sefoi*tifie~ » des députés des communes d'An-
roit pour les deffaire en suite les uns » gleterre , qui étaient déjà bien en-
après les autres , et se rendre leur » nuyés de la guerre , et de coucher
maistre , comme il le fit de la plus » à la soldade. Ceux-ci approuvaient
/• X m» . • j. . c i j. « cette proposition de la paix , etdi-
(5o) Main ns eredito , etun enim Sahaudien- „«:«^* «.,« „: «ii« ^«:i. "5. „*^^».
,is siU Burgundis fa^^ere mihi semper visa en ; » SaiCnt quç SI elle était jUStC Ct rai"
mHoquin b^nam et pudicam iUam sum arbitra' » SOnnable il y aurait de 1 impruden-
te/. Cagnin. , Hiii. Franc. , lib. X, folio a88. » ce à la refuser , et quc l'on se de-
^(U)mi*n\, Abrégé cbronologiqae. , tom. „ vait Contenter d'avoir réduit le roi
(Saflà m7me . pag. J43 , à Vann. i48,. '' ^^. ^l?^''\ \ demander la paix au
(33) Comine., /,v. F/, chap XI 11, p. 4o6. » ""o», ^ Angleterre , d'autant même
(34) Honorât de Meyuier , Réponses libres » «[»* ^^ grand roi ne Se pcut humi-
anx Demandes carievsea , pag. 5f)o. » lier davantage , ni descendre plus
* Ledachat cMiit qae le duc de Bonrgogoe ap- » bas que de rechercher son ennemi
Vy'u}^^X^\i'C^{?'''^f'^^'''''^T'^^^T " pour la paix (36). » Ce fut sans
de la manière dont il l'avaii vn secondaire â la j ^ . * j •/» ^^ * •-
journée de MoBllhé^. Joly observe qtie Duclos, OiOMXe UUC rudC mortification pOllF
historien de Louis XI, regarJe rctle dénomma- la France \ mais IcS circonstances du
lion de roi couard , dictée par la haine. François
11 , duc de Bonr;;ogne, ne pouvant sVmpécber f35i Là même, pag. Spi , Sp».
de reconnatrre la prudence de Loois XI , affectait fiG) Pi*-re Matthieu , Histoire de Louis XI ,
de la prendre pour mampie de valeur. /iV. yj , chap. XIX, pag. 817.
louis XI. 407
temps ne permettaient pas d'agir Henri (4o). La Mothe-le-Vayer et Më-
<i*une autre manière , sans s'exposer zerai sont redevables de ces particu-
â de plus grands maux. Lisez ces pa- larit^s à Jean Bodin 5 car yoicî com*
Toles de Philippe de Gomines : Je ment il parle : « On peut bien espar-
c7x>is qu'a plusieurs pouiroit sembler » gner , sans ^ diminuer la majesté
que le roy s'humilioit trop ; mais les » d'un voy, ni la dignité' de sa mai-
sages pourraient bien juger par mes » son , m raraller sa grandeur, qui
paroles précédentes que ce royaume » fait quelquesfois que les estrangers
estoit en grand danger, si Dieu ri y » le méprisent , et les subjects se fe-
cu5t iras la main ; lequel disposa le » bellent , comme il en print au roy
sens de nostre roy a eslire si sage » Louys XI, lecjuel ayant chasse' pres-
parti , et troubla bien celuy du duc » que les gentilshommes de sa taai-
de Bpurgongne, qui fit tant d'erreurs » son, se servait de son tailleur pour
( comme auez yeu ) en cette matière , » tous hérauts d'armes , et de son
après avoir tant désiré ce quil perdit » barbier pour ambassadeur , et de
par. sa faute. Nous aidions lors beau- » son médecin pour chancelier ( com-
coup de choses secrettes parmi nous , » me un Antioque , roy de Syrie, de
dont fussent venus de grands maux » son médecin Apollophanes , qu'il
en ce royaume , et promptement , si » fit chef de son conseil (*) )*, et par
cet appointement ne se fust trout^éy et » moquerie des autres roys il por-
bien tost , tant du costé de Bretagne m toit un chapeau gras et du plus
que d'ailleurs (37) . m meschant drap, et mesmes on trouva
(H) On ne peut le disculper de » à la chambre des comptes, etc..
mesquinerie. ] é^oici ce qu'on trouve » et neantmoins il haussa les charges
dans l'un des ouvrages delaMothe-1©- » plus que son prédécesseur de trois
Vayer : « L'épargne honteuse oppo- m millions par chacun an , et aliéna
» sée à ce luxe n'est peut-êtfe pas » grande partie du domine (4i). »
» moins à blâmer. Louis XI se ren- Voici ce qu'il avait dit dans un autre
j> dit méprisable par ses me'chans ha- endroit ,du même ouvrage (42) : Le
» bits et ses chapeaux gras , que roy d'Egypte ayant ueu Agesilaus
M l'histoire lui reproche 5 et l'on ne ueautré en un pré , i^estu d'une sim-
j> saurait lire sans indignation , dans pie cape de meschant drap , et que de
» les registres de la chambre des sa corpulence il estoit maigre , petit
» comptes, un article de vingt sous et boiteux , il n'en fit point de conte
» pour deux manches neuves dont non plus qu'on fit du roy Louis on-
» on rhabilla un de ses pourpoints , zieme , lequel estant esleu arbitre
» avec un autre de quinze deniers pour juger le différent cT entre les
M pour graisser ses- bottes (38). » Un rois de jyauarre et de Castille , les
Ï massage de Mézerai sera joint à celui- Espagnols d'arrit^ée se moquoyent
à très-commodément : La sentence des François et de leur roy , qui sem -
arbitrale de Louis XI satisfit aussi bloit quelque pèlerin saint Jacques ,
pék l'un et l'autre (Sq) que son entre^ auec son chapeau gras , bordé aima-
vue avec Henri, roi de Castille, satis- ges , et sa jaquette de drap tanné, et
fit les Français et les Espagnols, qui n'avoit aucune majesté en sa fa-
Ceux-ci se moquaient de' la chicheté ce , non plus qu'en ses façons de
et de la mine basse et niaise du roi faire , et sa suite accoustrée de mes-
Louis , qui n'était vêtu que de bure , mes ; car il ne pouuoit voir personne
avait un habit court et étroit (*) , et brave en accoustrement ; au lieu que
portait une Notre-Dame de plomb a le roy de Castille et sa troupe estant
sa barrette ; les autres s'indignaient venus parez de somptueux habits , et
de l'arrogance Castillane, et du faste leurs chevaux richement caparasson-
du comte de Lodesme , favori de nez , monstroyent une certaine gran-
deur espagnolle , et telle qu'il s'em-
(3^) PVilippe de Comines, liv. IF, ehap. bloit que les François ne feussent que
Vil ^ pag. m.' ii2^ aVann. i^'jS. ' , /
(38) La Molbe-le-V«yer , Opuscules , J". C4o) Mexerai , Abrégé chronol. , tom. III >
poH. , pfl«. 83 du nil*. tome de ses OEuvre». pag. aoo , à l'ann. i46a.
(3q) Cest-adire , Jean ^ roi d Aragon, et (*) Polyb. , lib. 3.
Henri , roi de Castille. (4») Bo^in , de la République , /iV. FI, chap.
{*) Les habit» courts étaient ridules aux II , verf la ^n.pag. m. c^oq.
personnes de qualité'. (4«) ^« '"«"»* » "»'• f^i **«;'• '"^ P'^S- ^^i.
4o8 LOUIS XL
leurs ifoUu. Nous verrons ci-dessous On ne donnait que cinquante sous
(43) qu^on peut remonter jusqu^à un pour les robes de ualeU, et douze li-
auteur qui précède Bodin , et que M. ures pour les manteaux des clercs ,
Varillas n'a point entendu. notaires et secrétaires de la maison et
( I ) Les dépense.8 de sa maison . • . couronne de France (45).
et de ses ambassades. ] Voici des pa- On a déjà vu que ce prince en-
rôles de Pierre Matthieu , qui ëcri- ployait à des ambassades son bar>
années , les affaires et les voyages, de Bourgogne qui s'en moqua : Qu'ai-
Elle ne passe point trente-six mille je à faire , dit-elle , d'un médecin ,
liifres jusques en Vannée 1480 , quelle puisque je me porte bien (47) ? M. de
wint a quarante-trois nulle six cents Wicquefort a parlé de cette députa-
dix-neuf Hures, Elle fut l'année tion d'Olivier le Daim (4Ô).
1481 , de soixante six mille six cent (K) // dépensait beaucoup . . . et
quatre-vingts Hures , et en la dernière pour la chasse, et pour les dames. ]
année de sa uie, de quatre-vingt mille a Les deux passions dominantes de
six cent trois Hures , et néanmoins il » Louis furent pour la chasse , et
ne bougea du Plessis , depuis /c 8 » pour les dames (*) 5 et l'on re-
nouembiv jusques au 7 septembre de » remarque que sa libéralité passait
jucrwruuifi ^^* 0%., tr^^^^u,, ^j,wv^, *w «w- » laire 1 une oui autre ae ces pas-
uice ordinM^re de cette dépense né- » sioife. Quant à la première , il
tait pas gnind , les gages petits , en » entretenait un prodigieux nombre
comparaison du temps où nous som- » de veneurs , de fauconniers, d*oi-
mes. Ils seruaient- toute Vannée , et » seaux et de chiens; et il était si
Vannée commençait au mois d'octo- » jaloux d'empêcher que ceux qui
dix Hures par mois chacun, et un » de tuer un cerf qu'un homme
clerc de chapelle a cent sous. Un ua- ^ Quand il partit de Lyon après
let de chambre du roi à quatre-uingt- » avoir reçu l'avis certain de la dé-
dix Hures par an. Quatre écuy ers de » faite du "duc de Bourgogne à Mo-
cuisinea six-uingts Hures par an cha-
cun. Un hâteur y un potager , un (45>Matty«a, Histoire d« Loai«XI,^.
saucier , un queux , un sommelier ^^* P^^e- 647*
d'armures , deux ualets de sommiers , xcPl^*^°^î*S ^'**** ^* *' Noblwie, ch^.
à raison de dix Hures par mois cha- réL.\*/îr^' - n j » -. »v-.vr
-. 1 j^ ' 1 -^ {fyj) OUvenus Dandus legtUu* Ludovici XI
CUn. Deux galopins de cuisine a huit ad Mariam Burgundiam ab ed ludibno hahiuut
Hures par mois y un porteur, un pd- ip'a enim quetsivit quid sibi opus medico eum
tissier, un boulanger, deux charre- 5''"^ "«'^ff • j?""* *'""' 'o"'*"- '«" chirurgus.
1 » • * i;,.«..« «^« *^^ ^oque y la même, il rapporte cela comme de
tiers a cfmcun soixante Hures par an , G.gBiï ; m«w je ne U iroZe point dans les an.
un palefrenier et deux de ses aides , naUs de cet auteur. ^
à uingt-quatre Hures par mois. Un (48) Wicquefort, de rÂmb«B«adenr , Uv, /,
maréchal de forges , a six uingts H- ^^ï'/ j^^^» ''''^- »^ ] *' ''r* ^/vf**.- ,'^- .
ures. I. maire de la chambre des ^^J^^lC^Ul B^-i' u^et.t«^t
deniers au roi auait douze cents ll- nuscrite des roia Charles VU et LoaU XI, de-
ures , et le contrôleur cinq cents (*). p«»« l'année i4io jusq^i'en i483. L'auteor. qui b«
s'est point nommé, mais qui dans la préface se
(43) Dans la remarque (X). vaote d*avoir eu dans sa jeunesse ptasienrs catrc
(44) (Test'à'dire y de Louis XI. tiens avec le rot Charles \U, fiait son ouvrage
(*) Le roi Louit XI donna trois cents livres P««" «etie épitaphe du roi Louis XI ;
d'accroissement à Martin Barthelot , maître de Perfidie insignis , hine tfsquè ad Tarùtra
la chambre des deniers : la chambre des comp' no lus ;
tes ne le voulut passer sans une jussion , qui fut Formosi oppressât pécaris , nequistimut ipte%
ejfpé^iée , à faraj le Moinat , le C avril i/^Si. Rm. caiT.
LOUIS XI, 409
» rat f il mena arec lui , aa grand Ce que dit Tacite que les désordres
M scandale des gens de bien , depais du gouvernement sont interrompus
3> cette ville jusqu'à celle de P^ris , par les bons princes qui succèdent
M deux maîtresses (**)j Tune nommée aux mauvais , et que cela forme des
» la Gigonne , qui était veuve , et compensations , est une bonne pen-
» l'autre appelée la Passefilon , qui sée. f^itia erunt donec homines , sed
» était femme d'un marchand. Il fit neque hœc continua , et meliorum
M depuis revenir de Dijon , inconti- interuentu pensantur (Sa). Mais on
j> nent après que le pnnce d'Orange peut aller plus avant, et dire que
» l'eût rendu maître du duché de dans une même personne le mal et
a) Bourgogne, une demoiselle tout-4- le bien se contre-balancent quelque-
11 fait charmante, nommée Huguète'fois de telle sorte, qu'il en résulte
3> de Jacquelin, Mais avant tout cela plus d'utilités publiques , que d'une
a l'on trouve dans la bibliothèque du' certaine bonté uniforme. Louis XI le-
M roi , trois contrats de mariage , qui vait trop d'argent sur ses sujets;
» sont autant de marques de Hn- mais il faisait circuler cet argent-là ;
» continence de Louis , puisqu'il y car il fallait que ses troupes payas-
» paraît en qualité de père de trois sent exactement tout ce qui leur était
3» filles naturelles , et qu'il les marie nécessaire , et il ne permettait point
» sans déguisement (49)* ^ Pierre qu'elles dérobassent la moindre cho-
Matthieu va nous dire que ce prince se. Servons-nous du style naïf et an-
faisait des dépenses pour ses amours, tique de Jean Bouchet (53). // vou-
lors même qu'il était réduit à la né- loit que justice fust administrée , l'e-
cessité d'emprunter. <c J'ai vu au glise révérée , et non pillée : et se
» compte delà chambre des deniers, delectoita décorer les images et mons-
» qu'étant au voyage d'Arras il em- tiers •' et si uouloit que ses gensdar~
ï> prunta d'un de ses serviteurs, nom- mes fussent bien payés d^ leurs sti-^
» mé Jacques Hamelin , la somme de penaies , sans y jaillir par ses trc"
» trois cent vingt livres 'seize sous soriers, sur peine de la corde. Il eut
» huit deniers , pour l'employer à long temps a sa soulde plus de qua--
» ses plaisirs et voluptés , et que tre mil hommes d'armes et grand
» faisant venir une demoiselle de nombre de gens de pié , appelles
» Dijon , nommée Huquette Jacque- francs archiers , dont la terre estoyt
» lin, veuve de feu Philippe Chamar- toute couverte , depuis Bourdeaulx
M gis, au mois d'août de l'an i479 jusques en Picardie : entre lesquels
» {**) , un valet tranchant qui l'aila jr avoit si bonne police , et discipline
» quérir , avança les frais de son militaire , qu'on ne sceut violence
» voyage et du séjour qu'elle fit à avoyr esté jaicte au pauvre peuple ^
j> Tours (5o). » Notez qu'en ce temps- fors en ung lieu d'ung boumois d'à-
là on faisait avec vingt sous ce qu'on beUles , et en l'autre d'ung larrecin
ne ferait pas aujourd'hui avec deux de deux gelines , dont les malfaic
pistoles. teurs furent incontinent pendus et es-
(L) Celafaisait que son royaume.,, tranglés , et si estoient hommes d'ar-
ne laissait pas d'être riche, ] Voilà mes. ji ceste cause , combien que le
comment les mauvaises qualités d'un peuple fust chargé de grans tailles
monarque sont quelquejfois compen- et subsides , et que le roy levast sur
sées par d'autres qualités, qui font le peuple quatre millions ^ et sept cens
qu'à tout prendre les peuples ne sont ntil livres de tailles et subsides , ne-
pas plus malheureux que sous un antmoins le roiaulme de France estoit
chef qui est bon et débonnaire (5i). richcyparce que de l'argent que le peu-
t*i\ n^ I - - •. j j « p'e bailloit , les eensdarmes estoient
(*') Dans let manutent* de messieurs du Puy, -S • * w j
(49) V«riU»« . Histoire de Loaii XI , Ut^. X , ^le» payes, et les ger^darnies après
paf. 334. bailloient partie de ce qu'ils avoiént
l«) Ceue de'pense , depms U premier jour receu , en paiant ce qu'ils prenaient ,
d'août , fusquesau ii debembre ^ te monte a la . > jt '* -i i.r L _> • /
somme de deux cent quatre- ^ingt- dix- huit «' ^ ^'<"'. "^^S- double hors du roiaul-
livres. me. Car jamais ce sage roy rie tascha
(50) Mattbiea , Biitoire de Louis XI , Uv.
Xi, pax- 707- (Si) Tacit. , Hirt. , lib. IV, cap. LXXir.
(Si) Vorem^ tom. VIII^ pag. a8, remar» (53) Buachct, Âonales d^AqaiUine ,yb/io m*
que (BB) de l'arkcle Usjiai II. 164 verso.
4io LOUIS Xî.
at*oir deux couronnes , ne sceptre iui" tout haut ^ et de déclarer même au
pénal. Voilà un bon car ; rien n^ë* cardinal de Bickelieu , pour le pré-
puise pkis un royaume que Tenvie parer a son absolution j qu'il ne se
qu'ont les princes de se faire des trouuait aucune ordonnance qui con^
créatures dans les pays étrangers , damne a la mon celui qui avait cmm,
pour les conquêtes d élection, ou au* connaissance d'une conjuration fow^
très. Notons qu'en tout ceci Jean mée contre F état , s'il n'y avait aussi
Boucbet se trouve opposé â d'autres adhéré; qu! auprès de l'accusé y il pa-
historiens , qui assurent que Louis XI raissaU à la vérité que Fontrailles , h
appauvrit beaucoup ses sujets (54) » ion retour d'Espagne , lui en avait
et employait beaucoup d'argent pour donné quelque lumière, mais qu'il
avoir des pensionnaires , et des in* en avait désapprouvé le dessein , et
tellieenccs dans les pays étrangers. qu'il avait hlamé ce gentiOiomnte
(M) On lui attribue l'établissement d'avoir servi d'instrument pour eiïgft-
de la loi qui soumet a la peine capi" ger Monsieur en une si odieuse af-
taie ceux qui n'ont point d'autre part faire. Le cardinal de Richelieu ayant
a une conspiration que de n'avoir pas été surpris de ce discours , s'en entre-
révélé ce qu'ils en savaient.^ Ce texte tint avec quelques-uns des commis-
*\i'est pas indigne de la curiosité des saires de la chambre , Vun desquels
lecteurs j mais le commentaire en est lui ayant rapporté V ordonnance dont
plus digne : car il contient des cir- f ai fait mention , il la fit extraire du
constances oicn particulières du pro- corps de la loi et la montra en parti-
els de M. de Thou. Je ne serai que le culier à M. le chancelier ■* mais quoi-
copiste de M. le comte de Brienne, qu'il fiit pressé de la sorte par ce mi-
qui a été ministi*e et secrétaire dV- nistre , de qui la manière itagir en
tat. Le vrai sujet de ma liaison avec telle rencontre n'est que trop connue ,
M. le chiUfcelier , dit-il (55) , fut la il ne se relâcha pas néanmoins du
parole qu9 m'avait engagée , et qu'il projet qu'il avait fait de donner lieu
me tint fort fidèlement , de contri- au criminel de se délivrer du sup-
buertout ce qui dépendait de lui pour plice; mais il affaiblit encore cette
tirer de peine M. de Thou •* et de ordonnance ^ en disant qu'elle n'était
fait , U s'y porta avec tant de soin , pas en usage €Ui parlement de Paris,
qu'encore qu'il y eut une ordonnance où il avait été élevé. Je ne puis pas
sous Louis XI j qui déclarait que ce- désavouer qu'ayant recueilli les opi-
bU de tous ses sujets , qui aurait nions , il ne fut de l'avis de t arrêt ;
connaissance dune corquradon faite mais comme son suffrage ne pouvait
contre sa personne ou contre son état y absoudre Jlf. de j hou ^ aussi cène
et qui ne viendrait pas a la révéler , fta pas celui qui forma sa condamna-
serait puni comme les auteurs mêmes tion; et tout homme qui sait le àe-
du crime , et encourraient les mêmes t^r d'un président , reconnaîtra
peines queux, de laperte des biens et qu'il ne se peut départir , ni dune
de la vie : quoique , dis-je , un ma- toi que tous les juges tiennent vaU-
gistrat , aussi consommé que M, le de ^ ni moins du consentement de
chancelier en la conntùssanee des or- leurs avis , lorsqu'ils les ont donnés
dtmnances de nos rois , n'en piU igno» dans les formes .* c'est aussi une gran-
rerunede cette importance y néan- de erreur, ei de laquelle je suis fort
moins U disùmuia âe la savoir, et se éloigné avec tous tes juriscoruuUes ,
conduisit en cette rencontre, comme qu'a soit en la liberté d'un juge de
s'il netU pas fait état de cette loi : prononcer comme un arbitre pacifi-
car, après Of/oir souvent avertiM.de que selon téqttné, et non pas sehn
7%ou, lor^squ'ilfiu interrogé , et qu'il la rû^ueur de la Ici, car outre que
se laissait emporter en son rutturel son serment t oblige de rendre la jus-
vif et prompt, de se donner le temps ùce ,* la qualité déjuge le rend, non
d'écouter ce qui lui était demandé , pas le maître , uusis le conservateur
et de consiiiérer ce qu'il devait ré- et le mirùstre de la loi et des ordon-
pondre ^ il ne feignit point de due nonces.
tr\y Puisque mon Dictionnaire est non-
s! It^ .'n5:iï^\i. M. u «.« «nJemen» hùstorimie , mai. aBBâcri-
<li U CMtra, r^~ «.MM ,mr. Iiquc , il me doit Cire permis de faire
I
*, LOUIS XI. 411
«quelques réflexions sur ce narré du décapité a la Haye , pour auoir su la
oomie de Brienne. Je dirai donc qu'il conjuration que son frère ayait tra-
jne semble que l'on y trouve des mée contre le prince Maurice , et ne
clioses qui ne font pas trop d'hon- Vat^oirpas révélée ; n' ayant été char-
Kieur à M. le chancelier. Ce qu'on gé d'aucun des conjurés qui furent
allègue , pour l'excuser d'avoir été exécutés en grand nombre dans tou-
éJe Vauis de V arrêt , a beaucoup de tes les utiles de Hollande (5^)
force ; mais d'autre côté cela même II eut la même destinée que M. JFran-
peut servir de conviction contre lui : cois de Thou, qui mourut pour n'a-
car s'il a dû être le ministre de la loi voir pas réf*élé le dessein que M. de
et des ordonnances , il n'a point dû Cinq-Mars, grand écuyer de France,
s^engager à tirer de peine M. de lui avait communiqué. Sur cette ma--
Thou , c'est-à-dire à invalider l'or- tière , MM, Dupuy, ses illustres pa-
qu'il se dépouillât de toute amitié gement
aussirbien que de toute haine pour très de ce passage de Gigas , juris-
la personne accusée , et qu'il n^eût consulte milanais : Qui consilium ad-
point d'autre but que de découvrir le versus majestatem principis initum
tait , et de donner son suffrage selon cognoverunt , nec probare possunt ,
l'ordonnance. Au liei^ de cela , l'on non tenentur revelafe : et qui taies
nous dit ici qu'il fit semblant d'igno- conderanant , non sunt judices ,• sed
rer qu'il j eût des lois qui fussent csimiCices. Ceux qui ont connaissance
contraires à l'accusé , et qu'ayant été d'une conjuration contre le souve-
averti qu'il y en avait de telles, il rain, et ne la sauraient prouver , ne
répondit qu'eWes n'étaient pas en sont pas tenus de la révéler : et ceux
usage. Pourquoi donc s'y conforma- qui condamnent ces gens-dk ne sont
t-il en opinant ? Pourquoi fut-il leur pas des ju^es , mais des hourreaux,
conservateur et leur ministre ? On ne W'en déplaise à ce jurisconsulte mi-
sanrait le'disculper , ou d'oppression lanais , les juges de M. de Thou de-
de l'innocence , ou de prévarication 5 vaieut faire ce qu'ils firent (58) ; mais
car si la loi de Louis XI était tombée la cour ne fit pas ce qu'elle devait :
par le non-usage , M. de Thou pou- car jamais une faute de cette espèce
vait passer pour non infracteur des ne ^ut plus digne de grâce que celle
lois ; il fallait donc le déclarer inno- de M. de Thou. Je Erignore pas le
cent. Que si en le déclarant coupable beau distique que M. Ménage aitri-
on ne fit rien que selon la loi, il bue faussement à Grotius (5g). M. de
s'ensuit que l'ordonnance de Louis XI Zuylichem en est l'auteur : c'est la
avait conservé sa force , et par con- fin d'une épigramme de huit vers ,
séquent , que M. le chancelier rem- intitulée Êpitaphium Fr. Aagusti
plissait tres-mal sa charge lorsqu'il Thuani. Voyez la page 180 de ses
tâchait de faire accroire qu'il n'y Momenta desultoria , à l'édition de
avait aucune loi de cette nature dans Leyde , 1644 > inS^.
le royaume , et lorsque ne le pouvant (N) // était sujet a des caprices ,
nier , il alléguait qu'elle n'était pas et a des humeurs qui tenaient du ha-
observée au parlement de Paris. On dinage , et c'était quelquefois la règle
a lieu de soupçonner que c'était une de ses . . . bienfaits. J II commanda
défaite, et qu'il ne parla ainsi qu'afin un jour à « l'abbé de Baigne , homme
de ne point passer pour ignorant de m de grant esprit , et ioventeur de
l'ordonnance de Louis XI ; car quelle » choses nouvelles , quant a instru»
apparence que le parlement de Paris ,, v y , ^ , .
aft dbpeBs^le, sujets de lV,bligation %' ^^ZT^^â'^t . ^. XI.
de révéler les cnmes d état r Cette ^r n ^ j ^ «i- ^ • »
II. .• 11 » ri 1 (5q) C«s deux vers de m. GroUus sur la
obligation ne semble pas separable du ^l^fi^ ^l, ^^ r/io« , sont excelUn. .-.
serment de fidélité que l'on prête au O legum subtile nefas, quiba» inleramico5
souverain. M. du Maurier (56) rap- Nolle fidem frustra prodere , proditio est.
porte qu'un des fils de Barnevelt fut Ménagiana , pag. m. 3i3, 3i4. Note* que Gro-
tioa , epiat. DCXXVir, part. /, pag. g45 , rflf»-
(56) Dn Maurier, Mémoires poar aervir à porte tju'on lui avait indiqua le sentiment de
THistoire de HolJande , pag. S^B. Gigas , etc.
4'4 LOUIS XL
u il nous faut acquitter de la charge (P) On conte..,, qu'il proféra enfin
» de nos consciences; n'ayez plus un âne a ses astrologues."} Voici le
» d'esperanm à ce saint liomme , ni conte : je le rapporte tout tel que je
» en autre cJiose , car sitrement il est l'ai trouvé danrf un ouvrage qu'on im-
>» fait de uous , et pensez à votre con- prima à Lyon , Tan i65o (76). Louis,
» science, car il n'y a nul remède, » XI". du nom, ayant en sa cour
)» pondit : Tai espérance que Dieu » temps , et s'il ne doutait point de
» m'aidera Je ne suis peut-être » la pluie 5 lequel ayant regardé son
M pas si malade que uous pensez » astrolabe répondit que le jour de-
» (73). » que dirons-nous des cares- » vait être beau et serein : le roi se
ses qu'il faisait à François de Paule ? » délibère donc de suivre son dcs-
// le flattait , le suppliait , se met- » sein ^ mais étant sorti de Paris et
tait a genoux deuant lui : il fit bâtir » arrivé près de la fprét , rencon-
deux cout^ens de son ordre , le pre- » tra un charbonnier touchant son
mier dans le parc du Plessis-les- » âne chargé de charbon , qui dit
Tours, le second au pied du château » que si le roi faisait bien ' s'en re-
paroles -. mjqux» ai « cnau- » ae telles gens sont pour l'ordinaire
» geait tous les jours de cens, et dé- » méprisées , le roi n'en fit comp-
» pendait de la rudesse de Jean Cot- » te , ains entre dans la forêt où il
» tier * , son médecin , auquel il » ne fut pas sitôt que le temps' s'ob-
« donnait tous les mois dix mille » scurcit , les éclairs et tonnerres
» ecus , ae lui osait rien refuser , » commencèrent à éclater et la
)> et lui nronriAtt^it tniif. t*t^. mi'iî m rkluÎA a tyv».k«. J^ A-ii-r...'
« ( ' ) , au nom de laquelle il se » d'autre recours qu'à la valeur de
>, conlait entre ses draps. Ce méde- » son cheval , pour échapper cette
M cm lui disait quelquefois par bra- » infortune. Le jour suivant le roi
» vade : Je sais bien qu'un matin » ayant fait venir à lui ce charbon-
» uous me chasserez aussi bien que » nier , lui demanda où il avait ap-
» les autres , mais je jure Dieu que » pris l'astrologie , et comment il
» vous ne vivrez pas huà jours après, » prédit si au juste le temps qui ar-
XI Ce pauvre prince au lieu de le trai- » riva ? Alors le charbonnier répon-
« ter comme Maximin faisait les siens » dit : Sire , je n'ai jamais été en éco-
" ^ i &' te^^f- «=*^»' ««J»^ J7«»t' « le ,. et de fait je ne sais ni lire ni
» evôches , bénélices et offices (76). » » écrire -, toutefois je tiens un bon
fiMut^x- u-.- j T ^, , ^ " astrologue en ma maison qui ne
pij'^Sg'î:"^^" '""*"•" ''''°''-'''''*'"^' » ™« ^^on^Pe, jamais. Alors le roi
(74) Méieiai, Abrégé chronol., «om. ///,». ** *^?"* étonne lui demanda comme
348, àVann i483. » 8 appelait cet astrologue. Alors le
médecin de Louis XI. L.Vr i tique .'comme on " ™e VU nier mener chargt
voit , ne pQrte pas sur B»jlt. » bon : Sitôt que le mauvais temps
(*') Mexandre , tyran de Phère, vivait en » s'apprétc , il baisse Ics oreillcs en
telle dfpianca, que La chambre ou il avait aceow » avaut - Va pi US lentement ail'i Tar-
iume de coucher e'iait aardée par deux chiens , ^ , « ^/^ua aciicviucul qu d 1 ac-
terrihles à tous ceux gui se pi/sentaient, et en COUtumee , et se frotte contre les
laquelle onmonlait par une échelle, " muraïUes J par CCS signes doDC ,
(**) Maximin l'empereur commanda qu'an
'^ulVdrfefnUuf'^^' '^"''^ "' ^ ;'oi«'aienl tier le goam,.nd.it comme n« ralet , et tir. de
tZi^^Z'^ u-\- .1 t ,rr . ^ »«» cmyaute-cinq miJlc écD. , et beaucoup d'.a.
(75) Matlhien , Histoire de Louis XI , /,V. X, très grâces, en cinq mois de temps.
P9g. 5q3. roresnusn Me.er.i, Abrégé cbfonol., (,6) J. Marcel, au //•. livre de la San fo-
iom. ///, pag, 347 , ou U du que Jacques Coc lie , chap. Fil, pag. m. xo'^ et»tv.
LOUIS XL 4,5
31 sire , je prerois la pluie assurée , et poose fut cause , non>seulement qu'où
» les mêmes furent la cause qu'hier ue le ût çoint tomber du haut en bas
» je dis à votre majesté' de s en re- de la maison , comme on l'avait ré-
» tourner. Ce qu'entendu par le roi , solu , en cas que sa «cience se trouvât
» fit chasser son astrologue , et don- trompeuse , mais aussi que Tibère
)> na quelque petit gage au charbon* l'honora de sa confidence (80).
j» nier , ahn qu'il eût de quoi traiter (Q) // ny auait jamais eu en Fran--
» son âne , en disant : P^iuit enim ce aucun roi dont la conduite cruelle
M Dominus y quia deinceps alio non elles extorsions approchassent tant de
» utar astrologo , quhm earbonarii la tyrannie, que celles de Louis JCI.']
3> asino. He' ! pauvres astrologues , où « Quand Comineseût voulu portraire
)i en êtes-vous logés , si un âne en » un prince cruel , il n'eût employé
» sait plus que vous ? » J'ai dit ail- » que les couleurs dont il fait la des-
leurs (77) qu AngeloCâttho, qui avait » cription de ses rigoureuses pri-
servi d'astrologue et de médecin à ce » sons , ses cages de fer et ses (**) fil-
roi (78) , parvint à de grands hon- » lettes (*'). Il dit qu'elles étaient de
neurs. Vous trouverez dans Pierre » bois' y couvertes de pâtes de fer ,
Matthieu le nom des autres astrolo- » quil auaitfait faii^ a des Alle-
gues de ce monarque. Il y en eut un , » mands des fers très-pesans et ter-
dit-on , qui prophétisa qu'une da- » rib/es pour mettre au pied , et y
me que le roi aimait mourrait dans » était un anneau pour mettre un
huit jours. La chose étant arrivée , » pied, fort malaisé à ouvrir comme
Louis XI le fît venir « et commanda » un carcan , la chaîne grosse et
» à des gens de ne pas manquer , à » pesante , et une grosse boule de fer
» un ^signal qu'il leur donnerait , de » au bout , beaucoup plus pesante
}• prendre l'astrologue et de le jeter )> que n'était de inison , et les appe-
rt par la fenêtre. Aussitôt que le roi » lait'On les fillettes du roi.... Le rè-
» l'aperçut : Toi qui prétends être un » gne de ce prince fut terriblement
M si habile homme , lui dit-il , et qui n orageux , on ne pouvait pas dire
» sais si précisément le ^rt des au- » comme de celui d'Antonin , qu'il
u très , apprends-moi un peu quel » n'avait pas répandu de sang l*^).
» sera le tien, et combien tu as en- » Tristan, son grand prévôt, quimé-
» core de temps à vivre. Soit que » ritait aussi justement que Maxi-
» l'astrologue eût été secrètement » min pour ses façons barbares et
» averti du dessein du roi , ou qu'il m sévères le nom de Triste , était si
» le connût par l'étendue de sa scien- » prompt a l'exécution de ses rigou-
» ce : Sire , lui répondit-il sans té- » reux commandemens , qu'il a quel-
M moigner aucune frayeuT ,je mour- » quefois fait perdre l'innocent pour
i> rai trois jours avant votre majesté. » le coupable , toujours disposé ce
» Le roi n'eut garde de le faire jeter » prince à se servir plutôt de l'épée
» par la fenêtre après cette réponse : » pour punir les fautes , que de la
M au contraire , il eut un soin parti- m bride pour empêcher de bron-
u culier de ne le laisser manquer de » cher Claude de Seyssel ne
» rien , et fit tout ce qu'il put pour » pouvait rien dire de plus aigre
» diâe'rer la mort d'un homme que
M la sienne devait suivre de si près (80) ^qr*» Tacite , Annal., Ub. VI^ c. XXi:
» (70). » Cet astrologue ne fut pas l*') Cages appelées delà «orte, apparemment
^/i'' . , . O . . /• par corruption pour /(•««««««, a cause de leur fi-
moms ingénieux que celui qui se tira go,e communément ronde, et ^ar-ià semblable
d'un pareil péril au temps de Tibère. * un dfmi-muid. appelé indifféremment /euii-
~ ~ " " ~ ■ ■ , lelte et^lletle, à Paris. La cage, oii autrefois à
, au il se voyait « . . «„ ,., ^. r,
»._ ' ji _ j j. * /S «1 ' Pans , in-8°., paz. ï53 , 75&. Rem. cbit.
nace d'un danger extrême. Cette re- ^^^J £, J^Sùfal de la Balue, inventeur d.s
cages de fer ^ y fui loge' des premiers , et y de-
(';'',) Dans Varticle Curruo , torn. ly^ p. SS^j, meura quatorze ans. Lacum fodit et aperuit
(78) yoye*y loin. IV, pag. 588, la remar- ««•»» « incidit in foveam quam fecit.
^u« (A) de l'article Ca.ttro. (*'j -t* règne de l'empereur Jnlonin fut si
rr<)) Bounault , Nouvelles Lettres , pag. m. bon (jufférodianVappelleet'Vctt/ÂATQlie'esl-à:
(>4t 3g5. <f ire sans sang.
4i6 LOUIS XI.
M à la mémoire de ce prince , qu^en » les secrétaires de la chancellerie se
M ce qu^il écrit , que l on uorait au- » faisaient payer excessivement à leur
» tour des lieux ou il se tenait, grand » discrétion , et que pour le sceau
M nombre de getm pendus aux ar~ » d*UDe confirmation d'un privilégie
» hres , et les prisons et autres mai- » de ville , on avait exigé quatre cents
» sons circonuoisines pleines de pri- » écus d^or ; que les lettres d'appel
M sonniers , lesquels on oyait bien » avaient été déniées à la chancelle-
» souvent de jour et de nuit crier » rie et au parlement , à ceux qui
X pour les tourmens qu*on leur f ai- » recouraient a la justice souveraine
•» sait y sans ceux qui étaient secrète- » du roi , contre les injustices et
j> ment jetés en la rivière (81). v Le » oppressions des juges inférieurs ^
même historien observe (83) que » que ceux qui rendaient la justice
Louis XI poussa jusqu'à l'excès la » aux parlemens exigeaient de gran-
puissance absolue. Son prévôt allait » des et excessives épices , pour se
prendre les prisonniers qui étaient en » rembourser des offices par eux
la conciergerie du palais , et les J'ai- » achetés j que plusieurs avaient été
sait noyer à l'endroit de la grange >* accusés pour crimes desquels ils
aux I^erciers (83) « Outre les » étaientinnocens,et dontlesaccnsa-
» exemples du mépris de la justice » teurs avaient don des confiscations
» qui ne sont pas clair-semés en » et quelquefois la commission pour
» plusieurs endroits de Phistoire de » faire le procès , ou pour conduire
» Louis XI , où Ton voit des procès » sur les lieux les commissaires ; que
3) commencés par l'exécution et les » le nombre des sergens était multi-
» exécutions sans exemple C*"). Elle » plié en telle sorte , qu'aux baillia>
» dit qu'en plusieurs procédures il » ges et sénéchaussées où il n'j en
» voulait que la justice se fit à son » soûlait avoir que vingt ou trente ,
» gré, et ne s'en fiait pas â ceux qui » il y en avait cent ou deux cents.
» en avaient la chai]ee. On montre » Plusieurs seigneurs et autres se
» encoreàPlessis-les-Tours, l'endroit » présentèrent en cette assemblée
» où il se tenait pour voir sans être » pour avdlr les biens , terres et of>
» vu , son prévôt quand il examinait » fices dont ils avaient été dépouil-
» ses prisonniers (84) Aux états » lés. » Il fut dit aux mêmes états
» qui furent tenus incontinent après qu'en plusieurs lieux les hommes ,
3> sa mort , on représenta diverses femmes et enfans étaient contraints ,
2» sortes dlnjustices qui durant son par faute de bétes , de labourer la
ï> règne avaient affligéje peuple, cha- charrue au cou , et encore de nuit, le
» cun se plaignant qu'il ne s'était jour les pouvant produire aux com-
» soucié de maintenir la justicevier- missairesdes tailles (85).
» ge. On dit en cette assemblée que Finissons cette remarque par un
» le roi avait pourvu aux offices de passage de Mézerai. Comines , dit-
» judicature des gens sans suffisance il (80) , nous le dépeint fort sage
» et expérience ; et que l'on remet- dans l'adversité , très-habite pourpé-
» tait les lettres en blanc pour v met- né£rer les intérêts et les pensées des
» tre les noms de ceux qui plus en hommes , et pour les attirer et les
» offraient, qu'on les donnait aux tourner a ses fins ; furieusement
» hommes de guerre , aux veneurs , soupçonneux et jaloux de sa puis-
M aux étrangers inconnus et gens non sance , très-absolu dans ses volon-
3) lettrés , pour les faire exercer par tés , qui ne pardonnait point , qui a
a d'autres et en retirer profit : que terriblement foulé ses sujets, et avec
cela le meilleur des princes de son
(81) M»ttbieii , Histoire de Louis XI, iiV. JT/, temps. Il avait fait mourir plus de
''^•A^i'''-^ ^'T'' 9^tre mUle personnes par divers
(83) La même , pag. 678. supplices , dont quelquefois a se plat-
(•) On fait d'étranges contes de ces #x«fc«- ««'«. « «'^ Spcptateur. LaplupaH
tians. Zm chronique du que Ujeudi% d'octobre^ avaient été exécutés sans forme de
Tristan VHermite fit nojrer en la rivière de
Seine un nommé SUvestre le Moine , natif
étAuxerre. (85) 1m mSme^ pag. 711.
(84) Matthieu , Hisioire de Louis XI, liv. XI, (86) Hneni , Abrcgi chranol. , lom, m , p.
chap. VI, pag. 679, 680. 348 , 34q.
LOUIS XI. 4,5
t>t'r>cès , plusieurs noyy's une pier- lême (89). Le roi fut si aveugle qu'il
rc au cou , d'autres précipités en laissa échapper cette occasion , la
passant sur une bascule d'oii ils plus glorieuse et la plus ayantageuse
tombaient sur des roues armées de que le ciel lui DÛt offrir. Sa haine
pointes et de tranchans , d'autres pour le duc de Bourgogne avait été
étouffés dans les cachots ; Tristan, extrême , et bizarre dans son extré -
son, compère et lé vrevot de son ho- mité. Elle ne s^ était point arrêtée à
tel , étant lui seul le juge , les té- sa personne , et elle était passée a sa
moins et l'exécuteur. fille par la seule raison que ce duc
(R) // ne tint qu'a lui Rajouter à en était le père. Cette Allé n^avait
sa couronne tous les états de la mai- jamais fait aucun mal a Louis , et
son de Bourgogne^ par le mariage de pourtant Louis était si peu équitable
l'héritière avec le dauphin."] La prin- u son égard, qu'il aimait mieux que
cesse Marie , héritière de tous ces les états dont elle venait d'hériter
états , voulait ëpouser le dauphin , fussent possédés par des étrangers ,
et fit négocier cette affaire par ses que de se les assurer par une voie lé^
principaux conseillers. Ils levèrent gitime , comme- était celle du maria-
toutes les difficultés que Louis XI ge (90). Cela montre que les monar-
leur proposa : son fils , disait-il , n'a- ques ne tournent pas toujours leurs
vait pas encore neuf ans, il était extra- passions selon le vent de leur inté-
ordinairement petit pour son âge , sa tét. On les accuse de ce défaut , on
complexion ne pouvait être ni plus suppose qu'ils se défont et de l'amitié
faible , ni plus délicate qu'elle l'était et de la haine avec la dernière faci-
alors 5 il ny avait rien de si dange- lité , dès que leur grandeur demainde
reux pour fui qu'un mariage avancé qu'ils haïssent ou qu'ils aiment : cela
(87). Ils répliquèrent « que les affai- peut être vrai , ordinairement pai>
» res de leur princesse ne lui per- lant ; ils ont tout comme les parti-
» mettaient pas de différer son ma- culiers certaines passions secrètes ,
» riage : mais que quand il serait ac- ou certaines antipathies qui , en
» compli avec le dauphin , il y au- quelques rencontres , ne leur per '
» rait assez de moyens pour en re- mettent pas de se gouverner autre-
» tarder l'usage , tant qu'il serait ment que selon l'instinct de cette
M nuisible
» Qi
a» pi _ _
» tiersautant qu'on le j userait â pro* nés remonte à une cause plus rele-
» pos , mais que ses sujets avaient vée \ il mérite qu'on Tentende.
» présentement besoin dun mattre. Nonobttant quelMixii Wfustain-
» Le roi répliqua que les moyens si hors de toute crainte , Dieu ne lui
» dont' ils parlaient n'étaient point permit pas prendre ceste matière qui
» infaillibles , et que cependant la estoit si grande , par le bout qui luy
» santé de son iils unique lui était si estoit plus nécessaire , et semble
» précieuse qu'il ne pouvait Texpo- bien que Dieu monstrast alors , et
» ser à un danger aussi grand pour ajrt bien monstre depuis que rigou-
» ce jeune prince , qu'était un ma- reusement il vouloit persécuter ces-
» riage présent avec une fille qui n'é- te maison de Boureongne , tant
» tait que trop en état de le consom- en la personne du seigneur y que des
»» mer. Les Flamands essayèrent inu- subjets y ayans leujrs biens. Car tou-
» tilement de convaincre Louis que tes les guerres esquelles ils ont été
» sa terreur était vaine , et n'en pou- /« x /> . i. . v . « . •., j
» vant venir à bout ils lui firent ^^^ ^"'•^"' ^^ ^ François /". ; de sor>
Vtini. YBUir a ooui , us lui^ urcuL ^^^ ^^^ ^^ mariage eeUe grande succession eût
» une seconde proposition qui ne fut été bientôt unie à la couronne de France. Voje»
I» pas mieux reçue que la première Méwrai, Abrégé chronol. , tom. ITI^ pag. 33a;
^ tQSl\ » r*A A.4- 1a«»»T.:»aa^1^1» <»»:m »»""* comme Louis XI ne pou^aU pas prévoir
» (88). » Ce fut le mariage de la prin- ^^ ^ .^ n'en faut pas tirer \m préutxude U
cesse avec Charles comte dAngOU- bldmer ; car a avait des raisons solides de ne
pas agrandir les princes du sang. Voye* l'arti'
cle BouBoooKK (Marie), tom. 19^^ P^^g' 71 1
^87) Yarinaa, Bittoire de Loole XI , /iV. remarque (B).
rtn, pag. 167. (90) VerillM , Histoire de Lonie XI, l. VIIU
(9S) La mime , pag. iGB. F^g-K^'
TOifE IX. 27
4i8 LOUIS XI.
depuis , ne leur fussent point arri- u les œuvres quHl reat conduire
tféeâ, si le rojrnostre maistre eust pris » après : car sans nulle difficulté, si
les choses par le bout qu'il les deuoit » son plaisir eust este que nostre roy
prendre , pour en uenir a u dessus , et » eust continué le propos , qa^il ayoït
pour joindre h sa couronne toutes ces » de Iny-mesme advisë devant la
grandes seigneuries , où il ne pou' » mort du duc de Bourgongne , les
voit prétendre nul bon droict : ce » guerres qui y ont esté depuis et
quU devoit faire par quelque traité » qui sont, ne fussent point adve-
de mariage <f ou les attraire a soy par » nuè's : mais nous n^estions encores
vraye et bonne amitié •' comme aise- » envers luy, tant d'un costé que
ment il le pouwoit faire : veu le grand i) d'autre , dignes de recevoir cette
deconfort, pauvreté , et debilitation » longue paix , qui nous estoit appa-
en quoy ses seigneuries estoient. Quoy » reillée : et de là procède l'erreur
faisant il les eust tirez hors de grandes » que fit nostre roy, et non point de
peines , et par mesme moyen eust » la faute de son sens ; car il estoit
oien enforcy son royaume , et enr » bien grand, comme j'ay dit CgS). >»
richy par longue paix {(^i) Quand On ne peut rien voir de plus sensé
le duc de Bourgogne estoit encores que ce discours-là. 11 faut dire de
wiuant , plusieurs fois me parla le cette faute de Louis XI , ce que les
roy de ce qu*U feroit , si ledit duc médecins disent de certaines mala-
penoit a mourir : et paHoit en grande dies , il y a là quelque chose de
raison pour lors j disant qu^ il tasche- divin, Stiov t». Hérodote le dirait
roit a faire le mariage de son fils plus franchement que tout autre ,
{qui est nostre roy a présent) et de la lui qui se plaisait à concevoir la di-
plle dudit duc (qui aepuis a esté du- vinité comme une nature jalouse et
^Kihesse d Autriche ) ; et si elle n'y maligne ( §4 ) ; car l'événement a
uouloit entendre , pource aue mon- montré que ce fut pour la punition
seigrteur le dauphin estoit oeaucoup des peuples , que Dieu permit que le
plus jeune quelle , il essayeroà a luy mariage de Marie de Bourgogne et
faire espouser quelque jeune seigneur du dauphin ne se ftt pas. Ce sont eux
de ce royaume , pour tenir elle et ses qui ont porté la peine de la folle po-
suhjets en amitié , et recouurer sans htique de Louis Xl : jamais il ne fut
débat ce qu'il pretendoit estre sien : plus vrai de dire :
et encores estoit ledit seigneur en ce Qiàdqmà délirant reges pUetunuu- JcJu'
propos y huict jours deuant qu'il sceust «'* (g^)»
la mort dudit due. Ce sage propos , Le mariage de cette princesse avec
dont je vous parle , luy commença ja Maximilien d'Autrichefutlanaissance
un peu a changer, le jour qpil sceut d'une guerre qui a duré plus de deux
la mort dudit duc de Bourgongne cents ans, et qui a la mine de durer en-
toa). 11 s'exprime encore avec plus core beaucoup. Elle a été quelquefois
de précision dans le chapitre sui- interrompue par l'épuisement des
vaut ^ car il dit tout net que Dieu combattans ; mais ce n'a été que pour
aveugla ce prince, afin de punir ceux revenir, à la manière des fièvres in-
quine méritaient pas d'être heureux, termittentes, dés que la matière dis-
« Le sens de nostre roi estoit si grand , sipée a pu se renouveler. De là sont
ï> que moy, ny autre qui fust en la sortis des fleuves de sang , et une in-
» compagnie , n^'eussions sceu voir si finité de brûlemens , de saccage-
j) clair en ses affaires , comme luy- mens et de misères. 11 y a de quoi
» mesme faisoit : car sans nulle s'étonner qu'un -psLys de si petite
» doute , il estoit un des plus sages étendue ait pu fournir pendant deux
» hommes , et des plus suotils , qui siècles un ample théâtre de guerre {*)
» ait régné en son temps. Mais en . ,. ,, ^ , _-,.
» ces grandes matières , Dieu dis- (^^, ^ '"^%' ^^^^'^"{' ^7' ^% ^
® 1 j ' .1 (o4) yore% VarUeU PkmiCLB*, Utau XI, rf
» pose les cœurs des roys et des marque (f).
» grands princes (lesquels il tient en (gj) Hor.t., eput. II, Ub. /, vs. 14.
» sa main) à prendre les VOyeS selon (*) u ▼ a long-tempt qa*on en a dit tont «o-
tantde rltalte. Et GalU et ffelvetii, et ffitpani
(<)() Philippe de Comioeii , Uv. V, chap, Xllt '' Teutoniei , omnet eorum pugnas veoiutu
^ag. iNi 3oo, à Cann. x4';6. commiUere in Iialid. eum maximo Jtnlonii»
(^9) Là mfine^ pag. 3oi. dùcrimine , dit Jean Piériuip, L XI, n. 36 de m
LOUIS XL 4ig
4 tant de nations (96) : la France et pitié et de ceux qui ont perdu quel-
la maison d'Autriche , les princi- que chose , et de ceux qui n^ont pas
pales parties qui ont dispute' ce mor- tout pris dans une si longue suite de
reau ae terre , ont engagé a cette guerres. Ils ne trouvent pas qu'il soit
dispu ' ' ' "" ' ' '
tiens
trop
secondé la première dans ses atta- même règne : c'est toujours à recom-
ques ; et lorsque celle-ci a été tE|B mencer. Mais que diraient-ils , s'ils
en état de conquérir , on a secodPi avaient assez de génie pour réfléchir
l'autre Tigoureusement. Les Orien- sur l'efTet des pertes? La maison
taux: , qui ne savent pas la nature du d'Autriche^ n'aurait plus rien en ce
pays , ni le concours des obstacles , pajrs-là , si elle n'en avait perdu la
se moquent de ce que tant de 'ha- moitié au XV!" siècle. Elle a éprouvé
tailles gagnées , tant de villes prises , que les anciens ont dit avec beau-
n'ont pas terminé encore ce diffé- coup de raison , que la moitié vaut
rent. La conquête de trois ou quatre mieux que le tout (100). Ce qu'elle
provinces est parmi eux une affaire perdit alors lui a sei*vi , et lui servira
de peu d'années ; leurs historiens désormais , à sauver le rest^ : sans
n''ont besoin que de trois ou quatre cela , elle n'aurait aujourd'hui , ni
pages pour la raconter. Que diraient- ce qu'elle a conservé , ni ce qu'elle
ils s'ils savaient que deux chameaux ^^ P^t reprendre. Le mal est pour
ne porteraient pas toutes les histoires Jes Flamands , comme disait très-bien
qui ont été composées sur les. guerres Commes , qu'ils sont toujours ceux
du Pays-Bas? Les historiens des trou- qui souflrent : mais par le mariage
hles qui ont donné lieu à l'érection «e leur princesse avec le dauphin ,
de la république des Provinces-Unies "s n eussent apparemment vu la
sont en si grand nombre , que lors- guerre que de loin j elle se serait
que M. Varillas vint à Paris , il n'y lai^e au delà de leurs frontières , et
avait que M. Naudé , capable d'en c est un avantage inestimable. Tant
faire le catalogue (97). Ce n'est là q» " restera un pouce de terre à ga-
<Tu'une petite portion des guerres du S^^^r, ils seront toujours la partie
Pays-Bas, depuis Charles VIII. On dit souffrante , ce sera un levain et un
qu'un empereur turc s' étant f au mon- ferment infaillibles de nouvelles guer-
trer dans la carte le petit état qui ^^*
hon nombre de pionmers , et ferait tique est de s opposer aux conquêtes
jeter ce petit coin de terre dans la « "P T^^m ambitieux et bieiî armé.
mer (oo). Ces cens-là sans doute ont Mais il ny a point de maxime qui
•' ne souffre quelque exception , et il y
Foréi nuptiale. Rk*. c»it. fLedncliat rapporte a des circonstances OU , bien loin de
..«v.r.deG.Cretm»nrIaLombardie: traverser son ennemi dans une en-
bi ;wrlf rnVnitr/rpt:] treprise , il faut l'empêcher de ne
(ç^) Voret Strada , an commencement de son S Y pas embarquer, comme, par exem-
Histoire ée la Guerre des Pays-Bas; il dit , en- pie , si l'on prévoit qu'il s'y trouvera
tre autres choses , que Mars fait des promena- embarrassé , et que les suites en se-
rf* j ailleurs , et la son séjour ordinaire ; plane . j ' » '^ r j j
«l in alîa. terras peregrinari Mars , ac circom- ^OUt de Conséquence. Le duC dc
ferre b^nm, hic armornm sedem fixissc videatnr. Bourgogne était danS le CaS , lors-
^^'^y^î"*^*"' pr^ace du tome V de mistoire que après avoir conquis le duché de
^*r^2/cv!;.â-A>e. la Hollande contre te roi Guelcfres il forma de nouveaux pro-
d'Espa/fne. icts Contre Ixmpire. Ecoutons un
(99) Remarqaes snr le disconrs dn sienr d« jiomme qui entendait à miracle cette
Ar/, pag. m. çïfi. De quâ (HoUandid) niiperbi « tréve avec le roy : et sembla a
«atis tTranttna Tarcicns^ si quantum liispano rr / ** '
inole«tUe nef[ntiiqne ab ilU ortiim esset, sibi ob- (loo) uXloy ^fAiov ^fltVTOÇ. Dîmidinm plus
tiftÎMet, missurnm se fuisne dixit qui ligonibns toto. Voyez Erasme, chil, /, cent. /X, num.
JurcttliM|ue in mare coDJicereni. 11?, 1***ê* "** ^'^ « ^'9>
a.
- »«cr
J
•♦"• «»
•« I «t
0^** %<**- tr-»
I
« -:f. .1
/^ ** <•* -M» <A/m«*3« ^tU «tniiitUQi.
A>.///i >-///> ^^,^2/ \ iA**ï .|W «« i^^^^
I/o.*:
f**ti'- '«V, mA, # \'mfi. lAfâ! "^' '**''' ^'
Ç^ *-«™ '*&» fir ^iou.-^-
le /put, tt MT^NVl.
/>Am» et géujàoiem U
gf*^'*'', ne grm ~
fçemt iledaju » jmt jb r
^^P'^gnie de grantÙ s^^j^memn mu
J^f^f Oe présent due de Baviam '^
filou ion cendre .- tout ^emZ^
la place diidû Plessû ajUfminmn
LOUIS XL 4V1
iis de gros barreaux de fer, et » avoit doute : et ne pouToit Ton à
aer dedans la muraille des bro- » peine croire qu'il fust malade. » Il
de fer, ayant plusieurs pointes , faisait acheter de toutes sortes de
tae a Ventrée par oh Von eustpeu bétes dans les pays étrangers , et en
er auxfossez dudit Plessis : aussi donnait un prix immense : tout cela
'lire quatre moyneaux tous de fer afin d'empêcher qu'on ne crût qu'il
espaix , en lieu par oit Vonpou' ëtait malade (ito). L'historien com-
bien tirer à son aise : et estoit pare (m) les maux et douleurs que
ac bien triomphante : et cousta souffrit le roi Louis a ceux qu'il avoit
9 de vingt mille francs ; et a la fait souffrir a plusieurs personnes ,
y mit quarante arbalestries , qui poume , dit-il , que fai espérance
''etnuict estoient en cesfossezet que les maux ({w^ il a soufferts avant
■ient commission de tirer h tout mourir,..' Vauront mené en paradis ,
>tme qui en approcherait de nuict et que ce aura esté une partie de son
lues a ce que la porte fust ouverte purgatoire. Il met entre ces maux-
iiatin : il luy sembloit davantage là le peu de ménagement qu'on eut
j ses subjets estoient un peu cJui' pour lui annoncer la mort. Quelle
Mieux a entreprendre authorité , douleur luy fut d'oiiir cette nouvelle,
and ils en verroient le temps (108). et cette sentence ? car oncques homme
mines ayant parle amplement de ne craignit plus la mort , et ne- fit
ançois de Paule continue (ioq) : tant de choses , pour y cuider mettre
Nostre roy estoit en ce Plessis , remède , comme luy : et avoit tout le
avec peu de gens , sauf archers , temps de sa vie a ses serviteurs , et a
elea ces suspicions dont j'ay parle : moy comme a d'autres , dit , et prié ,
mais il y avoit pourveu : car il ne que si on le voyoit en nécessité de
laissoit nuls hommes , uy en la mort , que Von ne lui dist , fors tant
ville ny aux cliampé , dont il eust seulement , parlez peu : et qu'on Ve~
suspicion , mais par archers les en meust seulement à soy confesser, sans
faisoit aller et conduire. De nulle luy prononcer ce cruel mot de la
matière on ne luy parloit , que des mort : car il luy sembloit n'avoir pas
' grandes qui luy touchoient : il cœur pour ouyr une si cruelle sen^
■ sembloit mieux à le yoir homme tence (11 a) P^oila donc comment
> mort que' vif , tant estoit maigre : peu discrètement lui fut signifiée cette
>^ ne jamais homme ne l'eust creu : mort. Ce quefay bien voulu reci ■
» il se vestoit' richement, et plus ter,.... h fin que Von voye que les
» que jamais n'avoit accoustumepa- maux qu'il endura estoient bien
^ ravant : et ne portoit que robbes grands , veuè sa nature , qui plus
» de satin cramojsy, fourrées de bon-^ aemandoit obéissance que nul autre
» nés martres : et en donnoU à ceux en son temps , et qui plus V avoit eue:
» qu'il vouloit sans demander : car parquoy un petit mot de réponse ,
» nul ne luy eust ose demander, ne contre son vouloir, luy estoit bien
^ parler de rien : il faisoit d'aspres grande punition de Vendurer : quel-
» punitions , pour estre craint , et ques cinq ou six mois devant cette
^ de peur de perdre obeyssance : mort , il avoit suspicion de tous homr
^ car ainsi me le dit luy mesme. Il mes : et spécialement de tous ceux
» r'envoyoit officiers, et cassoit gens- ^ut estoient dignes d'avoir authorité :
^ d'armes , rongnoit pensions , et en il avoit crainte de son fils ^ et lefai-
" ostoit de tous points : et me dit , soit estroitement garder : ne nui
peu de jours ayant sa mort , qu'il homme ne le voyoit , ne parloit à luy,
passoit temps à faire et deiTaire sinon par son commandement : il
gens : et faisoit plus parler de luy avoit doute a lafin de sa fille, et de
parmy le royaume, que ne fit ja- son gendre , h présent duc de Bour»
inais roy : et le faisoit de peur bon , et vouloit sçavoir quelles gens
* qu'on ne le tinst pour mort : car entroyent au Plessis quant et eux. A
* qu'on ne le tinst pour mort : car
» comme j'ay dit , peu le yoyoient :
mais quand on oyoit parler des ("«) ^^ *n(me»
» ceuvres qu'il faisoit . chacun en <"») ^«".'« ehofrim XII du ri*. Uvm ,
(«0») l^ m^^ , pag. 383. (iia) Gomiocf , ehup. XII du ri: li^r*.,
V»«>9) Ih m(mt , eju^f- VUt, pag. 586. f^g . Bgg.
423 LOUIS XI.
lajin , rompit un conseil , que le duo » garder, qui estoit ainsi ea pear de
de Bourbon, son gendre , tenoit leans » ses enfans', et ^e tous ses prochains ^
par son commandement, A L'heure » parens , et qui changeoit et muoit
que sondit gendre , et le comte de n de jour en jour ses serviteurs qu'ail
i}unois, reuindrent de remener V am- » avoit nourris , et qui ne tenoient
bassade , qui estoit venue aux nopces » bien ne honneur que de luy, teUe-
du roy son fils , et de la reyne y à » ment qu'en nul d'eux ne s'osoit
Amboise , et qu'ils retournèrent au » fier, et s'enchainoit ainsi de si es-
Plessis , et entrèrent beaucoup de » tranges chaines et clostnres ? » Ce
gens avec eux , ledit seigneur, qui qu'il dit dans le chapitre XIII est
fortfaisoit garder les portes , estant merveilleux : Peu d'espérance doi-
en la galerie , qui regarde en la cour i/erU auoir les pauvres et menues gens
dudit Plessis /fit appeller un de ses au faict de ce monde , P}sis que si
capitaines des gardes ; et luy comr grand roy y a tant souffert et tra-
manda aller taster aux sens des sei" vaille, et puis laissé tout ,et ne peut
gneurs dessusdits , voir s ils n'avoyent wouverune seule heure pour esloigner
point de brieandines soubs leurs ro- sa moH , quelque diligence^ qu'il ait
bes : et quille fist comme en devisant sceu faire. Je l'ay cognu , et ay esté
a eux, sans trop en faire de serur- son serviteur h la fleur de son aage,
blant : or regardez s'il avoit fait et en ses grandes prosperitez : mais
beaucoup vivre de gens en suspicion je ne le vis onques sans peine et sans
et crainte soubs luy, s'il en estoit soucy. Pour tous plaisirs il aimait la
bien payé : et de quelles gens il pou- chasse , et les oiseaux en leurs sai-
voit avoir seureté , puis que de son sons : mais il n'y prenait point tant
fils , fille , et gendre , il avoit suspi' de plaisir comme aux chiens (117)....
cion : je ne dis point pour luy seule- JSncores en cette chasse avoit quasi
ment : mais pour tous autres sei- autant d'ennuy que de plaisir : car il
gneurs , qui désirent estre créants , y prenait grande peine , pourtant
jamais ne se sentent de la revanche , quU couroit les cerfs a force , et se
jusques à la vieillesse : car pour la levait fort matin , et allait aucunes-
pénitence ils craignent tout homme : fois loin, et ne laissait point cela
et quelle douleur estoit a ce roy d^a- pour nul temps qu'il fist : et ainsi
voir cette peur et ces passions (ri3) ? s'en retournoit aucunesfois bien las ,
Ensuite l'auteur rapporte (ii4) la et quasi tousjours couroucé a quel-
servitudejoù le me'decin tenait ce quun u^ cette chasse estoit sans
prince ; et ayant décrit (11 5) les pre'- cesse , et logé par les villages , jus-
cautions que le roi prenait pour être ques a ce qu^il venait quelques nou-
en sûreté dans une maison entourée velles de la guerre : car quasi tous
de grosses grilles , etc. , il dit ceci les estea^y avoit quelque chose entre
(116) : « Ét-il possible de tenir au le duc Charles de Bourgogne et luy,
» roy pour le garder plus honnes- et Vhy ver ils faisaient trefves (ii8)...
» tement , et en estroite prison , que Ainsi le plaisir qu'il prenoit estoit
» luy'mesme se tenoit ? Les cages où peu de temps en l'an : et est(Ht en
» il avoit tenu les autres avoient grand travail de sa personne , comme
» quelque huict pieds en carré , «t fay dit : le temps qu'il reposait , son
y» luy qui estoit si grand roy, avoit eritendement travaillait , car il avoit
» une petite cour de chasteau â se affaiie en moult de lieux : et sefust
» pourmener, encor n'y venoit-il aussi volontiers empesché des affaires
» gùeres : mais se tenoit en la ga- de son voisin comme des siens , et mis
» lerie , sans partir de là , sinon par gens en leurs maisons , et departy les
]) les chambres : et alloit à la messe , authoritez dicelles : quand il avoit la
» sans passer par ladite cour. Vou- guerre , il désirait paix ou trefves :
» droit-1'on dire que ce roy ne souf- quand il avoit paix ou trefve , à
» frit pas aussi bien que les autres ? grande peine les pouvait-il endurer .*
» qui ainsi s'enfermoit , qui se faisoit de maintes menues choses de son
(ïi3) Gominea , chap* XI I, du Vl*. livre , royaume se mesloit , dont il se fiist
pag. ^00. ^ , ^ ' bien passé t mais sa complexion estoit
(iiq) La même fpag*qoi.
(1x5) Là mime » pitg' 4'*3. (n?) l'h mime^ chap. XIII, pttg. ^o5.
(116J Là même^ pag. 404* (i*^) -^^ même, pag. 406.
LOUIS XI. 423.
telle , et ainsi uit^oit (iig), La vie de >» pre'tendu se faire honneur auprès
ce prince , avant qu'il fût ?oi, ne fut » des peuples , en faisant des libëra-
guère heureuse. Comines le montre w lite's aux dieux... Et que ce raffine-,
(lao) , ensuite de quoi il forme cette » ment était réservé » à Louis XI
conclusion : « Or en quel temps donc ( 1 25) . 11 soutient ( \ 26) qu'un excès de
» pourroit-l'on dire qu'il ei|t joye ne cette nature, dans un esprit comme le
M plaisir, à voir toutes les choses sien, doit être plutôt réputé pour arti-
3> dessusdites ? Je croy que depuis Jîce que pour extravagance (127)
» son enfance il n'eut jamais que Que ce trait , quelque hardi qu'il pa-
» tout mal et travail jusques à la raisse , doit passer près de nous pour
» mort : et croy que si tous les bons le fruit d'une sagesse consommée , et
» iodrs qu'il a eus en sa vie, esquels d'une longue expérience des jugemens
3) il a eu plus de joye et de plaisir des hommes. Qu'il n'y a rien d'ex-
» que de travail et d'ennuy, estoient traordinaire a consacrer.,,,, lerewenu
» bien nombrez , qu'il s'en trou- de ses terres au service de Dieu et de
» Teroit bien peu : et croy qu'il s'en ses saints , a l'usage de ses ministres^
3) trouveroit bien vingt de peine et ^ l'ornement de leurs temples et de
» de travail , contre un de plaisir et leurs autels , ni même a mettre ses
» d'aise (i^^)* " états sous leur protection particu-
II n'y a point de lecteurs assez Hère (128).... Que cela est de la lu"
stupides pour avoir besoin qu'on leur mière naturelle ; mais non pas de
commente ce qu'on vient de rap- choisir des puissances célestes , pour
porter. Chacun est capable de sentir en faire les objets de notre libéralité ;
qu'il n'y a point de condition plus l^'^u lieu de leur demander, ou de
mise'rable que celle d'un prince ma- feindre d'avoir reçu d'elles , on se
lade , qui n'ose avouer qu'il le soit , soit ingéré de leur donner ; comme si
et qui se défie de tout , et qui est elles avaient besoin de nos biens ,
contraint de se servir de mille ruses «'«*« ^"^ nous avons besoin des leurs;
pour persuader qu'il n'est pas mort, qu'elles en pussent jouir effective-
Notez que Philippe de Comines mon- ^ent , ainsi que nous pouvons jouir
tre, par l'exemple de quatre grands des leurs, de murs lumières, et de
princes (122) qui étaient morts de leur intelligence, quand il leur plaît
son temps , que c'est peu de chose de nous en communiquer quelque
que de F homme, et que cette vie est rayon. Que cependant cela a réussi :
misérable et briefve , et que ce n'est car (129) quoique Louis XI fît pro-
rien des grands (i 23) . fession ouverte de n être pas sincère ,
(V) lljp.t un acte de religion sur comme on le voit par sa devise , il ne
lequel un auteur moderne a pensé paraît pourtant point qu'en ce temps-
des choses qui méritent d'être exa- ^« personne ait soupçonné d'artifice
minées.] Louis XI fit un contrat qui ^^e dévotion si extraordinaire : tant
6\pve\le transport de Louis XI h la i^ «?« f^rai..... que la seule ombiv
rierse-Mane de Boulogne, cfu « 4 ^^^terét imaginaire , que le ciel a
devant P image de ladite dame par ses » point de 1 empêcher d'en aperce-
successeurs , en 1478 (124). « L'abbé » ];ojr la hardiesse et la moquerie.
» de Saint-Réal prétend que toute '' Cela est tout-à-fait merveilleux 5
» l'antiquité grecque et romaine n'a » in»is aussi , cela découvre d'autant
» jamais vu que des hommes aient » mieux la nature de l'esprit humain,
» par ses plus faibles et bizarres
(„9) Là même , pag. ^o^. » côtés 5 qu'on ne se soit point avisé ,
(iioi /.àmeme, pag. 407, 408. » pour lors , de trouvcr étrange,
(lat) Là mern» , pag. ^o9. , » qu'un homme contractât avec la
(laa) Charles t duc de Bourgogne, Edouard
IF, roi d'Angleterre, MaUhiat^ roi de Bon- ^,,5) zà mime, pag. 233, a34.
««> . '* J^^homet II, empereur d'sT^^, ^^^ ^ ^g^ ,3^
UiV\Comvae», sur la fin du Iwre VI. , i t' ^ >»
(i»4) r<sr«» '* 2Vtiù<rdel'U«aged«rHi.toire, ("?) ^f *"!"** ' ^'^' '*
composé par Vabhi de Saiot-Real, ei imprime' (»*8) ^« même, pag. a38.
à Paris, Van 1671 , pag. i35, a36. (13g) Là mime , pag, a4o.
4^4 LOUIS XI.
» sainte Vierge , tout comme avec ronoe , ou une' robe parvemee de
» un autre homme ^ et qu^il lui f )t , diamans , etc. Ib se dessaisissent de
» du moins par fiction , accepter un la propriété de ces biens, et la tran»-
» présent qu^ii lui faisait , et dont portent à la mère du fils de Diea.
» il ne demeurait pas moins mattre Pourquoi ne youIcz-tous pas cpi'cviK
m après cette prétendue libéralité , lui transporte tout aussi facUement
M que devant. Car enfin est-ce que le titre de souveraine d'un «certain
» les baillis , prévôts , et autres of- fief ? Est-il étrange que Louis XI se
» ficiers de la comté de Boulogne , déclare son vassal , son homme lige ,
» quand on les aurait appelés les à Tégard d^une comté dont il était
» baillifs de la Vierge , ses prévôts , souverain ? Pourquoi s'étonnerait-on
V et ses officiers , en devaient moins qu^ilveuilleque désormais on en fasse
jt obéir au roi ? est-ce que Téglise de hommage à cette sainte ? J'avoae qu'il
)) Boulogne jouissait du revenu de la se réserve le domaine utile, et tous
n terre , qu'elle en était mieux des- les autres avantages de la4>osse8sion ;
» servie? est-ce que le roi en était mais cela n'empêche pas qu'il ne cède
» moins comte , pour avoir donné qn droit honbrable , et que le trans-
» cette comté à la Vierge ? non as- port qu'il en fait n'appartienne à la
» sûrement. Est-ce que le peuple même espèce de libéralité que le don
» d'alors ne voyait pas tout cela d'un cœur d'argent , ou d'une cou-
» comme nous le voyons? il ne tenait ronne brillante de pierreries. L'acte
» quM lui de le voir j mais Louis XI de ce transport , appenda à la voûte
» voyait encore mieux toutes ces c|io- d'une église en lettres d'or, serait un
» ses que son peuple , ni que nous : ornement aussi glorieux qu'une sta-
» cependant ce prince si habile dans tue d'argent. Ou sera donc la bizar-
» l'usage de tous les instrumens de la rerie extraordinaire de la dévotion
» politique, et qui avait fait une de Louis XI? et pourquoi fau.dra-t-il
» étude si profonde de celui de la dire qu'il n'eût pas eu la hardiesse de
S) religion en particulier, qui l'avait tromper de cette sorte le public, s'il
» fait jouer de toutes les manières n'eût connu très - profondément la
» connues , crut qu'ij^ pouvait impu- sottise ou la faiblesse du peuple ?
» nément employer encore celle-ci , S'il eût consacré à la Sainte Vierge
» après l'avoir inventée , l'étendre le revenu de ce fief, afin de le faire
» jusques-là sans danger ^ il jugea servir a l'usage des ecclésiastiques ,
» que les esprits étaient capables de et à l'ornement des autels , il eût
» la porter. 11 fallait connaître leur pratiqué une sorte de dévotion que
» nature pour se hasarder si avant. » M. l'abbé de Saint-Réal eût jugée
Je ne copie pas la suite de ce long très-solide {i3i). C'est donc une ma-
passage , quoiqu'elle soit pleine de nière louable ^e choisir des puissart'.
solidité. ces célestes pour en faire les objets de
J'en trouve beaucoup à certains notr^ libéralité. Il doit donc être per-
ëgards dans les réflexions que j'ai mis de leur offrir la souveraineté
rapportées ; mais vu la pratique qui d'une terre , et de la leur transférer ,
a été observée de tons temps , et que afin de la tenir d'elles à foi et hom-
lA. l'abbé de Saint-Réal a louée , ïé mage ; car ce droit n'est pas une
ne trouve point qu'il y ait rien de chose dont on se puisse moins dé-
merveilleux dans cette conduite de pouiller en leur honneur , que des
Louis XI , ni que l'on y doive soup- revenus de cette terre. Prenez bien
çonner plus d artifice que dans ses garde que les victimes sacrifiées aux
autres dévotions. Le paganisme don- dieux , et toutes les autres offrandes
nait à ses dieux , non-seulement des de dévotion , ont été toujours consi-
Sierreries et des ouvrages d'or et dérées comme un pi^ésent , et que 1^
'argent, mais aussi des terres (i3o). prêtres n'ep ont profité , soit pour
Les catholiques donnent tous les leur nourriture , soit pour d'autres
jours à la Sainte Vierge , les uns un usages , qu'en qualité de ministres
collier de perles, les autres* une cou- de ces puissances célestes. Ils n'étaient
, . . ^ • ■ Il . j . f point les donataires , ils n'avaient
(i3o) Comm» a Belione ^ autour du. tempU * '
df .CoutÉUta, et à V^nus ^ autour du temple (>3i) Lise* la ^age a38 de son livre ; j'en ai
4'Étyce , elç, cite' Us paroles , eî-^essus , citation (198J.
LOUIS XI. 425
que Fusufrait, et cela pat une espèce frappé de la tradition vulgaire , que
de seconde translation. La première ceux qui jurent sur cette croix et so
consistait en ce que Phomme qui of- parjurent , meurent misérablement
frait une victime , ou telle autre auant la fin de l'année {\^^).\^ con-
chose , remettait aux dieux tout le notable de Saint-Pol le pria de jurer
droit qu'il y avait. La seconde coU' sur cette croix , qu'il ne lui ferait ,
sistait en ce que les dieux transfë- ni permettrait qu'on lui fît aucun
raient à leurs ministres l'administra- mal (i34)- Le roi répondit qu'il avait
tion et Fusase de ses offrandes. Ainsi juré de ne faire jamais ce serment à
dans le fond la conduite de Louis XI homme viuant , et qu'il n'y en await
n'a rien d'extraordinaire , et n'est point d'autres qu'il ne fît uolontiers
point une libéralité d'une nouvelle pour l'assurer (i ^5).
scanaaiises. un eue pu le critiquer ae qV a point de pensées dont il taille
ce que sa donation ne lui ôtait rien ; pUis se défier que de celles qu'on dé-
car il demeurait toujours le mattre bite d'une manière éblouissante , et
de la terre , il s'en réservait le do- d'un ton majestueux. Les réflexions
maine utile , etc. : mais on eût eu de l'abbé de Saint-Réal , que je viens
tort de prétendre qu'il ne cherchait d'examiner , sont les plus propres du
qu'à tromper j cet acte de religion monde à éblouir ; mais ôtez-Ieur les
qui plairait à la Sainte Vierge, et aui (X) M. ^arillas se trompe sur la
la disposerait a le protéger , et à lui cause de l'antipathie des Fran-
être libérale de ses faveurs : il y avait cais et des Espai^nols,^ « La plupart
un grand désordre dans ses principes ;, ^es relations françaises et espagno-
ct dans ses actes de piété , et néan- „ \q^ quj furent faites à l'occasion de
moins la persuasion n'en était pas „ l'entrevue de Louis avec Henri IV ,
séparée. En voici une preuve : il n'osa „ ^oi de Castille , mettent pour rai-
jamais jurer sur la croix Saint-Laiid „ son de l'étrange changement qui
(i3a) n une chose fausse ; car il fut „ g'y fit , l'extrême négligence de
» Louis à s'habiller en prince de son
(«3«) Elle est a Angers. >, rang : et pour dire le vrai , avant
<) Laudus et Lauio . nom. l.t.ns de ce .amt, ^^ entrevue , les Français et les
font allasion a Leodis et Leodur ^ comme le» v.^n.v »,.ici»*» «v. , »v,s,*.««^«
écrivains latins (In bas niècle appellent tout bom- » Castillans pratiquaient a 1 égard
me qui , en qualité de vassal ou à^homme de » les UnS deS autres tOUteS IcS règles
onelque prince , est réputé fidèle k ce prince.
Dâ'can7e,Tu^tXS "£'^/.i"l V.vitX' ' ^"^ ^ange an mot Leodeset/ideles t Vivat
qui taies habet Leodes. Le nom de Laudus , si " »•« qui taies hah et UoderfCe moi Laudus, s
approchant de* mot* leodis et leodus , Tenant de * «Pprocbant des moU teodis et leodus, venant
l'allemand /«lU. qui pourlantn^a point de siogu- * de 1 allemand Uut p^uT^e\ de lud , poputus .
lier, a fait croire aux peuples de la*^ Loire, grand. • ^'ou Ludnvicus^ as.le du peuple, a fait cro.r«
éq^ivequeurs, que Uini Laud était le vengrur » •"« P«"P'*» «^« ^? ^«'r«. «"«"l» equ..oqueurs.
de. pliures ; et comme Louis XI , q..i n'aban- - ^"« »»"•» «^awd eta.i le venReur des parjure, .
.loaJait guèreee pays-li , avait la louable coutume • «« «O"»™? Lom» XF , qu. n abandonnait guère
de violer sas sermens les plus solennels , de li " " Py»"*» » V"' \' *"*"?"' coutume de v.oler
««naît k ce prince , d'ailleLr. .npersUtieun , le * »" sermen. les plu, solennels, de a venait a
acropole de jurer lor la croÎE de saint Laud. ' " P"°'=«. d ailleurs superst.l.eax, le scrupule
l^ij^ ciiT f • de jurer sur la croix de saint Laod. •
r w % !_' . J-. i< .. •.• -1 De cette substitution on cbaneemcnt considè-
f...^"S*' I l?"**- ""• '^*»*'1»« cnliqued „y^ ^ Leducbat, Joly conclut que
faut sobstitoer celle-c. : remarque critique - pawtt vinir de Ledu-
■ On Lan, comme on lit dan. le Comines .... *^j . , i^-, .."Tir- , »... r^„,^... ...
_ *.... . l'iir Lc i.« -^4 r • CMt. • Leduchat doit en eJfcl cire 1 auteur au
• rraaçais , i. IV, ch. 6: en latin , non paa Lu- • j« .• j s ^.- ^
_. * ' ' j •. cii'j *. ^ t I moins d une partie de» «e/naroue* cn/ii7«e/. Ce-
. P« ; ~"»«»« » «f<ï«"« S»é.dan, qui a confondu , ^ j^j^j, j; ,. ^.^j^^, ^^^ j„„j if ^„ ,^
. aaiDt L{!u , ancien évéqne de Troyc., avec ^^ piu.î^rs endroit., et surtout k IWa.îon de
' *••»» Lan , évéque de Couiance.; mais Zau- i^Vide Gonan*!. V. £>«ca*i««rt, pag. an. ]
• dus ou Lauto , noms latins de ce dernier qui , ,-^ __ ... «... j t • -vi /
- font allasion k leodis et Uodus , comme le. ^<»3\) Matthieu, Histoire de Loui. XI , Uv
- écrivains dn bas siècle appeUeat tout homme ^^ chap.XVt.pag. 2o^yojet,aussi Var.l-
.qul. en qualité de vasMl on d'bemmè de ^^^^ àans la préface de VMi%\oxvcàthoux% XI.
m quelque prince, «•.! réputé fidèle à ce prince. (i34) f^e mfme Matthieu , là même.
• Gesta regum Ftwtvorumf cap. i3, cités par (>35^ Là même.
4^6 LOUIS XI.
>i d^uo bon voisinage. Ils se secou- plomb desMUs. Les CoêUUans ^en
)j raient réciproquement : ils se ren- moquaient^ et disaient que c'estoUpar
» daient tous les bons offices cru'exi- chicheté ; en effet ainsi se départit
» geaient la bienséance et la cnarité cette asserrUflée pleine de moquerie ,
» (i36). » M. Varillas en rapporte et de pique : et oncques puis ces deux
divers exemples , après quoi il conti- roys ne s'entraymerent. Ce qu'il dît
uuede cet te façon '.i^oi^apnè^^ue /a de Tentrevue de Pempereur et de
cour de Henri IV^ roi de CastUte , Cbarles , duc de Bourgogne, n^est pas
qui s' était mise dans un équipage si moins fort (i4o). En voudrait-on
magnifique , qu*il ne s'en était point conclure que les Allemands et les
uu de semblable ni d'approchant de^ Bourguignons se sont bais depuis ce
puis trois ou quatre cents ans y eut temps-là jusqu'à présent ? Ne seraiC-
apercu Louis , habillé d'un drap de ce pas une fausseté ? Ne les vit-on
Èerri qui n'était pas neuf, et la tête point bons amis après la mort da due
couverte d'un uieux chapeau qui n'é- de Bourgogne ? li 'agirent-ils pas de
tait remarquable que par une JYotre- concert contre la France ? On aurait
Dame de plomb qui y était attachée , vu la même cbose entre les Français
les Castillans conçurent tant de mé- et les Castillans , si des raisons blien
pris pour les Français, a cause de leur plus fortes que le mécontentement de
roi , au Us prirent pour rompre avec l'entrevue n'eussent opéré. La Cas-
eux la première occasion qui s'en tille , l' Aragon et plusieurs autres
offrit ; et l'antipathie entre tes deux états d'Espaene , se réunirent : Toilà
nations commença dès lors , pour l'origine de la baine des Français et
devenir ensuite immortelle (j3']). des Espagnols ; car depuis cette réu-
Je ne doute point qu'on n'eût fort nion la France a été toujours obligée,
embarrassé M. Varillas , si on l'eût ou de repousser l'Espagne , ou de
pressé de montrer quelques relations l'attaquer.
de cette entrevue qui marquent que (Y) Il y a un livret oii nous voyons
la haine qui dure depuis si long- avec plus de netteté le plan de cette
le premier qui ait fait des réflexions de Miroir historique de la Ligue de
là-dessiis , et qu'à cet égard presque l'an 1^6^ , oit peut se reconnaître la
tous les autres écrivains sont ses co- Ligue de Fan 1694 , pour y découvrir
pistes 5 mais il s'en faut bien qu'il ne ce quelle a h craindre des proposi-
soit le fondement de la prétendue tions de paix que la France luijizit.
découverte de M. Varillas. Il a fait Par l'auteur au Salut de V Europe.
une digression (i38) qui tend à mon- Vous voyez que celui qui publia cet
trer que l'entrevue des princes est ouvrage se désigne , non pas par son
"' • " - -. • écrit précédent,
Ime année , et qui
_ pour titre : le Salut de VEurope,
et du roi de Gastille. Aussi se dres- considéré dans un état de crise , avec
soient moqueries entre ces deux na- un avertissement aux alliés sur les
tions si alliées , dit-il (iSq). Le roi de conditions de paix que la France
Castille estoit laid, et ses habillemens propose aujourd'hui , par l'auteur de
déplàisans aux François , qui s'en la Réponse au discours de M.^ de
moquèrent. JYostre roy Yhabilloitfort Mébénac. Cette réponse ( 1 4 0 > qui est
court , et si mal que pis ne pouvoit : de 1 17 pages in-8**. , parut l'an 169»,
et assez mauvais drap portoit aucu- et fut fort au goût des ennemis de la
nesfoLs : et un mauvais chapeau , dif- France. De là vient sans doute que
erant des autres , et une image de , , , ^ ..»-•.. ^,,
O («4o) Oneques puis ne t entrttunerent ne eux
/.a/î\ V. -II. Tïï- . • 3 T • V t. -v ne leur* gens. Les Alleinans mesprisoient ta
(i36) Vânllâi . Hutoire de Loa» XI , Uv. X , ^0,^^, .^ ^^^^^ dudit duc en l'attribuant à or-
pag. 395. ^ gueil. Les Bourguignons mesprisoient la peUte
(l%^) Là même , pag. 3a4' compagnie detempereur et les pauvres kaUUe-
(i38) C'est le chapitre Vilt de son second mens. Là même, pag. to5, 106.
iivre. (,4,) Jg l'ai citée dans la remartfue (ï) de
(lîg) Comine« 1 là mime ^ pag. n,5. Varliele Tii4irçoi» l". , tom. Vf^ pag. S^o.
LOUIS XII. 427
Fauteur s^en fit comme un titre de livre dans Tddition du président
seigneurie pour se caractériser à la d'Ëspagnet (i43),est encore plus trom-
téte de sa seconde production , qui peur. J'avais dit dans les éditions
fut celle qu'il intitula le Salut de précédentes de ce Dictionnaire (i 44) 1
rJSurope , etc. Depuis le second écrit crue M. Espagnet a cru que
il ne se désigna plus par sa première était Tauteur de ce livre * ,
Louis aÎ
mais j'ai
seigneurie , mais par celle qu'il fonda effacé cela. Il fallait parler avec quel-
sur son Salut de l'Europe. Je ne sais que restriction , puisqu'il a cru seu-
point s'il est l'auteur de deux écrits lement que ce monarque y contribua
qui parurent , l'an 1694 9 l'un sous du sien (i4S)*
le titre di!Ayis d'un ami a l'auteur
ilu Miroir historique de la Li^ue de
Van 1464 9 l'autre sous le titre de
JPensées sur l'jiuis d'un ami a l'au-
teur du Miroir historique de la Ligue
de l'an 1464. Je sais seulement qu'il
continua derse désigner par sa secon-
de qualité dans un écrit qui courut
Fan 1695 , et qui s'intitule : Lettre
au. eazetier de Paris , sur le siège
de Jyamur , par l'auteur du Salut ae
l'JEurope. Il ne parait pas mal instruit
du caractère de Louis XI.
(Z) J'en rapporterai un morceau ,
qui nous sentira df occasion de recti-
(x43) Le Rosier des Guerres , covvosb par le
feu roi Louia , XI*. de ce nom , pour monsei-
gneur le daupbiu Charles, son fila.
(i44) Dans la remarque (B) de VarUcle £s-
»ÀCirBT , tom. Vly pag. 395-996.
* Le Modnoie «.dans ses Notes sur U Croix du
Main(B , au mot Etienne Porcbier , dit que c'est
cet Etienne Porcbier qai est aateur du Rorier
des Guerres composé toutefois par ordre de
Louis XL
(145) yoje» la préface de M. <£'£spagaet.
LOUIS XII , roi de France ,
arrière -petit -fils de Charles V
(A) , succéda à Charles VI II, le 7
des Guerres."^ «c Nous voulons un
» prince qui soit à la vérité catholi-
» que , mais dont on ne puisse pas
dire ce que le saint évéque de (re"
néve disait de quelqu'un semblable
a Louis XI
»
»
aimait
et il es-
fier une remarque touchant le Rosier d'avril 1 49^* H avait porté le
titre de duc d'Orléans, et avait
essuyé plusieurs disgrâces sous
le règne de son prédécesseur.
Aussi n'avait-il pas ciu la soumis-
qu'il était bon catho- gion qu'il devait à son souverain ,
» lique mais fort mauvais chrétien, -j -^ ^ ^^ j ^^^ç^ ^^^^re
» lïous devons pourtant donner cette , . * 1» • a /• •
» louange à Louis XI , qui est à mon 1»" , et on 1 avait même tait pn-
» avis la plus belle et la plus royale sonnier dans une 'bataille ga—
» action de toute sa vie, qu'il a re- „j^^ç ^^j, les Bretons par l'armée
>, connu sérieusement ses fautes au- ^ Charles VIII (û ). Il
j) paravant mourir, comme le te- JjJ* , . .; , jy
» moigneCoroines. Et pour empêcher 1 héritière de J3retagne, i
» que son fils , qui fut depuis Charles péraitde l'épouser ; mais il n'eut
"" ^''' i*l ' ^® tombât dans les mê- ^g contentement qu'après que le
» mes défauts , il lui laissa une espe- ■ „^ _ ^j^^^o-^.,- A,«. *t.r^»f
» ce d'institution, sous le nom\le «^^^.s^? prédécesseur fut mort,
» Rosier des Guerres , qui , s'étent et il lui en coûta une action tout-
» trouvée au château deNérac, a été à— fait odieuse et injuste^ car il
» donnée au public par M. d'Espa- f^Uut qu'il fît casser son mariage
: &au^x?:î?r6To„C^^^^^^^^ aveclaVincesse Jeanne deFran.
» recommande de se faire plus aimer ce (B). Son règne tut remarqua- ,
n que craindre , considérant qu'il ble par de grands événemens ,
» avait principalement failli en ce 1^5 ^^g heureux et les autres
» point important (i4a). « ' malheureux ( C ) ; mais à tout
Vous voyez que M. Joly n explique "^«""^"'«^"^■v '^ / » *"«« « ..,
point si Louis XI composa lui-même prendre il fut un des plus il-
cctte institution , et qu'il insinue lustres que l'on eût vus de—
néanmoins ce sentiment. Le titre du
(•) En 1484. («) <^'«' /« bataille de Saint-Aubin du
(i4i) J0I71 préface du Codieile d*or , p. 3o. Cormier , gagnée le 28 de juillet i48S.
l
428 LOUIS XII.
puis quelques siècles. La repu- par accident elle lui devint ftt^
blique de Venise étant devenue neste , l'ayant attiré dans nu
fort puissante , et la fierté qui mariage qui lui causa plus de
accompagne le grand pouvoir mal que n'aurait fait une ar—
ayant trop paru dans sa conduite, mée de cent mille hommes; car ce
ilusieurs états se liguèrent pour prince ayant épousé la sœar
a mettre à la raison (D). Louis d'Henri VU I, jeune princesse
XII I qui entra dans cette ligue, fort aimable , s'abandonna un
eut presque lui seul toute la peu trop aux plaisirs du maria-
gloire d'avoir humilié cette puis- ge (I). Il ne proportionna point
sance ( E ) , qui s'était rendue à ses forces , ni à son âge , mais
formidable et odieuse à tous ses à la jeunesse de son épouse , les
voisins. Âpres un si beau suc- devoirs qu'il lui rendait. Comme
ces , ce fut contre ce monarque il n'avait que des filles , il sou-
que l'on se ligua , par les intri^ haitait ardemment qu'elle lui
gués d'un pape (b) , qui é^it donnât un successeur. Il usa
non-seulement un grand guer- bientôt à cet exercice la délica*
rier , mais aussi un fin poiiti- lesse de son tempérament. Il
que. Louis terrassa de telle sorte consomma le mariage le 10
cette ligue , que si le duc de d'octobre i5 14(^)9 ^^ il i^ourut
ïïemours n'avait pas été tué à la d'un flux de ventre , le premier
journée de Kavenne, on aurait jour de janvier i5i5(e), à l'âge
vu ce pape fier et belliqueux de cinquante-trois ans(y*) , sans,
chercher un asile hors de Rome avoir pu , avec tant d'efforts si
( F ). La France l'aurait uiéme préjudiciables à sa vie , venir à
fait déposer , nonobstant la mort bout d'engrosser la reine. Ce fut;
du duc de Nemours , si presque un bonheur pour la France ; car
toute l'Europe n'avait conjuré si la reine avait accouché d'un
contre elle. On n'avait jamais fils , on aurait eu à la place de
vu contre un seul royaume un François I*'. , un roi enfant ,
tel concours d'ennemis (G). Aus- qui aurait été fc^rt faible, toule
si doit-on avouer que la France sa vie(K). Louis XII fut si porté
se vit réduite à de grandes ex- à soulager ses sujets , qu'il mé-
trémités(c). Mais outre qu'il est rita le surnom de père du peu-
fort gloriojax à Louis XII que pie, éloge mille fois plus glo-
ses voisins l'aient assez redouté , rieux que celui de grand ^, d'au-
pour croire qu'à moins que d'à- ^^ j^^^^^^j ^ j^^^^^^^ ^.tronpl. , tom. ir^
gir tous de concert ils ne l'arrê- pag. m. 470.
teraient pas, il eut encore la . ie) a commencer Vannée au i".yourrf.
1 . 1 "S • • f • 1 janvier.
gloire de dissiper cette formida- (/) Mécerai , hhré%é cliroooi. , tom. if,
ble liffue par la voie delà né- Pf-^l^- 'i „.♦;„»„,. a t .-
. O JÇ_ _ . VI iîj. Leclerc remar<jue qu il ne tint pas à Jean
gOCiatlOn (H). La paix qu il nt Lemaire de Belges , que le nom de grand ne
avec les Anglais fut un eraud fût donné à Louis XII. Lemaire , qui était
j A- Ti *. " historien de ce monarque, finit ainsi une
coup de partie. 11 est vrai que courte pièce qu'il intitule : Le blason des
armes des Vénitiens, et qui est de i5ii:
(h) Jules II , Voyes tom. FIFI, pag. 4391 Chascun ira partout louant ,
son article. Disant, chantant et escripvant :
(c) Voye:^ la remarque (H). Vive le roi Loys-lc.Qrand,
LOUIS XII. 42g
guste, de magnifique , de hardi, (B) Il fallut qu'il fit caiser son
etc. Il souffrit patiemment les ^^^f 1 Elfe ^d^'miT^e U^xt
satires contre sa personne , mais ^^ sœur de Charles VIII. On la maria
non pas contre la reine (L). Il à Page de yingt-dcux ans avec notre
aimait tendrement cette prin- Louis , l'an 1476. Elle en usa bien
cesse; et il eut des égards povr avec lui pendant qu'il ëUit disgracie;
,, . n ^ '• ^j- • il . et ce fut elle qui,par ses pneres.le fit
elle, (jui furent préjudiciables a sortir de prison ,Tan 1491 (a) ; mais
son état. Elle le remplit de cela ne fut point capable de balancer
scrupules qui furent contagieux dans le cœur de son mari l'inclination
(g) , et qui fortifièrent Jules H . ^^^^ ^HL "êÛH::: rZt
Je plus mortel ennemi que la gne ; il l'avait aimëe , et en avait été
France ait jamais eu dans ritalie. aimé avant qu'elle épousât Charles.
A cela près c'était une grande ^^^ donc de contenter son envie , il
reine , et d'une rare chasteté ft rompre son mariage , et il promit
,_,^ ' 1 • 1 tant de recompenses au pape Alexan-
(M). On rapporte plusieurs bons dre VI, qu'U en olitint tout ce q[u'il
mots de Louis XII (A). Je n'en voulut. Il y a peu de gens qui ne
toucherai qu'un TN). Je donne- soient persuades qu'il se parjura
dans un livre de Barthélemi rot Louis XI son père , qui étoit un
Codes. maitre-homme ; et qu'il ne l'auoit
jamais connue ni touchée (3). C'est
Ïue
es
que
y ajouter la Ibte de» princes à qui U posléritë ^^^^ement touchée , encore qu eUefust
n a pas accorde les ëpithètes que la flatterie "» peu gastee du corps. Car il n estait
leur prodiguait de leur vivant. Nous avons pas si charte de s'en abstenir^ l'ayant
eu par exemple en France deux rois qu'on a 51 près de soy et autour de ses costeZf
-voulu nommer ou surnommer : Bien-Âimé p^M son naturel qui estoit un peu
(Charles YI et Louis XV). Le second venait conwoUeux et beaucoup du plaisir de
de mourir lorsquon lui fit cette ëpitaphe : pr^^^^ ^^^„^ ^^^ pi^decesseurs ;
Gy fit Louis le qmnsieme , ••?#•- ^^ •
Du nom de Bien-Aimé le deuxième : '««^ '^ »'«"'o^' rattraper ses premiers
Dieu nous préserve d'un troisième, amours , qm estoit la reyne Anne ,
{g) Voyez la remarque (F). «« cette belle duàié , qui luy don-
(ft) For«Méïerai, Histoire de France, noient de grandes tentations dans
tom, Tl/pag. 873, 874; et Varillas, His- lame , et pour ce il répudia cette
toire de Louis aII, /iV. Xf, pag^. 395 et 5uiV. belle princesse , et son sermeut fut
, >?, j creu et receu du pape qui en donna
(A) // était arriere-petit-nis de /^ dispence , receue en la Sorbonne
Charles ^.] Il était fils de Cbarles , g^ ^our de parlement de Pans (4).
duc d'Orléans , qui était fils de Louis m. Varillas nous va donner le détail
de France, duc d'Orléans, assassiné jes injustices qui furent commises
dans Paris par son oncle le duc de ja^s cette affaire. « Louis XII avait
Bourgogne , le 23 de novembre 1407 » sollicité la (*) dissolution de son
(1). Ce Louis, fils de Charles V , avait >, mariage avec Jeanne de France,
ëpoasé Valentine de Milan : de sorte „ fQje gt gœur des deux derniers rois,
•que Louis XII , petit-fils de Valen-
tine , avait les plus légitimes préten-* (a) La même, pag. 139.
tions du monde sur le duché de Milan ^ (3) Brantôme , HémoirM des Dames illustres,
et néanmoins, il ne put jamais se ^%Tà même , pag. ^9B.
maintenir dans ce pays-la. (*) Dans le volume manuscrit de la biblio-
thèque du roi, qui contient le proci* pour l»
(s) Le père Aiuelme , Bi»toire ginéalogîqae , dissolution du mariage de Loitit XII avec
pag. 178. Jeanne de France.
43o LOUIS XII.
» qtioiquHl lui eût obligation de la de flambeaux pour pouvoir lire le
M hbertd et de la vie : il avait juré sentence ,de séparation , et de cette
» devant les commissaires du saint nullité ae mariage (9). Voilà des
M sie'ge que le mariage n^'avait poiut faits surprenans , et dont les autears
M ëtc consommé, quoique cette prin- contemporains n^ontpoint dû se taire:
)> cesse eût juré le contraire ; et les leur silence général serait nn jprodi-
M miracles qu'elle fit denuis semblé- ge plus étrange q^ue ceux-là. Il faut
» rent confirmer ce qu'elle avait dit : pourtant qu'ils n aient rien dit là-
» il avait soutenu par écrit d'autres dessus \ car s'ils en avaient parl^ , la
:) faits sur ce suiet, qui n'étaient pas connaissance d'une telle chose ne se
j» plus vraisemblables : il avait cor- serait pas si mal conservée , qu^il nV
» rompu par argent le secrétaire du a presque personne qui ne la regarde
M légat (^) ; et ayant su de lui que comme une nouvelle découverte dans
» la permission de se remarier était le livre du jésuite. Rapportons ici la
» expédiée , il avait épousé la reine , réflexion d'un auteur moderne. Com-
>. sans attendre que cette permission me/zt se peut-il faire , dit-il (10),
>» lui eût été mise en main , ce qui qu'un événement de cette nature n'ait
» fut cause que le légat empoisonna pas été connu a Brantôme , ni h J^f.
» son secrétaire (5). » Ceux-mêmes , f^arillas , qui ont su , ou lu tant de
qui voudront nier que cette princesse mémoires secrets ? On doit remarquer
ait fait des miracles, seront obligés cette petite différence entre eujrdeujr,
de reconnaître (qu'elle vécut exem- que le dernier dit nettement que la
plairement depuis son divorce , et reine Jeanne a fait des miracles , au
que sa modération dans une injure si lieu que le premier s'est contenté de
sensible fut admirable. Ainsi la rai- ces paroles , on la tenait pour sainte,
son veut qu'on ajoute plus de foi à et quasi faisant miracles. En ces ma-
sa parole, qu'aux sermens de son tières , plus on est éloigné de la sour-
mari. Or il est certain qu'elle déclara ce , plus on en sait. Notez que le
aux commissaires ) avec toute la mo- peuple de Paris murmura hautement
destie que sa vertu et son sexe deman- de ce que le roi avait répudié la fille
daient , que le mariage avait été de Louis XI , et qu'«7 y eut des doc-
consommé. « Jeanne de France, inter- teurs scrupuleux qui l'en blâmèrent
i) terrogée à son tour sur les mêmes dans les chaires (i i). Jugez par-là si
)> articles , répondit que l'hon- l'on se fût tu sur les prodiges. On
?) néteté ne lui permettait pas de pourrait dire que depuis la mort de
» s'expliquer nettement sur le troi- Brantôme il s'est fait plusieurs mira-
» siéme article (6) , et que néanmoins clés au tombeau de cette reine (la) ,
» sa conscience l'empêchait d'en de- et qu'ainsi M. Varillas a pu être plus
» meurer d'accord (7). » S'il était positif que Brantôme ne l'avait été -
vrai , comme un jésuite l'assure , Quoi qu il en soit , la sentence qui
qu'il parut de grands prodiges lors- déclara nul ce mariage , ayant été
que ce mariage fut déclaré nul, il ne prononcée le 22 de décemore i49^
faudr^t point douter des injustices (i3), le roi épousa Anne de Bretagne,
et du parjure de Louis XII. La décla- le 8 (t4) de janvier suivant,
ration de la rupture fut suivie , ou
du moins accompagnée , de prodiges (ç) Journal des Savans , du 7 août 1684, dans
furieux , comme de tremblement de TextraitdeU Vie deU reine Jeanne de France,
tprré» Jnra'yp dp temnéte de ton- /""* par. Louis de Bony , j/smU.
terre , a orage , ae tempête , ae ton ^^^ Nouvelles de U Répubtiqoe des Lettre»,
nerre et surtout d'une obscurité si mois de septembre i6S^, pag. '}S5.
grande , qu'en plein jour on fut obli- („) Méxerai, Abrégé chronolog., tom. ir.
gé , dit cet auteur (8) , de se servir pag. 418.
(19) Hilarion de Coste , Éloges des Damn il-
/*\ /" 1» Instre» , tom. Ily pag. 20, dit que Louis Xtll^
r) César Borgia. ajant su que Dieu fait de continuels miracles
(5) Varillas, Histoire de François I". , Uv. /, au sépulcre de la reine Jeanne , e'crivit plusieurs
pag. 8 , édition de la Haye , topo. ^ois au pape pour la déclarer bienheureuse^ et
(6) Qui était que Tmiùs XîI s'était abiilenu de i^ue ce pape nomma des commissaires pour in»
Tonsonimer l«t mariage. Varillas, Histoire de former de ces miracles.
Louis XII, /iV. /, pag. 31. (i3) Anselme, Histoire généalogique, p. 136.
(7) Là même. (i^) Là même , pag. ia8. Méxerai , Abrégé
(Sj Louis de Bony. rlironol. , tom. IV, pag. 418 , dit le 18.
LODIS XII. 43r
(C) Son règne fut remarquable par la mettre à la raison,] Louis étsli fort
des éuénemens malheureux. ] en colère contre les Vénitiens , â cause
Il faut mettre entre les plus grands d'une yin^taine d'offenses qu'ils lui
malheurs de Louis XII la perte du avaient faites (tq). Le pape, Tempe-
royaume de Naples, et celle du Mila- reur et le roi d'Espagne, ne les haïs-
nais, n fut la dupe du roi d'Aragon, saient pas moins pour différentes eau-
à l'ëgard de la première de ces deux ses , et particulièrement parce qu'ils
pertes ; mais on ne la pouvait pas at- aidaient empiété des terres sur chacun
tribuer toute entière aux fourberies deux (30). Toutes ces puissances fî-
de la cour d'Espagne. Les Français rent une ligue contre eux , si secrète-
furent battus en plusieurs rencon- ment, à Cambrai, l'an i5o8(ai), que
très; ainsi l'on peut dire que la cour tout babiles qu'ils étaient, ils nren
de France se laissa jouer vilainement apprirent la conclusion que quand
par celle d'Espagne, et que les sol- elle commença d'être exécutée (22).
dats français se laissèrent battre par L'ambassadeur de France (a3) déda-
les soldats espagnols. La. mauvaise ma contre euxd'une terrible manière,
mortification pour ce çrince : cela moyens de régner de cette république
témoigne qu'il choisissait mal ceux (a4')* ^^is il faut se souvenir qu un
qu^il employait à ses affaires. L'autre orateur qui veut animer â la guerre
perte, je veux dire celle du Milanais, ceux à aui il parle ne se pique pas
témoigne visiblement ce défaut. Il en trop de l'exactitude d'un historien,
donna le gouvernement à un homme Quoi qu'il en soit , cette république
fort haï (i5), et qui, dans ce poste, avait été déjà maltraitée autrement
se rendit plus odieux qu'il ne 1 était ; que par des paroles. C'est ce qu'on
et qui , entre autres fautes , commit verra dans la remarque suivante,
celle de souffrir que les Français pro- Notez que Jean Lemaire de« fielges ,
voquassent la jalousie des habitans , indiciaire et historiographe de la reine
par les libertés qu'ils se donnaient Anne de Bretagne , femme de Louis
auprès des femmes (16). Encore, cette XII, fît un livre qui était pour le
fois-là , on eut la consolation de re- moins aussi satirique que la iiaran-
couvrer promptement le Milanais , de gue de l'ambassadeur. Il l'intitula , la
put réparer les autres pertes de ce de leur république, et qu'on alléguait
pays-là. Ce fut en vain qu'il mit sur certaines prophéties (aS) , oracles , et
pied de grandes armées pour se ven- vaticinations sur ce sujet, et progno^
ger du roi d'Aragon : il échoua par- stications d'astrologie , apparences de
tout, et en Italie, et dans la Biscaye , signes, estranges éclipses , comètes ,
et dans le Roussillon. Le déplaisir fulminations , ttvmblemens de terre ,
qu'il eut de tant de mauvais succès , monstres, portentes et présages di-
de la perte de sa réputation , et de ne vers.,. Je me suis mis en peine , con-
pouvoir développer toutes ces fourbes tinue-t-il , défaire un recueil et de
espagnoles, fut si grand qu'il lui eau-*
sa une maUidie qui le mit h l'extré- («g) l^ nume^ h Pann. 1507.
mité (18). («o) ^ "»«'»* » « ''«""• '5o7.
(D) Plusieurs états se liguèrent (^i) Là mgme , à Cann, xSoS.
contre la république de Venise , pour ^"^ ^J^jy/ia/f *' ^^'^'
(i5) ji Trivulee, (>4) ^orw In préface de c^Ue barangae dans
(i6)Mi»erai, Abrégé cbronolog. , tom,lV, la traduction française qu'on en pubUa, l'an
p. 4ao , à Cann. xSoo. '^"1» '* ^" onicignit a la traduction française
(17) Ils firent tomber Ludovic Sforce entre du Smiilùnio délia LiberU Vcncta. Tout cela
Ifs mains des Français, quoiqu'ils fussent à ses fut réimprimé en Hollande, avec fHi.ioire
fanes. roTMMéusrai, la même ,pag. ^^x , a àa GooTernement de Venue , composée par
Fann. xSoo. ^- Amelot de la Hoiufajre.
(18) Là même, pag. 439, à Pann. i5o4. (a5) Il en spécifie un bon nombre.
43a LOUIS XII.
cours sommaires Je toutes les histoireê » Le roi Ferdinand n^aTalt qa^aoe
et chroniques des Vénitiens , Usqueir- » petite armée navale dans k golfe .
lesfay réduit en trois poincts princi- » et s^attendait à profiter, comme il
poux : et ay trouvé par iceux, que si » le fit , du trarail et de la dépense
aucunes prophéties f vaticinations, ou » des Français. Or, la seule perte de
prognostiques ont esté divulguées de » la batailfe d'Aignadel mit la sei-
leur ruine, ce ha* esté prévision et m gneurie de Venise dans une telle
preadmonition de la juste judicature » consternation, que, désespérant de
divine ; ce que je pretens prouver par » pouvoir rien garder dans la terre
lesdàs trois poincts ou articles. Il est » ferme , elle résolut de se resserrer
utile de marquer ceci atln que Ton » dans les tles de son golfe, et, dans
ait des preuves: i*. de la fanfaron- m ce désespoir, elle commanda à toot
neric des nations qui voient un heu- » les gouverneurs des places qui
reux commencement à leurs entre- » avaient été au pape ou à Ferdinand,
prises ; 9®. de la crédulité avec la- » de leur ouvrir les portes , et rap-
quelle les peuples ramassent et » pela ses magistrats de Vérone ,
appliquent les pronostics ; 3®. de la » Padoue, Vicence, et autres sur <{ai
Sromptitude avec laquelle la Provi- » Pempereur avait prétention. Voilà
ence confond ces discours superbes » comme ces trois potentats, parla
et superstitieux j car la république » valeur des Français , plutôt que par
de Venise ne fut pas long-temps a se » leurs forces, recouvrèrent tout ce
relever. » qui avait été empiété sur eax{ et
(£).... Il eut presque lui seul toute » comme Tambition des Vénitiens ,
la gloire d'avoir humilié cette puis- » pour n'avoir point eu de bornes ,
sance.] « Les Vénitiens le virent en » vit rétrécir en moins de rien, celles
» même temps delà les monts avec » de leur seigneurie jusqu'au bord
» quarante mille corabattans , leur » de leur canal (37). » C'est un histo-
» commencer la guerre , et le paçe rien français qui parle , me dira-t-
» les foudroyer & ses excommuni- on; il est suspect de flatterie, en at-
» cations , qui font grande impres- tribuant à Louis XII tous les effets de
» sion sur les peuples , quand elles la ligue de Cambrai : citons donc
» 14*. jour de mai, et gagna cette mé- des Vénitiens dans leurs canaux. Ci-
» morable journée de la Giéra-d'Ad- tons, dis-je, Paul Jove, qui, po"*"
" de , près du village d'Aignadel , à excuser le pape de ce qu'il abandon-
"" " " t avec eux, re-
seul moyen dt
I dit pas qu'elle
'empereur ou le roi
qu'ils lui détenaient. Il eût bien pu prœaltis animi recessibus graviores
» prendre encore Vicence, Padoue , causas pontiflcem cunctis sensibusper
» Vérone, Tréyise , et toutes celles acrem, strènuum, indomitum, ^ehe-
» qui appartenaient à l'empire ou à menter excitabant , ut saluti Italien
» la maison d'Autriche , s'il eût: moins mature prospiceret , diligentissimèq^^
» eu de justice que d'ambition. Il caveret , ne deletis Kenetis , inîpo-
y» renvoya les députés de toutes ces tenti demum harbaro foret servien-
» villes, qui lui apportaient les clefs, dum. Namque Ludovicus ubi uno se-
» à l'empereur , qui les reçut sous cundo prœlio Venetas opes contrivit ,
» son obéissance , et y mit quelques ac ademptis tôt urbibus continentis ,
» garnisons. Le pape avait fait entrer gentem adverso rerum successu con-
» une armée de dix à douze mille territam intra paludes , ips€uque V^'
» hommes dans la Romagne (26} netias circumflui maris benejichpe^
(»6) Méterai, Abrégé chronol. , tom. IV ^ p»
447 , ô Pann. iSog. (27) Là mime , pag. 44^
Louis Xir. 435
nuniuta éompnlit, cunctis formidan- et de s'enfuir (3i). Les chartiiéd de la
iu5 et^aserat ; prœseftimquiim ad id même superstition le rassurèrent en-
bellum Maximilianus Cœsar nihil core , et le tirèrent d'affaire. L'épou"
ferv prœter legatos et Augusti nomen tuante fut si grande à Rome , que les
altulisset. Noveral Julius Galli régis cardinaux en corps furent supplier le
ingenium proferendi impèrii maxime pape défaire la paix ai^ec le roi» Fer-
av^idum : nouerat inexhaustas Gallo- dinand et les Penitiens lui ayant un
Tum opes : uidebat flore ntissimum peu remis le cœuf* , il eut recours à
lUediolanensium imperium exactis ies artifices ordinaires y qui étaient
Sfortianis Galliœ attributum ; Ligu- d'amuser* le roi par des propositions
res uero suos , armis plané domitos , d^ accommodement , et défaire agir la
ac arce ceruicihus impositd in serfitu- reine qui , par des motifs de conscien-
tem redactos, Porro Venetos y quo- ce , par des caresses y intrigues , im-
rum toto orbe terrarum paulo atitè portunités , le désarmait soutient et le
summa et int^eterata fuis set auctori- ralentissent (3a). Qui ne plaindrait la
tas y . unius horœ momento , copiis , destinée de Louis XII , qui avait un
imperio, ac dignitate penitks esse spo* ennçmi domestique si dangereux dans
liatos. Quibus rébus adductus ( uti la personne qui lui était la plus chère?
pium. œquissimumque et verè Italum Cela confirme puissamment ce que
pontificem decebat) Kenetos , ne se j'ai dit ci- dessus (33) touchant le»
tantis Jluctibus obrutos , plane de- scrupules de Louis VII. Il n'est rien
mersosy ac penitus extinctos uellet , de plus capable d'arrêter un bras prêt
suppliciler déplaçantes, sublevandos à terrasser son ennemi , ou à recueil-
censuit (a8). lir les fruits d'une importante vic-
(F) Si le duc de JVemours n avait toire , que les artifices ou que la bi-
pas été tué.... on aurait i^u le pape..., goterie d'un confesseur. On dit bien
chercher un asile hors de Rome. ] que le bon Louis XII imposa une fois
Ayant même que Gaston de Foix (29), silence à sa femme qui ne cessait de
ce foudre de guerre qui aurait açpa- l'importuner : ffé quoi , madame ,
remment surpassé les deux Scipions lui dit-il , pensez-v^ous être plus sa-
s'il avait vécu autant qu'eux j avant , uante que tant de célèbres universités
dis-^e , qu'il etit remporte' la victoire qui ont ajjprouué le concile de Pise ?
de Aavenne , Jules II fut sur le point J^os confesseurs ne i>ous ont-ils point
d'abandonner Rome pour ne pastom- dit que les femmes n'ont point de uoix
ber entre les mains des Français , et dans V Eglise (34)? Mais de quoi pou-
l'eût abandonnée , si Louis XII ne se vait servir de dire cela une fois? Une
'apprend. Dans cette consterna- bute point pour trois ou quati
tion y ne voyant pas même de sdreté Elle revient à la charge , jusques à ce
pour lui a Rome si l'armée du roi qu'on lui accorde ses demandes. Ce
victorieuse le poursuivait, il recliet'^ sont des oiseaux de lit ou de nuit dont
cha les voies d'accommodement; mais le r^unage est fort à craindre ; il per-
dès qu'il sut que le roi, fatigué des suade tôt ou tard. L'historien que j'ai
scrupules importuns de sa femme , cité observe que de certains religieux,
avait mandé à Trivulce de ,ne point qui dirigeaient Ta conscience de cette
attenter sur les terres de l'Eglise , il reine , lui remplissaient l'âme de scru-
se montra plus dur et plus implacable pules, si bien qu'elle ne cessait d'en
que jamais (3o). La victoire de Ra- importuner son mari (35). Si Javénal
venne causa dans Rome une sembla-
460.
(a8) Paulas Jovinsi m YitI Leonis X , /. //, (33) Dans la remarque (H) de F article de
pag. m. 73, 74* Louii VII , dans ce volume ^ pag. SgS.
(39) Cejl le m fine que le due de Nemours. (34) Méxerai , Histoire de France , tom. II,
[l'o) M&serai , Abrégi chronol., loin. 7^, pag, P«if • 890 . 891.
4^7 , ài''amm, i5io. (35) Là même , pa^. 8gi.
TOMK IX. 28
434 LOUIS XII.
avait sa de pareilles choses, il aurait ciationJ] a (^o) La France se troara
fait plus de peur des superstitions » dans le plus grand danger où eUe
que de la pédanterie d'une femme v eût été de long-temps. Car d^un
(36). La reine dont nous parlons s'o- » côtelés Suisses, extrêmement enfles
du roi se soutenait contre toutes ces » pereur avait joint la noblesse de la
adversités ; mais il avait une peine » Franche-Comté et quelque cavale-
domestique plus grande que celle que » rie allemande , commandée par
lui faisaient tous ses ennemis. C'était » Ulric , duc de Virtemberg/ La iré-
sa propre femme y qui, touchée des » mouille. Tayaut défendu six se-
scrupules ordinaires a son sexe y ne » maincs, jugea qu'il e'tait meilleur
pouvait souffrir quil fût mal avec le » de de'toumer ce torrent, qui, après
pape, et quil entretînt un concile » la prise de cette place, eût tout
conti'e lui. Comme elle lui rompait y, inondé jusqu'à Paris, que de le
perpétuellement la tête sur ces deux » rendre plus violent en rarrétant.
points, il était souvent contraint pour m 11 entra en négociation avec eux ,
paix avoir, dan^Ur ses armes lors- >, et la conduisit si bien qu'il les ren-
due ses affaires allaient^ le mieux , et » voya en leur pays , s'obligeant de
au il était sur le point d* amener Jules » faire en sorte que le roi leur four-
a la raison. Enfin , étant tout-a-fait » nirait six cent mille écus , et qu'il
vaincu par ses importunités , et par >» renoncerait au concile de Pise cl à
les remontrances de ses sujets, qu elle » la duché de Milan. 11 n'avait point
suscitait de tous côtés ^ il renonqa à » d'ordre exprés de leur accorder ces
son concile de Pise , et adhéra h ce- » conditions j mais il crut le devoir
lui de Latran par ses procureurs , qui » faire pour sauver la France, et
firent lire son mandement dans la hui- » leur donna six otages , deux sei-
tième session, le i4 de décembre, le » gneurs et quatre bourgeois (4a)....
pape y présidant {^^). „ Au même temps, et vers la mi-
(G) On n'avait jamais vu contre » juillet , l'empereur et le roi d'An-
un seul royaume un tel concours » gle terre avaient assiégé Térouane
d'ennemis.^ Louis eut à soutenir la » avec plus de cinquante mille hom-
guerre tout à la fois contre le pape , » mes. L'armée française jeta assez
contre la république de Venise , con- » heureusement un convoi de vivres
tre l'Espagne, contre l'Angleterre; » et de munitions dans les fossés;
ou contre le nape , contre l'Angle- » mais au retour , ne se tenant point
terre, contre l'empereur, et contre » sur ses gardes, elle fut chargée et
les Suisses : et pour surcroU il luirai- » mise en déroute. Le combat se
lut soutenir un misérable roi dé- » donna le 1 8 d'août, prés de Gaine-
naire. » mieux que de leurs épées. » Té-
(H) Il eut la gloire de dissiper rouane capitula quinze jours après
cette ligue par ta voie delà négO' (4^)* Tournai se rendit de bonne
heure. La paix vint doue à propos :
(36) Non haheal matrona tibi qum juneta
recumbit , (4©) Mizerai» Abrégi chroDol. , tom. IV, p.
Picendi genux ; aul eurtutn sennone rotnto 4^7 » ^ ''«nrt. i5i3.
Torijueal enlhjrmtma^ née hislorias sciai om- (4t) (Tett-h-dire l'empereur,
"''* T.. 1 .. \TT t,t, (4a) Mêlerai J(l ici «vue le rot , ayant refaM
o . itri. . ."u "* \ "'• V' "'' i^S: de îaliOcr ce traité , Jura tête, coururent .a
(37) Mêlerai , Abrège cbronol. , tom. IK, pag, extrême danger. La seule crainte qu'eorent les
4^)« « i^'*"- >^i3. Suisses de perdre les Krandes sommes dVgeat
(38) Vojre% VarticU JoLss II, tom. FUI, p, qu'il leur offrait sauva la rie de ces ianoceoi.
US, remarque (G), (^3) Méxerai, Abrégé chronolog., tom. IF,
(39) Jetin d'Jlbrêl , roi de Navarre, pag, 468.
LOUIS XII. 435
Elle fut conclue a Londres le a d'août » Me que nous ayons dit, il n'y a
i5i4 C44)- » lieu d'en douter, çuisque Comi-
(I) Il s'abandonna un peu trop aux » nés assure que ce prmce (*') ne fut
, . , , . par
pra solemne pacis ac amicitiœfœdus , » dessus, lorsqu'il dit, teneris atquè
Marid Heniici r^gis soror eximiœ » imbecilUbus membris adeo Carolus
%'enustaiis virgo despondetur. Quâ in » fuit, ut sedulo duci illum etgestan
Galliam perauctd , Ludovicus incre^ » molliterprius quamsolidè incederet
dibili sumptu et mird ludorum i/arie- » oportuerit. Ce que l'on pourrait
tatc nuptias celebrai^ii. Sed diim œta- » raisonnablement croire être arrivé
tts et ualeitidinis quœ ei tiim erat » à cause de la vieillesse de son père
tenuissima , penè oblitiis , intempe-- » tu cjue suivant la remarque de
rantiiis (utferunt) procrearuiis liberis » Bominicus Mencinus ,
operam daret , conceptd edacifebricu- . p^„„, ^^3) ,„ canos Ludovicus unnos
la non multOS pOSt dies intenit. Voici » Cum daret vires anima tenectus,
les paroles de Guicciardin : Il re di • Corporiauferrel^meruildecoram
Francia, mentre che dando cupida- * ^^ê'^'^ pfoUm.
mente opéra alla bellezza eccellente » Or est-il qu'entre les incommodi-
ez alla età délia nuoua moglie , gio- » te's de cet âge, celle-ci a toujours
vane di diciotto anni , non si ricordb » été mise pour l'une des principa-
delV età sua , e débilita délia corn- «les. ,
plessione, oppresso da febbre , e so' r•4^ /•«•#rf • 1 r». ■
'^ % '^f. \ -j 'i- j- j3 • VV ^oitûs tant tonga oblivio . vel si
prai^enendogll accidentl dl fluSSO , • Coneris, jacelexiguuscumramiceJnms.
parti quasi repentinamente délia uita ^ .
présente , havendo fatto memorabile » *'* ^i tant est qu'après l'usage des
il primo giorno deltanno M. D.Xr. » mëdicamens, appelés par les më-
con la sua morte (46). Mëzerai s'ac- * decins entatica , et mille cares-
corde avec ces deux Italiens : Plu- ^ ««s âUuoureuses,
sieurs crurent , dit-il (47) , que les » Incendijam frigidus œvo
trop grandes caresses qu* il avait faites • Laomedontiades , »»«/ Nesioris hemia pot-
h la jeune reine avaient causé sa mort. ""* '
M. Varillas observe que les médecins » on ne peut toutefois espërer une
et les courtisans , en le voyant rema- » bonne issue de leur combat, par-
rier y s' étaient accordés a prédire qu' il » ce que, comme assure Galien
ne survivrait pas long-temps a ses » (**) Quœ florentem œtatem vel
deuxièmes noces (48). » prœcedunt œtates , vel sequuntur ^
(K) Si la reine avait accouché » aut plané semen non effundunt ,
dun fils, on aurait eu un roi » aut certè infœcundum, aut malè
enfant , qui aurait été fort faibte » fxcundum emittunt. Ce qui en ef-
toute sa vie."] On ne donne point » fet se trouva ve'ritable en Charles
ceci comme très-certain , mais seu- » VIII , qui eut toutes les incommo-
lement comme vraisemblable , et » dites mentionnées ci-dessus de la
l'on se fonde sur Ja raison que de » vieillesse de son père (49).»
bons auteurs ont donnée des infîrmi- (L) Il souffrit patiemment les sa-
ies de Charles VlII. « Que Charles tirvs contre sa personne , mais non
» VlII fût doué d'une nature si fai- pas contre la reine.'] Citons là-des-
sus les Mémoires de Brantôme : Le
(44)ZimÂne,^aff.47«. ro^ , dit-il (5o), honoroit de telle
(45) 4*auliis Jovius, m VitS Leonis X, tib,
Ill^pag. iffi.DansleXIV*. livre de son Stis' /«i\r- o s. 9
toiV*, il parle ainsi : Sed rex «laie provect8 / «a w"*'* 'it
quluniotemperaniiùspuellaributcoinplexibasin' ^ ) IntUo ^ lib. xi,
duliisset , in febrim Inciiiit , nec multo post invA- C*^) '" carminé de primd mate Caroli F'IIl*
leacente etiam proftuvîo ventrif exiiactus e«t. (*^) JuvenaUt satjrra X, ao^*
f 46) Guicciard. f lib. XI l^ folio 35i verso. (*') IniUo a, de saiUl. tuendd.
(47) Mêlerai, Biitoire de France, (o/re. //, (49) N«udé , Additions à rHiitoire de Loais
pa^. 87a. XltpA^. 4x*
r48) Varillas, Histoire de Loais XII , liv, XI, (5o) BraniAme , Mémoires dot Dame^illostrct»
f>ag. m. 387. pag, u.
436 LOUIS XII.
sorte Anne de Bretagne son ^ponie , teine , et d'un rare ehastete.'] V»jf z
que lui estant rapporte un jour que son ëlose dans Brantôme ( 54 ) > et
les eleres de la hasoche du palais , dans Hîiarion de Coste (55) : je me
et les eseoUers aussi , auoient joué contente de vous indiquer ces soar-
i^s jeux ou ils parioient du roi ces ; mais je n'en userai pas ainsi à
et de sa eour^ et de tous les grands y IVgard de Pierre de Saint- Julien : je le
U n'en fit autre semblant y sinon de copie touchant un fait bien curieux.
dire qu'il falloit qu'ils passassent La reine Anne , duchesse de Breta"
leur temps , et qu'il permettait qu'Us gne , dit'il (56) , et madame Anne
parlassent de luy et de sa cour, mais de France^duchesse de Bourbonnais ,
non pourtant dérèglement, et sur tout ( celle-là deux fois reine de France ,
qu'ils ne parlassent de la reyne sa et celle-ci fille du roi Louis XI et
qu'il lujr portoit. je avaient si vertueusement extirpé
joins à ce passage ces paroles de Cos- pudicité , et planté l'honneur an cœtir
tar. « Notre Louis XII , qui mérita le des dames , damoiselles , femmes de
» titre de Père du peuple, ne fut-il villes , et toutes autres sortes defem-
» pas joue en plein théâtre dans sa mes françaises , que celles qu'on
» 0onne ville de Paris , et représen^ pouvait savoir avoir offensé leur hon-
» té comme un avare insatiaole qui neur étaient si ahonttes et mises hors
» buvait dans un grand vase d'or , des rangs , que les femmes de bien
M sans pouvoir étancher une soif si eussent pensé faitv tort a leur répu-
» deshonnéte ? il en loua l'invention , tation , si elles les eussent souffertes
» et s'en réjouit comme les autres , en leur compas^nie. Je ne crois point
M et peut-être même fut- il bien aise qu'il y ait de meilleul* moyen de
» que l'amour qu'il avait pour les faire fleurir la pudicité que celui-
» richesses , n'ayant jamais fait pleu^ là. Si l'on mettait en contume que
» rer le moindre de ses sujets , leur toutes les femmes de bonne réputa-
3» donnât matière de rire et de se di- tion refusassent de se trouver où il
» vertir agréablement (5 i).x> En gé- y aurait des femmes suspectes de
néral , ce monarque avait le naturel galanterie , verrait-on des aames qui
si doux et si débonnaire , qu'on prit osassent se décrier ? Il serait trés-
pour un coup d'en haut la rigueur facile aux reines , ce me semble , de
qu'il exerça contre le duc de Milan, mettre leur sexe sur un bon pied :
il le fit traduire de Lyon a Loches elles n'auraient qu'à mettre hors des
où Ufut enfermé jusqu à sa mort dix rangs les dames dont on causerait sur
ans durant , avec une rigueur si de bonnes apparences. En un mot ^
contraire h la miséricorde de ce bon elles n'auraient qu'à imiter Anne de
prince , qu'on crut que c'était un Bretagne. Un auteur moderne (5^)
visible châtiment de Dieu (5a). Ce itadique la source la plus féconde ait
misérable due de Milan fut enfermé dérèglement de notre siècle , quand
dans une cage de fer, où il n'eut il dit qu'au lieu qu'autrefois une
ÏiSLB même la consolation de pouvoir femme qui aurait été jalonse de sa
ire ni écrire. Cette seule action de réputation se serait fait un scrupule
sévérité fit juger à bien des gens que de se trouver avec une autre dont on
Louis Xlt était cruel. Eum tamen aurait seulement douté de la vertu ,
pervicacis obstinatœque naturœ , et on fait à présent le même visage à
proindè sœvum et inexorahilem pie- celles qui tiennent une conduite ré-
rique existimdrunt , vel ob id prœci'
puè , qubd Ludovicum Sfortiam erep- (54) Mémoires dei Daines illustres , d«fuit
to omni scribendi, et quœ cuperet te- P^g- '» iutqu'k 3i.
gendi solatio , ferratd in caveâ cm- C«5) Vie de. Demes iUasires, tom.^1, «
mummisernmum moncoegissetiS^). .^^ pj,^,^ j^ S««i.Julî«n. Aotiaoué. a.
(M) A a femme.., était une grande Maçon, clU par RUarion de Cofte, Vies de«
Dames illnstred, tom. îy pag. 54 i 55.
(5i) CosUr, Lettres , tom. I, pag. 718. (5.^) ta Chetardye, Inutnicûon pour nne jen-
(5s) MéMrai , Abrégé clironol. , tom» IV ^ ne princesse. Vojret les Nouvelles de la Républi»
pafi. \»x , À Vann. i5oo. que des LeUres, octobre ï685 , articL /, pag-
(53) Panluji Iotîus, Hist. , tib. XîF, subjin. zo^S*
LOUIS XII, 437
guliére , et à celles qui ne la tien-: n'était pas de cette humeur. Voyez
nent point. Cest dégoûter de la ver> la satire X de M. Despréauz , à Ten-
tu , que de lui ôter ses récompenses droit où il rapporte le prix à quoi
temporelles (58) : or c'est les lui ôter une épouse vertueuse sait taxer sa
que d^avoir les mêmes égards et les pudicité.
meniez civilités pour une femme (N) Je ne touchereU qu*un de ses
dont la réputation est délabrée , que bons mots.] <c Après la ligue de Cam-
peur une lemme de bien et d'bon- » brai, les Vénitiens députèrent
neur : et voilà presque Pétat où sont » vers lui , pour essayer de Ten dé-
Iles choses. En effet , que pourrait-on » tacher. Le sénateur qui était chef
iilléguerqui s'obtienne plus aisément » de Fambassade lui fit une haran-
par celles qui sont continuellement » ^ue toute remplie dé la sagesse de
sur leurs gardes , que par celles qui » leur république ; et Louis qui ne
sont dans quelque décri ? Les unes d voulait ni le contredire , ni lui
vont-elles plus hardiment que les au' » accorder ce qu'il demandait , ré-
très aux grandes fêtes et aux asr » pondit agréablement: J'opposerai
semblées de cérémonie , ou y reçoi- ». un si grand nombre de fous à vos
l'ent-elles de plus grandes cii^ilités ? » sages , que toute leur sagesse sera
Kst-ce un obstacle pour tes grands » incapable de leur résister : car nos
établissemens , que d'avoir été l'en- » fous sont des gens qui frappent
tretien de tout un peuple ? En est-on » partout sans regarder où , et sans
moins loué dans une épître dédica- >» entendre aucune raison (6a).» Il
toire ou dans une oraison funèbre ? pouvait bien dire qu'il opposerait
JYuUement; et Von peut aire avec des fous aux Vénitiens ; car tout ce
Salomon sur tout ceci , qu'un même que les Français firent en Italie sous
accident arrive a celui qui sacrifie y Charles VIII et sous Louis XII fut
et a celui qui ne sacrifie point (Sq^ l'oi»rage de cette fureur martiale ,
Voyez la remarque (C) de l'article queies étrangers mêmes reconnais-
GoNZAGCfi (j&/éo/ior<2e ), tome VII, sent dans le tempérament des sol-
page i4o. dats français au commencement des
généraux
tière : voici les paroles d]un de ses pas des eens de tête , et qu'alors il j
panégyristes (60). « Je n'ignore pas avait tres-peu de conduite dans les
» que quelques-uns C) ont écrit que affaires de France , la perte des con-
» ce bon roi , voyant que cette pnn- quêtes n'étaient gnère moins subite
» cesse avait une extrême passion de que les conquêtes mêmes. Il n'y
» dominer, lui laissa gouverner pai- avait guère alors de prudence, ni
» siblement son duché de Bretagne , dans le chef, ni dans les membres du
» et qu'ayant su qu'elle tramait conseil. Ce fut ce qui sauva l'Italie ,
>» quelque chose contre sa volonté comme l'a reconnu depuis peu uu
» et son service , néanmoins il ne célèbre professeur de Frise (63).
» s'en voulut jamais venger, disant (0) Je donnerai aussi la descrip-
» à ceux qui ï en pressaient : Il faut tion de son corps."] Naudé l'a insér^flk
» donner quelque chose à la femme dans ses additions à l'histoire de
» pudique.» Il y a des gens qui ai- Louis XI (64), et il remarque qu'il
meraient mieux que leurs femmes ,<. .« -n n-.-.j r^^u-m i.v. vr
- ^ t . . • (6a) V«rilla9 , Histoire de Louis Ail, «II». Al,
fussent galantes et soumises , que ^^^ '^^^^ ;{r ^ ^^^^ ^///^ p^^. a55 ^ cita-
chastes et impérieuses (61). Louis XII Uon (4S) de Vaniele Hospitai. (Michel de r).
(63) Si Carolus VJII el Galli tiim tempori*
(58) Nonrelles delà République des L«Ures , (ta fuissent animatU sicut est Ludovicns XIV et
là mente ^ f^g» 1076. ejus eonsilium^ eujus instituta rationesque fer^
(5g) Là même , pag, XQ^Ç- sunt mathemaiiem , aelumfuisset de ItaUd* eu-
(60) Hilarion de Coste, Vies des Dames illas- jus nuUaamplius erat vis militaris. Sedut Galli
très , tom. /, pag. 6. hanc expeditionem impetu magis quhm consilio^
(*3 ji. Perron et autres hist/onens. Jati non prudentit» ductu susceperant et executi
(61) Malo Venusiruun quàm U , Comelia , eranty ita mirum non est, idem fatum , déficiente
mater \ eonstantid , illos destituisse. Ulrie. Huber, ,
Gratehorum , si eum magiûe pîrtiÊÙhut affirs Hi»t ciril. , tom. II, pag. ii3, ii3, edit.
Grande sMpereUium. Franck. , 169a.
JmtcmI. , sat. YI, r/. i6i. (64) Pag 44-
438 LOUIS XI II.
l'a trouT^ dans un lifra Jbrt rare , trois personnes qui se laissaient
et imprimé Ur « 'i* t^nguan* (65). gouverner par des esprits brouil-
OnleTerr^£anot.(«).G.^t»o» fons et factieux , et très-malin-
magnum , acutum , prtru angusta ^ ^ . ' c • i •
ocuU grossi eminentes, faciès macra, tea tionnes . 2)es sœurS mêmes I Qi
eapilii eurtif nares amplœ et éleva- étaient contraires , et surtout
tœ,lahragrossa,etmentumaeuium, ^ç\\^ qu^jj ^^^i^ mariée avec le
'^T, ZTel ll^ct *Xr:; roi d'^gleterre; car elle recevait
%nga , epiglotiis eminens , fuiMula à btas ouverts tous les mecon-
pectoris stricta, pectus angustum, tens , et fortifiait le penchant de
statura potiîis curva quam erecta , g^^ ^^^j p^^j. \^ intérêts de
corpus colericum y et motus oculorum %,« ^r %vtit » <.
leiox et recollantes se, et crurasub- lEspagae. Louis XIII n ayant
tilia. pas la tête assez forte pour pou»
(es)CUvnJtT(êM/utimprim/.raniS39. voir régner par lui-même, et
(fi6)B.Ttb. Code., J». //PbjMo»., »iH.f- gg laissant touiours mener par
V ArTTo VTWT • j r> **** tavoris , ne tournissait que
LOUIS XIII , roi de France , ^ ^^ prétextes aux esprits in-
fils et successeur de Henn-le- quiits; et si dans la nécessité où
Grand .naquit à Fontainebleau, jj ,3 j^^^^^^j^ ^^ dépendre de ses
le 17 de septembre 1601, et ministres , il ne fût pas tombé
commença de régner le 14 de ^^g^ ^^ j^ ^ir du grand
mai 1610. Si les dix premières cardinal de Richelieu, il eût
années de son règne furent trou- ^^^^^ ^^ y^ ^^^j^^ ^^ ^
blees par plusieurs factions , couronne (D) ; mais cet habile
qui dégénérèrent quelquefois en ^i^isue , engagé par ses pro-
guerres civiles (A), les vingt et près intérêts à soutenir l'autorité
trois autres ne furent pas mpins ^^ ^^^ ^^^^^^ s'appliqua avec
agitées, ou par des guerres de tant de vigilance à dissiper tous
religion, ou par des guerres le, complots, qu'il les fit aller en
étrangères; de sorte que c esta ce fu^ée. Il fallut faire sauter quel-
pnnce que convient d une façon ^^^^ d'importance ; mais
particulière ce que Job dit en Jette sévérité était alors absolu-
general de tous les hommes (a), ^^^j nécessaire (E) : la clémen-
Ce règne si peu pacifique fut ^ ^ji^ ^^ ^^^^ ^'autres occa-
extrômement glorieux ; et il y ^j^^ ^^^ .^ trfes-peruicieuse
avait long-temps que la France j^„, ^^^^^ „ ^g'fo^j i„t
.n avait remporte tant de victoi- ^^j^^ ^^^ j ^^^^ ^^,„
res éclatantes. On peut nean- que l'on fit mourir des gens dont
moins dire qu au milieu de tant ^^^^^ ,^ ^^^^ consisUit dans le
de triomphes et de tant de gloi- ^iheur de déplaire au premier
re, ce monarque a cte fort mal- ^j^j^j^^ ^p). On parlerait peut-
heureux (B); car 1 inteneur de être plus raisonnablement, et ce
sa maison le plongeait éternelle- serait même une accusation bien
ment dans le chagrin. Il ne se désobligeante , si l'on disait qu'il
pouvait fier ni a sa mère , ma ^^^ ^ , .^ personnes déca-
sa femme, m à son frère (C), ^^.^•^ Jont tous les crimes se-
J:i!/LVJZr,::l::Z^^vtr, "^f^} ^<"°5«'^* impunis en ca*
Ts. I. qu'elles se fussent attachées a ses
LOUIS XIII. 439
intérêts. Ceux qui parlaient équi- sur l'embarras oli il se trouva
tablement se contentaient de se dès la seconde campagne ; mais
plaindre par rapport à quelques- ils ne songent pas que la plus
uns de ces malheureux , de ce sublime des intelligences humai-
que la cour les avait soumis aux nés n'aurait jamais pu prévoir
interprétations les plus sévères que la première campagne se
de la loi , et ne leur avait pas fait passerait de la manière qu'elle se
grâce. Ceux qui n'écoutaient que passa. Elle avait commencé par
leur passion étendaient leurs une victoire complète sur l'ar-
plaîntes et leur vengeance sur les mée des Espagnols , et selon tou-
]uges mêmes , et cela ne pouvait tes les apparences elle devait les
point être juste à l'égard de c^lui déconcerter pour plusieurs an-
qui présida au procès de M. <Ie nées : cependant ce fut la plus
montmorenci (G). Nonobstant pitoyable campagne que l'on vit
les machinations intérieures que jamais (K). Il y a long-temps que
le cardinal eut à combat^tre, il les Français en ont imputé la
ne laissa pas de travailler utile- faute au prince d'Orange (L), le
ment jaux affaires de dehors. Il généralissime de toute l'armée ;
acquit au roi, son maître , la et qu'ils ont dit même que le
gloire d'avoir abaissé la maison cardinal de Richelieu , avec tout
d'Autriche , qui faisait trembler son grand génie , s'était laissé
tout le reste de l'Europe. Pour tromper par les Hollandais (M).
le porter à faire la guerre à Le célèbre cavalier Nani a trop
l'Espagne , il lui leva les scrupu- déféré à ces pensées françaises ,
les de conscience qui l'en empê- comme un jurisconsulte frison
chaient (H); car comme Louis le^lui a fait voir (N), Louis XIII
XIII haïssait les protes tans y il mourut le 14 de mai'j 643, après
ne pouvait se résoudre à traver- une longue maladie , et si las de
ser la maison d'Autriche qui les sa condition , qu'il ne cessait de
avait sur les bras. Le cardinal le répéter ces paroles du saint hom-
tira de ces vues de religion , et me Job : Tœdet animam meam
l'engagea dans une ligue avec la vitce meœ [c). Il avait aimé la
Hollande. Ce fut l'an i635 qu'el- guerre , et s'était trouvé en per-
le fut conclue , et qu'on déclara sonne à plusieurs belles expédi-
la guerre à l'Espagne. On n'a- tions. Il porta le surnom de
voue pas aux Français que les Juste , titre qui , selon la maxi-
sollicitations pressantes des Pro- me des anciens , renferbe toutes
vinces-Unies aient surmonté la les vertus morales {d). Il n'avait
répugnance qu'ils y avaient. On jamais aimé la lecture , depuis
prétend que ce furent eux qui en qu'on l'en eut dégoûté , en lui
dernier lieu témoignèrent le plus faisant lire un ouvrage qui lui
de hâte (I). Quelques-uns disent
que le cardinal précipita trop ^(fl^^on âme est ennuyée de ma ^ie,c\.^^,
cette affaire {b) , et ils se fondent \^ 'e^ ^, jj*«,o<ryî». avxxiC^y v£t
Ct/1«TN •ç'iy
{b) Voyez les Mémoires de Montrësor, In jusUtiâ autem eomprehensim omnis
tom. 7, pa^. 'jl\et suiv. , oh ton blâme fort virtus inesL
le cardinal. Theognif , tu, l47«
44o LOUIS XIIL
deplaUait (0). On peut dire, gë- Richelieu ; car c'était un homme
neralement parlant, qu'il ne tut qu'il n'aimait point, et qu'il
pas bien instruit aux lettres , et craignait , et dont il se serait
qu'il ne les aima point (P) ; et défait , si de puissantes raisons
cela n'en^pécha pas qu'il ne fit ne l'en eussent détourné. Il s'î-
paraître beaucoup de délicatesse magina entre autres choses que
d'esprit en plusieurs rencontres ses troupes étant commandées
(Q). Je copierai le caractère qu'on par les créatures de cette ëmi-
lui donne dans l'Histoire de l'Édit nence , il n'en disposerait pas
de Nantes (H). La même raison , comme il voudrait (X) , s'il rom-
qui m'empêche dans plusieurs pait entièrement avec elle. On
autres articles de rapporter un le sollicita souvent , ou de don-
détail d'actions selon la suite du ner ordre , ou de permettre
temps , m'en a détourné ici , c'est qu'on tuât ce cardinal (Y) ; mais
que je ne veux pas répéter ce on n'obtint point cela de lui. Il
qu'on trouve dans M. Moréri. Je ne voulut pas même qu'après la
suis surpris qu'il ait oublié l'acte mort de ce ministre sa famille
solennel par lequel Louis XIII perdît rien de son éclat ; et l'on
mit sa personne et son royaume croit qu'il en usa de la sorte afin
sous la protection de la Sainte de persuader au monde qu'il ne
Vierge (e). M. Godeau exerça sa l'avait point élevée par une con-
znuse sur ce sujet eyec peu de ju- descendance servile (Z). La même
gement. Un savant critique le raison eù.t du le porter à laisser
Îoussa d'une grande force (S), dans les prisons ou dans l'exil les
'ai oublié de dire que l'autorité personnes dont le cardinal avait
royale se fit sentir , sous le règne causé la disgrâce : néanmoins, se
de Louis 3(111 , plus fortement sentant proche de sa fin , il con-
qu'elle n'avait jamais fait en sentit à la liberté et au retour de
France (T) , et je ne crois pas que la plupart. On assure qu'il entra
le parlement de Paris ait jamais dans cette affaire quelques motifs
Souffert une mortification aussi d'économie (AA). Le peu de temps
honteuse que celle qu'on lui fit su- qu'il survécut au cardinal, (at
bir l'an io3i (V). Il est vrai qu'il peut-être le plus désagréable
semble que cette illustre com- qu'il eût jamais passé; car, outre
pagnie s'était un peu trop oubliée, les infirmités corporelles , il sen-
et qu'elle avait eu le malheur tit beaucoup de chagrins : et
de se lai«ser emporter par les comme il est fort probable qu'il
artifices de quelques esprits fac- n'ignorait pas les intrigues de la
tieux. J'examinerai peut-être ail- reine (BB) , on peut se persuader
leurs (f) l'horoscope qui se trou- raisonnablement que son esprit
ve dans les Mémoires de Sully . fut travaillé de mille inquietu-
II y a beaucoup d'apparence des. Il n'y eut pas jusqu'au dau-
que Louis XIII ne fut point fâ- phin qui sans y penser ne le
ché de la mort du cardinal de chagrinât (GG). On n'a point en-
* core vu une bonne Histoire de
(/)Da!^ Va^lTiyfL, tom. XII. «OU règne : c'est ce qui fait at-
IBaylé a't pw donne cet article. ] tendre avec impatience celle que
LOUIS XIII. 44i
M. le VaSSOr a entreprise, et {\) ^ d est èomtant qu'on en a vu en
dont. le premier volume {g) , qui ^''«'«^^ *°"* ^^* ^8^^^ ^'^¥*^''*l/*
, »^ j f «1 • ■/' j au commencement de celui de f^. M, ^
S étend jusqu^ a la majorité de ^^^^^^ ^„.^„ ^„^.^„ ^^^^ ^^^^^ ^^
ce prince en i6 1 4» a ete fort bien Vuniuers. Il établit la même maxime,
reçu du public. ' lorsqu'il fait cette remarque touchant
Le premier supplément que ie *«» W^Y' (?) = 9" *^* *"*?,' *"*r^
- *^ . , x* 1 j il *** dans le fond leur disposition. Ils
donnerai à son article, dans cette sont aussi légers et aussi remuons
troisième édition regarde ce que que les autres nations ; mais quoi
j'ai rapporté sur le peu de fruit quon en dise ils ne le sont pas plus^
que Ton tira de la victoire d'A- ^'^*' l'occasion, /est la forme du
- * fT%T\\ gouvernement, c est l impunité, ce
vein (Ui';. . g^^ii i^g moyens qu'on leur laisse ,
,v, .'i^^. j -, (jui les rendlent remuans. On verrait
{e} imprime à Amsterdam deux fois en s • , u * i • *- ^..j
17^. £ei NoureU. de hi Rép. des Lettres ^^«* ^f' «"«''«* ««««* ^f * *"^e«5 qui
nous ont appris qu'on en a/ait deux versions *<>"« "* <P*"* 50U7m5 devenir ausst
anglaises. brouillons et aussi mutins , si la pru-^
dence, l'autorité, et la vigueur de
(A) Son règne fut troublé leurs souverains ne les retenaient, et
par plusieurs factions , qui dégéné- ne leur en retranchaient toutes les oc
rêvent quelquefois en guerres civiles."} casions» Considérez comment il rai-
Quand on examine Pnîstoire du rè- sonne sur la différence qu'il y a en
"gne de Louis XIII , depuis le com- France entre ce régne et les réenes
mencement jusqu'à la fin , on. est précédens. Où est-elle aujourd hui
mille fois tenté de se demander a soi- cette multitude d'esprits remuans et
même: Mais est^il vrai que je lis des enclins à la l'évolte? N'ont'ils pas
choses faites en France ? JY' aurais- tous les prétextes qu'ils ont jamais
je point sous les yeux un livre oit, eus ? Les guerres et les autres dépen-
par des fictions romanesques , quel- ses que k» M. est obligée de faire
ques écrivains se plaisent de peindre pour soutenir l'éclat de sa gloire , ne
le caractère d'un peuple mutin , et l'oblieent-elles-pas d'imposer sur le
d'une noblesse encline a la rébellion; peuple des tributs plus excessifs qu'il
caractère que ces auteurs se sont n'en fut jamais levé même sous Louis
avisés de publier sous le nom de XI ? Les prétendus réformés n ont-
France, afin de cacher le nom d'une ils pas été poussés plus .loin que sous
autre nation ? On est surtout tenté de Charles IX et sous Louis 7LI1I ? La
se faire ces demandes , lorsqu'on s'est noblesse n'est-elle pas plus chargée
laissé préoccuper par les railleries qu'elle n'a jamais été^ ? Le clergé ne
des étrangers , qui accusent les Fran- contribue-t-il pas aux besoins de Vé"
çais d'être idolâtres de la monarchie tat, plus qu'il n'a jamais fait , et dans
et de leurs monarques , ou par les ce siècle , et dans tous les siècles pas-
éloges que plusieurs auteurs fran- ses ? Et V, M. n'a-t elle pas autant
çais répandent sur leur nation , com- de démêlés avec le siège de Rome ,
me si elle était naturellement sou- qu'aucun roi de France en ait eus ?
mise à ses rois , avec un zèle et ayec Cependant tout est tranquille , tout
une fidélité incomparables. Il n'y a est soumis. Point de révolte, point
rien de plus faux que ces railleries de trahison. La guerre et les troubles
des étrangers , et que ces éloges de ne sont qu'au dehors , au lieu quau-
plusieurs plumes françaises. L'auteur trefois ils étaient au dedans (3)
du Testament politique de M. de Lou- D où vient donc cette différence ?
vois a bien mieux connu le génie de D'où, vient ce changement ? De la
la natiQn. Il pose en fait que le seul différence avec laquelle V. M. ma-^
et le vrai moyen d'éviter en France nie l'autorité royale ; de son discer-
les guerres civiles est la puissance
absolue du souverain , soutenue avec /'^jgj"**"*"* I»ï»t'<l«« «>• M. d« Lonyoii,
visuenr, et armée de toutes les forces ^'*Î'n ri - »/a
P • » 1 /• • •in l*' ''^ memaj pas. 343.
necessau;es a la faire craindre. Pour (3, Te.ument poliUque de M. àt Lo«T«it,
des brouillons et des rebelles , dit-il ^a^. 388, 38g.
44»
LOUIS XIII.
nement à en faire le t^éritable usage ;
de son adresse a conduire cette béte
brute qui s'appelle le peuple , et qui
demeurant sans frein court h Vahan"
don de tous les c6tés oii son instinct
la pousse y mais qui s'accoutume in^
sensiblement à se laisser régir par le
mors qu'on lui donne , et à marcher
mieux h proportion de ce qu'on lui
tient la bride plus serrée. C'est le
pouuoir absolu qui seul est le wéri"
table frein capable de dompter la
fougue dune multitude aueugle et
capricieuse (Jd). Il dit en un autre
endroit (5) : «c Que Fautoriti^ limi*
» tée du souyerain et celle des ré-
» publiques ont plus de mauvais
» c6t^s, et sont sujettes â plus de
« fâcheuses suites pour Fëtat et pour
» le peuple , que n'est le pouvoir ap-
» bitraire. Les factions , les séditions,
» les tumultes, les guerres civiles,
» font souvent plus de mal en un an,
» que tout le diërëglement d'un mo-
» narque absolu n'en pourrait causer
» en toute sa vie. » Il se pourrait
tromper par rapport à certains pays:
mais il n y a point d'apparence ({uïl
se trompe à l'e'gard de sa nation :
elle est d'un tel gënie , que le plus
fâcheux ^tat où elle se puisse trou-
ver est de viwe sons un gouverne^
ment mou et faible. Alors chaque
gentilhomme est le t3rran de son
village, chaque grand seigneur tyran
de son canton • alors on ne voit que
séditions et soulévemens (6). Lisez
l'histoire de France, remarquez prin-
cipalement les minorités , vous serez
convaincu de ce que je viens de dire.
Vous trouverez le caractère de cette
nation dans celui que M. de la Bruyère
donne aux enfans. Voyez la note (7).
(B) ^u milieu de tant de
floire , ce monarque a été fort mal'
eureuxJ] Un auteur moderne vou-
lant prouver le néant des prospérités
(4) Tcslament polUiqae de M. de Loovoif ,
pag. 3aa t 3q3.
(.'») Lh mime^ png. 383, 384>
(6) yox** la passage da GosUr , dans la n-
marque (T).
(7) L'unique soin de* enfans ^rf de trouver
l'endroit faible de leurs ^'maîtres , comme de
tous ceux k qui ils sont soumis t dès qu'ils ont
pu les entamer f ils gagnent le dessus , et pren^
nent sur eux un ascendant qu'ils ne perdent
plus. Ce qui nous fait déchoir une première
J'ois de cette supériorité à tetw égard , est tou-
jours ce qui nous empSche de la recouvrer. La
Bniyère, Caractère! de ce aiècle, pag. 438, 43g,
édition de Paris ^ x6g4>
humaines, se sert de deux grands
exemples : il parcourt la vie d^An-
guste , et puis il continue de cette
manière (8) : a Venons au second
» exemple , et regardons d^abord le
» plus glorieux potentat de ce siècle,
» dans une continuation de béné-
» dictions du ciel , telles que toute
» la terre a eu sujet de s'en ëtonner.
a> On peut bien juger que je veux
» parler de Louis AlII , dont ceux
» qui viendront après nous admi-
» reront sans doute les prospérités ,
» s'ils en jugent par l'éclat de ses
» actions héroïques , par le nombre
» de ses trophées , par l'étendue de
» ses conquêtes , et par la grandeur
]> de ses triomphes. En efiet, soit
3) que vous considériez les monstres
» qu'il a domptés au dedans , soit
» que vous jetiez les yeux sur les
» avantages qu'il a eus partout au
i> dehors , vous serez contraint dV
» vouer que la France n'a jamais eu
» de roi plus fortuné que lui. Elle
» n'a point de frontière qu'il n'ait
» avancée de beaucoup dans le pays
» ennemi. Elle n'a point d'envieux
» dont il n'ait dompté l'orgueil et
]» confondu les desseins. Et si vous
» prenez garde à ce qui s'est passé
» tant sur l'Océan que sur la Médi-
» terranée , vous jugerez que tous
» les élémens combattaient pour
» nous sous la domination de ce
>} prince. Or les marques de son
» Donheur n'étaient pas moindres
» dans son domestique ; et c'est saos
)> doute qu'il avait de grands avan'
» tages sur Auguste de ce côté-là.
» Dieu lui donna pour compagne de
» sa couche une princesse que U
)> bonté singulière, jointe à plusieurs
i* autres vertus extraordinaires et
» vraiment héroïques , lui eussent
» pu faire aimer , quand elle n'eût
» point été une des plus parfaites
» au reste , et des plus agréables de
» sou temps. Il se voyait père de
» deux ûls très-dignes de son aifec'
» tion , pour être sibeaux , et si bien
» formes de nature , qu'il n'eût pas
» pu les souhaiter plus accomplis,
» outre que le temps auquel il les
» avait eus les lui aevait rendre en-
» core plus chers. Tout le monde le
(8) La Molhe-te-Varer , DiHConrs de H Pro-
ipériti, au tome Vlîldeses Œuvres, pag.hi
et suiv, , édition de Paris , 1681, in-ia.
r
LOUIS XIIL 443
y> respectait; et de quelqae côte qu'il de laisser pour Iwriiier de la plus
» se tournât dans son Louvre , il n^ grande partie de ses biens , et pour
31 voyait que des te'moignages d'à- sucaesseur a l'empire , le fils de son
9> niour et de révérence. Pouvait-il ennemi mortel. Cela est faux (10) :
» donc rester quelque chose à sa mais il est trés-vrai que Louis XIII
3> félicite pour être plus entière , si laissa la régence de son royaume à
y» nous en jugeons par les apparen- une personne qu'il haïssait de tout
j0 ces? Avec tout cela néanmoins, son cœur, et qu'ainsi sa disgrâce fut
» que dirons-nous si , par sa propre plus fâcheuse que ne l'eût été celle
y> confession , il n'a jamais passé un d'Auguste. On devine aisément pour-
yj jour sans quelc{ue mortification , quoi cet auteur ne compare pas à cet
yi ni goûté en sa vie la douceur d'une égard les malheurs de l'empereur ro-
si joie qui ne fût détrempée dans main avec ceux du roi de France. La
» l'amertume du déplaisir. Je m'em- remarque suivante nous apprendra
» pécherai bien ici de commettre la le peu d'alTection qu'avait Louis XIII
» faute de celui que les Athéniens trai- pour son épouse , qu'il déclara néan-
y> tèrent si mal pour les avoir obli- moins régente.
» gés à pleurer une seconde fois les (C) // ne se pouvait fier ni a sa
» infortunes de leurs alliés , en les mère, ni a sa femme , ni h son frère J]
» représentant sur un théâtre. Et de Voici de quoi diviser cette remarque
y> vrai , mon imprudence serait plus en trois articles.
» grande que la sienne , si je voulais I. Il fallut que pour le bien de
» aujourd'iiui m'étendre èur un su- son royaume , c'est - à - dire pour
» jet si ennuyeux que nous serait ôter aux esprits factieux les moyens
» celui des soucis cuisans et des in- de cabaler dangereusement , Louis
» quiétudes continuelles de ce mo- XIII donnât ordre à sa mère de sortir
y> narque. Mais tant y a que puis- de France * : et il ne se porta à
• » qu'en mourant ses dernières paro- ces dures extrémités , qu'après avoir
» les , que les jurisconsultes nom- essuyé une longue suite de brouil-
» ment sacrées , et qui passent pour leries , où l'autorité royale était fort
>> des oracles dans des bouches moins mal ménagée. Il fut nécessaire plus
» véritables que la sienne , nous ont d'une fois de subjuguer par les ar-
» assurés que ses contentemens n'ont mes les partisans de Marie de Mé-
)> jamais été purs, ni ses plaisirs dicis.
» exempts de tristesse et d'afflictions, II. Quant à sa femme , je vous Teti--
» ne pouvons-nous pas bien conclu- voie aux Mémoires de M. de la Ro-
» re que tout son bonheur, non plus chefoucauld. J'ai su de M. de Chaui-
» que celui d'Auguste , n'avait rien gny même y dit ce duc (11)1 quêtant
» d'essentiel , et qu'il était seule- allé trouver le roi de la part de la
i> ment de la nature de ces choses reine, pour lui demander pardon de
» qui ne subsistent que dans l'opi- tout ce qu'elle avait jamais fait , et
» nion ?» Je ne fais point de remar- même de ce qui lui avait déplu dans
ques sur ce long passage , quoiqu'il sa conduite , le suppliant particulier
lerai aonserver que 1 on y voit une lais , m quelle eut trempe aans le
preuve de mon texte , la plus con- dessein a épouser Monsieur , après
vaincante qui se puisse. Louis XIII
avoue qu'il a été malheureux : per- (10) Tibère , saeeesseur â*Augnste^ était fiU
sonne ne le pouvait savoir aussi bien ^>« homme qui k la ve'rité >e dévUwa contre
, . . * . 1, «x \ J* Auguste pendant la guerre de rerouse . et puis
<^Ue lui, et rien ne 1 engageait à dis- ,acha de faire un parti en faveur dufils de
Simuler dans l'état 011 il était. Voyez Pompée , et enfin s^attaeha ^ Marc Antoine;
dans la remarque (E) ce que ie cite mais peu après u fit sa paix avec Au gwt te , et
de M. le Laboureur. Uu^afda même sa femme. Su^iaa^,uiTiher^o,
La Mothe-le-Vayer dit une chose * Joly observe que !• reînemère s'échappa
qui m'engage à un petit supplément, de Gompiigiie. le 18 jaîUet i63x. Son fiU, qui la
Auguste, dit-il (o) , eut la disgrâce r«**°«»' prisonnière, iuit loin de loi doaner
o ' ^5" ' o Tordre de sortir «te France.
(Ç)> La Motbe-Ip Vaver, Disemira Je la Pro- (11) Mémoires de H. de ta Rochefeadkald ,
sptiilc , au tome Vllt de set Œueret , p» Sag. pag. 5.
/
LOUIS XIII.
t^en allait mourir lorsqu'il parla de sentir h la déclarer récente , et ne se
la sorte. Cest un temps où pour For- pouvait résoudre aussi h partager
dinaire Ton dit ce qu'on pense, et l'autorité entre elle et Jnonsieur.
principalement par rapport aux cho- Les intelligences dont il tat^ait soup-
ses où le mensonge ne sert de rien, connée, et le pardon qu'il uenait d'oe-
il faut donc conclure qu'il mourut corder h Monsieur^ pour le traité
trés-persuadé que son épouse était d Espagne, le tenaient dans une irré-
complice d'une énorme conspiration, solution qu'il n'eûtpeut-étr» pas sur-
où l'on avait résolu de se défaire de montée , si les conditions de la dé-
lui,et de la faire épouser au duc claration que le cardinal 3fazarin et
d^Orléans son successeur. Or comme M. de Chavigny lui proposèrent , ne
l'aflTaire de Chalais s'était passée l'an lui eussent fourni t expédient qu'il
1636, jugez si ce prince avait vécu souhaitaitpour diminuer la puissance
peu d années dans la défiance par de la reine , et pour la rendre en
rapport à cette reine , et dans les dé- quelque façon dépendante du conseil
goûts d^un triste ressentiment. 11 ne qu'il uoufyiit établir (17).
nut plus trouver étrange qu'elle ait lil. Quant à son frère, tout le monde
été 81 lonç-temps stérile : les maris sait ses chutes et ses rechutes: on l'en-
les plus incontinens pourraient-ils gageait dans toutes sortes de compjpts^
bien se résoudre à s'approcher de il y avait des provinces qui se soule-
leurs femmes , s'ils les croyaient ca- vaient pour lui ; il avait des intelli-
confesseur revienne souvent à la regarder que de mauvais ceil. Cet
charge (13), lors même que plusieurs objet le faisait ressouvenir qu^on
années ont passé sur cette plaie. Que avait voulu lui ôter la vie, pour faire
Louis XIII eût raison , ou qu'il n'en épouser sa veuve au duc d'Orléans ,
eût pas, c'était toute la même chose, qui lui aurait succédé. Je ne sais
Son cœur n'en souffrait pas moins, point si la jalousie de mari se mêla
M. de la Rochefoucauld dit (i3) que dans les chagrins de Louis XIII ; mais
le roi , quand il fit cette réponse à on assure que la reine caressait beau-
M. de Chavigny, croyait que la reine coup le duc d'Orléans. Voici ce que
avait encore des liaisons at^ec les Es- nous apprennent des mémoires 'pn-
pagnolsy par le moyen de madame de bliés 1 an i685 (18). « Monsieur fai-
Chevreuse qui était alors a Bruxel- » sait tous les jours sa cour aux rei-
les. n observe aussi qu'il fallut faire » nés , qui étaient demeurées à Paris
jouer mille machines , afin d'obtenir » durant le siège de la Rochelle ; et
du roi que la reine fût régente ; elle » cYtait avec beaucoup de franchise,
croyait le roi très'-éloigné de cette » même avec la reine régnante , avec
pensée ^ par le peu d inclination qu'il »' laquelle il avait toujours été en
auait toujours eu pour elle (i4) » bonne intelligence, et n'observait
Elle et Monsieur, qui avaient eu trop » pas trop de cérémonie. Dès qu'elle
de marques de l' aversion du tx>i , e£N » vint en France, elle le traita de
qui le soupçonnaient presque égale- » Monsieur , en parlant à lui et de
ment de les vouloir exclure du ma- » lui, et a toujours continué. A quoi
nienientk des affaires , cherchaient » quelques-uns ont trouvé à redire ,
toutes sortes de voies pour y parvenir » attendu qu'en lui écrivant elle ne
(1 5). Elle n'y serait jamais panrenue, ^^^^ ^^ „ -„,, ^ ^^^^ ^.
- . — ^ ., _ --. Ix'tS'Foret sur tont cecilaremiirquf i'K^)-
(11) Vojrt* Varuele Caouiv, lorn. IV ,pag, J^^j Mémoire! de feu M. le duc a'Or'éain ,
609 , rrmar^nt! (B). contentnl ce qai «'««t passé en France Af plo»
(i3) Z7an/ /^^ Mémoire* , png. 3. ronvidérable depuii Tan 1608 jnRqu'en Tannée
(i4)MemoirftilclaRocbrroucaald, 'à m/fH«. i636. Â AmsUrâam ^ tht» Pierre Mortitr^
(i5; Lk mime , f»«f . 4 •' 5. *685 , iw-i a.
LOUIS XIII. . 445
3» le traite que de fréré. Pendant le contraire, etc. (do). On remit le cal>
» pelit Yojage ^ue le roi yint faire me dans son esprit : le mariage fut
» à PaHs, Monsieur ayant rencontre conclu (31); il en Tint bientôt untf
a» la reine une fois qu'elle venait de fille : tout cela chagrinait le roi , et
» "faire une neu vaine pojar avoir des ce fut un bonheur pour lui que
» enfans , il lui dit en raillant : Ma- sa belle-sœur mourut peu après les
y> dame , i^ous uenez de solliciter t^os Oouches ; il ne laissa pas d'en paraître
» juges contre moi : je consens que fort afflige. Voyez la note (23). Il se
» t^ous gagniez le procès , si le roi a garda bien depuis de consentir à un
» assez de crédit pour cela. » Tel second mariage de son frère (33).
qu'on nous le représente dans ces (D) S'il nefdt tombé sous le pou-
mémoires, il avait un peu besoin de ^foir Je..*. Richelieu , il eût couru
Favis qui fut donné au duc de Valois risque pour le moins de sa couron-
(19). Le même livre nous apprend „e. ] Ceux qui obsédaient les deux
que le roi était pour le moins aussi reines et Monsieur n'espéraient rien
chagrin de ce que son frère avait des gous le ministère ^u cafdinal de Ri-
enfans , que de la stérilité de la reine, chelieu , et espéraient tout , pourvu
Voici les alarmes qu'on lui donna que S. A. R. montât sur le trône. Il
sur le mariage du duc d'Orléans avec y avait deux moyens de lui mettre
l'héritière de Montpensier. Tronson , la couronne sur la tête : l'un était
secrétaire du cabinet , et quelques au- de se défaire du roi , l'autre était de
très serviteiLrs particuliers du roi, qui jg traiter comme on a traité don Al-
regardaient seulement Vintéi'étde sa phonse, roi de Portugal. Le second
personne royale , et non celui de Vé- moyen n'était pas facile à exécuter ,
tat , ayant représenté au roi de quelle ^Jans une nation qui est jalouse de
importance il lui était de marier Mof^ ses lois fondamentales (a4) , et sous
àieur, son frère , à une riche héritière, u„ ministre aussi vigilant et aussi
alliée comme celle'la a la maison de habile que l'était le cardinal de Ri-
Guise , qui aidait autrefois voulu en- chelieu. Voilà pourquoi on avait
vahir la couronne, et avec un tel choisi l'autre expédient, s'il est vrai
apanage (fuon lui donnait, que sa que Chalais eût eu le dessein que
majesté n'ayant point d*enfans , il ne hq^s avons vu ci-dessus (a5) , dans le
serait plus considéré que comme un passage de M. de la Rochefoucauld.
roi languissant, et que toute la cour, Q^ ^g saurait ôter à bien des cens la
oui ne se conduit que par intérêt , pensée qu'il se formait un mfàme
l'abandonnerait pour aller h Mon- mystère d'iniquité , pour donner tout
sieur, comme a un prince vigoureux ^ la fois au duc dH)rléans la'cou-
qui promettait bientôt lignée , sur la- ronne et la femme de son frère. Je
quelle chacun fonderait ses espéran- ^e sais ce qui en est. Voyez la Vie du
CC5 , et ferait des desseins qui ne cardinal de Richelieu , imprimée à
pourraient être qu'au préjudic^ de sa Amsterdam, en 1694, au tome pre-
royale personne. Sa majesté en fut mier page ?o4.
tellenienttouchée de jalousie , aue le ,j;x' jr^ f^n^^ r^^j^ g^^^^j, quelques
père Souffran, son confesseur, l étant > ^ ^
venu trouver un matin dans son ca-- r^o) Mémoires da duc A^OMuns ,pag, 4r.
binet, sa majesté ne faisant que sortir (ai) L'an iGa6.
du lit, elle se jeta à son cou tout ^(") Encore que U roi trouvât son compte
. M ' f t -f • •- /r * dans cette perte y et au apparemment tien dut
eploree, dit qu d connaissait par effet g^^^ i^ ^oinr fdcké, par raison de U jalousie
que la reine sa mère se souviendrait qu'il avait eue de ce mariage^ que la grossesse
toute sa vie de ce qui s'était passé a de Madame lui avait depuis donnée beaucoup
g _ j f -L* i j> ^ * * ^..- ptii/ grande, se trouvant libre de toutes ces
la mort du maréchal d Ancre , et çwe î,.^,„t« , sa majesté ne laissa pas de témoigner
les avantages qu elle procurait a u» extrême déplaisir^ pour avoir eu toujours en
Monsieur ne permettaient pas de dou- grande estime la vertu deceue princesse i mais
^ r 9» V ' >*wi..-\- ^ f..: T^ il ne fut pas mam qu elle n etU laissé qu une
ter qu elle ne l aimatnlus que lui. Le '' «iémoir^ da duc d'Orlé.n. , pag. sj.
père, bien étonne de ce discours , •' (aS) £i m/me, paf. 7a.
essaie <^ effacer doucement ces défian- (a4) Note» qu*encore que eêtté nation soit
€es de tfiSprit du roi, l'assure, au aussi sujeUe qu'une autre à se souUvenU reste
^%i« «M7 «^«/'rti. «.w .V , , toujours un puusant paru qut s'attache au gros
Otii Vaje» Vartiele de F«4irçoul«'. ,U FJ, de Vashre dans les guerres civiles,
^ag^SSi, remarque (B). (aS) Citation (11).
446 LOUIS XIII.
tétet dUmporianee ; mais cette séuérUé tre en main et la couronne sur la tête,
était..,néce8saire.']î)e tous ceuxqu'on ëtait plus gén^ et plus malheureux
décapita pour crune de rëbellion , que s il avait eu les fers aux pieds,
sous le règne de Louis XIII, il n^ Cette réflexion doit éternellement
eut personne que Ton regrettât au- renouveler les larmes de ta France,
tant que le duc de Montmorenci (36). sur le destin de Henri , duc de Àfont-
Aussiëtaitrce un seigneur dVn grand morenciy et de Danivillcy amiral et
mérite, adoré dans le Languedoc, son maréchal de France , fils unique de
gouvernement , et admiré de toute ce connétable qui se précipita plutôt
la France, comme il parut par l]em- par malheur aue par inclination ,
pressement avec lequel on sollicita dans une moinare faute , et qui fut
sa grâce. Mais c'était cela même qui , accablé de toute la rigueur des fois,
en Donne politique , devait porter le Quoiqu'elle fUt sans aucune péril-
monarque à ne lui point pardonner leuse conséquence , et sans danger
_ généralement , . . y ,
vait facilement entraîner dans une nooletse , les délices de son royaume,
seconde rébellion tout le Languedoc* et, ce qui doit être encore plus cher a
S^il Tavait fait dans le temps que les un grand prince, le plus auguste et le
Espagnols assiégeaient Leucate (37) , plus digne sujet de clémence qui se
que serait devenu la France ? Et présentera jamais. Je tiens de la bou-
qu'on ne me dise pas que la gratitude che de M, le Prince, que Louis XI 11
raurait attaché au service de son lui en témoigna ses regrets au lit de la
'prince, ou que la faiblesse qu'il mort , non pas at^ec des pleurs ^ mais
avait reconnue au duc d*Orléans Pau- awec des sanglots, et quil le conjura
rait guéri de Venvie de se soulever de croire au on lui a fait fait l'iolence
Ïourlui. Ce sont de pauvres raisons, en ce malheureux i^oyage de Toulou"
e duc de Montmorenci, remis en se, qu'ilfit contre son cœur,etoik mal-
grâce , n'aurait jamais pu soufi'rir le gré sa résolution, il se laissa empor-
crédit du cardinal, et il aurait mieux ter a une foule de prétextes , ou plu-
pris ses mesures une seconde fois toi de prestiges d'état, qui disparu-
Sour le perdre. Il se serait prévalu rent après celte funeste tragédie , et
es témoignages que les grands et les lui laissèrent un déplaisir cuisant
provinces lui avaient donnés de leur qu'il at^ait jusque-là tenu caché dans
estime extraordinaire pendant sa pri- son sein. Jlh! mon cousin, lui dit-il
son, etc. Il fallait de grands exem- ensuite, ce n'est pas régner, c'est
pies de sévérité , sous un régne où la plutôt être esclave de la tyrannie^ ou
noblesse française s'apprivoisait de du moins est-ce en sentir toutes les
telle sorte aux conspirations , aux peines dans une royauté légitime, que
soulévemens, aux intelligences avec de n'entendre que de sinistres rap-
l'Espagne , qu'on aurait dit que l'i- ports , et d'être toujours en défiance
dée d infamie , ni même l'idée de de nos plus proches , de nos princi-
faute, n'était plus jointe avec ces paux officiers et de ceux que nous
sortes de crimes. Autant vaudrait-il affectionnons , et de soumettre et de
changer le gouvernement monarchi- régler toute notre conduite sur des
queen anarchie, que de laisser pren- fantômes de politique, qui ne sont
are cours à de tels abus. M. le La- bien soutient que l'intérêt d'autrui
boureur raconte une chose qui est (a8).
très- curieuse ; c'est que le roi ne 11 y a plusieurs vérités dans ce
consentit à la mort de M. de Mont- discours, je n'en doute point. Je suis
morenci que par un esprit de servi- persuadé que le cardinal de Riche-
tude. Je rapporterai tout le passage : lieu représenta plus d'une fois au roi
il fait voir que Louis XIII , le scep- son maUre les desseins des sujets re-
belles avec beaucoup d'exagération \
(a6) Il fut, d/capite h Toulotum, Van i63a. car dans Ic grand nombre de com-
yojre* ion Élona.mi U* r^grj^u d» sa mort , pj^t^ «y^ gg formèrent SOUS cc régne,
dans Us Mémoires du «leur de Ponbs^ iom. H , *- *■ ^
pag. 44 '' "*'"' « ^i'* d'JtnsUrdam , i6q^. (tS) Le Laboarevr , Additioni aiu H iaoiru
(i") L'an 1637. de Cattelnau , tom. If, pag, tSu
LQDIS XIIL 447
il jr en eut plusieiirs gai' nVurent contre les ordres exprès de sa majes^
pour but que la raine du cardinal : té, qui étaient de tenir seulement les
on n'es voulait ni à la personne , ni choses en état , et de ne rien hasarder
à ^autorité' du prince : et néanmoins jusqu*à son arriuée. Peut-être au-
cette ëminence avait 1 adresse dHnsi- ^ rait-on trouvé encore plus mauuais
nuer (^29), et même de persuader, que Monsieur eût réussi a ses pre-
qu''on machinait une translation de mières armes ; et l'on croit que cette
la couronne en faveur du duc d'Or- crainte fut ce qui fit det^ancer au roi
le'ans. CVst par-là qu'on jQt consentir le temps de sa parfaite conualescen"
le prince à faire sauter tant de têtes, ce, afin de pouvoir au plus tôt se ren •
11 connaissait dans la suite ces illu- dre a son camp (3i). Voici un effet
tade qu'en passant sous un autre se repentit ensuite de lui avoir don^
joug encore plus incommode, et que né cet emploi, dans la pensée que
ce fut la raison qui Fempécha de son frère allait acquérir beaucoup de
chasser le cardinal , quoiqu il le haït, gloire en Italie , et que cela ternirait
L'éloicnement de ce ministre eût mis la sienne. Il se mil si violemment
Louis XIII , pieds et poings liés, sous cette opinion dans la tête , que le
la puissance du duc d'Orle'ans. On chagrin l'empêchait de dormir. Étant
lui eût peut-être laissé le titre de roi, alléi**)a Chaillot , oà était le cardi-
on eût gouverné sous son nom ^ mais nal, il lui dit qu'il ne pouvait souf-
toutes les aifaires se seraient passées frir que Monsieur allât commander
selon le caprice des favoris de ce duc. en chef l'armée d'Italie , et qu'il fît
On aurait vu un étrange régne. Les en sorte qu'on lui pût ôter cet emploi.
deux, reines et leurs créatures, le duc Le cardinal répondit : a Qu'*il ne sa-
d'Orléans et les siennes, auraient tout i> vait qu'un seul moyen d'ôtercet
brouillé et tout confondu , et l'on » emploi au duc d' Orîéans , qui était
n'eût for^ié aucun grand dessein u que le roi allât lui-même en Italie ;
pour la gloire de la monarchie , et » mais que s^ii prenait cette résolu-
contre les intérêts de l'Espagne j et » tion, il fallait qu'il partît dans
si quelques événemens avaient été » huit jours au plus tard. » Le roi
glorieux , le roi aurait vu que le duc dit qu'il le ferait , 'et se disposa dès
son frère en eût remporté la louange : lors h cela (3a). 11 faut peu connaître
cruel sujet de jalousie, mille fois plus les princes, pour nier que la jalousie
dur que ne l'était l'ascendant du car- qu'us conçoivent contre leurs fils ou
dinal. On n'ignore pas combien de contre leurs frères , et en général
fois la jalousie d'autorité mit martel contre ceux qui leur doivent succé-
et ne put aller en personne sur les Brantôme (33) la furieuse jalousie de
côtes du Poitou. Il fut conseillé d*jr Charles IX contre son frère , le duc
envoyer Monsieur pour son lieute- d'Anjou , général des troupes qui
nant général (3o). La première entre- battaient les protestans à Jamac et à
prise de Monsieur n'ayant pas trop Moncontour. Ne doutez point que
Lien réussi, le roi lui en écrivit une ce ne fût un moindre mal pour Louis
lettre pleine de ressentiment , de ce XIII, d'être dominé par le cardinal de
qi^il avait si légèrement exposé les Richelieu , que ne l'eût été de voir
troupes sans qu'il en fut besoin , et son frère , sa mère , sa femme , trop
(3f)) Le eonn/utble de Luynes s*/uût d/jk (3i) Là mime , pag. 83.
itrvi dm eeUe ruse t il avait mi* dans C esprit du (*') Bassomp, , M/m. , tom. 11^ pag» 5a i.
roi que Marie de M/dieis le voulait traiter r**) Xe 3 de janvier,
comme Catherine de Me'dieit avait traité Char- (33) HUloire da carclioBl ^« Richelieu , impri-
Uj IX. Vojre» Z'Uiitoire de l'Edil d« Nantes, me'e à Amsterdam, i6^, tom, /, pag, 436, à
tom. If, liv. VI, pag. 388. Vann. i6a6.
(3o) Mémoires da dae d^Orliant , imprimd* (33) Mémoires , tom. IV, ptut, m. 3 . daa*
fan i685 , pag. 81. <'£loge de Charles IX.
446 LOUIS XIlî.
accrédités à la cour. Les crëaturet nUtiorenij et quHIs suirirent Finter-
de ces trois tdtes n'étaient capables prétatioti là plus séTère , il ne s^en-
que de petites intrigues de cour, qui suit pas qtle ce tnare'ehal fût inno-
eussent ruiné* les ailaires générales, cent , et que tout son crime consistât
Ainsi le bien du royaume demandait^ à s'être rendu désagréable au cardi-
que Ton usAt de sévérité contre les nal de Ricbelieu. On^ allègue beau-
cnefs des rebelles , qui roulaient coup de défauts de la procédure (3q),
mettre le gouvernement en de telles et tout cela pour prouver que les
mains trop espagnoles (34). commissaires furent cagnés , et que
(F) // ne faut pas croire ceux qui l'innocence de Faccusc fut opprimée;
osent assurer que ton fit mourir des mais il faut savoir aussi que d'autres
gens dont toute la faute consistait auteurs affirment que la procédure
€lans le malheur dé déplaire au pre- fut conforme à la régularité la plus
mier ministre* 3 L'auteur des Mémoi- exacte (4o). Examinez oien les Obser-
res de M. d'Artagnan affirme que le vations de M. du Châtelet sur la Vie
maréchal de Marillac et plusieurs au- et la Condamnation du maréchal de
très furent jugés et condamnés par Marillac. C'est une réponse à un li-
des commissaires, quoiqu'on ne leur belle que les ennemis du cardinal
4a -• « l'_,.— .•_ J' •_ a«r»;^n» M..-U1:^ 1 ^ 1m. r ^ » '__ '
sus (36) touchant le prêtre Grandier, crilkt de la même sorte les narrations
et puis il dit que «c Saint-Preuil res- dé ses amis. Les satires de ceux-là
» sembla à ce malheureux prêtre : sont aussi suspectes que les flatteries
» on fit venir mille et mille témoins de ceux-ci. Défions nous et des unes
» contre lui , tant du gouvernement et des autres , et ne décidons rien
» de Dourlens, quHl avait eu avant qu'après uneforte discussion des faits.
» que d'avoir celui d'Arras , que de Défions-nous aussi du penchant que
T» plusieurs autres endroits. Le meu- la nature nous donne à présumer en
» nier lui fut confronté par plusieurs faveur de ceux qui encourent la dis-
» fois , mais quoique tout son crime, grâce d'un ministre trop puissant.
» aussi-bien que celui de Grandier , '< C'est un défaut assez ordinaire à
» ne fût que d'avoir déplu aux puis- » ceux qui ne sont point appelés au
» sauces , il ne laissa pas d'avoir le » gouvernement de le traverser ; et
» cou coupé ( 37 ). » Voilà de très- » comme si la confiance du prince
grands mensonges j car si l'on exa- »• et les faveurs du peuple ne pou-
mine sans préjugé toutes les pièces » vaient s^attacher à de mêmes su-
du procès du maréchal de Mardlac , » jets , on ne voit point d'homme en
l'on verra sans peine qu'il était cou- » crédit, et qui ait la moindre part
Sable d'une infinité de concussions et » à la conduite des choses , de qui la
e voleries , et dans le cas de l'ordon- » personne et les actions soient ap-
donnant aux termes de cette loi » affections envers lui toutes diffé-
le sens le plus favorable et le plus » rentes , selon sa fortune , fournis-
bénin , on eût entendu par confisca- » sent à notre âge une preuve cer-
tion de corps la perte de la liberté , « » taine de cette ancienne créance.
et non pas celle de la vie ^ mais de » Toute la France trouvait à redire
ce que les juges ne passèrent pas in '* au choix que le roi faisait de lui ,
» publiait ses larcins , blâmait sa pro-
t'xt\ v^^. j- . I- /T\ I » motion aux honneurs, accusait son
(34) r or** m dan* la remarqué (Tj , Utpa- .' • •.
Ut de CtntMT. -^ V y f F j, mauvais courage ', et n'y pouvait
rôles
(35) Mémoireide M. d*Art«giiaii , jtag. iCo. » remarquer aucun mente , ni au-
(36) Citation (8) de Vartieie Lovdvh, dan* » cune qualité digne d'un si grand
le volume , pag. 3iè6«
(37) Minoiro de M. d'ArUgnan , pag. x6t, (3g) royet la mSmê Histoire , pag. tfy et 5o.
(38) ro,reB l'Histoire da cardinal de Riche- (40) Voyet le Ministère dn cardind de'Ridie-
jeu , imprimée k Jmtterdam , i6g4 , (ont. // , lien , tom, //, pag. Sgi et suiv. édition d*
>«f • 4^' Hollande.
LOUIS XIII. 449
y» accroissement. Aussitôt (|ue sa ma- consent à être enlevée , ne sont-ils
M jesté Ta voulu faire punir, et que point rëpute's en France dignes de
» pour de grandes raisons elle en a mort? Saint-Preuil , à plus forte rai-
» retiré ssl protection , ses premiers son , avait encouru la même peine ,
» accusateurs Ton maintenu contre la lui qui avait enlevé une femme dont
» justice , ont assure qu^il était in- le mari était vivant? Je laisseles con-
» nocent , digne de ses charges , et si eussions et les violences dont il se
•» rempli de valeur et de piété , qu'il trouva convaincu, et qui étaient d'aut-
re mentait tout hors sa chute (4i). » tant plus odieuses qu'il commandait
Cest ainsi que parle M. du Châtelet , dans une place soumise depuis peu
' au commencement du livre que j'ai de temps au j[oug français , et qu'il
allégué ci-dessus. On assure que le fallait apprivoiser par une adminis-
cardinal de Richelieu ayant appris tration modérée à la nouvelle domi*-
que les commissaires avaient pro- nation. On ne vit jamais plus claire-
nonce Farrét de mort , s'écria : // ment que sous le règne de Louis XIII
faut auouer que Dieu accorde des Iw- la vérité de cette maxime de l'empe-
mières auxjuses, qu'il ne donne point reur Marc Auréle : In causis majes^
aux autres hommes , puisqu^ ceux tatis hœc natura est , ut uideantur
qui ont fait le procès au marécnal de uim pati etiam quibus probatur. C'est
Alarillac ont découuert des actions le propre des pivcès en crime d'état
qui méritaient le dernier supplice : que les personnes même qui sont dû"
je ne crojrais point qu'il y eût dans ment convaincues passent pour auoir
qu U tint ce discours, t. est une opi- qui a tort ou qui
nion fort répandue qu'il savait très- lent néanmoins juger des choses , et
bien que dans une conférence où l'on pour le faire à peu de frais , ils se
avait agité ce qu'il fallait faire con- fixent à la probabilité ; ils trouvent
tre lui, ce maréchal avait opiné qu'il apparent que ceux qui ont le plus dé
fallait le faire mourir. L'on dit même puissance sont les auteurs de l'injus-
qu'il offrit son bras pour un tel ex- tice. Dion Chrysostome a fait cette
ploit (43). Un tel homme aurait été observation : Où yÀf S, in-oioî/0iv ivio»
effectivement punissable , et l'aurait c-xo^rcbr^v , eîx^À TiTtç oy<r«c* oJ^ Tot^c
paru surtout à ce cardinal. etcTixoûvr ac , » ^ta^opiiiùvç i&ixouvn c|^c-
Pour ce qui regarde Saint-Preuil , Tat^tiv ^oxx«ueic , etxx' eus tUoç /8i«f«a--
les mémoires que j'ai cités sont en- 801* rm Jt/ycio^fit» 9rxcov. Quidam enim
core plus déraisonnables. C'était un non considérant quœfaciant, sed qui
gentilhomme d'Angoumois qui s'é- sint ; neque injuriant facientes , /té-
tait poussé par une bravoure extraor- que violentiam passos volunt exami^
dinaire , aussi délicat sur le point nare plerumque y sed quibus tvrisi-
d^bonneur et sur la réputation de mile sit injuriam fieri ab iis qui plus
bon duelliste et de cavalier détermi- traient (45). La compassion pour les
né , que peu consciencieux sur le malheureux , et l'envie qu'on porte
chapitre des débauches et des extor- aux puissances sont une source d'il-
Bions. On avoue dans les Mémoires de lusion: Voyez la note (46). Mais ce
M. d'Artagnan qu'il avait enlevé une qui donne lieu à cela est que l'on n'é-
femme mariée. Comment ose - 1 - on
dire après cela que tout son crime ne (44) Vul^tiof CIUcmm , in ATîaio Cwiio,
^, , *^ » . /, , 3 pag. m. 445 , tom. 1 Histor. AngnsUe Scriptor.
fut que d auoir déplu aux puissances ? ^ ^^^ oio Chry.o.t. , or.t. XXXIV .
Le rapt n est-il point puni du der- \^. twc ui» -vÀp ^uç-ux^iirttnv ïxiof ,
mer supplice, selon les lois du royau- ^^. j^ xpAn-yio-A<r, ^Bl^voç ^ctf^AKt^XùuBÛ kaI
me? Ceux qui enlèvent une fille qui ^^^^ «tt>i8iv, raîçrùmùrrw ÀhMla^tu,
(40 Da Chfttdet, ObierraUons wr U Vie et TO «Ti fixîratv , À^Kth ^MU Quippi infeli-
Coaaamnation do nur^bal de MarilUc , intlt'o. ce* inisericordia , polenUs trundia sequitur: ae
(4') ^oy«» Vabbede Marotlei , dans son Abré- vicUu aeeepits» victor aUulis*e injuriam videtvr.
Sé de rRisttkire de France. Koye% aussi «'fli»- lierodian. , lib, iK, cap. V ^ pas. m. 187.
loire do cardinal de Ricbelieii , tom. II , p. 5a. Voye* U passage dt Sallnste , cité dans la Cri-
(4S) yoye% les M^oires de da Maarier, tique générale du CalTinisme de Maimbourg, p.
P^S' 36g* 39g de la troisième édition.
TOME IX. 29
45o LOUIS XIIÎ.
prouTe que trop tooTent que ceux me la princesse se poayait plaindre ,
qui ont de Tautorité en abusent et néanmoins elle faisait ëclater son
pour se venger de leurs ennemis en ressentiment contre lui tout comme
les opprimant sous de fausses accu- si c'eût été une chose raisonnable -
sations. tant il est yrai que les grands se lais-
(G) Cela ne pouuait point être sent si fort aveugler par leurs pas-
jusU a V égard de celui qui présida sions orgueilleuses , qu ils font gloire
au procès de M. de Montmorenci. 3 de ce qui réellement est un désordre
Ce nit M. de Châteauneuf, garde des et une faiblesse pitoyable,
sceaux. Il était en disgrâce au temps (H) Le cardinal de Richelieu le^a
de la mort de Louis XIlI, et Ton tra- au roi les scrupules de conscience qui
vailla fortement à son rappel peu l'empêchaient d'attaquer PEspagne. ]
après la mort de ce prince : mais le M. Silhon nous apprend cela, {fuel-
cardinal Mazarin s'y opposait autant que Juste , dit-il (48) , que fdt le su-
qu'il pouvait , et s'y trouva merve'd- jet de cette rupture (49) , on eût en-
ieusement aidé par madame laprin" core balancé de la faire, sans les vio-
cesse , qui , dans ce nouvel orgueil de lentes poursuites des Hollandais , et
la victoire de Rocroy ^ croyait que lesajêdens qffîces de quelques amis
tout lui" était dd , et publiait haute- quU^urent auprès du roi et du car-
ment qu'il /allait que toute leur mai- dinal de Richelieu, Le roi V au€iit de
son sortit de la cour , si la reine re- la répugnance par scrupule de reli-
mettait dans le conseil celui qui avait ffion , qui lui fut levé par une assem-
présidé a la condamnation ae M. de blée de docteurs qu'on convoqua sur
Montmorenci , son frère ( 47)» Peut- ce sujet. On connaîtra mieux les dis-
on rien voir de plus injuste que la positions de ce prince dans ses al-
prétention de cette princesse ? M. de liances avec les protestans , si l'on
Châteauneuf méritait-il d'être exposé consulte le Musœum Italicum de
au moindre ressentiment de la sœur deux célèbres bénédictins, (c On leur
et des parens de M. de Montmorenci? » montra, dans la bibliothèque du
Pouvait-il se dispenser de présider à ^ cardinal Barberin , une lettre du
ce procès ? Sa charge ne demandait- » feu roi Louis Xlir. Le pape Ur-
elle pas qu'il reçût du roi cette com- » bain VIII s'était plaint à sa majesté
mission? et pouvait-il être d'un au- >> de son alliance avec les Suédois ,
tre avis que de celui de tous les juges, » dont les armes victorieuses rava-
qui , malgré le désir ardent qu'ils '' geaient alors l'Allemagne. Le roi
avaient de sauver la vie à M. de Mont- » répondit secrètement au pape de sa
morenci , opinèrent du bonnet pour '> main , et offrit de. se départir de
l'arrêt de mort. Le prince de Condé, » l'alliance des Suédois, pourvu que
son beau-frère , madame la princesse » le roi catholique cessât de donner
de Condé , sa sœur , s'ils eussent été '> sa protection à feu Monsieur, retiré
sesjuges, n'eussent pas pu opiner au- » alors à Bruxelles , et qu'il voulût
trement que M. de Châteauneuf. Il » joindre ses forces à celles de la
est de la dernière évidence qu'un "** France pour les tourner toutes con*
Î;ouverneur de province ({ui se sou- >> tre les protestans d'Allemagne , et
ève contre son roi , et qui charge les '^ contre les huguenots de France,
troupes du roi , et qui demeure pri- '^ Sa sainteté communiqua la lettre
sonnier dans un tel combat , mérite ^ du roi à l'ambassadeur d'Espagne,
la mort. Il était évidemment vrai que '> qui en écrivit à Madrid , et n'en
M. de Montmorenci se trouvait dans » reçut point de réponse. Sans cette
«n tel cas \ les preuves en étaient ^ lettre originale , le public n'aurait
aussi claires que le jour, et l'on avait » point eu connaissance de ce trait
son propre aveu. Il ne restait donc au- » curieux de notre histoire (5o). »
cune ombre d'incertitude, ni sur la ..^^ «.,. ^». .
auestion de droit, ni 8ur la question Diil'il.t't^h..%dr.r«ù.f'd.'ïrH'!'JÎ
de fait ; il ne pouvait donc pas y avoir Maurin, Uv, /, pag, 137, édiUoa de HoUaade,
partage de sentimens \ ce n était donc '°''''
pas de M. de Châteauneuf que mada- - (49) Cett-à-dirt , U d/claraUon de guerre
*■ ^ faue à VEtpagne , Can i635.
(47) Mimoirea de M. de la Châtre, pag. m. (5o) Journal de* S«Taai , du a6 ianvier »688,
333. pag. 349 , 2S0 1 édition de Hollande.
^
LOUIS XIII. 45i
■
Ce passage est tiré du journal de princes qui sVtaient ligue's contre la
m. Cousin. Joignons-y ce que Ton maison d^ Autriche.
trouve dans l'un des journaux de (I) On prétend que ce furent les
M. Gallois. On y aj>prendra ^ue si TreLncaiis qui en dernier lieu témoigné-
L.ouis XIII avait suivi son génie , il rent le plus de hâte."] M. Huber, qui
.aurait laissé ruiner la religion pro- est mort depuis quelque temps (53)
-testante en Allemagne par l'empe- professeur en droit dans Pacadémie
reur , puisqu'avant le ministère du de Frise , prétend (54) que la cour
cardinal de Richelieu , il rendit de de France , bien résolue à la guerre ,
^1 j : i 1 ^-.*U-, u_ .r__I A. _- 1 • ^ ''t '
les duc d' Angoulême , comte de Bé- le retour du duc , et la défaite des
thune , et de Clidteauneuf , envoyés Suédois à Norllingen , le cardinal de
par le roi Louis XIII en Allemagne , Richelieu témoigna un empressement
l'an i6ao. « Le motif de cette ambas- extrême pour se liguer avec la Hol-
0» sade fut aussi glorieux à la France lande. ISeque tam^n aliter se commi-
s , etiam
lentifœ-
, I/o multi
n dépouillé de la couronne de BoH'é- m HoUandiâ imprimis , adhuc erant
i) me par le prince Palatin , et de alieni. Mirum est , quanto studio et
>» celle de Hongrie par Bethlen Ga- /encore Richelius extremo tempore ,
» hor. Il vit en même temps la haute cùm priùs se rogari passus esset ,
» Autriche révoltée , et la plupart in hocfœderefabricando i^ersatus sit,
M des princes protestans en armes quod tandem confectum die viii fe-
» contre lui. Le roi pouvait attendre bruar. m. dc. xxxv (55). Si l'on en
n en repos la mine d'un prince dont veut croire les Français , le cardinal
» les desseins ne pouvaient que lui ne sortit de son irrésolution que par
)> être suspects. Mais parce que la re- la force des machines que les Hollan-
» ligion catholique eût pu souffrir dais firent jouer. Nous avons déjà ouï
» quelque diminution en Allemagne là-dessus M. Silhon (56) ; mais il va
» par la perte de ce prince , il aima nous dire bien d'autres choses, a Ce
n mieux le soutenir dans sa chute » qui fît prendre parti en cet état
» que de souffrir que la religion tom- » d'incertitude , et tomber la balance
» torité de son nom , il envoya » que les Hollandais se laissèrent clai-
)) MM. d'Angouléme , de Béthune et » rement entendre qu'ils feraient , si
1) de Châteauneuf ambassadeurs en » nous ne nous résolvions à la guerre.
» Allemagne. A leur arrivée, ils firent » Les conséquences de cette trêve
» le traite d'Ulm , par lequel fut ar- » ( s'ils l'eussent faite ) étaient sans
)i
rêtée une surséance d'armes entre » doute fort à craindre pour nous et
» les princes catholiques et les pro- » pour nos autres alliés , mais non
}) testans ; ce qui fut cause du gain » pas au point qu'on se le représen-
» de la bataille de Prague, et ensuite ^53^ ^„ ^^„< ^^,- /^ ^ ^ de'eemhre i6j)5.
» -du rétablissement des affaires de (54) Çtumquam GalUt eralfixum ammo , re-
w l'empereur (5l). » N'allez pas vous *»* mip^norum InbefacUiU* , spe eertdmaf*no^
imaginer que ce langage soit un arti- .rnmpere, thm calîidi tamen hoc consdium dis^
flce du journaliste , car les protes- simuldrunt , m à FaHeratia , quos intérim mo-
lans conviennent (5a) que cette am- dùns fovebant subtidUs, ^«rintrgrum «nnum
JïaSSaae servit ae OeaUCOUp a I empe p^i^^^i^n animum et arma deleg»renl , facto
reur, et qu elle fut préjudiciable aux opus esse fudiedrunt , ut reg» fratrem cum ma^
tre Brusellis agentem , sibi reconciUarent , eum-
(5i) JovroBl de« SavABi, du 7 mars 1G67, que in Galliâ eompleeterenlur. Ulric, Hnber,
pag. m. 95 Hist. Cirilis , lom. HI^ pag. i8o.
(5a) Voret Wicqnef. , Traité de râmbassa- CiS) Ulrîc. Haber , i&ii2. , pag. 181.
acor , li¥. 7 , pag. 448 , n liv. IIj pag. 41G. (56) Dans la remarque (H) , citation (48).
»
»
452 LOOIS XIII.
» tait à U cour, et que le père Jo- trémement fortes , essaya de ieur dis-
» seph et Chamassëi qui poussaient gfuter le 'passage a uiwesnes (5g) , où
M fortement â cette roue ,^ le figuré- il fut battu , et perdit beaucoup de
n rent Les prësens, qui ne furent gens. Ensuite les t^ictorieux s' étant
» point ëparffnés de la part de mes- avancés sans tromper d'opposition , se
» sieurs des États, durant cette pour- joignirent au prince d*(jranee^ qui
» suite et depuis , acheyérent d^a- les attendait ai/ec vingt mille hommes
n planir toutes les difficultés qui s'y de pied , six mille chevaux^ et quatre-
rencontrèrent. Outre cela, comme vingts pièces de canon. Cette amu'e
la crainte des inconvëniens dont la paraissait épouvantable , tant par
trêve nous menaçait avait été le son nombre que par sa valeur^ et déjà
M plus puissant motif qui nous ayait le monde s'attendait a des succès qui
j, lait entendre à la guerre, l'espë- répondraient a la grandeur de se^
» rance des fruits que nous en de- ybrce^. Mais quels furent ses erploits?
]» rions recueillir ne fut pas un pe- Elle força une bicoque (60), où il fut
M tit charme pour nous y engager, commis des barbaries ëpouyantables
M C'était â peu prés la moitié de tout ( 61 ) : elle fit semblant d'aller a
D ce que TËspagne possède aux Pays- Bruxelles ; mais le prince d'Orange
» Bas , qui nous en devait revenir ayant retardé la marche , donna le
Il par les conditions du traité , et le temps aux Espagnols de s'en appro-
]» partage entre les Hollandais et nous cher (6a). Elle mit le siège devant
» en était fait sur le papier, avec une Louvain avec le succès que l'on va
M telle bienséance que chacun avait lire (63) : « La hardiesse des attaqoans
» pour soi ce qui raccommodait "
M mieux en cette prétendue
le. Avec ces machines ,
poussèrent où ils voulurent ; et » venir ponctuellement des lieux voi-
rardeur que nous fîmes paraître à » sins des vivres pour leurs troupes ,
» suivre tous leurs mouvemens fut si » n'en laissaient pas suffisamment
» grande, qu'au lieu qu'ils nous eus- » pour les Français , qui , bien que
» sent donné de Pargent pour nous » par leur hardiesse et par leur force
» obliger a rompre , si nous leur eus- » ils eussent pu surmonter toutes sor-
» sions tenu le marché haut , ils en » tes de périls , éprouvaient que la
» obtinrent de nous en une quantité » faim était un ennemi invincible.
» notable , et ne voulurent pas même » Une grande partie périssait de mi-
>* le recevoir qu'en quarts d'écus de » sére j une plus grande partie déser-
D poids , afin de les pouvoir conver- » tait , qui étaient tués ensuite par
» tir avec plus de profit aux espèces » les paysans j de sorte que les forces
» de leur pays. Ce qui fut le meilleur » étant extrêmement affaiblies , et les
» pour eux fut que nous consentîmes » vivres ayant manqué, les généraux»
» que le prince d'Orange aurait toute » tombèrent d'accord qu'il fallait le-
» la direction de la guerre , et que » ver le siège , et permettre à chacun
» nos généraux lui seraient subalter^ » de se sauver où il pourrait. Les
» nés et recevraient la loi de lui (57). » » chefs, et ceux qui restèrent de
(K) Ce fut la plus pitoyable cam- » l'armée de France, furent réduits
pagne que Von vit jamais.'] Laissons » à s'aller embarquer en Hollande,
parler un historien qui n'est ni Fran- » où le peuple se moquait d'eux ,
çais , ni Hollandais , ni Espagnol. » voyant qu il ne restait plus d'une
Comme les Français , dit-il ( 08 ) ,
marchaient vers Maestricht avec plus tSg) TIJalUU dire AT«in.
de trente mille hommes de guerre et &. r -«"îî i - i . ,
^ ^ , . ^Wn (01) Le pUlage t U meurtre^ le vioUmfnt
quarante canons , le pnnce IhomaSy des femmes et mime des religieuse*^ la pnifa-
avec lies troupes qui n'étaient p€U ex- tutUon des chose* sainus^j furent horribte*._Ûe
(57) Silbon , ÉcIaircÎMement de qaclqacf Dif-
ficultés, etc. ,pa^. 137, ia8.
(58) Baptiste Nani, Hiitoire de la République
de Venise, tom. /K, liv. X, pag. j de F/diUon
de Hollande , 168a. Je me sers de la traduction
de Jf. ra^i/TalleiiBant.
Pontii attribue tout cela aux troupes de ffeû
lande. Les écrivains espagnols déclamirtiu
d'une grande force Ih'dessusy pour rendre
odieur les Français. Veye% le Discoûn que don
Francisco^e Qaévedo adressa au roi de France.
(6a) Nani , Hiaioire de ta BépubUque de Ve«
Bise, tomtjy^ liv. X, pag, 7. »
(63J Ljfméme^ pag. 8.
LOUIS XIII. 453
^ si ^ande annëe , qui aspirait à de Schenk , afin d'aroir un prétexte de
» si importantes conquêtes , qu'un séparer les armées dont fa jonction
3t> petit nombre de gens abattus, dans leur e'tait suspecte. Voici les paroles
» le désordre , et contraints de se rë- de ce livre (6g) : Si ton en foulait
>* fugierchez leurs alliés (64).... L'ar- croire les Français , ils nous donne-
» znee française ne fut pas sitôt dis- raient d'une autre tablature ; car ils
sipëe que la crainte qui troublait disent que cette perte fut jaite du
» les pénétra jusque dans le cœur, laissèrent perdre exprès ledit fort ,
i> Le comte d'Embaen surprit le fort pour avoir occasion de se séparer d'à-
» de Schenk.... , qui ouvre l'entrée uec V armée de France , pour repren-
» dans le cœur de la Hollande. Le dre la clef de leur jpays ; et pour
» prince d'Orange , sans perdre maintenir leur dire ils allèguent deux
» temps , alla y mettre le siège. » Le raisons : la première est que Von n'y
cavalier Nani fait ici une lourde fau- laissa point de garnison considérable,
te : il suppose d'un côté que les Espa- et que les deux t^aisseaux de guerre
gnols ne prirent le fort de Schenk s'en étaient retirés le jour de la prise ;
qu'après la dissipation des trouves et pour la deuxième raison , ils disent
françaises ; et de l^autre , que les Fran- que Von fit périr leur armée de néces-
çais n'eurent point de part à la re- site ; si bien que de quarante mille
prise de ce fort. Ce sont tous men- hommes , il n'en retourna pas ""plus
songes (65). Silhon en parle bien au- que cinq mille en France ; lesquelles
trement. C'est bien plus ,, dit-il (66), paroles il ne faut pas prendre pour
après avoir rapporté la mauvaise foi article de foi.
dont il accuse les Hollandais , comme (L) Les Français en ont im-
si la fortune nous eût woulu donner puté la faute au prince d^ Orange. ]
un moyen de nous venger généreuse- Je ne cite point les auteurs qui ont
menjl des Hollandais , et de leur ren- écrit depuis l'an 167a : Un de Pontis
dre du bien pour le mal qu'ils nous (70) , qui nous représente ce prince
avaient fait : elle permit que les Es- tout-à-fait chagrin delà victoire d'A-
pagnols surprissent le fort de Schenk vein ; un abbé Bizot (71) , qui accuse
dans le Betau; 0 est-a-dire, qu^ils la Hollande d'avoir agi de mauvaise
eussent Ventrée dans les propres en- foi dans le siège de Louvain , et en
traVles de la Hollande (07) En quelques autres rencontres. Je citerai
ce dur et triste accessoire la France un ouvrage imprimé l'an i65i. Voici
ne manqua point a ceux-ci ; et sans ce que l'on y trouve (72) : « Les Hol-
se souvenir de ce qui s'était passé de » landais ne mirent pas long - temps
leur part en notre armée, elle en- » à nous faire ressentir les effets de
vo^a ordre au maréchal de Brézé , » cette jalousie. Le gain de la batail-
qui était demeuré seul a la comman- » le d'Avein , dont le premier TaoM-
der , de ne se séparer point du prince » vement de nos armes fut suivi,
d'Orange, jusqu'à la réduction du d contre l'attente de tout le monde.
fort de Schenk , qui se fit plusieurs » ne leur donna guère moins d'alar-
mois après son attaque. » me qu'aux Espagnols qui la perdi-
Mais voici des réflexions plus mys- » rent ; et de peur que cet avantage
térieuses. J'ai lu dans un livre impri- ]» n'en tirât d'autres après lui, comme
mé l'an i654 (68 ) , que les Français » c'est la coutume , et que nos genè-
se sont plaints que les Hollandais )> rauz qui étaient le maréchal do
avaient laissé prendre le fort de )> Châtillon et le maréchal de Brézé ,
(64) £à m^me, pag:. 10. .-i, ..i»
(65) Lite* de Pontis et Paységnr, qui servaient an lÎTre intilulè : de SUidhouderfyk» Regeenn-^
ânnt Parmée française ; vous y verre* que les ge « par P. L. J.
Français furent employas au si^ge du fort de (69) Pag. a<j5.
Schenk. *' («joj De Pontu, Mémoires, t. 11^ p. 76, 77.
(66. Silkon , ÉcUiWMemenUe quelçuei Dif. (71) HoUande Méulliqoe. Voye* le Journal
Ccttités , pag. i33 , 1 34. àt* Savans , du 19 janvier 1688 , pag. aS? , edii.
(6-;) £d m/me,pa«. 1 34, 1 35. de Hollande. . , , . «^
(68) /A<iltt/// Apologie pour la Maison de (na^ SUhon, Eclaircissemeat de quel<|aes DtN
NasMo , on RéfnUtion des calomnies contenaci ficnltes, pag, x3i.
454 LOUIS XIII;
» ne poussassent plus avant la vie- » donner lui-même Bruxelles, si la
>i toire, le prince d^'Oran^e leur en- » faim et Picoiomini qni arrÎTa avec
» voya ordre de le venir joindre. Si » le secours d^ Allemagne , n'eussent
» néanmoins Châtillon , qui ne savait » contraint nos gens de se retirer.
» qu'aller droit aux choses dont il se » On disait aussi que le prince d'*0-
» mêlait , en eût été cru on fût allé » range n'était pas trop aise de les
» assiëeer Namur , et faire là un bon » voir si avances dans le pays. La
» établissement, nonobstant les or> » reine -mère et Madame s'étaient
M dres du prince d'Oranee. Mais Bré- » déjà réfugiées à Anvers, où leurs of-
» zé , qui avait la confidence du ca- » liciers furent contraints de se tenir
M binet et le secret des affaires , s'y » cachés assez long-temps pour évi-
y> opposa et fit résoudre son compa- » terla fureur de ce peuple, qui avait
31 gnon à obéir à leur généralissime , » la nation française en horreur de-
» suivant l'intention de la cour. Et » puis le saccagement de Tirlemoat
» ce fut là le premier germe de divi- » (^5). » Un général qui aurait vou-
» sion qui vint depub si fortement lu , ou qui aurait su profiter de cette
» à s'éclore entre ces deux généraux, étrange consternation qui avait saisi
» qu'ils furent une fois à en mettre la cour de Bruxelles , que n'eût-il pas
» 1 épée à la main l'un contre l'au- fait ? Vt\ consul romain en pareil cas
>» tre (73) Le prince d'Orange eût rendu bon compte d'une province
» fit promener si long -temps notre avant la fin de l'année.
» armée sans rien faire , au siège de (M) Le cardinal de Richelieu
» Tirlemont pràs , et la laissa telle- s'était laissé tromper par le» Hol-
3» ment dénuée de subsistances, quoi- landais. ] « Ceux -ci devaient atta-
•» qu'il se fût obligé de lui en fournir » quer avec cin(|uante mille hommes
M (74) » qu'elle se défit d'elle-même , » de pied et dix mille chevaux les
» ou plutôt que les Hollandais la dé- » provinces qui obéissaient à l'Espa-
>' firent satis combattre , à faute de » gne L'on avait ainsi partagé les
» la secourir , et qu'ils en eurent la » conquêtes : le Luxembourg , Ka-
M dépouille qui était ample et riche, » mur , le Hainaut , l'Artois et le
» prescTue nour rien. Outre cela , ce » Cambrésis devaient être pour la
» procédé ou prince d'Orange, et les » France, avec une partie de la Flan-
» longueurs et toumoiemens des mar- » dre en deçà de la ligne que l'on
» ches de son armée et de la nôtre , •» devait tirer de Blachemberg entre
» sans rien entreprendre , donnèrent » Bruges et Dam , en y comprenant
» loisir aux Espagnols de revenir de » Ruremonde. Le reste devait appar-
» la consternation où la bataille d'A- » tenir aux états de Hollande , qui
» vein les avait jetés , et d'évoquer » promettaient de laisser l'exercice
^ un puissant secours d'Allemagne , » de la religion catholique en tous
» qui nous mit presque sur la défen- » les lieux où elle se trouverait. On
» sive. » » convenait aussi de ne faire ni paix
Copions ici ce que l'on trouve dans » ni trêve que d'un commun consen-
un ouvrage que j'ai cité plusieurs » tement, et de n'entrer en aucun
fois. (C L'on eut avis presque en même » accommodement ni traité, que les
i> temps de la défaite du prince Tho- » Espagnols n'eussent été entiére-
» mas à A vein , qui causa une grande » ment chassés des Pays-Bas. On de-
» consternation a tout le pa^s. L'ar- n vait assiéger les places altemative-
» mée française s'étant depuis avan- » ment , à savoir une de celles qui
» cée jusqu'aux portes de Bruxelles, » seraient destinées à la France , et
» il né s'est jamais vu une telle épou- » ensuite une de celles qui seraient
» vante parmi ces peuples. Le cardi- » assignées à la Hollande^ et laisser
n nal infant avait déjà fait transpor- » aux généraux d'armée le choix
» ter les plus précieux meubles du » d'attaquer celles qu'ils jugeraient
» palais à Anvers , et border le canal » à propos* On devait , outre cela ,
h de toute son armée , résolu d'aban- » mettre conjointement une armée
» navale en mer. La France devait
(■73) Silhoo , Eclaircifieraent de quelques Diffi- « déclarer la cuerrc à l'cmpcrcur ,
cultes, pag. iSS. " .
(74) M. Huber nit cela. Voyez la remarque (76; Mémoir» de M. le doc d*Orlê«n«, p*S'
(N), c/W^ion (80). «71 , 272.
LOUIS XIII.
455
à tout antre prince qui sur
> c;^ sujet entreprenarait d^apporter
» c^«aelques troubles aux états des
> I^rovinces-Unies (76). >» Sur cela on
axt: ce dilemme : ou le cardinal de
f\.i.c^l-ielieu a été persuade que les Hol-
l£i.Tidais observeraient ce traite , ou
il x»'*eii a pas été persuadé. S'il l'a été,
cjxi'^aTait-il fait de ses lumières ? Le
pi ta s petit sens commun ne dicte-t-il
jyst9 qu'il était incomparablement plus
île l'intérêt de la Hollande , que PEs-
^agne conservât une partie du Pays-
bas , que de souffrir qu'il fût entiére-
xnent partagé entre la France et les
^Provinces- Unies? Si le cardinal de
IViohelieu ne croyait pas que la Hol-
lande fût assez simple pour consentir
c|-ue l'Espagne perdît tout ce pays-là,
il était bien simple lui-même de faire
•un traité qu'il savait bien que la Hol-
lande n'exécuterait jamais , et que le
"rer de ce labyrinthe le cardinal , et
«le ne voir point qu'il fît un grand
pas de clerc ; à moins qu'on ne dise
que le pitoyable état où étaient les
Suédois , et l'affront sanglant que la
France avait reçu paii» la détention de
l'archevêque de Trêves , ne permet-
taient point à cette couronne de lais-
ser l'Espagne en repos, et l'en gageaient
a se liguer avec la Hollande à des con-
ditions qu'on savait bien qu'elle
n'exécuterait jamais entièrement. Le
mal présent exigeait qu'on se conten-
tât de l'exécution d'une partie , et
qu'on laissât faire le temps. Voici les
réflexions de M. Silhon (77).
*t Les Hollandais, par ce moyen (78),
)> faisaient deux choses fort considé-
» râbles pour eux : l'une de nous em-
» barquer dans la mên»e guerre qui
» les occupait , d'où il leur était ap-
it paremment infaillible de ne sortir
» jamais que par une paix qui les
» ferait reconnaître pour souverains
» par ceux qui les traitaient de su-
« jets : ce qu'ils s'étaient proposé en
» traitant avec nous ; l'autre , qu'en-
» core que le partage concerté , s'il
M venait à s'accomplir, leur dût être
(76) Nani/ Histoire de la K^pablique de Yeni-
»e , tom. IJ^f p/fff. S.
(77) Sillioii, EcUircisiemenl de qaelqaet Dîf-
ûcnXitt^pag. i3o, i3i.
(7B) Ôett-k'dire » par le ttailé conclu avec la
France,
» un principe immortel de jalousie,
» et qu'ils crussent que nous avoir
» pour voisins au lieu des Espagnols,
» n'était que changer de crainte , et
» peut-être qu'empirer de condition,
3> ils jugèrent qu'il valait mieux s'ex-
» poser à un mal certain et contre
» lequel il y avait plusieurs remèdes
» pour obtenir un bien présent et
» d'une telle importance, que celui -
» de nous rendre compagnons de
'* leur fortune; c'est-à-dire de lui
» donner par cette société une base*
» plus sûre et plus ferme qu'elle n'a-
» vait. Qu'à la vérité ils souffriraient
» bien que nous nous rendissions
» maîtres des places de la mer , qui
» étaient si fatales à leur commerce
» entre les mains des Espagnols, et
» même de quelques autres de leurs
» places qui étaient frontières des
» nôtres: mais que de nous établir
» dans le cœur de la Flandre , et aux
» lieux qui leur étaient proches , ce
i) qui leur faisait de la peine ; ou que
» le cours de la guerre l'empêcherait
M de lui-même, ou qu'ils trouveraient
» moyen de le divertir , soit en ces-
1) sant d'agir contre les Espagnols ,
» et d'occuper comme ils faisaient
» une partie de leurs forces ; ou pre-
» nant le temps de. s'accorder avec
» eux sous quelaue prétexte plausi-
» ble que l'état des choses leur four*
3» nirait. »
( N ) Un jurisconsulte frison le
fait voir au cavalier Nâni. ] Ce cava-
lier s'est imaginé que le prince Fré-
déric-Henri laissa périr l'armée de
France pour se venger d'une injure
qu'il avait reçue du cardinal de Bi-
chelieu , et qu'il chercha l'occasion
de faire voir à toute l'Europe qu'il
avait plus de génie que ce cardinal.
// ny a point de doute , dit-il ( 79 ) ,
gue de même que les Prouinces-Unies
avaient consenti a tous les partis qui
pouvaient obliger les Français a rom-
pre ouvertement avec t Espagne, elles
ne craignissent rien tant , après avoir
obtenu ce qu'elles souhaitaient, que
de les avoir sous ombre d'amitié pour
voisins. Aux intérêts généraux de la
Hollande venaient se joindre les res-
sentimens particuliers du prince d' O-
range contre Richelieu; car celui-ci,
quoiqu'il fit profession d^être ami de
(79) ^'°* • Riatoire de la République de Ve-
nise , tout. iV^ pag. 9.
456 LOUIS XIII.
ceprinte , et lui témoignât de la con-^ tout , le caTalier Kaiii joee de leari
fiance, awau, peu d années aupara- mœurs teloa les ruses mystérieuises
T^^Jt^uL^"^^"^'^ A^mfiyiie* 5ecnrt- ^Italie. iVo/, estdubium Âin Nanius
t^^lâcU de se rendre maivredOrtL,^ Belgarum ingénia morJque secut
ge , uiUe dont Us aines de la mauon, dkm Italos eorumque profundas ânes
de Nassau portent le nom, et qui œstimet (83) ; 3°. que le prince d'O-
est sauee pers U Dauphiné ; mais range ëtant le généralissiie des deoi
comme ce dessein ne réussit pas , le armées, et ayant traTaiUë avec ardear
cardinal cacha la chose tout autant k la conclusion de cette lieue il nV
^djmu et empêcha qu'on en parlât, a point d'apparence que pSurîe ycI
Frédénc^Henri de son c6té dissimula ger de quelques pratiqua du cardi-
cette injure avec autant d'artifice nal , il eût youlu se priver de la bcDe
quon en aidait apporte pour la sup- gloire d'une très-heureuse campagne
pnmer, et attendit une occasion fa- ni exposer la république au ressenti-
vorable pour s en uenger Enfin ce ment d'un allié si nécessaire et si re-
pnnce trouva le moyen de pouvoir dootable: 4<». enfin, que, l'alliaDcc
Jairedire de Im^^quesipar lapnse ayant subsisté pendant douze ans,
de plusieurs places d importance il les Français ne se sont pas plaints de
avau acquis la réputaUon d un grand la prétendue perfidie, ^rausionensis
courage et dune grande valeur , en summo studio belli societatem prv-
surpassant Richelieu par son espnt , curaverat , imperium in ipsum Gal-
on ne lui pouvait nf user dans le mon- lorumexercilûmsuo cdnfunctum ac-
de la louange d une grande PoUtiaue ceperat , ut omnis glorla in ipsum nr-
etdune grande prudence. Jhchetieu dundaret : hoc urScè in eamgratiam
néanmoins, vyarU qu d avait besoin ut propter evanidas in arcem Arau-
def alliance des Hollandais et de l a- sionensem insidias à Richelio propc
mitie de ce pnnce dans Id guerre qui sitas , regem potentissimum Jefohni
avait ete entreprise, mejpnsa les moinr proditione lethaliter offenderet ^Rem-
dres vengeances pour s apphtiuer aux que puhlicam tune êjus amicitiœ in-
plus grandes. Voyons fa réponse de ^ignam daret prœcipitem et societa-
M.Huber. tem tantd pnncipis ipsius curd stu-
M'^^r-^^L':^'!!'^^^^ ^'^^ contractajn iicontinenU ah-
11 c '••*!* ' .. 7 ^^P^c^^ri ? Cîim tamen eadem socie-
de leur fournirait les provisions ne- tas per duodecim annqs continuata
cessaires (8o) 5 que si les vivandiers sit, nec quicquam ejusmodi tune tem-
aimaient mieux vendre leurs denréea poris velunquam posteà GalUdefœ-
aux Hollandais qu aux Français , c'é- deratis Bêlais, etiam ohm irati esslnt,
tait parce que ceux-ci n avaient point conquesU fuerint (Si),
d argen\ et n observaient point de Je ne crois pas qu'on puisse oppo-
discipline 80î a» qu'il ne tenait ser à ces raisons de M Huber^ ce
qu aux Hollandais d éloiçner de Uurs que M. du Maurîer rapporte du cha-
y^ nitû- V • i r-'"-'-".i,o »;arumai avau lormee sur la pnnci-
de retléchir sur le mal que c est d être *^
voisin de la France (Sa) l et qu'après gémi. plerbqneBelgU tum nequedum permiûi-
se ^ ut ^aolam à Galtornm ricinii pericolmA
rSo) In faâfve non erat eomprehentum ^ ut """»•»«"«.«<'««*««'*'»» revocar0iU.
Beiga I» hottili solo Gallia de commeniu pro- (■^^) Idem, ibidem,
epicerent; id ipsi» incumhebat pro te , uU Belga (^4) Idem , ibidem^ pag. iSg, igo^
p>x> suis id saiagerunt. Viric. Bnher , Hitt. ci' • Joly rapporte an patsage dea M/moirtA
,o\'°c'^' "^\r>^8' >|8; . ^ ^ „. chronoloeiques de d*Avrigoy, qui combat Topi-
(80 SmegociMores Be»gia quhm Galba ven^ nion de Huber. Mais d'Avrigay nomme cel ao-
dere maluerinl, me indi Galloram inopin sit leur Hubert, et Joly ne faisant pat obscrrra
Orti, id horum rapimt et stipendiorum defec qa*écrire Ifabert eot nne faute, n« donne-t-U
lui impulandum. Si hacjiduad Brabantiam in- pas à penaer que Bayle en a fait nne en mettani
gres,isunt,qubdB»tjiy,\a{osaferent,matir»' Ruh«r. Ulric Hnber, né en i636 . mort en
UonPmvuta^erunt.\à^m,x\nàzm. ,6rvi , «ni» «niclfl d»na le Dictionnaire Ha
{9%) iftfnl«*teerUus,<iuamodiumïInifàn\cti Chanfepié.
LOUIS XIII. 457
pauté d^Orange. Cet auteur assure des me'disances du caralier Naui ; et
(85) que le prince cacha son ressert^ coroine d'ailleurs les mémoires de du
tintent dans son cœur , et attendit Maurier sont postérieurs à Fan 1672,
Tine occasion favorable de s'en ressens ils ne sont point propres a servir de
tir^ qui ne tarda guère a se présent preuve. Ce serait en tout cas un fait
ter; car (86) Farmëe de France d'où Fou pourrait recueillir qu'un roi
ayant défait a plate couture lesfor^ s'expose à de grands malheurs, lors-
ces d'Espasne a Ai'ein , se joignit qu'il se sert d'un premier ministre
au prince a Orange après avoir sac- qui est bai personnellement dans le
cage une partie du Brahant ; mais le pays de ses allies. Louis XIII en au-
prince, qui avait toujours sur le coeur rait fait une triste expérience ; ils au-
l'affaire d* Orange , et qui n'aimait raient sacrifie ses arme'es à la passion
pas mieux le voisinage des Français de se venger de son cardinal. Ce sa-
que celui des Espagnols , manque de crifîceeût été une voie bien ingënieu-
vivres etde subsistances fit ruiner noire se de vengeance; car rien n'est plus
armée victorieuse , qui s' étant retirée propre à renverser un premier minis-
en Hollande après la levée du siège tre , que les mauvais succès de la
de Louvain % sous prétexte de Vap- guerre. Mais ne croyons pas tout ce
proche de Picolomini avec une ar- système de Fbistorien de Y enise et de
mée d' Allemagne y y périt la plupart M. du Maurier.
de faim , de misère et de maladie ; (O) On le dégoûta de la lecture....
n'en étant pas retourné la sixième en lui faisant lire un ouvrage qui lui
partie dans le royaume. Le prince déplaisait."] « Le roi Louis aIII , pour
d'Orange regardait le cardinal de » n'avoir pas été conduit selon ses
Richelieu comme un ennemi réconci- » inclinations , ni par le chemin que
lié f qui ne le recherchait que parce » son esprit voulait prendre, se lassa
?'u^il avait nécessairement affaire de » tellement dans la lecture utile, mais
ui : et pour cela , sous main , il lui » désagréable,desÂntiquite's deFau-
faisait tous les déplaisirs et toutes » chet , qu'il eut une aversion si gë-
les mortifications dont il était capa- » nérale pour toutes sortes de livres,
ble, donnant retraite favorable a tous » et si longue, qu'elle n'a pu être bor-
ceux qui étaient disgraciés en Fran- » née que par la fin de sa vie. » L'au-
ce , et les honorant des plus beaux teur dont Remprunte ces paroles (88)
emplois et de sa confiance même y com^ cite GomberviUe, dans la Doctrine
me il lefit bien paratti^e entre autres des Mœurs , et met ce fait sous le a4
a MM] de Hauterive et de Berin- de mars. Je ne sais pas pourquoi il
ghen , qu'il considérait autant pour choisit ce jour. Voyez le MénagianOy
faire dépit au cardinal , que parce vous y trouverez ceci (89) : Monsieur
au' ils le méritaient : et le cardinal de de Gomberville , de C académie fran-
Richelieu, tout puissant qu'il était, qaise, était fils d'un buvetier de la
se voyait forcé d'avaler ces pilules , Chambre des comptes. Il a écrit dans
ayant nécessairement besoin de la di- gon livre de la Doctrine dey Mœurs ,
version de Hollande pour le bien de que ce qui détourna le roi Louis XIII
ses affaires (87 ) Ainsi il con- de l'étude , fut qu'on lui donna à
tinua de rechercher l'amitié de M, le /,>e /'Histoire de France, par Fauchet.
prince d'Orange , et il fut arrêté (jue l^ mauvais langage de cet auteur
dorénavant chacun attaquerait l'en- lui donna ce dégoût , quoique d'ail-
nemi commun de son côté. Du depuis leurs il f ait de bonnes choses,
il entretint une fidèle et parfaite cor- (P) // ne fut pas bien instruit aux
respondance avec le prince i et le lettres , et il ne les aima point. "^yi.Xe
prince que s' était assez vengé, etti- Vassor , qui a donné au public le
rait un grand avantage de C alliance premier volume de l'Histoire de
avec la France , exécuta depuis les Louis XIII , remarque avec beau-
traités de bonne foi. On voit roanifes- coup d'étonnement qu'il n'a trouvé
tement que ce n'est là qu'une copie
(88) Le pire David rEnfant , dominicain ,
(85) Dn Manrier, Hémoirea pour rBUtoirc Histoire générale de tons lei Siècles de la nou-
de Hollande , pag. 3ai. Telle lioi , mois de mars , pag. i6o.
(86) La mfme, P*'8^' S"'* (89) Ménagiana, pag. aiQ de la première édi-
(87) Là meme^ png. 3i4* tionde ffoUantU.
LOUIS XIII.
n'ayait pas les qualités que cet emploi incomparable. Son article est bon
important demande ; et que la pein- dans le Dictionnaire de Horëri. Voirez
tare qu'un auteur (g2) tètent de nous aussi les <Qoges que Casaubon lui a
faire des amours extrauagans et ro- donnes (95). Il avait été cboisi par
manesques de la vie et de la mort Henri IV pour instruire Je prince de
tout-h'fait épicurienne de Vauquelin- Condé (go) ; mais non pour prëccp-
î\e7i'\Yet:i\xx.f premier précepteur àe teurdu daunhin , comme Fassure le
Louis XIII , est une preuve certaine Grain (97). Ce^ fut sous la régence de
qu'Henri IF', qui tarait choisi de son Marie de Médicis, qu'il fut ëleve à
propre mouvement , nVtait pas bon cette charge (98). 11 mourut le, 3 de
connaisseur en gens de mérite (98 ). novembre 16 11, âge de soixante-huit
n ajoute qu'un an après la^ mort de ans et quelques mob. Mais supposons
Henri IV , Vauquelin perdit cet cm- tant qu'on voudra que lui et des
ploi par la jalousie de certaines gens , Ivetaux avaient un très-erand méri-
el que Nicolas Lefebvre lui succéda, te , et que ^ la qualité de bon prëcep-
homme distingué par sa science et par teur , qualité plus rare que ceUe de
sa piété , qui mourut un an après , précepteur n'est commune j se trou-
et que Fleurance Hiuaut , habile ma- vait unie dans leur esprit avec celle
thématicien , dit -on^ monta de la de savant , nous n'en pourrons point
charge de sous-précepteur a celle de conclure que Louis XlII ait e'te bien
précepteur en chef. Un jeune homme, élevé ; car ils ne furent que trés-neu
continue-t-il , qui passe par tant de de temps les directeurs de ses ëtuaes.
mains différentes , ne devient pas or- H faudrait savoir comment s'acquit-
dinairement fort habile. . téren t de leur charge ceux qui vinrent
Il est certain que Nicolas Vauque- après Lefebvre. On ne saurait guère
lin , sieur des Ivetaux , avait de l'es- *« prévenir ^ en leur faveur , cruand
prit et du savoir. Il était fils de mon- <>n songe qu'ils s'obstinèrent à lui faire
flieur de la Frênaie , président au lire les ouvrages de Fauchet qui lui
bailliage et siège présiaial de Caen , déplaisaient. Ce n'était pas le moyen
en Vannée i6o5 , dont il se voit un de former son goût : c'était le chemin
grand recueil de vers , imprimé a de le rebuter. On dit néanmoins qu'il
Caen (94). Nicolas Lefebvre était de devint assez délicat sur le chapitre
de l'éloquence, et que les harangueurs
(9») *%7"*"' » Jï"toire de Lonû XIII, lom. de ce temçs-là lui uéplaisaient infini-
'/Poofy «ppl*«r , Joly rapporta , x». leiir. ment, quoique ses éloges fussent lama-
écrite, en i643, par U R. P. Cotton au R. P. tière de leurs discours. Voici mon te-
Burtiffiui, touchant Vedueation de Louis XII l\ moin ^99) : « Louer toujours , admirer
:»*». Extrait iTune lettre du pire Pierre Milles „ tOujourS,et employer à cela deS
pied ^ compagnon dà R. P. Cotton. au R. P. y "' j j» i**^ "'j 1 «. j
Richcome , du 8 octobre i6i3 ; 3<>. Exirait des » périodes d une lieue de long , et des
manuscrits de Dupuf. Il T ajoute quelques par- » exclamations quivont jusqu'aucicl,
tieularités sur Louis xin. Urées des mémoires „ cela fait dépit à ceux-mémes que
tnanuierits de n. de la Jnare. Toiu ces mor- 19 1.^.^1 ^ u ^ j ' i.
cr..., confirment ee qae dit B.yle, oae Loai. « ^ ?° î?"^ et que l'on admire. Lcs
XHI n'était paiintlruit, et n'aimait pacleslettrei. » VlctoneUX S en Sont plaints aU mi-
Oaêeeneadtntimprimiïn Préceptes if Jgapé- „ lieu de leurS triomphes. Et je Sais
tus a Justinian. mis en français par le roi Louis A a, k^mmA *%«»» ^..^ T« fa.. ..a. «^ «a-
Xill, .6«3, in-8o. ie prétendu traducteur » **® ^<*"?« part, que le feu roise re-
n'avait que ooxe ans, et peut-être anrait-il âh » gardant UU jOUr aU miroir , étonne
avoir pUce dans les onrraget de Baillet et de » du grand nombre de ses cheveoZ
^l'/t'" Mf"^'"»'''* ^»« '• traTailde sa «ajeaté ^ g^ ^ccusa les compUmeuteurs
enfant aTail été au moins rern par Lefebrre .S ^1^1
son préceptenr. » de SOU royaumc , et leurs longues
(gi) Gilles de Souvré.
^93) Vigneul aiarrille, dans ses Mélanges (q5)Ca»anb., e«erc. XVI in Baron. , cap.
d'Histoire et de Littérature- Voye% aussi le /". t^XX, pag. m. SSu
JïoLld^**''''*'"* • ''"*' "^ " """' ' '*'*'■ '^^ ^9^) Continuai. Thuani , pag. 3i8.
(q-J) LeVassor , Histoire de Louis XIII, tom. ^97) ^^ G"î" » décade de LonU XIII , pag. ».
/, pag. 668. (98} Continuât. Tbnani , pag. 3i8.
(g4) I^'abbé de MfroUes, au Dénombrement (gg) Ba1lac,«l'an^/»ro/N>« diiSocraiccbrcItea,
des auteurs qui lui ont donné des livres. folio riiij.
LOUIS xin:
45.)
» périodes. Il dit à celui de qui je
M le sais, ces paroles remarquables :
» 3* ai opinion que ce sont les haran-
» gués qu'on m* a faites depuis mon
» auénement a la couronne, et par-
w ticulièrement celles de monsieur
» ie *** , qui m'ont blanchi la tête
» £ie si bonne heure. j>
(Q) Il fit paraître beaucoup de dé-
licatesse d'esprit en plusieurs rencon-
tres.'] Si ce que Balzac vient de nous
apprendre ne paraît pas un bon com-
mentaire de ce texte-ci , que dira-t-
on après aToir lu ces paroles du che-
valier de MéTé ? « Comment se peut-il
» donc faire que cette cour soit si
» différente de ce qu'elle était autre-
» fois? Henrî-le- Grand , qui jugeait
» bien de tout quoiqu'd n'eût guère
)» étudié que le métier de la guerre ,
M et le feu roi , ce me semble , n'y ont
» pas peu contribué. Ce prince , que
w nous avons vu , avait l'esprit déli-
M cat, et disait d'excellentes choses.
M Peut-on rien dire de plus agréable
» que ce mot : Mettez votre chapeau,
» Brion , mon frère le veut bien 5 et
» tant d'autres que je pourrais rap-
M porter ? Comme il aimait la bonne
» raillerie , il rebutait fort celle qui
» prenait le contre-pied, et le C. D. R.
» pensa être disgracie' pour en avoir
» écrit une au M. D. £., encore qu'elle
» n'eût rien de coupable que d'être
I) fort mauvaise (100). » Une infinité
de lecteurs entendront mieux ce <^i
concerne le mettez uotre chapeau ,
Brion f etc., si je leur raconte la cho-
se un peu amplement , et telle que
M. Bonrsault la décrite. Feu M. le
duc d^ Orléans , Gaston de France ,
était si jaloux des droits attachés à sa
qualité , que sur cet article il ne fai-
sait grâce à personne. Pour avoir le
plaisir de woir les princes du sang
chapeau bas en sa présence , quand
il trouvait une occasion de leur parler,
il les tenait le plus long-temps qu'il
pouvait, et jamais ne se découvrait
un seul moment , tant il avait peur
d'oublier ce quil était. iMuis XIII ,
allant un jour de Paris à Saint-Ger-
main par une chaleur excessive , et
Monsieur accompagnant sa majesté ,
les seigneurs qui étaient nu-téte aux
portières du cairosse avaient toutes
les peines du monde de résister a la
(100) Chevalier Ab^ Méré, Traité de rEgpril,
pag. 33 , édition de Hollande.
violence du soleil. Le roi , qui s'aper-
çut de ce qu'ils souffraient , eut la
bonté ^ leur dire : Couvrez -vous ,
messieurs , couvrez-vous ^ mon frère
le veut bien (loi).
fR) Je copierai le caractère ^qu' on
lui donne dans l'Histoire de l'Eait de
Nantes.^ Il était « jaloux de sa
» puissance jusqu'à l'excès, quoiqu'il
» ne sût ni la connaître, ni en jouir.
» Jamais dans tout le cours de sa vie,
M il ne put ni l'exercer par lui-même,
)) ni la souffrir dans les mains d'un
» autre. Il lui était également impos-
» sible de n'élever pas ses favoris à
» une extrême puissance, et de les
» supporter dans cette grandeur que
» lu^-même leur avait donnée. A
î> force de les enrichir , il les mettait
» en état de lui déplaire. L'excès de
y> sa complaisance pour eux était
» comme le premier degré de sa
]> haine : et je ne sais si on trouverait
» dans son histoire l'exemple d'un
» favori dont il ait plaint la mort
» ou la décadence. Mais ses sentimens
» demeuraient cachés dans son cœur ,
» et parce qu'il les communiquait ù
M peu depersonnes, ceux qui veulent
» qu'il y ait toujours du mystère
» dans ïa conduite des princes, l'aç-
» cusaient d'une noire et profonde
}> dissimulation. A dire le vrai au
» fond, la raison de son silence était
M qu'il ne se fiait ni à lui-même , ni
» à personne 5 et qu'il avait beaucoup
» de timidité et dfe faiblesse. Presque
)• tous ceux qui ont parlé de lui re-
» connaissent qu'il avait du courage ^
}) que dans le danger il ne perdait
» pas le jugement; -qu'il aimait et
» entendait la guerre ; qu'il possé-
y> dait plusieurs belles connaissan-
» ces ; mais qu'il n'avait pas la force
)) de régner (loa). » Ce portrait
semble assez bien tiré d'après na-
ture *.
t,S) Un savant critique poussa"^. Go-
deau d'une grande force.] La déclara-
tion du roi touchant cet acte de dé-
votion pour la Sainte Vierge est da-
tée du 10 de février i638. Vous la
(loi) Boursault, LeUres noavelles, ptig- 38 1,
édition de Hollande.
(to9) Histoire de l'Ëdit de Nantes , tom. II ,
liv. y, piig' a30>
* JfAf donne comme plas ressemblant le por-
trait de Louis XlIT, qu*on trouve , pages 3o.4 et
»iiiY. du tome II des mc'moires de d'Avrigny.
46o LOUIS XIII.
trourerez toato eotiéri; dans le Mer- » la même solennité en leurs i^glûes
cure Français (fo3) ; je me contente » épiscopales, et autres églises de
d^en détacher cette partie : <c A ces » leurs diocèses. »
» CAUSES nous ayons déclaré et décla- M. Godeau fit une. hymne sur ce
» rons, que prenant la très -sainte sujet, dans laquelle le roi, s'adres-
» et très-glorieuse Vierge pour pro- sant à la Sainte Vierge, lui étale le
» tectrice spéciale de notre royau- mérite extraordinaire du cardinal de
» me, nous lui consacrons particu- Richelieu, et le reconnaît non-seule-
» liérement . notre personne , notre ment pour son collègue , mais aussi
» état , notre couronne et nos sujets , pour un collègue qui veillait afin de
» la suppliant de nous vouloir inspi- taisserdormir son associé. Le jésuite
» rer une sainte conduite, et défen- (io4)qui critiqua M. Godeau, sortit des
» dre avec tant de soin ce royaume termes de la modestie, ets^emporta;.
)) contre tout PefTort de tous ses en- mais au fond il avait raison de cen-
M nemis, que soit quUlsoufifre le fléau surer cette conduite. Je rapporterai
» de la euerre , ou jouisse de la dou- un peu au long sa censure , et n^aurai
» ceur de la paix, que nous demaur pas peur d'en être blâmé, comme à
>i dons à Dieu de tout notre cœur, il Fégard de plusieurs autres citations.
» ne sorte point des voies de la grâce empruntées de certains livres qui ne
)) qui conduisent à celles delà gloire, sont rien moin» que rares; car le li-
» Et afin que la postérité ne puisse vre de ce jésuite n'est guère connu ,
» manquer à suivre nos volontés en et ne se trouve presque plus. Citons-
» ce sujet, pour monument et mar- en donc hardiment un bon morceau ,
» que immortelle de la consécration qui nous apprendra qxie Louis Xllî
» présente que nous faisons , nous fe- n'aimait point qu'on louât â ses dé"
n rons construire de nouveau le grand peas le premier ministre. Il sentait
» autel de l'église cathédrale de Pa- sa dépendance , mais il était fâché
>• ris , avec une image de la Vierge , qu'on s'en aperçût ; et il est même
M qui tienne entre ses bras celle de certain que le cardinal ménageait
3> son précieux fils , descendu de la adroitement, dans ses paroles et dans
}) croix ; nous serons représentés aux sa conduite extérieure , la délicatesse
» pieds et du fils et de la mère, com- de son mattre. Ainsi , M. Godeau se
» me leur offrant notre couronne et servait de flatteries qui n'étaient ni
» notre sceptre. Nous admonestons conformes au décorum, ni à la pru-
>» le sieur archevêque de Parb , et dence (io5j. Cum Ludouicum JklII
» néanmoins lui enjoignons que tous offerentem se ac regnum Mariœ Vir-
» les ans, le jour et fête de l'Assomp- gini, induceret, huic de isto- sermo-
y> tion , il fasse faire commémoration nem affinxit , qui lotus ahhorreat a
» de notre présente déclaration a la j^gis sensu et eonsuetudine , cardi-
» grande messe, qui se dira en son nalis prudentid , ac t^luntate , reina-
» église cathédrale , et qu'après les turd. Quid attinuit a rege , sanctis
» vêpres dudit jour, il soit fait une ac religiosis suis ad Dà matrem pre-
)> procession en ladite église, à la- cibus , cujusquam mortalis laudes
» quelle assisteront toutesles compa- admisceri ? quid necesse fuit y minute
» gnies souveraines , et le corps de atque enucleatè exaggerari ? quid
}) ville, avec pareille cérémonie que convenit tam multis in tam. exiguo
» celle qui s'oDserve aux processions carminé? F'eràm remitto pessimt
» générales les plus solennelles. Ce poêtœ errata, atque condono. Quis
» que nous voulons aussi être fait en hoc , Antoni , tibi ignoscat , t^el ciuis
» toutes les églises , tant paroissiales bonus , uel vir non excors , quod régi
» que celles des monastères de ladite socium et consortem regni int^idiosis^^
» ville et faubourgs, et en toutes les simè addidisti ?
), villes bourgs et villages dudit dio- ^...j;. ^.^ q„,„„ .j ..^^ „.„i,j^
» cèse de Paris. Exhortons pareille- Avec moy tiendra le timon.
» ment tous les archevêques et évê-
» de notre royaume , et néanmoins (io4) François VaTaueur , digm$4 sou* U
» leur enioigQons de faire célébrer "o*» ^« Candido» Hé«ychia9.
•* ° (io5) Anton. Godellns, EpucopaiGrassestis,
^io3) Tome XXI t^ Pog' 984 «( -fuiV. Voyez ntritm Pn«ta, pa;. 8a ei ieq%
riIUloire de PEdit de Nantca , tom. //, p. 678. (*) Pag. i3C.
J
LOUIS XIII. 46,
^2£id ais f perduellis? Tenir le timon labofiosissimum , patientid injuria -
avec le roi , tenere clavum et princi" rum cœli ac terrce insignem , qui mul'-
putum cum rege pariter ? neque est tipUci et dipersd in uttimas regni oraa
cnîm istuc proregem aeere , sed una expeditione , paletudinem et corpus
cMAiji rege regemesse» %)uod si défi" amisit, neque uitam longiits, quant
lio régis unico , hereae proximo et in quartum et quadragesimum annum
t^ero , pâtre uiuo , dicas , crimen im- produxit (io6).
minutœ majestatis incurvas : ciim de (T) VautoritéroY aie se fit sentir...
€ilieno , de cit^ey de administra , deeo^ plus fi)rtemen^quelle n'àuait jamais
çuî hoc sine scelere cor' " ^--^ — =»_- ^t ,, .
sit , dixeris : omni cul
sione, pœnâ liber sis
majestas videretur r quam n aTait fait sous les monarques les
^narus istorum cardinalis , neque moins dépendaus de leurs ministres ,
4juidquamtamverenSj quhmne quis et les plus habiles dans Part de re-
istiusmodi parUm consiaeratus semio gner . C'est proprement sous Louis XIII
^t improbus ac seditiosus ad aurea ne- que les rois de France ont e'të mis hors
gis accederet, aut in t^ulgus serperet? de page , et non pas sous le régne ^e
«£ mirum sit y ni apud utrumque , si Louis XI. C'est au cardinal de niche-
modo légère scriptiunculam islam lieu qu'on doit imputer cela j c'jest
tuam curaffit , grat^iter offenderis. lui qui commença l'œuvre de la puis-
I^rresertim ciini nihilexcusare posseSy sance arbitraire , et qui l'amena bien
fieque hoc t" ' '
neque ullis
-cessitate coactumjecisse ; cui tàmja- la suite a montré qu'il manqn
cilefuerit tàm apertum nef as aduer^ coup de choses à cet ouvrage j on les
tere , et inwidiam verbis atque aspe- y a jointes depuis, ou on les y joint
riiatem uel tollere omninb^ , vel sic encore. Les peuples et les magistrats
mitigare i Tandis qu'un si sage mi- sentirent cette nouveauté, et en mu r-
nistre dessous moi tiendra le timon... murèrent (107). Ce fut le sujet de
5')uod seauitur, satis ndiculum, eun^ mille conversations. Costar raisonna
em carainalem unum opponi inferis une fois contre un politique qui lui
ac dœmombus cunctis (**) : Les enfers soutenait, a qu'il n'y a point de prin-
n'ont point de démon , dont je crai- » ces plus dangereux que ceux qu'un
gne rien de sinistre. Et hocarrogans . » poète latin (108) appelle nimiàm
ac propè impium (**) : C'est par lui » reges ; des souverains qui sont trop
que tout m est possible. JS^empè si » souverains, et des rois qui sont trop
cardinalis affuisset , non esset rex » rois» » Ceux qui voudront voir les
mortuus. P^itandum sank fuit , ut ne raisons de M. Costar n'ont qu'à lire
id uMurpares , in quo aperla assenta- la denûière lettre de ses Entretiens ,
tio minimum estf quod reprehendaturf Sous les règnes faibles , dit-il (109) ,
illum ipsum regem futurum fuisse , les guerres étrangères et domestiques
nisi reei adjutoret cornes adjunctus sont inévitables. Si un îm n'est bien
esset C^). Et vous en eussiez fait un absolu chez soi, il est impossible qu'il
roi , etc. JVon possum verb tibi , Go- soit redouté chez ses voisins , et le mé"
délie, non succensere quod in tàm pris que les ennemis feront de ses for-^
effîisis administri regii taudibus, re- ces , excitera nécessairement leur am~
gem deprimis , et nobis exhibes som- bition et leur avarice... Pourvu qu'on
niculosum , ac nihil agentem , qui hoc laissefaire M. le cardinal , pourvu
etiam confiteaturde se : que Vieit ne se contente pas de lavoir
Je (M) goûte en reposle sommeil, etc. montré aux hommes, et qu'il nous
Quemporrb regem ? vigilantissimum, _,t'<^) ^* P^*^ Vav«Meur #« tromp». Louis
XI II ne vécut qu» quarante-un ans et pris de
fmt\ p^- ,M deux mois.
r) p4: .37. <';3i J^ssJ:: «*~"-'^ «••»«-. p- •4'-
(•»} Ibidem, (,09) Costar, Entretieu avec Voiture, vag.
(•*j Ibidem. 563. "^ ** -
4621
LOUIS XIII.
laisie jouir longues années du beau
présent qu'il nous a fait en le don-
nant h la terre ; tous ces petits tierce-
lets de rois , qui partageaient en quel-
que sorte le royaumeX i lo), verront leur,
tyrannie détruite ; et s'ils sont encore
considérables , ce ne sera plus par la
puissance de mal faire , mais seule-
ment par le mérite de leur personne ,
et l'utilité de leurs services..,. Il y a
long-temps qu'on a çpmparé le peu"
pie à la mer (ut), qui est naturelle-
ment tranquille , et qui jouit d'une
honace continuelle , si elle n'est trou-
blée par la violence des vents. Mais
notre sage pilote a trouvé l'invention
de les lier y de les enfermer, -et de s'en
rendre le maitre ; de façon qu'en l'é-
tat oii il nous a ntis , s'il se pouvait
élever encore quelque trouble ou quel-
que sédition manquant de chefs pour
la conduire et la soutenir, les remèdes
en seraient aussi aisés que les causes
en seraient légères ; car cette multi-
tude dont nous parlons est un mons-
tre qui a son cœur dans la tête, aussi-
bien que son esprit ; et Tacite a dit de
la populace , que n'ayant point de
conducteur i elle est toute tremblante,
toute effrayée et toute étourdie ; Vul-
fus sine rectore , pavidum , socors.
oiU comment il faisait Papologie
des arrêts de bannissement et de
mort, à quoi il avait fallu recourir
pour dissiper les factions. Dans les
maladies intestines , ajouta-t-il (iia)>
dont la France était travaillée , il a
fallu pour la sauver lui réitérer les
saignées,
(V) Je ne crois pas que le parle"
ment de Paris ait jamais souffert une
mortification aussi honteuse qu'en
163 1.] Le roi ayant été averti des prë-
paratifs de guerre aui se faisaient en
raveur du duc d'Orléans presque par
tout le royaume (ti3), et cfue la
Bourgogne devait être le principal
siège de la rébellion, y accourut
promptement. Cette diligence obligea
le duc a se retirer (i i4) sur les terres
des Espagnols avec ses fauteurs. Ceux-
(110) Conf^re% ce qua destuf^ remarque (A)
tie l'article ui>itB(Louiii), lom' VI I^ pag. 4i5.
(m) Voyet, lom. VJ ^ V"^' q3 « 'a citation
(*]S) de l'article ËnouAmo IV.
(il 9) CoaUr , Entretiena , pag. 565.
(1x3) Vojret le Minictère do cardinal de Ri'
clielira , lom. /, pag. Ï07.
(1 14) /i Besancon.
ci furent déclarés criminels de lèse-
majesté. La déclaration ayant été vé-
riiiée an parlement de Bourgogne
^iiS) fut envoyée au parlement ùf
Paris , où les opinions se divisèrent
tellement qu'il y eut un arrêt dépar-
tage au lieu d'un arrêt de vérification
(116). « D'où vint que le roi, étant
» de retour à Paris , fut obligé , pour
M ne laisser un tel désordre sans cor-
» rection , de mander le parlement
» au Louvre , avec ordre d'y venir à
» pied comme coupable , et en éMf
» de recevoir la réprimande qu'il
31 méritait , pour faire entendre qu'il
» ne lui appartient pas de dëiibérer
» sur les afiaires d'état ; qu'il ne lai
}> envoyait les déclarations qu'il fai-
>» sait sur cette matière, que pour les
» publier, enregistrer, et faire ob-
» server par ses peuples ; et qu'il dc-
» vait apporter d'autant moins de
X difficulté à publier celle dont il est
» question , qu'il y a bien de la dif-
» fôrence entre une commission qui
» est délivrée pour faire le procès à
M quelqu'un et le juger, et une de-
» claration qui est publiée par sa
» majesté pour faire connattre à se5
» sujets ceux dont il se plaint j les
» raisons qu'il en a et pour lesquelles
}> ils sont coupables du crime de lèse-
» majesté : vu que, dans une décla-
» ration, sa majesté leur laisse un
» certain temps pendant lequel \h
» peuvent obtenir grâce de sa clé-
• » mence , s'ils y ont recours , et que
» même après, cela on ne laisse pas
» d'observer toutes les formalités né-
» cessaires aux procès criminels avant
» que les condamner. Cela fut fait
ïi dans le Louvre , le roi séant en »on
» conseil , et le parlement, en corps.
M élant à genoux en sa présence , et
» mente après que le garde des sceaux
» lui eut fait entendre , de la part «ie
» sa majesté, qu'il n'avait pas Tauto-
» rite de juger des déclarations dVtat
» qu'il lui envoyait , elle déchira d<^
» sa main l'arrêt de partage, qui
» avait été écrit dans les registres du
j) greffe , et commanda d'y mettre en
» sa place celui de son conseil , par
» lequel il le cassait 5 avec défen.«5es
» de mettre en délibération à Tarp-
» uir semblables déclarations : eten-
(ii5) Minintère de Ricltelien ,lom. f.p. i^S-
(116) àabcri , Ilifilnirr do rardiaal Ae IMrVt
Jim , liv. If , chtip. XVJty futg' m. 3o3, 3of
»
»
>»
LOUIS XIIL 463
fin , pour expier la faute de ce dowent prendre connaissance de eause
corps sur quelques particuliers , at^ant que de juger sur une commis-
par ordre de sa majesté, les prési- sion; et qiCau contraire ils ne soient
H eus Gayan et fiarillon , et le tenus de vérifier, sans aucun délai
sieur Lesnë, conseiller, recurent ni délibération, une déclaration qui
commandement de sVloigner pour laisse toujours aux criminels un cer-
» trop peu de respect „ .„..„».^„,. ^ .«.», ^,,.c;«..x^ re-
» et de la conduite de 1 e'tat (117). » montrance du garde des sceaux étant
Il y a dans les pays étrangers une acheuée, le roi se fit apporter le re-
infinité de gens qui s'imaginent que gistre de la cour, et marquer la feuille
c'est par un changement tout-à-iait oii était V arrêt de partage , que lui-
moderne que les parlemens de France même déchira, et r fit insérer au lieu,
ont e'té exclus du partage de la sou- l' arrêt du conseil de ce même jour, la
verainetc. Il y a même plusieurs de mai, par lequel très -expresses
Français qui sont dans une pareille inhibitions et défenses étaient faites
erreur- H ue sera donc pas inutile de à ladite cour de parlement, de mettre
marquer ici par des faits certains et à Tavenir en délibération telles et
incontestables, qu'il y a long-temps semblables déclarations, concernant
qu'on a déclaré au parlement de Pa- les aiï'aires d'état , administration et
ris les bornes de sa fonction , et cela gouyemement d'icelui , à peine d'in-
sur le pied d'un ancien usage. Cette terdiction de leurs charges , et de
compagnie étant au LouTre, l'an i63i, plus grande , s'il échéait : et pour la
dans la posture qu'on vient de mar- faute commise en ce regard par la-
quer (110), le garde des sceaux , de dite cour , était ordonné que lesdites
Chdteauneuf, blâma fortement le pro- lettres de déclaration seraient retirées
céàé de messieurs du parlement de d'icelle , avec défenses très-expresses
Paris , et leur justifia , par quantité de de prendre aucune j uridiction ni con-
rai50/i5, et PAR DIVERS EXEMPLES, ^z«e naissance du contenu en icelles. U
le parlement ne peut et ne doit point n'y eut jamais personne qui fût mieux
connaître que des affaires des particu- instruit des lois du royaume que le
liers , et des differens qui sont de par- chancelier de l'Hospital. Voyez néan-
tie h partie , et non pas des étires moins de quelle manière il fit parler
détat, dont le souverain se réserve a Charles IX (i 19). Bodin vous appren-
lui seul la connaissance. Que lors dra que ce prince £t un arrêt, le 34
même qu'il s'agit défaire le procès de septembre i563, pour défendre au
aux princes , aux ducs et aux offi- parlement de Paris de mettre en dis-
ciers de la couronne , pour des mal- pute si l'on vérifierait ou non les
versations en la direction des finances édits que sa majesté leur enverrait
et du maniement de Vétat, il est né- (lao). François I*'. avait fait une
cessaire, afin que les parlemens en semblable ordonnance , l'an i5a8
puissent connaître, que le roi leur (121) *.
adresse une commission expresse qui (X) // s'imagina que ses troupes
étende , en ce cas , leur juridiction or- ^
cUnaire; ou que sa majesté y assiste („g) Tom. VlIT, p„g, ,6r . ^mar^ (K)
en personne , et qu elle autorise , par d* l'article Hospitak (Micliel de 1').
sa présence, l'instruction de ces pro- (120) Bodin. , de Repnbiica , Ub. Ili^ chap»
cédures extraordinaires. Que d'ail- ^^ P^e- ^^^edU. laiinœ, 1600.
Uurs Y ayant grande différence entre 1'"^ ^^"^ ' **'^'""- .
une commission pour faire le procès , ^^J^ f*"î/3IÏ* rj^l." '""^ ^'''rS"
_, r j r y «lonte :• le parlement «Tait recoaoa qa'elle^
et une déclaration qui note seulement • (les affaires d'éut) n*étaient pas de sa eomp£.
ceux dont le roi se plaint , l'on n'a * tence, dès Vmanée i483 , par la boache de son
jamais douté que les parlemens ne ." î::r;ï.r<rSHtL]d. U^c^f^JZ;,;,^^^
/ \ «■• • .L J J' ij Tï'i !• . •!«"'»'«»• '«P'^senln que le parlement ne pfe-
(117) Ministre da cardinal de Rjcbeheu, tom. . naii connaissance que des procès entre parti-
I, pag. 3»8 , aig. , Cttii>«. Vous trooTcrei cela dans la R/ptSliane
(1 18) \aberi , Histoire du cardinal de Riche- « de Bodin, qui l'a pris, je pense , dans VHUtoire
lie» , liv. IF^ chap. XVIIy pag. 3o4. - du règne de Charles yiH. •
464 LOUIS XIII.
étant commandées par les créatures que ce fut ce qui empêcha le roi de
du cardinal, il rCen disposerait pas."] satisfaire FeiiTie de le rainer. Voyez
Les mémoires de M. d'Artagnan nous un peu en quel état furent les chose»
apprennent que Cinqmars, farori du après la mort de son éminence ;
roi, conçut beaucoup dVyersion pour Toyez-le, dis-je, dans ces paroles de
le cardinal de Richelieu , depuis qu'il M. de la Rochefoucauld (i aa). J*arri-
eut remarque que cette éminence t*ai a la cour y que je trouvai aussi
empêchait qu'il nMpousât une prin- soumise a ses volontés (i34) après sa
cesse. Il tâcna de porter le roi à con- mort , qu'elle l'avait été durant sa
gédier ce ministre ; et il croyait avoir vie. Ses parens et ses créatures y
remarqué que si sa majesté ne le chaS' avaient les mêmes avantages quU
sait pas a auprès d'elle , c'était bien leur avait procurés ; et par un effet
moins manque de bonne volonté que de sa fortune , dont on trouvera peu
parce qu'elle l'appréhendait. Elle lui d'exemples , le roi, qui le haïssait et
avait répondu effectivement, quand il qui souhaitait sa perle , fut contraini
lui en avait parlé , que ce qu'il lui non-seulement de dissimuler ses sen-
proposait la était bien difficile; qu'il timens , m.ais même d^ autoriser la
ne faisait pas réflexion que ce minis~ disposition que le cardinal de Riche-
tre était maître de toutes les places de lieu faisait par son testament , des
son royaume et de toutes les armées principales charges et des plus im-
tantde mer que déterre ; que c'étaient portantes places de son royaume. H
ses parens et ses amis qui les comjnan" choisit encore le cardinal Mazarin.
datent, et qu'il pouvait les faire ré' pour lui succéder au gouvernement
volter contre elle toutes les fois et des affaires, et ainsi fut assuré de
Î'uantes que bon lui semblerait (in^). régner bien plus absolument après sa
oignons à cela une réflexion. Les fa- mort, que le roi son maître n'avait
vons des princes , ou ceux qui ont le pu faire depuis trente-trois ans qu'il
plus de part au gouvernement , s'ap- était parvenu a la couronne. Maû
pliqtient pour Pordinaire avec une pour né rien oublier, il faut que
vigilance incroyable à se faire don- j'observe qu'il était du service du
ner , ou à procurer à leurs parens les roi , qu'en ce temps-là les armées et
emplois les plus lucratifs et les plus les places fortes ne fussent point
glorieux. On dirait rju ils se regar- sous la direction des ennemis du
dent comme les héritiers du genre cardinal. L'habileté de ce ministre
humain ^ il n'y a point de charge va- n'eût point suffi à le maintenir sans
cante qu'ils ne demandent ou pour les bons succès qui accompagnaient
eux, ou pour quelqu'une de leurs les armes du roi. Il eût fauu néces-
créatures. Il y a des gens qui n'attri- sairement qu'il succombât , si les
buent cela qu'à une avarice insatia- guerres de Louis XIII eussent été
ble , et qu'à une ambition démesu- malheureuses. Il était donc de Vinté-
rée : mais il est sûr que si au com- rét de ses ennemis que les Espagnols
mencement ce sont les causes uniques triomphassent, et missent le royaume
de ce procédé , la prudence dans la dans une continuelle frayeur. Que
suite en est le plus grand motif; car n'auraJt-on pas eu à craindre , si les
les envieux et les ennemis d'un pre- généraux français eussent souhaité la
mier ministre, s'augmentent à me- ruine du cardinal, et si leur destin
sure que son autorite se fortifie ; il a particulier n'eût pas dépendu de
idonc de jour en jour un nouveau be- celui de ce ministre? Ceux qui sou-
soin de se faire des appuis et des haitaient sa perte eurent un In's-
remparts ; et c'est pourquoi il ne grand plaisir des prospérités des £»-
cesse point d'éloigner des charges les parois, l'an i63o, et le comte de
Sersonnes qui lui sont suspectes , et Soissons, prince du sanç, s'acquitta
'avancer ceux qui se dévouent à sa très - mal de son devoir , lorsqu'il
ibrtune. Le cardinal de Richelieu se fut question d'arrêter cette tempête,
maintiïit par-là , et afTermit de telle C'est qu'il n'aurait pas été marri
sorte sa puissance , quMle dura plus qu'elle s'augmentât jusques au point
que sa vie. Vous avez vu dans le pas- , ,, ^. . , „ ^ , • , , u
^ i^„ ««^w.«,;««B A»\t J» A »»«^»« V»»3) Mémoires de M. de la KociieroaMUtf,
sage des mémoires de M. d Arugnan, ^^^ ,^ ^^^„ i^ remanfue (Z).
{i2i) Mémoire» d'Àrtegntn , pag. 180, {*^i) C'est-à-dire , du cardinal d» Richelitt^
LOUIS XIII. 465
e forcer le roi à sacrifier le cardi- diaboliquement satirique touchant
al à Pindignation publique. DTous ces amours de Cinqmars.
* eussions jamais cru, ce sont les ter- (Y) On le sollicita soutient de don-
les d'une déclaration du roi (laS) , ner ordre, ou de permettre qu'on
u après avoir pardonné au comte de tuât ce cardinal,"] J^ rapporte dans
'oissons y notre cousin , la maut^aise la remarque précédente la réponse
rusqztc qu'il fie contre notre sen^ice, que fit Louis aIII à la proposition de
n \S3G, lorsque nous confiions nos disgracier le cardinal. Cette réponse
irmes entre ses mains , il se fût em- fit conclure à son jeune favori (i3o) ,
arqué de nouveau, etc. Voyez ce qui que quand il aurait tué le cardinal,
i été clit ci-dessus (i!i6) touchant la le roi serait bien aise tout le premier
evée du siège de Fontarabie. d'en être défait, bien loin de songer
On a vu au commencement de à le venger : ainsi se confirmant tou-
:ette remarque que le cardinal de jours de plus en plus dans le dessein
[\ichelieu irrita Cinqmars en l'em- de faire périr ce premier ministre ,
péchant d'épouser une princesse, il tâcha d'engager Tréville à l'exé-
N'engageons point le lecteur à la fa- cution. (i3i) « Mais Tréville qui
tigue de consulter un autre ouvrage: » était sage et prudent lui répondit,
disons ici que cette princesse était la » quand il lui en parla , qu'il ne s'é-
méme Marie de Gonzague qui épousa » tait jamais mêle d'assassiner per-
le roi de Pologne quelque temps » sonne , et que c'était tout ce qu'il
après. Elle avait été aimée du duc » pourrait faire si sa majesté lui té-
d'Orléans , frère unique de sa ma- » moignait elle-même qu'ail y all.1t du
jesté ; mais la reine-mère , pour em- )> bien de son état. Cinqmars lui re-
pêcher qu'il ne l'épousât , la fit met- » pliqua que s'il ne tenait qu'à le
tre dans le bois de Vincennes (127). » lui faire dire , la chose serait bien-
Cette détention finit peu après par m tôt faite , qu'il s'en faisait fort
ordre du roi, qui promit, en i6ji , » avant qu'il fût deux fois vinçt-
à son frère , qu'on lui permettrait » quatre heures , et qu'il ne lui de-
de l'épouser (128). Le duc d'Orléans » mandait sa parole qu'à cette con-
ne profita point de ces ofires : il mé- >> dition. Tréville la lui donna sans
ditait une rébellion ç|ui fut réprimée « faire trop de réflexion à ce qu'il
dès su naissance , et il se sauva dans » faisait. Cependant , soit qu'il ne le
les pays étrangers et s'engagea avec » fît que parce qu'il ne crût pas ^ue
une sœur du duc de Lorraine. L'une » le roi consentît jamais à pareille
des six choses qui donnèrent à Cinq- » chose , lui qui ne faisait que dire
mars une furieuse aversion pour le » tous les jours qu'il était au déses-
cardinal de Bichelieu , fut qu'en lui » poir d'avoir fait tuer comme il l'a-
parlant de la princesse Marie de » vait fait le maréchal d'Ancre , ou
Gonzague , il ajouta que sa mère le » qu'il se laissât un peu trop aller à
voulait marier avec elle. F'otre mère, » son ressentiment. Cinqmars n'eut
répondit son éminence, est une folle ; » pas plutôt sa parole qu'il pressen-
et si la princesse Marie a cette pen- » tit sa majesté là-dessus. Le roi, qui
sée^ elle est plus folle que votre mè- » était naturel, lui avoua qu'il ne se-
re. Ayant été proposée pour femme » rait pas trop fâché d'être défait de
de Monsieur, auriez^ vous bien la » son éminence, sans pensera quel
vanité et la présomption de la pré- » dessein il lui faisait cette propo-
tendre ? c^est chose ridicule (120). No- » sition. Il crut que ce qu'il lui en
tez que l'auteur des Galanteries des w disait n'était qu'une chose en l'air,
rois de France a débité une chose » et comme quand l'on demande à
M quelqu'un si l'on serait joyeux ou
(1.5) D«j/e du 8 d0 juin '64»;/^«»r" 'w Mé- „ f^ché que telle ou telle chose am-
noires de Moatrètor , pac. in. 307 , 368. a. r^ • i*i ■<. r>*
(.»6) Dan, la ren^tu. (D) i.VariUUY<,^^ » \^t- Q"«* ^^ "^ «n SOlt , CinqmarS,
TA&ABiB, lom. r/,pa^.5oi. » tirant avantage de cette réponse,
(127) Auberi, Hiiioire dn cardinal dr Ricbe- » fut retrouver Tréville et lui dit
l»«a , iw. IVy ehap. VI ^ pag. m; a6g e< «70 du y, ^e tâter le roi Tréville mit
/•'. tome.
tia8) Lh mfme , ehap. XVIy pag. 998.
(119) Voye* U Journal du cardinal de RJcbe- («3o) Mémoirai d*ArUgnan, pag. 181.
lieu , pag. ao8, édu. <l« 164'» in-ii. (*3i) Là mfme.
TOIVIK IX. 3o
LOUIS XIII.
OB
dans
» bliger des personnes de condition, mon Dictionnaire.
» pour s'assurer contre tout ce qui (BB) // est fort probable qu'il ni-
» pouTait arriver dans une révolu- gnoraitpas les intrigués de la rfeineS]
que ce n avait pas
3ui était alors sur les lieux , et sujet que ce cardinal , se conforrnant
ont Tesprit n^avait pas moins de en cela au goût de son maître, l^avait
distinction que la naissance. Une au- tenue de court: car si on lai eût
tré personne de qualité, et fort md- permis de se mêler des affaires , elle
lée dans les intrigues , nous fournira eût eu ses adhérences , et ses cal>a/iV
de cjuoi confirmer notre texte 5 et tes j et c'eût été le moyen de multi-
Toici ses paroles; elles contiennent plier les factions , qui nVtaient déjà
un trait satirique contre le roi (i44) • que trAp importunes. Indiquons en
« Quelque temps auparavant, le car- gros ce qu'elle fit pour parvenir à
» mnal Maznrin et M. de Chavigny une régence plénîère , malgré les dé-
)} portèrent le roi à la délivrance girs et les volontés du roi son époux.
» des maréchaux de Vitry et de Bas- Le cardinal avait remontré à ce pria-
» sompierre, et du comte de Cra- ^e que vu la dernière conspirtMtion
1» mail. Le moyen dont ils se servi- contre Vétat , où Cinqmars auait em-
M rcnt en cette occasion mérite d'ô- ployé le nom et l'autorité de son
V tre écrit, n'étant pas mal plaisant; altesse royale , pour donner plus de
D car ne voyant pas que sa majesté y poids et de crédit à sa faction , . . . •
» eût beaucoup d'inclination , ils la n ne serait pa^ a propos , en cas quil
» prirent par son faible, et luire- ^int faute de sa majesté y délaisser
» présentèrent ((ue ces trois prison- prendre au duc d* Orléans , sonfrèrcy
» niers lui faisaient une extrême dé- /^ régence et le gouvernement du
3» pense dans la Bastille , et que n'é- royaume , et moins encore la tutelle
jt tant pas en état de faire cabale etl'éducationdes fi/s de France (14^}-
SI dans le royaume , ils seraient aussi Le roi goûta fort'cetavis du cardinal,
» bien dans leurs maisons où ils ne et ayant su que dès le premier ou
» lui coûteraient rien. Ce biais leur ig second de décembre 164^ , la .«inte
3» réussit ; ce prince étant préoccupé ^^ ce premier ministre était déses-
» d'une si extraordinaire avarice , p^rée , il se hâta d'exécuter ce con-
» que tous ceux qui lui pouvaient geil , de sorte que le mercredi , 3 du
» demander de l'argent lui pesaient mois, il manda les présidens du par-
» sur les épaules, jusque-là qu'a- ïement de Paris , et les gens du roi ,
» près le retour de Tré ville. Beau- et leur dit qud avait fait dresser une
» puy, et des autres que la violence déclaration pour ex cuire de la régen-
» du feu cardinal l'avait forcé d'à- ce , en cas que Dieu disposât de lui ,
» bandonner lorsqu'il mourut , il le duc d*Otiéans son frère , ri qui û
» chercha une occasion de leur faire avait déjh paidonné jusqu'à six fois ,
» une rebuffade â chacun, pour leur et à qui il ne croyait pas devoir aprèi
» ôterTespérance d'être récompensés cela confier ce qu'il avait de plus
» de ce qu'ils avaient souflèrt pour cher^ son état et ses deux fils ; et que
• lui. A la liberté des prisonniers U parlement eût a vérifier le plus t6t
» suivit le rappel des exilés (i^S). » qu'il pourrait celle déclaration si im-
Ces sortes de faits sont ceux qui ^)a- porlanle et si nécessaire pour la tranr
raissent les plus dignes de la curio-
(i43) Mémoireg de U Rocb.foacnuld . pag, {\lfi) ^y« '*' V^S'^'I^x r*u-?" ^w/!. hÏ
\ g elieroucauld , ceux de M de la Cbatre, eiln K«-
(là) Mémoire! de U Cbllre , p. M)6 , «q-?. P«"f **« *" je comte de Brieane , ans Mémoirei
(145) ^oye», * U pag* 3og dejf mSmet de M. de la CMtre. . .« •
Mèmoîree de U Claire, U rapyel des auirts (147) Auberi, HUloire da cardinal Huana.
LOUIS XIII. 469
Y ni liî té publique (i/iS). Elle fut en- » Paris, et de secrétaire des corn-
^egistrëe le 5 da même mois, pour » mandemens (i5i). » Cette dëdara-
ftne pleinement et entièrement exécu" tiou ayant été lue tout haut dans la
(ee Ci4£[)* ^^ santé du roi s'afiaiblis- chambre de sa majesté' en présence
sait de jour en jour , et personne ne des princes et des ducs et pairs, etc. ,
jugea qu'il fût en état de vivre long- le 19 d'avril i643 , le roi la signa, et
temps ^ c'est pourquoi la cour se l'apostille qui suit : Ce que dessus est
remplit de menées et d'intrigues : ma très-expresse et dernière volonté,
les uns s'empressaient d'ofl'rir leurs que je veux être exécutée. Za re//ic
services à la rein^5 les autres son- et le duc d' Orléans la signèrent de
geaient à remettre en grâce le duc même , après s'être promis et juré
d'Orléans, On porta le père Sirmond , l'un a l'autre , de n'y point contre-
confesseur du roi, a lui proposer la venir. Ce qui ne se passa point, a /V-
co régence pour monsieur son frère gard de ta reine , sans bien verser
auec la reine Mais cette pro- des larmes , témoins de. son affliction
position déplut sijbrt au roi, qu'après et de sa douleur..,.. Cela étant fait ^
r a f^oir aigrement rebutée , et en avoir furent introduits les députés du par'
même dit quelque chose a la reine , il lement. Le roi , tout malade qu'il
ne uoulut plus entendre parler son était , leur déclara lui-même qu'il
confesseur ; et, l'ayant fait renvoyer avait fait dresser des lettres pour la
sous un autre prétexte , prit en sa régence , qu'il désirait être prompte-
place le père binet (i5o). Enfin le ment vérifiées , et qu'il enverrait
roi s'adoucit et pour la reine et pour pour cela le lendemain matin à la
le duc d'Orléans. Il fit une déclara- grand' chambre , monsieur sonfrère^
tion où « il ordonne que Dieu l'ap- monsieur le prince et monsieur le
3> pelant à lui, la reine son épouse chancelier. £n effet , elles furent lues
» soit régente \ qu'elle aitTéducation et publiées le matin même , a l'au-
» de leurs enfans , avec l'adminis- dience (iSa). La lettre de cachet qui
» tration du royaume ^ et que le duc accompagna la déclaration enjoignait
» d'Orléans , son frère , soit lieute- au parlement de la vérifier sans délai
» nant général du roi mineur dans et sans difficulté aucune. . . de tirer
» toutes les provinces, sous l'autorité ensuite de^ registre^ , la déclaration
» de la reine. Il veut que la régente contre Monsieur, frère unique du roi;
» et le lieutenant général ne puissent et de la remettre incessamment entre
» rien faire que par l'avis et le con- les mains de monsieur le chancelier ,
» seil souverain de la régence , com- pour être cancellée ou rompue (i53).
» posée de ses cousins le prince de La reine , très-mal satisfaite des limi-
» Condé et le cardinal Mazarin , et tations que l'on avait mises à sa ré-
» des sieurs Séeuier , chancelier de gence , ne s'occupa que des mesures
» France , Bouthillier , surintendant nécessaires a faire casser la déclara-
» des finances , et de Chavigni , se- tion 5 et à peine le roi eut les yeux
3) crétaire des commandemens , qua- fermés , qu'elle se transporta en pom-
» lifiés tous ministres d'état , et que pe au parlement de Paris , pour se
» le prince et le cardinal en soient faire donner une régence pleine et
» les chefs dans l'ordre qu'ils sont entière. L'ancienne coutume voulait
» nommés , en l'absence toutefois de que les veuves des rois de France se
» son altesse royale. Il entend aussi tinssent quarante jours de suite dans
qu'à la même pluralité on fussent enterrés (iSf)
» y pourvoie , tant aux plus impor- che , veuve de Louis XIII , ne s'enfer-
» tans emplois et aux principaux ma point ainsi : elle s'en alla à Paris
V offices de la couronne , qu'aux dès le lendemain de la mort du roi
» charses d^ surintendant des findn- / r ^ * v • u- . • 1 j- 1 m«
Oj. __• ' -j * * J«, («5i; Auberi , Histoire do cardinal M«Mrin -
» ces, dfe premier président et de iiv.j/pag.i^%.
» procureur général au parlement de (i5a) Lk m(mê^ pag. i3o.
(i53) La même, pag. 137.
(t48) Là mima , pag. xs5. (iM) ^V^* <^<ûi' ce volwn* , pag. 3^1 , ta
ri4g) La même, pag. 197. remarque (O) de l'articU Lonn&iJiK , au eom-
(iSô) Blimoiret da la ChftUc , pag. s^S. mrnMmtnl.
468 LOUIS XIII.
» dispOM d'ioUnt pins volontien , siU da lecteur, à beaucoujç de g/em
» que le> roiniatret.pr^voj'aDt beau- Cest pourquoi je m^imagÎDe qd
■ coup de déiordrei , etsayaîent d'o- approuvera que je les eocblsse M
» bliger des penonnei de condition, mnn Dictionoaire.
» pour ï'aMurer coolre tout ce qui (BB) U est fort probable guH
■ pouTait amrer daas une rt^rolu- gnorail pat tes inlriguifs de la n
■ tiun comme celle qui lei meoaçait. Jx, mouTcmena qu'elle se i
B Presque tout ce qui avait ë té ban- depuis la mort du cardinal de f
11 ni revint (i43)- " L'auteur qui lieu iusijues à celle du roi (
in'ai.prend ces choses est de grand t^moit^neut qu'elle était fort
poids , car c'est un grand seigneur Ueuse, et que ce n'avait pas rf
3U1 était alors sur les lieui , et jujet que ce cardinal , ae corfr
ont l'esprit n'avait pas moins de «n tels au goût de san maître,
distinction que la naissance. Une BU- tenue de court: car si on'
tre personne de qualité , et fort mt- permis de se mêler des aSaÎT'
le'e dons les intrigues , nous fournira jOt eu se» adbe'rences , et sm
de ((uoi coolirraer notre leite ; et te, ; et c'eût et^ le moyen d
Yoici ses parulesi elles contiennent plier les factions , qui n'Aa'
UDtraitsatmqueconln:leroi(i44); que trrtp importunes. Indi
« Quelque temps auparavant, le car- gros ce qu'elle Ot pour M
u dinal Mazarin et M. de Chavigny une régence ple'nlère mauT
[lortèrent le roi ^ la délivrance sirs et Tes volonte's du roi T
maréchaux de Vitry et de Bas- l^ cardinal avait reman^
n sompierre, et du comte de Cra- ce que vu ta dernière eo
■ mail. Le moyen dont ils se servi- contre l'élal . où Cinqmars
I. rent en celte occasion mente dé- ployé le nom et lauton
» tre écrit, n'éUnt pas mal plaisant^ ailesie rvrale , pour iloni
» car ne voyant pas que sa majesté r poids et de crédit à sa fisc
u eût beaucoup d'inclination , il» a Une serait pas h propos ,
a prirent par sou faible, et luire- ^tnt faute de sa majesté,
» présentèrent tjue ces trois prison- prendre au duc d' Orléans
B nier» lui faisaient une eitr^ine dé- la régence et le gouver
a pense dan» la Bastille , et que n'é- royaume , et moins eacoi
B tant pas en état de faire cabale et l éducation des kf s de I
u dan» le royaume , ils seraient aussi Le roi goûta fort cet avis i
» bien dans leurs maison» où ils ne jt ayant »u que dés le
x lui coûteraient rien. Ce biais leur U second de décembre i6
» réussit; ce prince étant préoccupé Je ce premier ministre
■ d'une si eilraord inaire avarice, p^rée , il se hStu d'eiéci
» que tous ceui qui lui pouvaient seil , de sorte que le mer
0 demander de l'argent lui neiaient n,„i,^ i| manda le» (irésid
a sur les épaales . jusque-là nu a- lement de Pari» , et les i
» prés le retour de Tréville, Beau- et leur dit ou't^ ocaïf /ai
" puy, et des autres que la violence déclaration pour CTcfurr
» du feu cardinal l'avait forcé d'à- ce, en eus que Dieu disi
■ bandonner lorsqu'il mourut , il te duc d'Oiiéans son fr
:£";
ions ïjii.
■
tr
lu-
r
* r.- /7b////^^ ' WB :. aie fut «». t ** '
-./ . 1-^nt.^ p, ,^x c'ir* ''' "" *"■'• ^••" «- .
^ i W-er .a-^ '^^^ ,^ ^^ «^^nnc.-, „.,,,, ^, ,,^.
471
. • /'
— ^^•- - -* /".'/...-^
■r f
-■^^ C€ti- tr^^
■ »■ #^ r-. ^
■ *
- ~ - - p-
*'—n r
rr.- '.
^*iti
r«.«
\t r
ir pour
• Fran-
tinioney
no tanto
ralascia-
artifitio-
follandesi
'ne la cor-
percat^ar-
vicinanza ,
za y per che
Otto alV obe-
■i cuipotenza
.1 , essi erano
iisi bastanti a
la : il chepià
> loro , quando
ire çon un po-
i stato unito , c
43.
M « »
uand) , profes-
*^ e à Franeker,
■ ■* worde dans la
' ; l'an i556. Ilfit
ans le collège de
il fut étudier dans
'Vittemberg , oii il
• ' p d'hébreu sous le
ilentin Scindlérus ;
il s'en alla à Genève,
i'ort assidu aux le—
t'odore de Bëze , et à
i^aubon * et de Fra^n-
^ {a). Ensuite il fut à
oii le prince Casimir
.nsporté Tes professeurs
>. Il s'attacha princî|)a-
aux leçons de Zacharie
. . et s'insinua intimement
os bonnes grâces. Il en re-
1 jour un éloge qui fut en
/ temps une belle preuve de
- v)Jestie de ce professeur (A)»
. i»auboa n'étant né qu^ea 155^ , étak
jciine que Lubl>ert. «• Comment donc,
! Mul Leclerc et Joly, Lubbert a-t-il pu
• !re auditeur de Gasaubon , qui d^ailleur'4
tMi i58o était encore disciple de Porlus ,
>niis qui fiayle dit que Lubbert étudia ? »
{a) H exfiitjiiaU alqrs ApoUwÙus Kho-
iiih.
470 LOUIS XIII.
•on ^pottx(i55) , et trois jours après » sWrétait pas tant aux exemples,
elle se trouva i la plus pompeuse et » qu'à la raison. Il savait que la reine
à la plus éclatante cérémonie ijui » son épouse n'entendait rien du tout
se puisse voir au parlement de Pans ; >• aux affaires , et qu'eUe ne pouvait
et selon les intngues qu'elle avait » pas s'en être acquis d'expérience ,
forme'es auparavant , elle y fit de- » n'en ayant jamais eu de commnni-
truire les dernières volontés du roi , » cation. Comme la réeence , dit-il ,
cette déclaration du mois d'avril » est de si grand poids , et que la
précédent qu'elle avait juré d'obser- » reine n'a pas la connaissance né-
ver , et qui avait coitté tant de traitait » cessaire pour la résolution des dif-
et de peine (i56) , et aui fut indubi" » ficultés inséparables du gouverne^
tahlement l'ouvrage Je jf/, le chan- » ment , nous avons Jugé h propos
celier Séguier et de M, le » d'établir auprès d'elle, et sous son
premier présiiient Mole (iSy). » autorité , un conseil qui puisse dt-
Il est remarquable que l'un des » ci^er. D'ailleurs , ce qu'O y avait de
moyens que les serviteurs de cette » particulier dans cette rencontre,
reine employèrent pour parvenir à » était qu'y ayant rupture entre les
leurs fins , fut de la porter à se servir » deux couronnes, la reine serait obli-
des créatures du cardinal de Riche- » eée de faire la guerre à son propre
lieu , et à oublier chrétiennement les » irère , le roi catholiqae. Cepen-
injures qu'elle en avait reçues. Mon- » dant, le même Louis aIII lui avait
taigu dévot de profession , mettant » déjà autrefois reproché qu'elle ne
Dieu et le monde ensemble , etjoi- » pouvait oublier son pays , etqu'el-
gnant aux misons de dévotion la » le prenait trop départ aux nouvel-
nécessité d'avoir un ministre instruit » les et aux affaires (TEspagoe (i6o).»
des choses de l'état, jr ajouta encore (CC) // n'y eut pas jusqu'au dau-
( a mon avis ) une autre considération phin qui, sans y penser, ne le chagri-
qui la gagna absolument , qui fut de ndt."] M. Boursault ayant dit que les
lui représenter que le cardinal Maza- rois sont si délicats que la moindre
rin avait en se^ mains , plus queper- chose les blesse , et que ceux méoies
sonne , les moyens défaire la paix i qui leur sont les plus chers sont quel'
et qu'étant né sujet du roi son frère, quefois ceux qui les chagrinent le plus
U la ferait avantageuse pour sa mai- aisément , en apporte cet exemple :
son , qu'elle devait essayer de main- « Un jour que j étais avec M. le pré-
tenir en pouvoir , afin de s'en faire » sident Perrault dans sa belle gale-
un appui contre les factions qui pour- » rie , M. de la Vrillière , secrétaire
raient naître en France durant sa ré- a d'état, le vint voir : et c'est de lui,
gence(i5S). Un prophète n'aurait pas » monseigneur, que je sais ce que je
mieux rencontré que Montaigu ; car » vais vous apprendre. Le roi , qui
il s'est trouvé qu'au bout de seize ans » n'était encore que dauphin , fat
le cardinal Mazarin a conclu la paix » baptisé à Saint- Germain , le ai
avec l'Espagne , si avantaseusement u d'avril i643 , àeé de quatre ans,
pour cette couronne , et si aésavanta- » sept mois et quelques jours. Louis
geusement, pour la France , que les » XIII ne put assister à cette cérémo-
plus éclairés ont cru qu'il n'en usa de ]> nie. 11 était malade , et mourut
la sorte que par les prières ou par les » vingt-trois jours après. Au sortir
commandemens de la reine-mère , » du baptême, on mena monseigneur
en qui le roi son mari avait toujours » le dauphin au roi , à qui il apprit
remarqué un cœur espagnol ; et de » qu'il venait d'être baptisé. J'en
là vint en partie au'il voulut que sa » suis bien aise , mon fils , répon-
régence dépendit au conseil qu il lui m dit le roi. Hé comment vous ap*
enjoignait (tSg). « Louis-le- Juste ne i> pelez-vous ? Je m'appelle Louis
1) ^If^ , repartit ce jeune prince ,
f*?9^'.""! "*?"''"' ''•^."""'^''''".''il?' . » sans penser à ce qu'il disait, et
/iV. // pan i4q. " peut-être même sans en savoir la
(iS:) M. Aubêri, là m^e, dU 4jue M, du » conséquence. Cependant cette ré-
Pny en avait foumiUs nUmoirM fies exempUs » ponse chagrina le roi : dans l'état
#< les auiQril'''t,
(|58J Mémoires dcU Chttre , pag. 817. (160) Auberi, Histoire du cardinal Mts«rip|
(iSq) y'<y^s* t ci-destus , ciuuion (i^« paig. iS» , 1 53.
LUBBERT-. 47''
»> où il était , il la prit pour un mau^ Hollandais aimaient mieux avoir pour
>> vais présage j et se tournant de voisins les Espaenois que la Fran-
ii Pautre côte, pas encore, dit-il, ce. Questa benche buona opitùoncy
» pas encore. Quelque flatteur ( car e uscita di bocca d'un capitano tanto
)> les princes ont le malheur d'en prudente , nondimeno non tralascia-
)> avoir avant qu'ils sachent parler ) rono alcunidi dwisarla per artifitio-
ii avait déjà entêté cet auguste enfant sa ; conciosia che gli Hollàndesi
» du grand nom qu'il devait hientôt credevasi , che amassera bene la cor^
M porter, et fut cause de la petite rispondenza cotli Francesi per cauar-
i> mortification qu'il donna innocem- ne aiuti , ma non già la uicinanza ,
» ment au roi sou père (i6i). e maggior loro grandezza yper che
(DD) Ce que j'ai rapporté sur le st'ando quelle pix>uincie sotto alV obe-
peu dejruitque ton tira de la uic dienza â!una corona , lacuipotenza
toirc d'Auein ( 162 ). 3 J'ai cité M. era lontana ,. e disunita , essi erano
Silhon , qui assure que les artifices statiy e tuttauia uedeuansi bastanti a
du prince d'Orange empêchèrent les difender la loro liberta: il che pià
Français de profiter de cette victoire ; difficile sarebbe riuscito loro , quando
et j'ai observé que cet écrivain pu- hauessero hauuto dufare con un po-
bliait éela l'an i65i , et que je ne tentato di forze, e di stato unito , e
voulais point citer ceux qui ont écrit loro confinante (166).
après l'an 1672 : je liens encore la , ^« ,. ^
même route , et voilà pourquoi je <^^^ ^ '"^'"^' J"^' 343-
lilfKr^'^^'.ta^rcrea^^^^^^^ LUBBERT (S.bra.o) profes-
autres choses, ^Me/e/;rïrtce£f'Oni/i^e seur en théologie à Franeker ,
at^ait su trouver y sans le faire parai- naquit à Langoworde dans la
tre , les moyens de sacrifier a sa prise , environ l'an 1 556. Il fit
jalousie la plus belle armée au on eut 1 -a' j 1 n ^ 1
-^ ^ ..,./a^«. .^ .;i./. /.fc/^ nfo,-» ses humanités dans le collège de
encore uuedans ce siècle (ife4). Mais Jf» humanités dans le colleg
ime lan lo^o. i.est un msto- apprit beaucoup
rien assez fameux , c est le comte ^^ g» tr i *• o ' t\ ,
Galeazzo Gualdo Priorato. Il raconte professeur Valentm Scmdlérus ;
(lôSXqneles généraux français furent aprës quoi , il s'en alla à Genève,
d'avis qu'au lieu d'assiéger Louvain et se rendit fort assidu aux le-
on marchât tout droit à ^ruxeltes. Ce ^^^^ j^ Théodore de Bëse , et à
conseil fut suivi : mais le prince ^i, tri i a^ji-t»
d'Orange , en ayant trouvé difficile celles de Casaubon * et de Fran-
l'exécution , reprit la route de Lou- çois Portus (a). Ensuite il fut à
vain , et fit connaître que la prise Neustad , ou le prince Casimir
de cette place serait importante. ^^^^^ transporté Tes professeurs
L^histonen ajoute qu il y eut des gens ,^ , fi » ^* i.* • ■v
qui trouvèrent de l'artifice dans ce relormes. Il s attacha prmcij)a-
procédé , vu qu'on croyait que les lement aux leçons de Zacharie
r « M» u w^. tt ^t Ursin, et s'insinua intimement
(los) Bounanlt, Lettres nouTellMiPa^. 964t i « « -ri
^s^ édition de BoUande. daus ses Donues sfâces. Il en re-
(i6a) FojnU remarque {h). ç^t UU jOUr UU cloffe Qui fut eU
* La Neuville est , comiiLe le dit J«ly .an a . 1.11 1.
piendosyme d'Adrien Baillât. même temps uue belle preuve ae
(i63) Dans son Histoire de Hollande, depais la Biodestie de Ce profeSSCUF (A)^
b trére de s6og , jusqu'il la paix de Nimigne , r \ /
en 16,8. Cet ouvrage en q^tre tomes in^o. , . Caàaubon n'ëtaot né qu'en l55o, rftaU
ft»t tmpnme a Parts , tan iSoi. Il a M r6im' » ._ • t i.T * ^^ -»#yi«i.«»
prim/à Bruxelles, Van 1701. P^"'. J®"**? *ï"« Lubliert. - Comment donc,
(i64) La Neurifle, Histoire de Holhnde , " 1*^^°' Leclerc et Joly Lubbert a-t-il pu
tom. //, pag. 354 , a Vann. i635, /dUion de * «*" auditeur de Casaubon , qui daUleur^
Parig^ 1693. - en i58o ëlait encore dùciple de Porlus ,
(i65) Priorato, Hisloria délie Guerre di Fer- ' ^^ V^^ ^^j}^ ^it que Lubbert étudia ? -
ainando II , etc. , l^ro decimo ^ alV ann iG35, («) H 9»'fliqnaU al^rs ApotUmius Rho-
pag. 343 , tdihon de Venise y 1640, iD-4*^' ditis.
47^ LUBBERT.
On offrit k notre Lubbert le vi- fort estimés (C). Il prêchait avec
.cariât d'Orsin dans la chaire de un grand zële, et se montrait
logique , avec promesse d'un bien fervent dans la censure da
meilleur poste en temps et lieu; vice(D)y et observateur sévère
mais il répondit modestement des statuts ; et il refusa quelque-
qu'il ne se sentait pas assez ha-> fois le rectorat , parce qu'il crai-
bile pour bien remplir une place gnait de ne pouvoir point venir
où ce professeur illustre avait à bout de la correction des éco-
acquis tant de gloire. Cependant Hers débauchés (£ ). Il refusa
Ursin n'avait trouvé que lui entre une chaire de théologie qui lai
ses disciples qui dût être recom-- fut offerte au Palâtinat : ce fut
mandé pour cette fonction de celle qui était devenue vacante
substitut. Elle fut donnée à For- par la mort de Kimedonce, pro-
tunatus Grellius. Lorsque Lub- fesseur à Heidelberg (^}. Les eu-
bert se vit en état d'être promu rateurs de l'académie de Frane-
à la charge de ministre, il fut kers'opposërent à cette vocation;
demandé par l'église réformée de et sa femme ayant de la peine à
Bruxelles , et par celle d'Emb- se résoudre à sortir de sa patrie ,
den ; et il préfera celle-ci à l'au- il remercia son altesse électorale
tre , par le conseil de Zacharie palatine Fridéric IV. Il mourut
Ursin. Il fut appelé en Frise, à Franeker, le 21 janvier 162S
l'an i584 ? pour être prédicateur (c), Scaliger même le tenait pour
du gouverneur et des députés des docte. Ou a publié depuis peu
états de la province , et pour une lettre qui nous apprend que
faire des leçons eu théologie dans le roi Jacques l'estimait beao-
l'université de Franeker dont on coup (F),
préparait la fondation. Il eut ^i,^ u mourui Fan i5ç^.
pour collègues dans la profession • (c) TirédesonOnisonîunèhrenScUéepMr
en théologie , Martin LydiuS et Sixtinus Âmama, a imprimée à Firvuktr
Henri- Antonides Nerdénus ; et **" * ^ •
quoiqu'ils fussent plus âgés que (A) // requt d' Ursin un éloge qui
lui , il les surpassa de beaucoup, fut en même temps une belle preuve
Il fut recevoir à Heidelberg le de la modestie de ce professeur,\\\
j *^ * t\.Ji^^ '^ Ji, VI avait mal cite dans une leçon pubii-
doctorat en théologie, des qu il ^^^ p^^i^ Rimchi , et en V^t é\é
se vit honore de la charge de averti par noire Sibraud , il reconnut
professeur en cette science à Fra- sa faute dans la leçon suivante , et
neker. Ce fut une charge qu'il ™°J>*r* c^^^i ^% ««^ auditeurs qui
j i * était cause de la correction. Vous
exerça près de quarante ans ; et trouverez dans les paroles latines un
dans ce long intervalle il fut em- plus grand détail sur tout ceci : Ac-
ployé diverses fois à des afiaires cidit aliquando , ut D. Ursinus in
importantes (B). Il Ait l'un des ^^c^^one publicâ Kimchium citaret ,
la compagnie. Son assiduité au authontatem , sit^e errore /xvm/xovixa i
travail , et la vigueur de sa santé, «»'^, . ?"^? ^j'^"'" ^'^^ i^perisset .
1.1 . . f? t maie aliénasse. Monuit nac de ne
lui donnèrent heu de composer prœceptonm modeste et .^erecunJi.
beaucoup d'ouvrages qui turent It miratus jugeais in Ebraïsmo péri-
LUBBERT. 473
tiam y introdwrit eum in musœum , relie avec Maccovias , et j'ajoute ici
inspectoque Kimchii commentano , qu^il eut quelques difierens avec son
rem sese ad eum modum habere de- collègue le docte Drusius (6).
prehendit, Tantàm abest ut offende- (C) Son assiduité au travail , et la
rit clarissimum iheologorum hœc uigueur de sa santé , lui donnèrent
discipuli lihertas , ut postridiè in lec lieu de composer beaucoup de /iVres.3
tione publicâ errorem illum suum II se levait ordinairement à trois
retractai^erit , monstrato D.Sihrainào, heures , ou même plutôt : l'hiver ni
queni sibiejus indicium fecisse profî- la vieillesse n'interrompaient point
tebatur. Eâ etiam occasione D, Ursi- cette coutume ; et rien ne l'affligeait
nus juuentuti sacra Ebraïsmi studia , davantage dans ses maladies , que
pansmque diligentiam commendabat. d'être prive de la joie d'étudier. Il ne
....Palcbrume.t^igito:mon8trârieidicier, ^"^ Çu^rc malade que les ornières
hic est Ci). années de sa vie , et avant cela son
n ^tait encore plus glorieux à Ursin tempérament l'avait préservé des fâ-
d'avouer ainsi sa faute , qu'à Lubbert cheuses suites de la forte application
d'être loué de l'avoir montrée. à l'étude. Robustâ , et qualis paucis
(B) // fut employé diverses fois a obtingit, ualetudine semper ususfue-
des affaires importantes. ] Le comte rat , magno Dei bénéficia , in tantis
Guillaume de Nassau , couverneur de adeoqueassiduis laboribus. Postremis
Frise , et les députés des États de la annis dolores nephritici ex assiduis
Srovince, l'admirent souvent à leurs studiis contracti et catarrhi frequen-
élihérations; et lorsqu'en 1694 la tiores per intervalla eum exercuére
ville de Grouingue et les Ommélan- C?)-, I* publia des ouvrages contre
des furent
Provinces-
ministres ('i) qui fondèrent uneéglis
à Groningue , et qui en réglèrent les «^rus , rjui lui avait répondu pour
statuts. Les ministres de Leeuv^arde Bellarmin. Il eut le dernier dans cette
se querellèrent quelque temps après dispute 5 car Gretsérus ne lui répli-
avec un emportement si opiniâtre , qua point. Ces ouvrages de Lubbert
que le seul moyen de remettre la lui attirèrent beaucoup de lettres
concorde fut de les renvoyer tous j remplies d'éloges j et il fut contraint
et alors Sibrand Lubbert , Lydius , d'en notifier une partie au pu,^liç ,
Nerdénus et Jean Arcérius furent afin d'opposer ce bouclier aux traits
envoyés au service de cette église-là, de l'un de ses adversaires. Quanti
et s'y arrêtèrent jusques à ce que les autem hos /JniKtt^i'rw labores Jecerit
dissensions eurent été terminées. Il ecclesia , liquere potest ex prœcfaris
fut député a la Haye, l'an 1606 , pour et honorificis elogiis prœstantissimo^
assistera une assemblée préliminaire, rum ejus luminum {*) , quorum ali-
ad conuentum prœparatorium ; et l'an ^"o< euulgationem effrœnis aduersa-
1618 , les états de Frise l'envoyèrent rit maledicentia modestissimœ animœ
au synode de Dordrecht (3). L'un des expressit (8). Ayant pris garde que
théologiens anglais , qui assistèrent à l'hérésie socinienne commençait à
ce synode , remarque que ce député se glisser dans le Pays-Bas , il publia
de Frise s'échauffait et s'emportait un ouvrage contre Socin , de Christo
(1) Si&tÎD. Amama , in Orat. fanebri Slbrandi (6) Voyn pnut. ac eraditor. Yiror. Epist. ,
Lnbberti ,Jolio C a verso. P**8- 4'5-
(3) Menso Altio|^ef Uartin "Ljàin» Jurent les (7) Amama , in Ont. fanebri.
deux mutres. (•) Epistolas D. Bette , Bainoldi , Mamixii,
(3} £x Sixtino Amama , in Orat. fanebri. Parmi ^ P. Baronis ^ Goulartiif vide Beplie.
(4) Voje» pnettant. »c emditor. Viiomm ChrUt. Dogm. , pag. 8 et seqq.
Epiitola» eccleiiast. et tbeolog. , vag. 549»* 565, (8) Amama, in Orat. fonebri , /b/io i>. 1.
568, et alibi ^ edit., in-folio, 10B4. (9) Drusiui , son eoUigue ^ desapprouva te
(5) Dans t'arÙ€le Maxowiki, tom, X, re* livre. Voje% la remarque {O) de l'article Socim
marque (C). (Fauste) , tom. XIII.
474 LUBBEllT.
lettre. Ensuite H écrivit contre Vor- torum malorum odia hoc solàm no-
fttius , et contre Touvrage que Gro- mine sibi conc'diaverit. Quœ tamen
tins intitula Pietas Orvinum Uol- ^animosus illi ChristipugitsanctUsimi
landiœ. SVtant ainsi déclaré um propositi mutatione neutiquam pla-
arclent athlète de la cause des contre- canda censuit, Quin contra audentior
remontrans , il fut souvent engagé a ibat , publiée peccantes , JTros JRutu-
prendre la plume ; mais Fauteur de lustre esset , nullo discrimine puhti-
8on Oraison funèbre ne trouva pas â citas arf^uens. Ailfuit huic libertati
propos de s'arrêter là-dessus. Il té- ( Deo laboribus ejus insi^niter bene-
moigoa au contraire Qu'il voudrait dicente ) admirabitis efficacia. Qui
que toutes ces choses fussent enter^ eum concionanlem audiuére , super"
rées poiurî^nkais dans le tombeau de suntautem adhucplurimi , aiunteum
roubii. Ve Os quœ postea subsecuta uel pertinacissimis et deploratis sinus
sunt y malo tacere , quitm <ro J'i.Kpuoi hominibus lacrymas , quoties volebaty
\vS\ii fl^f/ptiT. Optent enim ex animo , expressisse, Deuotœ autem et contri-
quod ipsa quoque synodus t^owet , in- tœ animée vix unquam, siccis oculis
jausta illa factionum nomina , quœ eum, audiuére{\i),
mUii hic eum cordolio et horrore usur- (E) // refusa quelquefois le recto-
panda esset y œternâobliuione sepulta rat , parce qu'il craignait de ne pou-
esse. Si uolumus coîre eoclesiœ uulne- uoir point yemr à bout de la correc-
ra et cicatricem ducere , cat^endunt tion des écoliers débauchés.'] Il de-
sedulo est , ne inuectiuarum unguibus manda même l'exemption d'assister
imprudenti zelo refodiantur {\o). Le aux assemblées de l'académie , et afin
dernier ouvrage que Lubbert a pu- de l'obtenir, il s'engagea à des leçons
blié est son Commentaire sur le Ca- extraordinaires (i3}. La raison pour-
téchisme du Palatinat. 11 laissa uu quoi il en usa de la sorte, est qu'il ne
Anti'Bellarminus tout entier qui lui pouvait condescendre au relâche-
avait coûté une infinité de veilles , ment de la discipline (i4). Il était
et l'on croit qu'il eut des raisons de grave , et il n'employait point la
souhaiter que cette importante com- complaisance pour se faire aimer des
position ne sortit pas de dessous la écoliers. Il reprenait fortement ceux
presse pendant sa vie (if). dont là conduite était mauvaise. Ils
(D) Il prêchait at^ecun grand zèle.., s'en fâchaient : mais le temps vint
fendent dans la censure du p/ce.] Il que plusieurs d'entre eux reconnu-
ent le courage de mépriser le ressen- rent qu'ils lui en étaient fort rede -
timent injuste de ceux qui se recon- vables. In omnibus actionibus erat
naissaient à ses censures, et il alla serius et gravis. GraUamfauoremque
toujours son chemin. La parole de juuentutis non alid ratione , quàm
Dieu fut si puissante dans sa bouche, privatd publicdque industrie , nec
que , quand il voulait , il tirait des non salutaribus ad pietatem et dili-
larmes de ceux mêmes qui s'étaient le gentiam adhortationibus , captare di-
plus endurcis au crime. Il ne s'arré- dicerat. Qud ratione et si subindè-
tait pas tant dans ses sermons à réfu- pétulantes adolescentes , ut ea œtas
ter le papisme , qu'à réformer le dé- solet monitoribus esse aspera , offen-
réglement des mœurs , l'ivrognerie , derit , eorum tamen *plerosque , jam
le luxe, etc. Laissons parler Fauteur wiros , eo nomine sibi arctiiis habuit
de son Oraison funèbre. Nec enim id oblieatos (i5). S'il eût espéré qu'on
solum agebat , ut pontificias super- rétablirait l'observation des anciens
stitiones in animis hominum ueritatis statuts , il n'eût point renoncé aux
flammd exureret , sed illud ueljnaxi- assemblées de l'académie ; il eût pris
mèj
tur
flagitiis
et juste vivere (*). E xpleuit autem îbrme. Malebat a publico abstinere ^
omnes sanctissimi muneris partes in
utrâque Frisid , ed libertate, ut mul- («») Amâra» . m On», fonebri ,/ofio Cl.
(i3) Sur la Logiqae et tur la Monle d'Arin
(to) A marna, m Orat. funebri ^ fol D ^ verso, >ote
(il) Ex eodem Anumâ, in Oral. fuDcbri. («4) Amania , in Oral, funebri , folio D 3.
(•) Tk. a , la. (i5} Idem , ibidem.
^J
LUBIÉNIETZKI. 475
wjuhm illtul committere y palhm ut LUBIÉNIETZKI ( STANISLAS )
Jienet , quibusflagitUs coërcendis im- ^^ i^tin Lulneniecius , gentil-
par esset. Aiebatsebotupublicicausd , i • »J' j
n^ll^sojffhnsasunquamiubterfugisse, homme polonais , a ete un des
sed inanes irritasaue , quce nec sibi plus célèbres ministres qu aient
nec coUeaio usuijuturœ essent, con- euslessocîniensauXVIl*. siëcle.
stanteriteprecabatur(i6). Un an avant ^ ^^^ ^ Racovie, le 23 d'août
sa mort , Ion gacna sur lui a force de /; ^^ ti f ^ n '
sollicitations It de machines , qu'il ^^^S. Il fut eleve avec un soin
acceptât 'la dignité de recteur j et il tout particulier par son père,
y avait alors apparence que Fautorité n^î était ministre de Racovie , et
du souverain interviendrait pour in- ^^: ^^j^ content de l'envoyer
troduire une bonne discipline parmi ji »i t • n. • •
la jeunesse qui ëtudiait à Franeker. <ians les ecoles , lui fit voir aussi
Il commença l'exercice de sa char^ les diëtes de la Pologne , afin de
par l'invocation du nom de Dieu , et le faire connaître aux grands , et
par une belle harangue où il tpuna Je l'instruire de toutes les cho-
contre les ivrognes , et contre les . ...
écoliers insolens , et contre Us de- ««« 4"» Convenaient à sa nais-
bauches des académies, la source du sance(A). 11 l'envoya ensuite à
mauvais état des églises; et il ipenaça Torn , oii le jeune homme s'ar—
d'un traitement fort sévère ceux qui ^êta pendant deux années , et se
le mériteraient. In ebnetatem , lu* . . *.^ , -t t ^ ,
fentutis irreuerentiam , et qui disso- JO^gn^* ^UX deux députes SOCl-
lutis academiarum moribus natales niens (a) pendant le colloque
suos débet y miserum ecclesiarum sta- qui se tint dans cette ville, l'an
tum ^f^i'iter dicebat.Discwlinœn^^ 1 644, pour 1» réunion des reli-
cessitatem nervose ostenaebat , illud- . ^^' ti j «
que tandem profitebatur sine amba- S^^^' ** ^^^^^ ^^ proces ver-
gibus y se bonis fore rectorem huma- bal de ce colloque. Ayant été
nissimum , at malos seueriorem prœ donné pour gouverneur au jeune
w «on A.ù/cr«tun,i. Voilà un très- comte de Nieminrc* , il lui fit
bel exemple a proposer a tous ceux . , ti n i • i
qui ont des charges académiques. ^^^^ 'a Hollande , et puis la
(F) Scaliger même le tenait pour France , et se fit estimer de plu-
docte. On a publié depuis peu une sieurs personnes doctes avec qui
lettre qui nous apprend que le roi j, £é^^ ^^^ ,^5 matières de
Jacques l aimait beaucoup.] niSihvBXi' ... . . ,. . ,
« dus Lubbertus , qui est docte et a religion, Sans jamais dissimuler
>; bien écrit, est un personnage très- la sienne , ni perdre les occa-
» laid et rustique. Il est avare , mais gions de la soutenir. Il -perdit
» riche (i7) ; U vend lui-même ses ^ y 648, et s'en re-
» pommes , et se promène sans man- "*"* r*'*'' i n 1 11
» teau avec un roqueton, ce m'a dit tourna dans la Pologne. 11 se
» Félix de Nimes. Il me faut avoir maria l'an i652 , avec la fille
>. son livre de ConcilUs (18).» La d'un socinien zélé, et fut fait
lettre dont je parle est de Casau- coadiuteur de Jean Ciachovius ,
bon : vous la trouverez au commen- *'*'^^j**«^^"» ^^ ji- t- '
cernent d'un livre qu'un célèbre pro- ministre de diedliski ; et comme
fesse ur de Franeker (19) £^ publié l'an il donna bientôt de bonnes preu-
'^99- ves de sa prudence et de son
[;?! 'é::;ri^.1Z'::iT«. pw« a. «, éradition , le synode de Czarko-
Oraison funèbre .* Autbontalem, qaam et cani- yie le reÇUt miuiStre , Ct le doU-
ties el famae celebritaa ei conciiiavrrant , auKebat . < i>' 1* i
Tila,mlaatisiimâre.frugalisabatinen<,etaobria. na pOUr paSteur a 1 egllSe de Ce
^f'Vy m'H?"!!;*^*/ "'• *^r ,*-r {a)Jonm SUchtingio et Mariino Buaro,
(lOJ M., vander Wayen , professeur en ihéo- . «. » . ' . . jy „
ioiiv! Vor*s /a Di«cn..io Limbirgian» Respou- 2«» «« Ecclesiœ nomme t^enerant ,ad/mt.
»wU , an-devant du Traite de Kitungéliui, de Vita Stanislai Lubiemecii m limine Hislorirc
Veritaie religiniii:^ cbrutianx. Bcformat. Polonics ^ folio 2 i^rso.
476 LUBIÉNIETZKI.
nom. L'irruption des Suédois pour ses frères bannis de Pologne,
l'en fit sortir l'an i655,etro- Ce prince lui témoigna une gran-
bligea de se retirer à Gracovie , de considération (D); mais coaime
avec sa famille, le 6 d'avril i656. cela ne pouvait pas aboutir à un
Il y employa son temps en jeu- établissement pour la secte , no-
ues et en oraisons , et à prêcher tre homme retourna en Pomé-
(b), La ville étant retombée au ranie (c) , et se donna tous les
pouvoir des Polonais, l'an 1667, mouvemens qu'il put en faveur
il suivit la garnison suédoise de son parti. Ses adversaires ne le
avec deux autres sociniens , afin laissant point en repos , il fut obli-
de supplier le roi de Suède de gédequittter Stettin,et de s'en
fisiire en sorte que les unitaires , aller à Hambourg, oii il fit ve-
qui s'étaient mis sous sa protec- nir sa famille l'année suivante
tion , fussent compris dans l'am- (d). Il y conféra souvent avec la
nistie, parla paix qui serait con- reine Christine, sur des matières
due avec la Pologne. Il arriva à de religion , en présence dequel-
Volgast le 7 d'octobre 1657, et ques princes. Le second voyage
y fut très-bien reçu du roi de qu'il fit à la cour de Danemarck
Suède. Il mangea à la table de lui fut assez favorable : les ma-
sa majesté : c'était un honneur gistrats de Fridériksbourg con-
que ce prince lui avait déjà fait sentirent que les unitaires de-
à Cracovie. Il s'insinua dans la meurassent dans leur ville , et y
connaissance de quelques sei- eussent l'exercice domestique de
gueurs suédois , malgré les tra- leur religion. Mais par les soins
verses des théologiens ( B ) , et du surintendant luthérien , le
discourut de sa religion en plu- duc de Holsteîn leur donna or-
sieurs rencontres. On dit même dre quelque temps après de sortir
qu'il fut honoré d'une insigne de cette ville. Lubienietzki chi-
révélation pendant le siège de cana long-temps le terrain con-
Stettin (C). Il fut à Oliva lors-> tre les ministres de Hambourg
que l'on y faisait le traité de (Ë) : enfin les magistrats lui fi-
paix ; et il eut le déplaisir de rent signifier un ordre préci&de
voir que les unitaires furent se retirer. Il était alors malaae ,
exclus de l'amnistie que l'on ac- et il promit d'obéir; mais il mou-
corda aux autres non - catholi- rut quelques jours après fort dé-
ques. Se voyant ainsi exclus de votement (Fj. On l'avait empoi-
l'espérance de retourner dans la sonné. Ses deux filles périrent du
Pologne, il fit voile vers Cop- même poison, le 16 de mai 1 675.
penhague. Il y arriva, le 28 de II eut le temps de les plaindre
novembre 1660, et tâcha d'ob— en vers, car il ne mourut que le
tenir du roi un lieu de retraite 18 du même mois. Il fut enterré
(b) Totum tempus Cracwianœ commora- à AltOUa , nonobstant l'oppOSl-
tionis noster, cum reliquis minisiris pradi- XlOïi deS ministre^ luthériens(ej.
caiione iferbi dwini^Jrequentibusjejuniis, j • ca
precibusque transigebat, ipseque pratereà {c) Il arriva à SUltin le II de juin lOOi.
in gratiam Uniiariorum ungarorum , qui {d) Van 1662.
cum principe Ratoci Cracwiam vénérant , («) Tiré de sa Vie, mise à la tête de son
laliftè concionabatur, sacramque Eucharis- Historia Reformationis Polonica, imprime*
tiam admi^istrabat , ibidem , folio 3. l'an i685.
LUBIÉNIETZKI. 475-
(G). Je parlerai de ses écrits (H), sance de quelques seigneurs suédois
obtenu une retraite pour ses »ien , que les ministres de la con-
frères à Manheim , ville de l'é- î^!^^^^ d'Augsbourg 5 car c'est Faf-
r 1-/S1 • j faire des ininistres , et non pas celle
lecteur palatin {g) , le prince du des courtisans , de prendre garde que
monde le plus latiludinàire* l'he're'sie ne répande son poison , ne
quid religio detriménti capiat, Jl e'tait
O* ) Vojez la remarque (D). donc du train naturel que Lubie'-
{g) Vitâ Lubieniecii, /oZio 5 verso. nietzki fût traversé par les ministres
de la confession d'Augsbourg, pen-
(A) Sa naissance^] La famille Lu- dant que les personnes de qualité lui
bienietzki est fort noble : celui dont faisaient des honnêtetés. Cum in Po-
nous parlons était parent au qua" meranid commoraretur tractatus pa-
trième degré de la maison SoUeski, cis expectans , in magnaium.Sueciœ
qui régne aujourd'hui glorieusement familiaritatem facile uenit , aliorum
dans la Pologne (i). Secum solebat^ antea contractant amicitiam renouo'-
ad comitia aïiosque conuentus regni f^d ^ conjirmauit , commercium cum
nobilium ducere , t^el mittere ; noti- Hs Utterarum habuit , ubique testimo-
tiœque virorum in patrid imignium nium veritati, rege principibusque
tradere , omnibus Us imbuere quœ et ultro lacessentibus , perhibuit. Non
christianum et ,Poloniœ regni <'>^'" defuerunt prjesertim Stetini Lubie-
genam decebant nobilem , quippè qui niecio adi^ersarii , quorum odia theo-
ad serenissimi régis Poloniœ , qui logica expertus est , illaque concio-
hodie tantd cum gloriâ régnât , fa- natores , eliam ad rudem plebecu-
miliam quarto consanguinitatis gradu lam , propagare conabantur^ ititer
remotus , pertinuerit (a). André Lu- quos primarius fuit Johannes Micrœ-
bienietzki paraissait beaucoup à la ji^s f^ip Stetini celebris. Similia quo-
cour, lorsqu'ayant goûté la doctrine g^g Stralsundi expertus est noster,
des unitaires , il résolut de sacrifier similia tamen ubique veritati dare
sa fortune à la profession de cette tesiimonia non negJexit (7).
ses dépens. 11 mourut l'an i623 , âge extraordinaires et miraculeuses. En
d'environ soixante et douze ans (3). voici un exemple. Notre Lubiénietzki
n avait deux frères c^ui suivirent son g'tait à Elbing , pendant que les trou-
exemple i ils renoncèrent à la faveur pes de l'empereur et celles de Bran-
Deux
prier
sa
dans
avait
mourut à Racovie , l'an i6a4 > et promis de se faire socinien , si Lu-
laissa un fils nommé Christophle bienietzki pouvait obtenir par ses
s'agit dans cet article. de conquérir un illustre prosélyte ,
(B) // s'insinua dans la connais- passa trois semaines en jeûnes et en
/ X ^ y •. • f. c^c oraisons , après quoi il alla trouver
fij On écrit ceci l an idq5. , . ». n l ^'ll^ «,«
(,) Vi,î suni.l.i Lub.en?ecu , pag. t. Ic comtc , et l'assura que la ville ne
(3) Biblioibeca ADiitriniur. , /7a^. 8g. serait point prisc. Le comte et ceux
(4) Ibidem, quî étaient avec lui prirent cela pour
{S) Ibidem ^pag.tp' ^, , _,, -...../. 1- a
<fi; Ibidem ,>ag. i4«. (?} ^'«* Lubieoieci. JoUo 3 versQ.
478 LUBIÉNIETZKI.
un trait de rêverie , d'autant plus nouvelles, en fut si content quiî
que Lubidnietzki ne fut pas plus tôt confëra une charge à Lubiénîetzki (9 .
sorti quHl tomba malade : mais lors- Ce fut celle de copier pour sa ma-
qu^au DOQt de six jours on eut su que jestë les lettres qu^l recevrait. Oo
le siëge était levé , ce comte fut fort lui promit pour cela une pension an-
tnrpris ; car personne n^avait pu ap- nuelle (10). Ce prince lui déclara eo
prendre à Lubiénietzki la bonne nou- particulier, qu^l ne pouvait <{ue lai
Telle quHl avait annoncée. On somma accorder par connivence , que le*
le comte de tenir promesse ; mais il unitaires s établissent à Altona. Il ne
répondit au^ayant demandé à Dieu le voyait jamais à la cour sans Vap-
%u ferait bien dVmbrasser la religion peler, afin de Tentendre discourir sur
de ce ministre , Dieu Pavait confirmé des matières de religion : ce qai ex-
AccidU ut cornes SUppenbachius cium in auld conspexit , relictis cœ-
pollieeretur Stanùlai nostri religio- teris , eum propiiis ut accéderai eom-
nem atnplecti , modo id h Deo preci- pellare , et ae reltgionis capitibus
bus obtineret , ut Stettinum urbs non imprinùs colloqui. Quœ res intndiam
satis munita née rébus ad obsidionem etiam creat^it Lubieniecio , timentibus
tolemndam neeessariis instructa , de iheologis , ne rexfieret Arianus (tr).
cujus Uberaûone propterea despera- Ce prince mit aux prises son confes-
sant , Uberopeturab hostibus. iubie- seur avec notre Luoiénietzki , et as^
niecius imprimis suorum miserid mo- sista à cette dispute. Oum M, Eryco
tus , tribus hebdomadilms et precibus Gravio aulico concionatore et coti'
ad Deum ardentihus et jejunio fre^ fessionario suo rex eum commisit ,
quenti consumptis y vemens ad cQmi-' ipseque disputationi adfuit (la). 77
tem^ urbem extra perieulum esse af~ tâcha d^obtenir des magistrats de Ham-
firmai^it , bonoque eos esse animo bourg qu^ils le laissassent en paix;
jussit. Cornes adstantesque insanire mais son intercession ne fut pas asser
eum putabanl , prœsertim auod ab Us puissante. Càm iteriim, iterùmque
reversas , in morbum inciaerit. £jus instaretj ut antea fecerat , magistra-
t^ro assertto post sex dies Utteriê ote- tus , urbeque per nuntios Lubieniecio
tino Uberato datis confirmaia , gra- interdicerety jrustrh secretariatum ré-
citer perterrefecit comitem. Id enim gis Polomœ obtendenti , nihilque pny-
temporis Lubieniecius h nemine certus Jicientibus ejusdem régis inlercesso-
hâc de refieripotuit. Promissum càm nu, in lethalem incidit morbum (i3).
Lubieniecius, pro sud eum comité fa- Ses amis lui avaient obtenu le titre
miUaritate , aliquando reposceret , de secrétaire du roi de Pologne ,
dixit aie , sese in genua procubuisse , parce qu'ils espérèrent que cela oWi-
deumtjue ordsse patefaceret sibi nîim gérait les magistrate de Hambourg
religio Lubieniecu suscipienda esset , S le laisser eu repos. Cette espérance
nec ne y sed a Deo in confessione fut trompeuse.
Ausustand confirmatum esse (8). (£) // chicana longtemps te terrain
(D) Le rdi de Danemarck lui té- contre les mimstres de Hambourg]
moigna une grande considération r\ fls sollicitèrent si souvent et si in-
Luhiénietzki entretenait un grand stamment les magistrats a faire sortir
commerce de lettres , et cela lui fut LubiénieUki , qu'il reçut plusieurs
fort utile pour s'insinuer dans les fois ordre de se retirer ; et il eut
bonnes çriccs des grands , parce beau dire que sa majesté danoise
qu'ils étaient bien aises d'apprendre Thonorait de sa protection, et qu'il
par son moyen plusieurs nouvelles (îtait innocent, il fallut céder à
Sarticulières des autres pays. Le roi , , _. . . _
e Danemarck , a qui on lut de ces <„.^„^ ^^^ ,. Emro^genmaw perUu^*,
aufœ rtgim rejarret , ctrtut de mnnuo régi» mi-
^8) VSU LubUnirciif^rofio 4- lario. Ibidem.
<«V l.^i*<» ^litim (relalione* rariorr») r^fii non (ii) Vtu LMbîenîecii , ibidem.
\<wn s' l*»*!** , offîcium tHu* n-ni p^iâtribfndi tp' f i*; Ihidem . folio 5.
«4 , ^frrjlthl IbîHem , ïol o J v«r»«. (i3^ Ibidem ^fo'io penmtl.
LUBIENÏETZKI. 4^g
Torage Ci4)* Il ^^ laissa pas quelques dentilutheranoJoanniRemhotto(ï6).
Linnées après de retourner à Ham- M. Mollërustémoiene la mémechose.
bourg ; il crut que l'on ne songerait Socinianis , dit-ii (17) , ab oppiài
plus à lui 9 mais il se trompa : un li- Fridrichstadiensis magUtratu^ et li-
cencie en théologie fut si vigilant et colendi istiid potestatem , «t sacrorum
si ardent, qu'il fit renouveler les exercitii libertatem , a. 1662. obtinuU
instances auprès des magistrats ; et Stanisl. Lubienitzius , promachus
Ton avait tellement anime' le peuple , sectœ istius non incelebris , sed in"
en repre'sentant sur la chaire que casshm. Sereniss. enim dux Holsato-
Lubiénietzki e'tait une peste publi- Gottorpiensis , quo ignaro hœc erant
que , qu'il n'osait presque sortir du gesta , ^dicto publico , suasu Johan,
logis. Post annos aliquot consilio Iteinbohtii , tneologi aulici , promul-
amicorum y credentiumjamdefurore gato , et ciwitate istd, et dilionibus
Yemisisse aduersarios , ob commodita- suis unii^ersis , non multo post iisdem
tem tUrigendarum litterarum Uam- intenîixit(*). Lubienitzius ipse, quem
burgum se contuUt cuinfamiliâ , sed singulari rex Daniœ Frid, Ili fa-
nimis uieilantem expertus est domi-' vore dignabatur , urbe , quam per
num E as arda licentiatum theologiœ , aliquçt lustra , conni trente magistra-
qui indefesso studio id egit, ut cum tu^incoluerat, Hamburgensia, i^S.
collegis suis magistratum incitaret ut Edzardi et pastorum ordinariorum
Lubieniecius urt>e ejiceretur, Dignus instinctUfjussus excedere, antequàm
qui hic nominetur, gloriatur enim , obsequi senatui posset , ueneno , cibis
se authore Lubieniecium cum familid ipsius immixto, cum bigd filiarum
urbe exactunL. Imopropter ministro- a. 18. Maii periit. Il n'y a presque
rum zelum , qui etiam ex cathedra in personne , ni parmi les catholiques »
templo cum, absente Lubieniecio dis- ni parmi les protestans , qui ne loue
colUgi potest , quod jam fecerant fient de leur cause , ifs ne manque-
ciimprimd uic^per Hamburgum, Haf- ront pas de bonnes réponses : ils
mam transinet anno 1667. Lubie- diront que la méfiance est la mère
niecio antè migrationem, domo exire de la sûreté , et que quand Jésus-
non femper tutumjuit (i5). Ce aue Christ a promis à son e'glise que les
lesieurËdsardius fît dans cette ville- portes de l'enfer ne prévaudront
là , fut pratiqué à Fridéricshourg par point contre elle , il n'a point voulu
le sieur Reinnobt , qui poussa le duc exclure les moyens humains qui sont
de Holstein à faire sortir les réfugiés très-propres à conserver l'orthodoxiei
sociniens. His pactis discessit Havùây je veux dire les édits des princes qui
iferUtque Eridericopolim, ibique a ma- ferment la bouche aux hétérodoxes ,
gistratu urifis obtinuit ut exules in et qui étouffent la connaissance des
communionem et sacram et ciuilem objections que l'on peut faire contre
i^ciperentuVy priwatumque in œdibus la saine doctrine. Si vous répliquez
nore Polono exercitium religionis qu'après tout ils se comportent com-
peragerelur; quod etiam per litteras me s'ils n'avaient jamais lu le livre
fratrihus signijicatfit. Lubieniecius in d'Esdras (18), où la force de la vérité
id laboravit , nec sumptibus pepercit 'est reiîrésentée supérieure à toute
ctdamnum rei familiaris sutiit, quo autre force , à celle du vin , à celle
posset eh fratres deducere , deductis du roi , à celle des femmes j et qu'au
«Mccurrcre , donec ex urbe secedere contraire, ils ne croient pas qu'elle
jussi sunt a principe Holsatiœ , quod soit capable de se soutenir dans les
dehent partim domino superinten- lieux où elle domine , si on l'y laisse
. ("6)) Ibidem ^Jolio S verto.
\^k) Magistratua ffamhurgensis ad importtf (17) Molleni», IsaROge ad nUtoriam Cliér-
nam tacerdolum instantiam ut urhe excedfr/tl sonner Cnnbricre , pnri. III^ poff. mS.
ynunciavii^ idque magislratu strpimrepetenle^ («j y. VUam Lubieni^cii ^ ejus Htslorin rc-
t'UbtenUeio frustra innocentiam suam et régi' formationis Polonicte, Freijitadti ^ a. i685 , ex-
protfctionem opponente, ad regem profectut custt prtefixam, eL Jni. Hemreickii Hitt. eccl.^
«n Uafniam. Vit» Lnbienieciif fol. 6. Slejiy. , T 4 , c. 3, p^g- »»7, «a8.
(tS; Ibidnn. (i«) in*, livre dEsdras , chap 111 ei fK
48o LUBIÉNIETZKI.
exposée aux attaques de trois ou de Lubienietzki. Causa morbi fuît
2uatre fugitifs (19) : ils vous re'pon- t/enenum, ignotum ubi infusum ^3);
ront que le cœur de rhomme est non ut confidenter affirmât ad de-
plus capî
vérité n est capable de le de'tromper ; rare isolait ), quod uUio religionis Lu-
de sorte que la prudence chi;ëtienne bieniecii adscribit , non cogitans
ne souffre pas que Ton permette multos tant ex lutheranis rejorma-
aux hérétiques de proposer leurs rai- tisque quant jpontiJicLis pejori , non
sons. Je ne sais s^il y eut jamais de tantiim simili , fato animam. exha-
matière plus féconde que celle-ci en lasse, quçisi hujus cladis ipsa conjux
répliques et en dupliques : on la peut Jiliœque occasionem per impruaen-
tourncr plusieurs fois de chaque tiam dédissent. Sed nimis injuriùs est
sens ; et de là vient qu^un même veritati. Venenum. enim ambasJiUas
auteur vous soutiendra aujourd'hui confecit. Uxor etiam quod tantilliim
que la vérité n'a qu'à se montrer de ciho sumsisset , uix a limine mor-
pour confondre l'hérésie , et demain tis reuocata{;2^). Notez qu^un auteur
que si l'on souffrait à l'hérésie d'éta- socinien avoue que Lubie'nîetzki fat
1er ses subtilités, elle corromprait empoisonné par sa servante (a5j.
bientôt tous les habitans. Un jour on (G) lljut enterre a Altona , non-
vous représentera la vérité comme obstant l'opposition des ministres
un roc inébranlable : un autre jour luthériens. 1 Nous venons de voir
on vous dira qu'il ne faut point la l'exercice d'une maxime des reli-
commettre au hasard de la dispute , gions dominantes; car, aussi bien que
et que c'est un choc où elle se bri- les princes de la terre , elles ont
serait par rapport aux auditeurs, leurs coups d'état. L'un des aphoris-
Comment faire dans cette volabilité mes de la politique ecclésiastique est
de raisonnemens (ao) ? Il y a des de trouver toujours quelque marque
gens qui conservent la vérité comme de la colère de Dieu dans la mort
un vase de porcelaine , et qui sem- des hérétiques (a6). Qu'il soit très-
blent être convaincus que comme elle vrai que le même genre de mort qui
a l'éclat du verre , elle en a la fra- les a otés du monde a fini les jours
gilité (ai). de quelque orthodoxe, cela n'y fait
(F) // mourut fort dévotement. ] rien j il ne faut pas laisser de dire
Voici les paroles de son historien : qu'un jugement très-particulier de
Commendato spiritu in inanus Jesu Dieu s'est fait remarquer dans laça-
saluatoris sui, cuijideliterservierat, tastrophe de leur vie (27). Les re-
excessit è vitd : toto tempore œ-- flexions qu'on établit sur ce fonde-
grotationis ad extremum fere hali- ment fortifient la persuasion des or-
tum ,
Deum
mesticorum oeneaicuonis , aam^ni-- vaut Men ia peine que
tionis , nominis divini invocationis XJn autre apnorisme , ou un autre
(aa). On n'explique point comment coup d'état, c'est de noter de quel-
il fut empoisonné 5^ mais on nie que . que infamie le cadavre de l'heréti-
ses domestiques soient couj^ables de que. Les théologiens de Hambourg
cette action , et l'on se plaint d'un n'oublièrent point cela : n'ayant pu
théologien qui les a noircis , et qui
a imputé cet accident aux hérésies (a3) Un peu plu* bas ^ le même auteur ditr
Qui» aiitor mortis faeril non facile diTinare, hah
iiq) yaret , tom. Vll^pag. 4M , '« re- «ecui fi.i injuria «c Jivin.re licet.
marque (Q) de l'article Hadeibw. («4' ^'l« l-«b»en- .folio 6 verto,
(ao) Quo teneam vuUut mutantem Protea (aS) Veneno ah ancilld mbornald a nefarùi
fiodo. hominibus i meàio sublaïus. Histop. Reformai.
Borat. \ epist. I» vâ. 90, lih. I. Polonicas , Itb. III^ cap. XVII , pag. 37».
(21) Voye* le Commentaire pliiloiophiqoe «or (a6) Ce n'est pas toujours par polUùfue : pif
Contr»ins-le» d'entrer , au Supplément^ p. 3o3 , sieurs sont persuadés de ce qu'il* publient sur
aoA , <•« , tom. /, pag. 187 , la remarque (B) de ce sujet.
i'a'-iicle AcoiTA ('?) C'est ce qu'on a publié de Luther 1 et de
(aa) Vit» Lubieniecii,/b^o G verso. Calvin, vtc.
l
LUBIN. 48'
mpécher que 6c ministre unitaire versalis Synopsim quandam conti-
le Vût enterre dans le temple d'Al- nens. Tertia agit de significationi-
ona ils empêchèrent pour le moins bus Cometarum scitis quorandam
fue les recens de l'école , suivis de amicorum Objeçtionibus , Responsio-
eurs écoliers , n'assistassent selon nibus authoris , et Judiciis uirorum
a coutume aux funérailles. Funus clarlssimorum. Ceux qui eurent soin
^Henai^amUamburgodeductumle- de l'impression firent que ques fn-
Htimoprohibuissentconcionatoresse' \oxmene% qui obligèrent I auteur a
\ulchfi, niUjam in temple Altena- faire un voyage en Hollande (3i) II.
Aensi emptum fuisset; nihil tamen travaillait a ï Histoire de la Refor-
omiscrunt qiloimpedire possent, quod mation de Po ogne ; mais il me
tyotuerunt effecerunt , ne, ut ibi mo- avant que de 1 avoir achevée. Ce qui
ris est , in exsequiis scholarum rec- en a ete trouve parmi ses papiers fut
tores cum discipulis funus comita- imprime en Hollande, 1 an i6^5,m 8°.
rentur Sit ipsis benignior Deus Les imprimeurs y ont fait beaucoup
nuhm illi fuerinl proximo suo , ob de fautes, et Ton n y trouve guère
relisionem duntaxat et conscieniiam de choses qui sentent la dernière
graZissimè uexato ( 28 ). Les deux mam de son auteur.
apliorismes dont on vient de faire ^i) Eodem anno Hollandiam ahire coaclus
mention, et quelques autres qu'on en oh inù,uilat^m el i^ersnUam rorum pj',- quof
■« nrkiirrait: lOinnre . sont a un si v..»:.-:: r„i:««
bieniecii, folio 6.
y pourrait joindre , sont d'i
grand usage , qu'il faut louer la pru- n ' . w
dence de ceux qui s'en servent. Ce LUBIN (Eilhard) ne a Wes-
sonl des moyens si propres à nour- terstëde dans l'Amraerland , au
rir la foi des peuples, et à les em- comté d'Oldenbourg, le aj de
pécher de se ^^^^^^^J^^^^^ mars 1 565, et fils du ministre
l'arbfe , que les argumens les mieux /-/j » ' t:
poussés, et les livres de controverse du heu, fit de très-bonnes etu-
fes plus subtils , n'ont pas autant de des à Leipsic , à Cologne, à
vertu. Il faut s'accommoder au goût Helnistad , à Strasbourg , à lëne,
et â la portée du vulgaire, et cela Marnourff et à Rostoch II
veut dire qu'il faut recourir aux « Marpourg et d nosiocn. Il
impressions machinales qui excitent devint Ires-habile dans la langue
les passions. Si tous les hommes grecque ; il sut faire des vers
étaient philosophes , on ne se servi- Jat^ns ; il fut orateur, maille-
rait aue de bons raisonnemens: mais .. -jU'i r\ I*
dans^rétaî où sont les sociétés, il «>«t>cien et théologien. On lui
faut quelaue autre chose que la rai- donna la profession en poésie
son pour les maintenir, et pour con- dans l'académie de Rostock , Tan
server la prééminence quand on l'a ,5^5^ et la profession en ihéo-
Tflf //ri Je ses écrits.^ Il 'og-e dk ans après(«). Il publia
composa beaucoup de livres , mais plusieurs livres (A), et un en-
la plupart n'ont jamais été imprimés. Ire autres où il croyait pouvoir
Vous en trouverez les titres dans la expliquer par une nouvelle hy-
S^l^t^'âdifbîe^r^^^^^^^ Pothe- l'-;g'"^ ^« péché (B).
vu le jour, est son r^eafr/im Corne- Il tut combattu la-dessus par
ticum'So), divisé en trois parties , quelques théologiens (C). Il se
quarum prinia continet Communica-- maria deux fois(D), et mourut
liones de Cometis anno 1004 et loOD , j • • a ' t
rum idris per Eumpam claris^imis le ? /M"»» i 62 1 , après dix
habitas , eorumque Observationes moiS de fievre quarte(6).
tabulis œneis expressas. Secu .da ^ ^ ^^^ ^^^
est Histona Cometarum a ddui'io ad \^'j j^^^ ibidem,
annum Christi i665, Historiœ uni-
(A) // publia plusieurs lii^res.']
(':|] a^rSiiSÎr^":^?. .« « «,. Donnons le titre des principaux. An-
^^) Imprimé à Amsterdtun , 1667 , i«-folio. tiquarius , swe pnscorum et minus
TOME IX .
é
(
482 LUBIN.
nsUaiorum pocahulorum hrevis et di- wërus qui la réfuta , en TÎnl à bout
tuc'ula Imlerpretaùo , ordine alpha- aisément. Il avait pour loi les siif-
helico diffesia y in-ia et in-8**. Clauis frages de Mylius, de Iliittérus, de
f^r.rciV finguœ, siue f^ocabula latino' PiscatorC4) , de Scklusselburgius , de
ffrrpca, in-ia etin-8°. Il publia Ana- Major, de Pëtrxus , et de plusieurs
creon, Jiivénal et Perse, avec des autres (5).
notes: Horace et Juve'nal , avec une (C) Il fut combattu Ih-det-
paraphrase 5 l'Antbologie , avec sa suspar quelques théologiens,'] Je '%ii\s
version latine ; et les Epistolœ ue- employer le rëcit de M. Baâlet (G .
tertim Grœcorum grœcè ei latine y « Eilhard Lubin avait compo<«e
cum Metlwdo conscribendarum Epi- » un ouvrage plus que métapby.û-
stolaritm grœcè et latine. Des com- » que sur l origine et la nature du
ment aires sur les principales Épt très » pëché,OLiil avait fait assez connaître
de saint Paul. Monotessaron , siwe » qull était du nombre des lutiir-
Historia ei^angelica ex quatuor Kuan- » riens de la vieille roche touchant
gelistis in unum corpus redacta ( i ). » l'élection, la réprobation , la ju>-
Les Dionysiaques de Nonnus , en » titication , la liberté de Thomme ,
grec et en latin (a) , à Francfort, » etc. Son livre avait ëté imprimé à
Pan ï6o5 , in 8". Ses vers latins se » Rostock , au duché de Mecklem-
trouvcnt au troisième tome du De- » bourg. Pan 1 596, et réimprimé daos
liti(n Poëtarum Germanorum.^ ^ons » la même ville quatre ans après, iiv
verrons dans la remarque suivante » 8^. et in- 1 a, sous le titre de Phos-
le titi'C de quelques-unes de ses au- » pliorus, de primd causd , et na-
ïves compositions. » turâ mali , Tractatus hypermeia-
(15) et un entre autres oii il y> phjrsicus , in quo multorum gra-
croyait pouvoir expliquer par une » uissimœ dubitationes tolluntur,et
nnm'elle hypothèse V origine du pé- » errores deteguntur, Grawer.
le néant 5 Dieu en qualité de bon » bé dans les paradoxes les pl«<
principe, et le néant en qualité de » cxorbitans des calvinistes , et il
mauvais principe. Il ajoutait que le » écrivit contre lui peu de temps
péché n'était autre chose que la ten- » après. Lubin lui répondit, ])our
dance vers ce néant , et que le pé- » lui faire voir que ses accusations
chc avait été nécessaire afin que la » étaient de pures calomnies , et fit
nature du bien pût être connue. Il » imprimer un nouveau livre à Rofi-
appliquait à ce néant tout ce qu'A- » toclt, l'an 1600, sous le titre d'y/-
ristote a dit de la matière première » pologeticus quo ^Ib, Graw. ca-
(3). Il n'est pas malaisé de voir que )j lumniis respond. , etc. , qui fut
tout cela est chimérique, et tout-à- » réimprimé en ï6o5, in-4''.,dansla
fait incapable de diminuer les diffi- » même ville. Ce fut alors que Gra-
cultés de l'origine du mal : car où » wer , se trouvant obligé de se dé-
est l'homme assez stupidc pour ne » fendre à son tour , dressa Tanti-
pas voir que le néant ne peut rien v Lubin contre son adversaire : il le
produire, ni comme cause eflîciente , » fit imprimer à Magdebourg , Fan
ni comme sujet passif , et qu'il n'est » 1 606., i«-4°., sous le titre d'<i«f i-Zr»-
S as plus possible que le péché sorte » binus, sive, Elenchus Paradoxo-
u néant , qu'il est possible que le » rum Lubini , et Emblematum Cal-
péclicur en sorte ? Et par conséquent » yinisticorum, etc., de prima causa,
il est aussi nécessaire de donner une » et naturd mali. L'ouvrage n'était
cause positive du péché que du pé- » que pour servir de réponse au Pbos-
cheur. Il ne faut donc pas s'étonner
crue cette hypothèse de Lubin n'ait (^) Professeur à Une, et fort diff^renl da
pas fait fortune. Le prolcsseur lira- ^5^ Memorabil. eccle«i«»iic« s«c. XVir, W.
_ , . ^ . ^ ,, . _, , /, pag. ito. O/icite Hieronymos K-romajer, io
(i) 3r«r/ de PanI Frelicr , u» Theatro, p. ^\o. Hist. eccle». , 1649 » »'• Theologia poaiUvo-po]»-
{i) Il e.(t Fauteur de cette verrion. mica , pag. aglS-
(?) Tir/ du Memorabiiia eccletiaatica aiecali (6) Baiilet , au l**. tome det Ânli , pag. 3q7
XV It, Ub. /, cap. XXXII^ pag. 109, 110. «I suiv.
LUCIDUS. 483
phorc de Lubin : mais Grawer en dationes tefnporutn ah orbe condito ;
fît un autre pour son apologétique, Canones in perpetuam temporum ta-
ct il fut imprime par manière hulam ; de uero die Passionis Christi;
d^appendice avec L anti - Lubin Epitome emendalionis Calendarii
sons le titre de Responsio ad elum" Jtomani X^). Le détail quW nous
bem Jjubini apologeticum. Je ne donne là des pièces qui sont con-
sais si Lnbin en appela aux thëolo- tenues dans Fouvrage de Lucidus, est
giens de la confession d'Augsbourg pris mot à mot de la Bibliothèque de
contre les mauvais traitemens de Gesner. Vossius aurait pu dire que
Grawer , et s'il fît dans cette in- Lucidus donna une nouvelle e'dition,
tention le livre intitulé Tractatio Tan i546 , par laquelle nousconnais-
tlieologica de causa Peccati , ad sons qu'il avai^ la main à la plume
theologos yiugustanœ Conjessio- l'an i545, et qu'iljugeait cette année
nis in Germaniâ , qu'il fît impri- extrêmement propre à la réformation
mer l'année suivante à Rostock , du calendrier. Hoc igitur anno do-
t/2-4®. 9 mais je puis assurer que mini i545, dit-il (a) , maxime con-
tons CCS ouvrages n'ont pas em- uenit , ut emendetur Calendarium .
péchë la postérité de le croire JRomanum in Iwc generali concilio y .
meilleur humaniste que théolo- postquam reformata fuerit ecclesia ,
gien. » "* eis quœ pertinent adjidem , atque
(D) // se maria deux fois,"] Sa pre- ad bonos mores , quœ mugis neces-
mière femme, veuve de Jacques Back- saria sunU Uœc enim oportetfacere.
La seconde lui en donna neuf : elle 1 545 devait être principalement choi-
était fîl le de Guillaume Lauremberg, sie. Elle était justement la i59o«.
médecin Ulustre (7). depuis la réformation <^ue Jules César
, ^ ^ ^ x^ .TL # avait fait faire , et ainsi les égui-
(7) Ex Frebero , m The.tro , pag. 410. ^^,^^3 . pre'cédaient alors de quinze
LUCIDUS (Jean), surnomme jours précisément ; car il suppose
c si. ^ \v« € L.^ si ^^®c Albatégni que tou5 les cent six
Samotheus, on Samosatheus , ^us il y a unjouiFde différence entre
vivait au XVF. siècle. Un livre l'année solaire et l'année julienne,
de chronologie, qu'il publia à L'ouvrage de Lucidus a été con-
Yenise, l'an l537,^/2-4^ lui fit îj""^. i«sq»> ^^75 nar Jérôme
1 /A\ nj-7 1 Bardi, religieux camaldule.
honneur (A). On a dit que le (g) Ze nZm qu'a se donna n'était
nom qu il se donna n était point point son nom véritable.] Cette par-
son nom yéri table ( B ). David ticularité se trouve dans Florimond
Blondel n'a pas bien connu le de Rémond. On lui avait reproché
4^ , / . ^ . . qu il n objectait autre chose à Ji
temps ou cet auteur florissait; hicide, qui a maintenu la vérité
car il le place sous 1 année 1 5 1 o, ce fait (3) , sinon qu'il est trop réo
l# ^ _^__ ww^.'».. -w ^ij'ii Ti'r»Kî«»*»taî* fttittt» ^1»nr^ )» Jean
de
récent
entre ceux qui ont parlé de la pour en faire cas : et voici ce qu'il
papesse (fl). répondit : « Ce reformé est pardon-
* * ^ ' » nable : car peut-estre il pense , que
(a^^ David Blondelins, Examen qusst. de » Lucide soit quelque bon homme
papâfoBmmi,ci/rà init. » du temps passe, et il ne fait que
fk\ rr f j 1 I • ? • ** naistre ; car il escrivit l'an mil
(A) Un Iwrede chronolof.œ lut „ „;„ ,,„„, j^^^t^ ,^ ^^1 ,
fit Aonneur.l \ossius le témoigne en „ pas\oniine il dit maintenu la dc-
çe, termes, ^/ino CI3 10 xxxvii>cife „ \^^^^ et la veritd da faict , ains
fccum suumtuebatur Joannes Zuci- „ seulement usé de ces moU Jean
««M oamosatheus : qui anno eo Ke-
fietiis {*) labores SUOS chronoloeicOS , (,) Vossia», de Scient. Malbemat. , pag. 398.
«on sine eruditce caueœ apptaUSU , (a) Johannes Lucûhis , Ememliit. CaUnd.,
"jjjundebat. In iis Sunt ista : Emen- cap. l. Voyez Mallb. Déroald , in Cbronic ,
lih. ly cap. VII ^ pog. m. Rq.
C) dpud Luc, Ant. Juntasnu (3) Celui de la papesse Jeanne.
484 LUCILIUS.
» An glois femme , deux ans un mois, drait bien des choses. Cicéron
:, Pendant ces deux ans nous pou- g»^^ contredit sur le savoir de
» tons dire le siese romain avoir t -i- /tx t
» yaqn^, parce qu'une femme n'est i-uciliusCI). Je ne pense pas que
» capable du pontificat. Voilà tout 1 on eut raison de blâmer Borace
j* ce qu'il dit. Ce Jean Lucide est un du jugement qu'il faisait de ce
» nom emprunte , à ce que j'ajr poêle salirique (K). Pompée, du
» aprins d un docte personnaf-e , *. . . i » •. - V,
» lequel disoit avoir ouy dire à Pos- ^^^^ maternel , était pelil-fils,
» tel, qu'il avoit cogneu l'autheiir OU plutôt petit— neveu de Liici-
» d'iccluy, qui convnât son nom lius (L). Je remarquerai les fau-
>, soi.s celuy J\e Lucide Tayant ^^^ j^ ^ Moréri(M), et ceiîes
j> pnns pour dire que c estoit hiy , , ' - • m.
» qui apportoit une nouvelle lumière ^^ quelques autres ecrivains(>),
» à la chronologie (4). w La première et nommément un anaclironis-
partie de ce passage ne paraît pas me d'Etienne Pasquier^O). 11 y
nécessaire ; mais elle n'est pas inu- ^ j anciens qui té-
tile , puisqu elle apprend ce que . x. ^..i, ^^uti*.
notre Lucidus a dit touchant la pa- soignent que 1 on s exposait a
pesse. nn grand péril quand on médi-
,,.,.. ^3 n^ :. . f ^ j ,. . sait des poésies de notre Luciiius
(4) FionBMNid de RéaMmdf a lu fin a» raoli- .p^ *■
PapcMC , pag. m. 45a. \'')*
T TTrf-TT ïTTO/j^" \ i 1- (^) ^^ naquit h Suessa au pars des
LUCTLILS f CaiUs), cbevaher Auronces,\, uers le commencement
romain , et poêle latin , naquit du yih. siècle de Home \ La Chro-
à Suessa au pays des Auronces, ?'<ï"^. d'Eusèbe met la naissance de
dans ntalie, vers le commence- ^^''^'Zl Jl\ \^''^%3t 1^ ^^^''
j \7i1e •• I j o olympiade ; c'est Tan 6o5 de Rome
ment du Vil . siècle de Kome (1). Ausoneparledece poète, quaud
(A). Il porta les armes sous Sci- il dit ^
pion l'Africain , à la guerre de ^udes Camanas qui SuesiœprmyenU(-%).
!Numance(Bj , et il eut beaucoup Juvenal parle aussi de lui quand il dit,
de part à l'amitié de ce fameux. ^''' ailTnuxTi)"'^ ''"*" ^'"*~*^'^"
,généraletàcelledeLélius(C). Il n faut donc donner à Luciiius la
composa trenle livres de satires , patrie que je lui donne , et non pas
oii il censurait nommément et '^"essa Pometia , comme fait ie
d'une manière piquante plusieurs Çf""^ ^"^^- ^ J^^cili^^- , dit^il (4:
I •/• ' >T\'.'^r\ . liomanus tnues ex tSuessa PomtUa
personnes qualifiées (D). On veut urbe^rundrum non pmculà Pomp-
qu'il soit le premier auteur de lindpafude ortus fuit. SW araitcon-
celte poésie (E); mais quelques ^"l*^ Cluvicr, il aurait appris que
savans n'en conviennent pas II €"'"''' ^'"?^''^ ^^'^ ^" P«^* f'
f , T ^ vi Volsques, et non pas au pays des
avait accoutume de dire qu il ne Auronces. Cluvier distingue deux
souhaitait ni des lecteurs igno— villes nommées Suessa; l'une, que
rans, ni des lecteurs trës-savans ^'^^ surnommait Pometia , était an
(F). Il n'y a point d'apparence Py « d«* Vp^sques ; l'autre que I'oq
V-, • '^ . 1»* 1 surnommait Aurunra , était dans la
qu il soit mort a I âge de qua- Campanie , au delà du Liris (5\ il y
rante-six ans (G) , comme quel- a des commentateurs de Juve'nal ^6;,
ques-uns l'assurent. De tous ses ii)Cong,iitet ta remarque {Vi).
* 1 , («) Au on , rpist XV vs.g^pag. m. 616.
ouvrages il ne nous reste que O) Juvenai,h.t. i. .'x. ao.
desfracmens de ses satires (H). , (4) Bnet de PoSt., utin. p«^. 6. //« /i.
C est dommage; car si l on avait (5) ciover. itai. Antîq.. ub. i//, c. vin,
toutes ses œuvres , on y appren- ^ (b) BnuoSicu. , Tam.b.u,.
LUCILIUS.
485
[ui , par une ^nçigne bévue, disent (D) // composa trente livres de
[ue Lucilius naquit à Arunca , ou satires , où il censurait nommément
luruQca , yille des Rutules. Le temps plusieurs personnes qualifiées.^ Rap-
i été encore plus mal rapporte que portons ce qu^Horace venait de dire»
. ... ."^iuid £U»t est Lttcilitts autut
Primus in hune operù cuinponere carmiru»
nwrein ,
Detrah're el pelletn , nilidus qua tfuitifue per
ora
Cederel^ inli-onuin turpis ? nuin Lœlius^ aut^
qui
Duxil ah oppressa merilum Carlhagine no-
nt^n,
Ingenio offan.ti ? aiU /<».»o doluért Melello ?■
Fainosisque LuffO cooprrlo versihus ^ atqui
Priinores popuU arrtpml , popuLumque tri^
butiiH ,
SciUeet uni tequus virlutif tUque ejus aini^
cis (iij.
e lieu de la naissance , par le père
Iriet. IVa tus, dit-il, otjrmp. cxiixyiii,
)hi'a olymp. cxlix , œtatis 46 , Nea-
ooli publico efatns funere^ ut scribit
Hieronymus, Saint Jérôme ne dit
point cela ; et, sHl Favait dit , ce
jésuite aurait d le réfuter ou Taban-
jonner, puisque, selon lui, le poète
Lucilius porta les armes à la guerre
de Numauce {n) , postérieure de cin-
quante ans à lolympiade i49'
(Bj // porta les armes a la
guerre de JVumance.] C'est Velléius Perse témoigjne la même cbose ei»
Paterculus qui nous Tapprend. Ce- moins de paroles (12). Voyez Juvé-
lebre, dit-il (8) , et Lucilii nomen nal, qui rapporte que Lucilius avec
fuit, qui sub P. Africano Numan-' sa plume faisait trembler les coupa-
(mo btllo eques militauerat. Quo blés, ni plus ni moins que s'il les eût
quidem tempore jut^enis adhuc Ju- poursuivis Fépée à la main.
gunfia ac Marias sub eodem u4fri-
cano militantes in iisdeni castris didi"
cére quœpostea incontrariis facerent^
Avouons que ceci ne s'accorde guère
avec la Chronique d'Eusèbe 5 car lors-
que Scipion fit la guerre aux Nu-
mantins, Lucilius, par cette Chro-
nique, n'avait que quinze ans. Etait- .
on enrôlé dans les troupes de ca va- dent sur ces paroles d Horace :
lerie avant que de prendre la robe Quid chm «a LudUus aums
virile? Scaliger observe (9) que les P^mv» in hune operis co,nponere termina
pères menaient quelquefois leurs fils ,, „ , ' . „ j^
à l'armée avant la prise de cette Ils . allèguent aussi un passao;e de
Ense veliU stricto , quolies Lueiliut ardens
Jnfremuit^ rubet auJilur cui Jrtgida irens est
CriHunibus , tacitd sudant prœcordia vul-
pâ[i'i).
(E) On ueut qu'il soit le premier
auteur de la satire, mais quelques
sawans n'en contiennent pas."] Ceux
qui lui en donnent l'invention se fon-
robe
y K ' • M. » Ouintilien , et ces paroles de Pline -.
mais ce n est point ce qu'on v;^*"'*"^" > ^\ x.^ i»
annoln,'» ^'t-M '7 rk« "tl^t. «« Si hoc Lucilius qui primus conai-
appelait mihtare equitem, Ur c est ce ,. ,, ■« ,. , ... ^
nnp D„»^ 1 ' j * ^ ï ^: dit styli nasum, aicendum sibi pu-
jue Paterculus assure de notre Luci- ^^^^J^J^^ ), yoici le témoignage '^du
(C) Il eut beaucoup de part h Q"intilien : Satira quidem tota nos-
lamiiiéde Scipion et..... de Llius.] <;« "^ ^"^ 'Z"" primus m^/g^nem lau--
ns rhonoraient d'une telle familia- ^^'^ ffP'^' ^^' ^r"^f '"^ \iVrZ
nté , qu'ils badinaient et qu'ils folâ- i^onobstant ces autorités , M. Dacier
traient avec lui. Voyez le scoliaste « «^^î*'"" '^'''''l fl^r.^. f^ît «. I
d Horace, sur ces paroles de la I-. sa- «emblance que Lucilius n a fait que
tire du Ile livri». donner a ce genre de poésie unfr
* forme mieux entendue, et qu'y ré-
pandre plus de sel que n'avaient fait
ses prédécesseurs Énnius et Pacu-
vins (17).
Çwn, uhi se h vulgo , et scend, in sécréta
remorant
^yttit Scipiada^ el miiis sapientia Lali :
^ugaricum itlo , et distincii ludere, donee
'Jeciiquerelnr olus ^ soUti (lo;
(7) Mdilavii sub junior» /éfricano beUo Nu-
19} acalig. Animadvcrs. ia Euftebium, num,
'9'4, pag. m. 149.
Uo) Scipio Afiieanui el LmUus ferunlur ttun
!«»" r'*^"*'"*' *'«»«*'» Luctlio^ ut quodain
hall* ° ^''^**"^ l'Clos triclinii fugienti^
zr^}***^ iupervetùens eum obtortd mappd quasi
r»i "" ''1***'^'^r. Vckui CommcnUlor Ho-
(11) Horat., catir» I, Ub. JI^ vt. 6».
(la) Secuit Lucilius tirfiem f
Te Lupe, te Mttù ^ et genuiuum jregit in
iUis.
Pers. , lat. I , vs. Ii5.
(i3) Jnven. , sat. I, fs. x6nl.
(i4) Horat. , tat. I , Ub. II, vs» 6a.
r i5) Plinian , in prafat.
(16) Qaintil., Instit. Orat. . Ub. X, cap. /■
Un) ^oje% la préface du VI*. tome de VHo-
race de M. Dacier.
486 LUCILIUS.
(F) // ne souhaitait ni des lecteurs ad te (so) ne GrœcimquideTn ceân-
i^norans ni des lecteurs très-sauans, ] tem, in phUosophid auaeam scriierr^
Il y a dans ce souhait un je ne sais II avait rapporté dans un autre li^rt
quoi oui marque beaucoup de bon cette pensée de Lncilins , en l'ap-
seos. (!es deux sortes de lecteurs sont prouvant et en l^adoptant , comme il
quelquefois également redoutables ; paraît par la préface de Pline , qni
les uns ne voient pas assez , et les an- après nn si erand exemple se ùit
très voient trop : les uns ne connais- honneur de radopter. Prceterea eu
aux autres ce que Ton a d'imparfait, et (quod miremur) per adt^ocaVan
prouve , et s en lait a lui-meme rap- ^ . ._ __^ ,
I)lication , îe veux dire quHl souhaite cendum sibi putauit : si Çécero mu-
a même cnose. Voici ce qu'il dit : tuandum, prœsertim ciini de repu-
Çuod addidisti tertiunt vos eos esse blicâ scriberet : quantb nos causa-
qui uitam insuaveni sine Jtis studiis tiiis ah aliquo judice defendimus ?
putaretis ; id me non modo non hor- Le père Hardouin a chassé Z^œlium
tatur ad disputandum y sed etiam de- decimum de ce passage de Pline,
terret. JVam ut Caîus Lucilius homo pour y mettre Junium Conffum, con-
doctus , et perurbanus dicere solebaty lormement aux manuscrits. 11 ob-
ea quœ scriberet , neque ab indoctis- serve que Lucilius employa plus
sinus , neque ab doctissimis legi velie, d'une fois cette pensée , et nomroi
quod alteri nihil intelligerent , alteri tantôt certaines personnes , et tantôt
plus fartasse quam ipse de se , quo d'autres , et qu ainsi l'on a eu tort
etiam scripsit : Persium non euro le- de prétendre qu'il y a dans Pline
gère. Mie enim fuit , ut noramus , Lœtius decimus , sous prétexte qu'on
omnium ferè nostrorum hominum trouve ce nom dans Cicéron au II*.
doctissimus. Lœlium decimum uolo , livre de Oratore. Pline n^a point eo
quem cognouimus uirum. bonum et en vue cet endroit de Cicéron , mai:?
non illiteratum , sed nihil ad Per- un passage des livres de RepubUcd.
sium. Sic ego y sijam mihi disputan-^ Y oyez la note (21).
dum sit de his nostris studiis y nolim {Q) Il n'y a point d'apparence qu'il
equidem apud rusticos, sed multo soit mort a l'âge de quarante-six
miniis apud wos, Malo enim non in- ans. ] La Chronique d'Eusèbe ne lui
telligi oralionem meam . quam repre- donne que cet âge-lâ : elle met sa
henai (18). Cicéron, dans un autre naissance au premier an de la i58*.
livre où il parle en son propre nom , olympiade, et sa mort à la deuxième
se déclare tort éloigné du souhait de année de la lôg*. olympiade (qj),
Lucilius; il demande les lecteurs les qui est l'an 65i de Rome. On ne doit
plus habiles , il ne craint personne, pas accuser Glandorp de le faire n-
iVec c/M*m, dit-il (19), lit no jrerZu- vre soixante-quatre ans; c'est un^
cilius , recusabo quo miniis omnes faute des imprimeurs , qui , ayant
mea lésant. Utinam esset ille Per-
sius f Scipio fera , et Rutilius multo (30) // parle à Brutuf.
etiam magis, quorum ille judicium \^i) Videntur porrà hœe afferri mx pntfa-
refomùdans, Tarentinis ait se, et tione Ciceronù in Ubro* suoj de RepuihcM ,
<fonsenUnh et SiculU scribe,^ : fu- ffife^~r«,"5t:»rL'l"'5-
Cete IS quidem SlCUt alias , sed neque ciUUur , Vee doctissimis , ui subinuUigatur, kte
tam docti tune erant ad quorum jw- 'criho ; nuem aller trochaUus integer mox te-
dicium elaborarety et sunt illîus ^[««««r M.,i„„ p^ j^ ^ ,^^^^„^^^
. . ' , . ninm Congum volo. Vhi metn causa tn Manio
scripta leuiora , ut urhamtas summa Persio*iue iota coit. Harduinus, Not. io lib. I
appareat , doctrina mediocris. Ego Plinii , num. 4 , pag, 14.
autem quem timeam lectorem. quiim ('*) Caïus Lucilius saljramm'seriptor NfO-
. poli moritur , ae publicojunere effertur^ anito
(iB) CteerOfêcOnlore^hb. II, cap. FI. 4»taiis 46. Enseb., ix Chron. , a<i Mn. a ,
(iq) Idem , lib. I de Finib. , cap, III. oljmp. 169.
LUCILIUS. 4a7
insposé les chiffres, nous ont donné ou de M. de Turenne ? Je crois nt'an-
pour 46* 1^6 telles fautes leur sont moins a^ec Douza , que LucilîVis fit
dinaires. Pour prouver qu'Eusébe la vie de ce Scipion l'Africain, avec
trompe , il faut seulement consi' qui il vécut familièrement. Ejusdem
frer que Lucilius a fait mention de Scinionis, c'est Douza le fils qui
loi Licinia, établie contre la dé- pane dans ses notes sur les fragmens
ense des festins, Pan de Rome 656 de notre poëte, à la page 98, ^'itam
j environ. £^x deindè Licinia roga- priuataui postea descripsit^ in quo
lest Hujus legis Leevius poëta P seudoporphyrionem manifesti erra-
VéTtiinit J^ucilius quoque legis is- ris conuincit parens jneus y ^ui Luei-
lus nienùnit inhis verhis , legem ci- lium vitam privatam Scipionis, En-
cmus Lioini (a3). lia donc vécu cinq nium vero bella descripsisse annotât :
>u six ans depuis l'année où l'on pré- ubi malè noniina Scipionum inter se
;end quHl mourut à Naples \ et si confusa. Enniuni enim Scipionis ma-
Tautre cete nous considérons qu'il joris res gestas ceçinisse constat. Lu-
Hoit être né avant l'année 6o5 de cilius nuiem ut ejusdem vitam priva-
Rome, puisqu'il portait les armés tam descripserity ratio temporum pla-
devant Niimance l'an 6ao, nous trou- ne vetat. Il faut que M. Dacier ait
verons que , sans figure, Horace l'au- eru que cette raison était bonne, puis-
ra pu traiter de vieillard. C'est lors- qu'il parle ainsi : « Lucilius, outre
qu'il dit que Lucilius répandait tous » ses satires, avait fait un ouvrage
ses secrets dans ses livres, de sorte » particulier de la vie du jeune
qu'on y trouve sa vie comme dans » Scipion l'Africain, fils de Paulus
un tableau ex i^oto. » ^milius, où il parlait de sa jus-
Mepedihus delecUU claudere .erba ^ ^^^^ «' ^^^ .T?!^"^- 9^"^ ^"j"«î»*=
lucili ritu , nostrum mêlions utroiiue. » CrU qUC LucillUS avait parle du
lile veluijidis areana sodtAihusy olim » grand Scipion , et que c cst cclui
Credtbat Hbris .- netjue, si malè getserat us- „ Jont Horace parle ici , confondent
DecurrJslub, ncque si béni, quojii, ut » ^^s temps. Le grand Scipion était
omni* » mort plus de trente^cinq ans avant
yoUvd pateat veliui deseripta tabttUd î, la naissance de LuciUus (25). » Si
ita tEBis Lucilius était mort avant la nais-
Ces paroles d'Horace se trouvent sance de Scipion , cela réfuterait in-
tlans la satire I, vers a8 du IP. vinciblement ceux qui lui attribue-
livre, raient l'histoire de ce général ro-
(U) De tous ses ouvrages , il ne main : mais les vouloir réfuter , par
nous reste que desjragmens de ses la raison qu'il est né trente-cinq ans
satires, ] Car cinq ou six mots qui après la mort de ce héros , c'est élre
nous restent de ses autres pièces (a4) en distraction d'esprit. Il est non-
ne méritent pas qu'on y ait égard, seulement possible que ce poète ait
et même l'on ne aemeure pas d'ac- fait l'histoire de Scipion l'Africain
^'ord que ces pièces soient de lui. l'ancien , mais aussi il est vraisem-
Voycz les notes de Douza le fils sur blable qu^il l'a faite : et cela à la
les fragmens de Lucilius, a la
"lus chanta les victoires. Douza le me dédis pas pourtant de ce que j'ai
nie par une raison qui me paraît avancé} combien de choses y a-tril
tres-mfîrme ; il l'emprunte de ce que qui ne sont pas vraies , encore qu'el-
Lucilius et ce Scipion ne vécurent les soient très-vraisemblables (26) ?
pas en même temps. C'est une mau- Au reste, les fragmens de Lucilius
vaise preuve : un poète qui vivra d'i- furent recueillis avec un grand soin ,
Cl a cent ans, ne pourra-t-il pas faire ^ 1.. « . „ „,,
la vÎa TNM-»^;., ^ h • J r« J ' (>5) Dacier, sur Horace, tom. Vit. ». air.
Vie pnvée , ou du pnnce de Conde, .oinmentam ces paroles d^Horace , ,«/ / dl
livre II , vs. 16.
W) A. Gellins, lib* II, cap, XXIF". Auamen et justam potera« ctscribere forteta
(>4^ Noniui , voce Kagium , cite Epodos Scipîadem ul sapiens Luc liux. ....
yninos de Lucilius. On cite aussi sa comédie (a6) Sunt plurima vera (fiùdum^ se.i patum
jn'j/iite Nammularia. Vuye» Yossius , de Poël. credibilin ; slcul falra tjtwtjue Cr^qur-nier •'/••t-
wtiB. , pag, la. similla. Quinlil., lib. IV, cap. JI, ^ja^. m. iSa.
488
lUCILIUS.
rir François DoOZa , et publies (aj) Vt non J»eJalmlmrT «t id^m, ^uhd #•!«
LeydeaVecdcS notes ran 1597. lis VrbemdTf^, charUt Uudaiur eddem.
auraient bon besoin d être encore H^e tamen koe trihuens , dederim tiwHfm*
mieux ëclaircis par quelque savant emi^a,namsie
criticJUC ^' Laèeri miinot , ui pulchra poêmaia^ ou-
(1) Cicéron s'est contredit sur le ^'^
sauoir de r.ucinus.-\X>Aiï%\e\^'. \\yre '} répond ensuite aux admirateurs
de rOrateur , il reconnaît que Luci- ^e Lucilius , sur le mélange des moU
lius était un h nm me savant. Ses pa- grecs avecles latins , et proteste qu'U
rôles méritent d'être rapportées. Sed ne prétend pas lui arracher la cou-
ut soUbit r. Lucilius sœpè Jiceiv ronne qui lui est si justement due.
homO tibi SuhiralUS (»8), mihi prop- Hoc erat , experto fm*lrh Varron» Àta^ino ,
ter eitm ipsam causnm minas quam Mque quVtusdam alUs^ melius quod tcnber*
i/olebat famiUaris, sed tamen et doc- , „ „. pos*em,
•' , ' . Invenlore minor : neque ego ilh detrahen
tus et perurbanus , sic sentio nemi- ausim
nem esse in oratorum numéro haben- ffmrenlem eapUi muUd eum lauda eoro-
dum , qui non sit omnibus iis artibus "**"* (M)*
auœ sunt libero homine dignœ perpo- H demande la même liberté à l'égard
îitus (ag). Il lui donne le même éloge de Lucilius , que cbacun se donne à
de docte au II*, livre du même ou- l'égard des plus grands poètes, et
vrage (3o); mais il le lui ôte au !««•. que Lucilius a prise par rapport à
livre de Finibus (3i). Quintilien le Ennius^ et il soutient que si l'auteur
lut donne sans rétractation : je le ci- qu'il a censuré vivait encore, on le
terai dans la remarque suivante. verrait réformeE>ses propres oovra-
(K) Je ne pense pas que l'on eût ges , et travailler avec plus de peine.
raison de blâmer Horace du jnee- ^ ,. . >, , , ,
ment qu'il faisait de Lucilius. ] On ^' ''"*-^«r '"'«'"""'»• '-#«/"•«•■
en murmura et il s'en justifia. Ptura guidem tolUnda relin^uendùf age^
Voyons ses paroles , en commençant auévso ,
par la critique, et eu finissant >ar ^" nikinnj,,agno docUis r^rehendùBo-
l'apologie. nu eomU iragid nuitat lueUius Àui?
Eupolis, aique Cratinus , JrislophanesqM ^on ridet venus Ennigrat^itate miaorett
poitœ , Cum de se loquitur, non ut majore repretisùf
Jlqu» alû , quorum eomœdia prisea virorum Q"'^ veiat^ fi noxmel Lucilî xergpta UgenuU
est : Quœrere , nïun iltius , num rerum dura nf
Si qui* erat dignus deseribi , qubd malus , oui __ gdrit
fur , rersiculos natura magUJactos , et euHteù
Qubd machu s foret, aut siearius ^ aut alioqui MuILua (35)?
Famosus : inùlid eum libertate nolabanl. ..... Fuerit Lucilius inquam
If me omnis pendet Lucilius^ hotce s^eutus t Contis et uràanus : fuerit UmiUior idem,
MuUUif tantitm pedibus , numerisque feuttust Quàm rudis^ et Giœeis intaeti carminis ««<-
Emunelte naris , duru* componere versus. tor,^
Nainfuit hoc vitiosus : in honiteepè ducenios^ Quamqtte poêtarum srniorum turba : sed itt«,
Ul magnum , versus dietabat stans pede in Si foret hoc noslrumfalo dilalus in œvmn ,
une : Detereret sibi muUa .* recideret omne, quod
Ciun^eretiuttdentus f erat quod toltere vel' »'''"'*
tes .• Perfeetum traheretur t et in venujaeiendo
Garrulus . aique piger scribendi ferre labo^ ^^P^ caput scaheret t vivos et roderet un-
rem : g"eis (36).
Seribendi reeiè .- nam ut muUum. nit mo- ii* ^_.. jt • _. . .
ror (3b). •' *^i cru dcvoir rapporter tous ces
Tst 11 • j 11 ., longs passages, parce qu'ils feront
Nous allons voir de quelle manière connaître à mon iecteur\ caractère
Horace se justifie. j^ Lucilius , et qu'on est bien aise de
Nempk incomposito dlxipede currere versua ne pas SC détourner pOUr COurir après
Lucili , quis lam Lucilî fautor inepte est , jgg renvois , quand on lit la vie d'un
(a7) ^^ec /'Horace d. Cruqui.... homme iUustre. M. Dacicr n'a iamais
(28) Orsî-h-dire a Mutins Sce'^ola. Laraison uonné de meilleures preuves de son
qu'un •coliaste dawphin donne de cette cotère se bon gOÛt , que quand il s'cst déclaré
voit dans l'article <i'Az.BDTtus, tom. /, pag.
370 , citation (aH). /«,. „ _, , . »
(ao) Cicero, de Or. tore , lib. /, cap. XVt. ^}}l "*».•••*•• "»• ^l^"- ' " "^^- ' '**' ^'
(3o) yojt% la remarque (F) , citation (18). C^i; ibidem, vs. 46.
{3i) Vijon la remarque (F) , citation (ij)). (35) Ibidem ^ vs. 5o.
(33) HoriU , «st. IV , tib. /, (3<^ Ibidem , vs. 64.
e
LUCILIUS. 48v)
(3n) pour Horace, contre Qaintilien j sus la remarque (E). 4«. Et en tout
car il est étrange que cet habile rhé- cas , il ue fallait pas prétendre
leur n'ait pas applaudi au jugement qu'outre cela il fût l auteur d une es-
de ce poète. Nous verrons dans ses pècedeces uers inconnus aux Urecs,
paroles , la prévention prodigieuse Gr«ci. im^cii carmini. .uctor;
où plusieurs étaient en faveur de Lu- car si ces termes d Horace f43) con-
cilius. Sntira quidem tota nostra est, cernaient Lurilius, ilsne feraient que
in Qudprimusinslsrnemfaudeinadep' lui donner l'invention de la satire.
tusestLuciHus/Quiquosdamitade' 5^ iMais il y a long-temps que les
ditos sibi adhuc habet amatores , ut bons critiques ^\) ont vu que ces
eum non ejusdem modo ope ris auto- paroles se rapportent a hnmus, et
ribus, sed omnibus poëtis prœferre non pas à Lucihus. 6°. 11 n est pas
non dubitent. Ego quantum ab illis, vrai q-ie la 169». olympiade tombe
tnnthm ab Horatio dissentio, qui en la 65i«. année de ftome : une
Zjficilium fluere lutulentum, et esse olympiade enferme quatre ans.
aliqiiid quod tolfere possis , pntat. (fi) et les fautes de quelques
JYam et eruditio in eo mira , et liber- autres auteurs.'^ Voyez ci-dessus {{\S)
tas, atque indè aceiifitas , et abundè celles du père Briet. L'abréviateur de
sa/is (38). Gesner s'est trompé grossièrement
(L) Pompée était petit-jîls , ou sur l'âge de Lucilius, ou LuciUius
plutôt petit-neueu de Lucilius.~\ Vor^ comme il l'appelle , /îorwtt, ^}^~^-
phyrion sur ces paroles d'Horace : (46) , secundi belli punici temponbus.
Quidquid sum ego , quamuis Glandoi'p (4?) » c^u quc celui dont
Jnfrk Lueiii cemum in^eniumque (iii) f Cicél'On parle, COmme d UU autCUr
Acron ( 4o ) , autre vieux interprète compose des saiires. v^ esL uuc ^. . v«« .
d'Horace, dit que Lucilius était aïeul Cbarles Etienne a commis la même
de Pompée. Ce dernier sentiment est faute : Lloyd et Hofman Tout gardée,
moins vraisemblable que le premier; et ont d'ailleurs prétendu que notre
car si Lucilia , mère de Pompée , Lucilius naquit en la 53«. 9y ™"
avait été fille de Lucilius (40 > je ue piade , et qu'il mourut en la 69 . ,
pense pas que VeHéius Paterculus à Fâge de quarante-six ans, at)sur-
eût oublié de le dire. Il faut donc dite qui saute aux yeux. Us citent
croire qu'eUe était fille d'un frère de Quintilien 17 , ai , qui est une cita-
Lucilius , et qu'ainsi Porphyrion ne tion chimérique.
marque pas bien le fondement de la (Q) gt un anachronisme d' E-
parenté. C'est ainsi que le savant An- tienne Pasquier. ] Voici ses paroles :
tonius Augustinus (4») , et François C était ce (48) en quoi les avocats de
Douza raisonnent et conjecturent. Rome se jouaient plus de leurs esprits,
(M) Je remarquerai les fautes de guand ils voulaient réveiller leurs ju-
M. Moréri.'\ 1°. Lucilius n'était \cs. Voyez cette pièce de Cicéron en
point natif de Suessa Pométia. a°* son plaidoyer pour MUon :Y.^ten\m
Cette ville n'était point au pays des jj^ç^ , judices , non script a , sed nata
Auronques. 3°. 11 n'est pas certain \^j^ ^ gtc. f^ous la trouverez venir au
c^we ce fut lui qui composa le premier parangon des plus beaux vers de
des satires en vers latins. M. Dacier ^^^i^ l'ancienneté. Ce qui se tourna
fait voir le contraire : voyez ci-des- j^^puis en telle affectation et abus ,
, ,. , , que Lucilius, poëte satirique y S en
(3n) Sur Horace, sat. IV, hv. I, pag. 3ii "/
duVIlrtome. (4:?) Sat. X, a. /. w. 66.
(38; Quioiil. , Ub. X, cap. /. pag. m. 47»- P,/^ Casaubon et Tliiodore Marsîle . eUds par
(39) Horat., Ml. I, ▼•. 74 , Ub. II. Dacier, «ur Horace, lom. FI, pag. 649.
(40) jtpud Franciscnm Douxam, Notis in re- . ^^^^ p^^^ ;^ remarque (A).
liqa<aa Lucilii, ;»«/?. 9", col. a. ,g g .^ Bibliotb. Gesneri , pag. 55o, «dit.
(4i) Fuit kie (Pompeius) genilus maire Luct- ^^^ *^ — •
n^frpis senatortœ. Paterculus, Ub. II , cap. ^^'^ Onomast. , pag. SSa.
aJ)'ln Ubro d. F.«iUi. romaaar. , apud ^ (48) Çesi.à-d.re rô/^o^oTlxtUT* .i„.U.ur
PeuB«m m Lueilii Reliquii», pag. ©7. de.mentia.
490 LDCILIUS.
moqua fort bravement en tune de dëfendirent fort mal sur ce point-là.
ses satires , dont jiulu-GeUe rap- Voici ce qu'ils répondirent : Garasse
porte les vers , au treizième livre de dit que Lucilius était cent ans datant
ses f^eilles (49). Garasse ne lai par- Cicéron : cela est très^faux , car
donna point cette méprise ; il faut Cicéron et Pompée étaient en mé-
Pentendre. «t En quoi je dis que mat- me temps : or JLucilius était l'on-
» tre Pasqnîer %e,%tjbrt bravement de de Pompée, de façon qu'il est
» exposé à la risée des hommes mé- aisé de juger que notre caloninia-
» diocrement versés en chronologie 5 teur ^ est^randanent abusé en son
» car Lucilius , qui fut environ cent calcul. En second lieu , il dit ,
» ans dfsyant Cicéron , comment se qu'on le pouvait reconnaître par la
yt pouvait-il moquer depuis , de ce diflërence du style. Cette ignorance
» qui se faisait cent ans après sa est plus insupportable que la pre-
» mort? C'est comme si je disais, mière ; car P une remarque nonimé-
» parlant de cette scrupuleuse poésie ment , que primus fuit Lucilius ,
» limée et tendue, qui est mainte- qui stylum acuisae dicitur. Hora-
y* nant en usage, depuis Berthaud ce l'appelle emunctae naris, et dit
» et Malherbe , que Marot et Saint* au* il faisait deux cents vers en une
» Gelais la trouvèrent si déplaisante, heure , et Quintdien le nomme prin-
M qu'ils s'en moquèrent par écrit , et cipem satiricorum , jusque - la nié-
» en firent des satires. Telle fut la me qu'Adrien V empereur le pré-
» suffisance de ce vieux Galoche , ferait a Virale, Regardez , je vous
qui demandait si iËnéas netait a"/eur (5 1). Il n'y ^ *,v,.. ^»t*^
» pas la femme de Jules César : telle cette réplique , que la remarque sur
« fut l'impertinence de ce ministre, les cent ans que Garasse met entre
» notée par Horace Dolabella, au Cicéron et Lucilius. Ce jésuite se
» chapitre VI de son apologie, lequel mêlant de critiquer un anachronisme,
» étant enquis Uterfuerit prior se- en fit un autre ; car il n'est point
» cundàm Annales ecclesiœ Constan- vrai que Lucilius fut environ cent
» tinus an JYero ? se défit fort ingé^ ans devant Cicéron ; il mourut quel-
» nieusement de cette demande par que» années après la naissance de Ci-
» les ])aroles de Notre-Seigneur, qui céron : il était facile aux apologistes
» disait : Non est vestrum nasse tem- de Pasquier d'avérer c^la : mais au
» pora vel momenta. Actor, /, vers, lieu de bonnes preuves , ils se con-
» 6. Et encore pensé -je que ces tentèrent d'alléguer que Lucilius
» hommes, quoique fort ignorans , était oncle de Pompée , contempo-
» s'ils eussent vu la différence du rain de Cicéron. Ils se trompèrent ;
» st^le qui est entre Lucilius et Ci- Lucilius passe ou pour l'aïeul ou
» ceron, n'eussent jamais révoqué en pour le grand-oncle de Pompée (5a).
» doute, si Lucilius avait ^té devant ils ont grand tort de prétendre qu'on
» Cicéron , comme il ne faudra pas ne peut pas reconnaître que le style
» être fort versé en chronologie , de Lucilius difTère de celui de Cicé-
» pour savoir dire d'ici à cent ans , ron. Il y a plus de diflërence entre le
» si Alain Chartier , Froissard, et style de Cicéron et celui de Lucilius
« Monstrelet ont été devant M. du qu'entre le style de M. Fléchier et
» Vaii*; et ce serait une ignorance celui de Clément Marot. Pour en être
3» bien grossière, si je disais qu'Alain bientôt convaincu , on n'a qu'à jeter
» Chartier ou Monstrelet , ont im- les yeux avec quelque goût sur les
» prouvé le style , la diction et les fragmens du satirique latin , et sur
w figures d'Amyot, ou de du Vair Cicéron à l'ouverture du livre. Op-
» (00). » Il était diilîcile de bien ré- poser au père Garasse les termes de
pondre à cette censure; aussi voyons- Pline mal rapportés (53) , et ceux de
nous que les fîls du docte Pasquier le
■ // \ n • « L » 11*. ... (5i) Difensc pour Etienne Païqoier, contre
(4c)) P««qnier, Recherclie» de la France , lib. les impostures et calomnies de François Garasse,
ril, chap. /, pag. m. SqS. j,„g, 7P' , 70»-
(5o) Garasse, Recherche des Recherches,' {SrfVorês la remarqua (V).
pag» 565. (53) Pline a dit: primus condidK styli nunm,
LUGILIUS.
49 ï
Quintilien , mal rapportés tout de Lucilius.'] 11 y a long-temps que j'ai
naéiDe (54), c'est prétendre qu'à cause lu. ce que je vais copier. « Notre pe-
^ue Rëgaier est le premier qui ait » tit docteur en fait à peu prés au-
ecrit de bonnes satires françaises, son » tant (57). Sans mentir un homme
style ne diflëre point de celui de M. » de cette humeur est bien sujet a
Patru , ou de celui de M. Despre'aux. » se faire battre , (j'entends à coups
'MJ'emunctœ naris d'Horace ne prouve » de langue et a coups de plume ) ^
rien ^ on le dirait de Clément Marot ,
et de Kégnier, avec beaucoup de
justice ; et néanmoins , quelle diffé-
rence n'y a-t-il pas entre leur langa-
ge , et celui de MM. Patru et Des-
préaux? Voyez tout le vers d'Horace ,
Emuneta nari* Duavi componore versus.
» car nous ne vivons pas en un siè-
» cle si licencieux que l'était celui
» de ces jeunes Romains de condi-
» tion , qui se promenaient par les
» rues tout le long du jour , cachant
3> sous leur robe de longs fouets ,
» pour châlier l'insolence de ceux
ITa-t-il pas fallu tronquer pitoya- » qui n'approuvaient pas le poë-
blement son témoignage , afin d'o- "* fe LuciFius , s'ils étaient si mal-
ser s'en servir? Si on l'avait donné » heureux que de se rencontrer sur
tout entier , n'aurait-on pas fourni » leur chemin (58). » Je crus en h-
des armes à son adversaire ? Mais cette «^nt cela , que puisque Costar ne ci-
preuve tirée d'Horace est beaucoup ^^it personne , il n en savait pas la
moins ridicule que celle qui suit, et source , et je me mis en devoir de la
qui est tirée du même auteur. Lu- chercher. Je la trouvai dans quel-
cilius,au rapport d'Horace , /«««/« q«fs vers qui ont passe pour être
deux cents uers en une heure; donc il ^ l^^"^^^^®' «* *ï".* ont paru al a tête de
écrivait aussi bien que Cicéron. Quel ^ ^"^^ ^e ses satires (M , dans de cer-
monstre de conséquence ! Et qui n'en ♦a/^es éditions. M. Dacier les a insé-
serait étonné, quand on considère rés dans ses remarques sur ce poète ;
qu'Horace rapporte cela comme un 3^ copierai tout ce qu il a dit la-des-
défaut de Luc&us , et qu'aussitôt il f"» • ^? J ^erra que M. Costar grossit
compare les poésies de cet auteur à les obiets et que sa brodure est trop
des eaux bourbeuses (55)? La dernière relevée.
preuve des apologistes d'Etienne Pas- « \^ Peut dire de Lucihus qu il a
quier ne vaut pas mieux que les au- » eu le bonheur de certaines fera-
tres. Elle est fondée sur un fait faux , » mes qui , avec tres-peu de beauté ,
dont la conséquence porterait contre » ? o»»* pas laisse de causer de vio-
eux , s'il était vrai. Ce n'est pas à » lentes passions. Parmi ses parti-
Lucilius, maisàEnnius, qu'Hadrien » sans , il yen avait de si outres,
donnait la préférence sur Virgile : et » q« ^l^ couraient les rues avec des
tout ce que cela prouve c'est que le » fouets sous leur robe , pour fran-
style d'Ennius était plus rance et plus « per tous ceux qui oseraient dire du
moisi ; car c'est ce qu'Hadrien cher- « mal des vers de Lucilius :
chait , comme le remarque son histo-
rien. Amauit prcetereh genus di-
cendi wetustum Ciceroni Cato-
nem , P^irgilio Ennium > Sallustio
Cœlium prœtulit (56).
(P) On s'exposait a un grand pé-
ril quand on médisait des poésies de
as, primu fuit Lucilius qui slylam
icitar.
• Lucili , qtùim sis mendosus , teste Caione
• Dejensore tuo , pervincam , qui malè factos
• Emendare parai versus. Hoc tenius ille
• Est quo VÎT melior. Longé suhtilior ille
• Qui mulùun puer et loris eljunihus udis
• Exomalus , ut esset opem qui ferre poétit
» Ànliquis possel contra Jaslidia nostra ,
• Graimnaticorum eqwtwn docùssimut»
» Lucilius , je vais i/ous prouver que
» vous êtes plein de fautes , par le
«I non pas, pr.mus fuit l^ucil.u. qui siyium ,, êtes plein de fautes , par le
(54) ÇuinUlienA«;înjair«f,primusinMgiiem » témoignage même de Laton , votm
landem adcpttts est Luciliot , ei non pas fuit j» plus grand partisan. Il se prépare
priDcrpsaatyricoriim. . . ^ . , » à corriger VOS vers mal tournés.
l»ade
prÎDcrps
(55) Nom fuit hoc vitiosut in hord stepè du-
centos.
Ut magnum versus dictabatf ttans pede in
uno.
Quhmjlueret LvTVLurTVs
Horat- , Mt. IV , lib. /, vs. g.
{B6) Spartian. , in Hadriano, cap. XVl, pag, pap. 4o
m. i58, tom. /. (Sg) La X*. du I". livre
riger
» Comme il est plus homme de bien
(Sn) Cesl-h-dire , Girae comme Dio gène fait
tout le contraire de ce que le peuple fait.
(58) Costar^ Suite de U Déreose de Voiture ,
49^ LUCRÈCE.
j» qu'un autre y il a pris en cela le ouvrit un moyen de la termi— *
* PJ"^^ ^r^^'^M fc^iwi^to et U plus ner. A quoi bon tant de paroles,
j» doux. Mau il n est pas si fin et si i* . .1 -^ ^ •. ^
» subùl que ce sa^^anî cheJuer qui ^'^'^^ > "«US pouvons en peu de
» a soin de se munir de bonnes étrt- temps avoir des preuves visibles
» vières et de bonnes cordes mouil- delà supériorité de ma Lucrèce :
» léespour yengrr de nos dégoûts moutons à cbeval , allons sur-
M les poêles anctens- Un avait mis j ri-
» ces vers à la tête de celte satire . prendre nos femmes , le ]uge-
» comme s'ils étaient d Horace , et ment de la question sera plus fa-
» que ce fût le commencement de cile que si elles s'étaient prépa—
» cette pièce. Canteru» et Lilius Gy- ^ées à nous recevoir. Le vin les
J9 rai nus s y sont trompes. Mais quoi- -^ » \ tp' •■
. qu'ils ne soient pas d'Horace , ils ^vait échauffes, ils acceptèrent
» ne sont pourtant pas mauvais : et ardemment la proposition , et
» ils servent à faire voir que les vers s'en allèrent à Rome à toute
« de Lucilius n'avaient pas été tou- ^^'^^^ jj^ trouvèrent à table
M jours estimes de tout le monde 1 1 n /»ii 1 rri
M ( 60 ). » ^^^ beHes-nlIes de larquin , qui
faisaient fort bonne chère avec
allèrent ensuite à Collatie ; et
LUCRÈCE , dame romaine quoiqu'il fût déjà fort tard , ils
illustre par sa beauté et par la rencontrèrent Lucrèce au mi-
noblesse de son extraction (A) , lieu de ses servantes , occupée à
et plus encore par sa vertu , fut travailler de ses mains à des ou-
mariée à Conatin,parent de Tar- vragesdelaine(fl). Ils convinrent
quin , roi de Rome. Rien n'est tous qu'elle Remportait sur les
plus connu que la raison qui la autres, et s'en retournèrent au
porta à se tuer, et cependant je camp.Sextus,transportéd'amour
ne laisse pas de narrer ici les cir- pour elle, retourna peu de jours
constances de cette histoire tra- après à Collatie , sans en dire
gique. Tarquin, n'ayant pu se rien à personne. Il y fut reçu
rendre maître de la ville d'Ardée avec toute la civilité que l'on
aussi promptement qu'il l'avait crut que méritait un proche
cru , prit le parti de l'assiéger parent , fils aîné du roi , et que
dans les formes. Le siège traî- l'on ne soupçonnait d'aucune
nait en longueur , et n'empêchait pensée malhonnête. Après que
pas que les jeunes princes ne se l'on eut soupe , il fut conduit à
régalassent assez souvent. Sextus la chambre qu'on lui avait des-
donnant à souper .à ses deux tinée. Il ne s'endormit point,
frères , et à Collatin , la con- mais dès qu'il eut jugé que tout
versa tion tomba sur le sexe , et le monde dormait, il se glissa
il s'éleva entre eux une dispute , l'épée à la main dans la chambre
non pas sur la beauté de leurs de Lucrèce; et après l'avoir me-
maîtresses, comme il arriverait nacée de la tuer si elle faisait du
aujourd'hui, mais sur la beau— (à) Pergunt inâk Collatiam .- ubl Lucre-
té de leurs femmes. Chacun ^^^'n haud auaquàm ut regiasnnrus quas
. , . i/i convipio inruque cum œqualibus vtaeratU^
soutint que la sienne était plus tempus terenUs, sed nocle sera dedilam
belle que les autres : la con- ''^'* inUr lucubrarUes ancUlas in maiù>
^..■*' ,^1 /y* . >-«ii.. œdiumsedpttem i/n'eniunt.T.lAriu», Iw. f,
testation s echauftant , Collatm cap. lvit^
LUCRÈCE. 493
bruit , il lui déclara sa passion : ainsi la mort de Lucrèce fut la
il se servit des prières les plus cause de la liberté du peuple
tendres , et des menaces les plus romain , ce qui a donné un
terribles, et de tous les biais grand relief à la mémoire ira-
imaginables dont on peut atta- mortelle de cette dame. Les bis-
quer le cœur d'une femme. Tout toriens rapportent diversement
cela fut inutile, Lucrèce persis- son aventure (B). L'épilaphe que
ta dans sa fermeté : la crainte Ton trouve ep Italie, et que l'on
même de la mort ne l'ébranla prétend lui avoir été dressée par
point; mais elle ne put résister Collatin son mari(C), est sans
à la menace que Sextus lui fit doute une pièce ' supposée. Son
enfin de l'exposer à la dernière violateur ne fut pas long-tomps
infamie. Il lui déclara que l'ayant exposé ou aux remords de la
tuée il tuerait un esclave, et le conscience, ou aux durs repro-
xnettrail dans son lit, et ferait cbes de sa famille, dont il causa
accroire que ces deux meurtres la perte totale. Tl se retira dans
avaient été la punition de l'a- la ville des Gabiens oii il avait
dultère dans lequel il l'avait sur- commandé, et y périt peu après
prise. Étant ainsi venu à bout (c). Les réflexions qui ont été
de son infâme dessein, il se re- faites par quelques écrivains
tira aussi content et aussi fier sont , non-seulement de man-
de sa conquête, que si elle eût vaiscs plaisanteries , mais aussi
été de bonne guerre , et con- de vaines cbicanes de sophiste
forme aux lois de là belle galau— (D). L'on a dit ailleurs que la
terie La dame, plongée dans une religion n'avait eu aucune part
afifreuse tristesse , fit prier son à cette action de Lucrèce. Unsa-
père qui était à Rome , et son vant homme a combattu ce sen-
mari qui était au siège d'Ardée, timent par des remarques qui
de la venir trouver prompte- sont très -dignes de discussion
ment. Ils le firent : elle leur (E) Le père le Moine me four-
fit entendre le malheur qui lui nira quelque chose ; il est de ceux
était arrivé , et les pria de la qui ont fait l'apologie de cette
venger. Ils le lui promirent, et dame ; et il a dit qu'elle sur-
la consolèrent le mieux qu'ils passa ses divinités 'F}. N'oublions
purent; mais elle ne voulut point pas de remarquer qu'aussitôt que
être consolée, et tirant un poi- Sextus sentit de l'amour pour
gnard qu'elle avait caché sous Lucrèce, il résolut de recourir
ses habits , elle se L'enfonça dans à la force (^Z). Cela fait voir , ou
le cœur. Brutus , qui fut présent qu'en ce temps-là on n'en con-
à ce spectacle , y» trouva l'occa- tait point à des femmes mariées,
sion qu'il cherchait depuis long- ou que la vertu de celle-là écla-
tempS de délivrer Rome de la ^^ ^ext. Tarqmnius Gahios tanquàm m
tyrannie de Tarquin ; et il fit smtm regnum pro/ectus^ab ulloribus ve-
tpllpTTiPnt valoir cette occasion '*""" simultatum quas sibi ipse cœdibus
leJiemeni VaiOir ceiie occasion , rapinisque concweral, est inlerfectus.U'
que la royauté fut abolie {b) : et vius, Ub. /, cap. nU. ■
(d) Ibi Sexium Tarquitiium mala libido
{h) Tïre <ie Tite-Live , à la^ndu /■'". li- Lucretiœv^j^Y'mstuprandie capit. Livius ,
we, chap. LVIl et suiv. lib. 1 , cap. LVII.
4gi LUCRÈCE.
lait de telle sorte sur son visa— rais à sa place , se donna pour coUc-
se et sur sa conduite , qu'aucun gtie Spunus Lucrctius (5) , après que
P , .^ r * Brutus eut ele tac : mais ce collesuc
homme n osait espérer aucune ^^unit dans très-peu de jours (G),
faveur (c). Cela fait voir encore Je trouve un Titus Luchetius qni
combien les temps changent; car fut consul Tannëe suivante , et peu
auiourd'huilesprinces,lesgrands d'anndes après (7) : et im Pdblius Lu-
J ^ ^* 1 1 CRETios , collègue de Valerius , lors-
seigneurs et tous les galans en que celui-ci éuit consul pour la troi-
général songent d'abord à décla- sième fois (8). On juge que ce Tita-
rer ce qu'ils sentent, et à pré- Lucretius est le père de Lucios Lus
parer des cajoleries. Ils ne son- S,"^^"^,^ Tricipitin , consul Taxi de
*^ . . -» . ,, . Home îQi (9). Je passe sous silence
cent à nen moms qu à se servir piusiprs Lucrèces qui eurent ensui-
delà force, ils ne s'imaginent pas te les premières charges de Fëtat ,
qu'ils en aient aucun besoin. Et avant qu'il eût été décida que les pie'-
au pis aller ce ne serait que leur ^^^^^^ ï «T'^"' ""^""i'' . "'^'l ^^
-*., M. r . j nécessaire de donner tout ce détail ,
dernière ressource , et ce tut la afm de prouver que les Lucrèces Tri-
seule du fils aîné de Tarquin , cipitins étaient d'une famille patri-
un puissant roi en ce temps-là; cienne : ce que je rapporte est suffi-
II fit sa première déclaration '*",* P°"^ ^^îf/ ^î ^'^f pas certain
-, «»« i^*c*^iy^ ^*^x.i« Kwa» qu'on puisse dire la même chose des
d amour 1 epee a la main , lame- Lucrèces qui portaient le surnom de
nace de la mort en bouche. F'espUlo ou Ofella , ou quelque au-
tre j il y a môme des Lucrèces dont
(e) Conférez ce tjue dessus citation {10) de jg surnom est ignoré , qui étaient
Farticle Judith, tom. VUi.pag. 437. ^^^^^ famille plëbeienne : car nous
... _ - ,, ■ voyons un Maecus LucKETiDs , tribun
(A) Par la noblesse de son eoctrac- ^^ peuple au temps de la seconde
fjo/i.] La famille Lucretia était sans gyerre punique (10). Notez que Ooik-
doute patricienne, puisquony trouve Jos Lucretius , le premier qui fut
des consuls dans un temps ou les pic- surnommé Tespillo , eut ce Jurnom
bciensnetoicnt point admis au consu- ^ ^ause qu'il jeta dans le Tibre le
lat. Elle faisait une tres-belIe figure- ^ de Tibenus Gracchus : Cujus
sous le règne de Tarqum-le-Superbe 5 ^^ Lucretu œdilis manu in Tibe-
car ce prince donna le gouvernement ^^ missum ; undè ille respillo die
de Romea Spurius Lucretius Tricipi- ^^^ („), Cicéron (la) parle avec élo-
i^.jAuo,^ »j«Mv ^^^ ^»*.w ..^s. ^^ «^,„.*. , sénateur, quisuiYit le parti de Fora-
se maria avec une femme qui avait ^e (i3), et que la fidélité de sa fera-
nom Lucretia. Si elle était de la fa- ^e préserva de la fureur des trium-
mille dont je parle ici , comme il est ^i^s qui l'avaient proscrit (i4). C'est
fort apparent, que le preuve n au- apparemment le môrae que celui qui
nons-nous pas de l'antiquité illus- ottiat le consulat l'an de Rome ^34
tre de cette maison ? Spurius Lucre- (,5^ Cicéron parle de Lucretius
tius après la mort de sa iule fut créé
interrex , et nomma au consulat Bru- ^5) j^^^^ ihidem^^ap. XlII.
tus et son gendre CoUatin (3). Celui- (6) Idfm , ibidem , cap. XIX.
ci fut contraint bientôt après de re- (") Lî»ias , Ub. II ^ cap. VIII et XVI.
noncer à sa charge et de se retirer à Sj^ îi'""' 4?'"'*'" * *'*''V .rj -^ - . .ai
Lantivium (4) , où il passa le reste de ?ioj Liviu*, Ub. XXVII, cnp. V.
sa vie qui fut fort longue. ValeriuS, (»«3 Aun-lia» Vicior, de Vir» ilInUriboi ,
, \i' ' fi w TTV (13) Cicero, in Bruto, cap. X£^///.
(, L.T.U. /j/. f. capLIX. \J^ c«s.r', de Bello'civni , Ub. /. pag. «.
(a) Voyei Plnlarque , m Num«, pag. -4, A. ^i„ . ^^ /,/,, ///, ^„^, i^n.
(3) Dion. HnlicarnaM. , Ub. IV, cap. LXXX. (14) Valrr. Maxii'u. , Ub. VI, cap. VII.
(4) Dion. Ilalicarn. , Ub. K. eap. XII. (là) Dio, //*. LIV,
LUCRÈCE. 495
Ofella comme d'un orateur qui était gladio ad dormientem Lucretiam vc
jplus propre à faire des harangues au nit , sinistrâque manu mulieris pec-
^peuple , qu'à plaider des causes , ap- tore oppressa : Tace ^ Lucretia , in-
zior conciordbus quant judiciis (16). Ç^it 9 ^extus Tarquirdus sum , fer-
M. M ore'ri a traduit cela pitoyable- ra/n in manu^ est : moriére , si émise--
ment. // était plus propre , dit-il , a ris uocem. Ciim pauida è somno mu-
lâtre des harangues , qua prononcer lier nullam opêm , propè mortem im-'
des 7 a^«men5. Un autre (17) affirme minentem vtaeret ; tiim Tarquinius
que Cicéron le rcpre'sente beaucoup fateri amorem , orare : miscere pre-
plus propre h être juge que grand cibus minas •' uersare in omnes partes
orateur» On croit (18) que ce Lucre- muliebrem animum (31). Mais pour
tius Ofella ne diffère point de celui connaître les différences qui se trou-
ayant été envoyé à CoUatie par
tion de Sylla (19). le roi Tarquin , pour des affaires qui
(B) Les historiens rapportent diver- concernaient le siège d'Ardée , fut 10-
sement Vai^enture de Lucrèce. ']J)eTLy s ger chez son parent Collatin qui
d'Ualicarnasse etTite-Live sont ceux était alors au camp , et trouva que
qui en ont donné la plus ample des- l'occasion était bonne de satisfaire la
cription. Ils vivaient en même temps passion qu'il avait conçue pour Lu-
etils consultaient avec bien de l'exac- crèce , dans une visite précédente,
tîtude les auteurs qui les avaient L'historien ne parle pas de la dispute
précédés. Cependant ils ne s'accor- des jeunes princes touchant la beau-
dent que sur ces trois ou quatre té de leurs femmes j de cette dispu*
points généraux ; i*. que Sextus en- te , dis-je , qui les obligea de venir
tra de nuit dans la chambre de Lu- à Rome et à Gollatie pour vider
crèce ; a**, que cette dame , ayant ré- ce différent. Cette circonstance était
sisté aux menaces de la mort , aux néanmoins assez singulière, pour mé-
prières et aux promesses , céda enfin riter que Denvs d Halicarnasse la
lorsqu'elle se vit menacée de l'infa- rapportât; et cVtait un incident fort
mie; 3°. qu'elle se tua le lendemain ; capable d'embellir la narration. Lu-
4°. que Brutus se servit de cette oc- crèce, accablée de chagrin, monta en
casion pour changer le gouverne- carrosse dès que le jour fut arrivé, et
ment. Le premier de ces deux histo- que Sextus se fut retiré. Elle prit un
riens donne des détails plus précis et tabit de deuil et un poignard sous sa
plus étendus que Pautre ; car , par robe , et s'en alla à Kome , le visage
exemple , il articule que Sextus pro- to"*^ abattu et les yeux baignés de
mita Lucrèce de l'épouser , moyen- larmes , et sans rien dire à ceux <^ui
nant quoi elle serait reine des le lui demandaient la raison de sa tris-
jour même dans la ville des Gabiens , tesse. Dès qu'elle fut arrivée à la mai-
et puis dans Rome après la mort de son de son père, elle se jeta à ses gc-
Tarquin , dont il serait infaillible- n<^«x , elle pleura sans dire mot , et
ment le successeur en qualité de son enfin elle le pria de faire venir ses
fils aîné (ao). Tite-Live se contente parens et ses amis ; et dès qu'ils fu-
de ces expressions générales : Stricto reut venus , elle leut conta son aven-
ture, et pria les dieux de la retirer
(16) Cîcero , m Bruto , cap. XLVIIl. bientôt de ce monde (aï) , et se poi-
(17) Z*fc«ro«d« Coulures Vie de Lucrèce, gnarda. Valérius fut aussitôt depé-
(i8j V(^e% rOnomasticon de Giandorp , -pag. *■
^^"' (ai) Tituf Livia«, lih. /, cap. LVHI.
el LXXXIX, 01 Paterculus , Ub. II, cap. ^ v ' « « ^ « ( , ■»'^»/«*8i'n ra,
XXVII. P:"*V AfTJi dbt/yati twv (tvetWctyh Tow
(ao) Dion. Halicam. , Uh. IVy cap. LXXIII. ^*0W. Compreeataque deos et damonas ut .*e
Notez qu'il observe que Sexluf accompagna de eitb è vitâ eximerent. Diooys. Halicarn., Ub. IV,
sermeru ses promesses et ses menaces. V^S' 3^3.
49fi LUCRÈCE.
rlïc au camp pour porter cette nou- maji.'] En voici les paroles : CoUa-
velle à Coliatin , et pour travailler iinus Tarquinius duicissimœ con/ugi
avec lui à soulever les soldats. Il et incomparabili , pudicitiœ decori ,
rencontra proche de Rome Coliatin muUerum gloriœ ,yijit annos xxii ,
et Brutus qui ne savaient rien de ce mtnses m, dies vi , pnh dotor, qatr
qui s'était passe'. Voilà des varia- yu/VromAtma (a8). On dit que cet tein-
tions un peu surprenantes, et qui scription sevoit à Rome , et au dio-
1>rouvent que les premiers historiens, ccse de Viterbe (ay).
a soiyre de Tite-I.iye et de Denys (D) Les réflexions de quel
d'Halirarnasse, ne prirent pas toutes ques icrivains sont non-seulement
les mesures nécessaires pour s'in- de mauvaises plaisanteries , mais
struire exac*em<ut. aussi de i^aines chicanes de sophis-
Voici encore quelques variations, te. ] Un auteur moderne s^imagi-
Servius a nommé Aruns le violateur nait apparemment qu'il de'bitcrait
de Lucrc'ce : les autres historiens le une pensée bien fine , en observant
nomment Sextus , et donnent à un que Lucrèce ne se tua qu'après coup*,
autre fils de Tarquin le nom d'A- et que si elle se put résoudre à re-
clave fini fut amené dans la chambre n'y a point d^homme raisonnable qui
plusieurs circontances dont aucun est non-seulement une audace témé-
nistorien ne fait mention. 11 s'est ser- raire , mais aussi une grossièreté et
vi du privilège de la poésie , il a in- une brutalité. L'action de Lucrèce ne
venté ce qu'il a cru ne plus propre doit exciter que des sentimens de
à orner la narration. 11 y a mt^me in- compassion et d'admiration Sa con-
séré ce que les Grrcs avaient dit de duite fut exempte de toute teinture
Polyxène (î6) , qui eut soin de bien d'impureté : ce fut un pur sacrifice
étendre ses habits pour empêcher à l'amour de la belle gloire ; et l'on
qu'en tombant elle ne fit rien pa- serait aussi ridicule' de dire qu'il en-
raUre de ce que la pudeur défend de tre de la prodigalité dans l'actioo
montrer. d'un homme qui jette ses bardes afin
N.C mora , clntofigii sua p.ctoraf.,ro , ^« «^ uver Sa vie 'à la nage , que de
Et cadit m pntiin tanguinolenla pedes. Ciire qu'll entra dC 1 impudlCltC danS
Tune ijuoque . jnin moiiens ^ ne non procunt' la patience de Lucrèce j Car cettc il-
*''\**"*J'i« ^.^ ,«^^„,.. .,«, u^\ lustre dame n'eut cette patience qu'a-
'^ ^ fin de sauver sa réputation. Mais si
Mais comme il ne servait de rien aux vous voulez voiries efibrts des chica-
décorations de dire que le violateur neurs, lisez au peu ce long passage de
de cette dame ^tait le plus jeune des
fils de Tarquin , il faut croire qu'en (,8) ciimaorp., Onoma«f. , paç. 555.
cela il suivait une tradition , et (aij) /<f«n, ibidem.
qu'ainsi les historiens s'étaient divi- * D«n» le» poé»ie$ de BTotîn on Iranre cetl«
ses sur ce point particulier : la plu- *p!g"™n»» :
part dirent que l'adulttre était Taî- I.ucrire*i DMon con,meo«MÎt,
■»,,,.,," . 1 S ocrirrnt de mort volontaire i
né des fils de ce prince , et quelques ji,;, ^^ (ut «prii» l'.voJr r«it :
autres le prirent pour le plus jeune. Voulet-vous mourir mds Ir faire?
(C) IJ'épitaphe que Von... prétend Motin ^tt mort m i6i5; Sarasin nVt rr
lui avoir été dressée par Coliatin , son y'" .'^^'^^ : \ b.rlev.i m .6. , .» .6.3. Im
' ' n'ont donc fait qur mcllre en prose Je* xrrt t*r
(a3) Note% pourtant qu'il semble que Florna , Motin.
liv. 7, vhap. jC, le nomme Aruns (3o) Qtiç juperous'nous Je Lucrèce, sinon t*
(«4) £jr Srrvio, in Ji^w. , /i*. Vlll ^ v*. 646» qu'en a jufe' M. de Ckarlfvnl.... qu'elle se tut
(aS) Au II*.. livre des Fastes. aprhs coup. ^ara«in . Dialogue : S'il faut qu'un
(ao) yojcM la remarque (li)del'arltcUOiiU' ji-nne homme .'oit fmoureiiX, p. m. 189. rcj**
riA* , tom. Xr. aussi Menugiann. pag. a8i de la piemièie eài'
'iji') 0»»d««» Fastor. , lib. 11^ %'s. 83 1 et sefq. titft df llulluttde.
t
LUCRÈCE. 497
f enri Etienne (3i) : « Et i>ourtant la » teur (le' nom duquel saint Augus-
* X?®^^® Lucrèce ne jugeoit pas bien » tin a voulu taire) en une déclama-
* oe soy , quand après avoir este' » tion", a dict ce beau mot touchant
> ainsi violée elle se disoit avoir » ce qui avint à ladicte Lucrèce,
t> perdu sa pudicxt^ : veu qu'il. est » chose merveilleuse! il Y a deux
i> certain qu il n'jr a force humaine » personnes, et toutesfois rune seule
»* par laquelle la vertu puisse estre » a commis adultère. Mais ledict
» Tavie. Et pourtant ce qu'elle ad- » sainct Augustin vient puis à faire
» jouste , que son corps est viole' , » cest argument, si ce n'est point im-
•> mais que son cueur (ou son esprit) » pudicité par laquelle ell'ha 'la
»> nVst point coulpable , contrarie à » compagnie de cest homme maugrë*
t» ce qu'elle venoit de dire , à sçavoir i> soy , ce n'est point justice par la-
»> qu'elle avoit perdu sa pudicité : si » quelle ell' est punie , veu qu'ell'est
» ainsi est que le siège de ceste vertu » cnaste. Car il est certain que tant
M soit le cueur, non pas le corps. Ce » plus on excuse l'adultère , tant
>» que toutesfois ne semblent avoir >i plus on accuse l'homicide : tant
» bien considéré les payens , qui » plus on accuse l'aduhere, tant plus
M n^ont pas seulement excusé l'acte » on excuse l'homicide ( le cas posé
)> de ceste femme, en ce qu'elle fut » toutesfois qu'il fust licite à une
» xneurdriere de soymesme , mais de » personne de se desfaire soymes-
» iceluy ont pris occasion de l'exal- » me). Et le mesme sainct Augustin,
a» ter jusques au ciel, comme ayant » qui loué' la rencontre susdicte de ce
3» este une femme magnanim'e , et » déclamateur , semble aussi avoir
» qui a eu le cueur en bon lieu , en » très-bien rencontré en cest autre
» ce qu'elle ha vengé par sa mort » argument ( si toutesfois il le met
» l'outrage faict à sa pudicité. Aus- » comme sien) Si adultéra, cur lau-
» quels toutesfois avant que respOn- i> data ? sipudica, cur occisa? C'est-
» are touchant l'outrage qu'ils di- » à-dire , si ell' a esté adultère ,
» sent avoir esté faict à sa pudicité , » pourquoy a elle esté louée ? si
» je les voudrois prier de me dire » ell' a esté pudicque , pourquoy a
» comme ils entendent ce mot de » ell' esté tuée ? sur lesquels mots
» vengeance : pource qu'il me sem- » un mien ami (3a), sçavant person*
» ble que c'est une chose contre toute » nage, et lequel Dieu a doué de
» raison , que l'injure soit vengée » beaucoup de grâces , desquelles les
» par la mort de la personne quil'a » fruicts se sentent aujourd'huy en
» receuë , et non de celle qui l'ha » divers lieux de la chrestienté , a
> faicte. Sur quoy je leur alleeuerois » faict depuis peu de jours un épi-
» qu'elle mesme ne dit pas , Mors ul- » gramme , du plaisir duquel j ay
» trix erit , ou vindex , c'est-à-dire , » nien voulu faire le lecteur partici-
» Ma mort en fera la vengeance : » pant. 11 est donc tel ,
» mais Mors testis erit , c'est-à-dire , «..-n-.,
. Ma mort, en rendra tesmoignage. ' î'i±!^^T^';;:'Z'^^JZ';
» Comme si elle dlSOlt , m a mort tes- . Sin poiim casto via est aUatapudori ,
» moignera aux yeux du monde ce • Qw furor est hosUs crîmine velu mori?
» crue le ne puis descouvrir estant ca- * Fnutrà igitur Uudem enptas , Lucretia,
M ché en ma conscience: asçavoir •^ Fel juriosa ruU , vel seelerata eadh \
» que tant s'en faut que mon plaisir
» m'ait faict consentir à un tel acte , (j^) c'est Bené Laurent de U Barre. On voit
» crue ma vie m'est desplaisante pour ces ver* dans ses notes sur le livre de Terlnl-
» 1 avoir commis. Mais pour venir à ï'«° ••* Marlyre.. M. Worén Us rapporte ; mais
w la »>*%Ana<i r>.,n««- A 1\.»«-*a -^^Iw*^*- <"> • retnutché cet endroit- la dans les édition*
» la réponse quant a lautre poinct j, UolUnde, et dans celU de Paris, i%): il
» je dl que posé le cas que ceste mérilaU n/anmoîns de n'être pas retraiUhe'.
» mort emportast vengeance , ce se- ■*• Mo»^" nommé Bené Laurens celui quiljal .
». roit vengeance de l'outrage faict au ^J^^mm^r Bené L.«r«nl de I. Barre.
M. « 19 'm. > ^a. Ledochat dit qne cette epigranune se troore
» corns, et non pas a Pespnt , ou est j,,, |«. /^„„„ io Th. de iiîe, quoiqu'o. pe.
u logée la volonté pudicque. A quoy chansée dant la rimion qa'U a faite de «et poé-
» aussi ayant essard un certain au- "*•* P®"' l'*^»^®* i« >^7» t*-4*' Mai» B. L.
, ^ delà Barre, rapportant cette épigramme MD« en
(3i) Henri Etienne, Apologie d'Birodoté , nommer Pauteur , a fait penser a Bajie que c*c-
thap, XFj pag. m. x35, i36. tait à loi qu'on la devait.
TOME IX. 32
49^ LUCRÈCE.
» Je le mettrai aussi en françois, se- moindre vestige de lâcheté ? Si c"e^
» Ion qu'il fut traduict sur le champ agir contre les règles de la bonne r-
I» par un des amis de l'auteur, ligion, c'est pour le moins se coofor-
• Si lefMilUrd l'.pleii» cVft à grtnd tort, ^^T *"5 /^^®' ^^ Théroïsme paieo.
Lvcrece, Mais réfléchissons un peu sur les pa-
• Qac par ta nert ta veM, conlpable, «stre roles de Henri Etienne.
. Mai. .i*u*êba.teté par force e>t Wolée , Il accuse Lucrèce de contradiction
» Pour le fnrfaict d'autruy mourir eat-ce «a- Ct U Ignorance : elle ignorait le TT.li
8M»e? . nom des choses , puisqu'elle crovai'
•^""Te'etr:*" '•"*'""""""*" avoir perdu sa puSicite, nonobsiLnl
• Car ou tu ineura meschante , ou In meurt ** résistance de son cœur. Elle s*
furienae *. Contredisait, puisqu'aussitôt elle ajoa-
Louis Guyon (33) a dérobé toutes ** ^"^ *^° ««rps seul avait été violr.
CCS choses à Henri Etienne , sans y Vf T» ^"^^^ ^*' mulieri amissd pudi-
faire presque aucun changement , et ct^'f^ •'' ce sont ses paroles, uestigia
sans le citer ; ce plagiarisme lui est ^'"^ alieni , Coilatine , in lecto su/ii
ordinaire (34). Un jésuite espagnol 5"^* ^^'*^'^'" corpus est tantiim t^io-
s' est amusé aux mêmes chicaneries : ^^^^m, antmus msons • mors testi^
mais, comme on le verra dans la re- f '* " ^^^ ^^^^ dextras Jîdemque, kai/J
marque suivante , il y a ipélé de ""^"«<^ adultéra Jore (36). Je mV-
bonnes choses. Il approuve les vers ^^^'l^ ,^"« ^c°" Etienne , qui était
latins que l'on a vus ci-dessus , et il "" *î^,*î"f grammairien , ait si peu
soutient que Lucrèce ne témoigna ni Considère que , dans l'usage de tou-
chasteté , ni courage , et que par là- **^* ^^j langues, les mêmes paroles ,
cheté elle craignit plus le couteau s«°s.<ievenir impropres, se prennent
de son mari que le sien propre, m ®^ f ^^^" ^^^^ ' *?» "°s pl"s étendus.
descuhrio lo uno ni lo otro : no lo et les autres moins Croyait-il pou -
primero, pues consintio : y como dize voir «aire la leçon a Tile-Live*sur )a
, sant Awbrosio a otra de su manera '• ^^SS^^^^Î'^^ ^" mot pudicuia ? Je dis
(♦') Faciliùs oportuit sanguinem cum ^ ^ ite-Live , car c est à lui qu'appar-
spiritu fundere , quàm perdere casti-* "«"«ent les expressions de notre Lu-
totem, m tampoco mostro lo seeun- c^ce. Le latin qu'on parlait à Rome,
do, pues porflaqueza de animo temio q«?nacettedamevivaitcncore,n'était
mas el cuchiUo de Colatino , que el P**^"* semblable au latin de cet elo-
suro propio : Y por esto se mato con V^^^ histonen et il n'y a guère
desesperacion,fa quai Opone santo ^ «PParence qu il eût trouvé quelque
Thomas por hija delà luxuria (35).' P*''* les propres termes dont Lucrèce
Tout cela est faux et injuste : elle fit ^® f *'^** ' «^«aque historien les tour-
parattre et beaucoup d'amour pour ^oa â sa manière ; les plus exacts se
la chasteté , et un grand courage, «««tentèrent d en retenir le sens et k
Quand on a la force de s'ôter la vie ^^rce. Il est probable au'elle se plai-
..... ...» . malgré sa douleur elle prît garde de
Quelle fureur sur tods vous fit venger son ne point blesser les règles delà gram-
re„e. donc dlLmai. (Je briguer notre estime ™*'''^ Ceux qui enlèvent «ne flllc ,
Par un coup que dicla le crime ou la fureur, ^t qui en ]OUlSSent de VlVe force, SOnt
(33) Lon'.i Gnyon, Diverses Leçons, lom. Censés lui ravir l'honneur; et si les
^Vj/'";/^' '**''' ^'^' parens bornent leurs poursuites à exi-
J«ti«^rBTi/?a";./X ''^'''' ^% ^»> l'^P-"««» le procès s'ap-
(*M S J,nbr. ad uirg. lapsam , cap. S. P?"® tres-proprement un procès en
C*») S. Tho. ad Cohss., c. 3, lecL i. réparation d honneur. On se servirait
(35) J;ian de Terres, Philonophia Moral de "*^^ mêmés phrases , quand mémo la
Prencipés, Ub. XIX , cap. FUI, pag.S'-j-j. (36) Livias , lib. /, cap. LFIIl.
LUCRÈCE. 499
>leiice n'aurait pas été si outrée, je reproche. C'est toujours la fausse
ux. <3xre ea cas que le ravisseur eût supposition que Lucrèce se tua pour
ten.i:i quelque espèce de consente- se punir de son crime. C'est une igno»
eut C37) , parce qu'ayant proposé à rance de l'état de la question. Cette
personne enlevée de choisir ou l'ac- cjame se reconnut innocente , et vou-^
liescement à sapdssion, ou lamort, lut mourir néanmoins, et ne pas
I les tourmens de la gêne , ou la souffrir qu'aucune femme impudique
im , ou quelque autre peine capable eût le front de vivre sous prétexte
intimider les plus résolus , elle au- que Lucrèce violée aurait eu la lâ-
lît cHoisi la première .partie de l'ai- cheté de demeurer dans le mon-
îrnative , sans aucune sorte d'ap- de (4o).
rol>ation intérieure. Or si Lucrèce L'une des plus raisonnables objec-
otivait dire proprement parlant que tions de saint Augustin est que se
>Ti lionneur était perdu , elle pou- tuer soi-même est un crime , et il for •
ait £ort bien se servir de termes tifie son argument par les éloges que
quivalens à pudicitia amissa. Notez l'on donnait à Lucrèce. Il raisonne
[u' Ovide s'est servi des mots pudor ad honiinem contre les païens, et leur
aptu-s , pour signifîer la jouiiisance allègue les lois de leurs tribunaux,
orcëe d'une fille (38) ; et que PUute Elles les eussent obligés à punir un
1 exprimé le défloraison par les ter- homme qui aurait tué Lucrèce. Vous
nés pudicitia puisa {^çf). Ainsi tombe seriez donc obligés, continue-tril, à
[a prétendue, contradiction que l'on la punir , si on l'accusait devant vous
impute à Lucrèce ; car les mêmes fil- de ce qu'elle s'est tuée. Que si vous
les ou femmes qui se plaindraient répondez qu'il n'est pas possible de
aujourd'hui d'avoir été violées au sac la punir , vu qu'elle n'est point pré-
d'une ville ou ailleurs, d'avoir été sente, pourquoi ornez-vous de tant
déshoTMjrées , d'avoir été dépouillées d'éloges la meurtrière d'une per-
de leur honneur , ajouteraient sans sonne vertueuse ? Sed quid est hoc ,
se contredire que leur âme n'avait quod in eam grauiiis uinaicatur^ quœ
point- eu de part à cette souillure. adulteriufn non admisit ? Nam ille
Henri Etienne n'entend pas ce qu'il patrid cum pâtre puhus est : kœc
dit, -lorsqu'il assure que les païens summo est madata supplicio. Si non
ont loué Lucrèce de ce qu'elle avait «st illa impudicitia , qud inPita oppri-
uengé par sa mort l' outrage fait a sa ^itur; non est hœcjustitia^ qud casta
/JuÂ'cî/e. Il est faux qu'ils aient donné punitur. Vos • appello^, leges judi-
ce tour à leurs éloges ; tout ce donc cesque Romani, JVempè post perpe^
qu'il avance pour fes réfuter est une trata facinora , nec quemquam sce-
illusion 5 c'est le sophisme qu'on ap- lestum indemnatum impune uoluistis
pelle ignoratio Elenàii. Los païens occidi. Si ergo ad uestrum judicium
qui louent Lucrèce, fondent leur pa- quisquam deferret hoc cnmen, uohis-
négyrique sur son extrême sensibi- que proharetur non soliim indemna-
lite pour la gloire , et pour la repu- ^^ » i^erîim etiam castam et innocen-
tation de femme chaste, et sur sa tem interfectam esse mulierem ; nonne
grande délicatesse à l'égard de ce «""* 9"^' id fecisset , seueritate con-
point d'honneur j délicatesse si forte 8^^^ plecteretis ? Hoc fecit illa .Lu-
qu'elle ne lui permit point de survi- cretia , dla , illa sic prœdicata Lucre-
vre à l'affront qui lui avait été fait. ^o. innocentent, castdm, uimperpes-
Ce que notre critique emprunte de *^"» Lucretiam insuper interemit,
saint Augustin, et dont il n'a pas Proferte sententiam. Çuod siprop-
bien pris le sens , est sujet au même ^^reh non potestis , quia non adstat
quant punire possitis , cur interfectri-
(3-;) Nou% que cela n'empêcherait point que cem innocentis et castœ tantâ prœdi-
ton action ne fût un viol proprement dit, et pu- catione laudatis (4 0- Je n'entreprends
P^s^Lnte\^ uUdZZs'^du lexe.''"'' °"* ^"^ poiutd'autoriser ccux qui voudraient
(38) ...Tenuitquejugam, rapuitque pudorem.
Ovi^ , Mctam. , lib. /, vr. 600. (4©) Ego me^ eUi p^cealo ahsolvo , svpp^icio
(39) Plani hie ille est qui mihi in Epidauro non lihero. Nec ulla deindè impudica exempta
primus pudicitiam Lucretiœ vivet, Livias , lih. /, cap. LVlll
Perpulit (4i)Aafust. , de Civit. Dei , lib. /, c XIX ,
FUut. , in Epidico, aet. /F*, se. /, is. i4> P^S' '"* ^^-
5oo LUCRECE.
dire en faveur de cette dame , que toujours admiré la résolution qu'ont
saint Augustin Ta condamnée par des prise, ou quelques particuliers , ou
principes qu'elle ne connaissait pas ; même des villes tout entières , de
car elle ignorait les axiomes de la périr plutôt dans les précipices , ou
religion chrétienne qui défendent dans ]es flammes , que de tomber en-
d^attcntcr i sa propre vie : elle eût tre les mains de leurs ennemis? La
donc pu se plaindre de ce qu'on la nation , que tous re|;ardez comme le
traduisait devant un tel tribunal : peuple favori du vrai Dieu , ne blÂma
elle en eût po décliner la juridic- point Saiil son premier roi , Tun des
tion , et demander d'être renvoyée i plus vaillans piinces de son siècle ,
ses juges naturels, à ces idées de la d'avoir prévenu en se tuant le dé-
grandeur et de la gloire héroïque qui plaisir de tomber entre les mains du
ont persuadé à tant de personnes victorieux (45). Son successeur, run
qu'il vaut mieux mourir que de vi- de vos plus grands prophètes , ne
vre dans le déshonneur. Mais, comme laissa pas de lui donner de très-
je l'ai déjà dit , ce n'est pas une ré- grands éloges (46). Les livres de cette
ponse dont je veuille me mêler : j'ai* même nation ne donnent-ils pas des
me mieux cette autre remarque : les louanges a un brave qui avait imité
magistrats romains, que saint An- l'action du roi Saûl (4?)^ ^^ après
que les lois qui ne donnaient nulle tuée ? Apprenez à mieux raisonner ,
autoiité aux particuliers sur la vie les et souvenez^vous que les maximes de
uns des autres, n'ôtaient point à cha- la secte la plus noble et la plus au-
que personne le privilège de dispO' guste qui ait été parmi les Grecs (48),
ser de sa propre vie. I^orez-vons , favorisent le procédé de cette dame,
lui eussent-ils dit, l'admiration qu'on H est sûr que saint Augustin se
a toujours eue pour les Caton , pour servait d'un mauvais biab en rccou-
les Brutus et les Cassius, et pour tant rant aux maximes des païens, comme
d'autres illustres Romains qui ont à une règle de la condamnation de
. , _ _. -, j grands philosophes
discrétion de leurs ennemis, ou à un qui ont condamné l'homicide de soi-
étot languissant? Ignorez -vous les même. Je sais aussi qu'on a dit que
éloges dont le courage de Porcia (4») c'était plutôt une lâcheté qu'une
et a Arria (43) est couronné? Ignorez- preuve ae courage , que de renoncer
vous ^ue nous avons vu avec «quelque à la vie pour se délivrer du chagrin
déplaisir que Cléopâtre , qui s'était et de la douleur , et qu'un homme
déshonorée par ses del>auches , ait qui se résout à lutter long-temps avec
eu la gloire qu'elle ne méritait pas , la mauvaise fortune fait paraître au-
de préférer la mort au chagrin d'être tant de fermeté, que ceux qui se
menée en triomphe ? tuent font voir de faiblesse. Je sais,
.... Qum gtrkerosuig dis-fe , qu'il y a en bien des gens par-
Perin ^umrm*^ née muliebriur nÛ les païens qui ont tenu ce TMirli \
^"ct^^sê'SZi^rJT^. «nais ils n'avaient point de leur côté
Àusa H jaceniem pUera regiani le brillant et l'éclatant : ils étaient
Vultu Mermofortis , ei aspenu Considérés comme peuple : Fautre
Tractara serpentes, ut atrum faction était la noblesse, le parU
Corpore eombiberet venenum . i... 411/ 1 1 iil/" «
D^liheratd morte jTerociorf " disUngué, 1 écolc de 1 héroïsme , et
Stevit Libumis seilicet mvidetis ,
Ignorez-vous en un mot , qu'on a (46) H*- l'^w ^« Samuel , chap. /.
(4*7) II*- livre dei Macbab^e« , chap, XtV,
^4») yoye% V«lèr« Ifaume, (i». 7^, e. FI, «"• 4«- ^<>Î5Î «wi», dans Jwh^he, de Beilo
num.S' Juà,,Uk.rU,eap.XXXireiXXXr,U
(43) yoje% Pline, epitt. XVI , Ub. lit. harangue tVÉUasar et son effet,
(44) Horat. , ode XXXVII, Ub. I, (48; Celle des stoUiens,
LUCRÈCE. 5oi
on poarait leur représenter qu^à sons que le témoignage de sa con-
ex.ein.ple des faux braves, ils recou- science, fortifié par les plus solides
aient aux noms honorables, et qua- consolations qu'un théologien puisse
.fiaient fermeté, intrépidité, Ta- donner, ne soulage passa mélanco-
lour excessif de la vie , la crainte lie. Supposons quelle eût conçu tant
xcessiTe de la mort. Ils étaient si d'amour pour la pureté du corps et
tassionnés pour la vie , que rien n'é- du cœur , que la seule idée (Tune
ait capable de leur en donner du souillure très -involontaire la pion*
Lëgoùt : le déshonneur , la pauvreté, geàt dans un regret insupportable et
es cachots les plus puans , les mala- qu'elle en mourût : ne serait-ce pas
lies les plus invétérées ne l'enlaidis- une preuve convaincante d'une chas-
aient point (49) : elle leur paraissait teté exquise? Son innocence et sa
limabl^ , lors même qu'elle était vertu n en seraient-elles point pla-
lîasi équipée. La mort ne trouvait là cées dans un plus beau jour? Cepen-
iucun fard qui cachât une partie.de dant, si nous suivions le dilemme de
sa laideur. Voilà , eût-on pu dire , saint Augustin , tout ce qui serait
[{uelle était la source de ce grand donné à son affliction serait ôté a sa
courage dont ils se glorifiaient, et chasteté, si pudicay car mortua ?
qui leur faisait considérer l'action de Vous voyez donc bien qu'il y a plus
Lucrèce comme un eiOTet de poltron- de subtilité que de solioité dans l'ar-
nerie r Ftaqueza de animo , disait ci- eument de ce père. Et ainsi voilà
dessus le jésuite Juan de Torres. Lucrèce parfaitement à couvert des
Examinons le dilemme de saint Au- traits de saint Augustin , hormis à
gustin. Ita hœc causa ex utroque ta- l'égard du meurtre ; car si elle ne fût
tere coartatur, ut si extenuatur Iwmi- morte que de tristesse , tant lui que
cidium , adulterium confirmetur; si les autres pères de l'église eussent
piargatur adulterium, hormcidium eu- confirmé par le genre de sa mort les
inuletur : nec omninb inuenitur exi' louanges de sa chasteté incompara-
tus f ubi dicitur : Si adulterata , cur ble *,
laudata? si pudica, curoccisa (5o)? L'un des travers d'esprit que Bal-
II prétend qu'on ne peut exténuer zac donne à son barbon est celui-ci :
l'homicide de cette dame sans aggra- '< Un autre mot mal entendu de l'his-
ver son adultère , ni exténuer son » toire de Dion l'a obligé à calom-
adultère sans aggraver son homicide. » nier la chasteté de Lucrèce , c'est-
Mais pour faire voir qu'il n'avait » à-dire à jeter de la boue sur la
pas examiné assez diligemment cette » plus^elle fleur de l'antiquité , et à
cause , il suffit de dire que son argu- » salir le principal ornement de Ro-
ment preuve trop : car par un sem- » me naissante. JEt bien que là répu-
blable raisonnement il faudrait blÂ- » tation d'une si honnête dame soit
mer une personne qui mériterait de » venue pure et entière jusqu'à nous,
erands éloges. Il arriva quelquefois » cet accusateur de la vertu a l'ef-
dans les premiers siècles , que des » fronterie d'acir tout seul contre le
filles fort pieuses , qui s'étaient con- » témoignage ae tous les siècles , et
sacrées au célibat pour le service de » de disputer à cette héroïne la pos-
Dieu , furent violées. Cela n'arrive » session de sa gloire , par un procès
que trop souvent encore aujourd'hui, » intenté mal à propos. Il prétend
et l'on entend touj les jours faire le » que Tarquin commença véritable-
conte d'iule supérieure qui, avec sa » ment par la force, mais qu'il acheva
troupe , avait passé par les mains >» par la persuasion j que Lucrèce re-
d'une compagnie d'Irlandais dans le » fusa son consentement au crime ^
Piémont, et qui en fit ses complain- » mais qu'elle apporta quelque com-
tes à M. de Catinat. Supposons qu'une » plaisance à la qualité ; qu^àprès
religieuse conçût un si grand cha- » avoir été vaincue, elle fut gagnée .
grin dans un tel cas, quMle en con- » et que le remords de la fauli'
tractât une maladie mortelle. Suppo- • dhh. VExamen des critiqués de Barif sur
saint Aufiuslin^ Pari.*. i-3a , in-Zj". , ondcfrii "
{^yore*les vers de Mécène^ dans S9tkhi{VLf^ TéTiaue d'Hîppone. Mais Jolj lai-mcaïc a-n •
cpisi. CI, pag. m. 4(4* que 1 apologiste du saint doctaor n'esi pai <> .
(5o) Aagnst. ideCWil. Dei, {i&. /, cap. .Y/X, reux dans un« partie Un ses t{!:î..ast:', . ■■
pag. 69. bonnes par clles-méme».
5o2 LUCRÈCE.
» qu'elle avait faite , autant que le torieu , et selon toutes les «ircoa*
» regret de l'affront qu'elle avait re- stances qui en peuvent releTer l'idét
» eu , la fit résoudre a ne pas survi- Les termes tK^ûo-a , -oùx akou^a ne u-
» vre à son déshonneur (5i). » gnifient rien que Tite-Live , et Dem5
Le prétexte que l'historien Dion d'Halicarnasse , et les autres niaient
peut fournir aux médisans consiste fait entendis clairement. Ils ne ser-
en ce qu'il a dit que Lucrèce fut en- vent qu'à marquer ,une circonstaoce
gagée à souflrir volontairement que qu'aucun historien n'a omise , qui
Pon joutt d'elle. 'Hyût>*«t«T atiÎT«iv est que Sextus ne se servit point d u-
Ikouo-ai vCpiMictt. Coesit eam non in- ne force immédiate , comme lory-
viTAM stnprum palii^i) AiÀ/ucy qu'une femme se défend le plu^
o2y T0bÛT oùx axauo-A S^ f/Ao»;^fvâit. Jt^am qu'elle peut des mains, des pieds
igitur oh causant non invita adultew et des dents , etc.^ mais Dion ne laisse
cessit (53). Le savant critique , qui a pas de faire entendre que s'il y eut
publié plusieurs beaux fragmens de quelque chose de volontaire dans h
Dion, le blâme d'avoir fait une in- patience de Lucrèce, ce fiit de h
jure atroce à Lucrèce, an disant même façon que le plus avare de tous
qu'elle ne fut point déshonorée con- les hommes jette volontairement ses
tre son gré (5.f ). Il prétend que c'est marchandises dans la mer , lorsqu'il
ruiner tout ce que la narration de n'y a point d'autre expédient que
cette aventure doit avoir de grave, celui-là de sauver sa vie, qui lui est
rt ([u'un tel fait ayant amené dans plus précieuse encore que ses ri-
Home une insigne révolution , et chesses. Tout le monde juge que
étant comme un pivot de l'histoire du ceux qui ne jouissent d'une femme,
peuple romain, a dû être raconté qu'après l'avoir menacée de la mort ,
fort gravement , afin qu'il parût que ou de la question, ou de quelque
la royauté , sous laquelle les ao» peine encore plus eiTrayante, l'ont
mains avaient vécu depuis que leur forcée , et qu'ils méritent d'être pu-
ville était fondée , n^vait pas été nis comme des violateurs ^ et l'on ne
abolie sans une forte raison ^ qu'il peut pas dire que cette femme ait
fallait donc dire, non pas quç Lu- souffert cela de bon gre : il n'y a
créce avait souffert volontairement point là une autre espèce de conseo-
que Sextus se satisfit , car cela est tement que celui d'un homme qui
narré de Dion avec celui de Denys ou de le tratner la corde au cou ,
d'Halicamasse, qu'il trouve beaucoup s'il ne marche. Je suis persuadé
inférieur à celui de Diodore de Si- que Dion se serait servi des mêmes
cile (56) \ mais , ajoute-t-il , le meil- termes , kicaua-et , oi/jc ajcùt/a-a , non in-
leiir de tous est celui de Tite-Live. w«a, s'il avait eu à représenter ladif-
Quelque admiration que j'aie pour férence qu'il y a entre une femme qui
l'érudition très-prof on dfe et très-ju- aime mieux marcher que de se lais-
dicieuse qui éclate dans les écrits de ser traîner, et une femme qui aime
Henri Valois , je ne puis être ici de mieux se laisser traîner que de mar-
son sentiment. Il me semble que par cher. Qu'on cesse donc de dire qu'il a
rapport à la gravité il ne manque rien fait tort à Lucrèce,
au récit de Dion ; et j'y trouve la (E) On a •dit .*. . , que la religion
chasteté de Lucrèce dans un aussi rîauait eu aucune part h cêkte action
beau jour que dans aucun autre his- de Lucrèce. Un sauanthonime-a corn-
(5i) Baliae, pag. m. 88 , 89, du B.rbon. ^.^"«^ «eja par des remarques .
(S^t) Dio, in Excerptis à Valesio editi*, p. 574. dignes de discussion, ] On a fait trois
(Si) Idem, ibidem, pag. Stô. observations dans les Pensécs diver-
(54) Gravissimn injuria Lucrétiçm oMcU j Comètes : I^ que pendant
Vto , qtki eam minime invilam cum aduUero . m^m^^^^o , * , y«*«* ^cFwia^ii.
commixiam esse seribit. Henr. Valeuus , Not. Içs trois OU quatre premiers siècles de
ta Excerpu Dionia , pag. 81. l'ancienne nome , la modestie , lafru-
■hiA^i ^"^ '"^ proximwn eulpm est. Ickm , g^j^^ ^^ ^^ chasteté des femmes , Y
(56, Diodor. Siculas , in JiscJcm excrrpi.s , eclattrent extrêmement , et qu il y
pag. a53. en eut qui firent paraître une grande
LUCRÈCE. 5o3
fieTssiliilite pour ' Phooneur (67) 5 a*, fier, hormis ce qui se rapporte aux
c|ue cette sensibilité ne pouvait pas motifs de religion. Il fait deux doctes
être inspirée aux femmes rvmaines remarques sur Cip point - là : Tune
pLiiJicité déplaisait aux dieux. Or, que si Lucrèce (63) a uoulu suruii^re
hicr% loin de le leur qpprendre , elle pour quelques momens h son hori"
leti.r* enseignait au contraire que les neur , c'est quelle y était forcée par
tJtcLLX étaient excessivement impudi- sa religion , et qu'elle était compta'
^ucs (58) ; 3°. que si Lucrèce avait hle de sa réputation devant les Eu-
aimé (rt chasteté par un principe de ménides (64). Elle ne pouvait s'ac^
religion , ou, ce qui est la même cho" quitter de son devoir quen appelant
se , si elle l'eût aimée afin d'obéir a son mari^ son père et le reste de sapa"
Dieu^ elle n'eût jamais consenti aux rente, pour leur exposer son malheur
flésirs de Sextus , et eût mieux aimé jusqu*aux moindres circonstances , et
nbandonner sa réputation h la ca" se tuer ensuite devant eux , pour
lomnie , que de se souiller dans un preuve de ce quelle avait avancé. Un
aclùLltère. (Test pourtant ce qu'elle ne poète , dont on ne sait point le nom ,
fit pas. Elle résista courageusement a attrapé Vidée de ce que je dis.
^étUX poursuites de ce prince , quoiqu^l QuUm foderet ferro cartiim Lucrelîa pectas»
la. mcnacdt de la tuer. Mais quand il Sanguinis et torrana egvederetur , ait :
Veut menacée d'exposer sa réputation Accédant lesle, , me non favUse tyranno ,
, ' r- • ' it fi Xi, Antè Tirum sansuis , spiritus ante Deos.
a. une infamie éternelle , elle Jit ce Qaâm benè, produciipro me post fau, lo-
quil souhaitait , et puis se tua, Cest qaentur,
une preuve évidente quelle n'aimait ^.lier apud nuaes , ali«r apad soperosi ^
dans la vertu que la seule gloire qui Mais il y faut suppléer ce que je dis,
l'accompagnait , et qu'elle n'avait touchant le tribunal des Euménides.
nullement en vue de plaire a ses f^oici ce qui en est. Selon les théolo^
dieux ; car ceux qui veulent plaire à giens de i antiquité , on était composé
Dieu , choisissent plutôt de passer d'humé , de^ corps , et d'ombre. En
pour infâmes devant les hommes , que mourant, on rendait l'âme au ciel ^^
de commettre le crime. Il faut donc et c'était la qu'on examinait les pen-
allouer nécessairement , que la reli- sées devant les Dires : On rendait le
gion de Lucrèce ne contribuait rien a corps a la terrey oii les actions s'exU'
sa chasteté , et qu! a cet égard elle eût minaient devant les Furies ret on
été toute telle qu'elle était , quand rendait t ombre aux enfers , où ilfal-
même elle n'eût jamais ouï dire qu'il lait répondre des bruits qui avaient
y eiit des dieux (5q). eouru de nous , et cela devant le9
M. du Rondel piiolia , en i685 , des Euménides, Ne Lucretia , dit un an-
Ke'flexions sur un chapitre de Théo- cien (65) , castitatis famam deperde-
phraste (60), que j^ai lues et relues ret, quippé quam sine purgatione
avec un très-grand plaisir. Uendroit futuram esse cernebat , invita turpi"
où il fait réloge et Tapologic de Lu- bus imperiis paruit. Il fallait aes
crèce me charma principalement \ témoins et du sang , pour se purger
car j'ai toujours été Fadmirateur Ae de la calomnie , et pour paraître im-
cettie illustre Romaine , et si le sujet punément devant les Euménides : ou
Peut pu souffrir , je n'aurais pas bien il fallait se résoudre à être dam--
«noins plaidé sa causé dans les Peh- né a tous les serpens de l* Infamie ,
sées sur les Comètes , que dans la re- qui était une de ces déesses ; tertia
marque précédente. ^applaudis donc pœnarum Infamia. Ainsi, monsieur,
de bon cœur à toutes les choses que Lucrèce a satisfait a sa religion , et
M. du Rondel allègue pour la justi- elle est plus louable qu'on ne s'est
(Si) Pennées diverses lur les Comètes, cKap, (6i) Da Rondel, Réflexions snr nn cbapitre
CLXXXt pag. 557. de Tbéopkraste, pttg. ^4 '< suiv.
(59) Là mime^ pag. 5Sq. {&») Là même, pag, 96.
(59) Là mfmm , pag. 56o. (63) Là mem« , pag, 97.
(60) Voy% en Vtxtraii dans Us NooTelles de (64) Là mime , pag. 99.
la République des Lettres, <f/c. 168 5 , art. y, (65) Cest Semas inVlrgil. Mn*Jà , Ub.
pag. li^i et stiiv. VIII , 9s. 646.
5o4 LUCRÈCE.
imaginé jusqu'ici f puisque dans le étaient plas intéressés que Denis d%a-
coup de poignard qi^ellt se donna , licamasse â^ la gloire de Romulus ,
elle fit un sacrifice expiatoire , qui n'ont rien dit sur cet article : ce sï-
Jbrca la médisance à être nuiette , et lence est surprenant et inexplicable.
lui fraya, un chemin glorieux aux Mais remarquons que cet antenr,
champs Elfsées, qui articule tant de choses rejetées
On ne saurait rien alléguer de plus par le premier roi des Romains , ne
Sropre à confirmer la première de ces marque pas qu'ils aient proscrit ce
eux obserrations, que ce qui se trou- qui concernait les adultères des dieux,
retouchant les lois de Romulus, dans Disons aussi qu'il arance faussement
Denis d'Ualicarnasse. Ce prince, fon* qu'ils ne parlaient pas de la castra-
dateur de Rome^ emprunta des Grecs tion du Ciel , ni de la destitution de
ce qu'ils avaient de meilleur pour le Saturne ^ etc. Comment osait^il affir-
senrice divin : mais il rejeta les mer des choses si fausses? Ignorait-il
£ibles que les anciens avaient di- que les Romains avaient adopté tou-
vulguëes concernant les crimes des tes ces chimères de la mythologie
dieux , et ne souffrit point qu'on ai- grecque (67) ? Que ne se contentait-
tribuât â ces natures divines aucune u de dire que durant les premiers
chose qui fût malséante a leur sou- siècles de Rome ils n'y ajoutèrent
veraine félicité. Tov( ^f 9rAp«tA/^/«lfo(/c point de foi? Quoi qu'il en soit,
vtft AÙrSf fiù&ùut , ff oTfi ^xao-^nfMdu accordons lui ce qu'il débite de Ro-
Tivlc fiVi »AT AvTÔif » »ATN7^opfAi,^ovM- mulus : on ne pourra point en in-
nove ko) flivM^f Xflîc Ml dc^^nfAciAç viroXA' férer que notre Lucrèce ait été per-
/g^f JvAt, xAt oùx.' ^'^^ d*^v ^^' ^*'^* suadée que les dieux étaient fort
«tvdpM^TMv «îyei6<vv ÀËiwc . àiirAirâLç f|i- chastes.
0a.\t , »«M «'«cptffxfvA^ vwç ÀvBpmfnyç La tradition , que Romulus était
xfATta^* irtft BêSf xiyui n kas ^pov«7v , fils de Mars et de la vestale Silvie ,
/bcif/bv «tvToTc 9rpo0'«t9rTovTAc Àvet^iov *Th- était sans doute déjà vieille au temps
vn^uuA tnç jutexA^AÇ ^ôa-Mç* Ceterùm de Tarquin ; car cette vestale avait
Jfahulas de ipsis à majoribus traditas , déclaré pendant sa grossesse , qu'un
probra eorum continentes ac crimina , dieu l'avait mise en cet état (68). Ro-
improbas censuit , inutilesque ac in» malus avait intérêt que cette fable
décentes , et ne probis quidem uiris fût crue , afin de couvrir l'honneur
dignas , neditm diis superis : repu' de sa mère, et de se donner une on-
diatisque his omnibus , ad benè ac gine céleste. Cela était d'ailleurs très -
praclarè de diis sentiendum et lo^ conforme aux intérêts temporels de
quendum cives suos induxit , nihil eis la ville qu'il avait bâtie ; et c'est
affingi passus quod beatœ illi naturœ apparemment la raison pourquoi, re-
parhm esset consentaneum {66),^ Il jetant les autres fables des Grecs , il
observe nommément que les Romains ne marqua pas <^u'il fallût exclure
ne débitaient pas que le ciel eût été les amours des dieux. Soyons donc
châtré par ses enfans , ni que Saturne persuadés qu'au temps de Lucrèce ,
dévorât les siens , ni que Jupiter , Tun des articles de foi du peuple
ayant détrôné Saturne , le précipita romain était que Mars engrossa Sil-
dans le Tartare , ni que les dieux vie , lorsqu'elle allait chercher de
eussent été à la guerre , et qu'ils y l'eau pour le service divin dans le
eussent été blesses , ni qu'ils eussent bois sacré de ce dieu (69). Ainsi Lu-
été valets parmi les hommes. Tout ce crèce , bien loin de craindre qu'elle
passage de l'historien est très-nota- n'offensât les dieux , supposé Qu'elle
ble * car on y voit Romulus qui éta- commit adultère , devait crainare de
blit la religion , non pas en homme se trouver seule dans quelque bois
élevé parmi des pâtres, mais comme consacré, et s'imaginer que son bon-
un excellent philosophe , et comme neur y courait un très-grand risque,
un théologien mille tois plus éclairé le dieu de cet endroit-lâ étant fort
3ue les magistrats de Grèce. Cepen- capable de devenir amoureux d'elle,
ant les autres hbtoriens , non pas j v . â n
A ^ : ««.w.--,^ Tif*. ï ;-o*i (67) rqyw CiceroB , d« Nâtnri Deorom.
même ceux qui , comme Tite-Live , J^j ^.^^^^ ^^^^ ;.^ ^ ^ ^^^ LXxnil ,
(G6) Dioay0. Halie. Ub. Ht «ap. XFIll ^ pag. m. 6t.
pag. 90* ifg) ^ mStnt.
LUCRÈCE. '5o5
»t de la forcer avec d'autant moins (74) ces deux diyinitës fut déclaré
le scrupule qu^elle n'était pas Tes- par cet- édifice aussi solennellement
taie (noy , comme la mère de Romu* cocu , que par un décret des am-
lus. !Notez que pendant les guerres phictjons , ou que par un arrêt du
que Tar<]uin fit au^ Komains , ils fi* sénat. D'où il faut conclure que
ipiter qu ils^ adoraient des trois ou quatre premiers siècles,
dans le Capitole. Cela justifie , à Pé- ne dépendaient pas de la religion
^ ' * *" '^ * seulement de la reli-
, religion n'appre- Mais voici un dilemme. La religion
naît pas que rimpudicité déplaisait établie par Romulus y et qui repré-
aux dieux. Notez aussi aue le pre- sentait Dieu comme un être trés-par-
mier roi de Rome, en défendant de fait , subsistait au temps dé Lucrèce
leur imputer ce que la Grèce leur en son entier , ou avait déjà été cor-
imputait , fit connaître qu'il courait rompue par les fables de la Grèce,
de mauvais bruits toucbant leur con- Au premier cas , Lucrèce ne s'est
racle de Delphes était fort connu à s'est conduite par des idées d'hon-
Rome (73). L'on y savait donc des néteté , et d'amour de chasteté , que
nouvelles de la religion des Grecs ; la notion de ses dieux ne lui donnait
on y savait donc les contes des amou« point. Voyons à présent ce qui con-
rettes des dieux ; et comme l'on croit cerne la seconde ooservation de notre
aisément ce qui flatte les passions , savant ami.
on ajouta foi sans peine à des dis- Il me permef^ra de dire que l'éru-
cours autorisés par une nation sa- dition qu'il a débitée sur la distinc-
vante et ingénieuse ^ et qui fournis- tion des Dires, des Furies, des Eumé-
saient tant d'apologies aux gens dé- nides , et ce qui s'ensuit , passait Lu-
bauchés. Nous ne faisons qu'imiter crèce et toutes les femmes qui fu-
ies dieux, se disaient-ils à l'oreille rent jamais à Rome , et au pays des
au commencement : ils furent plus Athéniens. C'était un morceau de la-
hardis dans la suite , à mesure que la' théologie la plus mystique qui fût
loi "■ **
vous
siècles . . _ _
vre , où l'on raconte les amours et les vieux adepte pour être instruit de
désordres d'une cour, fait bien que cet article. Je ne sais si Varron , le
les habitans du pays ne débitent pas plus docte des Romains , et le pon-
ces histoires scandaleuses : mais ils tife Caïus Cotta (76) , pcnétrcrent si
n'en pensent pas moins ; ils n'en avant. A coup sûr Lucrèce ne savait
croient ni ni U9> ni moins qu'aupara- pas qu'elle aurait beau se tirer d'af-
vant. Appliquez cela aux sujets de faire au ciel , et en terre devant les
Romulus par rapport à la proscrip- Dires , et les Furies, et que tout cela
tion des lables des Grecs. Ajoutons ne lui servirait de rien , si elle ne se
2ue la construction du temple de fournissait des pièces que les Eumc-^
astor et Pollux fut comme une dé- nides ]ui demanderaient dans les en-
claration authentique des adultères fers. Elle ne se tua donc pas pour
de Jupiter , et dérogatoire à la loi de avoir de quoi repondre à un examen
Romulus (73). Le mari de la mère de ■, ■ . > j ...
' ' 0ui voudraient prétendre qu elle comprenait
tarUcle dont Denja d*Halicarnisse n'a puint
(70) C'ent'h'dire une filla qtd eût consacré ta parlé.
virginité à la déesse Vesta. ('ji) Léda ,feinme de Tfudare.
(71) Floras, lib. /, cap. XT. (,-5) Snccuhuit famœvlcla publia meiù.
(■ja) Dionjs. Htlic. lUt, IV ^ cap. LXXV ^ Ovid. Fastor. 2(6. //, vs. 810.
pag. a54. ^ (76) Vun des interlocuteurs de Cicéroa aux
(73) Je parla ainsi pour m*aecommoder à cru* Livres de Naturi Oeoruta.
5o6 LUCRÈCE.
dont elle. n'avait mille idée. Uinterét chère qae la chasteté , elle a «stcnùé,
unique de sa réputation , sans aucun de Tautre, à la belle réputation , ce
rapport à la reiieion, la porta à se qu'elle avait }>ré£eré a la vie même,
tuer, comme on ra dit dans les Pen- Tout cela se réduisait à Pamoar-pro-
sées sur les Comètes. pre; mais si elle eût été chrëtienne.
Saint Augustin a fort bien compris je dis bien chrétienne , elle eût agi
cette vérité, et en a conclu avec rai- autrement , et par un principe d'a-
son que la conduite de Lucrèce n'é- mour divin. Le jésuite espagnol qae
gale pas celle des femmes chrétien- j'ai cité ci-dessus lui marque bien
nés, qui , ayant subi une semblable son devoir , et lui oppose ce que ré-
violence , se consolent en Dieu , le pcmdit Lucie , femme chrétienne.
témoin de leur pureté intérieure , et Mal se eeanno Lucrecia , y si tu%nera
se gardent bien de réfuter les soup* tanto (^atordeanimocomoherynosura,
cons des hommes par la transgression con el primero reparara el danno que
de la loi divine. Quod seipsani , quo- la hizo la seeunda. iVb son idolnàas ,
niam adu/terum pertulit , etiam non dite Sant nasilio {*) , hablando de
aduiterata occidit , non est pudicitiœ las virgines : qaœ vim passae snnt non
caritaSf sed pudoris infirnUtas. Pu- con sentie nte ad voluptatem anima ,
duit enim eam turpituàinis aliénas in imo integram atque incorruptam
se commisscBy etiam si non secum : sponso suo et fide et vii'ginitate incli-
et Romana mulier laudis awida ni- tam , majori cnm gloriâ et lande ob-
niiiim uerita est , ne putaretur, quod tulerunt. IHsto no sabia Lucrecia, , Y
violenter est passa càm viveret, li- si lo entendia, cegose con el pimtillo
benter passa si viueret» Undè ad ocu- de la honra , y todo lo perdio. De
los hominum ntentis suœ testent illam manera , que por medio de la muerle^
pœnam adhibendam putauit , quibus quedo muerla : y por temor de la
conscientiani demonstrare nonpotuit. honra quedo desJionrada Quanto
Sociam quippè facti se credi erubuit, mas, que respondio muy bien otra no
si quod alius in ed fecerat turpiter, Lucrecia romana, sino Lucia chris-
ferret ipsa patienter. Non hocfece- tiana , al présidente Paschasio , qt^
runt fentinœ christianœ, quœ passas sobre el mesmo punto dixo , la pon-
simiHa wiuunt. Tamen nec in se ultœ dria en el lugar de las mugeres ra-
sant crimen alienum, ne aliorum sec meras , para que qualquiera la infa-
leribus adderent sua ; si, quoniam masse , y el espiritu ditfino de que se
hostes in eis concupiscendo stupra preciaua la desamparasse : Si invitam
commiserant,illceinse ipsishomicidia jusseris violari, castitas mihidupii-
erubescendo committerent, Mabeni cabitur ad coronam (79). Il y a une
quippè intiis gloriam castUatis , testi- autre chose en quoi les femmes chré-
monium conscientiœ •' habent autem tiennes dont parle saint Augustin la
coram oculis Dei sui; nec requirunt surpassaient : elle eut à choisir entre
ampliiis , ubi quid rectè faciunt , non la mort et la complaisance f elles
ampliàs habent, ne devient ab auctO' n'eurent point la liberté de ce choix
ritate legis diuinœ, ciim malè deui- (8q). Les tyrans, les persécuteurs ,
tant ojffensionem suspicionis humanœ les soldats , employaient la violence
(77). si au lieu de suivre l'esprit ro- sans proposer l'alternative. Réduites
main , avide de louange (78) , elle se en cet état , elles ne pouvaient s'armer
fût conformée aux lois de la bonne que du défaut de consentement , et
religion , elle eût mieux aimé se lais- qae de la répugnance du cœur \ car
ser tuer par Sextus , que de lui per- de quoi eût servi la résistance des
mettre ce qu'elle souifrit. On ne peut bras et des mains ? Quant an reste ,
donc la justifier au tribunal de la re- il faut présumer pour Lucrèce la mé-
ligion : mais si on la juge au tribu- me chose que pour elles , c'est-à-dire
nal de la gloire humaine , elle y rem- rejeter les conjectures dont saint
portera la couronne la plus brillante. . . „ _,.
fcar si d'un côté la vie lui a éié moins <ilfj^rJk^it^Z:%^.l^V,. -.«1 a.
(ni) Augniil. de Civiute Dei, lib. I , cap. Principe» > lib. XIX, cap. VIII, pag. 577.
XIX ^ pa/r. 6g. (80) ChistianU fœmini* in capUvilaU corn-
(78) P'incei amorpatriœ laudunnjue immen- pressés alieni ab' oiAni c'ogiutlione sancliiaut
sa eupido. insultant. Aa^ust. de CïTilate Dei , lib. I , caff-
Virgîl. JEntid. , Hb. VI , v.r. 8a4' XIX ^ ftg' 69»
LUCRÈCE. 5o7
7V.«jgustin a fait mention â Fegard de » par le droit de son pby» , et par la
oette dame païenne. Qiie sait-on , m religion de son temps , ellesetrou-
dit-il , si elle ne se sentait pas coupa- » vera des plus chastes de son temps ,
>>le de quelque consentement y et si ce m et des plus fortes de son pays : la
xxe fut point la raison pourquoi elle » noble et vertueuse philosophie ,
se tua? Quidsienim , {quodipsatan- » qui Faccuse si souvent, Fabsoudra
:twxmTnod6 nosse poterat , ) quamuis » de son malheur , et ^e re'conciliera
jjuveni violenter irruenti , etiani su^ » avec elle ; et chacun avouera que
£ibidine illecta consensit , idque in se )> son péché fut moins de sa* faute ,
punienS ila doluit , ut morte putaret )> que de Fimperfection du droit ro-
crpiandum ? Quamquam nec sic qui- m main, qui ne Tavait pas bien réglée ;
^iem occidere sedebuitfSiJructuosajn » et des scandales de la religion',
jjosset apnd deos falsos agere pœni- d qui ne lui avait donné que de mau-
tentiam. P^erumtamen si fnrtè ita est, » vais exemples. En effet , le droit de
Jalsumque est illud , quod duo fue- » ce pays-là n'était alors qu'un droit
runt , et adulterium unus admisit , » superdciel et de montre . . . , .
sed potiiis ambo adulterium commise- » Quant à la religion romaine, qui
nirtt, unus manijestd invasions, altéra » érigeait les'courtisanes en déesses ,
latente consensione , non se occidit » et sacrifiait à des adultères, il ne
insontem (8i). Ce sont des soupçons » fallait pas attendre qu'elle fît des
de'raisonnables. Il faut croire que son » vierges , ni des femmes chastes.
cœur ne perdit rien de sa pureté, et » En cela Lucrèce , voire Lucrèce
qu'on lui ôta par forcé une pudicité » violée , fut meilleure que les dieux
immaculée (8a ). C'est la traduction » de Rome. Ce ne fut pas l'amour du
littérale des paroles dojit Brutus se » plaisir, ni la crainte de la mort,
sert dansDenys d'Halicarnasse. Notez » qui la firent faillir 5 ce fut l'amour
qu'on peut croire raisonnablement » de l'honneur, et la crainte excessive
que personne n'aurait jamais su l'ac- » qu'elle eut de le perdre. Et si elle
tion du fils de Tarquin , si Lucrèce » n'eut pas la fermeté de Susanne ,
ne l'eût révélée. , » qui ne plia ni sous la mort, ni sous
(F) Le père le Moine ... a fait » l'infamie , il suffit de dire pour
l'apologie de cette dame , et il a dit » l'excuser , qu'elle ne croyait point
qu'elle surpassa ses divinités, 3 « J'ai » au dieu de susanne : et le miracle
M .TU , dit-il (83) , le procès que l'on » eût été trop grand , si une païenne
yt fait a sa mémoire , et la sentence » eût égalé une des plus hautes ver-
» qui lui est attachée dans les livres » tus des fidèles , sans la loi et sans
» de la Cité de Dieu. J'ai assisté quel- » les grâces qui faisaient les fidèles.
T> quefois aux déclamations qu'une » Ne feignons donc, point de louer
» des plus hautes et des plus fortes » Luorèce Ne pouvant de ses
» vertus de son sexe (84) a coutume ». seules mains résister à la force ar-
» de faire contre elle : et j'avoue que •» mée , elle la repoussa de l'esprit :
» si elle est jugée par le droit chré- » et son âme s'éleva autant qu'elle
M tien et selop les lois de l'Evangile , » put , pour n'être point tachée de
u elle anra peine de justifier son in- » l'impureté qui souilla son corps
}) Docence Néanmoins , si » (85). »
>i elle est tirée de ce tribunal sévère, .„_, _ 1 . « • /* t • j *
v\*i /. «.^1 . (85) £•« père le Jnoine , Galerie de* fera-
» OU il ne se présente point de vertu „;, firies, p^^. 390.
ji païenne , qui ne soit en danger ,
>> d'être condamnée : si elle est jugée LUCRECE , en latin Titus
(8.) Idem, ibidem, ^ag. 68. Lucvedus Carus (A) , a été un
(82) T»v ÀfAtàL^rr^^ di^ettptBfÎTct AiS£ des plus grands poètes de son
p%ra, /èietç. Impolluta pudicHia per fim spo- siècle. Il Uaquît SCloU la ChrO—
liaUi.Dlonj». U»Vic»rn.Ub.IKcap.LXXXrT, 'nnt^ rl'Fn«pKp l'an O dpla
pag. 874. Ces paroles re'fuleni la critique de HiqUC Û l!.USeDe , l dU 2 QC la
Henri Etienne " ' ' « i ' "i rT%\ . «i _. ^ —
(D) , aux I
enne. ^o^m ci-dessus la remarque 171", olvnipiade f B) , et il Se tua
i«^ et 2«. alinéa, ,'. ^ ^ Timi
;.ir* le Moine, Galerie de. femme, lui-nieme a 1 âge dc quarantc-
riMff^a^. 188, 189 Édit. de BoUande, 1660. quatre ans. Cela, veut dire qu'il
(84) Je voudrais bien savoir de quelle per" ^. 1, j.t> f\^
nneU père \cKio\nt parle ici, ^ ■ SC tua Un de RomC 7 02. Un
(83) Le
foriM
5o8 LUCRÈCE*
lui avait donne nn philtre qui qui selon lui n'étaient qu'erreurs
le fit tomber en fureur. Cette populaires (L). On prétend qu'il
manie lui laissait des intervalles a été disciple de Zenon. Ceux
lucides y pendant lesquels il com- qui ont critiqué cela n'ont pas
posa les six livres €/e rerc/m iVa- trop bien réussi (M). Nous di-
turâ (C) j où il explique savam- rons , en réfutant M. Moréri
ment la physique d'Epicnre. La '(N) , et quelques autres écrivains
même Chronique nous apprend (O) , plusieurs choses qui concer-
que cet ouvrage fut corrigé par nent Lucrèce. Ceux qui désirent
Cicéron , après la mort de l'au- de savoir les éloges qu'on lui a
teur (D). Jamais homme ne nia donnés , n'ont qu'à consulter les
plus hardiment que ce poète la auteurs que Barthius nous indi--
providence divine (E) , et cepen- que (6). M. Creech qui donna en
dant il a reconnu uu je ne sais 169$ , une édition de ce poète
quoi qui se plaît à renverser les (c) , accompagnée d'une excel-
grandeurs humaines (F) ; et l'on lente paraphrase et de belles no-
ne saurait nier que son ouvrage tes , en avait déjà publié une tra-
ne soit parsemé de plusieurs duction anglaise. C'est domma—
belles maximes contre les mau- ee qu'un tel auteur n'ait pas été
vaises mœurs (G). S'il eût fait de longue vie (é/), et que sa fin
autant d'attention aux accidens ait été conforme en quelque ma-
des particuliers , qu'à ceux des nière, à celle de l'auteur romain
grands , il eût reconnu peut- qu'il avait traduit et paraphrasé,
être un je ne sais quoi qui se Je suis sûr que la traduction fran-
plaît à chagriner les petites cou-* çaise de M. l'abbé de Marolles
ditions ; mais peut -être aussi n'aurait point eu le destin qu'elle
qu'il eût rejeté cette hypothèse eut(P)9 si elle eût été aussi bon-
(H), et se fût fait fort a'expli- ne que cette version anglaise '^.
quer physiquement cette affaire- Il ne sera pas hors de pro-
là. Ceux qui ont écrit sa vie as- pos d'examiner un paralogis-
surent qu'il 'était parfaitement me et une contradiction que l'on
honnête homme (a). Quelques- reproche à Lucrèce. Le paralo-
uns veulent que l'invocation qui gisme regarde l'un des argumeas
se trouve à la tête de son poème août il s'est servi pour faire
(I) soit propre à montrer qu'il voir qu'il faut mépriser la mort,
s'est contredit , et que dès la Epicure l'avait déjà employé ,
première ligne il a quitté son mais d'une telle manière que
système. Ils auraient raison , ^., ^ . « .. • , <:
VI f. •. . .. - •« (o) Comment, in. Siilium. tom. i, p. 2Qt.
S il était vrai que cette prière [^^ i„,primée à Oxford. inS^.
fût autre chose qu'un jeu d'eS- \d) n a cessé de vwre «•a 1700, n*ajant
prit (K) , Oil il voulut bien s'aC- f* ««'^°'* quarante ans. Vojrez les NouwU
\ 1 <• • les de la Rëp. des Lettres, jeD(. X700, rac-
commoder en quelque façon a 331, '^ 1 r / 1 #- o
la* coutume. Il est aisé de prou- "Lagrange, mort en 1775 à Irenle-sepl
..A» ^..'^~ _^l • *-^- ans, a donne une nouvelle traduction fran-
ver quen plusieurs rencontres çai,;etquiesttrès^stimée,dupoëmedeLu.
n a conformé son style au lan— crèce, 1768, deux vol. in-80., i7(>8, deux
gage commun, et aux sentimens ^°^- ''""^^i ? 79^. deux vol. grand inj-..
V o ^ (les exemplaires sur papier nom de Jésus aoDt
{a)Voyei la remarque (G). en trois vol.) et i8ai, deux vol. in-i2.
LUCRÈCE. 5o9
Plutarque l'en critiqua sçvëre- parle , l'un surnomme Vespillo , et
ment(Q). La contradiction se l'autre Ofella, ou bien de t^^^
vxy ^ Vespillo dont parie Jules César. Ce
rapporte a la doctrine de Lucre- dernier Lucrèce était sénateur: mais
ce touchant la nature de l'âme cela n'empêche point qu'il ne pût être
de rhomme. Il a soutenu que proche parent de notre poète ; car il
cette âme meurt avec le corps, r'âl^iltàVJF^trfcr:
et néanmoins il remarque qu elle pendant que les autres demeuraient
s'en retourne au ciel lorsque dans le rang des chevaliers. Pour le
l'homme meurt. Ceux qui pré- prouver , Lambin se sert d'une fausse
tendent qu'il n'a pu parler le la ÏIX^X,!»^^^^^^^^^^^^^^
sorte sans se contredire na- des charges, on aurait vu deux frè-
vaîent guère lu son ouvrage, ou rcs , Fun sénateur , l'autre simple
n'avaient ffuëre compris ses sen- chevalier ; mais il reconnaît que le
ti^eas(R). Cette objection ne ^^«t ^fZ^L^ jî.£ ^t
l'eut point embarrasse : il au- rum se ad honoras petendos , et
rait eu infiniment plus de peine Remp.gerendam contulîsse: alterum
à maintenir les attributs de ses l^copopulaHcarere,suumnegotium
dieux (S) ; car il fournit lui-mê- :îll\T^J/'t:^'"s::u:T^
me des armes a ceux qui les veu- est)sedjinge ita euenisae,proculdur
lent attaquer , et c'est en cet hio is qui œdiUtatem majorem , prœ-
endroit-là que son système ne ^^ram , comiUatum adeptus esset ,
K^ 1 j •• j» ^. M' Marcus , senatorii ordinis factus
parait pas la production d un es- ^,,^, . ^^^ \i^^ ^^ „^^^^^^ ^
prit qui sait raisonner conse- tratum gessisset , in equestri ordlne
quemment. mansisset (3). M. le baron des Cou-
tures passe encore ici plus avant ;
•i IV* - w . '
que fJiceron y qi
nommés f^espillo , ou de la famille plus considérables charges de la répu-
tés Lucréces surnommés OfeUa , et blique , eut toujoui^s 'Quintus Tul"
que le surnom de Carus fut en lui lius y son frère, dans l'ordre des che-
un quatrième titre , qui marquait ou ualiers.
son grand génie, ou la douceur de (B) Il naquit tan ^ de la 171^.
son naturel,- ou quelque chose de olympiade. ] C'est une opinion assez
cette nature (i). 11 produit quelques commune (4), que Lucrèce vint au
exemples de gens qui avaient deux monde douze ans après Cicéron ,
surnoms. M. le baron des Coutures, sous le consulat de Lucius Licinius
passe plus avant (a) ; il affirme com- Crassus et de Quintus Mutins Scévola,
me un fait certain que Lucrèce fut Pan de Rome 658. M. le baron des
surnommé p^espillon ou Ofelle , Coutures (5) est le premier que je sa-
parce qu'il tirait apparemment son che, qui ait mis la naissance de Ci-
main des deux orateurs dont Ciceron consulats qui sont marqués par les
autres écrivains. Lambin fait ici trois
(0 Cumad commune totimfamiliie eogno- fautes. Il dit qu'Eusèbe a mis la nais-
men oui FespUlonh, aut OfeUœ , cogMmen jja„oe de Lucrèce à rolvmnÎAflA mt
Cari aeeessisiet . 9el propter ingenii magnUudi- sance QC L.UCrece a 1 Olympiade 1 ni ,
nem ae prwMtantiamt vel propler monun sua- C CSt-a-dire SOUS le COnSUlat de Cu.
viiat'm et comitatem , vel propter alùjuid taie.
Larabinus, in ViU Locretii. ^3) Lambinus, in Vit* Lucrptiî.
(9) Dans la\ic de Lucrèce ^ au-devant de xa (^) Lambin , Gifanius ; Daniel Parens iit
tradu€lion française de ce poêle , imprimée à Viia Lucretii , l'appi'ouvent.
Paris , l'an 168
içaue ae ce poeie , tmpnmee a ▼ ii* uncrcwi , t uppi-uuyeni.
5. (5, Dans la Vie de Lucr&ce.
5io LUCRÈCE.
Domitiuti Ênobarhe , et de Caïus Cas- a Page de trente-six ans : cela , di^-
sias Longinus , Fan de Rome 657 ; et je, est absurde, encore qu^on le
3 ne d^iutres la mettent à Tolympia- corrige par ces paroles , ou plutôt h
6172, c'est-à-dire sons le consulat i'^tee de quarante; car outre qu'il
de L. Licinius Crassus , et de Q. Mu- fallait dire quarante -^ un et non pa«
tins Scévola , Tan 6S8 : d'où il paratt, quarante, on ne doit jamais se servir
ajoate-t-il, que ce porte c'tait plus d^une telle disjonctive , h trente-six <,
jeune de douze on onze ans que Cicé- ou h quarante , lorsqu'il est constant
ron , qui naquit sous le consulat de que la première partie de cette pro-
Q. Servilius Cepion , et de C. Attilius position est fausse. Le père Briet est
Séranus. i*. Eusêbe met la naissance dans le cas : il pose sans balancer la
de Lucrèce à l'an 2 de la, 171 •• olym- naissance de Lucrèce à l'an de Kome
piade. Or , Domitius Énoharbe et 5^3 , et sa mort à l'an 584 ; il n'a donc
Cassius Longinws furent consuls l'an- point dû avancer deux opinions sur
née d'auparavant, a^. Leur consulat la durée de la vie. En 4*. lieu , comme
et celui de Licinius Crassus, et de Crassus et Pompée ont été consuls
Mutins Scévola n'appartiennent pas deux fois ensemble, c'est une faute
à l'olympiade 173 , mais à l'olym- que de marquer simplement qu'une
piade précédente. Il est un peu étran- telle chose est arrivée sous le consu-
ge que Lambin nous distingue si lat de ces deux hommes. 11 faut spé-
&oidementl'oljmpiade i7Tetlolym- cifier sous quel consulat. En 5'.
Siade 172 , par les années 657 et 658 lien , Crassus et Pompée furent con-
e Rome. 3°. Puisque le consulat sous suis la première fois , l'an de Rome
lequel Cicéron naquit tombe à l'an 683 , et non pas l'an 584. En 6'. lieu,
de Rome 647 9 il fallait dire qne Lu- ou il ne fallait point parier de Vir-
crèce était plus jeune que Cicéron gile, oXi il en fallait parler comme
de dix ou douze ans , et non pas de Bonat , qui marque que ce poète prit
douze ou de onze. Gifanius , et son la robe virile le même jour que Lu-
copiste Daniel Paréus (6) , en mettant crèce décéda. La plus grande force
la naissance de Lucrèce â l'an 658 , de la singularité consiste dans la ren-
ont tort de le faire nattre douze ans contre du jour ; Le père Briet Té*
arant Cicéron. nerve en se contentant d'observer qu«*
J'ai compté jusqu'à huit fautes Virgile prit la robe virile l'anne'e de
dans huit lignes du père Briet (7). 11 la mort de Lucrèce. En 7«. lieu , ci*
veut que Lucrèce soit né l'an a de la fut sous le deuxième consulat de
175*. olympiade, et que cette année- Crassus et de Pompée, que \irçi\e
là soit la 543*. de Rome. Il veut que prit cette robe , l'an de Home 698 («) *
Lucrèce soit mort Fan de Rome 58 j , il ne fallait donc pas mettre à Fan
à Fâge de trente- six ans, ou plutôt à de Rome 581 la mort de Lucrèce. En
l'âge de quarante , sous le consulat 8*^. lieu , samt Jérôme a dit claire-
de Pompée et de Crassus ; et que ment que Lucrèce se tua à Fâge de
cette année-là soit celle où Virgile quarante - quatre ans. Propriâ se
prit la robe virile. Enfîn, il impute manu interjecit anno œtatis quadra-
à saint Jérôme d'avoir dit que Lu- f*esimo quarto (9). Joignez à ces huit
crèce s'ôta la vie à l'âge de quarante fautes celle que le père Briet a faite
ans. Comptons bien ses fautes. En un peu aprè^ , en disant qu'Ovide a
!«'. lieu, il devait mettre la naissance donné à Lucrèce l'épithète de divin :
de Lucrèce sous la 171*. olympiade, , . . . , .
et non pas sous la 1 75e. En 2«. lieu , ^g^^.^ ^^^^ ^^ dabiiuna Mes.
Tannée olympique qu il marque re-
pond à l'an de Rome 674, et non II y a siifc//mi* , et non diuîni, dans
pas à l'an 543. En 3®. lieu, il est Ovide (10). Gassendi s'est étrange-
absurde de dire qu'un homme né ment abusé sur le passage de saint
Fan 543, et mort l'an 584 ^ ^^^ mort
(6) L» .Srolî.vtc Danplnn arnnt mû h la t^e ^^^ ^"^T. ''/"''"o «""<> *'«"'• «"'«« ]'>'
de, on Locrèce la \ iedece pofl^, faite par Da- ^'"« *;/"' '/'" «^*"»^»''*'*' «/'«'" 7'"^"' "«'"'
niel P.rio» , devait savoir qn'h quf1r,u^,rrtran- 'J''- j^^'^'p"* «' '« *P'^^ dv» LacreUus poeia
chemen, prks, c'est mot à mot celli que Gif.- discederet.^onzx^m V.la Virg.lu.
Diiis a compas/»!. (f)) /» Chrome. Eonebii.
(7) De Poctii Lotinis, pag- g. (10) Ovjd. Amor. lib. /, t\e$. XV. vi, »3.
LUCRÈCE. 5ii
[ërôme : il a cru que Tannée de la rbn. Un illustre Anglais (i^) que je
iiort y avait été. marquée , et non cite assez souvent , veut, que Lucrèce
ja.s c'elle de la naissance ; ce qui lui ait été contemporain de Cicérôn et
k £a.it conclure que Lucrèce était de Varron , mais un peu plus âgé
plus âgé que ce Zenon l'épicurien, qu'eux. Il met en marge que Lucrèce
dont: Cicéron et Atticos avaient été florissait io5 ans avant Jésus-Christ.
auditeurs (ii). M. Creech a mis la Or selon lui la- naissance de Jésus-
mourut Lucrèce; ce qui pourrait donc qu'il le fasse naître environ l'an
faire croire à un sectateur de Pylha- 620. C'est bien s'écarter de l'opinion
gtore , que l'âme de Lucrèce passa ordinaire , et de l'opinion de saint
dans le corps de Virgile. /^ix flèso- Jérôme. La Vie de Lucrèce, par Lam-
luto opère mo^tur, eo ipso die quo bin, dans l'édition' dont je me sers
natiis C5/ Virgihus, et aliquis Pytna- (19), porte ^u'il mourut à l'âge de
goreus credat Lucretii animam in quarante-trois ans, sdus le troisième
Maronis corpus transiisse, ibique Ion- consulat de Pompée , l'an de Rome
j^o usu et multo studio exercitatam 761, le jour que Virgile naquit. Des
poëlam ei^asisse (12). Cette faute est deux fautes qu'il y a là , l'une est
considérable ; car il en faudrait con- sans doute une faute d'impression
dure que Virgile fît ses églogues à (20): l'autre est une faute d'auteur.
Page de huit ou neuf ans. Voilà com- Lambin , au lieu de mettre le jour
ment les plus doctes brouillent leurs que Virgile prit la robe virile , a mis
idées. Ils convertissent le jour que le jour de la naissance : et quand on
Virgile prit la robe virile en celui de le rectifierait ainsi, on ne l'exempte-
sa naissance. Lambin avait fait le rait point d'erreur ; car ce fut sous le
même faux pas ( i3). deuxième consulat de Pompée queVir-
Si l'on en jugeait par le style , on gile prit la robe virile, l'an 698 (21).
s^imaginerait aisément que Lucrèce a (C) Cette manie lui laissait des in-
étë plus vieux que Cicéron ; mais tert^alles lucides , pendant lesquels il
cette règle serait trompeuse. Combien composa les six li^'res de Rerum Natu-
_1 __ J».__i _i _ • ^Â -t n • !_• M. 3 it» 1 m.1
ment et poliment .•' Quoi qu il en soit, cherent pas de taire d excellens vers,
j'ai lu dans quelques modernes que ne trouveront pas incroyable ce
Lucrèce a précédé Cicéron. Paulb qu'on nous dit ici de Lucrèce : Ama-
antiquior fuit Terentio Varrone , et torio poculo inj'urorem uersus , quiim
M. Tullio , ut quidam scrijherunt. aliquot librps per intenta fia insaniœ
C'est Crinitus qui dit cela (i 4). Char- conscripsisset (23). Quelques-uns
les Etienne, Lloyd et Hofman l'ont croient que Stace a voulu parler de
bien copié; mais Décimator, le co- cette fureur, quand il a dit :
, ,_ ^ „ qi ^.__„
quior Terentio, P'arrone et M. TuU que , et qu il a fait allusion à ces ter-
lio. Dans un autre livre (i6j il avait nies du I**". livre de Lucrèce :
dit tout simplement que Lucrèce est Sed acri
plus ancien que Térence et que Cicé- Percutsiuhyrso laudis spes magna meum cor.
(17) Pope Blount, Censura Anihorum,». 3q.
(il) jilujuanlà velutiior , sed Homœ ^ fuit (t8) Fojex ce quil dU de la mort de Cicéron ,
T. Lricretius Carus; obiit enim fuxtà Eurebtum pag. 4o.
olympiade 171. cùm agerel annurn attnlis qua- (19) C'est celle du Scoliafte Dauphin de Lu-
dragesimum terUtun. GoMend. de Vita Epicuri, crèce.
'**; '{'„$'*''• 'y* , « .. (") 751 aa lieu de 701. Il y a 65i dans
(1%) Tbom. Creecb, in Prœfat. Lucretii. Védit. de FrancfoH , i583.
(x3) yore* lafn de cette remarque. (ai) Donatu*", in VitS Virgîli;.
^*i^ Pe PoëiislatiDis, Ub. II , pag. m. 657. faa) Tliuan. Ilisi., Ub. CXIII^pag, 686,
(i5) In Thesanro Linf{u.ironi, voce Lacretius. ad ann, iSqS.
(16^ In IIa. part. Sj\rm Vocabaloruin , im- (fi) Cbron. Fusrhii.
primée à Franefort , in-S*»., Van iSgi. (,4) Stat., »iW. VII , Ub. II, vs. 76.
5l2
LUCRÈCE.
Vojez Barthias , sur ces paroles de qui mc plaît a renverser les granr
Stace. deurs humaines. J Ayant parle de h
(D) Easébe nota apprend que peur qui saisit les amiraux â la vae
cet outfragefut corrigé par Cicéron^ d'une tempête , il ajoute que c"*est en
après la mon de l'auteur. ] Il semble vain qu'ils font des tœuz ^ tant il est
que le père Briet le croie , puisquHl vrai qu'une force occulte semble se
se
sert d(
hus , duris
e ces paroles : In suis versi- jouer des dignités de la terre.
ris quidem , sed i^aldè latinis, ^^^ ,^^ ^^^ ^.^ „,,^„^. ^
per mare renu
Jnduperatorem elastU super mquora yerrH.
Cum ¥alidit portier legionihuM , eUque de-
phanlis :
Non Di¥Ûm pacem votis mdil? ae preem qum-
ni
Ventorum pavidus paeee ,
ûundtu?
Nequicquani : tmonitun violenta ttrhine stapi
Conreptus nihuofertur mûniu ad eada lenki i
Ve^ui adeà reè kumanae ▼!• absita qurn^
dam
ObterU , et pvXehroê Faseeis , smvas^ue Se-
eureU
Ptoctdcarey ac Lomi&io «wi ■▲■■»« eide-
air(ag).
ammaeque #e>
et TuUii limd dignissimis. Quelques-
uns (aS) croient qu'il a touIu dire
que les poésies de Lucrèce avaient
besoin de passer par la lime de Clcé-
ron ; mais d'autres jueent qu'il a vou-
lu dire qu'elles font nonneur à Cicé-
ron, par qui elles ont été' corrigées,
ou (lu'il paraît bien qu'elles ont passé
parla lime de ce grand homme.
(£) Jamais homme ne nia plus har-
diment.... .. la Providence divine."]
Car il entre en matière par cet im-
pie début : VoiU un philosophe qui a beau nier
OmnitenimperseDiuûmnaturaneMeeeejt opiniâtrement la Providcncc et la
Jmmortali mvo smnmdcwn paeefruatur, torce de la Fortune (3o) , et attribuer
Semoia a noslris rébus , sejunelat/ue longb. tOUteS choseS aU moUVement nëces-
Aam priV«/« Jo/ore omn^ p^ sftire des atomes , causc qui ne sait
Jpsasuts pollens optbus^ nthiiuuuganostnf ^ n ' 9 i« X •. i» <
Net benè promerUis eapiiur, née tangitur OU elle Va , m CC qu elle fait 5 1 expe-
iW(a6). rience le contraint de reconnaître
Il cpnlinue par donner des louanges dans le cours des éyénemens une af-
infinies à Épicure , qui avait eu le {ectation particulière de renverser
courage d'attaquer la religion, et les dimilés éminentes qui paraissent
qui en avait triomphé. I«rmi les hommes. Il n'est presque
*■ pas possible de méconnaître cette
ffuri,ana nnte oeuloe /œdb ehm vUa jaceret affectation , quand OU étudie attenti-
In terris oppressa gravt sub relUgione t . |,,'. ^ . -, .
Oium eanut a eœU regionibus ostendebat , Vemeut 1 hlStOire , OU • Seulement CC
Norribai super adtpeetu mortalibus instans t qui Se paSSe daUS IcS payS de Sa COU-
PrimMun Graius homomoHaUistoUereeon- naissance. Une vie médiocrement
Est Jcûhs ausus , primmque obsisiere cou- longue suffit pour nous faire voir des
frà : hommes, qui, étant montés par une
Çuem née fama Deum^ née fulminât née suite précipitée de bons SUCcès à
nunitanu baifte lortune . retombent dans
Murmure compressa calum^ eed eo magie , m«h*i^ a«jai.uu«< , « «.cvau vv^ui^ uni»
acrem le néant par une suite semblable de
Firtatem inritat animi , eonfringere ut areta mauvais SUCcès. Tout Icur réussissait
Nature primiu poiiarum etaustra cupiret. auparavant , rien ne leur réussit au-
Oi^'rireUigiô p'edibùs sûbj ecii vUiisifii ' jourd'hui ; ils ont part à mille mfor-
Oburiiur; nos exeeqùat Victoria cœlo (27). tuues qui épargnent Ics Conditions
Il dit dans le même livre, qu'une des médiocres , posées pour ainsi dire
choses qui l'encouragent le plus est *" ™™« chemin. C'est contre eux
la louange qu'il espère de mériter ?"« ^^ Fortune paraît irritée c est
en traitaSt d'une mStière toute neu- l^»"^ '["l'^*' ^^ *] ««^^f ,5", ''."* *'*
ve , et en rompant les liens de la re- conspirée, pendant qu elle laisse so
lieion (a8) repos les autres hommes. Je ne m e-
(F) // a reconnu un je ne sais quoi *^°^« ^^ji^ point que Lucrèce se soit
"^ ' aperçu d une telle affectation , mex-
(a5) rore» Baillet , Jofcmeii* sur lei poëtei, plicablc selon ses principes , et très-
tom. iï^ pag. 8q. malaisée a expliquer selon les antres
fa6) Lucret. Jib. /, vs. Sg.
(17) Ibid. vs. 64. (,g) Idem ^Vib.V yVS. ia»5.
(a8) Vrimum quod magnis doeeo de rébus et (3o) EnUndet ici par Fortune mie dieinit/iui
arelis religionum animos nodis exsolvere per- agit avec connaissance , mais qui est biuure
go. ILid. pag. m. 3o , vs, g'o. maligne ^ injuste , imprudente , ete.
LUCRÈCE. 5,3
iyslèmes : dar il fafkt demeurer d'ac- soin de cette leçon , et il bV a no Ile
îord c|ue les ])hénoménes de Pbistoire apparence^ que les siècles à Tenir
bumaine ne jettent pas les philoso- soient moins exempts de cette tîcîs-
f>hes dans de moindres embarras que situde dont parlait Ésope , que ceux
es phénomènes de Fhistoire natu- qui ont prdce'dë. Ainsi cette alterna*
relie. Ce qu'il y a de plus sensible tive ne porte point le caractère d'un
dans Pbistoire numaine , est l'alter- être infiniment bon , infiniment sa-
native d'élévation et d'abaissement ge , infiniment immuable. Je sais
(3f) dont je parle ailleurs (3a), et bien qu'on peut inyenter mille rai-
qui, au dire d'Ésope, est l'occupation sons contre ces difficultés : mais on
ordinaire de la Providence. Com- peut aussi inventer mille répliques :
ment accoixler cela avec les idées l'esprit de l'bomme est encore plui-
d'un Dieu infiniment bon, infiniment fécond en objections qu'en solutions •
sage , et directeur de toutes choses ? de sorte qull faut avouer que sans
L'Etre infiniment parfait se peut-il les lumières de la révélation , la phi-
plaire à élever une créature au plus losopbie ne se peut débarrasser des
baut faîte de la gloire , pour la çré- doutes qui se tirent de l'histoire hu-
cipiter ensuite au plus bas degré de ipaine. C'est aux tiiéologiens et non
l'ignominie ? Ne serait-ce pas se cou- pas aux philosophes , qu'il appartient
duire comme les enfans , qui n'ont d^aplanir cela. Les poètes du pasar-
pas plus tôt bâti un château ce cartes, nisme recoururent à une hypothèse
2u''ils le défont et qu'ils le renversent? qui fut fort goûtée des peuples : ils
«la , dira-t-on , est nécessaire , paiv prétendirent que dans ce grand nom-
ce que les hommes , abusant de leur bre de divinités qui se mêlent du
prospérité, en deviennent si insolens, gouvernement du monde , il y en a
qu'il faut que leur chute soit la pu-: qui portent envie aux hommes heu-
nilion du mauvais usage au'ils ont reux, etqui, pour apaiser le cha-
fait des faveurs du ciel , et la conso- grin que cette envie leur cause
lation des malheureux , et une leçon mettent tout en œuvre afin de perdre
pour ceux à qui Dieu fera des grâces ces hommes-là. D'où vint que le pa-
à l'ayenir. Mais ne vaudrait-U pas ganisme eut un soin tout particulier
mieux , répondra quelqu'autre, mé- d'apaiser ces dieux jaloux : la déesse
1er à tant de faveurs celle de n'en Némésis , qu'on se figurait à leur
point abuser ? Au lieu de six grands tête , avait autant de part qu'aucune
succès , n'en donnez que quatre , et autre divinité aux cultes et aux hon-
ajoutez-y pour compenser les deux neurs de la religion ^ et lors même
autres,, la force de bien employer les que l'on croyait avoir été abattu au-
quatre. 11 ne sera plus nécessaire , tant que ces êtres envieux eussent pu
ni de punir l'insolent , ni de conso- le souhaiter , on les suppliait très-
1er le malheureux , ni d'instruire humblement de cesser leur persécu-
celui qui est destiné à l'élévation, tion (33). Si l'on admettait une fois
La première chose que ferait un pè- cette hypothèse, on expliquerait pour-
re, s'il le pouvait, serait de fournir quoi les grandeurs humaines sont
à ses enfans le don de se bien servir plus exposées aux revers de la fortu-
de tous les biens qu'il voudrait leur ne que les conditions médiocres •
communiquer ; car sans cela les au- chacun comprendraitlK la cause de
très présens sont plutôt un pié£;e l'aifectation que Lucrèce même n'a
cpi'une faveur , quand on sait qu'ils pu nier. Or, de tous les systèmes de
inspireront uneconduite dont il fau- philosophie , il n'y en a point gui
dra que la punition serve d'exemple, succombe sans ressource autant que
Outre que Ton ne remarque point celui d'Épicure, aux diffîcultés dont
les utilités de ces exemples : toutes je parle. LucTéce ne savait à quoi se
les générations jusques ici ont eu be- prendre , il ne pouvait se servir ni
de l'hypothèse des poètes, ni d'au-
(3i) QiùAjuid inaltum fortuna tulilruitnra (33) yos quoque Pergameœ fam fas est par-
Iwat inodicis rébus longius œvwn est. Seneca , cere geati
in Agam. Le Pojyanthea, au mot Fortuna , est Dîque deœqùe omnet , quihui obstUil
loutplein de telles fentenees. lUum et ingens
{lui) Dans Varliele d'Ésorm, remtirque {l)t Gtorim DardunUe.
lom. ri, pmg, 384. Virg. iEneid. Uh VI , w. 63.
tome' IX. 33
5i4 LUCRÈCE.
rone sorte de moralité : car il ne comme, dis-je, elles seraient ridicii"
donnait aox dieux aucune part au les de le nier , sous prétexte qa'eUn
gouremement da Punivers , et il ne ne voient pas le bras et la hache qoi
reconnaissait dans notre monde au- les maltraitent , les épicuriens sont
cun composé invisible , qui connût de même* très-ridicules de nier qa'il
ou qui Toulût quelque chose ; et par y ait des êtres dans Pair on ailleurs
conséquent son vis abdita quœaam qui nous connaissent, qui nous font
est une preuve convaincante contre tai^tôt du mal , tantôt du bien , on
lui-même. U renversait par -là ses dont les uns ne sont enclins qu'a nous
principes. perdre, et les autres ne sont enclins
Je dirai en passant qu'il lui eût été qu''à nous protéger : les épicuriens ,
très-facile de concilier avec son sys- ois-je , sont tres-ridicules de nier
téme Texistence de ce qu'on nommait cela sous prétexte que nous ne vojons
Fortune, Némésis , bons Génies , mau- pas de tels êtres. Ik n'ont aucune
vais Génies. Il pouvait laisser les nonne raison de nier les sortilèges ,
dieux dans l'état où il se les figurait , la magie , les larves , les spectres , les
contens de leur propre condition , et lémures , les farfadets , les lutins , et
jouissant d'une souveraine félicité , autres choses de cette nature. Il est
sans se mêler de nos affaires , sans plus permis de nier cela à ceux qai
Eunir le mal, sans récompenser le croient que l'âme de l'homme est
ien , etc. ; mais il pouvait supposer distincte de la matière ; et néan-
que certains amas d atomes, qu'd au- moins, par je ne sais quel travers
rait nommés tout comme il aurait d'esprit , ceux qui tiennnent que
voulu, étaient capables de jalousiepar l'âme des hommes est corporelle, sont
rapporta l'homme, et capables de les premiers à nier l'existence des dé-
travailler invisiblement à la destruc- mons.
tion des hautes fortunes. Il y a lonç- (G) Son ouvrage est parsemé de
temps que je suis surpris que ni Épi- belles maximes eontre les mauvaises
cure , ni aucun de ses sectateurs , mœurs.] Un savant critique , qui a
n'aient pas considéré que les atomes travaillé sur ce poème autant que qui
qui forment un nez , deux yeux , ce soit , en porte ce témoignage :
plusieurs nerfs, un cerveau, n'ont Ambitionem etiam suœ œtatis gravis-
Tien de plus excellent que ceux simis versibus libro tertio et quinto
qui forment une pierre ( 34 ) j et reprehendit (Lucretius). Quam sanc-
qu'ainsi il est très-absurde de sup- tis denique fuerit moribus poëta tes-
poser que tout assemblage d'atomes , tis est locupletissimus opus grauissi-
qui n'est ni un homme , ni une bête, m.um , muttisque prœclaris ad bonos
est destitué de connaissances. Dès mores conformandos adhoriationi-
qu'on nie que l'âme de l'homme soit bus illuminatum (35). Ainsi l'on ne
une substance distincte de la matiè- sait que penser du père jésuite qai
re , on raisonne puérilement , si l'on a osé soutenir que tout le monde con-
ne suppose pas que tout l'univers est vient des mauvaises mœurs de Lu-
aoimé, et qu'il y a partout des êtres crèce, lesquelles, ajoute-t-il, on ne
particuliers qui pensent : et que voit que trop étalas dans son ou-
comme il y en a qui n'égalent point vrage (36). C est sur le témoignage de
les hommes ,41 y en a aussi qui les ce jésuite que M. Baillet a raison de
surpassent. Dans cette supposition , débiter (37) , que les uns ont trouvé
les plantes , les pierres , sont des sub- mauvais que Lucrèce n*ait point dis-
stances pensantes. Il n'est pasniéces- simulé plus qu'il n'a fait la corrup-
saire qu elles sentent les couleurs , les tion de ses propres mœurs , d'autant
sons, les odeurs, etc. ; mais il est né- plus qu^il avait moins d'occasion de
cessaire qu'elles aient d'autres con- la faire paraître. Mais il est certain
naissances , et comme elles seraient que ce jésuite s'abuse , et qu'il n'y a
ridicules de nier qu'il y ait des hom- rien dans le poè'me de RerumJVaturd,
mes qui leur font beaucoup de mal , (35) Gif,„i„, ^ ,„ yjjj i^^^^^i,
qui les déracinent , qui les brisent j (36) Sed de. vUm kujus annU teri^or^t m-
rt'us conveniuntf de insanid omnes et turpiuimis
(34) Conférez avec eeei ee qui a étd dit dans moribus , guos nimis prodidil in suis versibuj.
ParticU d'Eottn», totn. FUI ^ pag. 168, re- Philippin Brietiiu, de Poêt. Utinîs, pag. 10.
marquoQSi). Çi'j) Jugemens fur lei Poëtcs, tom. Il, p- 9S.
LUCRÈCE. 5i5
cL'^où Pon poisse iraisoûiiablement in- pure. En un mot Lucrèce est un poè'te
fërer C|ae Fauteur ëtait débauché ; physicien , et les autres font des vers
tant s'^en faut que Ton puisse dire galai
qu
près
en termes
qui concernent
nos médecins
λlus honnêtes
e moins auU , ,t^ » j-
ils traitent de ces matières , et de m'abstiens de dire que si un poè'te
plusieurs autres? Lisez les disserta- chrétien, un poè'te ecclésiastique (4i)y
lions de M. Menjot , qui était de la ne s'est point banni du nombre des
religion , et un parfaitement honnête honnêtes gens , par les descriptions
homme j lisea , dis-je , sa dissertation qu'il a données sur le sujet de la gé^,
de Sterilitate , vous v trouverez des nération (4a) , Lucrèce n'en doit point
vers de Lucrèce précédés d'une ex- être banni. >
plication , qui , pour ne rien dire de Je ne me veux point prévaloir du
pis , ne cède point aux vers mêmes, témoignage de Denys Lambin. C'est
Causis etiam sterilitatis annuTnera- un auteur qui voufant prouver par
tur incompositus inter coêundum mo- des exemples la pudeur avec laquelle
tus , dum scilicet clunibus et coxen- les anciens poètes décrivaient ce qui
dicibus ^ubleuatis lumborum crispitu- concerne l'exercice vénérien (43) , al-»
dine fluctuât , sive ut dixit Martialis lègue entre autres passages celui de
(*') vibrât sine fine pruriens lasciyos Lucrèce que j'ai cité ci-dessus (44)^
docili tremore lumbos^mi/ui oi<^oxic Ad gênera uerecundiora redeo. Pin-*
{Latini crissare , Grœci ^rripi/y/^ii» darus ApolUnis cum Cyrenâ conçu- N
appellant)undèbelluœanaturdedoc~ hitum narrans, ita tectis uerbis uti-
tœ in congressu citra o^Snoty quietœ tur y ut ne t^irginales quidem aures eis
perstantylLucretius (*■) quem nescias qffèndi passe uideantur hoc modo
utrumne interpoëtas an inter philoso- *h pÀ km S» Xi>ia»
phos numeres , hanc rationem reddà , k4« /J^thinSia. ^o/«» , etc.
Nec mollet opa* innt motos nxoribai bilnm , (^y^*9'^*)
Nam mnlier prohibe! m concipere atgae r«* id est , licetne ex ejus cubili suauem
pngnac, ..... kerbam tondere? et ibid. de Antei fi-
Clunibus ipsa vin Tenerem n laeU retnctet. i«^ ^ . i . «^
Atqiie exoMato ciet omni pectore floctof . "« > quant pater opUmè currenU prœ^
Ejicit enim salci rectS regione viique mium proposuerat,
Vomcremt atqao locis avertit leminU ictam. ^ . ' i^ « «/•
Idqae «nâ Causa conauemnt *corta moveri • ' ' X^^<rfiÇ%^MW di oi tiÇitç
Ne complerenlur crebr6 , graridaeque jace- Kct/)7oy «LVÔNff-fltVT' «TO^/sc^At ISiXor,
reiil(38). (Pyth. g. iga. )
n y a une grande différence entre les î^ estyCursoresautemflor^ntemeipw
poètes qui publient des saletés à la ^^taUs aureœ fructum decerpere uo^
manière de Catulle et d'Ovide, et les ^*«'''- Lucret.libr.^. in extr. demw
noêtes qui, pour expliquer les effets ^'^'^ motum adhibente in concubitu.
de la nature, sont obliges de se servir Ji'"* «»'" aulci récit regipoe , viSque
de mots obscènes. Lucrèce doit être ^'*"*""î '^'"' ^' avenusemm.. ictum (45).
mis dans cette dernière classe, et par (Sg) f^oje» M. Baïllet, Jagem. sar !« poètes
conséquent son style ne peut point ti- '^J^; ^'reCÀVx'it^S^'^ **' ''***'^ '"** *
rer à conséquence contre ses mœurs. ^ ^^o) Là, m£m»^ et'pag. 6a.
Il n'en va pas de même de Catulle et (40 ^*'< selon la supposition de M. Baillet.
de ses semblables, qui ne publient yoje%VarticUQvx^.w,tom.XlI.
des ordures que pou? faire Phistoire r^^^i/t ' *'"•"" ^ * "^
de leurs amours, ou qu'afîn d'exciter (43) Zdbet hhe annotare qukm. vereeundi ,
le monde à la débauche la plus im- ^««"* '*«'*' »'"'*" ^oteant poéim rei venerew
'■ turpitudinem sigiùficare. Lambinas in Horat.
f ') 5. Epigr. 70. ode V , Uh, II.
(♦») L. 4. (44) CUaUon (38|) : »/ est dans le IV. Uvre,
(38) Antoaiua Menjotias, diiiertat. pathologi- ¥s. i963.
caram, ;»ar<e ///, pag. ^1. Voje% ûiusi ta (4$) Lambin, in Ilorat. ode Y , lib. Il ,p«g«
disserUHion de Fnrore nlerino. m. ia8., lag.
5i6 LUCRÈCE.
Ce cniimVmpéchedemeprtÎTaloirde Finissons par le bel ëloge qu^an
ce témoignage, est'que Lambin se cou- excellent commentateur de Lucrèce
naissait peu en délicatesse sur ce cha- yient de lui donner. Rien ne prouve
Sitre ; car nous regarderions aujour- mieux ce que je Tiens d'affimaer dasf
*bui comme quelque chose de très- le texte de cette remarque. Muic ca-
grossier les expressions cjui seraient lumniœ ita profligatœ suceedit aiia
semblables à celles qu^il cite. L^un des elatior aspcctu , et uoce truculentiar ,
exemples de Pindare contenus dans elamitans vesanum esse , itmmode*-
les paroles que j^ai copiées, répond à tum , impium, uoluptatis magtstrum ,
cette expression française , ils uou- omni denique spurcitie , quœ decet
laient lui oier la fleur de sa uirginité, porcum ex Epicuri grege , inquina-
Les exemples quHl cite d^Homére (46) tum t JEgo uerb numquam animum
sont pour la plupart aussi forts que meuminducerepotui ut credam, Pom-
les expressions de copulation cfiar' ponii Atticî , castissimi virifamilia"
nelle , et de cohabitation , que les no- rem utriusque Ciceronis deucias, et
taires de village n'oseraient presque eximium suœ œtatis ornamentum tôt
jplus insérer dans les contrats de ma- uitiis (de impietate aptiorerit dicendi
riage, comme on faisait autrefois. Il iôcus) fcedatum. Testes igitur quœro ^
nous allègue encore ces mots d^Ho- sed nullibi int^eniam; scripta evol%f0 y
race , Inachiam ter nocte potes , oà , at in illis omnia longé dissimitia ,
^tril, verhum in quo turpitudo et multa adf^ersùs metum foniter ^ in-
ùbscœnitas inest taceturt mais encore temperantiam seuerè , libidinem. caste
'mt deux poètes , natifs de Vire en disputantur^ quœ hortari ad t^irtuies ,
Sormandie (47)9 aient usé de la même ab avaritiâ , ambitione , luxurid pos-
suppression qu'Horace, en traduisant sint deterrere plurima : et qui ad il-
ces paroles, leur traduction ne laisse liusprceeepta uitam moresque cotnpo-
Ïias d'être sale. Je laisse à dire que fût , illum priuati habebunt integeri-
'ode dont Lambin a pris cet exem- tnum amicum , ciuem respublica (49).
pie d'une si honnête conduite, four- Le jésuite PosseTÎn , tout rempli
nit un exemple tout contraire peu <lo^il est de scrupules , et quelque soin
•après. qu'il ait pris de recommander que
Inaehùt tangmêt mbws, at me. ^ o" ?« *a«8e pas lire aux étudians
liuukiam ter noete potes : mih* êtmpmr md certains endroits de Lucrèc^ (5o) , ne
■r-i?*!"* ^ s Êx . \sL\9»e pas d'être d'avis qu'on leur
LesbU, ifumrenu tawwn , monstrawU imer- contre les beaux préceptes de mO'
tem l raie qui sont dans ce poète, sur le roé-
Cùm iHîhi Coût adeeteiJmjmtas, pris de la mort , sur la fuite de l'a-
Cujnsinindomùo eonsUuUior inguinenervut^ •»i«iti. «fr «tii* 1a« m««vo«.. A^ ..XCC.»».
Quàm no^ colUbme arbor Jtmret (4»). f *^"' » ?' *"' ^" moycn» de réfréner
w^.^.. i: j • ^iT u- les passions, et d'acquénr la tranquil-
• n « W^?«f •°°'' P"""* i^?*'° ' lité de l'âme. iVbnL^«Menmp«lte^«
il n est point juge compétent : ce p^,^ ,„ £^^^^ g ^ ^4 J^
qu d appelle expressions chastes et temnendd , de anlore fugiendo , de
honnêtes ne se souffre point aujour- coërcendis cupiditatibul , de séduis
dhui dans les pièces de poésie ga- animorum nCotibus , démentis tran-
lante dans un ouvrage de bêles- quillitatecomparandd,.. disputât (Si).
pnt, dans un sermon dans une ha- (H)//ciit reconnu peuuêiVe unie ne
rançue. Il n y a que des ph;rsiciens, ^^is quoi qui se plaît h chagriner les
ou des avocats, ou ceux qui font des petites conditions,mais peut-être aussi
relaUons histonaues, ou un diction- g^Hl eût rejeté cette hrpothèse.l U
naire, etc. , qui les puissent louable- J, a très-peu de gens qui n'aient pris
ment employer. garde que l'on se plaint que l'infir-
(46) Ei/iî ^* owrftT' t/juxrt, "".**^. ®^ ** ^o^t s^ttachent plus or-
Leeio eum ed nunquàm eommittehatur. dlnairemeut aux personnes chères,
(Od7s.ch. !«'.▼. 433.) qu'aux personnes indifférentes ou
« A^'V" ^^^othti «flù fvvN.
.... Cum eo Udum hahuit communem. (4g) Tfaomai Cr«ecli . in prmfmtione Lvcretii
( Ili. th, VI. ▼. 9&. ) OxoniiedilièThetUro Shel^nuuiOfxG^^'f^i^*
(47) Robert et Antoine le CheraUerd*Agncan, (5o) Poteeirin. Bibltotheca «dcctn, iom. //
frères. lih, XV II , eap. XXIII ^ pmg. 4Sa.
(48; Boni. Epod. XII. (5,) Jdem, ihid. png. 433.
1/UCRÉCE. .517
biues. \oyez un tel , tous dit-oa , il envieuses éi malignes aue les païens
aimait sa femme, et il avait raison admettaient. La bonne tnëologie peut
de Paijner : il Ta perdue, dés la se- raisonner là-dessus solidement ^ mais.
coude année , il en est inconsolable ^ Lucrèce, qu'aurait-il pu dire?
et pendant qu^il pleure cette triste S41 y avait des divinités qui se
sépara-tion , beaucoup de maris sou- chagrinassent du bonheur des hom-
pirent. depuis vingt ans après Te'tat de mes , et qui aimassent a les mortifier,
irid-uité , et se croient menace's de la elles affecteraient sans doute de faire
longue vie de leurs femmes. Voyez périr à la Heur de Tàge un fils uni-
cette Teuve , elle pleure nuit et jour que , ou un mari tendrement aimé ^
un bon mari que la mort lui a enlevé une épouse qui fait le bonheur de son
<ians la fleur de sa jeunesse. Cent au* époux ^ et de conserver la vie à un*
très maris se portent bien depuis long- fripon qui fait enrager son père et sa
tems , et vivront encore plusieurs an- mère , et à un mari , et à une femme,
nées , et continueront à maltraiter qui sont la croix Fun de l'autre. Si
leurs épouses sans sujet et sans rai- elles voulaient mettre en deuil une-
son. S'ils mouraient, la patience ne se- famille, elles choisiraient l'enfant
rait plus nécessaire dans leur logis, qui çromejt le plus , et qui est le plus^
La consolation, le repos, l'épargne y chéri ; et si elles voulaient persecu-
régneraient agréablement , et c'est ter une paroisse , elles y affligeraient
pour cela que l'on doit croire qu'ils ceux qui en sont le soutien par leurs
vivront beaucoup. On vient d'enter- charités et par leur sagesse. Elles les^
rer un enfant , un fils unique , les dé- mettraient dans le lit d'infirmité , et
lices de son père et de sa mère, il puis au sépulcre , et protégeraient ht
promettait beaucoup , il était bien di- vie des malhonnêtes gens. Elles se^
gne de recueillir la succession opu- plairaient à mortifier le public en
lente qui l'attendait ; la mort Ta conservant les objets des impréc^^^
choisi entre cent autres qu'elle a tions, et en détruisant bientôt les ob«
épargnés, et qui sont a charge à la fa- jets de l'espérance , et les délices dut
mille. Cet honnête homme qui faisait peuple, les Marcellus, les Germani-
un si bon usage de son esprit et de eus. Considérez ce que dit Tacite en
ses rie'
Sa vie
mais joui a' une panaue santé, et su grana jour ut naHre aans lespi
eût été vigoureux , il eût rendu ei>- ceux qui se souvinrent (}ue raraitié'
core plus de services à son prochain du peuple romain portait malheur :
qu'il n'a pu faire. Il est mort , et Augehat intuentium visus , tximior
vingt autres dans le voisinage se por- ipsius ( Germanici) species , eurrus-^
tent bien , et ne sont jamais malaaea, que quinque liberis onustus : sed sub--
eux qui ne cherchent qu'a inquiéter erat occulta fomùdo reputantibus ,
le tiers et le quart , et qui abusent de haud prosperum in Druso paire ejus.
leur santé , et de leur esprit , et de favorem uulgi ^ auunculum ^ejusdem
leurs richesses , pour opprimer l'in- Marcelîumflagrantibusplébis studiis
nocence , et pour scandaliser le pu- intrxijuuentamereptum, brèves et ii>
blic par une mauvaise vie. Voyez ce faustos po^uU Romani amores (5a).
coquin , vagabond et sans aveu , il Chacun sait la réflexion de Virgile ,
est tombé d'un troisième étage , et que Marcellus mourrait jeune , que-
ne s'est fait aucun mal. Un fils de fa- les destins se contenteraient de le
mille , un fils unique , un honnête montrer , parce que les dieux ju^e-
homme , se seraient brisé tous les os raient que Rome serait trop puis^
à beaucoup moins. Tous mes lecteurs santé si elle le possédait long-temps .
conviendront qu'on entend partout II y a beaucoup d'apparence que Vir-
de semblables plaintes, et il est même e^ndem urris hune tamum fata , neque
vrai qu on dit assez ordinairement u/im
que les souhaits du public pour la Essesinenltnimium ¥obisBomanapropni(o
mort d'un méchant homme ont une Visapoteni^superi, propria hac ,i dona
vertu particulière de lui alioneer la /«"*•«< issj.
vie. 11 serait aisé d'expliquer cela par ^5,^ t,c;,«. . Ann.l. lih. fl . eap. XLT.
Thypothèse de ces divinités jalouses , (53) VirgiL iEii«i(k Ub. VJ , vs. s^*.
5i8 LUCRÈCE.
gile avait en rut la jaloasie quV>n ai- Il y en a classez ingrat» et d'assez in-
tribuait aux dieux. Mais nos thëolo- pertinens pour dire , Mon Jils at
giens raisonnent d^une manière infi- mort de ses blessures ; si ^izuait été te
niment plus solide. Ils ne nient point Jils éTun autre , il en serait réchappé.
généralement parlant les distinctions Ajoutons que Lucrèce aurait recoara
qu^un païen profane et impie aurait à sa physique. Ne tous étonnez pu,
nommées affectation de cnagriner, eût- il ait , qu^un fîls que Fon aimr
ou acception de personnes , ou même tendrement meurt plutôt qu^un fils
pure malignité et enrie du destin. Ils dont on n^a nul soin. Celui-ci de-
trouTent dans ces distinctions une Tient robuste , il s'endurcit au froid
pei^oones que nous aimions le incommodité remporte. Un jeune
plus tendrement : il le fait afin de homme d'un esprit extraordinaire est
nous détacher de la terre , et de nous maladif , et meurt aTant Vêce et
apprendre que le Trai bien doit être trente ans : un sot , un lourdaud ,
cnerché au ciel. Il nous laisse exposés n'est jamais malade , ou bien il gué-
long-temps à des malheurs domesti- rit des plus fortes maladies , et de^
ques, afin d'éprouver notre patience , Tient fort tîcux. Avcz-tous tenu re-
et de nous purifier dans ce creuset, gistre , répondrait Lucrèce y de tous
Il se sert de la longue Tie des mé- les savans du premier ordre qui ont
chans , afin de punir les péchés des Técu quatre-vingts ans , et de tous les
hommes. C'est un fléau de sa justice, sots qui n'ont pas atteint l'âge Tiril?
n ne fait souffrir que ce qu'on a mé- Reprenez vos jetons , et calcule'
rite. Ainsi la bonne théologie ne trou- bien , tous trouTerez que tos comptes
Te rien là, qui l'embarrasse ; mais Lu- n'étaient pas justes. Mais après tout,
crèce ni Épicure ne s'en seraient pas pourquoi s'étonner qu'un grand es-
tirés trop facilement. Ils eussent peut- prit ne soit pas d'une forte coin-
être nié le fait, et soutenu que ceux plexion? Il est composé d'un tissu d'a-
qui débitent les murmures, les plain- tomes fin et délié : sa résistance aux
tes , les observations qu'on a Tues ci- autres corps doit donc être plus pe-
dessus , calculent mal. Il est ordinaire tite. Un gros paysan est petn de mo*
â l'homme de ne compter pas assez lécules plus massives, plus entrela-
d'un côté , et de compter trop de l'au- cées ; elles doivent donc durer davan-
tre. Qu'un méchant homme , qu'un tage. Si les atomes de l'imaeination se
méchant mari , meure bientôt ; on y meuvent avec une rapidité extraorJf-
Erend garde sur-le-champ , et l'on ou- naire , ils dérangent et ils ébrao-
lie sa réflexion peu après. Qu'un lent les parties du cerveau , ils y font
très-honnête homme , qu un bon ma- des ouvertures par où s'exhalent et
ri , soit fauché en herbe , on consi- s'évaporent une infinité d'atomes né-
dère cela attentivement , et on ne cessaires à l'entretien des organes. H
l'oublie pas , la mémoire est alors un faut donc que la machine s'exténoe ,
bon registre. Il meurt peut-être au- et que les principes de la vie se gâ-
tant d'enfans selon les désirs de leurs tent bientôt. Et Toila l'explication dtf
pères et de leurs mères , que de fils l'axiome.
uniques idolâtrés. La mort de ceux-là JmmoJieh hrevU est œtat , et rara MtMC
ne fait point de bruit , on n'y songe tus (55).
que légèrement ; mais la mort des au- ^*"^ "! ** *~ •^" "** ' ""* "'*• "'*** ^""'
très excite mille clameurs , mille ré- s»a pa„ê le commun , il ptsse promptemeat
flexions. Outre cela , il faut saToir (56).
que les hommes sont plus enclins à se H g'en faut bien que ces réponses ,
plaindre qu'à se louer de leur desti- que je suppose que Lucrèce aurait pu
née, et quHls s'imaginent faussement donner, satisfassent à tout ce qui est
en mille rencontres que la prospérité contenu au commencement de cette
de leur prochain surpasse la leur (54)' remarque.
(54) FeriiUor seges ettalîenis temperin agris^ (55) Martial. , lib. F"/, epigr. XXIX.
Vicinuinque pecus grandius uber ha' (56) flores /«# Lettres de Bnuî Rabutia, /r**
bet. pni t. <, lettre CCCLXIX, pag, 479 i ^^^^ ^'
Ovid., de Ane amandi, lih. /, us. 149* ffoUande^
LUCRÈCE. 5i9
C%) L* invocation qui se trouve a la ou parce qu* enfin elle était mère
:^ de son poënie.j M. le baron des d*Énéef d'où sortait le fondateur ds
itures obserre ($7) que cette in- Rome. Pour moi je soutiens que Lw
c? ^jUion a surpris beaucoup de savojis y crèce ne s'est point éloigné du senti-
-co773/iie contraii'e a la doctrine dEpi' ment d^Epicure , en invoquant Vé-
c^^'w^. Lambin , ajoute-t-il , cite un nus : ce n'est point une saillie de
J^Zcrentin qui prétend en avoir trouvé poëtCy ni une reconnaissance romaine;
Z^K, raison , parce que ce philosophe c'est une réflexion de philosophe. Il
^MjT'^nl soutenu que nos crimes n'atti- n'a point regardé la maîtresse de
w^^M.£ent point la colère des dieux y non Mars comme une déesse, puisque lui-
j:9 Z*^s que nos bonnes actions leurs même dans son second livre dit que
Z^i^nfcùts , il admettait néanmoins les Baechus et le vin , Oérès et le blé
j7 rières , et voulait qu'ils écoutassent sont les mêmes choses : il ne s'est pas
<r^//e^</e5^omi7iej. Je n^examine point non plus imaginé que Mars fût un
si. sous pre'texte quxpicure a fait dieu; mais comme il écrivait un poème
profession d^honorer les dieux, il est de la nature des choses, pouvait-il
permis de conclure qu^il a fait aussi mieux s'adresser qu'à la génération
profession de les invoquer , et d'at- qu'il entend par la mère des amours'^
t:evidre qu'ils exauceraient ses prières, et que tous tes naturalistes ont connu
Il n^y a nulle conséquence de Tune pour cet appétit secret qui a été donné
<3.e ces deux choses à rautre. On peut à chaque espèce pour sa propagation?
estimer, respecter, ve'ne'rer un être, Cela n'ôte point la difficulté; car il
à cause des perfections de sa nature , est sûr que Lucrèce considère Venus
sans pourtant lui adresser des prières j selon les idées de ceux qui la pre-
car on pourrait être persuadé qu^il ne naient pour une déesse. Il ne la regar-
de mêle de rien , et qu'il ne dispense de point comme la passion naturelle
pour s'exempter des peines établies et néanmoins il la désigne d'abord
contre l'athéisme. Je renvoie mon par l'épitbète d^Mneadum genitrix.
lecteur au traité du savant M. du Ce qu'il y a de plus raisonnable , ce
Hondel (58). Mais j'ose bien assurer me semble , est de dire que tout ceci
aue Lucrèce n'a point invoqué la n'est qu'un jeu d'esprit. Lucrèce ,
éesse Véuus , pour se conformer aux voyant que tous les poètes invo •
I>rincipes que ce Florentin attribue a quaient les muses au commencement
Epicure , que les dieux sont dignes d'un grand ouvrage , ne voulut pas
de nos prières encore qu'ils ne gou- que son poème fût privé d'un orne-
vernent pas le monde. Je ne suis pas ment de cette espèce : il débuta donc
du sentiment de Lambin , ( c'est M. par invoquer Vénus , comme la divi-
le baron des Coutures qui parle (5g) ) nité la plus convenable à un physi-
qui applaudit à ce Florentin : iui- cien. Mais il ne prétendit nullement
même n'explique pas mieux la chose, que ce fût un acte de religion , ni que
en ajoutant que Lucrèce ne s'est la Vénus qu'il comblait de tant a é-
peut-êlre adressé a f^énus, que sui- loges fût un être qui entendît rien.
vant la coutume des poètes , et que ce C'est ainsi qu'il a invoqué dans un
n'est point en qualité de philosophe autre endroit, la muse Calliope (60) ,
qu'il prétendait que ses ctmrmes ob~ sans prétendre s'adresser à aucun être
tiendraient de Mars la paix que les intelligent. Il n'a donc rien fait contre
Romains souhaitaient ; ou peut-être ses principes. J'aimerais autant accu-
qu Epicure , mettant le souverain bien ser Lipse d'avoir fait un acte d'idolâ-
dans la fuite de la douleur, s'était trie païenne, parles vers qu'il adresse
adressé a la maîtresse des plaisirs , à la planète de Vénus , en faveur de
(57^ Remarqaes snr le I*'. lirre de Lacrice , (60) Tu mihi tupremtr prmseripUt ad candida
ûu eommeneementf pag. 34o. calcis
(58j ^ Jacob. Rondelius , de YUâ et Moribiis Currenti spalium prœmonslra càllida musa ,
"^.^icuxi t A instelod. ^ i69»,iD-ia. Voyez Varli- Calliope^ requiet hontinum , divUmque vo-
ele En CD as, tom. VI ^ pa/?. i84i remarque (L). lupias;
(Sg) Remarques sur le I**". livre de Lucrèce, Teduce^utintignieapiamcumlaudeeoronam^
pag. 3^3. Lucrel. , Ub. Vf , f*. «ji.
5ao LUCRÈCE.
•on jardin (6i), <][ue d'impotcr i infieiantium ptxtiUerBtttr , Penatm
notre Lacréce a'a?oir £nt nn acte de nihiiominiu , JEnoadum genitrieem ,
religion , par la prière qn^il adresse à primordio sui operis , efttsqae opem
la mère d%aëe. Notes qu^ane infinité implant , non habeo séné dêcertj
de poètes chrétiens , mille fois plus quomodo hœc resoit^enda sit , siqui'
ennemis de tous les dieux du paganis- dem non ad Veneris sidus coeleste^
me que Lacréce ue Tétait , invoquent quod nos unà cum eeteris siUdndè
souvent Jes Muses ou Bacchus dans scrutojnur , sed ad temstrem iUam
leurs poésies. Cest pour imiter les yenerem , JEneadum , uiijingebawt
anciens , et non pas poui^ faire aucun poêtœ , matrem y et aliorum quoque
acte de religion ; car ils ne songent hominum genitrieem pertinent
point alors à invoquer Dieu. Notez (67). Si quid tamen in his nostri va-
aussi qn^on a mis en parallèle cette lent làsus , crediderint Lucretium ad
invocation de Lipse adstellam Vene- imitationem aliorum poëtarum sic
rem , et Tinvocation de Lucrèce » et exorsum esse , non quàd reuerk ali-
qu'on Ta fait â dessein de convaincre quam deam , quœ Kenus appeUan-
Cipse d'une impiété ( 6a ) j mais ce tur^ aut ulla alia nufnina statuent.
n'est qu'au cas que cette prière ne Ideoque sub hoc nontine iHtluptatem
soit point un jeu d'esprit (63). Ce corponam, quam etiant deum suàin-
n'était que cela. de nuncupare nont^eretur, intellexit'
Au reste , le Florentin dont parle se arbitror.
M. des Coutures est le docte Pierre (R) Ih auraient raison , si. . . cette
Victorius. M. Minutoli me l'écrivit priènfUt autn chose qu'un jeu des-
l'an 1693. Voici ses paroles,plus am- prit."] Avant que d^abandonner cette
Slement quç je ne les ai rapportées matière , il faut que je dise que si
ans l'article d'Épicn RE (64) • '< H y a Lucrèce avait invoque ou Vénus ou
» dans le même recueil (65) , à la Calliope , avec la persuasion que sa
» page 19 , une -lettre de Pétrus Vie- prière lui procurerait quelque bien ,
» torius à Jean délia Casa , archevd- il se serait contredit d'une manière
* que de Bénévent, qui roule sur la tout-à-fait indigne , non -seulement
* question si le poète Lucrèce , qui d'un philosopha , mais même d'un
^ dans le commencement de son poè- homme médiocrement capable de rai-
" me invoque Vénus , ne pèche pas sonnemeut. Car à peine a-tr-il iini
" en cela contre la doctrine d'Épicure cette prétendue invocation de la mat-
» son patron , et si cela est compati- tresse de Mars (68) , qu'il établit pour
» ble avec cette inaction qui est attri- principe que les dieux ne se sou-
^ buée aux dieux par ce philosophe, cient , et ne se mêlent de rien (6g) ;
» de cette difficulté , et cite-t-il cette et de réfuter ceux qui y font inter-
^ lettre ? » Tycho Brabé fut consulté venir le ministère des dieux. On ne
«ur cette question par Isaac Pontanus, peut point inférer de là , ni qu'il
l'an 1696, et répondit pertinemment, n'ait point cru leur existence , ni
Ad quœstionem illam jocosam , dit- qu'il n'ait point eu du resi>ect et de
il (60) , et nonniliil cnticam antiaui l;i vénération pour eux 5 car selon ses
Lucntii , cum is sectam philosopho^ principes il neilt point absurde qu'il
rum deos eorumque pro\>idenliam se soit formé des élres beaucoup plus
f»arfaits que l'homme , et contens de
^„.^ . eur condition , et nullement curieux
lettre de la f »*. c^tnturie »ûseeuan. qq de savoir , OU de réformer le»
(6a) Georgiue ThdmMn. , in Vindice Veriu- actions et les affaires d'autrui : et
tis . pag. 3.
{(si) Âulergb lu ludis in prteihus , ti votit ad ^g^j 73,- j. ^ p^^. ,53.
Fwwre/ii .• aut Fenus en iibi vtriu dtus. id«H» , ^gg^ ^^ ,„ ^^^ ^^^, ttanqnUia pmc* j^ars
ibid . , pa^ . a . Mortaleif : quonuttu MUf*ra tnanmem Mmwort
(64) Citation (H7) loin. VI ^ pag. i85. Jrmipouns régit s in grémium qui smpk tutu»
(65) Cest le volume de* Lettres recueilliea par se
Jean-Micbcl Brutoii. Bejieit^ alcmo devinetat vulnere maoris.
(66) Kvre» les Lettres pabllies par M. Mat- Lucre!., Utf, /, vs. 3a.
th«us , à LeydSf l'an i6g5, in-8<>. , pag. i6a. (69) Vojet la remarque (E) , cilaiion (36).
LUCRECE. 521
«somme il est trè8*«ertain que noas yait compatir qu'avec Pestime , le
cK^mirons arec beaucoup de Tënéra> respect , les louantes des dieux ^ et
-f^îon le mërite de quelques grands nullement arec les prières , les sacri-
liommes, sans avoir jamais reçu d'eux fices et les actes de pénitence. Ainsi
aixcun bienfait , ni sans en attendre tous les inconvëniens que Ton pou>
.ucune faveur , ou en craindre nul vait craindre de l'athéisme, l'anéan-
'espé
ipeut très-bien inférer du système de vivant , et de la peur d'être malheu-
1-^ucrèce , que cet homme n'a point reux en vivant mal ; tous ces incon>
dû les invoquer , et qu'il a dû regar- véniens , dis-je , sans en excepter un
der comme une chose très-inutile seul , coulaient aussi naturellement
^out le culte de religion qui se prati- et aussi nécessairement de la doctri-
c{uait dans Rome , les vœux , les sa- ne d'Épicure que de la doctrine des
crifices , les fêtes , etc. Il se présente athées. Les esprits le moins pénétrans
ici une réflexion à faire sur la con- comprennent très-bien , que tous les
^uite des prêtres athéniens par rap- usages de la religion sont fondés, non
Sort à Épicure. Us ont fait punir en pas sur le dogme de l'existence de
ivers temps les philosophes qu'ils I)ieu,mais sur ledogme desa provi-
accusaient d'athéisme , et ils firent dence : puis donc qu'Épicure a été
un graiid procès à Anaxagoras pour souffert dans une ville où l'on punis-
un simple acte de profanation (70). sait les athées, il s'en suit que l'accep-
D'où vient donc qu'us ne harcelèrent tion de personnes y avait lieu , et
point Épicure ? Fut-ce à cause qu'il qu'on y avait double poids et double
ne se brouilla jamais avec eux par mesure; ou ([ue les Athéniens , si fins
quelque intérêt personnel , par quel- et si déliés dans le reste , étaient fort
que offense personnelle , comme stupidessur le chapitre de la religion,
avaient fait peut-être ceux qu'ils Us se laissaient jouer comme des
poursuivirent, et que peut-être ils enfans : ils ne s'apercevaient pas qu'en
n'accusèrent d^irréligion que pour dogmatisant comme Épicure , on se
conteùter leurs passions particuliè- moquait d'eux si l'on protestait que
res sous le manteau de la piété ? l'on approuvait l'usage des sacrifices
Fut-ce à cause qu'Épicure eut la po- et des prières , et toutes les autres
litique de se coniormer au culte parties du culte public. Cette raison -
S ublic, et de l'approuver hautement? là me paraîtrait forte pour prouver
e crois bien qu'ils étaient capables que ce philosophe a dogmatise la pro-
de se contenter de l'extérieur, comme vidence de Dieu, comme le prétend
l'on fait aujourd'hui , sans vouloir M. du Rondel ; elle me paraîtrait ,
fouiller dans les pensées j mais ne dis-je, bien forte , si je ne voyais que
fallait-il pas comme aujourd'hui que Lucrèce , combattant manifestement
pour
qu^on dogmatisât dans lui les apologies que l'on forme pour
son école le contraire de ce qu'on Épicure , a vécu dans une entière
disait dans les rues et dans les tem- tranquillité à Rome , ville qui n'était
pies ? Il est difficile de s'imaginer pas moins jalouse de la religion , ni
cela. Cependant le système d'Épicure moins sévère contre les impies , que
combattait formellement et claire» le peuple athénien. Notez en passant
ment le culte des dieux , tel que les que les bonnes mœurs de tout homme
Athéniens le pratiquaient : il ne pou- qui reconnaît comme Lucrère l'exis-
tence, la sainteté , le bonheur , l'im-
(70) Miror cur Anaxagoras reusfaetus sit , mortalité de Dieu , sans reconnaître
quMMoUm esjeUixU lapidem ardentetn , negans g^ provideUCe , SOnt une aUSsi bonne
tuique Deum. eum tn eadem cubitale gloriaflfh- ^ ■% û xU ^ i) .i. '•
ruerit Epieurus, uixeriufue secunu JioniviuHi preuvc de Cette thcse , \ athéisme
soient ¥0l uUum sydtfum Dtum ente non ère- n* cst pas nécesscÙTement conjoint aucc
dens , sed née Jovem nec ullum Deorum omnino Jg'g mauvaises mœurS , quC la prCUVC
in mnndo habitarf eontendens , ad quem preces ^..^ i»^« ♦;«^««:fr J*. 1. U^«^» «Îa A».
kcninum syppticaùun..que perueni^nt, kigu^L, que 1 OU tirerait de la bonne vie de
d« Civil. Dei , tib. XFUI^ cap. XLt. ceux qui nieraient tout a la lois la
522 LUCRECE.
providence de Dieu et son existence : lenrs parens di^cédes ^ mats comme
car il est visible que la foi de Fexis- elle ne conviendrait pas à ceux qni
tence , sans la foi de la providence , nient le purgatoire, les protestans ne
ne peut pas âtre un motif à la vertu , Font point admise , et se sont néan-
ou un frein contre le vice. moins accommodes à la coutume par
(L) // a conformé son style au lan' une phrase située comme Taatre , et
f{nge commun^ et aux sentintens.. . . tournée selon leurs maximes de reli-
populaires."] Je n'en donnerai que gion. Lucrèce se trouvant accoutumé,
deux exemples. Il croyait que le ciel et par ses lectures , et par ses conver-
et la terre ne dureraient pas toujours ; salions , à Fusage de cette sorte de pa-
et il annonce à celui a qui il a dédie ren thèses , inséra le vœu ou le sou-
son livre, que peut-être la destruc- hait que Ton a vu ci-dessus. Rien
tion de ce monde arriverait de leur n'e'tait plus inutile que cela dans
vivant: fasse la Fortune qui gouverne Fhypothèse quHl soutenait, et Ton
toutes choses, ajoute-t-il , que ce mal- ne peut pas prétendre quHl ignorât
heur soit détourné loin de nous ! rin<;ompatibilité d'un pareil yœu
Dietit dabit ipsajitUm ret avec la doctriue des atomes ; il savait
Forsitan , et fravU^r lerrarwn molibus ùrhis trop bien quC la Nature OU la Fortuoe,
nT'\lZT"."'2. '? ^'^'' ^'^'^ ""'T' ( qui les poussait , n'était pas capable
UOOD PROCUL A HOBIC PLICT4T rORTUKik (ni) A i * ' •• ^ i * l
Goatmiàiit I de changer , ou de retarder leur
Et ratio poiiUt , quàm ret persttadeai ipta , cours , ni d'entendre même les aou-
Succidere korritoao poste omiùa vUta fra- \^\^ Jcs homioes. Si la fuite de leur
*.**7, , * , , mouvement devait amener bientôt la
prise de parler comme les autres. Il les processions n'y pouvaient appor-
se trouvait tous les jours avec des ter le moindre délai. D'où vient donc
personnes dont le langage était par- q^g Lucrèce invoque en quelque fa-
semé de parenthèses que 1 on aurait con la Nature ou la Fortune , afin
pu appeler dévotes , si elles n'eussent qu'elle renvoie à un autre temps la
été plutôt un effet de la coutume , destruction de la terre ? C'est qu'il
qu un acte de reûeiion. Sa femme , «triait quelquefois selon le style cou-
sa servante, ses amis, tous les Ro- rant. Notons que le dogme de la fa-
mams en gênerai , étaient styles à t^lité n'exclut pas tous les souhaiU ;
mêler un vœu dans le récit de auel- ^^r, sans s'écarter de ses principes,
que mauvais présage ou de quelque Épicure aurait fort bien pu souhaiter
triste accident. Deiis alertât, Dieu ^^^ \^ disposition des atomes fût fa-
nousen ffarde , disaient-iIs. Si un tel yorable à sa santé. Il n'aurait pas pu
malheur arrivait , qtwd ahominor, ce demander qu'elle changeât, mais dé-
y«fl /?/«/£ /icj»/û«c. Les auteurs se ser- gi^er seulement que leur nature les
valent aussi de ces façons de parler , eûtamenésàuntel, ou à un tel çoint.
Pi, prohihet^ minas , D( talent avenite ca- Lucrèce va pi US avant, comme il pa-
T« « j/"'"* ¥ 1 raît par ses expressions. Voilà le pre-
Je ne doute pas que Lucrèce , accou- ^j^^* ^ ^^ "^ j^ veux donner,
tumé des 1 enfance a ces formules du l^ .^^^^^^ „,^est pas éloigné de ce-
discours nesenservît dans ses en- i^i.j, ^„ qu'immédiatement après
tretiensfai^ihers ou sans correctif, ^^^ ^j; vers que j'ai rapportéafon
ou en substituant le mot de Natura , t^ouye ceci :
de Fortuna , â celui de Deus. C'est
ainsi que les protestans ont substitué Q^ Pf" «é'^»***"*'" 7»«« **' re fundere
la parenthèse Dieu ueuille avoir son SancilT't multb eetid ratinne magU , ^ukm
ame , à celle de que Dieu absolve. Les Pjthia , quœ tripode è Phabi Luùroquepnt-
catholiques romains se servent de ' ^ . f^^''*' .. , . ,.....,»
celle-ci quand ils font mention de »l'*liaUbiexpedtamdoctutoUuadu:tu(:4h
, ^ ^ , „ ^. • Il promet là des oracles beaucoup
(71 J {fueiqurt tnanutcntt ontWttat». C ettla i* .• jt\ii.-
mfme chote quant au sens. Voyez le Comnien. pl"» Certains qUC CCUX de DelphcS ,
taire de Lambin, in hune locam, pag. m. 593. et il s'était SerVl aiUcurS du même
(•;») Liicrrt. , tib. f, vt. to5, pttf. m. a55.
(73; Virgil., JEn. , Itb. IJJ, vt. a65. (74) Lucret. , lib. T, vs. m.
LUCRÈCE. 523
comparatif pour relever rimportance (n?) • P^^craiit hortis eo tempore
de la doctrine des anciens philoso- Zeno acriculus ille senex et Phœdrus
phes de la Grèce. homo , ut Cicero ait , humanissimus ,
^ , , , , ' , itaque his vidétur usus prœceptorihus
jêa- udjrio tamquam cordis responsa dédire TltUS , quOS etiam AttlClLS paulo licet
Sanctihs , el muUb eeriâ ratione magis, quam JlOc poëta grandior audlUlt, M. le ba-
Pjrthia , ifumtripodeexPhœbiflauroifuepro' fon des Coutures a suivi les mêmes
/«iiir(75> traces :i7 est uraisenihlable , dit-il
Qui ne voit que dans l'un et l'autre (78) , que Lucrèce... alla a Athènes ,
de ces deux passages il s'exprime se- où Zenon qui était l'honneur de la
Ion le» idées du peuple , et non pas secte épicurienne , s'était acquis une
selon les principes de sa secte ? Car estime eénérale. On a insère' dans la
selon lui les réponses de la prêtresse Bibliothèque Universelle ( 79 ) une
d'Apollon ne pouvaient être aue les lettre qui contient quelques remar-
fantaisies d'un cerveau malade, ou ques contre ce baron . La dernière est
d'un imposteur ignorant. Il ne re- celle-ci : Enfin la 5« béyue est que
connaissait aucune divinité dans les Zenon est dit avoir été l'honneur de
oracles : ce n'était donc pas donner la secte épicurienne, au lieu qu'il
une grande idée d'un dogme philo- est reconnu pour le chef des stoïciens.
sophique, que d'assurer qu'il était Le censeur n'a pas pris garde qu'il y
meilleur que les oracles de Delphes, a eu plus d'un Zenon : il a cru qu on
C'est comme si nous disions aujour- avait voulu parler du fondateur des
d'hui , que les pensées de M. Descartes stoïques , et sur ce pied-là il devait
sont plus dignes d'attention que les trouver dans les paroles qu'il criti-
prophéties de ces diseuses de bonne quait une insigne faute de chronolo-
aventure qui courent de lieu en lieu, gie dont il ne parle pas. Zenon , le
11 est donc clair que Lucrèce accom- chef des stoïciens , mourut la ï'«.
modait son langage aux opinions po- année de la lag^. olympiade ; il faut
Sulaires , et que l'on serait coupable donc dire que sa mort a précédé de
'une chicanerie ridicule , si l'on pl«s de 160 ans la naissance de Lu-
soutenait que la force de la vérité lui crèce. On devait donc soupçonner que
arracha quelquefois des confessions l'auteur que l'on censurait avait eu
qui renversaient son système , et qui en vue un Zenon différent du fonda-
le convainquaient de se contredire teur des stoïques 5 et si ce soupçon
grossièrement j que par exemple il a avait engagé à quelques recherches ,
reconnu en deux endroits de ses poé- on aurait trouvé un fameux épicurien
sies , qu'il y avait quelque chose de nommé Zenon (80) , qui enseignait
divin , d'inspiré , de surnaturel et dans Athènes au temps de Lucrèce,
de prophétique , dans les oracles (N) £n réfutant M. Morén.'] 1*»,
d'Apollon. Il ï»e devait pas dire que notre ^oete
{yi) On prétend qu'il a été disciple s'anpelait T. Carus Lucrèce. Carus
de Zenon. Ceux qliont cntiqué cela "^^^^^^ P^^^* «on nom mais son suiv
n' ont pas trop bien réussi.] Sx l'on nom , coff/iomen j a^par ces mots ,
admet une fois le sentiment de ceux Romain de nation , Moreri a voulu
qui disent que Lucrèce fut envoyé à dire sans doute que Lucrèce était né
Athènes pour y étudier , on ne pourra a Rome. C'est maf exprimer sa pensée;
guère r/voquer en*doute qu'il n'ait Çar ou est 1 auteur exact qui ferait
été l'un des disciples de Zenon, le difficulté de soutenir que Ciceron et
chef de l'école d'Épicure en ce temps- Tite-Live sont Romains de nation ,
là. Aussi voyons-nous que Lambin et comme Demosthene et Thucydide
Gifanius joignent ensemble ces deux «O"' ^^ecs de nation ? 3°. On n a nulle
opinions : Credibile est Lucretium... P/e»^/,?^ Lucrèce soit ne a Rome ;
sese Athenas coutulisse ihique Zeno- »1 ^^. fallait donc pas lui donner affir-
nem illum epicureorum coryphœum mativement cette patrie , comme a
audiuisse (76). Voilà ce que dit Lam-
bin . et voici les paroles de Gifaniu, fej) '„\^„fjtt\.n«^„,
(79) Tome XXI I ^ pag. i85, 186.
C75) Idem^ lih. /, vs. 737, pag. 4o, 4<* (80) Il était de Sidon. Voye% Jonsiiis , de
(76) Lambinus, ta Yitâ Epicarî. Scriptor. Ilislon. Pbiiosoph. ^pag, iia.
524 LUCRÈCE. ♦
fait M oréri ; 4*. encoK moins fallait- poëu* de fon uimfs, Gicëron 110 parie
il dire qae Lacréce témoùpae lui- qa^unc fois de loi , et Ton ne sait pu
même qu^il ^tait natif de nome. Je encore certainement si les louanges
n^ai trouvé dans Lucrèce qa^nn pas* qu'il lui donne sont erandes oa mé-
sage sur quoi Ton se puisse fonder y aiocres \ car on est fort partae^ sur
0 . V f 'j B ' ' 1 Lucrèce , mais que néanmoins il r
• Pj^ pUadam Ronuuus ^nchui pa- ^^^.^ beaucoup à'art ; le. autres (87)
ifoM nê^uM nos •gerê koe pmuriài temporw y trouvent que cet OU vrage «brillait
uwfuo . „ - de grands traits d'esprit, et que néan*
Pciumus m<iuo ammo (8.) ^^^^^ p^rt y paraissait beaucoup. Se
Cic^ron , Tite-Live , Florus , Sënèqoe, rangeant tant qu'on voudra à la leçoo
n'eussent point parlé autrement , eux la plus favorable , on ne trouve {>oint
qui étaient nés nors de Rome. Tous que Cicéron dise ce c^ue Moréri lai
les babitans d'un pays pourraient dire attribue. Quant àVelleius Paterculus,
dans un temps de guerre civile , que il s'est contenté de mettre Lucrèce
leur patrie est affligée , encore que le dans la liste des grands esprits , «mi-
lieu particulier de leur naissance fût nentium ingeniorum notarié tempera
exempt du malbeur public. De plus (88) : il n'en a rien dit de particulier,
savans hommes (8a) que Moréri ont 7®. Ce n'est pas une petite faute que
affirmé ce qu'il affirme : M. Morhof de dire k^^j^ une femme nonunée Luci-
plus sage qu'eux , me dira-t-on , s'est lia fit avaler à Lucrèce un philtre
servi de la particule peut-être ; mais amoureux qui le fit tomber dans une
il est sûr que son forte se rapporte à étrange frénésie. C'est avoir omis une
un autre doute : nous le ])ouvons circonstance capitale , savoir qu'on
donc compter entre ceux qui disent dit que Lucilia était femme de Lucrè-
positivement que Lucrèce vint au ce (89). 8**. 11 n'est pas vrai que Cicé-
monde dans Rome même (83). 5^. Il ron (Use que Lucrèce Ofella* . . était
ues
ne fallait pas affirmer que les parens plus propre a faire des harangue
de Lucrèce l'envoyèrent étudier a au à prononcer des iugemens{Qo).Q^ .
Athènes, 11 y a , je l'avoue , beau- Gcéron , Velleius Paterculus , et Cé-
coup d'apparence a cela ; mais enfin, sar ne parlent point dun autre qui
puisqu'on n'en a nulle preuve , il était apparemment frère ou oncle du
n^en fallait parler qu'en conjecturant, poète. Il est bien vrai que celui dont
ou tout au plus il se fallait contenter Cicéron et César parlent , celui-là
de dire qu'on n'en doutait point- dans ses lettres à ^tticus (91), celui-
C'est ce qu'a fait Gifanius. uidoles' . ci dans la guerre civile , est le même
centulus autem, dit-il, quina paren* homme : mais celui dont Velleius
tibus , seu propinquis , considerutd Paterculus parle est différent de celui-
ejus ad bonus artes natdpenè dit^ind là , et apparemment ne diffère point
indole , Athenas more patrio sit mis- de celui (^ui haranguait mieux qu'il
sus y Athenas non ita pridem a P, ne plaidait.
Sulldcrudeliterfostatas, nondubito; ,^g. , ... - . * -r- w.
postulat hoc Romanorumconsuetudo, „,iuù luminikus ingemi, mmUm twnMn arUs.
OC doctrinœ ratio (84). 6°. Il n est pas Cicero, «d Qainctqp^ fratrem, lih, II, epin.
aiU meUft
vrai que Velleius Paterculus et Ci- XI. Quel^fuês-unj nr/temUm 4f»'il ft
céron aient dit que l'éloquence de •^JT^iT'iT rx a 11 a u,
T « 1 . ./\ > Vf j (96) ChutltB Etienne fGUnàorn.lMifd, flw-
LncreceUrendaUleplussubhmedes au« . B.iilei , Pop. , Bto««i, «««:
(87) TanaquiUag Fabcr, 1« baron daa Costa;
(81) Lucrel. , lib. I, vt, ^i. res , etc. •
(8a) Lambioat el Gifanios , in Vit& L«cretii. (88) Lib. Il, cap. XXXFI.
Thomas Creech, prafai. Lucretii OnoxU tditi (89) CmI à elle qu'on appliqua cet paroles:
i6i)S. Liviâ Tiraiu auom occidit qoeni oinii* odcrai.
(83) Ecquo* orgb in lotd hdc aurêd mtatis Lucilia suom^ q^ent oimii amaTcrat. LloydUt
classe qtUl potissinutm kmo eeiueri debehat ur- aUribue à Senèque , mais elles n*ea sonlpomt.
baaiuutBomanoshabebiomsprteterduos/orlb (go) Voje»^ dans ce volume, pag. 494*''
Lucre^un et J. Ctesarenu HorhoGas , dePata- jin'de la remarque (K) de l'article Lvcaict,
«initata LiviaoA, pnt(. i56. dame romaina.
(84) In ViU t^ncrelii. (qi) Ej irt. IV, lib. FUI,
LUCRÈCE. 525
(O) et quelques autres écri- dition de la Tersion de Lucrèce /««
Lucrèce est préférable à celle de Ce* présent a la reine Christine He Suède
lar et de Cicéron. Il faat qu^il se soit (98) : toutefois cela ne seruit de rien ,
servi d'une édition diflerente de et je rw sais pas même si elle reçut
celle que j'ai consultée, où j'ai trouyé le liure que M. Uérauld , qui faisait
ces paroles , hoc non dubitant'er affir- ici ses affaires at^ec tant de soin et de
mabo nullum in totâ lingud latind fidélité^ m'assura de' lui auoir en-
scriptorem Lucretio latine meliits esse uoyé. Du moins n'en ai-je point reçu
locEstum: nonM, Tullii, nonC. Cce- de réponse, contre la coutume de
saris orationem esse puriorem (Q!i). cette princesse , qui était alors assez
C'est à Pierre Victorius que l'on libérale de ses complimens aux eens
pourrait imputer quelaue chose de de lettres. Quoiqu'il en soit y le livre
semblable ^ car il préférait haute- rCa pas laissé d être assez bien ac-
ment Lucrèce à Virgile (93). Jl est eueuli du public : etjai vu quelques
surprenant , après le passage qu'on savans hommes , M. le comte de Pa-
-vient de voir, que l'on accuse Lambin gan , feu M. le Pailleur, le docte
de dire qu'il trouve méchante la la- iKf . d'Avisson , M, dq la Couruée ,
tinite' de Lucrèce. Quo respexitfortè médecin de la reine de Pologne , et
JDionjrsius Lambinus cian Lucretium quelques autres , qui m'en ont re-
malunt latinitatis autorem uocat , qud merciépour l'intérêt du public , après
tamen cum sententid ille minime au^ avoir satisfait en quelque façon aux
diendus est (94). Borrichius suppose difficultés qu'on y pouvait former a
que Cicéron , Âulu-Gelle et Scaliger cause de la doctrine de ce poé'te^ dans
ont loué Lucrèce de s'être servi d'une son troisième volume , ou il traite de
très-pure latinité : Certè purissimœ Id nature de Vdme* Je l'ai depuis fort
latinitaUs esseomrûainconfessoest.,. corrigé^ et mis en bien meilleur état
latêdaturque hoc nomine Ciceroni , pour en faire une seconde édition.
Gellio , Scalisero, aliis (q5). Nous M. l'abbé de Marolles n'entendait pas
avons vu ci-dessus que reloge de assez bien la langue latine, et la
Cicéron n'a nul rapport ^ la pureté physique d'Épicure , pour réussir
pris garde au !«' livre de Rerum Na- a°. l'an i663 , augmentée de la tra-
turd , ou Empédocle est réfuté, il duction du X^ livre de Diogène
n'aurait point dit cela. Laè'rce , et dédiée à M. le premier
(P) La traduction de M. l'abbé président.
de Màrolles rC aurait pas eu le destin (Q) Plutarque critiqua Épicure
qu'elle eut."] La reine Christine l'au- sévèrement.^ Pour commenter î^vec
rait remercié de la dédicace d'un si ordre ces paroles-là , il faut d'abord
beau livre. Son silence mortifia sans représenter le but d'Épicure et de
doute Fabbé , qui ne laissa pas d'être Lucrèce. Ils se proposent de prouver
bien content de son travail. Il faut qu'il ne faut point craindre la mort ,
l'entendre lui-même (97). Quand l'é- que la mort n'est rien , que nous n'y
f9,)L.«bîn«, m ViU Lacretii, sub Jin. avons aucun intérêt , qu elle ne uous
Foje» aussi set Note» sur Horace, od. T, l. il. COnccme pas.
(g3> Passant par Florence , j'avais rencontré ffU igUur morÈ est , ad nos nequê pertinet
un commentaire de yiciorius^ sur un livre d'A- hitum (og).
ristote, dans letjuel ce commentateur chagrin « jm. -m. • i i
accuse Virgile : quelle entreprise, bon dieu î et Leur preuve était pnse de ce quc les
quels attentats î de prendre des mots les uns choses disSOUtes OU séparées ne seu*
pour les autres, et d'être moins pur et moins tcnt point , et quC leS choSCS qui ne
laun que Lucrèce. Balsac, troisième deieDse k . '' . ^ . • «^ .
Ménandre , pag. m. 4o5 des OEuTre. diverses. ^"^?\^P.*» ?« ^^^^^ "®°^* ^^^^
(94) HorhoGiis , de Pauvin. LWiana, p. x9S. égard. VOICI Ics parolcs d'Ëpicure r
(95) BorricbiDs , de Poëlis latiDis, pag. 45. 'Q BÂfttroç cùHl «-«oc iuiç' TO v«p <fWt-
(90) Onomast. , pag. 567. r <- s r
(9*7) Marelles , Mémoires, pag. 186 , 187 , à (98) Cest à-dire, que je le lui dédiasse.
Vansk, i6S«. (99) Lacret. , Ub. II l^ vs. 84a , pag. m. 173.
5i6 LUCRÈCE.
xv6fv «v«u^«Tf7* To /f ÀitttvBnrùvf ov/iv nifestement et sanâ équivoque (io3)«
^fcç ijutSiç (loo). Plutarque (loi) ttou- Il faut donc croire que robîection
vait que ce philosophe faisait U un de Plutarque n^ëtait pas fonaëe sur
très-mauFais syllogisme , et qu'il y la suppression de la majeure , comme
manquait une proposition ne'cessaire, le prétend .Aulu-Gelle , mais sur ce
savoir celle-ci , la mort est la sépa" que la majeure qu^onsous-entendait,
ration du corps et de Vdme , ô ddcvatTo; n'était nullement un principe dont
•luX^^t n-dà 0^/AAToc hixvTii. Aulu- on pût tirer la conclusion. C'est as-
Celle , prenant le parti d'Épicure , sûrement la mauvaise qualité de ce
convient que le syllogisme , pour principe , et vous voyez clairement
être en forme , devait contenir cette qu'après avoir accordé la majeure et
proposition-lâ \ mais il soutient qu'É- la mineure du syllogisme que je viens
picure ne s'étant pas engagé â con- de rapporter, on en peut nier la con-
former son raisonnement aux régies séquence. Muret s'emporte là-dessus
syllogistiques , l'a supprimée tout contre Ëpicure , et le traite d'un im-
exprès , parce qu'elle était assez cou- pertinent dialecticien. Illit^ artis
nue par elle-même. £t il ne faut pas (dialectices) ignoraUone ruebat in di-
trouver étrange que la conclusion cendo : tœpèque aliquid probare ag-
ait été mise non pas à la fin , mais à gressus , ea sumebat , quîbus datis ac
la tête de l'argument ; car U est ar- concessU , id tamen guod probare
I rivé plusieur/fois auphilosophe Pla- instituerai , nonconcluderetur. Qualc
ton de raisonner de cette manière , est , quod ciim docere yellet , mortem
c'est-à-dire de renverser l'arrange- nihil ad nos pertinere , ita ratiocina-
ment des propositions du syllogisme, batur : 'O datvduroc ov/^i n-poç npuU' o-à
VoUà ce nue répond Aulu-Gelîe à la ><^^ J^AXi/8fv «ivAiff^nrfr* <rà ^« à? «ti^»-
censure de Plutarque. Il n'a pas été toi/t oJJllv TTfli ipûit» Neque enim se-
au fait y et on le critiqua durement quitur, si id quod dissolutum est ,
au XVP. siècle. On l'accusa d'avoir sensu vacat , idcircb ipsam quoque
montré sa folie en voulant couvrir dissolutionem non sentiri. rfeque
celle d'autrui , et de n'avoir pas mors est to J^^etxi/df v , àxxà AÙrh i diai-
/même entendu de quoi il était ques- xi/0-ic. Meritbque Plutarchus secundo
tion : JVactus autem est patronum librorum , quos de Uomero compo"
(Epicurus) taliprorsiis cliente dignum suit, imperfectè , atque prœposterè ,
Gellium : qui aiim alienam stultitiam atque insc'uè syllogismo usum esse
légère vutt , prodit suant. Tantiim eum dixerat : non quodprœtermisisset
enim abest ab eo defendendo , ut ne illud xn/jt/xa,, 0 BâifAroç-^,uX''f *^ nÊ/uet-
intellexisse quidem yideatur^ quid in toc Ita-Kunç : quo addito , nihilb ma-
eo reprehenderetur (103). On aurait gis efficietur, quod ipse uohdt : sed
pu ajouter qu'il ignorait en général quod\ stupiditate quâdam , et crassi-
ce que c'est qu'un syllogisme ; car il tudine ingenii , nonperuidisset^ quan-
suppose que réellement celui d'Épi- tùm inter id^ quod dissolutum estj
cure est conforme aux règles , et que etipsamdissolutioneminteresset(ioi).
pour l'être formellement il suffit d'y Et pour nous convaincre que, le dé-
msérer la proposition que l'auteur a faut qui a été reproché â Épicure
sous-entendue. Or voici quel serait par Plutarque , ne consiste pas dans
ce syllogisme , en y ajoutant ce qu'É- la simple suppression de la majeure,
picure a sous-entendu. il rapporte un passage d'Alexandre
r ^ . , t j- / .•- j . j d'Apîirodisée (io5) , où l'argument
La mort est la dusobition au corps et de ^^Js '. ^^ ' * , , ** ,
Vétm» , d Ëpicure est censuré précisément
Ce qui est dissous ne sent point , et ee qui ne COmme il SUppOSe que Plutarque le
sent point ne nous touche pas, critiqua. Je ne saurais me persuader
Done ta mort ne nous touche pas» nii.^^ ^a<. 1 <«.
. \ que Plutarque eût voulu se meltre
Ce syllogisme ne vaut rien du tout, en frais pour la censure d'une chose
puisqu'il contient quatre termes ma- , ^^ v j iw.j^ j-
* *■ ^ (loS) roje»t dans tes Notes de GaMendi sur
(100) Diof. Laërt. , lit. X , nuiU' 139. Aulu«. I« X*. livre de DioKtoe Laërce, Oper. tom. V,
.Gelliiu, lib. II, cap. VIII ^ pag. m. 55. pag. x3i , quMe forme on peut donner à cet
(101) Plut., lib. Il de Homero , apud Gel- argument eTÉpicure,
linm , ibidem. Ô04) Muretos , Ver. Lect. , lib. XI , cap.
(109) Maratu , Yariar. Lect. , lib. XI, cap. XVI, pag. 1079.
XFI^ pag. m. 1080. (>o5; Ex Commentario in primnm Topicaraai
LUCRECE. 527
lont; les meilleurs dialecticiens se ment. Cest donc une chose qui con-
keu'vent servir. Rien ne leur défend cerne rhomme , et de ce que les
- ^ première mconse-
l'aboi , sans que les plus grands es- quence; ils ont conclu des parties
::la.ves des formalités de la dispute y séparées à la séparation mé^me : celler
trouvent rien â redire , pourvu que ci pouvant être douloureuse, et ac-
la proposition sous - entendue soit compagnée de mille sortes de senti-
telle quHl faut j mais quelles huées mens importuns , est un mal qui ap-
ne feraient-ils pas si elle était défec- partient proprement et réellement à
tueuse comme celle dont il est ici rhomme , et cela en vertu même de
(question ? Développons-en le para- leur principe , que si les morts n^ont
logisme. nul intérêt à leur état , c'est à cause
Épicare et Lucrèce supposent que qu'ils ne sentent rien. Le second
la mort est une chose qui ne nous défaut du raisonnement de ^es phi-
conceme pas , et à laquelle nous losophes est qu'ils supposent que
xi''avons aucun intérêt. Us concluent l'homme ne craint la mort que parce
cela de ce qu'ils supposent que l'âme qu'il se figure qu'elle est suivie d'un
est mortelle , et par conséquent que grand malheur positif. Ils se trom- ^
l'homme ne sent plus nçn après la pent , et ils n'apportent aucun re-
séparation du corps et de l'âme. mède à ceux qui regardent comme '
, signe qu
Etveluianteacto nil lempore sensimusœgH, Jg're'e comme Un trés-grand hien ;
Omniaeum belU trepido concassa lumuUu , d OU il S ensuit que de cela seul quc
Horrida eontr^muire sub altis atherUauris; la mort enlève ce bien , elle est re-
In dubioqutfuU sub utrorum régna caden- doutée Comme un très-grand mal. A
C^btts humanit esset . Urnfque marique : ^"O* ^^^^ ^^ «^îf C Contre cette Crainte :
Sic ubi non erimut ^ cum corporis ^ aujue VOUS ne Sentirez rien après yotre
„. .„. «"i*"*! ... mort ? Ne vous répondra-t-on pas
DtseuttumfiterUtquibusè*umu*uniterapUt «.,„„:i.a* *^..* ?• • •
Sciliceihaidnobisquidquàm.quinonerim^ aussitôt ,c.eAt hien assez que je sois
tbm pnve de la vie que j aime tant ; et si
Jecideré omninb poleril , sensumque movere: l'union de mon corps et de mon âme
Non si yj-^*^" miscebitur, et mare cœ- ^^^ „„ ^^^^ ^^^ m'appartient , et qjue
je souhaite ardemment de conserver ^
Ils ont raison de dire que rien de vous ne pouvez pas prétendre que la
tout ce qui peut arriver à l'homme mort qui rompt cette union est une
lorsqu'il ne sent plus ne le con- chose qui ne me regarde pas. Con-*
cerne ; car c'est toute la même chose cluons que l'argument d'Epicure et
à l'égard de la statue de Socrate , de de Lucrèce n'était pas bien arrangé ,
la mettre en pièces , ou de briser la et qu'il ne pouvait servir que contre
statue de César. Puis donc que la la peur des peiues de l'autre monde,
rupture de la statue de César n'in- Il y a une autre sorte de peur qu'ils
téresse en rien la statue de Socrate , devaient combattre ; c'est celle de la
celle-ci n'a nul intérêt à sa propre privation des douceurs de cette vie.
destruction : elle n'en voit rien , elle Ils eussent pu dire qu'à tout prendre
n'en sent rien , non plus que si l'on l'insensibilité des morts est un gain
brûlait un arbre sous le pôle méri-
dional. Mais ils ne laissent pas de C'®?) Epicurus... negavU monem ad nos
donner dans le sophisme par deux P'rtmere;quodenimdusol*iU,r,inquU sensa
J ' „ ** o*'!'"""»'' J «. **v.«,i». caret ^ et quod sensu cm-ettuhil ad nos. Dissol'
endroits, ils ne peuvent point nier vUttr autem ei caret sensu non ipsa mors ^ sed^
que la mort n'arrive pendant que homoqmeampaMur.AtdleeidedUpasiionem
l'homme est doué encore de senti- **'"' "f *"'^°: ^"^'' "" *'"!»»"" "' patimor-
tem , dusoluhonem corporis et perempbonem
sensûs^ quhm ineptum , ut tanta vis ad hominem
(ie(5) Laeretf , tib.' II T^ vs. 84« 1 P^S» 17^* non pertinere dicatur f TerluU. , de Animi.
528 LUCRÈCE.
IilnlAt qn'une perte ; car on v gagne arons eue. L'état où noas étions
'exemption des malheurs de cette autrefois nous est aaiourd'hui une
TÎe. Or, soit que les maux de cette chose entièrement indiiTërente : di-
Tie surpassent les biens , comme Font sons le mâme de tous les états où
cru beaucoup de cens , soit qu'ils ne nous pourrons nous tronyer à l'a-
fassent que les égaler, c'est un avan- Tenir.
taee que d'être insensible ; car il n'y Jffc , jî maleriam nostram eonUgerit mta$
a point d'homme bien éclairé sur ses Pou obitum, mrsùmque redegeht, ut êiu
intérêts, qui ne nréférjt quatre heures ^^^, ^^^'^ nôbL/uerini data lunUna Pitm ,
de bon sommeil , à deux hçures de pertinent qùdquam tamen ad ruks id quo^MM
plaisir, et à deux heures de déplaisir, , fœtum
l'un égalant 1 autre (lo»). ^^ nu^nil ad nos dé nobU atlinet , nntè
Voyons un nouveau paralogisme Ouifuimujt, necjamdeilUsnosajUcUangor,
de Lucrèce. 11 prétend que la mort Quos de maUirid nostrd nova pràferet mtat.
- ^^.^^^w^^w>4,lk- naa rtn'x-nA rfaiti cum respicios immenti tempoiis onuu
ne nous concernerait pas quand pr^ritum s^auum , tu^n motu* Lueriaî
même le sentiment subsisterait dans MuUimodi quàm tint ; faeUè koe aderedere
les parties dissoutes , ou quand même postit ,
le hasard produirait avec le temps SeminasœphjMeodem.utnunesunt, ordine
une nouvelle réunion du corps et 2V#c m^ôn 'tamen id quimus d^pr^mdert
de l'âme. Sa raison est que nous même.
sommes un composé d'âme et de /»u*r#nim;Vc/«'#çwi«lpa«i#a, ir«^*y««
corps , et qu'ainsf rien ne nous con- '"'""^'^.{ZT "^'^ *" """
cerne que ce qui nous appartient, si Lucrèce a cs^ré de persuader ces
en tantque nous sommes ce compose. ^^^^ j^^^ dV physique aux per-
Comme donc l'âme séparée du corps ^^^^^ ^^ „vent approfondir une
n'est point un homme, ce quefle „^,^iJ ^ ^.^^^ „^ ^^ j^ ^
pourrait sentir en cet étet - là ne ^^^:^^^^^ Voici un exemple qui nous
serait point un sentiment d homme , j^ ^^^ ^^.^ clairement f quoique je
et sous prétexte que lame de Scipion j^ ^ plaisir. RepreWtonl
serait malheureuse après la naort de ^^^^* ^^^^ montre, et sujpposoiis
Scipion , il ne serait pas vrai de dire ,^jj^ ^^^ ^^^^, »^^ qu'elli^aent ,
que Scipion serait malheureux. Je ^^ ^elle connaît ce que l'horloge;
me sers de cet exemple , quoiquil j .H^.^ Supposons après cela qu'U
ne soit cas contenu dans ces paroles ,^j annonce qu'il s'en va la démonter,
de Lucrèce . ^^ qy,jj ^^ laissera pas deux roue»
Et si jam nottro sentit de eorpore , posttfukm Pune proche de l'autre : mais qu'o-
DUiraeta'stanimi natura, animœquepoiestas: ^i ^ersellement touteS les piéceS SCront
Nil tamen hoc ad «o*, f ui ecttu^ eonjugioque , , . . tr ^
Corporis aiifue animée consi^timus uniur ap' separces , et mises cbacune a part
<<(io9). dans une boéte; que le sentiment se
Il croit possible que les mêmes atomes conservera malgré cette destruction ,
dont un homme a été composé , et et çjue l'âme ou le principe de la vie
qui se dissipent par h mort , repren- retiendra ses facultés par rapport à
nent avec le temps la même situa- la douleur et à la joie , etc. Il'est-il
tion , et reproduisent un homme : pas certain dans cette supposition ,
mais il veut que les accidens de ce que la montre se devra intéresser à
nouvel homme ne concenient en ce» sentimens , qu'on lui dit que la
aucune manière le premier : Tinter- dispersion de ^es parties ne finira
ruption de la vie , ajoute-t-il , est pas ? Elle n'en sera point affectée
cause que nous n'avons aucun in- en tant que montre , mais il suiEt
térêt à ce qui arrivera , en cas que pour son malheur qu'en tant que
les siècles à venir nous redonnent la substance sensitive , elle souffre le
même nature humaine que nous chaud et le froid , la douleur et le
chagrin , etc. Elle sera trés-^ertaine-
(to8) Voye% Locrtce, /iV. /77 , fi. giS #1 ment la même substance qui avait
fuivans : ou Hj^court à la comparaUon du som- ^^ exposée à CCS malheurs-la dans la
meil , pour r/futer ceux gui allèguent les biens *"^ ^j»^yy*o^%. « *.vi» .»««»«, u. <>-««. «4« • ••
dont la mort nous pri>^e. Il r/Jute aussi trii bien moutrc, et le mal qu elle SOUfinri
lef autres raisons de ceux' gui se fdchent de après la destruction du COmposé ne
mourir.
(lo^j) Locret. , uhi suprn^ va. 85S, p m. 1*;%. (iiol Ttîem , ibid- , v*. 9Sg.
LUCRÈCE. 5:29
sera qu^une continuation du mal seront toutes dflns un parfait assou-
<}u^elle avait soufiTert pendant que pissement i mais dès qu'elles auront
le compose' subsistait. Appliquez ceJa été rétablies dans leur ancienne situa-
 notre âme ) et tous verrez que si tion , leur travail , leur contrainte
elle conservait le sentiment après et leur état de souffrance reviendront :
notre mort , il serait trés>vrai de dire n'est-il pas vrai qu'une montre qui
que la même nature qui avait souf- ajouterait foi à ces paroles serait
iert la faim , le froid , la fièvre , la très-persuadée qu'elle -même et non
gravelle , etc., dans le Corps hu- autre serait la montre qu''on remoii-
main , sôufTre d'autres choses hors terait au bout de trois ou quatre ans ?
du corps humain , et que la conso- Elle aurait la plus grande raison du
lation de Lucrède est chimérique et monde de le croire , et de s'inte'res-
ridicule. Que vous importe , dit-il , ser comme à son sort et à son destin ,
que votre âme soit misérable après à celui de cette nouvelle montre. Ce-
votre mort ? vous êtes un homme , pendant sa première vie aurait été
elle ne sera point un homme , et par interrompue. Disons donc que Lu-
Gons^quent les malheurs. de l'âme ne crèce examinait trop légèrement cet-
vous appartiennent point. Consé- te matîèt'e, lorsqu'il prétendait que
quence pitoyable I C^st comme si la mort , mettant un long intervalle
Pythagore avait dit 'k un mourant , entre la première vie des atomes d'un
votre âme ira dans le corps d'un corps humain , et la seconde vie des
bœuf , ^ui sera presque toujours aAr mêmes atomes, empêcherait que cette
taché à la charrue , et qu'on laissera première et seconde vie n'appartins>
périr de faim quand il sera vieux ; sent à un même homme. Je sais bien
mais cette souifrance ne vous regarde qu'en supposant cette espèce de ré-
Eas , puisqu'un bœuf n'est pas un surrection, on ne laisserait pas de
omme. Ne serait-ce pas une belle pouvoir dire que les malheurs qu'on
consolation ? On ne prend pas assez aurait soufferts à Rome au temps de
§arde à cette doctrine , que le sujet Marins et de Sjrlla , ne contribuent
es accidens demeure toujours le quoique ce soit à notre fortune pré-
même en nombre dans toutes }es sci4k ^^^ oubli total nous séparaft
transformations des corps. Les mêmes de ces temps-là , mais pourtant nods
atomes qui composent 1 eau sont dans y eussions été malheureux , et nous
la glace , dans les vapeurs , dans les serions les mêmes hommes qui au-
nues 9 dans la grêle , dans la neige : raient passé alors par tant de misères :
ceux qui composent le blé accom- d'où il résulte que si nous revenions
pagnent la farine , la pâte , le pain , encore au monde d'ici à mille ans ,
le sang, la chair, les os, etc. S'ils tous les malheurs que nous aurions â
étaient malheureux sous la forme souffrir dans cette nouvelle vie nous
d'eau , et sous la forme de glye , ce appartiendraient proprement : et la
serait la même substance en nXnbre, connaissance certaine d'un tel avenir
nui serait à plaindre sous ces deux nous devrait causer de l'inquiétude),
états , et par conséquent tous les dé- Lucrèce n'a donc pas raisonné comme
sastres qui seraient à craindre sous il fallait. 11 n'y a que deux partis à
la forme de farine , appartiennent prendre pour calmer raisonoable-
aux atomes qui font le Blé : et il n'y ment les u'ayeurs de l'autre vie. Vun
a rien qui doive s'y intéresser autant est de promettre la félicité du para-
que les atomes du blé , encore qu'ils dis \ l'autre est de promettre la prî-
ne dçivent pas les souifrir, en tant vation de toute sorte de sentiment,
qu'ils forment le blé. Notez que les spinosîstes île peuvent
Réfutons présentement l'autre illu- avoir aucune part ni à Pune ni à Tau-
sion de Lucrèce ; et servons-nous en- tre de ces deux consolations. Toute
core de l'exenuple d'une montre. Si leur ressource consiste à se préparer
l'horloger lui disait : Je tiendrai trois à une circulation perpétuelle et infi-
ou quatre ans vos parties dans la nie de formes , que la pensée accom-
dispersion, mais au bout de ce temps- pagnera toujours, mais sans qu'ils
là je les rejoindrai , et je vous r^mon- sachent s'ils y seront plus heureux ou
ferai. Pendant la séparation aucune plus malheureux que sous la figure
partie ne sentira nulle peine , elles humaine.
TOME IX. 34
63o LUCRÈCE.
(R) Ceux qui préteruient qu'il n^a » des gens d^uiL esprit trèt
pu parier de la sorte sans se contre- » sans subtilité , sans pénév
ilire n'at^aient guère comprisses » presque sans principes ,
sentimens, "] I^ctance lui reproche » tous le témoignez dans Tds !•
cette contradiction , et s^imagine que » res , se contrediraient euz-iÉ
la force ^e la ve'rité le vainquit, et » sUls croyaient que les tableaux v
se glissa dans son âme sans être a- » morts sont les sièges de leurs es-
'perçue, Dentque idem Lucretius obli- » prits. » Si la contradiction ,des
tus quid assereret et quod dogma de- Chinois n^est pas plus crasse que celle
Jenaeret , hos uersus posait : dont on accuse Lucrèce , les adver-
Cedit item rttti, de terrS quod fait .ni^ »aire« des jësuites n'y gagneront rien:
Interram, ned qnod miuumeatexaelhrrM orli Car il est SUr que Lactance n^a IluJle
Id nirstucœli fulgeatia lempU recepunt. raison de croire que Lucrèce se soit
Quod ejus non erat dicere , qui péri- contredit Voyez les vers que j ai
f4 animas cum corporibus dilseiibat ; fapporlés dans la remarque ( G ) de
seduictusestueritate, et imprudenti 1 article Jopiter ( ii4 ). Ils prec^
ratio uerasum^psitiiJi). Un domi- dent immédiatement ceux q^iie Lac-
nicain qui a écrit depuis peu sur PI- **"<^^ rapporte , et ils ne signifient
doUtric chinoise, approuve parfaite- ^^^^ ^^^^^ «°o° <!«« 'a terre , iin-
ment cette observation de LacUnce , pwgnee des atomes qui tombent du
«t s'en sert pour soutenir ce qu'il «*«» ^^^f \ pl»»e » produit les plan-
doit prouver contre les iésuites. tes , et les bétes , et les hommes. La-
« (iiîi) Ce ne serait pas une chose Pfe^e veut ï>rouver en cet endroit-
« surprenante que les Chinois se con- ** ^"®, <^eux sortes de matières , in-
» tredissent cuimémes, puisque Lu- «enwWes 1 une et 1 autre , peurent
» crèce,l'un des plus savans philoso- composer un tout sensible. La terre
» phes de la secte des épicuriens, est insensible, les semences au'elle re-
» qui osa combattre ouvertement la Ç°^t 9«»s ««^ sem , et que le ciel lui
» doctrine de l'immortalité de l'âme, envoie, sont insensibles ; cependant
» confessa néanmoins que si dfe se ^^ terre, rendue féconde par ces se-
» dissipait après la mort, c'drque «epces nroduit et nourrit des corps
» ce qu'elle avait de grossier se per- 1"\,°"] ^*.\*® ®' ^ sentiment. La
» dait dans la terre, et que ce qu'elle ^^^ désunit les parties de ces corps-
» avait de plus subtil et de céleste i?», et ne détruit aucune matière.
remontait dans la troisième région belles que la terre avait fournies sont
« de l'air ou dans le oiel. C'est ainsi, redonnées a la terre -, et celles qai
» dit Lactance, qu'il tomba dans une étaient descendues de la région de
» contradiction manifeste sur le sujet lether y remontent. Cela veut dire
» crèce : ils s'expliquent à peu près *e"t quand 1 homme meurt , et se
V comme lui. Ce philosophe soutient dissipent dans 1 air a peu près comme
» que Pâme périt avec le corps ; et «o.»^ voyons que par 1 analyse chi-
» «ppendant il confesse que les plus ""^^^e des mixtes , les parties spiri-
» subtiles de ses parties vont se re- tueuses gagnent le haut, et les terres-
» joindre au ciel, d'où elles sont des- î»'e'tés demeurent au fond du vase.
i> cendues. 11 se contredit, tout ha- ^l'Créce ne prétend pas , comme le
3» bile homme qu'il est : et vous nous suppose le dominicain , que les par-
» objectez r)comme un grand incon- ^if\àe\ Ame t^ont se rejoindre au ciel,
y> vénient, que les Chinois, qui sont «^ ou elles sont descendues • de sorte
^ ^ . qu'elles persévèrent dans l'état d lime
(m) Lactant.. lib. VU, e. XlT.p. m. 48o. et de substance pens0nte. Il les sap-
(iia) Lettre d'un docteur de l'ordre de Saint- posc dissipées et insensibles comme
Dominique, nnr le» Cérémonie» de la Chine , an elles l'étaient avant la VÎe de l'ani-
%!MX''i."coî^::r^l" '""'""'■ ««M'-S) = i» - croit donc point
(ii3) L' auUur met îcUm paroles de LtcUmce, (,,4) CiUilion(BB).
f ue Von a vues ei-desstu , eUtUion (m). (,,5^ ^| nebula aefumus quoniàm discedU
(*) Mémoires du père te Comte , lettre 8. in auras t
LUCRECE, 53 1
' Pâme, en tant qu^âme , sarvire à qui résulte de leur union , on ne peut
omme : il n'y a aonc aucune con- pas seulement conceyoir une autre
adiction dans sa doctrine , et il ne nature. C'est ce qu^Épicure enseigne
^eut pas être alle'eue' comme un exem- positivement,
pie âes contradictions où tombe- ^^^ .,,,, j,„. p^^j^^^ ,^ ^.^^ ^^
raient les Chinois, s'ils assuraientŒun corps ,
coté que Fâme n'est autre chose que Et ce qui se fait dVa« par discordam accords:
4Ïans les tableaux des morts delaplus „^ ^;^„ souffrir. Quelle serait donc la
Haute région de l air ou elle etaU ne- f^Udté des dieux , s'ils étaient incor-
'"^^of^l^r^ ^•. . ^ . , / ^ P^^^^'' (lao)? Leurs corps
(S) // aurait eu infiniment plus de ^^nt composés d'atomes? et il Y
peine a maintenir les attributs de ses ^ j„ ^-^ ^^^^ ^^^ .^^ . ^^^_
dieux. 3 Une tranquillité parfaite , et ^^^^^^ ^^^ ^^^^ ^j-^-^;^ p ^^„,-^^„^
wWe ci /<r* atomes sont les principes
tout. T'out corps se peut ré'
X ^117;. iisouienau aauirecoie ^^^j^ aux parties qui le composent ,
<iue la nature des choses ne contenait ^^ l'amas des atomes ne peiù
que le vide et que les corps. subsisUr éternellement , de mémesor-
Omnis , ut est, igitur, per se, natura , duabus te t ils sont trop inquiets y et trop
ConsUtU rébus ; nam corpora sunl, et ina» mobiles pour demeurer toujours en
"* ^ "^^ • rcpo j ( 1 2 1 ). Co tin infère de tout cela :
Il allègue ses raisons et puis il conclut: ce Que les dieux d'Épicure , quoique
» décharges des aflàires humaines ,
Ergh prêter inane , et corpora , terttaper se sont noint si h^-iiroiiY ni «i tran-
NullapoLean'ruminnumeronaturariiUnqui ; ^ ne SOni poiniSl neurCUX ni SI tran-r
JM>c, quee sub sensus cadat uUo lempore nos^ » quiiies qu il S imagine : lis ne sont
(n>f , » point sans apprenension et sans
Née, rouone^aninù quam quisquam. possit ^ crainte de Cette dernière sëpara-
Nam, quœcunqueelueni, aiu his eonjuneta » tion d'atomes , qui étant une fois
duabus » épandus par le vide , ne se rassem-
Bebu$ •« JT»~*' • «»* *«""» **""^ •'"'*- » bleront lamais. Ainsi , dit ce philo-
" ^**^^* » sophe , les parcelles qui composent
vrage du sieur Cotin, avant que j'eus- » ( 12a) : car pourquoi le même ha-
se considère cette matière. Or comme » sard qui a jadis re'uni les petits
il est juste de rendre à chacun ce » corps dont furent faits Pythoclès et
qu'on lui doit , je me servirai des » Me'trodore , ne les pourra -t-il pas
paroles de cet écrivain. Les dieux ont ^ un jour rassembler? Davanta-
des corps , ou comme des corps, puis- » ge, les dieux e'picuriens ayant
que outre le vide y les corps ^ et ce. » établi leur séjour entre les mondes
i » innombrables qui se renversent
Cred* atamam quoque diffundi, midloque „ J^g uns sur leS autres , et dont le
perire , „ fracas est épouvantable , comment
Oeius. elpiUtu dissolvi corpora prima, *»«x,«» , ., t^ . >
Ciim semH omnibus è membris ablata reces- » peuvent-lls soutenir saos une ex-
*iti etc. n trême inquiétude, la pesanteur de
Lacret, , tib. III, vs. 43? , pag» i55.
(116) Lettre d'an doctear... an père le Gom- (lao) Cotio , Tbéodie on la mÀe Philofopbie
te , etc. , pag. Ifi, des principes du Monde, dialogue III,pag. S^
(117) Voyez la remarque (E) , au commence- (lai) Là mfmê, pag. 66.
•ment. (isa) Nous avons vu.ci-dessus, oitation (txo),
(1x8) Lttcretins, Ub. /, vs. ^90. que Lucrèce reeonnatt positivement cHte possi*
(119) Idem , ibid. , vs. 446* W/it/.
532 LUCRECE.
M tant de masses tombantes autour » prëcik et formel d'Épîcure je tous
» d*eux, et peut-être dessus leurs » fais yoir que non- seulement il a
)) têtes ? car le hasard ne les connaît » cru une deité ; mais qu'il a même
V pas pour les respecter (isiS). » No- » reconnu sa providence ? Cest
tez aue cet écrivain observe ( n4 ) ^ ^^ l'Épître a Ménëcée (*). 11 est
que la plupart des épicuriens ont dit » certain c[u'il y a des dieux : mab
que les dieux ne sont point com' » il faut bien prendre garde d'*attii-
posés d'atomes. On peut voir ce que » buer a Dieu , remarquez , lequel
j'allègue lù-dessus dans la remarque » est un être immortel et bienhea-
(F) de l'article d'ÉpicuKE (ia5). Ils " reux, aucune qualité qui rc'pugne
comprirent que la félicité étemelle » à son immuable félicite. Non , ce-
quUls attribuaient aux dieux ne pou- » lui n'est point impie , qui ne croit
vait point compatir avec un tissu » pas cette foule ae dieux que la
d'atomes : il fallut donc leur attri- » plus grande partie des hommes
buer une autre nature ; mais par-là » imagine et ne vit jamais : mais ce-
ils renversèrent les articles fondamen- » lui qui croit d'eux des choses indi-
taux de leur système, ce dogme ca- » gnes et basses. Les dieux envoient
piul qui est la base de leur physi- » a ces profanes qui les désfaono-
que, que les atomes et le vide sont » rent par leurs fausses opinions, des
les prmcipes de toutes choses. Je ne » calamités sans nombre , et com-
pense pas que Lucrèce eût jamais pu » blent de biens au contraire les
se tirer de ce mauvais pas. Il lui eût » bons et les sages. En voici la rai-
fallu abandonner , ou l'éternité bien- » son ; pour ce qu'ib aiment leurs
heureuse de ses divinités , ou le nom- » semblables , et croient crue ce qui
bre binaire de ses principes ; car il » n'est pas conforme à la vertu ^
n'j a point de moyen de retenir l'un » n'est pas aussi convenable a leur
et l'autre de ces deux dogmes. Nous » nature. Sénèque , Epictète , et Pla
ques antres philosophes , est le plus )> pour ce que la nature ne se peut
beau fleuron de la couronne , et la ^ totalement démentir. C'est dom-
5 lus noble et la plus excellente pièce » mage seulement <}ue tu ne puisses
e la machine , est l'endroit faible » dire ce que tu dis sans être coo-
du système des épicuriens. Lear chef » traire à toi-même ( ia8). » Voilà
s'étant délivré de toute crainte par une apostrophe et une moralité que
rapport à la justice divine , se trouva l'auteur aurait mieux placées s'illes
d'ailleurs plus embarrassé de ses avait mises dans quelqt^un de ses
dieux , que s'il leur eût attribué une sermons. Où qu'il les eût mises , elles
providenc^ Il n'osait les nier , et il eussent été mal fondées ; car il n'est
ne savait qu'en faire , ni où les pla- point vrai qu'Épicure ait jamais écrit
cer. Tout ce qu'il en pouvait dire à Ménécée ce que Cotin lui a imputé,
faisait une brècni
l'exposait à des
tables. Voyez
tourné en ridicule , et sur la subtili- pensée d'Êpicure , et nous l'y troa-
té du corps des dieux (iti6) , et sur verons aussi éloienée du sens de ùy
leur fleure humaine (127), etc. tin, que le ciel Test de la terre.
Le sieur Cotin lui reproche de 'A^vCnc ^i ov^ 0 <ro(/r n-Sif 'TroKKSf Qmi
s'être visiblement contredit sur le ÂTiti^»T, etxx' 0 vas rSv 9roxx»r ^i^it
chapitre de la providence de Dieu. 0«oic ^rpc^A^rTo^T. Où ^«tp ^po7i>i4tK ù^h
« Que diriez 'VOUS , si par un passage â^x' i/^oxm4<'( 4*^^*'^ ** '^^^ ^oAi«r
(i«3) CotÏD , Tliioclée, dialogue Illf p. 5?. çetç 0Kai^ett oToTTâtt , rùîc ttttxoït i» 0i«
(w4) Là même , pag. 58. lfra,y%9^<tt , Jfc*i «^iXtiAC To7c «yetfloîf.
\^^^^S^^^on{%i)jt suivante,. t*iç v^p UUiç ofKtfOVACfVOi hi îr*rr«
ri»6] Ciecro, de NatnrA Deor. , //fr. /, /«et. J..-.;;., --, '- I,.*.'a,.- J«.A^Vfv«n.^i ^m
IXFfir, pag. gS, «f Ub» II , secl. LIX, */'«'»^*'f '^^^f "A-û'Ot/Ç «T<wriA:oTT«w, ir<U
^'' .: ...... (•) ^'V ^««'<- . •» '« ^i* d'Épicun,
(i»7) Idem , tbtd. , Ub. /, tact. XCI , p. x3s. (laS) Colin, Théodie , pag. Sg.
LOGO. 533
T-o juh ToioÎTo», tùç ÀkKirptù9 vo//iÇovTtc. assister à la huitième assemblée
cf£ pirûndè, non is qui Y^l^arei^ mul- générale des jésuites: et il s'ar-
Tztxddinis deas toUit ; sea is gui mulu- ^a. i, . { ia. ' i
€E^€iinU opiniones dus adoâet, Tfon ^^^^ la après la clôture de cette
cnim Qermsinx prcenotiones sunt, sed assemblée , pour y exercer deux
szMrspiciones falsœ , ea quœ de diis ab charges , celle de censeur des li—
Hominibus è uulgo traduntur. Arbj- ^^es que les jésuites publiaient,
Zrvintur gmppe et malts detnmenta . nj/i^i • S f»i
méiarima Jet bonis prœsidia h diis adr ^^ ceUe de théologien du gênerai .
^enire : siguidem propriis uirtutibus. Mais voyant que l'on faisait de
seu affèctibus innutriti , simileis sui jour en jour plus de cas de lui ,
aeos ad,nittunt, et quicauid affec- depuis que Son frère était cardi-
tiMum suorum non est y id existimant 1-19 ^ -m
^b ipsis alienum (129). ^^^ > i\s en retourna en Espa-
£n tout cas , cette contradictioD ne gne , ou il fut recteur de deux
regarde point Lucrèce : et si^je Tai collèges. Il mourut le 17 de dé-
mi^êrkbi^^lC'crii^ur *' cembre'65.(«). Il est auteur
deplusieurs ouvrages (B). Si Ion
p4J.'16?';?^'k o;.Sfi^GJZli."' • "*'• ne veut pas croire ce qu'on vient
de lire de l'humilité de ce jésuite ,
LUGO ( François de) , frère je n*en ferai point de procès aux
aîné du cardinal de ce nom , incrédules.
duquel je parle ci-dessous , na- (a) nré de Nathanaël Sotuel , BihUolb.
quit à Madrid, l'an i58o, et »ociei, Je8u,pii5^.255.
se fit jésuite à Salamanque , l'an (A) Ilperdit la plus notable jparUe
1600. Il se plaisait tant à s'hu- ^^ ^c* Commentau-es sur la Somme
milier, qu'après avoir enseigné àe Thomas d' A gain, 1 II pensa être
I 1 •! * !.• M j 3 %^ pris lui-même par les Hollandais.
la philosophie , il demanda à sm Oiim renauigat in Uispaniam classe
supérieurs l'emploi d'expliquer ab If oUandis intercepta , ipse quidem
les rudimens de la grammaire , "* ^^^^^^ et^asit in insuld Cubœ , sed
ce qu'il obtint. Ayant ensuite "^'ir^P^rtUCommentariorumsuo-
paMa qi
son frère. Com-
et la grammaire au, infidèles. ^J'^rSo'",'»™»'!'
Mais on 1 employa a des choses mentarii in primam partem sancti
plus relevées ; on lui donna une Thomœ de Deo , Trinitate et Ange-
chaire de théologie dans la ville '"> ^ ^-yo"» "^47 > deux vol. in-folio;
de Mexique, et dans celle de j^'^framentis in génère, Baptismo,
^ . *«*^'^i^*'> ^^ ^«"o s.^y^ wc ConfirmaUone , et sacra Euchans-
Samte-Foi. Comme il vit que //rf, à Venise, 1 65a, i/i-4°.;Z>MCMrîw5
les charges qu'on lui donnerait prœvius ad Theologiam moraleui , si-
en ce pays- là ne répondraient ?^ '^ Principiis moraUbus actuum
^- * 1. i>u 'i'*^ ^» •! ^ 1 •*. «umflnorMm, a Madnd, 1043, m-4.;
point à 1 humilité ou il voulait QuœsUones momies de Sacràmentis]
Vivre , il demanda qu on le ren- à Grenade, 1644 , m-4°. (a).
voyât en Espagne. Il perdit en (,;N.tb.n.êiSoi».i,BîbUoib. Script.ocî«t.
y retournant la plus notable Jeta, pa^. 355.
partie de ses commentaires sur ^*' ' * *''* ' ''*** '
la Somme de Thomas d'Aquin LUGO (Jean de), jésuite es-
(A). Il fut député à Rome par pagnol et cardinal, naquit à
la province de Castille , pour Madrid le 25 de novembre 1 583.
53( LUGO.
n te **^* poortant de Sérflle, choisissait les opinions ^'il soa-
MTce que soa père j £ûsait sa tenait , et il savait joindre ad-
I f tîiV m f <M din iiir [\) Dès Fâge mirablement la briëveté aYec la
^ trois ans il fil paraître son clarté (6). Il s'attachait aniqae-
csprît; car fl sarait lire les im- ment à son emploi y'sans s'amu^
«fîmes elles manoscrîts. Il soii-> ser à faire la cour aux cardinaux,
tini des thèses à quatorze ans , et à fréquenter les ambassadeurs,
d il fut enrojé à Salamanque II ne songeait point à publier
«Bssîtôl après , pour j étudier quelque chose; mais on lui or-
en îarî^pmdenoe. A 1 imitation donna de le faire , et son Tœu
de son frère aine , et nonobstant d'obédience ne lui permit pas
les oppositions de son père, il se de résister. Il fit imprimer sept
filîésuite, le 6 de juillet i6o3. 11 gros volumes in-folio (B) , doat
adiera son cours de philosophie il dédia le quatrième à Urbain
chei les jésuites à Pampelonne , YIII. Ce pape le fit cardinal le
ci il étuaîa en théologie à Sala- i4 de décembre 1643. On rap-
manqne. Après la mort de son porte des choses fort singulières
pèie, il fut envoyé à Séville par sur le peu d'ambition de ce je-
ses supérieurs , pour se mettre suite (C). Pendant qu'il fut car—
en possession de son patrimoine, dinal il se montra fort charita-
qui était fort considérable. Il le ble envers les pauvres : il dis-
partagea du consentement de son tribuait libéralement du quin—
frère entre les jésuites de Se- quina à ceux d'entre eux qui
ville et les jésuites de Salaman- avaient la fièvre (D). Il mourut
que. n régenta la philosophie le 20 d'août 1660, laissant ses
pendant cinq ans (a) j après biens aux jésuites de la maison
quoi on lui fit professer la théo- professe ae Rome , et vonlat
logie à Valladolid. Le succès être enterré aux pieds d*Jgnace
avec lequel il remplissait cet em- de Loyola , fondateur de Tordre
ploi, le fit juger digne d'une (c). Il inventa l'hypothèse des
chaire plus éminente : ainsi , la points enflés (E) , pour se tirer
logie. 11 partit au mois de mars les points mathématiques. Un
162 1 , et après avoir essuyé plu- fragment d'une de ses lettres nous
sieurs dangers dans les provin— a découvert un mystère assez eu-
ces de France qu'il traversa, il rieux(F) : c'est qu'ilyaquelquc-
se rendit à Rome au commen- fois une fine politique dans la
cernent de juin de la même an- dévotion pour la Sainte Vierge,
née. Il y professa la théologie On prétend qu'il est le pre-
pendant vingt ans, avec une ex- (^) ^rat quipph m sdigendu meiicnbus
trémC réputation, car il enten- sententUs pnrstantîs JudicU , in expllcandts
dait à fond la scolastique ; il 'it^^^^,^}!''^:!''^ ^^^Vr^r!:
^ ' taie y quod rarum est, com/utigroat con-
(a) Nicola» Antonio, Biblloth, Scriptor. gruam brevUatem. Nat. Sotuel., fiiUiotk.
Hji«|t«n , iom. /, pag, 556, dit que de Lu- Scriptor. societ. Jesu , pag. fyji , 472.
|ta m$0igmt im pkiiotophie à Medina-del- (c) Nat. Sotael, Bibiiolh. Script, todet.
Cteng^o. Je»u. , pftg. 47 1 1 47^-
LUGO- ; 535
mier auteur de la découverte Lj^on, i65i et 1G60. Outre cela, il»
<ÎUL péché philosophique (G). **^* ^^^ *'?*®* » *'* PnuUegia uwœ wo^
* ^ r ^ ^ ' ^cis oraculo concessa Societati^ impri-
C A ) Son père faisait sa résidence mées à Rome , Tan 164^ 9 in- 13 ; et il
ordinaire à St^ville.] Il y exerçait une a traduit d^italien en espagnol la Vie
oliarge assez t^onorable : je la nom- du bienheureux Louis de Gonzague
merais, si je savais comment elle a (5). Le 4°* de ces volumes fut de'dië^
Tiom en espagnol (1) ; mais ne le sa- au pape Urbain VIII : Fauteur fut
cHaat pas , je me servirai des termes oblige alors d^aller faire la re'vérence
latins de don Nicolas Antonio (a) : à ce pape , à qui il n'avait jamai»
JToannes deLugo, Joannis fitius civis parlé ( 6 ). Il en fut fort bien reçu \
et jurati ( quomodo securuli subselHi et depuis ce temps-là Urbain se ser-
dccuriones i^canl ) Uispalensis, Les vit de lui en plusieurs rencontres , et
^tats du royaume avant e'te' convoques lui témoigna une affection particu-
à Madrid , il y assista comme député liére. De Lugo se voyant contraint
de sa patrie (3) : il se maria dans la d^étre auteur , ne se servit du secoura-
même ville avec Thérèse de Quiroga, d'aucun copiste , ni d'aucune autre
et y eut le fils qui fait le sujet de cet personne pour mettre ses manuscrits
article (4). Ce fils eut raison de se en l'état où ils devaient être : quand
surnommer Uispalensis , plutôt que ils étaient envoyés â l'imprimerie. Il
IMfadritensis ; car lorsqu'une femme soutint tout seul le poids de ce grand
accouche pendant le cours d'un voya- travail (7). Le père Maimbourg s'est
ge, on ne donne point poiiir patrie k servi d'une pensée de ce cardinal »
son enfant le* lieu où il naît, mais qu'on sera peut-^tre bien aise de trou-
le lieu où son père et sa mère sont ver ici , et qui peut aider à faire con-
étalilis. On en use de même envers naître les principes de ce docteur es-
les enfans d'un ambassadeur , nés pagnol. L'église , ce sont les paroles
dans le lieu où il exerce son arabas- du père Maimbourg (8) , n'a pas en"
sade. Ils sont censés natifs du lieu où core jugé qu'il faillit rien determi-
leur père résiderait s'il n'était pas ner a essentiel sur la conception im-
ambassadeur; et parce qu'il est ab- maculée de la Sainte Vierge. Elle
sent pour des affaires publiques , rvi- n'en a pas usé de la sorte sur le cha-^
pubHcœ causa, ils ont part aux prî- pitre de l'exemption du péché uéniel;
-vilé^es de ceux qui naissent dans la car elle a décidé ce point-là comme
patrie. Le père du cardinal de Lugo étant des apparie nçrnces de la foi.,,, ^
était dans le cas ; îl séjournait à Ma- Elle a consulté V Ecriture et la tradi-
drid comme député de Séville à Tas^ tion apostolique ^ et le sentiment des
semblée des états du royaume. saints pères , sur la qualité de mère
(B) Il fit imprimer sept gros uolu^ àe Dieu > pour en découvrir toute
mes in-fôlio.'] Le i "'. traite de Incar-- V étendue ; et (*') comme ensuite elle
natione dominicd , et a été imprimé' û trouvé que t exemption du péché ué^
à Lyon , l'an iG33 et Tan i653. Le rùel était comprise dans cette dignité
9®. traite de Sacramentis in génère suprême , comme une conséquence
et de ven. euiharisûœ sacramento et nécessaire dans son principe , elle l'a
sacrificio, à Lyon , i636. Le 3«. traite définie comme un point de foi (**) ^
de P^irtute et sacramento pœniten' révélé dans la parole de Dieu qui
tiœ, à Lyon , i638, 1644 ^* '^^i. Le t enferme. C'est la remarque du sa-
4'. et le 5«. traitent de Justitid et *'«'»* cl du subtil cardinal de Lu--
jure y à Lyon, 164» et i653. Le6«. go (^^) y dans son excellent Traité de
traite de f^irtute divinœ Fidel ,
a Lyon 1646 et i656. Le 7e. est un « ^?\ '^^ ^' N.ih.n.ël Sotuel Bibliothec.
Recueil Responsorum moraliam , à (gj Edoccaùone neLse habuitadir, suan.
(O Je crois quB ceux gui ont ceUe charge se f^Z'^T/Z' ?h.T """^'T '^àfuerat ulio^
nomment Juradi, , comme tes consuU deRor- ««'"'•"«'« » «b'd. , pag. 4'ja.
denux s'appetlënl JuraU ; mais ces consuls te ^7; '««'« • *oidem,
renouvelleni tous les ans. (S) Alaimboorg, Méthode paeiGqne , pag. 60
it) BibliothcM Seriptor. bup.,xofli. /, p. 556. ^ ^ troisième édition , qui est de Vannée 1681.
(3) Idem , ibidem. (*') Aug. , lA, de nat. et grat. , c. 36.
(4) Nath. Sotael, Biblioth. Script. socieUt., (*>) Cône. Trid.
3c.$u,pah'. 47«- (*') Diep, J, seet. 5, num, 73.
S36 LUGO.
ta Foi, que j'ai eu l'honneur de pren- par les jésuites ; de là rient qu'en
dre de lui à Rome , lonque /j* étais certains lieux on le nomma poudre
9on disciple. des jésuites. On tâcha de le décrier ,
su
jésuite.^ . , . . . „ w
été ayerli, ni sans avoir en le moindre t*indicatus (lo). Cette poudre coûtait
soupçon que le pape eût ce dessein, beaucoup en ce temps-là , comme k
Ayant su la nouyelle de sa création , remarque le bibliotnécaire Sotuel.D
il en fut presque consterné , et il ne relére par ce moyen la charitë de sob
fit point au porteur de la nouyelle le cardinal. Quibusque ( pauperibus }
présent qui lui était dû selon la corticem peruuiauum ^ non lepis pre-
coutume : il allégua pour raison tu , contra febres , bénigne et libéra-
que cette nouvelle lui/fe'tait dés- liter distribuebat (ii). On a remar-
agréable , et il ne voulut point que dans le Dictionnaire de Furetiè-
que le collège des jésuites donnât des re , au mot Quinquina y que ce fe-
marques de ] oie , ni des v acan ces aux brif uge fut nommé au commencement.
officiers qui voulaient 1 habiller à Ja vaut cette nypothése presque
cardinale , qu'il voulait avant toutes donnée, il Fadopta et la fit valoir. Elle
choses, représenter à sa sainteté, que ne remédie point aux difficultés «rue
les vœux au'il avait faits , en tant que l'on propose contre les points matné-
vœux-là : Les dispenses , répliqua- qui en lui-même n'a ni parties ni
t-il , laissent unhomme dans sa liber- étendue , peut se gonfler de telle sor-
te naturelle ; et si l'on me laisse jouir te qu'il reniplit plusieurs parties d'es-
se ma liberté , je refuserai toujours le pace. La doctrine ordinaire des sco-
«anfi/ia^ntJl fallut donc qu'on l'intro- lastiqnes , touchant la raréfaction,
duistt auprès du pape : il lui exposa donnait lieu à Jean de Logo d'elu-
ses raisons , et lui demanda si sa der les grands inconvéniens de cette
sainteté lui commandait , en vertu étrange absurdité. Les scolastiques
de sainte obédience, d'accepter cette enseignent qu'un corps qui se ra-
dignité : le pape lui répondit qu'oui , réfie occupe un plus grand espace
et alors de Lugo acquiesça humble- qu'auparavant , sans acquérir de
ment , et baissa la tête pour recevoir nouvelles parties de matière. Le mê-
le chapeau. La pourpre ne l'empé- me corps , disent-ils , occupe tantôt
cha point de retenir toujours auprès un plus grand espace , tantôt un plus
de lui un jésuite , comme un témoin petit. Mais comme cette doctrine est
Serpétuel de ses actions : il continua absolument incompréhensible et con-
e s habiller et de se déshabiller lui- tradictoire , elle ne pouvait fournir
même , sans souffrir qu'aucun de ses à ce jésuite qu'un très-petit avanta-
domestiques l'aidât en cela. Il ne fit ge. Voyez de quelle manière Arriaga
Eoint tendre des tapisseries dans son le réfute sans le nommer (ta).
ôtel , et il y mit un tej ordre que (F) Un fragment d'une de ses let-
ce fut une espèce de séminaire. Voi- très nous a découvert un mystère aS'
là une bonne psirtie de ce que conte sez curieux,'] Les jésuites (c n'ensei-
)e père Sotuel (9) : chacun en croira (10) Il se déguisa a la tfia de «« livre sous
ce qu'il voudra. ^ f^^ «TÂntimaf Coningias. Sotnel , Biblioth.
(D)/Z distribuait libéralement du Script, toçiet. Jeta , Pne-^-/^ crois ^u'aa
. ' . 1 r^ rji. 'jf • ^ j rk^ "«" «• ConiDRins, U f allait dire CooTgms.
quinquina.} Ce fébntuge vient du Pé- nom formé du grec , pour signifier une poudr* .
fOU.. n fut porté à Rome l'an i65o , 4»*'^nU.
(il) Idem f ibidem , p€ig. 479»
(9) Bibltotb. Script. toc'xtX, Sttn^ pag. 47a* (ta) Roder, de Ârriagâ , disput. XFl phY-
Nieolas Antonio , Bibltoth. bi9pan.,iom. /, pàg. sicee^ sect. /X, pag. ^71 et seqq. , edit. Pa-
556 i dit en général les mêmes choses. ris. , 1639.
LUPERCALES.
537
fanent pas la conception immacu- » Dieu, pour ne pas bannir de ce
^e par piété , mais par haine con- » monde le péchë philosophique, qui
't.Te les dominicains , et pour les » y est si nécessaire , et pour n^étre
xrendre odieux à tout le peuple. Le » pas aussi embarrassé de ce qu'il
'«cardinal de Lugo, jésuite , écûvit » pourra faire en l'autre de ces sor-
<:ette lettre * à un de leurs pères » tes de pécheurs , fera un miracle
<3e Madrid. Que votre réuércnce » plutôt que de les laisser mourir en
» J^cLsse en sorte que les vôtres s'ap- » cet état. Il leur donnera , avant
»
»
jyliquent avec soin , dans vos quar- » qu'ils sortent de cette vie , autant
t.iers , a réveiller la dévotion de la » de connaissance du vrai Dieu qu'il
conception , a laquelle on est fort » leur en est nécessaire pour pouvoir
ou au
3>
»
3»
31
éxffecûonné en Espagne , poMr j'Oir n pécher théologiquement , ou
si parce moyen nous pourrons dé- » moins autant de lumière qu'il leur
tourner ailleurs les dominicains qui » en faut pour pouvoir se douter
nous pressent fort ici en défendant » qu'il pourrait bien y avoir un
saint Augustin , et jfi crois que si )> Dieu , et il attendra poiir les lais*
on ne les oblige de s'employer sur » ser mourir qu'ils aient commis avec
Tine autre matière , ils nous sur- » cette connaissance , ou avec ce dou-
monteront dans les principaux » te, quelque péché qu'il puisse trai-
» j90i/}£« de Auxiliis (i3). » » ter de péché mortel, et le pu-
(G) On prétend qu'il est Hauteur » nir éternellement dans l'enfer. Car
la découverte du péché philosophie » ce seul doute dont il négligerait
?fu€.'] y ayez le livre intitulé : Le phi- » de s'éclaircir , rendrait son péché
osophisme des jésuites de Marseille , » éternellement punissable , parce
vous y trouverez ces paroles (i4) • » qu'en péchant en cet état , il s'ex-
Ce qui embarrasse de Lugo <c en ad- » poserait au danger d'ojQTenser celui
» mettant des péchés actuels pure- » qui lui a donne l'être. La pensée
ment philosophiques dans un bar- ]> est tout-à-fait rare , et digne de ce-
bare , au moins pendant le peu de » lui qui paratt être le premier jé-
qu^
3> pable
» peut mourir dans ce peu de temps dogme de ce jésuite, y mêle des traits
» avec ses péchés philosophiques , rauleurs. Mais après tout , il n'est pas
» et qu'il ne sait ce que Dieu en étrange qu'un docteur soit embar-
T> pourrait faire , ni quel jugement rassé quand il tâche de concilier la
)» il pourrait prononcer sur un damnation éternelle de l'homme avec
» tel pécheur , ni en quel ran^ il le les idées naturelles , qui nous font
» mettrait pour l'éternité. D'autres voir clairement que pour faire en-
)i jésuites l'envoient aux limbes avec trer un caractère de moralité dans
» les enfans morts-nés , après quelque une action , il faut qu'on ait su si
n peine temporelle proportionnée au elle est bonne ou mauvaise , ou que
» péché philosophique , de quelque l'on l'ait ignoré par sa propre faute.
» nature qu'il fût , parricides, inces- Concluons qu'il est facile de broncher
» tes , etc. Mais de Lugo aime mieux dans un tel chemin , puisqu'on y fait
» faire un nouveau genre de provi- de faux pas , lors même qu'on se pro-
» dence... Dans ce nouvel (*) ordre , pose d'écarter du jugement de Dieu
• Joly dit qne cette lettre ne peut avoir éU *<>»' ce qui semble le faire paraître
icrite par Logo qoi, né en i583, ne rint à Rome moins équitable. La supposition de
qn'en i6ai , et ne fat cardinal qu'en i643 ; car, ^otrc de LuSQ ne va paS a diminuer
rS;:i\^in d:7.t^\?;J9«^:«fi^».Ti 1« «L-»»-"!^ des damnés mais à les
mars x6o6. rendre plus notoirement damnables.
(i3) Morale pratique de< Jésnîte», £. /, p. 270. ^^.^^^ ^ ^^ eulpabililer omiUat efus inquisUia-
J^lVn- '"'/?* "-^i* i'**' -. . . nem, vel , non obstante Mo duhio , commiUat
") Dices saUem illo brevt tempore , quo sinè '
pd ignoretur Deus , posset aliquis mon anti
eognitionem Dei. Quid igiturfieret de illo aduUo
linè peccato mortali ? ttespondeo facile... in
noilro casu dieendum , ffertinere ad eandem
providenUam Dei , ut nullus infidelis aduUus
fnçriqtiWf donec vel eogfioteai Deum , vel saliem
alia peccata gravia t qute quidem jam erunt om-
niità niorlaUa , cum opponal se periculo offifU'
dendi illum conditorem^ de quo dubitat an sU,
De Lugo , Tract. , de Incarnat.
LUPERCALES, fête que les
538 LUPERCALES.
Romains célébraient le i5 de endeuxcommanaùtés,dontl*ane
février. Romains n'en a pas été portait le nom de Qointiliens , et
l'inventent (a). Ce fut Évander l'autre celui de Fabiens (e) , pour
qui rétablit en Italie (b) , oh il perpétuer , dit-on , la mémoire
se retira Soixante ans avant la d'un Quintilius, et d'un Fabius,
guerre de Troie. Comme Pan qui avaient été les chefs , l'un du
était la^rande divinité de l'Ar- parti de Romulus , et l'autre du
cadie , Evander natif de ce pays- parti de Rémus. Long— temps
là établit la fêle des Lupercales après on y ajouta le collège ou
en l'honneur de cette divinité la communauté des Juliens , en
(c) , dans l'endroit oii il bâtit des l'honneur de Jules César (y),
maisons pour la coloniequ'il avait Marc Antoine s'y fit agréger
menée, c'est-à-dire sur le mont (A). Quoiqtie la célébration des
Palatin. Il bâtit là un temple Lupercales ne fût propre qu'à
(d) au dieu Pan , et il ordonna déshonorer la religion, Auguste,
une fêté solennelle , qui se celé- s'étant aperçu que depuis quel'
brait par des sacrifices offerts à ques années on la discontinuait,
ce dieu , et par des courses de ne laissa pas d'ordonner qu'efle
Î[ens nus et portans des fouets à fût remise à la mode (B) (g). Cela
a main , dont ils frappaient est infiniment moins étrange ,
ceux qu'ils rencontraient. Denys que de voir qu'elle ait continué
d'Halicarnasse cite £lius Tube- sous les empereurs chrétiens , et
ro , dont il lone l'exactitude ; il que lorsqu'enfin le pape Gélase
le cite, dis-je, pour montrer que ne voulut plus la tolérer, l'an
cette fête se célébrait selon l'in- 49^ (^) y ^^ ^ trouva des chré-
stitution d'Évander , avant que tiens , parmi les sénateurs mê-
Romulus et Rémus songeassent mes , qui tâchèrent de la main-
à bâtir Rome. Mais comme l'on tenir , comme il .paraît par l'a-
prétendait qu'une louve les avait pologie que ce pape écrivit con-
nourris , dans l'endroit même tre eux (i). Non-seulement les
2u'£vander avait consacré au luperques couraient comme des
ieu Pan , il ne faut pas douter fous dans les rues pendant les
que cela n'ait détermmé Romu- Lupercales , n'ayant qu'une pe-
lus à continuer la fête des Lu- tite ceinture pour couvrir les
percales , et à la rendre plus ce- parties qu'on ne nomme pas ;
ïèbre. Les Loperques ( c'était mais il y avait aussi plusieurs
ainsi qu'on nommait les prêtres jeunes gens de qualité , et quel-
préposes à cette religion parti- ques-uns même des principaux
culière de Pan ) étaient divisés magis trats(C), qui couraient corn-
(a) Vaière Maxime, iw. II, chap. II, ne me eux cu même posture(A) , et
remonte pas plus haut quà Romulus,
{b) Denys d'Halicarnasse, Uu. I, (e) ro^ex Ovide, Fastor. lib. It,
{c)ln hujus (montis Palatini) radicibus (/) Dio, lib. XLIV, (Hofman ciU2\.)
templum Ljrceo auem Grœci Pana, Romani Sueton., in Cssar., cap, LXKVÏ.
Lupercum appellant, constitua (Evander). (e) Sueton., in Augusto, cap. XXXI.
Ipsum Deisimulacrumnudumcaprinâ pelle {h) f^oj-ez Baronius, tomo KI^ ad ann.
amidum est, quo habita nunc Romœ Lu- l^ç/S « num. 28 etseq.
percalibus decurritur. Justinus, lib. XLIIIf (i) Baronius , ub^ suprà , la rapporte toute
cap. I. entière.
{d) Nommé ZMpercal. (h) Plutan{ue, dans la Vie de César, et
LUPERCAtES. 539
oints d'huile d'olive (D), ej qui, des amours de Pan , qui est plai-
comine eux , donnaient le fouet santé , et qui a été très-mal ra-
sLixn personnes qui leur tom- contéeparduBoulai (F).
liaient sous la main. Sous Au-
sriiste , ceux qui n'avaient point (^) /P/^rc Antoine ^'rfitagré-
^ ji^i. > j.*^** ffer.l Ciceron , dans la 1I«. Pmhppi-
encore de barbe n eurent point ^^eU^iàit/ltaeras Lupercusliîte
la permission de courir avec les consulemessememinissedeberesi d^oii
luperques (/). Bien loin que les l'on peut raisonnablement conclure
femmes craienissent ces coups q«'i\ était luperqne Julien : car un
, ^ ^ ,9 f • * . aussi erand flatteur de Jules Lesar
de fouet , elles s y exposaient ^^^ j^j ^ ^,^^^^ g^^^e de s'agréger
au contraire volontairement , aux deux anciennes sociétés, pen-
dans l'espérance d'en devenir fé- dant qu'il y en avait une nouvelle
condes si elles étaient stériles , tî^Wi^ en l'honneur de Jules César,
j, r. ^ 1 • ' X „: Mais sans avoir besoin de tirer des
oir-4 enfanter plus aisément si conclusions , on trouve clairement
elles )étaient grosses (m) ; mais je le fait dans la harangue de Cicéron
doute fort de ce que dit le pape contre Marc Antoine , comme Dion
Gëlase, que les dames romaines Cassius la rapporte (i). T4>apxu*^i*
se faisaient fouetter toutes nues ^^^^^ . c'est-à-dire, selon la traduc-
publiquement dans ces occasions tion de Xylander , Ninùrum agenda
(tù : îe crois qu'elles tendaient ei erant Lupercalia uni ex colleeio
1 4. 1 • fXZ\ ^^^^ck Julio, Le père Abram (a) a traduit
seulement la main (E) , comme ^i^g ^xacte^^ent le grec par ces paro-
un ecoher (o) à qui 1 on donne [^^ ^ Lupercalia enim erant , et ipse
la férule (j9 ). Quant aux céré- in sodalitate Juliâ erat constitutus,
monies que les luperques de- Aprèslamortde Jules, ©nota aux lu-
* 1. ^ o«^,«:fi««f /Tivi* perques les revenus qu'il leur avait
vaientobserver en sacrifiant, qm l^^^^^.^ Marc Antoine s'en plaint
étaient sans doute assez singu- danslalettre àHirtiusetàOcUvius,
liferes j vu qu'entre autres cho— qui est si exactement réfutée par Ci-
ses il fallait deux garçons qui céron dan8laXlII^Philippique.Ma-
. -ni 4. ^ «« lo nuce lisant ainsi le passage , f^ccftg'fl-
rissent ,^ voyez Plutarque en la n^j^n^^L^p^rciïademiltis, est eu
vie de Romulus. Lt quant aux peine (3) de savoir si la libéralité de
raisons pourquoi ces prêtres César s'était étendue sur tous lescol-
étaient nus pendant le service l^ges des luneraues , ou seulement
,. . . ^ . ^„„ i«e sur celui qu'on lui avait consacre ;
divm , et en courant par les ^^jg le père Abram (4) n'est pas dans
rues , voyez Ovide , qui en rap- ce doute , puisqu'il suit cette leçon ,
porte un grand nombre au se- p^ectigalia Julianis Lupercis ade-
cond livre des Fastes. Il y en a mistis Voyez ce oue Nonius ( 5 )
^. , j, . «^ ^^' cite d'une lettre de Cicéron au jeune
une tirée d un mauvais succès ^^^^^
(B) Auguste ordonna qu'elle
dans celle de Marc Antoine. Voyez aussi fût remise a la modeJ] Moréri fait
Festas, m f^oce Grepi. dire à Suétone qu'Auguste rétablit les
. .. — «.» ... - j I 1 -^ . • •^. / "11 />_i— «••'»-
0"/
(n) Âpud illos nobiles ipsi currebant et
matronee; nudato publiée corpore vapula- ^^^ ^^j XX K.
bant. Jpud Baronium, ad ann, 496. (,j Commentor. în PhiKpp. 11 , pag, 704.
(o) Platarchus, in Gssare. (3) in Philipp. XIII.
ip) De là vient cette expression de Jnve'« (4) in Philipp. XIII, pag. 703.
nal. Nilprodest agili palmas prœbere Lu- (5) yoce Coottat. La lettre cil/e est du If*-
percoy satyrall, vs. 1^2, livre.
540 LUPERCALES.
rontonto de dire qu'Au«ust6 rëUblit depuis la fondation de Rome, non-
Int cdrëmonics lipercfics , sacrum seulement aucun consul, mais non
iuMrcaU . qui avaient été abolies pa. même aucun prêteur , ou tnbun
pmi à peu. Combien y a-t-U de cou- Su peuple, ou édile n avait j«na,5
tiune»ercWsia.tiques ou civiles, qui foit «s que Marc Antoine «vait ose
Imbent insensiblement dans le non- foire? Or queUeëtait cette act^^
usaso , quoique les corps ou commn- Cest qu étant consul il était aile nn
««Htt(;quileidevaicnlpratiqner«.b. et graisse d'onguens ala place pa-
î^îtenl 2vec tons leurs biens? CicAtm bhque , sous çrctexte desXuperca-
"« dÛ-il pw en quelque Ueo (^s ^'on le. U était monté sur la trjbune il
n'obierviit ptesqu* plus Tamiemie avait harangue le peuple Marc An-
?oXme des aus?ices> Ope.d«t les tome tâcha de i o^er cette condm-
roné«e«d«iauguV«,jlespo«tifes,c«., te par « qualité de luperqne: mais
wbsi^laient cJmi.e an|ifav«t. ««li répondit que la quahle de con-
^ A t — 3w. .Ut nru- «d y V^^ *▼*»* ™" » ocvait lem-
(D QHel<r^S'mm ^^^^^P^^^ noAJsuT celle de lu^ermie . et crue
Il V7', n • \^ ■ ■■ r ■■fi-T- " '" "^' ^ lallait conserver partout la
«^X«v^v • ^^^^I!!? J^TjiKiewfn»- ™*j®**^ > "a"^» la mettre à na , et sans
è«^l**M jw»5'w» ^^*J^"~^„ao. la déshonorer en aucune manière.
•^*' V ** 4 "^^STdo m^me Qu'on ne m'aUle pas dire qne Cicé-
tre e«dr«t > , â.^miile tra- ron ne blâme ce consul que d'avoir
J«.- >:••?•». A» Ji^ grands harangué nu ; car outre que k con-
^^^ r*' 'Z!*' ^^^ y on ceux traire paraît par les citations que
r.vrTw«».^rr.f^^^^^^ ^^ ^.g^^ l'on vient de voir, il faut que l'on
>>'"^' '^ 'L^ ..««nVklA . #»a«« sache aue Cic^ran sWt «^ii-vî «4Vn«>
^it «^»r
^. /.--^ *•'■»•' p ^. ^««nble; car sache que Cicéron s'est servi d'une
ÔMttTP TV4>»»' 'j^j lîutarque se figure qui contient manifestement
«Bc T^^^^^'^^ç-u jci\ montre clai- <îctte maxime : Les Lupercales pou-
îifTt fa =* 'fT^^^^jîe' que ceux qui i^ttient être célébrées selon toutes les
^ \". j*^f»èot consuls , étaient cérémonies qui leur conviennent , sans
f ' "^''^^Tiir *•« le* luperques. ?"« ^ consul déshonorât toute ta pH-
- "^ ^. ^v4«r -ràf îipov J^o^ov *^ A'^'' *^ nudité^ et par ses postures*
A--*" *^^.. ;^ri»fr.) Antonius H est donc vrai que Plutarque s'est
•^ 'f»> r«»«^ *'*»' 7"* sacrum trompé ; car Cicéron , plus digne de
*•■""* •^^^flkjc^itf { gerebat enim foi que lui dans ce qui cooceme les
^i»-^** ^ . Vaûil y a bien de Fap- dépendances du consulat , pose en
^.jir- • '• * piatarque en donne ^ fait çjue les courses des luperques
t«-" :^- V*"^eurs j car si la cous- sont incompatibles avec cette digni-
*,-»• ^. «i/^ (je rapporte ses pro- t^ > et que jamais aucun consul , ni
■■ ■• ' * . lo) selon la traduction aucun des autres principaux magis-
-♦^ ' \ * ce jour il y eust plu- trats de Rome, n'avaient eu part à ces
' * .^ iommes de noble mai- courses avant Marc Antoine : mais
^^imf ceux qui avoient les pour Plutarque, il prétend que le con-
".V magistrats de cette an- sulat et les autres magistratures y
^ courussent tous nuds par engageaient,
. t^ d'huile d'oli/, etc., si Qui ne serait surpris que le père
' .w*>* estoit l'un de ceux qui Abram (i3) ait tiré des principes et
^^4l(f course jacnff'e (des Lu- du raisonnement de Cicéron cette
^.. \ ,'^mrce qu'il estoit lors con- conséquence, qu'il fallait qu'une
^.*" ' A«j«t est-ce que Cicéron au- seule et même personne fût tout à la
'l^**" en plein sénat (la) , que f<>^ consul et luperque: unum. et eun-
dem et consulem et lupercum jieri
^ ...li^. , {*». UJoUo m. 3i8 verfo. debuisse. Il ne lui est pas malaisé de
\Aiomi. réfuter cette conséquence par les pa-
^N^n^ru. rôles où Plutarque assure , comme
X '.^ Anionîi. '^ous l'avons déjà vu , que la jeune
^ ^ » 1 \'w»ari8. noblesse romaine et les magistrats
ihW. hb. XLV. (|3) In Philipp. (I , pag. 704.
LUPERCALES. 54 1
lisaient les courses des Lupercales. Nudum etiam corpus tune illis une
1 ajoute en confirmation, le passage tum nescio an uulgo notumsit, sed
iu vnéme historien , où il est dit , eruo ex Appian, , ub. a , Bell. ciyiL
[ li^sk cause que Marc Antoine était H ne cite m Plutarque , ni Dion , ni
onsul, il fat Pun de ces coureurs { et Cicéron; il se borne à la citation
l en conclut que Plutarque a voulu d'Appien , qui n'a fait que copier Piu-
lous insinuer que ceux qui n'étaient tarque , hormis la parenthèse que
>as magistrats étaient exclus de ces Ton peut voir dans la note , où il est
courses. Peu s'en faut qu'on ne con- marqué nommément que l'onction
ieille de renoncera l'étude, quand était une chose de coutume (17).
yrk voit d'habiles gens s'embarrasset (E) Je croU quelles tendaient seu--
Iaxis de telles absurdités , sur ds^ lentent la main.J Je ne prétends pas
choses tout-â-fait claires. Au mokfljj^m'inscrire en faux contre ce que di~
rlevait-il réfuter Plutarque par «T sent Charles Etienne et plusieurs de
long passage de Dion qii'il a en par- ses copistes ou de ses originaux; sa-^
tie cité , et en partie indiqué. voir que les luperques , en courant
Britannicus (i4) assure qu'il était nus par la ville, donnaient des coup»
permis à tout le monde, tant aux de fouet aux femmes, sur les mains et
nommes qu'aux femmes , de célébrer sur le ventre : JYudi per urhem cursi"
cette fête ; d'où vient que Plutarqiie tabant mulierum palmas uterosque
^crit que Marc Antoine, en la celé- caprind pelle Jerientes, Mais Je sou-
brant , fut porté nu en carrosse dans tiens que cela ne Justifie pas le pape
les rues, par des femmes et des ûUes Gélase; car il faut supposer sans
tout-à-fait nues (i5). Ce commenta- doute que ces coups sur le ventre ne
teur a mal exprimé ce qu'il voulait se donnaient que^ par-dessus les ha-
dire ; car un nomme , porté par des bits. Pour ce qui est de l'historiette
femmes , comment se proménerait-il qu'Ovide raconte, et qui semble faire
en carrosse par la ville ? Mais ce n'est contre moi , je réponds : i®. qu'elle
pas le pis: on ne peut guère douter ne se rapporte quau temps particu-
qu'il n impute faussement à Plntar- lier où l'oracle fut rendu, et qu'il ne
que d'avoir écrit une telle chose , et f&ut point croire q^ue d'autres femmes
qu^au fond elle ne soit fausse. Si le que celles aui étaient alors mariées ,
fait était vrai , les Philippiques de et en âge d'avoir des enfans , aient
Cicéron , qui n'en disent rien , en fe- subi l'exécution de l'oracle ; a®. qu'O*
raient un bruit horrible. vide n'explique point comment ni
(D) Oints d^huile d'oliue.^ T Ski suiri par qui elles furent fouettées ;«si ce
la traduction de Xylander et celle fut à nu , ou par-dessus les habits ; si
d'Amyot. D'antres traduisent le grec ce fut par leurs maris , ou par les lu-
de Plutarque etMiXM/uyulvoi xiV«i par perques. De quelque façon que l'on y
im^aenlo£&/i6uti. La différence est pe- ait procédé, nous n'y voyons point
titei. Cicéron (16), parlant desLuper- la preuve de ce que le pape Gclase a
cales de Marc Antoine , se sert du dit ^ car les maris n'avaient garde de
terme ungueittis oblitus. Dion , rap- les fouetter publiquement , puisque
portant la harangue de Cicéron con- l'oracle ne l'ordonnait pas ; ni de con-
tre Marc Antoine , emploie deux fois sentir que les luperques les fouettas-
sur le même sujet des Lupercales le sent autrement que sous la custode ,
terme /ui/ÂUptajAioç , unsuentis delibu- et de la manière que le grand pontife
tus. M. Lloyd prétend dire une chose fouettait les vestales qui avaient lais-
peu connue, quand il dit qu'un pas- se éteindre le feu sacré (18). Cette
sage d'Appicn lui a fait connaître ^ ^ -AyT-î^ioc ù^ctr*ùt»y cùy ctcJri K«/-
que les luperques s oignaient le corps. ,,^^,,^) j^^^i„, rWfyvj^.hçdKnxujufithoc
, ,. o .. . . - , .. „ . {âo-jr%p îiiiQttnf oî mç too'rwç hpi*ç) M
(i4) Brilânniciuin JaTenai. gatir. Il, c/. 149, A *> r ^ * iv \ * ' » ivk'
pag 83 edil. Paris . i6i3 . in.40. * '^ » T* l^CoXA <tV«iJ>cC^V tç-.cfAV»^! «ftctcft.-
(x5) Prater sacerdotes licehat omnibus tkm fAATi. Llojds coeeXiiperea/iit. Ce passage d'Ap*
vais tfuàm mulieribus ludos eeUbrare ^ undè picn , veut dtre ^ AntOfùus ipsius in consulatu
teribil 4^ lut. M. jÊntonium nudum in Luperea- coUega diseurrens nudus et unclus ( ut mos e*t
hbus curru per urbem fuisse vee^tm à matronis peria solemne Lupercis) eonscendenstjue rosira
et virginibus omnia membra nudatis» Idem , diadema eapiti ejus imposuit.
ibidem. (i8) Notez que celte manière de fouetter les
(16; Pbilip. XHl. vestales n'avait point alors lieu à borne ^ puif
■ Il
LUPEKCALES.
. \«.cLiLioA reMpUisait le Faunus (a6) qui devint tout aussitôt
" .iw .il faut croire que les amoureux de cette belle , et chercha,
)-'i uciicut, et peut-être md- sans perdre temps, les occasions d^'en
ii.ut .iL-Js à portée depreve* jouir. Hercule et Omphale logèrent
> lii^jcrques n^employassent cette nuit-là dans une caverne, où,
I .!•• \cr^e pour une autre. pendant qu^on leur apprêtait a soo-
' ^ul llti»turiette d^'Ovide. II dit pcr,0mpnale8^am usa a faire échange
>, l'ic «lu temps de Komulus les ahabits avec Hercule , à le parer de
niait N ilevinrent si dures a conce- ses jupes et de ses bijoux , et à preo-
'.r , ' pie ce prince sVcriait quHl lui dre à la place la peau de lion, la
il Ixaiicoup mieux valu de n^en en- massue et le carquois. Ils soupèreot
<-i' aucune (ao). On recourut aux en cet équipage , et ne le quittc-rent
*rc>; maris et femmes allèrent flé- j|p»int en se couchant. Il fallut faire
:ar le genou dans un bois consacré Ht à part cette nuit-là, parce que dès
.1 J 11 non. La réponse de cette déesse le matin ils devaient sacrifier à Bac-
l<>!» jeta dans une extrême perplexité , chus , acte de religion qui demandait
t-ar on ouït distinctement ces paroles: qu^on passât la nuit dans la conti-
Ou un t/i/ain bouc saille les femmes de nence. Taunus, qui avait suivi Fcb-
kotne y Italidas maires, inquit, ea- jet aimé, entra dans la caverne à la
perhtrtusinito. Par bonheur un au- faveur des ténèbres, et du prpfond
gure , qui se trouva là , les mit hors sommeil des domestiques , non sans
de peine \ il immola un bouc dont il espérer que les mat très ne seraient
ordonna que la peau fût employée à pas moins endormis , et que cela lui
fesser les femmes (ai). A quoi ayant .donnerait lieu de faire son coup. Il
consenti , elles ne manquèrent pas ra de côté et d^autre à tâtons ; tant
d^accoucher au dixième mois. Thomas qu^enfîn il rencontra le lit d^Orophale^
Bartholin (aa) , qui a fait venir à son maisil n^a pas plus tôt touché la peau
sujet la coutume générale de se faire de lion, qu il recule tout efiraye. Un
fouetter par des luperques , de la- peu après , en tâtonnant , il trouve
quelle Meibomius ne sVtait pas sou- Je lit où était Hercule, et jugeant à
venu (a3) , aurait trouvé mieux son la délicatesse moelleuse aes étoifes
compte dans Faventure particulière qu'Omphale était là , il se coucbe
que je viens de rapporter. tout de son long , et plein d'^ardeur
(Fj Ot'jV/e..... rappoite une rai- il commence à trousser la jupe ; et
son plaisante, et qui a été' très- sans se rebuter de ce quUl trouve des
moLracontée par du Boulai.^ Comme jambes horriblement velues (-^7), il
du Boulai (a4) Ta rapportée avec une se met en train d'achever. Alors ce
infînité d'altérations , je me trouve héros , lui donnant du coude , le fait
t>bligé d'en faire ici le récit fidèle , sauter hors du lit (a8). Omphale s''é-
aûn d'inspirer à mes lecteurs une -veille , appelle du monde, demande
juste défiance des écrivains qui se de la chandelle ; on en apporte, et
copient les uns les antres , sans re- Ton voit Faunus par terre, qui a de la
courir à la source. Voici la chose se- peine à se lever , et cl^acun se moque
Ion l'original (aS). Hercule, voyageant de lui. Ovide prétend que c'est là
«n jour avec Omphale , fut aperçu de l'une des raisons de la nudité des lu-
Z^ ^ « , ., , perques: Faunus, ayant pris eu lior-
U9ee rutJnmma. sinon nomtUus.atuUtY etw * Ji^-uu*» :n •».«, 1
UL Aj^ D.II7. d^H.licrD.ue . Ib. Il , cap. ^eur les habiU qui Pavaient trompe ,
LXVi. voulut que ses prêtres n en portasseo t
(iq) OtmIim , Faftor.W. //, vs, 44*. point pendant Ics cérémonies de son
(ao) Ubhusfuerat non habuissenums. culte
Idem , ibidem, v*. 434* CUlic.
i%i) IIU capramauictatsiustmsuaUrgama» ^.«, i«.. ««»
rit^ [w) IciFnunusettlnmfme dtvinUt^utran.
PtlUbus fxsectis pereutienda dabant. .fi^) Confére% l'article d'BKKcvï.% , remarque
Idem, ib dem. t». 445. fF)- tom VIII, pag. 83.
(«•) Dans son traité de Flagroram «su medi- (98) Adscendit^ sponddque sibi propiore r^
•« y pag. 39 , où 1/ cita an passage tout-à-Jait cumbit t
tmatelligible du scolieste de Jutrisal. Et rigido cornu durius ingaei^arai.
«19) Dans la traiU d« Flafiorum osa la re Jntereà tunicat.ord subducà ah une,
vvnpreîl* Borrebant deasis aspera entra ptlu-
( f 4) Triior de* Ankiqnitia Romaines . p. •37. Ctelera tentantem eubito Tirrnlhiui h^rot
[%i) CeHrk'dira Oride, Fastor. Uh. II. Bqtpulit : i swnmo deciâit UU toro.
LUTHER.
qui accompagnait nudité aux autres qui se pratiquaient
Hercule était lole ou Omphale. Le a la f été de ce dieu pour l'apaiser du
texte d'Ovide, sans laisser aucun lieu traitement qu'il lui auait fait. Tout
à l'alternative , nous doit fixer à Ora- cela est faux et absurde: les deux
phale. 3". Il dit qu'Hercule se retira causes de Taugmentation des ce'remo-
dans nne forêt *pour éviter l'ardeur nies sont chimériques , comme on
trop véhémente du soleil. Ovide le vient de voir ; et ce ne fut pas fler-
fait retirer dans une caverne, et seu- cule , mais Faunus ou Pan , qui éta-
lement quand il fut tard. 4°. H dit blit la cérémonie de la nudité,
qu'en se couchant Omphale , comme
la plus frileuse et peureuse , prend la LUTHER ( Martin ), réforma-
peau de Uon que portait son mari pour ^gu^ de Tédise au XVP. siëcle*
se cout/nr, et la massue même pour „ , . &'**'^ «" -^>^ » a . aici-ic .
se défendre des hétes II n'y a pas un ^^^ lus toi re est Si connue , et
mot dans Ovide sur aucun de ces mo- Se trouve dans un si grand nom—
tifs: et d'ailleurs quelle inconséqiien- bre de livres , et nommément
ce! d un coté une saison ou i ardeur j.-,. 'Mlr^^A^f^\ ^ ^ • >
véhémente du soleil engage les gens à ^^°* Moreri (^i) , que je ne m'a-
seretirer dans une forêt; etde l'autre, muserai pomt a la rapporter,
une nuit si froide qu'il faut qu'une Je m'arrête principalement aux
jeune femme se couvre d'une peau de mensonges qu'on a publiés con-
lion , 8» elle ne veut pas transir de *^_ i„; ^„ *. ^ jl j i
froid. 5«. 11 dit que Faunus prit tre lui. On n a eu égard en cela.
caverne qu'à minuit, lorsque tous _ • ^ *. a » t ^
les domestiques d'Hercule dormaient ^^^^V]\ «ont tres-persuades que
déjà. 6*. Il dit qu'Hercule eueilla sa le public adoptera aveuglément
femme, et se fit allumer du feu pen- tout ce qu'ils débiteront , quel-
dant qu'a tenait cet insolent. Dans que absurde qu'il puisse être.
Ovide, c est Omphale qui crie et qui A » ,?- S-, ■» . ,
commande , non pas que l'on allume ^° * Ose publier qu il était ne
du feu ( ce n'est pas ainsi qu'on s'ex- QU commerce de sa mère avec
prime en ces sortes d'occasions), un esprit incube(A); et l'on a
mais qu'on apporte delà lumière (3o). fois^fij j^ême le îour de sa nais-
De plus. Hercule ne tait que leter cet n -if « i- i i •
iWe/if hors dulit;ilneïe tient pas. ^/^^^^ ' ^^°, <^ ^^Oir heu de lui
7°. Il dit qu'on frotto Faunus d'impor- dresser un horoscope désavanta-
tance. C'est de quoi Ovide ne dit pas geux ( B ). On l'accuse d'avoir
mais au contraire, selon le récit d'O- *^"'"*'"« «* Conscience, il eUll
ans
était
vide , il avait été 'toute îa nuit vêtu ^^^TO. venu à bout de n'en avoir
des habits d'Om phale. Quelle appa-
rence qu'il se soit déshabillé pour se * Leclerc n'a pas donné de remarques sur
lever dans une rencontre comme celle- ^^^ article.
(fl) // est facile à tout le monde éCy se-
(«)) Jam Baeehœa nenuu TmoU vineta tent- P'^'^ '* ?"*?" f"»"* ^'^^^ ^ />«»''« • <^^^
tôt. pourquoi je n'examine point les fautes çue
(3o) Inelamat eùmites^ et Uunina poseit cet auteur peut ayoir commises dams l'article
fimoniê^ iUaUt ignUnu acta paient. de LuTHCft.
544 LUTHER.
Soînt du tout , et d'être tombé paroles qui méritent condamna
ans l'athéisme (C). On ajoute tfon , comme quand il déclara
qu'il disait souvent qu'il renon- son sentiment sur l'épitre de
cerait à sa part du paradis (D) , saint Jacques (N). Il y eut des
pourvu que Dieu lui donnât en protestans qui soutinrent qu'il
ce monde cent ans de vie agréa- n'en avait point parlé aussi du-
ble. On soutient impudemment rement quon le disait f et ils
qu'il a nié l'immortalité de l'a- n'eurent point de tort quant an
me (£). On lui impute d'avoir fond ; mais ils nièrent quelque
eu des idées basses et charnelles chose qu'ils auraient dû accorder
du paradis ( F ) , et d'avoir com- (0). S'il avait dit efiectivement
§ose des hymnes en l'honneur toutes les choses qu'on l'accuse
e l'ivrognerie , vice auquel on d'avoir débitées contre cette épî-
le fait fort adonné (G). On assu- tre , ce serait sans doute avant
re qu'il a dégorgé mille blas- l'année 1 525 (P). J'en donnerai
phëmes contre l'Écriture Sainte, quelques raisons ci-dessous {Jb\
et nommément contre Moïse On along-temps ignoré la faute
(H). On va même jusqu'à soute- qu'il fît , en consentant que le
nir qu'il fît traduire l'Amadis landgrave de Hesse eût deux
en beau français(I), afin de femmes tout à la fois (Q). Mais
donner du dégoût au monde enfin elle est devenue publique :
pour l'Écriture et pour les li- les catholiques romains en ont
vres de dévotion. On garde si fait beaucoup de bruit; et il s'est
peu de mesures dans les calom- trouvé des ministres qui« n'ont
nies qu'on débite contre lui , pas eu toute la prudence néces-
qu'on l'accuse d'avoir dit qu'il saire en répondant pour Luther
ne croyait rien de ce qu'il pré- (R). Ils ont avancé des principes
chait (K) , et qu'il se réjouissait manifestement pernicieux ; et ce
d'apprendre que d'autres minis- qu'ils allèguent de plus soppor-
tres lui ressemblaient en cela, table est d'une telle nature ,
La plupart de ces médisances qu'il eût mieux valu n'en rien
sont ftflidées sur quelques paro- dire (S). La manière dont M.
les d'un certain livre publié par Claude parle de ce grand réfor-
les amis de Luther ( L ) , aux- mateur est très-judicieuse (T) :
quelles on donne un sens très- il l'a justifié entre autres>choses
malin , et fort éloigné de la sur un point qui a donné lieu à
peuséede ce ministre. Gen'estpas divers écrits ; c'est sur la dispute
qu'il ne faille convenir qu'il y avec le diable au sujet des messes
eut une très-grande imprudence privées (Y). Luther mourut le
è publier une telle compilation. i8 de février i546. On a débité
Ce fut l'effet d'un zèle inconsidé- sur sa mort une infinité de fa-
ré (M), ou plutôt d'une préoccu- blés (X) : et l'on n'avait pas at-
Sation excessive , qui empêchait tendu à mentir sur cette matiè-
e connaître les défauts de ce re , qu'il fût parti de ce monde
grand homme. On ne peut nier (Y). Je n'ai rien dit de squ ma-
que l'ardeur impétueuse de son riage , parce que j'en ai parlé
tempérament ne lui arrachât des (p) Dans la remarque (P).
LUTHER. > 545
plement ailleurs (Z). Ses plus ra ci-dessous un long passage
çï^sinds ennemis ne sauraient (ËË) , ou dans les livres de sem-
lier qu'il n'ait eu des qualités blables écrivains qui n'avaient
^■:xiiiientes ; et l'histoire ne four- aucune réputation à perdre , je
:iit rien de plus Surprenant que n'en aurais pas été surpris; mais
i:^ qu'il a fait : car qu'un simple je n'ai pu lu'empécher de l'être
rxioine ait pu frapper sur le pa- quand j ai vu qu'un cardinal d'un
pisme un si rude^coup (AA), si grand nom se laissait aller à
q^xi'il n'en faudrait qu'un sem^ pne pareille témérité. Les cu-
l^lable pour renverser entière- rieux ne seront pas fâchés d'ap-
xnent l'église romaine , c'est ce prendre un petit 'chiagrin que
<]^u'on ne peut assez admirer. 11 l'on fit à M. ArnauM au sujet
-y a des gens qui attribuent à d'une citation de Luther (FF).
une certaine position des astres II lui fut impossible d'en faire
la révolution qui se fit par son la vérification par les livres ori-
ministëre(BB). Il n'est pas V(^i, ginaux. Cela me conduit à faire
comme quelques-uns l'assurent, cette remarque , c'est qu'il n'y
que son entreprise ait inspiré le aurait rien de plus -commode
mépris de la religion chrétien- pour, ceux qu'on accuserait d'à-
ne à beaucoup de gens (GQ). voir mal cité ce réformateur^
Qui voudra s'instruire à fond de que d'avoir la liberté de se ser-
l'histoire de ce grand personna- vir de la très-curieuse bibliothé-
ge , n'aura qu'à lire le gros vo- que du prince Rodolphe Augus-
lume de M. Seckendorf (c). C'est te,duc de Brunsvrick (GG). La vie
en son espèce un des bons livres de Luther par les médailles {g) ,
qui aient paru depuis long-temps, publiée l'an 1699 y contient une
Je conseillerais aussi de lire le infinité de particularités {h) , et
Lutherus defensus^A'un ministre indique un nombre infini d'au-
de Hambourg {d) ; car on réfu- teurs qui ont parlé de cet illus-
te dans cet ouvrage touâ les re- tre personnage. On trouve dans
proches personnels « l'avertissement au lecteur une
J'ai trouvé fort étrange que liste de ceux qui ont composé
le cardinal du Perron ait osé ou son éloge, ou son histoire.
dire que Luther croyait la mor-^ On y trouve aussi la réfutation
talité de l'âme (DD). Qu'un Fran- des faussetés d'un anonyme dont
çois Garasse débite cent fois une le public a vu les dialogues, im-
telle accusation (e) , je ne m'en primés l'an i6t)4 sous le titre de
étonne pas; et si je l'avais trouvée Lucien en belle humeur. Je ne
dans la Vie de Luther publiée à touche cette circonstance que
Paris, l'an 15^7, par frère Noël pour avoir lieu de dire qu'on
Talepied (f) , ou dans l'ouvrage ne devait pas être en doute si
de Nicole Grenier , dont on ver- M. de Fontenelle est l'auteur de
ces dialogues ^i). On pouvait af-
(c) Historia Lulheranismi. Voyez THis-
toire des Ouvragies à!Q% Savans , févr, 169a , ig) Vauteur se nomme Cliristiànas Junc-
art. XIII, kei*.
(rf) Wommé Jean Mulle'riis. {h") Voyez pag. 55i la remarque (G) , à
\e) Voyez la remarque (E).- la^n.
[/) Cordelier de Pantoise. (0 NUm sit el httj'us auctor de Fontenelle,
TOME IX. 35
546 ' LUTHER.
finner positivement qu'il ne l'est suivait en ce temps-lâ , et ja- |
point y et qu'il n*est nullement mais personne ne s'est plus em-
capable d'une production aussi porté que lui contre le granà
imparfaite que celle-U. On mon- Aristote. Vous verrez des preo-
tre à Rome , dans la bibliothèque ves de tout ceci dans les extraits
du Vatican( k ) , une bible en que je donnerai d'une inTectÎTe
langue allemande , que l'on* dit au përe Gretser (II), destinée à
être de la traduction de Luther , la preuve de cette proposition .
et écrite de sapropre main. Mais Luther iC entend pas la théologit
cela est hors a apparence^ vu scùlastique. L'une des raisons
Vextravagame prière if) qui est que l'on emploie est qu'il ensei-
à la fin 9 et qui parait être de enait qu'un même dogme est
la même main que le reste. Pen- faux et vrai en même temps ,
dant que les troupes de Char- faux en philosophie , vrai en
les-Quint séjournèrent à Wit— théologie (KK) : faux en phjsi*
temberg, l'an 1647 9 il 7 eut un qutf,vrai en morale, etc. On em-
soldat qui donna deux coups de ploie aussi comme une preuve,
poignard à l'effigie de Martin Lu- le déchaînement de Luther con-
ther, dansl'église du château (m), tre les universités , et les exprès-
Cet empereur fit en ce temps-là sions burlesques dont il se ser-
une action fort généreuse , il ne vit pour se moquer des acadé-
voulut point permettre que l'on mies et de leurs docteurs (LLj.
démolît le tombeau de ce pré- Ces airs goguenards pouvaient
tendu hérésiarque; et il défendit, être censures sans doute; mais
sous peine du dernier supplice, ils n'étaient pas inutiles , et
de rien attenter de cette nature nous savons qu'on a dit qu'Eras-
(HH). Luther avait fait de grands me, par ses railleries, avait servi
progrès dans la scolastique , et de précurseur à Martin Luther
avait même suivi la secte des (Trahis). Mais s'il est vrai qu'É—
nominaux, qui était celle qui rasmepréparalesvoies,ilestvrai
subtilisait le plus les questions aussi qu'il reconnut qu'elles fu-
abstraites ; cependant , il n'y rent de plus élargies et aplanies
eut jamais personne qui se dé-> parlamauvaise conduite que Ton
chaînât autant que lui contre la tint contre ce réformateur. 11 a
méthode de philosopher que l'on remarqué jusques à sept grandes
fautes dans cette conduite (MM).
qui les IfoaTeaax Dialogues des Morte pu- Vovez l'oUVrage * du sieur Bî-*
blicatnt Parisiis non habeo affirmare,
Juncker. m Jitâ Lutheri nnmmi. UlustraU, ^^ ^i, j y ;^ ^ ^x), Per, Infn.
m prt^. S 17. Un M. deTernan, aui publia « t aiu .1? v • • ui- ^ ^ .r
quelques Nouveaux Dialogues des Dieux, à ,. J^w-AlLcrt Fabncius a publie : Cenufv^
Amsterdam , e» 1684 , in-ia , attribue . dans ttumLutheranum,suH:NoMm Utieranmscnp-
sapnjface. A Jlf. Prî'chac &* Nouveaux Dia- torumomms generude B. D, Luthero fjns-
logues des Morts. f "î *'^ • 'f "A»'»* : ^ reformaUoj eccUsu^.
/L\ w TT J1T. 1- ^ wr ^ uicent ob amieis et inimuiis editonandi-
r ^ ^ wT° •/?££* ^ ' *"• ^' '"^- ^"«« '«* "««'^ CC' Hambourg, 172ÎH730,
7; î? «"" ^' ^ , 5eux volumes, in-So. Joly . qui «as diul^
(/) M. Misson, ià même, la rapporte en n'avait pas vu le livre, dit , d'après le Jour-
allemand et enfrançais. „al littéraire de la Ha^e, que le Centifolinm
(m) Andréas Sennertus, in Âthenis Wit- est divise' en deux cent trois titres : c'est une
temfaergensib., apud Junckerum , in Yita erreur qui a été rëpëf ëe dans Ja Biographie
Lutheri nummis illustratâ, pag. 216. tmiverselle. L'institut national de Ytmct
LUTHER. 547
hard .prieur de Beaulieu Sainte- fers en Allemagne. Cela est encore
L / \ - ^»«fl* ,,« o»fA««.. ^o plus monacal que poétique.
Uoye(n) : cest un auteur ca- i (j^^ On... luhdnsséln horoscope
holique. désai^antageux.] Martin Luther vint
au monde le 10 de novembre, entre
ivait proposé pour sujet de prix, en i8o4 : onze heures et minuit, à Islébe, où
. Quelle a été l'influence de la réformation ^^ ^^^^ ^^^^ ^Ug-^ ^ ^^^gç j^ j^ ^^^
. de Luther sur la situation polttaçue des crovant nas être si nrorhe d^
. différens états de l'Europe et sur les pro- " ^^ croyant pas eire SI procûe de
- gÀs des lumières. . M»?. Descotes, Leu- «on terme; car il faut savoir que son
lieite , MaUcvUle fila. Ponce , ViUera, con- mari, homme de petite condition , et
coururent. Ce fut ce dernier qui remporta qui travaillait aux mines , ne demeu-
le prix. Le prince royal de Prusse , connu rait point alors à Islébe , mais au vil-
depuis sous le nom de Fre'dëric-le-Grand , Jj^^g Jg Mëza (4). La bonne femme ,
écrivait à Voltaire, le 14 mai 1737 » « tes interrogëe par Mâanchthon touchant
: Tr-Xt/tt- âr^^^^^^ l'^îr ^^ eUe accoucha de^Mai^n
a dit , dès 1756 , que la - grande rwolution Luther , répondit qu elle ne s en sou-
« dans l'esprU humain et dans le système venait pas bien ; elle savait seulement
•> politique de l'Europe commença par Mar- le jour et Theure (5). On veut donc
» tin Luther. • ( Y. Essai sur les moeurs ^ que Ce soit par malignité que Flori-
chap. i3o.) • , mond de Rémond a mieux aimé dire
(n) Intitulé Sentimens d'Ërasme , et imprir qyg Luther naquitle aa d'octobre. Il a
mé Pan 16^. roy«-^, pag.jl\p etsuii^. : ^m confirmer par-là les prédictions
cet endroitr-là est cuneux et aès-soluie, astrologiques de Junctin , qui , par
^.^ ^ , ,,. j'w , -^ ■ l'horoscope de ce jour , a diffamé au-
(A) OnaosepMierqudetaitne ^^^ .^\ ^ Ij^^in Luther. Cet
du commerce,.,,, d un esprit incube,] astrologue fut fortement réfuté par
Le père Maimbourg a été aSsez équi- ^^ professeur de Strasbourg, qui fit
table pour rejeter cette sottise. // ^^^^ gel^,^ ^^ ^1^3 g^ p^^^^.^.
naquit a Islébe, dit-û (i) . tnlle du ^-^ j^^^^j, ^^^^^ ^^^ ^^ ^^^^
comte de Mansfeld, l an i483, non personnage. NihUorniniis Rœmundus
pas dun incube, amsi que quelques- ^t^^^ ^^ oc\.o\^n prœfeH, ut mali-
uns , pour le rendre plus odieux, l ont ^ -^^^ astrologi cujusdam Junctini ca-
écrit sans aucune apparence de t^en- lumniœ fidem conciliaret, qui ex ho-
té, mais comme naissent les autres j^scopo ilUus diei ingenium LutheH
hommes ; et l on n en a jamais doute ^-^-^ ^^Jw infamare uoluit. If une
hle a la place de son père Jean Luder, f^iavit (6) .
et de déshonorer sa mère Marguerite -^ ^g^ d'éclaircir ces paroles de M. de
Linderman (2) par une si infâme Seckendorf , je dois dire que Florî-
naissance. On a de la^ peine a par- ^^^^j ^^ Rémond s'est plus arrêté à
donner de telles fables a ceux mêmes pbypothèse de Cardan qu'à celle de
({ui ne les débitent que comme des ju^ctin. Il rapporte les deux dates ,
jeux .d'espnt. Cest ce qua fait un ^^^ie du aa d'octobre et celle du 10
theatin Italien (3), dans un poème ou j^ novembre. Il embrasse Ja pre-
il suppose que Luther, ne de Mégère, ^^^^^ ^ • g^^ ^^11^ ^^ Cardan, et il
rune des funes , fut envoyé des en- insinue que Junctin s'est réglé sur
l'autre. Luther , dit-il (7) , nasquit h
(,) Maimlxmrg . Histoire dn Ljihéran., U,, . /, j^lebe, , . l'an nul quatre cens quatre-
pag. 33, 34. rojret aussi Spondani Annales , a ' < s
Tann. i5i7 , num. i3. t,\ a v j * n-^ • » i. t-^ »
(,) Seckendorf, Hisloria Lniheran., Ub, /, (4) Seckendorf , Hiitona Lntheran. , ii*. /. ,
vas. 20, col. 3 , at^oue que c'est le vrai nom de ''*f ' '® ! ' '* ,
ta mère de Luther. (5) Idem , ibidem.
(l) CaielenVieich, Thienidos , Z«6. 7. Foy*» (6) Seckendorf, Hist. LntViersn. lib.I, pag.
le Joomil de Lcipsic i686 , pag, 5»]^ dans >•.««?*• «• Voyes aussi un livre (de Jean
rextrait du Sacer. Helicon de cet auteur. On Fr»deric von der Straas , ministre proche de
prend dans cet extrait Thomas de Vio^surnom- Strasbourg ) intitulé Uemôria Thanmasiandrl
m/ Cajrtan , pour le fondaUur des . Théatins , L««ne*-« renovala.
et pour la même personne que Cajetan Thiène. (•]) Florim. de Rémond , Histoire de l*hérésie,
Cett une erreur^ Uv- /"., ca'p% V^ pag. m. aS.
548 LUTHER.
yinffMroi* , U yingV-dcu^ieme octobre tisane hommd^. 5. PU
apreë midf^ a unzc hewrts trtntt^ix suhScorpuiuitn*nto im
minutes.... Plusieurs disent qu'il tant tione quam Arabes reli^
au monde le dixiesme de novembre , hant, effècit ipsusm smcrile^mm
treille de Saint Martin^ qui donna tieum^ ehristianœ rtlijpomis h
sujet a sesjfarens de luy donner ce actrrimumy aique proBnaamim, £lx hi^
nom de Martin : cela , peut estre, a roseopi directione ai Blaxùs eaiszmsx
causé cette diversité : car il n'y a pas irreUgiosissimus obOLEjusamma. *ci-
d* apparence que Cardan et Jonctin , lestissima ad inféras nas^igavit . ^
lesquels at^ee tant de curiosité ont tiré AUeeto , Tisiphone , ei megeràjS*-
sa nativité , ne s'en fussent informez gellis igneis erueiatd perenniier ^ i«î -
an vray. Aussi ^ dit Cardan qui le Dites après cela que les astrolo^e5
fait mustre le vingt-deuxiesme octo- n^ont pas an grand zele poar la r^
hre i c'est tcy la vraye nativité de Lw ligion qa^ils professent. Mais notez
Hier. Le mesme dit Jonctin. Et encor qae celui-ci e'tait on prélat.
qu'il y ait quelque diversité entre ces (C) On ta accusé tf avoir av^t^e
deux astrologues y sur V horoscope de qU ayant combattu dix ans contre sa
Luther f si est ce quelle est,si petite y conscience y il était,., tombé dans ta-
q II' elle ne mérite estre considérée. t^é(fme.)aMarlinLatlier.leqne] avait
Car en Vune et en Vautre les planet- » tant fait par ses journées qu'ail était
les demeurent aux mesmes maisons , » parvenu à la perfection de Fathâf-
la fAine en toutes deux se trouve en » me , confesse néanmoins qn^ com-
la douziesnte y Jupiter y F'enus et » battit l'espace de dix ans contre soi-
Mars en la troistesme , le Soleil , » même , pour étonfier on émoa^ser
Saturne et Mercure en la quqtriesme. » cet aiguillon pénétrant que son athe'-
La diversité de ces deux fameux as- » isme lui plantait jusques an vif de
trologucs ne fut pas si grande que » sa ma]heureuseâme(ii).» Une telle
celle de quelques autres qui différé- accusation demandait que Ton citât
rent d'une année entière quant au les propres paroles de Martin Lnther :
jour natal de Martin Luther. Je tous cependant Garasse s'en est dispensé ,-
cite mon auteur (8). « Il y aura au- il ne cite pas même d'ane façon va-
n tant de thèmes ou figures (9) com- eue les œuvres de cet auteur; mais
}) me il y aura eu de spectateurs à di- dans la page 968 de son livre, il n'a
» verses heures jet chaque astrolosuc, pas tant négligé ses obligations, il a
» par ce moyen , fera la sienne diffé- cité quelque chose. Voici ce qu'il a
» rente Us se rencontreront pour- dit : Luther, qui fut un parfait
» tant, nonobstant cela, je vous en athéiste, témoigne dans ses Colloques
» assure ^ comme firent autrefois de table , rapportés par Rchenstok ,
M deux de ces messieurs en Allema- qu'U avait demeuré dix ans devant
» gtic , qui, en faisant l'hofoscope sa conscience, autant que les Grecs
n de Luther, né le 10 novembre t4o3, devant la ville de Troie; car c^ était
» trouvèrent tous les accidcns de sa sa comparaison; mais que par sa di-
V vie et ses qualités personnelles , ligence il en était venu h bout , et
n (Tuoi qu'ils fussent différens l'un de qu'il avait emporté cela sur son es-
» 1 autre , pour son âge, d'une année prit, qu'il ne se souciait plus d^ aucun
•» entière { tant il est certain qu'on scrupule. Il pouvait a mon avis, ap-
» trouve toujours ce qui est arrivé pliquer toute l'histoire et la prise de
» par cette belle science. » La diver- Troie à la prise de sa conscience ;
site entre Gauric et Cardan est d'une car comme ce fut par un cheval de
année complète, à quelques heures hois que Troie se permit, aussi fut-
près. Gauric met la naissance de Lu- ce par un cheval de bois que Luther
thcr AU 9';i d'octobre 148^, à une heure pnt sa propre conscience, et étouffa
et dix minutes après midi, et il trou- toute cette vermine de scrupules : car
vo par cet horoscope les mêmes abo- dès lors il devint cheval, si jamais il y
minations que Cardan. IJœc mira sa- eut cheval au monde; et son disciple
0) PtlU, DlMtrtation inr les com&tei , pag. (10) J^ucai Guricof, m Tracuta Aatrologicoile
1, pneteritis multorum hominnia accideBlIbas per
. '##^à*4llV« t^tukatu Fheurê de la pr^ geniuiras «aminatM , fotio 6g verso, edit. iSSa.
epperiU9n d*un*eomèu, (n) Garauc , Doctrine curicute , pag, ai4*
rs) P«ii
toâ. loSi
miinem
LUTHER. 549
f uw*vfaher dépose, comme témoin au- >» A cela je réponds que les luthé-
./«ail
:ctM.i
ciire , quil at^ait ouï de la bouche » riens ont grand tort pour deux rai-
c JLuther, en plein sei^mon, que grâce » sons : la première , à cause que Lu •
jyieu il ne sentait plus les inquié- » ther proteste souvent, au rapport
li^tlcs de sa conscience , et que parmi » de Re'benstock , dans ses Colloi^ues
e-« €^iiscipleé, ilcommencait a voir les » de table, qu'il renonçait volontiers
ri£its de sùn évangile, Nam çost rcr » à tontes ses prétentions , et que
'ela.tum evangelium meum, disait-il , » pourvu que Dieu lui voulût accor-
^irtus est occisa, justitia oppressa, » der cent ans de bonne vie^ en ce
das .
At loca post illos terlja Lather habet.
de faire observer qu on prena ,^ g. ^^^^^ ^^^ j^ .^^ j ^j^
ici de travers : la chose parle ,^ ^^^.^^ ^^^^ J^^ que pour
î-méme^ et le suis sûr quilny ,, ^^^^ ^^^ ^^ ^X^ ^^ ^^ ^^^^^ jj
iTif. rl'honn^tft homme . auelaue •.. •. « .< .1
pi
té , j'ai déchiré la t^érité,fai brisi les ^ U^ INFERNO ,
jambes a la foi J ai rendu la méchan- ^ ^aîn habet prima. , habet lacarioto aecaa-
cctéjamilière , ; ai banni la dei^onon,
j'ai introduit t hérésie. H n'est pas be-
soin de faire observer qu'on prend
tout i
d'elle-
a point d'
religion qi ^
reur ou pitié de l'ertravagance d'un „ bîrconsolati~on^qu' ^.
,1^.^°^*^"'^* ,.F j. . * » beaucoup d'autres, autant OU plus
(D) On ajoute <fu d disait souvent ^ libertins que lui. »
qu a renoncerait a sa part du para- (gj q^ soutient impudemment qu'il
dis, pourvu que Dieu lui donnât en ^ nié l' immortalité de l'âme, ] « Mar-
ce monde cent ans de vie agréable.-] „ ^^^ Luther, qui était un homme
Cette aecusation vient du même lieu „ ^^^^ corporel et composé de lard ,
que la précédente (laj. « Quirinus „ enseigne en plusieurs endroits, que
y> Cnoglerus a remarqué, en son Sym- „ PimEJortalité de l'âme n'est qu'une
» bole luthérien , qu;il a vu un livret „ pu^e chimère; car voici ses pro-
» allemand compose en k^^ „ ^^^ ^„ .^^o^d ^^^^ je
» de SAINT MARTIN LUTHER qui „ ^^ OEuvres, de l'édition de Wit-
!> portait tout au long la leçende de „ temberg, l'an mdli, dans l'article
» ce nouveau béat, cangnise par les „ ^^^^^ 3^ ^^^ Assertions : Quos
«ministres d Allemagne, dans le- y,Leopontifexdefimvitarticulifidei,
» quel il avait lu nommément ce qui „ ^^ immùnalitate animœ , portenta
« s ensuit : Composai sunt duo versus „ ^^^^ . ^^ ^^ ^^^^ ^^^^ ^^ y^^^_
» in ^^rem canssimi nonriprœ- ^ ^.^^ ^^ ^^^^^ ^ j^^^ 1^^ ^^j^j^^
» ceptons ^ANCTI LUTHER! , ^ ^^^^ ^^ ^^ y ^j^ clairement:
» debentque omnes papistœ ferre, ^ jy^^ ^^^ ^^ j.^^.^^^ ^.^ ^^.
» velint, nolint, ut ven versus , et ^ Uonalis creando infunditur, et in-
» pia carnuna sintet maneant : sunt „ f^^dendo creatur : meliiis hâc in
» autem hujusmodi ; * „ ^ j,^^-^ decemit et poëta dicens ,
• VX VITA ^TfiANA , » patrem sequitur sua proies. Il vaut
• Chriilus habet primas ^ habeas ti^i , Faute , » mieux , dit ce grOS buffle , Croire ce
secundas^ » cTue dit le poétc , que non pas ce
» Ai loca vosi illos tarda LVTBER ha- ^ ? • j 17/ 1*
betiiVi "'^*^*^^*" " » qu on nous enseigne dans léghse :
» voilà d'où c'est que ce rcforma-
(ia)Garas»ef Doctrintf corienae , p0^. 889,
890. • mets ici In partie la plus nécessaire du passage
A3) •de Garasse.» Venait ensaite du passage que
[ Dans la 1'*. édition c*éuit ici que finissait la Bayle Tonlait citer, tout ce qui pouvait entrer
remarque. Dana la seconde,Bayle ajouta : « Fous sur la marge. Ayant proloneé ta citation, d'après
• trouvem h la marg$ la stùle de ce passage rinteotion manifestée mr Bayle , j'ai dû suppri-
• (s 3)» i et à la marge on lisait : • Ste'tant aper- mer la note : mais je a ai pas touIu le faire »ans
• çu trop tard d^un oubli des imprimeurs, je en aTcrtir. ]
55o LOTH£R.
9 teur puisait ses articles de foi j des tur immortalitate , ab Antichrista ad
3» poètes libertins , et qui ii*ont con- statuendain suam culinam excc^ta-
» nu autre dÎTinitiS que Vénus, ni tum est. Tout ce qu'on dit touckani
» autre plaisir que les vilenies (i4)* ^ t immortalité de l'ame , disait ce pro-
Le premier de ces deux passages est posant , n'est autre chose qu'Mâ.ne in-
tellement mutile qu'on n*j peut as- uention de r Antéchrist pouf Jàire
seoir aucun jugement. Rien n*empé- bouillir sa marmite. Du Prëau (jS) n'a.
che qu'un homme très-orthodoxe fait autre chose que citer Lindanos ,
n'appelât chimères, les pensées qu'un qui a dit quelesprotestans italiens ré-
• autre aurait touchant l'immortalité fugiés à Genèye , ayant consulté on
de l'âme. Il n'appellerait pas ainsi le jour sur les moyens d'abolir le pur-
dogme même de l'immortalité, mais gatoire , le papat et les autres do^-
les raisons absurdes sur quoi on l'ap- mes de l'église catholique, l'un d'eux
puierait , et les conséquences extra- opina qu'd fallait dire que Fâme
yagantes qu'on en tirerait. Quant au meurt avec le corps. Par ce moyen >
second passage , qu'y a-t-il de plus ab- continua-t-il , nous détruirons le
surde que de prétendre qu'un hom- purgatoire , la messe et le pape tout
me enseigne que l'âme est mortelle, à la fois. Lindanus (17) cite les Actes
sous prétexte qu'il suppose qu'elle est du procès de Valentin Gentilis. C'est
mortelle , et qu'elle est produite par me, et que l'on chassa à cause de
voie de propagation, ex traduce ? leurs erreurs. Jueez si cela est pro-
Mais à quoi est-ce que je m'amuse f pre à ternir les calvinistes , et à don-
11 n'3r a pas moins de folie a prendre ner auelque atteinte à l'orthodoxie
la peine de prouver que Luther a cru des (rénevois. Admirez surtout i'a-
rimmortalite.de l'âme, qu'à l'ac- veuglement du père Garasse, qui a
cuser d'avoir cru qu'elle est mor- converti en une assemblée générale
telle. de tous les états , l'assemblée de dix.
Mais afin qu'on sache le cas qu'il ou douze Italiens, et en thèses soute-
faut faire de ce que Garasse cite des nues publiquement , une opinion
Propos de^ table de Martin Luther, il qu'un petit particulier avait avancée
faut que je montre ici comment il dans une chambre (18). Si ce jésuite
cite Pratéolus. La doctrine de Cal- abuse ainsi de l'autorité de Fratéo-
tfin , dit-il , tient et doit tenir la mor- lus , quel fond peut-on faire sur ce
taliié de l'dme , si elle veut parler qu'il' nous citera des Propos de table
avec quelque entresuite^ et du JPréau de Martin Luther? Je ne le réfuterai
V avait fort bien reconnu en son li- que par cette voie générale : car
vredes hérésies^ verbo athei ; car il n'ayant point le livre même, je ne
remarque la-dedans, que s'étant faite puis en opposer les paroles aux allé-
une assemblée générale a Genève y de gâtions de Garasse^. J'ajoute qu'il
tous les états , pour délibérer sur le a rapporté une chose, tout autrement
fait du purgatoire , un des plus ha-
biles et considérables y dit expressé- (16) Istîusmodi complûtes esse Genevœ in
ment, quand ce vint a son rang pour *fccUiia, quant dUunt , luilied, umun md
opiner, Pur^atorium cum miSSâ et de abZJo senJt ponaficatu romano , purga-
romano pontlfîce mellUS abolere non torio exUnguendo ^aliûque cathôUcm Dei eccU-
pOSSUmuS, quâm si dicamUS, Simul sim dogmaûbusdfilendis tinter se eonsuharem^
_■ ___^^ *•_>-; * 1 unut priecAleris eximte sui magitlri mendaeio
animam cum corpore extin^ui : tel ^^ J^^ ^^^,„ ^^,^.. />,v:amu, animam,
fut l avis de Jyionsieur. Et puis après, inqttil y unà eum corpore extingui, sicpvrgO'
pour confirmer cette doctrine , sorti- torwm cmn mùsd et romano ponlifice temel'
wd»nt ^w, i>i..»* ^^P «liArao n«.J./>'rT>.Ae im aholchimus Hœe Lindanus. Prateolos, in
rent au jour des thèses publiques im- g,^^^^,^ ^«re.. , voM'Athd , pag. m. 7a,
primées, et disputées dans Genève, ^,^^ /„ Dubiuniio, dialogo II, pag. m.
l an M DCLW m, qui portaient ces pa- 347,348.
rôles : Quicquid de animarum habe- (18) Vojex, ci-dessous la eiuit. fao).
* Joly convient que le père Garaue ta ci-
(i4) Garasiie , Doctrine curiense, pag. 877 , tant les Propos de table\\e% a brodas selon sa
878. coutume. Sar cet ouvrage, voym an reste ri-
(i5) T.'a mfme^ pag. 97g. après la remarque (L).
r
LUTHER. 55i
L^ un de ses confrères Bêla rapporte. (F) On lui impute d'auôir donné
rticulus illcj dit un jésuite irlan- des idées basses et chamelles du pa-
319 (19) 9 ^^o creditur animam esse radis, ] Citons encore le père Ga-
Lmmortalem , Lutkero judice est por- rasse : Luther, dit-il (ai), étant par^
fcentum in Romano stercniilinio de- uenu h l* athéisme parfait y a été en-
cretorum quod papa condidit sibi et core plus ridicule y a autant qu'il a
suis fîdelibus. Pour avoir de justes controuué des sottises intolérables au
soupçons que cela est mal rapporte , rapport de son disciple Rehenstok ^
îlV suffit de jeter les yeux sur le reste car il prêcha un jour publiquement »
du discours de ce jésuite. Si dubiies, que Dieu, pour donner du plaisir à
ciontinue-tril , an forte conU^o hu- ses élus, était résolu de créer après le
Jus portentosiparadoxi alios% refor- jugement final , de petits chats et de
matione cffiaverit, respondet Joannes petits barbets , quorum cutis erit au->
£rentius (**"). Etsi inter nos nulla sit rea, et pili de lapidibus pretiosis , et
publica professio quod anima simul qu'il en donnera a tous les bierJieu"
cum corpore intereat, et quod non reux , pour leur aeruir de contenance,.
sit mortuorum resurrectio : tamen comme aux dames qui les mettent
impurissima et profanissima illa vita dans leur manchon. Il ajoute qu'il y
quant maxima pars l^ominum secta- aura des serpens , des crapauds , des
tur, perspicuè indicat quod non chenilles en paradis, mais quelles
sentiantesse vitam post banc. Non- seront toutes de fin or de ducat : et
noUis etiam taies voces tam ebriis qui plus est, il y aura, dit-il, des
inter pocula excidunt , quâm sobriis fourmis, des poux , des puces et des
in familiaribus colloquiis. Quibus punaises en paradis , mais elles se-
déclarât , licet non publicd , saltemk ront toutes de pierres précieuses , et
prii/atâ persuasione , et licentiâ ui^ sentiront beaucoup mieux que la ci-
nanc int^aluisse sententiam , eamque vette (33); car poila ses paroles en
tfel ipsos sobrios prt^teri. Peut-on termes exprès. Ibi formicae , cyni-
rien voir de plus étonnant? Un pas- pbes, et omnia fœtida, et malè olen-
de foi public , par lequel nous déclw couvrir l impiété de ce gros homme ,
rions que l'dme meurt at^ec le corps , c'est que disant et écrii^ant ces cho-
et que les morts ne ressusciteront ses , il était ivre , car ce fut in Sermo-
point , cependant la vie impure et nibus CONVIVIÂLIBUa titulo de vi-
profane que mènent la plupart des tâxtemâ, pag. 4^4*
gens , est un signe marUf este qu'ils ne (G) et d avoir composé des
croient point a l'immortalité ae l'dme. hymnes en t honneur de Pivrognerie ,
Quelques-uns même laissent échap- vice auquel on le fait fort adonné. ]
per de tels discours, ru>n ~ seulement « Martin Luther, au premier tome
quand ils sont ivres , mais aussi » de ses œuvres, au chapitre de Pi-
quand ils s'entretiennent avec leurs » vrognerie , après avoir autorisié ce
amis sans boire. Là-dessus , on vien- » vice^ et montre le mieux qu'il lui
dra accuser toute une église qu'elle » a été possible, que c'est le naturel
ne croit point l'immortalité de l'âme, yf de tous les granas personnages qui
et crue les mesures qu'elle sarde sont » furent oncques ; enfin se souvenant
seulement de ne pas faire de cela un » des hymnes ecclésiastiques qu'il
article de sa confession de foi. Qui » avait coutume de chanter jadis
pourrait souffrir des conséquences, u dans les cloîtres , en fait un en
où l'aveuglement de la passion est si » l'honneur de l'ivrognerie , qui
scandaleux? Voyez la note (ao). » consiste en deux couplets , dont
, . _ . ^ _. ■ . -. . » voici le premier :
(19) Hennciis Fits-Simon, tu BnUnnoma-
chîâ ministromm , Ub. /, pag. xia. • Si vino te impteverîs ,
(*) BrtnUus^ Honùl. 35. in cap, lo. Lucœ. ' Dormire statim poieris ^
(»o) N*aytuU point présentement les actes du * ^' ^<'" tommun , ventriculnm:
procès de ralentin Gentilis , je ne puis dire '(.._.
Lindanns a bien rapporte ee qn*il en allègue, 00 Garasse, Doctrine curiensc, pag. 3ao.
et si en effet il y eut (/uelfjue Italien qui opina (la) Conférer ce au'on a dit dans l'article
tomme Lindantu le dit. Lotola, remarque (S) ^dans ce volume ^ p, C^o
55a LUTHER.
• Prtttcribuhmt remedia\^l). ^i car Se jetant sur ia draperie des
> Il se Toit dkns le livre qui V^'.^^ ^^^^^^^ y i^ les enluminait de
P s'appelle Concordia Protestaniium, î, couleurs. Rapportons aussi ce
V que Luther est qualifie de ces élo- 3°® l^^ ^^^7^ ^*°s l'ouTrage de
. » ges diuns Lutherus zelo plenus ; et f*;?-=»"**o° .• je mets en note ses ci-
» comme les peintres ont coutume de ^"®°*' ^" «« *c XuiAenis, nihil
» représenter nos saints par leurs ?*°g".^"*^^»^.™eâeminct. Possum
1) une faute des peintres, canonisée ™ *=^^^?*or, cumque unum bira,
» par l'ancienne coutume, car c'est **^« î^emsiae cantharum teneo (uerii
» saint Gdrasime et non pas saint ^''''5 ^'^7 *^^'*^ ' moTsstrum Aor-
» Jérôme, qu'a faut représenter avec '^"f""' '«/orme, i/i^e«5, cjc «^o-
» un lion : ) saint Ambroise , par une ^^^^^^ symholo,dominicâ oratiéne,
» ruche de mouches à miel : saint i '" prœceptts constans , y«orf
>, Augustin, par un jeune enfant: "^"^ f^^^^^ ^^therus exhaurine con-
«saint Grégoire, par un pigeon *"^^*0 î ««^t"» <ioli«ni qwum totum
1» blanc; ainsi, est-ce une coutume S^^^P"^?' .sœpiusque fienè bonum
* par toute l'Allemagne „de peindre ^^^f'"™ facio in Dex gloriam. Pro
>»ce nouveau saint de \a religion *^^ ^^^^"® «ï^^^** P^i^s macerabam cor-
» prétendue riiformée , avec cesmar- ?"* n>eum, mox ciim mortuus et in
I» ques spécifiques, savoir, avec un f ^.P"^° ^«po^^t^^ fuero, vermibus ven-
» grand verre plein de vin , lequel . 1"'"'''"^ benéque crassum doctorem
a> ainsi que j'ai marque' ciJevant. et ! 1°* x ^^' ^f^^osum Uaque
j> rapporté de Rc'benstock, il appelait tt^^ crassum doctorem disdpuli
» poculum catechisticum : telles sont ^^^^^^'^'''^''ff^l^^^'nquejocosum,
3, les armes de Luther , et Jean Ma- ^'.^^f" » commodum etfacetum con-
« thoisajoute, qu'Use vantait de ce '''^'^'^'^î^.» i''^/'."* oH^ eonfessione
V qtfe personne ne pouvait avaler ^^'^^^^^^'f «o*«» n?/o/7/ui£orB5 nacû
» fiSn verre d'une halenée, que lui ^""'/^ ^^ ^^*'*' ""^ ^"^'"^ ^°^°^' ^«
,. seul; comme personne ne pouvait T" A""® ^"^^^ ^'^ ^encontre ces paro-
» se servir de la masse d'Hercule Cai) ' X"''** ^'^'^ . f «'^'•"* »» imwATii
» que lui seul (a5). » Le passage où T"" *î Çatechistico , quod solus il-
Garasse nous renvoie touchant ?e ;?o- , f ^^««'^ff /««"'î , «*«am a^iwp gut^
helet catéchistique, est à la page Sg : «»^-J'» "«^{f^« f^mt ?
le voici : Lelliù gaillard fe t7us ^«^i^v^'^î^'î^ ^ *•* P?S^«93 et 220,
^Wr MamVi /a/^r. au rapport de 1" ^''? ^•..^«'T'f^ ^«'^«'^ '"*'^*
iîe^e/t^toA e« de Mathois, en sa uie • T"*^, 'T'*'" ^^^^^^rata, soutient
car ce gros buffie étant a table, se ?"ti?lV^ ^^'^^ ^""S u'"^''?"***^ ^^
/awm£o^i/uii>«me«f «orter50/,^^«rf ''^ prétendu verre catéchistique est
-^gobelet, Uquel il appelait poc^JTum ZV7.t^^t A ""^ ^*^*^°° ^ros-
îatecbisticum , yui 7e tenaUau^en.i^ Ll, ' '.i Ll ^^v?" *T' °"^"-
ron deux pintes, et lequel U^aualaU fwT^! P^^"^^^^^" '* "^t ff^j P^i^^t
d'une seule haUnée;sLantant de ce j*!! ,! A/7 '^"^ '' voit là-de«.us ,
y«'i7 ny auait personne qui le pût ^f^\f^^f''^«'« '«5S^«^'«..Ce h^re
}aire qde lui seul, comme Ulysse, f ' 5vJ. ^'^'' ♦f* trés-curieux et
''disait-^il, auait un arc que personne 3;^^^' «^^K *''' "ï"" ^>"ï?.' '^**
• «e i;oi.i.m-« tendra et entoiser que lui If^ZlZ ^^"'^HP de dUigence
seul Or, quand il s'étaU échauffé «* auwî^ft r%iw J!f ^^ v'^^'^'n^^ î*^"^
Je uin , ar««« consulté trois ou qd- î? r.îuî^ «^^^ * \^'^^ "^""'^^
trefois son gobelet catéchisUque, il ^* «^^tiire qu il avait choisie.
(aSp GaraMe, Doctrine cnrieiue, pag. •j';^. .,(*) Lutlu in CoUoq. Franco/, xS'jt, folio
Ça4) J'* m'étonne que Garasse, puisqu'il par- 445* ^*^nesiut de Ritu bibendi *uper sanitate,
lait d'Bz%cvi.z , n^ait fait ici allusion a la "*• ^* ^'^' ^^•
coupe de ce héros. Voyez la remarque (D) de ^«6) FitXrSimon, BriUnnomachM , Ub, Ijeap.
ton article » tom. VIII , vag. 8a , et l'article XI, pag. gS, q6.
GoBiy ( Jfan ), re/nai^oe (Nj, <om. f^// , pa^ . (a^) Idem . i*idm, /«A. /// . cap. Il , pag.
??;• -. ^ . « . • ''^°* " «'* J°»"- F'e^ericaa Matcnes. de Rila
(ç5; Carassf, Doctrine curieuse, pag, 773. bibcndi aupersaoitate, pag. ;G.
LUTHER. 553
(H) Et nommément contra Moïse, "] » et le diable (39). » Garasse ayait
c Martin Luther n'arait quasi parole déjà dit (3o) que Luther étant, par sa
»> plus souvent en bouche , nomme- soigneuse diligence , parvenu a l'a'
M ment lorsqu'il était entre deux théisme , tenait aussi le même langa^
>> ^ixis, sinon que les commande- ge, au rapport de JRébenstok , en ses
» mens du Décalogue étaient la Colloques de table. Ego non pluris
» source et la fontaine de laquelle facio sexcenta loea Scnpturse , quàm
i> étaient sorties toutes les méchan- putridam nucem. Je ne fais non plus
» cetës du monde : ainsi Fa rapporté d'état de six cents passages de la Bi-
'» Rebenstock en ses Colloques , en la ble, quand on m'en produirait tout
» page ccGLxix^ et au second tome autant , que d'une noix jpourie. En-
3» de ses Œuvres, de l'édition de Wit- fin il avance (3i) queljuiher disait
y> temberg , page cxii , il fait un vœu souvent après dîner y qu'il savait un
^? à Dieu , quasi de pareille nature â fort bon moyen d'empêcher qu'on
» celui du malheureux Théophile , n'offensât Dieu mortellement , c'est ,
» au sonnet premier du Parnasse sa- disait'il , de jeter le Décalogue et la
3> tirique; car pour lui, il promet Bible dans le feu,
» authentiqueipent et dévotement de (I) On va même jusque a soutenir
» ne garder jamais aucun des com- qi^U fit traduire VAmadis en beau
J> dio omnia Dei prœcepta , et cessar ciucheÛi. Son ouvrage , composé en
» bunt omnes hœreses^ Pour étein- langue italienne , a été traduit en la-
M dre les hérésies , qu'on ne me par- tin , par Charles de Marimont , théa-
» le ni de disputes , ni de conféren- tin lorrain. Le journal de Leipsic
» ces , ni de guerre , ni de comman- en parle : c'est là où j'ai trouvé ce
» peinent des princes j je sais un ex- que l'on va lire. A veritate maxime
3> pédientplus court que tout cela: alienum est, quod lectione statim
3> c'est qu'on jette au feu le Décalo- primd ,qudsanctœScripturœetasceti*
« gue , et il ne se verra plus d'héré- corum Ubrorum necessitatem et uti-
» sie au monde (a8)..... Que si on Utatem commentât, de B, Luthero
1» veut encore plus clairement savoir traditur : sceleratum scîlicet illum
y> et découvrir le sentiment de Lu- uirum , chm Germaniam execrabili
» ther , touchant le Décalogue et la hceresi contaminare decrevisset , pro^
» loi de Moïse, voici comment il en fards eam libris corrupisse, curàvis-
3> parle au premier tome de ses 0£u- seque ut lingud gallicâ liber quidam
» vres , de l'édition de Wittemberg donaretur, Âma<us tUctus , et quidem
» MDL , en la page ccxv. f^ide ut sis omni elegantid exomatus per prin^
» prudens , et Mosem cum suçi lege, cipum amas spargeretur; sicque pau-
» quam longissimè amoliri, et in ma- latim sacrarum paginarum spiritua-
» lam rem abirejubeas, nequequic Uumque Ubrorum nausea curiosorum
» quàm illius terrore ac nUnis movea- aulicorum animis instillaretur, Cu-
» ris , sed suspectum eum habeto , ut jus ineptissimœ calumniœ , quœ nobis
» pessimum hœreticum , anathemati- quidem non iridignationem sed risum
i> zatum et damruUum hominem, movet^ non poterit non cordatiores
y> multoque deteriorem^ papa et dia- ^x romano catholicis pudere , quos
» bolo. Soyez sage, dit-il, et tenez- minime fugU, quanto zelo ad sacrœ
» vous sur vos gardes , et quand il Scripturœ , quœ ipsi tune ctero tan-
» sera question de Moïse , renvoyez- fiijn non soraebat , laïcorum vero ma-
» le-moi à tous les diables, avec tout rubus extorta plané erat ,frequentis-
a> son Vieux Testament , et ne vous
1» souciez pas de ses menaces , d'au- ^^j ihmeme, pag. 56i.
» tant que c'est un méchant héréti- (30) Là mime ^ pag. %l^,
>) que, excommunié, une âme dam- (30 La mime, pag. 881.
» née, en somme, un méchant hom- (33) intitulé, Lectioocs morales in Jonam
» me , plus maudit que n'est le pape propheUm. Il comprend trois volwnes in-folio
' *■ • ^ * * imprimés a Anvers; les deuic premiers van
1680 , le dernier Fan i683. Foye» le Journal de
(aO) 0*raMet DocUine curieuse, pag. S6i. Leipsic, oeiobr, 1684 i^o^* 443*
554 LUTHER.
simam lecUonem , omne hoïninum ge~ vit mihi , se quodam tempore adno-
nus , summos , medioximos , infimos dùm dolenter Luthero questum ess«,
Lutherus noster reyocat^erU, sacris quod ipsemet ea credere non posset^
in eum finem Biblus ( non Amadiso ) quae aliis prxdicabat. Tum respoa—
in uemactUam linguam incredihili la- disse Lutherum : Benedictus erg|o sit
bore atque studio traductis (33). De Deus, cùm idem alib quod milu usu
quoi Vhomme n'est-il pas capable en venit. Adhuc enim mmi soli id usa
matière de calomnies grossières , et Tenire credidi (35).
diamétralement opposées à la yrai- (L) Un certain lif^re publié par les
nis de Luther."} Si ron eût suivi
int , on aurait intitulé
Luiheriana , ou lÀithe-
n'eut point de plus erands reprocfies rana *» £é titre qu'on lui a donne ,
à essuyer, avec tous Tes réformateurs, Sermones menstues ^ ou CoUoquiiM^
que celui de trop recommander aux mensalia , est meilleur ; car les dis-
laïques la lecture de la Bible en lan- cours que Luther tenait à table sont
gue vulgaire? ^ la matière de ce livre. Il fut publié
(K) On l'accuse d'avoir dit l'an 167 1 , par Henri Pierre Rébcns-
qu^U ne croyait rien de ce qu'il pré- tock , ministre d'Ëscherheim. André
choit,'] « Il y a plusieurs chrétiens Bivet , si je ne me trompe , dit quel-
» qui sont chrétiens par contenance, que part que c'est un ouvrage snp--
» qui croient en Die
» nance, par manière
» compliment j afin de n'être p<nnt papisme
» estimés des athébtes. Sturmius re- M. Seckendorf ne s'est pas inscrit en
» prochait à Bèze qu'il était de cette faux contre ce livre : il s'est contenté
» catégorie j et se souvenant du die» de remarquer que ces Entretiens de
» ton de Socrate, par lequel il di- table/ure/it recueillis acec assez peu
» sait : Hoc unum me scire scio^quod de discrétion , et imprimés avec trop
»» nihilscio, il l'appliquait à Inéo- peu de prudence par une personne.. ».
» dore de Bèze , par une gentille p^- imprudemment idolâtre de Luther
» rodic, Hoc unum me credere cre~ (37). Les controversistes de Fautre
» do , quod nil credo : de cette hu- parti s'en sont prévalus , coo|pie il
» meur était le gros homme Martin paraît par les passages àe Garasse ,
» Luther, lequel rendit grâce à Dieu cités ci-dessus , et par les notes de
3> de ce gu'ii n'était pas tout seul de Feuardent sur saint Irénée (38). Us
» sa confrérie : car je ne crois rien «
» disait-il, de co que je prêche, et , (35) Fit^Simon. Briuiioom.cbi. «i-irtr. ,
» Dieu soit béni de ce qu'il ▼ en a ^es. UeV.ULnthTCone. i>. folio »47.
» plusieurs qui sont touchés du mê- *BaTte, dani >a remarque (E>, dit a'.Toir
> me mal parmi nos ministres ; c'est pei va le livre. Jol^ donne le titre de la tradac
» ainsi OUe Jean Mathois l'écrit en Uon latine; le voici : Coi/oyii*a, m^itatioats,
» sa vip • rViit rela ane î'annplle contoUilipnes , eonstha, judicia , senunum,
*> sa vie . C est ceia que J appeue narrationes , responsa , facetiœ^ doct. Mari.
M croire en Dieu par contenance; ÎMlheri^ pUe et saneU» memoritty in mentd
» ce sont ceux-là que j'appelle chré- prandU et camœ et in peregrinationibur obser-
» tiens.par contenançt, qui croient ','^'!,itr!i^rJ:^'""!Ï1;J.T^i^-.
» en Dieu par compliment. JYe nihll Henrieut Petmt BeBenstock. J. A. Fabricins,
» credere videantur (34) ». Comparez dan« son CentifoUum Lutheranum ( v. p. 546
cela avec le latin de Mathésius , cité »• »°«' ''f « V^v^i-o'n'yif ^JSÔî!'..'^.**
M • r».. o" * Soi-SoT et ^58 , 1 indication dea édition» et tf 8-
par Henri FltZ-Simon, vous trouve- auctioii» on imiUtion» de cet ouvrage.
rez que Garasse est un amplificateur. (36) Voet. , Difpntat. theolog. , tom, IF,
Joannes Malhesius in uitam Lutheri pag. 6S8.
pluresconciones composuit, quas tan- , (3?) SeckenA)rf , «l/p«r Beanval, Hirtoir*
\3 • r ' -f T ' « des Onvragea dei Savaoa, février ibga , pof .
dem m lucem emisit. In earum uero l^^i^s paroles de SeckenW, HiSma L«-
duodecimd sic ait : Ma^ister Joannes iheran. , fib. II I^ pag. 643 , sont eetUs-à : Li-
Musa praedicans Bochlizensis narra- broCoWofiiior«mm«iMatamminn»qnidemcau-
ti composito et vulgato.
(33) Journal de Leipiic , oclobr. 1684 , pag. (38) Lib. III , eap. XX. Vous y irouMet plu.
444. #i>ur* lambeaux du recueil de Rebewtoct.
P4) Garasse, Doctrine euricnae , p. 109, no. comme le remarque Garasse , Docirine caneujr,
LUTHER.
555
oT¥f: fait le même usage des Lettres de
l^a.T-tin Luther, pubhëes avec peu de .
<3.i.scrétioTi et de prudence. Voyez les
l^e titres de controyerse de M. Gasti-
xiea.n , qui en cite plusieurs pièces
peu honorables à la mémoire de Pau-
t:eaT. Voici ce que M. Salden a ré-
pondu â BflUarmin , qui voulait
prouver par les Entretiens dfr table,
cf ne Luther ôte le livre de Job du
osàiion des Écritures. Impegit Luthero
ffTM,od Jobi etiam libro diuinam autho-
rizatem âeiraxefit , argumento è Con-
v^Valibus ejus Sermonibus deprompto,
€ZZ ludicro plané et calumnioso ; cum
9%e<fue libri illius autor unquhmfuerit
X^utherus , neque eo vivente uel ap~
j>robante éditas sit (Sg). Voyez la
note (4o).
(M) Ce fut l'effet d'un zèle incon-
sidéré.'^ L'apologiste de Voiture se
servit d\ine pensée qu'on peut ap-
pliquer iei : je rapporterai au long
ce passage , parce quUl contient plu-
sieurs faits curieux (^i). « Il était a
» désirer que le public eût reçu des
» mains propres de M. de Voiture, le
» présent qu'on lui a fait de ses vers
•» et de ses lettres. Sans doute il en
» c^t retranché quelque chose pour
» le rendre accompli Il n'eût pas
» voulu paraître devant tout le^
)> itionde, comme il se laisse voir
» dans quelques-unes de ses lettres ,
» en désordre, en déshabiller, en
» robe de chambre. Il eût pris ses
» habits de ville , ou même de céré-
» monie et de fête. Il eût gardé de
» tous points les plus étroites lois de
» la bienséance, de la régularité, des-
» quelles il a cru se pouvoir légiti-
» mement dispenser, traitant en se-
» cret et en liberté avec ses amis et
» ses confidens. Ceux qui nous ont
» donné ses ouvrages.... sont tombés
» dans la faule qui ne s'évite près-
}> que jamais *4^ pareilles occasions ,
» et ont mieux aimé se servir de
» leur diligence , pour ramasser de
pag. So. Vous en trouvez aussi dans la Theo-
macbia Calviaistica du même Fennrdent.
(3c)) Salden. , in Otiis Theolog. ^pag, 4^ H
cite Brllarm. , de Verbo Dei , là. f^ cap, 5, 7.
(4o) M. Joncker ^ à la page 198 « ig4 de la
Vie de Lnther, nommis illustrata, non; renvoie
à deux ou trois écrivains qui ont examiné depuis
peu le cas qu'il faut Jaire de ces Sermenes coq-
vrvale».
(4t) Costar, Défcnie «les Ouvrages de Voitare,
png. 10 et suivanlet.
» tous côtés les pièces de notre au-
» teur, que de leur jugement pour
» les bien choisir. Et certes , il n'y a
» pas de quoi s'étonner, que d'ha-
» biles gens , quelque fin et délicat
» qu'ils eussent le goût , se soient
}i mépris de la sorte. Cet aimable
» affranchi de Cicéron , qu'il nonnne
)) quelque part le réformateur et la
» règle de ses écrits. , et qui , prin-
» cipalement par la beauté de son
» esprit , avait mérité ses plus ten-
» dres aHections , fît quelque chose
» de bien pis encore^ Apres la mort
» de son maître , il publia un re-
» cueil de ses railleries , où , par un
')) excès de passion et de zèle , n ayant
» pas le courage de rien laisser, il y
» en mit plusieurs si froides et si
» insipides , que Quintilien , souve-
» rain juge de ces matières , les
» trouve indignes d'être avouées d'un
» orateur si célèbre. Cela veut dire ,
» monsieur, que tout ainsi que la
» piété consacre les plus viles cho-
» ses , quand elles ont touché les
» corps saints , ou seulement leurs
» os et leurs cendres , de même ,
» l'admiration et l'amour se font des
» idoles de tout ce qui porte le nom
a des hommes extraordinaires qui
» leur ont été ravis: et comme si
» chacun était capable de la même
)) dévotion et du même culte , elles
» les proposent en vénération à toute
» la terre et à tous les siècles. Il ne
» leur est point échappé de billets si
» peu importans , ni si négligés , que
» leurs partisans passionnés ne re-
» gardent comme de précieuses re-
» liques de ces grands esprits , dignes
M d'être gravées dans le marbre et
» dans le bronze , et de passer jus-
» qu'à la dernière postérité Au
» reste , quoi qu'on en puisse dire ,
» ce ne sont point là de vicieuses
» extrémités (42) , et puisque c'est
» la violence d'une amitié noblement
j) placée qui produit ces sortes d'ex-
u ces , ils sont plas à estimer que la
» modération des autres vertus : et
» ce n'est pas assez de les excuser^
» ils méritent d'être loués. Ce sont
» les curiosités ridicules qui sont
)) condamnables ; comme celle de ce
» Grec qui acheta trois raille drag-
)) mes la lampe de terre dont Epic-
(4a) Costar se trompe; ellex sont vicieuses
presque toujours.
556 LUTHER.
» îHe 8*<ftaîi «erri pour éclairer eea qu'il arait cités (/U). Ge triompbc ,
» Teilles et ses études : ou de ce vain et imaginaire a le bien prendre'
» prince extravagant , qui donna je ne laissa pas d'être fort solide par la
» ne sais combien de talens pour les confusion où il jeta le jésuite , et par
» tablettes du poète Eschyle : ou de la joie qu'il causa aux protestans. Le
» cet autre encore , qui corrompit docte Whitaker, si l'on s'en fie à
e toute sa ^
:r n'avait p
__ qoeCampi w-««.«*v. «««,-
vu dans une édition du Sealigerana sons dire cela à M. Dîdllë. M. Cot-
une préface (43) qui contient en tihy impute bien h Luther (tacoir
moins de mots la même pensée. Ea dit , que cette épitre est un 'ouvrage
fUrumque est inistos Htteratorum he" de paille. Mais ii ne marque point le
roas prœpostera uulgi religio et quas" livre , ni le lieu de Luther, où se
dam yelut idolomania , ut ne verbu" trouvent ces paroles ; ce qui me fait
iunt quidem iUia excidere patiatur soupçonner qua , sans les y avoir ja-
qnod non avide colligat , et-interpre^ mais vues, il s'en est fie à Edme
tiosissima jtu/ji»>jet sedulo recondat. Campian, jésuite , ou à quelque autre
Pœnè quomodà hodiemi iytoKatn-peu semblable auteur,qui, emportés d'une
diyorum eineres , ungues , pilos , os" haine furieuse contre- notrv religion ,
stum fragmenta ^ vestium fimbrias nefont point de scrupule de nous im-
émt lacinias , et cœtera quœ reliquia- puter tout ce qui leur vient en l'es-
rum nomine censent venerabundi ser^ prit , quelquejaux et incroyable qu'il
t^ant. Sic yirgilii spéculum. , et qui- soit. Je ne suis pas résolu d'aller lire
dem inter sacra monumenta , Diony^ les sept ou huit gros tomes de Là^
sittni in agro parisiensi monachi non ther, pour savoir s'il a écrit ces pa-
sine risu visendum prœbent. Sic lia- rôles dont votre disciple l'accuse. Je
ioe Petrarchœ sui non modo tumu" vous dirai seulement que, relisant ce
ium œdesque , sed et urceum et se^ que Guillaume Whitaker (*), homme
dUe , imb et domesticœ felis sceleton grave et savant, répond a votre Camr
eadaver aliasqne nescio quoi ejusdem pian , qui disait la même chose de
'après
de Im-
'oii Campian
l'avait enfin
— w^^v m^v». x,« o«. ov.,v vAx^uTt:^ *ca »*.».vw*wto , oi, qu'elle commençait
compilateurs des entretiens de Martin ainsi ; Bien que cette Épître de saint
Luther. Jacques ait été rejetée par les anciens,
(N) Son sentiment sur l' épître de quant à moi, néanmoins je la loue ,
saint Jacques, ] IL la traita d'où- et la tiens pour utile et commode. Il
vragc de paille , en comparaison des ajoute , que le même dans le livre de
^çttres de saint Paul et de saint ^ captivité Babylonique en parle
Pierre. Les controversistes catholi- encore en ces termes : Je laisse, dit-il.
propres yeux que ,-_- ^ «..^^„w ,
cela. L'aventure d'Edmqnd Campian et qu'elle n'est pas digne de l'esprit
est remarquable. Il avait accusé Lu-
ther de s'être servi de cette exprès- (.¥t)pt^fronteidi$usutesi^soluÙassertre,
•__ i»_j _ijy z- t. postquam antè mullos anao* Edmandas Gmi'
Mon : on lui en donna le démenti : et ^i„i, è ..ç^j ^^4 ps^udomartyr , super ed ,e
il eut la honte de ne se pouvoir JUStl- /a|W corwiclnt fuisset in AngHd^ ubi mm îd
fier , quoiqu'on eût fourni JeS livres objedsset , protalis Ubris , nihil unqukm UtU
^ reperire potuit ? Rivetui , Castigat. FTotor. ia
/#*\ ^ f» .. . -, « .,.. *P'*'' *** Balzac. , cap. IX, num. 6 Oper., tom.
r4î) On Vawihue h M. Dailli , et fe pense JII,paff. 5i4.
fir'on a raison. J'ai uu des gens qui la don- (4») Nous verrons dans la remarque suivenie
muienl a SI. L« Moyne. Celle édition est de Co- qu'il ne faut pas s'y fier,
iùgne ( à ee que porte le titre, mais fe /« en,is (*) ff^itaker.i Hesp. ad Rat. Camp, ad I. p.
de Bouen ) , Tan iC&j. 7 , co/. a.
LUTHER. 5ij
ci''uii apôtre* Mais pour cet ouvrage » cette ^ttre (^') ne parait pas âe
de paille , dont parlent votre père » saint Jacques , ni di^ne de l'esprit
diTftpian , et votre nouveau disciple , » apostolique (5o). » Fitz-Simon a dit
il prtyteite qu'il ne Va rencontré nulle ailleurs que Luther a rejeté' les trots
part dans Luther (46). Il est pour- premiers eVange'listes. Judicare çuo-
tan t irrai que cela se trouve dans une que oportet ^s (Lutheri) animant
préface de ce r^ormateuri Conti- erga Ketus Testamentum y ex odiof
nuons d'entendre M.Daillë^ a Depuis, erga prœcipuam partent Novi Testor-
» ]yi. Rivet répondant au jésuite Syl' menti in his verbis expressam : Non
» i^estre de Pierre-Sainte , qui met- immérité i^tur admonui ( inquit {*•)
» tait aussi la même calomnie en in proloso I^otI Testamenti lectores,
» auajïït y i0oute y que quelques-uns ut nanc falsam aboleant opinionem ,
» ont découvert à nos gens , que Lu- quod scilicet quatuor sint ^Vangclia,
» tfaer avait écrit dans une préface et quatuor tantùm evangelistae. Dixi
'> allemande sur la première édition autem Joannis Evangelium esse uni-
» de la Bible , que PépHre de saint tum , pUlchrum , verum ac princi-
» Jâcc^ues , pour ce qui est de sa di- P^le^ Evangelium , aliisque tribuS
j» gnité , ne peut pas aller du pair longé ac longé praeferendum , ac an-
i» avec celles de saint Paul et de saint teponendum : adeo ut etiaro Pauli ac
» Pierre , et qu'au prix , ou en com- Pétri epistolœ longé praecedant tria
» paraison de celles-ci , c'est unift illa Evangelia , Matthœi , Marci , ac
» épître de paille. Nous n'approu- Lucx, Velevit ergo C^) Lutherus pro
» Tons pas (fi?i7 iW". Rivet (*))cejugc- virili tria simul intégra Evangelia^
» ment de Luther ; et il est constant ut ascititia , deformia , falsa ^ yili-
y> qu'il l'a depuis improuvé lui- pendenda (5i).
» même, ces paroles ne se trouvant Depuis la première édition de et
» ea pas une des éditions faites dictionnaire , j'ai découvert que
» depuis l'an iSaG (47)* » Afin qu'on MM. Daillé et Rivet n'avaient pas suivi
voie comment les auteurs se copient autant que je l'avais cru toute la
les uns les autres sans consulter les suite de la dispute de Campian et de
originaux , j'observerai que Fitz-Si- Whitaker. Je m'étais imaginé que ces
mon , renouvelant l'accusation que deux ministres français , dont la lec^
son confrère Campian n'avait pu ture était immense , avaient dit sur
prouver, cite la même préface (48) ce sujet tout ce qui se pouvait dire j
que Campian avait citée. Idem dico mais je n'avais pas raison d'en juger
de epistold sancti Jacohi quam Lu- ainsi. C'est ce qu'on verra dans la
therus non tantitm ut duhiam , sed ut remarque suivante , avec une petite
rontentiosam , tumidara , aridam , censure du passage de M. de iVIeaux^
stramineam , et apostolico spiritu in- (0) Les protestans ruèrent quel-
dignam appellavit (49). M. de Meaux que chose qu'ils auraient dû accorder. ^
ne parle point de l'épithète strami- L'accusation de Campian était con-
nea , et ne cite aucune de ces pré- tense dans ces paroles : Quid Luthero
faces , mais un autre livre de Lu- (causae fuit) ut Epistolam Jacobi con-
ther. <c Ce hardi réformateur retran- tentiosam , tumidam , aridam , stra-
» chait du canon des écritures tout mineam , flagitiosus apostata nomi-
» ce qui ne s'accommodait pas avec naret , et inoignam spiritu censeret
» ses pensées ; et c'est à l'occasion de apostolico ? Desperatio (Sa). Il pré-
» cette onction qu'il écrit dans la tendait donc que Luther disait que
» captivité de Babylone , sans aucun
M témoignage de l'antiquité, que (*J\D« Ca»t,Bafylon.,t. rr,d»^
m. laq.
(46) D«aU, Réplique k Adam et • ColUby, (**)Ltith. m a. Profitmio Novi Test,, puma
III*. pan. , chap. XXI IT, pag. m. aoS. ~»i'°- „. ^ , . ^
(*) A. ifiWi. /«. FapuL, c. 9. S 6. p. i9S. sii^Lm "** PnBfat. in BibUoth.
Ai'i^^'.l^^^^ ^ ^^ " • ^"^ • ^'^ Fil.^inion , in BriUnnom.cbii Minirtro-
///•. part. , pag. agp. ^„ ^ ^^^ ,3,
(48) CelU ds Luther^ ,ur tfytUe de saint (5a) Campian. Retione I , init. Il cite Luthe-
Jacgues. - * . ^ • ♦ .
(4g) Fiu-SJmon i ûi Briunaomach. Minu-
irorum, |7a^. i35. pag. 58.
rn*, prxfat. m epist. Jac. vicie etiam lib. de Cap-
tiv. Babil, cap. de exir. unct.etcent. a. Magdeb ,
LUTHER.
lui mu ucaj|««".»^»o points que l'on epistolis — -
agita dans la dispute verbale que cumtuisconferendumnonest.Deindf
Campian eut à soutenir à la tour de cum alii pontificii isolant ostendarv
Londres (53). On lui donna les ou- Jacohi epistolam a Luthero strami-
vrages de Luther qu'il avait cités : neam esse dictam , harui ipsam prœ-
on le somma d'y chercher les termes fationem , atqw hœc verba profe-
de son accusation ; il chercha , et ne runt , de tuis nuUam mentionemfa'
trouva que ceci , affirmant nonnulU ciunt. Denique ciim uideam in quâ-
Epistolam ^Jacohi apostolico spiritu dam prœfatione hanc epistolam prœ
indignam (54). Il avait demandé la alteris stramineam dici, non existimo
lïcrmission ae faire venir d'Aile- in eddem jyrœfatione awrxaç, et tumi-
magne les éditions que Luther même dam et aridam , et contentiosam , et
avait données : il avait protesté qu'il stramineam , et spiritu apostolico in-
avait lu dans Luther les paroles en dignam nominari. Quarè dUm nouam
(luestion , et qu'avant lui plusieurs hanc editionem tuam video , ifrixt»^
célèbres écrivains , dont il nomma malo , qukm aliud temerè in alteru-
q uelques-uns , avaient accusé Luther trampartem afflrmare (56). Remar-
de ce même crime. Maïs on se moqua ^quez bien qu'il avoue que depuis la
de lui , comme d'un homme qui publication de son ouvrage contre
cherchait en Allemagne un avocat à les raisons de Campian , il avait de-
de M. Dailié. Mais il reconnut en- rierre , ei ae ccues ac saini rauj ;
suite qu'il y avait quelcjue chose de vé- mais que n'y ayant pas trouve' Ici
ritable dans Taccusation j car voici épithètes de contentiosa , tumida ,
sa réplique à Jean Durœus , jésuite arida , indigna apostolico spiritu, d\-
écossais , qui avait écrit pour la dé- léguées par Campian , et répétées nar
fense de Campian : Ciim uiderem ac Durajus, il se gardera bien de tomber
cusatum a Campiano Lutherum , ut d'accord de la vérité de la citation ,
ego putabamy injuste, licuit mihi jusquesà ce qu'on lui produise l'exem-
Jalsum crimen verbo notare. Itaaue plaire où elles sont contennes.Ii dé-
Jacohi epistolam esse his contumelus, clare qu'en attendant il se tiendra
qiias Campianus commémorât, a neutre entre l'affirmation et la néga-
Zutheiy) affectam negaui , quia in tion. Les apologistes de Campian ga-
Lutheri lihris nihil taie potui repe- cnaient quelque chose par cet areii
nre. Tujam uerba ipsa profers fUquœ de Whitaker ; mais pour le tirer bien
tamen nec uidi unquam , nec qui se d'affaire il aurait fallu qu'ils produi-
uidisse diceret , conueni. Utcumque sissent aux yeux du public un ou-
se res kabet , non magni refert. No- vrage où les épithètes de contentiosa,
his enim Lutheri quœque dicta mi- tumida , etc. , fussent contenues. Il
nimè prœstanda sunt. Quamquam ne paraît point qu'ils l'aient pu faire j
mûii plané suspectam esse Jidem tuam et c'est pourquoi Whitaker, ayant à
profiteur, et te aliorum fictis auditio- répondre à un nouvel antagoniste ,
nibus nimiiim tribuisse suspicor. Pii- soutint que Camnian demeurait tou-
rna/» enim widi quandam Lutheri jours chargé de la note de calomnia-
teur , puisqu'on ne pouvait rien
{5i)Vofe%lej/suiieVàn\îiombiiiu»,dans la prouver qu à l'égard de l'épithète
Vie de Campian , cfttf^. XLFT. straminea. Pesez bien ce que je m'en
(54) Viia Campiani , cap. XLVt , pag. a6o , ^^j^ copier : Ciim copiosam et am-
(551 Hic verb quasi desperai^ jam cous» plam hujus rei cî^jensionem susce-
Campianus sérum patronum itule usque à Ger-
manid atlvocarei , effwti in petulantem risum (5G) Wbiukerus, m Responi. md R«tJoi»f*
minittri dicentem adhuc illudere, Viu Cimpîa- Campiani Defeoiiione contrk ConfaUlioDcm Du.
■i, cap. XLVI, pag. a58. r»i, pag. ai , aa , edil. Londin. , i583.
LUTHER. ^ 559
t&ris , c'est Whitaker qui parle ainsi pronuntiai^i. Evenit vern postea nt
t son adversaire Guillaume Rainol- in ueius gcrmanicum Testamentum
i«s , quare in ed re maxime dejicis , h Luthero coni^evsum inciderem prœ-
Z€Z quam maxime auxUio,tuo opus fixis ipsius prœfationibus , in quibus
?^« ? ]}fam quod affers de stramine , inveni quiddan^ , quod aliquâ ex
^nteafatehamur totum illud , quod parte referret illud quod objecerat
v^GT%un fuit , tuas itaque partes fûts- Campianus, Ciim autem illud lesis-
sant copiosiii^conjirmdsse, Lutherum sem , non rem dissimulat^i , sed fate-
etlam epistolam illam uocdsse con- bar in responjione med ad Gresorium
tientiosam , tumidam ; aridam , indi- Martinum. In illd quidem prœfatione
gnam spiritu apostolico : quorum scribit Lutherus , S. Jacobi epistolam
omnium eo in loco illum Campianus non posse dignitate certare cum epi-
€zccusavit, Sedcùm nihil adJtanc rem stolis S. Petri et Pauli , sed epistolam
f9TX>bandam afferre possis , coactus es stramineam esse , si cum ilHs com-
fateHCam^itmnm gra^iiis Lutherum, paretur. Quam ejus sententiam non
qtiam mentus est , de hdc epistold probo ; atque in recentioribus editio-
€M.ecu8dsse : ita ut si uno aliquo t^erbo nibus cîim omissa sint illa uerba
j^stdtœ tui , cujus causam agis , caris- opinor ipsum postea Lutherum hanc
tifnationem defenderis ; pluribus ta- suam sententiam improbdsse JVon
men eum uerbis condemndsti ; quœ tu profecto dubito , quin œguus lector
intérim veteratoriè omittis, quasi nec fatebitur inter hoc , quodscHbit Lu-
ea unquàm dixisset Campianus , nec therus , atque illud , quod ei objicit
tua res ageretur.Fateor sanè pariim Campianus , discrepantiam esse. Eté-
referre quid de Luthero Campianus nim aliud est loqui plané et ÀTrxSç
finxeHt nequiter : at qui eum defen- aliud uti comparatione. Lutherus '
dendumsuscepisU , ne putes te ojficio inquit Campianus, epistolam S. Ja-
tuo satisfecisse , si ex multis , quœ cobi stramineam vocavit. Lutherus
iUe protulit , in und aliqud re eum ait prae Pauli et Pétri epistolis stra-
defenderis , et in pluribus defeceris. mineam esse (58). Il paraît de tout
Quare ueldesine tandem de uno isto ceci , que M. Daillé et M. Rivet ont
uerbo Utemmouere, uelreliqua testi- ignoré beaucoup de choses touchant
momis confirma (57). Citons encore cette controverse. Ils n'ont point su
un passage ou il nous apprend qud que Whitaker se fût retracté d'une
n'avait point supprime la découverte partie de son inscription en faux • ils
qu'il avait faite depuis la publica- n'ont point su qu'il eût déterré lui-
r-""^" -1 .",*'.■' — '"' — 7 - — — - II» 8 eu Honi vanies , mais non pas
mands , soit latins , des ouvrages du sans outrer la chose : car ils préten-
réformateur ; et ayantTen<5ontré enfin dent qu'il reconnut que toute l'accu-
ce quir concerne l'épithète straminea, sation était bien fondée. Citons l'au-
il en fit part au pubUc dans la pré- teur de la Vie d'Edmond Campian
face de sa réponse a un traité de San- à l'endroit où il fait l'histoire de la
derus. Si Lutherus hoc scripserit , conférence qui fut tenue à la tour de
inique ego Campianum falsi reum Londres. Is matutini certaminis ordo
peregi : si non scripserit , turpissimè exitusque fuit , (^isique hœretici eo
Lutherum Campianus insimulauit. Ut lœtiores è certamine abscedere quod
ventatem istius rei cognoscerem, in Lutherum calumnid suo judicio exe-
omnibus exemplaribus , quœ compa- musent : quamquam id quoque eau-
rare potui , tam genhanicis quam dium ut uanum ita non diuturnum
laums examinandis summam indus- fuit • paulo post ad inquisitionem
triam collof^ui : ciim autem nulla tantœ rei omnium studiis conuersis
uerba ejuscemodi, sed difersapotiîis, incomipti Luthen codices inspecti
inuemrem; credebam, optimd im- inque iis inventa ipsa , quœ canserat
pulsus ratione , totum istud excogi- hominis apostatœ Campianus uerif a.
tatum fuisse ; Itaque falsissimum esse Et quoniam res aperia erat , ipsi
(57) Whiulcer , Respons. ad Rayaoldi RefaU-
tioaem , ^90^. so5, 100. (58) Là mime^ pag. io3, 104.
5f,, LUTHER.
, ,^. mc<9&rr v%ier quoi TVhita- cUms les éditions post^rienres à fia
4» ^MJutri insanas illas i5a5. J'ai obsenré qoe CocÛéas, sou*
- ,. 0tubw» exemplaribus legi l'an iSaa, l'accnse d'avoir publié des
, .'.* ia*i, ytrionam triumphanii préfaces oatrageantcs â regard de
, .., •/#* mtmlàieio , »/«/ ini^iti suis quelques livres da canon <fes Écri-
, m^/tujHA iistraxére (5g). Plus on tures. Optimus quihusque $ddebaiur
►.* «««AU» ^.•«* choses , plus on sent Lutherus nimis maUtiosè grassari «
.,. . . >4 »m irav^ ^Hercule que sacras litleras JSToui Testamenù. E
.ai.fr'orvndre de démêler la Yénte quorum Canoney audaci censura ^
* i**actt de tant de dëguisemens , reiiciebal Epistolam ad Hebrœos *
, ji aut de supercheries. Epistolam facohi , Epistolam Judœ'
^i <u«M'ai â dire contre M. l'evé- et Apocalypsim Joannis , Quas sari:
,u« Otf Meaux n'arrêtera pas beau- et atrocibus infamabat calumniis in
...up mes lecteurs. 11 assure (6o), suis prœfationibus. In prœfaUone
♦u^ Mns aucun témoignage de Van- verb gênerait , etiam in sacratisshna
'l'iudj: Luther a écnt que cette ëpl- evangelia audacissimè manum miae-
trtr ne paraît pas de saint Jacques , bat : uolens in pnmis v^pudiandam.
'u Ms^nede t esprit apostolique. Cette esse wetustissimam hanc et omnibus
i.KMîrTaUon est fausse ,- vous n'avez christianis notam ac receptam opinio-
V V*» ?™P^^ *7®^ *** paroles de nem et sententiam , esse scilicet qua-
M. DoUlë : « Ongène TM avait écrit mor tantiim Ei^angelia , totidemque
I» i)lusieur8 siècles avant Luther, que euangelistas (63). Vous vous sou-
)• quelques uns reietaient cette ëpî- viendrez , s'il vous plaît, que ce Co-
>• tre , ce tju'Eusébe (*") témoigne chléus a été l'un de ses plus grand»
aussi pareillement , et dit qu'a y adversaires; mais enfin , puisqoe
avait peu d anciens qui en eussent Ton ne peut nier l'existence du stra-
» ecrae sous son nom , bien que peu plus injurieuses que ceUe-là , et sem-
» apeu, avec le temps , elle edt été filent même ne l'être pas tant. Whi-
» reçue et autorisée (6i). » Whita- taker s'est prévalu en habile homme
kcr, dans sa Réponse à Duraeus , de ce que les apologistes de ce jésuite
prouve fort au long que 1 épître de ne pouvaient représenter l'édition
saint Jacques fut suspecte à bien des qui leur était nécessaire. H s'est bien
gens dans lancienne église. gervi de ces avantages, û a très-bien
(P) ..... Ce serait sans doute avant gu mettre à profit la restriction de
l année i5a5.] Nous avons vu (Ca) que Luther, quoiqu'elle n'ait pas toute
lepithete straminea%e trouve dans la force que l'on s'imagine , et qu'elle
une préface qu d fit imprimer cette ne soit qu'un remède paUiatif * : car
année-la. Or d est sûr qu'il avait été aux dit que l'épîlre de saint Jacques
moins crrconspect les années prece- est une épître de paille en comparai-
dentes. On peut donc croire que , se gon des épîtres de saint Paul , dit
modérant peu à peu , il adoucit et réellement qu'elle n'est point cano-
modifia, en iSaS, ce qufl avait avan- nique , ni la production d'un écri-
ct) de trop scandaleux, le passage , vain inspiré de Dieu. Il serait absur-
par exemple, que Campian, et Du- Je de prétendre que les écrivains
v«»us, et Fitz~Simon,etc., lui repro- inspirés de Dieu n'ont pas tous une
vh*>ut, et qui fut entièrement efiacé ^çale autorité , et que les uns sont
plus croyables que les autres. Ne se-
^5ft) Viu Campiani , cap, XLVI, pag. a6> , rait-ce pas dire que le Saint-Esprit
"^io rv« , cirdessus , citation (5o). f « négligeait quelques-^ins , et qu'il
v^*) Orig, in Joann. Tract, ax, pag, 37a. *es abandonnait a leur| opinions par-
V*? ^w»*- ♦ ^y*- . ^ '• . , . (63) Jo.na. Cocbleiu , de Actis et Scripiii
y'^*) Hinon. , de Scnpt. ceci, m Jacob. Lutheri ,yô2<o m. 83.
m; 0«aU , R^oiue à Cottib]^, ///«. part. , * J0I7 loae Bayle d'aroir dît qoe la rttlricu'on
^« *^ de Lotber nVct qu^an remide palliatif, et de l'a»
^. s,\^ts*Ms, citation (56). -voir proaré par la réfiezioa qu'il met à U cii»l<.
LUTHER* ' 56i
ticulières y Traies ou fausses? On ne » de TÉTangile, et lui permettait
autorité; et ainsi, quand on assure i> la nouyeauté de la chose : mais il
q[u''en comparaison des^ Épttres de » supposa que Tapprobation de Lu-
saint Paul , un autre écrit est un ou- » ther , et des antres théologiens les
vrage de paille , on ne peut le con- » plus célèbres de sa secte , la pui*-
sidlerer que comme un écrit humain : » gérait de ce défaut. Il les fit as-
et sur oe pied-là Ton se croit permis » sembler à Wittemberg en iSSg, en
d'oeil faire tel jugement que les lois » forme de concile, ^affaire y fut
capables
, .-- , ,, X .y serait
ouvrages d'un TertuUien et d'un Ar- » décidé ne fût tourné en ridicule.
nobe. Cela n'empêche pas que Cam- » L'on prévit les fâcheuses suites de
laquelle » l'emporta
il se fondait ; car autrement il tom- » Luther et de ses principaux disci-
l)ait dans le sophisme h dicto secun- » pies , sur la loi de Jésus-Christ y
dUnt quid ad dictum simpliciter. Per- » sur la conscience , sur la réputa-
mis à lui toutefois, de dire qu'en cette » tion, et sur toutes les autres rai-
rencontre les restrictions étaient » sons humaines et divines. Le, ré-
seulement une apparence de mena- » sultat de l'assemblée de Wittem-
eement réel, puisque l'épître de saint » berg fut écrit de la propre main de
inspiré de Dieu. » prima en des termes trop énergi-
(Q) // consentit que le landgraue » ques , pour laisser aucun doute
de ifesse eût deux femmes tout a lu » dans les esprits , et on l'envova au
fois.l M. Varillas a parlé au long de » landgrave en la forme qui suit
cette affaire. « Philippe, landgraye de » (64). » M. VarillaS met là l'acte
» Hesse, était d'un tempérament si tout entier, en latin et en français.
M vigoureux , qu'une seule femme ne On y voit une permission expresse
» lui suffisait pas ; et les chirurgiens accordée à ce landgrave d'épouser
»' qui l'ouvrirent après sa mort, en 4une seconde femme, pourvu qu'il
» trouvèrent une cause naturelle , n'j eût que peu de personnes qui le
» que la pudeur de notre langue ne sussent. On y voit aussi qu^en cer-
» permet pas d'expliquer en français tains cas de nécessité , tout autre
» C^) Il se persuada que son infir- homme se pourrait remarier pendant
» mité ^ le dispensait de la rigueur la vie de sa femme ; et voici deux
cas de nécessité spécifiés par ces doc-
(*) Thnanus j'Uh, 4xi aà armum 1567. Ad teurs. 1®. Si un homme captif dans
dam ^uod plerùque tisu dignum nUhi sOentio mj p^yg éloigné ne peut conserver
minime praUrmitttndum viswn est^ ipsum <ant * ji .. ^« „„ o»,.*^ i,..^ ^ i
^xhausti ad ^enereos usus succi fuisse, ut OU recouvrer sa santé que par le com-
^muxoresolduteretur^ et nia loties illum ad" merce aveC une femme. Or, Si un
miUere non possel, vir alioqm eastus quique homme CSt marié aveC une femme
^»Si',lAidimbusminh^^^ |^ ^^^^^ ^^^^„ ^^^.^^^ l
pemustu , negolio cum pastonouj eommunicatOf .... ,
coneubinam unam superinduxerU , eujus eon- dlspensatlOni , SI quis apud exteras
Mueludine ardore aliquantitm perdomilo ^par* nationes captivus ad curam corporis
cjùs ac moderaUhs cum uxore versareiur. Tan- ^^ sanUatem inibi alteram uxorent
dem hoc anno , ^ui illi cUmactericusJutt , pot~
tridii Pnsehm mortaUtatem exuit. Inspecto à
Medieis eorpore Triorches repertus est. de Philippe, an cliap. i3o «le VEssài sur le»
* Cette infirmité , ^ne beanoonp de geni ap- mœurs , U nature lui ayait donné au nombre de
pelleront autrement , et que quelques-nna peut- troia ce qu'elle ne donne d'ordinaire anx antres
«ire seraient bien aises d'sToir , Yoltaire plus T>'*'* nombre de deux. •
bardi que Bayle a sa l'expliquer en français , sans (64) Varillai , Histoire de THérésie , U XII f
blesser U pudeur. • La nature , dit-il en parlf nt pag* m» 87.
TOME IX. 36
S&K LUTHER.
tupenndueeret , t*el si quis haberet boone chère : c<immt povnûs-^
UproMum; hiê casUnu alteram Jucere j garder la continence? car je ne ptn«
€tum eonsiiio tui pasiorU , non inten" pas toujours j amener Bon tjta^œ
tione noyam Ugem inducendi , sed arec aon graiid train, Priatoquad
tuœ necessitati consulendî J hune ne*" inidoy juo eaim dtuciy née orzjro,
cimu* , gud ration» damnare liceret nec destderio eam. eomplmjcutjmt^rim
(65). M. VariUas rapporte en latin et Quali ipsd guoque eompimone
en français le contrat de mariaee da amabilkaie, et odore sU^ et quowntkS
landgraVe avec Marguerite de oaa^, interdum se superfluo potu §eni,
auquel mariage la première épouje hoc tdunt ipms aulœ pntfKti ; et
de ce prince donna ton consente- uir^inea; afiique ptures : cunupœ oÀ
ment. Cet historien fait beaucoup de ea describenda difficultatem habeam.
réflexions là-dessus , qui tendent à Bucero tamen omnia deelanud. Se-
faire voir que les raisons de ces ca- cundo , quia validé complejnone , ut
suistes ouvrent un chemin fort^ large medici s&unt, sum , et sœpè cantinf/t
 r usage de la polygamie, et il ob- ut infoederum et imperii conduis kiu
serre que les deux actes qu^il rap- i/erser^ ubi lautè t^iyitur et corpus cu-
porte (66) ont été fidèlement trans^ ratur; quomodo me ibi gerert queam
critê et collationnés par des notaires absque uxore t ciun non semper
impériaux , sur Us originaux qui se magnum gynœceum mecum ducen
consentent dans les archives de Zic possim , facile est conjicere et conà-
genhain^ communs à la branche de derare (70). Il joignit à tout cela je
/£esse-Cassel f et à celle de Hessc ne sais quelles menaces et quelles
Darmstad (67). ^ promesses, qui donnèrent à ^pensera
Mab il est venu après lui un plus ses casuistes ^ car il j a beancoop
fin controyersbte (60) , qui a tire du d'apparence que si un simple gen-
méme sac une autre pièce , et qui a tilhomme les eût consultés sur aa
fait sur tout cela bien des réflexions pareil fait , il n'eût rien obteno
subtiles. Cette autre pièce est Fin- aeux. On peut donc s'imaginer rai-
struction qui fut donnée par le land- sonnablement qu'ils furent de petite
Sraye à Martin Bucer. On y trouve foi : ils n'eurent pas la coofîauce
'un côté les raisons qui portaient ce qu'ils devaient avoir aux promesses
J>rince â ce second mariage; et de de Jésus-Christ; ils craignireDt que
'autre les raisons par lescfuelles il si la réformation d'Allemagne n^ëtait
voulait porter les théologiens à y soutenue par les princes qui en fai-
consentir. Il expose qu'il n'a jamais saient profession , elle ne fût étouf-
aimé la princesse son épouse, ef fée. L'expérience du passé les rendait
qu'elle est si dégoûtante , et si sujette « timides : ils voyaient que la riolencc
à s'enivrer , qiril ne pourra et ne des persécutions , et les armes em-
voudra jamais s'abstenir des autres ployées par les princes catholiques
femmes , pendant qu'il ne sera marié contre ceux qui étaient sortis de la
qu'à elle; et que néanmoins il ne veut communion romaine , avaient ton
point encourir les peines que l'Écri- jours extirpé ces reformations nais-
tu re dénoDce aux fornicateurs et aux santés. Il était naturel de craindre
adultères. CUm uideam quod ah hoc un semblable sort, à moins que la
agendi modo penès modemam uxo- force ne fût repoussée par la force.
rem meam nec possim nec velim ab- Mais quoi qu'il en soit, on ne peut
Jtiners (69). Les médecins, ajoute-t- nier généralement parlant^ que les
il, savent la force de mon tempéra- livres de Luther ne contiennent plu-
ment; et d'ailleurs je suis oblige d'as- sieurs choses favorables aux polyga'
sister souvent aux diètes; elles du- mes (71). Le sieur Lysérus en donoe
rent long-temps , et l'on y fait très- j^^j itf. de Me.ax, Hirtoire des Veriition.,
liv. rl^ num. i, pa^- m. aSg.
(6!i) Ciiipnr Varillas , Ik mfm» , pag- 93. (71) Lnthero erroris kujus dicam seripsil BeW
(66) J^a contuUulion des théologiens et le lerminas haud uno loco. Al patrocinium Lnihe*
eontmt de mmriage. ro prteslare eonalus est Johannes Gerardi ,
(67)V«rUlaa, Htetoircde PHér^ie, <iV. XI I^ etiamsi (ne quid dissimulent) maeulam ititm
png' M , 8^1 tam pletM eluere non potuerit , ^uin concedm^
(68) M» de Meauv , Rietoira des VariatioBS , dum sit , vînun illum magnum imprudenbus*
iivt r/, fiMifii t ei suiv, cuiè nonnnntfuàm de mnteridhdc loeutuin eut'
(6b) ta mlm« , p«g, m, aSg. * Saldenoa , in OUis Tbcolog. , pag. 363.
LUTHER. 563
nt , dit-il (73), tout ce mystère raient capables de critiquer M. de
niqidté est découuert par les pièces Thou , pour ayoir pensé que la prin-
c t électeur palatin^ Charles-Louis cesse , ne se sentant pas la force de
'e*< le dernier mort (74)) > o, fait soutenir si souvent le choc, implora
. iprimer^ et dont le prince Ernest l'aide d'une concubine. Montaigne
î Messe y un des descendant de PU- eût été capable de railler là-dessus
7pe , a manifesté une partie depuis cet historien j mais son autorité est
tUl s' est fait catholique* Le livre que suspecte. Voici un passage de ses Es-
p rince palatin fit imprimer a pour sais : Nous avons leu encores le dif"
tre , Considérations consciencieuses ferent advenu en Catalogne , entre
ir le mariage , avec un Eclaircisse- une femme se plaignant des efforts
lent des questions agitées j usqu'à pré- trop assiduels de son mary ( non tant
:nt touchant radultére, la séparation h mon advis qu'elle en fust incom-
t la polygamie. Le livre parut en modée , car je ne crois les miracles
Uerruind ,T an lô'jg, sous le nom em- qu'en foy y comme pour retrancher
runté deDaphnœusArcuaHuSjSous sous ce prétexte, et brider en ce mes-
equel était caché celui de Laurentius me , qui est L'action fondamentale du
3œger, un des conseillers de ce prince, maiiage , V autorité des maris envers
Il faut observer ici que M. de Thou leurs femmes ; et pour monstrer que
îtait mal instruit des circonstances leurs hergnes et leur malignité pas-
le cette affaire. Le landgrave, selon sent outre la couche nuptiale , et fou-
lux y était d'un côté si chaud à l'exer- lent aux pieds les grâces et douceurs
cice conjugal, que sa femme ne l'y mesmes âef^enus)a laquelle plainte
pouvait point admettre aussi souvent le marr répondoit y homme vrare-
qu'il le voulait j et de l'autre telle- ment brutal et dénaturé , qu'aux
ment chaste, qu'il n'aimait point à jours mesme de jeusne * il ne s'en
se divertir ailleurs. Ainsi la prin- scauroit passer a moins de dix. Sur
cesse consentit a la diversion qu'une quojr intervient ce notable arrest de
concubine ferait des forces de son la reyne djirragon , par lequel ,
marij et la chose ayant été ccmimuni- après meure délibération de conseil ,
quée ^.xxx ministres, on donna au cette bonne reyncj pour donner règle
landgrave une concubine qui le et exemple en tout temps , de la mo-
doraptât un peu , et qui l'obligeât deration et modestie requise en un
quittant
son inclination \ et ayai^t commencé beaucoup du besoin et désir de son
trois semaines après les- noces à se sexe , pour establir^ disoit'clle , une
servir d'autres femmes , iX continua forme aisée , et par conséquent per-
toujours sur le même pied jusques manente et immuable. En quoy s'es-
au temps de son second mariage (76). crient les docteurs , quel doit estre
Il y a beaucoup d'apparence qu'elle l'appétit et la concupiscence feminincy
(•73) Polygamia trinmphatrix. puisque leur raison, leur reformation
(73) Histoire des Variations, iiV. VJ^num.x, et leur vertu se taille ate pHx (77),
^f'ia^'n*'^' ,-« - I /ri . j Voyez la remarque (D) de l'article
(■lû) On se trompe ; le fils et successeur de ^y ^ . x \ / *"^ • ••*^» •*'
Charles^touis éiaU mort quâÀd M. de Meaux JjrLEiCHEN , et SOUVenez-VOUS qu'une
écrivit cela. infinité d'auteurs , qui rapportent la
Jj.^^ ^X? ^ f* ''*^,' ^/*; T"* K"°5' même chose que MonUigne , pt qui
(63) et (64) 1 « Ut citation (*), les paroles de |. ». \ i c ,.^ 1 .kI ^
jî.deThoii. V y» ^ en plaisantent, le font plutôt gour
(îJG) Initia , quo ean duxiy nec anima nec de- donner Carrière à des jeux d'esprit y
$iderio eam comptexus fuerim... Si porrbdice- que pour exprimer leurS pensées.
retur quarè meam uxorem duxfrim^ vere im» ^ 1. « £-
prudens hotho tune tèntporisjuij etab aliqui' * Bayle, dans son article Jaeeios, remarque
bus meorum eonsiUariorum , quorum potior (E), tom. VIII, 339-34o , rapporte l'opinion de
part defunetst est , ad id persuasus sum. Ma' casaistes anr la dispense de leftne nonr cause de
tritnonium meum ultra 1res seplimanas non ser~ dcToir marital.
vavi f et sic constanter perrexi. Ci lé <ian« T H is- (77) Montaigne , Essais, ZtV. III, cHap. "F",
toirc des Variations, liv. VI^ pag. aSg. pag. m. xai , laa.
564 LUTHER.
Qadqaet-uns d^enz pour le moins , thentiqaes des coars sonreraines, le
sont nersaadës qdVn leur a quelque- petit sceau , le grand sceau , et tout
^ fois dit sincèrement , c'est assez : ce çue Ton pourra s'imaeiner de plus
CtmmdU» îmm Hpom , pueri , imt pratm hibc jnndique, sera une faâ)]e barrière
nuaC^S). contre Topiniâtretë d'un disputeur.
(R) // t'est trouvé des ministres Ainsi la prudence demandait que
qui n ont pas eu toute la prudence 06- l'on ne mit point en doute si le
cessaire en répondant pour Luther."] landgrave Philippe obtint de Luther
La seule nfponse qu'il fallait faire à et de quelques antres ministres )a
M. de Meaux, e'tait de dire comme a dispense d'avoir deux femmes. Je dis
fait M. Basnage fort sagement (79) : plu« : le respect que l'on doit porter
!•. Que Luther ne devait pas accor- à la très-illustre maison de Hesse , et
der au landgrave de Uesse la per- * la mémoire d'un électeur réformé,
mission d'épouser une seconde femme ne souffre pas que l'on doute de cela ;
lorsque la première était encore vi- et néanmoins l'écrivain des Pastorales
vante , et que M. de Meaux a raison ^ déclaré fort nettement qu'il en
de le condamner sur cet article ; a®, doute (80). Mais sa grande faute con-
que les papes sont tombés dans des siste en ce que , pour exténuer ]a
excès beaucoup plus énormes : d'où complaisance qu'eurent ces minis-
il s'ensuit que la faute de Luther très, il étale tout ce c[oi peut faire
reprochée par des papistes , n'a au- "voir que la loi du mariage d'un avec
cune force ; car si cette faute l'empé- «ne est sujette à mille exceptions ;
chait de pouvoir être un instrument il veut nommément qu'on la sacrifie
en la main de Dieu pour annoncer au pouvoir impérieux d'un tempe-
la vérité , et j-our redresser l'église , rament lascif. ^ // n'y a pas de corn-
iez cathoÙqaes romains auraient tort paraison, dit-il (81), entre ces deux
de croire que les papes, qui se sont maux, de recourir au fâcheux re-
rendus coupables de plusieurs péchés mèrfc d'un second mariage , ou à se
plus crians que celui-là , n'ont pas répandre en mille impuretés qui sont
laissé d'être Foracle vivant de l'égli- <^«* suites infaillibles du célibat dans
se, et les vicaires de Jésus-Christ. Il les personnes qui n'ont pas le tempe-
est sûr que les catholiques ne peu- rament tourné du côté de la conti'
vent rien inférer de cette action des ft^nce. Il a trouvé lâ-dessns des ad-
réformateurs , ni d'aucune autre , versaires et au dehors et au dedans,
pour invalider la réformation , sans ^ auteur de l'Histoire des Variations
ruiner eux-mêmes un principe qui Ini a dit que l'on ira loin par ce
leur est très-nécessaire , savoir que principe. « La perpétuelle indisposi-
les plus énormes crimes n^empéchent " *ion survenue à un mari , ou à une
pas que les -papes prononçant ex ca- *' femme , n'est pas un empêchement
thedrâ , n'annoncent une vérité que '* moins invincible que l!absecce ou
tous les fidèles doivent embrasser. • la captivité même : il faut donc
Si l'auteur des Pastorales * avait " *ï"® Jf mariés se quittent impi-
été aussi judicieux que M. Basnage , " toyablement dans ces tristes états.
il n'aurait pas exposé sa cause à des " ^'^^ l'incompatibilité des hu-
objections dont il ne s'est jamais pu '* meurs, maladie des pi us incurables,
d'un notaire impérial , qui porte î®^ autres théologiens. M. de Meaui
2u'ils ont été copiés sur l'original *^* allègue (83) une lettre d'un mi-
es archives de la maison deilesse , il 'o\sXie , qui rougit pour son confrère
ne sera plus possible de prouver lies /a w 1 vu. i .^ . . »
fùifa. ^I» J^il«««»:»«. 1«- ,.1 , (Bo) Kojr*» la Yli: lettre nanonle ds Pan
faits; les déclarations les plus au- 'xôSS, m^. i66,iii.ii,«£/« fV-./ett^rfu-T.-
<^) B.s..g«. HiS^îre d. I. Religion de. Égli- J,V^ ^*" ' *"*'* P-***'*** ^' '^* •^' ''^^
• L*aiifcar de «m Leure* pastorales est Pierre i3i . édition de HolUnde.
'■"«"• ^83) La mime , pag, 136.
LUTHER. 565
de œs nécessités contre V Évangile , pour certains tempéramens , que de
et de ces impuretës inévitables , recourir au remède d'un second mari.
et qzii voit V inconvénient de cette im- On voit donc que sa maxime est une
pure doctrine qui introduirait le di- source des plus honteuses et des plus
force , et même la polygamie , aussi- sales licences qui se soient vues dans
tôt que l'un des conjoints serait tra" le monde ; et que rien n'exposera
^f aillé de maladies , je ne dis pas notre communion à des reproches
incurables , mais longues , ou qu'il plus mortijians que cette doctrine du
se trouvât d'ailleurs quelque empé- sieur Jurieu , si nos synodes ne la
chcment qui les obligeât h demeurer condamnent. Toutes les lois que la
séparés. Ce ministre ne s'est point bienséance et la sagesse des magis'
nommé ; mais un autre , marchant trats ont introduites pour empêcher
la tête levée , a dénoncé cette doc- les veuves de se remarier avant un
trine pour la faire censurer, et enfin certain terme , tombent par terre , ou
il a publié que c'est un principe d'où ne sont qu'une tyrannie qui fait re-
cette conclusion coule naturellement, pandre en mille et mille impuretés
o^est qu'un homme, dont la femme celles qui ont un certain tempérament,
est malade peut se marier à une au- L'auteur des Pastorales trouve cent
tre (84)* Il n'est rien de plus certain, expé4iens (87) pour tâcher de sortir
ajoute-t'il ; une égale nécessité donne d'affaire, par rapport à quelques au-
un égal privilège ; et si uà mari^est très difficultés qu on lui avait propc-
autant empêché d'habiter avec sa sées touchant le divorce et les seconds
femme par une paralysie, que par sa mariages ; mais il n'a pu se débarras-
détention chez les barbares, il est au- ser de celle-ci : cela n'était pas po^-
tant en droit de chercher un remède sible. Tout ce qu'il a fait s'est réduit
a son incontinence dans un second à des calomnies contre son dénon>
mariage. M. de Beauval , entre les ciateur ; car c'est une calomnie que
laïques, a poussé encore cela plus de se plaindre qu'on a été accusé
fortement (o5). Un autre laïque a d'une chose dont on n'a point été
soutenu que cette maxime (86) ou- accusé (88). Voilà combien il importe
vre la porte aux plus étranges dé- qpe ceux qui répondent à un ouvra-
réglemens ; elle autorise un incon- ge de controverse sachent aller bride
tinent dont la femme est long-temps en main j car s'ils s'abandonnent à
malade , à se marier à une autre , l'impétuosité étourdie de leur esprit
et puis à une autre , sans fin et et de leur tempérament , ils gâtent
sans cesse , si la providence de Dieu les meilleures causes.
veut qu'elles soient toutes malsaines. Ce que j'ai dit du respect que l'on
uiinsi voila par cette belle porte la doit porter a la très-illustre maison
polygamie turque faisant irruption de liesse , et a la mémoire d'un élec-
dans le christianisme, et le remplis- teur réformé , ne serait pas bien iri-
sant de ses brutales lascivetés. Bien telligible à tout le monde , si je n'y
plus , voila dans le christianisme ce joignais une explication. Les actes de
qui ne s'est point vu dans l'ancien ce second mariage ont été tirés des
paganisme , et ne se voit point au- archives de Ziegenhain communs à
jourd'hui dans le mahométisme ; voi- la branche de H esse- Cas sel ^et a celle
la, dis-je , les femmes autorisées à de Hesse-Darmstad (89). Le prince
avoir plusieurs maris en même temps, Ernest de Hesse - Khinfelds , ayant
lorsque n'ayant pas le don de conti- embrassé la foi romaine , fut ravi
nence , elles ont pour époux un hom- qu'ils vissent le jour , parce qu'il crut
me malsain : car il serait ridicule de que cela ferait du tort à l'église qu'il
prétendre , qu'à leur égard , c'est un avait quittée (90) j et il est visible
moindre mal de se répandre dans ces ,« » „ , ,„. , . « t.i . <.
_, ,„ ^ ; * ^ ^ 1^^ ' -, (87) yores la r/«. leure du Tablean du So-
impuretés , (jui sont , félon ce mims- eini.iume , pag. 3oo et ,m..
tre , des suites infaillibles du célibat (gg) Foye% Saurin , Examen de la Théologi
(84) rayes le livre d'tVtc Saurin , pattenr de «>« M. Jurien , pag. 8ei.
r^filùe v^allonne d'Vlrechl, jnttW/.- Examen (%) Vanllas, Histoire de l'Hérésie, foV. Jt//
de la Tbéologie de M. Jurieu, pagt 8ox. f^ê' ^1'
(85) yore% sa Réponse à l'Avis. (go) foye» Var'iUas , là mime , et M, de
(^) Vojre% l'écrit inlitulé : Déclairation de Meâux , Histoire det YariatioiUt Ub. VI^ nwn.
H. Baflc , pag. 18. x , tuhjin.
566 LUTHER.
ÎQ^ils font un grand tort â Luther , niales , et comme s'il n^y avait qa^an
Mâanchtlion , à Bucer , etc. Il nV petit nombre de particuliers cprû
a donc nulle apparence que les lano- renssent désapprouve , pendant qa^H
graves de Hesse-Cassel , et les land- a pour lui la pratique générale.
gardé le silence , s'il y eût eu l'espèce
qudque soupçon que ces actes fussent point des mariages d'un homme avec
supposés. On' ne pourrait assez blâ- deux femmes logées chez lui en même
mer ces grands princes, si ayant quel- temps , comme l'étaient les deax
mies soupçons là-dessus , ils n^eussent femmes du landgrave. 3*. Enfin , oe
nen fait pour s^opposer au dessein n'est point sur la pratique tolérée
du landgrave Ernest , nouveau catho- par les souverains , qu'un casuiste se
lique. (/est donc manquer au respect doit régler. Où sont les gens qui igno-
qui leur est dû , que de douter si ces rent les abus extrêmes que les lois
i{aement leurs réformateurs ,et qu'on L'église a tenu bon , et par ses oppo-
les flétrisse très -injustement, pour sitions elle a Ib^t changer ce qui ne
faire tomber le déshonneur sur l'égli- s'accordait pas assez avec l'Évangile,
se protestante. Comme ils ne sont pas Où en serait-on , si les casuistes voa-
capables d'une tiédeur qui leur serait laient approuver tout ce que les sou-
si injurieuse, il faut être très-certain verains permettent ? Ne laissetat-ils
S je le silence qu'ils ont gardé prouve pas impunie presque partout la for-
airement la validité des actes. Et ■ nication f gS ) ? S'il arrive quelque
pour ce qui est de l'électeur Palatin , procès entre une fille et celui qui lui
de quelle honte né le couvrirait-on a fait un enfant, le pis qu'elle puisse
pas , si l'on faisait voir qu'il a donné craindre est ou'on ne condamne pas
ordre à l'un de ses conseillers de pu- cet homme a lui donner quelque
blier de faux actes de cette nature ? argent (96) : pour des censures , ou
Je sais bien cru'il lui importait qu'ils d'autres peines , elle n'a que faire de
fussent très-légitimes , parce qu'il a les redouter. Les juges se remettent
fait tout son possible pour légitimer de tout cela à son confesseur , à se^
son mariage avec une dame qu'il parens , à son consistoire. Et la co-
avait entretenue du vivant de l'élec- médie n'est-elle pas non -seulement
trice son épouse , ce qui avait été tolorée , mais munie de la protection
cause que cette princesse le quitta , du souverain ? A Paris les acteurs de
et ne voulut plus être sa femme : mais l'Opéra n'ont-ils pas un corps-de*
enfin il avait trop d'honneur, et trop garde tiré des troupes de la maison
de prudence, pour vouloir s'autoriser au roi? Cependant, les prédicateurs
d'un fait supposé , et dont la suppo- cessent-ils de tempêter contre ces
sition aurait pu être prouvée facile- spectacles? Et dès qu'il s'élève 'quel-
ment par les parens de madame l'é- que auteur ecclésiastique qui ose
lectrice (91). écrire en faveur de la comédie , n'est-
(S). . . . Ileûtmieux ualu n'en rien il pas tout aussitôt accablé d'écrits
dire. 2 L'auteur des Pastorales s'est contraires , et contraint de se rétrac-
fort étendu sur la pratique de <juel- ter (97) ? Ainsi un bon moraliste ne
ques états ( gtl ). C*est donner heu à (94) yojet r article Lambekt , dans ce yolw
trois instances ; car 1°. , ses adversai- »««» P«f' «9» remarque (A).
res Co3) n'ont pas manqué de s'en . i^)/9y'^ ^remarque W de Vtirticl^kvxt,
S révaloir , comme si les lois civiles (g6) je ne pake pas de celles qui ont éU en-
es protestans lâchaient trop la bride grossies sous promeste de mariage par MA
à l'homme sur les causes matrimo- *»"««« ^ leureondUiom cetUs^tà ohtiemtM
souvent un arrêt qui condamne t homme a les
/pouser.
(91) Elle /tait de fa maison de Wesse. (97) C'est ce qu'on a vu à Paris , Van 1694 »
(<)') ^oy** ta yi*. lettre du Tablean du So- au sujet tVun livr* en faveur de la comédie, dte-
cÎDianitme , pag, 3o3 et suiv. quel le phrt Françoif r*0*ro pansait pour ^«w-
^93) JU. lit HMttx f Oéfenae daniistoire des teur. roye% le Joarnal da Hamboarg , y^Q^,
Variationa. pag. 94 , 6a , 65.
LUTHER. 567
réglera point ses opinions sur Pusage était le monde , à produire de bons
«lu droit ciyil, quand il s'agira d^ un effets, serait un grand fônds d'illu-
relâchement. sion. Personne ne doute que la pro-^
Qui voudra voir une réponse aussi vidence ne sache choisir les moyen»
l>oane qu'on en pouvait faire à mon- les plus efficaces pour parvenir à seà
sieur Pevéque de Meaux, sur le ma- fins; mais comme les mauvaises qua-
riage du landgrave, fera bien de lire lités des hommes sont plus propres
M. Seckendori (98). en certains temps que leurs vertus A
(T) La manière dont M. Claude l'exécution des décrets de Dieu , ce-
parle de Luther est très-judicieuse. ] serait très-mal rai«onner que de con-
Voici ses paroles : « J'avoue qu'il dure que la violence et l'emporte-
» serait à souhaiter que Luther eût ment sont louables , sous prétexte
» avec ce zèle ardent pour la vérité, ploi de tels instrumçns ; ma^ les^
» avec cette inébranlable fermeté mstruraens pourraient fort bien être
» qu'il a toujours fait paraître,on eût «n très-grand vice. J'ai remarqué ci-
» pû voir en lui plus de retenue et de dessus (100) que le cardinal Palavicin
» modération. Mais ces défauts , a excusé Jules II sur le besoin que^
a» qui viennent le plus souvent du l'église avait alors d'un pape qui fût
» tempérament , n'empêchent pas guerrier. ^
M 'qu'on n'estime les hommes, lorsque (V) , , . Il l'a justifié . . . sur la
y> d'ailleurs on voit en eux un bon dispute at^ec le diable , au sujet des
» fonds de piété , et des vertus tout- messes pnVee*.] Il y k des objections.
» à-fait héroïques , comme on les que les grands controversistes aban-
» voyait reluire en Luther. Car on ne donnent aux disputeurs du plus baS
» laisse pas de louer le zèle de Luci- étage ; mais il y en a d'autres que tous.
» fer , évêque de Cacliari , ni d'ad- les auteurs emploient , grands et pe-
mirer les grandes qualités de saint tits (101) , ceux qui prêchent la con-
Jérôme , encore qu'on reconnaisse troverse sur un théâtre dans les car-
» ment les hommes de ce profond grave. // «y «^owmw eu, dit-il (102),
» assoupissement où ils étaient de- que Luther qui ait osé se uanter, dans
» puis si long-temps. Quoi qu'il en un ouvrage imprimé , qu'il aidait eu
» soit , je veux bien demeurer d'ac- une longue conférence auec le diable;
» cord que Luther devait être plus qu'U avait été convaincu par ses rai-
» retenu dans ses termes : et si Tau- sons que les messes privées étaient m/>,
» teur des Préjugés se fût contenté abus , et que c'était là le motif qui
» de se plaindre de l'âcreté de son r avait porté à les abolir. Mqis le sens
» style , on se fût aussi contenté , commun a toujours fait conclure à
» pour toute réponse, de le prier tous les autres... aue c'était un excès
» que désormais il n'imitât plus lui- d'extravagance de prendre le démon.
» même ce qu'il condamnait en au- pour maître de la t'frUé: et de s en
» trui (go). » Tout cela est beau et i^ndre disciple. M. Claude répondit
solide. Je remarquerai seulement ^ ^ ^ „ . , , , .r «-rrr
qu'une méthode générale de justifier ^;;<'J^^^^:7i^^^^^^ '^'^' ""'"^
les gens , par la raison que leurs qua- *- .. ^^ ^^^^ appliquer ici ta pens/e de Ju-
lités étaient fort propres , vu l'état ou y/„ai .
Exspectes eademi summo minimoque poëtâ.
(q8) Histor. LotheraD., lib. III, nuru 79, , « ^. , , , • • '^f*' f» *^/V. .
(oq) CltoAe , Défense de I. Réfomulion, /f. chap. II .pag. 17 , r'^J'. î** ««f'^^fl J^»'
«aiïr. chap. V, png. 33. , edit. dé HoUande , // «le Lulber , tom, 6. Vide Ho^pm. , p«rt. «II.
,„.,,. lol.i3i.
568 LUTHER.
très-bien i cett« objection (io3). Ce et responsio ahsoluUur, Sensi equi-
fut l'un des quatre endroits de son dem et probe expertus sum^ quamoh
lirre auxquels les jansénistes repli- causam illud nonnunquhm ei^enin
puèrent dans un ouvraee qui a pour soUat , ut sub auroram quidam mor-
litre : Réfutation de la liéponse d'un tui in stratissuis infeniantur. Corpus
ministre luthérien sur la Conférence illeperimere ueljugularepotest : iVec
de Luther auec le diable , et ils ne id modo y verUm et animant disputa-
manquérent point d'insérer cette par- tionibus suis ita urgere, et in angus-
tie de leur réplique dans la seconde tum coarctare nouit , ut in momenio
édition des Préjugés (io4)' Pour voir quoque illi excedendum sit , quo sanè
une réponse complète à cette obiec- me quoque non semel taniiim non
lion , on n'a qu'a lire l'écrit dont perpulit .... Credo equidem quod
l'extrait a été donné dans les Nouvel- Emserus et Oecolampauius , aluque
les de la République des Lettres , au horum similes , istiusmodi ignitis Sa-
mois de janvier 1687. Cet écrit (io5) tance telis et hastis confossi subitaned
est i^ne forte réfutation d'un petit morte perierint, JYemo enim morta-
livre de l'abbé de Cordemoi. AI. de lium citrh singulare Dei auxiUum ac
Meaux (106) n'oublia ])oint ce repro- robur illas sustinereetperferre potest.
che contre Luther; mai s voyez ce que Jucundum equidem sese disputando
M. Basnage lui a répondu (107). prabety scilicet, Brevibus enim Iran"
Les avantages que les controversis- sigit omnia , nec dià moras nectit ,
tes romains prétendent tirer de là siquidem uirum solitarium domi suœ
sont sans doute imaginaires j mais il inuenerit (log). Joignez à ceci ces pa-
n'y a nulle apparence qu'on puisse rôles du VII". tome de Luther, au
prendre pour* u/ic c*;ièc« défigure, feuillet aSo de l'édition de Wittem-
OM de parabole , ce récit de Martin berg. Urget^ ( Satan ) in immehsum
Luther , comme M. Claude l'a préten- cQrda , nec desinit nisi repulsus verbo
du: car Luther avoue en plusieurs Dei: et ego plané persuasus sum,
endroits de ses ouvrages , qu'il sait Empserum et Oecolampadium et si-
très-bien de quelle manière le diable miles , hts ictibus horribilibus et quas-
dispute , et que cela lui a fait passer sationibus subito extinctos esse ; nec
de mauvaises nuits. Multas noctes enim humanum cor horrendum hune
mihi satis amarulentas et acerbas et ineffabilem impetum^ nisi Deus
reddere ille nouit (108). Il dispute , ilUadsit , perferre potest ^ etc. Voyez
dît-il, avec tant de force, qu'on en la seconde édition des Préjugés de
meurt subitement. 11 croit que ce M. NicoUe a la page 366. On prétend
malheur arriva à Oecolampade et à que Luther a dit que si les sacramen-
Emsérus.Le seul agrément, selon lui, taires n'entendent pas l'Écriture ,
qui se rencontre dans ces disputes , c'est parce qu'ils ne disputent pas
est que le diable les expédie promp- avec le diable , le meilleur opposant
tement , et ne les laisse pas tratner que l'on puisse rencontrer j et qu'à
long-temps , lorsqu'il trouve un hom- moins que de le porter pendu au coa,
me solitaire dans sa maison. /)/a6o/z^5 comme il a fait, on ne saurait être
sua argumenta fi>rtiter figere et ur^ qu'un théologien spéculatif. Quhd
gère notait. F'oce quoque graui et fiirti sacramentarii ( inquit Lutherus) 5a-
utitur. Nec longis et multis médita- cram scTipturam nonintelligunt, hœc
tionibus disputationes ejusmodi tran- causa est ; quia verum opponentem ,
siguntur, sed momento uno et quœstio nempè diàbolum , non habent , gui
demiim benè docere eos solet. Subdit :
(io3) CUnde, Défense de la Riformation //• quandb diabolum ejusmodi collo non
''*?'• >^*'^'î''•/'l^i• Afl "/":'•; , > / nabemus ajfixum , niUl nUi spécula-
( 10 A) C est celle de iw^* Le ti(re porte ûu'el- ^' • ^r t • / \ •*r^
ie a & imprimée h Bruxelles , chezEug.Hen- «*^* theologi sumus (lio) Ego
ty Prix. diabolum intiis et in cute noui , quip^
(io5) M. Seckeodorf «n est l'auteur. Voye%
risdice des dix premiers tomes du Joarnal de (109) Lniberns , de Missi prÎTatâ, tom. VI ^
Leipaic, et le FUI*, tome^ pag. "o. Jon. fol. 81, apud Hoipimanam , Bist. Sacra-
C106) Histoire dea Variât., /x>. ly^ num. 17. ment. , part, f/, folio aao, edil. i€Bi.
(107) Baaaare, Biatoire dea Eglises réformées, (ixo) Fito-Simoa, in Britannomacbii Hinis»
tom. /, p»g' 43x et suiv. tror. , pag, go. // cite Lulb. , in CoUoqoiis h-
(108) Y^uiher, ubi infràf apu4 Hospinian. , Irb d«Ve^bo Pei,fol. a3 inCoUoq. Francoforl,
ubi in/rh. fol* 18.
\
\
LUTHER. 569
; quocum plus uno salis modio co- » Vasti ». M. de Meaux s^exprime
eaerim (ni) > . . . Diaholus multb ainsi en un autre endroit : Luther
'ec[u€nUiis et propiîis mihi in lecto s'était expliqué contre les uœuji mo-
zcubare solet , seu condormit , quam nastiques d'une manière terrible, jus-
ea Catharina.Mecumindormitorio qu'a dire de celui de la continence
eambularè solet .... Ego diabolum {fermez uos oreilles , âmes chastes )
yllo TTteo affixum, habui (lia). Je qu' il était aussi peu possible de l'ac-
3nclus que M. Clande ne devait avoir complir , que de se dépouiller de son
acuTL soupçon que cette dispute de sexe (*). La pudeur serait offensée ,
.uther fût une espèce de parabole, si je répétais les paroles dont il se
Il a repoussé une autre objection sert en plusieurs endroits sur ce sujet.
Le V auteur des Préjugés, fonde'e sur et à uoir comment il s'explique de
;e qu^il semble que Luther ait animé l'impossibilité de la continence : je ne
es sectateurs au carnage, M. Nicolle sais pour moi ce que det^iendra cette
>Vn. accuse ^ mais M. Claude Peu jus- uie qu'il dit avoir menée sans reproche
ifie. Je croyais qu^il eût repoussé durant tout le temps de son célibat ,
encore une attaque : c^est celle qu'on et jusqu'à l'âge de quarante-cinq ans
[onde sur les fameuses paroles, si nolit (ii4)* ^^ Paccuse d avoir prêché que
uxor , i^eniat ancilla ; mais ayant c'est un bonheur , s'il se trouve dans
parcouru à la hâte sa Défense de la une ville cinq filles et autant d'hom-
Kéionnation, et le livre des Préjugés, mes qui conservent leur chasteté
je ne suis point tombé sur aucun en- jusqu'à l'âge de vingt ans, et que ce
droit qui se rapporte à cela. M. de serait surpasser la pureté des siècles
Meaux n'a point oublié ce reproche apostoliques , et des siècles des mar-
des missionnaires. Voici ses paroles tyrs ; et qu'un homme qui se passe de
(ii3) : <K J'ai toujours craint de parler femme ne s'élève. pas moins au-des-
» de ces inévitables nécessités qu'il sus de la nature , que s'il peut vivre
» reconnaissait dans l'union des deux sans rien manger (11 5). Voilà des
» sexes , et du sermon scandaleux choses qu'il ne taut point entrepren-
» qu'il avait fait à Wittemberg sur le dre dfe justifier : ce sotlt des excès ,
» mariage : mais puisque la suite de ce son( des premiers mouV^mens ,
» cette histoire m'a une fois fait rom- dont Luther revint sans doute avant
» pre une barrière que la pudeur sa mort. Que peut-on dire de plus
» m'avait imposée , je ne puis plus satirique contre les lois canoniques
» dissimuler ce qui se trouve bien et les lois civiles , qui ne forcent pas
» imprimé dans les œuvres de Luther, les gens à se marier , et qui leur or-
» Il est donc vraique,dans un sermon donnent de n'épouser qu'une femme ?
» qu'ilfitàWittemberffpourlaréfor- Ces principes de Luther sont incom-,
» mation du mariage,il ûe rougit pas patibles avec la monogamie. Je ne don-
» de prononcer ces infâmes et scanda- te point que ces saillies fougueuses
>» leuses paroles : (*) Si elles sont si de son zèle contre les vœux monasti-
» opiniâtres , il parle des femmes , il ques n'aient donné lieu à l'accusation
» est à propos que leurs maris leur aue l'on forma contre lui. George ,
^ disent : Si uous ne le voulez pas, une auc de Saxe , se plaignit que jamais
» autre le voudra : si la maîtresse ne on n'avait vu autant d'adultères , que
» veut pas venir, que la servante ap- depuis que Luther avait enseigné
» proche Il faut pourtant aupa- qu i|ne femme qui ne concevait pas
» ravant que le mari amène sa femme de son mari devait s'adresser à un
» devant l'église, et qu'il l'admoneste
» deux ou trois fois : après répudiez- (*) ^p» «<* ^olf. , tom. Vlt^ fol. 5o5, etc.
» la , et prenez Esther au lieu de /"4) ^- de Meaux, Hist. des Variau , Ub,
(in) /dem. Fitï-Simon , iWrf. , pag, 353. H (j"?>. ^*"* î«"». repubUcd agi , si in aliqud
ciie tm.eru» et Codeu. , de Luth. Conc. Dom. ""'^ "♦"*«'* •"/ 7».«'W«« virgines et quinquema-
— ' ■ - — - res annum vigesimum. easU aUtgennl; nlqwe
CoUoqn
omninà eomederet vel biberel. Luther., Serm.
PO» 3? ** ** Variai., Itv. VI, num. 11, de iribus Regibua , pa^. 198. CoUnariœ , ann.
in^'v *^'^» "''"*' FiUrSimon , in Britaan. Miniatr. ,
\}T.^, Strm. de matrim. , fol. taS, pag. i55.
570 LUTHER.
autre homme; et que si elle deTenait sisset , Leius et «anus , et feicetua
crosse , il fallait que son mari nourrit omnes ad risum prorocâsset , elA^i»
reofant : bien entendu qu^un mari nocte mortuus est. Qmdam eo inaffu,-
donl la femme ëtait stérile devait se dentiœ progrediuntur , ut eom à
servir du même droit. Ce fut à Luther codœmone sublatum fuisse a
même que ce prince fît ce reproche nientur. Ita Guilielmus Bess^ms ,
(i i6) dans une lettre qu^il lui écrivit jesuita gallus , in Concept. Tlàcol.
Fan i5a6. Quando tàm luunerosa Sabbath. post cineres , p. loa , ^
perpetrata sunt aduUeria quant pos- morte Luvieri dissent : Lutherasl>ettK.
teà aukm tu scribere non dubitdsti : si potns , et cibis distentas , absqi»
mulierè t^iro suo concipere nequeat y ullo jpietatis signo cubitum sececlen>
ut ad alium. se transférât a auo pos- apud inferos pernoctavit. Und^ «t
sitfœcundariy et maritus prolem indè Costerus in uenenato suo carminc d^
natam alere teneatur : Itidem/fue vir morte JLutheri ita canit :
facial (117}. Ceùt été renchérir sur UfelunalToamnuimdiffadit ARIUS,
Lycurftue. Hoaciequemnimio, T*iie Latfacre, «acr»,
(X) On a débité une infinité de His omnibus poll^cem premit FaSû^
fables sur la mort de Luther.] Quel- nus Justinianus, qui in Comment, in
ques^uns ont dit qu^il mourut de cap. VI Tobiœ ita scribit : Ipsum met
mort subite , d^autres qu^il se tua Lutherum subitaneâ et impro-visâ
lui-même , d*autres que le diable morte à suo cacod^emone sublatam ,
Fétrangla, d^autres que son cadavre peremtumqueplurimicensent, quod
était si puant, quW tut contraint de Tocati ad eum medici morbnm vel
le laisser en chemin. Ce ne sont pas ignorare sefaterentur, yel apoplexiam
des gens sans nom qui débitent ces ungerent.... Extat historia de morto
calomnies : ce sont des écrivains fort Lutheri h idris fide digms , qui Jtpsi
célèbres ; et cela fait honte à tout le agonizanti adstiterunt y descripta »v-
corps du papisme ; car on ne devrait delicet à Justo Jond , Michaële Ccb*
point permettre que de telles fables lio , Johan. jiurifabro f^inariensi ,
lussent imprimées ; les censeui^ des quicoram Deoetin conspectu Christ*
livres las devraient rayer , 4 ™^^°' testantur , quod sanctâjide et bond
qu'ils ne les vissent prouvées juridi- co'nscieniid historiam obitds Lutheri
quement. On va voir quels sont les référant quœhabetur tom. 8. Jenens.
auteurs qui ont publié ces imperti- Germ. quam fideat lector t^ritatis
nences. Pontificii. . . . asserunt mor* amans , ^que addat B. M. Johan,
tem Lutheri fuisse malam et infeli- MattJhesii concionem XIV de Vitâ Lu-
cem, sed de mortis génère non unam theri. Sleidan. 1. 16. Comment, imà
eandemque fowent sententiam. Qui- ipsum Jacob, August. Thuanum
dam contendunt , Lutherum sibi ipsi Historicum Pontificium 1. 9. Hist. p.
violentas manus intulisse, ita Luthero 3o. Quœ omnia pontificiorum men-
«t(/To^fti0idtT tribuit Thomas Bozius de dacia de morte Lutheri effusa,faciU
Signis KcclesisB T. a. lib. aS. c. 8. negotio dissipare , et injugulum ca-
Quem locum etiam adducit Cornélius lumniantium redigere possunt ....
a Lapide , qui ad cap. II. post Epist. Mortuo Luthero nondiim quiescunt
Pétri scribit : Lutherum cùm vespere pontificii , sed denubjluctus irarum
lauté cœnâsset , noctu desperatione suarum etfomunt , et cœno calumnia
et furiis dsmonum actum sibi injec- post mortemipsius corpus adspergunU
to laqueo necem intulisse, asseruit Fahulantur enim corpus eUcti Dei
ejus famulus posteà ad orthodoxam or^am , ob intolerabilem fœtorem in
fidem conversus. Quidam calum- itinere fuisse relictum (118). Il v <
niantur , Lutherum morte repentinâ e« des gens qui ont publié que Luther
obiisse. Ita Bellarminus 1. 4* de Êc- mourut comme Arius. Voici les pa-
cles. c. 17. § Lutherus , ex Cochlœo rôles de Simon Fontaine (119): Quel-
de yitâ Lutheri hœc adducit : Luthe- ques catholiques qui ont pu sauoir au
rus morte repentinâ s ubla tus est. Nam yrai comme il en est allé , ont érrii
cùm vespere opiparam cœnam sum- que se leuant pour secourir nature ,
{\\Ç) Malfondé. Voye% Seckendorf , Histor. . (iiS) Joh. Adsmns 0»iand«r, in TnctaM
Lnth. , lih. 11^ pag. 39. Theolofilco de Magiâ, pag. 171 <•< s^.
(117) Sariui, Comment, f pag. m. ig5. ("9) Il**t. Caiboliqpe, liv. XVlItfol. sSo.
LUTHER. 571
wnort. Le père Maimbourg a mort. 1 0n publia un écrit à Naples et
é à tous ces sots contes ; mais en d'^autres lieux , duquel voici la
s'*est: trompé sur un fait insigne, substance. Luther , dangereusement
/^/ccZ^urde Saxe, dit-il (1^0) , Jît malade, désira de cojnmunier , et
"o.rx.sj^oTter son corps at^ec une pompe mourut dès qu'il eut reç/i le viatique.
-^s—TWM^^^mJique a ^f^ittemberg , où il II demanda en mourant que son corps
u £ _yî* 3resser un tombeau de marbre fût mis sur l'autel afin d'y être adoré ;
Icmc dtvironné des statues des douze mais cette demande fut négligée, on
pStrc-^ , comme s'il eût été le treiziè' l'enterra. 11 s'éleva une si furieuse
^c à l'égard de V Allemagne, M. tempête lorsqu'on l'enterrait , qu'il
eck^eTudorf a fait voir que ce tombeau semblait que la fin du monde fût à
tces statues sont des chimères (i ai), la porte. La terreur fut universelle.
Je m'en vais rapporter le vieux Ceux qui levèrent les yeux vers le
gaulois d'un théologien de Paris , qui ciel s'aperçurent que l'hostie que le
'eprocha aux luthériens qu'ils avaient défunt avait osé prendre était s us-
igi coxitre leurs principes. Ils avoient pendue en l'air : on la recueillit avec
:oM^o««rs rcpm, dit-il (12a), /a joom- beaucoup de vénération, et on la
9e d& laquelle usent les catholiques remit dans un lieu sacré , et la tem-
entiers les chrestiens morts, pour leur pête finit : elle revint la nuit suivante
fcLin& le dernier honneur de sépulture, avec encore plus de fureur , et rem-
hlasmant les sermons qui s'y disent a plit d'effroi toute la ville. Le lende-
VhorE.neur du defunct ; et qu'il ualloit main le sépulcre de Luther fut ouvert,
micTAoc eslargir pitoyablement aux on le trouva vide , et il en sortait une
paiAt^res ce qu'il sefrayoit en cette odeur soufrée que personne ne pou-
pompe et hxtnneur funeral, F'inable' vait souffrir. Les assistans en furent
ment , que c estait tout un, et aussi malades , et plusieurs d'entr'eux se
chnestien , estre enterré en un fumier repentirent, et rentrèrent dans le
et sans lumière , comme d' estre mis giron de l'éclise catholique ( ia3).
en sépulture en terre saincte awec cest Cet imprimé était en langue italienne,
apparat. Si ce qu'ils disoient aupara- et l'on y marqua avec des airs de
vant est uray , pourquoy ont ils 0sé triomphe , qu'il contenait un miracle
de pompe si frayable et coustable , en l'honneur de Jésus-Christ , pour
pour 'mettre en pourriture leur Lu- la terreur des méchans et pour la
ther ? Que n* ont-ils donné aux pau- consolation des gens de bien ; et
i^res cest argent , qu'il a conuenu qu'on avait su cet événement par des
despendre pour le conduire d'Islebe lettres dte l'ambassadeur de Trance
a W'ittemberg? Ce que r^a pas esté (i24)- Luther ayant lu cette relation,
faict pour un petit denier. Que ne le 21 de mars i545, la fit imprimer,
Vont-ils enterré dans un fumier ,'oiL et , y joignit une apostille. Quelques
il eust aussi bien pourry , qu'a Wit-* catholiques romains , confus de cette
temberg ? Somme si ceste révérence imposture , voulurent en éviter l'in-
est uituperable par la Saincte Escri- famie par une autre fraude. Ils tâché-
nent pas toujours garde qu'il y a preuves très-authentiques du cou-
certains abus contre lesquels il ne traire. Fuerunt ex adt^ersd parte ,
faut rien dire, de peur de se con- quos proterui figmenti puduit , et ideh
damner soi-même par avance ; car ce inventorem ejus ipsum Lutherum sub^
sont des choses où l'on retombe
promptement; 58^"^> Seckeodorf, Hiit. Laib. tib, ///, pa^.
(Y) . . . L'on n'aidait pas attendu a (',,4) Nota forte hine a$t immanis nia d*
mentir sur cette matière, qu'il fût ejua obitufabùia^quœ\ovc^ yuUhXx.toX. ^\S
et »&{. Ungud iialicd ^ 9t in Germanicam V9rsa ^
(i 30) Maimboarg , Histoire daLntbirtnisme, Ugiiur, Serihunt aulem ^ eum magnd quidem
U». IJl^ tom. /, pag. 3oi , 3oa , édition de Bol- exultaiione et gratulatione Uinquhm de mira'
lande. eulo à Dco , in hooorem Ghrîsti , terrorem ma-
(xïi^ Seckendorf , Hist. Lather. , lib, III^ lorum, et soUtium boaorum , u( im^^i'è nugan<iir,
pag. 045. edito, ex legati régis Gallite litteris innotuiue^
fiai) Simon Fontaine, Hial. catbol. , /tV. quod "Luthtrus perieuloeè agrotant^ ete- Ste-
Xy If ^ folio aSa. Icodorf , Hi»t. Luth. lib. III, pog. 58o, col. i.
571 LUTHER.
efectorem Saxoniœ d, \i mart* au- tort. Vojez ci-dessus (i3o) le mâroe
etiam aJjttnxit, accepisse , ex auihus de cette nouvelle (i3x). Apprenoa»
percipUiir typis excusam scnedam d^ici que c'est une charge oien pt-
Ulam NeapoU et muUis aliis locis santé que de rëfuter un nomme sut
yuûje(i 35). Quel scandale pour ceux des matières de fait j car il en faot
(^ui savent de quoi il se faut scanda- savoir un nombre presque infini , a
liser , que d^apprendre de telles Ton veut combattre sûrement une af-
suites du faux zèle de religion ! formation ou une dénégation, de son
(Z) J'ai parié amplement ailleurs adversaire.
. -^.^«^^ j^ T .,*i.^~ 1 r^^^i X Ai,^ /AA\ r\..> — — — #_ moine ait pu
un si rude
combien âe
tine à relever une faute du célèbre peuples ne porta-t-il point en très-
Joseph Hall, ëvéque d'Excester. Il dit peu de temps à se séparer de la com-
Îu'un malicieux apostatC*"' ) assure que m union romsline ? Cela fut represenle
,uther avait été le jour précédent sur une tapisserie fort heureusement,
moine, le jour suivant promis, le len- quoique d'une façon un peu burles-
demain mari , et le jour d'après père que. Lisez ce passage ^ il est tir^
(ii6). Mon détecteur (la^), continue a'une lettre de Costar : La dernière
Joseph Hall, maintient ce dernier par fois que le roi fut a Chdlons , on ten-
le témoignage d'Erasme (^') , lequel dit dans sa chambre une tapissent
en une sienne épître a son ami Daniel fort riche qui venait de la feue reine
Mauchius de IJlm , décrit la même de Navarre, oii étaient représentés
histoire en plus de mots. Lecteur, je Luther et Calvin qui donnaient u7g
te prie de voir ïout ce gros volume des lavement au pape , dont le bon prince
Epîtres d'Érasme, Refut. p. a8, 39, était tellement ému qu^on le voyait
et s'il ne s'y trouve point de tel per- ailleurs travaillé d'un grand dét^oie-
sonna ge (comme en effet il n'y en a ment par haut et par bas , se purger
point ) ni de telle épître , juge que de quantité de royaumes et de souve-
c'est que l'on peut juger delà fidélité rainetés de Danemarck, de Suède,
de ces gens-la. On a tort de critiquer du duché de Saxe , etc. Wiçlef, Jean
celâi qui a cité le témoignage d'Eras- Hus et plusieurs autres avaient entre-
me: on ne l'eût point critiqué, si l'on pris la même chose, et n'y avaient
eût su ce qui se trouve dans la page pu réussir. Ce^t, dira-t-on , à cause
a;8 des Annales de Chytrœus. Sous qu'ils ne furent pas favorisés du con-
y trouvons que les adversaires de Lu- cours des circonstances : ils n'avaient
thor alléguaient une certaine lettre pas moins d'habileté, ni moins de
d'Érasme (128) non imprimée, où il mérite que Luther; mais ils en trepri-
était parlé du trop prompt accouche- rent la guérison de la maladie avant
ment de la femme de Luther (139). la crise, et pour ainsi dire dans le
Ainsi Joseph Hall ne devait pas faire croissant de la lune. Luther, au con-
fond sur ce qu'une telle lettre ne pa^ traire , l'attaqua dans un temps cri-
(i25)Seclendorf, Hiat. Liitber. , lib, III, tique, lorsqu elle était parvenue au
coi. 9. comble, lorsqu'elle ne pouvait plus
(*« ) Justus Baronius , précédemment nommé empirer , et qu'il fallait, selon le cours
*^'(«6rJo.epb H.U.. Apologie po»r l'hoiineor àe la nature , qu'elle cessât ou qu'eUc
du mariege des pe»onnea ecclé«ieatiqaea, p. 48. diminuât; Car dés que les choses SOnt
(12':) C'esl-à dire celui qui avait /cril contre parvenues au pluS haut point où
''T*'^) ro«. a. Lat. CoUoq. Tit. de morbis ^Ues puissent monter , c'est l'ordi-
Zulheri.
(laS) yojret Scclcndorf , Hiat. Luth. lib. II, (i3o) Ko/m la remarque (L) de Vartiele
ftag. 18. BoRB, tpm. III , pag. S'il.
(lap) Voye% èi~ifestu.r la citation (aa) de (>3i) Ci-dessut , citation {xi) de tarti^U
Variicle ^o%%,lom. III , pag. 566. Dois , tom. III % pttg. 566.
LUÏHEH* 573
i^Te qu^elles commencent à descen- Le doctenr Simon Fontaine $e plaint
(i3q)* U sema en pleine lune, que par occasion Erasme a fait plus
â guërison , parce qu'on les applique (BB) H y a àés gens qui attribuent a
-Harles-Quint fut fatale dans cette cette profane pense'e , qu'il impute à
LflTaire. Je répondrai que cela n^em- une maligne constellation, non-seule-
pêche point qu'il n'ait fallu des dons ment ce qui arriva en Allemagne par
îminens pour produire la reVolu- le moyen de Luther, mais aussi la
lIoti que Martin Luthef a produite, conversion des Indiens dans l'Orient
Voici une excellente pensée de Fra- et dans l'Occident; et lorsqu'il songe
Paolo (i33) : « S'il y eut quelque que lafoi des peuples changea presque
» chose dans rétablissement de cette en même temps aux quatre parties de
» nouveauté (i34) » qui causa du la terre, les uns ayant embrassé le ma-
K scandale, comme je le raconterai, hométisme, les autres le christianis-
» il se voit néanmoins que les prédé- me , les autres le luthéranisme , il ne
» cesseurs de Léon avaiefet fait plu- saurait croire que les influences des
M sieurs concessions pareilles, par astres n'aient opéré cela par des quali-
» des motifs encore moins honnêtes, tés occultes et pernicieuses. iVecmu/£o
» et avaient porté plus loin leur ava- post exarsit in Germanid, dit-il (137),
» rice et leurs extorsions. Mais sou- authore Luthero dira hceresis , quœ
» vent il échappe de belles occasions populis j ut in Perside acciderat , ad
» de faire de grandes choses, faute insaniam Persis , christiani dogmatis
M de gens qui les connaissent (*) , ou plactta , et ueteres sacrorum ritus ue-
» qui savent s'en servir. Outre que , nementissimè conturbaPit, Ita ut fa-
» pour l'exécution , il faut attendre cilè crediderim ab occulta cœli potes-
» le temps que Dieu a destiné pour tate , malignoque syderum concursu
» punir les fautes et les déréglemens prouenisse , ut religiones toto terra-
» des hommes. Et tout cela se ren- rumorbeenatisfactionibus, uno tem-
i> contra sous le pontificat de Léon , pore scinderentur , quando non ma-
M de qui nous parlons maintenant. » nometani modo chrisiianique , sed et
Il faut avoiter que plusieurs choses remotissimœ gentes idololatrœ , aut
favorisèrent Luther : les belles-lettres sjrdera aut portenta pro Diis uene-
levaient la tête parmi les laïques, rantes, ciim in Indid quœ ad Orien-
pendant que les gens d'église ne vou- tem uergit , tiim in nowo orbe ad Oc-
làient pomt renoncer à la barbarie , ciduam plagam reperto, novas sacro-
et persécutaient les savans, et scan- rum opiniones induerint. Florimond
daiisaient tout le monde par une im- de Rémond semble applaudir à cette
pudicité effrénée. Voyez la note (i35). pensée ; il la rapporte en français, et
On a eu raison de dire qu'Érasme , se plaint d'un traducteur protestant
par ses railleries , prépara les voies k aui avait passé sous silence cet en-
Luther; il fut son saint Jean-Baptiste, aroit-là. « Presque en même temps ,
(i3a) Invida fatorwn séries, summisque ne- »' «^j* le Jove , qu'Ismaèl occupa l'em-
gatum » pire des Perses et changea la reli-
SlarediU.nimioque graves sub pondère lap' ,, gion , la bigarrant d'une nouvelle
NecseiZlferens : » Superstition mahométane, s'éleva
LucanuB, lib. I*'.,vs. 71. » en Allemagne sous 1 autorité de Lu-
(i33) Fm-Pflolo , Hist. da Concile de Trente, » ther, cette monstrueuse hérésie, la-
de u HouM?i.^ ' "'*"* ^ «r«d««rie» d'Ameiot ^ ^^^^^ ^^^l^t anéantir la religion
{ii^)Cest~à^diredes indulgences de L/onX.
(*) Opportnnos magnU conatibiu transitai (i36) Simon Fontaine, docteur en théologie
renim, dtt Tacite , Hist. i. à P^ris , Histoire Catliolique de notre temps ,
{xlS) Joigne* h ceci les fautes que fil le pa» Uv. Vll^fo'
pisme dans cette conjoncture» J'en parlerai (iB^) io\
dans la dernière remarque. 3 3g verso.
(i35j Joigne» à ceci les fautes que fil le pa- '«•'• VU', folio 91, édit. de Paris^ i56a.
pisme dans cette conjoncture» J'en parlerai (iB^) Joriusi Histor. lib. XIII, folio m»
5:4 LUTHER.
If catholique , et tout ce que Tanti- riim sano sù^ qui non sic insanit, My-
» qnitë avait reçu , comme avaient sterium theologia erat ^facta est po-
» bit en Perse les peuples enragés et pulare oblectainentum. ïl prétend que
j» obstinés en leurs nouvelles foues et Vâmeest sujette, toutcomme le corps,
n superstitions. Au moyen de quoi , à certaines maladies qui reviennent
» dit-il , je reconnais volontiers par de temps en temps ^ et u met au nom-
» une secrète puissance du ciel , et bre de ces maladies de Tâme , IVspht
» par la maligne influence des astres, de dispute et de changement de re-
>i qu^en même temps toutes les reli- ligion qui régnait en ce temps-lâ. U
u gions, par tout runivers,commen- rapporte un passage de Nicepfaore
» cérent à changer de face et de vi- Grégoras, qui contient la description
» sage, vu que non-seulement les d'un état semblable. Tout retentis-
» mahométans , mais aussi les chré- sait de disputes de théologie , ceux
» tiens , voire les nations idolâtres mêmes qui ne savaient ni comment
M les plus éloignées de nous , adorant il fallait croire , ni ce quUls prête n-
» les idoles, et en Flnde orientale , daient croire, ne parlaient que de
» et au Nouveau-Monde découvert théologie dans les places et dans les
» depuis peu de temps vers Pocci- théâtres. « (i4i) V'is imaginem cla-
>» dent , avaient coulé cl glissé en » ram horum temporum f JYicephon
» nouvelles religions et opinions. » Gregorœ^ ista tege : (*) Apud nos
» Cest ce que dit le Jove latin. Mais » etiam dpi4cibus e0usa sunt arcaoa
» en sa traduction française est re- » theologiae , atque ita omnes inhiant
» marqnable la bonne foi réformée v ratiocinatiunculis et sermonibu^
» et la conscience religieuse de son » syllogisticis , ut herbae et pascuis
M traducteur, lequel passe par-dessus » armenta. Et illi , qui de rectâ fide
» tout cequele Jovedit de ce change- » ambigui sunt , et qui nec quomodo
» ment de religions, et de cette mons- >' credendum sit sciunt, nec quid sit
» trueuse hérésie luthérienne née en » illud quod credere se dicunt ^ illi ,
39 Saxe : cela lui faisait mal au cœur. » inquam , et fora et portions et thea-
» Avec quelle fidélité manient-ils les » tra omnia theologia compleve-
» saints et sacrés livres , puisqu'ils runt. » Sans recourir aux constella-
» tronquent ainsi sans front et sans tions,rasile ordinaire de l'ignorance,
» honte les historiens qui ne font que on eût pu trouver sur la terre les
» naître , pour faire perdre un seul causes secondes dont Dieu se servit
» mot qui touche Luther (i 38) ?» On pour le changement ^ui arriva en
ne saurait approuver la délicatesse Allemagne au XVI®. siècle,
de semblables traducteurs. S'il y a du (CC) // r^est pas urai.,. que son en-
zèle dans leur conduite , c'est un zèle treprise ait inspiré le mépris de lare
'indignation
que Lipse attribuait aussi aux astres nèrent par la profession de l'hérésie ,
le penchant du XVI*. siècle vers les il aurait parlé selon l'esprit de ses
disputes de religion (iSg). Fatahs préjugés, on le lui pardonnerait;
ista est ingeniorum scabieSjUt omnes mais ce n^est point là le mal qu'if
disputare malint, quam vii^ere (i4o)... déplore. Écoutons -le. Cependant ,
Ita loquory quia welut à cœlo et , ut dit-il (14^) > «m H^^ ^e nous repré-
dixerim, astro aliquo est hœcpestis, senter ici les saillies de ce furieux
Atque ut corporum quidam morbi esprit de Luther, l'insolence duquel
cerlis temporibus interveniunt , sic a même déplu aux cali^inistes , le
nunc iste animorum. f^iri , fœminœ , sieur du Piessis devait méditer thor-
senes , pueri, questiunculis ludunt et reurde son crime , et se représenter
lasciwiunt s eoque pentum , ut pro pa- devant les yeux la grande perte des
dmes dont il est coupable devant
(i38) Florim. d« R«m<mil., Hist. demirésie,
IiV. /*'., chap. IV y pag. m. 34* (i4i) Lipsiai, advercns Dialogistam , pag, 3io
(i3<)) Lipcina, Civil. Doctrine, lih. IV ^ cap. Oper loin, IV.
m, 'pag. m. 65 Oper. tom. IV. (•) Hùlor. Ub. XI.
<i4o) Idem^ adTeniis DialogisUm « pag. 3>o (i^a>Coêfieieaa, BépooM au Myalère d'Ini-
ejusd. tomi. < q^ité , pag. \t'i'j.
LUTHER. 575
SU et det^ant ses anges, pour auoir aura pris. UantipërisUse . que les
autear tieUoutes les disputes qui nouTeaux physiciens ont oannie de
sont élevées en la chrétienté. Dieu la nature , a lieu dans la religion. Le
lit ordonné en l'ancienne, loi (^) , zèle se ralentit quand on n^est pas ob-
? s'il arrivait que quelques-uns serve et environné d'une autre secte,
ant débat les uns contre les autres et se rallume quand on Test. Appli-
.ppassent une femme enceinte , de quons ici les vers qui ont été faits
te qu'Us étouffassent son fruit , sur Ménelas (14^)9 ^^ disons que
ir fie irait pour la (^ie de l'enfant. Coé'ffeteau a pris le change ; il a pris
; donc qu'ordonnera sa diuine jus^ pour une chose effective ce qui de-
e , contre ceux qui par leur ambi- vrait arriver en cas que les hommes
n et par les disputes qu'ils ont ex- raisonnassent d^une certaine manière.
ées en l'église, ont fait mourir tant (DD) J'ai trouvé fort étrange que
millions d'âmes , qui se sont rebw- le cardinal du Perron ait osé dire
es de la i^ligion chétienne, t^oyant que Luther croyait la mortalité de
ux qui s'en disent les ministres si l'âme.'] Voici en quels termes il l'as-
al d'accprd des principaux points surait (i44) • " Luther niait l'immor-
i saint JEuangile ? On peut assurer » talité de Tâme , et disait qu'elle
ue le nombre des esprits tièdes , » mourait aVec le corps , et que Dieu
idifierens , dégoûtés du christianis- » ressuscitait par après l'un et l'au-
le, diminua beaucoup plus qu'il m tre, si bien que selon son opinion
'augmenta, par les troubles qui agi- » nul ne jouissait de la présence vi-
îrent l'Europe à l'occasion de Luther. » sible de Dieu ^ et de là il tire un
hacun prit parti avec chaleur 5 les » argument contre la prière des
tns demeurèrent dans la communion » saints , pour montrer que les saints
omaine, les autres embrassèrent la » n'entendent point nos prières. L'é-
)rotestante ; les premiers conçurent » glise croit que les âmes des saints
Mur leur communion plus de zèle » et des bienheureux jouissent de la
{u'ils n'en avaient, les autres furent » présence de Dieu aussitôt qu'ils
:out de feu pour leur nouvelle créan- » sont morts ; et Luther , entre les
se. On ne saurait montrer ces per- » impiétés de l'église romaine , il y
ionnes qui,* au dire de Coeffeteau , » met celle-là, qu'elle croit l'immor-
rejetaient le christianisme à la vue » talité de l'âme. » Vous voyez qu'on
de tant de disputes. S'il avait dit que ne lui attribue point d'avoir rejeté
les divisions des chrétiens , et la con- absolument les peines et les récom-
àuite qu'ils tiennent les uns contre penses de l'autre vie , mais seulement
les autres après avoir formé plusieurs de les avoir renvoyées après la résur-
sectes , sont très-propres à inspirer rection finale de tous les hommes,
(lii dégoût et de l'incrédulité pour C'est diminuer beaucoup l'atrocité
rÉvangile, je crois qu'il eût eu rai- de l'accusation que d'autres avaient
son ; mais il eût fallu supposer en intentée ; mais ce n'est point éviter
même temps une chose que très-peu le crime des menteurs et des calom-
de personnes mettent en pratique. Il niateurs. On a coutume de dire que
aurait fallu supposer qu'u y a oeau- tout roman est fondé sur quelque
coup de gens qui n'ont pas deux histoire ; j'ai donc soupçonne que le
IKÛds , c'est-à-dire qui examinent cardinal du Perron avait bâti cette
personnes? Ou sont ceux et n ayant pas
qui par la force de la coutume ne jn- tous les gros volumes de ce ministre,
gcnt pas que les mêmes choses sont j^ai consulté un théologien de la com-
très-justes quand ils les font souffrir munion d'Augsbourg , et l'ai prié de
aux autres , et très-injustes quand ils m'apprendre s'il y avait quelque pré'
les souffrent eux-mêmes ? Avec cet
esprit,
piicité
i)yrrhoi
rïve, «,aenar. coUé in parti qo'U T44?V-«i.«.V/;?.-,i'.'rt..,.p.,. „,.
(••) Em4. »î. Ml. rf. .669.
576 LUTHER.
texte qai eût donne lien i ce cardi- de la Foi, Je pense que c^est contre
nal de parler ainsi. Vous allez yoir Barthëlemi Causse , mijiistre de G«-
le précis de la réponse qu^il a eu la néve, auteur d^un ouvrage qui a pour
bonté de me faire. Luther u^a jamais titre C"^) : U vrcd Bouclier de la foi
enseigné que Pâme mourût avec le chrétienne , mis par dialagues ; de-
corps. On ne prouvera jimais par ses montrant par la Sainte Étnriturc let
ouvrages quHl ait été dans cette opi- erreurs et fausses allégations d'un
nion ; et il a témoigné fort claire- /iVns intitule > le Bouclier de la Foi ,
ment quUl croyait tout le contraire, jadis fait par un moine de SainL-
Voyez ce qu^if a écrit sur le verset 8 Victor y a Paris ^ se disant le SienaV
du chapitre IV de la Genèse , où il lant, L^édition que j'en ai est de Gt'
Ï>arle de la mort d*Abel. L'origine de néve, i563, et avait été rei^ue fX
a calomnie est dans une lettre quHl amplement augmentée de nouveau. '
écrivit a Amsdorf , Fan i5aa, où il Cela soit dit en faveur des bibliogra-
Îaratt fort enclin à croire que les phes. Passons maintenant aa fait,
mes des justes dorment jusqu'au rapportons ce que le chaooine de
jour du jugement, sans qu il sache Saint- Victor narre de Luther. L'am-
où elles sont, etc. Il ne prétend pas bition et cupidité de gloire et d'honneur
dire qu'elles sont mortes pendant cet de Luther a esté si grande , qite com-
iotervalle , mais seulement qu'elles bien qu'ilfust simple prehstre et au-
sont plongées dans le repos et dans gustin, apostat et decuculê, toutesfois
le sommeil \ et il suivait en cela l'o- s* est attribué V office et la dignité epi-
temps , et quoiqu'il donner deux prebstres en Vegli
semble dans des écrits postérieurs, at- Sainct André, en leur imposant les
tribuer le repos aux âmes des prédes- mains , et en chantant Vanthîenne ,
tinés , U n'entend point par-là un Veni, sancteSpiritus. -P/iw5eyiit5oil,
plement de 1 état des âmes après cette artilleries et gros
YÎe. toit pas imiter Jesu' Christ, ses apos-
(EE) L ouvrage de Nicole Grenier, très , et les sainctz docteurs de Pe-
dont on verra un long passage.\ gUse , aui ont presché et monstre par
C'est un livre intitulé : le Bouclier exemple , toute humilité et simplicité,
de la Foi, en forme de dialogue, ex- Bien est différente la vie des vrajs
trait de la Sainte Écriture , et des chrestiens et des antechrists heretic-
qiies. La vie des apostres et des saints
'église estoit humble,
pudicqud , et dévote ;
\f aulx docteur et apos"
quelle année il le publia la première tat Luther estoit superbe , gourman-
fois. La Croix du Maine et du Verdier de , impudicque , infâme et chamelle ;
Vau-Privas ne marquent que l'édi- car a tous est notoire et évident , que
tiôn de Paris 1 566 et i56^ : ils ne di- ayant faulsé ses vœux de religipn et
sent rien de celle dont je me sers , lo- continence ecclesiasticque , aprins
qui est d'Avipon , 1 54q , et qui n'est pour femme ou paillarde une moniale^
pas la première : car le titre porte
que l'ouvrage a été revu et augmenté (*) J'«i <!• ce lïTre une édition m-i9,p«r Zf
par Vauteur. L'édition mentionnée f*»Vî? ^^"7»*». »5?- encore n'ci-ee que i«
nar du Verdier Vau-Prîvas contient «"»»•••"«■ J« «*5r« ^** * '"'•'"« «* augmente par
par au veiaier vau-rnvas conueni rauteur m/m«. R«m. cut.
une apologie contre un clabaut luthé- (145) L'auteur , si je ne me trompe, voulait
tique qui a voulu ronger ce Bouclier aire Iilèbe ; mais par une ne'gUgenee inexcw
sable, il s'informa peu du vrai nom des villes ,
(*) Orighie, saint Chrysostom» et Théodo' et tomba dans une équivoque ridicule, y ayant
tel, parnU les Grées ; Te'rtulUen et Luetanee , en Portugal la ville de Lisbonne^ ou lâaher ne
parmi let Latins, Jut jamais.
LUTHER. 5-,
laquelle a eu trois bastards et spu- nous arrêtons qu^à la projnôsse de
-r-ées. jLa cause de sa grande inconti- Dieu et à la foi ; paroles qu'il citait
WM^nce , ce a esté sa grande gourman- comme d'un sermon de Luther sur le
^Jise : car, comme dit sainct Uieros- Nouveau Testament; il se vit en pei»
TTie y Venter mero œstnans , facile ne de faire cfiercher ce passage dans
ciespumat in libidinem. Et au vray tous les Luther de Paris , et ne l'y
dire y Luther se debvoit plustost ap' ayant point trouvé , il ne put faim
^eller le prince et docteur des y vron" a autre réponse au ministre qui lui
gnes et gourmands , que des Saxons écrivait , qu^en avouant qu'il avait
et uillemans. (Testoit le second épi- pris ce passage dans Bellarmin et
<:urien ou Sardanapale. P^eu que vul- faisant en même temps une apologie
fairement on lit de luy que en tous de la fidélité de ce cardinal.
isners et soupers, il heuvoit un sep- (^ûr) La très-curieuse bibliothèque
lier de vin doulx et excelle ntissime : du prince Rodolplic Auguste duc
et mengeoit viandes exquises et deli- de Brunswick S] Ce prince, quia joint
cates. Ce que a continué jusques a la Tamour des lettres à toutes les autres
fin : car il est mort soubdair^ement , qualités dignes de l'ëclat de sa mai-
tout saoul , après avoir amplement son , ne s^est pas contente de la ma-
souppé et remply son ventre. Mais gnifîque bibliothe'que de Wolfembu-
laissons ce malheureux (146). Il im- tel^ il en a dressé une autre particu-
porte aiix luthériens , et en général cukére , où il a fait rassembler une
aux protestans , (|ue Ton redonne le infinité de livres raies. C'est lA qu'on
jour aux impertinences fabuleuses trouve tous les écrits que Luther a
que leurs adversaires publiaient con* publiés depuis Tan i5i 7 jusques à sa
tre les réformateurs au XVI*. siècle, mort; les éditions, dis-je, qu'il a
Cela témoigne que ces adversaires données et corrigées lui-même, et qui
n'étaient conduits que par une aveu- sont préférables aux manuscrits ori-
Ï;le prévention : c'est un préjugé à finaux , parce qu'en relisant les
eur charge et à leur désavantage, épreuves Û corrigeait bien des cho-
Voici un chanoine de Saint- Victor ses qui lui étaient échappées. Il est
qui a si peu de jugement, qu'il se bien plus sûr de recourir à ces édi-
sert d'une objection qui bat en ruine tions , qu'à celles où l'on a réduit en
les papes , les cardinaux , et tous les un corps toutes les œuvres de Luther:
prélats dont le train et les équipages car ceux qui firent cette réduction se
pompeux sont diamétralement oppo* donnèrent la liberté de raccommo*
ses à la vie des apôtres. der et de changer tout ce qu'ils trou-
(FF) Un petit dia^rin qu'on fit a vèrent a propos (i4<3ii^ : et de la vient
M. Amauld, au sujet éCune citation sans doute qu'on veriâe si malaisé-
de Luther J] M. Le Fèvre , docteur en çient les citations de ce ministre^ sur
théologie de la faculté de Paris , a Iesc[uelles il se forme des contes-
publié ce fait-là dans un ouvrage qui tations. On ne peut guère recourir
fut imprimé à la Haye (147)9 l^n qu'aux volumes in-folio publiés de-
i685. 2Ve se souvient-il point , dit- puis sa mort. Les éditions complètes
il (14B) , en parlant de M. Amauld , de toutes ses œuvres ont fait qu'on
qu'il y a environ quatre ans qu'un a négligé les éditions particulières de
ministre lui ayant écrit qu'il avait cité ses traités; et par-là presque tous
faussement des passages de Luther , les exemplaires de ces éditions jpar-
pour montrer qu'il niait la nécessité ticulières sont péris , et c'est dom-
des bonnes œuvres , et entre autres mage. Libelli à Luthero ipso editi di-
celui-ci : Gardons-nous des péchés , ligentiiis quamfactum est , asservari
mais gardons-nous encore davantage debuissent , non tantiim , quod corn-
des lois et des bonnes œuvres ; ne modiùs legi poterant ^ quaminmag-
t fRMs^ r ' p 1- j I 17- niSyinquospostmodiimreflactisunt,
pli^lli^s^r^'' ^'"^" '• ^ '^~' uoluminibas , sed et quia genuini et
(147) Et mon pas à LiUe, comme le porté le «» interpolatione aut incuîid , quœ
titre. compilatoribus tomorum dudhm im-
uï^2J^dfe"d^'ruî.";f.Tbî:^;?:ï! i""^" "' ' ^~"" ««'" cso)- Le
Xyilf t la page n'est point marquée ; e*est (i^Q) ^ojet la citation suivante.
aademierfeuiUetdelafemlUh. (iSo) AcU Eroditor. Lipsieni. x6qo^ p. f
TOME IX. 37 '
578 LUTHER.
prince dont je parle s^est serri d^an sciatis , sed cum saperstitibiis in nos
profetsear de Helmstadt (i5i) pour armatis. Ciimque animadt^ertissct ,
Çablier une idée de sa bibliothéqne. Hispartfs duei Albano et cpiscopo
oyci le Uttc intitulé , Antiqua lit^ atrebatensi y suadentibus ejus indig-
terarum monumenta , autographa Lw nitatemfacti , consentire , set^erè tan"
theri^aliorumquecelebriumwirorumy dent atque etiam vitœ capilisque pe~
ab anno iSf] , iuquè ad annum jS^S f ricuto sanxit , inuiolatum jLuineri
Reformationis œtatem et historiam sepulckrumut esset{i5^),
egregiè illustrantia , etc. Le premier (I I) Les extnûts que je donnerai
tome en fut imprime à Brunswick , et une infectit^e du père Grets^r, J Je
Fan 1690 (i5ti), et le second , Tan ne crois pas me tromper en lai don-
1691 (i53). Les directeurs
bibli
Lothëques pul
r^ntees, se servent
économie blâmable. Ils se défont des le promoteur
traités particuliers dés quHls ont ac* torat de deux licenciés en théologie,
quis Fassemblage de toutes les œu- L'un d'eux, fit une longue déclama-
Yres d^un homme réduites en corps , tion intitulée : I7frùm Luiherus fuerit
et ainsi Ton ne saurait plus yénfier sekolasticus theologus , où il entre-
dans ces grandes bibliothèques , si prit de prouver la négative et quel-
un auteur qui a cité des passages de que chose de plus : lutherum non
la première édition , qui différent de modo non fuisse theologum scholasti-
la dernière , y a procédé de bonne cum , sea omnium subtifiorum scien-
foi. tiarum hostem et calumniatorem im-
(HH) Charles- Quint ne voulut pudentissimum. La. "preuye de la -pre-
point permettre que l'on démolit le mière partie de cette thèse fut rédui-
tombeau de Martin Luther , et il dé- te à un syllogisme que le candidat
fendit sous peine du dernier supplice, prononça d'an ton de voix fort éle-
d attenter rien de cette nature. ] Les vé. Ut autem , dit-il (i56) , rem ip-
Espagnols le sollicitèrent instamment sam y statim , cunetis ambagibus
de le faire abattre, et ils eussent bien omissis aggrediar, elatd uùce pro-
Toulu déterrer ses os y et les brûler ; clamo rScholastîcus non est, qui cras-
mais l'empereur répondit fort sage- sissimos , stopidissimos , et ut sic
ment : Je if ai plus rien à démêler appellera , decumanos , prorsnsqne
avec Luther , il a désormais un autre asininos contra philosophîam ettheo-
juge dont il ne m'est pas permis d'u- logiam commisit errores. Lutberus
•urper la juridiction : sachez que taies errores cpmraisit , non est igi-
je fais la guerre , non pas aux morts , tur Lutherus scholasticus. Il s'étendit
mais aux vivans qui ont encore les ensuite sur la preuve de la mineure ^
armes en main contre moi. f^iolari car la majeure était assez claire d'el-
autem sepulcmm uetuit Carohis V y le-méme. 11 avait déjà observé que
imperator H^ittembergam expugna- Luther se vante d'avoir su à fond tous
tam y armis minisque ingressus , con* les secrets de la scolastique la plus fî*
trà quam urgebant Hispani omnes y ne , et que Melanchthon lui a donné
eh usquè infensi Luthero, ut et ossi" là-dessus de grands éloges (157). Lu-
bus ejus ininderent quietem , eaque therus non semel testatur , omnia
perindè y ut Hussofactum fuerat ui- scolasticœ theologiœ mysteria sihi
vo y mallent cremari; quos laudatis» probe esse cognita : omnia adytaper-
simus tamen imperator gravissimoser- lustrata : omnes excussos angulos.
mone castigauit , quandb dixit : Ni- Credatis fortiter magistri nostri exi-
hil mihi ultra cum Luthero , alium ^ ,/> /-i. • .• t 1. • v • » ^ •
llle judicem jam habct , CUJUS JunS- nammU iIla.tr.tS , pag. ai8, aip. Il cite Job.
dictlOnem invadere nostrumnon est, Sleidanus de Statu religioni» et *reffnblic« in
neque mihi cum mortuis bellum esse Germanifi , l. XIX , p*g- 665 et 6^ et Michaël
Piccartna m Obaervatiombiit bistonco-poUtiCM ,
^ _ - _- , w . décade VI, cap. 6. Je n'ai rien trouvé de sent'
(i5i) M. Ton der Hardt. f,i^i,ig ^„, /, xiX: livre de SIeidap.
(i5a) yojrez le Joamal de htMe, mois de (i55) On les lui donne dans la Bibliotbéqi
d/c. 1690 , pag. 6a5 ( mal marquée 601 ) «t suiv. d^AIegambe. vag. 100, col. 3
(>53) Voye» le mifme Journal , mois de sept. 0^) ^'«"er, Inaugurât, doctar.f pag. 3.
iCgi, pag. 43S> ('^?) IdeWf ibidem. ^ pag. i et a.
LUTHER. 579
( sic loquUur Luiherus doctores majestate materia , quae in angustias
f^aitienses et Colonienses compel- ratioDis seu syUogismoruin inclodi
B#) (^')L^>^i^ocBS^ notam philoso- non possit. Quasi uero nultus syllo^
pl&iam et theologiam vestram , in quâ gismus et forma et materid prohus
X1.0K1 pessimo ingenio , nec ultima so- jbrmari queat de re cœlesti et iheolo-
«sordia versatus sit plus duodecim an- eicd , et diuinitUs nobis ret^elatd (i 5q).
xki.s y interaue sympalaestritas vestroB II n^oublie pas cette maxime de Lu-
cLetritus. Et ne ignoraremus , in quam ther , que la thëologîe choque les
scholasticœ lhe(Aogiœ familiam na^ régies de la philosojmie , mais qu'à
wf^^n dederit , aUhi nobis exponit ciim son tour la philosophie chojque da-
dicit 9 se (**) Occami castra secutunij yantage les régies de la théologie :
CMijus sectatores , tempore Lutheri , Impingit ^ theoîogia in philosophiœ
%^mi,lgo Teeminist£ auaiebant , longé-' régulas , inquit Xutherus , seaipsa
jplacita et dogmata non tantUm h li- défini que ce qui est vrai .en philoso-
Tisine salutdsse , autprimoribus labris phie Test aussi en théologie 4 et il
3oluTnmod6 dégustasse ; sed penitùs soutient qu'il faut être béte pour dés-
imbibitatenere ; hisenim verbis suant approuver cette décision. Kéhemen-
in scholasticd theologid peritiam tissimè stomackatur scholasticus nos-
décantât Lutherus ; de qild etiam ter in parisiensem theologorum scho^
perpétuas Lutheri encomiastes Me- lam ^ quam Sorbonam yocant. Qud
ianchihon : (*^) Gabrielem et Came- de caussâ? Sorbona, mater errorum
racensem ( duos insignes ex Occami pessimè definiyit , idem esse verum
gjrmnasio iheologos ) pené ad ver- m philosophiâ et theologiâ. ^on tan^
bum memoriter recitare poterat Lu- tumSorbona optimè et sanctissimè hoc
theras. Diù multùmqne legit scripta defitùuit ; sed et concilium Latera-
Occami. Hujus acumen praferebat nense suh Leone X, Et certè tam
Thomae et Scoto. La première preuve est hoc euidens , utfunguni esse opor-
de la rfiineure est tirée de ce que teat , qui dissentiat ; nam ut album
Luther a soutenu que cette proposi- est atbum y ubicunque ponatur ;
lion le Verbe a été fait chair est et aqua est aqua , ubicunque colloce-
yéritable en théolone, et absolument tur; ita et verum est verum uhicun"
impossible et absurae en philosophie, que constituatur , sive in theologid ,
Omne verum vero consonat, Tamen siye in philosophid (161). Ce que le
idem non est verum, in diversis pro- censeur affirme sur le dogme même
fessionibus» In theologid verum est , me parait très-véritable (i6a) : mais
giens, ]>our soutenir que les argu- , soutenu là-dessus la pensée de Luther.
mens philosophiques que Luther ap- Considéra et hoc stuporis Lutlterani
Ïiorte en exemple ne combattent point indicium , continue ce critique ( 1 64) ,
e mystère de la trinité , ni l'incar- aliquid est verum in unâ parte phi-
nation^ du verbe , et ajoute : Simili losophis , quod tamen falsum est in
stolidâale diàt ( Lutherus ) sylloçis- aliâ parte philosophiae. Nimirian na~
mon praedictos non esse maloK ^tio turam esse principium motiis et quie-
forma syllogisticœ , sed virtute et tis , verum erit in physicd -.falsum in
metaphysicd et ethicd, Humor hu-
C*»> Lmker,.in Beipctu. ad artieulos à Lo^ mectat , inquit Lutherus , est Veritas
vaiueiu, 91 Colomens, theoUgu damnatos , * '
tomo a. , lu. , moenib. / r x r J lj
(••) Luther,, eoUoq. symposiacis tit, de Scho- (»=«) ^*'«« » «**<'«'» 1 P-V- " •
UuiietM Theologû. (x6o) Idem , ibidem , pag» i a.
(*3) XwlAcr., eontra lovan et Colon. Ô^O Idem , ibidem., pag. x3.
J**) ËUUnchL^ Wrmf. m eocwAsm, (om.» Uu „ (»6a) Voje% ei-dessus la remanfue (C) de
WitUmherg. Tart. Horrvis ( Daniel ), <om. VIII^p. i83.
(«58) Gretscr., Inaagarat. Doctor., pag. 4 et 5. (»®) 'V** cy-deetw la mêeu remarque.
H eito Lalk., ton. I , lat. Wittcmb. . (i64) Greuer., Inangnrat. Doclor.^pa^. i4«
58o - ' LUTHER.
in sphnrà aè'ris , sed manifesta haerc- Bestia gentilis , similis hydrce in Ler-
MU ia sphcrâ ignis. Forte proptereh , nd. In quoferè nihil est phUosophûe.
quia m sphœrd ignis concrescit in Impiissimus est. Publicus veritatis ,
glaciem, Nam si non congelaretur , et ex professo hostis. Gentilis anima-
quomodà nonmadefaceretZutherum, rum carnifex, Hircus , vel potiks
si integro aquœ tlolto per/uhderetur ? hircocervus. Bis sacerrimus Aristou-
Si le yésuxUi avait été un bon phvsi- les. in cute perfectus Epicurus. JVon
cien , il aurait éU plus ëquitoble dans mihi persuadebitis , inquit Lutherus,
cette dernière censure ; il se serait philosophiam esse gi&rulitatem illam,
contenté de dire que Luther ne dé- de materid , motu , inûnito , loco ,
Tetopi)e pas assez nettement sa pensée, vacuo , tempore , quœferè in Aristo-
Je crois que Luther avait entrevu ce tele sola ducimus : talia , quœ nec
que les nouveaux philosophes dé- intellectum , née afèctum , nec com-
brouillent parfaitement. Ils montrent munes hominum mores quidquamju-
que ce que les péripatéticiens ap- t^ent : tantiimcontentionibus serendis^
pellent humidité , Tune des quatre seminandisque idonea. Quod si majri-
qualités élémentaires, doit être nom- mè quid ualerent , tôt tamen opinio-
mé liquidité (i65) : et en ce sens-Iâ nibus confusa sunt , ut , que cuis
Luther a raison de dire que Ph umidité certius aliquod sequi proposuerit , hoc
mouille dans l'air , et ne mouille pas incenior feratur ^ et faces Euboïcas
dans le feu , car la flamme est un sectetur : et serb tandem cum Proteo
corps liquide, et ne motiille pas ; sibi fuisse negotium^ pœniteat, OvCon
et par conséquent il est vrai que le ne dise pas qu'il s'irrita de la sorte
liquide humecte dans l'air élémen- contre le chef des péripatéticiens ,
tare, et n'humecte point dans le feu depuis qu'il se fut brouillé avec le
élémentaire. Je sais bien que cet pa{)i8me ; car on peut prourer qu'il
exemple ne sertde rien quant au fond était dans le même espnt , avant que
à l'hjrpothèse de Luther ; mais nous d'avoir rien fait qui pût déplaire à la
pouvons néanmoins croire que sa cour de Rome. Lisez ce passage de
pensée n'a pas été bien entenaue. Je Gretser : Neque unquàm benè erga
ne touche point aux autres preuves Aristolelem affectus fuit ; quoddisces
de la mineure du syllogisme. ex kis , quœ anno domini i5t6, ad
Voici une tirade d'injures contre Langum Augustinianum priiis scrip-
Aristote : (166) Nisi carofuissetAris^ «»' » quam apertè insaniret : (*) Mitto
toteles , inquit Lutherus C^') , uerè ^^^ litteras, ad eximium D. Jodocum
diabolum eum fuisse , non puderet Isenacensem, plenasquaBstionumad-
ziAserene. Eidem Luthero est Aristote- versus logicam, et philosophiam , et
les, proteus , histrio, quigrœcd lan^d theologiam , id est , blasphemiarum,
ecclesiam lusit , uaferrimus ingenio^ et maledictionumcontra Aristotelem,
' rttm illusor, calumniosissimus calum' Porphyrium, sententiarios*, perdita
niator, sycophanta impiissimus, prin- fcilicet studia nostri seculi. Sic enim
ceps tenebrarum , triceps Cerberus , interpretabuutur , quibus décret um
tricorpor Geryon , uerè d'jrùXxCeùi (*") , est , non quinquennio cum Pythago-
id est , perdehs , et vastatorecclesiœ; l'icis , sed i>erj)etu6 , et in aetemum
merus togodasdalus, et logomachus , cum mortuis silentium tenere , om-
postator piœ doctrinœ , bestia , cali- nia credere , semper auscultare , nec
go hominum , et quidem teterrima. unçjuâm saltem levi praeludio contra
momusyimb momus momorum{*^). Aristotelem, et sententias velitari ,
et mussitare. Quid enim non credant,
(i65> yoyeM GMieadi, h la stetion /'«. de qui Aristoteli crediderunt, vera esse.
(*>) Luiher., tom. /, epist. 33. »<>« possint tacerç ad illa ? Nihil ila
(*3) ffae omnia sumpia sunt ex luthero in ^rdet animus, quàm histrionem illum
ExMeat. oet. prmeepti, tom. /, lot. Wittamb. et ( Aristotelem ) qui tam verâ graecâ
in Respons» adeondemnat. Lovanien. et Colon, larvâ ecclesiam Inait miilti* rf^vplaro
tom. a. lai. eontrh Obelùeos EckU, tom. i. lai. . ecciesiam UISIC, muillS reveiarc,
eontr. lau Ditput. Down, timpUcissimi este ignomiDiamqucejus cunctis ostende-
«»«*• n ^»<*' tom 1. Epist. /af., epist, 8.
LUTHER. 68i
re , si otîum esset. Habeo in manus soit homme en un mot ? Et ne se se-
commentariolos in i. Physicorum , rait-il jpas trompé dans cette asser-
quibus fabulam Âristei denuo agere tion ? Or depuis qu'on sait que Fop*
statui in meum istum Protca {Aristo- position qui se rencontre entre Pidëe
telem. ). Pars crucis me» Tel maxima de Dieu , et Fidée de Fhomme , n^em*
est
tima
istis . o . ' * ^ . I.
perdere (167). Ce jésuite allègue une che que Pnomme et la pierre ne soient
infinité' d'autres passages injurieux à Pun le sujet, PautrePattribut, d'une
A ris tote, tirés des écrits du docteur proposition affirmative trés-yérita-
Luther. ble ? Disons donc que le jésuite qui
(KK) Luther enseignait qu'un même a tant crié contre Luther , se brouille
dogme est faux . . . en philosophie, pitoyablement, et se fâche mal à
ett^rai en théologie.^ J'ai déjà, parlé propos. On dirait qu'il assure qu'ab-
de cela dans la remarque précédente, solument il est impossible que deux
/mais j'ajoute ici que les sectateurs les natures créées soieut unies hyposta-
plus rigides de Luther l'ont abandon- tiquement : et ne yoit-il pas que si
né sur cet article , et qu'ils combatti- une fois cela était impossible , on en
rentavec tant de force leurs confrères conclurait la même chose contre le
qui renouvelèrent ce sentiment, mystèrede l'incarnation, pour lequel
qu'ils les contraignirent de s'en ré- il s'échauffe tant contre Luther? Jftt-
tracter (168). Disons aussi qu'il se dite, dit-il (i6g) , et obstupescite ,
peut mêler du malentendu dans t^el poUits execramini ; non tantàm
cette dispute-la , et beaucoup de lo- imperitiam , sed intolerabilem blas-
f^omachies , et qu'on blâmerait à tort phemiam, Nec minus , inquit Luthe -
a doctrine de Luther , s'il l'eût ex- vus , im6 magis disparata est prœdi-
primée de cette façon -les mêmes calio ^ Deusesthomb, quàmsidicas :
dogmes qui paraissent faux et impos' homo est asinùs. ^n nonhœc Lutheri
sibles , quand on n'en juge que par impia thesis totum incarnationis mys"
les lumières naturelles , sont wrais et -terium ex imis fundamentis everiit ?
certains quand on en juge par les Si magis disparata est illa : Deus est
lumières de la parole de Dieu. Mais homo , quàm ista : Homo est asinus :
de prétendre qu'après même que la tune magis erit falsa illa ; Deus est
révélation nous a fait connaître homo , quam ista : Homo est asinus
qu'une doctrine est véritable , elle quœ simplicîter falsa est : cujus falsi-
continue d'être fausse en philosophie, tas oritur ex disjunctione Proedicati à
c'e^t s'abuser. 11 est bien plus juste de Subjecto ^ quia enim nullus penitiis
reconnaître que les lumières philo- nexus est rra^dicato cum Subjecto ,
sophiques, dont l'évidence nous avait fit , utPrsdicatum non nisi menda-
paru un guide certain pour ju^er des citer de Subjecto ajfirmetur. Si igitur
choses , étaient trompeuses et illusoi- in dld ; Deus est nomo , tanta , imb
res , et qu'il les faut rectifier par les major , est Subjecti à Praedicato , et
nouvelles connaissances que la rêvé- vice versd, disjunctio ,et, ut sic lo^
lation nous communique. Continuez quar, disparatio ; falsa erit illa pro-
d'assurer tant qu'il vous plaira, selon positio; Deus est homo ; sicut et hœc :
les notions que la logique nous donne Homo est asinus : quia disparata
dans le chapitre de oppositis , que non possunt de se mutuo qffirmari ;
rhomme n'est pas une pierre ; mais quamdiii nullo communi nexu copu-
gardez- vous bien d'assurer, comme lantur.SiautemSubjectum etPrœdi-
aurait fait Aristote , qu'il est impos- catum illius propositionîs : Deus est
ftible que l'homme soit une pierre, homo , i^ero , r'cali , substantiali et
Aristote n^aurait-il pas assuré qu'il hypostatico innculo coUigantur ; se-
est impossible que Dieu naisse d'une quitur , mentiri Lutherum , ciim Sub-
femme ; que Dieu souffre le froid et jectum et Prxdicatum ejus cequè, imb
le chaud ; que Dieu meure; que Dieu magis , ac Subjectnm et Praedicatum
hujus : Homo est asinus , distare et
\%%Tii'r.fru'':Z%'Z'A **/«"«" pronunUat. QualU ergà
Van. Uormàn ( Daniel) iom. VIIl^ pag. i83. (169) GreU. , Inaufiiral. Doctor., pag. 6 «/ 7.
58a LUTHER.
LsUkerus scholoâtieus theoiogus ; qui tiam. Undé patet» quod Taldè ano>
stupiditate et fatuitaie sud toiam ganter, et frontosé scnpsit iste hae-
dwitd uerhL œconojniam subruit et retiens contra almam facnltatem.
prostemit ; im6 tureicè prorsùa , Communia autem signa sunt haec. £t
inficiatur ; et inJiciaH volentibus ait sic Signum autem eorum pri-
non rimam , sed ipsas fores latis' mnm, et maximum, est liripipium,
simè aperit ? Il ne faut ^ne con- seu , ut eruditi dicunt , relipendium,
sidërer ce passage , pour bien con- quod est evidentissimuin , et notissi-
Battre l'injustice et l'emportement mum signum , per quod ooncluditur
ayenele de cet ëcriTain. sic : iste habet liripipium , ci*g^ est
(Ll) Les expressions burlesques macister noster in nde illiiminatus :
dont il se sendt pour se moquer des ergo habet spiritum sanctum. Aliad
académies et de leurs docteurs."] 11 signum est, quod sedentiasuperiore
plaisanta sur leurs titres, et sur les cathedra, quando disputant , et le-
enseignes de leur doctorat. Habent gnnt. Per hoc signum arguitur sic :
doctores in academiis , Htu ueteri , Christus dicit : Super cathedram Mosi
eerta qucedam insignia et diemtOa : sedernnt ; quaecunque dixerint , ser-
Habent titulos et suas quasaam ap" rate. £rg& quœcnnque dixerint , sunt
pellationes y honoris et reverentiœ vera. Sed illi sedent in cathedra, et
caussd. Focantur magistri nostri ; docent sic \ erg6 , non possunt erra-
itemque eximii magistri nostri. In re. Aliud signum est, quod compre-
certam. facultatem , uelut in tribum hendit multa. Et sunt insienia illa
quandam collecti sunt : suos habent doctoralia : annulus , pyrrhetum ,
toquendi modos ; suas formulas et liber , oscuium , chirothecse , et pyr-
poces, Hinc arreptd scurrandi occa^ rheta distributa in aulâ doctorali :
sione theologicafaeultas est Luthero etiam candelae ardentes \ et super
fecultas a fece {**) , et vaccultas a omnia ; Te Deum laudamus , quod
M^accd, Doctores Jacultatis theologicœ in fine canitur. Uitimo egregium
(*•), magistroUi, noAroUi, sépara- conririum doctorale. Ultimum et
tim ,^ conjunctim , magistrolli nos- fortissimum sienum est introitus do-
trolli, theologistae, theoloeastri, li- mini Decani in Sorbonâ , quando
ripipiati, magistrolliter, liriçipia, Bedelli cum sceptris prscedunt, et
qui tria habent sacramenta magistrol- roce magnà clamant : transeat spec-
lica 'y birretum , talarem , liripipium, tabilis, et eximius magister noster,
seu relipendium Sed recitemus dominus Decanus almx facultatis
ipsa , Lucianica prorsiis in scholasti- theologicae cum magistris nostris exi-
cos scommata ex ludo Luiheri (*') a miis. Transeat ille , transeat. Et hoc
Sorbond damnati, cujus procul dubio signum est valdé benè raasticandum ,
auctor Melanchthon , ut intellieas quia formaliter concludit ; mag^tros
quam leues , futiles et scurrUes fue- nostros non posse errare , etc. Pu"
rint Luiherus et Philipous; et quam det pigetque plura referre ; adeo
ab omni gra^itate scholasticd ai^ersi, t»ana, profana, et Lucianica sunt, ut
Decanus noster almae facultatis , in- quidvis istos potiits fuisse suspicer ,
quit leuissimus ille Ludio f est samctas qukm scholasticos : quos, ut magis
Petrus in almâ facultate. Et ipse ha- Lutherus irrisui exponeret, uocabula
bet tria signa , quae cogunt eum sic quœdamadeorumimitaiionemfinxit^
sentire, ut non possit errare; quae et scriptis suis,ut scumas suos oblec
sunt, registrum , sigillum , et almu- taret, insérait. Cujusmodi sunt dis-
solutio (*) Catharinissima et Romanis-
(*«) C«tté sort* 4*«Iliuittiif a ponr aafear le sima , Thomistitates , Italitates , ma*
boa Reuelil.o ^dï pouMé à bout par les docteur, «igtena nostralissîma : macistralissi-
de Cologne, IraiU de Facilitas diabolo giea U o V^ *»vi»n »*«o««m«« , »««g«n* «*«»»
faculté de théologie de cette ▼iileli. Voye» la ™« determmationes , byl vestraliter ,
Défraie contre ces mesiieurs , aux feuilleta la et Thomistraliter , Colonialiter , Lova-
ji3dei;édiiioadeTub;nge ,«.4«. 1^ nialiter, Catharinaliter , Latomiali-
lais f av. 111, chap. XaIII, a dit en bien plui . mi' ..... , rf», .. .
fort. Urmt» : ReWrend pire en diable , Pi- *?>*, ThomistlClSSlIué , ThomaStlClS-
eatris y recteur de la factUl/ diabolcgùfue de SÎmé, Henrîcissimé (170).
Tolette. BxM. cBiT.
(*^) T.uth.fUh. de missd privatdabrog.^iom. (*) Luth, eont. Cathar. Lat. rêg. Angl,
3 , lot. Wiuemb. SyWeH. et in Ub. de mistdprwatd abrog.
(*»j Tom, », lai. fruiemb, (i7o}Grri.. , laavgorat. Doctor., p. 38 elseq.
LtJTHER. 583
François Garasse n^a pas manqué de gens les académies de ce temp»-
de se dfîvertir de cette humeur face- là. Mais on pourrait être en doute s^il
» second de ses OEuvres , suppose des jeux d^esprit et à des goguenar-
>» certaines conclusions contre la fa- deries. Ils deyaient se remplir uni-
oulté, et puis il les condamne quement, dira-t-on, de Timportance
3> oonune au nom de tout le corps de de Taffaire quHls avaient entreprise ;
» l'université , faisant dn badin mal «t s'ils eussent bien pensé aux grands
» à propos en chose de conséquence : caractères de leur mission , ils n'eus-
» Le titre du Traité est tel. u4polo- sent point eu le temps de goguenai^
'^^ gia PhUippi Melanchihonis aduer- der. Ils savaient les persécutions à
sus furiosum decretuni the<Uogas- quoi leur cause était exposée en d'au-
3»
^> %rorum pro Luûieix) , etc. Les trois très pays j ils devaient y être assez
» premières conclusions sont telles : sensibles pour n'avoir aucune envie
3> £n libro Joannis Majoris sunt de s'épanouir la rate par des compo-
-» PLA.USTRA nugarum. La se- sitions enjouées et burlesques. Je ne
» conde , Quondàm juerunt strenui donne point cela pour de fortes ob-
:u Milesii, La troisième , Spectçibilis jections , et je suis persuadé que
3» domine Decane vos estis iratus, A ceux qui ont iotérét à les trouver
3»
ces trois propositions il répond au faibles , n'auront pas beaucoup de
nom de tous les théologiens de peine à jr fournir des réponses. C'est
» France. Quant à la première qui pourquoi je ne m'amuserai point'à
3> dit que , dans les livres de Major , disputer là-dessu&. Je dirai seulement
~ il y a des charretées de niaiseries , qu'il y a eu beaucoup de personnes
Brueysi
lis et plaustra res corporalis. Puis )» vérité , dit-il (17a) , je ne puis pas
s'étant formé cette chimère y il la » croire que ceux des protestans de
» combat, pour en rapporter un faux ^ ce royaume , qui ont véritable-
» triomphe comme celui de Caligu- » ment de la piété , approuvent ,
j» la. A la seconde, qui dit que les ^ quelque estime qu'ils aient pour
3> théologiens français ont été jadis » l'espnt et pour le savoir de M. Ju-
3» vaillans comme les Milésiens , mais » rieu , qu'un ministre qui les a
3» qu'ils ont dégénéré , il fait que u abandonnés, et qui s^eBt enfui dans
» nos théologiens répondent : Uœc » un pays étranger , aifecte dans
3» proposiùo est suspecta , quia scrip- » tous ses ouvrages un caractère rail-
3» turaestgrœca ; et Grœcisunt hœ- » leur et goguenard , tandis qu'il
» retici : noc est nostrum sentinien- » apprend tous les jours de loin la
» tum. A la troisième qui dit : Vous » ruine et la désolation de son parti.
9 êtes en colère , M. le vénérable » Il me semble que dans les senti-
» doyen de la faculté, il fait que » mens où il devrait être, la joie
3» tous les théologiens répondent : s> qu'il fait paraître dans tous sçs
3» Hœc propositio est derisoria et » écrits, d'être hofs du danger où
3> scandalosa , in eo quod dicU , vos » ceux de sa secte sont exposés , n'est
» estis iratus , est enim incongrua 3> pas bien naturelle et bien légitime .
I» sicut ego currit , et à nobis olin » Il lui sied mal , ce me semble , de
31 damnata; et in eo quod dicit Deçà- » plaisanter en sûreté , tandis que
3> ne uos estis, intendendo quod sumus » ceux qu^il a abandonnés gémissent
» ex cane nati, est contumeliosa. » 31 dans les justes châtimens que l'é-
II est sûr qu'une réponse bien rai- 3» glise , comme une bonne mère ,
sonnée, et tout-à-fait grave , n'eût » mêle aux caresses et aux bienfaits
pas été aussi propre que ces pièces 3> Qu'elle emploie pour les ramener
macaroniques , à exposer au dernier a» aans son sein. Il me ' semble que
mépris auprès d'un grand nombre , .^ ^., , ^ .
'^ * ^ .(«7') Brner», Defeoie du Galte «xténear de
Cl 71) Garutc , Doclrioc curieoae, pag» 5ao , TEglise catholique, ^a^. 34» *t sui¥,^ édition de
5a I. Hollande.
584 LUTORIUS PRISCUS.
» cVst renrcner TÉvangile , que de névonlntrien relâcher (Tauciuie part
» rire avec ceux qui pleurent j et que (176). La 5*. , en ce que Ton exer-
» les ouvrages de cet auteur , quel- ça une grande cruauté sur T^s tu-
" que fins et délicats qu^ils pussent theriens par le conseil de quelques
être d^ailleurs , devraient au moins moines , mendions {^*jl)- La 6*. , en ce
»
se sentir un peu de raniertume de que les évéqnes d'Allemagne, M ili-
» son oflcur, s^il était vrai quMl fût Tâives pour la plus Gt^AvnE. partie,
» plus sensible à la douleur de ses ne firent point leur devoir (178). La
» frères, qu''au calme dont il jouit septième, en ce qu'on ne se mit point
» en son particulier. Ainsi Ton petit en peine d*apaiser la colère de £>ieu
» dire , que si ]es calomnies et les par des prières publiques , et par la
t» médisances , dont les ouvrages de eonuersion d'une uie t^éritablemcnt
» cet auteur sont remplis, pcrsua- pénitente (1^9). On pourrait peut-
» dent aux catholiques que celui être augmenter encore la liste des
m qui a des sentimens si éloignés de fautes du parti romain. Laissons cette
» la charité , ne saurait être bon peine aux spéculatifs , et contentons-
» chrétien , quand bien même il par* nous de dire que la plupart de celles
M lerait le langage des anges ; aussi que Ton articule dans les Sentimens
» cette joie maligne qu'il iait parât- d^Érasme , ne se pouvaient éviter ,
» tre dans ses écrits, ces traits de ▼u Fétat ou les affaires de l'église
» raillerie et de moquerie, auxquels étaient alors situées. L'on peut con-
» tout le monde reconnaît d'abord dure de là que le dessein de Luther
» tout ce qui part de sa plume , de- fut éclos sous de favorables auspices.
» vraient persuader aux prétendus La prudence de la cour de Rome
» reformes (
» tion , qu'
» celui qui
» quelque zèle qu'il témoigne pour beaucoup d'endroits \ et je suis sûr
» leur défense, soit néanmoins un qu'il y a bien des protestans qui
» bon protestant. » sont convaincus que leur parti se
(MM) Érasme.,, a remarqué jus au a soutint , et par la bonté de sa eause ,
sept grandes fautes dans la conduite et par les fausses mesures du parti
du papisme contre Luther.] J'ai mar- contraire. Il y a d'ailleurs beaucoup
Sue le livre où l'on a donné un grand de gens qui s'imaginent que l'on fît
étail sur cela , et c'est un livre que beaucoup de fautes dans le parti de
l'on trouve facilement chez les li- la réforme, et que ce furent des inci-
hraires. AiiJsi je serai fort court , et dens favorables au papisme. C'est
j'indiquerai seulement en gros le ainsi que presque toujours les grands
point capital de chacune de ces fau- démêlés se nourrissent et se fomen-
tes. La I'*. consista en ce qu'on souf- tent : chaque parti a ses contre-poids
frit qu'une querelle pour des quêtes qui servent réciproquement de res-
entre des moines mendians, et sur source à l'autre (180).
des thèses d'indulgences , se traitât
devant le peuple dans les sermons
(173). La a«. , en ce que l'on opposa y.. -^^^ .-«• -;-
â Luther auelques moines mendians ^*W x.am«/n«, pag.w,»
q„i nVtaiint que de? déclan,ateur, , ;^; ^J^'Xrù.'t.^^ .„ ,« c«.*-
et des organes d injures ( 174 ). La ^^^ ^j^ ^^3 ^ „„ ^^^^ passage d** Mémoires
3*. , en ce qu'on n imposa point si- de U Rochefoncauld.
lence aux prédicateurs des dieux par-
' tis, et que l'on nt proposa point des LUTORIUS PRISCUS (CaÏUs),
;;..;>07«ne5 ,^^e5 , ^ocfe., e« ^^^^^ chevalier romain , fut puni du
qui auraient instruit le peuple sans . ,. ' *^ i» *
aucune contention , et qui r auraient dernier supplice pouF une faute
poHé h la paix et h V amour de V E ' qui ne semble pas Capitale (A).
t^angile (ï75). La 4«. , en ce que l'on ^prës avoir reçu de Tibère une
(fS) s«mînifn» d'Érasme, p«^. 9 5i. bonne fécompense, pour un
';'^:? a';;5r.r4.'44. V^^v^^ qu'il avait fait sur la
(J76) th mfma , png. «77.
'(177) Làmfme,pa/f, a85.
tUTORIUS PRISCUS. 585
mort Je Germanîcus , il fut ac- Lutorias consistait en ce qu'il trompa
cusé d'en avoir composé un au- ^'*t"'' *" Ifpr^'^'^M^ 'léeU
. 1 ij TV sur la mort de Oermamcus f laquelle
tre sur la mort de Drusus, pen- ^ ay^aUfahe auparavant pour Dru-
tenu toute prête cette poésie afip t"^» «<•«« qa a avau tan une «Mire
, , j *r ij ' contre Drusus. C est le sentiment de
de la produire, sous 1 espérance Théophile Raynand : Ex ed item le-
d'une plus' grande récomjiîense' , ge(^j, dit-il (3), Latorius Priscus
en cas que Drusus mourût (&). àpudf Monem \ih. 6j, quod in Drusi
La guérison de ce prince devait ^8^^^^^^ mortem,famo8umcarmen
,,P ••. . '^ - scripiisset i mon jussus est senatus
obliger ce poète a supprimer son decreto. Ces deux sentimens me pa-
ouvrage : cependant , il n'eut raissent faux : j'aimerais mieux dire
point la force de renoncer à s'en ^^^'on accusa Lutorius t^ avoir eu
faire lionneur , il le lut en i'^^^^e de compter pour moHUnU
, 1 • T de Tibère , et de composer même des
présence de plusieurs dames, ^rs sur cela auamUusmps.V^jAexa
^u\ à la réserve d'une , n'o- des Nonyelles de la République des
sërént nier lé fait (c). Tous les Lettres , duquel j'emprunte ces pa-
Âuees, excepté deux, ppinèrent ^"t^i ajoute tout aussitôt (4):// *ii
\ r Ir,., , * .F . \ certain au on s expose aux. rigueurs
a la mort. Tibère, qui était ab- de la justice ^ lorsqu'on osa déclarer
sent (^d) , employa ses obliquités en certaines occasions le jugement
ordinaires (B) , quand il eut su ^r^stre qu'on fait de la maladie des
l'exécution de cette sentence , et "*'"• ^ ,7^^''* ^" ^^^/"* T""^
, ■ « , ' aux galères, parce qu'on trouva
tit quelques reglemens pour 1 a- dans son cabinet unpapieroii il avait
venir. Manius Lépidus , qui n'o- prédit que Louis XiII mourrait
pinait qu'au bannissement , don- «"«'»< ^ canicule de Van i63 1 .Le fait
__ „^ +_ /• . • * ' * „ se trouve dans certains mémoires du
na un tour fort ingénieux a son ^^^ d'Orléans, qui parurent l'an
pere Richeome (D). M. Moréri a qu'un poète qui , au lieu de faire des
&it quelques fautes (£). rœux , et d'ayoir de la confiance en
la fortune de la république, pendant
(a) Tacitus, Annal., lib, TTIj cap. XLTX, que l'héritier présomptif de la cou-
ad ann. 77^. ronne est malade , chante la mort de
(fc) CorripuU delator , objectons mgro ce prince , et communique à ses amis
^o composuisse, quod si exstinUusfo- les noires et tristes idées d'un état si
micT'*"* '"''"""'' *^^'"^^' Tacxtu., lamentable qui n'est pas encore arri-
(c) m delator exsUiii, céleris ad dicen^ ^f ^ ^"'"° -^f P°f ^^ '.^""j^; «'^^,?"P*'
dum testimonium exter^itis. sola ntellia <^ "«« pensée exécrable , et qu d en
^ihil se audwifse adseverauit. Tacit. , ibid. OCCupe ses auditeurs. Al , patres con^
(rf) Dio, lib. LVlh pag' m. 707. scripti^ unum id spectamus quam ne-
farid voce Lutorius Priscus mentem
{^) Il fut puni du dernier supplice ^^"* et aures hominum polluent ,
pour une faute qui ne semble pas nequecarcer, neque laqueus ^ neser-
capitale.lli n'est pas facile d'établir . , .
1 espèce de cette action. De fort ha- f^'ïfT.dtr"^ "*'"''"' '" *'""'**^ rf*' Aona-
l>iles gens (1) croient que la faute de \)Çest^LdirB la loi in f.moio» libdlo*.
(3) Th. Rajnatidns , de malif et bonu Librif,
A V'i^™*^< ^e !• HoQiMye , Morale de Taeite , ntun. 1 13 , pag. m. 7a , 73.
*« •» Fliiterie , num. 17, pag, m. 3o , 3i. // a (4) Mois de juin i686, pag. 633.
686
LUTORIUS PRISCnS.
cerifU (S), Ce sont les tannes de JËa-
mos Lépidos. Soit donc conclu que
le crime ^ dont on accusa le poète ,
fut d^aToir ^rit par avance sur la
mort de Drusus, fils de Tempereur. Il
y avait sans doute plus d^imprudençe
que de orime dans cette iiction.
touchant la vie du prince : CapitàU
têt de saUUe pnneipis pel dfi.êwnmd
Bmp. nsêpanéet^ ami ^omulen ÇS).
Je sais que plusieurs persoxmes ont
seuffert le dentier supMoe à cau^
de cette curiosité f^atens imperator
stib umo proloquio jusêit occidi omne§
mû de mo êticeessore spirUus ^somêu^
hmrmiUf née modi qui toundtâemnt
êed omnes qui àlimùd ed de rt
immudmrara^ née ad se detulerant
(7). L'empereur Julianus Didius fai-
sait brûler ceux qui consultaient les
devins sur la fortune de Pempereor
(8)* Les lois canoniques ont condam-
né ans peines de rezcommunication,
oeuK qui se mêlent des intrigues de
la succession pendant la vie & prin-
ce. C'est ce que le docte Jean fiëioi
repnlsenta aux ligueurs, sous le régne
de Henri 111. «t Par ces moyens ils
9 semblent conspirer sa mort , qui
» est en effect se bander contre la
» nature, les bonnes mœurs, contre
» la pieté chrestienne , et bien-met^
» lance que nous devons à nostre
> rojy auquel nous sommes tenus
» detoufljours bien prier, bien desi-
» rer,et bien présager , tellement
» <{ue d'attendre ce sien accident, et
» infortune, seroit contre tontes loss
» civiles et naturelles. Aussi ne peo-
9 vent les gens de bien trouver bon
» que contre le désir de leur rojr, et
» en sa vie , on dispute et mette en
1» difficulté le doute de sa succession
» qui n'est point , tant qu'il plaira à
» Dieu le nous laisser au monde.
» C'est pourquo^ par décret du cin-
9 quiesme concile de Tolède en £s-
9 peigne, tenu durant le siège de
(5) Tachu , Annal. , lit. UT, cap. L.
(6) Jnl. Panllm Y , Scnlent. at^ apud Forgt*
neram , in Tacit. , Annal. , Ub. II,
(7) Fontnenu , ibid. , «Uent Aamien Harcel-
\m;Ub,XXIX,
(8) Libanias , or«i. XII , apvd Barduinnm ,
Not. in Themistium , pag. î^. ^
9 HQnerMis]{remier(^>)>«nvir»iiran
9 six cens vingt-deux , vivant Tem-
» perenr fieraolius, et Oùntilliis roj
9 des E^paignes, tous cenx-U sont
» excommuniea qui s'infonaent , et
9 font semblant d'avoir soin , ou
9 8'en(|nerir ^i sera leur roy, aprêt
9 celui (Tui tient le sceptre. Dono-
'JÊ que» , dit Le teste , parce qt^êl at
9 contraire h la pieté ^ et dangereux
9 pour les hommes , de penser aux
9 choses futures ilUciles , et s* Infor-
9 mer des accidens des princes , ou
» paunniir k i'adffenir sur iceux ,
m dt autant 'qu'il est escrit. Ce n'est
9 pas à ifous de sqeuoir les momens ,
» ou les temps que Dieu a reservez en
9 son pouvoir s nous ordonnons par
j» 00 décret, que s'il se trouve auaun
9 informateur de telles choses , et qui
9 du vitrant du rof , regarde un au-
9 tre pour l'espérance au royaume ,
9 ou attire quelques-uns a soy pour
9' ce regard , il soit chassé par sen-
9 ieace d^ excommunication de la
» compagnie des catholiques (^*)» Le
9 mesme décret fut répété au sizies-
9 me concile tenu e^ la mesme ville
*» de Tolède, auquel est ajoustée une
9 raison trés-pertinenti^ par laquelle
9 ceux qui font ces aiscours sont
» blasmez, comme curieux du temps
» advenir, auquel Dieu pent-estre ne
9 permettra -qn'ils parviennent (9}. 9
J'ai tu dans le Mercure Prançais une
bistoire que Je m'en vais rapporter :
jyoël Léon Morgard, maiune faiseur
d'almanachs , •• assurait &ns son
almanacb de l'année 1614, « que l'ë-
9 tat de la France obangerait \ atta-
3» quait lai personne du roi , et mar-
» quait le temps , les mois , et les
9 quartiers où u parlait de plusieurs
9 grands princes cfu'il dénotait, ne
9 transportant seulement que les let-
» très de leur nom. Cet almanacb ,
9 étant en vente au premier jour de
9 l'an , fut recherché outre l'ordi-
9 naire par des curieux , qui assn-
9» raient que c'était une prophétie :
9 et ce qui lui donna vogue fut que
9 Morgard aérant mis ^u premier
9 (quartier de janvier , qu'un Martial
9 jouerait un mauvais tour à son
» fils , il advint qu'un homme d'âge
(*') s. Ko2iun* Coneii. eap. 4t Jîfi' ^Sg.
(*') Idem, eap. fj^foL <j^,
(g) Biloi , Apologie catholique , 1'*. partie ,
folio iz verso.
LDTORIUS PRISCnS. 587
• du. ^lâioasrg Saint - Germam , et soUtis sibi ambagSou apuà senMam
> <{Yii avait été autrefois soldat , tua incusaint , cUm extolUivt }>ietatem ,
» soza fils, pensant tuer une femme qnamvismodicasçtincipis injurias ^
» cni''il entretenait. Le murmure acriter ulcîsc^tinm ; deprecaretur
m cLono que ces nouvelles prë^ctions tara praecipiter Terborum pœna» :
M a.pportaieiit entre le peuple , étant laudartt Lepidum^ neque Aerippam
» 'p&Tvenu jusques à leurs ma^est^s arguereU Igitur factum S. C. ne de-
3» et: au conseil, Moreard se int , le creta patmm antè diem decimum ad
a» 8 de janvier, mis &ns la Bastille «rariumdeferrentur^idquevitœ spa-
a»
«siergerie: Je dernier de janvier,
par arrêt de la cour, condamne tendentqn'ilfutfâcfaé, non pas qu'on
p xaeuf ans aux saléres : et le 9 fé- eût fait mourir Lutorius , mais q^u'ou
» ^VT-ier attache 'à la chahie pour être Teût condamné à -mort sans Tavis de
0 «mmenë à Maiseille , où il y sert le Fempereur. Us ajoutent qu'afin de se
» roi à tirer Ja rame i> (lo). rendre maître de tous les arrêts de
Chacun a pu lire plusieurs choses «f «» n»*«re , lors même qu'il serait
de cette nature ; mais je ne laisse absent, il fit ordonner que lexécuUon
-paB de dire que Lutorius n'est pas ®^ tû* différée.
dans le cas. Tous ces consulteurs de (Q Manius Lépidus..,^ dotma un
r avenir n'ont pour but que d'exciter tour fort ingénieux a son sujffrage.\
des conspirations, ou de troubler le •» ^u rapporté (14) le commencement
repos public ; ou en général ce sont <ic son discours : en voici un autre
des personnes mal intentionnées , morceau, p^ita Lutorii in integro est,
comme Tertullien le remarque. Cui ^'^ neque servatus in periculum rei-
cnim opns perserutari super Cœsaris ?«*• '^^^^ interfectus in exemplum
saluie nisi a quo aliquid aduersks il- **«*• Studia ilU utplena vecovdiœ , Ua
lum cogiiotur, uel optatur, autpost inania etfluxa sunt : nec quidquhm
niant speratur at sustinetur? non gruue ac senum ex eo metuas, qui
enim ed mente de caris consuliturqud suorum 'ipse flagitiorum proditor ^
de dominis (11). Que peut avoir de ^on uirorum animis , sed muliercula-
commnn avec cela l'impatience des '^"^ adrepit : cedat tamen urbe y et y
poètes , (pli pendant la maladie du ^"^ amissis ^ aquâ et igni arceatur
prince préparent des vers, pour les (^5). On n'a rien à craindre de Luto-
prodnire en cas que le prince vienne ""» «"^ lui con%Brvant la vie , disait-
à mourir ? 11 n'y eut que beaucoup il , et on n'établira pas un grand
d'indiscrétion et de vanité dans la exemple en la lui ôtant. C'est un
conduite de Lutorius. 11 ne devait extravagant qui ne s'amuse qu'à des
pas lire son poème : il n'en devait bagatelles ; il ne cherche qu'à s'in-
pas régaler les dames, pour être à sinucr dans l'esprit des femmes : n'ap-
son tour régalé de leur encens. préhendons point de lui une entre-
(B) Tibère..,, employa ses ohUqui' prise sérieuse, ni quelque chose de
tés ordinaires.'] Il loua le zèle que le grave.
sénat avait témoiçné de punir sévè- ^) L^ avocat u4rnauld... fut crit^
rement les moindres causes qu'on Ç«*é P^^ ^ P^^ Richeome."] Amauld,
faisait à l'empereur ; mais il demanda plaidant contre les jésuites, l'an 1 5ç^4,
qu'on ne fût pas si précipité à les ûit ceci entre autres choses (16) : ils
châtier! Il loua Lépidus , et ne blâma disent qu'ils sont venus en France
point Agrippa. Celui-ci éUit consul pour nous apporter tant de profit :
désigné , et opina au dernier sup- t expérience nous a montré qu'ils ont
plice : L^idus se contentait du ban- causé notre ruine, ^ Qu'est-U besoin
nissement. Il fut résolu qu'à l'avenir ^ un plus lon^ procès? Qu'ils aillent
les arrêts de mort ne seraient exécu- ainsi profiter a nos ennemis. Il y a à
tés qu'au ^icme jour. Id Tiberius („) jâcU., Aw..!. , Ub. IIJ, ciq>. II,
(i3)Dio, VA, LVIt, pag, «707.
(lo) Hcrcare Français , ton. ///, pag, 3o4. <«4) Daiu la remarque (A) , citation (5).
(11; Tertall. , apud Liptiam , in Tacit , An- («5) Tacil. , Annal. , lié. III, eap. Li,
nal. , iih. III, pag. m. i^o. (16} Plaidoyer d^Arnaald , pag, m. S^.
588 LUXEMBOURG.
€e propos un lieu excellent dans Ta- de ce s^teur, je veux dire daiif
€it€ , si , patres conscripU , unum id celles qu'il a supprimëes par son et
•pectamus quàm ne&nâ yoce a ares cœtera,
lû»ininum polluerint , neque carcer , (E) M, Morériafait quelques fau-
aMfue laqueus sufficiant : est locus tesJ] Il n'a consulté que Dion, qui a
•(«nlcntis, per quam neque impuné raconté ceci d'une manière trop abre-
jésuites
Quelques années après il employa la dont le récit est plus ample et plus
même pensée dans un écrit qui a exact. Mais la grande faute de Morëh
pour titre : le franc et i^éritable Dià^ est d^avoir dit qne Lutorius fut accu-
cQun (17) ; ce Messieurs , si vous con- se d'avoir fait un poëme contre Dru-
» sidérez les méchancetez estranges sus. Eût-on dit cela , si l'on avait sa
» de ces gens icjr , la corde ne peut que ce poète fut accusé d'avoir voula
» suffire pour leur payement : mais publier ce poème , en oa» que Brusus
» je sçai un moyen par lequel vous mourût , et d'avoir cru qu'il en ti-
» ne vous repentirez point jamais rerait plus de profit , que de celui
» d'avoir esté trop doux ou trop te- qu'il avait fait sur la mort de Germa-
» veres : bannissez les tous. » Ri- nicus ?
cbeome répond (18) que ces paroles
ne sont point tel/es en Tacite , et LUXEMBOURG , ville capi-
qu'ainsi ce discoureur est un merueil- ^gle de la province de ce nom
leusement h^urdy faussaire escrii^ant , % ^» '»«:♦ ^,,»„w. ^'kAf^o.i «i>
. -^ '^jt ' n ^ j^ ^ 'i (oj 9 n était qu un cnâteau au
et son pnnce .... ^t*ec icelles donc U ^•*' i 1» ^ i-\ t_ 1
nous condamne par miséricorde a temps de 1 empereur Uthon-le-
tejril plus cruel et plus trompeur GraDd(^). Gilbert , fils de Ricnin
audouUe.quelepajrenquiUsai^it d'Ardenne , Tavant obtenu de
jé^proferées. Carence lieu de Ta- y^^^ ^ Saint- Maximin , l'a-
cite y Mareus Lepidus , capitaine ro-» ' *»*'*'^ «^ J \ , 'r ,
main, conseille au sénat d'user de grandit, et fonda le comte de
clémence entiers Lutorius , chevalier, Luxembourg 9 avçc le consente-
convaincudeplusieurs grands crimes, ment de Brunon, duc de Lor-
£t cestui-cY faict de ses paroles me- n * j_ i» ^ -n#i,^«
tamorfoséèlineexhortatLdecruau- rame, frère de 1 empereur Othon-
té, pour persuader la ruine de plu- le-Grand. Ce comte tut enge en
êieu rs innocens. A près cela il rapporte duché par l'empereur Charles / V
une traduction du passage de Tacite /^x p^^^ Venceslas son oncle {d).
entrecoujjée d'un et cetera , et se j^a ville de Luxembourg est 1res-
piamtquon rait ose alléguer enor- *^** vinc uc j-ii*/i.v,****^v .^^ ^
w*e«ttî/i« Jc^^rtré C19), et oppose rin- forte. Il n'est pas vrai quelle
nocence des jésuites aux crimes abo- n'eût jamais été prise par les
minables de Lutorius. Il fait deux Français avant l'année 1684 (A).
fautes pour le moins : car sa plamte ^ ^ •* • ^^ c^^ !>.•
de la prétendue falsification du pas- On y avait mis en refuge 1 1-
sage de Tacite est mal fondée , et il mage miraculeuse de Notre-
ne devait pas supposer que Lutorius Dame de consolation patronne
m eti^Set lin criminel dejespéré , ^^ ^^^^^ ^^ Luxembourg et
coupable d'abominations et de for- .0 j /ni • • :« ^« u
faits sans mesure. Il devait se re^er, comlé de Chini ; mais on la
non sur les phrases du sénateur Lé- rapporta en sa chapelle le 20 de
pidus , mais sur le fond de l'aflairc. mai i685. Le public a vu l'avis
S'il eût voulu , il eût trouvé la qua- ^ , ^,,,^ , _
lité de ce cas dans les paroles mêmes («) cresiVnne desXFnproi>inces duFny^
"Bas.
, . ,, _, ,- (b) Son empire commence à Pan ç^.
ics^} rZ"f' T' '^ ' ?r^: '^^\ ' 7^.7^"' V) Son empire commence à fan i346.
(C) d. InrucU A«»rLi> (Antome) . .Tocat. ^.^ ^ ntinerariura fer nonnulla.
(.8) K.clieome . Pl.mie apologétique , num, ^\^^^^ ^^ ^^^^^ ^'Abraham Orlelius
^ 0^>l*ât/„e, pa,. .8.. eide Jean f iviea, pag. 3S, édii. iSS^.
LUXEMBOURG. SSg
qui fut donné aux jésuites sur la sacra à ]a mémoire de sa femme (*),
procession qu'ils firent faire ce " ?' ^^^ ^^^P'^^ 'V'f maçnifique
f^ i^/sl-k* 1- j maison. Un sera peut-être bien aise
30iir-la(e). On trouve bien des j^ trouver ici l'inscription de cette
vestiges des antiquités romaines fontaine 5 c'est un monument insigne
dans cette province (B) , et cela de l'amiiië conjugale (3), /^omca^irt
fait que tous les curieux souhai- P^'^'J ffP^'»*. nUrahamur, quas ,, ,
^1 If.* 17 1 • 1 se ad ta destinasse dicebat ut m eis
tent la publication d un livre du ^^oneret, quœcunque nancisci pos.
përe Wiltheim(y). set antiquitatis monumenta , quorum
magnam jam habet copiam , ex diver-
(c) F'oj-ea /e* Nouvelles de la RëpuW des sis locis, et AHunio in primis
Lettres, octobre i685, art. X petitam .... Sunt autem maximd ex
(y*) P^ojrez la remarque (B) , à lajtn, parte simulacra deorumgentilium , et
epitaphia , quœ in crepiainefontis il-
personnes qu'elle e'tait encore pucelle. fontem ( sic eum nuncupat^it ) , adi^en-
C'est ainsi qu'on nomme populaire- tando sic sunt...disposita ut,., Ipsum.
ment les villes qui n'ont jamais ëte' priùs inscriptionem , qud illustriss^
prises. Il ne fut pas malaise de de'sa- princeps fontem Jmnc suum decoratfU^
buser les gens ; car nous voyons dans audiamus,
rhistoire , que les Français prirent la . Quisquis hùc accedis , ai le œstus si-
ville de Luxembourg i'an i54a, et tisye urget. Hic œstum quietus vitato.
qu'ayant été recouvre'e par l'empe- Sitim pronus extinguito. Aquam ma-
reur , ils la reprirent l'an i543. Ils nu haurito. Os lavato. At pede ne
la perdirent l'annëe suivante. Notez turbato. Nudo corpore ne polluito.
qu'ils la bloquèrent l'an i58a , qu'ils Quiescentibus enim carissimae uxoris
la bombardèrent l'an 1 683, et qu'ils manibustranquillamundamsacravit,
la prirent l'an i684 (0- Us Vont Mariae de nomine Mariae fontem nun-
rendue par le traité de Riswick, l'an cupavit. ^terni sui amoris testes lâ-
iGgn. tentes vastâ sub rupe lymphas erui,
(B) On trouue bien des vestiges des Y^^? ^^pi^e cingi. jEtemasq. fluerc
antiquités romaines dans cette pro- jussit. r». «
uince.'\ Les babitans du duché de ^ ^' E» C." M.
Luxembourg croient que chaque pla- Ceci est tiré d'une relation datée
uc
qu'anciennement la ville dArion était M. de isallonlleaux , neveu du réve-
un autel de la lune. On y a trouvé rend père Wiltheim , lui a montré en
plusieurs simulacres des faux dieux , manuscrit les Antiquités de Luxem-
et plusieurs médailles et inscriptions bourg, composées par ce père.
(2). Le comte Pierre-Ernest de Mans- ,.^ ,, . , -
feia les fit transporter à Luxembourg, ,.i i.*=;.n*lSL'S;,?rr.- ^^hr^r'^i
pour en orner une fontaine qu il COn- Mansfeld , le représente en bronse, coocbé entre
elles deux sur une natte aussi de brome , et U
comte 8*7 tourne vers la dernière. Bm. cair.
(x) Voye% les dates Je tout ceci dans le père (3\ Jbid. , pag. 33 , 34.
dn Londcl, aux Fastct de quelques rois de (6^ Elle fut imvriméeoar Ptantin^Can t^^^
France. (n-8<>. L'/dition de Lejae^ qui est la troisième^
(i) Itinerar. Abrah. Ortelii , et Joh. Viylani, est de Van 1667 1 in-i2.
pag. 3s. {S) Dans sa Dissertation inrPtolomée AuUtci.
FIN DU NEUVIÈME. VOLUME.